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mardi, 11 octobre 2016

Alep. La France doit-elle compromettre définitivement ses relations avec la Russie?

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Alep. La France doit-elle compromettre définitivement ses relations avec la Russie?

par Jean Paul Baquiast
Ex: http://www.europesolidaire.eu
 
Malgré les objurgations de Jean-Marc Ayrault, devant le Conseil de Sécurité puis depuis dans tous les médias, selon lesquelles il faut radicalement condamner l'action russe à Alep, en soutien de l'offensive du régime contre les forces islamistes qui tiennent encore certains quartiers, l'on peut difficilement soutenir la position française.

Nous l'avons plusieurs fois montré, renoncer à évincer, pour des prétextes dits humanitaires, les djihadistes d'Alep signifierait dans l'immédiat une chute de Bashar al Assad et très vite ensuite l'éviction des Russes de leur bases en Syrie. Ceci est inenvisageable par Vladimir Poutine, au moment où il est en voie de rendre ces bases, notamment celle de Tartous, permanentes.

On peut se demander pourquoi la France, au plus haut niveau, continue à soutenir une exigence que même les Etats-Unis se trouvent obligés d'accepter. Un des arguments présentés est que détruire l'occupation par l'Etat islamique des zones qu'il contrôle à Alep reviendrait à libérer pour des actions terroristes en Europe les quelques centaines de « terroristes modérés » qu'il y entretient. Mais il en sera de même de la prise de Mossoul recherchée par la coalition américaine dont la France, avec ses Rafales, fait partie. Il en sera de même, plus généralement, de l'éviction des djihadistes de toute la Syrie, objectif auquel adhère la France, si l'on a bien compris;

Se protéger du terrorisme en France supposera des méthodes plus énergiques que celle consistant à en laisser quelques éléments prospérer à Alep. Ceci d'autant plus que ce terrorisme islamique apparaît comme de plus en plus endogène, en provenance de certaines banlieues et qu'il est par ailleurs lié à un narco-trafic devant lequel la République semble avoir définitivement capitulé. Ceci au grand découragement de la police qui y laissera de plus en plus de morts.

François Hollande prend actuellement le risque de rompre toute relations avec Vladimir Poutine, en refusant à propos d'Alep de le recevoir en France. Il ferait mieux de l'inviter officiellement à l'Elysée afin d'envisager en détail les actions communes à mener contre un terrorisme islamique et mafieux qui menace les deux pays.


Elections géorgiennes 2016: le pari perdu de Sakashvili

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Elections géorgiennes 2016: le pari perdu de Sakashvili

par Thomas Ferrier

Ex: http://thomasferrier.hautetfort.com

Les élections parlementaires de Géorgie du 8 octobre 2016 opposaient principalement le mouvement de centre-gauche « Rêve géorgien » mené par Garibashvili au centre-droit du « Mouvement national uni » fondé par la figure désormais honni de Sakashvili, devenu entre temps ministre au sein du gouvernement ukrainien de Porochenko.

Si les deux formations sont globalement favorables à l’adhésion européenne et aux principes de la « démocratie libérale » telle que définie par les canons occidentaux, le Rêve Géorgien étant associé au PSE et le MNU au PPE, le Rêve Géorgien est moins russophobe, moins déterminé aussi à reconquérir l’Abkhazie et l’Ossétie du sud, car Sakashvili avait précipité son pays dans une guerre contre la Russie à leur propos.

Avec 49,26% des voix, le Rêve Géorgien remporte largement l’élection législative alors qu’il était sortant. Le MNU en revanche, avec 26,46% des voix, reste certes le premier parti d’opposition mais à vingt points derrière. L’Alliance des Patriotes de Géorgie, pro-russe, eurosceptique et populiste, avec 5% des voix et 6 députés, rentre au parlement.

Ce ne sera a priori pas le cas des « Libéraux Démocrates » qui n’ont obtenu que 4,58% des voix, ni de la formation conservatrice « Un Etat pour un peuple » avec 3,48% des voix ou encore de la formation conservatrice pro-russe « Géorgie Unie » avec 3,53% des voix.

Les sociaux-démocrates classiques du « Parti Géorgien du Travail » devront se contenter de 3,12% des voix, de même que le Parti Républicain (libéral, pro-européen) avec 1,55% des voix. Les formations de droite comme « Idée géorgienne » et « Troupe géorgienne », défendant toutes un programme nationaliste anti-russe, se contenteront de 0,17 et 0,16% des voix.

Le parti de Sakashvili n’a pas réussi à remonter la pente, le souvenir des erreurs de l’ancien dirigeant et des accusations de corruption à son encontre étant toujours vivace. Un éventuel succès de sa formation aurait également pu irriter le voisin russe. La ligne de Rêve Géorgien cherche à placer le pays dans un équilibre entre l’Union Européenne et la Russie, en évitant une alliance totale avec la Russie comme l’a fait son voisin arménien, afin de bénéficier de la protection russe contre les actions azéries. En outre, la droite géorgienne est, sauf exception, alignée sur l’OTAN et les USA.

A cette élection, les Géorgiens, comme tous les autres Européens, ont eu le choix entre la peste et le choléra, entre deux atlantismes mais dont celui de droite était plus affirmé. Là encore, comme ailleurs sur le continent, une troisième voie s’impose.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

lundi, 10 octobre 2016

Selon un ancien ponte du renseignement hongrois, la crise des migrants serait une « guerre de quatrième génération » contre les nations d’Europe

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Selon un ancien ponte du renseignement hongrois, la crise des migrants serait une « guerre de quatrième génération » contre les nations d’Europe

Lazlo Foldi, ancien directeur des opérations des services de renseignement hongrois, a déclaré sur Radio Kossuth que la « crise des migrants » est une opération menée par Bruxelles avec l’aide des médias et des ONG contre les Etats-nations afin d’instaurer une Europe multiculturelle à l’issue d’une guerre de quatrième génération.
 
Pour cet ancien ponte du renseignement hongrois, l’opération actuelle prend trois formes. « L’une est une attaque politique formelle venant de Bruxelles, l’autre est une attaque diffuse à travers les médias « mainstream », bien sûr les grands médias occidentaux, mais aussi une part des médias hongrois qui sont financés de l’extérieur. » La troisième est une attaque « concrète », sur le terrain, organisée par des « organisations civiles », qui, sous couvert d’aide humanitaire, instrumentalisent les migrants.

Le renseignement hongrois sait qui manipule les migrants

Lazlo Foldi prend pour exemple les images milliers de migrants (sept mille) qui se sont rués cette semaine sur les barrières posées à la frontière entre la Serbie et la Hongrie. Ces migrants n’ont pas eu l’idée tout seuls de porter des pancartes rédigées en anglais à l’intention des caméras, ni de chanter leur exigence de traverser la frontière, juste après le résultat du referendum hongrois. Ils n’ont pas eu non plus l’idée de foncer soudainement sur le point de la frontière le plus proche de Belgrade : ils ont affirmé aux cameramen de télévision que des « civils européens » d’organisations humanitaires leur avaient appris qu’après le referendum « les Hongrois auraient compris et ouvriraient leur frontière ». Une fausse nouvelle soigneusement calculée pour provoquer cette marée humaine et pouvoir en diffuser l’image grâce aux télévisions occidentales. Pour l’ancien patron des opérations du renseignement, ce n’est qu’une énième désinformation menée par les « humanitaires » pour instrumentaliser les migrants.

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La guerre de quatrième génération, sans bruit ni sang

« Il s’agit d’un système bien huilé, qui a été élaboré il y a des années », assure Foldi. Un système qui mène une « guerre de quatrième génération », sans opération militaire ni effusion de sang, une guerre psychologique dont le premier ressort est la mauvaise conscience de l’Occident, soigneusement semée et cultivée grâce à la repentance. Elle vise la soumission de populations préalablement travaillées, pour qui la notion d’ennemi n’existe pratiquement plus. En Europe occidentale, le dernier événement qui l’ait utilisée est la guerre d’Algérie : seuls les plus de soixante-cinq ans s’en souviennent. Le gros des populations n’identifie donc simplement pas la révolution-invasion-guerre qu’elles subissent. Cette guerre non déclarée, cette invasion sans armes, ne rencontrent en conséquence que très peu de résistance, encore moins de résistance raisonnée. Et les rares individus qui songent à se défendre sont montrés du doigt comme « clivants », donc, ipso facto, exclus d’une société dont le principe de base est qu’il est exclu d’exclure. Ce qui fait que les anticorps sont éliminés par l’organisme avant de pouvoir agir contre les bacilles qui envahissent ledit organisme. Il s’agit d’une maladie sociale auto-immune, et feu Louis Pauwels n’avait pas tort voilà trente ans de parler de « sida mental ».

Bruxelles provoque la crise des nations d’Europe

Il est tout à fait remarquable, et caractéristique de la révolution (ou plutôt de l’inversion) en cours, que l’invasion de l’Europe et la soumission des peuples d’Europe soient organisés par ceux-là mêmes qui devraient les défendre : l’Union européenne de Bruxelles, les grands médias, les ONG. Pour Lazlo Foldi, la raison en est que l’objectif de l’Union européenne et de tout le complexe institutionalo-médiatique qui relaie l’idéologie mondialiste, selon « une stratégie fixée depuis longtemps », est de « transformer l’Europe en un système multiculturel au-dessus des nations ».
 
C’est d’ailleurs pour cela que la première opération de la guerre de quatrième génération a visé la Hongrie. « Ils veulent éradiquer toute velléité de rébellion, écraser l’esprit de résistance représenté aujourd’hui par le gouvernement hongrois. »

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Les Hongrois ne veulent pas des horreurs du Multikultistan

Cet esprit de résistance est d’autant plus dangereux pour le projet mondialiste qu’il pourrait bien faire des émules. John Podesta, le directeur de la campagne d’Hillary Clinton, vient en effet de recevoir par wikileaks des morceaux de rapports des renseignements allemands tout à fait éclairants sur l’invasion de l’Allemagne par les migrants et la façon dont les Allemands la perçoivent. Le titre en est parlant : « Multikultistan : un tunnel des horreurs pour les Allemands moyens ».
 
La suite est au diapason : « L’immigration musulmane et la folie multiculturelle laissent une traînée de misère et de pagaille en Allemagne, le pire étant à venir à cause de la démographie ». A Berlin en effet, où les statistiques religieuses ne sont pas interdites, on sait que l’islam n’est confessé que par 9 % de la population, alors que les récidives chez les jeunes criminels touchent à soixante-dix pour cent des musulmans, selon le procureur de Berlin Roman Reusch. Plus précisément, 46 % des jeunes criminels en série sont d’ascendance arabe et 33 % d’ascendance turque. Un porte-parole de la police note l’extension des ghettos ultraviolents. Et la réaction des Allemands de souche est logiquement la fuite : ils quittent Berlin Ouest où ils se trouvent la cible d’une violence spécifique de la part des migrants. Ils ont perçu la menace.

Apprendre aux nations d’Europe qu’elles sont en guerre

Tel est la talon d’Achille de l’opération « crise des migrants » : pour que la guerre de quatrième génération se termine par une victoire mondialiste, il est nécessaire qu’elle demeure subreptice, il ne faut pas qu’elle apparaisse comme une guerre contre les nations, il ne faut pas qu’elle « clive », il faut qu’elle semble une transformation paisible et inéluctable. Une évolution non aversive. C’est ainsi qu’elle apparaît encore souvent, vue des beaux quartiers d’Europe occidentale et d’Amérique. Malgré les informations reçues par son directeur de campagne Podesta, Hillary Clinton n’a rien perdu de ses certitudes. S’exprimant à huis clos (mais tout fuit) devant les cadres de la banque Itau, elle leur a fait part de son « rêve », en l’espèce un « marché commun hémisphérique, avec le libre échange intégral et pas de frontières ».
 
Pour Hillary et les idéologues qui se servent ainsi de l’économie pour faire leur révolution, le « protectionnisme », sous toutes ses formes, est l’ennemi. D’où leur aversion rabique, forcenée, frénétique, hystérique, contre Donald Trump, qui a pourtant un grand nombre des défauts qu’ils pourraient apprécier : il suffit qu’il veuille limiter l’immigration et le libre échange pour être entièrement diabolique. Il suffit qu’il refuse pour l’Amérique le destin de soumission qu’il voit se dessiner pour l’Europe. C’est pour la même raison que Viktor Orban, qui est pourtant un défenseur bien insuffisant des nations, est l’objet d’une véritable danse du scalp à Bruxelles : il suffit qu’il ne plie pas complètement devant le dogme mondialiste. Quant aux révélations de l’ancien ponte des renseignements hongrois, qui donnent une base solide aux revendications des Hongroise, il est probable que les médias occidentaux le traiteront par leur seul argument convainquant : le silence.

Pauline Mille

Géopolitique du détroit de Bab el-Mandeb

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Géopolitique du détroit de Bab el-Mandeb

Par Simon Fauret

Ex: http://www.lesclesdumoyenorient.com

Situé entre la Mer Rouge et l’Océan indien, le détroit de Bab el-Mandeb est considéré comme le quatrième point de passage maritime le plus important en matière de transport du pétrole [1]. A l’articulation entre la péninsule arabique et l’Afrique, Bab el-Mandeb doit principalement son poids stratégique au Canal de Suez qui relie la Mer Méditerranée et la Mer Rouge, permettant ainsi l’approvisionnement énergétique des pays occidentaux. Point névralgique du commerce mondial, le détroit est cependant situé dans une région instable où les risques de perturbations du trafic naval sont élevés en raison de la piraterie, du terrorisme ou encore du conflit au Yémen.

Le nom du détroit - Bab el-Mandeb signifie en arabe « la porte des lamentations » - s’expliquerait par les dangers que les puissants courants font courir aux marins [2]. D’à peine 32 kilomètres de large [3], Bab el-Mandeb est divisé en deux axes de passage par l’île volcanique de Périm contrôlée par le Yémen : l’un, situé entre la côte yéménite et l’île, n’est large que de 3 kilomètres, alors que l’autre s’étend sur 26 kilomètres jusqu’à Djibouti [4]. Le premier passage étant trop étroit et pas assez profond pour accueillir de grands navires, l’essentiel de la navigation se fait via le deuxième axe [5].

Si Bab el-Mandeb est directement lié au Yémen et à Djibouti, ses débouchés concernent l’ensemble des pays ayant une façade maritime sur la Mer Rouge (Erythrée, Soudan, Egypte, Israël, Jordanie, Arabie saoudite) qui doivent le traverser afin d’accéder au Golfe d’Aden et à l’Océan indien. L’augmentation des actes de piraterie au large de la Corne de l’Afrique et l’instabilité politique chronique de la Somalie font également de ce pays situé à l’entrée du détroit un acteur régional majeur [6].

Brève histoire de Bab el-Mandeb jusqu’aux années 2000

De l’Antiquité au XVème siècle, les enjeux du détroit ne concernent que très peu les pays occidentaux. Le détroit, seul point de passage maritime vers l’Océan indien, est utilisé par les pays du Golfe et du nord-est de l’Afrique afin de commercer avec la Perse, Oman ou encore l’Inde et Madagascar [7].

La période de la Renaissance marque le début de l’internationalisation de la région. Dans les années 1410-1420, l’explorateur chinois Zheng He mène plusieurs expéditions dans la région, accostant à Aden (Yémen), en Somalie et même à La Mecque, traversant ainsi le détroit de Bab el-Mandeb [8]. Parallèlement, alors que l’accès à l’Asie est fermé à l’Occident par l’Empire ottoman, le Prince du Portugal Henri le Navigateur lance à partir de 1415 des expéditions vers le Sud afin de trouver une autre voie vers les Indes et leurs richesses. Tout au long du XVème, les marins portugais vont donc longer la côte ouest de l’Afrique et s’y implanter par endroits (Guinée, Cap Vert) [9].

Après avoir atteint le Cap de Bonne-Espérance en 1488, ils poursuivent leur route vers l’est et accostent dix ans plus tard à Calicut, en Inde [10]. En 1513, le navigateur Albuquerque, en conflit avec les Mamelouks, dynastie musulmane ayant régné de 1250 à 1517 sur l’Egypte, la Syrie et la Péninsule Arabique, pénètre dans la Mer Rouge et s’emparent de l’île de Kamaran, au nord de la côte yéménite [11]. L’idée d’établir une forteresse sur l’île de Périm, au milieu du détroit, est également envisagée avant d’être abandonnée [12]. Les Portugais, à l’aide une base installée sur l’île de Socotra au large de la Somalie, vont tenter de contrôler le Golfe d’Aden et l’accès à la Mer Rouge sans y parvenir de manière durable [13].

Ce n’est qu’au XIXème siècle que les Européens parviennent à s’établir dans la région. En 1839, le Royaume-Uni prend le contrôle du port d’Aden, au Yémen [14], et y maintient sa présence jusqu’en 1967. En 1862, c’est au tour des Français de prendre possession de la côte d’Obock (le futur Djibouti) [15], suivis par les Italiens qui achètent en 1869 le port éthiopien d’Asäb, à quelques kilomètres au nord du détroit [16]. Cette même année, l’équilibre géopolitique de la Mer Rouge va justement être bouleversé par un événement : l’ouverture du Canal de Suez.

Depuis la révolution industrielle entamée au XVIIIème siècle, le commerce international n’a cessé de croître. Les échanges avec l’Asie (notamment entre le Royaume-Uni et son empire colonial) passent par le Cap de Bonne-Espérance et impliquent des trajets longs et onéreux. Le percement du canal de Suez, à partir de 1859, s’inscrit donc dans une logique de réduction des coûts et de simplification de la navigation, puisqu’il permet de relier l’Océan Indien quasiment deux fois plus rapidement [17]. Si le capital de la Compagnie universelle du canal maritime de Suez est d’abord détenu principalement par la France (52%) et l’Egypte (44%), le Royaume-Uni, conscient de l’intérêt stratégique du canal, profite de l’endettement du régime égyptien pour lui racheter ses parts du capital en 1875 [18].

Le canal, cogéré par la France et le Royaume-Uni, devient un symbole de la rivalité entre ces deux pays [19]. Londres établit un protectorat sur l’Egypte en 1882 et sur le Somaliland en 1888, empêchant la France de s’emparer de ce territoire situé aux portes de Bab el-Mandeb [20]. Enfin, en 1899, le Soudan devient officiellement administré par l’Egypte et le Royaume-Uni, ce dernier étendant ainsi son influence de la Mer Méditerranée à la Corne de l’Afrique.

A partir des années 1930 et la découverte des premiers gisements de pétrole dans la péninsule arabique, le Canal de Suez et le détroit de Bab-el Mandeb changent de statut. De points de passage des navires de marchandises vers l’Asie, ils vont devenir peu à peu les artères vitales de l’approvisionnement énergétique des pays occidentaux [21].

Après la Seconde Guerre mondiale, l’influence de la France et du Royaume-Uni commence à décroître dans la région, laissant la place aux deux nouvelles superpuissances de la Guerre froide : les Etats-Unis et l’URSS. En 1952, la révolution égyptienne des Officiers libres renverse la monarchie soutenue par Londres. Quatre ans plus tard, Nasser, le nouveau dirigeant du régime égyptien, nationalise le canal de Suez. La France et le Royaume-Uni, principaux détenteurs du capital de la Compagnie de Suez, ne peuvent accepter une telle décision qui nuit à leurs intérêts. S’alliant à Israël qui cherche à faire cesser les opérations militaires de Nasser dans la bande de Gaza, ils interviennent en l’Egypte. Victoire militaire certaine, la Guerre de Suez est un échec politique et diplomatique. Américains comme Soviétiques contraignent la France et le Royaume-Uni de cesser les combats et de se retirer. Londres et Paris n’ont d’autres choix que d’obtempérer et de perdre leur contrôle sur le canal. Ce dernier, en représailles, se retrouve fermé par Nasser pendant plusieurs mois.

Le conflit israélo-arabe a donc une influence considérable sur Bab el-Mandeb, puisqu’une interdiction d’utiliser le canal fait logiquement perdre au détroit son poids stratégique. En 1967, après la Guerre des Six Jours menée par Israël contre l’Egypte, la Syrie et la Jordanie, Suez est fermé jusqu’en 1975. En 1973, le Yémen et l’Egypte décident même d’empêcher les navires israéliens de franchir Bab el-Mandeb [22]. Pendant huit ans, le détroit est donc marginalisé au profit de la route passant par le Cap de Bonne-Espérance. En 1976, la part des hydrocarbures dans le tonnage en transit dans le canal n’est plus que de 28%, contre 78% en 1967 [23]. Face à l’instabilité de la région, les transporteurs restent prudents et préfèrent emprunter une voie plus longue mais plus sûre.

Le contexte de la Guerre froide transforme également les rapports de force autour du détroit. A partir de 1959, l’URSS soutient au Yémen l’insurrection contre la monarchie [24]. En 1967, après le retrait du Royaume Uni d’Aden, la République Démocratique Populaire du Yémen du Sud est proclamée [25]. La flotte soviétique peut alors s’installer dans le port d’Aden et sur l’île de Socotra, surveillant ainsi l’entrée de Bab el-Mandeb [26]. En 1969, c’est la Somalie du général Siyaad Barre qui se place dans le bloc de l’Est, avant de se tourner finalement vers les Etats-Unis après 1977 et sa tentative d’invasion de la région d’Ogaden en Ethiopie [27]. A la même époque, l’Ethiopie du lieutenant-colonel Mengistu signe d’ailleurs un accord d’amitié et de partenariat avec Moscou [28]. Dans les années 1970, Djibouti est donc un des seuls pays de la région à être encore dans le bloc occidental. La France lui accorde son indépendance en 1977, mais va y maintenir des forces militaires afin de dissuader la Somalie de s’en emparer au profit de l’URSS (qui contrôlerait alors les deux rives de Bab el-Mandeb [29]).

Comme la Guerre de l’Ogaden entre la Somalie et l’Ethiopie l’a mis en évidence, la logique des Blocs se superpose à des conflits plus régionaux qui vont perdurer une fois la Guerre froide terminée. En 1993, au terme d’une longue guerre civile débutée en 1961, l’Erythrée devient indépendante de l’Ethiopie qui se retrouve privée de sa façade maritime sur la Mer Rouge [30]. Des guerres civiles font également rage à partir de 1991 en Somalie [31], entre 1991 et 1994 à Djibouti [32] et en 1994 au Yémen [33]. Entre 1995 et 1998, ce sont l’Erythrée et le Yémen qui s’affrontent au sujet de l’archipel des Hanish [34]. Enfin, en 1998, l’Erythrée tente d’envahir l’Ethiopie afin de renégocier ses frontières de 1993 [35].

Dans les années 1990, l’insécurité de la région du détroit de Bab el-Mandeb est donc particulièrement importante. A partir du début du XXIème siècle, le renforcement de la menace du terrorisme et de la piraterie va venir accroitre l’instabilité due aux conflits inter et intra étatiques, rendant encore plus cruciale la protection de ce passage stratégique.

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Flux commerciaux dans les détroits d’Ormuz et de Bab el-Mandeb, le Canal de Suez et les dispositifs militaires dans la régions, CAM/DMK/ABM L. SAUBADU / CAM / AFP

L’importance stratégique actuelle du détroit

En 2013, environ 3,8 milliards de barils de pétrole ont été transportés chaque jour via le détroit de Bab el-Mandeb. Si ce chiffre peut paraître faible en comparaison avec celui du détroit d’Ormuz (17 milliards) ou de Malacca (15,2 milliards) [36], il représente une part non négligeable du marché. Une éventuelle fermeture du détroit (comme cela s’est produit en 1973) obligerait les navires à contourner l’Afrique afin d’atteindre l’Asie. Ainsi, bien que la création de l’oléoduc SUMED en 1975 soit venue tempérer cette dépendance envers Suez et Bab el-Mandeb en permettant d’acheminer le pétrole de la Mer Rouge à la Mer Méditerranée via l’Egypte [37], le détroit demeure une artère clé de l’économie mondiale.

Le terrorisme est une des menaces qui ont pesé ces quinze dernières années sur la région. En octobre 2000, un attentat suicide d’Al-Qaida a touché le destroyer américain USS Cole qui mouillait dans le port d’Aden, au Yémen [38]. Deux ans plus tard et dans le même pays, c’est au tour du pétrolier français Limburg d’être touché [39]. A ces dangers directs pour les navires s’est ajoutée l’implantation d’organisations terroristes dans les pays de la zone, tels qu’Al Qaida et l’Etat islamique au Yémen et Al Shabaab en Somalie.

Depuis 2002, les Etats-Unis assistent le gouvernement yéménite dans la lutte contre les djihadistes, effectuant régulièrement des frappes de drone. En 2013, un forum de contre-terrorisme dans le Golfe d’Aden est créé [40]. Cependant, malgré l’élimination de nombreux cadres d’Al-Qaida, la stratégie de Washington n’a pas encore permis de supprimer complètement la menace [41]. Quant aux membres d’Al-Shabaab, ils ont perpétué depuis 2006 de nombreuses attentats en Somalie et contribué à déstabiliser durablement le pays [42]. Enfin, l’irruption de l’Etat islamique au Yémen, qui a attaqué plusieurs mosquées chiites en 2015, a souligné le profond ancrage du terrorisme dans le sud de la péninsule arabique [43].

Si la piraterie dans le Golfe d’Aden n’est pas née au début du XXIème siècle, le montant des rançons et l’importance des cibles semblent être devenus plus considérables depuis une dizaine d’années. Ne s’attaquant plus seulement aux navires de pêches, les pirates ont visé des porte-conteneurs, des cargos, des navires de plaisances et même des superpétroliers (comme le Sirius Star en 2008 [44]), alarmant les assureurs maritimes qui conseillent alors à leurs clients d’emprunter à nouveau la route plus sûre du Cap de Bonne-Espérance [45]. En 2008, 111 actes de piraterie ont été recensés, et le chiffre a quasiment doublé en 2009 (217) [46].

La communauté internationale s’est organisée afin de faire face à cette menace. En 2008, la résolution 1816 du Conseil de Sécurité de l’ONU ouvre la voie à l’intervention des Etats dans les eaux territoriales somaliennes afin d’enrayer la piraterie. La mission européenne Atalante est alors lancée à la fin de l’année, et participe à la surveillance maritime et aérienne du Golfe depuis Djibouti [47]. Ainsi, depuis mai 2012, aucune attaque réussie n’a été enregistrée [48].

Parallèlement, la situation sécuritaire du Yémen, au-delà du danger djihadiste, fait craindre une déstabilisation de Bab el-Mandeb. L’insurrection des Houthis, issus du nord-ouest du pays et désirant rétablir un imamat zaydite (branche du chiisme), a débuté en 2004. Fin septembre 2014, les rebelles sont parvenus à prendre Sanaa, la capitale. En mars 2015, ils ont poursuivi leur marche en direction d’Aden. Accusant l’Iran de soutenir la révolte afin d’accroitre l’influence du chiisme dans la péninsule en majorité sunnite, l’Arabie saoudite a lancé l’opération « Tempête décisive » contre les insurgés. Malgré l’offensive saoudienne, les Houthis sont parvenus à la fin mars à s’emparer d’une base militaire surplombant le détroit [49]. En avril, Riyad a envoyé ses forces navales protéger l’entrée de Bab el-Mandeb [50]. Début mai, l’Iran a répliqué en y déployant deux destroyers [51].

Face à ces menaces, la protection du détroit n’a jamais été aussi nécessaire. La plupart des pays industrialisés sont concernés par la déstabilisation de la région puisqu’elle peut aboutir pour eux, à terme, à des problèmes d’approvisionnement énergétiques ou à des catastrophes humaines (prises d’otage, attentats, etc.). La base de Djibouti, au cœur de cet espace sensible, n’a pas perdu de son poids stratégique et de son potentiel de contrôle. Si 1900 militaires français y stationnent encore [52], Djibouti accueille également la plus grande base militaire des Etats-Unis en Afrique (plus de 4000 hommes) [53] ainsi que des troupes espagnoles, allemandes et italiennes [54]. En 2011, le Japon lui-même y a ouvert sa première base permanente à l’étranger depuis 1945 [55].

C’est désormais au tour de la Chine, deuxième puissance économique mondiale, de s’intéresser au détroit. En février 2014, un accord a été conclu entre les gouvernements djiboutien et chinois, permettant l’utilisation du port par la marine chinoise. Les Etats-Unis sont irrités par un tel rapprochement, et perçoivent d’un mauvais œil la présence de la Chine sur leur territoire d’influence [56]. Ce partenariat ouvrera-t-il la voie à la création d’une base chinoise [57], et donc à une situation inédite de coopération militaire entre Pékin et Washington ?

Dernières actualités

Notes :

[1U.S. Energy Information Administration, World Oil Transit Chokepoints, Overview, November 10th, 2014.

[2Idem.

[5AL-YADOOMI, Hussein, The Strategic Importance of the Bab El-Mandab Strait, U.S. Army War College, Pennsylvania, 1991, p. 6.

[6GASCON, ALAIN, « Les damnés de la mer : les pirates somaliens en mer Rouge et dans l’océan Indien », Diplomatie n°40, 2009.

[7Idem.

[10Idem.

[11WHITEWAY, R.S., Rise of Portuguese Power in India, Asian Educational Services, 1995, p. 155.

[12Idem, p. 157.

[13D’ALOS-MONER, Andreu Martínez, “Conquistadores, Mercenaries, and Missionaries : The Failed Portuguese Dominion of the Red Sea”, Northeast African Studies, Vol. 12, No. 1, Michigan State University, 2012, pp. 1-28.

[14GAVIN, R. J., Aden Under British Rule, 1839-1967, C. Hurst & Co. Publishers, 1975, p. 1.

[15PAIRAULT, Louis-Gilles, « Le verrou de la mer rouge. L’armée et la côte française des Somalis 1884-1977 », Institut-strategie.fr, 2005.

[16CHIRE, Amina Saïd, Djibouti contemporain, Karthala Editions, 2012, p. 124.

[17AL-YADOOMI, Hussein, op. cit. p. 10.

[20GASCON, Alain, Les damnés de la mer : les pirates somaliens en mer Rouge et dans l’océan Indien, op. cit.

[21AL-YADOOMI, Hussein, op. cit. p. 10.

[22AL-YADOOMI, Hussein, op. cit. p. 13.

[23PIATON Claudine, « Piquet Caroline, Histoire du canal de Suez, Paris, Perrin, 2009, 372 p. », Remmm, 2011.

[24Les damnés de la mer : les pirates somaliens en mer Rouge et dans l’océan Indien, op. cit.

[26GASCON, Alain, « Les damnés de la mer : les pirates somaliens en mer Rouge et dans l’océan Indien », op. cit.

[28LEGUM, Colin. « L’Ethiopie : le nouvel allié africain de Moscou », Politique étrangère N°4, 1984, pp. 873-881.

[29PAIRAULT, Louis-Gilles, Le verrou de la mer rouge. L’armée et la côte française des Somalie 1884-1977, Institut-strategie.fr, 2005.

[33Yemeni Civil War, globalsecurity.org.

[34DOBELLE, Jean-François. « Le différend entre l’Erythrée et le Yémen : la sentence arbitrale du 17 décembre 1999 sur la délimitation des frontières maritimes », Annuaire français de droit international, volume 45, 1999. pp. 554-565.

[35MARCHAL, Roland, "Une « drôle de guerre » : des frontières entre l’Érythrée et l’Éthiopie", CERISCOPE Frontières, 2011, [en ligne], consulté le 25/06/2015, URL : http://ceriscope.sciences-po.fr/content/part3/une-drole-d....

[36U.S. Energy Information Administration, op. cit.

[42Al-Shabaab, globalsecurity.org.

[45GASCON, Alain, « Les damnés de la mer : les pirates somaliens en mer Rouge et dans l’océan Indien », op. cit.

[46HUBERT, Maud, La piraterie maritime dans le golfe d’Aden, État des lieux, GRIP, 2010, p. 2.

dimanche, 09 octobre 2016

Les Turcs bazardent les USA et l’UE

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Les Turcs bazardent les USA et l’UE

par Hakan Karakurt

Ex: http://www.reseauinternational.com

Deux mois et demi se sont écoulés depuis l’échec de la tentative de coup d’État soutenue par les Étasuniens en Turquie. L’objectif était de renverser le Président turc, Recep Tayyip Erdoğan, à cause de sa tendance à mettre en pratique une politique étrangère indépendante de celle de l’OTAN et de l’UE. Sa vision de la politique étrangère est plutôt d’associer économiquement la Turquie à ses voisins et de former des alliances politiques régionales bénéficiant à tous les membres, tout en souhaitant par ailleurs un partenariat sur pied d’égalité avec les USA et l’UE. Refusant que les politiques soient imposées par les USA et l’UE, Erdoğan veut plutôt que les pouvoirs soient partagés afin de créer un monde plus juste et équilibré. Le refus de la Turquie de s’associer à l’embargo économique imposé à la Russie et à l’Iran, a particulièrement irrité les USA et l’UE.

Après que la Turquie a rejoint l’OTAN, en 1952, les USA ont perçu la Turquie comme un poste de police à leur service. Les priorités sécuritaires US n’ont jamais pris en considération les intérêts de la Turquie. Pour les USA, il était en général préférable que la plus faible Turquie accepte leurs exigences, même s’ils étaient contraires à ses intérêts jusqu’en 2002. Mais la détérioration des relations entre les USA et la Turquie a été finalisée quand, avec le consentement de la Russie, l’armée turque a lancé dans le nord de la Syrie l’opération militaire visant à faire complètement disparaître ISIS de la frontière turque. Ironiquement, la Turquie a entamé cette opération le 24 août, le jour de la visite en Turquie du vice-président US, Joe Biden. Il ne fait aucun doute que l’accord sur le conflit syrien, dont le but est de préserver l’unité territoriale et de régler l’avenir de la Syrie en comptant uniquement sur les forces autochtones, a été conclu entre la Russie et la Turquie lors de la visite d’Erdoğan en Russie, le 9 août.

Le but premier des USA, morceler la Syrie, une stratégie US très classique visant à attiser l’instabilité au Moyen-Orient en soutenant des groupes ethniques (YPG) et sectaires (Al-Nusra), est sur le point d’être anéanti par l’alliance retrouvée entre un membre de l’OTAN, la Turquie, et le principal rival des USA, la Russie !

L’arrogance US et l’endurance et la prescience russes, ont créé une alliance non déclarée entre la Russie et la Turquie. Cette alliance n’a pas seulement modifié l’équilibre des forces en Syrie, mais aussi la grande stratégie pour à la fois les USA et les puissances eurasiennes.

L’UE considère la Turquie comme un grand marché pour ses produits (38% des importations turques) et comme un tampon entre elle et les pays du Moyen-Orient. Tout comme la russophobie vide de sens, la turcophobie est encore très banale chez les Européens. Après le coup d’État manqué, au lieu de soutenir le gouvernement légitime démocratiquement élu, l’UE a gardé le silence et les médias dominants européens ont grossièrement accusé le Président turc d’avoir conçu la mise en scène d’un coup d’État pour consolider son pouvoir autoritaire. En outre, ne tenant aucun compte de la guerre asymétrique en cours en Turquie orientale contre les terroristes séparatistes, l’UE a tenté de forcer le gouvernement turc à assouplir sa loi antiterroriste et a retardé la règle d’abolition des visas pour les Turcs [visitant l’UE]. Pendant ce temps-là, l’UE ouvre grand ses portes aux Ukrainiens dirigés en ce moment par un « gouvernement pro-européen ». C’est pourquoi, lors de la cérémonie d’ouverture du Parlement turc, le 1er octobre, Erdoğan a déclaré que les trente années de négociations sur l’adhésion à l’UE étaient juste une diversion et que la comédie avec l’UE touchait presque à sa fin.

Comprenant que l’avenir du pays se trouve dans les politiques eurasiennes, le Président et le gouvernement turcs prennent des mesures pour réassigner les engagements du pays. Néanmoins, après la fondation de la Turquie moderne en 1923, les élites dirigeantes et une partie importante de la nation turque, ont considéré, en tant que descendants d’un grand empire ayant régné pendant plus de six siècles, que s’occidentaliser était le principal objectif pour le rétablissement de la puissance de l’État. Les institutions gouvernementales, les structures économiques, et les formations militaires ont donc été copiées sur celles des USA et de l’UE. Le peuple turc considérait les USA et l’UE comme des alliés et des exemples, et espéraient et croyaient qu’un jour futur, leur pays intégrerait l’axe occidental.

Le coup d’État militaire raté du 15 juillet a marqué la fin des rêves d’intégration à l’Occident en Turquie. Le soutien des USA et de l’UE aux auteurs du coup d’État a réveillé le peuple turc qui en est venu à considérer que cette manœuvre était une attaque étrangère directe.

Les opinions opposées aux USA et à UE ont monté en flèche. Le mois dernier, deux sondages d’opinion sur les USA et l’UE ont été publiés par une société de recherche indépendante et une fondation. L’enquête d’opinion faite par MAK Consulting s’est axée sur l’opinion de la population turque concernant les relations entre les USA et la Turquie. Les résultats sont choquants. Quatre-vingt dix pour cent des sondés considèrent que l’on ne peu pas compter sur les USA, bien que la Turquie soit membre de l’OTAN. Seulement 50% des Turcs avaient cette opinion avant la tentative de coup d’État. Selon le PDG de la société de sondage, le peuple turc pense pouvoir vaincre les USA et, si la loi martiale n’était pas décrétée, il se pourrait que l’ambassade US soit attaquée par des citoyens en colère.

Une autre enquête d’opinion très intéressante a été faite par TAVAK (fondation pour l’éducation et la recherche scientifique en Turquie et dans l’UE) sur les relations entre la Turquie et l’UE. Seulement 22% des participants estiment que la Turquie deviendra membre à part entière de l’UE. Près de la moitié des sondés ont suggéré que l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) et les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) sont une voie novatrice pour la Turquie, à la place de l’UE. Malheureusement, 60% des sondés révèlent que l’islamophobie est la première raison du refus de l’UE d’intégrer la Turquie en tant que membre à part entière.

Il est très intéressant de noter que les Turcs, qui sont des musulmans, envisagent leur destin au sein d’alliances avec d’autres pays non-musulmans (OCS & BRICS).

Après la faillite du monde bipolaire, nous avons tous été témoins d’un nouvel épisode de l’impérialisme US déguisé sous les mots magiques, mais vides : mondialisation, libéralisme, humanitarisme, démocratie et autodétermination, qui ne visaient qu’à déployer dans le monde l’hégémonie US qui s’oppose aux intérêts de toutes les autres nations. Les objectifs irresponsables et vaniteux des USA seront sans doute déjoués par la collaboration des grandes nations eurasiennes. La fin de l’histoire viendra, comme le dit l’idéologie protestante US, mais les USA ne seront pas les vainqueurs ! L’intervention militaire russe en Syrie et l’alliance secrète entre Russie et Turquie visant à préserver l’unité territoriale de la Syrie, ont stoppé les plans US au Moyen-Orient. En intensifiant la collaboration entre les nations eurasiennes, nous verrons de nouvelles défaites US dans d’autres régions du monde.

Katehon, Hakan Karakurt

Original : katehon.com/article/turks-say-no-us-and-eu
Traduction Petrus Lombard

1789: Révolution ou coup d’Etat?

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1789: Révolution ou coup d’Etat?

par Antonin Campana

Ex: http://www.autochtonisme.com

     Le naufrage de la situation financière, la dette qui augmente, l’échec de ministres successifs (Necker, Calonne, Brienne…) vont forcer Louis XVI, mis dans l’impossibilité de gouverner, à réunir les « Etats Généraux ».

     Les Etats Généraux font partie du système politique du Royaume. Ils sont convoqués par le Roi, notamment en période de crise. C’est une institution monarchique importante qui s’est réunie plus de 30 fois depuis Philippe le Bel, souvent pour traiter des finances, pour voter des subsides extraordinaires, pour approuver une guerre ou simplement donner un avis.

     Les Etats Généraux se réunissent une nouvelle fois à Versailles le 05 mai 1789. Le Roi parle refonte des impôts, budget : il faut trouver une solution à la dette. Ce n’est cependant pas la préoccupation première d’un certain nombre de député du Tiers.


    Sansculottesxx.jpg Ceux-ci, dans le sillage de Sieyès, vont très vite s’affirmer « représentants de la nation ». Cela est faux : juridiquement et statutairement ils ne représentent pas la « nation » mais l’Ordre qui les a élus (la Noblesse, le Clergé ou le Tiers Etat). De fait, les trois Ordres délibèrent séparément et chaque député vote au sein de son Ordre. Celui qui représente la nation, qui incarne le Royaume, c’est le Roi (théorie des deux corps : le Royaume est un corps mystique incarné par le corps du Roi). Cependant le 15 juin, passant outre, les députés décident illégalement de la délibération en commun et du vote par tête. Le 17 juin, ils se constituent même, tout aussi illégalement, en « Assemblée nationale ». Leur objectif ? : marquer, au nom du peuple français qu’ils disent représenter, leur prééminence sur le Roi, affirmer que ce n’est plus le monarque qui incarne le Royaume mais la « représentation nationale ». Dès lors, les députés de l’Assemblée captent la légitimité pour légiférer et gouverner en lieu et place du Roi. Il s’agit véritablement d’une prise illégale de pouvoir, le corps de l’Assemblée remplaçant celui du Roi à la tête du Royaume.

     Le 23 juin, le Roi semble vouloir réagir et casse les décisions du 17. Mais le 27 juin, il recule et entérine le fait accompli : le Roi vient alors de perdre sa légitimité, il perdra bientôt sa tête. L’Assemblée dite « nationale » prend alors le nom de Constituante et s’apprête à changer le régime. Le 14 juillet c’est la prise de la Bastille, le 17 le Roi accepte la cocarde tricolore, c’est le début de la Grande Peur et la fin proche de la Monarchie.

     Que s’est-il passé ? Si l’on s’en tient objectivement aux faits, nous constatons qu’un groupe de personnes exerçant des fonctions à l’intérieur de l’appareil étatique (ils sont députés), transgressent la loi en vigueur pour renverser l’autorité en place et prendre illégalement le pouvoir. C’est exactement la définition du coup d’Etat ! On aurait parlé « révolution » et non « coup d’Etat », si ces personnes avaient été extérieures à l’appareil étatique, ce qui n’était évidemment pas le cas puisqu’elles en étaient un rouage important.

     Pour légitimer le coup d’Etat, la théologie républicaine affirme que les députés étaient les représentants de la nation. Répétons-le, cela est faux : les députés, élus au sein de leur Ordre, sont les représentants de leur Ordre. Juridiquement, c’est le Roi, et lui seul, qui représente alors la nation.

     Sieyès (Qu’est-ce que le Tiers-Etat ?) conscient par avance de la supercherie décrète que les Nobles ne font pas partie de la Nation et que le  Tiers étant « Tout », les députés du Tiers sont fondés à se vouloir non pas représentants d’un Ordre mais ceux de toute la nation. Juridiquement, avant le coup de force tout au moins, cela ne tient pas. Et puis quelle hypocrisie ! En quoi ces députés du Tiers, conseillers d’Etat, avocats (plus de 200 sur 598 !), négociants, marchands, procureurs, notaires, receveurs des finances, greffiers, notables…. représentent-ils une France agricole ?  Combien de laboureurs et de vignerons ?

Le coup d’Etat va instituer une « représentation nationale » qui sera surtout celles des notables, bientôt des trafiquants de biens nationaux, puis de la grande bourgeoisie d’affaire. Elle va donner de nouvelles règles au jeu politique. Sous prétexte de droit on va décomposer le peuple en individus, puis on va le recomposer mécaniquement, en emboîtant des éléments standardisés.  Le sujet concret du Roi, devient sujet abstrait de droit. L’homme enraciné dans un terroir devient une catégorie juridique interchangeable (le citoyen), la nation devient un corps politique atomisé, une communauté civique composée juridiquement d’individus esseulés.

     Rationalisation politique dira-t-on. Bien plutôt désintégration d’un peuple qui laisse l’individu, privé des « corps intermédiaires » qui le protégeaient, seul face à un Etat omnipotent. Il faudra se battre pour faire admettre à la « représentation nationale », aux mains d’affairistes, ces nouveaux corps intermédiaires que sont les syndicats, ou même les « conventions collectives » dans le droit du travail.

     La « Révolution française» relève donc de la mythistoire racontée par un Pouvoir qui entend se perpétuer. La réalité est qu’il y a eu un coup d’Etat qui visait les autorités en place. Quelles ont été les motivations profondes de ce coup d’Etat ? L’influence des Lumières (théorie du contrat), la composition sociale des députés du Tiers (principalement des hommes de loi), expliquent sans doute cette volonté originelle de ramener l’appartenance à une catégorie juridique (la citoyenneté) et le peuple français à un « corps d’associés » (Sieyès) dont la souveraineté (toute théorique) serait subtilement déléguée à une pseudo « représentation nationale ».

La République, en ces fondements, est négatrice des peuples identitaires. Elle ne connaît que des masses composées d’individus si bien calibrés et standardisés qu’on peut les empiler à l’infini, qu’ils soient d’ici ou qu’ils viennent de l’autre bout de la terre. Le creuset républicain, cette machine à désintégrer des identités pour intégrer des citoyens, n’est pas une perversion de la République : c’est l’essence même de la République. La raison d’être du coup d’Etat ?

 

Antonin Campana

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Ernst von Salomon révolutionnaire, conservateur, amoureux

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Ernst von Salomon révolutionnaire, conservateur, amoureux

Dans Les Réprouvés (1930), Ernst von Salomon retrace sa folle aventure politique au lendemain de la Grande Guerre. Son personnage littéraire devient emblématique de la Révolution conservatrice allemande et l’ouvrage une prophétie pour les générations perdues. Son enseignement : le nihilisme peut être vaincu par une passion plus vive que les tourments de l’Histoire. Le réprouvé trouve alors son salut dans l’expérience guerrière à laquelle succède l’élévation de l’esprit. 

evsal-3.jpgLes Réprouvés s’ouvre sur une citation de Franz Schauweker : « Dans la vie, le sang et la connaissance doivent coïncider. Alors surgit l’esprit. » Là est toute la leçon de l’œuvre, qui oppose connaissance et expérience et finit par découvrir que ces deux opposés s’attirent inévitablement. Une question se pose alors : faut-il laisser ces deux attractions s’annuler, se percuter, se détruire et avec elles celui qui les éprouve ; ou bien faut-il résoudre la tension dans la création et la réflexion.

Amoureux éperdu d’une Allemagne en lambeaux, éconduit par l’Histoire au soir de la Première Guerre mondiale à laquelle son trop jeune âge l’a empêché de participer, Ernst von Salomon incarne la passion révolutionnaire conservatrice en acte lorsqu’il choisit de s’engager au sein des corps francs pour poursuivre la lutte. Mais si Dominique Venner a pu décrire cette épopée mythique comme une aventure nihiliste, l’obstination déraisonnable de Salomon apparaît comme une authentique quête de sens qui se poursuit tout au long de son parcours de guerrier puis de militant. Malgré le désarroi ambiant et l’absence de but dont certaines têtes brûlées semblent souffrir, le marginal Salomon exprime toujours l’instinct de reconquête d’une nation chérie. À ses yeux, seule la révolution peut redonner à l’Allemagne sa splendeur d’antan, celle pour qui on lui avait appris à mourir.

Révolutionnaire éperdu

Ernst von Salomon a tout juste 16 ans lorsque l’armistice est signé le 11 novembre 1918,  âge des folies, des idées à couper au couteau et des passions qui empêchent la résignation. Si la confusion est le premier sentiment que confesse l’auteur à l’ouverture des Réprouvés, l’espérance lui succède aussitôt et c’est cette tension permanente entre deux penchants contraires qui fait de la lutte acharnée sa raison de vivre. Car la vie de l’auteur, au début de son œuvre, ne semble tenir qu’à la poursuite de son idéal, dont il entrevoit déjà sans doute qu’il est un mirage mais refuse pourtant de l’abandonner. Ainsi confesse-t-il : « Aussi nous étions prêts à agir sous la seule impulsion de nos sentiments ; et il importait peu que l’on pût démontrer par la suite la justesse de nos actes. Ce qui importait c’est qu’en ces jours des actes fussent accomplis. » Ce n’est pas la raison, ce n’est pas l’idée qui guide l’aspirant épris d’Allemagne et vexé par une paix humiliante, mais une rage sentimentale qu’il ne maîtrise pas. De là naît l’instinct révolutionnaire, instinct destructeur par essence qui se donne pour seul objectif de renverser l’ordre établi, y compris l’ordre intérieur, spirituel et moral, de celui qu’il anime. Il s’agit d’éprouver le monde en s’éprouvant soi-même, d’expérimenter avant de prétendre connaître.  

Le mouvement avant toute autre chose, l’action tous azimuts apparaissent comme les seules voies du salut, l’unique conviction de cette génération frustrée étant celle que rien de bon ne pourra surgir de l’ère du parlementarisme et de la bourgeoisie régnante. Peut-être ne le comprend-il pas encore, mais c’est contre l’immobilisme de la pensée systématique, qu’elle soit libérale ou marxiste, qu’il importe de lutter. Et si nous parlons de salut, il ne s’agit pas uniquement d’un salut collectif dans la restauration de la grandeur allemande. La guerre, puis la défaite et les conditions de la paix ont comme détruit moralement l’individu. Le mouvement est donc la condition de la survie de chacun, une tentative vitale de retrouver du sens : « Dans l’attaque nous espérions trouver une délivrance, une suprême exaltation de nos forces ; nous espérions être confirmés dans la conviction d’être à la hauteur de tout destin, nous espérions sentir en nous les véritables valeurs du monde. Nous marchions, nourris par d’autres certitudes que celles qui pouvaient valoir pour notre pays. » Des lignes qui rejoignent celles de La guerre comme expérience intérieure d’Ernst Jünger et montrent à quel point l’esprit de revanche anime les individus et fabrique des guerriers plutôt que des soldats, des hommes affranchis plutôt que des fonctions révocables.

C’est là l’expression d’une folie impatiente, d’une folie amoureuse. Refuser l’immobilisme, sans cesse se mettre en péril comme on se remet en question, c’est le signe de ce que la révolution nationaliste rejette l’amour platonique d’une idée. Parce que la nation tant aimée a été perdue, il convient de la conquérir à nouveau, d’en occuper les frontières comme on épouse les replis, et non pas de la séduire. Pourtant vient un moment où l’acte ne suffit plus à nourrir l’espérance. La violence exalte peut-être autant qu’elle détruit celui qui la subit comme celui qui l’exerce. « Nous avions allumé un bûcher où il n’y avait pas que des objets inanimés qui brûlaient : nos espoirs, nos aspirations y brûlaient aussi, les lois de la bourgeoisie, les valeurs du monde civilisé, tout y brûlait, les derniers restes du vocabulaire et de la croyance aux choses et aux idées de ce temps, tout ce bric-à-brac poussiéreux qui traînait encore dans nos cœurs », avoue l’auteur. L’idéal s’annihile, l’idéaliste tend vers le nihilisme. La fatalité de plus en plus évidente oblige le guerrier à considérer à nouveau ses aspirations, ou à mourir d’avoir consumé tout ce qui habitait son cœur. Pour survivre, il faut projeter de nouveau un idéal, tailler une alternative dans l’étendard terni que l’on brandit encore sans y croire. Le mouvement devient une coquille vide qui ne demande qu’à être remplie par une production de l’esprit, l’expérience est vaine sans la connaissance. Il ne s’agit plus seulement de se mouvoir pour survivre, mais de savoir dans quel sens se mouvoir, et dans quel but. Alors, la passion révolutionnaire, se souvenant qu’elle était née de la réaction, se propose un but conservateur audacieux.

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Intellectuel et violent : le jaillissement de l’esprit

L’enchevêtrement permanent des considérations collectives et individuelles dans l’œuvre en fait un parfait portrait psychologique du révolutionnaire, du militant au sens strict (c’est-à-dire aux méthodes militaires). Mais dans la lutte politique de l’immédiat après-guerre, c’est d’abord le jeune Ernst von Salomon qui se révèle à lui-même, intellectuel et violent, bien plutôt qu’une idée qui avance. À ses débuts, la volonté politique de l’auteur et de ses complices est au mieux une quête, une volonté de retrouver des repères dans le brouillard de la crise ambiante, plus qu’une véritable velléité. Mais si la simple réflexion n’est pas au départ de cette quête, c’est un symptôme de ce que l’idéal allemand de la Révolution conservatrice naissante n’est pas purement philosophique. Il est plus englobant, plus total : c’est une « vision-du-monde » (Weltanschauung) certes imprégnée de philosophie, digérée par l’intellect, mais aussi concrètement éprouvée, viscérale. Cette vision du monde se nourrit autant de la pensée que de la volonté et se livre sous les traits du sentiment en des termes lyriques, oniriques, suggestifs ou allégoriques qui défient les jargons et les découpages conceptuels rationalistes. Style emblématique de la Révolution conservatrice allemande que l’on retrouve aussi bien sous la plume d’Ernst Jünger ou de Carl Schmitt, et qui vise à suggérer, toucher, projeter plutôt qu’à simplement exposer. Car le réprouvé qu’incarne Salomon n’est pas un homme de salon. Il n’éprouve pas non plus la connaissance, chez lui, l’expérience prime. Le ressenti du jeune homme précède sa formation intellectuelle et sa conscience métapolitique. Ce n’est qu’en écrivant qu’il recherche la vérité de valeurs éternelles dans l’extrémité des expériences vécues, pour muer l’expérience en connaissance. Pour la surélever, l’ériger au rang de l’utile et de l’accessible à tous, alors l’œuvre prend son sens. 

On retrouve ici une expression magnifique du paradoxe de la pensée révolutionnaire conservatrice, moderne parmi les anti-modernes en ce qu’elle se propose de retourner la modernité contre elle-même, mais aussi et surtout en ce qu’elle peut sembler accorder la priorité à l’action, l’impulsion naissant du domaine du sensible et non de celui des idées. Ce qui ne s’éprouve pas n’est que tergiversation bourgeoise, comme semble le suggérer l’un des camarades d’Ernst von Salomon à qui l’ouvrage de Walter Ratheneau — assassiné avec la complicité de notre auteur par l’Organisation Consul — intitulé Des choses futures n’inspire que ce commentaire lapidaire : « Tant d’étincelles et si peu de dynamite. » Primat dont le naufrage est admis par Salomon lui-même, lorsqu’il avoue avec dépit que les considérations de la haute politique font des corps francs des idiots utiles au service des intérêts étrangers. Et la volonté d’agir envers et contre tout dans une fuite en avant permanente ne semble épargner que ceux qui, comme lui, se trouvent capables de sublimer l’action par la pensée et en extraire un peu de vérité, éclaircir une vision du monde, se proposer un but. La folie révolutionnaire, pulsion anarchique et déraisonnable, est comme canalisée, équilibrée par l’instinct conservateur qui appelle une plus grande sagesse et un effort de conceptualisation indispensable.

Mais cet équilibre, Salomon ne le trouvera cependant pas, bien qu’il en ait l’intuition, avant sa sortie de prison. Encore trop brûlant, trop extrême dans sa volonté d’agir à tout prix, jusqu’au crime, jusqu’à une damnation qu’il ne semble même pas craindre. Les réprouvés sont des éconduits que la gifle de l’histoire a jetés dans les bras du démon, des marginaux que l’exclusion détruira pour les plus faibles, confortera dans une citadelle assiégée pour les autres. Peu avant sa mort, plus de 40 années après la publication des Réprouvés, il confesse s’être réellement interrogé sur le sens de son action lors de sa seconde détention, après laquelle il épouse pleinement le mouvement de la révolution conservatrice en amorçant pour de bon la « révolution de l’esprit » déjà évoquée et présente en germe dans son oeuvre. C’est-à-dire un travail de redéfinition des concepts, à l’image de celui des encyclopédistes français du XVIIIème siècle, précurseurs présumés de la Révolution française. Mais comme si la tension entre connaissance et expérience était fondamentalement indépassable, l’histoire confrontera ce travail, cette connaissance, à l’expérience du politique et le fera dépérir par le détournement idéologique et politicien du national-socialisme.

samedi, 08 octobre 2016

Olivier Zajec ou la géopolitique au présent

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Olivier Zajec ou la géopolitique au présent

Comprendre le monde actuel au prisme de la géopolitique avec Olivier Zajec

Présenté comme une modeste introduction à la géopolitique, le livre d’Olivier Zajec est beaucoup plus que cela. Si ce n’est pas une encyclopédie de la géopolitique qui nécessiterait plusieurs volumes, c’est une très solide introduction à toutes les questions essentielles de ce domaine de la pensée.

Introduction-à-lanalyse-géopoltique-Olivier-Zajec.jpgQu’est-ce que la géopolitique ? Commençons par éliminer ce qu’elle n’est pas. Ce n’est pas une théorie des relations internationales parmi d’autres. Ce n’est pas non plus ce qui prend la place de la théorie des relations internationales. Disons le brutalement : la géopolitique ne dispense pas de lire Pierre Renouvin. La géopolitique est bien plutôt ce qui vient en amont. C’est la prise en compte des dimensions spatiales des relations internationales, et donc des politiques internationales. Par dimension spatiale, on entend non seulement les dimensions géométriques, mais les caractères de cet espace : habitable, hostile, fertile, aride, contrôlant ou pas les accès à l’eau, montagneux, symbolique, sacré, etc. En d’autres termes, on pourrait dire que la géopolitique est « la question cardinale de la structure spatiale du droit des gens ». (Carl Schmitt).

L’espace n’est pas neutre, c’est une agglomération historico-géographique  de lieux. Exemple : qu’est-ce que le Kosovo ? Un territoire guère plus grand (11 000 km2) que le département de la Dordogne (9 000 km2), et sans accès à la mer. Mais c’est à divers égards une patrie originelle de la Serbie. Il y a un fort enjeu symbolique pour les Serbes.

La géopolitique n’est pas une science, note Olivier Zajec. Elle n’est pas pour autant une idéologie. Elle est une série ordonnée de connaissances objectives. L’analyse géopolitique s’appuie sur des outils et des méthodes. Mais plusieurs types d’objectivité existent en parallèle. C’est pourquoi aucune analyse géopolitique ne peut aboutir à des préconisations de politiques internationales incontestables. L’analyse géopolitique reste par nature ouverte. Elle ne dispense pas les politiques de choisir. Elle indique des tendances, elle indique des fourchettes de risque. C’est beaucoup. Mais cela ne supplée pas à la décision.  En d’autres termes, la guerre peut être une fuite en avant, mais l’inaction peut aussi être une fuite en avant dans l’abdication de toute souveraineté. Il peut y avoir une surenchère dans l’agressivité, mais il peut y avoir une surenchère dans le renoncement. Cela peut concerner la géopolitique comme la géodémographie, qui en est une des branches.

Si la géopolitique s’appuie sur des arguments objectifs et rationnels, elle est traversée par des rivalités de rationalités. La nation-ethnie ou la nation-Etat, la logique des grands espaces ou la logique capétienne ont toute leur rationalité. Mais elles sont différentes. C’est pourquoi il y a non seulement une géopolitique par grands pays (Allemagne, France, Etats-Unis, Chine…) mais une pluralité de la géopolitique dans chacun même de ces grands pays. Chacun sait qu’aux Etats-Unis, il y a à la fois une tendance isolationniste, privilégiant le continent américain, et une tendance à un interventionnisme mondial, incarnée en ce moment par une Hillary Clinton. De même, chaque observateur sérieux sait que la géopolitique de Carl Schmitt dans les années trente et quarante n’était pas du tout la même que celle du NSDAP.

Pearl Harbour et la mappemonde de F-D Roosevelt

« Je vous demande d’étaler devant vous une mappemonde » disait le président Franklin D. Roosevelt quelques semaines après Pearl Harbour.  Effectivement, il faut toujours commencer par cela. Masses continentales, espaces maritimes, lignes de communication, sources de matières premières, masses démographiques, c’est le ba-ba de la géopolitique.

Non seulement la géopolitique n’est pas une idéologie mais elle prime sur celles-ci. « Ce sont les intérêts, et non les idées, qui déterminent directement les actions des hommes » écrivait Max Weber. Hitler était furieusement anticommuniste mais il n’aurait sans doute pas déclaré la guerre à une Argentine communiste. Il cherchait la domination à l’est, et donc l’asservissement de la Russie, quel que soit son régime.

Sans être idéologique, la géopolitique comporte d’évidents enjeux en termes de reconnaissance de soi par soi et par les autres. Ce sont des enjeux narcissiques toujours liés aux enjeux de puissance, qu’elle soit militaire ou économique.  C’est le cas de la Bolivie ayant perdu sa façade maritime depuis la guerre de 1879, de la Serbie depuis l’indépendance du Monténégro en 2006, de l’Ethiopie depuis l’indépendance de l’Erythrée en 1993 et donc la perte de l’accès à la mer pour Addis-Abeba.

Quant à l’Irak, lui accorder les iles de Warbah et Boubiyan pour élargir ainsi son accès à la mer n’aurait-il pas été une solution pour éviter l’invasion du Koweït, même s’il n’est pas douteux qu’il y avait aussi pour les Irakiens un enjeu symbolique, le Koweït étant ce qu’ils appellent la 19e province de l’Irak ?

***

Etats, empires, fédérations : les acteurs de la géopolitique sont pluriels. Mais il faut aussi compter avec les peuples, qu’ils soient sans Etats (Kurdistan, de moins en moins sans Etat du reste), ou sans vrai territoire (la Palestine dont les bouts épars de terrain ne forment pas un territoire défendable), voire à cheval entre deux Etats (Cachemire). Sans oublier les peuples mal à l’aise dans leur Etat (Québec dans le Canada, Corse dans la France ?).

L’analyse géopolitique peut-elle s’appliquer aux civilisations ? Peut-on raisonner en termes d’alliances – ou de choc – de civilisations ? Samuel Huntington a avancé une théorie, du reste beaucoup moins sommaire que la façon dont elle a été présentée. Le problème est que le degré d’unité et de réalité des notions de civilisations, par exemple d’Occident et d’Islam, reste à penser. Quelle unité entre l’Islam chiite iranien pro-russe et pro-eurasien et l’Islam sunnite jordanien pro-anglo-saxon ?  Il est clair qu’il n’y a pas de parenté d’orientation géopolitique mais bien plutôt une divergence de fond. On observera d’un autre côté qu’un musulman reste culturellement un musulman. On remarquera aussi que, malgré la fine opposition due à la Nouvelle droite entre l’Occident comme déclin et l’Europe comme projet de puissance, un Européen, quitte à être amener à s’éloigner de l’Europe, préfère généralement aller vivre aux Etats-Unis plutôt qu’au Yémen. Cela n’est pas douteux et c’est un fait de culture. Mais cela ne fait pas un projet géopolitique commun.

On observera aussi que la communauté de foi n’a pas empêché la scission entre Pakistan oriental et Pakistan occidental en 1971. Dans la géopolitique, de nombreux facteurs interfèrent et se hiérarchisent différemment selon les pays et les époques. D’où la différence des préconisations d’orientation géopolitique qui, répétons-le, ne constituent jamais une science. D’autant que les représentations du monde ne sont jamais loin de la géopolitique.

« Plutôt mourir en Européen que pourrir en Américain », a écrit Karl Haushofer. Les flux de biens, d’argent, de population mais aussi d’idées font partie de la géopolitique. « Nous avons l’intention d’être aimable envers tous […] Mais, tout aussi important, nous aspirons à rester nous-même ». disait récemment le premier ministre de Singapour.

article paru dans Polemia.com

Olivier Zajec, Introduction à l’analyse géopolitique. Histoire, outils, méthodes, éditions du Rocher, 248 pages, 17,90 €

Oliver Cromwell: un surdoué halluciné autant que criminel

Oliver Cromwell offre à l’observateur un type de chef d’État – chef de guerre, fou de dieu, différent de la plupart de ses confrères : c’est un halluciné.

Orphelin de père à 18 ans, Cromwell est un petit propriétaire terrien du Pays de Galles perpétuellement désargenté, ce dont il ne se soucie guère. Très attaché à sa mère, à son épouse et à leurs 9 enfants (dont 7 parviennent à l’âge adulte, ce qui est une proportion remarquable pour l’époque), il passe ses heures de loisir à fréquenter la Bible, singulièrement l’Ancien Testament.

En 1620, âgé de 21 ans, il perçoit ses premières hallucinations auditives et visuelles, à tonalité franchement mystique. En médecine, le terme d’hallucination ne s’emploie que dans le cas où la victime est fermement convaincue de la réalité de ses visions.

Chez lui, les accès surviennent de façon aléatoire, irrégulièrement espacés, sans facteur caractéristique. La répétition des hallucinations lui fait progressivement croire qu’il est appelé par la divinité à remplir une mission particulière. Vers 1640, cette conviction est solidement ancrée.

C’est un homme peu instruit. Sa connaissance du latin, la langue diplomatique de l’époque, sera toujours pitoyable. Médiocre orateur, il se contente d’être un obscur député aux Communes durant les années 1628-29, puis, à compter de 1640, quand le Parlement est de nouveau réuni après 11 années de despotisme royal. La révolution anglaise de 1642 lui offre l’occasion de révéler ses dons de chef de guerre.

Fort méticuleux, il prend un soin extrême de l’armement et du ravitaillement de ses hommes, chez lesquels il fait régner une très stricte discipline. Il est difficile d’apprécier son sens tactique : ses adversaires, les « Cavaliers » du parti royal, sont tellement stupides et indisciplinés qu’ils offrent des victoires faciles aux « Têtes rondes » du Parlement.

Chargé de réprimer « l’insurrection papiste » d’Irlande, en 1649-50, il se montre effroyablement sectaire et fort sanguinaire, exterminant systématiquement les combattants ennemis, mais aussi une partie de la population désarmée : son action préfigure celle des « colonnes infernales » de Turreau en Vendée, à ceci près que le génocide irlandais de Cromwell est perpétré au nom du dieu d’amour.

À 53 ans, il devient le maître absolu de la Grande-Bretagne, sous l’appellation de Lord Protecteur d’Angleterre, d’Écosse et d’Irlande, cumulant tous les pouvoirs, même celui d’inspirer le dogme religieux. Il méprise ouvertement les juristes et viole perpétuellement la Constitution qu’il a fait adopter en décembre 1653 pour satisfaire le légalisme de ses partisans. De la même façon, il n’aime guère les parlementaires qu’il a laissés se gaver de terres et de biens mobiliers arrachés aux royalistes, au clergé anglican et aux papistes.

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Officiellement, l’inspiration divine lui dicte sa politique et cet argument, répété à longueur d’années, paraît bon à ses administrés après qu’il a exterminé l’opposition des « niveleurs ». Seul le Lord Protecteur connaît les desseins de dieu : une grande partie de la population britannique en est convaincue, l’autre partie se tait par prudence.

Lui-même est austère et parfaitement désintéressé ; il ne se gave que de ses « voix ». À l’étranger, on le craint chez les catholiques, on le vénère chez les protestants. Il parle constamment de paix et jette l’Europe dans la guerre générale. C’est le prototype du dictateur de droit divin, qui rend à sa divinité son esprit halluciné le 3 septembre 1658, au plus fort d’une tempête d’intensité exceptionnelle.

On dispose de trop peu d’éléments cliniques pour affirmer la nature des troubles psychiatriques d’Oliver Cromwell. L’importance de ses hallucinations, leur tonalité mystique et leur début précoce pourraient orienter vers le diagnostic de paraphrénie, une variété (controversée) de psychose hallucinatoire chronique. L’hypothèse d’une épilepsie limbique (suivant la dénomination ancienne) temporale n’est pas à écarter, même si elle est peu probable : l’homme avait une vie sexuelle assez riche et n’a jamais présenté d’autres signes de cette variété d’épilepsie.

Quelle que soit l’origine de ses hallucinations, il est parvenu à faire adhérer la masse de ses partisans à son délire, en dépit de talents oratoires fort médiocres. La réussite du chef de guerre a emporté la conviction de lecteurs assidus de l’Ancien Testament, un ensemble de textes où l’être heureux dans ses réalisations est réputé béni de Dieu. C’est un exemple de fou de dieu, grand exterminateur d’ennemis. Le mysticisme dévoyé mène volontiers au crime de masse.

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A propos de l'auteur

Bernard Plouvier

Ancien chef de service hospitalier, spécialisé en Méde­cine interne.Il est auteur de nombreux livres historiques (L’énigme Roosevelt, faux naïf et vrai machiavel ; La ténébreuse affaire Dreyfus ; Hitler, une biographie médicale et politique ; Dictionnaire de la Révolution française,…) et d'essais (Réflexions sur le Pouvoir. De Nietzsche à la Mondialisation ; Le XXIe siècle ou la tentation cosmopolite ; Le devoir d’insurrection,…). Il a été élu membre de l’Académie des Sciences de New York en mai 1980.

Zestien hoge Duitse rechters: Merkel breekt grondwet met massa immigratie

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Zestien hoge Duitse rechters: Merkel breekt grondwet met massa immigratie

In ‘De Staat in de Vluchtelingencrisis’ wordt gesteld dat de bondskanselier een ‘staatsgreep’ heeft gepleegd en zichzelf tot ‘alleenheerser’ heeft gemaakt

‘De regering mag niet de identiteit van het volk, waar zij haar identiteit aan te danken heeft, structureel veranderen’

SPD wil na verkiezingen volgend jaar ultralinkse rood-rood-groene coalitie vormen


Bondskanselier Merkel kan met haar eenzijdige besluiten met recht een nieuwe Reichskanzler worden genoemd, net als haar illustere voorganger Adolf Hitler, die op vergelijkbare wijze stap voor stap de macht van het volk buiten werking stelde.

De almaar aanzwellende kritiek op haar ‘Wir Schaffen Das’ welkomsbeleid wimpelt Angela Merkel tot nu toe af als onbetekenend. Analisten vragen zich af of ze dat blijft doen nu 16 van Duitslands hoogste gerenommeerde rechters in het boek ‘De Staat in de Vluchtelingencrisis’ stellen dat de bondskanselier met haar immigratiebeleid op werkelijk alle punten de Duitse grondwet breekt. ‘Angela Merkel heeft het geldende recht feitelijk buiten werking gesteld,’ staat reeds in het voorwoord. ‘Het volk is de stille getuige van de afbraak van zijn collectieve identiteit,’ en de ‘door de staat gefinancierde media praten enkel de officiële koers na.’

‘Staatsgreep van boven’

Als gezaghebbende Duitse staats- en grondwetrechters, waaronder een rechter die tot het hoogste Grondwettelijke Hof behoort, Angela Merkel beschuldigen van een oneindig lange reeks wetsovertredingen, dan kan niemand meer ontkennen dat er bij onze Oosterburen iets zeer ernstigs gaande is. De opstellers van het boek hebben het zelfs over een ‘coup van boven’, een door de bondskanselier en haar vertrouwelingen zelf gepleegde staatsgreep – misschien wel het allerergste verwijt dat je als regeringsleider door rechters voor de voeten kan worden gegooid.

‘Lawine immigranten zal samenleving mee naar ondergang sleuren’

Met hun vertwijfelende oproep doen staatsrechters zoals professor Peter Huber (Grondwettelijke Hof) en professor Otto Depenheuer (Universiteit Köln) een appel op de elite om ‘nu het nog relatief rustig is’ de wissels voor immigratie om te zetten. Gebeurt dat niet, dan zal de ongecontroleerde ontwikkeling ‘tot een lawine’ uitgroeien die zowel de staat als de samenleving ‘met zich mee zal sleuren’ naar de ondergang, waardoor de rechtstaat totaal zal verdwijnen.

Dat dit geen rechtse complottheorie is, bewijst de regering Merkel met recent aangekondigde maatregelen en acties, zoals het binnenlands willen inzetten van het Duitse leger, de oproep aan alle burgers om een noodvoorraad aan te leggen, en de plannen om mogelijk al spoedig een verbod uit te vaardigen op het gebruik van contant geld.

‘Regering mag identiteit van het volk niet veranderen’

De rechtstaat is volgens de 16 rechters dankzij de migrantencrisis ‘aan het verdampen’, en daar is Angela Merkel de belangrijkste verantwoordelijke voor. ‘Het besluit van de bondskanselier om de grenzen voor iedereen open te houden, heeft geen democratische legitimiteit. De regering mag niet de identiteit van het volk, waar zij haar identiteit aan te danken heeft, structureel veranderen.’

‘Merkel heeft zichzelf tot alleenheerser gemaakt’

‘Nu Merkel zonder het volk te consulteren besluiten heeft gemaakt waarmee zowel de identiteit van het volk als het karakter van de nationale staat van dit volk ernstig wordt beschadigd, heeft ze zichzelf tot alleenheerser gemaakt. Dat is niet verenigbaar met het principe van de soevereiniteit van het volk.’ (1)

Censuur

Auteur en onderzoeksjournalist Udo Ulfkotte vraagt zich hardop af hoelang dit boek in de Duitse winkels zal liggen, aangezien de regering Merkel sinds vorig jaar op steeds hardere en strengere wijze censuur pleegt op alle media, en zelfs al bloggers heeft laten arresteren omdat ze zich openlijk uitspraken tegen haar massale moslim migranteninvasie van Duitsland en Europa.

SPD wil rood-rood-groene coalitie

Dat het bij onze Oosterburen na de verkiezingen van volgend jaar juist nog sneller richting afgrond kan gaan, blijkt uit het feit dat regeringspartij SPD (de Duitse PvdA) gesprekken voert met de Linken en Grünen voor de vorming van een zogeheten ‘rood-rood-groene’ coalitie, bedoeld om het CDU van Merkel buitenspel te zetten (2).

Wij verwachten dat die coalitie geen meerderheid zal behalen, maar alsnog met het CDU zal worden aangevuld, en er dus een ‘zwart-rood-groene’ coalitie ontstaat, die ons continent nog sneller zal islamiseren door het te overspoelen met miljoenen moslims.

Xander

(1) KOPP
(2) Focus

America’s Longest War Gets Longer

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America’s Longest War Gets Longer

America was furious after the bloody 9/11 attacks. The Bush administration had been caught sleeping on guard duty. Many Americans believed 9/11 was an inside job by pro-war neocons.

Afghanistan was picked as the target of US vengeance even though the 9/11 attacks were hatched (if in fact done from abroad) in Germany and Spain. The suicide attackers made clear their kamikaze mission was to punish the US for ‘occupying’ the holy land of Saudi Arabia,  and for Washington’s open-ended support of Israel in its occupation of Palestine.

This rational was quickly obscured by the Bush administration that claimed the 9/11 attackers, most of whom were Saudis, were motivated by hatred of American ‘values’ and ‘freedoms.’ This nonsense planted the seeds of the rising tide of Islamophobia that we see today and the faux ‘war on terror.’

An anti-communist jihadi, Osama bin Laden, was inflated and demonized into America’s Great Satan. The supposed  ‘terrorist training camps’ in Afghanistan were, as I saw with my eyes, camps where Pakistani intelligence trained jihadis to fight in India-occupied Kashmir.

Afghanistan, remote, bleak and mountainous, was rightly known as ‘the graveyard of empires.’ These included Alexander the Great, Genghis Khan, Timur, the Moguls, and Sikhs. The British Empire  invaded Afghanistan three times in the 19th century. The Soviet Union, world’s greatest land power, invaded in 1979, seeking a corridor to the Arabian Sea and Gulf.

All were defeated by the fierce Pashtun warrior tribes of the Hindu Kush.  But the fool George W. Bush rushed in where angels feared to tread, in a futile attempt to conquer an unconquerable people for whom war was their favorite pastime. I was with the Afghan mujahidin when fighting the Soviet occupation in the 1980’s, and again the newly-formed Taliban in the early 1990’s. As I wrote in my book on this subject, ‘War at the Top of the World,’ the Pashtun warriors were the bravest men I’d ever seen.  They had only ancient weapons but possessed boundless courage.

During the 2001 US invasion, the Americans allied themselves to the heroin and opium-dealing Tajik Northern Alliance, to former Communist allies of the Soviets, and to the northern Uzbeks, blood foes of the Pashtun and former Soviet Communist allies.

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Taliban, which had absolutely nothing to do with 9/11, had shut down 90% of Afghanistan’s heroin and opium trade. The US-allied Northern Alliance restored it, making Afghanistan again the world’s leading supplier of heroin and opium. US occupation forces, backed by immense tactical airpower, allied themselves with the most criminal elements in Afghanistan and installed a puppet regime of CIA assets. The old Communist secret police, notorious for their record of torture and atrocities, was kept in power by CIA to fight Taliban.

Last week, Washington’s Special Inspector General for Afghan Relief (SIGAR) issued a totally damning report showing how mass corruption, bribery, payoffs and drug money had fatally undermined US efforts to build a viable Afghan society.  

What’s more, without 24/7 US air cover, Washington’s yes-men in Kabul would be quickly swept away. The Afghan Army and police have no loyalty to the regime; they fight only for the Yankee dollar. Like Baghdad, Kabul is a US-guarded island in a sea of animosity.

A report by Global Research has estimated the 15-year Afghan War and the Iraq War had cost the US $6 trillion. Small wonder when gasoline trucked up to Afghanistan from Pakistan’s coast it costs the Pentagon $400 per gallon. Some estimates put the war  cost at $33,000 per citizen. But Americans do not pay this cost through a special war tax, as it should be. Bush ordered the total costs of the Iraq and Afghan wars be concealed in the national debt.

Officially, 2,216 American soldiers have died in Afghanistan and 20,049 were seriously wounded. Some 1,173 US mercenaries have also been killed. Large numbers of US financed mercenaries still remain in Afghanistan and Iraq.

Noble Peace Prize winner Barack Obama promised to withdraw nearly all US troops from Afghanistan by 2016.

Instead, more US troops are on the way to protect the Kabul  puppet regime from its own people. Taliban and its dozen-odd allied resistance movements (‘terrorists’ in Pentagon-speak faithfully parroted by the US media) are steadily gaining territory and followers.

Last week, the US dragooned NATO and other satrap states to a ‘voluntary’ donor conference for Afghanistan where they had to cough up another $15.2 billion and likely send some more troops to this hopeless conflict.  Washington cannot bear to admit defeat by tiny Afghanistan or see this strategic nation fall into China’s sphere.

Ominously, the US is encouraging India to play a much larger role in Afghanistan, thus planting the seeds of a dangerous Pakistani-Indian-Chinese confrontation there.

There was no mention of the 800lb gorilla in the conference room: Afghanistan’s role as the world’s by now largest heroin/opium/morphine producer – all under the proud auspices of the United States government. The new US president will inherit this embarrassing problem.

vendredi, 07 octobre 2016

Glossaire.dde : l’affectivisme (-postmoderne)

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Glossaire.dde : l’affectivisme (-postmoderne)

Ex: http://www.dedefensa.org

5 octobre 2016 – Nous reprenons pour ce Glossaire.dde un ensemble d’éléments déjà utilisés dans deux textes précédents principalement (du 11 juin 2012 et du 7 septembre 2015), en les assortissant de commentaires nouveaux et de présentations en évolution, pour installer le concept concerné dans le cadre plus large et la perspective fondamentale qu'il mérite. Il s’agit du concept anciennement baptisé “affectivité” et heureusement rebaptisé “affectivisme” (*).

Nous estimons que ce concept est aujourd’hui le plus important pour exposer, sinon expliquer le fonctionnement et surtout la forme étrange de ce que l’on nommerait la “vie politique” générale, globalisée essentiellement à partir de l’activité du bloc-BAO et caractérisant ce qu’on a coutume de nommer “relations internationales”. (L’expression “vie politique” peine naturellement à rendre compte des conditions extraordinaires régnant aujourd’hui dans ce domaine général, parce que ce domaine est désormais totalement dépourvu de la cohérence rationnelle qui le définit en grande partie, selon la conception traditionnelle. Il faut donc entendre l’expression avec cette réserve fondamentale, qui est justement la marque de l’irruption irrésistible de l’affectivisme.) Les deux textes qui nous servent de références initiales (11 juin 2012 et 7 septembre 2015) marquent justement la progression opérationnelle fulgurante de l’invasion de la pseudo-“vie politique” générale par ce concept : en quatre années à peu près, l’affectivisme a totalement phagocyté cette pseudo-“vie politique” ; on mesurera alors combien la situation d’octobre 2016 est différente de celle de septembre 2015 et de celle de juin 2012. Pour autant, avec la crise de l’américanisme déclenchée et illustrée à la fois par l’élections présidentielle USA-2016 (accompagnée d’un nouveau paroxysme de la crise syrienne), il nous semble qu’on peut considérer que nous avons atteint une situation d’invasion totale de l’affectivisme ; l’on peut alors considérer que nous sommes parvenus au domaine paroxystique ultime du phénomène, à son sommet paroxystique qui est plus un plateau qu’un pic, un plateau dont nous ne connaissons pas la limite mais qui en a une sans aucun doute, qui sera à sa façon le moment de l’effondrement. (Cet accomplissement “globalisé” [pour le bloc-BAO qui est l’acteur central du phénomène] de l’opérationnalisation du concept de l’affectivisme est d’ailleurs la cause principale qui nous pousse à définir décisivement ce concept dans le cadre du Glossaire.dde.)

Nous allons utiliser des éléments des deux textes cités, que nous intégrerons sans distinction particulière (emploi des guillemets, d’un caractère spécifique, etc.) à nos considérations actuelles pour ne pas trop charger le texte d’une forme qui distrait la lecture. Les citations initiales précises et spécifiques des textes initiaux qui seront introduites volontairement d’une façon datée resteront bien entendu signalées par les habituels procédés (guillemets, emploi de l’italique).

Il nous importe d’abord de mettre en évidence le côté “grotesque et aussi sérieux qu’une bulle de savon” selon l’expression employée dans notre chapeau de présentation, parce que c’est un des caractères de ce concept, et notamment un caractère qui permet aux esprits libres qui n’ont pas été infectés par cet pathologie de la psychologie de reconnaître sans la moindre hésitation les traces de l’affectivisme. Nous sommes effectivement dans une époque absolument de tragédie-bouffe, où l’aspect tragique est terrible mais où l’aspect bouffe ne lui cède en rien, en aucune façon. Pour illustrer le second aspect (l’aspect “bouffe”, ou bouffon) sur lequel nous ne reviendrons plus ensuite, nous avons donc choisi de reprendre la circonstance initiale qui déclencha une analyse de remise à jour du concept avec le texte du 7 septembre 2015, dans les termes ironiques soulignant le grotesque de la chose et selon une approche polémique consciemment voulue comme pleine de dérision où nous l’avons écrite (pour ce cas, alors, nous utilisons des guillemets, pour indiquer que nous reprenons volontairement le texte tel qu’en l’état). Il s’agit d’en montrer l’aspect dérisoire, absolument grotesque, voire clownesque, parce que cela aussi fait partie du phénomène d’abaissement de l’esprit qu’implique l’affectivisme. Il n’est de meilleur et plus symbolique sapiens pour illustrer le propos à ce point (“grotesque, voire clownesque”) que le Français, ditto intellectuel-bouffe, alias “nouveau philosophe” bronzé sous le harnais, ad vitam aeternam léonin c’est-à-dire « qui rappelle (physiquement ou moralement) le lion, digne d'un lion », Bernard-Henri Levy, dit-BHL.

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Une circonstance illustrant ce concept

« ... Pour commencer, battez tambours, sonnez trompettes, et Gloire et Honneur à Michel Onfray, le 3 septembre 2015, sur BFM-TV... Pour la séquence, d’abord une image en studio d’une autre émission, avec BHL en image fixe, BHL seul, léonin par rapport au vulgaire et si loin du vulgaire, le regard au lointain qui voit le sort du monde, Statue du Commandeur d’une élégance inévitable ; la voix “off”, du pur-BHL dans le genre tragiquement-calme, mais humanitaire-hein, discourant à propos de la photo du petit garçon syrien trouvé mort sur une plage de Turquie ; des propos comme sur une tartine à la gelée royale, chargée de lieux communs délicieux, à propos de ces “images” qui “secouent le monde”, ou bien qui ont “l’étrange vertu” de “réveiller la conscience universelle”, “la mort d’un enfant”, “atroce” (on cite à vue de nez et d’une oreille un peu bouchée)... Puis, question à Onfray de l’aimable présentatrice : « Pour une fois, vous êtes d’accord ? » ; réponse, toute fureur rentrée, ce qui laisse à Onfray la disposition d’un langage clair et tranchant  :

» — Non non, il a pas honte, il a pas honte, il ferait mieux de rester caché. Vous savez, je pourrais citer Audiard, “les cons ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnaît”, parce que franchement, avec tout ce qu’il advient aujourd’hui il ferait mieux de rester chez lui ... Voilà un monsieur ...

» — Il n’y a vraiment rien qui peut vous mettre d’accord ...

» — Mais enfin, si, peut-être, sérieusement, des choses, mais pas ça... Voilà quelqu’un qui a invité à bombarder la Libye, qui a invité à tuer des Libyens, sous prétexte qu’en tuant des Libyens on rendrait possible la démocratie ... On a détruit un État qui valait ce qu’il valait, mais avec lequel on pouvait discuter, on pouvait discuter avec l’interlocuteur qu’était Kadhafi. Là, on ne peut plus rien à faire avec la Libye, c’est une base extraordinaire pour le terrorisme... Responsable de rien, Bernard-Henri Lévy, il vient de nous expliquer qu’il faudrait ceci, qu’il faudrait cela... D’ailleurs on voit des photos de lui, récemment, où il donne des conseils aux gens qui combattent, etc. ... Donc, il faut juste qu’il y ait un moment donné où il faut un peu de pudeur, tous ces gens qui ont rendu possible cet enfant mort, et Bernard-Henri Lévy en fait partie ...

» — Il est complice ?

» — Oui, évidemment, il est complice, comme d’autres sont complices, les présidents de la République d’hier et d’aujourd’hui, qui défendent exactement la même ligne, et qui disent “oh là là, c’est effrayant cette photo”... C’est effrayant mais ce sont des criminels ces gens-là, leur politique est criminelle, on devrait commencer par arrêter cette politique ... Un chef d’État qui voudrait être un chef d’État dignement, devrait commencer par changer de politique, faire une politique indépendante ...

» Le démon, élégamment habillé d’une chemise d’un blanc éclatant comme l’innocence, ouverte sur un torse bronzé comme la peau tannée d’un vieux loup de terre qui a affronté les plus grands dangers pour sauver les pauvres hères accablés par les tyrans, surmonté d’une chevelure grisonnante du plus heureux effet puisque coiffée par les soins prodigieux des grands vents du Sud de la migration, le démon s’avance, à peine masqué. D’aucuns le nomment BHL, ce qui est à la fois à mourir de rire et à mourir de plaisir.

» Il ne cesse d’éructer, de tonner, de s’emporter. En un sens, il nous avait tous avertis. La Libye, la Syrie, tout cela était assuré. L’innommable Kadhafi jouait déjà de la migration du temps où on le subventionnait grassement, puis vint la “libération de la Libye” dont il (BHL) fut le modeste inspirateur, qui n’a rien provoqué en fait de migration puisque les migrants qui traversent la Méditerranée ne sont pas des Libyens même s’ils viennent de Libye. Les Libyens eux-mêmes, ils sont chez et ils y restent, chez eux, débarrassés du tyran et c’est bien, et ils vont bien conformément aux consignes. Le reste, les politiques n’avaient pas prévu. La Syrie, c’est encore pire ! Tout est de la faute d’Assad, qui n’a pas disparu au printemps 2011 comme il aurait du, et qui est le véritable créateur de Daesh, contrairement à ce qu’affirment les bouffons de la DIA. D’où la fuite précipitée actuelle des Syriens, bien entendu à cause d’Assad, vers l’Europe dont le devoir humanitariste est de tous les accueillir... Ah, si Obama n’avait pas “trahi“, à l’été 2013, lorsqu’on pouvait encore bombarder Assad, Damas et quelques trucs alentour, avec quel profit pour l’humanité ! Tout serait bien rangé aujourd’hui, dans la Syrie démocratique, comme ce l’est dans la Libye démocratique.

» On traduit, on résume, on adapte, on approximative. Avec lui, seul compte l’esprit, la citation précise est inutile, presque obscène dirait-on tant elle suppose un doute quant à la justesse de la pensée. BHL est désincarné, l’être humain ne compte plus, qui s’est sacrifié derrière la dimension globalisante [et hyper-humanisante] qu’il a acquise ; à l’égal, —mais un cran au-dessus, tout de même, – des alchimistes qui transmutaient le vil plomb en or, BHL transmute le lieu commun en parole de Prophète... Il est l’ange-démiurge exceptionnel de cet ouragan de communication qui a saisi l’Europe depuis quelques semaines, et surtout depuis quelques jours. On espère qu’un scribe, un jour, recueillera toutes ses sorties pour l’édification des masses futures, mais uniquement parce qu’elles expriment si bien le récit de la crise européenne, celle de l’Europe désormais plongée dans un déluge, – non, dans le Déluge quasiment biblique, qui la bouleverse et la secoue de fond en comble.

» La Grande Crise de la Migration (GCM) est devenue un nouveau chapitre furieux de la crise européenne qui ne cesse de tordre, de malaxer, de déformer l’Europe et de la soumettre à des tensions inouïes. Mais ce chapitre-là n’est à nul autre pareil dans la pureté chimique de l’ingrédient spirituel qui écrase le reste, – nous avons nommé l’“affectivisme”, déjà bien identifié. Certes, BHL est le grand’maître, le porte-voix de l’“affectivisme”, et nul ne sait s’il en est la victime ou le manipulateur accomplissant son travail de Combattant Suprême surgi de Mordor.

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» Le caractère le plus remarquable de cet épisode extraordinaire de la Grande Crise de la Migration, c’est la mise au grand jour, à ciel ouvert jusqu’au-delà de l’horizon, de cet affectivisme ; d’une manière frappante, extraordinairement éclatante, absolument impérative, tournure de la psychologie qui se suffit totalement à elle-même pour expliquer à la fois la Cause Première et la Fin Dernière de l’aventure, et même pour remplacer Dieu dont l’absentéisme (dans cette aventure) en est une des marques les plus notables. Il faut en effet Le remplacer puisqu’Il n’assume plus [et nous aurons alors mérité du postmodernisme, ayant ainsi contribué à mieux le définir en l’illustrant anecdotiquement] ... Voici donc ce que nous nommons affectivisme alors que nous avions choisi d’abord le terme “affectivité”... Ce néologisme impliquant la constitution d’une forme spécifique de comportement pseudo-intellectuel est bien mieux approprié que le terme “affectivité” qui autorise toutes les confusions avec un phénomène naturellement produit par l’affect, d’abord employé dans ce texte du 11 juin 2012 où nous tentions d’en donner une définition. Ce changement de désignation est du à l’intervention extrêmement pertinente d’un de nos lecteurs, le 10 novembre 2014, concernant ce même texte du 11 juin 2012. (*) C’est sur ce concept d’“affectivisme” que nous voulons concentrer notre attention... »

Opérationnalisation du concept d’affectivisme

Nous prétendons que cette situation de l’affectivisme qu’on peut difficilement qualifier de “politique” répond à une particularité extraordinaire de la psychologie, conditionnant à mesure l’activité de l’esprit, les jugements qu’il en tire et l’action qui en résulte. En 2012, dans le texte cité, nous ne parlions que des réactions à propos de la crise syrienne, ce qui donnait au concept d’“affectivité-devenu-affectivisme” une forme spécifique et une signification limitée ; aujourd’hui le propos est beaucoup plus large. La crise syrienne circa-2012, ajoutée à la crise libyenne, est présente parce que ces deux crises sont le champ de l’interventionnisme militariste compulsif et obsessionnel du bloc-BAO autant que les causes opérationnelles directes et incontestables de cette vague migratoire à partir de 2014-2015 d’une puissance extraordinaire d’une part ; parce qu’elles sont d’autre part et surtout les crises initiales révélatrices de cette forme d’esprit devenu un concept majeur qui doit figurer dans notre Glossaire.dde, d’“affectivité-devenu-affectivisme”. Ces deux crises, surtout la syrienne, ont évolué en un énorme “tourbillon crisique” affectant la partie la plus sensible de la zone du Moyen-Orient, notamment autour du phénomène Daesh ; elles s’inscrivent désormais dans la situation crisique générale du Système dans son sens le plus large, dans son sens métahistorique.

Dans ce tourbillon qui s’institutionnalisme en crise haute s’inscrit également la puissante crise ukrainienne, qui s’est développée depuis le début 2014 avec ce qu’elle a introduit dans l’état d’aggravation permanente de la psychologie produisant l’affectivisme, notamment avec de nouveaux concepts, essentiellement le “déterminisme-narrativiste”. Enfin, depuis la fin 2015 s’inscrit la crise de l’américanisme dite-USA-2016 dont la campagne présidentielle constitue le socle fondamental. La situation est, dans le dernier tiers de l’année 2016, infiniment plus grave qu’en 2012, sur à peu près tous les plans, et notamment et essentiellement pour notre propos sur le plan  de la prolifération absolument affolante de cet affectivisme qui constitue désormais un phénomène métahistorique à part entière, – métahistorique en ce sens qu’il a saisi les sapiens concernés comme une force extérieure et manipulatrice pour d’étranges desseins.

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“L’affectivisme, ça ose tout...” : l’affectivisme règne

Comment définissons-nous l’affectivisme à partir de sa première présentation de 2012 ? Il s’agit du constat de l’effacement complet de la raison en tant qu’outil structurant de l’esprit et de son jugement dans les attitudes politiques des directions du bloc-BAO, d’abord vis-à-vis de la crise syrienne ; puis, très rapidement, ce même phénomène s’étendant dans à peu près toutes les crises qui affectent d’une façon générale tous les pays du bloc BAO. Ce fut clairement le cas des pays européens d’abord, puis des USA eux-mêmes, avec une rapidité extraordinaire pour la Grande République, avec la vigueur et l’importance opérationnelle fondamentales de la crise de l’américanisme des élections présidentielles. Il n’est donc plus question, en vérité, d’attitudes politiques au sens intellectuel de l’expression mais d’attitudes psychologiques engendrant des comportements intellectuels produisant des pseudo-“attitudes politiques”, le phénomène agissant à la fois comme conséquence et cause d’une situation effectivement métahistorique ; c’est-à-dire, ce phénomène suscité par des facteurs nés d’éléments métahistoriques tendant à constituer une situation de cet ordre et agissant à son tour comme détonateur pour accélérer la consolidation de cette situation métahistorique.

Nous parlons bien entendu d’une raison que nous considérons comme subvertie (voir la “raison-subvertie”, dans le Glossaire.dde), donc extraordinairement affaiblie et surtout agissant en complète inversion de son orientation naturelle, sous l’influence du “déchaînement de la Matière” et du Système. Le constat est effectivement que l’effacement d’une raison efficace, une raison “loyale à la perception de la réalité”, ouvre la porte au déferlement de l’affect en termes psychologiques, ou pure affectivité, dans les réactions aux diverses situations de crise qui intéressent directement les esprits concernés, et conduit à une extrême rapidité de la prolifération et de l’opérationnalisation de ces réactions sous la pression de la communication. Cet affect n’est évidemment pas suscité par un plan général et humain de manipulation puisqu’on a vu que la raison, qui seule peut produire humainement de tels plans, est absente dans son rôle habituel de rangement des ambitions et des projets humains.

L’affect prépondérant dans ces réactions est pourtant l’effet d’une manipulation ; il est le produit des intervention innombrables que nous estimons suprahumaines organisant constamment la désintégration de la réalité qui caractérisent le courant de la communication pro-Système ; installé, cet aspect prépondérant joue ensuite comme dans le cas précédent un rôle d’accélérateur. Ainsi sont créées de fausses réalités sous le terme que nous employons souvent de narrative, artefact complètement fabriqué, sans rapport avec ce qui serait la réalité, et dans la manufacture desquels l’affect devenu affectivisme joue un rôle prépondérant. Il s’agit “techniquement” d’une auto-manipulation, ou d’une auto-mésinformation, suscitées par une affectivité qui a complètement pris le dessus dans le fonctionnement de la psychologie, qui affecte l’observation des faits et le jugement selon des normes de type hystérique qu’on “idéologise” pour satisfaire l’apparence rationnelles ; eux-mêmes véhiculées, ces normes, dans la psychologie avant d’être transcrites en “idées” de type-standard et homogénéisées (droits de l’homme, humanitarisme, démocratie, etc.). En aucun cas, ce comportement n’est perçu en conscience et encore moins organisé de cette façon ; il est de nature inconsciente et il s’exprime comme s’il était la nature même de la pensée impliquée. Il n’est l’effet d’aucun calcul, d’aucune manipulation. Il devient la nature même de l’esprit lorsque l’esprit a été absolument subverti et inverti.

En 2012, déjà et bien entendu, nous consacrions un passage à l’importance primordiale du système de la communication dans ce processus. (La “communication ”, pour ce cas étant dans cette situation où elle est au service du Système en général, selon une de ses fonctions-“Janus”.) Aujourd’hui, cette importance de la communication dans le processus que nous décrivons est tout simplement gigantesque, elle-même écrasant et dispersant tout le reste pour régner en maîtresse absolue. La communication sous sa forme remarquablement sophistiquée et complexe de “système” (système de la communication) a introduit des pressions nouvelles d’automatisme qui renforcent l’enfermement, l’emprisonnement de l’esprit, du jugement, et d’abord de la psychologie dans la voie de l’affectivisme. Le principal concept nouveau qui est apparu, avec la crise ukrainienne, est celui du “déterminisme-narrativiste” qui peut vous emmener dans des contrées totalement inexplorées de la narrative la plus grotesque et véritablement fantasmagorique (une sorte d’Alice au Pays des Merveilles en un peu plus sombre, – Alice au Pays des Merveilles Postmodernes/au Pays Postmoderne des Merveilles, c’est selon).

L’absolutisme du concept nous fait penser qu’on pourrait lui appliquer la formule Onfray-Audiard : “le déterminisme-narrativiste ça ose tout, c’est même à ça qu’on le reconnaît”... Il s’agit donc de l’usage massif d’informations déformées, fabriquées, inventées, développées et produites à une cadence très élevée, toujours quasi-inconsciemment quant à la signification intellectuelle et psychologique du processus, pour servir la cause politico-morale qui alimente et donne sa stature apparente à l’affectivisme, pour justifier cette cause, pour lui donner cohérence et apparence de réalité ; il s’agit donc d’une intervention faite sans le moindre esprit critique qui disparaît avec la raison, la rapidité du processus de la communication interdisant toute distance vis-à-vis du soi-disant fait exposé et favorisant exclusivement par conséquent la réaction émotive standard caractérisant l’affectivisme. La profusion de l’emploi des mêmes images, la standardisation des formules conduisant à des réflexes intellectuels de type pavlovien, les réactions d’affectivité devant ce kaléidoscope ultra-rapide des mêmes éléments de communication présentés comme strictement objectifs, etc., tout cela crée cette atmosphère immensément favorable à la réaction affective, et seulement affective, – et, au-delà, installe l’affectivisme comme seul moteur de la pensée, – et ainsi l’affectivisme règne...

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Les étapes de la conquête du territoire de l’affectivisme

Nous écrivions en 2012 que «[c]ette atmosphère agit comme un complément, sinon décisif, dans tous les cas très efficace, pour le phénomène constaté ». Nous dirions, quatre ans plus tard que “cette atmosphère”, c’est-à-dire la communication en soi lorsqu’elle fonctionne favorablement pour le Système (fonction-“Janus”), est devenue une sorte de “monde en soi”, un “monde nouveau”, ou même et plus précisément et justement selon notre propos, un véritable “Nouveau-Monde”. L’image sied parfaitement si l’on veut honorer “Kiev-la-folle” qui est pour beaucoup dans cette évolution, et surtout si l’on veut acclamer la phase américaniste USA-2016 qui présente l’intégration “naturelle” et hystérique de l’affectivisme dans un processus politique général et fondamental, affectant les structures mêmes de la Grande République qui est l’outil numéro un du Système en action ; par conséquent, tout cela nous signalant le caractère universel et totalitaire de l’installation de l’affectivisme dans l’entièreté du domaine du Système.

La communication manipulée par le Système crée un simulacre, une fausse caverne-à-la-Platon dont elle prétend être l’antidote alors qu’elle est elle-même une caverne-à-la-Platon. Les termes du jugement étant fixés une bonne fois (l’ignominie des Russes, Assad-le-bourreau, Trump-Hitler, etc.), le champ est largement ouvert pour les variations affectives excitées par les habituels stimuli (une photo d’un enfant réfugié mort, un quartier d’Alep démoli du fait des bombes-spécifiquement-russes, “petits hommes verts” et “bombes à barillet” employés come images pour faire peur aux enfants le soir, etc.). La pensée se réfugie dans le bonheur douillet de la bonne conscience et du choix vertueux du Bien contre le Mal ; la pensée n’a nul besoin de réfléchir, elle est elle-même un objet complet inerte de réflexion comme l’est un miroir, un miroir où se reflète l’affectivisme.

Nul parmi ceux qui se sont aventurés dans la labyrinthe intellectuel de l’affectivisme n’en peut sortir sans subir des dommages psychologiques épouvantables, jusqu’à des pathologies, et sans aucun doute une sorte d’atonie de l’esprit, une paralysie générale de la pensée qui demande une longue convalescence ou bien s’avère inguérissable. Il s’agit donc beaucoup plus désormais qu’un “complément... dans tous les cas très efficace” comme nous écrivions en 2012, mais au moins d’un “complément décisif”, à un point où il perd cette fonction de “complément” pour devenir le facteur central, quasiment-créateur d’un renouvellement constant de l’affectivisme, comme une sorte de “potion magique” qui serait constamment en action (“Pas pour toi, Obélix, tu es tombé dans la marmite quand tu étais tout petit”).

Nous parlions également dans le même texte de 2012 d’un aspect de “terrorisation” de l’esprit de nos dirigeants, toujours à cause de la faiblesse de leur psychologie. Nous nous référions notamment aux textes du 16 avril 2012 (“LEUR psychologie terrorisée”), et du 18 juin 2012 (reprenant une synthèse du dde.crisis du 10 juin 2012). Cet aspect de “terrorisation” des psychologies des directions politiques est devenu essentiel dans la psychologie des dirigeants politiques, essentiellement des pays du bloc BAO, depuis l’attaque du 11 septembre, et cela quelles qu’aient été les positions des uns et des autres vis-à-vis de cette attaque (y compris, même, s’il y a participation à un processus ou l’autre favorisant cette attaque, dans le cas de l’organisation des attentats 9/11 ou de la connaissance de l’organisation de ces attentats). Nous parlons là d’un processus affectant la psychologie, échappant à la maîtrise de l’esprit, et il y aurait donc dans certains cas une sorte d’“auto-terrorisation”... Le résultat de cette situation de “terrorisation” de la psychologie qui n’a cessé de s’affirmer depuis que nous l’avons identifiée est une dégradation extraordinairement accélérée des capacités d’une raison déjà largement subvertie par l’influence du Système. La raison subvertie et extrêmement dégradée n’est plus qu’un “outil technique” au service de l’affectivisme (au service du Système par conséquent, par délégation) pour construire la “narrative” et organiser l’action à l’intérieur de cette “narrative” ; et même, dans le chef de cette même raison réduite au rôle d’“outil utile” comme on dit “idiot utile”, organiser la dissimulation de sa propre subversion et de sa propre dégradation...

Les évènements jouent bien entendu un rôle considérable, d’autant qu’ils sont pour l’essentiel profondément “dramatisés” en montages fantasmagoriques par le système de la communication agissant au nom du Système dans ce cas. Ils accélèrent cette dégradation de la raison, de l’esprit en général, de la politique qui en est le produit. Ils mettent en lumière, par eux-mêmes, les effets des réactions catastrophiques d’une raison ainsi dégradée suscitant des politiques à mesure, et laissant la place au plus bas des composant de l’activité psychique générale, qui est l’affectivité. (L’affectivité n’est pas sans valeur... Mais ce qu’il y a de réelle valeur en elle, lorsque cela est reconnu et identifié, fait que l’affectivisme ne l’est alors plus, que la raison qui ne serait alors pas subvertie mais transmutée par l’intuition haute qui lui donne noblesse, substance et inspiration sublime, prend le dessus. Ce n’est bien entendu pas le cas dans notre situation, mais absolument, complètement une complète inversion à cet égard.) Cette situation générale est appuyée sur l’idéologie maximaliste, absolue, nihiliste qui est la marque absolument totalitaire que le Système impose à toutes nos activités aujourd’hui ; l’idéologie pour elle-même, qui est l’extrême et le cul de sac à la fois d’une chose (l’idéologie), qui est dans ce cas une construction de l’affectivité pour faire accepter sous le couvert de la raison et d’un habillage d’une belle apparence logique ou morale, une politique absolument pervertie. Résumons : l’idéologie de l’affectivisme, ou la complète perversion de la politique par l’affectivité.

Les évènements, essentiellement depuis 2008 et la crise financière après l’épisode 9/11, ont effectivement joué ce rôle “considérable” dans la formation de l’affectivisme, notamment avec des caractères de vitesse, d’accumulation, de vélocité, d’incapacité complète à être pris sous contrôle et d’une tournure telle que des raisons déjà sous l’emprise de l’affectivisme sont totalement incapables d’en saisir la signification profonde, ni même la nécessité de tenter une telle recherche de compréhension. Il y a eu les évènements durant le “printemps arabe”, conduisant à un développement extraordinaire du terrorisme jusqu’à prendre des formes inusitées (Daesh) selon l’activisme complètement désordonné et déjà marqué par l’affectivisme des directions du bloc BAO ; il y a eu les caractères extraordinaires du point de vue de la communication et de ses effets sur la psychologie de la crise ukrainienne, conduisant à la nécessité de la construction de fausses réalités (narrative) dans une mesure jamais connue, jusqu’à une sorte d’hallucination construite et acceptée sans émettre le moindre doute sur la forme de ce processus, une sorte d’hallucination d’apparence rationnelle, mesurée, sinon même donneuse de leçons. Il y a eu également, particulièrement en 2015, les premières grandes migrations surtout perçues à partir du printemps de cette année ; ce phénomène est directement déclenchées par les activités bellicistes et déstructurantes du bloc BAO, et constituant une extraordinaire anticipation du phénomène eschatologique des migrations massives (GCM ou Grande Crise de la Migration) jusqu’alors annoncées comme étant liées, dans un délai beaucoup plus long d’une ou plusieurs décennies, à des évènements également eschatologiques d’ampleur cosmique comme le dérèglement climatique et la crise environnementale... Ces évènements, et notamment les derniers (les migrations et la GCM) avec leur énorme charge eschatologique, ont constitué et constituent plus que jamais une pression constante énorme qui n’a fait qu’accentuer dans ces psychologies déjà dévastées des directions politiques l’influence prépondérante de l’affectivisme.

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USA-2016, ou l’affectivisme absolu comme une drogue

Enfin, il y a le dernier événement crisique en date, parfaitement inattendu, imprévu, à la fois structurellement et conjoncturellement, – notamment dans le chef de l’étrange candidat-impromptu, devenu “cocktail-Molotov humain”. USA-2016, qui est la crise de l’élection présidentielle aux USA où l’élection n’est que le détonateur de quelque chose de bien plus profond, a pris une ampleur phénoménale, sans précédent, qu’on ne pouvait prévoir ni mesurer, après être sorti de rien sinon de circonstances fortuites dont certaines pourraient être rocambolesques. Cet aspect insaisissable, dont un courant populaire s’est saisi pour poser une contestation antiSystème, a provoqué une réaction hystérique du Système, qui s’est répercutée sur ses employés, ceux que nous désignons comme les zombies-Système, dont l’intellect est complètement corrompu par l’affectivisme. Les attaques montées contre Trump, la campagne dirigée contre lui, sont indescriptibles du point de vue de la crédibilité politique, des méthodes de communication, des déformations et des inversions générales qui règnent. Il ne s’agit pas ici, ni de défendre, ni de plaindre Trump, mais au contraire d’observer que c’est bien le caractère étrange et impromptu de cette candidature et pourtant sa popularité extrême qui accrédite la thèse d’un Trump manipulé par ses partisans (“cocktail-Molotov humain” lancé contre le Système), qui exacerbe jusqu’à la fureur surhumaine les réactions du Système.

La puissance de cette réaction au niveau de la création d’un univers faussaire conduit à observer que l’affectivisme, ayant ainsi totalement corrompu les psychologies, agit comme une drogue qui infecte les psychologies et s’exprime essentiellement dans le champ postmoderne des “valeurs sociétales”, suscitant notamment une promotion hystérique des valeurs “sociétales” devenues le terrain d’élection du Système. Ce concept de drogue est bienvenu pour une Grande République qui en est infectée jusqu’à l’os, y compris et surtout dans le chef et dans le nez de ses élites-Système (industrie de l’entertainment, Wall Street, Washington D.C., etc.). Nous observions le 23 août 2016 :

« Mais nous avons noté qu’en plus de cette attitude “quasi-robotique”, il y a une attitude “quasi-hystérique” qui correspond à une psychologie absolument exacerbée. Cette pulsion est si puissante que, malgré certains engagements rationnels des médias eux-mêmes, tout le cède à cet affectivisme, comme le note Royes lorsqu’il remarque le comportement de MSNBC (“...but — despite promises to the contrary — [MSNBC] aired no such interviews with Republicans during the Democratic convention”). Il s’agit là d’une attitude d’un extraordinaire affectivisme, comme celui qu’Hillary Clinton a montré elle-même comme secrétaire d’État, d’autant plus exacerbé avec l’argument qu’il s’agit d’une personne du genre féminin. De ce point de vue, le facteur sociétal joue un rôle fondamental, au point qu’on peut dire que le seul véritable atout de Clinton est d’être une femme parce qu’ainsi son élection ferait avancer, peut-être et même certainement espère-t-on, le rêve postmoderniste d’égalitarisme absolu et de nivellement complet des principes au profit des “valeurs” convoqués pour ces grands événements symboliques, enfin de transformation de la nature des choses et du monde selon le diktat postmoderniste... Cette situation complète l’adhésion “quasi-robotique” en substantivant le fait postmoderne qui se manifeste essentiellement au niveau sociétal, et également quasi-hystérique pour la psychologie, l'hystérie agissant alors comme une drogue. »

Ainsi peut-on dire que l’installation de l’affectivisme au cœur de la psychologie, puis de la pensée de l’esprit dans le chef du Système, a atteint sa complète plénitude. Le territoire est totalement conquis et annexé. L’affectivisme règne sans aucun partage possible...

La psychologie étale sa pathologie affectiviste

Par rapport à 2012 où nous nous attachions pour la première fois à l’affectivisme en tant que déviance intellectuelle identifiée, les directions politiques n’ont cessé de régresser dans le domaine de la maîtrise de leur propre raison, en même temps que cette raison ne cessait de se dégrader, d’ailleurs à partir d’une position déjà affirmée de perversion (inversion) ; et ces directions n’ayant cessé de céder toujours plus à l’affectivisme jusqu’à perdre complètement toute capacité d’un jugement rationnel prenant en compte le processus de cause à effet, incapable d’isoler les causes profondes de tel ou tel événement, incapable de se libérer fût-ce un seul instant de l’empire total de la communication qui alimente l’affectivisme.

Le cas d’un personnage aussi totalement discrédité, ridiculisé, mis aussi bas que possible si l’on a un jugement sain disposant d’une psychologie forte, qu’un Tony Blair, exprimant comme il le fait (voir le 1er septembre 2015) son incompréhension devant l’apparition de divers phénomènes antiSystème, et semble-t-il incapable de concevoir la possibilité du fait de l’antiSystème, ce cas montre bien qu’un esprit touché par cette subversion de la raison, et sous l’empire d’une psychologie si affaiblie qu’elle est toute entière et sur la durée sous l’empire de l’affectivisme, et d’un affectivisme triomphant comme on le décrit. Il se manifeste par une sorte de handicap mental qui a tous les caractères d’une pathologie fatale pour l’intelligence du monde. Tout cela fait de la victime de la chose, – Tony Blair en l’occurrence, – un malade mental qui devrait être traité dans un établissement psychiatrique. (Cette suggestion est conditionnée par la réserve d’apprécier dans quelle mesure de tels établissements ne sont pas eux-mêmes, au point d’infection par le Système où nous nous trouvons, des pourvoyeurs de cette même pathologie, du fait des traitements souvent choisis.) Le fait que Tony Blair soit complètement pris au sérieux à cette occasion et même brandi comme référence dans les milieux dirigeants (voir le 4 septembre 2015) montre sans surprise qu’il n’est pas seul dans le cas décrit, et même qu’il y a foule dans cet hôpital psychiatrique, au point qu’on prendrait pour un malade mental celui qui n’y séjourne pas...

Cet état de pénétration de l’intellect par l’affectivisme, et l’abaissement de la raison à mesure, traduit bien entendu l’influence active et irrésistible du Système dans les directions politiques et les élites-Système. A cet égard, le constat que nous faisions en 2012 non seulement subsiste mais est énormément amplifié dans la mesure qu’on devine par les évènements qui se sont produits depuis. Cela signifie la disparition complète chez ces dirigeants-Système et élites-Système, d’une façon générale, du processus de la raison en état de complète subversion, avec notamment la disparition complète de ce qu’on nomme l’esprit critique : « Plus aucun régulateur n’existe pour empêcher le déferlement de l’[affectivisme] selon des termes et des orientations suscités par [ce même affectivisme] », écrivions-nous en 2012. Il faut également insister sur un facteur nouveau désormais courant, dont nous suggérions l’apparition en 2012, comme une des raisons du déferlement de l’affectivisme du point de vue de l’action du Système dans ce sens : « [I]l s’agit [dans le chef du Système] d’empêcher par tous les moyens la moindre occurrence où l’esprit du “sapiens”-serviteur peuplant les directions politiques et les “élites” qui les soutiennent pourrait se douter de cet état catastrophique du Système. »

Ce qui s’est passé depuis est que cet état catastrophique en constante aggravation du Système, marqué par le déferlement d’évènements catastrophiques, finit dans certains cas par susciter des réactions vitales chez certains, parmi les directions-Système, et l’on constate en effet l’apparition de cas de plus en plus nombreux (ceux que l’important Tony Blair ne comprend pas, – « I don’t get it... ») de ce qu’on doit désigner comme des antiSystème au sein du Système. Dans ce cas qui est de plus en fréquent à mesure de l’effet chez certains de ce qu’il y a d’insupportabilité dans l’affectivisme, la prolifération de l’affectivisme produit un résultat inverse à celui que l’on attend, ce qui marque effectivement notre entrée dans un désordre considérable caractérisant essentiellement la transformation de la dynamique de surpuissance du Système en dynamique d’autodestruction. Nous sommes, avec la succession de l’énorme affaire de la Grande Crise de la Migration, puis avec le cas de USA-2016, notamment avec la puissance eschatologique qu’on a évoquée dans ces deux cas, dans une très-grande proximité d’une sorte d’explosion de la poussée d’affectivisme vers des orientations et des conséquences impossibles à prévoir, où les psychologies épuisées et exacerbées peuvent produire des réactions complètement inattendues et absolument contre-productives pour l’affectivisme en tant qu’instrument du Système. (La promotion indirecte, par effets-boomerang, de la candidature Trump par le djihad-Système lancée contre lui est un exemple formidable de cette contre-productivité : Trump, qui n’est rien en lui-même au départ, n’aurait jamais existé tel qu’il est s’il n’y avait eu cette réaction hystérique du Système contre lui.)

Hypothèses sur la cause fondamentale

Bien entendu, on se doit de terminer notre démarche en envisageant l’appréciation hypothétique de la cause fondamentale de ce déchaînement catastrophique, déstructurant et dissolvant de la raison subvertie laissant la voie libre à l’affectivisme. (Le plus terrible dans ce processus étant similaire à la ruse habituelle des forces déstructurantes/dissolvantes, qui est de se faire passer pour l’inversion de ce qu’elles sont : le déchaînement de la raison-subvertie qui semble un supplément de rationalité équilibrée et vertueuse, constitue en vérité un supplément constant de subversion de la rationalité “laissant la voie libre à l’affectivisme”.)

Bien entendu, notre approche n’a pas changé, elle s’est même accentuée dans le champ de la métaphysique. On y retrouve les séquences bien connues du “déchaînement de la Matière” entraînant la formation du Système comme entité opérationnelle organisant la recherche de la déstructuration, de la dissolution et de l’entropisation (dd&e), – c’est-à-dire la primauté absolu du Mal « comme facteur dominant de notre contre-civilisation ». Comme nous l’avons souvent proposé, l’idée même de la subversion de la raison implique une action contre la psychologie qui constitue la voie naturelle de toute influence sur cette même raison ; c’est, à l’origine de la séquence, le “persiflage” du XVIIIème siècle ; c’est aujourd’hui tout ce qu’organise le système de la communication lorsqu’il est manipulé par le Système, et qui descend en droite ligne de cette opération de subversion du “persiflage”.

L’affectivisme est donc un produit direct qu’on dirait “naturel” de l’action du Système à partir du “déchaînement de la Matière” de la fin du XVIIIème siècle, et une évolution logique de toute l’activité déstructurante et dissolvante qu’on constate tout au long de la séquence ainsi évoquée. Le constat qui peut être fait avec les évènements courants, et notamment par rapport à 2012 et depuis, est celui, là aussi et toujours plus, de l’accélération du processus qui engendre de plus en plus de désordre, de plus en plus d’évènements incontrôlables, de plus en plus d’enchaînements imprévus et imprévisibles, tout cela qui soumet nos psychologies à des tensions et à des souffrances inouïes mais ne parvient à aucun moment, et de moins en moins, à des situations de rupture décisive qui impliqueraient une véritable “organisation du Mal” signalant la réussite complète du processus. Notre appréciation à ce point est bien qu’il s’agit du basculement de la situation générale organisée par le Système, de la surpuissance à l’autodestruction.

Le désordre est à diverses facettes, dont celle de l’“hyperdésordre” allant parfois jusqu’aux frontières de ce que nous nommons “chaos-nouveau”, témoignant toujours plus que cette « course folle, où la raison humaine qui était à l’origine faite pour recevoir la lumière de l’intuition haute est désormais précipitée dans les abysses de sa subversion et de sa dégradation, ne fait qu’accélérer la transmutation de la dynamique de surpuissance en dynamique d’autodestruction ». L’accélération des destructions diverses, l’éclatement des cohérences culturelles, la dispersion des politiques renvoyant à cet affectivisme omniprésent constituent des occurrences catastrophiques effrayantes mais n’en conduisent pas moins, selon cette logique surpuissance-autodestruction, à la mise en cause des structures mêmes édifiées par le Système pour conduire ses propres ambitions d’entropisation à leur terme.

(L’UE, touchée prioritairement par l’affectivisme, est l’une de ces structures, comme la globalisation elle-même, structure suprême chargée de conduire à son terme l’entropisation ; elles sont attaquées de toutes parts par leurs propres contradictions et leurs propres antagonismes. Comparez la popularité et la “bonne réputation” de l’“Europe“ et de la “globalisation” d’il y a 15 ans et celles d’aujourd’hui, comparez leur efficacité et leur maîtrise respectives, leur influence “constructive” dans le sens d’une “entropisation organisée” sur les diverses cultures, sur les esprits, etc. Le désordre que produisent aujourd’hui l’“Europe” et la “globalisation”, même si certains jugent qu’il s’agit d’une politique volontaire, – et qui est de toutes les façons une fatalité de l’action de ces entités, – est producteur de malaise, d’angoisse, de révolte, d’insoumission, d’insurrection qui interfèrent gravement sur le rangement du néant absolu de l’entropisation vers où voudrait nous conduire le Système.)

Comme nous en jugions déjà en 2012, nous sommes de plus en plus précipités, avec toutes les souffrances et les angoisses qui vont avec, dans ce Moment où la métahistorique a complètement remplacé l’histoire-Système laissée à l’étrange folie de l’affectivisme qui ne cesse d’aggraver sa condition, ses productions, ses effets, etc. Déjà, en 2012, nous laissions la conclusion au comte Joseph, avec une simple modification pour y faire entrer notre temps de tempête diluvienne qui est comme un miroir décisif de l’époque de la Révolution à laquelle il se référait dans cette observation : « …Sans doute, la Providence n’a pas besoin de punir dans le temps pour justifier ses voies ; mais, à [certaines époques,] elle se met à notre portée, et punit comme un tribunal humain. » Cette référence à “la Providence” devrait normalement susciter certains sarcasmes méprisants et grincements de dents décisifs comme marques du jugement de l’affectivisme, puisque le sentiment dominant reste que sapiens est toujours maître à bord et maître de son destin ; il est vrai qu’à considérer l’état du destin, on comprend qu’il y ait matière à sarcasme et à grincements de dents, à défaut d’arguments inspirés et d’assurances structurées....

Nous avions commencé avec BHL et nous terminons avec Joseph de Maistre... Tout est bien.

Note

(*) Nous employons donc le terme “affectivisme” alors que nous avions choisi d’abord le terme “affectivité” grâce à l’intervention d’un de nos lecteurs le 10 novembre 2014 concernant ce même texte du 11 juin 2012. Le 10 novembre 2014, nous publiions cette “Note de mise à jour” à laquelle il n’y a pas un mot à retrancher puisqu’elle dit tout sur cette mise au point : “Revenant très récemment, à propos d'un texte du 10 novembre 2014, sur ce texte ci-dessus du 11 mai 2012, un de nos lecteurs, monsieur Michel Donceel, a proposé fort justement (Voir le Forum de ce texte) le terme d’“affectivisme” plutôt que le terme d’“affectivité” que nous employions. Il a parfaitement raison, selon une perspective qui, à notre sens, mériterait un débat. Nous le remercions de sa suggestion, ainsi bien entendu que son amie de laquelle vient au premier chef cette proposition”.

La destruction de la Syrie: une entreprise criminelle concertée

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La destruction de la Syrie: une entreprise criminelle concertée

par Diana Johnstone

Ex: http://www.leblancetlenoir.com

Tout le monde claironne qu’il veut la fin de la guerre en Syrie, et restaurer la paix au Moyen-Orient.

Enfin, presque tout le monde.

« C’est comme un match éliminatoire où vous avez besoin que les deux équipes perdent, mais qu’au moins l’une d’entre elles ne gagne pas – nous nous satisferons d’un match nul, » disait Alon Pinkas, un ancien Consul-Général d’Israël à New York, au New York Times en septembre 2013. « Laissez-les saigner tous les deux, se vider de leur sang jusqu’à la mort: c’est la pensée stratégique qui a cours ici. »

Efraim Inbar, directeur du Centre Begin-Sadat pour les Études Stratégiques, soulignait les mêmes idées en août 2016:

L’Occident devrait chercher à affaiblir davantage l’État Islamique, mais pas à le détruire… Laisser des sales types tuer d’autres sales types a l’air très cynique, mais c’est utile et même moral de le faire si ça occupe les sales types et les rend moins capables de faire du mal aux types bien… De plus, l’instabilité et les crises contiennent parfois les présages de changements positifs… L’administration américaine ne semble pas apte à reconnaître le fait que l’EI puisse être un accessoire utile pour miner l’ambitieux plan de Téhéran pour la domination du Moyen-Orient.

D’accord, pas tout à fait tout le monde.

Mais le site humanitaire Avaaz, lui, veut assurément mettre fin à la guerre et restaurer la paix.

Ou pas?

Avaaz fait actuellement circuler une pétition qui a recueilli plus d’un million de signatures et en vise maintenant un million et demi. Elle va probablement les atteindre, avec des termes comme ceux-ci:

100 enfants ont été tués à Alep depuis vendredi dernier.

Maintenant ça suffit!

Avaaz poursuit pour déclarer: « il n’y a pas de moyen d’arrêter cette guerre, mais il n’y a qu’un seul moyen d’empêcher cette terreur qui vient du ciel – les gens réclament partout une zone d’exclusion aérienne pour protéger les civils. »

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Zone d’exclusion aérienne? Ça ne vous rappelle rien? C’est le stratagème qui a été utilisé pour détruire les défenses aériennes de Libye, et qui a ouvert le pays au changement de régime en 2011. Il avait reçu un soutien zélé de la part de Hillary Clinton, dont le goût pour ces mêmes méthodes en Syrie a été dûment enregistré.

Et quand l’Occident annonce « exclusion aérienne », cela signifie qu’en fait il y en a certains qui peuvent voler, mais pas d’autres. Avec la zone d’exclusion aérienne en Libye, la France, le Royaume-Uni et les États-Unis ont pu voler tout leur soûl, tuant d’innombrables civils et détruisant les infrastructures, laissant les rebelles islamistes se tailler plusieurs tranches du pays.

La pétition Avaaz fait la même distinction. Certains devraient pouvoir voler, mais pas d’autres.

Construisons un appel mondial sonore et fort pour Obama et d’autres dirigeants, afin qu’ils résistent à la terreur de Poutine et d’Assad. C’est peut-être notre dernière chance pour aider à mettre un terme à ce massacre en masse d’enfants sans défense. Ajoutez votre nom.

Donc en fait c’est une affaire de massacre en masse d’enfants sans défense, et pour y mettre un terme il faudrait que nous en appelions à Obama le « roi des drones », afin de faire cesser la « terreur qui vient du ciel. »

Et pas seulement Obama, mais aussi d’autres « bons » dirigeants de pays membres de l’OTAN:

Au Président Obama, au Président Erdogan, au Président Hollande, au Premier Ministre May, et aux autres dirigeants mondiaux: en tant que citoyens horrifiés de par le monde par le massacre d’innocents en Syrie, nous en appelons à vous pour imposer une zone d’exclusion aérienne au nord de la Syrie, comprenant Alep, pour que cesse le bombardement des civils syriens et pour garantir que l’aide humanitaire atteigne ceux qui en ont le plus besoin.

Le moment de parution de cette pétition est révélateur. Elle tombe exactement alors que le gouvernement syrien fournit l’effort pour mettre fin à la guerre en reconquérant la partie orientale de la ville d’Alep. Elle fait partie de l’immense campagne de propagande actuelle qui vise à réduire la connaissance du public de la guerre en Syrie à seulement deux facteurs: les enfants victimes et l’aide humanitaire.

Dans cette perspective, les rebelles ont disparu. Tout comme tous leurs soutiens extérieurs, l’argent saoudien, les fanatiques wahhabites, les recrues de l’EIIL tout autour du monde, les armes US et le soutien français. La guerre n’est que la conséquence de l’étrange fantaisie d’un « dictateur », qui se distrait en bombardant des enfants sans défense et en bloquant l’accès à l’aide humanitaire. Cette perspective réduit la guerre de cinq ans en Syrie à la situation telle qu’elle avait été dépeinte en Libye, pour justifier la zone d’exclusion aérienne: rien de plus qu’un vicieux dictateur qui bombarde son propre peuple.

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Pour un public qui aime consommer les événements mondiaux sous forme de contes de fées, tout cela se tient. Signez une pétition sur votre ordinateur et sauvez les enfants.

La pétition Avaaz ne cherche pas à mettre un terme à la guerre ou à restaurer la paix. Elle cherche clairement à gêner l’offensive du gouvernement syrien pour reprendre Alep. L’armée syrienne a subi de lourdes pertes en cinq ans de guerre, et ses recrues potentielles ont dans les faits été conviés à se soustraire au péril du service militaire par un voyage en Allemagne. La Syrie a besoin de puissance aérienne pour réduire ses propres pertes. La pétition Avaaz appelle à paralyser l’offensive syrienne, et donc à prendre parti pour les rebelles.

Attendez – mais cela signifie-t-il qu’ils souhaitent que les rebelles l’emportent? Pas exactement. Les seuls rebelles à priori suffisamment forts pour l’emporter, c’est Da’esh. Et personne ne souhaite vraiment cela.

La vérité brute c’est que pour mettre fin à cette guerre, comme avec la plupart d’entre elles, il faut qu’il y ait un gagnant et un perdant. Quand il devient clair lequel des deux va l’emporter, alors vient le temps où des négociations peuvent avoir lieu, menant par exemple à des amnisties. Mais cette guerre ne peut pas être « cessée par des négociations ». C’est le genre d’issue que les États-Unis ne peuvent soutenir qu’à la condition que Washington soit à même d’employer les négociations pour imposer ses propres marionnettes – pardon, des exilés pro-démocratie installés en Occident. Mais à l’heure actuelle, ils seraient rejetés comme des traîtres par la majeure partie des Syriens qui soutiennent le gouvernement, et comme des apostats par les rebelles. Donc, il faut que l’un des deux belligérants remporte cette guerre. L’issue la moins pire serait que le gouvernement Assad vainque les rebelles, afin de préserver l’état. Pour cela, les forces armées syriennes ont besoin de reprendre la partie orientale d’Alep, occupée par les rebelles.

Le travail d’Avaaz est d’amener l’opinion publique à s’opposer à cette opération militaire, en la dépeignant comme rien de moins qu’une entreprise conjointe russo-syrienne pour massacrer des civils, et en particulier des enfants. Pour cela, ils en appellent à une opération militaire de l’OTAN pour abattre (c’est ce que signifie « exclusion aérienne ») les avions syriens et russes qui fournissent un appui aérien à l’offensive de l’armée syrienne.

Même des mesures aussi dramatiques ne visent pas à faire cesser la guerre. Elles sont conçues pour affaiblir le belligérant qui a le dessus afin de l’empêcher de gagner. Cela signifie – pour employer l’expression absurde devenue populaire pendant la guerre en Bosnie [aux USA et en anglais US, NdT] – « mettre les joueurs sur le terrain sur un pied d’égalité » [« create a level playing field », NdT], comme si la guerre était un événement sportif. Cela signifie la poursuite de la guerre jusqu’à ce qu’il ne reste rien de la Syrie, et que ce qui reste de la population syrienne remplisse des camps de réfugiés en Europe.

Comme le New York Times le rapportait depuis Jérusalem en septembre 2013, « la synergie entre les positions d’Israël et des États-Unis, si elle n’est pas explicitement articulée par les dirigeants de l’un ou l’autre pays, pourrait être une source cruciale de soutien pour M. Obama tandis qu’il cherche l’accord du Congrès pour des frappes chirurgicales en Syrie. » Ils ont ajouté que « les préoccupations d’Israël à propos de sa sécurité nationale jouissent d’un large soutien dans les deux grands partis à Washington, et l’American Israel Public Affairs Committee [AIPAC, principal lobby pro-israélien aux USA, NdT] est venu mardi apporter le poids de son soutien à l’approche de M. Obama. » (C’est à l’époque où Obama projetait de « punir le Président Bachar al-Assad pour l’emploi d’armes chimiques sans utiliser la force, afin de l’évincer du pouvoir » – avant qu’Obama choisisse plutôt de se joindre à la Russie pour démanteler l’arsenal chimique syrien, un choix pour lequel il continue de subir les foudres du lobby pro-israélien et de la faction belliciste à Washington.) La déclaration de l’AIPAC « ne disait rien, cependant, de l’issue souhaitée à la guerre civile… »

En effet. Ainsi que l’article de Jérusalem en 2013 poursuivait, « comme l’espoir de voir émerger une force rebelle modérée et laïque, à même de forger un changement démocratique et un dialogue constructif se réduit, du côté d’Israël, une troisième approche attire l’attention: laissez les sales types s’entretuer. ‘La perpétuation de ce conflit sert à tout point de vue les intérêts d’Israël,’ a affirmé Nathan Thrall, un analyste basé à Jérusalem pour l’International Crisis Group. »

La vérité toute simple est que la Syrie est la victime d’une Entreprise Criminelle Concertée de longue date pour détruire le dernier état nationaliste arabe laïque au Moyen-Orient, suite à la destruction de l’Irak en 2003. Alors qu’il avait été attribué à la répression gouvernementale de « manifestants pacifiques » en 2011, le soulèvement armé avait été préparé depuis des années et était appuyé par des puissances étrangères: l’Arabie Saoudite, la Turquie, les États-Unis et la France, entre autres. Les motivations françaises demeurent mystérieuses à moins qu’elles ne soient liées à celles d’Israël, qui voit la destruction de la Syrie comme un moyen d’affaiblir son grand rival dans la région, l’Iran. L’Arabie Saoudite possède des ambitions similaires d’affaiblissement de l’Iran, mais pour des motifs religieux. La Turquie, l’ancienne puissance impériale de la région, possède des ambitions territoriales et politiques qui lui sont propres. Le découpage de la Syrie peut tous les satisfaire.

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Cette conspiration flagrante et entièrement ouverte de destruction de la Syrie est un crime international majeur, et les États mentionnés plus haut sont tous des conjurés, des coupables complices. Ils sont rejoints dans cette Entreprise Criminelle Conjointe par des organisations ostensiblement « humanitaires » comme Avaaz, qui diffusent de la propagande de guerre déguisée en protection des enfants. Cela fonctionne parce que la plupart des gens ne peuvent tout simplement pas croire que leur gouvernement ferait de telles choses. C’est difficile de surmonter cette foi réconfortante. C’est plus naturel de croire que les criminels sont des gens malveillants dans un pays dont, en réalité, ils ne comprennent rien.

Il n’y a pas la moindre chance que cette entreprise criminelle retienne l’attention des procureurs de la Cour Pénale Internationale, qui comme la plupart des grandes organisations internationales est complètement contrôlée par les USA. À titre d’exemple, le Sous-Secrétaire Général des Nations Unies pour les Affaires Politiques, qui analyse et cadre les sujets politiques pour le Secrétaire Général Ban Ki Moon est un diplomate étasunien, Jeffrey Feltman, qui était l’un des pivots de l’équipe Clinton au State Department pendant qu’elle œuvrait pour le changement de régime en Libye. Et les complices de cette entreprise criminelle incluent toutes les organisations pro-gouvernementales « non-gouvernementales » telles qu’Avaaz, qui poussent l’hypocrisie vers de nouvelles abysses en exploitant la compassion pour les enfants dans le but de justifier et de perpétuer ce crime majeur contre l’humanité et contre la paix dans le monde.

Diana Johnstone | 4 octobre 2016 | Counterpunch.org

Traduit par Lawrence Desforges pour Reseau International

http://arretsurinfo.ch/la-destruction-de-la-syrie-une-ent...

Chaos in the Middle East in 2011 and its Culprits

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Chaos in the Middle East in 2011 and its Culprits

By Jim Ostrowski

Ex: http://artvoice.com

This is an excerpt from the new book, The Impeachment of Barack Obama and Hillary Clinton for High Crimes in Syria and Libya, by Michael Ostrowski and James Ostrowski (2016).

The American interventions into Libya and Syria happened in a troubled part of the world with numerous and seemingly intractable problems that were in many ways the result of prior unwise American foreign policy.  This is particularly true with Syria.  The Iraq War launched by George Bush in 2003 destabilized the artificial state of Iraq.  It is widely recognized that Saddam Hussein was a brutal dictator who held Iraq together and under control by brute force.  However, it is rarely acknowledged that, since Iraq is an artificial country created by the Western allies after World War I, it is difficult to conceive of Iraq being held together in any other way than brute force.  As one of the co-authors pointed out in 2003, Iraq is made up of three discrete groups with historical and ideological, ethnic and religious differences.  The suggestion of peace through partition made in that article was ignored.[1]

Additionally, the elimination of Saddam’s secular regime opened the door for various Islamic factions to vie for state power.  ISIS emerged out of this power vacuum.  Syria, a regime controlled by a Shiite, Bashar al-Assad, was a natural target of ISIS, once it had gained a foothold among its fellow Sunnis in Iraq.  Say what you will about ISIS, but they had the savvy to realize what clueless (archist) foreign policy “experts” in the West did not, that the Sykes-Picott borders created by the Western powers were completely arbitrary and bore no relationship to reality in the 21st Century.  They ignored them, indeed, explicitly promised to obliterate them.

ISIS did not exist in a self-conscious form in Libya prior to the start of the civil war there in 2011.  Rather, that conflict had roots in the Arab Spring.  In addition to the wreckage of Iraq, the Arab Spring was the other major development that set the stage for intervention into Libya and Syria.

The Arab Spring is a large and complicated phenomenon that can only be summarized here.  What is vital to understand for present purposes is that this conflict was a face-off between old regimes in the Middle East and their opponents, who, whether correctly or not, portrayed themselves as democratic reformers.  Which side did the Progressive State of America support?  Both sides of course, illustrating the irrational nature of progressivism applied to foreign policy.

The relationship between the United States and Egypt is longstanding.  Keep in mind that virtually the entirety of American foreign policy in the Middle East is based on the simple concept of Israel First.[2]  That is, the United States does what Israel and its allies think is in the best interest of Israel.  Of course, it can never be called what it is, Israel First.  Rather, it is always sold to the gullible American public as necessary to fight terrorism or to keep the oil flowing.

Both rationalizations are nonsense of course.  In fact, both propositions are the precise opposite of the truth.  The only obstacle to the free flow of oil is America’s numerous, prior and unwise interventions into the Middle East directly or indirectly on behalf of Israel.  David Stockman traces this pernicious fallacy to Henry Kissinger: “That doctrine has been wrong from the day it was officially enunciated by one of America’s great economic ignoramuses, Henry Kissinger, at the time of the original oil crisis in 1973. The 42 years since then have proven in spades that it doesn’t matter who controls the oilfields, and that the only effective cure for high oil prices is the free market.”[3]

Likewise, America has been attacked by terrorists largely because of its prior unwise interventions on behalf of Israel.  These facts are really not debatable by any honest observer.  Rather, those blinded by self-interest or ideology are in denial about these facts and respond by shooting the messenger.

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Thus, America’s relationship with Egypt is largely a function of its slavish devotion to Israel.  Egypt made peace with Israel in 1979.  Naturally, America must bribe Egypt to pretend to like Israel.  That mandate led the United States to subsidize the brutal dictatorship of Hosni Mubarak from 1979 through 2011.  Mubarak’s regime featured systematic torture, massive violations of free speech and assembly, interference with elections and persecution of gays.[4]  All the while, this evil regime was propped up by Uncle Sam.  The only sin Egypt avoided was attacking Israel.  The Feds mulcted about two billion dollars a year from the U.S. taxpayer to bribe Egypt and its corrupt power elite.[5] Officially, the aid was “unconditional.”  Unofficially, there was the one condition previously stated.

It is worth noting that one of the reasons bin Laden gave for the 9/11 attacks was U. S. support for Egypt.[6]

Thus, decades of oppression from the U.S.-backed Mubarak regime led to an uprising in Egypt. But the U.S. backed Mubarak’s opponents as well.  The New York Times reported in 2011 that: “a small core of American government-financed organizations were promoting democracy in authoritarian Arab states. . . . the United States’ democracy-building campaigns played a bigger role in fomenting protests than was previously known, with key leaders of the movements having been trained by the Americans in campaigning, organizing through new media tools and monitoring elections.”[7]

Thus, the Progressive State of America was supporting both sides in the Arab Spring uprising that eventually spread to Libya and set the stage for the disastrous American intervention there that is the subject of this book and which, along with the Syrian catastrophe, has the world flirting with disaster.

Jim Ostrowski is a trial and appellate lawyer in Buffalo, NY.  He is CEO of LibertyMovement.org and author of several books including Progressivism: A Primer.  Copyright by Cazenovia Books (2016).

Notes:

[1] J. Ostrowski, “Will Iraq Have Democracy or Peace?,” lewrockwell.com, April 29, 2003.

[2] If that led to the cover up of an Israeli attack on the United States Navy ship U. S. S. Liberty in 1967, so be it.

[3] D. Stockman,

[4] E. Loftis, “Mubarak’s Horrific Human Rights Legacy,” motherjones.com, 2/1/11.

[5] T. Meyer, “F.A.Q. on U.S. Aid to Egypt:  Where Does the Money Go, And How Is It Spent?,” propublica.org., 10/9/13.

[6] “Full text: bin Laden’s ‘letter to America,'” supra.

[7] R. Nixon, “U.S. Groups Helped Nurture Arab Uprisings,” nytimes.com, April 14, 2011.

EUROPA - Robert Steuckers

 

EUROPA - Robert Steuckers

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jeudi, 06 octobre 2016

Kojève et les origines russes de la Fin de l'Histoire

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Kojève et les origines russes de la Fin de l'Histoire

par Nicolas BONNAL

Ex: http://www.dedefensa.org

En dépit des guerres et des crises financières qui nous menacent de tous côtés, l’expression Fin de l’Histoire a fait le tour du monde. Elle n’est pas de Francis Fukuyama, mais de son inspirateur, un russe blanc émigré à Paris, Alexandre Kojève, humaniste, esprit universel, professeur de sanscrit et auteur de prestigieux commentaires sur la philosophie de Hegel.

AK-1.jpgFonctionnaire à la CEE vers la fin de sa vie, choix qui releva chez lui d’un nihiliste apostolat, Kojève s’est efforcé de comprendre pourquoi nous allions vivre des temps ennuyeux. Voici comment il définit la Fin de l’Histoire dans ses notes sur Hegel, écrites en 1946.

En fait la fin du Temps humain ou de l’Histoire signifie tout simplement la cessation de l’Action au sens fort du terme. Ce qui veut dire pratiquement : — la disparition des guerres et des révolutions sanglantes… Mais tout le reste peut se maintenir indéfiniment ; l’art, l’amour, le jeu, etc., etc. ; bref, tout ce qui rend l’Homme heureux. — Rappelons que ce thème hégélien, parmi beaucoup d’autres, a été repris par Marx.

Kojève ne nie pas le danger inhérent à cette Fin de l’Histoire : l’homme risque en effet de devenir un petit animal heureux, « un oiseau construisant son nid ou une araignée tissant sa toile ». Il redeviendrait même un jeune animal joueur, comme dans les films de Walt Disney !

Kojève pressent même le devenir de l’espèce humaine livrée à la technologie, au téléphone et aux réseaux. C’est un avenir d’insecte communiquant.

Les animaux de l’espèce Homo sapiens réagiraient par des réflexes conditionnés à des signaux sonores ou mimiques et leurs soi-disant « discours » seraient ainsi semblables au prétendu «langage » des abeilles… Car il n’y aurait plus, chez ces animaux post historiques, de connaissance du Monde et de soi.

Sur le plan historique et en pleine guerre froide, Kojève remarque plus tard que finalement Russes et Américains ne s’opposent pas. Or on est en 1959 ! Le but est le même, le confort matériel et le bonheur de tous. Pour lui les jeux sont faits depuis Napoléon et la Révolution française. Ce n’est pas pour rien que Kant avait troublé sa promenade à l’annonce de la prise de la Bastille, ni que Hegel avait parlé d’âme du monde à la vue de l’empereur en 1806.

AK-2.jpgEn observant ce qui se passait autour de moi et en réfléchissant à ce qui s’est passé dans le monde après la bataille d’Iéna, j’ai compris que Hegel avait raison de voir en celle-ci la fin de l’Histoire proprement dite. Dans et par cette bataille, l’avant-garde de l’humanité a virtuellement atteint le terme et le but, c’est-à-dire la fin de l’évolution historique de l’Homme. Ce qui s’est produit depuis ne fut qu’une extension dans l’espace de la puissance révolutionnaire universelle actualisée en France par Robespierre-Napoléon.

Kojève relativise alors tout le vécu moderne, même le plus tragique: la colonisation, les deux guerres mondiales, le nazisme, le communisme, la décolonisation, le tourisme, l’ONU, le centre commercial, tout annonce la réalisation de la Fin de l’Histoire ! La Fin de l’Histoire suppose un triomphe du modèle américain, mais pas pour des raisons politiques. Car pour Kojève l’Amérique est le produit de la Fin de l’Histoire, et même la réalisatrice du marxisme.

On peut même dire que, d’un certain point de vue, les États-Unis ont déjà atteint le stade final du « communisme » marxiste, vu que, pratiquement, tous les membres d’une « société sans classes » peuvent s’y approprier dès maintenant tout ce que bon leur semble, sans pour autant travailler plus que leur coeur ne le leur dit… J’ai été porté à en conclure que l’American way of life était le genre de vie propre à la période post-historique, la présence actuelle des États- Unis dans le Monde préfigurant le futur «éternel présent» de l’humanité tout entière.

L'expression éternel présent a été reprise par Guy Debord pour caractériser la société spectaculaire contemporaine. Plus loin Kojève ajoute même ces lignes propres à choquer un marxiste-léniniste des années 1950 : les Russes et les Chinois ne sont que des Américains encore pauvres, d’ailleurs en voie de rapide enrichissement.

Comme la Fin de l'Histoire a des origines russes, je cite aussi Eugène Onéguine (Traduction de Tetyana Popova-Bonnal) :

Il invectivait Homère et Théocrite,

En revanche il lisait Adam Smith

Et il fut un économiste profond –

Donnant sa propre opinion

Sur l'art pour l’Etat de s’enrichir,

De quoi il vit, et pour quelle raison

Il n’a pas besoin d'or,

S’il possède son simple produit.

Son père ne le comprenait pas

Et ses terrains il hypothéqua...

Après l'horreur économique, le déclin de la langue, car la langue moderne vit d'emprunts si son économie vit de la dette...

En russe ces mots on ne trouve jamais.

Je vois et je le reconnais,

Que mes pauvres vers

Devraient être moins émaillés

De tous ces mots si étrangers...

Enfin la vacuité mathématique est soulignée par Pouchkine:

Ayant secoué cette dernière superstition,

nous nous considérons seuls comme des unités,

et tenons le reste du monde pour des zéros.

Tous nous nous haussons à la hauteur d’un Napoléon.

A la même époque Chateaubriand écrit :

Le vieil ordre européen expire ; nos débats actuels paraîtront des luttes puériles aux yeux de la postérité. Il n'existe plus rien : autorité de l'expérience et de l'âge, naissance ou génie, talent ou vertu, tout est nié ; quelques individus gravissent au sommet des ruines, se proclament géants et roulent en bas pygmées.

Pouchkine et Kojève en Russie, Chateaubriand et Tocqueville en France avaient montré mieux que personne ce que signifierait cette Fin de l'Histoire.

Pouchkine encore, pour rire un peu :

Dans son service noble, impeccable,

Son père ne vivait qu’à crédit,

Donnait trois bals annuellement

Et puis ruiné il a fini.

Nicolas Bonnal

Bibliographie

Bonnal – Chroniques de la Fin de l'Histoire (à paraître en Kindle)

Chateaubriand – Mémoires d'Outre-tombe

Debord – Commentaires

Fukuyama – The End of History

Kojève – Notes sur Hegel

Pouchkine – Eugène Onéguine

Jan Marejko est mort...

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Jan Marejko, chroniqueur,

«Le Penseur» sur le site http://lesobservateurs.ch, est mort

 

Ex: http://www.lesobservateurs.ch

Jan Marejko, notre chroniqueur,  « Le Penseur » sur notre site, est mort.

C’est avec stupéfaction que j’apprends sa mort par ses deux filles Tessa et Samantha établies aux USA. J’en suis effondré.

Jan Marejko écrivait énormément mais n’arrivait guère à se faire publier étant donné une pensée  forte, difficile, exigeante mais combien bienvenue dans la superficialité  et les prétentions dérisoires ambiantes. Connaissant ses difficultés à être publié, je lui avais proposé de l’éditer dans une collection de livres que LesObservateurs.ch cherchent à créer et à ajouter comme activité à notre site. C’est un collaborateur du site qui travaille à ce projet, une nouvelle fois avec très peu de moyens étant donné la rareté des soutiens financiers. Ce collaborateur compte sur les revenus de cette future Edition pour se rembourser. Si le projet abouti, la publication de certains textes de Jan Marejko constituera  une  autre façon de le remercier pour son travail, de lui rendre hommage et de faire connaître plus largement ce travail difficile, original, profond, parfois  paradoxal et déroutant mais combien important.

Jan Marejko a publié plus de 150 articles sur Lesobservateurs.ch. Pour les lire ou les relire, tapez simplement « Marejko ».

Notre collègue Slobodan Despot qui le connaissait personnellement très bien et depuis longtemps lui rend hommage ce matin.

En espérant publier ou republier bientôt certains des inédits de Jan Marejko, nous reproduisons cet hommage de Slobodant Despot paru sur son site « ANTIPRESSE », 44,  le 2 octobre 2016 (antipresse@antipresse.net)

Uli Windisch, 2 octobre 2016

L’hommage de Slobodan Despot à Jan Marejko

Comment meurent les vrais philosophes

JM-1.gifJan Marejko est mort. Je l’ai appris par un mail d’un ami suisse qui avait reçu le mail d’un ami allemand. Lequel Allemand le tenait d’un prêtre genevois qui avait été son dernier confident.

Jan Marejko est mort seul, dans un asile de vieillards, terrassé par une maladie dont je ne sais rien, sinon qu’elle fut sans aucun doute une métastase de la mélancolie.

A ce titre, j’ai contribué moi-même à sa mise à mort. Il m’avait proposé un café voici quelques mois, pour la première fois depuis la disparition tragique de sa femme. Je savais qu’il n’allait pas bien, mais l’écriture le faisait durer. Il m’a envoyé des manuscrits qu’il espérait voir paraître. Je n’ai pas eu — pas pris — le temps de les lire jusqu’au bout. L’œil professionnel avait sondé et jugé très vite. Textes essentiels, de haute volée. Mais volumineux, graves. Invendables…

Les gens patients et robustes sont toujours les derniers servis. Parfois, ils ne le sont jamais. Avec Jan, j’ai traîné, différé, hésité. Il fallait organiser une souscription, gratter des subsides : je n’avais plus l’humilité qu’exigent ces tâches. Je n’avais pas envie de mendier, de justifier l’importance d’un grand philosophe maudit devant des fonctionnaires distraits qui m’auraient versé, au mieux, de quoi savonner la planche d’un échec commercial. Et je n’avais aucun projet « facile » sous la main pour éponger ce trou…

La mort de Jan Marejko me signale que je ne suis plus un éditeur. J’ai perdu patience. Ce que j’ai à dire m’accapare davantage que ce que j’ai à faire passer. Qu’il reste au moins ces quelques mots de témoignage sur un grand esprit de ce temps.

*

JM-2.jpgJe connaissais Jan Marejko depuis l’époque de mes études. Il était l’un des mentors avec qui je correspondais dans ma solitude. Lui, Robert Hainard, Alexandre Zinoviev ou Eric Werner étaient des poches d’oxygène dans la mare de conformisme qu’était le monde universitaire où je barbotais. J’ai fini du reste par en sortir, sans bruit, vomi par un milieu qui me rejetait (et me débectait) organiquement.

Des années auparavant, Marejko avait connu le même sort, en bien plus dramatique. Il avait suivi la meilleure filière académique. Études auprès de Raymond Aron. Recherches à New York et Harvard (il était bilingue et marié à une Américaine). Doctorat de philosophie à Genève en 1980. Et, surtout, sept ouvrages de réflexion essentiels, entre 1984 et 1994, aux éditions L’Age d’Homme. En un mot, le CV parfait pour une carrière professorale bon teint dans une université du monde libre… Si ce monde avait vraiment été libre. Ou s’il n’avait pas commis un vilain petit faux pas.

En 1981, exaspérés par cette même mélasse où j’allais finir par étouffer, Jan Marejko et son ami Eric Werner avaient publié un pamphlet intitulé De la misère intellectuelle et morale en Suisse romande. Ils s’y étonnaient de l’emprise sans partage de l’idéologie communiste dans les hautes écoles qui formaient les futures élites de leur pays. Ils dépeignaient l’ascenseur social que constituait l’adhésion obligatoire à cette dogmatique. Ils épinglaient surtout la verbeuse médiocrité des « mandarins » des sciences humaines, dont le magistère était aussi incontestable que l’œuvre était nulle.

Marejko et Werner ont fait l’erreur de prendre au mot le système dont ils faisaient partie. Ils ont cru que la liberté d’expression était un droit incontesté. Ils ont pensé que dénoncer le désenseignement et l’appauvrissement intellectuel à l’université était leur devoir civique. Avec leurs principes libéraux-conservateurs, ils se croyaient de plus en phase avec le système qui entretenait ces foyers de sédition. Il suffisait, croyaient-ils d’ouvrir les yeux des autorités et du public sur ce qui se passait…

JM-3.gifIls se sont trompés lourdement. Ils se croyaient veilleurs de la cité, ils se sont découverts parias. La carrière d’Eric Werner a été entravée et bridée de toutes les façons. Celle de Jan Marejko a été avortée avant même d’avoir commencé. Son dossier de candidature à un poste d’enseignement lui fut retourné avant même que quiconque ait eu le temps matériel de le lire. Cela ne se passait pas à Pyongyang, mais près de chez vous. Il ne s’en est jamais remis. Pendant le reste de sa vie, ce grand métaphysicien, disciple des grands penseurs de la liberté qu’étaient Aron ou Hannah Arendt, a dû voir défiler aux postes pour lesquels il était fait des pions qui ne lui arrivaient pas à la cheville et gagner sa vie comme journaliste.

Il me serait fastidieux ici de résumer les idées de Jan et de prouver l’importance de son travail. Eric Werner l’a fait magistralement dans son Avant-Blog. Je me borne à l’impact qu’il a eu sur ma formation personnelle. Son étude sur les potentialités totalitaires de la pensée de Rousseau ainsi que les liens qu’il a établis entre cosmologie et politique auront été pour moi des repères de pensée durables et féconds. Marejko a somptueusement illustré la profondeur du dicton qui veut que le chemin de l’enfer est pavé de bonnes intentions. Il m’a inculqué à vie la méfiance à l’égard du « bien » quand il n’est pas appuyé sur la bonté. D’autre part, il s’est employé à illustrer combien notre vision de la réalité brute dépend des paradigmes (scientifiques, moraux, philosophiques) du milieu où nous vivons — bien davantage parfois que des informations que nous transmettent nos sens et notre bon sens. C’est ainsi que le bobo moderne ne peut pas voir la voiture qui brûle devant sa maison, et encore moins se demander pourquoi elle brûle et ce qui va brûler ensuite. Il ne le peut pas, parce que les paradigmes de son éducation excluent cette vision même. Parce que les idées qui l’habitent sont plus fortes que ce que ses yeux voient et que sa peau ressent.

*

L’un des plus importants philosophes que Genève ait eus depuis Rousseau est mort seul dans son asile, oublié de sa république. Il était l’antipode de son grand prédécesseur, préférant toujours la réalité aux idées sur la réalité. Il est resté libre, droit et sans tache. Il nous a laissé une douzaine d’ouvrages importants, dont au moins un chef-d’œuvre, Le Territoire métaphysique. C’était un grand esprit lucide et altier de notre temps. On ne peut pas ne pas voir un signe dans le boycott et la désaffection qui l’ont poursuivi toute sa vie.

 

mercredi, 05 octobre 2016

La sélection des tweets de Robert Steuckers par AGILIENCE

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La sélection des tweets de Robert Steuckers

par AGILIENCE

Documentation abondante!

Cliquez ici:

https://agilience.com/fr/RobertSteuckers

Requiem pour un Empire défunt de François Fetjö

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Requiem pour un Empire défunt de François Fetjö

par Franck ABED

Ex: http://www.europemaxima.com

Francois-Fejt_1898.jpegAlors que l’Europe civilisationnelle meurt jour après jour devant nous, sous les coups de boutoir conjugués du modernisme, du mondialisme et du consumérisme, il demeure fondamental de comprendre l’histoire de notre continent, si nous voulons encore croire à un avenir digne de ce nom… À ce titre j’ai récemment découvert, au gré de mes recherches, une petite merveille intellectuelle qui décrypte avec faits, objectifs et arguments circonstanciés, la mort programmée de l’Autriche-Hongrie. Cette dernière reste couramment mais improprement appelée Empire austro-hongrois, alors que son nom exact devrait être Double Monarchie austro-hongroise.

François Fetjö fut un journaliste et historien français d’origine hongroise, spécialiste de l’Europe de l’Est et de l’histoire du communisme. Dans cet ouvrage solidement documenté, il présente sa thèse à rebrousse poil de l’histoire officielle : la Double Monarchie n’implosa pas suites aux attaques des minorités ethniques qui la composaient, pas plus qu’elle ne mourut à cause de ses contradictions internes dues à un système politique archaïque et décadent. Non ! Elle fut littéralement assassinée par la volonté politique des pays de l’Entente, animés par le désir de républicaniser l’Europe. Même si François Fetjö évoque, parfois avec une nostalgie certaine, que nous pouvons comprendre et partager le passé des Habsbourg, il ne tombe jamais dans l’hagiographie et le prosélytisme. Ainsi, avant d’entrer dans les considérations stratégiques et politiques du début du XXe siècle, l’écrivain rappelle comment cette famille de petite noblesse a su, par une lucide stratégie matrimoniale et une sagesse diplomatique, s’imposer comme l’une des dynasties les plus illustres d’Europe. Evoquant sa lutte contre la Maison de France, les Turcs musulmans, les Russes, l’auteur analyse également, point par point, les réussites et les échecs des descendants de Rodolphe de Habsbourg.

Précisons que l’histoire telle qu’elle est actuellement enseignée, reste malheureusement sous contrôle de la plus virulente extrême gauche. Les communistes et autres marxistes-léninistes dépeignent donc la chute de la Double Monarchie comme une fatalité qui relèverait en quelque sorte d’un sens de l’histoire cher à Hegel. Pourtant ce meurtre fut voulu et encouragé par les dominants d’alors. En effet, tout en évoquant le destin particulier de cette lignée habsbourgeoise, François Fejtö, à partir d’archives inédites ou trop peu connues, démontre que la monarchie austro-hongroise aurait pu continuer à exister après guerre, si les Alliés n’avaient pris la décision de la rayer de la carte. Nous pouvons lire cette analyse brillante : « Il est indéniable que le fait de démolir l’Autriche correspondait aux idées des maçons, en France et aux États-Unis (1). Leur vision de l’Europe républicaine et démocratique, dans le cadre de la Société des Nations qu’ils lui avaient prévue, ne s‘est point accomplie. En fin de compte, des dirigeants nationalistes, diplomates et militaires, se sont servis de leur appoint psychologique et moral pour établir l’hégémonie, encore précaire, de la France sur les petits États successeurs de la monarchie détruite, et qui étaient beaucoup moins viables et beaucoup plus dangereux pour l’équilibre de l’Europe, beaucoup moins utiles comme barrière à l’expansionnisme allemand que n’aurait été une monarchie réorganisée. »

fejtorequiem.gifEffectivement avant la Grande Guerre, l’Empire jouait un rôle stabilisateur en Europe centrale, comme nous l’avons malheureusement appris à nos dépends depuis son homicide : Deuxième Guerre mondiale, agitations et instabilités politiques chroniques dans cette zone géographique, guerres ethnico-religieuses dans les années 90, etc. Nous citons également le texte introductif de Joseph Roth qui figure dans l’avant-propos, démontrant la cohésion des peuples derrière leur souverain légitime : « Dans cette Europe insensée des États-nations et des nationalismes, les choses les plus naturelles apparaissent comme extravagantes. Par exemple, le fait que des Slovaques, des Polonais et des Ruthènes de Galicie, des juifs encafetanés de Boryslaw, des maquignons de la Bácska, des musulmans de Sarajevo, des vendeurs de marrons grillés de Mostar se mettent à chanter à l’unisson le Gott erhalte (2) le 18 août, jour anniversaire de François-Joseph, à cela, pour nous, il n’y a rien de singulier (3). » Il n’est guère étonnant que les babéliens d’hier et d’aujourd’hui, pourfendeurs des frontières et des identités, ne comprennent pas la nature réelle et profonde de ce cosmopolitisme chrétien et monarchique qui heurte leurs convictions maçonniques…

Sur la dépouille de la vieille et auguste monarchie naquirent de nombreux États libres et indépendants qui ne purent guère profiter longtemps de cette chimère révolutionnaire du « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ». Des historiens sérieux comme Jacques Bainville (4) avait vu dans le traité de paix de Versailles la trame historique des prochaines décennies et les désastres qu’il engendrerait. François Fetjö conclut de manière admirable : « La victoire totale de 1918 et les traités de paix qui en découlèrent engendrèrent le néo-impérialisme monstrueux de l’Allemagne, incarné par Hitler, puis l’expansionnisme de l’Union soviétique, qui a pu prendre en charge comme prix de sa contribution à la victoire sur Hitler, la quasi-totalité de l’Europe centrale.  » Concrètement nous pouvons dire que les grands principes démocratiques sont la mère de tous les totalitarismes. Malheureusement, au mépris de l’histoire nos adversaires enseignent que la Double Monarchie a implosé, alors qu’elle fut suicidée à l’insu de son plein gré…

Franck Abed

Notes

1: Il est notoire que Wilson et Clémenceau furent membres de la maçonnerie.

2 « Que Dieu garde notre Empereur et Roi », hymne de l’Empire, composé par Joseph Hayden.

3 : La Crypte des Capucins.

4 : Les conséquences politiques de la paix, ouvrage dans lequel est dénoncé le traité de Versailles de 1919 en ces termes célèbres : « Une paix trop douce pour ce qu’elle a de dur, et trop dure pour ce qu’elle a de doux. »

• D’abord mis en ligne sur AgoraVox, le 29 septembre 2016.

Quand le système judiciaire français coule à pic...

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Quand le système judiciaire français coule à pic...

par Xavier Raufer

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessous un point de vue du criminologue  Xavier Raufer, cueilli sur Atlantico et consacré à la déliquescence de la justice française...

Justice, ruine et délires : quand le système judiciaire français coule à pic

Tribunaux surchargés, gardiens de prison débordés, laxisme généralisé : l'institution judiciaire, clé de voûte de la République française, est aujourd'hui dans un triste et inquiétant état.

• A l'intention des persécuteurs stipendiés "Décryptage", "Décodeurs" & co., membres du Taubira-fan-club : tous les faits et chiffres ici mentionnés sont dûment sourcés et bien sûr, à leur entière et inquisitrice disposition.

1) La ruine

Une justice de qualité est-elle encore rendue dans la France de l'automne 2016 ? On peut en douter car le (fort pâle) garde des Sceaux lui-même parle d'une justice "exsangue". Situation d'autant plus grave que, bien sûr, la justice est la clé de voûte de tout Etat de droit.

Commençons par une - affligeante - visite du domaine judiciaire. Déjà, il est bien sous-dimensionné : par rapport à la moyenne de l'Union européenne, la France compte quatre fois moins de procureurs et deux fois moins de juges.

En France même et à l'automne 2015, le président de la conférence des procureurs dénonce "la faillite du service public de la justice" et - fait rarissime - les forts mutiques procureurs généraux élèvent désormais la voix. Tous dénoncent "des retards persistants d'exécution des décisions" et des "difficultés croissantes à faire fonctionner les chambres et fixer les audiences". Ainsi, en juin 2016 "au tribunal de Bobigny, 7 300 peines attendent d'être appliquées".

Avocats d'un côté, syndicalistes de la pénitentiaire de l'autre, tous dénoncent des "juridictions françaises en ruine". Bobigny, on l'a vu, mais aussi Créteil, Nanterre, Brest, Agen, Nantes : postes vacants, exécrables conditions de travail, piètres qualités des jugements ; encore et toujours, énormes délais d'audiencement.

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Côté syndical, on constate que les détenus deviennent maîtres des prisons - bandits, islamistes, hybrides (les deux ensemble, type Kouachi-Abdeslam-Coulibaly). Résultat : mutineries et émeutes à répétition, gardiens agressés dans des maisons (d'arrêt ou centrales), où la discipline se perd. Le patron du principal syndicat pénitentiaire parle de "déliquescence du système" et d'"autorité en fuite". Dans les prisons, désormais, "presque chaque détenu possède un portable. Certains en ont plusieurs" - quand c'est bien sûr formellement interdit.

Autre symptôme d'effondrement, les cafouillages dans l'appareil judiciaire ; d'abord, les "libérations intempestives". "Toujours plus de détenus relâchés devant l'impossibilité de s'expliquer devant un juge". Faute d'escortes, des multirécidivistes sont ainsi purement et simplement libérés. Au-delà, des couacs judiciaires en rafales (parmi vingt autres ces derniers mois) :

"Le receleur remis en liberté après une erreur du tribunal"... "Prison : une faute d'orthographe lui permet de sortir et de s'évader"... "Une figure du milieu marseillais libéré pour délai judiciaire dépassé", ainsi de suite.

Autre couac, financier celui-ci. "Victime" d'un premier imbroglio judiciaire, un islamiste de gros calibre reçoit du ministère de la Justice... un chèque de 20 000 euros de dédommagement. L'Obs' - qui n'est pas exactement un brûlot sécuritaire - dénonce une "erreur judiciaire grossière".

A Montargis, des documents de justice confidentiels sont mis à la poubelle et jonchent le trottoir.

Bien sûr, il y a eu les ravages-Taubira, ses expériences libertaires conclues par un bide intégral. Son diaphane successeur finit ainsi par reconnaître l'échec de la "contrainte pénale" (seul acte notable de l'ère Taubira), un "outil peu utilisé par les juridictions". Dit en clair : les magistrats se tapent des inventions de la camarilla-Taubira. S'ajoute à cela le foutoir qui règne depuis lors dans le (pourtant crucial) suivi des condamnés. Dispositif que la Cour des comptes, qui peut avoir la litote cruelle, dénonce en mai 2016 comme "empilement de nombreux acteurs qui peinent à s'organiser et coopérer".

L'idéologie libertaire est bien sûr en cause, mais aussi, une vaste incompétence. Ici, le récent et triste exemple donné par Mme Adeline Hazan, "contrôleuse générale des lieux de privation de liberté" (Inspecteur des prisons, en novlangue socialo). A l'été 2016, la "contrôleuse" déclare ainsi que "plus on construira de places de prison, plus elles seront occupées" - pathétique ânerie sur un banal effet d'optique-statistique, que l'on explique, pour le corriger, aux étudiants en criminologie de première année, vers le deuxième ou troisième cours...

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Bazar, idéologie, incompétence... Là-dessus, les bobards de journalistes naïfs ou complices. Après un braquage, combien de fois lit-on dans le journal que "le vol avec usage ou menace d'une arme est puni, au maximum, de vingt ans de réclusion criminelle et de 150 000 euros d'amende". Bon, se dit le lecteur : au moins, un malfaiteur paiera pour ses crimes. Tu parles.

Car sous Taubira & succession, voici comment passe la justice, la vraie, celle du quotidien. Août 2016 : lisons "Le Phare dunkerquois", de ces petits hebdos de province où affleure encore le réel criminel. Omar B. est toxicomane. 27 inscriptions au casier judiciaire. Enième affaire de vol en flagrant délit. Tribunal et sentence : "Le condamné n'est pas maintenu en détention (il sort donc libre)... Sa peine de neuf mois fermes est aménagée (en français, annulée) pour qu'il puisse entrer en post-cure et être opéré du genou". Vous avez bien lu. La justice Taubira & co., désormais appendice de la Sécu.

De telles affaires, chaque semaine.

2) Les délires

Dans les décombres de notre justice, les aberrations se succèdent, le burlesque un jour, l'effrayant le lendemain - le scandaleux, toujours - sur un rythme accéléré.

De ces aberrations, voici la dernière (à ce jour) : Nancy, un criminel incarcéré, en prime, proche d'un "dangereux détenu radicalisé", reçoit par erreur (on l'espère...) les noms des agents pénitentiaires ayant rédigé un rapport sur lui.

Peu auparavant, un autre bandit incarcéré profite d'une "sortie à vélo" pour s'évader et sauter dans la voiture où l'attend son frère, un islamiste fiché.

Et Reda B.

(17 condamnations dont 7 pour braquage) dont on lit qu'il s'est évadé (en 2012) de la prison du Pontet (Vaucluse) "à l'occasion d'un tournoi d'échecs".

Et ces évasions de la prison d'Amiens - deux en quelques mois ! - où des détenus scient les barreaux de leur cellule... Les draps de lit le long de la façade... Le complice dehors qui jette la corde... A l'ancienne, façon Fanfan la Tulipe ! La direction du lieu-dit, par antiphrase, "de privation de liberté", se demande "comment des lames de scie ont pu parvenir jusqu'à eux" - judicieuse question, vraiment.

Et ce tribunal de Grenoble qui, d'abord, prend comme caution d'un caïd de la drogue 500 000 euros en espèces, 1 000 billets de 500 euros "dégageant une forte odeur d'alcool... pour dissiper les traces suspectes".

Parfois, ces foirades confinent au burlesque : "Oise : un cours d'art martial pour les détenus, les surveillants indignés"... "Haute-Garonne : le détenu cachait une piscine gonflable dans sa cellule"... Registre happening, toujours : "Un styliste sans-papiers organise un défilé [de mode] clandestin au Palais de justice de Paris".

Les sportifs maintenant : "Nantes : à peine condamné, un détenu s'évade du tribunal en pleine audience". Le multirécidiviste "bondit hors du box et s'échappe". Les magistrats, bras ballants. Sans doute, ce bondissant "nantais" a-t-il été inspiré par un "collègue" de Colmar qui, plus balèze encore, "A peine condamné, s'évade par la fenêtre du tribunal".

Telle est aujourd'hui la justice, Taubira ou post-Taubira. Car, cette dernière partie jouer les idoles pour médias subventionnés - elle dont, à l'automne 2015, l'action était rejetée par 71% des Français - ça ne va pas mieux.

Un exemple, là encore pris entre dix autres analogues. Février 2016, gare de Lyon : un policier est massacré (triple fracture de la mâchoire, etc.) par un colosse de 110 kilos connu pour trafic de stupéfiants, vols de voiture, rébellion, etc. Arrêtée, la brute épaisse est laissée libre "sous contrôle judiciaire".

A chaque désastre, le transparent garde des Sceaux promet - que faire d'autre ? Tout va s'arranger... Les contrôles seront renforcés... Puis attend, résigné, que le suffrage universel abrège son calvaire.

Voici les dernières convulsions. Au gouvernement, incompétents, idéologues et pragmatiques-largués se déchirent. Suite à une pique du Premier ministre sur la modestie de son bilan effectif, Mme Taubira montre les dents et déclare "Je peux devenir méchante".

Enfin ! Un point sur lequel on peut lui faire pleinement confiance.

Xavier Raufer (Atlantico, 28 septembre 2016)

 

Presseschau - Oktober 2016

De moderniteit als mislukt experiment

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De moderniteit als mislukt experiment

door Jonathan Van Tongeren

Ex: http://www.novini.nl

De moderne mens leeft in een hiaat, zo oordeelt de Duitse filosoof Peter Sloterdijk. In zijn briljante en tegelijk verontrustende boek ‘De verschrikkelijke kinderen van de nieuwe tijd’ zet hij zich aan het uitmeten van dit hiaat.

Voor Sloterdijk is de moderniteit het gevolg van het hiaat. Als Sloterdijk van hiaat spreekt, dan bedoelt hij het proces van het opbreken van tradities en het afbreken van verwantschappen. Waarlijk modern is derhalve naar zijn overtuiging “dat vanuit het niets het tot dan toe overtuigde leven, dat in de experimenterende omgang met zichzelf het besluit verwerkelijkt, de verschoten traditie door intensieve hypothesen te vervangen.”

slotkinder42435.jpgSloterdijk verbindt dit hiaat ook concrete historische gebeurtenissen vast. Zo heeft in de Franse Revolutie, met haar voorlopige hoogtepunt in de executie van koning Lodewijk XVI op 21 januari 1793, de breuk met alles wat geweest is zijn definitieve manifestatie gevonden.

Sloterdijk trekt vervolgens de lijn van deze breuk en zijn gevolgen door, via Napoleon tot aan de Russische Oktoberrevolutie en de moord op de Romanovs. Zijn oordeel met betrekking tot deze gebeurtenissen kon nauwelijks harder uitvallen: Zonder het hiaat, dus zonder 1789 en 1793, hadden Napoleon noch Stalin een kans gehad.

Het tijdperk van de reparaties

Tegen deze achtergrond mag het niet verwonderen dat Sloterdijk ook geen goed woord over heeft voor de politici van tegenwoordig, die logischerwijze eveneens producten van het hiaat van 1789 zijn. “Waar de moderniteit het tijdperk van de projecten was, bewijst zich de postmoderniteit als het tijdperk van de reparaties. [..] Waar vooruitgang en reactie de leidende begrippen van de 19e eeuw waren, zijn lapwerk en reparatie die van de 21e eeuw. Grotere politiek lijkt nog slechts in de vorm van uitgebreide pechservice mogelijk.”

Maar waarom is dat zo? Waarom kan politiek tegenwoordig niets meer tot stand brengen, maar nog slechts repareren en zodoende noodzakelijkerwijs mank gaan? Het antwoord levert Sloterdijk in de vorm van wat hij ‘de beschavingsdynamische hoofdregel’ noemt: “In het wereldproces na het hiaat worden voortdurend meer energieën los gemaakt dan onder vormen van tot overlevering in staat zijnde beschaving gebonden kunnen worden.”

Deze zin barst van het Sloterdijkiaanse taalgebaar, waarvan we toe moeten geven dat ze niet altijd meteen eenvoudig te begrijpen is. De filosoof slaagt er zo echter in het hele drama van de moderne mens in één zin te condenseren. Het gaat er om dat de moderne mens steeds met meer te maken krijgt dan hij verwerken kan. De moderne mens laat het zodoende vrijwillig afweten.

De breuk met het verleden was immers een vrije keuze van de mens, die hem vandaag de dag steeds vaker op de knieën dwingt: “Alleen de ontkrachting van het verleden [..] bewerkt dat mensen zichzelf vrij moeten ‘uitkiezen’ of ‘uitvinden’. De vrijen zijn niet alleen diegenen die zich van een heer ontdaan hebben. Ze zijn ook diegenen die men zonder verklaring op straat heeft gezet.”

Diegenen die op straat zijn achtergelaten zijn voor Sloterdijk de ‘verschrikkelijke kinderen van de nieuwe tijd’. Falende opvoeding en vrijwillige zelfontaarding van vaders en moeders zijn hiervan voor Sloterdijk overigens niet meer dan een symptoom. Hij bedoelt met de verschrikkelijke kinderen al diegenen die kinderen van hun tijd moeten worden omdat ze zo graag met tradities breken of het zonder klagen accepteren wanneer anderen dat voor hen doen. Wie geen bindingen heeft en geen bindingen erkennen wil, is verloren en moet toegeven aan wat de tijd waarin hij leeft hem opdringt als schema voor denken en handelen.

Als men Sloterdijk volgt in zijn analyse van wat hij in de ondertitel van zijn boek het ‘antigenealogische experiment van de moderniteit’ noemt, dan is dat experiment in ieder opzicht mislukt. Zelfs links, dat in zijn ambities voor experimenteren met de mens het meest gedurfd was, wist volgens Sloterdijk geen enkel succes te boeken. Wel integendeel, links is naar zijn mening de politieke manifestatie van de mislukking om de grootheden ‘partij’ en ‘klasse’ op elkaar af te stemmen.

De vraag die overblijft, is die naar redding; of uitredding uit het experiment van de moderniteit mogelijk is en zo ja hoe. Sloterdijks antwoord kon niet eenduidiger zijn. Wie zich ervoor behoeden wil een kind van zijn tijd te worden, die mag niet toegeven aan hen die de breuk met de traditie tot een onomstotelijk dictum willen verheffen. Want voor het in-de-wereld-zijn is er ook wat Sloterdijk betreft geen alternatief. Ieder mens en dus ook de mens in de nieuwste tijd heeft het echter in de eerste plaats zelf in de hand hoe hij zich in dit bestaan inricht. Deze autonomie zou hij nooit op moeten geven.

N.a.v. Die schrecklichen Kinder der Neuzeit. Über das anti-genealogische Experiment der Moderne (Suhrkamp Verlag, 2014), hardcover, 489 pagina’s. In het Nederlands verschenen als: De verschrikkelijke kinderen van de nieuwe tijd (Uitgeverij Boom, 2015), paperback, 352 pagina’s.

 
 

mardi, 04 octobre 2016

Mister Céline. Docteur Destouches

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Entretien avec Marc Laudelout:

Mister Céline. Docteur Destouches

Ex: http://rebellion-sre.fr

Comme son nom l’indique, Le Bulletin célinien (fondé en 1981) est entièrement con­sacré à l’oeuvre de Louis-Fer­dinand Céline. Chaque mois, il rend compte de tout ce qui constitue l’actualité célinien­ne. Cette revue indispensable est dirigée, avec la plus gran­de rigueur, par Marc Laude­lout. Entretien publié dans Rébellion 29 – Mars/Avril 2008

Comment devient on célinien ? Qu’est ce qui vous touche le plus, personnellement, dans les écrits de l’auteur de Mort à crédit ?

Tout a commencé par la découver­te du Voyage au bout de la nuit dans la bibliothèque paternelle alors que j’avais une quinzaine d’années. Ce fut un grand choc. La lecture des autres romans suivit, dont précisé­ment Mort à crédit qui constitue, se­lon moi, son chef-d’oeuvre absolu. Ce qui me touche le plus, c’est l’harmo­nie entre l’univers célinien et le sty­le à la fois si original et si prenant. J’apprécie beaucoup aussi ce mélan­ge de comique et de tragique qui est, comme l’avait noté Céline lui-même à propos de Shakespeare (auquel il n’avait garde de se comparer !), la marque des grands écrivains. J’ad­mire chez lui ses dons multiples qui en font à la fois un grand écrivain ex­pressionniste et un polémiste étince­lant qui, même lorsqu’il se fourvoie, ne perd pas son talent. J’ajoute que Céline n’est pas que le vociférateur qu’on dépeint souvent : c’est aussi un chantre lyrique de la danse, de cer­tains paysages maritimes, de la beau­té féminine,… Ajoutez à cela un grand talent d’épistolier (que La Pléiade cé­lèbrera cette année), et vous aurez une vision presque complète de sa valeur en tant qu’écrivain.

laudelout.jpgComment expliquer le regain d in­térêt pour l’oeuvre de Céline de­puis quelques années ? En ren­trant dans les «classiques» de la littérature a-t-elle perdu de son aspect subversif ?

Je pense que, par son langage et sa façon de voir l’humanité, Céline est en phase avec son époque. Le fait qu’il soit devenu un classique n’a en rien entamé l’aspect subversif de son oeu­vre, d’autant qu’une partie de celle-ci demeure sous le boisseau. Or, ses écrits de combat constituent aussi de grands moments de littérature, com­me je l’ai indiqué. L’oeuvre célinien­ne est avant tout subversive dans la mesure où sa vision de l’homme est décapante et débarrassée des idéolo­gies sclérosées. Ce qui est subversif chez lui, c’est une grande lucidité al­liée à une sorte de mysticisme athée. C’est ce mélange qui est détonant.

Le pessimisme célinien ne laisse que peu de place à l’espoir. Dans cette vision extrêmement noire de la vie, n’y a t il donc rien au bout de la nuit ?

Céline a, en effet, une vision assez noire de l’humanité mais il y a des éclaircies dans son oeuvre personna­lisées par des figures inoubliables, tel le sergent Alcide, dans Voya­ge au bout de la nuit, qui rachètent toutes les autres. Paradoxalement, c’est dans Les Beaux draps, publié en 1941, que Céline est le moins pessi­miste puisqu’il y propose un vérita­ble programme de régénération na­tionale qui passe notamment par une réforme radicale de l’enseignement ainsi que par l’organisation de la so­ciété française sur des bases commu­nautaires.

Quel rôle joue l’humour si parti­culier qui émane tant de l’oeuvre que du personnage lui-même ? Serait-ce une catharsis de la mi­sère humaine, une échappatoire ou bien l’ironie du désespoir ?

Un peu tout cela à la fois… C’est sur­tout, chez Céline, une arme redou­table. Lorsqu’il est en exil au Dane­mark, il menace ses épurateurs d’un pamphlet vengeur, sachant très bien combien sa vis comica est puissante et dévastatrice. À l’instar de Proust, Céline est un très grand auteur co­mique, ce qui n’exclut ni profondeur ni gravité.

Dans l’écriture de Céline on trou­ve un mélange de colère et de fu­reur. Quelle place tient la révolte dans ses écrits et dans sa vie ?

Céline est, en effet, un homme en colère, fustigeant la société matéria­liste de son temps et ses contempo­rains qu’il trouve lourds, préoccupés par des frivolités et subissant des in­fluences délétères. Cette colère est aussi liée à l’histoire : ancien com­battant de la guerre 14-18, blessé dans sa chair suite à son attitude hé­roïque, il refuse avec force un nou­veau conflit franco-allemand qu’il es­time fratricide. Ce pacifisme extrême l’amènera, comme on sait, à préconi­ser une alliance avec l’Allemagne na­tionale-socialiste.

Beaucoup de ses amis relevaient la grande différence entre l’hom­me qu il était vraiment –fidèle en amitié, médecin généreux et ami des bêtes – et le personnage de clochard misanthrope qu’il jouait dans les dernières années de sa vie. N’est ce pas là le plus para­doxal dans sa personnalité?

Céline, né sous le signe des Gémeaux, était un être très ambivalent, tour à tour avare et généreux, sensible et dur, compatissant et misanthrope, al­truiste et indifférent,… C’est, en ef­fet, une personnalité très paradoxale. Cela étant, il faut distinguer le Céline des années 20-40 et l’altruiste profon­dément déçu revenant d’exil. Nul dou­te que quelque chose s’est brisé en lui durant les dix-huit mois de réclusion qu’il fit au Danemark. Ces épreuves n’ont fait qu’accentuer sa misanth­ropie foncière. S’il ne s’est jamais re­nié, il regrettait, à la fin de sa vie, de s’être occupé de politique, estimant, disait-il, que ces problèmes le dépas­saient de beaucoup.

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A quel niveau placer «l’engage­ment politique» de Céline ? Est il pour vous, comme Marc Crapez le décrit dans son livre La Gau­che réactionnaire, le dernier re­présentant de l’esprit sans-culot­te hébertiste ?

Il faut se méfier des étiquettes. On trouve, en effet, chez Céline des ac­cents hébertistes mais on peut aussi le rattacher à d’autres courants pro­ches de l’anarchisme de droite qui suppose un regard sans complaisan­ce sur le peuple tel qu’il est et non tel qu’on l’exalte. Lui-même se di­sait communiste mais « communis­te d’âme » et bien entendu antidémo­crate, résolument hostile à la dictatu­re de la majorité. « Les cons sont la majorité, disait-il, c’est donc bien for­cé qu’ils gagnent ! ».

La filiation littéraire de Céline est glorieuse – François Villon, Rabe­lais, Jules Vallès, Proust – com­ment a-t-il intégré ses influences dans son travail ?

Céline a créé son propre langage en parfaite adéquation avec son univers baroque mais il est évident qu’il ne part pas de nulle part. Les influen­ces qu’il a subies sont multiples. Il avait une grande admiration pour les classiques, dont Chateaubriand et La Fontaine mais aussi les écrivains que vous citez, y compris Proust, si éloigné de lui, auquel il reconnaissait un incontestable don de créateur. À la fin de sa vie, il disait son estime pour trois écrivains contemporains : Henri Barbusse, Charles-Ferdinand Ramuz et Paul Morand (première manière) dans la mesure où eux aussi étaient parvenus à introduire l’émotion du langage parlé dans leur écriture.

On a dit aussi que Céline avait lu et apprécié Nietzsche. Pourtant, Lui-même ne l’a jamais évoqué directement dans son oeuvre ?

Céline était très discret sur ses lec­tures. On sait que, durant sa période londonienne, il fut un grand lecteur de Nietzsche qu’il citera plus tard (parfois sous forme allusive) et dans son oeuvre et dans sa correspondan­ce. À cet égard, je vous recommande la lecture du livre de Anne Henry, Cé­line écrivain (L’Harmattan, 1994) qui montre avec talent la proximité de la pensée de Céline avec celle de Nietzs­che mais aussi de Schopenhauer.

Vous dirigez Le Bulletin célinien, pouvez nous vous présenter ses activités ?

Le Bulletin célinien, qui en est à sa 27ème année, a essentiellement pour vocation de rendre compte de l’actualité célinienne (publications, colloques, adaptations théâtrales, échos de presse, etc.) mais publie aussi des études, des témoignages et divers documents relatifs à l’homme et à l’oeuvre. Je me considère, sans fausse modestie, comme un publi­ciste célinien, pas davantage. Le seul titre de gloire de la revue que j’anime est d’être l’unique mensuel consacré à un écrivain. En marge de l’édition de ce périodique, j’édite aussi des disques consacrés à Céline (Robert Le Vigan, Arletty, Albert Paraz, etc.) et des livres. J’ai notamment publié des ouvrages d’Alain de Benoist, Pol Vandromme, André Parinaud et Henri Poulain traitant de l’écrivain. En sep­tembre prochain sortira le 300ème nu­méro du Bulletin…


Le prix de l’abonnement est de 56 € (France et Belgique). Pour les pays ex­tra-européens l’abonnement est de 76 €. L’abonnement comprend les onze numé­ros de l’année en cours.

Le Bulletin Célinien
c/o Marc Laudelout,

139 rue Saint-Lambert,

BP 77

B-1200 Bruxelles (Belgique)

http://bulletincelinien.com/

Hidalgo, les naturistes et les prophéties de Philippe Muray

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Hidalgo, les naturistes et les prophéties de Philippe Muray
 
Par Vincent Trémolet de Villers
 
Ex: http://lafautearousseau.hautetfort.com
 
Bruno Julliard, maire-adjoint de Paris a défendu l'idée d'un camp de naturistes dans la capitale. Avec finesse et humour, Vincent Trémolet de Villers dépeint ici Anne Hidalgo comme le personnage le plus abouti de l'écrivain Philippe Muray [Figarovox - 26.09]. A vrai dire, nous avons aimé cette analyse qui tourne en dérision, en ridicule achevé, une certaine modernité indéfendable. Vincent Trémolet de Villers évoque aussi Christophe Guilluy qui constate Le Crépuscule de la France d'en haut. Viendrait-elle à s'effondrer, disparaître, céder la place, que, selon l'expression de Houellebecq à la toute fin de Soumission, nous n'aurions vraiment « rien à regretter ».   Lafautearousseau
 
 
« Le réel est reporté à une date ultérieure », écrivait Philippe Muray. C'était il y a quatorze ans. Cette formule ferait un beau slogan pour la campagne perpétuelle d'Anne Hidalgo. C'est un monde enchanté qu'elle promeut, une éternelle île aux enfants.

Dernier cadeau ? Bruno Julliard a défendu ce lundi la création d'« une zone naturiste dans la capitale »: « Paris capitale, mais Paris à poil ! », aurait-il pu ajouter. « Ça ne fait de mal à personne », a poursuivi l'adjoint au maire de Paris et c'est une revendication du groupe écologiste. Bigre ! David Belliard, coprésident de ce groupe défenseur de la planète, est encore plus précis : « On souhaite expérimenter un espace récréatif dans lequel les naturistes puissent se dénuder librement. » Ce pourrait être dans un parc, un jardin public, si l'on a bien compris. Proposons ici aux élus de Paris d'attribuer à ces braves gens une partie des voies sur berge de la rive droite. Une zone sans voiture, sans chemise et sans pantalon. À pied, en trottinette ou en Vélib, on y déambulera nu comme des vers. L'outrage aux bonnes mœurs s'arrêtera à cette nouvelle frontière et le mooning (coutume britannique qui consiste à montrer son arrière-train), laissera le passant indifférent. Il y aura inauguration (tenue de ville ?), campagne électorale sur zone où l'on pourra mesurer le degré d'implication des candidats. C'est magique et tragique : un mélange de Houellebecq et de Philippe Muray.

« Le réel ne passera pas », poursuivait ce dernier. Le réel, il faut dire, est triste comme un monospace, ennuyeux comme un lotissement, vulgaire comme un embouteillage. Plus encore, avec sa cohorte de chômeurs, de commerciaux qui roulent en diesel, de prolos qui ont la même bagnole depuis 1998 !, de banlieusards qui n'habitent pas une surface atypique en plein cœur de Paris, de « pass Navigo » qui ne goûtent pas à la poésie des « défaillances techniques » et des « incidents voyageurs » dans le RER E, le réel est dégoûtant. « Salauds de pauvres ! », lançait Jean Gabin dans La Traversée de Paris.

On préfère une vie de coulées vertes et de potagers urbains (bio), de plages estivales et de Nuit debout, de marchands de légumes oubliés et de lieux de mémoire, de restaurants végans et de galeries vides, de squares sans tabac et de salles de shoot, de burkinis et de naturistes, de barbiers « à l'ancienne » et de hipsters. Puisqu'il est impossible de remplacer l'asphalte des rues parisiennes par les surfaces souples des écoles maternelles, la mairie, heureusement, ne lésine pas sur les « alertes nécessaires ainsi que les informations et les recommandations en direction des usagers sur ce qu'il faut faire et ce qu'il vaut mieux éviter » (Muray encore). On oubliera donc ni casque ni genouillère, et « la police du plaisir sain », bras croisés et bottes de cuir, veillera au grain dans les rues de Paris. Rollers et matraque : le bonheur, c'est fluide comme une circulaire municipale.

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On nous dira que le monde rêvé d'Anne Hidalgo a la plus belle ambition qui soit : découvrir « l'Autre » (ce qui déshabillé n'est pas sans risque). Tous ces efforts, cependant, créent de plus en plus de barrières : c'est aux socialistes que nous devons la restauration des octrois à l'entrée de Paris. De départ des familles en gentrification des quartiers populaires : « l'Autre » est renvoyé en banlieue quand ce n'est pas au-delà et c'est le « Même » finalement qui profite de la piétonisation des voies sur berge. Ce que dit Christophe Guilluy, dans son dernier essai, Le Crépuscule de la France d'en haut (Flammarion) : « Si les élites et les classes supérieures vantent l'ouverture au monde et aux autres, elles érigent dans le même temps des frontières invisibles qui accentuent les inégalités spatiales et culturelles pour donner naissance à la “ville ségrégée”. Proches de l'immigré mais pas trop. »

Pour Anne Hidalgo, pourtant, les mots sont performatifs. Il suffit de les dire pour que les choses existent. « L'ennui c'est que Paris-Plage n'existe pas, écrivait déjà Philippe Muray il y a dix ans, il faut le rappeler une fois encore, sans la moindre agressivité et fermement. C'est un concept, un schéma, une idée générale, tout ce que l'on voudra ; mais pas une plage. Au mieux, une sorte de mythe urbain, une chimère, un mensonge cousu de sable blanc. »

Muray avait tout vu et ses prophéties - les passions distractives et législatives, le festivisme comme religion, « le triangle des bermudas », « la cage aux phobes », « l'adulte infantifié sur son île de rêve », la touriste blonde décapitée sur l'île de Tralala - sont si précises que l'on cherche dans ses essais l'invention d'Anne Hidalgo : présente partout, visible nulle part…

Muray avait tout vu. Tout sauf les nudistes de Paris. Il aurait sans doute modifié sa superbe formule : « Le réel est reporté à une date… postérieure. »  • 

 
Rdacteur en chef des pages Débats/Opinions du Figaro et du FigaroVox

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2030: Les immigrés et les cas sociaux majoritaires en France?

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2030: Les immigrés et les cas sociaux majoritaires en France?

Ex: http://cerclenonconforme.hautetfort.com

Impossible de savoir de quoi l'avenir sera fait. Il y a trop de facteurs en jeu, trop d'imprévus, trop d'incertitudes. Cependant, on peut esquisser un assez probable tableau de ce que deviendra notre pays dans un futur plus proche qu'on ne le pense. Et un pays est avant toute chose la somme des populations qui y vivent. Partant de là, on se dit que le cauchemar ne fait que commencer... La situation actuelle nous apprend trois choses fondamentales :

1 – Le pourrissement et la décrépitude de la France sont solidement ancrés et rongent les forces vives de notre pays à une vitesse inquiétante. La France change et les « Français » aussi. Entre le grand remplacement et la dégénérescence inexorable d'une partie de la population « de souche », on se dit que la célèbre formule de Robert Dun prend tout son sens : « Il est plus tard que vous ne pensez ».

2 – En 40 ans, notre pays a complètement changé. Quatre décennies ! Ce n'est rien à l'échelle de la vie d'un peuple. A ce rythme-là, on se dit que 20 ou 30 ans de plus suffiraient à anéantir tout ce que la France a été....

3 - L'oligarchie est la principale responsable du marasme total dans lequel se débat la France depuis si longtemps. Si tout ce que nous connaissons n'est pas le fruit d'une conspiration, on peut toutefois vérifier chaque jour à quel point l'état de notre pays est dû à la nullité et à l'incompétence des pseudo-élites qui nous gouvernent mais surtout à l'idéologie qui les porte: mélange de marxisme culturel et de soumission à l'étranger. Un pays mal dirigé et trahi depuis des décennies a toujours peu de chances de briller... C'est une évidence historique. Notons cependant que lorsque le peuple ne fait rien pour se préserver et accepte quasiment tout sans broncher, la situation est encore pire. C'est l'histoire récente de la France. Elle aura des conséquences abyssales sur l'avenir. Si avenir il y a.

On le sait: la démographie, les déplacements de personnes à grande échelle et la surpopulation seront les enjeux du XXIème siècle dans le monde entier. Nous allons donc tenter d'aller à l'essentiel: à quoi ressemblera la population française ne serait-ce que dans 20 ans ? Les quelques éléments ci-dessous n'ont aucunement la prétention de faire le tour de la question mais simplement d'apporter quelques éléments de réflexion.

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I. Déclin du talent et fuite des cerveaux

Le premier facteur de réponse se trouve dans une évidence rarement formulée : le déclin du talent (je reprends ici à dessein le titre du livre de H.F. Günther). Toute notre société en témoigne. La France devient peu à peu un pays de sous-doués qui ne pourra éternellement vivre sur ses acquis anciens. La baisse du QI moyen français en 20 ans (4 points en moins pour une moyenne de 98 désormais) a certes de multiples causes mais ne viendra pas démentir mon propos.

L'école (qui n'est que le miroir de la société voulue par le Système) est en crise, elle produit des générations d'analphabètes et de crétins... Oui, ceux qui seront la France de demain... L'abrutissement n'a jamais été si profond chez une population qui n'aspire bien souvent qu'à consommer et à se laisser porter par les vagues du Système. C'est l'inculture satisfaite qui domine aujourd'hui. Nous en avons déjà parlé. Les Français n'ont le goût de rien, ni de penser, ni de créer, ni de travailler. Ils sont trop fatigués. Ils transmettent tout cela à leurs enfants...

fuite-des-cerveaux.gifEn parallèle, les cerveaux quittent la France. Adieux diplômés et chercheurs remplacés par migrants et chômeurs exotiques! Tous ces cerveaux ne reviendront jamais. Ils constituent une perte irréparable, d'autant que leur nombre ne fait qu'augmenter. “Le flux net sortant annuel des personnes nées en France a doublé entre 2006 et 2011 pour s’établir à près de 120 000 personnes en 2011” lit-on dans le Figaro. Si l'on s'en tient à ces chiffres, ce sont donc plus d'un million d'individus parmi les plus qualifiés que l'on perdra en 10 ans. Qui restera-t-il à votre avis ?

II. L'explosion de l'assistanat

Face à une conjoncture économique désastreuse nourrie des conséquences de la mondialisation et de la nullité des pouvoirs publics dans le domaine de l'emploi, la France compte 10% de chômeurs soit 6,5 millions de personnes (toutes catégories confondues).

Parmi ceux-ci, ne nous voilons pas la face, existe un nombre conséquent de gens qui ne font rien, ne cherchent pas de travail et vivent aux crochets de la collectivité. Prenons d'abord les chiffres officiels de la CAF : fin 2015, plus de 2,5 millions de foyers français sont allocataires du RSA ! 2,5 millions de foyers, c'est au moins 7 à 8 millions de personnes, non ?

L'assistanat est devenu un problème majeur pour la France. Nous en avions déjà parlé dans notre article Métier ? Assisté. Les profiteurs professionnels sont de plus en plus nombreux et pondent des tas d'enfants qui seront eux aussi voués à suivre les traces de leurs géniteurs: ne rien faire et profiter du Système ! Ce phénomène est inquiétant de par son ampleur mais surtout de par son caractère profond: ces populations d'oisifs et de cas sociaux dégénèrent de génération en génération! L'oisiveté est la mère de tous les vices dit l'adage... C'est ce que nous avons appelé la « cas-socialisation de la France ». Une triste réalité qui pose déjà d'épineux problèmes car l'aide à outrance constitue un appel d'air pour l'immigration et fait dégénérer des millions de Français.

Le Système continuera sa politique d'assistanat malgré tous les problèmes posés par celle-ci (problèmes financiers notamment, voyez comme les départements sont asphyxiés par le paiement de ces aides). C'est une évidence : les bénéficiaires du RSA et du reste seront de plus en plus nombreux. Plusieurs raisons à cela :

-Le chômage endémique et tout ce qui découle des décennies de libéralisme qui ont mis la France à genoux.

-La facilité de vivre sans rien faire grâce à des aides mirobolantes. Y'a bon la sécu! comme dirait le Docteur Merlin! Français ou étrangers, venez tous vous abreuver à la source du pognon facile. Aucune contrepartie n'est demandée !

-La volonté de l'Etat de garder sous perfusion financière des millions de personnes. Celles-ci sont, de fait, ses obligés. Les masses oisives sont tenues en laisse en quelque sorte. Si elles ne percevaient rien, elles seraient à même de déclencher d'importants troubles sociaux. RSA = un des ingrédients de la paix sociale.

Le redressement économique et moral de notre pays ne semblant pas prévu pour demain, la France sera dans 20 ans un pays qui crèvera littéralement de ses assistés, tant financièrement que socialement et culturellement. Le pain et les jeux seront plus que nécessaires pour tenir la plèbe exotique et crasseuse! Autant dire que ce n'est pas un atout pour notre avenir...

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III. La France colorée

Qui fait des tonnes d'enfants aujourd'hui, mis à part les cas sociaux? Les immigrés extra-européens. Ces derniers, on le sait, sont majoritairement des assistés professionnels. Il suffit de constater à quel point les départements les plus touchés par l'immigration sont souvent ceux où les aides sociales sont les plus développées (Seine-Saint-Denis, Nord...).

Aujourd'hui, les chiffres des naissances non-blanches font froid dans le dos. On les connaît grâce au dépistage de la drépanocytose qui est une maladie génétique ne touchant quasiment que les populations africaines ou antillaises. La France interdisant les statistiques ethniques, c'est le seul moyen pour nous de savoir quelle est l'ampleur du grand remplacement. Les chiffres ci-dessous sont édifiants (source)! En 2015, près de 40% des enfants nés en France n'étaient pas d'origine européenne! Des régions comme la PACA (52%!) ou l'Ile-de-France (73%!) semblent condamnées à court terme à devenir des enclaves africaines où les Blancs seront en grande minorité. Le reste du pays suit la même trajectoire... L'africanisation de la France, prévue dans les années 1930 déjà par un Céline, est devenue réalité. Imaginez dans 20 ans...

Le fait est que même si les frontières étaient fermées aujourd'hui, nous serions tout de même condamnés à l'africanisation. Il y a certes peu de risques qu'elles le soient de sitôt... Les migrations continueront et viendront accélérer la mise en minorité des Blancs. La tour de Babel au lieu de la tour Eiffel! N'oublions pas pour finir que la population « de souche » est vieillissante et qu'elle ne peut faire face, à terme, au flot continu de populations jeunes qui lapinent à tout va. Aujourd'hui déjà, si le taux de natalité français (dont se félicitent politiciens et médias) est supérieur à celui de certains pays voisins, c'est bien grâce à l'apport africain...

IV. Villes et campagnes

La population française étant urbaine à 80%, il est utile de se questionner sur l'avenir de nos villes, là où le changement est toujours le plus rapide. En 40 ans, elles ont tellement évolué... en mal. La fuite de la population blanche de celles-ci ne va faire que croître. Cloaques immondes bourrés de toutes les races sombres et vendues au mondialisme financier et cosmopolite, les métropoles verront leur population se transformer comme jamais. Elles perdront peu à peu leur identité, bafouée par les influences extra-européennes et le phénomène bobo, à l'image de ce qui se profile depuis des années. La gentrification de certains quartiers s'accélérera probablement, menée par tous ceux qui s'accommoderont de la situation grâce à leurs revenus élevés. Pour le reste, ce sera la direction du bidonville... Normal, la France devient un pays digne du tiers-monde.

Les Blancs « normaux » continueront quant à eux leur exode dans ce que le géographe Christophe Guilluy a appelé « la France périphérique ». Les temps seront de plus en plus durs, il va falloir payer et supporter le poids des diverses chances pour la France dont on vient de parler... Le dictature du Système risque en outre de s'intensifier... Campagnes et zones périurbaines profondes deviendront les bases de repli de tous ceux qui voudront se séparer de ce que le Système aura fait de notre pays. C'est là que les Blancs les plus conscients s'organiseront face à une France qui n'en aura plus que le nom et qu'ils pourront retrouver leurs racines et traditions... ainsi qu'un sens à la vie! En attendant de résister activement et non plus passivement à leur disparition programmée? Espérons-le, le temps presse. Il n'a jamais été si tard.

Rüdiger / C.N.C.

Note du C.N.C.: Toute reproduction éventuelle de ce contenu doit mentionner la source.