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mercredi, 19 mai 2021

La Normandie à la rencontre de son héritage patrimonial par la reconnaissance de ses parlers traditionnels

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La Normandie à la rencontre de son héritage patrimonial par la reconnaissance de ses parlers traditionnels

par le RÉSEAU CITOYEN DU CERCLE NORMAND DE L’OPINION

Les parlers traditionnels en Normandie que l’on désigne couramment sous le nom de langue normande sont pratiqués encore par quelques dizaines de milliers de locuteurs actifs ou occasionnels.

L’UNESCO considère que cette langue est sérieusement en danger. La récente loi votée par le Parlement – qui marque un progrès notable en faveur des langues régionales – ne lui reconnaît pas une réalité suffisante pour qu’elle puisse être admise par l’État dans le Code de l’Éducation, lui permettant la possibilité d’un enseignement immersif dans les écoles publiques.

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C’est une occasion manquée et c’est une faute. La Fédération des associations pour la langue normande (FALE) s’en émeut et a reçu l’appui d’Hervé Morin, président de la région Normandie : ils interpellent le président de la République à ce sujet, réclamant à tout le moins un traitement identique à celui accordé à toutes les autres langues d’oïl.

Ces dernières étant constitutives du Français officiel qu’elles ont fécondé, il serait certainement possible que, dans le cadre du grand projet de promotion de la francophonie en gestation au château de Villers-Cotterêts en cours de restauration, il fût fait une place de choix à la langue normande.

Pourquoi ?

Parce que, par deux fois au moins (XIIIe et XVIIe siècles), la Normandie donna le ton et la prééminence de son vocabulaire et de sa syntaxe à la littérature française et que – particularité insigne – elle fut aussi à l’origine de près de la moitié du vocabulaire de la langue anglaise. Ce que l’on appelle curieusement « l’anglo-normand » n’a d’anglais que l’origine insulaire du normand utilisé par l’élite de la société britannique depuis la conquête de notre Duc Guillaume.

En ces temps de Brexit, où des deux côtés du Norman Channel, on cherche de nouvelles affinités et de nouvelles accointances, il serait peut-être raisonnable que l’on se référât aux parentés linguistiques et historiques : la Normandie a, en ce domaine, plus que son mot à dire.

Drapeau-Normand.pngQuoi qu’il en soit – malgré le mépris affiché par certains milieux au jacobinisme dépassé (Nous pensons, on l’aura compris, au maire de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol, qui s’insurgea contre la volonté régionale de promouvoir les panneaux et autres signalétiques en langue normande) – il convient de soutenir les efforts de la Région en faveur d’une redécouverte et d’une utilisation de la langue normande. Soutien aussi à la diffusion des dictionnaires bilingues franco-normands. Soutien encore à la création d’un Conseil scientifique pour la langue normande et la mise en perspective d’une bibliographie aussi complète que possible des œuvres littéraires en normand.

Quant à l’enseignement… Il suffirait déjà que les autorités académiques encourageassent l’enseignement toujours possible de la culture régionale, tel que prévu par la circulaire Savary de 1982…

Mais ceci est une autre histoire…

Réseau citoyen du Cercle normand de l’Opinion

• D’abord mis en ligne sur TVNC, le 16 avril 2021.

Le conflit en Ukraine se calme-t-il à nouveau?

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Le conflit en Ukraine se calme-t-il à nouveau?

Petru Romosan

Ex : https://flux.md/

Alors qu'aux États-Unis, le policier Derek Chauvin a été condamné pour la mort accidentelle de George Floyd (c'est ainsi que les violentes manifestations de BLM et d'Antifa ont débuté), en Russie, Vladimir Poutine a prononcé un long discours (une heure et demie) sur l'état de la nation lors de sa première apparition publique après le déclenchement de la pandémie. Poutine s'est montré longuement préoccupé, avec des chiffres et des plans, par le sort des familles, des enfants, des élèves et des étudiants (ce que Klaus Iohannis et Florin Câțu ne font pas), par la promotion de l'enseignement scientifique et technique, et a attiré l'attention sur les lignes rouges que la Russie n'acceptera pas de voir franchies. Les lignes rouges sont fixées par la Russie elle-même et elle ne se sent pas obligée de les annoncer à l'avance. Le président russe a menacé de riposter plus durement que jamais et s'est plaint que les attaques et les sanctions contre la Russie soient devenues un sport pour l'Occident, une banale habitude. Un commentateur de Moscou a souligné que les citoyens russes sont fatigués de la géopolitique et veulent avant tout augmenter leurs revenus.

Mais le conflit toujours gelé dans le Donbas (le bassin de Donetsk), dans l'est de l'Ukraine, prend de l'ampleur chaque jour. Joe Biden a proposé au président russe une rencontre dans un pays tiers, ce que Vladimir Poutine semble avoir accepté. Par ailleurs, une conférence sur le climat et l'écologie aura lieu à l'initiative des États-Unis, où le président américain veut faire oublier l'initiative de son prédécesseur Donald Trump de dénoncer le traité de Paris. Le président chinois Xi Jinping et, apparemment, le président russe Vladimir Poutine seront également présents (virtuellement, via Internet). Le président Joe Biden pourrait annoncer dans les prochains jours la reconnaissance du massacre des Arméniens en 1915-1916 en Turquie, un geste qui risque de faire exploser les relations des Etats-Unis avec son principal partenaire de l'OTAN, la Turquie.

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Bien que le président ukrainien Volodimir Zelenski, son premier ministre Denis Shmihal et les groupes néonazis ukrainiens fassent tout leur possible pour déclencher un conflit ouvert avec la Russie, les Russes ne semblent pas vouloir se laisser entraîner aussi facilement dans une guerre avec l'Ukraine (soutenue par les États-Unis, le Royaume-Uni et l'OTAN). Pour les Russes, il y a d'autres solutions que la guerre. Par exemple, la Russie, en plus d'accorder des passeports russes aux russophones orthodoxes de l'est de l'Ukraine (plus de 600.000 passeports pour une population de 4,6 millions d'habitants), peut organiser un important transfert de population à l'intérieur de ses frontières actuelles. Bien que la Russie ait signalé à plusieurs reprises qu'elle ne considérait pas l'Ukraine comme viable entre les frontières tracées par Lénine, Staline et Khrouchtchev (notamment à Bucarest lors du sommet de l'OTAN de 2008), elle peut attendre pour ajouter l'est de l'Ukraine (Donbass) et la côte de la mer Noire au sud de l'Ukraine, comme elle l'a fait avec la Crimée en 2014.

En tout cas, si l'Ukraine et son président "militariste" parviennent finalement à déclencher la guerre, il est certain que l'Ukraine actuelle ne restera pas entière. La Roumanie n'a aucune raison de signer de nouveaux traités avec l'Ukraine ou d'expulser (à une éventuelle demande britannique, américaine ou de l'OTAN) des diplomates russes, comme l'ont déjà fait les Polonais, les Tchèques et les Bulgares. Tant que les territoires roumains (Transcarpathie, Bucovine du Nord, région de Tchernivtsi, Bugev, région d'Odessa) seront habités par quelque 600.000 Roumains, dont l'identité et la langue ne sont plus respectées, la Roumanie ne devrait rien avoir à négocier avec l'Ukraine. Les politiciens qui signent de tels actes signent également leur propension à des compromis éternels, qui peuvent également être associés à des sanctions politiques assez concrètes dans un avenir pas trop lointain. Nous verrons à cette occasion si nos représentants servent les intérêts roumains ou appartiennent à des puissances étrangères, bien qu'elles soient "partenaires". Nous verrons si le "facteur interne" est submergé par le "facteur externe" ou, pire encore, si le "facteur interne" ne s'est pas entièrement métamorphosé en "facteur externe", comme il l'a fait dans les années 50, du côté des Soviétiques et des Russes. En tout état de cause, en tant que voisin direct, la Roumanie ne peut s'impliquer dans une guerre entre l'Ukraine et la Russie. Et n'oublions pas que l'Ukraine n'est pas membre de l'OTAN et, comme les Russes l'ont clairement indiqué, ne le sera jamais.

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Des commentateurs avertis, comme l'analyste militaire italien Manlio Dinucci (directeur exécutif pour l'Italie de l'Organisation pour la prévention de la guerre nucléaire - prix Nobel de la paix en 1985 - et auteur de premier plan en matière de géopolitique), suivent également de près les mouvements militaires des États-Unis et de l'OTAN, et pas seulement ceux de la Russie, comme le fait la presse roumaine: "Ces manœuvres militaires et d'autres qui transforment l'Europe en une grande garnison provoquent une tension croissante avec la Russie, centrée sur l'Ukraine. L'OTAN, après avoir désintégré la Fédération yougoslave en enfonçant le couteau de la guerre dans ses fractures internes, se pose maintenant en chevalier de l'intégrité territoriale de l'Ukraine. Le président du Comité militaire de l'OTAN, le Britannique Stuart Perch, chef de la Royal Air Force, a déclaré, lors de sa rencontre à Kiev avec le président Zelenski et le chef d'état-major Homciak, que "les alliés de l'OTAN sont unis pour condamner l'annexion illégale de la Crimée par la Russie et ses actions agressives dans l'est de l'Ukraine". Il a ainsi répété la version selon laquelle la Russie avait annexé la Crimée par la force, ignorant le fait que les Russes de Crimée avaient décidé par référendum de se séparer de l'Ukraine et d'appartenir à la Russie afin d'éviter d'être attaqués, comme les Russes du Donbass, par les bataillons néonazis de Kiev. Les mêmes bataillons utilisés en 2014 comme troupes d'assaut lors de l'émeute de la place Maidan, amorcée par des snipers géorgiens tirant sur les manifestants et les policiers, puis dans les actions qui ont suivi : villages brûlés et ensanglantés, militants brûlés vifs dans la Maison des syndicats à Odessa, civils désarmés massacrés à Marioupol ou bombardés au phosphore blanc à Donetsk et Lougansk. Un coup d'État sanglant géré par les États-Unis et l'OTAN dans le but stratégique de provoquer une nouvelle guerre froide en Europe afin d'isoler la Russie et de renforcer en même temps l’influence et la présence militaire des États-Unis en Europe [...].

Ce n'est pas une coïncidence si le conflit au Donbass a été ravivé lorsque Antony Blinken est devenu secrétaire d'État au sein de l'administration Biden. D'origine ukrainienne, M. Blinken a été le principal organisateur de l'émeute de la place Maidan en vertu de son rôle de conseiller adjoint à la sécurité nationale dans l'administration Obama-Biden. Biden a nommé Victoria Nuland, coorganisatrice de l'opération américaine de 2014 qui a coûté plus de 5 milliards de dollars pour installer le "bon gouvernement" (de son propre aveu) en Ukraine, au poste de secrétaire d'État adjointe. Il n'est pas exclu qu'il y ait maintenant un plan: promouvoir une offensive des forces de Kiev dans le Donbass, soutenue de facto par l'OTAN. Cela placerait Moscou dans un choix qui donnerait de toute façon un avantage à Washington: laisser les populations russes du Donbas se faire massacrer ou intervenir militairement pour les soutenir. Quelqu'un joue avec le feu, et pas au sens figuré, en allumant la mèche d'une bombe au cœur même de l'Europe [...]" (cf. "Ukraine, bombe USA en Europe", mondialisation.ca, 13.04.2021).

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"L'escalade n'est pas seulement verbale. La veille du Conseil de l'Atlantique Nord, l'armée américaine en Europe a déclaré que, étant donné qu'elle devait recevoir deux nouvelles unités opérationnelles dans les mois à venir, elle conserverait trois bases en Allemagne qu'elle était censée rendre au gouvernement allemand. Le lendemain, au Conseil de l'Atlantique Nord, les États-Unis ont annoncé un accord avec la Norvège lui permettant de disposer de quatre bases aériennes et navales à sa frontière avec la Russie. Entre-temps, le destroyer américain Arleigh Burke est arrivé en Europe, après avoir été modernisé pour "augmenter sa portée et sa capacité d'armement". "L'Arleigh Burke est l'un des quatre lanceurs de missiles déployés à l'avant et appartenant à la 6e flotte, qui opère principalement en mer Baltique et en mer Noire sous le commandement des forces navales américaines en Europe (dont le quartier général se trouve à Naples-Capodichino). Ces navires sont équipés de lanceurs verticaux Mk 41 produits par Lockheed Martin. Ils peuvent envoyer (selon les spécifications techniques officielles) "des missiles avec toutes les missions possibles: anti-aériennes, anti-navires ou attaques sur des cibles terrestres". Ces derniers, qui comprennent les missiles Tomahawk, peuvent transporter des ogives conventionnelles ou nucléaires. Incapable de savoir lesquels, la Russie estime que des missiles d'attaque nucléaire se trouvent à bord de ces navires à proximité de son territoire. Alors que Londres indique également qu'elle enverra une unité de lancement de missiles en mer Noire, Moscou annonce qu'aucun navire de guerre étranger ne sera autorisé à traverser les eaux territoriales russes dans trois zones de la mer Noire entre le 24 avril et le 31 octobre. La situation sera encore plus tendue lorsque les manœuvres américano-ukrainiennes Sea Breeze auront lieu dans la mer Noire en été, avec la participation d'autres pays membres de l'OTAN avec plus de 30 navires et un soutien aérien (avions, hélicoptères et drones)" ("Les ordres des États-Unis contre la Russie: L'Italie au garde à vous", mondialisation.ca, 20.04 2021).

La guerre en Ukraine, bien que les Ukrainiens aient abandonné les accords de Minsk et attaquent par intermittence les régions séparatistes de Donetsk et de Lugansk, n'a pas encore commencé. L'Allemagne, par la voix d'Angela Merkel, a fermement annoncé qu'elle n'avait pas l'intention d'arrêter le projet Nord Stream 2 (l'une des principales raisons de la discorde). Et malgré tous les grands mouvements de troupes et d'armes, malgré les innombrables déclarations belliqueuses, la paix peut encore être sauvée. La diplomatie (ouverte ou secrète) n'a pas encore été totalement abandonnée. Vladimir Poutine et la Russie ont montré leur volonté de parler à tout le monde, en particulier à leurs adversaires. Mais peut-être moins avec le pouvoir de Kiev, qui est considéré comme manquant d'autonomie. Le ministre russe de la défense, le général Sergei Shigu, a révélé le 22 avril 2021 que la Russie avait ordonné au commandement de ses forces armées de ramener les troupes dans leurs bases permanentes à partir du vendredi 23 avril 2021, après des exercices militaires en Crimée et en mer Noire.

Petru Romosan.

mardi, 18 mai 2021

Cancel culture? "Ils sont comme le ministère de la Vérité d'Orwell"

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Cancel culture? "Ils sont comme le ministère de la Vérité d'Orwell"

Entretien avec Giuseppe Culicchia

Source : Il Giornale & https://www.ariannaeditrice.it/

Jamais banal, auteur de romans importants, capable d'aller de l'imagerie pop à la satire en passant par l'intimisme non mièvre, et bien plus transgressif que les auteurs réputés comme tels mais qui font ensuite la queue pour obtenir une Strega en embrassant la carte sainte de Berlinguer. Je parle de Giuseppe Culicchia, je suis au téléphone avec lui pour discuter, et je lui pose quelques questions sur le politiquement correct et son environnement.

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La biographie officielle de Philip Roth retirée parce que son auteur est accusé de harcèlement, un grand scientifique libéral comme Richard Dawkins accusé de transphobie, l'autobiographie de Woody Allen bloquée par son éditeur initial. Elisabetta Sgarbi a déclaré que l'effacement et les cultures sont deux mots qui ne vont pas ensemble. Votre E finsero felici e contenti me vient à l'esprit. Cette fiction devient-elle dangereuse ou pensez-vous qu'elle deviendra si ridicule qu'elle s'autodétruira ?

"La soi-disant ‘’culture de l'annulation’’ est ridicule et dangereuse. Ridicule parce que cela n'a aucun sens de mettre à l'index certains livres ou films pour des raisons de comportement sexuel ou d'idées sur les droits des auteurs, ou de modifier ou d'interdire des classiques parce qu'ils ne sont pas conformes à l'air du temps. Accuser Les Aventures de Huckleberry Finn ou Au cœur des ténèbres de racisme parce que le mot "nègre" y figure ou en raison de la manière dont les peuples africains y sont décrits est tout à fait surréaliste; Mark Twain a lutté pour l'abolition de l'esclavage, Conrad a écrit le réquisitoire le plus féroce contre le colonialisme. Dangereux parce que rayer de notre passé les choses que nous n'aimons pas, au lieu de les étudier et de former une pensée critique, signifie simplement s'empêcher de comprendre non seulement la littérature ou le cinéma, mais aussi l'Histoire dans sa complexité".

Parlons du féminisme. Dès que vous objectez quelque chose à une femme, vous êtes un misogyne. Mais elles, par exemple Murgia ou Valerio ou beaucoup d'autres encore, peuvent facilement dire que tous les mâles sont comme les fils de mafiosi. Il me semble qu'il y a au contraire un problème de misandrie. En plus du fait que si vous enlevez le féminisme à ces champions du féminisme, il ne reste rien. Ils ne sont certainement pas des exemples d'excellence.

"Quand je pense au féminisme, je pense à un essai que j'ai lu et qui m'a éclairé quand j'étais petit, Dalla parte delle bambine (Du côté des filles), d'Elena Gianini Belotti, ou au roman Cassandra de Christa Wolf, ou à des figures comme Angela Davis et Leni Riefenstahl. Je suis né homme, blanc, hétérosexuel, et je suis devenu père: franchement, la seule chose dont je me sente coupable en tant qu'individu est d'avoir donné naissance à des enfants dans ce monde tel qu'il est. Mais ce sont deux beaux enfants, j'ai confiance en eux et dans le fait qu'ils sauront, entre autres, respecter les femmes. Parce que le respect est fondamental, et non seulement en théorie mais aussi en pratique, il doit être mutuel".

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À ce rythme, ils en viendront à interdire toutes les œuvres d'art et pas seulement elles. Le politiquement correct veut changer les dictionnaires en effaçant les mots. Le mot "N", le mot "F", on dirait qu'on vit dans une croisade de mots croisés.

"Effacer les mots" est, sans surprise, le travail de Syme, le fonctionnaire du ministère de la Vérité qui, dans le 1984 d'Orwell, est chargé de compiler le dictionnaire de la novlangue. Mais l'utilisation déformée des mots remonte à loin et ne concerne pas seulement les minorités: pensez au monde du travail, où les licenciements sont devenus des ‘’redondances’’, ou aux euphémismes utilisés à l'époque par le journalisme de guerre, où les victimes civiles ont été transformées en ‘’dommages collatéraux’’. Pour revenir au domaine de la comédie, demander à un comédien de suivre le manuel du politiquement correct, c'est non seulement lui coller les bras mais l'empêcher de faire son travail. Et comme toujours, en Italie, il y a deux poids et deux mesures: aujourd'hui, par exemple, le body-shaming est fortement condamné lorsqu'il s'adresse à une personnalité publique de gauche, mais depuis vingt ans, la cible est un homme de droite et personne n'a fait de bruit".

Vous êtes également le traducteur de Bret Easton Ellis, qui s'est également élevé contre le politiquement correct. Il me semble qu'aux États-Unis, la situation est pire qu'ici.

500046.jpg"Le fait que le politiquement correct et la culture du cachet soient nés aux États-Unis n'est pas une coïncidence: c'est le pays de l'individualisme et du narcissisme le plus exaspéré, et il suffit de relire ou même de lire The Culture of Complaint de Robert Hughes pour avoir une idée des racines d'un phénomène qui a pris naissance sur les campus de ces universités où même l'Iliade est ridiculement et dangereusement éliminée des cours parce qu'elle est sexiste, chauvine, violente et patriarcale. Dans notre pays, après tout, il y a ceux qui voudraient faire de même avec la Divine Comédie, même pendant l'année de Dante".

Comme chacun le sait, je suis à moitié pédé, au moins de moi-même je peux le dire ?

"Je dirais que oui, j'ai des amies qui se disent tranquillement ‘’salopes’’. Le fait est, et la récente controverse née de l'affaire Rai/Fedez en est une démonstration claire, que le discours sur les droits des minorités a totalement occulté celui sur les droits des travailleurs. Le fait que le 1er mai on parle d' ‘’homotransfobia’’ au lieu du drame d'un pays qui a vu non seulement la perte de 900.000 emplois mais aussi l'annulation de tout projet d'avenir possible pour des générations entières qui, après l'introduction des lois sur le travail précaire, ne peuvent espérer qu'un stage de 600 euros par mois, sans parler de ceux qui sont réduits à travailler gratuitement juste pour ajouter un peu d'expérience à leur curriculum, est emblématique. Mais là encore, les politiques libérales ont été adoptées par le plus grand parti de ce qui était autrefois la gauche, alors pourquoi être surpris? Les droits civils, les migrants, l'antifascisme donnent l'impression d'être autant de feuilles de vigne pour ceux qui ont réellement introduit le travail précaire en Italie avec le fameux paquet Treu, en 1997, lorsque Romano Prodi était au gouvernement. Et puis nous nous plaignons de la fuite des cerveaux, ou nous sommes scandalisés parce que les coursiers d'Amazon ne peuvent même pas aller aux toilettes".

La planète Terre a quatre milliards et demi d'années, la vie sur Terre existe depuis quatre milliards d'années, mais nous nous inquiétons de ce que nous faisons à la planète au cours des cinquante dernières années et de la façon dont les êtres humains vivront dans cent ans. Vous êtes passionné par l'avenir de l'humanité ?

"J'avoue qu'il y a une grande curiosité en moi: le monde est un entrepôt d'histoires, et j'aimerais savoir comment elles vont se poursuivre. Mourir sera comme oublier dans un train le seul exemplaire existant d'un livre qui a commencé par le voyage, avec de très belles pages et d'autres décidément douloureuses, et d'autres encore inutiles, mais globalement très intéressantes. De ce point de vue, ce sera vraiment dommage".

Questions de Massimiliano Parente.

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La philosophie comme mode de vie

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La philosophie comme mode de vie

Natella Speranskaya

Ex: https://syg.ma/@natella-speranskaja/filosofiia-kak-obraz-zhizni

Il y a longtemps que la philosophie a cessé d'être un mode de vie, une manière d'être, pour se transformer en un champ de recherche, en une analyse détachée, en un "discours philosophique" ; elle ne pense plus au primordial, elle ne s'occupe plus de la transformation de la pensée, de la formation de l'esprit et de l'âme, de la transformation intérieure de l'homme. Le Grec ancien s'adonnait à la philosophie, qui était pour lui un choix existentiel, une forme de vie, une manière de penser, tandis que la lecture des œuvres d'Héraclite, de Phérécyde ou d'Empédocle conduit à un "exercice spirituel" (Pierre Hadot), une pratique personnelle volontaire.

Les écrits philosophiques des penseurs de l'époque hellénistique et romaine ne visaient pas à informer, mais à façonner et à transformer la pensée des lecteurs. Pythagore, Platon et Aristote ne philosophaient pas devant leurs disciples pour leur fournir un maximum d'informations, ils s'occupaient exclusivement de former les esprits, ils révélaient à leurs auditeurs d'autres niveaux ontologiques, d'autres modes d'être, en fait ils les poussaient vers une transformation intérieure comparable à celle vécue par les initiés des Mystères.

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Pierre Hadot

Comme le souligne à juste titre Pierre Hadot, les œuvres des premiers penseurs n'étaient pas l'exposition d'un quelconque système (l'idée de philosophie systématique n'apparaît pour la première fois que chez le scolastique médiéval Francisco Suarez); il s'agissait d'"exercices spirituels" visant à la transformation de la personnalité. La philosophie dans l'Antiquité était un mode d'existence qui exigeait de la part du philosophe une transformation intérieure et une implication personnelle à chaque instant de sa vie. Les exercices spirituels impliquaient l'ensemble de l'esprit. Néanmoins, les historiens modernes de la philosophie continuent à aborder la philosophie de l'Antiquité avec les normes du Moyen Âge et du Nouvel Âge, c'est-à-dire qu'ils persistent à la considérer comme une activité théorique et abstraite, mais en aucun cas comme une pratique. La philosophie n'était plus considérée comme un mode de vie. Hadot pensait que c'était une conséquence de l'absorption de la philosophia par le christianisme.

Dans la scolastique du Moyen Âge, la theologia et la philosophia étaient très éloignées l'une de l'autre et la philosophie était reléguée au rang de "servante de la théologie". Ce n'est qu'à la Renaissance que nous avons redécouvert Sénèque, Épictète et, plus tard, Marc-Aurèle, puis aussi Cicéron et l'épicurisme, et que nous avons réalisé que la philosophie pouvait être un mode de vie. Le fait que la philosophie ait cessé d'être un mode de vie avec la montée du christianisme est également écrit par André van der Braak. Il souligne que Nietzsche a cherché à faire revivre l'approche grecque de la philosophie en tant que mode de vie. On peut ajouter à cela que Michel Foucault et Ludwig Wittgenstein ont rejoint ces rangs.

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En ouvrant les œuvres des penseurs anciens, nous devrions une fois pour toutes abandonner l'habitude de leur appliquer le système de valeurs de la modernité. Hors du temps sont les idées, les universaux, mais pas leur compréhension à différentes époques! "Avant, je considérais les textes philosophiques - qu'il s'agisse de textes d'Aristote, de Saint Thomas ou de Bergson - comme s'ils étaient intemporels et que les mots avaient toujours la même signification, indépendante de l'époque. Je me suis rendu compte qu'il fallait prendre en compte l'évolution des pensées et des mentalités à travers les âges", lit-on dans Pierre Hadot. J'ai appris que nous devons tenir compte de l'évolution des pensées et des mentalités au fil des siècles", admet Pierre Hadot. Pour moi, c'est le point de départ. On ne peut pas prendre en compte de la même manière les textes de la philosophie ancienne et ceux de la philosophie moderne". Qu'il s'agisse des dialogues de Platon ou des manuels d'Aristote, des traités de Plotin ou des commentaires de Proclus, les œuvres des philosophes ne peuvent être interprétées sans tenir compte de la situation spécifique dans laquelle elles sont nées : elles sont issues d'une école de philosophie au sens le plus concret du terme, où le précepteur façonne les élèves, en essayant de les conduire à la transformation et à l'accomplissement de soi. Au fond, si toute composition est un monologue, une œuvre philosophique est toujours un dialogue sous une forme implicite; la figure de l'interlocuteur possible est toujours présente", conclut Pierre Hadot. Il conclut en considérant que les textes philosophiques de l'Antiquité étaient toujours destinés à un public restreint et avaient des destinataires bien précis, soit un groupe de disciples, soit un adepte spécifique à qui ils étaient écrits. Par exemple, selon Porphyre, Plotin a produit ses œuvres en réponse aux questions posées par ses auditeurs. L'enseignement de la philosophie au cours des trois siècles, c'est-à-dire de Socrate au premier siècle, était presque toujours présenté selon le schéma question-réponse. Le dialogue en tant que genre philosophique a presque disparu aujourd'hui, remplacé par des traités systématiques. Hadot lui-même est assez sceptique quant à la possibilité de faire revivre de nos jours le caractère dialogique de la philosophie antique. Il estime que cette forme d'enseignement n'est possible que dans des communautés telles que les écoles de l'Antiquité "organisées au nom de la convivialité de la philosophie".

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Pour comprendre ce que Pierre Hadot entend par "exercices spirituels", il faut savoir ce qu'il entend par "Esprit". Il appelle Esprit ce que Plotin appelait l'Intellect, le Nous, la Réalité suprême. Le Nous est ce qui se trouve entre l'Un et le multiple. Pierre Hadot : "Personnellement, je définirais l'exercice spirituel comme une pratique personnelle volontaire destinée à provoquer la transformation de l'individu, la transformation de soi. Avant de se fixer sur l'épithète "spirituel", il a passé en revue différentes options: exercices intellectuels, éthiques, mentaux, exercices de pensée, exercices d'âme, et finalement, dans son intention de parler de la tradition philosophique dans l'antiquité gréco-romaine, il s'est fixé sur les exercices spirituels. Puis il a longuement expliqué ce que ces exercices très spirituels ne sont pas (par exemple, ils ne sont pas synonymes de "théologique" ou de "religieux", car ces derniers n'en sont qu'une partie).

Si Pierre Hadot s'était arrêté à l'épithète "éthique", il aurait dû se lancer dans de longues explications. Comment avons-nous l'habitude d'interpréter le mot "éthique"?

L'éthique est communément considérée comme la doctrine de la moralité et de la vertu, mais prêtons attention au mot grec ancien ἦθος, ethos ("moralité", "disposition", "caractère") et surtout à la célèbre phrase d'Héraclite: ἦθος ἀνθρώπῳ δαίμων (que l'on peut traduire par: "l'ethos de l'homme est son daimon").

Daimon, c'est-à-dire le médiateur entre le monde divin et le monde humain (sans les connotations négatives apparues à l'époque post-antique). Le mot ἦθος a aussi le sens de "demeure". Et qu'est-ce que cette demeure sinon ce point intermédiaire où l'homme et la divinité se rencontrent/se confondent/et/ou se heurtent? Selon Aristote, le point médian est ce que la vertu choisit toujours. C'est sa demeure. "Entre" l'excès et la carence, l'humain et le divin, etc. En fait, lorsque l'immoraliste Nietzsche s'est attaqué à la morale moderne, il l'a fait au nom de la "vertu de style renaissanciste, virtu, une vertu libérée du moralisme". Mais si Hadot avait pris l'épithète "noétique" (pour se tourner vers le grec νόησις pour "penser", νόημα pour "pensée", νοῦς pour " esprit "), son exercice n'aurait pas eu à se distancier des mauvaises connotations associées au concept de "spirituel".

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Selon Hadot, la formation des esprits est le fondement des sciences humaines. La philosophie peut-elle être classée parmi les sciences humaines? Andrei Baumeister souligne que le terme "humanités" est apparu à la Renaissance, au XVe siècle, mais que la philosophie est bien plus ancienne. Peut-elle donc être une science des sciences humaines? Les humanités se concentrent sur l'être humain, sur une compréhension anthropocentrique du monde, alors que la philosophie peut émerger comme une manière de dépasser "l'humain, trop humain".

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Peter Kingsley

Le philosophe contemporain Peter Kingsley a réussi à faire revivre l'approche grecque de la philosophie en tant que mode de vie. Kingsley dit qu'il était EXIGÉ par Parménide, comme il était EXIGÉ par Empédocle. "En retournant dans le monde des présocratiques, en me plongeant dans les textes grecs anciens qu'ils nous ont laissés en héritage, j'ai immédiatement commencé à découvrir quelque chose de tout à fait différent. Ces soi-disant philosophes n'étaient pas des penseurs théoriques ou des escrocs, ils n'étaient pas du tout des rationalistes au sens moderne du terme. Beaucoup d'entre eux se présentaient comme des êtres spirituels extrêmement puissants. Les textes grecs avec lesquels j'ai rapidement été en contact - mal interprétés et mal traduits au cours des siècles - ont montré - lorsque les distorsions et les interprétations déplacées étaient mises de côté - qu'ils représentaient des enseignements spirituels exceptionnels et des techniques de méditation extrêmement puissantes qui pouvaient encore être appliqués et pratiqués aujourd'hui. Je les ai pratiqués moi-même et j'ai ressenti une transformation. Je suis entré en contact avec la lignée de succession et les enseignements des anciens maîtres qui, à l'aube de notre civilisation, ont contribué à façonner le monde occidental et à faire naître notre culture", déclare Peter Kingsley.

John Bussanich écrit: "Il [Kingsley] raconte une conversation qui s'est déroulée au département de philologie classique de l'université de Californie, à Los Angeles, après une conférence sur Parménide. Un représentant du ministère s'est plaint que Kingsley était trop dogmatique et que son interprétation n'était pas meilleure que celle des autres. Kingsley a répondu: "Mais vous et moi ne sommes pas les mêmes. Vous lisez Parménide de manière à pouvoir changer son sens à votre guise. Moi, par contre, j'ai lu Parménide de telle manière qu'il peut me changer’’.

Dans-les-antres-de-la-sagesse.jpgLa notion même de "philosophie" devrait acquérir un autre sens. Rappelez-vous les mots de Nietzsche : "Que les dieux aussi philosophent me semble une pensée digne et pieuse, qui peut donner de la joie même au croyant dévot" ? C'est ce qu'il a écrit dans les brouillons de son livre Dionysos. Expérience de la philosophie divine. On sait que Nietzsche se disait élève du philosophe Dionysos. Sans doute, qu'en philosophant on entre dans la sphère du divin. Et, se référant une fois de plus à Nietzsche, on ne peut s'empêcher de souligner que "tous les philosophes sont des gens qui ont fait l'expérience de quelque chose d'inhabituel". Bien plus tôt, à l'époque de la Renaissance, Pic de la Mirandole avait dit quelque chose de similaire: "Si l'on examine la signification et le sens secret des noms sacrés d'Apollon, on verra qu'ils témoignent que Dieu est un philosophe non moins qu'un devin".

Être philosophe, c'est être celui qui accomplit une action, car la pensée est une action. Si vous n'avez pas encore compris cela, vous n'avez pas encore commencé à penser. Débarrassez-vous de l'idée erronée selon laquelle le philosophe est un employé de bureau qui interagit avec le monde en regardant par la fenêtre et en se livrant à des études académiques sans fin. De même, il faut bannir l'autre notion selon laquelle le fatras sans signification que la plupart des gens produisent est une action.

La philosophie implique une intervention active dans un acte cosmogonique infiniment durable en transformant le monde extérieur, en l'influençant subtilement par l'identification des structures paradigmatiques qui sous-tendent l'univers; la philosophie est, si l'on veut, une tentative de transférer les "images archétypales" du mundus imaginalis dans le monde matériel, le monde des formes.

"Imprimer au devenir les signes de l'être" (comme disait Nietzsche), c'est philosopher, et donc agir.

Le philosophe n'est pas l’homme d’un métier, il est impossible de le devenir. Il s'agit d'une sorte d'assignation ontologique, que l'on réalise ou que l'on laisse s'effacer. Une vieille et belle légende parle de l'ange de la mort, dont les ailes sont constellées d'innombrables yeux. Lorsque l'Ange arrive trop tôt, il se contente de toucher un homme de son aile et, de peur qu'il n'oublie la rencontre, lui donne une paire d'yeux supplémentaire. Des yeux qui regardent la préexistence. La philosophie est donc ce "regard" sur la préexistence. Un philosophe reçoit sa deuxième paire d'yeux en même temps que la première, mais ces yeux ne s'ouvrent pas tout de suite. Ils ont parfois besoin d'un professeur, d'un livre, d'un choc soudain, d'une rencontre avec la mort, d'une expérience du numineux. Les mystères servaient cet objectif dans les temps anciens.

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Nietzsche, qui se sentait contemporain d'Héraclite plutôt que du XIXe siècle, savait que la vraie pensée (et donc, oser penser dangereusement) était une expérience de philosophe divin. La philosophie comme action, comme mode de vie. Dans le livre Nietzsche. Une biographie de sa pensée, Rüdiger Safranski écrit:

"Pour le jeune Nietzsche, la philosophie est une occupation qui envahit puissamment la vie. Elle n'est pas seulement un reflet de la vie, elle contribue aussi à son changement, elle est déjà ce changement elle-même. Penser, c'est agir. Cependant, cela ne fait pas référence à une quelconque pensée et pas à un quelconque penseur. Pour que les vérités soient non seulement trouvées, mais aussi incarnées, il faut ajouter le charisme particulier d'un penseur et le pouvoir vitalisant des idées. Une décennie plus tard, dans Humain, trop humain, Nietzsche qualifiera de tels philosophes, capables d'incarner des idées, de "tyrans de la pensée". Nous en voyons l'exemple le plus classique dans la Grèce antique. Parménide, Empédocle, Héraclite, Platon - tous voulaient "se mettre d'un seul coup au milieu de tout l'être".

Thomas Rohkrämer’s Martin Heidegger: A Political Biography 

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Thomas Rohkrämer’s Martin Heidegger: A Political Biography 

Ex: http://www.counter-currents.com

Thomas Rohkrämer
Martin Heidegger: Eine politische Biographie
Paderborn: Ferdinand Schöningh, 2020

“Heidegger passes the comeback test with the grade of fully satisfactory on both sides.” 

— Carl Schmitt (1950) [1] [2]

“But what is essential is not counting but the right time — that is, the right moment and the right endurance. ‘For,’ as Hölderlin said, ‘the mindful god does detest untimely growth.'” 

— Heidegger, An Introduction to Metaphysics

Céline once said: “Stalingrad. There’s the catharsis for you. The fall of Stalingrad was the end of Europe. There’s a cataclysm. The epicenter was Stalingrad. After that you can say white civilization was finished, really washed up.” [2] [3]

Was he right about that? Stalingrad, the decisive battle for the Germans, was a tragedy and cataclysm, no doubt, but was it really “the end of Europe”? This remark — and this question — have stuck with me since I encountered it here at Counter-Currents last year [4]. It speaks to a problem that I’m most familiar with from the work of Heidegger: Do we have a future?

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At the end of the speech he gave when he assumed the rectorate of Freiburg University in May 1933, Heidegger foretells a future when “the spiritual force of the West fails, cracking in its joints, and its worn-out pseudo-culture collapses upon itself, dragging all forces into confusion and leaving them to suffocate in madness.” At this time, however, the cataclysm is not inevitable, for: “Whether such a thing happens or does not happen, that depends solely on whether we as a historical-spiritual Volk yet still again will ourselves — or whether we no longer will ourselves.” [3] [5] For Heidegger here, to truly “will” (or “want,” wollen, the German word is ambiguous) and assert “ourselves” is much more demanding than a thoughtless, vain, greedy insistence on the importance of one’s identity, power, or interests. For us to want and will ourselves, as a people, requires that we “know who we ourselves are,” and this knowing in turn can come only out of rigorous reflection on our Western historical Being — our heritage, our contemporary situation in its crisis, and our future possibilities — that is, it requires the guidance of a “thinking” of the peculiar sort that we now find at work in all of Heidegger’s writings. But, by the end of the war, in May 1945, it had long been clear that this extraordinarily noble effort at last-ditch resistance had failed.

Where then does that leave us, in Heidegger’s view? For a long time, on the basis of a slight acquaintance with his later work, I was of the opinion that, all-in-all, and despite the vague, dimly hopeful intimations of the future — such as his musings on a “homecoming race” (heimkehrenden Geschlecht) in his reading of poet Georg Trakl [4] [6] — Heidegger basically agreed with Céline: “we’re finished . . . really washed up!” But of late, other writings, such as Contributions to Philosophy (which contains the most focused and extensive reflection on what another, new, beginning or “inception” in our history would involve), along with entries in the recently published Black Notebooks from the late 1940s, make me reconsider this opinion. And now this new “political biography” by Thomas Rohkrämer provides much more support for a revision of our understanding of Heidegger’s postwar work. [5] [7]

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I had in fact given up reading Heidegger biographies decades ago on account of their unbearable, indignant tone, the way they play up the most trivial details of Heidegger’s rectorship for the sake of scandal, and especially their utter obliviousness to what is truly at stake in his political engagement and thinking. The authors of these books almost invariably seem to see themselves as self-appointed officials on Heidegger’s denazification “cleansing committee” (Bereinigungsausschuss), reconvened a half-century later — and in continuous session ever since — to prosecute him for sins that went undetected and unpunished the first time around. But Rohkrämer’s book is altogether different and worthy of your attention if you have interest in Heidegger — and even if you don’t, for it might spark one. (Yes, unfortunately, the book is in German, but perhaps a favorable review at Counter-Currents will induce the publisher to put out a translation sooner rather than later.) 

Rohkrämer’s account is dispassionate and sober, but yet utterly engaging at the same time, the latter by virtue of his keen sense for what the main issues are for Heidegger, as well as a talent for presenting them. He has clearly read — and, I now see, written [6] [8] — much about the men who were grouped together and designated members of the “Conservative Revolution in Germany” (Heidegger, Schmitt, Spengler, Ernst, and Friederich Georg Jünger, among others) on account of their common advocacy of nationalist, elitist, anti-liberal, and generally anti-modern metapolitical ideas in the 1920s and early 30s. 

However serious and deep Rohkrämer’s interest in his subject, he maintains a cool, scholarly, objective distance from it by means, for example, of a most frequent use of the word angeblich (“would-be,” “supposed”), in expositing Heidegger’s opinions (as in, “the Germans are the would-be ‘shepherds of being’”). 

While Rohkrämer is often critical of Heidegger’s ideas, his criticisms are not unduly obtrusive, for they come in the form of questions that illuminate the matter at hand, rather than serve the usual purpose of self-righteous posturing. For instance, in a discussion of Heidegger’s conception of the genuine work of art as something that opens and grounds a “world,” — with a Greek temple the prime example — Rohkrämer not only sees (as most readers do not) that art here is political in that it shapes the outlook of a community, he goes further and points out something absolutely crucial that Heidegger himself does not make explicit: that this community must be ethnically and culturally homogeneous. “A community founding work of art stands in tension with a pluralistic world. Can the ‘Greek paradigm’ again become alive for a multicultural nation, or is there not a clear affinity to a rigorously ordered community which is united in a communal belief?” [7] [9] And then, to elaborate the point, he considers Leni Riefenstahl’s Triumph of the Will and whether it is not the best contemporary analogue of the Greek temple for the way in which helps establish and unify a people.

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Rohkrämer’s treatment of Heidegger on art is just one instance of many where he takes up a theme of Heidegger’s work that is not obviously “political” to many or most readers — religion, “authenticity,” the Greek “inception,” technology are others — and shows how Heidegger’s concern with it is bound up with his radical völkisch metapolitics. This suggests that genuine philosophic thinking itself, for Heidegger, grows out of, or simply is, at root, the highest expression of the care for “one’s own.” [8] [10] 

But what I find most useful about this book is the attention paid to the question of the continuity of Heidegger’s ethnonationalist concerns after the war, which was our initial query here: do the peoples of the West have a future, in Heidegger’s view? Is his work still devoted to “another inception” in our history? And if so, how does he do this, after the war, under the oppressive conditions of the American occupation and the new German Bundesrepublik? And, further, if his focus on preparation for “another inception” is maintained throughout the post-war era, why is there the impression that he has given up serious efforts at the “salvation of the West” that he spoke of so movingly in 1937? [9] [11] This is a large constellation of questions, yes, but one might begin to orient oneself here by considering one question posed in a section title in chapter five, the most rewarding part of Rohkrämer’s book: “Continuity in Change: An Unsuccessful Denazification?” The following discussion is less a review of Rohkrämer’s excellent book, than my own rumination on these matters after an initial reading of the Black Notebooks and other texts from the years of occupation.

But first, what does it mean to speak of “völkisch metapolitics” — what is it that Heidegger is supposed to have “continued” or preserved after the war? For, admittedly, Heidegger never uses such a phrase to describe his own thinking or opinions — indeed he always resists, modifies, calls into question, or rejects altogether the use of such words in the meaning they carry in everyday “public” discourse. This holds true for concepts like “Volk,” “politics,” and “nationalism,” as it does for “being,” “world,” “truth,” “death,” “history,” “present,” “past,” “present,” and “future.” This state of affairs, the “uprootedness” or “fallenness” of all language from a stratum of “primordial” signification, is what makes the work of inquiry, understanding, and clarification both necessary and challenging. In any case, Heidegger articulates what we will call his “nationalist” preoccupations in this 1945 explanation of his motivations at the beginning of the preceding decade: “I then saw in the movement coming to power the possibility for an inner gathering and renewal of the Volk, and a way in which it could find its historical-Western determination.” [10] [12] Heidegger, as far as I can tell, never repudiates this “possibility” of German and Western renewal. However, from early on, he did indeed criticize and come to reject National Socialist public ideology and government policy as a way of actualizing this possibility. In other words, what we might call Heidegger’s ethononationalism is to be distinguished from “what is peddled about today as the philosophy of National Socialism” — although it might coincide with the “inner truth and greatness” of the latter that Heidegger affirmed in 1935 — and then reaffirmed in 1953. [11] [13)

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[14]

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Heidegger’s criticism of National Socialism can be boiled down to two interrelated points. First, aside from whatever virtues they may have possessed, “these people,” i.e., the leaders of “the movement,” were “too naïve” in their thinking (as Heidegger said in his 1966 interview with the magazine Der Spiegel.) [12] [16] There was no one sufficiently “prepared” or “educated” to understand the depth of the problem posed by modern, technological nihilism, and what would constitute an adequate response. Second, despite its initial will to confront technological machination, National Socialism became manifest as just another form of the “will-to-power,” the metaphysics that governs the planet — then and now — and which was most adequately thought and described by Nietzsche and Ernst Jünger respectively. After an intense, decade-long confrontation with Nietzsche, [13] [17] Heidegger concluded that the very “desire to overcome” nihilism, [14] [18] metaphysics, and modernity has paradoxically led the Germans to become more inextricably entangled in its web.

And, aside from these criticisms, Heidegger came to see that it was an “error” on his own part to have not realized that the time for a new beginning had not yet arrived. “The error of 1933 consisted in the fact that it was not recognized how little prepared the forces were, and how little historically suitable.” [15] [19] But he still insists that the decision in 1933 was “essential” and not an error “in the world-historical sense” because the National Socialist regime was never considered to be an ultimate end or goal, but only a transition to something else, and thus an experience that one must first pass through in order to learn the lesson that must be learned. Whatever the error (or errors — Heidegger gives various descriptions of “der Irrtum 1933”), this self-reflection does not occasion regret, self-reproach — and certainly not guilt — but only further inquiry into the origins of the contemporary crisis, with a view to preparation for another commencement. Although this guiding intention remains throughout his life, from at least the late 1920s until his death in 1976, both the sense of what is possible, and the manner in which it can be communicated, changes at certain junctures, most notably in 1945, with the defeat, occupation, and “denazification” of Germany.

imagesMHP.jpgHeidegger’s struggles under persecution during this era are of special interest for us today, given that we all now find ourselves subject to a new stage in what is basically the same process, what Stephen Paul Foster calls “Denazification, American Style [20].” Heidegger can help us confront this problem, for nobody has thought more deeply about this globalist-liberal attempt to irradicate the attachments to “one’s own” — family, Volk, race, community, land, heritage, customs, future — within the peoples of the West, and nobody has done more to prepare for a possible restoration of Western rootedness.

Like most Germans who held official positions in the Third Reich, Heidegger was called before a “cleansing committee,” commissioned to investigate and punish supposed wrongdoings. He recognized that the real aim of the authorities here was to make the Germans feel and think themselves “guilty” in their very being for the suffering that humanity had experienced in the preceding half-century. Heidegger viewed the effect and significance of the occupation, and even the specific efforts to purge him and his work, in the deepest and broadest of terms. “However terrible to bear the destruction and devastation which have descended upon the Germans and their homeland may be, all that never reaches to the self-annihilation which now threatens our being [Dasein] in the betrayal of thinking.” [16] [21] 

This process is to be understood as “self-annihilation” — and not simply the assault of foreign enemies — for a number of reasons. Heidegger’s own case was tried before his university senate, and so, as was typical with denazification tribunals, this was a case of “German against German.” [17] [22] And whereas earlier, in 1937, Heidegger saw Germany and Europe as threatened by the foreign, “the Asiatic” (whatever that means), now after the war it becomes clear that the Americans are most properly viewed as Europeans, and that the destruction of Europe — “the work of the Americans” — is in truth Europe’s “self-destruction.” [18] [23] 

Moreover, as talk of German “guilt” and “disgrace” dominate public life, Heidegger reprises his early critique of the Christian-moral understanding of “guilt” and responsibility as a way in which Dasein evades and conceals from itself a fundamental awareness of its own groundlessness — i.e., that nothing and no one is ultimately responsible for the way things are. [19] [24] He now speculates on how the “artificially staged” discussion of guilt is a “façade” that conceals the true crisis faced by Germany and the West. [20] [25]

So at age 51 — the prime of life for a philosopher and teacher — Heidegger was expelled from university life: forced into retirement, denied a pension, forbidden to take part in university activities, and worst of all, from his own point of view, denied permission to teach students in any capacity. [21] [26] Considering the magnitude of the atrocities suffered under the Americans and Soviets, one might believe Heidegger fortunate. 

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But for Heidegger, this ordeal was experienced not so much as a personal affront and loss, but as the annihilation of the possibility of “thinking” itself, and that means the annihilation of the possibility of any future for Germany and the West. [22] [27] This sense of what is at stake here rests upon Heidegger’s own peculiar understanding of what “philosophy” or thinking “can and must be,” and that is (according to An Introduction to Metaphysics [1935]): “a thinking opening of the paths and vistas of the knowing that establishes measure and rank, in which and out of which a Volk conceives its Dasein in the historical-spiritual world and brings it to fulfillment — that knowing which ignites and threatens and necessitates all questioning and appraising.” [23] [28] 

Along with Fichte, Shelling, and Hegel, Heidegger had considered the German university to be the “innermost determining center” of the Volk, the place where this national educational mission of philosophy is fulfilled. [24] [29] And he accordingly saw that this leadership role would be lost as authentic philosophy was replaced with “ersatz forms,” content to be the slave of “international moralism.” Newly vacant university positions could now be filled by the cultural Marxists who had left the country in the 1930s, and were now free to exact vengeance on Germany and the West, as Heidegger understood them. [25] [30]

For Heidegger, it was not only the Americans who failed to recognize that the destiny of the West depends entirely on the fate of authentic philosophic thinking. Under the “modern orders that have long prevailed” even the “nationalists of both young and old stamp” — and he here seems to include völkisch nationalists and radical conservatives — never acquired an adequate experience of “the world-wide historical determination of the Germans,” because they never seriously reflected on the questions such as: “who are we?” and “what is ‘our own?’” Heidegger now laments this “betrayal” because the Germans who have ascended to power under the victors are stridently hostile to any concern with the German heritage and destiny. 

It is not that they have become indifferent and simply unreflective, rather they have adopted the mission of the enemy: “to pursue like a shadow and hinder every awakening into our own.” [26] [31] Under occupation and denazification, the Germans have made what is most “their own” into their enemy. Heidegger illustrates this now commonplace state of affairs with an odd quotation from an order which Winston Churchill, as Minister of the Navy in WWI, gave to British forces. He directed them to view “their own” vessels as possible enemies: “Be prepared to shadow possibly hostile men-of-war and consider H. M. ships under your command from this point of view.” [27] [32]

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Heidegger believed that he was singled out for special persecution because of the danger that his thinking posed to the global liberal order. In a curious document (composed in 1946, but published posthumously in 2000), which presents itself as an unsent letter to an unnamed friend, Heidegger discloses — to us, readers of later generations — what he deliberately kept secret at the time. He writes, “Along with others, you wonder why my ‘denazification’ is still not finished. That can easily be explained. My being pushed to the side [Beseitigung] basically has nothing to do with Naziism. Rather, they sense something unsettling in my thinking, perhaps something uncanny, and they would like to get rid of it — that they at the same time take an interest in it, is only proof of this. . . . And as sharply as the Russians — i.e., European communistic technicism (which is not Russia) — oppose my thinking, just as clearly is it against the Anglo-American technocracy.” [28] [33] All contemporary ruling powers would thus discern a danger in Heidegger’s thought. 

At the same time, he hints here that beyond or beneath and against the planetary technocracy there lies something like a “secret Russia” — just as he elsewhere suggests that there is a “secret Germany” and a “secret Evening-land” (i.e., the Occident or West), which has not been destroyed in the war, indeed has not yet emerged. [29] [34] In 1945, Heidegger writes, “Everyone now thinks about our downfall [Untergang]. But we Germans cannot go under, because we have not yet arisen and must first pass through the night.” [30] [35] The question we are left with then is: how do “we” make it through the night of the world, how do “we” prepare ourselves for a new morning?

The anonymous — most likely fictive — correspondent appears to have asked why the formal denazification process has not been terminated, as if to inquire, “why is your case taking so long?” But Heidegger’s response to the question seems to rely on a different sense of the word “unfinished.” With their reeducation efforts, the occupation authorities surely intended to elicit from the “guilty” ones a total repudiation and repentance of the thoughts, opinions, commitments, tastes, attitudes, and sentiments that they associate with what they call “Naziism.” If this is so, Heidegger’s “denazification” would never be “finished,” at least in the sense intended by these authorities.

And this seems to be the point Rohkrämer has in mind when he speaks of Heidegger’s “failed” or “unsuccessful” denazification. Rohkrämer provides much evidence of Heidegger’s resistance to the pressure exerted upon him to recant, “apologize,” admit his supposed “guilt” and alter the anti-liberal, anti-democratic, anti-American, nationalist direction of his thinking. Moreover, after the war, in 1945, precisely when the saving justice of American liberalism is supposed to have cleansed the world of the scourge of “German nihilism,” Heidegger writes that we now experience the full “completion of nihilism” and that the possible future recovery has already been announced in, and only in, “the poetic thinking and singing of the Germans.” [31] [36] Whereas in 1934 Heidegger had spoken of the “darkening of the world” (Weltdüsterung) to describe the historical moment, he now under American domination in 1946 suggests that “the world’s night is approaching its midpoint.” [32] [37] And unlike Celine’s Journeythis “night” may very well lead to morning (although it may require a few hundred years.)

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So for Heidegger, the postwar period is truly a “needy time”: the philosopher who united thinking and teaching like no one before, and became the very greatest of teachers, found himself “deplatformed,” barred for the foreseeable future from lecture hall podium and the seminar. In this situation, there is no way Heidegger could openly educate those he calls “the ones to come” [33] [38] — die Zukünftigen — to enact a future “inception” and “homecoming” for Western man, and all of Heidegger’s postwar publications must be read with this in mind. Heidegger must now teach primarily through his writings, and these must, on the one hand, preserve and hold open essential possibilities for the “ones to come” who may live in the very distant future, and on the other hand, be sufficiently intelligible, interesting, and unoffensive to contemporaries that they are studied and preserved for that future.

Given the magnitude of these difficulties, the question as to how Heidegger carries out the task of saving the West in such an unpropitious time looms larger. In the note about his “unfinished” denazification, he claims, “I have been silent in thinking, not only since 1927, since the publication of Being and Time, but rather in this itself and constantly before.” [34] [39] Heidegger thus suggests that he always wrote for publication in a manner that somehow conveys what is essential, even as it preserves itself from both public distortion and persecution: by keeping silent.

This reference to meaningful silence may help explain, for example, why all explicit reference to das Volk — central even to the writings of the late 1930s — just disappears in the postwar publications (but not from the then-unpublished notebooks.) Heidegger obliquely calls attention to his deliberate silence about the Völkische in his response to an interview question about speeches he gave during his rectorate: 

I would no longer write the lines you quote. Already in 1934 I would no longer have spoken them. But I would still today and even more decisively than before deliver the speech on the “Self-Assertion of the German University,” although without the reference to nationalism. Society has stepped into the place of the Volk. But in that respect the speech would today be spoken into the wind just as it was then. [35] [40] 

Here we see how Heidegger adapts his discourse to altered historical circumstances, and that this adaptation requires consideration of what is politically appropriate and permissible to say, consideration of what is actual today (i.e., a liberal society of individuals in place of a Volk), and consideration of whether what one says will be heard and understood, or “spoken to the wind.” The circumstance that the Volk has been replaced by the liberal society of uprooted, historyless individuals would seem to render the possibility for an “inner gathering and renewal of the Volk” in the future especially problematic. [36] [43] 

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Rohkrämer helps us see how Heidegger and his compatriots on the political right modified their rhetoric in response to the difficulties posed by the oppressive post-war order. “One could no longer publicly express racism, but [other topics] — anticommunism, thoughts on the national community and the wishes for communal beliefs, the rejection of mass society, the call for an influential spiritual elite, cultural anti-Americanism, and the glorification of the Western tradition — could all very well be discussed.” [37] [44]

But here again, in this context, it is crucial to remind ourselves that throughout the post-war years, Heidegger never loses sight of the fundamental “errors” of National Socialism. I stress this point not as an “apologist” intent on preserving what remains of the academically respectable reputation of Heidegger (and the study of his works) from the presumed stain of fascism. Heidegger himself, and then also the public advocates managed or influenced by him, tried of course to put as much distance as possible between him and National Socialism. And we are grateful for their success: thanks to them, Heidegger’s stature as one of the greatest thinkers of the West has been established, his works are available everywhere, and many very helpful studies (including Rohkrämer’s) have been produced. The possibility of a new inception has thereby been handed down to us and future generations. 

Nevertheless, we must recognize that this respectability has been built upon misunderstandings, or partial, superficial understandings, that make aspects of Heidegger’s thinking appealing to the liberal sensibilities of his contemporaries, but which distort or conceal his ethnonationalism. In any case, for us, the serious meaning of his twofold criticism of National Socialism — again, that leaders were unprepared in their thinking, and that the movement was too early because metaphysics had not yet reached its completion through planetary technocracy — is that it points to the necessity of making the hitherto inadequate or missing preparations for a new inception.

Taking only his most public statements into consideration, this task does not appear to be anything one would recognize as “political.” Consider, for example, Heidegger’s famous reply to a menial journalist, who asked if philosophy could do anything about the movement towards an “absolute technological state”: “Let me respond briefly and somewhat ponderously, but from long reflection: philosophy will not be able to effect an immediate transformation of the current condition of the world. This is not only true of philosophy, but of all merely human hitherto thought and endeavor. Only a god can save us. The sole possibility is to prepare a preparedness [eine Bereitschaft vorzubereiten] for the appearance of the god in thinking and poetry, or for the absence of the god in decline.” [38] [45] 

MHnnnn.jpgWhat is not made explicit here is that only “a god” can save “us” because only a communal orientation to a god — and not a scientific doctrine or a constitution — can meaningfully unify the German Volk. This völkisch-political dimension to Heidegger’s discourse on gods is however indicated elsewhere, in the difficult, enigmatic writings which were, by their author’s intention, withheld from publication until long after his death, for example, Contributions to Philosophy: “A Volk is only a Volk when it receives its history as apportioned in the finding of its god — that god which compels it to go beyond itself and thus to become a being.” [39] [46] And this political dimension is also at issue, if only obliquely, in Heidegger’s commentaries on Hölderlin, in which the gods require the building of a “house” within the “dwelling site” that must be founded. The poet’s “hymns” about a homecoming of the Germans, and a “founding” of a community united through a god, replaces secular political-metaphysical discourse — such as Hegel’s Philosophy of Right — as a way of thinking about national renewal. [40] [47]

Thus Heidegger’s postwar focus on seemingly unpolitical topics — the essence of modernity, the problem of nihilism, technology, “poetic dwelling,” modern “homelessness,” language, and the origin and end of the history of the West — in fact serves the purpose of “preparation” for a new “inception,” a new form of ethnonationalist metapolitics in the future, at the right moment. In the conclusion of his book, Rohkrämer brilliantly describes this “continuity” of Heidegger’s concerns, and why they are subversive in a liberal, multicultural society: 

Like most right-wing intellectuals, Heidegger deradicalized himself, and yet he remained anti-democratic and elitist, because he expected an awakening of the sense for the holy only from exceptional poets and thinkers. He remained focused on the Völkische, because for him the important things could emerge only out of one, above all his own German tradition, and not out of the effect of a pluralistic mixing and cross-pollination. Also, his conviction that only a god could save humanity points to the denial of plurality: in his vision of an ideal future, men are unified in a communal belief in one god. For being-with-one-another, or at least a harmonious coexistence in a world with different ideals in cultures and sub-cultures, Heidegger offers no answer. [41] [48] 

According to Rohkrämer, then, Heidegger’s ideal future would presuppose ethnic, racial, and cultural homogeneity throughout the countries of the West, even as these are to be transformed and grounded anew through revolutionary, founding works of thinkers and poets. While that sounds right, it points to a further difficulty for us: what if the culture of “denazification” (i.e., “modernity”) brings ever more “pluralistic mixing,” such that “the holy heart of the peoples” (Hölderlin) — and thereby the West as a whole — dissolves into a multicultural dystopia?

Heidegger clearly saw that the trajectory of globalization was moving towards a world society and even a world government. [42] [49] And he clearly “hears,” and in his own way responds to, the “call to reflect on the essence of planetary domination” that he speaks of in his exchange with Ernst Jünger on nihilism. [43] [50] At the time that he writes this, in 1950, the peoples of Europe were still fairly homogeneous, and so it would not be surprising if many simply lacked awareness of the perils of encroaching pluralism. And in such a climate of moral opinion, no one, certainly not NSDAP members, was free to openly voice such concerns if he had them — as we today can surely appreciate. But given the depth of his preoccupation with the problem of a world society, and given the continuation of his völkisch concerns after the war, it is likely that Heidegger remains focused on the task of “preserving” and restoring the rootedness and integrity of the peoples of the West. [44] [51] And so we can now return to Heidegger’s postwar work and give it a much more careful reading, animated now by the hope that he can help us in our plight.

*  *  *

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Notes

[1] [52] Carl Schmitt, Glossarium: Aufzeichnungen der Jahre 1947-1951 (Berlin: Duncker & Humblot, 1991), p. 297. 

[2] [53] Interview in the Paris Review, June 1, 1960.

[3] [54] Martin Heidegger, Reden und andere Zeugnisse (GA 16), p. 107; tr. in The Heidegger Controversy, ed. Wolin, p. 29.

[4] [55] Unterwegs zur Sprache (Stuttgart: Neske, 1959), p. 80; tr. (by P. Hertz), On the Way to Language, p. 196. Of course, this translation renders “Geschlecht” as “generation.”

[5] [56] Thomas Rohkrämer, Martin Heidegger: Eine politische Biographie, Schöningh, 2020.

[6] [57] See Thomas Rohkrämer, A Single Communal Faith: The German Right from Conservatism to National Socialism (New York: Berghahn Books, 2007). From the little that I have just read of this earlier work of Rohkrämer, I can say that it is a rich and sensitive history of the “volkisch nationalist” and “conservative revolutionary” movement, both of which overlapped with each other, and prepared the way for — but ought not be identified with — National Socialism. It puts me in a mind to write another review article, one that focuses on the relation of atheism, anti-Judeo-Christianity, and völkisch-political religiosity in Heidegger and other thinkers of the German Right, a topic touched upon towards the end of my review here.

[7] [58] Rohkrämer, Martin Heidegger, p. 122. 

[8] [59] See, especially, Part Three of Heidegger’s wartime lectures on Hölderlin’s “Remembrance” (“Andenken”), titled: “The Search for the Free Use of One’s Own.” Hölderlins Hymne “Andenken” (GA 52); tr. (by. W. McNeill) Hölderlin’s Hymn “Remembrance.” 

[9] [60] “Europa und deutsche Philosophie.” In Europa und die Philosophie (Frankfurt: Klostermann, 1993), p. 41.

[10] [61] GA 16, p. 374.

[11] [62] Heidegger, An Introduction to Metaphysics, trans. Fried and Polt (Yale University Press, 2000), p. 213.

[12] [63] GA 16, p.677; tr. in The Heidegger Controversy, ed. Wolin, p. 111.

[13] [64] Heidegger’s multi-volume Nietzsche (tr. by D.F. Krell) and the condensed version of these lectures in the essay, “Nietzsche’s Word ‘God is Dead,’” (in Off the Beaten Track), along with his rectoral address, “The Self-Assertion of the German University” (see fn. 3 above), are in my opinion the best entryways into Heidegger’s thought.

[14] [65] Heidegger, Wegmarken (GA 9), p. 52; tr. (by W. McNeill) Pathmarks, p. 320.

[15] [66] Anmerkungen I-V (Schwarze Hefte 1942-1948)(GA 97), p. 147.

[16] [67] GA 97, p. 83.

[17] [68] GA 97, p. 80.

[18] [69] GA 97, p. 143.

[19] [70] See section 58 of Being and Time. Heidegger here deepens the understanding and critique of the “moral” understanding of guilt and conscience initiated by Nietzsche in the Genealogy of Morals. Heidegger is usually very reticent, for some reason, about the role of Judeo-Christian morality and metaphysics in the process of European “self-annihilation,” but it occasionally surfaces in the notebooks, for example, when he writes that Christendom (Christentum) has “nothing to do with the West, because it denies the domain of the Greeks (Griechentum)” (GA 97), p. 144.

[20] [71] GA 97, pp. 134-35.

[21] [72] Some of these sanctions were partially lifted in later years as Heidegger succeeded in making a “comeback” — as Schmitt calls it — to public respectability. Most notably, he was permitted to teach two lecture courses (in 1951/52 and 1955/56 at Freiburg University, both of which were later published as books and translated into English: Was heisst Denken? (What is Called Thinking?) and Der Satz vom Grund (The Principle of Reason). Both works, rambling and unfocused as they may have seemed on first glance (at least in comparison to the earlier Heidegger) will reward careful reading by die Zukünftigen as they consider how they must “prepare” themselves.

[22] [73] “It concerns the betrayal of thinking, and that means of the historical determination of the Volk” (GA 97), p. 83. Also, “It doesn’t concern my person, or even the possibility or impossibility of stepping out publicly, but rather only about the question as to whether my work will be used for the salvation of our own essence” (GA 97), p. 80. 

[23] [74] An Introduction to Metaphysics, p. 11.

[24] [75] See Heidegger’s 1934 lecture, “Die deutsche Universität” (GA 16), pp. 285ff.

[25] [76] Rohkrämer, Martin Heidegger, pp. 176, 231, and cf. Was heisst Denken, (GA 8), pp. 92ff.

[26] [77] GA 97, p. 84.

[27] [78] GA 97, p. 84.

[28] [79] GA 16, p. 421.

[29] [80] “But ‘Europe’ is not the Evening-land. The latter returns into the twilight and disappears for a long time in the world night. But it does not go under, because it cannot go under, since it has not yet emerged” (GA 97, p. 143). Also see Heidegger’s essay on the poetry of Georg Trakl (in Unterwegs zur Sprache; tr. On the Way to Language: “A discussion of his poetry shows us Georg Trakl as the poet of the still hidden Evening-Land.” (p. 81; tr. p. 197).

[30] [81] GA 16, p. 371.

[31] [82] GA 16, p. 390. 

[32] [83] “Wozu Dichter,” in Holzwege, 6th ed. (Klostermann, 1980), p. 267; tr. (Young and Haynes), Off the Beaten Track, p. 201.

[33] [84] “It is necessary to prepare the ones to come. Inceptual thinking serves this preparation as silent reticence of enowning. That thinking is only one way, in which the few venture the leap into be-ing.” Beiträge zur Philosophie (GA 65), p. 395.

[34] [85] GA 16, p. 371. 

[35] [86] GA 16, p. 657.

[36] [87] GA 16, p. 374.

[37] [88] Rohkrämer, Martin Heidegger, p. 176.

[38] [89] “Spiegel-Gespräch,” (GA 16), p. 671.

[39] [90] Beiträge zur Philosophie, (GA 65), p. 398; tr. (by Emad and Maly), Contributions to Philosophy, p. 257.

[40] [91] Seminare: Hegel—Schelling (GA 86).

[41] [92] Rohkrämer, Martin Heidegger, p. 239.

[42] [93] See for example the end of “Aniximander’s Saying” (composed in 1946, published in 1950): “Man is about to hurl himself upon the entire earth and its atmosphere, to arrogate to himself the hidden workings of nature in the form of energy, and to subordinate the course of history to the plans and orderings of a world government.” (Off the Beaten Track, p. 280.)

[43] [94] Wegmarken (GA 9), p. 425; tr. (by W. McNeill), Pathmarks, p. 321.

[44] [95] “Our historical Dasein experiences with increasing urgency and clarity, that its future has arrived at the naked either-or of a salvation of Europe or its destruction. The possibility of salvation however demands two things: 1. The preservation of the European peoples before the Asiatic. 2. The overcoming of their own uprooting and separation.” (“Europa und Deutsche Philosophie.”)

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[20] Denazification, American Style: https://counter-currents.com/2021/01/denazification-american-style/

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Quelques facettes de la Contre-Révolution

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Quelques facettes de la Contre-Révolution

par Georges FELTIN-TRACOL

Cible permanente des antifas et d’autres groupes stipendiés d’Angers, L’Alvarium sait bousculer le Système. Ce « Centre communautaire d’actions sociales et culturelles » prend diverses initiatives. L’une d’elles fut d’inviter, le 27 mars 2021, Christian Bouchet, responsable des éditions Ars Magna, vétéran nationaliste-révolutionnaire et solidariste, et collaborateur régulier au magazine Réfléchir & Agir et à la revue Synthèse nationale. Son intervention portait sur quelques exemples méconnus de la Contre-Révolution.

Bouchet-200x300.jpgIl vient d’en publier le verbatim sous la forme d’une brochure intitulée Histoire mondiale de la Contre-Révolution de la Sainte Ligue à L’Alvarium. Le titre est un peu exagéré puisqu’il ne s’agit que d’une introduction générale à cette histoire passionnante à travers un nombre limité de précédents historiques. Christian Bouchet indique néanmoins des pistes qui mériteraient d’être explorées dans le cadre, pourquoi pas ?, des Cahiers d’Histoire du Nationalisme. Il invite avec raison son auditoire – et maintenant ses lecteurs – à se lancer dans cet élan mémoriel audacieux. Contre « le Grand Effacement (p. 10) » des souvenirs militants, il prévient « que pour la connaissance de notre propre histoire idéologique, nous ne pouvons faire confiance qu’à nous-mêmes, à nos recherches d’archéologues des idées et d’historiens des pensées interdites, car l’ennemi a enseveli dans l’oubli tant nos idées que notre histoire et cela sur la longue durée (p. 10) ». Oui, il y en a plus que marre de voir l’Opposition essentielle au Régime observée, scrutée, examinée, disséquée par les seuls universitaires hostiles qui en font, malgré leur profond mépris, un fonds de commerce rentable. Ces « profiteurs » du savoir homologué ne sont que des parasites dont les interprétations grossières déforment les faits. La mise à disposition de cette brochure est par conséquent la bienvenue.

Des pré-Contre-Révolutions

Christian Bouchet survole les Temps modernes et l’Époque contemporaine en se concentrant sur neuf exemples dont trois se rapportent pour le moins à des événements antérieurs à 1789. En 1935, Paul Hazard décrivait dans La Crise de la conscience européenne une césure intellectuelle majeure apparue entre 1680 et 1715. La célèbre « Querelle des Anciens et des Modernes » reflète ce nouveau contentieux.

La conférence débute par la Sainte Ligue aux temps des Guerres de Religion (1562 – 1598). Il est exact que la Réforme lancée par Luther en 1517 et que l’Église catholique romaine jamais relevée du Grand Schisme d’Occident (1378 – 1422) adoptera en partie avec le néfaste concile de Trente (1545 – 1563) représente l’aspect religieux d’une rupture globale avec l’esprit médiéval aussi malmené par l’invention de l’imprimerie, la mise en pratique de la perspective artistique et la découverte d’un autre continent à l’Ouest qui compromet d’ailleurs la poussée vitale de la Reconquista par-delà la Méditerranée.

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Christian Bouchet voit dans la Sainte-Ligue trois caractéristiques communes aux autres mouvements étudiées. « – Une alliance entre les classes populaires et aristocratiques; – un refus de tout compromis, de toute attitude considérée comme “ politique ”; – une affirmation que la fidélité à une idée est supérieure à celle que l’on doit à un monarque ou à un pays, d’où l’exil et d’où l’entrée au service de monarques étrangers (p. 12). » On peut cependant regretter qu’il ne mentionne pas l’excellent travail de Jean-Marie Constant, La Ligue (Fayard, 1996). Ce maître-livre précise que les Ligueurs, à l’instar de certains Huguenots, se défiaient de l’absolutisme royal naissant et voyaient dans la féodalité un ordre politico-social plus harmonieux. La Fronde des princes (1650 – 1653) ne serait-elle pas l’ultime réaction, certes très amoindrie et bien méconnaissable, de la mentalité ligueuse ? Et le parti dévot à Versailles au XVIIIe siècle ?

Le deuxième mouvement « pré-contre-révolutionnaire » concerne les Jacobites, c’est-à-dire les partisans, principalement écossais et irlandais, de la dynastie des Stuart. La soi-disant « Glorieuse Révolution » de 1688 chasse le roi d’Angleterre Jacques II, Jacques VII d’Écosse. Par le jeu des règles de succession réservées aux seuls protestants, la Grande-Bretagne revient en 1714 à l’Électeur du Hanovre, George Ier, fondateur de l’actuelle dynastie régnante usurpatrice. Durement réprimés, les soulèvements jacobites coïncident avec les jacqueries contre les enclosures et la privatisation des communaux. La caste bourgeoise de la City n’hésite pas à conduire un véritable « auto-génocide ». Réfugiés soit en Amérique du Nord, soit en France, les Jacobites y apportent la franc-maçonnerie opérative. Mieux, suivant Michel Vergé-Franceschi dans son Paoli. Un Corse des Lumières, (Fayard, 2005), les milieux jacobites en exil misent sur l’avènement du prétendant Stuart sur l’Île de Beauté, mais en 1736 est élu roi le baron Théodore de Neuhoff…

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Le troisième mouvement pré-anti-1789 s’applique aux « Loyalistes » des treize colonies d’Amérique du Nord. Certains de ces tories anglo-américains sont les descendants directs des exilés jacobites. En 1783, ils se réfugient au Canada, retournent en Angleterre ou prennent la direction des Antilles. Ils fuient l’obligation pré-totalitaire de prêter serment à la jeune république rebelle et le risque de se retrouver couverts de goudron et de plume.

Les Contre-Révolutions latines

Christian Bouchet aborde assez brièvement Chouans et Vendéens. Il passe vite sur l’« ultracisme » des ultra-royalistes du comte d’Artois. Il s’attarde sur la « Montagne blanche » et, sans le nommer, l’action « carlo-républicaine » « qui concilie royalisme légitimiste, tradition catholique gallicane, régionalisme et liberté démocratique, et qui préfère faire voter pour des candidats républicains que pour des louis-philippards (p. 25) ».

Retournant ensuite sur le continent américain, le conférencier mentionne les partisans fidèles à la couronne d’Espagne dans les vice-royautés. Il évoque en outre des Sudistes qui s’installent dans l’Empire du Brésil. La tentative de Napoléon III de fonder un second empire mexicain catholique et conservateur appartient aussi à la Contre-Révolution effective. Le problème reste le choix de désigner empereur le très libéral Maximilien de Habsbourg-Lorraine. Il est toutefois dommage que l’État national-catholique de 1859 à 1875 du président équatorien Gabriel García Moreno (1821 – 1875), les Cristeros du Mexique de la décennie 1920 et l’intégralisme brésilien dans les années 1930 soient oubliés, mais la conférence ne pouvait pas durer cinq heures…

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Christian Bouchet revient dans l’Ancien Monde dans le domaine ibérique. Il traite bien sûr du carlisme espagnol. Il fait découvrir le miguelisme, soit le légitimisme portugais. Jeune frère du roi Jean IV, Miguel s’oppose à sa nièce Maria soutenue par les libéraux et le bloc pré-atlantique (Grande-Bretagne et France de Louis-Philippe). Le Portugal connaît une guerre civile entre 1828 et 1834 qui se solde par l’échec de Dom Miguel. Le conférencier achève son exposé par l’Italie. L’occupation française anti-cléricale, puis l’annexion du Sud de l’Italie par le Piémont-Sardaigne sous couvert d’unification favorisent bien des révoltes populaires et paysannes. « Le santafédisme est une insurrection de masse pour la défense de la royauté et de la société pastorale, cette dernière se sentant protégée par le traditionalisme monarchique (p. 42). »

Faute de temps, l’intervenant écarte de son propos la Ligue du Sonderbund qui déclenche sans succès en 1847 la dernière guerre civile suisse ou les tenants du prince légitime du canton de Neuchâtel, à savoir le roi de Prusse, qui échouent en 1856. Il aurait aussi pu s’intéresser aux « Orangistes » belges, les partisans outre-Quiévrain du royaume uni des Pays-Bas dans la décennie 1830. Rappelons qu’il ne s’agit que d’esquisses et non pas d’un cours étalé sur toute une année universitaire… Dans un cadre plus vaste, le sujet pourrait-il s’étendre, d’une part, aux « Orangistes » unionistes de l’Ulster et, d’autre part, aux Boers des républiques afrikaner d’Afrique australe? Leurs combats n’étaient-ils pas contre-révolutionnaires?

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Face au public de L’Alvarium, Christian Bouchet ose enfin viser « l’ennemi principal, le seul dont tout découle, [qui] a toujours été, et est encore la vision libérale marchande de la société incarnée dans une classe sociale : la bourgeoisie (p. 45) ». Nul doute que cette affirmation peut heurter tous les suppôts d’une fantasmatique « union des droites » autour d’un programme libéral autoritaire et atlantiste. Sa conclusion a peut-être suscité la stupeur, voire l’indignation d’une partie de l’assistance. Il explique en effet que « notre nation n’est plus la nôtre quand elle défend des valeurs à l’opposé des nôtres et il est donc juste de la combattre même si c’est dans les rangs ennemis ou de l’abandonner pour aller combattre ailleurs pour l’idée (p. 46) ». Oui, il importe de toujours se souvenir de l’imposture de l’été 1914 afin de ne pas répéter l’erreur historique du camp nationaliste qui se fourvoya dans une « Union sacrée » fomentée par la République maçonnique. Celle-ci en profita cyniquement pour résoudre la question rurale, envoyer dans les tranchées comme chair à canon les enfants des campagnes et gaspiller finalement une paix acquise de vive lutte. Oui, même s’il cite Julius Evola, on voit surgir l’ombre de Monseigneur Jean de Mayol de Lupé (1873 – 1955), un autre grand contre-révolutionnaire avancé du XXe siècle.

Georges Feltin-Tracol

• Christian Bouchet, Histoire mondiale de la Contre-Révolution de la Sainte Ligue à L’Alvarium, Ars Magna, coll. « Le Lys Rouge », 2021, 48 p., 12 €.

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lundi, 17 mai 2021

Colère et découragement

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Colère et découragement

par Marcello Veneziani

Source : Marcello Veneziani & https://www.ariannaeditrice.it/

Qui nous défend contre l’assaut quotidien du nouveau catéchisme politiquement correct, du bombardement médiatique et publicitaire et de la nouvelle Inquisition? L'Église de Bergoglio, le Quirinal, la Cour constitutionnelle, les autres politiques, le pouvoir judiciaire, la culture libre et pensante, la satire contre le pouvoir, la presse indépendante? Rien de tout cela.

Colère et découragement, pour paraphraser un titre célèbre d'Oriana Fallaci. La colère face à l'assaut envahissant de la nouvelle idéologie corrective de la réalité, du bon sens, de la nature, de l'identité et de la tradition ; et le découragement parce que vous ne voyez pas de barrières, de réponses alternatives, d'oppositions structurées, pour représenter ce que la majorité négligeable de la population ressent, pense et dit. Aucun sujet public qui affronte l’assaut quotidien avec des moyens adéquats ; aucun qui, au moins, équilibre, donne la parole, garantisse le respect à ceux qui sont en désaccord avec le processus en cours. Un processus civil et incivil, politique et judiciaire... Il n'existe nulle part de réponse complète et alternative ; la seule stratégie consiste à perdre du temps, à s'assoupir, à ralentir, à détourner le regard. Ou pour gagner une heure sur le couvre-feu....

Bon nombre des digues ou des garants susmentionnés se trouvent dans le camp opposé ou ont abdiqué leur fonction d'arbitre super partes ; ils se taisent ou parlent d'autre chose, ou pire, ils pensent à flotter pour survivre et donc suivre le courant dominant. Ceux qui s'y opposent ne comptent que les sondages mais ne s'équipent pas de réponses appropriées à quelque niveau que ce soit; une opinion à la volée, une blague sur vidéo et la tâche est accomplie, la conscience est claire. Un jeu de transfert de fonds.

La solitude de masse est ce que nous ressentons chaque jour davantage; même les dernières munitions qui nous restent en main, comme le vote, le moment venu, ne servent pas à grand-chose si vous n'avez pas de stratégie et de cadre de référence.

Le plus insupportable dans le politiquement correct, c'est qu'il accuse chacun d'être ce qu'il est; c'est une incitation constante à rejeter l'histoire et la mémoire, la culture et la nature telles qu'elles sont dans la réalité, dans la vie et dans l'esprit. Des cas extrêmes, des épisodes d'intolérance, sont pris afin de renverser la réalité, les codes de vie et de loi, les sentiments et les raisons communes. On se rassure en disant que cela ne touche pas tout le monde, mais on redéfinit la réalité en démolissant les identités.

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Vous devez avoir honte d'être italien, européen, occidental, chrétien ou du moins un enfant de la civilisation chrétienne, catholique en particulier. Vous devez avoir honte d'être père, mère, fils, héritier d'une tradition et d'une civilisation. Et d'être un homme, hétéro, identifié selon la nature et la coutume.

Le politiquement correct vous reproche d'être qui vous êtes et comment vous avez vécu jusqu'à présent. Vous avez tort dans vos choix et vos inclinations, dans vos relations humaines et dans votre vie, dans votre vocabulaire et dans votre sphère privée. La réalité telle qu'elle est, est un vice sombre à effacer, une habitude rétrograde dont il faut se libérer; l'être cède la place au devoir-être et aux désirs subjectifs.

Chacun d'entre nous a fait de nombreuses erreurs dans sa vie et beaucoup sont prêts à les reconnaître. Mais le pire dans cette autodafè permanente, à la fois personnelle et collective, c'est qu'elle ne retient pas contre vous vos erreurs, vos péchés, mais presque tout ce qui ne s'y inscrit pas. Au contraire, dans de nombreux cas, le nouveau canon vous demande d'avoir honte des meilleures choses de votre vie et des choses les plus chères auxquelles vous avez cru, pensé et grâce auxquelles vous avez vécu; vous devez avoir honte de vos origines et de votre culture, vous devez avoir honte de votre identité et de votre éducation, vous devez avoir honte de votre famille, de votre préférence pour vos enfants et les êtres qui vous sont chers, de votre façon d'aimer et de faire la cour, de votre fidélité et de votre loyauté à une façon d'être et à un monde de pratiques et de valeurs civiles, religieuses, patriotiques et familiales. Vous n'avez pas à avoir honte de vos incohérences et de vos contradictions, au contraire, vous n'avez pas à avoir honte de ne pas les mener jusqu'au bout, c'est-à-dire jusqu'à renier ce que vous êtes et ce que vos parents étaient.

Vous devez avoir honte d'être ce que vous êtes et d'où vous venez, vous devez aimer ce qui est le plus éloigné de vous, ce qui vous est le plus étranger, ce qui est le plus éloigné de votre monde. Aimez ce qui vous vient le moins naturellement. Préférence pour l'étranger au détriment du semblable, pour le distant par rapport à ce qui est proche. C'est l'aspect tyrannique, inhumain, irréel de l'inquisition. Qu'elle étouffe la vie, la liberté, la spontanéité, la variété, la passion pour la vérité et l'amour de la réalité.

La raison du rejet de la réalité est que je ne l'ai pas choisie: être italien, européen, homme, blanc, hétéro, fils de ses parents, ne dépendait pas de moi. Tout ce qui découle du destin et de la nature doit être rejeté ou privé de valeur; seul ce que vous choisissez et voulez être et faire est valable.

Mais ne plus définir une personne comme étant un homme ou une femme, un père ou une mère, un Italien ou un Indien, revient à nier son âge, sa date de naissance, ses parents et son lieu de naissance. Si vous avez, par exemple, cinquante ans, que vous êtes un homme marié, que vous avez une famille, un nom, un lieu et une date de naissance, vous êtes libre de vivre comme si vous aviez trente ans, comme si vous étiez d'un autre sexe que celui que la nature vous a donné ; vous pouvez quitter votre pays d'origine, vous pouvez vous faire appeler par un autre nom, vous pouvez quitter votre famille. Mais si vous établissez par la loi que la réalité, la nature, l'âge et l'histoire ne comptent plus, mais seulement votre volonté d'être ce que vous voulez, comme vous voulez et où vous voulez, vous avez transformé une société civilisée en un asile de fous invivable. Vous ne pouvez pas confondre la liberté de vos choix privés, que personne ne veut nier, avec une loi qui révoque par décret la réalité et l'identité pour ne reconnaître que des désirs subjectifs et mutants. Ce n'est que de la barbarie ruineuse, et de la folie. Et à partir d'aujourd'hui, le siège reprend avec la journée mondiale contre les phobies... Un jour viendra-t-il où nous sortirons de cette hallucination induite et retrouverons la réalité; un jour viendra-t-il où les raisons de ceux qui les revendiquent aujourd'hui dans le désert seront reconnues et respectées?

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Les activités de Soros au Myanmar

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Les activités de Soros au Myanmar

Alexander Markovics

Alors qu'un professeur de sport montre des exercices de gymnastique à la télévision d'État, des véhicules militaires circulent en arrière-plan. Ce qui est considéré comme une exception et un scandale en Occident n'est rien d'autre qu'un retour à la normale au Myanmar, où ces scènes se sont déroulées le 1 février 2021. Dans cet État multiethnique de plus de 54 millions d'habitants, en proie à des émeutes ethniques répétées de la part des Karen chrétiens et des Rohingya musulmans, la milice règne depuis 1962 ; entre 2011 et 2021, des éléments libéraux-démocratiques ont été introduits dans le pays. Ce jour-là, l'armée a déclaré l'état d'urgence et déposé la conseillère d'État Aung San Suu Kyi pour fraude électorale. S'ensuivent des manifestations de masse, soutenues par l'Occident, dont la répression fait des centaines de morts. Il s'en est suivi des protestations massives de l'Occident, de l'Amérique à l'Europe en passant par le Japon, qui avait commencé à développer un satellite pour et avec le Myanmar et qui suspend maintenant toute coopération en ce domaine.

Peu après, le 12 mars, le gouvernement militaire a informé toutes les organisations non gouvernementales du pays qu'elles devaient dorénavant signaler toutes les transactions financières impliquant des étrangers. Cependant, l'Open Society Foundation, l'organisation mondiale de George Soros qui se consacre à perturber les sociétés hostiles au libéralisme, n'a pas obtempéré et a retiré d'importantes sommes d'argent de ses comptes, ce qui a entraîné la confiscation de ceux-ci par l'État et l'arrestation de ses dirigeants. Alors que les partisans de Soros parlent d'une suppression non provoquée de leur organisation, un regard sur l'évolution politique du Myanmar brosse un tableau très différent. À l'instar de ce qui s'est passé en Europe de l'Est dans les années 1980, le "porte-drapeau de la démocratie libérale" (Financial Times) tente de diffuser la démocratie occidentale, l'"économie de marché" et le libéralisme au Myanmar depuis 1994.

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Cela signifie invariablement s'attaquer aux valeurs traditionnelles et, bien sûr, saper l'unité nationale - tout cela au nom de la "société ouverte". Dans ce cas, Soros avait l'intention de renforcer les "droits des minorités" au Myanmar - une approche populaire pour balkaniser un État. Mais, comme nous l'avons vu à partir de l'exemple de l'Europe de l'Est, la fondation de Soros rend principalement les autres États "ouverts" à leur pillage par les capitalistes occidentaux, à la destruction de leur ordre moral et religieux, et même à leur division territoriale. L'ancienne conseillère d'État Aung San Suu Kyi était considérée comme une proche alliée de Soros et allait même jusqu'à nommer des ministres à la demande de l'éminence grise du mondialisme. Mais l'armée a réussi à empêcher cela - notamment parce qu'elle craignait une détérioration des relations avec la Chine voisine, qui est en guerre contre Soros, surtout après le saccage qu"il a provoqué à Hong Kong.

La position géostratégique importante de l'État sur la route maritime de la Nouvelle route de la soie en a fait une cible de l'impérialisme occidental. Mais l'intervention de l'armée a sauvé le pays de ce destin pour le moment. Pour les mondialistes, cela représente une défaite dans le cadre du "Great Reset" souhaité.

La CIA et d’autres préparent une nouvelle résistance afghane contre les talibans

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La CIA et d’autres préparent une nouvelle résistance afghane contre les talibans

Par Moon of Alabama

Le 9 septembre 2001, Ahmad Shah Massoud, le commandant d’un front anti-taliban dans le nord de l’Afghanistan, était tué par deux kamikazes. Massoud, d’ethnie Taijik, avait combattu contre l’occupation soviétique, puis contre des seigneurs de guerre rivaux et enfin contre les Talibans. Massoud et les groupes sous son commandement contrôlaient moins de 10 % de l’Afghanistan. Ils étaient financés par les services secrets américains, français et britanniques. (Amrullah Saleh, le chef du renseignement de Massoud, avait reçu une formation de la CIA à la fin des années 1990).

Après le 11 septembre, la CIA et les forces spéciales américaines ont rencontré les alliés de Massoud, leur ont donné beaucoup d’argent pour engager davantage de combattants et ont soutenu leur marche sur Kaboul par des frappes aériennes massives. Deux mois plus tard, les talibans battaient en retraite, en rentrant chez eux ou se retirant au Pakistan. Les États-Unis ont installé les différents seigneurs de guerre et criminels qui avaient combattu sous Massoud comme nouveau gouvernement.

C’était une erreur. C’est le comportement criminel de ces seigneurs de guerre qui avait conduit le public à soutenir la prise de pouvoir des talibans. L’installation au gouvernement des chefs de guerre qui avaient pillé le pays garantissait le retour des talibans.

En 2006, les talibans étaient de retour. Depuis lors, ils ont repris le contrôle de plus de la moitié de l’Afghanistan. Malgré l’énorme puissance de feu « occidentale » utilisée par les États-Unis et leurs alliés, ils n’ont trouvé aucun moyen d’empêcher le rétablissement du pouvoir des talibans. Finalement, le président Trump a négocié un cessez-le-feu avec eux qui permettait aux États Unis de se retirer d’Afghanistan sans subir de nouvelles pertes.

Hier, les derniers soldats américains ont quitté l’aéroport de Kandahar, autrefois la plus grande base américaine du sud de l’Afghanistan :

Les États-Unis ont achevé leur retrait de l'aérodrome de Kandahar, dans le sud 
de l'Afghanistan, qui était autrefois la deuxième plus grande base militaire du
pays pour les forces américaines, ont indiqué des responsables vendredi.  

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La province de Kandahar était le berceau des talibans et a connu ces derniers 
mois d'intenses affrontements entre les militants résurgents et les forces afghanes. Des frappes aériennes américaines ont été lancées depuis la base la semaine
dernière pour aider les forces afghanes à repousser une offensive majeure
des talibans. "Ils ne nous ont pas officiellement remis la base, mais je peux confirmer
qu'ils l'ont quittée mercredi"
, a déclaré Khoja Yaya Alawi, porte-parole

de l'armée afghane à Kandahar. "Ils ont remis toutes les installations aux forces afghanes", a ajouté
Massoud Pashtun, le directeur de l'aéroport de Kandahar.

Ce retrait d’Afghanistan ne convient pas à la CIA et aux autres services secrets. Ils savent que les talibans vont bientôt écraser le gouvernement afghan et régner à nouveau sur le pays. Mais ils veulent garder un pied en Afghanistan pour continuer leurs ingérences et agir contre divers ennemis présumés, qu’il s’agisse de l’Iran, du Pakistan ou de la Chine. Il y a aussi le commerce de la drogue qui permet à l’agence d’obtenir des fonds hors comptabilité.

Ils envisagent donc maintenant de revenir à la situation de septembre 2001 et de recommencer :

Les agences d'espionnage occidentales évaluent et courtisent des dirigeants 
régionaux extérieurs au gouvernement afghan qui pourraient être en mesure de
fournir des renseignements sur les menaces terroristes longtemps après le
retrait des forces américaines, selon des responsables américains, européens
et afghans. ... Parmi les candidats envisagés aujourd'hui pour la collecte de renseignements
se trouve le fils d'Ahmad Shah Massoud, le célèbre combattant afghan qui a
mené la lutte contre les Soviétiques dans les années 1980, puis contre les
talibans en tant que chef de l'Alliance du Nord la décennie suivante. Le
fils - Ahmad Massoud, 32 ans - a passé ces dernières années à essayer de
faire revivre l'œuvre de son père en rassemblant une coalition de milices
pour défendre le nord de l'Afghanistan. Les Afghans, les Américains et les Européens affirment qu'il n'y a pas de
coopération officielle entre M. Massoud et les services de renseignement
occidentaux, même si certains ont tenu des réunions préliminaires. Si la
C.I.A. et la D.G.S.E. française s'accordent à dire qu'il pourrait fournir
des renseignements, les avis divergent quant à savoir si M. Massoud, qui
n'a pas fait ses preuves en tant que dirigeant, serait capable de commander
une résistance efficace.

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Pourquoi diable les services secrets « occidentaux » veulent-ils une « résistance efficace » contre le régime taliban en Afghanistan ? Pourquoi, après plus de 40 ans, ne peuvent-ils pas, au moins pour une fois, arrêter de mettre le bazar dans ce pays ?

Massoud junior a fait ses études en Iran et en Grande-Bretagne :

Après avoir terminé ses études secondaires en Iran, Massoud a suivi pendant un 
an un cours militaire à l'Académie militaire royale de Sandhurst. En 2012, il
a commencé un diplôme de premier cycle d’études sur la guerre au King's College
de Londres, où il a obtenu sa licence en 2015. Il a obtenu son master en politique
internationale à la City, Université de Londres, en 2016.

Sandhurst et Kings College peuvent donner une bonne éducation quand on se prépare à être un caniche de haut niveau pour l’ancien empire. Mais ils ne permettent pas de diriger qui que ce soit en Afghanistan. Contrairement à son père, Massoud junior n’a jamais combattu dans une guerre ou même contre un chef de guerre concurrent. Il n’a aucune crédibilité dans la rue.

Pourtant, certains responsables « occidentaux » veulent soutenir Massoud dans la nouvelle guerre civile qu’il envisage :

Les différents gouvernements et responsables alliés ont des opinions différentes 
sur M. Massoud et la viabilité de son mouvement. Les Français, qui étaient des
partisans dévoués de son père, considèrent que ses efforts sont pleins de
promesses pour organiser une véritable résistance au contrôle des Talibans. David Martinon, l'ambassadeur de France à Kaboul, a déclaré qu'il avait observé
M. Massoud de près au cours des trois dernières années et l'a désigné pour un
voyage à Paris afin de rencontrer des dirigeants français, dont le président.
"Il est intelligent, passionné et c'est un homme intègre qui s'est engagé
envers son pays"
, a déclaré M. Martinon. Washington est plus divisé, et certains analystes du gouvernement ne pensent

pas que M. Massoud soit capable de construire une coalition efficace.

Malgré cela, quelqu’un le finance secrètement :

Ces derniers mois, la rhétorique de M. Massoud s'est durcie, s'en prenant 
au [président Ashraf] Ghani lors d'une récente cérémonie à Kaboul, et
ses efforts pour obtenir un soutien international sont devenus plus agressifs.
En plus de tendre la main aux États-Unis, à la Grande-Bretagne et à la France,
M. Massoud a courtisé l'Inde, l'Iran et la Russie, selon des personnes au fait
de ses démarches. Des documents des services de renseignement afghans suggèrent
que M. Massoud achète des armes - par le biais d'un intermédiaire - à la Russie.

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Les services « occidentaux » n’ont-ils rien appris au cours des 20 dernières années ? Quel est le but du financement d’une résistance contre les Talibans ? Quel est, s’il vous plaît, l’état final souhaité pour l’Afghanistan et est-il même théoriquement réalisable ?

Nous pouvons ne pas aimer la façon dont les talibans vont diriger l’Afghanistan. Mais ils se sont avérés être la seule force capable de créer un environnement quelque peu stable et pacifique pour les habitants de ce pays.

Pourquoi ne pouvons-nous pas juste en rester là ?

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Hervé pour le Saker Francophone

Sur la série « The Americans »

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Sur la série « The Americans »

par Georges FELTIN-TRACOL

Ex: http://www.europemaxima.com

Avec un total de 75 épisodes répartis sur six saisons entre 2013 et 2018, la série télévisée The Americans (ou en bon français « Les Américains ») plonge le téléspectateur dans les dernières années de la Guerre froide au moment de la reprise des tensions entre les États-Unis et l’Union Soviétique, la « Guerre fraîche », consécutive à l’arrivée à la Maison Blanche de Ronald Reagan en 1981.

Elizabeth et Philip Jennings vivent avec leurs deux adolescents, Paige, la fille aînée, et Henry, le cadet, dans la banlieue cossue de Washington. Ils gèrent une agence de tourisme. Mais leurs journées sont très chargées, car en dehors de la routine professionnelle et familiale, ils réalisent à l’insu de leurs proches diverses missions pour le KGB dont ils sont de brillants officiers. Dans le cadre d’une longue et minutieuse opération d’infiltration de la société étatsunienne, à l’exemple d’autres couples qui les aident parfois si les circonstances l’exigent, le couple Jennings mène ainsi une double vie.

MV5BMjIzNTEzMDY3OF5BMl5BanBnXkFtZTcwMzI5NDI5OA@@._V1_UY1200_CR85,0,630,1200_AL_.jpgLa série joue avec habilité sur les codes de la paranoïa et de la schizophrénie que l’auteur de la présente chronique ne peut qu’apprécier, lui qui travaille pour les services spéciaux du royaume septentrional de Patagonie (mais il n’a rien dit !). Obéissant aux ordres du Centre, Nadejna alias Elizabeth (Keri Russell) et Mikhaïl alias Philip (Matthew Rhys) éliminent les réseaux afghans, récupèrent la peinture de camouflage des futurs avions furtifs, piratent les plans d’une nouvelle génération de sous-marins, découvrent l’existence d’Arpanet, l’ancêtre d’Internet, enlèvent des scientifiques dissidents, recrutent de nouveaux agents ou soutirent le maximum d’informations par le chantage, la contrainte ou le charme… Le couple manie avec brio l’art du déguisement. Ainsi Philip se fait-il passer pour Clark, appartenant à une unité de surveillance ultra-secrète, auprès de Martha Hanson, la secrétaire personnelle du responsable du contre-espionnage du FBI. Il la séduit et l’épouse. Pour corser une vie déjà bien pimentée, les Jennings apprennent que leur nouveau voisin, Stan Beeman (Noah Emmerich), travaille lui-même au département du contre-espionnage du FBI. Pendant trois années, il a vécu infiltré auprès des suprématistes blancs. Son instinct le pousse d’abord à se méfier de cette famille banale, mais les évidences jouent contre lui. Les Jennings et les Beeman deviennent amis.

Les agents illégaux de la Direction S du KGB sont tiraillés en leur for intérieur entre leurs convictions et l’attrait indéniable de l’American way of life. Si Elizabeth exprime tout au long des épisodes une farouche détermination à ne jamais oublier la finalité de la mission, Philip se montre plus enclin à accepter les bons côtés de leur vie outre-Atlantique. Il s’achète une belle voiture. Il aime danser sur de la musique country. Il apprécie les parcs à thèmes. Quand commence la Perestroïka, Philip soutient la volonté réformatrice de Gorbatchev alors qu’Elizabeth se montre guère enthousiaste.

De plus en plus soupçonneuse à propos de la double vie de ses parents, Paige apprend bientôt de leur propre bouche la vérité. Après le choc, elle commence néanmoins sa formation d’agent, car le Centre a prévu une seconde vague d’illégaux, à la couverture irréprochable, capables de postuler à la NASA, à la CIA ou au FBI.

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L’intrigue générale de la série revient à Joe Weisberg, un ancien de la CIA, proche du Complexe militaro-médiatique selon l’expression judicieuse de Jean-Michel Valantin. Il s’inspire des espions soviétiques, grands séducteurs en Europe occidentale de secrétaires administratives et de ministres (l’affaire Profumo en Grande-Bretagne en 1963) ainsi que de l’« Affaire des dix ». En 2010, le FBI arrête des agents russes du SVR infiltrés aux États-Unis parmi lesquels Anna Chapman. Si les activités clandestines du couple Jennings sont nombreuses pour les contraintes de la fiction au mépris de la réalité (les journées n’ont que vingt-quatre heures), le scénario de chaque épisode a été lu et approuvé par la CIA. On y décèle la sourde et vive rivalité entre l’agence de Langley et le FBI. Le personnel du Bureau fédéral d’enquêtes y est implicitement raillé.

La série The Americans repose enfin sur le concept d’« ennemi intérieur (ou domestique) » très en vogue aujourd’hui dans l’Establishment médiatique et chez les démocrates. Or, ni l’Allemagne pendant les deux dernières guerres mondiales, ni l’URSS ne sont parvenus à implanter durablement des « taupes » aux États-Unis. Il faut peut-être comprendre cette série comme une métaphore sur l’infiltration du renseignement israélien aux États-Unis. Joe Weisberg avait-il en tête l’affaire Jonathan Pollard du nom de cet agent double qui a fourni à Tel-Aviv de nombreux secrets industriels et technologiques made in USA ? Condamné en 1987 à la perpétuité pour espionnage en faveur de l’État hébreu, Jonathan Pollard est libéré en 2015 et rentre en Israël en décembre 2020.

La série The Americans modifie la perception habituelle de l’espionnage propagée au cinéma et à la télévision. Au revoir les aventures bien trop clinquantes de l’agent double zéro sept de Sa Gracieuse Majesté ! Bonjour aux plans insidieux à quatre, six ou huit bandes… Cette série n’est en fait que le pâle et lointain reflet d’une terrible vérité : l’impitoyable guerre secrète est permanente entre les puissances de la planète.

Georges Feltin-Tracol.

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 214, mise en ligne sur TVLibertés, le 12 mai 2021.

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dimanche, 16 mai 2021

Alternative iranienne au canal de Suez

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Alternative iranienne au canal de Suez

Par Valery Kulikov

Source: New Eastern Outlook

Avec le récent blocage du canal de Suez par le porte-conteneurs Ever Given, de nombreux pays sont déjà activement impliqués dans la recherche et la discussion d’une éventuelle alternative future à cette voie de transport maritime reliant l’Europe et l’Asie. Ainsi, la Russie a proposé la route maritime du Nord, et Israël a rappelé l’idée du canal Ben-Gourion, qui pourrait relier la Méditerranée à la mer Rouge en contournant le canal de Suez. 

L’Iran n’est pas en reste, proposant comme l’une des « routes de contournement » le couloir de transport nord-sud du golfe Persique à la mer Noire, dont il a suggéré l’idée en 2016. Selon Amin Tarafo, du ministère des Routes et du Développement urbain de la République islamique, cette route sera lancée dans un avenir proche et permettra non seulement d’activer les connexions des pays de la région avec l’Europe, mais aussi d’accroître le rôle de la mer Noire, de l’Iran et du Caucase dans le transport mondial. Le 19 avril, un autre cycle de négociations sur le fonctionnement de cette voie de transport a eu lieu entre les représentants de la Grèce, de l’Iran, de l’Arménie, de la Géorgie et de la Bulgarie. Dans le même temps, la possibilité pour d’autres pays intéressés par la coopération de se joindre au projet a été soulignée.

Mahmoud Ommati, vice-président du conseil d’administration de l’Association iranienne des sociétés de transport international, a déclaré que l’Iran peut jouer le rôle d’un corridor entre le Nord et le Sud dans le commerce international. Dans le même temps, il a rappelé que le pays est sur le point de rejoindre l’Union économique eurasienne (UEEA), qui comprend l’Arménie, la Russie, le Kazakhstan, la Biélorussie et le Kirghizistan, ce qui, il en est convaincu, entraînera une prospérité supplémentaire du corridor Nord-Sud. Selon M. Ommati, la création de ce corridor de transport a été décidée par la Russie, l’Inde et l’Iran en 2000, et la République islamique pourrait jouer un rôle clé en tant qu’alternative appropriée au canal de Suez.

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Un autre projet très prometteur comme alternative au canal de Suez est, bien sûr, l’idée de construire une route maritime russo-iranienne de 750 km de long entre la Caspienne et le golfe Persique à travers le territoire de l’Iran. L’idée de ce projet est née après la guerre russo-turque de 1877-78, comme une opportunité de relier l’océan Indien à la mer Caspienne par cette voie maritime, puis de traverser la Caspienne vers l’Europe du Nord via la Volga. Sous le règne de Nicolas II de Russie, une commission russo-iranienne a même été créée, en 1904, et a commencé à concevoir ce canal. Deux options étaient alors envisagées : l’occidentale (vers la côte du golfe Persique) et l’orientale (directement vers l’océan Indien). Cependant, une série de guerres et d’autres événements ont empêché la réalisation concrète de ce projet : guerre avec le Japon, première guerre mondiale, révolution d’octobre en Russie, puis deuxième guerre mondiale. Cependant, il existe des informations selon lesquelles, lors de la conférence de Téhéran en 1943, Joseph Staline a rencontré le Shah d’Iran et lui a parlé de cette route. Le projet avait une importance non seulement commerciale et économique, mais aussi militaro-stratégique.

Après la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis se sont fortement opposés à la construction du canal, car ce projet, outre son objectif de transport, revêtait une importance militaro-stratégique considérable pour la Russie. Washington et ses alliés occidentaux s’y sont activement opposés, alors même que l’Iran était sous forte influence américaine pendant la guerre froide. Comme l’ont noté à l’époque certains médias américains et du Moyen-Orient, Washington, afin d’empêcher la création d’une alliance militaro-politique entre l’Iran et l’Irak, ainsi que la construction du canal Caspienne-Golfe Persique, est même allé jusqu’à déclencher une guerre entre ces deux pays du Moyen-Orient en 1980 et à entretenir une crise armée dans la région. Et en 1997, Washington a même lancé une sérieuse mise en garde à Téhéran contre toute tentative de commencer la construction d’un tel canal, promettant des « sanctions sévères », car ce projet pourrait objectivement affaiblir l’influence géopolitique des États-Unis et leur contrôle sur les voies de transport mondiales.

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Ces dernières années, cependant, ce projet, appelé en Iran le « fleuve iranien », a fait son retour. Le Kazakhstan, le Turkménistan, un certain nombre de pays de l’océan Indien et la Chine ont déjà manifesté leur intérêt pour ce projet. La délégation iranienne a même visité le canal Don-Volga, la voie navigable Volga-Baltique, établi des contacts de travail avec la société russe Rosmorrechflot au sujet de l’éventuelle mise en œuvre conjointe de ce projet, dont le coût est estimé à environ 10 milliards de dollars et, selon les estimations des experts iraniens et russes, ces investissements seront rentabilisés dans les cinq ans suivant le début de la construction du canal. La partie iranienne de l’itinéraire du projet s’étend dans l’ouest et le sud-ouest de l’Iran – du port iranien d’Anzali (sud de la Caspienne), puis le long des rivières Sefīd Roud – Karkheh – Nahr el-Kahla, cette dernière se jetant dans le Shatt el-Arab. Il est à noter qu’il s’agit d’un large chenal fluvial pour les navires de navigation mixte fluvio-maritime, se jetant dans le golfe Persique. En 2018, le nouveau statut du bassin de la Caspienne par les pays riverains a levé les obstacles juridiques à la construction du canal, de sorte que la route Caspienne d’une telle voie navigable passera par les eaux interieures, où il n’y a pas de zones maritimes nationales.

Par conséquent, cette voie navigable constituera la route de transit maritime eurasiatique la plus courte depuis la région de la Baltique, en passant par le canal Volga-Baltique et le long de la Volga jusqu’à la mer Caspienne, puis à travers l’Iran jusqu’au golfe Persique/l’océan Indien. Il sera possible d’atteindre l’océan Indien deux fois plus rapidement par cette voie navigable que par le Bosphore – les Dardanelles – Suez – la mer Rouge, ce qui explique pourquoi de nombreux pays ont commencé à manifester un intérêt croissant pour ce projet. Et le développement favorable des relations entre l’Iran et la Russie aujourd’hui, ainsi que l’intérêt de la Chine et d’un certain nombre d’autres grands États asiatiques pour ce projet, permettent d’espérer une évolution assez rapide de l’alternative russo-iranienne au canal de Suez, du stade de projet à celui de construction réelle.

Valery Kulikov, expert politique, en exclusivité pour le magazine en ligne « New Eastern Outlook ».

Traduit par Zineb, relu par Wayan pour le Saker Francophone

Dmitry Orlov : Mon credo politique

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Dmitry Orlov : Mon credo politique

Par Dmitry Orlov 

Source: Club Orlov

Compte tenu du haut niveau de polarisation politique aux États-Unis et, de plus en plus, en Europe occidentale, il semble assez important d’éviter de se retrouver pris entre deux feux. Certains esprits curieux voudront peut-être savoir quelle est ma position politique : suis-je un Trumpiste ou une groupie de Biden ? Suis-je un communiste ou un fasciste ? Il ne sert à rien de dire aux gens que je ne suis rien de tout cela. Les gens supposent automatiquement que si vous n’êtes pas une chose, alors vous devez être l’autre. Heureusement, j’ai un credo politique fondé sur des principes. Ce n’est même pas individuellement le mien ; je le partage avec mon collègue Sergei Vasilyev et probablement avec tout un tas d’autres personnes raisonnables qui l’accepteront volontiers comme le leur après l’avoir lu. Et donc, sans plus attendre, voici mon credo politique (et celui de Sergei).

41oXOkGV+9L._SX331_BO1,204,203,200_.jpg1. Je crois que seul le gouvernement fédéral peut et doit être le centre de pouvoir qui concentre les ressources et les dirige vers des activités qui ne peuvent ou ne doivent pas être gérées sur une base lucrative. Cette liste comprend toutes les activités qui forment la structure cohésive de l’État et qui lient les citoyens en un tout bien coordonné : l’exploitation et la protection des ressources naturelles, la construction de routes, les communications, la sécurité publique et la défense, les infrastructures sociales telles que les transports en commun et les installations de loisirs, les soins de santé et l’éducation. Tout cela doit être tenu par un seul ensemble de mains très fortes. Cela fait de moi un gauchiste totalitaire – un de ceux qui préconisent toujours un rôle accru pour le gouvernement.

2. Simultanément, je crois que le gouvernement, qu’il soit fédéral ou local, a un rôle purement consultatif et de supervision dans des domaines tels que la restauration, l’habillement et la chaussure, le toilettage des chiens, la réparation automobile et mille et une autres activités du quotidien, où une lourde bureaucratie gouvernementale n’a aucune chance de suivre la cadence d’entrepreneurs privés agiles. Bien sûr, le gouvernement peut et doit fixer et faire respecter des normes de qualité, de sécurité publique et d’environnement, des lois sur le travail et maintenir et mettre à jour toutes les réglementations applicables, en établissant, chaque fois que cela est possible, des partenariats public-privé dans le but de contrôler et de rendre compte de la conformité. Cela fait de moi un capitaliste de droite – un de ceux qui plaident constamment pour une implication minimale du gouvernement dans l’économie.

3. Je crois que le gouvernement ne devrait pas escroquer le public par le biais des taxes, qu’il s’agisse de l’impôt sur le revenu, de la taxe sur la valeur ajoutée ou de la taxe sur les ventes. Plus précisément, le travail ne devrait pas être taxé – jamais, du tout. Le gouvernement est (ou devrait se rendre, en réquisitionnant les ressources) suffisamment riche pour payer sa propre part en exploitant et en faisant payer un loyer pour toutes les ressources naturelles qu’il possède et/ou contrôle directement, en fixant des droits de licence suffisants, des tarifs d’importation et d’exportation, des droits sur l’utilisation commerciale des chemins de fer, des routes et des communications électroniques, etc. Je suis sûr que, libérés du joug de la fiscalité gouvernementale, les entreprises et les particuliers prospéreraient. Cela fait de moi non seulement un capitaliste de droite mais aussi un libertarien radical – un de ceux qui affirment toujours que l’impôt est un vol et qui demandent que tous les impôts soient abolis.

51Ylnnb1XcL._SX332_BO1,204,203,200_.jpg4. Afin de remplir toutes ses obligations énumérées dans la section 1 ci-dessus, le gouvernement doit avoir accès aux ressources. À cette fin, je crois que le gouvernement doit avoir un accès garanti à toutes les ressources dont il a besoin, quelle que soit la situation financière des particuliers ou des entreprises privées. Les retraites doivent être payées et les routes doivent être entretenues, quels que soient les sentiments des entreprises et des super-riches à ce sujet ou l’ingéniosité dont ils font preuve pour éviter les impôts en cachant leur argent dans des paradis fiscaux offshore et en utilisant d’autres astuces de ce genre. Encore une fois, la meilleure façon d’obtenir ces revenus est de fixer stratégiquement des taux sur l’utilisation des ressources, surtout des ressources énergétiques, qui devraient être réquisitionnées selon les besoins et maintenues sous le contrôle direct du gouvernement. Cela produira l’équivalent d’un système d’imposition progressif, puisque les riches consomment beaucoup plus que les pauvres. Cela fait de moi à la fois un socialiste – l’un de ceux qui se prononcent toujours en faveur de l’impôt progressif – et un capitaliste d’État – l’un de ceux qui croient en un secteur public important et rentable.

5. Je crois que le gouvernement doit être formé de cadres de la plus haute qualité : responsables, motivés pour obtenir des résultats, honnêtes, incorruptibles, patriotes et travailleurs. Cela fait de moi non seulement un gauchiste, mais aussi un communiste pur et dur.

6. Je crois que si quelqu’un fait du bon travail dans sa position d’autorité, que ce soit dans le secteur privé ou dans le gouvernement, il devrait avoir la possibilité de rester dans cette position jusqu’à la retraite. Il est tout simplement stupide de demander à quelqu’un d’investir des années dans l’apprentissage d’un travail compliqué et exigeant pour le remplacer par quelqu’un d’inexpérimenté et donc moins compétent dans le seul but d’imposer des limites artificielles à la durée du mandat. Les républiques bananières se caractérisent par le fait que la plupart des progrès réalisés par une administration sont, dès la fin de son mandat, immédiatement annulés par la suivante. Les personnes dont les postes sont essentiellement honorifiques et établis dans le but d’assurer la continuité et la stabilité politique devraient conserver leur emploi aussi longtemps que possible, dans de nombreux cas jusqu’à la mort, et dans certains cas, ces postes honorifiques devraient être hérités. Cela fait de moi un monarchiste pur et dur.

41G9p4zGYpL._SX332_BO1,204,203,200_.jpg7. Je crois que les hommes politiques doivent assumer l’entière responsabilité de leurs paroles comme de leurs actes, et que cette responsabilité doit être mise en œuvre par le biais du droit administratif et pénal. Les politiciens doivent assumer la responsabilité personnelle et matérielle de toutes les promesses qu’ils font pendant leur campagne et le non-respect de ces promesses devrait être assimilé à une rupture de contrat et à une négligence criminelle. Cela fait de moi non seulement un gauchiste mais aussi un stalinien pur et dur, puisque c’est sous Staline que les fonctionnaires ont particulièrement découvert la facilité de passer d’un travail de bureau à un travail à l’extérieur avec un pic à glace et une pelle à neige.

8. Je trouve déraisonnable d’espérer qu’un électorat irresponsable et incompétent élise des politiciens responsables et compétents. Je peux comprendre que le vote pour un chef d’État puisse être utile en tant qu’exercice patriotique – un acte d’acclamation où la masse de la population peut exprimer son approbation pour son dirigeant bien-aimé. Je peux également voir comment un vote public libre et honnête est un bon mécanisme pour choisir les fonctionnaires. Cela fait très certainement de moi un démocrate. Mais le choix des politiciens est une responsabilité sérieuse et chaque vote exprimé devrait être traité non pas comme un sondage d’opinion utilisé pour guider la sélection, mais comme une délégation directe et personnelle d’autorité et une garantie personnelle. Si l’élu s’avère ensuite être un criminel qui escroque le public, alors ceux qui ont voté pour lui doivent être tenus responsables du paiement des dommages et intérêts. Et si un groupe de fonctionnaires utilise des preuves falsifiées pour déclencher une guerre génocidaire dans laquelle de nombreuses vies innocentes sont perdues, alors eux, ainsi que tous ceux qui ont voté pour eux, devraient être jugés comme des criminels de guerre, dûment reconnus coupables et condamnés, selon le jugement du tribunal, soit à une vie entière de travaux forcés, soit à une exécution immédiate par un peloton d’exécution. Je ne sais pas si cela fait de moi quelqu’un de gauche ou de droite, ou peut-être les deux à la fois, mais je suis définitivement internationaliste dans la mesure où je crois qu’aucun pays – ses responsables ou ses citoyens – ne peut être autorisé à se placer au-dessus du droit international et doit assumer la responsabilité individuelle de ses crimes de guerre.

S’il y a un enseignement clé à tirer de cette discussion, c’est celui-ci. Il est possible d’adopter une position politique raisonnée et fondée sur des principes en étant, simultanément et sans contradiction interne, un internationaliste démocratique de gauche, totalitaire, capitaliste de droite, libertarien, socialiste, capitaliste d’État, monarchiste et stalinien. Cela indique que ce que les politologues postulent comme étant un spectre politique de gauche à droite, dans lequel ils tentent de contraindre chacun d’entre nous, est un ramassis de conneries. Pire encore, il s’agit d’une tentative flagrante de polarisation, de ségrégation par opinion, puis d’utilisation de tactiques de division et de conquête pour annuler les opinions opposées. Par conséquent, dans une discussion politique, vous devriez vous sentir libre d’appeler cela conneries et d’y mettre fin dès que quelqu’un tente d’introduire des termes polarisants tels que « gauche » et « droite ».

Oh, et si vous voulez toujours m’étiqueter politiquement, je suis un gauchiste totalitaire de droite capitaliste libertarien socialiste capitaliste d’état monarchiste stalinien démocratique.

Dmitry Orlov
 

51RqfXqhj7L._SX332_BO1,204,203,200_.jpgLe livre de Dmitry Orlov est l’un des ouvrages fondateurs de cette nouvelle « discipline » que l’on nomme aujourd’hui : « collapsologie » c’est à-dire l’étude de l’effondrement des sociétés ou des civilisations.

Traduit par Hervé, relu par Wayan, pour le Saker Francophone

L’affaire Sarah Halimi, un écho des dérives sanitaires

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L’affaire Sarah Halimi, un écho des dérives sanitaires

Dr. Daniel Cosculluela & Dr. Joël Hartmann

Cette affaire dans ses conclusions légales est d’autant plus choquante, qu’elle souligne la toute-puissance de la dictature sanitaire, son incohérence et ses contradictions.

Dans cette affaire il n’est de réalité incontestable que le massacre de Sarah Halimi et les propos qui l’ont accompagné. Les motivations du criminel et ses hypothétiques troubles pathologiques relèvent de l’hypothèse ou de l’interprétation.

L’évocation de la prise, déterminante, de drogues et d’alcool n’est pas avérée car si tel était le cas, les effets délinquantiels en seraient systématiques et validés par les études scientifiques comparatives.

Ceci étant également avéré dans l’affaire que nous évoquons.

La validation du déterminisme, de la causalité entre prise de produits perturbateurs du comportement et actes délictueux ou criminels relève du rôle des experts. Or ceux-ci n’ont pas systématiquement la preuve objective, matérielle et scientifique, des faits allégués, produits consommés et quantité, et ne font qu’interpréter la « réalité » feuilletonnée.

Mais surtout, le rôle initial de l’expert, tel qu’il nous a été enseigné est de définir la pathologie éventuelle du sujet selon la classification psychiatrique européenne traditionnelle.

La désignation d’un expert relève d’une faculté de choix du magistrat et non d’une obligation selon l’arrêt de la Cour de Cassation de 2016, rappelant qu’aucune disposition de Code de procédure Pénale ne fait obligation au juge d’ordonner une expertise psychiatrique ou psychologique.

La notion de pathologie fondamentale structurelle est donc aujourd’hui minorée ou négligée avec corrélativement une pathologisation accentuée des comportements et conduites humaines, ce qui contribue, sauf situations idéologiques particulières relevant de la pensée unique et de la novlangue, à une banalisation des actes et des faits.

L’affaire Sarah Halimi, caractérisée par le meurtre sauvage d’une sexagénaire de confession juive par un voisin dans un accès de « folie » meurtrière, soulève de nombreuses interrogations.

Sur le plan de l’expertise psychiatrique, la responsabilité pénale déterminée par la première expertise a été invalidée par les suivantes.

La question centrale est celle d’un accès délirant aigu à tonalité mystique, sous emprise de toxiques, ayant été la principale cause du meurtre sauvage.

Ce que l’on sait du profil de l’assassin :

Un homme d’origine malienne de 27 ans au moment des faits, de confession musulmane, connu des services de police pour de nombreux délits, vols, violences, port d’armes, outrages et usage de stupéfiants…

Cet homme au cours d’un épisode singulier en 2017 s’est déchaîné dans la violence,  a d’abord séquestré des voisins avant de s’en prendre cruellement à une autre voisine, Madame Halimi, qu’il a battu à mort avant de la défenestrer du troisième étage en proférant des sourates du Coran et en criant « Allah Akbhar » !!!

Ceci relèverait d’une voix entendue et ordonnant ces actes. Doit-on croire ce qu’un individu déclare et prétends se souvenir en alléguant par ailleurs être sous l’emprise de drogues ?

L’alcoolisme est également fréquemment générateur de ces états et les ivresses aigues, les magistrats le savent bien, déterminent souvent des passages à l’acte dramatiques qui n’auraient pas lieu sans les effets de l’alcool.

La jurisprudence révèle que la totalité des délits ou crimes, volontaires ou involontaires commis dans ces circonstances sont pénalement responsables.

Pourtant un alcoolique en ivresse prononcée, qui prend sa voiture et tue sur la route comme il aurait pris une autre arme que son véhicule, n’a évidemment pas la capacité de jugement, de vigilance, de discernement et d’analyse de ce qu’il fait au moment où il le fait, mais demeurera pénalement toujours responsable des conséquences. On sait très bien que si cet alcoolique est ordinairement violent ou impulsif que ces tendances seront renforcées par son ivresse…

Mais s’il tue à ce moment précis, le meurtre aura-t-il principalement été déterminé par la nature de l’auteur ou l’altération de ses capacités de contrôle permise par l’effet du toxique ?

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La toxicomanie est un fléau de santé publique et l’utilisation des drogues puissamment hallucinatoires tels que le LSD, acides ou champignons hallucinogènes est malheureusement très répandue.

Qu’en est-il de la responsabilité pénale de l’individu sous l’effet de ces drogues qui commet l’irréparable ? Pire ! La Kétamine, drogue potentiellement hallucinatoire est, depuis 2019, commercialisée et prescrite aux USA pour le traitement de la dépression, tandis que le LSD et le Psilocybe (champignon hallucinogène) sont actuellement étudiés pour les mêmes indications thérapeutiques ainsi que le CBD désormais autorisé en France. On prescrit donc déjà d’authentiques drogues capables d’abolir le contrôle de soi pour traiter une dépression ! Nous nous rapprochons étrangement du Meilleur des Mondes d’Aldous Huxley.

Cette affaire renvoie donc à la nécessité morale et pénale de réviser la notion de responsabilité du sujet, du corps social…et le redéfinir le rôle des experts afin que cesse cette odieuse extension de la notion d’irresponsabilité promue par l’appareil judiciaire.

Docteur Daniel COSCULLUELA

Docteur Joël HARTMANN

La revue de presse de CD 16 mai 2021

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La revue de presse de CD

16 mai 2021

ECONOMIE

Le lithium prendra-t-il la place du pétrole ?

Electromobilité : un changement radical de la relation homme/voiture est en cours. Le lithium sera-t-il le « carburant » du futur et supplantera-t-il le pétrole ? Entre-temps, la course géopolitique à l'accaparement des précieux éléments naturels a déjà commencé.

Euro-synergies.Hautetfort.com

http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2021/05/06/l...

La métropolisation de la France, un danger pour la République

La métropolisation est une tendance lourde de nos sociétés. Né aux États-Unis, ce phénomène de concentration de la production de richesses dans de très grandes agglomérations a gagné la France au cours des dernières décennies et l’a profondément transformée. La métropolisation a conduit à une éviction des classes moyennes et populaires des métropoles, renvoyées dans une France périphérique appauvrie. La crise des Gilets jaunes a mis en lumière les dommages démocratiques de cette partition sociale et territoriale. C’est la thèse de Pierre Vermeren, professeur d’histoire contemporaine à Paris 1 Panthéon-Sorbonne, qui vient de publier dans la collection Le Débat chez Gallimard L’impasse de la métropolisation.

Le Vent Se Lève

https://lvsl.fr/les-metropoles-et-la-metropolisation-de-l...

FRANCE

Nucléaire en France : les éléments du choix

Le nucléaire a mauvaise presse auprès des principaux mouvements écologistes. L’histoire récente nous rappelle bel et bien que l’énergie nucléaire est sujette à d’importantes contraintes technologiques, financières et humaines. Le risque d’un accident majeur, même s’il est probablement limité en France, n’est pas nul. Ainsi, l’énergie nucléaire nécessite une vision stratégique de long terme, des investissements réguliers, une conservation du savoir-faire et des compétences, un appui permanent de l’État et de la société. Toutefois, une fois ces conditions remplies et le choix réalisé de manière démocratique, une énergie nucléaire bien gérée peut représenter un réel apport pour relever le défi de la transition énergétique. Un apport que les écologistes pourraient n’avoir pas le luxe de refuser.

Le Vent Se Lève

https://lvsl.fr/nucleaire-en-france-les-elements-du-choix...

GEOPOLITIQUE

L’Ukraine, le piège de la sécurité européenne

Jean-Claude Galli, membre du Comité d’orientation stratégique de Geopragma, revient sur les rapports de force qui s’affrontent dans le Donbass et les enjeux qui alimentent la récente escalade des tensions.

Geopragma

https://geopragma.fr/lukraine-le-piege-de-la-securite-eur...

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Égypte et Éthiopie : jeu à somme Nil ?

Les tensions montent autour du projet éthiopien du barrage de la Renaissance. Le Caire craint une main mise d’Addis-Abeba sur les eaux du Nil bleu et exige le maintien du statu quo hydraulique et stratégie dans la région. 

Conflits

https://www.revueconflits.com/gil-mihaely-nil-ethiopie-eg...

Perte de l’indépendance stratégique de la France : l’autre pétition des militaires

Dans une tribune publiée il y a quelques jours, un certain nombre de militaires de haut grade ayant quitté le service actif et regroupés au sein d’un « cercle de réflexion interarmées » déplorent vivement la participation de la France aux exercices militaires de l’OTAN dirigés contre la Russie. Ils y voient la soumission de notre pays à une stratégie américaine dangereuse et la perte de notre indépendance stratégique. Ainsi qu’une « erreur politique confinant à la provocation irresponsable », dont on peut penser qu’elle est dictée à la fois par l’alignement permanent d’Emmanuel Macron sur la politique des États-Unis et sur la confiscation du ministère des affaires étrangères français par le groupe de faucons néoconservateurs installés par Kouchner au Quai d’Orsay.

Vu du Droit

https://www.vududroit.com/2021/05/perte-de-lindependance-...

MEDIAS

Les médias américains, Pravda de la CIA et des agences de renseignement ?

La presse américaine, pendant longtemps, avait su se confronter à l’appareil de l’État profond, attitude qui culmina dans l’affaire des Pentagon Papers, dans les années 70, et ce avec le plein soutien de la Cour Suprême des États-Unis. Mais c’est à partir de l’affaire Snowden (qui divulgua en 2013 des informations secrètes aux journalistes Glenn Greenwald et Laura Poitras) que la galaxie de la sécurité nationale a montré les dents. Cette évolution a été d’autant plus facile que les journalistes, payés par des entreprises de presse au capital social de plus en plus concentré, sont progressivement devenus des distributeurs de nouvelles prérédigées par l’establishment des agences de presse. Bref, l’intrusion du « Big Business » comme du « Big Government », renforcée par la culture de l’instantané en continu, ont ainsi asphyxié l’essence même du journalisme.

OJIM

https://www.ojim.fr/les-medias-americains-pravda-de-la-ci...

Complots - comploteurs - complotistes

Un essai d’analyse de la crise sanitaire qui se déroule depuis le début de 2020 à travers ces trois termes à partir d’une question : « Y a-t-il eu un complot mené dans les coulisses de l’État français ? » Pour répondre à une telle question, rien de mieux que de se référer à un ensemble de faits parfaitement documentés… Un examen délicat qui souvent se résume à l’enfantin « C’est celui qui dit qui y’est »

Francesoir.fr

https://www.francesoir.fr/opinions-tribunes/complots-comp...

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Qui sont les « Décodeurs » ? Entre GAFAM, argent et influence. Première et deuxième partie

Aujourd’hui plus que jamais la vérification d’information, aussi appelée « fact checking » a le vent en poupe. Les journalistes et médias dispensent leurs vérités ou ce qu’ils estiment telles, sous l’ombre protectrice des multinationales américaines. Cinq grands médias ou agences en ont en France le quasi- monopole : Les Décodeurs du Monde, Désintox et Checknews par Libération, l’AFP Factuel, Fakes Off de 20 Minutes, et Les Observateurs de France 24.

OJIM

https://www.ojim.fr/qui-sont-les-decodeurs-entre-gafam-ar...

https://www.ojim.fr/qui-sont-les-decodeurs-entre-gafam-ar...

SECURITE

Loi Renseignement 2 : la surveillance algorithmique hors de contrôle

Protéger les citoyens du terrorisme en intégrant une surveillance de masse algorithmique altère les libertés fondamentales et se fait sans aucun élément probant quant à son efficacité.

Contrepoints.org

https://www.contrepoints.org/2021/05/05/396765-loi-rensei...

Cybersécurité : « Les attaques informatiques peuvent créer le chaos », alerte le patron de l’ANSSI

« On ne sera jamais assez ambitieux parce que nous sommes face à des menaces qui sont extrêmement fortes ». Auditionné par la commission des affaires européennes du Sénat, Guillaume Poupard, patron de l’ANSSI (agence nationale des systèmes de sécurité des systèmes d’information) a listé, ce jeudi, les enjeux en matière de cybersécurité auxquels la France doit faire face.

Public Sénat

https://www.publicsenat.fr/article/politique/cybersecurit...

samedi, 15 mai 2021

Tulipes d'orage - Le Roman de la langue de Philippe Barthelet

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Luc-Olivier d'Algange

Tulipes d'orage

Le Roman de la langue de Philippe Barthelet, éditions Pierre-Guillaume de Roux.

31vA3bR6sKL._SX313_BO1,204,203,200_.jpgLes grands livres poursuivent généralement un dessein autre que celui qui apparait de prime abord, laissant ainsi carrière à la surprise et à l'aventure. Là où l'on serait tenté de ne voir que des chroniques concernant l'usage de la langue française, se loge, comme dans un logis alchimique, une poétique et une métaphysique. Loin de n'être que le gardien du bon usage, tel que le conçoivent les professeurs et les académiciens, Philippe Barthelet veille sur le seuil, car la langue n'est pas seulement un instrument de communication (et l'on ne sait que trop à quoi elle se réduit souvent) mais une manifestation du Logos. Reprendre nos contemporains lorsqu’ils parlent et écrivent n'importe comment, en sabir pédant ou en traduidu, n'est pas seulement une question de forme, - ou bien elle l'est au sens le plus profond, la forme n'étant autre, par étymologie, que l'Idée, ainsi que le savaient les platoniciens, et après eux, nos théologiens du Moyen-Age.

Le Roman de la langue, dont Tulipes d'orage est le septième livre, n'est pas un addenda au dictionnaire, mais bien, comme son titre l'indique, une tentative romanesque et romane, de raviver la puissance des mots français et de contrebattre leur avilissement. Traité contre le ternissement, l'usure, la tristesse des vocables abandonnés à l'idéologie et à la publicité. Nous apprenons ainsi que la langue française, vivace, est de nature à traverser le pire hiver, celui où nous sommes, avec ses “auteures” et son écriture “inclusive”.

Chaque livre a son usage. Les uns nous distraient de ce que nous ne pouvons ou ne voulons voir, les autres nous informent, avec l'inconvénient, précisément, de porter souvent atteinte à la forme la plus heureuse de la pensée, qui, pour être, n'a besoin que de peu d'aliments, frugale par nature, et de pratique épicurienne. D'autres livres nous laissent songeurs, invitations au voyage. Plus rares encore ceux qui répondent à une attente essentielle et qui tiennent leur place, royale, aussi bien contre le temps qu'en faveur de ce qui, dans le temps, demeure et se perpétue, - disons la Tradition, qui vaut bien une majuscule, et dont nous apprenons, par ce roman de la langue, qu'elle n'est pas un conservatisme jaloux, une réaction morose, mais le cours même de la rivière, celle qui féconde les paysages qu'elle traverse, et dont les œuvres françaises sont les scintillements, les épiphanies, sous l'irrécusable et catholique soleil du Verbe.

9782363710222_1_75.jpgAu temps des identités abstraites, fabriquées et vindicatives, qui menacent de faire disparaître, de façon impure et compliquée, par décomposition, cette disposition providentielle que fut la France, il importe, plus que jamais, de ne pas se tromper de combat, et de fonder notre souveraineté, non dans ces mouvantes et fragiles institutions que les politiciens ravagent à loisir, mais dans la seule évidence qui peut encore en témoigner: notre langue, laquelle tient à distance le pathos, la lourdeur et le système, et nous donne ainsi la chance d'être moralistes, en évitant d'être moralisateurs.

La langue se dégrade à mesure que l'idéologie des moralisateurs l'imprègne. La fausseté, à la différence des mauvaises pensées, qui se donnent et apparaissent comme telles, ne peut se dire dans une langue juste. C'est une bien funeste illusion que de croire que notre bien, notre beau, selon la formule de Rimbaud, sont ailleurs que dans notre langue, d'imaginer la reconquête ailleurs que dans une Matinée d'ivresse, de vouloir une souveraineté qui ne fût dans une âme et un corps. C'est assez dire que dans ce roman de la langue française, que prolongent ces Tulipes d'orage, nous sommes plus proches de Rimbaud ou de Scève que du Bescherelle ou même du Littré, - c'est dire que nous sommes loin, comme le cerisier en fleur l'est de la folie des hommes dans le poème qui figure en exergue du Hagakuré.

Loin de ce monde, c'est bien dire au cœur du silence qui règne sur toute formule heureuse, à la façon d'un ciel sur le feuillage. Le Roman de la langue  de Philippe Barthelet guerroie contre la langue défigurée et appauvrie, non par un goût vétilleux de la correction, mais en appel à d'impondérables et indéfectibles richesses nues, - les plus hautes fidélités étant légères, comme le vent qui souffle où il veut.

Luc-Olivier d'Algange

"Les Mitchell contre les machines" : l'holocauste technologique expliqué au cinéma

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"Les Mitchell contre les machines" : l'holocauste technologique expliqué au cinéma

par Alexandre Karadimas

Il existe une catégorie de films d'animation dits familiaux qui sont d'emblée conçus comme un commentaire social et politique très précis et très assumé de notre époque. Par exemple « La Grande Aventure LEGO » (2014) parle de Big Tech monopolisant les contenus culturels, établissant une surveillance vidéo généralisée et contrôlant les machines à voter. C'est très « in your face » comme disent les Américains.

Il y a de nombreux exemples, certains plus subtils que d'autres. Le commentaire politique et social qui est fait appartient toujours au monde de l'antagoniste ou du « méchant », même quand le message est relativement neutre. Ainsi dans « Les Indestructibles 2 », l'antagoniste déclame un long monologue à propos de la société du spectacle qui est du Guy Debord à l'état pur.

Le tout récent « Les Mitchell contre les machines » (2021) n'offre presque aucune subtilité, si ce n'est d'utiliser la techno-magie pour ne pas avoir à parler du coronavirus. (Précaution d'usage : la suite de cette analyse va divulgacher l'essentiel du film)

Pour résumer l'intrigue du film : une Intelligence Artificielle (un smartphone féminin jaloux) prend le contrôle de la seule entreprise type Big Tech mondiale et déploie une quantité immense de robots pour capturer les humains et les placer dans des cellules individuelles en forme de prisme hexagonal, d'où ils peuvent continuer à aller sur Internet.

Ces prismes sont emboîtés à plusieurs endroits du globe sur des supports qui les enverront dans l'espace pour y mourir. Au bout de plusieurs péripéties, une famille présentée comme dysfonctionnelle arrive à désactiver le smartphone, mettant ainsi fin à son projet maléfique.

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Partie 1 : la coïncidence troublante avec le Great Reset

Pour un film développé à partir de 2018, il est troublant d'y voir une parabole absolument parfaite du confinement. Les gens sont enfermés dans des cellules individuelles et n'ont rien d'autres à faire que d'aller sur Internet, ce que certains semblent apprécier.

Le plan des robots est exposé à la manière d'un briefing d'hôtesse de l'air avant le décollage, sauf que là il est très clairement dit que les humains , qualifiés de « fleshlings » (sorte de « sac de viande » équivalent des « bouches inutiles »/ »Useless eaters » de Kissinger), vont être tués afin de réaliser l'utopie d'un monde meilleur sans humains.

Mais il est également annoncé que le WiFi est gratuit, et les prisonniers de s'en réjouir. C'est un gag qui remonte au moins à 2013 et à la vidéo « Help Obama kickstart World War III » ( https://www.youtube.com/watch?v=z-sdO6pwVHQ ), une vidéo redevenue en quelques mois à nouveau d'actualité, soit dit en passant.

« Les Mitchell contre les machines » est donc un film sur le Great Reset, et comment l'humanité s'est fait capturer en un temps record sans opposer de véritable résistance. La séquence d'actions qui mènent à la défaite de ce projet dans le film est une fantaisie de super-héros telle que les opprimés et les désespérés en attente de miracle peuvent l'imaginer.

En dehors de l'acte III complètement fantasmé, le film est terriblement précis et lugubre. En particulier le ciel est traversé durant tout l'acte II par un convoi continu de cellules individuelles flottantes, une sorte de train pour Auschwitz permanent.

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Partie 2 : le cadavre du Rêve Américain et de la société post-industrielle

Généralement on parle au cinéma de « la fin du rêve Américain » lorsque cette fin est pressentie ou en cours. Là, ce rêve est bien mort, on nous montre son cadavre de plusieurs manières différentes.

La scène la plus parlante à ce sujet est celle qui se déroule dans un centre commercial désert. Un personnage fait référence au film de George Romero « Dawn of the Dead » de 1978 mais l'endroit n'est pas du tout assiégé par des zombies, il est désert et des oiseaux sauvages s'y installent déjà.

Le film qui décrirait mieux cette atmosphère est « AI » de Steven Spielberg d'après Kubrick, et une phrase prononcée quelques minutes plus tard y fait référence lorsqu'un robot dit à un autre : « ce sont les derniers humains ».

C'est une scène des plus réussies pour décrire le monde du confinement, mais elle nous dit aussi : « voici où tout cela nous a mené ». Au début de l'âge informatique, au début des années 80, le centre commercial était présenté comme l'apogée de la société de consommation. Le voici vide, devenu sans objet.

Ce moment précis, le début des années 80, est d'ailleurs référencé à d'autres moments, par l'esthétique du film Tron de 1981 mais aussi les albums du groupe « Journey », devenu populaire en 1981. La vieille voiture familiale a également une allure et des détails résolument pré-Reaganomics.

Une scène fugace mais bien plus profonde est une sorte de flash-back relatant l'histoire personnelle du jeune couple avant que les enfants n'arrivent. Le père, fuyant la technologie, s'était construit par lui-même un chalet au milieu de la nature, dans un endroit reculé, mais « cela n'avait pas marché » et la jeune famille a dû quitter le paradis pour aller vivre en Suburbia. Il ne reste de cela qu'une petite sculpture d'un élan, que le père essaie de transmettre à sa fille, dernière trace d'un lien à la terre et à la nature.

Le personnage du père de l'héroïne incarne ceux qui ont encore connu la nature, un peu comme le personnage de Sol dans « Soleil Vert » (1973), il essaie de faire comprendre certaines choses à sa fille avant qu'elle ne se perde comme les autres dans l'illusion du cybermonde, mais ne parvient déjà plus à communiquer avec elle.

La représentation de cette coupure générationnelle a été très bien travaillée dans ce film, de manière à ce que les enfants puissent comprendre le point de vue de leurs parents. Pour la génération des parents et grands-parents, le film est terrible. Il montre que nous allons vers un holocauste technologique et que les survivants ne comprendront même plus le monde qui avait pu exister avant eux.

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Partie 3 : un film qui n'échappe pas au clivage Rouge/Bleu

Puisque les Etats-Unis sont en train de se séparer en entités Rouges et Bleues, cet aspect se retrouve aussi dans le film, seulement parce qu'il est un produit de son époque. Le propos du film n'est vraiment pas partisan au sens politique, mais il ne parvient pas à y échapper.

A la fin du film, il est révélé que l'adolescente / jeune femme qui est le protagoniste central a une relation amoureuse avec une étudiante noire de la faculté de cinéma en Californie. L'information vient comme un cheveu dans la soupe et sous la forme de deux courtes phrases, ce qui veut dire qu'on a ainsi payé un péage politique à Hollywood pour pouvoir diffuser le film.

Dans le film le monde « Bleu » est celui qui est irréel : d'un côté la Californie ensoleillée et ses facs branchées, de l'autre côté Big Tech comme cauchemar totalitaire couleur néon.

Le monde réel, de l'autre côté, est celui de la crise économique : la bagnole est un taudis roulant, les vêtements sont relativement usés et moches, l'intérieur de la maison est usé, pas rangé, avec beaucoup d'objets en bois, assez vieillot mais vivant, avec du mouvement, des animaux pas toujours maîtrisés, des jouets et des décorations personnelles.

C'est un monde qui est en train de mourir, notamment par la lumière froide des smartphones qui hypnotisent tout le monde sauf le dernier homme sur terre, le père, qui se rend impopulaire en essayant d'enrayer le désastre et de maintenir la vie.

Ce père n'est pas du côté « Rouge » au sens où il n'est pas un fanatique religieux ou vrai-faux traditionnaliste. C'est un homme qui essaie de faire ce qui est juste, et qui ne cesse de perdre. Par la force des choses, il doit rejeter le monde « Bleu » et ses fausses promesses, dont il veut protéger sa fille sur le point de quitter la maison.

Puisqu'il s'agit d'un film de notre époque, le combat est lui aussi évoqué. Les Voisins Idéaux, sortes de Cybergédéons et Turbobécassines (Gilles Chatelet)  avec leurs milliers de followers, semblent très compétents en matière militaire ou au moins d'autodéfense mais ils se retrouvent emprisonnés comme les autres.

La famille des protagonistes s'organise des armes de fortune mais elles ne servent à rien. Seuls les tournevis ont une importance déterminante car ils permettent d'agir sur le monde technologique, et chaque membre de la famille en a reçu en cadeau de la part du père.

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Cette idée que la maîtrise technique est libératrice se retrouve notamment dans le film « Brazil » (1984) de Terry Gilliam : le véritable danger pour la société totalitaire est Harry Tuttle, technicien chauffagiste indépendant, prêt à aider son prochain.

Conclusion : un véritable film familial

Le film finit sur l'idée d'une technologie à nouveau maîtrisée, puisque la famille dispose de deux esclaves robotiques qu'elle a collectée en route et qui sont pleinement intégrés dans le fonctionnement de la maisonnée, d'une sorte de « monde d'après » radieux.

Mais le film étant profondément lugubre, il s'agit ouvertement d'une convention narrative. Ce qu'un enfant va retenir du film ce n'est pas le retour à la normale avec une technologie qui va forcément rester suspecte, vu les événements du début. L'image qu'il lui restera ce seront les convois interminables de cellules individuelles voguant dans le ciel nuit et jour vers la mort.

C'est pourquoi « Les Mitchell contre les machines » est un excellent film familial.

Alexandre Karadimas.

 

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2040? Bye Bye USA...

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Café Noir N.23

2040? Bye Bye USA...

 
Café Noir – Un Autre Regard sur le Monde.
Émission du Vendredi 14 mai 2021 avec Pierre Le Vigan, Gilbert Dawed & André Archimbaud.
 
 
LE LIVRE D'ANDRÉ ARCHIMBAUD CHEZ AVATAR ÉDITIONS
 
Combat pour L’Hémisphère Nord – L’Amour d’Ariane https://avatardiffusion.com/livre/com...
 
RÉFÉRENCES (EN FRANCAIS)
 
Youri Bezmenov (Tomas David Schuman) https://fr.wikipedia.org/wiki/Youri_B...
Michel Geoffroy – La Superclasse mondiale contre les peuples https://shop.via-romana-pro.com/reinf...
Saul Alinsky – Être radical : manuel pragmatique pour radicaux réalistes https://www.leslibraires.ca/livres/et...
 
RÉFÉRENCES (EN ANGLAIS)
 
Yuri Bezmenov Ideological Subversion (Video) https://www.youtube.com/watch?v=QuyYG...
Scénario Aztèque – Aztlan https://www.globalsecurity.org/milita...
Scénario Aztèque – Chicano Movement https://www.history.com/news/chicano-...
Scénario Aztèque – National Council of La Raza https://constitutionwarrior.wordpress...
 
AUTRE Café Noir N.20 — Turquie entre Pantouranisme, Ottomanisme, et Islam Émission du Vendredi 23 avril 2021 avec André Archimbaud. https://youtu.be/u6vb1Vai4yM #cafenoir

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La paix improbable, la guerre impossible

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La paix improbable, la guerre impossible

Par Gaston Pardo

Les centres de renseignement occidentaux et eurasiens sont à la fois le bras armé et le bras discret de l'État. Instruments d'analyse de situations simples et complexes qui, si elles n'étaient pas menées à bien, conduiraient à une issue catastrophique, ils sont le symbole de la toute-puissance de l'empire conçu par le brillant géostratège Zbigniew Brzezinski dans ses livres et dans sa prestation aux côtés du président James Carter en tant que conseiller à la sécurité nationale (1977-1981).

41XVGc65yoL._SX338_BO1,204,203,200_.jpgD'autre part, mais en lien conjoncturel avec le stratège Brzezinski, le Canadien Thomas Gifford, dans son volumineux thriller Assassini, illustre de manière inédite l'activité, pendant la Seconde Guerre mondiale, d'un appareil de renseignement dirigé par l'avocat et espion catholique d'origine irlandaise William Donovan. Ce service de renseignement, particulièrement efficace dans le scénario de la Seconde Guerre mondiale en Europe, proposait déjà la Russie comme l'adversaire représentatif du Mal dans le monde.

C'est ainsi qu'a été tracé une fois pour toutes le désir ardent de la puissance unipolaire qui tient aujourd'hui à le rester, de mener, à son profit, toutes les avancées de la guerre psychologique pour combler, dans sa confrontation politique interne avec les successeurs des puritains associés au Parti républicain, tous les trous noirs dans son contrôle des minorités nationales immigrées aux États-Unis, parmi lesquelles se distinguent les Irlandais, les Italiens, les Juifs, les Polonais, les Latinos avec leurs leaders respectifs et leurs machineries de gangsters. 

La force d'Hillary Clinton

Huma Abedin est américaine et a fait ses études en Arabie saoudite. Son père dirige une revue universitaire - dont Huma elle-même a été le rédacteur en chef pendant des années - une publication qui publie régulièrement les opinions des Frères musulmans. Sa mère préside l'association saoudienne des femmes membres des Frères musulmans et a travaillé avec l'épouse du président égyptien Mohamed Morsi, un autre représentant des Frères musulmans.

Son frère Hassan travaille pour le cheikh Yusuf al-Qaradawi, le prédicateur et conseiller spirituel d'Al-Jazeera. Lors d'un voyage officiel en Arabie saoudite, l'ancienne secrétaire d'État a visité l'école Dar al-Hekma avec Saleha Abedin - la mère de Huma - qui préside l'association des sœurs membres des Frères musulmans.

Huma Abedin était une figure centrale de la campagne électorale d'Hillary Clinton, avec son directeur de campagne, John Podesta, qui était chef de cabinet de la Maison Blanche sous le président Bill Clinton. Podesta est également l'agent d'influence chargé de promouvoir les intérêts de l'Arabie saoudite au Congrès américain, une tâche pour laquelle il a reçu la modique somme de 200.000 dollars par mois. C'est ce qu'affirme le Réseau Voltaire.

Le 12 juin 2016, l'agence de presse officielle jordanienne a publié une interview du prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed Ben Salman, qui a défendu la modernité de sa famille en faisant valoir que la famille royale saoudienne a financé - illégalement - 20 % de la dernière campagne électorale d'Hillary Clinton. Le lendemain, l'agence a annulé la dépêche contenant ces informations et a affirmé que son site web avait été piraté.

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Huma Abedin (photo avec Hillary Clinton) n'est pas la seule personne de l'administration de Barack Obama à avoir des liens avec les Frères musulmans:

- Le demi-frère du président actuel, Abon'go Malik Obama, qui préside la Fondation Barack H. Obama, est également trésorier de l'Œuvre missionnaire des Frères musulmans au Soudan. Abon'go Malik Obama rend compte au président soudanais Omar el-Bechir.

- Membre des Frères musulmans, il est membre du Conseil national de sécurité des États-Unis. De 2009 à 2012, il était Mehdi K Alhassani. On ne sait pas qui l'a remplacé, mais la Maison Blanche a nié qu'il y ait un membre des Frères musulmans au Conseil national de sécurité, jusqu'à ce qu'on apprenne qu'Alhassani était membre de la confrérie.

- Rashad Hussain, l'ambassadeur américain auprès de la Conférence islamique, est également membre des Frères musulmans.

- D'autres membres dûment identifiés de la Confrérie occupaient des postes moins importants dans l'administration Obama. Mais il convient de mentionner en particulier Louay M. Safi, actuellement membre de la Coalition nationale syrienne et ancien conseiller du Pentagone.

En avril 2009, deux mois avant son célèbre discours du Caire, le président Obama a reçu secrètement une délégation des Frères musulmans dans le bureau ovale. Il avait déjà invité Ingrid Mattson, la présidente de l'Association des frères et sœurs musulmans aux États-Unis, à son inauguration.

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De son côté, la Fondation Clinton a employé Gehad el-Haddad (photo), l'un des dirigeants mondiaux des Frères musulmans, qui avait auparavant été responsable d'un programme de télévision coranique, comme chef de son projet Climat. Son père était l'un des cofondateurs des Frères musulmans en 1951, lorsque la Central Intelligence Agency (CIA) et le MI6 ont décidé de les faire revivre. Gehad a quitté la Fondation Clinton en 2012 pour devenir, au Caire, porte-parole de Mohamed Morsi, alors candidat à la présidence égyptienne, puis porte-parole des Frères musulmans à l'échelle mondiale.

Il s'avère par ailleurs que dans l'équipe de l'ancien adversaire d'Hillary Clinton, Donald Trump, se trouvait le général Michael T. Flynn, qui a tenté de s'opposer à la création de Daesh par la Maison Blanche et a démissionné de son poste de directeur de la Defense Intelligence Agency en signe de protestation. Et à côté de lui, également membre de l'équipe Trump, se trouvait Frank Gaffney, un guerrier froid historique, aujourd'hui qualifié de "complotiste" pour avoir dénoncé la présence de membres des Frères musulmans dans le gouvernement fédéral.

Bien entendu, du point de vue du FBI, tout soutien aux organisations djihadistes constitue un crime, quelle que soit la ligne politique de la CIA. En 1991, le FBI - et le sénateur John Kerry - ont provoqué l'effondrement de la BCCI, la banque pakistanaise enregistrée aux îles Caïmans et largement utilisée par la CIA dans toutes sortes d'opérations secrètes avec les Frères musulmans, le même stratagème que l'agence de renseignement américaine emploie souvent avec les cartels de la drogue d'Amérique latine.

Zbigniev Brzezinski

Comme l'a écrit Neil Clark le 29 mai 2017, on peut dire que l’héritage de Zbigniew Brzezinski, décédé à 89 ans, est concentré dans le texte intitulé "Notre monde en flammes" (World in flames - the legacy of Cold War warrior Brzezinski). Ce géo-stratège a recommandé et orchestré l'opération qui allait conduire à l'intervention russe en Afghanistan, au déploiement de la résistance afghane, d'où sont parties les ramifications de la résistance guerrière islamiste, à commencer par Ben Laden. Dès son origine, la CIA a été l'instrument opérationnel de cette énorme entreprise, à laquelle l'Arabie saoudite a contribué financièrement dès le début.

La version officielle a longtemps soutenu que les États-Unis avaient répondu en entraînant les moudjahidines ("combattants de la liberté"), comme on les appelait alors, pour réagir à l'intervention soviétique de décembre 1979.

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En 1998, Brzezinski a admis avoir donné au président Carter le premier ordre exécutif d'aider les "rebelles afghans" en juillet 1979, cinq mois avant l'entrée des forces russes en Afghanistan. "J'ai écrit une note au président dans laquelle j'expliquais qu'à mon avis, une telle aide induirait une intervention militaire soviétique" avait déclaré Brzezinski. Peu de temps avant, plusieurs responsables américains avaient rencontré des chefs "rebelles". Dès 1977, ‘’Zbig’’ avait créé le groupe de travail sur les nationalités, dont l'objectif était d'affaiblir l'Union soviétique en stimulant les tensions raciales et religieuses.

L'équipement militaire initial de la nébuleuse des minorités remonte à cette époque et il est opportun d'y réfléchir aujourd'hui, non pas avec les ressources de la pensée conformiste mondialisée, et d’y percevoir une menace superlative contre la civilisation. La guerre raciale, successeur de la guerre ethnique. Guerre des religions, guerre linguistique, comme en Afrique. Les tendances rebelles à la pensée unique sont écrasées par l'imposition de chiffres et d'opérations psychologiques telles que celles qui incitent les gens à voter en faveur de certaines candidatures.

La véritable responsabilité est celle du Système, avec l'organisation colossale de divers services d'agitation et de subversion des moyens opérationnels du Système, et sans doute la plus ambitieuse opération globale de déstabilisation jamais lancée par les USA (En 1980, Brzezinski évoquait "l'arc de crise" du monde qui va de l'Inde à la Somalie et dont la ligne de démarcation s'étendait sur les pays du Caucase. Le président Carter a créé le Central Command qui est aujourd'hui le plus puissant commandement politique et militaire des forces expansionnistes américaines. C'est ainsi qu'a été créée la structure du pouvoir réel qui oriente aujourd'hui les ambitions et les préférences psychologiques d'un public toujours plus consommateur.

Il est bon de rappeler à quel point, et à quelle profondeur, quelle absence de scrupules, quelle myopie et quel cynisme, quel idéalisme si fortement lié au destin du capitalisme, les États-Unis ont semé les graines dont on récolte aujourd'hui les fruits amers. Aux USA, à Washington D.C., se développe une corruption effrénée, en installant une communication générant des événements dérivés de simulacres purs et simples, transformant diverses organisations, parmi lesquelles la CIA depuis 1947, en archétypes de pouvoirs énormes et incontrôlables.

Pour un Islam libre et indépendant

Dans un point précédent, nous avons prononcé nos vœux pour que la présence dans un futur proche de migrants musulmans venant des zones turcophones et d'Afrique du Nord soit un moyen de renouvellement spirituel en Amérique et un renforcement de la transcendance de l'État.  L'Islam ne doit pas se limiter à être une force auxiliaire dans les manœuvres des puissances occidentales.

Les Frères musulmans ne justifient leur rôle d'organisation que par le fait que leur action répond à un centre de décision unique. Mais la boussole ottomane ne doit pas manquer pour éclairer le chemin de l'islam américain.

Nous avons dit qu'aujourd'hui encore, dans l’aire turcophone, il y a une convergence de deux projets géopolitiques en cours: celui de Biden qui consiste à retirer ses forces militaires d'Afghanistan et le projet de l’aire turcophone d'être unie sans limites d'aucune nature du nord de l'Iran à la zone ouïghoure de la Chine. L'activité de l'Islam ottoman manque déjà pour empêcher les deux algorithmes de se heurter.

Pourquoi la gauche aime-t-elle le confinement?

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Pourquoi la gauche aime-t-elle le confinement?

Par Marco Malaguti

Des États-Unis à l'Italie, de l'Allemagne à l'Espagne, la gauche a partout été le "parti du confinement". Curieux pour ceux qui, ces cinquante dernières années, avaient fait de la liberté de circulation et de l'"interdit d'interdire" leurs étendards. Y a-t-il une raison à cela ou est-ce vraiment un coup de chance?

SOURCE : https://www.progettoprometeo.it/perche-la-sinistra-ama-il-lockdown/

Au début de la pandémie, nous pensions que les mesures sévères prises par les autorités chinoises pour contenir les contagions (confinement total, couvre-feu, locaux fermés par l'autorité, etc.) n'auraient jamais été adoptées en Europe, et notamment en Italie. Mais comme souvent, la réalité a dépassé le fantasme, et la situation de notre pays nous est bien connue. Cependant, l'un des rares éléments de certitude, qui était également destiné à être balayé, était que toute la galaxie progressiste, qui avait fait de la liberté et de la mobilité ses drapeaux de guerre, aurait opposé une résistance farouche aux mesures coercitives adoptées par le gouvernement Conte Bis.

A vrai dire, les prodromes de la pandémie ont semblé donner raison aux préjugés précédemment entretenus: Matteo Salvini entendait mettre en quarantaine rien moins que les enfants arrivés de Chine. Un scandale digne de la pire droite souverainiste et raciste! Garder les enfants étrangers à la maison pour des raisons de santé? La folie! Fermer les frontières? Aucune chance. Ouvrez les ports (et les aéroports), embrassons les Chinois, tout le monde dîne au sushi wok et les déclarations de ce genre deviennent de plus en plus démentes. Vous frissonnerez, et rirez en même temps, si vous feuilletez l'un des journaux en kiosque entre janvier et février 2020. Entre un Nicola Zingaretti prenant l'apéritif dans un Milan désert et un Corrado Formigli dévorant un nem en direct à une heure de grande écoute sur La 7, il n'y avait aucun doute: les drapeaux de la gauche post-moderne étaient toujours les mêmes, liberté de mouvement à tout prix, interdit d'interdire, abolition des frontières, Erasmus permanent comme mode de vie. Il n'a fallu que quelques mois pour que ce paradigme soit complètement renversé. La même galaxie progressiste est maintenant alignée sur le camp diamétralement opposé. Non seulement ceux qui voulaient autrefois abattre toutes les frontières les ont maintenant rétablies, même entre les régions et les communes, une circonstance que nous pensions avoir déjà surmontée à la fin du Moyen Âge, mais ils ont même fait du "rester chez soi" leur propre croisade de civilisation.

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Autrefois réservée à la droite la plus réactionnaire et sécuritaire, la lutte contre les bivouacs et la vie nocturne sauvage est devenue l'apanage de la gauche, qui avait bâti sa fortune électorale sur le laxisme à l'égard du délabrement urbain, des repaires de drogués, des enclaves universitaires et de l'anarchie urbaine. De champion de la liberté, qui vit obstinément contre toutes les règles de la société bourgeoise bigote et réactionnaire, le jeune homme oisif en quête de défonce est devenu l'ennemi public numéro un. Pour ce faire, ils ont puisé dans la rhétorique la plus éculée de la pire gauche bureaucratique et anti-bourgeoise des ‘’années de plomb’’ les plus sombres: le jeune qui s'amuse n'est plus un ‘’nouveau partisan’’ mais un plouc bouffeur de sandwichs, un rustre, presque certainement aisé (et donc naturellement mauvais) qui veut juste s'occuper de ses affaires tandis que les personnes âgées, hier encore champions vivants et haïs de la pire droite populiste et eurosceptique, meurent étouffées par le virus dans les services surpeuplés des hôpitaux. Même le nomade, magistralement illustré par l'étudiant Erasmus, a été diabolisé en un rien de temps: adieu l'Europe pour visiter le backpacking, les coupons Interrail et les pèlerinages Ryanair. Désormais, il vaut mieux ne pas sortir de chez soi plus d'une fois par semaine, mieux si l'on est équipé de la sympathique appli de suivi d'état appelée Immuni, dont la fortune, cependant, s'est perdue en chemin. Aujourd'hui, le voyageur est un ‘’irresponsable’’, le voyageur est devenu un ‘’hédoniste vicieux’’ doublé d'un hurluberlu qui jette l’argent par les fenêtres, l'expatrié qui, après un an de travail semi-esclavagiste au Royaume-Uni, aimerait rentrer chez lui pour quelques jours pendant les vacances est un ennemi public, un ultra-conservateur attaché à la vieille Italie des petites villes et du ‘’familisme amoral’’. Restez dans votre studio exigu à Bristol. Greta et les environnementalistes vous remercieront. Si vous ne pouvez pas résister, demandez-leur de vous envoyer le proverbial "paquet d'en bas", ça va sans dire, dûment aseptisé. Quant aux immigrés en transit entre la Libye et la côte sicilienne sur les proverbiales péniches, qui ont toujours oublié tous les protocoles sanitaires, il suffisait de ne plus en parler, car ils ne protestent pas, ils n'apparaissent pas dans les salles de classe en formation à distance, ils ne se plaignent pas dans les émissions de radio, ils ne se coordonnent pas pour protester. Les ignorer et faire taire leurs histoires, qui nous étaient si chères auparavant, a été moins difficile que nous le pensions. Il vaut mieux parler des infirmières.

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Mais comment tout cela a-t-il été possible ? Comment cette métamorphose a-t-elle été possible, probablement la plus rapide jamais réalisée dans notre paysage politique changeant et fluide ? Attention, la nouveauté ne concerne pas seulement l'Italie: en Allemagne, les Verts et la gauche sont les plus ardents défenseurs du confinement jusqu'au bout, et il n'est pas une manifestation contre les fermetures qui ne voit une mobilisation parallèle de collectifs antifascistes contre les "négationnistes". Nous avons vu la même chose en Espagne, où le ‘’lockdownisme’’ a coûté à la gauche ibérique une défaite écrasante à Madrid qui a mis fin, entre autres, à la lumineuse carrière politique du leader de Podemos, Pablo Iglesias. Sans parler des États-Unis, où la paranoïa covidienne a été l'atout qui a conduit Joe Biden à la victoire contre le "négationniste" Donald Trump. La raison de la passion fulminante de la gauche pour les enfermements est donc à chercher en amont de toute considération locale ou nationale.

En effet, l'artificialité de la frontière, érigée par une certaine gauche radicale, entre les gauchistes rouges (ou "authentiques") et les gauchistes dits fuchsia, apparaît avec force. Le contexte, le terreau, n'a jamais été aussi commun: la gauche occidentale post-moderne, en ce sens, est allée harmonieusement de pair avec la pratique répressive maoïste la plus brutale de la République populaire de Chine. Est-ce que nous parlons vraiment de quelque chose de différent, alors?

Dans la vision matérialiste, athée et substantiellement anarchique qui unit ces deux courants de pensée, la Nature est complètement dépouillée de toute connotation providentielle, voire de tout organicisme immanentiste. La nature, qui n'est plus la Création, mais un simple agrégat informe d'éléments atomiques groupés indifféremment en objets animés et inanimés, est présentée au progressiste comme un royaume générique du Chaos. La vie n'est qu'un voile de moisissure sur une planète rocheuse appelée Terre. C'est donc la tâche de l'homme, armé des critères de la raison, de la normaliser, de l'ordonner en vue d'une finalité historique supérieure. L'homme n'est pas l'agent de l'ordre, l'homme est l'ordre. Si l'homme devient providence, il s'ensuit l'axiome logique que tout, s'il est abandonné par l'homme, cesse d'être préservé. D'où la manie obsessionnelle de l'environnement (où l'homme est de façon ambiguë à la fois le problème et la réponse) et de la vie biologique nue, où l'on fait semblant de ne pas voir comment les hommes ont toujours survécu aux pandémies de toutes sortes. Dans la vision progressiste, tout doit être normalisé, sous peine de voir se répandre l'iniquité, la souffrance et finalement le désordre. De ce point de vue, la nature est un fumier, un grouillement purulent de pus biologique, une blessure dans le corps du Néant, comme l'a défini Georg Büchner. Le confinement n'est rien d'autre que la quintessence du progressisme élevé à un contexte social.

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Rien ne satisfait plus le politicien progressiste qu'une société qui a cessé de s'autoréguler de manière naturelle et qui, au contraire, obéit automatiquement aux ordres de l'utilisateur, comme s'il s'agissait d'un appareil électrique. Confinement oui, confinement non. Zone jaune, zone rouge, zone jaune, zone rouge. Savez-vous le plaisir et le sentiment de toute-puissance que vous ressentez en tant qu'enfant à allumer et éteindre la lumière de façon répétée? Là, on parle de la même chose. Dommage, comme les parents avaient l'habitude de nous prévenir, l'ampoule brûle. C'est de cela qu'il s'agit, de la conscience d'avoir un pouvoir plastique sur la réalité, de pouvoir faire défiler une multitude comme un seul homme, ce qui a toujours été le rêve humide de tout collectivisme, qu'il soit nationaliste ou égalitaire. Après tout, l'histoire est toujours maîtresse, et il n'est pas besoin d'archéologues pour démontrer que les régimes communistes et socialistes du passé, mais aussi du présent, n'ont jamais été les meilleurs amis de la liberté de mouvement et de divertissement. Entre les murs poétiquement rebaptisés barrières de protection antifascistes, les goulags, les villes fermées, le dépeuplement et le repeuplement forcés de régions entières en Union soviétique, en Chine, au Cambodge et en Europe de l'Est, les régimes qui aspiraient à la liberté la plus totale du peuple ont donné de nombreuses preuves de ce qu'ils entendaient par liberté. Certes, les râleurs ne manquaient pas non plus à l'époque, mais la responsabilité de la souffrance n'était-elle pas imputée aux saboteurs dont la débauche n'a fait que retarder sine die l'avènement radieux de la société communiste? Déjà à l'époque, les ennemis internes ne manquaient pas: parmi les dissidents, les clercs, les "asociaux", les petits voleurs, les hédonistes et les "traîtres" génériques, il y avait l'embarras du choix, et si vous pensez que j'exagère, allez revoir le contexte idéologique et les sympathies géopolitiques de ceux qui, aujourd'hui, en Italie, soutiennent le confinement à tout prix.

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Et tout cela en gardant le silence sur la pratique néo-stalinienne de liquidation des soi-disant ennemis de classe. Là où le NKVD ne peut plus accéder, l'ordre d'un président régional suffit. Avez-vous un numéro de TVA? Vous n’êtes pas un employé (notamment de l'État)? Alors, fermer. Quoi qu'il en soit. Même si vous êtes affamé. D'ailleurs, on sait où vont les sympathies de ces commerçants. Si la révolution ne s'est pas encore manifestée dans les niveaux superstructurels de la société, rien de mieux que d'agir immédiatement à la base, en allant intervenir dans la base dite économique. Il ne faut pas être politologue pour comprendre que, pour ceux qui font des prolétaires et des assistés leur base sociale, leur disparition serait une tragédie. Au contraire, il vaut mieux que les prolétaires soient toujours plus nombreux, et cela, nous l'accordons, le communisme a toujours réussi à l'obtenir dans tous les endroits où il a pu arriver au pouvoir. La prosopopée vieille de 50 ans sur les libertés individuelles s'est révélée être un colossal cheval de Troie destiné à ébranler les défenses de la soi-disant "société bourgeoise", exactement comme Karl Marx nous l'avait toujours rappelé, à savoir qu'on ne passe pas au socialisme si le capitalisme ne suit pas d'abord son cours, de sorte que la soi-disant gauche fuchsia n'a jamais perdu de vue son objectif ultime, tandis qu'une droite sans cervelle, riant devant les décombres du mur de Berlin, n'a rien pu faire d'autre que de s'asseoir à la table entre une coda alla vaccinara et une autre. Et les champions des droits civiques ? Des droits individuels ? Laissez-les aller en Chine, strictement avec un masque. Pas besoin de dépoussiérer, nous en sommes sûrs, ce que Lénine disait des idiots utiles.

Marco Malaguti.

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vendredi, 14 mai 2021

Le réalisme politique: un art de l'action (Nicolas Machiavel)

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Le réalisme politique: un art de l'action (Nicolas Machiavel)

 
Cette vidéo a pour but d’inaugurer une série consacrée à des philosophes appartenant au courant « réaliste politique ». Je reviendrai occasionnellement sur certaines figures majeures de cette tradition. C'est pourquoi il m'a semblé nécessaire de commencer par l'initiateur de celle-ci, Nicolas Machiavel. Son oeuvre, bien que vieille de cinq siècles, reste d'une étonnante actualité. Le philosophe florentin montre qu’il ne faut jamais couper la pensée politique de sa finalité qu’est l’action concrète et pragmatique.
 
 
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Musiques utilisées dans la vidéo :
- R. Wagner : Ouverture de Rienzi
- Bach : Musikalisches Opfer
– Thema Regium (Jordi Savall and the Concert of Nations)

Thoreau et la difficile désobéissance civile face à la dictature sanitaire

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Thoreau et la difficile désobéissance civile face à la dictature sanitaire

par Nicolas Bonnal

« La masse des hommes sert ainsi l’État, non point en humains, mais en machines… »

Relire Thoreau par les temps qui courent en occident est intéressant, parce que ce légendaire résistant nous explique à quel point il est difficile de… résister. Et il ne fait pas de cadeaux, même à ceux qui se disent résistants :

« Ils parlent de changer la société, mais ils n’ont point de refuge hors d’elle. »

Thoreau en grand ancêtre des libertariens (une école où l’on trouve le meilleur et parfois le pire) explique comme les taoïstes (voyez le Tao Te King) que le gouvernement idéal serait celui qui ne gouvernerait pas :

« De grand cœur, j’accepte la devise : « Le gouvernement le meilleur est celui qui gouverne le moins » et j’aimerais la voir suivie de manière plus rapide et plus systématique. Poussée à fond, elle se ramène à ceci auquel je crois également : « que le gouvernement le meilleur est celui qui ne gouverne pas du tout » et lorsque les hommes y seront préparés, ce sera le genre de gouvernement qu’ils auront. »

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Thoreau refuse l’esclavage (un homme sur six alors est esclave : on n’est pas woke pour rien en Amérique) et la guerre contre le Mexique. L’Amérique hispanique fut volée et conquise, et on assiste en ce moment à une Reconquista – si j’ose dire. Thoreau explique cette guerre car les gouvernements américains servent déjà (en 1849) les intérêts des oligarques :

« L’armée permanente n’est que l’arme d’un gouvernement permanent. Le gouvernement lui-même — simple intermédiaire choisi par les gens pour exécuter leur volonté —, est également susceptible d’être abusé et perverti avant que les gens puissent agir par lui. Témoin en ce moment la guerre du Mexique, œuvre d’un groupe relativement restreint d’individus qui se servent du gouvernement permanent comme d’un outil ; car au départ, jamais les gens n’auraient consenti à cette entreprise. »

Mais Thoreau se fait peu d’illusions : les gens veulent du gouvernement et des interventions étatiques. Il explique :

« Le gouvernement n’a ni vitalité ni l’énergie d’un seul homme en vie, car un seul homme peut le plier à sa volonté. C’est une sorte de canon en bois que se donnent les gens. Mais il n’en est pas moins nécessaire, car il faut au peuple des machineries bien compliquées — n’importe lesquelles pourvu qu’elles pétaradent — afin de répondre à l’idée qu’il se fait du gouvernement. »

La crise actuelle a montré la formidable faiblesse du caractère humain (voyez mon émission sur Coronavirus et servitude volontaire) ; de cette faiblesse résulte la montée de la puissance étatique et donc militaire. Thoreau :

« Le résultat courant et naturel d’un respect indu pour la loi, c’est qu’on peut voir une file de militaires, colonel, capitaine, caporal et simples soldats, enfants de troupe et toute la clique, marchant au combat par monts et par vaux dans un ordre admirable contre leur gré, que dis-je? contre leur bon sens et contre leur conscience, ce qui rend cette marche fort âpre en vérité et éprouvante pour le cœur. »

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Puis Thoreau devient terrible. L’homme moderne sert l’Etat comme une machine. Et là il règle ses comptes :

« La masse des hommes sert ainsi l’État, non point en humains, mais en machines avec leur corps. C’est eux l’armée permanente, et la milice, les geôliers, les gendarmes, la force publique, etc. La plupart du temps sans exercer du tout leur libre jugement ou leur sens moral ; au contraire, ils se ravalent au niveau du bois, de la terre et des pierres et on doit pouvoir fabriquer de ces automates qui rendront le même service. Ceux-là ne commandent pas plus le respect qu’un bonhomme de paille ou une motte de terre. Ils ont la même valeur marchande que des chevaux et des chiens. Et pourtant on les tient généralement pour de bons citoyens. »

Certes tout le monde est a priori hostile à la tyrannie :

« Tous les hommes reconnaissent le droit à la révolution, c’est-à-dire le droit de refuser fidélité et allégeance au gouvernement et le droit de lui résister quand sa tyrannie ou son incapacité sont notoires et intolérables. Il n’en est guère pour dire que c’est le cas maintenant. »

Mais qui est pris à agir contre réellement ?

« Il y a des milliers de gens qui par principe s’opposent à l’esclavage et à la guerre mais qui en pratique ne font rien pour y mettre un terme ; qui se proclamant héritiers de Washington ou de Franklin, restent plantés les mains dans les poches à dire qu’ils ne savent que faire et ne font rien ; qui même subordonnent la question de la liberté à celle du libre-échange et lisent, après dîner, les nouvelles de la guerre du Mexique avec la même placidité que les cours de la Bourse et peut-être, s’endorment sur les deux. »

Thoreau a observé en effet qu’on s’endort au milieu des news qui a cette époque arrivent par télégraphe. C’est dans Walden. Il aussi écrit que l’info est devenue un éther, une drogue (voyez mon texte « De Platon à Cnn »). Il établit une différence entre l’homme de vertu et le facile défenseur de la vertu :

« On tergiverse, on déplore et quelquefois on pétitionne, mais on n’entreprend rien de sérieux ni d’effectif. On attend, avec bienveillance, que d’autres remédient au mal, afin de n’avoir plus à le déplorer. Tout au plus, offre-t-on un vote bon marché, un maigre encouragement, un « Dieu vous assiste » à la justice quand elle passe. Il y a 999 défenseurs de la vertu pour un seul homme vertueux. »

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Cela donne un résistant sur mille contre la dictature actuelle, et pas 10 ou 30% comme le croient les distraits. Nous sommes d’accord.

Thoreau vomit donc les tièdes comme les rédacteurs de l’apocalypse :

« Même voter pour ce qui est juste, ce n’est rien faire pour la justice. Cela revient à exprimer mollement votre désir qu’elle l’emporte. Un sage n’abandonne pas la justice aux caprices du hasard ; il ne souhaite pas non plus qu’elle l’emporte par le pouvoir d’une majorité. Il y a bien peu de vertu dans l’action des masses humaines. Lorsqu’à la longue la majorité votera pour l’abolition de l’esclavage, ce sera soit par indifférence à l’égard de l’esclavage, soit pour la raison qu’il ne restera plus d’esclavage à abolir par le vote. Ce seront eux, alors, les véritables esclaves. »

Il enfonce le clou :

« Ainsi, sous le nom d’Ordre et de Gouvernement Civique, nous sommes tous amenés à rendre hommage et allégeance à notre propre médiocrité. On rougit d’abord de son crime et puis on s’y habitue ; et le voilà qui d’immoral devient amoral et non sans usage dans la vie que nous nous sommes fabriquée. »

Comment résister ? Par exemple en ne payant pas ses impôts :

« Si un millier d’hommes devaient s’abstenir de payer leurs impôts cette année, ce ne serait pas une initiative aussi brutale et sanglante que celle qui consisterait à les régler, et à permettre ainsi à l’État de commettre des violences et de verser le sang innocent. Cela définit, en fait, une révolution pacifique, dans la mesure où pareille chose est possible. »

Cela serait bien en effet mais cela nous semble difficile à une époque où tout le monde, entrepreneurs compris, finit par vivre de l’Etat (c’est la logique du Reset et de la dictature numérique en cours d’achèvement) et de la dette publique.

Textes :

https://instituthommetotal.fr/bibliotheque/PDF/henry-david-thoreau-la-desobeissance-civile.pdf

http://www.dedefensa.org/article/de-platon-a-cnn-lenchain...

https://www.dedefensa.org/article/guenon-et-le-rejet-des-...

Entretien avec Denis Collin: pour une défense de l'Etat national !

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Entretien avec Denis Collin: pour une défense de l'Etat national!

Ex: https://latribunadelpaisvasco.com/art/14952/denis-collin-...

411ITDKHemL._SX322_BO1,204,203,200_.jpgPourquoi un livre pour la défense des États-nations?

Ce livre est un recueil d’articles écrits au long des années et qui ont été rassemblés et traduits par Carlos Javier Blancos que je remercie vivement. Ma démarche est d’abord celle d’un “marxiste vieille école”. Je me demande quelles sont les meilleures conditions pour lutter contre le capitalisme et oeuvrer pour une société plus juste. En travaillant sur l’oeuvre politique de Marx, deux choses finissent par me sauter aux yeux. Marx dit: la lutte de classe est internationale dans son contenu, mais nationale dans sa forme. C’est pourquoi, à la différence des anarchistes, il pense essentielles la conquête et la transformation du pouvoir d’État. Ensuite quand l’association internationale des travailleurs est fondée en 1864, les points les plus importants sont la défense des luttes nationales des Polonais et des Irlandais. Il est clairement dit par là que l’internationalisme suppose l’existence des nations et leur reconnaissance. Bref, l’internationalisme est l’opposé du cosmopolitisme et du mondialisme.

Cette démarche théorique se combine chez moi avec un évolution qui se précipite à la fin des années 1980 quand je comprends que l’Union Européenne est un carcan passé autour du cou des peuples. Je soutiens Jean-Pierre Chevènement dans le combat pour le “non” au référendum de Maastricht.  Et depuis je n’ai jamais dévié de cette ligne que j’ai plutôt raffermie.

Quand le modèle de l'État-nation a-t-il commencé à être remis en question?

Si on remonte très loin, on peut dire que le modèle de l’État-nation est mis en question quand se développe l’impérialisme. L’impérialisme n’est pas le prolongement de l’État-nation, mais sa subversion par les intérêts privés. Ici, je trouve très éclairantes les analyses d’Hannah Arendt dans son livre sur l’impérialisme. C’est encore Arendt qui dit que les frontières nationales sont comme les murs qui empêchent le monde de s’effondrer. C'"est tout un pan de la pensée d'Arendt qu'on a laissé dans l'ombre.

livre-collin.jpgLa Première Guerre mondiale a été le premier coup porté aux États-nations. Mais c’est surtout avec la Seconde Guerre mondiale que se mettent en place les premières institutions de « gouvernance globale », sous couvert de l’ONU ou en dehors comme l’OTAN, le GATT. On est entré à ce moment dans l’ère de la souveraineté limitée.

Quelle est la signification de l'État-nation dans un monde globalisé?

Dans un monde globalisé, l’État-nation est un archaïsme ! L’échelon national ne doit plus être qu’un échelon administratif de l’ordre capitaliste mondial. Dans un texte prémonitoire daté de  1924, Trotski écrivait : « Au fur et à mesure que se développeront leurs antagonismes, les gouvernements européens iront chercher aide et protection à Washington et à Londres ; le changement des partis et des gouvernements sera déterminé en dernière analyse par la volonté du capital américain, qui indiquera à l'Europe combien elle doit boire et manger... Le rationnement, nous le savons par expérience, n'est pas toujours très agréable. Or, la ration strictement limitée qu'établiront les Américains pour les peuples d'Europe s'appliquera également aux classes dominantes non seulement d'Allemagne et de France, mais aussi, finalement, de Grande-Bretagne. » À quelques détails près, c’est le régime que nous connaissons. Les États-Unis décident en dernière analyse qui sera le « Gauleiter » de telle ou telle région d’Europe. On voit le sort de la pauvre Italie où la pusillanimité des « Cinq étoiles » et de la Lega a fini par redonner le pouvoir à l’agent de Goldman Sachs intronisé par l’UE.  

44438572._SX318_.jpgONU, OTAN, Union européenne, Organisation mondiale du commerce, Organisation mondiale de la santé ... Est-il encore possible de défendre les États nationaux?

Ne cachons pas que la défense des États nationaux est devenue très difficile. L’imbrication des économies est telle que le retour à la souveraineté pourrait apparaître comme un pari risqué. Après tout, la France qui était un des grands pays producteurs d’automobiles ne produit plus sur son sol que 18% des automobiles immatriculées en France… Par exemple, Citroën est presque une marque espagnole! La pandémie a montré la faiblesse structurelle des pays d’Europe sur le plan industriel. Il n’est pas certain d’ailleurs que l’Allemagne elle-même soit aussi solide qu’elle en a l’air sur ce plan. Mais nous avons, dans l’âme de nos peuples, des forces prêtes à passer à l’action, à se retrousser les manches. Il ne faudrait pas des décennies pour reconstruire une industrie automobile ou informatique digne de ce nom.

En outre, je crois que les nations perdantes de la mondialisation pourraient aisément s’entendre. La France, l’Espagne, le Portugal et l’Italie ont tant de choses en commun et leurs peuples se sont tant mélangés qu’une alliance du Sud pourrait rapidement rebattre les cartes. Et de plus nous parlons tous un dialecte du latin !

Comment la défense de l'État-nation doit-elle être menée?

La défense de l’État-nation exige que l’on brise le carcan des accords internationaux, notamment les traités européens et les différents traités transatlantiques. On apprend, par exemple que la Bulgarie est condamnée par les instances bruxelloises parce les commerçants y ont l’obligation de mettre au premier plan des produits alimentaires les produits locaux (fruits et légumes, laitages…) ! Pourtant on nous raconte toutes sortes de fables sur la transition énergétique et la priorité à la production locale. Mais le local fausserait donc la « concurrence libre et non faussée. » On pourrait multiplier les exemples de ces absurdités nées dans le cerveau des bureaucrates européistes et de leurs maîtres.

De son point de vue, la revendication de l'État national ne peut se faire qu'auprès des classes populaires. Pourquoi?

Je crois, comme mon ami Diego Fusaro que la classe bourgeoise comme classe nationale, attachée à son patrimoine et à certaines valeurs n’existe plus à l’âge du « capitalisme absolu ». Nous avons affaire à une « classe capitaliste transnationale », très bien analysée voici une vingtaine d’années par Leslie Sklair. Par exemple, en France, nous avons un nouveau milliardaire, c’est le PDG de la société américaine « Moderna » ! Cette classe capitaliste transnationale s’appuie sur toute une classe plus ou moins intellectuelle qui se nourrit des miettes tombées de la table de la mondialisation : traders, experts, spécialistes du marketing, « auditeurs », « coaches », toute classe purement parasitaire qui a tout intérêt à ce que les choses continuent en l’état.

51ZkF-dKqAL.jpgDonc les seules forces vraiment intéressées à la défense de l’État-nation sont celles pour qui il est la seule protection : les ouvriers, les travailleurs indépendants, les petits patrons, les précaires « uberisés » et sans doute quelques vestiges de l’ancienne classe dominante qui ne veulent pas voir disparaître ce en quoi ils croient. Tout cela peut faire un « bloc de classes », dans l’optique envisagée jadis par Gramsci. Les Gilets Jaunes avaient un temps esquissé un tel bloc.

Quelle devrait être la bonne organisation d'une Europe des États-nations?

Je suis pour une Europe confédérale, c'est-à-dire une association d’États-nations souverains qui s’engagent à ne pas se faire la guerre, à s’épauler quand l’un est menacé et à coopérer sur des projets concrets (comme on l’avait fait jadis avec Airbus). On pourrait avoir une monnaie commune, mais pas une monnaie unique, et avoir ainsi un système à deux monnaies, la monnaie nationale et la monnaie commune, qui laisserait une grande souplesse aux différents États pour gérer leur politique monétaire. Mon Europe, c’ est au fond le Projet de paix perpétuelle imaginé par Kant voilà plus de deux siècles! Une bonne partie des institutions européennes actuelles sont des bureaucraties nocives dont il faudrait se débarrasser – y compris le prétendu « parlement européen » qui n’est qu’une assemblée de bavards grassement payés. Je suis donc pour une Europe à bon marché !

Son travail chevauche la nouvelle droite et le marxisme hétérodoxe. Est-il reconnu d'une manière ou d'une autre dans les deux écoles ou est-ce que les étiquettes appartiennent au passé?

Toutes ces étiquettes appartiennent au passé. Droite et gauche sont confondues dans le culte du marché et de l’accumulation du capital. Sur les questions dites « sociétales », je crois qu’on me classera parmi les conservateurs : je suis hostile à la GPA et à la PMA, à la légalisation de l’euthanasie, comme à celle du cannabis ! Je suis également hostile à tout ce qui se trame du côté du « transgenre » qui ressemble de plus en plus à bricolage de chair humaine. Mais d’un autre côté, je pense que le seul avenir qu’aura l’humanité est un avenir communiste, c'est-à-dire un avenir où le bien commun prime sur la recherche individuelle de l’accumulation de richesse, un avenir où le travail productif est reconnu à sa juste valeur, car c’est dans le travail que l’homme exprime son essence. Mon communisme n’est pas utopique et il se confond avec la « décence commune » dont parlait Orwell. Pour donner des exemples : presque toutes les nations européennes ont un système de santé qui permet de soigner riches et pauvres indifféremment. Partout l’instruction de base est publique et à peu près gratuite. Pour moi, ce sont des embryons de communisme. Mais le plus important aujourd’hui est la revalorisation du travail, du travail manuel d’abord qui reste essentiel et le sera encore plus demain quand l’énergie bon marché sera un souvenir. Si on organise l’économie de sorte que tous les individus en état de travailler puissent vivre décemment de leur travail, alors on appliquera le principe paulinien : « qui ne travaille pas ne mange pas. »

L'Inde sera en première ligne dans la guerre civile au Myanmar

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L'Inde sera en première ligne dans la guerre civile au Myanmar

M.K. Bhadrakumar

Ex : https://katehon.com/en/article/india-will-be-front-line-s...

La façon dont certains animaux parviennent à sentir l'imminence d'un tremblement de terre reste un mystère. Juste avant le grand tsunami asiatique du 26 décembre 2004, les éléphants du Sri Lanka se sont déplacés en hauteur avant que les vagues géantes ne frappent; à Galle, les chiens ont refusé de se promener le matin avec leurs maîtres sur la plage.

Il est donc concevable que la décision des firmes Adani Ports and Special Economic Zone Ltd d'abandonner son projet très lucratif de terminal à conteneurs au Myanmar et de déprécier son investissement soit du même ordre. En effet, les entreprises sont également connues pour posséder un instinct animal - elles perçoivent des sons ou des vibrations subtiles dans la terre et anticipent les catastrophes imminentes.

Leur comportement animal inhabituel permet d'anticiper toute poussée soudaine du temps et de la causalité en politique. Le "comportement animal" du groupe Adani intervient dans le contexte d'un changement progressif de l'attitude du gouvernement indien à l'égard du Myanmar - une gravitation vers le camp occidental dans son projet quintessentiellement antichinois ("Quad").

Les néoconservateurs purs et durs et les gauchistes délirants mis à part, il était évident pour les étrangers, dès le début, que les troubles au Myanmar avaient toutes les caractéristiques d'une "révolution de couleur". La cacophonie a atteint son paroxysme à la fin du mois de mars, culminant avec le massacre de centaines de manifestants lors d'une répression militaire.

Ce fut un tournant. Le chœur - BBC, Radio Free Asia, ONG occidentales promouvant la démocratie et les droits de l'homme - a rapidement commencé à s'affaiblir et le centre d'intérêt s'est déplacé de la rue vers les capitales mondiales avec une campagne diplomatique massive pour une intervention internationale. L'idéal aurait été que le Conseil de sécurité des Nations unies approuve l'intervention.

L'Inde a essayé d'obtenir l'accord de la Russie et de la Chine pour une approche intrusive, mais le consensus a été difficile à trouver. Les souvenirs de l'intervention occidentale en Afghanistan, en Irak et en Libye hantent Moscou et Pékin. En outre, cela constitue un précédent pour le Belarus ou Hong Kong, par exemple. La dimension géopolitique a commencé à prendre de l'ampleur.

Mais le volet opérationnel caché se concentre sur la création d'un "gouvernement en exil" (un gouvernement d'unité nationale). Parallèlement, le MI6 britannique cherche à réunir les principaux groupes de guérilla ethnique séparatiste du Myanmar, les encourageant à profiter du chaos pour ouvrir un second front.

En effet, une certaine proximité s'est développée depuis lors entre les manifestants birmans de Yangon et de Mandalay d'une part et les groupes ethniques minoritaires non birmans d'autre part. Malgré un passé d'antipathie mutuelle, ils convergent aujourd'hui pour saigner les militaires. C'est une coalition improbable de bouddhistes et de chrétiens, mais comme l'évalue prudemment un analyste américain, c'est faisable: "Aujourd'hui, la célébration collective de l'expression religieuse chrétienne, musulmane et d'autres religions non bouddhistes et la participation au mouvement lui-même préfigurent, espérons-le, un sens plus inclusif du nationalisme. Si elle est entretenue et institutionnalisée par le gouvernement d'unité nationale désigné, cette identité nationale inclusive pourrait contribuer à faire émerger un État démocratique où la diversité sera honorée et célébrée, et où les personnes de confession non bouddhiste ne seront pas confrontées au même degré de discrimination institutionnelle et sociale que par le passé ».

"Cela nécessitera une transformation significative, probablement générationnelle, des institutions et processus étatiques, religieux et culturels qui ont historiquement privilégié les bouddhistes bamar." (Au-delà du coup d'État au Myanmar: Don't Ignore the Religious Dimensions, par Susan Hayward, Harvard Law School).

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Quoi qu'il en soit, à la mi-avril, la première attaque armée d'envergure contre les militaires a été menée par l'Union nationale karen, le plus ancien groupe rebelle du Myanmar (créé à l'origine par la puissance coloniale britannique pour lui servir de mandataire).

Aujourd'hui, le gouvernement dit d'unité nationale a annoncé son intention de créer une armée d'union fédérale - une force militaire composée de transfuges des forces de sécurité, de groupes ethniques rebelles et de volontaires. Ce serait un tournant qui transformerait l'agitation antimilitaire en une confrontation armée avec l’armée. Le Myanmar entre dans la phase cruciale, semblable à celle où se trouvait la Syrie en 2011.

Les parallèles avec la Syrie sont frappants: les manifestations du "printemps arabe" (mars-juillet 2011) ont été écrasées par le gouvernement syrien, qui a ensuite servi d’alibi pour une intervention occidentale à grande échelle, orchestrée par les États-Unis et leurs alliés, qui a finalement été détournée par des groupes extrémistes, notamment l'État islamique et Al-Qaïda, et a déclenché à son tour l'intervention russe pour défendre le gouvernement Assad.

Bien sûr, l'une des principales différences est que les pays voisins ne veulent pas être impliqués dans une guerre civile au Myanmar. Il est certain que, dans un tel scénario, tout changement de la politique indienne en faveur d'un ralliement au projet occidental est lourd de conséquences.

1f9f38daf989fabc010349a730a26b31.jpgLes nouvelles surprenantes qui nous parviennent aujourd'hui de Hakha, la capitale de l'État Chin, près de la frontière avec l'Inde, constituent une sonnette d'alarme pour les États indiens du nord-est, qui ont des affinités ethniques et religieuses avec les groupes rebelles de l'autre côté de la frontière. L'État Chin est réputé pour sa stabilité et sa paix, mais les incidents d'aujourd'hui, qui prennent la forme d'attaques éclair, ont entraîné la mort de neuf soldats. Cela semble être une répétition générale.

Plus de 85 % de la population de l'État Chin est composée de chrétiens (plus d'un demi-million). L'État Chin partage sa frontière avec six districts du Mizoram. Plus de 87 % de la population du Mizoram est chrétienne et des rapports font état de personnes originaires du Myanmar qui traversent la frontière. La plupart des réfugiés qui arrivent de l'État Chin sont issus des tribus Lai, Tedim-Zomi, Luse, Hualngo et Natu, qui ont des liens étroits avec les Mizos du Mizoram, ainsi qu'avec les Kuki-Zomis de Manipur.

Au fil des décennies, de nombreux habitants de l'État Chin ont également migré vers le Mizoram. (‘’Why Mizoram sees Myanmar refugees as 'family'’’, The Print, 24 mars 2021). L'Inde et le Myanmar partagent une frontière non clôturée de 1643 kilomètres qui traverse l'Arunachal Pradesh (520 km), le Nagaland (215 km), le Manipur (398 km) et le Mizoram (510 km). Les États correspondants au Myanmar sont Kachin, Sagaing et Chin.

La situation est presque identique à celle de la région frontalière ouverte entre le Pakistan et l'Afghanistan. À l'instar des tribus pachtounes qui chevauchent la frontière afghano-pakistanaise, les tribus indiennes telles que les Mizos, les Kukis, les Nagas et les Zomis sont également divisées en petites tribus qui partagent des liens étroits de part et d'autre de la frontière. Si le Myanmar devient un État défaillant, l'Inde en subira les conséquences.

Les montagnes enchevêtrées et les jungles tropicales en font également un pays de guérilla classique. En cas de guerre civile dans les mois à venir et de rupture de l'unité du Myanmar, l'Inde sera aspirée dans le chaos. La Thaïlande et l'Inde sont les deux seuls sanctuaires plausibles pour le MI6 et la CIA pour naviguer dans les vicissitudes d’un guerre civile probable au Myanmar - et, la Thaïlande bénéficie de relations amicales avec la Chine.

Le secrétaire d'État américain Antony Blinken s'est entretenu avec son homologue indien S. Jaishankar pas moins de trois fois en trois mois depuis la prise du pouvoir par les militaires au Myanmar. Il est certain que la coopération de l'Inde est cruciale pour le succès de l'entreprise anglo-américaine au Myanmar.

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Le Myanmar a figuré en bonne place lors de la réunion des ministres des affaires étrangères du G7 à Londres du 3 au 5 mai. Jaishankar s'est rendu à Londres et a rencontré Blinken. Aucune des parties n'a divulgué de détails, mais un rapport de la Deutsche-Welle a signalé que "la Chine était en tête de l'ordre du jour lorsque les ministres des affaires étrangères du G7 ont discuté d'une série de questions relatives aux droits de l'homme. La question du coup d'État au Myanmar et de l'agression russe était également à l'ordre du jour".

Le communiqué ajoute que les ministres du G7 ont regardé une vidéo du gouvernement d'unité nationale du Myanmar afin "d'informer les ministres de la situation actuelle sur le terrain". Le communiqué conjoint publié à l'issue de la réunion de Londres consacre une grande attention au Myanmar (paragraphes 21 à 24). Il exprime sa "solidarité" avec le gouvernement d'unité nationale et appelle à des sanctions globales contre l'armée du Myanmar, y compris un embargo sur les armes.

Les douleurs naissantes des insurrections, en phase de planification, ne sont jamais exposées au public, car les agences de renseignement placent les acteurs dans le jeu. La situation au Myanmar a atteint ce stade. C'est la première grande manifestation du Royaume-Uni post-Brexit ("Global Britain") sur la scène mondiale. Comme souvent dans l'histoire moderne, Londres mènera la danse depuis l'arrière.

La décision du groupe Adani de mettre fin à ses activités au Myanmar arrive à point nommé. L'influent groupe avait probablement un instinct animal quant à l'issue de la réunion du G7 à Londres.

Double jeu au Myanmar

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Double jeu au Myanmar

Par Daniele Perra

Ex : https://www.eurasia-rivista.com/doppio-gioco-in-myanmar/

Dans un précédent article du site "Eurasia" intitulé "Que se passe-t-il au Myanmar ?", nous avons tenté d'interpréter les événements en Birmanie à la lumière de la situation interne, qui est convulsive, et des dynamiques géopolitiques potentielles qui pourraient être déclenchées. À cette occasion, quelques jours seulement après l'action militaire qui a subverti les résultats des élections sur la base d'accusations d'irrégularités, l'article se concluait par l'espoir que la présence d'agents extérieurs (peu intéressés par la protection de la démocratie dans le pays) ne provoquerait pas une nouvelle déstabilisation. Quelques mois après les faits, ces espoirs ont été largement déçus. Dans cette analyse, nous tenterons de décrire la stratégie occidentale visant à créer un "scénario syrien" dans cet État d'Asie du Sud.

Lors du Forum international sur la sécurité de Halifax en 2011, John McCain, alors sénateur républicain et ancien candidat à la Maison Blanche, a déclaré: "Il y a un an, Ben Ali et Kadhafi n'étaient encore au pouvoir. Assad ne sera plus au pouvoir l'année prochaine. Ce printemps arabe est un virus qui va s'attaquer à Moscou et à Pékin" [1].

En période de pandémie, la comparaison faite par McCain entre les stratagèmes utilisés par l'"Occident" pour déstabiliser les pays non alignés (du printemps arabe aux révolutions colorées) et un virus semble tout à fait d'actualité et particulièrement efficace. Surtout, compte tenu du fait que la Russie et la Chine, à l'instar de ce qui s'est passé avec le Covid-19, ont été les premiers à trouver une issue. Néanmoins, le "virus", tant biologique que géopolitique, reste un ennemi perfide et difficile à éradiquer complètement. Le cas de la Birmanie le démontre de manière emblématique.

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Dans ce contexte, nous n'insisterons pas sur les aspects qui ont conduit à l'intervention militaire dans les premiers jours de février. Ces aspects ont déjà été largement étudiés, en termes constitutionnels, dans l'article précité publié sur le site "Eurasia" [2]. Ici, conformément à ce qui avait été avancé à l'époque (à savoir l'attribution de l'événement à des dynamiques liées au partage du pouvoir interne), la priorité sera donnée à l'évolution de la situation birmane par rapport à la tension et à la rivalité croissantes entre l'"Occident" et le "bloc eurasien".

En fait, nous assistons à l'application d'une stratégie précise visant à manipuler les informations en provenance du Myanmar afin de diffuser et de consolider les théories antichinoises (également teintées de conspiration) à l'intérieur et à l'extérieur de ce pays d'Asie du Sud. Et cela se fait pour plusieurs ordres de raisons.

Tout d'abord, il faut considérer la perspective géopolitique. Il existe une volonté manifeste d'utiliser le Myanmar comme un "pion" pour saboter et affaiblir le potentiel d'intégration de l'espace eurasien inhérent au projet de la Nouvelle route de la soie. Après l'intervention du Tatmadaw et l'éviction du pouvoir de la Ligue nationale pour la démocratie, les États-Unis, le Royaume-Uni et le Canada ont rapidement pris des mesures pour imposer de nouvelles sanctions à la junte militaire. L'Inde, pour sa part, a suivi ses alliés occidentaux dans le schéma antichinois du "Quad" en pointant du doigt le Tatmadaw, compte tenu également du fait que, sous le règne de la Ligue nationale pour la démocratie, elle avait réussi à imposer sa projection géopolitique à Naypyitaw par l'exportation systématique de vaccins anti-covirus.

Toutefois, l'imposition de nouvelles sanctions a fait craindre que la junte militaire ne s'ouvre encore davantage à Moscou et à Pékin. C'est effectivement ce qui s'est passé, notamment en ce qui concerne la Russie. Lors du défilé annuel de la Journée des forces armées qui s'est tenu dans la capitale de ce pays d'Asie du Sud, le chef de la junte militaire, Min Aung Hlaing, a accueilli des représentants de la Russie, de la Chine, du Bangladesh, du Pakistan, de l'Inde, du Laos, du Vietnam et de la Thaïlande, et a réaffirmé au vice-ministre russe de la défense, Alexander Fomin, la profonde amitié qui lie le Myanmar et la Russie.

En réponse, l'"Occident" a largement diffusé de fausses informations, tant pour discréditer la junte militaire aux yeux de Moscou et de Pékin que pour discréditer les deux capitales aux yeux des manifestants birmans. L'une de ces fausses informations concerne l'embauche par le Tatmadaw (jamais confirmée par les personnes directement impliquées en Birmanie) du lobbyiste israélo-canadien Ari Ben Menashe, propriétaire du Dickens and Madson Group basé à Montréal [4]. Ancien agent secret israélien, menteur notoire et agent double à but lucratif, Ben Menashe a affirmé avoir été engagé pour la somme de 2 millions de dollars, plus d'éventuels bonus, si l'objectif est atteint. Cet objectif serait d'améliorer l'image de la junte militaire en "Occident" (ce qui entraînerait la levée des sanctions) en révélant les véritables raisons de l'action de février: à savoir, renverser le gouvernement pro-chinois d'Aung San Suu Kyi pour éviter que le Myanmar ne devienne une marionnette de Pékin.

Il ne fait aucun doute que Pékin n'était pas particulièrement enthousiaste à l'idée d'une action susceptible d'être exploitée par ses rivaux géopolitiques pour générer le chaos à ses frontières. Toutefois, il ne semble pas tout à fait crédible que les militaires birmans aient sciemment décidé de rompre les liens avec le principal partenaire commercial du pays (et son principal fournisseur d'armes) dans l'espoir d'une improbable rédemption aux yeux de Washington.

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À cet égard, toujours dans le but de saper les liens entre la Chine et le Tatmadaw, le soutien chinois au précédent gouvernement birman a également été exagéré. Cette dernière, en effet (même si cette pratique a été appliquée pendant toute la période de la soi-disant "transition démocratique"), a favorisé la diffusion dans tout le pays d'organisations non gouvernementales chargées de propager des modèles occidentaux liés à ce que l'on pourrait définir comme la "culture sorosienne". Ces organisations, comme l'a répété Xu Luping (directeur du Centre d'études sud-asiatiques de l'Académie chinoise des sciences sociales), ont œuvré à une véritable "colonisation spirituelle" du Myanmar [5]. Sans surprise, Aung San Suu Kyi elle-même, de 2014 à 2017, a rencontré quatre fois le spéculateur/philanthrope George Soros et pas moins de six fois, de 2017 à 2020, son fils Alexander. À cet égard, il ne faut d'ailleurs pas s'étonner que l'une des premières mesures prises par la junte militaire, également afin de pouvoir enquêter sur les transactions financières des ONG pendant les années de règne de la Ligue nationale pour la démocratie, ait été de fermer les comptes bancaires se référant à l'Open Society Foundation au Myanmar [6].

L'objectif " occidental " est donc de générer une forme d'antagonisme à plusieurs niveaux entre le Myanmar et la Chine afin de ruiner ce qui a été décrit à plusieurs reprises comme une relation d'amitié fraternelle (dont la rencontre entre le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi et l'actuel chef de la junte militaire Min Aung Hlaing en janvier dernier n'est pas la moindre) [7]. Par exemple, plusieurs des organisations non gouvernementales susmentionnées (ainsi que d'autres agents "occidentaux") opérant à l'intérieur et à l'extérieur du Myanmar ont également diffusé l'idée que Pékin soutenait l'action militaire afin d'inciter les manifestants à diriger leur colère directement vers la Chine. Dans le même temps, des attaques et des sabotages d'infrastructures liées à la Nouvelle route de la soie ont été perpétrés (ainsi que la diffusion de fausses nouvelles à ce sujet) afin que la Chine intervienne directement au Myanmar et l'implique dans la spirale des tensions.

Il semble clair que l'"Occident", en ce qui concerne la situation en Birmanie, semble très peu intéressé par la défense des droits de l'homme et beaucoup plus par la création de problèmes pour la Chine. Parmi les ONG qui œuvrent dans ce sens, on peut notamment citer Burma Human Rights Watch, basée à Londres (au même titre que l'infâme organisation de fake news Syrian Observatory for Human Rights), le journal informatique Myanmar Now, le "think tank" Institute for Strategy and Policy, et l'association Justice for Myanmar. Tous ces groupes font partie, d'une manière ou d'une autre, de la sphère d'influence "occidentale". Burma Human Rights Watch et Myanmar Now, par exemple, sont ouvertement soutenus par la fondation nord-américaine National Endowment for Democracy [8]. Et tous ces groupes sont particulièrement actifs sur les plateformes sociales privées, surtout depuis que le processus de "colonisation spirituelle" du pays a permis à plus de 20 millions de nouveaux utilisateurs d'y accéder (principalement concentrés dans les zones urbaines).

Parmi les plus actifs, une fois encore, figurent Burma Human Rights Watch et Myanmar Now. Alors que le premier, comme nous l'avons déjà mentionné, a ouvertement incité au sabotage des infrastructures et des industries chinoises dans le pays en réponse à la répression de la junte militaire (on ne voit pas bien, entre autres, comment la destruction d'une usine qui fournit du travail peut améliorer les conditions du peuple birman), le second a encouragé le recours à la violence par les manifestants, voire la formation d'une armée fédérale comprenant toutes les forces opposées au gouvernement central (y compris les groupes armés liés aux minorités ethniques)[9]. Sans parler des invocations répétées à la pratique malheureuse de la R2P - Responsabilité de protéger: un schéma idéologique du moment unipolaire (appliqué avec des résultats tragiques en Libye) par lequel les États-Unis (et plus généralement l'"Occident") se sont attribués le rôle de gendarme mondial afin de maintenir inchangé leur dessein hégémonique.

L'influence qu'une autre organisation de type "sorosien" exerce sur les manifestations n'est pas moins digne d'attention: la Milk Tea Alliance, qui d’est également constituée et est extrêmement active sur les plateformes sociales privées, qui lui ont donné une visibilité comparable à celle des mouvements Me Too et Black Lives Matter. L'objectif de la Milk Tea Alliance, liée à des figures de proue du sécessionnisme pro-occidental de Hong Kong (comme Nathan Law, qui s'est d'abord réfugié à Londres avant de faire partie du programme Pritzker Fellows de l'université de Chicago), est de créer un front commun d'opposition à Pékin entre Hong Kong, Taïwan, la Thaïlande (un autre pays central sur les routes de la nouvelle route de la soie) et le Myanmar.

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Un conflit civil ouvert semble être, à ce jour, l'évolution espérée par l'"Occident" au Myanmar. En 2011, l'agression prévue contre la Syrie a interrompu le développement de l'interconnexion (également en termes de gazoducs et d'oléoducs) entre les pays du "Croissant fertile" (Iran, Irak, Syrie et Liban). La déstabilisation et le sabotage des infrastructures sino-birmanes (parmi lesquelles figure un oléoduc de plus de 800 km qui relie la baie du Bengale à la Chine) compliqueraient les projets chinois visant à diversifier les flux d'approvisionnement en énergie afin de réduire la dépendance à l'égard du détroit de Malacca. En effet, 80% du pétrole brut destiné à la Chine passe actuellement par le détroit, de sorte qu'en cas d'affrontement militaire, sa fermeture mettrait Pékin en grande difficulté.

C'est pourquoi la Chine a déclaré à plusieurs reprises qu'elle souhaitait promouvoir la réconciliation entre les forces politiques civiles et militaires au Myanmar. La stabilité de ce pays d'Asie du Sud est dans l'intérêt de Pékin. Sa destruction est dans l'intérêt total de l'"Occident".

NOTES

[1]The Arab Spring: ‘a virus that will attack Moscow and Beijing’, www.theatlantic.com.

[2] L’article 417 de la constitution de 2008 prévoit la possibilité de déclarer l’état d’urgence pour une période d’un an (sur base d’une coordination entre le Bureau de la Présidence et le Conseil de défense et de sécurité nationale), s’il s’avère qu’émergent des conditions susceptibles de menacer l’intégrité de l’Union, la solidarité nationale ou la pleinesouveraineté de la nation. On pourra consulter le texte de la Constitution du Myanmar sur le site suivant : www.constituteproject.org.

[3] Nul besoin d’oublier que les principaux fournisseurs de technologies militaires au Myanmar sont justement la Chine, la Russie et l’Inde. Voir : Myanmar junta holds military parade with Russian attendance, www.asia.nikkei.com.

[4] Israël (qui fait partie désormais des principaux fournisseurs d’équipements militaires au Myanmar) a déclaré n’avoir plus aucun lien avec la personne d’Ari Ben Menashe.

[5] Voir : West utterly manipulates Myanmar situation as a tool in anti-China campaign, www.globaltimes.cn.

[6] Voir Myanmar regime seizes bank accounts of Soros Open Society Foundation, www.irrawaddy.com.

[7]Wang Yi meets with Myanmar’s Commander in Chief of defense services Min Aung Hlaing, www.fmrc.gov.cn.

[8] Le National Endowment for Democracy est une ONG bien connue pour le soutien qu’elle a apporté au séparatisme ouïghour dans la Région Autonome chinoise du Xinjiang. è ben noto anche per il suo sostegno al separatismo uiguro nella Regione Autonoma cinese dello Xinjiang. Cette actuion subversive a débuté au début de la décennie 2000 et a soutenu l’émergence du Uyghur Human Rights Project bénéficiant de l’appui de divders « dissidents » expatriés aux Etats-Unis. Ce projet a accordé un soutien financier de 8.758.300$ à divers grouopes ouïghours qui s’opposaient aux gouvernement central de Pékin. Voir : Uyghur human rights policy act builds on work of NED grantees, www.ned.org.

[9] Voir : GT investigates: western forces, HK secessionists behind China rumors in Myanmar, www.globaltimes.cn.

 

jeudi, 13 mai 2021

Du retour de Malthus et du devoir de dépeuplement

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Du retour de Malthus et du devoir de dépeuplement

par Nicolas Bonnal

Marx a écrit de nombreux textes contre Malthus. Il sentait que la tendance lourde ou finale serait au malthusianisme qui est le propre des élites anglo-saxonnes (normandes plutôt). Ces élites éternellement sans pitié ont dépeuplé l’Ecosse, l’Irlande et aussi le pays de Galles, dépeuplé par les guerres et le charbon, et où fut tourné l’effrayant Prisonnier. Puis elles ont créé une Amérique vide de rares colons où furent massacrés les indiens et exploités les esclaves africains. L’explosion démographique européenne et le capitalisme industriel peuplèrent cette Amérique, mais le Canada, la Nouvelle-Zélande et l’Australie restèrent vides ; on sait que ces médiocres dominions appliquent à la lettre la dictature sanitaire, avec une conscience que seule peut leur envier la France à Macron ou l’Allemagne de Merkel, qui applique le plan Morgenthau presque à la lettre.

Marx explique surtout que pour Malthus il faut rendre la population surnuméraire. Elle ne l’est pas au départ, mais elle le devient. On fabrique un être humain bon à rien dans les mégalopoles et puis on le lui reproche ensuite. Nous sommes de trop et pour être de trop – et donc « exterminables » – il faut être sans travail, ce qui arrive partout maintenant. Complexé ou abruti, le surnuméraire humain se laisse effacer.

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Comme je l’ai expliqué dans mon texte sur le Reset, nous avons été conditionnés par le cinéma pour crever, et ce depuis un demi-siècle.  Nous vivons une époque formidable qui relève en effet des bonnes dystopies des années 70. Je recommanderais ironiquement « Woody et les robots (Sleeper) »… En voyage dans les années 2200 dans une société néototalitaire, notre bon Woody trouve qu’elle ressemble à sa bonne vieille Californie sociétale. On n’y a aucune liberté, on n’y fait plus l’amour ni l’humour… Quant à ce qu’on y mange… On n’y voit pas d’enfants. On n’en voit jamais dans les films dystopiques. Car à quoi serviraient-ils en effet sinon à être mangés ? Kronos le mangeur d’enfants rime avec chronos le temps qui passe.

L’addiction technologique, les news, la théorie du genre, les migrations impromptues, le pullulement législateur (relisez Lao Tsé), l’ineptie fiscalité, le féminisme ultra, les éoliennes, la dinguerie écolo ou la mode hyper-végétarienne ont un seul but : la réduction du stock humain jugé pléthorique. Mais tout cela reste timide à côté du moyen définitif employé par nos grands-argentiers et usuriers : l’argent. 

Rien de neuf depuis Marx et Malthus, dira-t-on. 

Le coût de la vie devient fou en Occident et il est nié par les instituts de statistiques ; on sait évidemment pourquoi. Car la folie haussière voulue par les banquiers centraux et leurs séides a un effet collatéral – une conséquence objective bien visible: le dépeuplement. Il est trop cher de faire des enfants, de les élever, de les mettre au monde au sens noble du terme.

Mon ami Hervé avait traduit pour lesakerfrancophone.fr un texte étonnant de l’économiste hérétique Chris Hamilton. Et lui donne une info que taisait Michael Snyder dans ses chroniques sur les US décatis : la belle chute démographique.

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Et cela donne:

« De 2007 à 2018, les naissances aux États-Unis ont diminué de 470 000 sur une base annuelle, soit une baisse de 11 %. Le taux de fécondité aux États-Unis a également baissé, passant de 2,12 à 1,72 naissances, soit une baisse de 18 % (2,1 naissances chez les femmes en âge de procréer est considéré comme une croissance zéro). Cela s’est traduit par 4,5 millions de naissances nettes de moins aux États-Unis depuis 2007 que ce que le recensement avait estimé en 2000 et à nouveau en 2008. C’est plus d’une année entière de naissances qui n’ont jamais eu lieu. »

Chris donne les conséquences de cet effondrement forcé de la natalité :

« La forte baisse des naissances, par rapport à la hausse anticipée, et le ralentissement de l’immigration anticipée ont eu pour conséquence que le recensement a revu à la baisse la croissance de la population américaine jusqu’en 2050 de plus de 50 millions de personnes. »

Les détails arrivent chez notre économiste et accrochez-vous ? car ils sont effrayants et concernent toutes les races (même les gilets jaunes ?)…

« Le déclin des naissances aux États-Unis a été particulièrement marqué chez les personnes ayant les revenus et les actifs les plus faibles. De 2007 à 2016, les taux de fécondité des Amérindiens sont passés de 1,62 à 1,23. Le taux de natalité hispanique est passé de 2,85 à seulement 2,1. Le taux de natalité des Noirs est passé de 2,15 à environ 1,9 et celui des Blancs de 1,95 à 1,72 (mise à jour avec le rapport national des statistiques de l’état civil jusqu’en 2017 … Le taux de natalité des Hispaniques est tombé sous le seuil de remplacement à 2,006, celui des Noirs à 1,824 et celui des Blancs à 1,667). Encore une fois, ces taux de natalité ne sont valables que jusqu’en 2016, les baisses en 2017 et 2018 sont importantes et s’accélèrent. »

La natalité baisse ou s’effondre en Grèce en en France, en Espagne, en Italie, etc. Idem en Amérique du sud ou en Asie où le coût de la vie est prohibitif.

Hamilton explique la conspiration des Harpagon pour nous faire disparaître :

« La raison de la baisse rapide des taux de natalité depuis 2007 aux États-Unis et dans la plupart des pays du monde semble être les programmes actuels de ZIRP, les faibles taux d’intérêt et les programmes d’assouplissement quantitatif qui ont pour effet de gonfler les prix des actifs. »

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Observation-clé de notre hérétique :

« La majorité des actifs sont détenus par de grandes institutions et par des populations qui ne sont plus en âge de procréer. Ces politiques se traduisent par une hausse des prix des actifs beaucoup plus rapide que celle des revenus. Par exemple, les éléments non discrétionnaires comme la maison ; le loyer ; l’éducation ; les soins de santé ; les assurances ; la garde d’enfants, etc. augmentent en flèche par rapport aux salaires. »

A moins de bosser dans le foot ou comme gardiens-cadres-supérieurs du camp électronique-GAFA, les jeunes adultes sont sacrifiés, on le voit autour de nous.Serveur dans un café paumé ou ingénieur sous-payé dans une métropole surpeuplée ; je connais personnellement des dizaines de cas, tous d’anciens étudiants du reste. 

Hamilton écrit :

« Pour les jeunes adultes, cela signifie qu’ils comptent beaucoup plus sur l’endettement pour s’instruire et qu’une proportion beaucoup plus grande de leur revenu subséquent est consacrée au service de cette dette. Il en résulte aussi une plus grande dépendance des jeunes adultes à l’égard de l’endettement pour acheter une maison ou une plus grande partie de leur revenu pour payer leur loyer, fournir des soins de santé, s’assurer ou s’occuper de leurs enfants (puisque les deux parents travaillent généralement à temps plein). »

On liquide les stocks de population pauvre :

« Le résultat net de ces politiques du gouvernement fédéral et de la banque centrale visant à stimuler le marché boursier, le prix des maisons et l’effondrement des intérêts payés sur l’épargne est l’effondrement des taux de natalité et du total des naissances. Cela diminue la demande actuelle et future et la qualité de vie des jeunes, des pauvres, surtout des non-Blancs, ce qui représente peut-être le plus grand transfert de richesse que l’humanité ait connu. »

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Le robot remplacera le philippin. La bourse monte comme ça, miraculeusement, indépendamment du chiffre d’affaires et des perspectives macroéconomiques. Les banques centrales suffisent à rassurer les marchés par leur comportement saligaud. Le super-Mario a bien mérité de son employeur Goldman Sachs. Par contre, si le marché n’a plus besoin de notre consommation, mais seulement de notre disparition ou de notre remplacement, faisons notre prière…

Et Chris de conclure pour nous éclairer :

« Ainsi, les États-Unis continuent le débat ridicule sur le « Mur de Trump » et les naissances internationales continuent de s’effondrer de Chine en Russie, en Europe, au Japon, en Corée du Sud, etc. Le coupable de la décélération des naissances est la « médecine » de la banque centrale et du gouvernement fédéral pour gaver le prix des actifs, détruisant l’avenir pour faciliter la vie des riches et des personnes âgées. Il en résulte un effondrement des taux de fécondité dans le monde entier […] ce qui fait que les gains financiers sont transférés à une minorité décroissante de détenteurs d’actifs et les pertes aux jeunes, aux pauvres et à ceux qui ont peu ou pas de biens. »

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C’est Gilles Chatelet que j’ai évoqué ici qui mêlait Hermès (la duperie de la communication typique de notre monde néototalitaire) et le vieux scélérat anglican. Car comme on citait Malthus et son irréprochable et inusable essai sur les populations :

« Un homme qui est né dans un monde déjà occupé, s’il ne peut obtenir de ses  parents la subsistance qu’il peut justement leur demander et si la société n’a pas besoin de son travail, n’a aucun droit à la plus petite portion de nourriture et, en fait, il est de trop. Au grand banquet de la Nature, il n’a pas de couvert pour lui. »

Très juste donc, grand maître et inspirateur de nos socialos-néo-libéraux. A ceci près qu’aujourd’hui, non content d’interdire la table aux pauvres, on vire de table une partie de ceux qui étaient déjà assis. C’est même pour cela qu’on nous demande de voter… on verra si les exterminés réagiront…

Rappelons que les Harpagon qui dirigent le monde, les décisionnaires donc, sont des nonagénaires génocidaires. On a la famille d’Angleterre, le prince Charles, Schwab, Rockefeller, Soros, Rothschild, Gates (qui a 66 ans mais en paraît le double), des poignées de faces hideuses effritées qui n’ont qu’une seule obsession : liquider la jeunesse et dépeupler à coups de vaccins ou de privations.