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mercredi, 27 octobre 2021

Réflexions sur l'Europe, le déclin et le renouveau hespérialiste - Entretien avec David Engels

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Réflexions sur l'Europe, le déclin et le renouveau hespérialiste

Entretien avec David Engels

 
Cette vidéo est consacrée à la pensée de David Engels et à ses réflexions sur l’Europe. Dans cet entretien, David Engels revient sur trois de ses livres majeurs : « Le Déclin », « Que faire ? » et « Renovatio Europae ». L’entretien est donc divisé en trois parties, consacrées respectivement à ces trois livres. Après avoir exposé sa conception spenglérienne du déclin de la civilisation européenne, David Engels montre les actions à mener, individuelles et collectives, pour vivre avec ce déclin et œuvrer à un renouveau « hespérialiste » de la civilisation européenne, idée qu’il développe dans la troisième partie de l’entretien.
 
Sommaire :
 
00:00 Première partie – Le Déclin
21:15 Deuxième partie – Que faire ?
53:18 Troisième partie – Renovatio Europae
 
 
Pour suivre David Engels, son actualité et ses travaux :
 
- Sur son site personnel : https://www.davidengels.be/
- Sur le site de la « Oswald Spengler Society » : https://www.oswaldspenglersociety.com..
 
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Musique utilisée :
- Sergei Rachmaninov : Moment musicaux No.3, Andante cantabile in B minor
 

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Ubérisation de la politique et grand effondrement

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Ubérisation de la politique et grand effondrement

Nicolas Bonnal

Zemmour, Macron, LREM, RN, LR, LFI... Nous nous approchons de ces élections dérisoires et nous découvrons de nouveaux partis politiques, vite créés, bâclés et usagés. La destruction en règle de la France depuis Chirac-Sarkozy-Lagarde concerne aussi les partis politiques. Elle gagne les services publics, l’hôpital et tout le reste et reflète notre vie ordinaire: nous sombrons dans le modèle Blade Runner décrit par Ridley Scott il y a quarante ans (voyez mon livre), soit la misère et la précarité pendant qu’au sommet s’édifient des fortunes colossales qui ne se basent sur rien mais organisent notre dystopie parce qu’elles contrôlent notre mental (voyez le livre de ma femme sur Dick). Tesla devient la première marque vendue en Europe.

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Rappelons ce que notre encyclopédie polyvalente et elle-même ubérisée (Wikipédia donc) nous dit de l’ubérisation :

« L'ubérisation (du nom de l'entreprise Uber), ou la plateformisation, est un phénomène récent dans le domaine de l'économie consistant en l'utilisation de services permettant aux professionnels et aux clients de se mettre en contact direct, de manière quasi instantanée, grâce à l'utilisation des nouvelles technologies».

Toute cette technologie américaine réorganise le monde et nos sociétés, se vante Wikipédia:

« La mutualisation de la gestion administrative et des infrastructures lourdes permet notamment de réduire le coût de revient de ce type de service ainsi que les poids des formalités pour les usagers. Les moyens technologiques permettant l'ubérisation sont la généralisation du haut débit, de l'internet mobile, des smartphones et de la géolocalisation».

C’est la fin du modèle des Trente Glorieuses, se vante  notre encyclopédie:

« Ce modèle d'organisation du travail repose sur le travail à la tâche et s'oppose de fait à celui reconnu depuis des générations, et particulièrement depuis les Trente Glorieuses, c'est-à-dire le monde fixe et réglementé du salariat. L'ubérisation s'inscrit de manière plus large dans le cadre d'une branche intégrée au marché de l'économie à la tâche. »

Le mot « ubérisation » vient du grand patron de Publicis qui soumit la presse dans les années 80:

"Le terme « ubérisation » est un néologisme, popularisé en francophonie par Maurice Lévy après un entretien accordé au Financial Times en décembre 2014. Le terme provient de l'entreprise Uber qui a généralisé à l'échelle planétaire un service de voiture de tourisme avec chauffeur entrant directement en concurrence avec les taxis».

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La blague fut de nous faire croire que le taxi Uber est moins cher que nos taxis de la Marne ou leurs successeurs disparus. La fin de tout professionnalisme et de toute compétence est la clé du système: d’où la nullité des personnels politiques, diplomatiques et même militaires. Mais quand on rêve de grand effondrement…

« Les caractéristiques de ce service sont en premier lieu les gains financiers importants liés à l'évitement des contraintes réglementaires et législatives de la concurrence classique (l'acquisition d'une licence de taxi dans le cadre d'Uber), mais aussi la quasi-instantanéité, la mutualisation de ressources et la faible part d'infrastructure lourde (bureaux, services supports, etc.) dans le coût du service, ainsi que la maîtrise des outils numériques».

On voit aussi ce que donne la fin des infrastructures lourdes chères à ces imbéciles : l’effondrement de l’infrastructure dans tous les pays occidentaux (USA, France, Allemagne).

Le Petit Larousse est lui-même euphorique sur le sujet :

« Le terme « ubérisation » fait son apparition dans le dictionnaire Le Petit Larousse 2017, qui le définit comme : la "remise en cause du modèle économique d’une entreprise ou d’un secteur d’activité par l’arrivée d’un nouvel acteur proposant les mêmes services à des prix moindres, effectués par des indépendants plutôt que des salariés, le plus souvent via des plates-formes de réservation sur Internet ».

Encore plus euphorique le Figaro (la presse aussi a été ubérisée, et depuis longtemps encore) :

« Au sujet de l'ubérisation, Guillaume Sarlat explique dans Le Figaro: « L'ubérisation, tout le monde en parle aujourd'hui : tous les business models des grands groupes seraient sur le point d'être disruptés, ubérisés, désintermédiés, commoditisés, en un mot pulvérisés par une multitude de startups beaucoup plus agiles et innovantes ».

Retenons le mot de pulvériser. Pour le reste le petit mange-merde du Figaro pulvérise la langue de Malherbe et de Chateaubriand. L’ubérisation amorce le bref règne des pignoufs qui veulent nous amener à un âge technocratique de ténèbres sauce Davos.

On a parlé d’économie à la tâche, alors expliquons :

« L'économie à la tâche (de l'anglais gig economy, gig signifiant le concert, on a souvent payé les musiciens d'une soirée une fois le bal terminé) On la désigne aussi sous le nom d’économie à la demande ou économie des petits boulots. C'est un système basé sur des emplois flexibles, temporaires ou indépendants. »

La politique est devenue un petit boulot. Chacun opinera et/ou appréciera.

L’optimisme médiatique ajoute :

« En 2021, livraison de repas à domicile, voitures avec chauffeur, participation rémunérée à des sondages, micro-tâches d'assistance aux algorithmes, aux réseaux sociaux, aux corrections de données, "l'économie des petits boulots" génère un chiffre d'affaires mondial de 5000 milliards de dollars.

Un petit bémol :

En 2025, 500 millions de personnes pourraient dépendre pour vivre des petits boulots associés à l'économie à la tâche. La liberté et la simplicité d'accès qui font le succès des plates-formes reposent aujourd'hui sur l'exploitation de ces travailleurs. »

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Les travailleurs ne sont pas les seuls exploités : les clients et les consommateurs aussi. L’ubérisation de la culture et de l’enseignement ont préparé les jeunes générations à accepter leur condition d’ilote. Le bobo d’aujourd’hui (et sa descendance ruineuse et efflanquée) a la sous-culture média de sa femme de ménage ubérisée.

Cette dégradation du matériel humain préparée depuis quarante ans (voyez ma Lettre ouverte à la vieille race blanche) était la condition sine qua non et le préalable du démantèlement terminal de notre société et de notre patrie. Le mécontentement étant lui-même ubérisé politiquement, la caste de Blade Runner a peu de soucis à se faire.

Féminisme, viols et sorcellerie

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Féminisme, viols et sorcellerie

André Waroch

Chaque année, les journalistes français nous livrent, effarés, le nombre de plaintes pour viol enregistrées par les services de la gendarmerie et de la police nationale.

Il est clairement sous-entendu que ce chiffre n’a pas d’histoire, ni même, en fin de compte, tellement d’intérêt. C’est un chiffre symbolique, qui est simplement le témoin désincarné de la violence masculine éternelle à l’égard des femmes. Ce chiffre pourrait être de trois cents, de trois mille, de trois millions, cela ne changerait rien.

Pour les féministes, le harcèlement de rue, par exemple, a toujours existé, et les femmes se faisaient aussi bien insulter il y a cent ans, dans la France blanche, qu’aujourd’hui. Et de toute façon, il est bien évident qu’à aucun moment la France ne fut blanche. Et de toute façon, les femmes furent toujours oppressées par les hommes.

Le matriarcat, instinctivement, intuitivement, définitivement, refuse l’histoire. Il ne connait que le mythe, l’archétype et la légende.

Compter le temps à partir de la naissance du Christ fut le véritable bond qui précipita l’avènement du patriarcat. Ce temps linéaire s’oppose au temps légendaire, à la magie, à la superstition, à la sorcellerie. Ce qui est passé est passé. Chaque évènement n’y survient qu’une seule fois, sans possibilité de répétition. Il n’y a qu’une année 2021, et ce qui s’y est déroulé ne se déroulera jamais plus.

S’ouvre alors une nouvelle ère, celle du patriarcat. Elle se caractérise par son esprit d’innovation, de création, et de destruction. Son étymologie est transparente: il s’agit d’une société dans laquelle l’autorité de base est celle qu’exerce le père sur ses enfants - garçons comme filles. Cette évolution anthropologique a lieu avant tout en l’Europe de l’Ouest et dans ses colonies nord-américaines, secondairement au Japon.

La société arabo-musulmane, où le père n’exerce aucune autorité particulière sur ses enfants, n’est en aucun cas une société patriarcale. Elle est matriarcale et, par conséquent, est l’expression de l’immobilité et de la fixité. Elle ne détruit rien et ne crée rien.

Pourquoi les féministes vouent-elles un culte à la sorcellerie ? Personne ne s’est donc posé la question ?

Vous êtes malade, vous allez voir un médecin: il ne saura pas vraiment ce que vous avez, hésitera entre plusieurs diagnostics, vous poussera à des examens complémentaires, vous enverra voir un confrère, vous prescrira des médicaments sans pouvoir vous promettre que ce sont les bons. Un chemin tortueux et compliqué vous attend, et il n’est même pas sûr qu’il vous mènera à la guérison.

Vous allez voir la sorcière: peu lui importe le mal dont vous êtes atteint. Elle se contentera de vous demander votre prénom, votre âge, votre signe astrologique, agitera des feuilles séchées au-dessus d’un chaudron en prononçant des incantations, et tout sera fini. C’est cela, et rien d’autre, qui plait aux féministes : l’évitement de tout effort intellectuel, la superstition, la soumission, la croyance aveugle.

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Elles préfèrent la sorcellerie à la médecine pour la même raison qui fait qu’elles préfèrent le temps légendaire, non daté, répétitif et éternel, à l’histoire : par refus paresseux d’utiliser une intelligence qui leur fait peut-être défaut –il est possible que ce soit la clef de toute l’affaire- afin de débrouiller la complexité des choses.

Pour résoudre un problème, il faut le traiter d’un point de vue patriarcal, c’est-à-dire rationnel, donc historique.

Etudions l’évolution des plaintes pour viol entre 2011, c’est-à-dire la dernière année où nous étions dirigés par un gouvernement qui n’avait pas spécialement fait vœu de féminisme, qui ne prétendait pas faire de la cause des femmes une cause nationale, et aujourd’hui.

Stagnant sous le quinquennat de Sarkozy, le nombre de plaintes pour viol commence à augmenter irrésistiblement à partir de 2012. Voici les chiffres officiels, avec liens hypertexte. Les sources sont des organes de la grande presse mainstream : La voix du Nord, Les inrocks, Femme actuelle, Lci, Le Monde, Marianne, La croix…

2011    10406 plaintes pour viol

2012    10885 plaintes pour viol, soit une augmentation de 4%

2013    11510 plaintes pour viol, soit une augmentation de 5%

2014    12768 plaintes pour viol, soit une augmentation de 22%

2015    13730 plaintes pour viol, soit une augmentation de 8%

2016    15848 plaintes pour viol, soit une augmentation de 14%

2017    16400 plaintes pour viol, soit une augmentation de 3%

2018    19200 plaintes pour viol, soit une augmentation de 17%

2019    22848 plaintes pour viol, soit une augmentation de 19%

2020    24800 plaintes pour viol, soit une augmentation de 8%

Au final, en dix ans, le nombre de plaintes pour viol est passé de 10406 à 24800, c’est-à-dire une augmentation de 138%.

Cette augmentation, qu’on peut raisonnablement qualifier d’explosion, a été constante. Aucune année n’a vue une baisse des plaintes par rapport à l’année précédente.

Cette explosion coïncide exactement avec l’arrivée au pouvoir d’un gouvernement se déclarant féministe (l’emblématique Najat Vallaud-Belkacem) et adoubé par les féministes. Elle se confirme avec l’arrivée de Marlène Schiappa dans les bagages d’Emmanuel Macron.

Mais le plus fondamental est ceci : ce chiffre ahurissant de 138%, que j’ai obtenu en consultant les chiffres année après année sur des sites d’information grand public, et en me servant ensuite d’une simple calculatrice, n’est apparemment connu de personne. Ni du ministère de l’intérieur, ni des médias, ni des associations féministes, ni du « ministère des droits des femmes ».

A partir de là, nous pouvons en conclure que nous sommes bien en train de passer d’une société patriarcale à une société matriarcale. Les chiffres n’ont plus d’importance, sauf à l’état de fétiches devant lesquels on se prosterne pendant un an et qu’on oublie. Ainsi revient le temps cyclique, le temps de l’éternel retour.

Quand, dans le débat, on ose –très rarement- opposer aux féministes, non pas des arguments philosophiques, mais des objections concrètes quant à leur efficacité, en l’occurrence concernant en leur signalant que le nombre de plaintes pour viol n’a jamais été aussi élevé que depuis qu’on leur a confié la gestion de la sécurité des femmes, on entend cette réponse stupéfiante : « ce n’est pas le nombre de viols qui a augmenté, c’est le nombre de plaintes, car, depuis l’affaire Weinstein, les femmes osent porter plainte, alors qu’avant elles n’osaient pas. »

Voilà encore une autre preuve que le patriarcat, où le combat pour la vérité se menait en ayant recours à des chiffres, à des faits, à une réalité objective qui faisait consensus par son évidence, est en train de disparaître sous nos yeux. Ainsi, l’argument des féministes est de décréter qu’avant l’affaire Weinstein (sous-entendu : avant l’annexion totale et définitive du système médiatique par la secte féministe) il était parfaitement normal, ou presque, de violer des femmes, et que donc les victimes n’osaient pas porter plainte. Et qu’il fallut donc attendre l’annexion sus-citée pour que toutes ces femmes violées retrouvent le chemin du commissariat.

Ainsi, la réalité doit s’effacer devant le dogme : les féministes étant l’incarnation du bien, il devient dès lors impossible que leur arrivée au pouvoir soit à l’origine d’une vague de viols sans précédent.

C’est pourtant exactement ce qui s’est passé.

C’est en 2014, soit trois ans après l’affaire Weinstein, que la hausse du nombre de plaintes atteint sa progression annuelle la plus fulgurante : 22%. Cette affaire, s’étant déroulée dans un autre pays et dans un autre continent, dans un milieu tout à fait particulier (les producteurs d’Hollywood) n’a donc absolument rien à voir avec ce qui se passe en France.

La vraie raison de l’explosion des viols, qu’aucune féministe ne vous donnera jamais, est l’effondrement des condamnations pour viol, passant de 1652 en 2007 à 1003 en 2017, soit une baisse de 40%.

Evolution qui accompagna une féminisation de la justice : aujourd’hui, plus de 65% des magistrats sont des magistrates.

Car le matriarcat, qu’on excuse la lapalissade, est féminin. Il pardonne. Il comprend. Il adoucit. Il compatit. Il libère.

Laurent Muchielli a étudié le profil des délinquants juvéniles de Marseille: au moins 75% d’entre eux sont élevés par leur mère seule, sans leur père biologique.

Ainsi, après avoir subi le laxisme de leur mère, le laxisme de leurs professeures, ces délinquants se retrouvent livrés au laxisme des juges, dans cet univers féminin qui est la seule chose qu’ils connaissent. Sans que jamais un homme ne se soit dressé devant eux pour les traiter comme ils le méritent, c’est-à-dire avec toute la brutalité nécessaire.   

Ce qui arrive quand on abandonne aux femmes la conduite de la société, nous l’avons sous les yeux dans les sociétés européennes : non pas une nouvelle ère de paix, d’harmonie et de plénitude, mais, au contraire, plus de violence, plus d’injustice, plus de désordre, jusqu’à aboutir à un chaos qui ne laissera plus rien debout.

André Waroch.

Elections présidentielles 2022: faut-il voter?

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Elections présidentielles 2022: faut-il voter?

par Pierre-Emile Blairon

Etat des lieux

Alors que les signes d’une prise de pouvoir sur l’ensemble de la planète par les élites ploutocratiques se faisaient sentir depuis des décennies (au moins), seules, quelques personnes plus lucides que d’autres tentaient d’alerter les populations.

De fait, une césure est lentement apparue qui s’est transformée en une crevasse infranchissable qui séparait le monde des sociétés traditionnelles de celui des affairistes, le monde des terroirs, des régions avec leurs coutumes millénaires, leur savoir-faire artisanal, leur art de vivre, le monde des peuples enracinés, des hommes et des femmes de bon sens insérés dans leurs milieux naturels contre celui des mondialistes, matérialistes progressistes, monde artificiel sans règles et sans valeurs, désormais dirigé par les transhumanistes qui ne rêvent que de transformer les populations en esclaves ou en robots.

Une sorte de statu quo paraissait s’être instauré mais ces forces négatives ont décidé, comme dans l’urgence, fin 2019 et début 2020, de sauter sur l’occasion que leur donnait la « découverte » de ce coronavirus en Chine pour imposer leur loi sous couvert sanitaire à toute la planète. Je me suis longuement demandé comment un très petit groupe d’être humains avait pu imposer avec une telle rapidité et une telle efficacité cette totale soumission de la population terrienne (plus de 7 milliards d’individus quand même) à ce qui s’apparente à sa propre disparition. C’est grâce à certaines techniques de conditionnement des foules, comme l’ingénierie sociale, que les mondialistes ont pu arriver à ce résultat.

C’est ainsi que nous vivons depuis bientôt deux ans les effets de la plus grande manipulation de tous les temps.

Notre génération a l’insigne privilège de contempler, stupéfaite et désespérée, un monde qui se défait littéralement dans le déchaînement des entités diaboliques qui ont pris le pouvoir sur une population tétanisée.

Il se fait que ces incroyables bouleversements se font dans l’apathie générale d’individus lobotomisés qui refusent de croire aux événements qui se déroulent sous leurs yeux et qui ne se soucient que de leurs petits intérêts matériels ; on assiste à une interruption, voire à une régression brutale de l’intelligence chez la plupart de ces individus, dégradation qui peut clairement être constatée par ceux qui ont réussi à conserver, en dépit du matraquage médiatique, leur esprit critique ; c’est à l’aune de cette constatation que ces quelques esprits éclairés ont pris la mesure de l’ampleur du désastre en cours et se préparent au pire.

Une contestation a fini par éclore, en France et dans d’autres pays du monde, résistance bien timide d’abord ; en France, elle est née sous l’égide de Florian Philippot ; les militants de son parti, Les Patriotes, rassemblaient fin 2020 quelques dizaines de militants réunis sur les lieux emblématiques de quelques villes en France ; et la mayonnaise a pris de telle sorte que c’est maintenant des dizaines de milliers de Français qui défilent chaque samedi dans au moins deux cents villes en France contre le pass sanitaire. De même, les populations de nombreux pays du monde protestent contre la dictature mondiale qui se met en place sous prétexte de mesures sanitaires.

Les médias français subventionnés ne disent pas un mot de ces manifestations, qu’elles se déroulent en France, ou ailleurs dans le monde ; la contestation n’existe pas pour ces pseudo-journalistes.

Les Français opposés à la mise en place de cette tyrannie planétaire savent parfaitement que les instances européennes n’en sont qu’un relais efficace et que le gouvernement français entièrement soumis aux élites ploutocratiques ne fait qu’appliquer leurs directives.

Moins nombreux sont ceux qui savent que le pouvoir mondial utilise les masses immigrées et les terroristes islamiques pour mieux déstabiliser les sociétés traditionnelles, notamment européennes et occidentales.

Une autre dichotomie est apparue, plus ancrée dans le réel quotidien, plus susceptible de nourrir les passions et de préparer un monde de cauchemar où les citoyens de chaque pays pourraient s’affronter dans une guerre civile qui ne serait même pas raciale.

On constate effectivement la présence face à face de deux populations.

Il y a, d’une part, ceux qu’on peut appeler les résistants. Ils ont compris que le « pass sanitaire » et le vaccin n’étaient que des outils (ou plutôt des armes de destruction massive) pour soumettre les populations ou, plus inquiétant encore, pour réduire leur nombre que les mondialistes jugent pléthorique.

Et il y a, d’autre part, ceux qui, par bêtise, par confort ou par lâcheté (à vrai dire, les trois à la fois) ne veulent pas entendre parler d’un quelconque conditionnement et traitent de complotistes ceux qui ont su garder un esprit critique et éveillé.

Il est très difficile d’établir un pourcentage de chacune de ces deux populations, d’une part à cause du silence des autorités qui ne permettent donc pas aux organismes d’évaluation de révéler des chiffres fiables, d’autre part, du fait d’un nombre grandissant de personnes qui comprennent enfin la supercherie des gouvernants. Evaluons à 30 % les populations réveillées et donc à 70 % [1] celle des morts-vivants lobotomisés, des zombies.

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Voilà donc un état de la situation tel qu’il peut apparaître en cette fin d’octobre alors que l’esprit des Français est occupé par ce qui plaît infiniment aux médias de pouvoir : les élections présidentielles.

Les candidats à la présidentielle

Nous allons nous intéresser uniquement aux candidats susceptibles de jouer un rôle de premier plan dans ces élections.

Macron

Rien à dire sur le président en exercice qui a bien l’intention de renouveler son mandat, sinon confirmer qu’il n’est qu’une marionnette entre les mains de l’oligarchie mondiale, pour le malheur du peuple français.

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Marine Le Pen était désignée d’office comme son principal adversaire avant que ne survienne Eric Zemmour. Le RN, au fil du temps, est devenu une coquille de noix vide qui vogue au gré des courants sondagiers ; Marine Le Pen n’a cessé de raboter toutes les aspérités qui pouvaient l’empêcher de glisser vers la victoire comme une trottinette sur les trottoirs parisiens. Exit les militants trop passionnés, les propos trop affirmés, et les sujets qui fâchent les minorités devenues majorité. Les Français veulent moins d’immigration et plus de sécurité [2] ? Donnons-leur ce qu’ils veulent ou, tout au moins disons ce qu’ils veulent entendre. L’oeil de Marine Le Pen n’est pas fixé sur la ligne bleue des Vosges mais sur le baromètre Ipsos.

Et puis, Z comme Zemmour est arrivé, sans se presser [3] ; patatras pour Marine Le Pen qui caracolait à 21 % derrière Macron ; adieu, veau, vache, cochon (qui s’en dédit)…

Sa candidature éventuelle a été accueillie par un flot de railleries antisémites (ce qui, pour la presse aux ordres, apparaissait jusqu’alors comme le pire des crimes) ; les invectives sont venues à la fois de vieilles badernes nostalgiques d’un certain passé, et des « jeunes » banlieusards d’origine maghrébine qui ont fait de Zemmour et de ses militants leur cible favorite. Les uns et les autres auront finalement trouvé un terrain d’entente sur le dos de Zemmour. On n’a pas entendu les ligues de vertu antiracistes s’élever contre ce qu’elles appellent, en d’autres circonstances, une  « abomination » ; et pour cause ; Zemmour constitue aussi pour ces gens l’ennemi à abattre. « Pas un vote juif ne doit aller à Zemmour » a déclaré Kalifat, le patron du Crif. Le crime de Zemmour est de revendiquer son statut de Français avant celui de juif.

Zemmour est incontestablement plus cultivé et plus intelligent que ses deux adversaires.

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Nous aurions donc espéré qu’il prenne une position tranchée sur la mise en place de cette dictature mondiale qui ne cache même plus ses objectifs.

Tout homme – ou toute femme – qui se targue d’avoir une vision politique des événements (qui n’adviennent pas par le fait du hasard) ne peut ignorer cette nouvelle donne.

Nous aurions aimé au moins entendre quelques mots de solidarité envers ces soignants qui se font  littéralement jeter de leur travail sans aucune compensation parce qu’ils refusent de se faire injecter ce qu’ils savent être un poison. Ces soignants que les Français ont adulés l’année dernière et pour lesquels ils n’ont désormais aucune compassion alors qu’ils ont, comme tout un chacun, un loyer à payer , des enfants à élever, des traites à honorer ; les « anti vax », comme les appellent leurs adversaires sont devenus des parias.

Mais non, ni Marine Le Pen ni Eric Zemmour ne s’en soucient. Zemmour déclarait au micro d’André Bercoff sur Sud-Radio le 11 octobre : « Je suis moi-même vacciné, le pass sanitaire ne me dérange pas ; le sujet essentiel n’est pas là. »

Et qu’en est-il des instances européennes qui prétendent s’immiscer dans toutes les décisions nationales des pays adhérents ?

Il y a longtemps que Marine Le Pen ne s’en préoccupe plus après ses échecs récurrents sur ce thème ; quant à Zemmour, dans cette même émission de Sud-Radio, il a déclaré : « Je ne veux pas de Frexit pour ne pas désorganiser la France ».

Finalement, Marine Le Pen et Eric Zemmour s’entendent bien pour admettre que le sujet essentiel n’est ni la dictature pseudo-sanitaire, ni l’intrusion des instances européennes dans la politique intérieure des états-nations ; le sujet essentiel, c’est l’immigration et aussi l’insécurité, sondage oblige.

C’est ici qu’intervient très pertinemment Florian Philippot qui déclarait le 20 janvier 2021 : « Stopper l’immigration massive et expulser tous ceux qui doivent l’être ne peut se faire qu’à la condition expresse d’en avoir le pouvoir. C’est à dire à la condition expresse de quitter sur le champ UE et CEDH qui décident de tout. Le reste : du verbiage. »

Il faut tenir compte en outre d’un autre paramètre : l’Ordre mondial utilise les migrations et les terroristes pour déstabiliser à la fois les sociétés traditionnelles accueillantes (de gré ou de force) et les sociétés traditionnelles partantes [4].

On se rend compte finalement que Marine Le Pen et Eric Zemmour espèrent puiser dans le même vivier, celui des zombies lobotomisés qui représentent donc 64 % de la population française en âge de voter. Ont-ils compris que ces gens ne voteront que pour leur Maître, Macron, celui qui déclarait en toute ambiguïté : « Je crois que notre génération doit savoir que la Bête de l’évènement est là, elle arrive, qu’il s’agisse du terrorisme, de cette grande pandémie ou d’autres chocs. Il faut la combattre quand elle arrive avec ce qu’elle a de profondément inattendu, implacable. »

Florian Philippot s’est révélé l’homme politique le plus combatif, le plus pugnace, le plus efficace et le plus sincère tout au long de ces deux années de folie au cours desquelles le Système a essayé, et continue d’essayer, d’imposer son totalitarisme planétaire, ce qui constitue la question prioritaire à l’heure actuelle ; les autres questions : Europe, immigration, pouvoir d’achat, insécurité, rétablissement des frontières nationales, relocalisations, localisme, etc. en dépendent.

Pour conclure, je ne voterai évidemment pas pour Macron, et non plus pour Le Pen, ni pour Zemmour, puisque ces deux derniers ne s’intéressent qu’accessoirement au sort du peuple français, quoiqu’ils en disent.

Je ne voterai pas non plus pour Philippot,  pour une raison unique, liée à mon ADN ; je suis Français né en Algérie. Philippot est gaulliste. Imaginez qu’on demande à un Arménien de voter pour un admirateur d’Erdogan qui est prêt à déclencher un nouveau génocide à chaque instant ?

Faut-il le rappeler ? De Gaulle  est celui qui a sciemment provoqué le massacre, dans des conditions épouvantables, de dizaine de milliers de Pieds-Noirs et de musulmans fidèles à la France qu’on a appelés harkis.

Comme tous les candidats, y compris Marine Le Pen et Eric Zemmour, se réclament de De Gaulle, je ne voterai donc pas aux élections présidentielles de 2022.

Pierre-Emile Blairon.

Notes:

[1] Sondage Elabe pour BFMTV du 23 août 2021 : 64 % des français sont favorables au pass sanitaire.

[2] Pour 82% des Français, la lutte contre l'insécurité sera importante dans leur vote en 2022 (sondage Fiducial-Odoxa  pour Le Figaro du 25 octobre 2021.

[3] Il n’est toujours pas candidat à ce jour, 26 octobre 2021.

[4] Voir mon article sur le sujet paru il y a tout juste un an : Terrorisme islamique et terreur sanitaire : le monde pris dans l’étau de Big Brother,

mardi, 26 octobre 2021

Le retour de Daniel Cologne par un détour au Pays Basque...

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Le retour de Daniel Cologne par un détour au Pays Basque...

Ex: https://voxnr.com/52871/le-belge-daniel/

Militant actif au mitan des années 1970 en Suisse au nom du Cercle Culture et Liberté, le Belge Daniel Cologne rédige diverses brochures remarquées. Outre Julius Evola, René Guénon et le christianisme (réédité en 2011 aux éditions Avatar), il rédige en 1977 avec Georges Gondinet un fascicule au titre provocateur : Pour en finir avec le fascisme. Essai de critique traditionaliste-révolutionnaire. Il collabore à la revue de Maurice Bardèche Défense de l’Occident et publie la même année Éléments pour un nouveau nationalisme, un appel concis et vibrant en faveur d’une Droite européenne intégrale.

Introuvable chez la plupart des bouquinistes, ce court essai métapolitique vient d’être traduit en espagnol avec l’accord de l’auteur qui avait appris quelques mois plus tôt l’existence d’une édition parue dans la langue de Cervantes de Julius Evola, René Guénon et le christianisme et de Pour en finir avec le fascisme.

Pour la circonstance, l’essai, intitulé Elementos para un nuevo nacionalismo y La ilusión marxista, s’accompagne d’une préface inédite de l’auteur qui replace son point de vue dans le contexte de la Guerre froide. Il y a ajouté le verbatim d’une conférence prononcée, toujours en 1977, à Lausanne, ensuite paru en mars 1978 dans le n° 156 de Défense de l’Occident et qui traite de « L’illusion marxiste ».

Quand Daniel Cologne écrit son essai sur un nouveau nationalisme qu’il ne peut qu’envisager européen, il s’inscrit déjà aux périphéries de la « Nouvelle Droite » issue du GRECE dont il désapprouve l’orientation biohumaniste, nominaliste et empirique scientiste. Les différents revirements postérieurs de la Nouvelle Droite parisienne ont rendu caduques ses critiques souvent prémonitoires. Usant d’une belle plume didactique, l’auteur revient sur « le mythe de la troisième voie », tente de définir une authentique Droite radicale organique et dresse des perspectives d’avenir sur la nouvelle idée nationaliste. Ainsi avance-t-il que « si, sur le plan économique, le nationalisme révolutionnaire peut se situer à gauche, pour ce qui est des valeurs essentielles, politiques, éthiques et culturelles, il doit être une idéologie de droite et ne pas avoir peur de revendiquer cette étiquette après l’avoir redéfinie comme il convient. Contrairement à ce que croient la plupart des nationalistes révolutionnaires, c’est en refusant l’étiquette qu’ils font le jeu du terrorisme intellectuel, sont accusés de noyer le poisson et passent pour des complices de l’establishment bourgeois. Le meilleur moyen d’éviter ce malentendu n’est ni de reprendre l’étiquette stupidement à son compte, ni de vouloir la fuir à tout prix, mais de la redéfinir dans l’optique traditionaliste susdite, ce qui autorise sa revendication pour les composantes essentielles de l’idéologie nationaliste révolutionnaire ».

Il conçoit cet idéal nationaliste européen sur les traces de Max Scheler, le fondateur de l’anthropologie philosophique et maître à penser d’Arnold Gehlen, et de son compère Georges Gondinet. Ce dernier a peu de temps auparavant théorisé un nationalisme ternaire fondé sur la complémentarité de la patrie charnelle (les régions ou/et les ethnies), de la patrie historique (la nation politique) et de la patrie idéale (l’Europe). Daniel Cologne estime que « le seul moyen de résoudre l’épineuse question des ethnies, dont le réveil menace les nations d’éclatement, est d’ouvrir les nationalismes sur l’Europe. D’une part, le nationalisme doit emprunter à la grande tradition politique de notre continent la notion d’État organique qui concilie l’unité nécessaire à toute société évoluée avec le respect, voire l’encouragement de sa diversité naturelle. Conçu de façon organique, le nationalisme s’accommode d’une certaine autonomie des régions. D’autre part, si la nation, loin de s’ériger en un absolu, se considère seulement comme une composante autonome du grand ensemble organique européen, les régions et les ethnies n’auront aucune peine à se considérer comme les incarnations nécessaires du principe de diversité au sein de la grande unité nationale. Dans une Europe organique des nations organiques, être breton ou français, basque ou espagnol, flamand ou belge, jurassien ou suisse ne sont que des manières parmi d’autres d’être européen ».

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En langue espagnole, et également auprès des éditions Letras Inquietas, le long entretien que Daniel Cologne avait accordé à Robert Steuckers en 2001.

S’il s’interroge avec inquiétude sur la « catamorphose de l’esprit héroïque », l’auteur s’attache aussi à mettre en valeur l’« étymon spirituel européen » afin de permettre aux peuples natifs du Vieux Continent d’effectuer le grand saut salutaire vers l’affirmation grande-européenne complète. Il n’hésite pas par conséquent à insister que « l’antimatérialisme et l’élitisme ne sont pas les éléments constitutifs d’une “ troisième voie ” idéologique parmi d’autres, mais les composantes d’un courant authentiquement révolutionnaire opposé à la collusion capitalo-communiste et à l’hydre à deux têtes de la démocratie ». Il prévient plus loin que « la concrétisation politique de l’étymon spirituel héroïque de l’Europe est la conception organique et aristocratique de l’État chère à notre continent ».

Agrémentée de notes qui expliquent les clins d’œil à l’actualité de cette époque, la conférence sur la pensée marxiste conserve une singulière actualité quatre décennies plus tard. En effet, dans cette dissection méticuleuse du marxisme alors dominant dans le champ culturel occidental, Daniel Cologne annonce sans le savoir lui-même la machine infernale intellectuelle wokiste – féministe – LGBTiste qui corrompt aujourd’hui les universités rongées par le fléau libéral ! « L’action dissolutive du marxisme idéologique sur la mentalité occidentale, note-t-il bien avant l’émergence du communisme de marché, a été grandement facilité par le préalable travail de sape du libéralisme bourgeois. »

Il prévient enfin l’auditoire que le cœur nucléaire de la théorie marxiste, la lutte des classes, va tôt ou tard être substitué par d’autres affrontements tout aussi segmentés, partiels et parcellaires : les femmes contre les hommes, les jeunes contre les adultes, les véganes contre les carnivores, les immigrés contre les autochtones. Même s’il ignore le vocabulaire victimaire, inclusif, décolonial, non racisé et peut-être post-genré désormais en vogue, l’auteur signale les prémices une future « intersectionnalité » qui doit mettre à bas toutes les structures patriarcales hétérosexuelles genrées blanches non validistes…
Bientôt auteur de nombreuses monographies sur des écrivains étrangers francophones, dont maints Belges, ce grand connaisseur des Lettres françaises accuse le « Nouveau Roman » de « déconstruire » l’œuvre littéraire en elle-même. Il ne se doute pas qu’à ce moment-là, les têtes pensantes de l’« École de Francfort » exilées aux États-Unis dès la fin des années 1930 élaborent la « psychologisation » du marxisme et la « psychiatrisation » du fascisme…

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Grâce aux éditions Letras Inquietas, le public hispanophone peut dorénavant s’approprier deux textes de haute volée, véritables munitions intellectuelles dans la guerre culturelle en cours, d’autant que « face à la pensée totalitaire marxiste, doit se dresser une pensée totale, ou, si l’on préfère, organique ». Et la France ? Il est souhaitable que cet essai paraisse de nouveau par les bonnes grâces d’un valeureux éditeur hexagonal. Il serait temps, car entre les zélotes loufoques du Frexit et les tenants insupportables de l’euro-mondialisme cosmopolite, la vision européenne, enracinée et exigeante de Daniel Cologne s’impose plus que jamais comme une évidence incontestable.

• Daniel Cologne, Elementos para un nuevo nacionalismo y La ilusión marxista, Letras Inquietas, colección Identidades, 2021, 78 p., 11,90 €.

 

 

Saint Fernandel - Entretien avec Laurent James

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Saint Fernandel

Entretien avec Laurent James

Propos recueillis par Maximilien Friche
 
Ex: http://www.mauvaisenouvelle.fr/?article=livres-entretien-avec-laurent-james--1826
 

LJ : Me cerner est effectivement tout à fait impossible, dans la mesure où je suis très précisément incontournable, au sens géométrique du terme. La succession temporelle de mes activités, modelées par mes préoccupations, ou plutôt par mes hantises obsessionnelles, ne se fait pas de manière échelonnée, et encore moins linéaire. Je ne marche que par synchronicités fulgurantes. Chaque nom ou thème que vous évoquez, à juste titre, dans votre question, constitue à lui seul une boussole, mais avec des orientations tout à fait différentes. La première est tournée vers l’archaïsme régénérateur du Sud, la deuxième vers l’immutabilité de l’Hyperborée, et enfin la troisième vers le principe dynamique de la magie opérative. Et rien ne m’enchante autant que lorsque j’assiste à un croisement – toujours explosif – entre mes boussoles intimes. N’oubliez pas, par exemple, que Parvulesco était un lecteur de Nabe, à tel point qu’il lui avait envoyé un texte pour être publié dans son mensuel La Vérité (c’est raconté dans Les Porcs). Ces deux écrivains – les deux plus grands écrivains français depuis la mort de Dominique de Roux – ont bien sûr des vues diamétralement opposées quant au destin du christianisme et de l’Europe, qu’ils estiment à juste titre comme étant morte depuis la Première Guerre mondiale : Nabe valide l’attaque de l’Occident par l’islam au nom de la justice chrétienne, et Parvulesco laisse une dernière chance au catholicisme en prophétisant sa désoccidentalisation par son union – ou plutôt, sa ré-union – avec l’orthodoxie. C’est par ailleurs le principe spirituel de base de l’Eurasisme, bien oublié par les thuriféraires contemporains de ce mouvement originellement mystico-géopolitique, et désormais ravalé au simple rang d’appareil idéologique de soutien au Parti Baas syrien…

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Alors, Fernandel ? Rien d’étonnant à cela. On reste dans la seule et unique chose qui m’intéresse : la seconde partie de la mission du Christ telle que l’avait proclamée saint Irénée, à savoir : « Si Dieu s’est fait homme, c’est pour que l’homme se fasse Dieu ». Si la déification de l’homme par la grâce est l’un des piliers de notre Catéchisme, c’est un thème qui reste néanmoins peu présent dans la tradition catholique, contrairement au monde orthodoxe où pullulent les docteurs de la divinisation (Maxime le Confesseur, Grégoire Palamas, …). Oui, la matière donnera naissance à l’Esprit, « miracle des miracles » annonçait Raymond Abellio. Et bien je suis persuadé depuis toujours que l’Idiotie cosmique est l’un des véhicules possibles de l’Esprit-Saint pour accomplir cette mission fondamentale, et le fait qu’il n’existe aujourd’hui plus aucun Idiot du village en France montre assez l’étendue du problème. L’Idiot est une majuscule solitaire, face à la masse grégaire des minuscules imbéciles. L’Idiot du Village est d’ailleurs le titre de mon premier texte publié dans la revue Cancer !, en avril 2001. Vous voyez que ma cohérence ne date pas d’hier.

MF : Vous parlez de la malédiction du rire en évoquant Fernandel, ce visage si expressif qui semble s’allonger indéfiniment quand il ne dit rien, et qui se transforme comme de la pâte à modeler pour incarner la parole. Pensez-vous que l’on ait ri aux dépens de Fernandel, ce rire était-il sa croix ?

LJ : Il faut bien distinguer le rire de Fernandel, et le rire des hommes devant le rire de Fernandel – et même, devant sa simple apparition. Revoyez cette scène célèbre de l’audition du Schpountz. C’est d’abord à ses propres dépens que Fernandel fait rire les ploucs de l’équipe parisienne de tournage : leur rire, infect, est celui du vainqueur, celui de la France bourgeoise et déjà internationalisée, en short et bras de chemise, face au dernier représentant actif de la Gaule surnaturelle et enchantée, vêtu d’une veste dont ils commencent par se moquer avec une ardeur éminemment haineuse. « Quel est le tailleur de génie qui vous a fait ce costume ? Donnez-moi son adresse, que j’y coure… » « Cela ne vous servirait à rien, parce que ce costume, c’est moi qui l’ai conçu, et dessiné ! » Et les parisiens de rire à qui mieux-mieux, de se vautrer dans la plus cynique des gausseries, ô race suprêmement parasitaire, seuls et uniques habitants de notre pays qui ne surent jamais fabriquer aucun produit d’artisanat, aucune manufacture, aucun savoir-faire, aucune cuisine, rien de rien, … Et puis Fernandel retourne complètement la situation, en déclinant cyranoïquement sur tous les tons un article du Code Civil pour prouver aux vautrés qu’il est un véritable artiste de cinéma. La crainte, la pitié, … interrogatif, puis affirmatif… pensif… et puis, enfin, comique. La caméra s’approche alors au plus près du visage complètement apocalyptique de Fernandel ravagé par sa dentition remontant jusqu’au sommet du crâne, et c’est là que le miracle s’opère puisque les ricanements des Parisiens se muent en rire libérateur et puissamment orgasmique : ils sont théologiquement sauvés par la grandiose et authentique charité catholique de Fernandel, qui récupère ainsi à son propre bénéfice le terme condescendant de Schpountz (« C’est Greta Garbo en homme, vous vous rendez compte ? ») pour le retourner contre ses faux-frères. C’est sa manière à lui de se venger. Fernandel est l’envoyé du Saint-Esprit, et les cameramen et preneurs de son sont devenus les Schpountz de Dieu. L’équipe parisienne est prise à son propre piège. Les condamnés à mort qui auront tous un jour ou l’autre la tête tranchée, ce sont bien eux, et tous leurs descendants ! « Non c’est pas gai, c’est pas gai… mais ça peut le devenir ! »

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C’est ainsi que le rire de Fernandel est une véritable bénédiction céleste. Il a subi toute sa vie le rire agressif des hommes, qu’il a constamment retourné contre ces derniers pour les sauver de leur condition. Les rires aux dépens de Fernandel sont sa croix, certes, mais il se décrucifie en permanence pour clouer lui-même les hommes sur son propre rire. L’œuvre fernandélien est une chanson de geste salettine. Fernandel gagne toujours à la fin.

MF : Fernandel fut une immense star et vous évoquez quelques batailles d’égo entre lui et Raimu par exemple pour savoir qui serait en haut de l’affiche. Comment s’articule selon vous cet orgueil qui est conscience de ce qu’il est et son extrême générosité ?

LJ : Le Général de Gaulle a dit de Fernandel qu’il était le seul Français qui soit plus célèbre que lui dans le monde, et Pie XII a dit de Don Camillo qu’il était le plus connu des prêtres de la chrétienté après le pape. Vous ne seriez pas orgueilleux, à sa place ? L’orgueil de Fernandel relève à la fois de la justice et de la justesse. Il savait parfaitement qui il était et quel effet il produisait sur l’humanité, et même sur les animaux.

MF : Dans Saint Fernandel vous donnez une lecture très personnelle de l’acteur et vous vous livrez également, quel rôle a-t-il joué dans votre vie ?

LJ : Ah oui, le plus grand rôle de Fernandel est pour moi celui qu’il a joué directement dans ma propre vie. Fernandel est mon ange gardien, qui dégage ses ailes de sous son pardessus pour les déployer sur moi à chacune de mes tragédies intimes, et ce depuis mon enfance la plus reculée. Ô saint Fernand’ailes… Mon chapitre L’Homme Total évoque l’une de ces tragédies, la plus terrible de toutes, et il continue encore aujourd’hui à me protéger des vagues d’attaques contre l’amour qui m’assaillent depuis des mois… Mon divorce d’avec mon épouse Marie est la dernière grande épreuve que je n’aie eu à subir, directement liée à l’eschatologie diarrhéique du coronavirus… un divorce que certains amis – et même mon éditeur ! – se plaisent à qualifier de banal, comme si la banalité excluait la tragédie… Moi qui croyais que la banalité du mal était un lieu commun désormais assimilé par tout un chacun. Eh bien, c’est juste à ce moment-là que Fernandel a décidé de célébrer les cinquante ans de sa mort en inspirant successivement Michel Marmin – à qui je dois tout pour cet ouvrage –, mon ami Pellecuer puis mon éditeur – qu’il en soit loué ! – pour m’enjoindre à publier cette hagiographie cabossée, laquelle me permet d’entamer une nouvelle vie sous les auspices de la Légende Dorée massaliote.

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MF : On a tendance aujourd’hui dans nos temps de la chute de dire à quel point la disparition de chaque acteur (comme ce fut le cas pour la mort récente de Jean-Paul Belmondo) est la manifestation de la perte d’un morceau de France. Fernandel c’est Marseille ou la France ? Une époque ? De quoi Fernandel est-il le nom ?

LJ : Fernandel représente à lui tout seul à la fois la revanche de la Gaule contre la France, la gloire de ceux qui – comme l’écrivait Jean Phaure – réintégreront le Centre primordial en célébrant le Second Avènement, « temps de l’Esprit Saint et du Règne social de Jésus-Christ », et la possibilité de cette « révolte de l’esprit contre le poids » que prophétisait Céline.

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MF : 148 films, des rôles très différents même si ce fut toujours et surtout lui-même. Fernandel aurait-il pu tout jouer ? Quels rôles lui manquent-ils ?

LJ : Pour une fois, je vais me citer : son envie première est de pouvoir jouer tous les rôles imaginables, jusqu’à parvenir à incarner à l’écran la totalité des êtres de cette planète, vivants et morts. Le rêve de Fernandel est d’être le seul interprète d’un film de trois mille heures qui s’appellerait Histoire mondiale de l’humanité, où il jouerait simultanément tous les rôles – bébés, femmes et animaux compris.

MF : Vous évoquez concernant Fernandel la célébration chestertonienne du Cosmos, et on vous retrouve bien là dans votre lecture métaphysique et transcendante du monde. Comment s’exprime cette célébration chestertonienne du Cosmos chez Fernandel ?

LJ : Fernandel est l’une des armes les plus puissantes pour combattre la conjuration mondiale contre la Vierge Marie, c’est-à-dire à la fois « la subversion extérieure de la mondialisation, et la subversion intérieure de l’aliénation nihiliste – marxiste et maçonnique – dans ses dimensions paroxystiques ultimes », comme le précisait fort savamment Jean Parvulesco. Il y a toute une dimension ésotériquement opérative chez Fernandel que j’ai à peine effleurée dans ce livre, il faudrait lui consacrer toute une vie… Vous savez, sa villa marseillaise des Mille Roses était placée sous la protection directe de la Sainte Vierge, et située à quelques centaines de mètres de la Traverse du Diable… Je dis ça pour ceux qui connaissent… À la fin du mois d’août, j’ai effectué une retraite dans une abbaye de Prémontrés pour me recentrer sur ma solitude. Dès mon arrivée, j’appris que le père Norbert Calmels, l’ancien abbé général des lieux, avait naguère écrit une hagiographie de Pagnol, dans le but de démontrer que l’écrivain et cinéaste n’était autre qu’une préfiguration de l’incarnation historique du Paraclet. Vous imaginez un peu mon bouleversement… Voilà ce que c’est que la célébration chestertonienne du Cosmos : l’éternel retour des larmes de joie.

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Joseph de Maistre et l’Eloge du Mal (1753-1821)

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Joseph de Maistre et l’Eloge du Mal (1753-1821)

Tomislav Sunic

Ex: https://www.breizh-info.com/2021/10/24/172736/joseph-de-maistre-et-leloge-du-mal-1753-1821-par-tomislav-sunic/

Chacun son écrivain, chacun son interprétation de son œuvre. J’ai choisi pour notre entretien aujourd’hui l’écrivain et philosophe savoyard Joseph de Maistre pour plusieurs raisons. De Maistre fut contemporain de Napoléon quoiqu’il ne parle guère de Napoléon dans son ouvrage. Il fut également disciple du siècle des Lumières quoiqu’il il fut son plus féroce adversaire. Nous tous, vous tous, on peut se poser la question. Alors, qu’est-ce que Joseph de Maistre a à voir avec nous et les modernes, et quelle est son importance pour nous Européens de l’Est vivant dans le Système libéral ? Je vais essayer brièvement de situer les idées de Joseph de Maistre dans notre époque et de dire également s’il peut nous être utile pour comprendre les idées de notre temps, et si les Européens, peuvent utiliser des parts de son enseignement pour comprendre les cataclysmes qui s’annoncent. Quant à mon choix de cet auteur, il y a également un côté personnel. L’interprétation d’une œuvre littéraire dépend souvent de l’humeur et du caractère de son interprète. Étant par nature porté vers le pessimisme culturel et étant sceptique vis-à-vis de l’idée de progrès il ne faut pas s’étonner par conséquent que j’aie choisi De Maistre et sa critique des lendemains qui chantent. Il nous faut également rappeler que cette année marque le bicentenaire da sa mort.

Tout d’abord il nous faut préciser que les idées politiques de Maistre sont étroitement liées à ses idées ultra-catholiques et ultramontaines, ainsi qu’à son inébranlable croyance à la main de fer de la Providence divine. Étant damnée par le péché originel, dès sa naissance l’espèce humaine est vouée au mal éternel et à la souffrance incessante. L’homme ne peut y échapper, même s’il est un homme de bien, même s’il se voit comme homme plein de vertus, et même s’il se vante de surcroît de n’avoir jamais fait aucun mal à son semblable. Au contraire, plus l’homme est vertueux et plus il sera exposé au mal, ce que De Maistre désigne comme « l’hérédité des fautes ». „Il est possible qu’un homme envoyé au supplice pour un crime qu’il n’a pas commis l’ait réellement mérité pour un autre crime absolument inconnu ». (Premier entretien, Les soirées de Saint-Pétersbourg)

Par conséquent suite à notre chute dans le temps, nous tous, sans aucune exception, sommes des jouets de la réversibilité, c’est à dire que nous sommes censés expier non seulement les fautes et les défauts de nos lointains ancêtres, fautes qu’ils auraient souvent commises à leur insu, mais nous sommes également obligés d’expier les crimes de ceux qui nous font mal à l’heure actuelle et même de ceux qui avaient fait mal, soit à nous, soit aux autres, il y a des milliers et des milliers d’années avant notre naissance et dont nous ne saurons même jamais les noms.

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Joseph de Maistre nous dit : « le mal a tout souillé, et l’homme entier n’est qu’une maladie » (SdeSP). Par conséquent, toute recherche du bonheur terrestre est une voie maladive, vouée à’ l’échec, car celui qui refuse de souffrir n’est pas digne d’être homme. Les exemples du mal perpétuel abondent. Il suffit de jeter un coup d’œil au passé politique européen. En effet, l’histoire européenne est une longue trajectoire de conflits, de guerres civiles et de violences, de cataclysmes qu’aucun désir d’un monde meilleur ou de sagesse humaine, tant vantée par les encyclopédistes du XVIIIe siècle, ne peut améliorer.

« L’histoire prouve malheureusement que la guerre est l’état habituel du genre humain dans un certain sens ; c’est-à-dire, que le sang humain doit couler sans interruption sur le globe, ici ou là ; et que la paix, pour chaque nation, n’est qu’un répit. » (Considération sur la France).

Le culte de la Raison, installé par les révolutionnaires français comme une nouvelle religion séculaire, et leur nouvelle déesse Raison constituèrent un grand traquenard historique. Ce culte a par la suite abouti à une surenchère de violences entre les individus et les peuples, comme nous l’avons surtout vu pendant la révolution bolchevique en Russie, cent ans après la mort de Joseph de Maistre. D’après lui et contrairement à Jean-Jacques Rousseau et ses divagations sur « le bon sauvage » et la prétendue liberté de l’homme à sa naissance, c’est l’autorité qui précède la raison et non l’inverse. L’homme ne devient conscient de sa raison, à savoir de sa capacité de penser et de raisonner, qu’au sein de sa famille, de sa tribu, de son clan et de son peuple, guidé par les sages et leur sens de la tradition. La raison abstraite, telle qu’elle fut vénérée par les révolutionnaires français du XVIIIe siècle et leurs rejetons libéralo-communistes du XXe siècle, et plus tard leurs successeurs multiculturalistes et globalistes de notre XXIe siècle, est une grande supercherie qui, sous le vernis des « droits de l’homme », du « multiculturalisme » et de la « tolérance », nous annoncent de nouveaux massacres en série. En tant que bon connaisseur des langues classiques et des langues européennes de son époque, lors de ses longs discours et lors de ses longues promenades à St. Pétersbourg, Joseph de Maistre fut le premier à saisir le danger de la langue de bois jacobine et proto-communiste dont se sert aujourd’hui la nouvelle superclasse mondiale de Bruxelles et Washington.

Il écrit : « Il n’y a point d’homme dans le monde. J’ai vu dans ma vie des Français, des Italiens, des Russes ; je sais même, grâce à Montesquieu, qu’on peut être Persan ; mais quant à l’homme je déclare ne l’avoir rencontré de ma vie; s’il existe c’est bien à mon insu. » (C. sur la F.).

Rétrospectivement, ce passage peut nous aider à mieux comprendre la dissolution de l’empire soviétique et l’émergence sur la mappemonde de l’Ukraine et d’autres pays dont on ignorait même l’existence. Il en allait de même pour les Croates et Slovènes lors de la dissolution de la Yougoslavie multiculturelle, en 1991. On a beau prêcher l’homme abstrait, une fois que la crise s’annonce, chacun, même le plus apatride d’entre nous, sait fort bien à quelle famille il lui faut se rattacher et dans quelle langue il lui faut fustiger et démoniser son ennemi-voisin. Pire, les idées des Lumières et les grands propos optimistes sur le meilleur des mondes envisagé par les philosophes du siècle des Lumières, tel J.J. Rousseau, aboutissent fatalement à de nouvelles révolutions avec leurs cortèges de massacres et de souffrances. La sanglante Révolution française, dont De Maistre fut le témoin, ne fut que le début du mal voulu par la Providence divine. Hélas, si De Maistre avait vécu au XXe siècle, ses propos sur la révolution bolchevique dans la Russie impériale de 1917 auraient été davantage convaincants !

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Or si toute révolution produit le mal, comment se fait– il que Dieu l’ait permise ? Est-ce un essai divin de tester le genre humain ou bien une supercherie, issue d’une religion monothéiste venue d’Orient ? De Maistre nous propose comme remède l’autorité monarchique, l’inquisition catholique ; en d’autres termes il fait l’éloge de régimes qui jusqu’à un passé récent furent plutôt « musclés ». Il suffit de penser aux guerres de religion dans la France du XVIe siècle, à la guerre de Trente Ans dans l’Europe centrale du XVIIe siècle, pour s’apercevoir que leur violence ne fut pas moindre que celle de la Révolution jacobine dont De Maistre fut témoin. Son choix de sachants papistes et d’enseignants jésuites n’inspire pas confiance non plus.

« Il appartient aux prélats, aux nobles, aux grands officiers de l’État d’être les dépositaires des vérités conservatrices, d’apprendre aux nations ce qui est mal et ce qui est bien, ce qui est vrai et ce qui est faux. » (SdeSP, VIIIe Entretien).

Faut-il donc s’en remettre aujourd’hui aux jésuites, aux papistes et au clergé catholique, pour rétablir l’ordre en Europe et préserver le simulacre de notre petit bonheur ? Hors de question – au moins pour quelques-uns de nos libres penseurs. À la vue des homélies pro-migratoires du Pape actuel et du haut clergé, en Europe comme aux USA, et de leurs propos multiculturels en faveur des ressortissants afro-asiatiques, on n’a plus besoin de commissaires communistes. De Maistre lui-même serait choqué par sa propre logique du pire œcuménique qui surgit aujourd’hui dans les propos papistes-vaticanistes. Deux cents ans plus tard, son grand admirateur, Emile Cioran, également porte-parole de la chute dans le temps, quoique païen par sa vision du sacré, nous a avertis à juste titre qu’il ne nous faut rien attendre : ni des hommes ni des dieux…

Tomislav Sunic

[cc] Breizh-info.com, 2021, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

D’un délire idéologique à l’autre

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D’un délire idéologique à l’autre

Ex: https://voxnr.com/52934/dun-delire-ideologique-a-lautre/

De tous les bords en Europe, le déni du réel et le délire idéologique qui va avec l’emportent. Il est vrai que moins les hommes n’ont de prise sur la réalité et plus ils s’en remettent à des représentations mythifiées. C’est un constat vérifié depuis longtemps par les sociologues pragmatistes. D’un côté, il y a tous ceux qui s’accrochent à leur vision universaliste et naïvement humanitaire, alors que la réalité du choc des civilisations et des empires s’impose à leurs yeux, et d’un autre côté, ceux qui entretiennent la nostalgie d’une souveraineté nationale perdue, et qui ne peut plus être parce qu’elle est déconnectée de la puissance.

Le pic du délire du multiculturalisme, version postmoderne de l’universalisme, a semble-t-il été atteint en Allemagne. Après quelques autres villes allemandes, la bourgmestre de Cologne vient d’annoncer qu’à l’avenir, chaque vendredi, l’appel du muezzin à la prière lancé à tous les Musulmans, sera autorisé. Sous certaines conditions, et en fonction des quartiers, est-il dit. L’argument avancé est que la décision est commandée par la tolérance et l’équité et par la volonté d’aller vers une société plus homogène et plus fraternelle. Alors que ces autorisations sont clairement des capitulations sociétales, significatives, tout simplement, d’un basculement dans le rapport de force démographique en faveur de la composante musulmane (principalement turque) de la population allemande. Comme sa voisine la France et peut-être plus vite qu’elle, et de façon plus nette en raison du vieillissement plus accentué de sa population, l’Allemagne se transforme en une polyarchie ethnique. Soit une société où les communautés ethnoreligieuses font les votes et influencent la politique nationale (cf. l’attitude toujours passive ou consentante de l’Allemagne envers Erdogan, le dictateur turc). Il y a donc de quoi s’inquiéter pour la nation germanique quand on sait devant quelle crise démographique elle se trouve, et que les Musulmans ne représentent « encore » que 12% de la population d’une ville comme Cologne. Qu’en sera-t-il quand ce pourcentage aura augmenté, sinon explosé ?

D’après Le Figaro, qui cite l’Institut de sciences sociales Insa-Consulere, 61% des Allemands se prononcent contre cette autorisation, qui fait tache d’huile, de l’appel musulman à la prière. Mais cette majorité reste bien silencieuse dans un pays où l’opinion est fortement conditionnée et où la repentance bat son plein. N’y voit-on pas la municipalité de la pourtant traditionnelle Munich envisager de débaptiser les rues portant les noms de Richard Wagner et de Richard Strauss soupçonnés du pire, c’est-à-dire d’avoir à leur manière, avec leur musique et les présupposés qu’elle colportait, fait le lit du nazisme… Rien de moins.

Quant à la France qui s’enfonce dans le désordre communautaire induit par les politiques de laxisme migratoire conduites depuis cinquante ans , le débat public sur cette question vitale y devient plus vif, et plus ouvert, que chez sa voisine d’outre Rhin depuis quelques mois. Une première raison réside dans le triste et brutal spectacle permanent de ce désordre, dont la dénonciation fait le miel d’une chaîne de télévision privée (celles du service publique pratiquant au contraire l’omerta) dont le nouveau propriétaire a compris tout le profit qu’il pouvait en tirer en termes d’audience. Une seconde raison est la percée médiatique qu’effectue Éric Zemmour dans sa démarche présidentialiste en centrant son discours sur l’immigration et sur le déclin de la France. La justesse de son diagnostic, ses paroles sans circonvolutions et fondées sur une véritable culture à l’opposé de sa concurrente la plus à droite, en font dans le contexte actuel et face à un panel de protagonistes insipides, un excellent candidat de premier tour.

Néanmoins, dans la perspective d’une victoire finale, le discours du polémiste, s’il entre dans l’arène électorale, est trop chargé de nostalgie. Car l’on ne construit pas l’avenir sur celle-ci (la France ne sera jamais plus celle de Louis XIV ou de Bonaparte). Mais au contraire sur des adaptations et des stratégies audacieuses. Il lui faudra donc se garder du délire souverainiste et ne pas prôner, comme nombre de ses partisans le souhaitent, le repli national. Il serait bien plus honorable et ambitieux pour la France, mais aussi bien plus adapté à un monde rempli de risques et d’hostilités, que de s’ériger en chef de file, car d’autres Etats suivraient, pour transformer l’Union européenne en une véritable puissance au service des peuples européens.

On ne peut, bien entendu, préjuger du résultat du combat électoral à venir. Le passé incite à la prudence quant à tout pronostic et on se gardera bien d’en faire ici. Ce dont on peut, cependant, se réjouir à la lumière de ce que l’on observe, et à condition que cela dure, c’est au retour à la « guerre des dieux » de Max Weber, autrement dit à la guerre des représentations du monde qui marquerait le début de la fin de l’idéologie dominante.

lundi, 25 octobre 2021

Scénarios géopolitiques du changement énergétique mondial

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Scénarios géopolitiques du changement énergétique mondial

Rodolfo Sánchez Mena

Ex: https://www.geopolitica.ru/es/article/escenarios-geopoliticos-del-cambio-energetico-mundial

Nous allons analyser du point de vue géopolitique les scénarios énergétiques qui se présentent dans le monde aujourd'hui; un survol des modèles de transition énergétique, visant à accélérer à la quatrième révolution industrielle (4RI) ou à empêcher les pays d'y accéder, c'est-à-dire à la 6G, à l'intelligence artificielle (IA), à la robotique et à l'internet des objets.

Le matériel nécessaire à cette 4RT est indispensable. D'un point de vue géopolitique, le modèle énergétique mondial et la transition au Mexique, ainsi que la quatrième révolution industrielle, dépendent des matériaux nécessaires à la fabrication des éoliennes, des panneaux solaires et des batteries. Ainsi que d'autres matériaux essentiels au développement de secteurs géostratégiques: l'aérospatial,la cybersécurité, l'industrie pharmaceutique et alimentaire.

Échéances incertaines

Le scénario du changement énergétique est extrêmement complexe. Face à la réalité, personne ne peut être sûr de la fin de l'ère de l'approvisionnement en pétrole, gaz et charbon et confirmer son remplacement par de nouvelles sources d'énergie, y compris l'énergie atomique, dans 10-20 ou même 30 ans, en 2050.

L'Europe, le changement climatique et l'économie post-pandémique

Un premier scénario géopolitique du changement énergétique est l'hiver rigoureux annoncé en Europe. Il contredit le discours sur le réchauffement climatique. Le retour au charbon en Europe laisse l'énergie photovoltaïque et éolienne incapable de répondre à la reprise industrielle post-pandémique et à la demande intérieure.

Deuxième scénario pour la Chine. Le président Xi Jinping réduit la consommation d'énergie, déclenchée par la demande post-pandémique de l'usine du monde.

La chaîne d'approvisionnement mondiale fait pression sur la Chine pour qu'elle mette de côté ses engagements en matière de décarbonisation afin d'éviter un choc, qu'elle réduise sa propre production d'intrants stratégiques et qu'elle fournisse des produits technologiques de base. 

Liban, troisième scénario. Les pénuries de carburant et d'essence ont entraîné un arrêt de la production d'électricité. Le désastre au Moyen-Orient est causé par une action militaire américaine prolongée, avec la participation d'Israël et de ses alliés européens. Le modèle de domination énergétique qui a dominé le 20e siècle est révolu. Le pétrole est un intrant géostratégique, pas une marchandise. La domination du pétrole au Mexique a été la cause de la mort de trois présidents, Madero, Carranza et Obregón, assassinés par les Britanniques.

Le changement géopolitique du modèle énergétique a été initié par Trump, lorsqu'il retire aux États-Unis la possibilité de produire du gaz et du pétrole chez eux. Biden promeut un virage énergétique géopolitique vers les énergies dites vertes et propres, sur la base de sa géostratégie du changement climatique.

Examinons le scénario énergétique européen. Les tarifs de la consommation intérieure dans l'Union européenne ont explosé, en raison d'une stratégie erronée de migration vers les énergies propres, sans soutien. En Espagne, les activités diurnes ont été remplacées par des activités nocturnes pour profiter de la cuisine, du bain et du nettoyage de la maison.

Biden abandonne l'alliance avec l'UE. Trump s'est vanté de fournir à l'Europe sa production et de remplacer le gaz de Poutine, il a tenté d'arrêter le gazoduc Nord Stream 2, alors que celui-ci était déjà terminé.  Biden gagne du temps pour se déplacer géopolitiquement vers l'arène du Pacifique, asseoir sa domination en mer par la Chine avec ses porte-avions.   

Tony Blinken déclare que l'Amérique "n'a pas de meilleur ami au monde que l'Allemagne" cf.: https://cutt.ly/eRuSVGE

Il s'agit d'une contre-offensive à l'accord de libre-échange entre l'UE et la Chine, le plus important changement géopolitique européen depuis la Seconde Guerre mondiale. Cf.: https://cutt.ly/TRuDSIt

Biden, arrête temporairement l'accord, déclarant être en compétition avec Xi Jinping pour l'hégémonie mondiale. L'UE gèle le pacte d'investissement avec la Chine: "Le pacte est gelé, et le restera pendant un certain temps", a déclaré Bernd Lange, président de la commission du commerce du Parlement européen, à propos du traité d'investissement avec la Chine. Cf.: https://cutt.ly/BRuD9Ct

Alors que l'Europe tente de définir son espace géopolitique, l'hiver s'installe. "Alors que les météorologues prévoient un hiver froid, le prix du gaz naturel en Europe a commencé à s'envoler le mois dernier, et cette semaine, le continent a connu une hausse sans précédent de 60 % des prix à terme du gaz". Cf.: https://cutt.ly/1RqL6rK

Le retour de la demande de charbon russe. C'est un scénario inimaginable pour l'hystérie environnementale contre les gaz à effet de serre. L'Allemagne encourage l'utilisation de feuilles d'aluminium dans les fenêtres pour conserver la chaleur. Avec un tutoriel sur la façon de construire une cheminée avec des bougies.

M. Blomberg évoque l'appétit de l'Asie pour le charbon russe, qui était rejeté par l'Europe il y a encore quelques mois et qui est désormais vital pour elle. "L'Europe se trouve aujourd'hui dans un dilemme. Les sites de stockage de gaz de la région ne sont que partiellement remplis, les fournisseurs de gaz naturel liquéfié privilégient l'Asie et les énergies renouvelables intermittentes ne peuvent pas répondre entièrement à la demande. Avec l'arrivée de la saison hivernale de chauffage, la dépendance envers la Russie pour garder les lumières allumées augmente". Cf.: https://cutt.ly/0RqXs1q

Les compagnies d'électricité européennes ont désespérément besoin de plus de charbon, de charbon bitumineux et d'anthracite (houille) et de lignite.

Mais la Russie, troisième exportateur mondial de ce combustible, vise principalement les ventes aux principaux acheteurs d'Asie.

"La Russie a réduit ses exportations de charbon vers l'Europe depuis des années, l'Union européenne ayant fermé des centrales électriques au charbon", a déclaré Kirill Chuyko, responsable de la recherche chez BCS Global Markets. Il sera difficile de changer de route vers l'Europe "car il y a des contrats avec des clients asiatiques". En outre, la capacité de transport est limitée". Cf.: https://cutt.ly/0RqXs1q

Scénario énergétique de la Chine, impacts sur les approvisionnements stratégiques. Le président chinois Xi Jinping, avec le soutien du Parti communiste et de l'Armée populaire, conduit la Chine à devenir une puissance hégémonique. La stratégie de Xi Jinping consiste à soumettre le pouvoir des grandes entreprises occidentales opérant en Chine par le biais de quotas d'approvisionnement en énergie. La demande occidentale de fournitures et de matériaux stratégiques est ajustée en fonction de la planification de la consommation d'énergie. L'objectif est de faire en sorte que la Chine ne se pollue pas elle-même en répondant à la demande de l'Europe et des États-Unis. 

Géopolitique du charbon. L'Australie est l'un des principaux fournisseurs de charbon de la Chine. Il est également en concurrence avec le lithium chinois en tant que principal fournisseur des États-Unis. Par conséquent, les États-Unis ont signé avec l'Australie, AU, l'Angleterre, UK, et les États-Unis, US, une alliance géostratégique appelée par l'acronyme AUKUS , ajouté à la quadruple alliance classique, celle du QUAD, avec l'Inde, le Japon, l'Angleterre et les États-Unis, dirigé contre l'influence de la Chine dans le Pacifique et le projet de libre-échange, RCEP, composé de 14 pays. 

La Chine fait une nouvelle découverte par l'entreprise publique PetroChina de réserves de pétrole de schiste dans le champ pétrolier de Daqing, le plus grand du géant asiatique, dans la province de Heilongjiang, au nord-est du pays. Les réserves géologiques prévues de pétrole de schiste dans ce champ pétrolifère dépassent 1,268 milliard de tonnes.

La Chine construit la plus grande unité de stockage de gaz naturel liquéfié au monde. China National Offshore Oil Corporation, CNOOC, étend les capacités de son installation de stockage de gaz naturel liquéfié (GNL) dans le parc industriel du port de Yancheng Binhai, dans la province chinoise de Jiangsu, la plus grande installation de stockage au monde, avec des réservoirs de stockage ultra-larges d'un volume de 270.000 mètres cubes chacun.

Le black-out au Liban dérive du soutien de l'Iran et du Hezbollah.  Le soutien en diesel et en essence est la stratégie pour exploiter la route Iran-Syrie-Liban-Irak, aux portes d'Israël, affectée par le changement de priorités des Etats-Unis. Une situation qui pourrait bientôt exploser. 

Le Liban est pratiquement paralysé. Suite à la profonde crise du carburant qui s'éternise depuis des mois... rapporte le quotidien libanais L'Orient Le Jour... La pénurie de pétrole brut se double d'un déficit de production d'électricité qui a plongé le Liban dans une grave crise d'approvisionnement.

L'Iran est désormais une puissance régionale. L'Iran brise les sanctions américaines, le Hezbollah achemine du carburant de l'Iran au Liban via la Syrie. Le quotidien Atalayar, entre deux grandes nouvelles, rapporte: "Le groupe politique chiite, qui a une branche armée, annonce qu'il fera des dons de carburant aux institutions libanaises dans le besoin, aux hôpitaux et aux orphelinats gérés par le gouvernement. Il vendra également le carburant à "un prix approprié", dit-il, à des secteurs privés, tels que les centres médicaux, les installations de stockage sanitaire et les minoteries. Cf.: https://cutt.ly/TRuAutI

Le chef du Hezbollah, Sayyed Hassan Nasrallah, affirme qu'une deuxième cargaison de diesel par voie maritime arrivera au port syrien de Baniyas dans les prochains jours. Une troisième et une quatrième cargaison transporteront respectivement de l'essence et du fioul...". Cf.: https://cutt.ly/wRqDzUV  

L'implication de l'armée dans la sécurité énergétique au Liban, comme au Mexique, est essentielle. L'armée libanaise a livré 600.000 litres de diesel aux centrales électriques touchées. "Ces dernières semaines, les forces armées ont été le principal distributeur de carburant dans la nation arabe, qui est confrontée à l'une des pires crises économiques de son histoire moderne. En conséquence, la majeure partie de la population dépend de générateurs privés pour s'alimenter en électricité, et a subi jusqu'à 22 heures de coupures de courant par jour". Cf.: https://cutt.ly/tRqlMjm

Le manque d'électricité et d'essence dû à l'épuisement des réserves et au remboursement de la dette au Liban entraîne une dépendance vis-à-vis du FMI et l'imposition de réformes qui aggravent les problèmes structurels du pays. L'analyste Leon Oparin nous dit dans El Financiero que le Liban fait face à un risque réel de guerre avec Israël dans "Le Liban au bord de l'abîme". "...Les prix de l'essence montent en flèche et les véhicules font la queue pendant des heures aux stations-service. Le gouvernement a un problème de liquidités pour assurer la livraison des carburants importés, les réserves de change de la Banque centrale "ont été consommées", atteignant un niveau minimum de 14.000 millions de dollars". Cf.: https://cutt.ly/tRqlMjm

*Intervention dans le Congrès national de l'énergie. Deuxième session de la Société mexicaine de géographie et de statistique.

Intellectuel et gentilhomme : l'activité littéraire de Gianfranco de Turris

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Intellectuel et gentilhomme: l'activité littéraire de Gianfranco de Turris

Giovanni Sessa

Ex: https://www.paginefilosofali.it/

L'hégémonie culturelle de l'"intellectuellement correct" a placé les penseurs qui sont fonctionnels au système, à la vision moderne et matérialiste du monde, au centre de l'actualité culturelle de notre pays. Les intellectuels qui ont tenté de réagir à cette situation par des initiatives éditoriales substantielles se comptent sur le bout des doigts. Ils ont alors souffert d'une marginalisation culturelle et professionnelle. Gianfranco de Turris, érudit du fantastique et auteur de nouvelles, mais aussi critique et interprète raffiné de ce genre narratif, est sans aucun doute l'un d'entre eux. Son activité journalistique et non-fictionnelle a débuté en 1961. Ceux qui veulent se rendre compte de l'intensité, de la profondeur et de la clairvoyance exégétique de de Turris n'ont qu'à feuilleter les pages d'un récent volume destiné à rappeler ses soixante ans de vie littéraire. Nous nous référons à, Il viaggiatore immobile. Saggi per Gianfranco de Turris in occasione dei 60 anni di attività (1961-2021) édité par Andrea Gualchierotti et publié par Solfanelli (pour les commandes : 335/6499393, edizionisolfanelli@yahoo.it, pp. 227, euro 13,00).

imagesgfdt.jpgLe livre est un recueil de contributions d'amis, de collaborateurs et de collègues, enrichi d'une célèbre contribution critique de Gianfranco de Turris lui-même, Dal Mito alla Fantasy (Du mythe à la littérature fantastique), et d'une bibliographie de ses œuvres de fiction. Il ne s'agit pas d'une célébration sans critique, d'un ouvrage simplement hagiographique et panégyrique dans un sens dissuasif, mais, comme le souligne l'éditeur, "d'un hommage bien mérité qui a d'autant plus de valeur que celui qui le reçoit se bat encore sur le terrain" (p. 8). Le livre rassemble différentes contributions, certaines basées sur des souvenirs, d'autres visant à présenter un portrait psychologique, humain et existentiel de de Turris. On y trouve aussi, bien sûr, des analyses importantes de ses contributions sur l'œuvre de Tolkien, Lovecraft, Meyrink, Machen et la littérature de science-fiction. Sebastiano Fusco, qui, en tant que jumeau littéraire, a accompagné presque entièrement notre activité éditoriale, se souvient que tout est né à Rome, au début des mémorables années soixante, une période de grands changements sociaux, caractérisée par une nouvelle ferveur intellectuelle. Roberto Scaramuzza, qui deviendra plus tard le rédacteur en chef du légendaire magazine Abstracta, met de Turris et Fusco en contact. Tous trois vivaient dans le même quartier et c'est là qu'ils ont également rencontré Luigi de Pascalis. Une fraternité est née et s'est poursuivie au fil des ans.

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Les "garçons de Piazza Bologna" partageaient les mêmes intérêts culturels: "ils étaient fans de science-fiction, ce qui, à l'époque, nous distinguait comme des personnes particulières", explique Fusco (p. 204). De Turris a collaboré à la revue Oltre il Cielo (Au-delà du ciel), dans laquelle est paru le premier article écrit en collaboration avec Sebastiano. Le texte aborde un thème essentiel pour la littérature de science-fiction: la nécessité d'introduire des traductions italiennes complètes et correctes. Il s'agissait d'un véritable projet éditorial, qui a pris forme avec la naissance de la maison d'édition Fanucci. Avec la contribution du duo de Turris-Fusco, Fanucci publie au moins une centaine de volumes, avec "une présentation exhaustive des auteurs, un appareil de notes pour faciliter la lecture, [...] des textes avec des introductions conçues comme de petits essais destinés à explorer le sens mythico-littéraire de la fiction fantastique" (p. 205). C'était un tournant. Dès lors, les littératures de l'imaginaire, considérées comme de second ordre par les critiques à la page, ont acquis une dignité culturelle et le "miracle de l'impossible" est devenu un code de lecture avec lequel regarder le monde, au-delà des frontières asphyxiées marquées par le réalisme dominant.

De Turris, dans ce domaine d'investigation particulier, a joué un rôle de promotion de premier plan, tant à l'égard des grands noms de la littérature fantastique que des auteurs moins connus. Il a certainement été le plus grand représentant de l'exégèse néo-symboliste de la Fantasy. En ce qui concerne Tolkien, cela est rappelé de manière appropriée dans le bel essai de Chiara Nejrotti, où l'on souligne à juste titre que Novalis et Eliade ont tous deux pensé le fini comme une manifestation de l'infini: la vie de l'Éternel clignote dans les entités de la nature: "Au début, l'humanité a perçu le monde comme une totalité, et elle-même comme une partie de celui-ci" (p. 113). Le processus d'individuation a progressivement conduit l'homme à se percevoir comme autre que le cosmos. Ainsi : " C'est [...] pour rendre possible la réunification originelle que l'esprit humain a créé les symboles " (p. 113). Le Seigneur des Anneaux a réintroduit, dans le monde désacralisé de la modernité, le mythe et l'épopée, dont les hommes contemporains, notamment les jeunes des années 1970, ressentaient un besoin urgent. Tolkien, au lieu de créer une "mythologie pour l'Angleterre", comme il le disait, a en fait produit une "mythologie pour l'Europe". L'intérêt de De Turris pour Tolkien l'amène, toujours en association avec Fusco, à écrire une pièce de théâtre sur le sujet, Ricordi di un Hobbit, dont les intrigues sont traitées dans un essai de Stefano Giuliano, avec des arguments pertinents.

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L'apogée de la critique fantastique de de Turris est représentée par sa lecture de Lovecraft. Pietro Guariello le montre avec des preuves lapidaires. Pour de Turris, l'écrivain de Providence n'est pas un simple scribe du chaos, puisque: "Il y a en nous une écharde qui résiste, un noyau de matière têtue qui ne se dissout pas dans l'eau corrosive du chaos: il faut la chercher, l'augmenter, par une conduite de vie cohérente [...] qui nous mette en paix avec nous-mêmes" (p. 75). Lovecraft devient, en quelque sorte, l'image de de Turris réfractée dans le miroir : tous deux en quête d'ordre dans le chaos rampant, tous deux animés d'un esprit anti-moderne. Le fantastique lovecraftien nous permet d'observer, avec un œil curieux, l'abîme qui se cache derrière une réalité apparemment rassurante. L'écrivain déplace l'attention des lecteurs de la terreur intérieure de l'homme vers la dimension cosmique. Ce thème est également présent dans l'exégèse de Machen par de Turris, dont les personnages "apparaissent comme la proie de forces dont ils n'ont pas une réelle compréhension" (p. 98), rappelle Marco Maculotti.

Cela nous semble d'ailleurs être la même exigence que celle à laquelle de Turris a adhéré dans sa production narrative. Il y réactualise, comme le souligne Andrea Scarabelli de manière convaincante, un fantasme panique et méditerranéen, le "monde à l'envers" décrit par Giambattista Basile dans Lo cunto de li cunti, ou, comme le soutient Max Gobbo, il recherche un fantasme "ontologique", notamment dans le récit Il silenzio dell'universo. Tout cela montre que de Turris joue un rôle de premier plan dans la littérature contemporaine, tant en termes de narration que de promotion culturelle et d'exégèse critique. Ses écrits nous montrent comment il a compris, dès sa collaboration aux pages de Linus, réalisé par Oreste del Buono, la nécessité d'agir à la fois au niveau de la "haute" culture (pensez à son édition de l'Opera omnia de Julius Evola pour Mediterranee) et de la culture populaire (son intérêt pour les bandes dessinées). Cette conviction s'est maintenue même après son arrivée à la RAI, comme en témoignent les enregistrements de son émission radiophonique L'Argonauta. Gianfranco de Turris est sans aucun doute un intellectuel hors pair, mais il est avant tout un gentleman. Ce terme, explique Fusco, "indique [...] ceux qui [...] se tiennent plus haut et [...] voient plus loin, comprennent plus tôt, saisissent des choses que les autres ne voient pas" (p. 203) et, pour nous, ce sont ceux qui vivent en cohérence avec leurs propres idées.

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Des écrits du syllogue émerge l'action pédagogique qu'il exerce, parfois comme un perfectionniste ou comme un "bienfaiteur bourru", envers les jeunes et les moins jeunes qui collaborent avec lui, les stimulant à une révision et une amélioration constantes des textes produits. Nous recommandons vivement la lecture de The Motionless Traveller. Dans ses pages, ceux qui souhaitent approcher de Turris pourront puiser une série d'informations utiles sur ses "défauts" (et qui n'en a pas), ses goûts, comme sa passion immodérée pour les sucreries, racontée de façon hilarante par Marco Cimmino mais, surtout, sur sa générosité intellectuelle. En fait, il s'est toujours efforcé d'introduire ceux qui lui étaient proches (y compris l'écrivain) dans le monde de l'édition, mais n'a pas toujours été récompensé en retour... Un livre de témoignages qui lui rend justice. À une époque comme la nôtre, ce n'est pas rien...

Giovanni Sessa

Génération porno, individualisme et instinct de mort

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Génération porno, individualisme et instinct de mort

par Michael Kumpmann

Ex: https://www.blauenarzisse.de/die-geister-die-ich-rief/?fbclid=IwAR2gdocapxamfbks6AzYLHtzEl6wUHotKtR_JDp7FzttN1BkU31ZlVQoqAI   

Les conservateurs s'inquiètent notamment de la consommation extrêmement fréquente de pornographie par les jeunes, généralement désignée par l'expression "Génération Porno".

Les conservateurs sont prompts à attribuer ce phénomène à la "morale sexuelle malade de 1968", véhiculée par la gauche, ou à la décadence culturelle générale. Il y a une part de vérité dans tout cela, si vous tenez compte de phénomènes comme les "cours de masturbation" au nom de la "diversité sexuelle". Cependant, ce problème est beaucoup plus profond et concerne les fondements mêmes de notre ordre social.

L'Allemagne, comme tout l'Occident, est une société libérale, et un principe de base du libéralisme est l'individualisme radical. Cela suppose que, dans l'idéal, les gens devraient être libres et indépendants des autres et n'auraient pas besoin de leurs semblables pour vivre. Toutes les relations sociales telles que la culture, la religion, les personnes, la famille, etc. ne sont considérées que comme des relations contractuelles facultatives auxquelles on peut mettre fin à sa guise. Cette vision de l'humanité a été exprimée par la philosophe américaine Ayn Rand dans la citation suivante: "Je jure que je ne vivrai jamais pour une autre personne, et que jamais une autre personne ne devra vivre pour moi."

De deux à un

Et maintenant, la question essentielle: qu'est-ce que la pornographie dans son essence? Elle a transformé le besoin de sexe en une marchandise consommable individuellement. Le sexe est en fait l'acte fondamental par lequel un être humain a besoin d'un autre être humain. Si l'on se fie à l'origine du mot "communication", on remarque également qu'il signifie "faire un à partir de deux". C'est aussi pourquoi le sexe est en fait l'un des actes sociaux fondamentaux de la communication.

Et cet acte est transformé par la pornographie d'un acte de convivialité en un produit standard qui peut être consommé seul. Donc, d'une certaine manière, la pornographie est l'émancipation perfectionnée. Il est également intéressant de constater que la culture d'aujourd'hui va bien au-delà des déclarations les plus extrêmes des "classiques libéraux". Par exemple, les gens parlent aujourd'hui constamment de "réalisation sexuelle personnelle" et très peu de l'acte d'être ensemble, alors que même la "grande prêtresse de l'égoïsme", Ayn Rand, considérait toujours le sexe comme un acte fondamental d'être ensemble.

Vos droits s'arrêtent là où commencent ceux de l'autre personne

En outre, il existe un autre aspect de l'individualisme libéral, à savoir son idée que les gens doivent vivre côte à côte, les droits de l'homme fonctionnant en quelque sorte comme des clôtures pour séparer l'"enclos" de chaque individu. Comme le dit le proverbe: "Tes droits s'arrêtent là où commencent ceux de l'autre".

La pornographie s'en accommode également de manière étonnante, et c'est aussi ce qui explique pourquoi les féministes veulent maintenant contrôler et restreindre les interactions réelles entre les sexes et ce, de manière toujours plus absurde, mais elles se montrent maintenant extrêmement positives à l'égard du porno.

Après tout, c'est dans le domaine de l'amour et de la sexualité que le principe libéral "tout ce qui ne nuit pas à autrui est permis" ne fonctionne pas et n'a jamais fonctionné. Même dans la relation la plus parfaite de la planète, il arrive que les partenaires se blessent mutuellement. Cela ne peut jamais être évité car les êtres humains, en tant qu'individus, ne peuvent jamais former une union fondamentalement parfaite qui exclut totalement les malentendus et les déceptions. Et même sans conflit, des situations peuvent se présenter dans lesquelles une personne souffre à cause de son partenaire. Il suffit qu'il arrive quelque chose à l'autre personne.

C'est précisément le cœur de l'amour que de vouloir rester avec l'autre malgré toute la douleur et le chagrin. La pornographie, en revanche, est une forme de sexualité qui, parce qu'aucune autre personne n'est impliquée, exclut d'emblée tout risque d'être blessée par d'autres personnes. Ainsi, cet aspect de la pornographie s'inscrit aussi parfaitement dans la doctrine de l'"individu indépendant".

Génération Porn et individualisme

Par conséquent, la génération porno d'aujourd'hui est en fait un coût inhérent aux rêves libéraux de l'individu indépendant. Mais en fin de compte, cette libération de l'homme par rapport à son semblable est un détachement de l'homme par rapport à la réalité.

Un autre aspect lié à l'idée de la sexualité comme un produit pour l'individu est la dévalorisation de la sexualité dans le "produit de consommation qu'est le porno". C'est là l'idée "économique" que l'on devrait consommer du porno pour "se débarrasser de la pression". Cela dévalorise en fait la sexualité pour en faire un sentiment au même titre que l'envie d'uriner.

Evola et Dugin

Le deuxième aspect est la représentation du "sexe porno" typique, la marque du "marteau à vapeur humain", où il s'agit surtout de finir le plus vite possible. C'est d'ailleurs tout le contraire de la façon dont les traditionalistes comme Julius Evola décrivent une culture qui célèbre la sexualité. Ces cultures antérieures, comme l'ancienne Mésopotamie ou l'Inde, auraient en fait plutôt apprécié le "chemin vers le but" et auraient plutôt retardé le but.

Certains autres auteurs, par exemple Alexandre Dugin, qualifient donc la culture pornographique actuelle non pas de libération du sexuel, mais de "révolution anti-sexuelle" ou de "révolte contre le sexe".

Il pourrait y avoir plus que ce que l'on croit. Sigmund Freud a avancé la thèse controversée selon laquelle la sexualité était contrariée par une autre force motrice. Il s'agirait principalement de se débarrasser le plus rapidement possible des tensions dans le psychisme, peu importe comment. L'objectif est un état de repos dans lequel il n'y a pas de tensions positives ou négatives.

Les symptômes de cette pulsion sont l'apathie, la peur, les accès d'agressivité imprévus et spontanés et la fuite des "situations difficiles". Ce dernier point n'a pas forcément à voir avec la peur, mais peut aussi signifier éviter les tâches pénibles.  Si Eros rapproche l'humanité, cette force séparerait également les gens les uns des autres.

La pulsion de mort

Parce que l'état ultime, sans tension, est sa propre mort, Freud a également appelé ce phénomène la pulsion de mort. Et maintenant, la question essentielle: quel instinct, selon cette considération, la pornographie sert-elle ? Les parallèles avec la pulsion de mort sont plus qu'évidents.

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D'ailleurs, de nombreuses descriptions des adeptes du mouvement dit #NoFap, qui prêchent l'abstinence volontaire de pornographie, s'inscrivent dans ce cadre. De nombreuses personnes y décrivent qu'après s'être abstenues de pornographie, elles avaient davantage confiance en elles, étaient plus courageuses et plus déterminées, et se sentaient plus dynamiques.

En conclusion, on peut dire que le désir d'"indépendance individuelle" de notre société déplace la sexualité vers le virtuel, la dépouillant de plus en plus de sa composante sociale et la transformant ainsi en anti-érotisme. Pour mettre un terme à ce processus, il faut repenser à la prise de conscience qu'une indépendance individuelle totale n'est ni possible ni significative, et que les êtres humains sont des êtres sociaux qui ont besoin de la communauté des autres.

L'Europe s'éloigne de l'OTAN

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L'Europe s'éloigne de l'OTAN

Pascual Serrano

Ex: http://www.elespiadigital.com/index.php/noticias/defensa/35663-europa-se-aleja-de-la-otan

L'humiliation subie suite au retrait américain d'Afghanistan, sans compter sur les partenaires européens de l'OTAN, et suite à l'accord militaire AUKUS entre l'Australie, le Royaume-Uni et les États-Unis, accord qui tourne le dos à l'Europe et suspend même les contrats d'armement avec la France, a ouvert un débat dans l'UE sur la nécessité d'une armée européenne propre, organisée en dehors de l'OTAN.

Le 22 août, le haut représentant de l'UE, Josep Borrell, a exprimé la nécessité pour l'Union européenne de disposer de sa propre force militaire indépendante. Le président français Emmanuel Macron est allé jusqu'à dire que l'OTAN était "en état de mort cérébrale" et Mme Merkel a parlé d'une perte de confiance avec les alliés, faisant clairement référence à Washington.

Toutes ces affirmations ont fait suite à la décision américaine de retirer ses troupes d'Afghanistan le 31 août et à la prise de Kaboul qui s'en est suivie, ainsi qu'au contrôle total du pays par les talibans, laissant les partenaires européens comme simples témoins de la fin d'une intervention dans laquelle ils ont été entraînés par les États-Unis et que ceux-ci laissent désormais sans aucun pouvoir de décision.

Annulation d'un contrat de 56 milliards de dollars

Puis vint l'AUKUS, un acronyme pour Australie, Royaume-Uni, États-Unis. Un accord militaire entre ces trois pays pour assurer la sécurité dans la zone indo-pacifique. Un accord porté secrètement devant les partenaires européens des États-Unis et qui, parmi de nombreuses autres conséquences, a conduit à l'annulation d'un contrat signé entre la France et l'Australie en 2016, d'un montant de 56 milliards d'euros, pour la construction française de huit sous-marins à propulsion nucléaire de dernière génération. Cela a provoqué l'ire du gouvernement français et le rappel de ses ambassadeurs à Washington et à Canberra pour des consultations.

Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a déclaré qu'il s'agissait d'un "coup de poignard dans le dos" et que Canberra avait trahi la confiance de Paris. Le Drian a ensuite comparé l'administration Biden à celle de Donald Trump, qui a tissé une relation exécrable avec les alliés européens de l'Amérique.

"Ce qui m'inquiète dans tout ça, c'est aussi le comportement des Américains. Cette décision unilatérale, brutale et imprévisible est très similaire à ce que faisait M. Trump. Ce n'est pas comme ça, entre alliés, qu'il faut faire", a déploré M. Le Drian.

Le diplomate en chef de l'UE, Josep Borrell, a tenu les mêmes propos. "Je regrette de ne pas avoir été informé, de ne pas avoir participé à ces discussions", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse.

"Des missions où l'OTAN n'est pas présente mais où l'UE l'est"

L'onde de choc de l'humiliation des Européens en Afghanistan, où ils sont allés lorsque les États-Unis leur ont dit d'y aller et où ils sont également partis lorsqu'ils en ont reçu l'ordre, a atteint tous les pays et institutions européens. Dans un discours au Parlement européen, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a déclaré :

"Ce dont nous avons besoin, c'est de l'Union européenne de défense. L'Europe peut - et doit clairement - être capable et désireuse d'en faire plus pour elle-même". Mme von der Leyen, qui a été ministre de la défense dans son propre pays et qui a une connaissance approfondie des questions militaires et de leurs lacunes au niveau de l'UE, a annoncé qu'elle convoquerait un sommet sur la défense l'année prochaine.

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C'est précisément l'année où la France assurera la présidence de l'UE. "Il y aura des missions où l'OTAN ou l'ONU ne seront pas présentes", a déclaré M. von der Leyen, "mais où l'UE devrait être présente".

L'une des premières questions concrètes de défense européenne à être discutée au lendemain du désastre afghan est l'idée, déjà ancienne, d'un bataillon européen de réaction rapide de 5000 hommes. M. Borrell a soulevé la question lors d'une réunion informelle des ministres de la défense de l'UE à Kranj (Slovénie), début septembre.

Selon le quotidien El País, "cette initiative, à laquelle pensaient les dirigeants de Bruxelles avant même que l'OTAN ne débarque en Afghanistan, a déjà été reprise ce printemps par 14 États membres, dont la France, l'Allemagne et l'Espagne".

"Même les atlantistes changent de position"

Selon le journal, la proposition a reçu un accueil inhabituellement réceptif de la part d'une majorité de pays lors du Conseil informel où M. Borrell l'a évoquée. "C'est incroyable. Personnellement, je ne l'ai jamais vu auparavant. Même les atlantistes sont en train de changer de position", a déclaré une source présente à la réunion au quotidien espagnol.

Même la ministre allemande de la défense, Annegret Kramp-Karrenbauer, a proposé d'explorer la possibilité qu'un éventuel déploiement soit décidé par l'UE, tandis que les troupes ne seraient fournies que par une coalition de volontaires. La possibilité de pouvoir activer la force rapide par une majorité qualifiée du Conseil, sans avoir besoin de l'unanimité, a même été discutée.

Groupements tactiques de l'UE

L'idée d'une sorte de petite armée propre a commencé à prendre forme en 1999 - lorsque la création d'une force de réaction rapide de 60.000 hommes a été discutée et soutenue par le ministre espagnol de la défense en 2000. L'UE dispose d'une force de réaction rapide depuis 2007, mais peu de gens la connaissent car elle n'a jamais été utilisée. Il s'agit des "groupements tactiques de l'UE", deux bataillons d'urgence d'environ 1500 soldats chacun, dont l'un est toujours actif pour répondre à toute crise ou menace.

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Les bataillons sont multinationaux et effectuent une rotation tous les six mois. L'Espagne sera à la tête du contingent au second semestre 2022. Avec ces bataillons, l'UE peut effectuer deux déploiements de réaction rapide d'une durée minimale de 30 jours, pouvant être prolongée jusqu'à 120 jours grâce aux réserves et au réapprovisionnement.

La nouvelle force de réaction rapide serait en fait une nouvelle variante, "plus opérationnelle et prête à être activée", de ce qui existe déjà, selon les termes de M. Borrell. Depuis 2017, l'UE dispose d'un projet de coopération militaire accrue entre les États membres, la "coopération structurée permanente" (PESCO), qui n'a pas été suffisamment développé.

Treize pays européens ont déjà signé un accord militaire

Il ne s'agit pas de la seule initiative européenne de développement militaire en dehors de l'OTAN. Le 25 juin 2018, les ministres de la défense de neuf pays de la région ont signé à Luxembourg une lettre d'intention sur le développement de la nouvelle initiative européenne d'intervention (EII ou E2I). La ministre française des Armées, Florence Parly, a clairement indiqué que l'IIE serait un "processus rapide et opérationnel" permettant de réunir des forces de différents pays européens chaque fois que nécessaire.

Ces neuf pays sont désormais au nombre de treize, qui se sont engagés à accroître leur coopération militaire et leur indépendance vis-à-vis des États-Unis, comme l'a rapporté Euronews en septembre.

La ministre française de la Défense, Florence Parly, a expliqué à l'issue de la réunion : "La chute de Kaboul et le retrait mal préparé des troupes d'Afghanistan ont été un moment très difficile. Nous avons constaté un manque de coordination entre nous, entre les alliés de l'OTAN et les membres de l'UE également. Et je voudrais mentionner le partenariat AUKUS annoncé sans aucune consultation préalable le même jour que le lancement de la stratégie indo-pacifique de l'UE. Ces développements nous montrent quelque chose que nous savons déjà. L'Europe doit parler pour elle-même, l'Europe doit être capable d'agir pour elle-même - pour la sécurité de nos citoyens.

La "boussole stratégique" de l'UE est née

Les confrontations successives en matière de défense entre l'UE et Donald Trump ont déjà incité l'Allemagne à présenter à ses partenaires européens, en 2019, une proposition de réflexion stratégique en matière de défense, appelée la boussole stratégique. Ce que Reuters a décrit comme "le plus proche que le bloc européen puisse se rapprocher d'une doctrine militaire commune similaire au concept stratégique de l'OTAN, qui définit les objectifs de l'alliance, est la dernière étape en date dans l'accélération des efforts visant à approfondir leur coopération en matière de défense".

Il s'agit d'une proposition qui a été soumise aux conclusions du Conseil de sécurité et de défense du 17 juin 2020 et qui a été diffusée et analysée dans la publication espagnole Política Exterior, qui compte neuf anciens ministres des affaires étrangères dans son conseil consultatif. L'objectif est de présenter le document final de la "boussole stratégique" pour examen par le Conseil européen en 2022.

Plus d'autonomie militaire européenne d'ici 2024

Entre-temps, lors du sommet européen de février, ainsi qu'à Bruxelles en mai, l'UE a convenu de renforcer son autonomie en matière de défense. Dans les documents approuvés à l'unanimité par les 27, l'UE s'est engagée à mettre en œuvre son programme de défense jusqu'en 2024, à mener "une action plus stratégique" et à "accroître la capacité de l'UE à agir de manière autonome".

De même, comme le rapporte Europa Press, "l'importance de renforcer les initiatives militaires conjointes au sein de l'UE, telles que PESCO ou le Plan industriel européen de défense, qui génère des synergies entre les industries civiles, militaires et spatiales de l'Union, tout en assurant la cohérence dans l'utilisation des différents équipements de défense" a également été soulignée.

Un élément à garder à l'esprit est que l'UE n'a plus le poids du Royaume-Uni, le pays le plus réticent à évoluer vers un système de défense européen plus indépendant de l'OTAN et des États-Unis.

Le commerce des armes

Ce qui est indiscutable, c'est que derrière le discours sur la souveraineté en matière de défense se cache plus qu'autre chose un commerce d'armes et de guerre. Comme nous l'avons vu, le dernier accès de souverainisme de Macron est dû au fait qu'il a été évincé de la vente d'armes qu'il comptait faire à l'Australie ; et derrière un éloignement militaire entre l'UE et les États-Unis, les intérêts des entreprises militaires des deux côtés de l'Atlantique pèseront davantage. Selon qu'ils concluent qu'ils préfèrent s'entendre sur le partage du marché ou se battre séparément pour s'accaparer le marché.

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Dans l'Union européenne, l'organe politique le plus étroitement lié à la défense est l'Agence européenne de défense (AED), créée en 2004, qui "aide ses 26 États membres (tous les pays de l'UE sauf le Danemark) à développer leurs ressources militaires". Pour les organisations de paix, cette agence est utilisée comme un lobby par l'industrie de l'armement, comme dans de nombreux autres domaines, les dépenses impopulaires des pays sont présentées comme un impératif de l'Union et les gouvernements évitent le coût politique pour le public.

D'autre part, il y a quelques mois, le Parlement européen a approuvé 7953 millions d'euros pour le Fonds européen de défense pour la période 2021-2027.

En d'autres termes, en plus d'être un important vendeur d'armes, l'UE est également un important client. Ainsi, la véritable guerre ne consiste pas à tirer des armes, mais à les vendre et à les acheter.

Enquêtes européennes sur une armée nationale

Un autre élément à prendre en compte est l'opinion des Européens sur le fait d'avoir leur propre armée en dehors de l'OTAN. L'enquête européenne Eurobaromètre de 2017 a montré qu'une majorité d'Européens (55 %) étaient d'accord avec la création d'une armée européenne.

En France, un sondage réalisé par le magazine Le Point en 2019 a révélé un soutien de 81 %. En Espagne, un sondage réalisé par la société Sociométrica pour le journal El Español a montré que jusqu'à 71,3 % des Espagnols seraient favorables à la création d'une armée européenne dans laquelle les militaires seraient intégrés à leurs forces armées. De même, un sondage en ligne réalisé par le journal 20minutos indique que 88,35 % de ses lecteurs sont favorables à une telle armée européenne.

L'OTAN n'est certainement pas la plus populaire, non seulement elle n'a pas résolu la paix dans les endroits où elle est intervenue, comme l'Afghanistan, l'Irak, la Syrie et la Libye, mais elle crée également des conflits dans les zones de paix. L'expulsion, le 6 octobre, de huit diplomates de la représentation russe auprès de l'OTAN a incité le ministère russe des Affaires étrangères à annoncer la fermeture de sa représentation auprès de l'Alliance atlantique à Bruxelles et le retrait des visas pour le personnel de la mission de l'OTAN à Moscou.

Ce que dit le traité de l'UE

Mais une armée est-elle viable en vertu du droit européen ? L'article 42 du traité sur l'Union européenne fait référence à la défense dans les termes suivants : " La politique de sécurité et de défense commune fait partie intégrante de la politique étrangère et de sécurité commune. Il fournit à l'Union une capacité opérationnelle faisant appel à des moyens civils et militaires.

L'Union peut avoir recours à ces ressources lors de missions en dehors de l'Union pour le maintien de la paix, la prévention des conflits et le renforcement de la sécurité internationale, conformément aux principes de la Charte des Nations unies. La mise en œuvre de ces tâches est soutenue par les capacités fournies par les États membres".

Toutefois, les décisions en matière de défense doivent être prises "à l'unanimité" au sein du Conseil européen, et les obligations découlant de l'appartenance de certains États à l'OTAN doivent être respectées.

28 sur 30 sont européens

La réalité est que sur les 30 pays qui composent une OTAN avec un leadership et une domination clairs des États-Unis, 28 se trouvent en Europe. Un départ de plus en plus prévisible des Européens serait un coup mortel pour une organisation qui ne compte que les États-Unis et le Canada en dehors du continent européen.

Il serait curieux que, comme le Pacte de Varsovie, qui a disparu parce que ses membres sont partis et non parce qu'il a été militairement vaincu par un ennemi extérieur, l'OTAN soit également dissoute parce que ses membres sont partis.

dimanche, 24 octobre 2021

Alexandre Douguine: la Paix de Westphalie

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Paix de Westphalie

Alexander Dugin

https://www.geopolitica.ru/article/vestfalskiy-mir

Quiconque a étudié, même superficiellement, les relations internationales sait que l'ordre mondial dans lequel l'humanité vit encore sur la base des clauses de la paix de Westphalie. Cette expression est aujourd'hui courante, mais il convient de rappeler ce que fut cette paix, conclue le 24 octobre 1648.

Ce jour-là, un accord a été conclu à Münster et Osnabrück entre les principales puissances européennes pour mettre fin à la guerre de Trente Ans. Dans l'histoire européenne, la guerre de Trente Ans est considérée comme la limite entre l'ordre médiéval et le plein avènement de l'ère moderne. C'était la dernière guerre menée sous les bannières de la religion. Les pays catholiques se sont battus contre les pays protestants. La principale question qui se posait était la suivante: qui allait gagner - la Réforme ou la Contre-Réforme ?

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Le modèle de politique et d'idéologie médiévale dans cette guerre était représenté par les puissances du Sud de l'Europe combattant sous la bannière du catholicisme et de l'Empire autrichien.

Les pays protestants - en particulier l'Angleterre et les États scandinaves, mais aussi les partisans de Luther dans d'autres régions d'Europe - s'opposent à la suprématie des papes et au pouvoir de l'empire. En raison de sa haine traditionnelle des Habsbourg, la France, officiellement catholique mais déjà profondément modernisée, se bat aux côtés des protestants.

La guerre a fait périr jusqu'à un tiers de la population européenne et certaines régions ont perdu plus de 70 % de leur population. Il s'agit d'une véritable guerre mondiale, car elle touche non seulement le territoire de la vieille Europe, mais aussi les colonies.
Les forces en présence étaient presque égales, et aucun des camps, malgré leurs énormes pertes, n'a réussi à obtenir un avantage décisif. La paix de Westphalie a assuré cet équilibre des forces en reconnaissant les droits des deux camps belligérants.

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Bien que le sud catholique parvienne à se maintenir face à l'avancée protestante et que l'Empire des Habsbourg conserve sa position et son influence, bien que sous une forme réduite, c'est le nord protestant qui a le dessus. Les pays protestants ont insisté dès le début pour qu'il n'y ait pas d'autorité dans la politique européenne qui soit au-dessus de la souveraineté nationale - ni l'autorité de l'Église romaine ni celle de l'Empire autrichien.

C'est alors que le principe de l'État-nation, de l'État-nation et de la souveraineté nationale a enfin été reconnu par tous. Bien que le catholicisme et l'Empire aient subsisté, ils ne sont plus reconnus comme des entités supranationales, mais comme des États européens distincts au même titre que tous les autres. L'Empire est relégué au rang d'État européen, et le statut du pape est maintenu exclusivement dans la zone des pays catholiques, et uniquement en tant qu'autorité purement religieuse. En d'autres termes, bien que les protestants (et les Français qui les ont rejoints, qui ont été en grande partie les initiateurs) n'aient pas conquis définitivement leurs adversaires, ils ont réussi à imposer leur idée de la politique normative à l'Europe dans son ensemble.

C'est cet ordre que l'on appelle l'ordre westphalien : il est fondé sur le principe de la souveraineté nationale, au-dessus de laquelle aucune autorité ou pouvoir - religieux ou impérial - n'est reconnu. Désormais, les questions de religion, de structure politique et d'ordre social deviennent l'affaire de chaque État-nation et personne ne peut les influencer au nom d'une quelconque structure supranationale.

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Dessins de Pierre Courcelle: le Comte 't Serclaes de Tilly, commandant des armées impériales et des troupes des Pays-Bas royaux; à l'arrière-plan, cuirassier des Bandes d'Ordonnance des Pays-Bas.

La paix de Westphalie coïncide avec la montée de la bourgeoisie, qui mène à l'époque des batailles acharnées contre l'ordre médiéval, où l'aristocratie sacerdotale et militaire dirige la société. La bourgeoisie européenne s'attaque au sacerdoce, représenté par les Papes, et à la caste de l'aristocratie militaire, représentée par l'Empire autrichien. Oui, ce n'est pas encore une démocratie bourgeoise à part entière, car tous les pays protestants restent des monarchies. Mais il s'agissait d'un nouveau type de monarchie - une sorte de monarchie bourgeoise.

Et bien que le catholicisme romain et les Habsbourg aient tenté de préserver l'ancien ordre européen sur leurs territoires, ils ont été contraints d'accepter les règles du jeu westphaliennes. Dans ces règles, c'est l'État-nation qui devient normatif, qui par son idéologie favorisait déjà la croissance de la bourgeoisie et la sortie du Moyen Âge. Non seulement dans les pays protestants, mais aussi dans les pays catholiques.

Il est révélateur qu'en Angleterre même, un an après la paix de Westphalie, le roi Charles Ier ait été exécuté suite à la guerre civile qui avait commencé encore plus tôt. La France, en revanche, suivra le même chemin conduisant au régicide et à la prise du pouvoir par les représentants de l'oligarchie bourgeoise au cours du XVIIIe siècle suivant. Les pays catholiques, en revanche, sont restés plus longtemps que les autres attachés aux anciennes méthodes, et la bourgeoisie n'y a finalement triomphé qu'au vingtième siècle.

Ainsi, la paix de Westphalie marque la victoire historique de la bourgeoisie laïque sur l'ordre impérial chrétien de succession. C'est aussi le moment où le nationalisme apparaît comme l'outil le plus important de la bourgeoisie européenne dans la bataille contre l'ordre médiéval sacré. La paix de Westphalie a donné naissance aux États-nations.

Plus tard, la bourgeoisie s'est alourdie de nationalisme et a parallèlement rejeté les États-nations - l'Union européenne moderne en est un exemple. Ainsi, progressivement, la paix de Westphalie a commencé à être démantelée par les forces mêmes qui l'avaient construite. Mais c'est la prochaine page de l'histoire des idéologies politiques et des relations internationales. Comparé au mondialisme contemporain, l'État-nation est encore loin, mais déjà à ses origines, il est quelque chose de douteux et d'anti-traditionnel, comme quelque chose de bourgeois. Tout aussi douteux et contenant des contradictions insolubles est le nationalisme, qui doit être dépassé.

Pas une nation, mais un empire. Pas le monde bourgeois westphalien, mais l'ordre sacré de la grande étendue.

Irak: la victoire électorale de Sadr n'est que le début d'un grand voyage

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Irak: la victoire électorale de Sadr n'est que le début d'un grand voyage

Damir Nazarov

Source: https://www.geopolitica.ru/article/pobeda-sadra-na-vyborah-lish-nachalo-velikogo-puti

Lors des élections irakiennes qui viennent d'avoir lieu, les partisans de Muqtada Sadr ont remporté la victoire. Malgré un faible taux de participation, les sadristes l'ont emporté avec une solide marge sur les coalitions de l'État de droit et du Fatah (Alliance de la victoire).

Les opposants aux sadristes invoquent un grand nombre d'irrégularités, mais il n'en reste pas moins que Sadr est plus que populaire parmi les Irakiens. Il fallait s'y attendre et s'y préparer. Cependant, les principaux adversaires de Sadr au parlement, Maliki et Ameri, semblent avoir tout simplement sous-estimé l'influence de Muqtada. S'appuyant sur un taux de participation élevé combiné à un énorme mécontentement populaire à l'égard du premier ministre Kadhimi, la "branche politique de Hashad al-Shaabi" et le parti islamique DAWA ont en quelque sorte décidé que cela suffisait à les convaincre. Oui, le Fatah avait beaucoup de choses positives dans son programme politique, l'expulsion de l'occupation, la mise en œuvre d'accords avec la Chine, la défense légale de la Force de mobilisation populaire, la lutte contre la dictature du dollar, mais même cela n'était pas suffisant. Le décompte des voix a montré que le Fatah a perdu de manière significative par rapport à 2018.

Encore une fois, les élections qui ont eu lieu ne doivent pas être considérées comme une réalité 100% irakienne, car le taux de participation se situait entre 30 et 40 %. La dure réalité du pays ne doit pas être oubliée, le tandem de la dictature de Sistani et du système de quotas imposé par les Américains, parasite toujours le corps de l'Irak, ce qui signifie que les forces islamiques devront jouer selon les règles de l'Occident. Au moins à la surface de l'arène politique.

En supposant que nous ayons assisté à une sorte de jeu électoral, nous pouvons alors supposer que le même Fatah pourrait simplement "prétendre" son "effondrement" et en fait dégager la voie pour Muqtada Sadr, c'est l'opinion à laquelle je suis arrivé après un post de Salim al-Hasani (membre de DAWA) où il a souligné une sorte de collusion* entre Ameri et Sadr. Rappelez-vous également l'histoire avant l'élection lorsque Sadr a refusé de se rendre aux urnes. Mais il s'est passé quelque chose et les sadristes ont fini par remporter une victoire écrasante (même s'il y a eu un accord entre les poids lourds des blocs chiites, il n'avait pour but que d'embrouiller les Américains).

images.jpgMalgré les plaintes incessantes de l'aile politique de la Mobilisation populaire concernant l'équité des élections, la première chose que Sadr a faite après sa victoire a été de prendre contact avec Hadi al-Ameri pour convenir d'un candidat au poste de premier ministre du pays. Le leader sadriste a ainsi montré son ouverture au dialogue et sa reconnaissance du Fatah et de ses alliés (en particulier le parti DAWA) comme les principaux partis politiques du pays, aux côtés du vainqueur de l'élection. A l'attention des membres de l'opposition radicale de l'Alliance de la Victoire, le chef sadriste a publié une déclaration appelant à la "retenue" et au respect de la paix civile dans le pays.

Pourquoi l'ultra-populaire Sadr a-t-il gagné maintenant? Je pose une telle question étant donné la certitude de fraude dans les élections qui ont eu lieu et en gardant à l'esprit les tactiques de la République islamique voisine.

1 - Sadr devra imposer une lutte idéologique aux partisans de Sistani, les deux étant des exemples pour le public nationaliste irakien, mais en même temps des adversaires idéologiques majeurs. Muqtada est un partisan des énormes changements dans le système islamique de la théologie "traditionnelle" de Najaf, Sistani un ardent rempart de l'ahbarisme moderne. La tâche de Sadr est d'affaiblir l'électorat de Marjah et le cercle des "maîtres" de Najaf en général.

2 - Le retrait des représentants du Hashad al-Shaabi de l'opposition atténuera l'impasse qui se dessine entre les régimes du Golfe (encadrés par Washington) et la République islamique. Maintenant, les régimes du Golfe vont refroidir légèrement leurs ardeurs, pour une telle manœuvre (pour convaincre les régimes du Golfe de leur nationalisme et de leur distance par rapport à l'Iran) Sadr a même pris l'avion pour rendre visite aux Saoudiens en 2017. Le cheikh Khazali a mis en garde contre l'ingérence des Émirats arabes unis dans les élections irakiennes il y a six mois. L'objectif des Émirats était de manipuler et ils ont obtenu ce qu'ils voulaient (le Fatah a "perdu" des voix). La question est de savoir en faveur de qui Abu Dhabi a faussé les résultats. Comme le soulignent à juste titre les journaux iraniens associés aux "conservateurs", "les partis chiites ont à nouveau gagné lors des dernières élections, ce qui constitue une grande victoire pour l'Irak".

3 - le démocratisme non alternatif. La plupart des personnalités politiques irakiennes n'offrant pas, à ce stade, d'alternative au système de quotas en vigueur, les règles imposées par l'Occident d'une république parlementaire imposent un jeu de démocratie électorale. Et dans ces conditions, il y aura presque toujours un rapport de force entre les opposants, la création de blocs politiques temporaires et le changement obligatoire de gouvernement. Les Irakiens continuent de jouer le jeu de la démocratie, mais cela tient davantage à une cause interne qu'à la domination occidentale. Cette affirmation sur le fait de "jouer le pouvoir du peuple" est facile à prouver, puisque la "démocratie" n'empêche pas chaque force influente en Irak d'avoir son "État dans l'État" (RASD, Résistance islamique, Sadriddistes, Nadjaf, BAAS, mafia du pétrole, tribalisme).

En règle générale, le populisme est une solution temporaire pour gérer une société en crise, la rhétorique nationaliste permettant d'ouvrir un couloir pour la domination politique. L'Irak a été témoin du schéma susmentionné. L'actuel Sadr est l'incarnation du nationalisme modéré, dans le bon sens du terme. Il est juste de souligner que jusqu'à présent, seul (*1) Muqtada Sadr, de toutes les grandes figures chiites, offre un projet plus réaliste de réforme de l'ordre politique du pays.

Brève conclusion

Sadr joue un rôle et le fait avec succès, l'objectif principal de Muqtada n'est pas le parlement, il sait que le système des quotas ne lui permettra pas de mettre en œuvre toutes les réformes. Le fils du légendaire révolutionnaire a une tâche plus importante à accomplir : le contrôle total de Najaf. Ce n'est pas pour rien que Muqtada a souligné ses origines et la continuation de la politique de la noble famille Sadr. Ainsi, le chef sadriste s'est distancé des "processus politiques désordonnés" en gardant à l'esprit le domaine de la théologie. A mon avis, nous assistons à une sorte de "ruse", Muqtada contrôlera le parlement sans se présenter à un poste particulier, ce qui lui permettra de conserver son statut de "pur clerc" non entaché de jeux politiques. Ce statut permettra à Muqtada de défier la "vieille garde" de Najaf à l'avenir.

C'est lorsque Sadr aura réussi à réaliser le rêve de son père et de son oncle de réformer l'une des principales institutions chiites de l'Oumma que l'Irak et l'ensemble du monde islamique pourront s'attendre à un changement révolutionnaire.

Notes:

* - après un certain temps, certains membres des sadriddistes ont déclaré qu'il n'y aurait pas de consensus sur la question.

*1 - il existe de petits partis islamiques, tels que le Parti de la vertu, le Harakat Hizbullah et le tout nouveau Mouvement pour la droite. Chacun a ses propres projets, mais en raison de leur faible popularité, de la barrière de la dictature de Najaf et du système de gouvernement pro-occidental du pays, ces partis ne sont pas en mesure de réaliser leurs idées. 

Georges Sorel, notre maître. Le livre de Pierre Andreu

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Georges Sorel, notre maître. Le livre de Pierre Andreu

par Gennaro Malgieri

Ex: https://www.destra.it/home/georges-sorel-il-nostro-maestro-il-libro-di-pierre-andreu/

Pierre Andreu est l'une des grandes figures oubliées de la culture politique du vingtième siècle. On lui doit pourtant d'importantes études sur Max Jacob, Drieu La Rochelle et surtout Georges Sorel. Ce manque de mémoire est dû aux préjugés dont il a fait l'objet, animés principalement par les intellectuels de la gauche française de l'après-guerre qui ne lui pardonnaient pas son amitié avec le philosophe catholique Emmanuel Mounier et l'ancien ministre de Vichy Paul Marion. Mais c'est surtout sa "révision" de la pensée de Sorel, qu'il appelait "Notre maître" dans l'essai que nous recensons ici, qui a alimenté le ressentiment de la gauche à son égard.

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Sorel était sans aucun doute un grand maître à penser : en témoigne le travail qu'il a mené avec passion pour démonter la théorie marxiste, fournissant ainsi au syndicalisme révolutionnaire naissant les armes pour s'opposer à l'exploitation du prolétariat dans le cadre plus large de la crise de civilisation dans laquelle il était inévitablement impliqué, comme la bourgeoisie d'ailleurs. Des classes sociales victimes du progrès, responsables de la décadence morale et sociale que Sorel a dénoncée dans un ouvrage aussi mince qu'efficace et passionnant : Les Illusions du progrès.

Journaliste, essayiste, biographe et poète, Pierre Andreu est né le 12 juillet 1909 à Carcassonne, dans le département de l'Aude en Occitanie. En tant qu'étudiant, il est fasciné par les œuvres de Charles Péguy, Pierre-Joseph Proudhon et Georges Sorel, avec lesquels il se lie d'amitié, malgré l'énorme différence d'âge. Et ce n'est pas par hasard, mais par véritable gratitude, que ce livre, dédié à son ami et maître, s'ouvre sur ces mots: "J'ai rencontré Sorel dans l'atelier de Péguy. À cinquante ans, avec sa barbe blanche, il avait l'air d'un vieillard dans cet endroit qui mesurait à peine douze mètres carrés et où personne ne touchait aux trente ans". Une intense entente s'établit entre le vieil homme et le jeune homme, qui se traduira par les livres que l'élève consacrera des années plus tard au penseur, ainsi que par les choix intellectuels et politiques ultérieurs qui le conduiront, de manière apparemment contradictoire, près de Mounier et de sa revue catholique Esprit et de l'anarcho-fasciste Drieu La Rochelle. À la fin des années 1930, Andreu se définit comme un fasciste. Et malgré ce choix difficile, il reste proche de Max Jacob, dont il admire la poésie et la peinture, ainsi que la rectitude morale: anti-nazi, il est mort dans un camp.

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Andreu connaît un meilleur sort à la fin de la guerre: il est fait prisonnier et, après avoir purgé sa peine, il met en place de nombreuses activités culturelles et éditoriales, dont l'Accent grave (revue de l'Occident), lancé en 1963 avec Paul Sérant, Michel Déon, Roland Laudenbach et Philippe Héduy, quelques-uns des meilleurs représentants de la pensée conservatrice française de l'époque. Le magazine s'inspire des idées de Charles Maurras et se concentre sur la crise de la civilisation occidentale. Andreu est ensuite directeur du bureau de l'ORTF à Beyrouth de 1966 à 1970, où il entre en contact avec des intellectuels arabes et palestiniens et devient ensuite directeur de la chaîne de radio France Culture.

En 1982, il a reçu le prix de l'essai de l'Académie française pour son ouvrage Vie et mort de Max Jacob. Dans les dernières années de sa vie, Andreu a soutenu François Mitterrand, sans oublier son ancien maître, au point de reprendre la rédaction des Cahiers Georges Sorel.

Pierre Andreu est mort le 25 mars 1987 à l'âge de 77 ans, écologiste et pacifiste, témoignant jusqu'au bout de son étonnante irrégularité intellectuelle malgré la cohérence d'une pensée inspirée par la lutte contre la décadence.

Parmi ses ouvrages les plus importants, citons Drieu, témoin et visionnaire, préfacé par Daniel Halévy ; Histoire des prêtres ouvriers ; l'essai sur Max Jacob déjà cité ; Les Réfugiés arabes de Palestine ; Le Rouge et le Blanc : 1928-1944 (mémoires) ; avec Frédéric Grover (1979), Drieu La Rochelle ; Georges Sorel entre le noir et le rouge ; Poèmes ; Révoltes de l'esprit : les revues des années 30.

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Sorel, notre maître, est déterminant dans l'interprétation des idées de l'idéologue français. Il est si décisif qu'Andreu en fait une sorte de "prophète" du déclin en reconstruisant sa critique profonde des conséquences des Lumières, des résultats de la Révolution française et donc du produit plus mûr des deux événements, intellectuel et politique, qui ont changé l'histoire de la pensée européenne : le marxisme. C'est entre 1897 et 1898 que Sorel prend conscience de l'inanité du socialisme marxiste pour changer le destin des classes populaires et forger en même temps une nouvelle société.

Lorsque la crise du parti socialiste éclate, grâce aux critiques impitoyables de Bernstein et Lagardelle, Sorel se range sans hésiter du côté des réformateurs et attaque le marxisme en affirmant qu'il n'est "pas une religion révélée". Andreu ajoute qu'à la même époque, le Maître a fait la grande découverte de sa vie : le syndicalisme dans lequel il voyait l'avenir du socialisme. Le syndicalisme consiste, essentiellement, en une action autonome des travailleurs. Ainsi, ce ne sont plus les partis, les associations affiliées aux cliques politiques, le parlementarisme comme élément d'acquisition de pouvoirs indus qui auraient pu faire bouger un monde embaumé par la Grande Révolution. Rien de tout ça. Ce sont les travailleurs qui doivent, peut-être violemment, prendre possession de leur destin, qui coïncide avec celui de la nation.

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Sorel, tout en restant paradoxalement marxiste, estime, écrit Andreu, que la remise en cause du marxisme exigée par les révisionnistes au début du XXe siècle pour sauver tout ce que le marxisme avait apporté en philosophie et en recherche économique, a été réalisée par les syndicalistes révolutionnaires dans la pratique de l'action ouvrière.

C'est à Benedetto Croce que nous devons l'introduction de la pensée et de l'œuvre de Sorel en Italie. Bien qu'éloigné de l'idéologue français en termes de théorie et de pratique politique, le philosophe italien a saisi sa "proximité" tant au niveau de sa critique du marxisme que de sa rectitude morale illustrée par une vie concentrée sur l'étude et la compréhension de la modernité - nous dirions aujourd'hui - sans se laisser emporter par les modes et les utopies en vogue à l'époque. C'est ainsi que l'œuvre majeure de Sorel, Réflexions sur la violence (1906), a pu paraître en Italie grâce à Croce et influencer de manière décisive les intolérants au marxisme scolastique, à commencer par les syndicalistes révolutionnaires dont elle est devenue le "mythe" absolu, tandis que Lénine et Mussolini s'abreuvaient également à sa doctrine.

Sorel a reconnu que si pour Marx le socialisme était "une philosophie de l'histoire des institutions contemporaines", il lui apparaissait comme "une philosophie morale" et "une métaphysique des mœurs", mais aussi "une œuvre grave, redoutable, héroïque, le plus haut idéal moral que l'homme ait jamais conçu, une cause qui s'identifie à la régénération du monde". Les socialistes n'auraient donc pas à formuler des théories, à construire des utopies plus ou moins séduisantes, puisque "leur seule fonction consiste à s'occuper du prolétariat pour lui expliquer la grandeur de l'action révolutionnaire qui lui est due".

"Le socialisme est devenu une préparation pour les masses employées dans la grande industrie, qui veulent supprimer l'État et la propriété; on ne cherche plus comment les hommes s'adapteront au bonheur nouveau et futur: tout se réduit à l'école révolutionnaire du prolétariat, tempérée par ses expériences douloureuses et caustiques". Le marxisme n'est donc pour Marx qu'une "philosophie des armes", tandis que son destin "tend de plus en plus à prendre la forme d'une théorie du syndicalisme révolutionnaire - ou plutôt d'une philosophie de l'histoire moderne dans la mesure où celle-ci est fascinée par le syndicalisme. Il ressort de ces données indiscutables que, pour raisonner sérieusement sur le socialisme, il faut d'abord se préoccuper de définir l'action qui relève de la violence dans les rapports sociaux actuels".

Ici: c'est la suggestion d'un théoricien de l'histoire moderne qui rapproche Croce de Sorel, à qui il reconnaît qu'"à cause du flou de la pensée de Marx sur l'organisation du prolétariat, les idées de gouvernement et d'opportunité se sont glissées dans le marxisme, et ces dernières années, une véritable trahison de l'esprit lui-même a eu lieu, remplaçant ses principes authentiques par "un mélange d'idées lassalliennes et d'appétits démocratiques...". Les conseils de Sorel aux travailleurs sont résumés en trois chapitres, à savoir: en ce qui concerne la démocratie, ne pas courir après l'acquisition de nombreux sièges législatifs, qui peuvent être obtenus en faisant cause commune avec les mécontents de toutes sortes; ne jamais se présenter comme le parti des pauvres, mais comme celui des travailleurs; ne pas mélanger le prolétariat ouvrier avec les employés des administrations publiques, et ne pas viser à étendre la propriété de l'État; - en ce qui concerne le capitalisme, rejeter toute mesure qui semble favorable aux travailleurs, si elle conduit à un affaiblissement de l'activité sociale; en ce qui concerne le conciliarisme et la philanthropie, rejeter toute institution qui tend à réduire la lutte des classes à une rivalité d'intérêts matériels; rejeter la participation des délégués ouvriers aux institutions créées par l'Etat et la bourgeoisie; s'enfermer dans les syndicats, ou plutôt dans les Chambres de Travail, et rassembler autour d'eux toute la vie ouvrière".

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La morale révolutionnaire - qui allait au-delà du marxisme - était toute là, comme le résume Croce dans Conversations critiques. Sorel a nourri et manifesté de grandes ambitions qu'il aurait transfusées dans son enseignement doctrinaire : combattre l'indifférence en matière de morale et de droit, lutter contre l'utilitarisme, initier le peuple à la vie héroïque. Nous serions heureux, écrit-il en 1907 dans les Procés de Socrate, si nous pouvions parvenir à allumer dans quelques âmes le feu sacré des études philosophiques et à convaincre certains des dangers que court notre civilisation par l'indifférence en matière de morale et de droit.

En bref, seul un mouvement ouvrier héroïque et pur, selon Sorel, pourrait empêcher le monde de glisser vers la décadence, comme l'a observé Andreu, "en bannissant toute influence démocratique et bourgeoise (parlementaires, fonctionnaires, avocats, journalistes, riches bienveillants), en rejetant toute idée de compromis avec les patrons et en assurant une autonomie d'action complète".

Sorel était devenu un conservateur. Le spectacle français et européen l'a déprimé. Il ne voyait plus personne. Il y avait peu d'amis avec qui il échangeait des lettres et à qui il confiait son amertume. Les nouveaux révolutionnaires n'étaient pas dignes de sa leçon, même si, du moins en Italie, ils continuaient à le vénérer. Il a écrit à quelques personnes: Benedetto Croce et Mario Missiroli qui a accompagné "le dernier Sorel" vers la fin. Missiroli (photo, ci-dessous) avait l'habitude de publier ses articles dans le Resto del Carlino (il les a ensuite réunis en deux volumes: L'Europa sotto la tormenta et Da Proudhon a Lenin). Seul, malade et pauvre, il meurt le 27 août 1922. Sa chambre funéraire, raconte Daniel Halévy, était nue, le cercueil recouvert d'un tissu noir, sans croix, reposant sur un simple trépied, personne ne veillait sur lui, une flamme s'éteignait lentement.

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L'homme qui avait mis le feu à l'Europe n'avait même pas les condoléances de ceux qui lui devaient tout. Et il a laissé derrière lui l'une de ses œuvres les plus impressionnantes, des Réflexions sur la violence aux Illusions du progrès et aux Ruines du monde antique : un héritage dans lequel nous ne cesserons jamais de puiser à la recherche des raisons de la décadence d'un monde et des déceptions de révolutions qui ont produit des monstruosités infinies.

Pierre Andreu, Sorel il nostro maestro, éditions Oaks, 2021, pp. 295, € 25,00.

La revue de presse de CD - 24 octobre 2021

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La revue de presse de CD

24 octobre 2021

ARMÉNIE/AZERBAÏDJAN

Karabagh, un an après la guerre quelle situation ? Entretien avec Rahman Mustafayef, ambassadeur d’Azerbaïdjan en France. Entretien avec Hasmik Tolmajian, ambassadrice d’Arménie en France.

Un an après la fin de la guerre au Karabagh, Conflits revient vers cette région pour analyser la situation présente. Guerre militaire de haute intensité, qui a mobilisé les pays de la région, c’est aussi un conflit symbolique à forte charge émotionnelle pour les deux parties, Arménie et Azerbaïdjan. Conflits a donc interrogé les deux parties prenantes, afin de présenter à ses lecteurs les deux visions politiques portées par les belligérants

Conflits

https://www.revueconflits.com/hasmik-tolmajian-ambassade-...

https://www.revueconflits.com/haut-karabagh-un-an-apres-l...

GAFAM

Linkedin, un réseau professionnel nocif

On évoque souvent les GAFAM (google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) et leurs capacités de nuisance tant au niveau psychologique que sociétale… Pourtant parmi ces « réseaux » il en est un qui est beaucoup moins cité, et pourtant il a une capacité d’influence notoire. Il s’agit du réseau LinkedIn (rappelons ici que le groupe a été racheté par Microsoft en 2016), réseau réservé « aux professionnels », un réseau de travail qui compte près de 775 millions de membres à travers le monde est plus de 10 millions d’inscrits en France.

Breizh-info

https://www.breizh-info.com/2021/10/22/172929/gafa-linked...

Facebook et l’Alliance de la presse d’information générale trouvent un accord sur le droit voisin

C’est signé ! Un accord a été conclu le 21 octobre entre Facebook et l’Alliance de la presse d’information générale, représentant 284 éditeurs français, pour l’application du droit voisin. Cette loi permet aux éditeurs et agences d’être rémunérés lorsque leurs contenus sont diffusés sur les plateformes numériques.

Siècle digital

https://siecledigital.fr/2021/10/21/facebook-et-lalliance...

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Internet ne tient qu'à 420 câbles : l'Europe est-elle prête à les protéger ?

Oubliez les constellations de satellites, les centaines de lancements de SpaceX et les notions de «cloud» ou de sans-fil: tout cela tend à nous faire croire que nos smartphones, ordinateurs et autres machines sont liés les uns aux autres via l'espace. Or il n'en est rien. Les satellites représentent à peine 1% des échanges de données.

Slate

http://www.slate.fr/story/217824/cables-sous-marins-inter...

LECTURE

Nouvelles complètes, I – 1947-1953 et II – 1954-1981, de Philip K. Dick. Coffret de de tomes de 1275 et 1176 pages. Quarto Gallimard.55 €.

Présentation : « Rédigées à partir de 1947, parfois à un rythme frénétique, les nouvelles jouent un rôle essentiel dans la construction dickienne : Véritable laboratoire d’idées, de formats, réservoir de personnages et de néologismes, elles constituent à la fois les soubassements et la pierre angulaire d’une œuvre foisonnante (120 nouvelles et 45 romans) ». (Extrait de la 4e de couverture). On y trouve d’innombrables prémonitions foudroyantes sur notre monde d’aujourd’hui ; beaucoup d’humour, du pessimisme, des « territoires occupés », des dupliquants, des dictatures sanitaires, de la pensée unique, des désinformations médiatiques, des monde « woke »… Bref, une quintessence de science-fiction qui n’est qu’une réalité actuelle. Beaucoup d’annexes, une biographie détaillée et un remarquable travail éditorial.

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Auteur : L’auteur américain de chefs-d’œuvre tels que Ubik, Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? (mis en scène par Ridley Scott sous le titre Blade Runner) (et de Le Maître du Haut Château notamment est l’un des plus grands écrivains de science-fiction (1928-1982). Sa fragilité psychologique, le souvenir traumatique de la mort de sa sœur jumelle, Jane, après cinq semaines de vie (voir la photo bouleversante de leur tombe commune page 124 du tome I) lui ont permis de voir la face sombre de notre civilisation et de composer une œuvre toujours plus actuelle. A noter que ces nouvelles ont paru au fur et à mesure dans des magazines populaires tirés à plus d’un million d’exemplaire alors qu’aujourd’hui Philip K. Dick est considéré comme un auteur pour public averti !

Extraits (tous sont le début d’une nouvelle) :

« L’homme sortit sur le perron et examina le temps qu’il faisait. Clair et froid – de la rosée sur le gazon. Il boutonna son manteau et enfonça ses mains dans ses poches. Tandis qu’il commençait à descendre les marches du perron, les deux chenilles qui attendaient auprès de la boîte aux lettres frémirent de curiosité.

« Le voilà qui part, dit la première. Va faire ton rapport. »

Comme l’autre commençait à agiter ses pattes, l’homme s’arrêta et se retourna rapidement. « Je vous ai entendues », dit-il.

Il fit tomber les chenilles du mur en grattant celui-ci du pied, les poussa sur le ciment et les écrasa. »

« Malgré l’heure tardive, les lumières continuaient à briller dans le grand immeuble communautaire Abraham Lincoln, car c’était le soir de la Toussaint : conformément aux statuts, les six cents résidents devaient être présents dans la salle commune souterraine. Ils y entraient un par un, sans perdre de temps, hommes, femmes et enfants ; à la porte, manipulant le nouveau lecteur d’identité – un appareil plutôt onéreux -, Bruce Corley s’assurait qu’aucun individu en provenance d’un autre immeuble communautaire n’essayait de se faufiler. Ls résidents se soumettaient sans rechigner et tout allait très vite. »

« Le capitaine Edgar Lightfoot, agent de la CIA, s’exclama : « Bon sang ! Voilà que les Fnouls sont de retour, mon commandant. Ils se sont emparés de Provo, en Utah. » Le commandant Hank grogna et fit signe à sa secrétaire de lui apporter le dossier Fnoul, qui était tenu sous clé. « Quelle forme ont-ils adoptée, cette fois ? demanda-t-il vivement.

  • Celles de tous petits agents immobiliers », répondit Lightfoot.

La dernière fois, songea Hank, c’étaient des pompistes »…

« Walter, qui jouait au roi de la montagne, reconnut tout de suite le camion blanc visible derrière le bouquet de cyprès. Le camion abortif, pensa-t-il. Venu chercher un enfant pour une intervention postnatale à la clinique d’avortement. Et ce sont peut-être mes parents qui l’ont appelé, se dit-il encore. Pour moi. »

            « Bob Blbleman avait l’impression que les robots ne regardaient jamais les gens en fac. En outre, quand il y en avait un dans les parages, un certain nombre de petits objets de valeur disparaissaient. Leur conception de l’ordre, c’était de tout ranger en une seule pile. Mais il était bien obligé de s’adresser à eux pour commander un déjeuner puisque ce genre de travail était situé trop bas dans l’échelle des salaires pour intéresser des humains. »

MÉDIAS

Il faut se débarrasser des médias traditionnels

Les médias traditionnels ne sont plus que des filtres et des biais entre les citoyens qui s’en débarrassent progressivement.

Contrepoints

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REFLEXION

La puce dans le vaccin

Le QR code des vaccinés n’est pas encore sous-cutané. Mais bien des gérants de bars et leurs clients trouveraient plus pratique d’éviter de sortir le smartphone pour boire un coup. Une puce bien placée ne ferait pas une grande différence, maintenant qu’on est habitués à être scannés comme des colis. Comme dit ce client en terrasse interrogé par la radio : « Au début c’est un peu gênant, mais on finit par s’habituer à tout ».

Pièces et Main-d’Oeuvre

https://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/la_puce_dans_...

SANTÉ

Le pass-sanitaire temporaire, faites-moi rire !

Certains sont surpris de la prolongation du pass sanitaire. En fait, le projet industriel derrière est trop coûteux pour être arrêté si tôt !

Contrepoints

https://www.contrepoints.org/2021/10/20/408986-le-pass-sa...

Ivermectine en traitement précoce en Australie

Le médecin et chercheur Thomas Borody, relate une expérience de traitement par une trithérapie par Ivermectine-Doxycycline-Zinc, en ambulatoire et portant sur 600 patients, avec groupe témoin non traité, volontaires et non tirés au sort (randomisés).

Covid-factuel

https://www.covid-factuel.fr/2021/10/21/ivermectine-en-tr...

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TURQUIE

La Turquie en Syrie : le jeu d’échec d’Erdogan

La Turquie unifie régulièrement ses groupes armés contrôlés de l’Armée nationale syrienne dans le but de les exempter de la responsabilité de multiples crimes commis contre l’humanité.

Contrepoints

https://www.contrepoints.org/2021/10/22/409097-la-turquie...

UNION EUROPÉENNE

Crise de l’énergie au sein de l’UE : ces 4 points qui divisent les Etats membres

L’augmentation des prix du gaz et de l’électricité affecte les États membres différemment. Et comme souvent, les 27 peinent à parler d’une seule voix et s’opposent même sur les solutions concernant la Russie, les objectifs climatiques, et la classification de certaines énergies comme vertes. Une fracture qui s’est observée lors du Sommet européen de jeudi 21 octobre.

Businessam.be

https://fr.businessam.be/crise-de-lenergie-au-sein-de-lue...

samedi, 23 octobre 2021

Poutine croque le bloc occidental à la moulinette

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Poutine croque le bloc occidental à la moulinette

Ex: https://www.dedefensa.org/article/poutine-croque-le-bloc-bao-a-la-moulinette

22 octobre 2021 – Poutine a fait une longue apparition de trois heures devant le public de la session plénière de l’édition 2021 du “Davos russe”, ou de “l’anti-Davos” si l’on veut, – le “Valdaï Discussion Club”. Son intervention s’est faite dans le style de ses fameuses et très longues conférences de presse, avec questions du modérateur et du public, qu’il s’agisse de celui qui était présent physiquement ou par liaison vidéo.

On comprend ainsi qu’il y a eu de très nombreux sujets abordés, notamment les habituels sujets de politique extérieure avec les critiques russes concernant l’OTAN, l’Ukraine ou la façon dont les Occidentaux, américanistes en particulier, ont terminé leur piteuse aventure afghane. Poutine juge que « les problèmes mondiaux s’accumulent et deviennent de plus en plus explosifs ». Il fait le bilan de la période qui vit la domination absolue de l’Occident, puis l’effritement sinon l’effondrement de cette  domination, avec cette remarque renvoyant évidemment à l’Irak et à l’Afghanistan :

« Auparavant, une guerre perdue par un pays signifiait une victoire de l’un sur l'autre, – et c’était le premier qui assumait la responsabilité pour ce qui survenait. […] Aujourd'hui, tout est différent. Peu importe qui gagne, la guerre ne finit pas, elle ne fait que changer de forme. Un vainqueur hypothétique ne veut pas s’occuper d’assurer l’ordre pacifique et il ne fait qu’aggraver le chaos et amplifier le vide dangereux pour le monde… »

Ce qui nous intéresse surtout, c’est la façon appuyée avec laquelle Poutine s’est attaché à l’observation et à l’interprétation des crises culturelles qui touchent l’Occident, sous le nom générique de wokenisme, comprenant aussi bien le phénomène de l’“antiracisme” que celui des LGTBQ. Bien entendu, le président russe est extrêmement critique d’une part, d’autre part absolument épouvanté et effaré par ces phénomènes.

Il est tout à fait remarquable et sans doute significatif pour nos mémoires encalminées, qu’il compare certains aspects de nos folies wokenistes avec la période culturelle très particulière en URSS, après la guerre civile de 1918-1921 (au moment de la NEP dans l’économie) jusqu’au tout-début du stalinisme (1928-29 et la “dékoulakisation”). La culture développa des avant-gardisme aussi bien culturels (disons “les futuristes” avec le flamboyant Maïakovski) que sociétaux dans les mœurs sociaux, tentant des approches ultra-modernistes plus tard symbolisées par des références à l’homo sovieticus, – tout cela débouchant d’une façon bien décourageante et pleine d’enseignement sur le stalinisme pur-jus, avec développement d’un goulag déjà bien affirmé et les purges permanentes sur le modèle 1936-1939 de la ‘Grande Purge’ du NKVD de Iéjov (la ‘Iéjovtchina’).

Regards étonnés de l’ancien colonel du KGB purgé, lui, de toutes les pratiques du NKVD, sur l’étrange évolution de l’Occident, du style “tout ça pour ça”...

•  Monstrueux ‘NewSpeak’ en Occident... « “La discussion sur les droits des hommes et des femmes [en Occident] s’est transformée en une fantasmagorie totale dans un certain nombre de pays occidentaux. Ceux qui se risquent à dire que les hommes et les femmes existent encore, et que c'est un fait biologique, sont pratiquement ostracisés” en Occident, a déclaré Poutine, qualifiant cette situation de “fantasmagorie totale”.

» “Sans parler de choses tout simplement monstrueuses”, a-t-il ajouté, “comme lorsqu'on enseigne aux enfants, dès leur plus jeune âge, qu'un garçon peut facilement devenir une fille et vice versa. En fait, on les endoctrine dans les prétendus choix qui sont soi-disant disponibles pour tout le monde, – en supprimant les parents de l'équation et en forçant l'enfant à prendre des décisions qui peuvent ruiner sa vie.”

» C’est à la limite du crime contre l'humanité, – le tout sous couvert de ‘progrès’”.

» Il ajoute que la situation lui rappelle le “NewSpeak” inventé par les “guerriers de la culture soviétiques” dans les années 1920, dans l'espoir de redéfinir les valeurs des gens et de créer un nouveau sens de la conscience. »

• ‘Cancel Culture’ et racisme inversé... « Une autre pratique occidentale qui rappelle à Poutine les débuts de l'ère soviétique est la poussée vers la “justice sociale” par le biais de la discrimination positive et de la culture de l'annulation.

» “La lutte contre le racisme est une cause nécessaire et noble, mais dans la ‘culture de l'annulation’ moderne, elle se transforme en discrimination inverse, en racisme inversé”, a déclaré Poutine. “C'est avec une grande perplexité que nous voyons aujourd'hui à l'Ouest, dans des pays qui ont pris l'habitude de se considérer comme des fleurons du progrès, des pratiques que la Russie a laissées dans un passé lointain”. »

Poutine conservateur ? Poutine prudent, certes, qui observe tous ces troubles et ce chaos avec circonspection sinon horreur et qui ne peut faire que procéder avec la plus extrême prudence... D’où la définition de son conservatisme hérité de Berdiaev et son observation de l’inéluctable crise du capitalisme entré dans une voie sans issue conduisant dans une impasse posée contre un mur comme en rêve Donald Trump.

• Le conservatisme de Berdiaev... « A la question de savoir si ces vues [sur les pratiques sociétales dans le bloc-BAO/le bloc occidental] font de lui un conservateur, Poutine a cité le philosophe russe Nikolaï Berdiaev [expulsé d’URSS en 1922] qui disait que “le conservatisme n’est pas quelque chose qui vous empêche de monter et d’avancer, mais quelque chose qui vous empêche de reculer et de tomber dans le chaos.”

• Crise du capitalisme... « Selon Poutine, il y a une “inégalité croissante des avantages matériels et des opportunités au sein de la société” dans certains des pays les plus riches du monde.

» “Tout le monde voit bien que le modèle de capitalisme existant, qui constitue aujourd’hui la base de l’ordre social dans la grande majorité des pays, est à bout de souffle”, a déclaré Poutine. “Il n'y a plus d'issue à l’enchevêtrement de contradictions de plus en plus déroutantes”. »

En un sens, on comprendra qu’il n’y a rien pour nous surprendre dans les réactions et les jugements de Poutine. Son attention pour les questions sociétales et culturelles, voire spirituelles, est largement connue depuis de nombreuses années, une fois l’homme débarrassé des tombereaux d’insanités imbéciles dont le bloc-BAO (= le bloc occidental) ne cesse de l’accabler, comme on encense un fantasme de bouc-émissaire.

On doit donc se rendre à l’évidence : à rendre compte de sa lucidité et de la façon dont il saisit bien les fils et les effets de la crise, de la façon dont il situe les responsabilités et identifie les folies, on comprend après tout cet acharnement américaniste et occidentaliste contre lui.

“Cet homme est dangereux”, se dit le Système... Et de faire les yeux doux au premier Navalny venu : c’est dire où il en est, le Système !

Quels que soient ses travers et ses vilenies, Poutine est insupportable à cette époque à cause de sa lucidité et de la façon dont il l’exprime, et de son refus opiniâtre de notre habituel simulacre civilisationnel, cette irrésistible tendance à laquelle nous force notre déterminisme-narrativiste, de prendre des vessies pleines de vides en simulacre pour des lanternes pleines de vertus rassurantes dans leur bouffitude de moraline. S’il est corrompu, Poutine, comme disent nos docteurs en cette même moraline de Soros aux parlementaires européens, alors il l’est à l’image de Talleyrand, c’est-à-dire qu’il est également aussi brillant et clairvoyant que lui.

(Talleyrand superbement grimé en évêque, – qu’il était d’ailleurs, – et élégamment poudré en révolutionnaire pour figurer dans la célébration de la Fête de la Fédération en 1790, sur la scène, devant la foule pieusement rassemblée sur le Champ de Mars avec les parlementaires de la Convention Nationale aussi sérieux qu’autant de papes, acceptant le serment à la Patrie de La Fayette et lui chuchotant: « Ne me faites pas rire ».)

Folies apocalyptiques - Ne confondons pas protection de l'environnement et terrorisme climatique

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Folies apocalyptiques - Ne confondons pas protection de l'environnement et terrorisme climatique

par Umberto Masoero

Ex: https://www.destra.it/home/follie-apocalittiche-non-confondiamo-la-difesa-dellambiente-con-il-terrorismo-climatico/

Si le problème de la natalité en Italie est déjà préoccupant - l'équivalent de la population d'une ville de taille moyenne disparaît chaque année - le terrorisme climatique promet maintenant de nous pousser encore plus vers l'abîme avant de nous "sauver", comme l'espèrent les militants. S'il s'agissait d'opinions isolées de quelques têtes brûlées anonymes qui font de la désinformation pour le bénéfice de leurs guerres saintes du dimanche, nous pourrions nous en tirer avec un haussement d'épaules, mais si nous incluons également des personnalités importantes du show-business et de la politique, et que les victimes potentielles sont jeunes et très jeunes, il est immédiatement évident que la situation est vraiment grave.

5518196-miley-cyrus-defile-pour-marc-jacobs-col-950x0-3.jpgMiley Cyrus (ci-contre) a déclaré il y a quelques jours à peine qu'elle avait "juré de ne pas avoir de bébé sur cette planète de merde". Nous parlons d'une pop star avec plus de 147 millions de followers sur Instagram, principalement des enfants. Je vous laisse imaginer l'effet toxique que de telles déclarations peuvent avoir sur ceux qui sont encore en train de se forger leur propre vision du monde. Mais ce n'est pas suffisant. Alexandra Ocasio-Cortez, une éminente représentante des démocrates d'Amérique, dans une récente story Instagram, a demandé à son large public "s'il est encore éthique d'avoir des enfants dans le monde dans lequel nous vivons". Il n'est donc pas surprenant que Morgan Stanley ait indiqué dans une note aux investisseurs, il y a deux mois, que "le mouvement en faveur du choix de ne pas avoir d'enfants par crainte du changement climatique se développe et a un impact sur la fécondité plus rapide que toute autre tendance antérieure dans un contexte de baisse de la fécondité". Cette tendance a également été quantifiée par des enquêtes récentes, dont un article paru dans The Atlantic le 20 septembre: au moins un tiers de la population américaine de moins de 45 ans choisit désormais de ne pas avoir d'enfants ou d'en avoir moins en raison des préoccupations liées au changement climatique.

Même si l'on accepte le scénario le plus catastrophique comme absolument réel - même s'il est principalement le résultat de la désinformation causée par le fameux "cherry picking" typique des divers magazines qui spéculent sur le terrorisme climatique - la conclusion logique serait de tout miser sur les nouvelles générations. Ce sont eux qui pourront faire avancer le développement technologique qui nous permettra, dans plusieurs décennies, d'avoir un impact beaucoup plus important que celui que nous pouvons avoir aujourd'hui sur la durabilité des modes d'obtention de l'énergie et, en général, de ce dont nous avons besoin pour vivre de l'écosystème dont nous faisons partie.

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Nous n'avons pas besoin d'une génération de dépressifs chroniques, bien nourris mais à l'esprit obscurci par des idéaux pessimistes, voire anti-humains. Au contraire, nous avons désespérément besoin de jeunes gens courageux qui veulent s'engager et qui sont prêts à tout miser sur l'avenir. À l'heure où nous avons l'espérance de vie la plus élevée depuis le début de l'histoire et les niveaux de prospérité les plus élevés jamais atteints, le choix de renoncer à la relation potentiellement la plus intense et la plus significative avec un être humain - celle avec son propre enfant - est exactement ce qu'il semble être : un acte inhumain, lâche et irrationnel, et une grave insulte à la mémoire des hommes et des femmes qui, avant nous, n'ont pas eu peur d'essayer de donner à leurs enfants un avenir meilleur, en les mettant au monde même pendant les guerres et les pestes.

Avant de nous lever de nos confortables fauteuils et d'aller cracher notre fureur sur des générations entières sur les médias sociaux, il serait peut-être bon de nous rappeler que nous sommes également assis sur le dur labeur, la souffrance et surtout l'espoir des générations qui nous ont précédés, auxquelles nous devrions peut-être accorder un peu plus de respect, et dont nous devrions certainement prendre exemple pour affronter les défis de notre présent la tête haute et le dos droit.

 

 

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Une Libye disparue et divisée

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Une Libye disparue et divisée

par Alberto Negri

Source : Il quotidiano del sud & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/una-libia-sparita-e-spartita

La Libye a disparu et elle a été divisée. En ce dixième anniversaire de l'assassinat de Kadhafi à Syrte, la Libye n'a plus guère d'importance. Si ce n'est pour lancer des appels plus ou moins crédibles à la "stabilité", dont il a également été question hier lors de la conférence internationale de Tripoli.

Dans le vide politique qui a résulté de l'attaque occidentale en 2011, la Libye a disparu et elle a été divisée. En ce dixième anniversaire de l'assassinat de Kadhafi à Syrte, la Libye importe peu désormais. Si ce n'est pour lancer des appels plus ou moins crédibles à la "stabilité", dont il a également été question hier lors de la conférence internationale de Tripoli, la première du genre organisée en Libye, seule note positive de l'événement. La stabilité et la sécurité en Libye ne signifient en fait pas grand-chose pour nous: d'abord l'arrêt des vagues migratoires, le reste vient plus tard, des élections au retrait des troupes mercenaires dont la présence a été qualifiée hier d'"inquiétante" par le Premier ministre Dabaiba. Mais aucune conclusion n'a été tirée à Tripoli, ni sur les soldats et mercenaires turcs et russes, ni sur les élections présidentielles et législatives.
Pas un mot n'a été gaspillé sur les milliers d'êtres humains réduits en esclavage dans les camps libyens. Pourtant, les juges d'Agrigente qui ont porté plainte contre le navire de l'ONG Mediterranea - qui a refusé de remettre les migrants aux Libyens - ont été explicites: non seulement il est juste de ne pas communiquer avec les "garde-côtes libyens", mais une contradiction flagrante se dégage des conclusions de la justice. Quiconque finance et forme les "garde-côtes libyens", c'est-à-dire l'Italie, viole le droit international et se rend complice d'un comportement criminel.

La stabilité de la Libye n'a jamais vraiment été souhaitée par quiconque au cours de cette décennie, depuis le lynchage et l'assassinat de Mouhammar Kadhafi le 20 octobre à Syrte. Avec l'intervention aérienne de mars 2011, après la chute des raïs Ben Ali et Moubarak, la France et la Grande-Bretagne, avec le soutien des États-Unis, n'avaient pas l'intention d'exporter la démocratie mais de remplacer le régime de Tripoli par un gouvernement plus malléable et proche des intérêts de Paris et de Londres. M. Sarkozy, qui avait reçu de l'argent libyen pour sa campagne électorale de 2007, en voulait amèrement à M. Kadhafi, qui avait refusé d'acheter ses centrales nucléaires, tandis que le raïs libyen poursuivait ses accords énergétiques avec l'Italie et ENI.

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La Grande-Bretagne et la France n'ont pas toléré le retour de la Libye, quoique d'une manière totalement différente de son passé colonial, dans la Quatrième Banque italienne, un événement sanctionné par le défilé pompeux du rais libyen à Rome le 30 août 2010. Des accords avaient été mis sur la table pour 55 milliards d'euros: plus du double de la loi budgétaire actuelle de Draghi.

gencajucci.jpgCes éléments apparaissent également dans l'intéressant documentaire de la RAI intitulé "Il était une fois Kadhafi" (qui sera diffusé dans quelques semaines) où le général des services Roberto Jucci (tableau, ci-contre) témoigne abondamment de la manière dont il a bloqué les ordres d'Aldo Moro de renverser Kadhafi par un coup d'État en 1971. Le documentaire raconte également comment Jucci, inspiré par Andreotti, a répondu aux demandes de fournitures militaires de Kadhafi. Comme on le sait, ce sont Craxi et Andreotti qui ont sauvé le colonel libyen des sanctions américaines, y compris les raids aériens de 1986 ordonnés par Reagan.

C'est pourquoi la décision de l'Italie de se joindre aux raids de l'OTAN contre Kadhafi n'a pas été prise pour des raisons humanitaires mais simplement parce que les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France nous faisaient du chantage et menaçaient même de bombarder les usines ENI. L'Italie subit alors sa plus grande défaite depuis la Seconde Guerre mondiale et perd toute crédibilité résiduelle sur la rive sud. La décennie qui vient de s'écouler depuis l'explosion du printemps arabe n'a pas été suffisante pour retrouver un rôle en Méditerranée, un rôle qu'Aldo Moro avait déjà fortement défendu dans les années 1960 et 1970. L'Italie ne peut qu'espérer que les puissances se battent entre elles et se heurtent dans les espaces restants. C'est ce qui se passe, par exemple, dans le cas de la Turquie: après l'accord militaire du 30 septembre entre la France et la Grèce, Rome cherche le soutien d'Ankara dans l'exploration offshore des zones économiques spéciales qui coupent désormais la Méditerranée en tranches.

Nous gardons un profil bas dans le jeu libyen, sous la pression de Paris et face à la tentative française de convoquer une autre conférence libyenne le 12 novembre. Et espérer un candidat présidentiel proche des intérêts italiens. Aux noms controversés de Seif Islam Gaddafi et Khalifa Haftar, on peut préférer l'actuel premier ministre Dabaiba, qui a rencontré Di Maio hier.

Mais le plus déconcertant en ce dixième anniversaire de la mort de Kadhafi, c'est la réévaluation historique larvée de ce dernier par les mêmes médias et journaux qui ont applaudi les raids occidentaux qui ont plongé le pays dans le chaos. En Libye, les Américains ont vu l'assassinat d'un ambassadeur envoyé pour traiter avec la guérilla islamique à Benghazi par Hillary Clinton et sa "stratégie du chaos" démentielle (11 septembre 2012). La France a imprudemment manœuvré avec Haftar contre le gouvernement Sarraj, soutenue par l'Italie et l'ONU, la Grande-Bretagne a systématiquement saboté les tentatives de stabilisation, avec pour résultat qu'aujourd'hui nous avons la Turquie en Tripolitaine et des mercenaires et pilotes russes en Cyrénaïque. Et la liste des erreurs tragiques commises en Libye, que nous dressons ici, est suffisante pour aujourd'hui.

Jihad Inc.: de l'opération Gulmarg à la chute de Kaboul

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Jihad Inc.: de l'opération Gulmarg à la chute de Kaboul

Sergio Restelli

Ex: https://it.insideover.com/terrorismo/jihad-inc-dalloperazione-gulmarg-alla-caduta-di-kabul.html

Le 22 octobre 1947 reste dans les mémoires comme le moment de la naissance du "Jihad Inc", au cours duquel le Pakistan a commencé à utiliser la religion pour mener à bien des génocides contre des populations locales et leurs cultures, un modus operandi qui a également été mis en œuvre au Pakistan oriental (l'actuel Bangladesh) qui, bien qu'il ait réussi à se libérer en 1972, a eu des conséquences traumatisantes qui ont marqué de nombreuses autres générations à venir.

Le modus operandi du "Jihad inc" est le même que celui utilisé en Afghanistan encore aujourd'hui, où des groupes issus des tribus talibanes sont entraînés et armés par l'armée pakistanaise, avec des soldats pakistanais en civil, ont contribué à la prise de Kaboul et à l'assaut du Panjshir. Il est donc nécessaire de faire un retour en arrière afin de clarifier, d'éclairer et de raconter les événements réels qui se sont déroulés au Cachemire.

Immédiatement après son indépendance, l'Inde a choisi de rester une nation démocratique laïque et de protéger constitutionnellement ses minorités, mais ce n'était pas le cas du Pakistan, qui s'est au contraire déclaré "nation islamique et théocratique" sans aucun respect pour sa diversité ethnique et a décidé de persécuter non seulement ses minorités, mais aussi les musulmans d'Inde qui avaient émigré vers la république islamique nouvellement établie. C'est précisément le début du djihad qui est la raison d'être du Pakistan, de ses forces armées et de sa politique.

Le 22 octobre 1947, le Pakistan a mené son premier djihad au Cachemire. L'effet fut si dévastateur qu'aujourd'hui encore, 74 ans plus tard, les gens se souviennent de ces jours d'horreur comme du "Jour noir". L'ampleur de l'horreur et de la destruction était inimaginable et le chaos de ces jours-là, la trahison du Pakistan, les viols et les meurtres commis par la milice tribale armée libérée par l'armée pakistanaise, restent gravés dans la psyché de chaque Cachemiri, même aujourd'hui.

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Quelques mois après la partition, les Pakistanais sont entrés au Cachemire en violation de toutes les règles et de tous les accords conclus précédemment et ont lancé une attaque armée contre l'État de Jammu-et-Cachemire avec l'aide de tribus, venues de la région actuelle des zones tribales sous administration fédérale (FATA). Les milices tribales ont été entraînées, approvisionnées en munitions et dirigées par l'armée pakistanaise. Ils ont pillé, violé et tué des centaines d'innocents dans la vallée, quelle que soit leur religion. Les trésors du Cachemire ont été pillés. Certains parents ont empoisonné leurs filles, préférant qu'elles meurent dans la dignité. Des milliers d'hommes ont été convertis de force à l'islam. Des enfants innocents ont été massacrés. Des centaines de milliers d'hommes se sont retrouvés sans abri. Il était impossible d'estimer le nombre d'orphelins.

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Le major général Akbar Khan de l'armée pakistanaise, qui a organisé l'attaque et l'a appelée "Opération Gulmarg", a eu l'occasion de raconter son succès dans le livre "Raiders in Kashmir", dans lequel il révèle le premier des nombreux cas de perfidie du Pakistan.

Le modus operandi du Pakistan consistait à créer une guerre au nom de l'Islam dans le seul but de massacrer des innocents. C'est précisément la raison pour laquelle le 22 octobre est devenu un rappel de l'objectif du Pakistan d'anéantir le Cachemire et sa culture.

Une stratégie très similaire, initialement conçue pour capturer et soumettre le Cachemire, a été utilisée par le Pakistan en Afghanistan. Un groupe sunnite wahhabite, qui n'a rien en commun avec la culture millénaire de l'Afghanistan, impose son éthique religieuse et sociale, faisant disparaître le peuple afghan et son identité, au nom de la religion, avec le soutien appuyé de l'armée et des services de renseignement pakistanais (ISI).

Baramulla, creuset des cultures cachemirie, pendjabi et britannique, reste l'exemple le plus effroyable de violations des droits de l'homme. Des femmes ont été enlevées en 1947 et vendues comme esclaves sur les marchés de Rawalpindi et Peshawar ou envoyées dans des territoires tribaux éloignés. En leur honneur, de nombreux hommes se sont jetés dans la rivière Jhelum ou dans des puits fermés. Ceux qui ont résisté ont été mutilés ou tués sans pitié et leurs corps ont été jetés dans la rivière Jhelum. Selon certains témoins oculaires, l'eau de la rivière a changé de couleur à cause de la grande quantité de sang.

Le cas le plus horrible s'est produit au collège, couvent et hôpital de Saint-Joseph, le lieu le plus médiatisé de tout le raid. Les religieuses, les prêtres, la congrégation et les patients de l'hôpital ont été violés et massacrés. Parmi eux se trouvaient un certain nombre d'Européens, dont le lieutenant-colonel Dykes et son épouse, une Britannique qui avait accouché quelques jours plus tôt ; Mère Teresalina, une jeune religieuse espagnole ; Mère Aldertrude, la mère supérieure adjointe ; et M. Jose Barretto, un Anglo-Indien qui fut tué dans le jardin avant que les religieuses chrétiennes ne s'alignent devant un peloton d'exécution. Ces hommes sont décrits comme des "montagnards sauvages aussi agiles que des chats sauvages" qui "ont pillé la chapelle du couvent jusqu'à la dernière poignée en laiton".

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Ironiquement, le colonel Dykes du régiment sikh, qui a été envoyé en Inde au milieu des années 1930 pour aider au transfert de pouvoir, était diplômé de Sandhurst où l'un de ses camarades de promotion, Akbar Khan, a plus tard planifié l'invasion du Cachemire le 22 octobre, où Dykes a été assassiné (ci-dessus, le Lt-Colonel Dykes et son épouse).

Le Pakistan n'a jamais présenté d'excuses pour les violations des droits de l'homme commises par son armée, même s'il en revendique souvent la paternité. Il est profondément attristant de voir comment la Commission des droits de l'homme des Nations unies et Amnesty International ont choisi d'ignorer ce massacre. L'attaque de la mission St Joseph, située dans les paisibles contreforts de l'Himalaya, a marqué le début d'un djihad visant à reconquérir le Cachemire, le "Paradis sur Terre".

Depuis ce jour de 1947, où plus de 35.000 Cachemiris ont perdu la vie, le Cachemire est devenu la région la plus militarisée du monde. Les Cachemiris vivent dans une terre brisée et le Pakistan est responsable de décennies de violence. Cette stratégie, qui a débuté avec l'opération Gulmarg, a été ensuite suivie par l'armée pakistanaise au Pakistan oriental (aujourd'hui Bangladesh). Le nettoyage ethnique et le génocide, ainsi que l'imposition de normes socio-culturelles, n'ont abouti qu'à la balkanisation du Pakistan en un nouveau pays, le Bangladesh, en 1971. Le Pakistan a laissé derrière lui des décennies de traumatisme, de mort et de destruction. Avec la chute de Kaboul aux mains des talibans le 15 août, ce 22 octobre prend une signification plus grande, sans jamais oublier comment et où tout a commencé. Il faut espérer que la communauté internationale, au moins maintenant, prêtera attention à cette menace de portée mondiale.

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vendredi, 22 octobre 2021

Le mysticisme de Nietzsche

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Le mysticisme de Nietzsche

Un classique du philosophe Gustave Thibon ("Nietzsche ou le déclin de l'esprit") sur le philosophe allemand a été republié chez Iduna.

par Giovanni Sessa

Ex: https://www.barbadillo.it/101348-la-mistica-di-nietzsche/

Gustave Thibon, Nietzsche ou le déclin de l'esprit

50733274._SX318_SY475_.jpgCertains livres, ceux qui éclairent des problèmes théoriques et des besoins existentiels déjà présents en nous, peuvent être lus d'une traite. Nous sortons, nous, d'une telle lecture, qui ne nous a pas peu fascinés. Nous faisons référence à un texte capital du philosophe français Gustave Thibon, Nietzsche ou le déclin de l'esprit, qui est paru dans le catalogue d'Iduna editrice (pour les commandes : associazione.iduna@gmail.com, pp. 299, €25.00). Le texte est accompagné d'une préface de Massimo Maraviglia, visant à contextualiser la figure de l'auteur dans le panorama culturel du vingtième siècle et à clarifier le rapport paradoxal qui liait ce dernier au penseur de l'Au-delà de l'homme. En premier lieu, il nous semble que le volume montre comment les choix intellectuels divergents des uns et des autres n'ont pas du tout pesé sur l'exégèse faite par le penseur français. Le catholique Thibon trouve chez le philosophe allemand un trait mystique, totalement négligé par les interprètes proches des perspectives nietzschéennes.

Naturellement, comme on le verra, nous faisons référence à une sorte de mysticisme négatif qui aurait agi comme un pôle d'attraction sur le théoricien de l'éternel retour. Pour entrer dans le cœur vital du nietzschéisme, Thibon présente le drame intime vécu par l'homme Nietzsche, dans la mesure où, à la manière fichtienne, il est conscient que derrière toute philosophie il y a un homme, avec ses propres idiosyncrasies, ses passions et un trait de caractère donné. En effet, il avoue explicitement "Nous pensons [...] que chez Nietzsche la doctrine est toujours déterminée par les passions et les réactions de l'homme" (p. 9). Et si Nietzsche n'avait pas soutenu que: "il n'y a pas de vérités, sauf les vérités individuelles"? (p. 9). En raison de l'accent mis sur l'homme, sur son esprit convulsivement tendu vers l'infini, le volume que nous présentons ici va au-delà de la "lettre" du penseur de Röcken, mais en retrace la substance. Cette méthode herméneutique est une conséquence des choix existentiels faits par Thibon. Fils de paysans, lorsque la Première Guerre mondiale éclate, il est contraint de prendre la place de son père parti au front et de travailler dans les champs.

Schermata-2021-10-20-alle-15.53.47-323x500.pngLa nature est devenue son premier professeur de sagesse. Il a observé et apprécié sa dimension cyclique, montrant à l'homme le chemin de l'éternité. De la vie rurale qu'il a menée dans son manoir ancestral de Saint-Marcel-d'Ardèche, à laquelle il s'est consacré définitivement après une période d'errance et de voyages, il a tiré l'idée que la limite est le caractère distinctif et insurmontable de la vie. L'étude et la lecture occupaient ses journées, ainsi que les travaux des champs. D'où l'épithète, qui l'a accompagné jusqu'à ses derniers jours, de paysan-philosophe. Ami du premier Maritain, il a accueilli en 1941 Simone Weil, de qui il a appris, comme le rappelle la préface, que: "L'homme désire toujours quelque chose au-delà de l'existence" (p. III). Autodidacte exceptionnel, il est profondément influencé par l'enseignement de Léon Bloy, qui fait de lui un "chrétien extrême": "Je suis un extrémiste à cause de mon attirance pour la théologie négative, la mystique de la nuit, le "Dieu sans base ni appui" qui était celui de saint Jean de la Croix et qui est le mien aujourd'hui" (p. II). Cette tendance spirituelle le met également en contact avec Gabriel Marcel: ce dernier avait compris le caractère énigmatique de l'existence, car il était conscient de "la différence fondamentale entre la pensée scientifique objectivante [...] et une ontologie consciente qui voit (dans la vie) essentiellement le mystère " (p. III).

La critique de la modernité par Thibon s'appuie sur un constat qui, à ses yeux, semblait aller de soi. A l'époque actuelle, "le ciel est fermé et l'égout est grand ouvert" (p. III). La société contemporaine a un trait catagogique, dans la mesure où en elle la vie a été privée de son essence, de sa raison d'être. Thibon, tout comme Nietzsche, voulait redonner un sens au monde. Les deux ont suivi des chemins différents: le chemin chrétien pour le premier, le chemin du retour à Hellas pour le second. Pourtant, ils partageaient tous deux une donnée existentielle commune: le désir de dépasser la simple existence, sensible à l'appel de l'infini et de l'éternel.

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Le Français est, en effet, fasciné par la soif d'absolu qui se dégage des pages de l'Allemand. En eux, il semble percevoir un "pressentiment" du divin, qui disparaîtra bientôt chez Nietzsche, en raison de la montée orgueilleuse de l'ego. Pour Thibon, le "oui à la Terre" du penseur de l'Au-delà de l'homme finit par rencontrer le Néant, il ne s'ouvre pas à la Fondation: "Le monde du devenir, totalement imprégné de Néant, Nietzsche ne le veut plus comme un pont jeté vers la rive divine, mais comme le but fascinant de toute destinée" (p. 277).

En tout cas, pour Thibon, l'antichristianisme de Nietzsche est compensé par sa fascination pour Dieu. De manière appropriée, Maraviglia rappelle le jugement de Karl Löwith sur Nietzsche. Le disciple de Heidegger interprète la "volonté de puissance" comme la volonté d'avenir, la dernière manifestation de la théologie de l'histoire chrétienne, désormais définitivement immanentisée. Au contraire, la civilisation antique, notamment hellénique, avait en son centre la physis, la nature, avec ses cycles éternels, la montée et la chute des entités, d'où le primat de la volonté était totalement absent. La critique acerbe du moralisme, c'est-à-dire la pédagogie de l'anti-morale de Nietzsche, la tabula rasa des pseudo-valeurs du monde bourgeois, aurait pu induire chez le penseur allemand cette dénudation de l'ego, opérée par les mystiques chrétiens, en particulier par saint Jean de la Croix, auquel Thibon dédie la troisième partie du volume. Nietzsche et Jean de la Croix "avaient l'âme de l'adorateur ardent" (p. 225), et s'efforçaient de chasser d'eux-mêmes toute impureté "humaine, trop humaine".

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De Nietzsche jaillit "un torrent furieux de négation" (p. 228) des faux idéaux de la modernité. Thibon relie la négation des nouvelles idoles à Dieu, à l'immuable. Le philosophe français attribue la catastrophe existentielle de l'Allemand au fait qu'il soit resté fidèle au devenir. En réalité, à notre avis, si l'on doit parler d'échec nietzschéen, il faut l'attribuer au résidu chrétien qui a fait de l'éternel retour une énième philosophie de l'histoire, incapable, pour cette raison, de rencontrer réellement la physis grecque. Ce n'est que face à cela que l'homme se dépense stoïquement, comme le répétait Löwith: "Il n'espère pas, il ne désespère pas", pour une vie persuadée.

L'option de la foi nous sépare de Thibon. Néanmoins, nous considérons que ce livre est d'une grande pertinence exégétique. Il saisit ce qui est "caché" chez Nietzsche et le transmet au lecteur d'une manière passionnée et engageante.

L'Asie centrale après le retrait américain

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L'Asie centrale après le retrait américain

Par Amedeo Maddaluno

Ex: https://www.eurasia-rivista.com/lasia-centrale-dopo-il-ritiro-di-washington/

Quelques mois après le retrait américain de Kaboul, où va l'Asie centrale? Quels sont les pays qui gagnent en influence sur la région en général et sur l'Afghanistan en particulier? Les puissances asiatiques sont désormais les seules qui semblent vouloir prendre en charge le pays (même si elles restent très prudentes quant à la possibilité de leur implication directe). De ce point de vue, Washington a atteint son objectif, en pouvant se consacrer en toute liberté à l'Indo-Pacifique.

L'Afghanistan vu par ses voisins

Essayons, méthodologiquement, de raisonner en termes géographiques, en construisant une série de cercles concentriques autour de l'Afghanistan. Le premier cercle, celui des pays immédiatement impliqués dans les nouveaux scénarios qui se sont ouverts en Afghanistan après le retrait américain, est celui des pays voisins: Pakistan, Iran, Turkménistan, Ouzbékistan et Tadjikistan. Ces pays ont un certain nombre de problèmes en commun: ils ont eu tendance à être affaiblis par une série de problèmes économiques. L'Iran en raison des sanctions imposées par les États-Unis, le Turkménistan et l'Ouzbékistan en raison de leur économie caractérisée par la monoculture de matières premières, le Tadjikistan en raison de l'absence de matières premières (si l'on exclut l'eau et l'énergie hydroélectrique) et d'une véritable structure économique autonome, le Pakistan en raison de sa pauvreté congénitale, de son instabilité, du manque d'infrastructures et d'investissements, de sa dette publique élevée et de ses faibles réserves monétaires. Tous ces pays partagent également certaines caractéristiques de politique étrangère: un certain degré de méfiance à l'égard de Washington - de la méfiance silencieuse de Tachkent à la méfiance active d'Islamabad en passant par la méfiance conflictuelle de Téhéran - et une certaine ouverture conséquente au dialogue avec Moscou et Pékin: de l'alliance de facto du Pakistan avec la Chine ou de l'alliance du Tadjikistan avec la Russie, à l'activisme de troisième ordre de plus en plus faible de Téhéran, qui s'ouvre progressivement à une amitié stable avec les deux grandes capitales [1].

Il existe un troisième facteur que ces acteurs ont en commun: l'hostilité à l'égard de l'extrémisme fondamentaliste et sectaire (et la méfiance qui en découle à l'égard du nouveau gouvernement taliban), allant de la recherche d'un modus vivendi vigilant, comme dans le cas de l'Iran, du Turkménistan ou de l'Ouzbékistan, au rejet pur et simple, du moins officiellement, de tout dialogue avec Kaboul, comme dans le cas du Tadjikistan. Un cas particulier est celui du Pakistan, un pays exportant l'extrémisme qui peut être utilisé contre son rival indien, contre l'adversaire soviétique, contre les encombrants pseudo des américains. Le Pakistan a créé les talibans, les a soutenus par tous les moyens et continue de les soutenir. Dépourvu de toute profondeur géographique, le Pakistan aurait son arrière-cour idéale dans un Afghanistan ami en cas de conflit avec l'Inde. Tous ces facteurs ont donné lieu à une phase fébrile de dialogues bilatéraux, dans laquelle se distinguent l'activisme de Téhéran, la réouverture par l'Ouzbékistan de canaux avec ses voisins, et l'ambiguïté énigmatique du Pakistan, difficile à décrypter.

Aucun de ces pays n'a la force économique ou les capacités militaires pour intervenir directement en Afghanistan. Tant que les talibans peuvent faire en sorte que le radicalisme sunnite ne mette pas trop le pied hors des montagnes afghanes - et que les États-Unis n'y remettent pas les pieds - personne n'a intérêt à intervenir. Cela ne signifie pas, bien sûr, que chacun ne cherche pas à cultiver des interlocuteurs privilégiés sur les pentes de l'Hindukush, qu'il s'agisse des Tadjiks pour Douchanbé, des Hazaras chiites pour Téhéran ou des Talibans pour Islamabad ; mais ces mois ont montré que l'objectif des États de la ceinture péri-afghane est de maintenir le statu quo, aussi stable que possible. Un effet secondaire intéressant du récent changement de régime à Kaboul a été l'intensification de la coopération et du dialogue entre les pays péri-afghans [2], qui jusqu'à récemment n'étaient pas à l'abri de rivalités et de tensions frontalières.
L'Afghanistan vu de Moscou, Pékin, New Delhi et Ankara: une stabilité maximale avec une implication directe minimale.

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Les acteurs les plus riches, les plus puissants et les plus aptes militairement n'ont pas de frontière directe avec l'Afghanistan (aucun, à l'exception de la République populaire de Chine, qui partage une très courte frontière avec Kaboul dans la région instable du Sinkiang). Les intérêts de Moscou et de Pékin sont les mêmes que ceux des pays de la ceinture péri-afghane: une stabilité maximale avec une implication directe minimale.

Les médias occidentaux ont émis l'hypothèse que la République populaire de Chine et la Fédération de Russie étaient prêtes à entrer en Afghanistan une minute après le retrait des États-Unis, chaque pays utilisant les moyens qui lui convenaient le mieux: les baïonnettes pour Moscou, les investissements et le commerce pour Pékin. En dehors des contacts diplomatiques avec les Talibans [3] qui dirigent actuellement le pays, à notre connaissance, pas une seule baïonnette russe n'a franchi la frontière tadjike, pas un seul dollar n'est parvenu à Kaboul depuis Pékin. Aucun des deux pays n'a de ressources à gaspiller. Depuis des mois, Moscou est trop occupé à former les troupes kazakhes, tadjikes, ouzbèkes, indiennes et pakistanaises - et même mongoles - aux opérations de lutte contre le terrorisme et à maintenir, voire à étendre, ses bases en Asie centrale. Pékin est bien trop occupé à défendre le corridor sino-pakistanais contre les insurgés baloutches [4] et les islamistes [5], qui sont probablement considérés d'un œil bienveillant par son rival indien et les États-Unis, pour aller créer de toutes pièces de coûteux tronçons de la route de la soie dans un pays dépourvu d'infrastructures.

L'Afghanistan est peut-être riche en matières premières, mais la Chine peut déjà les obtenir en toute sécurité et à moindre coût ailleurs. Depuis des mois, les commentateurs des coulisses imaginent une intervention militaire d'Ankara en Afghanistan, mais même Erdogan semble avoir compris jusqu'à présent qu'il n'a aucune raison d'intervenir dans la dynamique afghane. Ce n'est pas que la Turquie, comme d'habitude de connivence avec le Qatar, ne tente pas d'inclure les Talibans dans le circuit de la famille bigarrée des mouvements apparentés aux Frères musulmans. Ils l'ont fait, ils le font et ils le feront avec des contacts diplomatiques et des offres économiques, afin de gagner de l'influence au cœur de l'Asie - une influence à rejouer avec Pékin et Moscou; mais aucun soldat turc ne se bat en Afghanistan, contre Isis ou contre qui que ce soit. La tendance générale qui s'applique à la Russie s'applique également à la Turquie: elle s'insère dans les espaces laissés vacants par l'Occident, mais uniquement là où cela l'arrange.

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Le seul facteur qui a une chance de rompre l'équilibre de l'équation est le "facteur Inde", ou plutôt le facteur "rivalité Inde-Pakistan". Le Pakistan est le seul pays de la ceinture péri-afghane qui a des intérêts vitaux à Kaboul. L'Inde considère le Pakistan comme son ennemi existentiel, et a tout intérêt à le chasser de Kaboul, ainsi qu'à contrarier la Chine en contribuant à l'instabilité aux frontières de cette dernière. C'est donc la rivalité indo-pakistanaise et indo-chinoise qui constitue l'événement potentiel de rupture de l'équilibre afghan, et les événements de ces derniers mois semblent aller exactement dans ce sens: s'il y a eu des interventions étrangères en Afghanistan après le retrait américain, elles ont été le fait des deux puissances nucléaires du sous-continent indien. L'Inde semble avoir armé la brève insurrection tadjike du Panshir avec le soutien de Douchanbé, le Pakistan semble être intervenu avec des drones et des renseignements pour aider les talibans à la dompter. Encore une fois, "verum est factum" et "hypotheses non fingo" : les puissances qui interviennent en Afghanistan sont celles qui, selon le manuel de géopolitique, perçoivent que des menaces existentielles - ou des ressources vitales - viennent de là. Ceci est tout à fait indépendant des spéculations sur les initiatives diplomatiques individuelles, telles que le maintien de l'ambassade russe à Kaboul ou la visite chinoise à la base aérienne de Bagram [6], épisodes de l'administration diplomatique normale (Un déploiement chinois limité à une tête de pont afghane pourrait difficilement bouleverser le tableau stratégique que nous esquissons). Même si les Chinois ouvraient une base de soutien aérien en Afghanistan, rien ne changerait dans le fond de leur politique: maintenir une stabilité maximale avec un engagement minimal. Aujourd'hui, ce n'est pas la ceinture péri-afghane, ni seulement les grandes capitales asiatiques ou eurasiennes qu'il faut scruter pour comprendre l'avenir de la zone. Comme le suggère la rivalité entre le Pakistan et l'Inde et entre la Chine et l'Inde, pour saisir toute la complexité, nous devons élargir le cadre et inclure la zone "indo-pacifique".

M. Brzezinski, au revoir, bienvenue à M. Spykman?

La puissance des empires est faite, pour une part non négligeable, d'image et de narration: en un mot, de prestige, le prestige étant l'une des composantes de ce que Nye a défini comme le "soft power". Le prestige, l'image et le discours des États-Unis en tant que "policier" et "divinité tutélaire" de l'ordre mondial sont indéniablement compromis par le retrait d'Afghanistan. Il est toutefois trop tôt pour déterminer la gravité de ces dommages et l'influence qu'ils auront sur le poids géopolitique réel des États-Unis. Pour paraphraser Mark Twain, les rapports annonçant la mort des États-Unis semblent grossièrement exagérés. Les États-Unis ont déjà réalisé deux choses. Tout d'abord, ils ont obligé les puissances régionales à s'occuper de l'Afghanistan à leur place. Il est possible (et souhaitable pour l'avenir du peuple afghan tourmenté) qu'ils réussissent mieux que les Américains eux-mêmes ; en tout état de cause, il risque d'être coûteux, en termes de temps, d'efforts politiques, de risques et de ressources, ne serait-ce que d'entourer l'Afghanistan d'un cordon sanitaire adéquat pour empêcher les terroristes et les opiacés de sortir. Les États-Unis ont alors libéré leurs ressources militaires, politiques et économiques pour se consacrer au théâtre qui les intéresse vraiment: le théâtre dit "indo-pacifique".

C'est sur les mers - et sur les terres insulaires et péninsulaires - de l'Indo-Pacifique que le véritable endiguement de la République populaire de Chine prendra forme. Les États-Unis ont compris que la marche vers le cœur de l'Asie est coûteuse et exigeante. Le fait de défier l'URSS et ses alliés dans le "Grand Moyen-Orient", de frapper les Soviétiques avec le "djihad" afghan, de s'opposer aux gouvernements nationaux arabes et de contenir la République islamique d'Iran, a émoussé les capacités de projection mondiale de ces puissances, mais n'a pas empêché la Russie de renaître de ses cendres et l'Iran de résister. Elle a moins empêché la République populaire de Chine de devenir une puissance économique mondiale. Les Américains doivent changer de stratégie et revenir à un endiguement de l'Asie à partir de ses côtes: en un mot, à partir du "Rimland". Revenons sur la définition même de l'"Indo-Pacifique", qui désigne le théâtre géopolitique des deux océans. Cela indique clairement que les États-Unis considèrent la mer d'Asie - et non "les mers" - comme un théâtre unique sur lequel activer l'endiguement anti-chinois impliquant l'Inde, l'Australie [7], le Japon et la Grande-Bretagne: les quatre pays qui, à part Taïwan bien sûr, sont les plus sensibles aux appels de Washington contre Pékin.

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De ce point de vue, l'Asie centrale est une pure diversion, un piège tendu aux Chinois, aux Russes et aux Iraniens. Pourquoi contenir la Chine sur les mers? Parce que les mers sont le point faible de la Chine et le point fort des États-Unis. C'est des mers que la République populaire reçoit des ressources et c'est par les mers qu'elle exporte des produits manufacturés. Par ressources reçues, nous ne faisons bien sûr pas seulement référence aux matières premières, mais aussi aux flux financiers vers les ports de Hong Kong et de Shanghai. C'est sur les mers que la Chine montre qu'elle n'est pas encore une puissance militaire, pas même à l'échelle régionale. La forteresse anti-chinoise de Taïwan empêche la Chine d'avoir le contrôle total de ses mers voisines, dont sa flotte de haute mer - récemment construite mais pas encore d'un niveau technologique adéquat et avec une expérience de combat insuffisante - peine à sortir. La République populaire est contrainte de recourir à la construction d'îles artificielles comme bases avancées en dehors de la "première chaîne d'îles", la zone maritime contrôlée par le Japon de Tsushima aux Ryukyu et Senkaku, puis à Taïwan et enfin au Vietnam.

La décision de la Chine de se tourner vers des infrastructures terrestres, dont la construction est extrêmement coûteuse dans l'immensité de l'Asie, aujourd'hui gelée, aujourd'hui déserte, aujourd'hui montagneuse et isolée, et en proie au séparatisme et au radicalisme, n'est pas plus sûre. La République populaire de Chine connaît une crise démographique sans précédent [8], qui pourrait la conduire à devenir vieille avant d'être riche. La Chine est assiégée principalement par la mer - du Sud et de l'Est - mais le théâtre terrestre - de l'Ouest - n'est pas un théâtre dans lequel elle peut se sentir à l'aise.

Spykman, le géopoliticien qui a théorisé l'endiguement de l'Eurasie par la mer, n'a pas pris une revanche définitive sur Brzezinski, le géopoliticien qui a théorisé l'assaut du cœur de l'Eurasie: c'est simplement que les Etats-Unis se servent des enseignements de l'un et de l'autre (et cela vaut pour ceux qui imaginent encore la géopolitique comme une discipline rigide et déterministe). Une fois encore, la ressource que les acteurs eurasiens doivent déployer pour résister au siège est une alliance toujours plus étroite, une collaboration toujours plus grande [9].

NOTES:

[1] Spécialement depuis l'adhésion officielle de la République islamique à "l'Organisation de Shanghai pour la coopération"; voir  Giuseppe Gagliano, SCO. l’Iran sarà tra i membri: un’operazione per contenere gli USA www.notiziegeopolitiche.net, 21 Settembre 2021

[2] Giuliano Bifolchi, How Afghanistan is influencing the Turkmenistan-Uzbekistan cooperation, www.specialeurasia.com, 6 Ottobre 2021

[3] Du reste, si les Etats-Unis ont dialogué et négocié avec les talibans au plus haut niveau, on ne comprend pas pourquoi les pays bien plus proches de l'Afghanistan ne devraient ou ne pourraient pas le faire.

[4] Michel Rubin, Could Washington Support Balochistan Independence? nationalinterest.org, 12 Settembre 2021

[5] Giorgio Cuscito, Karachi per la Cina, rubrique Il mondo oggi, www.limesonline.com, 6 Ottobre 2021

[6] Gianandrea Gaiani, La corsa alle basi in Afghanistan e dintorni, www.analisidifesa.it, 5 Ottobre 2021

[7] L'accord nommé AUKUS entre les Etats-Unis et leurs satellites, le Royaume-Uni et l'Australie, n'est pas survenu au hasard mais, justement,  au lendemain du retrait américain de Kaboul. Cet accord sert à signaler aux pays de la région indo-pacifique que les Etats-Unis sont prêts à cautionner sérieusement la politique de l'endiguement antichinois, y compris en partageant des technologies nucléaires sophistiquées et en acceptant le risque de faire monter la tension sur ce théâtre précis, contribuant de la sorte à une course aux armements.

[8] Mario Seminerio, Contrordine, cinesi: moltiplicatevi, phastidio.net, 5 Ottobre 2021

[9] Bradley Jardine, Edward Lemon, In post-American central Asia, Russia and China are tightening their grip, warontherocks.com, 7 Ottobre 2021

Anecdotes afghanes dysgenrées

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Anecdotes afghanes dysgenrées

par Georges FELTIN-TRACOL

Dans sa « Chronique d’une fin du monde sans importance » intitulée  « Rencontre du troisième type » qu’on lit dans le numéro 192 d’Éléments d’octobre – novembre 2021, Xavier Eman dépeint avec le talent qu’on lui connaît l’accueil d’un interprète afghan exfiltré par une famille de Bo-bo véganes et climatophiles des beaux quartiers de Paris, de Lyon, de Bordeaux ou de Rennes. Le sympathique « rapatrié » (sic !) ne termine pas le repas de ses hôtes et les quitte après l’entrée dans la pièce de l’adolescent du couple en pleine transition genrée. Dans la réalité, il est probable que cette scène n’aurait pas eu lieu. L’invité se serait seulement demandé à haute voix: « Tiens ! Vous aussi, vous avez votre batcha ? »

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L’Afghanistan, le Pakistan et l’Asie centrale pratiquent une coutume ancestrale nommée le batcha bazi, ce qui signifie « jouer avec les garçons ». Des garçons pré-pubères ou adolescents sont offerts aux chefs de tribu ou à de riches dignitaires qui les travestissent en filles pour les grandes occasions. Les batchas dansent devant les invités masculins lors des mariages ou à la fin des réunions entre les différents responsables tribaux. L’ONU considère le batcha bazi comme une forme d’esclavage sexuel pédophile, car bien des batchas sont violés par leurs maîtres. Cela ne les empêche pas d’être respectés et salués avec maints égards quand ils circulent dans les rues du bazar.

La majorité des batchas sont des Hazaras. Descendants des Mongols dont ils ont souvent gardé les traits caractéristiques, les Hazaras vivent au centre de l’Afghanistan. Sous le premier émirat islamique des talibans avant 2001, ils étaient persécutés, car ils pratiquent le chiisme dans un pays majoritairement sunnite. L’Iran voisine accueille depuis un quart de siècle de centaines de milliers de réfugiés de cette ethnie dont bien des jeunes gens s’enrôlent dans les milices chiites en Irak et en Syrie contre l’État islamique.

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Dans certaines régions d’Afghanistan et du Pakistan existe une autre coutume étonnante pour des sociétés jugées patriarcales : le batcha poch qui veut dire « habillée comme un garçon ». Certaines familles qui n’ont pas d’héritier mâle décident d’élever l’une de leurs filles (ou leur fille unique) en garçon. La fille porte un prénom masculin, s’habille avec des vêtements masculins et peut se déplacer dans l’espace public sans aucune restriction. Elle peut même servir de chaperon mâle à sa mère ou à ses jeunes sœurs quand ces dernières doivent quitter la maison familiale. Ce statut original cesse autour de la puberté avec tous les désagréments imaginables. En effet, l’adolescente élevée en garçon a été dispensée de cuisine, de tâches ménagères quotidiennes et de broderie. Elle est plus difficile par conséquent à marier.

Le batcha poch pourrait vivement intéresser Machine Rousseau dont le compagnon serait, selon ses dires, un « homme déconstruit », l’élue parisienne Alice Coffin et la misandre pathétique Pauline Harmange. Ces trois-là devraient séjourner de longs semestres dans les coins finalement si inclusifs de l’Afghanistan…

Dès l’invasion occidentale de ce pays, la population locale a pu bénéficier de cours de formation rééducative en faveur des droits LGTBQAXY+++ avec un succès fort aléatoire. Pourquoi ? Pour des motifs surprenants. Il y a cinq ans, l’auteur de la présente chronique discutait dans le Sud de la France avec un contractor. Cet ancien militaire des forces spéciales françaises exerçait en Afghanistan. Au cours de cette conversation passionnante, il lui donna trois anecdotes révélatrices des mœurs afghanes.

Pour quelles raisons autant de jeunes Afghans fuient-ils leur patrie ? Non par peur des talibans, ni pour éviter la guerre ! Pour ne pas servir dans l’armée officielle qui a montré en août dernier son immense valeur guerrière. Chaque unité combattante possède son giton. Exempté de toute corvée et déchargé des tours de garde, un gars de la section consent, le soir venu, à servir de réconfort sexuel à ses compagnons d’arme. En cas d’attaque, ceux-ci font tout pour le protéger au péril de leur propre vie. On a ici une transposition adulte du batcha bazi qui coïncide aussi avec les thèses homo-érotiques des communautés martiales masculines chères à l’un des penseurs folcistes de la Révolution conservatrice allemande, Hans Blüher.

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Au début de l’occupation en 2001 - 2002, les officiers occidentaux veulent s’attirer les bonnes grâces et l’appui des chefs de tribu. Comment les soudoyer ? Pas par des armes qu’ils ont déjà à profusion, ni non plus en leur versant des sommes d’argent ou en leur offrant de somptueuses voitures dans des contrées reculées très pauvres aux sentiers défoncés impraticables. Le viagra résout le problème. Après une rapide visite médicale, militaires et contractors occidentaux expliquent au chef du village l’intérêt d’avaler la petite pilule bleue. Ainsi un notable presque septuagénaire depuis longtemps impuissant peut-il honorer toute la nuit et les nuits suivantes sa nouvelle épouse à peine post-adolescente. Quelques mois plus tard, la jeune épouse tombait enceinte pour la plus grande fierté de son mari qui décéda ensuite d’un usage excessif de cet adjuvant…

L’OTAN donne à trois douaniers installés dans un poste montagneux isolé des tablettes numériques et deux ânes. Le contractor français assiste à cette remise hétéroclite de biens quelque peu incongrus. Il retrouve les douaniers trois - quatre mois plus tard. Ils lui montrent, tout fiers, l’enregistrement d’une scène banale. Le premier filme avec la tablette. Le deuxième tient l’âne tandis que le troisième, le pantalon sur les chevilles, prend du bon temps avec l’animal, en fait une ânesse.

L’Occidental du début du XXIe siècle verrait dans ces quelques exemples des témoignages d’une pesante misère sexuelle. Or ce point de vue est faux. Le contractor indique que l’absence de toute présence féminine non maternelle stimule une libido prête à s’assouvir à la première occasion venue. La vue de femmes-soldats occidentales déclencha d’ailleurs dans les premières années de l’occupation des scènes osées qui auraient valu à leurs auteurs d’être dénoncés par MeToo. Pendant ces vingt dernières années, on n’a pourtant guère entendu les associations féministes hystériques critiquer ce pays. Ne serait-ce pas au fond une bonne raison ?  

  • « Vigie d’un monde en ébullition », n° 6, mise en ligne sur Radio Méridien Zéro, le 19 octobre 2021.

Aleksandr Douguine et la politique gnostique

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Aleksandr Douguine et la politique gnostique 

Cristian Barros

Qu'est-ce que le gnosticisme? La question est certainement aussi ancienne que le mouvement spirituel et intellectuel auquel elle fait allusion. Historiquement, le gnosticisme semble être la pénombre ésotérique, marginale, voire élitiste de la plupart des religions abrahamiques, et en tant que tel, il coule comme un courant sous-jacent dans les piétiés exotériques et officielles. Ses sources sont opaques et fragmentaires, et son portrait dépend largement des critiques hostiles, principalement chrétiennes, qui ont contribué à sa ruine. Les gnostiques ont vraisemblablement délibéré avec une grande véhémence sur l'origine du mal, dont découlerait une théogonie fondée sur l'aliénation de l'homme au cosmos. Leur métaphysique est dualiste: le mal et le bien coexistent, le premier étant identifié à la matière et le second à l'esprit. La relation entre les deux dimensions est hautement dramatique, et repose sur un acte de trahison ou d'usurpation. Ainsi, des gnostiques comme Marcion affirment que la fable de la Chute est en réalité une inversion profane du véritable secret du monde: le Serpent est le dispensateur de la lumière et le Dieu biblique une entité asservissante et jalouse.

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Certains récits gnostiques soutiennent que la lutte entre le mal et le bien sera résolue dans un dénouement climatique, d'où les diverses apocalypses découvertes à Nag Hammadi (1). D'autres versions, en revanche, se désintéressent froidement du sort du monde actuel. Ce pessimisme radical accepte que le mal soit le tissu même de la réalité, échappant à toute rédemption. 

Il est clair que nous avons affaire à une hétérodoxie qui est elle-même une tradition complexe offrant de multiples interprétations. Mais son caractère marginal, proprement initiatique, se prête assez mal à la constitution d'un horizon politique, surtout à l'ère de la politique de masse. Néanmoins, il convient de rappeler que nombre des mouvements politiques de la Modernité sont nés dans des contextes sectaires, voire conspirationnistes, des francs-maçons de 1789 aux ligues d'artisans de 1848. Pour paraphraser Carl Schmitt, on peut dire que les catégories de la politique moderne résultent de la sécularisation des motifs religieux. En effet, l'évidement même du sacré en Occident a déplacé les aspirations prophétiques de l'autel vers la tribune parlementaire et les bureaux bureaucratiques. De manière symptomatique, le bourgeois Bentham et le révolutionnaire Lénine reposent aujourd'hui encore momifiés dans leurs sanctuaires murés de cristal respectifs. 

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Le XXe siècle a vu réapparaître, cette fois plus que comme une simple curiosité de cabinet, l'ancienne gnose héritée d'Alexandrie et du Levant hellénistique. Je pense ici en particulier aux études d'Adolph von Harnack, un savant prussien qui a réhabilité la figure de l'hérésiarque Marcion dans son livre éponyme, Marcion : Le testament d'un Dieu étrange. Rétrospectivement, le texte de Harnack peut être considéré comme le renouvellement philologique des études gnostiques, celles-ci étant tacitement impliquées dans la polémique protestante. Harnack semble avoir fait de Marcion un véhicule pour sa critique du légalisme religieux sclérosé qui perdure dans le christianisme, une rigidité que Harnack impute finalement au judaïsme. 

En effet, en tant que religion purement intérieure, une forme d'intériorité mystique, le gnosticisme était proche du piétisme luthérien, mais se distançait de ce dernier dans la mesure où le gnosticisme primitif promettait à l'initié un processus de déification intérieure ou théosis. En tout cas, la redécouverte du gnosticisme dans le romantisme allemand avait un aspect politique évident, concernant l'épuration des éléments orientaux ou pharisiens d'un nouveau credo d'authenticité autochtone. Marcion lui-même s'attaquait à la tendance pétrinienne et philosémite du christianisme du deuxième siècle, et visait ainsi à créer un Évangile purifié, idéalement exempt des stigmates du tribalisme et du ritualisme mosaïques. 

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Bien sûr, la théosophie romantique peut être retracée jusqu'au visionnaire baroque autodidacte Jacob Boehme, qui influencera finalement Hegel, comme l'atteste solidement le livre notoire de F. C. Baur. D'ailleurs, le romantisme lui-même, en tant que rébellion contre la rationalité extérieure, antagoniste du légalisme universel jacobin, peut être comparé à une explosion instinctive des motifs antinomiens, ataviques, de la gnose : aliénation et authenticité, pessimisme métaphysique et héroïsme existentiel. 

En ce sens, Hegel est un acteur majeur de ce que nous pouvons appeler la nébuleuse du gnosticisme moderne. Hegel a adapté les anciennes figures de l'histoire sacrée en langage académique, sécularisant la théorie même de la Trinité chrétienne dans sa dialectique, tout en masquant l'historicisme providentiel de Joachim de Fiore derrière sa téléologie idéaliste. D'une manière ou d'une autre, nous dit-on, Hegel a contribué au programme des futures religions politiques ou laïques et de leurs régimes subséquents, comme des chercheurs à l'esprit libéral comme Raymond Aron, Karl Popper et Eric Voegelin ont surnommé les expériences totalitaires du 20e siècle. En conséquence, nous pouvons considérer le siège de Stalingrad comme le choc apocalyptique des deux ailes opposées de la chimère hégélienne: l'universalisme marxiste et le particularisme nazi. Avec le temps, cependant, le camp triomphant allait connaître sa propre Némésis : la chute du mur de Berlin en 1989. Depuis lors, le pragmatisme libéral, dans son incarnation la plus nihiliste, récupère tout le butin du monde. 

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Il est révélateur que le professeur émigré de l'entre-deux-guerres Eric Voegelin ait inventé la thèse tant vantée de "l'immanentisation de l'Eschaton" afin d'anathématiser, plutôt que d'analyser sérieusement, l'émergence d'agendas totalisants ou révolutionnaires en politique. Voegelin se réfère ici à l'Eschaton comme à la consommation surnaturelle de l'histoire, déplorant la perversion démagogique qui transforme "la fin du temps sacré" en "le début d'une nouvelle ère profane". En vérité, 
Voegelin tente d'exorciser l'infiltration de l'espérance chiliastique dans le statu quo bourgeois. Un effort similaire a également été déployé par un autre exilé libéral, Karl Popper, qui a rédigé le volumineux manifeste de la nouvelle foi antitotalitaire, La société ouverte et ses ennemis (1945), condamnant Platon et Hegel en tant que rêveurs d'une utopie spartiate, verticale et introvertie : la société fermée, un paradis du même. 

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En réalité, tous ces polémistes libéraux ont lutté contre l'intégration des masses, et donc de l'irrationnel, dans la politique moderne. Contrairement à eux, les essayistes antilibéraux comme Georges Bataille et Carl Schmitt voyaient les choses avec une sorte d'optimisme cryptique. Bataille, pornographe obscur, primitiviste bohème et saint manqué, a également été un brillant interprète de la nouvelle politique de masse tout au long des années trente. À cette époque, Bataille était profondément immergé dans l'hermétisme, au point de fonder le "Collège de sociologie sacrée", un cénacle cultuel visant à restaurer les rites sacrificiels dans les bois parisiens, une affaire sans doute extravagante. Pourtant, l'article en question, La structure psychologique du fascisme (1933), présente encore de puissantes intuitions nietzschéennes. En résumé, le texte considère le fascisme comme une résurgence de l'"hétérogène", l'étiquette de Bataille pour l'irrationnel et le refoulé: un magma qui monte du monde souterrain animal de la psyché humaine. 

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Bien que formellement communiste, le projet anthropologique de Bataille était créativement antimoderne, puisqu'il prétendait racheter l'aliénation de l'homme au moyen de liens sacrés comme le sexe et le jeu. De manière anecdotique, l'historien marxiste Richard Wolin considère Bataille comme un énergumène totalitaire, situé quelque part sur le spectre du national-bolchevisme. Notre point de vue est peut-être moins indulgent, puisque nous accusons Georges Bataille d'être un sombre gnostique, qui n'a fait que flirter avec le communisme et le fascisme en tant que stratégies terre-à-terre pour finalement inaugurer l'Eschaton. 

Presque en chœur, maintenant sur l'autre rive du Rhin, le juriste Carl Schmitt a écrit son essai Staat, Bewegung, Volk, un sinistre chant du cygne pour le régime constitutionnel et parlementaire de Weimar, dont Schmitt ne pleure pas du tout l'agonie. En fait, Schmitt postule ici une identification dynamique entre masses et appareil d'État, voire le dépassement même de la technocratie par le peuple en armes. Également catholique ex-ultramontain comme Bataille lui-même, Schmitt fustige le marxisme universaliste tout en menaçant les capitalistes d'un futur État ouvrier populiste et plébiscitaire. Il va sans dire que la dénonciation de Marx par Schmitt concerne son libéralisme voilé, son universalisme abstrait, et non son élan prolétarien. 

Par parenthèse, Schmitt était également un lecteur avide de l'hermétiste français René Guénon, une figure dont la gravitation était également très palpable dans le milieu de Bataille. De manière intrigante, une autre présence commune hantant le champ intellectuel de Schmitt et de Bataille est celle de Joseph de Maistre, l'ennemi juré de 1789, et pourtant son garant providentiel. La théorie du sacrifice de Maistre, qui remonte à Origène, peut-être le seul gnostique parmi les Pères de l'Église, résonne étrangement avec l'œuvre de Bataille et de Schmitt. D'une manière ou d'une autre, on pense naturellement à ces deux auteurs, ces deux maudits, mi-chanteaux mi-icônes de la contre-culture, lorsque Popper invoque les "ennemis" de la société ouverte... 

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Jusqu'à présent, un avatar récent de ce que nous pourrions appeler la politique gnostique est le polygraphe russe Alexandre Douguine, dépeint pendant ses années juvéniles par un romancier français contemporain comme un "ours dansant avec un sac à dos rempli de livres". Au-delà des digressions, Douguine a suffisamment mûri pour devenir un intellectuel antilibéral lucide et un prosélyte des blocs civilisationnels au-delà de l'esprit de clocher des petits États-nations. Souvent diabolisé comme un impérialiste russe, Douguine prône plutôt la création d'œcumènes ou de "grands espaces" en fonction des strates culturelles et religieuses. En conséquence, il pourrait être plus justement caractérisé comme un zélateur agissant contre l'impérialisme unipolaire, à savoir l'hégémonie atlantiste, que comme un simple bigot nostalgique du passé russe. 
Bien au contraire. Douguine est un activiste acharné, un terroriste de l'esprit, et non un rat de bibliothèque mélancolique de la variété slave.

Tout bien considéré, Dugin est un penseur géostratégique et aussi un théoricien politique, mais ces appellations transcendent l'étiquette académique. Il ressemble à la fois à Bataille et à Schmitt dans la mesure où l'écriture exotérique masque un noyau ésotérique et anagogique plus profond. Encore une fois, il est plus un mystagogue qu'un érudit formel, bien qu'il accomplisse ce rôle de façon impeccable. Quant à Douguine, nous pouvons ajouter que la Tradition et la Révolution sont des pôles voués à être réconciliés dans un futur apogée, ce qui est une entreprise à laquelle il tient beaucoup. 

Ainsi, son évolution du dissident soviétique au national-bolchevisme et à l'eurasianisme n'enlève rien à son noyau intérieur, qui est certainement gnostique et apocalyptique. En ce qui concerne sa première description, le "complexe national-bolchevisme" a toujours eu une dimension territoriale, visant à réaliser une entente continentale entre l'Allemagne et la Russie - comme un rempart contre l'étouffoir capitaliste atlantiste. Dès lors, l'eurasianisme de Douguine devient cohérent, un déploiement naturel. En outre, son "socialisme populiste" n'est pas abstrait mais historiquement enraciné, il n'est pas technophile mais plutôt tellurique, il s'appuie donc sur le développement organique des communautés établies. Quant à son eurasianisme, Douguine emprunte de manière transparente aux travaux de terrain de Lev Gumilev sur la symbiose entre agriculteurs et pasteurs dans les steppes, auxquels Gumilev attribuait un "zeste cyclique" (passionarnost) pour conquérir puis être à son tour assimilé à des structures sédentaires: des barbares revitalisant l'horizon agraire. 
Une précision s'impose donc. 

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Certes, l'esprit grec faisait la distinction entre topos et chôra. Selon le Timée de Platon, par exemple, il y avait une véritable différence entre un point d'une extension abstraite, à savoir un crux cartographique, et le "lieu existentiel". Ainsi, la chôra était un espace d'enracinement, une réalité ancrée. Platon, quant à lui, considérait évidemment l'Attique, et plus particulièrement Athènes, comme son véritable lieu d'appartenance. C'est pourquoi l'exil politique, l'éviction de sa propre ville, était considéré comme pire que la mort, condition illustrée par le procès de Socrate. En revanche, le topos que l'on retrouve plus tard chez Aristote représente l'espace pur, le continuum quantitatif - qui se transformera finalement en res extensa de Descartes, le tableau physique et géométrique. 

Il est révélateur que les Grecs classiques n'aient renoncé au patriotisme et embrassé le cosmopolitisme qu'une fois les cités hellénistiques vaincues par les légions romaines. Les besoins pratiques d'accommodement et de survie ont dicté un nouveau compromis, dès que la Grèce a été réduite au statut de colonie. Les philosophes s'adaptent progressivement à la domination impériale et, finalement, se divisent en deux écoles, l'une cynique et l'autre stoïcienne. Apparemment, Diogène le Cynique ("qui vivait comme un chien") fut le premier à inventer le terme kosmopolitês ("citoyen du monde"). Cette innovation subtile impliquait un changement radical par rapport au mythe traditionnel athénien de l'autochtonie, la croyance ancestrale partagée de descendre du sol même de la Grèce. Mais alors que les cyniques étaient plutôt des universalistes individualistes, les stoïciens étaient des organicistes cosmiques. En temps voulu, le stoïcisme est devenu la philosophie de l'oligarchie romaine, avec tout son fatalisme patricien et son sens du devoir déguisé en alibi pour la conquête. 

L'espace en tant que quantité est finalement une aberration de la conscience, un phantasme-phénomène mathématique exacerbé plus tard par le commerce et la science moderne. Heureusement, l'écologie, en tant que "science holistique", est apparue dans les années 1900 comme un antidote opportun contre cette vision positiviste, technocentrique et réductionniste. De même, on pourrait citer ici les résultats de l'éthologie et de la géographie humaine de Jacob von Uexküll à Auguste Berque, et même des "écologistes culturels" comme Leo Frobenius, qui ont respectivement abordé l'interaction environnementale en utilisant des notions empathiques et contextuelles comme Umwelt, oecumène et Paideuma. 

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Douguine lui-même défend la notion de Heidegger du Dasein en tant que lieu d'être organique, enraciné et historiquement significatif. Heidegger célèbre la surface plutôt que la profondeur, l'impression quotidienne plutôt que la théorie incarnée, la routine inconsciente plutôt que l'effort délibéré, et il crée ainsi une sorte de populisme existentiel: "Être, c'est habiter". En conséquence, l'appropriation par Douguine de ce motif heideggérien lui permet de construire un projet géopolitique totalisant, qui repose à la fois sur le localisme et le pluralisme.

Cependant, la vision finale du monde de Douguine concerne les polities géostratégiques ou les "blocs civilisationnels". Plus encore, Dugin postule qu'un esprit transcendant ou un "ange" surplombe chaque civilisation, ce qui essentialise fortement sa théorie des relations internationales. Néanmoins, l'angélologie politique de Douguine permet une lecture métaphorique fructueuse - un exercice également proposé par Giorgio Agamben, un schmittien de gauche. Maintenant, pour récapituler, je souligne l'endroit même où Douguine affirme sa singularité, en habitant un paysage posthistorique - pour ainsi dire, une arène eschatologique. 

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En tant que gnostique, Douguine est un dualiste métaphysique et comprend que la lutte finale, en tant que point culminant d'une série d'escarmouches mineures, est exclusivement binaire, littéralement manichéenne. À ce stade, la fin du temps terrestre devient donc le début du temps sacré. De même, l'espace du conflit devient lui aussi sacralisé, c'est-à-dire orienté vers le sacrifice et la mort. Les anges de la fin s'incarnent dans les puissances de la Mer et de la Terre, thalassocratie contre tellurocratie, Léviathan contre Béhémoth... En d'autres termes, il s'agit de cultures mobiles contre des cultures axiales, ces dernières étant amalgamées dans la masse eurasienne, appelée Heartland. 

jeudi, 21 octobre 2021

L'artifice de la pandémie pour les banques centrales

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L'artifice de la pandémie pour les banques centrales

Markku Siira

Ex: https://markkusiira.com/

Pour le professeur Fabio Vighi, la crise de la pandémie n'est au fond qu'un symptôme du capitalisme financier déréglé. Plus largement, c'est le symptôme d'un monde qui n'est plus capable de croître en générant du profit à partir du travail humain et qui s'appuie donc sur la "logique compensatoire du dopage monétaire constant".

"Alors que la contraction structurelle de l'économie basée sur le travail gonfle le secteur financier, l'instabilité de ce dernier ne peut être contenue que par les urgences mondiales, la propagande de masse et la tyrannie de la biosécurité", conclut le chercheur italien.

Pour survivre par ses propres moyens, la cabale des banques centrales est prête à "sacrifier la liberté humaine et à adopter un système soutenu par la science et la technologie des entreprises, la propagande des médias et les histoires de catastrophes, accompagné d'un philanthro-capitalisme pseudo-humanitaire des plus dégoûtants".

L'introduction des passeports numériques de santé (qui, il y a seulement un an, était qualifiée de "théorie du complot" par les réchauffistes) marque un tournant décisif. Ce "marquage" est crucial si l'élite veut persuader les gens d'accepter la structure de pouvoir de plus en plus centralisée qui est présentée comme une condition préalable à la libération des restrictions imposées lors de la pandémie.

Après l'introduction de la carte d'identité numérique, l'oppression des citoyens - le principe "l'ébouillantement lent de la grenouille" - se poursuivra de manière régulière et progressive. Les plafonds de taux d'intérêt actuels sont conçus pour conditionner les masses à utiliser des portefeuilles électroniques pour contrôler non seulement l'accès aux services publics, mais aussi les dépenses des citoyens.

Le système financier mondial est une gigantesque arnaque de Ponzi: Vighi enterre les jeux du monde financier. Si ceux qui la dirigent devaient perdre le contrôle de la création de liquidités, une explosion s'ensuivrait, détruisant l'ensemble du tissu socio-économique sous-jacent. Dans le même temps, une récession écrasante priverait les politiciens des derniers vestiges de crédibilité.

Par conséquent, le seul plan viable pour l'élite semble être un effondrement économique contrôlé. Il s'agit notamment de l'affaiblissement des chaînes d'approvisionnement, qui entraînera une "pénurie de tout", et de la création d'une infrastructure numérique pour un coup d'État technocratique.

L'analyste financier Mauro Bottarelli a résumé la logique d'une économie pandémique comme suit : "Une urgence sanitaire semi-permanente vaut mieux qu'un effondrement brutal du marché, par rapport auquel le souvenir de 2008 [la crise financière] est comme une promenade tranquille dans le parc".

La fausse pandémie est donc un outil de sauvetage, essentiellement un "événement de politique monétaire conçu pour prolonger la vie d'un mode de production moribond et axé sur la finance". Avec l'aide du virus, le capitalisme cherche à se renouveler en invoquant la menace globale, mais au détriment de la vie quotidienne, du niveau de vie et de la santé (mentale) de la population.

Si et quand la bulle des taux d'intérêt éclatera enfin, que fera l'élite ? En termes plus clairs, quel nouveau spectacle les sauvera, sans que les masses humiliées ne montent aux barricades dans des conditions révolutionnaires ?

Vighi spécule sur les options : "Aliens ? Une cyber-attaque sur le système bancaire ? Un tsunami dans l'Atlantique ? Des jeux de guerre en Asie du Sud-Est ? Une nouvelle guerre contre le terrorisme ?" L'arsenal des mondialistes ne manque pas de choix, sans parler de la manipulation des masses par les médias.

Peut-on éviter une récession dévastatrice ? La réponse politique d'aujourd'hui semble s'inspirer de la sagesse séculaire selon laquelle "les situations extrêmes appellent des mesures extrêmes". Pour Vighi, cela signifie qu'"aucun crime contre l'humanité ne peut être exclu en s'obstinant à nier l'effondrement du système".

En réduisant au silence le débat public sur le sujet par la censure et l'intimidation, nous sommes conduits "vers une dystopie biotechnologique et capitaliste, dont la nature infernale sera probablement pleinement révélée lors de la prochaine crise mondiale".

L'actuelle "ségrégation de la population sur la base du statut vaccinal" est, selon M. Vighi, "une réalisation typique mais révolutionnaire des régimes totalitaires de notre époque". Si la résistance est vaincue, une carte d'identité numérique obligatoire sera introduite pour enregistrer la "vertu" du comportement des citoyens et réglementer leur participation à la société. Le coronavirus était le cheval de Troie idéal pour cette percée.

L'Alliance ID2020, soutenue par des géants tels qu'Accenture, Microsoft, la Fondation Rockefeller, MasterCard, IBM, Facebook et l'omniprésente "alliance pour les vaccins" Gavi de Bill Gates, prévoit depuis longtemps un système d'identification numérique basé sur la technologie blockchain.

L'argent numérique, lié à l'identité numérique, pose les bases d'un néo-féodalisme qui s'étendra d'abord aux chômeurs demandeurs d'emploi et éventuellement à la majorité des gens. Lorsque Larry Fink, PDG du géant de l'investissement BlackRock, déclare que "les marchés préfèrent les gouvernements totalitaires aux démocraties", il est peut-être préférable de le croire.

Les monnaies numériques permettraient aux gouverneurs des banques centrales non seulement de surveiller chaque transfert d'argent, mais aussi de bloquer l'accès à l'argent ou son utilisation pour toute raison jugée légitime. Le projet de numérisation de la vie comprendrait également un "passeport internet" qui, après des contrôles réguliers, exclurait les contenus inappropriés du web. Les interdictions de médias sociaux et les suppressions de comptes sont déjà un avant-goût des choses à venir.

Si les scores de crédit social tombent en dessous d'un certain niveau, la recherche d'un emploi, les voyages ou l'obtention d'un prêt dépendront de la volonté de la personne de participer à des "programmes de réhabilitation". On peut supposer qu'un "marché noir" des exclus de la société ne tarderait pas à apparaître (de faux certificats de vaccination sont déjà vendus en ligne).

Il semble donc bien que nous soyons entrés dans le "biofascisme" sous la direction des banquiers centraux. La pierre angulaire du fascisme historique était l'industrie contrôlée par l'État, qui restait néanmoins aux mains de particuliers. M. Vighi trouve "assez étonnant que, malgré les preuves accablantes de l'existence de portes tournantes systématiques entre les secteurs public et privé, la plupart des intellectuels n'aient pas encore compris que c'est la direction que nous prenons".

L'écrivain et réalisateur italien Ennio Flaiano a dit un jour que le mouvement fasciste était composé de deux groupes : les fascistes et les antifascistes. "Aujourd'hui, alors que la plupart de ceux qui se disent antifascistes soutiennent tacitement ou avec enthousiasme le virage autoritaire dicté par la médecine, ce paradoxe est plus pertinent que jamais", observe Vighi.

L'élite économique et ses sbires politiques ont également détourné la "science", que les citoyens effrayés sont "invités à suivre". La "science" déformée par l'élite est donc un obstacle à la prise de conscience de l'effondrement de l'ancien monde. La vraie science, qui continue d'opérer derrière un épais voile de censure, n'imposerait jamais des mandats dictatoriaux tels que ceux en vigueur aujourd'hui dans les pays qui se disent "démocratiques".

La foi aveugle dans la "science du corona" révèle donc un désir désespéré de s'accrocher au pouvoir capitaliste, même dans sa variante autoritaire. Même si l'ancien système a cessé de fonctionner, "l'illusion du corona permet au capitalisme de suspendre une fois de plus toute enquête sérieuse sur sa maladie structurelle et sur la transformation en cours".

Cette "dictature douce" est déjà monnaie courante. Ce qu'il faut, c'est une prise de conscience autocritique, une désobéissance civile courageuse et un réveil collectif, mais cela ne semble pas se produire à une échelle suffisante. Le jeu de rôle mondial de la crise pandémique, avec ses blocages et ses ouvertures sociales, va se poursuivre. Les maîtres chanteurs de l'urgence seront-ils un jour tenus responsables de leurs actes?

19:07 Publié dans Actualité, Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, économie, finances | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook