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Je ne sais pas en ce qui vous concerne mais je trouve que la situation dans notre pays se détériore à grande vitesse, en particulier pour ce qui concerne le nombre des "incivilités" de nos aliens, et leur dureté.
Nous assistons de plus en plus souvent à des actes criminels d'une violence inouïe, que le Gouvernement est désormais incapable de contenir et de châtier, quand bien même il en aurait l'intention.
A vrai dire, je pense que nous sommes assis sur une cocotte-minute au bord de l'explosion, et qu'il ne faudra pas attendre très longtemps pour que le couvercle nous saute aux fesses...
Aujourd'hui, chaque manifestation, pour quelque motif que ce soit, nous offre son lot de dégradations, de voitures brûlées, et de vitrines brisées. Les règlements de compte se font désormais à l'arme de guerre et en pleine rue, les agressions de toute nature se multiplient à une vitesse folle, nos filles se font violer à tire-larigot, et comme si cela ne suffisait pas, nous faisons rentrer chaque jour de nouveaux contingents de criminels en puissance !
En fait, tous les motifs sont bons pour passer au délit, même les plus futiles. 1500 voitures brûlées, tel est le triste résultat des "célébrations" de la Saint Sylvestre dans notre beau pays. Un sacré début d'année pour ceux qui triment chaque jour au boulot en échange d'une maigre pitance et qui en plus, perdent en une nuit le moyen de s'y rendre ! Mais il est clair qu'avec leur cinquantaine de véhicules de fonction, tous payés par ceux-là qui, justement, triment chaque jour, nos marionnettes au pouvoir n'ont que faire de telles considérations.
A cela, nous n'y pouvons rien, du moins à notre niveau. Ce que nous pouvons faire, par contre, c'est nous préparer pour les temps difficiles. Pour les prochains combats. Dans notre corps, notre âme, et notre esprit.
C'est le propos de cet article.
"Sur cent hommes, dix ne devraient même pas être là, quatre-vingts sont juste des cibles, neuf sont de vrais combattants, et nous avons de la chance de les avoir, car ce sont eux qui font la bataille. Ah, mais l'un, c'est un guerrier, et lui ramènera les autres."
Cette pensée d'Héraclite, déjà citée lors d'articles précédents, montre bien l'extrême rareté des véritables guerriers sur les théâtres d'opérations, y compris, dans une moindre mesure, parmi les soldats professionnels. Si une telle chose était vraie à son époque, on peut facilement imaginer à quel point elle l'est plus encore aujourd'hui. Quels seraient les pourcentages actuels, après deux générations pizza-canapé-télévision ? Mieux vaut peut-être ne pas chercher à savoir.
Cet article traite donc de la manière de développer une Mentalité de guerrier, de la conserver, et de la mettre en oeuvre dans notre vie. Ceci dans le but de posséder un esprit suffisamment fort pour le jour où les lumières vont s'éteindre, même s'il reste de moins en moins de temps.
Acquérir une Mentalité de guerrier
Lorsqu'on parle de "mentalité de guerrier", on l'associe presque toujours à l'agressivité et la détermination dans un combat armé. Or une telle mentalité signifie bien plus que cela, de même qu'elle implique un domaine bien plus vaste que celui des seuls affrontements en arme.
Une mentalité du guerrier consiste d'abord dans la capacité à surmonter les défis et l'adversité au quotidien. Elle consiste à posséder, comprendre et utiliser un ensemble de compétences physiques ET psychologiques qui permettent à un être humain d'être efficace, adaptatif et persistant. Une telle mentalité combinera de façon optimale la prise de décision, les techniques psychologiques, ainsi que les compétences physiques et tactiques apprises à l'entraînement et/ou par l'expérience.
Le but d'un guerrier est d'intégrer le psychologique à l'entraînement physique et tactique pour ajouter une dimension souvent négligée, mais nécessaire pour atteindre la performance maximale d'une compétence. C'est pour cela que les forces d'élite travaillent aussi dur. Il ne s'agit pas de "briser" la volonté des nouvelles recrues, comme les gauchistes et autres pacifistes aiment à dire, mais de développer la résistance mentale indispensable au soldat professionnel. Car si vous n'entraînez pas cette dernière activement, vous ne serez pas devenu un guerrier complet, peu importe les aptitudes physiques que vous auriez pu développer par ailleurs.
Vous découvrirez, avec un entraînement adéquat, que vous pouvez acquérir le pouvoir de surmonter n'importe quel obstacle et de changer vos résultats. Ce faisant, vous ferez ressortir l'esprit guerrier qui est en vous.
Si vous vous considérez comme un individu autonome et capable, alors vous devez agir suivant une mentalité de guerrier. Par vos pensées, vos actions, votre entraînement et vos capacités, vous travaillez à devenir une incarnation de la mentalité guerrière. Ce n'est pas quelque chose dont vous devez vous préoccuper seulement si vous exercez une profession martiale. Dans la grande tradition Française de l'autonomie individuelle, nous devrions tous être des individus capables et autonomes. Alors nous serons à même de nous protéger nous-même, ainsi que notre famille et nos enfants.
Ce qui est souvent oublié est le fait que l'acquisition de la mentalité guerrière et des compétences associées ne relève pas seulement de capacités tactiques. En fait, le développement d'un état d'esprit guerrier est un processus de construction du caractère qui débordera du cadre martial, pour bénéficier à tous les domaines de la vie professionnelle et privée.
Dans ce but, nous devrons travailler les qualités suivantes :
• La condition physique et la force • Des compétences en auto-défense et au combat à main nue • Des compétence aux armes • Des compétences en tactique et stratégie • Du courage physique et moral
Ce qui est souvent négligé, mais essentiel à un véritable état d'esprit guerrier :
• La capacité à résoudre les problèmes et à prendre des décisions • La performance sous le stress • La résilience psychologique • La volonté de gagner • La capacité de travailler en équipe • Des qualités de meneur • La conscience de la situation • Des compétences en communication
Vous devez activement travailler ces compétences et qualités afin d'investir dans vous-même. Ceux d'entre nous qui les ont développées en rejoignant l'armée ou les FO et en servant ont dû le faire par un travail acharné. Bien entendu, d'autres professions développent aussi de telles qualités, peut-être sous une forme moins directement tactique. Quelles que soient l'activité que vous auriez pu exercer, l'important est de continuer à les travailler. Personne ne peut se reposer sur ses lauriers. Rien de moins qu'un engagement à cela, et vous perdez votre temps.
Si vous souhaitez évoluer vers un état d'esprit guerrier complet, vous devez considérer la manipulation d'armes à feu comme une simple progression vers un entraînement tactique plus complexe. Beaucoup de survivalistes se cantonnent dans une zone qu'ils affectionnent en particulier, ce qui leur est préjudiciable et ne permet pas non plus de développer l'ensemble des compétences et qualités mentionnées ci-dessus. Le but des stages et autres formations à la survie est de "sortir de sa zone de confort" afin de permettre ce processus.
Le principal malentendu parmi ceux qui "tirent" ou "cognent" est qu'ils ne réalisent pas que la capacité d'atteindre une cible est nécessaire mais pas suffisante pour développer l'état d'esprit guerrier et les connaissances tactiques réelles. L'adresse au tir ne confère aucune compétence tactique en soi. Ce qu'il faut vraiment, c'est pouvoir tirer, bouger, et communiquer dans un environnement de combat. Ce sont des mots très simples en apparence, mais ils décrivent parfaitement la complexité de l'entraînement tactique.
Être un guerrier, maintenant
Si vous voulez gagner la guerre, vous devez être un guerrier. Il en va de même pour les autres domaines, y compris la vie de tous les jours. Nous sommes tous capables d'adopter un état d'esprit guerrier, c'est juste une question d'engagement.
La plupart des gens ne comprennent pas ce que signifie être un guerrier. Ils pensent que c'est le genre de chose que des connards égoïstes diraient d'eux-mêmes, ceux-là mêmes qui ont besoin de justifier la façon misérable dont ils traitent les autres.
Un tel comportement est le contraire d'une mentalité de guerrier. Les véritables guerriers se mettent en danger pour les gens qu'ils servent. Un guerrier est complètement concentré, discipliné et agressif, non par égoïsme, mais au nom des autres.
Chaque général a un président à qui il doit rendre des comptes, et dans votre cas, votre président est votre compagnon d'armes, votre groupe, ou votre famille. Ce sont les gens que vous représenterez lorsque vous irez vous battre, et si vous voulez qu'ils gagnent, vous devez comprendre ces trois lois de la guerre.
Règle 1 : N'agissez que lorsque cela vous est bénéfique
"Si c'est à votre avantage, avancez ; sinon, restez là où vous êtes... Un royaume qui a été détruit une fois ne peut plus jamais renaître ; de même les morts ne peuvent jamais être ramenés à la vie. " - Sun Tzu
Tout acte comporte des risques. Quitter votre emploi pour partir vous installer à la campagne, investir votre argent dans une nouvelle entreprise, voire choisir une nouvelle orientation ou de nouveaux équipements pour être plus autonome : tout cela invite à l'inconnu dans votre vie.
Avant de faire quoi que ce soit, pesez le pour et le contre. Si la balance ne penche pas massivement vers le pour, alors abstenez-vous.
C'est une question de discipline. Prendre un risque parce que vous trouvez quelque chose d'intéressant, et non parce que vous voyez l'avantage que cela vous procure, est un geste indiscipliné. Au fur et à mesure que les obstacles vont surgir - ce qu'ils ne manqueront pas de faire - votre intérêt s'estompera. Vous aurez du mal à maintenir la discipline nécessaire pour continuer, et vous finirez par échouer.
En pesant le pour et le contre, vous savez à quoi ressemble la victoire, et vous êtes prêt à surmonter tout ce qui pourrait vous empêcher de la remporter. C'est une manifestation de l'état d'esprit guerrier.
Règle 2 : savoir ce qui libère la bête en vous
Nous avons tous des périodes où nous sommes proche de notre vitesse de pointe, où nous pensons avec acuité, où nous agissons rapidement, où nous sommes complètement concentré sur la tâche à accomplir. On peut appeler cela le mode "bête sauvage".
Pour être un guerrier, vous devez trouver ce qui déclenche la "bête" qui est en vous, et l'intégrer à votre routine.
Pour certains, ce sera par le physique. Ils vont se lever tous les matins à 5h00, se plonger dans un bain glacé, et poursuivre par une heure de sport. Tout cela, avant même de partir au travail.
Quand le corps est engagé à ce niveau, on sait qu'il pourra supporter 6 à 8 heures en "mode animal". La poussée d'endorphine va le porter durant toute la journée.
Pour d'autres, ce sera la méditation. Pour vous, ce pourrait être quelque chose de différent. Ce qui est important, c'est que vous trouviez ce qui débloque l'animal qui est en vous, et que vous le systématisiez pour pouvoir opérer au plus haut niveau chaque jour.
Chaque guerrier suit un rituel avant d'aller au combat, et quand vous trouvez le vôtre, vous avez d'autant plus de chances de sortir victorieux.
Règle 3 : s'engager à atteindre son objectif sans honte
Aucune campagne militaire réussie ne commence avec un objectif vague. Aucun général ne dit : "Nous voulons globalement gagner plus de batailles que nous n'en perdons". Il faut avoir une vision claire de la victoire que l'on veut.
La plupart des gens le comprennent intuitivement, mais ils se sentent mal à l'aise à l'idée de s'engager aussi intensément dans la réalisation de leurs objectifs. Ils ont peur de ce que les autres vont dire, d'être étiqueté comme une personne qui "se prend trop au sérieux".
Imaginez un commando qui réduit son intensité au combat parce que quelqu'un lui a dit que c'était "inapproprié"...
Vous devez faire deux choses :
1. Accepter que les personnes qui jugent de votre ambition et de votre orientation puissent ne pas être des acteurs clés dans votre vie.
2. Bloquer les périodes où vous êtes concentré à 100 % sur votre travail.
Pensez-vous que les soldats répondent aux appels Facebook pendant les combats ? Lorsqu'ils sont engagés, ils le sont pleinement. Rien ne les distrait. Vous avez besoin de ce même niveau d'engagement mental.
On peut appeler cela : "passer en mode clandestin". Tous les membres de votre famille et de votre entourage devraient savoir que lorsque vous agissez en mode clandestin, vous êtes plus ou moins injoignable. Ce que vous faites pendant cette période devrait être le plus important, parce que vous êtes complètement engagé dans le combat.
On pourrait penser que l'on sacrifierait sa vie personnelle en vivant de cette façon, mais c'est en fait le contraire qui est vrai. Parce que vous êtes capable d'opérer à un tel niveau, vous pourrez alors vous consacrer entièrement à votre famille lorsque vous remonterez pour prendre l'air.
Les vendredis soirs en famille, les rendez-vous avec votre femme ou votre compagne, les matchs de football avec les enfants, rien de tout cela ne doit être interrompu par le travail, parce que vous savez qu'il n'y a pas moyen d'être à mi-chemin dans une fusillade.
Vos enjeux sont trop élevés pour être autre chose qu'un guerrier
Être un guerrier revient à prendre les relations au sérieux. Vos relations avec vos clients, vos relations avec vos concurrents, vos relations avec vous-même et vos relations avec votre famille.
Un échec dans l'une de ces relations peut ruiner votre vie. Il ne s'agit pas là d'une hyperbole. Je veux dire littéralement que votre vie entière peut être minée si vous n'accordez pas assez d'importance à l'une de ces relations.
Heureusement, pour adopter un état d'esprit guerrier, il suffit d'avoir un carnet de notes et un peu de courage. Dans les heures qui suivent, vous pourriez mettre sur papier vos objectifs quotidiens, une nouvelle routine pour débloquer la bête qui est en vous, et un calendrier pour organiser votre vie professionnelle et familiale.
Ensuite, la seule chose qui vous sépare de la vie de guerrier est votre engagement.
Alors engagez-vous.
6 stratégies pour développer une mentalité de guerrier
1- Fuir les oiseaux de mauvaise augure. Lorsque nous recevons de mauvaises nouvelles ou que nous traversons une période traumatisante, notre réaction naturelle est d'aller chercher du soutien auprès des autres. Bien que la sensibilisation soit importante, le fait de savoir vers qui nous tourner pour nous soutenir l'est encore plus
Les situations difficiles nous plongent dans notre état le plus vulnérable. Nous avons besoin du soutien de ceux qui peuvent nous élever et nous faire avancer. Dans ces moments, nous avons besoin du soutien de ceux qui sont plus forts que nous.
2- Sortir le plus rapidement possible de la question du "pourquoi moi ?". Il est dans la nature humaine de perdre le contrôle et se sentir victime des circonstances. Lorsque les choses changent radicalement, un processus de deuil est souvent nécessaire pour finalement accepter la nouvelle réalité. Ce processus peut inclure le déni, la colère, le deuil et enfin l'acceptation.
3- Maîtriser la peur. La peur est aussi une réponse naturelle aux nouvelles et aux situations qui changent la vie. Pourtant, nous devrions toujours nous souvenir qu'il ne s'agit que d'une émotion, et rien d'autre. Si nous lui donnons du pouvoir - si l'on entre dans le processus du "que va-t-il arriver si..." - alors nous devenons paralysés. Il n'y a pas de temps pour l'inertie ou l'inaction.
4- Chercher une nouvelle "tribu". Lorsque les règles et les paramètres de notre vie quotidienne changent, nous devons créer un groupe - ou intégrer une structure existante - de manière à savoir que nous ne sommes pas seuls. Ceci afin de pouvoir prendre des décisions éclairées fondées sur des connaissances et des faits, plutôt que sur l'émotion. Nous avons besoin de gens comme nous.
Nos autres tribus pourraient ne pas comprendre, ou même approuver. Ce n'est pas notre problème. Notre guérison et nos progrès dépendent de l'obtention d'un soutien adéquat.
5- Prendre le contrôle de la situation. Ce n'est peut-être pas la situation que vous auriez choisie, mais c'est VOTRE situation. Choisissez d'en prendre le contrôle. Soit nous contrôlons nos circonstances (même les plus difficiles), soit elles nous contrôlent.
6- Se rappeler qu'une situation ne nous définit pas. Votre situation actuelle n'est qu'un morceau du canevas qu'est votre vie, un épisode passager plus ou moins bref. A une certaine époque, j'ai failli mourir de faim et de soif, littéralement. Une fois l'épreuve passée, je ne suis pas devenu boulimique pour autant. Certaines personnes que je connais luttent contre la dépression ; elles ne sont pas la dépression. Plusieurs de mes relations ont connu un échec commercial ou un divorce. Ils sont plus que leur situation professionnelle ou conjugale.
Nous avons le pouvoir de décider de la façon dont nous coexistons avec notre nouvelle réalité, de la mesure selon laquelle elle nous définit. La vie offre à tous autant que nous sommes un mélange de bon et de mauvais. La manière dont tout cela se manifeste dépend en grande partie de nos perspectives et de notre état d'esprit. Nous ne sommes pas nos luttes. Elles ne sont qu'une partie des personnes extraordinaires que nous sommes.
C'est en intégrant et en développant ces nouvelles habitudes que nous acquérons un état d'esprit guerrier. Il ne s'agit pas seulement de dégainer le plus vite, ou de cogner le plus fort ; il s'agit de développer les qualités à la fois mentales et physiques qui permettront de tirer le meilleur parti de nos compétences et de nos savoir-faire, le jour où notre vie ou celles de nos proches en dépendront...
« L’affection du peuple est la seule ressource qu’un prince puisse trouver dans l’adversité ». Macron en aurait bien besoin de l’affection de son peuple en ces temps difficiles de pandémie, mais pour la mériter, cette affection, il aurait fallu écouter Machiavel : « Contenter le peuple et ménager les grands, voilà la maxime de ceux qui savent gouverner ». Maxime, dont hélas, Macron n’a appliqué que la seconde moitié. Pourtant, comme le souligne Olivier Pironet, Machiavel insiste bien là-dessus dans les Discours sur la Première décade de Tite-Live : « Pour diriger, il faut choisir un camp, et ce ne peut être que celui du peuple « car ses buts (…) sont plus honnêtes que ceux des grands, les uns voulant opprimer, l’autre ne pas être opprimé ». Il faut d’autant plus choisir le peuple que, dès lors que « seuls les riches et les puissants proposent des lois, favorisant bien moins la liberté que l’accroissement de leur pouvoir, » l’État est miné à sa racine même, corrompu. C’est ainsi que la République romaine se perdit, comme la République florentine. » Et la République macroniste !!!
Il est logique que Machiavel, un esprit libre, soit calomnié par les envieux et les conformistes et qu’il soit admiré par d’autres esprits libres, eux aussi amplement calomniés, tels que Jean-Jacques Rousseau, selon qui Le Prince est le « livre des républicains », et Antonio Gramsci, qui écrit dans ses Notes sur Machiavel, sur la politique et sur Le Prince moderne que « dans la conclusion, Machiavel lui-même se fait peuple, se fond avec le peuple ».
Par un de ces hasards dont la vie est friande, alors que je commençais à écrire cet article, J.L. Mélenchon, interrogé sur la gestion macroniste de la crise sanitaire par Ali Baddou, dans l’émission C l’hebdo, donnait, lui aussi, sa définition de l’art de gouverner : « C’est l’art, en démocratie, de faire consentir des mesures en prouvant qu’elles sont nécessaires. Tout ce qui procède de l’arbitraire, du décret, de la diabolisation est mal vécu ».
Oui, c’est le paradoxe que nous vivons en France en ce moment. Nous avons une Constitution qui octroie un pouvoir quasi absolu à l’exécutif qui ne s’est pas privé d’en user et d’en abuser pour nous imposer des décennies d’austérité « pour rester compétitifs », « pour nous intégrer dans la mondialisation », « pour tenir notre rang », « pour sauver le pays », et « en même temps », nous nous apercevons, effarés, qu’en dépit de toute cette austérité, de tous ces sacrifices, la « riche » France est privée de tout, totalement démunie et dépendante du reste du monde.
Pourtant, au sortir de la dernière guerre mondiale, grâce principalement à de Gaulle, la France avait retrouvé son indépendance dans tous les domaines : alimentaire, sanitaire, vestimentaire et militaire. Elle s’était même dotée, à la libération, d’un système de protection sociale hors-pair, élaboré par le Conseil National de la Résistance. La Sécurité sociale, obligatoire et universelle, a été créée par les ordonnances des 4 et 19 octobre 1945, sous l’égide de Pierre Laroque et du ministre communiste Croizat. Un système social, au départ géré par les travailleurs, que les présidents successifs, amis du MEDEF, n’ont cessé d’attaquer et d’affaiblir dans le seul et unique but de le privatiser.
Rappelé au pouvoir en 1958, de Gaulle a mis fin à la guerre d’Algérie et décolonisé l’Afrique. Il engage une politique « d’indépendance nationale » pour lutter contre le projet européen de Jean Monnet et l’hégémonie étasunienne (il a développé l’arme atomique et est sorti du commandement intégré de l’OTAN), raison pour laquelle, sans doute, il a été débarqué à l’occasion du référendum de 1969.
Ses successeurs, stipendiés par la finance et/ou les États-Unis, se sont empressés de renoncer progressivement à des pans entiers de la souveraineté de la France au profit des banques, des monopoles privés (ce que Noam Chomsky appelle la « tyrannie privée »), des puissances étrangères (Allemagne, États-Unis) et d’une haute-administration technocratique française et bruxelloise toujours plus pléthorique, corrompue et incompétente.
Pompidou avait comme slogan de campagne aux élections présidentielles de 1969 : « L’ouverture dans la continuité ». Il a en effet ouvert la France à la concurrence internationale (il relance la politique de construction européenne et est favorable à la suppression totale des barrières douanières au sein de la CEE), et aux marchés financiers avec la loi La loi no 73-7 du 3 janvier 1973 sur la Banque de France qui oblige la France à emprunter aux banques privées (et donc à leur payer des intérêts au lieu de se financer gratuitement auprès de la Banque de France).
Retournement de situation remarquable, l’Angleterre, qui est sortie de l’UE et entrée dans la pandémie, et qui a besoin d’argent pour sauver son économie réelle, vient, comme l’explique Philippe Murer, de faire voler en éclat cette règle sacro-sainte du néo-libéralisme en décidant d’emprunter directement à sa Banque centrale.
Le successeur de Pompidou, Giscard d’Estaing, a initié les premières « réformes sociétales » qui serviront désormais à compenser, sinon dissimuler, la destruction programmée de notre système social (l’abaissement de la majorité civile à 18 ans, la dépénalisation de l’avortement ou l’instauration du divorce par consentement mutuel). Sur le plan politique, il a mené la France dans trois impasses délétères : 1. il a inauguré l’austérité que nous subissons toujours ; 2. il a entamé des guerres néo-coloniales en Afrique pour soutenir ses pions (l’affaire des diamants de Bokassa) ou des intérêts occidentaux, des guerres qui n’ont plus cessé depuis ; 3. et surtout il a ouvert le bal de la déréglementation financière en signant, en 1976, les accords de la Jamaïque, enterrant à jamais le rôle de l’or comme monnaie internationale de réserve. C’est désormais le Far West ! La finance internationale est devenue totalement privée. Non seulement privée mais largement « off-shore », en dehors de tout contrôle des espaces nationaux et des pouvoirs politiques.
Mitterrand est élu en 1981. Il abolit la peine de mort, instaure la 5ième semaine de congés payés et trahit les Français en 1983 avec le « tournant de la rigueur ». Il engage la France dans la guerre du Golfe, la première d’une longue liste de guerres du pétrole au profit des États-Unis et lâche toujours plus la bride à la finance en abrogeant en 1984, la loi de 1945 dite de séparation bancaire qui interdisait aux banques de spéculer avec vos économies.
Chirac le remplace en 1995. Aussitôt élu, il lance une réforme (comprendre privatiser) des retraites et de la sécurité sociale, mais n’ose pas passer outre à l’opposition du pays (comme l’ont fait ensuite Sarkozy, Hollande et Macron). En 1996, il supprime le service militaire car une armée de métier est plus docile et plus discrète. En 1999, il participe avec les États-Unis à une campagne illégale de bombardements de l’Otan contre la République fédérale de Yougoslavie, un état européen allié mais qui avait le tort d’être « socialiste » et de constituer « un obstacle au triomphe planétaire de l’économie de marché ». L’opération se fait sous couvert de l’« ingérence humanitaire », une notion inventée par le maléfique Dr Koushner pour justifier les guerres d’agression de l’Empire, et qui sera réutilisée en Libye avec autant de succès. La guerre de Yougoslavie a duré 78 jours (la plus longue de l’OTAN) et s’est « nourrie de bobards médiatiques destinés à aligner l’opinion des populations occidentales sur celle des états-majors ».
L’écrivain autrichien Peter Handke sera à peu près le seul à condamner cette agression qui inaugure les guerres de changement de régime, et qui sonne le glas de l’ « Europe de la paix ». En 2001, Chirac accepte de se joindre aux États-Unis et à l’OTAN dans la guerre d’Afghanistan, mais, en 2003, il se révolte et refuse de suivre les États-Unis dans une nouvelle guerre d’Irak, ce qui sauvera l’honneur de ce président somme toute assez belliqueux sous ses dehors bonhomme. De son côté, Jospin est parvenu, en 2000, à faire voter les 35 heures (notez que Macron vient de revenir par ordonnance aux 60 heures !) mais c’est aussi lui qui entame la valse des privatisations. Jospin pourra se glorifier devant l’histoire d’être le dirigeant qui a le plus privatisé. Comme disait mon père, il faut un gouvernement de gauche pour faire passer des mesures de droite. C’est aussi sous Chirac, en 2005, que les Français, obligés de rentrer dans la zone Euro en 1999, commencent à comprendre ce que l’Union Européenne signifie, et refusent le Traité européen. Ce sera le dernier référendum auquel les Français auront droit.
Chirac est sans doute le dernier président français à avoir pris ou laissé prendre quelques décisions indépendantes voire opposées à l’UE et/ou aux États-Unis. Ses successeurs, Sarkozy, Hollande et Macron, qui ne valent même pas la peine d’être étudiés séparément, se soumettent entièrement, lâchement, éhontément, à la quadruple tyrannie du privé, de la technocratie, de l’UE et de l’Empire étasunien. En quelques années, la France perd tout ce qui lui reste de souveraineté. Elle rentre dans le commandement intégré de l’OTAN, ce qui l’oblige à servir de mercenaire à l’Empire en Libye, en Irak, au Yémen, en Palestine, en Afrique, etc. Ces agressions nous reviennent en boomerang sous une forme violente avec le terrorisme et pacifique avec l’arrivée de millions de malheureux qui fuient les guerres que nous leur menons. L’emprise sur l’État de la finance en particulier et du privé en général s’accélère (crises financières, économiques, traités de libre-échange qui sacrifient notre industrie, note agriculture, nos travailleurs), les dettes, le chômage, la précarité, la pauvreté explosent et les libertés diminuent, pendant qu’une minorité de globalistes hors-sol s’enrichissent sans limite.
Nos trois derniers présidents, sont passés maîtres dans l’art de ne pas gouverner. Ayant perdu tous les leviers de l’état au profit de l’UE, des multinationales et de notre grand ami étasunien, s’ils ne peuvent gouverner, ils peuvent encore nuire et ils ne s’en privent pas, à l’instar de ces notables africains chargés par l’administration coloniale de collecter les impôts et que leur population haïssait.
L’application servile et implacable des directives de leurs maîtres
Tout le monde sait maintenant que notre politique intérieure est régie par les GOPE, les Grandes orientations de politique économiques, rédigées par les technocrates non élus de Bruxelles, qui obligent les états à toujours plus d’austérité, de privatisations, de concurrence libre et non faussée, de délocalisations, de destruction des services publics. Pas besoin d’en dire plus, il n’y a qu’à voir la France à l’heure du coronavirus. Bien sûr, cela convient très bien à nos présidents, tous au service du Capital, qui ne pourraient pas appliquer aussi brutalement ces politiques, s’ils ne pouvaient pas s’abriter derrière l’UE.
Et tout le monde sait que notre politique extérieure est décidée par l’Otan, sous commandement étasunien. Cela aussi convient très bien à nos présidents, tous atlantistes, qui ne pourraient pas se livrer à autant de guerres de pillage aux quatre coins du monde, s’ils ne pouvaient pas s’abriter derrière l’Otan, d’autant plus qu’en dehors même de leur immoralité et de leur illégalité, tout comme l’UE, elles nous coûtent un « pognon de dingue » et rapportent essentiellement aux États-Unis.
Le siphonnage des richesses de la nation à des fins privées
Comme ils n’ont plus à gouverner, ils ont beaucoup de temps à consacrer à leur « carrière » (traduire enrichissement personnel). Comme le dénonce Vincent Jauvert dans Les voraces : « Jamais sous la Ve République les élites qui dirigent notre pays n’ont été aussi riches et obnubilées par l’argent. Jamais autant de hauts fonctionnaires n’ont pantouflé à prix d’or dans le privé. Jamais autant de ministres n’ont été multimillionnaires. Jamais autant de responsables politiques et non des moindres sont devenus lobbyistes ou avocats d’affaires. »
Sans compter que le nombre de ces parasites et de leurs abus se multiplie de façon exponentielle car tous ceux qui en ont le pouvoir augmentent les salaires et les primes, créent des milliers de sinécures prébendes, privilèges et avantages, instituent des centaines d’agences gouvernementales-paravent, multiplient les cadeaux fiscaux et les exonérations de toutes sortes, privatisent à tour de bras, pour s’enrichir et enrichir toujours plus leurs clients ou alliés sur notre dos, tout cela avec la bénédiction de l’UE qui elle aussi nous coûte un pognon de dingue. Dans tous les corps d’état que les Français entretiennent en France et à Bruxelles, et l’armée ne fait pas exception, il y a bientôt plus d’officiers que de simples soldats…
Les mensonges, les promesses, les inversions accusatoires
Ces gens ont tellement perdu l’habitude de s’occuper du pays qu’ils sont devenus incapables de régler même les choses les plus simples, comme des commandes de masques. Ils en sont réduits à réquisitionner les masques que les régions commandent !
La crise du Coranavirus met à jour leur inutilité totale et absolue. Ils n’ont rien vu venir, rien anticipé, rien préparé, rien. Ils courent partout comme des poulets sans tête, ils colmatent les brèches qu’ils ont ouvertes, contredisent les ordres qu’ils ont donné, et les rares décisions qu’ils prennent sont mauvaises. La population a compris qu’on ne pouvait rien attendre d’eux et elle se débrouille toute seule. La première fois que j’ai vu ça, c’est au Mexique. Tout y est privatisé, l’état ne fait plus que deux choses, lever des taxes et envoyer la police. Le système D et la solidarité prévalent. Mais pendant que j’étais au Mexique, je n’ai quand même jamais entendu les ministres appeler aux dons pour aider entreprises…
Et quand ni les mensonges, ni la communication, ni les promesses ne marchent plus, ils nous accusent de leur incurie et nous punissent de leur incompétence en nous enfermant ad vitam aeternam et en réprimant sauvagement ceux qui n’obtempèrent pas assez vite…
La répression
L’état d’urgence sanitaire donne les pleins pouvoirs à l’exécutif pour : réprimer les récalcitrants au confinement (ou présumés tels) notamment dans les quartiers populaire (10% des amendes en Seine St Denis), mettre au pas les travailleurs en détruisant le droit du travail et en supprimant les contrôles de l’inspection du travail, faire taire l’opposition et les critiques avec des traditionnels appels à l’unité soutenus par une rhétorique guerrière qui permet de dénoncer comme traîtres les récalcitrants, diminuer les libertés (tracking) et multiplier les ordres contre-ordres et désordres plus ou moins légaux, en toute impunité.
Comme dit le proverbe : pour quelqu’un armé d’un marteau, tout ressemble à des clous.
L’effacement des traces
La dérégulation, la déresponsabilisation, le laxisme, l’imprévoyance, qui caractérisent la gouvernance actuelle, engendrent catastrophe sur catastrophe, que nos élites n’ont plus le pouvoir, ni le temps, ni l’envie de solutionner. Alors, après avoir s’être beaucoup agité devant les caméras, avoir beaucoup menti et avoir beaucoup promis de se convertir (à l’écologie, au climat, à la planification, au pacifisme, à la séparation des pouvoirs, à l’Europe, à la démondialisation, au respect des lois, à la défense de l’hôpital public, etc.), dès que la pression est un peu retombée, on se dépêche, avec l’aide des médias pour toujours complaisants, de mettre la poussière sous le tapis et d’effacer les traces. Comme l’explique Annie Thébaud-Mony, sociologue de la santé, il n’y a eu aucun suivi médical (ou autre, d’ailleurs) après l’incendie de Notre Dame (plomb), celui de l’usine de Lubrizol, et quantités d’autres scandales sanitaires ou écologiques. Pareil pour les crises financières : après la crise de 2008, tout est reparti comme si de rien n’était. Pareil pour la crise des Gilets jaunes, où sont les milliers de cahiers de doléances qu’on a fait rédiger aux Français?
Mais laissons le dernier mot à Machiavel:
« L’habituel défaut de l’homme est de ne pas prévoir l’orage par beau temps ». Ne pas gouverner, c’est refuser de prévoir, d’anticiper, de se préparer (la gestion des flux).
« Pour prévoir l’avenir, il faut connaître le passé, car les événements de ce monde ont en tout temps des liens aux temps qui les ont précédés. Créés par les hommes animés des mêmes passions, ces événements doivent nécessairement avoir les mêmes résultats ». Ne pas gouverner, c’est refuser de tirer des leçons du passé ou de ses propres erreurs («Soyez fiers d’être des amateurs»).
« La soif de dominer est celle qui s’éteint la dernière dans le cœur de l’homme ». Ne pas gouverner, c’est accepter la loi du plus fort (la loi du marché, la compétition de tous contre tous).
« L’expérience prouve que jamais les peuples n’ont accru leur richesse et leur puissance sauf sous un gouvernement libre. » Ne pas gouverner, c’est refuser à son peuple la justice et la liberté qu’il est en droit d’attendre de son pays.
« Le parti de la neutralité qu’embrassent le plus souvent les princes irrésolus, qu’effraient les dangers présents, le plus souvent aussi les conduit à leur ruine ». Ne pas gouverner, c’est refuser ou être incapable de choisir, de décider (le « en même temps »).
La crise du Coronavirus, a mis les projecteurs sur l’incurie, l’amateurisme et la corruption de nos dirigeants. Espérons que la population, ne laissera pas, cette fois-ci, les puissants imposer le retour au « business as usual », dans une société de surveillance encore plus répressive, autoritaire et précaire qu’avant, comme certains le craignent. Il est vrai que comme dit Machiavel : « La meilleure forteresse des tyrans, c’est l’inertie des peuples », et aussi, en l’occurrence, les institutions de la Ve République, sans lesquelles la Macronie n’aurait pas tenu jusqu’ici. C’est seulement en descendant dans la rue, tous ensemble que nous arriverons à nous faire entendre. Espérons que personne ne manquera au rendez-vous, cette fois-ci !
Appendice
Machiavel, haut-diplomate de la République florentine, a dû s’exiler sur ses terres lorsque les Médicis ont renversée la République en 1512. Pour tenter de rentrer en grâce, il fait parvenir à Laurent II de Médicis, un traité de philosophie politique portant sur le gouvernement des principautés (Le Prince, en français). Comme dit Olivier Pironet : « Il s’agit pour son auteur de réfléchir aux moyens de rétablir la république dans la cité toscane et d’édifier un État suffisamment fort pour « prendre » (unifier) l’Italie et la « délivrer » des puissances étrangères. Le Prince s’adresse à celui qui sera capable de réaliser ce double objectif.» Dans son autre œuvre majeure, les Discours sur la première décade de Tite-Live, publiés en 1531, Machiavel examine, en relisant l’histoire romaine, les principes du régime républicain, et démontre sa supériorité par rapport aux systèmes despotiques ou autoritaires (principati). Selon lui, chaque régime repose sur l’opposition fondamentale entre deux grandes classes, ou « humeurs » (umori) sociales, qui en détermine la forme : le peuple, c’est-à-dire le commun des citoyens, et les grands, ceux qui constituent l’élite sociale, économique et politique. Les seconds, minoritaires, veulent la domination ; le premier, majoritaire, la conteste : « Et de ces deux appétits opposés naît dans les cités un de ces trois effets : ou monarchie, ou liberté, ou licence. » La monarchie, ce principato autoritaire que Machiavel voit également dans l’oligarchie, est incapable de résoudre la question sociale. Il faut donc lui préférer un régime républicain, seul système à même de garantir l’égalité des citoyens, la réalisation du bien public et l’indépendance du pays. Mais cette république, comme le précisent les Discours, ne peut s’appuyer que sur l’institution de la discorde civile entre les élites et la plèbe, autrement dit sur la reconnaissance politique du conflit inhérent à la cité : « Dans toute république, il y a deux umori (…) et toutes les lois favorables à la liberté ne naissent que de leur opposition. » Alors que la grande majorité des penseurs républicains de son époque prônent une oligarchie, le Florentin préconise l’instauration d’une république populaire (stato popolare) fondée sur l’autorité suprême d’une assemblée au sein de laquelle le peuple peut participer, au même titre que les grands, à la direction des affaires de la cité.
Pour Machiavel, il n’y a pas de plus grand bien, que la liberté. Pour lui comme l’explique Cristian Nadeau, pour être autonomes, nous devons vivre dans un État libre, c’est-à-dire un État où la liberté de chacun se mesure à l’aune de la liberté de tous. La liberté de tous n’est cependant possible qu’à deux conditions: a) personne n’est soumis à qui ce soit; b) l’État n’est soumis à personne sinon à la volonté de ses membres (indépendance de l’État par rapport aux forces extérieures). Ainsi, lorsqu’il s’agit de la liberté de l’État, Machiavel affirme qu’elle doit être défendue à n’importe quel prix, « soit ignominieusement, soit glorieusement », car la défense de la patrie est toujours la défense du bien. Le plus grand danger pour l’intérêt commun est de laisser libre cours à la poursuite des intérêts personnels, ceux des individus ou ceux des groupes sociaux. Pour qu’une république soit libre, elle ne doit appartenir à personne.
Il ne faut pas ne pas prendre au sérieux les grosses productions cinématographiques venues d’outre-Atlantique. En 2003, Jean-Michel Valentin publia chez Autrement Hollywood, le Pentagone et Washington. Les trois acteurs d’une stratégie globale, une excellente enquête sur les liens anciens et profonds qui unissent la finance, l’industrie du spectacle et du divertissement et le complexe militaro-industriel, soit le « cinéma de sécurité nationale ». Avant de devenir le secrétaire du Trésor de Donald Trump, Steven Mnuchin fut producteur de films. Jonathan « Jon » Favreau fut la principale plume de Barack Obama entre 2008 et 2013, année où il se mit à écrire des scénari pour le cinéma. Le président et fondateur d’une des plus grosses sociétés de production, Regency Entreprise, Arnon Milchan, révéla en 2013 avoir été un espion israélien qui, fort de ses réseaux en Afrique du Sud au temps de l’apartheid, se procura de l’uranium pour Tel Aviv.
En 2011 sort en salle le film Time out écrit et réalisé par Andrew Niccol (réalisateur des excellents Bienvenue à Gattaca et Lord of War) avec pour interprètes principaux le chanteur Justin Timberlake, l’actrice Amanda Seyfried et l’Irlandais Cilian Murphy, bien connu sous les traits de Thomas Shelby de la série télévisée Peaky Blinders. Time out (In Time pour titre original) s’intéresse indirectement à l’un des problèmes cruciaux qui ronge la société étatsunienne.
Le déroulement de l’intrigue
Dans un avenir plus ou moins proche, les êtres humains portent sur leur avant-bras gauche un chronomètre de couleur verte qui égrène les jours, les heures, les minutes et les secondes. S’il arrive à zéro, c’est la mort assurée. Incrusté dans la peau, ce compteur horaire entre en fonction à partir de 25 ans avec une année offerte.
Le compteur temporel arrête le vieillissement de l’individu qui garde pour toujours ses traits de jeune adulte s’il parvient à gagner du temps supplémentaire. Sinon il décède un an plus tard ou à tout moment s’il n’a plus rien. La mère du personnage principal, Will Salas (Justin Timberlake), ressemble ainsi à une bimbo aussi jeune que son fils. Le spectateur inattentif pourrait croire qu’il s’agit de sa copine…
Dans ce monde, le temps est vraiment devenu une marchandise. Pièces de monnaie et billets n’existent plus. Le chronomètre (ou compteur temporel) sert à acheter, à vendre, à donner, à recevoir ou à voler un temps précieux. Par exemple, le téléphone portatif étant lui aussi absent (sauf au cours d’une scène avec Cilian Murphy), appeler quelqu’un depuis une cabine publique vaut une minute de la vie de l’appelant. Un trajet en transport en commun coûte jusqu’à deux heures de son existence. Will Salas travaille dans une usine payé au rendement. Il reçoit moins que prévu à la fin de son service journalier parce que les critères de productivité ont changé au cours de la journée.
Il vit dans le ghetto de Dayton (Ohio) où le compteur de la population misérable n’affiche que des heures, des minutes et des secondes. Y détenir plusieurs jours est perçu comme un luxe appréciable. Y survivre est difficile d’autant que la hausse continuelle des prix, plus ou moins rapide, affecte la vie de tous. Celle-ci demeure néanmoins une proie tentante pour des bandes de malfrats, surnommés « Minutemen », qui dérobent à leurs victimes malchanceuses des unités de temps disponibles. Cette canaille interlope travaille avec l’accord tacite des « gardiens du temps », des policiers qui vérifient si le temps octroyé aux masses laborieuses les maintient dans un état de servage avancé. Ils s’assurent de cette façon de la cohésion de tout l’édifice social.
En effet, non loin de Dayton, mais séparée par plusieurs péages dont la somme totale prélevée équivaut à une année de vie, se trouve la ville de New Greenwich où résident des nantis crédités de plusieurs centaines d’années : ils sont immortels. Mais, comme le disait le philosophe pataphysicien post-inversé Woody Allen, « l’éternité dure longtemps, surtout vers la fin ». Will Salas sauve un soir dans un bar mal famé du ghetto Henry Hamilton, un fringuant gars de 105 ans. Blasé, Hamilton se laisse mourir. Il offre auparavant en guise de remerciement à Salas endormi toutes ses années restantes.
Devenu riche en temps, Will Salas ne parvient pourtant pas à sauver sa mère. Il se rend à New Greenwich, descend dans un hôtel de luxe, choisit une suite somptueuse, s’achète une voiture de collection et va au casino. Joueur de poker audacieux, il y rencontre le milliardaire Philippe Weis, un darwinien social convaincu, et sa fille Sylvia (Amanda Seyfried) pas insensible à son charme. Elle l’invite à une réception dès le lendemain soir. Will Salas la séduit quand arrive le gardien du temps en chef, l’intraitable et incorruptible Raymond Leon (Cilian Murphy), qui l’accuse du meurtre de Henry Hamilton.
Will Salas prend alors en otage Sylvia, s’enfuit, échappe aux hommes de Leon dans une course-poursuite automobile et regagne Dayton. Sylvia Weis y découvre un autre univers. Scandalisée par ce qu’elle voit, elle succombe au « syndrome de Stockholm », tombe amoureuse de Salas et devient sa complice. Ensemble, ils jouent aux « Robin des bois ». Ils attaquent les succursales de la banque Weis qui abritent les capsules qui gardent du temps et les redistribuent aux plus pauvres. Ce sont les nouveaux Bonnie et Clyde. Après bien des péripéties mouvementées, le film se termine sur leur envie de braquer le plus grand établissement bancaire du pays.
L’approche conformiste
Ce scénario dystopique avertit le public du risque des manipulations génétiques, des recherches sur l’arrêt de la vieillesse et du désir de rester éternellement jeune. L’humanité de cette époque futuriste a trouvé un bonheur matériel complet, réservé seulement à une minorité. La majorité subit, elle, les conséquences funestes de cette réussite et vit au jour le jour en quête d’un gain de temps plus ou moins grand. Henry Hamilton a révélé à Salas la vérité avant de mourir. L’immortalité accessible à quelques-uns implique la mort pour la majorité. L’éternité pour tous engendrerait des passions bien trop violentes.
Will Salas et Sylvia Weis s’affranchissent des règles sociales et peu leur importe que les autorités mettent leur tête à prix d’abord par une récompense de dix ans, puis de cent ans. Leur popularité, le clientélisme et une corruption massive les rendent invulnérables. Si Salas apprend à Sylvia à tirer au pistolet et à survivre en milieu hostile, elle l’informe des défauts de son monde et les faiblesses des établissements bancaires de son père.
Ils évoluent cependant dans les mêmes normes sociales que leurs adversaires. Ils volent du temps et l’offrent aux plus démunis, mais ils ne changent pas la société. À l’instar des altermondialistes qui œuvrent pour une autre mondialisation, le couple n’a aucune velléité révolutionnaire. La fin du film confirme la sentence de l’ignominieuse Margaret Thatcher pour qui « il n’y a pas d’alternative ». Marginalisés et excités par une vie dorénavant périlleuse, Will Salas et Sylvia Weis qui forment un duo absolu (leurs initiales s’inversent : WS – SW), ne souhaitent pas renverser l’ordre établi. L’industrie du divertissement cinématographique peut fort bien célébrer un certain individualisme, celui des francs-tireurs au grand cœur, sans toutefois scier la branche sur laquelle elle prospère…
Analogie avec le crédit yankee
Time out présente néanmoins une autre lecture moins conventionnelle. La pandémie du coronavirus n’arrêtera pas l’endettement massif des ménages étatsuniens. Les étudiants qui poursuivent leurs études universitaires souscrivent des emprunts qui les engagent pour les quatre à cinq décennies à venir. Dans une société où il est rare (et mal vu) d’épargner, bénéficier d’un crédit exige des garanties sur la solvabilité et la réputation du demandeur. Celles-ci se rapportent à une notation sociale bancaire, le credit score. Il s’agit d’une note à trois chiffres attribuée à chaque résidant aux États-Unis qui détient un numéro de sécurité sociale (le SSN ou Social Security Number). Cette notation qui évalue automatiquement la gestion budgétaire quotidienne du demandeur, reflète en théorie sa capacité à rembourser les dettes contractées. Plus sa note sera élevée, plus il obtiendra des avantages bancaires. Un credit score bien noté améliore par conséquent toutes les transactions du quotidien (l’obtention d’un taux d’intérêt sur un emprunt très intéressant, une réduction non négligeable sur la prime d’assurance maison ou l’ouverture d’un compte chez un fournisseur d’électricité ou d’une ligne téléphonique mobile sans verser une caution). Son calcul inclut :
– 35 % sur la constance des paiements effectués,
– 30 % à partir du pourcentage de la capacité de crédit utilisé du demandeur (il est mieux noté s’il n’utilise qu’une faible partie des lignes de crédits au lieu de profiter du maximum autorisé par les cartes Gap, Target et Macy’s),
– 15 % qui se déterminent en fonction de l’ancienneté de l’historique de crédit,
– 10 % qui se basent sur le type de crédit obtenu (consommation ou immobilier, voiture, prêt étudiant, prêt hypothécaire revolving, cartes de crédits ou lignes de crédits, etc.),
– 10 % qui reposent sur les recherches faites pour obtenir un crédit en sachant qu’à chaque fois que le demandeur reçoit un crédit, son credit score en est affecté de manière négative.
Trois agences privées, Equifax, Transunion et Experian, s’occupent de sa gestion. Un équivalent existe aussi au Canada sous le nom de « cote de crédit », elle aussi administrée par deux filiales des compagnies étatsuniennes, Equifax Canada et Transunion – Canada. En Amérique du Nord, il est important de s’endetter afin de prouver son existence sociale. Plus une société est endettée, moins sa population sera réactive à l’injustice socio-économique et aux manipulations politiques.
Le génial Ezra Pound le dénonçait déjà à son époque : l’usure bancaire (ou crédit) y occupe une place beaucoup trop prépondérante. Contrairement à ce que pensent les libertariens ou les miliciens anti-gouvernement fédéral, la vie de centaines de millions d’Étatsuniens ne dépend pas in fine de Washington, mais plutôt de Wall Street. Pensons aux fonds de pension rapaces qui versent par leur prédation (ou pillage légale) internationale la pension mensuelle ou hebdomadaire des retraités étatsuniens.
Changer la monnaie en temps appartient certes au domaine de la science-fiction. On n’aura pas de compteur de temps vert intégré à l’avant-bras demain matin. En revanche, il est remplacé dans la vie réelle par la carte bancaire, l’argent électronique et la puce RFID plus aisément traçables. Les autorités soucieuses d’une transparence totale de leurs citoyens profitent de la moindre crise (terroriste, climatique, sanitaire, économique) pour réduire la circulation des espèces. Recoupé à la géolocalisation du téléphone ainsi qu’à la puce – moucharde, le paiement numérique généralisé élimine toute anonymat possible. Outre la surveillance de masse par algorithmes, diverses institutions collectent de nombreuses données personnelles qu’elles revendront sous peu aux transnationales les plus offrantes.
Au service de la censure
Dans un monde sans argent liquide, la mort subite n’est plus physique comme dans Time out, elle est immédiatement sociale. Comment survivre si la banque clôt votre compte et désactive la carte non seulement pour des dépassements fréquents non autorisés du plafond de dépenses, mais aussi comme cela vient d’arriver à Björn Höcke, député régional de Thuringe, et à son épouse parce que leur engagement à l’AfD déplaît aux banksters d’ING ? La même mésaventure est d’ailleurs arrivée à Marine Le Pen et au futur Rassemblement national quand HSBC (fondée par les Britanniques pour fructifier l’argent provenant du trafic de l’opium au XIXe siècle en Chine) et la Société générale ont fermé son compte personnel et celui de son parti politique. Ces vexations discriminatoires ne sont jamais dénoncées.
La prudence et le pessimisme s’imposent au moment où se développe une censure odieuse, rapide et sauvage sur les réseaux sociaux de la part de Twitter, de YouTube, de Google et de Facebook. Ces monstruosités bâtardes déréférencent des sites dissidents, suppriment des comptes et bannissent les utilisateurs qui osent émettre un avis favorable sur Alain Soral, Renaud Camus, Boris Le Lay ou Génération Identitaire. Ce que les réseaux sociaux pratiquent déjà sans vergogne, banques et assurances l’appliqueront prochainement.
Loin de renverser les assises du monde moderne occidental, le covid-19 accélère au contraire l’emprise de l’hyper-classe cosmopolite plus que jamais décidée à mâter définitivement les peuples. L’universalisation du paiement par carte ou sans contact améliore le contrôle invisible des populations. Gare alors aux plus récalcitrants ! Ils perdront hors de toute décision judiciaire leur emploi, leur domicile, leur famille, leur réputation s’ils persistent à vouloir défendre les spécificités bio-culturelles de leur communauté.
Film étonnant qui mérite d’être vu et revu, Time out prévient les esprits les plus lucides de l’avertissement suivant. « Prenez le temps de retirer des espèces au mur d’argent et utiliser au quotidien billets et pièces de monnaie pour mieux faire la nique au Système globalitaire. »
Le programme des nouvelles routes de la soie (Belt and Road Initiative, BRI) dévoilé par la Chine en septembre 2013 vise à faciliter, sécuriser dans plusieurs sens du terme et harmoniser les échanges commerciaux internationaux depuis et vers la Chine, ceux-ci s’intensifiant depuis le début des années 2000. Ce vaste projet qui porte principalement sur les transports terrestres et maritimes entraîne également des investissements dans d’autres infrastructures (énergie et télécommunication notamment). Initialement prévue pour les échanges eurasiens, la carte des nouvelles routes de la soie (65 pays en 2015) n’a cessé depuis d’évoluer au fur et à mesure de l’adhésion de nouveaux pays ou organisations (139 pays en janvier 2020). En effet, ce projet que la Chine évaluait au départ à 1 000 Milliards d’USD et cofinancé par la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures (BAII) est perçu comme une opportunité, surtout par les pays isolés et les pays en développement dont les crédits consentis par les institutions historiques ne sont pas à la hauteur des investissements nécessaires pour accompagner leur croissance parfois proche des deux chiffres.
Soucieuse du risque de surendettement que pourrait entraîner le financement de chantiers de grande ampleur, la Banque Mondiale reconnaît néanmoins que la BRI contribuera à améliorer l’économie des pays participants et donc les conditions de vie de leurs citoyens sous réserve cependant que ces pays appliquent une politique de transparence et qu’ils prennent en considération les enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance.
L’île de la Réunion comme hub maritime en océan Indien
Dans l’océan Indien, La Réunion (département et région française) dont le PIB est de moitié inférieur à celui de la métropole, affiche une croissance mitigée et une chute des exportations de 12,5 % en 2018. Pourtant, lorsque la Chine adhère à l’OMC en 2001, l’île de La Réunion entrevoit très tôt l’opportunité de développer son économie. Devenue région ultrapériphérique en 2003, La Réunion officialise ses relations l’année même en signant un accord cadre avec la république populaire de Chine et une convention de coopération avec la ville portuaire de Tianjin, quatrième ville la plus importante de Chine en nombre d’habitants. Les retombées sont timides, mais l’île persévère.C’est à partir de 2009, avec l’ouverture d’un consulat à Saint-Denis, que les relations sino-réunionnaises prennent un nouvel élan. Un institut Confucius siégeant au sein de l’université de La Réunion est inauguré en 2010. L’année qui suit, la Chine accorde à La Réunion le statut de destination touristique autorisée, un graal pour l’île qui ne comptabilise quasiment pas de touriste chinois contrairement à ses voisines, Maurice et Seychelles.
Mais l’absence de ligne aérienne directe entre la Chine et La Réunion (jusqu’en 2017) n’améliore pas la situation. Avec l’annonce du projet des nouvelles routes de la soie en 2013, l’île pense trouver une nouvelle voie.En effet, devant l’hésitation de Maurice à signer un accord sur la BRI alors qu’elle est la mieux placée sur la route maritime qui relie l’Asie à l’Afrique du sud, La Réunion ne cache pas son ambition de devenir le hub maritime des nouvelles routes de la soie pour le triangle Asie-Afrique-Australie. Le premier forum économique Chine-Réunion se tient en 2017 et La Réunion ouvre une antenne de Région à Tianjin en 2018.
La Polynésie française comme un hub numérique dans le Pacifique sud
Dans le Pacifique sud, en Polynésie française (collectivité française d’outre-mer), le tourisme contribuerait pour 13% à son PIB marchand, ce qui est peu compte tenu du potentiel de ses îles. Une raison estque ces perles du Pacifique situées à plus de 5 000 km de tout continent sont perçues comme des destinations inaccessibles, tant par l’éloignement que par le coût du voyage. A l’instar de La Réunion, la Polynésie française a vu dans l’ouverture et la croissance en devenir de la Chine une opportunité de développer son tourisme. Le Consulat général de Chine en Polynésie française ouvre ses portes en 2007. En mars de l’année suivante, la Chine accorde à la Polynésie française le statut de « destination touristique agréée » puis l’université de Polynésie française accueille unInstitut Confucius à partir de 2013. En 2015, le président de la Polynésie française signe un accord avec Hainan Airlines (HNA) pour le développement du tourisme chinois dans les îles. Cependant, suite aux difficultés financières de HNA en 2017, la fréquentation touristique chinoise ne progresse pas (environ 5 000 chinois pour 216 000 touristes en 2018).
Face à ces déboires, la Polynésie française étudie également d’autres leviers de croissance. Située à la croisée de 4 continents, la Polynésie française pourrait devenir un hub dans le Pacifique. Non pas un hub de transbordement, car elle est totalement excentrée des couloirs maritimes, mais un hub numérique. La Polynésie a accès au haut débit depuis 2010 par un câble sous-marin reliant Tahiti à Hawaï. Par sécurité, unsecond câble a été posé en 2020, reliant la Polynésie française à la Nouvelle-Zélande. La collectivité étant peu peuplée et se situant en fin de parcours de ces câbles, ceux-ci sont très largement sous-utilisés. Devenir le point de jonction entre les continents lui permettrait de tirer profit de ses surcapacités. Dans le cadre des nouvelles routes de soie le Chili envisage de construire un câble sous-marin qui le relierait à la Chine. Il s’agira du premier câble reliant l’Amérique du sud à l’Asieet la Polynésie française se situe sur le parcours. Le président de la Polynésie française a rencontré le président du Chili afin de confirmer l’intérêt du Pays pour le projet.
La transparence comme moyen de légitimation de l’influence
La récente politique d’ouverture de la Chine a entraîné l’ouverture de nombreuses résidences ou de services diplomatiques à travers le monde en un temps court. Il s’agit d’une procédure habituelle de chaque pays entretenant des relations avec la localité hôte ou ayant des ressortissants résidant dans cette localité d’avoir une représentation ou un service diplomatique sur place. Le fait que la présence diplomatique chinoise s’accompagne de l’ouverture d’instituts Confucius (541 instituts à ce jour) s’inspire des démarches d’autres puissances pour promouvoir leur culture à travers le monde, notamment de la France (800 implantations Alliance française), du Royaume-Uni (le British Council dans plus de 100 pays), de l’Allemagne (157 instituts Goethe) et de l’Espagne (86 instituts Cervantes). Les investissements et aides aux investissements à l’étranger font également partie des opérations courantes réalisées par toutes les puissances.
La démarche inédite de la Chine est ailleurs. Elle est dans l’annonce au monde entier de son projet d’envergure internationale, à partir de septembre 2013, avant même d’avoir échangé avec les pays concernés, d’afficher clairement ses motivations et de publier les évolutions du projet et l’état d’avancement. En agissant ainsi, là où habituellement des échanges à huis clos précèdent les annonces publiques, là où il est difficile de connaître à l’avance et plus tard les plans stratégiques ou les véritables plans stratégiques des parties (cette situation d’ailleurs fait partie des plans), en dévoilant ses plans ouvertement, la Chine a pris de court toutes les autres nations, coupé l’herbe sous le pied de quiconque avait d’autres plans non dévoilés et a mis sous pression ceux qui ont trop tardé à mettre en place leur propre stratégie.
Cette transparence affichée tout en insistant sur les rapports gagnant-gagnant qui rend difficilement contestable le bien-fondé du projet, a conféré à la Chine un pouvoir d’attraction, ayant pour conséquence une avalanche de manifestations d’intérêt. Alors que certains projets n’entraient pas dans le cadre des nouvelles routes de la soie ce sont les pays candidats eux-mêmes qui justifiaient auprès de la Chine l’intérêt de les intégrer aux nouvelles routes de la soie, sans nécessairement solliciter une participation de la Chine dans les investissements par ailleurs.
Sans pour autant adhérer officiellement au projet (en Europe de l’ouest par exemple, seuls l’Italie, le Portugal, la Suisse et le Luxembourg ont signé un protocole d’accord sur la BRI), toutes les grandes puissances sont membres de la BAII créée en 2014 spécialement pour le projet, excepté les Etats-Unis, dont il aura fallu attendre quelques années les premières réactions, des réactions d’inquiétude et de colère de n’avoir réagi plus tôt, sans nommément citer le projet des nouvelles routes de la soie.
"Pour être chef de section, il n’y a pas besoin d’être stratège, dit l’un de nous. Faire son service de lieutenant, c’est montrer à mourir à ses hommes. Quiconque est un vrai gars, n’a guère qu’à apprendre un peu de métier".
Celui qui émettait cette opinion, le faisait en toute honnêteté, et il n’a pas attendu bien longtemps pour démontrer, dans la zone russe de la Pologne, la véracité de ses dires, mais sa façon malhabile et emportée de proférer inopinément et souvent à contretemps de grandes phrases, lui valait souvent, en dépit de sa probité, de n’être que la cible d’innocentes plaisanteries.
En cette circonstance aussi, ses mots tombèrent comme un pavé au milieu des bavardages. Quelques-uns sourirent. Mais Ernst Wurche ramassa, d’un doigt léger, le pavé qui, dans sa main, devint cristal : "Faire son service de lieutenant, cela veut dire : montrer à ses hommes à vivre, dit-il. Il arrive un jour où montrer à mourir n’en est qu’un élément. Montrer à mourir, nombreux sont ceux qui savent le faire, et le non dolet par lequel la dame romaine montra à son couard de mari combien mourir est bon et facile , est affaire d’homme si, plus encore, d’officier, mais montrer à vivre, reste quand même plus beau et c’est plus difficile. Vivre ensemble dans la tranchée fut pour nous, peut-être, la meilleure école, et personne ne deviendra sans doute un chef, qui ne le fut déjà là. »
Walter Flex dans Le Pèlerin entre Deux mondes
Pour commander l'ouvrage: https://editions-ace.com/produit/le-pelerin-entre-deux-mondes-walter-flex/
Enquête de Synthèse nationale sur la crise actuelle: le point de vue des Brigandes
Ex: http://synthesenationale.hautefort.com
Nous publions aujourd'hui le sixième volet de notre enquête avec le point de vue de nos ami(e)s du Clan des Brigandes. Pour celui-ci, à la désintégration du monde actuel, il faut opposer le rassemblement communautaire. Les Brigandes savent de quoi elles parlent puisque, pour elles, il s'agit là d'une expérience vécue. Pour les autres, peut-être une piste à étudier...
S.N.
Le Clan des Brigandes
Nous traversons une situation historique, un changement d’époque. La « crise coronavirus » qu’on nous impose en est le signe.
Tout d’abord, voici quelques éléments pour ceux qui seraient sceptiques quant à ce que nous allons exposer :
Nous connaissons la plus grande restriction des libertés fondamentales qu’il y ait jamais eu dans notre histoire connue, en temps de paix et à l’échelle mondiale. Cette restriction repose sur une prétendue pandémie, qui est pour le moment bien moins meurtrière que certaines grippes (celles de 1969, 1957,…) n’ayant jamais justifié de telles mesures. On remarque que :
- Certains hôpitaux sont quasiment vides (reportage-vidéo allemand à l’appui).
- Les chiffres des décès du cancer, de maladies respiratoires et autres ont curieusement baissé depuis mars 2020 : et pour cause, puisque toute personne décédée « avec » le coronavirus est classée dans les décédés « du » coronavirus. L’écrasante majorité des personnes prétendument décédées de ce virus avaient par ailleurs d’autres maladies graves (voir les statistiques).
- Le taux de mortalité en France n’a pas augmenté d’une manière si significative par rapport aux autres années, et il est même légèrement plus bas en mars 2020 qu’en mars 2018 !
- Des sommités, comme le Prix Nobel Luc Montagnier, affirment que le virus est de fabrication humaine et que toute recherche visant à le démontrer est étouffée par « les autorités internationales ».
- Les articles ou vidéos explorant des pistes alternatives au sujet du coronavirus, sur des plateformes comme YouTube ou Facebook, sont censurés au même titre que « l’incitation à la haine ».
- Des économistes avaient prévus une crise économique pour mars 2020.
- Etc., etc.
On pourrait aussi mentionner tout ce qui suit cette prétendue crise sanitaire : rachat par des grandes firmes d’une quantité énorme d’entreprises en faillite à cause du confinement, connexion entre le grand ponte de la vaccination mondiale et de l’identité numérique (Bill Gates) avec le patron de l’OMS, etc.
Bref, nous ne nous étendrons pas sur ces multiples éléments, mais ceux-ci démontrent que nous sommes là face à une manipulation ayant permis de tester – et pour un prétexte fallacieux ! – l’immobilisation de la majorité de la planète, ce qui n’avait encore jamais été réalisé.
Le test est concluant : désormais, le coup du virus pourra être ressorti n’importe quand pour justifier la mise à l’arrêt d’un ou plusieurs pays. Nous passons là une étape historique, qui peut ouvrir la voie à de nouveaux totalitarismes, pouvant même se révéler plus dangereux que ceux que nous avons connus au XXe siècle car ils ne seront pas justifiés par une idéologie (laquelle a toujours des opposants), mais par la nécessité de sauver l’humanité ! Qui peut s’opposer à la sauvegarde de l’humanité sans passer pour un monstre ?
Ce nouveau prétexte, ainsi que la dimension internationale de ses conséquences, doivent nous faire redouter le pire : même si le confinement se lève et que nous avons l’impression de retrouver une certaine « liberté », nous avons passé un cap et glisserons progressivement, dans les mois et années à venir, vers une société pouvant légitimer l’interdiction des libertés les plus fondamentales… et ensuite la répression de ses opposants ! On entend déjà que « ceux qui affirment qu’il n’y a pas une réelle pandémie incitent à la baisse de la vigilance et sont donc des dangers publics » ! La catégorisation de certaines personnes en tant que « danger pour les autres » a toujours été le meilleur prétexte à la persécution de ces personnes.
Tout cela, vous le savez probablement. Allons donc plus loin :
Nous ne croyons pas que les peuples vont soudainement se réveiller et reconquérir leur souveraineté. Les révolutions authentiquement populaires n’existent pas sans lobbies. Et elles existent encore moins quand il faut obéir pour préserver sa santé !
Nous ne croyons pas dans la politique électorale, soumise aux impératifs des structures mondiales : tous les pays font partie de l’ONU ou de l’OMS, et on aura vu la crise actuelle rassembler Poutine, Macron et Trump dans le même mouvement ! Comment pourraient-ils faire autrement ? (Pourquoi pas un seul politicien ne dénonce-t-il l’incroyable exagération des mesures adoptées ?)
Nous croyons que nous allons passer par une phase de nouveaux totalitarismes qui pourra durer longtemps, dans laquelle la technocratie globale pourra s’étendre encore plus rapidement et la caste scientiste-médicale se trouvera au poste de direction.
Nous savons que le Système accélère la réalisation de ce plan selon certaines échéances, et la date de 2025 en est une. Cette date-pivot est mentionnée à plusieurs reprises, au départ par la loge occultiste Lucis Trust (qui siège encore aujourd’hui à côté de l’ONU à Genève), jusqu’au rapport de la CIA de 2008 publié dans le fameux livre d’Alexandre Adler dans lequel la pandémie mondiale d’un coronavirus était « envisagée ». Ce rapport de la CIA dresse un calendrier jusqu’en 2025 !
Les religions étant encore les derniers refuges au sein desquels on peut trouver des éléments réfractaires à la technocratie internationale, on assistera à l’établissement d’un syncrétisme religieux accordé à l’ordre mondial. Les chefs religieux conduiront (et conduisent déjà) leurs brebis vers la soumission. La politique du Pape pendant cette « crise coronavirus » est démonstrative à cet égard. On assistera probablement à une mise en scène grandiose pour réunir les tendances religieuses dans un même courant, qui donnera une légitimité théocratique à un ordre mondial ayant déjà sa légitimité scientifique et sanitaire !
Il est bon, sur ce sujet, de consulter notre vidéo Commentaires de Joël LaBruyère sur la chanson des Brigandes "D'ici 2025": Le faux-prophète qui vient cliquez ici
Voilà comment nous voyons l’avenir. C’est pour cette raison que Joël Labruyère a rassemblé un clan communautaire – dernière possibilité de vivre en accord avec ses idées et avec ses proches, lorsque les libertés de mouvement et de réunion sont profanées.
La civilisation mondiale qui est en place aura, comme toute civilisation, son heure de fin : mais quand ? Il vaut mieux se préparer à ce que ce soit plus long qu’espéré, car en science militaire on envisage le pire pour être préparé à toutes les éventualités.
Alors que faire ? Déjà rester alertes, car la conscience est notre première arme. Et ensuite, préparer des vrais réseaux de proximité, retrouver le sens du réel, avoir des personnes sur qui compter. Internet offrira bien peu de choses, et il n’en offre déjà pas beaucoup à côté de cela : il vaut mieux avoir une personne qui vienne nous rencontrer pour nous témoigner son approbation, que 1 000 qui cliquent « J’aime » à distance.
Puissent ces réflexions servir à ceux qui ne s’abandonnent pas à de vaines espérances.
Lire aussi l'entretien avec Joël Labruyère dans le dernier numéro de la revue Synthèse nationale cliquez là
Effondrement du cours du pétrole de schiste américain et puissance des Etats-Unis
par Jean-Paul Baquiast
Ex: http://www.europesolidaire.eu
La journée du 20 avril a été désastreuse pour les prix du pétrole de schiste extrait aux Etats-Unis.
Le WTI ou West Texas Intermediate, également connu sous le nom de Texas Light Sweet, est un type de pétrole brut utilisé comme standard dans la fixation du prix du brut et comme matière première pour les contrats à terme sur le pétrole auprès du New York Mercantile Exchange
Or les cours du WTI devant être livré en mai se sont effondrés, en devenant négatifs pour la première fois, clôturant à New York à -37,63 dollars, soit une chute de 300%. Le 21 avril, le pétrole dit Brent de la Mer du Nord, servant de référence pour les deux-tiers de la production mondiale hors Etats-Unis, est tombé sous la barre des 20 dollars, dans un marché extrêmement volatil.
La cause principale de cette situation est la baisse mondiale de la consommation de pétrole due à la crise du coronavirus et la saturation des réserves stratégiques mises en place précédemment par les grands Etats, notamment les Etats-Unis.
On note cependant, au 22 avril, une légère reprise.
Ceci aura-t-il des conséquences sur les rapports de force entre les Etats-Unis et la Russie ?
Il ne semble pas. La Russie de son côté enregistre des pertes considérables dues à la baisse internationale des cours du pétrole et du gaz, qui représentent l'essentiel de ses exportations. De plus, la Russie ne dispose pas des centaines ou milliards de dollars représentant l'activité des Grands de l'Internet américains ou GAFAS en ce temps de passage généralisé à une économie numérique permettant d'éviter les risques de contagion au coronavirus. Certes, les GAFAS gardent pour leurs actionnaires une grande partie de ces bénéfices. Mais d'une façon générale, elles contribuent au maintien de la puissance américaine.
Face à l'épidémie, il semble que les hospitalisations et les décès aux Etats-Unis, très nombreux aux origines, soient en train de régresser, malgré le fait que les secteurs hospitalier et médical américains soient guidés par la loi du profit, au contraire de ce qui se fait en Russie et en Europe. De plus les victimes de l'épidémie se comptent surtout parmi les populations latino-américaine récemment immigrés, ce qui n'influence guère le niveau économique général.
Enfin les Etats-Unis conservent une avance considérable dans le domaine spatial. Ceci contribuera à leur puissance dans les prochaines décennies.
Sieben Thesen für eine konservativ-ökologische Wende
Ex: https://recherchen-dresden.de
Heimatschutz bedeutet auch Umweltschutz. Das wußten große konservative Denker, beispielsweise aus der Lebensreformbewegung, lange bevor es die Grünen gab. Kritik an der modernen Technik‑, Fortschritts- und Wachstumshybris, die die Natur zerstört, ist Kernstück konservativen Denkens seit 200 Jahren. Die Wurzeln der Ökologie liegen rechts.
Die patriotische Opposition muß sich daher beim Thema Umweltpolitik nicht verstecken. Im Gegenteil: Die Abkehr von Fortschrittsideologien und der Kampf gegen Überbevölkerung ermöglichen eine tiefgreifende Regeneration der Natur – und des Menschen. Anders als kontraproduktive grüne Fahrverbotszonen oder landschaftszerstörende Windräder geht eine konservative Ökologie an die Ursachen der Krise.
Recherche D wird im November (Heft 7) einen Schwerpunkt zum Komplex »Ökonomie & Ökologie« setzen. Vorab stellen wir sieben Thesen für eine konservativ-ökologische Wende zur Diskussion:
»Die Überbevölkerung ist die Mutter aller Umweltprobleme.« – Die Weltbevölkerung steuert im 22. Jahrhundert auf zwölf Milliarden Menschen zu. Gegen den gigantischen Anstieg der Energienachfrage sind daher die erneuerbaren Energien nur ein Tropfen auf den heißen Stein. Hunderte Millionen neuer Fleischesser, Hygieneartikelnutzer, Autofahrer und Smartphonebesitzer wird das Ökosystem kaum verkraften können. Die Weltbevölkerung muß folglich auf einem niedrigeren Niveau stabilisiert werden – andernfalls droht ein irreversibler Öko-Kollaps.
»Atomenergie mit innovativer Endlagerung ist eine Zukunftsoption.« – Atomkraftwerke emittieren keine Schadstoffe. Sie liefern unabhängig von Wind und Wetter saubere Energie – eine Grundbedingung für jeden IT- und Industriestandort. Auch die Endlagerung von radioaktiven Stoffen macht Fortschritte. Zahlreiche Länder forschen an der sogenannten Transmutationstechnik, die die radioaktive Halbwertszeit von Abfällen signifikant verkürzt. Deutschland sollte diese neuen Potentiale ausmessen, satt voreilig das Handtuch zu werfen.
»Wir müssen das Wachstumsparadigma hinter uns lassen.« – Die Einrichtung von Wirtschaft, Gesellschaft und Staat unter der Prämisse des unendlichen Wachstums ist ein schwerwiegender Konstruktionsfehler. Das permanente Wettrennen mit uns selbst ist ein Irrweg. Die Ressourcen und die Regenerationskapazitäten der Erde sind begrenzt: Wir leben über unsere Verhältnisse. Das ist nichts Neues, muß aber endlich ins Bewußtsein gelangen. Entschleunigung, Mäßigung und Konsolidierung stehen für einen konservativen Mentalitätswandel.
»Die Billigkonsum- und Überflußgesellschaft ist nicht zukunftsfähig.« – Aufreißen, Ausschlürfen, Wegwerfen; und die Amazon-Bestellung geht wieder retour: Wir leben im Überfluß. Deutsche produzieren mittlerweile über 240 Kilogramm Müll pro Jahr. Absurde Konsummöglichkeiten machen nicht glücklich, sondern heben nur den Sockel der Erwartungen – und der Abhängigkeiten. In den Ozeanen kreisen die Müllstrudel und im Inneren des Menschen die Leere, nachdem sich der Rausch des Konsums verflüchtigt hat. Für den Konservativen ist der Mensch stets mehr als nur ein »Verbraucher«: Das billige Lüstchen verfängt nicht, wo der Lebensantrieb aus immateriellen Quellen schöpft.
»Wir brauchen eine Stärkung regionaler Wirtschaftsstrukturen.« – Um ein paar Cent zu sparen, werden Kartoffeln aus Spanien oder Milch aus Lettland angekarrt. Das ist nicht nur überflüssig, denn unsere heimische Wirtschaft produziert diese Waren, sondern vor allem umweltschädlich. Regionalwährungen, wie z.B. der »Chiemgauer« in den Bayrischen Landkreisen Rosenheim und Traunstein, können regionale Wirtschaftskreisläufe stärken. Der Kauf regionaler Produkte ist ein patriotischer Akt.
»Weniger Mobilität schützt die Umwelt.« – Globalisten fordern häufig mehr Mobilität für noch mehr Menschen. Aber das ist ökonomisch unsinnig und ökologisch verhängnisvoll. Im Zeitalter der Digitalisierung kommt es auf »kurze Wege« an. Lange Pendelstrecken sind ineffizient, kosten Zeit, Geld und Energie. Die permanente Flexibilisierung und Mobilisierung von Menschen geht vor allem zu Lasten der Umwelt. Etwa 40 Millionen Passagierflüge umschwirren jährlich den Erdball – Tendenz steigend. Schon für 19 Euro geht es an die türkische Riviera. Hier braucht es eine Kehrtwende. Denn: Läßt sich der Ort wie eine Postkartenkulisse beliebig wechseln, geht das Verantwortungsgefühl verloren. Niemand ist mehr verpflichtet, weil alle immer ausweichen können. Totale Mobilität schadet daher nicht nur der Umwelt. Die Entortung und der Verlust der Heimat schaden letztlich dem Menschen.
»Sichere Grenzen sind die beste Umweltpolitik.« – Laut der Deutschen Stiftung Weltbevölkerung wächst Afrika wöchentlich um 1,2 Millionen Menschen. Was die Bundesrepublik seit Herbst 2015 an Migranten aufgenommen hat, ist dort innerhalb von zehn Tagen nachgeboren. Solange Afrika seinen Menschenüberschuß nach außen ableiten kann, ist ein Ende der Bevölkerungsexplosion nicht zu erwarten. Versiegen die Migrationsrouten – insbesondere nach Europa – werden die afrikanischen Staaten über kurz oder lang zur Anpassung gezwungen. Zudem würde die weitere Auffüllung von ohnehin dicht besiedelten europäischen Gebieten gestoppt, in denen der „ökologische Fußabdruck“ (Rolf Peter Sieferle) eines Menschen ungleich höher ist als in Afrika.
While mankind suffers through the worst global crisis in recent memory, the rest of the world appears to be benefiting from our discomfiture.
The quarantines, travel bans, and economic stagnation brought about by COVID-19 have had a number of unintended consequences for the natural environment: improvements in air quality resulting from the reduction of major pollutants such as nitrous oxide and greenhouse gases; cleaner waterways (most famously the canals of Venice); and the return of wildlife to humanized landscapes.
While some of the more outrageous claims (concerning Venetian dolphins and drunk elephants) have been debunked as fabrications, this has not prevented a few Twitter users from making some controversial observations on the current crisis: “Corona is the cure. People are the disease.” “This isn’t an apocalypse. It’s an awakening.” “The earth is cleansing herself.” “The human race is so shitty that when we’re absent, the world begins to thrive again.” And the one that has garnered the most attention:
Comments like these have caused a fairamount of hand-wringing among the environmental Left, not because they are objectively untrue, but rather because of their association with the specter of ecofascism.
While libertarians and Republican dads tend to denounce any kind of environmental concern, from driving hybrids to recycling, as “ecofascism,” for the Left, ecofascism is best defined as “anything in the environmental movement that makes us uncomfortable.” This holds true whether or not the accused actually supports authoritarianism, corporatism, nationalism, or any other hallmarks of historical Fascism. It is particularly true if the proponent upholds race realism or ethnonationalism, which are invariably castigated as forms of “white supremacy.”
Some unfashionable ideas that the Left associates with ecofascism include:
Any focus on stabilizing human population growth in the Third World;
Any suggestion that immigration and open borders have negative environmental effects;
Any criticism of the human race in terms of its ecological impact (namely because this fails to differentiate between oppressive white patriarchs and victimized peoples of color);
Any criticism of poor ecological practices by non-Westerners, such as poaching, deforestation, and excessive reproduction;
Any condemnation of individualism, democracy, or liberalism for their inability to resolve key environmental issues; and
Any suggestion that there is a natural order or hierarchy which mankind ought to model itself upon and respect.
Since this is not a coherent platform but rather a broad set of features common to various environmental thinkers and groups, I will refer to this constellation of ideas as “Ur-Ecofascism,” following Umberto Eco’s similarly vague (and similarly polemical) description of Fascist ideology.
Due to these unpalatable associations, any suggestion that the recent pandemic might have an environmental silver lining is, of course, anathema to the Left — for whom the only possible silver lining would be sabotaging Trump’s re-election bid.
A Brief Aside on Ur-Ecofascism
Ever since the beginnings of the environmental movement, there have been some adherents who cheer on mass death as a means of nature “cleansing” itself. In the seventies, this included Garret Hardin’s “lifeboat ethics” and the policies of Paul Ehrlich (of Population Bomb notoriety), whose critics regarded such misanthropy as implicit in their worldview. Ironically, these thinkers envisioned overpopulation as an existential threat to mankind, and were accordingly more concerned with saving future humans than wild nature for its own sake.
One finds this view quite openly espoused by the earlyEarth First! ecowarriors, one of whom claimed in 1982 that “the heart and soul of EARTH FIRST! philosophy is that the human race resembles a cancer, which is rapidly devastating the Earth and Her community of life, and leading toward a massive ecological breakdown” [1]. Founder Dave Foreman similarly proclaimed that “in our decimation of biological diversity, in our production of toxins, in our attack on the basic life-support system of Earth, in our explosive population growth, we humans have become a disease — the Humanpox” [2]. Sea Shepherd founder Paul Watson likewise enjoined his readers to “think of our species as the AIDS of the earth” [3]. Another ecowarrior claimed in 1987 that “if radical environmentalists were to invent a disease to bring human population back to ecological sanity, it would probably be something like AIDS,” as it could bring about a relatively peaceful reduction of the human population that would inflict far less damage on the natural world than war or nuclear holocaust [4]. In a 1983 article, Foreman suggested that the human population ought to be reduced to fewer than a billion worldwide, and called for state-subsidized sterilization after having one child, tax penalties for parents, the restriction of life-support technology, capital punishment for violent crimes, and “mandatory sterilization for all people with genetic defects or those unfit to be parents” [5]. Others also called for ending foreign aid to impoverished countries suffering drought or famine, claiming that nature should be allowed to take its course.
And that is coming from a group of self-identified anarchists! We also have the statements of literal ecofascists, such as the late and venerable Pentti Linkola, whose observations of mass man’s destructive nature famously led him to write: “If there were a button I could press, I would sacrifice myself without hesitating, if it meant millions of people would die.” Rather than mass die-offs, however, his preference was for the complete abolition of liberal democracy and the institution of a strong centralized government with “tireless control of citizens,” which could enact the controversial measures necessary to reverse human-inflicted environmental damage.
There is also the “Esoteric National Socialist” Savitri Devi, who prized the aristocrats of the natural world — among which she included tigers, ancient oak trees, and Aryan man — and whose life was dedicated to their preservation. Hence, she applauded the National Socialist efforts at conservation and its rejection of Christian anthropocentrism; hence, she believed in the necessity for a worldwide population reduction, while still ensuring the survival of Aryan man against the encroaching hordes from the South and East. However, for a variety of historical reasons, “Man, formerly an integral part of Nature (and sometimes its crown), became the torturer of all beauty, the enemy of the universal Mother, the cancer of the planet.” Thus, in a world utterly given over to American hedonistic capitalism and Soviet anthropocentric tyranny, she could see nothing to do but:
. . .to aid all beautiful minorities attacked by the agents of chaos; to resist, even if that should delay only a few decades the disappearance of the last aristocrats among men, animals, or trees. There is nothing else that one can do, if not, perhaps, to curse in one’s heart, day and night, today’s humanity (apart from very rare exceptions), and to work with all one’s efforts for its destruction.
It is worth noting that, despite their obvious differences from the humanist Left, these ostensibly misanthropic ecofascists are not typically motivated by hatred, but by love. This includes a love of wild spaces, nonhuman animals, and even certain human types that can only thrive in a world that has not been utterly subjugated to the needs of neoliberal globalism, with all of nature transformed into a mere standing reserve for human use.
Ecofascism and COVID-19
Are these comments applauding the environmental benefits of COVID-19, then, a kind of resurgent ecofascism? The Left certainly thinks so. Nevertheless, these commenters are mistaken in their enthusiastic appraisal of this pandemic. Though it is objectively true that this brief lull in human economic activity has had a few short-term benefits, there are several problems with regarding the present crisis as a positive ecological development, from both a pragmatic and an ideological perspective.
Leaving aside the ethical question of whether or not massive amounts of suffering should ever be applauded (we are dealing with misanthropes, here), any positive ecological benefits from the global lockdown will almost certainly be negated during the recovery period. The emissions in China have already returned to pre-lockdown levels since the country reopened in late March. Following the 2008 recession and a similar dip in atmospheric pollution, the level of global emissions actually shot up five percent due to stimulus spending that boosted fossil fuel use. In the scramble for economic recovery, it is certain that environmental considerations will fall by the wayside.
The line of thinking — which praises any war, famine, or plague that reduces human population as a net positive for the natural world — was ably critiqued by Pentti Linkola himself:
“War is followed by a frantic period of rebuilding, which enlivens and inspires technological advancement and raging investments, so that economies leap forward. Along with business, the most destructive forms of human recreation like tourism, vacation-home building and harmful sports also come to a halt in wartime. In the aftermath of war, however, the population will frenziedly ‘make up for the losses’” [6].
In addition to this pragmatic objection, there is an ideological one. Namely, what I have called Ur-Ecofascism is so vaguely defined that its principles can actually be held by individuals of vastly different political orientations: reactionary traditionalists like Thomas Malthus; turn-of-the-century Progressives like Madison Grant and Theodore Roosevelt; National Socialists like Savitri Devi and Heidegger; latter-day authoritarians like Pentti Linkola; conservatives like Garrett Hardin; anarcho-tribalists like the early Earth First! crew; and leftist vegan anarchists like the Animal Liberation Front saboteurs. Moreover, “ecofascism” has such a pejorative ring that its use outside of hostile polemic is unadvisable.
Thus, it is necessary to move away from this depiction of Ur-Ecofascism, which is (like Umberto Eco’s Ur-Fascism) defined by its enemies. From our perspective — traditionalist, ethnonationalist, defiantly reactionary — what does the ideal human relationship with the natural world look like? We seek to keep human population at manageable levels, but value preservation of distinct racial types rather than suicidal extinction. We wish to maintain large tracts of wildlands for their own sake and for our posterity, but also want to preserve the cities that exist as lasting monuments to our cultures. We wish to refrain from wasting natural resources, but recognize the need for military and economic strength in order to avoid our conquest by less scrupulous powers. We want to live in accordance with natural law, but aspire to understand the cosmos and explore the stars. We desire a form of government that is sufficiently strong to address complex 21st-century problems, while still retaining a high degree of individual freedoms. We love wild nature, but we love our gods, our people, and our honor too.
Seen from this perspective, then, is there still a silver lining to the COVID-19 pandemic and lockdown? As it happens, yes. It highlights the absurdity of our present way of life, as well as the necessary linkages between man and nature, and it provides an opening for our ideas to receive broader currency.
Climate Change and the Real Ecological Crisis
The COVID-19 pandemic has called attention to the greatest environmental threats facing the world: anthropogenic pollution and the destruction of wildlands.
These issues have gotten short shrift in recent years due to the hegemony of climate change discourse. I will not debate the reality or desirability of anthropogenic climate change, as I am neither a climatologist nor a sophist. I will simply make the following observations:
For one, it may be the case that anthropogenic climate change is simply not occurring as thought, or at least does not pose the kind of threat currently assumed. If one hitches one’s environmental politics entirely to this horse, this opens him up to being wholly discredited by a change in the facts. This is what happened to those like Paul Ehrlich, whose inaccurate predictions of resource scares in the 1970s ultimately undermined his more substantive arguments concerning population growth.
More importantly, by positing something like global warming as the chief ecological threat facing the world, it is implied that if the necessary technology were invented to solve it, humanity would be able to go about our lives much as we always have, free of any major systemic changes. However, solving the threat of global warming through better technology or energy efficiency will not get at the root of the problem: the contravention of the natural order, excessive multiplication of humanity, the technologization of the Earth, and transformation of natural beauty into slums and parking lots.
Additionally, focusing on greenhouse gas emissions instead of matters like biodiversity and wilderness preservation effectively shifts the blame for environmental degradation entirely to Western nations. It conveniently masks the numerous ecological sins committed by the oppressed peoples of the world — poaching, deforestation, excessive reproduction — and therefore serves the third-worldist narrative that holds white Europeans culpable for all of the world’s ills.
So, while the climate change debate is highly politicized and mired in corruption and intangibility, the COVID-19 pandemic has shifted focus to two more concrete aspects of ecological degradation. One of these is air and water pollution. Aside from greenhouse gases, which are about the only things that get mentioned these days, more immediately lethal forms of industrial waste can poison soils and waterways, kill plants and animals, and cause chronic diseases in humans. During the lockdowns, the cessation of industrial activity led to a significant temporary reduction in atmospheric pollution, leading some experts to conclude that the lockdown saved more lives due to pollution reduction than were actually threatened by the virus itself. Moreover, given the link between air pollution and respiratory illness, studies found that greater exposure to air pollution led to weakened immune and respiratory systems, and was therefore correlated with higher mortality from coronavirus infections.
An additional lesson of the COVID-19 outbreak that the world will hopefully heed is the danger of rampant habitat destruction and illegal animal trades. Deforestation for agricultural and mining purposes is the largest cause of habitat loss worldwide, and forces wild animals to migrate outside of their ecosystem and come into contact with other animals or humans they normally wouldn’t interact with. This creates an opportunity for pathogens to get into new hosts.
COVID-19 is believed to have spread from a species of horseshoe bat to other animals in a live animal market in Wuhan, which facilitated its spread to humans. Other epidemics have followed a similar trajectory: The SARS epidemic in 2003 came from civet cats, MERS in 2012 from camels; avian influenza, Nipah virus, Ebola, and HIV all originated in animals and were transmitted to humans. According to Dr. Seth Berkley, “Deforestation and the sale of live wild animals or bushmeat, such as bats and monkeys, make the emergence of new viruses inevitable, while population growth, dense urbanization, and human migration make their spread easier.”
Thus, while concerns about habitat conservation and endangered species are often considered quite frivolous and elitist even within the realm of environmental politics itself, this virus illustrates the essential links between pollution, habitat destruction, and human health. This is significant not solely from the environmentalists’ perspective, but that of any Rightist or ethnonationalist who cares for the wellbeing of his people and national heritage, as well as the integrity of wild nature.
Open Borders and Immigration
Panic over the outbreak has also generated strong support for travel bans, border controls, and immigration restrictions among politicians and the populace, which runs counter to the open borders propaganda of the Left. COVID-19 did what three years of Congressional haggling could not: in March, President Trump signed an executive order closing the southern border to stop the spread of the virus from possibly infected illegal immigrants. The State Department suspended the admission of refugees for three weeks. Thousands of migrants were turned away at the southern border. Illegal crossings slowed to a trickle throughout March and April, and those who crossed over were expelled back to Mexico in an average of 96 minutes after being caught. More than eighty countries instituted travel restrictions, particularly from Italy or China. The high levels of unemployment due to the coronavirus lockdown has led several politicians to demand a moratorium on all forms of immigration, while so many native Americans are out of work. And on April 20th, President Trump signed an order temporarily suspending all immigration into the United States.
Of course, the Left has harshly condemned these measures as expressions of “racism” and “xenophobia” that will ultimately prove “worse than the disease.” Out of their pathological fear of these buzzwords, politicians throughout the West delayed taking the most obvious steps to contain the virus — stopping all travel in and out of their countries, and quarantining any citizens re-entering from abroad. Their virtue-signaling cost thousands of lives.
This pandemic has illustrated that the distinction between the countryman and the foreigner is not purely irrational, that suspicion of the outsider is sometimes justified, that people are different and in-group preferences are real and legitimate, and that the primary purpose of a government is to protect its people from enemies foreign and domestic. And if we needed any further illustrations, this egregious dereliction of duty will hopefully convince a sufficient number of Americans that their politicians, academics, and media are utterly illegitimate and comprise, for all intents and purposes, an occupation government.
The Right has always understood the need for borders. They preserve wholesome cultural, racial, and ethnic distinctions; they defend those within from the lawlessness without; they are the guarantors of territorial sovereignty. In times of crisis, of war, of famine and plague, borders become especially significant. The leftist will, of course, tell us that, to the contrary, such crises illustrate the need for globalism and international cooperation above all else. However, while international cooperation is a fine thing, historically speaking it is the exception rather than the rule. A state is the last line of defense to protect its own people.
The environmental dimensions of the immigration debate are less well-known. The link between wilderness preservation and nativism was established by Madison Grant in the 1920s, but disappeared in the latter half of the 20th century. This is because, since the 1970s, the environmental movement has been almost completely dominated by leftists who have pushed this question to the wayside for purely ideological reasons.
There have been some exceptions. As in other respects, the early Earth First! ecowarriors were one of the few groups to broach the subject. Alongside increased local pressures on fragile ecosystems through population growth, pollution, and urban sprawl, ecowarriors argued that immigrants to the United States will seek to gain a higher standard of living, thereby increasing their ecological impact [7]. As Paul Watson warned, “The cost of immigration is massive sprawl, damming up every river and using every square foot of land to feed more and more people in the materially comforting style that they expect to enjoy in this most materialistic of nations” [8].
In addition, while the birthrate of native-born Americans has leveled off since the middle of the twentieth century, immigration levels have been at a historic high since the 1960s, and immigration is now the main driver of U.S. population growth [9]. Support for continued high levels of immigration means support for continued U.S. population growth, and all the ecological ills that come with it.
Limitation of immigration, both legal and illegal, is therefore essential in terms of territorial integrity, cultural preservation, public health, and environmental protection. In this respect, again, rightist nationalism and environmentalism necessarily go hand-in-hand.
The New World Order
The pandemic and the global lockdown have illustrated, in a very visceral way, the failures of the present Western political order. Our ostensibly liberal, democratic, internationalist, techno-capitalist End of History state has shown itself to be woefully inadequate for handling questions of great import. Greg Johnson already brought up many of these points early in the crisis, which I’ll merely summarize and elaborate upon:
Democracy encourages politicians merely to think ahead to the next election, and prevents them from taking a long-term view or making unpopular decisions. This results in a schizophrenic national policy, where primary objectives are reversed (in the United States) every four years. In this case, it prevented the rapid travel bans and border closures due to Republican fears of economic apocalypse and Democratic denunciations of racism. Ultimately, rather than closing the borders and instituting rigorous quarantines, leaving the country largely functional, the Establishment waited until the disease had already metastasized and adopted measures that will hamper the national economy for years. This failure to deal with complex or future problems also affects environmental policy and overall national strategy.
Free Trade has led to the outsourcing of vital industries — including pharmaceutical products — to China, rendering us utterly at their mercy in the event of hostilities. Even with the vast sums of money proffered by the government, this extended lockdown will certainly lead to the bankruptcy of countless businesses in our frivolous service-based economy, and due to outsourcing, we will have little left to replace them. The oligarchs’ need for slave labor will guarantee that, once the crisis is over, more serfs will be imported from south of the border in order to displace American workers.
Liberal Individualism valorizes selfishness and social atomization, rather than the communal ethos necessary for peoples and nations to survive in a time of crisis. Liberalism’s implosion was only forestalled in the West due to our centuries-old civic culture, which valued responsibility and community spirit; it has never been successfully exported, and that cultural capital has been steadily eroded over the last two hundred years. All of the steps taken to prevent the virus’s spread and limit its social impact were in spite of, not in accordance with, the pieties of liberal democracy. Worldwide, the virus has been seen as a justification for authoritarian measures and played into the hands of aspiring autocrats, causing much pearl-clutching among our virtuous intelligentsia.
Neoliberalism has also proven, yet again, its incompatibility with the real world. The recent bipartisan relief package signed by Congress has approved of government interference in the market in a number of ways: direct payments to families and businesses; forcing private banks to make emergency loans; mandated limitations on executive pay; grants to hospitals in order to pay for the uninsured (a step towards “Medicare for All”); temporarily banning foreclosures and evictions; requiring employers to offer paid sick leave; and forcing one private corporation to increase production of ventilators.
In short, this pandemic and lockdown have shown the bankruptcy of the contemporary world order and the superiority of nationalism, authoritarianism, autarchy, communitarianism, and socialism (“national socialism,” if you will) in securing people’s wellbeing in times of crisis.
This lack of a long-term view, as well as its purely materialistic focus, is also the reason why the contemporary order is wholly incapable of addressing ecological degradation. This is yet another instance in which the goals of nationalism and right-wing ecology overlap.
Springtime for Traditional Values
This is more subjective and hard to quantify (and I doubt we’ll be seeing empirical studies on the subject anytime soon). However, based on my own observations and those of other writers, this lockdown has reawakened the social values of a bygone era.
Many people are doing their jobs from home, allowing them to perform a typical day’s work in half the time (showcasing the absurdity of our commuter-based, forty-hour week wage-slavery). Children have been granted a temporary reprieve from their daily prison sentences, and are not being forced to remain seated for eight hours and mentally poisoned by axe-grinding leftist schoolteachers. Since all schooling is at home now, parents actually are getting some insight into their child’s educational curriculum, and hopefully adding their own commentary. College students have likewise returned home, freeing them temporarily from the degeneracy and indoctrination of the higher education citadels.
Due to quarantines, families are spending more time together. Around my own neighborhood, I see couples walking dogs, children riding bikes and playing in their front yards, families planting flowers and painting houses and engaged in other home improvement projects. The hiking trails around my city are busier, since all the venues for more degenerate amusements — movie theaters, shopping malls, nightclubs, bars — are closed. I imagine that Tinder, Grindr, Ashley Madison, and all the other facilitators of fornication and adultery have experienced a lull. With restaurants shut down, people are actually cooking at home, eating meals together, and not supporting multinational corporations that feed us poison. Grocery store warfare excepted, a modicum of social decorum has returned. People are generally more serious and keep their distance from each other in public. And like one fellow Counter-Currents writer, I too would like to see our American obsession with glad-handing and back-slapping replaced by formal bows and Roman salutes.
Of course, all of this has a dark side, as it is dependent upon widespread economic collapse. Doubtless, many people are responding to the quarantine in less wholesome ways, by increased substance abuse and binging on television, and many are indubitably eager to return to their degenerate lifestyles. However, this experience does show that much of what we have resigned ourselves to as inescapable features of modern life are in fact absurd, wasteful, and needlessly soul-crushing — and that it does not have to be that way. This is a realization that is critical for the traditionalist Right, as well as the right-wing ecologist.
The Green Volksgemeinschaft
All of these aforementioned gains from the COVID-19 outbreak are, of course, extremely tenuous. High levels of pollution have already started to return in countries where the lockdowns have been lifted. Any renewed awareness of the dangers of deforestation and illegal animal trades will disappear in the scramble to restore the global economy. The lull in U.S. immigration will likely be reversed as the country is reopened and ailing businesses seek cheap labor, even at the cost of further immiserating the American working class. Governments will undoubtedly retain their tighter grip on national economies, but it will be to the benefit of their corporate sponsors, not the people. And in a few months’ time, people could be going back to schools and work, binge drinking in bars, and remember this surreal return to the 1950s as nothing more than an extended nation-wide Spring Break.
All of this could be forgotten — if we allow it to be. This crisis has shown the hollowness at the core of the present system, and as the Dissident Right, it is our duty to push what is falling. This is an opportunity to show that we can have a more fulfilled population, cleaner air and water, thriving ecosystems, distinct cultures, national sovereignty, and a government that exists to serve its people — and not at the cost of some natural disaster, but by our own choice and political will.
And, rather than merely ignoring the “ecofascist” label that will inevitably be foisted upon us, we can respond that unlike our enemies, we are the true defenders of freedom, truth, purity, nobility, and all that is fair on this good Earth.
Please support our work by sending us a credit card donation through Entropy — just click “send paid chat.” Entropy allows you to donate any amount from $3 and up. All paid chats will be read and commented upon in the next episode of Counter-Currents Radio, which airs every Friday.
[6] Pentti Linkola, Can Life Prevail? (Arktos, 2011), 73.
[7] Dave Foreman, “Is Sanctuary the Answer?” Earth First! Journal 8, no. 1 (November 1, 1987), 22.
[8] Watson, “The Bullshit that Must End: Hominid Triviality and Ecology,” Earth First! Journal 25, no. 4 (May/June 2005), 12.
[9] Philip Cafaro and Winthrop Staples III, “The Environmental Argument for Reducing Immigration into the United States.” In Life on the Brink: Environmentalists Confront Overpopulation, ed. Philip Cafaro and Eileen Crist (Athens, GA: University of Georgia Press, 2012), 173.
Today is Earth Day, which has been an occasion to call for conservationism and environmental protection since it was first celebrated in America with bipartisan support in 1970, in response to the Santa Barbara oil spill of 1969. Although in recent decades, environmentalism has come to be identified with the political Left, taking stewardship of the Earth and seeking harmony in the relationship between man and nature has traditionally been an issue of the Right. Progressives, on the other hand, especially as manifested in Communism, have historically been proponents of mass industrialization, believing that it is as possible to transform the planet into a technological utopia as they consider it possible to alter human nature itself, and exhibited complete disregard for the destructive impact their projects had on the natural world.
Today, of course, despite some differences in their surface rhetoric, the mainstream Left and Right are united in viewing the Earth as nothing more than a resource to be exploited for economic growth, differing only in the details. But the True Right has always recognized that man must be understood within the context of the natural order as a whole, and that it is only by understanding and respecting our place within it that societies and individuals can truly grow and prosper without sacrificing their children’s futures.
We would like to draw your attention to the following articles which deal with these themes:
Ugentvet bloavezh, deiz ha bloaz laouen War Raok !
War Raok fête ses 20 ans !
Dans un paysage médiatique contemporain largement dominé par un journalisme de révérence, mou et fade, discipliné, docile et bienveillant, il est toujours utile de rappeler qu’un autre rapport à la presse existe. Si cette dernière est très massivement diffusée et subventionnée, une réappropriation de la parole s’impose et ne doit pas rester uniquement le fait de quelques locomotives isolées.
De plus en plus des voix s’élèvent pour dénoncer les dérives et les perversions de cette presse gangrenée, ces médias et leur collusion, souvent trouble, avec le pouvoir en place, sans oublier la main mise des puissances d’argent, ou encore la connivence de nombreux journalistes avec les milieux politiques. De toute évidence ces journalistes ne sont pas prêts à faire leur mue ! La presse mainstream à l’impartialité plus que douteuse, aux manipulations multiples et constantes, manipulations proportionnelles à l’importance des enjeux politiques, aux faits inexacts, aux analyses sans grande pertinence… ne remplit plus sa mission d’intérêt général. Elle peut toutefois exprimer sa subjectivité, mais celle-ci ne doit en aucun cas prendre le pas sur la justesse de l’information ni s’exercer au détriment des lecteurs.
Sans langue de bois… ni de velours !
A l’heure où les convergences économiques des titres se traduisent en convergence idéologique, le fameux positionnement consensuel du plus petit dénominateur commun permettant de ne pas heurter la sensibilité politique des lecteurs, War Raok fait, sans aucun doute, figure d’exception. Dans un paysage médiatique en voie d’unification accélérée, nous nous permettons le luxe d’une voix dissonante, dissidente et d’une liberté de ton devenues rares. Depuis 20 ans, la revue War Raok s’efforce de développer une communication différente de celle produite par les médias institutionnels en Bretagne, différente du fait d’analyses spécifiques sciemment occultées par les médias aux ordres, qui enrichissent nos réflexions sur de très nombreuses thématiques.
Aujourd’hui, il serait absurde d’estimer que les médias ne jouent aucun rôle dans la formation des opinions. Dès lors que les informations sont orientées, que les idées ne sont plus diffusées que de manière confidentielle, elles deviennent naturellement moins légitimes. War Raok n’est pas uniquement une revue d’opposition même si elle dénonce l’attitude scandaleusement partisane des médias officiels. Elle est principalement porteuse d'un projet pour la Bretagne, d'une finalité sociale, politique, culturelle et économique. Soucieuse d’informer dans les meilleures conditions ses lecteurs, War Raok a pour essentiel but de permettre aux Bretons, à ce petit peuple celte, de sortir de l'état passif dans lequel le confinent les médias de masse en Bretagne. Elle instille un bol d’air frais, un parfum parfois irritant ou suave selon certains, elle secoue la « pâte molle et insipide » du paysage médiatique dans lequel la presse libre n’existe plus guère.
La survie de publications dissidentes, qui refusent d’être soumises à la dictature du politiquement correct, n’est possible que grâce à la fidélité des abonnés, des lecteurs et au travail souvent bénévole d’une équipe fiable et déterminée.
Soutenir War Raok, c’est soutenir une revue bretonne indépendante et libre, c’est défendre une certaine conception de l’information, de la liberté d’opinion pilier de toutes les libertés. Mais soutenir War Raok c’est peut-être surtout renforcer le pluralisme des médias en Bretagne et donc, in fine, le pluralisme politique et la démocratie avec cette précision fondamentale que la démocratie, ce n’est pas obligatoirement le nombre, mais plutôt l’originalité.
Nous avons besoin de vous pour continuer à exercer ce regard critique et objectif qui, loin d’être un obstacle à la démocratie, ne peut que la stimuler. Merci de votre soutien !
Trugarez deoc’h en araok.
Padrig MONTAUZIER directeur de publication
et toute l’équipe de War Raok.
SOMMAIRE WAR RAOK N° 57
Buhezegezh vreizh page 2
Editorial page 3
Buan ha Buan page 4
Politique
Actualités de cendres et de haines... page 12
Europe
Migrants en Allemagne : la situation est-elle maîtrisable ? Page 15
Billet d’humeur
Mieux se nourrir page 17
Hent an Dazont
Votre cahier de 4 pages en breton page 19
Tribune libre
Le conservatisme, une vision politique à reconquérir page 23
Identité bretonne
La fin des accents ? Page 25
Histoire de Bretagne
La très ancienne coutume de Bretagne page 27
Environnement
Les zones humides capitales pour la biodiversité page 29
Civilisation bretonne
Rapports entre principes féminin et masculin page 32
La destra radicale noglobal. Antimondialismo e capitalismo
di Matteo Luca Andriola
Pronunciare oggi la parola antiglobalizzazione, ai più fa venire in mente la sinistra radicale e l’area della contestazione nata alla fine degli anni Novanta nota come “movimento noglobal”: area multivariegata, composta da associazioni e gruppi che contestano il processo della globalizzazione neoliberista, fonte di inaccettabili iniquità tra Nord e Sud del mondo e all’interno delle singole società nazionali, in lotta contro lo strapote re delle multinazionali e le politiche liberoscambiste seguite dal Fondo Monetario Internazionale (Fmi) e dalla Wto (World Trade Organization). È giusto però porsi una domanda: vista l’egemonia della sinistra su tale movimento di protesta transnazionale, per la forte presenza di soggetti neomarxisti, ecologisti e vicini all’antagonismo, il fenomeno di questa contestazione si limita alla sinistra? No.
Marco Fraquelli, autore del volume A destra di Porto Alegre. Perché la Destra è più no-global della Sinistra (Rubbettino, 2005) sottolinea – pur essendo egli stesso di sinistra e discepolo del politologo Giorgio Galli – che i movimenti noglobal, nati a Seattle nel 1999 e protagonisti di importanti battaglie storiche, come la nascita nel 2001 del Social Forum di Porto Alegre in contrapposizione al World Economic Forum di Davos, e la contestazione del G8 di Genova, tendono “a contestare la globalizzazione convinti comunque che si tratti di un fenomeno che, attraverso opportuni correttivi, possa virare verso orizzonti positivi”, “che possa esistere insomma una globalizzazione ‘dal volto umano’, che sia possibile in altri termini, definire e imporre una nuova governance (e questo spiega per esempio le istanze per l’applicazione della Tobin Tax, per la cancellazione del debito contratto dai Paesi poveri, ecc.)” (1): ciò mostra che questi movimenti accettano le implicazioni della globalizzazione, rifiutando solamente il lato economico (“la Sinistra ha come obiettivo la mondializzazione senza il mercato” scrive Jean-François Revel), essendo figli dell’universalismo.
Al contrario la cultura di destra (termine usato dall’autore operando un’evidente quanto utile semplificazione, che racchiude complesse esperienze radicali-tradizionaliste, comunitariste o la Nuova destra metapolitica) presenta “molto spesso, nei confronti della globalizzazione, posizioni assai più radicali rispetto ai movimenti liberali e di sinistra” essendo “interprete ‘costituzionalmente’ di un nichilismo così profondo da non lasciare alcun margine a istanze in qualche modo riformatrici” (2), dato che nella sua lunga storia ha espresso valori come identità, patria, comunità, specificità e senso della gerarchia; tutti valori intrinsecamente antagonisti a qualsivoglia visione uniformante e globalista. Ma ciò significa che è anche contro il sistema economico capitalista?
Il mondialismo: il sistema per uccidere i popoli
Il grande cambio di paradigmi culturali in seno alla cultura di destra, che spinge diversi suoi settori ad archiviare l’analisi cospirazionista di marca antisemita dei fenomeni globali – che partendo dai Protocolli dei Savi di Sion porta alle riflessioni di Emmanuel Malynski (autore di un saggio sulla “guerra occulta”) e di Julius Evola – avviene in Francia in seno al Grece (Groupement de recherche et d’études pour la civilisation européenne), il centro studi francese patrocinato dal 1969 da Alain de Benoist e da altri intellettuali provenienti da destra, che si fa portavoce delle istanze della cosiddetta nouvelle droite; in Italia ciò avviene dentro la redazione del mensile Orion, fondato da Maurizio Murelli nel 1984, che dopo l’iniziale “linea nazional-rivoluzionaria” “vicina alle posizioni tradizionaliste-rivoluzionarie di Franco ‘Giorgio’ Freda” (3), arriva a proporre arditamente – non senza i condizionamenti della nouvelle droite – una ‘nuova sintesi’ nazionalcomunista: l’unione degli ideali del “fascismo-movimento” (secondo l’espressione coniata da Renzo De Felice) con quelli del bolscevismo pre-regime, accanto a un occhio di riguardo per il mondo islamico (soprattutto l’Iran di Khomeini) e la spiritualità russa. Un accostamento ‘rivoluzionario’ che li porta a riunire in un unico pantheon richiami a Julius Evola, Léon Degrelle, Alain de Benoist e Aleksandr Dugin, a Mao Zedong, Fidel Castro, Iosif Stalin, Che Guevara, Yasser Arafat, la guerriglia corsa, basca e irlandese, arrivando fino alle tesi di Noam Chomsky e Serge Latouche; il tutto nell’ottica di un’aspra lotta al mondialismo, ovvero alla globalizzazione nel suo significato più profondo, non solo economico ma anche politico-culturale e antropologico, e ai suoi principali fautori, gli Usa.
La nouvelle droite svilupperà le prime analisi sul mondialismo, che non declinerà mai nel cospirazionismo, descrivendolo come un tratto ontologico del capitalismo stesso, che per sua natura non può rimanere relegato entro i confini di un singolo Stato ma ha la tendenza a ‘mondializzarsi’. L’analisi del fenomeno viene fatta nel 1981 dall’esponente del Grece Guillaume Faye nel libro Le système à tuer les peuples (Il sistema per uccidere i popoli), dove l’autore, citando Weber, Schmitt, Habermas e la Scuola di Francoforte – ergo, non intellettuali di destra – spiega che dal 1945 si sarebbe sviluppato globalmente un Sistema, descritto in questi termini: “La caratteristica precipua del Sistema, che oggi esercita la sua azione alienante e repressiva in gradi diversi su tutti i popoli e tutte le culture, è in effetti quella di essere costituito da un insieme di strutture di potere – di carattere principalmente economico e culturale, ma anche direttamente politico, tramite le grandi potenze e le istituzioni internazionali – completamente inorganico, funzionante in modo meccanico, senza altro significato che la propria sopravvivenza ed espansione in vista di un’uscita definitiva dell’umanità dalla storia [...] le espressioni particolari del suo potere sociale sono [...] il monopolio dell’informazione e l’uso repressivo del potere culturale” (4). Una descrizione che ricorda la Megamacchina “tecno-socio-economica” analizzata negli anni Novanta da Serge Latouche, “un bolide che marcia a tutta velocità ma [che] ha perso il guidatore”, i cui effetti determinano “conseguenze distruttive non solo sulle culture nazionali, ma anche sul politico e, in definitiva, sul legame sociale, tanto al Nord quanto al Sud” (5). La principale arma usata dal Sistema per “uccidere l’anima” (l’identità) è una subdola forma di penetrazione culturale che omologa i costumi e, in conformità al vigente complesso economico, i consumi. Gli Stati Uniti, visto il loro carattere antitradizionale (è una nazione giovane nata dall’immigrazione e dal melting pot di popoli diversi fra loro) sono vittime stesse del Sistema da loro creato, che procede da solo per mezzo di una “classe tecnocratica cosmopolita” (manager, amministratori delegati, decisori finanziari) che dirige una politica ormai svuotata da ogni potere: “Contrariamente alle tesi marxiste, nessun ‘direttore d’orchestra’ più o meno occulto ci governa. Nessuna volontà coscientemente programmata anima l’insieme per mezzo di decisioni globali a lungo termine. Il potere tende a non aver più né ubicazione né volto; ma sono sorti poteri che ci circondano e ci fanno partecipare al nostro proprio asservimento. La ‘direzione’ delle società si effettua oggi al di fuori del concetto di Führung. Il Sistema funziona in gran parte per autoregolazione incitativa. I centri di decisione influiscono, tramite gli investimenti, le tattiche economiche e le tattiche tecnologiche, sulle forme di vita sociale senza che vi sia alcuna concertazione d’assieme. Strategie separate e sempre impostate sul breve termine si incontrano e convergono. Questa convergenza va nel senso del rafforzamento del Sistema stesso, della sua cultura mondialista, della sua sovranazionalità, così che il Sistema funziona per se stesso, senza altro fine che la propria crescita. Le sue istanze direttive molteplici decentrate, si confondono con la sua stessa struttura organizzativa. Imprese nazionali, amministrazioni statali, multinazionali, reti bancarie, organismi internazionali si ripartiscono tutti un potere frammentato. Eppure, a dispetto, o forse proprio a causa dei conflitti interni d’interessi, come la concorrenza commerciale, l’insieme risulta ordinato alla costruzione dello stesso mondo, dello stesso tipo di società, del predominio degli stessi valori. Tutto concorda nell’indebolire le culture dei popoli e le sovranità nazionali, e nello stabilire su tutta la Terra la stessa civilizzazione” (6). Il Sistema cancella i territori e le loro sovranità, modellandole così a immagine e somiglianza dell’unico sistema vincente, quello nordamericano: “Il mondialismo del Sistema non procede dunque per conquista o repressione degli insiemi territoriali e nazionali, ma per digestione lenta; diffonde le sue strutture materiali e mentali insediandole a lato e al di sopra dei valori nazionali e territoriali. Si ‘stabilisce’ come i quaccheri, senza tentare di irreggimentare direttamente, [...] parassitando i valori e le tradizioni di radicamento territoriale. La presa di coscienza del fenomeno si rivela di conseguenza difficile. Parallelamente alla loro formazione ‘nazionale’ i giovani dirigenti d’azienda del mondo intero hanno oggi bisogno, per vendersi e valorizzarsi, del diploma di una scuola americana. Niente di obbligatorio in questa procedura; ma poco a poco il valore di questo diploma americano e ‘occidentale’ soppianta gli insegnamenti nazionali, la cui credibilità deperisce. Un’istruzione economica mondiale unica vede allora la luce. Essa veicola naturalmente l’ideologia del Sistema” (7).
Ergo, la nouvelle droite, grazie al volume di Guillaume Faye, de-ebraicizza e de-complottizza l’analisi sul mondialismo, anche se negli ambienti del radicalismo di destra il concetto continuava sovrapporsi alla retorica antigiudaica. Non è casuale che Orion, che nel decennio Novanta sarà Organo del Fronte antimondialista, nei primi anni di vita editoriale, e cioè fra il 1984 e il 1987 circa, userà ancora tematiche cospirazioni ste antigiudaiche pescate dai Protocolli dei Savi di Sion, denunciando alleanze occulte fra l’alta finanza, ovviamente ebraica, le organizzazioni massoniche con a capo il B’nai B’rith, e i numerosi circoli sionisti sparsi in tutto l’Occidente, descritti come “l’architrave del progetto mondialista” dato che sarebbero tutti “casa, borsa e Sinagoga” (8). Il sionismo e il mondialismo sarebbero quindi considerate le due facce della stessa medaglia: il sionismo è “una delle componenti più importanti [...] del discorso mondialista” si legge in Orion, “il sionismo [...] è genocida e razzista [...] oggi l’unico vero razzismo esistente al mondo è quello praticato dal sionismo nazionale e internazionale. Un razzismo che affonda le sue radici nella storia, nella cultura e nella religione ma, certamente, l’unico vero e identificabile potere razzista e genocida” (9).
Col tempo i toni si sgrezzeranno, e anche se Orion continuerà a essere un’avanguardia del revisionismo (o forse è il caso di parlare di negazionismo) sull’Olocausto (10), presto lo sarà a livello continentale, grazie alla costruzione di soggetti transeuropei come il Fronte europeo di liberazione e Sinergie europee.
Il mondialismo è presentato come “un’ideologia, un progetto, una tendenza [...] parte integrante di progetti variamente formulati da diverse organizzazioni tra di loro alleate e concorrenti al tempo stesso”; si afferma “che il Governo Mondiale è un progetto perseguito e non realizzato; che comunque queste organizzazioni hanno un potere enorme e controllano diversi Paesi attraverso mezzadri insediati nei governi, attraverso l’alta finanza, il sistema bancario, il sistema creditizio, l’infiltrazione in organismi come l’Onu, il Gatt, l’Unicef ecc.; esse controllano inoltre la totalità dei mezzi di informazione e cercano di agire in modo discreto per plasmare menti e condizionare caratteri; lavora per lo sfruttamento intensivo del Terzo Mondo; lavora attraverso il controllo geopolitico, geofinanziario, geoenergetico; lavora per distruggere culture e popoli, per omologare, omogeneizzare, appiattire, uniformare” (11). Nell’analisi economica fatta da Orion esistono degli attori, soggetti che comporrebbero le varie lobby oligarchiche che sviluppano il disegno mondialista, gruppi totalmente svincolati da ogni legame partitico e governativo e da ogni controllo pubblico, capaci di condizionare i “partiti mondialisti” che portano avanti tale progetto nella società civile, omologandola all’American way of life: “Il governo planetario, o come si desidera definirlo, va pensato come un insieme di attori ciascuno dei quali adempie a un ruolo ben preciso, e che si rapporta con gli altri senza vincoli burocratico-gerarchici, quando piuttosto secondo un equilibrio che assomiglia più a un concetto di interfunzionalità reciproca di diversi elementi” (12). Parliamo di organizzazioni multilaterali a sfondo economico-finanziario, come banche centrali, banche d’affari e investitori istituzionali, agenzie di stampa e media, agenzie di rating e, infine, club internazionali a sfondo politico. Nel primo caso fanno capo a organismi come la Wto, la Banca mondiale e il Fondo monetario internazionale, tutti organismi “mondialisti”, a cui si sommano l’Organizzazione di Bali per la supervisione bancaria, lo Iosco (Organizzazione internazionale delle commissioni nazionali emettitrici di titoli obbligazionari), l’Isma (International securities market association) e l’equivalente per i titoli obbligazionari, l’Iso, i quali, “lungi dal perseguire gli obiettivi dichiarati, ovvero la salvaguardia della libertà degli scambi commerciali, economici e finanziari, attuano, attraverso il costante governo dei flussi dei beni, delle monete e dei titoli finanziari un rigoroso controllo delle politiche commerciali e finanziarie dei singoli Paesi, a esclusivo favore di quelli occidentali, che possono così penetrare gli altri mercati del mondo senza dover soggiacere alla legge della reciprocità, cosa che minaccerebbe di rompere gli equilibri di forza e di potere acquisito esistenti tra le diverse monete” (13).
La Banca mondiale quindi, sorta per finanziare i Paesi sottosviluppati tramite risorse prelevate dai Paesi più ricchi (“non a caso”, nota Fraquelli, “il nome originale con cui sorse a Bretton Woods era quello di Banca Internazionale per la Ricostruzione e lo Sviluppo”), non favorisce in realtà i Paesi finanziati, bensì le multinazionali lì presenti, ergo l’Occidente. Alcune di esse hanno dimensioni finanziarie e produttive superiori a quelle di Stati sovrani: l’azienda automobilistica Ford – registrava Orion – ha negli anni Novanta giri d’affari superiori all’ammontare delle entrate di Stati come la Norvegia e l’Arabia Saudita, mentre il colosso del tabacco Philip Morris vanta un volume di vendite il cui valore supera il prodotto interno lordo della Nuova Zelanda (14).
Tali risorse quindi, prelevate dalle economie deboli, servirebbero a sostenere gli investimenti delle multinazionali private presenti in tali Paesi. Chi favorisce la disuguaglianza economico-finanziaria sono le banche centrali come la Federal Riserve, la Bundesbank tedesca e, poi, la Banca centrale europea, tutti soggetti istituzionali che perseguono l’obiettivo di conciliare le esigenze dei mercati americano e tedesco verso gli altri “attori mondialisti”, come le banche d’affari; la quintessenza, se ci pensiamo, del processo di finanziarizzazione dell’economia, “perché senza alcuna definita collocazione geografica” e quindi “apolidi”, ma presenti in una fitta “rete globale” presente in tutto il mondo, realtà come Morgan Stanley, Goldman Sachs, Merill Lynch, Salomon Brothers e JP Morgan, per citare le più importanti, si muovono come “gestori delle interazioni tra le decisioni ‘politiche’ prese a livello di organismi multilaterali e specifici settori delle economie locali, quali per esempio le banche domestiche, i fondi d’investimento, i governi stessi (attraverso le privatizzazioni, tutte gestite dalle cinque banche menzionate) e gli enti territoriali. Di fatto queste banche rappresentano il lato ‘ufficiale’ degli orientamenti del governo mondiale, e hanno il ruolo di ‘guru’” (15).
Fondamentali poi i club internazionali politici, i quali ufficiosamente fungerebbero da cardine fra i vari “attori mondialisti”, quali la Trilateral Commission, il Bilderberg Group e il Club di Roma, a cui Orion dedica numerose analisi e, all’inizio, l’inserto Orion-finanza – diretto dal torinese Mario Borghezio, poi esponente della Lega Nord e tramite fra il Carroccio e il radicalismo di destra. Nell’ultimo fascicolo, il numero 4 del maggio 1986, Orion pubblica per la prima volta l’elenco dei membri della Trilateral Commission, organizzazione che prende il nome dalla teoria del suo ideologo, Zbigniw Brzezinsky, che teorizza la fine del bipolarismo indicando in “tre pilastri” – Usa, Giappone e Europa occidentale – gli attori di un progetto liberoscambista capace di avvicinare tali zone per poi unificare il sistema economico-finanziario. Grazie a pubblicazioni di questo tipo – nonostante persista una certa retorica antiebraica – Orion cerca di archiviare l’ormai vetusta e desueta teoria del ‘grande complotto’ a opera della “grande piovra ‘giudaico-massonica’ che manovrerebbe tutto. Descrivendo un vertice della Trilateral tenutosi a Madrid dopo la riunione del G7 a Tokyo a metà anni Ottanta, che vedeva riunite persone come David Rockfeller, Isamu Yamashita, Giovanni Agnelli, Zbigniew Brzezinski (ex consigliere di Jimmy Carter) e Robert McNamara, tutti interessati alla Spagna soprattutto dopo il suo ingresso nella Comunità europea per il suo ruolo strategico (“trampolino di lancio per la strategia mondialista americana”) per le sue relazioni coi Paesi arabi, il Nord Africa e l’America Latina, ruolo svolto precedentemente dal Giappone per l’Europa, Murelli scriverà: “Chi oggi si domanda come sia stata possibile l’espansione dell’industria giapponese in così breve tempo, trova in questa autorevole dichiarazione la risposta al quesito”. La Trilateral Commission “sta soppiantando le vecchie strutture mondialiste quali la Massoneria”. Infatti, continua Murelli, “è forse un caso che la politica finanziaria nazionale di questi ultimi tempi ha come chiodo fisso, per esempio, l’internazionalizzazione non solo dei capitali, ma anche e soprattutto delle imprese e della produzione? È forse un caso che se mentre colano a picco personaggi come Calvi e Sindona emergono i vari De Benedetti, Berlusconi, Agnelli ecc.? È forse un caso che proprio Agnelli si sia battuto affinché l’affare Sirwkoski fosse vantaggioso per un’impresa americana piuttosto che da un’impresa italiana? E ancora: è un caso che l’Avvocato sostenga l’acquisto di Alfa Romeo da parte della Ford, azienda automobilistica che attraverso la sua Fondazione – ma guarda caso! – assieme alla Lilly Endowment, alla Rockfeller Brothers Fund e alla Kattering Fondation ha, fin dall’inizio, costituito una delle principali fonti di finanziamento della Trilateral?” (16).
Le pubblicazioni della Società Editrice Barbarossa, contestando l’analisi complottista, inizieranno a identificare negli Stati Uniti il principale motore del mondialismo (contraddicendo così l’analisi di Guillaume Faye secondo cui tale processo di omologazione non presenterebbe “nessun ‘direttore d’orchestra’ più o meno occulto” che “anima l’insieme per mezzo di decisioni globali a lungo termine”), per il suo volere “la creazione di un unico governo o amministrazione (il Nuovo Ordine Mondiale), di un unico assetto politico, istituzionale e sociale (il liberismo), di un unico sistema di valori (individualismo-egualitarismo-dottrina dei Diritti dell’Uomo), e quindi di un unico insieme di costumi e di stile di vita (il consumismo) estesi a tutta la Terra e funzionali al dominio assoluto da parte delle forze politiche, economiche e culturali che lo incarnano: le élite della finanza mondiale!” (17). Si attacca l’Occidente, un sistema americanocentrico (una centralità dovuta al fatto che la stragrande maggioranza delle multinazionali e le più influenti lobby finanziarie hanno la loro sede legale negli Stati Uniti), anche se i suoi centri d’irradiazione sono policentrici e sparsi in tutto il globo. Infatti, “le imprese multinazionali – oltre l’80 per cento dei casi a sede statunitense – dominano il mercato delle principali derrate di base e degli altri settore chiave (macchinari industriali e agricoli, fertilizzanti, elettronica, ecc.)” (18). Gli ingredienti per la creazione di questo One World (il Nuovo Ordine Mondiale) uniformato all’American way of life sarebbero le “strutture tecnoeconomiche, l’ideologia universalista e la sottocultura di massa che potremmo definire – sottolinea Faye – ‘americano occidentale’”.
Per Gabriele Adinolfi “tutte le ideologie moderne sono mondialiste, dal liberalismo al comunismo alla socialdemocrazia. E ciò non si limita alle ideologie moderne: possiamo anzi dire che il reale scontro ideologico che ha caratterizzato gli ultimi diciotto secoli della nostra storia sia proprio quello tra l’ideale di mondialismo e l’idea di universalità. La divergenza fra questi è palese. La prima concezione è tipicamente immanente, fa capo a un’organizzazione materiale al contempo super e trans partes che si traduce immancabilmente in un modello uniforme sul quale debbono appiattirsi, deformandosi e spegnendosi per forza di cose, tutte le singole individualità e collettività. L’altra [...] si fonda su di un’idea gerarchica e trascendentale rappresentata non da un apparato esclusivista (quali per esempio una Chiesa o il partito comunista) ma da un centro ideale che sia al contempo riferimento, fusione, sintesi ed elemento di trascendenza (quale fu a suo tempo l’imperatore o meglio l’idea di Impero) [...] Custodendo gelosamente le singole differenze come altrettanti patrimoni, l’universalità le unisce e le salda esclusivamente in un’idea spirituale trascendentale, non in un modello culturale totalizzante come pretende al contrario il mondialismo [...] Il mondialismo è infatti il frutto di un’idea monoteistica, totalizzante, di filiazione diretta dall’Antico Testamento. L’universalità, viceversa, è al contempo monistica e politeistica” (19).
Identificando nel monoteismo giudaico-cristiano la cultura principalmente responsabile della genesi del mondialismo, notiamo come il gruppo di Orion recuperi le suggestioni neopagane della nouvelle droite, però scevre da ogni rimando di tipo antisemita. L’altra peculiarità del mondialismo è il rifarsi all’“ideologia universalista”, espletata “sia attraverso l’utopia cosmopolita e pacifista alla Emergency oppure tramite lo sbrigativo pragmatismo yankee alla Bush”, una “moderna religione” laica che fa sua la dottrina dei diritti umani, “la suprema espressione dell’Egualitarismo”, una “tendenza storica nata e affermatasi per la prima volta nella storia con il giudeo-cristianesimo e in seguito dispiegatasi storicamente nelle sue varianti laiche (democrazia liberale, comunismo, mondialismo ecc.)”, che impone una “morale presuntamente universale [che] fornisce l’armatura ideologica a un neo-colonialismo che al posto del ‘fardello dell’uomo bianco’ ha oggi come giustificazione un devastante cocktail di angelismo e ipocrisia. [...] La distruzione dei popoli passa anche da qui, dall’imposizione a livello planetario dei ‘valori’ occidentali e dalla conseguente disintegrazione di ogni legame organico, di ogni tradizione particolare, di ogni residuo di comunità – tutti ostacoli alla presa di coscienza della nuova ‘identità globale’ da parte del cittadino dell’era della globalizzazione. [...] rigettare la dottrina dei diritti dell’uomo non significa parteggiare per lo sterminio, per l’ingiustizia o per l’odio. [...] Il riconoscimento dei diritti umani, di per sé, non fonda proprio nulla, se non quel tipo di giustizia e di libertà che, tautologicamente, si trovano espresse... nella dottrina dei diritti umani! Malgrado il fatto che i sostenitori di tale dottrina continuino a pensare di aver ‘inventato la felicità’, occorre sostenere con decisione che un’altra giustizia, un’altra libertà, un’altra pace sono possibili. Opporsi ai diritti dell’uomo significa rifiutare una morale, un’antropologia, una certa idea dei rapporti internazionali e della politica, una visione del mondo globale figlia di una tendenza storica ben individuabile” (20).
Nella visione liberale – ‘figlia’ dell’illuminismo e della rivoluzione del 1789 e ‘madre’ del mondialismo – l’uomo è solo un individuo e se condariamente è membro di una cultura/comunità. Nell’idea tradizionale l’uomo è concepito olisticamente come parte della comunità organica. A una visione liberale fondata sui diritti dell’uomo, si contrappone una visione antimondialista fondata sui diritti dei popoli, delle etnie e delle comunità, incarnata dall’Euthereos, concezione indoeuropea dell’appartenenza, dove l’uomo è libero se è libera la sua comunità tradizionale: “Al leitmotiv dei diritti dell’uomo noi opponiamo la visione sinfonica secondo cui siamo dei popoli che rifiutiamo di lasciarci considerare un gregge portato verso gli altari o verso i mattatoi della società mercantile [...] Per quanto sembrino lontani dalle nostre preoccupazioni materiali, è con la carne e con lo spirito dei territori, dei clan, delle tradizioni e delle patrie, delle comunità e dei gruppi intermedi che bisogna ricollegarsi, poiché sono loro che conservano al mondo le sue varietà, la sua densità organica, la sua poesia, e innalzano ancora arcipelaghi di resistenza nei confronti dell’Impero della ragione totalitaria ammantata di morale che favorisce, volente o nolente, la colonizzazione delle terre da parte dei soli interessi tecno-economici e la trasformazione dell’uomo in semplici relais-robot dei circuiti di produzione-consumo” (21). L’etnocidio e la successiva costruzione di una società multietnica attraverso l’immigrazione e il melting-pot passerebbe dall’imposizione di un’etica universale che omologherebbe il tutto sotto un unico modello, edificato per gradi, “estirpando ogni precedente identità (e quindi differenza). La cancellazione delle differenze è a priori trascendentale, la condizione di possibilità della ‘società’ multirazziale. Ma con cosa riempire questo vuoto? Ricorrendo necessariamente a uno strumento astratto (e quindi ideologico). E allora: il diritto è la risposta; dunque accomunare ogni uomo attraverso il diritto” (22). E se questo diritto nasce con la Modernità, il problema, quindi, è essa, tout court. In ossequio a Evola, uno dei testi più emblematici di Carlo Terracciano è Rivolta contro il mondialismo moderno, dove l’autore vede la tradizione come il baluardo contro la cosiddetta ‘sovversione’ mondialista, un atto “rivoluzionario” in quanto capace di contrastare il sistema che sovverte le naturali radici dei popoli. Infatti, “se la conservazione è il contrario della Tradizione che è rivoluzionaria, la Sovversione, come tutti i fenomeni di ribellismo del mondo moderno, è una rivoluzione di segno contrario, una Contro-rivoluzione, sempre nel senso tradizionale del termine. Essa infatti, nel momento stesso in cui pretende di distruggere le forme del presente (e questo è il suo aspetto più positivo) lo fa nel nome e nel segno della ‘modernità’, come catego ria mentale e spirituale [...]. La sovversione tende a ribaltare le forme del passato per conservare l’essenza del presente, cioè il modernismo antitradizionale, cercando così di arrestare il vero processo rivoluzionario che chiuda un ciclo e ne apra uno nuovo. È insomma un’altra forma della conservazione [...]. Nel mondo moderno, alla fine di un ciclo, ogni distruzione del passato e del presente è propedeutica al compiersi del ciclo storico medesimo” (23).
Un antimondialismo che non è anticapitalismo
L’analisi antimondialista, nonostante tocchi punti interessanti, è più debole rispetto a quella anticapitalista marxiana: non mette infatti in discussione il capitalismo e contesta le dinamiche globali e transnazionali solo nella sfera culturale, ergo sovrastrutturale. Insomma, tolta la retorica antiebraica, rimane, aggiornata, la critica dei vecchi fascismi al capitalismo apolide – e in tal caso improduttivo perché nato dalla speculazione, dall’usura – da contrapporre al capitalismo ‘sano’, quello locale e produttivo, dove il motore è il ‘produttore’, termine che sottintende sia il lavoratore che l’imprenditore in nome di una ricetta corporativa, la so cializzazione fascista della Rsi, che Orion, archiviato il nazionalcomunismo, riscopre negli anni Duemila quando diventa un faro per l’area ‘non conforme’ (cioè CasaPound). Non casualmente Gabriele Adinolfi, nel marzo 2005 scrive che “la Socializzazione rappresenta indiscutibilmente il compimento estremo della rivoluzione sociale mussoliniana. Economicamente essa rappresenta il punto di rottura con il capitalismo. Non è assolutamente vero che durante il Ventennio l’economia fascista sia stata capitalista: tutt’altro. Ogni intervento legislativo attesta la continua aggressione, da parte dello Stato nazionale e proletario, allo strapotere privato. Il Corporativismo, all’inverso di quanto ha voluto sostenere la propaganda marxista, ha rappresentato un’esperienza controcorrente rispetto al capitalismo, incentrata sull’organicità sociale. Il capitalismo, ovviamente, esercitò da sempre un’azione di contenimento rispetto alla rivoluzione autoritaria del Duce; sicché, inchiodato in una logica di azione/reazione, il Regime aveva finito col riuscire a imporre agli industriali un rapporto di armonia tra lavoro e capitale, tra società e individualità. In questa logica di armonia (contrassegnata dal procedere inesorabile dell’azione sociale del Capo) si mantiene il rapporto capitale-lavoro durante il Ventennio” (24). Una lettura revisionista ed edulcorata del regime mussoliniano quella di Adinolfi, che ‘dimentica’ le origini antioperaie dello squadrismo mussoliniano e la prima fase deflazionista e neoliberista del regime, opportunisticamente archiviata dopo la crisi borsistica del 1929, che colpì il capitalismo mondiale (a esclusione dell’Unione Sovietica) e obbligò il capitalismo, per resistere all’urto, a ricorrere al sostegno dello Stato, imponendo al fascismo l’attuazione di riforme corporativiste. Riforme che, con la Repubblica Sociale, spinsero l’ala populista del fascismo repubblicano a radicalizzarsi, ma solo alla fine (verso il dicembre del 1944) col boicottaggio degli occupanti/alleati tedeschi (il che dovrebbe far riflettere quando oggi l’estrema destra si erge ad alfiera del ‘sovranismo’). Insomma, il corporativismo solidarista auspicato in risposta al mondialismo, è solo una governance del capitalismo.
C’è però da chiedersi perché tali riflessioni, come notava Fraquelli, paiono più innovative, più ‘rivoluzionarie’. Va detto che esse vengono elaborate in una fase cruciale di cambi paradigmatici in seno al capitalismo globale, ovvero a cavallo degli anni Settanta e Ottanta, quando avvengono dei profondi mutamenti di natura strutturale, dato che, conclusi i famosi Trenta gloriosi (1945-1975), si ha l’avvio “della società post industriale, caratterizzata dalla fine del modello fordista e della centralità operaia, dallo sviluppo del terziario avanzato e dalla prima globalizzazione finanziaria, con la deindustrializzazione, le delocalizzazioni, i primi flussi migratori. Prende il via la rivoluzione conservatrice neoliberista degli anni Ottanta, che non coinvolgerà solo Ronald Reagan negli Stati Uniti e Margaret Thatcher in Gran Bretagna, ma muterà anche la genetica della sinistra. È il caso del francese François Mitterand e, in Italia, del Psi di Bettino Craxi” (25), una rivoluzione neoliberista che spingerà i settori più dinamici della destra culturale a dare una lettura più profonda rispetto a quelle date precedentemente.
La fase corrisponde non solo all’abbandono del pensiero marxiano da parte della socialdemocrazia, ma pure alla sua debolezza in seno ai partiti comunisti. Se negli anni Settanta era ancora egemone, è negli anni Ottanta “che si registra l’avvio della fase discendente della cultura marxista in Italia. Questa viene attaccata ‘dall’esterno’ (gli apparati ideologici dello Stato borghese), ‘dall’interno’ (vengono a galla le tendenze interne al Pci che puntano a una sua trasformazione socialdemocratica o si rafforzano le tendenze che prendono le distanze da Lenin o dal marxismo orientale) e ‘di lato’ (sorgono riviste e centri studio per influire sul dibattito interno del Partito)” (26), con l’epilogo odierno di una sinistra radicale comunista (o postcomunista?) che attua nei primi anni Novanta la sua rifondazione su basi ideologiche fragili ed eclettiche, che pescano più dalla nuova sinistra anni Sessanta.
Una delle motivazioni di tale crisi, rileva il filosofo marxista Domenco Losurdo, è da ricercare dal fatto che la sinistra italiana e occidentale risulta assente, incapace di rendersi realmente indipendente dal sistema imperialistico, quando non colpevole di aver spianato la strada a un neoimperialismo di ritorno sotto forma di guerre di esportazione della democrazia occidentale, veicolando un pregiudizio eurocentrico e inconsciamente razzista. Secondo Losurdo questo avviene perché s’è creata una dicotomia fra marxismo occidentale, “che ha sviluppato una sua personale riflessione separandosi dallo sviluppo del pensiero marxista nel resto del mondo, un marxismo occidentale che ha influenzato i movimenti della cosiddetta ‘nuova sinistra’ e il filone sviluppatosi dal ‘68 in poi, divenendo egemone dopo il crollo dell’Unione Sovietica. Un pensiero, i cui cantori odierni sarebbero Negri, Hardt, Zizec e prima ancora Foucault e Arent, che ha rimosso dalle sue riflessioni il nodo della lotta antimperialista di matrice leninista e quello sullo sviluppo delle forze produttive, come invece hanno continuato a fare quei movimenti affermatisi fuori dall’Occidente, che si sono posti l’obiettivo di fare uscire dalla miseria e dalla fame centinaia di milioni di essere umani” (27). Tutti intellettuali – pensiamo alla fortuna entro Rifondazione comunista o nell’area noglobal del libro di Toni Negri e Michael Hardt Impero e Moltitudini – che non contestavano la globalizzazione in quanto tale, ma solo la sua governance èlitaria, auspicandone, come notava Fraquelli all’inizio, una dal “volto umano”, cioè gestita dal basso.
Sta di fatto che la Kulturkritik delle nuove destre metapolitiche – una versione aggiornata della Konservative Revolution sviluppatasi a Weimar fra le due guerre e del filone antimoderno e aristocratico nietzscheano – cerca di rielaborare se stessa in risposta e reazione alla post modernità. Se la destra, con un intellettuale atipico come Alain de Benoist, ha cercato di uscire dal gorgo rielaborando la propria cultura, così non ha fatto la sinistra, che la propria cultura l’ha rinnegata. È in questo spazio che la nouvelle droite ha avuto gioco facile a sviluppare la sua strategia culturale. Ed è su questo terreno che la sinistra deve riflettere, per non perdere la battaglia sociale che caratterizzerà il futuro scontro politico.
Note
1 M. Fraquelli, A destra di Porto Alegre. Perché la Destra è più noglobal della Sinistra, con un’introduzione di G. Galli, Soveria Mannelli, Rubbettino, 2005, p. 7
2 Ibidem
3 P.-A. Taguieff, Sulla Nuova destra. Itinerario di un intellettuale atipico, Firenze, Vallecchi, 2004, pp. 65, 66 (ed. orig. Sur la Nouvelle Droite, Paris, Descartes & Ce, 1994)
4 G. Faye, Il sistema per uccidere i popoli, 1981, 1º ed. it., Edizioni dell’Uomo libero, 1983, ristampato dalle Edizioni Barbarossa nel 1997, pp. 37, 38
5 S. Latouche, La megamacchina. Ragione tecnoscientifica, ragione economica e mito del progresso, Torino, Bollati Boringhieri, 1995, p. 29
6 G. Faye, Il sistema per uccidere i popoli, cit., p. 82
7 Ibidem, p. 59
8 C. Terracciano, Caleidoscopio Giugno 1987 e dintorni: Apocalypse now, in Orion, n. 34, giugno 1987, p. 292
9 Così nel commento al Manifesto Politico del convegno organizzato dal mensile, tenutosi a Milano il 17 maggio 1987, pubblicato su Orion, n. 33, luglio 1987, p. 339
10 Cfr. M. L. Andriola, La retorica antigiudaica e il negazionismo sulle pagine del mensile Orion, in Giornale di Storia Contemporanea, nuova serie, n. 1/2016, pp. 177-196
11 M. Murelli, Fisionomia ed essenza del mondialismo, in Orion, n. 74, novembre 1990, p. 1
12 Centro Studi Orion, La conformazione del potere mondialista, in Orion, nuova serie, n. 165, giugno 1998, p. 35
13 M. Fraquelli, A destra di Porto Alegre, cit., p. 44
14 R. Barnet, J. Cavanagh, Le trame del conflitto mondiale, in Orion, nuova serie, n. 125, febbraio 1995, p. 34
15 Centro Studi Orion, La conformazione del potere mondialista, cit., p. 36
16 M. Murelli, La Trilaterale, in Orion, n. 21, giugno 1986, pp. 149 (a p. 148 lo schema della Trilateral). Per confermare la sua tesi, Murelli cita la seguente dichiarazione di Zbigniew Brzezinski: “Dobbiamo sostituire il sistema internazionale attuale con un sistema nel quale devono essere integrate le potenze attive e creatrici emerse negli ultimi tempi. Questo sistema deve comprendere anche il Giappone, il Brasile, i Paesi produttori di petrolio inclusa l’Unione Sovietica [...] Sarà un mondo nel quale le supremazie nazionali spariranno”. Z. Brzezinski, dichiarazione rilasciata a ¿Que pasa?, n. 662-663, agosto 1979, cit. in Ibidem. Tornando al Giappone, è lì che nell’ottobre 1973 nacque la Trilateral, dato che in quell’anno fra Usa ed Europa vi fu “il deterioramento delle relazioni comuni (ricordiamo semplicemente l’effetto della crisi del dollaro e del sistema monetario internazionale) ma anche per il crescente isolamento del Giappone e ciò in contrasto con la sua potenza economica”. J. Carvajal, dichiarazione rilasciata a Diario 16, 18 giugno 1986, p. 21. Jaime Carvajal fu Presidente del Banco Industrial e noto trilateralista
17 G. Santoro, Dominio Globale. Liberoscambismo e Globalizzazione, Cusano Milanino, Società Editrice Barbarossa, 1998
18 G. Santoro, Il Mito del libero mercato, Cusano Milanino, Società Editrice Barbarossa, 1997, p. 135
19 G. Adinolfi, Nuovo ordine mondiale. Tra imperialismo e impero, Cusano Milanino, Società Editrice Barbarossa, 2006, pp. 185, 186
20 A. Scianca, Diritti dell’uomo?, in Orion, nuova serie, n. 226, luglio 2003. Adriano Scianca diverrà poi responsabile culturale di CasaPound, e oggi dirige la rivista online e cartacea Il Primato Nazionale, sempre vicina ai ‘fascisti del III millennio’
21 J. Marlaud, Per una critica radicale ai diritti dell’uomo, in Orion, nuova serie, n. 94, luglio 1992, p. 25
22 G. Damiano, Elogio delle differenze, Padova, Edizioni di Ar, 1999
23 C. Terracciano, Rivolta contro il mondialismo moderno, Molfetta, Noctua Edizioni, 2002, p. 144
24 G. Adinolfi, Le mine dimenticate, in Orion, nuova serie, n. 246, marzo 2005, pp. 15, 16
25 M. L. Andriola, Fra postmodernità, crisi del marxismo e affermazione delle nuo- ve destre metapolitiche: il caso italiano, in Paginauno, n. 62, aprile-maggio 2019, p. 48. Rimando a S.G. Azzarà, Crisi della cultura di massa, postmodernismo e necessità della menzogna, in Marxismo Oggi, n. 1-2, 2011, pp. 71-144
Louis Alexandre, rédacteur en chef de la revue Rébellion et spécialiste des questions sociales, analyse la situation sociale née du confinement et présente l’actualité de sa revue.
Après la crise sanitaire, la crise sociale ? C’est la crainte pour les renseignements généraux mais aussi pour la prédictions de nombreux spécialistes. Alors que des « efforts » seront demandés aux employés pour aider l’économie à se relever, Louis Alexandre craint que ce ne soit qu’un écran de fumée pour détruire encore plus le droit des travailleurs.
Infos-Toulouse : Le Covid-19 est à l’origine d’une crise sans précédent. Pensez-vous qu’un retour à la normale est possible rapidement ?
Louis Alexandre : Cela est possible malheureusement. Le pire est que tout rentre dans la norme voulue par nos gouvernants. Qu’on oublie les sacrifices des uns et les responsabilités des autres. Que les milliers de morts des hôpitaux et des Ehpad ne soient plus que des statistiques dans un rapport, qu’on ne tire pas les enseignements de tout cela. Mais je doute que cela soit aussi facile pour l’oligarchie. Si elle utilise la peur et la culpabilisation pour soumettre les esprits, la colère née de sa gestion calamiteuse de la situation sanitaire laisse penser qu’un nouveau cycle de révoltes va prendre la suite du mouvement des Gilets jaunes.
Croyez-vous que le gouvernement tire des enseignements de la situation?
Il n’aura pas le choix car la colère populaire va lui présenter l’addition. « Nous sommes en guerre », martelait frénétiquement Emmanuel Macron lors de sa première intervention. Oui, en effet, ils sont en guerre sociale depuis son élection. Élu parce qu’étant le dernier barrage de l’oligarchie face à la montée du populisme, la macronie mène un lutte sans merci contre toutes les conquêtes sociales des travailleurs français et l’idée d’une nation solidaire. Dans sa politique intérieure comme extérieure, son agenda était d’imposer sa vision libérale d’un monde sans limite.
La crise sanitaire du Covid-19 a profondément bouleversé leurs plans car c’est une remise en question radicale du modèle mondialiste. Comme on l’avait observé lors des premiers jours de mobilisation des Gilets jaunes, le gouvernement a paniqué devant une situation nouvelle et tragique. Ils n’ont pas été à la hauteur des enjeux et cela s’est vu. La honte tue quand le roi se réveille nu.
Heureusement pour lui, la force régalienne de l’État a repris le dessus. Sauvée hier par les forces de l’ordre républicain des Gilets jaunes, la macronie a survécu grâce au dévouement des professionnels de santé. La machine a tourné uniquement par le travail des classes laborieuses qui ont assuré leurs devoirs alors que les élites fuyaient leurs responsabilités.
« Macron a tiré une balle dans la nuque du Code du travail »
Que vous inspirent les mesures d’urgence pour le redémarrage ?
C’est ma crainte. On aura beau applaudir les infirmières, célébrer les petits paysans et saluer le travail des ouvriers qui font tourner la nation durant cette crise, on risque de ne pas voir le hold-up que prépare l’oligarchie sur notre dos. Le MEDEF a déjà déclaré qu’il fallait donner un bon coup de fouet pour relancer la machine ! Macron avait commencé à tuer le Code du travail quand il était ministre de Hollande, là il lui a tiré une balle dans la nuque. Le patronat en rêvait, le Covid-19 l’a fait…
L’autre point très inquiétant est le développement de la surveillance numérique de masse. Les dispositifs de traçage et de contrôle social qui risquent d’être mis en oeuvre pour des raisons sanitaires, seront très utiles pour garantir une reprise sans explosion de révolte. Comme les lois antiterroristes post-Charlie, beaucoup de mesures de surveillance peuvent devenir des armes contre toute forme de dissidence au sein de la population.
Que vous inspirent les théories du complots présentes sur le net ?
Les gens doutent, avec raison du système, et les « Fakes News » propagées par le médias officiels n’y sont pas pour rien. Après je me méfie beaucoup des vertus incapacitantes de ce genre de lubies. À trop chercher les détails, on perd la logique de l’ensemble. Qu’un chinois ait choppé la maladie dans un bol de soupe au pangolin ou que la CIA (ou autres) ait créé le virus en laboratoire, ce sont d’abord les conséquences immédiates qu’ils faut combattre.
« Cette force ne sera pas perdue »
L’avenir est donc sombre selon vous ?
« Il faut opposer au pessimisme de la raison l’optimisme de la volonté », disait Gramsci. Il y a des choses très positives qui ont été semées dans les esprits. Les semaines de confinement ont aussi déconfiné l’imaginaire et la pensée collective. On a vu que la solidarité et l’entraide était toujours présente chez les « braves gens ». Que la spiritualité pouvait être vivante en dehors d’un cadre social établi. On a compris ce qui était essentiel à nos vies. Cette force ne sera pas perdue, j’en suis certain.
On peut transposer l’avis du philosophe Slavoj Zizek sur les thèses complotistes sur les attaques du 11 septembre : « Il n’est pas nécessaire, de toute façon, de l’avoir organisé. Cela a servi à justifier une certaine politique. Et c’est encore mieux, dans la perspective, si cela n’a pas été prémédité. C’est cela surtout qu’il faut voir. Sans même une quelconque conspiration, cela fonctionne. D’un autre côté, il est vrai qu’il y a quelque chose, qui justifie que l’on réfléchisse à l’existence de figures paranoïaques conspirationnelles. (…) Aujourd’hui, avec la technologie, on sait ce qui se passe, partout. C’est pourquoi les États ont sans cesse besoin d’intervention secrètes. Il y a certainement des conspirations, partout, à cause de cette connaissance technologique de l’état du monde. De toutes les façons, je le répète, nous n’avons pas besoin de conspiration pour comprendre l’exploitation que l’on a faite du 11 septembre ».
Comment la revue Rébellion prépare la suite ?
En travaillant d’arrache-pied comme toujours. Les dernières semaines furent intenses en matière de diffusion sur notre site avec plusieurs articles publiés pour tenir en éveil nos lecteurs. Nous avons eu aussi un élan de soutien sans précédent, d’abonnements et de commandes. Je voudrais d’ailleurs remercier l’ensemble de ce nouveau public (mais aussi les anciens qui reviennent nous aider pour l’occasion) qui viennent nous donner les moyens d’assurer un nouvel élan pour nos initiatives.
La sortie du numéro 88 devra avoir lieu prochainement. Après 18 ans d’existence, Rébellion se renouvelle constamment et la jeune équipe qui émerge est surement la plus prometteuse de son histoire. De manière militante, il faut profiter de cette période de « calme avant la tempête » pour faire le bilan des expériences passée et surtout de redonner une dimension positive, créatrice et dynamique à notre engagement. Beaucoup de balivernes ont été balayées par la crise (le survivalisme du dimanche, la misanthropie en carton et le complotisme bidon), on ne doit pas retomber dans cela et proposer autre chose de plus constructif.
Un dernier mot ?
Prenez soin de vous et de vos familles ! Rendez-vous utile et préparez l’alternative !
L’affaire Airbus et les réponses européennes à l’extraterritorialité du droit américain
Auteur : Florent Rabottin
Ex: http://www.zejournal.mobi
Les multiples condamnations des sociétés européennes par les tribunaux américains ont marqué les esprits. La France en fut une cible privilégiée avec des amendes représentant ces dernières années plus de 20 milliards d’euros. En 2017, une utilisation encore plus agressive de la législation américaine permettant à General Electric de prendre le contrôle d’Alstom Énergie s’est matérialisée par l’organisation d’une campagne d’intimidation, l’incarcération d’un cadre dirigeant (Frédéric Pierucci[i]) et des menaces personnelles contre les dirigeants français du groupe. Comment se fait-il que les États-Unis puissent sanctionner nos entreprises ? Comment répondre à ses intrusions juridiques et économiques ?
La moralité comme prétexte à la défense des intérêts économiques
La genèse de l’extraterritorialité du droit américain commença par le scandale du Watergate qui met au jour un système de corruption de hauts fonctionnaires étrangers par des entreprises américaines. En réaction, le Foreign Corrupt Practices Act (FCPA) fut promulgué le 19 décembre 1977 afin de lutter contre la corruption d’agents publics à l’étranger. Les multinationales américaines s’émeuvent alors d’une législation qui ne leur permettent plus d’agir à armes égales face à leurs concurrents étrangers, ceux-ci pouvant continuer à utiliser la corruption afin d’obtenir des marchés. Débute alors un long travail d’influence juridique des autorités et des multinationales américaines pour imposer ces nouvelles dispositions le plus largement possible. Dans cet objectif, une étape majeure est franchie avec l’adoption par l’OCDE, le 17 décembre 1997, de la Convention de lutte contre la corruption d’agents publics étrangers dans les transactions commerciales internationales qui « transpose » le FCPA aux pays représentant la grande majorité de l’économie mondiale[ii]. La justice américaine obtient alors toute légitimité pour lancer des enquêtes à l’encontre de sociétés quelle estime être en infraction de sa législation.
Deux ans plus tard et les attentats du 11 septembre 2011, un nouveau front s’ouvre contre le terrorisme et ses sources financières liées à la corruption, source d’argent sale susceptible de soutenir des projets d’attaques islamistes[iii]. Sous ce prétexte, le Patriot Act donne aux services de renseignement américains la capacité quasi illimitée de collecter des informations[iv]. Après la chute de l’URSS, les services de renseignements se concentrent ainsi sur une nouvelle cible : les communications commerciales. L’Administration américaine dispose désormais des moyens nécessaires à l’espionnage industriel à grande échelle afin de capter des secrets d’affaires et de constituer des dossiers pour corruption en fonction des intérêts des États-Unis. On s’aperçoit alors que « les propos « vertueux », les bonnes intentions affichées traduisent moins le souci d’éradiquer réellement les pratiques corruptrices, que la propension à jeter le discrédit sur des concurrents afin d’ouvrir de nouveaux marchés aux intérêts américains[v]». L’extraterritorialité du droit américain est désormais pleinement opérationnelle.
Un mécanisme juridique étendu, soutenu par un système étatique organisé
En vertu du principe de souveraineté, chaque État légifère librement, les lois étant régies par le principe de territorialité. Cela signifie que les textes régulièrement adoptés s’appliquent sur son territoire, à l’intérieur de ses frontières. Par exception, l’administration américaine applique sa propre norme juridique, adoptée par ses représentants nationaux, à un acteur économique étranger au-delà de ses frontières. La notion d’extraterritorialité du droit américain va même plus loin[vi], consistant en « une grande variété de lois et mécanismes juridiques conférant aux autorités américaines la capacité de soumettre des entreprises étrangères à leurs standards […] de capter leur savoir-faire, d’entraver les efforts de développement des concurrents […] contrôler ou surveiller des sociétés étrangères gênantes ou convoitées […]. ». De cette manière, les États-Unis s’attribuent une compétence judiciaire universelle grâce à l’application extensive de critères de rattachement territoriaux, souvent très ténus, tels que l’usage du dollar, d’un serveur de messagerie numérique américain, d’un composant électronique, voire d’un photocopieur ou d’un smartphone de fabrication américaine[vii].
Deux agences sont chargées de faire respecter ces lois : le DoJ (Department of Justice) et la SEC (Security exchange commission). Ces procédures sont initiées et alimentées par les services de renseignement de la CIA (Central Intelligence Agency) à la NSA (National Security Agency) en passant par le FBI (Federal Bureau of Investigation) et ses agents placés dans les ambassades. L’information est alors remontée en utilisant si besoin des sources rémunérées, voire des organisations non gouvernementales[viii]. Ces informations sont traitées par divers organismes : le DoJ, le Trésor (Departement of Treasure), la SEC (Security exchange commission), la Réserve fédérale et l’OFAC (Office of Foreign Assets Control), qui surveille l’application des sanctions internationales américaines. À cela peut s’ajouter l’action de procureurs locaux, voire d’États, comme celui de New York, qui sont régulièrement partie prenante dans les procédures contre les grands groupes étrangers. Les procédures d’investigations américaines étant généralement assurées par des cabinets d’avocats et d’audit anglo-saxons fortement rémunérés par les groupes européens pour rassembler les preuves de leur culpabilité[ix]. Les sanctions résultant de ces négociations ne sont pas juridiques mais permettent d’annuler une procédure qui pourrait se poursuivre devant des tribunaux américains. Le DoJ joue ainsi sur la « peur » du juge en cas de procédure judiciaire qui serait plus longue et surtout plus coûteuse en cas de condamnation. Cette appréhension empêche les entreprises accusées de se prévaloir des lois de blocage, qui leur permettent de ne pas communiquer à des autorités étrangères des documents stratégiques pouvant porter atteinte à la souveraineté ou aux intérêts économiques essentiels de leur pays d’origine.
Des initiatives de riposte juridique européennes
Après des années de victimisation, plusieurs textes ont été promulgués afin de tenter de reprendre les prérogatives de sanction des entreprises européennes, principalement par la création d’un parquet européen[x]. Censé être opérationnel à partir de novembre 2020, cette instance indépendante avec des compétences judiciaires propres, aura pour mission de diriger des enquêtes et mener des poursuites pénales contre la fraude aux intérêts financiers de l’UE. Il pourra engager des poursuites directement au niveau national des États membres concernant des infractions portant atteinte au budget de l’UE, telles que la fraude, la fraude transfrontière à la TVA, la corruption ou le blanchiment de capitaux. Le Parquet européen travaillera en coopération avec l’Office européen de lutte anti-fraude (OLAF), Eurojust, Europol et les parquets nationaux.
Certains États membres ont également agit tel que la France avec l’entrée en vigueur le 1er juin 2017 de la loi sur la transparence, la lutte contre la corruption et la modernisation de la vie économique[xi], qui a pour objectif de s’appliquer « en toutes circonstances » pour venir sanctionner tout délit de corruption commis à l’étranger par une personne physique ou morale française ou par une personne résidant habituellement ou exerçant tout ou partie de son activité économique sur le territoire français. Ces mesures sont contrôlées par l’Agence française anticorruption. Elle a introduit également, sous l’égide du Parquet national financier (PNF), la Convention judiciaire d’intérêt public (CJIP) dans le droit pénal français. Inspirée par le modèle américain du deferred prosecution agreement, elle s’adresse aux personnes morales mises en cause pour corruption, trafic d’influence, blanchiment, blanchiment aggravé et blanchiment de fraude fiscale en leur permettant de négocier une amende sans aller en procès ou sans plaider coupable. La logique est comparable au Royaume-Uni avec le United Kingdom Bribery Act (UKBA) et la création du Serious Fraud Office, équivalent du DoJ américain.
Ainsi, les réactions de certains pays européens face à l’ingérence américaine ont été globalement de copier le système de lutte contre la corruption et le blanchiment d’argent, d’abord par la « transposition » de la législation FCPA dans le périmètre OCDE, puis par la création d’équivalents des organismes administratifs américains au niveau européen et national. La procédure est également calquée avec la volonté de privilégier fortement les transactions (deals of justice). On a pu l’observer avec la condamnation d’UBS par tribunal correctionnel de Paris avec une amende d’un montant de 3,7 milliards d’euros tel que requis par le PNF, alors que l’amende proposée dans le cadre de la CJIP préalable, proche d’un milliard d’euros, soit plus de trois fois moins que la peine prononcée par la juridiction, démontre la volonté des autorités françaises d’inciter les entreprises à conclure des accords transactionnels.
La nouvelle concurrence juridique européenne dans condamnation tripartite d’Airbus
On a observé plusieurs groupes européens opter pour l’utilisation des mécanismes transactionnels comme le motoriste britannique Rolls-Royce, qui a été condamné début 2017 à verser une amende de 763 millions d’euros aux autorités judiciaires britanniques, américaines et brésiliennes afin de solder une affaire de corruption à l’étranger après avoir lui-même dénoncé les faits au SFO fin 2012 ; ou bien HSBC ou la Société Générale avec le recours à la CJIP en France.
Le dernier cas en date fut celui d’Airbus, trouvant un accord de principe avec le PNF, le SFO et le DoJ pour payer une amende de 3,6 milliards d’euros. Soupçonné à plusieurs reprises de corruption, l’entreprise a identifié des pratiques commerciales illégales dans le cadre de contrats internationaux et s’est dénoncée elle-même auprès des autorités dans une optique de pleine coopération. L’entreprise a utilisé les dispositions des législations britannique (UK Bribery Act) et française (loi Sapin II) pour éviter le risque d’une condamnation pénale et de se voir interdire l’accès aux marchés publics dans le monde, signifiant de facto son arrêt de mort.
Le SFO et le PNF ont été saisis en 2016. L’année suivante, c’était au tour du DoJ d’ouvrir à son tour une enquête. Airbus concluant ses contrats en dollars, la menace d’une condamnation pénale américaine pouvait s’avérer dévastatrice pour l’avionneur. Parallèlement, la justice américaine soupçonnait Airbus de n’avoir pas obtenu les autorisations nécessaires pour exporter des armements contenant des composants américains (International Traffic in Arms Regulations). Le paiement de l’amende a ainsi été réparti entre le SFO, le DoJ et le PNF, 2,1 milliards d’euros revenant au Trésor public français. L’affaire Airbus démontre que l’application des dispositions anticorruption françaises et britanniques peuvent entraver les sanctions américaines, les États-Unis n’ayant plus le monopole des sanctions dans ce domaine. Les amendes infligées peuvent alors, au moins en partie, revenir aux États européens.
Des recommandations extra juridique pour éviter des sanctions extraterritoriales
La pression américaine nous oblige, en réaction, à sanctionner nos entreprises et essayer de rapatrier une part la plus importante possible de l’amende, de faire en sorte que les informations récoltées soient sous contrôle national et éviter que les données fuitent vers d’autres puissances étrangères, que les acteurs du développement du dossier restent européens (recours à des cabinets d’avocats nationaux et non pas anglo-saxons) et essayer de démontrer que l’Europe est elle aussi disposée à lutter efficacement contre la corruption et dissuader les américains de le faire à notre place, comme essaie de le démontrer le groupe Thalès aujourd’hui.
Souvent trop concentrées sur leurs cœurs de métier et la satisfaction de leurs clients, les entreprises ne pensent que trop peu à considérer la réalité de la guerre économique mondialisée. Il est donc impératif de sensibiliser au maximum les chefs d’entreprises et leurs salariés à ces questions. La prise de conscience des sociétés européennes doit passer par davantage de protection de leur patrimoine informationnel et de leurs communications (messageries cryptées et anonymisées) et mettre en place des systèmes d’intelligence stratégique pour surveiller, analyser et contrer les pratiques concurrentielles déloyales[xii].
Ces initiatives doivent être couplées par une remontée d’information des services achats et des ressources humaines des entreprises pour prévenir les éventuelles transactions pouvant être assimilées à des pots de vin[xiii]. Il est également nécessaire, dans la mesure du possible, d’éviter d’avoir recourt à tout élément pouvant servir de critère de rattachement (utilisation du dollar…etc.) permettant aux juridictions américaines d’être compétente en cas de potentielle violation de leur législation. Ces procédures doivent être intégrée à un cadre de mise en conformité renforcé des pratiques de l’entreprise. En France, la loi Sapin II a permis d’orienter les entreprises dans leurs démarches de mise en conformité de leurs pratiques et les efforts se poursuivent en ce sens.
Les entreprises européennes, malgré leur sensibilisation, voient de nouveaux fronts s’ouvrir encore avec l’entrée en vigueur de textes supplémentaires à portée extraterritoriale renforçant davantage l’arsenal juridique américain. De nouvelles formes d’extraterritorialité du droit seront également à prévoir avec l’expansion de la Chine avec les Nouvelles Routes de la Soie, dont les projets de développement de leurs partenaires sont régis par des contrats de droit chinois. Le droit islamique est également un vecteur de puissance et se diffuse à travers le monde[xiv]. L’inde et la Russie réfléchissent à leur tour à la création de lois extraterritoriales[xv]. A l’Europe et à la France de rester vigilant et ne pas se renforcer d’un côté pour se faire mieux déborder de l’autre.
Notes:
[i] Pierre Pierucci et Matthieu Aron, Le piège américain, édition JC Lattès, janvier 2019
[ii] Emmanuel Breen, FCPA. La France face au droit américain de la lutte anti-corruption, coll. « Pratique des affaires », Joly éditions, 2017
[iii] Ali Laïdi, Le droit, nouvelle arme de guerre économique, édition Actes Sud – Questions de société, février 2009, pp 51 – 52
[iv] Jean-Baptiste Noé, L’extraterritorialité, une arme de guerre, Conflits – La guerre du droit, n° 23, sept. – oct. 2019, p. 17
[v] Jean-François Tacheau, Stratégies d’expansion du nouvel empire global, L’Âge d’homme, 2001, p. 19
[vi] Régis Bismuth, Pour une appréhension nuancée de l’extraterritorialité du droit américain – quelques réflexions autour des procédures et sanctions visant Alstom et BNP Paribas, Annuaire français de droit international, LXI, CNRS Éditions, Paris, 2015
[vii] Hervé Juvin, Historique de l’extraterritorialité, Conflits – La guerre du droit, n° 23, sept. – oct. 2019, pp. 14 – 16
[viii] Ali Haïdi, Le droit, nouvelle arme de guerre économique, édition Actes Sud – Questions de société, février 2009, pp 232 – 240
[ix] Nicolas Lerègle, Le selfish law : in my law we trust… Vous de même ! Conflits – La guerre du droit, n° 23, sept – oct 2019, pp. 12 – 13
[x] Règlement (UE) 2017/1939 du 12 octobre 2017 mettant en œuvre une coopération renforcée concernant la création du Parquet européen
[xi] Loi n°2016-1691 du 9 décembre 2016 relative à la transparence, à la lutte contre la corruption et à la modernisation de la vie économique, dite loi « Sapin II »
[xii] Jean-Baptiste Noé, Les entreprises doivent se former à la guerre économique, Conflits – La guerre du droit, n° 23, sept. – oct. 2019, p. 41
[xiii] Véronique Chapuis Thuault, Christian Harbulot, Frédéric Pierucci, William Feugère et Blandine Cordier-Palasse, Conférence « Extra-territorialité : une nouvelle arme de guerre économique ? », École de guerre économique, 19 février 2020
[xiv] Olivier Hanne, Le droit islamique comme vecteur de puissance, Conflits – La guerre du droit, n° 23, sept – oct 2019, pp. 56 – 58
[xv] Loïk Le Floch Prigent, Ardavan Amir-Aslani, Ali Laïdi et Olivier de Maison Rouge, Table ronde : le droit, arme de puissance économique ?, Cercle Droit & Liberté, 12 février 2020
« Pour étouffer par avance toute révolte, il ne faut pas s’y prendre de manière violente. Les méthodes du genre de celles d’Hitler sont dépassées. Il suffit de créer un conditionnement collectif si puissant que l’idée même de révolte ne viendra même plus à l’esprit des hommes.
L’idéal serait de formater les individus dès la naissance en limitant leurs aptitudes biologiques innées. Ensuite, on poursuivrait le conditionnement en réduisant de manière drastique l’éducation, pour la ramener à une forme d’insertion professionnelle. Un individu inculte n’a qu’un horizon de pensée limité et plus sa pensée est bornée à des préoccupations médiocres, moins il peut se révolter. Il faut faire en sorte que l’accès au savoir devienne de plus en plus difficile et élitiste. Que le fossé se creuse entre le peuple et la science, que l’information destinée au grand public soit anesthésiée de tout contenu à caractère subversif.
Surtout pas de philosophie. Là encore, il faut user de persuasion et non de violence directe: on diffusera massivement, via la télévision, des divertissements flattant toujours l’émotionnel ou l’instinctif. On occupera les esprits avec ce qui est futile et ludique. Il est bon, dans un bavardage et une musique incessante, d’empêcher l’esprit de penser. On mettra la sexualité au premier rang des intérêts humains. Comme tranquillisant social, il n’y a rien de mieux.
En général, on fera en sorte de bannir le sérieux de l’existence, de tourner en dérision tout ce qui a une valeur élevée, d’entretenir une constante apologie de la légèreté ; de sorte que l’euphorie de la publicité devienne le standard du bonheur humain et le modèle de la liberté. Le conditionnement produira ainsi de lui-même une telle intégration, que la seule peur – qu’il faudra entretenir – sera celle d’être exclu du système et donc de ne plus pouvoir accéder aux conditions nécessaires au bonheur.
L’homme de masse, ainsi produit, doit être traité comme ce qu’il est : un veau, et il doit être surveillé comme doit l’être un troupeau. Tout ce qui permet d’endormir sa lucidité est bon socialement, ce qui menacerait de l’éveiller doit être ridiculisé, étouffé, combattu. Toute doctrine mettant en cause le système doit d’abord être désignée comme subversive et terroriste et ceux qui la soutiennent devront ensuite être traités comme tels. »
La rupture de l’ordre libéral global et de ses fondations
Ce qui se produit en ce moment est une rupture globale de l’ordre mondial. C’est absolument sans importance de savoir si la nature du coronavirus est artificielle ou pas, et ce n’est même pas d’une importance primordiale de savoir, dans le cas où il serait artificiel, s’il a été délibérément répandu par le « gouvernement mondial » ou pas. L’épidémie a commencé – c’est un fait. Maintenant la chose la plus importante est de voir comment le « gouvernement mondial » a réagi à cette épidémie.
Pour clarifier, le « gouvernement mondial » est la totalité des élites politiques et économiques et les intellectuels et les médias (les « médiacrates ») qui les servent. Un tel « gouvernement mondial » existe nécessairement, parce qu’à une échelle globale il y a des normes fondamentales strictement définies qui déterminent les paramètres basiques de la politique, de l’économie et de l’idéologie.
- En économie, la seule norme reconnue est le capitalisme, l’économie de marché (qui est contestée seulement par la Corée du Nord – pas, et c’est très important, par la Chine, qui présente sa propre version de capitalisme d’Etat national sous la direction du Parti communiste).
- En politique, la seule norme reconnue est la démocratie libérale parlementaire, basée sur la société civile comme sujet et source de la légalité et de la légitimité (à part la Corée du Nord, presque tout le monde est d’accord avec cela, bien que la Chine interprète la « société civile » dans une optique socialiste et partiellement nationale-culturelle spéciale et pratique un contrôle médiacratique par des moyens autres que des élections parlementaires directes ; et certains Etats islamiques – par exemple, l’Iran et les monarchies du Golfe – ont un certain nombre de traits particuliers).
- Dans le domaine idéologique, tout le monde accepte l’arrangement selon lequel tout individu a un certain nombre de droits inaliénables (à la vie, à la liberté de conscience, à la liberté de mouvement, etc.) que tous les Etats et sociétés sont obligés de garantir.
Dans l’essence, ce sont les trois principes de base du monde global qui a émergé après l’effondrement de l’URSS et la victoire de l’Occident capitaliste dans la Guerre Froide. Les principaux acteurs de la politique, de l’économie et de l’idéologie sont concentrés dans les pays occidentaux, qui servent de modèle aux autres. C’est le cœur du « gouvernement mondial ». A l’intérieur de ce gouvernement, la Chine commence à jouer un rôle de plus en plus important, et les élites de la Russie et de tous les autres Etats se précipitent dans cette direction.
Que le coronavirus soit artificiel ou pas n’est pas si important
Il est sans importance de savoir si le coronavirus a été produit artificiellement et utilisé délibérément par le « gouvernement mondial » dans ce sens.
Mais c’est ce monde, sous le parapluie de ce « gouvernement mondial » avec ses trois fondements axiomatiques, qui est en train de s’effondrer devant nos yeux. Cela rappelle la fin du camp socialiste, du monde bipolaire et de l’URSS, mais alors l’un des deux mondes disparut, alors que l’autre demeura et étendit ses règles à tous les autres incluant ses adversaires d’hier. Gorbatchev lui-même voulait entrer dans le « gouvernement mondial » sans dissoudre l’URSS, mais il ne fut pas accepté. Les dirigeants pro-occidentaux de la Fédération Russe qui se soumirent à l’Occident ne furent pas acceptés non plus. Ils ne le sont toujours pas. Et maintenant, aujourd’hui, ce même « gouvernement mondial » est en train de s’effondrer. Pourrait-il avoir opté volontairement pour la liquidation ? Difficilement. Mais il a réagi au coronavirus comme à quelque chose d’inévitable, et ce fut un choix.
Il y avait la liberté de reconnaître ou pas l’existence du coronavirus. Et par le fait même de sa reconnaissance de la pandémie, le « gouvernement mondial » a signé sa propre sentence de mort. L’a-t-il fait consciemment ? Pas plus (ou pas moins) consciemment que Gorbatchev durant la perestroïka. Dans le cas de l’URSS, un pôle disparut, alors que l’autre demeura. Aujourd’hui la fin de la démocratie libérale planétaire signifie la fin de tout. Ce système n’a pas d’autre paradigme – excepté pour la Corée du Nord (qui est un pur anachronisme, bien que très intéressant) ou la version de compromis de la Chine.
Qui aurait dû vaincre le coronavirus, et comment ?
Le coronavirus a déjà frappé un coup dont ni la politique, ni l’économie, ni l’idéologie ne se remettront. La pandémie aurait dû être combattue par les institutions existantes d’une manière normale, sans changer les règles de base :
- ni en politique (signifiant pas de quarantaine, pas de confinement forcé, et encore moins un état d’urgence) ;
- ni dans l’économie (pas de télétravail, pas d’arrêt de la production, des échanges et des institutions financières-industrielles ou des plateformes commerciales, pas de pause, etc.);
- ni dans l’idéologie (pas de restrictions, même temporaires, des droits civiques fondamentaux, de la liberté de mouvement, l’annulation ou le report des élections, des référendums, etc.).
...mais tout cela a déjà eu lieu à une échelle globale, y compris dans les pays occidentaux, c’est-à-dire dans le territoire du « gouvernement mondial » lui-même. Les fondements mêmes du système global ont été suspendus.
C’est ainsi que nous voyons la situation en cours. Pour que le « gouvernement mondial » prenne de telles mesures, il faut qu’il y ait été obligé. Par qui ? Après tout, il ne peut simplement pas y avoir d’instance d’autorité supérieure à l’humanité matérialiste, athée et rationaliste moderne...
Le libéralisme comme résultat final du Nouveau Temps
Gardons cette question pour plus tard et regardons maintenant la plus grande trajectoire historique du système global libéral-démocratique, c’est-à-dire le gouvernement des « élites politiques libérales » (parlementarisme), les principaux acteurs économiques (oligarques et monopoles transnationaux), les idéologues de la « société ouverte » et les journalistes qui les servent (incluant les modérateurs des sentiments sur les réseaux sociaux et l’Internet). La source de ce système doit être recherchée à la fin de la Renaissance et dans le « Nouveau Temps » (les débuts de la Modernité) qui en sortit, et qui vit une rupture fondamentale avec le Moyen-Age concernant le sujet du pouvoir et, par conséquent, concernant sa nature même. Au Moyen-Age et dans la société de la Tradition en général, la légitimité et la légalité du modèle politique de la société étaient basées sur le facteur transcendant – supra-humain, divin. Le sujet suprême du pouvoir et de la loi était Dieu. Ses révélations et les lois et les cadres établis par Lui, ainsi que les institutions qui étaient considérées comme ses représentantes sur Terre : dans le monde chrétien, c’était l’Eglise et l’Etat monarchique. Le Nouveau Temps de la Modernité abolit cette verticale et se donna le but de bâtir une société sur des fondements terrestres. Ainsi le principal sujet et la principale source de la légitimité et de la légalité devinrent l’homme, et le « gouvernement céleste » – le « gouvernement supramondain » – fit place au « gouvernement terrestre ». La politique, l’économie et l’idéologie changèrent en conséquence : la démocratie, le capitalisme et la société civile émergèrent.
Pendant plusieurs siècles, ces principes combattirent le vieil ordre (médiéval) jusqu’à ce que les derniers empires – le russe, l’ottoman, l’autrichien et l’allemand – tombent au XXe siècle. Cependant, la démocratie libérale dut encore se confronter à des versions hérétiques (du point de vue libéral) de la Modernité, comme le communisme et le fascisme, qui interprétèrent à leur propre manière la « société civile » et l’être humain : le premier selon l’optique de la classe et le second en termes nationaux ou raciaux. En 1945, les communistes et les libéraux mirent conjointement fin au fascisme, et en 1991 le communisme tomba. Les libéraux furent les seuls à rester, et dès lors le « gouvernement mondial » passa du domaine du plan à celui d’une quasi-réalité, puisque tous les pays et sociétés ont reconnu les standards de la démocratie, du marché, et des droits de l’homme. C’est ce que Francis Fukuyama voulut dire dans son livre La fin de l’Histoire et le Dernier Homme. L’histoire de ce Nouveau Temps commença quand le but fut établi de remplacer le sujet céleste par le sujet terrestre, et elle se termina quand ce remplacement fut accompli à une échelle mondiale.
La fin du monde libéral et ses parallèles avec la fin de l’URSS
Aujourd’hui, à la place de la fin de l’histoire, c’est-à-dire au lieu du triomphe total de la démocratie libérale, du capitalisme mondial et de l’idéologie de la « société ouverte » (les droits de l’humain en tant qu’individu), nous sommes tombés dans des conditions complètement nouvelles du jour au lendemain. C’est aussi inattendu que la fin de l’URSS. Même après 1991, beaucoup de gens ne pouvaient pas croire que le système soviétique avait disparu, et certains ne peuvent même pas le comprendre aujourd’hui. Bien sûr, la fin du globalisme fut perçue par quelques penseurs critiques : elle fut envisagée par des conservateurs, et la montée rapide de la Chine, qui représente un modèle particulier de globalisme, le refus de Poutine de laisser le pouvoir au manipulable et contrôlable (comme le pensait l’Occident) Medvedev en 2012, et peut-être le plus important, le Brexit et la montée du populisme, purent tous être considérés comme des signes clairs qu’en dépit de sa proximité du point final, le globalisme avait non seulement été incapable d’accomplir effectivement la « fin de l’histoire », mais qu’il commençait paradoxalement à s’en éloigner. A un niveau philosophique, les postmodernistes commencèrent à réfléchir là-dessus, proclamant bruyamment que quelque chose n’allait pas dans la Modernité.
Mais il ne reste pas d’autre voie à l’histoire : elle doit soit avancer avec l’inertie qu’elle a accumulée au cours des derniers siècles, depuis le Nouveau Temps et les Lumières, soit s’effondrer. Tout le monde croyait que d’une façon ou d’une autre tout se résoudrait tout seul, et que la seule chose qui comptait était de combattre efficacement ceux qui étaient catalogués comme les « ennemis de la société ouverte », c’est-à-dire Poutine, l’Iran, le fondamentalisme islamique, ou la nouvelle montée de mouvements nationalistes répondant rapidement à la crise de la migration de masse. En général, pas une seule réflexion sur une alternative, rejetant même consciemment ce genre d’idées. Et c’est pourquoi, au moment d’une crise grave, le système libéral global a échoué et s’est effondré. Presque personne n’a encore compris cela, mais c’est déjà arrivé. Et c’est arrivé irrévocablement. Le coronavirus, par son existence même et spécialement par la manière dont le « gouvernement mondial » lui a répondu, est devenu la fin du monde moderne.
La fin de « l’Unique et sa propriété »
Cela signifie-t-il que l’humanité va mourir ? On ne le sait pas encore, mais cela ne peut pas être écarté. On peut seulement conjecturer si elle va périr ou pas. Mais ce qu’on peut déjà dire avec certitude, c’est que l’ordre mondial global basé sur le capitalisme, la démocratie libérale et les principes de l’individu souverain (la société civile, la société ouverte) a déjà péri. Il a disparu, il s’est effondré, bien que des efforts désespérés seront encore entrepris pour le sauver pendant un certain temps. Comment ils seront déployés et combien de temps ils dureront n’est pas crucial pour l’instant. On ne peut pas écarter qu’il disparaîtra peut-être complètement comme de la fumée, exactement comme le système soviétique s’est dissout totalement.
Ce qui existait il y a juste une seconde était éphémère, comme si cela n’avait jamais existé. Il est beaucoup plus important de regarder ce qui va venir remplacer l’ancien ordre mondial.
La chose la plus importante à comprendre est que ce n’est pas simplement un échec technique dans le système de gouvernance globale qui s’est produit, mais plutôt l’élément final résultant de tout le processus historique de la Modernité, du Nouveau Temps, au cours duquel le pouvoir fut transféré du sujet céleste au sujet terrestre, et ce sujet lui-même – à travers les batailles idéologiques et politiques des derniers siècles, incluant les guerres mondiales chaudes et froides – s’est déplacé vers une certaine cristallisation, celle de la démocratie parlementaire, du marché capitaliste global et de l’individu doté de droits. Tout le système du capitalisme global moderne est bâti sur la prémisse de « l’Unique [= l’Ego] et sa propriété » (Max Stirner). Les droits politiques de l’« Ego » (l’individu complètement isolé de la nation, de la race, de la religion, du sexe, etc.) furent fixés et implantés dans les systèmes mondiaux de la démocratie politique. Les droits économiques furent incarnés dans les normes de la propriété privée et des mécanismes du marché. Ainsi, la source du pouvoir politique atteignit sa limite imminente : dans le libéralisme et le globalisme, les dernières traces de verticalité et de « transcendance » qui avaient encore été préservées durant les premiers stades de la Modernité, en particulier les structures de l’Etat, furent éliminées. D’où l’aspiration globaliste à abolir la souveraineté de l’Etat et à transférer ses pouvoirs au niveau supranational, légalisant ainsi le « gouvernement mondial », qui existe déjà de facto. En d’autres mots, l’histoire politique, économique et idéologique du Nouveau Temps avançait vers une fin très précise, dans laquelle le sujet individuel purement humain, immanent, serait finalement formé et pris comme base de la légitimation politique. Peu de choses furent laissées au hasard : l’abolition complète des Etats qui eut lieu au niveau de l’Union Européenne devait se répéter à l’échelle mondiale.
Le final annulé du libéralisme
Ce moment final, vers lequel tout se dirigeait, aujourd’hui n’est pas seulement retardé indéfiniment, mais est complètement annulé. Si l’histoire politique n’a pas pu atteindre ce point sans le coronavirus, tout le processus s’est effondré devant cette épidémie. Pour combattre efficacement l’épidémie, les autorités de presque tous les pays, incluant ceux de l’Occident, ont introduit une quarantaine obligatoire avec des sanctions strictes en cas de violation, ou ont carrément déclaré des situations d’urgence. Les mécanismes économiques du marché global se sont effondrés du fait de la fermeture des frontières, de même que les bourses des valeurs et les institutions financières.
La société ouverte et la migration sans limite sont entrées en contradiction directe avec les standards sanitaires de base. En fait, un régime dictatorial a été rapidement établi dans le monde entier, sous lequel le pouvoir a été transféré à une entité complètement nouvelle. Ni « l’Ego » ni sa « propriété », ni toutes les superstructures géantes du monde qui garantissaient leurs droits et leurs statuts légaux et légitimes ne sont plus considérés comme la source du pouvoir politique. Ce que Giorgio Agamben a nommé la « vie nue », c’est-à-dire l’impératif de survie physique absolument spécial qui n’a rien à voir avec la logique du capitalisme libéral, est passé au premier plan. Ni l’égalité, les droits, la loi, la propriété privée, les décisions collectives, le système des obligations mutuelles, ni aucun autre principe fondamental de la démocratie libérale n’a de pouvoir réel. Seuls ces mécanismes qui contribuent à la survie, pour stopper l’infection et pourvoir aux besoins purement physiologiques les plus simples, sont importants maintenant.
Mais cela signifie que le sujet du pouvoir est en train de changer radicalement. Ce n’est plus la société libre, ni le marché, ni les présomptions humanistes de l’individu souverain, ni les garanties de liberté personnelle et de vie privée. Tout cela doit être sacrifié si la question immédiate est la survie physique. Les droits politiques sont abolis, les obligations politiques sont abolies, la surveillance totale et le contrôle disciplinaire strict deviennent la seule norme sociale prévalante.
Si le « gouvernement mondial » est entré dans un état d’urgence, s’est avéré incapable de l’éviter ou n’a même pas osé l’éviter, ou a simplement été forcé de l’accepter, cela signifie que le paradigme qui hier encore semblait inébranlable a été abandonné. Et dans ce cas, soit il n’y a plus du tout de « gouvernement mondial », et chaque société s’en sort comme elle peut, soit le paradigme fondamental change brutalement et se transforme en quelque chose d’autre. Dans les deux cas, l’ordre ancien s’est effondré, et quelque chose de nouveau est en train d’être bâti devant nos yeux.
Des conclusions aussi radicales ne sont pas seulement liées à l’ampleur de la pandémie, qui n’est pas encore si grave pour l’instant. Beaucoup plus importante est la perception de l’épidémie par les élites de pouvoir, qui ont si rapidement et si facilement abandonné leurs fondements apparemment inviolables. C’est la chose la plus fondamentale. Les mesures visant à combattre le coronavirus ont déjà sapé les fondements de la démocratie libérale et du capitalisme, abolissant rapidement le sujet du pouvoir lui-même. A partir de maintenant, « l’ego et sa propriété » n’est plus la base de la légalité et de la légitimité : dans les conditions de l’Etat d’Urgence, le pouvoir est en train d’être transféré à une autre autorité. Quelque chose de nouveau est en train de devenir le porteur de la souveraineté.
De quoi s’agit-il donc ?
Le coronavirus comme sujet régnant : les dieux séculaires de la peste
D’une part, on pourrait dire que le coronavirus lui-même (ce n’est pas pour rien que le virus porte un nom « royal ») est en train de démontrer un statut unique à celui du sujet. Pour mieux comprendre cela, nous pouvons nous souvenir des antiques dieux de la peste, qui étaient considérés comme des déités formidables dans les croyances religieuses des peuples du Moyen-Orient. Les peuples de la Mésopotamie avaient Erra, Nergal, et d’autres, et dans les traditions monothéistes, en particulier dans le judaïsme, les pestes étaient envoyées par la déité suprême, Yahvé, pour punir les Juifs de leur idolâtrie. Au Moyen-Age, les épidémies et les pestes étaient considérées comme des signes de punition divine. La société traditionnelle peut légitimement donner le statut de subjectivité à des phénomènes de grande ampleur ou les lier à l’élément divin. Cependant, dans le Nouveau Temps de la Modernité, l’homme se considérait lui-même comme le maître complet de la vie, d’où le développement de la médecine moderne, des médicaments, des vaccins, etc. Par conséquent, c’est comme si l’incapacité complète des gouvernements à combattre le coronavirus aujourd’hui jetait l’humanité en-dehors du Nouveau Temps. Mais le Dieu ou les dieux à qui la peste virale moderne pourrait être attribuée et laissée n’existent plus. Le monde moderne est convaincu que le virus doit avoir une origine terrestre, matérielle et immanente. Mais quel genre de matérialité est plus fort que l’homme ? C’est ainsi que surgissent de nombreuses théories de la conspiration reliant l’origine du virus à des malfaiteurs aspirant à établir leur contrôle sur l’humanité. Pour les philosophes du « réalisme spéculatif », qui pendant des décennies ont réfléchi à la nécessité de remplacer l’humanité par un système d’objets – que ce soit l’Intelligence Artificielle ou des cyborgs –, le virus lui-même pourrait très bien se voir attribuer le statut d’acteur souverain, une sorte d’hyperobjet (à la Morton) capable de soumettre les masses à sa volonté, comme le font le moule, le rhizome, etc. En d’autres mots, l’effondrement du modèle libéral porte au premier plan l’hypothèse de l’acteur post-humain et post-humaniste.
Le coronavirus, dont le nom latin signifie littéralement « poison couronné », est donc (du moins théoriquement) un candidat pour le centre du nouveau système mondial. Si la principale préoccupation de l’humanité à partir d’aujourd’hui sera de stopper le virus, de le combattre, de se protéger de lui, etc., alors tout le système de valeurs, de règles et de garanties sera reconstruit selon des principes et des priorités absolument nouveaux. Les réalistes spéculatifs vont même plus loin et sont prêts à reconnaître dans l’hyperobjet la présence d’entités infernales des antiques dieux du chaos sortant du fond de l’être, mais il n’est pas nécessaire d’aller aussi loin, dans la mesure où, si nous pouvons simplement supposer que la rationalité politique, économique et idéologique sera à partir de maintenant construite autour du combat contre des virus contagieux, nous vivrons alors dans un monde différent – par exemple, dans un monde hygiénocentrique –, organisé d’une manière complètement différente de celle du monde moderne. L’« Ego », « sa propriété » et toutes les structures qui leur garantissent la prédictibilité, la stabilité et la protection, qui les élèvent au statut de fondements de la légalité et de la légitimité, passeront à l’arrière-plan, pendant que le coronavirus ou son analogue établira une hiérarchie différente, une ontologie politique et économique différente, une idéologie différente.
L’Etat contre le coronavirus. Mais quel Etat ?
Si nous regardons la manière dont le combat contre le coronavirus se déroule aujourd’hui, nous pouvons remarquer un accroissement très brutal du rôle de l’Etat, qui au cours de la globalisation avait été considérablement relégué au second plan. C’est au niveau de l’Etat que sont prises les décisions de quarantaine, de confinement, d’interdiction de voyager, les restrictions sur les libertés et les mesures économiques. En fait, partout dans le monde – ouvertement ou par défaut –, un état d’urgence a été déclaré. D’après les classiques de la pensée politique, et en particulier Carl Schmitt, cela signifie l’établissement d’un régime de dictature. Le souverain, d’après Schmitt, est celui qui prend la décision dans une situation d’urgence (Ernstfall), et aujourd’hui c’est l’Etat. Cependant, il ne faut pas oublier que l’Etat d’aujourd’hui a jusqu’au dernier moment été basé sur les principes de la démocratie libérale, du capitalisme et de l’idéologie des droits de l’homme. En d’autres mots, cet Etat, en un certain sens, décide de la liquidation de sa propre base philosophique et idéologique (même si ce sont pour l’instant des mesures formalisées et temporaires, il faut se souvenir que l’Empire romain commença aussi par la dictature temporaire de César, qui devint graduellement permanente). Ainsi, l’Etat est en train de muter rapidement, tout comme le virus lui-même, et l’Etat suit le coronavirus dans son combat constamment en évolution, qui le met dans une situation toujours plus éloignée de la démocratie libérale globale. Toutes les frontières existantes qui jusqu’à hier semblaient être effacées ou à demi-effacées sont en train de reprendre une signification fondamentale – non seulement pour ceux qui veulent les franchir, mais aussi pour ceux qui ont réussi à revenir à temps dans leur pays. En même temps, dans les plus grands pays cette fragmentation est transférée aux régions, où l’état d’urgence conduit à l’établissement de dictatures régionales, qui à leur tour seront renforcées si la communication avec le centre devient plus difficile. Une telle fragmentation continuera jusqu’aux petites villes et mêmes jusqu’aux foyers individuels, où le confinement forcé ouvrira de nouveaux horizons et des quantités de violences domestiques.
L’Etat prend sur lui la mission de combattre le coronavirus sous certaines conditions, mais mène ce combat dans des circonstances déjà différentes. Au cours de cette mission, toutes les institutions d’Etat liées à la loi, à la légalité et à l’économie sont transformées. Ainsi, la simple introduction de la quarantaine annule complètement la logique du marché, d’après laquelle seul l’équilibre de l’offre et de la demande et les accords conclus entre l’employeur et l’employé peuvent réguler les relations entre eux. Les interdictions de travail pour des raisons hygiéniques font s’effondrer irrévocablement toute la construction du capitalisme. La suspension de la liberté de mouvement, de réunion et des procédures démocratiques bloque les institutions de la démocratie politique et paralyse les libertés individuelles.
Dictature post-libérale
Au cours de cette épidémie, un nouvel Etat est en train d’émerger qui commence à fonctionner avec de nouvelles règles. Il est très probable qu’au cours de l’état d’urgence il y aura un basculement du pouvoir – passant des gouvernants formels à des fonctionnaires techniques et technologiques, par exemple l’armée, les épidémiologistes, et des institutions spécialement créées pour ces circonstances extrêmes. La menace physique que le virus représente pour les dirigeants les force à se placer dans des conditions spéciales qui ne sont pas toujours compatibles avec un plein contrôle de la situation. Comme les normes légales sont suspendues, de nouveaux algorithmes de comportement et de nouvelles pratiques commencent à être déployés. Ainsi naît un Etat dictatorial qui, à la différence de l’Etat libéral-démocratique, a des buts, des fondements, des principes et des axiomes complètement différents. Dans ce cas, le « gouvernement mondial » est dissout, parce que toute stratégie supranationale perd son sens. Le pouvoir se déplace rapidement vers un niveau encore inférieur – pas celui de la société et des citoyens, mais vers le niveau militaire-technologique et médical-sanitaire. Une rationalité radicalement nouvelle prend de la force – pas la logique de la démocratie, de la liberté, du marché et de l’individualisme, mais celle de la survie pure, dont la responsabilité est assumée par un sujet combinant le pouvoir direct et la possession de la logistique technique, technologique et médicale. De plus, dans la société de réseau, celle-ci est basée sur un système de surveillance totale excluant toute sorte d’intimité.
Ainsi, si à une extrémité nous avons le virus comme sujet de la transformation, à l’autre extrémité nous avons la surveillance militaro-médicale et la dictature punitive différant fondamentalement par tous ses paramètres de l’Etat que nous connaissions encore hier. Il n’est pas du tout garanti qu’un tel Etat, dans son combat contre les « dieux de la peste » séculaires, coïncidera précisément avec les frontières des entités nationales existantes. Puisqu’il n’y aura pas d’idéologie ou de politique au-delà de la logique directe de la survie, la centralisation elle-même perdra son sens et sa légitimité.
De la société civile à la « vie nue »
Ici une fois de plus, souvenons-nous de la « vie nue » de Giorgio Agamben, qui dans une veine similaire et en se basant sur les idées de Schmitt sur l’« état d’urgence », analysa la situation dans les camps de concentration nazis, où la déshumanisation des gens atteignait un point extrême, et où la « vie nue » se révélait. La « vie nue » n’est pas la vie humaine, mais une autre vie qui est au-delà des limites de la conscience de soi, de la personnalité, de l’individualité, des droits, etc. C’est pourquoi Agamben a été plus radical que d’autres et s’est opposé aux mesures prises contre le coronavirus, préférant même la mort à l’introduction d’un état d’urgence. Il a clairement vu que même un petit pas dans cette direction changera la structure entière de l’ordre mondial. Entrer dans le stade de la dictature est facile, mais en sortir est parfois impossible.
La « vie nue » est la victime du virus. Ce ne sont pas les gens, les familles, les citoyens, ou les propriétaires privés. Ici il n’y a ni un, ni beaucoup. Il y a seulement le fait de l’infection, qui peut transformer n’importe qui – incluant soi-même – en quelqu’un d’autre, et donc en ennemi de la « vie nue ». Et c’est le fait de combattre cet autre « vie nue » qui donne à la dictature le nouveau statut de sujet. Alors la société elle-même, à la merci de la dictature, sera transformée en « vie nue » organisée par la dictature en accord avec sa propre rationalité particulière. Par peur du coronavirus, les gens sont prêts à suivre toutes les mesures de ceux qui ont pris la responsabilité de l’état d’urgence.
Ainsi, la séparation fondamentale entre le bien-portant et le malade, considérée par Michel Foucault dans son livre Surveiller et punir. Naissance de la prison, devient une ligne encore plus infranchissable que toutes les oppositions des idéologies classiques de la Modernité, par exemple entre la bourgeoisie et le prolétariat, les Aryens et les Juifs, les libéraux et les « ennemis de la société ouverte », etc., et verra sa ligne de division tracée entre les pôles de la « vie nue » et des « technocrates médicaux », qui ont entre leurs mains tous les instruments de la violence, de la surveillance, et de l’autorité. La différence entre celui qui est déjà malade et celui qui n’est pas encore malade, qui au début justifiait la nouvelle dictature, sera effacée, et la dictature des virologues, qui a bâti une nouvelle légitimité sur la base de cette distinction, créera un modèle complètement nouveau.
La nouvelle dictature n’est ni le fascisme ni le communisme
Cette situation rappellera à beaucoup de gens le fascisme ou le communisme, mais ces parallèles sont imaginaires. Le fascisme et le communisme représentaient tous deux des types de « société civile », bien que totalitaires, avec des idéologies bien marquées qui garantissaient des droits civiques – pas à tous, mais à la majorité significative et de facto écrasante de leurs citoyens. Le libéralisme, en réduisant toutes les identités jusqu’au niveau de l’individu, prépara la voie et créa les conditions préalables pour un type spécial de dictature post-libérale qui, à la différence du communisme et du fascisme, ne devrait pas avoir d’idéologie du tout, dans la mesure où elle n’aura pas de raison de persuader, de mobiliser ou de « séduire » l’élément de la « vie nue ». La « vie nue » est déjà consciemment prête à se soumettre à une dictature, quoi que celle-ci promette ou recommande. Les structures d’une telle dictature seront bâties sur la base du fait qu’elle combat le virus, pas sur la base d’idées et de préférences. La dictature hygiénique militaire-médicale sera caractérisée par une logique post-libérale, pour laquelle la seule opération sera le traitement rationnel de la « vie nue », dont les porteurs n’auront absolument aucun droit et aucune identité. Cet ordre sera bâti sur la séparation entre individus infectés et individus sains, et ce code dual sera aussi puissant qu’évident, sans avoir besoin de la moindre justification ou argumentation.
L’Intelligence Artificielle et ses ennemis
Ici les considérations suivantes viennent à l’esprit : dans les porteurs d’une telle dictature anti-virus post-libérale, nous ne voyons pratiquement aucun trait vraiment humain. Toute considération humaine ne ferait qu’entraver une opération efficace contre la « vie nue », et provoquerait donc un chaos agité, tremblant, recherchant la survie à tout prix. Par conséquent, l’Intelligence Artificielle, calcul mécanique abstrait, se chargerait le mieux de cette tâche. Dans la dictature militaire-médicale nous voyons une dimension cybernétique distincte, quelque chose de mécanique. Si la « vie nue » est le chaos, alors il doit y avoir un ordre mathématique froid à l’autre pôle. Et à partir de maintenant, sa seule légitimation sera non pas le consentement de la société, qui perd tout à part son instinct de survie, mais le critère même de sa capacité à prendre des décisions logiques équilibrées sans être affecté par des émotions et des passions superflues. Par conséquent, même si une dictature hygiénique militaire-médicale est établie par des humains, tôt ou tard ses principaux porteurs seront des machines.
Il n’y aura pas de retour
Plusieurs conclusions peuvent être tirées de cette analyse très préliminaire du futur proche – le futur qui a déjà commencé :
Il est impossible de revenir à l’ordre mondial qui existait encore récemment et qui semblait si familier et si naturel que personne ne pensait à son caractère éphémère. Soit le libéralisme n’a pas atteint sa fin naturelle et l’établissement d’un « gouvernement mondial », soit l’effondrement nihiliste était son but originel, simplement couvert par un décor « humaniste » de moins en moins convaincant et de plus en plus pervers. Les représentants de l’« accélérationnisme » philosophique parlent des « Lumières Noires », soulignant cet aspect sombre et nihiliste du libéralisme comme représentant simplement le mouvement accéléré de l’homme vers l’abysse du post-humanisme. Mais en tous cas, à la place du « gouvernement mondial » et de la démocratie totale, nous sommes en train d’entrer dans une ère de nouvelle fragmentation, de « sociétés fermées » et de dictatures radicales, dépassant peut-être les camps de concentration nazis et le goulag soviétique.
La fin de la globalisation ne signifiera pas, cependant, une simple transition vers le système westphalien, vers le réalisme et un système d’Etats de commerce fermé (Fichte). Une telle transition requerrait l’idéologie bien définie qui existait au début de la Modernité, mais qui a été complètement éradiquée dans la Modernité tardive, et spécialement dans la Postmodernité. La diabolisation de tout ce qui ressemblait de loin au « nationalisme » ou au « fascisme » a conduit au rejet total des identités nationales, et maintenant la gravité de la menace biologique et sa nature physiologique brutale rendent les mythes nationaux superflus. La dictature militaire-médicale n’a pas besoin de méthodes additionnelles pour motiver les masses, et de plus, le nationalisme ne fait que renforcer la dignité, la conscience de soi et le sentiment civique de la société, qui s’opposent aux règles de la « vie nue ». Pour la société à venir, il y a seulement deux critères – sain et malade. Toutes les autres formes d’identité, incluant les identités nationales, n’ont pas de sens. A peu près la même chose était vraie pour le communisme, qui était aussi une idéologie motivante qui mobilisait la conscience des citoyens pour bâtir une société meilleure. Toutes ces idéologies sont archaïques, dénuées de sens, redondantes et contre-productrices dans le combat contre le coronavirus. Par conséquent, il serait erroné de voir un « nouveau fascisme » ou un « nouveau communisme » dans le paradigme post-libéral imminent. Ce sera quelque chose d’autre.
On ne peut pas écarter que cette nouvelle étape affectera si grandement la vie de l’humanité ou de ce qui en restera que, ayant traversé toutes ces épreuves et ces tribulations, l’humanité sera prête à accepter n’importe quelle forme de pouvoir, n’importe quelle idéologie et n’importe quel ordre qui affaiblira la terreur de la dictature militaire-médicale de l’Intelligence Artificielle. Et alors, dans un nouveau cycle, nous ne pouvons pas écarter un retour au projet de « gouvernement mondial », mais ce sera déjà sur une base complètement différente, parce que la société sera irréversiblement changée par la période de « quarantaine ». Ce ne sera plus le choix de la « société civile », mais le cri de la « vie nue » qui reconnaîtra n’importe quelle autorité capable d’offrir une délivrance hors des horreurs qui auront eu lieu. Cela serait le bon moment pour l’apparition de ce que les chrétiens appellent l’« Antéchrist ».
Exagération et liquidation des leaders
Une telle prévision analytique est-elle une exagération trop dramatisée ? Je pense qu’elle est tout à fait réaliste, bien que bien sûr « personne ne connaît le jour et l’heure », et dans une situation donnée tout pourrait être retardé pendant quelque temps. L’épidémie pourrait se terminer soudainement et un vaccin pourrait être trouvé. Mais tout ce qui s’est déjà produit dans les premiers mois de 2020 – l’effondrement de l’économie mondiale, toutes les mesures radicales dans la politique et les relations internationales imposées par la pandémie, la perturbation des structures de la société civile, les changements psychologiques et l’introduction de technologies de surveillance et de contrôle – est irréversible. Même si tout s’arrêtait maintenant, cela prendra tellement longtemps pour que la mondialisation libérale revienne à son final toujours retardé que de nombreux aspects critiques de la société auront déjà subi de profondes transformations. En même temps, la supposition même d’une fin rapide à la pandémie n’appartient pas au domaine de l’analyse, mais au royaume des contes de fées naïfs avec un happy-end. Regardons la vérité dans les yeux : l’ordre libéral global s’est effondré sous nos yeux, tout comme l’URSS et le système socialiste mondial tombèrent en 1991. Notre conscience refuse de croire à des changements aussi colossaux, et spécialement à leur irréversibilité. Mais nous devons y croire. Il vaut mieux les conceptualiser et les comprendre à l’avance – maintenant, tant que les choses ne sont pas encore devenues aussi graves.
Finalement, il peut sembler que cette pandémie sera une chance pour ces leaders politiques qui n’auraient peut-être pas d’objection à tirer avantage d’une situation aussi extrême pour renforcer leur pouvoir. Mais cela pourrait marcher seulement pendant peu de temps, parce que la logique de la « vie nue » et de la dictature militaire-médicale appartient à un registre complètement différent de ce que le leader le plus autoritaire dans le système mondial moderne peut imaginer. Il est peu probable qu’un des dirigeants d’aujourd’hui soit capable de maintenir son pouvoir pendant si longtemps et de manière sûre dans des conditions aussi extrêmes. Tous, dans une mesure ou une autre, tirent leur légitimité des structures de cette démocratie libérale qui est en train d’être abolie sous nos yeux. Cette situation requerra des figures, des compétences, et des caractères complètement différents. Oui, ils commenceront probablement cette consolidation du pouvoir, et ils ont même commencé à le faire, mais il est peu probable qu’ils dureront longtemps.
Il y a quelque chose de vraiment nouveau qui nous attend, et c’est très probablement quelque chose de vraiment terrifiant.
LA “CRITICA POSITIVA” DI DOMINIQUE VENNER: UNA RIFONDAZIONE NAZIONAL-RIVOLUZIONARIA?
Il libro che ho postato sotto, "Per una critica positiva. Scritti di lotta per i militanti" (Passaggio al Bosco Edizioni, 2018, ed. orig. "Pour une critique positive. Écrit par un militant pour des militants", Éditions Ars Magna, 1997 ed Editions IDées, 2013), scrivono il dott. Nicolas Leoburg e il dott. Stéphane François, sarà fondamentale negli anni '60 sia per l'evoluzione della destra nazional-rivoluzionaria francese che per la genesi della Nouvelle Droite. Il libro in questione è stato scritto da Dominique Venner ed è un vero e proprio manuale del rivoluzionario di estrema destra: ancora oggi rappresenta per la galassia nazional-identitaria francese ed europea – e non è affatto un caso se pensiamo che la Nouvelle Droite leggerà da destra la figura di Antonio Gramsci, descritto come teorico dell'egemonia culturale, rilettura de-marxistizzata del suo pensiero, teorizzando il “gramscismo di destra” – l'equivalente del “Che fare?” di Lenin – e non casualmente anche Jean Thiriart si ispirerà al “centralismo democratico” marxista-leninista per organizzare il suo gruppo, Jeune Europe –.
Dominique Venner lo scrisse in carcere col preciso intento di offrire una strategia operativa ai tanti militanti francesi che credevano nella svolta nazionalista europea, scrivendo un’opera essenziale e completa, redatta con il linguaggio asciutto e diretto di chi si è formato nell’attivismo di strada e nella guerra d’Algeria, che influenzeranno tutto il radicalismo di destra francese e non[1].
Venner ha un passato di milizia nel neofascismo francese di tutto rispetto. Figlio di un architetto fascista membro del Parti populaire français di Jacques Doriot, si arruola nel 1956 come volontario nei parà e resta segnato dall’esperienza della guerra d’Algeria. Al ritorno in patria milita in Jeune Nation e aderisce alla rete clandestina dell’Oas. Detenuto per 18 mesi nel braccio dei prigionieri politici della Santé, all’uscita dal carcere, nel 1962, scrive il suddetto pamphlet, testo basilare per tutta l’ultradestra nazionalista rivoluzionaria impegnata a passare risolutivamente dall’attivismo alla lotta rivoluzionaria sul piano legale: «Il lavoro rivoluzionario – scrive Venner – è un affare di lungo respiro che esige ordine nelle menti e negli atti. Di qui il bisogno di una teoria positiva di lotta ideologica. Una rivoluzione spontanea non esiste. […] L’unità rivoluzionaria è impossibile senza unità di dottrina».
I riferimenti venneriani sono netti e qualificanti: il richiamo alla disciplina e alla tenuta interiore, la centralità della formazione e della dottrina ideologica, l’urgenza di costruire un’organizzazione militante strutturata ed efficiente, la volontà di edificare una Comunità organica di popolo.
Secondo Venner «Bisogna uscire dalla logica che ci vuole una piccola organizzazione e orientarci verso una struttura che corrisponda alla nostra vocazione di movimento ideologico. Una struttura diversificata e articolata, il cui ruolo sarà quello di una centrale ideologica, una struttura senza delimitazioni territoriali, i cui membri diffondano i nostri insegnamenti a seconda degli ambienti, delle capacità, dei rapporti con l'esterno». Insomma, senza rendersene conto, Dominique Venner getta le basi per quella rivoluzione metapolitica che vedremo nel 1968, ovvero la nascita del GRECE : Groupement de Recherche et d'Etudes pour la Civilisation Européenne. Ma prima avremo la nascita, attorno all'omonimo periodico, del gruppo Europe-Action, creato nel gennaio 1963, che aggregherà i reduci dell’Oas, i giovani della Fédération des étudiants nationalistes, gli intellettuali collaborazionisti come Rebatet e molti giovani neofascisti da tutta Francia, come lo stesso giovane Alain de Benoist. l gruppo di Venner coltiva rapporti col movimento nazional-comunitarista Jeune Europe, diretto dal belga Jean Thiriart, non esaltando il nazionalismo statocentrico, ma il nazional-europeismo ispirato dall’esperienza delle Waffen-SS. L’obiettivo del gruppo è ambizioso: rinnovare la cultura della destra francese, liberandola dal proverbiale antintellettualismo e dal fardello della sconfitta nel 1945 e, soprattutto, dal patriottismo vetusto che esalta il vecchio Stato-nazione nato dalla Rivoluzione francese. Allo Stato-nazione, Europe-Action contrappone un nuovo tipo di nazionalismo etnico in cui lo Stato deve corrispondere al gruppo etnico dominante da inserire in una cornice federale ed europeista. Il discorso, mutuato da Jeune Europe – a cui però manca quella visione “trascendente”, diventando in effetti una sorta di “giacobinismo europeo” –, viene ripreso dalla Nouvelle Droite e dai gruppi etnonazionalisti identitari. I neofascisti di Europe-Action, guidati da Venner, sono razzisti, favorevoli alla preservazione dei particolarismi etnoculturali dei popoli europei dinnanzi al pericolo dei “barbari” del Terzo Mondo, specie dopo l’inizio della decolonizzazione, fenomeno che sta dando inizio all’immigrazione di tali popoli nelle metropoli europee, un razzismo biologico che risente del clima colonialista presente nella destra dell’epoca. «L’Europa è nel cuore il cui sangue batte a Johannesburg e nel Quebec, a Sydney e a Budapest, a bordo delle bianche caravelle e dei vascelli spaziali, su tutti mari e in tutti i deserti del mondo»[2]. Il crollo demografico occidentale, da contrapporre alla proliferazione dei popoli delle colonie, veniva affrontato con toni catastrofici:
«Da qui al 1990, la popolazione mondiale raddoppierà. […] La Cina, da sola, “partorisce” una Francia ogni tre anni e un’Urss ogni sedici. Al pericolo di una tale pressione demografica, aggravato dallo scatenamento di un razzismo antibianco, si aggiunge quella lenta invasione dei territori europei da parte delle popolazioni allogene. La Francia vede arrivare, ogni giorno, un migliaio di nordafricani e mille neri ogni mese. L’Inghilterra conta quasi un milione di abitanti di colore. La criminalità e l’insicurezza aumentano, come pure le malattie più perniciose. […] non si può non ricordare che Roma crollò non a causa degli assalti esterni, ma perché i barbari dalla pelle scura si erano installati nelle sue mura. Accadrà lo stesso per l’Occidente?»[3]
La rifondazione e il riordinamento della gioventù nazionalista francese parte dalle tesi della «critica positiva» di Venner, e vengono esposte nel maggio 1963 in un numero speciale di «Europe-Action» dal titolo 'Qu’est que le nationalisme?', che si pone come una novità per il gruppo, che vedrà in modo diverso dagli altri gruppi di estrema destra il nazionalismo, il quale, pure con delle similitudini con quello europeista e “nazional-comunitarista” di Jeune Europe di Thiriart, è l’«espressione politica del pensiero occidentale, che intende creare le condizioni dello sviluppo materiale e spirituale dei popoli occidentali in stretta osservanza delle leggi della vita», che si forgia sull’idea di Europa, «comunità dei popoli bianchi» corrispondente a una «comunità di cultura, di spirito e di destino» capace di esprimere un senso di appartenenza che non ha radici nell’idea volontarista della Rivoluzione francese, ma in un nazionalismo etnico e comunitario che vada oltre lo Stato-nazione giacobino ed illuminista [4]. Ovvero oltre un nazionalismo imperiale ma non imperialista, privo di velleità espansionistiche e giacobine, desiderose di esportare un proprio modello politico-culturale al di fuori dell’Europa, ma, invece, particolarista e autarchico. Tutti temi presenti nel GRECE e nei circoli europei della Nuova destra, compresi quelli “dissidenti” (Synergies européennes e Terre et Peuple in primis). Insomma, “Pour une critique positive” permetterà il passaggio da un “vecchio” ad un muovo modo di situarsi a destra – e, successivamente, al di là destra destra e della sinistra – sia in campo militante che metapolitico.
Nel 1968 infatti, Venner sarà uno dei promotori dei «Groupes de recherches et d'études pour la civilisation européenne»: «Né partito politico, né cenacolo letterario, né società segreta, né l’ennesima incarnazione di un’inesistente “internazionale fascista”», scrive il politologo francese Jean Yves Camus,[5] questa «società di pensiero a vocazione intellettuale» (o «comunità di lavoro e di pensiero»)[6] da oltre quarant’anni ha fra i suoi teorici di punta il filosofo normanno Alain de Benoist e ha avuto, oltre a Dominique Venner, personalità come Pierre Vial, Jean Varenne, Jean Haudry, Guillaume Faye, Jean Mabire, Jean-Claude Valla, senza contare personalità esterne come l’italiano Marco Tarchi, il franco-tedesco Pierre Krebs, il belga Robert Steuckers, il tedesco Henning Eichberg, l'inglese Michael Walker, il fiammingo Luc Pauwels, gli austriaci Jürgen Hatzenbichler e Andreas Mölzer, il croato Tomislav Sunić, il romeno Bogdan Radulescu o lo svizzero Armin Mohler, per citare i più importanti teorici europei di questa corrente di pensiero rivoluzionario-conservatrice; Venner, sempre nel 1968, creerà l'Istituto di studi occidentale (IEO). Dedicatosi alla storiografia, vinse nel 1981 un premio dell'Académie française con un saggio sulla guerra civile russa che fece seguito alla rivoluzione d'ottobre. Esponente della Nouvelle droite francese, dopo aver diretto la rivista «Enquête sur l'histoire», fondò nel 2002 la rivista bimestrale di storia «La Nouvelle Revue d'Histoire», di cui tenne la direzione fino alla morte, nel 2013. Venner, infatti, si tolse la vita nella Cattedrale di Notre-Dame il 21 maggio 2013 con un colpo di pistola in bocca in segno di protesta contro la percepita progressiva scomparsa dei valori tradizionali di matrice europea. L'episodio dell'immolazione, in un luogo sacro già precedentemente all'avvento del cristianesimo, non sarebbe perciò dovuto esclusivamente all'introduzione nell'ordinamento francese del matrimonio omosessuale, la Legge Taubira, come inizialmente ipotizzato, ma per una forte critica verso l'immigrazione e la cosiddetta “sostituzione etnica”, anche se, secondo fonti investigative, lo studioso identitario soffriva da tempo di una "malattia dolorosa" non meglio specificata. Nel biglietto d'addio Venner citerà le cause del suicidio:
«Io mi do la morte al fine di risvegliare le coscienze assopite. Mi ribello contro la fatalità del destino. Insorgo contro i veleni dell’anima e contro gli invasivi desideri individuali che stanno distruggendo i nostri ancoraggi identitari, prima su tutti la famiglia, intimo fondamento della nostra civiltà millenaria. Mentre difendo l’identità di tutti i popoli a casa propria, mi ribello nel contempo contro il crimine che mira alla sostituzione dei nostri popoli.»
NOTE:
[1] Nel dicembre 1982, al congresso del Parti de force nouvelle, soggetto di estrema destra concorrente del Front national e del tutto simile all’ala rautiana del Msi, ispirato cioè alle tesi trasversaliste e “solidariste” della Nouvelle droite, Roland Hélié, membro dell’ufficio politico, inviterà i militanti alla rilettura del testo di Venner (Cfr. P.-A. Taguieff, La stratégie culturelle de la “Nouvelle Droite” en France (1968-1983), in R. Badinter (a cura di), Vous avez dit fascisme?, Paris, Arthaud-Montalba, 1984, pp. 13-52. [2] J. Mabire, Notre nationalisme européen, «Europe-Action», luglio-agosto 1964, p. 13, cit. in A-M. Duranton-Crabol, Visages de la nouvelle droite. Le G.R.E.C.E. et son histoire, 1988, p. 27. [3] P. D’Arribére, Sous-développés, sous-capables, in «Cahier d’Europe-Action» n°1, maggio 1964, quarta di copertina. [4] D. Venner, Qu’est-ce que le nationalisme, in «Europe-Action» n°5, maggio 1963, p. 9. [5]J.-Y. Camus, La Nouvelle droite: bilan provisoire d’une école de pensée, in «La Pensée» n° 345, gennaio-marzo 2006, p. 23. [6] J.-C. Valla, Pour une renaissance culturelle, in Aa. Vv., Dix ans de combat culturel pour une renaissance, GRECE, Paris 1977, p. 61.
Au cœur d’une crise mondiale inédite par son ampleur, Strategika vous propose l’éclairage d’analystes et de penseurs reconnus dans leur domaine d’expertise. Nous avons posé à chacun une série de questions qui portent sur les différents aspects de cette véritable crise de civilisation ainsi que sur ses répercussions politiques, géopolitiques et sociales.
C’est aujourd’hui Lucien Cerise qui nous répond.
Après des études en philosophie, communication et sciences du langage, Lucien Cerise poursuit des recherches indépendantes sur les questions d’ingénierie sociale, de piratage de l’esprit et d’épidémiologie des idées, ou mémétique. Il a publié deux romans et divers textes théoriques, articles, préfaces et livres, seul ou dans des collectifs, dont les plus actuels sont Gouverner par le chaos (2010, 2014), Neuro-Pirates (2016), Retour sur Maïdan – La guerre hybride de l’OTAN (2017).
Strategika – On lit beaucoup d’éléments contradictoires selon les différentes sources d’information disponibles ou selon les avis des professionnels de la santé. Quelle est la réalité effective de cette pandémie selon vous ?
N’étant pas spécialiste des questions médicales, je vais essayer de répondre avec prudence depuis mon champ d’étude, qui traite aussi de contagion, mais plutôt celle des idées et des virus informationnels, ainsi que du langage et de sa fonction performative de façonnage de la réalité dans les méthodes d’influence et de contrôle social, ce que j’appelle du « reality-building ». J’ajoute à cela quelques observations de sens commun et de logique élémentaire. On voit effectivement que les contradictions abondent dans le discours des professionnels de la santé, et ils sont eux-mêmes souvent contredits par les faits, si bien que l’on peut se poser des questions sur ce qu’est réellement cette pandémie. Dans un premier temps, Agnès Buzyn, alors ministre de la Santé, annonce publiquement le 24 janvier 2020 à la sortie du Conseil des ministres que « tout est sous contrôle ». Verbatim d’un extrait de son discours :
« En termes de risques pour la France, des analyses de risques d’importation sont modélisées régulièrement par les équipes de recherche. Le risque d’importation de cas depuis Wuhan est modéré. Il est maintenant pratiquement nul puisque la ville, vous le savez, est isolée. Les risques de cas secondaires autour d’un cas importé sont très faibles et les risques de propagation du virus dans la population sont très faibles. Cela peut évoluer évidemment dans les prochains jours s’il apparaissait que plus de villes sont concernées en Chine, ou plus de pays, notamment de pays de l’Union Européenne. » (1)
À la décharge d’Agnès Buzyn, il faut avouer qu’elle n’était pas toute seule à raconter n’importe quoi, elle était soutenue par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), qui fut dirigé par son mari, Yves Lévy, de 2014 à 2018 :
« De son côté, l’OMS espérait alors que les mesures prises par la Chine suffiraient à “stopper la transmission” et estimait qu’il était encore “trop tôt pour déclarer l’urgence internationale”. (…) En l’occurrence, ce 24 janvier en début d’après-midi, une équipe de l’Inserm a publié “un modèle pour estimer le risque d’importation de l’épidémie en Europe”. Les chercheurs ont fait des estimations de risque en se basant sur les données des flux aériens entre les pays de l’Union européenne et les régions chinoises touchées. Ils ont alors réalisé deux scénarios, “celui d’un faible risque de diffusion et celui d’un risque élevé”. Résultat : pour la France, le risque d’importation était estimé entre 5% et 13%. Il n’y avait donc effectivement, en théorie, qu’un faible risque de diffusion à l’intérieur de nos frontières. » (2)
Une modélisation scientifique vaut par son taux de prédictibilité. Autrement dit, les modélisations de l’OMS et de l’Inserm ne valent rien. Le 17 mars dans le quotidien Le Monde, Agnès Buzyn reviendra sur ses déclarations initiales du 24 janvier en prétendant qu’elle avait menti et qu’elle pensait depuis décembre 2019 qu’une crise grave se préparait. Bref, la communication des autorités sanitaires, des médias et du gouvernement français baigne dans la désinformation, les « fake news » et les injonctions contradictoires depuis le début. Pour se faire une idée de la réalité effective de cette pandémie, il faut donc commencer par oublier la parole politico-médiatique, ses éléments de langage et sa façon de nous raconter les événements (storytelling). Ensuite, une question vient spontanément à l’esprit : le vent de panique générale n’est-il pas un peu exagéré ? L’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) publie sur son site un recensement du nombre de décès quotidiens réalisé par les mairies. Les chiffres comparés des trois dernières années montrent une légère augmentation du nombre de décès toutes causes confondues en 2020 par rapport aux années précédentes à partir du 16 mars, c’est-à-dire depuis le début du confinement. À la date arrêtée du 6 avril, le nombre de décès sur trois ans était de 1731 en 2018, 1649 en 2019, 2410 en 2020. L’Insee commente ainsi les pourcentages :
« Au niveau départemental, trois départements comptent au moins deux fois plus de décès entre le 1er mars et le 6 avril 2020 que sur la même période de 2019 : le Haut-Rhin (+ 143 %), la Seine-Saint-Denis et les Hauts-de-Seine. Neuf autres départements enregistrent un nombre de décès supérieur de 50 % à moins de 100 % à celui observé en 2019. Il s’agit de tous les autres départements franciliens – le Val-de-Marne (+ 78 %), le Val-d’Oise (+ 70 %), Paris (+ 62 %), l’Essonne (+ 61 %), la Seine-et-Marne (+ 55 %) et les Yvelines (+ 52 %) – mais également des Vosges (+ 74 %), de la Moselle (+ 60 %), du Bas-Rhin (+ 56 %) et de l’Oise (+ 53 %). Trente-deux départements au total enregistrent un nombre de décès supérieur d’au moins 20 % à 2019. À l’opposé, 29 départements ont moins de décès enregistrés entre le 1er mars et le 6 avril 2020 que sur la même période de 2019. Ces départements sont essentiellement situés dans l’Ouest et le Centre de la France. » (3)
Il y a donc plus de décès en 2020 dans certains départements, mais il y en a moins dans d’autres départements. En outre, la courbe de progression du nombre de décès pour 2020 a commencé à dépasser de manière significative celles des années précédentes avec le début du confinement. En conséquence, si le confinement des malades s’explique très bien – mais pourquoi cette année et pas les précédentes ? – le confinement des bien-portants sur tout le territoire peine à trouver une justification, hormis la raison officielle avancée de ne pas saturer les services d’urgence et de réanimation avec de nouveaux cas lourds de contamination. Or, la plupart des hôpitaux publics ne connaissent pas d’affluence excessive et les cliniques privées sont peu sollicitées. Ce à quoi on nous rétorquera que c’est justement grâce au confinement drastique de masse. Cet argument est-il consistant ? Pour le tester, tournons-nous vers la cyndinique, la discipline scientifique qui étudie le risque et le danger. La cyndinique distingue entre risque perçu et risque réel. Le risque perçu est largement façonné par le discours tenu sur le risque réel. Il y a simultanément un fossé et un continuum entre le risque réel et sa représentation mentale langagière. Pour mieux saisir ce qui se passe, il faut réussir à démêler les interactions entre l’actuel et le potentiel, le réel et le virtuel. Pour justifier le confinement de masse, la narration politico-médiatique dit : « Les hôpitaux risquent d’être saturés, restez chez vous ». Le réel dit : « Les hôpitaux ne sont pas saturés ». La narration politico-médiatique dit : « Les hôpitaux ne sont pas saturés grâce au confinement, donc continuez à respecter le confinement sinon les hôpitaux seront saturés ». On en arrive à une situation paradoxale, et même absurde, une sorte de raisonnement circulaire que l’on peut analyser par la théorie des jeux et le phénomène des prédictions auto-réalisatrices, où le confinement des bien-portants permet de ne pas saturer les structures hospitalières, vidant de son sens le confinement dans le réel puisqu’il y a de la place dans les hôpitaux, mais le justifiant théoriquement par prévention, pour éviter une saturation qui pourrait avoir lieu mais qui n’a pas lieu dans le réel. C’est à ce moment que le type de raisonnement qu’on appelle communément un « prétexte » vient s’immiscer dans le processus décisionnaire du pouvoir et lui permet d’instaurer de nouvelles mesures de contrôle social dont la dangerosité peut s’avérer encore supérieure au prétexte alloué. Ce sont les paradoxes du principe de précaution : pour éviter un risque – saturation des hôpitaux – on ne le prend pas. Conséquence : le risque n’advient pas dans le réel, il n’existe que potentiellement – pas de saturation globale des hôpitaux. Le discours alarmiste se retrouve alors en décalage avec le réel, et avec les causes qu’il cherche dans le réel, mais il permet néanmoins de légitimer dans le réel des mesures préventives qui peuvent avoir des effets pervers, pires que le danger que l’on souhaite éviter. De fait, ce confinement des bien-portants sur tout le territoire aggrave la situation sanitaire en imposant à tout le monde des conditions de vie claustrées pathogènes et un climat anxiogène et dépressif apocalyptique particulièrement nocif pour le système immunitaire, qu’il faudrait au contraire renforcer. Tous les rythmes biologiques, psychologiques, socio-économiques sont déréglés. Le confinement de masse va de toute évidence se révéler contre-productif et viendra alimenter le taux de mortalité lié à cette « crise », largement amplifiée par l’hystérie médiatique. Parmi les nombreux couacs de la communication gouvernementale, le ministre de la Santé, Olivier Véran, déclarait lui-même le 9 mars à la télévision :
« Mais en réalité, vous savez ce qui fait que la grippe s’arrête au printemps ? Ce n’est pas la chaleur. Au printemps qu’est-ce qui se passe ? On ouvre les fenêtres, on ouvre les portes, on n’est plus confiné dans des lieux, on va dehors. Et donc, c’est le confinement qui provoque la circulation du virus. » (4)
Pour ce qui concerne les estimations du nombre de malades et de décès du coronavirus annoncées par les autorités dites compétentes, professionnels de la santé ou autres, elles varient d’une source à l’autre et d’une méthode de recensement à l’autre, parfois sans test de dépistage et sur la base d’un simple entretien avec le médecin généraliste. Comment tenir compte de ces chiffres qui ne font l’objet d’aucun consensus et ne sont ni vérifiables, ni certifiés ? Sur le plan national comme international, le nombre exact de cas réels de malades ou de morts du coronavirus est simplement inconnu à ce jour. En ce moment, seuls le recoupement critique des sources, le bon sens et l’expérience personnelle sont des bouées auxquelles s’accrocher pour se faire une idée de ce qui se passe réellement. De toute façon, même en accordant une confiance aveugle à la parole politico-médiatique et à ses chiffres officiels, ces derniers ne sont guère effrayants. Sans oublier qu’il faut encore déduire les cas de comorbidité, quand le décès est en fait provoqué par une autre maladie contractée par le patient ou par l’association de plusieurs maladies, dont le coronavirus entre autres. En outre, il serait bon de comparer ces chiffres avec ceux des gens guéris et ayant développé une immunité, et qui forment une majorité écrasante à près de 99% des cas. Cela devrait donc orienter les pouvoirs publics sur la stratégie d’immunité collective, ou immunité de groupe, la seule capable d’en finir sur le long terme avec la maladie. Comparons les avantages et les inconvénients des deux stratégies, « confinement pour tous » ou « confinement des seuls malades plus développement de l’immunité de groupe dans la société » : dans les deux cas, il y a des morts, mais au moins le confinement des seuls malades ne bloque pas la société, ce qui évite les dommages collatéraux socio-économiques de la crise qui provoqueront des morts supplémentaires. Or, au lieu d’affronter un virus somme toute assez bénin en prenant des mesures volontaristes de renforcement du système immunitaire des Français, le gouvernement a choisi une stratégie d’évitement du virus, en attendant le développement d’un vaccin. On voit poindre certains intérêts commerciaux lucratifs. Quand on additionne les conflits d’intérêts, les mensonges et les initiatives délibérées de sabotage, on en vient à se demander si la santé des Français n’est pas entre les mains de mafieux et de criminels. L’hôpital public – comme tous les services publics – est savamment déconstruit depuis des années et, depuis janvier, tout ce qui marche pour contenir une épidémie et sauver des vies est négligé, rejeté, rendu inaccessible ou difficile d’accès à la population par le gouvernement : refus de fermer les frontières, pénurie de masques, de tests de dépistage, de respirateurs artificiels, de gel hydro-alcoolique, stocks de médicaments disparus, l’hydroxychloroquine classée « substance vénéneuse » le 13 janvier puis retirée de la vente libre, etc. Et à la place, de la psychose, des menaces, des contraventions, souvent abusives, et la banalisation par décret le 28 mars du Rivotril, sédatif pouvant entraîner la mort, pour les patients « atteints ou susceptibles d’être atteints par le virus SARS-CoV-2 ». Tout est fait systématiquement et méthodiquement, point par point, pour doper le taux de mortalité de ce virus bénin. Cette persistance dans l’erreur est le signe soit d’une incompétence totale, soit d’une volonté de nuire, et probablement les deux.
En conclusion, soit ce virus est très dangereux et les mesures du gouvernement jusqu’à la mi-mars ont permis de l’installer en France, et de le cultiver depuis ; soit ce virus n’est pas si dangereux, et les mesures prises depuis la mi-mars sont excessives et comportent des risques supérieurs au virus lui-même. Manifestement, si l’on en reste aux chiffres annoncés, ce virus est assez contagieux mais peu mortel, avec de nombreux cas sans symptômes, et le système immunitaire de l’espèce humaine est parfaitement capable de le combattre sans confinement de masse, ni vaccin, mais avec un régime alimentaire prophylactique, un mode de vie sain et actif supposant de ne pas rester confiné et des médicaments peu onéreux en cas de contamination (Plaquénil, Interferon Alfa 2B, etc.). Rappel d’un principe de virologie, lui-même rappelé en septembre 2009 par Martin Winckler, médecin généraliste et écrivain, en pleine crise du H1N1, à savoir qu’un virus est soit très contagieux, soit très létal, mais qu’il ne peut pas être les deux en même temps :
« Un virus a un seul but dans la vie : multiplier son ADN le plus vite possible pour survivre génétiquement, comme le font tous les êtres dotés d’un ADN. Or, un virus, c’est un ADN réduit à sa plus simple expression. Son but, ça n’est pas de rendre malade. Les symptômes de la maladie sont liés aux réactions de l’organisme destinées à éradiquer le virus : la fièvre, c’est le corps qui la produit pour empêcher le virus de se reproduire ; les courbatures, c’est la contraction intense des muscles pour produire de la fièvre ; la toux, c’est la réaction inflammatoire du nez, de la trachée et des bronches à l’entrée du virus dans les tissus respiratoires. Le virus, lui, il a intérêt à ce que le patient reste debout et le transmette dans ses gouttelettes de salive. On comprend donc que pour qu’un virus soit très contagieux (par voie aérienne), il faut AUSSI qu’il soit relativement bénin. S’il est très dangereux, il risque en effet de tuer ses hôtes avant qu’ils ne l’aient transmis. Les virus les plus contagieux de la planète, ceux du rhume de cerveau, ne tuent personne… » (5)
Strategika – Cette pandémie précède-t-elle un effondrement économique et systémique ?
Certains commentateurs estiment que l’exagération de cette crise sanitaire par les médias permettra de camoufler une vraie crise économique, ou de renforcer encore le pouvoir de la banque en poussant l’économie réelle à l’effondrement et à un « reset » général, avec une éventuelle spoliation des épargnants au passage pour financer un « bail-in », ou quelque chose dans ce genre. Pourquoi pas ? L’oligarchie financière est capable de tout pour accroître sa domination. Une chose est certaine : le confinement aura un coût économique et humain supérieur au virus lui-même. Il faut distinguer deux niveaux : la pandémie en elle-même et les choix politiques mis en œuvre pour l’endiguer. En fait, ce n’est pas la pandémie en elle-même qui risque de provoquer un effondrement quelconque, c’est le confinement de la population saine qui peut provoquer cet effondrement économique et systémique, au prétexte de lutter contre le virus. Une pandémie sans confinement de la population saine n’aurait qu’un faible impact sur l’économie puisque la majorité de la population continuerait à travailler et produire. En attendant, les rapports d’experts s’accumulent et se contredisent, certains parlent de confinement de 18 mois ou plus, d’autres de déconfinement progressif et partiel, à partir du 11 mai pour la France, etc. Un confinement jusqu’en 2022, y compris un confinement intermittent, un mois sur deux ou sur trois, aurait le même impact qu’une guerre sur les pays qui l’auraient appliqué. Autrement dit, le remède serait pire que le mal. La pandémie toute seule ne mettra pas des pays entiers à genoux, mais le confinement prolongé de la population bien-portante, oui, avec certitude. Dans l’hypothèse d’un confinement court, de nombreux secteurs de l’économie réelle vont de toute façon être ravagés, de nombreux commerçants seront ruinés, sans même parler de la remise en cause d’acquis sociaux décidée par un vote du Sénat le 19 mars, censée relancer la machine et n’être que provisoire, mais peut-être pas. En revanche, un certain nombre de valeurs boursières sont en hausse et profitent de la crise, toutes celles liées à l’informatique et à l’industrie des vaccins, deux secteurs d’activité qui fusionnent dans la personne de Bill Gates :
« Le coronavirus ne fait pas que des malheureux en Bourse. Certaines valeurs ont bondi à Wall Street ces derniers jours, portées par le sentiment des investisseurs qu’elles profiteront de la situation actuelle. C’est le cas notamment de Novavax. Ce petit laboratoire situé dans le Maryland s’est spécialisé dans les vaccins et a annoncé cette semaine qu’il tentait de développer un vaccin contre le Covid-19. En l’espace de deux jours, sa capitalisation boursière a quasiment doublé pour frôler les 600 millions de dollars. Une aubaine pour cette société qui ne compte que quelques centaines de salariés et qui a reçu le soutien de la fondation Bill et Melinda Gates. » (6)
Récemment, Bill Gates a annoncé s’impliquer encore davantage dans cette voie en sponsorisant la recherche sur sept vaccins. Le grand capitalisme industriel et financier parvient toujours à tirer bénéfice des crises, et même souvent il les provoque, selon le principe de la « stratégie du choc » exposé par Naomi Klein dans son livre de 2007. L’économie a ses parasites et ses charognards. À l’opposé, pour de nombreuses petites et moyennes entreprises, le confinement va provoquer au minimum une récession. Il va y avoir une pandémie de faillites de sociétés, avec leur lot de dépressions, crises de nerfs, suicides, règlements de comptes violents, divorces et violences conjugales, tout cela provoqué non par le virus mais par le confinement de la population saine, qui fait courir à toute la population d’énormes risques psychosociaux, pour reprendre une terminologie que nos experts devraient connaître. Le manque d’activité va aussi augmenter sensiblement les problèmes de santé, troubles cardio-vasculaires, troubles musculo-squelettiques, troubles du sommeil. Au total, le confinement va tuer plus que le coronavirus lui-même, directement ou indirectement.
Strategika – Plus de 3 milliards de personnes sont appelées à se confiner dans le monde. Pour la première fois de son histoire, l’humanité semble réussir à se coordonner de manière unitaire face à un ennemi global commun. Que vous inspire cette situation ?
Cette quarantaine à l’échelle mondiale est sans précédent, mais elle connaît des exceptions et des modulations dans son application. En France, des consignes émanant du ministère de l’Intérieur ont été données ponctuellement et localement pour alléger les mesures de confinement en faveur des demandeurs d’asile, des juifs en période de shabbat et des banlieues à forte population immigrée. Avant cette crise sanitaire, l’humanité s’était déjà coordonnée face à un ennemi commun plus ou moins construit par les médias à la suite des attentats du 11 septembre 2001. Ces considérations me font penser au rapport d’Iron Mountain, paru en 1967 avec une préface de l’économiste John Kenneth Galbraith. L’auteur principal du texte, qui reste anonyme, rapporte les réflexions d’un think-tank du complexe militaro-industriel américain sur l’utilité de la guerre pour créer de l’ordre social, au sens d’un conformisme et d’une discipline de masse, ou comment faire émerger un ordre conformiste à partir du chaos, et en réaction au chaos, par peur du chaos. En cas de paix trop prolongée, le texte mentionne que, pour garder la population sous contrôle, il faut chercher des ennemis de remplacement et des substituts à la guerre, comme les crises écologiques ou sanitaires, qui deviennent de grandes causes internationales plus ou moins fictives mais dont le but est de créer de la croyance commune, et ce faisant, d’uniformiser les représentations et les comportements. Le système mondialiste passe son temps à mettre au point des capteurs d’attention à l’échelle mondiale pour synchroniser tous les cerveaux de la planète. Les grandes compétitions sportives comme les Jeux olympiques ou la coupe du monde de football sont aussi des exemples de synchronisation globaliste du temps de cerveau disponible. La question qui intéresse les mondialistes est, par-delà toutes les particularités, ethniques, culturelles, d’âge, de genre, etc., qu’est-ce qui intéresse tout le monde ? L’homogénéisation des comportements, c’est-à-dire la militarisation des comportements, la capacité à faire agir une foule comme un seul homme, est le sommet de l’art politique, envisagé sous l’angle des méthodes de conditionnement comportemental, voire de dressage comportemental, du type « chien de Pavlov ».
Bill Gates est l’un des principaux leaders d’opinion à diffuser la narration visant à récupérer la crise pour renforcer cette synchronisation mondialiste. Le 19 mars, le fondateur de Microsoft publiait sur son blog un entretien auquel il venait de répondre à propos de la crise sanitaire en cours. Quatre thématiques se distinguent dans ses propos : 1) la solution au virus passe nécessairement par un vaccin, 2) ce vaccin sera couplé à un certificat numérique indiquant qui est vacciné ou pas, 3) en attendant, il faut rester chez soi et maintenir la distanciation sociale entre les personnes, 4) mais faire le contraire entre les pays, car les virus ne connaissent pas les frontières nationales. Bien évidemment, si le virus transgresse les frontières nationales, c’est justement parce qu’elles ne sont pas assez marquées et hermétiques, et qu’il faut donc plus de « distanciation sociale » entre les pays. Mais pour récupérer cette crise à leur profit, Bill Gates et les mondialistes ont besoin de commettre intentionnellement une erreur logique de raisonnement qui permet d’implanter dans les esprits que cette pandémie serait au contraire la conséquence d’un manque d’unité globale et d’un déficit de mondialisation :
« Question : Quels changements devrons-nous apporter au mode de fonctionnement des entreprises pour maintenir notre économie tout en assurant la distanciation sociale ? Bill Gates : La question de savoir quelles entreprises doivent continuer à fonctionner est délicate. Il s’agit certainement de l’approvisionnement alimentaire et du système de santé. Nous avons encore besoin d’eau, d’électricité et d’internet. Les chaînes d’approvisionnement pour les choses essentielles doivent être maintenues. Les pays sont encore en train de déterminer ce qu’il faut continuer à faire fonctionner. À terme, nous disposerons de certificats numériques indiquant qui s’est rétabli, ou a été testé récemment, ou, quand nous aurons un vaccin, qui l’a reçu. (…) Question : Selon vous, quelle est la stratégie à long terme pour lutter contre cette pandémie et pensez-vous qu’elle nous préparera adéquatement à la prochaine ? Bill Gates : Je pense qu’une fois que la situation sera maîtrisée, les gouvernements et les autres intervenants investiront massivement pour être prêts pour la prochaine. Il faudra pour cela une coopération mondiale, en particulier pour aider les pays en développement qui seront les plus touchés. Un bon exemple est la nécessité de tester des thérapies partout où la maladie est présente pour aider le monde entier. Le virus ne respecte pas les frontières nationales. » (7)
De manière assez étrange, Bill Gates, censé être un grand capitaine d’industrie, ne se pose plus la question de la prospérité économique ou de la productivité des entreprises. Son approche est assez minimaliste, voire décroissante, ou carrément « survivaliste », pour la simple raison que dans son paradigme, ce sont les robots et l’intelligence artificielle qui font tourner le système. Les travailleurs humains et la société de consommation appuyée sur une économie réelle qui leur est destinée n’ont plus de sens. Ils peuvent, ils doivent être détruits, de même que les frontières nationales, dont les peuples ont besoin, mais pas les machines. Un pas plus loin, et ce sont les frontières nationales qui sont accusées de propager la pandémie. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen va dans ce sens et déclarait début avril :
« “Le retour des contrôles aux frontières dans les États membres constitue une menace pour la vie et la santé des citoyens de l’Union, car la chaîne d’approvisionnement est ainsi perturbée. Le marché doit rester fluide”, a déclaré Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne. » (8)
Strategika – Cette pandémie va-t-elle forcer l’humanité à se doter d’un gouvernement mondial comme le préconisait Jacques Attali lors de la pandémie de grippe A en 2009 ?
Ces préconisations essayent d’articuler crise sanitaire et programme géopolitique. On sait que Jacques Attali est versé dans l’ésotérisme cabalistique, qui est en fait un programme politique et géopolitique. (9) De ce point de vue, le peuple d’Israël est élu par Dieu pour diriger le monde, la capitale de ce gouvernement mondial doit être Jérusalem, et la méthode pour y arriver est le Tikkoun Olam, terme hébraïque signifiant la « réparation du monde ». Réparer un monde qui n’en a pas besoin signifie en fait le détruire. Évidemment, détruire le monde aboutira à détruire aussi les juifs, mais il ne faut pas demander trop de cohérence à ces grandes théories mystiques. De ce point de vue eschatologique, les crises, les catastrophes, la peur sont des phénomènes positifs. Cette croyance en un nouvel ordre mondial émergeant du chaos est largement partagée dans de nombreux cercles de réflexion, de la franc-maçonnerie au groupe de Bilderberg, dont deux membres, Gordon Brown et Henry Kissinger, sont venus prêter main-forte à Jacques Attali avec des appels à créer un gouvernement mondial pour lutter contre le coronavirus. L’environnement d’Agnès Buzyn présente aussi ce double arrière-fond occulte, pétri de conflits d’intérêts, et occultiste, entre le B’naï B’rith, la fameuse loge maçonnique interdite aux non-juifs, et le Grand Orient, ainsi que le résume Politique Magazine :
« Du réseau, Agnès Buzyn n’en manque pas. Celle qui avait épousé dans les années 80 le fils cadet de Simone Veil, et qui est aujourd’hui mariée à l’ex directeur de l’Inserm [Yves Lévy] (signataire notamment d’un appel des directeurs de recherche à voter contre Marine Le Pen en avril 2017), a également su faire son chemin au sein des plus gros conglomérats financiers du monde pharmaceutique. Entre la fin des années 90 et le début de la décennie 2010, Agnès Buzyn a ainsi été rémunérée par les géants pharmaceutiques Genzyme, Novartis et Bristol-Myers Squibb pour intervenir en congrès ou siéger au comité consultatif de certains de leurs produits oncologiques phares. À l’instar de son père, longtemps membre actif du B’naï B’rith, elle n’hésite pas à plancher dans les loges maçonniques, comme le 15 octobre 2015 au Grand Orient de France sur le thème de “La fin de vie des enfants”. Deux ans plus tard, cette inconnue du grand public sera nommée ministre de la Santé. L’une de ses premières mesures sera d’étendre la vaccination obligatoire des bébés à 11 maladies, avec une entrée effective dès le 1er janvier 2018. En parallèle, le ministère de la Santé doublera le prix du vaccin contre la grippe suite à l’introduction de nouvelles souches par les laboratoires. Dans le milieu médical, de nombreuses voix se sont élevées contre ces mesures aux relents de conflit d’intérêts. » (10)
Strategika – En 2009 toujours, Jacques Attali expliquait que « l’Histoire nous apprend que l’humanité n’évolue significativement que lorsqu’elle a vraiment peur ». Que vous inspire cette idée ?
Pour les mondialistes comme Jacques Attali, si la mondialisation ne marche pas, c’est donc qu’il faut plus de mondialisation. Pour imposer ce raisonnement illogique dans les esprits, de gros moyens sont mis en œuvre consistant à affoler les masses pour qu’elles perdent leur capacité de raisonnement lucide et leur faire accepter plus facilement des solutions aberrantes et contre leur intérêt. Pour ce faire, il faut diminuer dans la population l’activité cérébrale liée au néocortex, c’est-à-dire les fonctions réflexives et d’analyse du long terme, et augmenter l’activité du cerveau reptilien, qui gère l’instinct de conservation mais à court terme, et qui manque de discernement réflexif. La peur est mauvaise conseillère, le pouvoir cherche donc à l’amplifier dans la population, qui se retrouve alors comme une souris dans un labyrinthe, à avancer effrayée au gré des portes qui s’ouvrent ou se ferment devant elle. En France, depuis janvier, toutes les solutions rationnelles à la crise ont été ignorées ou sabordées méthodiquement par le gouvernement pour nous guider vers un seul et unique débouché : la vaccination de masse et la surveillance électronique. Certes, depuis la mi-avril, une inflexion commence à se faire sentir en faveur de plusieurs traitements peu onéreux, notamment ceux tournant autour de la chloroquine, mais ce fut un combat pour l’imposer et rien n’est encore gagné, le lobby des vaccins et de la surveillance électronique a encore de nombreuses cartes à jouer. Pour fabriquer le consentement à ces solutions irrationnelles, la peur et le stress sont des leviers très efficaces (triggers). La situation depuis janvier ressemble étrangement à une stratégie de conduite du changement et d’ingénierie sociale connue sous l’expression de « pompier pyromane », ou encore problème-réaction-solution : le gestionnaire du système créé un problème dans le système, ou le laisse arriver, pour susciter une réaction de stress et une demande de solution, laquelle sera apportée par le gestionnaire lui-même. Dans l’univers du développement informatique, c’est un secret de Polichinelle que les virus et leurs antivirus sont conçus par les mêmes unités de recherche. La « menace pandémique » est un dispositif de contrôle social qui ressemble aussi beaucoup à la « menace terroriste », menace semi-virtuelle amplifiée par l’hystérie médiatique, avec un ennemi invisible qui peut frapper n’importe où et n’importe quand. À la suite d’attentats terroristes, le plan Vigipirate a été déclaré mais ne sera jamais levé, alors même que des djihadistes sont remis en liberté par le ministère de la Justice. De la même façon, le pouvoir va tenter de pérenniser le confinement d’une manière ou d’une autre, ou du moins de pérenniser la philosophie paranoïaque et l’état d’esprit apeuré issu de la crise, alors même qu’il contrôle les paramètres de la crise.
Le 7 mars, Emmanuel et Brigitte Macron se rendaient au théâtre pour montrer que tout va bien et que l’on peut sortir de chez soi. Le 16 mars, Emmanuel Macron nous donne l’ordre de rester chez nous et déclare sur un ton martial que « Nous sommes en guerre ! », ce qui contraste assez fortement avec son propre comportement mais aussi avec les « gestes barrières » édictés pour nous protéger. Une guerre que je peux mener en me lavant les mains et en toussant dans mon coude me donne presque envie de dire que « Je m’en lave les mains » justement. Dans le cas présent, on assiste à une véritable mise en scène de la peur soutenue par une véritable propagande 24 heures sur 24. Nul besoin que le danger soit réel, la représentation du danger est suffisante. Nous abordons le thème de la guerre psychologique, qui est un volet de cette guerre hybride totale menée contre les peuples et qui s’appuie autant sur le réel que sur l’irréel. Cette campagne de panique organisée et orchestrée est en fait une vaste opération psychologique (psyop). Les services secrets britanniques et américains, et leurs laboratoires de recherche associés comme l’Institut Tavistock ont beaucoup réfléchi sur le rôle des traumatismes dans le changement psychologique et social. William Sargant, psychiatre militaire ayant travaillé sur le projet MK-Ultra de la CIA publiait en 1957 un ouvrage intitulé « La bataille pour l’esprit » (Battle for the Mind), dans lequel il étudie le rôle des perturbations mentales dans le façonnage des croyances et des convictions. Le chapitre VII porte comme titre « Le lavage de cerveau dans la religion et la politique » et commence ainsi :
« Les preuves rassemblées dans les chapitres V et VI montrent comment différents types de croyances peuvent être implantées chez de nombreuses personnes, après que les fonctions cérébrales aient été suffisamment perturbées par des peurs, des colères ou des excitations arrivant accidentellement ou provoquées délibérément. Parmi les résultats de telles perturbations, les plus courants sont une altération temporaire du jugement et une suggestibilité accrue. Ses diverses manifestations collectives sont parfois classées sous la rubrique “instinct de troupeau” et apparaissent de façon plus spectaculaire en temps de guerre, lors de graves épidémies et dans toutes les périodes similaires de danger commun, ce qui augmente l’anxiété et donc la suggestibilité individuelle et collective. » (11)
Strategika – Comment voyez-vous l’évolution de la pandémie et ses conséquences politiques et sociales dans les semaines à venir ?
Si ce virus est un virus normal, c’est-à-dire apparu naturellement, par sélection naturelle, il devrait s’affaiblir, voire disparaître, avec l’été et l’immunité de groupe, qui va augmenter tendanciellement malgré le confinement. Le principal obstacle à cette résolution naturelle de la crise vient de ce qu’elle est manifestement instrumentalisée politiquement pour faire avancer le projet de gouvernement mondial sous surveillance électronique, et que pour cette raison, la crise risque d’être prolongée artificiellement. On va nous annoncer que le virus a muté ou qu’il y a un nouveau virus, etc. Plusieurs scientifiques, dont un prix Nobel de médecine, Luc Montagnier, ont fait remarquer que ce virus comportait des séquences de VIH et qu’il s’agissait forcément d’une création humaine, probablement échappée par accident du laboratoire P4 de Wuhan en Chine. De nombreux pays travaillent sur des armes biologiques, éventuellement couplées avec des vaccins, et employées pour tuer ou stériliser. L’histoire retiendra le nom de Wouter Basson, médecin sud-africain en charge du programme militaire de guerre bactériologique du régime d’apartheid (Project Coast), et le South African Institute for Maritime Research (SAIMR) évoqué dans le documentaire Cold Case Hammarskjöld, qui travaillèrent sur des vaccins visant à stériliser ou inoculer une maladie à certaines catégories de la population. (12) L’Afrique du Sud ne fut évidemment pas le seul pays à s’intéresser à ces recherches et les populations ciblées peuvent varier. Wouter Basson voyageait beaucoup pour partager son expérience en bioterrorisme d’État :
« L’”espion globe-trotter” se targuait d’avoir coopéré avec Saddam Hussein. Il affirmait avoir eu des crédits illimités pour acquérir du matériel “auprès de la mafia de l’armement chimique” en Libye ou en Europe de l’Est. Des documents font aussi état de nombreux échanges avec Israël ou l’Allemagne de l’Ouest. Basson lui-même a admis “avoir négocié un certain nombre de choses avec l’armée belge”. Les services secrets suisses le recevaient à bras ouverts. » (13)
En outre, il est plus que probable que les mesures de contrôle social et de surveillance ne cesseront pas après la crise et deviendront pérennes, comme le redoute Edward Snowden, ce qui signifie que nous serons en liberté surveillée permanente. Il faut parler de biopouvoir, notion travaillée par Michel Foucault et Giorgio Agamben. Jadis, le pouvoir politique et les sciences de la vie étaient deux domaines distincts et compartimentés, aujourd’hui ils fusionnent dans le biopouvoir, avec le transhumanisme en horizon. Le biopouvoir étudie certaines disciplines comme la sociobiologie et l’éthologie pour prendre le contrôle total de notre corps dans ses deux dimensions, intérieure et métabolique mais aussi extérieure, c’est-à-dire notre façon d’occuper l’espace, nos déplacements, nos allées et venues, nos faits et gestes. Grâce à cette crise sanitaire, le biopouvoir est en mesure de nous imposer de nouvelles règles de proxémique, c’est-à-dire qu’il peut déterminer la distance qu’il y aura entre moi et autrui, et entre moi et le monde. Le biopouvoir veut le confinement définitif, le Grand Confinement. Au moyen de cette pseudo-crise sanitaire, il est en train de nous faire entrer dans une vaste prison à ciel ouvert, physique et numérique. Le système panoptique carcéral étudié par Michel Foucault dans Surveiller et punir est le modèle appliqué en ce moment : des individus isolés physiquement du monde – principe du confinement – et isolés les uns des autres – principe de la distanciation sociale – mais chacun sous l’œil du pouvoir et de sa technologie de surveillance. Le confinement et la distanciation sociale sont les deux concepts clés d’une restructuration complète du lien social sur une base complètement paranoïaque, fondée sur la peur et la méfiance vis-à-vis des autres, puisqu’on m’inculque que je peux mourir d’avoir croisé quelqu’un dans la rue, et vis-à-vis de moi-même, car je suis potentiellement coupable de transmettre le virus. On s’achemine tranquillement vers une interdiction de se serrer la main, ce geste pourtant universel et immémorial signifiant la confiance.
Il faut donc se méfier de chaque personne dans la rue, ainsi que de soi-même, mais en revanche il est interdit de se méfier du pouvoir, il est même obligatoire de lui faire confiance, ainsi qu’à sa parole, même quand elle accumule les contradictions et les mensonges flagrants. Tout scepticisme conduit à être accusé de « conspirationnisme » ou de « théorie du complot », ce qui sera bientôt criminalisé. Nous sommes au cœur de l’ingénierie sociale, la réécriture furtive des relations de confiance/méfiance/indifférence pour réécrire la perception d’autrui et la structure du lien social. Le biopouvoir veut une méfiance générale dans les structures horizontales de la société mais une confiance aveugle envers lui, donc sur le plan vertical. Nous devons aimer Big Brother. La nature humaine est en cours de modification au prétexte d’une crise largement gonflée par la bulle médiatique virtuelle, c’est-à-dire une vaste dramaturgie à laquelle nous sommes sommés d’adhérer aveuglement en dépit de ses incohérences évidentes, principe de la « double pensée » orwellienne dans 1984. Ces nouvelles normes mentales et comportementales à intérioriser définitivement – puisqu’on nous martèle que plus rien ne sera comme avant ! – sont le produit d’une expérimentation « in vivo » sur cobayes humains visant à une nouvelle rationalisation scientifique du lien social. Nous assistons à une déstabilisation des rythmes biologiques et des constantes anthropologiques élémentaires, ainsi que de l’intelligence collective organique, intuitive et spontanée de l’espèce pour les réécrire selon d’autres règles, celles du nouvel ordre mondial de Bill Gates et Attali, ce New World Order annoncé par George H.W. Bush le 11 septembre 1990 pour célébrer la fin du communisme.
Le biopouvoir joue avec nos nerfs et notre santé. Le tonus physique et émotionnel est fortement éprouvé par cette crise à moitié imaginaire dont découlent des mesures de confinement, c’est-à-dire d’emprisonnement de masse, qui, elles, sont bien réelles. Les analystes des services de renseignement qui étudient les réactions de la population peuvent tester en direct leurs modèles issus de la criminologie et de la justice prédictive, reposant sur l’établissement d’un continuum prison-liberté pour qu’il n’y ait plus de différence entre les deux. La psychose, c’est l’indistinction générale, la fusion de tout, l’incapacité à distinguer intérieur et extérieur. Le confinement pour tous est psychotique en abolissant la distinction intérieur/extérieur à deux niveaux : il abolit la distinction entre maladie et santé dans un état maladif global ; il abolit la distinction entre intérieur et extérieur de la prison dans un régime carcéral commun et un statut général d’assigné à résidence. Les murs de notre appartement sont devenus les murs de notre maison d’arrêt. L’univers pénitentiaire, voire concentrationnaire, sort de son statut de relégation et s’étend à toute la société, et ce n’est même plus une métaphore. En effet, d’une part les citoyens normaux sont emprisonnés chez eux et risquent des représailles judiciaires s’ils sortent trop loin ou dépassent l’heure légale de la promenade, comme s’ils étaient en train de s’évader ; d’autre part, au prétexte d’éviter l’épidémie en prison, des milliers de prisonniers sont extraits de leurs cellules et renvoyés chez eux, dans des conditions de semi-liberté qui se distinguent à peine de celles des voisins, théoriquement en liberté, mais de fait contraints et surveillés dans les mêmes proportions. (14) À ce stade, il devient difficile de distinguer les deux états « prison » et « liberté » car ils ont fusionné. Pas besoin de bracelet électronique, nous portons tous une laisse mentale. Nous avons le droit de sortir, mais avec un papier à faire remplir par soi-même et de manière « dérogatoire » par rapport à ce qui est considéré comme normal : être enfermé.
Strategika – Existe-t-il une issue politique à la situation que vous venez de décrire et quelle forme pourrait-elle prendre selon vous ?
La seule issue politique réside dans le retour des égoïsmes nationaux. Fort heureusement, l’humanité est encore incapable de s’unir. Tous les pays ne réagissent pas de la même façon, il y a encore de la diversité et de l’hétérogène, et les leçons à tirer de cette crise varient aussi d’un pays à l’autre. Il faut espérer un impact sur l’opinion publique qui ferait réfléchir un maximum de monde sur le caractère nuisible de ces idées tournant autour d’un gouvernement mondial, ce qui permettrait d’amorcer un mouvement de démondialisation et de relocalisation. Avec cette crise mondiale, nous avons la preuve définitive du danger d’un système mondial unifié et ouvert, où la contagion des problèmes ne rencontre aucune limite, aucun obstacle, aucune frontière nationale, et peut se diffuser à grande vitesse sans résistance. Quand il n’y a pas de murs dans une maison, le feu se propage plus rapidement. Il faut donc en finir avec la connotation toujours positive associée à la notion d’ouverture, et passer d’une apologie systématique de la société ouverte à un « éloge des frontières », comme écrivait Régis Debray. Bref, le mot d’ordre gouvernemental « Restez chez vous ! » doit être récupéré et retourné en slogan localiste et antimondialiste pour lutter avec humour contre les deux piliers de l’hybris libérale que sont le marché global et l’immigration sans limites. J’espère aussi que la démonstration actuelle de la toute-puissance coercitive de l’État, capable de séquestrer chez eux des millions de gens au prétexte d’une menace tout à fait discutable, servira de pédagogie à tous ceux qui s’imaginaient pouvoir échapper à Big Brother et qui se retrouvent confinés comme tout le monde. Le pouvoir de l’État, on le subit, ou on le contrôle, mais on n’y échappe jamais. Il faut donc le contrôler pour ne pas le subir. Le pouvoir, c’est la capacité à se faire obéir par les forces de l’ordre. On sait que l’on est au pouvoir quand les forces de l’ordre nous obéissent. Quand on n’a pas les moyens de la révolution ou du coup d’État, pour parvenir à ce résultat – diriger les forces de l’ordre – il faut donc en passer par des organisations politiques de masse, capables de reprendre le contrôle de l’État, c’est-à-dire qui jouent le jeu des institutions et des médias. La métapolitique militante et dissidente n’est évidemment pas inutile, elle est un contre-pouvoir qui permet de préparer les esprits et de travailler l’opinion publique, mais elle est simplement impuissante par elle-même, on le voit avec évidence en ce moment, ce n’est pas elle qui passe ses ordres aux forces de l’ordre.
Strategika – Comment liez-vous la crise actuelle à votre domaine d’expertise et votre champ de recherche ?
En 2010, je décrivais dans Gouverner par le chaos la situation actuelle dans ses grandes lignes, à savoir comment certaines forces tentaient d’implémenter un totalitarisme numérique à l’échelle mondiale au moyen d’une stratégie du choc qui pouvait être une épidémie. Je ne parle que de ça, directement ou indirectement, depuis dix ans. La crise du coronavirus présente un cas pratique d’ingénierie sociale et de constructivisme des perceptions, ce que j’ai appelé « reality-building ». Je propose les définitions suivantes : « L’ingénierie sociale est la transformation furtive d’un sujet social, individu ou groupe. » Selon cette définition, l’IS est plus que de la manipulation ou de la propagande, qui restent réversibles. L’IS cherche à transformer votre nature de manière irréversible mais aussi furtive et subliminale. Il s’agit de pirater votre esprit pour vous faire adopter sans même que vous ne vous en rendiez compte un changement définitif. Maintenant, définition du reality-building : « Construction de la réalité par la parole, reposant sur le principe de l’hypnose, c’est-à-dire que la parole de l’hypnotiseur devient la réalité de l’hypnotisé. » Comment la parole de quelqu’un peut-elle devenir la réalité de quelqu’un d’autre ? Une parole, c’est-à-dire un récit composé de simples mots, peut devenir votre réalité dès lors que vous y croyez, c’est-à-dire que vous accordez votre confiance à ces mots, peu importe qu’ils correspondent à une réalité matérielle objective ou pas.
Pour bien comprendre ce que nous vivons, il faut faire des allers et retours permanents entre la réalité et la fiction, l’actuel et le potentiel, les deux domaines étant en interaction permanente dans le cerveau humain. Nous retrouvons la même structure qu’avec la « menace terroriste » : un mélange de réel et de fiction, combiné à deux stratagèmes bien connus qui sont le pompier pyromane et le triangle de Karpman. Sur le mélange réel/fiction, souligné dans son dernier livre par le professeur Didier Raoult – qui se fait le disciple occasionnel de Jean Baudrillard : les partisans du « tout réel » ont tort, les partisans du « tout fiction » ont tort. Exemple : ce n’est pas parce que la « version officielle » de la crise du coronavirus est fausse qu’il n’y a pas de maladie ; de même, ce n’est pas parce que la « version officielle » des attentats terroristes est fausse que les attentats n’ont pas lieu. Des événements ont lieu, et c’est la narration explicative qui est fausse, pas les événements en eux-mêmes. Il peut arriver également que les faits soient entièrement faux et non seulement la narration du pouvoir, son storytelling. La réalité est alors entièrement résorbée dans une représentation, ce que certains appellent l’ère post-vérité et post-factuelle. Mais le plus souvent, il y a tout de même des morceaux de réalité dans la fiction, ne serait-ce que pour rendre la fiction d’ensemble plus crédible. C’est le principe de la propagande grise, qui mélange des éléments vrais et faux, pour mieux faire passer les faux. Les lecteurs de Philip K. Dick sont également familiers de cette dialectique du réel et du virtuel tournant autour du fameux thème de science-fiction du « cerveau dans la cuve » et posant la question solipsiste « Le monde existe-t-il en dehors de la représentation présente dans mon cerveau ? » Mon mémoire de maîtrise de philosophie en 1995 portait sur les relations entre le réel et l’imaginaire, et le passage graduel et insensible de l’un à l’autre, avec toutes les dérives pathologiques possibles qui constituent le cœur de la condition humaine, par opposition aux autres espèces vivantes, qui sont bien plus dans le « réel » pur. En effet, le cerveau humain ne distingue pas spontanément le réel du virtuel, ce qui explique que nous puissions éprouver des émotions réelles et nous mettre à pleurer ou à rire en regardant un film de fiction. Un autre phénomène intéressant que tous les joueurs de tennis ont expérimenté : on peut améliorer sa technique de jeu en regardant des matchs à la télé. Tous ces mécanismes neuro-moteurs sont fondés sur la fonction mimétique de l’esprit humain et les neurones miroirs qui nous dotent d’une grande capacité d’apprentissage épigénétique, c’est-à-dire post-natal et par imitation des autres membres de la société. Ceci explique aussi que le coronavirus n’a pas besoin d’exister réellement pour exister mentalement et produire des effets dans la réalité parce que l’on croit qu’il existe réellement. C’est aussi le mécanisme de l’effet placebo et du rôle de la pensée dans les phénomènes psychosomatiques, bien connus de la recherche clinique et de ses études en double aveugle, quand ni le médecin, ni le patient ne savent si le médicament prescrit contient le principe actif ou non. Cette boucle de rétroaction entre le réel et sa représentation est fascinante.
L’analyse de la crise actuelle révèle aussi l’application combinée de deux techniques d’ingénierie sociale : 1) le pompier pyromane, qui repose sur la trilogie déjà mentionnée problème-réaction-solution ; 2) le triangle de Karpman, c’est-à-dire le jeu de rôles bourreau/victime/sauveur, qui permet de jouer à volonté sur les relations de confiance, de méfiance et d’indifférence et de les modifier dans l’opinion publique, afin de structurer et façonner cette opinion publique. En IS, la phase d’hameçonnage (phishing) repose sur l’usurpation d’identité et l’abus de confiance. Il s’agit d’hameçonner, ou attraper, la confiance d’autrui, en usurpant une identité inoffensive, c’est-à-dire en se faisant passer pour une victime ou un sauveur. Exemple : le pouvoir provoque la crise, ou laisse la crise s’installer. Dans le réel, le pouvoir occupe donc la place du pyromane, donc du bourreau. Puis, une fois que la crise est installée et en cours, le pouvoir se présente comme le sauveur, qui va donc nous sauver de la crise qu’il a lui-même installée furtivement, tel un pompier qui éteindrait l’incendie après l’avoir lui-même allumé discrètement.
Le pompier pyromane créé donc un problème – ou le laisse arriver, ou favorise son avènement – puis il attend la réaction de panique dans la population, puis il apporte sa solution pleine de compassion pour les victimes. Cette solution n’est pas forcément la meilleure sur le long terme mais elle l’intéresse lui d’abord à court terme. Par exemple, Bill Gates et ses amis mondialistes ne vont pas nous parler de tous les traitements alternatifs aux vaccins, ils ne parleront pas non plus de respecter la bonne distance entre les nations pour éviter la contagion internationale du virus. Non, surtout pas, car ce sont les bonnes solutions à long terme. Au prétexte de cette crise, les mondialistes cherchent à imposer la vaccination obligatoire de masse et une surveillance électronique toujours plus intime, avec la suppression de l’argent physique, accusé de transmettre le virus, remplacé par le paiement sans contact, et in fine, l’introduction de composants électroniques dans le corps portant les informations qui permettront la traçabilité et l’identification numérique des individus, comme cela se pratique déjà avec le bétail et les animaux domestiques. Ce ne sera sans doute pas au moyen de la puce RFID classique de la taille d’un grain de riz, qui est déjà dépassée technologiquement, mais sous forme d’objets encore plus petits et de tatouages à points quantiques. Cette approche authentiquement cybernétique, c’est-à-dire qui ne distingue pas entre les êtres vivants et les objets inanimés, tous décrits comme des « systèmes », transformera les êtres humains en objets connectés. Au niveau international, ce programme d’identification numérique de chaque individu est soutenu par Bill Gates et porte un nom : ID2020. En France, le développement de l’identité numérique est soutenu depuis 2004 au moyen de divers stratagèmes avoués dans le Livre Bleu du GIXEL – Groupement professionnel des industries de composants systèmes électroniques (devenu ACSIEL en 2013). (15)
Il ne faut pas oublier non plus que cette crise se trame sur fond d’un bras de fer opposant la Chine aux USA pour la suprématie informatique mondiale. Le gouvernement chinois veut en effet équiper l’entièreté du parc informatique de la Chine avec un système d’exploitation fabriqué en Chine, et abandonner Windows, développé par Microsoft de Bill Gates. Le rapport de forces est radical : si la Chine parvient à se débarrasser de Microsoft, vu la capacité d’entraînement de la Chine au niveau mondial, Microsoft est mort. Donc aussi la NSA et son système Echelon, c’est-à-dire l’État profond et le complexe militaro-industriel anglophones, dont l’unité est formalisée par l’Accord UKUSA, mieux connu sous le nom des Five Eyes, désignant l’alliance des services de renseignement du Royaume-Uni, des USA, du Canada, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande, et qui ne pourront plus espionner tranquillement la Terre entière avec les backdoors de Windows. Cette guerre à mort pour la suprématie informatique mondiale entre la Chine et le monde anglophone couvait depuis au moins 2014 mais elle a explosé en 2019. Ceci étant dit, la Chine ne nous sauvera pas du cauchemar cybernétique. Les multiples tentatives de déstabilisation de ce pays par des puissances étrangères depuis les événements de la place Tian’anmen, en passant par le Tibet, les Ouïgours et Hong-Kong ont poussé le gouvernement chinois à développer une surveillance électronique de masse, notamment avec son système de crédit social à reconnaissance faciale, qui n’a rien à envier aux projets occidentaux en la matière et qui est même en avance sur eux.
Le confinement et la distanciation sociale sont les concepts clés du nouveau paradigme international qui essaye de se mettre en place : des individus isolés physiquement et qui ne pourraient communiquer que par écrans interposés, donc sous l’œil de Big Brother. L’informatique doit encadrer totalement nos vies, devenir enveloppante et omniprésente, un passage obligé, une médiation nécessaire dans notre rapport au monde, à autrui et à nous-mêmes. Il y a inversion du contenant et du contenu : normalement, la réalité réelle contient la réalité virtuelle, mais nous glissons progressivement dans un monde où c’est la réalité virtuelle qui contiendra le réel. Le but ultime est la destruction de la réalité physique, toujours incontrôlable, remplacée par une réalité numérique parfaitement contrôlée. Le remplacement du monde réel par un monde virtuel n’est possible que par étapes. Pour commencer, la nature doit devenir défectueuse et inquiétante, pleine de virus très méchants, si l’on veut fabriquer le consentement des peuples au Grand Confinement, c’est-à-dire à la psychose hygiéniste et à l’artificialisation numérique totale, qui deviendront alors des refuges et des solutions de sécurité.
Le couple confinement/distanciation sociale nous éloigne du monde et d’autrui, et nous prive d’une relation naturelle et immédiate au monde. Pour le biopouvoir, toute la vie doit devenir sans contact, non seulement les paiements. Les observations de Walter Lippmann sur la construction de l’opinion publique par les médias sont plus que jamais d’actualité : pour que les médias contrôlent parfaitement l’opinion publique et le cerveau collectif, il faut une barrière entre le public et les faits, que le public ne puisse pas constater la matérialité des faits, donc la réalité des faits, et qu’il soit contraint d’accorder sa confiance à la narration médiatique parce qu’il ne peut pas faire autrement. Le biopouvoir cherche à contrôler le robinet des informations, car cela lui donne le contrôle du flux des contenus qui occuperont votre temps de cerveau disponible. Quand il n’y a plus de source d’information directe, que l’information est entièrement indirecte, passée au filtre d’un intermédiaire, d’un média, alors cet intermédiaire médiatique peut construire la réalité, parce que la réalité est entièrement résorbée dans la représentation dont il a le monopole. La parole de l’hypnotiseur devient la réalité de l’hypnotisé. Pour se prémunir contre ce risque, il faut tout d’abord devenir imperméable, ou au moins critique, vis-à-vis de la parole politico-médiatique, cesser de l’intérioriser, d’y croire, de lui faire confiance, du moins de manière inconditionnelle, et surtout il faut pouvoir sortir de chez soi pour aller constater les faits soi-même.
Petit problème d’ingénierie sociale : comment être suffisamment nombreux dans la rue, sur les réseaux sociaux, et partout, à dire « Stop Confinement ! » et « Non aux vaccins ! » pour que le dispositif de répression soit inopérant ? Comment atteindre le seuil de bascule, le seuil critique permettant d’imposer une nouvelle norme dans les esprits, y compris dans la tête de la police ? Ce qui s’est passé à Berlin le 11 avril, quand de simples gens ont organisé une manifestation pour braver le confinement, avait un air de déjà vu le 9 novembre 1989, quand les Berlinois ont attaqué le mur, sans que les forces de l’ordre n’interviennent, car elles avaient été désarmées psychologiquement par l’instauration d’une nouvelle normalité, c’est-à-dire d’une nouvelle légitimité, légalité, majorité, phénomène psychologique qui s’appelle le « retournement » ou « spin » en anglais, proche de la notion de « conversion ». Voir aussi du côté de l’astroturfing, qui consiste à créer un consensus majoritaire sur telle idée ou solution en procédant à un encerclement cognitif de l’ennemi pour marginaliser et mettre en minorité ses solutions, qui sont en l’occurrence le confinement de masse, la vaccination de masse et la surveillance électronique de masse. Il faut toujours viser les grands nombres et la quantité. Le retournement des masses, la conversion des masses, et en particulier des forces de l’ordre, précède et accompagne tous les mécanismes révolutionnaires. Notre travail doit être de convertir un maximum de monde autour de nous, au moyen d’une contamination mémétique massive, car il n’y a que le nombre qui nous protège, illustration du slogan : « Quand on n’a pas les millions, il faut être des millions. » Le problème à surmonter vient de ce que les mesures du gouvernement, qui occupe la place du sauveur, ont encore des connotations positives dans l’opinion publique. Devenons donc des spin-doctors, passons aux travaux pratiques d’ingénierie sociale, retournons l’opinion publique sur ces sujets en accolant une connotation négative, celle du bourreau, à la formule confinement/vaccin/surveillance électronique et à ceux qui la promeuvent. Comment ? Rappeler inlassablement les chiffres très modestes de la mortalité de ce virus. Rappeler que le confinement de masse retarde l’acquisition de l’immunité de masse et va donc provoquer autant de morts sinon plus que le confinement des seuls malades. Communiquer en essaim sur les solutions alternatives à la trilogie confinement/vaccination/surveillance électronique, de sorte que le message contamine tout le corps social et finisse par impacter le sommet du pouvoir. Il y a déjà des résultats positifs puisque les solutions alternatives aux vaccins ont commencé à exister dans l’opinion publique et à se faire une place dans la parole politico-médiatique, mais ce n’est pas suffisant, il ne faut pas relâcher la pression et nous devons continuer à réclamer l’accès à tous les traitements non vaccinaux, et non seulement celui du professeur Raoult.
Pour finir, un conseil de reality-building pour cultiver l’optimisme et ainsi renforcer notre système immunitaire. La « pensée positive », qu’on appelait avant la méthode Coué, l’autosuggestion, a un effet psychosomatique bien réel sur le corps. Face à la maladie, il faut adopter une bonne attitude qui renforce nos défenses immunitaires en développant un sentiment d’invincibilité. Quiconque a peur d’attraper le coronavirus doit considérer qu’il l’a déjà eu, mais de façon asymptomatique, et qu’il en est sorti vainqueur et désormais immunisé. Et ainsi, pour parodier Mao, de victoire en victoire, jusqu’à la victoire finale !
Notes:
(1) Compte-rendu du Conseil des Ministres du 24 janvier 2020, intervention d’Agnès Buzyn sur le coronavirus entre 12.20 et 18.30.
(7) « What changes are we going to have to make to how businesses operate to maintain our economy while providing social distancing? [Bill Gates] The question of which businesses should keep going is tricky. Certainly food supply and the health system. We still need water, electricity and the internet. Supply chains for critical things need to be maintained. Countries are still figuring out what to keep running. Eventually we will have some digital certificates to show who has recovered or been tested recently or when we have a vaccine who has received it. (…) What do you see as the long-term strategy for fighting this pandemic and do you feel like it will adequately prepare us for the next? [Bill Gates] I think that after this is under control that Governments and others will invest heavily in being ready for the next one. This will take global cooperation particularly to help the developing countries who will be hurt the most. A good example is the need to test therapeutics wherever the disease is to help the whole world. The Virus doesn’t respect national boundaries. »
Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Hervé Juvin, cueilli sur son site personnel et consacré aux conséquences économiques de la crise sanitaire. Économiste de formation, vice-président de Géopragma et député européen, Hervé Juvin est notamment l'auteur de deux essais essentiels, Le renversement du monde (Gallimard, 2010) et La grande séparation - Pour une écologie des civilisations (Gallimard, 2013). Candidat aux élections européennes sur la liste du Rassemblement national, il a publié récemment un manifeste intitulé France, le moment politique (Rocher, 2018).
Économie : En territoire inconnu
Wall Street a connu début avril sa meilleure semaine depuis… 1938 ! Au moment même où les États-Unis annonçaient un nombre record d’inscriptions au chômage : 16 millions ! Malgré l’extension mondiale de la pandémie de Covid19, la paralysie d’un nombre croissant d’économies et la réduction du commerce international, de l’ordre de 30 %, ni les produits de taux, ni les actions n’ont subi les conséquences de la crise en proportion des effets attendus sur les résultats des entreprises, à l’exception des valeurs directement impactées ; tourisme, aéronautique, etc.
Les marchés lead l’économie
Que se passe-t-il ? Aucun hasard dans cet apparent paradoxe, aucune raison non plus d’en appeler à la ritournelle de ceux qui veulent que tout ça n’ait aucun sens, que les marchés aient perdu toute utilité, et qu’il suffise de fermer les Bourses, d’interdire le versement des dividendes, et accessoirement de nationaliser les entreprises. Les Cassandre finissent toujours par avoir raison, elles ne savent ni quand ni pourquoi, ce qui les rend dérisoires.
Mieux vaut regarder en face les trois faits révolutionnaires qui changent tout ce que nous croyions savoir sur les marchés.
D’abord, ce ne sont plus les chiffres d’affaires et les résultats qui font les mouvements des valeurs d’actifs, c’est l’action des Banques centrales. Business ne fait plus-value. Ceux qui croient encore que les sociétés privées dirigent le monde doivent y réfléchir. Depuis un mois, les États décident du versement des dividendes et des rachats d’action, les États décident de l’implantation des usines et des autorisations de vente à l’étranger ou d’importation de produits industriels, et les États décident de la vente ou non d’entreprises privées à d’autres entreprises privées, le blocage de la vente de Photonis à Télédyne en France en donnant un bon exemple !
Nous sommes loin de l’abandon d’Alcatel, d’Alstom, de Morpho-Safran, de Technip, des Chantiers de l’Atlantique, etc. Et ceux qui croient encore que les marchés s’autorégulent doivent abandonner leurs illusions ; les banques centrales ont tiré la leçon de 2008, elles savent que les marchés s’autorégulent encore moins qu’ils ne sont transparents et équitables, et elles en tirent la conséquence ; à elles de faire les prix de marché — pour le meilleur ou pour le pire, c’est une autre histoire !
L’endettement
Ensuite, la Nouvelle Politique Monétaire (NPM) et son application signifient que l’émission de monnaie est devenue le vrai moteur des économies, et que tout peut être fait, rien ne doit être exclu, qui assure le maintien des valorisations boursières. Les banques centrales sont le premier acteur de l’économie nouvelle. Les marchés ont été nationalisés ; ou, plutôt, les marchés financiers sont devenus trop importants pour les laisser à la confrontation des acheteurs et des vendeurs. Le citoyen avait disparu, effacé par le consommateur, le consommateur disparaît, effacé par l’investisseur, devenu l’acteur central de la société globale, ou par son symétrique, le consommateur endetté, État ou particulier, qui doit avoir la certitude, non de rembourser ses dettes, ne rêvons pas, mais de pouvoir s’endetter davantage !
Nous sommes passés d’un univers dans lequel le crédit bancaire et les aides d’État déterminaient l’activité, au monde dans lequel la valorisation boursière commande la propriété et in fine décide de l’activité du crédit. Quelle Nation pourrait accepter que les plus belles entreprises nationales soient rachetées à vil prix parce que les cours de leurs actions ont baissé ? Trois solutions : la nationalisation, à la fois suspecte et coûteuse ; l’interdiction par la loi, qui trouve vite ses limites géopolitiques ; le soutien des cours. D’où cette conviction appliquée, il faut faire tout ce qu’il faut pour que les valorisations demeurent élevées, et progressent, c’est la condition de la stabilité économique ! La surabondance monétaire booste les cours des actions. Est-ce la nouvelle règle du jeu ?
Enfin, c’en est fini de la diversité des anticipations, cette fiction convenable des marchés où les prix étaient le résultat de l’appréciation du risque, et des anticipations d’acteur divers par leurs horizons de gestion, leurs objectifs de rendement, leur appétence pour le risque, etc. Jamais la détention d’actions n’a été aussi massivement concentrée entre les mains des 1 % de « superriches » — aux États-Unis, de toute leur histoire ! Et jamais la concentration des pouvoirs (ou la confiscation de la démocratie) n’a joué aussi manifestement pour protéger les super-riches contre tout événement fâcheux, et leur garantir la poursuite accélérée de leur enrichissement !
Les banques centrales sont prêtes à tout
Les données publiées par le site « Zerohedge » indiquent plus de 16 000 milliards de dollars ont été engagées par la FED pour sauver les banques américaines, leurs actionnaires et leurs dirigeants, de la faillite et de ses conséquences judiciaires pour les uns, financières pour les autres ! Ce qu’elles n’indiquent pas, c’est ce phénomène bien connu et si bien exploité ; la surrèglementation nourrit l’hyperconcentration. Seuls, les très gros, très riches et très forts bénéficient des seuils réglementaires et normatifs qui excluent les plus petits, plus faibles, moins riches.
Le temps est venu de ranger au bazar des accessoires défraîchis les enseignements de l’économie classique sur la fabrication des prix et les racontars sur « la concurrence libre et non faussée » que nul n’a jamais rencontrée nulle part ailleurs que dans les manuels d’économie et les discours de la Commission européenne à la Concurrence ! Les marchés actions doivent progresser, les Banques centrales en sont garantes, et on ne gagne jamais contre les banques centrales, c’est bien connu ! Voilà qui met à bas tout ce que nous croyions savoir sur les politiques de gestion d’actifs. Les politiques de gestion raisonnables, différenciées, basées sur les fondamentaux des entreprises ou des États n’ont plus de sens quand ce sont les injections de liquidités et les politiques de rachat de tout et n’importe quoi par les banques centrales qui font les cours. S’il est une conclusion à tirer de l’énormité des engagements des banques centrales, Fed comme BCE, c’est bien qu’elles sont prêtes à acheter n’importe quoi pour que la musique continue !
Dans ces conditions, le couple risque-rentabilité qui dirigeait les allocations d’actifs raisonnées n’est plus de saison. La sélection des titres est un exercice vain. Tout simplement parce que la partie « risque » s’est évanouie, ou que l’action des banques centrales fait qu’il est impossible de l’évaluer. Il n’y a plus de prix pour le risque, ce qui interroge au passage sur le nouveau tour du capitalisme et le sens du mot « entrepreneur ». La logique est : qui va bénéficier des actions de la FED et du Congrès, de la BCE et des décisions du Conseil et de l’Eurogroupe ?
La richesse ne vient plus du travail
Au moment d’entrer en territoire inconnu, que conclure ? D’abord, essayer de comprendre les règles du « new normal ». Les règles ne sont pas les mêmes, ce qui ne signifie qu’il n’y a pas de règles ; elles sont nouvelles, c’est tout. Ensuite, s’efforcer de prévoir l’évolution dans le temps de ces règles et de leurs impacts, leur nouveauté même pouvant réserver toutes les surprises. Enfin, reconnaître l’intérêt de la France, et faire en sorte que la France sorte gagnante d’un jeu qui fera des gagnants et des perdants.
Sauver l’effet richesse, c’est la nouvelle règle du chef d’orchestre. La richesse dans les pays riches ne vient plus du travail, mais de la détention ou de l’attraction du capital (cas exemplaire des start-up qui ne sont riches ni de produits, ni de clients, ni de chiffre d’affaires, mais du capital qu’elles lèvent sans limites, et qu’elles consomment également sans limites ; voir Uber, Tesla, etc. !) Et voilà comment des compagnies aériennes américaines qui ont racheté pour 45 milliards de leurs propres actions (soit 96 % de leur cash flow disponible) pour enrichir leurs actionnaires demandent… 54 milliards d’aides au gouvernement pour ne pas faire faillite (Boeing a suivi la même politique, consacrant la totalité de son cash flow disponible en dix ans au rachat de ses propres actions et demande également le sauvetage par l’argent public) !
Le compromis entre le capital et le travail a été rompu dans les années 1990 pour être remplacé par un compromis entre les détenteurs du capital et les banques centrales ; il ne s’agit plus de partager des gains de productivité, il s’agit de s’enrichir sans fin ! Il ne s’agit plus de redouter une « stagnation séculaire » de la croissance dans les pays riches, il s’agit d’assurer l’enrichissement des plus riches par la création monétaire déversée sur les marchés d’actifs ! Ce ne sont plus les plus vulnérables qui sont protégés, ce sont les plus riches qui peuvent se servir. Il est permis d’espérer, mais ce n’est pas demain que le monde du travail retrouvera les leviers qui lui avaient permis de négocier le partage des gains de productivité qu’assurait l’industrie — d’ailleurs, il n’y a plus chez nous ni industrie ni gains de productivité ! Pour s’en convaincre, et contrairement à tout ce que suggèrent la situation actuelle et la célébration méritée du courage des soignants, des gendarmes et des policiers, des caissières et des livreurs, il suffit de regarder où va l’argent émis par les banques centrales ; les marchés ont l’argent, les soignants ont l’ovation de 20 heures aux fenêtres chaque soir ! Paradoxalement, la pandémie marque un nouveau bond en avant du capitalisme libéral. Certains peuvent rêver que ce soit le dernier.
L’Europe laissée de côté pour le véritable affrontement
Éviter la confrontation au réel et ruiner l’adversaire, c’est le jeu du moment. Un jeu impitoyable dans la confrontation des faibles aux forts. La Chine est annoncée grande gagnante de l’épreuve actuelle. Attendons. Il serait paradoxal que le pays d’où est parti la pandémie, qui l’a probablement aggravé par sa politique de censure des informations critiques, ou simplement des mauvaises nouvelles, et par le retard mis à en reconnaître le caractère expansif et non maîtrisé, en tire un bénéfice géopolitique et financier, mais nous sommes installés en plein paradoxe (le fait qu’une chose et son contraire puissent être affirmés en même temps est caractéristique de la situation présente, c’est-à-dire du chaos cognitif et de la confusion mentale) ! Attendons pour en juger de voir quels engagements en faveur de la relocalisation massive de nos productions stratégiques seront effectivement tenus.
Tout indique que les États-Unis se détournent de l’Europe pour engager la confrontation avec le pays qu’ils jugent leur premier adversaire du XXIè siècle, une confrontation dont tout indique qu’elle mobilisera la gamme entière des stratégies non conventionnelles et des armes non militaires, les moyens de paiement, les systèmes d’information et les attaques biologiques constituant quelques-uns des moyens d’un arsenal varié. Bitcoin, 5G, biotech — nous n’avons encore rien vu des ressources que la monnaie et la finance de marché peuvent mobiliser pour appauvrir l’ennemi, pour diviser l’ennemi, pour obliger l’ennemi à composer.
Plus besoin des canonnières du commodore Perry pour obliger un pays à s’ouvrir et à se plier ! Au choix, on considérera les milliers de milliards de dollars mis sur la table par la FED depuis ces dernières années comme une arme de destruction massive pour les détenteurs de papier libellé en dollar, ou pour le système financier occidental lui-même… les paris sont ouverts ! Et on sera attentif au projet attribué au macronisme de confier la gestion des réserves d’or de la France à une banque américaine ; après le pillage d’Alstom, le pillage de la Banque de France ? Pendant la pandémie, le hold-up continue !
Protéger le patrimoine national et l’activité nationale devient une priorité pour chaque État. C’est la priorité de la France. La sécurité monétaire, la sécurité économique et patrimoniale, s’imposent au premier rang des enjeux de sécurité globale. Derrière les soubresauts boursiers, les risques de prise de contrôle de tel ou tel fleuron technologique ou industriel sont multipliés. Derrière la suppression de la monnaie papier, les enjeux de contrôle, de détournement, et de vol, sont gigantesques. Derrière la naïveté avec laquelle les administrations européennes prétendent se moderniser en substituant au papier et au guichet l’Internet obligé se cache mal l’exploitant américain ou chinois et un retour au temps des colonies, quand quelques compagnies privées, aventureuses et pirates, se partageaient des continents.
Et qu’en sera-t-il si le traçage individuel grâce aux données collectées à partir des téléphones portables se justifie par des motifs sanitaires pour devenir la règle imposée à toute la population, au bénéfice des prestataires qui s’en félicitent déjà ? La pandémie n’arrête pas les (bonnes) affaires d’Atos et de ses concurrents (écouter à ce sujet sur RTL l’étonnant discours du commissaire européen Thierry Breton, ex-PDG d’Atos, ouvrant sereinement la voie au contrôle numérique de la population européenne !) Derrière l’échappée belle de toutes les règles budgétaires de rigueur imposées par l’Union, s’annonce une course qui fera des gagnants et des perdants.
La France doit saisir dans la pandémie une bonne occasion de rompre avec les contraintes que l’Union européenne impose aux choix nationaux, à la protection du marché national, à la préférence pour les entreprises nationales. La France doit utiliser au maximum les facilités qui sont offertes par la BCE, par un mécanisme européen de solidarité (MES) débarrassé de toute conditionnalité, par le fonds européen de relance annoncé.
Elle doit le faire au profit des entreprises françaises, des projets français, de l’indépendance de la France – et sauver les entreprises familiales du commerce et de la restauration, contre les ambitions prédatrices des chaînes mondiales de « malbouffe ». Elle doit mobiliser toutes les capacités que l’Union européenne peut offrir dans son propre intérêt, comme l’Allemagne, comme les Pays-Bas, comme les autres Nations le font. Et elle doit plus encore considérer les marchés financiers pour ce qu’ils sont, un outil à la disposition de qui choisit de s’en servir. Voilà qui n’invalide pas le rôle des marchés, mais qui le transforme.
Tout simplement parce que nous sortons du monde du bon père de famille qui savait que rembourser des dettes enrichies. Dans le nouveau monde, non seulement les dettes ne seront jamais remboursées, mais celui qui s’enrichit est celui qui peut émettre le plus de dettes. Dans le nouveau monde, ce ne sont plus des créanciers exigeants et sourcilleux qui achètent la dette, ce sont des banques centrales d’autant plus accommodantes qu’elles jouent elles-mêmes leur survie — au cours des dernières semaines, la nouvelle Présidente de la BCE, Christine Lagarde, l’a bien compris !
Et l’impensable arrive. La France de 2020 doit savoir s’enrichir de sa dette et mobiliser sans freins la dépense publique, si elle sait l’employer à relocaliser son industrie, à relancer une politique territoriale qui commence par le soutien au secteur de l’hôtellerie, de la restauration familiale et du petit commerce, à relancer de grands projets (le second porte-avion, le cloud français ?) et à réduire le coût du financement de son économie, l’exemple allemand étant sur ce sujet à méditer.
Mieux vaut danser en cadence quand s’arrêter donne le vertige. Les colonnes du temple européen s’effondrent les unes après les autres, de Maastricht à Schengen, ce n’était que des colonnes en papier. Mais que l’entreprise privée, libre de sa stratégie, que les marchés concurrentiels où se forment les prix, que l’allocation des capitaux selon le rapport rendement-risque disparaissent par la magie complaisante des banques centrales, voilà qui mérite attention ; ce sont cette fois les bases du libéralisme qui sont mises à mal. Certains diront ; changeons de partition ! D’autres diront plus simplement ; tant que la musique joue, il faut continuer à danser, seuls ont tort ceux qui pensent d’en tirer en s’isolant dans leur coin. Mais la seule question qui compte est tout autre ; vaut-il mieux être celui qui joue dans l’orchestre, celui qui danse sur la piste, ou celui qui agite son mouchoir sur le quai en regardant partir le Titanic, tous pavillons flottant au vent ?
Hervé Juvin (Site officiel d'Hervé Juvin, 13 avril 2020)
In these modern times, every fundamental aspect of humanity (and beyond) has been politicized. The politicization of these fundamental assets of life has inevitably caused them to be claimed by different factions racing in the political arena. The stagnation caused by these ‘claims’ has made it impossible to provide concrete solutions to matters, that weren’t even supposed to be matters in the first place. As every subject that is politicized stagnates, important and authentic assets are being deliberately politicized so that their destruction can get carried out quicker : justice, economic freedom, environement and ecology, tradition and religion (from what’s left of it), family and gender, city planning and architecture,etc…
Let us also not forget that, which ever faction that manages to become mainstream, to get ‘democratically elected’ and gain seats, to officially brand itself under terms such as ‘left, centre, right,...’ or that gets any form of attention from the media, is directly or indirectly at the service of the dark side.
Both the right and the left wing belong to the same dragon.
Politics, in its modern concept, is the dragon that Archangel St-Michael is fighting, and is therefore a threat to the prevealing of Life.
Humans are biological creatures and thus, a part of the natural Whole.
Concepts and corrupted virtues that are forced upon us by self-entitled ‘democratical governments’ such as equality, human rights, liberty and more, are in their essence opposite to the natural order of the Universe. This has resulted in a gradual and somehow ‘unconscious’ quantification of the qualitative aspects of our lives.
It is always easier to delete numbers than to delete deep rooted abstract and metaphysical concepts. The destructive nature of democracy can also be seen outside and around us, its corrupt modern virtues are not only a foe for humanity but for the entire living things on this planet. From an objective point of view, humans are the ones who have the least suffered from this decay. However, this illusion is only temporary ; the one who is cutting the branch on which he sits, will only get a sense of his mistakes when he achieves his ultimate goal.
In order to ‘ride the tiger’ and survive the civilisational and cultural crumble, some of the Traditionalist thinkers defend a ‘passive apolitiea’ stance. This stance rests on the perception that sooner or later, these modern heretics will auto-annihilate themselves by drowning in their own decay. However, even if they have forgotten it, these are biological beings and are directly linked to the whole. Even if cancerous, they are part of the organism. This would mean that when the time of auto-annihilation will come, they will annihilate the earth with themselves. This can be compared to a very modern phenomenon: the suicide bomber dies alongside the bomb that explodes. Taking the lives of those around him, and damaging the environment too. It is unnecessary for me to emphasize the consequences that 7.5 billion unconscious humans will cause on this tired planet. This behaviour is easily predictable and it’s footsteps can even be seen as of today. With the outbreak of this ‘debatable’ pandemia, some individuals have attempted to contaminate people by spitting and licking public infrastructure (A big number of such cases has been recorded in Belgium, USA and China). This may be the result of a failed individualistic mentality : ‘If I die, everyone should die with me.’
In order to prevent this global mental meltdown, an ‘active apolitea’ is necessary.
Idealistic men should leave former rivalry behind and gain consciousness and unity.
All political institutions, concepts, and autorities along with economical establishments should be boycotted. Anything that is a result of modernity should be boycotted, this can range from ditching ones TV from the window to refusing to ride a car. The entire space-time in which we are currently stuck in, should be denied. This will not only result in the individual reconnecting with the infinite but, will also detach the individual from the modern ‘volunteer slave’ mentality and give him the necessary awareness to fight it. Ideals and values connected to the infinite are the only truly effective weapons we can arm ourselves with.
As for societal order, a forced depopulation and degrowth must be enhanced. This will directly and/or indirectly help the planet recover from the deep wounds modern humans have inflicted it with their evergrowing hedonistic desires.
Some parts of the world population facing this ‘forced healing of earth’ will, eventually, gain consciousness of their ‘uselesness’ and will be aware that they take too much space. A big majority of the ‘useless’ will have to sacrifice themselves for the good of the ‘Universe, Nature and Whole’.
Those who are too selfish and/or scared of death, will rush to try to make themselves useful, some will manage to find hidden talents (that were prevented to arise due to a modern lobotomising lifestyle) and some who fail to do so, will have to embrace death. For the ones that meet the natural requirements to stay alive, will have to give back what has been forcefully taken. It is our duty as honorable critters to ask forgiveness and rebuild. But this time, it is not going to be about size or numbers for the Truth does not deal with such reductive concepts.
Humanity must gain awareness of its place in the natural order as soon as possible and (re)gain its decency and humility. Otherwise, doom awaits.
A planet of waste
Self-destructive hedonism is not as modern as we may think. It has been the result of the « ego » since our dawn. However, the proportion that it has taken in current times is the result of an ‘enlightened ideal’ that the modern world is so proud with : Individualism. Splitting an organism into seperate entities, each thinking that the world revolves around them, and forcefully feeding their ‘ego’ like water-inflated chickens, has resulted in an entire century of degeneration.
This is a very well programmed ‘separatism’ agenda, first separating humanity from the Whole and then from itself. To maintain this unconsciousness in the long-term, animalistic pulsions have been severly taunted and kept alive in order to boggle the mind. Furthermore neverding empty desires and reductive behaviour have been succesfully advertised with the help of technology. This also proves that technological advancement, which is a result of democratical progress, is also an enemy of existence once it reaches its ultimate goal. Feeding such a big population with such atrocities is not an easy task, a big portion of ‘life’ has therefore been compromised to meet the demand.
Countless industrial sites and mass-production around every corner of the planet are continuously expoliting the planet. (How much can something inside a barcoded plastic package be called food ?). A child expoliting his mother in order to feed his hedonism must be the biggest heresy of our age.
The necessary actions that must be undertaken in order to stop this, as we have stated above, will put an end to this excessive gluttony and over-exploitation. However, an enormous chunk of concrete waste alongside chemical and bio-engineered desolation will remain.
What to do with empty skyscrapers, brutal concrete blocks, uncountable amount of waste and dead bodies ?
GUILLAUME FAYE: DAL TERZOMONDISMO DI DESTRA ALL'ARCHEOFUTURISMO
Matteo Luca Andriola
Diplomato all'Institut d'études politiques di Parigi e titolare di un dottorato in scienze politiche, Guillaume Faye è stato, nel periodo che va dal 1970 al 1986, uno dei principali teorici del Groupement de Recherches et Etudes pour la Civilisation Européenne (GRECE) e dell'ambiente più tardi noto come "Nouvelle Droite", corrente di pensiero rivoluzionario-conservatrice che fa capo tutt'oggi alla figura di Alain de Benoist. In seguito, sarà ispiratore di diversi ambienti etno-identitari presenti in tutta Europa. Rompe definitivamente col GRECE nel 1987, avvicinandosi al belga Robert Steuckers, ex esponente del Secrétariat Études & Recherches del GRECE-Belgique e animatore di un circolo culturale nato sul solco della Nouvelle Droite, ma più radicale, il gruppo EROE (Études, Recherches et Orientations Européennes), ufficializzando il tutto con una lettera inviata al GRECE il 25 maggio 1987 e pubblicata quel'estate sul mensile italiano «Orion» di Maurizio Ulisse Murelli, per spiegare le ragioni della sua rottura e l'adesione ad un nuovo progetto in cui sarebbero stati coinvolti dissidenti dei vari circoli europei vicini alla Nouvelle Droite e personalità del nazionalismo-rivoluzionario, l'associazione EUROPA:
«L'obiettivo, dunque, è gettare le basi di un movimento: 1) che si estenda agli altri paesi europei; 2) che trascuri le vecchie sfaldature; 3) che metta a frutto il capitale costituito in seno al GRECE; 4) che miri alla costruzione concreta di élite attive e all'intervento positivo nella società civile. Questo lavoro sarà lungo e difficile. Ma è indispensabile cominciarlo fin da ora. È ugualmente indispensabile (e logico) che il massimo di aderenti e simpatizzanti del GRECE si unisca a ciò che è la sua continuazione storica. Beninteso, uomini nuovi, venuti da ogni parte dell'orizzonte, si uniranno a noi. Per affrontare il mondo reale e agirvi, noi ne avremmo bisogno. Sul piano giuridico, l'embrione di questo nuovo movimento (che non è evidentemente né un partito né un apparato!), destinato ad apportare energia nuova alla nostra comunità, è stato fondato sotto la forma di un'associazione: EUROPA. Il nuovo movimento è nella sua fase d preparazione e non comincerà realmente, a livello europeo, le sue attività che al rientro dalle vacanze 1987. Il suo atto di nascita concreto sarà l'UNIVERSITÉ D'ÉTÉ 1987, che avrà luogo a Nivernais […] alla fine di agosto, nel corso della quale verranno gettate le basi del nostro lavoro».
L'associazione EUROPA sarà l'embrione del network nazionalbolscevico Synergies Européennes, un'aggregazione di natura culturale nata nel 1993-1994 sulla falsariga del GRECE che ha visto la confluenza di esponenti del radicalismo di destra e quelli della Nuova Destra, fra i quali lo studioso fiammingo Robert Steukers, designato dallo stesso Guillaume Faye, dopo la rottura con Alain de Benoist, come continuazione storica di un GRECE oramai infiacchitosi e incapace di divenire un punto di riferimento metapolitico per tutta l'estrema destra. Collaborerà con l'italiano Stefano Vaj - ex membro del Secrétariat Études & Recherches del GRECE, collaboratore di riviste come l'Uomo libero, La Gazzetta Ticinese, Nouvelle École (rivista del GRECE), La Padania, Letteratura-Tradizione, Rinascita. Quotidiano di Sinistra Nazionale, Intervento, The Ring, Il Federalismo, Transumanar, Dissenso e Il Candido, e militante identitarista, membro dell'associazione identitaria vicina alla Lega Nord Terra Insubre - animando assieme a quest'ultimo il Collectif de Réflexion sur le Monde Contemporain. Faye, inoltre, collabora anche con l'associazione identitaria Terre et Peuple, gruppo animato dall'ex presidente del GRECE Pierre Vial, vicino agli identitari filoleghisti di Terra Insubre. Ha collaborato con giornali e riviste come Figaro-Magazine e Paris Match, nonché con l'emittente radio Skyrock.
Negli anni Ottanta Faye innoverà l'ambiente, introducendo un'analisi de-complottistizzata sui fenomeni della globalizzazione che diverranno parte del suo libro, del 1981, 'Le Système à tuer les peuples' (ed. it. 'Il Sistema per uccidere i popoli', 1983). In quest'epoca, durata fino a metà degli anni ottanta, Faye designa come nemico principale il mondo occidentale a guida USA, contro il quale tutti i popoli liberi e radicati nelle proprie tradizioni devono far fronte comune. Le sue riflessioni sul Sistema come entità acefala e autoregolantesi anticipano le dinamiche dell'attuale globalizzazione e richiamano alla mente alcune tesi di Michel Foucault sulla microfisica del potere e altre della Scuola di Francoforte. In questa fase Faye, da un punto di vista più politico, adotta vedute particolarmente anti-occidentaliste e apertamente terzomondiste, che diverranno il marchio di fabbrica della "Nouvelle Droite" e del GRECE fino a oggi, e che spiegheranno la scelta filoaraba di molti gruppi politici.
A partire dalla fine degli anni novanta, dopo una lunga pausa dalle attività metapolitiche, Giullaume Faye - che fa suo un pensiero volontarista faustiano, marcatamente nietzscheano e portatore di un neopaganesimo postmodernista - ha invece sviluppato un'autocritica che coinvolge soprattutto le sue vedute di un tempo a proposito dell'Islam, da lui ora indicato come nemico giurato dell'Europa. In quest'ultima fase della sua attività metapolitica, Faye denuncia l'immigrazione allogena come una forma di colonizzazione di popolamento. Nel libro L'Archéofuturisme (Paris, l'Æncre, 1998), Faye elabora l'archeofuturismo, proposto all'Università d'Estate di Sinergie Europee, la branca italiana che fa capo a Maurizio Murelli, una "sintesi" ispirata alla Rivoluzione conservatrice fra arcaismo (cioè 'fondamento', 'inizio', 'stimolo fondatore', cioè il continuo richiamo ai valori ancestrali di matrice indoeuropea presenti nella cultura dei popoli del continente, come la fedeltà e l'onore) e futurismo (inteso come 'dinamismo', 'volontà di potenza', 'proiezione nel futuro', o, più semplicemente, il desiderio di forgiare un popolo europeo nel futuro e per il futuro, senza mai perdere di vista l'ambizione, l'indipendenza, la creatività e la potenza). Questa "sintesi culturale" che si ispira alle riflessioni di Friedrich Nietzsche e di Giorgio Locchi, riprende e fonde sia concetti presi da questi due filosofi che le riflessioni di Evola, Marinetti e Heidegger:
«Bisogna riconciliare Evola e Marinetti, […] [riprendere] il pensiero organico, unificante e radicale di Friederich Nietzsche e Martin Heidegger; pensare insieme la tecno-scienza e la comunità immemorabile della comunità tradizionale. Mai l'una senza l'altra. Pensare […] l'uomo europeo a un tempo come il deinatatos («il più audace»), il futurista, e l'essere di lunga memoria. Globalmente il futuro richiede il ritorno dei valori ancestrali, e questo per tutta la Terra».[1]
L'archeofuturismo - sviluppatasi sul solco della Nouvelle Droite, del movimento völkisch, del nazionalismo europeo e del federalismo etnico con l'aggiunta dell'islamofobia, che non verrà affatto digerita da tutto il nazionalismo-rivoluzionario europeo, storicamente antisionista e filoarabo, e che col tempo porteranno Faye a rivalutare l'Occidentalismo e addirittura Israele - si contrappone all'egualitarismo "giudaico-cristiano" «Sorta dall'evangelismo laicizzato, dal mercantilismo anglosassone e dalla filosofia individualista dei Lumi, […] [che] è riuscita a realizzare il suo progetto planetario, basato sull'individualismo economico, l'allegoria del progresso, il culto dello sviluppo quantitativo, l'affermazione di astratti "diritti dell'uomo"»[2], viene elaborata da Faye per contrastare quella che lui definisce come una "convergenza delle catastrofi" che sta minacciando l'Occidente - concetto estraneo alle vecchie elaborazioni fatte ai tempi de Il sistema per uccidere i popoli - e cioè la "colonizzazione di popolamento" da parte dei popoli del Sud del mondo e da parte di quelli dei paesi islamici, seguita da una catastrofe causata da una "crisi economico-demografica europea" - cioè il rallentamento economico a causa dell'invecchiamento della popolazione continentale e della denatalità -, a cui farà seguito il "caos sociale" nel Sud del mondo causato da una serie di tensioni esplosive a seguito dell'occidentalizzazione forzata e dai relativi squilibri, con l'emersione di poche oligarchie ricche affiancate da masse di diseredati, una grave "crisi economico-finanziaria" che partirà dall'estremo Oriente che, come effetto della globalizzazione, si espanderà in tutto il globo terrestre e la rinascita dei fanatismi religiosi e dei fondamentalismi, come quello islamico. Secondo Faye l'Occidente secolarizzato farà fatica a resistere allo scontro etnico-religioso tra Nord e Sud del mondo e alla crisi ambientale, che piegheranno l'Europa.
Pensatore poliedrico, non si è esentato anche dall'analisi economica. Nel saggio breve Per l'Indipendenza Economica[3] si fa portatore di una visione di sviluppo che definisce autocentrato e autarchico, protezionista, in diretta contrapposizione alle direttrici della globalizzazione.
Note
[1] G. Faye, Archeofuturismo, Società Editrice Barbarossa, Cusano Milanino 2000, p. 82. [2] Ibidem, pp. 55, 56. [3] G. Faye, Per l'indipendenza economica, in "L'Uomo libero" n. 13, gennaio 1993.
Opere originali - Le système à tuer les peuples, Copernic, 1981. - La NSC: Nouvelle société de consommation, Editions du Labyrinthe, 1984 - Les nouveaux enjeux idéologiques, Editions du Labyrinthe, 1985. - L'Archéofuturisme, l'Æncre, 1998. - La colonisation de l'Europe, Discours vrai sur l'immigration et l'Islam, L'Æncre, 2000. - Pourquoi nous combattons. Manifeste de la résistance européenne, L'Æncre, 2001. - Avant-guerre: Chronique d'un cataclysme annoncé, L'Æncre, 2003. - Le coup d'état mondial, essai sur le nouvel imperialisme américain, l'Æncre, 2004. - La nouvelle question juive, Les éditions du Lore, 2007.
Opere in lingua italiana - La ragnatela mondiale del sistema, in "L'uomo libero", n. 10, aprile 1982 - Gli eroi sono stanchi, in "L'Uomo libero", n. 14, aprile 1983 - NSC. La Nuova Società dei Consumi, in "L'Uomo libero", n. 20, gennaio 1985 - Per l'indipendenza economica, in "L'Uomo libero" n. 13, gennaio 1993 - La colonizzazione dell'Europa: la soluzione di Prometeo e del Dottor Faust, in "L'Uomo libero", n. 58, novembre 2004 - Il Sistema per uccidere i popoli, SEB, Milano 1997 - Archeofuturismo, SEB, Milano 2000 - Per farla finita con il nichilismo. Heidegger e la questione della tecnica, SEB, Milano 2007 - Futurismo e modernità, in "Divenire. Rassegna di studi interdisciplinari sulla tecnica e il postumano. Vol. 3".
Bibliografia - Pierre-André Taguieff, Sur la Nouvelle droite. Jalons d'une analyse critique, Paris, Descartes & Cie, 1994 (ed. it. Sulla Nuova Destra. Itinerario di un intellettuale atipico, Firenze, Vallecchi 2003) - Robert Steukers, L'Apport de Guillaume Faye à la Nouvelle droite, Clepsydre, 1996 (ed. it. come "Introduzione" a Guillaume Faye, Il Sistema per uccidere i popoli, Cusano Milanino, SEB, 1997, http://robertsteuckers.blogspot.com/…/lapport-de-guillaum...) - Robert Steuckers, Au revoir Guillaume Faye, après 44 ans de combat commun!, in Pierre Krebs, Robert Steuckers e Pierre-Émile Blairon, Guillaume Faye, cet esprit-fusée !, Ed. du Lore, 2019, pp. 35-88, http://robertsteuckers.blogspot.com/…/au-revoir-guillaume.... - Matteo Luca Andriola, La Nuova destra in Europa. Il populismo e il pensiero di Alain de Benoist [2014], Milano, Edizioni Paginauno, 2019. - Matteo Luca Andriola, Il Mouvement Identitaire francese: dal gramscismo di destra a Terre et peuple, Paginauno, a. VII, n. 35, dicembre 2013 - gennaio 2014. - Matteo Luca Andriola, Il Mouvement Identitaire francese: da Unité radicale al Bloc identitaire, Paginauno, a. VIII, n. 37, aprile - maggio 2014. - Jean Yves Camus, Le Bloc identitaire, nouveau venu dans la famille de l'extrême droite, Rue89, 19 ottobre 2009. - Stéphane François, Guillaume Faye, entre postmodernité et identité, in Id., Identité, écologie et paganisme. Études sur la Nouvelle Droite et ses dissidences, Le Bord de l'eau, Billère 2020, pp. 73-80. - Stéphane François, Réflexions sur le mouvement “Identitaire”, 2009, http://tempspresents.wordpress.com/…/reflexions-sur-le-mo... e http://tempspresents.wordpress.com/…/reflexions-sur-le-mo.... - Stéphane François, Au-delà des vents du Nord. L’extrême droite française, le Pôle nord et les Indo-Européens, Lyon, Presses Universitaires de Lyon, 2014.
par François-Bernard HuygheEx: http://metapoinfos.hautetfort.com
Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de François-Bernard Huyghe, cueilli sur son site Huyghe.fr et consacré à la guerre de l'information autour du coronavirus. Spécialiste de la stratégie et de la guerre de l'information, François-Bernard Huyghe enseigne à la Sorbonne et est l'auteur de nombreux essais sur le sujet, dont, récemment, La désinformation - Les armes du faux (Armand Colin, 2015), Fake news - La grande peur (VA Press, 2018), Dans la tête des Gilets jaunes (VA Press, 2019) avec Xavier Desmaison et Damien Liccia, et dernièrement L'art de la guerre idéologique (Cerf, 2019).
Le virus du faux
Nous vivons dans un monde obsédé par les fausses informations (auxquelles on associe spontanément : complotisme, propagande, désinformation et manipulation en ligne).
Pour au moins deux raisons : a) leur indéniable prolifération sur les réseaux sociaux (symptôme d’une méfiance populaire à l’égard de l’information « mainstream» et d’une certaine réceptivité) et b) la peur éprouvée par les élites après l’élection de Trump, le Brexit, etc. Phénomènes qu’elles tendent à d’attribuer à la désinformation (éventuellement russe et/ou par des communautés en ligne extrémistes) donc à une causalité intentionnelle plutôt qu’à des évolutions profondes des mentalités.
Il est bien connu qu’en cas de guerre, la première victime est la vérité (Kipling). La guerre au virus n’a pas dérogé à la règle. La contamination informationnelle (notamment les fake en ligne) est parallèle à la contamination sanitaire, mais ses formes sont plus variées.
Il y a d’abord le classique mensonge ou silence d’État. La Chine a commencé en tentant de cacher l’épidémie sous le tapis et en faisant taire les lanceurs d’alerte qui en parlaient : si le réel contrevient aux ordres du Parti, le réel a tort. Puis, la chose admise (le réel, c’est ce qui est irrémédiable disait un philosophe), Pékin a opéré un brillant retournement : ses victoires pour confiner puis restreindre l’épidémie sont exploitées pour montrer l’excellence de son modèle confuciano-capitalo-socialo-autoritaire. C’est la Chine qui aide ostensiblement les Occidentaux un peu laxistes et dépassés.
Elle affirme son soft power à mesure de sa prééminence économique et technique et de sa force de résilience. Quand l’épidémie sera finie, sera-t-elle présentée comme la puissance hégémonique qui remplace les USA (et profite de la confusion européenne) ? En tout cas, elle tient à agir sur l’opinion occidentale, ce qui se manifeste notamment par une action croissante de « diplomatie publique » sur les réseaux sociaux (sans oublier ses médias internationaux classiques d’influence).
Voir la virulence avec laquelle la « sinosphère » réagit aux moindres accusations. Le storytelling chinois (une épidémie vite maîtrisée par un peuple discipliné et un système efficace) appelle des messages plus agressifs sur les responsabilités de la pandémie, l’efficacité des réponses occidentales...
Par contraste, les « trolls russes » et médias d’influence idéologique poutiniens semblent dépassés. Dans tous les cas les stratégies d’influence internationales se déploient dans la perspective du chaos - politique, géopolitique, économique, culturel, etc.. - que risque de provoquer la pandémie. Dans les pays autoritaires, il est tentant de doubler le contrôle de l’information disponible pour sa population d’une stratégie d’accusation ou de confusion à destination des publics étrangers.
La position de déni française n’est pas sans conséquences ; l’art de feindre d’organiser les événements qui vous dépassent s’y est déployé : il ne sert à rien de fermer les frontières, de porter des masques si l’on n’est pas malade, de dépister les gens qui ne sont pas gravement atteints, nous dit-on. Mais ces erreurs que l’on appellera par charité de communication ont entretenu une méfiance populaire : on nous cache tout, on ne nous dit rien... D’où la tentation d’adhérer aux explications alternatives, « non officielles ». Ainsi des sondages montrent qu’une proportion remarquable de nos concitoyens est convaincue que le virus aurait pu être fabriqué en laboratoire. D’où il aurait été délibérément répandu ou aurait simplement fuité.
Le coronavirus pose aussi le problème de la vérité idéologique. Son terrible principe de réalité a dissipé quelques illusions : l’Europe qui protège, la mondialisation irrésistible et bonne, l’ouverture et la fin des frontières, la ringardise de l’État-providence, l’inutilité de la Nation qui protège, les flux tendus, la communication de tous avec tous, l’économie avant tout, ... Les dirigeants occidentaux peinent à comprendre qu’un événement (une guerre, une révolte, un virus) soit imprévisible, que le tragique puisse revenir, que les courbes ne se prolongent pas toujours, et que les situations les plus archaïques (grandes épidémies, rupture des flux de circulation) puissent encore se reproduire. Elles tendent à nier ce qui les nie. Mais l’affaire du coronavirus stimule l’opposition idéologique au « système », donc, là aussi, la propension à croire en une réalité différente.
Parallèlement, il est tentant de refuser la vérité du hasard, c’est-à-dire que des événements, parfois d’une importance tragique, adviennent sans cause ou finalité (sauf l’aléa d’une mutation génétique et de quelques voyages de sujets porteurs) : ni puissance obscure, ni dessein caché. Le phénomène n’est pas nouveau : en cas de catastrophe, accident tragique, disette, épidémie, les rumeurs portent vite sur ceux qui en profitent ou ceux qui en sont responsables. Ici, évidemment avec un effet démultiplicateur : la planète est touchée et nous pouvons tous communiquer sur Internet.
Un exemple : en France le risque de mourir du Corona a provoqué des conséquences inimaginables il y a quelques mois (confinement, changement de politique économique et financère) et, paradoxalement, le 1° trimestre 2020 a connu la plus faible mortalité des cinq dernières années.
Du coup, se développent des théories dite complotistes, surtout relatives à l’origine de la pandémie. Ainsi :
- Les Chinois auraient fabriqué le virus dans un laboratoire militaire et l’auraient laissé s’échapper - Le virus aurait été fabriqué par les Américains pour déstabiliser la Chine - Ce sont des militaires américains qui ont contaminé la Chine à l’occasion de jeux - Le virus a été fabriqué par l’institut Pasteur comme le prouverait un brevet (en réalité, ancien, portant sur une autre variété du virus, et destiné à trouver un vaccin, pas un virus tueur). - Vient récemment de s’ajouter la thèse d’une manipulation du virus HIV un laboratoire chinois suivi d’une fuite accidentelle de SARs-CoV-2 (prof. Montagnier)
Des contre-vérités relèvent du mécanisme ancien de la rumeur ou désinformation. Il suffit de consulter la rubrique fake news de son navigateur : fausses photos de morts, fausses informations sur les horreurs qui se produisent là ou là, faux remèdes de bonnes femmes pour se guérir ou se préserver, fausses révélations sur des plans secrets... Et bien entendu, faux espoirs et solutions miraculeuses.
Le phénomène n’est pas nouveau et on devait en raconter de rudes dans les tavernes au moment de la peste antonine ou du choléra. Plus un sujet touche à nos vies et nos passions - ici la peur- plus nous avons envie d’échanger à son propos, plus nous sommes ouverts à l’information alternative (et donc méfiants à l’égard de l’information venue d’en haut), plus nous nous intéressons aux révélations sensationnelles, plus nous les diffusons... Avec, évidemment, l’effet multiplicateur des réseaux sociaux...
Dernier paradoxe : le virus médical favorise le virus informatique : les cyberattaques opportunistes se multiplient basées sur le principe que, si l’on envoie un message piégé qui porte dans son titre quelque chose en rapport avec le coronavirus (un appel urgent de l’OMS, une demande d’aide, des instructions importantes), les destinataires vont plus facilement cliquer, être moins vigilants, et introduire plus facilement des logiciels malveillants dans leur système.
D’autres éléments :
Tout cela s’ajoute à des phénomènes déjà repérés : doute sur l’efficacité des vaccins, la dangerosité de tel ou tel produit, le réchauffement climatique, les médecines alternatives. Il s’agit, sinon d’une remontée d’obscurantisme, du moins d’une dévaluation de l’autorité scientifique. En principe, celle du vérifiable. L’époque permet à chacun – surtout s’il pioche des révélations de « gens comme lui » sur les réseaux sociaux – d’étendre le champ de son opinion et de fantasmer son expertise.
Il n’y a rien de mal, en démocratie, à ce que nous divergions sur ce qui est souhaitable et probable demain. Mais il faut s’entendre pour parler du même monde des événements avérés et principes démontrés (dans 1984 d’Orwell, le héros réclame la liberté de dire que 2+2=4, pas le contraire).
On a vu des sondages sur la chloroquine. Que l’on interroge le public sur une question sur laquelle les experts se disputent est en soi comique. Nous sommes (moi en tout cas) incompétents pour en trancher. Que veut le peuple en physique quantique ? Il y a des domaines où la logique libérale du choix individuel doit connaître des limites. Le recours aux experts et aux comités ne garantit en rien l’autorité de la science.
Ici, elle a d’autant plus de mal à apporter preuves et vérifications qu’il s’agit souvent de projections et anticipations (par exemple de taux futurs de contaminations, d’immunité, de létalité, etc.). De nombreux biais cognitifs bien repérés nous empêchent comprendre des raisonnements basés sur les probabilités. D’où la tentation d’une « autre » explication ou interprétation des risques, de leurs causes et de l’efficacité de leurs remèdes. Ou la confusion : voir les débats sur l’efficacité de la chloroquine et sa vérification (représentativité des échantillons testés, par exemple). Le fait que les professeurs Raoult ou Montagnier (prix Nobel) émettent des thèses controversée et qu’une partie de la communauté scientifique se dresse contre eux n’aide pas le citoyen moyen à bien distinguer ce qui est scientifique et ce qui est fake news. Cette complexité n’excuse pas la prolifération des thèses douteuses, mais l’explique en partie.
Dernier élément : il y a une base sociologique et culturelle indéniable à l’adhésion à la version « officielle » ou « alternative ». Un indice entre cent : il y a une forte corrélation statistique entre le vote anti-système (RN, LFI, blanc ou nul + abstention) et le scepticisme à l’égard du « discours officiel », l’adhésion aux thèses alternatives de type « le virus s’est échappé d’un laboratoire », etc. Le bloc populiste, qui ne profite pas de la mondialisation, celui qui a le plus besoin de l’État protecteur et qui appartient souvent aux professions les plus exposées en cas d’épidémie, a déjà accumulé de la colère au moment des Gilets jaunes et de la réforme des retraites. Et comme ce sont les populations qui souffriront le plus des conséquences économiques et sociales du « jour d’après »…, ce seront les plus persuadées qu’on leur a menti, que les services publics ont été démantelés, que la Nation a besoin de frontières et de souveraineté, que la mondialisation est une folie, que l’Europe ne peut rien pour nous.
Il y aura donc, après l’épidémie, des tensions entre les protestataires (par ailleurs divisés), le parti de la colère, et les partisans d’un retour à l’ordre fût-il agrémenté de considérations sur une nécessaire gouvernance ou une économie de l’humain (cf. Attali). Tout le monde proclame que « plus rien ne sera comme avant », mais chacun y met ce qu’il croyait auparavant. Et l’Histoire nous enseigne que d’effroyables épidémies n’ont pas forcément bouleversé l’ordre politique. Le pouvoir peut se renforcer du chaos.
François-Bernard Huyghe (Huyghe.fr, 16 avril 2020)
En estos días de pandemia, algunos se han referido al cierre de fronteras y las medidas extraordinarias adoptadas por los gobiernos citando recurrentemente la celebérrima fórmula schmittiana sobre la manifestación fáctica del verdadero poder soberano, que es quien decide sobre la excepcionalidad. En realidad, Carl Schmitt no aludía con esto al recurso por parte de los Ejecutivos a los poderes excepcionales o de emergencia previstos en las Constituciones, cuyo ejercicio está acotado a predeterminadas circunstancias de gravedad o alteración de la normalidad jurídico-política, como resulta de la crisis sanitaria del Covid-19, sino al estado de excepción, algo mucho más profundo y vasto en su obra que remite al propio concepto de lo político.
Puestos a seguir con el genial politólogo y jurista alemán, sorprende que en estos momentos de tanta excepcionalidad, en coherencia con lo anterior, no se haya reparado en traer a colación también una temática que cobra plena vigencia y a la que este teórico de la democracia dedicó su atención: la dictadura como forma de gobierno emanada, precisamente, de la máxima excepción. La dictadura, institución clásica de Roma, rescatada con las revoluciones liberales y democráticas de los siglos XVIII y XIX, ha pervivido a lo largo de la historia bajo diversos regímenes, fueran liberal-parlamentarios, autocráticos, autoritarios o puramente totalitarios de un signo u otro e implantadas con carácter transitorio o con vocación de permanencia. Y parece que, por todo lo que estamos presenciando, no es una forma lejana y arrumbada en el tiempo, sino que retorna bajo el pretexto de lucha contra el coronavirus.
Los poderes de emergencia tasados en las Constituciones, llamados estados de excepción, implican una suspensión o restricción provisional de alguno de los derechos garantizados en éstas ante una situación grave o extraordinaria prevista en la norma con la finalidad de defender la propia Constitución o en pos de un bien superior. Por ejemplo, proteger la salud pública ante una pandemia.
Sin embargo, el enfoque schmittiano de estado excepcional no debe confundirse con los mencionados estados de excepción constitucionales, aunque se solape con ellos. La excepción es la condición para que irrumpa en el momento de crisis, de alteración del orden existente, el soberano quien es el mismo que decide sobre la excepcionalidad para enfrentar la amenaza que quiebra la normalidad y regularidad jurídica. Lo cual presupone el acto político por excelencia, que es la previa designación del “enemigo”, sin el cual no puede existir la excepción, comunidad política ni lo propiamente político. La excepción se decide contra el hostil que amenaza el orden normativo preestablecido.
Así, la suprema excepción que implica la suspensión general del orden jurídico significa la imposición transitoria de una dictadura cuya finalidad puede ser el restablecimiento del orden preexistente, una vez conjurado el peligro existencial o, como suele mostrar la historia de forma más habitual, una dictadura sin posibilidad de regreso a la regularidad anterior, sino a la instauración constituyente de un nuevo orden.
Un ataque sin precedentes del Régimen contra los derechos y las libertades
El gobierno de coalición del PSOE y Unidas Podemas decretó el estado de alarma, que es el más leve y limitado dentro de los tres estados de excepción, graduados de menor a mayor restricción de derechos, del artículo 116 de la Constitución del régimen del 78 (alarma, excepción y sitio) y además, permite eludir el control parlamentario, cuya actuación se ciñe a convalidar los decretos de estado de alarma que pueden ser prorrogados ilimitadamente. Ahora bien, bajo el decreto dictado por el ejecutivo para combatir al “enemigo”, el Covid-19, y escudados en las recomendaciones de un comité científico y expertos médicos se ha suspendido de facto derechos y libertades que, bajo ningún concepto, están contemplados en la previsión del estado de alarma, el cual, entre otras medidas, solo permite la posibilidad de restringir la libre circulación en determinados lugares y a determinadas horas. Así, de un plumazo se ha confinado a toda la ciudadanía en sus domicilillos y se ha impuesto un toque de queda permanente que supone un flagrante atentado contra derechos y libertades, incluso de los denominados como fundamentales, tales como el de reunión, libertad de circulación, residencia, reunión y manifestación. Con las medidas de “hibernación” de la economía, de parón forzoso de casi todas las actividades, se ha vulnerado el derecho al trabajo y el de libertad de empresa. Por la vía de hecho, se ha suspendido la ley de transparencia, contribuyendo al apagón informativo que además sostienen cadenas y medios de prensa regados con dinero público; a lo que se suman las encuestas sesgadas del CIS, un organismo público puesto al servicio del gobierno de forma burda y descarada. Qué decir de los rastreos promovidos en internet y redes sociales por el Ministerio de Interior bajo la coartada de contrarrestar los “ciber-bulos” y localización de discursos sobre la infección que puedan ser considerados peligrosos e incluso punibles; y otras medidas del ente público RTVE, como verifica RTVE también para la neutralización de supuestos “fake news”, atentando con todo lo anterior contra el derecho a la información, a la vez que se imponen subrepticiamente mecanismos de censura y se coarta el derecho a la libertad de expresión.
Cuanto menos, si no solo resulta inquietante la monitorización del confinamiento vía geolocalización de móviles, supone además una violación del derecho a la intimidad y al secreto en las comunicaciones de la ciudadanía.
A lo que se sumarían otras iniciativas liberticidas en el mundo entero, como la acometida motu proprio por WhatsApp para limitar el reenvío masivo de mensajes, que no puede ser interpretada de otra manera que como un medio indiscriminado para censurar preventivamente la propagación, llegado el caso, de mensajes subversivos a través de esta aplicación propiedad de Facebook, cuyas relaciones de colaboración con la agencias norteamericanas de seguridad e inteligencia NSA y CIA son sobradamente conocidas.
Estamos ante una suspensión generalizada de derechos y libertades anti-jurídica, conculcando la propia norma que rige al régimen del 78, y por tanto ante la emergencia de una dictadura de facto, con una deriva despótica. No es un golpe de estado partidista de corte bolivariano como pretende cierta derecha casposa, sino la dictadura del mismo régimen del 78 al completo, dada la solícita asistencia de todos los partidos al Ejecutivo por acción u omisión, reyertas de banderías aparte.
Está por ver si lo excepcional devolverá en algún momento la normalidad anterior a la pandemia o, por el contrario, como puede intuirse por la envergadura de las actuaciones excepcionales impuestas en España, y en buena parte del mundo con el confinamiento masivo de poblaciones, se está jalonando el camino hacia una nueva “normalidad” que instituirá en lo cotidiano el cercenamiento de derechos y libertades. Máxime para reforzar los mecanismos de control de conflictividad y represión social de una población noqueada de antemano por el coronavirus ante la gran crisis económica global del liberal –capitalismo que es una realidad cuyos efectos devastadores para España pronostican, para empezar, una espeluznante caída del 15% del PIB y tasas de desempleo superiores al 20%, con el consiguiente bucle infernal de repunte de déficit y deuda públicas, deterioro y devaluación de las condiciones socio-económicas de la ciudadanía y de la vida en general
“Resistiré”
Si bien, con carácter anecdótico, puede haber algunos pocos, muy pocos, periodistas y juristas en España que comienzan a cuestionar tímidamente y de pasada algunos aspectos del estado de alarma, no puede hablarse de ninguna reacción significativa por parte de nuestros compatriotas frente a la vulneración de sus derechos y libertades bajo este estado de alarma impropio que algunos sí denunciamos desde el primer momento. A diferencia, por ejemplo, de otros países, tales como Estados Unidos en los que hay protestas contra las medidas de confinamiento o Alemania, cuyo Tribunal Constitucional ha fallado a favor de unos ciudadanos que pretendían manifestarse en la vía pública.
Nuestros queridos compatriotas pueden seguir endulzando su confinamiento, sometido a vigilancia policial y, a veces también bajo el escrutinio de vecinos chivatos vocacionales presentes en todas las dictaduras y estados policiales, con el jolgorio en los balcones, el trágala de las consignas oficiales y participar de las convocatorias de las 20h, los catárticos “2 minutos del odio” orwellianos, reconvertidos en aplausos acríticos de adhesión a la gestión gubernamental de una calamidad, así como atiborrarse de los amables reportajes de sainetes vecinales de entrañables y conmovedores gestos solidarios que emiten constantemente los informativos, junto a series de entretenimiento e infinidad de conciertos online.
“Resistiré” es el himno oficial de la dictadura del Covid-19. Pero resistencia es también la consigna que los españoles deben interiorizar frente a esta dictadura cuyos resultados nos abocan a una catástrofe sin parangón.
Der größte Crash aller Zeiten: Deutschland am Scheideweg
Ex: https://kopp-report.de
Einer der klügsten Köpfe Deutschlands legt nach: Nach Der Draghi-Crash (2017), Wenn schwarze Schwäne Junge kriegen (2018) und Verzockte Freiheit (2019), allesamt Bestseller, hat der Ökonom und Risikomanager Markus Krall, ein neues, 300 Seiten starkes Buch mit dem Titel Die bürgerliche Revolution vorgelegt. Sein Untertitel ist Programm: »Wie wir unsere Freiheit und unsere Werte erhalten«.
Im ersten Teil seines Buches zeigt Krall, der sich selbst als libertär einordnet, welche Entwicklungen die bürgerlich-freiheitliche Ordnung in Europa und Deutschland bedrohen. In komprimierter und auch für Laien verständlicher Form erläutert Krall die fatalen Folgen, die von der planwirtschaftlichen Geldpolitik der Notenbanken für Wachstum und Wohlstand unserer Gesellschaft ausgehen. Dieser vom Autor so bezeichnete »Geldsozialismus«, der zu Lasten der Leistungsträger geht und seinen sichtbarsten Ausdruck in den Nullzinsen der EZB finde, führe unweigerlich zum Kollaps des monetären Systems und der Marktwirtschaft. Die politische Klasse billige den Kurs der Zentralbanken, um mit immer neuen Schulden die kurzfristigen Konsumwünsche der Bürger zu befriedigen und Wählerstimmen zu maximieren. Die herrschenden Eliten seien nicht in der Lage, den Menschen durch Aufklärung und geistige Führung das langfristig Notwendige zu vermitteln. Den tieferen Grund für dieses Versagen sieht Krall in der adversen ökonomischen Selektion des politischen Personals, die den Aufstieg rückgratloser Opportunisten ohne intellektuelle Befähigung begünstige.
Der absehbare wirtschaftliche Zusammenbruch werde am Ende auch die Demokratie zerstören, ist sich Krall sicher, und führt als historisches Beispiel die Weimarer Republik an. Dieses Szenario werde begünstigt durch die Aushöhlung der Herrschaft des Rechts und die defizitär ausgestaltete Gewaltenteilung in Deutschland, was der Autor beispielhaft an der Institution des Bundesverfassungsgerichts und seiner Rechtsprechung festmacht. Letztlich versagten aber alle drei Gewalten – Exekutive, Legislative und Jurisdiktion – bei ihrer vom Grundgesetz vorgegebenen Aufgabe, die konstitutionelle Ordnung zu schützen und die Rechte der Bürger zu wahren.
Scharfe Kritik übt Krall an den Kirchen, die zu einem »Wurmfortsatz des Staates« verkommen seien und sich dem linken Zeitgeist angebiedert hätten. Ihre Funktionsträger schwiegen zum Konsumterror, zur Auflösung von Ehe und Familie, zu Pornographie und Abtreibung. Stattdessen beteilige man sich an der Abschaffung der freiheitlichen Ordnung, obwohl die ihr ideengeschichtliches Fundament gerade im christlichen Glauben finde. Die Folge, so Krall, sei »die tiefgreifendste Erosion des Glaubens in unserer Gesellschaft, die je stattgefunden hat«. Das Führungsversagen der Kirchenoberen schaffe ein geistiges Vakuum, das sowohl von scheinwissenschaftlicher Propaganda mit religiösem Wahrheitsanspruch wie der Klimahysterie als auch dem Islamismus gefüllt werde.
Ebenfalls hart ins Gericht geht Krall mit den Medien, die ihrer Rolle als »vierte Gewalt« zur Kontrolle der Mächtigen nicht mehr gerecht würden. Stattdessen fungierten sie als ein Erziehungsinstrument im Interesse der herrschenden Eliten, was besonders im Haltungsjournalismus zum Ausdruck komme, der nicht mehr zwischen Nachricht und Meinung unterscheide. Ziel sei es, das Publikum im politisch korrekten Sinn umzuerziehen. Dazu gehöre es auch, die Sprache zu manipulieren, indem bestimmte Begriffe als »Unworte« aus dem Diskurs verbannt oder usurpiert und mit neuen Bedeutungen aufgeladen werden. Krall nennt dafür einige Beispiele im Buch. Darüber hinaus würden ganze Themenkomplexe und unliebsame Meinungen in der öffentlichen und medialen Diskussion verunglimpft. Eine besonders unrühmliche Rolle bei dem Versuch, die destruktive Politik der Regierenden zu rechtfertigen, spiele der öffentlich-rechtliche Rundfunk, den der Bürger als Opfer der Indoktrination auch noch mit Zwangsgebühren finanzieren müsse. Gleichzeitig werde das Internet als freier Informations- und Diskussionskanal für kritische Bürger durch immer schärfere Gesetze und Zensurmaßnahmen beschränkt. Als Beispiele führt Krall das Netzwerkdurchsetzungsgesetz und den auf EU-Ebene beschlossenen Upload-Filter an.
Als ideologische Grundlage für die gesellschaftlichen Verwerfungen, die den Fortbestand der bürgerlich-freiheitlichen Gesellschaftsordnung gefährden, identifiziert Markus Krall den Kulturmarxismus. In ihm manifestiere sich die Herausforderung des Sozialismus in der Gegenwart, der für die Unfreiheit des Menschen stehe. Seine Merkmale seien die Feindschaft gegen Ehe und Familie, die Ablehnung des Privateigentums, die Verneinung der Freiheitsrechte des Individuums, der Hass auf die Religion und insbesondere das Christentum sowie die Zerstörung von Kunst, Kultur und Musik. In allen seinen historischen Ausprägungen – einschließlich der des Nationalsozialismus – habe der Sozialismus stets zu Massenmord und Genozid geführt, weshalb diese Ideologie ein Todeskult sei, der die Vernichtung der Menschheit zum Ziel habe. Krall beschreibt die »weichen« Methoden, mit denen die Kulturmarxisten versuchen, die Macht schrittweise an sich zu reißen, um danach zu den viel brutaleren Mitteln des Staatssozialismus überzugehen.
Für den Autor ist klar: Die Gesellschaften des Westens stehen vor einem Kampf um die Freiheit, sowohl gegen die Kräfte des Kulturmarxismus als auch des salafistischen Islamismus, der eine Spielart der sozialistischen Menschenfeindlichkeit sei. Wie dieser Kampf ausgehen wird, hängt nach Meinung von Krall entscheidend davon ab, ob die Leistungsträger der Gesellschaft bereit und in der Lage sind, die freiheitliche Kraft der bürgerlichen Revolution zu revitalisieren. Es gehe um Freiheit oder Knechtschaft. Das sei der epochale und unausweichliche Konflikt, den es zu bestehen gelte.
Im zweiten Teil seines Buches zeigt Markus Krall auf, mit welchen Strategien und Methoden es dem Bürgertum gelingen kann, diesen Kampf zu gewinnen. Der nahende Zusammenbruch des Geldsystems biete dabei die Chance zu einer grundlegenden Erneuerung, sofern es gelinge, den Menschen zu verdeutlichen, dass der Crash nicht die Folge von Markt-, sondern von Staats- und Politikversagen sei. Ziel müsse eine »Republik der Freiheit« basierend auf Bildung und Leistung sein, die Marktwirtschaft, Eigentum, Ehe und Familie, Religion, Individualität und christlich-europäischer Kultur verpflichtet sei. Krall entwirft den 100-Tage-Plan einer neuen freiheitlichen Regierung, der die Reaktivierung der Selbstheilungskräfte des Marktes zum Ziel hat, um die Folgen der jahrzehntelangen Misswirtschaft rasch zu überwinden.
Dem schließt sich ein umfassendes Konzept für die Reform des Grundgesetzes an, das von allen freiheitsfeindlichen Elemente bereinigt werden müsse. Krall will für Deutschland eine Reform an Haupt und Gliedern, die nicht nur die Wirtschaft, sondern alle Politikfelder umfassen soll.
Der Autor beschränkt sich dabei nicht auf Allgemeinplätze, sondern legt seine Vorstellungen zur Neugestaltung unserer Verfassungsordnung sehr konkret dar. Einige der Programmpunkte dürften kontroverse Diskussionen auslösen, etwa die Forderungen nach einer Mindestqualifikation für Amtsträger der Exekutive, der Abschaffung des Länderfinanzausgleichs und einem Goldstandard. Oder der Gedanke, ein Wahlkönigtum anstelle des heutigen, von den Parteien ausgekungelten Bundespräsidenten zu konstituieren.
Mit Die bürgerliche Revolution hat Markus Krall einen provokanten Debattenbeitrag vorgelegt, der es bereits kurz nach seinem Erscheinen in die Spiegel-Bestsellerliste geschafft hat. Zu Recht. Ein empfehlenswertes Buch für alle freiheitlich denkenden Zeitgenossen, denen die Zukunft Deutschlands nicht gleichgültig ist!
La mini-série Chernobyl expose avec un réalisme certain les causes et les conséquences de l’explosion du réacteur n°4 de la Centrale nucléaire de Tchernobyl survenue le 26 avril 1986. Cependant, le visionnage récent de ces 5 épisodes nous a laissé perplexe.
En effet, cette production grand public, par les thèses qui y sont soutenues sur les responsabilités des uns et les actions des autres, nous révèle deux écueils majeurs de notre civilisation occidentale : l’un prend la forme d’un impensé quand l’autre n’est que l’expression d’un inconscient des plus naïfs.
Nous ne ferons donc aucune considération esthétique sur l’œuvre elle-même et ne révélerons pas les rebondissements de l’intrigue, mais développerons quelques remarques qui entrent en résonance particulière avec la crise sanitaire actuelle causée par la pandémie de maladie à coronavirus.
1. L’origine du désastre
Financée par deux maisons de production américaine et anglaise, l’œuvre dont nous parlons offrait à l’anticommunisme primaire une belle occasion d’expression. Sans surprise, on assiste au procès du communisme en général et de la société soviétique en particulier, véritable « système du mensonge », incapable de se regarder en face pour ce qu’elle est vraiment ni de se remettre en cause, le népotisme prévalant sur toute autre logique. Ce jugement, bien qu’il recouvre une part de vérité, ne nous semble pas aller au cœur du problème, sachant qu’une constatation similaire pourrait être faite de nos brillantes institutions actuelles, françaises et européennes.
Non, le fond du problème est ailleurs et nos sociétés libérales souffrent de la même faiblesse que le système soviétique, à savoir celle à laquelle toute société complexe, au sens que Joseph Tainter donne à ce terme dans L’Effondrement des sociétés complexes, doit faire face lorsqu’elle se retrouve confrontée à une crise de grande ampleur. De ce point de vue, les sociétés complexes sont vues comme des organisations de résolution de problèmes qui sont toutes invitées à trouver une solution à une équation insoluble : ces problèmes appellent des solutions de plus en plus coûteuses à mesure que la société se complexifie. Il s’agit là de la décroissance du rendement marginal, soit la diminution du rendement par unité supplémentaire d’investissement. C’est la loi d’airain du déclin civilisationnel…
Toutes les économies modernes hautement intégrées (et donc interdépendantes) sont ainsi confrontées aux mêmes défis et aux mêmes crises potentielles : c’est là le grand impensé de notre temps.
Et là où réside la différence, c’est que l’URSS, malgré tous ses travers, avait encore un état digne de ce nom qui n’obéissait pas uniquement à des motifs idéologiques ou à des logiques de marchés déterritorialisés. Pour gérer une crise de cette ampleur et, passés les premiers instants de déni, rappelons que l’URSS a quand même mobilisé plus de 600 000 personnes pendant plusieurs mois (plusieurs années pour certains d’entre eux), sacrifié des millions de tonnes de matériels militaires et civils et relocalisé les 115 000 personnes résidant dans un rayon de 30 km autour de la catastrophe nucléaire. Quel État occidental serait aujourd’hui capable de mener une telle politique de salut public ?
2. La résistance s’organise
Revenons à la mini-série. Les « méchants » et les « tyrans » y sont incarnés par les membres de l’État-parti quand les « gentils » et les « résistants » se trouvent… chez les scientifiques ! Véritable force d’opposition au mensonge, ces êtres qui ont pour métier de rechercher la vérité dans un domaine précis auront évidemment la même attitude lorsqu’ils devront agir dans la sphère publique, au mépris des conséquences personnelles plus ou moins désagréables que leurs prises de position pourraient leur faire encourir.
Cette représentation naïve, bien évidemment fausse, nous révèle cette fois l’inconscient qui sous-tend notre civilisation occidentale : la société n’y est plus conçue que comme un système technologique dont la réponse aux questions qui se posent n’a plus à faire débat, mais nécessite la consultation d’un expert dont on exécutera les recommandations. C’est bien évidemment le scientifique, ce héros des temps modernes, qui représente dans notre inconscient l’archétype de l’homme soucieux de vérité à qui l’on devrait se référer, plutôt qu’aux passions des foules et aux décisions impétueuses d’une caste politicienne plus intéressée à sa propre quête de pouvoir qu’à l’intérêt général. La réalité historique était toute autre : l’URSS a produit un nombre important de scientifiques de très haut niveau dont la plupart étaient tout à fait alignés sur la politique du Parti.
Là encore, nous devons prendre du recul. Comme toute la philosophie politique nous l’a enseigné depuis l’Antiquité, le but le plus élevé qu’une collectivité politiquement instituée puisse atteindre est justement de s’assigner une fin commune, considérée comme un bien et poursuivie en tant que telle par une communauté de destin. Cette leçon, récemment rappelée par un Castoriadis en France ou les penseurs communautariens aux États-Unis, s’est depuis noyée dans les « eaux glacées » de la gouvernance, du management et de l’ingénierie sociale.
La question de la finalité politique n’existe plus, seule la roue incessante des problèmes immédiats à résoudre continue à tourner, indéfiniment…
3. Et maintenant ?
Nous vivons dans une société complexe qui a été bâtie par l’action conjointe de l’État et du marché, chacune ayant leur logique propre. La première de ces deux entités n’étant plus que l’ombre d’elle-même, comment la prochaine crise de grande ampleur sera-t-elle traversée et quelles en seront les répercussions ?
Pierre Legendre, dans son Fantômes de l’État en France, fait la généalogie de cette institution de pouvoir central et nous aide à en comprendre le dépérissement. Dans notre pays, l’idée nationale est inséparable de la forme étatique et la vitalité du lien social en est grandement tributaire.
Acculé qu’il est par les assauts du management, ce « montage fiduciaire » multiséculaire est au plus mal et l’on peut réellement s’interroger, avec inquiétude, sur la façon dont la crise sanitaire actuelle sera traversée. En ressortirons-nous vainqueur ou plutôt fragilisé, voire vaincu ? Sommes-nous en train d’assister à l’instant de vérité d’un système à bout de souffle ?
Affronter un défi de la taille d’une pandémie mondiale nécessite des ressources matérielles considérables du fait de la nature du système économique dans lequel nous évoluons, et une foi dans les capacités d’action administratives de l’État, expressions concrètes du pouvoir. L’on aura compris que ces deux dimensions sont aujourd’hui particulièrement fragilisées.
Avec un peu de provocation et un brin de malice, on pourrait même se demander si l’amateurisme de nos gouvernants ne réussirait pas l’exploit de nous faire regretter un état fort et autoritaire, tel celui commandé par les soviétiques, au moins capable d’actions effectives en temps de crise…
Jürgen Spanuth, son Atlantide septentrionale et les peuples de la Mer
Robert Steuckers
Quand, dans la mouvance métapolitique de la "nouvelle droite", dès la fin des années 1970, on évoquait la thèse de Jürgen Spanuth, qui situait l’Atlantide de Platon dans la mer du Nord, plus exactement dans les parties immergées de l’île allemande d’Heligoland, reste très réduit d’un territoire insulaire préhistorique, protohistorique et même médiéval, nous étions très sceptiques : nous prenions cette thèse pour une fantaisie nordiciste reposant certes sur des indices archéologiques incontestables mais trop ténus pour étayer toute certitude historique. Depuis lors, l’archéologie de la protohistoire a fait des progrès extraordinaires : le passé préhistorique de la mer du Nord, dont le fond n’a été submergé qu’entre 10.000 et 8000 avant l’ère chrétienne, est désormais mieux connu depuis l’apparition de forêts pétrifiées au large du Pays de Galles ou de la Charente ; la route de l’ambre qui amenait des pionniers du commerce de longue distance depuis les régions baltiques vers la Méditerranée a également été l’objet d’investigations archéologiques plus précises ; les bouleversements de l’année 1177 avant l’ère chrétienne qui ont chamboulé totalement les civilisations de la Méditerranée orientale et du Levant sont désormais mieux connus qu’à l’époque où, pour faire connaître ses thèses au grand public, Spanuth n’avait pas hésité à utiliser une terminologie contestable, frisant le sensationnel, terminologie qui avait d’ailleurs suscité notre propre scepticisme.
Personnellement, ce scepticisme avait été ébranlé très tôt, par la découverte d’un petit livre allemand dans la magnifique librairie du Passage 44 à Bruxelles, un ouvrage dû à la plume de Gerhard Gadow, Der Atlantis-Streit – Zur meistdiskutierte Sage des Altertums ( = La querelle de l’Atlantide – A propos du récit le plus discuté de l’antiquité). Gadow rappelait, comme Spanuth, les différentes hypothèses formulées au fil du temps sur l’Atlantide depuis le Critias et le Timée de Platon, qui faisait remonter le récit à Solon, le législateur athénien, qui l’aurait ramené d’un voyage en Egypte. Le récit égyptien évoquait un puissant royaume au-delà des colonnes d’Hercule, composé d’une île principale et de littoraux en face de celle-ci. Ce royaume jouxtait l’Italie, avait pris pied en Libye (Cyrénaïque) et avait conçu le projet de soumettre l’ensemble de la Méditerranée : les armées d’Athènes et d’Egypte avaient vaincu ces envahisseurs. D’autres sources antiques évoquent l’Atlantide : Hérodote, plusieurs décennies avant Platon ; Elien (Claudius Aelianus), historien romain du 3ème siècle avant l’ère chrétienne, écrivant principalement en grec ; Théopompe de Chios, historien et orateur grec du 4ème siècle av. J.C., premier à avoir évoqué les Etrusques et la prise de Rome par les Celtes ; Posidonios d’Apamée, qui visita la Gaule une cinquantaine d’années avant la conquête par César et qui nous laisse une description précise du pays et de ses sanctuaires, confirmée aujourd’hui par l’archéologie. A l’époque contemporaine, les thèses se sont également succédé, à commencer par celle de Jean-Baptiste Bory de Saint-Vincent, officier napoléonien, qui situait l’Atlantide autour des Iles Canaries, suite à un très long voyage en 1799, avec escale à Madère et aux Canaries. Cette expédition fut l’occasion d’écrire de nombreux ouvrages de géographie, dont le premier date de 1803 et s’intitule Essais sur Les Isles Fortunées et l'Antique Atlantide ou Précis de l'Histoire générale de l'Archipel des Canaries. Les hypothèses de Bory de Saint-Vincent, jugées trop éthérées par son éditeur allemand de 1804, seront prises au sérieux par le plongeur français Jean-Albert Foex (1917-1994), mais il ne parviendra pas à les étayer par l’archéologie : l’archipel, aujourd’hui espagnol, n’a été que tardivement peuplé par les Guanches, ses premiers habitants. A l’époque imaginée par Platon, l’Egypte, quant à elle, était une jungle touffue et humide, impropre à la sédentarisation des hommes. Plus tard, l’archéologue allemand Adolf Schulten, qui avait fouillé les restes du camp romain installé pour faire le siège de l’oppidum celtibère de Numance, avance l’hypothèse que l’Atlantide de Platon aurait pu être la ville andalouse antique de Tartessos, située sur la côte atlantique, au sud de la péninsule ibérique, fondée vers 1150 par les Etrusques et détruite six cents ans plus tard par leurs rivaux carthaginois. L’archéologie -en dépit d’un préjugé très favorable à cette hypothèse parce que la cité antique, de pure identité ibérique, se situe sur l’Atlantique, au-delà des « colonnes d’Hercule »- finira par l’infirmer. Schulten demeure néanmoins le principal archéologue des sites celtibères et des guerres cantabriques, menées par Rome contre les peuples du Nord-Ouest de l’Espagne. Ensuite, l’hypothèse est émise d’une Atlantide située autour de l’île de Théra dans la mer Egée, une Atlantide qui se serait effondrée suite à l’éruption du volcan de l’île de Santorin. L’hypothèse d’une Atlantide égéenne ne tiendra pas davantage : les nouvelles techniques de datation, de plus en plus précises, l’infirmeront.
Carte ancienne montrant le rétrécissement de l'île d'Heligoland au fil des siècles
Spanuth a voulu énoncer une théorie nouvelle sur l’Atlantide, au-delà du port atlantique et ibérique de Tartessos, des Canaries et de l’Egée en évoquant une cité en mer du Nord, s’étendant à son époque de gloire autour de l’île résiduaire d’Héligoland, vestige d’un espace insulaire jadis beaucoup plus vaste, fleuron de l’Age du Bronze nordique et lié commercialement à la Méditerranée et à l’Egypte par le trafic de l’ambre, lequel aurait été l’orichalque mythique de l’Atlantide de Platon, qui est surtout, comme le souligne Geneviève Droz, un modèle pour une cité forte et harmonieuse, à restituer dans l’espace culturel hellénique de son époque.
Quelle fut, dès lors, la démarche de Spanuth (1907-1998) ? Quel fut son itinéraire intellectuel ? Né à Leoben en Carinthie, il sera favorable à l’Anschluss d’une Autriche désormais enclavée et privée de ses ressources alimentaires et de ses débouchés vers l’Adriatique. Ce qu’on lui reprochera jusqu’à sa mort, alors qu’il n’a pas eu d’activités politiques proprement dites. Théologien et archéologue de formation universitaire, il sera, de 1933 à 1978, le pasteur évangélique du bourg de Bordelum dans le Slesvig-Holstein, Land nord-allemand qui deviendra sa patrie d’adoption. Archéologue, il adhère à la société d’études fondée par le Baron Bolko von Richthofen, la « Gesellschaft für Vor- und Frühgeschichte », qui s’intéresse principalement à l’origine des peuples germaniques et à l’archéologie des populations préhistoriques et protohistoriques autochtones de l’Allemagne et de ses régions limitrophes. Son statut de prêtre protestant l’amène tout naturellement à lire la Bible avec grande attention, à s’intéresser au passé protohistorique et antique de la « Terre Sainte », du Levant en général, et aux influences culturelles exercées par les Philistins et les Phéniciens dans la région. Les Phéniciens procèdent, selon les historiens en général et selon Spanuth en particulier, d’une fusion entre les Philistins, peu nombreux et allochtones, et le substrat ethnique local, demeuré largement majoritaire. Les Phéniciens, selon Spanuth, auraient emprunté les techniques de navigation et l’écriture alphabétique aux Philistins, venus d’Europe et même d’Europe du Nord (Slesvig-Holstein), dans le sillage de migrations importantes et bouleversantes, qui sont repérables dans la région entre 1250 et 1170 avant l’ère chrétienne et qui changent toute la donne en Grèce, en Anatolie, au Levant et, partiellement, en Egypte.
Pour Spanuth, les bouleversements et les vagues migratoires de grande ampleur de la protohistoire de l’Europe et du Levant, sont dues à deux catastrophes naturelles majeures : la chute d’une comète au large du Slesvig-Holstein, entre l’île d’Heligoland et l’embouchure de la rivière locale, l’Eider. L’île d’Heligoland aurait été le centre d’une civilisation du bronze nordique, enrichie par le commerce de l’ambre et de l’étain. Ensuite, l’explosion du volcan de Santorin qui aurait détruit les résidus de la civilisation mycénienne. Cette double catastrophe naturelle en entraînera d’autres comme des famines et des sécheresses, empêchant le déploiement futur des cultures propres aux populations locales vivant sur les territoires innervés par la civilisation du bronze nordique et en Europe centrale, où les mines de cuivre de l’Autriche actuelle avaient permis l’éclosion d’une société protohistorique prospère (thèse reprise par Reinhard Schmoeckel).
Bon nombre de mythes antiques rappellent cette ère ponctuée de terribles catastrophes, ayant provoqué, pendant au moins huit ou neuf décennies des désordres effroyables et des migrations inattendues, notamment celles des peuples centre-européens de la culture des champs d’urnes et des populations dites « doriennes », issues de la civilisation détruite du bronze nordique. Pour le déluge provoqué, selon Spanuth, par la chute de la comète, il s’agit des mythes de Deucalion et de Pyrrha, le couple seul survivant du cataclysme qui arrive en Grèce, sur le Mont Parnasse ; les récits bibliques des plaies d’Egypte et de l’Exode des Israélites ; l’arrivé des peuples de la mer et l’installation des Philistins en Palestine (à laquelle ils donnent leur nom). Ensuite, nous avons le mythe de Phaéton chez Platon, où ce fils d’Hélios, dieu-soleil, conduit avec une épouvantable maladresse le char solaire paternel et provoque une catastrophe cosmique entraînant sa chute en face de l’embouchure du fleuve Eridanos. Allusion directe à une catastrophe cosmique dans le territoire initial des « Atlantes ». Les mythes égyptien de Sekhmet et syrien d’Anat y font également allusion, de même que l’Avesta persan et le Ragnarök germanique, sans même mentionner, pour le déluge, le très contesté récit frison de l’Oera-Linda. L’historien grec antique Hécate de Milet tentera de déchiffrer les mythes, d’en restituer la consistance historique réelle, notamment pour l’histoire du sous-continent européen, en évoquant une cité celtique (polis keltikè) du nom de Nyrax, que l’on situe soit au nord de Marseille soit en Carinthie (dans la province romaine du Noricum) où, à l’époque historique, se trouvait une cité du nom de Noreia.
La chute de Phaeton par P.P. Rubens
Les catastrophes de la période qui va de 1250 à 1170 avant l’ère chrétienne semblent donc attestées, tant par la mythologie que par les sciences archéologiques. Après Spanuth, l’historien contesté H. K. Horken ajoute à la catastrophe cosmique esquissée par Spanuth, l’effondrement du Doggerbank au milieu de la mer du Nord, confirmé depuis lors par les archéologues. L’archéologue britannique Paul Dunbavin, quant à lui, évoque la disparition d’une civilisation protohistorique face à l’Atlantique au Pays de Galles, hypothèse désormais étayée par la découverte d’une forêt fossile, truffée d’artefacts humains.
La chronologie antique parle, avec Solon, d’une époque datant de 9000 avant l’apex de la civilisation athénienne classique. Or les sources de Solon étaient égyptiennes, civilisation qui comptait les lunaisons et non les cycles solaires annuels : les 9000 lunaisons de Solon et de sa source égyptienne correspondraient donc à 673 années solaires environ, ce qui ramène notre Athénien à la période des grandes catastrophes de 1250 à 1170. Spanuth a rétabli cette chronologie solaire. Les peuples de la région ravagée vont dès lors s’ébranler en direction de la Grèce et de la Méditerranée, en empruntant justement les routes de l’ambre partant des côtes de la mer du Nord et surtout de la Baltique, qui avait fait leur richesse. En arrivant en Grèce, pense Spanuth et ses fidèles, ils arrachent ce territoire à l’orientalisation qui l’affectait. La Grèce cesse alors d’être mycénienne, pensait Spanuth, car les migrants doriens ravagent le territoire et s’y installent. L’archéologie, sur ce point comme sur d’autres, ne lui a pas donné raison : cette installation se serait opérée plus tard. Les Doriens n’auraient fait que traverser la Grèce, sans exercer trop de ravages, pour marcher sur l’Egypte. Battus par le Pharaon, ils seraient revenus plus tard, sur l’espace mycénien détruit par d’autres catastrophes. Spanuth parle alors de « retour des Héraclides », thème auquel il a consacré un ouvrage qui complète et corrige ses thèses premières. Par voie de conséquence, la chute de la comète dans le nord de l’Europe est quasi contemporaine d’une autre catastrophe, survenue dans l’Egée, à savoir l’éruption du volcan de Santorin. C’est elle qui provoque la disparition de la civilisation mycénienne et son remplacement ultérieur, par les débris des Doriens ou Héraclides, repoussés par les armées du Pharaon. Cependant le choc entre l’Egypte, les peuples de la mer et les autres peuples arrivés d’Europe aurait été tel que l’empire des Pharaons en fut sérieusement ébranlé, entraînant la fuite hors d’Egypte des Israélites qui se heurteront alors aux Philistins, issus de ces mêmes peuples d’origine européenne, sur le territoire actuellement palestinien, appelé alors « Pays de Canaan ».
Carte montrant l'effondrement de la côte au Schleswig-Holstein et au Danemark, autour du bourg médiéval de Rungholt
Gerhard Gadow rappelle le début des démarches de Spanuth dans l’ouvrage qu’il lui consacre partiellement. Pendant l’été 1953, Spanuth commence à explorer les fonds de la mer du Nord, notamment le Steingrund (littéralement : le fond pierreux) à l’est d’Héligoland. Pendant la première guerre mondiale, un navire de guerre allemand s’était échoué sur ce fond, entraînant l’activité de plongeurs qui y découvrent des pierres taillées : Spanuth pensait qu’il s’agissait de bâtiments ou de palais représentatifs de cette civilisation du bronze nordique qu’il croyait détruite par un cataclysme cosmique. La publication des résultats de ces recherches très difficiles à parfaire enclenche une polémique entre archéologues, où Spanuth doit faire face à une opposition entêtée, rejetant ses hypothèses sans réellement les examiner. A la suite de ces débats aigres-doux, un archéologue toutefois rappelle que l’on avait aussi pris Schliemann pour un fou, alors que cet amateur a redécouvert la Troie des récits homériques.
Dans les polémiques qui le fustigeaient et voulaient le chasser des débats, l’accent est généralement mis sur sa thèse « atlantide » car ce vocable, issu du mythe platonicien, a suscité, au fil des décennies, une vague de thèses farfelues et invraisemblables, relevant du mythe moderne, de la veine utopique, de la fantasmagorie ou de la fantaisie littéraire. C’est oublier un peu vite que Spanuth est l’auteur de deux volumes bien étayés, l’un sur les Philistins, l’autre sur les Phéniciens, parus tous deux chez l’éditeur Otto Zeller d’Osnabrück, qui fut, entre bien d’autres choses, l’un des traducteurs en allemand des Védas, de l’Iliade et de l’Odyssée. Pendant la seconde guerre mondiale, le Dr. Otto Zeller, indianiste, servit d’interprète aux indépendantistes indiens présents à Berlin pour servir les forces de l’Axe : les anecdotes à ce sujet qu’il m’a racontées étaient fort plaisantes… Zeller faisait siennes les thèses de Spanuth, notamment dans un ouvrage qu’il avait publié uniquement pour les membres de sa famille, mais dont il m’offrit un exemplaire lors de ma visite à sa maison d’édition en 1985 (cf. bibliographie). Pour Zeller, les migrations successives des peuples dits « indo-européens » partent, dans la protohistoire, de la zone indiquée par Spanuth : les tribus migrantes gardaient leur nom qui se transformait selon les règles des mutations consonantiques et s’installaient parfois très loin de leur foyer initial. Zeller ne retient pas l’hypothèse de foyers fixes mais avance celle de foyers essaimés entre l’Atlantique et l’Indus, où elles marquent souvent le territoire de manière durable et laissent des traces onomastiques. Il pose ainsi l’hypothèse que les Frisons, proches du foyer héligolandais de Spanuth, ont essaimé, d’une façon par ailleurs décrite par Oswald Spengler, notamment dans le bassin parisien (les « Parisii ») et en Angleterre (d’autres « Parisii ») voire jusqu’aux rivages de la Caspienne et en Perse où les clans dominants auraient été de souche frisonne, proche ou lointaine.
Spanuth est donc essentiellement, pour la communauté scientifique, non le théoricien d’une Atlantide héligolandaise, car on considère sa thèse comme une fantaisie personnelle, comme une sollicitation outrancière des faits archéologiques, mais l’archéologue qui a exploré les mondes philistin et phénicien. Pour Spanuth, l’invasion des peuples de la mer, dont les Philistins, a été dûment planifiée puisqu’elle s’attaque à l’Egypte de Ramses III par trois côtés à la fois : par l’Ouest libyen, par l’Est, le Sinaï, et par le Nord, le delta du Nil.
Son ouvrage sur les Philistins repose notamment sur un décryptage en règle des fresques du temple égyptien de Medinet Habou, lesquelles relatent les combats victorieux du Pharaon Ramses III contre les peuples de la mer. L’archéologie a toujours spéculé sur l’origine de ces peuples marins qui ont tenté de subjuguer l’Egypte. Les textes hiéroglyphiques de Medinet Habou disent : « Les peuples de l’océan du Nord lointain ont ourdi un complot dans leur île. Ils conçurent le plan de s’emparer de tous les pays jusqu’aux confins extrêmes de la Terre. Aucun royaume ne résista à leurs armes. … (tous) furent détruits en même temps. Ils édifièrent leur camp en un lieu d’Amarru (= la Palestine). (…) puis se dirent « En avant vers l’Egypte ». Ils s’étaient alliés aux Peleset, Sakars, Dennes, Sekels et Wasasa ». Pour Spanuth, les Peleset sont les Philistins de la Bible et les Sakars et les Dennes sont vraisemblablement des tribus de ce même peuple. Les Sekels seraient originaires de Sicile ; les Wasasa de Corse. Après leur défaite face aux troupes du Pharaon, les Philistins se replient sur leurs bases de Palestine, essentiellement sur la côte méditerranéenne. Les Sakars s’installent dans le Liban actuel et les Dennes à Chypre, où ils deviendront maîtres dans l’art de travailler le cuivre, ressource majeure de l’île.
A l’Ouest, les Lebu (= Libyens), les Tyrrhéniens et les Sardana (= les Sardes ?), seront appuyés par les Wasasa de la mer et demeureront à l’ouest de l’empire des pharaons, parmi les tribus libyennes. Indubitablement, le Pharaon est vainqueur en Egypte mais, précise Spanuth, ne parvient plus à asseoir son pouvoir sur les territoires actuellement palestiniens ou libanais, alors que son prédécesseur Ramsès II les avait arrachés aux Hittites, suite à la fameuse bataille de Qadesh (-1288). Un facteur nouveau s’était imposé au Levant : les Philistins avaient bel et bien ôté à l’Egypte ses provinces levantines qui lui permettaient d’avoir un accès direct et caravanier à la Mésopotamie pour consolider durablement son commerce. Les forteresses égyptiennes de la région, édifiées après le choc de Qadesh contre les Hittites mais détruites ensuite par les catastrophes naturelles entre 1250 et 1170 avant l’ère chrétienne, n’ont jamais été reconstruites. Les terres dominées par les Philistins s’étendaient, démontre Spanuth, jusqu’à proximité immédiate du delta du Nil. L’exode hors d’Egypte des tribus hébraïques, que relate la Bible, n’a de sens, dit Spanuth, que si le pouvoir du Pharaon ne s’exerçait plus sur les terres qu’elles avaient quitté plusieurs générations auparavant. Cet exode se serait effectué en passant par l’étroite bande de terre séparant la Méditerranée du Sabkhat el Bardawil (Mer de Sibonis dans l’antiquité) au nord du Sinai, laquelle était sans intérêt et pour les Philistins et pour les Egyptiens. Au bout de cette bande de terre ingrate, les migrants hébraïques durent traverser le désert et, bien plus tard, prendre à revers, par l’intérieur, les territoires utiles et littoraux, contrôlés par les Philistins.
Les routes terrestres et maritimes empruntées par les peuples de la mer sont, pour Spanuth, celles qui reliaient dans la protohistoire l’Egypte aux rivages d’où provenait l’ambre, si prisée dans l’empire des pharaons, et l’étain des Cornouailles dans des Iles Britanniques alors marquées par la culture mégalithique. Depuis les côtes méridionales de l’actuelle Angleterre, ces routes longent, sur le continent, les cours de la Seine, de la Saône et du Rhône pour se porter ensuite vers les trois grandes iles du bassin occidental de la Méditerranée. Une route maritime cabote le long des côtes atlantiques et entre en Méditerranée par Gibraltar pour aborder les Baléares et la Sardaigne. La première des routes de l’ambre remonte la Weser et le Rhin, pour suivre ensuite le Doubs, la Saône et le Rhône et se joindre à la route venue des Iles Britanniques. Une deuxième route suit le cours de l’Elbe jusqu’en Bohème où elle bifurque, amenant, pour la première de ces bifurcations, les marchands d’ambre puis les peuples migrants vers l’Italie en suivant le Danube et l’Inn ; et, pour la seconde de ces bifurcations, vers le Danube jusqu’à hauteur de Belgrade ou elle emprunte le cours de la Grande Morava puis descend le cours du petit fleuve grec, le Vardar, qui a son embouchure dans l’Egée aux environs de Salonique ; de là les peuples migrants ont pu se répandre en Crète, à Chypre, dans l’Anatolie hittite et le long des côtes méditerranéennes du Levant jusqu’au Sinai. La troisième route, partant de la Baltique, suit l’Oder et rejoint la bifurcation danubienne/égéenne.
L’archéologie actuelle confirme, non pas directement les thèses de Spanuth mais toutes les hypothèses qui suggéraient un degré de culture assez élevé en Europe centrale et dans les régions plus septentrionales du Mecklembourg, de la Poméranie, des terres situées à l’embouchure de la Vistule et des côtes s’étendant de ce fleuve, aujourd’hui polonais, jusqu’aux littoraux de tous les Pays Baltes. Ainsi, dans un ouvrage largement vendu Outre-Rhin, Die Bernsteinstrasse, de Gisela Graichen et Alexander Hesse, nos deux auteurs reconstituent la carte géographique des relations commerciales de la protohistoire européenne, méditerranéenne et levantine, en appuyant leurs démonstrations de preuves archéologiques récentes, qui ne sont guère connues du grand public jusqu’à ce jour. Le commerce de l’ambre balte se repère en Egypte dès l’époque du pharaon Thutmosis III qui, par ailleurs, organisait des caravanes pour aller chercher du lapis-lazuli dans des régions orientales aujourd’hui afghanes. Le petit-fils et successeur de ce pharaon, Thutmosis IV épouse une princesse du Royaume Mitanni (Syrie, Nord de l’Irak), dont on ne connaît guère les composantes ethniques mais où l’on devine une présence indo-européenne, notamment chez les charistes de l’armée. La princesse apporte, dans sa dot, des bijoux faits d’ambre. Ce mariage scelle la paix entre l’Egypte de Thutmosis III, qui, vainqueur, avait consolidé la domination égyptienne sur le Levant. Cette suzeraineté égyptienne permet le développement du port de Byblos (Liban) où arrivait probablement l’ambre et d’où partait le bois de cèdre vers l’Egypte, dont les palmiers n’offraient qu’un bois de plus piètre qualité, inapte à soutenir les constructions pharaoniques.
Les objets d’ambre ne proviennent probablement pas de la voie terrestre occidentale car rien n’indique qu’il y a eu conflits armés ou relations commerciales avec les tribus libyennes vivant à l’ouest des terres du Pharaon. Dans le tombeau du jeune Toutankhamon (-1334, -1324), un grand nombre d’objets faits d’ambre baltique ont été découverts. Ils sont d’une facture telle qu’on peut affirmer qu’ils proviennent de la culture des tumuli, installée, à l’époque, dans la région baltique. L’hypothèse est de dire qu’ils ont été acheminés par étapes sur des voies terrestres de la Baltique à la Grèce, puis, de là, vers les ports du Levant et d’Egypte. Toutankhamon a donc reçu ces objets directement d’Europe du Nord ou par l’intermédiaire des villes du Levant. On émet l’hypothèse que le culte solaire, imposé par Akhenaton, époux de la belle Nefertiti, a une origine nord-européenne, car des objets de culte solaire existaient, dans cette période protohistorique, dans le Nord, comme l’attestent le magnifique char solaire découvert à Trundholm au Danemark et qui date de -1400 avant l’ère chrétienne. Graichen et Hesse écrivent : « Les idées, les représentations, les religions voyageaient sur des milliers de kilomètres, même quand on n’avait pas internet » (p. 225).
Mais l’époque des grandes catastrophes, qui ont ruiné tous les empires et royaumes du Levant, de l’Anatolie et de la Grèce, et, pour Spanuth, le royaume insulaire de la Mer du Nord centré autour de l’île d’Heligoland, a eu des répercussions en Allemagne du Nord également. Sur le territoire du Land actuel de Mecklembourg-Poméranie occidentale, les archéologues ont retrouvé les traces d’une bataille et d’un massacre de grande ampleur pour l’époque, qui a sans doute eu pour enjeu l’ambre de la Baltique. On retrouve des colliers de perles d’ambre dans les vallées glacées des cols alpins : ils sont semblables à ceux retrouvés dans les tombeaux des pharaons, des rois mycéniens et des princes de Qatna (Syrie). Les cols alpins ont donc été la voie de passage des vendeurs d’ambre en direction de l’Egypte, de la Grèce et du Levant. Outre les régions alpines, la ville de Halle en Allemagne semble avoir été un dépôt d’ambre à l’époque, de même qu’un centre d’observation astronomique, vu que l’on y a découvert le fameux disque de Nebra, première représentation cartographiée du ciel et des astres. La question que se posent aujourd’hui les archéologues d’Europe centrale est la suivante : que s’est-il passé entre les Alpes et la Baltique, précisément sur les voies d’acheminement de l’ambre vers le Sud, qui amenait le cuivre et l’étain vers le Nord et le sel et l’ambre vers la Méditerranée ?
Le récit biblique évoque donc, vers la même époque, l’exode des Hébreux vers le Levant. Dans le Nord de l’Europe, un peuple installé dans la zone préalpine s’ébranle, avec femmes, enfants et bétail, vers le Nord, vers les régions baltiques d’où vient l’ambre. Seule l’archéologie récente peut l’affirmer, vu qu’aucune trace écrite ne mentionne cette migration, à l’époque des grandes catastrophes. Cette tribu danubienne et préalpine emporte dans ses bagages de l’étain et, en moindre quantité, de l’or. Dans la vallée de la rivière Tollense, au sud de l’actuelle ville de Greifswald, elle affronte, avec ses armes de bronze, des autochtones qui lui refusaient le passage d’un gué. Une bataille s’ensuivit dont les traces ont été retrouvées, dans la boue du lit de la rivière : des squelettes d’hommes, entre 20 et 40 ans, mutilés, aux crânes défoncés à coups de gourdin, aux colonnes vertébrales broyées, nourris, avant leur mort tragique, de millet provenant des contreforts alpins. Questions : pourquoi cet affrontement, pour quel enjeu ? Pourquoi les cadavres des migrants danubiens vaincus n’ont-ils pas été enterrés ni leurs trésors complètement pillés ? Cette tribu massacrée, en errance, a-t-elle quitté son territoire d’origine suite à une dégradation générale du climat ? Et quelle est la cause de ce changement climatique ? La chute de la météorite dans la Mer du Nord et l’éruption du volcan de Santorin, comme le pense Spanuth ? Ou voulait-elle s’emparer des littoraux d’où venait l’ambre pour ne pas avoir à payer tribut à des intermédiaires et monopoliser à son seul profit ce commerce florissant avec l’Egypte ?
Bataille de la Tollense: crâne fracassé et armes découvertes sur le site.
Le 17 mars 1991, le musée de Neustrelitz apprend qu’une découverte tout aussi sensationnelle vient d’être faite dans un champ près de la ville : dans une urne de céramique de grande dimension mise à jour par des riverains, on trouve 700 objets de bronze, 180 perles de verre et 20 perles d’ambre de la Baltique. Les perles de verre sont d’origine égyptienne ou proviennent des rives des grands lacs suisses. Les archéologues pensent que l’enfouissement de ce trésor constitue une offrande aux dieux, peut-être pour les apaiser suite aux catastrophes et aux changements climatiques, afin d’être à l’unisson avec le numineux, par une unio magica. Mais outre cette dimension religieuse, la découverte de Neustrelitz prouve désormais bel et bien que l’Europe centrale et septentrionale n’était pas une région arriérée et désolée, repliée sur elle-même mais était en contact avec la Méditerranée, l’Egypte et, partant, le Levant, la Mésopotamie et sans doute les terres afghanes qui fournissaient de l’étain et du lapis-lazuli, ce qui pourrait corroborer l’hypothèse de Zeller que des fragments de tribus, des cadets de famille s’établissaient le long des routes commerciales, jusqu’en Inde sur tout le territoire plus ou moins indo-européanisé entre l’Europe et l’Inde ou le Sinkiang.
Objets découverts sur le site de la bataille de la Tollense
En avril 2011, près de Diepholz en Basse-Saxe, un archéologue découvre des objets de bronze, faits de matériaux venus d’Europe balkanique, et des artefacts d’un or en provenance d’Asie centrale. Cette région allemande, plus proche de la Mer du Nord que de la Baltique, était donc en relations commerciales avec des contrées très lointaines à l’Age du Bronze. La manière dont cet or avait été traité indique un savoir-faire très avancé, qu’on ne soupçonnait pas jusqu’ici, dans nos régions. L’Europe centrale et septentrionale était donc branchée sur le monde extérieur par des voies commerciales qui fonctionnaient dans les deux sens, avec des sites-étapes probablement équidistants, le long de lay lines, sans que les destinataires, aux extrémités, ne se rencontrent jamais.
Or découvert à Diepholz.
En 1994, l’ethnologue Hans-Peter Duerr, spécialiste des religions autochtones sud-américaines et chamaniques, mais spécialiste aussi des traditions rurales de Frise septentrionale (et donc du Schleswig-Holstein), explore, à proximité d’Heligoland, les eaux qui ont englouti le bourg médiéval de Rungholt dans la Wattenmeer, peu profonde, laissant parfois des plages de plus de 5 km de long à marée basse. Il y découvre des objets en provenance des régions méditerranéennes. Ces découvertes amènent les archéologues à s’interroger sur les voies maritimes de l’Age du Bronze entre ce Schleswig-Holstein et les Iles Britanniques, où se trouvent les mines d’étain des Cornouailles. Ils estiment d’ores et déjà qu’une navigation au moins élémentaire se rendait des côtes de cette région nord-frisonne vers l’île d’Heligoland d’où on extrayait le silex rouge. Par ailleurs, ils estiment aussi qu’une navigation fluviale existait, de même qu’un cabotage sur le pourtour de la Mer du Nord. Les forêts, assez denses, étaient traversées par des chemins praticables, avec passages de bois dans les sites marécageux et renforcements divers à l’aide de madriers. Les hypothèses lancées en 1994 par Duerr permettent aujourd’hui d’avoir une image plus claire sur la préhistoire et la protohistoire de cette région et de lancer de nouvelles recherches sur la Mer du Nord à l’Age du Bronze, qui corroboreront peut-être quelques-unes des thèses de Spanuth.
Pour la navigation préhistorique ou protohistorique, plus plausible aujourd’hui qu’elle ne l’était il y a soixante ou cinquante ans quand Spanuth a entamé ses recherches, on se réfèrera, du moins pour la Manche, les côtes septentrionales et méridionales de l’Armorique et la péninsule ibérique, aux thèses remarquables de l’archéologue britannique Barry Cunliffe qui évoque notamment une navigation océanique/atlantique pour le transport des métaux (or, étain, cuivre), qui aurait commencé dès le cinquième millénaire avant l’ère chrétienne. Si une telle navigation pouvait exister sur les eaux tumultueuses de l’Atlantique, le passage d’embarcations, même rudimentaires, devait être plus facile dans la Mer du Nord, pour accéder au cuivre et à l’étain des Iles Britanniques, amenés, sans doute, par voie fluviale vers les centres préalpins du commerce protohistorique avec le bassin oriental de la Méditerranée. Heligoland, face à l’embouchure de l’Elbe, a pu dès lors jouer un rôle clef et servir de dépôt insulaire, et donc plus sûr, à des richesses en provenance de la frange atlantique, d’une part, et des Balkans, tremplins vers l’Egypte et le Levant, d’autre part. Rappelons aussi que les gravures rupestres protohistoriques de la Scandinavie présentent de nombreux dessins d’embarcations de longueurs diverses.
Revenons en Egypte et au Levant. Après la défaite des Philistins en Egypte et l’exode des Hébreux, ces deux peuples vivent en voisins pendant un siècle ou deux sans se heurter. Les Philistins maîtrisent les techniques navales, équestres et architecturales que les Hébreux de l’époque ne possédaient pas. Et leur transmettront vraisemblablement leur alphabet, dérivé d’un système d’écriture européen. Les Philistins ont donc joué un rôle civilisateur indéniable au Levant. Spanuth précisera ce rôle dans son ouvrage sur les Phéniciens. Ceux-ci maîtriseront finalement une bonne part de la Méditerranée, fonderont Carthage et plusieurs comptoirs en Hispanie préromaine, avant de succomber aux assauts répétés des peuples sémitiques de l’arrière-pays du Levant.
Mais c’est là une autre histoire, celle de la reconstruction du monde européen et méditerranéen après les catastrophes survenues entre -1250 et -1177 avant l’ère chrétienne. Cette catastrophe, qui est une césure dont nous ne saisissons pas trop bien l’ampleur, est étudiée par le professeur américain Eric H. Cline, qui évoque aussi un réseau protohistorique de commerce international euro-méditerranéen et eurasien, fonctionnant sans trop de heurts et certainement stabilisé après la victoire de Ramses II à Qadesh contre les Hittites. Ce réseau s’est effondré subitement, entre autres motifs à cause des coups portés par les « peuples de la mer » et la tâche de l’archéologie est d’expliquer les raisons de cet effondrement. Spanuth n’a pas voulu faire autre chose. L’avenir nous donnera certainement des explications plus précises sur cette tragédie du monde pré-antique.
Robert Steuckers,
Forest-Flotzenberg, février-avril 2020.
Bibliographie et blogographie :
Eric H. Cline, 1177 B.C. – The Year Civilization Collapsed, Princeton University Press, 2014.
Barry Cunliffe, Facing the Ocean – The Atlantic and its Peoples, Oxford University Press, 2001-2004.
Barry Cunliffe, Océano – Una hisrtoria de conectividad entre el Mediterràneo y el Atlàntico desde le prehistoria al siglo XVI, Desperta Ferro, Madrid, 2019.
Geneviève Droz, Les mythes platoniciens, Seuil-Points, Paris, 1992 (Cet ouvrage reproduit les textes de Platon, relatifs au mythe de l’Atlantide, extraits du Critias et du Timée).
Gerhard Gadow, Der Atlantis-Streit – Zur meistdiskutierte Sage des Altertums, Fischer, Frankfurt am Main, 1973.
Gisela Graichen / Alexander Hesse, Die Bernsteinstrasse – Verborgene Handelswege zwischen Ostsee und Nil, Rowohlt, Reinbeck bei Hamburg, 2012.
Harald Haarmann, Das Rätsel der Donauzivilisation – Die Entdeckung der ältesten Hochkultur Europas, Beck, München, 2011.
Herodotus, Histories, Wordsworth Classics, 1996.
Othniel Margalith, The Sea People in the Bible, Otto Harrassowitz Verlag, Wiesbaden, 1994.
Ulderico Nistico, Il ritorno degli Eraclidi e la tradizione dorica spartana, Ed. di Ar, Padova, 1978.
K. Sandars, De Zeevolken – Egypte en Voor-Azië bedreigd – 1250-1150 v. C., Fibula/Van Dieshoeck, Haarlem, 1980.
Reinhard Schmoeckel, Die Indo-europäer – Aufbruch aus der Vorgeschichte, Lindenbaum Verlag, Beltheim-Schnellbach, 2012.
Jürgen Spanuth, Die Philister – Das unbekannte Volk – Lehrmeister und Widersacher der Israeliten, Otto Zeller Verlag, Osnabrück, 1980.
Jürgen Spanuth, Die Phönizier – Ein Nordmeervolk im Lebanon, Zeller Verlag, Osnabrück, 1985.
Jürgen Spanuth, Die Rückkehr der Herakliden – Das Erbe der Atlanter - Der Norden als Ursprung der griechischen Kultur, Grabert, Tübingen, 1989.
Jürgen Spanuth, Le secret de l’Atlantide – L’empire englouti de la mer du Nord, Editions d’Heligoland, 2011.
Paul Vaute, Mer du Nord : les invasions toujours recommencées,https://lepassebelge.blog, 7 septembre 2019.
Otto Zeller, Der Ursprung der Buchstabenschrift und das Runenalphabet, Biblio Verlag, Osnabrück, 1977.
Otto Zeller, Am Nabel und im Autrag der Geschichte, Biblio Verlag, Osnabrück, 1985.