Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

samedi, 20 avril 2013

Vers la fin de l’aliénation des peuples

Vers la fin de l’aliénation des peuples

Les BRICS peuvent-ils endiguer l’infâme?

par Auran Derien

 
Voltaire désigna la tyrannie bigote sous le nom d’infâme. Quand reviennent la superstition, la haine contre les humains qui pensent et la mentalité primitive pré-logique, alors le mot de Voltaire retrouve toute sa pertinence: la finance mondialiste globalitaire est aujourd’hui l’INFÂME.
 
Les BRICS et leur taux de croissance
 
La dernière réunion du BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) a été concomitante d’un conseil provenant de Russie, celui de retirer tous ses avoirs des banques afin que la partie encore un peu civilisée de l’humanité soit épargnée par les vols et autres crimes qu’est disposé à perpétrer la finance. Si l’horreur Chypriote peut être évoquée comme cause immédiate d’un tel conseil, il nous semble plutôt que la cause efficiente en est la volonté du groupe BRICS d’endiguer les excès de la finance mondialiste.

 
 
Les réunions des BRICS permettent d’observer une évolution dans l’attitude de pays qui furent victimes des financiers occidentaux. L’Inde a été pillée et sa culture salie par les britanniques. La Chine fut empoisonnée par les marchands de drogues. L’Afrique du Sud a dû privatiser ses richesses en faveur de quelques multinationales, lorsqu’elle paya les campagnes qui permirent l’arrivée au pouvoir de Mandela. Le Brésil a toujours été agressé par les forces globalitaires, responsables et coupables, en Amérique latine, des régimes militaires qui organisèrent l’éradication des élites patriotes et la vente des économies aux multinationales. Il semble qu’enfin la phase de servilité, d’aliénation et de collaboration sordide touche à sa fin.
 
Un projet de Banque entre BRICS
 
Un grand projet de création d’une banque de développement des BRICS, qui avait été présenté au sommet de New Delhi en 2012, devrait prendre corps sous peu pour permettre le financement et le développement de projets entre entrepreneurs de ces pays. Dans la situation de parasitisme organisé par le système occidental, dont sont victimes les populations, la création d’un tel établissement est souhaitable. Mais les difficultés traditionnelles de toute coopération justifient des avancées prudentes. Le premier pas, tout naturellement, sera le financement d’infrastructures tant dans les pays des BRICS qu’en dehors. Les banques de développement sont des institutions publiques dans lesquelle l’Etat donne sa garantie de financement. En apprenant à travailler ensemble, selon une logique de bien commun, le discours niais et bête que bêle le FMI, la banque mondiale et les européides de l’Union Européenne, finira par tourner toujours plus à vide.
 
Mais l’Empire du néant veille

Ce projet sera discuté lors de la prochaine rencontre, en septembre, car l’accord n’a pu se faire pour l’instant. Il faut y voir, en arrière-plan, la main fort visible des mafias fiancières. Le Brésil, l’Afrique du Sud et l’Inde ont été désignés comme des cibles prioritaires. Les USA cherchent à s’emparer des marchés de ces pays et à contrôler les technologies de pointe. Un système de financement qui s’éloigne peu à peu de la nécessité d’utiliser la monnaie dollar et qui favorise les échanges sans passer par les multinationales déclenche nécessairement leur opposition.
 
 
Un projet de Banque de développement ne serait qu’un début. Il conduirait tout naturellement à envisager d’autres coopérations, voire d’autres institutions financières. Surtout que s’approche le moment où l’hyperinflation occidentale frappera les pays. Il conviendrait alors de pouvoir effectuer des transferts entre banques centrales des BRICS voire, après l’éclatement de l’hyperinflation, créer une monnaie de compte commune pour leurs transactions.  Ces évolutions seront naturelles une fois que la Perestroïka occidentale, destinée à détruire les Etats actuels de l’occident, aura exercé ses effets chaotiques. D’ailleurs, au-delà des BRICS, d’autres pays en relation avec la Chine, tels l’Australie, envisagent de laisser la monnaie américaine.
 
La Syrie a aussi demandé de l’aide 

Comme les monarchies obscurantistes du golfe sont alliées à l’occident dans divers trafics et soutiens entre oligarchies, la Syrie a demandé au BRICS qu’ils interviennent pour la sauvegarde du peuple syrien. Il est probable que, à l’inverse des européides, les élites du BRICS n’aient pas oublié l’inhumanité qui caractérise la finance mondialiste dont ils eurent à souffrir en des époques différentes. La Syrie vient d’innover. Elle sera très rapidement suivie par d’autres pays excédés par cette finance qui contrôle aujourd’hui l’occident.
 
Un devoir de mémoire
 
L’occident est dominé par le binôme “bible and business”. Un ancien candidat à la présidence des États-Unis, Al Gore, en avait énoncé une fois de plus la définition du temps où il était vice-président. « La sécurité et la prospérité des États-Unis et du monde entier dépendent du succès de la communauté des nations à bâtir de fortes économies basées sur les règles de la loi » (déclaration faite en février 1999). Nous remarquons que cette déclaration évoque la loi et non des lois ou des règles. Seul le “légal” tombé du ciel, loi divine, révélée et autre calembredaine a de l’importance. Le légal est le bien et le vrai. 
 
Cet aplatissement du monde est typique des castes marchandes. Le marchand a vocation à être sans scrupules pour s’enrichir. Il lui faut donc une loi qui justifie toutes les infamies. Ses qualités diffèrent de celles qui inspirent les artistes, les savants, les religieux ou les élites politiques. Lorsqu’ils monopolisent le pouvoir, les marchands instaurent une tyrannie. Il appartient aux européens d’entretenir la mémoire de cette inhumanité afin d’en repousser les acteurs dans les bas-fonds dont ils n’auraient jamais dû sortir. 
 
 

William Butler Yeats - Easter 1916 - Bob Geldof

William Butler Yeats - Easter 1916 - Bob Geldof

W. B. Yeats: poems

"The Second Coming" by W B Yeats (poetry reading)

 

William Butler Yeats (1865-1939)

Poem: 'The Lake Isle of Innisfree'

W. B. Yeats, Ireland and the Modern World

W. B. Yeats, Ireland and the Modern World

Professor Ronan McDonald

vendredi, 19 avril 2013

Peillon, prédicateur de la religion révolutionnaire

vincent-peillon-a-.jpg

Peillon, prédicateur de la religion révolutionnaire

Voici ce que Vincent Peillon écrivait dans La Révolution française n’est pas terminée, 2008, le Seuil :

« La révolution française est l’irruption dans le temps de quelque chose qui n’appartient pas au temps, c’est un commencement absolu, c’est la présence et l’incarnation d’un sens, d’une régénération et d’une expiation du peuple français. 1789, l’année sans pareille, est celle de l’engendrement par un brusque saut de l’histoire d’un homme nouveau. La révolution est un événement méta-historique, c’est-à-dire un événement religieux. La révolution implique l’oubli total de ce qui précède la révolution. Et donc l’école a un rôle fondamental, puisque l’école doit dépouiller l’enfant de toutes ses attaches pré-républicaines pour l’élever jusqu’à devenir citoyen. Et c’est bien une nouvelle naissance, une transsubstantiation qui opère dans l’école et par l’école, cette nouvelle église avec son nouveau clergé, sa nouvelle liturgie, ses nouvelles tables de la loi

Et, le 2 septembre dernier, dans le Journal du dimanche, répondant à la journaliste Adeline Fleury : « Le point de départ de la laïcité c’est le respect absolu de la liberté de conscience. Pour donner la liberté du choix, il faut être capable d’arracher l’élève à tous les déterminismes, familial, ethnique, social, intellectuel… »

Et c’est à l’homme qui veut user de tant de violence révolutionnaire contre nos enfants, celui qui veut les « dépouiller » de toutes leurs racines, celui qui se vante de les « arracher » à leur famille, que M. Hollande, en Président « normal » a confié leur éducation !

Anne Lys

Écrire contre la modernité

 
 modernity.jpg
Entretien avec Pierre Le Vigan
Plusieurs lecteurs m’ont posé des questions à propos de mon dernier livre Écrire contre la modernité, oralement ou par écrit. J’ai regroupé ces questions (ou remarques) sous  un nom collectif : les lecteurs curieux (ou L.L.C.).
L.L.C. : Dans votre dernier livre, vous relativisez la continuité entre les Lumières et la Révolution française. Vous êtes ainsi au rebours d’une analyse qui, généralement située à droite, souligne la continuité entre les deux. Cela mérite quelques explications.
Pierre Le Vigan : Je souligne effectivement que les hommes des Lumières qui étaient encore vivants en 1789 ont été généralement hostiles à la Révolution, à l’exception de Condorcet, qui en sera toutefois victime comme Girondin. La plupart des hommes des Lumières encore vivants ont été hostiles non seulement au moment 1793 – 94 de la Révolution mais aussi dès 1789. Dès ce moment, la violence est le moteur de la Révolution, ce qu’ils refusent, qu’il s’agisse de la « prise de la Bastille » qui fut en fait le massacre de ses défenseurs (malgré la parole donnée), ou des journées des 5 et 6 octobre 89, où le roi est ramené de force à Paris. En ce sens, la Révolution est un bloc comme le disait Clémenceau. Or, l’esprit des Lumières ne se reconnaît pas dans cette rupture avec l’ordre ancien alors qu’il aspire de son côté à un bien s’instaurant progressivement, à une sorte d’ordre naturel fondé sur la raison qui déploierait son harmonie, ce qui est incompatible avec les soubresauts sanglants qui constituent le rythme de la Révolution française.
En réalité, le principal lien qui existe entre la Révolution française et les Lumières se fait à travers Rousseau. Mais on le sait : Rousseau occupe une place à part dans les Lumières. C’est l’un des sujets que j’aborde dans le livre. L’idéologie sommaire dite des Lumières n’a pas grand-chose à voir avec la réalité complexe et multiforme de penseurs trop importants pour être réductibles à un courant idéologique comme Rousseau, Diderot ou  Voltaire.
S’il y a continuité entre un homme rattaché aux Lumières et la Révolution, c’est donc de Rousseau qu’il s’agit. La continuité existe dans la mesure où Rousseau ne croît pas à la possibilité d’un mouvement continu de progrès mais croît dans le constructivisme. En ce sens, sans préjuger de l’attitude qui aurait été la sienne, il est en phase avec l’esprit de la Révolution qui prétend tout reconstruire, et là, il y a continuité entre 1789 et 1794, les  principales différences entre la phase 1789 et la phase robespierriste de 1794 étant le passage d’une Terreur spontanée et « populaire » (au pire sens du terme, c’est-à-dire populacier) à une Terreur d’État, mais aussi le passage de la  souveraineté nationale au projet d’une souveraineté populaire. L’autre lien très fort entre Rousseau et la Révolution française est l’exaltation de l’esprit antique et tout particulièrement de la notion de vertu civique. La Révolution française se veut exemplaire et romaine. Ici, il y a continuité entre l’« antiquo-futurisme » de Rousseau et la Révolution française.
La continuité s’établit donc pour des raisons que l’on peut trouver « sympathiques » telles l’esprit civique et le culte du citoyens et pour des raisons très contestables à savoir l’aspiration non seulement à une société bonne mais à une société totalement bonne, absolument bonne, ce qui conduit inévitablement au totalitarisme, comme tous les rêves d’absolu. En ce sens, Marcel Déat n’avait sans doute pas complètement tort de voir une continuité entre Rousseau, la Révolution française, Robespierre (qu’il admirait et approuvait), et le national-socialisme allemand (dont Déat voyait bien les aspects modernistes – la « Révolution brune » – mais sous-estimait sans doute les aspects réactionnaires, eux aussi présents). Il aurait pu ajouter le bolchevisme. Rousseau est donc l’exception qui confirme la règle : il est le seul penseur des Lumières en continuité d’idées avec la Révolution française. Mais il l’est en partie pour des raisons contestables comme la volonté d’une table rase et d’un retour artificiel  à un passé antique mythifié. À ce sujet, il faut noter qu’il serait difficile de défendre Rousseau et de voir avec sympathie les mouvements localistes et anticentralistes comme la Fronde ou la révolte vendéenne.
L.L.C. : À vous lire, vous paraissez beaucoup plus proche des auteurs républicains tels Alain Finkielkraut et Éric Zemmour que des révolutionnaires-conservateurs de la « Nouvelle Droite ». Vous paraissez éloigné des communautariens et proche des assimilationnistes. En d’autres termes, vous semblez un défenseur de l’idée stato-nationale. Qu’en est-il ?
P.L.V. : Dans la notion d’État-nation, c’est la nation qui doit être essentielle. L’État doit être un outil au service de la nation. Je ne crois pas que l’on puisse se passer de l’État. Attention : moins d’État, ce peut être plus de bureaucratie. C’est justement d’ailleurs ce qui se passe où nous souffrons d’une impuissance de l’État sur les grandes questions, impuissance mêlée à une omniprésence des pouvoirs publics dans nombre de domaines où ils ne devraient pas être présents tel la sécurité routière où s’impose une réglementation tatillonne attentatoire aux libertés les plus élémentaires. Dans la construction européenne d’aujourd’hui, la nation est la grande perdante car le lien entre l’État et la nation est perdu. Pseudo-régionalisme de féodalités locales d’une part, bureaucratie bruxelloise de l’autre, la nation s’affaisse au milieu de cela. L’État français n’est plus apte qu’à appliquer des réglementations européennes.
Il est tout à fait exact que je suis hostile à la déconstruction des nations. Qu’il y ait des identités locales, en Catalogne, en Bretagne, ailleurs, cela ne doit pas se traduire par un monolinguisme régional, ni même par l’obligation administrative d’un bilinguisme. Le niveau national est le moyen de peser plus lourd dans la mondialisation que le niveau régional. Il faut préserver ce « niveau » (le terme n’est pas élégant mais a le mérite d’être clair) national.  En ce sens, je salue le grand travail unificateur de la République, à la fois la Ire République et la IIIe République, ou celui réalisé en Turquie par Mustapha Kemal. Ce n’est d’ailleurs pas l’école républicaine de Jules Ferry qui a fait disparaître les particularismes locaux, c’est la modernité technicienne et c’est pourquoi les particularismes n’ont vraiment disparu qu’après 1945. Il faut lire sur ce sujet Jean-Pierre Le Goff, La fin du village. Une histoire française (Gallimard, 2012). De même, dans les pays de l’Est de l’Europe, la modernité capitaliste a plus détruit les cultures locales en vingt ans que ne l’a fait le communisme, pourtant dévastateur et meurtrier, en quarante-cinq ans.
Si je défends la nation, c’est aussi parce que c’est encore le cadre le mieux adapté à l’exercice de la démocratie. C’est pourquoi je rends hommage à  des figures républicaines classiques bien qu’oubliées tel Jean Prévost. Pour ses positions politiques tout comme pour ses qualités littéraires. « Il ne faut pas considérer l’auteur des Frères Bouquinquant, écrivait justement Roger Nimier, comme un écrivain mort trop jeune, qui n’a pas trouvé toute son audience, mais comme un prix Nobel en puissance et le maître d’une génération. » Je crois d’ailleurs beaucoup à la valeur d’exemplarité des esprits que l’on pourrait appeler « fermement modérés », dont Montaigne ou Jean Prévost sont  des exemples.
La modernité est pernicieuse : c’est le refus des limites du réel, et c’est en même temps le rêve d’une fin de l’histoire. La modernité refuse la dialectique de l’histoire. Cela peut prendre la forme du rêve d’une société sans classes, ou d’une société sans races. Au fond, le projet du communisme et celui du libéralisme ont des points communs, à ceci près que dans l’homogénéisation du monde, le libéralisme est plus efficace que le communisme. Du reste, le communisme n’a eu qu’un temps, tandis que le libéralisme se porte bien. En outre, compte tenu de sa dimension idéologique, le communisme est (était) en effet obligé de faire des pauses, tandis que le libéralisme peut mener son projet sans obstacles, avec pragmatisme, en jouant à la fois des aspirations à l’égalité et des aspirations à cultiver les différences. Il s’agit bien entendu toujours de petites différences anecdotiques compatibles avec le grand marché mondial. Ainsi, le libéralisme est à la fois égalitaire – il n’accepte pas les reproductions de castes fermées – et communautariste – il souhaite des niches de consommateurs pourvu que celles-ci ne soient pas fondées sur des valeurs durables.
Ce qui fait le caractère déraisonnable de la modernité, c’est donc la croyance au Progrès, et non simplement à des progrès. De là vient aussi l’idée qu’il n’y a pas de nature de l’homme, que l’on peut donc tout faire de l’homme et avec l’homme, que l’homme est totalement malléable. Cette idée est très dangereuse et nie tout ce que nous apprend l’éthologie humaine. L’homme n’est pas un animal, mais il reste un animal. Tout n’est pas possible avec l’homme, sauf à le rendre fou et malheureux. « Nous n’avons pas envie de légitimer des sociétés qui font n’importe quoi avec l’homme » écrit justement Chantal Delsol.
L.L.C. : Y a-t-il des auteurs que vous regrettez de ne pas avoir évoqué ?
P.L.V. : À chaque jour devrait suffire sa peine. Vieille sagesse que nous avons souvent du mal – moi le premier – à accepter. On rêve toujours d’un livre meilleur, plus complet, mieux équilibré, plus abouti. Les ouvrages totalement réussis sont rares. Sur le seul plan des auteurs dont je n’ai pas parlé, il y a bien entendu des manques qui – si je puis dire – me manquent. Il est ainsi bien évident que Hannah Arendt me paraît un auteur contre-moderne fondamental, qu’Heidegger est très présent dans la problématique moderne/contre-moderne sans qu’il fasse l’objet d’un de mes chapitres, que Günther Anders lui aussi me paraît important, et est en outre très attachant – il faut le dire car nous sommes tous aussi des êtres de subjectivité. J’apprends aussi toujours beaucoup à la lecture de Massimo Cacciari. Je sais bien aussi que Drieu la Rochelle, sans être philosophe, était passionné par les questions de la modernité, et que sous divers angles, il les a abordées, non sans cruauté (d’abord avec lui-même). Je ne méconnais pas que Frédéric Schiffter est à l’origine d’une critique absolument radicale des arrières-mondes – et l’idéologie du progrès en fait partie, tout comme Clément Rosset (sur lequel j’ai écrit dans Éléments) a pu démontrer – ou tout simplement rappeler – que Platon avait inventé le moyen de penser à autre chose qu’au réel. Bref, la contre-modernité est vivante et ne cesse de s’alimenter de nouvelles figures. Car au vrai elle relève de l’insurrection de la vie contre le machinal. De la chair contre l’intellect, de l’âme contre l’esprit. C’est dire aussi que la contre-modernité ne se débarrassera jamais de la modernité.

Capriles en zijn C.I.A.-vriendjes zijn duidelijk wat van plan in Venezuela

 henrique-capriles.jpg
 
Capriles en zijn C.I.A.-vriendjes zijn duidelijk wat van plan in Venezuela
 
"Capriles weet dat hij geen enkele kans maakt om de verkiezingen op een wettelijke en eerlijke manier te winnen. Daarom worden alle illegale middelen aangewend om toch maar het doel te bereiken, vaak gefinancierd vanuit de Verenigde Staten. Zo is er de infiltratie van contrarevolutionaire elementen in politieke kringen en zelfs in het leger.
Ook dood en verderf wordt niet geschuwd. Zopas nog werden huurlingen uit El Salvador en Colombia opgepakt. Ze waren in het bezit van wapens, explosieven en zelfs uniformen van het Venezolaanse leger.

Dan is er ook nog de economische sabotage, waarbij deze keer vooral het elektriciteitsnetwerk geviseerd werd. Het was zeer opvallend dat, sinds in december Chávez opnieuw naar Cuba moest voor een operatie, het aantal stroompannes beduidend steeg. Na Chávez’ dood, toen het zeker was dat er nieuwe verkiezingen moesten komen, steeg het aantal pannes nog meer. Een duidelijke aanwijzing dat de problemen niet te wijten waren aan het systeem, maar moedwillig veroorzaakt werden. Tijdens de campagne van Maduro was het ook ‘merkwaardig’ dat de elektriciteit uitviel in delen van de steden waar hij sprak, en dat de problemen na zijn vertrek op wonderbaarlijke manier verdwenen. Dit alles opdat de bevolking de regering de schuld zou geven van de pannes. Ondertussen zijn er bewijzen van sabotage en zijn er verschillende daders opgepakt.

En dan is er nog de schaarste van voedingswaren en andere producten die moedwillig veroorzaakt wordt door privébedrijven, die van nature uit aanhangers zijn van Capriles. Het is een tactiek die ze al jaren toepassen: het illegaal opslaan van goederen zodat ze niet in de winkelrekken verschijnen. Opnieuw met het doel dat de bevolking de regering de schuld zou geven. Ondanks de inspanningen van de regering om deze praktijken op te sporen – er werden duizenden tonnen illegaal opgeslagen voedsel ontdekt – bereikte de schaarste toch nog een hoogtepunt enkele dagen voor de verkiezingen.

Hoewel haar tactieken bekend zijn, slaagt de oppositie er toch nog in er munt uit te slaan. We hadden na de verkiezingen verschillende contacten, zowel telefonisch als via de sociale media, met mensen die in Venezuela wonen en kwamen tot de conclusie dat één van de belangrijkste oorzaken van de tegenvallende resultaten de schaarste aan producten is. Velen trappen in de val en beseffen niet dat de schuld gezocht moet worden bij de oppositie. Ze gaan ervan uit dat de schuld bij de regering ligt en besluiten dan uiteindelijk maar om voor Capriles te stemmen."

http://www.dewereldmorgen.be/blogs/patrickhens/2013/04/16/verkiezingen-venezuela-de-duidelijke-maar-nipte-overwinning-van-maduro
 
 
 
Wordt het een nieuwe C.I.A.-kleurenrevolutie, een zogenaamde 'Venezolaanse Lente' om het bolivarisme te vernietigen? Aan de gebruikte tactieken te zien lijkt het er toch op? http://www.egaliteetreconciliation.fr/Venezuela-7-morts-et-61-blesses-dans-des-manifestations-17566.html
 
Of ... zal Venezuela vernietigd worden op dezelfde manier als Syrië nu, nl. door een bloedige en allesvernietigende burgeroorlog die jaren aansleept? De Amerikanen hebben decennia ervaring in het vernietigen van landen en in het omverwerpen van hen niet-welgezinde regimes, dus dat kan ook.
 

To build a real Eurasia: few juridical ideas

 

ECHiquier_eurasien.jpg

To build a real Eurasia: few juridical ideas

 

Ex: http://www.geopolitica.ru/

Trying to speak about continental political constructions, we need to understand their limits. Inside all human institutions there is a limit, because the possibility to create something able to satisfy always all interest is impossible.

In this case, we must look to the theories. All of them underline that in the moment when few great people want to introduce big ideas on public debate, a lot of critics will appear, not trying to accept and correct the positive aspects of these activities, but only speaking about the limits (economics, politics, human relations, etc.).

Eurasia is a big idea only if we want to thing to it; more than that – is a big idea if someone will try to explain this to the world. However, the dimension of these continents is huge, and a scientist will see easier the limits of this construction. And, when human society will be prepared, it could be a possibility to create a new European, maybe, after European Union model.

Inside all of these facts, Eurasian idea must be analyzed sine ira et studio (without hate and with morality), and few important aspects are brought by the national legislations and by the people who believe in them. Our text tries to describe some problems of this important equation, between ideas and legal possibilities to fulfill them.  

 1. The question of Eurasia is an Eurasian question or only a single country question?

Why this?

Because, as always, when we analyze “the political constructions”, we must note the difficulties to have a single vocabulary for every person who have access to the concept – as the main obstacle to construct … something.

Thus, out text will speak about Eurasia. It’s a concept with great socio-politic importance, and – following this idea, we’ll use to describe it two important search engines and its documents, to present “popular” (in fact, public) access to information about the concept.

Google reports 15,500,000 notes about Eurasia, and 8,500,000 to the question: What is Eurasia?

Wikipedia has its own page about Eurasia[1], where it can be read:

a)                  Eurasia is a continent or super-continent covering about 52,990,000 km2 (20,846,000 mi2) or about 10.6% of the Earth's surface (36.2% of the land area) located primarily in the eastern and northern hemispheresPhysio-graphically, it is a single continent, comprising the traditional continents of Europe and Asia (with Eurasia being a portmanteau of the two); the concepts of Europe and Asia as distinct continents date back to antiquity and their borders are geologically arbitrary. Eurasia, in turn, is part of the yet larger landmass of Afro-Eurasia, whereby Eurasia is joined to Africa at the Isthmus of Suez. Eurasia is inhabited by almost 4 billion people, more than 72.5% of the world's population (60% in Asia and 12.5% in Europe);

b)                 Eurasia is also sometimes used in geopolitics to refer to organizations of or affairs concerning the post-Soviet states, in particular Russia, the Central Asian republics, and the Transcaucasian republics. A prominent example of this usage is in the name of the Eurasian Economic Community, the organization including Kazakhstan, Russia, and some of their neighbors, and headquartered in Moscow and Astana. The word "Eurasia" is often used in Kazakhstan as the name of the continent or region in which that country is located. Numerous institutions in that country use it in their name, e.g., L. N. Gumilev Eurasian National University, the Eurasian Media Forum, the Eurasian Culture Foundation, the Eurasian Development Bank , or the Eurasian Bank. In 2007, Kazakhstan’s President Nursultan Nazarbayev proposed that a “Eurasia Canal” be built to connect the Caspian Sea and the Black Sea via the Kuma - Manych Depression in Russia, providing Kazakhstan and other Caspian-basin countries with a more efficient access path to the ocean than the existing Volga-Don Canal. This usage is somewhat analogous to the U.S. usage of the term Western Hemisphere when referring to the concepts and organizations dealing with the Americas (e.g., Council on Hemispheric Affairs or Western Hemisphere Institute for Security Cooperation)[2].

These texts are public and very easy to be found by anyone. The last site with great importance for our question (What is Eurasia) is www.eurasiancenter.org, an important site from Unites States of America. We present it here, because today it is considered the US as the single global power, so, we must be concern about the initiatives started from this part of the word.

2. On the other part, the main wisdom in Eurasian problems belongs o both continents – because the common history speaks louder. In the same time, on this big scientific and concept map the main role of debate belongs, naturally, to Russia and to Russian specialists.

In this case, we must note also few ideas:

a)                  Russia is the country to have the biggest part of its territory on both continents[3][4], but its position is not perfectly favorable to develop a total discourse on Eurasia, because the most emergent part of it is situated in Europe[5];

b)                 Russia represents a perfect roof for the world – in this case, its Eurasian idea represents a correspondence with a human body with two special arms: the body is settled in northern Siberia, near the Arctic Ocean. In the same time, the arms has a double significance: a left arm who keep a shield in the Asian direction (mainly China – for extension, yellow race people), and the right one, the most efficient and productive, is stretched to the Europe. In this case, we must note something special: the left had defended Europe from the Vladivostok to the Pamir Mountains, and the right one is over the Moscow and Petersburg. So, a logic question: where is situated the sight of Russia? In our opinion, this is settled to a big area, with a fragmented history: Central Asia – Caspian Sea – Black Sea, as always in the history of humanity, from the North (Sever) to the South (Yugo);

c)                  Eurasia is a new concept for history – it appeared in the 19th century, and only because it was on that time two empires who were important position on both continents: Russian and Turkish one. In this case, we must note an analogy: Christian Russia was opposed to Muslim Turkey on the same logic met after 1945 between Soviet Union and United States;

d)                 Eurasia is an old concept related to European union, because the unionist ideas on Europe was blocked always by the presence of Muslim Constantinople, and, more than that, by the internal battle between main European land powers (with a “big brother” behind – Great Britain);

e)                  If Russia is the main territory for this idea, we must note that in the 21st century ideas must be kept by a stronger population[6]; thus – the future of Eurasian ideas in Russia must be accompanied by a better demography.

3. Our opinion about Eurasia is expressed in a very “scholar language” for a correct order of ideas.

Eurasia is a great political concept, but not completes, because the map limits are not always well understand.

Looking to the world map, we must note that the human land is separated between two big parts, understood as Old World and New (Columbus) World. All scientists have a great problem when the want to separate the Old world, because:

a)      Western Europe is more or less catholic, protestant or atheist and is strong separated by the eastern Europe (history and economy, mainly after European Union creation;

b)      Eastern Europe don’t have a real limit, because Russia is situated on both continents;

c)      Southern Europe is presented much more as part of Western Mediterranean Sea;

d)      Southern Europe is related – because of Gibraltar and the same sea to Northern Africa;

e)      Northern Africa is separated by a big desert (Sahara) to the rest of African continent (which is much richer with mineral resources than the Maghreb and Egypt);

f)        Near East or Proche Orient[7] means Turkey (the other state with double Eurasian continental dimension), Caucasus, Jordan river territory and Egypt (a country belonging mainly to another continent (African), with a step in Asia (by territory and history) and ho was occupied and created as modern state by European powers of 19th century;

g)      Near East is separated by the main Arabic population and energy resources by another strong desert;

h)      Middle East has two important borders (mainly because of history): Central Asia – where the Russian influence is the main actor for the last almost 200 years – and the Chain Mountains Pamir – Himalaya;

i)        India is separated by big rivers and big chain mountains to Pakistan (Indus), South East of Asia (yellow race) and China;

j)        China is the Middle Empire, with one hand related to the south and with the other one to the north. Today we are not sure where Beijing looks straight: to Pacific Ocean or to Middle East, Russia and India[8] in the same time. Last years show us that both directions are possible; in our opinion, always the middle position obliged the state claiming this position to watch more carefully inside;

k)      South East of Asia is related more with Australia, where an important position is kept by the United Kingdom (the same chief of state In Australia and New Zealand);

l)        Japan represents – somehow – a padlock for almost all Asian powers with interests of Pacific Ocean: here, the key belong to Washington sea power (on Mahan admiral doctrine).       

Thus, we cannot consider that the actual dimension of Eurasia is correct, related with the geography and mainly to the history. Despite all innovative technology, the desert is still a desert, a big chain mountain remain on the same position.

It is true: maritime ships can transport a lot of products (it is very interesting to observe the Chinese offensive in weak Europe’s ports[9]) and pipe-lines create a faster way to transport energy resources, but we must understand another limits:

a)                  Pipe-lines represent land states, land powers cooperating or in a perpetual competition (the differences between two attitudes is not always clear). In this case, we must note few moments when tensions can create bigger problems, as blocking of oil transport in Ukraine or terrorist attacks on pipe-lines. In the same time, it is very easy to control a pipe-line, because it is stable on the land for kilometers, and no one can pay guards for every 100 meters to have a perfect safety of them;

b)                 Maritime transport means to control the straits, and for Eurasia there are four very important ones: Skagerrack, Gibraltar, Malacca and the sea in the front of Arabian Peninsula, to control Red Sea and the Persian Gulf. We see here a strong position of United Kingdom, USA and to the sea powers by excellence. Inside this perimeter, there is Bosporus, Suez channel and a lack of military fleet for the “land powers of Eurasia”.

As conclusion: the author believe that Eurasia is a small concept, we need to add here Africa too – minimum the northern part, from French part of Senegal to Bab-el-Mandeb strait near the Ethiopia and Somalia; today Chinese politics introduce in the geopolitical equation whole Africa … and, in our opinion, soon we must be extend with Australia.

In this case, every state must understand its political dimension and its role on the Eur-Asi-African (our tri-continental proposal), named EAA, and to play well its card.

Following this idea, we must note the words of Professor J.L. Granatstein, on April 2011, at the reunion of Canadian Forces College[10]: “can a small or middle power have a Grand Strategy? Former diplomat Daryl Copeland defined Grand Strategy as a unifying, long-term vision of a country’s global values and interests; an expression of where the country is, and where it wants to go in the world; and an analysis of its potential and capacity to achieve its objective. I consider it a core element of statecraft.

That sounds difficult to derive for most nation-states, but to me it does not sound like Grand Strategy, at least not for smaller powers. Smaller countries can fight wars against other smaller powers or maneuvers to avoid them. They can join Great Power alliances or not. They can follow particular economic policies or decide not to. But they do not have Grand Strategies because they lack the human, industrial, and military resources to sustain them. In other words, the God of Grand Strategy is only found on the side of the big battalions. But small countries do have, like every other state, national interests, and their policies are (or should be) focused on advancing or protecting these interests and on their national survival.”

4. If we analyze Eurasia in this dimension, we must express another idea about the legal concept of Eurasia.

Legal concepts exist as it is written. In this scientific branch, words are words, and they cannot be understood in different senses. For any word it is a clear definition and a complex base for any different sense regarding any legal institution[11].

Eurasian is not a concept for legal sciences; we need international treaties to proclaim the existence of this new legal institution. Thus, the author will analyze briefly only few ideas, because the potential for this scientific debate is huge and we don’t have here enough space for it.

First of all, we must underline that inside Eurasia there are many legal systems, with many traditions – to create a real, single and unite Eurasia as concept and political entity, we need to harmonize these differences. For that, we can use only the legal principles, but …

“Although confirmed by Article 38 of the Statute of the International Court of Justice, the idea that there exist general principles of law that are recognized by civilized nations has lost ground in recent years. This fact raises the question of whether such general principles have any order-providing meaning or value beyond the State. If compared to the apparently “natural” systematic structure of state legal orders, the global legal space appears to lack a body of general rules and seems dominated by sectionalism and fragmentation. Indeed, it resembles the medieval legal order, characterized as that was by the simultaneous presence of various legal orders competing with each other. In reality, studies of legal history have led to a different understanding. We now know that that systematic structure was not natural. It was an integral part of a general pattern of morphological transformations undergone by the legal orders of states.”[12]

In this case, we don’t know which legal principles must be fulfilled, because there are many differences between European continental law and religious Islamic law; between Chinese system law and the Britain law. For this debate we can write books, but, of course, in national parliaments it will be a complicate debate, because no one wants to renounce to the history (at least).

Second question: if we want a single Eurasia, where it might be the capital of the state? Any political entity without a center (capital) collapse in less than 5 years: thus, where it must be!

Logics speak: at the middle of the distance, because it is necessary to offer equal access to all persons to all services which are ruled from this big center. So, we can look to Caucasus, maybe to the Near East: Damascus – or Baghdad? … Islamic capital means a different kind of administration of it, because here it was in the last two decades the most important military conflicts – it is need to a new urban architecture, for a capital of almost 4 billion inhabitants!

A lot of new institutions must be settled in this new capital: a Eurasian parliament, which must be able to adopt important, ethic laws, with a great availability for flexible interpretation, because:

a)             These laws cannot be applied from the first moments, because it will be a great problem with internal constitution of the states, and with all secondary (administrative) legislation;

b)             Looking to European Union constitutional treaty of 2006 and to the Lisbon Treaty of 2007, we can see the huge dimension of the texts[13]: if this it was possible for a group of 27 states with common legal tradition (Roman Empire, in fact), can we predict the legal dimension of a Constitution for Eurasia?

c)             In that moment it must be start a global educational change, not only in Law faculties, to understand and to apply new law, but also in every state, because the complexity of changes cannot be seen in one day.

In this context, we have a single question: the loyalty of every person of Eurasia will belong to whom? Because the history never must be forgotten[14]!

Another question is related about the administrative organization of the territory – now, only one big state, but what kind of internal autonomy inside every small part of every state who compose the Eurasian state, because without a strong centralization is impossible to build a functioning state.

The last question is about the justice – where it must be The Supreme Court of Justice? Where it must be The Constitutional Court?

Regarding this; we must note that:

a)      How many procedural steps (appeal, recourse and more) a person must do to be judged by the Supreme Court of Justice?

b)      How it must be invoked the control from The Constitutional Court?

c)      Who are the administrative institutions who shall fulfill the decision of the Eurasian justice? Only one example: in one state a person is affected by the behavior of another state. He claims the state, but this state is too strong to be punishing easily … ca we have equality between states?      

 

Conclusion

In this case, Eurasia is a seductive idea. However, it can be tried to create such a state, but, in our opinion, legal problems are the “big stone”, in front of any political ideas. In fact, we must note the process of negotiations – it is not simple, and, of course, somebody negotiate in a big state, but national parliaments must accept, and, after that, because the dimensions of Eurasia are too big for today human society, it must be approved on referendum by citizens. And today we are not sure about their political opinions …          


[2] This description is used at the bottom of the page, so, we can understand the option of the page author (and of a lot people, because this site is created by “everyone”).

[3] Turkey has less.

[4] In a lot of European institution (as football or music) Israel is included in Europe.

[5] Despite the land reality.

[6] The catastrophic demography of Russia is not always positive to implement big ideas abroad.

[7] A French concept.

[8] India is an “obstacle for a perfect seeing” to the South African rivers and mineral resources.

[9] In a famous report: Global trends 2025 – A transformed world made by National Intelligence Office (Washington, 2008), there are few observations about Chinese limit of economic development related to export of goods (p. 29 – 31).

[10] J.L. Granatstein: Can Canada Have a Grand Strategy?, Canadian Defence & Foreign Affairs Institute, p. 2 – 3.

[11] E. Balan: Institutii administrative (Administrative institutions), CH Beck, Bucharest, 2008, p. 8

[12] E. Chitti, B.G. Matarella: Global administrative law and EU administrative law, Springer, London, 2011, p. 89

[13] 300 pages or more, it depends by the editor.

[14] Title of a famous book about World War II. 

 

Comment naissent les révolutions?

CAMPAG~1.JPG

Dominique VENNER:

Comment naissent les révolutions?

C’est un sujet passionnant, très actuel et mal connu que la naissance des révolutions. Il avait été étudié par le sociologue Jules Monnerot (1908-1995) après les événements français de Mai 68 dans son livre Sociologie de la Révolution (Fayard, 1969). Travail précieux pour lequel son auteur a forgé une série de concepts applicables à toutes les situations.


S’agissant d’une étude sociologique et non d’une histoire des idées, Monnerot use d’une seule appellation, sans ignorer bien entendu tout ce qui sépare et oppose les différentes révolutions du XXe siècle, bolchevisme, fascisme italien, national-socialisme allemand, révolution de 1944, ou celle de 1968. Il estime en effet que ces phénomènes de foule relèvent de la même analyse sociologique, tout en faisant une nette différence entre révolutions de type conservatrice et révolutions déconstructrices.

Mais d’abord, Monnerot définit quelques concepts applicables à toute révolution. En premier lieu la « situation historique ». Elle est celle que l’on ne reverra jamais deux fois. C’est vrai pour 1789, 1917, 1922, 1933 ou 1968. Autre notion complémentaire : la « situation de détresse ». Elle se caractérise par des troubles non maîtrisés. La structure sociale se défait : les éléments ne sont plus à leur place.

Quand une société est stable, on y distingue des éléments sociaux normaux (« homogènes ») et des marginaux (« hétérogènes »). Les éléments marginaux sont en marge parce qu’ils y sont maintenus par la pression des éléments « homogènes ». Lorsqu’un seuil critique de bouleversement est atteint, la partie homogène commence à se dissocier. On observe alors comme une contagion de chaos.


Remarque intéressante qui s’applique aux révolutions conservatrices : « l’homogène, même en voie de dissociation, reste l’homogène ». Quand le bouleversement est radical, « du fond même de la société monte une demande de pouvoir ». Le fascisme, en 1922 ou 1933, fut par exemple une réponse à cette demande dans une société ayant un haut développement (industrie, sciences, culture). Dans une telle société, quand l’ordre s’est effondré, les éléments conservateurs (homogènes) deviennent provisoirement révolutionnaires par aspiration à l’ordre et demande de pouvoir.


Comment aboutit-on à une « situation révolutionnaire » ? Réponse synthétique de Monnerot : par carence au sommet. Une crise de régime se caractérise par une « pluralité des conflits ». Tout échappe à l’autorité du pouvoir en place, le désordre devient endémique. La société entre en « effervescence ».


L’effervescence n’est pas la révolution. Elle en est une phase, un moment, avec un début et une fin (un refroidissement) quand le milieu « n’est plus combustible ». Quand l’effervescence retombe, ce ne sont plus les mêmes qui sont aux commandes (Robespierre a été remplacé par Napoléon, Trotski par Staline, Balbo par Mussolini).


Situation révolutionnaire et effervescence font intervenir les « masses ». Ce sont des coagulations momentanées, les troupes des révolutions. Pour diriger les masses, leur donner un système nerveux, les jacobins, puis Lénine (en beaucoup plus efficace) ont conçu l’instrument du parti.


Ce que les léninistes appelaient « la radicalisation des masses », est une tendance à la politisation de catégories jusque-là conformistes et peu enclines à se passionner pour la chose publique (elles demandent surtout à l’État de faire son métier d’État). On entre alors dans une phase d’effervescence, « la société est parcourue en tous sens de réactions affectives intenses, comme les grains de limaille de fer par un courant magnétique ».


Les situations de détresse font apparaître sur le devant de la scène des élites violentes : les « hétérogènes subversifs », des irréguliers et marginaux que les barrières habituelles n’arrêtent pas. Ils contribuent à donner au mouvement sa force de rupture.


Dans une situation révolutionnaire, la carence et le besoin douloureux du pouvoir, peuvent jeter sur la voie de la révolution des éléments sociaux qui n’aspirent qu’à l’ordre. « Une heure vient où les Arditi, les jeunes lansquenets du Baltikum, les réprouvés qui le sont de moins en moins, n’apparaissent plus inquiétants, mais rassurants à la partie la plus homogène de la population. Ils semblent incarner à travers le malheur les valeurs de courage, de bravoure  et de caractère sans quoi il n’est pas de grand pays… Même ceux qui ne sont pas leurs partisans pensent qu’il faut laisser faire l’expérience. » C’est un bon résumé des situations historiques d’exception. Mais, comme le précise Monnerot, la « situation historique » est celle que l’on ne revoit jamais deux fois.


Dans la France de 2013, sommes-nous entrés dans une « situation historique » ? Pas encore, bien entendu. Mais des signes attestent que l’on peut se diriger vers une telle situation imprévue. Ira-t-elle jusqu’au bout de ses promesses ? Il est trop tôt pour se prononcer. Mais rien n’est impossible.
 

Dominique Venner

Tradition Betrayed: The False Prophets of Modernism

Tradition Betrayed: The False Prophets of Modernism

00:05 Publié dans Philosophie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philosophie, tradition, traditionalisme, modernité | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

jeudi, 18 avril 2013

Jornada por la Reconquista

00:06 Publié dans Evénement | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : événement, espagne, reconquista | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

La CIA prépare-t-elle un coup d'Etat au Venezuela?

venezuela.jpg

La CIA prépare-t-elle un coup d'Etat au Venezuela?

"Contester la victoire est un truc classique pour manipuler l’opinion et préparer la déstabilisation. (...) Les médias européens présentent Capriles comme « centre droit ». Son programme est en réalité d’extrême droite et sa famille est une des plus riches du pays. Leur passeport est peut-être vénézuélien, mais leur cœur est aux USA. (...) Ce lundi, les milices de Capriles ont attaqué des sièges du parti chaviste, des centres de médecine sociale et la télévision publique, tuant plusieurs personnes. En fait, Capriles et les agents US avaient préparé des incidents violents pour créer un climat justifiant un nouveau coup d’Etat. (...) La tentative de coup d’Etat réussira-t-elle au Venezuela ? Cela dépend de la résistance et du sang froid des Vénézuéliens."
 


 

Systemverbesserung oder Systemüberwindung?

Ob schwarz oder rot, Politiker seien immer das gleiche Gesindel, soll Thomas Bernhard gemeint haben. Dieser Meinung scheinen sich, und zwar nicht allein auf die beiden Erwähnten bezogen, immer mehr aufgeklärte Bürger angeschlossen zu haben.                

Fest steht, den traditionellen Parteien steht das Wasser unterschiedlich bis zum Hals, und ob sie auf ihrer bisherigen Erfolgswelle weiter schwimmen können, wird schon der nächste Herbst zeigen, darf aber stark bezweifelt werden.

Die Gunst der Stunde nützen daher immer mehr Initiativen und Neugründungen, über deren Chancen zumindest in zwei Fällen, dem des Team Stronach in Österreich und dem der Alternative für Deutschland, (ADL) sich schon Zuverlässigeres über deren Chancen sagen ließe. Interessanterweise läßt sich bei beiden Neugründungen neben Demokratiefreundlichkeit und rechtsstaatlicher Reformbereitschaft eine nicht unwesentliche ökonomielastige Orientierung und Motivation erkennen.

Wie weit nun diese beiden und andere Mitbewerber auch wieder nur Partikularinteressen vertreten, könnte sich noch in aller Klarheit zeigen. Aber unabhängig davon ist natürlich jede Neubelebung des politischen Lagers zu begrüßen. Die traditionellen Parteien haben ausgedient, sind ermattet und orientierungslos. Schlimmer noch: sie sind in ihrem weltanschaulichen Kern derart geschwächt, so daß ihnen der Antriebsstoff im Inneren abhanden gekommen ist.

Nun scheint es aber so zu sein, daß der eine oder andere Neo-Parteiführer alles andere als ein erfahrenre politischer Kämpe ist, schon gar nicht ein solcher, der gesamtgesellschaftliche Anstöße im Sinne einer  neuen weltanschaulichen Richtung vorgeben möchte oder könnte.

Wie gesagt, scheint es so. Dazu wäre außerdem, wie zuletzt zwei Beispiele in Österreich gezeigt haben, eine höhere  Kunst der Integrationsleistung erforderlich., was Geld oder Großsprech allein auf Dauer gewiß nicht schaffen können.

Ob es außerdem, wie in einem Fall, genügt, zur Balance und Bündelung einige selbstverständliche moralische oder sonstige Werte als strategischen Punkt voranzustellen? Daß es zwei oder drei entscheidenden Botschaften bedarf, um eine Partei nach vorne zu bringen, ist schon klar. Sind diese aber stark genug um bruchsichere parteiinterne Integration und anhaltende Bindungen zu schaffen? Und wenn, mit welchem gesamtgesellschaftlichem Ziel?

Die Zielfrage des politischen Einsatzes hat jedenfalls mehr zu sein als den EURO in Frage zu stellen oder abzulehnen, hat sogar mehr zu sein als dem Nationalstaat wieder mehr Kompetenzen zu verschaffen. Beides ist wichtig, sogar sehr wichtig, es könnte sich aber an einem entscheidenden Punkt als nicht genügend genug erweisen, dem der Systemfrage. Diese in inhaltlicher wie auch organisatorischer Hinsicht.

Das ist nämlich des Pudels Kern: Wenn, wie Frank Stronach meint, und ich denke bei der ADL wird es ähnlich sein, es nur darum geht „zu einer Systemverbesserung beizutragen“, dann wird eben am Ende gerade jenes System effizienter gemacht und am Leben erhalten, daß uns als Volk und Gesellschaft an den Rand des Abgrundes geführt hat. Also gewissermaßen nicht Systemüberwindung, sondern Systemrettung als Ziel?

Wer aber in der Sackgasse steckt, dem nützt eine Kurskorrektur nicht, er muß umkehren. Er muß die Ursachen einer ganz allgemeinen Fehlentwicklung aufspüren und beseitigen versuchen, die Probleme an der Wurzel anpacken und dazu natürlich  in größeren Zusammenhängen und Zeiträumen denken können.                                         

Spektakuläre Einzelmaßnahmen und spezielle politische Dienstleistungen im Interesse der Verursacher der Krise, die ja in Wirklichkeit total ist,  hielt ich für wenig sinnvoll und noch weniger wünschenswert.

Am Ende des Tages harrt die eine Frage einer Beantwortung: Welches Österreich? Welches Deutschland? Schlaraffenland für Spekulanten, Abzocker, Kriminelle und Scheinasylanten? Spielwiese der Globalisierer? Multikulti-Paradies nach Geschmack rot-grüner oder liberaler Weltverbesserer? Oder souveräner Nationalstaat als Wahrer und Garant kultureller wie nationaler Identität, von am Gemeinwohl orientierter ökosozialer Volkswirtschaft, nicht zuletzt von Rede- und Meinungsfreiheit?                                                                                                                              

Ein solcher, freier und unabhängiger Staat, der bereit ist, in der Besinnung auf die Wurzeln und geschichtlichen Grundlagen der eigenen wie auch der anderen nationalen Kulturen Europas alle geistigen und menschlichen Kräfte für eine wahre europäische Gemeinschaft in einem revolutionärem Ruck  zu mobilisieren, ist gefragt. Von den Neuen auch erwünscht?  Wer den schaffen will, der sollte es laut und deutlich sagen.  Der Glaubwürdigkeit wegen.

Sur la territorialité

cote-beaupre.jpg

Sur la territorialité

Entretien avec Georges Feltin-Tracol

Il y a quelques mois, le Comité directeur du Carrefour des Acteurs Sociaux (C.A.S.) animé par Joël Broquet, en particulier son pôle « Territoires »,  proposait à un questionnaire d’enquête consacré à la question territoriale dans l’Hexagone. Georges Feltin-Tracol, rédacteur en chef d’Europe Maxima, a bien voulu y participer. Les réponses mises en ligne ci-dessous ont été largement développées par rapport à la version initiale envoyée au C.A.S.

Cet entretien paraît approprié au lendemain du « non » alsacien qui ne résout rien et qui aggrave au contraire les problèmes territoriaux issus d’une décentralisation trop technocratique dès le départ. L’échec du référendum régional alsacien témoigne aussi de la nécessité pour les prochaines consultations locales d’affronter frontalement notables et élus locaux.

Carrefour des Acteurs Sociaux : Selon vous, quelle organisation territoriale serait à préconiser pour optimiser les actions publiques ?

Georges Feltin-Tracol : À mes yeux, le territoire administratif le plus optimal en matière d’actions publiques demeure la région. Toutefois, il est primordial de réviser en profondeur et d’une manière complète la carte administrative territoriale en s’appuyant sur des régions rectifiées (fusion des deux demi-régions normandes, rattachement de la Loire-Atlantique à la Bretagne, création d’une région « Pays-Bas français » sur les régions Picardie et Nord – Pas-de-Calais, fusion de départements en Alsace, en Corse, en Savoie) et réduites en nombre (22, c’est trop).

C.A.S. : Quel échelon actuel est-il, selon vous, pertinent aujourd’hui ?

G.F.-T. : Outre la région, l’autre échelon pertinent me paraît être l’arrondissement rectifié. Mais attention ! La notion d’arrondissement est à modifier complètement. En effet, l’essor des modes de transport (voiture, train), l’implantation des centres commerciaux en périphérie des villes et l’étalement urbain sur les zones rurales proches (ce qui est un grave problème en soi) entraînent une véritable révolution territoriale administrative silencieuse. Face à l’effacement de la distinction rural / urbain, la région et l’arrondissement rectifié afin qu’il corresponde à un bassin de vie autour d’une ville-centre paraissent des échelons pertinents.

C.A.S. : « L’abrogation » de la démarche Pays vous semble-t-elle justifiée ?

G.F.-T. : Oui, dans le cadre actuel. En revanche, dans le cadre de l’arrondissement – bassin de vie, le « pays » pourrait renaître à la fois en tant que successeur de l’arrondissement actuel et qu’en espace optimal de proximité à la condition que ce nouvel arrondissement ou pays fusionne avec le canton, l’intercommunalité et l’actuel « pays ».

C.A.S. : Comment la gouvernance territoriale devrait-elle être organisée ?

G.F.-T. : D’abord, il faut sortir de la novlangue officielle en place. « Gouvernance » relève du jargon bureaucratique d’essence libérale-mondialiste. Le gouvernement idoine des territoires serait un recours massif et permanent à la démocratie directe.

Il est important d’abandonner le régime d’assemblée en vigueur dans les collectivités municipales, départementales et régionales et l’omnipotence de l’exécutif territorial en appliquant une large démocratie directe. Outre le contrôle civique des élus par les droits populaires de surveillance, de veto et de proposition, les responsables territoriaux devraient être tirés au sort, ne cumuler aucun mandat, être révocables et détenir un mandat impératif. Une autre réforme de taille serait d’instaurer la responsabilité sur leurs biens propres de la gestion de la collectivité. En corollaire, le droit de vote serait obligatoire sous peine de lourdes sanctions. L’idéal serait aussi une réelle impartialité, c’est-à-dire une absence de partis politiques…

C.A.S. : Les solidarités urbain/rural ont-elles un sens aujourd’hui ? Si oui, lesquelles  ?

G.F.-T. : Il est clair, aujourd’hui, que les solidarités urbain / rural se distendent du fait de la disparition voulue de la paysannerie, de l’étalement urbain anarchique et de l’alignement des campagnes sur le mode de vie, les codes culturels et les goûts des citadins. La France est en train de se scinder en trois ensembles disparates : les métropoles, créatrices de richesses, leurs banlieues sur-subventionnées et les territoires péri-urbains (ou ruraux profonds) délaissés (fermeture au nom de la R.G.P.P. – réduction générale des politiques publiques – du bureau de poste, de l’école primaire, de la gare, non-desserte des transports en commun, etc.). Fuyant des zones urbaines en chaos ethnique et les fortes hausses d’impôts, les catégories populaires et intermédiaires qui s’installent « à la campagne » se sentent pénaliser : elles n’ont droit à rien et doivent payer pour des services inexistants.

C.A.S. : Quel constat de la décentralisation faites-vous ?

G.F.-T. : D’un point de vue fédéraliste, identitaire et régionaliste français et européen, la décentralisation est un fiasco total du fait de l’incompétence de son personnel politicien. L’État central a eu tort de faire confiance à la partitocratie, d’où l’explosion des effectifs de la fonction publique territoriale, du clientélisme et de la corruption, de conserver ses attributions ou de les déléguer sans accompagnement financier réel et d’empêcher l’autonomie réelle des collectivités en leur assurant une fiscalité propre.

Plutôt que de relancer la décentralisation, l’heure est venue pour la régionalisation et la réduction draconienne des strates administratives et du nombre d’élus.

C.A.S. : Selon vous, quelles orientations devraient prendre la politique européenne de cohésion territoriale (organisation spatiale du territoire européen) ?

G.F.-T. : L’idéal serait un État fédéral européen dégagé de l’O.T.A.N. et de l’O.M.C. à vocation impériale grande-continentale. Plus concrètement, une vaste politique coordonnée de relance et de relocalisation de l’industrie, de l’agriculture (dans un sens bio et non productiviste) et des transports collectifs (avec le retour de l’aéro-train) donnerait enfin une véritable cohérence territoriale au continent sans omettre bien sûr une ambitieuse politique culturelle et scolaire authentiquement européenne et identitaire.

C.A.S. : Quelle devrait être la place de « Paris » dans l’architecture urbaine mondiale et européenne ?

G.F.-T. : L’anti-Parisien que je suis estime que ce n’est qu’une agglomération française parmi d’autres. Malheureusement, soyons réalistes. Paris et ses environs demeurent la première région de France en population et en production économique. La déconcentration de la Capitale prendra beaucoup de temps. En attendant, il importe de valoriser les autres villes et agglomérations afin de contrebalancer l’influence de plus en plus délétère de Paris.

C.A.S. :  Quel périmètre devrait avoir « Paris », en tant que ville et en tant qu’agglomération ?

G.F.-T. : Dans l’idéal toujours, il serait bien d’arrêter la croissance parisienne et de favoriser l’attrait de la « Province ». En pratique et dans la perspective voulue d’en faire une métropole mondiale, Paris doit franchir le Périphérique et étendre sa superficie à la « Petite Couronne ». En clair, il est nécessaire d’abolir le 75 et les départements périphériques et de tirer un trait définitif sur les conséquences de la Commune de 1871.

C.A.S. : La structure de l’agglomération parisienne serait selon vous ?

G.F.-T. : Une collectivité territoriale intégrant les compétences communales, départementales et régionales.

C.A.S. : Selon votre réponse, quel devrait en être le périmètre ?

G.F.-T. : Si Paris devient une collectivité territoriale, sa superficie devrait correspondre, nonobstant l’obstacle des départements à faire disparaître, à son aire urbaine, soit les « Petite » et « Grande Couronne » réunies. Un autre facteur entre en ligne de compte : les migrations tant internes qu’externes. Il faut arrêter les flux migratoires vers l’Île-de-France qui est devenue l’«Île-du-Monde ».

C.A.S. : Quelles devraient être les compétences pour la structure de l’agglomération parisienne serait selon vous ?

G.F.-T. : Le « Grand Paris » devrait détenir toutes les compétences ! À savoir la planification territoriale et l’urbanisme, l’emploi et la formation professionnelle, le développement économique, les transports, la préservation du patrimoine et l’essor culturel enraciné, l’écologie véritable et non le fumeux développement durable, ou les services sociaux à la population.

C.A.S. : Quelle appellation souhaiteriez-vous pour l’entité de la structure de l’agglomération parisienne ?

G.F.-T. : Cette collectivité territoriale avec une population moindre du fait d’un retour (imposé ? forcé ?) dans les provinces de nombreux résidents pourrait très bien s’appeler « Paris – Île-de-France ». Et puis, imaginons un changement de capitale en promouvant Lyon ou Clermont-Ferrand, voire en créant ex-nihilo une nouvelle sur les exemples de Brasilia ou d’Astana.

• Propos recueillis par le pôle « Territoires » du C.A.S.


Article printed from Europe Maxima: http://www.europemaxima.com

URL to article: http://www.europemaxima.com/?p=3061

 

Margaret Thatcher, le devoir de haine

thatcher-la-dame-de-fer.jpg

Margaret Thatcher, le devoir de haine

par Claude BOURRINET

Pour le bonheur du monde, du moins son équilibre et sa beauté, il eût cent fois mieux valu que Margaret passât en 1979 dans l’autre monde, en enfer, comme dirait Mélenchon, qu’on ne croyait pas si croyant. Cette année 2013, si triste pourtant, puisqu’elle a vu Chavez disparaître, – une grande perte – est au fond généreuse, puisqu’elle vient de délivrer le royaume de Sa Gracieuse Majesté d’un être pestilentiel. On ne saurait trop s’en réjouir.

Las ! la « Dame » dite « de fer », du métal dont on fait les barreaux de prison, a eu le temps de sévir, et d’emprisonner, d’empoisonner la Grande-Bretagne, l’Europe, et une grande partie de l’univers.

Plusieurs ne sont pas sortis indemnes de cette contamination. La droite « dure », libérale, mondialiste, évidemment. De même l’extrême droite sécuritaire, anticommuniste, néoconservatrice, sioniste et atlantiste, qui se satisferait, en guise de programme, de greffer une paire de couilles à un cerveau reptilien. Mais aussi, de façon plus inquiétante, ceux des patriotes dont on aurait attendu plus de jugeote, et qui considèrent que la mégère décoincée présentait, avec sa morgue cassante et sa sauvagerie désinhibée, tout ce qu’il y avait de plus distingué en guise de patriotisme, « bien qu’ultralibérale ».

L’un des problèmes récurrents de tout ce qui se situe à droite de la droite est que, quoique arborant volontiers les signes éminents de la virilité la plus martiale, on mouille comme n’importe quelle femelle délurée, pourvu qu’en face on agite le gros bâton. Il suffit de démontrer qu’on fait fi de tous ces ridicules scrupules qui ne font qu’affaiblir les maîtres de ce monde pour recueillir tous les suffrages des candidats à la surhumanité.

En l’occurrence, avec Maggie, il ne s’agissait nullement de surhomme, mais de sur-épicier, comme son origine sociale l’y invitait, et une nature calculatrice, mesquine, matérialiste et singulièrement bilieuse.

Le thatchérisme s’est donc emparé des esprits politiques. Tout dirigeant, ou postulant à la direction des peuples, fait dorénavant du Margaret comme monsieur Jourdain faisait de la prose. Même la gauche. Blair l’a reconnu, et à sa suite les « socialistes » français. Avec sans doute un peu de cette tartuferie faux-cul, qui ne seyait pas, il faut le reconnaître, à la Dame de fer. Du thatchérisme flambeur au thatchérisme flamby, si l’on veut. Mais comme la défunte boutiquière l’affirmait, en lorgnant son tiroir-caisse, « il n’y a qu’une seule politique possible : le libéralisme ».

On connaît la chanson.

Pourtant, saisir son destin, n’est-ce cracher à la gueule de la méduse ?

Quelle est l’erreur des patriotes (car les autres, on tire la chasse d’eau sur eux) ?

Thatcher aurait mis au pas les syndicats, qui prenaient en otage les entreprises et ruinaient le pays. Les appareils syndicaux avaient dans beaucoup de secteurs le monopole de l’embauche, et exigeaient l’aide de l’État pour sauver des usines en faillite. Soit.

Replaçons l’enjeu à sa véritable place, qui est l’irrésistible et dévastatrice ascension du néocapitalisme. Les syndicats, les grèves… quelle aubaine pour faire sauter la marmite !

Mais quelle a été la politique d’une nation qui est la patrie d’origine du libéralisme, lequel est fondé sur la doctrine de la « main invisible et infaillible du marché », et sur celle de la nécessaire division du travail à l’échelle mondiale ? C’est de sacrifier tous les secteurs qui peuvent être pris en charge par d’autres régions de la planète. Ce fut d’abord l’agriculture, pour accroître les bagnes industriels, où s’entassèrent des miséreux, l’ancienne paysannerie libre. À l’époque actuelle, c’est l’industrie qu’on délocalise pour que la finance fructifie et que le banquier règne. L’un des principaux paradis fiscaux en Europe et dans le monde, c’est la City. Un nid de frelons. Thatcher a fait d’une partie de sa patrie une nation de rentiers, d’actionnaires et de propriétaires avaricieux, captivés par la bourse, et se souciant comme d’une guigne de l’avenir de la société. Une corruption massive.

La société ? Mais ça n’existe pas ! assurait sentencieusement Thatcher. Il n’est que des individus qui travaillent, accumulent, jouissent de leurs gains. Le retour aux sources libérales dans sa pureté suprême. L’antithèse absolue d’un autre Anglais, George Orwell, qui pensait qu’une existence ne pouvait se passer d’obligations sociales, de solidarité, de considération des autres, de générosité et d’un minimum de sacrifice pour que le Bien commun prévale sur l’égoïsme dévastateur.

Car c’est bien un champ de ruine qu’a laissé l’Attila des marchés après onze ans d’agressif délire libéral. Des millions de chômeurs, la misère, une dérégulation tous azimuts, un service public cassé, un enseignement dévalué, un gouffre entre le Nord et le Sud. Un chef d’État, un homme politique responsable doit-il considérer son propre peuple comme ennemi ? En fanatique qu’elle était, comme le sont d’ailleurs tout autant les oligarques européens qui mènent la politique économique actuelle en doctrinaires, Thatcher a préféré démolir que construire.

Comme elle a détruit la vie de partisans, héroïques, de républicains irlandais chers à notre cœur, dont la faute inexpiable était de lutter pour leur patrie : Bobby Sands (I.R.A.), 27 ans, meurt le 5 mai 1981 après 66 jours de grève de la faim, Francis Hughues (I.R.A.), 25 ans, meurt le 12 mai 1981 après 59 jours de grève de la faim, Raymond McCreesh (I.R.A.), 24 ans, meurt le 21 mai 1981 après 61 jours de grève de la faim, Patsy O’Hara (I.N.L.A.), 23 ans, meurt le 21 mai 1981 après 61 jours de grève de la faim, Joe McDonnell (I.R.A.), 30 ans, meurt le 8 juillet 1981 après 61 jours de grève de la faim, Martin Hurson (I.R.A.), 29 ans, meurt le 12 juillet 1981 après 46 jours de grève de la faim, Kevin Lynch (I.N.L.A.), 25 ans, meurt le 1er août 1981 après 71 jours de grève de la faim, Kieran Doherty (I.R.A.), 25 ans, meurt le 2 août 1981 après 73 jours grève de la faim, Thomas McElvee (I.R.A.), 23 ans, meurt le 8 août 1981 après 62 jours grève de la faim, Michael Devine (I.N.L.A.), 27 ans, meurt le 20 août 1981 après 60 jours de grève de la faim…

Paix à leur âme et leur souvenir sera à jamais gravé dans notre mémoire.

Quel oxymore plaisant, du reste, que l’expression « patriotisme libéral » ? Car, tout en étant disciple des néocons Hayek, Popper, Friedman, elle aurait défendu les intérêts de son pays. Quelle blague ! Son euroscepticisme ? En fait, du chantage, tout simplement, pour, finalement, à force de coups de boutoir, d’entrisme opportun, de vociférations vulgaires, de contournements perfides, et, il faut le dire, pas mal de complicités dans la place, parvenir à transformer l’Europe-Puissance en grand marché ouvert à quatre vents, ce que la Grande- Bretagne a toujours ambitionné qu’elle fût. Les Malouines ? Une stratégie cynique et criminelle pour récupérer quelque popularité après l’échec de sa politique économique. Le nationalisme british ? L’Angleterre est devenue, ou a achevé de l’être, une sous-colonie américaine, et les Anglais un chenil. Notre avenir, en quelque sorte.

En vérité, comme chacun sait, le libéralisme, même affublé (on se demande pourquoi) du préfixe « ultra », qui suggérerait qu’il existât deux espèces de libéralismes, n’est pas, ne peut être un patriotisme. Le seul attachement qu’un libéral puisse éprouver pour le territoire qui l’a vu éventuellement naître, et pour la nation dont il serait formellement un membre, est du même acabit que celui qui lie un cadre dynamique à son entreprise, ou au groupe international dont elle est une filiale. Pour le reste, l’argent n’a ni odeur, ni saveur, et ne connaît pas les frontières ni les identités.

Thatcher apparaît donc comme un marqueur idéologique. Haïr ce genre d’individu monstrueux, programmé pour abolir les peuples et faire triompher Mammon, promouvoir le culte du Veau d’Or et bousiller tout ce qui échappe au fric, est non seulement salubre – un signe de santé – mais terriblement nécessaire pour envisager un jour la victoire. Respecter cette putréfaction, voire l’admirer, c’est se considérer d’ores et déjà comme battus.

Claude Bourrinet

• D’abord mis en ligne sur Vox N.-R., le 10 avril 2013.


Article printed from Europe Maxima: http://www.europemaxima.com

URL to article: http://www.europemaxima.com/?p=3058

 

“They’re All Rotten!”

maifs.jpg

“They’re All Rotten!”

By Dominique Venner

Translated by Greg Johnson

Ex: http://www.counter-currents.com/

This exclamation is probably a bit simplistic, but it sums up the feeling of revulsion spreading today throughout the fair country of France. When taxes were being raised to benefit various electoral constituencies, explosive revelations about the corruption of the minister in charge forced back the increase. This lovely scandal added to the rising anger of a large segment of the public against a clear intent to destroy them, as evidenced by mass immigration policy or the legalization of gay marriage.

Corruption and embezzlement by people in power, the politicians or officials of a bloated administration, is nothing new. Whole libraries have been devoted to the scandals of the successive republics. However, the Fifth Republic has broken all records since it was founded by General de Gaulle, a man of integrity who loved to be surrounded by rogues. It is not just that the temptations became more numerous, fueled by new financial powers granted to elected officials and huge windfalls to administrations, unions, and associations for this or that. No, there was something else.

The reasons for public corruption are manifold. Some are historical. I happen to remember that in the purge trials in the High Court, after 1945, against the ministers of the French State, otherwise known as the Vichy regime, it was impossible to identify a single case of enrichment through fraud or corruption, despite the strenuous efforts of investigators.[1] The men who held power then were certainly criticized in many ways, but, in general, they were imbued with a sense of almost military duty to their country trapped in a situation of extreme distress. No doubt they also knew they were being watched by the large surveillance corps established by the State. The idea of ​​duty then evaporated in many of their successors, who without doubt profited from the real or supposed dangers they faced during the war years.

But, since I wish to invoke the mindset, i.e. the “representations” that we all know exist and determine our behavior, we must surely dig deeper.

Europe since earliest antiquity has always been ruled by the idea that each individual is inseparable from his community, clan, tribe, people, city, empire, to which he is linked by a bond more sacred than life itself. This unquestioned belief, of which the Iliad offers the oldest and most poetic expression, took various forms. Think of the worship of ancestors for whom the city owed its existence, or the loyalty to the prince who was its visible expression.

The first threat was introduced by the individualism of early Christianity. The idea of ​​a personal god emancipated men from the hitherto unquestioned authority of ethnic gods of the city. Yet the Church itself reimposed the idea that the individual will could not order things as it pleased.

Yet the seed of a spiritual revolution had been sown. It reappeared unexpectedly in the religious individualism of the Reformation. In the following century, the rationalist idea of absolute individualism was developed forcefully by Descartes (“I think, therefore, I am”). The philosopher also made central the biblical idea of ​​man as the master and possessor of nature. No doubt, in Cartesian thought, man was subject to the laws of God, but God set a very bad example. Unlike the ancient gods, He was not dependent on a natural order anterior and superior to him. He was the single all-powerful and arbitrary creator of all things, of life and nature itself, according to His sole discretion. If this God was a creator free of all limits, then why not man, who is made his image, as well?

Set in motion by the scientific revolution of the 17th and 18th centuries, this idea has no known limits. In it lies what we call “modernity.” This idea assumes that man is his own creator and he can recreate the world as he pleases. There is no other principle than the will and pleasure of each individual. Consequently, the legitimacy of a society no longer depends on its compliance with the eternal laws of the ethnos. It depends only on the momentary consent of individual wills. In other words, society is legitimate only as a contract resulting from a free agreement between parties who are pursuing their own advantage.[2]

If self-interest is the sole basis of the social compact, there is nothing to prevent us from satisfying our interests and appetites, including by filling our pockets if the opportunity is offered by our position. All the more so, given that market society, through advertising, tells us that we are obligated to enjoy ourselves, indeed, that we exist only to enjoy ourselves.

Still, despite this individualistic and materialistic logic, we have long maintained communal ties of birth and fatherland and all the obligations these imply. These ties have been progressively destroyed across Europe in the decades following World War II, while the triumphant consumer society arrived from the United States. Like other European countries, France has gradually ceased to be a nation (based on nationality, common birth) to become an aggregate of individuals united by their pleasures or the ideas they have of their interests. The former obligation to “serve” has been replaced by the general temptation to “serve oneself.” This is the logical consequence of the principle that founds society solely on human rights, thus on each individual’s interests.

And now, before our eyes, this repulsive logic faces a revolt from the depths. We are witnessing the unexpected awakening of all those who, through atavistic reflexes, feel deep down that unquestionable ancestry is what make a clan, a people, or a nation.

Notes

1. See my Histoire de la Collaboration [History of the Collaboration] (Paris: Pygmalion, 2002).

2. Rousseau understood that this was the fault of the social contract. He sought to remedy it by justifying the use of force to compel the reluctant to submit to a problematic “general will.”

Source: http://www.dominiquevenner.fr/2013/04/tous-pourris/ [2]


Article printed from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com

URL to article: http://www.counter-currents.com/2013/04/theyre-all-rotten/

URLs in this post:

[1] Image: http://www.counter-currents.com/wp-content/uploads/2013/04/parisprotest.jpg

[2] http://www.dominiquevenner.fr/2013/04/tous-pourris/: http://www.dominiquevenner.fr/2013/04/tous-pourris/

Oswald Spengler. The decline of the West.

Oswald Spengler. The decline of the West.

Part 6 of 6 (other parts included)

mercredi, 17 avril 2013

Guy Debord als Gesellschaftskritiker

debordxxx.jpg

Guy Debord als Gesellschaftskritiker

von Stephan Grigat

Ex: http://www.contextxxi.at/

 
Guy Debords Kunst- und Medienkritik kann nur vor dem Hintergrund seiner allgemeinen Kritik bürgerlicher Vergesellschaftung begriffen werden.

Guy Debord und die Situationistische Internationale erfahren in den letzten Jahren auch im deutschsprachigen Raum vermehrte Aufmerksamkeit. Zum einen wurde Debords Hauptwerk, "Die Gesellschaft des Spektakels", erneut aufgelegt. Zum anderen wurde das Augenmerk einer größeren Öffentlichkeit durch Ausstellungen wie beispielsweise jene in Wien Anfang 1998 auf die Aktivitäten der Situationisten gelenkt. In der Regel ging diese verstärkte Rezeption mit einer Reduzierung der Anliegen Debords und anderer Situationisten auf kunst-, kultur- oder auch medientheoretische Fragestellungen einher. Was Greil Marcus bereits für den Anfang der achtziger Jahre konstatiert, trifft um so mehr auf die leise Rennaissance der situationistischen Schriften Ende der neunziger Jahre zu: Das Spektakel ist "zu einer modischen Platitüde der Kritik geworden, zu einem unscharfen, inhaltsleeren Begriff. Er bedeutet nur, daß das Bild einer Sache die Sache selbst überlagerte. Kritiker benutzten dieses Klischee nicht, um nachzudenken oder sich etwas vorzustellen, sondern um sich zu beklagen."1 Je größer die Begeisterung und das Interesse für die kunst- und kulturkritischen Schriften Debords wird, desto weniger Beachtung findet die radikale Gesellschaftskritik, die Debords Kunst- und Kulturkritik zugrunde liegt. Debord selbst hat darauf hingewiesen, daß die Ersetzung seines Begriffs "Spektakel" durch weitläufige Betrachtungen zum Mediensektor seinen Intentionen nicht mehr entspricht, da dadurch die eigentliche Grundlage des Spektakels, die kapitalistische Warenproduktion, affirmiert wird.

Mit wenigen Ausnahmen wird heute versucht, den Kritiker des modernen Warenspektakels selbst zum kritischen Bestandteil des Spektakels zu machen. Exemplarisch für solch eine Art der Beschäftigung mit Debord sei hier nur Sebastian Reinfeld genannt, der über die Lektüre von Louis Althusser und Nicos Poulantzas zielsicher bei den Grünen gelandet ist und sich heute für die "wunderschönen Texte" der Situationisten begeistert,2 ohne den in ihnen propagierten radikalen Bruch mit der bürgerlichen Gesellschaft ernst zu nehmen.

Debords Kritik sträubt sich weitgehend gegen Vereinnahmungen. In der Linken machte er sich vor allem dadurch unbeliebt, daß er sich entgegen aller Moden weigerte, positiv auf irgendein existierendes staatssozialistisches Modell Bezug zu nehmen, gleichzeitig aber auch sämtliche Kritiker und Kritikerinnen der Staatssozialismen auf’s Korn nahm, sobald diese dem realen Sozialismus einen idealen als Identitätsersatz entgegensetzten. Debord gehörte schon früh zu den wenigen, die es schafften, sich sowohl gegen Stalin als auch gegen Trotzki und Lenin zu wenden. Er kritisierte früh das maoistische China wie auch die europäischen Maoisten und Maoistinnen. Aber auch am Anarchismus oder dem Strukturalismus hatte er genügend auszusetzen. Auch jene Theoretiker, auf die er sich mitunter bezieht, und deren Einfluß auf sein Denken in seinen Schriften recht deutlich wird, sind, wie beispielsweise Georg Lukács, Gegenstand kritischer Auseinandersetzung. So zeigte sich dann auch die deutschsprachige Linke weitgehend desinteressiert an der Kritik und den praktischen Experimenten der Gruppe von situationistischen Theoretikern und Antipolitikern, "die keine der zahlreichen linken Ikonen anerkannte, die Revolution neu erfinden wollte und jede populistische Verwässerung ihrer Kritik zurückwies."3

Bei den universitären Theorieverwaltern und -verwalterinnen machte er sich durch seine konsequente Kritik an der akademischen Wissensproduktion nachhaltig unbeliebt. So wie Marx seine Kritik schon früh von der interesselosen Wissenschaft klar abgegrenzt hat, indem er postulierte, daß die Kritik in ihrem Gegenstand ihren Feind erblickt, den sie "nicht widerlegen, sondern vernichten will",4 so war sich Debord, der sich nachdrücklich gegen die Einteilung des Denkens in Wissenschaftsdisziplinen aussprach, über die zwangsläufige Unwissenschaftlichkeit seines beabsichtigten praktischen Unterfangens im klaren: "Das Projekt, die Wirtschaft zu überwinden, von der Geschichte Besitz zu ergreifen, kann nicht selbst wissenschaftlich sein, auch wenn es die Wissenschaft der Gesellschaft kennen — und zu sich zurückführen — muß."5 Die modernen Sozialwissenschaften betreiben nur mehr eine "spektakuläre Kritik des Spektakels". (168) Das akademische Denken des Spektakels hat sich dadurch zu einer "allgemeinen Wissenschaft des falschen Bewußtseins" (167) herausgebildet. Vor dem Hintergrund dieser Akademismus- und Wissenschaftskritik gelangt Debord zu einem Wahrheitsbegriff, der im eklatanten Widerspruch zu jedem übergesellschaftlichen und überhistorischen Wahrheits- und Erkenntnisbegriff steht: "Die Wahrheit dieser Gesellschaft ist nichts anderes als die Negation dieser Gesellschaft." (178) Diese Kritik am bürgerlichen Wahrheits- und Rationalitätsbegriff findet sich auch bei Autoren aus dem Umfeld der Situationisten wieder. Emile Marenssin wendet sich in seiner Schrift aus dem Jahr 1972 nachdrücklich gegen einen Vernunftbegriff, der losgelöst von der eigenen kritisch-praktischen Intention existiert: "Vom Standpunkt des Kapitals aus betrachtet, wird der Kommunismus die Gesellschaft des Irrationalen sein, die Gesellschaft der Verrückten. (...) Die Rationalität des Kommunismus wird die Irrationalität des Kapitalismus sein."6

Setzt sich das Feuilleton oder die Sozialwissenschaft heute mit Debord auseinander, wird er vor allem als weitsichtiger Kritiker des Medienzeitalters rezipiert. Dagegen soll der Vordenker der Situationisten hier als früher Fetischkritiker präsentiert werden, der sich explizit auf die Kategorien der Marxschen Werttheorie bezogen hat.7

 

Henri Lefebvre als Stichwortgeber

Debords Thesen zum Zustand der Warengesellschaft im Jahre 1967 sind nicht im luftleeren Raum entstanden. Zum einen sind sie vor dem Hintergrund der sich bereits ankündigenden Ereignisse des Jahres 1968 zu verstehen. Zum anderen stehen sie in einer bestimmten Theorietradition, die von Debord selbst deutlich dokumentiert wurde. Stark geprägt wurde er sowohl durch die Lektüre von Lukács als auch durch die Schriften Henri Lefebvres. Anfänglich standen die Situationisten in engem Kontakt mit Lefebvre. Später wurde er Ziel wüster Polemiken von Debord und von anderen Mitgliedern der Situationistischen Internationale. Lefebvre orientierte sich stark an den "Ökonomisch-philosophischen Manuskripten" von Marx. Dementsprechend hat er in seinem Hauptwerk den Entfremdungsbegriff ins Zentrum seiner Überlegungen gestellt. Lefebvre versucht aber, die Entfremdung immer wieder auf den Fetischismus zu beziehen. Bei Lefebvre finden sich Ansätze, die Kritik des Fetischismus über die Analyse des Waren-, Geld- und Kapitalfetischs auszudehnen. So spricht er beispielsweise vom "Fetischismus des Staates".8 Er führt aus, daß gewisse "menschliche Produkte gegenüber der menschlichen Wirklichkeit als eine undurchdringliche, nicht beherrschte Natur (funktionieren), die von außen auf sein Bewußtsein und seinen Willen wirkt." Das sei in der Regel zwar nur scheinbar so, aber dieser Schein ist zugleich immer auch Realität. Nicht nur die Ware, das Geld und das Kapital, sondern auch "der Staat, die Rechtsinstitutionen, die ökonomischen und politischen Apparate, die Ideologien, (...) funktionieren als Wirklichkeiten, die außerhalb des Menschen sind."9 Sie stehen den Menschen als eigengesetzliche Wirklichkeiten gegenüber, obwohl sie nur Produkte der Menschen sind.

Durch die zentrale Stellung, die die Begriffe Entfremdung und Fetischismus in Lefebvres "Kritik des Alltagslebens" einnehmen, kann der nach dem 2. Weltkrieg aus der französischen KP ausgeschlossene Philosophieprofessor als einer der wichtigsten Stichwortgeber von Debord gelten. Seine Orientierung am jungen Marx, seine teilweise widersprüchliche Begriffsverwendung wie auch seine Betonung der Unerlässlichkeit der Kategorie der Totalität, dürften Debord nachhaltig beeinflußt haben.

Auch Lefebvres Hauptanliegen, die Orientierung auf den Alltag, wird von Debord fortgesetzt. Beide betrachten den konkreten Alltag als jene Sphäre, in der die Veränderung ansetzen muß. In der Alltäglichkeit des Lebens der Menschen in der bürgerlichen Gesellschaft materialisiert sich der Fetischismus der objektiven Gedankenformen aus der Ökonomie. Daher soll er auch dort, im Alltagsleben der bürgerlichen Subjekte, nach Lefebvre und Debord durchbrochen werden.

Vollendeter Fetischismus

debord.jpgDebords Beschreibung der Totalität des Fetischismus und der Ware beginnt in unmittelbarer Anlehnung an das Marxsche "Kapital", dessen ersten Satz er paraphrasiert: "Das ganze Leben der Gesellschaften, in welchen die modernen Produktionsbedingungen herrschen, erscheint als eine ungeheure Sammlung von Spektakeln." (13) Eine explizit feststehende Definition des Begriffs Spektakel gibt Debord in seiner Schrift von 1967 nicht. Er umkreist ihn vielmehr und beschreibt ihn in seinen realen Erscheinungen und ex negativo. Im Begriff des Spektakels ist bei Debord der Begriff des Kapitals, wenn auch gegenüber der Marxschen Herleitung in vereinfachter Form, und der des Fetischismus aufgehoben: "Das Spektakel ist das Kapital in einem solchen Grad der Akkumulation, daß es zum Bild wird." (27) Er begreift das Spektakel als gesteigerte Form des Fetischismus: "Das Prinzip des Warenfetischismus ist es, (...), das sich absolut im Spektakel vollendet, wo die sinnliche Welt durch eine über ihr schwebende Auswahl von Bildern ersetzt wird, welche sich zugleich als das Sinnliche schlechthin hat anerkennen lassen." (31f.) Marx hat die Verwandlung menschlicher Beziehungen in die Beziehungen von Dingen beschrieben. Debord greift dies auf und beschreibt die Verwandlung der menschlichen Beziehungen in die Beziehung zwischen Bildern,10 die den Menschen noch äußerlicher erscheinen als die Dinge. Anders als in einigen postmodernen Diskursen hingegen, die dazu tendieren, alles in Bilder aufgelöst zu sehen, und die daher keine Realität mehr kennen, die in ihrer Gesamtheit kritisiert werden könnte, bleibt das Bild bei Debord auf die gesellschaftliche fetischistische Totalität, auf die materielle Realität rückbezogen.

Eine Formulierung, die als zusammenfassende Definition des modernen Spektakels gelesen werden kann, findet sich erst in Debords Text "Kommentare zur Gesellschaft des Spektakels", der aus dem Jahr 1988 stammt, also 21 Jahre nach der Erstveröffentlichung von "Die Gesellschaft des Spektakels" erschienen ist und in die deutsche Neuauflage von Debords Hauptwerk übernommen wurde. Dort faßt Debord zusammen, was unter dem Begriff des Spektakels zu verstehen sei: "Die Selbstherrschaft der zu einem Status unverantwortlicher Souveränität gelangten Warenwirtschaft und die Gesamtheit der neuen Regierungstechniken, die mit dieser Herrschaft einhergehen." (194) Ein Grundmoment des Marxschen Warenfetischs, die Substituierung menschlicher Beziehungen durch die reale wie scheinhafte Beziehung von Dingen, ist bei Debord, auch wenn er die diffizile Marxsche Analyse dieser Substituierung weder referiert noch explizit reflektiert, konstitutiver Bestandteil des Spektakels: "Der fetischistische Schein reiner Objektivität in den spektakulären Beziehungen verbirgt deren Charakter als Beziehung zwischen Menschen und zwischen Klassen: eine zweite Natur scheint unsere Umwelt mit ihren unvermeidlichen Gesetzen zu beherrschen." (22) So wie Georg Lukács die rein kontemplative, die nur betrachtende, anschauende Sichtweise des bürgerlichen Denkens beschrieben und kritisiert hat, sieht Debord die Menschen im Spektakel auf die Rolle von Zuschauern reduziert.

Debords Orientierung an den Marxschen Kategorien ist eindeutig. Das Kapital ist bei Debord nicht primär als selbstbewußte Macht, sondern als automatisches Subjekt gegenwärtig, als "sich selbst bewegende Wirtschaft". (27) Im Spektakel ist die selbe irre machende Gleichzeitigkeit von Wirklichkeit und verkehrtem Schein gegenwärtig, wie sie Marx bereits in der einfachen Warenform aufgezeigt hat: "Das Spektakel, das das Wirkliche verkehrt, wird wirklich erzeugt." (16) Die Parallele zur Realabstraktion des Werts ist hier offensichtlich. Anselm Jappe hat zu recht darauf hingewiesen, daß bei Debord das Spektakel "nicht nur eine Folge der Denkabstraktion, sondern vor allem der ‘Realabstraktion’ ist, auch wenn Debord diesen Unterschied nicht ausdrücklich macht."11 Während im Wert von jeder Gesellschaftlichkeit abstrahiert wird, obwohl er nichts anderes als Ausdruck bestimmter gesellschaftlicher Verhältnisse ist, abstrahieren die Bilder des Spektakels von allem Lebendigen, das Debord als positiven Gegenpol zur spektakulären Herrschaft betrachtet. Dadurch, daß im Lebendigen der positive Gegenpol zur toten, unmenschlichen Abstraktion gesehen wird, droht Debord allerdings — ähnlich wie andere Situationisten, insbesondere Raoul Vaneigem12 — zeitweise in Vitalismus, Anthropologie und Lebensphilosophie abzugleiten.13

Debord konstatiert, daß "in der wirklich verkehrten Welt das Wahre ein Moment des Falschen (ist)." (16) Basiert die Gesellschaft auf einem falschen, weil verkehrenden Prinzip, und ist dieses Prinzip in dem Sinne total, daß es alle Bereiche der Gesellschaft tendenziell durchdringt und strukturiert, so ist jede positiv gefaßte Aussage über diese Gesellschaft insofern immer falsch, als ihr die Affirmation des falschen, verkehrenden Grundprinzips der Wertform zugrundeliegt. Selbst der emanzipative Impuls verkehrt sich dadurch, ist er sich über die gesellschaftliche Struktur, von der es sich gilt zu emanzipieren, nicht bewußt, in Affirmation: "Als Revolutionär war Debord Mathematiker; er bestand darauf, daß sich im Spektakel alle Dinge in ihr Gegenteil verkehrten".14

Das Spektakel ist die materielle Wiederkehr des Vorgängers des Warenfetischs, der "materielle Wiederaufbau der religiösen Illusion." (28) Mit seinen selbstgeschaffenen Verfahrensformen ist es ein "Pseudo-Heiliges". (23) Debord konstatiert Gemeinsamkeiten zwischen Religion und Warenfetischismus, tendiert dabei aber dazu, den Warenfetischismus nicht mehr im streng Marxschen Sinne zu verstehen, sondern zu einem Begriff zu machen, in dem sich vor allem die fast libidinöse Beziehung von Menschen zu den in Warenform existierenden Dingen zeigt: "Wie bei dem krampfhaften Taumeln oder den Wunderheilungen der Schwärmer des alten religiösen Fetischismus gelangt auch der Warenfetischismus zu Momenten schwärmerischer Erregung." (54)

Das keynesianische Akkumulationsmodell mit seiner Bindung an den Massenkonsum fungiert bei Debord als Grundlage für die Ausdehnung der fetischistischen Warenherrschaft von der Produktion in die Sphäre der Konsumtion. Anders als große Teile der kommunistischen und sozialistischen Linken in Frankreich und auch in anderen Ländern, sah Debord im keynesianischen Wohlfahrtsstaat nichts zu Verteidigendes. In der sozialstaatlichen Alimentierung des Proletariats sah er vielmehr einen integralen Bestandteil des modernen Spektakels. Neben die Entfremdung in der Produktion trete "der entfremdete Konsum" als "eine zusätzliche Pflicht für die Massen." (35) Der produzierte Überschuß an Waren erfordert von den ihn Produzierenden "einen Überschuß an Kollaboration." (36)

Bei Debord lassen sich Hinweise darauf finden, wie eine Forschung, welche die Fetischisierung einzelner Waren untersucht, in Verbindung gebracht werden kann mit einer allgemeinen Kritik des Fetischismus. In der Regel führt die Kritik an der Überbewertung einer bestimmten Ware zur Affirmation des Warendaseins der Dinge überhaupt. Die Rede vom "Fetisch Auto" etwa rührt in keiner Weise an den Produktionsbedingungen, unter denen Autos als Waren hergestellt und dadurch mit Radiergummis, Eisbechern und Topfpflanzen vergleichbar werden. Wenn Debord hingegen vom "Spektakel der Automobile" (53) spricht, zeigt er anhand einer bestimmten, in der kapitalistischen Gesellschaft zumindest in der zweiten Hälfte des 20. Jahrhunderts ausgesprochen wichtigen Ware, die zerstörerische Kraft von Warenherrschaft im allgemeinen auf.

Aber auch wenn Debord die Kritik an einzelnen Waren und dem jeweiligen Verlangen nach ihnen immer in eine allgemeine Kritik an der Warenförmigkeit der Dinge bettet, bleibt seine Selbstverständlichkeit, mit der er von der "Künstlichkeit" (37) bestimmter Bedürfnisse spricht, problematisch. Mit seiner Abqualifizierung von "Pseudobedürfnissen" (40) suggeriert er, die eigentliche Bedürfnisstruktur menschlicher Individuen zu kennen. Mit der Kritik angeblich falscher Bedürfnisse geht eine unkritische Bezugnahme auf den Gebrauchswert einher. Debord sieht den Gebrauchswert mit der fortschreitenden Entwicklung der Warengesellschaft zusehendes verkümmern. Dem "tendenziellen Fall des Gebrauchswerts" (38) auf der einen Seite, von dem auch Marenssin mehrfach spricht, stehen bei Debord die bereits vorhandenen Bedingungen für die autonome Herrschaft des Tauschwerts gegenüber, der nur zu seiner Durchsetzung des Gebrauchswerts bedarft habe. Der Gebrauchswert als immer schon und immer noch konstituierender Bestandteil der Ware gerät bei Debord aus dem Blick.

In einem merkwürdigen Widerspruch zu Debords Ausführungen zum Spektakel als nochmals gesteigerter Form der Mystifikation, als potenzierten oder vollendeten Fetischismus, der die Menschen zu Zuschauern degradiert, steht seine Bezugnahme auf die Marxschen Ausführungen aus dem "Manifest der Kommunistischen Partei". Debord schreibt, eine Formulierung aus dem "Manifest" direkt übernehmend: "Indem sie in die Geschichte geworfen sind, indem sie an der Arbeit und an den Kämpfen, aus denen diese Geschichte besteht, teilnehmen müssen, sind die Menschen gezwungen, ihre gegenseitigen Beziehungen mit nüchternen Augen anzusehen." (61) Gleichzeitigt beschreibt er ausführlich und eindrucksvoll, wie die Augen der Menschen nur mehr auf das sich scheinbar völlig unabhängig von ihnen abspielende Spektakel gerichtet sind. Während bei Marx die Formulierungen des "Manifests" bezüglich der angeblichen Klarsichtigkeit der Menschen in der bürgerlichen Gesellschaft daraus erklärbar sind, daß er zu dieser Zeit seine Werttheorie und die in ihr enthaltene Kritik des Fetischismus noch nicht entwickelt hatte, bedient sich Debord, der die Fetischkritik aus dem "Kapital" kennt, je nach Erfordernis beim frühen oder beim späten Marx — was an sich noch nicht zu kritisieren wäre, aber dann problematisch wird, wenn sich die jeweiligen Textstellen inhaltlich widersprechen.

Spektakel und Staat

Debord denkt die Darstellung der Totalität der fetischistischen Warenwelt im Spektakel immer im Zusammenhang mit der politischen Gewalt, mit dem staatlichen Souverän: "Die verallgemeinerte Entzweiung des Spektakels ist untrennbar vom modernen Staat". (22) Debord konstatiert zwar eine Verselbständigung der Ökonomie vom bewußten Handeln der Menschen, aber eben keine Verselbständigung der Wirtschaft vom Staat in dem Sinne, daß der Staat wieder als positiv eingreifender Regulator angerufen werden könnte. Die spektakuläre Gesellschaft basiert zwar auf Verselbständigungen, aber gerade über diese Verselbständigungen konstituiert sie ihre Einheit. Debord reflektiert die notwendige Trennung der politischen Gewalt von der Ökonomie, die sie zu garantieren hat, ohne diese Gewalt positiv aufzuladen oder für völlig autonom zu erklären: "Wie die moderne Gesellschaft ist das Spektakel zugleich geeint und geteilt. Wie sie baut es seine Einheit auf der Zerrissenheit auf." Gegen das im staatsfetischistischen Marxismus gängige Ausspielen vom freien Markt gegen den Staat richtet sich Debord mit dem Verweis auf die gegenseitige Abhängigkeit der beiden, die gesellschaftliche Totalität in der bürgerlichen Gesellschaft konstituierenden Instanzen: "Von jeder der beiden läßt sich sagen, daß sie die andere in der Gewalt hat. Sie einander gegenüberzustellen, zu unterscheiden, worin sie vernünftig und worin sie unvernünftig sind, ist absurd." (284)

Debords Staatskritik geht einher mit einer Kritik der Politik. Politik müßte sich auf Widersprüche in der spektakulären Gesellschaft beziehen. Debord leugnet auch nicht, daß diese Widersprüche existieren, aber er desavouiert den Glauben an die systemtransformierende Kraft dieser Widersprüche: "Aber wenn der Widerspruch im Spektakel auftaucht, wird ihm seinerseits durch eine Umkehrung seines Sinnes widersprochen." (45) Die Totalität ist bei Debord zwar widersprüchlich, aber die Widersprüche sind der Totalität immanent. Daher ist auch die Politik, die der Widersprüche bedarf, selbst dem Spektakel immanent und weist nicht über es hinaus.

Das Proletariat im Spektakel

affiche.jpgDie Praxis des Proletariats als revolutionäre Klasse kann für Debord "nicht weniger sein als das geschichtliche Bewußtsein, das auf die Totalität seiner Welt wirkt." (64) Damit ist aber noch nichts darüber gesagt, ob das Proletariat als real existierende und zunächst nicht besonders revolutionäre Klasse dieses geschichtliche Bewußtsein auch hat. Dennoch bleibt für Debord — zumindest noch in "Die Gesellschaft des Spektakels" — das Proletariat jene Menschengruppe, die als Klasse die Emanzipation zu verwirklichen, den Fetischismus zu durchbrechen und aufzuheben hat. Subjektiv sei das Proletariat "noch von seinem praktischen Klassenbewußtsein entfernt (...)." (102) Wenn aber das Proletariat entdeckt, "daß seine geäußerte eigene Kraft zur fortwährenden Verstärkung der kapitalistischen Gesellschaft beiträgt, (...) entdeckt es auch durch die konkrete geschichtliche Erfahrung, daß es die Klasse ist, die jeder erstarrten Äußerung und jeder Spezialisierung der Macht total feind ist." (102f.) Debord ist Ende der 60er Jahre kritisch gegenüber dem gegenwärtigen Proletariat, aber durchaus zuversichtlich für die Zukunft. Die Emanzipation wird bei ihm noch mit dem Selbstbewußtsein des Proletariats zusammengedacht. Das Proletariat erschien Debord kurz vor den Ereignissen des Pariser Mai von 1968 als "einzige(r) Bewerber um das geschichtliche Leben". (72) Erst später, in den 90er Jahren, erkannte er, auch wenn er sich von der Vorstellung vom Proletariat als Vollender der Emanzipation nicht gänzlich verabschiedete, daß die Klassenherrschaft, wie er in der Vorrede zur dritten französischen Ausgabe von "Die Gesellschaft des Spektakels" formuliert, "mit einer Versöhnung geendet hat" (8), daß also das Proletariat, statt die Feindschaft zu Staat und Kapital zu entwickeln, auf die volle Integration in das fetischistische Warenspektakel gesetzt hat und die falsche Totalität der Gesellschaft nunmehr ohne Negation, ohne Einspruch existiert. In den "Kommentaren" ist jener kritische Pessimismus, der auch die Texte anderer Gesellschaftskritiker seit dem Nationalsozialismus prägte, in potenzierter Form und mit den in solchen Zusammenhängen offensichtlich obligatorischen Übertreibungen anwesend: "Zum ersten Mal im modernen Europa versucht keine Partei oder Splittergruppe auch bloß vorzugeben, sie wolle es wagen, etwas von Belang zu ändern. (...) Es ist ein für alle Mal geschehen um jene beunruhigende Konzeption, die mehr als zweihundert Jahre vorgeherrscht hat und derzufolge man eine Gesellschaft kritisieren oder ändern, sie reformieren oder revolutionieren kann." (213)

Die Vorstellung Debords, wie das Proletariat zu einem systemtransformierenden Bewußtsein gelangen kann, war aber schon in den 60er Jahren beachtlich. So sehr er ein Freund der Spontanität war, so sehr war ihm doch bewußt, daß ein unmittelbar und unreflektiert artikuliertes Unbehagen keineswegs von sich aus über das Spektakel hinausweist. Er war sich im klaren darüber, "daß die Unzufriedenheit selbst zu einer Ware geworden ist." (48) Debord war seiner Zeit einerseits verhaftet, da er sich die Emanzipation nur als proletarische Revolution vorstellen konnte. Andererseits war er seiner Zeit voraus, da er die einzige Möglichkeit, daß die Revolution doch einmal Wirklichkeit werden könnte, in der massenhaften Aneignung kritischer Gesellschaftstheorie sah: "Die proletarische Revolution hängt gänzlich von der Notwendigkeit ab, daß die Massen zum ersten Mal die Theorie als Verständnis der menschlichen Praxis anerkennen und erleben müssen. Sie fordert, daß die Arbeiter zu Dialektikern werden und daß sie in die Praxis ihr Denken einschreiben". (107)

Noch wenige Jahre zuvor war die Begeisterung für spontane Protest- und Widerstandsaktionen bei den Situationisten sehr viel ausgeprägter. Nach der ordnungsapologetischen und staatsfetischistischen Kritik fast aller linken Strömungen an den Krawallen in Watts 1965 schwang sich die Situationistische Internationale in der zehnten Nummer ihrer gleichnamigen Zeitschrift zu einer vehementen Verteidigung der Riots auf. Sie nahm die Aufständischen aber nicht nur einfach gegen die Angriffe der reformistischen und mit der Herrschaft fraternisierenden Linken in Schutz, sondern deklarierte die ganze Angelegenheit zu einer "Revolte gegen die Ware" und bescheinigte den Plündernden, daß sie den "Tauschwert und die Warenwirklichkeit"15 ablehnen. Den scheinbaren Subjektstatus der Ware sahen sie im Riot aufgehoben: "Der Mensch, der die Waren zerstört, zeigt dadurch seine Überlegenheit gegenüber den Waren."16 Diebstahl erscheint den Situationisten als antikapitalistischer, den Fetischismus der bürgerlichen Gesellschaft aufhebender Akt: "Sobald die Warenproduktion nicht mehr gekauft wird, wird sie kritisierbar (...). Nur wenn sie mit Geld (...) bezahlt wird, wird sie wie ein bewundernswerter Fetisch respektiert."17 Die Problematik und die Ambivalenzen, die in jedem spontanen Widerstand gegen die fetischistische Warenherrschaft, der sich über Struktur und Funktionsweise von Ökonomie und Politik nicht bewußt ist, enthalten sind, wird nicht thematisiert. Die richtige Verteidigung der Respektlosigkeit gegenüber den Eigentumsverhältnissen wird hier zur falschen Annahme, diese Respektlosigkeit impliziere von sich aus eine Kritik am Eigentum überhaupt. Der Dieb kritisiert aber nicht die Ware, sondern eignet sie sich an — eine Erkenntnis, die in den siebziger Jahren auch im Umfeld der Situationisten zu vernehmen war: "Der Diebstahl, auch wenn ihm die Verteilung folgt, stellt den Kapitalismus überhaupt nicht in Frage; er ist im Gegenteil eine seiner Ausdrucksformen."18

Verschwörung statt subjektloser Herrschaft

 

In den neunziger Jahren sah Debord nochmals eine Steigerung der Mystifikation. Aber gerade in seinen späteren Texten bleibt es stets merkwürdig unklar, ob der Mystizismus und Fetischismus der Warengesellschaft, ob die spektakuläre Gewalt nun in erster Linie einer subjektlosen Herrschaft geschuldet ist, oder permanent durch bewußte Manipulation hergestellt wird. In den "Kommentaren" wird immer unklarer, was mit dem "generalisierte(n) Geheimnis" (204), das hinter dem Spektakel steht, genau gemeint ist. Es scheint zunehmend so, als ob in den "Kommentaren" mit dem Geheimnis des Spektakels nicht mehr ein Geheimnis im Sinne des Fetischcharakters der Ware gemeint ist, sondern ein von Geheimdiensten gehütetes spezielles Herrschaftswissen. Debord droht in seinen späteren Texten von seiner aktualisierten, die Transformationen der Gesellschaft im 20. Jahrhundert zumindest partiell reflektierenden Fetischkritik aus der "Gesellschaft des Spektakels" zunehmend in Verschwörungstheorien abzugleiten: "Die Kritik der gesellschaftlichen Totalität des modernen Kapitalismus tritt zugunsten einer traditionellen Manipulationstheorie in den Hintergrund."19 Diese Manipulations- und Verschwörungstheorie läßt sich auch nicht dadurch rechtfertigen, daß es selbstverständlich Manipulation und Verschwörung real gibt. Es käme gerade darauf an, diese in Beziehung zur fetischistischen Grundlage der Gesellschaft zu analysieren, was Debord nur noch in Ansätzen versucht.

 

Der größte Mangel von Debord jedoch besteht — neben seiner unkritischen Bezugnahme auf das Marxsche Frühwerk bei gleichzeitiger weitgehender Ausblendung der Implikationen der Marxschen Wertformanalyse und ihrer Implikationen für einen Begriff des Kapitals — in seiner Ignoranz gegenüber dem Nationalsozialismus und seinem spezifischen Vernichtungsantisemitismus. Er erörtert zwar in knappen Worten den Beitrag des Faschismus zur Herausbildung des modernen Spektakels, kann ihn aber nur mit einem totalitarismustheoretisches Vokabular beschreiben. Die gleichzeitige Kritik an faschistischer und stalinistischer Herrschaft zeigt zwar eine Parallele beispielsweise zu Theodor W. Adorno und Max Horkheimer auf, aber die Ausblendung des spezifisch nationalsozialistischen Antisemitismus markiert in diesem Zusammenhang eine der deutlichsten Differenzen der Situationisten zur Kritischen Theorie. In Debords Hauptwerk, das "immerhin das Wesen der Gegenwart auf den Begriff zu bringen verspricht, findet sich kein Wort über Antisemitismus, Nazismus, Massenvernichtung."20

 

Dennoch: Debord hat mit seinem Versuch, die Marxsche Kritik des Fetischismus und an ihr orientierter Theorien aufzugreifen, weiterzuentwickeln und zu einer zeitgemäßen Kritik fetischistischer, sich spektakulär darstellender Warenherrschaft zu verdichten neben der Kritischen Theorie eine der wichtigsten Kritiken der bürgerlichen Gesellschaft im 20. Jahrhundert geliefert und in Frankreich früh eine fetischkritische Tradition begründet, die heute beispielsweise von Gruppen wie "Encyclopédie des Nuisances"21 fortzuführen versucht wird.

1 Marcus, Greil: Lipstick traces. Von dada bis Punk. Eine geheime Kulturgeschichte des 20. Jahrhunderts. Reinbek 1996, S. 102

2 Planet, Nr.4, 1998, S. 14

3 Benl, Andreas: Eine Situation schaffen, die jede Umkehr unmöglich macht. Guy Debord und die Situationistische Internationale. in: jour-fixe-initiative berlin (Hg.): Kritische Theorie und Poststrukturalismus. Theoretische Lockerungsübungen. Berlin — Hamburg 1999, S. 63. Zur Rezeption der Situationisten in der westdeutschen Linken vgl. auch Orth, Roberto: Das 20. Jahrhundert verlassen. in: Der Beginn einer Epoche. Texte der Situationisten. Hamburg 1995, S. 7 ff.

4 Marx, Karl: Zur Kritik der Hegelschen Rechtsphilosophie. Einleitung. in: Marx-Engels-Werke, Bd. 1, Berlin 1988 (1844), S. 380, Herv. i. Orig.

5 Debord, Guy: Die Gesellschaft des Spektakels. Berlin 1996 (1967), S. 67, Herv. i. Orig. Die Seitenangaben im Text beziehen sich auf diese Ausgabe. Alle Hervorhebungen im Original.

6 Marenssin, Emile: Stadtguerilla und soziale Revolution. Über den bewaffneten Kampf und die Rote Armee Fraktion. Freiburg i. Br. 1998 (1972), S. 110

7 Zur Fetischkritik bei Marx vgl. Grigat, Stephan: Zur Kritik des Fetischismus. in: Streifzüge, Nr. 4/1997, S. 1 ff.

8 Lefebvre, Henri: Kritik des Alltagslebens. Grundrisse einer Soziologie der Alltäglichkeit. Frankfurt/m 1987 (1947), S. 441

9 Ebd., S. 173

10 Vgl. Jappe, Anselm: Sic transit gloria artis. Theorien über das Ende der Kunst bei Theodor W. Adorno und Guy Debord. in: Krisis, Nr. 15, 1995, S. 146

11 Jappe, Anselm: Politik des Spektakels — Spektakel der Politik. Zur Aktualität der Theorie von Guy Debord. in: Krisis, Nr. 20, 1998, S. 109

12 Vgl. Vaneigem, Raoul: An die Lebenden! Eine Streitschrift gegen die Welt der Ökonomie. Hamburg 1997

13 Vgl. dazu Bruhn, Joachim: Der Untergang der Roten Armee Fraktion. Eine Erinnerung für die Revolution. in: Marenssin, a. a. O., S. 25. Auch Jappe weist auf die "existenzialistisch-vitalistischen Einschläge" bei Debord hin. Jappe: Politik des Spektakels, a. a. O., S. 120

14 Marcus, a. a. O., S. 135

15 Niedergang und Fall der spektakulären Warenökonomie. in: Der Beginn einer Epoche. Texte der Situationisten. Hamburg 1995, S. 176. Herv. i. Orig.

16 Ebd., S. 177

17 Ebd.

18 Marenssin, a. a. O., S. 132

19 Benl, a. a. O., S. 75

20 Bruhn, a. a. O., S. 24. Vgl. auch Benl, a. a. O., S. 73 ff.

21 Vgl. Encyclopédie des Nuisances: Bemerkungen über die Lähmung vom Dezember 1995. in: Bahamas, Nr. 22, 1997, S. 10 ff.

Bardèche et l'Europe

Bardèche et l'europe GFT.jpg

"Bardèche et l'Europe"

Un nouveau livre de George Feltin-Tracol

Publié par les "Bouquins" de "Synthèse Nationale"

L'AUTRE EUROPE DE MAURICE BARDECHE :

Universitaire promis à un bel avenir littéraire, Maurice Bardèche entre en politique le jour de l’exécution de son beau-frère, Robert Brasillach. Il devient alors le pourfendeur d’une justice de vainqueurs.

Fort d’un engagement payé par des procès et une incarcération, Maurice Bardèche est dès les années 1950 l’artisan d’une révolution mentale parmi les nationalistes français envers l’Europe. Tant au cours de la Guerre froide qu’au moment de la Détente, à la tête de la revue Défense de l’Occident et dans ses livres, il expose en géopoliticien fin et lucide une troisième voie nationale-européenne, parfois néo-fasciste, prête à dialoguer avec les nationalismes du Tiers-Monde.

Par une démarche souvent déroutante, Bardèche entend promouvoir son idée de l’Europe, une « Europe cuirassée », car « nationale, libérée et indépendante ». À l’heure où l’Union européenne atlantiste, bureaucratique et mondialiste conduit à une impasse catastrophique, le raisonnement bardéchien et ses solutions retrouvent une pertinence inattendue.

L'auteur : Georges Feltin-Tracol

Né en 1970, passionné de géopolitique, d'histoire et de métapolitique, Georges Feltin-Tracol co-fonde en août 2005 le site non-conformiste, identitaire et solidariste Europe Maxima (www.europemaxima.com) dont il en assume la rédaction en chef. Auteur d'Orientations rebelles (Éditions d'Héligoland, 2009), de L'Esprit européen entre mémoires locales et volonté continentale (Éditions d'Héligoland, 2011) et de Réflexions à l'Est (Alexipharmaque, 2012), il collabore aussi à L'Unité Normande, à Réfléchir & Agir, à Salut public, à Culture Normande et à Synthèse nationale.

Bulletin de commande : cliquez ici

Les Bouquins de Synthèse nationale cliquez là

00:05 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : livre, george feltin-tracol, maurice bardèche, france | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

La Syrie, ou la boucle est bouclée

syrie-assad-rajha_sn635.jpg

La Syrie, ou la boucle est bouclée

Ex: http://www.dedefensa.org/

Dans le Washington Times du 11 avril 2013 (et sur son site, le même 11 avril 2013), Daniel Pipes développe l’argument que les USA devraient se ranger militairement au côté d’Assad contre les rebelles islamistes de Jabhat al-Nusra (voir le 10 avril 2013). Daniel Pipes, qui s’est spécialisé dans les affaires du Moyen-Orient, peut être qualifié d’archi-neocon pour sa constante campagne pour une politique belliciste, expansionniste, interventionniste, au côté d’Israël contre les forces dites terroristes dans la région, étendues dans son entendement à une variété considérable de pays, dont l’Iran en tête de sa liste. Pipes, fils du professeur Richard Pipes, expert en soviétologie et antisoviétique actif des années 1970-1980, a joué un rôle actif dans le mouvement néo-conservateur dès l’origine de l’affirmation de ce mouvement, et un rôle de soutien extrémiste à la politique de GW Bush. Son accointance avec Israël est évidente, et d’ailleurs non dissimulée.

Daniel Pipes fut l’un de ceux qui, lorsqu’une dissension se révéla à ce propos parmi les neocons, choisit en 2011 le camp d’un soutien tactique à Kadhafi plutôt qu’un soutien à la rébellion anti-Kadhafi. Il s’agissait du même raisonnement tactique que dans le cas de sa position sur la Syrie exposée dans cet article. Pour lui, le régime, ou le désordre qui naîtrait de la chute de Kadhafi serait pire, pour les intérêts des USA (et surtout, d’Israël), que le régime Kadhafi. Du strict point de vue réaliste et la chose jugée objectivement, on ne peut dire qu’il avait tort. Il s’agit donc de la même logique développée ici, appuyée sur l’argument totalement cynique de l’intérêt de laisser deux ennemis se battre entre eux pour s’affaiblir et se détruire, et pour cela aider le plus faible de façon à ce que le combat continue le plus longtemps possible. (Pipes ressort l’argument de l’aide à Staline pour lutter contre Hitler, ou de l’aide alternativement à l’Iran puis à l’Irak lors de la guerre Irak-Iran des années 1980, selon la fortune de l’un ou de l’autre.)

«Analysts agree that the erosion of the Syrian regime’s capabilities is accelerating, that it continues to retreat, making a rebel breakthrough and an Islamist victory increasingly likely. In response, I am changing my policy recommendation from neutrality to something that causes me, as a humanitarian and decades-long foe of the Assad dynasty, to pause before writing: Western governments should support the malign dictatorship of Bashar Assad…

«Here is my logic for this reluctant suggestion: Evil forces pose less danger to us when they make war on each other… […]

»…In this spirit, I argued then for U.S. help to the losing party, whichever that might be, as in this May 1987 analysis: “In 1980, when Iraq threatened Iran, our interests lay at least partly with Iran. But Iraq has been on the defensive since the summer of 1982, and Washington now belongs firmly on its side. … Looking to the future, should Iraq once again take the offensive, an unlikely but not impossible change, the United States should switch again and consider giving assistance to Iran.”

»Applying this same logic to Syria today finds notable parallels. Mr. Assad fills the role of Saddam Hussein, the brutal Baathist dictator who began the violence. The rebel forces resemble Iran — the initial victim getting stronger over time and posing an increasing Islamist danger. Continued fighting endangers the neighborhood. Both sides engage in war crimes and pose a danger to Western interests.

»Yes, Mr. Assad’s survival benefits Tehran, the region’s most dangerous regime. However, a rebel victory would hugely boost the increasingly rogue Turkish government while empowering jihadis, and replace the Assad government with triumphant, inflamed Islamists. Continued fighting does less damage to Western interests than their taking power. There are worse prospects than Sunni and Shiite Islamists mixing it up, than Hamas jihadis killing Hezbollah jihadis, and vice versa. Better that neither side wins.

»The Obama administration is attempting an overly ambitiously and subtle policy of simultaneously helping the good rebels with clandestine lethal arms and $114 million in aid even as it prepares for possible drone strikes on the bad rebels. Nice idea, but manipulating the rebel forces via remote control has little chance of success. Inevitably, aid will end up with the Islamists and airstrikes will kill allies. Better to accept one’s limitations and aspire to the feasible: propping up the side in retreat.

»At the same time, Westerners must be true to their morals and help bring an end to the warfare against civilians — the millions of innocents gratuitously suffering the horrors of civil war. Western governments should find mechanisms to compel the hostile parties to abide by the rules of war; specifically, those that isolate combatants from noncombatants. This could entail pressuring the rebels’ suppliers (Turkey, Saudi Arabia and Qatar) and the Syrian government’s supporters (Russia and China) to condition aid on abiding by the rules of war. It could even involve Western use of force against violators on either side. That would fulfill the responsibility to protect.

»On the happy day when Mr. Assad and Tehran fight the rebels and Ankara to mutual exhaustion, Western support then can go to non-Baathist and non-Islamist elements in Syria, helping them offer a moderate alternative to today’s wretched choices and lead to a better future.»

Cet article a suscité des réactions dont le moins qu’on puisse dire est qu’elles sont très “diverses”, manifestement venues de personnes proches du courant des neocons, ce qui renouvelle effectivement le débat très tendu qui a déchiré les neocons lors de l’affaire libyenne. Pipes lui-même a du recevoir directement d’autres réactions du même type, sans doute de personnalités qui lui sont proches. Aussi rajoute-t-il, en queue du même article reproduit sur son site, à la date (pour nous) du 12 avril, quelques notes en “update”. Nous en reproduisons trois qui précisent encore plus sa position. (L’acronyme CAIR, pour Council on American-Islamic Relations, dénoncé grossièrement par la droite dure, neocon, pro-Israël et islamophobe comme une organisation US frontiste des terroristes islamistes.)

«(1) Before this article appeared, I gave a several interviews […] advocating tactical support for the Assad regime; these prompted name-calling by CAIR and some hysterical reactions about me urging genocide in Syria. No: I look forward to the day when Syria is at peace with itself and a good neighbor, when its government is democratic and law-abiding. But until that distant time, I prefer that evil forces direct their attentions against each other than against the outside world.

»(2) To the argument that early Western support for the rebels would have prevented the Islamists from dominating them (which they now do), I reply that Western powers did provide early support to rebels in Tunisia, Libya, and Egypt and look what that achieved – Islamists dominate all three of those countries. The same would likely have been the case in Syria. Western assistance is not that influential in altering the course of an ideological movement.

»(3) I dislike advocating support for Assad and respect the intentions of those who share my goals but disagree with my means. I do, however, see them engaging in wishful, non-strategic thinking.»

Il y a évidemment plusieurs façons de juger, et l’article de Pipes, et l’attitude de Pipes. Nous allons faire quelques remarques, tentant effectivement de résumer et d’apprécier ces “plusieurs façons”, avant de conclure.

• Il est évident que l’article, la forme du raisonnement, l’artificialité des quelques allusions forcées de Pipes à l’aspect humanitaire et moral des choses, la faiblesse de ces allusions par rapport à la force du propos guerrier, font complètement justice de la narrative humanitariste qu’on nous présente aujourd’hui pour accompagner et justifier ces événements d’intervention postmoderniste, selon le catéchisme démocratique et libéral. Au contraire, la violence et la clarté de l’argument ridiculisent complètement la narrative humanitariste par l’évidence du propos. Elles remettent les choses à leur juste place, sans nécessité d’argumenter plus avant.

• L’article de Pipes recommandant un soutien à Assad, qui a été précédé d’une recommandation de Pipes, depuis le début de “la guerre syrienne”, de rester en-dehors du conflit, témoigne du fait que la droite interventionniste et pro-Israël est, aux USA, divisée comme elle fut, lors de l’affaire libyenne. Il ne fait guère de doute que cette division, au moins, existe également en Israël, même si elle reste très discrète et ne s’exprime que rarement d’une façon publique pour ne pas interférer dans la politique officielle US de soutien aux rebelles. (On a vu un exemple de cette position israélienne avec le cas de Guy Bechor, le 8 avril 2013.)

• Un aspect remarquable de l’article de Pipes est qu’à côté d’une position théorique d’un réalisme de fer, confinant au cynisme, on trouve, dans les développements et même jusqu’aux attendus fondamentaux, des aspects complètement erratiques, irréalistes, sinon utopistes, où l’on retrouve d’ailleurs la marque des neocons. Croire qu’une position de soutien à Assad permettrait de maintenir sous contrôle le conflit puis, une fois les adversaires “épuisés”, d’intervenir pour imposer un règlement politique “modéré” qui serait en réalité à l’avantage des USA, relève effectivement d’une complète utopie. (»On the happy day when Mr. Assad and Tehran fight the rebels and Ankara to mutual exhaustion, Western support then can go to non-Baathist and non-Islamist elements in Syria, helping them offer a moderate alternative to today’s wretched choices and lead to a better future.») Même dans le compte-rendu de la situation actuelle, on trouve des déformations idéologiques et utopiques, qui rendent compte d’une influence sur leur jugement de leur propre propagande par ceux-là même qui la développent, – même s’ils sont opposés à certaines conséquences tirées de cette propagande, comme c’est le cas de Pipes. On trouve cela dans la prémisse même du raisonnement, qui est fondée sur la certitude qu’Assad perd de plus en plus de terrain et qu’il est quasiment sur le point d’être battu (raison pour laquelle il faut intervenir pour empêcher sa chute) : c’est une affirmation totalement gratuite, d’ailleurs répétée ad nauseam depuis deux ans, et que rien ne permet de substantiver, alors qu’il est désormais évident comme un fait fondamental de la situation que l’armée syrienne forte de 150.000 hommes a tenu et montre une remarquable cohésion face aux rebelles. Le paradoxe étrange de la position de Pipes, à cause de cette déformation de propagande, est bien que sa formule, en fonction de la position réelle des uns et des autres sur le terrain, devrait, au contraire de ce qu’elle lui fait dire, le pousser à recommander un soutien plus actif aux rebelles, puisqu’il s’avère que ces rebelles sont en position difficile face à Assad…

• Le fait est que, dans sa position actuelle, Pipes se place exactement aux côtés des Russes, lorsque ceux-ci vous parle officieusement, hors de la logique de leur position diplomatique. Pour les Russes, le but opérationnel réaliste, aujourd’hui, est de convaincre Obama qu’Assad est, dans cette partie, son meilleur allié, et que son intérêt est de favoriser la victoire d’Assad en éliminant les rebelles dont la partie la plus active et la plus efficace représente un énorme danger de déstabilisation et de désordre dans toute la région du Moyen-Orient.

D’une façon générale, la position de Pipes, en renouvelant les incertitudes et les divisions apparues dans le “camp de la guerre” aux USA lors de l’affaire libyenne et, plus généralement, par rapport au “printemps arabe”, renforce l’interprétation que ces événements sont essentiellement, pour le bloc BAO, l’occasion d’exposer un très grand désordre dans sa politique, ou dans les batailles d’influence qui l'accompagnent. Il n’est pas étonnant que le résultat général soit une position à la fois vacillante et velléitaire, marquée par des voltefaces incessantes et conduisant d’une façon générale à une position de paralysie et d’impuissance. Par ailleurs, un Pipes est là pour rappeler à tous ceux qui décrivent les événements comme une avancée irrésistible, depuis deux ans, du bloc BAO, la situation telle qu’elle est réellement : «…Western powers did provide early support to rebels in Tunisia, Libya, and Egypt and look what that achieved – Islamists dominate all three of those countries». Très curieusement, dans son archi-réalisme et dans soin cynisme complet, l’archi-neocon s’érige en témoin involontaire et puissant de la vanité complète de la politique du Bloc BAO, laquelle est directement enfantée par les thèses neocons et apparaît parfois, justement, comme une politique archi-neocons. Effectivement, la boucle est bouclée…

A. Lombardi: Viaggio al termine dell'Apocalisse

Sur la “réconciliation” israélo-turque

erdogan-netanya.jpg

“M.”/” ’t Pallieterke”:

Les effets d’une réconciliation froide

 

Sur la “réconciliation” israélo-turque

 

Israël et la Turquie ne sont pas encore franchement réconciliés. Mais un premier pas a été fait. Il y plus intéressant à faire que de commenter inlassablement les excuses de Netanyahu à son collègue turc Erdogan: chercher à savoir quelle est la motivation exacte de cette démarche. L’instabilité en Syrie, disent la plupart des observateurs, ce qui est peut-être vrai mais réduit considérablement le rôle que joue dans ce scénario le Président américain Obama, architecte silencieux de ce glissement diplomatique au Proche-Orient.

 

“Une semaine fantastique pour Erdogan” annonçait le “tweet” de Javier Solana, jadis secrétaire général de l’OTAN, avant qu’il ne devienne le “Haut représentant” de tout et du contraire de tout au sommet de l’UE. Deux événements expliquent cet enthousiasme de Solana pour Erdogan. D’abord, le cessez-le-feu accepté par les Kurdes, ensuite les premiers pas vers une normalisation des rapports turco-israéliens.

 

Les choses ne tournaient pas rond depuis quelques années déjà entre la Turquie et Israël. On se rappellera surtout la tentative des quelques “activistes” turcs en 2010 qui, à bord du bateau “Mavi Marmara”, avaient tenté d’atteindre la Bande de Gaza. Lors d’un raid israélien contre ce bâtiment, neuf citoyens turcs avaient été tués. Ankara avait immédiatement rompu toutes ses relations diplomatiques avec l’Etat hébreu. Les Turcs avaient exigé trois conditions pour re-normaliser les relations: des excuses, le paiement de compensations et l’assouplissement du blocus imposé à Gaza. Aujourd’hui, semble-t-il, les deux premières conditions ont été remplies. Quant à l’avenir de Gaza, les choses sont beaucoup plus floues.

 

S’il fallait croire certains témoins, le moment où cette réconciliation s’est amorcée fut le départ du Président Obama après sa première visite à Israël. Quelques minutes avant d’embarquer, Obama aurait mis son téléphone portable dans les mains de Benjamin Netanyahu: son collègue turc Erdogan était au bout du fil. Netanyahu a alors exprimé des excuses, lesquelles ont été acceptées par Erdogan. Un peu plus tard, Obama a participé à la suite de la conversation. Ainsi, le Président américain, après une visite peu ambitieuse et sans beaucoup de relief à Israël, a pu engranger un succès diplomatique. La réconciliation n’est sans doute pas complète entre les deux principaux alliés des Etats-Unis dans la région mais un premier pas, important, a été posé.

 

Maître Obama, Notaire

 

On aurait tort de croire que tout est réglé. Le chemin à parcourir est encore long et ardu. Les positions turques vis-à-vis de la question palestinienne demeurent tranchées. Il y a quelques mois, Erdogan décrivait encore le sionisme comme un “crime contre l’humanité”. Peu après ces déclarations fracassantes, Ankara prétendait que les mots d’Erdogan avaient été mal interprétés. Cette rectification n’était rien de plus qu’un petit édulcorant diplomatique.

 

Un diplomate nous déclarait: “Rien que la personnalité d’Erdogan, avec ses discours virulents, rend l’idée d’une normalisation définitive impossible”. Bon nombre d’observateurs partagent ce point de vue. Mais il y a aussi des arguments objectifs non niables qui plaident pour un rapprochement israélo-turc: les événements récents en Egypte et la découverte de ressources gazières dans le bassin oriental de la Méditerranée. Même lorsque les relations entre les deux pays étaient au plus bas, Turcs et Israéliens s’achetaient des armes en quantité relativement importantes. Quant au reste, les litiges jettent pour l’instant une ombre lourde sur les relations entre les deux alliés des Etats-Unis.

 

Mis à part le “truc” utilisé pour obtenir les excuses de Netanyahu, Obama s’est montré le véritable architecte de la réconciliation. Cependant, mettons un bémol a cet enthousiasme: les bouillants “fans” du président américain surestiment son rôle. A côté des discours officiels, il y a les réalités. Avant tout, la Syrie. Benjamin Netanyahu, pour expliquer aux membres de son parti, aux likoudistes et à ses électeurs, qu’il se soit excusé, a avancé l’argument que “la situation en Syrie s’aggrave d’heure en heure”. Ankara prétend que ce n’est pas la Syrie qui a poussé Netanyahu à exprimer ses excuses mais a fait aussi comprendre “que vu que nous nous trouvons maintenant dans un processus de normalisation, nous allons échanger des informations sur ce dossier syrien”. Mais il y a mieux: l’idée de poser un “pipeline” entre la Turquie et Israël devient soudainement plus plausible. Si Obama n’a pas été le principal artisan de la réconciliation, comme le voudraient ses thuriféraires, il en a certainement été le témoin et le notaire. Plusieurs sources diplomatiques confirment que la situation en Syrie a contraint Netanyahu à avaler l’amer cachet des excuses, sans doute une première pour l’Etat hébreu. L’idée que le Hizbollah ou des milices liées à Al-Qaeda puissent se procurer des armes chimiques est un cauchemar pour Israël. Donc pour sortir de l’isolement, il faut que Tel Aviv retrouve des relations diplomatiques stables avec la Turquie: ce serait là un facteur essentiel pour éloigner de l’horizon ce scénario apocalyptique d’islamistes armés de missiles chimico-bactériologiques et pour participer à toutes les initiatives qui rendraient ce cauchemar impossible.

 

Chypre

 

Mais n’oublions pas Chypre. N’évoquons pas, ici, les banques cypriotes et les contacts douteux entre elles et les milieux de l’UE & Co. Au cours de ces dernières années, Chypre (c’est-à-dire la partie grecque et indépendante de l’île et non pas la partie septentrionale de celle-ci occupée par l’armée turque) a misé sur Israël, a renforcé ses liens avec l’Etat hébreu. Comme les relations turco-israéliennes étaient rompues, ces initiatives cypriotes ont connu un certain succès. Comme les Turcs sont les occupants illégitimes d’une partie de l’île, les Chypriotes grecs se sont dit: les ennemis de nos emmenis pourraient peut-être devenir nos amis... Mais que se passera-t-il si les relations turco-israéliennes s’améliorent, du moins sur le plan économique? Nicosie sera sans doute contrainte, alors, de négocier avec son ennemi héréditaire turc. Chypre avait essayé d’obtenir toutes sortes d’avantages grâce à des relations quelque peu privilégiées avec Israël, pour pouvoir contourner la Turquie: c’était une politique réaliste et réalisable, mais aujourd’hui, vu le rapprochement israélo-turc, elle risque bien de ne pas enregistrer le succès escompté ni de s’inscrire dans la durée. Il suffit d’un petit changement de donne pour modifier de fond en comble un contexte politique qui évoluait vers de nouvelles stabilités.

 

“M.”/” ’t Pallieterke”.

Article paru dans “ ’t Pallieterke”, Anvers, 3 avril 2013.

La nouvelle entente turco-kurde: un hasard?

erdogana-ocala.jpg

“M.”/” ’t Pallieterke”:

La nouvelle entente turco-kurde: un hasard?

 

C’est une combinatoire de faits nouveaux —tels la lassitude face à un conflit de très longue durée, les changements de donne géopolitique suite aux événements d’Irak et de Syrie— et des intérêts politico-économiques importants qui ont convaincu le premier ministre turc Erdogan qu’il était temps, enfin, de mettre un terme au conflit qui opposait l’Etat turc aux Kurdes depuis plus de trois décennies. Cette volonté de paix n’a rien à voir avec une sympathie subite à l’égard des Kurdes d’Anatolie orientale. Au contraire, cette démarche découle d’un calcul politique bien conçu.

 

Si, dans l’avenir, nous aurons une paix de plus ou moins longue durée entre Turcs et Kurdes, ce n’est certainement pas parce que le premier ministre turc Erdogan est tombé de son cheval, frappé par la foudre, comme le Saint-Paul des Epitres sur le chemin de Damas. L’idéal d’une paix définitive n’est pas tombé du ciel comme la manne du désert sur les Juifs errant dans le Sinaï. Plusieurs glissements d’ordre géopolitique et économique ont contribué à forger un nouveau contexte.

 

Première constatation: après trente ans de conflit, avec au moins mille morts par an, les deux camps se rendent enfin compte qu’une victoire rapide et glorieuse n’est plus envisageable: ni pour les militaires turcs ni pour les guerilleros du PKK. Le gouvernement d’Ankara voit qu’il ne parviendra pas à décapiter la résistance armée kurde; de même, les Kurdes se rendent bien compte désormais qu’un Etat indépendant kurde, viable et digne de ce nom, n’est pas une perspective réaliste. Ces constatations, posées par les uns et par les autres, permettent d’envisager le pragmatisme. Le discours modéré, prononcé récemment par le leader kurde Öçalan, qui croupit depuis 1999 dans une cellule turque, après que des agents turcs l’aient arrêté au Kenya, montre que ce chef de guerre a gardé toute son aura. Il ne prononce plus le mot “indépendance”. Il évoque au contraire l’idée d’une “autonomie locale”, de droits linguistiques et de l’arrêt des répressions turques. Ces revendications sont nettement moins fortes que la volonté préalable des révolutionnaires nationaux kurdes de créer un Etat indépendant kurde, promis à la fin de la première guerre mondiale. La pensée d’Öçalan a donc évolué. Mieux: pour Erdogan, c’est l’ébauche d’un compromis défendable devant le parlement turc.

 

Vraisemblablement les choses bougent depuis octobre 2012. Un va-et-vient diplomatique s’est mis en branle entre les résidences du premier ministre turc et l’île d’Imrali, où le chef kurde est détenu. On avait déjà l’impression que les Kurdes avaient décidé d’un cessez-le-feu unilatéral. En réalité, il y avait plus. Au cours des conversations, tenues à l’abri des regards, les deux parties ébauchaient les contours d’un compromis de grande ampleur. Pour amener les Turcs à céder, les Kurdes ont promis à Erdogan de soutenir ses projets de réforme, allant dans le sens d’un pouvoir présidentiel plus fort, qui serait alors taillé sur mesure pour la propre candidature future du premier ministre.

 

Le facteur syrien

 

Le rapprochement entre le gouvernement d’Erdogan et les Kurdes ne s’explique que par les événements qui affectent la Syrie. Syriens et Kurdes avaient partie liée. La guerre de résistance lancée par le PKK en 1984 a commencé en Syrie. Dès cet instant, le PKK est devenu un instrument aux mains du régime baathiste syrien face à la Turquie, souvent suite à de longues et pénibles négociations pour les eaux du Tigre et de l’Euphrate. Opérons un retour en arrière de trente années. Le régime syrien d’Assad voulait faire des Kurdes ses alliés. Cela s’est, semble-t-il, avéré un faux calcul, car les Kurdes aussi se sont opposés au régime syrien. Les Turcs ont suivi cette évolution avec inquiétude: en effet, pour eux, un scénario apocalyptique —et bien réel— risquait de se dérouler. Certes, c’est tenter de prédire l’avenir dans une boule de cristal que de spéculer sur ce qui adviendra en cas de désagrégation de l’Etat syrien mais, malgré tout, l’émergence d’une entité kurde indépendante sur le territoire de la Syrie actuelle est plausible, tout comme ce fut le cas en Irak. Nous sommes bien sûr fort éloignés d’un grand Etat kurde qui surplomberait toutes les frontières actuelles et engloberait tous les Kurdes ethniques (le plus grand peuple sans Etat!) mais l’apparition potentielle, sur la mosaïque proche-orientale, de deux entités étatiques ou semi-étatiques kurdes inquiète grandement Ankara. Un diplomate remarquait récemment: “Avec ce qui s’est passé en Irak et avec les événements de Syrie, la Turquie est dorénavant confrontée à la pression la plus forte sur ses frontières qui ait jamais existé depuis que Britanniques et Français ont démantelé l’ex-Empire ottoman”.

 

Le rapprochement turco-kurde entre bien dans le cadre de la politique intérieure turque. Erdogan poursuit deux objectifs: il veut éviter tout nouveau coup d’Etat militaire et il veut aussi éliminer les tendances anti-religieuses (dont anti-islamistes) qui avaient structuré l’Etat kémaliste turc, désireux de mettre un terme à toute influence de la religion dans les affaires politiques. Öçalan ne trouve rien à redire à ces deux axes majeurs de la politique erdoganienne. Le premier ministre turc veut aussi un pouvoir présidentiel plus fort. Pour revoir la constitution en ce sens, il faut une majorité des deux tiers. Un bref calcul nous apprend que pour réaliser ce triple projet politique, Erdogan a besoin du soutien de 20% de ses concitoyens kurdophones, que les kémalistes appelaient “Turcs des montagnes”.

 

Sur le plan économique, Erdogan flaire également une plus-value. On sait que la meilleure image de marque de son gouvernement a été de promouvoir un important boom économique. La Turquie peut toutefois faire mieux encore, surtout, justement, dans la partie kurdophone du pays. A cause du conflit de longue durée qui a affecté cette région, son poids économique n’a cessé de décliner. Ensuite, les relations économiques entre la Turquie et l’entité kurde du Nord de l’Irak sont bonnes et très prometteuses. Si une pacification définitive intervient dans cette région jusqu’ici en ébullition, Erdogan pourra tirer grand profit de la nouvelle donne et réaliser ses projets de démantèlement de l’Etat kémaliste.

 

“M.”/” ’t Pallieterke”.

Article paru dans “ ’t Pallieterke”, Anvers, le 10 avril 2013.

Le problème kurde: une marge de manoeuvre

ocalan.jpg

Bernhard TOMASCHITZ:

Le problème kurde: une marge de manoeuvre

 

Le PKK a annoncé une trêve. Cette annonce s’explique par l’importance croissante que revêt le peuple kurde dans le jeu géopolitique et géo-énergétique au Proche-Orient

 

A l’occasion du “Newroz”, la fête du Nouvel An kurde et iranienne, le commandant en chef militaire du PKK (“Parti des Travailleurs du Kurdistan”), Murat Karayilan, a divulgué urbi et orbi  une déclaration du chef historique du PKK, Abdullah Öçalan, emprisonné depuis 1999. Dans cette déclaration, on pouvait lire: “Nous appellons officiellement, et sans ambigüité aucune, à un armistice, qui entrera en vigueur dès le 21 mars”. Par l’effet de cet appel, les guerilleros en lutte pour un Kurdistan libre ne commenceront plus aucune action militaire. Karaliyan ajoutait néanmoins un avertissement: “Mais si nos forces sont attaquées, elles se défendront tout naturellement”.

 

On ne peut donc pas encore dire que la guerre civile turque, commencée en 1984 entre le PKK (que l’UE et les Etats-Unis considèrent comme une organisation terroriste) et l’armée turque, est désormais terminée. Mais les chances de voir s’établir la paix dans les régions kurdes de l’Anatolie orientale sont plus réelles aujourd’hui qu’elles ne l’ont jamais été depuis le début des hostilités il y a près de trente ans. D’une part, le gouvernement d’Ankara a accordé des droits à la minorité kurde; ces droits demeurent toutefois encore fort modestes. D’autre part, Öçalan croit sans doute que s’offre à lui l’occasion unique de rentrer dans l’histoire comme un pacificateur. Mais ce ne sont ni les concessions turques ni les espoirs d’Öçalan qui me semblent déterminants: il y a surtout le fait que les données géopolitiques ont été complètement bouleversées dans la région au cours de ces dernières années.

 

La Turquie veut, elle, se positionner comme une puissance régionale dans le Proche- et Moyen-Orient. Elle ne peut pas jouer ce rôle pleinement si elle doit sans cesse consacrer ses ressources militaires à une “petite guerre”, une guerilla, qui cloue d’office le gros de l’armée sur le territoire anatolien. Ensuite, la Turquie se veut un pays de transit pour les hydrocarbures. Les oléoducs et gazoducs existants, comme ceux qui relient Bakou à Ceyhan, via Tiflis en Géorgie, transportent déjà le pétrole de la région caspienne à la côte méditerranéenne de la Turquie; qui plus est, les Turcs envisagent l’installation d’autres “pipelines” qui transporteront les hydrocarbures de la région kurde du Nord de l’Irak vers l’Europe en passant par la Turquie. Pour sécuriser totalement le transport de ces hydrocarbures, il est impératif, pour Ankara, de pacifier les régions kurdes sous souveraineté turque.

 

C’est là que se rejoignent les intérêts d’Ankara et de Washington. Le partenaire turc des Etats-Unis dans le cadre de l’OTAN a un rôle capital à jouer dans les plans américains: il doit servir à contourner la Russie, rival géopolitique, de façon à ce que le pétrole et le gaz naturel d’Asie centrale et de la région caspienne soient acheminés vers l’Ouest sans passer par des pays sous contrôle russe. La Turquie est indispensable dans cette stratégie de contournement de la Russie. Le 7 août 2012, le journaliste Murat Yetkin écrivait ces lignes dans le quotidien turc de langue anglaise “Hürriyet Daily News”: “Parce que l’Irak menace de se désagréger, Massoud Barzani, le chef du gouvernement régional kurde du Nord du pays, une région voisine de la Turquie, a commencé à signer des accords pétroliers et gaziers avec des géants énergétiques, en dépit du désaccord manifesté par le premier ministre irakien Nouri al-Maliki”. En septembre 2012, l’agence de presse Reuters annonçait que le consortium pétrolier britannique Shell songeait à s’engager dans le Kurdistan irakien. Les champs pétrolifères de cette région sont d’ores et déjà exploités par les consortiums ExxonMobil (Etats-Unis) et Total (France).

 

On ne s’étonnera pas, dès lors, que Yetkin en arrive à cette conclusion: “Les géants énergétiques ont intérêt à livrer aux marchés occidentaux un maximum de gaz et de pétrole, issus de régions qui ne sont pas contrôlées par la Russie ou l’Iran ou qui le sont moins. Dans cette perspective, la Turquie offre une possibilité: sous la protection de l’OTAN, elle pourra servir de transit à des ressources énergétiques venues, d’une part, du Kurdistan irakien et, d’autre part, de l’Azerbaïdjan, pour qu’elles soient acheminées vers l’Ouest. La présence du PKK, interdit et combattu, et les combats qui se déroulent dans l’Est de la Turquie constituent de véritables épines dans la chair de ce projet et un obstacle important à une coopération interétatique de grande ampleur”.

 

On peut donc émettre l’hypothèse que les Etats-Unis ont exercé une pression en coulisses sur les deux protagonistes du conflit turco-kurde. Washington pourrait très bien avoir fait pression 1) sur la Turquie, pour qu’elle octroie aux Kurdes plus de droits de façon à ce qu’ils n’aient plus ni envie ni intérêts à soutenir le PKK et 2) sur les autorités kurdes du Nord de l’Irak pour qu’elles ne protègent plus les combattants du PKK. De fait, les relations entre Ankara et le Kurdistan irakien (de jure, partie de l’Irak; de facto, quasiment indépendant) se sont largement normalisées au cours de ces dernières années. Pour Washington, la valeur stratégique du peuple kurde s’est nettement amplifiée, depuis la deuxième guerre du Golfe (2003), vu que ce peuple kurde vit à cheval sur tous les pays de la région: la Turquie, la Syrie, l’Irak et l’Iran. A ce propos, dès juin 2011, Meghan L. O’Sullivan évoquait la question kurde. Madame O’Sullivan avait été, sous le règne du Président George W. Bush, membre du “Conseil National de Sécurité”; aujourd’hui, elle est professeur à Harvard. Pour elle, la région peuplée de Kurdes est une région où ceux-ci peuvent exercer une pression politique importante sur les politiques intérieures de l’Irak, de la Syrie et de la Turquie; en tant que “groupe collectif”, ils pourraient détenir un poids économique déterminant et, ainsi, “devenir à coup sûr plus modérés et indispensables aux intérêts américains au Proche-Orient”. Ces arguments de Madame O’Sullivan pourraient très bien induire le gouvernement d’Obama à inclure une “perspective kurde” dans ses stratégies pour le Proche- et le Moyen-Orient.

 

Ensuite, Meghan L. O’Sullivan explique que les Etats-Unis devraient “encourager sotto voce” tout nouveau gouvernement turc “à traiter sa minorité kurde avec magnanimité” et à faire d’une telle politique magnanime la pierre angulaire de toute relation bilatérale. Pour ce qui concerne les Kurdes d’Irak, Washington devrait, d’après Madame O’Sullivan, utiliser les bonnes relations existantes avec la Turquie pour faire avancer le “pragmatisme”. Et comme ces relations turco-kurdes, limitées aux Kurdes d’Irak, sont désormais bien développées, ces Kurdes d’Irak, sous la houlette des Américains, pourraient jouer un rôle clef dans l’ensemble de la communauté ethnique kurde. Mais avant d’en arriver là, les relations turco-kurdes en Anatolie sous souveraineté turque doivent connaître un processus de détente. Il faut surtout qu’Ankara cesse de craindre les revendications territoriales de tout éventuel Etat kurde indépendant.

 

Cependant, les plans concoctés à Washington laissent plutôt entrevoir que le Kurdistan irakien sera tôt ou tard placé sous la souveraineté turque. C’est un projet que l’on devine dans un écrit de Parag Khanna, conseiller d’Obama en matières de politique étrangère lors de sa première course à la Présidence: “La Turquie devrait avoir peu à craindre d’un Kurdistan indépendant car elle a toutes les cartes en main pour décider si, oui ou non, le Kurdistan sera une Bolivie du Machrek, c’est-à-dire un pays riche en matières premières mais géographiquement isolé parce qu’enclavé”. De ce fait, la Turquie peut amorcer une stratégie à long terme face au Kurdistan: en liant les Kurdes à elle, elle les amènera sous sa dépendance.

 

Bernhard TOMASCHITZ.

(Article paru dans “zur Zeit”, Vienne, n°13-14/2013, http://www.zurzeit.at/ ).

Mikhail Vrubel: Mystic Painter and Russian Symbolist

Mikhail Vrubel: Mystic Painter and Russian Symbolist

00:05 Publié dans art | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : mikhail vrubel, russie, symbolisme, art, arts plastiques, peinture | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook