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lundi, 17 mai 2021

Sur la série « The Americans »

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Sur la série « The Americans »

par Georges FELTIN-TRACOL

Ex: http://www.europemaxima.com

Avec un total de 75 épisodes répartis sur six saisons entre 2013 et 2018, la série télévisée The Americans (ou en bon français « Les Américains ») plonge le téléspectateur dans les dernières années de la Guerre froide au moment de la reprise des tensions entre les États-Unis et l’Union Soviétique, la « Guerre fraîche », consécutive à l’arrivée à la Maison Blanche de Ronald Reagan en 1981.

Elizabeth et Philip Jennings vivent avec leurs deux adolescents, Paige, la fille aînée, et Henry, le cadet, dans la banlieue cossue de Washington. Ils gèrent une agence de tourisme. Mais leurs journées sont très chargées, car en dehors de la routine professionnelle et familiale, ils réalisent à l’insu de leurs proches diverses missions pour le KGB dont ils sont de brillants officiers. Dans le cadre d’une longue et minutieuse opération d’infiltration de la société étatsunienne, à l’exemple d’autres couples qui les aident parfois si les circonstances l’exigent, le couple Jennings mène ainsi une double vie.

MV5BMjIzNTEzMDY3OF5BMl5BanBnXkFtZTcwMzI5NDI5OA@@._V1_UY1200_CR85,0,630,1200_AL_.jpgLa série joue avec habilité sur les codes de la paranoïa et de la schizophrénie que l’auteur de la présente chronique ne peut qu’apprécier, lui qui travaille pour les services spéciaux du royaume septentrional de Patagonie (mais il n’a rien dit !). Obéissant aux ordres du Centre, Nadejna alias Elizabeth (Keri Russell) et Mikhaïl alias Philip (Matthew Rhys) éliminent les réseaux afghans, récupèrent la peinture de camouflage des futurs avions furtifs, piratent les plans d’une nouvelle génération de sous-marins, découvrent l’existence d’Arpanet, l’ancêtre d’Internet, enlèvent des scientifiques dissidents, recrutent de nouveaux agents ou soutirent le maximum d’informations par le chantage, la contrainte ou le charme… Le couple manie avec brio l’art du déguisement. Ainsi Philip se fait-il passer pour Clark, appartenant à une unité de surveillance ultra-secrète, auprès de Martha Hanson, la secrétaire personnelle du responsable du contre-espionnage du FBI. Il la séduit et l’épouse. Pour corser une vie déjà bien pimentée, les Jennings apprennent que leur nouveau voisin, Stan Beeman (Noah Emmerich), travaille lui-même au département du contre-espionnage du FBI. Pendant trois années, il a vécu infiltré auprès des suprématistes blancs. Son instinct le pousse d’abord à se méfier de cette famille banale, mais les évidences jouent contre lui. Les Jennings et les Beeman deviennent amis.

Les agents illégaux de la Direction S du KGB sont tiraillés en leur for intérieur entre leurs convictions et l’attrait indéniable de l’American way of life. Si Elizabeth exprime tout au long des épisodes une farouche détermination à ne jamais oublier la finalité de la mission, Philip se montre plus enclin à accepter les bons côtés de leur vie outre-Atlantique. Il s’achète une belle voiture. Il aime danser sur de la musique country. Il apprécie les parcs à thèmes. Quand commence la Perestroïka, Philip soutient la volonté réformatrice de Gorbatchev alors qu’Elizabeth se montre guère enthousiaste.

De plus en plus soupçonneuse à propos de la double vie de ses parents, Paige apprend bientôt de leur propre bouche la vérité. Après le choc, elle commence néanmoins sa formation d’agent, car le Centre a prévu une seconde vague d’illégaux, à la couverture irréprochable, capables de postuler à la NASA, à la CIA ou au FBI.

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L’intrigue générale de la série revient à Joe Weisberg, un ancien de la CIA, proche du Complexe militaro-médiatique selon l’expression judicieuse de Jean-Michel Valantin. Il s’inspire des espions soviétiques, grands séducteurs en Europe occidentale de secrétaires administratives et de ministres (l’affaire Profumo en Grande-Bretagne en 1963) ainsi que de l’« Affaire des dix ». En 2010, le FBI arrête des agents russes du SVR infiltrés aux États-Unis parmi lesquels Anna Chapman. Si les activités clandestines du couple Jennings sont nombreuses pour les contraintes de la fiction au mépris de la réalité (les journées n’ont que vingt-quatre heures), le scénario de chaque épisode a été lu et approuvé par la CIA. On y décèle la sourde et vive rivalité entre l’agence de Langley et le FBI. Le personnel du Bureau fédéral d’enquêtes y est implicitement raillé.

La série The Americans repose enfin sur le concept d’« ennemi intérieur (ou domestique) » très en vogue aujourd’hui dans l’Establishment médiatique et chez les démocrates. Or, ni l’Allemagne pendant les deux dernières guerres mondiales, ni l’URSS ne sont parvenus à implanter durablement des « taupes » aux États-Unis. Il faut peut-être comprendre cette série comme une métaphore sur l’infiltration du renseignement israélien aux États-Unis. Joe Weisberg avait-il en tête l’affaire Jonathan Pollard du nom de cet agent double qui a fourni à Tel-Aviv de nombreux secrets industriels et technologiques made in USA ? Condamné en 1987 à la perpétuité pour espionnage en faveur de l’État hébreu, Jonathan Pollard est libéré en 2015 et rentre en Israël en décembre 2020.

La série The Americans modifie la perception habituelle de l’espionnage propagée au cinéma et à la télévision. Au revoir les aventures bien trop clinquantes de l’agent double zéro sept de Sa Gracieuse Majesté ! Bonjour aux plans insidieux à quatre, six ou huit bandes… Cette série n’est en fait que le pâle et lointain reflet d’une terrible vérité : l’impitoyable guerre secrète est permanente entre les puissances de la planète.

Georges Feltin-Tracol.

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 214, mise en ligne sur TVLibertés, le 12 mai 2021.

09:31 Publié dans Cinéma, Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : états-unis, cinéma, film | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

dimanche, 16 mai 2021

Alternative iranienne au canal de Suez

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Alternative iranienne au canal de Suez

Par Valery Kulikov

Source: New Eastern Outlook

Avec le récent blocage du canal de Suez par le porte-conteneurs Ever Given, de nombreux pays sont déjà activement impliqués dans la recherche et la discussion d’une éventuelle alternative future à cette voie de transport maritime reliant l’Europe et l’Asie. Ainsi, la Russie a proposé la route maritime du Nord, et Israël a rappelé l’idée du canal Ben-Gourion, qui pourrait relier la Méditerranée à la mer Rouge en contournant le canal de Suez. 

L’Iran n’est pas en reste, proposant comme l’une des « routes de contournement » le couloir de transport nord-sud du golfe Persique à la mer Noire, dont il a suggéré l’idée en 2016. Selon Amin Tarafo, du ministère des Routes et du Développement urbain de la République islamique, cette route sera lancée dans un avenir proche et permettra non seulement d’activer les connexions des pays de la région avec l’Europe, mais aussi d’accroître le rôle de la mer Noire, de l’Iran et du Caucase dans le transport mondial. Le 19 avril, un autre cycle de négociations sur le fonctionnement de cette voie de transport a eu lieu entre les représentants de la Grèce, de l’Iran, de l’Arménie, de la Géorgie et de la Bulgarie. Dans le même temps, la possibilité pour d’autres pays intéressés par la coopération de se joindre au projet a été soulignée.

Mahmoud Ommati, vice-président du conseil d’administration de l’Association iranienne des sociétés de transport international, a déclaré que l’Iran peut jouer le rôle d’un corridor entre le Nord et le Sud dans le commerce international. Dans le même temps, il a rappelé que le pays est sur le point de rejoindre l’Union économique eurasienne (UEEA), qui comprend l’Arménie, la Russie, le Kazakhstan, la Biélorussie et le Kirghizistan, ce qui, il en est convaincu, entraînera une prospérité supplémentaire du corridor Nord-Sud. Selon M. Ommati, la création de ce corridor de transport a été décidée par la Russie, l’Inde et l’Iran en 2000, et la République islamique pourrait jouer un rôle clé en tant qu’alternative appropriée au canal de Suez.

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Un autre projet très prometteur comme alternative au canal de Suez est, bien sûr, l’idée de construire une route maritime russo-iranienne de 750 km de long entre la Caspienne et le golfe Persique à travers le territoire de l’Iran. L’idée de ce projet est née après la guerre russo-turque de 1877-78, comme une opportunité de relier l’océan Indien à la mer Caspienne par cette voie maritime, puis de traverser la Caspienne vers l’Europe du Nord via la Volga. Sous le règne de Nicolas II de Russie, une commission russo-iranienne a même été créée, en 1904, et a commencé à concevoir ce canal. Deux options étaient alors envisagées : l’occidentale (vers la côte du golfe Persique) et l’orientale (directement vers l’océan Indien). Cependant, une série de guerres et d’autres événements ont empêché la réalisation concrète de ce projet : guerre avec le Japon, première guerre mondiale, révolution d’octobre en Russie, puis deuxième guerre mondiale. Cependant, il existe des informations selon lesquelles, lors de la conférence de Téhéran en 1943, Joseph Staline a rencontré le Shah d’Iran et lui a parlé de cette route. Le projet avait une importance non seulement commerciale et économique, mais aussi militaro-stratégique.

Après la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis se sont fortement opposés à la construction du canal, car ce projet, outre son objectif de transport, revêtait une importance militaro-stratégique considérable pour la Russie. Washington et ses alliés occidentaux s’y sont activement opposés, alors même que l’Iran était sous forte influence américaine pendant la guerre froide. Comme l’ont noté à l’époque certains médias américains et du Moyen-Orient, Washington, afin d’empêcher la création d’une alliance militaro-politique entre l’Iran et l’Irak, ainsi que la construction du canal Caspienne-Golfe Persique, est même allé jusqu’à déclencher une guerre entre ces deux pays du Moyen-Orient en 1980 et à entretenir une crise armée dans la région. Et en 1997, Washington a même lancé une sérieuse mise en garde à Téhéran contre toute tentative de commencer la construction d’un tel canal, promettant des « sanctions sévères », car ce projet pourrait objectivement affaiblir l’influence géopolitique des États-Unis et leur contrôle sur les voies de transport mondiales.

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Ces dernières années, cependant, ce projet, appelé en Iran le « fleuve iranien », a fait son retour. Le Kazakhstan, le Turkménistan, un certain nombre de pays de l’océan Indien et la Chine ont déjà manifesté leur intérêt pour ce projet. La délégation iranienne a même visité le canal Don-Volga, la voie navigable Volga-Baltique, établi des contacts de travail avec la société russe Rosmorrechflot au sujet de l’éventuelle mise en œuvre conjointe de ce projet, dont le coût est estimé à environ 10 milliards de dollars et, selon les estimations des experts iraniens et russes, ces investissements seront rentabilisés dans les cinq ans suivant le début de la construction du canal. La partie iranienne de l’itinéraire du projet s’étend dans l’ouest et le sud-ouest de l’Iran – du port iranien d’Anzali (sud de la Caspienne), puis le long des rivières Sefīd Roud – Karkheh – Nahr el-Kahla, cette dernière se jetant dans le Shatt el-Arab. Il est à noter qu’il s’agit d’un large chenal fluvial pour les navires de navigation mixte fluvio-maritime, se jetant dans le golfe Persique. En 2018, le nouveau statut du bassin de la Caspienne par les pays riverains a levé les obstacles juridiques à la construction du canal, de sorte que la route Caspienne d’une telle voie navigable passera par les eaux interieures, où il n’y a pas de zones maritimes nationales.

Par conséquent, cette voie navigable constituera la route de transit maritime eurasiatique la plus courte depuis la région de la Baltique, en passant par le canal Volga-Baltique et le long de la Volga jusqu’à la mer Caspienne, puis à travers l’Iran jusqu’au golfe Persique/l’océan Indien. Il sera possible d’atteindre l’océan Indien deux fois plus rapidement par cette voie navigable que par le Bosphore – les Dardanelles – Suez – la mer Rouge, ce qui explique pourquoi de nombreux pays ont commencé à manifester un intérêt croissant pour ce projet. Et le développement favorable des relations entre l’Iran et la Russie aujourd’hui, ainsi que l’intérêt de la Chine et d’un certain nombre d’autres grands États asiatiques pour ce projet, permettent d’espérer une évolution assez rapide de l’alternative russo-iranienne au canal de Suez, du stade de projet à celui de construction réelle.

Valery Kulikov, expert politique, en exclusivité pour le magazine en ligne « New Eastern Outlook ».

Traduit par Zineb, relu par Wayan pour le Saker Francophone

Dmitry Orlov : Mon credo politique

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Dmitry Orlov : Mon credo politique

Par Dmitry Orlov 

Source: Club Orlov

Compte tenu du haut niveau de polarisation politique aux États-Unis et, de plus en plus, en Europe occidentale, il semble assez important d’éviter de se retrouver pris entre deux feux. Certains esprits curieux voudront peut-être savoir quelle est ma position politique : suis-je un Trumpiste ou une groupie de Biden ? Suis-je un communiste ou un fasciste ? Il ne sert à rien de dire aux gens que je ne suis rien de tout cela. Les gens supposent automatiquement que si vous n’êtes pas une chose, alors vous devez être l’autre. Heureusement, j’ai un credo politique fondé sur des principes. Ce n’est même pas individuellement le mien ; je le partage avec mon collègue Sergei Vasilyev et probablement avec tout un tas d’autres personnes raisonnables qui l’accepteront volontiers comme le leur après l’avoir lu. Et donc, sans plus attendre, voici mon credo politique (et celui de Sergei).

41oXOkGV+9L._SX331_BO1,204,203,200_.jpg1. Je crois que seul le gouvernement fédéral peut et doit être le centre de pouvoir qui concentre les ressources et les dirige vers des activités qui ne peuvent ou ne doivent pas être gérées sur une base lucrative. Cette liste comprend toutes les activités qui forment la structure cohésive de l’État et qui lient les citoyens en un tout bien coordonné : l’exploitation et la protection des ressources naturelles, la construction de routes, les communications, la sécurité publique et la défense, les infrastructures sociales telles que les transports en commun et les installations de loisirs, les soins de santé et l’éducation. Tout cela doit être tenu par un seul ensemble de mains très fortes. Cela fait de moi un gauchiste totalitaire – un de ceux qui préconisent toujours un rôle accru pour le gouvernement.

2. Simultanément, je crois que le gouvernement, qu’il soit fédéral ou local, a un rôle purement consultatif et de supervision dans des domaines tels que la restauration, l’habillement et la chaussure, le toilettage des chiens, la réparation automobile et mille et une autres activités du quotidien, où une lourde bureaucratie gouvernementale n’a aucune chance de suivre la cadence d’entrepreneurs privés agiles. Bien sûr, le gouvernement peut et doit fixer et faire respecter des normes de qualité, de sécurité publique et d’environnement, des lois sur le travail et maintenir et mettre à jour toutes les réglementations applicables, en établissant, chaque fois que cela est possible, des partenariats public-privé dans le but de contrôler et de rendre compte de la conformité. Cela fait de moi un capitaliste de droite – un de ceux qui plaident constamment pour une implication minimale du gouvernement dans l’économie.

3. Je crois que le gouvernement ne devrait pas escroquer le public par le biais des taxes, qu’il s’agisse de l’impôt sur le revenu, de la taxe sur la valeur ajoutée ou de la taxe sur les ventes. Plus précisément, le travail ne devrait pas être taxé – jamais, du tout. Le gouvernement est (ou devrait se rendre, en réquisitionnant les ressources) suffisamment riche pour payer sa propre part en exploitant et en faisant payer un loyer pour toutes les ressources naturelles qu’il possède et/ou contrôle directement, en fixant des droits de licence suffisants, des tarifs d’importation et d’exportation, des droits sur l’utilisation commerciale des chemins de fer, des routes et des communications électroniques, etc. Je suis sûr que, libérés du joug de la fiscalité gouvernementale, les entreprises et les particuliers prospéreraient. Cela fait de moi non seulement un capitaliste de droite mais aussi un libertarien radical – un de ceux qui affirment toujours que l’impôt est un vol et qui demandent que tous les impôts soient abolis.

51Ylnnb1XcL._SX332_BO1,204,203,200_.jpg4. Afin de remplir toutes ses obligations énumérées dans la section 1 ci-dessus, le gouvernement doit avoir accès aux ressources. À cette fin, je crois que le gouvernement doit avoir un accès garanti à toutes les ressources dont il a besoin, quelle que soit la situation financière des particuliers ou des entreprises privées. Les retraites doivent être payées et les routes doivent être entretenues, quels que soient les sentiments des entreprises et des super-riches à ce sujet ou l’ingéniosité dont ils font preuve pour éviter les impôts en cachant leur argent dans des paradis fiscaux offshore et en utilisant d’autres astuces de ce genre. Encore une fois, la meilleure façon d’obtenir ces revenus est de fixer stratégiquement des taux sur l’utilisation des ressources, surtout des ressources énergétiques, qui devraient être réquisitionnées selon les besoins et maintenues sous le contrôle direct du gouvernement. Cela produira l’équivalent d’un système d’imposition progressif, puisque les riches consomment beaucoup plus que les pauvres. Cela fait de moi à la fois un socialiste – l’un de ceux qui se prononcent toujours en faveur de l’impôt progressif – et un capitaliste d’État – l’un de ceux qui croient en un secteur public important et rentable.

5. Je crois que le gouvernement doit être formé de cadres de la plus haute qualité : responsables, motivés pour obtenir des résultats, honnêtes, incorruptibles, patriotes et travailleurs. Cela fait de moi non seulement un gauchiste, mais aussi un communiste pur et dur.

6. Je crois que si quelqu’un fait du bon travail dans sa position d’autorité, que ce soit dans le secteur privé ou dans le gouvernement, il devrait avoir la possibilité de rester dans cette position jusqu’à la retraite. Il est tout simplement stupide de demander à quelqu’un d’investir des années dans l’apprentissage d’un travail compliqué et exigeant pour le remplacer par quelqu’un d’inexpérimenté et donc moins compétent dans le seul but d’imposer des limites artificielles à la durée du mandat. Les républiques bananières se caractérisent par le fait que la plupart des progrès réalisés par une administration sont, dès la fin de son mandat, immédiatement annulés par la suivante. Les personnes dont les postes sont essentiellement honorifiques et établis dans le but d’assurer la continuité et la stabilité politique devraient conserver leur emploi aussi longtemps que possible, dans de nombreux cas jusqu’à la mort, et dans certains cas, ces postes honorifiques devraient être hérités. Cela fait de moi un monarchiste pur et dur.

41G9p4zGYpL._SX332_BO1,204,203,200_.jpg7. Je crois que les hommes politiques doivent assumer l’entière responsabilité de leurs paroles comme de leurs actes, et que cette responsabilité doit être mise en œuvre par le biais du droit administratif et pénal. Les politiciens doivent assumer la responsabilité personnelle et matérielle de toutes les promesses qu’ils font pendant leur campagne et le non-respect de ces promesses devrait être assimilé à une rupture de contrat et à une négligence criminelle. Cela fait de moi non seulement un gauchiste mais aussi un stalinien pur et dur, puisque c’est sous Staline que les fonctionnaires ont particulièrement découvert la facilité de passer d’un travail de bureau à un travail à l’extérieur avec un pic à glace et une pelle à neige.

8. Je trouve déraisonnable d’espérer qu’un électorat irresponsable et incompétent élise des politiciens responsables et compétents. Je peux comprendre que le vote pour un chef d’État puisse être utile en tant qu’exercice patriotique – un acte d’acclamation où la masse de la population peut exprimer son approbation pour son dirigeant bien-aimé. Je peux également voir comment un vote public libre et honnête est un bon mécanisme pour choisir les fonctionnaires. Cela fait très certainement de moi un démocrate. Mais le choix des politiciens est une responsabilité sérieuse et chaque vote exprimé devrait être traité non pas comme un sondage d’opinion utilisé pour guider la sélection, mais comme une délégation directe et personnelle d’autorité et une garantie personnelle. Si l’élu s’avère ensuite être un criminel qui escroque le public, alors ceux qui ont voté pour lui doivent être tenus responsables du paiement des dommages et intérêts. Et si un groupe de fonctionnaires utilise des preuves falsifiées pour déclencher une guerre génocidaire dans laquelle de nombreuses vies innocentes sont perdues, alors eux, ainsi que tous ceux qui ont voté pour eux, devraient être jugés comme des criminels de guerre, dûment reconnus coupables et condamnés, selon le jugement du tribunal, soit à une vie entière de travaux forcés, soit à une exécution immédiate par un peloton d’exécution. Je ne sais pas si cela fait de moi quelqu’un de gauche ou de droite, ou peut-être les deux à la fois, mais je suis définitivement internationaliste dans la mesure où je crois qu’aucun pays – ses responsables ou ses citoyens – ne peut être autorisé à se placer au-dessus du droit international et doit assumer la responsabilité individuelle de ses crimes de guerre.

S’il y a un enseignement clé à tirer de cette discussion, c’est celui-ci. Il est possible d’adopter une position politique raisonnée et fondée sur des principes en étant, simultanément et sans contradiction interne, un internationaliste démocratique de gauche, totalitaire, capitaliste de droite, libertarien, socialiste, capitaliste d’État, monarchiste et stalinien. Cela indique que ce que les politologues postulent comme étant un spectre politique de gauche à droite, dans lequel ils tentent de contraindre chacun d’entre nous, est un ramassis de conneries. Pire encore, il s’agit d’une tentative flagrante de polarisation, de ségrégation par opinion, puis d’utilisation de tactiques de division et de conquête pour annuler les opinions opposées. Par conséquent, dans une discussion politique, vous devriez vous sentir libre d’appeler cela conneries et d’y mettre fin dès que quelqu’un tente d’introduire des termes polarisants tels que « gauche » et « droite ».

Oh, et si vous voulez toujours m’étiqueter politiquement, je suis un gauchiste totalitaire de droite capitaliste libertarien socialiste capitaliste d’état monarchiste stalinien démocratique.

Dmitry Orlov
 

51RqfXqhj7L._SX332_BO1,204,203,200_.jpgLe livre de Dmitry Orlov est l’un des ouvrages fondateurs de cette nouvelle « discipline » que l’on nomme aujourd’hui : « collapsologie » c’est à-dire l’étude de l’effondrement des sociétés ou des civilisations.

Traduit par Hervé, relu par Wayan, pour le Saker Francophone

L’affaire Sarah Halimi, un écho des dérives sanitaires

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L’affaire Sarah Halimi, un écho des dérives sanitaires

Dr. Daniel Cosculluela & Dr. Joël Hartmann

Cette affaire dans ses conclusions légales est d’autant plus choquante, qu’elle souligne la toute-puissance de la dictature sanitaire, son incohérence et ses contradictions.

Dans cette affaire il n’est de réalité incontestable que le massacre de Sarah Halimi et les propos qui l’ont accompagné. Les motivations du criminel et ses hypothétiques troubles pathologiques relèvent de l’hypothèse ou de l’interprétation.

L’évocation de la prise, déterminante, de drogues et d’alcool n’est pas avérée car si tel était le cas, les effets délinquantiels en seraient systématiques et validés par les études scientifiques comparatives.

Ceci étant également avéré dans l’affaire que nous évoquons.

La validation du déterminisme, de la causalité entre prise de produits perturbateurs du comportement et actes délictueux ou criminels relève du rôle des experts. Or ceux-ci n’ont pas systématiquement la preuve objective, matérielle et scientifique, des faits allégués, produits consommés et quantité, et ne font qu’interpréter la « réalité » feuilletonnée.

Mais surtout, le rôle initial de l’expert, tel qu’il nous a été enseigné est de définir la pathologie éventuelle du sujet selon la classification psychiatrique européenne traditionnelle.

La désignation d’un expert relève d’une faculté de choix du magistrat et non d’une obligation selon l’arrêt de la Cour de Cassation de 2016, rappelant qu’aucune disposition de Code de procédure Pénale ne fait obligation au juge d’ordonner une expertise psychiatrique ou psychologique.

La notion de pathologie fondamentale structurelle est donc aujourd’hui minorée ou négligée avec corrélativement une pathologisation accentuée des comportements et conduites humaines, ce qui contribue, sauf situations idéologiques particulières relevant de la pensée unique et de la novlangue, à une banalisation des actes et des faits.

L’affaire Sarah Halimi, caractérisée par le meurtre sauvage d’une sexagénaire de confession juive par un voisin dans un accès de « folie » meurtrière, soulève de nombreuses interrogations.

Sur le plan de l’expertise psychiatrique, la responsabilité pénale déterminée par la première expertise a été invalidée par les suivantes.

La question centrale est celle d’un accès délirant aigu à tonalité mystique, sous emprise de toxiques, ayant été la principale cause du meurtre sauvage.

Ce que l’on sait du profil de l’assassin :

Un homme d’origine malienne de 27 ans au moment des faits, de confession musulmane, connu des services de police pour de nombreux délits, vols, violences, port d’armes, outrages et usage de stupéfiants…

Cet homme au cours d’un épisode singulier en 2017 s’est déchaîné dans la violence,  a d’abord séquestré des voisins avant de s’en prendre cruellement à une autre voisine, Madame Halimi, qu’il a battu à mort avant de la défenestrer du troisième étage en proférant des sourates du Coran et en criant « Allah Akbhar » !!!

Ceci relèverait d’une voix entendue et ordonnant ces actes. Doit-on croire ce qu’un individu déclare et prétends se souvenir en alléguant par ailleurs être sous l’emprise de drogues ?

L’alcoolisme est également fréquemment générateur de ces états et les ivresses aigues, les magistrats le savent bien, déterminent souvent des passages à l’acte dramatiques qui n’auraient pas lieu sans les effets de l’alcool.

La jurisprudence révèle que la totalité des délits ou crimes, volontaires ou involontaires commis dans ces circonstances sont pénalement responsables.

Pourtant un alcoolique en ivresse prononcée, qui prend sa voiture et tue sur la route comme il aurait pris une autre arme que son véhicule, n’a évidemment pas la capacité de jugement, de vigilance, de discernement et d’analyse de ce qu’il fait au moment où il le fait, mais demeurera pénalement toujours responsable des conséquences. On sait très bien que si cet alcoolique est ordinairement violent ou impulsif que ces tendances seront renforcées par son ivresse…

Mais s’il tue à ce moment précis, le meurtre aura-t-il principalement été déterminé par la nature de l’auteur ou l’altération de ses capacités de contrôle permise par l’effet du toxique ?

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La toxicomanie est un fléau de santé publique et l’utilisation des drogues puissamment hallucinatoires tels que le LSD, acides ou champignons hallucinogènes est malheureusement très répandue.

Qu’en est-il de la responsabilité pénale de l’individu sous l’effet de ces drogues qui commet l’irréparable ? Pire ! La Kétamine, drogue potentiellement hallucinatoire est, depuis 2019, commercialisée et prescrite aux USA pour le traitement de la dépression, tandis que le LSD et le Psilocybe (champignon hallucinogène) sont actuellement étudiés pour les mêmes indications thérapeutiques ainsi que le CBD désormais autorisé en France. On prescrit donc déjà d’authentiques drogues capables d’abolir le contrôle de soi pour traiter une dépression ! Nous nous rapprochons étrangement du Meilleur des Mondes d’Aldous Huxley.

Cette affaire renvoie donc à la nécessité morale et pénale de réviser la notion de responsabilité du sujet, du corps social…et le redéfinir le rôle des experts afin que cesse cette odieuse extension de la notion d’irresponsabilité promue par l’appareil judiciaire.

Docteur Daniel COSCULLUELA

Docteur Joël HARTMANN

La revue de presse de CD 16 mai 2021

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La revue de presse de CD

16 mai 2021

ECONOMIE

Le lithium prendra-t-il la place du pétrole ?

Electromobilité : un changement radical de la relation homme/voiture est en cours. Le lithium sera-t-il le « carburant » du futur et supplantera-t-il le pétrole ? Entre-temps, la course géopolitique à l'accaparement des précieux éléments naturels a déjà commencé.

Euro-synergies.Hautetfort.com

http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2021/05/06/l...

La métropolisation de la France, un danger pour la République

La métropolisation est une tendance lourde de nos sociétés. Né aux États-Unis, ce phénomène de concentration de la production de richesses dans de très grandes agglomérations a gagné la France au cours des dernières décennies et l’a profondément transformée. La métropolisation a conduit à une éviction des classes moyennes et populaires des métropoles, renvoyées dans une France périphérique appauvrie. La crise des Gilets jaunes a mis en lumière les dommages démocratiques de cette partition sociale et territoriale. C’est la thèse de Pierre Vermeren, professeur d’histoire contemporaine à Paris 1 Panthéon-Sorbonne, qui vient de publier dans la collection Le Débat chez Gallimard L’impasse de la métropolisation.

Le Vent Se Lève

https://lvsl.fr/les-metropoles-et-la-metropolisation-de-l...

FRANCE

Nucléaire en France : les éléments du choix

Le nucléaire a mauvaise presse auprès des principaux mouvements écologistes. L’histoire récente nous rappelle bel et bien que l’énergie nucléaire est sujette à d’importantes contraintes technologiques, financières et humaines. Le risque d’un accident majeur, même s’il est probablement limité en France, n’est pas nul. Ainsi, l’énergie nucléaire nécessite une vision stratégique de long terme, des investissements réguliers, une conservation du savoir-faire et des compétences, un appui permanent de l’État et de la société. Toutefois, une fois ces conditions remplies et le choix réalisé de manière démocratique, une énergie nucléaire bien gérée peut représenter un réel apport pour relever le défi de la transition énergétique. Un apport que les écologistes pourraient n’avoir pas le luxe de refuser.

Le Vent Se Lève

https://lvsl.fr/nucleaire-en-france-les-elements-du-choix...

GEOPOLITIQUE

L’Ukraine, le piège de la sécurité européenne

Jean-Claude Galli, membre du Comité d’orientation stratégique de Geopragma, revient sur les rapports de force qui s’affrontent dans le Donbass et les enjeux qui alimentent la récente escalade des tensions.

Geopragma

https://geopragma.fr/lukraine-le-piege-de-la-securite-eur...

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Égypte et Éthiopie : jeu à somme Nil ?

Les tensions montent autour du projet éthiopien du barrage de la Renaissance. Le Caire craint une main mise d’Addis-Abeba sur les eaux du Nil bleu et exige le maintien du statu quo hydraulique et stratégie dans la région. 

Conflits

https://www.revueconflits.com/gil-mihaely-nil-ethiopie-eg...

Perte de l’indépendance stratégique de la France : l’autre pétition des militaires

Dans une tribune publiée il y a quelques jours, un certain nombre de militaires de haut grade ayant quitté le service actif et regroupés au sein d’un « cercle de réflexion interarmées » déplorent vivement la participation de la France aux exercices militaires de l’OTAN dirigés contre la Russie. Ils y voient la soumission de notre pays à une stratégie américaine dangereuse et la perte de notre indépendance stratégique. Ainsi qu’une « erreur politique confinant à la provocation irresponsable », dont on peut penser qu’elle est dictée à la fois par l’alignement permanent d’Emmanuel Macron sur la politique des États-Unis et sur la confiscation du ministère des affaires étrangères français par le groupe de faucons néoconservateurs installés par Kouchner au Quai d’Orsay.

Vu du Droit

https://www.vududroit.com/2021/05/perte-de-lindependance-...

MEDIAS

Les médias américains, Pravda de la CIA et des agences de renseignement ?

La presse américaine, pendant longtemps, avait su se confronter à l’appareil de l’État profond, attitude qui culmina dans l’affaire des Pentagon Papers, dans les années 70, et ce avec le plein soutien de la Cour Suprême des États-Unis. Mais c’est à partir de l’affaire Snowden (qui divulgua en 2013 des informations secrètes aux journalistes Glenn Greenwald et Laura Poitras) que la galaxie de la sécurité nationale a montré les dents. Cette évolution a été d’autant plus facile que les journalistes, payés par des entreprises de presse au capital social de plus en plus concentré, sont progressivement devenus des distributeurs de nouvelles prérédigées par l’establishment des agences de presse. Bref, l’intrusion du « Big Business » comme du « Big Government », renforcée par la culture de l’instantané en continu, ont ainsi asphyxié l’essence même du journalisme.

OJIM

https://www.ojim.fr/les-medias-americains-pravda-de-la-ci...

Complots - comploteurs - complotistes

Un essai d’analyse de la crise sanitaire qui se déroule depuis le début de 2020 à travers ces trois termes à partir d’une question : « Y a-t-il eu un complot mené dans les coulisses de l’État français ? » Pour répondre à une telle question, rien de mieux que de se référer à un ensemble de faits parfaitement documentés… Un examen délicat qui souvent se résume à l’enfantin « C’est celui qui dit qui y’est »

Francesoir.fr

https://www.francesoir.fr/opinions-tribunes/complots-comp...

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Qui sont les « Décodeurs » ? Entre GAFAM, argent et influence. Première et deuxième partie

Aujourd’hui plus que jamais la vérification d’information, aussi appelée « fact checking » a le vent en poupe. Les journalistes et médias dispensent leurs vérités ou ce qu’ils estiment telles, sous l’ombre protectrice des multinationales américaines. Cinq grands médias ou agences en ont en France le quasi- monopole : Les Décodeurs du Monde, Désintox et Checknews par Libération, l’AFP Factuel, Fakes Off de 20 Minutes, et Les Observateurs de France 24.

OJIM

https://www.ojim.fr/qui-sont-les-decodeurs-entre-gafam-ar...

https://www.ojim.fr/qui-sont-les-decodeurs-entre-gafam-ar...

SECURITE

Loi Renseignement 2 : la surveillance algorithmique hors de contrôle

Protéger les citoyens du terrorisme en intégrant une surveillance de masse algorithmique altère les libertés fondamentales et se fait sans aucun élément probant quant à son efficacité.

Contrepoints.org

https://www.contrepoints.org/2021/05/05/396765-loi-rensei...

Cybersécurité : « Les attaques informatiques peuvent créer le chaos », alerte le patron de l’ANSSI

« On ne sera jamais assez ambitieux parce que nous sommes face à des menaces qui sont extrêmement fortes ». Auditionné par la commission des affaires européennes du Sénat, Guillaume Poupard, patron de l’ANSSI (agence nationale des systèmes de sécurité des systèmes d’information) a listé, ce jeudi, les enjeux en matière de cybersécurité auxquels la France doit faire face.

Public Sénat

https://www.publicsenat.fr/article/politique/cybersecurit...

samedi, 15 mai 2021

Tulipes d'orage - Le Roman de la langue de Philippe Barthelet

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Luc-Olivier d'Algange

Tulipes d'orage

Le Roman de la langue de Philippe Barthelet, éditions Pierre-Guillaume de Roux.

31vA3bR6sKL._SX313_BO1,204,203,200_.jpgLes grands livres poursuivent généralement un dessein autre que celui qui apparait de prime abord, laissant ainsi carrière à la surprise et à l'aventure. Là où l'on serait tenté de ne voir que des chroniques concernant l'usage de la langue française, se loge, comme dans un logis alchimique, une poétique et une métaphysique. Loin de n'être que le gardien du bon usage, tel que le conçoivent les professeurs et les académiciens, Philippe Barthelet veille sur le seuil, car la langue n'est pas seulement un instrument de communication (et l'on ne sait que trop à quoi elle se réduit souvent) mais une manifestation du Logos. Reprendre nos contemporains lorsqu’ils parlent et écrivent n'importe comment, en sabir pédant ou en traduidu, n'est pas seulement une question de forme, - ou bien elle l'est au sens le plus profond, la forme n'étant autre, par étymologie, que l'Idée, ainsi que le savaient les platoniciens, et après eux, nos théologiens du Moyen-Age.

Le Roman de la langue, dont Tulipes d'orage est le septième livre, n'est pas un addenda au dictionnaire, mais bien, comme son titre l'indique, une tentative romanesque et romane, de raviver la puissance des mots français et de contrebattre leur avilissement. Traité contre le ternissement, l'usure, la tristesse des vocables abandonnés à l'idéologie et à la publicité. Nous apprenons ainsi que la langue française, vivace, est de nature à traverser le pire hiver, celui où nous sommes, avec ses “auteures” et son écriture “inclusive”.

Chaque livre a son usage. Les uns nous distraient de ce que nous ne pouvons ou ne voulons voir, les autres nous informent, avec l'inconvénient, précisément, de porter souvent atteinte à la forme la plus heureuse de la pensée, qui, pour être, n'a besoin que de peu d'aliments, frugale par nature, et de pratique épicurienne. D'autres livres nous laissent songeurs, invitations au voyage. Plus rares encore ceux qui répondent à une attente essentielle et qui tiennent leur place, royale, aussi bien contre le temps qu'en faveur de ce qui, dans le temps, demeure et se perpétue, - disons la Tradition, qui vaut bien une majuscule, et dont nous apprenons, par ce roman de la langue, qu'elle n'est pas un conservatisme jaloux, une réaction morose, mais le cours même de la rivière, celle qui féconde les paysages qu'elle traverse, et dont les œuvres françaises sont les scintillements, les épiphanies, sous l'irrécusable et catholique soleil du Verbe.

9782363710222_1_75.jpgAu temps des identités abstraites, fabriquées et vindicatives, qui menacent de faire disparaître, de façon impure et compliquée, par décomposition, cette disposition providentielle que fut la France, il importe, plus que jamais, de ne pas se tromper de combat, et de fonder notre souveraineté, non dans ces mouvantes et fragiles institutions que les politiciens ravagent à loisir, mais dans la seule évidence qui peut encore en témoigner: notre langue, laquelle tient à distance le pathos, la lourdeur et le système, et nous donne ainsi la chance d'être moralistes, en évitant d'être moralisateurs.

La langue se dégrade à mesure que l'idéologie des moralisateurs l'imprègne. La fausseté, à la différence des mauvaises pensées, qui se donnent et apparaissent comme telles, ne peut se dire dans une langue juste. C'est une bien funeste illusion que de croire que notre bien, notre beau, selon la formule de Rimbaud, sont ailleurs que dans notre langue, d'imaginer la reconquête ailleurs que dans une Matinée d'ivresse, de vouloir une souveraineté qui ne fût dans une âme et un corps. C'est assez dire que dans ce roman de la langue française, que prolongent ces Tulipes d'orage, nous sommes plus proches de Rimbaud ou de Scève que du Bescherelle ou même du Littré, - c'est dire que nous sommes loin, comme le cerisier en fleur l'est de la folie des hommes dans le poème qui figure en exergue du Hagakuré.

Loin de ce monde, c'est bien dire au cœur du silence qui règne sur toute formule heureuse, à la façon d'un ciel sur le feuillage. Le Roman de la langue  de Philippe Barthelet guerroie contre la langue défigurée et appauvrie, non par un goût vétilleux de la correction, mais en appel à d'impondérables et indéfectibles richesses nues, - les plus hautes fidélités étant légères, comme le vent qui souffle où il veut.

Luc-Olivier d'Algange

"Les Mitchell contre les machines" : l'holocauste technologique expliqué au cinéma

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"Les Mitchell contre les machines" : l'holocauste technologique expliqué au cinéma

par Alexandre Karadimas

Il existe une catégorie de films d'animation dits familiaux qui sont d'emblée conçus comme un commentaire social et politique très précis et très assumé de notre époque. Par exemple « La Grande Aventure LEGO » (2014) parle de Big Tech monopolisant les contenus culturels, établissant une surveillance vidéo généralisée et contrôlant les machines à voter. C'est très « in your face » comme disent les Américains.

Il y a de nombreux exemples, certains plus subtils que d'autres. Le commentaire politique et social qui est fait appartient toujours au monde de l'antagoniste ou du « méchant », même quand le message est relativement neutre. Ainsi dans « Les Indestructibles 2 », l'antagoniste déclame un long monologue à propos de la société du spectacle qui est du Guy Debord à l'état pur.

Le tout récent « Les Mitchell contre les machines » (2021) n'offre presque aucune subtilité, si ce n'est d'utiliser la techno-magie pour ne pas avoir à parler du coronavirus. (Précaution d'usage : la suite de cette analyse va divulgacher l'essentiel du film)

Pour résumer l'intrigue du film : une Intelligence Artificielle (un smartphone féminin jaloux) prend le contrôle de la seule entreprise type Big Tech mondiale et déploie une quantité immense de robots pour capturer les humains et les placer dans des cellules individuelles en forme de prisme hexagonal, d'où ils peuvent continuer à aller sur Internet.

Ces prismes sont emboîtés à plusieurs endroits du globe sur des supports qui les enverront dans l'espace pour y mourir. Au bout de plusieurs péripéties, une famille présentée comme dysfonctionnelle arrive à désactiver le smartphone, mettant ainsi fin à son projet maléfique.

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Partie 1 : la coïncidence troublante avec le Great Reset

Pour un film développé à partir de 2018, il est troublant d'y voir une parabole absolument parfaite du confinement. Les gens sont enfermés dans des cellules individuelles et n'ont rien d'autres à faire que d'aller sur Internet, ce que certains semblent apprécier.

Le plan des robots est exposé à la manière d'un briefing d'hôtesse de l'air avant le décollage, sauf que là il est très clairement dit que les humains , qualifiés de « fleshlings » (sorte de « sac de viande » équivalent des « bouches inutiles »/ »Useless eaters » de Kissinger), vont être tués afin de réaliser l'utopie d'un monde meilleur sans humains.

Mais il est également annoncé que le WiFi est gratuit, et les prisonniers de s'en réjouir. C'est un gag qui remonte au moins à 2013 et à la vidéo « Help Obama kickstart World War III » ( https://www.youtube.com/watch?v=z-sdO6pwVHQ ), une vidéo redevenue en quelques mois à nouveau d'actualité, soit dit en passant.

« Les Mitchell contre les machines » est donc un film sur le Great Reset, et comment l'humanité s'est fait capturer en un temps record sans opposer de véritable résistance. La séquence d'actions qui mènent à la défaite de ce projet dans le film est une fantaisie de super-héros telle que les opprimés et les désespérés en attente de miracle peuvent l'imaginer.

En dehors de l'acte III complètement fantasmé, le film est terriblement précis et lugubre. En particulier le ciel est traversé durant tout l'acte II par un convoi continu de cellules individuelles flottantes, une sorte de train pour Auschwitz permanent.

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Partie 2 : le cadavre du Rêve Américain et de la société post-industrielle

Généralement on parle au cinéma de « la fin du rêve Américain » lorsque cette fin est pressentie ou en cours. Là, ce rêve est bien mort, on nous montre son cadavre de plusieurs manières différentes.

La scène la plus parlante à ce sujet est celle qui se déroule dans un centre commercial désert. Un personnage fait référence au film de George Romero « Dawn of the Dead » de 1978 mais l'endroit n'est pas du tout assiégé par des zombies, il est désert et des oiseaux sauvages s'y installent déjà.

Le film qui décrirait mieux cette atmosphère est « AI » de Steven Spielberg d'après Kubrick, et une phrase prononcée quelques minutes plus tard y fait référence lorsqu'un robot dit à un autre : « ce sont les derniers humains ».

C'est une scène des plus réussies pour décrire le monde du confinement, mais elle nous dit aussi : « voici où tout cela nous a mené ». Au début de l'âge informatique, au début des années 80, le centre commercial était présenté comme l'apogée de la société de consommation. Le voici vide, devenu sans objet.

Ce moment précis, le début des années 80, est d'ailleurs référencé à d'autres moments, par l'esthétique du film Tron de 1981 mais aussi les albums du groupe « Journey », devenu populaire en 1981. La vieille voiture familiale a également une allure et des détails résolument pré-Reaganomics.

Une scène fugace mais bien plus profonde est une sorte de flash-back relatant l'histoire personnelle du jeune couple avant que les enfants n'arrivent. Le père, fuyant la technologie, s'était construit par lui-même un chalet au milieu de la nature, dans un endroit reculé, mais « cela n'avait pas marché » et la jeune famille a dû quitter le paradis pour aller vivre en Suburbia. Il ne reste de cela qu'une petite sculpture d'un élan, que le père essaie de transmettre à sa fille, dernière trace d'un lien à la terre et à la nature.

Le personnage du père de l'héroïne incarne ceux qui ont encore connu la nature, un peu comme le personnage de Sol dans « Soleil Vert » (1973), il essaie de faire comprendre certaines choses à sa fille avant qu'elle ne se perde comme les autres dans l'illusion du cybermonde, mais ne parvient déjà plus à communiquer avec elle.

La représentation de cette coupure générationnelle a été très bien travaillée dans ce film, de manière à ce que les enfants puissent comprendre le point de vue de leurs parents. Pour la génération des parents et grands-parents, le film est terrible. Il montre que nous allons vers un holocauste technologique et que les survivants ne comprendront même plus le monde qui avait pu exister avant eux.

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Partie 3 : un film qui n'échappe pas au clivage Rouge/Bleu

Puisque les Etats-Unis sont en train de se séparer en entités Rouges et Bleues, cet aspect se retrouve aussi dans le film, seulement parce qu'il est un produit de son époque. Le propos du film n'est vraiment pas partisan au sens politique, mais il ne parvient pas à y échapper.

A la fin du film, il est révélé que l'adolescente / jeune femme qui est le protagoniste central a une relation amoureuse avec une étudiante noire de la faculté de cinéma en Californie. L'information vient comme un cheveu dans la soupe et sous la forme de deux courtes phrases, ce qui veut dire qu'on a ainsi payé un péage politique à Hollywood pour pouvoir diffuser le film.

Dans le film le monde « Bleu » est celui qui est irréel : d'un côté la Californie ensoleillée et ses facs branchées, de l'autre côté Big Tech comme cauchemar totalitaire couleur néon.

Le monde réel, de l'autre côté, est celui de la crise économique : la bagnole est un taudis roulant, les vêtements sont relativement usés et moches, l'intérieur de la maison est usé, pas rangé, avec beaucoup d'objets en bois, assez vieillot mais vivant, avec du mouvement, des animaux pas toujours maîtrisés, des jouets et des décorations personnelles.

C'est un monde qui est en train de mourir, notamment par la lumière froide des smartphones qui hypnotisent tout le monde sauf le dernier homme sur terre, le père, qui se rend impopulaire en essayant d'enrayer le désastre et de maintenir la vie.

Ce père n'est pas du côté « Rouge » au sens où il n'est pas un fanatique religieux ou vrai-faux traditionnaliste. C'est un homme qui essaie de faire ce qui est juste, et qui ne cesse de perdre. Par la force des choses, il doit rejeter le monde « Bleu » et ses fausses promesses, dont il veut protéger sa fille sur le point de quitter la maison.

Puisqu'il s'agit d'un film de notre époque, le combat est lui aussi évoqué. Les Voisins Idéaux, sortes de Cybergédéons et Turbobécassines (Gilles Chatelet)  avec leurs milliers de followers, semblent très compétents en matière militaire ou au moins d'autodéfense mais ils se retrouvent emprisonnés comme les autres.

La famille des protagonistes s'organise des armes de fortune mais elles ne servent à rien. Seuls les tournevis ont une importance déterminante car ils permettent d'agir sur le monde technologique, et chaque membre de la famille en a reçu en cadeau de la part du père.

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Cette idée que la maîtrise technique est libératrice se retrouve notamment dans le film « Brazil » (1984) de Terry Gilliam : le véritable danger pour la société totalitaire est Harry Tuttle, technicien chauffagiste indépendant, prêt à aider son prochain.

Conclusion : un véritable film familial

Le film finit sur l'idée d'une technologie à nouveau maîtrisée, puisque la famille dispose de deux esclaves robotiques qu'elle a collectée en route et qui sont pleinement intégrés dans le fonctionnement de la maisonnée, d'une sorte de « monde d'après » radieux.

Mais le film étant profondément lugubre, il s'agit ouvertement d'une convention narrative. Ce qu'un enfant va retenir du film ce n'est pas le retour à la normale avec une technologie qui va forcément rester suspecte, vu les événements du début. L'image qu'il lui restera ce seront les convois interminables de cellules individuelles voguant dans le ciel nuit et jour vers la mort.

C'est pourquoi « Les Mitchell contre les machines » est un excellent film familial.

Alexandre Karadimas.

 

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2040? Bye Bye USA...

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Café Noir N.23

2040? Bye Bye USA...

 
Café Noir – Un Autre Regard sur le Monde.
Émission du Vendredi 14 mai 2021 avec Pierre Le Vigan, Gilbert Dawed & André Archimbaud.
 
 
LE LIVRE D'ANDRÉ ARCHIMBAUD CHEZ AVATAR ÉDITIONS
 
Combat pour L’Hémisphère Nord – L’Amour d’Ariane https://avatardiffusion.com/livre/com...
 
RÉFÉRENCES (EN FRANCAIS)
 
Youri Bezmenov (Tomas David Schuman) https://fr.wikipedia.org/wiki/Youri_B...
Michel Geoffroy – La Superclasse mondiale contre les peuples https://shop.via-romana-pro.com/reinf...
Saul Alinsky – Être radical : manuel pragmatique pour radicaux réalistes https://www.leslibraires.ca/livres/et...
 
RÉFÉRENCES (EN ANGLAIS)
 
Yuri Bezmenov Ideological Subversion (Video) https://www.youtube.com/watch?v=QuyYG...
Scénario Aztèque – Aztlan https://www.globalsecurity.org/milita...
Scénario Aztèque – Chicano Movement https://www.history.com/news/chicano-...
Scénario Aztèque – National Council of La Raza https://constitutionwarrior.wordpress...
 
AUTRE Café Noir N.20 — Turquie entre Pantouranisme, Ottomanisme, et Islam Émission du Vendredi 23 avril 2021 avec André Archimbaud. https://youtu.be/u6vb1Vai4yM #cafenoir

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La paix improbable, la guerre impossible

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La paix improbable, la guerre impossible

Par Gaston Pardo

Les centres de renseignement occidentaux et eurasiens sont à la fois le bras armé et le bras discret de l'État. Instruments d'analyse de situations simples et complexes qui, si elles n'étaient pas menées à bien, conduiraient à une issue catastrophique, ils sont le symbole de la toute-puissance de l'empire conçu par le brillant géostratège Zbigniew Brzezinski dans ses livres et dans sa prestation aux côtés du président James Carter en tant que conseiller à la sécurité nationale (1977-1981).

41XVGc65yoL._SX338_BO1,204,203,200_.jpgD'autre part, mais en lien conjoncturel avec le stratège Brzezinski, le Canadien Thomas Gifford, dans son volumineux thriller Assassini, illustre de manière inédite l'activité, pendant la Seconde Guerre mondiale, d'un appareil de renseignement dirigé par l'avocat et espion catholique d'origine irlandaise William Donovan. Ce service de renseignement, particulièrement efficace dans le scénario de la Seconde Guerre mondiale en Europe, proposait déjà la Russie comme l'adversaire représentatif du Mal dans le monde.

C'est ainsi qu'a été tracé une fois pour toutes le désir ardent de la puissance unipolaire qui tient aujourd'hui à le rester, de mener, à son profit, toutes les avancées de la guerre psychologique pour combler, dans sa confrontation politique interne avec les successeurs des puritains associés au Parti républicain, tous les trous noirs dans son contrôle des minorités nationales immigrées aux États-Unis, parmi lesquelles se distinguent les Irlandais, les Italiens, les Juifs, les Polonais, les Latinos avec leurs leaders respectifs et leurs machineries de gangsters. 

La force d'Hillary Clinton

Huma Abedin est américaine et a fait ses études en Arabie saoudite. Son père dirige une revue universitaire - dont Huma elle-même a été le rédacteur en chef pendant des années - une publication qui publie régulièrement les opinions des Frères musulmans. Sa mère préside l'association saoudienne des femmes membres des Frères musulmans et a travaillé avec l'épouse du président égyptien Mohamed Morsi, un autre représentant des Frères musulmans.

Son frère Hassan travaille pour le cheikh Yusuf al-Qaradawi, le prédicateur et conseiller spirituel d'Al-Jazeera. Lors d'un voyage officiel en Arabie saoudite, l'ancienne secrétaire d'État a visité l'école Dar al-Hekma avec Saleha Abedin - la mère de Huma - qui préside l'association des sœurs membres des Frères musulmans.

Huma Abedin était une figure centrale de la campagne électorale d'Hillary Clinton, avec son directeur de campagne, John Podesta, qui était chef de cabinet de la Maison Blanche sous le président Bill Clinton. Podesta est également l'agent d'influence chargé de promouvoir les intérêts de l'Arabie saoudite au Congrès américain, une tâche pour laquelle il a reçu la modique somme de 200.000 dollars par mois. C'est ce qu'affirme le Réseau Voltaire.

Le 12 juin 2016, l'agence de presse officielle jordanienne a publié une interview du prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed Ben Salman, qui a défendu la modernité de sa famille en faisant valoir que la famille royale saoudienne a financé - illégalement - 20 % de la dernière campagne électorale d'Hillary Clinton. Le lendemain, l'agence a annulé la dépêche contenant ces informations et a affirmé que son site web avait été piraté.

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Huma Abedin (photo avec Hillary Clinton) n'est pas la seule personne de l'administration de Barack Obama à avoir des liens avec les Frères musulmans:

- Le demi-frère du président actuel, Abon'go Malik Obama, qui préside la Fondation Barack H. Obama, est également trésorier de l'Œuvre missionnaire des Frères musulmans au Soudan. Abon'go Malik Obama rend compte au président soudanais Omar el-Bechir.

- Membre des Frères musulmans, il est membre du Conseil national de sécurité des États-Unis. De 2009 à 2012, il était Mehdi K Alhassani. On ne sait pas qui l'a remplacé, mais la Maison Blanche a nié qu'il y ait un membre des Frères musulmans au Conseil national de sécurité, jusqu'à ce qu'on apprenne qu'Alhassani était membre de la confrérie.

- Rashad Hussain, l'ambassadeur américain auprès de la Conférence islamique, est également membre des Frères musulmans.

- D'autres membres dûment identifiés de la Confrérie occupaient des postes moins importants dans l'administration Obama. Mais il convient de mentionner en particulier Louay M. Safi, actuellement membre de la Coalition nationale syrienne et ancien conseiller du Pentagone.

En avril 2009, deux mois avant son célèbre discours du Caire, le président Obama a reçu secrètement une délégation des Frères musulmans dans le bureau ovale. Il avait déjà invité Ingrid Mattson, la présidente de l'Association des frères et sœurs musulmans aux États-Unis, à son inauguration.

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De son côté, la Fondation Clinton a employé Gehad el-Haddad (photo), l'un des dirigeants mondiaux des Frères musulmans, qui avait auparavant été responsable d'un programme de télévision coranique, comme chef de son projet Climat. Son père était l'un des cofondateurs des Frères musulmans en 1951, lorsque la Central Intelligence Agency (CIA) et le MI6 ont décidé de les faire revivre. Gehad a quitté la Fondation Clinton en 2012 pour devenir, au Caire, porte-parole de Mohamed Morsi, alors candidat à la présidence égyptienne, puis porte-parole des Frères musulmans à l'échelle mondiale.

Il s'avère par ailleurs que dans l'équipe de l'ancien adversaire d'Hillary Clinton, Donald Trump, se trouvait le général Michael T. Flynn, qui a tenté de s'opposer à la création de Daesh par la Maison Blanche et a démissionné de son poste de directeur de la Defense Intelligence Agency en signe de protestation. Et à côté de lui, également membre de l'équipe Trump, se trouvait Frank Gaffney, un guerrier froid historique, aujourd'hui qualifié de "complotiste" pour avoir dénoncé la présence de membres des Frères musulmans dans le gouvernement fédéral.

Bien entendu, du point de vue du FBI, tout soutien aux organisations djihadistes constitue un crime, quelle que soit la ligne politique de la CIA. En 1991, le FBI - et le sénateur John Kerry - ont provoqué l'effondrement de la BCCI, la banque pakistanaise enregistrée aux îles Caïmans et largement utilisée par la CIA dans toutes sortes d'opérations secrètes avec les Frères musulmans, le même stratagème que l'agence de renseignement américaine emploie souvent avec les cartels de la drogue d'Amérique latine.

Zbigniev Brzezinski

Comme l'a écrit Neil Clark le 29 mai 2017, on peut dire que l’héritage de Zbigniew Brzezinski, décédé à 89 ans, est concentré dans le texte intitulé "Notre monde en flammes" (World in flames - the legacy of Cold War warrior Brzezinski). Ce géo-stratège a recommandé et orchestré l'opération qui allait conduire à l'intervention russe en Afghanistan, au déploiement de la résistance afghane, d'où sont parties les ramifications de la résistance guerrière islamiste, à commencer par Ben Laden. Dès son origine, la CIA a été l'instrument opérationnel de cette énorme entreprise, à laquelle l'Arabie saoudite a contribué financièrement dès le début.

La version officielle a longtemps soutenu que les États-Unis avaient répondu en entraînant les moudjahidines ("combattants de la liberté"), comme on les appelait alors, pour réagir à l'intervention soviétique de décembre 1979.

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En 1998, Brzezinski a admis avoir donné au président Carter le premier ordre exécutif d'aider les "rebelles afghans" en juillet 1979, cinq mois avant l'entrée des forces russes en Afghanistan. "J'ai écrit une note au président dans laquelle j'expliquais qu'à mon avis, une telle aide induirait une intervention militaire soviétique" avait déclaré Brzezinski. Peu de temps avant, plusieurs responsables américains avaient rencontré des chefs "rebelles". Dès 1977, ‘’Zbig’’ avait créé le groupe de travail sur les nationalités, dont l'objectif était d'affaiblir l'Union soviétique en stimulant les tensions raciales et religieuses.

L'équipement militaire initial de la nébuleuse des minorités remonte à cette époque et il est opportun d'y réfléchir aujourd'hui, non pas avec les ressources de la pensée conformiste mondialisée, et d’y percevoir une menace superlative contre la civilisation. La guerre raciale, successeur de la guerre ethnique. Guerre des religions, guerre linguistique, comme en Afrique. Les tendances rebelles à la pensée unique sont écrasées par l'imposition de chiffres et d'opérations psychologiques telles que celles qui incitent les gens à voter en faveur de certaines candidatures.

La véritable responsabilité est celle du Système, avec l'organisation colossale de divers services d'agitation et de subversion des moyens opérationnels du Système, et sans doute la plus ambitieuse opération globale de déstabilisation jamais lancée par les USA (En 1980, Brzezinski évoquait "l'arc de crise" du monde qui va de l'Inde à la Somalie et dont la ligne de démarcation s'étendait sur les pays du Caucase. Le président Carter a créé le Central Command qui est aujourd'hui le plus puissant commandement politique et militaire des forces expansionnistes américaines. C'est ainsi qu'a été créée la structure du pouvoir réel qui oriente aujourd'hui les ambitions et les préférences psychologiques d'un public toujours plus consommateur.

Il est bon de rappeler à quel point, et à quelle profondeur, quelle absence de scrupules, quelle myopie et quel cynisme, quel idéalisme si fortement lié au destin du capitalisme, les États-Unis ont semé les graines dont on récolte aujourd'hui les fruits amers. Aux USA, à Washington D.C., se développe une corruption effrénée, en installant une communication générant des événements dérivés de simulacres purs et simples, transformant diverses organisations, parmi lesquelles la CIA depuis 1947, en archétypes de pouvoirs énormes et incontrôlables.

Pour un Islam libre et indépendant

Dans un point précédent, nous avons prononcé nos vœux pour que la présence dans un futur proche de migrants musulmans venant des zones turcophones et d'Afrique du Nord soit un moyen de renouvellement spirituel en Amérique et un renforcement de la transcendance de l'État.  L'Islam ne doit pas se limiter à être une force auxiliaire dans les manœuvres des puissances occidentales.

Les Frères musulmans ne justifient leur rôle d'organisation que par le fait que leur action répond à un centre de décision unique. Mais la boussole ottomane ne doit pas manquer pour éclairer le chemin de l'islam américain.

Nous avons dit qu'aujourd'hui encore, dans l’aire turcophone, il y a une convergence de deux projets géopolitiques en cours: celui de Biden qui consiste à retirer ses forces militaires d'Afghanistan et le projet de l’aire turcophone d'être unie sans limites d'aucune nature du nord de l'Iran à la zone ouïghoure de la Chine. L'activité de l'Islam ottoman manque déjà pour empêcher les deux algorithmes de se heurter.

Pourquoi la gauche aime-t-elle le confinement?

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Pourquoi la gauche aime-t-elle le confinement?

Par Marco Malaguti

Des États-Unis à l'Italie, de l'Allemagne à l'Espagne, la gauche a partout été le "parti du confinement". Curieux pour ceux qui, ces cinquante dernières années, avaient fait de la liberté de circulation et de l'"interdit d'interdire" leurs étendards. Y a-t-il une raison à cela ou est-ce vraiment un coup de chance?

SOURCE : https://www.progettoprometeo.it/perche-la-sinistra-ama-il-lockdown/

Au début de la pandémie, nous pensions que les mesures sévères prises par les autorités chinoises pour contenir les contagions (confinement total, couvre-feu, locaux fermés par l'autorité, etc.) n'auraient jamais été adoptées en Europe, et notamment en Italie. Mais comme souvent, la réalité a dépassé le fantasme, et la situation de notre pays nous est bien connue. Cependant, l'un des rares éléments de certitude, qui était également destiné à être balayé, était que toute la galaxie progressiste, qui avait fait de la liberté et de la mobilité ses drapeaux de guerre, aurait opposé une résistance farouche aux mesures coercitives adoptées par le gouvernement Conte Bis.

A vrai dire, les prodromes de la pandémie ont semblé donner raison aux préjugés précédemment entretenus: Matteo Salvini entendait mettre en quarantaine rien moins que les enfants arrivés de Chine. Un scandale digne de la pire droite souverainiste et raciste! Garder les enfants étrangers à la maison pour des raisons de santé? La folie! Fermer les frontières? Aucune chance. Ouvrez les ports (et les aéroports), embrassons les Chinois, tout le monde dîne au sushi wok et les déclarations de ce genre deviennent de plus en plus démentes. Vous frissonnerez, et rirez en même temps, si vous feuilletez l'un des journaux en kiosque entre janvier et février 2020. Entre un Nicola Zingaretti prenant l'apéritif dans un Milan désert et un Corrado Formigli dévorant un nem en direct à une heure de grande écoute sur La 7, il n'y avait aucun doute: les drapeaux de la gauche post-moderne étaient toujours les mêmes, liberté de mouvement à tout prix, interdit d'interdire, abolition des frontières, Erasmus permanent comme mode de vie. Il n'a fallu que quelques mois pour que ce paradigme soit complètement renversé. La même galaxie progressiste est maintenant alignée sur le camp diamétralement opposé. Non seulement ceux qui voulaient autrefois abattre toutes les frontières les ont maintenant rétablies, même entre les régions et les communes, une circonstance que nous pensions avoir déjà surmontée à la fin du Moyen Âge, mais ils ont même fait du "rester chez soi" leur propre croisade de civilisation.

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Autrefois réservée à la droite la plus réactionnaire et sécuritaire, la lutte contre les bivouacs et la vie nocturne sauvage est devenue l'apanage de la gauche, qui avait bâti sa fortune électorale sur le laxisme à l'égard du délabrement urbain, des repaires de drogués, des enclaves universitaires et de l'anarchie urbaine. De champion de la liberté, qui vit obstinément contre toutes les règles de la société bourgeoise bigote et réactionnaire, le jeune homme oisif en quête de défonce est devenu l'ennemi public numéro un. Pour ce faire, ils ont puisé dans la rhétorique la plus éculée de la pire gauche bureaucratique et anti-bourgeoise des ‘’années de plomb’’ les plus sombres: le jeune qui s'amuse n'est plus un ‘’nouveau partisan’’ mais un plouc bouffeur de sandwichs, un rustre, presque certainement aisé (et donc naturellement mauvais) qui veut juste s'occuper de ses affaires tandis que les personnes âgées, hier encore champions vivants et haïs de la pire droite populiste et eurosceptique, meurent étouffées par le virus dans les services surpeuplés des hôpitaux. Même le nomade, magistralement illustré par l'étudiant Erasmus, a été diabolisé en un rien de temps: adieu l'Europe pour visiter le backpacking, les coupons Interrail et les pèlerinages Ryanair. Désormais, il vaut mieux ne pas sortir de chez soi plus d'une fois par semaine, mieux si l'on est équipé de la sympathique appli de suivi d'état appelée Immuni, dont la fortune, cependant, s'est perdue en chemin. Aujourd'hui, le voyageur est un ‘’irresponsable’’, le voyageur est devenu un ‘’hédoniste vicieux’’ doublé d'un hurluberlu qui jette l’argent par les fenêtres, l'expatrié qui, après un an de travail semi-esclavagiste au Royaume-Uni, aimerait rentrer chez lui pour quelques jours pendant les vacances est un ennemi public, un ultra-conservateur attaché à la vieille Italie des petites villes et du ‘’familisme amoral’’. Restez dans votre studio exigu à Bristol. Greta et les environnementalistes vous remercieront. Si vous ne pouvez pas résister, demandez-leur de vous envoyer le proverbial "paquet d'en bas", ça va sans dire, dûment aseptisé. Quant aux immigrés en transit entre la Libye et la côte sicilienne sur les proverbiales péniches, qui ont toujours oublié tous les protocoles sanitaires, il suffisait de ne plus en parler, car ils ne protestent pas, ils n'apparaissent pas dans les salles de classe en formation à distance, ils ne se plaignent pas dans les émissions de radio, ils ne se coordonnent pas pour protester. Les ignorer et faire taire leurs histoires, qui nous étaient si chères auparavant, a été moins difficile que nous le pensions. Il vaut mieux parler des infirmières.

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Mais comment tout cela a-t-il été possible ? Comment cette métamorphose a-t-elle été possible, probablement la plus rapide jamais réalisée dans notre paysage politique changeant et fluide ? Attention, la nouveauté ne concerne pas seulement l'Italie: en Allemagne, les Verts et la gauche sont les plus ardents défenseurs du confinement jusqu'au bout, et il n'est pas une manifestation contre les fermetures qui ne voit une mobilisation parallèle de collectifs antifascistes contre les "négationnistes". Nous avons vu la même chose en Espagne, où le ‘’lockdownisme’’ a coûté à la gauche ibérique une défaite écrasante à Madrid qui a mis fin, entre autres, à la lumineuse carrière politique du leader de Podemos, Pablo Iglesias. Sans parler des États-Unis, où la paranoïa covidienne a été l'atout qui a conduit Joe Biden à la victoire contre le "négationniste" Donald Trump. La raison de la passion fulminante de la gauche pour les enfermements est donc à chercher en amont de toute considération locale ou nationale.

En effet, l'artificialité de la frontière, érigée par une certaine gauche radicale, entre les gauchistes rouges (ou "authentiques") et les gauchistes dits fuchsia, apparaît avec force. Le contexte, le terreau, n'a jamais été aussi commun: la gauche occidentale post-moderne, en ce sens, est allée harmonieusement de pair avec la pratique répressive maoïste la plus brutale de la République populaire de Chine. Est-ce que nous parlons vraiment de quelque chose de différent, alors?

Dans la vision matérialiste, athée et substantiellement anarchique qui unit ces deux courants de pensée, la Nature est complètement dépouillée de toute connotation providentielle, voire de tout organicisme immanentiste. La nature, qui n'est plus la Création, mais un simple agrégat informe d'éléments atomiques groupés indifféremment en objets animés et inanimés, est présentée au progressiste comme un royaume générique du Chaos. La vie n'est qu'un voile de moisissure sur une planète rocheuse appelée Terre. C'est donc la tâche de l'homme, armé des critères de la raison, de la normaliser, de l'ordonner en vue d'une finalité historique supérieure. L'homme n'est pas l'agent de l'ordre, l'homme est l'ordre. Si l'homme devient providence, il s'ensuit l'axiome logique que tout, s'il est abandonné par l'homme, cesse d'être préservé. D'où la manie obsessionnelle de l'environnement (où l'homme est de façon ambiguë à la fois le problème et la réponse) et de la vie biologique nue, où l'on fait semblant de ne pas voir comment les hommes ont toujours survécu aux pandémies de toutes sortes. Dans la vision progressiste, tout doit être normalisé, sous peine de voir se répandre l'iniquité, la souffrance et finalement le désordre. De ce point de vue, la nature est un fumier, un grouillement purulent de pus biologique, une blessure dans le corps du Néant, comme l'a défini Georg Büchner. Le confinement n'est rien d'autre que la quintessence du progressisme élevé à un contexte social.

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Rien ne satisfait plus le politicien progressiste qu'une société qui a cessé de s'autoréguler de manière naturelle et qui, au contraire, obéit automatiquement aux ordres de l'utilisateur, comme s'il s'agissait d'un appareil électrique. Confinement oui, confinement non. Zone jaune, zone rouge, zone jaune, zone rouge. Savez-vous le plaisir et le sentiment de toute-puissance que vous ressentez en tant qu'enfant à allumer et éteindre la lumière de façon répétée? Là, on parle de la même chose. Dommage, comme les parents avaient l'habitude de nous prévenir, l'ampoule brûle. C'est de cela qu'il s'agit, de la conscience d'avoir un pouvoir plastique sur la réalité, de pouvoir faire défiler une multitude comme un seul homme, ce qui a toujours été le rêve humide de tout collectivisme, qu'il soit nationaliste ou égalitaire. Après tout, l'histoire est toujours maîtresse, et il n'est pas besoin d'archéologues pour démontrer que les régimes communistes et socialistes du passé, mais aussi du présent, n'ont jamais été les meilleurs amis de la liberté de mouvement et de divertissement. Entre les murs poétiquement rebaptisés barrières de protection antifascistes, les goulags, les villes fermées, le dépeuplement et le repeuplement forcés de régions entières en Union soviétique, en Chine, au Cambodge et en Europe de l'Est, les régimes qui aspiraient à la liberté la plus totale du peuple ont donné de nombreuses preuves de ce qu'ils entendaient par liberté. Certes, les râleurs ne manquaient pas non plus à l'époque, mais la responsabilité de la souffrance n'était-elle pas imputée aux saboteurs dont la débauche n'a fait que retarder sine die l'avènement radieux de la société communiste? Déjà à l'époque, les ennemis internes ne manquaient pas: parmi les dissidents, les clercs, les "asociaux", les petits voleurs, les hédonistes et les "traîtres" génériques, il y avait l'embarras du choix, et si vous pensez que j'exagère, allez revoir le contexte idéologique et les sympathies géopolitiques de ceux qui, aujourd'hui, en Italie, soutiennent le confinement à tout prix.

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Et tout cela en gardant le silence sur la pratique néo-stalinienne de liquidation des soi-disant ennemis de classe. Là où le NKVD ne peut plus accéder, l'ordre d'un président régional suffit. Avez-vous un numéro de TVA? Vous n’êtes pas un employé (notamment de l'État)? Alors, fermer. Quoi qu'il en soit. Même si vous êtes affamé. D'ailleurs, on sait où vont les sympathies de ces commerçants. Si la révolution ne s'est pas encore manifestée dans les niveaux superstructurels de la société, rien de mieux que d'agir immédiatement à la base, en allant intervenir dans la base dite économique. Il ne faut pas être politologue pour comprendre que, pour ceux qui font des prolétaires et des assistés leur base sociale, leur disparition serait une tragédie. Au contraire, il vaut mieux que les prolétaires soient toujours plus nombreux, et cela, nous l'accordons, le communisme a toujours réussi à l'obtenir dans tous les endroits où il a pu arriver au pouvoir. La prosopopée vieille de 50 ans sur les libertés individuelles s'est révélée être un colossal cheval de Troie destiné à ébranler les défenses de la soi-disant "société bourgeoise", exactement comme Karl Marx nous l'avait toujours rappelé, à savoir qu'on ne passe pas au socialisme si le capitalisme ne suit pas d'abord son cours, de sorte que la soi-disant gauche fuchsia n'a jamais perdu de vue son objectif ultime, tandis qu'une droite sans cervelle, riant devant les décombres du mur de Berlin, n'a rien pu faire d'autre que de s'asseoir à la table entre une coda alla vaccinara et une autre. Et les champions des droits civiques ? Des droits individuels ? Laissez-les aller en Chine, strictement avec un masque. Pas besoin de dépoussiérer, nous en sommes sûrs, ce que Lénine disait des idiots utiles.

Marco Malaguti.

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vendredi, 14 mai 2021

Le réalisme politique: un art de l'action (Nicolas Machiavel)

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Le réalisme politique: un art de l'action (Nicolas Machiavel)

 
Cette vidéo a pour but d’inaugurer une série consacrée à des philosophes appartenant au courant « réaliste politique ». Je reviendrai occasionnellement sur certaines figures majeures de cette tradition. C'est pourquoi il m'a semblé nécessaire de commencer par l'initiateur de celle-ci, Nicolas Machiavel. Son oeuvre, bien que vieille de cinq siècles, reste d'une étonnante actualité. Le philosophe florentin montre qu’il ne faut jamais couper la pensée politique de sa finalité qu’est l’action concrète et pragmatique.
 
 
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Musiques utilisées dans la vidéo :
- R. Wagner : Ouverture de Rienzi
- Bach : Musikalisches Opfer
– Thema Regium (Jordi Savall and the Concert of Nations)

Thoreau et la difficile désobéissance civile face à la dictature sanitaire

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Thoreau et la difficile désobéissance civile face à la dictature sanitaire

par Nicolas Bonnal

« La masse des hommes sert ainsi l’État, non point en humains, mais en machines… »

Relire Thoreau par les temps qui courent en occident est intéressant, parce que ce légendaire résistant nous explique à quel point il est difficile de… résister. Et il ne fait pas de cadeaux, même à ceux qui se disent résistants :

« Ils parlent de changer la société, mais ils n’ont point de refuge hors d’elle. »

Thoreau en grand ancêtre des libertariens (une école où l’on trouve le meilleur et parfois le pire) explique comme les taoïstes (voyez le Tao Te King) que le gouvernement idéal serait celui qui ne gouvernerait pas :

« De grand cœur, j’accepte la devise : « Le gouvernement le meilleur est celui qui gouverne le moins » et j’aimerais la voir suivie de manière plus rapide et plus systématique. Poussée à fond, elle se ramène à ceci auquel je crois également : « que le gouvernement le meilleur est celui qui ne gouverne pas du tout » et lorsque les hommes y seront préparés, ce sera le genre de gouvernement qu’ils auront. »

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Thoreau refuse l’esclavage (un homme sur six alors est esclave : on n’est pas woke pour rien en Amérique) et la guerre contre le Mexique. L’Amérique hispanique fut volée et conquise, et on assiste en ce moment à une Reconquista – si j’ose dire. Thoreau explique cette guerre car les gouvernements américains servent déjà (en 1849) les intérêts des oligarques :

« L’armée permanente n’est que l’arme d’un gouvernement permanent. Le gouvernement lui-même — simple intermédiaire choisi par les gens pour exécuter leur volonté —, est également susceptible d’être abusé et perverti avant que les gens puissent agir par lui. Témoin en ce moment la guerre du Mexique, œuvre d’un groupe relativement restreint d’individus qui se servent du gouvernement permanent comme d’un outil ; car au départ, jamais les gens n’auraient consenti à cette entreprise. »

Mais Thoreau se fait peu d’illusions : les gens veulent du gouvernement et des interventions étatiques. Il explique :

« Le gouvernement n’a ni vitalité ni l’énergie d’un seul homme en vie, car un seul homme peut le plier à sa volonté. C’est une sorte de canon en bois que se donnent les gens. Mais il n’en est pas moins nécessaire, car il faut au peuple des machineries bien compliquées — n’importe lesquelles pourvu qu’elles pétaradent — afin de répondre à l’idée qu’il se fait du gouvernement. »

La crise actuelle a montré la formidable faiblesse du caractère humain (voyez mon émission sur Coronavirus et servitude volontaire) ; de cette faiblesse résulte la montée de la puissance étatique et donc militaire. Thoreau :

« Le résultat courant et naturel d’un respect indu pour la loi, c’est qu’on peut voir une file de militaires, colonel, capitaine, caporal et simples soldats, enfants de troupe et toute la clique, marchant au combat par monts et par vaux dans un ordre admirable contre leur gré, que dis-je? contre leur bon sens et contre leur conscience, ce qui rend cette marche fort âpre en vérité et éprouvante pour le cœur. »

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Puis Thoreau devient terrible. L’homme moderne sert l’Etat comme une machine. Et là il règle ses comptes :

« La masse des hommes sert ainsi l’État, non point en humains, mais en machines avec leur corps. C’est eux l’armée permanente, et la milice, les geôliers, les gendarmes, la force publique, etc. La plupart du temps sans exercer du tout leur libre jugement ou leur sens moral ; au contraire, ils se ravalent au niveau du bois, de la terre et des pierres et on doit pouvoir fabriquer de ces automates qui rendront le même service. Ceux-là ne commandent pas plus le respect qu’un bonhomme de paille ou une motte de terre. Ils ont la même valeur marchande que des chevaux et des chiens. Et pourtant on les tient généralement pour de bons citoyens. »

Certes tout le monde est a priori hostile à la tyrannie :

« Tous les hommes reconnaissent le droit à la révolution, c’est-à-dire le droit de refuser fidélité et allégeance au gouvernement et le droit de lui résister quand sa tyrannie ou son incapacité sont notoires et intolérables. Il n’en est guère pour dire que c’est le cas maintenant. »

Mais qui est pris à agir contre réellement ?

« Il y a des milliers de gens qui par principe s’opposent à l’esclavage et à la guerre mais qui en pratique ne font rien pour y mettre un terme ; qui se proclamant héritiers de Washington ou de Franklin, restent plantés les mains dans les poches à dire qu’ils ne savent que faire et ne font rien ; qui même subordonnent la question de la liberté à celle du libre-échange et lisent, après dîner, les nouvelles de la guerre du Mexique avec la même placidité que les cours de la Bourse et peut-être, s’endorment sur les deux. »

Thoreau a observé en effet qu’on s’endort au milieu des news qui a cette époque arrivent par télégraphe. C’est dans Walden. Il aussi écrit que l’info est devenue un éther, une drogue (voyez mon texte « De Platon à Cnn »). Il établit une différence entre l’homme de vertu et le facile défenseur de la vertu :

« On tergiverse, on déplore et quelquefois on pétitionne, mais on n’entreprend rien de sérieux ni d’effectif. On attend, avec bienveillance, que d’autres remédient au mal, afin de n’avoir plus à le déplorer. Tout au plus, offre-t-on un vote bon marché, un maigre encouragement, un « Dieu vous assiste » à la justice quand elle passe. Il y a 999 défenseurs de la vertu pour un seul homme vertueux. »

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Cela donne un résistant sur mille contre la dictature actuelle, et pas 10 ou 30% comme le croient les distraits. Nous sommes d’accord.

Thoreau vomit donc les tièdes comme les rédacteurs de l’apocalypse :

« Même voter pour ce qui est juste, ce n’est rien faire pour la justice. Cela revient à exprimer mollement votre désir qu’elle l’emporte. Un sage n’abandonne pas la justice aux caprices du hasard ; il ne souhaite pas non plus qu’elle l’emporte par le pouvoir d’une majorité. Il y a bien peu de vertu dans l’action des masses humaines. Lorsqu’à la longue la majorité votera pour l’abolition de l’esclavage, ce sera soit par indifférence à l’égard de l’esclavage, soit pour la raison qu’il ne restera plus d’esclavage à abolir par le vote. Ce seront eux, alors, les véritables esclaves. »

Il enfonce le clou :

« Ainsi, sous le nom d’Ordre et de Gouvernement Civique, nous sommes tous amenés à rendre hommage et allégeance à notre propre médiocrité. On rougit d’abord de son crime et puis on s’y habitue ; et le voilà qui d’immoral devient amoral et non sans usage dans la vie que nous nous sommes fabriquée. »

Comment résister ? Par exemple en ne payant pas ses impôts :

« Si un millier d’hommes devaient s’abstenir de payer leurs impôts cette année, ce ne serait pas une initiative aussi brutale et sanglante que celle qui consisterait à les régler, et à permettre ainsi à l’État de commettre des violences et de verser le sang innocent. Cela définit, en fait, une révolution pacifique, dans la mesure où pareille chose est possible. »

Cela serait bien en effet mais cela nous semble difficile à une époque où tout le monde, entrepreneurs compris, finit par vivre de l’Etat (c’est la logique du Reset et de la dictature numérique en cours d’achèvement) et de la dette publique.

Textes :

https://instituthommetotal.fr/bibliotheque/PDF/henry-david-thoreau-la-desobeissance-civile.pdf

http://www.dedefensa.org/article/de-platon-a-cnn-lenchain...

https://www.dedefensa.org/article/guenon-et-le-rejet-des-...

Entretien avec Denis Collin: pour une défense de l'Etat national !

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Entretien avec Denis Collin: pour une défense de l'Etat national!

Ex: https://latribunadelpaisvasco.com/art/14952/denis-collin-...

411ITDKHemL._SX322_BO1,204,203,200_.jpgPourquoi un livre pour la défense des États-nations?

Ce livre est un recueil d’articles écrits au long des années et qui ont été rassemblés et traduits par Carlos Javier Blancos que je remercie vivement. Ma démarche est d’abord celle d’un “marxiste vieille école”. Je me demande quelles sont les meilleures conditions pour lutter contre le capitalisme et oeuvrer pour une société plus juste. En travaillant sur l’oeuvre politique de Marx, deux choses finissent par me sauter aux yeux. Marx dit: la lutte de classe est internationale dans son contenu, mais nationale dans sa forme. C’est pourquoi, à la différence des anarchistes, il pense essentielles la conquête et la transformation du pouvoir d’État. Ensuite quand l’association internationale des travailleurs est fondée en 1864, les points les plus importants sont la défense des luttes nationales des Polonais et des Irlandais. Il est clairement dit par là que l’internationalisme suppose l’existence des nations et leur reconnaissance. Bref, l’internationalisme est l’opposé du cosmopolitisme et du mondialisme.

Cette démarche théorique se combine chez moi avec un évolution qui se précipite à la fin des années 1980 quand je comprends que l’Union Européenne est un carcan passé autour du cou des peuples. Je soutiens Jean-Pierre Chevènement dans le combat pour le “non” au référendum de Maastricht.  Et depuis je n’ai jamais dévié de cette ligne que j’ai plutôt raffermie.

Quand le modèle de l'État-nation a-t-il commencé à être remis en question?

Si on remonte très loin, on peut dire que le modèle de l’État-nation est mis en question quand se développe l’impérialisme. L’impérialisme n’est pas le prolongement de l’État-nation, mais sa subversion par les intérêts privés. Ici, je trouve très éclairantes les analyses d’Hannah Arendt dans son livre sur l’impérialisme. C’est encore Arendt qui dit que les frontières nationales sont comme les murs qui empêchent le monde de s’effondrer. C'"est tout un pan de la pensée d'Arendt qu'on a laissé dans l'ombre.

livre-collin.jpgLa Première Guerre mondiale a été le premier coup porté aux États-nations. Mais c’est surtout avec la Seconde Guerre mondiale que se mettent en place les premières institutions de « gouvernance globale », sous couvert de l’ONU ou en dehors comme l’OTAN, le GATT. On est entré à ce moment dans l’ère de la souveraineté limitée.

Quelle est la signification de l'État-nation dans un monde globalisé?

Dans un monde globalisé, l’État-nation est un archaïsme ! L’échelon national ne doit plus être qu’un échelon administratif de l’ordre capitaliste mondial. Dans un texte prémonitoire daté de  1924, Trotski écrivait : « Au fur et à mesure que se développeront leurs antagonismes, les gouvernements européens iront chercher aide et protection à Washington et à Londres ; le changement des partis et des gouvernements sera déterminé en dernière analyse par la volonté du capital américain, qui indiquera à l'Europe combien elle doit boire et manger... Le rationnement, nous le savons par expérience, n'est pas toujours très agréable. Or, la ration strictement limitée qu'établiront les Américains pour les peuples d'Europe s'appliquera également aux classes dominantes non seulement d'Allemagne et de France, mais aussi, finalement, de Grande-Bretagne. » À quelques détails près, c’est le régime que nous connaissons. Les États-Unis décident en dernière analyse qui sera le « Gauleiter » de telle ou telle région d’Europe. On voit le sort de la pauvre Italie où la pusillanimité des « Cinq étoiles » et de la Lega a fini par redonner le pouvoir à l’agent de Goldman Sachs intronisé par l’UE.  

44438572._SX318_.jpgONU, OTAN, Union européenne, Organisation mondiale du commerce, Organisation mondiale de la santé ... Est-il encore possible de défendre les États nationaux?

Ne cachons pas que la défense des États nationaux est devenue très difficile. L’imbrication des économies est telle que le retour à la souveraineté pourrait apparaître comme un pari risqué. Après tout, la France qui était un des grands pays producteurs d’automobiles ne produit plus sur son sol que 18% des automobiles immatriculées en France… Par exemple, Citroën est presque une marque espagnole! La pandémie a montré la faiblesse structurelle des pays d’Europe sur le plan industriel. Il n’est pas certain d’ailleurs que l’Allemagne elle-même soit aussi solide qu’elle en a l’air sur ce plan. Mais nous avons, dans l’âme de nos peuples, des forces prêtes à passer à l’action, à se retrousser les manches. Il ne faudrait pas des décennies pour reconstruire une industrie automobile ou informatique digne de ce nom.

En outre, je crois que les nations perdantes de la mondialisation pourraient aisément s’entendre. La France, l’Espagne, le Portugal et l’Italie ont tant de choses en commun et leurs peuples se sont tant mélangés qu’une alliance du Sud pourrait rapidement rebattre les cartes. Et de plus nous parlons tous un dialecte du latin !

Comment la défense de l'État-nation doit-elle être menée?

La défense de l’État-nation exige que l’on brise le carcan des accords internationaux, notamment les traités européens et les différents traités transatlantiques. On apprend, par exemple que la Bulgarie est condamnée par les instances bruxelloises parce les commerçants y ont l’obligation de mettre au premier plan des produits alimentaires les produits locaux (fruits et légumes, laitages…) ! Pourtant on nous raconte toutes sortes de fables sur la transition énergétique et la priorité à la production locale. Mais le local fausserait donc la « concurrence libre et non faussée. » On pourrait multiplier les exemples de ces absurdités nées dans le cerveau des bureaucrates européistes et de leurs maîtres.

De son point de vue, la revendication de l'État national ne peut se faire qu'auprès des classes populaires. Pourquoi?

Je crois, comme mon ami Diego Fusaro que la classe bourgeoise comme classe nationale, attachée à son patrimoine et à certaines valeurs n’existe plus à l’âge du « capitalisme absolu ». Nous avons affaire à une « classe capitaliste transnationale », très bien analysée voici une vingtaine d’années par Leslie Sklair. Par exemple, en France, nous avons un nouveau milliardaire, c’est le PDG de la société américaine « Moderna » ! Cette classe capitaliste transnationale s’appuie sur toute une classe plus ou moins intellectuelle qui se nourrit des miettes tombées de la table de la mondialisation : traders, experts, spécialistes du marketing, « auditeurs », « coaches », toute classe purement parasitaire qui a tout intérêt à ce que les choses continuent en l’état.

51ZkF-dKqAL.jpgDonc les seules forces vraiment intéressées à la défense de l’État-nation sont celles pour qui il est la seule protection : les ouvriers, les travailleurs indépendants, les petits patrons, les précaires « uberisés » et sans doute quelques vestiges de l’ancienne classe dominante qui ne veulent pas voir disparaître ce en quoi ils croient. Tout cela peut faire un « bloc de classes », dans l’optique envisagée jadis par Gramsci. Les Gilets Jaunes avaient un temps esquissé un tel bloc.

Quelle devrait être la bonne organisation d'une Europe des États-nations?

Je suis pour une Europe confédérale, c'est-à-dire une association d’États-nations souverains qui s’engagent à ne pas se faire la guerre, à s’épauler quand l’un est menacé et à coopérer sur des projets concrets (comme on l’avait fait jadis avec Airbus). On pourrait avoir une monnaie commune, mais pas une monnaie unique, et avoir ainsi un système à deux monnaies, la monnaie nationale et la monnaie commune, qui laisserait une grande souplesse aux différents États pour gérer leur politique monétaire. Mon Europe, c’ est au fond le Projet de paix perpétuelle imaginé par Kant voilà plus de deux siècles! Une bonne partie des institutions européennes actuelles sont des bureaucraties nocives dont il faudrait se débarrasser – y compris le prétendu « parlement européen » qui n’est qu’une assemblée de bavards grassement payés. Je suis donc pour une Europe à bon marché !

Son travail chevauche la nouvelle droite et le marxisme hétérodoxe. Est-il reconnu d'une manière ou d'une autre dans les deux écoles ou est-ce que les étiquettes appartiennent au passé?

Toutes ces étiquettes appartiennent au passé. Droite et gauche sont confondues dans le culte du marché et de l’accumulation du capital. Sur les questions dites « sociétales », je crois qu’on me classera parmi les conservateurs : je suis hostile à la GPA et à la PMA, à la légalisation de l’euthanasie, comme à celle du cannabis ! Je suis également hostile à tout ce qui se trame du côté du « transgenre » qui ressemble de plus en plus à bricolage de chair humaine. Mais d’un autre côté, je pense que le seul avenir qu’aura l’humanité est un avenir communiste, c'est-à-dire un avenir où le bien commun prime sur la recherche individuelle de l’accumulation de richesse, un avenir où le travail productif est reconnu à sa juste valeur, car c’est dans le travail que l’homme exprime son essence. Mon communisme n’est pas utopique et il se confond avec la « décence commune » dont parlait Orwell. Pour donner des exemples : presque toutes les nations européennes ont un système de santé qui permet de soigner riches et pauvres indifféremment. Partout l’instruction de base est publique et à peu près gratuite. Pour moi, ce sont des embryons de communisme. Mais le plus important aujourd’hui est la revalorisation du travail, du travail manuel d’abord qui reste essentiel et le sera encore plus demain quand l’énergie bon marché sera un souvenir. Si on organise l’économie de sorte que tous les individus en état de travailler puissent vivre décemment de leur travail, alors on appliquera le principe paulinien : « qui ne travaille pas ne mange pas. »

L'Inde sera en première ligne dans la guerre civile au Myanmar

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L'Inde sera en première ligne dans la guerre civile au Myanmar

M.K. Bhadrakumar

Ex : https://katehon.com/en/article/india-will-be-front-line-s...

La façon dont certains animaux parviennent à sentir l'imminence d'un tremblement de terre reste un mystère. Juste avant le grand tsunami asiatique du 26 décembre 2004, les éléphants du Sri Lanka se sont déplacés en hauteur avant que les vagues géantes ne frappent; à Galle, les chiens ont refusé de se promener le matin avec leurs maîtres sur la plage.

Il est donc concevable que la décision des firmes Adani Ports and Special Economic Zone Ltd d'abandonner son projet très lucratif de terminal à conteneurs au Myanmar et de déprécier son investissement soit du même ordre. En effet, les entreprises sont également connues pour posséder un instinct animal - elles perçoivent des sons ou des vibrations subtiles dans la terre et anticipent les catastrophes imminentes.

Leur comportement animal inhabituel permet d'anticiper toute poussée soudaine du temps et de la causalité en politique. Le "comportement animal" du groupe Adani intervient dans le contexte d'un changement progressif de l'attitude du gouvernement indien à l'égard du Myanmar - une gravitation vers le camp occidental dans son projet quintessentiellement antichinois ("Quad").

Les néoconservateurs purs et durs et les gauchistes délirants mis à part, il était évident pour les étrangers, dès le début, que les troubles au Myanmar avaient toutes les caractéristiques d'une "révolution de couleur". La cacophonie a atteint son paroxysme à la fin du mois de mars, culminant avec le massacre de centaines de manifestants lors d'une répression militaire.

Ce fut un tournant. Le chœur - BBC, Radio Free Asia, ONG occidentales promouvant la démocratie et les droits de l'homme - a rapidement commencé à s'affaiblir et le centre d'intérêt s'est déplacé de la rue vers les capitales mondiales avec une campagne diplomatique massive pour une intervention internationale. L'idéal aurait été que le Conseil de sécurité des Nations unies approuve l'intervention.

L'Inde a essayé d'obtenir l'accord de la Russie et de la Chine pour une approche intrusive, mais le consensus a été difficile à trouver. Les souvenirs de l'intervention occidentale en Afghanistan, en Irak et en Libye hantent Moscou et Pékin. En outre, cela constitue un précédent pour le Belarus ou Hong Kong, par exemple. La dimension géopolitique a commencé à prendre de l'ampleur.

Mais le volet opérationnel caché se concentre sur la création d'un "gouvernement en exil" (un gouvernement d'unité nationale). Parallèlement, le MI6 britannique cherche à réunir les principaux groupes de guérilla ethnique séparatiste du Myanmar, les encourageant à profiter du chaos pour ouvrir un second front.

En effet, une certaine proximité s'est développée depuis lors entre les manifestants birmans de Yangon et de Mandalay d'une part et les groupes ethniques minoritaires non birmans d'autre part. Malgré un passé d'antipathie mutuelle, ils convergent aujourd'hui pour saigner les militaires. C'est une coalition improbable de bouddhistes et de chrétiens, mais comme l'évalue prudemment un analyste américain, c'est faisable: "Aujourd'hui, la célébration collective de l'expression religieuse chrétienne, musulmane et d'autres religions non bouddhistes et la participation au mouvement lui-même préfigurent, espérons-le, un sens plus inclusif du nationalisme. Si elle est entretenue et institutionnalisée par le gouvernement d'unité nationale désigné, cette identité nationale inclusive pourrait contribuer à faire émerger un État démocratique où la diversité sera honorée et célébrée, et où les personnes de confession non bouddhiste ne seront pas confrontées au même degré de discrimination institutionnelle et sociale que par le passé ».

"Cela nécessitera une transformation significative, probablement générationnelle, des institutions et processus étatiques, religieux et culturels qui ont historiquement privilégié les bouddhistes bamar." (Au-delà du coup d'État au Myanmar: Don't Ignore the Religious Dimensions, par Susan Hayward, Harvard Law School).

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Quoi qu'il en soit, à la mi-avril, la première attaque armée d'envergure contre les militaires a été menée par l'Union nationale karen, le plus ancien groupe rebelle du Myanmar (créé à l'origine par la puissance coloniale britannique pour lui servir de mandataire).

Aujourd'hui, le gouvernement dit d'unité nationale a annoncé son intention de créer une armée d'union fédérale - une force militaire composée de transfuges des forces de sécurité, de groupes ethniques rebelles et de volontaires. Ce serait un tournant qui transformerait l'agitation antimilitaire en une confrontation armée avec l’armée. Le Myanmar entre dans la phase cruciale, semblable à celle où se trouvait la Syrie en 2011.

Les parallèles avec la Syrie sont frappants: les manifestations du "printemps arabe" (mars-juillet 2011) ont été écrasées par le gouvernement syrien, qui a ensuite servi d’alibi pour une intervention occidentale à grande échelle, orchestrée par les États-Unis et leurs alliés, qui a finalement été détournée par des groupes extrémistes, notamment l'État islamique et Al-Qaïda, et a déclenché à son tour l'intervention russe pour défendre le gouvernement Assad.

Bien sûr, l'une des principales différences est que les pays voisins ne veulent pas être impliqués dans une guerre civile au Myanmar. Il est certain que, dans un tel scénario, tout changement de la politique indienne en faveur d'un ralliement au projet occidental est lourd de conséquences.

1f9f38daf989fabc010349a730a26b31.jpgLes nouvelles surprenantes qui nous parviennent aujourd'hui de Hakha, la capitale de l'État Chin, près de la frontière avec l'Inde, constituent une sonnette d'alarme pour les États indiens du nord-est, qui ont des affinités ethniques et religieuses avec les groupes rebelles de l'autre côté de la frontière. L'État Chin est réputé pour sa stabilité et sa paix, mais les incidents d'aujourd'hui, qui prennent la forme d'attaques éclair, ont entraîné la mort de neuf soldats. Cela semble être une répétition générale.

Plus de 85 % de la population de l'État Chin est composée de chrétiens (plus d'un demi-million). L'État Chin partage sa frontière avec six districts du Mizoram. Plus de 87 % de la population du Mizoram est chrétienne et des rapports font état de personnes originaires du Myanmar qui traversent la frontière. La plupart des réfugiés qui arrivent de l'État Chin sont issus des tribus Lai, Tedim-Zomi, Luse, Hualngo et Natu, qui ont des liens étroits avec les Mizos du Mizoram, ainsi qu'avec les Kuki-Zomis de Manipur.

Au fil des décennies, de nombreux habitants de l'État Chin ont également migré vers le Mizoram. (‘’Why Mizoram sees Myanmar refugees as 'family'’’, The Print, 24 mars 2021). L'Inde et le Myanmar partagent une frontière non clôturée de 1643 kilomètres qui traverse l'Arunachal Pradesh (520 km), le Nagaland (215 km), le Manipur (398 km) et le Mizoram (510 km). Les États correspondants au Myanmar sont Kachin, Sagaing et Chin.

La situation est presque identique à celle de la région frontalière ouverte entre le Pakistan et l'Afghanistan. À l'instar des tribus pachtounes qui chevauchent la frontière afghano-pakistanaise, les tribus indiennes telles que les Mizos, les Kukis, les Nagas et les Zomis sont également divisées en petites tribus qui partagent des liens étroits de part et d'autre de la frontière. Si le Myanmar devient un État défaillant, l'Inde en subira les conséquences.

Les montagnes enchevêtrées et les jungles tropicales en font également un pays de guérilla classique. En cas de guerre civile dans les mois à venir et de rupture de l'unité du Myanmar, l'Inde sera aspirée dans le chaos. La Thaïlande et l'Inde sont les deux seuls sanctuaires plausibles pour le MI6 et la CIA pour naviguer dans les vicissitudes d’un guerre civile probable au Myanmar - et, la Thaïlande bénéficie de relations amicales avec la Chine.

Le secrétaire d'État américain Antony Blinken s'est entretenu avec son homologue indien S. Jaishankar pas moins de trois fois en trois mois depuis la prise du pouvoir par les militaires au Myanmar. Il est certain que la coopération de l'Inde est cruciale pour le succès de l'entreprise anglo-américaine au Myanmar.

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Le Myanmar a figuré en bonne place lors de la réunion des ministres des affaires étrangères du G7 à Londres du 3 au 5 mai. Jaishankar s'est rendu à Londres et a rencontré Blinken. Aucune des parties n'a divulgué de détails, mais un rapport de la Deutsche-Welle a signalé que "la Chine était en tête de l'ordre du jour lorsque les ministres des affaires étrangères du G7 ont discuté d'une série de questions relatives aux droits de l'homme. La question du coup d'État au Myanmar et de l'agression russe était également à l'ordre du jour".

Le communiqué ajoute que les ministres du G7 ont regardé une vidéo du gouvernement d'unité nationale du Myanmar afin "d'informer les ministres de la situation actuelle sur le terrain". Le communiqué conjoint publié à l'issue de la réunion de Londres consacre une grande attention au Myanmar (paragraphes 21 à 24). Il exprime sa "solidarité" avec le gouvernement d'unité nationale et appelle à des sanctions globales contre l'armée du Myanmar, y compris un embargo sur les armes.

Les douleurs naissantes des insurrections, en phase de planification, ne sont jamais exposées au public, car les agences de renseignement placent les acteurs dans le jeu. La situation au Myanmar a atteint ce stade. C'est la première grande manifestation du Royaume-Uni post-Brexit ("Global Britain") sur la scène mondiale. Comme souvent dans l'histoire moderne, Londres mènera la danse depuis l'arrière.

La décision du groupe Adani de mettre fin à ses activités au Myanmar arrive à point nommé. L'influent groupe avait probablement un instinct animal quant à l'issue de la réunion du G7 à Londres.

Double jeu au Myanmar

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Double jeu au Myanmar

Par Daniele Perra

Ex : https://www.eurasia-rivista.com/doppio-gioco-in-myanmar/

Dans un précédent article du site "Eurasia" intitulé "Que se passe-t-il au Myanmar ?", nous avons tenté d'interpréter les événements en Birmanie à la lumière de la situation interne, qui est convulsive, et des dynamiques géopolitiques potentielles qui pourraient être déclenchées. À cette occasion, quelques jours seulement après l'action militaire qui a subverti les résultats des élections sur la base d'accusations d'irrégularités, l'article se concluait par l'espoir que la présence d'agents extérieurs (peu intéressés par la protection de la démocratie dans le pays) ne provoquerait pas une nouvelle déstabilisation. Quelques mois après les faits, ces espoirs ont été largement déçus. Dans cette analyse, nous tenterons de décrire la stratégie occidentale visant à créer un "scénario syrien" dans cet État d'Asie du Sud.

Lors du Forum international sur la sécurité de Halifax en 2011, John McCain, alors sénateur républicain et ancien candidat à la Maison Blanche, a déclaré: "Il y a un an, Ben Ali et Kadhafi n'étaient encore au pouvoir. Assad ne sera plus au pouvoir l'année prochaine. Ce printemps arabe est un virus qui va s'attaquer à Moscou et à Pékin" [1].

En période de pandémie, la comparaison faite par McCain entre les stratagèmes utilisés par l'"Occident" pour déstabiliser les pays non alignés (du printemps arabe aux révolutions colorées) et un virus semble tout à fait d'actualité et particulièrement efficace. Surtout, compte tenu du fait que la Russie et la Chine, à l'instar de ce qui s'est passé avec le Covid-19, ont été les premiers à trouver une issue. Néanmoins, le "virus", tant biologique que géopolitique, reste un ennemi perfide et difficile à éradiquer complètement. Le cas de la Birmanie le démontre de manière emblématique.

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Dans ce contexte, nous n'insisterons pas sur les aspects qui ont conduit à l'intervention militaire dans les premiers jours de février. Ces aspects ont déjà été largement étudiés, en termes constitutionnels, dans l'article précité publié sur le site "Eurasia" [2]. Ici, conformément à ce qui avait été avancé à l'époque (à savoir l'attribution de l'événement à des dynamiques liées au partage du pouvoir interne), la priorité sera donnée à l'évolution de la situation birmane par rapport à la tension et à la rivalité croissantes entre l'"Occident" et le "bloc eurasien".

En fait, nous assistons à l'application d'une stratégie précise visant à manipuler les informations en provenance du Myanmar afin de diffuser et de consolider les théories antichinoises (également teintées de conspiration) à l'intérieur et à l'extérieur de ce pays d'Asie du Sud. Et cela se fait pour plusieurs ordres de raisons.

Tout d'abord, il faut considérer la perspective géopolitique. Il existe une volonté manifeste d'utiliser le Myanmar comme un "pion" pour saboter et affaiblir le potentiel d'intégration de l'espace eurasien inhérent au projet de la Nouvelle route de la soie. Après l'intervention du Tatmadaw et l'éviction du pouvoir de la Ligue nationale pour la démocratie, les États-Unis, le Royaume-Uni et le Canada ont rapidement pris des mesures pour imposer de nouvelles sanctions à la junte militaire. L'Inde, pour sa part, a suivi ses alliés occidentaux dans le schéma antichinois du "Quad" en pointant du doigt le Tatmadaw, compte tenu également du fait que, sous le règne de la Ligue nationale pour la démocratie, elle avait réussi à imposer sa projection géopolitique à Naypyitaw par l'exportation systématique de vaccins anti-covirus.

Toutefois, l'imposition de nouvelles sanctions a fait craindre que la junte militaire ne s'ouvre encore davantage à Moscou et à Pékin. C'est effectivement ce qui s'est passé, notamment en ce qui concerne la Russie. Lors du défilé annuel de la Journée des forces armées qui s'est tenu dans la capitale de ce pays d'Asie du Sud, le chef de la junte militaire, Min Aung Hlaing, a accueilli des représentants de la Russie, de la Chine, du Bangladesh, du Pakistan, de l'Inde, du Laos, du Vietnam et de la Thaïlande, et a réaffirmé au vice-ministre russe de la défense, Alexander Fomin, la profonde amitié qui lie le Myanmar et la Russie.

En réponse, l'"Occident" a largement diffusé de fausses informations, tant pour discréditer la junte militaire aux yeux de Moscou et de Pékin que pour discréditer les deux capitales aux yeux des manifestants birmans. L'une de ces fausses informations concerne l'embauche par le Tatmadaw (jamais confirmée par les personnes directement impliquées en Birmanie) du lobbyiste israélo-canadien Ari Ben Menashe, propriétaire du Dickens and Madson Group basé à Montréal [4]. Ancien agent secret israélien, menteur notoire et agent double à but lucratif, Ben Menashe a affirmé avoir été engagé pour la somme de 2 millions de dollars, plus d'éventuels bonus, si l'objectif est atteint. Cet objectif serait d'améliorer l'image de la junte militaire en "Occident" (ce qui entraînerait la levée des sanctions) en révélant les véritables raisons de l'action de février: à savoir, renverser le gouvernement pro-chinois d'Aung San Suu Kyi pour éviter que le Myanmar ne devienne une marionnette de Pékin.

Il ne fait aucun doute que Pékin n'était pas particulièrement enthousiaste à l'idée d'une action susceptible d'être exploitée par ses rivaux géopolitiques pour générer le chaos à ses frontières. Toutefois, il ne semble pas tout à fait crédible que les militaires birmans aient sciemment décidé de rompre les liens avec le principal partenaire commercial du pays (et son principal fournisseur d'armes) dans l'espoir d'une improbable rédemption aux yeux de Washington.

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À cet égard, toujours dans le but de saper les liens entre la Chine et le Tatmadaw, le soutien chinois au précédent gouvernement birman a également été exagéré. Cette dernière, en effet (même si cette pratique a été appliquée pendant toute la période de la soi-disant "transition démocratique"), a favorisé la diffusion dans tout le pays d'organisations non gouvernementales chargées de propager des modèles occidentaux liés à ce que l'on pourrait définir comme la "culture sorosienne". Ces organisations, comme l'a répété Xu Luping (directeur du Centre d'études sud-asiatiques de l'Académie chinoise des sciences sociales), ont œuvré à une véritable "colonisation spirituelle" du Myanmar [5]. Sans surprise, Aung San Suu Kyi elle-même, de 2014 à 2017, a rencontré quatre fois le spéculateur/philanthrope George Soros et pas moins de six fois, de 2017 à 2020, son fils Alexander. À cet égard, il ne faut d'ailleurs pas s'étonner que l'une des premières mesures prises par la junte militaire, également afin de pouvoir enquêter sur les transactions financières des ONG pendant les années de règne de la Ligue nationale pour la démocratie, ait été de fermer les comptes bancaires se référant à l'Open Society Foundation au Myanmar [6].

L'objectif " occidental " est donc de générer une forme d'antagonisme à plusieurs niveaux entre le Myanmar et la Chine afin de ruiner ce qui a été décrit à plusieurs reprises comme une relation d'amitié fraternelle (dont la rencontre entre le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi et l'actuel chef de la junte militaire Min Aung Hlaing en janvier dernier n'est pas la moindre) [7]. Par exemple, plusieurs des organisations non gouvernementales susmentionnées (ainsi que d'autres agents "occidentaux") opérant à l'intérieur et à l'extérieur du Myanmar ont également diffusé l'idée que Pékin soutenait l'action militaire afin d'inciter les manifestants à diriger leur colère directement vers la Chine. Dans le même temps, des attaques et des sabotages d'infrastructures liées à la Nouvelle route de la soie ont été perpétrés (ainsi que la diffusion de fausses nouvelles à ce sujet) afin que la Chine intervienne directement au Myanmar et l'implique dans la spirale des tensions.

Il semble clair que l'"Occident", en ce qui concerne la situation en Birmanie, semble très peu intéressé par la défense des droits de l'homme et beaucoup plus par la création de problèmes pour la Chine. Parmi les ONG qui œuvrent dans ce sens, on peut notamment citer Burma Human Rights Watch, basée à Londres (au même titre que l'infâme organisation de fake news Syrian Observatory for Human Rights), le journal informatique Myanmar Now, le "think tank" Institute for Strategy and Policy, et l'association Justice for Myanmar. Tous ces groupes font partie, d'une manière ou d'une autre, de la sphère d'influence "occidentale". Burma Human Rights Watch et Myanmar Now, par exemple, sont ouvertement soutenus par la fondation nord-américaine National Endowment for Democracy [8]. Et tous ces groupes sont particulièrement actifs sur les plateformes sociales privées, surtout depuis que le processus de "colonisation spirituelle" du pays a permis à plus de 20 millions de nouveaux utilisateurs d'y accéder (principalement concentrés dans les zones urbaines).

Parmi les plus actifs, une fois encore, figurent Burma Human Rights Watch et Myanmar Now. Alors que le premier, comme nous l'avons déjà mentionné, a ouvertement incité au sabotage des infrastructures et des industries chinoises dans le pays en réponse à la répression de la junte militaire (on ne voit pas bien, entre autres, comment la destruction d'une usine qui fournit du travail peut améliorer les conditions du peuple birman), le second a encouragé le recours à la violence par les manifestants, voire la formation d'une armée fédérale comprenant toutes les forces opposées au gouvernement central (y compris les groupes armés liés aux minorités ethniques)[9]. Sans parler des invocations répétées à la pratique malheureuse de la R2P - Responsabilité de protéger: un schéma idéologique du moment unipolaire (appliqué avec des résultats tragiques en Libye) par lequel les États-Unis (et plus généralement l'"Occident") se sont attribués le rôle de gendarme mondial afin de maintenir inchangé leur dessein hégémonique.

L'influence qu'une autre organisation de type "sorosien" exerce sur les manifestations n'est pas moins digne d'attention: la Milk Tea Alliance, qui d’est également constituée et est extrêmement active sur les plateformes sociales privées, qui lui ont donné une visibilité comparable à celle des mouvements Me Too et Black Lives Matter. L'objectif de la Milk Tea Alliance, liée à des figures de proue du sécessionnisme pro-occidental de Hong Kong (comme Nathan Law, qui s'est d'abord réfugié à Londres avant de faire partie du programme Pritzker Fellows de l'université de Chicago), est de créer un front commun d'opposition à Pékin entre Hong Kong, Taïwan, la Thaïlande (un autre pays central sur les routes de la nouvelle route de la soie) et le Myanmar.

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Un conflit civil ouvert semble être, à ce jour, l'évolution espérée par l'"Occident" au Myanmar. En 2011, l'agression prévue contre la Syrie a interrompu le développement de l'interconnexion (également en termes de gazoducs et d'oléoducs) entre les pays du "Croissant fertile" (Iran, Irak, Syrie et Liban). La déstabilisation et le sabotage des infrastructures sino-birmanes (parmi lesquelles figure un oléoduc de plus de 800 km qui relie la baie du Bengale à la Chine) compliqueraient les projets chinois visant à diversifier les flux d'approvisionnement en énergie afin de réduire la dépendance à l'égard du détroit de Malacca. En effet, 80% du pétrole brut destiné à la Chine passe actuellement par le détroit, de sorte qu'en cas d'affrontement militaire, sa fermeture mettrait Pékin en grande difficulté.

C'est pourquoi la Chine a déclaré à plusieurs reprises qu'elle souhaitait promouvoir la réconciliation entre les forces politiques civiles et militaires au Myanmar. La stabilité de ce pays d'Asie du Sud est dans l'intérêt de Pékin. Sa destruction est dans l'intérêt total de l'"Occident".

NOTES

[1]The Arab Spring: ‘a virus that will attack Moscow and Beijing’, www.theatlantic.com.

[2] L’article 417 de la constitution de 2008 prévoit la possibilité de déclarer l’état d’urgence pour une période d’un an (sur base d’une coordination entre le Bureau de la Présidence et le Conseil de défense et de sécurité nationale), s’il s’avère qu’émergent des conditions susceptibles de menacer l’intégrité de l’Union, la solidarité nationale ou la pleinesouveraineté de la nation. On pourra consulter le texte de la Constitution du Myanmar sur le site suivant : www.constituteproject.org.

[3] Nul besoin d’oublier que les principaux fournisseurs de technologies militaires au Myanmar sont justement la Chine, la Russie et l’Inde. Voir : Myanmar junta holds military parade with Russian attendance, www.asia.nikkei.com.

[4] Israël (qui fait partie désormais des principaux fournisseurs d’équipements militaires au Myanmar) a déclaré n’avoir plus aucun lien avec la personne d’Ari Ben Menashe.

[5] Voir : West utterly manipulates Myanmar situation as a tool in anti-China campaign, www.globaltimes.cn.

[6] Voir Myanmar regime seizes bank accounts of Soros Open Society Foundation, www.irrawaddy.com.

[7]Wang Yi meets with Myanmar’s Commander in Chief of defense services Min Aung Hlaing, www.fmrc.gov.cn.

[8] Le National Endowment for Democracy est une ONG bien connue pour le soutien qu’elle a apporté au séparatisme ouïghour dans la Région Autonome chinoise du Xinjiang. è ben noto anche per il suo sostegno al separatismo uiguro nella Regione Autonoma cinese dello Xinjiang. Cette actuion subversive a débuté au début de la décennie 2000 et a soutenu l’émergence du Uyghur Human Rights Project bénéficiant de l’appui de divders « dissidents » expatriés aux Etats-Unis. Ce projet a accordé un soutien financier de 8.758.300$ à divers grouopes ouïghours qui s’opposaient aux gouvernement central de Pékin. Voir : Uyghur human rights policy act builds on work of NED grantees, www.ned.org.

[9] Voir : GT investigates: western forces, HK secessionists behind China rumors in Myanmar, www.globaltimes.cn.

 

jeudi, 13 mai 2021

Du retour de Malthus et du devoir de dépeuplement

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Du retour de Malthus et du devoir de dépeuplement

par Nicolas Bonnal

Marx a écrit de nombreux textes contre Malthus. Il sentait que la tendance lourde ou finale serait au malthusianisme qui est le propre des élites anglo-saxonnes (normandes plutôt). Ces élites éternellement sans pitié ont dépeuplé l’Ecosse, l’Irlande et aussi le pays de Galles, dépeuplé par les guerres et le charbon, et où fut tourné l’effrayant Prisonnier. Puis elles ont créé une Amérique vide de rares colons où furent massacrés les indiens et exploités les esclaves africains. L’explosion démographique européenne et le capitalisme industriel peuplèrent cette Amérique, mais le Canada, la Nouvelle-Zélande et l’Australie restèrent vides ; on sait que ces médiocres dominions appliquent à la lettre la dictature sanitaire, avec une conscience que seule peut leur envier la France à Macron ou l’Allemagne de Merkel, qui applique le plan Morgenthau presque à la lettre.

Marx explique surtout que pour Malthus il faut rendre la population surnuméraire. Elle ne l’est pas au départ, mais elle le devient. On fabrique un être humain bon à rien dans les mégalopoles et puis on le lui reproche ensuite. Nous sommes de trop et pour être de trop – et donc « exterminables » – il faut être sans travail, ce qui arrive partout maintenant. Complexé ou abruti, le surnuméraire humain se laisse effacer.

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Comme je l’ai expliqué dans mon texte sur le Reset, nous avons été conditionnés par le cinéma pour crever, et ce depuis un demi-siècle.  Nous vivons une époque formidable qui relève en effet des bonnes dystopies des années 70. Je recommanderais ironiquement « Woody et les robots (Sleeper) »… En voyage dans les années 2200 dans une société néototalitaire, notre bon Woody trouve qu’elle ressemble à sa bonne vieille Californie sociétale. On n’y a aucune liberté, on n’y fait plus l’amour ni l’humour… Quant à ce qu’on y mange… On n’y voit pas d’enfants. On n’en voit jamais dans les films dystopiques. Car à quoi serviraient-ils en effet sinon à être mangés ? Kronos le mangeur d’enfants rime avec chronos le temps qui passe.

L’addiction technologique, les news, la théorie du genre, les migrations impromptues, le pullulement législateur (relisez Lao Tsé), l’ineptie fiscalité, le féminisme ultra, les éoliennes, la dinguerie écolo ou la mode hyper-végétarienne ont un seul but : la réduction du stock humain jugé pléthorique. Mais tout cela reste timide à côté du moyen définitif employé par nos grands-argentiers et usuriers : l’argent. 

Rien de neuf depuis Marx et Malthus, dira-t-on. 

Le coût de la vie devient fou en Occident et il est nié par les instituts de statistiques ; on sait évidemment pourquoi. Car la folie haussière voulue par les banquiers centraux et leurs séides a un effet collatéral – une conséquence objective bien visible: le dépeuplement. Il est trop cher de faire des enfants, de les élever, de les mettre au monde au sens noble du terme.

Mon ami Hervé avait traduit pour lesakerfrancophone.fr un texte étonnant de l’économiste hérétique Chris Hamilton. Et lui donne une info que taisait Michael Snyder dans ses chroniques sur les US décatis : la belle chute démographique.

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Et cela donne:

« De 2007 à 2018, les naissances aux États-Unis ont diminué de 470 000 sur une base annuelle, soit une baisse de 11 %. Le taux de fécondité aux États-Unis a également baissé, passant de 2,12 à 1,72 naissances, soit une baisse de 18 % (2,1 naissances chez les femmes en âge de procréer est considéré comme une croissance zéro). Cela s’est traduit par 4,5 millions de naissances nettes de moins aux États-Unis depuis 2007 que ce que le recensement avait estimé en 2000 et à nouveau en 2008. C’est plus d’une année entière de naissances qui n’ont jamais eu lieu. »

Chris donne les conséquences de cet effondrement forcé de la natalité :

« La forte baisse des naissances, par rapport à la hausse anticipée, et le ralentissement de l’immigration anticipée ont eu pour conséquence que le recensement a revu à la baisse la croissance de la population américaine jusqu’en 2050 de plus de 50 millions de personnes. »

Les détails arrivent chez notre économiste et accrochez-vous ? car ils sont effrayants et concernent toutes les races (même les gilets jaunes ?)…

« Le déclin des naissances aux États-Unis a été particulièrement marqué chez les personnes ayant les revenus et les actifs les plus faibles. De 2007 à 2016, les taux de fécondité des Amérindiens sont passés de 1,62 à 1,23. Le taux de natalité hispanique est passé de 2,85 à seulement 2,1. Le taux de natalité des Noirs est passé de 2,15 à environ 1,9 et celui des Blancs de 1,95 à 1,72 (mise à jour avec le rapport national des statistiques de l’état civil jusqu’en 2017 … Le taux de natalité des Hispaniques est tombé sous le seuil de remplacement à 2,006, celui des Noirs à 1,824 et celui des Blancs à 1,667). Encore une fois, ces taux de natalité ne sont valables que jusqu’en 2016, les baisses en 2017 et 2018 sont importantes et s’accélèrent. »

La natalité baisse ou s’effondre en Grèce en en France, en Espagne, en Italie, etc. Idem en Amérique du sud ou en Asie où le coût de la vie est prohibitif.

Hamilton explique la conspiration des Harpagon pour nous faire disparaître :

« La raison de la baisse rapide des taux de natalité depuis 2007 aux États-Unis et dans la plupart des pays du monde semble être les programmes actuels de ZIRP, les faibles taux d’intérêt et les programmes d’assouplissement quantitatif qui ont pour effet de gonfler les prix des actifs. »

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Observation-clé de notre hérétique :

« La majorité des actifs sont détenus par de grandes institutions et par des populations qui ne sont plus en âge de procréer. Ces politiques se traduisent par une hausse des prix des actifs beaucoup plus rapide que celle des revenus. Par exemple, les éléments non discrétionnaires comme la maison ; le loyer ; l’éducation ; les soins de santé ; les assurances ; la garde d’enfants, etc. augmentent en flèche par rapport aux salaires. »

A moins de bosser dans le foot ou comme gardiens-cadres-supérieurs du camp électronique-GAFA, les jeunes adultes sont sacrifiés, on le voit autour de nous.Serveur dans un café paumé ou ingénieur sous-payé dans une métropole surpeuplée ; je connais personnellement des dizaines de cas, tous d’anciens étudiants du reste. 

Hamilton écrit :

« Pour les jeunes adultes, cela signifie qu’ils comptent beaucoup plus sur l’endettement pour s’instruire et qu’une proportion beaucoup plus grande de leur revenu subséquent est consacrée au service de cette dette. Il en résulte aussi une plus grande dépendance des jeunes adultes à l’égard de l’endettement pour acheter une maison ou une plus grande partie de leur revenu pour payer leur loyer, fournir des soins de santé, s’assurer ou s’occuper de leurs enfants (puisque les deux parents travaillent généralement à temps plein). »

On liquide les stocks de population pauvre :

« Le résultat net de ces politiques du gouvernement fédéral et de la banque centrale visant à stimuler le marché boursier, le prix des maisons et l’effondrement des intérêts payés sur l’épargne est l’effondrement des taux de natalité et du total des naissances. Cela diminue la demande actuelle et future et la qualité de vie des jeunes, des pauvres, surtout des non-Blancs, ce qui représente peut-être le plus grand transfert de richesse que l’humanité ait connu. »

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Le robot remplacera le philippin. La bourse monte comme ça, miraculeusement, indépendamment du chiffre d’affaires et des perspectives macroéconomiques. Les banques centrales suffisent à rassurer les marchés par leur comportement saligaud. Le super-Mario a bien mérité de son employeur Goldman Sachs. Par contre, si le marché n’a plus besoin de notre consommation, mais seulement de notre disparition ou de notre remplacement, faisons notre prière…

Et Chris de conclure pour nous éclairer :

« Ainsi, les États-Unis continuent le débat ridicule sur le « Mur de Trump » et les naissances internationales continuent de s’effondrer de Chine en Russie, en Europe, au Japon, en Corée du Sud, etc. Le coupable de la décélération des naissances est la « médecine » de la banque centrale et du gouvernement fédéral pour gaver le prix des actifs, détruisant l’avenir pour faciliter la vie des riches et des personnes âgées. Il en résulte un effondrement des taux de fécondité dans le monde entier […] ce qui fait que les gains financiers sont transférés à une minorité décroissante de détenteurs d’actifs et les pertes aux jeunes, aux pauvres et à ceux qui ont peu ou pas de biens. »

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C’est Gilles Chatelet que j’ai évoqué ici qui mêlait Hermès (la duperie de la communication typique de notre monde néototalitaire) et le vieux scélérat anglican. Car comme on citait Malthus et son irréprochable et inusable essai sur les populations :

« Un homme qui est né dans un monde déjà occupé, s’il ne peut obtenir de ses  parents la subsistance qu’il peut justement leur demander et si la société n’a pas besoin de son travail, n’a aucun droit à la plus petite portion de nourriture et, en fait, il est de trop. Au grand banquet de la Nature, il n’a pas de couvert pour lui. »

Très juste donc, grand maître et inspirateur de nos socialos-néo-libéraux. A ceci près qu’aujourd’hui, non content d’interdire la table aux pauvres, on vire de table une partie de ceux qui étaient déjà assis. C’est même pour cela qu’on nous demande de voter… on verra si les exterminés réagiront…

Rappelons que les Harpagon qui dirigent le monde, les décisionnaires donc, sont des nonagénaires génocidaires. On a la famille d’Angleterre, le prince Charles, Schwab, Rockefeller, Soros, Rothschild, Gates (qui a 66 ans mais en paraît le double), des poignées de faces hideuses effritées qui n’ont qu’une seule obsession : liquider la jeunesse et dépeupler à coups de vaccins ou de privations.

 

Viatique pour des temps obscurs

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Viatique pour des temps obscurs

(Extrait d'un ouvrage à paraître)

par Luc-Olivier d'Algange

«  Nous sommes en exil dans des temps obscurs  »

Giorgio Cavalcanti

Sans doute ne sommes-nous jamais entièrement seuls à trouver ces temps que nous vivons quelque peu obscurs. Un voile terne, qui estompe les formes et les couleurs, semble être tombé, comme un précoce crépuscule brumeux, sur les êtres et les choses. Les cités s'étendent dans la laideur, les véritables libertés se restreignent dans ces âmes ignorantes d'elles-mêmes qui prétendent à gouverner nos mœurs et nos plus intimes pensées. Le ressentiment et la plainte despotisent et renient les heures heureuse et la chantante civilité dont fleurissait, en lys et en iris, le bel héritage.

Figés devant leurs écrans, en statues de sel, nos contemporains rendent leur culte à Hypnos, dans une clarté blafarde, et Mnémosyne délaissée cherche, et trouve, mais seulement chez de rares heureux, ses amis et ses alliés. La scintillante rivière du tradere passe inaperçue et ceux qui entendent son cours passent pour des illuminés, des fous et des méchants. La titanesque alchimie à rebours, appareillée de technologies diverses, travaille à changer l'or du temps en plomb, - en ténèbres tenaces et inexpugnables.

Ni la miséricorde accordée au passé, ni l'amour du présent, ni la disposition providentielle de l'avenir n'ordonnent plus les entendements humains qu’obscurcissent le grief et la rancune. L'art de la gratitude semble s'être perdu, et, avec lui, le sens des bonheurs fragiles. Notre civilisation elle-même, dans ses fastes et ses défaillances, semblable à nos vies fugitives, s'éloigne et nous négligeons ses beautés et ses grandeurs pour n'en plus commenter, en accusations hystériques, que les erreurs et les fautes.

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Ce qui subsistera de ces ravages critiques, ne seront que d'autres erreurs, parées de vertus morales, mais, la pellicule ôtée, vengeresses comme le furent les Mégères et les Erynnies, lesquelles, moins rutilantes qu'autrefois, siègent dans ces nouvelles ligues de vertus, où la «  bienveillance  » pour n'importe quoi se conjugue à une haine de soi,- moins individuelle au demeurant, que collective; le moralisateur prise encore, selon le mot de La Rochefoucauld, de se mépriser.

Notre langue elle-même, qui nous donnait la chance de tout réinventer au cœur des pires désastres, est défigurée et avilie. Le ressentiment donne le la de toute idéologie, et, rendue mutique, la joie laisse la parole, la logorrhée devrait-on dire, à la plainte et à la jalousie. C'est peu dire que cette époque pénale, punie et punitive, n'honore plus les dieux, qui sont puissances; elle s'applique à en détruire en nous toute trace, tout ressouvenir. Un homme qui honore les dieux est perdu pour le culte de la technique et de la finance, - ces idoles des réalistes auxquels le Réel échappera toujours.

Temps obscurs disions-nous, mais une nuance s'impose. Si nos temps sont obscurs, ce n'est pas dans l'Obscur d'Héraclite qu'ils s'aventurent, ni dans l'ombre de Tanizaki, et moins encore dans la nuit de Novalis. Ce ne sont point des demi-jours d'aurore ou de tombée du soir qui nous viennent, ce n'est plus même l'Untergang, la crépusculaire décadence, à laquelle Baudelaire trouvait son charme et Oswald Spengler, sa nécessité, mais un nœud noir qui se noue en nous sous la clarté scialytique, comme dans une salle d'opération, du contrôle universel. Ce monde est l'ennemi tout autant des glorieuses épiphanies que des secrets ombrages. En sa haine du secret, il parachève ce qu'il nomme le «  progrès  », qui n'est pas seulement, comme l'écrivait Cocteau, «  le progrès d'une erreur  », mais celui de l'aplatissement, de la planification globale des êtres et des choses.

Le message est clair: «  Vous qui vous distinguez encore par quelque fidélités aux anciennes sapiences, des plus humbles aux plus hautaines, vous allez mourir et ne laisserez, comme nous y veillons, que la possibilité de vous remplacer, dans un premier temps par des barbares, et ceux-ci ayant accompli leur travail, par une cyber-humanité, augmentée, pucée, contrôlée. Disparaissez au plus vite, Hommes Anciens, avec vos vices et vos vertus mêlées, vos songes, vos rites, vos chants, vos réminiscences, votre temps est passé, vous encombrez les autoroutes de l'Information, vous ralentissez les flux financier, votre attachement à vos terres, vos ciels, vos œuvres, est une offense au Meilleur des monde, nous vous ferons disparaître car nous sommes le Bien en hypostasie, nous sommes le futur sans Providence, notre Bienveillance nous donne le droit et même le devoir de vous tuer.  » Connaître le discours des forces adverses, ce qu'il nous veut, est le premier viatique, celui qui permet d'oser un cheminement hors des sentiers communs, une fuite légitime.

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La mise en accusation permanente de toute beauté et de toute grandeur n'est pas un accident de l'Histoire, mais son sens, désormais. Ainsi nous faudra-t-il échapper à l'Histoire, mais non à la mémoire; entrer dans les secrets du Temps, qui n'est point cette chose linéaire que l'on voudrait nous faire accroire. L'expérience, si périlleuse soit-elle, est salvatrice. Elle sera ce que fut pour Dante, la «  salutation angélique  » de Béatrice. Telle clarté latérale qu'allume sur son passage la vérité secrète des couleurs  soudain touche notre front et nos paupières, si bien que, même les yeux fermés, nous la percevons et ce doux foyer d'or qu'elle éveille dans nos prunelles annonce une Vita nova, une vie nouvelle, ou, plus exactement, renouvelée. Le temps revient à sa base qui est le rythme, le battement du cœur, ou le triple mouvement bruissant de la vague qui toujours recommence.

L'Annonce heureuse est victorieuse de l'Histoire, toutes les défaites sont abolies, la résolution nouvelle alors n'est plus de l'ordre de la volonté, cette grande fourvoyeuse, mais de l'évidence légère. Ce monde lourd, il serait bien vain de le vouloir vaincre par une autre lourdeur, par quelque déploiement de forces titanesques, car il est lui-même sujet du règne des Titans. C'est une légèreté divine qui est requise, un entendement semblable à l'envol du pollen, aux irisations d'une aile de libellule, à la profondeur infinie de la contemplation de l'infime, - du presque indiscernable, qui fait signe. De quelle nuit des temps adviennent cet éclat, ce scintillement ? La voici, protectrice, telle le vaste manteau des constellations.

Par temps obscurs, dans cet exil qui menace de nous faire perdre le sens même de l'exil, - et il n'est rien de plus fatal qu'un exil oublieux de lui-même - il importe de reconnaître et d'honorer ses alliés. L'immémoriale distinction entre amis et ennemis demeure de bon usage. Force est de reconnaître que la grande réconciliation universelle que l'on eût espéré, cette parousie, n'est pas encore advenue. Les temps sont obscurs car nos ennemis, pour lors, ont plus de pouvoir que nos amis. Cependant l'inimitié à laquelle nous devons faire face n'est pas seulement celle des barbares puritains, mais l'Ennemi-en-soi, c'est dire qu'il est aussi en nous-mêmes, et l'inimitié des barbares n'a pas seulement pour espace les lieux où elle se manifeste en force, avec sa fausse piété et ses règlementations obtuses, mais aussi les aires où notre pusillanimité refuse de la discerner et de la combattre; elle agit alors non comme un glaive mais comme un poison, une tristesse qui nous semble sans cause, - et dont nous ne pouvons nous défendre.

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Quels, dans ce désastre, seront nos alliés ? De même qu'il importe de discerner, dans la confusion et le brouhaha moderne, ce qui veut exactement nous nuire, à commencer par cette confusion elle-même, il importe de reconnaître, là où ils se trouvent ou adviennent, nos alliés. Un soir, il m'en souvient, un oiseau marin passant dans le ciel, me sauva la vie. Une translation mystérieuse s'était opérée, j'étais lui et il était moi. La tentation de me jeter par la fenêtre à ce moment-là avait été suspendue par cet impondérable échange entre la magnifique créature ailée aux ailes argentées dans le bleu du ciel au matin et ma personne, chancelante, accablée, assourdie, prise à gorge par l'horreur du monde, et comme poussée par une force active vers la mort, qui est toujours banale.

Cette mouette salvatrice, il m'en souvient maintenant, alors que j'écris ces lignes, me faisait signe aussi d'une autre façon; me ramenant, sans que j'en eusse conscience au moment où elle m'apparut, pour que je vive, à un espace-temps de l'enfance, celui de nos longs séjours sur la côte ligure, à Alassio. Avec mes jeunes amis italiens, nous avions recueilli un gabiano, échoué sur la plage, dont les ailes avaient été souillé par du mazout. Nous l'avions installé sur le balcon de l'hôtel, nettoyé délicatement ses ailes et nourri jusqu'à ce que lui vint l'allant de s'envoler vers son étrange patrie d'air et de mer. L'oiseau qui, bien plus tard, m'avait adressé son salut, du fond de l'azur, était peut-être un "Merci" qui m'était adressé du fond du Temps.

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Ainsi le fonds du temps redevenait une profondeur de ciel, et la mort vers laquelle une déconvenue atroce me poussait, se trouvait abolie. Ce qui nous sauve vient de loin, d'un lointain dont nous n'avions pas assez conscience, d'un lointain perdu. Je contemplais le bel allié disparaître de ma vue comme il était venu, et la vie repris son cours, Vita nova.

Quelques dates sont importantes, c'est le 11 Mars 2018, - le génie numérologique de Dante en déchiffrera le sens, - que l'idée me vint de l'ouvrage que j'écris en ce moment, et surtout, le courage de l'écrire, plus exactement à Alassio, où nous nous étions arrêté sur la route qui devait nous conduire à Florence. Le bruit de la mer la nuit, en face d'un autel floral dédié à Saint-François d'Assise, l'impression, sous le manteau de la nuit qui s'étoilait progressivement, d'avoir trouvé refuge dans une conque du Temps, la passerelle entre l'enfance et ce jours-là, avec, entre les deux les Ailes de Mercy du gabiano, une alchimie impondérable s'accomplissait, une sortie de l'œuvre-au-noir.

Lorsque les alliés humains défaillent, ceux du moins qui nous sont contemporains, et auxquels on ne saurait, par ces temps désastreux, trop le reprocher, d'autres viennent à notre rescousse sur l'orée, là où, selon la formule d'Héraclite, «  la nature ne montre pas, ne dissimule pas, mais fait signe  ». Ce qui nous fait signe est antérieur à la vision, il est ce vide du ciel avant que les ailes n'y paraissent, - attente, attention. Entre celui qui voit et la chose vue, le signe a surgi, qui les accorde dans le secret du cœur. Toute vie est attente et sacrifice - et quand il est possible d'attendre autre chose que la mort, et de se sacrifier à autre chose qu'à l'utilitarisme des «  réalistes  », alors les dieux sont heureux car nous sûmes les honorer.

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Sans doute sommes-nous tous les exilés de notre enfance. Dans la réalité adultérée qui nous est faite, nous sommes en exil du Réel. Celui-ci n'est pas seulement «  ce à quoi l'on se heurte  » selon le mot de Lacan, mais une double-nature, cachée-révélée, ombrée et claire, visible et invisible, intérieure et extérieure. Le Réel est l'adversaire du monde planifié, lequel s'efforce d'établir partout le non-réel «  réaliste  », la fiction commune à laquelle il faudrait croire, et dont le propre est d'ignorer ces gradations, ces mystères, ces temporalités circulaires ou transversales qui échappent au temps de l'usure et nous invitent au recommencement ou à la transcendance. Le monde des réalistes, - qui fait de notre terre une terre d'exil, - n'est plus ni païen, ni chrétien, et cependant une effroyable dévotion, une dévotion inversée, l'entoure, car la fiction qu'il veut imposer n'existe que par la croyance, la doxa la plus butée et la moins encline au doute.

Le Mystère de Delphes, le Mystère chrétien veillaient encore sur nos frontières tremblantes et laissaient à celui qui les éprouvait le sentiment de son matin profond. A ces latitudes et ces longitudes de l'âme le réaliste moderne oppose une certitude si totalitaire qu'elle ne lui apparaît plus comme une certitude qu'une incertitude pourrait contredire ou nuancer mais comme une évidence, une chose «  qui va de soi  », perpetuum mobile. Le réaliste ignore l’exil  ; il est entièrement là où il a réduit le monde, et s'il en souffre, il ne le sait pas. L'identique est sa fin dernière, - et c'est ainsi qu'il travaille à l'uniformisation du monde, afin d'échapper à cette expérience fondamentale, propre de l'espèce humaine, qui est d'entrevoir une profondeur du Temps dans laquelle il est tout aussi possible de se perdre que de se retrouver. Sachant que nous ne cessons de nous perdre, nous nous donnons, par ce savoir, une chance de nous retrouver.

La pire déchéance n'est pas le désespoir mais l'oubli de ce que nous avons perdu. Le sens de l'exil est la chance des retrouvailles; l'exil de l'exil nous incarcère à jamais dans l'illusion qu'il n'y eut jamais, nulle part, ni sur la terre, ni au ciel, les prairies fleuries, les rives, les forêts, les jardins d'une patrie aimée. Tant que l'exil de l'exil, l'oubli de l'oubli n'a pas étendu sa tyrannie sur toute chose et dans toute âme, la plus grande espérance demeure vive, elle qui nous vient de l'Attelage Ailé, de la platonicienne réminiscence.

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Tout est bon au monde planifié et planificateur pour nous interdire ou obscurcir ces advenues. Sur les rivages du monde moderne, ce ne sont pas des Aphrodites Anadyomènes qui sont attendues mais un ressac de bouteilles en plastique et de flaques de mazout. Tout ce qui peut nuire, démoraliser, exacerber l'instinct de mort, est favorisé, les médias s'en chargent. Avons-nous encore, en nous, la disposition d'une attente heureuse ? L'homme sans nostalgie, le parfait consommateur, sera aussi un homme sans pressentiment. Lorsqu'un monde perdu ne luit plus aux confins de la mémoire, lorsqu'une parole perdu ne palpite plus au cœur du silence antérieur, nous sommes, de ne plus nous savoir perdus, semblables à des amnésiques égarés dans l'horreur d'une zone commerciale, et croyant qu’ils sont chez eux.

Entourés des Sinistres et des Rabat-joie, ces majoritaires, comment n'aurions-nous pas ce pressentiment de nostalgie, cette intuition qu'il y eut, et qu'il y aura peut-être, un monde plus intense et plus léger, un monde de gradation heureuses et de nuances qui font rêver, comme les nuées, là-bas, leurs sœurs étymologiques ? Parmi divers processus de neutralisation des œuvres qui sont, dans leur essence et dans leur manifestation, des passerelles vers ce monde perdu, la méthode psychologisante,  après les nombreuses excommunications idéologiques, est la plus courue. Ce qui est dit n'est plus un aspect de la parole, un miroir du Verbe, mais un symptôme à classer dans telle ou telle catégorie.

Tout auteur et toute œuvre, et, plus profondément, toute distinction, ne sont désormais pris en considération que pour être neutralisées. Les temps de l'exil dans l'exil, de l'oubli dans l'oubli sont, fondamentalement des temps de neutralisation, comme en témoignent, par exemple, l'écriture, dite inclusive, et ses théories afférentes. Cependant, dans la langue des services spéciaux et des malfrats, «  neutraliser  » veut bien dire tuer, et c'est bien un instinct de mort qui est à l'œuvre dans l'uniformisation des styles, la haine de toute distinction, de toute supériorité et de tout secret. Toute chose vivante est l'éclosion d'un secret.

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Dans le monde moderne, les seuls secrets protégés sont bancaires et les seules hiérarchies, celles de l'argent et de la technique qui mettent précisément au plus haut ceux qui ont le plus grand pouvoir de neutralisation et juste en dessous, les techniciens subalternes, le petit personnel, les petites mains de la neutralisation, politiciens, journalistes, semi-intellectuels, agents de l'actuelle bouillie «  culturelle  » et subventionnée qui n'existe que pour étouffer les rares surgissements de la parole libre et de la beauté. Tout ce qui peut être produit de niais, mais d'une niaiserie totalitaire, de vulgaire et d'avilissant est promu, à la condition de disposer du pouvoir de neutraliser le médium par lequel quelque chose est communiqué, que ce soit le mot, l'image ou le son. La langue française sera ainsi écrite en traduidu, l'image choisie pour sa hideur et le son pour sa fonction assourdissante ou abrutissante.

La civilisation est devenue notre plus impensé, notre pensée la plus neutralisée. Les mœurs, la façon de réagir aux êtres et aux choses, ne pouvant plus lui être rapportée, les sciences dites humaines s'évertuent à analyser les comportements humains en fonction de la psychologie et la sociologie. Or, ce que nous répondons au monde, et même les réponses que nous en recevons, tiennent tout autant, sinon plus, à la civilisation dont nous héritons qu'à notre complexion psychologique particulière ou à notre classe sociale, - qui elles-mêmes prennent sens par la façon dont nous les interprétons, selon nos propres modalités civilisationnelles. Dans telle culture, le père qui égorge sa fille surprise à fleureter, sauve son honneur et celui de sa famille; dans telle autre, il serait considéré comme criminel. L'héritier de Rabelais, de Montaigne, du Prince de Ligne ou de Pierre Louÿs n'entretient pas les mêmes relations avec l'âme et le corps que le salafiste ou le puritain anglo-saxon. Cette relation moins nouée, plus déliée, ne va, comme toute chose humaine, la pire ou la meilleure, jamais de soi. Elle est apprise et transmise, inventée par une liberté conquise, non dans l'abstrait mais dans l'exercice spirituel et charnel, de proche en proche, qui atténue nos rages et affine nos nuances.

Sans vouloir en rabattre à l'orgueil proverbial des écrivains (on se souviendra de cette phrase délicieuse de Montherlant, à la fin d'un poème: «  Dieu baisa ma main lorsque j'eus écrit ceci  ») et dans un monde médiocratique, certains ont bien raison, face à l'arrogance de tous, de faire flamber haut ce soi-disant vice qui, souvent, se confond avec la vertu du courage, - force est de reconnaître que jusqu'en leurs moindres épithètes, leur virgule la mieux méditée, et surtout dans le rythme qu'ils impriment à leurs phrases, nos bons écrivains sont d'abord, et les plus singuliers d'entre eux, héritiers d'une civilisation, à laquelle ils doivent leurs images et leurs symboles, les sujets dont ils traitent et leur style.

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Ce à quoi nous appartenons - en profondeur, - en dépit de tous les effets de surface voulus, se trahit en deux phrases, si bien que les œuvres les plus «  originales  » ne sont encore qu'une part de la frondaison qui vient puiser sa sève et recevoir son soleil d'une civilité plus ancienne, et sans laquelle nous ne serions, par le Diable, que des «  Communiquants  ». Ce qui nous est propre, notre personne, ce qui, en nous, est irréductible, sachons-le, sera sans que nous n'y puissions rien, et quelles que soient nos transigeances, nos douceurs, l'objet de la haine la plus noire. Par un instinct malfaisant, ce qui nous fonde sera haï, ou nous sera contesté, autant que nous le serons nous-mêmes, dans nos particularités acquises. Ce mouvement dégagé, cette allure, ce style qui ne convient plus aux convenances média-médiocratiques, ces possibilités d'exercer la vie durant notre bref séjour, hors des normes de la servitude volontaire, suscitera contre nous des volontés agrégées.

Notre civilisation est dévastée non seulement par les barbares, mais par nos reniements les plus intimes, lesquels laissent aux barbares la puissance qu'elle éteint dans notre propre cœur. Les «  Droits de l'homme  » (qui au demeurant ne sont exercés que lorsqu'ils ne contredisent pas quelque intérêt financier ou technomorphe) ont remplacés, dans la doxa commune, les droits de l'Ame, et finissent par ne plus être, somme toute, dans le règne de la quantité, que le devoir d'être interchangeables. Or, lorsque les hommes sont devenus interchangeables, la pensée leur fait défaut et la conscience sourde de leur misère leur fait inventer de ténébreuses conspirations, des causalités maléfiques, extérieures à eux-mêmes alors que dans un monde planifié, un monde littéralement neutralisé, les interchangeables ne sont jamais dominés que par d'autres interchangeables, et que les agents de la servitude n'ont plus d'identité, comme ils en eurent naguère dans les romans d'Eugène Sue.

Désormais ce ne sont plus les hommes qui communiquent entre eux par l'entremise des machines mais la Machine qui communique avec elle-même par l'entremise des hommes. Le grand Contrôleur qui se figure lui-même «  en chef  » est lui-même contrôlé par le dispositif qu'il sert  ; ce qu'il peut y gagner, en argent ou en pouvoirs illusoires, est infiniment inférieur à ce qu'il y perd: le rapport sensible avec les être et les choses, - et son âme. De plus en plus nombreux sont ceux qui ont tant et si bien perdu leur âme qu'ils ne croient plus en son existence pour personne. Ils se font progressivement à l'image de leur dieu, qui est Machine, et rêvent de s'appareiller, de se perpétuer, de s'augmenter, comme le font les Machines. L'âme niée demeure cette absence en eux qui les rend fou, d'une folie insatiable. Mais qu'est-ce que l'Ame ? L'âme est vive, mouvement, littéralement «  ce qui anime  », elle est floraison et mystère, profondeur dans la profondeur; l'âme est un matin de printemps où nous sommes chez nous, soudain, alors même que nous savons que le monde est notre exil.

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Comptez les heures que vous passez devant un écran, c'est dire aussi radicalement séparés du monde que possible. Chacune de ces heures est une prière ôtée aux ressources de l'âme, - un triomphe de l'abstrait au détriment du sensible. Le premier viatique par temps obscurs sera de regarder à côté et au-dessus de l'écran, de tout ce qui fait écran, par-delà cette fausse perfection, vers tout ce qui est imparfait et changeant, vers tout ce qui repose dans sa fragilité originelle, vers toutes les puissances en train d'éclore, celles du jour qui point, des nuages qui se défont et s'assemblent, de la pluie qui heurte la vitre, et, peut-être, du visage de son semblable. Si petit que soit l'écran, tenant au creux de la main, voici de nouvelles générations auquel il suffira pour abolir le monde autour d'eux.

Le Diable est dans l'inattention qui nous sépare du monde et nous laisse à disposition des pensées venimeuses qu'il nous inspire. Abstraits du monde, nous sommes livrés, sans contredits, à ses tristes palabres. Ce qu'il veut nous inspirer de jalousies amères et de griefs lancinants nous assourdit dans un silence de mort. Abstraits du monde, nous sommes sans défenses face aux mauvaises tentations de la tristesse. Est-ce assez comprendre que les temps obscurs sont d'abord en nous-mêmes, sous forme d'attristantes pensées, certes, mais aussi sous la forme d'un Temps dont la linéarité, la mesure purement quantitative ne laisse aucun espoir à ce qui rayonne, ni à la qualité exquise.

Au temps linéaire, qui nous éloigne de toute patrie aimée, opposons le temps en rayons, en corolles, telles que surent les figurer les rosaces de nos cathédrales. A la quantité omnipotente opposons les qualités des êtres et des choses et leur irréductible mystère, et leurs saveurs qui sont sapience. «  Les goûts et les couleurs ne se discutent  » dit le proverbe. S'ils ne se discutent, ils s'interprètent à la façon de l'herméneute ou du musicien, - c'est encore une affaire de goût. Ce qu'une civilisation développe en nous, c'est le goût.

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Les progrès notoires de la vulgarité tiennent à ce qu'elle ne cesse d'être récompensée, comme le sont aussi le mauvais goût et la mauvaise foi. Nous vivons ces temps où toute distinction est honnie au nom d'une morale qui tient toute vertu aristocratique pour un mal en soi. La faveur dont jouit la vulgarité est idéologique et dépasse l'assentiment que les vulgaires donnent à leurs semblables. Pour s'en convaincre, il suffit d'allumer le poste: tout ce qu'il y a de vil et d'avilissant nous saute au visage. Cette vulgarité n'est pas seulement l'absence de distinction, elle est sa destruction âprement programmée, voulue avec détermination, avec une arrogance absolue.

Peut-être conviendrait-il de s'attarder sur la nature de ce qui est ainsi voué à disparaître sous l'assaut ? Quel est ce goût, cette éthique, ce style, cette sapience dont on ne veut plus, et qu'il convient, selon la bonne morale en cours, d'éradiquer ? A partir de quels critères cette civilité est-elle reconnue comme l'Ennemie par le monde utilitaire, global, planificateur ? Pour bien le comprendre, il faudrait, et l'exercice n'est pas coutumier, concevoir ce qui est à la fois le plus impersonnel et le plus intime et rétablir entre ces deux extrêmes une relation fulgurante.

Ce monde qui nous exile de nous-mêmes est d'abord un monde de subjectivités en série, séparées, abstraites, non seulement d'autrui mais du courant même de la rivière de la tradition, et ce qui nous en vient à manquer, ce n'est pas tant une «  identité  », le monde moderne en pullule, qu'une harmonique, une gradation des possibles dont l'exercice fut d'abord musical, y compris dans le silence de la lettre et la contemplation de l'image. Ce qui nous manque, mais se manifeste alors comme un désir créateur par l'absence ainsi désignée, un dessein de reconquête d'un pays perdu livré aux barbares, n'est autre que le chœur des voix sensibles et intellectuelles, telles que nous les retrouvons intactes cependant, exemples parmi d'autres, diverses avec bonheur, dans les voix reçues et transmises par Hildegarde de Bingen ou encore, dans les Neufs cents conclusions de Pic de la Mirandole.

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Que nous disent ces œuvres majeures, mais secrètes quelque peu, de notre civilisation ? Elles nous disent que les êtres et les choses ne sont pas seulement ce qu'ils paraissent être. La vie et la mort ne sont pas seulement un processus biologique et sa cessation. Un visage n'est pas seulement une réalité morphologique. Un arbre n'est pas seulement une plante, mais un symbole. Les dieux sont des réalités à la fois intérieures et extérieures. L'aventure de l'âme est de connaitre les gradations entre le sensible et l'intelligible, qui voilent et dévoilent ce qui est unique, indivisible.

Les notions les plus généralement répandues, traitées, critiquées sont souvent les plus incomprises et les moins interrogées. Ainsi en est-il de «  l'individu  », - objet de notables disputes de la part de nos idéologues. Aux adeptes de l'individu et de sa liberté universelle s'opposent les critiques, de gauche et de droite, parfois pertinentes dans leurs limites propres, sinon qu'elles semblent oublier que l'individu interchangeable du monde global est le sujet même du collectivisme le plus radical, dont le triomphe est l'indifférenciation.

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Qu'est-ce qu'un individu ? En quoi une certaine façon d'être individué, est-il le propre de la culture européenne, avec, certes, tous les périls inhérent à ce processus d'individuation ? Il n'est pas indifférent de constater que les occurrences diverses de la philosophie moderne, - dressées contre la philosophie stoïcienne, platonicienne, et contre la tradition théologique de l’Occident, - du marxisme classique aux philosophes de la «  déconstruction  », se sont d'abord évertuées à la critique du «  sujet  » en tant qu'individu. A la rescousse de ces théories sont venues, par la suite, des idéologies plus naïves  : «  tribus  » new âge, communautarismes vindicatifs, collectivisme entrepreneurial ou managérial, - tout cela dans un même mouvement appliqué à faire disparaître cette disposition fragile, inquiète, mais d'autant plus créatrice que perpétuellement en péril, et nuancée par sa propre expérience du nihilisme, que l'on nomme une civilisation, - comme s'il n'y avait plus, sur notre horizon politique, que cette notable opposition entre l'individu et le collectif, quel qu'il soit, et que l'individu se bornait à n'être que la figure du libéralisme économique, alors que celui-ci, dans son mode opératoire et ses fins, - l'asservissement à la production et à la consommation, - est un collectivisme comme les autres, et non le moindre car il suppose la servitude volontaire.

Certains anti-libéraux arguent du fait que le libéralisme n'accorde la liberté aux individus que pour la ôter aux peuples, mais l'argument semble naïf, car la liberté accordé aux individus n'est pas seulement abstraite, elle est un leurre. L'individu irrélié tombe sous le joug du pouvoir le plus évident: celui de l'argent et de la technique, ces despotes sans défaillances. En quoi suis-je libre, individué, si rien de ce dont j'hérite ne peut plus être dit ni manifesté, et si ma langue elle-même se réduit à n'être que le vecteur de l'utilitarisme et de la communication de masse  ; ou si, ayant appris à lire, à penser, avec Montaigne ou Valéry, je ne suis plus compris de personne, et condamné ainsi à un exil sans fin dans mon propre usage de la langue ?

L'individu véritablement différencié est l'indivis, ce qui, en moi, est irréductible et ne peut être divisé, ce noyau d'être qui établit ma relation avec le noyau de l'être, le feu central de l'être, selon la formule de Dominique de Roux, - qui est à la fois la chose la plus intime et la plus objective. A quoi visent les théories de la déconstruction, sinon à fondre l'indivis dans le flux de la société, dans l’indifférenciation globale ? Or, la société, devenue l'ennemie de la civilisation, ne saurait être d'aucun recours contre le drame de l'existence insolite, isolée dans la masse, qui interdit l'expérience même de la solitude essentielle, celle du contemplateur de la mer de nuages, celle de Nietzsche qui veut se délivrer de son dégoût à voir la canaille assise près de la fontaine. La critique de l'individualisme tourne court dès lors que l'individu qu'elle vise n'est déjà plus que cette unité interchangeable, parfaitement rodée, que révèrent, sans pouvoir la réaliser, les totalitarismes de naguère. Le véritable indivis, ne se divise ni ne s'interchange, il s'enracine dans la terre et le temps et se démultiplie. Si notre héritage ne nous allège et n'accroît notre puissance, s'il n'est qu'écorces mortes et pesanteur atmosphérique, il est temps, non de le renier, mais d'aller chercher en lui, plus loin, plus profond, jusqu'au mystère, qui nous tient en exil de notre plus abyssale vérité.  «  Deviens qui tu es  » dit l'adage. Allons, mes amis, vers Delphes et vers Eleusis, recevons l'enseignement des forêts et des mers, soyons arthuriens et odysséens à la folie, souvenons-nous des Muses, afin qu'elles se souviennent de nous et nous protègent.

Luc-Olivier d'Algange

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Biden veut une Turquie malléable: sa stratégie fonctionnera-t-elle?

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Biden veut une Turquie malléable: sa stratégie fonctionnera-t-elle?

Par Salman Rafi Sheikh

Ex : https://geopol.pt/2021/05/07/biden-quer-uma-turquia-malea...

En lâchant la "bombe du génocide", le président américain en exercice semble avoir enclenché un processus qui, selon lui, obligerait la Turquie à s'aligner sur les politiques américaines, alors que les chances politiques d'Erdogan sont apparemment en baisse. N'oublions pas que Joe Biden s'était engagé pendant sa campagne électorale à reconnaître le génocide arménien. Ainsi, alors que l'administration Trump continuait à esquiver cette question, il a fallu moins de trois mois à Joe Biden, nouveau résident de la Maison Blanche, pour reconnaître officiellement le génocide arménien; d'où la question: quels objectifs particuliers l'administration Biden cherche-t-elle à atteindre par cette initiative extraordinaire?

Ces dernières années, la Turquie se positionne de plus en plus comme un "acteur indépendant" entre l'Ouest et l'Est, et utilise cette interaction pour réaliser ses propres ambitions "néo-ottomanes", c'est-à-dire des objectifs qui visent à redonner à la Turquie la position perdue d'acteur mondial majeur qu'était l'empire ottoman au XIXe et au début du XXe siècle.

Au cours des dernières années, la Turquie et les États-Unis ont développé des visions du monde divergentes qui ne sont plus façonnées par un quelconque scénario dominant de l’ancienne guerre froide mondiale. Ainsi, à l'heure où les États-Unis renforcent leur position vis-à-vis de la Russie et de la Chine, de nombreux membres de la coalition gouvernementale turque, y compris le parti d'extrême droite, le Mouvement nationaliste, estiment que la Turquie devrait développer des liens plus forts avec la Russie et la Chine, et mettre fin aux liens avec les États-Unis, l'UE et l'OTAN. Cela a conduit le gouvernement de coalition en Turquie à croire de plus en plus que le monde n'est plus centré sur l'Occident et qu'il existe une marge considérable pour les manœuvres stratégiques.

Cependant, c'est l'auto-positionnement de la Turquie en tant qu'"acteur indépendant" qui l'a mise sur une trajectoire de collision avec les États-Unis. Nombreux sont ceux qui, aux États-Unis, considèrent Erdogan non pas comme un allié de l'OTAN, mais avant tout comme un autocrate qui peut créer des turbulences au détriment des États-Unis dans le Moyen-Orient élargi. Plus important encore, les diverses actions de la Turquie, notamment sa coopération croissante avec la Russie en matière de défense, semblent avoir créé une crise au sein de l'OTAN, l'entravant à l'occasion.

En tant que tel, avec Biden qui tente de faire revivre l'Otan et de réintégrer les États-Unis dans le concert européen pour inverser la dynamique lente des écarts transatlantiques croissants qui ont émergé pendant l'ère Trump, il est impératif que toute division dans l’ensemble transatlantique soit subvertie, ce qui nécessite que tous les membres de l'Otan s'alignent sous le commandement des États-Unis, un objectif que l'administration Biden considère de la plus haute importance pour restaurer la domination perdue de l'Amérique, et raviver sa capacité à influencer et façonner unilatéralement les affaires politiques mondiales.

Mais la question cruciale est la suivante: la Turquie renoncera-t-elle à ses propres ambitions géopolitiques pour plaire à l'administration Biden et l'aider à atteindre la suprématie américaine ?

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Si Erdogan s'est empressé d'adopter une attitude conciliante à la suite de la reconnaissance du génocide arménien par Biden, la Turquie y voit généralement une tentative américaine d'affaiblir le régime d'Erdogan en attisant les divisions politiques au sein de la Turquie en vue d'un "changement de régime". La livre turque est déjà tombée à des niveaux quasi record par rapport au dollar américain après la reconnaissance du génocide par M. Biden, ce qui complique la position politique déjà faible d'Erdogan.

En effet, la référence de Biden au génocide en tant que "génocide arménien de l'ère ottomane" semble viser la rhétorique politique intérieure d'Erdogan qui s'appuie largement sur les héritages de l'ère ottomane, y compris son statut de puissance mondiale. En reconnaissant le génocide, l'administration Biden a obligé les gens du monde entier à prendre conscience de ce que le "néo-ottomanisme" a à offrir au XXIe siècle.

Par conséquent, les objections de la Turquie à cette reconnaissance découlent de la crainte de demandes de réparations, ainsi que de la crainte d'être considérée comme un pays paria, détesté autant par ses territoires cibles "néo-ottomans" en Asie et en Afrique que par l'Occident (les États-Unis et l'Europe).

Toutefois, si l'administration de Joe Biden a peut-être calculé qu'adopter un ton dur à l'égard de la Turquie pourrait rendre Erdogan malléable, il n'en reste pas moins que la reconnaissance du génocide arménien par Biden pourrait également finir par s'ajouter à la longue liste des désaccords entre les alliés de l'OTAN. Ainsi, au lieu de forcer un Erdogan politiquement faible à s'aligner sur les États-Unis au sujet de la Russie, la reconnaissance pourrait également pousser la Turquie à se rapprocher encore plus de la Russie et de la Chine, laissant la crise des liens entre la Turquie et les États-Unis perdurer pendant longtemps.

S'il est possible qu'il n'y ait pas de réaction immédiate, car Erdogan a des options limitées à un moment où il lutte contre l'une des crises de COVID les plus élevées au monde, couplée à une chute continue de la livre turque, Ibrahim Kalin, conseiller d'Erdogan, a déclaré que la Turquie va peser sa réaction avec soin, et ses contre-mesures pourraient même impliquer de mettre fin à la coopération militaire avec l'Otan, ajoutant ‘’qu’il y aura une réaction de différentes formes et types et degrés dans les jours et mois à venir."

Toutefois, une telle réaction, si elle implique d'attaquer l'OTAN de l'intérieur, nécessitera le soutien de la Russie et même de la Chine, un soutien qu'Ankara ne peut obtenir sans procéder à des changements politiques cruciaux dans certains domaines sensibles de sa politique. Un approfondissement des liens avec la Russie ne sera peut-être pas possible si la Turquie n'accepte pas de modifier sa politique consistant à compliquer inutilement les zones de conflit, de la Syrie à l'Ukraine. En ce qui concerne la Chine, la Turquie devra recalibrer sa compréhension des allégations américaines de "génocide" des musulmans ouïgours dans la région du Xinjiang. Pour la Turquie, la reconnaissance américaine du génocide arménien devrait servir de leçon sur la façon dont une telle rhétorique est souvent politiquement motivée, cherchant à déstabiliser une politique particulière.

Par conséquent, la capacité de la Turquie à compenser les problèmes déclenchés par Biden dépendra de la manière dont elle fera contrepoids en établissant soigneusement des liens avec la Russie et la Chine, deux des plus puissants concurrents stratégiques des États-Unis.

Pressions occidentales sur la Turquie

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Pressions occidentales sur la Turquie

Par Aldo Braccio

Ex: https://www.eurasia-rivista.com/richiamo-occidentale-alla...

Avril 2021 : on assiste à une accentuation de la pression occidentale sur la Turquie, placée entre un réalignement atlantique (pour lequel, toutefois, un " changement de régime " significatif et une rééducation appropriée de l'opinion publique seraient nécessaires) et le dialogue eurasien. Des États-Unis et de l'Union européenne viennent des leçons de morale - consciencieusement marquées par l'idéologie décadente du politiquement correct - et d'histoire (concernant le conflit entre Turcs et Arméniens) visant à réaffirmer la pensée unique autorisée en matière de droits civils et de recherche historique. Des positions polémiques, des menaces et, de temps en temps, des flatteries qui ajoutent aux tensions en Méditerranée - où une alliance fonctionne déjà pour exclure la Turquie de tout jeu - et en Mer Noire, où l'ingérence militaire de Washington prévoit la collaboration obligatoire d'Ankara dans une perspective anti-russe.

I.

Le mur de l'OTAN présente quelques fissures qu'il n'est pas toujours facile de cacher ou de minimiser: c'est par exemple le cas de la Turquie, à propos de laquelle les attaques médiatiques continues et intenses (et pas seulement) contribuent à creuser la distance entre le monde occidental et le monde turc.

Derrière la regrettée - et grotesque - " discourtoisie du canapé "[1] mise en scène en avril 2021 à l'occasion du sommet entre la Turquie et l'Union européenne se cache d'abord l'idéologie du politiquement correct, qui se conjugue avec une hostilité préjudiciable à l'égard de ce qui est turc : mais il y a aussi un jeu géopolitique plus profond qui concerne en particulier les scénarios à l’œuvre dans la Méditerranée et la mer Noire (c'est-à-dire de la "Méditerranée au sens large") dans le contexte de la confrontation russo-américaine.

Il s'agit de scénarios qui impliquent directement la République turque, la plaçant probablement devant un choix géopolitique décisif pour son avenir.

Mais prenons en considération l'autre controverse anti-turque, plus lourde, qui a explosé en avril 2021, celle du ‘’génocide des Arméniens’’, relancée avec force par le nouvel occupant de la Maison Blanche.

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Joe Biden a toujours eu, à titre personnel, peu de sympathie pour la Turquie d'Erdoĝan, mais aussi pour les Turcs en général, considérés comme génocidaires des Arméniens. Avec des membres du Congrès et des sénateurs des partis républicain et démocrate - tels que Joe Knollenberg, George Radanovich et Nancy Pelosi - le sénateur Biden s'est distingué depuis la première décennie de notre siècle dans la campagne pour la reconnaissance de cette prétendue extermination, allant au-delà de la volonté d’Erevan elle-même - plus prudente que la diaspora arménienne disloquée en Occident - et surtout de l'Eglise arménienne basée en Turquie[2].

Lors de la campagne électorale pour la présidence des États-Unis, le candidat Biden a réitéré sa position, annonçant en août 2020 son intention de faire reconnaître par les États-Unis le génocide des Arméniens attribué aux Turcs.

Comme on le sait, la Turquie ne reconnaît pas et conteste radicalement cette thèse, allant jusqu'à poursuivre ceux qui la soutiennent - et ce, selon une leçon qui vient de l'Occident, où l'on fait souvent semblant de faire taire et d'emprisonner ceux qui proposent courageusement des recherches historiques non conformes à la "vérité" officielle.

Quelle que soit la réalité historique de l'affaire - certes douloureuse mais controversée - la Turquie a toujours perçu cette grave accusation portée contre elle comme une ingérence inacceptable et injustifiée, portant atteinte à sa dignité nationale. Un nouveau pas a été franchi dans cette direction, marqué par une couverture médiatique mondiale: le New York Times du 21 avril a été le premier à rapporter que le président Biden avait décidé de "reconnaître le meurtre d'un million et demi d'Arméniens comme un génocide", et que l'annonce officielle serait faite trois jours plus tard.

C'est ainsi que, le 24 avril, M. Biden a écrit solennellement que "le peuple américain honore tous les Arméniens qui sont morts dans le génocide qui a commencé il y a 106 ans’’.

Le président américain a montré qu'il voulait adoucir le ton de la déclaration - qui reprend par ailleurs les motions similaires approuvées entre octobre et novembre 2020 par le Congrès et le Sénat américains, bien que non contraignantes - en espérant une "réconciliation entre l'Arménie et la Turquie" et une "normalisation de leurs relations". Mais la réaction d'Ankara, de son président et de son ministre des affaires étrangères, a été, à juste titre, dure et furieuse.

Mais en fait, la déclaration solennelle de Biden va dans une direction tout à fait différente de la réconciliation et de la normalisation: elle interrompt la laborieuse tentative de confrontation - même dans le domaine de la recherche historique - en cours entre Turcs et Arméniens pour la fouler aux pieds et condamner son objectif, exacerbant les pulsions nationalistes des extrémistes des deux côtés.

Une déclaration publique récente et raisonnable d'Erdoğan ("Je me souviens respectueusement des Arméniens ottomans qui ont perdu la vie dans les conditions difficiles de la Première Guerre mondiale, et je présente mes condoléances à leurs petits-enfants") est annulée par la "vérité officielle" sanctionnée par Washington, qui intervient pour exciter les esprits: comme cela arrive toujours, surtout au Proche-Orient.

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Une autre attaque contre Erdoğan, que le président américain s'était réservée à l'occasion de la sortie de la Turquie de la Convention dite d'Istanbul, c'est-à-dire la Convention du Conseil de l'Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l'égard des femmes et la violence domestique, en vigueur depuis août 2014 : une convention que la Turquie considère viciée par une orientation idéologique hostile à la famille traditionnelle sous couvert de lutte contre la violence.

"Un choix soudain et injustifié, alors que dans le monde nous assistons à une augmentation des cas de violence domestique, y compris les nouvelles sur l'augmentation des féminicides en Turquie", a commenté Biden, qui avait déjà accusé Erdoğan d'"autocratie", un concept qui s'avère être complètement similaire à celui de dictature, bien que peut-être moins explicite.

L'Union européenne, comme à son habitude, s'est adaptée à l'accélération du ton américain: la commission des affaires étrangères du Parlement européen - par exemple - a condamné Ankara pour "les déclarations provocatrices à l'encontre de l'UE et de ses États membres, la politique hostile, l'éloignement de plus en plus marqué des valeurs et des normes européennes, l'incarcération massive et continue de journalistes, de défenseurs des droits de l'homme et d'opposants politiques"; le ridicule scandale des canapés, mentionné ci-dessus, a ensuite relancé toutes les raisons et tous les prétextes d'accusation contre le pays du Croissant de Lune.

L'Italie, elle aussi, joue un rôle dans le barrage antiturc - ainsi que dans les barrages antirusse et antichinois - comme en témoigne l'attaque soudaine du Premier ministre Draghi contre le président Erdoğan, qualifié rien de moins que de "dictateur", sur fond de campagne médiatique antiturque continue et martelée de la presse italienne.

Le rôle de l'Italie semble être celui indiqué par le secrétaire d'État Blinken lors de la réunion/convocation du ministre des affaires étrangères Di Maio à Washington: une "forte collaboration sur la Libye, l'Ukraine et l'Afghanistan". "L'Italie et les États-Unis partagent la même préoccupation concernant la présence de forces étrangères en Libye", a confirmé Di Maio avec diligence, faisant évidemment allusion à la Turquie et à la Russie, considérées comme des intrus gênants dans un pays que l'Italie a également contribué à plonger dans le chaos le plus total.

II.

Tout cela est certainement le prélude à une nouvelle tentative occidentale de changement de régime en Turquie - cette fois peut-être par des moyens électoraux, plutôt que par un coup d'État militaire - mais cela provoque déjà une forte pression sur Ankara [3], pour l'inciter à coopérer avec la politique extrémiste des États-Unis contre la Russie, la Chine et l'Iran [4].

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Nous avons déjà mentionné l'importance des scénarios de la Méditerranée et de la mer Noire: si dans le premier cas, le fer de lance de la campagne visant à évincer la Turquie est l'alliance sans précédent entre la France, Israël et la Grèce (avec l'approbation explicite de l'Union européenne), dans le second, l'option d'une "réhabilitation" de la Turquie est réclamée par Washington, qui est toujours à l'aise avec la politique des menaces et des flatteries. En particulier, dans cette phase, les Américains exigent le passage de leurs navires de guerre - et évidemment ceux de l'OTAN - à travers les détroits (Bosphore, Dardanelles, mer de Marmara) - vers la mer Noire, une zone cruciale dans le déploiement antirusse ; c'est là que le grand exercice US-Ukraine-OTAN, nommé Sea Breeze, a été annoncé pour l'été. Le rôle attribué à la Turquie par la Convention de Montreux, qui réglemente le passage par le "Détroit", est, dans cette perspective, important et décisif.

Il faut reconnaître que les relations entre Ankara et Kiev sont bonnes, mais cela ne suffit pas à Washington: dans le cadre d'un récent sommet du Conseil de coopération turco-ukrainien, Erdoğan a en effet déclaré qu'"Ankara est favorable à une résolution rapide et pacifique des différends entre la Russie et l'Ukraine par le biais de négociations", afin de "préserver la paix en mer Noire".

On est loin de la position de Washington, qui ne veut tout simplement pas entendre parler d'équidistance entre la Russie et l'Ukraine et cherche plutôt, comme le souligne le politologue et professeur d'université turc Volkan Özmedir, à "favoriser intentionnellement une augmentation de ces tensions en poursuivant une stratégie visant à ramener de son côté des membres de l'OTAN comme l'Allemagne et la Turquie"[5].

NOTES

1] Une description objective de l'événement, loin des représentations hypocrites des grands médias, dans : Giuseppe Mancini, Il sofà della Von der Leyen: dietro lo scandalo inesistente c’è solo il protocollo, www.laluce.news 7 avril 2021.

2] En ce qui concerne plus particulièrement les Arméniens de Turquie, il convient de tenir compte de: Beraaa Gőktürk, Patriarche arménien de Turquie - "L'exploitation de la douleur d'autrui nous attriste’’ www.aa.com.tr 23 avril 2021. Le patriarche Sahak Mashalian note que le fait de mettre la question historique du ‘’génocide’’ à l'ordre du jour des parlements d'autres pays "ne sert pas le rapprochement des Arméniens et des Turcs, et retarde même leur réconciliation."

3] Le 29 avril, le secrétaire d'État américain, M. Blinken, est allé encore plus loin en annonçant des sanctions en cas de deuxième achat de systèmes de défense S-400 de fabrication russe.

4] Mais cette attitude arrogante et simpliste conduit de plus en plus à une impatience généralisée de la Turquie face aux prétentions occidentales, ainsi qu'à une plus grande prise de conscience historique et géopolitique. Nous citons par exemple Ibrahim Karagül dans Yeni Şafak (le journal le plus représentatif de la zone gouvernementale) du 26 avril 2021, qui souligne qu'il existe des forces en Turquie "en faveur de la protection des États-Unis et de l'Occident sur la Turquie". "Une protection - explique-t-il - demandée depuis l'époque ottomane par les libéraux, les conservateurs et les islamistes pro-américains; les États-Unis sont au centre de l'attaque contre la Turquie (...) ils constituent un État qui s'est établi sur le sang de millions de personnes, qui a massacré des centaines de milliers de personnes même au XXIe siècle (...) mais ils ne sont plus au centre du monde": ils perdent du terrain face aux puissances émergentes du XXIe siècle, et ils sont à couteaux tirés avec la moitié du monde, ils n'ont plus aucune crédibilité (...). Les États-Unis, l'Europe, Israël, toutes les puissances troublées et préoccupées par la montée en puissance de la Turquie, soutiennent la bataille (contre elle) encore plus qu'avec la tentative de coup d'État de 2016". Toujours dans Yeni Şafak et les mêmes jours, Abdullah Muradoğlu déclare que "les fausses accusations de Biden contre la Turquie sont le dernier exemple de la vacuité de la compréhension américaine du terme "allié" (...) Inutile de dire qu'il n'y avait pas de place pour une mentalité génocidaire dans l'ordre établi par l'Empire ottoman". Muradoğlu détaille ensuite les précédents de la politique étrangère américaine, notamment les cas des massacres de la Seconde Guerre mondiale, de Dresde et des bombes atomiques sur le Japon, pour conclure que "les États-Unis doivent se regarder dans le miroir longtemps avant de prêcher le génocide."

5] Sur ce sujet et les retombées de la Convention de Montreux (non signée par les États-Unis), l'intéressant article: Esperto turco: la Convenzione di Montreux ostacola gli USA nel Mar Nero, dans www.it.sputniknews.com du 17 avril 2021.

Aldo Braccio

Aldo Braccio a collaboré assidûment à Eurasia. Rivista di studi geopolitici depuis le premier numéro et a publié de nombreux articles sur son site web. Ses analyses concernent principalement la Turquie et le monde turcophone. Sur des sujets liés à la zone turque, il a donné des conférences au Master Mattei de l'Université de Teramo et ailleurs. Il est l'auteur du livre La norma magica. Il sacro e il diritto in Roma (sur les relations entre la conception du sacré, le droit et la politique dans la Rome antique) et Turkey ponte d'Eurasia (sur le retour du Pays du Croissant sur la scène internationale). Il a écrit plusieurs préfaces et a publié de nombreux articles dans des journaux italiens et étrangers. Il a participé au VIIIe Forum italo-turc qui s'est tenu à Istanbul et a été invité à plusieurs reprises, pour des interviews et des commentaires, par la radio et la télévision d'État iraniennes.

mercredi, 12 mai 2021

Reconstruction de la préhistoire

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Pavel Tulaev:

Reconstruction de la préhistoire

Une autre direction de nos recherches se penche sur les travaux scientifiques populaires des auteurs qui reconstruisent une origine ancienne ou une préhistoire de la Russie. Ils partent des données archéologiques, mais dessinent leur propre modèle du passé.

51O2rvvLMOL._SX305_BO1,204,203,200_.jpgAinsi, l'amateur d'histoire antique V. M. Gobarev a publié deux éditions complémentaires: La Russie avant le Christ (M., 1996) et le livre en deux volumes Préhistoire de la Russie (1994). Dans une forme littéraire fascinante, il retrace l'histoire de la lutte des anciens peuples d'Europe centrale et orientale pour leur indépendance et couvre la période allant du deuxième millénaire au IVème siècle avant J.-C. (Targitai et Radegosh dans les guerres de l'âge du bronze, Svyatovit et la Forêt-Noire, Svarog et Svarozhich dans la lutte contre les Cimmériens, les rois scythes, les Skolotes, etc.). A la fin du livre, on trouve une liste de références, un commentaire détaillé, un dictionnaire des noms et des toponymes, ainsi que des illustrations, rassemblées en annexe. Dans ce nouveau livre, V. M. Gobarev poursuit un récit populaire de l'histoire du monde païen de l'Europe de l'Est. Cette fois, l'auteur se concentre sur les IIIème-Ier siècles avant Jésus-Christ. Il commence l'histoire par les exploits de Radigastus, décrit les voyages maritimes des Vénètes, leurs combats contre les Goths, la bataille des ancêtres des Slaves avec les Amazones et les Sarmates nomades, l'alliance guerrière des anciens Slaves et des Scythes, les actes héroïques de Skilur, Polak, Savmak, le livre se termine par un essai sur les guerres de Mithridate et les premières campagnes contre les Romains.

Hyperboray-Secrets-of-Russia-Valeria-Demin-in-formats-fb2-TXT-PDF-EPUB-e-book.jpgL'écrivain prolifique V. N. Demin fait partie des partisans de la théorie du Nord. Ses hypothèses et généralisations audacieuses sont contenues dans ses livres, Where Are You From, Russian Tribe? (M., 1996), Rus' Hyperboréen (M., 2002), Ancienne Antiquité. Russian Protocivilization, co-écrit avec E. Lazarev et N. Slatin (M., 2004). Sur la base des données de l'ethnographie, de la linguistique, de la mythologie, de l'archéologie et du folklore modernes, V.N. Demin propose un concept non trivial de l'origine du peuple russe. Il pense que dans les temps anciens, dans le nord de l'Eurasie, dans des conditions climatiques différentes de celles d'aujourd'hui, existait une "civilisation hyperboréenne", qui a partiellement disparu, et s'est partiellement dissoute dans les cultures eurasiennes anciennes et modernes. Son livre passe en revue les études classiques de l'histoire de l'antiquité, un riche matériel sémiotique, beaucoup de citations poétiques, d'exemples littéraires, de dessins et de symboles.

В. N. Demin est un véritable passionné d'archéologie et un patriote actif. Il a lancé plusieurs expéditions dans la péninsule de Kola sur les traces de Barchenko, où se trouvait probablement l'une des plus anciennes civilisations. Le rapport de l'expédition, accompagné de photos et de dessins sensationnels, a été publié dans la revue Science et religion (1997, n° 11), ainsi que dans l'anthologie Mythes et magie des Indo-Européens (numéro 6, M., 1998). Le même sujet est consacré au rapport de la Société géographique russe In Search of Hyperborea de S. V. Golubev et V.. V. Tokarev (St. Petersburg, 2004).

Dans ses nouvelles éditions Chemins testamentaires des tribus slaves (2002) et Rus annalistique (2002), V.N. Demin entre dans un nouveau domaine historique, résumant de manière éclectique les informations sur les Aryens et les Scythes, les Vikings et les Vandales, les Cimmériens et les Varègues. A côté des faits curieux et des références aux classiques russes dans les éditions de cet auteur, on trouve des comparaisons dilettantes qui entraînent le lecteur vers des hypothèses parascientifiques.

L'homonyme de Demin, Valeriy Mikhaylovich, un officier retraité d'Omsk, a publié dans la maison d'édition "Russkaya Pravda" plusieurs versions de son étude Des Aryens aux Russes. S'appuyant sur les ouvrages classiques des historiens nationaux, ainsi que sur certaines sources controversées et hypothèses modernes (Livre de Veles de A. Asov, Vedas slaves-aryens de A. Khinevich, théories de L. Gumilev et d'autres), l'auteur résout les problèmes méthodologiques d'un sujet de recherche: il analyse les tâches de la science historique, les différentes formes de son interprétation, propose la périodisation du développement de l'humanité, considère ses différents types depuis une communauté patrimoniale jusqu'aux empires, puis donne un aperçu des peuples et des formations étatiques liés aux Russes et aux Slavo-aryens. Il y énumère la Ruskolan et la Rassénie, la Sarmatie et la Vénétie, la Russie de Kiev et la Khazarie, la Rus de Moscou et l'Empire russe. Dans la nouvelle édition (2005), V. M. Demin consacre quelques pages à la polémique avec ses adversaires, affinant certaines de ses formulations théoriques à la lumière de nouvelles publications.

1002814753.jpgUne tentative de révision radicale de l'histoire ancienne a été entreprise dans ses œuvres par Yury Dmitriyevich Petukhov (1951-2009), un écrivain contemporain talentueux et prolifique, éditeur de la série de livres La véritable histoire du peuple russe. L'une de ses études les plus connues, The Roads of the Gods, a survécu à plusieurs grands tirages. Le livre, qui a pour sous-titre Ethnogenèse et mythogenèse des Indo-Européens. Résolution du problème principal de l'indo-européanisme (M., 1998), parle des voies de développement des Protoslaves, que l'auteur considère comme les géniteurs des peuples d'Europe, d'Iran et d'Inde, qui ont jeté les bases de la civilisation du monde antique et actuel. Analysant une énorme quantité de données factuelles sur le paganisme russe et pré-slave, Petukhov propose sa propre interprétation de l'histoire de nos anciens ancêtres et de leur vision du monde. Les cultes de Perun, Veles et Svarog sont analysés en détail. Une place particulière est consacrée à la "trinité inséparable" Leto-Artemis-Apollo, dont les racines remontent à l'ère indo-européenne. Sur la base de ses recherches, l'auteur propose des schémas qui modélisent l'arbre de la mythologie slave.

Petukhov compte parmi ses recueils Le berceau de Zeus, Russ et Vikings, Normands - Russes du Nord, Déesse de la colère, Grande Scythie, où il a publié sa fiction écrite dans le genre de la fantaisie historique, en plus des travaux scientifiques de vulgarisation, il a également publié son opus magnum Histoire de la Rus. L'époque la plus ancienne (Vol. 1, 2). Ici, l'auteur étaye et développe une hypothèse sur ‘’Russ’’ comme noyau génétique (tronc, noyau) de la race blanche, depuis 40.000 ans, jusqu'à l'époque chrétienne, c'est-à-dire du proto homme de Cro-magnon à l'homme raisonnable. J. D. Petuhov décrit une histoire de la Russ-Boréale et de la Russ-proto-Indo-Européenne, de la Russ de Palestine et de la Russ d'Asie Mineure, de la Russ-proto-Shumer et de la Russ d'Hindustan, de la Russ de Grèce et de la Russ de la Sibérie du Sud. Pour notre ‘’russocentriste’’, de nombreux peuples anciens étaient soit des Russes, soit leurs proches parents. L'auteur passe ainsi les frontières des distinctions raciales. Dans l'une de ses dernières monographies Russ of the Ancient East (2003), J. Petuhov parle des Russ-Aryens, des Russ de Dvurech'e (Babylone et Assyrie), des Russ du Nil, des Russ du Proche-Orient, des Russ sumériens et, enfin, des Russ-Juifs, appelés "Russ hybrides" ou protosémites. La généralisation philosophique de la théorie historique ‘’métarussiste’’ donne dans le livre Superevolution and the Supreme Mind of the Universe. Super ethnos de Russ, des mutants à l'humanité divine (2006), où il déduit les problèmes ethniques au niveau spatial, en prétendant que sa théorie renverse une image scientifique du monde. Les résultats de la voie créative de Y.D. Petukhov sont résumés dans le livre Le dernier écrivain.

Les travaux de l'académicien V.M. Kandyba, un psychologue hors pair, président de l'Association mondiale des hypnotiseurs professionnels, ont suscité une vive controverse. Il est l'auteur de plus de soixante publications révélant les secrets de l'histoire et de la religion, de la psychologie médicale et de l'hypnose, de la guerre psychotronique et des nouveaux types d'armes. Le livre Histoire du peuple russe avant le XIIe siècle après J.-C. de V. M. Kandyba (M. 1995) indique déjà par son titre la profonde ancienneté de nos sources ancestrales. Il est clair qu'il n'est pas question ici de l'ethnos russe moderne, mais de nos lointains ancêtres. Kandyba divise toute l'histoire de la Russie en sept grandes périodes : 1. Arctique - depuis des temps immémoriaux ; 2 Sibérien - depuis le troisième millénaire avant J.-C. ; 3 Oural ou Arkaimsky - depuis 200.000 ans avant J.-C. ; 4 Bélier - depuis 120.000 ans avant J.-C. ; 5 Troyen - depuis 17.000 ans avant J.-C. ; Kiev - depuis 8.000 ans avant J.-C. ; 6 Temps vague. Pour les lecteurs non préparés et pour de nombreux experts, cette interprétation de la préhistoire semble improbable. Néanmoins, l'auteur de l'hypothèse a trouvé des personnes partageant les mêmes idées. V. M. Kandyba et le docteur en histoire, le professeur P. M. Zolin, ont publié trois versions d'une monographie commune, consacrée à la "véritable histoire de la Russie" (1997) ou à l'"histoire de l'empire russe" (1997). Les co-auteurs exposent ici les étapes fondamentales d'une origine Russ, apparue ostensiblement il y a 18 millions d'années sous l'étoile polaire sur le continent Oriana. Dans les nouveaux livres, les extrêmes dépassent toutes les frontières: les auteurs nommentl’Etrurie la "Russie latine", et Jésus-Christ et Mahomet - "prophètes russes". Les commentaires ici, comme on dit, sont superflus.

714vPxeCU9L.jpgLes publications de deux auteurs, G.V. Nosovsky et A.T. Fomenko, chefs scandaleux de l'école hypercritique, qui sont à leur tour les disciples de Nikolai Aleksandrovich Morozov (1854-1946), célèbre subversif du christianisme et créateur de la nouvelle chronique de l'humanité, ont atteint des tirages exceptionnellement élevés. La compréhension de la nature multi-variante inévitable de l'histoire les a poussés à créer une version alternative de l'histoire du monde et à nier les fondements traditionnels de la science historique. Selon cette hypothèse, il n'y a eu ni Homère, ni Jésus-Christ, ni les Mongolo-Tatars, ni l'histoire médiévale en général. La théorie de Fomenko-Nosovsky, créée sur des principes mécanistes et mathématiques, conduit à l'absurdité de certaines généralisations curieuses, et sape ainsi la crédibilité d'autres hypothèses audacieuses, qui pourraient constituer une percée dans la connaissance historique. Plusieurs livres et articles ont été consacrés à la dénonciation de la méthodologie pseudo-scientifique des auteurs de la "Nouvelle Chronologie" dans les magazines "Native Land", "Ancestral Heritage" et autres.

De nombreuses publications modernes dans le domaine de la paléographie se situent à la limite entre la science exacte et les hypothèses des auteurs. Le déchiffrage des inscriptions anciennes exige non seulement une formation professionnelle, mais aussi un sens élevé de la responsabilité envers le lecteur. Des auteurs tels que G. Grinevich, M. Seryakov, A. Platov, A. Asov, V. Chudinov et d'autres se sont consacrés à ce domaine de recherche. Ce dernier point a déjà été abordé en détail dans la section "Labyrinthes des langues" avec les notes appropriées.

L'éventail de la littérature scientifique de vulgarisation consacrée aux antiquités des Aryens, des Slaves et des Rus s'élargit chaque année. Même pour l'expert, il est difficile de suivre ce flux d'imprimés. Les auteurs modernes abordent divers aspects de l'histoire: ses étapes les plus anciennes (A.A. Formozov), les racines et les origines des Slaves (A.A. Luchin), les ancêtres des Russes dans le monde antique (A.A. Abrashkin), révision de la géographie (V. V. Makarenko), autres paradigmes scientifiques (A. D. Popova), recherche de mystères, d'énigmes et de paradoxes (A. A. Bychkov), et découverte de civilisations inconnues (K. K. Bystrushkin). Enfin, la vulgarisation de l'histoire ancienne et des légendes anciennes (V. E. Shambarov), qui sont déjà présentées sous forme d'albums colorés avec des illustrations et des cartes en couleur (V. I. Kalashnikov).

Le flot incessant de nouvelles interprétations de l'histoire, ancienne et moderne, plus proche de nous dans le temps, a provoqué une réaction responsable des spécialistes habitués à l'exactitude des données et à l'argumentation scientifique.

Dans un premier temps, toute une série de livres ont été publiés sous le titre "Antifomenko", dans lesquels les auteurs défendaient l'histoire nationale contre l'arbitraire des partisans de la "nouvelle chronologie".

Puis vint la monographie de Vladimir Lapenkov, Histoire de l'orientation non conventionnelle (M., 2006) qui couvrait les "légendes et mythes les plus populaires de l'histoire du monde" tels que l'Atlantide, la Shambala, le Graal, les Proto-Sumériens et les ancêtres aryens des Cosaques.

Enfin, il existe un livre de référence de Konstantin Penzev "Histoire alternative de la Russie : de Mikhaïl Lomonosov à Mikhaïl Zadornov" (M., 2016), où, outre de brèves données biographiques sur les auteurs des hypothèses, on trouve une bibliographie sélectionnée et même les extraits les plus caractéristiques. 

Il existe de nombreux auteurs intéressants, et il est impossible de les énumérer tous. Sur les étagères des bibliothèques des différents pays, et maintenant sous forme électronique dans la section "ROSSICA", des centaines de milliers de livres sur la Russie et sur la Russie proto-historique dans de nombreuses langues du monde sont stockés.

Il s’agit ici de la section ‘’Reconstruction de la préhistoire’’, extrait du livre de P. V. Tulaev, Russ – The Slavs and their Neighbors in Antiquity (Moscou, Vechen 2019, pp.471-475).

 

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Comprendre le fatum pour surmonter le nihilisme

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Pierre Le Vigan:

Comprendre le fatum pour surmonter le nihilisme

L’homme est un animal réflexif. Il vit et se regarde en train de vivre. Il en est de même des peuples. Ils font leur histoire, mais ils ne savent que rarement l’histoire qu’ils font. Mais ils se regardent faire l’histoire. Celle-ci leur apparait comme destin. Ce qui est destin est ce qui a eu lieu. Ce n’est aucunement l’inéluctable. Mais ce n’est pas non plus un hasard. C’est pourquoi il nous faut toujours regarder notre destin comme quelque chose qui nous était échu. Il nous enseigne sur ce que nous fûmes et sur ce que nous sommes.

Le fatum, le destin, c’est l’acceptation de la vie comme porteuse de sens. Accepter le fatum, ce n’est pas être fataliste sur notre situation personnelle ou notre situation historique. Ce n’est pas être téléologique, et penser que les choses ne pouvaient pas être autrement. C’est être conscient qu’il y a un sens dans ce qu’elles ont été, peut-être une grandeur dans le malheur, et un malheur dans la grandeur (le fait que la Russie s’est trouvée amenée à dominer l’Europe de l’est durant plus de 40 ans, de 1945 à 1949 en est un bon exemple). C’est surtout savoir que si nous avons une liberté, cette liberté n’est pas sans limites, ni sans responsabilités. Voir et accepter les limites de notre propre liberté, c’est une force, car toute lucidité est une force. C’est pourquoi acquérir le sens du fatum n’est pas un renoncement à vivre et à agir. Le sens du fatum n’exclut pas de vouloir changer le cours des choses, le cours de nos vies, le cours de l’histoire.

41zilsQO4xL.jpgLe fatum est d’abord le sentiment de l’unité du monde. Diogène Laerce (3ème s. av. JC) dit : « Dieu, l'Intellect, le Destin et Zeus ne font qu'un » (Vies et doctrines des philosophes illustres, VII, 135, Livre de poche / Classique, 1999). Il est ensuite, avec les stoïciens, le sentiment des causalités nécessaires pour que les choses adviennent, de l’interaction de toutes choses (ou encore principe de sympathie universelle), et du principe de non-contradiction qui régit le réel : une chose ne peut être et ne pas être. « Le destin est la somme de toutes les causes », résume Marc-Aurèle en une formule qui est celle du stoïcisme tardif, de plus en plus causaliste. Le fatum c’est l’acceptation que la volonté, et le caractère de chacun, puissent ne pas suffire à changer les choses et soi-même.  Ce n’est pas le renoncement à essayer de forger son destin, à avoir des ambitions pour soi et les autres. Le sentiment du fatum n’est pas le nihilisme.

Qu’est-ce que le nihilisme ? C’est l’idée que rien ne vaut la peine de vouloir. Nietzsche distingue le nihilisme passif, qui constate que toutes les valeurs établies sont ruinées par leur propre imposture, et le nihilisme actif, qui veut sur cette table rase refonder par la seule volonté de nouvelles valeurs. « Je suis aussi une fatalité », écrit Nietzsche (Ecce Homo). Il écrit aussi dans une lettre à Georg Brandes, le 20 novembre 1888, à propos de l’Antéchrist : « - Mon "Inversion de toutes les valeurs", dont le titre principal est l'Antéchrist, est terminée ».  C’est-à-dire qu’à la piété, Nietzsche a opposé la volonté, à la charité, il oppose la générosité, à la complaisance pour la faiblesse, il oppose l’admiration de la force. En d’autres termes, rien ne peut empêcher la volonté de l’homme, et certainement pas une autorité supra-humaine, de donner du sens au monde. Mais pour Nietzsche, toutes les donations de sens ne sont pas équivalentes. « Le mal suprême fait partie du bien suprême, mais le bien suprême, c'est le bien créateur. » (Ecce Homo, « Pourquoi je suis une fatalité »). Un mal aussi incontestable et profond que la guerre n’a t-il pas pu être vu comme  « une revanche de l’enthousiasme orgiaque » par Jan Patocka (Essais hérétiques sur la philosophie de l’histoire, Verdier, 1988) ? La violence peut être nihiliste, mais, comme l’ont vu Michel Maffesoli et René Girard, elle peut aussi être fondatrice.

C’est assez signifier la question de l’ambiguïté de la volonté : la volonté peut tourner sur elle-même. Elle peut être pure « volonté de volonté » c’est-à-dire nihilisme actif, non au sens de Nietzsche (qui détruit pour reconstruire), mais au sens d’un nihilisme destructeur.  De son coté, Léo Strauss avait bien montré que l’énergie nihiliste pouvait trouver l’un de ses aboutissements dans le nazisme (Nihilisme et politique, Rivages, 2000), en tant que ce dernier est héritier du positivisme (croyance scientiste au progrès) et de l’historicisme (croyance mystique en un âge d’or et millénarisme).

Positivisme et historicisme millénariste : un cocktail explosif.

41oqpoPF1nL._SX328_BO1,204,203,200_.jpgAprès ce que Jan Patocka a justement appelé la « traversée de la mort » (Essais hérétiques, op. cit.), représentée par les heurs et malheurs, drames inouïes et désillusions du XXème siècle, se pose la question des fondements de la volonté. Vouloir, mais pour quoi faire ? L’énergie est un bien, mais il faut aussi l’appliquer à un bien.  Le bilan de la traversée du XXème siècle est double. 1/ le nihilisme acharné, destructeur et radicalisé, le nihilisme qui dit que « puisque certaines choses sont fichues, que tout soit fichu ». 2/ le nihilisme « mou » qu’est la fatigue.

La « bonne fatigue » d’après le travail, celle qu’évoque Peter Handke (Essai sur la fatigue, Gallimard, 1991) doit, en effet, ici être opposée à une fatigue structurelle qui est une sorte de découragement, d’« à quoi-bon », d’acédie, selon Evagre et Cassien, et s. Thomas d’Aquin, qui précède même toute action, comme le dit  Jean-Louis Chrétien (La fatigue, Minuit, 1996). C’est alors une grande fatigue de la volonté. Le découragement ou ce que Jacques Arènes et Nathalie Sarthou-Lajus appellent justement « La défaite de la volonté » (éponyme, Seuil, 2005), trouvent leur origine dans deux distorsions modernes du fatum, c’est-à-dire du destin.

La première distorsion est celle qui dit que le destin moderne est que tout est possible et que tout ce qui sera possible sera réalisé. A l’échelle des subjectivités individuelles, à qui il est requis d’être « inventif », « créatif » et même « récréatif », on conçoit qu’un gouffre d’angoisse et d’incertitude s’ouvre.   Quelle place subsiste pour la volonté personnelle si un mouvement anonyme et irréversible – la technique – rend tout possible et toute possibilité inéluctable ?

La deuxième distorsion qui affecte la volonté et incline au découragement est la vision désenchantée et déterministe de la société. Si la reproduction sociale et culturelle est si fortement déterminée que le disent les sociologues tels Pierre Bourdieu, et si, en même temps, le destin est tout entier social, fait de conformité à la norme et d’intégration, quelle place y a t-il encore pour l’exercice de la volonté ?

L’illusion de la toute-puissance et l’illusion de l’impuissance se rejoignent ainsi pour décourager l’exercice de la volonté. La négation du manque comme constitutif de la vie des hommes remplace toute énergie pour chercher à combler une incomplétude. Soit on remplit un manque par un produit ou par une pratique   – et c’est l’addiction – ou bien on s’enlise dans l’ennui. La recherche d’excitations et d’excitants aboutit à la perte de la présence à soi et de la présence aux autres, à l’incapacité de faire des expériences  dans la durée, donc à avoir une réelle expérience de la vie.  Nous sommes ici à l’opposé du précepte de James Joyce : « Ô vie, je vais pour la millionième fois à la rencontre de la réalité de l’expérience » (Dedalus).

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L’hyperémotivité contemporaine et l’hypersensibilité nourrissent le narcissisme qui demande lui-même en retour des réassurances hyper-protectrices (cellules de soutien psychologique, etc). La volonté opiniâtre de continuer son chemin, quel qu’il soit, défaille. La société valorise la repentance plutôt que l’orgueil et la persévérance. On assiste ainsi à une déstabilisation des fondements de la volonté d’une part par le discours du bougisme, par un  lent travail de sape de la longue durée de l’autre. L’instrument de ce dernier ? L’ennui. Or, l’ennui est le contraire de l’activation de la volonté, comme le montre  Lars Fr. H. Svendsen (Petite philosophie de l’ennui, Fayard, 2003). C’est pourquoi entre le chagrin et le néant, ou entre le chagrin et l’ennui, certains - le mélancolique en l’occurrence – choisissent le chagrin (inguérissable de préférence).

Mais si la volonté du mélancolique est une vraie volonté, c’est une volonté triste. C’est une des passions tristes dont parle Spinoza. Une volonté sereine suppose un fatum sans fatalisme ni culpabilité. Selon Job (Livre de Job, 9, 28 : « Je suis effrayé de toutes mes douleurs. Je sais que tu ne me tiendras pas pour innocent »), nul n’est innocent de ses maux. A défaut de trouver le responsable en soi-même, on peut toujours passer sa vie à chercher un coupable ailleurs. Il faut balayer ces âneries. Chercher un coupable, c’est justement là qu’est l’erreur. C’est là qu’est l’impasse. 0C’est le chemin du ressentiment, et c’est aussi le principe de nombre de pathologies.

Michel Houellebecq résume les temps modernes en indiquant en substance que nous avons gardé du christianisme la honte mais enlevé le salut, ou encore, gardé le péché mais enlevé la grâce (Les particules élémentaires). D’où le désarroi contemporain. Voire. La honte et le péché ne sont pas la même chose. La honte renvoie à l’honneur, le péché renvoie à la culpabilité, à la faute morale. Ne cherchons pas la morale dans un monde supralunaire. Nous n’avons nul besoin d’un salut éternel. Nous devons remplacer le sentiment du péché par celui de la honte, qui, quand elle survient, n’est autre que le sentiment de l’honneur perdu.

« Chacun est responsable de son choix, la divinité est hors de cause », écrit Platon (La République, livre X, 617, « le mythe d’Er le Pamphylien», Gallimard, 1993). Le choix (hairesis) de vie s’apparente toujours pour Platon à une partie de l’âme qui est la volonté. « Déclaration de la vierge Lachésis, fille de Nécessité. Âmes éphémères ! C'est le début pour une race mortelle d'un autre cycle porteur de mort. Ce n'est pas un "démon"  qui vous tirera au sort, mais vous allez vous choisir vous-mêmes un "démon" (le démon des Grecs n’a pas un sens négatif mais désigne une semi-divinité entre le monde des dieux et celui des hommes- PLV). Que le premier que le sort désigne se choisisse le premier une vie à laquelle il sera uni par nécessité. Mais l'excellence  n'a pas de maître ; selon qu'il lui accordera du prix ou ne lui en accordera pas, chacun en aura beaucoup ou peu. Celui qui choisit est seul en cause ; dieu est hors de cause. » (Platon, ibid.).

838_400px-epikouros_met_11.90.jpgToutefois, entre les choix et les conséquences des choix se glisse le hasard. C’est le clinamen d’Epicure. C’est une déviation dans la chute des atomes qui fait qu’ils ne tombent pas exactement où on les attend et que la vie nait de cette déviation, de cet écart entre l’attendu et l’inattendu.  Le tragique du fatum, c’est cela, c’est l’incertitude du destin. Elle a de quoi faire peur. « La pensée du hasard est une pensée d’épouvante », indique Clément Rosset (Logique du pire, PUF, 1971). Mais l’homme est celui qui détermine, non pas le triomphe du Bien, mais sa forme, non pas le triomphe du Beau, mais encore sa forme.

L’homme ne détermine pas son destin, mais il donne à son destin un style. Si le fatum des Antiques est « ce qu’a annoncé l’oracle », l’histoire d’une vie est toujours celle d’une liberté. L’homme a toujours des libertés. L’amor fati est ainsi l’amour du monde compris comme liberté souterraine toujours cheminant sous les apparentes contraintes, comme liberté de s’ouvrir aux événements, au kaïros – au moment opportun. Le kaïros ne dépend pas de nous, mais le saisir ou pas dépend de nous.

Ainsi, avec Nietzsche, l’amor fati – l’amour du destin - constitue la voie même de la sortie du nihilisme, faisant d’Apollon « l’éminence grise » de Dionysos, comme dit Mathieu Kessler (L'esthétique de Nietzsche, P.U.F, 1998). « On ne soigne pas le destin », disait Cioran (La tentation d’exister). Il voulait dire : « On n’en guérit pas ». Mais il est toujours temps de lui donner un style et de se réveiller de toute servitude.

PLV 

Pour aller plus loin :

- Le malaise est dans l’homme, de Pierre Le Vigan, la barque d’or, 2017.

https://www.google.com/url?sa=i&url=https%3A%2F%2Fwww...

- Achever le nihilisme, de Pierre Le Vigan, Sigest, 2019.

https://www.amazon.fr/Achever-nihilisme-manifestations-th... 

- Face à l’addiction, de Pierre Le Vigan, La barque d’or, 2019.

https://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=...

 

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Les relations saoudo-iraniennes peuvent-elles s'améliorer?

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Les relations saoudo-iraniennes peuvent-elles s'améliorer?

Anastasia Solonskaya

Ex : https://www.geopolitica.ru/article/mogut-li-saudovsko-ira...

Pendant des années, les relations entre l'Iran et l'Arabie saoudite ont été marquées par une solide rivalité. Récemment, cependant, les relations entre les deux États se sont encore tendues. La raison de ce long conflit entre les deux pays est leur rivalité pour le leadership et l'influence dans leur région commune. Leurs différences dans la perception religieuse du monde aggrave leur confrontation.

L'islam est la religion officielle des deux pays, mais ils adhèrent à deux courants différents: l'Arabie saoudite est dominée par l'islam sunnite, tandis que l'Iran est majoritairement chiite. L'islam a vu le jour sur le territoire de l'Arabie saoudite, et l'État estime donc avoir le droit de revendiquer la suprématie dans la région.

"Le printemps arabe a déclenché plusieurs conflits et tensions régionales au Moyen-Orient. Une des causes en est le conflit entre les sunnites d'Arabie Saoudite et les chiites d'Iran. Les États-Unis ont tenté d'étendre leur influence dans la région en envahissant l'Irak. L'Iran ne pouvait pas rester les bras croisés, surtout avec la menace sécuritaire que représente l'Irak à sa frontière occidentale, il a donc tenté par tous les moyens de réduire l'influence américaine dans une région déjà fortement fracturée. Téhéran s'en est plutôt bien sorti, compte tenu des graves sanctions imposées par les États-Unis et les Nations unies. En conséquence, les Iraniens ont réussi à établir en Irak leur influence sur le secteur de la sécurité et sur diverses forces politiques, y compris l'aspect religieux. Toutefois, comme on pouvait s'y attendre, une telle activité chiite ne pouvait manquer de mettre à mal le camp sunnite (celui que l’Arabie Saoudite cherche à contrôler et à dominer). Les Saoudiens ont trouvé un moyen de contrer l'influence iranienne en Irak en demandant l'aide des États-Unis. Ainsi, les États de Téhéran et de Riyad se sont une nouvelle fois retrouvés de part et d'autre des barricades. Dans le conflit irakien, les Saoudiens sont du côté des États-Unis et soutiennent l'opposition, tandis que l'Iran agit en faveur du gouvernement irakien.

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Il ne faut pas oublier un autre aspect dans cette question, à savoir la Russie, qui a également signé un traité sur base de relations et de principes de coopération avec l'Iran en mars 2001. À en juger par les déclarations du ministre russe des affaires étrangères, Serguei Lavrov, les relations avec l'Iran atteignent un nouveau niveau et se renforcent. Le 13 avril, une réunion a eu lieu entre les représentants des ministères des affaires étrangères des deux pays, au cours de laquelle il a été décidé de signer un nouvel accord de coopération dès qu'il sera prêt.

Compte tenu des conflits récurrents, des attentats et du chevauchement des intérêts des deux États, les relations entre ces pays islamiques se sont détériorées année après année. Avec les sanctions imposées à l'Iran et les graves dommages causés au pays par la pandémie du virus COVID-19, les Iraniens bénéficieraient d'une amélioration des relations avec les États-Unis et les Saoudiens. La possibilité de coopérer pourrait non seulement mettre un terme au conflit régional, mais aussi devenir une alliance puissante au Moyen-Orient, capable de contrer l'influence de pays d'autres régions.

En avril de cette année, l'Iran et l'Arabie saoudite ont convenu de tenir une série de pourparlers. La première réunion n'a pas mis fin au conflit de longue date, ce qui était prévisible, car de telles questions ne sont pas résolues du premier coup. L'Irak a joué le rôle de médiateur entre les pays, alors que les États-Unis sont la partie intéressée par une résolution pacifique de la question. Il n'est pas certain que l'on puisse attendre des résultats sérieux des prochaines réunions.

Bien que les discussions entre les rivaux régionaux se déroulent sur le territoire irakien, les actions de Téhéran et de Riyad ne sont pas discutées dans le pays. Les principaux objectifs sont plutôt de mettre fin aux attaques des Houthis contre les installations pétrolières saoudiennes et de trouver une issue à l'impasse politique. L'Irak ne participe donc pas aux pourparlers, mais est seulement un médiateur entre les deux protagonistes.

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Pour l'Arabie saoudite, une solution pacifique au conflit est tout aussi importante que pour les Iraniens. Étant donné que Biden n'a pas l'intention de poursuivre les mêmes relations avec les Saoudiens que Donald Trump, la perte d'un ami américain pourrait avoir un impact sérieux et plutôt négatif sur le pays. Par conséquent, Riyad a tout avantage à s'en tenir à ses seuls intérêts pour sécuriser ses relations avec l'Iran, au bénéfice de ses propres intérêts et de sa sécurité.

En ce qui concerne les relations américano-iraniennes à ce jour, la partie américaine est désireuse d'améliorer les relations avec l'Iran. En 2018, Donald Trump s'est retiré de l'accord nucléaire signé en 2015 par l'administration de Barack Obama. Maintenant, Biden espère relancer l'accord nucléaire autrefois perdu. La détermination de M. Biden est alarmante. Comme toujours, les Américains sont prêts à tout pour accroître leur influence dans la région. Pour l'Iran, le maintien de liens normaux avec les États-Unis l'aidera à résoudre ses problèmes économiques. Le gouvernement iranien a déjà présenté un certain nombre d'exigences, dont le respect permettra de rétablir l'accord nucléaire. Tout d'abord, Téhéran demandera la levée des sanctions précédemment imposées par les États-Unis sur les exportations de pétrole, le transport maritime et d'autres restrictions.

L'amélioration des relations entre l'Iran et l'Arabie saoudite n'est pas une tâche diplomatique facile, mais elle est possible. L'influence des États-Unis dans la région pourrait être un aspect important du réchauffement des relations saoudo-iraniennes, si le nouveau président Joe Biden y voit un avantage pour lui-même et son pays. Il envisage déjà une coopération diplomatique avec l'Iran et est un allié de l'Arabie saoudite. Bien que les Saoudiens se méfient de cette décision, ils espèrent une issue heureuse. Toutefois, des progrès clairs sur cette question pourraient ne pas se manifester avant longtemps, voire des années. Après tant d'années de confrontation et de désaccord en vue d'une réconciliation, il ne faut pas s'attendre à des solutions définitives. Par ailleurs, si la paix s'installe, elle peut être temporaire, jusqu'au premier signe d'un nouveau conflit. Compte tenu de la nature des deux pays et de leur insistance à avoir raison, des changements radicaux ne sont peut-être pas en vue avant longtemps. Les relations entre les Saoudiens et les Iraniens ne prendront une direction décisive vers un accord diplomatique entre les États que lorsque les dirigeants des deux pays seront prêts à faire des compromis et à poursuivre leur coopération.

L'importance géopolitique de la Mongolie au stade actuel

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L'importance géopolitique de la Mongolie au stade actuel

Pourquoi la Mongolie est-elle toujours dans le jeu géopolitique ?

Ex : https://katehon.com/ru/article/geopoliticheskoe-znachenie...

La Mongolie d'aujourd'hui est l'un des meilleurs exemples de la transformation relativement rapide et réussie d'un ancien pays socialiste en un pays moderne, dynamique et démocratique doté d'un système politique multipartite, d'une économie de marché et d'une politique étrangère ouverte.

Alors qu'elle était en marge de la politique internationale il y a seulement quelques décennies, la Mongolie attire de plus en plus l'attention de la communauté internationale, des hommes politiques, des politologues, des économistes, des chefs d'entreprise et des médias. Un certain nombre de facteurs géopolitiques, stratégiques, économiques et autres ont suscité un intérêt croissant pour la Mongolie. Le pays, qui occupe une position stratégique importante en Asie intérieure profonde, est en train de devenir le théâtre de rivalités politiques et économiques ouvertes et cachées entre la Russie, la Chine, les États-Unis, le Japon, l'UE, le Royaume-Uni, le Canada et la Corée du Sud, entre autres.

La situation de la Mongolie est importante sur le plan stratégique, car elle se situe sur la "colonne vertébrale" de la Chine, mais aussi dans le "ventre" de la Russie.

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Outre les liens bilatéraux avec les pays étrangers, la Mongolie utilise activement le format multilatéral de la coopération internationale, en participant à de nombreuses organisations intergouvernementales. Il suffit de citer des organisations faisant autorité telles que l'ONU, l'OCS, l'OSCE, l'OTAN et l'ASEM, auxquelles la Mongolie participe à des degrés divers, pour comprendre le degré d'implication de la Mongolie dans les relations internationales.

Entre-temps, le pays est confronté à de graves problèmes économiques. Lorsque les prix des produits de base sont montés en flèche au début des années 2000 - en particulier l'or et le cuivre, dont la Mongolie dispose en abondance -, le pays est brièvement devenu l'économie à la croissance la plus rapide du monde, avec la bourse la plus rentable. Des chercheurs d'or poussiéreux d'Amérique du Nord et d'Europe ont bu du brandy coûteux dans des boîtes de nuit somptueuses à Oulan-Bator. Mais le boom minier a été de courte durée, et en 2017, la Mongolie a dû se tourner vers le Fonds monétaire international pour obtenir une aide financière.

Il serait commode d'attribuer les difficultés de la Mongolie à la fameuse "malédiction des ressources" qui frappe les pays qui investissent massivement dans un petit nombre de produits de base sans pouvoir se diversifier. Aujourd'hui, la Mongolie est l'otage des prix des matières premières. Chaque jour, la Mongolie est confrontée à de très sérieux défis pour préserver sa démocratie et se bat pour survivre.

En effet, la place de la Mongolie dans le système actuel des relations internationales est unique. Premièrement, seules deux nations dans le monde - la Russie et la Chine - partagent une frontière avec la Mongolie. Ses deux voisins sont des grandes puissances. Effectivement, ce sont toutes deux de grandes puissances, ce qui influence grandement la signification géopolitique de la position de la Mongolie et l'intérêt du monde extérieur pour le pays.

Deuxièmement, la Mongolie n'est pas seulement un objet dans le nouvel alignement des puissances dans le Grand Jeu. Avec une population d'un peu plus de trois millions d'habitants et un potentiel économique et de politique étrangère incomparable à celui de ses voisins, ce pays participe activement aux affaires internationales et contribue à l'agenda politique. Cependant, la Mongolie n'est pas encore désignée comme un partenaire égal de la Russie et de la Chine, les géants de la civilisation. Ce fait donne lieu à toute une série de problèmes qui doivent être résolus.

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Bien que la Mongolie proclame l'équivalence de tous les partenaires étrangers avec lesquels elle coopère, il est possible d'identifier certains d'entre eux avec lesquels la partie mongole accorde la plus grande priorité. À ce jour, la Mongolie a établi des partenariats stratégiques avec cinq États: la Russie (en 2006), le Japon (en 2010), la Chine (en 2014), l'Inde (en 2015) et les États-Unis (en 2019). Avec tous les autres partenaires étrangers, la Mongolie établit des relations de moindre importance. Dans le même temps, même parmi les cinq pays susmentionnés, il est possible d'identifier sa hiérarchie conventionnelle. Ce n'est pas un hasard si les partenariats stratégiques ont été établis principalement avec Moscou, Tokyo et Pékin. Ces préférences sont dues à un certain nombre de circonstances objectives de nature géographique, politique, économique et autre.

Le fait est que la Mongolie est distinctement différente de ses voisins, d'une part, et étroitement liée à eux par des liens historiques et culturels, d'autre part. Dans l'histoire mondiale, le treizième siècle est appelé à juste titre l'ère de l'empire mongol, fondé par Gengis Khan. Après avoir été connus de l'ensemble du monde habité d'Eurasie, les Mongols ont rejoint d'autres grandes nations conquérantes et se sont déclarés comme un peuple représentant une civilisation distincte. Toutefois, à partir du XVIIe siècle, la grandeur de la Mongolie en tant que noyau politique de la civilisation eurasienne a été remplacée par plusieurs siècles de dépendance à l'égard de l'Empire Qing.

La volte-face d'Elbegdorj à l'égard de son voisin du sud met en évidence la position agressive de la Chine dans la région, ainsi que les difficultés que rencontrent les petits pays face à des superpuissances dont ils dépendent de plus en plus pour leur développement économique (la Chine consomme actuellement environ 90 % de toutes les exportations de la Mongolie). Comment choisiront-ils entre les valeurs démocratiques et la prospérité lorsque le monde se rassemblera dans des camps concurrents dirigés par Washington et Pékin ?

La Mongolie espère se couvrir en étant à la fois un "partenaire de l'OTAN" (avec des pays comme le Japon et la Nouvelle-Zélande) et un observateur de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS). Toutefois, le risque pour un pays comme la Mongolie, comme pour de nombreux voisins de la Chine, est que l'hostilité entre les pays augmente - et cela obligera à choisir clairement son camp.

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Ce qui est intéressant, c'est de savoir comment l'avenir immédiat de la Mongolie, située entre les deux géants que sont la Russie et la Chine, va évoluer sous l'influence de leurs géopolitiques qui définissent la situation mondiale actuelle.

La Russie, qui a été contrôlée par les Mongols jusqu’au XVIIe siècle, s'est renforcée et est devenue l'un des rares pays à définir la politique mondiale. Bien qu'aujourd'hui la Chine domine dans le chiffre d'affaires du commerce extérieur de la Mongolie, celle-ci reste stratégiquement dépendante de la Russie.

Tout ce qui précède nous permet de classer avec confiance la Mongolie comme un sujet actif de la politique mondiale moderne. Mais elle est encore très jeune et fragile. Sa viabilité peut être ébranlée par un certain nombre de circonstances extérieures. Dans le monde turbulent d'aujourd'hui, avec ses guerres de l'information, ses sanctions économiques et ses conflits militaires, la sécurité nationale de la Mongolie ne peut être assurée que par des liens organiques étroits, dans un dialogue constant avec ses voisins. Par conséquent, le principal défi de la Mongolie sur la scène internationale consiste à démontrer à ses voisins proches et lointains la valeur intrinsèque du dialogue pacifique pour préserver sa sécurité nationale.

Conclusion: la Mongolie se trouve dans une position extrêmement précaire sur le plan géographique, démographique et économique. Enclavée et isolée en Asie de l'Est, elle possède la plus faible densité de population de toutes les nations souveraines du monde. Trois millions de personnes, dans un pays de la taille de l'Alaska, vivent à côté de 133 millions de Russes au nord et de 1,4 milliard de Chinois au sud. Le pays possède également l'un des climats les plus froids du monde. Si ces facteurs limitent largement l'économie de la Mongolie, celle-ci possède le meilleur cachemire du monde, un énorme potentiel de tourisme écoculturel et, surtout, d'immenses réserves minérales.

En définitive, le garant ultime de la souveraineté de la Mongolie reste la Russie. Elle a un intérêt clair et durable dans une Mongolie indépendante, et son contrôle stratégique sur les secteurs de l'énergie et des transports de la Mongolie en fera un adversaire redoutable en cas de futures menaces chinoises, qu'elles soient économiques, politiques ou militaires.

mardi, 11 mai 2021

Vigny et la servitude militaire : propos atemporels sur la lettre des généraux

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Vigny et la servitude militaire: propos atemporels sur la lettre des généraux

par Nicolas Bonnal

La réaction des militaires est une bonne et intéressante chose. Renvoyons dos à dos le national-chauvinisme et le gauchisme écervelé, et soulignons en quoi cette réaction lettrée est importante : elle donne raison à Vigny et nous confirme dans notre présent éternel. Depuis 200 ans rien ne bouge en France : le peuple est cuit et cocu, la bourgeoisie et les banquiers sont tout-puissants et mondialistes, le nationalisme et le catholicisme sonnent creux. Alors on râle comme Céline.

Dans Servitude et grandeur militaire, texte magique que je mets au niveau de la conclusion des Mémoires d’outre-tombe,  on peut lire ceci sur nos militaires ennuyés après les épopées napoléoniennes (on en reparle) :

« Leur couronne est une couronne d’épines, et parmi ses pointes je ne pense pas qu’il en soit de plus douloureuse que celle de l’obéissance passive. »

unnamedAdVsgm.jpgVigny qui est jeune officier comprend aussi que les militaires seront toujours un peu ringards, un peu en retard : « …la vie ou du caractère militaire, qui, l’un et l’autre, je ne saurais trop le redire, sont en retard sur l’esprit général et la marche de la Nation, et sont, par conséquent, toujours empreints d’une certaine puérilité. »

Les militaires sont résignés (toujours ?) :

« Ce n’est pas sans dessein que j’ai essayé de tourner les regards de l’Armée vers cette GRANDEUR PASSIVE, qui repose toute dans l’abnégation et la résignation. »

Vigny rappelle le destin glorieux des militaires d’antan. Il souligne comme Tocqueville que la grande France est morte sous Louis XIV (et comme il a raison !) :

« Soumis à l’influence toute populaire du prêtre, il ne fit autre chose, durant le moyen âge, que de se dévouer corps et bien au pays, souvent en lutte contre la couronne, et sans cesse révolté contre une hiérarchie de pouvoirs qui eût amené trop d’abaissement dans l’obéissance, et, par conséquent, d’humiliation dans la profession des armes. Le régiment appartenait au colonel, la compagnie au capitaine, et l’un et l’autre savaient fort bien emmener leurs hommes quand leur conscience comme citoyens n’était pas d’accord avec les ordres qu’ils recevaient comme hommes de guerre. Cette indépendance de l’Armée dura en France jusqu’à M. de Louvois, qui, le premier, la soumit aux bureaux et la remit, pieds et poings liés, dans la main du Pouvoir souverain. »

Cette histoire d’uniformes m’évoque celle des masques ; combien ont refusé vraiment d’en porter ? Vous ? Moi ? Un sur mille ? Un sur un million ?

Et de donner ce bel exemple (l’inévitable vieux noble breton) :

« Ils haïssaient particulièrement l’uniforme, qui donne à tous le même aspect, et soumet les esprits à l’habit et non à l’homme. Ils se plaisaient à se vêtir de rouge les jours de combat, pour être mieux vus des leurs et mieux visés de l’ennemi ; et j’aime à rappeler, sur la foi de Mirabeau, ce vieux marquis de Coëtquen, qui, plutôt que de paraître en uniforme à la revue du Roi, se fit casser par lui à la tête de son régiment : «Heureusement, sire, que les morceaux me restent, »dit-il après. C’était quelque chose que de répondre ainsi à Louis XIV. »

Après Napoléon donc  l’armée piétine et devient fonctionnaire :

« L’Armée moderne, sitôt qu’elle cesse d’être en guerre, devient une sorte de gendarmerie. Elle se sent honteuse d’elle-même, et ne sait ni ce qu’elle fait ni ce qu’elle est ; elle se demande sans cesse si elle est esclave ou reine de l’État : ce corps cherche partout son âme et ne la trouve pas.

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L’homme soldé, le Soldat, est un pauvre glorieux, victime et bourreau, bouc émissaire journellement sacrifié à son peuple et pour son peuple qui se joue de lui; c’est un martyr féroce et humble tout ensemble, que se rejettent le Pouvoir et la Nation toujours en désaccord. »

Vigny souligne l’ennui : 

« La vie est triste, monotone, régulière. Les heures sonnées par le tambour sont aussi sourdes et aussi sombres que lui… La servitude militaire est lourde et inflexible comme le masque de fer du prisonnier sans nom, et donne à tout homme de guerre une figure uniforme et froide. Aussi, au seul aspect d’un corps d’armée, on s’aperçoit que l’ennui et le mécontentement sont les traits généraux du visage militaire. »

Obéir, obéir, obéir, tel est votre destin, militaires, fût-ce à des Macron, à des Hollande, à des Sarkozy et aux leaders américains de l’OTAN :

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« La Grandeur guerrière, ou la beauté de la vie des armes, me semble être de deux sortes: il y a celle du commandement et celle de l’obéissance. L’une, tout extérieure, active, brillante, fière, égoïste, capricieuse, sera de jour en jour plus rare et moins désirée, à mesure que la civilisation deviendra plus pacifique ; l’autre, tout intérieure, passive, obscure, modeste, dévouée, persévérante, sera chaque jour plus honorée… »

On parle beaucoup de Napoléon ces temps-ci. Vigny aussi, et un peu plus intelligemment que les commentateurs câblés :

« C’est une chose merveilleuse que la quantité de petits et de grands tyrans qu’il a produits. Nous aimons les fanfarons à un point extrême et nous nous donnons à eux de si bon cœur que nous ne tardons pas à nous en mordre les doigts ensuite. La source de ce défaut est un grand besoin d’action et une grande paresse de réflexion. Il s’ensuit que nous aimons infiniment mieux nous donner corps et âme à celui qui se charge de penser pour nous et d’être responsable, quitte à rire après de nous et de lui. »

Le futur est au Gambetta, au Paul Reynaud, au Sarkozy :

« Bonaparte est un bon enfant, mais il est vraiment par trop charlatan. Je crains qu’il ne devienne fondateur parmi nous d’un nouveau genre de jonglerie… »

Vigny imagine une conversation entre le pape et Napoléon. Et le phénomène corse d’éructer contre le vieux pontife en des termes américains (« nous inventons la réalité » - voyez Karl Rove) :

« Mon théâtre, c’est le monde ; le rôle que j’y joue, c’est celui de maître et d’auteur ; pour comédiens j’ai vous tous, Pape, Rois, Peuples ! et le fil par lequel je vous remue, c’est la peur ! - Comédien ! Ah ! il faudrait être d’une autre taille que la vôtre pour m’oser applaudir ou siffler, signor Chiaramonti !Savez-vous bien que vous ne seriez qu’un pauvre curé, si je le voulais ? Vous et votre tiare, la France vous rirait au nez, si je ne gardais mon air sérieux en vous saluant. »

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La France avec Napoléon devient le pays de la pose militaire (René Girard en a bien parlé dans son livre sur Clausewitz) et cela va lui coûter de cher de 1870 à 1940 :

- « C’est vrai ! Tragédien ou Comédien. - Tout est rôle, tout est costume pour moi depuis longtemps et pour toujours. Quelle fatigue ! quelle petitesse ! Poser ! toujours poser ! de face pour ce parti, de profil pour celui-là, selon leur idée. Leur paraître ce qu’ils aiment que l’on soit, et deviner juste leurs rêves d’imbéciles. »

Dans le même temps Vigny pressent l’effondrement chrétien du pays (cela met du temps un effondrement, voyez Michelet sur cette question) :

« Cependant il secoua la tête avec tristesse, et je vis rouler de ses beaux yeux une larme qui glissa rapidement sur sa joue livide et desséchée. Elle me parut le dernier adieu du Christianisme mourant qui abandonnait la terre à l’égoïsme et au hasard. »

Vigny résume cette ennuyeuse époque bourgeoise (lisez ce qu’écrit Marx sur Malthus comme as du « dépeupler bourgeois » pour comprendre) :

« Les Grandeurs éblouissantes des conquérants sont peut-être éteintes pour toujours. Leur éclat passé s’affaiblit, je le répète, à mesure que s’accroît, dans les esprits, le dédain de la guerre, et, dans les cœurs, le dégoût de ses cruautés froides. Les Armées permanentes embarrassent leurs maîtres. »

Il ne reste comme chez Balzac que la consommation :

« Dans le naufrage universel des croyances, quels débris où se puissent rattacher encore les mains généreuses ? Hors l’amour du bien-être et du luxe d’un jour, rien ne se voit à la surface de l’abîme. On croirait que l’égoïsme a tout submergé ; ceux même qui cherchent à sauver les âmes et qui plongent avec courage se sentent prêts à être engloutis. »

Comme tous les vrais chrétiens (Drumont, Bloy, Bernanos), Vigny comprend les cathos bourgeois issus de la Révolution et du concordat mieux que personne :

« Les chefs des partis politiques prennent aujourd’hui le Catholicisme comme un mot d’ordre et un drapeau ; mais quelle foi ont-ils dans ses merveilles, et comment suivent-ils sa loi dans leur vie ? - Les artistes le mettent en lumière comme une précieuse médaille, et se plongent dans ses dogmes comme dans une source épique de poésie ; mais combien y en a-t-il qui se mettent à genoux dans l’église qu’ils décorent ? »

Mais remontons le moral des troupes – et pas du troupeau de la servitude volontaire. Que reste-t-il à nos soldats alors et aux rares rebelles de la France du coronavirus et du nouvel ordre mondial ? Oh, un mot pas très compliqué : l’honneur. 

Vigny : « Cette foi, qui me semble rester à tous encore et régner en souveraine dans les armées, est celle de l’HONNEUR. L’Honneur, c’est la conscience, mais la conscience exaltée. - C’est le respect de soi-même et de la beauté de sa vie portée jusqu’à la plus pure élévation et jusqu’à la passion la plus ardente. »

Le baroud d’honneur, comme on dit. On verra si nous en sommes capables, et si nous saurons pour une fois ne pas nous contenter d’un paraphe.

Sources :

https://www.dedefensa.org/article/balzac-et-la-prophetie-...

https://www.les4verites.com/international/chateaubriand-e...

https://www.dedefensa.org/article/comment-loccident-zombi...

https://www.amazon.fr/Louis-Ferdinand-C%C3%A9line-pacifis...

Une lettre tragi-comique d’un ami sur la dictature Woke et Covid au Québec

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Une lettre tragi-comique d’un ami sur la dictature Woke et Covid au Québec

Par Hans-Patrice Perrier

Hans-Patrice Perrier écrit à Nicolas Bonnal :

Les séquelles de Mai 1968, indélébiles, presque une religion chez nous.

RADIO-CANADA, modelée sur la BBC, c'est la PRAVDA canadienne et au Québec les animateurs de « Tout le monde en parle », Guy A. Lepage et ses alcooliques, lancent des fatwas à tous vents contre ceux et celles qui osent apporter des bémols au NARRATIF ambiant.

Le féministe et le LGbétisme sont une religion d'état chez nous. Point barre.

Un père de Colombie Britannique qui refusait que sa fille de 9 ans, si ma mémoire est bonne, prenne des hormones afin de se préparer à un changement de sexe a été condamné à 6 mois de prison ferme.

Tu dois comprendre cela : nous ne sommes pas des « couillons », nous vivons dans un système soviétique 2.0.

TOUS les employés de la fonction publique, tant fédérale que provinciale, doivent suivre des cours d'ÉTHIQUE mondialiste et n'ont PAS le droit de DÉFENDRE des positions contraire à l'éthique du gouvernement sur leur PROPRES RÉSEAUX SOCIAUX.

C'est une dictature impitoyable et parfaite.

J'ai perdu deux amis et me suis battu sans fins en tentant de raisonner les membres de ma famille au sujet de la PLANDÉMIE.

Hier, fête des mères, d'énormes hélicoptères noirs de (l'OTAN ?) survolaient le ciel de Montréal en surveillant le troupeau humain qui tentait de prendre un peu d'air et de jouer à la balle dans les quelques parcs qui permettent à la ville bétonnée de respirer un peu.

Des gens autour de moi s'exclament : « vivement quand nous seront TOUS vaccinés, on pourra relâcher un peu les mesures de contrôle, mais pas trop tout de même ! ».

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Je ne suis pas d'accord pour dire que les gens sont des consommateurs entièrement décervelés, puisque leur pouvoir d'achat a été érodé de 300 % depuis 40 ans.

Un appartement de taille moyenne, en état passable, valait 75 euros il y a 40 ans. Le même réduit commande un bon 750 euros pas chauffé actuellement ...

Le salaire minimum est passé d'environ 2.85 euros en 1980 à autour de 10.85 euros actuellement.

Les salaires ont été multipliés par quatre durant cette transition, alors que le coût des appartements a été multiplié par 10 à 12 fois !

Il faut que tu comprennes que la classe moyenne a été LAMINÉE complètement chez nous, tout en avalant la pilule du « vivre ensemble », de la rectitude politique et du féminisme à tous crins.

La DISCRIMINATION POSITIVE a fait que je n'ai JAMAIS pu obtenir un poste en communication au sein du gouvernement, ce qui représentait une des très RARES fenêtres d'opportunité pour un petit-bourgeois intello déclassé.

Alors, j'ai cumulé des boulots minables à 10 euros de l'heure, des décennies durant, alors que certaines copines du secondaire avaient obtenus les fameuses promotions en com. pour un salaire de 25 euros et plus de l'heure.

Elles se sont payé une maison et un chalet, avec l'aide du salaire du conjoint, et puis elles l'ont foutu à la porte et ont raflé la quasi-totalité de la mise.

Les tribunaux, la fonction publique, l'enseignement, la police, l'ensemble du corps social a été formaté pour discriminer les HOMMES HÉTÉROS et faire en sorte qu'il devienne presque impossible de fonder une famille chez nous.

Moyenne des divorces à tous les 5, 6 ou 7 ans ... de vie « commune ».

La classe moyenne laminée, les mecs spoliés et névrosés, le boulot précaire et la qualité de vie quasi nulle, la PLANDÉMIE a fait le reste pour ÉCRASER la populace sous le rouleau compresseur des mesures d'URGENCE.

Chez nous, comme en France, ce sont les COMMISSAIRES de la SANTÉ PUBLIQUE (du salut), comme durant la RÉVOLUTION FRANÇAISE, qui gouvernent par décret. Des camps d'internements pour les récalcitrants ont bel et bien été érigé dans la ville de Québec et ailleurs ...

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Si vous sortez après le couvre-feu ou faites une fête à 7 ou 8 personnes chez vous, vous vous exposez à des amendes astronomiques et même au risque d'être handicapé à vie après d'une demi-douzaine de poulets vous aient tabassé et presque démoli un coup que vous vous êtes effondré par terre.

Tout cela ne représente pas des JÉRÉMIADES ou des observations fallacieuses ou des fariboles, c'est la triste réalité mon ami.

Oui, il y a l'esprit moutonnier, mais il y a AUSSI une terrible dictature qui ne dit pas son nom, mais se contente de SÉVIR dans son plus simple appareil répressif à l'heure de t'écrire.

Dans tous les milieux de travail, en plus de devoir porter le masque, de n'avoir pas accès aux chiottes dans certains cas, de devoir se la fermer et bosser plus fort, il faut se coltiner à des CHARTES DU COMPORTEMENT et de l'ÉTHIQUE EN MILIEU DE TRAVAIL mitonnées par les paliers supérieurs de gouvernement ...

Qu'est-ce que l'éthique ? - Canada.ca

Tirée du mot grec « ethos » qui signifie « manière de vivre », l'éthique est une branche de la philosophie qui s'intéresse aux comportements humains et, plus précisément, à la conduite des individus en société.

Voilà mon pote, jusqu'à l'éthique qui a été détournée afin de satisfaire à la DOXA MONDIALISTE et de servir de courroie de transmission afin de nous abrutir encore plus.

Et, pourquoi les gens acceptent tout ça ?

Et, bien, nous sommes nés dans cet environnement autour des années 1960 et 1970 ... et, pour ma part, j'ai bien tenté de me révolté et de me regimber, alors j'ai perdu quantité de boulots, de copines et d'amis ... tu te retrouves seul et paumé quand tu es un mouton noir.

Seuls, la discipline personnelle, la foi et le courage permettent de s'en sortir et de ne pas perdre la tête au coeur d'une telle acédie.

Les gens ne sont PAS des couillons, ce sont des AUTOMATES programmés et dirigés à distance.

Nous sommes victimes d'une campagne de MAGIE OPÉRATIVE à grand déploiement.

TOUT est basé sur la PEUR.

Mai 1968 : le PLAISIR et l'HÉDONISME

Mai 2021 : la PEUR et la SOUFFRANCE

Voilà le paradigme.

Comme Orlov et Bonnal, dans une certaine mesure, je crois que la seule issue possible c'est l'IMPLOSION de ce système machiavélique et proprement diabolique.

Bonne fête des mères en retard et bon printemps mon pote !

PHP

10:02 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, wokisme, woke cultre, woke, canada, québec | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook