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lundi, 01 juin 2015

La politique agricole ne doit pas être réduite à la compétitivité et aux frontières ouvertes

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La politique agricole ne doit pas être réduite à la compétitivité et aux frontières ouvertes

par Reinhard Koradi

Ex: http://www.horizons-et-debats.ch

Dans certains domaines économiques des frontières ouvertes peuvent bien apporter des avantages, aussi bien pour l’offreur que pour le demandeur. Les relations économiques internationales sont en fin de compte la conséquence de la présence de ressources différentes, de conditions de production, mais aussi de l’aptitude ou des capacités de production. Sous cet angle le libre accès au marché peut certainement être considéré comme un progrès. Cependant, les guerres pour les ressources ne montrent que trop clairement que le libre-échange doit souvent céder la place au pouvoir du plus fort. Les marchés ne sont véritablement libres que si l’égalité, l’équité et la transparence sont disponibles sans réserves. L’économie du marché libre devrait comprendre impérativement la liberté d’un Etat souverain de décider de façon autonome de sa participation et de l’ampleur de la libéralisation et de la dérégulation. On entendrait rapidement le reproche de «profiteur» partout à la ronde mais si chaque partie fait usage de son droit d’Etat souverain de sauvegarder les intérêts de ses citoyens, ce reproche de «profiteur» peut facilement être récusé.

Le libre-échange détruit la souveraineté nationale

Il y a plusieurs raisons qui sabotent les conditions d’un véritable marché libre. Une des causes principales est la violation de la souveraineté nationale. Le régime (économique) universel défini par l’OMC, le FMI, la Banque mondiale et l’OCDE montre de graves lacunes. A la partialité s’ajoute avant tout le manque de volonté de penser et d’agir de façon différenciée. Le fait d’ignorer sciemment les différences dans les situations de départ et les conditions cadres différentes ainsi que la prétention à l’infaillibilité, violent le droit à l’autodétermination de peuples souverains. Dans ce contexte, il faut aussi déclarer comme inquiétants les accords transnationaux en train d’être négociés (TTIP, TiSA). S’ils entrent un jour en vigueur, les Etats nationaux et leurs gouvernements seraient par la suite encore plus dépendants des intérêts commerciaux des grandes sociétés transnationales. En signant de tels accords, les entités politiques et les autorités soumettent l’autonomie de leurs Etats aux objectifs mondiaux, égoïstes et orientés au pouvoir d’une minorité à grande puissance financière. La politique perd ainsi son indépendance et court le risque de se retrouver entièrement au service des intérêts partisans de la haute finance.


Des corrections correspondantes sont donc urgentes. Les Etats doivent à nouveau insister sur leur droit à l’autodétermination et s’opposer énergiquement aux prétentions de pouvoir autoritaire des chefs de sociétés et de lobbyistes économiques. Accordés selon les besoins spécifiques des pays et de leurs populations, il est nécessaire de rompre les contenus des accords et des obligations ordonnés globalement – et de les résilier, si nécessaire. Alternativement, il faudrait examiner la conclusion d’un accord correspondant entre deux partenaires souverains ou bien la propre activité par des organisations et des activités auto-responsables.

Le contrôle démocratique et la solidarité sont soumis à des pressions

C’est valable avant tout lorsqu’il s’agit de l’approvisionnement de base. La responsabilité d’un approvisionnement de base optimal est en main des pouvoirs publics. En Suisse, ce sont donc la Confédération, les cantons et les communes. Au cours des discussions sur la dérégulation, la libéralisation, la privatisation, la compétitivité et le Public management, la garantie de l’approvisionnement en biens assurant la subsistance, respectivement les biens et les services nécessaires à la vie se sont considérablement détériorés. De plus en plus le dogme que l’Etat serait inefficace s’est imposé, la concurrence favoriserait la prospérité et le marché libre serait le régulateur du marché le plus efficace. A cela il faut répondre qu’une infrastructure construite et maintenue par les pouvoirs publics représente une garantie solide de sécurité de l’approvisionnement, assure la fiabilité, la haute qualité, et l’égalité des chances et contribue ainsi de façon essentielle à l’attractivité d’un pays ou d’une région. La commercialisation des devoirs publics (approvisionnement en énergie et en eau, circulation, formation, système de santé, administration et sécurité) mine dans beaucoup de domaines le système de milice très efficace et le travail précieux de bénévoles. Ainsi, le contrôle démocratique de ces tâches essentielles d’approvisionnement se perd et la solidarité au sein de la population se trouve sous pression par la pensée dominante de la concurrence.

L’agriculture est une réassurance

Pour l’approvisionnement de base, l’agriculture productrice est d’importance centrale. Depuis des décennies l’importance d’un approvisionnement de base garanti est négligée de façon inadmissible et on poursuit une politique agricole incomplète réduite à la concurrence et aux frontières ouvertes – bien camouflé par un voile écologique adapté aux exigences dominantes. En réalité, une telle politique ne satisfait nullement aux exigences politiques, sécuritaires, sociales et économiques.


La conséquence de cette politique est que les paysans, pas seulement en Suisse, luttent pour leur survie tout en s’observant mutuellement de manière assez critique. La politique agricole actuelle occulte totalement les aspects de la politique d’approvisionnement et donc du maintien nécessaire des infrastructures pour une production alimentaire indigène et se transforme de plus en plus en un laboratoire d’essais in situ néolibéraux. Les paysans se retrouvent donc peu à peu dans une crise existentielle dangereuse. Ils sont pris entre le marteau et l’enclume. D’un côté, les coûts de production augmentent, notamment à cause des réglementations débordantes concernant la production et la qualité et des mesures de contrôle supplémentaires. De l’autre côté, les prix de leurs produits baissent continuellement – ce qui est voulu par la politique. L’«assainissement» structurel, également exigé par la politique agricole officielle, presse les agriculteurs dans le piège de l’investissement. Les petites unités d’exploitation perdent leur base d’existence à cause des revenus en baisse et sont donc forcées ou d’abandonner leur activité ou de l’élargir à l’aide d’investissements conséquents. La quantité de production ainsi augmentée fait pression sur les prix. Cette spirale s’accélère constamment et réduit dangereusement le nombre des exploitations agricoles productrices, mettant en danger la sécurité d’approvisionnement. Ce processus conduit finalement à l’industrialisation de l’agriculture – également en Suisse.

L’industrialisation est certes peu appétissante, mais ce qui pèse encore plus lourd ce sont la perte de souveraineté alimentaire et les tragiques destins individuels des familles paysannes. Pour justifier cette politique, on avance des slogans parlant de compétitivité et de réduction des prix pour les denrées alimentaires. Le caractère explosif de ces incitations dans le domaine agricole reste cependant caché. Déstabilisation de la sécurité d’approvisionnement, dépendance de l’étranger, perte d’emplois précieux et abandon de l’autodétermination concernant la production et la consommation des denrées alimentaires en Suisse. Ce qui reste, c’est la question de savoir qui profite des bénéfices de cette augmentation d’efficience. Ce ne sont certainement pas les consommateurs, bien qu’on tente à tout moment de nous le faire croire.


On ne peut pas s’attendre à ce que cela change automatiquement. Donc, la seule voie possible, c’est le sursaut des citoyens. Ce sont eux qui doivent se pencher sérieusement sur le scénario qu’un jour, leurs assiettes resteront vides, parce que la Suisse ne produit plus suffisamment, que l’importation de l’étranger ne fonctionne plus suite à des «désaccords» politiques et peut-être même parce que tout simplement le pouvoir d’achat n’est plus suffisant? La concentration dans la production alimentaire ne se limite pas aux paysans. Il y a aussi les secteurs en amont et en aval qui souffrent de la même manière de la restructuration agricole, mettant finalement en danger la place économique Suisse et les emplois qui y sont liés.

Un changement de cap en vue?

Les Nations Unies ont déclaré l’année 2014 Année internationale de l’agriculture familiale et 2015 Année internationale des sols. Avec cette déclaration, on veut attirer l’attention sur l’importance des sols pour la biodiversité, la sécurité alimentaire, l’agriculture et d’autres prouesses en partie inconnues des sols. Divers offices fédéraux, représentants des organisations de métiers et de branches ainsi que des Organisations non-gouvernementales (ONG) organisent en Suisse au cours de cette année différentes activités concernant le milieu de vie qu’est le sol.


La prise de conscience que les sols représentent un bien très précieux et limité, nous force de nous occuper soigneusement et de façon responsable de cette base nécessaire à toutes les activités économiques. L’équilibre entre utilisation et protection de la ressource naturelle qu’est le sol pose des exigences élevées aux acteurs compétents à tous les niveaux. Ce sont naturellement avant tout les paysans qui sont concernés. Etant donné qu’ils connaissent parfaitement l’importance des sols comme base d’existence, nous pouvons faire confiance en leur savoir, leur expérience et leur respect dans ce domaine. Les sols arables diminuent cependant de plus en plus. L’urbanisation (construction de lotissements), changements d’affectation, espaces de détente, renaturation des fleuves et des bords de lacs ainsi que la protection de l’environnement vont souvent à l’encontre de la production de biens agricoles. Souvent les intérêts commerciaux sont prépondérants face aux valeurs idéelles avancées. Une politique agricole durable et moderne doit trouver un équilibre sensé entre l’agriculture productrice et l’écologie. Il n’est pas acceptable de construire une opposition entre l’écologie et la production alimentaire assurant l’existence dans notre pays.


Au cours de l’Année internationales des sols, il faut aussi thématiser la souveraineté nationale sur l’exploitation des sols. Le pouvoir de disposer des ressources nationales – et les sols en font impérativement partie – doit rester, ou devenir, intangible dans le monde entier.
Le sol avec tous ses trésors naturels doit être déclaré base de vie incontestable pour les êtres humains vivant dans leurs pays respectifs et ne doit jamais être utilisé ou abusé en tant que «bien commerçable» ou objet de spéculation. L’achat de terres arables («Land-Grabbing») dans les pays moins développés par des investisseurs internationaux et des Etats riches doit être stoppé. Au lieu d’acheter des terres dans des pays étrangers, il est urgent d’utiliser les propres ressources de façon responsable, de les aménager et de garantir l’autosuffisance par la production agricole indigène à l’aide de mesures ciblées.

Augmenter le sens des responsabilités aussi en Suisse

De plus en plus de personnes reconnaissent l’importance de l’autosuffisance pour la stabilité interne et la souveraineté d’un peuple. En Suisse, divers initiatives populaires sont en route. Toutes ces initiatives exigent un renforcement de la souveraineté alimentaire. L’Union suisses des paysans tout comme Uniterre et les Verts expriment dans leurs initiatives leur mécontentement croissant concernant l’actuelle politique agricole dans notre pays. Le grand nombre de signatures obtenues affirme que ce mécontentement se retrouve également dans de larges pans de la population.


Dans ce contexte, il faut également prendre en compte l’interpellation du conseiller national Ernst Schibli de mars 2015. Il s’est adressé au Conseil fédéral de la manière suivante (extrait): «Bien que la Suisse affiche le taux d’autoapprovisionnement le plus bas d’Europe, la politique agricole de la Confédération est axée sur une exploitation de plus en plus extensive. Or, vu la situation dans le pays et à l’étranger, c’est l’inverse qui devrait être le cas.»


Il demande au Conseil fédéral s’il a conscience de l’importance de l’étroite collaboration entre l’agriculture productrice et les secteurs en amont et en aval pour maintenir l’approvisionnement varié et suffisant en denrées alimentaires indigènes. Puis il demande au gouvernement s’il est prêt à définir les conditions-cadres nécessaires pour que les fournisseurs de prestations de l’ensemble de la chaîne de création de valeur aient des perspectives et qu’ils puissent remplir leur mandat à long terme, et cela également pour les entreprises de plus petite taille. En outre, l’interpellant souhaite savoir si le Conseil fédéral est favorable à un approvisionnement suffisant en denrées alimentaires indigènes de grande qualité.


Le Conseil fédéral n’y a pas encore donné de réponse. Les signes venant de la population soulignent cependant l’urgence et l’importance de cette requête.

C’est à nous de prendre les choses en main

Les bases de la politique agricole suisse sont fixées dans la Constitution fédérale à l’article 104 sur l’agriculture:
1    La Confédération veille à ce que l’agriculture, par une production répondant à la fois aux exigences du développement durable et à celles du marché, contribue substantiellement:
a.    à la sécurité de l’approvisionnement de la population;
b.    à la conservation des ressources naturelles et à l’entretien du paysage rural;
c.    à l’occupation décentralisée du territoire.
Les citoyens suisses sont appelés à se servir de leurs droits politiques pour exiger la mise en œuvre de l’article 104. Ce qui doit absolument faire partie d’une politique agricole moderne et durable (dans le sens du maintien de la productivité), c’est la protection et la promotion des structures de production et d’approvisionnement existantes. Au moyen de bases législatives et des ordonnances correspondantes, il faut garantir à l’agriculture en général et aux paysans une base d’existence fiable et durable. Les «réformes» en cours empêchent la planification et la gestion de l’exploitation à long terme et contiennent avant tout des risques considérables lors du règlement de la succession. Il faut également exiger que l’ensemble des instruments – souvent présentés de façon anodine (règlement des paiements directs, base de calculs et leur application) –, servant principalement à l’assainissement structurel et conduisant à la disparition des petites et moyennes exploitations agricoles, soient éliminés.
Nous devons nous séparer de la «politique du beau temps» et penser de façon différenciée aux scénarios de crise potentiels. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons déterminer la réelle importance de l’agriculture pour notre indépendance politique et notre sécurité de l’approvisionnement. De même, nous pourrons promouvoir et soutenir les «primes de risque» nécessaires à développer une politique structurelle favorisant la sécurité alimentaire dans notre pays.


Actuellement, nous en avons encore le temps.


Une lueur d’espoir représente le massif rejet du contre-projet gouvernemental à l’initiative sur la «sécurité alimentaire» de l’Union suisse des paysans. Le projet des initiants avait été transformé en son contraire par le Conseil fédéral. Au lieu de donner une perspective aux familles paysannes suisses et de protéger l’approvisionnement du pays en denrées alimentaires indigènes ainsi que de protéger les terres arables pour la production agricole, le Conseil fédéral propage l’accès au libre-échange agricole. Une telle réinterprétation d’une initiative populaire fédérale n’a pas été du goût des participants à la consultation concernant le contre-projet gouvernemental.


Une première possibilité pour renforcer l’agriculture indigène se présentera aux citoyens avec la votation populaire concernant l’initiative sur la sécurité alimentaire. Profitons-en pour transformer notre politique agricole de manière à ce quelle soit adaptée aux défis de l’avenir et fiable pour l’approvisionnement en denrées alimentaires indigènes de notre pays. •

dimanche, 31 mai 2015

Les négociations secrètes sur les accords commerciaux représentent une menace pour les droits de l’homme

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Les négociations secrètes sur les accords commerciaux représentent une menace pour les droits de l’homme

par le professeur Alfred M. de Zayas,

expert indépendant de l’ONU pour la promotion d’un ordre international démocratique et équitable

Ex: http://www.horizons-et-debats.ch

Genève, le 23 avril 2015 – Le professeur Alfred de Zayas, expert indépendant des Nations Unies pour la promotion d’un ordre international démocratique et équitable, s’est exprimé jeudi de manière très préoccupée quant au manque général de conscience des effets négatifs qu’entraînent les accords de libre-échange et les accords concernant la protection réciproque des investissements bi- et multilatéraux – les versions existantes comme celles en cours de négociation – sur le respect des droits de l’homme dans de nombreux pays, en particulier dans les pays en voie de développement.

Je suis préoccupé par le secret qui entoure les négociations sur les accords commerciaux dont sont exclus des groupes d’intéressés tels les syndicats, les associations écologistes, les mouvements pour la sécurité alimentaire et les professionnels de la santé.


La divulgation proactive par les gouvernements, d’authentiques consultations et la participation des citoyens aux processus décisionnels sont indispensables, si ces accords sont sensés être légitimés démocratiquement.


L’adoption de tels accords par une procédure accélérée a des effets négatifs sur la promotion d’un ordre mondial démocratique et équitable.


Cela introduit une sorte de privation des droits des populations et constitue une violation des droits de l’homme exigeant que chaque citoyen ait le droit et la possibilité de participer à la gestion des affaires publiques (article 25 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques [PIDCP]).


On constate un manque général de conscience quant aux conséquences négatives des accords de libre-échange existants, bi- et multilatéraux, sur le libre exercice des droits de l’homme – dont notamment le droit à la santé, le droit à la formation et le droit de vivre dans un environnement sûr, propre, sain et durable.


Tenant compte des nombreux accords actuellement négociés et des risques potentiels qu’ils exercent sur les droits de l’homme et sur l’environnement, leurs répercussions éventuelles dans ces deux domaines devraient être évaluées d‘urgence par des analyses d’impact ex ante et ex post [au préalable et après les faits, ndt.].


Je suis particulièrement préoccupé par les conséquences sur les droits de l’homme qu’avaient et auront, visiblement aussi à l’avenir, les arbitrages entre investisseurs et Etats («Investor-state dispute settlement» (ISDS), un mécanisme de règlement des différends entre investisseurs et Etats1) et notamment par les règlementations permettant aux investisseurs de contester la validité de la législation nationale et des décisions de l’administration nationale si ceux-ci risquent de diminuer les bénéfices des investisseurs.


De tels tribunaux entre Etats et investisseurs se composent de médiateurs (juges dans un tribunal arbitral), généralement des avocats d’entreprise, dont l’indépendance a été remise en question suite à des conflits d’intérêts. Il n’y a aucune possibilité de faire appel contre leurs décisions et on ne peut nulle part leur demander des comptes.


Le manque évident d’indépendance, de transparence et de responsabilité des tribunaux d’arbitrage ISDS représente également une violation (prima facie [au premier regard, ndt.]) du principe fondamental de légalité, comme cela est stipulé dans le droit international, notamment à l’article 14 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), exigeant que les procédures judiciaires doivent être réglées par des tribunaux indépendants.
On a objecté que les ISDS privilégient le «big business» face aux droits et aux intérêts des salariés et des consommateurs. La construction de systèmes parallèles de règlement des litiges et la levée des contrôles et des possibilités de recours sont incompatibles avec les principes de la constitutionnalité et de l’Etat de droit et sont donc nuisibles aux bien-être moral de la société («contra bonos mores» [contraire aux bonnes mœurs, ndt.]).


Etant donné que tous les Etats sont liés par la Charte des Nations Unies, tous les accords bi- et multinationaux doivent correspondre à cette Charte et donc aux principes de l’égalité et du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, au respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales, à l’égalité souveraine des Etats, à l’interdiction des menaces ou du recours à la force et à l’interdiction de l’intervention dans les affaires faisant fondamentalement partie de la jurisprudence interne des Etats.


Selon l’article 103 de la Charte des Nations Unies,2 les dispositions des accords de libre-échange et ceux concernant la protection réciproque des investissements doivent, tout comme les décisions des tribunaux d’arbitrage ISDS, être compatibles avec la Charte de l’ONU. Ils ne doivent conduire ni à une violation ni à une dégradation ni à une suppression de la protection par les droits de l’homme. Par ailleurs, ils ne doivent pas non plus mettre en danger la souveraineté étatique ou l’obligation fondamentale de l’Etat de garantir les droits de l’homme et le bien de toutes personnes vivant dans le champ d’application de sa jurisprudence. Les accords ou les décisions de tribunaux d’arbitrage violant les droits humanitaires internationaux sont nuls et non avenus, puisqu’ils ne sont pas conformes à l’article 103 de la Charte des Nations Unies et en contradiction avec l’«ordre public» international. •

Source: www.ohchr.org/EN/NewsEvents/Page/DisplayNews.aspx?NewsID=15883&LangID=E
(Traduction Horizons et débats)

1 Procédure judiciaire, devant les tribunaux d’arbitrage envisagés, par laquelle des fédérations industrielles, des groupements économiques ou des entreprises peuvent porter plainte contre des gouvernements, sans que le contraire soit possible.


2 L’article 103 de la Charte des Nations Unies prévoit qu’«en cas de conflit entre les obligations des membres des Nations Unies en vertu de la présente Charte et leurs obligations en vertu de tout autre accord international, les premières prévaudront».

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Les services secrets contre la démocratie

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Les services secrets contre la démocratie

Auteur : Thierry Brugvin
Ex: http://zejournal.mobi

Si les guerres et les mercenaires sont généralement instrumentalisés par la classe des élites des pouvoirs publics et des élites économiques, les services secrets tiennent une place à part au sein du pouvoir militaire. Puisque grâce au secret et à leur pérennité, les services secrets servent parfois plus dans l’obscurité du secret les intérêts économiques des élites capitalistes, que la classe des élites des pouvoirs publics, qui elles, varient avec les élections et doivent rendre des comptes à leurs électeurs, qui eux recherchent plutôt la transparence de la lumière.

Il y a souvent de fortes collusions entre les intérêts des industriels de l’armement, l’armée et les services secrets. CS est une firme spéciale, où ont “pantouflé” d’anciens hauts responsables de la DST (l’ancien n° 2 Raymond Nart et son adjoint Jacky Debain) (Verschave, 2001 : 145). C’est-à-dire que des anciens membres des pouvoirs publics continuent leur carrière dans le secteur privé, avec le risque d’une perte de l’indépendance de l’Etat et donc de l’intérêt général.

Le brillant stratège du Secrétariat général de la Défense nationale, le général de division Claude Mouton deviendra en juillet 2000, directeur général de Brenco-France, l’entreprise de l’entrepreneur Pierre Falcone. « Quand il était au sein de Communication et systèmes », a expliqué Falcone aux policiers, « il recevait les Angolais qui étaient en formation chez CS, je proposais des espèces pour s’occuper [d’eux] ». L’intitulé du compte de Mouton ? “Panurge”. A Pékin, Brenco est représentée par Thierry Imbot, il est un ancien membre des services secrets, le fils de l’ancien patron de la DGSE et fournit des équipements militaires d’Europe de l’Est au Vietnam et en Birmanie. « Imbot était durant la fin des années 90, chargé d’opérations de change – de francs CFA en dollars – pour des chefs d’État africains comme le président congolais Sassou II, grand ami du président angolais ». Grâce à ses « appuis au sein de la DST ou dans des groupes comme Thomson, le Giat ou la Compagnie des Signaux », Falcone est devenu « l’un des plus grands marchands d’armes du monde ».

En 1997, les sociétés Simportex et Kopelipa ont acheté en Europe de l’Est pour quelques 3 milliards de francs d’armes, munitions et fournitures diverses. Heureux courtiers : Pierre Falcone et Arcadi Gaydamak (ce qui conduit le fisc français à leur réclamer 1,25 milliards de francs. Brenco en avait déjà équipé la narcodictature birmane, en affaires avec Total. Le tout « a été vendu au moins quatre fois le prix habituel du marché pour de tels matériels !

Un article de M. Karl Laske dans “Libération” du 21 juillet 1998 intitulé “La chute d’une barbouze”, évoque l’existence de documents saisis par la justice, lors d’une perquisition au siège d’Elf, par la juge Eva Joly, le 15 mai 1998. Les documents démontreraient les liens entre les services de sécurité d’Elf, des membres de réseaux et le président Sassou N’Guesso.

Trois ONG françaises, “Agir ici”, “Frères des Hommes” et “Survie” ont écrit aux membres de la mission parlementaire, le 10 septembre 1999 « En effet, les Transall de l’armée française n’ont cessé de livrer des armes à la faction au pouvoir, – à savoir le président Sassou N’Guesso .

On observe donc de nombreux points communs entre les dessous du procès Elf et celui de l’Angolagate et d’autres affaires. Il y a, dans les deux cas, un lien fort entre le marché du pétrole et de l’armement, car ce dernier sert aussi à préserver les intérêts pétroliers. Mais aussi, on relève une collusion entre les services secrets et les intérêts économiques privés, en particulier l’industrie privée de l’armement. Maurice Robert, était chef de la sécurité d’Elf et ancien chef des services secrets français en Afrique, pivot du réseau Foccart-Chirac (Verschave, 2001 : 32). Ainsi, à l’exception de Gaydamak, ex-colonel des services secrets russes (KGB), tous les personnages clés suivants ont été aussi membres des services secrets français : Étienne Leandri, Alfred Sirven, Pierre Lethier, Jean-Yves Ollivier. Certains protagonistes clés, tels le général Mouton, ou l’agent secret Thierry Imbot passant du service de l’Etat à celui des entreprises privées d’armement. Finalement, les intérêts des membres de l’appareil répressif d’Etat (l’armée) et des grandes entreprises convergent, car fondamentalement, elles visent à assurer les profits des élites au pouvoir, fussent-ils au détriment des peuples.

Le financement des services secrets s’avère parfois illégal, même dans les États de droit. Les services secrets français et états-uniens notamment, souhaitent souvent disposer de budget plus conséquent. Or, les gouvernements et les parlements ne sont pas toujours disposés à répondre à leur requête. De plus, de nombreuses affaires (677 en 2008) classées » secret défense » (de manière légitime ou non) peuvent difficilement être rendues publiques et défendues auprès des parlementaires.

Ainsi, FX Verschave explique qu’une partie des actions des services secrets français notamment, est financée par du commerce illégal d’armes, de pétrole, de drogue. Par ailleurs, certains présidents africains ont été chaperonnés par un colonel de la DGSE, soi?disant chargé de sa sécurité, et de multiples conseillers français. Par exemple, tous les conseillers du « président » ivoirien Houphouët?Boigny étaient français (Verschave, 2000).

Les services secrets de l’Etat luttent parfois entre eux pour protéger les corrupteurs influents. Le 6 décembre 1998, le fisc perquisitionnait chez Brenco (6 jours avant la police). Mais quelques heures plus tard, une visite inattendue dans leurs locaux, celle de plusieurs hommes se présentant comme des fonctionnaires de la DST. Ceux-ci sélectionnent certains des documents saisis et les emportent », afin de protéger Falcone et Gaydamak. Ce dernier a été « protégé au-delà de toute prudence par la DST, en raison des portes qu’il lui ouvrait en Russie ». « Falcone fut longtemps intouchable ». « Le fait que la DGSE ait pu communiquer à la justice ses synthèses sur Gaydamak et Falcone, traduit le lâchage conjoint de Charles Pasqua par l’Élysée et Matignon » (Verschave, 2001 : 149). Les services secrets sont aussi utilisés lorsqu’il s’agit de la lutte contre les terroristes réels ou supposés.

Créer un état de guerre permanent permet de limiter la démocratie. Le terrorisme, comme « les guerres froides » sont utiles à la conservation de la puissance des États. Se créer un ennemi (réel ou fictif) ou attaquer un ennemi, permet de rassembler toute une nation, sous l’autorité d’un chef ou d’un Etat. Le fait de remettre en cause le sentiment de sécurité vitale, d’une population, créer un réflexe de défense qui relève autant du mécanisme grégaire d’une tribu attaquée, que du nationalisme guerrier. A partir de cet instant, l’autorité du gouvernement, ne peut plus être mise en cause, car cela apparaît alors comme une question de survie du pays. Par conséquent, plus aucun citoyen ne doit désobéir, remettre en cause une décision d’Etat (en manifestant dans les rues par exemple ou encore en faisant acte de « désobéissance civile », par exemple en bloquant de manière non violente les services de l’Etat…. Si l’Etat subit ou maintien volontairement, ce sentiment de guerre permanente, alors la démocratie s’étiole, au profit d’un régime qui se dit démocratique, mais dont les pratiques deviennent de plus en plus répressives et autoritaristes. C’est ce qui s’est passé aux États-Unis et en Occident, pendant la guerre froide, puis à présent contre le terrorisme international.

Certains États dit démocratiques disposent de camps de détention illégaux et enlèvent des citoyens. Plusieurs sources, tel le rapport parlementaire pour le conseil de l’Europe, affirment qu’il y a eu des enlèvements sans procès par les services secrets des États-Unis et de la France notamment et des détentions illégales dans des camps sur des bases secrètes. Par conséquent, ces prisonniers ne disposaient, au début, de quasiment aucune protection, ni d’aucun droit pour leur défense. Il s’agit donc d’un déni des droits de l’homme et de la démocratie.

En 2005, la presse américaine (le Washington Post de novembre 2005) et européenne, ainsi que l’ONG américaine Human Rights Watch a révélé qu’il existait (en plus de Guantanamo), des camps de détentions illégaux et des enlèvements sans procès par les services secrets et des « restitutions extraordinaires » aux États-Unis, en Europe, en Egypte, la Jordanie, le Maroc ou la Syrie. Certains des prisonniers y auraient été brutalisés ou torturés. « Restitutions extraordinaires » est le terme employé officiellement par la CIA. En pratique cela consiste à séquestrer des personnes soupçonnées d’avoir un lien avec le terrorisme, sans que cette accusation ait pu être vérifiée par l’autorité judiciaire.

« L’hebdomadaire suisse SonntagsBlick du dimanche 8 janvier 2006, affirme détenir un fax du ministère des affaires étrangères égyptien à son ambassade de Londres prouvant qu’il existe des prisons secrètes de la CIA en Europe, où auraient été détenus et interrogés des sympathisants d’Al-Qaida. Ce fax affirme que la Roumanie avait permis à la CIA d’interroger sur son territoire, sur la base de Mihail Kogalniceanu, 23 citoyens irakiens et afghans. Les faits se seraient déroulés sur la base, située à proximité de Constantza, un port au bord de la mer Noire. Ce Fax ajoute qu’il existe des centres d’interrogatoire semblables en Ukraine, au Kosovo, en Macédoine et en Bulgarie.

« Selon Le Figaro, un biréacteur Learjet a décollé de Keflavik, en Islande, à destination de l’aéroport de Brest-Guipavas (ouest), d’où il serait reparti pour la Turquie, le 31 mars 2002. Le second vol est arrivé le 20 juillet 2005 à l’aéroport de Paris-Le Bourget en provenance d’Oslo, rapporte Le Figaro. Il s’agissait d’un Gulfstream III »

Human Rights Watch précisait de plus que ces centres de détention se trouvaient en Pologne, en Roumanie et en Europe orientale. Certains pays, tels la France, l’Islande, la Norvège et certains États d’Europe, ont accepté que ces prisonniers transitent par leur aéroport ou survolent leur pays. Ils se sont donc rendus coupables de complicité avec ces actions illégales, car contraire à la Convention européenne des droits de l’Homme et commises par des États dit démocratiques.

En 2007, Dick Marty, était membre de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, dont il préside la Commission des Affaires juridiques et des Droits de l’Homme. Il a été chargé par cette dernière d’établir un rapport sur les allégations concernant l’existence de prisons secrètes de la CIA en Europe. Dans ce rapport il affirme que les gouvernements européens ont signé des accords secrets avec les États-Unis, vraisemblablement à la suite de la grande émotion suscitée par les événements du 11 septembre. De même la Confédération Suisse a autorisé le survol de la Suisse, alors même qu’elle savait que des avions de la CIA avaient très vraisemblablement abusé de cette concession en transportant Abu Omar, enlevé à Milan, à travers l’espace aérien helvétique; ce qui constitue un acte criminel ». D’autres personnes tel Khaled El-Masri, Maher Arar ont aussi subi des ’’ restitutions’’ secrètes via l’Europe poursuit Dick Marty. Ce dernier affirme donc qu’il y a eu des enlèvements sans procès par les services secrets des États-Unis et de la France notamment et des détentions illégales dans des camps sur des bases secrètes. Par conséquent, ces prisonniers ne disposaient, au début, de quasiment aucune protection, ni d’aucun droit pour leur défense. Il s’agit donc d’un déni des droits de l’homme et de la démocratie.

Jean-Jacques Bozonnet souligne que « vingt-six agents américains de la CIA et plusieurs membres des services secrets militaires italiens (Sismi) sont accusés par les tribunaux milanais, d’avoir enlevé, le 17 février 2003, à Milan, un ressortissant égyptien soupçonné de collusion avec des réseaux terroristes. Ex-imam de la principale mosquée de la capitale lombarde, Oussama Moustafa Hassan Nasr, plus connu sous le nom d’Abou Omar, avait été transporté dans une camionnette jusqu’à la base américaine d’Aviano, près de Venise. De là, il avait été transféré, via l’Allemagne, dans une prison en Egypte ».

Ilich Ramirez Sanchez dit « Carlos » avait lui aussi été enlevé en août 1994, au Soudan par les services secrets français pour y être jugé en France. Le ministre français de l’Intérieur Charles Pasqua avait négocié cette arrestation avec son ami, le leader islamiste soudanais Hassan El-Tourabi, et l’opération avait été dirigée par le préfet Philippe Parent. Mais il y a plus radical que l’enlèvement, l’assassinat par des États dits républicains.

“Retourner” les opposants ou les assassiner permet aux États de briser les contre-pouvoirs. Une pratique fréquente dans les dictatures, mais qui existe aussi dans les pays dits démocratiques, consiste à “retourner” les opposants ou à les assassiner. Un certain nombre d’opposants ont été assassinés ou ont été suicidés : Ben Barka, André Kiefer en Côte d’Ivoire, le juge Borrel à Djibouti, Sylvanus Olympio en 1963, Thomas Sankara en 1988, Modibo Keita en 1968, Amani Diori en 1974, le ministre Robert Boulin (qui s’est soit disant suicidé), Jean Claude Mery (Affaire des HLM d’Ile de France), etc.

Thomas Sankara, que l’on qualifie parfois, de Che africain, était un grand espoir pour un renouveau socialiste en Afrique. Il est officiellement décédé de mort naturelle. Or, il fut assassiné le 15 octobre 1987, de 12 balles, dont deux dans la tête par des hommes au service de Brice Comporé, son frère adoptif. Il semble que F. Houphouët-Boigny, le président de la Côte d’Ivoire, à l’époque ait coordonné l’opération, initiée par les services secrets français. A cette époque de guerre, la guerre froide sévissait encore, même de manière plus discrète. Le fait que le Burkina Faso, dirigé par Sankara, revendique une filiation avec le communisme, des alliances avec Cuba, des idées socialistes et un discours anti-néo-colonialiste, dérangeait fortement. Les plus importants services secrets mondiaux, les anglais, Mossad (Israël), CIA (Usa), DGSE (France), KGB (Urss) et les services de renseignements du Vatican, étaient présents sur le sol burkinabé, afin de veiller à la bonne marche de leurs intérêts. La CIA proposa au Vatican d’échanger ses informations au Burkina, en échanges de données sur les théologiens de la libération, les prêtres catholiques qui luttaient contre les dictatures en Amérique Latine. Ces prêtres étaient trop radicaux, selon le Vatican. Pour parvenir à “retourner Brice Compaoré”, un des quatre leaders de la révolution au Burkina Faso, on lança l’opération “pot de miel”. C’est à dire que la nièce de F.Houphouët-Boigny, fut chargée de séduire Compaoré. Elle réussit à le marier, et progressivement à l’éloigner de Sankara. Les ennemis de Sankara, appuyèrent sur la jalousie de Compaoré de n’être qu’un second et lui promirent leur soutien s’il renversait Sankara. Ce qui fut fait. Ce sont donc les intérêts occidentaux capitalistes qui ont gagné, dont la France est le chef de file dans les zones francophones, mais qui sont épaulés par les Etats-Unis. Les perdants furent les intérêts des défenseurs de l’émancipation, tels Sankara et les partisans du camp soviétique.

Ce fut pour des raisons relativement proches qu’au Congo Belge, Patrice Lumumba a été assassiné, le 17 janvier 1961, afin de briser un mouvement socialiste qui risquait de se propager à toute l’Afrique.

La militante Dulcie September a elle aussi été assassinée dans des circonstances analogues aux précédents. Mais « aujourd’hui, la France officielle n’a toujours pas fait la lumière sur ces évènements. Pour s’être mise sur le chemin de cette honteuse collaboration franco/sud-africaine au temps de l’apartheid, Dulcie l’a payé de sa vie. 20 ans après, se souvenir de son combat, c’est aussi réclamer la vérité en France sur son assassinat, c’est aussi se souvenir de ce dont sont capables, hier comme aujourd’hui, les réseaux français en Afrique ».

Les mercenaires peuvent aussi être engagés pour des assassinats sur commande. En effet, l’idéologie qui est derrière chaque acte de terrorisme n’affecte pas forcément le mercenaire qui va collaborer techniquement et valoriser ses compétences en échange d’une bonne rémunération. La fonction de tueur à gage peut évidemment convenir à un mercenaire.

Les réseaux qui ont assassiné Dulcie September « s’appuyaient sur le milieu mercenaire de Bob Denard qui régnait à l’époque sur les Comores, et ne faisait jamais rien sans l’aval des services de l’État français. Le chef des « escadrons de la mort » sud-africains, Eugène De Kock, affirmera en 1998 devant la commission « Vérité et Réconciliation » en Afrique du Sud que « les deux hommes qui ont appuyé sur la détente étaient des membres de la garde présidentielle des Comores, l’un étant Jean Paul Guerrier ». L’étendue des connexions franco/sud-africaines est attestée dans plusieurs enquêtes, tournant notamment autour d’un « homme d’affaire » français installé en Afrique du sud, Jean Yves Ollivier, au milieu d’une série de trafics d’armes entre Paris, Pretoria et les Comores, approvisionnant les guerres en Angola, puis plus tard le régime de Sassou N’Guesso au Congo ou le régime rwandais du génocide, (Verschave, 2000 : 137 et 2003 : 199).

Ce sont autant les raisons politico-idéologiques qui peuvent expliquer les dérives des pouvoirs militaire et économique, ainsi que les inégalités mondiales. En particulier, le pouvoir politique exercé par les propriétaires des biens économiques (finance et moyens de production), (les capitalistes) domine largement le pouvoir politique des dirigeants des pouvoirs publics. L’on assiste à une confrontation permanente de la gouvernance militaire, mais aussi économique, financière, idéologique, et celle des pouvoirs publics (nationaux et internationaux). La dimension illégale vient donc renforcer les carences de la gouvernance adémocratique, mais reste finalement secondaire au plan quantitatif, même si elle semble largement sous-estimée.


- Source : Thierry Brugvin

China’s New Roads to Russia

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China’s New Roads to Russia

I know of no comparable global Great Project to equal what is now unfolding, bit-by-bit, as China reveals more about her Silk Road Economic Belt high-speed railway infrastructure network. And it’s now clear that the road will be filled with entire new cities, industrial zones, construction, improving standards of living for hundreds of millions of people previously abandoned. The implications for founding a new global alternative to the bankrupt dollar system are immense.

The Chinese don’t dither around when they’ve reached a consensus. The project of President Xi Jinping to develop a new economic space across Eurasia from Beijing to the borders of the European Union, which he unveiled during one of his first foreign visits as President in 2013 in Kazakhstan, is now known as the New Silk Road Economic Belt.

The project is emerging as the centerpiece of a renaissance in infrastructure construction that will transform and lift the entire world economy for decades. For the economic space encompassing China and Asia, a recent study estimated that over the next years some $8 trillion of infrastructure investment will be needed to bring those economies into modern standards of commerce and development.

A rail renaissance

China began several years ago drawing up plans for a colossal Eurasian and Asian rail infrastructure series of high-speed railroads to provide a future alternative to transport trade to the world. In 2010 Wang Mengshu of the Chinese Academy of Engineering revealed in an interview that China was examining plans to construct a high-speed railway system that will weave together high-speed rail links across Asia and Europe by 2025.

That same year China began what then was the first leg of three planned rail legs. The domestic Chinese part of one route starts in Kunming in Yunnan Province and runs south to Singapore. A second route starts in Urumqi, capital of the Xinjiang Uyghur Autonomous Region, and connect Central Asian countries such as Kazakhstan, Uzbekistan and Turkmenistan with Germany. A third line will connect the city of Heilongjiang in northern China with Eastern and Southern European countries via Russia. At that time China’s aim was to create a pan-Asian rail network to connect 28 countries with 81,000 kilometers of railways.

With Chinese diligence, the country began buying the state-of-the-art high-speed rail equipment from Germany, France, Japan and Canada. By 2010 China had developed its own high-speed rail systems, with advanced trains which run at over 350 kilometers per hour. By 2012 China had built 42 high-speed lines inside China, conceived in their national planning as preparation to launch the greater Eurasia and Asia expanded rail links. China understands the economic value of infrastructure as few nations today. Given the extent of deployment internally since then, today China stands to become the world’s leading exporter of advanced high-speed railway technology to the nations of Asia and Eurasia including Russia, Kazakhstan and Belarus.

On September 7, 2013 in a speech before Kazakhstan President Nursultan Nazarbayev, China’s newly-installed President Xi proposed, for the first time officially, his global New Silk Road strategy, suggesting that China and Central Asia join to build a “Silk Road Economic Belt” to boost cooperation.

Xi proposed that Kazakhstan and other relevant Central Asian countries, including Russia, increase communication and promote regional economic integration in terms of both policy and law. He proposed concretely that China and Central Asian countries compare notes on their respective economic development strategy and work together to formulate plans and measures for regional cooperation. Xi also said that they should work to improve traffic connectivity to open the strategic regional thoroughfare from the Pacific Ocean to the Baltic Sea, and set-up a network of transportation that connects Eastern, Western and Southern Asia. Xi also proposed trade be done with local-currency settlement and not via the US dollar to improve their immunity to financial risks from US future financial warfare, the kind of financial warfare the US Treasury initiated around that time against Iran oil payments and in March 2014 against Russia.

At that time Russia was focused on the war in Syria, on hosting the showcase Sochi Winter Olympics and had not yet clearly formulated its own Eurasian Economic Union in detail. The US coup d’etat in Ukraine that began with Maidan Square protests in November 2014 and escalated into a de facto war situation on the part of NATO against Russia since then, dramatically concentrated Russian energies on developing alternative strategies and firm partners and allies to withstand what were clear threats to Russia’s very existence as a sovereign nation. At the same time China was being confronted by US encirclement in the East China Sea and across Asia known as Washington’s military “Asia Pivot,” aka China Pivot strategy, of containing China’s future economic and political emergence. Ironically, those very US escalations of military pressure brought the two giants of Eurasia—China and Russia—closer together than ever in history.

New Silk Road begins

Those events, which no one could have clearly foreseen in 2010, catalyzed the most dramatic series of changes in world geopolitics since May, 1945. Only this time, as the American Century is sinking in debt and economic depression, Eurasia is rapidly emerging as the most dynamic and far the largest and richest region in the world in terms of resources and especially human resources.

This fact was underscored by the recent visit of China president Xi to three key member countries of the Eurasian Economic Union. A day before Xi was to be one of the honor guests at the May 9 Victory Day celebrations, he had closed door talks with Vladimir Putin. After those talks Putin announced that the two countries had signed a decree on cooperation in connecting the development of the Eurasian Economic Union with the Silk Road Economic Belt project. “The integration of the Eurasian Economic Union and Silk Road projects means reaching a new level of partnership and actually implies a common economic space on the continent,” Putin said.

China agreed to also invest $5.8 billion in the construction of the Moscow-Kazan High Speed Railway, a major boost at a critical time for a project that will be extended to China through Kazakhstan, a part of the route of the new Silk Road project. The total cost of the Moscow-Kazan high speed railroad project is $21.4 billion.

Wasting no time, on May 13, China Railway Group announced it had won a $390 million contract from Russia to build the Moscow-Kazan high-speed railway which is to be further extended to China as part of the new Silk Road project. A consortium led by China Railway with two Russian companies will jointly survey and conduct regional development planning and design for the Moscow–Kazan segment of the Moscow–Kazan–Yekaterinburg high-speed railway line in 2015-2016 according to a report from RT in Moscow.

Chinese participation in the planned Moscow-Kazan. Ekaterinburg High-Speed Rail segment will integrate Russia into the New Silk Road Economic Belt

The day before, on May 7, China’s Xi was in Astana meeting with Kazakhstan President Nazarbayev to concretize Kazak participation in the New Silk Road. China, Kazakhstan and Russia are all founding members of the Shanghai Cooperation Organization as well. Construction on the China-Kazakh part of the New Silk Road high-speed rail line is already underway from China’s side.

The visits of Xi to Kazakhstan and Russia were followed with a three day visit of Xi to Belarus on May 10. Belarus is geographically a critical potential link in a more peaceful world, between the countries of the European Union and the Eurasian countries within the developing New Silk Road project. After their meetings Belarus President Alexander Lukashenko announced he too had agreed to make Belarus a platform for the development of the New Silk Road Economic Belt. Lukashenko revealed that 20 years before as a member of the Parliament of the new independent Belarus as the Soviet Union dissolved he made a visit to China: “I adopted China’s step-by-step economic reform style in Belarus…” That puts the three key countries of the new Eurasian Economic Union—Russia, Kazakhstan, Belarus—fully in the New Silk Road Economic Belt project.

Opening Eurasia to real development

One intriguing and potentially very strategic side benefit of the vast Silk Road Eurasian Economic Union integration that has just been decided will be the dramatic change in the development possibilities of some of the world’s richest undeveloped raw materials, including of gold. Russia and Central Asian states hold perhaps the world’s largest reserves of every imaginable metal and minerals.

Both China and Russia have been building their central bank gold reserves as rapidly as possible. Economic exploitation of gold reserves in Central Asia could become a significant support for that effort.

During Soviet times gold was part of Soviet National Bank reserves but considered a “capitalist relic.” After 1991, in the chaotic collapse of the Soviet Union, Western intelligence agencies in cooperation with Italian organized crime and criminal former Soviet senior bureaucrats organized the theft of the entire gold reserves, more than 2,000 tons of bullion, from the Soviet Gosbank vaults, a crime announced by bank chairman Geraschenko, himself reportedly a secret participant in the theft, to an astonished Russian parliament.

Since Putin became president in 1999, the Russian central bank has been steadily restocking its central bank gold. Today according to official IMF statistics, Russia’s Central Bank has managed to accumulate 1238 Tons of gold reserves. In April alone Russia bought 30 tons.

The existence of central bank gold reserves has been shrouded in mystery for the country allegedly the world’s largest gold reserve holder, the US Federal Reserve Bank. In 2011 IMF Director General Dominique Strauss-Kahn demanded an independent physical audit of Federal Reserve gold. The Federal Reserve gold has never been audited. Strauss-Kahn reportedly had information that the 8000 tons of gold reported to be held by the US was gone.

The IMF head became concerned reportedly after the United States began “stalling” its pledged delivery to the IMF of 191.3 tons of gold agreed to under the Second Amendment of the Articles of Agreement to fund what are called Special Drawing Rights (SDRs). Some days later a bizarre hotel sex scandal forced the abrupt resignation of Strauss-Kahn and an end to IMF calls for a gold audit.

Whatever the true state of US Fed gold reserves, it’s clear that both Russia and China are stocking gold bullion to back their currencies as they carefully create a new architecture to replace the US dollar system.

Despite US financial warfare efforts, Russia state finances are also remarkably healthy in comparison with those in the West. In the USA government debt officially is well over $17 trillion or 105% of GDP. Greek debt is 177% of GDP. The Eurozone countries average debt to GDP is 91% and Germany 74%.

In Russia state debt is about 18% of GDP. China’s debt is around 43% according to latest IMF data.

Belarus, Kazakhstan, Russia and China have all substantially increased their official gold reserves since the first quarter of 2000. Now it emerges that gold is intended to be a vital element in the OBOR—One Bridge, One Road—Silk Road project.

At a Dubai commodities conference in April this year, Albert Cheng, Managing Director of the World Gold Council, revealed that China is consciously looking to integrate its search for gold with the Silk Road economic project over the next ten years. He cited a statement from Xu Luode, President of Shanghai Gold Exchange and a National People’s Congress (NPC) delegate who proposed to integrate gold market development into the strategic development plan of Silk Road Economic Belt at the March, 2015 meeting of the Chinese Central Committee. He suggested a mechanism to involve major gold producers and users along the new rail routes through Kazakhstan and Russia. He also proposed that the Chinese government’s development of those resources make the Shanghai Gold Exchange the trading hub, and be integrated into the Silk Road Economic Belt plan.

The opening of the new network of Eurasian high-speed rail infrastructure will open entire new areas of mineral riches to development. On May 11, 2015, China’s largest gold mining company, China National Gold Group Corporation (CNGGC), signed an agreement with Russian gold miner Polyus Gold to deepen ties in gold exploration. Announcing the deal, Song Xin, general manager of CNGGC and President of the China Gold association, said, “China’s Belt and Road Initiative brings unprecedented opportunities for the gold industry.” Song Yuqin, Deputy General Manager of the Shanghai Gold Exchange stated, “The gold trade is expected to become a significant component of transactions by ‘Belt and Road’ countries.”

The Eurasian region in fact holds every conceivable mineral and rare earth metal known in vast quantities. That will now become economically feasible to develop with presence of high-speed freight rail infrastructure.

The Great Silk Road Economic Belt is clearly going to happen and fast. The emerging reality of the network of New Silk high-speed rail infrastructure, a wide-spanning network of road and rail links between all Asian and Central Asian nations, will be the heart of a new economic world. It is a well-known phenomenon of economics that as transportation infrastructure is developed there is a stronger GDP growth in each connected nation, a multiplier effect as entire new markets grow up. Clearly Eurasia is the place to be as Vladimir Putin and Xi Jinping have demonstrated.

F. William Engdahl is strategic risk consultant and lecturer, he holds a degree in politics from Princeton University and is a best-selling author on oil and geopolitics, exclusively for the online magazine “New Eastern Outlook”.
First appeared: http://journal-neo.org/2015/05/28/china-s-new-roads-to-russia/

Russie-OTAN: En finir avec le bourrage de crânes

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Russie-OTAN: En finir avec le bourrage de crânes

Auteur : Philippe Migault
Ex: http://zejournal.mobi

On pourrait se demander si, pour les fauteurs de guerre, l’entretien d’une peur permanente n’est pas plus rentable que la guerre elle-même. Une guerre, quelle que soit sa férocité et sa durée, peut toujours prendre fin, et elle peut devenir incontrôlable à tout moment. En revanche, l’entretien de la peur permanente face à une menace fictive est facilement contrôlable, dosable à souhait, pour aboutir, finalement, aux mêmes résultats : état de guerre, pouvoirs accrus, maitrise de la gestion de la population, et surtout, une industrie de l’armement qui fonctionne à plein. Que demander de plus ?

Qu’il s’agisse des guerres ou de toute autre crise, Spin Doctors et médias réutilisent les mêmes procédés, ressassent les mêmes « informations », dès lors que les évènements se prolongent. C’est ce qu’on appelle dans la presse un marronnier.

Vous avez aimé vous faire peur l’été dernier, quand toute la presse occidentale annonçait la ruée des blindés russes sur l’Ukraine, assurait que Vladimir Poutine était prêt à « prendre Kiev en deux semaines »? Vous adorerez la nouvelle série de l’été, la menace nucléaire en Europe. Pour les acteurs pas de surprise, le casting reste le même. Dans le rôle de l’innocente victime, l’Ukraine. Dans celui des ignobles renégats, les séparatistes du Donbass. Le côté obscur de la force conserve son siège au Kremlin. Comme dans tout bon western le justicier ne peut être qu’Américain. France et Allemagne tiennent leur rôle de figurants. Enfin l’Union Européenne se charge du chœur, commentant une tragédie à laquelle elle n’a pas même les moyens de prendre part.Bien entendu il faut pour cette « saison 2 » maintenir le spectateur en haleine.Celui-ci a constaté que la grande charge annoncée de l’Armée Rouge, que l’on disait ressuscitée, n’a finalement pas eu lieu.S’il est un tant soit peu averti, il ne lui aura sans doute pas échappé qu’un général français, patron de la Direction du Renseignement Militaire, a vendu la mèche sur le scénario de l’an dernier, révélant ce que tous les esprits un tant soit peu indépendants savaient, ou subodoraient, à savoir que les services de renseignement américains avaient une fois encore monté une grossière opération d’intoxication et que le risque d’attaque russe en Ukraine n’avait jamais été avéré.Il faut donc faire plus fort pour que « l’occidental » moyen s’inquiète, s’indigne. En deux mots, y croit.

En conséquence nous assistons depuis plusieurs jours à une montée en puissance des rumeurs alarmistes.Parce qu’il faut bien reprendre un peu des ingrédients précédents, l’agence Reuters a annoncé hier que l’un de ses envoyés spéciaux dans l’Oblast de Rostov a aperçu des trains transportant des blindés et des lance-roquettes multiples. Une forte concentration de troupes aurait été constatée à une cinquantaine de kilomètres à l’est de la frontière russo-ukrainienne.

Peu importe à Reuters que Rostov-sur-le-Don soit le quartier général de la région militaire « Sud » de la Russie, où de très nombreuses forces sont stationnées compte tenu de l’instabilité du Caucase. Il va de soi pour l’agence anglo-canadienne que ces unités ne peuvent être destinées qu’à une chose: participer aux combats du Donbass si ceux-ci devaient reprendre.

Avant-hier le quotidien « The Moscow Times », dont on connaît « l’impartialité » vis-à-vis des autorités russes, rapportait que la marine lettone avait constaté qu’un sous-marin russe était passé à 9 kilomètres de ses eaux territoriales, tandis qu’un Antonov-22, pour les béotiens un vieil avion de transport quadrimoteurs non armé, avait volé à proximité de la Lettonie, mais au-dessus des eaux internationales, mardi.Peu importe au Moscow Times que le trafic naval et aérien entre les principales bases de la marine russe en Baltique, Saint-Pétersbourg et Baltiïsk, s’effectue nécessairement en longeant les côtes lettones. Peu importe qu’aucune violation des eaux territoriales ou de l’espace aérien n’ait eu lieu. Il s’agit bien entendu d’une tentative d’intimidation ou d’espionnage.

Ultime ingrédient du scénario catastrophe, le Secrétaire général de l’OTAN, le Norvégien Jens Stoltenberg, a dénoncé mardi la « rhétorique nucléaire » russe, condamnant le possible déploiement de missiles Iskander dans l’oblast de Kaliningrad, et jugeant que « les bruits de botte russes sont injustifiés, déstabilisants et dangereux ». Barack Obama et son Vice-Président, Joe Biden, ont immédiatement surenchéri sur le même thème. Une atmosphère qui a permis au très atlantiste webzine franco-américain Slate de surfer sur la vague en annonçant mercredi que « pour un officiel de l’OTAN une guerre éclatera cet été (et que) si on a de la chance, elle ne sera pas nucléaire ».Peu importe à Slate que sa source, John Schindler, soit un ancien analyste de la NSA, dont on connaît la fiabilité, et qu’il enseigne à l’Ecole navale américaine. Peu importe que M. Schindler rapporte les propos anonymes d’un membre de l’OTAN, organisation dont chacun sait qu’elle ne crie jamais au loup pour rien. Nous sommes, à n’en pas douter, au bord de l’holocauste thermonucléaire.

Nul n’est en mesure de dire combien de temps encore la tragédie ukrainienne se prolongera. Longtemps sans doute tant les haines sont désormais durablement installées et les facteurs susceptibles d’aggraver innombrables.

Ce qui est certain c’est que la guerre de propagande engagée dans les médias des différentes parties en présence va sans doute aller, elle, s’intensifiant, avec, à la clé, des affirmations de plus en plus péremptoires, un ton de plus en plus effrayant, bref tous les ingrédients du bourrage de crâne.

 - Source : Philippe Migault

Le faux califat: l’atout stratégique des USA

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Le faux califat: l’atout stratégique des USA

Auteur : Pepe Escobar
Ex: http://zejournal.mobi

Le monde civilisé verse d’immenses larmes de crocodile devant la prise de la perle du désert de l’ancienne Route de la Soie, Palmyre, par EIIS/EIIL/Da’ech.

Et pourtant… Ni le président des USA, Barack Obama, ni les 22 pays vassaux armés jusqu’aux dents faisant théoriquement partie de sa coalition de volontaires n’ont envoyé le moindre drone équipé de missiles Hellfire contre les brutes drapées de noir du faux califat.

Il est assurément justifié de dire que l’Occident civilisé préfère avoir affaire à un califat médiéval intolérant imbibé de wahhabisme qu’à un dictateur arabe séculaire qui refuse de se prosterner devant l’autel du néolibéralisme occidental.

Il est tout autant justifié d’ajouter que ceux qui arment les décapiteurs et coupeurs de gorges du Front al-Nosra, c’est-à-dire al-Qaïda en Syrie, ou de EIIS/EIIL/Da’ech, sont essentiellement des Saoudiens, qui constituent aussi les plus grands importateurs d’armes de la planète, qu’ils achètent surtout des USA, mais aussi de la France et du Royaume-Uni.

Voilà maintenant qu’un document déclassifié de l’US Defense Intelligence Agency (DIA) rédigé en août 2012, qui a fait le tour de tous les organes gouvernementaux dont CENTCOM, la CIA et le FBI et qu’a obtenu Judicial Watch (un cabinet juridique qui veille à l’intérêt du public), confirme enfin ce qui passe pour être la stratégie de Washington dans le Levant et la péninsule arabique.

C’est qu’au même titre que le proto al-Qaïda original financé par la CIA, qui a vu le jour dans les années 1980 à Peshawar, EIIS/EIIL/Da’ech, alias al-Qaïda 2.0, remplit un seul et unique objectif géopolitique.

Pour faire court, l’Occident civilisé, de pair avec des vassaux tels que la Turquie et les pétromonarchies du Conseil de coopération du Golfe (CCG), a soutenu la branche d’al-Qaïda en Syrie pour déstabiliser Damas, même si le Pentagone avait prévu l’issue horrible de cette stratégie, à savoir l’émergence de EIIS/EIIL/Da’ech (Brad Hoff fournit tous les détails dans un texte traduit par le Saker Francophone).

Pour le Pentagone, c’était tout de même un atout stratégique inestimable, qui devait être lâché dans la nature pour isoler le régime syrien.

Que le rapport de la DIA ne mentionne pas que le gouvernement des USA a créé de toutes pièces EIIS/EIIL/Da’ech ou qu’il favorise le Front al-Nosra en Syrie ou le faux califat en Irak est sans importance. L’élément essentiel, c’est que le gouvernement des USA n’a absolument rien fait pour empêcher la maison des Saoud, ses sbires du CCG et la Turquie de soutenir l’opposition syrienne et d’assouvir ainsi leur désir brûlant de faciliter l’émergence d’un État sécessionniste salafiste dans l’est de la Syrie et de l’autre côté de la frontière, en territoire irakien.

Aujourd’hui, tout observateur bien informé sait que la guerre contre la terreur du régime Cheney était une fraude. Il n’est donc pas surprenant que la destruction planifiée en cours en Syrak offre l’excuse parfaite au complexe militaro-industriel des USA pour tirer des milliards de dollars de la vente de plus d’armes encore à la maison des Saoud, aux autres sbires du CCG, à Israël et à l’Irak.

Cette convergence d’intérêts, géopolitiques dans le cas du Pentagone, commerciaux pour ce qui est du complexe militaro-industriel, entre parfaitement dans le scénario de la maison des Saoud, qui consiste à dicter la politique étrangère de l’administration évitons les conneries Obama au Levant et dans la péninsule arabique.

Les 22 États membres de la coalition d’Obama se réuniront à Paris au début juin. Le Pentagone devrait alors disposer d’un véritable plan relativement à EIIS/EIIL/Da’ech : soit qu’on tente le tout pour le tout pour l’annihiler (très peu probable), soit qu’on repousse toutes ces brutes vers le Caucase (assez probable). Le plus probable en fait, c’est que le bordel actuel va se perpétuer.

On ne peut rien cacher aux Russes

Le colonel-général Igor Sergoun, chef de la Direction générale des renseignements (GRU) de l’état-major des forces armées russes, parle rarement en public. Mais lorsqu’il le fait, les plaques tectoniques géopolitiques bougent.

L’analyse de Sergoun corrobore le rapport de la DIA à la perfection. Depuis maintenant des années, les services du renseignement militaire russes ont conclu (et le font maintenant savoir au public) que le terrorisme islamique, que toute la guerre contre la terreur, en fait, sont un outil de l’Occident utilisé pour détruire les pays souverains qui osent s’opposer à la puissance hégémonique.

Comme nous le savons tous, il est évidemment beaucoup plus facile de subvertir et d’écraser la Libye ou la Syrie que la Russie ou la Chine (ou même l’Iran à vrai dire).

N’empêche que l’Empire du Chaos doit maintenant se dépatouiller pour faire face  (ou faire bonne figure) devant ce retour d’ascenseur généré par sa tactique de diviser pour mieux régner. En Irak, la chute de Ramadi donne un formidable élan à la portée stratégique, au recrutement et au financement de EIIS/EIIL/Da’ech, qui a fait passer l’équipe d’Obama-évitons les conneries pour de parfaits imbéciles.

D’autant plus que les USA n’étaient pas que de simples spectateurs dans cette débâcle. Ramadi est tombée parce que le gouvernement de Bagdad refusait d’armer les tribus sunnites de la province d’Al-Anbar. Le faux califat a attaqué la ville avec une flotte de 30 camions bourrés d’explosifs conduits par des kamikazes. Les membres des tribus qui la défendaient ont dû fuir pour éviter d’être massacrés par les brutes du califat.

Que faisait le Pentagone ? Rien, ce qui entre en contradiction avec les accusations trompeuses de son chef Ash Carter, qui a dit que les Irakiens manquaient de volonté à combattre. Le Pentagone n’a rien fait non plus à Tikrit, lorsque les États-uniens ont refusé de combattre le faux califat aux côtés de milices chiites dirigées par des officiers iraniens qui relevaient directement de Qasem Soleimani, la superstar de la Force Al-Qods.

Le match oppose l’Iran et les décapiteurs

La chute de Ramadi montre à l’évidence que la véritable puissance qui lutte contre EIIS/EIIL/Da’ech en Irak ce ne sont pas les USA, mais l’Iran. Les milices chiites sont d’ailleurs déjà en train d’être incorporées dans les forces de sécurité irakiennes.

Ezzat al-Douri, l’ancien numéro deux de Saddam Hussein que les USA n’ont pas encore capturé, a diffusé des messages où il évoquait un besoin d’aide urgent en armes de la part des suspects habituels, les Saoudiens. Alors qu’ils tentaient d’armer les tribus de la province d’al-Anbar à partir de la Jordanie, devinez qui a mis un holà ? Washington. Conformément aux règles hésitantes de l’administration Obama, la Jordanie ne peut donner suite aux efforts saoudiens sans l’autorisation directe de Bagdad, qui n’est jamais venue.

Cette pagaille n’est qu’un exemple du double jeu incessant auquel se livre l’Empire du Chaos dans sa guerre contre la terreur, qui revient en fin de compte à dire que la lutte contre EIIS/EIIL/Da’ech en Syrak n’est qu’une immense farce.

Qu’importe ce qui arrivera à Washington dans un proche avenir, que ce soit sous le règne d’Hillary-Nous sommes venus, nous avons vu, il est mort-Clinton ou de Jeb-Mon frère a eu raison d’envahir l’Irak-Bush, rien n’indique que le gouvernement des USA cessera un jour d’utiliser le terrorisme islamique comme atout stratégique.


- Source : Pepe Escobar

samedi, 30 mai 2015

Paix et coopération pour l’Europe entière

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Paix et coopération pour l’Europe entière

par le Pr Viatcheslav Dachitchev,

* ancien colonel d’Etat-major; Académie russe des sciences

Ex: http://www.horizons-et-debats.ch

Le développement de l’Europe est marqué par une particularité terrible – la lutte continuelle pour l’hégémonie entre la France, l’Allemagne et la Russie ou précédemment l’Union soviétique. Un combat qui a duré des siècles, qui a dépassé les frontières de l’Europe et s’est étendu à des guerres mondiales. Il a apporté aux peuples, en périodes régulières, des souffrances, des victimes et des destructions terribles. Les Etats-Unis ont tiré de cette «confrontation européenne» d’immenses avantages géopolitiques et économiques. Elle lui a finalement permis, de prendre contrôle de l’Europe occidentale pour la positionner face à la Russie et pour précipiter les Européens dans une crise politique pré-guerrière au début du XXIe siècle. Le maintien et si besoin l’aggravation de cette «confrontation européenne» sont devenus des missions primordiales de la politique mondiale des Etats-Unis. La Grande-Bretagne a, elle aussi, exploité la collision entre les intérêts français, allemands et russes à son avantage.

dachéééé.jpgAussitôt qu’une des trois puissances mentionnées commença à aspirer à l’hégémonie, les deux autres s’unissaient contre elle. La Russie et la Prusse entrèrent en lice contre la France napoléonienne, lorsque celle-ci commença la conquête de l’Europe. Pendant la Première Guerre mondiale, la France et la Russie unirent leurs forces contre l’Allemagne. Lors de la Seconde Guerre mondiale, l’Union soviétique et la France luttèrent à nouveau contre le danger menaçant de l’hégémonie de l’Allemagne nazie. Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne s’y joignirent.


Après la Seconde Guerre mondiale, le commandement stalinien a pris la relève en tant que porte-bannière de la politique hégémoniste. Entrainée par une attitude missionnaire communiste expansive – l’idéologie de la lutte des classes se trouvant en contradiction avec les lois de la géopolitique –, elle édifia pendant et à la suite de la guerre son contrôle sur l’Europe centrale et du sud-est en imposant aux pays de cette région le système de société soviétique. D’entrée les puissances occidentales y virent une sérieuse violation de l’équilibre des forces géopolitiques en Europe et dans le monde ainsi qu’une très sérieuse menace de leurs intérêts et de leur indépendance. C’est sur ce terrain que l’union des forces des Etats-Unis et des Etats d’Europe occidentale prospéra pour former un front commun face à l’Union soviétique. C’est avec grand plaisir que les élites américaines au pouvoir adoptèrent
le rôle de garant et sauveur des Etats occidentaux face au «danger venant de l’Est». C’est ainsi que se forma une coalition antisoviétique au niveau mondial. L’Union soviétique se trouva dans une situation extrêmement difficile et vulnérable. Les Etats-Unis cependant obtinrent la possibilité d’imposer leur dominance aux pays d’Europe de l’Ouest.

La division en Europe fut bénéfique pour les Etats-Unis

Il faut cependant avouer que cela fut suscité par de mauvais calculs graves et des décisions insensées de la part des dirigeants soviétiques d’alors. Au lieu d’utiliser toutes les forces du peuple soviétique et les richesses naturelles incommensurables à l’intérieur du pays pour la consolidation et l’amélioration de la société soviétique, les dirigeants entraînèrent le pays dans un affrontement inutile, destructif et dépourvu de toutes chances de succès avec les puissances occidentales. Sans parler du fait, qu’ils créèrent les conditions permettant aux Etats-Unis de se développer en une superpuissance mondiale, à un candidat à l’hégémonie mondiale qui commença à dicter sa volonté aux pays européens. La lutte éclatant périodiquement dans le triangle France–Allemagne–Russie (ou Union soviétique), qui créa la «guerre froide» et une profonde division en Europe, profita uniquement aux Etats-Unis. Et c’est pour cette raison que deux principes devinrent partie intégrante de la doctrine de politique étrangère des Etats-Unis: «garder les Américains en Europe» («to keep Americans in»), donc garantir la dominance des Etats-Unis en Europe, et «tenir à l’écart la Russie» («to keep Russia out»), donc empêcher par tous les moyens un rapprochement et une collaboration entre la Russie et les Etats européens, notamment l’Allemagne.

La Perestroïka et les principes d’une nouvelle politique étrangère

La prise de conscience du caractère nuisible de cette impasse dans les relations internationales en Europe et la nécessité de quitter cette voie, commença au cours de la perestroïka (réformation). Celle-ci permit aux dirigeants soviétiques de reconnaître qu’il était urgent de sortir l’Union soviétique de cette confrontation dangereuse avec l’Occident. Celle-ci menaçait non seulement toute l’humanité de l’apocalypse, mais dévorait également les meilleures forces du pays et empêchait de trouver des solutions aux importantes tâches à résoudre au niveau de la politique intérieure, notamment garantir une bonne qualité de vie et un haut niveau de vie aux citoyens soviétiques.


Dès 1985, les nouveaux dirigeants soviétiques, avec Michail Gorbatchev en tête, prirent cette tâche en mains. Dans les années de la perestroïka, on élabora les principales bases pour la nouvelle philosophie dans la politique extérieure soviétique. Ces bases principales sont les suivantes:
•    Refus et condamnation de toute politique messianique de dominance;
•    fin de la confrontation Est–Ouest et de la course aux armements;
•    respect du principe que dans les relations internationales doit régner la force du droit et non pas la force du plus fort;
•    reconnaissance du droit de chaque peuple, de choisir sa propre voie de développement;
•    démocratisation et humanisation profonde des relations internationales;
•    créer un lien indissoluble entre la politique et la morale;
•    transformation de la grande Europe (UE) en une Europe unie et création d’une entité qui sera à la fin un paysage juridique et culturel européen au niveau politique et économique («maison commune européenne»);
•    réorganisation de l’OSCE en une organisation centrale capable d’agir en faveur de la sécurité et de la coopération entre les Etats de la nouvelle Europe;
•    Suppression graduelle de la structure des blocs dans les relations internationales en Europe et interdiction de sphères d’influence et d’hégémonie sur le continent européen.
Tous ces principes caractérisèrent l’essence de la nouvelle politique étrangère socialiste. Sur la base de ces principes eut lieu l’unification pacifique de l’Allemagne, sans laquelle la «guerre froide» n’aurait pas pu être surmontée. Les pays d’Europe de l’Est ont obtenu leur indépendance. On abandonna la guerre en Afghanistan et retira les troupes soviétiques.

La Charte de Paris pour une nouvelle Europe – destinée à être oubliée par Washington

Le mémorable 21 novembre 1990 fut la cerise sur le gâteau de la politique étrangère soviétique sous Michail Gorbatchev, lorsque les représentants de tous les Etats européens signèrent une charte fondamentale internationale – la Charte de Paris pour une nouvelle Europe. Pour la première fois dans l’histoire, on atteignit un consensus européen sur le maintien de la paix, la sécurité et la coopération entre tous les Etats européens. Cette Charte de Paris fut également signée par les Etats-Unis et le Canada. Ils ne pouvaient pas rester à l’écart de cette tentative européenne de paix et de création d’une nouvelle Europe. Sinon les Etats-Unis auraient risqué la perte de leur crédibilité. C’est pourquoi ils se sentirent forcés de faire ce pas, bien que les principes de la Charte de Paris étaient dans le fond contraires à la doctrine de la politique étrangère américaine, fondée sur la division de l’Europe et la prédominance américaine. Après le délabrement de l’Union soviétique, Washington entreprit tout son possible pour faire oublier et disparaître la Charte de Paris de l’agenda européen. Et il en fut ainsi. Ceci causa un grave préjudice à la sécurité et la coopération européennes.
L’élite dominante américaine s’est donc rendue coupable qu’un des accords internationaux les plus importants du XXe siècle ait disparu. Ce traité était l’expression de véritables intérêts vitaux pour tous les peuples européens. Sous la pression exercée par Washington, on l’oublia même dans les mass médias occidentaux. Il paraît étrange qu’après 1991 même les responsables de la politique étrangère russe ne le mentionnèrent plus jamais. Dans la Charte de Paris, il s’agit pourtant du destin de l’Europe: «Nous, chefs d’Etat ou de gouvernement des Etats participant à la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe, sommes réunis à Paris à une époque de profonds changements et d’espérances historiques. L’ère de la confrontation et de la division en Europe est révolue. Nous déclarons que nos relations seront fondées désormais sur le respect et la coopération. L’Europe se libère de l’héritage du passé. Le courage des hommes et des femmes, la puissance de la volonté des peuples et la force des idées de l’Acte final de Helsinki ont ouvert une ère nouvelle de démocratie, de paix et d’unité en Europe.»


Quelles paroles magnifiques! Il semblait que devant les peuples européens, ayant souffert au cours du XXe siècle de trois guerres mondiales – deux «chaudes» et une «froide» – avec tout ce que cela comprend d’horreurs indicibles, de pertes et de souffrances, s’ouvraient des lendemains réjouissants et des possibilités de créer une toute nouvelle Europe de paix, de stabilité et de coopération.

Les principes de la Charte de Paris

Il vaut la peine de rappeler les principes les plus importants de la Charte de Paris. Et cela non seulement par intérêt historique mais aussi parce que cela nécessite de les régénérer et de les appliquer en politique européenne afin d’écarter les dangers menaçant la sécurité du Vieux Continent et du monde entier. Car ce n’est pas par hasard que nous entendons de plus en plus souvent des voix irritées parler de la possibilité d’une nouvelle guerre mondiale. Voici donc les principes fondamentaux:


•    s’abstenir de recourir à toute forme de menace ou d’emploi de la force contre l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique des Etats, ou d’agir à l’encontre des principes et des buts de la Charte des Nations Unies, de l’OSCE et du droit international.
•    Il faut donner une qualité nouvelle aux relations en matière de sécurité. La sécurité est indivisible et la sécurité de chaque Etat participant est liée de manière indissociable à celle de tous les autres. Pour le règlement des différends il faut trouver des moyens pacifiques. Il faut mettre au point des mécanismes de prévention et de résolution des conflits entre les Etats participants. Tous les pays s’engagent à coopérer pour renforcer la confiance et la sécurité.
•    Il est urgent de promouvoir la limitation des armements et le désarmement en Europe.
•    La réaffirmation de l’égalité de droits des peuples et leur droit à l’autodétermination conformément à la Charte des Nations Unies et aux normes pertinentes du droit international dans ce domaine, y compris celles qui ont trait à l’intégrité territoriale des Etats.
•    Il est indispensable d’intensifier les consultations politiques et d’élargir la coopération pour résoudre les problèmes économiques, sociaux, environnementaux, culturels et humanitaires. Cette résolution commune et l’interdépendance croissante des pays signataires de la Charte de Paris contribueront à vaincre la méfiance de plusieurs décennies, à accroître la stabilité et à bâtir une Europe unie.
•    Les dix Principes de l’Acte final guideront vers cet objectif. La pleine mise en œuvre de tous les engagements de la OSCE doit servir de fondement aux initiatives pour permettre aux nations de vivre conformément à leurs aspirations.
•    Il faut que l’Europe soit ouverte au dialogue et à la coopération avec les autres pays – y compris les Etats-Unis et le Canada –, favorable aux échanges et engagée dans la recherche de réponses communes aux défis du futur.
Ces nouveaux principes de la coopération européenne devaient, une fois réalisés, terminer une fois pour toutes les guerres sur le continent européen. Ils contiennent, en vue du XXIe siècle, la nouvelle philosophie de la paix et de la coopération entre les peuples.1

Cliché de l’ennemi et sanctions – aliénation artificielle de la Russie face à l’Europe

dach50_34339.jpgDans l’oubli de la Charte de Paris, l’Europe plongea à nouveau dans un état caractérisé par la division, la prédominance des Etats-Unis, la politique de l’isolement et l’affaiblissement de la Russie, sa diabolisation dans les yeux des publics européen et américain, une guerre de l’information sans précédent contre ce pays, menée de manière rusée et sournoise, ainsi qu’un renforcement massif de la politique antirusse de l’OTAN et de l’UE. En outre, on organisa des changements de régime «de couleur» dans les pays de l’espace post-soviétique avec le but d’y installer des gouverneurs américains, orientés vers la confrontation avec la Russie.
La situation en Europe s’aggrava fortement après le coup d’Etat de Kiev et la prise de pouvoir des nationalistes radicaux qui se déroula selon le scénario américain et financé par l’argent américain.2 Les leaders de l’«Euro-Maïdan» avaient été soigneusement sélectionnés par les services secrets des Etats-Unis et commencèrent strictement à accomplir toutes leurs missions. Dès le début, ils menèrent une politique caractérisée par des paroles antirusses et le combat contre la Russie, ce qui était aussi dans l’intérêt des stratèges américains. En Ukraine, ils déclenchèrent une guerre civile cruelle et fratricide. A Washington, on s’attendait à une intervention de la Russie ce qui aurait donné le prétexte de transformer la crise ukrainienne en un bain de sang européen. Il faut aussi dire que la relance des principes de la Charte de Paris pourrait servir à terminer la tragédie ukrainienne et que cette prise de conscience commence à gagner toujours plus de terrain dans les pays européens.


Les sanctions prises par les Etats-Unis contre la Russie étaient un élément essentiel de la crise européenne, leur objectif étant d’isoler la Russie encore davantage de l’Europe et d’aggraver la situation générale sur le continent. En outre, elles doivent créer une «image hostile» artificielle de la Russie en tant que grande puissance agressive.


Les hommes politiques expérimentés en Occident n’ont pas de peine à deviner ce qui se cache derrière l’image mensongère que donnent les Etats-Unis et ses vassaux européens de la Russie. L’ancien chancelier de la République fédérale d’Allemagne, Helmut Schmidt a déclaré déjà le 20 novembre 2007 dans une interview accordée à la radio Deutsche Welle: «La Russie ne représente aucun danger. Le danger vient des Etats-Unis.»

L’issue pour sortir de l’impasse

Aujourd’hui la renaissance d’un mouvement européen basé sur la Charte de Paris pour une nouvelle Europe, gagne de plus en plus en importance.3 Le respect des principes de cette Charte peut constituer une issue pour sortir l’Europe de la dangereuse impasse dans laquelle elle s’est engagée. La Charte correspond aux intérêts non seulement de la Russie, mais de tous les Etats européens.


Hans-Dietrich Genscher, pendant 18 ans ministre des Affaires étrangères de la République fédérale et par cette expérience un des politiciens européens les plus expérimentés en la matière, s’est prononcé en faveur du retour à la Charte de Paris. Dans son discours du 10 novembre 2012 à Berlin au centre culturel Willy-Brandt sur le sujet «La responsabilité des Allemands concernant l’Europe», il a expressément souligné que la fin durable d’une politique de domination est la condition primordiale pour une nouvelle Europe. Auparavant, le 18 mai 2012, il avait publié un article intitulé «Pas de confrontation, mais une coopération avec la Russie».4 Il y déclare: «Aujourd’hui, il faut que l’Amérique, l’Europe et la Russie déterminent ensemble leurs intérêts communs. Ils convergent beaucoup plus que certains bureaucrates de la sécurité à Bruxelles et des administrations comparables à Washington le pensent […]. Il en va aussi du rapport avec notre grand voisin à l’Est et de profiter des atouts d’une coopération Est-Ouest. Dans une situation se présentant difficile, il faut la sagesse des grandes personnalités politiques. Et cela signifie d’en finir avec la confrontation et de ne pas en permettre une nouvelle […]. Et il est important que l’Europe s’acquitte des grands projets de la Charte européenne de 1990. [mis en évidence par W. D.] Tout cela et la solution des grands problèmes de notre temps n’est possible qu’en commun avec la Russie, mais en aucun cas contre la Russie.»5

Les enseignements du XXe siècle: toute politique de prédominance est illégale

A vrai dire, cela est la conclusion principale de l’histoire du développement européen au cours du XXe siècle. Au XXIe siècle, il faut, pour assurer la survie, une nouvelle philosophie de paix et de coopération déclarant toute politique de prédominance contraire à la loi et créant des garanties fermes contre l’éclatement de la guerre en Europe et contre toutes les forces voulant la fomenter de l’extérieur. Il semble que certains politiciens européens, dont le président français François Hollande et la chancelière allemande Angela Merkel, en sont conscients. Un processus unique en témoigne: leur voyage commun à Moscou et les contacts constants avec le président russe Vladimir Poutine lors de l’élaboration des mesures pour terminer la guerre en Ukraine, une guerre qui menace sérieusement la paix européenne. Tout porte à espérer que cette visite prépare une bonne base pour la coopération entre la France, l’Allemagne et la Russie pour fortifier l’unité de l’Europe, la sécurité et le bien-être de tous les peuples européens, ainsi que leur progrès économique, scientifique et culturel.

Coopération au lieu de confrontation pour le bien des peuples européens

Maintenant, les conditions pour la convocation d’une nouvelle réunion européenne ont mûri. Il est temps de décider du retour de l’Europe aux principes renouvelés de la Charte de Paris conformément aux exigences actuelles. C’est le moment, avant qu’il ne soit trop tard, d’abandonner la voie erronée de la confrontation entre les pouvoirs européens et de se mettre au travail pour créer une nouvelle Europe. La coopération étroite entre la France, l’Allemagne et la Russie doit servir à son bien-être. La coopération qui met définitivement un terme aux guerres dont les Européens ont tellement souffert.


Dans ce contexte, on peut se demander quelles seront les conséquences de cette coopération sur le statut, l’activité et le rôle géopolitique de l’Union européenne. Sans aucun doute, elle permettra d’élargir fortement le cadre de l’UE et d’augmenter l’efficacité politique et économique de cette organisation supranationale. Cela reviendrait à créer un nouvel espace d’intégration européen allant de Lisbonne à la côte de l’océan Pacifique et non pas uniquement à l’Oural, comme Charles de Gaulle l’avait imaginé. Cela ouvre aux pays de l’Europe des perspectives uniques et favorables pour tous les développements politique, économique, scientifique et culturel.


Cet espace d’intégration européen deviendra un élément d’un nouvel ordre mondial. Franz Betschon – colonel de l’état-major suisse – en a parlé de manière très intéressante dans son livre.6 Selon ses idées, l’image de l’avenir pourrait se présenter de la manière suivante: l’Europe et l’Asie forment une unité économique; la notion de «l’Occident» perd son importance; l’Europe de l’Ouest et l’Amérique du Nord cessent d’exister sous forme d’une entité homogène; l’Europe continentale s’orientera vers l’Est; les Etats-Unis perdent leur prédominance; l’UE et OTAN seront remplacés par autre chose.


La variante du développement global, telle que la présente Franz Betschon, est naturellement à comprendre comme un avenir éloigné. Mais on doit lui accorder qu’il a détecté assez correctement les grandes tendances de l’évolution du nouvel ordre mondial et la place de l’Europe dans cet ordre. Le succès d’un développement dans ce sens est autant dans l’intérêt de la Russie que des autres pays européens.    •

(Traduction Horizons et débats)
1    La «Charte de Paris pour une nouvelle Europe» se trouve dans de nombreuses langues sur Internet.
2    Pour approfondir cf. V. Dachitchev: La tragédie
ukrainienne et la nouvelle ‹guerre froide› des Etats-Unis contre la Russie, in: Sozial-humanitäre Kenntnisse, n° 4, 2004; Geopolitik, n° 1, 2014 (en russe)
3    Plusieurs études concernant ce sujet par l’auteur. Cf. «Es ist an der Zeit zu den Prinzipien der Pariser Charta zurückzukehren.» in: Geopolitika, 15/8/12; dans le recueil «Geopolitik. Theorie, Geschichte, Praxis. Arbeiten der internationalen wissenschaftlich-praktischen Konferenz», wiss. Verlagszentrum «Raum und Zeit», Moscou 2012. «Die Pariser Charta – eine Zukunftschance für Europa», in: Wirtschaftliche und philosophische Zeitung, n° 36 (926), septembre 2012
4    Hans-Dietrich Gentscher: «Nicht Konfrontation, sondern Kooperation mit Russland», in: Tagesspiegel, 19/5/12. L›article a été reproduit en Russie dans la revue Raum und Zeit, n 1, 2013
5    Dans la revue déjà citée Raum und Zeit, p. 13
6    Franz Betschon. Das eurasische Schachturnier. Krisen, Hintergründe, Prognosen. Frankfurt/Main, 2009

* Viatcheslav Dachitchev, né à Moscou en 1925, est politologue et historien. Il est fils du général Ivan Fjodorovich Dachitchev (1897–1963). Il participa à la Seconde Guerre mondiale entre 1943 et 1945 dans le groupe de reconnaissance du 4e front ukrainien. De 1945 à 1949, il étudia l’histoire moderne à l’Université Lomonossov et enseigna à l’Académie militaire «M. W. Frunse». Il continua ses études jusqu’en 1953. De 1953 à 1968, il travailla comme rédacteur de divers magazines militaires. Dans les années 60, il fut entre autre maître de conférences à l’Université de Moscou. De 1972 à 1990, il dirigea le service des questions de politique étrangère à l’Institut des pays socialistes de l’Académie des sciences et de 1987 à 1989, il fut en même temps sous Gorbatchev, président du Conseil scientifique consultatif au ministère soviétique des Affaires étrangères. Jusqu’en 1990, il dirigea le département des questions de politique étrangère à l’Institut d’études économiques et politiques de l’Académie russe des sciences. Au début de la perestroïka, il fut également professeur à l’Académie diplomatique du ministère soviétique des Affaires étrangères. Il fut le conseiller de Gorbatchev en matière de politique étrangère et passe pour un pionnier de la détente entre l’Est et l’Ouest, de la réunification allemande et, de manière générale, des droits de l’homme, de la démocratie et de l’économie de marché. Dans les années 90, il enseigna comme «professeur invité» à l’Université libre de Berlin (1991), aux universités de Munich (1992) et de Mannheim (1995). De 1997 à 2005, il fut membre du comité de la fondation «Marion-Dönhoff». En 1995, il eut l’honneur de recevoir le «Prix Friedrich-Joseph-Haass» pour l’«excellente contribution à l’entente russe-allemande». En 1998, il retourna en Russie et travailla jusqu’en 2006 en tant que chercheur principal pour les études géopolitiques au Centre des études économiques et politiques à l’Institut économique de l’Académie des sciences de Russie.

Was ist los in Mazedonien?

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Was ist los in Mazedonien?

von Karl Müller

Ex: http://www.zeit-fragen.ch

Vor 14 Jahren, im Jahr 2001, stand das nördlich an Serbien und südlich an Griechenland grenzende kleine Balkanland Mazedonien monatelang in den Schlagzeilen. Das Land drohte in einem Bürgerkrieg zu versinken. Kämpfer einer mazedonischen UÇK, unterstützt von der kosovarischen Organisation mit demselben Namen und auch von US-Geheimdiensten und US-Militärs, überzogen Mazedonien mit Anschlägen und Angriffen auf Polizei und Militär des Landes. Die UÇK-Kämpfer und ein grosser Teil der westlichen Politiker und Medien sprachen damals von einem berechtigten Kampf gegen die Diskriminierung der albanisch-stämmigen Bevölkerung im Lande, andere Stimmen ordneten die Gewalttaten der UÇK, ähnlich wie beim Kosovo, in grössere geopolitische Zusammenhänge ein. Im August 2001 einigten sich die Konfliktparteien auf ein Abkommen, das der albanisch-stämmigen Bevölkerung gesellschaftliche und politische Sonderrechte einräumte. Einer der damaligen führenden UÇK-Kämpfer aus dem Jahr 2001, Ali Ahmeti, sitzt heute in der Regierung des Landes.
Die vergangenen 14 Jahre war es ruhig geworden um das Land. Seit 2005 ist Mazedonien Beitrittskandidat für die EU. Es heisst sogar, das Land wolle in die Nato. Aber die Regierung des Landes hat sich den Sanktionen der US-Regierung und der EU-Regierungen gegen Russland nicht angeschlossen. Statt dessen hat sie sich bereit erklärt, eine Transitstrecke in Mazedonien für die von Russland geplante Pipeline durch die Türkei (Turkish Stream) zu bauen. Die Führung der Pipeline-Trasse durch die Türkei hatte Russ­land mit der Türkei Anfang 2015 ausgehandelt. Sie soll statt South Stream, deren geplanter Verlauf durch Bulgarien von der EU behindert wurde, gebaut werden, um russisches Erdgas ungehindert nach Südosteuropa bis hin nach Österreich transportieren zu können. Mazedonien ist als Transitland für den Pipelinebau sehr wichtig.1


Seit 2 Wochen ist Mazedonien in die Schlagzeilen zurückgekehrt. Anlass war eine Razzia der Polizei des Landes in der Stadt Kumanovo. Dort gibt es ehemalige UÇK-Kämpfer, die Attentate geplant haben sollen. Sehr wahrscheinlich sind sie auch am Drogenhandel beteiligt. Die Stadt gilt als Zwischenstation für aus Afghanistan kommende Drogentransporte. Sie liegt ganz nahe bei der Grenze zu Serbien, aber auch nahe der Grenze zum Kosovo, der Hauptumschlagplatz für die Drogentransporte nach Europa ist. Bei der Razzia in Kumanovo kam es zu stundenlangen Feuergefechten, bei denen 22 Menschen starben, darunter 8 Polizisten.

 

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Westliche Medien kommentierten die Ereignisse unterschiedlich. Manche sprachen von einem zu harten Vorgehen der mazedonischen Sicherheitskräfte, das ethnisch motiviert gewesen sei und sich gegen die albanisch-stämmige Bevölkerung gerichtet habe. Andere behaupten, der Ministerpräsident des Landes habe die Feuergefechte in Kumanovo inszeniert, um von eigenen Problemen und der Unzufriedenheit der Bevölkerung abzulenken. Richard Howitt von den sozialistischen Fraktion im EU-Parlament meinte gar, die Bürger Mazedoniens hätten nach den Kämpfen in Kumanovo ein Trauma erlitten.


Interessanterweise hat aber selbst der ehemalige UÇK-Kämpfer und das heutige Regierungsmitglied Ali Ahmeti in einem Interview mit der österreichischen Zeitung «Die Presse» (19.5.2015) zugegeben: «Ich kann nicht verneinen, dass wir einige der Leute kennen, die daran beteiligt waren. Einige davon waren frühere Mitglieder der UÇK.» Um dann aber gleich im Anschluss Russ­land zu attackieren: «Meine Sorge ist auch: Warum hat Moskau aus der Sache ein Thema gemacht? Russlands Aussenminister Lawrow hat gesagt, die euroatlantische Erweiterung auf dem Balkan sei eine Provokation für Russland. Und vor einigen Tagen hat Lawrow bei einem Besuch in Serbien behauptet, die Vorfälle in Mazedonien seien von der Nato, der EU und Washington provoziert worden. Ich weise das massiv zurück.»


In der Tat hat der russische Aussenminister jetzt schon mehrfach geäussert, dass hinter den Vorgängen in Mazedonien der erneute Versuch einer «farbigen Revolution» steckt (siehe Text auf Seite 2). Ein paar Tage nach den Feuergefechten in Kumanovo gab es in der Hauptstadt des Landes Demonstrationen gegen den Ministerpräsidenten und die Forderung nach seinem Rücktritt und nach Neuwahlen. In westlichen Medien, zum Beispiel von der international ausgestrahlten Deutschen Welle, werden diese Proteste in den höchsten Tönen als Ausdruck demokratischen Aufbegehrens gewürdigt. Dem Ministerpräsidenten werden illegale Abhöraktionen und Korruption vorgeworfen. Kritik an der Regierungsspitze und Forderungen nach grundlegenden Änderungen der Politik sind auch der Tenor der Stellungnahmen aus der EU und den USA. Lauter als in den vergangenen Jahren wird von EU-Politikern ein baldiger EU-Beitritt des Landes gefordert. Besonders hervor tun sich dabei Politiker aus dem EU-Parlament. Der Integrationsprozess in die EU, so der Abgeordnete der Europäischen Volkspartei im EU-Parlament, Edward Kukan, sei eines der wichtigen Instrumente, die helfen könnten, die Krise zu überwinden. Die EU-Kommission forderte die mazedonische Regierung auf, wieder auf die «richtige Spur» zu kommen, also in Richtung EU-Mitgliedschaft und EU-Politik.


Kritische Stimmen aus Russland und aus Serbien – dort beobachtet man bis in die Regierung hinein die Vorgänge in Mazedonien mit grösster Sorge – werden hingegen als «Verschwörungstheorie» abgetan – so zum Beispiel von der Deutschen Presseagentur (dpa) am 19. Mai oder von der Zeitung «Die Welt» am 20. Mai – und sogar ins Gegenteil gewendet. So heisst es, Russland wolle Mazedonien dem westlichen Bündnis entreissen und das westliche Bündnis spalten. So zum Beispiel vom SPD-Politiker und ehemaligen Staatssekretär im deutschen Verteidigungsministerium Walter Kolbow. Kolbow war Staatssekretär unter dem deutschen Verteidigungsminister Rudolf Scharping von der SPD, der 1999 einer der deutschen Wortführer für den völkerrechtswidrigen Krieg gegen Jugoslawien war. Auch die US-Regierung zeigt sich an dem kleinen Land auf dem Balkan sehr interessiert. Bei n-tv.de hiess es am 20. Mai: «Die Krise im Land bereitet auch der US-Regierung Sorgen. Seine Regierung verfolge das Geschehen in Mazedonien genau, sagte der Sprecher des US-Aussenministeriums Jeff Rathke. Die Behörden müss­ten die gegen die Regierung erhobenen Vorwürfe prüfen, die sich ‹aus jüngsten Enthüllungen› ergäben.»
Interessant ist aber auch, was die Schweizer Internetseite Schweizer Magazin berichtet. Dort heisst es in einem Beitrag vom 20. Mai zu den Demonstrationen gegen die mazedonische Regierung: «Am vergangenen Wochenende wurden einige tausend Demonstranten aus allen Ecken des Landes mit Bussen herangekarrt, von denen viele für ihre Demonstrationsbegeisterung sogar 500 Denar erhielten. Sie sollten auf Anweisung von George Soros Medien mit geschickten Kameraeinstellungen die Zahl der Demonstranten als ‹100 000› präsentieren.» Zudem sollen von den Regierungsgegnern Schlägertrupps engagiert worden sein.
Wie dem auch sei, es gibt gute Gründe dafür, sich ein genaueres Bild zu machen, das über die Berichte der westlichen Mainstream-Medien hinausgeht. Dem dient für einen ersten Blick die folgende Zusammenstellung.    •

1    Eine ausführliche Analyse zur Bedeutung der Balkan-Staaten für die europäische Energieversorgung leistet der Artikel von Jens Berger: Europa und der kalte Pipeline-Krieg, www.nachdenkseiten.de  vom 20.5.2015

La théorie du genre et l’amour

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La théorie du genre et l’amour

 
Jan Marejko
Philosophe, écrivain, journaliste
Ex: http://www.lesobservateurs.ch

Certains croient que l'amour n'existe, pour un homme, que s'il rencontre une femme qui est «son genre». Même chose pour une femme. L'amour serait lié à des convenances réciproques. Je l'aime parce que j'aime les blondes. Je l'ai épousé parce qu'il est bronzé et que j'aime les bronzés. Aimai-je telle femme parce qu'elle «est mon genre» ou tel homme parce qu'il convient à mes fantasmes ? Est-ce sur la base de caractéristiques physiques, psychiques, voire de l'émission de phéromones qu'hommes et femmes se rencontrent ? Dans le numéro 69 de la revue «Cerveau et Psycho», il est dit que notre cerveau (pas les phéromones) a la capacité d'aimer longtemps. Les neurosciences nous révèlent comment. Je n'ai évidemment pas lu cet article mais il est possible qu'il suggère qu'en stimulant certains neurones, on peut se tenir la main jusqu'à 90 ans sans problème, avec ou sans disputes, selon qu'on a neutralisé ou non les neurones de l'agressivité.

A la fin du premier livre de la «Recherche du temps perdu», Swann constate: «dire que j’ai gâché des années de ma vie, que j’ai voulu mourir, que j’ai eu mon plus grand amour, pour une femme qui ne me plaisait pas, qui n’était pas mon genre !» L'amour comme une forme de suicide (j'ai voulu mourir)... On ne saurait mieux dire que l'amour n'a rien à voir avec le souci de ces mères qui veulent voir leurs enfants bien mariés et bien rangés. Ou qu’il n’a rien à voir avec les phéromones. Ou encore, que le «ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants» est une imposture, comme je l'ai tout de suite senti dans mon adolescence.

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De même que Proust, Flaubert, dans «L'Éducation sentimentale», dépeint un Frédéric éperdument amoureux mais qui n'obtient de Madame Arnoux, des années après lui avoir fait la cour, qu'une mèche de cheveux blancs. Frédéric, comme Swann, a gaspillé sa vie. Si celle-ci avait inclus l'amour, jamais elle n'aurait été détruite par lui. Denis de Rougemont, essayiste suisse romand, observait en 1935, dans un essai remarquable, «L'amour et L'Occident», que Tristan ne peut vivre son amour que parce qu'il est impossible. L'amour relèverait-il de l'instinct de mort ? Quand je vois un beau jeune homme et une belle jeune femme s'embrasser passionnément, je suis à la fois ému et angoissé. Ému parce que, pour moi, rien n'est plus beau que l'amour. Angoissé, parce que cette beauté est tragique. Combien de scènes déchirantes, de drames, de meurtres parfois, ce premier baiser n'annonce-t-il pas ? Tous les jours, à la télévision et même plusieurs fois par jour, films et séries nous parlent de ces drames.

L'amour naît lorsque, a priori, rien ne devrait attirer deux êtres l'un vers l'autre. Ce n'est guère surprenant puisqu'on voit mal comment l'amour pourrait entrer dans les catégories d'un goût personnel, d'idiosyncrasies, de réactions liées à l'habitude. Si tel était le cas, l'aimé viendrait nous satisfaire comme un steak ou un gigot. Or l'amour arrache nous arrache à nous-mêmes. Sans cet arrachement, il n'y a plus que des fricotages, comme on peut les observer dans la littérature ou le cinéma pornographiques.

Mais les Modernes, agenouillés devant les idoles de l'individualisme, ne veulent pas être arrachés à eux-mêmes. Ils veulent que leur petit moi jouisse bien à l'aise, dans le confort de leur égocentrisme, tandis qu'on leur fait des câlins sur le haut ou le bas du corps. Dès lors, l'amour, pour eux, c'est très simple. L'amour est une complémentarité mécanique où la femelle attire le mâle, parce que celui-ci peut sentir, grâce à son organe voméro-nasal, les phéromones sécrétés par celle qu'il va fertiliser. Ou est-ce le mâle qui les sécrète, les phéromones ? Quant à l'organe voméro-nasal, c'est, nous disent les scientifiques, ce qui perçoit les phéromones et déclenche une attirance sexuelle.

La théorie du genre a eu un certain succès, c'est parce qu'elle paraît offrir une voie de sortie hors des âneries sur les phéromones ou le cerveau dans les relations entre les sexes. Cette théorie suggère en effet que nous ne sommes pas conditionnés à aller vers le mâle ou la femelle. Ou encore qu'il n'y a rien de fatal, d'instinctif, de naturel, dans nos attirances sexuelles. Je croyais que j'étais conditionné à aller vers les femmes, mais si je suis tel, mon mouvement vers elle, sera un mouvement d'esclave pavlovien. Donc je me révolte et me dirige vers les hommes. Vive la liberté !

 

genre668007493.jpgOn voit ici comment certains peuvent inscrire la théorie du genre dans un grand programme d'émancipation universelle. Je m'émancipe parce qu'au lieu d'aller vers le mâle ou la femelle comme la société ou la nature m'ont dit que je dois aller, je dis non à la femelle et vais vers le mâle, ou l'inverse. Par ce mouvement, je me libère des règles sociales ou naturelles, comme l'ont peut-être cru Rimbaud et Verlaine.

Mais quand on va vers quelque déviance seulement pour se convaincre qu'on n'est pas esclave des normes sexuelles imposées par la société ou la nature, on est mal parti. Les partisans de la théorie du genre sont mal partis, parce qu'ils croient, avec l'illuminé Vincent Peillon, que l'essentiel est d'arracher les hommes à tous les déterminismes, familial, ethnique, social, intellectuel pour permettre à chacun de s'émanciper. C'est ainsi, ajoute l'ancien ministre de l'éducation nationale, maintenant titulaire d'une chaire à l'Université de Neuchâtel, «qu'un individu libre peut être produit»*. Il faut s'être égaré pour croire qu'un navigateur est libre parce qu'il échappe aux déterminismes du vent, de la quille de son bateau, des courants marins. S'échapper ainsi, c'est tout de suite couler. Et il faut peut-être se faire faire un scanner du cerveau quand on a déclaré qu'on peut PRODUIRE un individu libre.

L'amour n'est pas une déviance, même s'il s’arrache aux habitudes prises ou, pour citer encore une fois Vincent Peillon, aux déterminismes familial, social et intellectuel.  Il est vrai qu'on n'aime pas lorsqu'on ne fait que s'inscrire dans les cycles naturels de la reproduction. Le tragique de Roméo et Juliette entre Médor et Louloute ? Inimaginable. La poésie et la littérature, comme je l'ai brièvement montré, nous font voir que l'amour est un voyage vers l'au-delà de soi-même. L'extraordinaire est que ce voyage a pour destination la chair de l'autre. Ça complique tout. Comment partir pour l'au-delà tout en voulant passionnément s'approcher de la chair d'un corps aimé ? Cette chair, elle, n'est pas dans l'au-delà puisqu'elle est mortelle et donc putrescible.

Jan Marejko, 23 mai 2015

*Cette citation est tirée d'un article paru sur les Observateurs.ch le 15 avril 2013, «La théorie du genre, un état d'esprit funeste.

Mazedonien – Blaupause nach dem Muster von «Regime change»

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Mazedonien – Blaupause nach dem Muster von «Regime change»

Interview mit Zivadin Jovanovic*,

Präsident des Belgrad Forum for a World of Equals

Ex: http://www.zeit-fragen.ch

Sputniknews: Bei seinem kürzlichen Besuch in Serbien äusserte sich Sergej Lawrow über die Sorge Russlands hinsichtlich der Gewalt in Mazedonien und der Idee eines «Gross­albaniens». Welche Unterstützung haben albanische Nationalisten auf dem Balkan und international?

Zivadin Jovanovic: Wir sind alle wirklich sehr besorgt wegen der laufenden Destabilisierung von Mazedonien. Zu den wachsenden sozio-ökonomischen Problemen in der Region kommen hier nun massive Gewalt und die politische Destabilisierung von Mazedonien hinzu. Die Idee von Grossalbanien ist alt, aber sie ist durch die Nato-Aggression von 1999 unterstützt worden, und 2008 wurde die Idee weiter verstärkt durch die unilaterale Sezession der serbischen Provinzen Kosovo und Metohija, unterstützt und anerkannt von den USA und den meisten Regierungen der EU/Nato-Mitgliedstaaten. Es kann kaum bezweifelt werden, dass die gegenwärtige Destabilisierung von Mazedonien nicht ohne den Willen und ohne die Unterstützung derselben westlichen Kräfte geschehen kann. Stellungnahmen von verschiedenen westlichen Hauptstädten, die Teilnahme von einigen westlichen Botschaftern an den Demonstrationen in Skopje, die Slogans und allgemein die westliche Propaganda sind mehr als deutlich. Serbien ist gewiss eines der Länder in der Region, die für die Stabilisierung von Mazedonien sind und die die Idee von «Grossalbanien» verurteilen.

Denken Sie, dass die gegenwärtigen Proteste ein Versuch sind, die jetzige Regierung von Mazedonien zu destabilisieren? Und glauben Sie, dass diese Versuche mit den «farbigen Revolutionen» und den «Regime change»-Operationen zusammenhängen, die vom Westen gesponsert waren, das heisst im ehemaligen Jugoslawien (Otpor!), in Georgien (Rosenrevolution) oder in der Ukraine (Euro­maidan)?

Ich denke, dass die jetzigen Vorgänge in Mazedonien nach dem «Regime change»-Muster in Serbien (Jugoslawien) und in anderen Orten in Europa und in Nordafrika verlaufen, oder wie die derzeitigen Versuche, Brasilien, Venezuela und Argentinien zu destabilisieren. Es gibt sicherlich bestimmte Details, die von Land zu Land verschieden sind, aber die wesentlichen Phasen und Instrumente sind die Propagandamaschinerie, um in der Bevölkerung Unzufriedenheit zu schaffen, massive Proteste und sogar bewaffnete Zwischenfälle zu organisieren, Forderungen nach «Veränderungen» voranzutreiben und schliesslich legal gewählte Regierungen zu stürzen.

Lawrow sagte, dass die jüngsten «Ereignisse in Mazedonien vor dem Hintergrund des Verzichts der mazedonischen Regierung, sich der Sanktionspolitik gegen Russland anzuschliessen, ablaufen» und Skopje zudem «eine aktive Unterstützung in bezug auf den Bau der Gaspipeline Turkish Stream gezeigt» hat. Sind die USA daran interessiert, die Region für geopolitische Zwecke zu destabilisieren?

Ich glaube, Lawrow hat Recht. Die USA haben Angst, die Kontrolle über Europa und über Europas Zusammenarbeit mit Russland zu verlieren. Diesbezüglich betrachtet Wa­shington jedes Projekt, das Europa auf lange Sicht eigenständig, sicher und unabhängig macht, so wie South Stream, Turkish Stream oder irgendein anderes Projekt, als seinen geostrategischen Interessen entgegenstehend und versucht, das mit allen Mitteln zu verhindern. Mazedonien ist keinesfalls gross oder stark, aber es sieht Turkish Stream und den Freihandel mit Russland als im besten Interesse seines Landes. Bedauerlicherweise haben die USA ausser ihren eigenen Interessen kein Interesse für irgend jemanden, schon gar nicht für Mazedonien. Das ist die imperiale Logik. Aber die Zeit für die Weltpolizei ist abgelaufen. Die Geschichte schreitet weiter ungeachtet imperialer Prognosen.    •

*    Zivadin Jovanovic war von 1998 bis 2000 Aussenminister der Bundesrepublik Jugoslawien.

Quelle: www.beoforum.rs/en  vom 19.5.2015
(Übersetzung Zeit-Fragen)

vendredi, 29 mai 2015

Trois des raisons du succes de Dae'ch

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TROIS DES RAISONS DU SUCCES DE DAE’CH

Richard Labévière
Journaliste, Rédacteur en chef  du magazine en ligne : prochetmoyen-orient.ch
Ex: http://www.lesobservateurs.ch

Stupeur chez les archéologues : Dae’ch s’empare de Palmyre. Si la chute de Ramadi en Irak est stratégiquement plus préoccupante, ces derniers succès de l’organisation « Etat islamique » pose toutefois question. Les raisons de ces gains territoriaux, sinon idéologiques, sont multiples, mais on peut situer, en les analysant, trois processus majeurs expliquant partiellement cette évolution qui n’a pas l’air de beaucoup inquiéter la « communauté internationale »…

La première raison des succès de Dae’ch est la plus immédiate, sinon la plus aveuglante. Elle concerne la gestion militaire du « problème ». En effet, on sait, depuis les bombardements massifs effectués par les Alliés sur l’Allemagne du printemps 1945, qu’on ne gagne jamais définitivement une guerre par la seule voie aérienne. Malgré l’évolution technologique des chasseurs-bombardiers, des drones et des moyens radars, les systèmes d’armes aériens ne suffisent pas à emporter la décision sans intervention au sol, menée soit par des forces spéciales, soit par des unités conventionnelles. Les différentes opérations effectuées en Afghanistan (depuis les attentats du 11 septembre 2001), en Irak (printemps 2003), en Libye (printemps 2011), au Pakistan et au Yémen, ont largement validée cette loi incompressible de la guerre…

Faut-il encore s’entendre sur la nature, le sens et la finalité de la dénomination « guerre » ! Malgré les « frappes » de la Coalition internationale - qui ont débuté en août 2014 -, les positions tenues par Dae’ch ne pourront être réduites et éradiquées sans de substantiels engagements terrestres. Selon les experts avisés, de telles opérations nécessiteraient un format d’une dizaine de milliers d’hommes, un état-major centralisé et différents appuis interarmes nécessaires à une « offensive courte, coordonnée et décisive », explique un officier général de l’une des forces spéciales européennes qui ajoute : « née en Somalie au début des années 90, l’option ‘zéro mort’ a vécu et nous devons faire face aujourd’hui au retour de la guerre dans sa réalité la plus crue : décider de faire la guerre implique le don de soi le plus extrême, à savoir le prix du sang, du sacrifice de sa propre vie. Sans l’acceptation de cette imparable équation, on ne peut être vainqueur… »

A ce rappel de l’une des lois incompressibles de la guerre s’ajoutent les effets collatéraux des opérations militaires que l’Arabie saoudite a lancées unilatéralement et hors de tout encadrement des Nations Unies au Yémen. Le déclenchement de cette nouvelle guerre au Moyen-Orient a conforté, non seulement Dae’ch et Nosra, mais bien d’autres factions terroristes engagées en Syrie, au Liban, en Irak et dans la bande sahélo-saharienne, dans la mesure où l’exacerbation du conflit yéménite s’est traduite par de nouvelles livraisons d’armes tous azimuts, grâce à des financements saoudiens et à ceux d’autres pays du Golfe. Cette consolidation d’un axe militaire « sunnite », élaboré avec la bienveillance du Pentagone et du Département d’Etat américain a masqué les financements et les aides les plus contestables à destination d’organisations ouvertement « terroristes ».

Au quotidien Le Monde du 12 mai dernier, le ministre qatari des affaires étrangères - Khaled Al-Attiyah - déclare le plus tranquillement du monde : « nous sommes clairement contre tout extrémisme. Mais, à part Dae’ch, tous ces groupes combattent pour la chute du régime [syrien]. Les modérés ne peuvent pas dire au Front al-Nosra : ‘restez à la maison, on ne travaille pas avec vous’. Il faut regarder la situation sur le terrain et être réaliste ». C’est au nom de ce même réalisme que Laurent Fabius disait, il y a quelques mois, que les « p’tits gars de Nosra font du bon boulot ! » et que des représentants de cette organisation terroriste étaient reçus à l’Assemblée nationale française… Il faut être réaliste !

Cette logique très sélective du réalisme induit organiquement une deuxième raison des succès de Dae’ch. Comme les Etats-Unis ne veulent pas associer directement la Russie et l’Iran à une contre-offensive militaire coordonnée contre Dae’ch, comme François et Laurent d’Arabie s’obstinent à vouloir dégommer le régime syrien, sinon Bachar al-Assad lui-même, en cherchant à nous faire admettre que c’est la seule et unique solution pour neutraliser les islamistes radicaux, on assiste à une inévitable « communautarisation » du conflit. Ainsi, les milices chi’ites, et pas seulement les forces spéciales du Hezbollah libanais, reprennent un rôle de premier plan. Cette dynamique de fragmentation militaire, territoriale et politique sert à la fois les intérêts de Washington et de Tel-Aviv réactivant l’antienne d’Oded Yinon - cet analyste du ministère israélien des Affaires étrangère - qui conseillait en 1982 de « re-tribaliser » les Etats-nations arabes en favorisant le nettoyage ethnique et l’instauration de micro-émirats chi’ites, alaouites, sunnites, druzes, etc. Divide et impera : cette vieille logique de domination est plus que jamais à l’ordre du jour et continue à faire beaucoup de victimes.

Tout aussi logiquement et nécessairement, cette anomie rampante nous amène à une troisième rationalité ascendante et porteuse des « valeurs » de Dae’ch : sa communication, sinon son soft et smart power. Celle-ci se déploie dans plusieurs dimensions : il y a d’abord ses « médias » électroniques et une démultiplication de sites Internet - autant de vecteurs de diffusion des idéologies radicales, d’influence et de recrutement -, qui se sont extrêmement professionnalisés, souvent grâce à l’appui d’officines spécialisées occidentales. Ce constat qui consiste régulièrement à reconnaître que les idéologies radicales mettent à profit toutes les faiblesses, sinon les démissions et lâchetés de nos systèmes démocratiques « ouverts », n’est pas nouveau. Ce qui l’est davantage concerne le redéploiement et le recyclage d’ex-terroristes à travers les vitrines d’ONGs, d’associations culturelles et « humanitaires » aux Etats-Unis et en Europe. Ce blanchiment d’anciens tueurs - qui ont décidé de poursuivre leur combat par d’autres moyens - s’effectue avec la complicité active de responsables économiques et politiques occidentaux.

Et ce n’est pas le moindre pied de nez de l’histoire, de voir s’effectuer ce grand retournement au nom des droits de l’homme, de la démocratie et du pluralisme de pensée et d’expression ! Il va sans dire que cette évolution discrédite passablement les vrais acteurs de la défense des droits humains et induit une confusion dommageable dans les termes mêmes servant à décrire et qualifier la menace terroriste, ses mutations et ses outils de communication.

Récemment, différents médias occidentaux relatant des crimes terroristes ont qualifié leurs auteurs de « militants ! » Militants de quoi ? On marche sur la tête ! Cette progression folle et morbide paraît inexorable. Dans son merveilleux roman 1984, George Orwell dépeignait une société devenue autiste et pratiquant une novlangue fonctionnant par équivalences simples comme : la liberté, c’est l’esclavage ou la pensée, c’est la force ! Nous y sommes…

Richard Labévière, 24 mai 2015

Les USA se font piétiner par les BRICS en Amérique du Sud

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Les USA se font piétiner par les BRICS en Amérique du Sud

Auteur : Pepe Escobar 
Ex: http://zejournal.mobi

Tout a commencé en avril par une pluie d’accords entre l’Argentine et la Russie lors de la visite de la présidente Cristina Kirchner à Moscou.

Puis un ambitieux plan d’investissement de $53 Mds a été scellé lors de la visite du premier ministre chinois Li Keqiang au Brésil, premier arrêt d’une nouvelle offensive commerciale de la Chine en Amérique du Sud, qui comprenait une belle métaphore : Li voyageant à bord d’une rame de métro fabriquée en Chine qui circulera sur la nouvelle ligne qui sera inaugurée à Rio de Janeiro à la veille des jeux Olympiques de 2016.

Où se situent les USA dans tout cela ? Nulle part. Peu à peu, mais inexorablement, les membres des BRICS que sont la Chine et, dans une moindre mesure, la Russie, sont parvenus à restructurer les échanges commerciaux et les projets d’infrastructure dans l’ensemble de l’Amérique latine.

D’innombrables missions commerciales sillonnent ses côtes, à la manière des USA entre les deux guerres mondiales. Lors d’une réunion importante avec des chefs d’entreprise latino-américains en janvier, le président Xi Jinping a promis d’injecter $250 Mds dans des projets d’infrastructure au cours des dix prochaines années.

Les principaux projets d’infrastructure en Amérique latine sont tous financés par des capitaux chinois, à l’exception du port de Mariel à Cuba, dont le financement provient de la Banque brésilienne de développement (BNDES) et dont l’exploitation sera gérée par l’opérateur portuaire singapourien PSA International Pte Ltd. Une firme de Hong Kong a entamé l’an dernier la construction du canal du Nicaragua (plus gros, plus large et plus profond que le canal de Panama), dont les travaux prendront fin en 2019. De son côté, l’Argentine a conclu un accord de $4,7 Mds avec la Chine pour la construction de deux barrages hydroélectriques en Patagonie.

Parmi les 35 accords signés lors de la visite de Li au Brésil, mentionnons le financement de $7 Mds accordé à Petrobras, le géant pétrolier brésilien ; la vente de 22 avions commerciaux de l’avionneur brésilien Embraer à Tianjin Airlines, au coût de $1,3 Mds ; et une kyrielle d’accords avec Vale, un géant dans la production du minerai de fer. Tout cet investissement chinois pourrait contribuer à retaper les réseaux routiers, ferroviaires et portuaires du Brésil, qui sont dans un état lamentable. Les aéroports sont légèrement en meilleur état, grâce aux améliorations apportées avant la tenue de la Coupe du Monde l’an dernier.

Le clou de ce spectacle fastueux  est, sans contredit, le projet de construction d’un chemin de fer faisant 3 500 kilomètres, un investissement de $30 Mds, qui reliera le port brésilien de Santos, sur la côte Atlantique, au port péruvien de Ilo, sur la côte Pacifique, en passant par l’Amazonie. Du point de vue logistique, ce projet est un atout pour le Brésil, car il lui donnera une porte d’entrée sur le Pacifique. Les gagnants seront évidemment les producteurs de matières premières, du minerai de fer aux fèves de soja, qui seront exportées vers l’Asie, principalement en Chine.

Ce chemin de fer transcontinental pourrait s’avérer un projet extrêmement complexe, avec toutes sortes d’enjeux allant des questions environnementales et des droits fonciers à la préférence accordée aux firmes chinoises chaque fois que les banques chinoises vont délibérer sur l’extension des lignes de crédit. Mais pour l’instant, le champ est libre. Les suspects habituels sont évidemment inquiets.

Géopolitiquement vôtre !

La politique officielle du Brésil, depuis les années Lula, consiste à attirer de gros investissements chinois. La Chine est le principal partenaire commercial du Brésil depuis 2009. Avant, c’étaient les USA. La tendance s’est amorcée dans le secteur de la production alimentaire. Aujourd’hui, les investissements se font dans les ports et les chemins de fer. On passera ensuite au transfert de technologie. La Nouvelle banque de développement des BRICS et la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures (créée à l’initiative de la Chine), dont le Brésil est membre fondateur, seront incontestablement de la partie.

Le problème, c’est que cette interaction massive des BRICS dans les échanges commerciaux se conjugue à une situation politique assez alambiquée. Les trois principales puissances de l’Amérique du Sud que sont le Brésil, l’Argentine et le Venezuela, qui sont d’ailleurs toutes membres du Mercosur, font l’objet de tentatives de déstabilisation à répétition par les suspects habituels, qui dénoncent couramment la politique étrangère des présidents Dilma Rousseff, Cristina Kirchner et Nicolas Maduro, tout en regrettant la belle époque de la relation de dépendance à Washington.

Brasilia, Buenos Aires et Caracas sont simultanément confrontés à des complots contre leur ordre institutionnel, bien que le degré de complexité (et de querelles intestines) varie d’une capitale à l’autre. Les suspects habituels n’essaient même pas de dissimuler leur froid diplomatique avec les trois principaux pays de l’Amérique du Sud.

Le Venezuela, qui est sous le coup de sanctions imposées par les USA, est considéré par ce pays comme une menace à sa sécurité nationale, un fait qui ne tient même pas la route comme mauvaise blague. Kirchner fait constamment l’objet de harcèlement diplomatique. Qui plus est, l’Argentine est dans la ligne de mire des fonds vautours états-uniens. Quant aux relations avec Brasilia, elles sont pratiquement gelées depuis septembre 2013, lorsque Rousseff a reporté une visite à Washington en réaction à l’espionnage qu’exerçait la NSA sur Petrobras et elle-même en personne.

Ce qui nous amène à un enjeu géostratégique crucial, qui n’est pas encore résolu.

L’espionnage de la NSA pourrait avoir permis de faire fuiter à dessein des renseignements de nature délicate afin de déstabiliser le programme de développement du Brésil qui comprend, dans le cas de Petrobras, l’exploration des plus grands gisements de pétrole (pré-salifères) découverts en ce début du XXIe siècle.

Ce qui en train de se dénouer est crucial, car en plus d’être la deuxième économie en importance dans les Amériques (après les USA), le Brésil constitue la principale puissance économique et financière de l’Amérique latine. C’est aussi au Brésil que l’on trouve ce qui était la deuxième plus grande banque de développement au monde, la BNDES, avant d’être supplantée par la banque des BRICS, ainsi que la plus grande société en Amérique latine, Petrobras, qui compte parmi les géants mondiaux de l’énergie.

La pression intense exercée contre Petrobras provient essentiellement des actionnaires états-uniens, qui tournent autour comme des vautours, prêts à saigner à blanc la société et à en tirer profit, de pair avec les lobbyistes qui fulminent contre la priorité accordée à Petrobas dans l’exploration des gisements pré-salifères.

Bref, le Brésil est la dernière grande frontière souveraine à s’opposer à la domination hégémonique illimitée des Amériques. L’Empire du Chaos peut bien ruminer.

Surfons sur la vague continentale

Le partenariat stratégique en constante évolution des BRICS est perçu dans les cercles du pouvoir à Washington avec incrédulité, mais aussi avec crainte. Il est pratiquement impossible pour Washington de causer des dommages réels à la Chine, mais c’est beaucoup plus facile dans le cas du Brésil ou de la Russie. N’empêche que Washington déverse surtout sa colère sur la Chine, car elle ose conclure un accord après l’autre dans ce qui constituait l’arrière-cour des États-Unis d’Amérique.

Encore une fois, la stratégie de la Chine (et de la Russie) consiste à garder son calme et à proposer des solutions gagnant-gagnant. Xi Jinping a rencontré Maduro en janvier pour conclure (évidemment) des accords. Il a rencontré Cristina Kirchner en février pour la même raison, au moment même où les spéculateurs s’apprêtaient à déclencher une autre attaque contre le peso argentin. C’est maintenant au tour de Li de se rendre en Amérique du Sud.

Il va sans dire que les échanges commerciaux entre l’Amérique du Sud et la Chine continuent de monter en flèche. L’Argentine y exporte des aliments et des fèves de soja ; le Brésil y exporte la même chose ainsi que des minerais et du bois d’œuvre ; la Colombie y vend du pétrole et des minerais ; le Pérou et le Chili, du cuivre et du fer ; le Venezuela, du pétrole ; la Bolivie, des minerais. Quant à la Chine, elle exporte surtout des produits fabriqués à forte valeur ajoutée.

Un élément-clé à surveiller dans un avenir rapproché est le projet Transul, proposé pour la première fois lors d’une conférence des BRICS à Rio l’an dernier. Il s’agit essentiellement d’une alliance stratégique entre le Brésil et la Chine liant le développement industriel brésilien à l’approvisionnement partiel de la Chine en métaux, au moment où la demande des Chinois est à la hausse (ils prévoient de construire rien moins que 30 mégapoles d’ici 2030). Cet approvisionnement sera effectué par des sociétés brésiliennes ou sino-brésiliennes. Pékin a fini par donner son assentiment au projet.

La situation dans son ensemble à long terme demeure inexorable. Les BRICS et les pays d’Amérique du Sud, qui convergent vers l’UNASUR (l’Union des nations sud-américaines), misent sur un nouvel ordre mondial multipolaire et un processus d’indépendance à l’échelle continentale.

Il est facile de voir que nous sommes ici à des années-lumière de la doctrine Monroe.


- Source : Pepe Escobar

The NSA’s Technotyranny: One Nation Under Surveillance

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The NSA’s Technotyranny: One Nation Under Surveillance

By

Ex: http://www.lewrockwell.com

“The ultimate goal of the NSA is total population control.”

William Binney, NSA whistleblower

We now have a fourth branch of government.

As I document in my new book Battlefield America: The War on the American People, this fourth branch came into being without any electoral mandate or constitutional referendum, and yet it possesses superpowers, above and beyond those of any other government agency save the military. It is all-knowing, all-seeing and all-powerful. It operates beyond the reach of the president, Congress and the courts, and it marches in lockstep with the corporate elite who really call the shots in Washington, DC.

You might know this branch of government as Surveillance, but I prefer “technotyranny,” a term coined by investigative journalist James Bamford to refer to an age of technological tyranny made possible by government secrets, government lies, government spies and their corporate ties.

Beware of what you say, what you read, what you write, where you go, and with whom you communicate, because it will all be recorded, stored and used against you eventually, at a time and place of the government’s choosing. Privacy, as we have known it, is dead.

The police state is about to pass off the baton to the surveillance state.

Having already transformed local police into extensions of the military, the Department of Homeland Security, the Justice Department and the FBI are preparing to turn the nation’s soldier cops into techno-warriors, complete with iris scanners, body scanners, thermal imaging Doppler radar devices, facial recognition programs, license plate readers, cell phone Stingray devices and so much more.

This is about to be the new face of policing in America.

The National Security Agency (NSA) has been a perfect red herring, distracting us from the government’s broader, technology-driven campaign to render us helpless in the face of its prying eyes. In fact, long before the NSA became the agency we loved to hate, the Justice Department, the FBI, and the Drug Enforcement Administration were carrying out their own secret mass surveillance on an unsuspecting populace.

Just about every branch of the government—from the Postal Service to the Treasury Department and every agency in between—now has its own surveillance sector, authorized to spy on the American people. Then there are the fusion and counterterrorism centers that gather all of the data from the smaller government spies—the police, public health officials, transportation, etc.—and make it accessible for all those in power. And of course that doesn’t even begin to touch on the complicity of the corporate sector, which buys and sells us from cradle to grave, until we have no more data left to mine.

The raging debate over the fate of the NSA’s blatantly unconstitutional, illegal and ongoing domestic surveillance programs is just so much noise, what Shakespeare referred to as “sound and fury, signifying nothing.”

It means nothing: the legislation, the revelations, the task forces, and the filibusters.

The government is not giving up, nor is it giving in. It has stopped listening to us. It has long since ceased to take orders from “we the people.”

If you haven’t figured it out yet, none of it—the military drills, the surveillance, the militarized police, the strip searches, the random pat downs, the stop-and-frisks, even the police-worn body cameras—is about fighting terrorism. It’s about controlling the populace.

Despite the fact that its data snooping has been shown to be ineffective at detecting, let alone stopping, any actual terror attacks, the NSA continues to operate largely in secret, carrying out warrantless mass surveillance on hundreds of millions of Americans’ phone calls, emails, text messages and the like, beyond the scrutiny of most of Congress and the taxpayers who are forced to fund its multi-billion dollar secret black ops budget.

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Legislation such as the USA Patriot Act serves only to legitimize the actions of a secret agency run by a shadow government. Even the proposed and ultimately defeated USA Freedom Act, which purported to restrict the reach of the NSA’s phone surveillance program—at least on paper—by requiring the agency to secure a warrant before surveillance could be carried out on American citizens and prohibiting the agency from storing any data collected on Americans, amounted to little more than a paper tiger: threatening in appearance, but lacking any real bite.

The question of how to deal with the NSA—an agency that operates outside of the system of checks and balances established by the Constitution—is a divisive issue that polarizes even those who have opposed the NSA’s warrantless surveillance from the get-go, forcing all of us—cynics, idealists, politicians and realists alike—to grapple with a deeply unsatisfactory and dubious political “solution” to a problem that operates beyond the reach of voters and politicians: how do you trust a government that lies, cheats, steals, sidesteps the law, and then absolves itself of wrongdoing to actually obey the law?

Since its official start in 1952, when President Harry S. Truman issued a secret executive order establishing the NSA as the hub of the government’s foreign intelligence activities, the agency—nicknamed “No Such Agency”—has operated covertly, unaccountable to Congress all the while using taxpayer dollars to fund its secret operations. It was only when the agency ballooned to 90,000 employees in 1969, making it the largest intelligence agency in the world with a significant footprint outside Washington, DC, that it became more difficult to deny its existence.

In the aftermath of Watergate in 1975, the Senate held meetings under the Church Committee in order to determine exactly what sorts of illicit activities the American intelligence apparatus was engaged in under the direction of President Nixon, and how future violations of the law could be stopped. It was the first time the NSA was exposed to public scrutiny since its creation.

The investigation revealed a sophisticated operation whose surveillance programs paid little heed to such things as the Constitution. For instance, under Project SHAMROCK, the NSA spied on telegrams to and from the U.S., as well as the correspondence of American citizens. Moreover, as the Saturday Evening Post reports, “Under Project MINARET, the NSA monitored the communications of civil rights leaders and opponents of the Vietnam War, including targets such as Martin Luther King, Jr., Mohammed Ali, Jane Fonda, and two active U.S. Senators. The NSA had launched this program in 1967 to monitor suspected terrorists and drug traffickers, but successive presidents used it to track all manner of political dissidents.”

Senator Frank Church (D-Ida.), who served as the chairman of the Select Committee on Intelligence that investigated the NSA, understood only too well the dangers inherent in allowing the government to overstep its authority in the name of national security. Church recognized that such surveillance powers “at any time could be turned around on the American people, and no American would have any privacy left, such is the capability to monitor everything: telephone conversations, telegrams, it doesn’t matter. There would be no place to hide.”

Noting that the NSA could enable a dictator “to impose total tyranny” upon an utterly defenseless American public, Church declared that he did not “want to see this country ever go across the bridge” of constitutional protection, congressional oversight and popular demand for privacy. He avowed that “we,” implicating both Congress and its constituency in this duty, “must see to it that this agency and all agencies that possess this technology operate within the law and under proper supervision, so that we never cross over that abyss. That is the abyss from which there is no return.”

The result was the passage of the Foreign Intelligence Surveillance Act (FISA), and the creation of the FISA Court, which was supposed to oversee and correct how intelligence information is collected and collated. The law requires that the NSA get clearance from the FISA Court, a secret surveillance court, before it can carry out surveillance on American citizens. Fast forward to the present day, and the so-called solution to the problem of government entities engaging in unjustified and illegal surveillance—the FISA Court—has unwittingly become the enabler of such activities, rubberstamping almost every warrant request submitted to it.

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The 9/11 attacks served as a watershed moment in our nation’s history, ushering in an era in which immoral and/or illegal government activities such as surveillance, torture, strip searches, SWAT team raids are sanctioned as part of the quest to keep us “safe.”

In the wake of the 9/11 attacks, George W. Bush secretly authorized the NSA to conduct warrantless surveillance on Americans’ phone calls and emails. That wireless wiretap program was reportedly ended in 2007 after the New York Times reported on it, to mass indignation.

Nothing changed under Barack Obama. In fact, the violations worsened, with the NSA authorized to secretly collect internet and telephone data on millions of Americans, as well as on foreign governments.

It was only after whistleblower Edward Snowden’s revelations in 2013 that the American people fully understood the extent to which they had been betrayed once again.

What this brief history of the NSA makes clear is that you cannot reform the NSA.

As long as the government is allowed to make a mockery of the law—be it the Constitution, the FISA Act or any other law intended to limit its reach and curtail its activities—and is permitted to operate behind closed doors, relaying on secret courts, secret budgets and secret interpretations of the laws of the land, there will be no reform.

Presidents, politicians, and court rulings have come and gone over the course of the NSA’s 60-year history, but none of them have done much to put an end to the NSA’s “technotyranny.”

The beast has outgrown its chains. It will not be restrained.

The growing tension seen and felt throughout the country is a tension between those who wield power on behalf of the government—the president, Congress, the courts, the military, the militarized police, the technocrats, the faceless unelected bureaucrats who blindly obey and carry out government directives, no matter how immoral or unjust, and the corporations—and those among the populace who are finally waking up to the mounting injustices, seething corruption and endless tyrannies that are transforming our country into a technocrized police state.

At every turn, we have been handicapped in our quest for transparency, accountability and a representative democracy by an establishment culture of secrecy: secret agencies, secret experiments, secret military bases, secret surveillance, secret budgets, and secret court rulings, all of which exist beyond our reach, operate outside our knowledge, and do not answer to “we the people.”

What we have failed to truly comprehend is that the NSA is merely one small part of a shadowy permanent government comprised of unelected bureaucrats who march in lockstep with profit-driven corporations that actually runs Washington, DC, and works to keep us under surveillance and, thus, under control. For example, Google openly works with the NSA, Amazon has built a massive $600 million intelligence database for CIA, and the telecommunications industry is making a fat profit by spying on us for the government.

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In other words, Corporate America is making a hefty profit by aiding and abetting the government in its domestic surveillance efforts. Conveniently, as the Intercept recently revealed, many of the NSA’s loudest defenders have financial ties to NSA contractors.

Thus, if this secret regime not only exists but thrives, it is because we have allowed it through our ignorance, apathy and naïve trust in politicians who take their orders from Corporate America rather than the Constitution.

If this shadow government persists, it is because we have yet to get outraged enough to push back against its power grabs and put an end to its high-handed tactics.

And if this unelected bureaucracy succeeds in trampling underfoot our last vestiges of privacy and freedom, it will be because we let ourselves be fooled into believing that politics matters, that voting makes a difference, that politicians actually represent the citizenry, that the courts care about justice, and that everything that is being done is in our best interests.

Indeed, as political scientist Michael J. Glennon warns, you can vote all you want, but the people you elect aren’t actually the ones calling the shots. “The American people are deluded … that the institutions that provide the public face actually set American national security policy,” stated Glennon. “They believe that when they vote for a president or member of Congress or succeed in bringing a case before the courts, that policy is going to change. But … policy by and large in the national security realm is made by the concealed institutions.”

In other words, it doesn’t matter who occupies the White House: the secret government with its secret agencies, secret budgets and secret programs won’t change. It will simply continue to operate in secret until some whistleblower comes along to momentarily pull back the curtain and we dutifully—and fleetingly—play the part of the outraged public, demanding accountability and rattling our cages, all the while bringing about little real reform.

Thus, the lesson of the NSA and its vast network of domestic spy partners is simply this: once you allow the government to start breaking the law, no matter how seemingly justifiable the reason, you relinquish the contract between you and the government which establishes that the government works for and obeys you, the citizen—the employer—the master.

Once the government starts operating outside the law, answerable to no one but itself, there’s no way to rein it back in, short of revolution. And by revolution, I mean doing away with the entire structure, because the corruption and lawlessness have become that pervasive.

jeudi, 28 mai 2015

Sommet Obama-États du Golfe: les wahhabo-atlantistes à la fête

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Sommet Obama-États du Golfe: les wahhabo-atlantistes à la fête

Auteur : Pepe Escobar
Ex: http://zejournal.mobi

Le sommet qu’a tenu le président des USA Barack Obama avec le Conseil de coopération du Golfe (CCG) à Camp David cette semaine relève davantage du surréalisme que de la géopolitique.

Le racket aux pétrodollars qu’est le CCG (formé de l’Arabie Saoudite, des Émirats arabes unis, du Qatar, du Koweït, de Bahreïn et d’Oman) réclamait à grands cris un accord de sécurité avec Washington similaire à la relation spéciale établie avec Israël. Ce n’est pas demain la veille que nous verrons cela, car cet accord doit être approuvé par le Congrès des USA, dont l’écrasante majorité est dominée par le lobby israélien.

L’option numéro deux était de réclamer à grands cris une sorte d’alliance officielle avec l’Otan, ce qui est pratiquement chose faite lorsqu’on songe à la guerre en Libye, qui était de facto une opération conjointe Otan-CCG. Appelons cela du wahhabo-atlantisme.

Chose certaine, les pays membres du CCG vont recevoir des tas d’armes américaines aussi coûteuses les unes que les autres. C’est déjà commencé en fait (quel pactole pour le complexe militaro-industriel !), avec en prime une affluence de formateurs américains. L’obtention du boni supplémentaire (l’alliance officielle) serait toutefois étonnante.

Autre réclamation à grands cris : un bouclier à toute épreuve, lire antimissile, en guise de protection contre une agression iranienne. Cela n’a aucun sens. Si jamais un accord sur le nucléaire était conclu à la fin juillet entre l’Iran et P5+1 (ce qui est dans l’intérêt suprême de l’UE, de la Chine et de la Russie), les relations entre Téhéran et l’Occident seront non seulement normalisées, mais l’Iran recevra des fonds à profusion dès que les sanctions seront levées.

Comparons cette réalité à ce à quoi aspirent vraiment la maison des Saoud, les faucons dans les Émirats et le régime de fer au Bahreïn : que les sanctions imposées à l’Iran se perpétuent jusqu’à la fin des temps et qu’il demeure à jamais un État paria aux yeux de l’Occident.

Ce qui rend cette proposition encore plus absurde, c’est que les dépenses militaires des membres du CCG dépassent de loin celles de l’Iran. Il y a aussi des divisions internes. Plus souple que les autres pays membres, Oman a des relations amicales avec Téhéran. Puis les Émirats arabes unis ne peuvent nier tirer profit d’investissements iraniens massifs, qui passent notamment par Dubaï.

À l’issue du sommet, nous avons eu droit à l’habituel énoncé vague indiquant que les parties feront plus d’exercices militaires conjoints et collaboreront dans une foule de domaines, dont la défense antimissiles balistiques. On a aussi établi des plans en vue d’accélérer leur fourniture en armement. Enfin, ils ont souligné leur unité dans leur lutte contre EIIS/EIIS/Da’ech.

Méfiez-vous des vassaux qui veulent des cadeaux !

Nous savons déjà que le CCG (un sous-appendice bien situé de l’Empire britannique aujourd’hui disparu) se distingue par les milliards de dollars qu’il dépense en panoplie militaire et, dans le cas de l’Arabie Saoudite, par la fixation des prix du pétrole. La plupart des pays membres du CCG comptent des quantités massives de travailleurs étrangers, provenant essentiellement de l’Asie du Sud et dont le nombre est largement supérieur à la population locale, qui arrivent à peine à survivre dans des conditions de travail misérables sans disposer du moindre droit.

Une autre couche d’absurdité s’ajoute avec le Qatar et l’Arabie Saoudite qui soutiennent leurs propres réseaux salafistes-djihadistes (qui ne sont pas nécessairement en conflit) en Syrie. La maison des Saoud a également lancé sa tempête décisive à la manière du Pentagone, une opération cinétique illégale de guerre et de bombardement contre le Yémen, que les officines de Washington décrivent, d’une manière toute orwellienne, comme un effort auquel Washington ne fait que prêter main-forte.

L’hystérie habituelle relayée dans les médias institutionnels aux USA prétend que EIIS/EIIL/Da’ech pourrait bientôt envahir le Texas ou bombarder New York. Cependant, la plupart des piliers du CCG demeurent paranoïaques. Dans leur vision du monde inepte, détruire le faux califat équivaut à donner plus de pouvoir au gouvernement à majorité chiite à Bagdad, dirigé par Haïdar al-Abadi du parti Dawa, qui considère les wahhabites pour ce qu’ils sont : intolérants, armés et dangereux.

Le roi Salman, le nouveau capo de la maison des Saoud, est d’ailleurs retombé dans la paranoïa et ayant calculé qu’il n’obtiendra plus de cadeau important de l’administration évitons les conneries d’Obama, il a pété les plombs et envoyé à sa place son nouveau prince héritier, Mohammed Ben Nayef. Qu’à cela ne tienne, c’est l’homme qui compte dans la nouvelle maison des Saoud.

Oussama le revenant

Le fantôme d’Oussama Ben Laden en a profité pour faire une apparition remarquée.

L’article récent de Seymour Hersh, qui a mis en lumière le tissu de mensonges de la Maison-Blanche concernant l’élimination de Ben Laden, continue de faire des vagues. La plupart des révélations avaient déjà été rapportées en 2011, à partir d’autres sources.

Ce qui ressort aujourd’hui, c’est que le Service de renseignements pakistanais (ISI) avait déjà capturé Ben Laden et le gardait sous haute surveillance à Abbottabad depuis 2006. C’est un ancien cadre supérieur de l’ISI qui a mouchardé, ce qui lui a permis d’empocher une fortune [$25 millions, NdT] et de se la couler douce depuis en Virginie, avec sa famille .

Un des principaux quotidiens du Pakistan était sur l’affaire depuis un certain temps. Un autre a depuis confirmé l’identité de l’informateur.

Ayant vu la CIA à l’œuvre en AfPak et en Irak, la révélation ne m’a pas surpris outre mesure, car ces gens-là n’arriveraient même pas à trouver l’une des couvertures pachtounes brunes qu’arborait Ben Laden, contrairement au mythe hollywoodien qu’est Zero Dark Thirty [Opération avant l’aube – NdT].

Quant à la mise à mort, ce n’était après tout qu’un assassinat ciblé. Puis là encore, contrairement au mythe, Ben Laden ne portait pas sa kalachnikov et n’a pas utilisé une de ses épouses comme bouclier.

Hersh a tout à fait raison quand il écrit ceci : «Le mensonge en haut lieu demeure cependant le modus operandi de la politique des USA, de pair avec les prisons secrètes, les attaques de drone, les raids nocturnes des forces spéciales, etc.»

Un maillon essentiel de toute cette mascarade est, une fois encore, la maison des Saoud, qui a le bras long. Voici la citation du tueur provenant de la principale source de Hersh à la CIA :

«Les Saoudiens ne voulaient pas que la présence de Ben Laden nous soit révélée parce qu’il était saoudien. Ils ont donc dit aux Pakistanais de le garder dans l’ombre. Les Saoudiens craignaient que nous fassions pression sur les Pakistanais pour que Ben Laden commence à nous parler des connivences des Saoudiens avec al-Qaïda. Et ils ont fait pleuvoir de l’argent, des tas d’argent! Pour leur part, les Pakistanais craignaient que les Saoudiens fassent des révélations au sujet du contrôle qu’ils exerçaient sur Ben Laden. Ils se disaient que si les USA apprenaient de Riyad ce qu’il en était, ce serait l’enfer. Le fait que les USA ont été mis au courant de l’emprisonnement de Ben Laden par un délateur était finalement un moindre mal.»

Ce qui est différent aujourd’hui, c’est que les véritables Maîtres de l’univers qui dirigent l’axe Washington-Wall Street semblent maintenant en avoir marre de la maison des Saoud.

Même le New York Times a été autorisé à publier ceci : «Le soutien des Saoudiens au djihad afghan il y a des dizaines d’années a contribué à la création d’al-Qaïda.» Ce genre d’affirmation n’aurait pas passé la rampe jusqu’à tout récemment. Le même article nous apprend aussi que le roi Salman «était un recruteur royal et un collecteur de fonds pour les djihadistes en route pour l’Afghanistan, la Bosnie et ailleurs.»

Ce n’est pas une coïncidence si ce genre d’article est publié au moment même où Salman a boudé Obama en n’allant pas à la fête wahhabo-atlantiste tenue à Camp David.

Bref, ceux-là même qui ont financé Oussama Ben Laden au départ, puis payé les Pakistanais pour qu’ils le gardent enfermé, veulent maintenant conclure toute sortes d’accords de sécurité en béton armé avec Washington pour se maintenir au pouvoir à jamais. Tout cela en continuant d’être la matrice idéologique de milliers d’autres Oussama.

Des histoires pareilles, ça ne s’invente pas.

 - Source : Pepe Escobar

Futuros campos de batalla para EEUU en África

por Nick Turse

Ex: http://paginatransversal.wordpress.com

Vestidos con un caleidoscopio de modelos de camuflaje, estuvieron tres días apiñados en una base militar de Florida. Pertenecían al Mando de Operaciones Especiales de Estados Unidos (SOCOM, por sus siglas en inglés) y al Mando de Operaciones Especiales del Ejército de Estados Unidos, y también había fuerzas de Francia y Noruega, de Dinamarca, Alemania y Canadá: 13 países en total. Vinieron a planear una campaña militar “centrada en operaciones especiales” con el apoyo de fuerzas convencionales, una operación multilateral que –de llevarse a cabo– podría costar cientos, tal vez miles de millones de dólares y quién sabe cuántas vidas.

Pregunten a los participantes y hablarán de tener en cuenta las “sensibilidades” y las “diferencias culturales”, de la importancia de la “colaboración” y la “coordinación”, del valor de la diversidad de opiniones, de las “perspectivas” y las “asociaciones”. Sin embargo, a puerta cerrada y sin que lo sepa la mayoría de la población de sus propios países, no digamos la de los países que han marcado como objetivos, un grupito de estrategas de operaciones especiales occidentales bosquejaron un posible futuro militar multilateral para una región de África llena de problemas.

Entre el 13 y el 15 de enero, representantes de Estados Unidos y 12 países aliados se reunieron en la base aérea MacDill en Tampa, Florida, para realizar un ejercicio al que denominaron “Silent Quest 15-1″. El escenario ficticio en el que iban a representar su juego de guerra estaba sacado de los titulares de los periódicos. Era una amalgama de dos desastres, reales y en curso, de política exterior y contraterrorismo de la época post 11-S: el desarrollo de Boko Haram en Nigeria y la aparición del Estado Islámico, también conocido como Estado Islámico de Iraq y el Levante o EIIL. El juego de guerra estuvo centrado en el imaginario auge de un grupo llamado “Estado Islámico de África” y la extensión de su proto-califato a partes de Nigeria, Níger, y Camerún, países que están siendo víctimas del terror de Boko Haram, el cual acaba de jurar lealtad al Estado Islámico.

“Silent Quest 15-1″ ha sido el último de una serie de ejercicios –el primero tuvo lugar en marzo de 2013– diseñados para ayudar a trazar los planes de intervención de las fuerzas de operaciones especiales para la próxima década. Este juego de guerra no fue un juego al estilo paintball. No hubo tiroteos simulados ni ensayo general. No fue el equivalente bélico de esa modalidad de fútbol americano que se juega sin placajes. Fue un ejercicio teórico de simulación a partir de algo demasiado real: la creciente panoplia de actividades militares de Estados Unidos y sus aliados en zonas cada vez más extensas de África. Hablando de este continente, Matt Pascual, uno de los participantes en la operación y el responsable para África del Grupo de Apoyo Euro-África del SOCOM, señaló que Estados Unidos y sus aliados ya estaban tratando una “miríada de asuntos” regionales y, quizás lo más importante, que muchos de los países participantes “ya están allí”. El país que “ya está allí” con mayor presencia que el resto es, por supuesto, el de Pascual: Estados Unidos.

En los últimos años, Estados Unidos ha estado involucrado en diversas intervenciones multilaterales en África, incluyendo una en Libia que supuso una guerra secreta y una campaña convencional de misiles y ataques aéreos, la asistencia a las fuerzas francesas en la República Centroafricana y en Malí, y el entrenamiento y financiación de socios africanos para enfrentarse a grupos combatientes como Boko Haram, al-Shabab en Somalia y Ansar al-Dine en Malí. En 2014, Estados Unidos llevó a cabo 674 actividades militares en África, casi dos misiones al día, y un salto de casi un 300% en el número de operaciones, ejercicios y actividades de formación en materia militar y no militar anuales desde que se creó el Mando para África de Estados Unidos (AFRICOM) en 2008.

A pesar de la avalancha de misiones y un aumento similar de bases, personal y financiación, el panorama que pintó el mes pasado el comandante de AFRICOM, el general David Rodriguez, ante el Comité de Servicios Armados del Senado fue sorprendentemente desolador. La visión que ofreció Rodriguez era la de un continente en crisis, amenazado de este a oeste por grupos combatientes que se habían desarrollado y fortalecido, o bien habían extendido su alcance mortal pese a los esfuerzos antiterroristas de Estados Unidos en África.

Rodriguez dijo a los miembros del comité que “terroristas y redes criminales transregionales estaban adaptándose y extendiéndose de manera agresiva”. “Al-Shabab ha ampliado sus operaciones para dirigir, o intentar dirigir, ataques asimétricos contra Uganda, Etiopía, Yibuti y sobre todo Kenia. La amenaza libia está aumentando rápidamente, incluyendo la presencia cada vez más extendida del EIIL… Boko Haram amenaza la capacidad del Gobierno de Nigeria para garantizar la seguridad y los servicios básicos en amplias zonas del noreste”. No obstante, a pesar de los resultados sombríos desde que el Ejército estadounidense comenzó a “girar” hacia África después del 11-S, Estados Unidos acaba de firmar un acuerdo para mantener sus tropas en el continente prácticamente hasta mediados del presente siglo.

Ampliación de la misión

Durante años, el Ejército estadounidense ha insistido públicamente en que sus esfuerzos en África eran insignificantes, manteniendo intencionadamente a los estadounidenses, por no hablar de la mayoría de los africanos, en la ignorancia acerca de la verdadera magnitud, dimensión y alcance de sus operaciones en el continente. Tanto el personal como quienes dirigen los asuntos públicos de AFRICOM han insistido en que no es más que una “intervención moderada”. Se echan atrás a la hora de hablar de los campamentos militares y los puestos avanzados, afirmando que solo tienen una base en algún lugar de África: Camp Lemonnier, en el pequeño Yibuti. No les gusta hablar de operaciones militares: solo ofrecen información detallada sobre una diminuta fracción de sus ejercicios de entrenamiento. Y se niegan a revelar las localizaciones donde se encuentra el personal, o incluso el número de países involucrados.

Durante una entrevista, un portavoz de AFRICOM me habló en algún momento de su preocupación por el hecho de que, aún si se tabulasen, el número de despliegues efectuados en África ofrecerían una “imagen sesgada” de la intervención estadounidense. A puerta cerrada, sin embargo, los mandos de AFRICOM emplean un lenguaje bastante diferente. En repetidas ocasiones han declarado que el continente es un “campo de batalla” estadounidense y que –no nos engañemos– ya están enredados en una “guerra”.

Según cifras recientes del Mando para África de Estados Unidos, el alcance de esa “guerra” creció espectacularmente en 2014. En su “declaración de postura”, AFRICOM manifiesta que llevó a cabo 68 operaciones en el último año, superando las 55 del año anterior. Entre ellas estarían las operaciones “Juniper Micron” y “Echo Casemate”, destinadas a apoyar las misiones francesa y africana en Malí y la República Centroafricana; “Observant Compass”, el intento de degradar o destruir lo que quedaba del sanguinario Ejército de la Resistencia del Señor de Joseph Kony en África Central; y “United Assistance”, el despliegue de efectivos militares para hacer frente a la crisis del Ébola en África Occidental.

El número de ejercicios de campo conjuntos en los que participaron las fuerzas estadounidenses y sus socios militares africanos pasó de 10 en 2013 a 11 el año pasado, incluyendo “African Lion” en Marruecos, “Western Accord” en Senegal, “Central Accord” en Camerún, y “Southern Accord” en Malawi. Todos ellos tuvieron un componente de formación sobre el terreno y sirvieron como remate de las operaciones de instrucción militar entre ejércitos del año anterior.

AFRICOM también dirigió ejercicios de seguridad marítima, como el “Obangame Express” en el Golfo de Guinea, el “Saharan Express” frente a las costas de Senegal, y tres semanas de escenarios de formación de seguridad marítima como parte del ejercicio multilateral “Phoenix Express 2014″, con marineros de numerosos países entre los que se encontraban Argelia, Italia, Libia, Malta, Marruecos, Túnez y Turquía.

El número de actividades de cooperación en materia de seguridad se disparó de 481 en 2013 a 595 el año pasado. Estas iniciativas incluyeron instrucción militar dentro de un “programa de colaboración estatal” que agrupó a fuerzas militares africanas con unidades de la Guardia Nacional estadounidense y personal del programa de Asistencia y Capacitación para Operaciones de Contingencia en África (ACOTA, por sus siglas en inglés) financiado por el Departamento de Estado, un programa a través del cual los asesores e instructores militares estadounidense ofrecen equipo y formación militar a las tropas africanas.

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En 2013, el número total de actividades estadounidenses en el continente fue de 546, un promedio de más de una misión diaria. El año pasado, la cifra se elevó a 674. En otras palabras, las tropas estadounidenses llevaron a cabo casi dos operaciones, ejercicios o actividades a diario –desde ataques de drones hasta formación en contrainsurgencia, operaciones de información y prácticas de tiro– en algún lugar de África. Esto representa un aumento enorme si lo comparamos con las 172 “misiones, actividades, programas y ejercicios” que AFRICOM heredó de otros mandos geográficos cuando comenzó sus operaciones en 2008.

Grupos terroristas transnacionales: algo de la nada

En 2000, un informe realizado bajo la supervisión del Instituto de Estudios Estratégicos de la Escuela de Guerra del Ejército de Estados Unidos examinaba el “ambiente de seguridad africano”. Aunque en él se hacía referencia a los “movimientos rebeldes o separatistas internos” en los “estados débiles” y a actores no estatales, como las milicias y los “ejércitos de señores de la guerra”, resulta llamativo que no se mencionara el extremismo islámico ni las amenazas terroristas transnacionales más importantes. Antes de 2001, de hecho, Estados Unidos no reconocía ninguna organización terrorista en África Subsahariana y un alto funcionario del Pentágono señaló que los combatientes islámicos más temidos del continente “no habían estado comprometidos en actos de terrorismo fuera de Somalia”.

A raíz del 11-S, incluso antes de que se creara AFRICOM, Estados Unidos empezó a aumentar las operaciones en el continente en un intento de reforzar las capacidades contraterroristas de sus aliados y aislar África de los grupos de terroristas transnacionales, es decir extremistas islámicos trotamundos. En otras palabras, el continente era visto como algo parecido a una hoja en blanco para probar medidas de prevención del terrorismo.

Desde entonces se han inyectado miles de millones de dólares en África para construir bases, armar aliados, recabar información, llevar a cabo guerras por poderes, asesinar combatientes y dirigir tal vez miles de misiones militares, sin que nada de todo ello haya tenido el efecto deseado. El año pasado, por ejemplo, según AFRICOM los combatientes somalíes “planearon o ejecutaron atentados mortales cada vez más complejos en Somalia, Kenia, Uganda, Yibuti y Etiopía”. A principios de mes, esos mismos combatientes de al-Shabab fueron un paso más allá masacrando a 147 estudiantes en una universidad de Kenia.

El mortífero aumento y la extensión de al-Shabab difícilmente puede considerarse una excepción en África. En una reciente intervención ante el Comité de Servicios Armados del Senado, el comandante de AFRICOM, David Rodriguez, enunció rápidamente los nombres de numerosos grupos terroristas islámicos que han ido apareciendo en estos años, desestabilizando precisamente los países que Estados Unidos había tratado de fortalecer. Aunque en la declaración de postura hizo todo lo posible para presentar lo mejor de los esfuerzos militares de Washington en África, incluso una lectura rápida de la misma –y vale la pena citarla in extenso– dibuja un panorama desolador de lo que el “giro” hacia África ha significado hasta ahora sobre el terreno. Algunos párrafos extractados del documento lo dicen todo:

“La red de Al-Qaida y sus afiliados y adeptos sigue explotando las regiones de África que se encuentran prácticamente sin gobierno y sus porosas fronteras para entrenar y realizar atentados. El Estado Islámico de Iraq y el Levante está extendiendo su presencia en el norte de África. Terroristas con múltiples filiaciones, están ampliando su colaboración en captación, financiación, entrenamiento y operaciones, tanto dentro de África como transregionalmente. Violentas organizaciones extremistas utilizan aparatos explosivos improvisados cada vez más sofisticados, y el número de víctimas a causa de estas armas en África ha aumentado aproximadamente en un 40% en 2014…

En el norte y el oeste de África, la inseguridad en Libia y en Nigeria amenaza cada vez más los intereses de Estados Unidos. A pesar de los esfuerzos multilaterales en materia de seguridad, las redes terroristas y criminales están acumulando fuerzas y han logrado una mayor interoperabilidad. Al-Qaida en el Magreb Islámico, Ansar al-Sharia, al-Murabitun, Boko Haram, el Estado Islámico de Iraq y el Levante, y otras organizaciones extremistas violentas están aprovechándose de los gobiernos débiles, los dirigentes corruptos y las fronteras porosas del Sahel y el Magreb para entrenar y movilizar combatientes y repartir recursos…

La amenaza libia a los intereses estadounidenses está aumentando… En el último año el gobierno, la seguridad y la estabilidad económica se han deteriorado de manera significativa en este país. Actualmente, grupos armados controlan grandes zonas del territorio libio y actúan impunemente. Libia parece estarse convirtiendo en un paraíso seguro donde los terroristas, incluyendo Al-Qaida y los grupos afiliados al Estado Islámico de Iraq y el Levante, pueden entrenarse y rehacerse impunemente. El Estado Islámico de Iraq y el Levante es cada vez más activo en Libia, incluyendo Derna, Bengasi, Trípoli y Sebha…

Los efectos secundarios de la inestabilidad en Libia y el norte de Malí ponen en riesgo los intereses estadounidenses en Europa, Oriente Medio y África, incluyendo el éxito de la transición democrática en Túnez…

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La seguridad en Nigeria también empeoró el año pasado. Boko Haram amenaza el funcionamiento del Gobierno, que se enfrenta al reto de mantener la confianza de su pueblo y ofrecer seguridad y otros servicios básicos… Boko Haram ha lanzado ataques a través de la frontera de Nigeria contra Camerún, Chad y Níger…

… tanto la República Centroafricana como la República Democrática del Congo corren el riesgo de que grupos insurgentes generen una mayor desestabilización, y existe la posibilidad de que las tensiones étnicas latentes en la región de los Grandes Lagos estallen violentamente en la República Democrática del Congo”.

Todo ello, eso sí, según la evaluación de la situación del continente realizada por AFRICOM, donde ha centrado sus labor durante casi una década a medida que aumentaban las misiones estadounidenses. En este contexto, vale la pena reiterar que, antes de que Estados Unidos redoblara esos esfuerzos, África estaba –según la propia valoración de Washington– relativamente libre de grupos terroristas islámicos transnacionales.

Inclinar la balanza en Africa

A pesar de que Boko Haram jurara lealtad al Estado Islámico y de los alarmistas titulares lamentando su fusión o mezclándolos con otros grupos terroristas que actúan bajo nombres parecidos, actualmente no existe ningún Estado Islámico de África. Pero el juego de guerra que se escenificó en la base aérea MacDill en enero contra ese grupo imaginario no es fantasía, sino que representa el siguiente paso lógico en una serie de operaciones que han ido cobrando fuerza desde la creación de AFRICOM. Y escondida en su Declaración de Postura 2015 hay información que indica que van a seguir por este camino hasta la década de 2040.

En mayo de 2014, Estados Unidos alcanzó un acuerdo –denominado “acuerdo de aplicación”– con el Gobierno de Yibuti “que asegura [su] presencia” en ese país “hasta 2044″. Además, los mandos de AFRICOM hablan ahora de la posibilidad de construir una cadena de puestos de vigilancia a lo largo de la franja norte del continente. Y no olvidemos que, en los últimos años, las zonas de actuación, minibases y aeródromos estadounidenses han proliferado en países colindantes como Senegal, Malí, Burkina Faso, Níger, y –saltando Chad (donde recientemente AFRICOM construyó instalaciones temporales para ejercicios de las fuerzas de operaciones especiales)– la República Centroafricana, Sudán del Sur, Uganda, Kenia y Etiopía. Todo lo cual sugiere que el Ejército estadounidense está atrincherándose para permanecer en África por mucho tiempo.

“Silent Quest 15-1″ fue diseñada como un modelo para demostrar cómo Washington llevará a cabo la guerra de coalición “centrada en operaciones especiales” en África. De hecho, como escribió la sargento de Artillería Reina Barnett en la publicación especializada del SOCOM Tip of the Spear, fue diseñada de conformidad con la “Guía de Planificación 2015 del general de división James Linder, comandante de las Operaciones Especiales de Estados Unidos en África “. Y el acuerdo con Yibuti demuestra que el Ejército de Estados Unidos está haciendo planes para casi un cuarto de siglo más. Pero si los últimos seis años –marcados por un aumento del 300% en el número de misiones estadounidenses, y por la extensión del terrorismo y los grupos terroristas en África– son indicativos de algo, es probable que los resultados no sean del agrado de Washington.

El comandante de AFRICOM, David Rodriguez, continúa presentando de la mejor manera posible los esfuerzos estadounidenses en África, citando el “avance en varias áreas gracias a la estrecha colaboración con nuestros aliados y socios”. Sin embargo, la evaluación de la situación por parte de AFRICOM resulta muy poco alentadora. “Allí donde nuestros intereses nacionales nos obligan a inclinar la balanza y mejorar los logros colectivos en materia de seguridad, tal vez debamos trabajar más, bien habilitando a nuestros aliados y socios, o bien actuando unilateralmente”, puede leerse en la declaración de postura que Rodriguez presentó ante el comité del Senado.

No obstante, después de más de una década aumentando los esfuerzos, existen pocas pruebas de que AFRICOM tenga la más mínima idea de cómo inclinar la balanza a su favor en África.

Fuente: http://reseauinternational.net

Traducción: Jacques Merlon

Extraído de: El Espía Digital

La Russie étend son influence au sud

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La Russie étend son influence au sud

Auteur : The Saker
Ex: http://zejournal.mobi

La Russie projette d'inviter l'Inde, le Pakistan et l'Iran dans l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS). C'était en discussion depuis longtemps, mais cette fois, c'est officiel : Sergei Lavrov vient de déclarer que lors du prochain sommet des pays membres de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS), la Russie proposera d'entamer le processus menant à l'adhésion de l'Iran comme membre effectif, ainsi que de l'Inde et du Pakistan.

Petit rappel. Les pays suivants sont actuellement membres de l’OCS : Chine, Kazakhstan, Kirghizstan, Russie, Tadjikistan et Ouzbékistan ; les pays suivants sont actuellement observateurs et, par conséquent, candidats possibles : Afghanistan, Inde, Iran, Mongolie et Pakistan, tandis que le Belarus, le Sri Lanka et la Turquie sont des partenaires de dialogue. La prochaine future OCS inclurait donc, comme membres titulaires : la Chine, l’Inde, l’Iran, le Kazakhstan, le Kirghizstan, le Pakistan, la Russie, le Tadjikistan et l’Ouzbékistan.

Il est important de rappeler que l’OCS est une organisation de sécurité incluant une forte composante militaire. Alors que son objectif principal est la coordination des États membres dans leur lutte contre le terrorisme, le séparatisme et l’extrémisme, l’OCS a mené un certain nombre d’exercices militaires. L’OCS n’est pas une alliance militaire formelle, mais elle compte en son sein des pays qui sont membres de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), à savoir la Russie, l’Arménie, le Kazakhstan, le Kirghizstan, le Tadjikistan et l’Ouzbékistan. Nous pourrions dire très approximativement que la fonction de l’OCS est similaire à celle de l’OTAN alors que celle de l’OTSC peut se comparer à celle du Grand Quartier général des puissances alliées en Europe (Supreme Headquarters Allied Powers Europe – SHAPE). Cette comparaison n’est pas à prendre à la lettre, mais de même qu’en Europe nous pouvons observer une alliance économique (l’UE), une alliance politique de sécurité (OTAN) et un commandement purement militaire (SHAPE), nous voyons en Asie l’Union économique eurasiatique (UEE), qui est l’alliance économique, l’OCS comme organisation politique de sécurité, et l’OTSC, l’organisation purement militaire.

Inutile de dire que tout cela horrifie positivement la Maison Blanche : non seulement les États-Unis se sont opposés à la création de l’OCS, de l’OTSC et de l’UEE à chaque étape du processus, mais la consolidation de ces organisations est une illustration vivante de leur perte d’influence et de puissance. Les États-Unis ont tenté de le bloquer, ils ont exercé des pressions énergiques pour empêcher quiconque d’y adhérer et ont même tenté de l’ignorer – et ils ont échoué : l’OCS croît en augmentant ses membres et son influence.

Pour dire les choses clairement, les États du BRICS sont maintenant parvenus à lancer un défi direct à l’hégémonie économique des États-Unis sur notre planète.  Les gens de Washington commencent à prendre lentement conscience de l’ampleur de la menace à laquelle l’Empire est confronté.

Ces développements illustrent aussi le contraste dramatique entre les méthodes et les objectifs diplomatiques des États-Unis et de la Russie. Alors que les États-Unis favorisent la méthode classique du diviser pour mieux régner, la Russie privilégie la méthode unir et diriger, conçue pour réunir d’anciens ennemis (comme l’Inde et le Pakistan ou la Chine et l’Inde) et construire de larges coalitions.

La perspective que l’Iran rejoigne l’OCS est perçue par Washington comme une provocation ouverte, un soufflet au visage de l’Empereur, tout particulièrement à un moment où les États-Unis et le royaume d’Arabie saoudite sont en guerre au Yémen, précisément dans le but de contenir l’Iran (évidemment, contenir la Russie, la Chine et l’Iran en même temps n’était pas un plan très intelligent, pour commencer!).  La réponse des États-Unis est prévisible : punir tous ceux qui sont impliqués dans le chaos. Cette fois, c’est la minuscule Macédoine qui fait l’objet de l’agression US (via les terroristes du Kosovo membres de l’UCK téléguidée par la CIA) avec l’intention délibérée d’envoyer à tout le monde le message suivant : mettez-vous du côté de la Russie et vous le payerez très cher. Il y a donc eu des avertissements d’analystes russes sur les risques des entraînements d’ISIS/EI en Géorgie ou une reprise de l’insurrection tchétchène, mais cette fois, avec le soutien direct des Ukronazis. Oncle Sam tente apparemment de frapper la Russie dans son ventre mou, mais ce plan n’a aucune chance de réussir parce qu’un tel ventre mou n’existe plus.

Le mythe de ventre mou de la Russie

Parmi les nombreux mythes de la géopolitique ancien style, il y avait le fameux ventre mou de la Russie. Pour être honnête, il y avait un peu de vérité là-dedans, mais pas beaucoup. Aujourd’hui, cependant, c’est tout à fait faux.

En réalité, les résultats combinés des deux guerres en Tchétchénie, de la guerre en Géorgie, de la guerre civile en Ukraine, de la menace terroriste au Daghestan, de l’insurrection wahhabite au Tadjikistan et du chaos provoqué par les États-Unis en Irak ont tous contribué à la définition et à la mise en œuvre d’une politique à long terme de la Russie pour cuirasser son maillon faible.

La toute première manifestation de cette politique a été la décision de déployer la division d’élite motorisée 201 au Tadjikistan en soutien direct aux gardes qui surveillent la frontière russo-tadjike.  Plus tard, cette décision a été rebaptisée 201e Base, pour refléter les compétences uniques de cette unité. Actuellement, des sous-unités de cette base sont cantonnées dans trois villes tadjikes, d’où elles couvrent toutes les zones sensibles. La 201e est, selon tous les standards, une force formidable, de loin supérieure à tout ce que le Tadjikistan ou l’Afghanistan pourraient déployer. Mais les Russes ont fait un pas de plus : les capacités récemment testées des forces aéroportées russes à se déployer en quelques heures au Tadjikistan ; sans aucun avertissement, des éléments de la 98e Division aéroportée ont été mis en alerte et transportés avec tout leur équipement et leurs armes au sud du Tadjikistan.

Cet exercice a été spécifiquement mené sous l’égide des forces de réaction rapide du CSTO et était destiné à tester la capacité russe de projeter sa puissance militaire exactement à la frontière entre le Tadjikistan et l’Afghanistan.

Actuellement, la position russe en termes de sécurité à l’égard de l’Afghanistan repose sur les éléments suivants : d’abord, maintenir de bonnes relations avec la population tadjike du nord de l’Afghanistan ; ensuite, renforcer les gardes-frontière et les forces armées régulières tadjiks en leur fournissant des instructeurs et de l’équipement ; déployer des troupes de gardes-frontières russes aux côtés de leurs collègues tadjiks ; puis maintenir une puissance de combat pugnace sous la forme de la 201e Base et, enfin, être prêt à renforcer cette 201e avec des forces aéroportées. Résultat, la Russie est maintenant capable de déployer un groupe de combat extrêmement puissant en 48 heures n’importe où, à l’intérieur ou à proximité du Tadjikistan.

Un autre exemple du ventre blindé de la Russie est la non moins formidable 58e armée basée dans et autour de la Tchétchénie, dont le récent record au combat comprend la défaite des Tchétchènes wahhabites en 2000 et celle de l’armée géorgienne en 2008.  La 58e armée est l’une des mieux entraînées et équipées des forces russes. Aujourd’hui, elle peut aussi compter sur le soutien total des forces tchétchènes loyales à Ramzan Kadyrov, et qui sont sans aucun doute les forces armées les mieux entraînées et les plus expérimentées du Caucase. Si les fous d’ISIS/EI tentent de pénétrer dans le Caucase (disons, par la Géorgie), ils se heurteront à une force militaire extrêmement puissante, qui serait supérieure à tout ce que la Syrie ou l’Irak pourraient déployer.

Enfin, il y a la Flotte de la mer Noire, considérée à l’époque soviétique comme la moins capable et, franchement, la moins importante des quatre Flottes soviétiques (Nord, Pacifique, Baltique et, en dernier, mer Noire – par ordre d’importance). Maintenant, avec la guerre civile en Ukraine et après la guerre en Géorgie, la flotte en mer Noire a retrouvé de l’importance, spécialement comme Flotte de Crimée. Les dirigeants russes ont annoncé qu’ils renforceront considérablement non seulement le groupe de forces en Crimée, mais également la Flotte de la mer Noire.

La solution choisie par la Russie a été la création, en Crimée, d’un groupement militaire séparé comprenant 96 formations et unités, dont la tâche inclura non seulement la protection des intérêts russes en mer Noire et dans le district fédéral de Crimée, mais aussi la réponse aux défis sur toute la distance de la zone maritime. En d’autres termes – projection de puissance.

La forteresse de Crimée, la Flotte de la mer Noire, la 58e armée et la 201e Base font toutes partie d’une nouvelle ceinture de force solidement blindée sur le ventre de la Russie, qui est tout à fait prête à faire face à toute menace venant du sud.

Conclusion

Au cours des dernières décennies, la Russie a investi des ressources considérables dans le développement d’une politique à multiples dimensions vers le Sud et l’Est. Au niveau politique, des organisations telles que l’OCS, l’OTSC et les BRICS forment un réseau d’alliances sur le soutien desquelles la Russie peut compter. Sur un plan militaire, la Russie a installé des verrous militaires sur son flanc sud en mer Noire, au Caucase et en Asie centrale et a développé ses capacités d’envoyer des renforts puissants à ces verrous. En effet, la Russie a créé un cordon sanitaire pour se protéger elle-même de l’instabilité sur sa frontière méridionale.  Cette combinaison de mesures politiques et militaires a donné à la Russie un haut niveau de souplesse pour répondre à n’importe quelle crise ou défi.

- Source : The Saker

Gelekt Pentagon rapport: ISIS met Turkse en Arabische steun gecreëerd door VS

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Gelekt Pentagon rapport: ISIS met Turkse en Arabische steun gecreëerd door VS

US Defense Intelligence Agency document: Moslim Broederschap en Al-Qaeda belangrijkste krachten Syrische burgeroorlog

Oud MI5 agent: NAVO verantwoordelijk voor massamoorden, volksverplaatsingen en anarchie

Gezien de onthutsende ontstaansgeschiedenis zou de ISIS vlag tussen die van de NAVO landen kunnen wapperen.

Volgens onderzoeksjournalist en bestseller auteur Nafeez Ahmed is er een rapport van het Pentagon uitgelekt waarin bevestigd wordt wat wij al sinds de zomer van 2014 schrijven, namelijk dat de islamitische terreurgroep ISIS met steun van met name Turkije en Saudi Arabië door Amerika werd gecreëerd om tegen de Syrische president Assad te vechten. Al lange tijd geleden onthulden we dat ISIS terroristen in CIA-kampen in Turkije werden getraind, iets dat destijds slechts weinigen wilden geloven.

We legden vorig jaar eveneens uit wat de reden was: president Assad stond en staat een belangrijke aardgaspijpleiding van Qatar naar Europa in de weg, een die de Europese afhankelijkheid van Russisch gas fors zou moeten verminderen. De Russen wisten dit van meet af aan en waarschuwden in september 2014 dat het inzetten van ISIS en ook Al-Qaeda –zoals bekend eveneens een creatie van de CIA- tegen Syrië ‘een enorme escalatie van het conflict in het Midden Oosten en Noord Afrika’ zou betekenen.

Kremlin waarschuwde terecht voor escalatie

Inmiddels weten we dat het Kremlin het helaas geheel bij het rechte eind had. Nu is daar ook hard bewijs voor: het gelekte rapport van het Pentagon, waaruit blijkt dat het Westen onder leiding van de VS in samenwerking met Turkije en de Arabische Golfstaten diverse islamistische groepen begon te steunen om de regering Assad te ondermijnen, ondanks het feit dat er toen al gewaarschuwd werd voor de opkomst van de ‘Islamitische Staat’ in Syrië en Irak.

Westen maakte islamitische holocaust tegen christendom mogelijk

Afgelopen week besloot de regering Obama om opnieuw voor miljarden aan wapens te leveren aan onder andere Saudi Arabië en Irak. Veel van de eerder aan het Iraakse leger geleverde moderne Amerikaanse wapens zijn onbeschadigd in handen gevallen van ISIS.

De onthullingen onderstrepen opnieuw de schandalige hypocrisie van de Westerse (NAVO-) regeringen, die door het steunen van ISIS mede verantwoordelijk zijn voor de islamitische holocaust tegen het christendom in het Midden Oosten en Noord Afrika, iets waar behalve wat spaarzame en nauwelijks effectieve bombardementen helemaal niets aan gedaan wordt. Hoe anders was het in de jaren ’90 in Kosovo en Bosnië, toen vooral moslims de slachtoffers waren.

Moslim Broederschap en Al-Qaeda werken samen

Onder de documenten die na rechtszaken van Judicial Watch onder gerechtelijke dwang werden vrijgegeven bevindt zich ook een in 2012 als geheim geclassificeerd rapport van het US Defense Intelligence Agency (DIA), waarin –zoals we afgelopen woensdag berichtten- niet alleen staat dat de regering Obama van tevoren wist van de wapenleveranties vanuit Libië aan de islamistische rebellen in Syrië, maar ook wordt erkend dat de Moslim Broederschap en Al-Qaeda feitelijk twee handen op één buik en de belangrijkste krachten achter de Syrische burgeroorlog zijn.

Dit is explosieve informatie, aangezien zowel de regering Obama als de Europese Unie zich openlijk achter de Moslim Broederschap opstelden en deze terreurorganisatie zelfs steunden met miljarden dollars en euro’s.

Doelbewuste steun aan Al-Qaeda en andere jihadgroepen

Het Pentagon voorspelde in de gelekte documenten het ontstaan van ISIS door het samengaan en samenwerken van diverse andere islamitische terreurorganisaties in Syrië en Irak. Desondanks ‘steunen de Westerse landen, de Golfstaten en Turkije de pogingen van de Syrische oppositiekrachten om de oostelijke gebieden grenzend aan Irak te controleren... De mogelijkheid bestaat dat er een verklaard of onverklaard Salafistisch vorstendom in oostelijk Syrië ontstaat, en dit is precies wat de ondersteunde machten van de oppositie willen om het Syrische regime te isoleren...’

Met andere woorden: het Pentagon geeft hier zwart op wit toe samen met de andere Westerse landen, de Golfstaten en Turkije doelbewust te hebben meegewerkt aan de oprichting van een Salafistische jihadstaat. Bovendien werd daar aan toegevoegd dat ‘de oprichting van zo’n Salafistisch vorstendom de ideale atmosfeer creëert voor AQI (Al-Qaeda in Irak) om terug te keren tot zijn aloude centra in Mosul en Ramadi.’

Die staat was bedoeld om ‘de jihad tussen de Soenieten in Irak en Syrië te verenigen, en de rest van de Soenieten in de Arabische wereld tegen wat als één vijand zou worden beschouwd. ISI(S) zou door zijn unie met andere terreurorganisaties in Irak en Syrië ook een Islamitische Staat kunnen uitroepen, wat een ernstig gevaar zou betekenen voor de vereniging van Irak en het beschermen van (dit) grondgebied.’

Westerse media hebben jarenlang gelogen

Veiligheidsanalist Shoebridge, die de Westerse steun voor islamitische terroristen in Syrië al vanaf het allereerste begin van de oorlog in kaart bracht, wijst erop dat ‘de Amerikaanse en Britse regeringen, alsmede bijna de complete Westerse mainstream media, de Syrische rebellen als gematigd, liberaal, seculier en democratisch hebben gepromoot, en daarom de steun van het Westen verdienden. Aangezien deze documenten deze aanname totaal ondermijnen is het veelbetekenend dat de Westerse media deze documenten –ondanks hun enorme belang- vrijwel compleet hebben genegeerd.’

Shoebridge bevestigt hier wat wij eveneens al geruime tijd schrijven, namelijk dat wij als Westerse burgers door onze media glashard worden voorgelogen over de ware aard van de burgeroorlog in Syrië. ‘Deze documenten bewijzen ook dat de Amerikaanse regering op zijn laatst in augustus 2012 wist van hun ware extremistische aard, en dat dit als een voordeel voor het Amerikaanse beleid werd gezien. Dit suggereert tevens dat er een besluit werd genomen om het Westerse publiek via de slaafse media jarenlang doelbewust te misleiden, en hen te doen geloven dat de Syrische rebellen overwegend ‘gematigd’ waren.’

‘NAVO creëerde massamoorden en anarchie’

De NAVO-interventie in Libië in 2011 was van hetzelfde laken en pak. Annie Machon, voormalig MI5 inlichtingenofficier, legt uit dat het Westen, en met name de CIA en MI6,

‘... door het steunen van dezelfde Libische groepen een failed state, massamoorden, volksverplaatsingen en anarchie creëerden. Het idee dat elementen van het Amerikaanse militaire-veiligheidscomplex de ontwikkeling van ISIS mogelijk hebben gemaakt, inclusief hun mislukte poging om de NAVO opnieuw te laten ‘ingrijpen’, is onderdeel van een bekend patroon. En ze blijven onverschillig over de enorme omvang van het menselijk lijden dat wordt veroorzaakt door dit soort spelletjes.’

Vicepresident Joe Biden gaf vorig jaar toe dat Saudi Arabië, Turkije, Qatar en de Verenigde Arabische Emiraten honderden miljoenen dollars naar de islamistische rebellen in Syrië hebben doorgesluisd, wat hun transformatie tot ISIS mogelijk maakte.

Verdeel en heers, christelijke slachtoffer ‘bijkomende schade’

Kortom: ook uit deze onthullingen komt de bekende ‘verdeel en heers’ strategie naar voren: zet Soenieten tegen Shi’iten op, zet de ene islamitische terreurgroep tegen de andere jihadgroep op en laat ze elkaar bestrijden en afmaken. Dat talloze onschuldige mensen, waaronder veel christenen, hier het slachtoffer van zijn wordt door de plannenmakers in Washington, Londen en Brussel overduidelijk slechts als bijkomende en aanvaardbare schade gezien.

Xander

(1) Zero Hedge

L’ombra della rivoluzione colorata torna sui Balcani

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Nel caos macedone

L’ombra della rivoluzione colorata torna sui Balcani

Marcello Ciola

Ex: http://www.ilgiornale.it
 

Verso la fine di aprile un gruppo di rappresentanti dal Regno Unito, Stati Uniti, Turchia e Danimarca, auto-proclamandosi come “delegazione dell’OSCE”, si era recato nella ex Repubblica Jugoslava di Macedonia (FYROM) con la “missione” di porre domande e richieste al governo del neo eletto (ma al quarto mandato dal 2006) Nikola Gruevski.

Il Ministro degli Esteri russo, Sergej Lavrov, nei giorni successivi aveva presentato una interrogazione al segretario in carica dell’OSCE, il serbo Ivica Dadic, per far luce sulla faccenda. In tempi più recenti, sempre Lavrov ha sostenuto l’ipotesi che in FYROM si fosse ordito un tentativo di “rivoluzione colorata” proprio in occasione di quella “missione”.

Sono noti a tutti i fatti relativi agli scontri armati tra forze di polizia macedoni e un commando di reduci dell’UCK (Esercito di Liberazione del Kosovo) avvenuti a Kumanovo lo scorso 9 maggio e le proteste iniziate il 17 maggio a Skopje - in principio i due eventi erano stati programmati simultaneamente. Allo stesso modo, sono conosciute le motivazioni che hanno spinto diverse decine di migliaia di manifestanti a scendere in piazza: il premier macedone è accusato di autoritarismo, corruzione e, soprattutto, di spionaggio. Le intercettazioni sono state consegnate (presumibilmente da servizi segreti stranieri) nelle mani del leader dell’opposizione, il socialdemocratico Zoran Zaev, che fu accusato di corruzione, arrestato insieme a 5 suoi collaboratori 8 anni fa per poi essere graziato dall’ex presidente del suo partito e allora presidente della FYROM, Branko Crvenkovski. Ora, i due sono alla testa della protesta di Skopje accompagnati dall’ex primo ministro Radmila Sekerinska, già membro di spicco della fondazione Open Society del magnate George Soros (che ha sovvenzionato diverse rivoluzioni colorate nel vecchio blocco socialista), e da Srdja Popovic, leader dell’istituto CANVAS (legato a doppio filo con OTPOR, organizzazione che ha guidato la rivolta contro Milosevic in Jugoslavia). Insieme, invocano le dimissioni del governo in carica minacciando una nuova majdan in stile ucraino, ottenibile sfruttando le divisioni etniche, religiose e storiche connaturate nella FYROM. Immediato è stato il sostegno giunto dagli Stati Uniti e, più specificatamente, di Victoria Nuland, sottosegretario di Stato per gli Affari Europei, e da Paul Wohlers, ambasciatore USA presso Skopje. Come qualche cronista ha sottolineato, il sostegno che gli USA (e di alcuni suoi alleati) hanno garantito alla protesta di Skopje e al partito socialdemocratico può essere legato alle scelte politiche di Gruevski nei confronti della Russia. Infatti, il Premier macedone non ha appoggiato le sanzioni contro la Russia e, soprattutto, ha supportato il progetto di gasdotto Turkish Stream, sostituto del fallito South Stream, risolvendo l’impasse in cui si erano trovati al Cremlino. Con questa strategia, la FYROM si è candidata come hub balcanico fondamentale per il transito delle risorse energetiche russe, che dal suo territorio giungerebbero in Austria passando da Serbia e Ungheria. Così facendo, però, Gruevski ha suscitato dei malumori oltre oceano, rischiando di portare in Macedonia quell’instabilità tipicamente balcanica che ora affligge tutto il limes dello spazio ex-sovietico. Per alcuni, le radici del colosso russo Gazprom non devono consolidarsi nei Balcani e non è un caso che si facciano pressioni internazionali sempre più forti per costruire un nuovo Kosovo, la Vojvodina, tra Serbia e Ungheria e non è un caso che lo spettro del “pan-albanismo”, supportato dal mito della Grande Albania, sia utilizzato come chiave di volta della stabilità/instabilità balcanica a partire dalla Grecia per finire in Serbia passando per il Montenegro e per la FYROM, ora nell’occhio del ciclone.

Malgrado la difficoltà della situazione, Gruevski mostra una forte volontà di percorrere la strada dell’interesse nazionale seppur rimanendo nell’alveo della koiné europea – si veda l’incontro con Papa Francesco degli scorsi giorni e l’organizzazione di un incontro con Lavrov nel prossimo futuro, pur mirando all’adesione al blocco europeo e atlantico. Bruxelles e Washington, però, non sembrano accontentarsi di un’adesione alla UE e alla NATO (cosa che accadrebbe anche con i socialdemocratici al potere); piuttosto, sembrano volere l’ennesima chiusura politica nei confronti dei russi, forzando un cambio di regime attraverso l’instabilità della Macedonia e conseguentemente di tutta la regione. Ancora una volta, i Balcani si dimostrano essere quella “grande polveriera” che erano 100 anni fa.

Marcello Ciola
Associate analyst del think tank “Il Nodo di Gordio”
www.NododiGordio.org

La Cina risponde al Pivot degli Stati Uniti in Asia con il proprio perno

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La Cina risponde al Pivot degli Stati Uniti in Asia con il proprio perno

Ex: http://www.lantidiplomatico.it

Il premier cinese Li Keqiang è in visita in Sud America, e ci si aspetta che formalizzi la versione regionale della Via della Seta, la Ferrovia Interoceanica, durante il viaggio, scrive Andrew Korybko per Oriental Review. Un ampio progetto per costruire una ferrovia di 5300 km dal Brasile al Perù, attraversando alcuni dei territori più difficili e delicati del mondo. Lungo la strada, tuttavia, affronterebbe certe minacce asimmetriche emergenti, come il potenziale assalto di gruppi ambientalisti indigeni violenti o il riemergere dell’organizzazione terroristica Sendero Luminoso. Se il progetto dovesse essere costruito e attivare il proprio potenziale economico, tuttavia, potrebbe risolvere la rivalità tra Alleanza del Pacifico e Mercosur che minaccia di dividere il continente e impedirne l’integrazione multipolare.
 
Grandi ambizioni

La grande strategia della Cina è facilitare il commercio globale attraverso progetti infrastrutturali strategici, credendo che la libertà economica offra ai partner la possibilità di liberarsi dal quadro unipolare occidentale e facilitare la transizione verso il sistema multipolare emergente. Assieme a questa visione, sono annunciati i progetti Fascia economica della Via della Seta e Via della Seta Marittima, diffondendo questa visione in Eurasia e Africa orientale. Informalmente, però, ha anche lo scopo di lcolegare l’America Latina a questo sistema tramite i più recenti impegni verso il continente (America Centrale e Sud America). La Cina risponde al Pivot degli Stati Uniti in Asia con il proprio perno, sia pure verso l”emisfero occidentale, e l’ultimo programma ferroviario è un’indicazione della scommessa cinese su una presenza prolungata nella regione. Il Dialogo Chino è un’ottima didascalia interattiva delle specifiche della Ferrovia interoceanica, spiegando la natura tramutante del progetto. Dovrebbe partire da Porto Do Acu, vicino Rio De Janeiro, e correre direttamente a nord-ovest fino al confine settentrionale con la Bolivia, dopo di che serpeggiare attraverso le Ande e terminare a Puerto Ilo in Perù. Lungo il percorso, attraverso il cuore industriale, carbonifero, agricolo (soprattutto soia e manzo), minerario (fosfati) e del legname del Brasile, ne trasporterebbe i prodotti oltre le Ande avvicinandoli all’affamato mercato cinese. L’obiettivo immediato è integrare le economie dei due Paesi BRICS, più vicini che mai, nonché dare a Pechino un punto d’appoggio sulla costa pacifica del Sud America, attraverso la porta peruviana, completandone la strategia emisferica assieme al Canale Transoceanico in Nicaragua, finanziato dai cinesi, con i due grandi progetti infrastrutturali che creano gli ancoraggi nord e sud del perno della Cina in America Latina.
 
Le minacce emergenti alla Ferrovia Interoceanica

Mentre il piano della Via della Seta sudamericana della Cina suona bene sulla carta, potrebbe in realtà essere piuttosto difficile attuarlo sul campo. A parte gli ostacoli geografici come montagne vertiginose e giungle impenetrabili, vi sono anche minacce socio-politiche e militari che potrebbero ritardarne o fermarne completamente la costruzione in alcune aree. Ecco ciò che potrebbe ragionevolmente incontrare la Ferrovia Interoceanica o essere fabbricato.

Resistenza ambientalista indigena
 
Anche se la rotta ufficiale della ferrovia deve ancora essere resa pubblica, le stima di ciò che probabilmente attraverserà preoccupa alcuni per le conseguenze ambientali e sociali. Più precisamente, importanti tratti di foresta pluviale, fauna selvatica e comunità indigene (alcune delle quali rimangono volontariamente isolate) probabilmente rischierebbero di essere disturbati dal progetto, e questi due temi, ambiente e diritti degli indigeni, notoriamente creano coalizioni di sostenitori nazionali ed internazionali. Il rischio è che la resistenza da tali due gruppi (soprattutto da comunità indigene e sostenitori) potrebbe divenire uno scandalo per le pubbliche relazioni, creando un caso di politica interna e dibattito nazionale, consentendo ai movimenti di opposizione anti-multipolarismo in Brasile e Perù di capitalizzare sui sentimenti negativi e sfruttarli nelle loro campagne per il potere.
 
Opposizione armata

L’evoluzione dello scenario delle minacce già citato per la Ferrovia interoceanica, è possibile se gli attori citati infine passassero all’opposizione armata. Dopo tutto, non sarebbe del tutto peculiare, dato che una guerriglia che in generale sostiene tali movimenti è recentemente spuntata in Paraguay. L’Esercito Popolare Paraguaiano (PPE) è un presunto gruppo di guerriglieri marxisti con legami con FARC ed organizzazioni di narcotrafficanti sudamericani, ed usa l’ambientalismo militante come suo ultimo grido di battaglia. L’ultimo attacco del PPE, ad aprile, ha visto la presenza di opuscoli di propaganda accanto a tre vittime uccise, denigrando la coltivazione di “soia, mais e altri prodotti che richiedono pesticidi” (prevedibilmente in risposta al controllo della Monsanto sul Paese), così come l’armamento delle milizie antiguerriglia degli agricoltori. Invano esso cercò il favore della popolazione indigena Mbya Guaraní in passato, ma ciò non significa che le mosse precedenti lo portino in futuro ad abbandonare completamente tale strategia. Pertanto, come si vede nel suo intenzionale (ma non necessariamente riuscito) uso di ambientalismo e diritti dei popoli indigeni, nell’ambito degli sforzi per sensibilizzare la comunità, il PPE presenta la violenta fusione di due temi principali che un giorno potrebbero riunire i principali come massa organizzata i gruppi d’interesse che si oppongono alla Ferrovia interoceanica. Non si prevede che il PPE espanda le attività in Brasile o Perù, ma movimenti simili potrebbero svilupparsi attorno a tali principi, e il fatto stesso che il PPE le utilizzi nell’ambito della propria attività d’informazione, crea il presupposto per futuri gruppi violenti nascosti dietro di essi.
 
Campagne terroristiche

L’apice dell’opposizione alla Via della Seta sudamericana vede gruppi ambientalisti e indigeni unirsi in una campagna terroristica contro i governi brasiliano e peruviano. Mentre il Brasile non ha una storia di terrorismo rurale, finora, il Perù sì ed è possibile che tale problema possa rispuntare ‘convenientemente’ con la Cina che porta la Ferrovia interoceanica nel Paese. Sendero Luminoso, riconosciuto come gruppo terrorista da Stati Uniti e Unione europea, mostra piccole scintille di una rinnovata attività negli ultimi due anni (per lo più traffico di droga), facendo pensare che un giorno possa acquisire una seconda vita. Se il movimento si rianima (forse anche con supporto esterno (occidentale)), potrebbe rappresentare un disastro per la costruzione della Via della Seta sudamericana, soprattutto perché il gruppo ha un passato operativo nelle giungla e montagne che la ferrovia dovrebbe attraversare. C’è anche lo scenario inquietante che tattiche terroristiche e motivazioni di Sendero Luminoso ed Esercito Popolare Paraguaiano si diffondano nell’Amazzonia brasiliana, creando una grave crisi interna che potrebbe impantanare il bastione sudamericano dei BRICS.
 
UNASUR più forte?

La costruzione della Ferrovia interoceanica collegando le coste atlantica e pacifica del Sud America attraversa il centro del continente, rappresenta un’impresa ingegneristica storica dalle profonde implicazioni economiche e politiche. Uno dei segni più importanti del completamento del progetto potrebbe benissimo essere la mitigazione delle tensioni tra i blocchi commerciali Alleanza del Pacifico e Mercosur e il rafforzamento del gruppo integrativo continentale UNASUR. Il ragionamento dietro questo ottimismo è semplice, l’economia cinese ha dimensione e forza tali che Pechino potrebbe usarla ‘mediando’ tra i due blocchi, e ciò ancora di più se i progetti ferroviari (l’unico dei grandi progetti infrastrutturali che li collega) venissero completati. Se l’Alleanza del Pacifico e il Mercosur convergono, come è stato già detto, il risultato logico sarà la creazione di una zona di libero scambio pan-continentale fornendo la base economica essenziale a una maggiore integrazione in altri campi. Dovrebbe essere un dato di fatto che la maggiore integrazione renderebbe il Sud America più resistente all’egemonia degli Stati Uniti; e con la Ferrovia Interoceanica quale motore del processo multipolare, ci si può aspettare che gli Stati Uniti mobilitino i loro agenti in qualsiasi modo possibile, per sabotarla ad ogni costo.

Traduzione di Alessandro Lattanzio – SitoAurora 
 

mercredi, 27 mai 2015

La machination américaine contre la Russie – et l’Europe

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La machination américaine contre la Russie – et l’Europe

Par Guillaume Faye

FRANCE (NOVOpress avec Guillaume Faye)

La stratégie de Washington est de créer un conflit ouvert en Europe avec la Russie, en y entraînant l’Union européenne. La crise ukrainienne n’est qu’un aspect de cette politique. Une guerre contre la Russie est envisagée sérieusement. Essayons de décrypter sereinement les événements et les faits, en évitant l’anti-américanisme simpliste et dogmatique ; en séparant bien les desseins des dirigeants oligarques américains et les Etats-Unis, comme nation, dans leur complexité sociologique et politique.

9 mai 2015 : l’affront fait à la Russie

Lors des cérémonies du 9 Mai à Moscou célébrant le 70e anniversaire de la victoire alliée, les chefs d’État et de gouvernement occidentaux – et en particulier européens – n’étaient pas présents. Pour la France, seul M. Fabius, ministre des Affaires étrangères était à Moscou. Et encore, il s’est contenté de déposer une gerbe, refusant d’assister au traditionnel défilé militaire sur la Place Rouge. Ce boycott est probablement le résultat d’un ordre de Washington, auquel les gouvernements européens ont obéi avec servilité, comme toujours. C’est un geste inamical envers la Russie, voire insultant et d’une stupidité diplomatique insondable pour les Européens.

Boycotter la cérémonie de la victoire à Moscou, alors que sans la Russie et les peuples de l’URSS cette victoire aurait été obtenue par Hitler, a été une décision symbolique très blessante pour la nation russe. Ce fut une provocation de plus. D’autant que Vladimir Poutine s’était poliment rendu en Normandie pour l’anniversaire du Débarquement, répondant à l’invitation de M. Hollande.

M. Poutine d’ailleurs, dans son discours à l’occasion du défilé militaire du 9 mai, a bien dénoncé la volonté des dirigeants occidentaux – pilotés par Washington– de vouloir déstabiliser les relations internationales. Par ce boycott, les gouvernements occidentaux ont voulu manifester une hostilité à la Russie, lui signifier son exclusion du concert des nations. La France a suivi – quelle honte ! – oubliant son principe d’indépendance en matière de politique extérieure. Ce geste, d’une immense portée symbolique, a humilié le sentiment national russe et aura pour les Européens de graves conséquences. Car ce n’est pas la Russie qu’on isole, c’est l’Europe qui s’isole.

La démonstration de force de l’armée russe à l’occasion du défilé du 9 mai correspond à une volonté dissuasive et non pas agressive. C’est un message envoyé à Washington. La Russie augmente son effort militaire mais sans commune mesure avec le colossal budget militaire US (50% des dépenses mondiales en la matière). Le Kremlin anticipe une agression militaire US qui ne relève pas de la science-fiction, comme nous le verrons plus loin.

Le prétexte du boycott fut l’”annexion” de la Crimée, alors que cette dernière, territoire russe, a été rattachée à la Fédération de Russie par référendum régulier. Mais la véritable raison de cette insulte faite à la Russie est l’obéissance à Washington. Nos dirigeants ne sont pas tant antirusses qu’américanolâtres. Ils obéissent au suzerain.

L’erreur ukrainienne

Un membre du parti ultra-nationaliste paramilitaire aux accointances néonazies, Pravyi Sektor, M. Dmytro Iaroch, a été nommé début avril 2015 conseiller au ministère de la Défense du gouvernement de Kiev. Pravyi Sektor combat aux côtés de l’armée ukrainienne dans l’Est séparatiste, une armée qui a été responsable de milliers de morts civils russophones et de l’exode de populations qui ont dû fuir en Russie. Une armée qui bénéficie de livraisons d’armes américaines, voire européennes, et de l’aide logistique de la CIA. Le Pentagone vient d’envoyer des troupes américaines en Ukraine pour ”entrainer” l’armée de Kiev. Le but est évidemment de préparer une guerre. Face à cela, la propagande essaie de nous faire croire que Moscou envoie des troupes qui envahissent l’Est de l’Ukraine.

Le gouvernement de Kiev – issu en réalité d’un coup d’État– financé par Washington, ses satellites et ses affidés, totalement irresponsable, cherche, sur ordres, à lancer une confrontation armée avec la Russie. Les ultra nationalistes ukrainiens sont les idiots utiles du Pentagone et de la CIA qui ne cherchent qu’une seule chose : un conflit armé en Europe contre la Russie, qui déborderait le cadre géopolitique ukrainien. Ce serait le couronnement de la stratégie américaine post-URSS : empêcher la naissance de la ”Maison Commune”, une solution de bon sens, de paix et de prospérité que Gorbatchev comme Poutine ont défendue. L’idée d’une hostilité entre Ukrainiens et Russes est une tragédie, construite par Washington.

Le gouvernement de Kiev commet une erreur majeure, peut-être par aveuglement, peut-être aussi par soumission corrompue aux donneurs d’ordre américains. Car l’intérêt fondamental de l’Ukraine est son bon voisinage avec la Russie, dans tous les domaines y compris économiques, et non pas son alignement sur Washington et son annexe, Bruxelles. Les Ukrainiens comprennent-t-ils qu’ils sont instrumentalisés ?

Le déshonneur français

Le refus – scandaleux– du gouvernement français de livrer à la marine russe les navires Sébastopol et Vladivostok (de la classe Mistral), alors que des paiements avaient été effectués, en rompant unilatéralement et illégalement un contrat, est dévastateur pour l’image et la réputation de la France. Les pressions de Washington sont derrière ce renoncement à livrer les navires, ce qui prouve à quel point le PS au pouvoir est asservi à la politique étrangère américaine. Dans cette affaire, où le gouvernement français a joué le rôle du cocu consentant, le but de Washington n’était nullement d’empêcher le prétendu ”impérialisme russe” de se doter de matériel naval occidental pouvant menacer les voisins de la Russie. Il s’agissait de casser les reins à une coopération militaro-industrielle franco-russe et surtout de nuire aux exportations militaires françaises – concurrentes des américaines – en dégradant la fiabilité de la France comme fournisseur. Cela fait plus de 50 ans que les gouvernements américains essaient par tous les moyens de torpiller les exportations de la filière industrielle de défense française. C’est la logique de Washington. Et les plus critiquables, dans cette lamentable affaire, ne sont pas les Américains, qui jouent leur jeu, mais le gouvernement français qui abdique, obéit, renonce à sa souveraineté et à l’indépendance nationale.

En refusant de se rendre à Moscou le 9 mai à l’invitation de Poutine, Hollande « s’est aligné sans nécessité sur la position américaine d’un boycott de la Russie qui la jette imprudemment dans les bras de la Chine », explique Renaud Girard qui ajoute : « dans cette lente dérive de la Russie vers la Chine, on ne voit pas très bien où se situe l’intérêt stratégique de la France » (Le Figaro, 12/05/2015). La France commet une erreur majeure de politique étrangère, oubliant les principes de De Gaulle : notre allié principal est la Russie et non pas les États-Unis. Ces derniers ne sont pas un ennemi, certes, mais un adversaire, un compétiteur. Le seul véritable ami naturel de la France comme de nos partenaires continentaux de l’UE, c’est la Russie. Cette réalité est à la fois géopolitique et historique.

Opinions russes sur les manipulations américaines

Le dernier dirigeant soviétique, Mikhaïl Gorbatchev, déclarait récemment : « la décision d’élargir l’Otan vers l’Est a été prise par les Etats-Unis et leurs alliés en 1993. Je l’ai, dès l’origine, qualifiée d’erreur majeure. […] Cela constituait une violation de l’esprit des déclarations et assurances qui nous avaient été données en 1990 » (Russia Beyond the Headlines, 19/11/2014). Le secrétaire d’État américain James Baker avait en effet juré à Gorbatchev en 1990 qu’il n’y aurait pas d’élargissement de l’Otan vers l’Est. Il savait qu’il mentait. Et aujourd’hui, après la Pologne et les Pays baltes, Washington cherche un casus belli avec Moscou en poussant l’Ukraine à adhérer, comme il y a incité la Georgie.

Vladimir Iakounine, président des chemins de fer russes RZD et proche de Poutine, a déclaré à propos des sanctions économiques contre la Russie, décidées par les USA et appliquées servilement par l’Europe : « leur but principal n’est pas de mettre la Russie à genoux, mais d’empêcher que la coopération entre Russes et Européens n’engendre le premier concurrent de l’économie américaine. […] Les sanctions nous ferment l’accès aux marchés internationaux de capitaux. Elles ont encore un autre effet, en poussant les dirigeants russes à réorienter le développement économique du pays vers l’Asie, les pays émergents et les pays non membres de l’Otan. Cela représente une grande partie du monde. » (entretien avec Philippe Gélie, Le Figaro, 21/04/2013)

Le politologue et universitaire moscovite associé au Club Valdaï, Andreï Souchentsov, écrivait : « la Russie a réévalué ses rapports avec l’Occident. Les projets de création d’un ordre mondial sur un pied d’égalité ne se sont pas réalisés. Les États-Unis et l’Otan ont utilisé unilatéralement la force à plusieurs reprises dans des conflits au mépris du droit international. Menant une politique indépendante dans la défense de ses intérêts, Moscou se voit accusé de ”ne pas jouer selon les règles ”. La crise ukrainienne est devenue la dernière et la plus importante conséquence de cette rupture de l’équilibre de l’ordre international » (Rossiyskaya Gazeta, 19/11/2014).

Dans le même numéro de cette revue, Fedor Loukianov, président du Conseil pour la politique étrangère et la politique de défense, explique qu’au cours de son premier mandat présidentiel, Vladimir Poutine avait sincèrement cru à la perspective d’un ordre multinational multipolaire et à une entente sincère avec les USA contre des menaces communes, ainsi qu’à la construction d’une alliance structurelle avec une Europe libre. Mais devant un gouvernement US grisé par la chute de l’URSS, succombant à ses tentations de superpuissance interventionniste autoritariste et belliciste (d’autant plus agressive qu’elle se sait provisoire (1)), Poutine a dû déchanter. Dès 2012, explique Loukianov « il s’est interrogé sur le sens des initiatives de Washington qui lui semblaient viser à une déstabilisation de l’ordre mondial plutôt qu’à son renforcement. Le ton de son discours prononcé au club Valdaï cette année (Sotchi, octobre 2014) avait une pointe de fatalisme. Poutine ne s’attend plus à un changement de la part des Etats-Unis, il dénonce simplement le côté dévastateur de leurs actions. […] Vladimir Poutine refuse de jouer selon les règles définies par les dirigeants américains ».

Le nouveau rideau de fer

Depuis la chute du Mur de Berlin et la dissolution du Pacte de Varsovie, l’Europe et la France ont mené vis-à-vis de la Russie une politique étrangère catastrophique, sur ordre de Washington. L’occasion unique d’un partenariat puissant euro-russe (la ”Maison Commune”) a été sabordée. Contrairement aux promesses faites à Gorbatchev, en échange de la réunification de l’Allemagne, l’Otan s’est étendu vers l’Est, jusqu’aux portes de la Russie. Washington et l’Otan jouaient la carte de la déstabilisation de l’Europe et de l’humiliation agressive de la Russie, qui leur apparaissait, depuis la chute de l’URSS, comme un pays en déclin et à soumettre.

Mais la renaissance de la puissance russe, avec Poutine, a changé la donne. Poutine, dans son discours de la Wehrkunde à Munich en 2007 annonçait que la Russie reprenait sa liberté stratégique et géopolitique. C’est pourquoi Washington a fomenté et financé le coup d’ État de Maïdan et lancé dans la provocation anti-russe le nouveau gouvernement de Kiev. Le but des Etats-Unis est clair : reconstituer le rideau de fer, couper l’Europe de l’Ouest de la Russie pour mieux vassaliser la première, entretenir une tension permanente (la nouvelle guerre froide) avec le Kremlin, catastrophique pour l’Europe. Le boycott des cérémonies de la victoire à Moscou le 9 mai 2015, qui est un affront calculé par Washington et les milieux atlantistes européens, marque bel et bien le retour de cette seconde guerre froide. Geste symbolique d’hostilité.

Pour les Européens pusillanimes, adeptes de la servitude volontaire, roulés dans la farine par leur suzerain américain, cela signifie la fin de l’alliance russe, indispensable à notre sécurité collective, et la destruction du grand projet de partenariat macro-économique global UE–Russie. Le pire est le gouvernement français qui trahit et tourne le dos à ce partenaire, à cet allié naturel qu’est la Fédération de Russie, au mépris de notre intérêt national, pour obéir à un pseudo-allié qui nous méprise et donc le seul but est nous asservir à sa puissance tutélaire et souriante, tout en regardant avec joie notre dissolution dans une colonisation de peuplement et une islamisation galopante.

L’hypothèse et le projet d’une guerre contre la Russie.

Aussi bien en Ukraine que dans les Balkans ou en Géorgie, le bellicisme déstabilisateur de l’Otan, directement dirigé par Washington, cherche l’affrontement armé. Par exemple, en mars 1999, l’Otan est intervenue militairement – et illégalement– contre la Serbie pour aider les séparatistes albanais du Kosovo, en jurant de faire de ce pays un havre de paix démocratique et multiethnique. Aujourd’hui, le Kosovo est un État voyou, mafieux et raciste, qui a chassé toutes les minorités serbes et non albanophone et qui mène une guérilla sanglante pour déstabiliser sa voisine, la Macédoine. Bravo et merci à l’Otan et à Washington. Le 7 août 2008, le gouvernement géorgien antirusse de Saakachvili, candidat à l’UE et à l’Otan, aidé par les Américains, bombardait Tsinkhvali, la capitale de l’Ossétie du Sud séparatiste, tuant des centaines de civils et dix observateurs militaires russes. Et, déjà à l’époque, on s’est scandalisé que les Russes réagissent !

La stratégie de Washington est de pousser l’Otan au bras de fer avec Poutine, au bord du gouffre, au risque d’un affrontement armé. Ce fut le sens de la visite d’Obama à Talinn où il rencontra, début septembre 2014, les présidents des trois pays baltes, jadis incorporés dans l’URSS et aujourd’hui membres de l’Otan. Sous le prétexte que la Russie les menace – pur fantasme, mais infusé dans les opinions publiques –, thèse défendue par Thomas Wright, de la Brookings Institution, il s’agit de provoquer le Kremlin en renforçant militairement l’Otan à ses frontières immédiates. Actuellement, l’Otan met en place dans cette zone une” force de réaction rapide” prépositionnée dans les pays d’Europe de l’Est (readiness action plan, ” plan de réactivité”) En parallèle, Washington renforce son soutien à l’armée ukrainienne et augmente la pression pour faire adhérer Kiev à l’Otan. Afin de faire naître, de manière totalement irresponsable, un casus belli avec Moscou. Tout cela est perçu comme un grave danger et une menace majeure par le gouvernement russe, qui réoriente sa doctrine militaire en fonction de ces provocations, comme l’a rappelé Mikhail Popov, secrétaire adjoint du Conseil de sécurité russe.

Les cadres supérieurs du Pentagone (qui déterminent la politique de la Maison Blanche) (2) se réjouissent des réactions russes à leurs provocations. Leur but est de multiplier ces dernières pour créer a war situation, un état de guerre contre la Russie. Un clash (”heurt”) militaire avec l’armée russe, en risquant une escalade nucléaire, est intégré dans les protocoles militaires américains. Les services secrets russes savent parfaitement ce que je dis : le Pentagone veut une confrontation armée Otan/ Russie dans l’arc géopolitique nord-sud Baltique-Mer Noire.

Les faiblesses et les dangers de la stratégie US

Mais les souhaits américains d’isoler et d’étouffer la Russie échouent. Aux commémorations du 9 mai à Moscou, le président chinois Ji Xin Ping et le premier ministre indien Narendra Modi étaient présents au premier rang. Leurs pays représentent 2,5 milliards d’hommes. Au contraire, le suivisme servile et aveugle d’une Union européenne obéissant aux USA est en train de nous isoler du monde.

De plus, cette politique aventureuse de Washington suscite d’importantes critiques aux Etats-Unis mêmes. John J. Mearsheimer avertissait dans le magazine Foreign Affairs de « la détermination de Poutine d’empêcher la Georgie et l’Ukraine de rejoindre l’Otan » en ajoutant : « les Etats-Unis et leurs alliés devraient abandonner leur plan d’occidentaliser l’Ukraine, et tenter d’en faire une zone neutre entre l’Otan et la Russie ». La chef de la commission de renseignement du Sénat, la démocrate Dianne Feinstein, parlait sur NBC de l’inefficacité des sanctions en ces termes : « les Russes sont un peuple endurant et courageux, ils surmontent toutes les difficultés économiques. Je ne suis pas sûre que des sanctions puissent avoir le moindre effet ». Elle en appelait à un dialogue direct avec Poutine, se démarquant de la position de son propre gouvernement.

Le risque d’une hubris américaine existe, c’est-à-dire la volonté de déclencher une guerre pour maintenir l’hégémonie américaine ou pour tenter une résoudre une crise financière et économique géante qui menace. Le cow boy peut devenir fou et tirer dans le saloon. Ce ne serait pas la première fois dans l’histoire que Washington, animé par un mélange schizophrène de cynisme et d’idéalisme, se lancerait dans un aventurisme militaire catastrophique. Le chaos actuel du Moyen-Orient est partiellement le fruit des interventions insensées des Bush père et surtout fils, le plus dingue des deux. Avec, comme toujours dans l’histoire, des interventions armées américaines, justifiées par des prétextes fabriqués. L’éléphant dans un magasin de porcelaines.

N’oublions pas que les USA, s’ils ne sont pas une puissance militariste – au sens classique du mot – sont un pays belliciste. L’énorme budget militaire du Pentagone et le complexe militaro-industriel sont au centre de l’appareil économique américain mais aussi du financement de la classe politique. Le système américain a fondamentalement besoin d’un état de guerre sinon permanent, du moins récurrent. Une confrontation armée avec la Russie est très sérieusement envisagée dans les milieux du Pentagone et du complexe militaro-industriel. Peu importent les conséquences : la politique étrangère américaine a toujours manqué de sagesse et de finesse ; la brutalité et l’irréflexion sont ses marques de fabrique. De même qu’un mépris pour les règles et institutions internationales qui ne sont valables que pour les autres, pas pour les USA ; sans oublier cette certitude naïve de se prendre pour le gendarme du Bien, avec tous les droits.

La diabolisation de Vladimir Poutine et de son gouvernement, présentés comme une dictature autocratique par la propagande US relayée servilement dans tout l’Occident – alors qu’ils sont très populaires dans la population russe – ne présage rien de bon. Du temps de l’URSS, les risques de guerre étaient de 10%. Aujourd’hui, ils sont de 60%.

L’impasse

Ce qui a terriblement ennuyé Washington, ce furent les fragiles accords de Minsk passés entre Mme Merkel, M. Hollande, M. Poutine et le gouvernement de Kiev pour un cessez-le-feu. De quoi se mêlent la France et l’Allemagne ? L’objectif américain est de briser la trêve, de relancer la guerre. Une guerre civile en Ukraine de l’est qui, comme un furoncle infectieux, pourra déboucher sur une vraie guerre, où l’on pourra impliquer la Pologne et les pays baltes, c’est l’objectif. Bien sur, Mister Obama ne cherche pas cela. Mais c’est un pion, ce n’est pas lui qui dirige. Il n’a pas d’idées précises, il obéit aux maîtres qui l’ont fait élire, comme dans toute ploutocratie. Tout président américain fait la politiques des lobbies qui l’ont fait élire. En Russie, Poutine fait la politique du peuple qui l’a élu.

Les grands perdants sont les pays européens soumis aux Etats-Unis. D’autant plus que le traité commercial transatlantique va les asservir un peu plus, uniquement de leur faute. On leur fait croire que le danger et l’ennemi sont à l’Est, la Russie, alors que c’est l’allié naturel. Tandis que la véritable menace vient du Sud, comme l’actualité le démontre tous les jours. Mais cette stratégie américaine est stupide à long terme pour les Etats-Unis eux-mêmes. Plutôt que de s’entendre avec un bloc euro-russe indépendant, ils poussent la Russie dans les bras de la Chine et se constituent ainsi un adversaire redoutable. Quant aux nations de l’Union européenne, incapables de contenir une immigration de peuplement massive concomitante d’une islamisation, elles semblent sortir de l’Histoire. Les stratèges washingtoniens s’en félicitent ; les stratèges russes le déplorent. Quand allons-nous nous réveiller ? Quand l’intelligence et la lucidité vont-elles ressurgir ? Après l’explosion.

(1) Toute hégémonie est passagère. Charles Krauthammer a lancé en 1990 le concept de « moment d’unipolarité », c’est-à-dire la période pendant laquelle les Etats-Unis, étant la seule vraie superpuissance, pouvaient agir à leur guise. Il estime cette période, qui a commencé au début des années 1990 à la chute de l’URSS, entre 25 et 30 ans. Ça se termine.

(2) La véritable direction de la politique des USA n’est pas déterminée par la présidence, la Maison Blanche, mais par la triarchie Pentagone/ CIA/ Complexe militaro-industriel.” Les Trois Sœurs ”. Le président américain (contrairement aux présidents français ou russes) est un exécutant et non pas un directeur. (Cf. autres articles de ce blog sur ce sujet).

Guillaume Faye

Pierre-André Taguieff : « Le soupçon et la dénonciation remplacent la volonté d’expliquer et de comprendre »

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Pierre-André Taguieff : « Le soupçon et la dénonciation remplacent la volonté d’expliquer et de comprendre »

Pierre-André Taguieff est politologue. Il est directeur de recherche au CNRS et professeur à l’institut d’études politiques de Paris. En 2014, il a publié Du Diable en politique (CNRS éditions), ouvrage dans lequel il analyse le processus de diabolisation de l’adversaire dans le débat intellectuel français. En 2015, dans La Revanche du nationalisme (PUF), il s’intéresse à la résurgence de cette forme politique tout en dénonçant les analyses creuses de ceux qui s’inquiètent d’un « retour des années 30 ».

pattaguieff-fn-ps.jpgPHILITT : Comment éviter la diabolisation dès lors que, comme le dit Philippe Muray, « le champ de ce qui ne fait plus débat ne cesse de s’étendre » ?

Pierre-André Taguieff : On pourrait dire tout autant que le moindre écart par rapport à la doxa médiatique engendre mécaniquement des faux débats qui chassent les vrais. Dans mon livre paru en 2014, Du diable en politique, j’en donne de nombreux exemples, récents ou non. Dans la France contemporaine, la diabolisation de l’adversaire ou du simple contradicteur s’est banalisée. Il y a là un front inaperçu de l’intolérance, quelque chose comme une intolérance banale, qu’on pratique sur le mode d’un réflexe idéologiquement conditionné. Les pseudo-débats publics sont des tentatives de mises à mort de l’adversaire. Les gladiateurs médiatiques se doivent de divertir les téléspectateurs.

PHILITT : Peut-on renoncer à diaboliser ceux qui l’ont été un jour sans risquer d’être, à son tour, diabolisé ? N’est-ce pas ce qui vous est arrivé lorsque vous avez choisi de dialoguer avec la « Nouvelle Droite » ?

Pierre-André Taguieff : Dans l’espace idéologico-médiatique contemporain, le principe maccarthyste de l’association par contiguïté fonctionne comme mode de transmission d’une souillure. Tout contact est pris pour un indice de complicité. La diabolisation imprime au personnage diabolisé la marque d’une souillure durable. Discuter ou dialoguer avec l’ennemi absolu sans l’injurier, sans manifester ostensiblement et bruyamment à son égard de la haine et du mépris, c’est être souillé ou contaminé irrémédiablement par sa nature satanique. Tel est aussi le risque qu’on prend inévitablement lorsqu’on ose simplement étudier, sans le dénoncer avec virulence à chaque pas, le phénomène politique ou le personnage diabolisé. La magie conjuratoire, à condition de garder la bonne distance, semble être devenue le seul mode de traitement de l’adversaire politique. La diabolisation néo-antifasciste a fait de nombreuses victimes, et continue à en faire. Le pli est pris et je ne vois pas comment l’esprit inquisitorial pourrait être combattu efficacement. Qui s’y attaque est voué à la marginalisation et n’a guère à y gagner qu’une réputation d’infréquentabilité. Quel paradoxe tragique dans une France qui célèbre officiellement la liberté d’expression !

PHILITT : Au-delà de la stratégie politicienne qu’elle implique souvent, la diabolisation n’est-elle pas aussi l’aveu d’une faillite de la pensée, de l’incapacité à comprendre un certain nombre de phénomènes politiques nouveaux ?

Pierre-André Taguieff : La diabolisation est avant tout, sur le plan cognitif, une méthode de réduction de l’émergent au résurgent, de l’inconnu ou du mal connu au « bien connu » (supposé). En ce sens, elle est illusion de connaissance. Quant à sa fonction affectivo-imaginaire, elle réside dans la réduction au pire, c’est-à-dire à ce qui tient lieu de mal absolu dans une conjoncture donnée. Face à un phénomène qui les surprend ou les dérange, les gêne ou les choque, ceux qui ne veulent ou ne peuvent pas le comprendre se lancent dans la réduction au pire. À la paresse de la pensée s’ajoute la peur de savoir. Mais l’ignorance n’est toujours pas un argument.

PHILITT : Le repli sur la morale peut-il être analysé comme le symptôme d’un nouvel ordre idéologique où l’impuissance de l’action cède à la posture pour laisser au politique l’illusion d’une volonté ?

Pierre-André Taguieff : L’hyper-moralisme contemporain est un avatar de la mystique des droits de l’Homme. Du même mouvement, l’humanisme s’est dégradé en humanitarisme, prêchi-prêcha dans lequel la rhétorique compassionnelle se marie à un paternalisme lacrymal à dominante victimaire et misérabiliste. Une vulgate issue d’un néo-christianisme dominant, que je considère comme un sous-christianisme, s’est installée dans tous les milieux politiques : elle consiste à prétendre qu’on est du côté (et aux côtés) des « plus faibles », des « plus pauvres », des « plus démunis », des « plus souffrants », des « plus exclus », « stigmatisés », etc. Quand les supposés « faibles » ou « exclus » se transforment en délinquants ou en terroristes, on trouve des belles âmes pour les plaindre ou les excuser.  Cette démophilie misérabiliste est une démagogie, écœurante et grotesque. Elle devrait provoquer rire ou dégoût, ou les deux. Or, aucun politique professionnel n’oserait reprendre aujourd’hui à son compte le mot de Jules Renard ; « J’ai le dégoût très sûr. » L’interdit du dégoût fait partie du conformisme idéologique.

PHILITT : Contre les formules journalistiques qui prédisent sans cesse un retour du « fascisme » ou des « années 30 », vous diagnostiquez un renouveau du nationalisme. Comment expliquer la perdurance de cette catégorie politique ?

Pierre-André Taguieff : Il s’agit d’un ensemble de faits observables mais mal définis, que l’application du mot « nationalisme » conceptualise plus ou moins bien. Faute de mieux, j’emploie le terme, comme la plupart des historiens et des théoriciens politiques. Mais il renvoie à des phénomènes très différents et, à bien des égards, hétérogènes. Je mets l’accent sur les métamorphoses de ce qu’on appelle « nationalisme », que je considère autant comme un fait anthropologique (ou « anthropolitique ») que comme une idéologie politique moderne accompagnant la formation des États-nations. Le phénomène est d’abord d’ordre anthropologique. L’accélération des changements, perçus comme immaîtrisables, provoque l’ébranlement du monde stable qui, en nous fournissant des cadres et des repères, nous permet de vivre sans devoir nous adapter sans cesse avec anxiété. On en connaît la traduction politique : nombre de citoyens européens sont tentés de voter pour ceux qui, recourant au style populiste de l’appel au peuple, promettent d’éliminer les causes supposées de l’anxiété identitaire (immigration, mondialisation, Union européenne, « islamisation », etc.), attribuées aux élites irresponsables.

Si le nationalisme paraît renaître régulièrement de ses cendres dans la vieille Europe, c’est d’abord parce que cette dernière est faite de vieilles nations satisfaites, du moins pour la plupart (il reste bien sûr les micro-nationalismes dont les revendications sont aiguisées par la construction européenne, avec son horizon supranational qui favorise les autonomismes régionaux et les indépendantismes). Construire en faisant table rase du passé y est impossible. Mais la vague nationaliste est observable aussi hors d’Europe. Le national-ethnique et l’ethnico-religieux sont en effet les deux principales ressources symboliques des nouveaux mouvements identitaires partout dans le monde. En Europe, le nouveau nationalisme peut se définir comme l’ensemble des réactions populaires contre l’antinationalisme des élites, que présuppose la grande utopie de notre époque, celle de la démocratie cosmopolite, érigeant le mélange des peuples et des cultures en idéal régulateur. C’est ce mélange forcé, idéalisé par les élites (converties au « multiculturalisme » normatif), que la majorité des citoyens des vieilles nations refusent, comme en témoigne la vague anti-immigrationniste. Les promesses du « doux commerce » et les invocations des droits de l’Homme ne sauraient faire disparaître les inquiétudes identitaires. C’est pourquoi le schème populiste de base, « le peuple contre les élites », conserve ici sa valeur descriptive. Mais la tentation est toujours aussi forte d’interpréter cette opposition de manière manichéenne, soit en prenant le parti du « bon » peuple contre les « mauvaises » élites, comme si le peuple avait toujours raison, soit en défendant les élites contre les accusations des démagogues, comme si les élites dirigeantes ne donnaient jamais dans la démagogie.

Dans les milieux intellectuels à la française, la reconnaissance de la réalité comme de l’importance politique de la question identitaire ou culturelle se heurte toujours à de fortes résistances, qui confinent à l’aveuglement. Certes, on observe des usages politiques xénophobes, voire racistes, des thèmes dits identitaires ou culturels, et j’ai moi-même, dans les années 1980 et 1990, élaboré le modèle du « racisme différentialiste et culturel », ce qui m’a valu à l’époque des critiques acerbes – et aujourd’hui d’innombrables plagiaires. Mais il ne faut pas jeter l’enfant avec l’eau du bain. Dans la préface du Regard éloigné (1983), Claude Lévi-Strauss nous avait mis en garde, nous invitant à ne pas confondre avec du racisme certaines attitudes ethnocentriques constituant des mécanismes de défense « normaux », voire « légitimes », de tout groupe culturel doté d’une identité collective : « On doit reconnaître, écrit Lévi-Strauss, que cette diversité [des “sociétés humaines”] résulte pour une grande part du désir de chaque culture de s’opposer à celles qui l’environnent, de se distinguer d’elles, en un mot d’être soi. » Une forme de bêtise intellectualisée, très répandue dans les milieux universitaires et médiatiques, consiste à réduire le besoin d’identité, d’enracinement ou d’appartenance à ses formes pathologiques, à ses expressions perverses ou monstrueuses (qui existent). Le soupçon et la dénonciation remplacent la volonté d’expliquer et de comprendre. Ce réductionnisme diabolisateur revient à interdire l’étude froide et exigeante des phénomènes identitaires, qui sont loin de n’affecter que les militants des partis nationalistes. Et le terrorisme intellectuel n’est pas loin : des campagnes sont lancées contre ceux qui ne se contentent pas de la vulgate marxisante.  De la même manière, certains réduisent la nation aux formes qu’elle prend dans les nationalismes xénophobes, ou le sentiment d’appartenance communautaire au communautarisme exclusiviste, sociocentrique et auto-ségrégatif. À mon sens, il faut reconnaître le phénomène, quel que soit le nom qu’on lui donne, l’analyser et s’efforcer de l’expliquer, aussi dérangeant soit-il pour la piété de gauche et les convictions lourdes du gauchisme intellectuel, dont certains représentants, en praticiens dogmatiques de la « déconstruction », se sont spécialisés dans la négation des questions et des réalités qui les choquent. C’est la seule voie permettant de comprendre à la fois l’irruption et le dynamisme des mouvements dits « populistes » en Europe, qui sont aujourd’hui, pour la plupart, des mouvements nationalistes dont les revendications et les thèmes de propagande s’articulent autour d’aspirations inséparablement souverainistes et identitaires.

PHILITT : Dans votre avant-dernier ouvrage, La Revanche du nationalisme, vous posez la question suivante sur le ton de l’ironie : « De quoi les années 30 sont-elles le retour ? » Est-il possible de répondre sérieusement à cette question ?

Pierre-André Taguieff : Il s’agit d’une boutade visant à montrer l’absurdité même de ce type de question, symptôme parmi d’autres de la bêtise idéologisée qui règne dans les milieux néo-gauchistes. Rien n’est le retour de rien, sauf par miracle. Un miracle, c’est-à-dire un événement mathématiquement possible dans un temps infini, mais physiquement improbable dans ce bas monde défini par sa finitude. Je laisse les hallucinés de l’éternel retour dans l’Histoire à leurs fantasmes pauvres et stéréotypés.

PHILITT : Vous mettez en avant la possibilité d’un « nationalisme civique » que vous opposez au « nationalisme ethnique ». Quels sont les avantages du premier sur le second ? Est-il nécessaire de dédiaboliser le nationalisme ?

Pierre-André Taguieff :  Je relativise plutôt l’opposition entre « nationalisme ethnique » et « nationalisme civique », en les situant sur un continuum. Il ne faut pas faire d’une distinction analytique une opposition manichéenne. Il est de tradition de distinguer le nationalisme politique et civique du nationalisme culturel et ethnique, types idéaux qui ne s’incarnent l’un et l’autre que très imparfaitement dans l’histoire. Je trouve cette distinction commode, mais j’ai tendance à la relativiser, en soulignant les zones d’ambiguïté du premier nationalisme idéaltypique comme du second. De la nation civique ou élective à la nation culturelle et ethnique, on passe par des transitions insensibles. Une nation purement civique, authentique communauté de citoyens dénuée de tout héritage culturel et historique propre, est une chimère. Elle revient à prendre naïvement un concept ou un type idéal pour une réalité concrète. La position de Renan consiste précisément à tenir les deux bouts de la définition de la nation. Il en va de même chez le général de Gaulle. Le patriotisme réunit des engagements et des attachements, du volontaire et de l’assumé, des idéaux normatifs et des enracinements idéalisés. La rigidité de la distinction vient de ses usages scolaires ou « démopédiques » (pour parler comme Proudhon), impliquant, dans la tradition républicaine française, de valoriser la « bonne » nation civique, dite « républicaine », et de dévaloriser la « mauvaise » nation historico-culturelle ou ethnique, rejetée un peu vite vers le racisme (ou vers le « germanisme »). Mais les citoyens ne se nourrissent pas seulement d’abstractions et de principes, aussi nobles soient-ils.  Alors qu’il s’agit, sur la question des identités collectives, de faire preuve d’esprit de finesse et de sens des nuances,  les intellectuels français montrent une fois de plus qu’ils ont le goût des grosses catégories classificatoires entrant dans des oppositions manichéennes.

Ceci dit, dans ce domaine, je ne cache pas mes préférences. Elles vont à un nationalisme civique qui aurait retrouvé la mémoire et le sens de l’avenir par-delà l’enfermement « présentiste » et l’aveuglement par la soumission à « l’actualité ». Elles vont donc à un nationalisme civique qui imaginerait la nation à la fois comme héritage, destin commun et avenir voulu. On ne dédiabolise pas par décret le nationalisme. Mais on peut montrer que sa diabolisation empêche de le connaître dans la multiplicité de ses formes historiques et d’en comprendre le sens. Du nationalisme, on connaît les multiples figures historiques diversement valorisées (des mouvements de libération nationale aux dictatures nationalistes). Rien n’interdit de l’imaginer ou de le réinventer comme le principe d’une forme d’organisation politique acceptable, voire souhaitable, pour faire face, par exemple, aux forces uniformisantes ou aux effets destructeurs de la mondialisation, dès lors qu’il s’inscrit dans le cadre d’une démocratie constitutionnelle et pluraliste.

PHILITT : Péguy serait-il un des représentants de ce « nationalisme civique » que vous décrivez tandis que Barrès et Maurras seraient les tenants d’un « nationalisme ethnique » ?

Pierre-André Taguieff :  Péguy a ouvert la voie à une forme de « nationalisme civique » qui ne prône pas la tabula rasa, la rupture avec le passé, l’oubli volontaire des héritages. En quoi il engage à penser un nationalisme à la fois civique et historico-culturel, qui n’est nullement incompatible avec une vision universaliste, à condition de ne pas se laisser éblouir par les fausses lumières de l’universalisme abstrait et d’un cosmopolitisme sans âme. L’utopie de la table rase et la quête fanatique de l’émancipation totale ont donné naissance à un rejeton imprévu : l’hyper-individualisme égalitaire contemporain, qu’on reconnaît aux revendications sans limites de ses adeptes. Le nationalisme de Barrès (celui des années 1890) est plus ethnique, celui de Maurras plus historique. Mais ils sont l’un et l’autre pervertis par l’antisémitisme, qui constitue à lui seul une religion politique. Bernanos s’en est rendu compte et a pris clairement ses distances avec les tenants du nationalisme antijuif.

Edward Snowden n'est pas Charlie

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Edward Snowden n'est pas Charlie

Auteur : L.B. 
Ex: http://zejournal.mobi

Edward Snowden dénonce les lois post-Charlie en France. Dans une longue interview exclusive publiée le 22 mai par The Guardian, le lanceur d'alerte, qui a révélé les détails de l'espionnage de millions de citoyens par la NSA, met notamment en garde contre les réponses apportées au terrorisme en Hexagone, décrivant une tragédie.

Les programmes de surveillance de masse n'empêchent pas les attentats

Selon lui, aucun programme de surveillance de masse n’a permis d’empêcher les attentats de Paris et « s’ils l’ont fait, c’est au prix d’une dégradation inacceptable des droits ». « On sait que pour l’attaque à Charlie Hebdo, celle au Canada, celle en Australie, tous ces individus étaient repérés par les gouvernements avant les attaques. Ce n’est pas par manque de surveillance mais par trop de surveillance que nous n’avons pas été en mesure de comprendre ce qui se passait », souligne Edward Snowden.

Il est par ailleurs intervenu au sujet de la réforme visant à limiter la capacité de l’Agence nationale de sécurité (NSA) de collecter des données aux États-Unis, rejetée ce samedi par le Sénat. Cette réforme présentait comme une réponse au scandale suscité par les révélations d’Edward Snowden il y a bientôt deux ans.

En France, l’Assemblée nationale a adopté le controversé projet de loi sur le renseignement, qui prévoit notamment les boîtes noires pour surveiller le Web et trouver les terroristes en puissance.


- Source : L.B.

Une révolution de couleur en Macédoine

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Une révolution de couleur en Macédoine

Auteur : Paul Craig Roberts
Traduction Dominique Muselet 
Ex: http://zejournal.mobi

Pendant la guerre froide Washington avait peur que les communistes ne fomentent des manifestations et ne les fassent  dégénérer en révolutions pendant que des politiciens acquis à leur cause attendaient dans les coulisses pour prendre le pouvoir et ainsi étendre l’empire soviétique. Aujourd'hui, c’est exactement ce que fait Washington.

Nous avons récemment assisté à une opération de ce genre en Ukraine et, maintenant, une autre semble avoir lieu en Macédoine.

La fondation National Endowment for Democracy a été créée en 1983. Son but officiel est de promouvoir la démocratie à l'étranger. Son véritable but était de fomenter des désordres en Europe de l'Est soviétique. Aujourd'hui, la NED utilise l’argent de nos impôts pour renverser les gouvernements qui ne sont pas alignés sur Washington.

La NED finance des organisations non-gouvernementales (ONG) dans les pays que Washington veut déstabiliser. Ces ONG opèrent sous couvert de promouvoir «la démocratie » et les «droits de l'homme». Elles recrutent des meneurs  parmi les étudiants idéalistes et les politiciens mécontents, et les lancent contre le gouvernement en place dont  Washington souhaite réduire l'indépendance.

Les étudiants idéalistes sont tout simplement les dupes de ces ONG, et les politiciens mécontents veulent uniquement le  pouvoir et ils sont prêts à servir Washington pour l'obtenir.

Selon le secrétaire d'Etat adjoint, Victoria Nuland, Washington a dépensé 5 milliards  de dollars en Ukraine pour former des politiciens et implanter des d'ONG faisant office de cinquième colonne de Washington. Lorsque le président de l'Ukraine, Viktor Ianoukovitch, a refusé d'aligner l'Ukraine sur les intérêts de Washington, Washington a lâché ses cinquièmes colonnes, et le gouvernement de M. Ianoukovitch a été renversé par la violence. Malgré tous les discours de Washington sur la démocratie, le fait que le gouvernement de M. Ianoukovitch soit démocratiquement élu et que la prochaine élection doive avoir lieu seulement quelques mois plus tard, n'a pas empêché Washington de renverser Ianoukovitch.

Maintenant, le même sort semble attendre l'Arménie, l'Azerbaïdjan, le Kirghizistan, et la Macédoine. La plupart des Américains ne savent pas où sont ces pays. L'Arménie et l'Azerbaïdjan se trouvent à l'est de la mer Caspienne et sont d’anciennes provinces de l'Union soviétique. Le Kirghizistan est une ancienne province soviétique à la  frontière de la Chine. La Macédoine, lieu de naissance d'Alexandre le Grand, est une ancienne partie du nord de la Grèce, mais au 20e siècle des morceaux de la Macédoine sont passés en Bulgarie, Serbie et Albanie avant de devenir une province de Yougoslavie. Quand Washington a détruit la Yougoslavie, la Macédoine est devenue une république indépendante de deux millions d’habitants. La Macédoine est un pays enclavé, entouré par la Grèce au sud, la Bulgarie à l'est, l'Albanie à l'ouest, et au nord par le Kosovo créé par la Serbie et Washington.

Pourquoi Washington veut-il contrôler la Macédoine?

Le gouvernement macédonien a refusé de se joindre aux sanctions de Washington contre la Russie et il soutient le projet de pipeline de gaz naturel russo-turc qui livrera le gaz naturel russe à l’Europe en traversant la Turquie jusqu’à la frontière grecque.

La Grèce est pillée par l'Union européenne, le FMI et les banques néerlandaises  et allemandes. Cela pousse la Grèce dans les bras de la Russie du fait que le soutien russe est la seule solution que la Grèce a trouvé pour mettre fin à l'austérité écrasante que l'UE impose au peuple grec. La Macédoine se trouve entre la Grèce et la Serbie, un pays qui ne porte pas Washington et l'UE dans son cœur, depuis la dislocation de la Serbie qui a suivi l’agression de Washington et de l'OTAN. Washington n’aime pas l’idée que l'énergie russe, sur laquelle il n’aurait aucun contrôle, soit livrée à ses Etats vassaux européens via les alliés de la Russie en Europe.

En prenant le contrôle de la Macédoine, Washington espère couper la Grèce de la Serbie et peut-être réussir à convaincre la Grèce de s’aligner sur le projet de pipeline de Washington qui approvisionnerait l'Europe à partir de l'Azerbaïdjan, réduisant, de ce fait, l'influence de la Russie en Europe.

La Macédoine a une minorité albanaise. L'Albanie est un vassal de Washington et un membre de l'OTAN. Washington soutient les Albanais dissidents de Macédoine, les manifestants sont dans les rues, le gouvernement macédonien est accusé de corruption comme le fut le gouvernement ukrainien, et le Département d'Etat américain exprime son inquiétude devant la crise politique macédonienne que Washington a orchestrée.

Washington ne cesse de se gargariser avec la démocratie et les droits humains, mais n'a aucun respect ni pour l’une ni pour les autres. Le seul intérêt de ces notions pour Washington, est qu’il peut s’en servir pour accuser les gouvernements qu’il veut renverser de ne pas les respecter.

Le gouvernement russe comprend ce qui se passe.  Mais on ne sait pas encore si le fait d’avoir assisté  sans rien faire au renversement  du gouvernement ukrainien lui a servi de leçon.

Pour les Etasuniens, à la différence de Washington, la question est de savoir si la quête effrénée de l'hégémonie américaine mérite de risquer une guerre avec la Russie et la Chine. Les néo-conservateurs, qui contrôlent la politique étrangère des États-Unis d’une main de fer, croient que l'hégémonie passe au-dessus de tout. Mais les Etasuniens tirent-ils assez de plaisir par procuration du fait qu’une poignée de néoconservateurs règne en maîtres sur le monde, pour accepter le risque d'une guerre nucléaire?

La politique d’agression pure et simple que Washington mène contre la Russie devrait inquiéter non seulement le peuple américain mais aussi le monde entier. Une guerre se prépare. Une guerre avec la Russie signifie également une guerre avec la Chine. Ce n’est  pas une guerre que Washington et ses vassaux ni l’humanité en tant que telle peuvent gagner.

Dr Paul Craig Roberts a été secrétaire adjoint au Trésor pour la politique économique et rédacteur en chef adjoint du Wall Street Journal. Il a été chroniqueur à Business Week, Scripps Howard News Service, et Creators Syndicate. Il a occupé de nombreux postes universitaires. Ses articles sur internet ont attiré l’attention mondiale. Les derniers livres de Roberts sont : L'échec de capitalisme du laissez faire et la dissolution économique de l'Occident et Comment l'Amérique fut perdue.

Secret Pentagon Report Reveals US "Created" ISIS As A "Tool"

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Secret Pentagon Report Reveals US "Created" ISIS As A "Tool" To Overthrow Syria's President Assad

By

Zero Hedge

Ex: http://www.lewrockwell.com

From the first sudden, and quite dramatic, appearance of the fanatical Islamic group known as ISIS which was largely unheard of until a year ago, on the world’s stage and which promptly replaced the worn out and tired al Qaeda as the world’s terrorist bogeyman, we suggested that the “straight to beheading YouTube clip” purpose behind the Saudi Arabia-funded Islamic State was a simple one: use the Jihadists as the vehicle of choice to achieve a political goal: depose of Syria’s president Assad, who for years has stood in the way of a critical Qatari natural gas pipeline, one which could dethrone Russia as Europe’s dominant – and belligerent – source of energy, reaching an interim climax with the unsuccessful Mediterranean Sea military build up of 2013, which nearly resulted in quasi-world war.

The narrative and the plotline were so transparent, even Russia saw right through them. Recall from September of last year:

If the West bombs Islamic State militants in Syria without consulting Damascus, LiveLeak reports that the anti-ISIS alliance may use the occasion to launch airstrikes against President Bashar Assad’s forces, according to Russian Foreign Minister Sergey Lavrov. Clearly comprehending that Obama’s new strategy against ISIS in Syria is all about pushing the Qatar pipeline through (as was the impetus behind the 2013 intervention push), Russia is pushing back noting that the it is using ISIS as a pretext for bombing Syrian government forces and warning that “such a development would lead to a huge escalation of conflict in the Middle East and North Africa.”

But it’s one thing to speculate; it’s something entirely different to have hard proof.

And while speculation was rife that just like the CIA-funded al Qaeda had been used as a facade by the US to achieve its own geopolitical and national interests over the past two decades, so ISIS was nothing more than al Qaeda 2.0, there was no actual evidence of just this.

That may all have changed now when a declassified secret US government document obtained by the public interest law firm, Judicial Watch, shows that Western governmentsdeliberately allied with al-Qaeda and other Islamist extremist groups to topple Syrian dictator Bashir al-Assad.

According to investigative reporter Nafeez Ahmed in Medium, the “leaked document reveals that in coordination with the Gulf states and Turkey, the West intentionally sponsored violent Islamist groups to destabilize Assad, despite anticipating that doing so could lead to the emergence of an ‘Islamic State’ in Iraq and Syria (ISIS).

According to the newly declassified US document, the Pentagon foresaw the likely rise of the ‘Islamic State’ as a direct consequence of the strategy, but described this outcome as a strategic opportunity to “isolate the Syrian regime.” 

And not just that: as we reported last week, now that ISIS is running around the middle east, cutting people’s heads of in 1080p quality and Hollywood-quality (perhaps literally) video, the US has a credible justification to sell billions worth of modern, sophisticated weapons in the region in order to “modernize” and “replenish” the weapons of such US allies as Saudi Arabia, Israel and Iraq.

But that the US military-industrial complex is a winner every time war breaks out anywhere in the world (usually with the assistance of the CIA) is clear to everyone by now. What wasn’t clear is just how the US predetermined the current course of events in the middle east.

Now, thanks to the following declassified report, we have a far better understanding of not only how current events in the middle east came to be, but what America’s puppermaster role leading up to it all, was. 

From Nafeez Ahmed: Secret Pentagon report reveals West saw ISIS as strategic asset Anti-ISIS coalition knowingly sponsored violent extremists to ‘isolate’ Assad, rollback ‘Shia expansion’, originally posted in Medium.

Hypocrisy

The revelations contradict the official line of Western government on their policies in Syria, and raise disturbing questions about secret Western support for violent extremists abroad, while using the burgeoning threat of terror to justify excessive mass surveillance and crackdowns on civil liberties at home.

Among the batch of documents obtained by Judicial Watch through a federal lawsuit, released earlier this week, is a US Defense Intelligence Agency (DIA) document then classified as “secret,” dated 12th August 2012.

The DIA provides military intelligence in support of planners, policymakers and operations for the US Department of Defense and intelligence community.

So far, media reporting has focused on the evidence that the Obama administration knew of arms supplies from a Libyan terrorist stronghold to rebels in Syria.

Some outlets have reported the US intelligence community’s internal prediction of the rise of ISIS. Yet none have accurately acknowledged the disturbing details exposing how the West knowingly fostered a sectarian, al-Qaeda-driven rebellion in Syria.

Charles Shoebridge, a former British Army and Metropolitan Police counter-terrorism intelligence officer, said:

“Given the political leanings of the organisation that obtained these documents, it’s unsurprising that the main emphasis given to them thus far has been an attempt to embarrass Hilary Clinton regarding what was known about the attack on the US consulate in Benghazi in 2012. However, the documents also contain far less publicized revelations that raise vitally important questions of the West’s governments and media in their support of Syria’s rebellion.”

The West’s Islamists

The newly declassified DIA document from 2012 confirms that the main component of the anti-Assad rebel forces by this time comprised Islamist insurgents affiliated to groups that would lead to the emergence of ISIS. Despite this, these groups were to continue receiving support from Western militaries and their regional allies.

Noting that “the Salafist [sic], the Muslim Brotherhood, and AQI [al-Qaeda in Iraq] are the major forces driving the insurgency in Syria,” the document states that “the West, Gulf countries, and Turkey support the opposition,” while Russia, China and Iran “support the [Assad] regime.”

The 7-page DIA document states that al-Qaeda in Iraq (AQI), the precursor to the ‘Islamic State in Iraq,’ (ISI) which became the ‘Islamic State in Iraq and Syria,’ “supported the Syrian opposition from the beginning, both ideologically and through the media.”

The formerly secret Pentagon report notes that the “rise of the insurgency in Syria” has increasingly taken a “sectarian direction,” attracting diverse support from Sunni “religious and tribal powers” across the region.

In a section titled ‘The Future Assumptions of the Crisis,’ the DIA report predicts that while Assad’s regime will survive, retaining control over Syrian territory, the crisis will continue to escalate “into proxy war.”

The document also recommends the creation of “safe havens under international sheltering, similar to what transpired in Libya when Benghazi was chosen as the command centre for the temporary government.”

In Libya, anti-Gaddafi rebels, most of whom were al-Qaeda affiliated militias, were protected by NATO ‘safe havens’ (aka ‘no fly zones’).

‘Supporting powers want’ ISIS entity

In a strikingly prescient prediction, the Pentagon document explicitly forecasts the probable declaration of “an Islamic State through its union with other terrorist organizations in Iraq and Syria.”

Nevertheless, “Western countries, the Gulf states and Turkey are supporting these efforts” by Syrian “opposition forces” fighting to “control the eastern areas (Hasaka and Der Zor), adjacent to Western Iraqi provinces (Mosul and Anbar)”:

“… there is the possibility of establishing a declared or undeclared Salafist Principality in eastern Syria (Hasaka and Der Zor), and this is exactly what the supporting powers to the opposition want, in order to isolate the Syrian regime, which is considered the strategic depth of the Shia expansion (Iraq and Iran).”

The secret Pentagon document thus provides extraordinary confirmation that the US-led coalition currently fighting ISIS, had three years ago welcomed the emergence of an extremist “Salafist Principality” in the region as a way to undermine Assad, and block off the strategic expansion of Iran. Crucially, Iraq is labeled as an integral part of this “Shia expansion.”

The establishment of such a “Salafist Principality” in eastern Syria, the DIA document asserts, is “exactly” what the “supporting powers to the [Syrian] opposition want.” Earlier on, the document repeatedly describes those “supporting powers” as “the West, Gulf countries, and Turkey.”

Further on, the document reveals that Pentagon analysts were acutely aware of the dire risks of this strategy, yet ploughed ahead anyway.

The establishment of such a “Salafist Principality” in eastern Syria, it says, would create “the ideal atmosphere for AQI to return to its old pockets in Mosul and Ramadi.” Last summer, ISIS conquered Mosul in Iraq, and just this month has also taken control of Ramadi.

Such a quasi-state entity will provide:

“… a renewed momentum under the presumption of unifying the jihad among Sunni Iraq and Syria, and the rest of the Sunnis in the Arab world against what it considers one enemy. ISI could also declare an Islamic State through its union with other terrorist organizations in Iraq and Syria, which will create grave danger in regards to unifying Iraq and the protection of territory.”

The 2012 DIA document is an Intelligence Information Report (IIR), not a “finally evaluated intelligence” assessment, but its contents are vetted before distribution. The report was circulated throughout the US intelligence community, including to the State Department, Central Command, the Department of Homeland Security, the CIA, FBI, among other agencies.

In response to my questions about the strategy, the British government simply denied the Pentagon report’s startling revelations of deliberate Western sponsorship of violent extremists in Syria. A British Foreign Office spokesperson said:

“AQ and ISIL are proscribed terrorist organisations. The UK opposes all forms of terrorism. AQ, ISIL, and their affiliates pose a direct threat to the UK’s national security. We are part of a military and political coalition to defeat ISIL in Iraq and Syria, and are working with international partners to counter the threat from AQ and other terrorist groups in that region. In Syria we have always supported those moderate opposition groups who oppose the tyranny of Assad and the brutality of the extremists.”

The DIA did not respond to request for comment.

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Strategic asset for regime-change

Security analyst Shoebridge, however, who has tracked Western support for Islamist terrorists in Syria since the beginning of the war, pointed out that the secret Pentagon intelligence report exposes fatal contradictions at the heart of official pronunciations:

“Throughout the early years of the Syria crisis, the US and UK governments, and almost universally the West’s mainstream media, promoted Syria’s rebels as moderate, liberal, secular, democratic, and therefore deserving of the West’s support. Given that these documents wholly undermine this assessment, it’s significant that the West’s media has now, despite their immense significance, almost entirely ignored them.”

According to Brad Hoff, a former US Marine who served during the early years of the Iraq War and as a 9/11 first responder at the Marine Corps Headquarters in Battalion Quantico from 2000 to 2004, the just released Pentagon report for the first time provides stunning affirmation that:

“US intelligence predicted the rise of the Islamic State in Iraq and the Levant (ISIL or ISIS), but instead of clearly delineating the group as an enemy, the report envisions the terror group as a US strategic asset.”

Hoff, who is managing editor of Levant Report — ?an online publication run by Texas-based educators who have direct experience of the Middle East?—?points out that the DIA document “matter-of-factly” states that the rise of such an extremist Salafist political entity in the region offers a “tool for regime change in Syria.”

The DIA intelligence report shows, he said, that the rise of ISIS only became possible in the context of the Syrian insurgency?—?“there is no mention of US troop withdrawal from Iraq as a catalyst for Islamic State’s rise, which is the contention of innumerable politicians and pundits.” The report demonstrates that:

“The establishment of a ‘Salafist Principality’ in Eastern Syria is ‘exactly’ what the external powers supporting the opposition want (identified as ‘the West, Gulf Countries, and Turkey’) in order to weaken the Assad government.”

The rise of a Salafist quasi-state entity that might expand into Iraq, and fracture that country, was therefore clearly foreseen by US intelligence as likely?—?but nevertheless strategically useful?—?blowback from the West’s commitment to “isolating Syria.”

Complicity

Critics of the US-led strategy in the region have repeatedly raised questions about the role of coalition allies in intentionally providing extensive support to Islamist terrorist groups in the drive to destabilize the Assad regime in Syria.

The conventional wisdom is that the US government did not retain sufficient oversight on the funding to anti-Assad rebel groups, which was supposed to be monitored and vetted to ensure that only ‘moderate’ groups were supported.

However, the newly declassified Pentagon report proves unambiguously that years before ISIS launched its concerted offensive against Iraq, the US intelligence community was fully aware that Islamist militants constituted the core of Syria’s sectarian insurgency.

Despite that, the Pentagon continued to support the Islamist insurgency, even while anticipating the probability that doing so would establish an extremist Salafi stronghold in Syria and Iraq.

As Shoebridge told me, “The documents show that not only did the US government at the latest by August 2012 know the true extremist nature and likely outcome of Syria’s rebellion”?—?namely, the emergence of ISIS?—?“but that this was considered an advantage for US foreign policy. This also suggests a decision to spend years in an effort to deliberately mislead the West’s public, via a compliant media, into believing that Syria’s rebellion was overwhelmingly ‘moderate.’”

Annie Machon, a former MI5 intelligence officer who blew the whistle in the 1990s on MI6 funding of al-Qaeda to assassinate Libya’s former leader Colonel Gaddafi, similarly said of the revelations:

“This is no surprise to me. Within individual countries there are always multiple intelligence agencies with competing agendas.”

She explained that MI6’s Libya operation in 1996, which resulted in the deaths of innocent people, “happened at precisely the time when MI5 was setting up a new section to investigate al-Qaeda.”

This strategy was repeated on a grand scale in the 2011 NATO intervention in Libya, said Machon, where the CIA and MI6 were:

“… supporting the very same Libyan groups, resulting in a failed state, mass murder, displacement and anarchy. So the idea that elements of the American military-security complex have enabled the development of ISIS after their failed attempt to get NATO to once again ‘intervene’ is part of an established pattern. And they remain indifferent to the sheer scale of human suffering that is unleashed as a result of such game-playing.”

Divide and rule

Several US government officials have conceded that their closest allies in the anti-ISIS coalition were funding violent extremist Islamist groups that became integral to ISIS.

US Vice President Joe Biden, for instance, admitted last year that Saudi Arabia, the UAE, Qatar and Turkey had funneled hundreds of millions of dollars to Islamist rebels in Syria that metamorphosed into ISIS.

But he did not admit what this internal Pentagon document demonstrates?—?that the entire covert strategy was sanctioned and supervised by the US, Britain, France, Israel and other Western powers.

The strategy appears to fit a policy scenario identified by a recent US Army-commissioned RAND Corp report.

The report, published four years before the DIA document, called for the US “to capitalise on the Shia-Sunni conflict by taking the side of the conservative Sunni regimes in a decisive fashion and working with them against all Shiite empowerment movements in the Muslim world.”

The US would need to contain “Iranian power and influence” in the Gulf by “shoring up the traditional Sunni regimes in Saudi Arabia, Egypt, and Pakistan.” Simultaneously, the US must maintain “a strong strategic relationship with the Iraqi Shiite government” despite its Iran alliance.

The RAND report confirmed that the “divide and rule” strategy was already being deployed “to create divisions in the jihadist camp. Today in Iraq such a strategy is being used at the tactical level.”

The report observed that the US was forming “temporary alliances” with al-Qaeda affiliated “nationalist insurgent groups” that have fought the US for four years in the form of “weapons and cash.” Although these nationalists “have cooperated with al-Qaeda against US forces,” they are now being supported to exploit “the common threat that al-Qaeda now poses to both parties.”

The 2012 DIA document, however, further shows that while sponsoring purportedly former al-Qaeda insurgents in Iraq to counter al-Qaeda, Western governments were simultaneously arming al-Qaeda insurgents in Syria.

The revelation from an internal US intelligence document that the very US-led coalition supposedly fighting ‘Islamic State’ today, knowingly created ISIS in the first place, raises troubling questions about recent government efforts to justify the expansion of state anti-terror powers.

In the wake of the rise of ISIS, intrusive new measures to combat extremism including mass surveillance, the Orwellian ‘prevent duty’ and even plans to enable government censorship of broadcasters, are being pursued on both sides of the Atlantic, much of which disproportionately targets activists, journalists and ethnic minorities, especially Muslims.

Yet the new Pentagon report reveals that, contrary to Western government claims, the primary cause of the threat comes from their own deeply misguided policies of secretly sponsoring Islamist terrorism for dubious geopolitical purposes.

Reprinted with permission from Zero Hedge.

El gran juego africano de EE.UU

por María Lekant

Ex: http://paginatransversal.wordpress.com

África es un continente con grandes recursos naturales, un continente que ha sufrido mucho en el pasado debido a las acciones de los colonizadores, que remodelaron la región sin tener en cuenta las tradiciones y las relaciones sociales locales, un continente donde muchos países han tenido que enfrentarse, aparte de a la pobreza, el hambre y los cataclismos naturales, a guerras sangrientas y conflictos internos que, en muchos casos, perduran hasta hoy en día, mientras que en otros han dejado profundas heridas o han provocado consecuencias irrevocables para la sociedad.

Tradicionalmente, las riquezas naturales del continente negro han atraído a las naciones más poderosas, sobre todo países occidentales, que han visto en la influencia en la región un componente clave en la lucha por la influencia en el mundo.

Uno de estos países ha sido EE.UU., que, tras el colapso de la Unión Soviética, intensificó los esfuerzos para fortalecer su presencia en África. Los primeros en captar su atención fueron Sudán y Etiopía, que en el pasado habían cooperado activamente con la URSS, pero posteriormente la actividad de Washington se expandió a muchos otros países, a veces provocando ‘efectos secundarios’ más dañinos que las sequías o las hambrunas.

La catástrofe de Libia

Uno de los casos más emblemáticos de la expansión de EE.UU. y sus aliados de la OTAN en África es el de Libia, país que sigue sufriendo las consecuencias del ‘apoyo’ estadounidense a la ‘democracia’.

Washington “siempre estará hombro con hombro con el pueblo libio”, aseguraba el presidente Barack Obama en 2011, a inicios de la campaña militar de la OTAN en el país árabe. “EE.UU., junto con la comunidad internacional, está comprometido con el pueblo libio. Ustedes han ganado su revolución”, proclamó entusiasmado el mandatario estadounidense unos meses después, el 20 de octubre, en respuesta a la noticia sobre la muerte del coronel Muammar Gaddafi, y aplaudió los futuros cambios democráticos que aguardaban al país.

Los países occidentales optaron por hacer oídos sordos a los numerosos testimonios que presentaba RT al público día tras día y a las opiniones de aquellos expertos que advertían que apostar por la oposición era un error.

Así, el diplomático norteamericano retirado George Kenney advirtió en marzo de 2011 en declaraciones a RT que una intervención militar extranjera en Libia desembocaría en un conflicto de larga duración y en el consiguiente auge del terrorismo. “La actividad de la OTAN en Libia provocará aún más agitación a nivel mundial. En mi opinión, va a pasar lo mismo que en Irak y Afganistán”, pronosticó.

“La oposición libia no será capaz de crear un nuevo Gobierno estable tras derrocar al enemigo, los rebeldes deberán afrontar las contradicciones internas”, comentó a RT el entonces embajador de Rusia ante la OTAN, Dmitri Rogozin, en medio del conflicto libio. “Las intervenciones otanianas, la política y la militar, en la ‘primavera árabe’ podrían tener como resultado un ‘caliente verano árabe’, con todas las circunstancias que de ello se derivan para los demás Estados de la región”, volvió a insistir Rogozin a finales de 2011.

EE.UU. y sus aliados “promueven las guerras civiles en países foráneos por la simple razón de que en su ignorancia total (…) están tratando de cambiar regímenes, gran parte de los cuales ni siquiera entienden”, decía en julio de 2011 en declaraciones a RT el periodista investigador Adrian Salbuchi.

Fue el 11 de septiembre de 2012 cuando Washington experimentó por primera vez en su propia piel cómo es la nueva democracia libia. El ataque contra la Embajada de EE.UU. en Bengasi se cobró la vida de cuatro estadounidenses, el embajador Christopher Stevens entre ellos. En agosto de 2013, EE.UU. se vio obligado a cerrar temporalmente 19 sedes diplomáticas en Oriente Próximo y África del Norte ante los altos riesgos de atentados terroristas. En mayo de 2014, Washington ordenó el envío de un buque de guerra hacia las costas libias.

Hoy en día, el país árabe sigue sumergido en el caos. Existen dos gobiernos de facto en Libia: uno, elegido por medio de elecciones legítimas, con sede en el este del país, y otro, de ideas radicales, cuyo Congreso se encuentra en Trípoli.

El pasado mes de abril, durante un encuentro en Moscú con el canciller ruso, Serguéi Lavrov, el primer ministro libio, Abdalá At-Tani, apuntóa Occidente como responsable del caos reinante en el país desde la caída del régimen de Muammar Gadaffi, y pidió el apoyo de Rusia para restaurar las instituciones gubernamentales. El ministro de Relaciones Exteriores ruso subrayó, por su parte, que Moscú asiste al esfuerzo internacional, en la medida de lo posible, para estabilizar la situación en el país norteafricano, y señaló la necesidad de encontrar una manera rápida de reunificar el Estado cuanto antes.

Malí, víctima de las acciones en Libia

Como era de esperar, la guerra en Libia apoyada por la OTAN abrió ‘la caja de Pandora’ de la inestabilidad en los países del Sahel. Miles de combatientes de Mauritania, Malí, Níger y otros países que luchaban como mercenarios en el Ejército del exlíder libio Muammar Gaddafi regresaron a sus lugares de origen armados hasta los dientes.

Uno de los primeros países africanos en sentir las consecuencias de la guerra en Libia fue Malí.

A lo largo de su breve historia postcolonial este país ha estado constantemente bajo la amenaza de una rebelión de las tribus del norte, principalmente los tuaregs, que aspiraban a crear un Estado independiente cuyo territorio incluiría el norte de Malí, el sur de Argelia, las provincias orientales de Mauritania y la zona norte de Níger.

El 22 de marzo de 2012, un golpe de Estado depuso al presidente de Malí Amani Toumani Toure y el 6 de abril los rebeldes tuaregs del Movimiento Nacional para la Liberación de Azawad (MNLA) proclamaron la instauración del Estado islámico de Azawad en un territorio de unos 850.000 kilómetros cuadrados.

Según denunciaron en su día las autoridades de Malí, los tuaregs, que habían formado parte de las divisiones de élite de Gaddafi, llegaron con fusiles automáticos, lanzagranadas y ametralladoras que habían recibido del régimen libio. También disponían de armas francesas más modernas suministradas durante la guerra a los rebeldes libios.

“Gaddafi sabía controlar la actividad de los tuaregs en la zona del Sahel, pero ahora han emprendido su propia ‘navegación’. Es gente armada, muy bien preparada, que tiene comandantes experimentados. Combatirlos es una tarea sumamente difícil”, declaró entonces el presidente del Instituto de Oriente Próximo de Rusia, Yevgueni Satanovski.

La guerra en Libia proporcionó a los exmercenarios de Gaddafi no solo dinero y armas, sino también medio año de experiencia de combate.

Además, según informó el diario ‘New York Times’, durante cuatro años EE.UU. llevó a cabo en la región un programa antiterrorista a gran escala, invirtiendo entre 520 y 600 millones de dólares en el entrenamiento de tropas en Malí. A los militares les enseñaron a patrullar las fronteras y a neutralizar las emboscadas, entre otros métodos de lucha contra el terrorismo. Entrenados en la lucha contra los terroristas, unidades militares del país desertaron y entraron en las filas de los extremistas islamistas, como los rebeldes tuaregs.

A finales de 2012, la escalada de violencia en el norte de Malí, ocupado por grupos separatistas, provocó una resolución de la ONU que autorizó el envío de una misión militar extranjera al país africano para restablecer la paz. Las tropas francesas fueron las primeras en llegar en enero de 2013.

A pesar de las declaraciones del presidente François Hollande de que los militares franceses no lucharían en Malí más de un mes, la intervención militar en el país africano se prolongó hasta el 13 de julio de 2014, y luego fue relevada por la operación Barkhane.

A tenor de algunos expertos, en aquella ocasión se vivió una rivalidad entre Francia y Estados Unidos por el control sobre el África poscolonial.

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La constante crisis de Sudán

En 1983, una guerra civil dividió Sudán en dos partes. El conflicto, conocido como la ‘Segunda Guerra Civil Sudanesa’, se convirtió en uno de los episodios más violentos del siglo XX y duró hasta 2005, cuando fue firmado el acuerdo de paz.

En una primera fase del conflicto, EE.UU. apoyó al Gobierno musulmán en Jartum, que impuso en los territorios bajo su control la ley coránica, lo cual no hizo más que intensificar la lucha, pero en 1989 en el norte musulmán de Sudán se produjo un golpe militar que derivó en la llegada al poder de islamistas aún más radicales. Esta vez, Washington decidió apoyar a los rebeldes del sur.

“El hallazgo de un yacimiento de petróleo en Sudán en 1990 por parte de la compañía estadounidense Chevron no hizo más que echar más leña al fuego”, escribe Alexánder Sharkovski, analista del portal nvo.ng.ru, quien destaca el carácter más violento de la guerra en las zonas con presencia de petróleo.

Los combates dificultaban la actividad de los magnates estadounidenses, y en 1994 EE.UU. presionó a las partes del conflicto para que firmaran una nueva estructura estatal. Sin embargo, los dirigentes del norte musulmán no accedieron y los servicios secretos de EE.UU. orquestaron disturbios, encabezados por una fuerte oposición, apoyada por Occidente, recuerda Sharkovski.

En 2005 fue firmado el acuerdo de paz y empezó el proceso de transición, que culminó con la independencia de Sudán del Sur. Sin embargo, la ansiada paz no ha llegado a ninguno de los dos países.

Según Sharkovski, Washington suministra apoyo, incluido el militar, a los dos Estados, y los dos países, a pesar de sus ricos recursos, dependen en gran medida de la ayuda estadounidense. “Ambos países están sumidos en la pobreza y la corrupción, y sufren sus consecuencias”, lamenta el analista. 

Etiopía, bajo constante presión del ‘aliado’

Etiopía, vecina de Sudán, también ha pasado por periodos difíciles en su historia, una historia que también ha sido marcada por la influencia de EE.UU.

En 1993, el país se dividió en dos, Etiopía y Eritrea. En 1996, bajo la presión de EE.UU. y dos años antes de empezar una guerra entre sí, las fuerzas terrestres de Eritrea y Etiopía participaron en la guerra civil de Sudán, apoyadas por la Fuerza Aérea de EE.UU.

Después del 11 de septiembre 2001, los servicios de inteligencia norteamericanos crearon en Etiopía un campamento para entrenar a los combatientes de la oposición somalí. También abrieron aeródromos en el país para  operaciones aéreas tradicionales y con aviones no tripulados contra Somalia y Yemen.

Así, desde 2011 EE.UU. ha tenido una base de drones militares en Arba Minch, en el sur de Etiopía.

En 2006, también bajo presión estadounidense, Etiopía envió tropas a Somalia, que siguen presentes allí en la actualidad.

Intervención en Somalia

A principios de los años 90 Somalia fue escenario de una caótica guerra civil y de una catástrofe humanitaria.

En 1992, como parte de la operación de la ONU Restaurar la Esperanza, George H. W. Bush envió al país 28.000 soldados. La misión la amplió el sucesor de Bush, Bill Clinton, para hacer frente a algunos señores de la guerra considerados responsables de los disturbios y el caos en el país.

En octubre de 1993, los guerrilleros somalíes organizaron una emboscada contra la Fuerza de Reacción Rápida de EE.UU. Como resultado de la batalla fueron derribados dos helicópteros estadounidenses UH-60 Black Hawk, 18 militares murieron, más de 70 resultaron heridos y Bill Clinton anunció la retirada de las fuerzas estadounidenses del país.

Para comienzos de 2000, en Somalia cobró fuerza la Unión de Cortes Islámicas (UCI), un grupo radical que recibía apoyo de Arabia Saudita y otros países del Golfo.

Ante esta amenaza, los representantes de la inteligencia de EE.UU. persuadieron y financiaron a los señores de la guerra somalíes para que crearan una alianza contra la Unión (la Alianza para la Restauración de la Paz y Contra el Terrorismo, ARPCT), campaña que provocó duras críticas entre los funcionarios norteamericanos ya que, según argumentaban, socavó todos los esfuerzos antiterroristas en Somalia, informó entonces ‘The New York Times‘.

La alianza creada gracias a EE.UU. estaba profundamente dividida y era poco eficaz, y en julio de 2006 las fuerzas de la Unión de Cortes Islámicas tomaron Mogadiscio, la capital de Somalia. En diciembre, ya controlaban todo el territorio del país.

El 21 de diciembre de 2006 comenzó oficialmente la guerra entre Somalia, bajo el control de la UCI, y Etiopía, que apoyó a las fuerzas del Gobierno Transicional de Somalia y de los gobiernos de las regiones autónomas de Puntland y Galmudug.

En enero de 2007 EE.UU., apoyado por el entonces presidente somalí, Abdullahi Yusuf Ahmed, intervino directamente en la guerra, lanzando ataques aéreos contra los supuestos líderes de Al Qaeda en este país y la UCI.

En agosto de 2008, el grupo radical Al Shabaab se escindió de la UCI y emprendió una guerra contra la coalición creada por EE.UU. que dura hasta hoy. El grupo, que colabora con organizaciones terroristas como Al Qaeda, está tratando de derrocar al Gobierno de Mogadiscio respaldado por Occidente e imponer su propia versión estricta de la ley islámica en el país, mientras que el Gobierno Transicional sigue sin lograr unidad y resistiendo únicamente gracias al apoyo de Etiopía.

A principios de 2014, EE.UU. desplegó casi dos docenas de tropas regulares en el país para entrenamiento y asesoría.

Además, en julio de 2014, Washington reveló que había mantenido presencia militar secreta en Somalia durante los últimos siete años. Un destacamento variable de hasta 120 militares que incluía miembros de las fuerzas especiales permanecía en el país.

Como resultado de la constante intervención norteamericana, “los Gobiernos de los países del Cuerno de África –Sudán, Sudán del Sur, Somalia y Etiopía– se han visto entre la espada y la pared, y ahora dependen totalmente de la ayuda de Estados Unidos”, opina Alexánder Sharkovski.

Tropas en otros países africanos

En 2014, ‘The Washington Post’ publicó un sorprendente mapa que revelaba en qué naciones subsaharianas había presencia militar estadounidense involucrada en operaciones militares reales.

Según indicó el rotativo, este hecho podría ser descrito como “una creciente guerra en la sombra” contra los afilados de Al Qaeda y otros grupos militantes.

Aparte de los casos ya mencionados, el mapa incluía los siguientes países:

Burkina Faso

Desde el año 2007 EE.UU. tiene una base en la capital, Uagadugú, que actúa como centro de una red de espionaje estadounidense en la región. Los aviones espía salen de la base para volar sobre Malí, Mauritania y el Sáhara en busca de los combatientes de Al Qaeda del Magreb Islámico.

República del Congo

Las tropas de EE.UU. en este país ayudan a la nación en la búsqueda de miembros de la guerrilla ugandesa Ejército de Resistencia del Señor, dirigida por Joseph Kony.

República Centroafricana

En abril de 2013 EE.UU. tenía alrededor de 40 tropas en este Estado que ayudaban a la búsqueda del Ejército de Resistencia del Señor.

Chad

En mayo de 2014, Washington anunció que enviaría 80 tropas al país para que colaboraran en la búsqueda de las niñas nigerianas secuestradas por el grupo terrorista islamista Boko Haram.

Yibuti

El Ejército de EE.UU. tiene una gran base conocida como ‘Camp Lemonnier’ en el Aeropuerto Internacional de Yibuti-Ambouli. Allí permanecen alrededor de 4.000 militares, así como una gran cantidad de aviones y drones.

Kenia

En la instalación denominada ‘Camp Simba’, cerca de la frontera con Somalia, hay alrededor de 60 militares desde noviembre de 2013.

Níger

En 2013 la Fuerza Aérea de EE.UU. estableció una base de drones en la capital, Niamey. La Casa Blanca declaró que en la base hay alrededor de 100 militares en una misión de “recopilación de inteligencia”.

Nigeria

A principios de mayo de 2014 un pequeño equipo de soldados norteamericanos y asesores civiles fue desplegado en Nigeria para unirse a la búsqueda de las niñas secuestradas por Boko Haram. Esas tropas se unieron a alrededor de 70 militares en Nigeria, 50 de ellos asignados regularmente a la Embajada de EE.UU., y 20 infantes de marina que realizaban entrenamientos.

Uganda

EE.UU. tiene una base en la ciudad de Entebbe, desde la cual vuela un avión de vigilancia PC-12 en busca del Ejército de Resistencia del Señor. El número total de tropas norteamericanas en Uganda es de alrededor de 300, y están oficialmente en el país para “proporcionar información, asesoramiento y asistencia” a una fuerza de la Unión Africana en busca de Kony.

Los objetivos de EE.UU. en África

Los estadounidenses incluyen a África en la zona de sus intereses vitales. En 2008, por ejemplo, se creó el Comando Especial Africano de las Fuerzas Armadas de EE.UU. (AFRICOM). La importancia estratégica de África es evidente y va desde las vías navales del canal de Suez y el Cuerno de África hasta los recursos naturales del continente.

En opinión de muchos expertos, EE.UU. realmente necesita mantener sus posiciones en África ya que si no toma medidas, en un futuro próximo será ‘expulsado’ del continente.

Además, algunos analistas apuntan que el mantenimiento de la influencia en el continente es el ‘último recurso’ de Barack Obama para salvar su reputación asociada de alguna manera con los fracasos de su política exterior.

“La política exterior del presidente estadounidense es considerada por numerosos expertos un fracaso total, (…) por lo que Obama todavía tiene que mostrar al menos algunos progresos en este ámbito”, opinó el analista político Piotr Akópov en un artículo en el portal ruso Vzgliad tras la cumbre en la que participaron el mandatario estadounidense y 47 jefes de Estado africanos en la capital de EE.UU. en agosto de 2014.

Finalmente, la cumbre fue vista por muchos como una manifestación del intento de EE.UU. de oponerse al avance de competidores, sobre todo China, en el continente negro.

Los rivales de EE.UU. en África

China, el principal rival por la influencia en África

USchAfr.pngEl principal rival de los países occidentales, sobre todo EE.UU., en la lucha por las esferas de influencia en África es China, cuya campaña en el continente comenzó hace un cuarto de siglo. Aunque los chinos comenzaron a establecer relaciones en los años sesenta, antes del inicio de los años noventa no contaban con los recursos necesarios para aumentar significativamente su peso en el continente.

Los recursos naturales de África son vitales para el rápido crecimiento del gigante asiático, y durante los últimos años Pekín ha sido capaz de hacer un progreso considerable en su expansión por el continente. Desde el año 2000 China organiza cumbres similares a la de EE.UU, y el volumen de comercio entre China y África en 2014 ya duplicaba la balanza entre EE.UU. y África.

La posición general de Occidente en África es todavía más influyente que la de China. Por ejemplo, Francia controla prácticamente todo el sistema financiero de los Estados de África Occidental, pero el poder de China realmente preocupa a los representantes de los países occidentales.

Rusia vuelve a ganar terreno en el continente africano

La URSS en su momento invirtió una gran cantidad de dinero y esfuerzo en el continente. De 1960 a 1990, la Unión Soviética fue la fuerza más importante en el continente africano porque los países liberados del colonialismo buscaban ayuda para llegar a ser realmente independientes.

La URSS les dio lo que pedían: préstamos, equipos y la construcción de infraestructura. El entendimiento ideológico también fue importante, ya que muchos países optaron por el camino socialista, el único que les daba la oportunidad de liberarse de los dictados de Occidente.

Aunque con el colapso de la URSS los rusos abandonaron casi completamente África, a principios de los años 2000 comenzó un retorno gradual al continente. Actualmente las principales empresas mineras de Rusia trabajan en Angola, Guinea, Namibia, Nigeria y Sudáfrica. En general, las posiciones de Rusia son más potentes en el sur del continente.

La espiral de la historia

Las bases de muchos de los problemas actuales de África fueron creadas por los colonizadores, sostiene en su artículo Alexánder Sharkovski.

Según explica el analista, los europeos “lo remodelaron todo a su manera”, sin tener en cuenta las tradiciones locales, las relaciones sociales y las características culturales de los países africanos, y “entonces colocaron una bomba de relojería que se ha activado ahora”.

“Hoy en día, los países occidentales, en primer lugar, EE.UU. y las corporaciones multinacionales que explotan África y sus recursos, están aprovechando la situación de crisis creada gracias a los esfuerzos de estos mismos países occidentales”, opina el autor del artículo, explicando que “los debilitados Gobiernos nacionales, uno tras otro, se encuentran en una situación de dependencia del apoyo de EE.UU. y sus aliados”.

En opinión del analista, la política actual de Occidente hacia África evoca la del Imperio británico, basada en el principio de ‘divide y vencerás’, y otra analogía relaciona a EE.UU. con las políticas del Imperio romano.

“Todos sabemos qué pasó después. Y no olvidemos que la historia tiende a repetirse”, concluye el experto.

En la elaboración del material se han utilizado los archivos multimedia de RT, RIA Novosti, Reuters y AFP.

Diseño de Ivan Sérbinov

Fuente: RT