Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

lundi, 09 novembre 2020

L'ÉCHAPPÉE BELLE ou comment j'ai fui le confinement pour ne pas finir en con fini

iss_3050_04319.jpg

L'ÉCHAPPÉE BELLE ou comment j'ai fui le confinement pour ne pas finir en con fini

par Frédéric Andreu-Véricel

Je quitte un pays à la litière poétique asséchée par deux cents ans de scientisme et d'hypocrisie mondaine. Ce n'est pourtant pas, comme l'annonçaient les romans d'anticipation de mon enfance, un robot "Hi Tech" qui dirige la société d'aujourd'hui mais un président élu démocratiquement au suffrage universel, un président jeune et dynamique, de surcroît.

Ils avaient tort ces romans, bien que l'image du robot omnipotent puisse être compris comme métaphore. Alors, de ce point de vue métaphorique, ils avaient aussi raison, ces romans de mon enfance...

L'élection de Macron marque en effet une étape supplémentaire de l'asservissement du peuple, sa soumission à l'ordre technocratique mondialisé. Claironnez les fameuses "valeurs de la république", tout en réduisant toujours plus les libertés concrètes, voilà la méthode Macron.

Je dis bien une "étape" supplémentaire, pas la feuille de route, planifiée ailleurs et par d'autres, il ne l'a connait pas, il ignore même en être un exécutant servile.

JOUR59_cln.jpg

Avant lui, Nicolas Sarkozy avait proclamé le métissage obligatoire, imposer des quotas d'immigrés et des limitations de vitesses de manière non moins autoritaire. Vous êtes au volant de votre automobile, vous roulez tranquillement sur une ligne droite, vous dépassez de 5 km/heure la limite autorisée et, un robot caché dans un buisson vous retire votre permis de conduire ; c'est très concret, voyez-vous, l'ordre technocratique !

Alors, oui, aujourd'hui, je m'éloigne de ce pays devenu invivable. Je prends refuge, du moins temporairement, dans un pays où il n'y a pas de limitation de vitesse là où il n'est pas nécessaire qu'il y en ait, un pays où il est possible de sortir de chez soi sans Ausweis républicain, où le confinement le plus strict permet à deux personnes de marcher côte à côte dans la rue, un pays où les administrations publiques répondent au courrier qu'on leur envoie, bref, un pays encore respirable.

Je quitte le pays légal, non le pays réel. Dans les textes que j'écris, il est toujours question de la vie la plus concrète, des chemins de mon enfance, des fêtes à l'école, des beaux moments passés entre amis à regarder la mer, un pays qui laisse encore deviner des îles mystérieuses à l'horizon comme cette Alcudia "visible seulement par temps de brume" si chère à Robert Brasillach...

Le problème avec ces Sarkozy, ces Macron et consorts, c'est qu'ils refusent la part de mystère du monde ou, comme le dit Roger Milliot, ils "refusent le halo autour des choses", le problème, c'est qu'ils appellent solidarité la cohabitation". A chaque fois qu'on les contredit, ils se brusquent et invoquent aussitôt la déesse TINA, vous savez la devise de Margaret Thatcher ; T. I. N. A., "There Is No Alternative", la divinité suprême de notre époque.

Vous en voulez des mesures technocratiques autoritaires ? En voici une: dans quelques heures en effet, se balader en forêt, déambuler dans son quartier seront passibles de 135 euros d'amende. Ces lois technocratiques et autoritaires - dont l'efficacité restent à prouver - ne sont à mon avis que la continuité des limitations de vitesse imposées sous Nicolas Sarkozy. Elles n'ont rien à voir avec le bien des gens, leur santé, mais tout à voir avec le processus de domestication du peuple.

Bref, assez parlé ! Il faut agir, car il est des circonstances où hésiter, c'est consentir. A minuit sonné de ce vendredi 30 octobre 2020, l'assignation à résidence entre en vigueur. Minuit, heure fatidique ! Les villes françaises se transformeront en usine intensive de poulets d'élevage, et les carrosses sans doute aussi, en citrouilles !

pays-bas-kinderdijk.1529129.w740.jpg

waterrecratie-groningen.jpg

34.large.jpeg

C'est donc décidé ! J'enfile mon duvet norvégien, mon ciré imperméable et mon camping-gaz dans mes sacoches vélo puis, tout de go sur ma bicyclette, je traverse la frontière !

Si tout va bien, dans quelques jours, je traverserai une seconde frontière, puis, je parviendrais dans la ferme où m'attend Wim. Wim est un ami néerlandais un peu solitaire. Il vit dans une ferme isolée au milieu du "polder", la vaste plaine hollandaise plantée de moulins à vent.

Les chevaux de traits, les moutons de Texel, le vent de la Mer du Nord qui soulève le foin telle une mèche blonde, et "les soleils mouillés de ces ciels brouillés" si chers à Baudelaire... c'est tout cet univers qui m'attend là-bas, au Pays Bas, du côté de Groningen...

Au fond, mon rêve n'est pas si compliqué, beaucoup de gens le partage, c'est le rêve d'une existence simple et heureuse, débarrassée de toute cette technostructure qui nous digère chaque jour davantage à coup de lois toujours plus coercitives. Ce que nous voulons, c'est vivre enfin à l'air libre, c'est respirer. C'est vivre dignement sur terre.

Frédéric Andreu

Contact : fredericandreu@yahoo.fr

La résistible ascension des "Villageois planétaires"

ob_9126b8_1065255.jpg

La résistible ascension des «Villageois planétaires»

par Daniel COLOGNE

Conscients de l’obsolescence des clivages politiques et socio-économiques (Droite – Gauche, bourgeoisie – prolétariat), certains chercheurs proposent des nouvelles lignes de démarcation, culturelles, métapolitiques, voire anthropologiques. David Goodhart suggère une distinction entre les « Partout » (anywhere) et les « Quelque Part » (somewhere), et à l’intérieur de ces deux clans des sous-groupes extrémistes : les « Villageois planétaires » et les « Autoritaristes endurcis ».

Les pages qui suivent s’inspirent largement du livre de Goodhart. Je reprendrai désormais ces expressions sans mettre les guillemets. Quant à l’adjectif « résistible », il renvoie à Bertolt Brecht et à sa pièce La résistible ascension d’Arturo Ui. Il importe en effet de s’interroger sur la domination grandissante des types humains Partout et Villageois planétaires et sur la possibilité de la freiner ou d’y mettre un terme à la faveur d’une « noomachie » conduite par un « bloc contre-hégémonique », pour reprendre les termes d’Alexandre Douguine (1).

Goodhart s’appuie sur les résultats d’enquêtes et de sondages. Certes, les statistiques comportent une part d’« illusion » inhérente au « règne de la quantité » (René Guénon). Mais les chiffres qui parsèment le livre correspondent assez bien aux tendances actuelles telles que les ressentent nos lectrices et lecteurs. Ils rejoignent mon propre ressenti pour les trois pays d’Europe francophone où j’ai vécu et pour les soixante dernières années. Goodhart cite d’ailleurs des travaux effectués en Suisse, ainsi que des recherches menées aux États-Unis. La portée de son ouvrage dépasse largement le cadre du Royaume-Uni.

images4.persgroep.net.jpg

C’est au seuil de la cinquantaine que je découvre Internet après avoir grandi avec un père représentant pour un fabricant de papier carbone. Je suis un produit de l’exode rural, un fils d’immigrés wallons venus s’installer à Bruxelles en février 1940. Après la traite des Noirs et avant les vagues migratoires issues successivement des rives Nord et Sud de la Méditerranée, le dépeuplement des campagnes constitue une des formes d’arrachement des Quelque Part à leur milieu ancestral pour en faire des Partout aux yeux desquels on fait miroiter le prétendu El Dorado citadin.

En moins de deux décennies, certains vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale ont perdu leurs empires (2) ultra-marins. Ce paradoxe a marqué la génération des enfants nés vers 1950. Chez ceux qui se sont assimilés au clan des Partout, on observe une sorte de culpabilité post-coloniale et le désir d’imposer une « relecture flagellatrice » de l’histoire européenne, selon l’excellente formule d’un rédacteur d’Éléments.

Dans la revue Culture Normande (3), Didier Patte distingue « la notion idéologique de colonialisme » et « la réalité certes ambiguë de la colonisation ». Entre les deux persiste une « équivoque soigneusement entretenue ». Certes, la colonisation est riche en excès et abus en tous genres, mais elle a aussi permis la construction d’écoles, d’hôpitaux, d’infrastructures routières et ferroviaires, comme l’a souligné l’acteur Roger Hanin peu avant son décès. Les Européens d’aujourd’hui n’ont pas à battre leur coulpe pour des exactions commises par leurs ancêtres issus de cinq ou six pays (4) riverains de l’Atlantique et de la Mer du Nord. Goodhart considère l’enseignement supérieur universitaire comme le principal foyer de gestation de la mentalité des Partout et des Villageois planétaires. Il note cependant qu’une fraction de la jeunesse semble avoir déjà basculé dans le clan des Partout avant même son entrée à l’université. Cela n’est pas surprenant pour qui se remémore le tourbillon de réformes qui s’est abattu, dans les années 1970, sur les études secondaires.

anthelupt-1368535573.jpg

Jusqu’en 1965, j’ai vécu toute ma scolarité dans un régime ultra-directif, et ceci malgré la variété de la coloration idéologique des écoles : cycle primaire dans un établissement communal d’orientation socialiste, un premier athénée dirigé par un franc-maçon notoire et un second athénée à la tête duquel se trouve un préfet membre des Scriptores Catholici. Même après Mai 68 et ses assemblées libres peu mouvementées – il est vrai – en comparaison des événements parisiens, les stages de l’Université de Bruxelles en vue d’obtenir l’agrégation restent marqués par une pédagogie autoritaire. Nous sommes alors en 1969.

Mais lorsqu’en février 1972, après un passage dans une école privée (non confessionnelle) de Genève j’entre dans l’enseignement officiel du canton, la découverte d’une pédagogie laxiste et permissive constitue un choc que je vis assez mal. À Genève sévissent alors ceux qu’Éric Zemmour appelle les « pédagogistes » : des concepteurs de bureau qui élaborent des théories sacrifiant toute forme de discipline sur l’autel de la « créativité », mais qui ne se confrontent jamais aux classes de vingt-cinq adolescents guettant la première occasion de perturber le cours.

311oZpMlZuL._SX362_BO1,204,203,200_.jpgDans toute l’Europe francophone apparaît brusquement « rénové », c’est-à-dire en rupture avec l’autorité magistrale, les techniques de dressage (Roland Barthes qualifie l’orthographe de « fasciste »), l’enracinement dans l’histoire nationale et l’apprentissage des langues anciennes (latin, grec). On retrouve dans la mentalité des Partout cette hantise de la « réalisation de soi » au mépris de toute règle contraignante, de toute référence au passé et de tout sentiment d’appartenance à une communauté organique.

Avant d’examiner comment ces Partout deviennent des Villageois planétaires au contact du monde universitaire, soulignons que les pédagogies non-directives inaugurent, pour le demi-siècle suivant, une série de bouleversements sociétaux qui désarçonnent les Quelque Part en raison de leur rapidité et de leur cumul relayé par les media : dépénalisation de l’avortement et de l’euthanasie, abolition de la peine de mort, mariage pour tous, GPA, PMA. Alors que chacune de ces mesures nécessite une approche singulière et un long temps de réflexion, nous sommes désormais tenus de les accepter en bloc, sans réserve ni délai, sous peine d’être traités de réactionnaires. Il en résulte un « retour de bâton », un « puissant contrecoup » qui génère les « Autoritaristes endurcis ». Goodhart se réfère ici à sa collègue Karen Stenner, titulaire d’un doctorat en psychologie politique, qui a parfaitement saisi cette dialectique des extrêmes analogue au binôme alchimique solve – coagula (dissolution – durcissement).

Contrairement à ce qu’affirme Goodhart à propos de l’enseignement supérieur, le système des campus résidentiels (un internat jouxtant les salles de cours et les amphithéâtres) n’est pas une exception britannique. Dans la région liégeoise, où je vis depuis 2015, je connais au moins trois hautes écoles doublées d’un pensionnat. En outre, toutes les villes universitaires belges renferment un important parc immobilier de logements estudiantins (en Belgique on les appelle les kots). La pratique de la colocation (à deux ou à plusieurs) est fréquente et favorise les contacts inter-culturels et inter-ethniques.

1200px-erasmus_logo.svg_.pngÀ l’époque où j’étudiais à l’Université de Bruxelles, il y avait deux cités universitaires : l’une pour les garçons au cœur du campus, l’autre pour les jeunes filles légèrement en dehors. Ainsi pouvaient déjà se côtoyer, vers 1970, des jeunes provenant de toutes les provinces du Royaume. Le programme Erasmus, d’abord à l’échelon européen, puis au plan mondial, accentue ensuite cet élargissement des horizons et l’impression que « le monde est un village », pour reprendre le titre d’une émission créée par la radio belge francophone en 1998. « La massification de l’enseignement supérieur », l’émergence d’un « secteur universitaire hypertrophié » : voilà des phénomènes qui remontent aux années 1960, vont de pair avec une disqualification du travail manuel et ipso facto avec l’immigration fournissant au patronat une armée de réserve, une classe ouvrière de rechange.

Depuis 1953, dans le quartier où mes parents font construire leur maison, les immeubles poussent comme des champignons grâce à des maçons italiens. Une décennie plus tard, c’est un chauffeur originaire d’Oujda qui m’emmène de Molenbeek au campus situé à l’autre bout de la capitale. Sans omettre l’importance de la communauté turque dans des communes comme Saint-Josse ou Schaerbeek, ainsi que dans certaines régions wallonnes, c’est l’accord belgo-marocain de 1964 qui constitue le principal fondement de la politique belge d’immigration. L’immigration est une des « pommes de discorde » entre les deux clans et a fortiori entre leurs sous-groupes extrémistes.

Sans faire la moindre concession au politiquement correct, Goodhart analyse le problème avec sérénité et ne jette jamais de l’huile sur le feu. En conclusion, il espère même la réconciliation des deux clans qui sont « les deux moitiés de l’âme politique de l’humanité ». Il faut néanmoins pointer du doigt quelques grossières erreurs de politique migratoire, en Belgique comme en France. Le regroupement familial, qui reconstitue chez les immigrés, sinon la tribu, au moins ce que les ethnologues appellent la « grande famille », est autorisé au moment même où notre famille « nucléaire » (noyau père – mère – enfants) commence à se décomposer.

De surcroît, cette mesure coïncide avec le début des réformes sociétales signalées plus haut et propres à heurter l’atavisme musulman de ces populations, à le réveiller sous des formes « Autoritaristes endurcies ». De nombreux jeunes Belges d’origine marocaine fréquentent aujourd’hui les universités. Des jeunes filles voilées entreprennent des études aussi diverses que le droit, le commerce, la logopédie ou la biologie médicale. On a voulu en faire des Partout mais elles semblent rejoindre les rangs des Quelque Part dans l’adhésion à un certain conservatisme.

factsandtrends.net-credit-photo.jpg

Selon Goodhart, ce phénomène concerne aussi une partie de la jeunesse autochtone, celle qu’il nomme la « génération Z » (jeunes filles et garçons nés après 2001). Cela donne l’espoir d’une résilience face au traumatisme de la « grande libéralisation » qui, depuis une quarantaine d’années, se présente volontiers comme un processus aussi irréversible que la succession des saisons. Après tout, parmi les 7,3 milliards de Terriens, « à peine plus de 3 % vivent hors de leur pays de naissance ». Dans ces 200 ou 250 millions de personnes, beaucoup se situent dans une zone intermédiaire entre les deux clans. La planète est donc gouvernée par une minorité de Partout et de Villageois planétaires : nouvelles élites « créatives » de l’Occident post-moderne et milliardaires émergents de l’ancien Tiers Monde.

Les « secteurs » et les « milieux » de la « création » sont, selon Goodhart, avec les universités et la caste médiatique, les plus importants fournisseurs de Partout et de Villageois planétaires. Le flou qui entoure la notion de « création » constitue à mon avis le seul point faible du livre de Goodhart. Je suppose qu’il utilise le mot « création » dans une acception large, non limitée aux arts et aux lettres. Je présume qu’il envisage aussi toute l’industrie du divertissement : tourisme, mode, sport, cinéma, variétés. J’espère pouvoir l’un ou l’autre article à l’application de la grille de lecture de Goodhart dans certains domaines sportifs (5) ou dans le secteur de la chanson française « à texte » (6).

41N2G+tUmcL._SX195_.jpgJe recommande tout spécialement, dans le livre de Goodhart, la lecture de la page 251. L’auteur y développe une critique de l’égalitarisme qui repose sur la distinction entre l’équité et l’équivalence. Les sondages montrent que les Quelque Part acceptent les réformes sociétales de la « grande libéralisation » dans la mesure où les circonstances les rendent équitables : par exemple, refuser l’avortement de confort, mais tolérer l’interruption volontaire d’une grossesse non désirée. En revanche, l’équivalence est érigée en dogme par les Partout qui considèrent que l’enseignement ne doit pas « remplir les cerveaux », mais « libérer ce qui s’y trouve déjà ». En d’autres termes, n’importe qui est capable de faire n’importe quoi en n’importe quel moment ou endroit. Cette vision du monde est à rebours de la conception du « temps qualifié » développée par Jean Phaure dans le sillage de René Guénon qui, de son côté, parle des « déterminations qualitatives de l’espace ». Ici s’impose également un renvoi à Julius Evola et à son chapitre « L’Espace, le Temps, la Terre » dans Révolte contre le monde moderne.

Comme les Partout et les Quelque Part de Goodhart, les « races de l’esprit » d’Evola reposent sur des visions du monde transversales qui dépassent le sfractures sociales ou ethniques. Un compromis est-il possible entre les deux clans ? Il faudrait pour cela « que les Partout cessent de prendre de haut les Quelque Part, blancs ou non, qu’ils apprennent à accepter la légitimité d’opinions contraires ». Les Quelque Part devraient se rendre compte qu’ils « ne peuvent pas exercer le pouvoir politique en braillant des insultes depuis le banc de touche – se sentir pris de haut n’est pas une raison suffisante pour porter un démagogue inexpérimenté à la présidence ».

telle pourrait être une conclusion respectueuse de l’état d’esprit de David Goodhart toujours ouvert au dialogue. Mais l’éventualité d’une « fracture » non résorbable n’est pas à exclure. Il y aurait alors, d’un côté, la mondialisation « sans racines et où plus rien n’est sacré », l’idéologie des Villageois planétaires où se dissoudraient les identités locales, nationales et continentales. En face se dresserait un « bloc contre-hégémonique », parfois exempt de durcissements monolithiques. Ce serait une sorte de fédérations d’empires se respectant les uns les autres, bâtis sur les affinités ethniques de leurs populations et renouant avec leur héritages spirituels. Ainsi serait l’Europe dans ce « nouvel ordre de la Terre » : un Phénix renaissant des cendres de l’Union européenne, un « empire sans impérialisme », selon la belle formule que nous a malheureusement confisquée Manuel Barroso.

Daniel Cologne

Notes

indexadnoom.jpg1 : Voir dans Synthèse nationale (numéro d’hiver 2020), la recension de deux livres d’Alexandre Douguine par Georges Feltin-Tracol. Selon l’étymologie grecque, « noomachie » signifie « combat spirituel ».

2 : Cet impérialisme moderne n’a rien à voir avec l’idée traditionnelle d’imperium développée par Julius Evola.

3 : n° 66, février 2020, p. 28.

4 : Aux cinq grandes puissances coloniales d’Europe occidentale, j’ajoute la Belgique qui, avant de coloniser le Congo sous Léopold II, avait déjà des vues sur la Chine et le Guatemala sous Léopold Ier.

5 : Il est clair que l’« arrêt Bosman » (1995) a fait basculer le football du clan des Quelque Part au clan des Partout. Le joueur liégeois Jean-Marc Bosman s’est vu refuser un transfert à Dunkerque et a saisi la Cour européenne de justice qui lui a donné raison au nom de la libre circulation des travailleurs dans l’UE.

6 : On peut observer chez Brel, Aznavour, Nougaro et bien d’autres un mélange de Quelque Part et de Partout. Nougaro est sublime quand il célèbre sa ville natale de Toulouse mais, par ailleurs, il dénie à la race blanche l’aptitude à l’élan mystique :

« Quel manque de pot

Je suis blanc de pot

Rien ne luit là-haut

Les anges zéro

Je suis blanc de peau. »

On retrouve ici le complexe de culpabilité post-coloniale propre aux Partout.

David Goodhart, Les deux clans. La nouvelle fracture mondiale, Les Arènes, 2019, 400 p., 20,90 € (version originale anglaise parue à Londres en 2016).

David Goodhart: les têtes, les mains, le coeur

i282882364652602951._szw1280h1280_.jpg

David Goodhart: les têtes, les mains, le coeur

Head Hand Heart

The Struggle for Dignity and Status in the 21st Century

David Goodhart

Allen Lane, 368 p.

Ex: http://www.micheletribalat.fr

En 2017, David Goodhart publiait The Road to Somewhere[1] qui fut traduit en français en 2019 aux Arènes. L’éditeur français a été plus prompt cette fois puisque la traduction française sort deux mois seulement après la parution anglaise sous un titre reprenant littéralement le titre anglais. En ce qui me concerne, j’avais déjà acquis et lu la version anglaise. C’est donc à partir de celle-ci que je vais essayer de donner une idée du livre. Des extraits ont été publiés dans Le Figaro Vox et les pages Débats du Figaro du 6 octobre 2020[2]. Ce livre est un approfondissement d’un chapitre du précédent qui traitait de la « méritocratie héréditaire ».

Goodhart-Headshot-200x300-300x300.jpgAprès bien d’autres, d’ailleurs cités par l’auteur (y compris Charles Murray[3] d’habitude oublié ou cité avec des pincettes), David Goodhart met en cause la hiérarchisation actuelle des sociétés occidentales en termes d’avantages et de statut, à laquelle a conduit l’économie de la connaissance. Celle-ci, fondée sur une méritocratie cognitive, a abouti à la formation d’une classe cognitive puissante qui façonne la société dans son propre intérêt en valorisant la mobilité sociale et géographique. Il retrace ce qui a conduit à la prise de contrôle de la société par la classe cognitive au Royaume-Uni et aux Etats-Unis, mais aussi plus succinctement en Allemagne et en France, s’interroge sur les tendances futures des besoins économiques compte tenu de la robotisation et esquisse quelques suggestions pour rééquilibrer la considération et le statut attachés aux métiers manuels et du soin par rapport aux métiers intellectuels.

Le privilège cognitif

La priorité affectée par les politiques à l’éducation supérieure de type universitaire et généraliste a dessiné un sens unique vers la réussite. Pourtant, jusqu’au milieu du XXème siècle, les diplômes ont joué un rôle mineur dans la réussite économique et professionnelle. Sans avoir suivi un enseignement supérieur, on pouvait progresser dans sa carrière.

Le biais anti-technique était très fort en Angleterre, contrairement à l’Allemagne. En 1873, c’est Oxford et Cambridge qui administraient les examens du secondaire. Mais le nombre d’adultes ayant fait de longues études est resté longtemps trop petit pour exercer une influence significative. Puis, tout particulièrement au Royaume-Uni et aux États-Unis, l’orientation vers une économie post-industrielle a fait de l’enseignement supérieur la voie royale pour développer la finance, l’innovation et les services. Du temps de Margaret Thatcher, l’apprentissage était très mal vu car jugé trop protectionniste et destiné à des emplois voués à disparaître.

La prédominance des facultés cognitives a été favorisée par l’élaboration de moyens pour les mesurer (tests de QI), tout particulièrement aux Etats-Unis où ils furent importés dans l’éducation par l’institutionnalisation des Scholastic Aptitude Test (SAT), après un usage massif dans l’armée lors de la 1ère guerre mondiale. La composante génétique de l’intelligence reste aujourd’hui très débattue, malgré les progrès énormes accomplis par la recherche sur le sujet, avec des chercheurs qui préfèrent travailler dans l’ombre que sous la lumière. Dans son dernier livre, Charles Murray remercie ceux qui ont bien voulu en relire des passages sans citer leur nom pour ne pas leur causer du tort ![4] David Goodhart retient ce qu’écrivent « la plupart » des scientifiques travaillant sur l’intelligence cognitive : la moitié des différences serait d’ordre génétique, l’autre moitié tiendrait à l’environnement.

411yAnI+-7L._SX325_BO1,204,203,200_.jpgC’est la sélection croissante, au cours de 70 dernières années, sur les performances cognitives dans l’éducation supérieure qui a abouti à la création d’une classe cognitive, renforcée aujourd’hui par l’endogamie cognitive (combinant héritage génétique et ressources pour l’éducation), rendue plus facile avec l’accès croissant des femmes à l’éducation supérieure. Dans Coming Apart , Charles Murray avait montré que Princeton et Yale accueillaient plus d’étudiants provenant du dernier centile que des 6 premiers déciles de revenu.

N’oublions pas non plus que la focalisation extrême sur les capacités cognitives tient aussi au climat du suspicion généralisée de biais, conscients ou non, dans les admissions universitaires et dans l’entreprise.

Les revers de la diplômanie dans l’économie…

Les politiques qui cherchent à combiner – c’est particulièrement visible aux Etats-Unis et au Royaume-Uni – une massification de l’enseignement supérieur et une sélection de l’élite, ont privilégié cette dernière. C’est vrai dans ces pays avec leurs universités d’élite – Ivy League aux Etats-Unis et Russel Group au Royaume-Uni - mais aussi en France avec ses grandes écoles qui n’accueillent que 3 à 4 % des étudiants mais reçoivent 30 % du financement de l’éducation supérieure.

La massification a réduit la valeur des diplômes et provoqué une surenchère. Là où une maîtrise suffisait, il faut maintenant un doctorat. Le diplôme du supérieur est devenu, pour les employeurs, plus un signal sur les compétences sociales (application, concentration, aptitude au travail collectif…) qu’une garantie d’ acquisition de savoirs utiles. Comme l’écrit David Goodhart, il existe sans doute d’autres moyens d’acquérir ces compétences sociales que d’envoyer les jeunes trois ans à l’université. Et, ajoute-t-il, il faut parfois se débarrasser des mauvaises manies qu’on y a acquises. Il en va ainsi du journalisme : « écrire dans une prose simple et directe et apprendre à mettre en avant les faits les plus intéressants d’une histoire peut s’avérer incroyablement difficile après trois ans d’absorption du discours postmoderne. »  (traduction personnelle).

La course au diplôme a asséché l’intelligentsia ouvrière et poussé vers le bas les moins diplômés, dont, d’après l’OCDE, les salaires relatifs baissent depuis les années 1980.

Elle a entraîné des déséquilibres géographiques en drainant vers les grandes métropoles les plus brillants et les plus riches. Au Royaume-Uni, ce déséquilibre a été aggravé par la pratique de l’internat et par l’effet Londres. L’entre-soi est tel que peu de liens survivent après le lycée. Evidemment, seul les jeunes des milieux défavorisés en ayant les capacités devraient être encouragés à aller dans les universités d’élite. La volonté d’étendre l’université à tous et les discours sur la mobilité sociale sont une forme de narcissisme : « soyez comme nous ! ».

Cette frénésie pour les diplômes a créé un effet de troupeau chez les employeurs. Aujourd’hui, au Royaume-Uni, un tiers des policiers sont diplômés du supérieur (contre 1,6 % en 1979) et, en Angleterre-Galles, le College of Policing a annoncé que tous les nouveaux officiers de police devraient avoir un diplôme du supérieur pour augmenter les capacités de la police à recruter des gens « vraiment bien ».

La diplômanie a bouché l’horizon des peu diplômés en leur fermant la porte à l’avancement interne. Et des nouvelles recrues plus diplômées ont poussé vers le bas des gens meilleurs qu’elles. Ajoutons à cela l’arrivée des femmes au cours des trente dernières années dans les emplois diplômés, alors que travailleurs manuels masculins ont été les grands perdants de la montée de l’économie du savoir.

9780241391570.jpgEt en politique

Si, au 19ème siècle, les dirigeants étaient choisis parmi les mieux éduqués, ce n’était pas la source de leur pouvoir. Ils le tiraient de leur classe sociale et de leurs biens. Au Royaume-Uni, en 1964, les diplômés du supérieur étaient encore minoritaires au Parlement. Aujourd’hui, le niveau éducatif des politiques diffère beaucoup de celui des citoyens. Aux partis, syndicats, églises enracinés dans des communautés se sont substitués les ONG, les forums de discussion unis par une communauté d’idées. Si c’est plutôt bien d’avoir au pouvoir des gens diplômés, le problème est qu’ils ont tendance a confondre leur propre intérêt avec le bien commun et qu’ils voient trop souvent leurs concitoyens peu diplômés comme des arriérés irrationnels. De nombreux sujets, comme l’immigration, ont été retirés de l’arène démocratique et les décisions prises en dehors (banque centrale, arrêts juridiques, bureaucratie) le sont en fonction des priorités de la classe cognitive. Une enquête de Yougov en 2019 a montré que 80 % des parlementaires britanniques pensent qu’ils sont élus pour exercer leur jugement personnel quand 63 % des électeurs pensent que les parlementaires devraient agir en fonction des souhaits des électeurs. Seulement 7 % des électeurs pensent que les parlementaires devraient exercer leur propre jugement. Il faudrait donc parvenir à une représentation plus diversifiée.

Déclin des travaux et qualifications manuels

Le statut des travailleurs manuels n’a pas toujours été aussi bas. Dans les 70 1ères années du XXème siècle, les travailleurs manuels méprisaient les cols blancs, même si les mères rêvaient d’un emploi de bureau pour leurs enfants. Ensuite, le travail manuel est devenu impopulaire et ringardisé sous l’effet de l’attraction de l’université. Au Royaume–Uni, nombre de ces emplois ont été pris pas des étrangers venus ces quinze dernières années des nouveaux pays entrants dans l’UE (Pologne surtout). S’il n’y a pas à regretter la disparition d’emplois très pénibles, le déclin des compétences manuelles et pratiques dans la population n’est pas forcément un progrès. Et, comme l’avait anticipé Daniel Bell dans ses écrits sur la société post-industrielle, la progression du statut des travailleurs intellectuels s’est accompagnée d’une routinisation et d’une perte d’autonomie vers le bas de la pyramide hiérarchique. Pour David Goodhart, le déclin du salaire relatif, la perte de sens et d’autonomie au travail, conjugués à très peu de perspectives d’avancement font de la perte de statut des non diplômés du supérieur un fait social majeur.

Dévalorisation des compétences dans le soin

La plupart des économistes ne s’intéressent pas à l’éducation des enfants et aux soins des personnes âgées dans la sphère privée car cela n’entre pas dans le calcul du PIB. Des féministes y voient un piège et une oppression. Et les politiciens ont tendance à n’écouter que les femmes du haut de la pyramide sociale qui sont remontées contre les tâches domestiques.

imagesdgbrdr.pngL’économie du soin a un double problème : il est de moins en moins attractif et ceux qui y travaillent s’en vont, souvent désenchantés. Les hommes, particulièrement ceux qui ont un faible statut, ont perdu, sans pouvoir rien mettre à la place, leur rôle principal qui était celui de gagner l’argent de la famille. Un nombre disproportionné de métiers qui ne peuvent être automatisés sont traditionnellement occupés par des femmes, métiers qui n’attirent pas les hommes. Daniel Susskind, dans A World Without Work, publié en 2020, rapporte les résultats d’une enquête au Royaume-Uni selon laquelle « la plupart des hommes qui ont perdu leur emploi industriel préfèrent ne pas travailler que de prendre  un “pink collar work » (traduction personnelle).

Ce que nous réserve l’avenir

Les perpectives d’évolution du marché du travail dessinent une pyramide dans laquelle il y aura moins de place en haut. À l’âge des robots, on n’a besoin que d’un très petit nombre de gens très intelligents dans les technologies de l’information. Pour Phil Braun et Hugh Lauder, la nouvelle hiérarchisation devrait comporter trois fonctions : 1) les développeurs, autorisés à penser, qui devraient représenter 10 à 15 % d’une organisation professionnelle ; 2) les démonstrateurs formés de diplômés déqualifiés qui exécutent et mettent en œuvre les connaissances existantes (bien communiquer sera leur principale fonction) ; 3) ceux qu’il appelle des drones et qui accomplissent des taches monotones et répétitives. Une économie qui aurait toujours plus besoin de diplômés du supérieur, idée qui plaisait tant aux économistes et aux politiques parce qu’elle semblait résoudre à la fois le problème économique et celui de l’équité, ne sera pas la solution. La valeur de signal des diplômes devrait baisser auprès des entrepreneurs qui pourraient se tourner plus vers l’apprentissage.

Les propositions de David Goodhart à débattre

Si la société occidentale a été dominée dans les deux dernières générations par des forces centrifuges qui ont étendu la liberté individuelle mais affaibli les liens collectifs, des tendances récentes et la pandémie du Covid-19 suggèrent que nous entrons dans une phase centripète, avec une  consolidation de l’État national et une ouverture économique et culturelle plus limitée.

41N2G+tUmcL._SX195_.jpgS’il faut préserver les procédures de sélection méritocratiques, il faut aussi veiller à répartir respect et statut plus équitablement en élargissant les sources de réussite et en élevant le statut de ceux qui ne vont pas à l’université. Les dernières recherches sur les capacités cognitives pourraient nous y aider. Une étude menée à l’université Carnegie Mellon aux États-Unis définit trois types de styles cognitifs : la verbalisation (journalistes, avocats…) ; la visualisation spatiale (ceux qui pensent analytiquement : ingénieurs, mathématiciens…) ; la visualisation des objets (artistes…) qui ont tendance à penser un contexte plus large. Mais la diversité doit aussi s’appliquer aux idéologies et valeurs politiques.

Pour réduire les inégalités, David Goodhart suggère diverses taxations et moyens de réduire les rentes de ceux qui sont entrés les 1ers dans l’univers digital. Mais aussi le recours au déshonneur public des PDG qui se goinfrent abusivement. Un exemple : depuis 2020, toutes les entreprises britanniques de plus de 250 salariés doivent publier le ratio entre la paye du PDG et la paye moyenne du salarié de l’entreprise. Pour réduire les fractures géographiques, il propose diverses interventions publiques, comme l’investissement dans les centres villes pour que les pauvres puissent s’y maintenir. Il faut, dit-il, subventionner ceux qui restent (par exemple un Pub local pour lui éviter de fermer).

Il faut, écrit-il, revaloriser les métiers du soin. Symboliquement, l’inclusion du travail à la maison dans le PIB, s’il ne rend pas plus riche, pourrait contribuer à valoriser les activités domestiques. Il faut aussi attirer plus d’hommes dans ces métiers, peut-être en introduisant une forme de discrimination positive accompagnée d’une révision des appellations de métiers (infirmière par exemple) et une automation qui les rendrait plus attractifs. En capitalisant sur l’expérience du Covid-19, pourquoi ne pas créer une « armée de réserve » pour la santé, composée de gens ayant des formations basiques, écrit-il ? Pour revaloriser une forme d’artisanat, il propose d’obliger les jeunes à détenir, à 18 ans, une qualification manuelle (de la menuiserie au codage). Ce serait une sorte de service civique dispensé dans des centres dédiés, qui serait l’occasion d’un brassage social et ethnique et viendrait en plus d’une diversification des parcours à l’école et après l’école valorisant les trois H du titre du livre de David Goodhart.



[1] Notes de lecture ici : http://www.micheletribalat.fr/436804830.

[2] https://www.lefigaro.fr/vox/societe/les-extraits-du-livre-evenement-de-l-essayiste-britannique-david-goodhart-20201005.

[3] Pour son livre Coming Apart, publié en 2013 (pour un commentaire voir http://www.micheletribalat.fr/434724335). Le dernier livre de Charles Murray, Human Diversity, a été publié en janvier 2020, trop tard pour que David Goodhart intègre ses analyses, ce qui lui aurait été bien utile sur tout ce qui touche à l’intelligence et au QI. Dans ce livre, Charles Murray fait le tour des études, y compris les plus récentes, sur le sujet.

[4] “I am a controversial fugure. The last thing a geneticist or a neuroscientist working on college campus needs is to be thanked by me.”

00:43 Publié dans Actualité, Livre, Livre, Sociologie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : david goodhart, livre, sociologie | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

dimanche, 08 novembre 2020

Reichsidee und Großraum

Coat_of_arms_of_Austro-Hungarian_Empire_1846.png

Reichsidee und Großraum

Von Alexander Markovics

Der Begriff „Reich“ ist in der deutschen Geschichte besonders wirkmächtig. Das kann man alleine schon daran erkennen, dass sich über den größten Teil der deutschen Geschichte von Karl dem Großen bis zum Ende des Zweiten Weltkrieges die Herrschaftsformen auf deutschem Gebiet als „Reich“ bezeichneten. Sowohl das Heilige Römische Reich mit seiner hierarchischen Ständegesellschaft, Fürsten und dem Kaiser an der Spitze, als auch der im Spiegelsaal von Versailles proklamierte Nationalstaat des Zweiten Reiches, sowie das Dritte Reich des nationalsozialistischen Führerstaates trugen allesamt diese Bezeichnung. Erst im Zuge der deutschen Niederlage 1945 trat plötzlich die Republik – in ihrer liberalistischen (BRD) und kommunistischen (DDR) Prägung – auf die Bühne der deutschen Geschichte. Zudem erlangten im Zuge der Proteste gegen die merkelsche Coronapolitik die sogenannten „Reichsbürger“ steigende Bekanntheit, die die Legitmität und Souveränität der BRD bestreiten. Angesichts dieser Verwirrung der Begriffe scheint es notwendig, den Begriff des Reiches klarzustellen und der Frage nachzugehen, ob das Reich das Potenzial dazu hat die Zukunft Deutschland und Europas zu bestimmen.

Wollen wir zum Ursprung des Reiches und damit der Reichsidee gehen, müssen wir in der indoeuropäischen Geschichte weit zurückgehen, genauer gesagt zum Weltreich Alexander des Großen. Im Zuge der Eroberung des iranischen Achämenidenreiches kam es nicht nur zur Eroberung des Nahen Osten durch Alexander von Makedonien, sondern auch zu einer geistigen Symbiose. Dadurch entstand nicht nur der Hellenismus – der zur Grundlage der europäischen Kultur wurde – sondern es fand das Denken der Iraner auch erstmals Eingang in das griechische Denken. So wie die Hellenen ab Alexander durch ihr Denken den Nahen Osten und Europa beeinflussten, taten dies vor ihnen die ebenfalls indoeuropäischen Achämeniden in ihrem Weltreich von Ägypten bis Persien. Dadurch kamen die Griechen in den Kontakt mit der Geschichte im Sinne einer zielgerichteten, heilgeschichtlichen Entwicklung und der Idee des Messias, dem Sajoschant, der am Ende der Zeiten die Armeen der Dunkelheit vernichten und dem Licht zum Sieg verhelfen sollte. Dieser dem Hellenismus vorangehende „Iranismus“ wurde somit neben dem Denken der Griechen zur Grundlage der europäischen Zivilisation, wie der russische Philosoph Alexander Dugin in seinen einführenden Vorlesungen zur Noomachie darlegt.

kopien-kroenungsinsignien-p.jpg

Da unsere Geschichtsschreibung durch griechische Quellen und Historiker geprägt ist und wir somit die Eroberungszüge Alexanders nur aus der Sicht der Eroberer, nahm man diese Errungenschaften als Produkt des griechischen bzw. jüdischen Denkens (durch das Alte Testament) wahr. Im Römischen Reich, welches das Erbe der Griechen antrat, trat nun eine konkrete Vorstellung des Reiches dazu. So war bereits das heidnische Rom ein Herrschaftsgebiet, dass verschiedenste Völker und Stämme unter seiner Führung vereinte. Dabei tolerierte das Reich die Existenz verschiedener Völker in den von ihnen besiedelten Ländern und übernahm sogar Teile ihres religiösen Kultes. Zwar herrschte das Zentrum Rom über weite Teile des heutigen Europas, Nordafrikas und des Nahen Ostens nicht nur militärisch, sondern auch kulturell im Sinne des hellenistischen Denkens welches mit den römischen Legionen verbreitet wurde, jedoch duldete es eine gewisse Autonomie der unterworfenen Völker, solange diese nicht in den Aufstand gegen Rom traten. An seiner Spitze stand schließlich der römische Kaiser, der als oberster Brückenbauer „pontifex maximus“ auch eine sakrale Funktion inne hatte und somit kein rein weltlicher Herrscher war, sondern auch die göttliche Ordnung verkörperte. 

Mit dem Christentum als Staatsreligion veränderte sich auch die Reichsideologie. Der Kaiser wurde zum Stellvertreter Jesus Christus auf Erden, dem die Aufgabe zufiel, die Ankunft des Antichristen zu verhindern. Er wurde damit zum Katehon, zum Aufhalter des Antichristen. Mit dem Zusammenbruch des Kaiserreiches, so die christliche Weltsicht, würde sich der Teufel von seinen Ketten in der Hölle befreien und die Herrschaft der Dunkelheit unter der Führung der scharlachroten Frau auf Erden begründen. Diese würde dann erst mit der zweiten Ankunft Jesus Christus auf Erden und dem Jüngsten Gericht beendet werden. Das christliche Reich war somit in der Vorstellung seiner Bewohner eine Friedensordnung, welche diese vor dem Bösen bewahren sollte. Mag in der heutigen aufgeklärten Gesellschaft das alles sehr ungewöhnlich klingen, so glaubten die Menschen in Europa bis zum Ende der Renaissance an diese Art von Gesellschaft.

Holy Roman I Don't Even Know.png

Deutschland_im_XVI._Jahrhundert_(Putzger).jpg

Das erste deutsche Reich, oder besser gesagt das Heilige Römische Reich, ab dem 15. Jahrhundert mit dem Zusatz „Deutscher Nation“ versehen, verstand sich selbst als Fortführung des Römischen Reiches, unter deutscher Führung. Seine Gesellschaft war im Gegensatz zur heutigen Massendemokratie hierarchisch geprägt. Der erste Stand dieser Ständegesellschaft war der geistige Adel, die Priesterschaft welche das Primat der Idee symbolisierte, gefolgt vom weltlichen Kriegeradel, den Fürsten die in ihrer Wächterfunktion Schutz und Schirm boten, sowie an letzter Stelle den Bauern, welche die materielle Grundlage der Gesellschaft garantierten. Nicht das bürgerliche Individuum und seine materiellen Interessen standen im Mittelpunkt der Gesellschaft, sondern die Geistlichkeit und die Religion, die Menschen waren nach Ständen geordnet und besaßen Rechte und Pflichten. So wie sich das Reich aus seinen Gliedern zusammensetzte, bildete das Volk eine Einheit von Bauern, Adeligen und Geistlichen ab, an dessen Spitze der Kaiser stand. Dieser stand nicht nur über seinen Fürsten, sondern auch über den anderen christlichen Königen und nahm eine Mittlerfunktion zwischen ihnen ein – dieses System von Führung und Gefolgschaft wurde erst durch das Machstreben der Päpste und ihrer Unterstützung Frankreichs untergraben.

Das Reich bot durch seinen hierarchischen Aufbau die Möglichkeit der Koexistenz einer Vielzahl von Herrschaftsformen in einem ganzen. Freie Städte und Klöster waren seine Glieder, genauso wie größere Fürstentümer, die es vor Übergriffen schützte. Die Abwehr der Türken stellte dabei einen der großen Erfolge dieser Politik dar. Somit war es sicherlich kein Nationalstaat im heutigen Sinne, sondern mehr ein Flickenteppich, der jedoch in der Lage war im Sinne des Subsidaritätsprinzips und der Autonomie regionale Angelegenheiten auch regional zu lösen und Gefahren von Außen abzuwehren. Ebenso war es multi-kulturell im Sinne eines Nebeneinanders verschiedenster Völker und Kulturen unter einem Kaiser, nicht multi-ethnisch wie Berlin-Kreuzberg. So existierte auch ein Reichsitalien als Nebenland, Slawen lebten in zahlreichen Gebieten im Osten und Süden des Reiches, ebenso wie Franzosen im Westen. Unter dem „Staunen der Welt“ wie Kaiser Friedrich der II. von Hohenstaufen genannt wurde, erstreckte sich das Reich sogar bis nach Sizilien. Vor diesem Hintergrund kam es schließlich auch erstmals zur Herausbildung einer europäischen Identität – galt den Europäern bis dahin Asien als Sehnsuchtsort und Platz des Paradies in der sakralen Geographie, wurde im 17. Jahrhundert Europa selbst als Paradies verstanden und erhielt ein eigenes Bewusstsein.

41Slx8ar6bL._SX328_BO1,204,203,200_.jpgDie Kartenbilder der „Königin Europa“ aus dieser Zeit legen Zeugnis davon ab. Wie widerständig diese Ordnung war, können wir daran erkennen, dass sie sogar den für die Deutschen katastrophalen 30 Jährigen Krieg überlebte und erst von Napoleon, dem Nationalstaat und der Aufklärung zu Fall gebracht wurden. Soviel zur Geschichte des Reiches – doch inwiefern kann es ein Modell für die Zukunft sein? Wie der konservative Revolutionär Carl Schmitt in seiner Schrift zum „Nomos der Erde“ darlegte, haben die Europäer durch ihren Versuch im Rahmen des modernen Kolonialismus die ganze Welt europäisch zu machen ihr eigenes Wesen verloren. Mit dem Ende des Zweiten Weltkriegs ist es auch als eigener politischer Pol verschwunden und zum Spielball fremder Mächte geworden. Schmitt argumentiert hier wie schon in seiner 1941 erschienen Schrift zur „Großraumordnung mit Interventionsverbot für raumfremde Mächte“ für die Schaffung eines europäischen Großraumes, der in seinem Wesen dem mittelalterlichen Reich gleichkommt.

Im Unterschied zum liberalen Staat, so Schmitt, definiert sich das Reich durch ein politisch erwachtes Volk, als Träger der politischen Ordnung, dessen Idee in den Großraum ausstrahlt. Eine solche Idee ist der christliche Reichsgedanke mit dem Konzept des Katehon, der über den Erhalt der Friedensordnung wacht und feindliche Mächte abwehrt. Vor dem Hintergrund der entstehenden Multipolaren Welt, in der bereits Russland und China eigene Großräume errichten, können die Reichsidee und das Konzept des Katheon also Orientierung für die Zukunft dienen. Angesichts der gegenwärtigen Krise der westlichen Ordnung können sich Deutschland und Europa durch die Orientierung an der eigenen Geschichte wieder eine Zukunft geben, um das gegenwärtige geistige Vakuum zu füllen. Das Anknüpfen an die Tradition bedeutet dabei nicht ein stures Festhalten an der Vergangenheit, sondern eine Umlegung der Ideen unserer Ahnen auf Gegenwart und Zukunft, um wieder an die Ewigkeit anknüpfen zu können. Angesichts der nicht nur für Christen apokalyptisch wirkenden Zustände in Europa wäre es an der Zeit, dass die Deutschen wieder ihre Rolle als reichsbildendes Volk annehmen und abermals eine gerechte Friedensordnung in Vielfalt errichten.

Homère, l'Odyssée et les évangiles: une exégèse allégorique

bf761ea18bbfb1441c5efeb8a6dce0cb.jpg

Homère, l’Odyssée et les évangiles: une exégèse allégorique

par Nicolas Bonnal

On connaît l’usage chrétien fait de la quatrième églogue de Virgile. Magnus ab integro saeclorum nascitur ordo…Des milliers de gloses furent écrites à ce sujet. On connait aussi les écrits de Porphyre sur le symbolisme des grottes dans l’Odyssée. L’exégèse allégorique d’Homère fut faite par Platon, par Plutarque, Héraclite, Cicéron dans l’Antiquité.

Millième lecture nocturne de l’Odyssée au cours d’une énième heureuse insomnie (veillez donc, vous qui ne savez pas l’heure…). Le hasard du livre électronique me mène à la fin, lorsque l’on découvre le traître chevrier Mélanthios. Ce misérable sera ligoté puis atrocement mutilé après la grande liquidation des prétendants dont nous allons reparler.

Or le matin même, nous lisions un extrait de l’évangile selon saint Matthieu (25,32) : « comme le berger sépare les brebis d’avec les chèvres ». Il y a dans l’Odyssée le bon bouvier et le bon porcher Eumaios, contre le mauvais chevrier. Le caprin comme mauvais troupeau ? Le bouc a du souci à se faire. Le bouvier et le porcher aideront Ulysse à exterminer les prétendants et découperont cruellement ce chevrier.

Serviteurs, servantes ? J’ai toujours été étonné par la cruauté du châtiment des servantes infidèles (sic), qui se retrouvent pendues. Mais elle n’est pas fortuite. Elles ont manqué au maître et à son Epouse qui l’attend. Elles ont couché avec les prétendants.

Pensons à l’Evangile (Matthieu, 25,2) :

« Alors le royaume des cieux sera fait semblable à dix vierges qui, ayant pris leurs lampes, sortirent à la rencontre de l’époux. Et cinq d’entre elles étaient prudentes, et cinq folles. Celles qui étaient folles, en prenant leurs lampes, ne prirent pas d’huile avec elles…

La punition des vierges folles est plus dure que l’Evangile selon Bergoglio et la presse néo-catho. Cela donne :

« Or, comme elles s’en allaient pour en acheter, l’époux vint; et celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui aux noces; et la porte fut fermée.

da758f5d25aef0317bd3c822a27cf638.jpg

Ensuite viennent aussi les autres vierges, disant: Seigneur, Seigneur, ouvre-nous! Mais lui, répondant, dit: En vérité, je vous dis: je ne vous connais pas. »

Un peu d’Homère ? Chant 18, traduction Leconte de Lisle, pour comprendre la fonction sacrée des servantes (ebooksgratuits.com) :

« Puis ils enduisirent les torches. Et les servantes du subtil Ulysse les allumaient tour à tour ; mais le patient et divin Ulysse leur dit :

– Servantes du roi depuis longtemps absent, rentrez dans la demeure où est la reine vénérable. Réjouissez-la, assises dans la demeure ; tournez les fuseaux et préparez les laines. Seul j’allumerai ces torches pour les éclairer tous. »

Voici ce que disait la nourrice Eurykléia (orthographe Leconte de Lisle) à Ulysse :

« Mon enfant, je te dirai la vérité. Tu as dans tes demeures cinquante femmes que nous avons instruites aux travaux, à tendre les laines et à supporter la servitude. Douze d’entre elles se sont livrées à l’impudicité. »

Génie méditerranéen : même symbolique des corps (huile, viandes, vins) et même ici des nombres.

Dimension chrétienne, évangélique alors ? Un peu le hasard, est-ce par miracle ? Le retour d’Ulysse dans sa patrie, si célébré dans notre ancienne tradition est une parousie ; et le meurtre sanglant (pensons aux larmes, aux grincements de dents – βρυγμὸς τῶν ὀδόντων…) des prétendants est une punition, un jugement dernier. Le prétendant c’est le parasitisme moderne : le politicien, l’administrateur, le taxateur, le légiste, le critique, le théologien… Tout ce qui s’est mis entre le Maître et nous, entre la Vie et nous. Mais leur crime principal c’est l’impiété.

Homère encore et toujours :

« La moire des dieux et leurs actions impies ont dompté ceux-ci. Ils n’honoraient aucun de ceux qui venaient à eux, parmi les hommes terrestres, ni le bon, ni le mauvais. C’est pourquoi ils ont subi une mort honteuse, à cause de leurs violences. »

unnamedpénélope.jpg

Homère, l’Odyssée et les évangiles : une exégèse allégorique

On connaît l’usage chrétien fait de la quatrième églogue de Virgile. Magnus ab integro saeclorum nascitur ordo…Des milliers de gloses furent écrites à ce sujet. On connait aussi les écrits de Porphyre sur le symbolisme des grottes dans l’Odyssée. L’exégèse allégorique d’Homère fut faite par Platon, par Plutarque, Héraclite, Cicéron dans l’Antiquité.

Millième lecture nocturne de l’Odyssée au cours d’une énième heureuse insomnie (veillez donc, vous qui ne savez pas l’heure…). Le hasard du livre électronique me mène à la fin, lorsque l’on découvre le traître chevrier Mélanthios. Ce misérable sera ligoté puis atrocement mutilé après la grande liquidation des prétendants dont nous allons reparler.

Or le matin même, nous lisions un extrait de l’évangile selon saint Matthieu (25,32) : « comme le berger sépare les brebis d’avec les chèvres ». Il y a dans l’Odyssée le bon bouvier et le bon porcher Eumaios, contre le mauvais chevrier. Le caprin comme mauvais troupeau ? Le bouc a du souci à se faire. Le bouvier et le porcher aideront Ulysse à exterminer les prétendants et découperont cruellement ce chevrier.

Serviteurs, servantes ? J’ai toujours été étonné par la cruauté du châtiment des servantes infidèles (sic), qui se retrouvent pendues. Mais elle n’est pas fortuite. Elles ont manqué au maître et à son Epouse qui l’attend. Elles ont couché avec les prétendants.

Pensons à l’Evangile (Matthieu, 25,2) :

« Alors le royaume des cieux sera fait semblable à dix vierges qui, ayant pris leurs lampes, sortirent à la rencontre de l’époux. Et cinq d’entre elles étaient prudentes, et cinq folles. Celles qui étaient folles, en prenant leurs lampes, ne prirent pas d’huile avec elles…

La punition des vierges folles est plus dure que l’Evangile selon Bergoglio et la presse néo-catho. Cela donne :

« Or, comme elles s’en allaient pour en acheter, l’époux vint; et celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui aux noces; et la porte fut fermée.

Ensuite viennent aussi les autres vierges, disant: Seigneur, Seigneur, ouvre-nous! Mais lui, répondant, dit: En vérité, je vous dis: je ne vous connais pas. »

1200x680_penelope.jpg

Un peu d’Homère ? Chant 18, traduction Leconte de Lisle, pour comprendre la fonction sacrée des servantes (ebooksgratuits.com) :

« Puis ils enduisirent les torches. Et les servantes du subtil Ulysse les allumaient tour à tour ; mais le patient et divin Ulysse leur dit :

– Servantes du roi depuis longtemps absent, rentrez dans la demeure où est la reine vénérable. Réjouissez-la, assises dans la demeure ; tournez les fuseaux et préparez les laines. Seul j’allumerai ces torches pour les éclairer tous. »

Voici ce que disait la nourrice Eurykléia (orthographe Leconte de Lisle) à Ulysse :

« Mon enfant, je te dirai la vérité. Tu as dans tes demeures cinquante femmes que nous avons instruites aux travaux, à tendre les laines et à supporter la servitude. Douze d’entre elles se sont livrées à l’impudicité. »

Génie méditerranéen : même symbolique des corps (huile, viandes, vins) et même ici des nombres.

Dimension chrétienne, évangélique alors ? Un peu le hasard, est-ce par miracle ? Le retour d’Ulysse dans sa patrie, si célébré dans notre ancienne tradition est une parousie ; et le meurtre sanglant (pensons aux larmes, aux grincements de dents – βρυγμὸς τῶν ὀδόντων…) des prétendants est une punition, un jugement dernier. Le prétendant c’est le parasitisme moderne : le politicien, l’administrateur, le taxateur, le légiste, le critique, le théologien… Tout ce qui s’est mis entre le Maître et nous, entre la Vie et nous. Mais leur crime principal c’est l’impiété.

Homère encore et toujours :

« La moire des dieux et leurs actions impies ont dompté ceux-ci. Ils n’honoraient aucun de ceux qui venaient à eux, parmi les hommes terrestres, ni le bon, ni le mauvais. C’est pourquoi ils ont subi une mort honteuse, à cause de leurs violences. »

penelope-bouguereau.jpg

Pénélope est bien sûr l’épouse. Elle est même l’Eglise et la reconnaissance mutuelle (elle est la dernière à reconnaître) se fait autour du lit conjugal et de cette construction. Ulysse a bâti son église. Homère la décrit précisément (voyez Guénon, symbolisme de la construction) :

« Il y avait, dans l’enclos de la cour, un olivier au large feuillage, verdoyant et plus épais qu’une colonne. Tout autour, je bâtis ma chambre nuptiale avec de lourdes pierres ; je mis un toit pardessus, et je la fermai de portes solides et compactes. Puis, je coupai les rameaux feuillus et pendants de l’olivier, et je tranchai au-dessus des racines le tronc de l’olivier, et je le polis soigneusement avec l’airain, et m’aidant du cordeau. Et, l’ayant troué avec une tarière, j’en fis la base du lit que je construisis au-dessus et que j’ornai d’or, d’argent et d’ivoire, et je tendis au fond la peau pourprée et splendide d’un bœuf. Je te donne ce signe certain… »

Chambre nuptiale ? Lisez Matthieu, 9, 15 ; Marc, 2, 19 ; Luc, 5, 34… La restauration de la chambre (génitif νυμφῶνος) nuptiale est au cœur des évangiles comme d’Homère.

Télémaque est le jeune prince impuissant, celui qu’on envoie à la place du roi, mais qui n’est pas à sa place et qui prend le risque d’être tué ou humilié par les prétendants. Encore un peu d’évangile (Matthieu, 21, 36-39) avec un prince et une captation d’héritage :

« Il envoya encore d’autres esclaves en plus grand nombre que les premiers, et ils leur firent de même. Et enfin, il envoya auprès d’eux son fils, disant: Ils auront du respect pour mon fils. Mais les cultivateurs, voyant le fils, dirent entre eux: Celui-‑ci est l’héritier; venez, tuons-le, et possédons son héritage. Et l’ayant pris, ils le jetèrent hors de la vigne et le tuèrent. »

TwrLy8ZbGUsylVLyM2xfqiY_5do.jpgLe sort humilié de Télémaque dans l’Odyssée :

« Et Antinoos lui répondit :

– Tèlémakhos, agorète orgueilleux et plein de colère, qu’as-tu dit ? Si tous les prétendants lui donnaient autant que moi, il serait retenu loin de cette demeure pendant trois mois au moins. »

Concluons. Le chant 24, qui n’est pas du même « auteur » (mais qui est Homère ? Mais qui est Shakespeare ?) évoque une nouvelle descente aux enfers :

« Le Kyllénien Hermès évoqua les âmes des prétendants. Et il tenait dans ses mains la belle baguette d’or avec laquelle il charme, selon sa volonté, les yeux des hommes, ou il éveille ceux qui dorment. Et, avec cette baguette, il entraînait les âmes qui le suivaient, frémissantes. »

« Puis on a même droit à une intervention divine pour ramener la paix sur la terre (car il faut bien venger les prétendants et donc châtier encore ceux qui voudraient venger les prétendants !) :

Alors le Kronide lança la foudre enflammée qui tomba devant la fille aux yeux clairs d’un père redoutable. Et, alors, Athènè aux yeux clairs dit à Odysseus :

– Divin Laertiade, subtil Odysseus, arrête, cesse la discorde de la guerre intestine, de peur que le Kronide Zeus qui tonne au loin s’irrite contre toi.

Ainsi parla Athènè, et il lui obéit, plein de joie dans son cœur.

Et Pallas Athènè, fille de Zeus tempétueux, et semblable par la figure et par la voix à Mentôr, scella pour toujours l’alliance entre les deux partis. »

Deux ans après ces lignes j’ajoute cette lecture. On est chant 16 et Télémaque a reconnu son père grâce à la transfiguration opérée par Athéna :

« Athènè parla ainsi, et elle le frappa de sa baguette d'or. Et elle le couvrit des beaux vêtements qu'il portait auparavant, et elle le grandit et le rajeunit ; et ses joues devinrent plus brillantes, et sa barbe devint noire. Et Athènè, ayant fait cela, disparut. »

a25d1b069ebf27909edbf6f9e0f81fc8.jpg

Télémaque reste interdit devant cette parousie :

« Alors Odysseus rentra dans l'étable, et son cher fils resta stupéfait devant lui ; et il détourna les yeux, craignant que ce fût un dieu, et il lui dit ces paroles ailées :

– Étranger, tu m'apparais tout autre que tu étais auparavant ; tu as d'autres vêtements et ton corps n'est plus le même. Si tu es un des dieux qui habitent le large Ouranos, apaise-toi. Nous t'offrirons de riches sacrifices et nous te ferons des présents d'or.

Épargne-nous.

Et le patient et divin Odysseus lui répondit :

– Je ne suis point un des dieux. Pourquoi me compares-tu aux dieux ? Je suis ton père, pour qui tu soupires et pour qui tu as subi de nombreuses douleurs et les outrages des hommes. »

Télémaque continue de ne pas croire :

Et le sage Odysseus lui répondit :

– Tèlémakhos, il n'est pas bien à toi, devant ton cher père, d'être tellement surpris et de rester stupéfait. Jamais plus un autre Odysseus ne reviendra ici. C'est moi qui suis Odysseus et qui ai souffert des maux innombrables, et qui reviens, après vingt années, dans la terre de la patrie. »

Père, fils, transfiguration… Je laisse à mon lecteur le soin alors d’établir tous les liens nécessaires…

"Un Dieu sauvage" de Bernard Rio

Par René Le Honzec

Ex: https://www.contrepoints.org

Dans les premières pages de ce roman-polar initiatique, on a l’impression d’assister à une réunion ministérielle face à cette épidémie dont vous avez entendu causer ces temps-ci.

Rassurez-vous, il n’en est rien, il s’agit du Conseil des Prêcheurs, entité gouvernante de la cité d’Albe des Gens d’En-Haut et de la capitale Urbi.

Et pourtant que de similitudes troublantes avec l’actualité de ce monde-ci dans cet ouvrage écrit bien avant la pandémie. Entrez dans le monde magique de Bernard Rio, auteur prolifique et arpentant toujours les sentiers d’un savoir ésotérique qu’il nous dévoile tout au long de ses ouvrages, cette fois sous la forme d’un étrange roman inscrit dans le temps et l’espace-temps.

En vingt-huit chapitres courts, denses et recouvrant les neuf mois de la gestation d’un dieu sauvage, l’auteur nous parle d’un monde quelque part après la Guerre, dont les vaincus, les Gens d’En-Bas vivent à Létavie, port des Frontières maritimes et obéissent aux lois de l’Ordre vainqueur des Prêcheurs dans une société où tout désordre est interdit.

ob_093888_avt-bernard-rio-3858.jpg

Et pour contrôler cette population, une puce électronique dans l’auriculaire qui transmet à l’Ordre des médecins-prêcheurs toutes les informations garantissant leur domination et prévenant de tout éventuel trouble.

Les livres ont disparu des étagères comme des ordinateurs, interdits par ceux d’En-Haut, qui ont astreint les vaincus à l’amnésie par une loi d’analphabétisation pour leur bien. On est proche d’Orwell et encore plus d’un monde moins imaginaire, –suivez mon regard– dans lequel les librairies sont closes par décret, les individus contrôlés et enfermés pour préserver leur santé et surtout celle, politique, de leurs ministres.

Et c’est Senta, la petite tisseuse qui va déclencher innocemment par son art hors-normes un séisme qui va emporter cet ordre artificiel pour rendre tout possible dans le chaos et la paix retrouvée.

Mais il vous faudra faire aussi connaissance avec Béara, sulfureuse aubergiste haute en couleurs de la Ville d’en-bas, Andarta la bibliothécaire qui règne sur les archives des temps d’avant et Mata, la médecin élève du grand Rodarti, celui-là même qui se doit de contrôler par leur puce auriculaire les esclaves que les caméras suivent partout, lui-même surveillé par son supérieur Namanto.

61938527_2070823493220124_6768156181119631360_o.jpg

Tous deviennent fauteurs de troubles, chacun à sa manière, les quatre femmes pressentant dans des phénomènes perturbant l’ordre et la morale des promesses de liberté.

Car la Mort intervient, accompagnée par un homme aux diverses apparences et à l’occasion à la tête d’une meute de 50 molosses à la robe blanche et la gueule rouge.

Et si l’histoire prend une allure de polar au fil des cadavres qui bouleversent le docteur Rodati et inquiètent son supérieur Namanto puis affolent tout l’Ordre des Prêcheurs, le lecteur éclairé y décéléra les mythes antiques qui s’inscrivent dans une réflexion contemporaine : le devenir de l’Homme dans un monde totalitariste et ses capacités de survie, d’évasion et de liberté.

La révolte des femmes est métaphysique et suit les voies du sacré, évolution acceptée qui ne cherche pas à nier ou à tuer Dieu mais à intégrer et à manifester une part d’éternité.

La Nature omniprésente (l’auteur est un fin connaisseur des bêtes et des plantes) n’est pas que décor et réveille les sentiments, les pensées, les réflexions.

Il y a du lourd dans cette littérature au style léger d’une belle écriture originale, avec des envolées de poésie celtique que l’on dit universelle, qui ne peut que nous inciter à regarder ce monde d’un œil critique en se remémorant ce qu’écrit le poète : « Il y a trop de grands hommes dans le monde ; il y a trop de législateurs organisateurs, trop de gens se placent au-dessus de l’humanité pour la régenter, trop de gens font métier de s’occuper d’elle ».

Il y a beaucoup à apprendre de la séquence de changement de régime anti-Trump

974ecba9c40a40bcba61e2ca3f86e7b3.jpg

Il y a beaucoup à apprendre de la séquence de changement de régime anti-Trump

Par Andrew Korybko

Source Oriental Review

La séquence d’événements visant à un changement de régime, qui a conduit à la récente tentative manifeste de renverser le président sortant des États-Unis, en usant de méthodes superficiellement « démocratiques » mérite qu’on l’examine ; bien comprendre le déroulement de ce complot nous permettra d’identifier et d’enrayer de manière préventive des tentatives semblables en d’autres points du globe, avant qu’elles n’atteignent un tel stade.

Y a-t-il quelqu’un qui comprenne vraiment ce qui est à l’œuvre ?

J’ai écrit mercredi que « Tout démocrate est un dictateur en herbe », mais nombre de ces tyrans potentiels ne comprennent pas eux-mêmes pleinement la dynamique du procédé de changement de régime qu’ils soutiennent. Et pour ce que cela vaut, nombre de patriotes, ou d’observateurs dotés de principes qui s’y opposent ne la comprennent pas non plus. Chacun se contente de tenir ses positions de principe, soit parce que cela sert ses intérêts politiques, comme le font des supporters, ou pour éviter un conflit avec ses propres principes. Dans tous les cas, chacun mérite de mieux comprendre ce qui est en marche ; le présent article expose une simple séquence d’événements qui permet de comprendre comment ce processus de changement de régime s’est déroulé au cours des quatre dernières années. Ce qui pourra en ressortir permettra, on peut l’espérer, à d’autres d’identifier des scénarios de changement de régime similaires encore en incubation, et permettra aux autorités responsables de mener des actions pour les faire avorter avant qu’elles n’atteignent leur stade de maturité.

www.usnews.com.jpg

Aux origines de ces pratiques

Les graines de ces pratiques furent mises en terre plusieurs mois avant l’élection de 2016, lorsque Hillary Clinton permit qu’une campagne de diffamation fût lancée contre Trump, affirmant qu’il était un « agent russe » sous le manteau. Les instigateurs espéraient que cela pourrait suffire à discréditer le maillot jaune de la course, et à laisser Hillary prendre le pouvoir au mois de novembre 2016. Cette tentative muta ensuite pour devenir le « dossier Steele », invalidé depuis, ainsi que la théorie du complot du Russiagate qui s’ensuivit. L’objectif de ces provocations, qui relevaient pleinement de pratiques de guerre de l’information, était de délégitimer l’accession au pouvoir de Trump, de présenter faussement les Démocrates comme des gardiens de l’intégrité électorale des États-Unis, et ainsi de façonner profondément les perceptions du grand public en amont des élections de 2020. Dans l’intervalle, un récit correspondant est apparu, relevant lui aussi de la guerre de l’information, affirmant que Trump serait un criminel corrompu, et un dictateur en herbe, qui s’accrocherait au pouvoir à tout prix.

Les Démocrates dérivent les soupçons par anticipation

L’intention sous-jacente à cette affirmation était de pré-conditionner le grand public à s’attendre à ce que Trump fasse appel à des méthodes de prise de pouvoir illégales s’il perdait les élections à la régulière. Ce scénario avait été implanté dans les esprits, les Démocrates ayant passé quatre années à se présenter faussement comme des gardiens de l’intégrité électorale des États-Unis, du fait de leurs croisades du Russiagate, puis de l’Ukrainegate, à présent démystifiées. L’objectif de tout ceci était de dériver par avance tout soupçon quant au fait qu’ils préparaient ce que l’on peut présenter comme la plus grande tricherie électorale de toute l’histoire des États-Unis ; même si les moyens qu’ils avaient prévu d’employer pour ce faire ont changé du fait de la pandémie de COVID-19 et ont été réadaptés : il n’était pas question pour eux de rater cette formidable opportunité. Car tel était bien l’objet de très nombreux votes par correspondance, injectés dans un système qui n’était manifestement pas du tout prêt à les gérer.

CUB5OFD35RFDLIDUM3DO6S2A5U.jpg

L’exploitation politique de la pandémie de COVID-19

Comme je l’ai écrit dans mon analyse récente « Les connexions entre la guerre mondiale du Coronavirus & les processus psychologiques sont très préoccupantes », la COVID-19 est bien réelle, et présente un vrai risque pour les membres à risque de la population, mais il ne fait aucun doute qu’elle se trouve également exploitée à des fins politiques, comme le démontre le deux poids, deux mesures pratiqué par les gouverneurs Démocrates en matière de confinement. S’ils croyaient réellement que la COVID-19 était aussi mortelle pour la majorité de la population que cela a été exposé par certains experts, ils n’auraient pas risqué l’élimination de leur électorat en l’encourageant à brûler, piller, se déchaîner et même assassiner de manière gratuite en quelques occasions dans les grandes métropoles qu’ils dirigent, sous les bannières Antifa et « Black Lives Matter » (BLM). Cette phase cinétique de guerre hybride terroriste qui dure depuis des décennies aux États-Unis visait à intimider les Étasuniens moyens.

« Vague rouge » contre « vague bleue »

Mais, chose toute aussi importante, leur application sélective d’un confinement draconien à l’encontre des gens d’opinions politiques divergeant des leurs – comme les soutiens de Trump – a constitué une tentative guère convaincante de maintenir l’illusion que des votes par correspondance massifs étaient nécessaires pour « sauver des vies face à la COVID ». Rares sont ceux qui croient vraiment que tel est vraiment le cas, car le flagrant deux poids, deux mesures des Démocrates démontre que la pandémie a été complètement politisée afin de justifier un afflux massif de votes par correspondance dans un système électoral qui n’est pas du tout prêt à les gérer. C’est ainsi que les Démocrates ont soigneusement préparé le terrain, en prédisant au cours de l’été que le gagnant de l’élection pourrait ne pas être connu le jour-même, et en rejetant d’avance tout signe précurseur d’une « vague rouge » amenant à la ré-élection de Trump : au contraire, les gens ont été amenés à croire, à tort, qu’une « vague bleue » allait inévitablement suivre, pour écraser la première.

Établir les liens

Voilà qui fut une pratique particulièrement sournoise, du point de vue de la gestion de perceptions, car elle servit d’avance à couvrir leurs traces dans l’esprit de l’électeur moyen, qui aurait sans cela immédiatement soupçonné des tricheries électorales au moment du déroulé de ce scénario. En lien avec le récit antérieur, selon lequel Trump serait un criminel corrompu et un dictateur en herbe qui s’accrochera à tout prix au pouvoir, l’impression a été fabriquée dans de nombreux esprits que toute action réprobatrice menée par Trump pour s’opposer contre cette séquence allait forcément indiquer que c’était lui – et non pas les Démocrates – qui essayait de tricher. S’il n’y avait pas eu la COVID-19, et la politisation par les Démocrates de cette pandémie pour justifier quelque 100 millions de votes par correspondance, leurs tentatives programmées de détourner l’élection n’aurait pas été si réussie, ou convaincante. Mais même ainsi, le caractère flagrant de leur deux poids, deux mesures en réponse au confinement a amené de nombreuses personnes à se poser des questions quant à leurs motivations.

027e8e708b98da402e64329906acee58.jpg

La censure pratiquée par les géants technologiques

Il y a tant de gens qui entretiennent des soupçons quant aux événements en cours, que les alliés des Démocrates que sont les géants technologiques ont dû mener au lendemain de l’élection une vaste campagne de censure pour bloquer les comptes et les pages qui encourageaient les Étasuniens préoccupés par ce sujet à exprimer pacifiquement leur droit constitutionnel de se rassembler pour soutenir Trump, dans le respect des lois en vigueur. Pour en citer un exemple, le site OneWorld a été débranché dans les heures qui ont suivi la publication de mon article publié sous le titre « Le moment est venu de faire usage de stratégies de ‘sécurité démocratique’ pour #MettreFinAuVol », qui suggérait que soient menées exactement ce type d’actions ; cela en dit long quant au puissant rôle que les gérants des réseaux sociaux ont pris dans la conduite et dans les suites de l’élection. Ils ont non seulement fait disparaître pratiquement tous les articles signalant le scandale de corruption de Hunter Biden – qui semble bien impliquer Joe Biden lui-même – mais voici qu’ils suppriment également activement en ce moment la liberté qu’ont les Étasuniens de se rassembler.

« La trinité impie »

Cela n’a pas non plus été une coïncidence ; ces actions résultent de l’alliance entre les géants technologiques et les Démocrates, et leurs soutiens au sein des administrations permanentes militaire, de renseignement, et diplomatique –  « l’État profond ». Chacun de ces trois segments a véritablement conspiré avec les deux autres pour manipuler les perceptions que se font les Étasuniens du candidat sortant et du processus électoral. En outre, cette « trinité impie » soutient également la propagation depuis six mois d’un terrorisme urbain déclenché par leurs milices Antifa et BLM, en réponse à leur propre exploitation politique de l’incident George Floyd. Comme dans l’affaire des votes par correspondance, il n’est pas évident de savoir si cette phase de la guerre hybride aurait été activée sans la COVID-19, mais en tous cas, les deux phénomènes ont été politisés à l’extrême pour servir la stratégie de changement de régime susmentionnée.

Tout s’est déroulé comme prévu

Dans la nuit qui a suivi l’élection, tout s’est produit sans accroc, de leur point de vue. La « vague rouge » pro-Trump a déferlé sur les États les plus disputés, mais a ensuite été repoussée par la « vague bleue » découlant de millions de votes par correspondance, et les médias dominants essayent de faire croire à tout le monde qu’ils étaient presque tous en faveur de Biden. Non seulement l’improbabilité d’une telle idée frise-t-elle le ridicule, mais elle a en plus fait suite à une suspension douteuse du processus de comptage des voix, pour une durée de plusieurs heures, dans les États les plus décisifs qui n’avaient pas encore déclaré de vainqueur. Comme prévu, Trump a condamné cette tricherie flagrante, et a agi ce faisant comme la fausse image du criminel corrompu et dictateur en herbe qui ne s’arrêtera devant rien pour s’accrocher au pouvoir qui avait été implantée dans de nombreux esprits. Même si Trump remporte une victoire légale, et finit par remporter cette élection, sa légitimité est déjà mise en question.

184f50dafa7c411194aea07b3e014308.jpeg

Le scénario « du pire » fomenté par les Démocrates

Dans le « pire scénario » préparé par les Démocrates, ils n’auraient qu’à intensifier leur vague de terreur de guerre hybride cinétique contre les États-Unis, en encourageant leurs milices de rues Antifa et BLM à déclencher une campagne de terrorisme urbain plus sophistiquée, sous prétexte de « résistance antifasciste légitime à un dictateur raciste qui a illégalement volé l’élection ». Il ne faut pas oublier que des campagnes terroristes semblables furent menées contre le président Assad, en Syrie, et contre l’ancien dirigeant libyen, Khadafi, sous des prétextes « pro-démocratie » presque identiques, ce qui témoigne du fait que les Démocrates ont laissé leurs empreintes sur tout ce qui est en train de se produire actuellement aux États-Unis, et qui promet d’être déclenché dans le « pire scénario » établi par les Démocrates si leur tentative de tricherie est enrayée – peut-être par la Cour Suprême elle-même.

Conclusions

La séquence d’événements qui a culminé dans la tentative de coup d’État « démocratique » encore en cours est très complexe, elle implique également de nombreux autres éléments qui ont dû être simplifiés pour produire la présente analyse, mais cet article souligne les tendances les plus importantes en cours, auxquelles chacun devrait porter attention. Le résultat de cette lutte sans précédent pour le pouvoir sur la puissance unipolaire en cours de déclin reste incertain, car il s’agit là de zones totalement inexplorées pour ce pays. Néanmoins, comprendre comment tout s’est déroulé pour en arriver là pourrait aider d’autres peuples à identifier des desseins semblables par avance, et à les éteindre en phase embryonnaire, avant qu’ils ne dégénèrent en un désastre anti-démocratique tel que celui qui frappe à présent les États-Unis. Si l’on prend en compte le fait que les États-Unis restent à la pointe des tendances au niveau mondial, il faut donc s’attendre à ce que cette méthode de changement de régime soit employée un peu partout dans le monde à l’avenir.

Andrew Korybko est un analyste politique américain, établi à Moscou, spécialisé dans les relations entre la stratégie étasunienne en Afrique et en Eurasie, les nouvelles Routes de la soie chinoises, et la Guerre hybride.

Traduit par José Martí, relu par jj pour le Saker Francophone

samedi, 07 novembre 2020

La dystopie macronienne: de la «sécurité globale» à la «surveillance globale»

193524a4-e5a9-11e9-8a10-b9721f28293e_image_hires_124447.jpg

La dystopie macronienne: de la «sécurité globale» à la «surveillance globale»

 
 
Auteur : Karine Bechet-Golovko
Ex: http://www.zejournal.mobi

Alors que les regards sont tournés vers l’Outre-Atlantique et les cerveaux confinés ad vitam, d’étranges textes de loi se discutent à l’Assemblée nationale. La majorité présidentielle a déposé une proposition de loi « relative à la sécurité globale », qui affirme à juste titre son affiliation – globaliste. En quelques articles, le sens de la police municipale est modifié pour en faire de facto un échelon de maillage répressif, le rôle et les compétences des organes de sécurité privés sont renforcés et les étrangers peuvent y participer s’ils maîtrisent la langue française, la surveillance technologique est généralisée, de la prévention à l’intervention, transmettant en temps réel les données et les forces de l’ordre doivent être protégées d’un regard « malveillant ». Ce magma futuriste se développe en l’absence d’une quelconque volonté politique de maintenir l’ordre sur l’ensemble du territoire français, sans soutenir les forces de l’ordre lors de leurs interventions dans les « territoires perdus de la République », après avoir déshumanisé la police tout en diminuant le seuil de légitimité du recours à la violence contre la population. Ce n’est certainement pas ce nouveau texte qui va résoudre les problèmes de sécurité en France, mais il va en revanche contribuer à réaliser ce « nouveau monde » inhumain et global.

245a6b7dbf509503-70932.png

Alors que l’on ne cesse de remarquer un ensauvagement des territoires, avec des agressions de plus en plus violentes et primaires, le tout dans une ambiance bon ton tolérante pour ces pôvres petits qui ne savent pas ce qu’ils font. Alors qu’un nombre impressionnant de FDO est lancé dans le contrôle des attestations de déplacement d’une population lassée et écrasée par une rhétorique psdeudo sanitaire, réellement autoritaire. Alors que le pays vit dans un état d’exception qui est devenu permanent, passant du terrorisme au virus par alternance, sans prendre le risque de s’interroger sur le fond de ces problèmes.

Bref, alors que la situation est délétère, les députés de la majorité nous lancent En Marche vers un fantasme recuit de science-fiction des années 50, avec leur proposition de loi « relative à la sécurité globale », dont le texte est disponible ici sur le site de l’Assemblée nationale, qui ressemble à s’y méprendre à de la surveillance globale et en cours de privatisation.

Dans le Titre I, la proposition de loi envisage la transformation de l’esprit de la police municipale en renforçant ses compétences en matière de constatation d’infractions dans des domaines aussi variés que les infractions routières ou le trafic de drogue. La police municipale, dans la logique de la police de proximité, devait garantir le lien entre la population et les FDO, cet aspect est totalement oublié aujourd’hui, elle semble être transformée en un élément de la Police judiciaire, un maillon au rabais, en bouche-trou.

shutterstock_165978410-1200x720.jpg

Dans le Titre II, une privatisation rampante de la « sécurité globale » est mise en place, à quel point les sociétés privées de sécurité sont indispensables aujourd’hui. Il est vrai que face aux 21 500 policiers municipaux, les 165 000 agents privés de sécurité produisent un effet de masse. Et ces forces privées, qui peuvent comprendre des étrangers maîtrisant le français (merci !), vont voir leurs compétences augmenter, notamment pouvoir dresser des PV, noter les témoignages, relever l’identité et l’adresse du présumé coupable, le retenir en attendant l’arrivée d’un policier ou d’en gendarme (art. 18 du projet de loi). Autrement dit, des compétences de puissance publique sont transférées à des individus, qui ne représentent pas l’État et n’agissent pas en son nom. Dans la même logique, ils reçoivent des pouvoirs de contrainte en matière d’obligation de publicité des sanctions adoptées à l’égard de personnes physiques et morales (art. 19).

Le Titre III met en place un système de surveillance électronique, qui repose autant sur les caméras individuelles (art. 21), que sur les caméras aéroportées (art. 22). Les images peuvent être transmises en temps réel, ce qui a provoqué une réaction négative du Défenseur des droits, l’atteinte potentielle aux libertés fondamentales étant considérable. L’on appréciera également la précision de l’art. 22 concernant les caméras aéroportées sur les voies publiques, qui ne doivent pas permettre de visualiser l’intérieur des domiciles, ni de façon spécifique, leurs entrées. Donc, accessoirement, c’est possible, mais pas de manière spécifique.

Le Titre IV est celui qui a fait le plus réagir les médias, car il les concerne directement, en prévoyant une forte limitation de la diffusion des images des FDO. La loi sur la liberté de la presse est complétée d’un article ainsi rédigé :

« Art. 35 quinquies. – Est puni d’un an d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende le fait de diffuser, par quelque moyen que ce soit et quel qu’en soit le support, dans le but qu’il soit porté atteinte à son intégrité physique ou psychique, l’image du visage ou tout autre élément d’identification d’un fonctionnaire de la police nationale ou d’un militaire de la gendarmerie nationale lorsqu’il agit dans le cadre d’une opération de police ».

3ff7fc8_2x4wBkcTo3YgizJuJ0SvuFbu.jpg

Cette disposition, devant limiter l’application de la restriction de diffusion d’images, « dans le but qu’il soit porté atteinte à son intégrité physique ou psychique » peut être interprétée tellement largement selon les besoins de la situation, que l’interdiction risque d’être de facto générale.

Le syndicat de la magistrature a particulièrement négativement réagi à cette proposition de loi. Il est possible de lire l’intégralité de leur communiqué ici, pour l’essentiel :

« La majorité parlementaire se plaît – sans consulter la CNIL – à déposer cet énième texte, lequel a pour finalités essentielles d’accroître la surveillance de masse et les pouvoirs des polices locale et privée, au nom du « continuum de la sécurité », doctrine qui a démontré depuis plus de vingt ans qu’elle ne produisait ni cogestion entre les polices, ni proximité avec la population mais répondait au besoin d’extension d’un marché privé de la sécurité très lucratif. (…) Ce projet est en cohérence avec la priorité donnée par le gouvernement à la justice pénale de « proximité », qui est tout sauf de la proximité, puisqu’aucunement de nature à répondre aux besoins quotidiens essentiels des justiciables, mais correspond uniquement à la volonté de concentrer les maigres moyens de la justice sur la répression accrue des actes de délinquance les moins graves. Le but est de quadriller chaque recoin de l’espace public en déployant des moyens technologiques permettant une surveillance généralisée, en donnant compétence à des agents qui ne sont pas formés mais qui feront nombre pour relever des infractions en dehors de tout contrôle de la justice, et de faire encore reculer le contrôle démocratique sur ce qui se joue, les forces de l’ordre devenant finalement les seules à échapper aux honneurs des caméras. Tandis qu’un blanc-seing sans limite et sans contrôle est donné aux agents de la puissance publique pour réprimer tous azimuts, leur rôle pacificateur, les liens qu’ils devraient tisser avec les populations qu’ils protègent sont désormais totalement perdus de vue. Tant pis pour les libertés publiques, et tant pis si ces coups de menton n’ont aucun effet réel sur le niveau de la délinquance ».

Il est urgent de déconfiner nos cerveaux avant de se réveiller dans une nouvelle réalité inhumaine, électronique, faite de surveillance et d’insécurité. Ce monde global vers lequel nos élites nous dirigent au pas de course.


- Source : Russie politics

 

 

 

Conflit du Haut-Karabakh: pour y voir plus clair

arton50377.jpg

Conflit du Haut-Karabakh: pour y voir plus clair
 
par John Helmer
via Facebook
 
L'analyse de John Helmer - excellent et honnête spécialiste de la Russie et de son environnement ex-soviétique - sur le conflit en cours entre Arméniens et Azéris. Selon lui, "L'Arménie a perdu la guerre d'octobre avec l'Azerbaïdjan en raison de ses échecs en matière de renseignement sur le champ de bataille, de défenses obsolètes et des erreurs de calcul politiques du Premier ministre Nicol Pachinian. Ses seuls alliés sont maintenant les montagnes et le climat." Ce point de vue est partagé par la plupart des spécialistes russes de la défense.
 
C'est le consensus auquel sont parvenus cette semaine les principaux analystes militaires de Moscou. "Pendant la période du premier ministre Nikol Pashinyan", a rapporté mardi Vzglyad l'évaluation de l'état-major général russe, "trois chefs des services de renseignement ont été remplacés, et l'un d'entre eux n'avait aucune compétence et était une personne occidentale nommée pour des raisons purement politiques. Tout cela s'est accompagné d'une rhétorique interne anti-russe, multipliée par l'arrogance nationale. Certains dirigeants du Haut-Karabakh ont dit des choses comme "nous n'avons pas du tout besoin des Russes, nous pouvons aller à Bakou à pied sans vous".
 
"De plus, au cours des six derniers mois, à l'état-major général de l'Arménie, il y a eu un licenciement massif d'officiers qui avaient été formés à Moscou."
 
"Il est probablement temps que de véritables purges aient lieu au sein du gouvernement", avait annoncé M. Pashinyan en avril. Selon l'évaluation russe, Pashinyan a ensuite commis l'erreur classique du novice nerveux : il a renforcé la garde de son palais contre les Arméniens rivaux, mais a sous-estimé son ennemi azéri traditionnel et a maintenant perdu le contrôle du territoire.
 
La riposte arménienne est que les analystes de Moscou qui disent cela "reçoivent de l'argent de la Turquie et de l'Azerbaïdjan".
 

2e58d796cea724a7f80821474aac029fe7b3.jpg

"Pourquoi l'armée arménienne était-elle plus faible et quelles erreurs a-t-elle commises lors de la préparation des opérations de combat", a rapporté Evgeni Krutikov, l'analyste militaire de Vzyglyad qui a des liens étroits avec les renseignements militaires russes. "Le 27 octobre est la date significative, puisque le rythme de l'offensive de l'armée azerbaïdjanaise a été calculé pour ce mois. Ces rythmes n'ont pas été respectés, et dans certains domaines, ils ont même échoué. Les principales tâches politiques pour Bakou n'ont pas non plus été résolues".
 
"Néanmoins, les forces armées azerbaïdjanaises ont obtenu un certain nombre de succès, ont brisé la ligne de défense dans le Haut-Karabakh et ont avancé de plusieurs dizaines de kilomètres. Le samedi 24 octobre, la défense des forces arméniennes dans le secteur sud du front ne tenait plus qu'à un fil et aurait pu être détruite avec des conséquences désastreuses pour l'Arménie. Cela ne s'est pas produit, mais la situation elle-même a donné raison de parler de la défaite stratégique des troupes arméniennes. Bien que ces arguments aient été prématurés, les résultats du premier mois de guerre ne sont pas très encourageants pour l'Arménie et le Haut-Karabakh (NKR)".
 
"Si vous regardez la carte de la région, la direction principale d'une éventuelle frappe de l'Azerbaïdjan sur la NKR ressemble à la zone centrale le long du fleuve Karkarchay [Karkar]. Il suffit de passer directement par les ruines d'Aghdam jusqu'à Khojaly et ensuite jusqu'à Stepanakert. C'est dans cette zone que la principale ligne de défense des Arméniens a été organisée pendant un quart de siècle. Mais c'est dans le secteur central que les Azerbaïdjanais n'ont même pas essayé d'imiter l'offensive. Il y a un intense duel d'artillerie sur ce front, mais rien de plus. Mais le côté arménien est obligé de maintenir constamment des forces importantes dans le secteur central, qui dans un autre scénario pourraient être utilisées, par exemple, pour organiser des poches dans le Sud".
 
Selon l'analyse approuvée par l'état-major général russe, la première grande erreur des Arméniens a été l'échec des services de renseignement qui ont sous-estimé l'efficacité de la combinaison des forces azerbaïdjanaises de missiles et de roquettes à drones hautement mobiles avec des obusiers à longue portée. "L'Arménie et la NKR auraient dû penser à ce qui se passait pendant l'été, lorsque des escarmouches sporadiques ont commencé presque tout le long de la ligne de front.... L'Azerbaïdjan a progressivement formé deux corps de choc, qui ont rassemblé les éléments les plus prêts au combat de toute l'armée, y compris des parties de la réserve profonde. Des entrepôts ont été construits plus près de la ligne de contact, et le système d'approvisionnement en carburant a été fourni. Tout cela pouvait être vu simplement à l'aide de jumelles, sans avoir recours à des manipulations complexes du renseignement".
 

1023897913.jpg

"En outre, les renseignements arméniens n'ont pas informé les dirigeants politiques du pays de l'évaluation correcte des armes, de leur quantité et des raisons pour lesquelles l'Azerbaïdjan les a achetées. Sur la base de l'analyse de ces achats, l'Arménie et la NKR auraient pu construire un modèle de tactique militaire que Bakou se préparait à utiliser, et organiser la contre-attaque. Tout d'abord, cela concerne les drones importés (UAV) et l'artillerie automotrice soutenant les groupes tactiques de bataillons (BTG) en progression. Cela suffirait à l'armée arménienne pour comprendre ce qui est prévu de l'autre côté du front".
 
La Russie n'a pas confirmé les rapports occidentaux selon lesquels des contre-mesures électroniques de l'armée russe (ECM) ont été déployées pour aider la partie arménienne à neutraliser le drone azerbaïdjanais.
 
La deuxième grande erreur des Arméniens a été de présenter des unités de défense aérienne obsolètes, à point fixe et en nombre insuffisant, adéquates contre une attaque aérienne habitée du côté azéri, mais "inutiles" contre les drones israéliens et turcs. "Il n'y a tout simplement pas assez de systèmes de défense aérienne dans la NKR, et il y a de très, très nombreux drones en Azerbaïdjan. La partie arménienne sur le terrain subit de lourdes pertes du fait des actions des drones, d'autant plus que les Azerbaïdjanais ont délibérément assommé les positions des systèmes de défense aérienne arméniens avec des missiles et de l'artillerie à longue portée... Pour quelle raison Erevan n'a pas pris la peine de rééquiper le système de défense aérienne et de créer son propre groupe de drones, c'est une question plus psychologique que purement militaire".
 

96159616-10216681112956008-7007998321843240960-n.jpg

L'obsolescence des équipements de combat arméniens reflète également leurs tactiques de combat dépassées. "Le système de défense de la NKR était basé sur plusieurs lignes fortifiées consécutives, dont la plus avancée dans les secteurs du centre et du sud a été construite dans les années 1990 dans la zone des plaines, dans le cadre d'une ceinture dite de sécurité. Cette défense a bien fonctionné pendant 25 ans. Mais en un quart de siècle, l'Azerbaïdjan et son armée ont beaucoup changé. Mais rien n'a changé au Karabakh et en Arménie, y compris dans leur perception de la réalité militaire. Dans la nouvelle situation, il était nécessaire de tenir la zone des plaines de la ceinture de sécurité par d'autres mesures et méthodes. Sinon, la perspective de perdre Jebrail, Fizuli, Hadrut, Zangelan et Kubatly était visible à l'œil nu. C'est ce qui s'est passé à la fin".
 
"Maintenant, les troupes azerbaïdjanaises dans le secteur sud ont atteint la deuxième ligne de défense et samedi dernier, elles menaçaient de manière critique le "couloir de Lachin" - c'est la principale route d'approvisionnement en provenance d'Arménie. La perte de Lachin, qui se trouvait à 10 à 15 kilomètres en ligne droite pour les Azerbaïdjanais, aurait été un véritable désastre stratégique pour les Arméniens. En outre, la perte d'un territoire important dans le sud en ce moment signifie de graves problèmes politiques et une défaite morale pour l'Arménie. C'est l'avancée dans le sud que Bakou peut enregistrer comme sa principale victoire et sa principale réalisation politique après un mois de combats au Karabakh".
 

carte-haut-karabagh-arménie-guerre.png

dronesaz.jpg

La route du couloir de Lachin - à gauche, Wikimapia, 2018 ; à droite, photo d'un drone du ministère de la défense de l'Azerbaïdjan. https://en.axar.az/
 
Cependant, depuis le week-end dernier, lors des derniers combats dans les gorges et les montagnes du couloir de Lachin, cette combinaison d'armes azerbaïdjanaises est inadéquate. "Parfois, même les méthodes primitives de protection dans les montagnes sont très efficaces. Par exemple, dans les gorges autour de Lachin et de Shusha, des câbles d'acier sont tendus depuis la fin des années 1990, ce qui exclut complètement l'utilisation d'avions d'assaut ou de drones dans ces zones".
 
L'évaluation de Moscou attribue la défaite militaire des Arméniens sur le terrain à la stratégie anti-russe de Pashinyan depuis son arrivée au pouvoir en mai 2018. C'était une opération, a-t-il déclaré à la presse américaine de l'époque, qui n'avait "aucun contexte géopolitique pour notre mouvement, notre révolution de velours".
 
"Au cours de l'année dernière, l'armée arménienne a perdu le contact avec Moscou, et tous les contacts dans le domaine du renseignement entre les deux pays ont été réduits - et cela a été fait à l'initiative de la direction politique de l'Arménie. Sous la présidence de Nikol Pashinyan, trois chefs des services de renseignement ont été remplacés, et l'un d'eux n'avait aucune compétence et était un représentant occidental purement politique. Tout cela s'est accompagné d'une rhétorique interne anti-russe, multipliée par l'arrogance nationale...De plus, au cours des six derniers mois, à l'état-major général de l'Arménie, il y a eu un licenciement massif d'officiers qui avaient été formés à Moscou. La raison apparente de ce licenciement est le mariage de la fille du chef de l'état-major général, qui aurait "enfreint les règles de conduite dans la pandémie de coronavirus".
 

9a526eb_5587674-01-06.jpg

La justification de Pashinyan pour le licenciement du général Artak Davtyan a été annoncée le 8 juin. Dans le même temps, il a également licencié les chefs de la police et de l'administration de la sécurité nationale. Cela, selon l'évaluation russe, a laissé Pashinyan à la tête d'un système de commandement et de contrôle qui était creux. Le président de l'Azerbaïdjan, Ilham Aliyev, a vu l'opportunité de frapper. "Il semble que l'état-major arménien n'avait pas du tout de plan de mobilisation, ou alors il souffre d'un certain nombre de caractéristiques étranges. Pour la défense de la "forteresse de montagne", quarante à soixante mille personnes sont vraiment suffisantes, mais ce n'est clairement pas suffisant pour l'organisation d'une défense mobile. Les Arméniens se comportent de manière passive, se contentant de repousser les menaces dès qu'elles se présentent".
 

33418.jpg

83622.jpg

A gauche : le président Ilham Aliyev en visite de première ligne en novembre 2016. A droite, le 5 septembre 2020, le général Artsak Davtyan à Stepankert, capitale de l'Artsakh, le territoire du Haut-Karabakh sous domination arménienne. "J'estime que la situation est stable et calme. Dans le même temps, je suis convaincu que les forces armées sont prêtes à tout moment à accomplir les tâches qui leur sont confiées", a déclaré Davytan.
 
"La partie azerbaïdjanaise (et les Turcs derrière elle) ont une initiative opérationnelle complète", a rapporté Vzglyad hier. "Ils peuvent se permettre de redéployer des forces sur toute la ligne de front, de former de nouveaux groupes, de reconstituer les réserves et de lancer de nouveaux plans. Les Arméniens, ayant perdu la plupart de leur "ceinture de sécurité" dans le sud, ne peuvent plus penser à des opérations contre-offensives. En particulier pour regagner le territoire perdu au cours du mois dernier. En général, il s'agit bien sûr d'une impasse militaro-stratégique pour l'Arménie et la NKR. L'Azerbaïdjan utilisera le répit politique pour le redéploiement, le réapprovisionnement des unités et l'élaboration de nouveaux plans offensifs. Les Arméniens ne sont plus prêts que pour une défense passive".
 
Selon le registre du Kremlin, cette année, le président Vladimir Poutine a eu sept conversations téléphoniques avec Pashinyan. Après le début de la guerre le 27 septembre, il y a eu quatre appels, chacun à l'insistance de Pashinyan. Poutine a refusé de rejeter la faute sur les dirigeants de l'Azerbaïdjan ou sur les Turcs pour leur soutien à Aliev. Le communiqué du Kremlin fait état de l'accord de Poutine avec Pashinyan sur leur "sérieuse préoccupation concernant les informations reçues sur l'implication dans les hostilités de militants d'unités armées illégales du Moyen-Orient".
 
Pashinyan a cessé de téléphoner à Poutine après le 5 octobre. A ce moment, Poutine "insistait sur la nécessité urgente d'un cessez-le-feu". Poutine a ensuite délégué la conversation au ministère des affaires étrangères.

arton70879.jpg

Le ministre des affaires étrangères Sergueï Lavrov s'est entretenu à plusieurs reprises par téléphone avec le ministre arménien des affaires étrangères Zohrab Mnatsakanyan, et leur homologue azerbaïdjanais Jeyhun Bayramov. Ils se sont également rencontrés directement à Moscou le 9 octobre, puis à nouveau directement mais séparément les 20 et 21 octobre.
 
Négociations directes à Moscou le 9 octobre entre (de gauche à droite) le ministre azerbaïdjanais des affaires étrangères Jeyhun Bayramov ; Sergueï Lavrov et le ministre arménien des affaires étrangères Zohrab Mnatsakanyan. Le ministère de M. Lavrov n'a publié aucun communiqué après la session de six heures.
À gauche, le ministre arménien Mnatsakanyan avec Lavrov à Moscou, le 12 octobre.
 
A Moscou le 12 octobre, après sa rencontre avec Mnatsakanyan, Lavrov a souligné le rôle de médiateur impartial de la Russie au niveau diplomatique, mais aussi sur le champ de bataille : "Quant à la poursuite de la participation de la Russie au processus de règlement, nous y participerons activement, à la fois comme l'un des trois coprésidents du groupe de Minsk de l'OSCE et simplement comme un allié proche et un partenaire stratégique de nos voisins. Je pense que notre veille commune de la nuit, qui a produit un document très important, n'a pas été vaine et que nous serons encore en mesure de surmonter la situation "sur le terrain" très bientôt. En tout cas, nous sommes aussi intéressés par cette question que les parties en conflit "sur le terrain" le sont".
 
Le même jour, le ministre russe de la défense, Sergei Shoigu, s'est entretenu par téléphone avec le ministre turc de la défense, Hulisi Akar. Le communiqué de presse publié à Moscou indiquait que Shoigu avait parlé de "stabilisation" ; c'était un avertissement aux Turcs de ne pas intensifier leur présence sur le champ de bataille, que ce soit avec leurs représentants syriens ou avec le personnel militaire turc. Shoigu a ensuite pris contact avec ses homologues de Bakou et d'Erevan pour discuter de leur volonté d'accepter un rôle russe dans la mise en œuvre et le respect d'un mécanisme de cessez-le-feu. Il n'y a toutefois pas eu d'accord et, dans les quinze jours qui ont suivi, les Arméniens ont continué à perdre du terrain.

thumbs_b_c_e23bd66c2c5361b9669700e7e0defaf7.jpg

Lavrov a parlé plus souvent avec le ministre turc des affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu; en fait, cinq fois au cours du mois dernier. Lors de leur dernière conversation, le 27 octobre, ils ont convenu de "la nécessité d'assurer un cessez-le-feu durable entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan dès que possible". Les deux ministres ont souligné qu'il n'y a pas d'alternative à une résolution pacifique du problème, et ont appelé à un cessez-le-feu immédiat et à la reprise des négociations par le biais des mécanismes établis par le Groupe de Minsk de l'OSCE. Les parties ont spécifiquement noté que l'internationalisation de la crise par l'implication de combattants étrangers était inacceptable".
 
Igor Korotchenko, rédacteur en chef du magazine de la défense nationale à Moscou, confirme que les tactiques azerbaïdjanaises ont été couronnées de succès dans les plaines et les vallées, mais que leur progression s'est arrêtée dans les montagnes de Lachine. "Lachine a été un échec des Azéris. La raison principale était le terrain local. Les positions défensives bien préparées (pendant environ 20 ans) de l'armée arménienne dans les plaines ont été pénétrées par l'armée azérie, mais les montagnes sont devenues une grande difficulté pour eux, même pour les troupes spéciales. L'armée azerbaïdjanaise est la plus entraînée et la mieux préparée, en partie avec l'aide de la Turquie et de la Russie".
 
On a demandé à M. Korotchenko s'il pouvait confirmer que des systèmes russes de contre-mesures électroniques (ECM) comme le Krasukha ont été utilisés pour attaquer le Bayraktar. Selon ce rapport du 21 octobre, "des sources sur BulgariaMilitary.com du ministère russe de la défense affirment que depuis le début des hostilités au Nagorno-Karabakh, les systèmes russes de guerre électronique ont été mis en pleine capacité de combat, mais n'ont été utilisés que maintenant, car il n'y a pas eu une telle saturation de drones dans la zone de la base militaire. Les photographies de certains des drones turcs abattus et de leurs fuselages montrent que ces drones ont effectivement été retirés par un système de guerre électronique, car il n'y a aucune trace d'une frappe de missile ou d'une autre arme à feu". En fait, le rapport provient d'Erevan.

Krasukha-2_(Красуха-2)_Unloaded.jpg

À Moscou, Korotchenko a répondu : "Depuis l'année dernière, l'Arménie a perdu ses contacts avec la Russie dans le domaine militaire, il est donc difficile de dire quoi que ce soit sur [la Krasukha]. Nous pouvons dire sans hésiter que la Russie est intéressée par un règlement diplomatique du conflit dans les plus brefs délais. Il est trop tôt pour parler des leçons à tirer pour les deux parties. L'Azerbaïdjan utilise des drones très efficaces ainsi que des tactiques d'artillerie, mais le nouveau terrain exigera qu'ils fassent quelques changements".
 
Ilya Kramnik, un expert militaire du Conseil russe des affaires internationales, estime que "même après leur dernier échec, les forces azerbaïdjanaises continuent à contrôler le couloir de Lachin, car leurs drones et leur artillerie peuvent encore être utilisés pour bloquer le passage des troupes arméniennes. Mais le terrain et le temps instable de l'automne vont jouer pour l'armée arménienne, qui a l'expérience de la guerre dans de telles conditions".
 
Traduit avec www.DeepL.com/Translator (version gratuite)
 
La version originale de l'article en anglais :

TransEuropa#1, avec Oncle Bob alias Robert Steuckers

4aca73dc76240db718b089a68cdf5df99864a22b.png

Chronique européenne:

TransEuropa#1, avec Oncle Bob alias Robert Steuckers

Géopolitique 2020

 
Nouvelle série, spécialement consacrée à l'Europe. Depuis son bunker belge, le conférencier et essayiste Robert Steuckers (Oncle Bob pour les intimes) abordera différents sujets à propos de notre continent. Histoire, politique, littérature, grands mythes et bien d'autres sujets qui nous l'espérons raviront les auditeurs et leur donneront des clés de compréhension à propos de l'Europe. Pour commencer, un panorama 2020 de géopolitique. Bonne écoute et place à Bob !
 
 
✅ Abonnez vous si ce n'est pas encore fait !
✅ Pour soutenir la radio, notre Tipee https://fr.tipeee.com/radio-lorraine-...
 
Également disponible sur Soundcloud: https://soundcloud.com/user-640188530...
 
Extrait musique: © Kraftwerk-Trans Europa Express (1977)
Réalisation: Radio Lorraine Enragée

Roland Gori - La Fabrique des Imposteurs

maxresdefaultgori.jpg

#RolandGori #Imposture #Société

Roland Gori - La Fabrique des Imposteurs

 
"L'imposteur est aujourd'hui dans nos sociétés comme un poisson dans l'eau : faire prévaloir la forme sur le fond, valoriser les moyens plutôt que les fins, se fier à l'apparence et à la réputation plutôt qu'au travail et à la probité, préférer l'audience au mérite, opter pour le pragmatisme avantageux plutôt que pour le courage de la vérité, choisir l'opportunisme de l'opinion plutôt que tenir bon sur les valeurs, pratiquer l'art de l'illusion plutôt que s'émanciper par la pensée critique, s'abandonner aux fausses sécurités des procédures plutôt que se risquer à l'amour et à la création. Voilà le milieu où prospère l'imposture ! Notre société de la norme, même travestie sous un hédonisme de masse et fardée de publicité tapageuse, fabrique des imposteurs. L'imposteur est un authentique martyr de notre environnement social, maître de l'opinion, éponge vivante des valeurs de son temps, fétichiste des modes et des formes. L'imposteur vit à crédit, au crédit de l'Autre. Soeur siamoise du conformisme, l'imposture est parmi nous. Elle emprunte la froide logique des instruments de gestion et de procédure, les combines de papier et les escroqueries des algorithmes, les usurpations de crédits, les expertises mensongères et l'hypocrisie des bons sentiments. De cette civilisation du faux-semblant, notre démocratie de caméléons est malade, enfermée dans ses normes et propulsée dans l'enfer d'un monde qui tourne à vide. Seules l'ambition de la culture et l'audace de la liberté partagée nous permettraient de créer l'avenir." A travers cette conférence, organisée dans le cadre des conférences de l'Université permanente de l'Université de Nantes, Roland Gori revient sur les idées fortes de son dernier ouvrage "La Fabrique des imposteurs".
 
 
 
Abonnez-vous à la chaîne pour retrouver toutes nos vidéos : https://www.youtube.com/UnivNantes/?s...
Retrouvez les conférences de l'Université de Nantes sur France Culture : https://www.franceculture.fr/conferen... Suivez l'Université de Nantes sur les réseaux sociaux : FACEBOOK : https://www.facebook.com/univnantes/ TWITTER : https://twitter.com/UnivNantes

vendredi, 06 novembre 2020

UPCOMING: 'Guillaume Faye: Truths & Tributes' by Pierre Krebs, Robert Steuckers and Pierre-Émile Blairon

124126456_3966981019996185_8332400168526006978_n.jpg

UPCOMING: 'Guillaume Faye: Truths & Tributes' by Pierre Krebs, Robert Steuckers and Pierre-Émile Blairon
 
Guillaume Faye was a visionary and a prophet. Like the damned poets for which romantic France is famous, he saw what others refused to see, and he named what others pretended did not even exist.
 
He was certainly no saint and like a true artist liked to imbibe and paint imposing mental images of the future with a brushstroke unmistakably his own. His character was consistently rebellious in the service of a higher ideal: the defense of his race and culture against the onslaught of self-imposed ethnomasochism, forced multiculturalism and aggressive Islamization.
 
In this book, important personages from the Right pay tribute to Faye’s outstanding career as a speaker, writer and pro-European activist. With all its ups and downs and in its lyrical grandeur, Faye’s life truly inspires all of us who strive to make a difference in our motherland — Eurosiberia. Faye was an awakener, who paved the way on which we must march to final victory and liberation.
 
 
La traduction et la diffusion mondiale dans langue de Shakespeare du petit livre d’hommage à Guillaume, avec les contributions de « l’oncle Bob » Steuckers, Pierre-Émile Blairon et Pierre Krebs, véritable témoignage pour l’histoire où on remet salutairement beaucoup de pendules à l’heure.

Le contrôle social par la Jeune-Fille en Occident

artworks-000050768266-xiglgz-t500x500.jpg

Le contrôle social par la Jeune-Fille en Occident

Les Carnets de Nicolas Bonnal

tiqqunthjf.jpgAlors que l’occident est sous contrôle psychiatrique-pathologique, belliciste-humanitaire, féministe-antiraciste, androphobe-russophobe et sociétal-transgenre, relisons ou découvrons un admirable ouvrage collectif (1) sur ce sujet instructif, la Jeune-Fille :

« La Jeune-Fille veut être “indépendante”, c’est-à-dire, dans son esprit, dépendante du seul ON. »

Oui, cet « on », ces « ils », ces indéfinis, qui ne font pas assez couler assez d’encre, en auront-ils fait couler du sang… Et regardez la guerre que May se prépare contre la Russie…

Tout comme une mauvaise demoiselle peut dans les romans du Graal dérouter le chevalier (2), la Jeune-Fille humanitaire, consumériste des temps postmodernes nous mène à de drôles de guerres psy :

« Sous les grimaces hypnotiques de la pacification officielle se livre une guerre. Une guerre dont on ne peut plus dire qu’elle soit d’ordre simplement économique, ni même sociale ou humanitaire, à force d’être totale. Tandis que chacun pressent bien que son existence tend à devenir le champ d’une bataille où névroses, phobies, somatisations, dépressions et angoisses sonnent autant de retraites, nul ne parvient à en saisir ni le cours ni l’enjeu. »

La Jeune-Fille (n’oubliez pas le tiret), c’est la guerre hybride du système pour arraisonner 95% des consciences :

« Paradoxalement, c’est le caractère total de cette guerre, totale dans ses moyens non moins que dans ses fins, qui lui aura d’abord permis de se couvrir d’une telle invisibilité. »

71diehMl2oL.jpg

La guerre hybride serait-elle d’origine chinoise ? Amusons-nous sans Sun Tze :

« Aux offensives à force ouverte, l’Empire préfère les méthodes chinoises, la prévention chronique, la diffusion moléculaire de la contrainte dans le quotidien. Ici, l’endoflicage vient adéquatement relayer le flicage général et l’auto-contrôle individuel le contrôle social. Au bout du compte, c’est l’omniprésence de la nouvelle police qui achève de la rendre imperceptible. »

Le but est pour chaque conscience de devenir sa propre police (peau lisse) :

« L’enjeu de la guerre en cours, ce sont les formes-de-vie, c’est-à-dire, pour l’Empire, la sélection, la gestion et l’atténuation de celles-ci.

tapa-tiqqun-teoria-de-la-jovencita1-2ba34a4574a877c57f15131081642940-1024-1024.jpg

La mainmise du Spectacle sur l’état d’explicitation public des désirs, le monopole biopolitique de tous les savoirs-pouvoirs médicaux, la contention de toute déviance par une armée toujours plus fournie de psychiatres, coachs et autres “facilitateurs” bienveillants, le fichage esthético-policier de chacun à ses déterminations biologiques, la surveillance sans cesse plus impérative, plus rapprochée, des comportements, la proscription plébiscitaire de “la violence”, tout cela rentre dans le projet anthropologique, ou plutôt anthropotechnique de l’Empire. Il s’agit de profiler des citoyens… »

Il y a les asservis (clin d’œil à La Boétie, lisez notre texte) et les résistants :

« Les citoyens sont moins les vaincus de cette guerre que ceux qui, niant sa réalité, se sont d’emblée rendus : ce qu’on leur laisse en guise d’“existence” n’est plus qu’un effort à vie pour se rendre compatible avec l’Empire. »

Tiqqun_front_covers.jpg

Mais définissons la Jeune-Fille ; d’abord par ce qu’elle n’est pas : 

« Entendons-nous : le concept de Jeune-Fille n’est évidemment pas un concept sexué. Le lascar de boîte de nuit ne s’y conforme pas moins que la beurette grimée en porno-star. Le sémillant retraité de la com’ qui partage ses loisirs entre la Côte d’Azur et ses bureaux parisiens où il a gardé un pied lui obéit au moins autant que la single métropolitaine trop à sa carrière dans le consulting pour se rendre compte qu’elle y a déjà laissé quinze ans de sa vie. »

Et qu’est-ce qu’elle est alors ?

« …la Jeune-Fille n’est que le citoyen-modèle tel que la société marchande le redéfinit à partir de la Première Guerre mondiale, en réponse explicite à la menace révolutionnaire. En tant que telle, il s’agit d’une figure polaire, qui oriente le devenir plus qu’elle n’y prédomine. »

En tant que fashion victimon s’en fout. C’est la jeune fille bio qui nous intéresse, qui donne la Suède, Barack-Hillary, May, Macron, Merkel et leurs croisades humanitaires, leur bolchevisme sociétal. L’équipe Tiqqoun explique (admirable texte collectif, une des rares aventures stylistiques récentes) :

« À mesure que le formatage jeune-filliste se généralise, la concurrence se durcit et la satisfaction liée à la conformité décroît. »

61sSrrZ8l8L._AC_UL320_SR208,320_.jpgD’où ce bon vieux virage bio :

« Un saut qualitatif s’avère nécessaire ; l’urgence impose de s’équiper d’attributs neufs autant qu’inédits : il faut se porter dans quelque espace encore vierge. Un désespoir hollywoodien, une conscience politique de téléjournal, une vague spiritualité à caractère néo-bouddhiste ou un engagement dans n’importe quelle entreprise collective de soulagement de conscience feront bien l’affaire. Ainsi éclot, trait à trait, la Jeune-Fille bio. »

Faut être gentil alors (si tu veux la guerre prépare la paix, si tu veux être méchant, exige la gentillesse) :

« La Jeune-Fille prise la “sincérité”, le “bon cœur”, la “gentillesse”, la “simplicité”, la “franchise”, la “modestie”, et d’une façon générale toutes les vertus qui, considérées unilatéralement, sont synonymes de servitude. »

L’important est la soumission :

« La Jeune-Fille vit dans l’illusion que la liberté se trouve au bout d’une soumission totale à la “Publicité” marchande. Mais au bout de cette servitude, il n’y a que la vieillesse, et la mort. »

L’empire (le pire) contre-attaque et il est sur ses gardes (mégarde) :

« Contrairement à son ancêtre, la Jeune-Fille bio n’affiche plus l’élan d’une quelconque émancipation, mais l’obsession sécuritaire de la conservation. C’est que l’Empire est miné à ses fondements et doit se défendre de l’entropie. »

Après on fait du Merkel. On aime les LGTBQ ou les migrants, c’est les hommes et les Allemands qu’on déteste :

« La Jeune-Fille bio sera donc responsable, “solidaire”, écologique, maternelle, raisonnable, “naturelle”, respectueuse, plus autocontrôlée que faussement libérée, bref : biopolitique en diable. Elle ne mimera plus l’excès, mais au contraire la mesure, en tout. »

61YPNmU3XaL._AC_UL320_SR210,320_.jpgSuccession d’aphorismes héraclitéens ou presque :

« Car la Jeune-Fille veut la paix du foutre.

La Jeune-Fille est le collaborateur idéal.

La Jeune-Fille conçoit la liberté comme la possibilité de choisir entre mille insignifiances.

La Jeune-Fille ne veut pas d’histoire.

La Jeune-Fille vise à la réglementation de tous les sens. »

Pauvre Rimbaud, encore un macho ! Et vive le dérèglement de tous les sens… interdits !

Par sa consommation et sa réglementation, la néo-nurse (cf. Chesterton) promeut la soumission :

« Dans le monde de la marchandise autoritaire, tous les éloges naïfs du désir sont immédiatement des éloges de la servitude. »

C’est que dans le monde américanisé (moderne), dit Chesterton (3), on n’aura pas plus de droits que dans une nursery (cf. Tocqueville qui devine vers 1830 qu’on sera « maintenus dans l’enfance ») :

« La violence avec laquelle la féminitude est administrée dans le monde de la marchandise autoritaire rappelle comme la domination se sent libre de malmener ses esclaves, quand bien même elle aurait besoin d’eux pour assurer sa reproduction. »

Evidemment pas question de râler (sinon on appelle les casques bleus, blancs, roses…) :

« La Jeune-Fille est le pouvoir contre lequel il est barbare, indécent et même carrément totalitaire de se rebeller. »

jf4-fi17113097x372.png

L’homme doit être rééduqué (c’est déjà fait, allez, dans les années 80 Kundera parla de cet arbre à enfantsqui remplace le paternel) :

« Il faudrait créer un grand projet éducatif (peut-être sur le modèle chinois ou khmer rouge), sous forme de camps de travail où les garçons apprendraient, sous l’égide de femmes compétentes, les devoirs et les secrets de la vie ménagère.»

Ce n’est plus la mère aux trousses, c’est le khmer aux trousses ! Mais continuons comme dirait Jean-Paul :

« Et de fait, lorsque la Jeune-Fille “fait tomber le masque”, c’est l’Empire qui vous parle en direct.

« ... et si on éliminait les mecs de la planète ? Pourquoi essayer de faire du neuf avec du vieux ? Y en a marre des mecs, allez ouste, du balai ! D’ailleurs inutile de s’énerver, historiquement, génétiquement, l’homme a fait son temps. Il se pousse tout seul vers la sortie. »

Le bonhomme a fait son temps, la Jeune-Fille androphobe l’entame…

L’épuration éthique règne dans le camp de déconcentration de ce déconcertant féminisme épurateur :

« Chaque Jeune-Fille est en elle-même une modeste entreprise d’épuration. Prises dans leur ensemble, les Jeunes-Filles constituent le corps franc le plus redoutable que l’on ait à ce jour manœuvré contre toute hétérogénéité, contre toute velléité de désertion. Parallèlement, elles marquent à chaque instant le poste le plus avancé du Biopouvoir, de son infecte sollicitude et de la pacification cybernétique de tout. »

PORTADA_TIQQUN_final_borde_fuzzy.jpg

Une phrase qui résume la philosophie de BHL (qui ressemble depuis longtemps à une vielle Jeune-Fille) :

« La Jeune-Fille n’aime pas la guerre, elle la fait. »

Enfin, comme pour parodier les vilaines chansons de Boris Vian, auteur et chanteur bobo, on liquide les ohms :

« MARRE DES MECS? PRENEZ UN CHIEN ! Vous avez quoi !? 18, 20 ans ? Vous entreprenez des études qui s’annoncent longues et ardues ? Croyez-vous que ce soit le moment de ralentir ce bel envol en cherchant désespérément de l’affection chez un garçon qui finalement n’a rien à donner ? Pire ! Vous affubler d’un compagnon, lui-même pas tout à fait fini, pas très gentil et pas toujours bien propre... »

On redéfinit la violence dans une sentence impeccable :

« Comme tout ce qui est parvenu à une hégémonie symbolique, la Jeune-Fille condamne comme barbare toute violence physique dirigée contre son ambition d’une pacification totale de la société. »

La société ludique est sécuritaire, comme le voyait Muray :

« Elle partage avec la domination l’obsession de la sécurité. »

Tout se militarise :

« Le caractère de machine de guerre qui frappe dans toute Jeune-Fille tient à ce que la façon dont elle mène sa vie ne se distingue pas de la façon dont elle mène sa guerre. Mais par un autre côté, son vide pneumatique annonce déjà sa militarisation à venir. »

Car la Jeune-Fille a déclaré la guerre à tout ou presque :

« La Jeune-Fille a déclaré la guerre aux microbes.

La Jeune-Fille a déclaré la guerre au hasard.

La Jeune-Fille a déclaré la guerre aux passions.

La Jeune-Fille a déclaré la guerre au temps.

La Jeune-Fille a déclaré la guerre au gras.

La Jeune-Fille a déclaré la guerre à l’obscur.

La Jeune-Fille a déclaré la guerre au souci.

La Jeune-Fille a déclaré la guerre au silence.

La Jeune-Fille a déclaré la guerre au politique. »

Enfin, pourquoi la tautologique Jeune-Fille incarne-t-elle la fin de l’histoire alors ? Parce que :

« LA JEUNE-FILLE A DÉCLARÉ LA GUERRE À LA GUERRE. »

Et les hommes dans tout cela ? Comme me disait en 2006 une serveuse à Mar del Plata, tandis que je polissais mes contes latinos, « ils se sont éteints, les hommes. »

Notes 

(1) Premiers matériaux pour une théorie de la Jeune-Fille, groupe Tiqqoun

(2) Nicolas Bonnal, Perceval et la reine, préface de Nicolas Richer (Amazon.fr)

(3) Chesterton – What I saw in America (Gutenberg.org)

Robert Steuckers : Entretien sur le conflit du Caucase pour la presse azerbaidjanaise

DOYdR9rWsAAfMSA.jpg

Robert Steuckers : Entretien sur le conflit du Caucase pour la presse azerbaidjanaise

Propos recueillis par Zaur Medhiyev

La localité de Barda a été récemment touchée par un missile arménien. Quatre personnes ont été blessées. Ce n'est pas la première fois que des roquettes arméniennes frappent des villes. Pour quelle raison l’Arménie mène-t-elle ce type d’action ?

L’escalade dans la guerre actuelle au Sud du Caucase provient d’agents provocateurs qui veulent empêcher la rentabilisation de l’axe de communication terrestre dit « South-North », partant de l’Inde, traversant l’Iran et l’Azerbaïdjan pour arriver en Russie dans le bassin de la Volga. Ce corridor, qui porte le nom anglais de « International North-South Transport Corridor » prévoit la construction de communications navales, ferroviaires et routières sur une distance de 7200 km au départ de Mumbai (Bombay) en Inde. La Russie et l’Inde ont signé le protocole d’accord en mai 2002. En 2014, le trajet Mumbai-Bakou a été testé via le port iranien de Bandar Abbas. Ensuite, on a procédé à un test de fonctionnement entre Mumbai et Astrakhan sur la Volga. D’autres voies sont prévues vers l’Europe mais surtout vers le Kazakhstan et le Turkménistan. L’objectif est de renforcer sur la masse continentale eurasienne la « trade connectivity » ou « connectivité commerciale » et d’éviter les goulots d’étranglement créés depuis deux siècles par les puissances thalassocratiques dont la stratégie visait à « contenir » la principale puissance continentale, c’est-à-dire la Russie, et à l’empêcher d’atteindre les mers chaudes.

La réalisation de ce Corridor a également pour but de diminuer les coûts de transport de 30% et de réduire la longueur des trajets de 40%. L’Azerbaïdjan et l’Arménie ont signé ultérieurement l’accord de mai 2002, avec d’autres pays de la région et d’Asie centrale. L’Azerbaïdjan a eu l’intelligence politique de s’impliquer à grande échelle dans ce projet en construisant de nouvelles routes et de nouvelles voies de chemin de fer. La réunion de Téhéran du1 novembre 2017 a ainsi permis de normaliser et d’améliorer les relations entre l’Azerbaidjan chiite et l’église orthodoxe russe, de conclure des accords contre le terrorisme (wahhabite), de prendre des mesures pour lutter contre le narcotrafic et de sceller le projet de réaliser le Corridor. Ces accords sont importants et méritent d’être ancrés dans les faits.

N83007265-72502316.jpg

L’Iran voisin veut, dans le cadre de ce magnifique projet, agrandir le port de Chahabar et réaliser, à terme, un grand canal transiranien, l’Iranrud, qui relierait l’Océan Indien à la Caspienne, notamment au port d’Astara, situé à la frontière entre l’Iran et l’Azerbaïdjan. Ce développement régional intéresse les Européens conscients des impératifs de la géopolitique car, de cette façon, l’Europe, elle aussi, échapperait aux goulots d’étranglement que sont Gibraltar, Suez et Aden.

L’Arménie, depuis quelques années, a malheureusement laissé le projet en jachère. Or le tronçon ferroviaire et l’axe routier Iran-Arménie sont les chaînons manquants (les « missing links ») pour que les embranchements de ce Corridor puissent atteindre également la Mer Noire via la Géorgie. En septembre 2013, Serge Sarkissian signe des accords ferroviaires avec Vladimir Poutine, où la Fédération de Russie promet d’investir quinze milliards de roubles dans le projet.

1044362051_0 221 2047 1329_1200x0_80_0_1_17425195e9e1ff3e3ea1ae72c95378f6.jpg

Pour les stratégistes américains actuels, ceux du Deep State, qui s’inscrivent dans la logique forgée en 1904 par Sir Halford John Mackinder, ces axes de communication doivent être bloqués à tout prix car ils défient, par leur existence même, toutes les stratégies développées par les puissances maritimes qui exigent la liberté des mers depuis le 17ème siècle. Dans le cadre qui nous occupe, aucune entrave aux axes de communication terrestre ne peut s’imposer. Les puissances maritimes tablent certes toujours sur leurs flottes mais aussi sur leurs dispositifs satellitaires et sur la maîtrise du numérique. Les puissances continentales gardent le lien avec la terre, le tellurique : leurs figures tutélaires sont le paysan et le géomètre romains. Depuis deux ou trois décennies, les stratégistes américains parient sur des guerres hybrides, impliquant la manipulation d’ONG comme en Ukraine, en Géorgie et en Arménie, ce qui a permis à Pachinian d’arriver au pouvoir en 2018, comme par hasard juste après les accords de Téhéran de 2017, scellés par ses prédécesseurs, dont l’ex premier ministre Serge Sarkissian, son vieil ennemi depuis 2008, et surtout l’ancien président Robert Kotcharian qu’il a fait emprisonner. L’objectif de ces ONG subversives est de saboter l’acheminement des marchandises et des hydrocarbures en direction des rimlands les plus riches comme on le voit avec l’acharnement américain contre les gazoducs Nord Stream 2 dans la Baltique. Dans le conflit qui ravage aujourd’hui le Caucase, il s’agit de saboter les voies de communication terrestre en gestation. Nous ne pouvons tolérer un tel sabotage car si les juristes des puissances maritimes du 17ème siècle (qui sont toujours les mêmes) plaidaient pour la liberté des mers, nous devons aujourd’hui militer pour la liberté des terres et rejeter tous les conflits qui bloquent les voies destinées à réorganiser le continent.

Enfin, les opérations de guerre en cours font évidemment des victimes dans les deux camps. Toutes sont à déplorer.

Des experts, dont des Russes, ont appelé Erevan à déposer les armes et à s'asseoir à la table des négociations, fournissant à l'Azerbaïdjan un calendrier pour le retrait des forces d'occupation. Cependant, Pachinian répond en appelant à une guerre totale. Quelle est la raison de cette obstination obsessionnelle?

Les Russes sont parfaitement conscients d’un fait : si une guerre de longue durée s’installe au Sud de la chaîne du Caucase, le projet du Corridor Inde/Arctique sera remis aux calendes grecques, ce qui irait au détriment de tous, en Europe comme en Asie. Ensuite, il faut savoir deux choses : la Russie a une frontière commune avec l’Azerbaïdjan et non avec l’Arménie. Le transit potentiel du Corridor passera dès lors par l’Azerbaïdjan en priorité. Ce raisonnement, les Iraniens et les Indiens doivent le tenir aussi. Si Pachinian appelle à la guerre totale, contrairement aux vœux de Moscou, c’est qu’il suit un ordre du jour occulte, établi par les services secrets américains. Cependant, il sait, et les Américains savent, que les Arméniens peuvent compter sur la sympathie de tous les peuples orthodoxes (surtout les Russes), de bon nombre de chrétiens catholiques, de la diaspora arménienne de France et des Etats-Unis. L’Azerbaïdjan ne pourra pas compter sur un tel soft power pour deux raisons : c’est un pays musulman et, dans les circonstances actuelles en Europe occidentale et centrale, les musulmans n’ont pas bonne presse. Ensuite l’alliance tacite avec la Turquie, qui envoie sur le front des mercenaires djihadistes syriens et libyens, dessert considérablement votre pays car les discours d’Erdogan, tenus à Strasbourg, Hasselt et Cologne, au cours de ces deux dernières décennies ont hérissé les Européens et ressuscité la phobie antiturque qui remonte au temps des croisades. Même si on peut dire qu’Erdogan n’a pas tort de fustiger les sales manies idéologiques qui ont défiguré l’Europe depuis une soixantaine d’années et ont culminé dans l’abjection au cours de ces dix dernières années. Quant à ses charges contre Macron, ma foi, je dois dire que je ris aussi dans ma barbe quand je les entends…

Southern-gas-corridor-Azertag-Azerbaijan.jpg

Pour pallier cet inconvénient, l’Azerbaïdjan devrait mettre en avant les bonnes relations avec l’église orthodoxe russe, scellée lors de la réunion de Téhéran en novembre 2017. Face à l’opinion publique russe, il conviendrait aussi de desserrer les liens avec l’OTAN, sans pour autant renoncer aux gazoducs et oléoducs transanatoliens TANAP, base concrète de l’alliance de facto entre la Turquie et l’Azerbaïdjan.

Après la guerre, Pachinian et ses camarades seront-ils jugés ?

En principe, je suis contre le fait de juger des hommes d’Etat ou des chefs de guerre après une défaite militaire. Le Tribunal de La Haye est une sinistre farce, comme peuvent en attester les Serbes, les Croates et les Bosniaques (et demain les Kosovars) qui ont subi ses foudres. J’ai aussi plus de respect pour les hommes politiques qui affrontent les aléas de l’histoire ou pour les soldats qui mettent leurs vies en jeu que pour les sinistres et médiocres juristes, aux raisonnements creux et aux corps mous, qui ont l’effroyable toupet de juger leurs actes. Il n’y a pas d’êtres plus méprisables qui grouillent sur cette Terre. Je ne souhaite donc pas la création d’un nouveau tribunal de cette sorte après le conflit qui ravage le Caucase aujourd’hui. Lecteur de Carl Schmitt, j’ai médité, avec le Professeur Piet Tommissen, les écrits de ce grand penseur allemand sur la notion d’amnistie.

Le gouvernement belge reconnaît le Karabakh comme faisant partie du territoire de l'Azerbaïdjan. Mais le parlement flamand prend sa propre décision selon laquelle, dit-il, le Karabakh est un État séparé. Comment peut-on expliquer cela? Comment le Parlement flamand peut-il s'opposer à l'avis du ministère fédéral des Affaires étrangères?

L’architecture politique du royaume de Belgique est compliquée et il est toujours malaisé de tenter de l’expliquer à des étrangers. Même à nos voisins les plus proches. La situation est tendue en Belgique aujourd’hui. Le gouvernement central (fédéral) est composé de partis majoritairement non flamands. La population majoritaire est cependant flamande (plus de 60%) mais n’est quasi pas représentée dans le nouveau gouvernement fédéral. Par conséquent, le Parlement flamand jouera le jeu d’une opposition politique intransigeante tant que ce gouvernement sera en place, puisqu’il le juge antidémocratique et non représentatif de la population flamande, donc illégitime. L’idéologie majoritaire en Flandre privilégie systématiquement les peuples réels contre les Etats et le droit à la sécession de toutes les communautés ethniques minoritaires. Cela vaut pour la Catalogne et l’Ecosse comme cela a valu pour le Kosovo. Aujourd’hui, cette lecture est appliquée au Haut Karabakh, considéré comme arménien parce que peuplé d’Arméniens. A cela s’ajoute une solidarité chrétienne (même chez les agnostiques) et un affect antiturc dû au rejet de l’immigration marocaine et anatolienne, où l’idéologie salafiste et frériste s’implante dangereusement, mettant en danger tous les projets de convivialité interculturelle et d’intégration. Parmi les victimes de cette expansion sournoise du salafisme : un imam chiite marocain, tué par un extrémiste nord-africain.

images3.persgroep.net.jpg

A Bruxelles, la communauté arménienne a organisé des rassemblements non autorisés, voire bloqué les rues. Comment les habitants ordinaires de la capitale ont-ils réagi à cela?D'ailleurs, ces rassemblements ont été dispersés par la police. Y a-t-il eu une nouvelle déclaration sur le «génocide»?

J’ai certes entendu parler d’une manifestation arménienne à Bruxelles mais non d’un blocage des rues. Cela s’est plutôt passé sur une autoroute française dans la région de Lyon. Je n’ai pas entendu de déclaration sur le génocide, sauf que la négation de ce génocide est interdite par les lois belge et française.

 

Le rapprochement sino-iranien: nouveau champ d’action de la guerre économique

adobestock-348484229_0_730_486.jpg

Le rapprochement sino-iranien: nouveau champ d’action de la guerre économique

par Nathan Crouzevialle

Ex: https://infoguerre.fr

Mai 2018, Donald Trump décide de se retirer unilatéralement des accords sur le nucléaire iranien, imposant par la suite de nouvelles sanctions contre l’Etat perse, et cela malgré l’opposition des Etats européens. Forte de cette stratégie, c’est la Chine qui apparaît ici comme axe de repli pour la République Islamique.

Conséquence des relations irano-américaines, la République islamique se tourne vers la Chine

L’Empire du milieu n’a pas attendu plus tard que cet été pour montrer sa volonté de signer un accord historique[i] « Lion-Dragon » prévoyant des investissements de 400 milliards de dollars sur 25 ans. 280 milliards de dollars d’investissement destinés aux industries pétrolières et gazières et 120 milliards pour les transports et la technologie sont les termes de l’accord, contre quoi l’Iran s’engage à vendre à l’état chinois des barils de pétrole à bas prix.

C’est donc l’Iran qui apparaît comme nouveau terrain d’affrontement, où deux camps s’opposent. D’un côté, un bloc composé des Etats-Unis en figure de proue accompagnés par des pays européens que sont la France, l’Allemagne et la Grande-Bretagne. De l’autre côté, l’Iran, la République Populaire de Chine et dans une certaine mesure la Russie. Si cette division bipartite peut sembler quelque peu simpliste, il n’en reste que chacun des acteurs placent ses pions enfin d’empêcher une avancée adverse.

t51986-1470-660-90.jpg

Victime de l’extraterritorialité du droit américain, le pays est victime d’un manque crucial de capitaux étrangers, pourtant indispensables à son développement. Et alors que le taux d’inflation et de chômage ont atteint des niveaux records en Iran, c’est sur fond d’ennemi commun que naît une union bilatérale[ii] au goût d’ambition mondiale pour le parti communiste chinois et régionale pour la république Islamique. C’est sur une région historiquement « maîtrisée » par les Etats-Unis que la Chine démontre sa capacité à défier l’état américain.

L’Iran : pièce de l’échiquier de la Belt and Road Initiative

Belt and Road Initiative ou les nouvelles routes de la soie en français, voilà ce qui dicte le jeu chinois. Matérialisation concrète d’une forme d‘impérialisme chinois, le pays ne cesse d’étendre son influence géopolitique via des infrastructures et des accords commerciaux ambitieux. L’Iran apparaît comme pierre angulaire du projet. Il est important de noter que l’Iran est le troisième exportateur de pétrole pour la Chine mais que c’est également plus de 60% du pétrole qui est à destination du marché asiatique qui transite par le détroit d’Ormuz. On comprend dès lors que la Chine n’a aucun intérêt à laisser se dépérir le pays bien au contraire.

Le développement promis des infrastructures de transport comme le port de Chahbahar – qui est exclu des sanctions américaines – ou celle d’un train qui reliera directement Urumqi dans le Xinjiang à Téhéran en passant par les quatre pays d’Asie centrale (Kazakhstan, Kirghizistan, Ouzbékistan et Turkménistan), fait de toute évidence sens pour l’Iran[iii]. Dans la même lignée, la Chine qui est désormais capable de produire des centrales nucléaires compte bien également équiper ce pays avec ces technologies.

De plus, cet accord permettrait un renforcement dur approchement militaire des deux Etats. En effet, pour la première fois en décembre 2019, la Chine, l’Iran et la Russie ont mené des manœuvres communes dans l’Océan Indien et le Golfe d’Oman afin « d’assurer la sécurité internationale du commerce » selon les communiqués officiels. En réalité derrière cette démonstration de force, la Chine veut être impliquée dans de nouvelles zones d’opérations pour assurer son influence pour assurer la bonne tenue de son modèle commercial[iv].

0_18910484_403_00.png

La communication officielle ne doit pas masquer la réalité[v], il apparait évident que cette union de circonstances permet à la Chine de s’assurer une présence militaire dans des zones d’influence stratégiques primordiales, telles que le détroit de Malacca et le détroit d’Ormuz. La Chine est désormais très présente dans la zone de l’océan indien ou son influence se fait de plus en plus pesante pour les différents acteurs. L’empire milieu a notamment pour projet la construction d’une deuxième base militaire à côté du port pakistanais de Gwadar après celle construite à Djibouti. Cette présence militaire inédite renverse le prisme américain jusqu’à alors dominant dans la région et se place comme un acteur majeur dans la région. C’est sans oublier, que l’embargo de l’ONU sur la vente d’armes à l’Iran prendra fin le 18 octobre, et s’il n’a pas été reconduit le pays perse pourrait s’avérer être un nouveau marché de taille pour Pékin.

Les enjeux monétaires

La Chine installe en réalité un « pont » virtuel mettant hors-jeu les Etats-Unis, profitant de la politique agressive menée par le président américain à l’encontre de l’Etat iranien. Le pétrole exporté sera payé par des échanges de biens, de services et de technologies mais également via la nouvelle monnaie électronique chinoise « l’e-RMB ». Cette toute nouvelle monnaie numérique permet en réalité à l’Iran et à la Chine de contourner sans problème toute sanction imposée par les États-Unis – évitant toute liaison avec le cours du dollar également. De plus, elle permettra à Pékin de faire prévaloir une autre monnaie que le dollar devenant de la sorte une réelle alternative aux billets verts américains.

istockphoto-1026877986-1024x1024.jpg

Au terme de cette démonstration, Il apparaît que l’Iran se confirme comme un point stratégique majeur pour la Chine. Cela d’une part pour la sécurisation de ces sites maritimes et terrestres, mais également via une sécurisation énergétique indispensable pour l’Etat asiatique. Cette situation pourrait aboutir très probablement à une certaine dépendance économique pour l’Iran vis-à-vis de la Chine mais elle amène également une contradiction forte au sein de la république islamique. Cette dernière proclame vouloir exporter la révolution et protéger les musulmans dès lors il est intéressant de constater son silence sur le traitement réservé aux Ouïghours. Ce silence en dit long sur les besoins en financement de l’économie iranienne.

Il semblerait donc que le rapport de force sino-américain ait trouvé un nouveau terrain de jeu, l’Etat iranien pris entre les deux hégémons doit faire un choix cornélien. Cette grille de lecture sous le prisme de la guerre économique nous permet de mieux comprendre les enjeux derrière cet accord titanesque. La Chine comme à son habitude joue une partie de Go en plaçant ses pions dans la région pour encercler des zones d’influence. Sa relation avec l’Iran n’est pas sans arrière-pensée[vi]

Nathan Crouzevialle.

Notes

[i] https://www.courrierinternational.com/article/geopolitique-teheran-et-pekin-main-dans-la-main

[ii] https://www.cairn.info/revue-outre-terre1-2011-2-page-519.htm

[iii] https://lecridespeuples.fr/2020/07/16/les-sanctions-americaines-poussent-la-chine-et-liran-vers-un-partenariat-strategique/

[iv] https://www.revueconflits.com/iran-chine-russie-allies-de-circonstance-michel-nazet/

[v] https://www.lesclesdumoyenorient.com/Entretien-avec-Thierry-Kellner-sur-les-relations-entre-la-Chine-et-l-Iran-les.html

[vi] https://www.youtube.com/watch?v=bo5dzWD1tpM&t=754s

jeudi, 05 novembre 2020

Eloge de l'enchantement - Notes sur les Romantiques allemands

epochedergefuehle100~_v-gseagaleriexl.png

Luc-Olivier d’Algange:

Eloge de l'enchantement

Notes sur les Romantiques allemands

Le romantisme allemand fut à la fois une quête et une humeur. La quête romantique, au moins dans ses préférences,  semble mieux connue que son humeur. Par des ouvrages didactiques, parfois hostiles, plus souvent hélas que par les œuvres, nous nous sommes formés, en France, une idée du Romantisme allemand comme d'une quête de l'irrationnel, d'un culte de la Nature et des forces obscures, d'un environnement de brumes et de forêts sur fond d'orchestrations wagnériennes. Nous savons de ces romantiques qu’ils écrivirent des romans d'initiation, qui s'aventurent du côté de l'orient et des arcanes du monde invisible. Les mieux informés, enfin, savent que les romantiques allemands furent aussi des philologues,  des naturalistes, des mythologues qui eurent le souci de recueillir des contes et des légendes et d'esquisser une méditation sur la communauté de destin des Allemands.

La quête romantique, toutefois, ne se laisse pas distinguer de son humeur, qui ne se trouve que dans les œuvres, et relève d'une réalité plus subtile, plus impondérable que les « notions » dont la collecte peut satisfaire l'universitaire mais laisse ne suspens celui qui voudrait, lui aussi, « romantiser » avec les Romantiques, faire siennes leurs aspirations et leurs découvertes; ce qui est sans doute la seule manière de lire qui vaille mieux que l'ignorance.

7a656199d24f2b88fd8fb8d293dbe1d4.jpg

Avant d'être une théorie, un système, s'il le fut jamais, le Romantisme allemand fut une façon d'être. Pour savants qu'ils eussent été, férus de toute les sciences de leur temps non moins que d'excellents humanistes, connaissant souvent non seulement le grec, le latin, les langues romanes, mais encore le sanscrit et l’hébreu, pour encyclopédiques que fussent leurs curiosités ( ne méconnaissons pas tout ce par quoi l’œuvre de Novalis, par exemple, relève encore du dix-huitième siècle), les Romantiques n’en tinrent pas moins leur modi essendi, leurs façons d’être, leur présence au monde, comme supérieures aux modi intellegendi, aux « modes de connaissance », à l’intelligence didactique ou critique.

A ces poètes-métaphysiciens, qui revendiquèrent la phrase de Goethe : «  Je hais tout savoir qui ne contribue pas à rendre ma vie plus intense », toute science était vaine qui ne fût ordonnée à l’être, autrement dit à une connaissance supérieure, à une sapience à la fois sensible et intelligible qui se laisse traduire non par des systèmes et des doctrines, mais par une qualité d’élégance et d’enchantement, de noblesse et de légèreté à laquelle les esprits pompeux et lourds ne peuvent rien comprendre et qu’ils tiendront toujours, à juste titre, pour ennemie.

Novalis, qui fut bien le contraire d’un esprit chagrin, Novalis qui fut tant aimé des dieux qu’il mourut à l’âge de trente ans, reprochait précisément à la seconde partie du Wilhelm Meister de Goethe ce retour au sérieux, à la vie domestique, au savoir planifié, cette trahison de l’intensité et de la joie, qui éclate, au profit du bonheur qui dure et qui s’étale. Rien n’est plus difficile à définir qu’une humeur, elle est ce « je ne sais quoi », ce « presque rien » dont parlait Fénelon, qui nous emporte. On peut, sans trop prendre le risque de se tromper, la dire juvénile, quand bien même Jean-Paul Richter en perpétua toutes les vertus jusqu’au grand âge). On peut aussi, en hommage à Antoine Blondin, la dire vagabonde. La Lucinde de Schlegel, les Mémoires d’un propre à rien de Joseph von Eichendorf, annoncèrent la couleur : elle sera d’un bleu léger, d’une révolte sans pathos, souvent encline au libertinage, où le sens de la rencontre, du rêve et de l’ivresse avive le monde, délie les langues, dénoue les peurs, et nous précipite, avec impatience, vers le mystère des êtres et des choses.

RTEmagicC_Romantik_Schloss.jpg.jpg

Ces vertus, chères aux premiers Romantiques allemands, sont d’un genre viril. Elles se nomment liberté et courage, amitié chevaleresque et fidélité, et correspondent assez peu à l’image du Romantique se tordant les mains au clair de lune. L’humeur romantique se laisse aussi approcher par ce que Gobineau dit des « Calenders » dans son roman Les Pléiades, qui fut sans doute largement influencé par les romans de Jean-Paul Richter, et en particulier par Titan, - cet immense entrelacs de songes, d’aventures et de bonheurs. Si la peine et la mélancolie des temps qui nous abandonnent, la nostalgie et la déréliction, la folie même de ceux que frappe la foudre d’Apollon, la tragédie et la mort ne sont pas absente des œuvres romantiques, leur humeur, à qui fréquente leurs œuvres, fut d’emblée à la fantaisie, à l’audace, au rire et à l’ironie.

L’ombre et la lumière, au demeurant, n’existent que l’une par l’autre. Pour les Romantiques allemands, précurseurs, nous y reviendrons, de la logique du tiers-inclus, le Bien et le Mal ne sont pas des entités massive, irréductibles l’une à l’autre qu’affectionnent les esprits schématiques ; les crépuscules contiennent les aurores, et la Nuit dont Novalis écrivit les Hymnes, laisse se réfugier en elle, comme un éclat de lumière dans la prunelle de l’Aimée, tous les secrets du jour.

Il y aurait un livre entier à écrire sur l’ironie romantique. Cette ironie n’est point le ricanement de la certitude ou de la supériorité, l’antiphrase didactique et condescendante de Voltaire, mais une reconnaissance de la nature double, visible-invisible, du réel. Tout sens apparent divulgue, à celui qui s’y rend attentif, un sens caché. Toute apparence est transparence. Le monde n’est pas cette prison de convenances ou cette autre prison que serait une liberté dépourvue de sens. Le monde nous parle. Pour les Romantiques allemand, le langage que le monde nous adresse à travers les cristaux de neige, les murmures des feuillages ou les rumeurs de la mer n’est pas radicalement différents de celui dont nous autres humains usons et mésusons à loisir. Cette similitude, cette parenté est, pour les Romantiques allemands, une leçon d’humilité et de prodiges. Elle témoigne d’un accord possible entre le monde et l’homme, elle annonce des solitudes immensément peuplées d’âmes.

romantik-friedrich-100~_v-gseapremiumxl.jpg

« La nature ne montre pas, ne dissimule pas, mais fait signe » écrivait Héraclite. Le Grand-Œuvre des Romantiques allemands sera le déchiffrement de ces signes, - déchiffrement dont l’humour, comme en témoignent le Contes de Hoffmann, n’est pas exclu. Tant qu’il est possible de rire, à travers l’herméneutique elle-même, rien n’est perdu. Les Romantiques allemands sont d’autant moins obscurantistes que l’interprétation qu’ils proposent des apparences et des signes, des textes sacrés (dont font partie les œuvres des poètes) est infinie. La sapience romantique est aussi peu administrative que possible. Le jeu de symboles et des correspondances, ne s’y trouve ni réglementé, ni instrumentalisé.

On pourrait dire, dans un apparent paradoxe, que ce qui sauve les Romantiques allemands de l’obscurantisme, c’est précisément cette défiance pour le rationalisme. Le culte de la « déesse Raison », dont on connaît les ravages, leur fut largement étranger. Le fou n’est pas celui auquel la raison fait défaut, mais bien celui qui a tout perdu sauf la raison. Toutefois, se défier de la raison n'interdit point d'être logicien ni de faire de la logique un instrument de spéculation et de prospection. L'accusation d'obscurantisme habituellement portée contre eux tient d'autant moins que ceux qui la formulent furent bien souvent les héritiers ou les instigateurs du totalitarisme moderne. Que le réel soit dialogique, pour reprendre le mot de Gilbert Durand, voire, polyphonique et gradué, - et avec une grande part d'imprévisible, - qu'il y eût une interdépendance entre la connaissance, celui qui connaît et la chose connue, que les ombres soient colorées et nos âmes chatoyantes et « tigrées » pour reprendre l'admirable formule de Victor Hugo, que les frontières entre la réalité et le songe soient indécises, que les métaphores soient à l'œuvre, qui changent les feuillages en serpents d'or, les amoureuses en sirènes, les arbres en patriarches, que les dieux puissent surgir et transparaître, que la parole soit donnée aux hiboux ou aux chats, que la différence entre les fées et les libellules puisse n'être, en certains cas, que de pure convenance, tout cela qui appartient au patrimoine imaginaire, ne reste point sans ouvrir des perspectives d'avenir, de nouvelles logiques et de neufs enchantements.

Erlkönig_Carl_Gottlieb_Peschel_1840_Goethe-1.jpg

Peu encline à la linéarité, on ne saurait dire si la pensée romantique fut davantage tournée vers le passé ou vers l'avenir. Bien plus que rectiligne, la pensée romantique est encline à l'arborescence, à la sporade, à la spirale. « Grains de pollen », les pensées se dispersent, mais chacune d'elle tient en elle, mystérieusement, le ressouvenir de son origine. Ainsi, les Romantiques allemands ne furent ni progressistes, ni passéistes, ni excessivement confiant dans le « sens de l'histoire », ni adeptes d'une pure théorie de la décadence. Issus d'une tradition de l'intériorité, d'une spiritualité « paraclétique » illustrée par Angélus Silesius, Franz von Baader ou Jacob Böhme, ils répugnaient à se croire enchainés à quelque déterminisme historique: l'Histoire, avec des bonheurs divers, était en eux.

Certains critiques, non sans pertinence, ont distingué, chez les Romantiques allemands, deux courants, l'un « révolutionnaire » et quelque peu napoléonien, et l'autre, « réactionnaire», tourné vers l'anamnesis, l'ésotérisme, la recherche des fondements de « l'Allemagne secrète », ainsi que le nommera Stefan George. Ces deux courants, toutefois, s'opposent moins qu'il n'y paraît. Ce qui paraît juste, c'est de discerner un glissement, qui est moins d’ordre politique que mythologique. Peu à peu s'éloignant du dix-huitième siècle, de l'euphorie d'une Révolution vue de loin, Prométhée cède la place à Hermès. A la logique du voleur de feu (qui, par Hegel, est aux soubassements du marxisme qui voit en Prométhée la figure tutélaire des révolutions) succède le « feu de roue » des Alchimistes, les feux tournants de l'athanor, qui sont à la fois l'âme et le monde, l’intériorité et l'extériorité.

A la marche forcée du sens de l'Histoire, Novalis, Chamisso, Jean-Paul, préfèreront la promenade où, quelquefois, et comme par inadvertance, le vagabondage se change en pèlerinage, où la simple inclination au voyage devient une quête du Graal. On pourrait dire que le courant « hermésien » de l'Encyclopédie de Novalis s'oppose au courant prométhéen de la phénoménologie de l'Esprit de Hegel, comme, en retour, la volonté planifiante, étatique, hostile à la bigarrure du monde, s'oppose à la contemplation, au recueillement. Les choses, bien sûr, ne sont pas aussi simple, et il y eut bien un « hégélianisme de droite » qui, de Villiers de l'Isle-Adam à Jean-Louis Vieillard-Baron, tenta de donner à la procession hégélienne de l'Esprit une dimension verticale, et, pour tout dire, gnostique. Force est cependant de reconnaître qu'en sa postérité, comme le sut montrer Michel Le Bris, l'œuvre de Hegel engendra les philosophies et les idéologies les plus closes, poussant la raison triomphante à la folie et les hommes à la servitude.

Caspar_David_Friedrich_022.jpg

Paradoxalement, ce passage de Prométhée à Hermès, du rationalisme à une sorte de sapience holistique, ajoute à la pensée romantique une finesse questionnante, un scepticisme, un « je ne sais quoi » de pyrrhonien qui fera toujours défaut à la lignée rivale, demeurée fidèle à l'hybris du voleur de feu.

Il y a davantage de question que de réponses dans les «grains de pollen » de Novalis, et si peu d'acrimonie et de ressentiment, que son œuvre nous apparaît aujourd'hui venir d'un autre monde. Voici belle lurette que les hommes n'écrivent plus sans haïr, au point que bien souvent  la haine, le dépit, la rancœur semblent les seuls moteurs de leur écriture. Le fiel est ce qui demeure lorsque les enchantements ont disparu.

Au-delà la de leurs diversités qui sont grandes et qui rendent bien difficiles d'en parler en quelques pages, les Romantiques allemands, des plus sombres aux plus clairs, des plus rieurs aux plus tourmentés, des plus optimistes aux plus pessimistes, sont tous des hommes, et des femmes, de l'enchantement. Ces enchantements peuvent, eux aussi, être lumineux ou ténébreux, tels de douces brises sur la joue ou de noirs ensorcellements, des rencontres éblouies avec des paysages italiens, de suaves ensommeillements dans les bras des amantes ou des combats furieux contre des dragons; ces enchantements peuvent être austères ou dionysiaques, nous pencher de longues nuits sur des grimoires ou nous lancer dans de folles fêtes de fleurs ou de flamme; ces enchantements peuvent nous perdre ou nous sauver, peu importe, nous porter au-devant du monde sensible, dans les fracas, ou nous rassembler dans le silence d'une méditation mathématique, ils n'en demeurent pas moins la ressource commune à la tous les Romantiques allemands, leur irréfutable singularité, leur étrangeté dans un monde aussi désenchanté que le nôtre.

Nous sommes désormais si loin de tout enchantement que certains de nos intellectuels ont fait de l'enchantement l'ennemi par excellence: il facile de se faire un ennemi de qui ne règne plus ! Véritable arrière-garde, ces « intellectuels » (par antiphrase) persistent à batailler contre ce qui ne demeure plus qu'aux marges extrême de la vie. Dans ce monde planifié, rationalisé, médiatisé, dans ce technocosme surveillé, informatisé, où jamais la part du secret ne fut si rabougrie, ils voudraient encore nous persuader que l'enchantement est ce Mal à l'origine de tous les maux, ce germe du totalitarisme qu'il faut écraser avant qu'il ne s'éploie. Le désenchantement, la démystification, la déconstruction sont leurs grandes affaires, tout ce qui est numineux ou sacré est leur adversaire, comme si la grande « ruée vers le bas » et vers l'horreur n'était pas le démocratique produit du nihilisme et de l'hybris de la volonté, de la raison  idolâtrée, planificatrice. Comme si de ne s'émerveiller de rien et de dénigrer toute chose, les hommes s'en trouvaient être meilleurs !

1200px-Caspar_David_Friedrich_-_Kreidefelsen_auf_Rügen_(Museum_Oskar_Reinhart).jpg

C'est méconnaître que l'enchantement est d'abord ce qui nous dénoue, ce qui nous surprend, ce qui sollicite notre hospitalité. C'est ne pas voir que l'enchantement est une « approche », ou, plus exactement, cette émotion qui survient au moment de l'approche, - à cette seconde magique où nous nous délivrons de nous-mêmes, de notre narcissisme individuel ou collectif, pour recevoir du monde un signe de bienvenue.

Voir dans l'enchantement un Mal est un étrange désespoir et ce désespoir mélangé d'optimisme historique ne laisse pas d'être inquiétant. Les Romantiques allemands pressentirent ce monde déserté des Anges et des Dieux, ce monde sans messagers, où plus rien n'advient de l'autre côté des apparences. Mais si plus rien ne doit advenir, alors les apparences ne sont plus des apparences, mais des murs de néant. D'où l’élan romantique vers les prodiges, qui sont en nous tout autant que dans le monde: « Il est étrange, écrit Novalis que l'homme intérieur n'ait été considéré que d'une manière si misérable et qu'on en ait traité que si stupidement. La soi-disant psychologie est aussi une de ces larves qui ont usurpé dans le sanctuaire la place réservée aux images véritables des dieux... Qui sait quelles unions merveilleuses, quelles générations étonnantes sont encore renfermées en nous-mêmes ? »

L'entendement humain apparaît aux Romantiques allemands comme un instrument prodigieux et méconnu, un stradivarius dont on se servirait comme d'un tambourin avant de le laisser brisé et à l'abandon. Refuser l'enchantement, c'est ainsi refuser non seulement le poème, le chant des sirènes, mais la spéculation elle-même, l'Intellect dans ses plus hautes œuvres. Il y a, certes, un danger dans le chant, comme dans la pensée, on peut s'y perdre mais ce danger est le propre de l'humain et sans doute n'est-il point si grand que le danger que recèle, pour la beauté de la vie, le culte bourgeois de la sécurité à tout prix.

Par ailleurs, l'enchantement romantique est fort loin de sa caricature. Il n'est point cet abandon aux forces de la vie et de la nature, ce panthéisme primaire, cette passivité végétale ou infrahumaine, ce culte de la Magna Mater ou ce fondamentalisme écologique que ses adversaires dépeignent avec complaisance : « Bien des gens, écrit Novalis, s'attachent à la nature, parce que, comme des enfants gâtés, ils craignent leur père et cherchent un refuge auprès de leur mère ». S'il importe d'apprendre à manier la baguette magique de l'analogie, ce n'est pas au détriment de la déduction, mais en contraste avec elle, sachant que « les contrastes sont des analogies inversées ». Ainsi, « la vie des dieux est mathématique » mais « c'est en l'humain que se manifeste l'empire des cieux ».

Pour le Romantique, la science chante comme les nombres et rien n'est véritablement abstrait. « Chaque descente du regard en soi-même est, en même temps, une ascension, une assomption, un regard vers l'extérieur véritable ». L'enchantement est ce point, cette frontière incertaine où le monde intérieur et le monde extérieur se rencontrent. Nous pouvons choisir de lutter contre le monde, de le prendre à bras le corps, de le défier, mais, en dernière instance, cette joute est nuptiale. Entre l'élan prométhéen et la sagesse d'Hermès, il est un accord possible, que Novalis, avec génie, résume en une seule phrase: « Nous ne nous comprendrons jamais entièrement; mais nous ferons et nous pouvons bien plus que nous comprendre ».

Luc-Olivier d'Algange

Charlie Hebdo Rides Again

MacronDevil-600x313.jpeg

Charlie Hebdo Rides Again
 

The French President stepped on a rake for the second time, and was duly slapped in the face by its long handle. French products went off the shelf in the Arab and Turkish shops; heads chopped off in the midst of pandemics; a lot of animosity, anger, smacking of a civil war. Vous l’avez voulu, you asked for it, Emmanuel Macron! We saw it in 2015, why did you push “Replay”? Anyone can step on a rake once, but to repeat this mistake? It is not a sign of a smart guy, unless this response is exactly what he wanted.

Macron is surely a smart guy. He had a few good practical reasons to provoke French Muslims. Not an ideological man, he wanted to steal the right-wing electorate of Mme Le Pen. They are known for hating foreigners, first of all the large Muslim population of the republic. The Muslims do not fit the self-image of a Frenchman, the slim man in beret and mackintosh with a baguette under his arm. It was not hard to make this Muslim population angry, and then to manifest Macron’s iron fist in dealing with them, and voila! the nationalist voters are in the pocket of the French president.

The replay was jumpstarted by Charlie Hebdo. This small satirical magazine of little artistic value usually publishes bad taste cartoons of public loo wall quality. It wouldn’t survive but for grants and government subsidies. It is so minor that it would not be noticed either but for the mainstream media that bring its message to the last immigrant banlieue. Now they have republished some nasty cartoons aimed at the Prophet Muhammad. The immigrants and their children didn’t enjoy this premeditated insult to their faith. Think about having a good laugh over the Holocaust in the presence of a Jewish person and you’ll understand. Even peaceful and calm people dislike being offended. However, the publication was of little importance, as opposed to Macron’s public and well-covered support for it. He positively celebrated this publication and added a few well-chosen and offensive phrases against Islam. This was the ringer.

ob_dfd659_tartuffe-1.jpg

Tartuffe would be proud of Macron who declared that Charlie Hebdo is the true carrier of the French Republican spirit and its love for unbridled freedom of speech. It would be bad enough if true, but it is not. France, and the entire world, is now in the middle of a huge offensive against free speech. Facebook banishes accounts and removes posts, Google shadow bans sites, the venerable Unz.com has been both banned on Facebook and shadow-banned on Google. President Trump has his tweets removed or appended with a health warning on Twitter. The proposed new hate law of Scotland would make it a crime to express opinions likely to cause discomfort even within the four walls of your own home. For a long time it has been a crime to say “hateful things” in the public space, and in the UK there are a hundred thousand “hate crimes” a year committed, according to the thought police.

France is leading the assault against free speech. French Writer Hervé Ryssen Jailed for Criticizing Jews;French Court Sentenced Alain Soral to Pay Jewish Organization $158,500 for Re-Releasing 128-Year-Old Book – say the recent headlines. The new French law bans “hate speech” on social media. The law obliges platforms and search engines to remove offensive content – including religious bigotry – within 24 hours or risk a fine of up to €1.25m. This law, and other hate laws are applied in defence of Jews, but strangely do not defend Muslim or Christian sensibilities.

file6nv7u6dpi4o1a9vygosl.jpgThe chief editor of Charlie Hebdo is aware of this discriminatory order and approves of it. A Spiked journalist reports on meeting him: “Biard[the editor] is not in favour of unregulated speech. He supports French laws that outlaw Holocaust denial, and is sympathetic towards laws on hate speech. He approves of prosecution of French comedian Dieudonné, who has been arrested numerous times for saying the Shoah wasn’t important.” You may not speak against Jews, but attacking the faith of poor Muslim immigrants is perfectly all right, for they are people of no importance, and they should learn who is their boss and what is the true faith of their new homeland (a hint: it is not Christianity). If they make trouble it is even better for they can be hit hard.

Theoretically, it is illegal in France to insult Muslim (or Christian) beliefs. The European Court of Human Rights had ruled so explicitly in a judgment in the case of Otto-Preminger-Institut v. Austria: “The respect for the religious feelings of believers guaranteed by Article 9 can legitimately be considered violated by provocative images of objects of religious veneration, such images can be considered a malicious violation of the spirit of tolerance, which should also be a feature of a democratic society.”

In the case of Wingrove v. the United Kingdom:

“… Respect for the religious feelings of believers can become the basis for the state’s legal restriction of the publication of provocative images of objects of religious veneration.”

203155-5x3-topteaser1260x756.jpg

In the case of Pussy Riot v. Russia:“Given that the applicants’ presentation took place in a cathedral, which is a place of religious worship, the Court considers that (the State’s) interference can be regarded as having the legitimate aim of protecting the rights of third parties.”

Such activities should be illegal, but apparently are not. This unfairness is a source of aggravation: Muslims were laughed out of court when they complained against particularly vile Charlie’s cartoons, but Jews almost always win when they go to court against their denigrators. (Full disclosure: I was also sued by LICRA, the French Jewish body, while my French publisher was financially devastated by their Lawfare).

Thus, France (like the rest of the West) has very little freedom of expression left, and Macron’s claim that Charlie cartoons should be celebrated as a sign of Liberté sounds particularly hypocritical and false, like George Bush’s They hate us for our Freedom. As if that weren’t enough, then came the push to make every Muslim in France aware of this Macron-approved Charlie nastiness. In schools, a lesson was dedicated to educating children in the crude pornography of the cartoons. It was claimed (and I have no way of verifying) that the murdered French teacher had shown cartoons mocking the Prophet for five years every year since 2015, as he did this year after Macron’s speech. He allegedly added another pornographic cartoon and suggested Muslims might leave the classroom if they did not want to be offended. I can imagine the cry (selection! deportation!) if a teacher had suggested that Jewish pupils should leave the room. The upset Muslim parents went to the police and complained. The teacher lodged a counter-complaint alleging defamation. It is difficult to judge now whether the slain teacher was acting as he was obliged to by the authorities, or whether he was especially zealous in delivering the smut.

An 18-year-old youngster of Chechen origin (he had lived in France since he was six) killed him and allegedly decapitated him, and right away the killer was shot dead by police. This created a wave of panic in France, with Macron and Le Pen competing with calls to punish the Muslims. Some Muslim extremists allegedly attacked worshippers in a Nice church and killed three or four of them. This was decried as a false flag action, aimed at terrorising people into accepting the new lockdown, by a prominent radical French site that called for the “refusal of re-containment (or new lockdown) as the only real act of resistance in these troubled times”.

db591c2710c4a9437cbaa5ef567455b15d11d30c.jpg

It could be a false flag, for no Muslim group accepted responsibility, and besides, the French secret service has a tradition of killing the perpetrators they sent to do the deed, and the killing of the young Chechen fits their playbook. The next terrorist act, the shooting of a Greek Orthodox priest in Lyon, was also ascribed to bloodthirsty Muslims, until it was discovered that the criminal was a fellow Orthodox ex-monk with some personal grudge against the priest; then the Lyon attack was dropped into the memory hole.

Macron still closed all the churches in France; apparently the government wanted to create the background for a religious war of Christians vs Muslims. Even murkier is the reason why the Chechen rebels/terrorists have been brought to France, as well as Syrian, Libyan and Afghan refugees/terrorists who participated in the bloody civil wars in their lands. They were certainly dangerous.

We know that British intelligence used Libyan refugees with a dubious background to keep meddling in Libyan affairs, and two terrorists, Salman and Hashem Abedi, fled Libya with British government assistance onboard the UK Royal Navy vessel, HMS Enterprise, only to kill and injure many Brits in 2017 in Manchester. We know that the Russians have asked to extradite suspected Chechen terrorists from England and France, but were refused.

It is not likely that these hardened terrorists have been brought to Western Europe in hope of turning them into exemplary citizens, or for humanitarian reasons. It is more probable that they were brought in exactly for the purpose of creating a terrorist underground network, to frighten citizens into obedience. Just like coronavirus, but in another way. Some people are getting killed, but the purpose is achieved: new anti-terrorist acts are enacted and acted upon; more surveillance is introduced. The governments and their security services want to keep us scared, and terrorism is a reliable means for that. It is all part of the war the elites carry out against the nations and against too-unreliable democracy.

51mD3vQrH9L._SX301_BO1,204,203,200_.jpgElites are unhappy with us, the people, says Frank Furedi: “Contempt for the people who fail to vote in accordance with their betters’ wishes is one of the main drivers of elite hostility towards democracy today.” They hope “coronavirus will kill populism”, read: democracy, he adds.

You can trust politically incorrect Russians to say it straight. The Russian top banker Herman Gref in his candid speech at SPIEF 2012 said what his Western partners think but never would utter:

“I want to tell you that you are actually saying terrible things. You are proposing to transfer power into the hands of the people. But if people would know all, it will be extremely difficult to manipulate them. People don’t want to be manipulated when they have knowledge. That’s why Kabbalah was a secret teaching for three thousand years. Any mass control implies a manipulation element. How to live, how to manage such a society, where everyone has equal access to information, everyone has the opportunity to receive directly information unless it had been processed through government analysts? How to live in such a society? Your reasoning makes me scary.”

Herman Gref had been injected with a truth serum, people said after hearing his candid talk. (Here in Russian). Perhaps.

Perhaps the very idea of mass immigration from the war-stricken regions was connected with the elites’ desire to start a low-intensity civil war in their own country while undoing social cohesion achieved by centuries of living together.

Now we shall proceed to a deeper reason why Macron decided to splash some oil onto the ever-glimmering bonfire of strife.

A fluent ideologue of French far-right nationalism is Eric Zemmour, an Algerian Jew. Here is a short article in English giving some background to the man. The Irish Times mistakenly calls him “the son of Jewish “Pied-Noirs”, who emigrated from Algeria when it gained independence from France”. This isn’t so: Pied-Noirs were French colonists in Algeria, while Zemmour is a native Algerian Jew. Instead of being an assimilated Jew as he claims, he is rather a dissimulating Jew: despite being an advocate for Catholic France, he goes to a synagogue, avoids pork and keeps kosher (Jewish dietary laws) at home, but not outside. He says he was a leftist until he discovered Muslims and started his own warfare against them.

He is, and has been, allowed to say such things on French mainstream TV channels for which anybody else would be arrested and imprisoned. He calls for putting an end to immigration (which is reasonable) but he does not stop at this, but speaks of mass deportations, and actually calls for a civil war against French Muslim citizens, while presenting himself as a defender of Catholic France.

His official opponent, the ideologue of liberal France, is Bernard Henri Levi, BHL, another North African Jew, who was instrumental in creating civil wars in Syria and Libya while encouraging Islamist fanatics in these lands to overturn the secular socialist regimes. He is a supporter of immigration, and he lives part of the year in Marrakech, Morocco.

These two Jews are leading France to religious strife, acting on both sides of the divide. Doesn’t it remind us of a Rothschild and a Trotsky, a ruthless banker and a fiery revolutionary, who incited class conflicts from both sides of the social divide, as G.K. Chesterton saw it?

AVT_Youssef-Hindi_9747.jpgThis is the view of a Moroccan-French author, Youssef Hindi, a friend and a co-worker with Alain Soral. He has asserted that Jews have systematically infiltrated Muslim and Christian elites in order to stimulate destructive wars between Muslims and Christians, for the benefit of Jews alone, who will thus be able to settle in the Holy Land, drive out the original inhabitants, and establish a world empire of nations obedient to Jerusalem, which is the ultimate content of Jewish Messianism. Hindi’s West and Islam has the caption “Messianic sources and the genesis of Zionism from medieval Europe to the Clash of Civilizations”.

According to Hindi, Zionism didn’t begin with Theodore Herzl but has deep roots in the Kabbalistic eschatology of the Middle Ages, conveyed and nourished by successive generations of sages, mystics and miracle workers.

Such a sage was Don Isaac Abravanel (born 1437), a subject of the book by Benzion Netanyahu, father of the Israeli Prime Minister and a cult figure for father and son alike. He launched the era of Jewish messianism, says a Haaretz writer. His idea, absorbed and accepted by Benjamin Netanyahu, was the calling for an apocalyptic catastrophe, a “war of the monsters” between Gog and Armilus – symbolising Ishmaelites (Muslims) and Christendom (as Abravanel described, for example, in his work “MayaneiYeshua”). This war will be concluded with a weakening of both sides and the Rise of Jews to world domination, symbolically called ‘The Feast of the Leviathan.’

Carl Schmitt, the great philosopher of his time, said in 1942, that Jews enjoy the colossal global struggle between the monsters, Leviathan (Britain and the US) and Behemoth (Germany): “They gleefully rub their hands waiting for the mutual attrition that would enable the Jews’ domination of the world, or ‘The Feast of the Leviathan.” Will the war between Islam and Christendom now brewing in France allow for the next Feast of the Leviathan?

Perhaps. Avner Ben-Zaken, an Israeli thinker, wrote in his excellent treatment of the subject (here in English) that Benjamin Netanyahu, himself a great adept of Catastrophic Messianism and a believer in the war of Edom and Ishmael as the key to salvation of Jews, visited France in the aftermath of the first Charlie episode and encouraged the French Jewish leadership to act by calling them a “new collective Isaac Abravanel”. Two years later, the French Jewish leadership appointed Emmanuel Macron the President of the Republic, says a French Jewish writer blogging under the name Tsarfat (the Hebrew name for France).

838_emmannuel_macron_lance_son_mouvement_47564_hd.jpg

In a long and detailed piece Tsarfat tells of a few prominent Jews (Alain Minc, Serge Weinberg, Jacques Attali, and Bernard Mourad) vouching for Macron with David de Rothschild. In 2011, Macron became a junior partner at Rothschild, earning a substantial salary. He was worth every penny – he tricked Le Monde, he cheated President Hollande, he cheated the French state, he did whatever Rothschild demanded and in return, he has got the presidency of the Republic. He was the new king appointed by the new Abravanel. Now he has to deliver the war between Christendom and Islam, for the supreme glory of Israel.

Eric Zemmour, the fiery far-right spokesman, a commenter with its own prime-time slot on a major TV channel, is the ideal man to lead the psychotic (thanks to Corona panic) France (and Europe) into a religious war between Christendom and Islam. In the war, both major opponents will be broken and weakened, while Israel with its Judaism-for-Goyim, the Holocaust creed will have the upper hand.

Eric Montana, a French Christian journalist wrote: “Zemmour is a double agent in the service of the Clash of Civilizations and of the Zionist movement which feeds a climate of permanent tension in France. Zemmour works to provoke division and pour fuel on the fire, by outrageously criminalizing some of our compatriots of Muslim faith, and thus endangering civil peace in our country. Zemmour is a public danger who despite his numerous convictions for inciting racial and religious hatred, remains scandalously present in the media, undoubtedly enjoying protection invisible to the naked eye … but yet very real.”

At least we can say that the opponents of Muslims aren’t Christians. For the Charlie Hebdo magazine is explicitly anti-Christian as well as anti-Muslim. One finds there some most obnoxious cartoons offending the Virgin and Christ, as well as the pope and the Church. (They never offended Jews, somehow).

A Christian government would act like the Russians did. A few years ago, Pussy Riot profaned the St Saviour of Moscow in the way that Femen had profaned some great European cathedrals, from Notre Dame de Paris to Strasbourg. The Russian government did not wait for vigilante justice to be meted upon the viragos, but had gave them up to two years of prison. At the same time, the Russian criminal law has been changed to include ‘sacrilege’ among ordinary crimes, by general consent. Since then, such crimes do not occur.

femen-madeleine_4646538.jpg

In Charlie’s France, the Femen despoiling the churches were never punished; but a churchwarden who tried to prevent that was heavily fined. France has a long anti-Christian tradition, usually described as “laic” (secular), and its grand anti-Church coalition of Atheists, Huguenots and Jews coalesced in the days of the Dreyfus Affair. It also has a strong Catholic church, but not one calling for a war with Muslims.

The true Christian view of the developments was expressed by Archbishop Theodosius Atallah Hanna of Sebaste in Palestine (he baptised me in 2002). He condemned the targeting of Muslims in France and around the world through degrading paintings and cartoons. “Hate speech aims at serving the policy of divide and conquer. Christians and Muslims must cement a culture of brotherhood and togetherness and we must work together, more than ever before to defeat all the plans and conspiracies that aim at dividing us and at creating discord in our ranks”, said the Palestinian bishop.

P.S. Much attention is given to the exotic way of killing by the alleged terrorists. Actually, beheading is as French as onion soup. Guillotine was the preferred national method of execution (like electric chair in the US). The French beheaded their king and queen. During the Battle for Algeria, French paras famously played football with chopped rebel heads. Napoleon had brought beheading to the Middle East, not vice versa. During his campaign in Egypt, general Bonaparte having learned of an uprising in a village had ordered his adjutant Croisier to go there, surround the entire tribe, kill all men without exception, and bring women and children to Cairo. His orders were promptly carried out. Many children and women who were driven on foot died on the way, and, a few hours later, donkeys laden with sacks appeared on the main square of Cairo. The sacks were opened and the heads of the executed men of the guilty tribe rolled across the square, wrote the historian. Should we say chicken came home to roost?

Israel Shamir can be reached at adam@israelshamir.net

This article was first published at The Unz Review.

»Ethnopluralismus – Kritik und Verteidigung«

maxresdefaultEPLml.jpg

»Ethnopluralismus – Kritik und Verteidigung«

Ellen Kositza empfiehlt Martin Lichtmesz

 
 
#Ethnopluralismus ist ein Schlüsselbegriff. Bloß: Was ist das eigentlich? Die Gegner sagen: ein versteckter #Rassismus. Wir sagen: Die schwer beschreibbare, jedenfalls unbedingt verteidigenswerte Mischung aus Kultur, Geschichte, Abstammung, Charakter. Martin #Lichtmesz ist der erste, der diesen Begriff, sein Potential und seinen Mißbrauch umfassend darzustellen vermag. Er hat sich über Jahre mit der Vielgestaltigkeit der Völker, mit Abgrenzung und Austausch, mit Dekonstruktion und Verallgemeinerung beschäftigt und verteidigt nun eines unserer zentralen Konzepte auf seine unnachahmliche Art. Ein eminent wichtiges Buch!
 
 
Hier die Sezession abonnieren: https://sezession.de/abo
Das Netztagebuch der Sezession: https://sezession.de
Götz Kubitschek bei Sezession im Netz: https://sezession.de/author/goetz-kub...
Benedikt Kaiser bei Sezession im Netz: https://sezession.de/author/benedikt-...
Sezession bei Twitter: https://twitter.com/SiNetz
Benedikt Kaiser bei Twitter: https://twitter.com/benedikt_kaiser
Ellen Kositza bei Twitter: https://twitter.com/EKositza

The Future of Work: Heart, Hand, & Head

2058_2058---Meunier-1_sq_640.jpg

The Future of Work:
Heart, Hand, & Head

Review:

David Goodhart
Head, Hand, Heart: Why Intelligence is Over-Rewarded, Manual Workers Matter, and Caregivers Deserve More Respect
New York: Simon and Schuster, 2020

hhhcover-199x300.jpgDavid Goodhart [1] is an upper-class British political centrist who arrived at his views from the Left. He works at a UK think tank called Policy Exchange. He’s the author that first articulated the concept of “Somewheres” vs. “Anywheres [2].” He has just published a book that expands upon the Somewheres-Anywheres divide and looks at the changing nature of work in the post-industrial economy plus the populist revolts of Brexit and the election of Donald Trump.

There are two factors to this that are best explained upfront.

Factor #1: De-industrialization has robbed a great many parts of Britain and the United States of an economic base that gives less-educated people decent jobs where they can afford to raise a family. Factor #2: At the same time, a means of sorting and capturing intelligent people to attend an ever-increasing number of universities robs de-industrialized towns of their intelligent young.

This process has created a large cognitive elite in both the US and UK. This cognitive elite has an “Anywhere” worldview and they are detached from many of their fellow countrymen. The “Anywheres” are also living in an echo-chamber. They aren’t really cosmopolitan or particularly broad thinkers. (Goodhart doesn’t say this, but belief in “civil rights” shuts down hard thinking, and “civil rights” is the official religion of England and America.)

These elite work “head” jobs and look down upon those who carry out “hand” or “heart” work — i.e. mechanics or nurses. Meanwhile, the proliferation of universities has made degrees less valuable while being required for jobs that don’t really need university-level certifications. Money and time are wasted on schooling by many people.

The solution is to encourage and support the hand and heart work that ordinary people can do. This includes allowing women to prioritize child-rearing and family care over “head” work at some firm. All of this must occur in a situation where parts of the economy are winner-takes-all. In other words, due to globalization, the dozen or so exceptional artists, actors, or businessmen capture the entire market. There is also the increasing job-stealing threat of artificial intelligence.

An Anywhere fighting for his Somewheres?

The book hit close to home. While I’d like to believe that I am a fighter for the Somewheres and small factory towns, the truth is I’m an Anywhere expat from a Rust Belt state. The social circle of my youth is the same way. The men in my ROTC detachment would have fit in neatly in any Union Army regiment at the Hornet’s Nest during the Battle of Shiloh [4], but with one exception, all are now living in a McMansion in a high-income area far from the Middle West doing “head” work. We were also officers, so our combat tours were a shade more comfortable than most. None are in industry, although most of us came from families that worked in industry at some point. Thus, everything in my review should be taken from the perspective of an Anywhere hoping he is helping out the Somewheres.

On the broad level, Goodhart takes an entire book to say that people in the skilled trades are overlooked politically. Additionally, there is a job shortage in those trades, especially now that Brexit is closing off Eastern European workers and Trump has clamped down on immigration.

Goodhart encourages apprenticeships, high school shop classes, and trade schools. If you don’t like sitting in class but want to make money, get in the “hand” business. I’d like to add that citizens of all types should encourage in-sourcing jobs and protectionist economic policies.

6249830138_0284ec25e2_b.jpgVocation

The book raises the question of what a young man should do for a vocation. It is important to note that many jobs in the “head” department aren’t jobs where a person is free to think on their own. These jobs might not pay much either. Goodhart shows many examples of how builders and mechanics are out-earning office workers.

If I can give some advice on what a man should do for a vocation, it would be to first get a solid read on your IQ. If you have an IQ anywhere above 120 you can write your own ticket if you work hard enough. No matter what your IQ is, steer clear from any “friends” that you might have that smoke weed and go around looking for trouble. Those types of people seem cool in junior high, but become less cool as everyone gets older.

imagescmtr.jpgThe three top professions are medicine, the law, and the clergy. If you feel called to do any of these jobs, don’t pass them up. As far as enlisting, I must state upfront that there are many ways to serve your country outside of the infantry. Some further advice on this can be found here [5].

Next, if you can swing it, get advice on what to do from an older male relative. I got very good advice from an uncle about what to do when I was helping him on a construction job on the western prairie. While the route to career success is by twisting staircase and anything can happen, for most people, the choices made in their twenties affect much of their later life.

I personally don’t think that artificial intelligence is going to be the job thief that it is predicted to be. I deeply suspect that most companies that produce “AI software” are really in the gimmick business. The state of AI development is a long way from producing a brigade of Commander Datas [6]. However, the field is a good one to get involved in. Managing AI is going to be the new job and increased demand for anyone that knows anything about it. If you want to get involved in that career, start by reading the works of John McCarthy and Patrick J. Hayes [7]. They are the pioneers of the field.

No matter head, heart, or hand, you really need to make money. Once you get it, invest it well. Don’t complain about railroad freight rates when you can buy stock in Union Pacific.

This book is written from a centrist position, but it takes into account what white advocates like F. Roger Devlin have been saying for at least 10 years. It also quotes books such as The Bell Curve and Bowling Alone that were taken very seriously in journals like American Renaissance and The Occidental Quarterly. The neo-liberal consensus is crumbling.

Ultimately, Paul’s advice to the Colossians still has merit: “And whatsoever ye do, do it heartily, as to the Lord, and not unto men.”

La_Moisson_C._Meunier.JPG

If you want to support Counter-Currents, please send us a donation by going to our Entropy page [8] and selecting “send paid chat.” Entropy allows you to donate any amount from $3 and up. All comments will be read and discussed in the next episode of Counter-Currents Radio, which airs every weekend on DLive [9].

Don’t forget to sign up [10] for the twice-monthly email Counter-Currents Newsletter for exclusive content, offers, and news.

Article printed from Counter-Currents: https://counter-currents.com

URL to article: https://counter-currents.com/2020/10/the-future-of-work-heart-hand-head/

URLs in this post:

[1] David Goodhart: https://policyexchange.org.uk/author/david-goodhart/

[2] Somewheres” vs. “Anywheres: https://thinktheology.co.uk/blog/article/anywheres_and_somewheres

[3] here.: https://counter-currents.com/2020/07/its-okay-to-be-white/

[4] Battle of Shiloh: https://en.wikipedia.org/wiki/Battle_of_Shiloh

[5] here: https://counter-currents.com/2020/06/to-enlist-or-not-to-enlist/

[6] Commander Datas: https://en.wikipedia.org/wiki/Data_(Star_Trek)

[7] John McCarthy and Patrick J. Hayes: http://www-formal.stanford.edu/jmc/mcchay69.html

[8] our Entropy page: https://entropystream.live/countercurrents

[9] DLive: https://dlive.tv/counter-currents

[10] sign up: https://counter-currents.com/2020/05/sign-up-for-our-new-newsletter/

00:14 Publié dans Livre, Livre, Philosophie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : livre, philosophie, travail, travail manuel | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

mercredi, 04 novembre 2020

L’Allemagne, l’UE et la Russie – à qui sert la cacophonie?

5f5496e028000035009d2330.jpeg

L’Allemagne, l’UE et la Russie – à qui sert la cacophonie?

par Karl-Jürgen Müller

Ex: https://www.zeit-fragen.ch/fr

La politique de l’Allemagne envers la Russie, identique à celle empruntée par l’Union européenne, se trouve ballotée sous la houle constante entre ses propres intérêts, ses liens traditionnels, les revendications extérieures (surtout anglo-saxonnes) et les idéologies nourries de stéréotypes d’ennemi – tout cela dans des formes de plus en plus manifestes et impétueuses. L’Allemagne et l’UE perdent ainsi de plus en plus de crédibilité et de puissances créatives en matière de promotion de la paix. Ces évolutions se confirment, malheureusement, par les événements récents. 

Gerhard Schröder, pendant son mandat de chancelier allemand, a fait beaucoup de choses soulevant des critiques – par exemple, au printemps 1999, il fut le responsable de la participation allemande à la guerre d’agression de l’OTAN contre la République fédérale de Yougoslavie, décision enfreignant le droit international. Par contre, quatre ans plus tard, au printemps 2003, il fit preuve de son opposition à la guerre en rejetant la participation directe de l’Allemagne à la guerre d’agression menée par les Etats-Unis et de leur «coalition des volontaires» contre l’Irak, guerre se trouvant à nouveau en flagrante violation du droit international. Schröder avait tenté alors, avec le président français Jacques Chirac et le président russe Vladimir Poutine, d’empêcher cette guerre – initiative appelée «l’axe Paris-Berlin-Moscou».Ce fut le secrétaire américain à la Défense d’alors, Donald Rumsfeld, qui créa les termes de la «vieille et la nouvelle Europe» en affirmant que les opposants à la guerre appartenaient, selon lui, à la vieille Europe tandis que les partisans de la guerre en représentaient la «nouvelle».

Gerhard Schröder, la guerre de 
Yougoslavie et la campagne Navalny

Si on considère les gouvernements des Etats européens de l’OTAN aujourd’hui, il apparait clairement que la «vieille Europe» dont parla Donald Rumsfeld n’existe plus. L’ancien chancelier M. Schröder, en revanche, a pourtant fait l’effort de rectifier la voie qu’il avait  empruntée du temps de la guerre de Yougoslavie. Deux de ses commentaires sont dignes d’être retenus. En mars 2014, lorsque tous les Etats de l’Otan accusèrent la Russie d’avoir occupé la péninsule de Crimée «en violation du droit international», Schröder mit un signal d’avertissement, lors d’un meeting public organisé de l’hebdomadaire allemand Die Zeit,en direction de ceux qui se montraient prompts à le désigner moralement du doigt. En effet, en disant qu’il avait lui-même participé en tant que chancelier allemand à une guerre contre la République fédérale de Yougoslavie (guerre en contradiction envers le droit international). Schroeder avait raison, même si peu de réactions publiques se manifestaient à ce sujet. 

20110504lpw-20111128-article-jpg_6954260_1250x625.jpg

Le même Schröder s’est à nouveau exprimé dans le cadre de la campagne Navalny,mettant une fois de plus en garde contre les conclusions et les mesures hâtives en déclarant: «Ce qui se fait actuellement ne relève que de conjectures hypothétiques dénuées complétement de toute information réelle.»Schröder a raison, là aussi. Même M. Gernot Erler, politicien SPD [donc du même parti que celui de Schröder, ndt], ayant vivement critiqué M. Schröder pour ses déclarations citées, vient de dire, lors d’une interview du 8 octobre, sur les ondes de la radio Deutschlandfunk: «Si vous regardez ce qui s’est passé d’un point de vue purement juridique, purement juridique, c’est correct …», pour ajouter aussitôt : «… mais non pas politiquement correct, bien sûr». M. Erler ne précisa pas ce qu’il voulait dire exactement. On peut néanmoins le deviner. En effet selon cette logique, le président russe Vladimir Poutine serait «politiquement» responsable chaque fois que quelqu’un se servirait d’une substance toxique dont on attribuerait la provenance d’une institution étatique russe. Il était déjà apparu au cours des enquêtes sur la campagne Skripal de 2018 que très probablement, non seulement l’Union soviétique et ensuite la Russie étaient en possession de poisons appartenant au groupe Novichok, mais également des services secrets d’autres Etats.4

Quoi qu’il en soit, si vous entamez une recherche numérique, sur Google, en quête des réels propos de Gerhard Schröder, vous aurez du mal à les trouver. Les dix premières pages de Google(et même davantage) n’abondent que d’attaques très virulentes contre l’ancien chancelier Schröder («ce Schröder qui n’est rien qu’un domestique de M. Poutine, protégeant les meurtriers»5) datant des jours suivant le 1er octobre – un véritable «shitstorm».

George_Friedman.jpg

Ne pas oublier George Friedman

Pour mémoire: George Friedman, ancien directeur de l’agence de renseignement privée américaine Stratfor, avait déclaré, lors d’une conférence du février 2015, sur la tribune du Chicago Council on Global Affairs: «Le principal intérêt de la politique étrangère américaine, au cours du siècle dernier, pendant la Première et la Deuxième Guerre mondiale ainsi que la Guerre froide, furent les relations entre l’Allemagne et la Russie; parce qu’unies, elles sont la seule puissance ayant la capacité de nous menacer. Notre principal intérêt était de veiller à ce que cela n’arrive pas.»Une voix comme celle de Gerhard Schröder dérange de tels concepts. Les mots clés nourrissant les conférences de George Friedman tous azimuts sont largement connus, il faut pourtant s’en souvenir de temps en temps.

A ce jour, on tente encore et toujours d’adapter la politique allemande à «l’intérêt principal de la politique étrangère américaine». Les articles d’orientation dans les grands médias, tel celui paru dans l’édition du 8 octobre 2020 de la «Neue Zürcher Zeitung», intitulé «La politique allemande à l’égard de la Russie au scrutin», ont apparemment pour tâche générale de travailler précisément dans ce sens. Par exemple en y disant que les diplomates à Berlin déclarent en toute confiance qu’après 15 ans, la chancelière se trouve actuellement «au bord du gouffre d’une politique allemande trop confiante à l’égard de la Russie». Lors dela présentation récente d’une enquête par la Conférence de Munich sur la sécurité, l’Allemagne s’est vue solliciter à enfin abandonner ses «tromperies envers elle-même» caractérisant sa politique extérieure et à réinstaller des rapports envers la Russie «plus pertinents et cohérents» – voilà donc comment on construit «des faits»…

Quelle sera la hauteur convenable 
du nouveau mur?

L’Allemagne doit donc aggraver ses relations avec son voisin, la Russie, et investir environ 30 milliards d’euros de plus par an dans l’armement (atteignant déjà plus de 45 milliards d’euros aujourd’hui) tandis que la pression s’accentue pour qu’elle réserve deux pour cent du produit intérieur brut au profit de l’armée. Depuis 20 ans, les préparatifs se poursuivent, pas à pas, pour reconstruire un autre mur insurmontable entre l’Ouest et l’Est. Le plan le projetant fut développé, fin avril 2000, dans la capitale slovaque Bratislava, comme on vient de nous l’apprendre grâce à une coïncidence.7

Le 12 octobre 2020, le Conseil des ministres des affaires étrangères de l’UE a «lancé de nouvelles sanctions contre la Russie» en raison de l’affaire Navalny suivant les propositions des ministres français et allemand des affaires étrangères. Ces deux hommes politiques ont justifié leur décision en déclarant, le 12 octobre, sur le magazine d’information publique tagesschau.de que «la Russie, n’ayant jusqu’à présent pas répondu aux appels à une enquête complète sur ce crime ni fourni d’explication crédible à cette cruelle tentative de meurtre [...]» il était donc évident pour eux «qu’il n’y avait pas d’autre explication plausible à l’empoisonnement de M. Navalny que l’implication et la responsabilité de la Russie». C’est un raisonnement scandaleux, vu qu’il émane de la part de deux hauts représentants d’un Etat de droit. 

Délires à sanctionner

Il est toutefois intéressant de noter que ce langage appartient seul aux ministères des affaires étrangères allemand et français tandis que le compte rendu officiel des décisions prises du Conseil des ministres des affaires étrangères de l’UE, le 12 octobre 2020, est de style plutôt sobre: «On a également abouti à un accord politique pour faire avancer l’initiative [franco-allemande] proposant des sanctions contre ceux qui sont impliqués dans la tentative d’assassinat d’Alexeï Navalny.» Le 12 octobre, la Deutsche Welle a également fait preuve d’un écho différent de celui de la tagesschau.de, en affirmant que les diplomates allemands de l’UE espéraient que la dernière décision [du ministre des affaires étrangères de l’UE] réduirait également la pression sur le gouvernement allemand pour qu’il arrête le projet de gazoduc germano-russe Nord Stream 2 dans la mer Baltique. «Le gouvernement allemand», a-t-il déclaré, «s’en tient à son point de vue selon lequel ce projet économique n’a rien à voir avec l’empoisonnement d’un membre de l’opposition». Les propos du commissaire européen aux affaires étrangères, Joseph Borell, sont cités ainsi: «Il ne faut pas réduire la vision du monde entier à ce malheureux événement avec M. Alexei Navalny.» Et d’y ajouter une autre citation de M. Borell affirmant que l’UE devrait «continuer à coopérer avec la Russie car Moscou jouait un rôle important dans de nombreux conflits».

602x338_cmsv2_264f0b1c-d0f6-5a18-8c9d-9fdf92344276-5021890.jpg

Néanmoins, le 14 octobre 2020, l’UE a concrétisé ses plans de sanctions contre la Russie, en soumettant un nombre restreint de ressortissants russes, principalement membres de l’appareil de sécurité, à l’interdiction d’entrer dans l’UE, ensemble avec le gel de leurs avoirs. En outre, l’Institut de recherches d’Etat russe en matières chimiques et de la technologie organique sera également sanctionné sous prétexte que le poison trouvé à Navalny provenait de cet institut. Mais une fois de plus, le rôle de l’Allemagne trouve son écho particulier dans les médias, par exemple sur tagesschau.de qui dit: «C’est le gouvernement allemand qui a insisté sur la décision de sanctions, notamment parce qu’il espère qu’elles mettront fin au débat sur le gazoduc germano-russe Nord Stream 2.»

Selon cette même source, le ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a annoncé des contre-sanctions russes à celles de l’UE suivant, comme il dit, la pratique habituelle dirigeant les rapports diplomatiques. Lavrov a de nouveau accusé les autorités allemandes de n’avoir présenté aucune preuve étayant l’incrimination de l’empoisonnement de M. Navalny. M. Lavrov a mis l’accent sur le fait que l’Allemagne violait ainsi les règles juridiques internationales. Auparavant, M. Lavrov avait déjà averti l’UE du risque de l’interruption temporaire du dialogue. Les fonctionnaires responsables de la politique étrangères de l’UE ne comprenaient pas, avait dit M. Lavrov, la nécessité d’un dialogue marqué par le respect mutuel. «Peut-être que nous devrions tout simplement arrêter de leur parler pendant un certain temps», a déclaré M. Lavrov.•

Notes:

1Trois ans plus tard, on dira de la nouvelle chancelière Angela Merkel: «La chancelière ne veut pas d’un axe Paris-Berlin-Moscou» (Frankfurter Allgemeine Zeitung du 21/09/06) 

2voir https://www.youtube.com/ watch?v=ydLINQBOF1U 

3https://www.a-b-ccommunication.de/podcasts/

4Cf. par exemple https://www.heise.de/tp/features/Wusste-die-Bundesregieru...

5C’est le titre avec lequel le journal allemand Bild a reproduit une interview d’Alexei Navalny du 7 octobre 2020. 

6Pour les extraits de ce discours voir: https:// www.zeit-fragen.ch/archives/2017/no-21-6-septembre/le-but-principal-des-Etats-Unis-est-d’empêcher-toute-alliance-entre-la-Russie-et-l’Allemagne.html

7voir https://de.wikipedia.org/wiki/Bratislava-Konferenz

 

Impasse républicaine aux antipodes

france_kanaky_drapeaux-607537.jpg

Impasse républicaine aux antipodes

par Georges FELTIN-TRACOL

Ex: http://www.europemaxima.com

Le verdict des urnes sonne comme un avertissement solennel. Marqué par une participation en hausse de 4,68 points par rapport à la précédente consultation du 4 novembre 2018, le deuxième référendum sur l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie, le 4 octobre dernier, a vu la victoire étriquée du « non » (53,26 % contre 56,67 % en 2018) et la progression notable du « oui » de 3,41 points ! Prévu en 2022, la troisième et dernière échéance référendaire pourrait mettre fin à la présence française sur le « Caillou ».

Toujours emprisonnée dans sa nostalgie stérile de l’Algérie française, la droite conservatrice hexagonale rêve de rejouer une saynète pathétique au nom de la Nouvelle-Calédonie tricolore dans laquelle les Caldoches (les Néo-Calédoniens d’origine européenne) y seraient considérés en variante océanienne des Pieds-Noirs. Ce cas précis démontre que le courant national n’applique pas le sage principe d’« une terre, un peuple ». Les Kanak ne sont-ils pas chez eux en Nouvelle-Calédonie ? En dépit des ravages collectifs de l’alcoolisme, du chômage de masse et de la modernité occidentale, le peuple kanak dans toute sa diversité tribale conserve cahin-caha son caractère communautaire et ses traditions ancestrales. Ne sont-ils pas un exemple à suivre d’autant que les mariages mixtes, et donc le métissage, restent rares ? La nomination d’Emmanuel Kasarhérou, de père kanak et de mère française, à la présidence du musée Jacques-Chirac des arts premiers, quai Branly à Paris, est l’exception qui confirme la règle. En 2014, un recensement particulier indiquait que 39 % de la population de l’archipel néo-calédonien étaient kanak, 27 % d’origine européenne, 11 % océanienne, c’est-à-dire provenant de l’aire Pacifique, 11 % autres et 3 % asiatiques. La société calédonienne garde ainsi son aspect de mosaïque communautaire propice à l’épanouissement séparé des groupes ethno-culturels.

nouvelle-caledonie-independance-referendum-abonne.jpg

Cet épanouissement parallèle est rendu possible par les accords de Matignon de 1988 et de Nouméa de 1998 qui fondent l’originalité institutionnelle de la Nouvelle-Calédonie élevée au rang de « Pays d’outre-mer ». L’archipel dispose d’un gouvernement autonome, d’un Congrès local et d’un Sénat coutumier dispensé de toute exigence paritaire sexuée. Les deux accords conclus entre l’État, les indépendantistes et les loyalistes entérinent en outre une citoyenneté territoriale et une préférence locale en matière d’embauche et de droits sociaux. Ces deux textes reconnaissent enfin une réelle discrimination civique. Le métropolitain français fraîchement installé à Nouméa ne peut voter ni aux élections territoriales, ni pour les trois referenda d’autodétermination. Ainsi, ce qui est impossible à Paris, à Lille, à Strasbourg, à Brest, à Bordeaux, à Lyon, à Nice, à Carcassonne se réalise-t-il à vingt-cinq heures d’avion de Roissy – Charles-De-Gaulle… Plutôt que de pleurnicher, les nationaux devraient au contraire en profiter et s’appuyer sur ce précédent validé par le Conseil constitutionnel pour faire avancer leur projet indiscutable de traitement préférentiel pour les seuls citoyens français.

Mieux, le monopole du FLNKS (Front de libération nationale kanak socialiste) sur le mouvement indépendantiste n’existe plus depuis longtemps. Les frictions entre indépendantistes de diverses tendances rivales sont courantes. En 2009, à l’occasion des élections provinciales dans les Îles Loyautés, le mouvement indépendantiste Libération kanak socialiste présentait une liste appelée « Dynamique autochtone ou la terre en partage ». Un tel intitulé serait-il concevable en Métropole ? Émanation politique de l’Union syndicale des travailleurs kanak et des exploités (USTKE), le Parti travailliste rappelle régulièrement son attachement à la protection de l’emploi local, à la préférence kanak donc, et réclame une limitation draconienne de l’immigration massive de peuplement non-kanak. En France métropolitaine, de tels propos vaudraient à leurs auteurs l’accusation de répéter Éric Zemmour et Renaud Camus… Or le Parti travailliste et l’USTKE se prévalent du soutien officiel de José Bové et du NPA d’Olivier Besancenot. L’internationalisme et l’altermondialisme atteignent ici leurs limites conceptuelles. Par ailleurs, que font les ligues de petite vertu anti-racistes ? À croire que la distance épargnerait la société néo-calédonienne des injonctions du politiquement correct en vigueur en Europe…

pt43647.1253781.jpg

Les Caldoches vivent pour la plupart d’entre-eux en Nouvelle-Calédonie depuis au moins la seconde moitié du XIXe siècle. Connaissant les calamités politiques de l’indépendance au Vanuatu voisin (les anciennes Nouvelles-Hébrides) ainsi que sur l’île de Nauru ou en Papouasie – Nouvelle-Guinée, ils ne cachent pas leurs réticences envers tout gouvernement mélanésien. Cependant, vouloir assimiler les Kanak au modèle hexagonal serait un désastre supplémentaire. Si le « oui » progresse autant, c’est parce que la société française ne fait plus sens. Mondialisé, américanisé, sur-occidentalisé, cosmopolitisé, féminisé, « grand-remplacé », l’Hexagone agit en repoussoir et en contre-exemple pour tous ceux qui, outre-mer, veulent sauvegarder leur identité culturelle. Ils ne veulent pas sortir de l’histoire. Le modèle unitaire et indivisible français d’assimilation des individus hors de toute dimension communautaire tant célébré par la droite la plus nulle de l’Univers conduit à des ethnocides fréquents. Basques, Bretons, Alsaciens, Flamands, Gascons, Normands, Lorrains, Occitans, Picards, Auvergnats, Savoisiens, Francs-Comtois, Bourguignons, Nissarts, Corses, Catalans en sont les pertinentes illustrations de l’entreprise républicaine d’effacement des peuples. Les Kanak ne souhaitent pas le même sort.

La République française a empêché la France d’assumer son destin de « petite Europe » et nié son dessein d’organiser un ensemble fédéral de races, d’ethnies, de peuples et de patries autour d’un polythéisme assumé des valeurs. Centralisée et hyper-parisianisée, elle asphyxie toutes les forces vives de ses contrées provinciales, des terroirs périphériques et maintenant des territoires ultra-marins. Les Kanak, les Polynésiens, les Wallisiens n’assistent plus passifs à ce long processus génocidaire. Les autochtones de Wallis-et-Futuna expriment toute leur attachement à leurs rois coutumiers reconnus par le régime républicain français.

I-Grande-133070-n-865-timbre-wallis-et-futuna-poste.net.jpg

Uniforme et homogène tant en Europe qu’à La Réunion, en Guyane et aux Antilles, la République française tolère un bien timide traitement ethno-différencialiste en Océanie. Il est toutefois trop tard pour qu’elle change ses intentions mortifères pour les ethnies. Son idéologie individualiste, sa soumission aux futiles droits de l’homme, sa centralisation administrative excessive, sa politique éducative concertée d’extermination des cultures vernaculaires à la suite de l’héritage criminel des « hussards noirs » annulent toute velléité rénovatrice. En tant que peuple conscient de son avenir, les Kanak de Nouvelle-Calédonie ne veulent pas subir le même sort. On les comprend pleinement. À demain donc la Kanaky – Nouvelle-Calédonie !

Georges Feltin-Tracol.

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 188, mise en ligne sur TVLibertés, le 27 octobre 2020.

L’histoire est ouverte et nous ne sommes pas encore morts... Entretien avec Laurent Ozon

2064111005.jpg

L’histoire est ouverte et nous ne sommes pas encore morts...

Entretien avec Laurent Ozon
 
Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Laurent Ozon à Breizh Info et consacré aux différents stress qui frappent les sociétés européennes et à leurs conséquences potentielles. Essayiste et analyste politique, tenant d'une écologie localiste et identitaire, Laurent Ozon est l'auteur de l'excellent essai intitulé France, années décisives (Bios, 2015).

Confinement, attentats islamistes, accélération de l’Histoire. Pour Laurent Ozon « L’histoire est ouverte et nous ne sommes pas encore morts »

Breizh-info.com : Tout d’abord, vous écrivez après l’attentat de ce matin à Nice que les médias n’ont plus le temps de dénaturer les faits. Qu’entendez vous par là ?

Laurent Ozon :  Pour bien répondre à votre question, il faut éclairer le rôle des médias dans nos sociétés. Les grands médias forment une sorte de système nerveux, conducteur d’impulsions, sous la forme d’informations ou de stress. Ce système nerveux se sent autant investi d’une fonction d’information que de régulation. En effet, la plupart des journalistes se sentent investis d’une mission de gestion des émotions collectives. Parfois sous l’influence de leurs propriétaires mais le plus souvent, de leur propre chef. Un journaliste ne déforme pas toujours la réalité pour induire en erreur mais parce qu’il cherche, consciemment le plus souvent, à apaiser les stress, les passions, limiter et détourner les colères parfois sous le louable prétexte d’éviter la violence, le racisme, la haine, l’anarchie sociale etc.

41cTSy54NrL._SX314_BO1,204,203,200_.jpgD’une certaine façon, le système médiatique fonctionne comme un inhibiteur d’immunité collective destiné à empêcher le rejet des greffes, c’est à dire les populations imposées sur notre territoire et autour de nous. Les grands médias produisent des stress horizontaux pour éparpiller l’attention et briser les réflexes de coopération active qui naissent lorsque les populations entrent en phase de Coopération sous Stress Maximal (Heiner Mühlmann) face à une menace. Ces phases génèrent un processus d’auto-renforcement qui alimentent l’altruisme (le dévouement ou le sacrifice pour le groupe si vous préférez), les alignements synchrones de réaction, le rejet des porteurs de stress ou de menace, etc.   Ces phases précèdent et accompagnent les périodes de conflits intenses où se jouent la vie ou la mort des organismes sociaux. Dans une société multi-ethnique, c’est malheureusement souvent la guerre civile assurée s’il n’y a pas de débouchés politiques dans les institutions. Pour empêcher ces phases d’unification violente, il y a les techniques de manipulation de l’information classiques mais aussi la fabrication perpétuelle de stress dérivatifs, diviseurs, inhibant les stress dominants. Car les stress ne convergent pas pour le moment, mais propulsent des solutions contradictoires. J’y reviendrai.

Dans le cas du stress sécuritaire qui prend le pas depuis quelques jours et à chaque nouvel attentat ou assassinat, les médias doivent produire un gros travail de reformulation pour faire passer la population de – pour faire très simple – « foutons-les dehors » à « c’est le vivre-ensemble qui est attaqué et qu’il faut protéger » parfaitement incarnée par le slogan gouvernemental « WE are ONE » Cette manipulation de l’opinion est de plus en plus difficile et dans la période où nous nous trouvons, les médias n’ont plus assez de temps pour fabriquer des récits unificateurs efficaces. Débordés ils ne peuvent plus contrarier le retour des stress de survie, annonciateurs de nouvelles étapes vers une situation de Coopération sous Stress Maximal (CSM).

Vous semblez penser que nous sommes en guerre. Néanmoins ne vous semble-t-il pas que les Européens ne le sont pas, hormis à considérer que les journées d’hommage, les bougies, les marches blanches, seraient des actes de guerre ?

Factuellement nous ne sommes pas en guerre. Nous y entrerons lorsqu’un stress submergera les autres ou convergera avec les autres stress de sorte que le processus de CSM sera activé. A ce moment, la créature de Frankenstein qu’est devenue notre société se fragmentera et chaque population inaugurera un cycle de réponse à la menace, à l’enjeu de vie ou de mort, dans laquelle elle éprouvera le besoin de son unité et de sa cohésion. Le conflit ouvert commencera à cet instant. Le pouvoir ne craint pas l’islamisme radical mais ce qui peut unifier la population majoritaire autochtone qui tient debout ce pays.

000_1WW1TX.jpg

Sur un autre plan, quelle est votre réaction à l’annonce d’un nouveau confinement par Emmanuel Macron ? Il semblerait que majoritairement, les Français soutiennent les annonces….

La politique sanitaire du gouvernement vise à accompagner l’évolution d’une situation dont sa politique est en grande partie responsable. Les élites ont fait la démonstration de leur incompétence. Personne ne se faisait trop d’illusion sur leurs vertus mais on leur prêtait encore un semblant de savoir-faire. L’ensemble du dispositif est discrédité mais que faire quand même les responsables de l’opposition ne semblent pas avoir de plan global de rechange et que les esprits sont pollués par des informations et avis contradictoires à longueur de journée ? Ce bordel alimenté par les grands médias et le pullulement des stress sur les réseaux sociaux contribue à la désorientation. Et croyez moi, cela ne touche jusqu’au plus haut niveau de la société.

Vous avez relayé l’annulation du confinement en Serbie suite à des émeutes en juillet 2020. Est-ce le seul horizon pour les peuples d’Europe, c’est à dire l’émeute et les incidents pour reconquérir sa liberté ?

Informer n’est pas souhaiter ou encourager. D’une façon générale, l’absence de réaction populaire est fréquemment interprétée comme un quitus par le pouvoir. Mais la violence qui débouche sur une confrontation police-citoyen ne le déstabilise pas beaucoup. Les actions qui sont dangereuses pour tous les pouvoirs sont celles qui emportent l’adhésion du grand nombre en répondant « spontanément » à un stress dominant à son pic.

92875729.gifComment jugez vous les réactions de l’opposition politique à Emmanuel Macron, sur la question du Covid comme sur celle de la prétendue «lutte contre le séparatisme islamiste»?

L’opposition oscille entre logique insurrectionnelle en épousant la colère de la population et logique institutionnelle en jouant le jeu des récits unificateurs. Quand on veut accéder au pouvoir, il faut surtout aligner les compétences pour passer du stade d’opposant à celui d’alternative. C’est dans la capacité de l’opposition à persuader la population qu’elle peut faire mieux ou « moins pire » que le pouvoir sur les trois stress dominants, que se jouera un basculement. Prenons l’exemple de MLP. On trouvera facilement une majorité pour penser qu’elle serait plus efficace pour répondre au stress sécuritaire. Mais il n’y a pas aujourd’hui, de majorité pour croire qu’elle pourrait faire mieux que le gouvernement pour répondre à la crise économique ou sanitaire. Sa seule chance, c’est de rattraper son handicap, peut-être en s’alliant avec des personnes ou des forces politiques qui rassureront sur ces deux derniers points. Sinon, il faudra que le stress sécuritaire soit archi-dominant pour compenser sa faiblesse perçue sur l’économie et le logistico-sanitaire. J’en doute. La présidentielle pourrait s’ouvrir sur une dominante de stress économique. Sauf si des forces cherchent à peser dans la balance…

Vous évoquez trois stress (économique, sécuritaire, épidémique) actuellement. Comment en sortir ?

On n’en sort pas, on cherche à comprendre et on anticipe. Mon job c’est de comprendre les processus pour éclairer l’action et proposer des stratégies. Que chacun joue son rôle. L’histoire est ouverte et nous ne sommes pas encore morts. Loin s’en faut.

Parlez nous de la chaine Télégram que vous animez ? Comment vous y rejoindre ?

Simple: www.ozoncanalaudio.org . Attention c’est souvent théorique, mais si j’en juge par le profil des abonnés, cela pourrait bien avoir une petite influence…

Laurent Ozon, propos recueillis par Yann Vallerie (Breizh Info, 30 octobre 2020)

Jared Taylor on Japanese Cinema

japanese-film-festival-tour-across-thailand.jpg

Counter-Currents Radio Podcast No. 297
Jared Taylor on Japanese Cinema

188 words / 1:33:48

To listen in a player, click here. To download the mp3, right-click here and choose “save link as” or “save target as.”

JaredTaylorCrop-257x300.jpg

On this episode of Counter-Currents Radio, Greg Johnson is joined by Jared Taylor of American Renaissance for a discussion of Japanese culture and cinema, including Isao Takahata’s Grave of the Fireflies. Other topics include anime, current events, and your questions.

  • 00:00:00 Intro
  • 00:03:00 Why are Westerners interested in Japanese cinema?
  • 00:07:15 Jared’s favorite directors and films; Jared’s discussion of Harakiri
  • 00:25:30 Jared’s favorite anime
  • 00:33:30 Grave of the Fireflies
  • 00:42:30 Jared’s Schengen ban
  • 00:47:00 Sony endorsing BLM
  • 00:49:15 How to deal with “anti-racism training” at work
  • 00:52:00 Mixed Japanese-white couples
  • 00:57:00 Japanese rules against vulgarity in films
  • 01:00:30 Yukio Mishima
  • 01:08:30 The upcoming election
  • 01:29:00 Incentives for increasing birthrates

If you want to support Counter-Currents, please send us a donation by going to our Entropy page and selecting “send paid chat.” Entropy allows you to donate any amount from $3 and up. All comments will be read and discussed in the next episode of Counter-Currents Radio, which airs every weekend on DLive.

Don’t forget to sign up for the twice-monthly email Counter-Currents Newsletter for exclusive content, offers, and news.

mardi, 03 novembre 2020

Perspectives

5501979471139ee70e8b4582.jpg

Perspectives

par Pierre-Émile BLAIRON

Ex: http://www.europemaxima.com

Les peuples (et particulièrement le peuple français dans sa grande majorité), sont dans l’illusion quand ils attendent la fin du covid, la fin du confinement, ou du reconfinement, ou du « re-reconfinement », la fin du couvre-feu à 21 h, puis à 20 h, puis à 19 h, la fin des fermetures des bars, des restaurants, des discothèques, des salles de sports, la fin des interdictions pseudo-sanitaires, etc.

Ils croient qu’ensuite, « quand ce sera terminé », ils pourront recommencer à vivre comme autrefois, mais cet « autrefois » n’est guère plus loin que l’année dernière.

Non seulement il n’y aura pas de fin, mais toutes ces contraintes seront aggravées en permanence.

Ils n’ont pas compris que leur vieux monde est mort, celui qu’ils aimaient tant, dans lequel ils ne se sont jamais posés de questions, égoïstement et exclusivement préoccupés qu’ils étaient par le choix du lieu de leurs prochaines vacances, par le choix de leur prochaine voiture ou celui de leur prochain smartphone.

Ce monde si confortable est mort, définitivement mort.

Et ils ont encore moins compris que, à moins d’un retournement in extremis opéré par quelques veilleurs qui auront eu bien du mérite à affronter l’incompréhension de tous, le monde qui nous attend sera le monde de l’horreur et de la terreur.

Je dois bien avouer que je n’ai aucune sympathie et encore moins de compassion pour ces hédonistes dont le seul mot d’ordre était : nous d’abord et après nous, le déluge. On n’a jamais que le destin que l’on mérite.

Pierre-Émile Blairon

Haut-Karabakh: la Russie et l'Iran, seuls maîtres du jeu pour résoudre le conflit dans un processus de type Astana

par Patricia Lalonde*
Ex: https://geopragma.fr

Portant sur un territoire jamais reconnu par les Nations Unies ni par aucun autre Etat dans le monde, le conflit du Haut-Karabakh fait partie de ce qu’on appelle en termes diplomatiques « un conflit gelé » qui met en confrontation, dans ce cas, le principe d’autodétermination des peuples et l’application du droit international.

S’il semble naturel aux défenseurs des droits de l’Homme d’apporter un soutien à l’Arménie, victime du terrible génocide de 1915, que ni la Turquie ni l’Azerbaïdjan n’ont reconnu à ce jour, l’Azerbaïdjan, de son côté n’a jamais accepté que les Arméniens parrainent l’indépendance auto-proclamée du Haut-Karabakh en 1991. Une guerre meurtrière s’en est suivie avant un cessez-le-feu en 1994 qui a donné lieu depuis, à plusieurs escarmouches sur la ligne de front. 750 000 Azéris ont dû quitter leurs terres et ne pensent qu’à « revenir au pays ». 

Une tentative pour tenter de résoudre le conflit avait été faite en 2009 à Madrid, et trois pistes y avaient été proposées : les habitants du Haut-Karabakh pourraient décider s’ils étaient citoyens d’Arménie ou d’Azerbaïdjan, l’armée arménienne se retirerait de la région occupée au Sud-Est du Haut-Karabakh, et enfin, l’Azerbaïdjan garantirait un couloir humanitaire pour tous ceux qui voudraient quitter le Haut-Karabakh pour l’Arménie… Ces pourparlers furent interrompus, faute de consensus des deux parties.

110308-carte-haut-karabakh-copie.jpg

Les pays du voisinage se sont accommodés depuis de longues années de ce statu quo, à commencer par la Russie, qui entretient de très bonnes relations avec l’Arménie et lui est liée par un accord de défense dans le cadre du l’Organisation du Traité de Sécurité Collective (OTSC), mais qui parallèlement conservent de bonnes relations avec Bakou (notamment pour ne pas laisser le pays basculer sous influence occidentale), et vend à l’Azerbaïdjan (tout comme à l’Arménie).

Comme vient de déclarer le président russe, Vladimir Poutine, dans le cadre des discussions de Valdaï, « c’est un conflit qui a lieu entre nos amis. Personne ne souhaite la fin du conflit autant que nous ne la souhaitons. Je suis à cent pour cent sûr que les pays du Groupe de Minsk font leurs efforts pour régler la crise, mais la désescalade n’importe à personne autant qu’à la Russie. Je ne parle pas comme cela pour mettre en exergue le rôle de la Russie, mais ces deux pays sont nos voisins et nous entretenons des relations spéciales avec leur Etat et leur peuple ». Vladimir Poutine va plus loin en déclarant qu’il comprend que l’Azerbaïdjan veuille récupérer ses terres « puisqu’il est totalement inacceptable pour Bakou de perdre une grande partie de son territoire ».

Quant à la République islamique d’Iran, qui reste proche de l’Arménie chrétienne, elle conserve néanmoins de bonnes relations avec l’Azerbaïdjan avec qui elle partage une large frontière, relations indispensables pour contenir d’éventuelles tensions dans la très forte communauté azérie chiite, deuxième ethnie d’Iran ; et cela malgré un rapprochement de Bakou avec Israël en matière de renseignement, d’énergie et d’équipement militaire. 

Tout en mettant l’accent sur la préservation de la souveraineté nationale et de l’intégrité du territoire Azerbaïdjanais, l’Iran serait prêt à contribuer à l’instauration d’une paix durable dans la cadre d’une initiative régionale : Iran, Turquie, Russie, en complément du mécanisme de Minsk. C’est le sens du déplacement à Moscou du vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Seyed Abbas Araghchi pour y rencontrer son homologue Russe, Andrei Rudenko.

L’Initiative iranienne vise à démontrer l’inefficacité du Groupe de Minsk et l’urgence d’une approche régionale ; selon le vice-ministre iranien, cette première étape met l’accent sur l’engagement pratiquedes pays de la région en faveur du respect d’un certain nombre de principes, notamment la fin nécessaire de l’occupation, le respect de l’intégrité territoriale, le principe de l’inviolabilité des frontières ainsi que le respect du droit humanitaire, du droit des minorités et la non-agression contre les civils… Une façon de libérer l’Azerbaïdjan de l’emprise et de l’instrumentalisation de Recep Tayyip Erdogan.

Il faut en effet remarquer que contrairement à son allié turc, l’Azerbaïdjan a su entretenir de bons contacts avec tout son voisinage ainsi qu’avec l’Europe : le Partenariat Oriental en est un exemple ainsi que sa participation à certaines opérations dirigées par l’OTAN.  Contrairement à ce que l’engagement de la Turquie auprès de l’Azerbaïdjan pourrait (et cherche à) laisser penser, il ne s’agit donc aucunement d’une guerre de religion. S’il est vrai que le calendrier est troublant et que R.T. Erdogan cherche à faire oublier ses échecs en Syrie et en Libye en ouvrant un nouveau front dans le Caucase, peut-être sous influence de l’OTAN et de Washington,ce n’est pas le cas des autorités azerbaïdjanaises, qui cherchent surtout à faire appliquer le droit international en récupérant les territoires du Haut-Karabakh et ses provinces adjacentes. L’Azerbaïdjan semble en effet éloigné des calculs politico-religieux du président de l’AKP et de sa volonté d’expansion dans le Caucase. Il suffit de voyager en Azerbaïdjan, et pas seulement à Bakou où se côtoient églises, synagogues et mosquées, pour se rendre compte de la tolérance du peuple azéri en matière de religion. 90% des Azéris sont des musulmans chiites et pratiquent un islam modéré.

capture-decran-2020-10-14-a-14-57-23.png

Le « soutien » de R.T. Erdogan risque donc de devenir un fardeau pour le président azéri Ilham Aliyev, notamment dans le contexte actuel de forte tension entre la Turquie, la France et les pays européens. En effet, l’arrivée de djihadistes de Syrie et de Libye, ayant transité par la Turquie est un très mauvais coup porté à toute la région. Nous avons vu les effets désastreux d’une telle politique dans les conflits en Syrie, en Libye et au Yémen. Des appels au djihad dans le Caucase ont été lancés ; les Azéris et les Arméniens n’ont aucun intérêt à ce que leurs pays deviennent un nouveau terrain d’entraînement pour les djihadistes et échappe à tout contrôle, d’autant que des « révoltes » (peut être opportunément encouragées) dans d’autres anciennes républiques soviétiques comme le Kirghizstan qui sont en train de déstabiliser la région pourraient réveiller les nombreux groupes islamistes au Tadjikistan et en Ouzbékistan et déstabiliser davantage l’Afghanistan en plein pourparlers avec les Talibans…

Aucun des pays du voisinage n’a de fait intérêt à ce que le conflit s’envenime, ni à tomber dans un possible piège que les Occidentaux auraient tendu en manipulant à la fois Nikol Pachinyan, le Premier ministre arménien aux tendances pro-occidentales et américaines, et le président Azerbaïdjanais Ilhan Aliyev proche de l’OTAN, en poussant les Turcs à s’ingérer dans ce conflit gelé pour déstabiliser les Russes, et les Iraniens et les forcer à rentrer en guerre. Vladimir Poutine a compris la combine. Il n’a eu de cesse ces derniers jours de répéter qu’il n’enverrait pas de troupes russes au Haut-Karabakh si l’Arménie n’était pas touchée directement sur son sol et qu’il savait comment écarter la Turquie en tarissant la source de son trafic de terroristes vers le Caucase Sud. Pour preuve, il y a quelques jours, les armées russe et syrienne ont frappé fort en visant un site de contrebande de pétrole syrien, causant la mort de dizaines de terroristes et la destruction de pétrole de contrebande que R.T. Erdogan s’apprêtait à trafiquer vers l’Europe pour financer son incursion au Haut-Karabakh… Les Russes comme les Iraniens ne laisseront pas s’installer les poches de djihadistes envoyées par R.T. Erdogan. Ils ne les ont pas combattus des années en Syrie, et en Libye, pour les laisser venir dans le Caucase. 

C’est là que le « format d’Astana » mis en place pour le règlement du conflit syrien entre la Turquie, la Russie et l’Iran pourrait prendre légitimement toute sa place, marginalisant ainsi le groupe de Minsk en n’incluant que les Etats de la région directement concernés : l’Azerbaïdjan, l’Arménie, la Russie, l’Iran et la Turquie… 

Si l’OTAN a cherché à se servir de la Turquie pour tendre un piège aux Russes et aux Iraniens dans le Caucase sur le dos des Azéris et des Arméniens, il pourrait bien se refermer sur ses instigateurs.

*Patricia Lalonde, Vice-présidente de Geopragma