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mardi, 25 mai 2021

Dante Alighieri: une nouvelle victime de la cancel culture

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Dante Alighieri: une nouvelle victime de la cancel culture

Alexandre Douguine

Ex : https://katehon.com/ru/article/dante-aligeri-novaya-zhert...

Le 21 mai 1265, Dante Alighieri naquit en Italie, mais en Occident, cette date n'est plus célébrée.

Aujourd'hui, ce serait tout simplement dangereux de la célébrer. Comment cela se fait-il, me direz-vous? Dante est le symbole de la poésie occidentale, un classique mondialement connu. C'est vrai. Mais ce génie médiéval italien n'a pas non plus été épargné par la guillotine du politiquement correct.

Lorsque la Divine Comédie est tombée entre les mains de défenseurs des droits de l'homme, de libéraux et de mondialistes enragés, ils ont jugé l'œuvre de Dante ‘’politiquement incorrecte’’. Et c'est tout. Pas de Dante. Il est devenu une autre victime de la nouvelle culture politique. Désormais, ses œuvres ne peuvent être imprimées qu'avec des coupures et avec la mention que leur contenu est non politiquement correct.

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Techniquement, Dante a fait placer le fondateur de l'Islam dans une partie pas très agréable de l'espace sacré. Et les libéraux, qui ne se soucient généralement pas de l'Islam, ni d'aucune religion traditionnelle d'ailleurs, ont soudainement décidé qu'une telle lecture pourrait avoir un effet négatif sur le psychisme des migrants originaires de pays islamiques. Et qu'ils doivent en être protégés afin de ne pas provoquer des accès d'agressivité imprévisibles.

Cela semble absurde, mais dans notre monde, presque tout semble absurde. Il est temps de s'y habituer.

Ici, tous les protagonistes de cette censure sont dans la position de l’idiot complet :

  • Les censeurs eux-mêmes (tout d'abord, on peut imaginer le vieux Soros accompagné de la petite Greta Thunberg feuilletant La Divine Comédie, soulignant les endroits suspects) ;
  • et les Européens, qui doivent maintenant se repentir non seulement du colonialisme et du meurtre du junkie Floyd, mais aussi de Dante ;
  • et les musulmans eux-mêmes, qui semblent si faibles d'esprit qu'ils sont incapables d'apprécier la distance qui sépare le Moyen Âge chrétien de l'Europe moderne, et prennent tout au pied de la lettre et réagissent immédiatement de manière brutale - comme des maniaques incontrôlables.

Mais il est clair que la localisation de Mahomet dans l’œuvre de Dante n'est qu'une excuse. Dante est l'encyclopédie du Moyen Âge européen, le grand monument de la théologie, de la philosophie, de la poésie, de la culture. Dante est l'apogée de l'esprit chrétien de l'Europe occidentale du moyen-âge, le chantre solennel de l'Empire, de la religion et de l'amour chevaleresque. De nombreuses générations d'Européens se sont inspirées de Dante pour former leur personnalité. Selon les modèles posés par Dante, les héros de l’Europe ont construit leur destin et leur vie. Fideli d'amore - Fidèles d'Amour. Dante a exprimé les idéaux de cette société courtisane chevaleresque de l'élite aristocratique chrétienne.

C'est pour cela que Dante est exécuté aujourd'hui. Il est le porteur d'une autre Europe - une Europe de l'esprit et de l'idée, de la foi et de l'honneur, du service et du grand Amour. Les gouvernants modernes de l'Europe détestent tout cela farouchement. C'est pourquoi ils interdisent Dante, le retirent des programmes d'enseignement, l'accusent de manquer de tolérance et le soumettent à la honte.

L'Europe détruit ses fondations, érode ses piédestaux, jette hors de leurs tombes les reliques impérissables des génies.

Nous ne devons en aucun cas nous engager dans cette voie. Il s'agit de protéger non seulement nos génies russes, mais aussi les grands penseurs, artistes et poètes d'Europe. La Russie n'a jamais été un pays européen, mais nous avons toujours été capables d'apprécier la grandeur européenne - la pensée, l'art et le génie. Même si les Européens ne nous comprenaient pas, nous les comprenions. Et nous avons respecté ce qui était admirable chez eux. Aujourd'hui, alors que les Européens jettent le grand Dante à la poubelle de leur civilisation effondrée, il est grand temps de l'élever et de l’inscrire sur notre bannière.

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Dante est à nous. Nous le connaissons, l'honorons, le lisons, l'enseignons et le comprenons. Sans le vouloir, la Russie se retrouve dans le rôle de gardien et de protecteur des valeurs européennes, mais des valeurs, et non des résultats de la décadence européenne, de la décadence et de la dégénérescence. Le libéralisme et la mondialisation ne sont pas encore le lot de toute l'Europe. De plus, c'est l'Anti-Europe.  Par conséquent, en les adoptant, l’Europe renonce à ses racines. Nous n'abandonnons pas les nôtres. Et les génies européens sont proches de nous.

L'amor che move il sole e l'altre stelle

Nous devons être des Fidèles d'Amour.

Et si l'Amour s'épuise, qu'est-ce qui fera bouger le soleil et les étoiles ?

Palestine : Terrorisme ou Guerre de Libération Nationale ?

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Café Noir N.24

Palestine : Terrorisme ou Guerre de Libération Nationale ?

Café Noir – Un Autre Regard sur le Monde.

Émission du vendredi 22 mai 2021 avec Pierre Le Vigan, Gilbert Dawed & Le Coup de Gueule de Nicolas Bonnal.

INDEX

00:00 – Café Noir N.24
00:40 – Le Coup de Chapeau – Vassili Grosman
03:06 – Palestine : Terrorisme ou Guerre de Libération Nationale
26:32 – Bonnal et la Dictature Sanitaire

RÉFÉRENCES (LIVRES)

Georges Bernanos – La Liberté pour quoi Faire ? (LIEN)

Nicolas Bonnal – Louis Ferdinand Céline – La Colère et les Mots (LIEN)

Henri Coulonges – L’Adieu à la femme sauvage (LIEN)

Vassili Grossman – Années de guerre (LIEN)

RÉFÉRENCES (FILMS)

Vol au-dessus d’un Nid de Coucou (LIEN)

The Island (LIEN)

France : l’horizon bouché de 2022

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France : l’horizon bouché de 2022

Le quinquennat d’Emmanuel Macron aura été celui de tous les paradoxes. Alors que l’élu inattendu de 2017, le Président surprise, entendait réformer la France en profondeur en corrigeant les énormes défauts de son économie administrée et anémique, et de son système social plombé par une masse d’assistés et en panne de moyens, il a été, à la fois, pris de vitesse par les dysfonctionnements en tous genres consécutifs à la politique et à la gestion de ses prédécesseurs (en particulier les deux double-septennats désinvoltes de Mitterrand et de Chirac qui ont mis la France en situation de « mort douce »), et victime des hasards de l’Histoire (en l’occurrence, le retour impromptu, mais non pas imprévisible, d’une grande pandémie).

En outre, comme l’idéologie libertaire et universaliste du Président l’empêche obstinément d’apprécier à sa juste valeur la gravité de la crise identitaire française engendrée par l’immigration massive, la situation de la nation a empiré sur tous les plans. Elle est tellement dégradée que l’on peut se demander comment lui-même, en cas de réélection, ou comment celui ou celle qui lui succédera, en 2022, pourra faire face aux échéances de tous ordres qui se profilent à l’horizon. Entre, d’une part, l’incivisme et l’ensauvagement de la société, et d’autre part, l’endettement et les déficits, le manque d’efficacité de l’économie, et donc le risque d’exclusion de la zone euro (avec, et c’est tout le problème, celui de n’être plus protégé par le « parapluie monétaire allemand ») en cas de gestion trop irresponsable, les ingrédients du chaos ne manquent pas.

Les deux réalités primordiales : anomie sociale et endettement.

Il n’est pas nécessaire d’accumuler les chiffres et de multiplier les exemples pour voir que la « brésilianisation » de la population française est en marche, et que la crise de la dette menace lourdement.

Le terme brésilianisation, utilisé par Michael Lind pour caractériser l’évolution de la population des Etats-Unis au cours de ces dernières années est destiné à souligner un double phénomène conjoint, celui de l’hétérogénéisation des groupes humains et celui de l’anomie sociale avec l’insécurité grandissante qu’elle apporte (puisqu’il n’y a plus de normes ou qu’elles sont allègrement bafouées). Or, le phénomène va en s’amplifiant. A partir des publications de l’Insee, France Stratégie fait remarquer que : « dans les unités urbaines de plus de 100 000 habitants, la part des immigrés d’origine non européenne est […] passée, chez les 25-54 ans, de 9 % à 15 % entre 1990 et 2015 » ; et que dans ces mêmes unités urbaines, « la proportion de jeunes immigrés ou d’enfants vivant avec au moins un parent immigré d’origine extra-européenne est passée de 17 % à 38 % entre 1990 et 2015 ». Avec des situations records comme à Strasbourg, où la catégorie étudiée est passée de 0-10 % en 1975 à 30-40 % en 2015, Rouen (de 0-7 % en 1975 à 35-42 % en 2015), ou encore Limoges (de 0-10 % en 1982 à 30-40 % en 2015). Malgré toutes les dénégations, la France a pris le chemin de la « polyarchie ethnique » selon l’expression dont Robert Dahl use pour désigner les rapports de force sociaux-démographiques qui font la société américaine d’aujourd’hui. Et qui sont, comme on le sait, marqués par beaucoup de tensions, de brutalité. Mais qui se traduisent aussi de plus en plus en termes politiques et électoraux, comme on s’en est rendu lors des dernières présidentielles aux Etats-Unis.

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Si le pacte républicain est mal en point, l’économie française ne va pas mieux. Dans son Blog, qui mérite attention, l’économiste avisé Marc Rousset écrit : « En France, on saoule les braves Français en leur disant que l’endettement public représente 120 % du PIB : personne ne réagit, 95 % des Français n’ayant aucune idée de ce que représentent ces chiffres. Mais si l’on ajoute les 4.119 milliards d’euros de la dette hors bilan non provisionnée à fin 2020, selon le rapport du Sénat, aux 2.733 milliards d’euros de la dette publique officielle, cela représente une dette réelle effective de 7.000 milliards d’euros, soit 100.000 euros par Français! Là, tout le monde comprend la catastrophe à venir! Le seul paiement non provisionné des retraites des fonctionnaires et militaires s’élève à 2.287 milliards d’euros, soit presque autant que la seule dette officielle de 2.733 milliards d’euros dont on nous parle matin, midi et soir ! Cette dette française irremboursable de 7.000 milliards d’euros est porteuse d’inflation ou d’hyperinflation à elle seule ! ».  

A la différence de l’Allemagne, la France n’a que très peu de marge de manœuvre pour faire face à sa dette, et au risque d’une remontée des taux d’intérêts, voir d’une récession. Depuis 2008, contrairement à sa partenaire, la France n’a pas redressé ses comptes et le poids des dépenses publiques rapportées au PIB y est le plus élevé des pays européens. L’inflation en France est donc inéluctable et l’alternative sera, selon Marc Rousset et beaucoup d’autres, en avril-mai 2022, après la fin du plan de sauvetage européen, la suivante : «  soit l’Allemagne acceptera par exemple une inflation modérée de 5 % par an au plus, sans augmentation des taux d’intérêt, pour la zone euro, soit l’Allemagne refusera, ce qui est fort possible, auquel cas la zone euro explosera et, après le retour au franc, celui-ci sera dévalué immédiatement, par exemple de 20 %, tandis que la saga de l’hyperinflation commencera pour la France en faillite, incapable de rembourser ses dettes autrement qu’en monnaie de singe ».

L’absence de toute perspective électorale.

L’insécurité sociétale endémique, depuis l’agression crapuleuse ou à motivation politique jusqu’à l’attentat terroriste, et le mauvais état des finances publiques qui empêchera toute réponse budgétaire à la crise sociale vont conditionner le quotidien des Français dans l’avenir.

Les deux dilemmes vont se trouver inéluctablement au centre de la prochaine campagne présidentielle, mais aucun des candidats pressentis ou officiels n’a, à ce jour, de réponse sérieuse à offrir, surtout s’il s’agit de les traiter tous les deux à la fois. Les discours entendus sont ceux tantôt de la fuite idéologique en avant, quand ils relèvent de la majorité présidentielle ou du pouvoir médiatique, tantôt de l’irresponsabilité et de l’incompétence, quand ils sont prononcés par les tribuns populistes de droite et de gauche, tantôt encore de la pure nostalgie, quand ils procèdent de ceux qui se gargarisent de la France d’antan. Il y a donc à parier que quel que soit l’élu de 2022, rien de probant ne sera tenté et que la société et l’économie françaises vont continuer à se désagréger.

Il faut dire qu’il est difficile de tenir un langage de raison, de lutte et de courage à des citoyens habitués à l’opulence, à la facilité et au confort moral. Il ne reste plus à espérer qu’au milieu des dégâts post-électoraux prévisibles et du désarroi politique se lèvent des forces charismatiques.

Bonnal et la dictature sanitaire

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Le CDG-NB N.01

Bonnal et la dictature sanitaire

Le Coup de Gueule de Nicolas Bonnal, rubrique extraite de Café Noir du vendredi 21 mai 2021 (N.24 – Palestine : Terrorisme ou Guerre de Libération Nationale)
 
 
RÉFÉRENCES (LIVRES)
 
Georges Bernanos – La Liberté pour quoi Faire ? https://livre.fnac.com/a10106031/Geor...
Nicolas Bonnal – Louis Ferdinand Céline – La Colère et les Mots https://avatareditions.com/livre/loui...
 
RÉFÉRENCES (FILMS)
 
Vol au-dessus d'un Nid de Coucou https://fr.wikipedia.org/wiki/Vol_au-...

lundi, 24 mai 2021

Pourquoi la France fait face à un risque d’effondrement ?

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Pourquoi la France fait face à un risque d’effondrement ?

Marc Rousset

Ex: http://synthesenationale.hautetfort.com

Avec des Bourses au plus haut et sans visibilité sur l’inflation à venir, le spectre de l’intervention des banques centrales préoccupe les investisseurs ; les Bourses jouent donc au yo-yo, plombées par la peur de l’inflation, mais elles sous-estiment les risques de faillites d’entreprises et de pertes financières pour les banques.

Afin de juguler l’inflation, la Fed pourrait diminuer ses achats d’actifs obligataires qui s’élèvent à 120 milliards de dollars par mois ; elle imagine cette possibilité pour fin 2021-début 2022, mais il est possible qu’elle soit obligée d’intervenir beaucoup plus tôt. Pour l’instant, suite à la vente de titres obligataires par les investisseurs, le taux des bons du Trésor à dix ans est de 1,672 %. Quant à la BCE, en raison des taux d’inflation actuels très bas en Europe, il n’est pas question de diminuer les achats de titres obligataires, et les taux d’emprunt augmentent très lentement (0,244 % en France et 1,081 % en Italie). Si les taux d’intérêt devaient augmenter brusquement en 2021, suite à une inflation qui augmente, à un niveau d’endettement des États de plus en plus élevé et à une croissance économique insuffisante, la BCE se trouverait dans une situation impossible, devant alors choisir entre la peste de l’hyperinflation inacceptable (augmentation des achats de titres) et le choléra des taux d’intérêt élevés (diminution des achats de titres) et, donc, de la banqueroute des États (France et Italie).

Au-delà du risque d’inflation, suite à l’augmentation de la masse monétaire par les banques centrales, il y a également un risque d’inflation par les coûts. Au manque de conteneurs pour le transport maritime, à la pénurie de puces électroniques, à la hausse d’un grand nombre de matières premières telles que le cuivre, le bois, le lithium, de nouvelles pénuries apparaissent : manque de pneus et de caoutchouc et même de palettes en bois et de clous ! Les palettes en bois ont augmenté de 50 % en un an et le prix des clous de 36 %. Les entreprises du BTP éprouveraient aussi de grandes difficultés pour effectuer leurs achats nécessaires aux chantiers. Il semblerait que la Chine ait acheté de grandes quantités de caoutchouc partout dans le monde. Les Chinois chercheraient à se débarrasser de leurs dollars qui ne leur rapportent rien en achetant et stockant des matières premières susceptibles de flamber dans les mois qui viennent.

L’Institute of International Finance explique comment la réponse à la pandémie Covid-19 a ajouté 24.000 milliards de dollars à la montagne de la dette mondiale qui a atteint, en 2020, un nouveau record historique à 281.000 milliards de dollars. La BCE, de son côté, alerte sur les risques élevés de crise financière. Les faillites vont se multiplier car les taux d’endettement ont bondi de 220 % des fonds propres, fin 2019, à 270 % en moyenne, fin 2020, pour les 10 % des entreprises les plus endettées. Les États de la zone euro vont donc aussi faire face au dilemme de la faillite des entreprises ou des dépenses trop importantes du « quoi qu’il en coûte » car l’endettement moyen des États de la zone euro est passé de 86 % du PIB, en 2019, à 100 %, en 2020.

Les dilemmes seront encore d’autant plus cornéliens dans la zone euro qu’une hausse des défaillances d’entreprises fragilisera très fortement les banques. Ces dernières devront augmenter leurs provisions pour créances douteuses, tout en étant exposées à un risque de correction du prix des actions, voire de l’immobilier. Il se trouve que la rentabilité des banques européennes est actuellement très faible (1,3 % de rentabilité des capitaux propres, alors qu’elle était de 5,3 % avant la pandémie) et qu’elle est de 10 % pour les banques américaines. La rentabilité devrait progresser un peu de nouveau, mais la BCE ne voit que les mariages entre établissements (avec, donc, des licenciements pour diminuer les coûts) afin de remédier aux problèmes structurels du secteur.

Pas besoin, donc, de sortir de Polytechnique pour réaliser que les propos optimistes du gouvernement ne correspondent en rien à la gravité de la situation en France au sortir de la crise sanitaire. Si l’on ajoute au risque économique, financier et boursier un risque non négligeable de crise politique, d’explosion sociale ou populiste, parler de risque d’effondrement de la France n’est pas exagéré.

Bref bilan de la situation en Afghanistan

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Bref bilan de la situation en Afghanistan

Par Amedeo Maddaluno

Ex : https://www.eurasia-rivista.com/

"Il y a maintenant 2500 membres des services militaires américains en Irak et 2500 en Afghanistan. Il s'agit du plus faible nombre de troupes américaines en Afghanistan depuis le début des opérations dans ce pays en 2001. (...) À son point culminant en 2011, il y avait 98.000 soldats américains dans le pays " [1].

Ma thèse est que l'intervention occidentale en Afghanistan a été la plus grande "drôle de guerre", la plus grande guerre-farce, de toute l'histoire contemporaine. Le résultat militaire final de l'intervention montre que les États-Unis et leurs satellites n'ont jamais vraiment essayé de gagner la guerre.

Drôle de guerre

Faisons comme si le gouvernement de Kaboul - allié ou plutôt marionnette de l'Occident - n'était pas corrompu jusqu'à la moelle et sous l'emprise des éternels seigneurs de la guerre du féodalisme afghan, les catamounts (les pumas) qui contrôlent le pays depuis les guérillas antisoviétiques des années 1980.

Faisons comme si les talibans - eux-mêmes beaucoup plus intéressés par le trafic de drogue que par la restauration d'un islam pur des origines - ne jouissaient pas d'un réel consensus au sein de la population du pays, surtout dans les zones peuplées par l'ethnie pachtoune, mais aussi partout où l'on s'impatiente de la voracité et de l'inefficacité des fonctionnaires du gouvernement afghan internationalement reconnu. Evitons alors de parler du soutien tribal, logistique et de renseignement dont les talibans afghans ont pu bénéficier au Pakistan, allié des USA depuis la guerre froide [2]! Appeler cela une "mission de paix" et non une "guerre" lorsqu'on est sous le feu de l'ennemi, et donc viser non pas l'anéantissement de l'ennemi mais sa propre retraite, profite à l'ennemi non seulement sur le plan moral, mais sur le plan militaire réel: il sait qu'il lui suffira d'attendre un quinquennat de plus, un an de plus, un mois de plus, mais que la victoire est déjà certaine.

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Le bilan stratégico-militaire

Dans une "mission de paix", la police et l'armée du pays satellite sont armées et formées, en espérant que ces hommes auront envie de se battre (éventuellement contre les talibans et non pas en retournant leurs armes contre leurs propres "alliés") et de se battre par loyauté envers un État qui n'en est plus un, et non pas par loyauté envers leur propre groupe ethnique, clan, patron local. Ils effectuent des missions "réactives", sortant de la forteresse pour repousser une attaque, regagner le terrain perdu, tout au plus pour une action de décapitation des chefs ennemis - mieux si, toutefois, elle est menée par des drones. Attention, nous ne soutenons pas la thèse infondée selon laquelle, en vingt ans, les États-Unis et leurs alliés n'ont pas mené de missions offensives, ni que leurs troupes satellites locales n'ont pas combattu ou enregistré de pertes. Nous constatons les effets irréalistes de ces opérations, qui ont pu apporter quelques succès tactiques dans le contexte d'un désastre stratégique annoncé - et voulu -[3]. Les États-Unis semblent avoir vraiment voulu se battre en Afghanistan au tournant des années 2010-2011 [4], alors que, de toute façon, d'après ce que nous savons, le nombre de troupes américaines ne dépassait pas celui des troupes soviétiques (la contribution des alliés, si l'on exclut le Royaume-Uni et quelques autres, n'a pas été décisive pour la guerre). Nous savons tous comment l'URSS en est arrivée là [5]. Pas de leçons apprises? Avec pas plus de 100.000 hommes, on ne peut pas contrôler un pays comme l'Afghanistan, au-delà des seules phases offensives et des saisons. Avec 100.000 hommes, vous contrôlez la plupart des routes principales et des grands centres urbains, en gérant de temps en temps des offensives spécifiques. En déployant si peu d'hommes sur un vaste territoire à l'orographie très compliquée, non seulement il n'est pas possible de porter des coups décisifs à l'ennemi, mais cela signale également que l'ennemi ne veut pas en recevoir: ce sont précisément les erreurs déjà commises par les Soviétiques, au-delà de tactiques plus ou moins efficaces[6]. Cela n'est pas seulement indiqué à l'ennemi, mais aussi à la population civile - qui sait déjà qui sera le véritable gagnant: si les soldats américains peuvent rentrer chez eux, les civils afghans ne le peuvent pas, et ils s'activent donc pour collaborer avec le futur maître du pays.

C'est là que réside le problème, dans ce que la littérature militaire appelle le "point d'équilibre" de l'ennemi: dans le cas d'une insurrection, il s'agit de la population civile. C'est la population civile qui doit voir sa sécurité garantie par un monopole sûr de la force, qu'il faut empêcher d'entrer en relation avec l'ennemi (et vice versa) [7]. Les civils doivent être isolés de l'ennemi, persuadés par la présence constante de leurs propres troupes sur chaque territoire (oui: par la force, et non par des paquets cadeaux!) qu'il ne gagnera pas, persuadés qu'il ne sera pas celui qui garantira leur sécurité demain. Il faut isoler l'ennemi des civils, l'empêcher de les atteindre, ne pas lui accorder de sanctuaires, mais le traquer constamment et transformer la guérilla de prédateur en proie [8]. Un travail qui, en Afghanistan, n'a pas été fait avec continuité, mais - pire ! - en signalant à l'ennemi que l’on ne voulait pas en supporter le coût.

Un bilan géopolitique

Pourquoi ce manque de volonté de se battre? En raison du refus des Européens et des Américains de supporter les coûts de conflits sans fin dans des pays aux noms imprononçables, des usines de papier et d'encre ont été gaspillées. Et pourtant, les Américains et les Européens ont mené ces guerres.

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Plus raffinées sont les réflexions d'Edward Luttwak sur "l'ère post-héroïque", le moment à partir duquel des sociétés vieillissantes à la démographie stagnante deviennent réticentes à s'engager dans la violence.

Pourtant, les Américains et les Européens étaient prêts à accepter cette violence lorsqu'ils sont allés en Afghanistan, tout comme les Russes étaient prêts à se sacrifier en Tchétchénie pour sauver leur pays de la désintégration: un taux de tolérance à la violence plus élevé que celui démontré en Afghanistan au cours de la décennie précédente.

C'est indéniable et irréfutable : les sociétés jeunes ont tendance à être beaucoup plus enclines à utiliser des armes à feu; mais toutes les sociétés jeunes ne sont pas automatiquement dans ce cas, et toutes les sociétés plus anciennes ne le sont pas. Beaucoup dépend des opportunités offertes aux jeunes; beaucoup dépend des enjeux.

Quel était, en Afghanistan, le véritable enjeu ? Parlons de géopolitique sans nous plonger dans les méandres tortueux des coulisses de la traque de Ben Laden, mort dans son cottage d'une petite ville pakistanaise endormie comme un "petit bourgeois". Chausser les bottes en Afghanistan, c'était montrer à l'opinion publique américaine et européenne que "l'on faisait vraiment quelque chose" contre le terrorisme; c'était planter son drapeau au cœur du continent eurasien, dans la zone la plus chaotique du "Grand Moyen-Orient". Dès le départ, la cible principale n'était pas vraiment l'Afghanistan, mais l'Irak, et c'est le Proche-Orient! Maintenant que le Grand Moyen-Orient et le Proche-Orient ne présentent plus de forces ennemies capables de défier frontalement les Etats-Unis, il suffit d'adopter la stratégie du leading from behind, en déléguant la protection de la zone tantôt à des alliés, tantôt à des satellites, et en favorisant le chaos autant que possible. La Chine fait face à l'Indo-Pacifique, pas à l'Asie centrale: il est donc parfaitement normal que le casse-tête d'un Afghanistan instable à la frontière du Sinkiang repose entièrement sur les épaules de la Chine, ainsi que sur celles de Moscou et de Téhéran: il n'y a jamais eu de moment plus propice au désengagement du pays. Le prétexte selon lequel "on fait quelque chose contre le terrorisme et pour l'avenir des Afghans", de moins en moins utile, sera bientôt oublié.

Trop de dépenses pour un simple prétexte ? Il ne s'agissait pas d'un simple "récit": c'était l'effet d'un moment stratégique où l'intervention directe dans le Grand Moyen-Orient était la stratégie des États-Unis. Les dépenses n'étaient pas non plus excessives; ou plutôt, elles étaient immenses financièrement, mais militairement, elles n'ont jamais dépassé 100.000 hommes.

"En 1969, plus de 500.000 militaires américains étaient stationnés au Vietnam" [9].

NOTES

[1] Jim Garamone, U.S. Completes Troop-Level Drawdown in Afghanistan, Iraq, www.defense.gov, 15 Gennaio 2021

[2] Pour quel motif Islamabad devrait renoncé à avoir un gouvernement à Kaboul qui soit sous son propre contrôle et qui ne serait pas, par exemple, philo-indien comme celui d’aujourd’hui car il s’agira toujours, pour le Pakistan, d’éviter d’être encerclé par deux fronts et de se doter d’un hinterland géopolitique ?

[3] Gastone Breccia, Missione fallita. La sconfitta dell’Occidente in Afghanistan, Il Mulino, 2020

[4] The Associated Press, A timeline of U.S. troop levels in Afghanistan since 2001, www.militarytimes.com, 6 Luglio 2016

[5]The Afghan War quickly settled down into a stalemate, with more than 100,000 Soviet troops controlling the cities, larger towns, and major garrisons and the mujahideen moving with relative freedom throughout the countryside.” In Encyclopedia Britannica, Soviet invasion of Afghanistan 1979, www.britannica.com

[6] Gianluca Bonci, La guerra russo-afgana (1979-1989), LEG Edizioni, 2017

[7] David Kilcullen, Counterinsurgency, C Hurst & Co Publishers Ltd, 2010

[8] Daniele Raineri, Come si fa la guerra al Califfo: l’Iraq come la Rhodesia?, www.analisidifesa.it, 10 Maggio 2015

[9] Encyclopedia Britannica, Vietnam War 1954–1975, www.britannica.com, voce a cura del Prof. Ronald H. Spector.

Amedeo Maddaluno

Amedeo Maddaluno est un contributeur régulier d'Eurasia depuis 2013 - tant la version électronique que la version papier - concentrant ses contributions et son activité de recherche sur les zones géopolitiques du Proche-Orient, de l'espace post-soviétique et de l'espace anglo-saxon (britannique et américain), zones du monde où il a eu l'occasion de travailler et de vivre ou de voyager. Il s'intéresse aux questions militaires, stratégiques et macroéconomiques (il a obtenu un diplôme en économie en 2011 avec une thèse sur l'histoire de la finance à l'université Bocconi de Milan). Il a publié trois livres sur des sujets géopolitiques, dont le dernier, Geopolitica. Storia di un'ideologia, a été publié en 2019 par GoWare - et il est membre de la rédaction du site Osservatorio Globalizzazione, un centre d'études stratégiques dirigé par le professeur Aldo Giannuli de l'université d'État de Milan.

La géopolitique des sectes

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La géopolitique des sectes

Par Claudio Mutti

Ex : https://www.eurasia-rivista.com/

51kqD6w2NfL.jpgIl y a une trentaine d'années, en publiant dans la collection de l'Institut des relations internationales et stratégiques de Paris une étude sur les aspects géopolitiques du christianisme orthodoxe [1], François Thual utilisait le cas exemplaire de l'orthodoxie pour montrer l'importance du facteur religieux comme paramètre fondamental de la géopolitique. C'est ainsi qu'est née la "géopolitique des religions", que Thual a ensuite traitée dans d'autres essais, tant sur des sujets spécifiques que généraux [2]. Acceptant la leçon de Thual, Eurasia a donné naissance en 2014 à un numéro intitulé Géopolitique des religions [3], dans lequel les implications géopolitiques de diverses religions dans différentes régions du monde ont été examinées. Eurasia a également accordé une attention particulière à ce thème, comme en témoignent par exemple des dossiers tels que L'islamismo contro l'Islam ? [4], Luoghi santi e "Stato Islamico" [5], La guerra civile islamica [6], Geopolitica dell'Ortodossia [7], Cattolici, ortodossi, evangelici, Islam [8].

Si le facteur religieux fait partie de ceux que la géopolitique s'efforce d'identifier et de comprendre pour ses investigations, pourquoi ne pas considérer également le facteur constitué par les sectes? Eurasia a tenté de le faire en consacrant un récent ‘’doxaire’’ aux Sectes de l'Occident [9], dans lequel sont examinés certains phénomènes sectaires qui, ces derniers temps, ont joui d'une certaine célébrité. Aussi limitée soit-elle, la vue d'ensemble offerte au lecteur révèle un fait d'une importance considérable, à savoir l'extraordinaire familiarité des Etats-Unis avec la réalité multiforme de l'univers sectaire. En fait, il a été souligné « que la plupart des groupes qui portent le nom de "sectes" ou de "nouveaux mouvements religieux" sont nés aux États-Unis, [comme dans le cas des] Témoins de Jéhovah, des Mormons, de la Science chrétienne, de la Scientologie[10] » ; que l'expansion de nombreuses sectes qui ont vu le jour en dehors des États-Unis commence souvent par le transfert de leur leader ou "maître" aux États-Unis; que les États-Unis d'Amérique eux-mêmes ont à leur origine l'action d'une secte, la puritaine ; que l'actuel président Joe R. Biden est lié par un lien ancien avec les puritains. Biden est lié par une vieille relation à la secte juive Chabad Lubavitch.

unnamedloub.jpgMais les Loubavitchs, qui en 2008 soutenaient déjà Biden pour ses positions pro-sionistes [11], ne sont que l'aspect le plus pittoresque de cette "coalition informelle d'organisations et d'individus travaillant à orienter la politique étrangère américaine dans une direction pro-Israël" [12], c'est-à-dire de ce groupe de pression qui, défini par le terme anglais de lobby [13], se configure comme "le Lobby" par excellence, c'est-à-dire comme une véritable "supersecte".

En effet, si près de soixante-dix pour cent de la judaité mondiale est concentrée aux Etats-Unis [14] et en Palestine [15], c'est aux Etats-Unis qu'elle "dispose d'un certain nombre de grandes associations qui défendent ses thèses et ses intérêts, tant auprès des gouvernements nationaux que des organisations intergouvernementales" [16]. Il s'agit d'un "déploiement impressionnant d'organisations, dont la plus puissante et la plus connue est l'AIPAC" [17] (American Israel Public Affairs Committee), dont le positionnement super partes par rapport aux partis politiques est démontré par ses conférences annuelles, auxquelles participent aussi bien des démocrates que des républicains, comme par exemple, en 2016, Hillary Clinton et Donald Trump (qui a prononcé un discours écrit par son gendre Jared Kushner, qui est lui-même un juif orthodoxe).

"La conférence annuelle de l'AIPAC", explique un journaliste américain, "a lieu à Washington chaque printemps et constitue un événement important de la saison politique (...). Le discours d'ouverture est généralement prononcé par le président des États-Unis, le vice-président ou le secrétaire d'État. (...) Comme un hommage au pouvoir du lobbying, environ la moitié des membres du Congrès participent à la conférence, y compris les whips démocrates et républicains des deux chambres. Il est évident que leurs discours reflètent leur allégeance personnelle et le soutien inconditionnel de l'Amérique à Israël. Les noms des membres du Congrès qui empruntent la passerelle sont publiés sur le site web de l'AIPAC, ce qui augmente leurs chances d'obtenir des contributions de grands donateurs juifs. Tout aussi importants, mais rarement médiatisés, sont les dîners et déjeuners régionaux de l'AIPAC dans tout le pays, événements auxquels sont invités les dirigeants politiques locaux (...). A l'issue de ces événements, les personnes invitées reçoivent comme prix des voyages tous frais payés en Israël, offerts par les Conseils communautaires juifs locaux, les Fédérations ou d'autres organisations juives. En Israël, ils sont reçus par le Premier ministre, le ministre de la Défense et le chef d'état-major de l'armée, on leur fait visiter Israël et les colonies de Cisjordanie, et enfin on les emmène au musée de l'Holocauste de Yad Vashem"[18]. Les membres du Lobby sont tous juifs.

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Le Lobby comprend non seulement des Juifs, mais aussi des personnalités éminentes de l'Église évangélique et d'autres "dénominations"; en particulier, il comprend les "sionistes chrétiens", "une secte au sein du groupe plus large et politiquement orienté de la droite chrétienne (...) une sorte de "partenaire junior" des divers groupes pro-Israël de la communauté juive américaine". La secte des sionistes chrétiens est issue du ‘’dispensationalisme’’ [20], un courant théologique d'origine anglo-saxonne particulièrement répandu dans les églises évangéliques.

Avant de venir aux Etats-Unis, ce courant avait eu une certaine diffusion en Angleterre, où il a probablement contribué "à rendre le ministre anglais des Affaires étrangères Arthur Balfour particulièrement sensible à l'idée de créer un foyer pour les Juifs en Palestine"[21]. Selon la théologie "prémillénariste" de la secte, les juifs régneront sur la "terre d'Israël" pendant mille ans après que Jésus-Christ aura "enlevé" les chrétiens pour les emmener au paradis; après le millénaire, le nouveau ciel et la nouvelle terre annoncés par l'Apocalypse de Jean apparaîtront. Les ‘’dispensationalistes’’, et avec eux la secte des sionistes chrétiens, sont donc certains que le prétendu "retour"[22] des Juifs en Palestine est un événement fondamental de ce processus eschatologique qui culminera avec le second avènement de Jésus; ils croient donc que les États-Unis doivent soutenir de toutes leurs forces le régime sioniste de Tel Aviv et se préparer à combattre à ses côtés dans la bataille finale d'Armageddon. La diffusion des thèses ‘’dispensationalistes’’ est également due à une très heureuse activité littéraire à thème "apocalyptique", dont il suffit de mentionner quelques cas. Le premier est représenté par le théologien et animateur de télévision Harold (Hal) Lindsey (né en 1929), connu pour sa campagne en faveur d'une attaque nucléaire contre la République islamique d'Iran, "le seul choix logique possible pour Israël". Lindsey est l'auteur de The Late, Great Planet Earth (28 millions d'exemplaires depuis 1990), dont a été tiré un film avec Orson Welles. Le second cas est celui de Timothy (Tim) LaHaye (1926-2016), conférencier spécialisé dans les prophéties bibliques et auteur d'une série de seize romans (Left Behind, Tribulation Force, Soul Harvest, Nicolae, etc.) qui se sont vendus à ce jour à plus de 60 millions d'exemplaires et ont inspiré plusieurs films.

* * *

Quel est le poids du Lobby dans les deux dernières administrations américaines?

Donald Trump, en plus de confier le poste de "conseiller principal" à son gendre Jared Kushner et à sa fille Ivanka (tous deux juifs orthodoxes), a puisé dans les rangs du Lobby au moins une vingtaine de collaborateurs, dont: Stephen Miller (conseiller politique), Steven Mnuchin (secrétaire au Trésor), David Friedman (ambassadeur en Israël), Jason Greenblatt (assistant du président et représentant spécial pour les négociations internationales), Elliot Abrams (représentant spécial pour le Venezuela, puis l'Iran), Anne Neuberger (conseillère adjointe à la sécurité nationale et responsable de la cybersécurité), Gary Cohn (conseiller économique, puis président d'IBM), Lawrence (Larry) Kudlow (directeur du Conseil économique national), etc.

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Quant à l'administration actuelle, le 8 décembre 2020, Nathan Posner a annoncé triomphalement dans Atlanta Jewish Times que le gouvernement de Joe Biden serait "historiquement juif" [23]. Un mois plus tard, en fait, le Lobby a placé ses hommes (et ses femmes) dans la nouvelle administration.

Antony (Tony) John Blinken, ancien conseiller adjoint à la sécurité intérieure sous l'ère Barack Obama, a succédé à Mike Pompeo au poste de secrétaire d'État le 26 janvier. "L'histoire de sa vie se lit comme une fiction sur la haute société juive", a écrit le Washington Post, rappelant que Blinken "a eu voix au chapitre dans tous les débats sur la sécurité nationale et la politique étrangère de l'administration du président Obama" [24]. Un article du Wall Street Journal a notamment rappelé que "la grande attention portée par l'administration Obama à la Syrie était due à Blinken, dont les recommandations avaient tendance à suivre la ligne dure" [25].

Le jour même du début du mandat de Blinken, le poste de secrétaire au Trésor a été confié à Janet Louise Yellen, issue d'une famille juive de Brooklyn. Ancienne vice-présidente puis présidente de la Réserve fédérale, Yellen s'est classée en 2014 à la deuxième place de la liste des 100 femmes les plus puissantes du monde, selon "Forbes"[26].

La direction de la Central Intelligence Agency (CIA) a également été reprise par une israélite [27], Avril Danica Haines, anciennement directrice adjointe de la CIA de 2013 à 2015 et conseillère adjointe à la sécurité nationale (en remplacement de Blinken) de 2015 à 2017.

Le poste de secrétaire à la sécurité intérieure est revenu à Alejandro Nicholas Mayorkas, anciennement secrétaire adjoint du même département de 2013 à 2016; Mayorkas est né à La Havane de parents juifs qui ont quitté Cuba après la révolution et se sont installés à Miami.

L'économiste Jared Bernstein, collaborateur du New York Times et du Washington Post, devient le conseiller économique de M. Biden. Le fait que Bernstein, pour célébrer sa nomination au Council of Economic Advisers, ait eu recours au lexique yiddish lui a donné une importance particulière [28].

Le chef de cabinet de la Maison Blanche depuis le 20 janvier est Ronald (Ron) Alan Klain, ancien chef de cabinet de deux vice-présidents: Al Gore (1995-1999) et Joe Biden (2009-2011). M. Klain, cinquième membre du Lobby à devenir le chef de cabinet du président, a célébré sa bar-mitsva dans une synagogue d'Indianapolis affiliée au ‘’judaïsme reconstructionniste’’. En avril 2020, lors d'une conversation télévisée avec le rabbin Dennis Sasso, M. Klain a démontré son expertise en matière d'exégèse biblique en comparant l'épidémie de Covid-19 à la dixième plaie d'Égypte, lorsque "il y eut de grandes lamentations en Égypte, car il n'y avait pas une maison où il n'y avait pas un mort" [29]. Et "les Israélites (...) firent donner par les Égyptiens des objets d'argent et d'or et des vêtements. (...) Ils dépouillèrent donc les Égyptiens" [30].

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Celui qui veut retracer les origines historiques de la "supersecte" américaine, doit remonter à la naissance de la loge maçonnique initialement appelée Bundesbrüder, qui a été fondée le 13 octobre 1843 au café d'Aaron Sinsheimer à Wall Street, New York, par douze Juifs d'Allemagne. Le groupe, qui prend bientôt le nom d'Independent Order of B'nai B'rith, se propose, selon l'article 2 de sa charte, d'"unir les Juifs pour la promotion de leurs intérêts les plus élevés et le bien de l'humanité", le "peuple d'Israël" étant le médiateur nécessaire entre Dieu et l'humanité. En 1851, le B'nai B'rith comptait douze loges et un peu plus d'un millier d'affiliés ; mais, étant donné l'augmentation continue de la population juive américaine (un million en 1900, 5.200.000 en 1945), en septembre 1945, les membres de l'Ordre s'élevaient déjà à 160.000 hommes et plus de 70.000 femmes. Ayant entre-temps acquis le caractère d'une véritable organisation internationale, le B'nai B'rith peut compter sur un réseau mondial de 250.000 affiliés et se servir des activités de l'Anti-Defamation League of B'nai B'rith, qu'il a fondée en octobre 1913.

661UHkpR_400x400.jpgL'ADL, dont le siège est à New York et qui compte actuellement une trentaine de branches aux États-Unis, ainsi que quelques bureaux à l'étranger, ne fait pas mystère de ses activités d'espionnage. Abraham (Abe) H. Foxman [31], directeur national de l'ADL, a explicitement déclaré: "Notre mission est de surveiller et de détecter ceux qui sont antijuifs, racistes, antidémocratiques (...). Comme les organisations extrémistes sont enclines au secret, l'ADL ne peut parfois apprendre leurs activités qu'en utilisant des moyens secrets" [32]. Bien entendu, le procès intenté en 1993 contre l'ADL par douze groupes de défense des droits civils, dirigés par l'American-Arab Anti-Discrimination Committee et la National Lawyers Guild, n'a pas servi à grand-chose. (En ce qui concerne l'influence de l'ADL en Italie en particulier, il convient de rappeler qu'en août 1994, le chef du gouvernement, Silvio Berlusconi, a été contraint de présenter ses excuses à Abe Foxman pour une déclaration du ministre du travail, Clemente Mastella, qui avait insinué que la chute de la lire sur le marché international avait été provoquée par le lobby juif américain. Devenu ministre de la justice dans le gouvernement Prodi (2006-2008), Mastella a expié sa culpabilité en présentant un projet de loi visant à punir les "idées antisémites" et en finançant un programme international d'éducation sur l'Holocauste).

De retour au B'nai B'rith, il s'installe en septembre 1957 dans son nouveau siège à Washington, DC, qui est inauguré par le président Richard Nixon. "Depuis lors, les différents présidents américains, les plus hautes personnalités de l'Etat et de nombreux chefs d'Etat étrangers n'ont cessé de suivre et de soutenir l'Ordre du B'nai B'rith (...) Les campagnes présidentielles passent désormais inévitablement par les assemblées du B'nai B'rith, où les candidats, tant démocrates que républicains, viennent apporter leurs messages de soutien à Israël (accusant toujours leurs adversaires de tiédeur envers la cause sioniste) (...). En 1963 (...) l'invité d'honneur était le président John Kennedy. (...) Quelques mois plus tard, c'était le tour du nouveau président Lyndon Johnson" [33]. L'Ordre entretenait de très bonnes relations avec les sionistes.

L'Ordre a entretenu d'excellentes relations avec tous les présidents américains, exhortant chacun d'entre eux à engager les énergies du pays dans la défense du régime sioniste et de ses intérêts au Proche et au Moyen-Orient. Immédiatement après l'élection de Donald Trump, le président Gary P. Saltzman et le vice-président exécutif Daniel S. Mariaschin ont envoyé le message suivant au président nouvellement élu: "Le B'nai B'rith applaudit votre engagement déclaré en faveur de la sécurité d'Israël et votre engagement à faire tout ce qui est en votre pouvoir pour empêcher l'Iran d'obtenir une arme nucléaire. Nous reconnaissons que le leadership américain - et le partenariat crucial de l'Amérique avec son allié démocratique Israël - sont essentiels à notre objectif commun d'un Moyen-Orient pacifique et stable. Nous sommes donc grandement rassurés de savoir qu'Israël, la seule démocratie du Moyen-Orient, un pays qui a combattu le terrorisme et l'agression depuis son indépendance, aura un allié fidèle en la personne du président des États-Unis" [34]. Nous sommes également rassurés de savoir qu'Israël est la seule démocratie du Moyen-Orient, un pays qui a combattu le terrorisme et l'agression depuis son indépendance.

Le message envoyé par le président et le vice-président de l'Ordre au président nouvellement élu, Joe Biden, n'est pas très différent sur le fond: "Le moment est venu pour la nation de resserrer ses rangs, unie dans la guérison et unie face aux défis les plus graves. En tant qu'organisation humanitaire juive mondiale, nous nous concentrons sur les droits de l'homme, sur la sécurité et la défense d'Israël et du peuple juif, sur les questions touchant les anciens, la tolérance et la diversité. Nous nous réjouissons de travailler avec la nouvelle administration et le Congrès sur des questions cruciales pour les États-Unis et Israël. "[35].

NOTES

[1] François Thual, Géopolitique de l’Orthodoxie, Dunod, Paris 1993. Trad. it. La geopolitica dell’Ortodossia, SEB, Milano 1995. Di Thual si veda inoltre: Il mondo fatto a pezzi, Edizioni all’insegna del Veltro, Parma 2008.

[2] Géopolitique du Chiisme, Arléa, Paris 1995; Géopolitique du Bouddhisme, Éditions des Syrtes, Genève 2002; Géopolitique des religions. Le Dieu fragmenté, Ellipses, Paris 2004.

[3] “Eurasia”, a. XI, n. 3.

[4] “Eurasia”, a. IX, n. 4.

[5] “Eurasia”, a. XI, n. 4.

[6] “Eurasia”, a. XII, n. 3.

[7] “Eurasia”, a. XIII, n. 3.

[8] “Eurasia”, a. XVI, n. 1.

[9] “Eurasia”, a. XVIII, n. 2.

[10] Massimo Introvigne, Le sètte cristiane. Dai Testimoni di Geova al Reverendo Moon, Oscar Mondadori, Milano 1990, p. 19.

[11] David Margules, président du Chabad Lubavitch au Delaware, a déclaré à proposdeBiden : “He has developed the reputation for being a strong supporter of Israel”.

[12] John J. Mearsheimer – Stephen M. Walt, La Israel lobby e la politica estera americana, Mondadori, Milano 2007, p. 14.

[13] Dulatin tardif laubia, qui est à l’origine du terme italien loggia.

[14] D’après une étude publiée par la démographe Ira Sheskin et parle sociologue Arnold Dashefsky en 2015 la population juive aux Etats-Unis serait de 6.829.930 individus.

[15] D’après les données fournies par la ‘’Berman Jewish Data Bank’’, en 2018 la population juive de l’Etat totalisait 6.960.000 individus.

[16] Jean Meynaud, Les groupes de pression internationaux, Études de Science politique, Lausanne 1961, pp. 95.

[17] John Mearsheimer – Stephen Walt, La lobby israeliana e la politica estera degli Stati Uniti, in: AA. VV., Lobby israeliana e politica statunitense, Effepi, Genova 2007, p. 18.

[18] Jeffrey Blankfort, L’influenza di Israele e della sua lobby in America sulla politica americana in Medio Oriente, in AA. VV., Lobby israeliana e politica statunitense, cit., pp. 68-69.

[19] John J. Mearsheimer – Stephen M. Walt, La Israel lobby e la politica estera americana, cit., pp. 164-165. Cfr. Marco Zenesini, Ritorni: il sionismo cristiano, “Eurasia”, 2/2021, pp. 123-127.

[20] Ce nom dérive du terme anglais dispensation, qui, dans la version autorisée de la Bible du Roi Jacques traduit le terme οἰϰονομία, “administration’’. L’apôtre, en fait, ‘’administre’’ l’annonce faite dans l’Evangile et ‘’dispense’’ la Grâce.

[21] John J. Mearsheimer – Stephen M. Walt, La Israel lobby e la politica estera americana, cit., p. 165.

[22] Il est difficile, sinon impossible, de soutenir que lers Juifsactuels, auxquels les thèses sionistes attribuebt un ‘’droit au retour’’en Palestine, descendent desHébreuxdes douze tribus, parce qu’à l’ethnogénèse juive d’autres éléments ethniques de provenances très diverses ont contribués, car acquises via le prosélytisme. Sur ce thème, je renvoie à mon essai Chi sono gli antenati degli Ebrei?, “Eurasia” 2/2009, republié sous le titre de  Gli Ebrei sono semiti? en appendice à: Goffredo Coppola, Trenta danari, Edizioni all’insegna del Veltro, Parma 2020.

[23] Nathan Posner, Biden’s Jewish Leadership, atlantajewishtimes.timesofisrael.com

[24] Alison Weir, L’ex vice consigliere per la sicurezza nazionale Tony Blinken rivela come Obama e Biden hanno contribuito al massacro israeliano di Gaza nel 2014, bocchescucite.org, 4 luglio 2020.

[25] Ibidem.

[26] Ecco le donne più potenti del mondo secondo Forbes, www.liberoquotidiano.it, 29 maggio 2014.

La revue de presse de CD - 23 mai 2021

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La revue de presse de CD

23 mai 2021

ECONOMIE

Les difficultés récentes que rencontrent les industriels à se procurer des semi-conducteurs, éléments centraux et indispensables à la transformation digitale des organisations et de la société, rappellent que le digital ne peut s’affranchir de réflexions sur le territoire et sur les relations entre les grandes puissances mondiales.

Extrait de « La transformation digitale des entreprises » que vient de publier les éditions Ellipses.

The Conversation.com

https://theconversation.com/bonnes-feuilles-la-nouvelle-g...

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ETATS-UNIS

Yémen : malgré ses promesses électorales, Biden continue à soutenir la guerre

L’administration Biden a finalement admis que les États-Unis apportaient un soutien offensif à l’assaut génocidaire de l’Arabie saoudite contre le Yémen, contredisant directement l’affirmation de février selon laquelle elle ne fournirait plus de soutien offensif dans cette guerre.

Le Cri des Peuples

https://lecridespeuples.fr/2021/05/15/yemen-malgre-ses-pr...

FRANCE

Justice politique : les grosses ficelles du macronisme

À un an de l’élection présidentielle, l’instrumentalisation politique de la justice reprend du service. Au PNF et au pôle d’instruction, on est l’arme au pied, prêt à intervenir comme en 2017 et permettre la réélection d’Emmanuel Macron en disqualifiant les adversaires susceptibles de le mettre en difficulté. Ils ont déjà tout ce qu’il leur faut en magasin et d’ailleurs pas seulement contre Marine Le Pen.

Vu du Droit

https://www.vududroit.com/2021/05/justice-politique-les-g...

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Masque obligatoire en extérieur : Véran piétine la science et les libertés

Pourquoi ne pas abroger tout de suite le port du masque obligatoire en extérieur ? Il n’a aucune justification scientifique, et les seules raisons valables de le conserver sont politiques et liberticides.

Contrepoints.org

https://www.contrepoints.org/2021/05/18/397734-masque-obl...

GEOPOLITIQUE

Alternative iranienne au canal de Suez

Avec le récent blocage du canal de Suez par le porte-conteneurs Ever Given, de nombreux pays sont déjà activement impliqués dans la recherche et la discussion d’une éventuelle alternative future à cette voie de transport maritime reliant l’Europe et l’Asie. Ainsi, la Russie a proposé la route maritime du Nord, et Israël a rappelé l’idée du canal Ben-Gourion, qui pourrait relier la Méditerranée à la mer Rouge en contournant le canal de Suez. 

Euro-Synergies

http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2021/05/16/a...

La Chine, l’Inde et le reste du monde…

Deux géants. Deux géants qui, à eux seuls, représentent plus du tiers de la population mondiale : 19% pour la Chine (1,44 Milliard d’habitants), 18% pour l’Inde (1,39 Milliard). Deux voisins qui, au cœur du continent asiatique, ne pouvaient pas ne pas entrer tôt ou tard en confrontation, tout en se ménageant, par respect l’un pour l’autre, de longues plages de coopération, voire d’amitié.

Geopragma

https://geopragma.fr/la-chine-linde-et-le-reste-du-monde/

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MEDIAS

La manipulation des algorithmes, moyen de dominer l’information ?

Les algorithmes, surutilisés et sophistiqués par les GAFAM permettent de manière subtile le « shadowing » (de shadow, ombre en anglais), en clair de mettre dans la soute une information « négative » ou – a contrario – de mettre au grand soleil une information dite « positive ». Nous reproduisons un article de Caitlin Johnstone paru sur son blog le 4 mai 2021 : La manipulation des algorithmes de la Silicon Valley est la seule chose qui maintient les médias grand public en vie.

OJIM

https://www.ojim.fr/manipulation-algorithmes-information/...

REFLEXION

Thoreau et la difficile désobéissance civile face à la dictature sanitaire

Relire Thoreau par les temps qui courent en occident est intéressant, parce que ce légendaire résistant nous explique à quel point il est difficile de… résister. Et il ne fait pas de cadeaux, même à ceux qui se disent résistants : « Ils parlent de changer la société, mais ils n’ont point de refuge hors d’elle. »

Euro-Synergies

http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2021/05/14/t...

Les Balkans, Trotsky, Parvus et les Jeunes Turcs

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Les Balkans, Trotsky, Parvus et les Jeunes Turcs

Par Gaston Pardo

Entre 1910 et 1914, Léon Trotsky a été le premier analyste des situations complexes qui ont tiré la sonnette d'alarme face à la fragmentation politique des composantes nationales que l'Angleterre et l'Allemagne, fondamentalement, avaient contribué à enfermer dans des frontières "sûres".

Le résultat de l'analyse de Trotsky conduit à l'étude des Balkans, qui entrent dans un processus de désintégration dû aux confrontations entre ses composantes, ce qui, par ailleurs, est analysé par Olga Petrovich dans son livre Realpolitik vs Moralpolitik. Ce document date de 1991, lorsque l'embrasement du territoire des Balkans a commencé.

Cet essai nous permet d'apprendre en détail le génocide ethnique, linguistique et religieux des peuples des Balkans dû aux initiatives de l'OTAN au cours des 30 dernières années, entre la fin du XXe siècle et le début du XXIe siècle.

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La manipulation des composantes géopolitiques et géostratégiques de la Turquie conduit à une tentative qui semblait alors définitive de démanteler l'empire fondé par Osman I au XIVe siècle et agrandi par son descendant de sang, Mehmet II, 120 ans plus tard. Les services secrets britanniques et la franc-maçonnerie se sont associés dans les Balkans pour effacer de la mémoire des Turcs le souvenir de leur empire avec le projet conspirateur des Jeunes Turcs, qui était soutenu par les communistes russes.

Trotsky écrit :

1.La "conspiration" de l'Autriche et de la Bulgarie

Sous le prétexte d'une grève des chemins de fer, le prince Ferdinand de Bulgarie s'est emparé de la ligne de Roumélie orientale, jusqu'alors propriété des capitalistes autrichiens. Afin de défendre ses intérêts, le gouvernement de Vienne a immédiatement émis une protestation modérée.

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Et pourtant, les calomniateurs avaient raison. Tant l'appropriation du chemin de fer austro-turc que la protestation autrichienne étaient des éléments d'une conspiration entre les gouvernements autrichien et bulgare. Ce fait est devenu évident en deux ou trois jours. Le 5 octobre 1908, la Bulgarie proclame son indépendance et deux jours plus tard, l'Autriche-Hongrie annonce l'annexion de la Bosnie-Herzégovine. Ces deux actions constituent des violations du traité de Berlin, même si elles n'ont rien changé à la carte politique de l'Europe.

Les États qui forment aujourd'hui la péninsule des Balkans ont été créés par la diplomatie européenne lors de la conférence de Berlin de 1879. Lors de cette conférence, toutes les mesures ont été prises pour transformer la diversité nationale des Balkans en un enchevêtrement de petits États. Aucun d'entre eux ne pouvait s'étendre au-delà d'une certaine limite. Chacun d'entre eux, contraint par ses propres liens diplomatiques et dynastiques, s'oppose à tous les autres. Et enfin, tous demeurent impuissants face aux machinations et intrigues constantes des grandes puissances européennes.

Les territoires peuplés de Bulgares sont séparés de la Turquie par cette conférence et transformés en principautés vassales. Cependant, la Roumélie orientale, dont la population est presque entièrement bulgare, reste attachée à la Turquie. La révolte qui secoue ces territoires en 1885 modifie le partage effectué par les diplomates de la conférence de Berlin et, contre la volonté du tsar Alexandre II, la Roumélie orientale est séparée "de facto" de la Turquie et devient la Bulgarie du Sud.

L'annexion par l'Autriche des deux anciennes provinces turques et de l'Herzégovine n'a pas vraiment modifié les frontières des deux États. Les exclamations hystériques de la presse patriotique slavophile russe dénonçant la violence autrichienne contre les Slaves ne peuvent changer le fait que ces provinces avaient été remises à la monarchie des Habsbourg plus de trente ans auparavant par la Russie elle-même. Il s'agit du paiement que l'Autriche a reçu, à la suite de l'accord secret de 1876 avec le gouvernement d'Alexandre II, en récompense de sa neutralité pendant la guerre russo-turque de 1877.

La conférence de Berlin de 1879 n'a fait que confirmer le droit de l'Autriche à occuper ces provinces pour une période indéterminée. Et le gouvernement tsariste a reçu - en échange des deux provinces slaves prises par l'Autriche à la Turquie - la Bessarabie moldave ôtée à la Roumanie.

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2. La nouvelle Turquie est confrontée à de vieilles difficultés.

La révolution n'a pas encore fait renaître le pays, mais elle a créé les conditions de sa renaissance. La Bulgarie et l'Autriche sont menacées par le danger réel ou apparent que la Turquie veuille et puisse transformer la fiction en réalité. Cela explique la précipitation, marquée par la panique, avec laquelle Ferdinand s'empare de la couronne tandis que François-Joseph étend les domaines soumis à la sienne.

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Un simple coup d'œil sur la carte des Balkans suffit à montrer l'importance de la région de Novibazar - une étroite bande de terre appartenant à la Turquie mais peuplée de Serbes et occupée par les troupes autrichiennes à la suite du traité de Berlin. D'une part, elle est comme un coin entre les deux parties de la "vieille Serbie", c'est-à-dire la Serbie proprement dite et le Monténégro; d'autre part, elle constitue un pont entre l'Autriche et la Macédoine. Une ligne ferroviaire la traversant (pour laquelle l'Autriche avait obtenu une concession dans les derniers jours de l'existence de l'ancien régime turc) relierait la ligne austro-bosniaque à la ligne turco-macédonienne.

Et de cette façon, la Turquie n'a rien perdu, au contraire, elle a récupéré une province dont l'avenir était pour le moins douteux. Si elle a réagi par une protestation aussi vigoureuse, c'est qu'après la longue série de discours de bienvenue au nouveau régime, elle reconnaissait une fois de plus sans masque les mâchoires avides de l'impérialisme européen.

La révolution a sapé l'influence des Hohenzollern à Constantinople, jeté les bases du développement d'une industrie turque "nationale" et remis en question les concessions allemandes, obtenues par la corruption et les intrigues capitalistes. Le gouvernement de Berlin a décidé de se retirer temporairement et de se tenir prêt.

La Grande-Bretagne, pour sa part, exprime des sentiments amicaux à l'égard du nouveau régime dans la même mesure où il a affaibli la position de l'Allemagne dans les Balkans. Dans le contexte de la lutte entre les deux grandes puissances européennes, les "Jeunes Turcs" ont naturellement cherché des soutiens et des "amis" sur les rives de la Tamise.

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Comme nous l'avons déjà dit, la Turquie a toutes les raisons de craindre que la remise en cause de ses droits fictifs par la Bulgarie et l'Autriche s'accompagne d'attaques contre ses propres intérêts. Pourtant, elle n'a pas pris le risque de tirer son épée en se contentant de faire appel aux pouvoirs du Congrès de Berlin. Il ne fait aucun doute qu'une guerre populaire déclarée à l'initiative des "Jeunes Turcs" rendrait leur pouvoir indestructible puisqu'il est lié au rôle de l'armée. Mais c'est à la condition que la guerre soit victorieuse.

Un tel objectif ne mérite pas une guerre. La récupération de la Roumélie orientale? Cela ne renforcerait pas la Turquie mais les tendances centrifuges, déjà importantes en soi, que le nouveau régime tente de surmonter. Les éléments réactionnaires, qui n'ont de toute façon rien à perdre, ont déclenché une vive agitation en faveur de la guerre et, si l'on en juge par les dépêches en provenance de Constantinople, ont réussi à affaiblir l'influence du gouvernement et du comité des "Jeunes Turcs".

L'influence de la paysannerie sur le développement des événements en Turquie est peut-être incomparablement plus grande. La paysannerie, dont un cinquième est sans terre, soumise à un régime de semi-servage, enfermée dans les filets de l'usure, exige de l'Etat des mesures agraires fondamentales. Cependant, seuls le parti arménien "Dashnaktsutiun" et le groupe bulgare-macédonien dirigé par Sandansky poursuivent un programme agraire plus ou moins radical.

3. Intrigues pour une compensation "désintéressée".

L'ennemi le plus perfide de la nouvelle Turquie est sans conteste la Russie tsariste. Le Japon a repoussé la Russie sur les rives du Pacifique et maintenant une Turquie forte menace de l'expulser des Balkans. Une Turquie consolidée sur des bases démocratiques deviendrait un centre d'attraction pour l'ensemble du Caucase et pas seulement pour les musulmans. Liée à la Perse par la religion, la Turquie pourrait expulser la Russie de ce pays et devenir une menace sérieuse pour les possessions russes en Asie centrale.

St. Petersburg est prêt à frapper la Turquie de toutes les manières possibles. Le semi-consentement à l'annexion de la Bosnie-Herzégovine qu'Izvolsky (ministre russe des Affaires étrangères) a transmis à Aehrenthal (ministre autrichien des Affaires étrangères) était sans doute dû à un calcul des avantages que la Russie pouvait attendre du désordre dans les Balkans.

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J'ai déjà eu l'occasion d'écrire dans ces mêmes pages que, dans son stade actuel, la diplomatie tsariste manque totalement d'une "idée" unificatrice et peut être définie comme un opportunisme parasitaire. Il se nourrit principalement du conflit entre l'Allemagne et l'Angleterre et est parasite même par rapport à la politique impérialiste des gouvernements capitalistes. Il combine l'alliance avec la France et l'"amitié" envers l'Allemagne, des accords secrets avec Aehrenthal avec des réunions officielles avec Pichon (ministre français).

Pendant les vacances d’été, Miliukov a visité la péninsule des Balkans et est arrivé à la conclusion que tout se passait bien. Avec l'audace qui le caractérise, il a fait remarquer qu'un rapprochement entre la Serbie et la Bulgarie était déjà bien avancé et porterait bientôt ses fruits. Quelques semaines plus tard, cependant, le panslavisme devait subir une expérience désagréable. Que s'est-il passé ? Les Bulgares ont conclu un accord avec l'"ennemi juré des Slaves", l'Autriche, et l'ont aidée à annexer ses provinces peuplées de Serbes.

Qu'est-ce que cela signifie maintenant de trop "céder" ? Deux ans auparavant, ces messieurs se sont rendus à Paris pour s'assurer le soutien des radicaux français contre le tsarisme. Et maintenant, ils font appel au gouvernement tsariste contre une Turquie qui peine à se relancer. Les pertes subies par la Turquie leur ont fourni un prétexte pour exiger une compensation de la Russie aux frais de la Turquie.

4. Hors des Balkans !

La diplomatie russe veut assurer à sa marine la liberté d'entrer en Méditerranée depuis la mer Noire, eaux dans lesquelles elle est confinée depuis plus d'un demi-siècle.

Le Bosphore et les Dardanelles, la route vers la Méditerranée, sont gardés par l'artillerie turque car, en vertu du "mandat" européen, la Turquie est la gardienne des détroits. Tout comme les navires de guerre russes ne peuvent pas quitter la mer Noire, les navires des autres États ne peuvent pas y entrer. La diplomatie tsariste voulait que le verrou soit ouvert, mais seulement pour sa propre flotte.

La Grande-Bretagne ne peut en aucun cas accepter cette demande.

Trotsky a écrit quelques mois plus tard :

La Turquie se situe dans la péninsule des Balkans, au sud-est de l'Europe. Depuis des temps immémoriaux, ce pays symbolise la stagnation, l'immobilisme et le despotisme. Dans ce domaine, le sultan de Constantinople n'est pas à la traîne de son frère de Saint-Pétersbourg, et le devance même. Des peuples de races et de religions différentes (Slaves, Arméniens, Grecs) ont été soumis à des persécutions diaboliques.

Les écoles n'étaient pas nombreuses. Le gouvernement du sultan - qui craint la croissance du prolétariat - ordonne toute une série de mesures qui rendent difficile la création d'usines. Les espions intriguaient partout. Le gaspillage et le détournement de fonds par la bureaucratie du sultan (comme par celle du tsar) ne connaissent aucune limite. Tout cela devait conduire inexorablement à la faillite complète de l'État.

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Parvus

Aleksandr Lvovich Parvus, né Izráil Lázarevich Guélfand, également écrit Helphand ; en russe, plus connu sous le pseudonyme d'Alexandre Parvus, était un socialiste révolutionnaire né en 1867 en Biélorussie. D'origine juive russe, il s'est installé en Allemagne, où il s'est distingué comme économiste et écrivain marxiste.

Si en 1893 il avait été expulsé de Prusse, en 1898 il est expulsé de Saxe, mais pas avant que Rosa Luxemburg ne lui succède à la tête du journal social-démocrate de Dresde, ce qui signifie pour elle son premier contact avec l'activité journalistique en Allemagne. Après son expulsion, il se rend en Russie avec un faux passeport pour s'informer sur la famine dans la Volga.

Journaliste dans les Balkans

Insatisfait de l'atmosphère politique en Allemagne après la révolution en Russie, il s'installe d'abord à Vienne, puis en 1910 à Constantinople, où il reste cinq ans. Il y a créé une société de commerce d'armes qui devait réaliser des profits substantiels pendant les guerres des Balkans.

Parvus s'est d'abord tourné vers le journalisme, convaincu que la prochaine grande crise européenne se produirait précisément dans les Balkans. Il a d'abord écrit sur les Jeunes Turcs pour la presse allemande, puis a commencé à écrire pour La Jeune Turquie, le journal officiel du nouveau gouvernement turc, dans lequel il analysait l'impact du nouveau phénomène de l'impérialisme d'Europe occidentale sur l'Empire ottoman. Peu à peu, le journalisme a cédé la place aux affaires et à la prospérité économique: Parvus est devenu conseiller d'affaires pour les marchands russes et arméniens.

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Les Jeunes Turcs

En 1876, les Jeunes Ottomans, qui adopteront plus tard le nom de Jeunes Turcs, en 1896. Les Jeunes Turcs sont arrivés au pouvoir en 1908 à la suite d'une conspiration maçonnique britannique. C'est à Salonique qu'a été organisée la loge macédonienne Risen, qui était le centre conspirateur du groupe. L'éminence grise était Emmanuel Carasso, un spéculateur italien basé en Turquie.

Carasso a participé à la supervision des denrées alimentaires entrant en Turquie dans le cadre des opérations d'importation. Il a profité des liens internationaux du marchand d'armes et spéculateur Alexander Helphand Parvus.

Tout comme l'agent anglais Urquhart avait encadré Karl Marx dans sa lutte contre le tsarisme russe, Parvus investit de nombreuses ressources dans l'organisation du mouvement révolutionnaire russe dès les mobilisations de 1905, qu'il finance. Son agent est Léon Trotsky, avec qui il élabore la théorie de la révolution permanente, contenue dans le livre qui porte ce nom.

Parvus s'est installé en Turquie en 1908, peu après la révolution Jeune Turc. Avec Carasso, il a formé une société spéculative qui leur a permis d'accumuler l'argent nécessaire pour opérer en Russie. La grande collaboration pour la révolution communiste de 1917 a été gérée par Parvus et les ressources financières ont été remises à Lénine.

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Sources de référence :

Executive Intelligence Review, 12 avril 1996

Le renouveau des Jeunes Ottomans, 1910.

Les Balkans, l'Europe capitaliste et le tsarisme. Par Léon Trotsky. Première édition : Prolétaire n° 38 - 01.11.1910

Source : Archives françaises des marxistes Internet Archive 2000

Enquête sur les actions secrètes d’Israël

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Enquête sur les actions secrètes d’Israël

par Georges FELTIN-TRACOL

Ex: http://www.europemaxima.com

En 2018, la prestigieuse maison d’édition étatsunienne Random House publiait un ouvrage remarquable désormais disponible en français. Avec Lève-toi et tue le premier (Grasset, 2020, 944 p., 29 €), Ronen Bergman s’intéresse au rôle majeur des différentes agences de renseignement d’Israël à travers l’exemple des assassinats ciblés ordonnés par le gouvernement de Tel Aviv au nom de la sécurité nationale.

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Qualifiées pudiquement de « liquidations », ces exécutions remontent à la préhistoire de l’État juif en Terre Sainte. Les organisations sionistes constituent très tôt un appareil clandestin de collecte des informations, puis d’élimination des opposants. Dans les années 1930 – 1940, certaines d’entre-elles telles l’Irgoun de Menahem Beguin ou le Lehi (« Combattants pour la liberté d’Israël »), plus connu sous le nom de « Groupe Stern », avec Yitzhak Shamir, montent des attentats contre les Arabes et/ou contre les Britanniques.

Dès son accession à l’indépendance en 1948, le nouvel État mise sur ses services de sécurité intérieure et extérieure, car il entend aussi protéger dans le monde entier les communautés de la diaspora juive. Si Ronen Bergman mentionne le YANAM, l’unité anti-terroriste de la police, ou le Lakam, le département d’espionnage du ministère de la Défense, il se concentre en particulier sur l’AMAN, la Direction du renseignement militaire de Tsahal, l’« Institut pour le renseignement et les opérations spéciales », le Mossad, et l’« Agence israélienne de sécurité », le Shin Bet ou Shabak, en pointe dans le contre-espionnage. Outre les moyens propres à l’« Armée de défense d’Israël », ces trois instances disposent des unités spéciales « Baïonnette » et « Césarée », de la Flottille 13 (les unités spéciales de la marine) et du fameux « commando d’état-major », le Seyeret Matkal. La nécessaire coordination lors des opérations combinées compliquées n’empêche pas la persistance d’une rude concurrence entre elles…

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L’auteur éclaire la longue histoire du renseignement israélien. Les désastres les plus cinglants restent l’attentat aux Jeux Olympiques de Munich en 1972, l’absence de prévision de la Guerre du Kippour en 1973, l’exécution d’un innocent dans la ville norvégienne de Lillehammer en 1974, l’enlisement militaire au Liban dans la décennie 1980, l’assassinat du Premier ministre, Yitzhak Rabin, en 1995 ou la tentative ratée d’empoisonnement d’un dirigeant du Hamas, Khaled Mechaal, en 1997. Quant aux succès, les services secrets israéliens empêchent les spécialistes allemands en balistique de donner des missiles à l’Égypte de Nasser, réussissent le raid d’Entebbe en Ouganda en 1976 et réalisent une grande action-commando contre le siège de l’OLP en Tunisie en 1988. Ronen Bergman confirme par ailleurs que le héros de la Seconde Guerre mondiale, Otto Skorzeny, et le magnat de la presse, Robert Maxwell, collaboraient avec le Mossad. Il explique par ailleurs que l’armée et le Shin Bet ont d’abord toléré l’essor du Hamas dans les territoires occupés pour mieux briser la popularité du fer de lance de la résistance palestinienne, l’OLP nationaliste, marxisante et laïque.

Lève-toi et tue le premier insiste principalement sur l’exécution préparée et planifiée d’individus estimés dangereux par les services spéciaux. L’auteur constate un peu candidement qu’il est possible « avec l’assentiment tacite du gouvernement, de perpétrer des actes d’assassinats pour le moins sujets à caution, sans aucun contrôle des assemblées parlementaires ou des citoyens, et provoquant la mort de nombreux innocents (p. 22) ». L’Occident a beau avoir aboli la peine capitale, le bourreau poursuit sa tâche essentielle et prend maintenant les traits des professionnels du service Action. Cette lecture moraliste occulte le caractère souverain de l’ordre donné. Ce n’est pas un hasard si, au lendemain du 11 septembre, les États-Unis s’inspireront des procédures israéliennes pour les appliquer en Afghanistan, en Irak et en Syrie au moyen de drones plus en plus perfectionnés. L’hypocrisie qui sous-tend le monde occidental doit toutefois cesser. Appréhender ces meurtres programmés sous l’angle de la morale et du sacro-saint respect des droits de l’homme conduit à l’impolitique. Les États occidentaux ne s’indignent pas quand les forces israéliennes assassinent le fondateur du Hamas, le cheikh Yassine, ou un très haut-gradé syrien qui ne fait qu’accomplir son devoir de militaire. Si une autre puissance tentait d’empoisonner par exemple avec une substance radio-active des traîtres, cette même communauté occidentale s’en scandaliserait !

imentebbe.jpgL’amateur d’interprétations symboliques apprécie enfin d’apprendre que les quartiers généraux de l’armée et des services de renseignement résidaient à « Kirya-Sarona, le vieux quartier de Tel Aviv créé par la Société des Templiers allemands (p. 222) ». Influente en Palestine pendant l’entre-deux-guerres, la Société des Templiers œuvrait dans une perspective pangermaniste liée au projet ferroviaire Berlin – Byzance – Bagdad et, éventuellement, mystique en mêlant la rémanence de l’Ordre proscrit du Temple et un courant folciste secondaire qui concevait le Christ comme un Aryen de Galilée. Pourquoi donc cette implantation ? Y aurait-il dans ces salles un égrégore sevré de formules kabbalistiques ?

Malgré les obstacles posés par la censure militaire en vigueur, Ronen Bergman qui a néanmoins bénéficié d’un feu orange officieux, ne dévoile pas tout et présente son travail selon un point de vue progressiste israélien. Si Lève-toi et tue le premier plonge le lecteur dans les sombres méandres de la guerre secrète, il permet une certaine persuasion mentale. À l’instar des films d’action à grand budget d’Hollywood produits en accord avec le Complexe militaro-médiatique, ce livre cherche peut-être à survaloriser l’efficacité redoutable des structures de force de l’État hébreu afin d’instiller dans les esprits un avantage psychologique certain.

Georges Feltin-Tracol

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 215, mise en ligne sur TVLibertés, le 18 mai 2021.

L'homme et la planète: le "virus de l'anthropocène"

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L'homme et la planète: le "virus de l'anthropocène"

Par Natella Speranskaya

Ex : https://vk.com/id41891375

Une santé planétaire perturbée

Depuis la révolution industrielle, l'impact de l'homme sur la planète est devenu si actif qu'il a aujourd'hui de graves conséquences, et de nombreux scientifiques parlent ouvertement de l'avènement d'une nouvelle ère géologique, l'ère de l'Anthropocène. Peu à peu, l'homme est passé du statut d'habitant intelligent de la planète à celui de cause de changements géophysiques et biologiques à l'échelle mondiale. L'attitude consommatrice à l'égard de la Terre, le refus d'assumer la responsabilité des processus destructeurs, dont les causes sont des facteurs anthropiques, ont conduit à la "dégradation" de l'écosystème planétaire, dont chacun de nous fait partie.

La "pensée faustienne" dont parlait Oswald Spengler au siècle dernier a abouti à l'absence de toute mesure, et l'homme a commencé à graviter vers la surabondance, la surconsommation, la croissance illimitée, le gaspillage impensable des ressources naturelles. Devenu l'otage de l'Hubris (du grec ὕβρις - "impudence", "absence de retenue", "manque de retenue"), il s'est transformé en un exploiteur avide, croyant que la planète est conçue pour satisfaire ses appétits et ses caprices.

La pollution de l'air et de l'océan mondial, la destruction des forêts tropicales, l'extinction de nombreuses espèces d'êtres vivants sur la planète, l'épuisement des ressources naturelles, les changements dans la composition chimique de l'atmosphère, la surpopulation - voilà des défis mondiaux que nous devons relever. Ces défis sont le résultat d'un manque de conscience environnementale d'une part, et d'une course à la croissance économique d'autre part. L'homme regarde sa planète avec les yeux du propriétaire et du consommateur, sans se rendre compte qu'il devient de plus en plus un pilleur et un parasite. Quelque 83 % des terres émergées de la planète sont aujourd'hui sous l'influence de l'homme. De plus, le pourcentage d'organismes qui font de la photosynthèse chez l'homme est effroyablement élevé, plus de 90 %. Nous avons fait disparaître de notre conscience une attitude responsable envers la planète, et le résultat ne s'est pas fait attendre.

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Le protocole de Kyoto ne résout pas le problème du réchauffement de la planète. Nous continuons à parler du changement climatique, mais nous ne prenons pas de mesures efficaces. Nous parlons d'énergie, mais nous ne passons pas aux sources d'énergie alternatives. Nous parlons de la pollution de l'eau et continuons à déverser 400 milliards de tonnes de déchets dans l'hydrosphère chaque année. Nous reconnaissons que 80 % des citadins respirent un air contaminé à un niveau dénoncé par l'OMS, mais nous continuons à prétendre que le risque environnemental pour notre santé n'est pas si important que nous devrions enfin tirer la sonnette d'alarme. Dans la poursuite du profit, nous abattons les forêts, récupérant ces zones forestières pour un autre développement. En une seule minute, on estime que 20 hectares de forêts de notre planète sont détruits. L'homme est à l'origine de la disparition d'espèces animales et végétales rares, de l'appauvrissement de la couche d'ozone, de l'émission de substances toxiques dans l'eau et l'air et de l'émergence de nouveaux virus à potentiel pandémique. La planète est malade du "virus de l'anthropocène". De la parole nietzschéenne "Dieu est mort !" au "Déclin de l'Occident" de Spengler, l'humanité a entendu de nombreux verdicts. Aujourd'hui, les scientifiques émettent de nouveaux verdicts: réchauffement climatique, sixième extinction de masse. Nous réagissons lentement et trop tard, et pire encore, nous refusons de croire à la possibilité de développements catastrophiques. Des scientifiques confirmés s'accordent unanimement à dire que le réchauffement climatique constitue une menace pour notre avenir qui ne peut être comparée qu'à une guerre nucléaire, mais nous restons sourds. Nous attendons probablement que la température moyenne de la Terre augmente de 2 ou 3 degrés et alors nous n'aurons nulle part où aller.

Les dirigeants d'organisations telles que l'OMS, le WWF (Fonds mondial pour la nature) et l'ONU ont été contraints de reconnaître que la pandémie du coronavirus (ainsi que d'autres maladies infectieuses ces dernières années) est due à l'influence de l'homme sur la nature. En 1993, le médecin norvégien Per Fugelli a écrit : "La patiente ‘Terre’ est malade. Les perturbations environnementales mondiales peuvent avoir de graves conséquences sur la santé humaine. Il est temps pour les médecins de diagnostiquer le monde et de faire des recommandations de traitement." À l'époque, peu de gens prenaient ces mots au sérieux et assimilaient la "santé planétaire" à la "santé humaine".

A-t-il jamais été différent ? Avions-nous un plus grand respect et une plus grande responsabilité envers la Terre?

De l'égocentrisme à l'écocentrisme

Dans les cultures anciennes, la Terre n'était pas seulement déifiée, mais avait aussi un nom. Nous appelons notre planète Terre, mais nous avons depuis longtemps cessé de la considérer comme notre foyer, de lui accorder du respect. Les Grecs anciens, qui ont profondément marqué le développement de l'humanité et influencé la culture mondiale, appelaient la Terre Gaïa (grec Γαῖα). Comme nous le savons, toutes les planètes ont été nommées d'après des dieux grecs et romains. Seule la Terre est encore sans nom. Elle a seulement un nom. Mais un nom qui n'est pas un nom. Nous donnons des noms non seulement à nos enfants, mais aussi aux animaux ; il n'est pas rare que nous donnions même des noms à nos voitures et les traitions ainsi comme des êtres vivants, et les enfants donnent des noms à leurs jouets en signe de réelle préoccupation. Alors pourquoi ne pouvons-nous pas faire de même pour notre planète? Qu'est-ce qui nous empêche de la traiter comme un être vivant ? Qu'est-il arrivé à notre conscience qui a affecté notre pensée au point que nous nous sommes accrochés au corps de la planète comme des vampires, aspirant ses dernières ressources? Et surtout, que faisons-nous maintenant?

Ceux qui peuvent changer fondamentalement la situation existante - dirigeants politiques, représentants des organisations internationales, responsables des banques centrales - choisissent l'inaction ou les demi-mesures. Les défis environnementaux mondiaux doivent être discutés lors d'événements tels que le sommet du G20. Et pas seulement discuté, car il ne suffit pas d'énoncer le problème - ce qui compte, ce sont les solutions qui peuvent influencer le cours de l'histoire, et ce qui compte, ce sont les résultats qui empêchent la crise.

L'absence quasi-totale d'acteurs désireux de prendre la responsabilité de résoudre les problèmes environnementaux mondiaux montre que l'on ignore l'ampleur du problème. En outre, les problèmes environnementaux ne peuvent être résolus sans un nouveau concept d'économie. Et il ne s'agit pas d'un autre projet de refonte du système économique actuel. Les réparations cosmétiques sont inutiles lorsque l'ensemble du bâtiment doit être démoli.

Nous sommes donc confrontés à deux problèmes mondiaux, l'un écologique et l'autre économique, mais la racine de ces deux problèmes se trouve dans notre façon de penser et dans le système de valeurs qui influe sur tous les aspects de notre existence.

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Aujourd'hui, les voix du mouvement de la "décroissance" - Serge Latouche, Giorgos Kallis, Alexandria Ocasio-Cortez et d'autres - se font de plus en plus entendre. Il y a des conférences internationales (la première a eu lieu en 2008 et comprenait environ 140 participants), des événements culturels (en 2019, une triennale d'architecture s'est tenue à Oslo, consacrée à l'idée d'un monde libéré de la croissance économique). En septembre 2018, une lettre ouverte à l'Union européenne a été publiée. 238 politiciens et scientifiques ont présenté une proposition visant à abandonner la croissance économique et à se concentrer sur le bien-être humain et environnemental.

En 1972, des chercheurs du MIT ont publié un rapport intitulé "Les limites de la croissance", qui mettait en garde contre les conséquences désastreuses qui attendent l'humanité si nous n'arrêtons pas la croissance économique. C'est dans ce rapport que la croissance, normalement considérée comme un phénomène extrêmement positif, est vue comme destructrice. La conscience du consommateur qui ne reconnaît plus aucune limite, associée à la recherche du profit, peut nous conduire à un désastre civilisationnel. Aujourd'hui, les militants du mouvement anti-croissance suggèrent les mesures suivantes pour sauver la planète de l'épuisement: réduire la production, réduire les émissions dangereuses, soutenir le développement des énergies renouvelables, éliminer la publicité commerciale, contrôler l'instinct de consommation irréfléchi de l'homme, limiter le temps de travail (et ainsi donner aux gens plus de possibilités de créativité); certains partisans de cette idée parlent de la nécessité d'introduire un revenu de base inconditionnel.

L'écologiste politique et auteur de Degrowth Giorgos Kallis note: "Étant donné que notre économie repose depuis trop longtemps sur le concept de croissance, un simple coup d'arrêt ne suffira pas. Pour ralentir l'économie et ne pas faire de ravages, nous devons repenser notre façon de concevoir l'ensemble du système économique". C'est un point de vue juste. Nous devons souligner que le noble élan des partisans du mouvement anti-développement mérite beaucoup de respect, mais il n'y a pas de système économique holistique derrière lui, capable de devenir non seulement une alternative au modèle capitaliste existant, mais aussi un antidote au système des fausses valeurs profondément ancrées. Ce qu'ils proposent, ce sont des solutions au sein du même modèle économique. Ce résultat n'est possible qu'avec la création d'un nouveau paradigme économique, et donc une transition vers un nouveau système financier. Dans le même temps, il faut comprendre que les problèmes environnementaux et économiques, tels que mentionnés ci-dessus, ont une seule et même source - notre état d'esprit. Tant que nous resterons des consommateurs, obsédés par l'appât du gain, nous continuerons à épuiser les ressources de la planète. Si nous ne développons pas une conscience écologique, nous ne verrons pas notre planète comme un être vivant, mais comme un immense supermarché capable de répondre à tous nos besoins. Pas à pas, il conduira la planète vers une catastrophe inévitable jusqu'à ce que le prochain virus mortel mette fin à sa vanité parasitaire.

Malgré l'émergence d'un grand nombre d'initiatives environnementales et économiques destinées à changer les choses, toutes sont à nouveau développées dans le cadre des anciens paradigmes. Et c'est là leur défaut essentiel.

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Hares Youssef.

Lorsque le philosophe et philanthrope Hares Youssef a décidé de fonder l'organisation à but non lucratif Gaiia Foundation, il s'est fixé de grands objectifs: créer des projets mondiaux qui répondent aux défis du monde numérique d'aujourd'hui, visant à protéger les humains d'un avenir robotique imprévisible, et qui ont pour but de protéger l'environnement et de réformer le système financier mondial. Il s'agit d'une série d'initiatives :

1. liées l'environnement :

Prendre l'initiative de nommer notre planète Gaia et de la reconnaître comme un être vivant (et donc de lui accorder un statut juridique).

2 : économiques :

Créer une "nouvelle économie" fondée sur le principe de la transparence financière et jeter ainsi les bases d'un nouveau paradigme économique. Initier des recherches dans le domaine interdisciplinaire de la "psychonomie".

3 : technologiques :

Créer la plateforme de communication Gaiia, une plateforme de communication qui forme du capital à partir de données. GPP sera le premier réseau social au monde, où toute action réalisée dans une transparence absolue deviendra une transaction économique.

4 : relatives à l’intelligence :

Créer Gaiia Think Factory, un groupe de réflexion qui comprendra d'éminents économistes, penseurs, scientifiques, etc., dont la tâche sera de résoudre les problèmes mondiaux auxquels l'humanité est confrontée.

5 : relatives à l’éducation :

Mener des recherches interdisciplinaires dans le domaine de l'éducation et de l'instruction des enfants afin d'établir un fonds de pension pour les enfants et de créer un "paradis des enfants" (Paeideum) où l'enfant aura la possibilité de réaliser son potentiel intérieur.

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Ce ne sont là que quelques-unes des initiatives. Chaque projet développé par la Fondation Gaiia implique la création d'un paradigme complètement nouveau. Ni les problèmes environnementaux, ni les problèmes économiques, ni les problèmes sociaux ne pourront être résolus si nous ne faisons pas la transition vers un nouveau type de pensée et si nous ne reconnaissons pas notre planète comme un être vivant ayant un nom. Il serait plus juste de dire non pas à un "nouveau type de pensée" mais à un original bien oublié, car nos lointains prédécesseurs connaissaient une relation sacrée avec leur Terre. Et ce n'est qu'en assumant la responsabilité environnementale, c'est-à-dire en remplaçant l'égocentrisme par l'écocentrisme, que nous guérirons la planète des effets néfastes du "virus de l'anthropocène".

Le droit à l'air pur

Bien sûr, il y aura ceux qui trouveront l'idée de donner un nom à notre planète très utopique et inefficace, mais même si nous prenons des mesures sérieuses pour protéger l'écosystème planétaire et pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, si nous passons progressivement aux sources d'énergie renouvelables, etc. mais que nous ne changeons pas notre état d'esprit, tous nos efforts seront vains. Le temps passera et nous nous retrouverons à nouveau au bord du même abîme. C'est pourquoi Hares Youssef attache tant d'importance à l'initiative de nommer la planète et de la reconnaître comme un être vivant. Il ne s'agit pas seulement d'un acte symbolique, mais d'une tentative d'éveiller la conscience écologique de l'humanité.

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Notre pensée devient la source de l'émergence de projets sociaux, économiques, politiques et autres. Tout ce que nous avons aujourd'hui, calculer les dommages et essayer de prévoir tous les risques, est un produit de notre mentalité. Si nous ne changeons pas notre mentalité, nous sommes condamnés à continuer à faire les mêmes erreurs.

Malheureusement, l'homme est construit de telle manière qu'il ne commence à se rendre compte de la valeur d'une chose que lorsqu'il la perd. Nous pouvons tout sacrifier pour un verre d'eau si l'eau disparaît soudainement. Mais nous pouvons survivre environ 10 à 14 jours sans eau, et combien de temps pouvons-nous vivre sans air ?

Hares Youssef est convaincu que l'air pur est de la plus haute valeur et que chaque être vivant a le droit de respirer un air pur dès la naissance. Mais aujourd'hui, nous avons perdu ce droit, et nous semblons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour arriver à un avenir où nous devrons passer nos journées sous des coupoles de verre. Outre la pollution atmosphérique naturelle, telle que les inondations, les tornades, les incendies de forêt et d'autres phénomènes naturels, les facteurs anthropiques jouent un rôle énorme: industrie chimique, production de pétrole, transports motorisés, industrie des métaux non ferreux et ferreux, industrie des matériaux de construction, centrales électriques.

750.000 Chinois meurent chaque année à cause du smog toxique. L'Inde, où des niveaux élevés d'insalubrité ont entraîné une dégradation des sols, émet 2.480 millions de tonnes de CO2 par an. Le Pakistan, troisième pays le plus pollué, est connu pour une augmentation des maladies respiratoires et des cancers. On estime que 40.000 enfants meurent chaque année avant leur cinquième anniversaire à cause des particules provenant de la combustion de combustibles fossiles. La course à la croissance économique nous coûte trop cher, et si nous ne nous arrêtons pas, selon Hares Youssef, nous finirons inévitablement sous des dômes de verre, obligés de nous extraire de l'air pur pour survivre. Le droit à un air pur devrait être inclus dans la Déclaration universelle des droits de l'homme, et c'est une mesure nécessaire.

Hares Youssef déclare: "Tout au long de l'histoire, les poètes et les philosophes ont traité notre planète comme une Mère. Ne sommes-nous pas, en tant qu'organismes vivants, la chair de ce super-organisme? Nous sommes faits des mêmes éléments que notre Mère, nous respirons le même air, nous buvons la même eau. Et même si nous ne considérons plus la planète comme notre mère, nous resterons toujours ses chers enfants. Nous sommes comme des poissons dans l'océan qui respirent son amour.

Nous ne devons pas oublier que nous vivons dans un organisme vivant à énergie intégrée, faisant partie de l'écosystème général. Nous ne réalisons pas que nos influences négatives sur cet écosystème se reflètent directement sur notre âme. Un peu plus et les conséquences peuvent être irréversibles.

Que faire et par où commencer? La création d'une conscience écologique qui changera complètement notre relation à la planète doit commencer par le nom de Gaia, en référence à la déesse de la terre de la Grèce antique, Gaia, créatrice de toute vie. Gaia est l'âme de notre planète. En donnant à la Terre un nom qui deviendra un symbole de la Mère, nous passerons à une nouvelle étape de notre développement. En tant qu'espèce humaine, nous nous élèverons d'un cran par rapport à nous-mêmes.

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Le sol sur lequel vous marchez est la peau de Gaia, et votre activité est, en quelque sorte, un massage. Vous devez comprendre que votre bien-être et votre santé sont un miroir de la santé de Gaia. Gaia est comme les feuilles des arbres qui réagissent à la qualité de l'air, les coraux qui mesurent sa température. Gaia boit de l'eau avec son sol respirable, elle absorbe la pluie sale des tuyaux d'exploitation minière, des raffineries, des aciéries et des usines dont la frénésie vient d'une avidité folle. N'avez-vous pas encore compris que vos maladies sont des symptômes de l'affliction de Gaia? N'avez-vous pas encore réussi à relier la cause de vos maladies inconnues au résultat de votre économie débridée? Le coronavirus ne vous a-t-il pas montré la nature de Gaïa?’’.

Meilleurs extraits de la revue de presse de Pierre Bérard

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Meilleurs extraits de la revue de presse de Pierre Bérard

Au sommaire :

Dans l’émission de Tv Liberté consacrée aux dessous de la science Floriane Jeannin et Nicolas Faure abordent le point sensible des différences génétiques entre populations. À l’aide d’entretiens très divers avec de nombreux spécialistes ils concluent raisonnablement à une différence entre les populations examinées. Cette émission va au rebours de toute la bien pensance qui a imposé depuis la fin de la dernière guerre mondiale le dogme d’une égalité parfaite entre groupes humains. On appréciera à cet égard cette tribune paradoxale de Laurent Alexandre militant pour l’obscurantisme publiée dans Le Monde en 2018 : « La génétique ne peut pas prendre le risque de cautionner une idéologie inégalitaire. À titre personnel je suis farouchement opposé à l’ouverture de cette boîte de Pandore : exceptionnellement, les savants doivent faire passer la vérité scientifique après le principe philosophique fondamental de l’égalité des groupes d’homme ». Ne croirait-on pas entendre le pape s’exprimer face aux travaux de Galilée ?Galilée reprenant les conclusions de Copernic mettait en cause le dogme de l'immobilité de la terre au centre du cosmos. Les autorités ecclésiastiques craignaient que cette révélation ne fasse perdre leur foi aux chrétiens. Condamné, Galilée n’en murmura pas moins « Eppur si muove ». À notre époque qui se dit et se veut « progressiste » il semble bien que Lyssenko ait de nombreux adeptes, toujours acharnés à réduire au silence des scientifiques dont les conclusions déplaisent  :

https://www.youtube.com/watch?v=dGO2qXzunCE

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Très éloigné des chimères, Machiavel entendait redécouvrir une pratique du politique affrontant le réel avec tout ce qu’il comporte de ténèbres. Partant d’une conception de l’homme tel qu’il est, Machiavel dans son art politique s’obstinait à se servir aussi bien de ses qualités que de ses défauts pour parvenir plus efficacement au but visé.  Les vices des hommes ne sont donc pas un obstacle à la politique comme on l’estimait généralement à son époque mais peuvent s’avérer autant d'atouts pour atteindre le bien commun. Il écrivait : « En politique, le choix est rarement entre le bien et le mal, mais entre le pire et le moindre mal » et encore  « Un prince ne doit avoir autre penser, ni prendre autre matière à coeur que le fait de la guerre et l’organisation et discipline militaire ; car c’est le seul art qui appartient à ceux qui commandent ». Un enseignement que sauront retenir tous les philosophes réalistes de Carl Schmitt à Julien Freud. La force alliée à la ruse est ce qui fait la Puissance qui déjà un bien nous apprend ce patriote italien qui a beaucoup fait pour déniaiser la conception du politique. Ici une présentation lumineuse d’Ego Non :

https://www.youtube.com/watch?v=WWRBmZILdMc&t=3s

 

Une belle réflexion de Pierre le Vigan sur l’amor fati. Méditation entre liberté, sens des limites et lucidité. Il fait la part belle aux nihilismes contemporains qu’il convient absolument de surmonter :

http://metapoinfos.hautetfort.com/archive/2021/05/10/comp...

 

Le dernier numéro d’I-Média porte essentiellement sur la révolte des personnels militaires et policiers contre la mollesse, pour ne pas dire l’impuissance, de l’appareil gouvernemental vis à vis de la violence qui monte inexorablement en France et contre la protection de fait dont jouissent trop souvent ses auteurs. Si cette révolte appuyée par une grande majorité de nos concitoyens, est pour le moment purement symbolique elle n’en accuse pas moins un délitement de la nation qui pourrait prendre un tour dramatique. Les animateurs de l’émission citent à ce propos George Orwell : « À une époque de supercherie universelle, dire la vérité est un acte révolutionnaire ». Ne se pourrait-il pas que malgré le travail consciencieux des médias de propagande la vérité finisse par sortir du puits?:

https://www.youtube.com/watch?v=Xo9Ef_I1fB0

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Commentant le dernier livre de Patrick Buisson La fin d’un monde (Albin Michel) l’économiste Guillaume Travers souligne la hauteur de vue de l’auteur qui se montre un excellent historien des mentalités. S’attachant à décrire la véritables révolution des moeurs qui s’étend sur la période 1960-1975 l’auteur à l’aide de tout un ensemble de documents dresse un inventaire précis de tout ce que nous avons perdu au cours de ces quinze années marquées par la fin du monde paysan, l’effondrement de l’Église et l’éclipse du sacré ainsi que l’effacement des pères. « Les noces multiséculaires du catholicisme français et du monde rural, fondées sur la permanence, la stabilité, la répétitivité, et l’étroite correspondance des cycles religieux et des cycles temporels, furent ainsi rompues comme fut refoulé l’univers symbolique qui s’y rattachait ». Ces pertes ont fait place au vide intégral et à l’étrange soulagement de n’être plus rien qui accable l’homme contemporain :

https://institut-iliade.com/patrick-buisson-la-fin-dun-mo...

 

Patrick Buisson l’antimoderne plein de subtilité s’en prend au capitalisme accusé d’être le grand broyeur des moeurs, des coutumes et de l’esprit traditionnel et ainsi d’avoir fait le malheur des hommes qu’il a privé de sens et mis intégralement à nu. Une réflexion solide sur le sens du sacré et des permanences bouleversées depuis quelques décennies par l’évolution d’un système dont l’hubris est partie prenante. Ce que nous dit Buisson c’est que le capitalisme n’est que secondairement un système économique; il est d’abord et avant tout une anthropologie :

https://www.revue-elements.com/patrick-buisson-la-moderni...

 

Commentant les trois numéros spéciaux qui ont consacré leur une à l’immigration (Le Figaro enquêtes, Front Populaire et Valeurs Actuelles hors-série) Paul Tormenen de Polémia tire la conclusion qu’il y a péril en la demeure. Ces numéros présentent en effet des enquêtes très fouillées qui montrent que  « Le grand remplacement » loin d’être une « théorie » « complotiste » ou « paranoïaque » comme s’efforcent de nous le faire croire ceux qui ne veulent pas voir est bien une réalité. L’immigration  est une réalité brûlante qui pourrait demain exploser à la figure de ceux qui pratiquent la cécité volontaire au nom d’un humanisme à courte vue  :

https://www.polemia.com/trois-revues-consacrees-a-limmigr...

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Michel Maffesoli vient de faire paraître L’ère des soulèvements qu'il présente comme un pamphlet. De l’éruption des gilets jaunes à la contestation de la gestion de la pandémie (il parle de psycho-pandémie), des grèves émeutières pour contrecarrer le libéralisme mondialisé à la vague d’émotion planétaire suscitée par l’incendie de Notre-Dame et encore à l’existence aseptisée qu’on nous propose, ce sociologue de l’imaginaire et du quotidien traque le changement de paradigme que nous sommes entrain de vivre. Pour lui il est évident que le règne de la rationalité, de la technique et de l’individualisme forcené s’achève convulsivement pour le meilleur et pour le pire. Nous entrons dans l’ère des révoltes, ce que la ploutocratie politico-médiatique, démocrate mais non démophile, ne veut pas voir. Ci-joint un entretien avec le site Breizh info :

https://www.breizh-info.com/2021/05/13/164253/michel-maff...

 

La Nouvelle Librairie produit une vidéo d’une heure et demi avec Renaud Camus dont elle vient de publier une édition complète et actualisée du livre Le Grand Remplacement :

https://www.facebook.com/watch/?v=518233629206940&not...

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Dans cette excellente vidéo l’africaniste Bernard Lugan reprend les arguments essentiels de son denier livre Pour répondre aux décoloniaux, aux islamo-gauchistes et aux terroristes de la repentance. Il analyse la généalogie de ces mouvements, leur corpus idéologique et leurs objectifs ainsi que les relais sur lesquels ils s’appuient pour diffuser leurs idées boiteuses dans le corps social :

https://www.youtube.com/watch?v=cdawx7xxOcs

 

Le site de Geopragma relaie le texte de la Tribune des généraux et pose intelligemment la question d’une interprétation trop restrictive du devoir de réserve dans l’expression des militaires. Une obligation trop ficelée qui peut en effet brider les intérêts les plus élevés de la nation tandis qu'une réflexion libre peut par sa pertinence amender la sclérose intellectuelle des état-majors. Les exemples en sont nombreux de Charles de Gaulle à Marc Bloch. Le texte pose le problème de l’utilisation de la matière grise des combattants du front, souvent en contradiction avec celle trop attendue des béni-oui-oui de la hiérarchie en reprenant opportunément cette citation de Thucydide : « Une nation qui fait une grande distinction entre ses érudits et ses guerriers verra ses réflexions faites par des lâches et ses combats menés par des imbéciles ».

https://geopragma.fr/lexpression-des-militaires-une-liber...

 

L’historiographie espagnole grande pourvoyeuse de la révision du mythe d’al-Andalus comme prétendu paradis de la tolérance religieuse. Dans ce texte de Nicolas Klein nombreuses réflexion sur les relations qu’entretient l’Espagne avec le monde arabe:  

http://unuberpourtobrouk.com/index.php/2021/05/12/lespagn...

 

Frédéric Le Moal explique très bien comment le fascisme parvint au pouvoir face à un régime libéral éreinté et déconnecté des masses :

https://www.lefigaro.fr/vox/histoire/frederic-le-moal-le-...

 

samedi, 22 mai 2021

Le régime de surveillance

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Le régime de surveillance

par Marcello Veneziani

Source : Marcello Veneziani & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/il-regime-della-sorveglianza 

Récapitulons. Il n'est pas permis d'avoir une opinion différente sur le sujet du Covid et de la pandémie, sur le sujet des fermetures et des vaccins autres que ceux administrés par les porteurs officiels, au risque d’être accusé de négationnisme ou de ‘’no vaxxisme’’, de contrevenir aux règles de la vie sociale, publique. L'ordre est au coin de la rue. Il est alors interdit d'avoir des opinions différentes sur les couples homosexuels, les mères porteuses, les adoptions homosexuelles et en général sur les relations homo-trans-lesbiennes; quiconque a des idées différentes, ou continue simplement à défendre les différences naturelles, la famille, la naissance selon la nature et la vie selon la tradition, entre dans une sphère d'interdiction qui va de la réprobation au veto. Des interdictions fortes sont introduites par des lois, des avertissements et de la censure sur les réseaux sociaux.

Lorsqu'il s'agit de féminisme, des droits des femmes ou de caractéristiques physiques, ethniques ou lexicales, des processus sommaires sont déclenchés, avec MeToo, catcalling et autres, générant séparation et méfiance entre hommes et femmes. Il est également interdit d'appeler les immigrants illégaux "clandestins", les Roms avec le nom traditionnel de ‘’gitans’’, les Noirs avec le nom ancien de ‘’nègres’’, même sans aucune connotation péjorative; les termes utilisés pour tous les handicaps ne doivent pas être utilisés, mais seulement les personnes différemment handicapées. Il est interdit d'avoir une opinion différente de celle de l'institution sur les sujets du fascisme et de l'antifascisme, du racisme et du nazisme, de l'histoire et des massacres qui l’ont ponctuée.

Aux interdictions s'ajoutent les effacements du passé, en termes d'amnésie collective de la mémoire historique et de suppression de nombreuses horreurs, auteurs, entreprises, personnages, histoires et pensées non alignées. Tout ce qui relève de notre civilisation, de notre tradition et de notre patrimoine doit être déprécié ou mis de côté pour ne pas heurter la sensibilité de ceux qui n'en font pas partie; nous devons toujours adopter le point de vue qui nous est le plus étranger et le plus éloigné. Les étrangers d'abord, pour renverser un slogan politique bien connu fondé sur la préférence nationale.

Dans cette formidable restriction des pratiques, des langages et des opinions, la liberté autorisée est un couloir étroit et court qui est désormais le cadre des opinions licites, et c’est un périmètre très étroit; dès que l'on sort de la " fourchette " autorisée, avec les limites imposées aux divergences, à la censure, à la réprobation, à la dénonciation, à la condamnation ou à l'isolement, le cordon sanitaire, la mort civile sont déclenchés.

Les années passent, mais la situation ne s'améliore pas; au contraire, elle dégénère progressivement, souvent dans le respect de la loi, avec le patronage des plus hautes institutions. Et elle s'étend à des domaines de plus en plus variés de la vie publique et privée, des affections et des liens. Les gouvernements sont neutres ou consentants, c'est-à-dire qu'ils soutiennent la censure ou s'en défendent.

Un carrefour dangereux est en train de se créer, où convergent le pouvoir économique, le pouvoir sanitaire, le pouvoir médiatico-idéologique et le pouvoir judiciaire. Par rapport à ces pouvoirs, rien ou presque ne peut être fait par la seule sphère de pouvoir qui peut avoir une légitimité populaire, différente de celle décrétée par l'establishment: je veux parler de la politique. On peut grossièrement les diviser en trois groupes: ceux qui sont d'accord avec ce régime de surveillance, ils en deviennent même les promoteurs; ceux qui se laissent entraîner par le courant, qui ne résistent pas, qui suivent le mouvement, qui se taisent et donc acquiescent pour ne pas être accusés d'être rétrogrades; ceux qui s'y opposent, lorsqu'ils sont dans l'opposition, mais l'acceptent ensuite au nom du compromis ou de la tranquillité lorsqu'ils sont au gouvernement; ou tout au plus se limitent-ils à ralentir le cours, sans jamais offrir une vision alternative organique.

Nous sommes entrés dans un régime de surveillance qui n'est pas une véritable dictature ou un système totalitaire, qui aurait été toutefois impensable jadis dans un système mondial et de marché; mais c'est une forme puissante de coercition pratique et de contrainte psychologique, parfois même judiciaire. Jamais comme aujourd'hui, grâce aussi à l'urgence induite par la pandémie, la liberté n'a autant subi de restrictions qui ont affecté les droits élémentaires et les sphères de liberté en usage dans la vie quotidienne. Et lorsque vous acceptez des limitations très strictes, même si c'est pour des raisons de santé, vous opposez alors moins de résistance à ceux qui vous imposent un réseau de plus en plus dense de limitations dans d'autres domaines également. La compulsion est virale et progressive, comme la paralysie; l'inhibition de la liberté et de la non-conformité s'étend facilement à d'autres domaines.

Les virus idéologiques se répandent comme des gaz mortels dans notre société et détruisent dangereusement nos défenses immunitaires naturelles, nos anticorps spirituels, notre sens critique, notre capacité à nous souvenir, à comparer, à mesurer les choses à la réalité. De l'annulation de l'histoire à l'annulation des différences naturelles, de la suppression de l'ordre naturel des choses à l'expulsion de tout ce qui évoque l'ordre surnaturel des choses; de l'appauvrissement du langage à l'utilisation de formes lexicales préfabriquées.

À travers les lois, les droits et la protection spéciale des catégories protégées, les campagnes rééducatives et punitives, la censure et les fermetures, notre vie change, de même que notre rapport au monde, au sexe, notre rapport aux autres, au passé et à l'avenir. Nous sommes victimes d'un dangereux réductionnisme qui tue les différences et les mondes différents.

De tout cela, les principales victimes sont les nouvelles générations car elles n'ont pas de termes de comparaison, elles sont les plus exposées entre le web, les réseaux sociaux et l'école, elles sont élevées dans un contexte de suppression, de manipulation et d'altération de la réalité. À l'exception d'une petite minorité louable, leur horizon est limité au présent et plié au canon dominant; leur vocabulaire et leur faculté de jugement sont appauvris, leur comportement est automatisé; ils sont des victimes irréprochables mais difficiles à guérir.

Des revirements, des variations et des changements de rythme ne sont pas à exclure, mais la prédiction la plus facile est la plus terrible: nous en viendrons, par accoutumance, à considérer tout cela comme inévitable, et même juste.

18:14 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, marcello veneziani, surveillance | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

La nouvelle Merkel sera plus jeune et plus à gauche

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La nouvelle Merkel sera plus jeune et plus à gauche

Ex : https://katehon.com/ru/news/novaya-merkel-budet-molozhe-i...

Il y a six mois, les Allemands essayaient de deviner qui, parmi les solides hommes en blazers représentant divers partis, dirigerait le pays après les élections de septembre. Aujourd'hui, la situation a radicalement changé. Depuis que le parti allemand "Union 90/Verts" a désigné Annalena Baerbock comme candidate à la chancellerie, sa cote augmente rapidement. Jusqu'à présent, 28 % des électeurs sont prêts à voter pour son parti, ce qui en fait la favorite dans la course électorale. Même la CDU/CSU d'Angela Merkel ne remporte pas encore ce pourcentage élevé de voix.

Si les Verts parviennent à conserver leur avance, Mme Baerbock, âgée de quarante ans, deviendra le plus jeune chancelier de l'histoire de l'Allemagne. En même temps, les experts politiques sont presque certains qu'elle sera le premier ministre le plus à gauche que le pays ait jamais vu.

La plus jeune du parti

D'une certaine manière, le parcours de Baerbock est également lié à l'histoire des Verts. Elle est née en 1980, un peu après la création du parti. Elle a grandi dans une ferme dans ce qui était alors l'Allemagne de l'Ouest, en Basse-Saxe. Ses parents hippies l'ont emmenée avec eux à des manifestations antinucléaires. Les Verts, dont l'émergence a été précédée par le mouvement étudiant des années 1960, étaient considérés comme l'un des partis radicaux de l'époque et étaient surnommés les "mangeurs de muesli militants".

Peu à peu, l'organisation est passée de la frange politique au courant dominant et, lorsque Baerbock a atteint sa majorité, les Verts sont devenus des partenaires juniors du parti social-démocrate (SPD) de centre-gauche dans la coalition au pouvoir.

Pendant tout ce temps, Annalena Baerbock a étudié. À 16 ans, elle a passé un an en Floride en tant qu'étudiante d'échange. Elle a ensuite étudié les sciences politiques à Hambourg avant de se rendre au Royaume-Uni pour obtenir une maîtrise en droit international à la London School of Economics (ndt : ces diplômes sont contestés désormais).

En conséquence, l'actuelle Baerbock donne avec assurance des interviews en anglais, ce qui, même de nos jours, ne va pas de soi pour les poids lourds de la politique allemande.

Avant de se lancer dans la politique, Mme Baerbock a pratiqué le sport de manière professionnelle - elle est une ancienne championne de plongée.

"C'est un sport un peu marginal", déclare Waltraud Schelkle, professeur d'économie politique à l'Institut européen de la London School of Economics. - "Son succès dans ce domaine montre qu'elle avait une certaine autodiscipline, de l'ambition et de la résilience dès son plus jeune âge.

Gravir les échelons de la carrière

Après avoir travaillé un temps comme journaliste pour le journal allemand Hannoversche Allgemeine Zeitung, Baerbock a rejoint les Verts dans les années 2000 et est devenue l'assistante de l'eurodéputée Elizabeth Schrödter.

L'arrivée d'Annalena Baerbock chez les Verts marque la fin d'un tournant dans l'histoire du parti: son premier mandat au gouvernement fédéral, où le parti écologiste était le partenaire junior dans une coalition avec le parti social-démocrate de centre-gauche, est terminé.

Pendant ces sept années, de 1998 à 2005, les Verts ont dû faire face à de nombreuses réalités politiques. Sous la direction de Joschka Fischer, alors ministre allemand des affaires étrangères, le parti a soutenu la décision d'envoyer des troupes allemandes au Kosovo dans le cadre de la campagne de l'OTAN contre l'épuration ethnique. Lors du congrès du parti à Bielefeld en 1999, un désaccord sur cette question a conduit à une scission qui a duré des années.

Baerbock a rejoint le parti après tous ces débats et conflits. Par conséquent, elle a évité le ballast politique associé à certaines des figures principales du parti. Néanmoins, sa première tentative de se présenter au Bundestag en 2009 n'a pas abouti. En 2013, cependant, elle a remporté un siège au parlement et est depuis devenue l'un des dirigeants et co-dirigeants de son propre parti.

Bon avec les poings

Sous la direction de Baerbock et de son collègue Robert Habeck, avec qui elle codirige le parti depuis 2018, les Verts sont devenus une force centriste majeure dans la politique allemande, y compris en matière de politique étrangère.

À la fin de l'année dernière, l'organisation a approuvé un programme qui qualifiait l'OTAN d'"acteur indispensable à la sécurité européenne" et promettait un financement fiable des forces armées allemandes. Depuis lors, Mme Baerbock a réitéré ces engagements dans des discours et des interviews. Toutefois, comme beaucoup de membres de son parti, elle critique l'idée de consacrer 2% du PIB à la défense.

Le parti appelle à une réduction de 70 % des émissions de gaz à effet de serre par rapport aux niveaux de 1990 et ce, d'ici à 2030. Cela semble bien plus radical que l'objectif actuel du gouvernement, qui est de 55 %. Pour l'atteindre, il faudrait éliminer progressivement le charbon et l'énergie nucléaire et faire disparaître les voitures à essence et diesel des routes allemandes.

En outre, le parti entend réintroduire un impôt sur la fortune pour les biens d'une valeur égale ou supérieure à 2 millions d'euros, qui avait été supprimé en 1997. Dans le cadre de ces plans, les personnes ayant les revenus les plus élevés devraient également payer plus de 50 % de leurs bénéfices sous forme d'impôt sur le revenu. Les appels à une réintroduction de l'impôt sur la fortune et à une augmentation significative de l'impôt sur le revenu sont également soutenus par les sociaux-démocrates, avec lesquels les Verts pourraient s'allier. De nombreux hommes d'affaires y voient une menace et certains envisagent même de quitter le pays si une telle évolution se produit.

Le successeur de Merkel

La majeure partie de la presse allemande parle de Baerbock comme d'une "bouffée d'air frais". Certains la comparent à Tony Blair, d'autres à Angela Merkel. "Certains comparent son style à celui d'Angela Merkel, car elle n'est pas super charismatique, pas très drôle", note la journaliste du Frankfurter Allgemeine Zeitung, Helen Bubrowski, qui a déjà interviewé Mme Baerbock. Elle se souvient que la leader des Verts a appelé ses collègues tard dans la nuit "parce qu'elle avait une question sur le troisième paragraphe d'une certaine page d'un traité international". "Elle a une approche très pratique et très pragmatique de la politique", déclare M. Bubrowski.

Selon les experts, le succès électoral de M. Baerbock dépendra en grande partie de la capacité du candidat de la CDU/CSU, Armin Lachet, à retenir les partisans de Mme Merkel lorsque celle-ci démissionnera.

Lachet, 60 ans, est le premier ministre de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, un catholique fervent dont le père était autrefois ingénieur des mines de charbon. Il a été choisi comme candidat du parti après une lutte angoissante pour la direction. Mais les récents sondages d'opinion le montrent impopulaire en tant que candidat à la chancellerie.

Cela dit, Annalena Baerbock est ouvertement sympathique à tous les médias, notamment aux chaînes de télévision allemandes ARD et ZDF. L'autre jour, un journaliste conservateur a demandé en plaisantant si les redevances de télévision et de radio (8 milliards d'euros par an), que tous les Allemands doivent payer, ne pourraient pas être ajoutées aux dons politiques exonérés d'impôts pour les Verts. Certains journalistes ont même affirmé que Mme Merkel aurait préféré que Mme Baerbock la remplace au poste de chancelier plutôt qu'un membre de son propre parti. Cependant, il s'agit très probablement d'une invention de l'imagination des fans de la potentielle nouvelle ‘’Frau Kanzlerin’’.

Source : Octagon

La Maison Blanche reconnaît son échec à stopper la construction de Nord Stream 2

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La Maison Blanche reconnaît son échec à stopper la construction de Nord Stream 2

La Maison Blanche a reconnu son incapacité à stopper la construction du gazoduc Nord Stream-2. C'est ce qu'a déclaré la porte-parole du président américain, Jen Psaki, rapporte RIA Novosti.

Selon elle, le nouveau chef d'État, Joe Biden, a commencé à exercer ses fonctions alors que 95 % du projet avait déjà été mis en œuvre. La porte-parole a posé une question rhétorique sur la façon dont la nouvelle administration américaine pourrait arrêter la construction déjà presque achevée du gazoduc dans un autre pays. Dans le même temps, M. Psaki a souligné que Washington considère toujours Nord Stream 2 comme une mauvaise idée qui n'est "pas un bon plan".

La porte-parole de la Maison Blanche a également noté que les Etats-Unis avaient pris des "mesures significatives" lorsqu'ils ont imposé des sanctions contre le projet.

Au début du mois de mai, le département d'État américain a confirmé une levée des sanctions contre Nord Stream-2.

"Il est dans l'intérêt national des États-Unis de suspendre la mise en œuvre des sanctions contre Nord Stream 2 AG, son chef Matthias Warnig et les employés de l'entreprise Nord Stream 2 AG", a expliqué Anthony Blinken, chef de l'agence.

Initialement, le gazoduc Nord Stream 2 était censé être mis en service en 2019. Cependant, en raison des restrictions imposées par les États-Unis, les participants à la construction ont commencé à se retirer du projet. Les échéances de sa mise en œuvre ont été reportées à plusieurs reprises. Le Nord Stream-2 est actuellement prêt à 95 %. La longueur de la section inachevée est maintenant de 80 kilomètres.

Source : Lenta.ru

Les États-Unis ont abandonné leur projet d'acheter le Groenland au Danemark

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Les États-Unis ont abandonné leur projet d'acheter le Groenland au Danemark

Ex : https://katehon.com/ru/news/

Les États-Unis ne veulent plus acheter le Groenland, a déclaré le secrétaire d'État américain Blinken, écartant tout projet d'achat par Washington de ce vaste territoire autonome danois.

Le secrétaire d'État américain Anthony Blinken a confirmé que l'Amérique ne voulait plus acheter le Groenland, écrit The Guardian.

Le chef du département d'État américain a visité le territoire autonome insulaire danois, concluant un voyage de quatre jours qui comprenait une réunion des ministres des affaires étrangères de la région arctique.

"Je suis au Groenland parce que les États-Unis apprécient profondément notre partenariat et veulent le rendre encore plus fort", a déclaré Anthony Blinken aux journalistes lors de sa dernière étape de la tournée arctique.

Il a souligné qu'il n'était pas venu ici pour acheter la plus grande île du monde, signalant un changement de politique annoncé à l'époque par l'administration Trump. À la question de savoir si les États-Unis ont complètement exclu tout projet d'achat du Groenland, M. Blinken a répondu en souriant: "Je peux confirmer que c'est le cas."

L'ancien président américain Donald Trump avait annoncé en août 2019 qu'il envisageait d'acheter le Groenland, dont la taille équivaut à un quart de celle des États-Unis.

"Il appartient essentiellement au Danemark", avait déclaré Trump à l'époque. - Nous sommes de très bons alliés du Danemark, nous protégeons le Danemark de la même manière que nous protégeons la plupart du monde. C'est comme ça que le concept est né, et j'ai dit: "Bien sûr". Stratégiquement, c'est intéressant, et nous serions intéressés, mais nous leur en parlerons un peu. Je peux vous dire que ce n'est pas le numéro 1 de ce qui est en jeu."

Selon M. Trump, l'achat du Groenland par les États-Unis serait "essentiellement une grande opération immobilière".

La proposition de Trump, que le gouvernement danois a qualifiée d'"absurde", a provoqué un tiraillement diplomatique.

L'année dernière, les États-Unis ont rouvert un consulat dans la capitale du Groenland, Nuuk, et se sont engagés à verser 12 millions de dollars pour des projets civils.

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En parlant d'un éventuel financement supplémentaire, M. Blinken est resté vague quant aux nouveaux projets américains, le nouveau gouvernement local du Groenland ayant lancé l'idée d'un accord de libre-échange en début de semaine.

"Le nouveau premier ministre du Groenland, Mute Egede, qui a pris ses fonctions en avril, s'est dit "convaincu que cette décennie sera le début d'une nouvelle ère dans les relations entre nos pays’’.

Le gouvernement de gauche, qui a remporté les élections législatives anticipées du Groenland le mois dernier, est allié à un petit parti indépendantiste qui s'est dit favorable à l'établissement de relations avec les États-Unis.

Rappelons que début septembre 2019, le président américain Donald Trump, qui devait se rendre à Copenhague à l'invitation de la reine danoise Margrethe II, a annulé sa visite après que le Premier ministre danois a déclaré que la vente du Groenland ne serait pas discutée dans le cadre de la visite du président américain.

Bien que la première ministre danoise, Mette Frederiksen, ait souligné à plusieurs reprises l'importance particulière de la prochaine visite de M. Trump, qualifiant les États-Unis d'"allié le plus important et le plus fort du Danemark au sein de l'OTAN", elle a jugé absurde l'idée de vendre une partie du territoire danois aux États-Unis: "Le Groenland n'est pas à vendre [...]. Le Groenland appartient aux habitants du Groenland. J'espère vraiment que l'offre n'était pas sérieuse."

Une telle réaction des Danois à la proposition commerciale n'a pas fait plaisir à M. Trump, qui s'est offusqué des propos sur l'idée "absurde" d'acheter et de vendre le Groenland.

"Le Danemark est un pays très spécial avec des gens incroyables, mais sur la base des commentaires du Premier ministre qui a déclaré qu'elle ne serait pas intéressée à discuter de l'achat du Groenland, je vais reporter notre rencontre à une autre fois..." - Trump avait écrit sur Twitter.

Selon la version officielle, Donald Trump a manifesté son intérêt pour l'achat de terres groenlandaises en raison des ressources naturelles de l'île, comme le charbon et l'uranium. En outre, situé entre l'Atlantique et l'océan Arctique, le Groenland revêt une grande importance stratégique pour l'Amérique. En 1951, un traité avait été signé entre le Danemark et les États-Unis, en vertu duquel l'armée américaine utiliserait dorénavant la base aérienne de Thulé dans la partie nord de l'île.

D'ailleurs, Trump n'est pas le premier homme politique américain à vouloir annexer le Groenland aux États-Unis. En 1867, le secrétaire d'État William Seward a tenté sans succès d'acheter l'île aux Danois, et en 1946, Harry Truman a essayé d'acheter le Groenland pour 100 millions de dollars-or, mais également sans succès.

Source : mk.ru

vendredi, 21 mai 2021

Une Darpa européenne - Un rêve irréalisable

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Une Darpa européenne - Un rêve irréalisable

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

C'est la préparation d'une guerre éventuelle avec la Russie puis aujourd'hui également avec la Chine qui permet aux Etats-Unis d'être et de rester une superpuissance scientifique et technologique dominante.

Depuis plusieurs décennies, l'agence américaine Darpa (Defense Advanced Research Projects Agency) est le facteur essentiel de cette domination. La Darpa est une agence du département de la défense américaine. Elle finance des innovations technologiques de rupture dans des domaines considérés comme stratégiques à la fois pour garantir la supériorité militaire et la domination économique. Ces innovations, dans la mesure où elles ne sont pas couvertes par le secret militaire, possèdent des retombées qui ont un rôle d'entraînement essentiel dans le domaine civil.

Le budget de la Darpa est officiellement pour 2020 de 2.970 milliards de dollars. Compte tenu des contributions non publiques provenant de divers organismes et entreprises, il est au moins du double. Le budget fédéral des Etats-Unis est pour la même année estimé à 1.200 milliards. Ce budget sert à Washington, indépendamment de la Darpa, de prendre en charge des dépenses dans le domaine de la sécurité civile et des nouvelles technologies. Le déficit chronique de l'administration fédérale lui permet de se désintéresser de nombreux secteurs, notamment en matière de santé et de financement sociaux, qui pèsent sur les budgets européens.

La Darpa constitue également un agent essentiel pour favoriser la dualité des technologies (c'est-à-dire la synergie entre applications civiles et militaires). Ainsi la supériorité américaine dans le domaine spatial repose en grande partie sur un réseau de satellites militaires dépendant de la Darpa. De plus elle n'hésite pas à prendre en charge des projets technologiques innovants dont le succès n'est pas assuré au départ. Ainsi elle a financé l'Arpanet, ancêtre d'Internet, ou encore le GPS. Aujourd'hui, elle s'intéresse à des domaines aussi différents que les véhicules terrestres autonomes utilisables en milieu urbain ou que les nouvelles générations de missiles.

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L'Agence dispose d'une organisation très souple. Elle lui permet d'éviter les innombrables procédures qui consomment l'essentiel du temps des autres organismes. Par ailleurs elle peut recruter ou licencier son personnel administratif et de recherche à la demande, en ne faisant pas seulement appel aux ressources des autres organisations militaires. Ses chefs de projet viennent aussi bien du civil que du militaire, du public ou de privé. Ils ne restent en poste que quelques années. Lorsqu'ils quittent la Darpa, ils ne tardent pas à retrouver d'importantes responsabilités. Leur passage par la Darpa constitue un élément important de leur carrière.

Beaucoup de responsables européens souhaiteraient la mise en place sur le continent d'une « Darpa européenne ». Mais il s'agit d'un vœu pieux, pour de nombreuses raisons. L'Europe n'a pas de politique de défense commune justifiant une telle agence. Elle est incapable de s'entendre sur des projets technologiques d'une certaine ampleur. La rivalité entre États-membres est telle au plan politique que de tels projets ne seraient pas acceptés. Mais la cause déterminante de son impuissance tient à la domination américaine qu'elle accepte de subir. Or les États-Unis n'accepteraient pas la création d'une Darpa européenne qui viendrait concurrencer la leur.

En mémoire de Dominique Venner (16 avril 1935 - 21 mai 2013)

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En mémoire de Dominique Venner

(16 avril 1935 - 21 mai 2013)

Un européiste identitaire

Dominique Venner a choisi en conscience ce 21 mai 2013 la lumière du soleil olympien, ce soleil à la fois invaincu et invincible, quittant le monde des hommes pour choisir celui des ombres. Depuis la prairie d’Elysion, il contemple son monde, notre monde, cette Europe qu’il a chérie plus que tout au monde et qui continue, sans lui, d’aller vers son trépas, sauf si la flamme de l’espérance sort les hommes d’Europe de cette insupportable dormition qui les domine et les éteint.

Sans sacrifice, il n’y a aucune victoire. Sans courage, il n’y a aucune récompense. Sans volonté, il n’y a que la tombe comme seul avenir.

Son héritage, c’est vous, vous les éveillés, vous les éveilleurs, je dirais même les réveilleurs. Que son combat qui est vôtre désormais vous anime comme il l’a animé. Que son nom soit comme le signal du retour d’une pensée archaïque en mode futur et l’annonce de la renaissance de l’Europe.

A l’origine de l’Europe, il y a l’Action. Pour sa renaissance, il y aura Réaction. Celle des Européens de demain à nouveau intransigeants. Car n’est respectable que celui qui sait se faire respecter et surtout se fait effectivement respecter. Le respect ne se mendie pas. Il s’exige. Mieux il s’impose.

Que l’Europe redevienne brave, ce terme qui était aussi son auto-ethnonyme il y a des milliers d’années, les braves et nobles *Aryōs !

Thomas FERRIER

Président du Parti des Européens (LPE).

The Nouvelle Droite with Robert Steuckers

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The Nouvelle Droite with Robert Steuckers

 
Discussing the Nouvelle Droite and The Netherlands with Robert Steuckers and Alexander Wolfheze. Robert Steuckers is known from his publication Euro Synergies and his longstanding activity within the French New Right.
 
Nederlands- en Duitstalige site van Robert Steuckers: https://synergon-info.blogspot.com/
 

La fin de la Covid-mania en Amérique et ailleurs

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La fin de la Covid-mania en Amérique et ailleurs

par Nicolas Bonnal

Le système recule niaisement – sauf à prendre ses agents médiatiques pour des super-machiavels - sur plusieurs fronts (pass sanitaire, tests, propagande affolante, vaccins obligatoires…) ; oui, je sais, on va me dire que c’est une tactique et qu’il va revenir à la charge plus tard. Il n’empêche : toute retraite est bonne à prendre, et tout ce que veulent les plus fous des gâteux et les « nonagénaires génocidaires » aux commandes (Schwab-Rothschild-Soros-Bergoglio-Prince Charles-Gates-Rockefeller-etc.) ne se met pas en place comme, ça - et l’échec du concert des sexagénaires de la lamentable bande rock Indochine le montre. La masse inerte ou incertaine veut bien aller dans une certaine direction, mais jusqu’à un certain point seulement. La bande de bras cassés du gouvernement peut difficilement persévérer comme ça. L’économie s’écroule - et le fait que dans le Reset tout le monde, Chine et Russie en tête, ne veuille pas jouer au jeu du petit suicide façon Merkel-Macron-Leyen, va limiter la durée de la partie de football unijambiste. On ne va pas pouvoir continuer, pour contredire la phrase de Sartre dans Huis clos. C’est comme de déclarer la guerre à la Chine et la Russie en discutant des benêts idéaux Woke et du sexe des anges et des transgenres. La réalité a fini pas rattraper les fous, qui ne croyaient qu’en leur raison (Chesterton).

Car attention. On veut bien travailler moins et rester à la maison ; on veut bien prendre un peu d’argent et regarder internet ou la télé (le gouverneur du Texas oblige les gens déconfinés à retourner au travail, et comme on sait huit millions d’Américains attendent plutôt les allocs plantureuses de Biden qui font plier le dollar et relancent l’inflation) ; mais se faire marquer et étiqueter comme un veau pour aller au restau ou au concert de rock ?  Il y a vingt ans dans mon livre sur Internet je détaillais déjà les plans actuels des techno-lords comme nous les appelions : dépopulation (cinquante millions d’habitants sur terre et pas 500 ! – voyez Mark Pesce) ; transhumanisme pas très transcendant ; anti-nomadisme forcené et sédentarisme techno (Attali) et je parlais de la résistance des techno-paranoïaques, qui comme nous voyaient se mettre en place une « étrange dictature » (Viviane Forrester).

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Il ne faut pas oublier qu’entretemps Trump a été élu, fantastique claque au système, et que la résistance au quarteron de comploteurs en retraite (Davos, Bilderbergs, Trilatérale, Bruxelles) s’est renforcée. Ils ne font donc pas ce qu’ils veulent ; et même si je trouve l’opinion publique très assoupie, elle offre aussi parfois par son inertie une résistance passive assez efficace : toute comédie aura assez duré.

Pour ce qui concerne le déclin du culte de la Covid en Amérique, on prendra ces observations qui valent leur poids en or. Je les ai trouvées sur le site de Ron Paul, écrite par un contributeur nommé Jordan Schachtel :

 « Comment l’administration Biden a-t-elle pu activer COVID Mania et désactiver le régime de sécurité pratiquement du jour au lendemain, après 15 mois d’une propagande impitoyable et d’une campagne de peur affirmant que l’Amérique était au milieu d’une pandémie perpétuelle de mort et de destruction sans fin? Heureusement pour Team Biden, la Maison Blanche actuelle bénéficie du privilège démocrate ou du privilège d’initié de DC. Et comme ils font partie du club des initiés, ils ont la capacité de contrôler et de manipuler les centres de pouvoir de DC à tout moment. Pour donner un sens à ce changement rapide et déroutant des événements, vous devez comprendre comment nos institutions à Washington, DC fonctionnent réellement. »

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C’est donc un retournement dû au Deep State ou plutôt (restons humbles) à l’administration américaine, qui est à fond démocrate (depuis Obama ou depuis Roosevelt – ou même Wilson ?). Jordan :

« Il est compréhensible pour le citoyen américain moyen d’avoir du mal à comprendre comment le CDC et d’autres institutions gouvernementales de santé sont passés de la projection d’un «sentiment de malheur imminent» à «votre santé est entre vos mains» en quelques jours. »

Il ajoute donc que ce culte de la Covid avait plusieurs objectifs :

« Maintenant, les individus quelque peu pondérés de l’administration Biden cherchent un moyen de sortir de COVID Mania depuis un certain temps. Si les prises de pouvoir liées à «la pandémie» ont aidé les responsables à accumuler le pouvoir (notamment les gouverneurs maniaques des États) et à mettre en place un régime de sécurité autoritaire, les politiques de pandémie ont également manifesté plusieurs crises. »

J’aurais ajouté : se débarrasser de Trump, première cible de cette crise lamentable. La haine qu’il a inspirée a accéléré la fin de leur monde.

Toutes les administrations, y compris en France, ont crû en pouvoir dans cette crise qui ne sert que l’étatisme, comme la lutte contre le terrorisme. Sur cette croissance du pouvoir lié à des crises fantasmées et à une logique intérieure et administrative, on relira Marx et son dix-huit brumaire.

Mais. Il y a un mais, car tout s’écroule avec ce raffut, l’Amérique et ses alliés en tête :

«  L’administration Biden fait face à d’innombrables bouleversements nationaux et internationaux, en plus d’une économie en déclin, parmi de nombreuses autres bulles et catastrophes imminentes. Ils avaient besoin d’un moyen de sortir le plus tôt possible humainement. COVID Mania a eu tellement d’effets résiduels qu’il a commencé à menacer l’intégrité de l’ensemble du système. Ils avaient besoin d’une stratégie de sortie, alors ils ont simplement affirmé leur privilège d’initié, mis de l’ordre les personnes nommées politiques et la bureaucratie fédérale. »

Trump était coincé pour sortir de cette crise où on l’avait entraîné (son instinct était bon, mais ses conseillers..., et quel malheur d’avoir un gendre !) :

« Donald Trump aurait-il pu réussir cela de la même manière? Je ne suis pas si sûr. Il est important de comprendre comment Washington fonctionne quand quelqu’un qui menace l’État administratif arrive en ville, par opposition à quelqu’un qui est soutenu par la bureaucratie fédérale. »

Jordan rappelle que les dés étaient pipés :

« La bureaucratie fédérale est extrêmement libérale et conformiste lorsqu’il s’agit de soutenir les centres de pouvoir à Washington. Lors des élections de 2016,  95%  des dons politiques sont allés à Hillary Clinton, qui, comme Joe Biden, est vraiment l’initié ultime de DC. Lorsqu’un initié de la Maison Blanche comme l’administration Biden est en charge de l’exécutif, la fonction publique agit en solidarité avec l’administration. Ils ne perçoivent pas à juste titre l’administration Biden comme une menace pour le système. Lorsqu’un étranger comme Donald Trump arrive en ville, la fonction publique se donne pour mission de rendre le travail de l’étranger aussi difficile que possible. « 

Et de conclure :

« L’équipe Biden a été en mesure de débrancher si rapidement COVID Mania parce qu’elle a la capacité de contrôler la bureaucratie fédérale, en plus d’avoir le soutien des courtiers en puissance de DC et d’une presse d’entreprise pom-pom girl. Team Biden est un bénéficiaire du privilège d’initié, et ils l’ont utilisé pour mettre fin à COVID Mania dans un instant. »

Tout cela montre que la crise sanitaire était un moyen en vue d’une fin, pas une réalité (sauf peut-être en Chine au début, et pour cause, les services secrets occidentaux ayant décidé de se débarrasser de ce concurrent par des moyens peu orthodoxes) ; moyen diabolique au service des Etats et des administrations pour renforcer un agenda intérieur (voyez le texte de Delepine sur la médecine comme trou noir) et extérieur.

Or là aussi, on a patiné dans la choucroute : la résistance des « complotistes », en marge de la soumission de la masse (« si quelques résistants… ») a été mondiale et formidable. On a vu que le Reset pointait, avec ce transhumanisme et la Prison pour tous. On s’en rapproche bien sûr mais on n’y est pas encore. Et comme le disait Matthew Ehret, il y a cent-quarante pays qui ne marchent pas dans cette combine.

La Covid a menacé nos libertés mais elle a aussi ébranlé le système néolibéral occidental. Ils ne sont pas plus sortis de l’auberge que nous, comme on va tous s’en rendre compte bientôt.

Pour paraphraser Shakespeare : il y a plus de merveilles dans ce monde, monsieur le transhumain, que sur votre écran d’ordinateur et dans toute votre informatique – arme d’ailleurs qui peut être retournée contre le système lui-même.

Sources :

Bonnal - Internet, nouvelle voie initiatique, Les Belles Lettres, Avatar.

http://ronpaulinstitute.org/archives/featured-articles/2021/may/19/how-team-biden-ended-covid-mania-overnight/

 

17:35 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, coronavirus, pandémie, états-unis | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

jeudi, 20 mai 2021

Le défi du gaz et de la bande de Gaza

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Le défi du gaz et de la bande de Gaza

Lorenzo Vita

Ex : https://it.insideover.com/politica/sfida-gas-striscia-di-...

Le gaz a changé la géopolitique de la Méditerranée orientale. Et dans la guerre entre Israël et la bande de Gaza, cet élément s'est récemment ajouté, ce qui peut changer, et pas qu'un peu, la perception du conflit à l'échelle régionale. Les attaques que le Hamas menace de mener contre les plates-formes israéliennes du champ de Tamar ont envoyé un message clair: le gaz figure également sur la liste des objectifs stratégiques des miliciens palestiniens. Ce n'est pas un hasard si la marine israélienne équipe depuis quelque temps ses corvettes de Dôme de Fer afin de blinder l'espace aérien à proximité des plateformes offshore, évitant ainsi le risque d'attaques dévastatrices depuis la plage de Gaza. Mais la menace des missiles sur les structures des champs israéliens représente aussi le symptôme d'un problème qui a été très souvent sous-estimé dans la crise entre Israël et Gaza et qui risque au contraire de devenir une clé de plus en plus importante dans la géopolitique de la région.

La confirmation vient de l'invité de marque dans cette escalade militaire: la Turquie. Accusée d'être la véritable main derrière ce nouveau conflit en Terre Sainte, la Turquie, avec Recep Tayyip Erdogan, est devenue le seul défenseur moyen-oriental de la cause palestinienne avec les Iraniens. Un cas curieux également du point de vue ethnique: les deux seuls États qui soutiennent pleinement les actions palestiniennes ne sont pas des Arabes, mais précisément des Turcs et des Iraniens. Quoi qu'il en soit, ce qui est intéressant à ce stade, c'est un article publié par les médias turcs qui insinue l'idée qu'Ankara envisage de proposer à l'Autorité palestinienne un accord sur la division de la ZEE sur le modèle de l'accord Turquie/Libye. Un accord désavoué par tous, notamment la Grèce, mais qui a servi à Erdoğan pour blinder sa position en Méditerranée centrale.

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Le problème semble maintenant se répéter avec Gaza. Cihat Yaycı, ancien contre-amiral de la marine turque et l'un des initiateurs de la stratégie dite de ‘’Mavi Vatan’’ impulsée par l’amiral-géopolitologue Cem Gurdeniz, soutient cette initiative. L'amiral, qui est désormais professeur et directeur du Centre des stratégies maritimes et mondiales de l'université de Bahçeşehir, a déclaré au Daily Sabah que cet accord serait particulièrement bénéfique pour les deux parties et "qu'en signant un tel accord, le peuple palestinien obtiendrait le contrôle d'une zone maritime de 10.200 kilomètres carrés qui ouvrirait la voie à l'utilisation de toutes les ressources de la mer. Yaycı a ensuite ajouté que la motivation de la Turquie est de "prendre soin des opprimés", donc des Palestiniens. Mais il est clair que cette phrase révèle un sens beaucoup plus pragmatique que l'hypothétique défense des faibles. Le partage des ZEE est un élément essentiel de la doctrine de la ‘’patrie bleue’’ et, surtout en ce qui concerne le Levant, un tel accord serait une épine dans le pied d'Israël et de Chypre dans leur rêve de construire EastMed, le gazoduc qui reliera les gisements de l'État juif à l'Europe via la Grèce.

La vision de Yaycı, confirmée aujourd’hui, vision qui est beaucoup plus pragmatique que la vision "néo-ottomane" si redoutée, se lie avec la Palestine et provient précisément d'un texte du même contre-amiral pour le Centre Moshe Dayan d'études moyen-orientales et africaines dans lequel il parle d'un accord pour la délimitation de la ZEE entre Israël et la Turquie. Dans le document 2020, l'amiral et Zeynep Ceyhan mentionnent précisément la possibilité que les deux pays deviennent voisins en Méditerranée grâce à un accord sur la délimitation des zones économiques exclusives. Un signe, donc, que la Turquie était déjà largement intéressée par un pacte avec Israël, ce qui confirmait la vision laïque de ‘’Mavi Vatan’’ par opposition au soutien aux causes arabes ou islamiques dont Erdogan est plus proche. Les choses ont changé en Turquie: les arrestations d'anciens amiraux laïques, qui avaient critiqué certains choix d'Erdogan, ont marqué un tournant dans de nombreuses lignes stratégiques et il ne faut pas oublier qu'il existe désormais un désir mal dissimulé d'Ankara de revenir à des relations positives avec l'Égypte. Il est clair que pour avoir des relations positives avec les autres forces de la Méditerranée orientale, en plus d'une nouvelle politique moins affirmée, le nœud reste le gaz: ce n'est pas un hasard si la France s'est présentée pour une proposition de paix avec l'Egypte et la Jordanie. Le gaz du Levant est tentant, mais surtout les relations qui s'établissent grâce à ces nouvelles sources d'énergie sont tentantes. L'exclusion de la Turquie de ce "grand jeu" du gaz levantin a été le véritable déclencheur de la tension qui existe depuis longtemps entre Ankara, Athènes et Nicosie. D’où l’actuelle tension avec Israël qui soutient le bloc pro-hellénique avec les Émirats. Tout peut être décidé par le gaz.

L'Asie centrale éteint les conflits grâce au régionalisme

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L'Asie centrale éteint les conflits grâce au régionalisme

Par Vincenzo D'Esposito

Ex : http://osservatorioglobalizzazione.it/osservatorio/asia-c...

Le récent conflit entre le Tadjikistan et le Kirghizstan a marqué, malgré sa brièveté, une césure importante dans l'histoire de l'Asie centrale. Depuis 1991, il n'y a jamais eu de véritable conflit armé entre deux États dans la région. Pas même pendant la guerre civile tadjike. La question de la rivière Isfara est donc un signal d'alarme pour les deux États les plus intéressés par le développement du régionalisme en Asie centrale, l'Ouzbékistan et le Kazakhstan. Il y a aussi un grand absent, qui est resté sur la touche alors qu'il dispose de tous les outils pour mettre fin immédiatement au conflit: la Russie.

Une région contestée

Depuis l'indépendance des cinq républiques, le Tadjikistan, le Kazakhstan, le Kirghizstan, l'Ouzbékistan et le Turkménistan, elles ont rencontré de sérieuses difficultés pour développer des relations interétatiques amicales. Les années d'Union soviétique ont laissé derrière elles une multiplicité de situations non résolues qui ont conditionné la géopolitique de l'Asie centrale pendant des décennies. D'une part, il y a eu une propension générale à la fermeture envers d'autres États, comme au Turkménistan et en Ouzbékistan, tandis que d'autre part, il y a eu une tentative de rechercher une plus grande stabilité grâce au soutien d'acteurs extérieurs à la région. Le Kazakhstan, le Tadjikistan et le Kirghizstan ont vu d'un bon œil la volonté de la Russie et de la Chine de se positionner en tant que piliers de la sécurité régionale.

Cela a conduit à la création de nombreuses structures chargées de poursuivre une plus grande intégration en Eurasie, tant sur le plan économique que sur celui de la sécurité. L'Union économique eurasienne, l'Organisation de coopération de Shanghai et l'Organisation du traité de sécurité collective ne sont que quelques-unes des organisations mises en place pour parvenir à une plus grande intégration. Dans ce contexte, la Chine a privilégié une coopération principalement dans les domaines économique et commercial, tandis que la Russie s'est surtout préoccupée de sécurité et de stabilité régionale. Au fil des ans, cependant, certains éléments critiques de ce système sont apparus.

L'ordre régional qui se mettait en place reflétait une approche purement hétéro-dirigée, c'est-à-dire décidée à Moscou et à Pékin sans tenir compte de manière adéquate des particularités et des besoins des États de la région d'Asie centrale. L'intérêt pour l'Asie centrale elle-même était nécessaire afin de contrebalancer les initiatives russes et chinoises en Eurasie. La démonstration pratique vient, par exemple, de l'échec de l'Organisation de coopération de Shanghai à devenir un projet géo-économique à part entière, comme la Chine l'aurait souhaité. Le refus catégorique de la Russie, lié à de simples calculs de puissance et à la perte d'influence sur les économies régionales, a conduit au développement des Routes de la Soie comme une approche alternative et non médiatisée vers une plus grande interconnexion économique entre le Dragon et les ‘’Stans’’.

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Évolution de la situation en Asie centrale au cours des dernières années

Dans ce modèle de coopération, qui prévalait il y a encore quelques années, il y avait deux acteurs placés en marge de la scène régionale: l'Ouzbékistan d'Islam Karimov et le Turkménistan avec sa politique de neutralité permanente. Confinés à l'intérieur de leurs propres frontières, jaloux de leur indépendance et opposés à toute influence extérieure, il a été difficile pendant des années d'établir un dialogue avec ces deux États.

L'Ouzbékistan de Karimov, en particulier, a fait tout ce qui était en son pouvoir pour être une entité géopolitique autonome. Conscient de l'influence que la géopolitique a conféré à son propre pays, situé au milieu de l'Asie centrale, fertile et peuplé, Karimov a empêché par sa politique l'émergence d'un véritable bloc régional. Ce choix a été fait principalement parce que Tachkent craignait qu'une ouverture vers ses voisins aurait signifié, par réflexe, une ouverture vers Moscou également. Cela aurait signifié pour l'État une perte conséquente d'autonomie de manœuvre.

Avec l'élection de Shavkat Mirziyoyev en 2016 à la tête du pays, une nouvelle saison a toutefois débuté à Tachkent. La transition démocratique menée par le nouveau président a fortement réformé le pays et l'a ouvert au monde extérieur. Elle l'a notamment ouvert aux autres pays d'Asie centrale, avec lesquels elle a entrepris une série de contacts visant à résoudre toutes les questions en suspens de l'ère Karimov. Dans ce climat de détente, bien qu'en partie, le Turkménistan s'est également joint à ce mouvement en avançant timidement vers une plus grande implication dans la dynamique régionale.

L'objectif de l'Ouzbékistan est de créer un bloc régional capable de se présenter sur la scène internationale comme un acteur indépendant, en cohérence interne avec les politiques des différents États d'Asie centrale. En cela, Tachkent a trouvé un soutien dans le Kazakhstan de l'énergique président Nazarbayev, d'abord, et du nouveau président Tokaev, ensuite. La synergie entre le Kazakhstan et l'Ouzbékistan, qui rapproche de plus en plus les deux plus grandes économies régionales et voit s'établir entre elles une relation de complémentarité, oriente l'Asie centrale vers la voie d'une plus grande intégration.

La réduction des effectifs de Moscou

Ce processus présuppose une poussée interne vers le renforcement des États d'Asie centrale et une réduction des influences extérieures. Au niveau de la consolidation interne, à ce jour, seul le Kirghizstan connaît une situation d'instabilité endémique, due avant tout à la corruption de sa classe exécutive. Les quatre autres États, au contraire, vivent dans une situation de stabilité qui leur permet d'attirer des investissements étrangers pour renforcer leurs économies.

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La Chine, l'Union européenne, la Turquie et les États-Unis sont entrés dans la région pour investir et empêcher la Russie de garder le contrôle des riches gisements de la mer Caspienne. Dans le cas de la Chine et de la Turquie, il y a également un élément supplémentaire, à savoir la tentative d'étendre leurs sphères d'influence respectives sur un territoire qu'elles ont considéré au fil des siècles comme leur propre arrière-cour et qui n'est entré dans l'orbite russe que depuis le XIXe siècle.

A ce jour, la politique multi-vectorielle du Kazakhstan et la politique d'autonomie stratégique de l'Ouzbékistan conduisent ces deux Etats, leaders incontestés de la région, à tenter de dialoguer avec tous les acteurs les plus intéressés par l'Asie centrale sans trop s'exposer à eux. Au sein de la région, cependant, ils s'affirment comme les arbitres des principaux conflits, comme cela s'est produit dans le cas de l'affrontement entre le Tadjikistan et le Kirghizistan le mois dernier. Tachkent a joué un rôle de premier plan dans la médiation entre les parties, bien que des contacts aient également été établis par Nursultan et Asgabat.

La Russie apparaît donc comme un acteur qui doit nécessairement être redimensionné pour ne pas être écrasé. Bien que Moscou dispose de forces importantes en Asie centrale et reste le principal garant de la sécurité de ces États, on observe une tendance à réduire la dépendance à l'égard d'un seul acteur extérieur par des contacts avec d'autres puissances régionales. La passivité relative des Russes lors du récent conflit sur la rivière Isfara en est une autre preuve, même si la 201e division était stationnée au Tadjikistan et que Moscou avait le pouvoir de bloquer le flux des envois de fonds des migrants kirghizes et tadjiks pour faire pression sur les deux gouvernements. Des propositions de médiation sont venues de Moscou, mais le Kremlin a soigneusement évité de s'impliquer activement dans cette affaire.

Les États qui veulent voler de leurs propres ailes

La rapidité avec laquelle des mesures ont été prises pour mettre fin au conflit montre à quel point les cinq pays d'Asie centrale apprécient le climat de détente qui s'est créé entre eux. Cette situation favorise davantage d'investissements et de nouvelles possibilités de relance d'une région qui se veut le lien entre la Chine et l'Europe et qui s'intéresse en même temps à l'océan Indien.

La diversification des relations avec toutes les grandes puissances permet à l'Asie centrale, d'une part, de mener une politique multisectorielle et de dialoguer avec plusieurs parties, et, d'autre part, de préserver, et dans un certain sens de retrouver, son autonomie stratégique. La dépendance excessive à l'égard de la Russie en termes de sécurité et d'énergie se réduit lentement, tandis que la Turquie apporte un soutien qui évite une dérive trop orientaliste et pro-chinoise dans les cinq républiques.

Toutes ces politiques sont fonctionnelles et bénéficient à la réalisation d'un véritable régionalisme, qui ne peut exister que si les États d'Asie centrale décident de leurs objectifs et de leurs lignes programmatiques. Ni Moscou, ni Pékin, ni personne d'autre.

A propos de Vincenzo D'Esposito

Diplômé en études internationales à l'université "L'Orientale" de Naples avec une thèse sur l'‘’hydrogémonie’’ dans le bassin du Syr Darya. Actuellement inscrit au Master de premier niveau en développement durable, en géopolitique des ressources et en études arctiques au SIOI. Il a étudié et travaillé en Allemagne après avoir obtenu deux bourses Erasmus, qui l'ont conduit d'abord à étudier à Fribourg-en-Brisgau, puis à effectuer un stage à la Chambre de commerce italienne pour l'Allemagne. Passionné par l'Asie centrale et l'énergie, il collabore avec certains think tanks en tant qu'analyste géopolitique.

La démocratie comme mystique impériale

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La démocratie comme mystique impériale

Petru Romosan

Ex : https://flux.md/

La démocratie telle que nous la connaissons dans les principaux pays de cette tradition (Royaume-Uni, France, États-Unis) est imparfaite, car rien d'humain n'est parfait, la perfection n'appartient qu'à Dieu. Il y a aussi la célèbre phrase de Winston Churchill, citée par tous - "la démocratie est la pire forme de gouvernement, à l'exception de toutes les autres" - que nous avons tendance à considérer comme une vérité absolue. Il est vrai que Winston Churchill et la Grande-Bretagne, ainsi que (surtout) I.V. Staline et l'URSS, et F.D. Roosevelt et l'Amérique, ont battu Adolf Hitler et fait tomber l'Allemagne nazie. Mais ce fait est encore loin de faire du rejeton des ducs de Marlborough une sorte de député de Dieu qui produit des vérités inattaquables.

Churchill a prononcé la célèbre phrase devant la Chambre des communes le 11 novembre 1947, mais il citait alors un prédécesseur non identifié. Voyons le contexte plus large: "De nombreuses formes de gouvernement ont été essayées, et seront essayées dans ce monde de péché et de malheur. Personne ne prétend que la démocratie est parfaite ou omnisciente. En effet, il a été dit que la démocratie est la pire forme de gouvernement, à l'exception de toutes les autres formes qui ont été essayées de temps à autre...". Personne ne prétend que la démocratie est parfaite ou infaillible. Il a été dit, en effet, que la démocratie est la pire forme de gouvernement, à l'exception de toutes les autres formes qui ont été essayées de temps à autre..." - extrait du volume d'aphorismes Churchill by Himself, PublicAffairs, 2011).

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Alors, la démocratie est-elle imparfaite, comme l'oligarchie ou comme la dictature et la tyrannie, ou est-elle juste un peu imparfaite, contrairement aux autres formes de gouvernement, qui sont absolument imparfaites? Une chose que personne n'a clarifiée jusqu'à aujourd'hui. Des États-Unis de Joe Biden à la France d'Emmanuel Macron en passant par la Roumanie de Klaus Iohannis, la démocratie apparaît de plus en plus dépourvue de contenu, ne reposant que sur des formes vides (élections, vote), qui ne peuvent évidemment pas contenir de contenu. Une vraie forme sans substance, pour rappeler Titu Maiorescu. La démocratie s'est transformée, lentement mais sûrement, par l'intelligence et la perfidie du peuple, en son contraire, l'oligarchie.

Car derrière les "élus", il y a les "électeurs", il y a la presse mainstream, payée et contrôlée, les services secrets ou l'État profond (aux services secrets s'ajoutent les hauts fonctionnaires inamovibles) et surtout les oligarques, les grandes fortunes. Les décisions des oligarques à huis clos annulent et ridiculisent le vote populaire. Et la démocratie n'est plus "le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple", comme l'appelait Abraham Lincoln dans son discours de Gettysburg du 19 novembre 1863. Les élus ne sont que les marionnettes du grand capital accumulé, légalisé et inattaquable. Et, bien sûr, les "représentants" du peuple satisfont en même temps, par le trafic d'influence et la trahison du vote, leurs intérêts mesquins et privés, ce qu'on appelle communément la "corruption".

La remise en cause de l'organisation de la vie publique, de la politique, de la démocratie vient de partout, notamment après les élections de 2020 aux USA, et revêt même souvent des aspects techniques. "Un autre résultat (des changements nécessaires - n.n.) devrait être qu'il met fin aux efforts visant à bloquer une véritable réforme du vote aux États-Unis. Cela devrait signifier qu'il y aura toujours plus de machines à voter informatisées de mauvaise qualité comme les systèmes Dominion et Smartmatic que les lobbyistes ont vendus dans 28 États, souvent en versant un généreux pot-de-vin [...]. Rien ne décidera si seuls des imbéciles et des crapules brigueront les hautes fonctions dans ce pays, mais au moins, ils pourront être élus équitablement" (James Howard Kunstler - Don't look now, kunstler.com, 26.04.2021).

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Mais la décadence et la misère de la démocratie, ces derniers temps, sont sans fin. Il n'est pas du tout clair, bien qu'il soit facile de le comprendre, comment presque tous les politiciens, presque tous les représentants du peuple et, avec eux, la plupart des fonctionnaires publics sont des gens sans travail, des gens sans loi et des gens sans Dieu. Il devrait pourtant être facile de comprendre que les oligarques et leurs sbires aux États-Unis, en France et en Roumanie ne peuvent choisir leurs marionnettes politiques et leurs hauts fonctionnaires que parmi des personnes sans convictions fortes, habituées à enfreindre la loi, que l'on peut faire chanter avec leurs propres dossiers, des personnes ayant une formation médiocre, ce qui les rend peu compétitives sur le vrai marché du travail.

Le manque de cohérence et de responsabilité du vote "démocratique" qui nous donne les représentants du peuple ne s'arrête pas aux élus. Ceux qui choisissent ou prétendent choisir devraient également être interrogés. N'oublions pas non plus les "absents", car l'absentéisme est en hausse dans le monde entier. Si les élus ne respectent pas leurs programmes, les promesses faites pendant la campagne, ils ne sont pas sanctionnés d'une quelconque manière. Ils ne seront sanctionnés que "politiquement". Ce qui, bien sûr, n'est qu'une mauvaise blague. C'est un moyen de faire sortir les escrocs par la porte arrière pour faire de la place à d'autres escrocs. Et depuis le haut. Et les "électeurs", les citoyens, se réconcilient facilement avec cette comédie burlesque et passent à l'élection suivante sans trop de mal de tête ni de souvenirs.

Mais les suggestions pour "réparer" la démocratie viennent aussi d'un peu partout. "Je pense que les hommes politiques doivent assumer l'entière responsabilité de leurs paroles comme de leurs actes, et que cette responsabilité doit être mise en œuvre par le biais du droit administratif et pénal. Les politiciens doivent assumer la responsabilité personnelle et matérielle de toutes les promesses qu'ils font pendant la campagne, et le non-respect de ces promesses devrait être assimilé à une rupture de contrat et à une négligence criminelle. [...] Je trouve déraisonnable d'espérer qu'un électorat irresponsable et incompétent puisse élire des hommes politiques responsables et compétents" (Dmitry Orlov - "Mon credo politique", cluborlov.blogspot.com, 8.05.2021).

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Mais le système dit "démocratique" est encore plus pervers. Le vote est secret (avec toute une cérémonie d'isolement des électeurs), et le secret sera généralement gardé pendant toute la durée du mandat du mauvais élu. Pourquoi le vote n'est-il pas public, ouvert et avec une responsabilité publique pour votre choix ? Pourquoi la personne qui a mal voté, de manière intéressée ( ?), pour un candidat minable n'est-elle pas prise à partie, éventuellement avec une responsabilité concrète ? Et les journalistes, sociologues et autres flagorneurs qui ont aboyé pendant tout un mandat pour leur favori (on se souvient des "intellectuels de Băsescu" - aussi appelés "steakers de Băsescu" - de Evenimentul zilei, Cotidianul ou Revista 22 de l'époque), déversant mensonges et sophismes, attaques contre les opposants, etc..., ils n'ont aucune responsabilité? Peuvent-ils recommencer avec le prochain "élu" Klaus Iohannis, par exemple?

La démocratie, telle qu'elle est pratiquée depuis la Seconde Guerre mondiale en Europe occidentale sous l'influence américaine, s'apparente davantage à une narcose, et ressemble beaucoup à la religion, voire au dogmatisme. De l'autre côté du rideau de fer se trouvait la "démocratie populaire", le pouvoir du parti unique. Les États-Unis ont construit leur vaste empire et, après 1989, l'ont étendu à l'Europe de l'Est, exportant avant tout la "démocratie", un produit véritablement mystique. Jusqu'aux récentes élections américaines de 2020, disputées entre Donald Trump-Joe Biden, avec leurs machines "volantes" (Dominion, Scytle, Smartmatic, Hammer, Scorecard...), le concept de démocratie avait une force religieuse. Vous ne pouviez pas exprimer le moindre doute car vous étiez automatiquement mis hors jeu, qualifié de "communiste", de "sécuritariste", d'"amoureux de la dictature". Ce n'est qu'en 2020 que l'on a découvert que des machines à voter ont été utilisées dans d'autres élections, dans d'autres pays. La Roumanie a été citée (sur la carte Scytle), et récemment l'élection de Macron en 2017 en France est remise en question.

L'invention des "machines à voter", "soft", a été liée au 11 septembre 2001, à l'attaque des tours jumelles, date à laquelle le 20e siècle s'est achevé et la fin de la démocratie en Occident a commencé. Mais n'oublions pas que d'autres méthodes de truquage des votes, d'intoxication primitive de l'électorat (avec des sondages, avec des talk-shows, avec des interviews, avec de l'argent...), surtout des moins ou pas du tout préparés, sont utilisées depuis les âges sombres et l'illusion démocratique. Comme Ion Iliescu a été élu plusieurs fois après 1989 en Roumanie. Mais une enquête sérieuse donnerait des résultats surprenants, même dans les grandes maisons des démocraties occidentales.

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La démocratie ne peut pas être parfaite parce qu'elle est faite par des hommes, mais que faire si la merveilleuse démocratie n'existe plus depuis un certain temps, plus du tout? Ou, pire, est-elle devenue le contraire de ce qu'elle prétend être - une oligarchie? Sparte se réclame d'Athènes, et Athènes est devenue, loin s'en faut, la Sparte oligarchique. Ou, pour en venir à notre époque, les États-Unis imitent à la lettre la Chine, avec son parti unique. Le parti démocrate de Joe Biden, Hillary Clinton, Nancy Pelosi, Kamala Harris est incapable d'accepter l'existence de deux partis et vise à mettre hors la loi le parti républicain.

Quelqu'un croira-t-il à l'avenir à la démocratie comme il l'a fait au cours des 70 dernières années? Si l'on dit qu'un poète est un homme qui a oublié tous ses métiers, nous constatons que les politiciens démocratiques d'aujourd'hui, souvent décrits comme des "professionnels", sont généralement des personnes qui n'ont jamais eu de métier. Que mettra-t-on à la place de la démocratie qui s'est vidée de son sens, de son contenu ? Les cinquante prochaines années apporteront inévitablement plusieurs réponses: démocratie participative (comme en Suisse), technocratie (Union européenne), autocratie (comme en Russie), dictatures ou tyrannies, militaires ou civils ?

Le débat sur la démocratie ne peut être achevé en quelques pages. Il faut voir comment les empires britannique, français et américain, qui pratiquaient la démocratie réelle dans la métropole, la revendiquaient aussi avec propagande dans leurs colonies, imposant en fait leurs satrapes, leurs affidés locaux. La démocratie est-elle un luxe que seuls les empires peuvent se permettre ? Et, bien sûr, seulement au centre ? Mais il y a aussi le mystère de l'Inde, la plus grande démocratie de ces 70 dernières années, née seulement après que les Indiens aient chassé les impérialistes britanniques. Les prétentions tragi-comiques des Etats-Unis à faire de la démocratie avec l'armée, avec la guerre, comme en Irak ou en Afghanistan, par exemple, ont déjà été largement analysées. Y a-t-il une démocratie en Roumanie aujourd'hui ? Grand serait l’homme qui parviendrait à donner la bonne réponse et à l'argumenter !

Petru Romoșan.

Pourquoi se plonger dans l’œuvre des stoïciens de l’antiquité?

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Pourquoi se plonger dans l’œuvre des stoïciens de l’antiquité?

Natella Speranskaya

Ex : https://syg.ma/@natella-speranskaja

Je vais maintenant vous expliquer quelles techniques des anciens stoïciens j'utilise dans ma vie quotidienne et ce qu'elles m'apportent.

Il existe des problèmes qui sont communément classés comme difficiles à résoudre: pièges existentiels, pensées suicidaires, apathie totale, dépression persistante, aboulie, incapacité à acquérir un contrôle cognitif, etc. Ce sont là tous nos "vampires". Bien qu'aujourd'hui nous ayons accès à presque toutes les informations et que nous soyons devenus "alphabétisés numériquement", nous ne gérons toujours pas bien notre problème de conscience.

Ne pas être ‘’sans quoi’’ ?

Imaginons qu'en ce moment même, ce texte soit lu par une personne qui a perdu le sens de la vie et qui a finalement perdu ses mains. Avant de trouver la clarté dans la question hamlétienne "Être ou ne pas être?", il doit avoir répondu à la question-racine, qui sonne non pas comme "Ne pas être pourquoi?" mais comme "Ne pas être SANS QUOI ?". Quelle perte, quel non-accomplissement a formé une brèche intérieure si terrible que toute la vitalité de la vie en sort ?

Chaque personne définit la plénitude de l'être à sa manière. Chacun a sa propre échelle de valeurs. Si vous avez votre carrière en première position, vous perdrez bien sûr le sens de la vie si vous ne parvenez pas à la construire ou si quelqu'un ou quelque chose la ruine pour vous et annule toute chance de la construire à nouveau.

Si l'essentiel pour vous est d'atteindre la célébrité mondiale et que, quels que soient vos efforts, vous êtes tellement médiocre et quelconque que même la caissière du magasin où vous entrez chaque matin oublie votre visage, il est peu probable que vous ayez soif de vivre et que vous vous réveilliez avec un sourire aux lèvres.

Si l'amour est au sommet de votre système de valeurs, le fait de ne pas pouvoir être avec la personne que vous aimez vous conduira dans votre tombe, vous privera de vos forces, vous fera souhaiter être mort, etc.

En même temps, le carriériste, le mégalomane et l'homme amoureux ne se comprendront jamais. Pour le carriériste, l'agonie de l'amant semblera une simple bagatelle et lui, en riant, l'admonestera : "Regarde autour de toi ! Regardez combien de personnes il y a ! Je ne veux pas le prendre ! Qu'est-ce qui t'obsède, espèce d'idiot?". Un amoureux fera de même, analysant les raisons pour lesquelles un mégalomane et un carriériste tendent la main vers une arme.

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Le centre de notre être

Il ne s'agit pas seulement d'un petit puzzle que l'on peut retirer sans trop endommager l'image - c'est un fil qui vous relie à l'être lui-même. En outre, ce qui se trouve au sommet du système de valeurs est le centre de votre être. Quand on le perd, quand on ne l'atteint pas, tout perd son sens. Vous tournez autour de ce centre comme la Terre tourne autour du Soleil.

Et ce soleil occupe votre conscience au point que vous devenez non pas son prêtre mais son esclave. Comment cette occupation se produit-elle ? Vous vous rendez à une réunion importante, vous traversez la route et entrez dans un café agréable, où vous attendez un partenaire commercial. Vos pensées sont strictement structurées. Même la veille, vous avez répété votre discours et vous savez exactement ce que vous allez lui dire. Mais comme par hasard, vous rencontrez en chemin une femme dont vous êtes follement amoureux et que vous n'avez pas vue depuis longtemps. Pire, une femme accompagnée d'un homme quelconque. Elle vous salue sèchement et, prenant la main du monsieur, traverse de l'autre côté de la rue.

C'est tout. Dans votre conscience - jusqu'à cette rencontre ordonnée et harmonieuse – cette rencontre fortuite vous a envahi, avec l'image de cette femme, et avec elle la pensée suivante: quel méchant l'accompagne? Vous ne pensez plus à la réunion d'affaires. Dans votre cœur, il y a une épine, votre pensée est paralysée, votre sang regorge des poisons de la douleur, du ressentiment et de la jalousie. Automatiquement, vous allez dans le café, ou plutôt c'est seulement votre corps qui y va. Vous n'êtes plus là depuis longtemps. Essayant fébrilement de rassembler vos pensées et de vous mettre au diapason d'une conversation d'affaires, vous commandez un café, en essayant de retenir le frisson dans votre voix et un léger tremblement des mains. Passent 30 minutes, une heure, une heure et demie, pendant que vous écoutez votre interlocuteur sans enthousiasme. Il semblait que chaque cellule de votre corps était remplie de la même pensée, de la même façon.

Vous n'avez pu satisfaire ni la promotion, ni conclure l'affaire avec succès, ni faire afficher votre visage sur la couverture d'un magazine populaire, ni préparer les vacances à venir. Et tout cela parce que le premier échelon de votre hiérarchie de valeurs n'est pas une carrière, ni le succès, ni la gloire, ni l'argent. C'est l'amour. Est-il possible, dans une telle situation, de reprendre le contrôle de son esprit et de se mettre à l'écoute, en écartant temporairement les pensées vampiriques ? Oui, c'est possible.

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La capacité de se concentrer

Lorsque vous êtes seul à la maison, vous pouvez décider de pleurer ou de soulager une tension érotique. Là, vous pouvez vous livrer à l'auto-torture en toute tranquillité. Mais lorsque vous êtes dans une situation qui implique de prendre des responsabilités (pour un projet, pour tel ou tel processus, etc.), forcez-vous à vous concentrer pleinement sur la tâche à accomplir. Alors faites ce qu'il faut. Pleurez, cassez des meubles, frappez un sac de boxeur, appelez un ami et épanchez votre cœur, ouvrez une bouteille de vin, fumez un cigare, montez sur le toit de la maison et menacez le ciel avec votre poing. Vous avez tout à fait le droit de le faire. Mais si vous avez un intellect développé, beaucoup de capacités, que vous aimez faire face aux tâches difficiles, que vous maîtrisez l'art de la concentration ultime sur l'affaire et que vous ne traînez pas vos angoisses, vos ambitions brisées, des fragments de votre ego dans cette même affaire. Ne laissez pas les pensées vampiriques occuper votre conscience pendant de longues périodes.

Savez-vous pourquoi beaucoup de gens trouvent le vrai salut dans le travail? Un travail qui prend 18 à 20 heures par jour? Oui, oui, précisément parce que c'est le seul moyen de ne pas se retrouver dans une personnalité alcoolique ou toxicomane - parce que le processus de travail aide à pousser tous vos "vampires" hors de votre conscience. Ne parvenez-vous pas à atteindre le centre de votre être? Dites-vous: "Si Dieu vous repousse, cela ne veut pas dire qu'il vous dit non". Si vous continuez à vous heurter à un mur inflexible, vous finirez par perdre toute votre force.

D'après ma propre expérience, je peux dire que le seul moyen efficace pour moi de sortir d'un état suicidaire était de me concentrer sur les autres niveaux de mon système de valeurs. En prenant conscience de la façon dont mes nerfs réagissaient à tous les échecs associés à la première étape, j'ai restructuré ma liste de priorités. En retour, cela m'a obligé à passer à un autre niveau de réflexion, car la nature des défis a changé. Tant que vous n'éliminerez pas le chaos intérieur en le transformant en ordre, vous serez toujours déchiré par tout un tas de pensées.

Agissez

Si votre première étape est une carrière, mais que vous avez échoué, réorientez votre attention vers l'amour (ou de l'amour vers la carrière). Après avoir créé l'ordre dans un domaine de votre vie, vous le créerez inévitablement dans l'autre. Sachez attendre et planifier.

La première chose que j'ai faite lorsque j'étais dans une situation si désespérée que la seule issue était la mort, a été d'ordonner mon attention et de sortir de cette maudite entropie. En me concentrant sur un autre niveau de mon système de valeurs, j'ai créé une structure pour ma vie future et j'ai défini une série d'étapes que je n'ai pas seulement écrites, mais que j'ai transformées en une séquence d'actions.

Si vous n'agissez pas, vous pouvez considérer que vous avez déjà perdu. Votre liste de projets restera une liste.

La dichotomie du principe de contrôle

J'ai ensuite eu recours au principe de la dichotomie de contrôle, que j'ai appris des stoïciens. J’y ai eu recours chaque fois que je commençais à me demander si un événement, un problème, un phénomène particulier était sous mon contrôle ou non. Si oui, j'assume la responsabilité de ce qui se passe, je trouve une solution et je passe à l'action. Sinon, je ne dois pas gaspiller mes nerfs inutilement: à quoi bon s'angoisser, par exemple, à bord d'un avion qui tombe, si la catastrophe est indépendante de notre volonté? J'ai donc séparé les bons grains de l'ivraie. Lorsque la pandémie du coronavirus a traversé nos plans, peu de choses étaient hors de notre contrôle, n'est-ce pas?

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Vous pouvez vous arracher les cheveux, mais il y a des situations où nous sommes impuissants à changer les choses. Au moins, pour le changer immédiatement.

La dichotomie du contrôle a fait disparaître mon énergie. J'ai concentré mon énergie uniquement sur les choses que je pouvais encore changer et contrôler.

J'ai élaboré un plan d'action basé sur ma situation actuelle et j'ai commencé à le suivre. Je ne pouvais plus reporter, je ne pouvais pas faire de pause, la situation avait atteint un stade critique, et comme je n'avais rien à perdre, j'ai commencé à agir immédiatement.

Pendant tout ce temps, je contrôlais soigneusement l'état de ma conscience. J'étais dans la phase, et j'étais dans cette phase-là, mais je n'étais pas sûre de ce que je pensais. J'ai dû faire des efforts inimaginables pour écarter ces doutes. J'ai cherché des "déplaceurs" puissants. J'ai trouvé des processus dans lesquels l'immersion requérait toute mon attention, j'ai délibérément chargé mon cerveau de telle sorte qu'il n'avait pas le temps de mettre en bouillie des pensées destructrices. Bien sûr, dans les moments de soi-disant repos, la première chose qu'il faisait était de coupler ces pensées, empoisonnant mon existence. Puis j'ai réalisé que j'avais besoin de travailler tout le temps. Et sur les tâches les plus difficiles. Je me suis donné deux ans pour m'occuper uniquement des nouvelles priorités, en mettant toutes les autres hors jeu. Vous devez être capable de remettre quelque chose à plus tard. Non pas pour battre en retraite, mais pour me donner la possibilité d'attendre, de reprendre des forces, de ne pas m'effondrer. Ce qui pour d'autres peut sembler un fardeau impensable, est pour moi la seule façon normale d'exister. J'ai besoin d'un processus à grande échelle. C'est une façon de rationaliser la conscience. Vous pouvez avoir le vôtre.

Fantaisie cataleptique

Ce terme a été introduit par le stoïcien Zénon.

Nous sommes tous souvent la proie de nos propres erreurs d'interprétation. Nous rencontrons un événement, un fait, un motif, un acte, et nous y projetons immédiatement nos jugements de valeur. Nous créons une certaine interprétation et croyons en sa véracité, à tel point que les autres options perdent le droit d'exister. Une femme dont vous êtes amoureux est passée par là. Son regard froid et un hochement de tête à peine perceptible que vous avez immédiatement considéré comme une indifférence totale, voire une négligence. Ensuite, vous passez la serpillière et vous êtes prêt à abandonner vos rêves. Vous ne pensez même pas que son comportement pourrait avoir une douzaine d'autres motivations. Vous vous saisissez seulement du premier et vous vous livrez à une réflexion catastrophique, qui vous rend malade. Nous devons apprendre à prendre de la distance par rapport à ce qui nous arrive. C'est-à-dire regarder les événements de l'extérieur. Sans essayer de les colorer avec nos émotions, évaluations, pensées.

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Dans la thérapie cognitivo-comportementale, cela s'appelle la DISTANCE COGNITIVE. Nous ne souffrons pas tant à cause des événements eux-mêmes que de nos réactions face à ceux-ci. Je dois admettre que je suis moi-même victime de mes propres erreurs d'interprétation avec une régularité enviable. J'apprends régulièrement à détourner le regard des événements extérieurs, et des pensées qu'ils produisent en moi. Personne n'est parfait, mes amis ! Faites-vous amis avec les anciens stoïciens et vous aurez une nouvelle perspective sur vos problèmes.

Natella Speranskaya

Philosophe, spécialiste de la mythologie ancienne, de la philosophie et de la culture, culturologue, publiciste. Elle est l'auteur des livres The Path to a New Metaphysics (2011), Dionysus Pursued (2014), Essays on the Revival of Antiquity (en cours) ainsi que de nombreux articles sur la philosophie, la culture, l'histoire de l'art, les relations entre les sciences humaines et la technologie. Fondateur du projet éducatif interdisciplinaire Janus Academy, dont la mission est la formation de polymathes (homo univeralis) au 21e siècle. Développeur de programmes éducatifs et culturels, de cours magistraux. Conservateur et responsable du groupe de lecture sur les textes d'Homère (Théâtre électrique Stanislavsky).

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mercredi, 19 mai 2021

L'air de la censure souffle: je crains le pire...

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L'air de la censure souffle: je crains le pire...

par Diego Fusaro

Source : Diego Fusaro & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/soffia-aria-di-censura-temo-il-peggio

Le tournant autoritaire qui caractérise le mode de production capitaliste de ces derniers temps, et que l'urgence épidémiologique du coronavirus a renforcé avec un timing incroyable, trouve sa correspondance précise aussi et non pas secondairement dans la limitation croissante des espaces de liberté permis par l'ordre discursif dominant. There is no alternative, l'infâme devise de Thatcher, qui proscrit effectivement la possibilité ontologique de vivre autrement que selon le modus libéral, devient de plus en plus le critère des régimes de vérité: ou, mieux, du régime de vérité au singulier, c'est-à-dire du seul ordre de discours autorisé; celui, en fait, qui agit comme un complément idéologique aux relations de pouvoir dominantes dans le capitalisme technocratique et postbourgeois tardif. Notre époque est donc candidate pour devenir la première où la problématisation critique et le doute socratique en tant que tels sont ostracisés par la stupide catégorie dite de la "conspiration", répétée à la façon du perroquet par le troupeau domestiqué des derniers hommes de la civilisation de masse.

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Avec la catégorie du ‘’complot’’, en outre, on ne fait rien d'autre que de dénier le droit à l'existence à tout discours qui ne coïncide pas millimétriquement avec ce qui est prétendument vrai, parce que les groupes dominants en ont décidé ainsi. En bref, il est temps de s'en remettre et de l'admettre ouvertement: même l'ordre néolibéral peut s’avérer répressif et intolérant, tout comme les formes que l'on a l'habitude de définir, par rapport au XXe siècle, comme totalitaires.

L'année 2021, qui a commencé par l'exil forcé hors des réseaux sociaux même pour le président sortant des États-Unis d'Amérique Donald Trump, se poursuit maintenant de manière cohérente avec la censure des livres (interdits de librairie) qui osent critiquer le nouvel ordre érotique prôné par le projet de loi Zan, comme cela s'est produit ces jours-ci, et puis aussi avec la tempête à la Rai, dont on parle beaucoup ; une tempête provoquée par une émission de Raidue, qui avait l'audace de critiquer ce merveilleux paradis que l'on ne peut que louer et qui porte le nom glorieux d'Union européenne. "Intolérable, nous avons besoin d'un changement radical": ce n'est pas une phrase extrapolée d'un procès de la Sainte Inquisition, qui aurait culminé avec le bûcher du malheureux hérétique du moment ; c'est plutôt, selon ce que rapporte La Stampa de Turin, le commentaire éclairé du toujours lucide et réfléchi secrétaire du "parti démocratique" - jamais le nom n'a été plus orwellien - Enrico Letta. Lequel Enrico Letta, on s'en souvient, a écrit il y a quelques années un pamphlet intitulé sans équivoque Mourir pour Maastricht, qui méritera peut-être un jour une place à part dans les archives de l'histoire de l'idéologie politique: en effet, le titre prometteur n'a pas clarifié quel était le sujet de "mourir pour Maastricht" et maintenant surgit un doute plus que légitime que le sujet, rétrospectivement, était la libre pensée.

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En bref, un projet misérable comme l'Union européenne, né comme une contre-offensive impitoyable du capital vainqueur après 1989 contre les classes ouvrières d'Europe, ne pouvait que culminer avec la mort de la liberté de pensée et d'expression. La mort au nom du progrès et de la lutte contre toutes les discriminations, soyons clairs. Les mots de Letta, en réalité, laissent peu de place à la fantaisie: le changement radical qu'il invoque avec une fureur héroïque est, simplement, le réalignement immédiat et sans négociations possibles sur l'ordre du discours hégémonique; celui qui, précisément, vous laisse généreusement dire ce que vous voulez sur l'Union européenne, à condition que ce que vous voulez dire coïncide avec ce que les groupes dominants du bloc néolibéral oligarchique veulent faire dire. Nous n'en sommes qu'au début, remarquez bien. Il devient de plus en plus clair que la combinaison du capitalisme et de la démocratie n'était qu'une parenthèse éphémère de la seconde moitié du 20ème siècle: la Restauration du capital est en cours et est destinée à aller beaucoup plus loin, si elle ne rencontre pas des formes de résistance active par le bas. C'est à nous de décider ce que nous allons faire de notre histoire: continuer à souffrir en silence, en perdant un morceau de liberté et d’autonomie après l'autre, ou mettre de côté la "résilience" pour revenir à la pratique de formes saines et appropriées de résistance.

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