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mercredi, 23 janvier 2013

La position stratégique de la Roumanie dans l’Union Européenne

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La position stratégique de la Roumanie dans l’Union Européenne

par Floriana Maniutiu
 
Ex: http://www.infoguerre.fr/

La Roumanie a été un pays très attractif au fil du temps pour les plus grandes puissances du monde : l’UE, la Russie et les Etats-Unis, grâce à sa position géographique, à ses ressources naturelles disponibles et à l’accès aux voies maritimes importantes. Toutefois, le manque d’une vraie stratégie post-adhésion UE ainsi que la mauvaise coordination des pratiques politiques nationales ont mené à un fort affaiblissement de l’influence de la Roumanie sur l’UE, durant ces dernières années. Est-ce que, à nos jours, la Roumanie représente encore d’intérêt pour l’Union Européenne et son intégration totale au sein de l’Europe ?

UN GRAND POTENTIEL EN TERMES DE PUISSANCE…

La position géographique. L’isthme ponto-baltique

Le territoire roumain représente la frontière Est de l’UE et l’OTAN et constitue le lien avec l’Europe Orientale, la Russie et le Moyen Orient. Il serve comme plateforme de transport paneuropéen ainsi que comme porte d’entrée pour toute activité commerciale provenant de l’Est.

L’accès aux voies de transport maritime

La Roumanie comprend sur son territoire plus de 30% de la voie fluviale la plus importante de l’Europe, le Danube, ayant aussi accès à la Mer Noire. Cette position marque le point de confluence des pôles générateurs de transports de l’Europe, Balkans et du Moyen-Orient. Elle constitue ainsi une plateforme importante des flux de trafic du basin marin (devenant un hub pour la circulation fluviale qui remonte le Danube), représentant un grand intérêt pour les secteurs de l’agriculture, du commerce et de l’énergie (énergie nucléaire et hydraulique, la centrale « Portile de Fier » étant une des plus grandes centrales hydroélectriques européennes).

Les ressources naturelles et le potentiel énergétique

La richesse naturelle du territoire roumain se traduit par de grandes quantités de ressources, notamment : le bois, le charbon, les grandes surfaces agricoles et les terrains fertiles, mais aussi le gaz naturel et le pétrole. La Roumanie est considérée un des pays les plus attractifs du point de vue de son potentiel énergétique pour l’exploitation des ressources renouvelables. On mentionne ici l’énergie éolienne et les réserves de gaz de schiste comme domaines d’intérêt majeur pour une exploitation future.

L’axe de la défense et de la sécurité internationale

Suite à l’adhésion à l’OTAN en 2004, le Roumanie s’inscrit sur l’axe de la défense et de la sécurité internationale, par l’ouverture de l’espace terrestre et aérien aux troupes militaires américaines et par la création des bases militaires portuaires pendant la guerre en Irak. Ainsi, ce pays arrive à être un point militaire stratégique pour la préparation des cadres militaires et aussi pour la participation active en temps de conflit.

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…MAIS UNE FAIBLE UTILISATION DES FORCES

L’instabilité politique interne et les problèmes de corruption

L’intensification des conflits et des désaccords entre les forces politiques présentes au sein du gouvernement roumain a conduit à un vrai coup d’Etat cette année, mettant en lumière deux aspects négatifs majeurs : la pratique de la corruption aux plus hauts niveaux de l’Etat, ainsi que l’abus de contrôle du président de la république et des autres membres de la gouvernance. Les derniers événements qui ont eu lieu sur la scène politique roumaine ont eu un impact majeur sur l’image externe du pays. L’instabilité politique de l’Etat a diminué la confiance de l’Union Européenne et des autres partenaires externes en l’Etat roumain, affectant ses perspectives futures de gagner des nouveaux accords et de contrats d’investissement.

Un ralentissement du développement dans tous les domaines stratégiques

A présent, la Roumanie garde une position globale plutôt faible face à l’Union Européenne. Dans le cadre de la crise économique européenne qui a débuté en 2008, les problèmes nationaux existants au niveau de la gestion des finances publiques, de la corruption et de la bureaucratie se sont aggravés. En conséquence, la Roumanie a subit des grands déficits budgétaires, ainsi qu’une forte diminution en termes de volume d’investissements directs étrangers, ralentissant son évolution à long terme. En même temps, tous ces éléments ont engendré une dégradation majeure en termes de puissance de la Roumanie sur le marché européen de consommation.

Dans le domaine militaire aussi, on constate une baisse de l’influence de la Roumanie. L’Etat ne bénéficie plus d’un équipement technique performant et mis à neuf, imputable au manque d’investissements au cours des dernières années. Cela révèle la décroissance en importance du pays en ce domaine à travers le temps, dû à l’échec de développer une stratégie claire et de s’affirmer comme vrai acteur dans la problématique de la défense et pas comme un simple accessoire.

Mais peut-être un des plus grands échecs que la Roumanie a vécu reste celui du secteur énergétique, par l’incapacité de participer aux projets South Stream ou Nabucco. L’Etat roumain a eu une position incertaine dans les négociations, favorisant l’alliance avec la Russie dans la perspective d’obtenir un accord direct avec celle-ci pour l’approvisionnement en gaz naturel (en vue de renoncer aux intermédiaires), mais en se déclarant en même temps partisan du projet South Stream, pour les implications pour l’Union Européenne. Ce jeu confus a mis sous doute, une fois de plus, la loyauté de la Roumanie face à l’UE, diminuant sa crédibilité en qualité de partenaire et d’allié.

Les échecs diplomatiques

Sur le plan international, la Romanie n’a pas encore réussi à élaborer une stratégie diplomatique claire, ce qui a rendu difficile l’amélioration de son image externe. Cela s’explique principalement par une orientation vers la défense des intérêts nationaux face à l’organisation européenne, au lieu d’essayer d’intégrer les valeurs européennes globales dans l’élaboration de sa politique nationale.

L’Etat roumain s’est aussi confronté avec un problème de représentation dans le Conseil Européen, mettant en lumière le manque de concordances existant au niveau des réglementations nationales. La séparation des attributions concernant la politique externe du pays marque le clivage entre celui qui élabore et celui qui représente les stratégies internationales de l’Etat à l’extérieur. Ce fait a entrainé un manque de confiance des partenaires et des acteurs européens dans le déroulement de leurs négociations avec l’Etat roumain car ils doivent passer par des intermédiaires qui n’ont ni d’intérêts directs, ni pouvoir de décision.

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Il semble aussi important de mentionner les entraves rencontrées dans les démarches d’adhésion à l’espace Schengen. Si, à la base, c’était un problème de positionnement géographique qui facilitait l’entrée du commerce illégal et du trafic illégal des personnes en Europe, maintenant, le refus d’adhérer à l’espace Schengen est surtout un problème d’ordre politique. Les officialités européennes ont conditionné la révision de toute nouvelle demande d’adhésion par la résolution des conflits politiques internes et par la création d’un environnement interne stable.

PERSPECTIVES ET CONCLUSION

A ce jour, la Roumanie n’est plus considérée comme un membre significatif pour l’Union Européenne. Elle n’a pas réussi développer de smart power qui lui aurait permis de combiner de manière efficace ses outils de puissance, afin de reprendre sa place comme partenaire-clé dans l’espace européen. Cette situation pourrait cependant changer, à condition que la Roumanie dirige tous ses efforts vers une résolution des tensions politiques internes, suivie par une redéfinition totale de ses stratégies externes futures.

Floriana Maniutiu

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

Cristescu Juliette et Muntele Ionel, « Les conséquences humaines et territoriales du processus d'adhésion de la Roumanie à l'Union européenne », L'Information géographique, 2007/4 Vol. 71
Duboz Marie-Line, « Bulgarie, Roumanie » Interrogations sur leur adhésion à l'Union européenne, Le Courrier des pays de l'Est, 2007/5 n° 1063, p. 34-42
Institutul « Ovidiu Sincai » : « Influenta Romaniei in Uniunea Europeana : Rezultate si perspective », Raport de analiza politica, 2009/5, Bucuresti, « Despre Actiunea Internationala a Romaniei – dilema institutionala sau problema politica ? », Raport de analiza politica, 2012/05
Lhomel Édith, « Roumanie 2002-2003 » Un parcours encourageant, mais parfois sinueux, Le Courrier des pays de l'Est, 2003/6 n° 1036-1037, p. 173-189
Lhomel Édith, « Roumanie 2003-2004 » Sur la dernière ligne droite ?, Le Courrier des pays de l'Est, 2004/4 n° 1044, p. 185-201

 

Rey Violette et Groza Octavian, « Bulgarie et Roumanie, un « entre-deux » géopolitique dans l'Union européenne », L'Espace géographique, 2008/4 Tome 37, p. 365-378

Putschisten und Touareg-Rebellen in Mali wurden von US-Instrukteuren geschult

Putschisten und Touareg-Rebellen in Mali wurden von US-Instrukteuren geschult

Thema: Zuspitzung der Lage in Mali

Ex: http://de.rian.ru/

Putschisten und Touareg-Rebellen in Mali wurden von US-Instrukteuren geschult

Die Putschisten und Touareg-Rebellen in Mali, deren Handlungen zur Besetzung des nördlichen Teils des Landes durch Islamisten geführt hatten, sind einem Zeitungsbericht zufolge von US-Instrukteuren im Kampf gegen den Terrorismus geschult worden.

"In den zurückliegenden vier Jahren haben die USA ein umfassendes Anti-Terror-Programm in der Region absolviert sowie bis zu 600 Millionen Dollar in die Ausbildung von Militärkontingenten in Mali investiert", berichtet die "New York Times" am Montag. "Nachdem gut bewaffnete Islamisten aus dem benachbarten Libyen im März 2012 in nördliche Gebiete von Mali eingedrungen waren, kam es in Mali zu einem Militärputsch mit dem von den Amerikanern ausgebildeten General Amada Sanogo an der Spitze."

Dem Blatt zufolge haben die Amerikaner nicht nur den heranreifenden Putsch übersehen, sondern auch außer acht gelassen, dass das Kommando über Elitetruppen an Vertreter der Touareg übertragen wurde, die seit rund 50 Jahren im Konflikt mit der Zentralregierung stehen. "Im April riefen die Touareg im Norden von Mali den Staat Azawad aus. Die Befehlshaber von drei der vier Armeeeinheiten im Norden des Landes gingen samt Personal und Waffen auf die Seite der Separatisten über, verstärkt durch etwa 1600 Deserteure."

"Die Hilfe der Amerikaner erwies sich als nutzlos. Sie hatten die falsche Wahl getroffen", zitierte das Blatt einen malischen Offizier.

Post-US world born in Phnom Penh

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Post-US world born in Phnom Penh

by David P. Goldman

Ex: http://www.currentconcerns.ch/

It is symptomatic of the national condition of the United States that the worst humiliation ever suffered by it as a nation, and by a US president personally, passed almost without comment last week. I refer to the 20 November announcement at a summit meeting in Phnom Penh that 14 Asian nations, comprising half the world’s population, would form a Regional Comprehensive Economic Partnership excluding the United States.


President Obama attended the summit to sell a US-based Trans-Pacific Partnership (TPP) excluding China. He didn’t. The American ledpartnership became a party to which no-one came.


Instead, the Association of Southeast Asian Nations (ASEAN), plus China, India, Japan, South Korea, Australia and New Zealand, will form a club and leave out the United States. As 3 billion Asians become prosperous, interest fades in the prospective contribution of 300 million Americans – especially when those Americans decline to take risks on new technologies.
America’s great economic strength, namely its capacity to innovate, exists mainly in memory four years after the 2008 economic crisis.


A minor issue in the election campaign, the Trans-Pacific Partnership was the object of enormous hype on the policy circuit. Salon.com enthused on 23 October:

“This agreement is a core part of the Asia pivot that has occupied the activities of think tanks and policymakers in Washington but remained hidden by the tinsel and confetti of the election. But more than any other policy, the trends the TPP represents could restructure American foreign relations, and potentially the economy itself.”

As it happened, this grand, game-changing vision mattered only to the sad, strange people who concoct policy in the bowels of the Obama administration. America’s relative importance is fading.


To put these matters in context:
The exports of Asian countries have risen more than 20% from their peak before the 2008 economic crisis, while Europe’s exports have fallen by more than 20%. American exports have risen marginally (by about 4%) from their pre-2008 peak.


China’s exports to Asia, meanwhile, have jumped 50% since their pre-crisis peak, while exports to the United States have risen by about 15%. At US$90 billion, Chinese exports to Asia are three times the country’s exports to the United States.


After months and dire (and entirely wrong) predictions that China’s economy faces a hard landing, it is evident that China will have no hard landing, nor indeed any landing at all. Domestic consumption as well as exports to Asia are both running nearly 20% ahead of last year’s levels, compensating for weakness in certain export markets and the construction sector. Exports to the moribund American economy are stagnant.


In 2002, China imported five times as much from Asia as it did from the United States. Now it imports 10 times as much from Asia as from the US.


Following the trade patterns, Asian currencies began trading more closely with China’s renminbi than with the American dollar. Arvind Subramanian and Martin Kessler wrote in an October 2012 study for the Peterson Institute:

“A country’s rise to economic dominance tends to be accompanied by its currency becoming a reference point, with other currencies tracking it implicitly or explicitly. For a sample comprising emerging market economies, we show that in the last two years, the renminbi (RMB/yuan) has increasingly become a reference currency which we define as one which exhibits a high degree of co-movement (CMC) with other currencies.


In East Asia, there is already a RMB bloc, because the RMB has become the dominant reference currency, eclipsing the dollar, which is a historic development. In this region, 7 currencies out of 10 co-move more closely with the RMB than with the dollar, with the average value of the CMC relative to the RMB being 40% greater than that for the dollar. We find that co-movements with a reference currency, especially for the RMB, are associated with trade integration.


We draw some lessons for the prospects for the RMB bloc to move beyond Asia based on a comparison of the RMB’s situation today and that of the Japanese yen in the early 1990’s. If trade were the sole driver, a more global RMB bloc could emerge by the mid-2030’s but complementary reforms of the financial and external sector could considerably expedite the process.”

All of this is well known and exhaustively discussed. The question is what, if anything, the United States will do about it.


Where does the United States have a competitive advantage? Apart from commercial aircraft, power-generating equipment, and agriculture, it has few areas of real industrial pre-eminence. Cheap natural gas helps low-value-added industries such as fertilizer, but the US is lagging in the industrial space.


Four years ago, when Francesco Sisci and I proposed a Sino-American monetary agreement as an anchor for trade • integra•tion, the US still dominated the nuclear power plant industry. With the sale of the Westinghouse nuclear power business to Toshiba, and Toshiba’s joint ventures with China to build power plants locally, that advantage has evaporated.
The problem is that Americans have stopped investing in the sort of high-tech, high-value-added industries that produce the manufactures that Asia requires. Manufacturers’ capital goods orders are 38% below the 1999 peak after taking inflation into account. And venture capital allocations for high-tech manufacturing have dried up.


Without innovation and investment, all the trade agreements that the Washington policy circuit can devise won’t help. Neither, it should be added, will an adjustment in exchange rates.

What does the United States have to offer Asians?

It is hard to fathom just what President Obama had in mind when he arrived in Asia bearing a Trans-Pacific Partnership designed to keep China out. What does the United States have to offer Asians?
•    It is borrowing $600 billion a year from the rest of the world to finance a $1.2 trillion government debt, most prominently from Japan (China has been a net seller of Treasury securities during the past year).
•    It is a taker of capital rather than a provider of capital.
•    It is a major import market but rapidly diminishing in relative importance as intra-Asian trade expands far more rapidly than trade with the United States.
•    And America’s strength as an innovator and incubator of entrepreneurs has diminished drastically since the 2008 crisis, no thanks to the Obama administration, which imposed a steep task on start-up businesses in the form of its healthcare program. 


Washington might want to pivot towards Asia. At Phnom Penh, though, Asian leaders in effect invited Obama to pivot the full 360 degrees and go home.                            •

Source: Asia Times Online, 27.11.2012

“With a view to preserving the independence, integrity and fruitful diversity of the cultures”

Source: Constitution of the United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization (UNESCO)

The Governments of the States Parties to this Constitution on behalf of their peoples declare:
    That since wars begin in the minds of men, it is in the minds of men that the defences of peace must be constructed;
    That ignorance of each other’s ways and lives has been a common cause, throughout the history of mankind, of that suspicion and mistrust between the peoples of the world through which their differences have all too often broken into war;
[...]
    For these reasons, the States Parties to this Constitution, believing in full and equal opportunities for education for all, in the unrestricted pursuit of objective truth, and in the free exchange of ideas and knowledge, are agreed and determined to develop and to increase the means of communication between their peoples and to employ these means for the purposes of mutual understanding and a truer and more perfect knowledge of each other’s lives;
    In consequence whereof they do hereby create the United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization for the purpose of advancing, through the educational and scientific and cultural relations of the peoples of the world, the objectives of international peace and of the common welfare of mankind for which the United Nations Organization was established and which its Charter proclaims.

Article I: Purposes and functions

1. The purpose of the Organization is to contribute to peace and security by promoting collaboration among the nations through education, science and culture in order to further universal respect for justice, for the rule of law and for the human rights and fundamental freedoms which are affirmed for the peoples of the world, without distinction of race, sex, language or religion, by the Charter of the United Nations.
    [...]
3. With a view to preserving the independence, integrity and fruitful diversity of the cultures and educational systems of the States Members of the Organization, the Organization is prohibited from intervening in matters which are essentially within their domestic jurisdiction.

*    Adopted in London on 16 November 1945, last amended by the UNESCO General Conference on 16 November 1999

T. S. Eliot reads "Journey of the Magi"

T. S. Eliot reads "Journey of the Magi"

Fritz Klimsch: sculpture (2)

Fritz Klimsch

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mardi, 22 janvier 2013

Tout va bien...


L’immigration en tant qu’idéologie est ce tour de passe-passe par lequel on tente de nous persuader que des populations racialement, ethniquement, religieusement différentes et refusant de l’assimiler à la nation qui les accueille, quand elles ne lui sont pas franchement hostiles, comme l’islam militant, que ces populations, donc, peuvent être françaises, ou espagnoles ou britanniques, et que le droit du sol est supérieur à la légitimité du sang, et qu’au fond tout est remplaçable, l’horizontalité développant l’enfer des équivalences généralisées.

Richard Millet, Fatigue du sens, 2011

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Expanding the thinking

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Expanding the thinking

We are witnessing a new era in Asia – in contrast to North America, Europe is in danger of missing the same

by Urs Schoettli

Ex: http://www.currentconcerns.ch/

cc. Many politically active thinkers have noticed in recent weeks that in some places, the equilibrium is shifting and the screws are adjusted anew. Does our thinking lag behind reality? Have we been fed only with polemics about entire parts of the world since the Lehman Brothers crisis?


    That means that thinking needs to be ex-panded so that it can focus on reality. The following articles are devoted to this issue.


While in Europe one crisis chases the next and tunes of gloom and doom are sounded, major developments are underway in Asia that give rise to optimism. Unfortunately, the historical turn of an era is perceived in a very limited manner in Europe. The US as a resident state of the Pacific Rim are more on alert.


Coming from Asia it is not a pleasant matter to visit Europe, currently. The Western World seems to have once again fallen victim to one of its collective civilization tantrums. An apocalyptic mood prevails everywhere, with respect to the euro, the climate, democracy and the market economy. What a dramatic difference to the euphoria following the fall of the Berlin Wall, when the Westerners thought that world history would now be written anew once and for all time, the noble values of liberalism would meet with worldwide recognition.


Under such circumstances it is difficult to be optimistic, and yet we want to take a chance. First we must recall once again that the Europeans of the 68 generation are among the most favored generations of world history. Not only could they benefit from the unprecedented prosperity and peace of the last six decades, they could as well witness two positive turning points in world history: the disappearance of the Iron Curtain in Europe and the re-emergence of Asia – not only its return to the world economy and to world politics, but also, and above all its cultural and intellectual renaissance.


Cause to be optimistic


It is due to a persistent Euro-centrism that up to now the Asian Renaissance has not yet been perceived by the intellectual mainstream in Continental Europe as a major turning point. What knowledge is being developed at universities about the development in Asia remains largely confined to an interested audience. What is lacking is the reflection and classification of the historical changes in Asia in a general critique of the times. The main task is to adequately comprehend the dimensions of the Asian Renaissance. What is going on today in India, in China and in Japan, how Asia positions itself in the world of the 21st Century, has its origins in a more distant past, which cannot be comprehended within the traditional world history, which has largely marginalized the Orient as exotic. Thus, for instance the discussion of the Confucian concept of the state in new China, or the relevance of the Meiji Restoration in Japan for pending reforms should finally be picked up in Europe as well.


The historical and cultural classification of the beginnings of Asian renaissance could certainly help to brighten up the rampant pessimism in Europe. Where do we find the overdue acknowledgement that we, despite of all the problems that worry us from Iran to North Korea, from Syria to South Africa, live in a time in which also optimism is justified? What can there be more splendid than to experience how in countries of continental dimensions two centuries of self-inflicted and externally caused decadence have been overcome, that about a billion people are freed from bitterest poverty, hundreds of millions of households have moved up into the middle class, new industries, the most modern infrastructure and glittering cities are being raised, the general level of education is being raised and dozens of universities can join up to the best in the world!


The perception of the new Asia in Europe is ambivalent. On the one side there is the corporate world, which has discovered Asia since long and does lucrative business there. Since long there are not only multinational and big companies, but also SMEs who have discovered Asia as a market and production location. Just Switzerland and Germany, which in contrast to many other European countries can still count on a competitive and highly innovative manufacturing industry, know how much the prosperity of the Old World depends on Asia’s welfare by now. On the other hand, there are also fears in the face of the “yellow peril” that Asians could buy Europe and steal its jobs.


Knowledge about Asia as an educational mandate


The short-winded media are focusing  once again on sensations and wrong developments in Asia. A majority of reports make India appear as a subject of corruption and poverty, China is described  regarding violations of human rights and regarding the persecution of dissidents. And as for Japan, the headlines are full of reports on the catastrophe at the nuclear site of Fukushima. Of course it is the function of a free press to denounce irregularities, but if commentators who have hardly ever lived in Asia and foreign correspondents who after a short time know everything better than the locals, if those people define the level of information alarming distorts are  of course, the inevitable consequence. 

 
It proves to be fatal that the knowledge about Asia does not count among traditional Western educational subjects but if this was the case, it would permit the Europeans to correctly evaluate the enormous changes Asia has gone through in the last three decades. Whereas in the Anglo-Saxon world a far stronger cosmopolitism of language and media permits Asian voices to gain direct publicity, in Continental Europe notwithstanding there is the paternalistic fug of a number of self-nominated experts who are as arrogant as to occupy the monopoly of interpretation and explanation of what is the mentality the “Asiatic type”, the “Chinese type”, of the “Indian type” or what it should be. Especially concerning the “Middle Kingdom” where there has been a long tradition of Europeans since Leibniz projecting their own ideas onto the Chinese people.


Indeed “9/11” was a shock, a bloody and bitter ceasure which to the present day has influenced and put a strain on the relations between the predominantly secularized West and the Islamic world. The decline partly already realized, partly imminent and leading to bloody religious wars which we had supposed to have been overcome since the Age of Enlightenment, is worrying and anguishing lots of people. It is the more important to correctly evaluate the modernization processes that are going on in Asia. For several decades pleasant developments have been happening there which should inspire some optimism in us. Who always looks at China focusing only on the aspect of a totalitarian regime, ignores the gigantic progress that has been achieved in terms of the development of Law in China. Who only focuses on corruption whenever talking about India, ignores the big number of purifying forces that are working among the citizens, in the media and in their policy. Even if the balance might be so-so, and even if there is still the possibility for some improvement, the general direction, the development which India, China and Southeastern Asia is taking makes you very confident. Positive things are happening there which Europeans may often only dream about.  

Solid foundations

Certainly Asia is not immune to economic downturns or even crises either. Currently the big three, Japan, China and India, also suffer from  the global economic turmoil of the euro crisis. However, the main causes of the economic downturn is homemade and can therefore be solved on their own again. Those who consider Asia’s economic renaissance a temporary phenomenon are wrong. Not only does the huge unmet demand in domestic markets ensure prospects for favorable growth, but  also the major infrastructural and institutional basis has been laid in the past three decades, which can be built upon in the future. Not least, we think of the tremendous advances in higher education.


The times when Europeans were able to give fatherly benevolent judgments on the success of Asians are over. Likewise, the injuries caused by the European colonial empires in 19th and 20th century receded into the background. No longer do all Chinese interlocutors remind you of the Europeans’ crimes in the Opium Wars. The generational change that is under way guarantees that you meet on an equal footing. On the Asian side there is still an enormous desire to learn, but there is the confidence as well that they will be able to catch up with the West, even surpass it. Injuries like the “Cultural Revolution” have faded into the background.


At the start of the Asian Age, the word “ex oriente lux” gets a new meaning. After the transfer of knowledge, techniques and ideas has gone unilaterally from the West to the decadent East for too long a time, a self-doubting Europe may now receive new impetus from Asia. In this case, the exchange should go far beyond prosperous economic relations and should bring cross-fertilization in a comprehensive sense. There would be a great benefit if - two centuries after Hegel’s time – the Europeans were able to look at developments in world history not only from their own cherished point of view.  

Source: Neue Zürcher Zeitung, 19.11.2012

(Translation Current Concerns)

La dialectique ami/ennemi

 

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La dialectique ami/ennemi

Analyse comparée des pensées de Julien Freund et Carl Schmitt

par Jean-Baptiste Pitiot
 
Ex: http://www.infoguerre.fr/
 

Penser les relations de puissance à partir de la dialectique de l’ami/ennemi requiert en préalable de se déprendre des chatoiements de l’idéologie, des faux-reflets de tous ces mots en “isme” qui caractérisent l’apparence scientifique donnée aux engagements politiques. Carl Schmitt et Julien Freund l’avaient compris dès la fin de la Seconde Guerre mondiale. Leur clairvoyance eut un prix : l’isolement et le reniement des grands clercs d’une époque imprégnée par le marxisme. Si aujourd’hui les deux auteurs sont redécouverts dans certaines sphères de l’Université, leurs œuvres sont encore mal cernées et leurs exégètes suspectés. En effet, une lecture critique ou partisane de Schmitt et Freund implique de penser “puissance”, “ennemi”, termes qui sont à ranger au registre des interdits de notre société. Cette approche devrait pourtant sous-tendre toute analyse réaliste des rapports entre acteurs des relations internationales.

Mise au point :         

jef10.jpgCarl Schmitt fut un élément du régime nazi durant la Seconde Guerre mondiale quand Julien Freund, étudiant en philosophie, entrait en résistance très tôt. Si leurs œuvres sont marquées par les vicissitudes d’une époque particulière, elles les surpassent toutefois pleinement. L’angle sous lequel ils en viennent à penser la relation ami/ennemi tire sa force d’une double volonté d’extraction et d’abstraction de ce contexte. Il est intéressant de remarquer que, par delà les oppositions de l’Histoire, une certaine communauté de destin relie Freund et Schmitt : exclus par les clercs de leur vivant, ils sont aujourd’hui progressivement tirés des limbes où de mauvais desseins et d’éphémères raisons les avaient placés.

La première rencontre des deux hommes se produit à Colmar, en 1959. Julien Freund en revient marqué : « j’avais compris jusqu’alors que la politique avait pour fondement une lutte opposant des adversaires. Je découvris la notion d’ennemi avec toute sa pesanteur politique, ce qui m’ouvrait des perspectives nouvelles sur les notions de guerre et de paix » (1). L’analyse en termes d’ami/ennemi les met dans une situation périlleuse vis-à-vis de leurs contemporains. Le sujet est sensible puisqu’il donne une consistance à la guerre, ce à quoi se refusent les pacifistes marqués par les utopies marxistes et libéralistes. Pour ceux-ci la paix perpétuelle est l’aboutissement eschatologique logique permis soit par la réalisation marxiste du sens de l’Histoire, soit par l’expansion du commerce pacificateur des mœurs.

Différence d’approche :     

Pour Schmitt : « la distinction spécifique du politique […]  c’est la discrimination de l’ami et de l’ennemi. Elle fournit un principe d’identification qui a valeur de critère et non une définition exhaustive ou compréhensive » (2). A son sens, la dialectique ami/ennemi s’appréhende comme un concept autonome dans la mesure où elle ne s’amalgame pas avec des considérations morales (bien/mal) ni esthétiques (beau/laid), mais constitue en elle-même une opposition de nature.

Dans la pensée freundienne de l’essence du politique, le présupposé ami/ennemi commande la politique extérieure. Il est associé à la relation commandement/obéissance (présupposé de base du politique) et la relation privé/public (présupposé commandant la politique intérieure). Chacun de ces présupposés forme une dialectique indépassable : aucun des deux termes ne se fait jamais absorber par l’autre. Julien Freund prend appui sur la dialectique ami/ennemi pour prouver que les guerres sont inhérentes au politique et donc inévitables à l’Homme. Invoquant la relation public/privé, Freund établit une différence entre l’ennemi privé (intérieur, personnel) et l’ennemi public ou politique. À mesure qu’une opposition évolue vers la distinction ami/ennemi, elle devient plus politique car « il n’y a de politique que là où il y a un ennemi réel ou virtuel » (3). L’Etat est l’unité politique qui a réussi à rejeter l’ennemi intérieur vers l’extérieur. Mais son immuabilité n’est pas acquise. Le présupposé de l’ami/ennemi est donc celui qui conditionne la conservation des unités politiques. La relation dialectique propre à ce couple est la lutte dont un aspect essentiel réside dans la multiplicité de ses formes : il ne s’agit pas uniquement, par exemple, de la lutte des classes à l’ombre de laquelle K. Marx analyse l’histoire de toute société. La lutte surgit dès que l’ennemi s’affirme.

Contrairement à C. Schmitt, Freund ne fait pas de la distinction ami/ennemi un critère ultime du politique, mais un présupposé parmi d’autres. Chez Schmitt la notion de l’unicité du concept ami/ennemi dans l’essence du politique peut contribuer à renverser la formule de Clausewitz et admettre que la guerre ne serait plus le prolongement de la politique mais sa nature même. Or, ce n’est pas ce que Freund envisage.

Ami/ennemi dans la logique de puissance :          

Une politique équilibrée de puissance doit identifier l’ennemi, figure principale du couple dans la mesure où c’est avec lui que se scelle la paix et non avec l’allié. Nier son existence comporte donc un risque, un ennemi non-reconnu étant toujours plus dangereux qu’un ennemi reconnu. « Ce qui nous paraît déterminant, c’est que la non reconnaissance de l’ennemi est un obstacle à la paix. Avec qui la faire, s’il n’y a plus d’ennemis ? Elle ne s’établit pas d’elle-même par l’adhésion des hommes à l’une ou l’autre doctrine pacifiste, surtout que leur nombre suscite une rivalité qui peut aller jusqu’à l’inimitié, sans compter que les moyens dits pacifiques ne sont pas toujours ni même nécessairement les meilleurs pour préserver une paix existante » (4). Par ailleurs il ne faut pas céder à la tentation de croire que la guerre règle définitivement les problèmes politiques posés par l’ennemi : « même la défaite totale de l’ennemi continuera à poser des problèmes au vainqueur » (5). Le conflit israélo-arabe en est l’exemple type.

Carl-Schmitt-The-Enemy.jpgS’il est nécessaire de ne jamais remettre en cause les acquis de la paix et de toujours se battre pour elle, il faut pourtant se défaire des illusions que véhicule un certain pacifisme des esprits. Une nation insérée dans le jeu mondial doit, pour survivre, identifier ses ennemis. Car elle ne peut pas ne pas en avoir. La difficulté réside dans le fait que l’ennemi est aujourd’hui plus diffus, plus retors. Il se masque, déguise ses intentions, mais n’est ni irréel ni désincarné. Sa forme évolue sans cesse et ne se réduit plus à l’unique figure étatique. Dans tout nouvel acteur (entreprise, ONG…) sommeille une inimitié possible. A l’inverse, certains pays recherchent un ennemi de manière forcenée. C’est le cas des Etats-Unis, en particulier avec l’Irak et de manière générale dans toute leur politique extérieure depuis 1990.

Les essences, ces activités naturelles de l’Homme, s’entrechoquent, s’interpénètrent et dialoguent constamment. L’économique et le politique, par exemple, sont à la fois autonomes, inséparables et en conflit. Or, force est de constater que la nature des rivalités pour la puissance prend une teinte économique croissante, expliquant par là l’invisibilité, la déterritorialisation et la dématérialisation de l’ennemi. Ce changement n’est pourtant pas définitif puisque la dialectique antithétique entre les essences de l’économique et du politique prend la forme d’un conflit perpétuel et sans vainqueur.
L’enseignement s’ensuit que le postulat ami/ennemi de l’analyse freundienne, inspiré mais différencié de l’approche schmittienne, doit constituer le fondement d’une étude actualisée du phénomène guerre et des enjeux de puissance, de compétition entre nations.

Jean-Baptiste Pitiot

 

Bibliographie:
FREUND Julien, L'essence du politique, Paris, Sirey, [1965], 4e éd., Paris, Dalloz, 2004, 867 pages
FREUND Julien, « Préface », [1971] in : SCHMITT Carl, La notion de politique – Théorie du partisan, Paris, Champs classiques, 2009, pp.7-38
FREUND Julien, Sociologie du conflit, Paris, PUF, coll. « La politique éclatée », 1983, 382 pages
SCHMITT Carl, La notion de politique – Théorie du partisan, Paris, Champs classiques, 2009, 323 pages
TAGUIEFF Pierre-André, Julien Freund, Au cœur du politique, La Table Ronde, Paris, 2008, 154 pages

1. TAGUIEFF Pierre-André, Julien Freund, Au cœur du politique, La Table Ronde, Paris, 2008,p.27 

2. SCHMITT Carl, La notion de politique – Théorie du partisan, Paris, Champs classiques, 2009, p.64

3. FREUND Julien, L'essence du politique, Paris, Sirey, [1965], 4e éd., Paris, Dalloz, 2004, p. 448

4. Ibid. p.496

5. Ibid. p.592

Stefan George „Du schlank und rein wie eine flamme..."

Stefan George

„Du schlank und rein wie eine flamme..."

"The Hollow Men" by T.S. Eliot (poetry reading)

 

"The Hollow Men" by T.S. Eliot (poetry reading)

lundi, 21 janvier 2013

The Fourth Political Theory

 

 

 

 
Natella Speranskaya:  How did you discover the Fourth Political Theory? And how would you evaluate its chances of becoming a major ideology of the 21st century?
 
Felix H. Widerstand:  I discovered the Fourth Political Theory after making some research and looking for alternative political ways of organization. I understood that the concepts “left” and “right” are tricky and deceptive ways to mislead the people in order to divide them; and that there must be a real way to combat against globalism and resist the “new world order” that is being implemented by Zionist controlled West (USrael and it´s colony “EU”).
 
So, I discovered Third-positionism, and became a supporter of national-revolutionary movements in a multipolar geopolitical order (In the Arab countries they have Baathism, Nasserism; in Latinamerica they have Peronism, Bolivarianism; and in our countries we have Eurasianism). This is also known as "international nationalism"; against chauvinism and racism but for the preservation of all identities and of all cultures. I see Eurasianism, or the Fourth Political Theory, as a contemporary way of resistance  for those of us who live “from the Canary Islands to Vladivostok”. For resistance against the plutocratic, materialistic, economicist sytem disguised as "democracy", and against american cultural imperialism.
 
The chances to become a major ideological force are now still low in my opinion (at least for westerners), because of the constant brainwashing that our society is exposed to. Consumerism, individualism, mammonism, and all kind of filth is being pumped in the brains of our people by the media on a daily basis. But the first step should be to spread the idea, to open the eyes of the people, letting them know that other ways of social organization are possible. Then, we need good leaders able to organize the people and who can stand strong and defiantly against the NWO, always defending national soveraignity, at all costs. 
 
The best way of political organization is, in my opinion, a traditional one, were spiritual values are respected, were a collective pride is encorauged, and were social justice is implemented; against usury, exploitation and capitalism.
 
But this ideas are viewed as “extremist” “fascist” and “anti-democratic” by the politically correct left and by the politically correct right.
 
Natella Speranskaya:  Leo Strauss when commenting on the fundamental work of Carl Schmitt The Concept of the Political notes that despite all radical critique of liberalism incorporated in it Schmitt does not follow it through since his critique remains within the scope of liberalism”. “His anti-Liberal tendencies, – claims Strauss, - remain constrained by “systematics of liberal thought” that has not been overcome so far, which – as Schmitt himself admits – “despite all failures cannot be substituted by any other system in today’s Europe. What would you identify as a solution to the problem of overcoming the liberal discourse? Could you consider the Fourth Political Theory by Alexander Dugin to be such a solution? The theory that is beyond the three major ideologies of the 20th century – Liberalism, Communism and Fascism, and that is against the Liberal doctrine.
 
Felix H. Widerstand:  Indeed, the Liberal doctrine (plutocracy, usury and wild capitalism) is the parasitic economic system used by US-imperialists (Zionists, because Zionists are not only in “Israel”, they are in Washington and New York as well) to control the world and destroy the economic and national soveraignity of all countries that still follow independent policies and don´t bow to globalism. We have seen this very recently in Libya, we saw this in Iraq, in Yugoslavia, and are witnessing the same again with the events going on in Syria. What a coincidence that all countries that are being destroyed by the warmongers had an independent banking system and were not followers of the Liberal doctrine!!
 
Leo Strauss was the main perpetrator of the “neocon” ideology, he was a Zionist supremacist like all his powerful and now active followers (Elliott Abrams, Paul Wolfowitz, Charles Krauthammer, Richard Perle, Douglas Feith, and so on and so forth – all this filthy disgusting criminals have a very evil agenda)
 
The solution to liberalism would be to restore the national and economic soveraignity of all countries, in a geopolitically multipolar world. We must go out of the “European Union”, go out of the World Bank, Greece (for instance) should stop paying interests to the banksters of Goldmann Sachs; all countries wanting national soveraignity back should go out of all this international globalist organizations that, in an Orwellian way, are enslaving countries in the name of “freedom and democracy”.
 
I see Prof. Dugin´s organization and activism as a very good alternative to fight against this system.
 
Natella Speranskaya:  Do you agree that today there are “two Europes”: the one – the liberal one (incorporating the idea of “open society”, human rights, registration of same-sex marriages, etc.) and the other Europe (“a different Europe”) – politically engaged, thinker, intellectual, spiritual, the one that considers the status quo and domination of liberal discourse as a real disaster and the betrayal of the European tradition. How would you evaluate chances of victory of a “different Europe” over the ”first” one?
 
Felix H. Widerstand:  Of course, there are this two Europes; the first one is being imposed upon us by the Masonic architects of the liberal agenda – see the “Kalergi plan” – particularly since the so-called “Frankfurt School” (Horkheimer, Adorno, Marcuse…) started to spread all kind of filth and poison to overthrow the traditional European values and society with their “cultural Marxism” and “political correctness”; they (by the way) directly influenced the May ´68 protests in France (a CIA operation, the first “colour revolution”, long time before Ukraine´s) with agitators like Cohn-Bendit, to overthrow President De Gaulle, who did not bow to NATO as requested.
 
This “liberal Europe”, slowly suffocating us, is sadly the majoritary tendency; particularly in the West. The “other” Europe, the “different” one, is the one resisting to this psychological warfare and dominium strategy. We are the minority. But this spiritual, traditional Europe, proud and conscious of its roots and willing to preserve its soveraignity and its identity is geographically much better represented in the East: I see Russia as a big hope for all Europeans.
 
Natella Speranskaya:  “There is nothing more tragic than a failure to understand the historical moment we are currently going through; - notes Alain de Benoist – this is the moment of postmodern globalization”. The French philosopher emphasizes the significance of the issue of a new Nomos of the Earth or a way of establishing international relations. What do you think the fourth Nomos will be like? Would you agree that the new Nomos is going to be Eurasian and multipolar (transition from universum to pluriversum)?
 
Felix H. Widerstand:  Yes, we must rediscover our past, to better understand our present, because only if we understand our present we will be able to construct our future. A Multipolar worldview, like the one proposed by the Eurasian movement, is the only alternative against the planetary hegemony on the “one-World” imperialists.
 
Natella Speranskaya:  Do you agree that the era of the white European human race has ended, and the future will be predetermined by Asian cultures and societies?
 
Felix H. Widerstand:  I would rather say that the white European human race has being forced to an end in Europe, due to bio-social engineering, and a very careful and well prepared long-term programm (remember the Kalergi-plan).
 
Indeed, the Asian (particularly the Chinese and Indian masses) outnumber the Europeans extremely, and the Africans as well… They are very numerous, while the whites are always becoming less and less.
 
In this context of the Asian cultures, it is sad to point out that the great Japanese nation, with a heroic history and tradition, has been americanized in the last decades becoming also a corrupted capitalistic-mercantilistic society, almost as bad as the modern western civilization.
 
Natella Speranskaya:  Do you consider Russia to be a part of Europe or do you accept the view that Russia and Europe represent two different civilizations?
 
Felix H. Widerstand: I consider Russia a particular, an own civilization, but with European roots. Nowadays there is a very huge difference in the average mentality of the ordinary westerner and the Russians (and other Eastern Europeans); because Russians and Easterners are still not that corrupted by western poison, and they are still able to preserve their heritage and identity.
 
Natella Speranskaya: Contemporary ideologies are based on the principle of secularity. Would you predict the return of religion, the return of sacrality? If so, in what form? Do you consider it to be Islam, Christianity, Paganism or any other forms of religion?
 
Felix H. Widerstand: The contemporary ideologies that proliferate in the West after the French Revolution and were reaffirmed during the XX century by freudo-marxist currents are indeed propagating secularism and atheism. The Masonic-talmudic architects behind these modern ideologies know perfectly well that this is the best method to weaken a society: by spreading individualism and condemning communitarism and spirituality: “Divide and conquer!”
 
Christianity has been infiltrated and destroyed from within in the western world, and almost all (organized churches) what remains is corrupt (the Vatican, the Protestant sects, etc). Only in the East, like in Russia, the Orthodox faith represents still a spiritual alternative. Islam, on the other side, has proved to be a good way of resistance for the Muslim countries. Particularly the Shia-current, practiced mostly in Iran, and that preserves also some ancient Persian Zoroastrian heritage. But also within Islam there is a tendency trying to destroy this religion from within, like a Trojan horse: It´s Saudi wahhabism, the “Calvinist” kind of Islam. This wahhabi (or salafi) fanatics are being supported by the West, this is the main ideology behind “Al-Qaeda” and all this terrorist groups which took over Libya and are trying to destroy Syria. Also, this is the ideology of the Chechen terrorists, and of the Bosnian ones in the Yugoslavian wars of the ´90. This demonic perversion, which has nothing to do with real Islam (like scholar Imran Hosein and many other real Muslims pointed out), is being used by the West as proxy, as mercenaries, as "useful idiots".
 
Zionist imperialism is trying to put Christianity and Islam against each other (“Clash of civilizations”), to destroy both of them more easily. And the sad thing is that they are being succesfull! We must awake and realize who the real enemy is.
 
While I sympathize with ancient Paganism, I think that we have to be very careful with the modern “neo-pagan” tendencies that are being spread in the West since the “hippy” times; all this “New Age” fake spirituality is also a part of this plan to overthrow culture and society.
 
In my opinion, every nation, every culture, should be attached to its own spiritual tradition; be proud of it and stay strong. We see this with sovereign national leaders like President Chávez from Venezuela, who is a fervent Catholic; or with President Lukashenko from Belarus who is a devout Orthodox Christian. Also the martyr Gaddafi, was a strong believer in Islam (he encouraged Sufism and Islamic studies in Libya). He condemned the Wahhabi terrorism and rightly pointed out that this disgusting Saudi ideology is nothing more than an infiltration of the Zionist West in the Arab-Muslim world.

DESMONTANDO EL MITO ANDALUSÍ. ANDALUCÍA Y LA IDENTIDAD CASTELLANA.

DESMONTANDO EL MITO ANDALUSÍ.

ANDALUCÍA Y LA IDENTIDAD CASTELLANA.

Enrique Ravello

Ex: http://enricravello.blogspot.com/

 


 
El nacionalismo andaluz de reivindicación “andalusí” parece obedecer más a causas psicológicas que a políticas e histórica. Sus defensores –afortunadamente pocos- pretenden que todo los andaluces renuncien a su historia y a su herencia para adoptar la de quienes fueron vencidos por sus antepasados castellanos. Un caso único en Europa. La historia andaluza –la real- nada tiene que ver con esos espejismos orientalizantes
                      
Andalucía céltica y megalítica.
 
Fue el célebre arqueólogo británico de la Universidad de Cambridge, Colin Renfrew, quien aplicando el método de datación del carbono 14 explicó el fenómeno del megalitismo atlántico y mediterráneo desde una perspectiva científica. Los primeros constructores de megalitos habrían estado en la zona de las islas británicas, y serían los autores del famoso conjunto de Stonehenge. Desde allí esta civilización fue expandiéndose hacia el sur de la fachada atlántica europea, para adentrarse en el Mediterráneo
Precisamente al megalitismos debemos remontar una de las primera culturas conocidas en el actual suelo andaluz,  la llamada cultura de El Argar, cuyos protagonistas –que llegaron a formar estados centralizados y ciudades bien organizadas– pertenecían a un sustrato mediterráneo común a toda la Península Ibérica. Gente muy similar a los constructores de los talaiots de Menorca o de los nuraghe de Cerdeña.
Siglos más tarde aparecen referencias escritas a una mítica cultura en suelo andaluz, Tartessos, cuyo nombre encontramos también en la Biblia. El nombre de Tartessos se puede traducir por “la tierra” y es obligado señalar que en el gaélico actual –la lengua céltica de Irlanda y Escocia– “tir” significa precisamente tierra o país, del mismo modo que en el protocelta encontramos el ´termino “têrsos” con idéntico significado. No hay duda de que la aristocracia de Tartessos estaba constituida por pueblos célticos que se habían asentado en la zona, llegados desde la Meseta, así lo prueba el nombre de su mítico rey, Argantonio.
Andalucía no fue ajena a la presencia de colonias orientales de fundación fenicia –con la especial importancia de Cádiz– y cartaginesas. Pero la influencia de éstas se ha exagerado, incluso en la toponimia. Términos como Malaca (Málaga) o Sexi (Almuñécar) han sido recientemente interpretados desde raíces terminológicas indoeuropeas por el catedrático de Filología de la Universidad de Salamanca, Francisco Villar.
 
Andalucía romana y vándala.
 
La Bética fue una de las provincias hispanas más romanizadas. E Hispania uno de los territorios del Imperio romano de mayor impronta latina. En torno al cambio de Era se calcula que el número de itálicos o descendientes de itálicos asentados en Hispania era de un millón de personas, aproximadamente el 15% de la población total.
El latín se convirtió en el único idioma, despareciendo todas las lenguas hispanoceltas anteriores. El aporte de la Bética a la cultura romana fue de la mayor importancia, la grandeza de Roma no hubiera sido igual sin filósofos como Séneca o emperadores como Trajano y Adriano.
Testimonio de la presencia romana lo tenemos también en la arquitectura. La típica casa andaluza con patio interior es heredera directa de la casa romana que los pobladores itálicos llevaron a la Bética. En absoluto se trata de una construcción árabe, quienes solo adaptaron esa construcción a su modo de vida: cerrando ventanas y orientando la vida hacia el interior de la vivienda alrededor del patio. Posteriormente, fueron los repobladores cristianos los que volvieron a darle la antigua disposición romana más orientada al exterior, es decir a la vida en la ciudad de hombres y mujeres libres.
La llegada de los pueblos germánicos terminó con el orden romano para dar paso a la Edad Media. De entre los germanos que llegaron a Hispania, los vándalos –que darán el nombre a Andalucía– tienen una especial importancia. Procedentes de la actual Dinamarca, en el siglo III d. C ya están en Europa central desde donde atraviesan el limes imperial. A  pesar de la prohibición romana para construir naves con función bélica, los vándalos pusieron en pie un importante imperio naval en la zona de la Bética, ahora ocupada por ellos. Un vez vencidos por los godos –los germanos que dominaron el grueso de la península–, los vándalos atravesaron con sus naves el estrecho de Gibraltar para asentase en el norte de África, donde el reino vándalo duró varios siglos.
Precisamente fueron los habitantes autóctonos del norte de África, los que –tras ser vencidos militarmente por los vándalos– dan al lugar de procedencia de éstos –la península ibérica. El nombre de Yazira al-Andalus, es decir “la isla de los vándalos”. Nombre que siguieron usando los invasores musulmanes durante los siglos de su presencia en España e incluso en la actualidad. Vale la pena remarcar que Al-Andalus significa precisamente “tierra de vándalos”, o lo que es lo mismo “tierra de germanos”. Curiosa etimología.
 
Andalucía castellana y leonesa.
 
Como en la mayor parte de España, serían los procesos históricos que conocemos como repoblación y reconquista los que darán lugar a la composición etnográfica. Los datos de las expulsiones y adjudicaciones de tierras son claros y objetivos, de ellos nos hablan los Libros de Repartimento. La expulsión de la población musulmana de Andalucía fue completa y está constatada. El territorio baldío fue repoblado por una abrumadora mayoría de pequeños propietarios libres en un proceso que el catedrático de Historia medieval de Sevilla, Manuel González Jiménez, en su obra Entorno a los orígenes de Andalucía, describe como “el mayor proceso de cambio de propiedad de la tierra en la historia de Andalucía”. El proceso de repoblación de la zona del Guadalquivir es muy similar a la que también realizaron los castellano-leoneses  siglos antes en el valle del Duero, siempre a base de pequeñas propiedades agrícolas adjudicadas a familias de guerreros-campesinos. Un posterior proceso de enriquecimiento y de acumulación de propiedades dará lugar al nacimiento de una gran lacra para el campesinado andaluz: el latifundio. Pero es necesario señalar que en el momento de la reconquista y repoblación de Andalucía, ésta se organiza agrícolamente como ún territorio idéntico al resto de Castilla.
Esos mismos Libros del Repartimiento, así como posteriores estudios jurídicos y onomásticos, nos permiten conocer con detalle los pobladores que llegaron a Andalucía después de la derrota y expulsión islámica. Todos los datos coinciden en señalar que entre el 90-95% procedía de la Meseta norte, sur o de los que ya habían repoblado Extremadura –con fuerte presencia de leoneses–. La única zona que marca una diferencia es la provincia de Almería, donde el contingente de valencianos, catalanes y –sobre todo– mallorquines llegó hasta el 15%, de ahí que el escudo almeriense luzca las cuatro barras.
Una tarea de recuperación y de concienciación de la identidad andaluza, como continuidad de la castellana, es urgente y necesaria. Especialmente ante los tiempos presentes y futuros, en los que nostalgias y reivindicaciones sobre Al-Ándalus se oyen ya en algunos minaretes y en algunos palacios árabes no tan lejanos.
 
Una bandera de mentira.
 
En 1981 Andalucía se convirtió en autonomía histórica, ocasión que muchos aprovecharon para inventarse una nueva historia que contradijera la realidad andaluza como fruto de la reconquista y repoblación castellana. El momento más simbólico de esta tergiversación oficial fue la elección de la bandera verdi-blanca. En lugar de inspirarse  en los colores de Castilla-León que aparecen en el escudo de Fernando el Santo, conquistador de Sevilla. Y en los escudos de Córdoba, Granada, Almería y Jaén, en este último se lee la leyenda “muy noble y muy leal ciudad de Jaén guarda y defendimento de los Reynos de Castilla”, la junta de Andalucía se inclinó por una bandera similar a la de Arabia Saudita.
Con esta desafortunada elección a los andaluces se les obliga a llevar oficialmente los colores de los enemigos de sus antepasados castellanos. El uso del color blanco en los estandartes andalusíes fue generalizado por los almohades en 1146, cuando desembarcaron en Cádiz con la intención de reunir a todos los musulmanes de Al-Ándalus. En 1195 el sultán Ben Yusuf derrotó a Alfonso VIII de Castilla, en la batalla de Alarcos, para conmemoras esa victoria hizo ondear sobre la mezquita de Sevilla una vadera verde y blanca –la inspiradora de la actual bandera andaluza. Simbolizando la unida almohade (blanco) y la colaboración de todos los musulmanes andalusíes en la victoria sobre los castellanos cristianos (el verde color del Islam y de los Omeya)
En el siglo XVII el duque de Medina Sidonia se rebela contra la Corona hispánica e intenta proclamar la independencia andaluza con el apoyo de los moriscos capitaneados por Tahir al Horr. Como reconocimiento a esta colaboración morisca, el duque traidor enarbolaba una bandera blanca y verde, el color de la fe islámica de sus compinches sediciosos. Inspirada en estos acontecimientos históricos y basados en una fantasía histórica opuesta a la verdad, la Asamblea de Roda aprobó en 1918, el actual diseño de la bandera verdi-blanca que en aquel momento representaba una Andalucía que incluía Murcia y Badajoz. El “autor” intelectual de esta aberración de la vexilología, fue el poeta y “padre de la patria andaluza”, Blas Infante, convertido al final de su vida a la religión musulmana, último agravio a los castellanos que reconquistaron esas tierras y a los actuales andaluces, sus descendientes directos.
 
Enric Ravello
Secretario de relaciones nacionales e internacionales de PxC y PxL

Oslo: Parc Vigeland, août 2011

Oslo: Parc Vigeland, août 2011

 
 

 

 

 

Parc Vigeland, Oslo, août 2011
Photographies de Robert Steuckers.

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SOS-Racisme: histoire d'une manipulation

Mardi 29 janvier (19 h 30) : conférence de Synthèse nationale à Paris...

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Classical Modernism & the Art of the Radical Right

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Classical Modernism & the Art of the Radical Right

By Jonathan Bowden

Edited by Alex Kurtagić 

Editor’s Note: 

The following is an excerpt from Jonathan Bowden’s Heat. He wrote the text aged 30, between July and September 1992. The text is reproduced as it appears, only lightly edited for spelling and punctuation.

. . . this brings a particular dilemma to the surface, namely the division between political and literary extremism. This is the division or discrepancy, if one exists, between the expectation, thought, and expression of a particular desire and its political realization. Indeed, Stephen Spender was quick to point out in his introduction to Alistair Hamilton’s book The Appeal of Fascism: Fascism and the Intellectuals [2], that a large amount of guilt underlay the Leftist response to fascism in the thirties—namely, his own flirtation with communism, among others, could be explained by the proximity he saw between intellectual gestures and the irrationalism of the radical Right.

In a sense Spender had recognized that an enormous amount of anti-bourgeois emotion and Romantic conceit—the entire sweep of Romanticism, Symbolism, and the Decadence—had at root “fascistic” emotions. This was a somewhat sweeping statement, it had to be admitted, but it was not completely inaccurate. For as with the Symbolist and decadent liberal anarchist Octave Mirbeau and his Garden of Supplicants, a large amount of Romantic rhetoric was bourgeois anti-bourgeois. In other words, it was so radical it soon began to take leave of the class, namely the middle class, which had given it birth. It was Spender’s understanding (in a rudimentary way) of the thesis which George Lukács would later put in a more forceful manner (namely, in The Destruction of Reason) that turned this poet into a pansy-Bolshevik; a pink shade of red—a member of the Homintern. Yet Spender grasped a fundamental point, which is often overlooked, and this has to do with the educated antecedents of classical fascism. It is as if—at least at one level of consciousness—all work of a Romantic, pre-modern, anti-modern, illiberal, and anti-Victorian guise presaged a classical vision of the Right. It even penetrated into the early stages of modernism—where an attempt was made to clear away the “decadent” effluvium of High Romanticism with some sharp-edged early modernism, if not neo-classicism in modern guise. Hence, the fact that Lewis, Pound, Eliot, and Hulme were “soured” Romantics; cynical post-Romantics, if you will. Men who viewed Romanticism with a certain leavened sardonicism. It was a bitter and twisted form of modernism which looked to the past as it demolished it and to the future as it remonstrated with it on behalf of forms of the past. As a result, classical early modernism had two conflict strands within it. One of these went forward into an analysis of pure form—the architecture of formal misstatement—where all that matters is the consideration of a particular type of form; a formalist criteria, a logarithmic exercise in relation to the possibility of taste—whereby modern art produced through Surrealism and its aborted pre-birth/after-birth (Dadaism) to a consideration of color, tactility, and the instrumental nature of a form of vision. When there was nothing left to say—when art had been neutered by the nature of the photographic image, on the one hand, and the impossibility of expressing meaningful statement in a “bourgeois world,” on the other. (The latter in accordance with a particular type of minimalist Marxist aesthetic; the sort of thing which was an Adornoesque parody of itself.) While another tendency in modernism has yet to be explored and this is the proto-classicism which led early modernists to experiment with the possibility of a return to classical simplicity by virtue of a modernist aesthetic. This was why a large number of early modernists, like Epstein and Gaudier-Brzeska (whose work outraged traditionalists), were so interested in the purity of classical form—its aesthetic simplicity and proportion. Likewise, modern classicists, of a highly modernist and individualist character, like Maurras and T. E. Hulme, preached a new form of art which was spare, linear, rectangular, and masculine. In some respects, this predisposition teetered on the edge of two conflicting cultural vistas. On the one hand, it wished to go back even to before Romanticism, on the other, it wanted to recreate everything again in a way which had never been done before.

 

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As can be seen from the projected career of various modernists, the modern aesthetic could only go so far, in that a large number would fall away before the vista of total modernity. This is in relation to a pitiful summation of complete modernism which entered into a form of reiterated stylization; sheer form in the pursuit of its absence, the formlessness of an aesthetic concerned with nothing but the possibility of misstatement. Hence, the fact that Lewis, Dalí, Marinetti, de Chirico, Roberts, Gaudier-Brzeska, and many more, gradually fell away from modernism—Dalí towards a symbolic, classical, neo-Romantic form of iconography, namely religious painting, and Lewis towards modernist figuration, expressive linearity, anti-abstraction, and blindness. Also, the latter was to repudiate a form of aesthetic futility, the abandoned purpose of nihilistic modernism—i.e., the sheer purposelessness of empty abstraction; the pursuit of a type of form which had nothing to communicate—in his book that was also a form of recantation, namely The Demon of Progress in the Arts [4].

So we can say that there was a form of arrested classicism within early modernism which later came to reject it. This type of art either put modernism at the service of a neo-classical state, i.e., futurism in Fascist Italy, or it embraced fully-fledged traditional neo-classicism à la Arno Breker and the return to a naturalist form of neo-Grecian art. This was a type of counter-revolution in relation to modernism; a reformatory form of counter-reformation—a type of European modernity that was anti-modernist, a modern form of non-formalist criteria, neither academic nor anti-academic. It was a form of anti-formalist, anti-Bolshevik revolutionary tradition in relation to artistic procedure. What became known—somewhat crassly—as “Nazi art.”

Indeed, it is interesting to note that after the war, after defeat, these various strands came together again, if only in the form of friendship between the various protagonists—namely, the practitioners of a form of pre-to-early modernism that had a classical bias and straightforward neo-classicists who were the radical and talented vanguard of a type of artistic traditionalism; revolutionary artistic traditionalism nonetheless. The people concerned were Breker, Dalí, Fuchs, Pound, Cocteau, Hauptmann, Céline, members of the Wagner family, Speer (if only retrospectively), and the gradual reconsideration of Vorticism and Futurism—as the political passions which had led to opposition against them began to fall away.

Source: http://www.wermodandwermod.com/newsitems/news110120131209.html [5]

 


Article printed from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com

URL to article: http://www.counter-currents.com/2013/01/classical-modernism-and-the-art-of-the-radical-right/

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dimanche, 20 janvier 2013

Adieu à Yves Debay, camarade d’école

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Robert STEUCKERS:

Adieu à Yves Debay, camarade d’école

Nous venons d’apprendre la mort d’Yves Debay, fondateur et ancien directeur de la revue militaire “Raids” et créateur et directeur en exercice de la revue “L’Assaut”, grand reporter de guerre, brillant photographe des choses militaires. Il a été frappé par une balle en pleine tête à Alep en Syrie, où, apparemment, il couvrait un combat entre miliciens djihadistes et soldats kurdes de l’armée régulière syrienne. Yves Debay est le quatrième camarade d’école dont j’ai à déplorer la disparition, après Eric Volant, tué en franchissant un gué pyrénéen par des irréguliers de la Guardia Civil espagnole parce qu’il avait choisi de soutenir l’ETA, suite à son engagement communiste, dû à une très grande déception, celle de ne pas avoir été autorisé à étudier l’histoire; après Jean-Paul Leyssens, devenu gynécologue, tué par une avalanche dans la région de Grenoble et après Georges Ramos, suicidé, c’est maintenant au tour de ce sacré lansquenet d’Yves Debay de quitter notre monde vétuste et sans foi, le rendant encore plus fade.

J’ai connu Yves Debay sur le chemin de l’école. Ucclois du quartier “Churchill” comme Leyssens, Yves Debay résidait dans un bel appartement de l’Avenue Messidor, face à la propriété Brugmann, qui n’avait pas encore été bâtie: c’était un endroit magique; de ce domaine de type aristocratique, aménagé par l’un de ces nombreux Allemands recrutés par Léopold II pour construire la Belgique moderne, il ne restait que les caves d’un ancien château en ruine, où, quand nous étions louveteaux, notre Akéla, un fils de la famille Biswall des chocolats Côte d’Or, organisait des jeux captivants où il s’agissait de s’emparer d’un “spoutnik” tombé par hasard dans les environs du château et qu’il ne fallait pas laisser aux mains de l’ennemi... Il s’ensuivait des bagarres homériques pendant tout l’après-midi.

A l’époque des dernières années de nos secondaires à l’Institut Saint Jean-Baptiste de la Salle à Saint-Gilles, c’était les maquettes Tamiya qui nous intéressaient et Debay était un virtuose en ce domaine et un réalisateur de dioramas des plus réalistes: cette passion était la prémisse patente et essentielle de l’avenir original et hors du commun qu’il allait se forger en toute liberté. Nous étions dans les années 72 à 74. C’est Debay qui m’a présenté Frédéric Beerens, le théoricien du groupe, le lecteur infatigable auquel rien n’échappait ni en sciences ni en philosophie ni en politologie. C’est lui qui vient, en même temps que Bernard Leveaux, Président des “Amis de Jean Mabire”, de m’annoncer la nouvelle de la mort tragique de notre ami de jeunesse. Nous nous sentons tous deux très meurtris: c’est tout un pan de nos jeunes années qui vient de s’évanouir dans le néant de la mort et que nous ne pourrons jamais plus évoquer avec l’homme le plus haut en couleurs de notre petite bande.

Les extraits de presse que j’ai déjà pu lire sur la grande toile nous campent tous un Debay jovial, amateur de dives bouteilles, provocateur, débiteur de blagues bien corsées qui doivent à coup sûr donner de l’urticaire aux thuriféraires dévots de la “political correctness”. C’est exact. Yves Debay n’aurait donc pas changé. Heureux homme: il a toujours échappé à ces étouffantes conventions sociales et langagières qui rendent notre civilisation si monotone, si désagréable à vivre. Mieux: il a réussi à faire accepter ses frasques, par se les faire pardonner! Beau tour de force!

Yves Debay, dès son adolescence, était un collectionneur d’armes: je me souviens, toujours avec un réel plaisir, d’un beau jour ensolleillé de printemps, où il descendait du tram 18, à “Ma Campagne”, flanqué d’un autre Ucclois de Saint-Job, un certain Van H., garçon très poli, très bien élevé, toujours engoncé dans son loden “sapin vert”. Debay était hilare. Van H. “sapin vert” était attéré. Debay n’avait rien étudié pour son interrogation de mathématiques mais ne voulait pas d’échec: sur la plateforme du 18, il avait brandi un bel exemplaire de “Smith & Wesson” de l’armée britannique, menaçant de trucider le prof, un certain Gl., binoclard pète-sec, affublé d’un éternel cache-poussière blanc de pharmacien, si d’aventure il échouait à cette épreuve de math. C’était évidemment de la provocation. Il disait ça pour rire. Le but réel était de nous inviter dans la cave de Beerens pour s’exercer au tir avec l’arme favorite des anciens officiers de sa Gracieuse Majesté: grâce aux instructions bienveillantes de Debay, j’ai mis la balle dans le mille!

Un autre jour, Debay descendait de son tram, une Winchester emballée dans une toile de camouflage, qu’il est allé ensuite exhiber à ses condisciples et ses professeurs, tous ravis. Autres temps, autres moeurs. Aujourd’hui, on appelerait les démineurs... Les tenants de la “Mietjesmaatschappij” en auraient fait cinq colonnes à la une dans la presse débile. On imagine les manchettes: “Des armes dans un institut catholique! Trafic de fusils à répétition! Incitation à la violence!”, etc. Son arme favorite toutefois était la M1 de sa mère, qu’elle avait manié au Katanga pour échapper aux troupes régulières congolaises et aux soldats de l’ONU, poursuivant Belges et gendarmes katangais, partisans de la sécession de cette province riche en minerais (de cuivre notamment). Debay affirmait que c’était grâce à cette arme que sa mère avait sauvé la vie de l’enfant de six ans qu’il était à l’époque.

Souvent le lundi, Debay narrait les bagarres dans lesquelles il avait été impliqué le samedi soir dans l’une ou l’autre boîte de Bruxelles. Un jour, il exhibait son épaule, côté face, tenaillée par un tesson de bouteille et raccommodée de plusieurs points de suture... En dernière année d’humanités, j’ai personnellement eu une bagarre brève avec un hurluberlu qui nous agaçait copieusement, Leyssens et moi-même, en nous reprochant de ne pas avoir des idées conformistes en matières politiques. Les Congolais de la classe, dont une armoire à glace, qui, paraît-il, est aujourd’hui un ponte de la “Lyonnaise des Eaux” à Kinshasa, ne marchaient pas dans la combine de l’hurluberlu qui essayait de les exciter contre nous. En fait, ce gringalet, ce “freluquet tout de guimauve” (dixit Beerens), voulait que ce monsieur africain bien bâti, très fier de son appartenante à la race bantoue et futur cadre de la “Lyonnaise des Eaux”, me casse la gueule à sa place, par procuration en quelque sorte. Muni d’un fil de fer enroulé autour du poing, je n’ai frappé l’hurluberlu qu’une seule fois à la tête, fondant sur lui comme l’éclair: il n’a pas été assommé mais, pire pour son matricule, a éclaté en sanglots, sous les rires de commisération des trois Africains de la classe. Dans la bagarre brève, un banc de la classe s’est renversé sur un complice de l’hurluberlu: le professeur de latin a fait mander le préfet, surnommé “Mickey Mouse” parce que ses chaussures, comme celles de la célèbre souris de Disney, cuinaient très souvent et son nez, presqu’aussi long que celui d’un nasique, et ses incisives jaunâtres, souvent visibles, faisaient immanquablement penser au museau d’un souriceau. “Mickey” est arrivé riant de bon coeur, en voyant la déconfiture sanglotante de mon piètre adversaire, et en agitant ses clefs, car il ponctuait toujours sa présence de cet habituel cliquetis. Je n’ai pas été sanctionné. Mais l’hurluberlu a battu le rappel de ses coreligionnaires. A quatre heures, ils sont vingt-cinq devant la porte, prêts à nous faire notre fête. Nous sommes quatre: Debay, Leyssens (capable de frapper comme un dingue quand il le fallait), Isb. (un camarade arménien) et votre serviteur. Debay distribue des fiches électriques mâles à coincer entre les phalanges de nos doigts, pour le cas où il y aurait “friction”, et donne les ordres, bien dans son style: avancez lentement, en ricanant, sans reculer! Nous avons avancé, lentement, dans la rue d’Espagne, interrompus seulement par un “kamikaze” ennemi, le fameux “Rb” qui a tenté de briser notre ligne en fonçant droit sur nous avec sa pétrolette. Une bourrade sur l’épaule, quand nous avons desserré nos rangs pour le laisser passer l’a fait choir de sa selle et il est parti penaud. Constatant la perte et l’inefficacité de son unique élément motorisé, la double douzaine de matamores s’est disloquée sous les appels au calme d’un certain Bohyn, bonhomme débonnaire qui nous aimait bien. Le choc de cette guerre des boutons n’a donc pas eu lieu.

Je pourrais encore rappeler bien des anecdotes de cette sorte: celui de la M1 et des pigeons de la propriété Brugmann, le toit de tuiles face à l’appart de Debay dans la rue Américaine, l’obus offert en cadeau à ce grand amateur de motos et d’armes qu’était un autre condisciple, Gr., les conséquences de ce cadeau, le voyage en Grèce avec les deux sombreros et la casquette para du Congolais N’zoao, la mémorable soirée arrosée d’Olympie, la cuite de son complice suisse C à l’alcool de banane, la terreur de la famille grecque qui nous hébergeait, la plus formidable bataille de boules de neige de mon existence dans le jardin du Comte de Grunne à Forest, les mésaventures de Debay avec Mme R et son amant D (un chauve qui gagnait chichement sa croûte comme représentant en lotions capillaires, authentique!), les collages d’affiches à Saint-Gilles (Place de Bethléem et Place Fontainas), l’affaire du passe-partout d’une résidence de l’Avenue Churchill et le “mésusage” qui en fut fait, etc.

Yves-Debay-.jpgBref, dans notre école, nous étions la bande des “Pas-comme-les-autres”, même si Leyssens, Beerens et moi étions en apparence parfaitement “scolaires”. Debay ne l’était évidemment pas. Il sentait en lui l’appel de l’action et du grand large. Chassé de l’école après un coup fumant, qu’il narre d’ailleurs à demis mots dans le bulletin des “Amis de Jean Mabire”, Debay quitte notre institut sans regret, tout comme nous qui aspirions à autre chose, et s’inscrit à l’école “toutes armes” de Sainte-Anne à Laeken. Après sa période d’instruction et de formation, il rejoint en Allemagne le “2ème Chacha” (= “Chasseurs à Cheval”), une unité blindée équipée de petits chars britanniques de type “Scorpion”. Dans sa garnison, proche du Rideau de Fer, Debay s’est forcément ennuyé. La vie quasi courtelinesque des casernes en temps de paix, renforcée encore par le surréalisme congénital et souvent éthylique des “gamelles” belges, n’était pas faite pour lui, qui avait d’ailleurs, en plus, la nostalgie de son Afrique natale. Il se porte volontaire en Rhodésie dans l’armée de Ian Smith, où il commande une unité d’infanterie africaine engagée contre les Mozambicains qui recevaient, à l’époque, des armes soviétiques. Debay est revenu en 1979, en pleine campagne électorale pour l’élection du premier Parlement européen. La Sûreté de l’Etat belge avait interdit de parole Giorgio Almirante, pourtant candidat, et Blas Piñar, venu de Madrid pour le soutenir: les deux hommes politiques devaient expliciter leurs programmes et intentions dans les salons de l’Hôtel Métropole. Les gauchistes avaient rameuté leur ban et leur arrière-ban et occupaient le centre de la ville, menaçant de prendre d’assaut le local du futur “Parti des Forces Nouvelles”, le long du canal, où Almirante et Piñar devaient se replier (ce qu’il ne firent pas). Quelques journalistes, dont Alain Derriks que j’accompagnais, étaient présents sur place. Y compris une délégation du “Parti Ouvrier Européen”, téléguidé par Lyndon LaRouche et son épouse allemande, et qui tentait de nous démontrer que Khomeiny était un agent de l’Intelligence Service. Près de trois cents personnes étaient rassemblées près du local, pour le défendre en cas d’attaque: du jamais vu dans les annales de la “droite” musclée en Belgique. Debay n’avait évidemment pas résisté au désir de venir sur place, alléché par la perspective d’une immense bagarre de rue. Ce furent de joyeuses retrouvailles. Dans sa malette, Debay avait des photos de Rhodésie, dont celles de son ordonnance, un géant noir avec la poitrine couverte de chaînes de munitions pour sa .30, qu’il portait avec autant d’aisance qu’un gentleman de la City trimbale son riflard. Debay a évoqué ce jour-là un engagement de son peloton: les Mozambicains, armés de mortiers soviétiques, avaient déclenché le combat en canardant les Rhodésiens mais sans régler la hausse de leurs pièces. Ils tiraient 600 m trop loin. Debay avait ordonné l’assaut, baïonnette au canon: les Mozambicains continuaient à tirer et s’étonnaient que les Rhodésiens et leur grand diable de chef blanc ne tombaient pas comme des mouches...

Après l’intermède rhodésien, Debay a servi dans l’armée sud-africaine puis dans l’armée française, heureuse d’accueillir ses expériences.

Mise à part une visite à son nouvel appartement de la Rue Américaine à Ixelles au temps de son service au “2ème Chacha”, je n’ai plus vu Debay, depuis cette soirée électorale de 1979 et depuis nos folles années à l’Institut SJBLS, et j’ai loupé un rendez-vous qu’il avait donné à quelques anciens, dont les frères Beerens, parce que j’étais à l’étranger. Je vais le regretter jusqu’à mon dernier souffle, d’autant plus que j’espérais bien fort que Bernard Leveaux, qui connaissait Debay et le voyait plus souvent, nous organise bientôt un rendez-vous agréable dans une belle auberge. Le seul contact avec Debay a été indirect: par les revues “Raids” puis “L’Assaut”. C’est dans “Raids” que j’ai lu avec joie et attention ses mésaventures en Irak, son bivouac dans le désert avec son geôlier, le Lieutenant Ali, son retour à Paris où il a acheté de beaux jouets pour les enfants de l’officier irakien. Baroudeur de grand coeur, voilà ce qu’était bien mon camarade d’école le plus célèbre, Yves Debay!

Lors de mes visites annuelles à la Foire du Livre de Francfort, je ne manquais pas de faire un tour dans le stand allemand qui proposait aux libraires les livres, richement illustrés, d’Yves Debay, en version originale ou en traduction. “Raids” et “L’Assaut” sont des revues de haute qualité, de facture parfaite, et Yves Debay a pu y déployer un autre de ses talents: celui du grand photographe qui sait cadrer à merveille ses sujets. J’ai rarement vu une collection de sujets photographiés aussi bien cadrés que les chars ou les soldats happés par le “Hasselblatt” d’Yves Debay. On a le tournis rien qu’en pensant à la richesse fabuleuse que doivent receler ses archives photographiques. Les collections de “Raids” et de “L’Assaut” prouvent qu’Yves Debay a été le plus productif de tous les bons sujets (que les sots diront “mauvais”) que comptait notre bande de “Pas-comme-les-autres”. L’histoire retiendra indubitablement son nom. Non seulement pour le très beau récit de sa captivité en Irak, véritable morceau d’anthologie, mais aussi pour des reportages hors ligne sur les manoeuvres de l’OTAN en Macédoine, sur l’arme blindée turque, sur les opérations dans les Balkans, sur les nageurs de combat grecs, sur le 2°REP à Sarajevo, sur les forces américaines en Allemagne à l’heure du “grand retrait”, etc. Comment ne pas être fasciné par la qualité exceptionnelle des photos dans ce numéro spécial hors-série (n°5) de “Raids” consacré aux chars de combat en action... ou par la remarquable technicité des dossiers de “L’Assaut” consacrés aux fusils d’assaut, etc.

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Debay, le jour de sa mort, avait derrière lui quarante ans d’expériences militaires diverses, glanées sur tous les fronts possibles et imaginables de la planète. C’est une existence mouvementée qu’il a délibérément choisie, en toute liberté, en dépit de toutes les conventions sociales, au scandale des pense-petit. Et cette vie passionnante d’aventures a été rendue possible pendant quatre décennies par une baraka qui a été sa plus fidèle compagne. Le 17 janvier 2013, pour la première fois, à Alep, celle-ci était absente. La balle qui a tué Debay a mis fin à une incroyable existence, hors du commun, en une époque particulièrement triviale et “homogénéisée” à outrance, livrée aux pires des imposteurs. Debay fut l’une des dernières incarnations de l’homme voulu et chanté par Brantôme au 16ème siècle! Je regrette déjà de ne pas pouvoir lire les mémoires complètes, rédigées directement de sa main, que n’aurait pas manquer d’écrire ce vaillant et joyeux camarade d’école et de devoir à tout jamais me contenter des fragments, fort sublimes déjà, qu’il nous a laissés. Mais, par ailleurs, peut-on imaginer un Debay, usé par l’âge comme nous le serons tous, appuyé sur un bâton, souffrant des maux de la vieillesse, lui qui a gardé de ses seize ans jusqu’à la veille de ses soixante ans, jusqu’à la balle fatale d’avant-hier, la même trogne joviale, le même ricanement joyeux, les mêmes passions? Debay a choisi et trouvé, plus que les autres de notre petite bande, la liberté totale mais l’étreindre à pleins bras exige un double prix: pour vivre au rythme des armées, pour coller à la geste militaire qui se déroule hic et nunc, il faut composer avec le système puisque lui seul peut déployer la force armée, détient les clefs de la souveraineté. C’est ça la première tranche du prix à payer. Nous, européistes impériaux, nous aspirants à la souveraineté totale pour notre aire civilisationnelle, n’avons pas d’armée autonome qui puisse réaliser sur l’échiquier international nos voeux de “pax europea”. S’il avait opté sans concession pour notre radicalité, qu’il partageait en secret, Debay aurait été condamné à proclamer —vox clamans in deserto— une vérité inexistante dans le réel mais sans nul doute “advenante” dans un futur que nous espérons ardemment mais que nous ne connaîtrons pas. Debay a vécu dans l’action, et non dans l’espérance, et dans le réel imparfait, dont il acceptait certains travers, seule manière de nous léguer des récits militaires et des photographies magnifiques, seule façon possible de jouer à fond une vie à la Brantôme, une vie où on ne se dérobe pas, où on ne triche pas avec la mort. Yves Debay est mort de la mort du soldat, comme des millions d’autres, comme le fils d’Ernst Jünger à Carrare en 1944, et du reporter de guerre, comme Kurt Eggers en 1943 ou Jean Roy, reporter de “Paris-Match”, à Suez en 1956. Et cette mort brutale, soudaine, nette comme le coup de ciseau de la Parque, est la seconde moitié du prix à payer parfois (mais pas toujours), dès l’instant fatidique où la déesse “Baraka” se montre tout à coup distraite... Yves l’a payée, elle aussi, cette seconde moitié du prix. C’est à coup sûr une mort qu’il a dû envisager mille fois, qu’il aurait acceptée en riant, et un buvant un coup, et même deux, à la santé des grands ancêtres. Qu’il est parti rejoindre dans le Walhalla. Puisse la chair du sanglier Mimir lui ravir le palais. Puisse l’hydromel, servi par les Walkyries, lui arroser le gosier jusqu’au Ragnarök! Il l’a bien mérité!

Robert Steuckers.

Forest-Flotzenberg, 18 et 19 janvier 2013.

F. Klimsch: sculpture

Fritz Klimsch

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En fin de compte, la guerre contre l’Iran n’aura pas lieu

En fin de compte, la guerre contre l’Iran n’aura pas lieu

par Robert Bibeau
 
Ex: http://mediabenews.wordpress.com/


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La guerre contre l’Iran n’aura pas lieu… pour le moment. La guerre d’Iran n’aura pas lieu de sitôt même si ‘Pierrot le fou’ – Benjamin Netanyahu, Premier ministre d’Israël – crie « Aux loups, aux loups » à la Knesset – parlement israélien – pendant qu’Ahmadinejad – le Président iranien – ne l’écoute pas, ne l’entend pas, et pour cause…

L’Iran connaît parfaitement les plans de l’hyène américaine et l’Ayatollah Khamenei sait également que le renard israélien ne commande pas au loup états-unien. C’est plutôt l’inverse (1).

Tout ce que la Terre porte d’analystes, d’observateurs, d’experts militaires se sont émus la semaine dernière à l’annonce qu’un porte-avions de la Ve flotte américaine, furetant dans le secteur du détroit d’Ormuz, loin de son port d’attache, avait été chassé de la région par un exercice militaire iranien. Le navire risquait en effet de provoquer un incident-accident entre les deux belligérants se disputant le Golfe persan (2).

L’incident n’était pourtant qu’un exercice de réchauffement avant la conflagration à venir. Après avoir assisté à ce coup monté, dites-vous que l’une des prochaines fois sera la bonne et que cet incident provoqué déclenchera non pas la ‘troisième guerre mondiale’ mais l’attaque américano-israélienne contre l’Iran que l’Amérique attend depuis si longtemps.

Pourquoi pas cette fois, ni la prochaine, mais la suivante seulement ? Et pourquoi en 2013 et pas avant ? Pour répondre à ces questions il faut savoir pourquoi les USA en veulent tant à l’Iran. Si l’on ne sait pas répondre à cette question préalable, on en est réduit à conjecturer – à spéculer – à colporter les papiers d’intoxication médiatique des éditorialistes américains et israéliens.

Posons d’abord une prémisse évidente. Neuf pays de par le monde possèdent l’arme atomique. Ce sont les États-Unis, la Russie, la France, le Royaume-Uni, l’Inde, la Chine, le Pakistan, la Corée du Nord et Israël – entre 100 et 200 ogives – (3). Y a-t-il plus criminel que le gouvernement états-unien ? Y-a-t-il plus hystérique que le gouvernement israélien ? Y-a-t-il plus instable que le gouvernement pakistanais ? Y-a-t-il plus imprévisible que le gouvernement coréen ? Y-a-t-il plus soumis que le gouvernement du Royaume-Uni ? Y-a-t-il plus cynique que le gouvernement de Russie ? Y a-t-il plus agité que le gouvernement de Sarkozy ? Pourtant, ni l’AIEA (Agence Internationale de l’Énergie Atomique) ni l’ONU ne suggèrent le désarmement nucléaire de ces gouvernements menaçants et incompétents.

Il faut en conclure que la propagande à propos du danger nucléaire iranien n’est qu’un faux-semblant qui cache autre chose, d’autant plus que celui qui s’en dit le plus préoccupé-menacé est justement le seul qui ait utilisé l’arme atomique deux fois plutôt qu’une (Hiroshima et Nagasaki) et qu’il menace encore une fois de l’utiliser contre l’Iran – bombes de type Blu-117 – (4). Qui plus est, les États-Unis possèdent 2 200 têtes nucléaires et 800 vecteurs, de quoi détruire la planète toute entière (5). Que feront les deux ou trois bombes nucléaires iraniennes – à supposer qu’elles existent – montées sur des missiles Shihab-3 – 2 200 km de portée maximum – alors que les États-Unis se situent à 11 000 kilomètres du Golfe persique ? Moins d’une heure après une prétendue attaque iranienne, mille bombes nucléaires américaines pulvériseraient l’Iran ne laissant plus une âme qui vive (77 millions d’habitants). Espérons que nous en avons terminé avec cette fadaise de la menace nucléaire iranienne tout juste bonne à effrayer les retraités des salons de thé.

Mais alors qu’est-ce qui justifie l’acrimonie états-unienne à l’encontre de la destinée iranienne ? Dans un papier, il y a tout juste une année, nous avions répondu à cette question – « Regardez du côté du détroit d’Ormuz », disions-nous (6).

L’Iran a commis le crime de lèse-majesté de ne pas trembler quand Georges W. Bush l’a désigné à la vindicte de sa ‘communauté internationale’. L’Iran a l’outrecuidance de développer sa propre politique nationale plénipotentiaire. L’Iran a le culot de vendre son pétrole à la Chine en devises souveraines iraniennes. L’Iran s’approvisionne en armement auprès de la Russie honnie. L’Iran a choisi le camp de l’impérialisme chinois – l’ennemi irrédentiste de l’impérialisme américain. Enfin, l’Iran a le mauvais goût de posséder une frontière sur le détroit d’Ormuz par où transite près de 35 % du pétrole mondial, point de passage pétrolier que les États-Unis entendent bien entraver ou faire entraver  ! Pour que ce plan machiavélique fonctionne, les États-Unis doivent cependant colmater au moins deux brèches dans le dispositif de verrouillage pétrolier de la région du Golfe persique. Le projet Nabucco, un oléoduc irano-irako-syrien destiné à acheminer le pétrole iranien et irakien jusqu’en Méditerranée via le territoire syrien et le projet d’oléoduc des Émirats Arabes Unis destiné à contourner le détroit d’Ormuz pour l’acheminer directement jusqu’au port de Foujeirah (7). Pour ce dernier oléoduc ce ne sera pas compliqué ; les Émirats Arabes Unis sont sous protectorat américain et leur pétrole sera acheminé aux clients que Washington aura accrédités ; pour le premier cependant, rien n’est assuré et la subversion récemment entreprise contre la Syrie vise justement le contrôle de cet oléoduc.

Dans un récent article nous demandions pourquoi la France et l’Euroland endossent la stratégie américaine visant leur propre étranglement pétrolier (8) ? En effet, si le détroit d’Ormuz est interdit à la navigation, c’est la Chine et l’Europe qui seront privées de carburant et non les États-Unis qui s’approvisionnent autrement. Ceci nous amène à conclure que l’Union Européenne devrait réviser ses politiques vis-à-vis de la Syrie et de l’Iran prochainement.

China Marks 60 Years Of The Chinese Navy

L’agression américaine contre la Syrie et l’Iran s’inscrit comme une étape de la guerre que se livrent les trois grands camps de l’impérialisme mondial – le camp états-unien – le camp de l’Euroland allié au camp américain jusqu’au 8 décembre dernier et dont il tente dorénavant de s’éloigner pour ne pas couler avec le dollar plombé – et le camp chinois, la superpuissance industrielle montante à laquelle sont associées l’Iran, la Syrie et la Russie.

Un expert affirme que ce que nous décrivons ci-haut : « ce modèle militaire mondial du Pentagone en est un de conquête du monde » (9). Les États-Unis n’envisagent nullement de conquérir le monde. Leur puissance technico-militaire est énorme mais leur capacité militaire conventionnelle – humaine – est bien en-deçà de telles ambitions. Les Américains souhaitent simplement détruire les infrastructures urbaines, les infrastructures portuaires et les raffineries iraniennes de façon à punir ce pays pour sa dissidence ; faire un exemple auprès de tous les autres pays en voie de développement qui caressent des rêves d’indépendance nationale.

Les États-Unis ne cherchent pas à s’emparer du pétrole iranien, ils en seraient bien incapables puisqu’ils ne songent nullement à débarquer des détachements de Marines et à s’installer à Téhéran. Quand on est impuissant à mater les talibans afghans, on ne songe même pas à occuper l’Iran.

Les États-Unis cherchent plutôt à provoquer une crise économique, financière, monétaire mondiale qui frappera toutes les puissances impérialistes, dépréciera leurs monnaies (le Yuan et l’Euro – le Dollar, lui s’en va déjà à vau-l’eau) et les rendront dépendantes des marchés boursiers et des ressources énergétiques du monde anglo-saxon (États-Unis, Royaume-Uni, Australie, Canada) où la valeur des entreprises pétrolières s’élèvera de façon vertigineuse en même temps que la valeur de l’or noir (Golfe du Mexique, Alaska, Sables bitumineux de l’Alberta et Mer du Nord).

Ce coup de « poker » démentiel et meurtrier ne provoquera pas la ‘troisième guerre mondiale’ – les deux autres blocs impérialistes concurrents ne sont pas encore prêts à engager un affrontement militaire contre la superpuissance nucléaire américaine représentant la moitié des dépenses militaires de la planète (10).

Les peuples du monde souffriront énormément de cette crise économique profonde accompagnée d’une inflation importante, d’une hausse du chômage déjà catastrophique, d’une déprime boursière, de l’effondrement des hedge funds et des caisses de retraite des travailleurs ; cette crise enclenchera des soulèvements ouvriers, des grèves et des occupations d’usines jalonneront la guerre de classe – travail contre capital – sur le front économique que les opportunistes petits-bourgeois auront mission de liquider en proposant divers slogans réformistes pour sauver le système capitaliste.

L’attaque américano-israélienne contre l’Iran n’aura pas lieu en 2012 – année d’élection américaine. Le sort de la Syrie doit d’abord être tranché ; pour Méphisto Obama et pour le Minotaure Netanyahu rien ne presse. Après l’élection il sera temps d’ouvrir les portes de l’enfer et de libérer les Cerbères des Guerres puniques contemporaines.

Un indice pour ceux qu’il presse de savoir quand cela surviendra : il suffit de compter les grands navires de guerre américains qui mouillent dans le Golfe persique ; quand il n’en restera plus aucun, le combat de l’Armageddon tonnera dans la fournaise persane.

Robert Bibeau

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(1) « Déclarations d’Hillary Clinton et du secrétaire à la Défense Leon Panetta : « aucune option n’est écartée ». Panetta a toutefois indiqué qu’« Israël ne devrait pas envisager d’action unilatérale contre l’Iran », tout en soulignant que « toute opération militaire d’Israël contre l’Iran doit être appuyée par les États-Unis et coordonnée avec eux ». (Déclaration de Leon Panetta le 2 décembre au Saban Center, cité dans U.S. Defense Secretary : Iran could get nuclear bomb within a year – Haaretz, 11 décembre 2011. C’est l’auteur qui souligne.).

(2) Il faut souligner toutefois que la flotte de guerre iranienne est chez-elle près des côtes d’Iran alors que la Ve flotte américaine est une intruse à 11 00 kilomètres des côtes américaines. 3.1.2012. http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2012/01/03/le-bras-de-fer-entre-l-iran-et-l-occident-se-poursuit_1624979_3218.html

(3) Mordechaï Vanunu en entrevue avec Silvia Cattori. 2005. « non seulement on ne s’en prend pas à Israël, mais on aide même ce pays en secret. Il y a une coopération secrète entre Israël et la Grande-Bretagne, la France et les États-Unis. Ces pays ont décidé de contribuer à la puissance nucléaire d’Israël afin de faire de ce pays un État colonial, dans le monde arabe. Ils aident Israël, parce qu’ils veulent que ce pays soit à leur service, en tant que pays colonialiste contrôlant le Moyen-Orient, ce qui leur permet de s’emparer des revenus pétroliers et de maintenir les Arabes dans le sous-développement et les conflits fratricides. Telle est la principale raison de cette coopération. ». http://www.silviacattori.net/article2313.html

(4) Michel Chossudovsky 6.1.2012. Mondialisation. « (…) attaque contre l’Iran, mais aussi que cette attaque pourrait inclure l’utilisation d’armes nucléaires tactiques antiblockhaus ayant une capacité explosive allant de trois à six fois celle d’une bombe d’Hiroshima. » http://www.centpapiers.com/l%E2%80%99iran-face-a-une-attaque-a-l%E2%80%99arme-nucleaire-%C2%AB-aucune-option-n%E2%80%99est-ecartee-%C2%BB/91431

(5) http://www.7sur7.be/7s7/fr/1505/Monde/article/detail/1089606/2010/04/06/Arsenal-nucleaire-americain-sur-terre-mer-ou-ciel-des-ogives-par-milliers.dhtml

(6) La guerre contre l’Iran aura-t-elle lieu ? 14.01.2011.  http://bellaciao.org/fr/spip.php?article112543 et dans cet écrit datant de novembre dernier, Menacer l’Iran préparer l’invasion de la Syrie. 17.11.2011. http://mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=27724

(7) http://www.voltairenet.org/Les-Etats-Unis-suspendent-leurs et http://www.cyberpresse.ca/international/moyen-orient/201201/09/01-4484169-emirats-un-oleoduc-pour-eviter-le-detroit-dormuz-bientot-operationnel.php

(8) Deux mille douze avant et après ? http://www.centpapiers.com/deux-mille-douze-avant-et-apres/91333

(9) Pierre Khalaf. Guerre au Proche-Orient : anatomie d’une menace. 24.10.2011. http://www.voltairenet.org/Guerre-au-Proche-Orient-anatomie-d

Manlio Dinucci. Les USA ‘tournent’ la page et s’apprêtent à de nouvelles guerres. 7.1.2012. http://mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=28526

Consommation et Surconsommation

Consommation et Surconsommation

 

L’accès à la consommation nous est présenté comme la source du bonheur, alors que paradoxalement, être consommateur rend vaine toute tentative d’accéder au bonheur. La publicité est là pour nous rappeler à l’ordre, pour créer l’insatisfaction, le manque et une dépendance par rapport à des produits qui jusque-là n’étaient pas indispensables à l’épanouissement, et qui s’ajoutent à nos besoins.

Il serait plus sage de ne pas tenter d’avoir tout ce que l’on nous propose, mais de savoir apprécier ce que l’on a. Il faudrait d’ailleurs faire en sorte de se libérer de la surabondance (également surabondance de pollution, d’uniformisation, de stress … etc !) plutôt que de convoiter avec obsession ce qui nous fait défaut (le pouvoir d’achat, l’emploi, l’innovation, les parts de marché, la croissance, etc), pour plus de simplicité et moins d’illusionnisme. Posséder le dernier « iphone » est-il indispensable à la vie ?

Comment les hommes faisaient-ils avant toutes ces technologies high-tech qui se régénèrent indéfiniment ? Comment vivaient-ils, étaient-ils épanouis, étaient-ils en manque? En manque de quoi, de bien matériel ? Mais combien de ces choses sont vraiment utiles à notre épanouissement ? Ne servent-elles pas plutôt à cacher notre frustration devant ce monde que nous avons de plus en plus de mal à comprendre et à appréhender ?

L’expansion du développement transforme sur son passage l’autarcie des peuples en misère, et partout sur terre, goûter à « l’économie de marché » devient une addiction qui se substitue à tout mode de vie alternatif (gratuit) et indépendant (libre). Ce système économique arrivera à son apogée quand la mondialisation aura transformé toutes les cultures et toutes les ressources naturelles en marchandises identiques.

Aujourd’hui l’argent ne représente plus rien de concret et se répand plus vite que les réalités du monde qui nous entoure, l’économie s’est emballée comme un taureau fou. En se déconnectant de la réalité, elle est devenue nocive. Cette pseudo science économique régit les décisions politiques de tout bord, mais dans ses savants calculs, elle oublie un facteur essentiel et déterminant : les limites de la planète.

En revanche elle est la source de gains faramineux pour une petite oligarchie constituée de financiers qui ont su endetté des pays en voie de développement comme le Brésil, aujourd’hui contraint à rembourser sa dette en puisant dans les poumons de la planète : la forêt Amazonienne.

En renouvelant obsessionnellement le marché pour amasser des gains, le progrès technologique a rendu la surproduction et la surconsommation responsable de la plus part des problèmes écologiques. Croire en l’émergence d’une nouvelle technologie pour régler ces déséquilibres serait alors un nouveau piège du progrès. Il est impératif de réduire notre impact sur la planète, nous ne sommes pas des consommateurs nés.

Cette surconsommation nous est imposée malgré nous par le modèle de développement capitaliste. Aujourd’hui cette doctrine consumériste est une foi quasi-religieuse et fondamentaliste. Nous sommes pris en otage par le culte et le conditionnement de la consommation. Dans cet empire économique tout n’est pourtant pas régi par le matérialisme, et il existe quantité d’alternatives pour contribuer à son bien-être.

S’il est parfaitement humain d’avoir des désirs autres que nos besoins fondamentaux, passé un certain seuil ces désirs exacerbés deviennent déraisonnables et finissent par être une source de problèmes pour soi et les autres. De plus l’ironie veut qu’une fois l’objet de son désir obtenu, on est toujours insatisfait. Ces deux constats permettent d’établir que le bonheur ne s’achète pas, le bonheur s’apprend en s’ouvrant au monde et en établissant une éthique personnelle, et non en suivant des modèles préétablis.

2CCR

(Merci à BOB)

La corruption : arme de la mondialisation

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La corruption : arme de la mondialisation

Une norme légale en Occident?

Auran Derien

Ex: http://metamag.fr/

Le dernier rapport publié par Transparency international considère que le niveau de corruption est décevant  dans la zone Euro, notamment en Grèce et en Italie. Il  reprend ainsi un discours démagogique sur la corruption du secteur public puis affirme niaisement que la lutte contre la corruption est l’une des clés pour sortir la Grèce de la crise.

Plus le gang globalitaire crée des centres du type Transparency, plus l’hypocrisie se répand et plus les mensonges éhontés peuvent circuler. A la fin, l’infamie couvre notre monde en toute légalité. Car là est l’escroquerie fondamentale dont ne parle jamais Transparency : la corruption légale est la norme en occident. Selon le Service Central de Prévention de la Corruption (SCPC qui fonctionne en France) celle-ci utilise des professionnels, dénommés conseils voir intermédiaires en accommodement dans les affaires. Des sociétés spécialisées, où tout est légal, se chargent de l’industrie de la corruption. Deux méthodes sont particulièrement répandues : la facturation de prestations fictives par des sociétés domiciliées dans des paradis fiscaux et les sur-facturations et sous-facturations d’achats et de ventes entre sociétés liées. 

De plus, la corruption passive et le trafic d’influence ne sont pas couverts par les conventions que promeut la globalisation pestilentielle et ses pitres tarifés. La corruption passive désigne le cas où l’initiative de la demande de pots-de-vin est prise par le décideur ou l’exécutant détenteur d’un pouvoir de  décision ou d’exécution. 

Le trafic d’influence est qualifié d’ “actif” lorsque la personne qui souhaite une décision en sa faveur propose des avantages à un tiers susceptible d’influencer le décideur. Le trafic d’influence est passif lorsqu’un personnage qui peut jouer un rôle dans la décision propose de sa propre initiative ses services illégaux et rémunérés.

Une corruption pas seulement financière. 

Le favoritisme qui conduit à sélectionner une entreprise peu efficace est une forme de pot-de-vin. C’est un sabotage. Du point de vue de l’efficacité économique globale, la corruption réside tout autant dans le fait de recevoir un “dessous-de-table” (somme versée à un quidam pour favoriser un projet) non déclaré que dans celui de bâcler son travail, d’être paresseux, incompétent et sans conscience professionnelle. Chaque fois, des personnes ou des groupes vivent largement sans fournir une contribution positive à l’ensemble. Le parasite, fléau de l’Europe maastrichtienne, est aussi et surtout un corrompu. Pourquoi ne pas en parler?

Pas de supra classe globalitaire sans corruption.

La curiosité intellectuelle des grands penseurs de Radin (selon la belle expression forgée autrefois par feu Pierre Dac) à propos de la lutte contre la corruption ne va pas jusqu’à interroger le monde dont ils sont l’émanation. Pourtant, le psychanalyste Horst-Eberhard Richter, alors directeur de l'Institut Sigmund Freud de Francfort, a publié en 1996 un ouvrage au titre explicite : « Le grand art de la corruption », dans lequel il se préoccupe de démontrer de manière systématique comment la corruption est l’instrument de contrôle indispensable pour la classe dominante globalitaire. 

Il n’est ni le premier ni le seul. On peut dire que la corruption morale est organisée systématiquement et très consciemment. Un changement de valeurs a été imposé peu à peu en Europe à travers un nouveau paradigme introduit depuis la deuxième guerre mondiale: toutes les élites attentives aux voies de leur conscience, préoccupées par la vérité, et voulant œuvrer pour le bien-être général, bref ceux qui cherchaient à mener une vie utile aux autres, ont été transformées en monstres de foire, uniquement préoccupées par leurs plaisirs. On citera l’Institut Tavistock mais tant au M.I.T. que dans d’autres universités soi-disant prestigieuses, de petites coteries réfléchissent  à la façon de corrompre la population le plus efficacement possible.

Mensonge pieux, double morale, etc.

Les éthologistes incitent à penser que l’être humain, il y a très longtemps, a appris à faire confiance à son prochain, une fois passée la période probatoire d’observation. Ce “degré de confiance” s’est accru dans les sociétés européennes du fait de la liberté d’expression qui y a régné en comparaison avec d’autres civilisations. Car la liberté d’expression a un avantage fondamental : beaucoup de faussaires, sur des affaires simples, sont démasqués et signalés. Cependant, le centre névralgique du mensonge, comme l’a enseigné Nietzsche, est au cœur des religions monothéistes et de leur caste sacerdotale qui a besoin du mensonge pour vivre. 

Produire du faux est devenu une activité à plein temps pour des canailles cherchant à vivre en parasites sur la société de confiance. Pour cela, il convient de retourner les signes “crédibles”, ceux qui sont transmis par éducation, une fois que l’on a bien étudié la mentalité de la population que l’on veut tromper. Ainsi, on constate en Europe que le désert s’étend - des pans entiers de l’économie disparaissent, d’autres deviennent les auxiliaires de prédateurs, comme la banque et la grande distribution -  et cela laisse de marbre les chargés d’étude de la corruption...Par exemple, ils parlent peu - ou jamais - des partenariats public-privé pratiqués à l'Organisation Mondiale de la Santé...et qui expliquent que 45 millions d'Européens aient été vaccinés pour le seul profit de quelques multinationales lors de la pandémie de grippe A (H1N1) .


La France au 22ème rang! 

La corruption n’a bien sûr rien à voir avec le niveau d’intelligence. Au contraire, beaucoup d’observations montrent que la plupart des personnes à haute capacité intellectuelle sont défaillantes dans la réussite matérielle et sociale. Le succès mondain nécessite la présence d’un facteur que les étatsuniens ont appelé “social or machiavellian intelligence”, considéré comme indépendant du QI, mais dont le niveau influe grandement sur la position socio-économique des individus. La compétition sociale suppose une intention de réussir. Y parvenir impose de développer une certaine lucidité par laquelle on détectera des signaux qui dévoilent les intentions des autres. Il s’ensuit que l’émission de fausses informations sera stratégiquement avantageuse pour celui qui les émet, lorsque de tels signaux sont suffisamment rares pour être interprétés par les autres comme véridiques. C’est exactement ce à quoi nous convie Transparency : faire croire que la corruption émane du politique, ce qui est exact en partie, mais n’est pas l’essentiel dans un monde occidental qui répand le néant, crée partout le désert.

La réalité, sordide, est que le monde des affaires, et les membres fanatiques de la supra classe mondiale incarnent la corruption, et utilisent tous les moyens pour qu’elle prospère, dont les services spéciaux. Dans les grands groupes  américains, les services secrets (CIA notamment) entretiennent des  agents dans le cadre du programme  "NOC" (No official cover). Ce sont des officiers de la CIA qui se présentent comme des  cadres ordinaires. Ils sont envoyés en mission dans des pays “amis" - comme les pays européens - et ont  pour fonction de recruter des agents, choisis parmi les dirigeants : patrons, hauts fonctionnaires, politiciens. La corruption est donc systématique de la part des multinationales. 

Quel avenir pour l’Europe ? 

On ne pourra pas reconstruire rapidement un monde où la recherche de la vérité, la liberté de pensée et de parler, ainsi que l’éthique de l’honneur guideront des élites véritablement choisies. La tyrannie des trafiquants est désormais trop installée pour que l’esprit public s’évade de la propagande crasseuse que les médias imposent au quotidien. La corruption est une donnée pratique dont on peut limiter les effets et l’importance par l’éducation, les associations indépendantes de penseurs, la diversité des centres de diffusion et la limitation du pouvoir des congrégations multinationales. La globalisation pousse dans l’autre sens. Aussi incarne-t-elle aujourd’hui l’inhumanité.

 

Le radici culturali della decrescita: Meister Eckhart

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Le radici culturali della decrescita: Meister Eckhart

di Pier Luigi Tosi

Fonte: ilcambiamento


Meister Eckhart, vissuto tra il 1260 e il 1328, contemporaneo di Dante, domenicano, professore nell’università di Parigi, fu incriminato dal principe-vescovo di Colonia per eresia e probabilmente il processo, condotto presso la sede papale di Avignone, avrebbe avuto un’infausta conclusione se nel frattempo il protagonista non fosse morto, cosicché il papa potè limitarsi alla condanna solo di alcune proposizioni (con la bolla In agro dominico). Il frate filosofo e teologo espresse il suo pensiero sia con commenti alle sacre scritture, prevalentemente in latino, sia con predicazioni, prevalentemente in tedesco, che sono quelle che più ci interessano ai nostri fini.Per comprendere la forza di rottura dei suoi discorsi, dobbiamo tenere ben presente che operò nell’Europa a cavallo fra XIII e XIV secolo, totalmente dominata nella sua cultura dalla filosofia Scolastica e in particolare dalla Summa theologiae di Tommaso d’Aquino, come testimonia la Divina Commedia. Questa vera e propria opera omnia del pensiero filosofico e religioso presenta il cosmo e la creazione strutturati in maniera rigidamente gerarchica, con Dio al vertice, poi gli angeli, quindi gli uomini e al di sotto le creature animali e vegetali. L’essere umano si situa come cerniera fra mondo spirituale e mondo materiale, mentre il resto del creato è svilito in quanto considerato mera materia senz’anima e posto in sostanza alla mercé degli uomini.

Echkart reagisce, con suo notevole rischio personale, al sistema tomistico e propone un’inedita concezione di Divinità, spesso addirittura distinta e sovraordinata al Dio creatore, che deriva direttamente ed esplicitamente dall’idea di Uno -Tutto cui facevamo riferimento all’inizio. Nel sermone Unus deus et pater omnium si afferma: «Tutte le creature sono in Dio, e sono la sua Divinità, e questo significa la pienezza» e ancora «Dio è Uno, negazione della negazione». Con ciò si intende che distinguere il sé (con la minuscola) dalle altre creature, o un ordine di creature da un altro, significa compiere il più grave dei peccati e precludersi il cammino verso il Sé (con la maiuscola), che è la comprensione dell’unione intima con il Tutto. «Più Dio è riconosciuto come Uno, più è riconosciuto come Tutto» (in Unser herre underhuop und huop von unden uf siniu ougen).

Un altro esempio degno di nota di quanto diciamo è nel sermone Nolite timere eos: «Dio ama se stesso, la sua natura, il suo essere, la sua Divinità. Ma nell’amore in cui ama se stesso ama anche tutte le creature –non in quanto creature, ma in quanto Dio». In seguito: «Dove tutte le creature esprimono Dio, là Dio diviene» e «Perché le creature parlano di Dio e non della Divinità? Perché quello che è nella Divinità è Uno, e di ciò non si può parlare». Emerge con nettezza l’impossibilità di separare sé dagli altri, ma altresì l’uomo dal resto del creato: pensare nell’ottica di un «io« contrapposto alla realtà e agli altri viventi equivale alla negazione della Divinità e alla propria dannazione e disperazione. «Io solo porto tutte le creature nel mio intelletto, prendendole nella loro essenza spirituale, in modo che esse siano una cosa sola in me».

Così come nel sermone Surrexit autem Saulus: «Quando l’anima giunge all’Uno e vi penetra in un completo annullamento di se stessa, essa trova Dio come in un nulla».
Per il mistico tedesco Cristo, il Figlio, è assolutamente affine al Logos eracliteo. Ogni uomo è Cristo se è capace di annullarsi nel Logos, nell’Uno: «Alcuni, di animo non nobile, sono avidi di ricchezze. Altri, di natura più nobile, non fanno caso agli averi, ma cercano l’onore. Altri ancora risuscitano completamente, ma non con Cristo. Infine, si trovano delle persone che resuscitano completamente con Cristo» (da Si consurrexistis cum Christo).

La natura, umana e no, per il nostro autore è libera e indivisa; per comprendere ciò (la mistica eckhartiana fa dichiaratamente riferimento all’intelletto e, benché sia stata riscoperta in età romantica, è lontanissima da ogni irrazionalismo), occorre annullare la propria anima, cioè l’individualità, l’Ego, e renderla completamente partecipe del Tutto. Scrive il commentatore Vannini che «è l’io stesso a scomparire in quanto centro di volontà, centro di forza e di appropriazione (eigenschaft)». Non ci risulterà allora difficile capire perché l’inedita elaborazione di Meister Eckhart sia stata accostata alla mistica orientale (R. Otto) e in particolare al buddismo zen (D.T. Suzuki). Né ci parrà strano annoverare un frate domenicano medievale tra i maestri del pensiero che possono aiutarci a vedere il mondo in termini olistici e non come una riserva di oggetti e di risorse da sfruttare a nostro piacimento, uso e consumo. Ci rammaricherà invece constatare che, a sette secoli di distanza, l’uomo continui a perdersi, insista ad attrezzare tecnologicamente, in modo ognora più sofisticato, le smisurate ambizioni egoiche e il desiderio illimitato di appropriazione.

Tra le straordinarie intuizioni del teologo, vorrei segnalarne una, tratta dalla predica Ein meister sprichet: alliu glichiu dinc minnent sich under einander, ovvero «Un maestro dice: tutte le cose simili si amano reciprocamente«, che così recita: «Ma se il mio occhio, che è uno e semplice in se stesso, si apre e proietta la sua vista sul legno, ciascuno dei due resta quello che è, e tuttavia, nel compiersi della visione, diventano una cosa sola, tanto che si potrebbe chiamare davvero “occhio-legno”, e il legno è il mio occhio«. In qualche modo prefigura l’inestricabile unità, si potrebbe dire complicità, di osservatore e osservato, caratteristica della più avanzata fisica teorica, quella quantistica. Aristotele, fedelmente ripreso da Tommaso, nel De anima aveva affermato: «Nelle realtà immateriali sono lo stesso pensante e pensato«; qui però cade finalmente questa barriera tra immateriale e materiale, per cui in questa stretta comunione possono incontrarsi l’occhio e il legno, l’uomo e l’albero, mentre il pensiero catalogatore è un pernicioso freno alla comprensione della Divinità, che in termini platonici potremmo allora chiamare Anima Mundi.
Concludiamo il breve discorso dedicato a Meister Eckhart con due massime che assumono senso particolare nel contesto di un dibattito sulla decrescita:

«Ascoltate una parola vera! Se un uomo donasse mille marchi d’oro per costruire chiese e conventi, sarebbe grande cosa. Ma molto di più avrebbe donato chi stimasse un nulla mille marchi: questi avrebbe fatto molto più del primo»; «Dimentica ciò che è tuo e acquisirai la virtù».
«Quando l’anima giunge all’Uno e vi penetra in un completo annullamento
di se stessa, essa trova Dio come in un nulla». «Dimentica ciò che è tuo e acquisirai la virtù».

 


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Le Qatar entre le Canal de Suez et l’axe Le Caire-Téhéran

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Le Qatar entre le Canal de Suez et l’axe Le Caire-Téhéran

Ex: http://www.dedefensa.org/

Oui, que veut le Qatar ? Quelle est sa politique, quel est sont but, quels sont ses buts ? Chaque fois l’on croit avoir compris, que ce minuscule émirat croulant sous des tonnes de $milliards a bel et bien une stratégie, qu’il complote, qu’il sait où il va, qu’il achète tout le monde dans un but si précis qu’il brille comme une montagne d’or. Puis, quelque chose de nouveau surgit, dont on s’avise un peu gêné, qu’il pourrait bien s’agir d’une contradiction. Aujourd’hui, la situation à cet égard a des aspects rocambolesques. Les commentateurs eux-mêmes, et parmi les plus avisés, les plus aptes à manier ou manipuler l’information et le reste dans le sens des interprétations les plus audacieuses, commencent à faire de ces contradictions elles-mêmes, sans plus les dissimuler, et finalement de ce qui constitue le mystère qatari, le sujet de leurs articles. En voici deux exemples édifiants.

• Commençons par quelques observations complètement et ingénument étonnés de Mohammad Hisham Abeih, de As Safir, le quotidien libanais indépendant de gauche, toujours bien informé… Ce 10 janvier 2013, le sujet de l’article de Mohammad Hisham Abeih, c’est la visite Premier ministre du Qatar en Égypte… Et l’article se termine par la même question qui semble l’avoir justifié, – question sans réponse, au début comme à la fin de l’article… «The question remains: What does Qatar want from Egypt other than extended economic power and influence in political decision-making?» Il y a dans l’article diverses précisions sur la puissance d’Al Jazeera et, surtout, la présence massive de Frères Musulmans, spécifiquement égyptiens, dans la rédaction de la TV qatari, ce qui correspond à un curieux renversement de l’influence qatari en Égypte qui est partout affirmée. («Specifically, many leading figures at Al Jazeera news are Brotherhood-affiliated Egyptians. […] In addition, Brotherhood guests and loyalists dominate most of the channel’s programs tackling Egyptian political affairs.») Il y a enfin le compte-rendu un peu étonnant de la conférence de presse du 9 janvier au Caire, avec les deux premiers ministres (égyptien et qatari), où fut chaudement débattu le projet prêté au Qatar d’acquérir sous forme de location pour 99 ans rien de moins que… le Canal de Suez.

«The press conference held yesterday [Jan. 9], after Qatari Prime Minister Hamad bin Jassim Al Thani met with Morsi and Egyptian Prime Minister Hisham Qandil, was heated. Hamad found himself having to respond to questions and accusations regarding Qatar's role in Egypt’s political and economic affairs. He said that “Egypt is too great to be dominated by anyone.” Hamad said that if the right to vote in a parliamentary or presidential election in Egypt was granted to everyone in Qatar, the outcome would not be affected. Hamad was referring to Qatar's small population (1.6 million people including expatriates, compared to 90 million in Egypt).

»However, the impact that Egyptians worry about has absolutely nothing to do with Qatar's population, but with money and influence. It was recently rumored that Qatar intended to acquire the Suez Canal in a gradual deal, beginning with developing the canal and managing a few facilities as a prelude to granting it a concession for a period of 99 years. That is about the same period obtained by French adventurer Ferdinand de Lesseps, who persuaded the governor of Egypt, Muhammad Said Pasha, to develop the canal in the mid-nineteenth century.

»Talk about the Suez Canal was initially brought up by former presidential candidate Ahmed Shafiq at the height of his campaign during the presidential election run-off last June. The issue was dealt with lightly by the Muslim Brotherhood, but resonated within the opposition, especially after multiple visits were made by Qatari officials to Egypt, most notably by Emir Sheikh Hamad bin Khalifa Al Thani and Prime Minister Hamad. There were also rumors that Qatar’s Director of Intelligence Ahmed Bin Thani made a secret visit to Egypt last May, where he allegedly met with Brotherhood leader Mohammed Badie. The group’s denial of the news did not stop its spread.

»So the Qatari prime minister found himself obliged to answer a question about Qatar’s intentions regarding the Suez Canal. He said that all talk about this matter is a mere joke, and that there are no Qatari projects concerning the canal, which he considered to have a special Egyptian heritage.»

• Alors, le Qatar veut-il, d’une certaine façon, acheter l’Égypte ? C’est peut-être ce qu’ont pu croire, en s’en réjouissant, les USA et Israël… Mais voici, sous la forme d’un rapport de DEBKAFiles du 14 janvier 2013, confirmé pour la part qui concerne le voyage d’un émissaire du Pentagone au Caire par certaines rumeurs venues de Washington, un autre son de cloche sous la forme de cette courte phrase : «Both Washington and Jerusalem are baffled by Qatar’s inconsistency…» Dans ce rapport de DEBKAFiles, on y voit le Qatar, ami fidèle des USA abritant le quartier-général de la Vème Flotte, principal soutien des rebelles syriens et donc ennemi juré de l’Iran, apprécié également par Israël, soudain décrit comme entremetteur zélé entre l’Égypte et… l’Iran, tout cela concrétisé par des visites iranienne au Caire, notamment celle, secrète, du chef des Gardiens de la Révolution. Il est vrai que le sous-secrétaire à la défense US pour le renseignement, Michael Vickers, qui venait au Caire au début du mois pour organiser la coopération israélo-égyptienne anti-terroriste dans le Sinaï, s’est heurté au désintérêt le plus complet des Égyptiens, tout entiers mobilisés pour les suites de la visite du général iranien Soleimani en attendant celle du ministre iranien des affaires étrangères, avec la bénédiction du Qatar…

«However, according to our sources, Vickers’ mission to reactivate the Libyan and Sinai fronts against Islamist terror ran into a spirit of non-collaboration in Cairo. He found Egyptian leaders immersed in a process of rapprochement with Tehran brokered by Qatar, and was told that fighting the terrorist networks rampant in Sinai was not exactly convenient at that moment. Instead, they were busy entertaining distinguished Iranian guests. DEBKAfile’s intelligence sources report the first was Revolutionary Guards Al Qods Brigades commander, Gen. Qassem Soleimani, who paid a secret visit to Cairo last month, followed last Wednesday, Jan. 11, by Iran’s Foreign Minister Ali Akhbar Salehi. It seems that President Mohamed Morsi has become a fan of Gen. Soleimani. He was deeply impressed by the feat he masterminded of keeping Syrian ruler Bashar Assad in power against all odds. The Iranian general was invited to Cairo to give Egypt’s Muslim Brotherhood expert advice on keeping their regime safe from internal and external conspiracies.

»Washington was disturbed most of all to discover that Qatar was the live wire which egged Cairo on to open up to friendship with Tehran. The Qataris oiled the works by promising cash-strapped Egypt a long-term loan of $2 billion on top of the first like amount extended last year. Both Washington and Jerusalem are baffled by Qatar’s inconsistency – on the one hand, robustly supporting the Syrian rebellion for the overthrow of Bashar Assad, Tehran’s closest ally, while furthering Iran’s drive to win over Egypt’s Muslim Brotherhood and expand its influence in the Arab world, on the other. How does this square with the new pro-US Sunni Muslim axis including Egypt, Qatar and Turkey, which American diplomats negotiated along with the Gaza ceasefire deal in November? Could Qatar be playing a double game by building a second bloc along with Egypt and Iran?

»Qatar’s motivations are vitally important to Israel because its rulers are already spreading tentacles smoothed by heavy cash infusions deep into the Palestinian power centers of Gaza and the West Bank. By working for détente with Iran, Egypt and Qatar could end up opening the Palestinian back door for Tehran to walk through in both territories. This prospect was behind Prime Minister Binyamin Netanyahu’s recent warnings that Hamas could land with both feet in the West Bank in a matter of days.»

Ainsi, oui, certes, – que veut le Qatar ? Encore plus de savoir si le Qatar joue double jeu, on aimerait savoir quel double jeu joue le Qatar ? Et si ce double jeu n’est pas éventuellement triple ? Et ainsi de suite… Certes, l’“Orient compliqué”, mais lorsque cet “Orient compliqué” s’accompagne des $milliards et de la dialectique en narrative et en boucle du bloc BAO, cette complication, devient ivresse ; et lorsque la sensation est celle d’une situation générale que plus personne le contrôle, où toutes les initiatives sont permises, où plus aucune règle de légitimité, d’autorité internationale ne semble prévaloir ni même s’imposer, l’ivresse devient vertige… Il nous paraît donc inutile de vouloir éventuellement avancer l’amorce d’une esquisse d’explications pour les divers faits rapportés ci-dessus, par rapport à ce que l’on sait des diverses aventures du “printemps arabe” et du Qatar. Il nous suffit de constater que la “politique extérieure” du Qatar tend à se “diversifier” dans le sens du désordre, lequel touche d’bord ceux qui pensaient pouvoir s’appuyer sur sa puissance financière et sa puissance d’influence pour faire progresser certaines causes et certains desseins précis.

Notre appréciation du Qatar, comme on a pu le lire dans nos Notes d’analyse le 23 octobre 2012, est qu’il s’agit d’une puissance absolument créé par le Système… («“Avatar” certes, monstre, avorton, Frankenstein, tout cela va très bien après tout… Avec le Qatar tel qu’il est devenu en 2012 à cause de son rôle dans le Système, nous découvrons une nouvelle sorte d’entité monstrueuse… […] Le Qatar et son aventure constituent effectivement un exemple archétypique de l’activité du Système, avec le Qatar devenu lui-même dans son développement des quelques dernières années une parfaite émanation du Système. La rapidité des changements d’orientation de son destin est remarquable, et mesure la puissance de l’activité du Système et des effets que cette activité engendre.») Dans les mêmes Notes, nous estimions encore, en conclusion à propos du destin du Qatar :

«Sans légitimité et sans autre substance que cette charge de puissance négative et dissolvante qu’est devenu l’argent dans le cadre de l’activisme fou du Système, le Qatar est parvenue au sommet de la courbe de son activité de surpuissance devant laquelle tous les pays du bloc BAO s’inclinent avec respect. Dans la logique même de la dynamique qu’on connaît bien désormais, le processus d’autodestruction ne devrait pas tarder à porter tous ses fruits, et l’on peut d’ores et déjà considérer que les avatars rencontrés par les ambitions syriennes du Qatar en sont les premiers…»

Manifestement, nous étions courts et un peu modestes, notamment en nous cantonnant aux seules affaires syriennes et à leur course éventuellement classique. L’“autodestruction”, dans ce cas, entre dans le cadre de l’évolution du Système lui-même et peut prendre, et prend le plus souvent bien entendu, la forme du désordre ; c’en est même la marque la plus évidente, avec les “vertus” de déstructuration et de dissolution que le désordre charrie avec lui et répand autour de lui… Dans ce cas, effectivement, le plus remarquable dans l’actuelle courbe du Qatar telle qu’elle nous est présentée au travers de ces différents exemples, c’est de voir combien l’avancement de surpuissance de cette entité est de plus en plus marquée par le désordre, avec des initiatives allant dans tous les sens et relevant des appréciations immédiates et des occasions de l’instant, sans souci de cohérence et de cohésion, sans souci du désarroi que tout cela entraîne dans les autres pays, – y compris et surtout, chez les “amis” et les “alliés”.

Le Qatar assume sa surpuissance de création du Système, et la paye par l’absence de légitimité qui est la source conjoncturelle (“conjoncturelle” dans ce cas particulier) du processus d’autodestruction, tout cela produisant effectivement une politique extérieure conquérante et de plus en plus désordonnée, qui finit par entraîner ses meilleurs “amis” et “alliés” dans l’incompréhension et le vertige des initiatives contradictoires. Les autres, ceux qui sont d’abord catalogués selon des jugements un peu sommaires dans la catégorie des “ennemis” et des “vassaux”, comme l’Iran et l’Égypte, peuvent et doivent espérer profiter de certaines opportunités, quand l’occasion s’en présente, lors de soubresauts divers de la politique qatari, comme on le voit avec l’Iran et l’Égypte, mais en gardant à l’esprit la fragilité des processus et en favorisant évidemment leurs propres intérêts. (Dans le cas précis, sur le terme et même très rapidement, il apparaît que, malgré l’actuelle forme des relations, des pays comme l’Égypte et l’Iran, à la légitimité affirmée, ont bien plus de chance de tirer leur épingle du jeu dans ce tourbillon dont le Qatar est le centre et le moteur, que le Qatar lui-même, certes, qui apparaît plus que jamais comme un pion ou une sorte d’électron libre, un agitateur du Système…) Finalement, tout s’inscrit d’une façon logique dans le schéma général de la politique-Système et de ses caractères si extraordinaires, si contradictoires.

samedi, 19 janvier 2013

La démocratie globale et les fondements postmodernes de la théologie politique

La démocratie globale et les fondements postmodernes de la théologie politique

par Jure VUJIC

Ex: http://www.polemia.com/

Polémia présente à ses lecteurs le texte – reçu de l'auteur lui-même – de l'intervention de Jure Vujic lors du séminaire sur « L’ETAT, LA RELIGION ET LA LAÏCITE » organisé par l’Académie de Géopolitique de Paris, dans le cadre des grandes questions géopolitiques du monde d’aujourd’hui, le jeudi 22 novembre 2012 à l'Assemblée nationale. Jure Vujic développe en partie son argumentation sur certains principes retenus par Carl Schmitt, notamment sur la notion de Souveraineté et les rapprochements entre les concepts théologiques et étatiques.
Polémia

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Theologie_politique,_Carl_Schmitt,_Louis_Maitrier,_1998.jpgLa postdémocratie globale face au défi de la démoi-cratie

Avec la globalisation et le phénomène institutionnel de la supranationalité dans l’ordre international, on voit apparaître une nouvelle forme de démocratie globale qui, contrairement aux contours territoriaux et ethno-nationaux bien définis de l’Etat-nation de la modernité, transcende le concept de la souveraineté étatique et de la territorialité comme fondement de la démocratie moderne classique. La démocratie n’est plus le vecteur ni le lieu privilégié de la place publique nationale, la Polis et l’Agora grecques, car en se globalisant et en se dé-territorialisant, elle transfert le débat publique et la sphère publique á un autre niveau transnational et global qu’illustrent si bien les vocables suivants : global marketplace, global communications et global civil society (1).

D'autre part sur le plan du pouvoir politique, la nouvelle « gouvernance globale » impose une dynamique transnationale de dialogue, de négociation et de résolution des conflits. Néanmoins les critiques restent vives á l'égard de cette forme contemporaine de gestion politique suspectée de vouloir instaurer une nouvelle forme de « pouvoir planétaire », de « gouvernement mondial » et d'être l'instrument privilégié de l'uniformisation néolibérale économique et financière. La gouvernance globale serait en quelque sorte l'incarnation d'un « leviathan mondial », dont les ressorts néospirituels et théologiques du gouvernement mondial proviendraient de la constitution d'Anderson et des textes fondateurs du messiannisme universaliste étatsunien. Parallèlement au développement de cette gouvernance globale s'accroît le pouvoir planétaire de la « médiacratie » et l'emprise des mass-médias, conjuguée á celle de l'industrie de l'entertainement, la société de spectacle Debordienne, les stratégies de séduction de Lyotard constituent aujourd'hui les piliers de ce qu'Habermas nomme « la servitude volontaire » et de la re-féodalisation sociale .

Raison instrumentale et hybris globale

Il semblerait qu'en dépit de son voile technoscientiste et hyperrationnaliste, la démocratie politique globale constitue en fait un véritable laboratoire de l'esprit, comme l'appelait Julien Benda, dans lequel on s'efforce de générer, sur des fondements constructivistes et séculiers et paradoxalement néothéologiques, une nouvelle forme d'identité globale, un « readymade d'identité » consommable, jetable et interchangeable comme symbole d'un processus d'« a-culturation globale ». L'argument iréniste du déclin de la conflictualité et de l'éradiction de la guerre semble être un leurre face á la montée des extrémismes et ethnoconfessionnels en Europe occidentale et dans le monde entier et l'intensification des dispositifs identitaires et guerriers á l'échelle globale. La « raison instrumentale » déifiée par les Lumières et la sécularisation moderne d'aujourd'hui semblent constituer dans leur forme radicale le levier le plus pussissant d'un processus de re-théologisation de la politique globale. En effet, lorsqu' Habermas opposait la « raison supra-nationale » á la « passion nationale » dans le cadre de la construction européenne, il ne se doutait sans doute pas que le fondamentalisme séculier ou « sécularisé » contemporain et l'idolâtrie néolibérale du marché engendreraient á l'échelon mondial la volonté d'imposer manu militari le modèle de la démocratie de marché, et, avec l'interventionnisme botté de type Wilsonien des Etats-Unis en tant que « gendarme bienveillant du monde », une nouvelle forme d'irrationalité supranationale, reflètant un certain Eros globaliste démesuré. Ici les rôles sont inversés: la figure dionysiaque et érotique du national qui coïncide á la période pré-moderne selon Joseph Walter semble céder la place á une postmodernité globalisante, qui, loin d'être synonyme d'une civilisation policée et mesurée sous la forme d'un néohumanisme rénové, revêt les formes de l'« hybris » polémogène d'une néo-impérialité théologique conquérante. L’ensemble du projet des Lumières, qui s’est répandu en Europe occidentale et de par le monde entier du XVIIIe siècle jusqu’à nos jours, avait pour objet principal de « séculariser » la politique afin d’en extraire les éléments religieux, absolutistes et théologiques. Carl Schmitt constata á merveille, dans la Théologie politique, que l’ensemble des principes politiques modernes contemporains constituent des concepts théologiques sécularisés. En effet, l’expansionnisme parfois violent de ce que l’on appelle le fondamentalisme du marché et l’intégrisme séculier génère en quelque sorte les nouvelles formes de replis identitaires et ethnoconfessionnels sous forme d’intégrisme national et religieux.

La modélisation de l'espace géopolitique entre ingénierie et sacralité

En effet, en matière géopolitique, la re-théologisation des visions et des stratégies politiques passent par la classification et la réduction de l'espace « rival » « hostile » « polémogène » á une « zone chaotique », á une zone soumise á un traitement de l'ingénierie sociale. L'ensemble de l'espace mondial reste sujet á une modélisation et á un formatage géoconstructiviste croissant. Cette grille de lecture et de traitement binariste voire manichéenne du pouvoir dans les relations internationales en vient á classer, selon un mode discriminatoire et dogmatique, les cartes géopolitiques selon une gradation des menaces et de la nature des régimes politiques hostiles en place : les « Etats parias », les « Etats voyous », « les Etats désobéissants », qui deviennent des zones de guerre, des zones d'ingénierie para-gouvernementale, alors que les zones de marchés émergents deviennent des zones d'ingénierie financière globales. A ce titre R. Cooper parle de « zones chaotiques pré-historiques et pré-modernes », dans lesquelles les pouvoirs de la postmodernité démocratique sont appelés á intervenir pour imposer la paix, la stabilité et la démocratie de marché, et cela toujours au nom de ce vieux fond religieux d'absolutisation du projet et du modéle sociopolitique occidental. A ce titre, cette classification n'est pas sans rappeler la géographie sacrée et biblique qui fait référence aux terres barbares, « terres d'impies ». La constitution et l'émergence d'un seul et unique peuple « demos » global reste encore un lointain projet, dans la mesure où il se heurte á la pluralité ethnique, anthropologique et culturelle des « demoi », des peuples singuliers, qui s'inscrivent dans de longues continuités historiques, organiques spatiotemporelles. Les projets Habermasiens d'un « patriotisme constitutionnel », le projet Kantien de « paix perpétuelle » ainsi que l'universalisme Wilsonien incarné par la Société des Nations, souffrent d'une grave carence constructiviste et mécaniciste, car ils procèdent de cette croyance irrationnelle en la séparation du demos de l'ethnos, afin de soustraire l'identité á l'histoire et ouvrir la voie vers une forme d'identité postnationale déconnectée de toutes références territoriales et historiques. Avec ce phénomène de re-théologisation de la politique, la démocratie de marché impérative et conquérante prend les formes d'une « demoi-cracy » détachée dun pôle territorial et organique légitimisant, pour constituer une sorte de matrice néo-impériale expérimentale. A ce titre il semblerait plus sage, dans ce processus de globalisation de la démocratie, d'éviter les écueils d'une contrainte verticale d'uniformisation imposée d'en haut et du « dehors » et, comme le préconise Nicolaidis, appliquer une approche dialogique horizontale entre Etats souverains, qui se reconnaissent dans le modèle d'une « démo-krateo » participative et ethnodifférentialiste, qui conjugue des intérêts similaires et complémentaires.

Sotériologie et « rêve unitariste »

La modernité occidentale a marqué le passage d’une interprétation transcendentale et magico-théologique de la politique vers une forme immanente, rationaliste et constructiviste de la politique. Cependant malgré cette mutation épistémologique, les références religieuses subsistent á l’état latent ou manifeste dans la politique contemporaine. A ce titre M. Gauchet remarque que « les trois idoles du libéralisme: nation, progrès et science » reposent sur une extension du religieux dans le domaine politique en tant que nouvelle sotériologie séculière, recherchant le salut dans la société du marché et du bien-être. La parousie linéaire et progressiste vers l’accomplissement du bonheur terrestre et du bien-être matériel et social constitue ici la transposition de la parousie linéaire eucharistique et religieuse. L'avènement de l'« âge organisationnel » qui a préfiguré la refondation d'un monde « sans maître » et qui a tenté d'expurger le domaine du politique des ressorts pré-modernes, a par voie de conséquence ouvert la voie á une phase libérale que Marx appellera « l'âge orgiastique ». La séparation de la société de l'Etat, la disparition des corps communautaires intermédiaires évoqués par F. Tonnies, ainsi que la dispartion de la communauté organique au profit de la vision sociétaire et contractuelle (Durkheim), s'incrivent dans le droit fil de la « dé-théologisation et la dé-mythification de l'histoire » depuis l'âge des Lumières jusqu'à nos jours. Les théoriciens de l'Etat, Jellinek, Esmein et Hauriou ainsi que Carré de Malberg remarqueront que ce passge vers une nouvelle forme d'ordre étatique se fonde sur l'abstraction et l'impersonnalité des structures législativo-administratives (venant parachever les thèses Weberienne sur la légitimité légale du pouvoir politique) assurant la continuité et l'efficience de l'Etat. Néanmoins la fascination de l'« Unité », le « rêve unitariste », ne disparaîtra pas du domaine politique puisque le globalisme s'évertuera á promouvoir un monde uniforme autocentré, auto-réferentiel (« le One World »), fondé sur une unité constructiviste et mécanique. Ce rêve unitariste est un des avatars du fameux « désenchantement du monde » Weberien en tentant d'unifier l'ethos et le logos politique, l'économicisme et la raison instrumentale avec le discours émancipateur. La nouvelle postdémocratie libérale souffre d'un grave handicap de représentativité et d'organicité, car, en ayant dénaturé les assises organiques de la démocratie moderne ou pré-moderne, elle a indéniablement détaché le « demos » de la notion de « demoi » porteur de visions singulières du monde et de culture politique spécifique, consacrant le règne de la « politique anonyme ».

Le retour du religieux et la théologie sociétale

Néanmoins le monde contemporain reste confronté au phénomène du « retour du religieux » dans la sphère sociale et politique. Ce phénomène est vérifiable au niveau global : intégrisme islamique, néoconfucianisme en Chine communiste, l'émergence des Asian Values et de l'Hinduistan en Inde et en Asie. La redécouverte du religieux en tant que facteur d'intégration individuelle et collective semble jouer un rôle supplétif parallèlement au déclin des idéologies politiques classiques et à la juridicisation et la technicisation de la politique. Si l'on prend en compte la recrudescence du phénomène religieux en politique aux Etats-Unis où le fondamentalisme chrétien protestant a toujours fait bon ménage avec la politique et les signes d'une certaine « resacralisation » du politique en Russie et dans certains pays européens, on constate que le processus irréversible de la sécularisation du politique est loin d'être fini et l'on assiste paradoxalement á l'avènement d'une société « post-séculaire » caractérisée par un retour du fondamentalisme et d'une instrumentalisation du concept de conflit de civilisation. La sécularisation marquée par un processus d'autonomisation du politique et du domaine social et économique par rapport à la sphère religieuse qui s'est opéré depuis la Révolution francaise (l'Ancien Régime) et dans le sillage l’Aufklärung, a abouti á une neutralisation et une rationalisation du politique qui s'est émancipé du rôle social et organisationnel de l'Eglise et du religieux. Pour le juriste Carl Schmitt, le catholicisme doit être considéré comme le fondement de l’État moderne dans la mesure où tous les concepts de la doctrine moderne de l'État sont des concepts théologiques sécularisés. La théologie est donc par nature politique et l’Église un corps politique car, qu'elle le veuille ou non, elle ne peut pas ne pas produire des effets sur la structuration de la société et de l'État dans lesquels elle est insérée. Contrairement á Carl Schmitt, le théologien d’origine protestante Érik Peterson se refuse á reconnaître la légitimation théologique d’une forme d'organisation politique justifiant une attitude de « résistance critique ».

Le caractère irréversible d'autonomisation et d'affranchissement du politique de la sphère religieuse semble souvent, commme le souligne le sociologue Jose Casanova (2), partiellement vrai, car, selon lui, il semblerait légitime de parler d’une sécularisation irréversible de nos sociétés dans le cas des Églises établies (c’est-à-dire officiellement incorporées à l’appareil d’État) lesquelles sont devenues incompatibles avec les États modernes différenciés. Ainsi, « la fusion de la communauté religieuse et de la communauté politique est incompatible avec le principe moderne de la citoyenneté, ce qui rejette toute possibilité de théologie politique. Néanmoins toujours selon Casanova dans le cas des Églises qui auront accepté ce désétablissement et se seront approprié le cadre et les valeurs fondamentales de la modernité, il existerait la possibilité pour ces religions non établies de jouer un rôle social. Casanova parle de « déprivatisation » plutôt que de « sécularisation » . Il y aurait donc une place pour le statut des « religions publiques » pour les traditions religieuses qui auront renoncé à la fusion de la communauté politique et de la communauté religieuse. Dans ce cas, cette transformation implique le renoncement à toute « théologie politique » au sens strict, au profit d’une théologie « sociétale ».

Exégèse et questionnement sur la (dé)-sécularisation

La sécularisation et la théologie ont entretenu pendant des décennies des relations incestueuses, s’étant mutuellement imprégnées. D’autres penseurs, Jürgen Moltmann ou Jean-Baptiste Metz, ont reconnu le phénomène de sécularisation du religieux en reconnaissant dans la Croix de Jésus un symbole politique. Nombreuses sont les analyses sociologiques de C. Schmitt, Giorgio Agamben et de M. Foucault sur la biopolitique, qui voient dans la théologie chrétienne la source structurante du pouvoir étatique moderne. Hans Blumberger mettra l’accent sur une certaine puissance d’auto-affirmation de la modernité pour la libérer de l’emprise théologico-politique. La question de la sécularisation-religion et le dilemme contemporain relatif à la (dé-)sécularisation ont imprégné les travaux d’Augustin, d’Eusèbe de Césarée, de Maïmonide, de Averroès, des auteurs conservateurs comme de Maistre, Bonald, Donoso Cortés et les philosophes de la contre-Révolution, en passant par Spinoza et au XXe siècle des philosophes tels que Löwith, Strauss, Benjamin, Voegelin et Vattimo. La réflexion sur la Shoah et Auschwitz réhabilitera dans le champ épistèmologique et philosophique la théologie politique, surtout lorsque celle-ci s’applique à la nature eschatologique et nihiliste des régimes totalitaires. Le sociologue allemand Hans Joas (3) dans La foi en tant qu'option (Glaube als Option) juge la laïcité et la sécularisation sociale compatibles avec la religion, en pariant sur le rôle intégrationniste et social de la foi en tant que choix individuel et option. Il constate aussi que l'idée de sécularisation et de progrès s'est cristallisée et a évolué á travers plusieurs phases : après s'être imposée en tant que modèle social en Europe occidentale dans les années 1950 et 1960, elle a évolué à travers la théorie de la modernisation occidentale présentée aux Etats-Unis comme le modèle historique. Le regain du religieux dans le domaine social et politique réapparaît selon lui et de façon paradoxale á l'époque de la postmodernité ouù règne un certain polythéisme des valeurs, á l'époque de « la fin des grands récits » qu'annonçait Lyotard, fin époquale á laquelle Hans Joas ne veut pas croire. Joas enfin voit dans le phénomène de l'autotranscendance individuelle et collective une manifestation du religieux social, qui, déconnectée d'un unique centre théologique de référence, permet le foisonnement et l'affirmation d'identités multiples. Ainsi la laïcité et le processus de sécularisation seraient selon lui un phénomène contingent issu d'un contexte social et historique précis. Tout comme la religion Joas affirme que la sécularisation n'est pas une nécessité impérieuse et irréversible.

Sécularisation des idées et « sortie de religion »

La sécularisation contemporaine est multidimensionnelle, car si elle est surtout comprise dans le sens politique (la séparation de l’Église et de l’État), elle tire sa légitimité pratique du domaine sociologique et surtout idéel. En effet, elle a coïncidé avec le vaste phénomène du « désenchantement du monde » et le déclin des croyances religieuses traditionnelles. Avec la relativisation nivelleuse des croyances et le relativisme épistémologique (la religion est une affaire privée et équivaut á n’importe quel autre choix), la sécularisation a permis d’insérer la pensée théologique et religieuse dans le domaine profane. Et par une sorte d’inversion, le profane est devenu sacré. C’est ce que le sociologue Wendrock a constaté lorsqu’il démontre que le concept de « volonté générale » rousseauiste coïncide avec le concept théologique de la « volonté générale de Dieu » que l’on attribue aux jansénistes. Les idées séculières de justice, d’égalité, de salut et de libération sont consubstantielles á l’idée de démocratie, et constituent de même des reliquats de la pensée théologique. Certains auteurs, comme Rémi Brague, critiquent la sécularisation des idées, afin de démontrer que seul le christianisme est en mesure de conserver la cohérence de la morale sociale. Charles Taylor (4) dans  A Secular Age affirme que « le christianisme s’accommode de la sécularisation sans perdre sa substance, son message transcendental ». Il n’est pas certain, d’autre part, que comme le soutient Kolakowski les religions garantissent contre le projet d’un « accomplissement terrestre radical et absolu », car certaines idéologies ultraséculières comme le marxisme et a-religieuses contiennent comme l’a démontré le philosophe Mihael Riklin les matrices quasi religieuses d’une pensée sotériologique en tant que promesse d’une utopie communiste réalisée, á savoir l’accomplissement de la société communiste sans classe. Tous les totalitarismes modernes de droite et de gauche ont emprunté á la religion l’idée de salut et d’émancipation. Le projet totalitaire reste donc émminemment « religieux » dans sa forme et ses buts, tout en empruntant les moyens de persuasion et de coercition sécularisés (la soumission passive, l’internalisation et le conditionnement). De sorte que le projet global d’une humanité uniforme consumériste unifiée par le marché et la communication mondiale prend la forme d’un projet religieux séculier, qui par le biais de la promesse de la société planétaire du bonheur et du bien-être matériel généralisé entend « sortir de l’histoire » tout comme la religion se présente comme un message « transhistorique ». Le projet global politique, économique et culturel, contient les germes d’une re-spiritualisation du politique, car contrairement aux thèses « endistes » d’un Fukuyama ou d’un Gauchet, il ne s’agit pas d’une « sortie de religion » qui marquerait le destin de l’Occident, mais bien au contraire d’un besoin de religion, besoin qui se fait de plus en plus sentir sur les marges paupérisées et la périphérie globale, qui réclame plus de justice et d’égalité.

Jure Georges Vujic
avocat, géopoliticien et écrivain franco-croate
Séminaire sur « L’Etat, la Religion et la laïcité »
Académie de Géopolitique de Paris
22 novembre 2012

Notes :

(1) E. Stiglitz, La Grande Désillusion, Paris Fayard, 2002.
(2) Jose Casanova, Public Religions in the Modern World. (1994)
(3) Hans Jonas, Die Kreativität des Handelns, Frankfurt, Suhrkamp, 1992 ; traduction française: La Créativité de l'agir, traduit de l'allemand par Pierre Rusch (titre original : Die Kreativität des Handelns, 1992), Paris, coll. Passages, Les éditions du Cerf, 1999
(4) Charles Taylor, A Secular Age, Harvard University Press. (2007)

NDLR : Le lecteur sera peut-être surpris que  Polémia ait choisi, pour illustrer l’article de Jure Vujic, le livre de Carl Schmitt Théologie politique, mais il se souviendra que, dans la théorie du juriste et philosophe Carl Schmitt, la théologie politique est une pièce essentielle pour l'interprétation de la nature du politique : « Presque tous les concepts prégnants de la théorie moderne de l'Etat sont des concepts théologiques sécularisés. »

Dernier livre de Jure Vujic, La modernite à l'epreuve de l'image - L'obsession visuelle de l'Occident, Editions l'Harmattan, octobre 2012, 185 pages.

Bibliographie :

LABORDE, C., 2007, Some reflections on European Civic Patriotism, in Simon Piattoni and Riccardo Scartezzini (éd.), European Citizenship : Theories, Arenas, Levels, Edward Elgar.
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Articles :

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Globalisation et deficit de legitimite democratique: faut-il souhaiter une democratie cosmopolitique?, Francois Boucher, Universite Laval, archives Phares, volume 7, 2007.
Jan-Werner Muller Europe : Le pouvoir des sentiments: l'euro-patriotsime en question, La Republique des Idees, 2008.
Ingolf Pernice, Franz Mayer, De la constitution composée de l'Europe, Walter Hallstein-Institut, Revue trimestrielle de droit europeen 36, 2000.
Review: Marcel Gauchet, L’Avènement de la démocratie, Paris, Gallimard, Bibliothèque des sciences humaines, 2007 ; vol. I, La Révolution moderne, 207 p., 18,50 € et vol. II, La Crise du libéralisme.

Correspondance Polémia – 9/01/2013

Extension stratégique du domaine du désordre

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Extension stratégique du domaine du désordre

Ex: http://www.dedefensa.org/

…En effet, à la conclusion apportée à notre Notes d’analyse d’hier, 17 janvier 2013, nous voudrions ajouter un complément. «Ce n'est que de la tactique, pas de la stratégie», disent ces anciens chefs du Shin Beth israélien de la “politique” israélienne dans les territoires occupées. Nous ajoutions, d’un propos plus général : «Voilà ce qu’il en est, selon nous, du Mali comme du reste, ce qui a précédé et ce qui suivra. Il s’agit d’une stratégie réduite à une énorme tactique sans stratégie, un colossal “comment” poursuivi sans trêve, et sans jamais déboucher sur rien puisqu’il est privé de son “pourquoi” qui ferait toute la différence entre le désordre déstructurant et réduit à lui-même, et une politique souveraine légitimant l’action entreprise…»

Un constat complémentaire, s’accordant avec l’analyse du Système et de sa politique (politique-Système) est que cette sorte d’action d’une très grande puissance déstructurante du bloc BAO, sans aucune pensée directrice sinon la confusion des narrative opportunes et contradictoires, résulte en la création d’une situation stratégique de désordre, objectivisée en quelque sorte. Al Qaïda, AQIM, al Nusra, n’en sont à cet égard que les éléments paradoxalement fédérateurs : par leur présence, leur prolifération, leur dynamisme que nous alimentons bien entendu par notre propre cycle surpuissance-autodestruction (certains y voient un complot machiavélique, – vertige et ivresse, et temps perdu de la “connaissance” rationalisatrice), ces divers “terroristes” constituent effectivement, bien que leur action soit primitivement tactique, les éléments fixateurs de cette situation stratégique du désordre. Ce n'est pas leur stratégie mais leur contribution à l'élaboration de cette “situation stratégique de désordre” objectivisée qui résulte de la politique-Système générale, dans tous ses effets directs et indirects. Il faut ajouter que l’élément de la communication (analyses, spéculation, actions spectaculaires, narrative innombrables, “doubles jeux” et “triples jeux” divers des acteurs du bloc BAO, etc.) joue un rôle fondamental, beaucoup plus que la géopolitique comme il se doit, dans la constitution et la fixation de cette “situation stratégique du désordre” en pleine extension. Le développement d’une “menace terroriste directe” contre l’Europe à partir de la situation Mali-Libye-Algérie, à partir des manipulations extraordinaires du bloc BAO dans son rôle dans le processus du “printemps arabe”, est une illustration impeccable de l’importance de ce facteur du système de la communication : la “menace” dénoncée depuis plusieurs années finit par se concrétiser, au niveau de la communication, puis au niveau de cette “situation stratégique de désordre” en expansion. On finit par y croire, cela finit par être, – sans que nous sachions jamais, dans l’instant du constat, la part de réalité et la part de narrative de ce qui finit pas être une vérité-Système, et bien sûr quelle est la réelle substance de cette vérité-Système.

• Concernant le Mali, lié bien entendu à la Libye au départ et à l’Algérie dans le développement de la chose, – peut-on rêver extension plus “stratégique” du désordre, – Russia Today donne une interview de F. Michael Maloof. Ancien “expert” du Pentagone du temps de Rumsfeld, et complètement acoquiné à la cabale Cheney-Rumsfeld/neocons, que nous avons déjà cité à d’autres propos (le 14 août 2012 notamment) et présenté comme ceci  : «…personnage éminemment douteux, qui semble porter ses diverses compromissions comme autant de décorations de campagnes glorieuses, avec plusieurs CV amovibles et tous de type narrative, l’une ou l’autre casserole de corruption». Mais cette description, qui n’est pas loin d’être celle d’un expert type de l’époque-Système de la postmodernité (la différence est que cela se voit et que cela se sait plus ou moins selon l’expert et sa position), n’empêche pas l’expression d’analyses intéressantes lorsque le champ de la réflexion n’est pas directement du domaine d’intérêt des soutiens idéologiques et financiers de l’expert. Pour ce cas, il s’agit du Mali, dans son extension à toute la zone. Maloof prévoit un destin difficile pour la France au Mali et un destin tragique pour la présidence de Hollande, à cause de cette affaire et du reflux de l’opinion publique lorsque la guerre, qu’il compare à l’Afghanistan, donnera tous ses effets… Pour l’heure, Maloof donne des précisions intéressantes sur l’un des faits importants, déjà mentionné, qui est le rôle d’African Command (US) dans la formation au Mali de Touaregs et autres aux techniques des forces spéciales US contre-guérilla, aboutissant à une catastrophique défection de ces recrues, les Touaregs notamment, traités comme l’on sait par les pouvoirs installés en Libye par l’intervention du bloc BAO… Quoi que vaille l’analyse, il faut savoir qu’elle offre ainsi le thème principal de la communication argumentant l’aggravation catastrophique de l’intervention au Mali et de la situation générale de la zone.

[…] Russia Today: «Why did that training initiative go so badly wrong there?«

Michael Maloof: «The training went great at the time when it happened. What happened is that they defected. The man who led the coup, [Capt. Amadou Sanogo], was a military man who was actually trained by the US forces. He has insight, and I think General [Carter F.] Ham, one of our top commanders [in Africa], basically declared that this is a disaster that we’re confronting this problem right now. These troops are very well-trained. They were involved not only in Libya, but also in Mali. They basically turned: They were Tuaregs [nomadic tribes], now they’ve joined forces with AQIM, which is Al-Qaeda in the Islamic Maghreb.»

Russia Today: «Before asking more about the rebels and their makeup, because it is so easy to call them Al-Qaeda, what about the fact that the US, should it not be obliged now to help France more, as people say it is the US fault? Or is Washington distancing itself from what is going on in Mali?»

Michael Maloof: «Not at all. They are involved and providing intelligence and probably will be committing transport to bring in African Union’s troops from African countries. But this could be a double-edged sword, given the uncertainty and volatility within in Mali itself. Many of the foreign troops coming could actually stage their own coups and take over the country. So this is a very dicey situation. It also represents a potential long-term Afghanistan-like effect for France itself, and inadvertently it could suck the United States back yet into another war.»

Russia Today: «So these groups are actually homegrown in Mali? Or has there has been an element of importation of Islamism coming from other countries?»

Michael Maloof: «Both internal and external. They have foreign fighters who have been part of AQIM for some time and as I said earlier this is a part of the grand Al-Qaeda central strategy out of Pakistan these days. I think it’s laying a foundation to lay more attacks into Europe, ultimately. The EU is very concerned about it, I may add.»

Russia Today: «What’s happening in Mali is provoking possible attacks from elsewhere. The French seem to want to stamp out Islamism and stop Islamists from taking not just the north of Mali, but also the rest of the country. Just bombing them and using a military exercise against them – does that really get rid of the ideology and the actual threat?»

Michael Maloof: «No I don’t think so, because after doing something similar for 10 years in Afghanistan we’re ready to pull out and Taliban is ready to move back in. There’s just a question of how effective this approach is going to be. I think that is something the French have to weigh for themselves. This could bring other countries back into a long-drawn conflict. Already Germany is beginning to show some resistance to this and is concerned about the amount of help that they give simply because they see protracted effort such as the experience in Afghanistan.»

Russia Today: «That is exactly what the rebels are saying. That France is falling into a trap and could be experiencing another Iraq, Afghanistan or another Libya. So you think they may be right here: France is taking on a challenge that it may not be able to cope with along with other countries?»

Michael Maloof: «It is almost like a strategy on the part of the rebels to draw them in. I have to add that Russia has a lot to be concerned because it has investments in this region to protect. They of course agreed to the UN Security council resolution to provide assistance to the French. It’s a dicey situation and larger than Mali, per se. It could affect the entire North Africa and enter Europe. I think it is a concern from geostrategic and political standpoint.» […]

• S’intéressant au Mali pour la deuxième fois, DEBKAFiles frappe sur le clou qu’il affectionne, à savoir l’aveuglement de la politique US en Libye, durant et surtout après l’attaque contre le régime de Kadhafi, et la chute et la mort de Kadhafi. Il rejoint ainsi, par son chemin intéressé, l’analyse selon laquelle le bloc BAO (les USA) ont remarquablement instruit et équipé ceux contre lesquels la France et le reste luttent aujourd’hui au Mali (le 17 janvier 2013).

«The disaffected Touareg tribes are supporting al Qaeda against the French as part of their drive for independence. Their added value is the training in special forces’ tactics some 1,500 Touareg fighting men and their three officers received from the US. The US originally reserved them as the main spearhead of a Western Saharan multi-tribe campaign to eradicate al Qaeda in North and West Africa. Instead, the Sahel tribesmen followed the Touareg in absconding to Mali with top-quality weapons for desert warfare and hundreds of vehicles from US and ex-Libyan military arsenals.

»This major setback for US administration plans and counter-terror strategy in Africa tied in with Al Qaeda’s assassination of US Ambassador Chris Stevens and three of his staff in Benghazi last September. Because the United States held back from direct US military action in both cases, Qaeda has been allowed to go from strength to strength and draw into its fold recruits from Mali’s neighbors. They are tightening their grip on northern Mali and have imposed a brutal version of Islam on its inhabitants, putting hundreds to flight.»

• On peut considérer que l’extension du domaine stratégique du désordre se marque également par l’extension de l’aide US aux Français au Mali, comme le signale Russia Today le 18 janvier 2013. (A noter que la décision US, annoncée par le département d’État, contredit une déclaration du Pentagone de la veille qui écartait toute possibilité d’implication terrestre US. Là aussi, désordre, et une situation propice pour l’arrivée de Hagel, qui a comme catéchisme affiché d’éviter tout nouvel engagement US.) On ignore si l’ironie est voulue, mais à l’heure où l’on dénonce les catastrophiques conséquences des mesures d’entraînement de divers groupes locaux par African Command, l’implication US “terrestre” (“boots on the ground”) porte justement sur l’entraînement de forces maliennes et proches… «Washington has agreed to provide France with airlifts to help move troops and equipment in the country's operation in Mali, an official told Reuters. Meanwhile, a group of US military trainers are expected to arrive in the region by the weekend. […] In addition to reports that Washington will help French and Malian forces by way of airlift support for getting troops and equipment to the battlefield, CBS News correspondent Margaret Brennan reported that Secretary of State Hillary Clinton said that US military trainers “will be on the ground by this weekend.”»

Dans le même texte, on lit l’avis de l’historien Gerald Horne, qui confirme celui de Maloof dans une curieuse rencontre d’orientations, là aussi extension du désordre, – puisque Maloof vient des neocons (mais avec évolution à l’appui puisqu’il donne des interviews à Russia Today et à l’iranien pressTV.com) et que Horne est un professeur africain-américain proche de l’extrême-gauche, qui ne dédaigne pas de répondre aux invitations à parler du parti communiste US  : «What Mr. Hollande is doing is enlarging and worsening the existing problem. The problem is that when the body bags return into Paris, the populace will turn on Hollande with a vengeance – and he will be driven from office just as surely as Sarkozy was driven from office.»

• Le complément cartographique (sans exclusive d’autres cas, certes) de la “situation stratégique du désordre” nous conduit en Syrie où rien n’indique que le désordre reflue en quoi que ce soit. Le terrible attentat à la voiture piégée à l’université d’Alep a vu l’immédiate et consternante attribution de la responsabilité de l’acte au régime Assad par le département d’État, – on peut espérer que cela soit un des derniers spasmes de l’équipe des harpies déchaînées Clinton-Rice-Nuland (c’est la porte-parole Nuland qui a émis ce jugement sur l’attentat). L’Union européenne a émis un communiqué beaucoup plus mesuré, qui se démarque un poco de l’avis américaniste-clintoniern. Lavrov a réagi avec une brutalité extrême à ce jugement, l’appréciant comme “le plus blasphématoire” qu’on puisse imaginer ; les Russes en sont à solliciter le vocabulaire sataniste pour apprécier les écarts considérables de la politique-Système qu’a contribué à développer le département d’État des harpies… Pourquoi pas, puisque désordre considérable il y a ?

Et désordre sur le terrain, tout autant, comme enfant naturel et reconnu de la non-stratégie extrémiste du bloc BAO. Le Guardian, qui soutint avec zèle le développement catastrophique de la chose, est désormais un observateur zélé et critique de ses effets tout aussi catastrophiques. Il continue avec deux textes de son envoyé spécial à Alep, Martin Chulov. Nous apprenons, sans surprise excessive, que la tension monte à très grande vitesse entre les rebelles convenables (dits “nationalistes”) et les djihadistes. Dans l’extrait cité ici d’un des deux textes de Chulov, le 17 janvier 2013 (l’autre, également du 17 janvier 2013, est plus long et plus de type reportage), on apprend d’un des chefs rebelles “nationalistes” que la bataille de sa fraction contre les djihadistes commencera “le lendemain de la chute d’Assad”, ce qui laisse prévoir qu’elle pourrait bien précéder cette chute, déjà fortement hypothétique, et alors encore plus hypothétique…

«A schism is developing in northern Syria between jihadists and Free Syrian Army units, which threatens to pitch both groups against each other and open a new phase in the Syrian civil war. Rebel commanders who fight under the Free Syrian Army banner say they have become increasingly angered by the behaviour of jihadist groups, especially the al-Qaida-aligned Jabhat al-Nusra, who they say aim to hijack the goals of the revolution.

»The rising tensions are palpable in the countryside near Aleppo, which has become a stronghold for the well-armed and highly motivated jihadists, many of whom espouse the Bin Laden worldview and see Syria as a theatre in which to conduct a global jihad. Syrian rebel groups, on the other hand, maintain that their goals are nationalistic and not aimed at imposing Islamic fundamentalism on the society if and when the Assad regime falls.

»Fighting between the well-armed jihadists and the regular units who accepted their help from late last summer would mark a dramatic escalation in the conflict that has claimed in excess of 60,000 lives. However, commanders in the north say such an outcome now appears unavoidable. “We will fight them on day two after Assad falls,” one senior commander told the Guardian. “Until then we will no longer work with them.”»

Décomposition du front antisyrien… et de l’insurrection ?

Décomposition du front antisyrien… et de l’insurrection ?

Ex: http://mediabenews.wordpress.com/


TOPSHOTS-SYRIA-CONFLICT-BLAST

Le blasphème de Victoria Nuland

Le sang des 87 victimes de l’université d’Alep n’était pas sec que deux voitures piégées et pilotées par des kamikaze ont sauté à Idleb, tuant 22 personnes selon le dernier bilan disponible. Et, selon l’agence Sana, deux autres véhicules du même type ont pu être détruites par l’armée avant d’arriver dans la ville. La porte-parole du Département d’État américain, Victoria Nuland, n’a pas craint d’attribuer le massacre d’Alep à un bombardement de l’aviation syrienne, reprenant à son compte les allégations des Comités locaux de Coordination (CLC) structure de l’opposition intérieure radicale qui, comme ce qui reste de l’ASL, « colle » désormais dans les faits aux extrémistes du Front al-Nosra.

Cette déclaration de Nuland lui a valu une réaction immédiate, et particulièrement sévère, du chef de la diplomatie russe : « J’ai vu sur CNN des communiqués affirmant que l’attentat a été commis par les forces armées du pays. Je ne peux rien imaginer de plus blasphématoire » a ainsi déclaré Sergueï Lavrov. La Russie avait présenté ses condoléances au peuple et au gouvernement syriens juste après l’attentat.

La sortie de Miss Nuland n’est pas seulement blasphématoire, elle est grotesque : comment imaginer que l’aviation gouvernementale, qui n’en est pas à sa première sortie au-dessus d’Alep et de sa région, ait pu cibler un site se trouvant dans le secteur qu’elle contrôle ? Mais l’échec rend fou…

Le mythe de Taftanaz

Car c’est bien un gigantesque fiasco qui se profile à l’horizon pour le front des faux amis de la Syrie. Ces dernières semaines, l’histoire s’est accélérée. Et le sens qu’elle a pris n’est pas favorable à la « révolution » et ses sponsors étrangers. Sur le terrain, l’ASL semble avoir disparu, tant du terrain que des communiqués de l’OSDH, au profit des groupes djihadistes. Et ceux-ci, malgré leurs proclamations, n’enregistrent aucun succès définitif depuis des semaines. Autour de Dama ils ont été écrasés à la fin de l’année dernière. À Alep, ils ont bien du mal à maintenir leur positions. À Homs, ils assurent encore une présence symbolique dans le centre historique. À Marrat al-Numan, ils sont très vite passés du stade de l’ »offensive victorieuse » à celui du harcèlement sporadique.

Taftanaz ? Il faut lire ce qu’en dit à l’agence Reuters le croisé pro-révolution belge Pierre Piccinin, qui revient juste d’un séjour en zone rebelle, dans les environs d’Idleb :

« J’ai vu la Base 46 prise par la rébellion il y a quelques mois : ce qui a été présenté comme une grande victoire n’était rien d’autre que des casernements et des barbelés que l’armée n’a pas voulu protéger. Même chose à Taftanaz, un aéroport militaire tombé la semaine passée, on apprend qu’il n’y avait que 250 soldats vivant sous tentes et seulement des hélicoptères, pas d’avions : une autre base qui n’avait pas vraiment d’importance stratégique pour l’armée« . Encore une fois, c’est un adversaire hystérique de Bachar al-Assad, partisan d’une intervention militaire étrangère en Syrie, qui le dit. Et qui dit encore que la ville d’Idleb « proprement dite reste aux mains du régime de Bachar el-Assad, comme du reste toutes les villes sauf une partie d’Alep« .

Et M. Piccinin constate aussi que l’ASL, dans ce bastion militaire de l’opposition, a « fondu comme neige au soleil« , au profit des groupes islamistes durs, bien mieux équipés et argentés, et attirant de ce fait nombre de jeunes paumés.

Du Mali à la Syrie, en passant par le Qatar

À la fin de son entretien, Piccinin, toujours aussi accro à sa « révolution » syrienne moribonde, regrette que les Occidentaux s’investissent au Mali comme ils ne l’ont jamais fait en Syrie. Or, justement, dans cette accélération de l’Histoire « péri-syrienne », l’affaire du Mali et son prolongement algérien jouent un rôle considérable, dans l’évolution des consciences sinon déjà des déclarations. Car, sur les plateaux des chaînes d’information continue, on entend de plus en plus distinctement, au hasard du défilé de spécialistes et d’analystes, des noms qui fâchent, ou qui gênent :

-le nom « Libye » : personne ne peut cacher le fait qu’un certain nombre des djihadistes du Mali viennent de Libye, ni que l’essentiel de leur armement le plus moderne et performant vient des arsenaux de Kadhafi. Une sacrée pierre dans le jardin dévasté de Sarkozy et de ses amis de l’UMP !

-le nom »Qatar » : là aussi, les langues se délient, d’autant mieux que des journaux de référence en matière d’investigation, le Canard enchaîné et Marianne, viennent d’affirmer que l’émir du Qatar avait livré une importante aide financière aux combattants islamistes du Nord Mali, notamment ceux du Mujao, comme il avait naguère déversé sa manne sur les insurgés libyens, comme il continue de le faire pour les égorgeurs de Syrie. Et que le maire de la grande ville malienne de Gao, sur la ligne de front, a déclaré à RTL que le gouvernement français savait qui soutient les terrorises dans son pays : « Il y a le Qatar par exemple qui envoie soi-disant des aides, des vivres tous les jours sur les aéroports de Gao, Tombouctou (villes aux mains des islamistes) ».

Le Qatar qui, tiens !, a exprimé officiellement, mardi, ses « doutes » sur la pertinence de l’intervention militaire française au Mali, par la bouche de son Premier ministre cheikh Hamad ben Jassem al-Thani. Décidément, l’ami qatari devient de plus en plus difficile à assumer pour nos gouvernants. Et là ça vaut autant pour Hollande que pour Sarkozy. Si ça continue, ces messieurs vont métaphoriquement et diplomatiquement changer de trottoir quand ils apercevront les robes blanches des princes wahhabo-capitalistes, qu ont pourtant été si généreux avec eux ! À terme, le dernier avocat, au sens propre et figuré, de l’émirat sera sans doute le faux-gaulliste et le vrai fiseur Dominique de Villepin…

-Le mot « Syrie », enfin. C’est sans doute de qu’il y a de plus embarrassant à reconnaître pour les anlystes et journalist plus ou moins « alignés ». Mais enfin, le parallèle est quand même fait, encore timidement, entre les barbus du Mujao et d’Ansar Eddine et leurs « cousins syriens » de Jabhat al-Nosra. On a même entendu sur I-Télé ou BFM, un spécialiste dire que du reste certains des occupants actuels du Mali revenaient d’un stage de djihad en Syrie. Et le lien sera fait de plus en plus, tant le roi est nu, l’incohérence diplomatique française évidente et la « révolution syrienne » moribonde. Que la prise d’otages dans le Sud algérien tourne au drame, et alors la position française sur la Syrie deviendra inaudible et intenable.

La « révolution » syrienne en phase terminale ?

La révolution syrienne moribonde ? Nous le pensons sincèrement : elle crève de son impuissance – bientôt deux ans de cafouillage sanglant – à renverser un régime enterré très vite et trop vite par les diplomates et les journalistes aux ordres. Un régime qui tire sa capacité de résistance de la solidité, malgré tout ce qu’on en a dit, de son armée, et du soutien, malgré tout ce qu’on en raconte, de l’essentiel de son peuple. Elle crève bien sûr aussi de sa gangrène islamiste et terroriste, dont le premiers symptômes sont apparus très tôt, dès juin 2011 du côté de Jisr al-Choughour. Elle crève de son harcèlement de toutes les minorités, non seulement alaouites et chrétiennes, mis kurdes, palestiniennes et druzes, mais aussi de la masse des sunnites pacifistes et patriotes, intégrés à la communauté nationale syrienne, et qui ne veulent pas échanger dette communauté conte un califat à la al-Qaïda Elle crève des dollars du Golfe et de l’implication d’Erdogan, qui ne peut que susciter rejet et méfiance de la part de la grande majorité des Syriens. Elle crève des massacres, destructions et privations, acquis le plus tangible de 22 mois. Et aussi du spectacle lamentable de ces coalitions de la carpe islamiste et du lapin bobo, de ces politiciens exilés et stipendiés de la « Coalition nationale » aujourd’hui, du CNS hier, qui donnent le spectacle permanent de leur jactance et de leur impuissance, au point de lasser la plupart de leurs amis étrangers.

Car la « révolution » va crever, enfin, de la désintégration du front de ses soutiens internationaux : il y a objectivement, une nouvelle donne de la diplomatie américaine, avec la relève de Clinton-Panetta par Kerry/Hagel, avec la préoccupation grandissante de l’administration Obama vis-à-vis de la djihadisation de l’insurrection, annoncée déjà voici des mois par le gratin de l’armée américaine : ce ne sera pas une inflexion ouverte, médiatique – les Américains ont trop diabolisé Bachar, trop longtemps -, mais ce sera une irrésistible évolution vers le désengagement de ce bourbier. Il y a aussi ces contacts, reconnus par un organe pro-opposition comme le quotidien libanais L’Orient Le Jour, entre des responsables séoudiens et syriens, certains dans le Golfe commençant à s’effrayer de la vigueur et de la cruauté du monstre salafiste qu’ils ont nourri. Il y a l’impasse pathétique d’Erdogan qui se retrouve avec des dizaines de milliers de réfugiés syriens sur les bras, un front militaire kurde unifié et renforcé de l’Irak à la Syrie, et en délicatesse avec ses voisins immédiats ou proches russes, iraniens, irakiens, arméniens. Sans oublier l’opposition des 2/3 ou des 3/4 de son opinion intérieure à sa gestion de la crise syrienne.

Les alliés les plus fidèles  demeurent apparemment, à l’heure où nous écrivons, la France de Hollande, l’Angleterre de Cameron et le Qatar de l’émir Hamad. C’est mieux que rien, mis ce n’est pas suffisant. Et c’est de plus en plus fragile. La révolution syrienne pourrait bien mourir au Mali…

Indépendamment de ses tares constitutives, de la lassitude et de la confusion chez ses sponsors et des métastases djihadistes, la « révolution syrienne » va périr de la résistance du gouvernement, de l’armée et, en dernière analyse, de la population syriens

Louis Denghien