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dimanche, 14 août 2022

Prométhéisme et atlantisme

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Prométhéisme et atlantisme

Par Daniele Perra

Source: https://www.eurasia-rivista.com/prometeismo-e-atlantismo/

Le 25 juillet, Prague a accueilli la deuxième conférence du Forum des nations libres de Russie (la première s'est tenue le 8 mai, également cette année, à Varsovie). Parmi les protagonistes de la réunion figuraient l'ancien ministre ukrainien des Affaires étrangères Pavlo Klimkin et le "premier ministre" du gouvernement de la République tchétchène d'Ikheria en exil (à Londres) Akhmed Zakayev (accusé à plusieurs reprises de terrorisme par Moscou).

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Comme l'indique le site Web correspondant (www.freenationsrf.org), les principaux "domaines d'intérêt" du Forum comprennent : "la dé-impérialisation et la décolonisation ; la dépoutinisation et la dénazification ; la démilitarisation et la dénucléarisation ; les changements économiques et sociaux". En outre, on peut y lire : "Le Forum des nations libres de Russie est une plate-forme permettant de rassembler les dirigeants municipaux et régionaux, les membres des mouvements d'opposition de la Fédération de Russie, les représentants des mouvements nationaux, les activistes, la communauté des experts, et tous ceux qui sont conscients de la nécessité d'une transformation immédiate de la Russie".

Cette transformation est identifiée à la compartimentation du territoire russe en un ensemble d'innombrables nouveaux États, dont l'indépendance et la souveraineté devraient être immédiatement reconnues par la "communauté internationale". Il est écrit : "Nous appelons les États membres de l'ONU à fournir une assistance maximale aux gouvernements/administrations nationaux/nationales de transition pour atteindre les objectifs de décolonisation et de paix. Ainsi que de reconnaître officiellement l'indépendance et la souveraineté des États suivants des peuples autochtones et des régions coloniales : Tatarstan, Ingrie, Bachkortostan, Carélie, Bouriatie, Kalmoukie, République balte (Prusse orientale), Komi, Circassie, Sibérie, République de l'Oural, Don, Tyva, Kouban, Daghestan, Fédération du Pacifique, République de Moscou, Erzyan Mastor, Sakha, Pomorie, Tchouvachie, Tchernoziom, Mordovie, Povolzhye, Khakassia, Oudmourtie, Ingouchie et autres".

Les peuples autochtones de ces régions sont invités à se joindre en masse à une forme de résistance systématique et pacifique. Cependant, dans le même temps, la formation de milices territoriales est également demandée, et les représentants des forces de l'ordre sont exhortés à faire défection et à les rejoindre.

Cette "planification" (bien qu'elle soit encore plus exagérée) semble suivre de près celle proposée par la soi-disant "Commission d'Helsinki". Cette agence gouvernementale américaine, qui "promeut les droits de l'homme et la sécurité militaire en Europe", a en fait parlé de la "décolonisation de la Russie" comme d'un "impératif moral et stratégique". L'objectif (même pas trop voilé) est précisément d'exploiter les "nationalismes" pour démanteler la Fédération de Russie en dix États ou plus [1].

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L'idée de diviser la Russie selon des lignes ethniques n'est pas particulièrement originale. Elle n'est pas non plus un produit de la géopolitique contemporaine. Dès le début du 20ème siècle, le militaire polonais Josef Piłsudski (photo) a été le fer de lance d'un projet idéologique et géopolitique qui a reçu le nom de "prométhéisme". Ce projet était orienté vers la construction d'un bloc d'États (au sein duquel la Pologne devait jouer un rôle majeur) qui, en se plaçant "inter maria", c'est-à-dire entre la mer Baltique et la mer Noire, devait former une sorte de "cordon sanitaire" aux frontières de la Russie. En outre, le "mouvement prométhéen" avait également pour but de réveiller les consciences des peuples non russes de l'Empire tsariste d'abord, puis de l'URSS, afin de les libérer du joug de Moscou [2]. Le nom du projet dérive naturellement de celui de Prométhée, le titan qui, en offrant à l'humanité le don du feu volé aux dieux, était censé symboliser l'idée d'"illumination" et de résistance au pouvoir despotique représenté, selon cette interprétation moderne du thème mythologique, par Zeus. Ainsi, si les peuples subjugués par Moscou étaient les nouveaux Prométhéens, la Russie représentait le dieu olympien despotique. C'est ce qu'a écrit Edmund Charaskiewicz (l'un des principaux collaborateurs de Piłsudski) : "Le créateur et l'âme du concept prométhéen était le maréchal Piłsudski, qui dès 1904, dans un mémorandum envoyé au gouvernement japonais, soulignait la nécessité d'employer dans la lutte contre la Russie les nombreuses nations non russes habitant les bassins de la Baltique, de la mer Noire et de la mer Caspienne, et a souligné le fait que la nation polonaise, en vertu de son histoire, de son amour de la liberté et de sa résistance intransigeante contre les trois Empires (allemand, russe et austro-hongrois) qui l'ont démantelée, devrait sans aucun doute jouer un rôle de premier plan dans l'émancipation des nations opprimées par les Russes" [3]. Et encore : "La force de la Pologne et son importance au sein des parties constitutives de l'Empire russe nous permettent de développer l'objectif de briser l'État russe de l'intérieur à travers ces mêmes parties en émancipant les pays qui y ont été forcés. Nous y voyons non seulement l'accomplissement de la lutte culturelle de notre pays pour son indépendance, mais aussi la garantie de son existence. Lorsque la volonté de conquête russe sera affaiblie, elle cessera d'être un ennemi dangereux" [4].

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Avant d'analyser le projet géopolitique lui-même, il sera utile de rappeler qu'en réalité, la signification du mythe grec est tout autre. Comme le rapporte Claudio Mutti dans son livre Testimoni della decadenza (= Témoins de la décadence) en citant l'érudit roumain Mircea Eliade, Prométhée, "loin d'être un bienfaiteur de l'humanité, est le responsable de sa décadence actuelle [...]. Pour Hésiode, le mythe de Prométhée explique l'irruption du "mal" dans le monde ; il représente finalement la vengeance de Zeus" [5]. Par conséquent, l'interprétation "polonaise" du thème mythologique semble être le produit d'une vision "démocratique" et "progressiste" purement moderne qui n'a rien à voir avec sa signification originale.

Aujourd'hui, le projet géopolitique de Piłsudski (qui visait à reconstituer le puissant État polono-lituanien, protagoniste de l'histoire européenne au tournant des XVIe et XVIIIe siècles) a connu de nouvelles fortunes avec l'implosion du bloc socialiste et la fin du Pacte de Varsovie. L'Initiative des Trois Mers (conçue sous l'administration Obama et concrétisée par Donald J. Trump), en fait, vise une fois de plus à créer un " cordon sanitaire " (sous patronage atlantique) à placer entre l'Europe occidentale et la Russie, de manière à séparer les deux semi-géants (l'un financier-économique, l'autre militaire et riche en ressources naturelles) [6]. Lors du septième sommet de l'Initiative, qui s'est tenu à Riga les 20 et 21 juin 2022, le président ukrainien Volodymyr Zelensky (qui s'est exprimé par vidéoconférence) a insisté sur l'adhésion de Kiev au projet, tandis que l'actuel secrétaire d'État américain Antony Blinken a garanti l'aide financière nécessaire.

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En parlant de l'Ukraine, il est important de souligner que, ces dernières années, l'idée "prométhéenne" a connu une fortune considérable à l'intérieur de ses frontières grâce au travail intellectuel d'Olena Semenyaka (photo - idéologue et chef du secrétariat international du Corps national, l'aile politique du mouvement azerbaïdjanais).

Né en 2014 à la suite des événements de l'"Euromaïdan", le groupe se référant à Andriy Biletsky (et protégé par l'ancien ministre de l'Intérieur et oligarque Arsen Avakov, qui ont œuvré pour garantir à Azov une sorte de monopole culturel-idéologique au sein de l'extrême droite ukrainienne) a représenté une sorte de véritable changement de paradigme par rapport à la rhétorique traditionnelle de partis comme Svoboda et Pravyi Sektor qui, ancrés dans l'héritage du banderisme pur et dur, étaient porteurs d'une forme démodée de nationalisme centré sur l'État.

La protagoniste du changement de perspective, du national/régional à l'international (continental et mondial), était Olena Semenyaka. Concrètement, l'idéologue (anciennement militante du Pravyi Sektor susmentionné), également grâce à la maison d'édition Plomin (flamme), a pu construire un réseau dense d'interconnexions avec l'étranger qui a conduit Azov à tisser des liens avec divers autres mouvements rattachés à la galaxie de l'extrémisme de droite, tant en Europe qu'en Amérique du Nord (ici surtout avec des groupes liés à la soi-disant "Alt-Right").

La pensée d'Olena Semenyaka mérite donc d'être brièvement développée. Auteur d'une thèse analysant la pensée d'Ernst Jünger et de Martin Heidegger et traductrice des œuvres de Dominique Venner en ukrainien, Semenyaka (anciennement membre du "Club traditionaliste ukrainien") a entretenu des relations cordiales et de collaboration avec le penseur russe Alexandre Douguine jusqu'en 2014. Sa perspective géopolitique a radicalement changé avec les événements de l'"Euromaïdan" susmentionnés. Ceux-ci, de son propre aveu, loin d'avoir été une véritable "révolution" (comme ils sont présentés par la propagande occidentale), ont réveillé l'esprit patriotique et la conscience de la "destinée manifeste" de la nation ukrainienne.

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Dans le projet géopolitique dont Semenyaka est le porte-parole, la vision "prométhéenne" de Piłsudski est réajustée en fonction des besoins ukrainiens. L'Ukraine, en effet, est représentée comme l'avant-poste de la "reconquista" (terme utilisé par Semenyaka précisément en espagnol) de l'Europe contre le progressisme libéral. Mais cette "reconquista" passe avant tout par la construction d'un bloc d'États, à nouveau un "intermarium" (autre terme récurrent chez l'idéologue) entre la mer Baltique et la mer Noire, capable d'agir comme un frein au "néo-bolchevisme" poutiniste.

Semenyaka, en particulier, adopte les théories de l'école géopolitique ukrainienne liée à Yurii Lypa et Stanislav Dnistrianskyi pour reconsidérer le "destin manifeste" du pays d'Europe de l'Est sur la base de ses substrats historiques et géographiques. Il se concentre notamment sur la polarisation Nord-Sud, à opposer à la dichotomie Ouest/Est (fondamentale dans la culture russe), afin de faire de la géographie le vecteur clé de l'identité ukrainienne. L'axe Nord-Sud (dans lequel l'esprit nordique-germanique fusionne avec l'esprit méridional-grec), dans son idée, aurait été celui choisi par la Rus' de Kiev et la dynastie des Ruriks, dont les nationalistes ukrainiens se considèrent comme les héritiers ethniques naturels.

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Ici, Semenyaka adopte les théories de Dmytro Dontsov (1883-1973) (photo), qui est généralement considéré comme le père de la spiritualité ukrainienne. En effet, considérant les Russes et les Biélorusses comme des imposteurs ethniques (bien qu'appartenant à la même souche slave orientale que les Ukrainiens), il parlait ouvertement de "mutation culturelle mongole" en référence à la Russie.

Dans cette perspective, le bloc d'États "intermarium" occupe une sorte de troisième position et constitue l'épicentre de la "nouvelle Europe" dans laquelle, en écho aux thèses archéo-futuristes de Guillaume Faye (qui parlait toutefois expressément d'"Eurosibérie"), innovation et tradition se fondent. Dans cet espace qui s'étend de la mer Baltique à la mer Noire, les divisions nationales sont dépassées par l'idée d'"ethnofuturisme" : une sorte de mélange total des peuples slaves qui l'habitent, qui retrace en quelque sorte le mythe messianique de la "Sarmatie de l'Europe" que s'était appropriée l'aristocratie polonaise de la Fédération polono-lituanienne d'avant le partage de la Pologne au 18ème.

Or, autant il est compréhensible que le projet de l'idéologue ukrainienne puisse fasciner d'importants secteurs de la droite antilibérale européenne, autant il faut dire que le bloc "intermarium" susmentionné, sur le plan géopolitique, dépourvu de "rivages" (frontières difficilement franchissables) et de ressources naturelles substantielles, n'a aucune valeur réelle, devant nécessairement se placer sous la dépendance de l'Extrême-Orient (les États-Unis) pour assurer sa survie.

Par conséquent, l'idée prométhéenne de la mouvance Azov est facilement réduite à jouer le rôle d'une succursale des intérêts atlantistes. En dernière analyse, Semenyaka elle-même (qui devrait être familière avec la critique jüngerienne et heideggérienne du titanisme et du gigantisme), en embrassant le prométhéisme comme synonyme de la lutte contre le double despotisme néo-bolchévique et libéral-progressiste, semble ignorer (comme tant d'autres exposants du domaine auquel elle se réfère) la nature purement titanesque de la société actuelle. En fait, en paraphrasant Hésiode, elle représente le retour de l'hubris titanesque de l'exil occidental ("une région sombre à l'extrémité de la terre prodigieuse") dans lequel il était confiné par les dieux olympiens.

Notes:

[1] Voir: Decolonisation of Russia to be discussed at upcoming Helsinki Commission briefing, www.csce.gov.

[2] R. Woytak, The promethean movement in interwar Poland, "East European Quarterly", vol. XVIII, no. 3 (septembre 1984), pp. 273-278.

[3] E. Charaskiewicz, Une collection de documents du Lt. Col. Edmund Charaskiewicz (édité par A. Grzywacs - M. Kwiecien - G. Mazur), Księgarnia Akademicka, Krakow 2000, p. 56.

[4] Ibid.

[5] C. Mutti, Testimoni della decadenza, L'Arco e la Corte, Bari 2022, p. 11.

[6] C. Mutti, Il cordone sanitario atlantico, “Eurasia. Rivista di studi geopolitici” 4/2017.

 

La revue de presse de CD - 14 août 2022

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La revue de presse de CD

14 août 2022

EN VEDETTE

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Comment Bill Gates se bat pour instaurer un totalitarisme technologique mondial. Plongée dans l’univers souterrain de la « philanthropie », la corruption et l’eschatologie du très dangereux « roi du monde ». Interview de Lionel Astruc, auteur de l’enquête L'art de la fausse générosité. La fondation Bill et Melinda Gates, Actes Sud.

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DÉSINFORMATION/CORRUPTION/CENSURES/DÉBILITÉ

Revue de presse RT du 31 juillet au 6 aout 2022

Exercice hebdomadaire de réinformation/désinformation grâce à cette RDP vue du côté russe. Au programme de la semaine, le regain de tension au Kosovo, l’Europe qui s’empêtre dans ses propres sanctions, l’Ukraine qui tire sur ses propres militaires et la Russie qui hausse le ton.

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ÉCOLOGIE

Les 12 mensonges du GIEC sur le climat

Ingénieur polytechnicien, Christian Gerondeau travaille sur les questions environnementales depuis plus de dix ans et a publié de nombreux ouvrages concernant l’écologie. Son dernier livre, Les douze mensonges du GIEC, décrit le déroulement de la COP 26 qui s’est déroulée à Glasgow en novembre 2021 puis entreprend de réfuter, en dénonçant les agissements du GIEC (un organisme politique qui affirme parler « au nom de la science »), les « douze contrevérités majeures qui constituent le socle de la religion écologiste qui règne aujourd’hui en Occident ».

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ÉCONOMIE

Ukraine, l'économie de guerre est utilisée pour préparer le pillage néolibéral du pays

En bref, le vaste écosystème anti-corruption de l'Ukraine est un mécanisme de contrôle qui maintient son économie perpétuellement ouverte au pillage par les exportateurs étrangers qui bénéficient souvent d'un traitement préférentiel de la part de leur propre gouvernement. L'idée que la « corruption » est le plus grand obstacle au développement est une fiction utilisée pour justifier la libéralisation du commerce dans laquelle les capitalistes occidentaux les plus puissants gagnent inévitablement, au détriment de l'économie ukrainienne.

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Ukraine : Bush, Obama, Trump, Biden et la géopolitique américaine

Au milieu de la crise actuelle, Fiona Hill et d’autres anciens conseillers font le lien entre la campagne de pression du président Trump concernant l’Ukraine et le 6 janvier. Et ils sont prêts à parler.

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La grande nouvelle, ces jours-ci, cependant, est que seulement 11 pour cent de la population américaine, conserve un degré de confiance dans ce que les médias publient, 89 pour cent ne les considèrent pas comme fiables ou véridiques. Dire cela, ce n'est pas être un rebelle ou un militant du système des médias alternatifs, loin de là. C'est ce qu'affirme Gallup dans son sondage annuel sur la confiance des citoyens dans les médias.

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La France de Macron, une dictature post-démocratique

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Polémia vous propose aujourd’hui un dossier exceptionnel sur l’état de la France et la politique macro-économique qui devrait être menée pour éviter l’effondrement. Rédigé par un nouveau contributeur, André-Victor Robert, connaissant le sujet sur le bout des doigts, ce dossier compile de nombreuses données qui ne laissent aucune place au doute : si rien n’est fait pour infléchir la trajectoire actuelle du pays, la France sera très vite dans une situation catastrophique. Vous trouverez dans cet article un résumé du dossier ainsi qu’un lien vers le dossier complet au format PDF.

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Par ce type de traités qui passent sous les radars médiatiques, la France de Macron s’autodétruit avec le sourire. L’Histoire racontera comment, dix-sept ans après le référendum par lequel les Français refusèrent toute Constitution européenne, nos dirigeants élus ont tendu leurs mains à Bruxelles pour qu’on leur passe les menottes et le cou pour qu'on y passe la corde.

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GÉOPOLITIQUE

Géopolitique de la Malaisie - La politique intérieure et extérieure de la fédération est basée sur l'équilibre

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IMMIGRATION

« Les immigrés font le boulot que les Français ne veulent pas faire » : slogan éculé et mensonger

« Les immigrés font le boulot que les Français ne veulent pas faire. » Tel est le pont aux ânes des immigrationnistes. Une affirmation constamment répétée depuis un demi-siècle (!) qui mérite un sérieux décryptage. Réfutation en 7 points. Par Jean-Yves Le Gallou, président de la Fondation Polémia

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Michèle Tribalat : « La dépossession de notre politique migratoire a été consentie »

Pour la démographe, si la France accueille toujours une immigration importante, tant clandestine que régulière, c’est en raison d’un manque de volonté politique. Aujourd’hui, ce sont l’administration et les juges – nationaux comme européens – qui produisent la norme en matière de droit des étrangers, sans que le gouvernement s’y oppose, comme cela a pu être le cas dans des pays voisins, explique-t-elle.

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MOYEN-ORIENT

Que reste-t-il de l’influence française au Moyen-Orient?

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RÉFLEXIONS

Naissance du gouvernement limité et de l’état de droit

La réflexion politique sur la nature du gouvernement a connu de vives discussions durant la période médiévale. La notion de « gouvernement limité » a été notamment étudié par Thomas d’Aquin et les scolastiques.

revueconflits.com

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SANTÉ/INTERDICTIONS/LIBERTÉS

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UKRAINE

Amnesty International dénonce les tactiques militaires ukrainiennes qui menacent les civils

Le 4 août, l'ONG Amnesty International a publié un rapport dans lequel sont dénoncées les tactiques de combat utilisées par l’Ukraine qui violent le droit humanitaire et mettent en danger les civils. Sans surprise, ce rapport a suscité la fureur de Zelensky, qui a accusé l'ONG de « tenter d’amnistier l’État terroriste de Russie ». De son côté, dimanche, Amnesty International a déclaré assumer pleinement ses conclusions, indiquant toutefois « regretter le désarroi et la colère » causés par ces informations.

Francesoir.fr

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Ukraine : l’étoile de Zelensky pâlit

Alors que la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine est entrée dans son sixième mois, l’aura qui entourait en Occident le président ukrainien Volodymyr Zelensky, pâlit. Son étoile est même sérieusement écornée par une série d’informations répercutées par des médias pourtant favorables à la cause ukrainienne. Les attaques pour corruption qui visent personnellement l’ancien comique ont été relancées en France par un livre à charge Volodymyr Zelensky: dans la tête d'un héros, du journaliste Régis Gente (cf. par exemple, cette émission de BFMTV du 7 août ). Elles fragilisent Zelensky auprès de ses alliés occidentaux, déjà agacés par les nombreuses piques que leur adresse le président ukrainien qui les accuse de mollesse voire de trahison au profit de l’ennemi russe.

laselectiondujour.com

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UNION EUROPÉENNE

Remdesivir : de nouvelles doses ont été commandées par la Commission européenne au laboratoire Gilead

Le 19 juillet 2022, le laboratoire Gilead a signé un nouvel accord d'approvisionnement conjoint avec la Commission européenne pour délivrer sa molécule antivirale Veklury (Remdesivir) dans le cadre d’un traitement sévère du Covid-19. Gilead pourra ainsi continuer à approvisionner les États membres de l’Union européenne et de l’Espace économique européen. L’accord assure les achats de la molécule Veklury au cours des douze prochains mois et peut être prolongé de six mois supplémentaires.

francesoir.fr

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Gordon Brown et notre totale détresse énergétique à venir

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Gordon Brown et notre totale détresse énergétique à venir

par Nicolas Bonnal

Les milliardaires de Davos qui ont voulu le vaccin, la guerre antirusse et le reset pour mener à bien notre anéantissement démographique, culturel et économique, peuvent se frotter les mains: la détresse énergétique est pour cet hiver et elle va frapper tout le monde sauf cette minorité bourgeoise et bobo qui les soutient rageusement. Les gouvernements de l’Europe, à la solde de l’OTAN, de Biden et de Leyen, ne reculeront pas. Comme toujours c’est un ancien politicien, Gordon Brown cette fois, qui reconnaît notre catastrophe à venir ; elle concernera la moitié des Britanniques; on lisait dans la revue RT.com traduite par mes amis de lesakerfrancophone.fr;

« Si les politiciens eux-mêmes sont obligés de l’admettre :

« Selon le politicien travailliste Gordon Brown, l’augmentation continue des prix du carburant place « 35 millions de personnes dans 13 millions de ménages – un pourcentage sans précédent de 49,6 % de la population du Royaume-Uni«, en situation de risque de pauvreté énergétique en octobre. Qualifiant la situation de « bombe à retardement financière« , il a ajouté qu'il n’y a rien de moral à ce que des dirigeants indifférents condamnent des millions d’enfants et de retraités vulnérables et irréprochables à un hiver de grande pauvreté. »

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Si, c’est très normal, Gordon, car il faut sauver le climat et faire reculer la barbarie, c’est-à-dire la Russie, en attendant la vieille Chine.

Brown espère que les élites futures, issues des minorités ethniques commerçantes ou du féminisme russophobe et branché, sauront réagir :

« C’est pourquoi, a déclaré M. Brown, le Premier ministre sortant Boris Johnson, ainsi que les candidats à la direction du parti Tory, l’ancien chancelier Rishi Sunak et la ministre des Affaires étrangères Liz Truss, « doivent convenir cette semaine d’un budget d’urgence. »

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Mais il a des doutes sur la bonne volonté du futur cabinet britannique, Gordon Brown : a-t-il lu mon texte sur Churchill (inspiré par l’historien John Charmley) qui, pour détruire son Poutine de service avec ses Polonais de service, anéantit l’Europe mais aussi la puissance impériale et l’économie de sa terre – avant de la soumettre, sa terre, au capital américain qui depuis nous a froidement anéantis ?

Et Gordon Brown use alors de tout son poids :

« S’ils ne le font pas, le parlement devrait être rappelé pour les forcer à le faire ». Il a ajouté que si rien n’est fait, une autre hausse du prix du carburant en janvier laissera 54 % de la population en situation de précarité énergétique. »

On se rapproche de la famine en Grande-Bretagne, ce pays si infatigable quand il s’agit de faire la guerre (pendant les guerres napoléoniennes on noyait aussi dans le sang les émeutes de la faim) :

« L’ancien Premier ministre a déclaré que les scènes dont il a été témoin dans son comté natal de Fife, en Écosse, lui rappellent ce qu’il a lu dans les années 1930 : des enfants sous-alimentés, « des retraités qui choisissent de nourrir leur compteur électrique ou de se nourrir eux-mêmes » et des infirmières qui doivent « faire la queue à leur banque alimentaire.»

Tout cela confirme mon analyse de la première heure ici-même : pousser la Russie à la guerre pour nous couper le gaz et instaurer le reset en appliquant les mesures techno-totalitaires utilisées pendant leur « épidémie ». L’utilisation dramatisée des incendies cet été renforce la panique censée justifier les mesures d’épouvante qui nous attendent cet automne et cet hiver. Les médias renforcent le contrôle d’hébétude collective dont parlait Baudrillard dans son noble opus sur la guerre d’Irak.

Brown frappe encore plus fort et il évoque Dickens :

 « La pauvreté « frappe si fort » que les organisations caritatives sont incapables d’alléger le fardeau des gens, a déclaré M. Brown, ajoutant que « la Grande-Bretagne crée une génération de jeunes garçons et filles laissés pour compte», dont l’enfance « commence à ressembler aux scènes honteuses d’un roman de Dickens ». L’ex-PM a promis de se battre « pour renouveler l’objectif de réduction de la pauvreté des enfants que ce gouvernement a honteusement aboli».

Le seul objet de ce gouvernement comme de celui de la France ou des blattes allemandes (Lauterbach est affolant : ancien de Harvard tout de même) et italiennes c’est la liquidation de nos économies pour sauver le climat, liquidation doublée d’un contrôle technologique concentrationnaire à prétexte sanitaire. On verra si l’Occidental moyen sera capable de le comprendre et de réagir. Mon cher ami Serge de Beketch disait avant de mourir que les gens réagiraient quand ils auraient plus peur que mal, on verra. Nietzsche disait que chez le petit peuple l’appétit vient en mangeant – et que donc en le lui coupant, cet appétit… La pénurie est la voie royale qui mène à la tyrannie, et c’est ce que veulent les élites occidentales depuis les années 70 (voyez mon texte sur ce grand reset qui se termine).

Ne comptez pas sur des cerbères comme Borne, Scholz ou Lauterbach pour réagir dans le bon sens.

Pour comprendre l’attitude de Gordon Brown (et de ces anciens politiciens soudainement honnêtes ou humanistes) je rappellerai l’impeccable formule de La Rochefoucauld: « les vieillards aiment à donner de bons préceptes pour n’être plus en état de donner le mauvais exemple » (maxime 93). En cette époque de gouvernements de fous furieux aux ordres de nonagénaires génocidaires (Soros, Rothschild, Schwab, la Reine, Fauci, Biden, etc.) c’est plutôt opportun à rappeler.

Il sera marrant de voir jusqu’où la presse (« cette corporation achetée ») justifiera toute cette gueuserie, c’est-à-dire, soignons nos mots, ce génocide.

Sources :

https://www.rt.com/news/560403-poverty-fuel-uk-brown

https://lesakerfrancophone.fr/revue-de-presse-rt-du-7-au-...

https://reseauinternational.net/pourquoi-le-grand-reset-s...

https://lecourrierdesstrateges.fr/2022/06/30/le-syndrome-...

https://livrefrance.com/Rochrtf.pdf

 

 

samedi, 13 août 2022

La vérité doit être cachée - La guerre de l'élite contre les sceptiques

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La vérité doit être cachée - La guerre de l'élite contre les sceptiques

Markku Siira

Source: https://markkusiira.com/2022/08/08/totuus-on-salattava-eliitin-sota-epailijoita-vastaan/

"Les théories du complot peuvent être dangereuses", prévient l'Unesco, l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture. "Elles ignorent souvent les preuves scientifiques et polarisent la société, avec de graves conséquences. Cela doit cesser."

La directrice générale de l'Unesco, Audrey Azoulay, met en garde contre les "théories du complot" qui peuvent nuire aux personnes et à leur santé. "Ils renforcent et légitiment les idées fausses sur la pandémie et renforcent les stéréotypes qui peuvent alimenter la violence et les idéologies extrémistes", déclare M. Azoulay.

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C'est pourquoi l'agence des Nations Unies a lancé une campagne pour aider les gens à "identifier, réfuter et signaler les théories du complot afin d'éviter qu'elles ne se propagent davantage".

La campagne est menée en partenariat avec la Commission européenne, Twitter et le Congrès juif mondial. L'Unesco a créé une boîte à outils visant à "démystifier" de telles théories et à dénigrer toute personne qui ose prétendre que les gouvernements n'agissent pas de manière équitable et transparente.

L'Unesco avertit également que "George Soros, les Rothschild et Israël" ne doivent pas être liés à de "prétendues conspirations".

Les événements mondiaux "ne sont pas secrètement manipulés en coulisse par des acteurs puissants aux intentions malveillantes", déclare sans ambages l'organe des Nations unies, malgré les preuves croissantes d'une telle activité.

Et si un citoyen décent croise quelqu'un qui pense que l'élite économique dirige les événements mondiaux, l'UNESCO déclare qu'il ne faut en aucun cas parler de "théoricien de la conspiration".

"Un 'théoricien de la conspiration' serait une personne qui croit, par exemple, que le fameux virus a été créé 'artificiellement'. Cependant, même dans un article de la revue médicale The Lancet, l'éminent professeur Jeffrey Sachs a osé soupçonner que le virus provenait d'un laboratoire de biotechnologie américain.

L'ancien président américain Donald Trump était également convaincu que le virus de la pandémie était artificiel. Il a déclaré qu'elle provenait d'un laboratoire financé par les États-Unis à Wuhan, en Chine.

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Les grandes entreprises technologiques américaines ont activement supprimé les déclarations de Trump, qualifiées de "désinformation", sur leurs plateformes en ligne. Si les États-Unis ont effectivement été complices de la création du virus, ils devraient en fin de compte indemniser chaque nation touchée par le virus pour les dommages subis.

Jason Crow, membre de la commission des renseignements de la Chambre des représentants des États-Unis, a averti les Américains que leurs échantillons d'ADN pourraient être utilisés pour créer des armes biologiques ciblées. Metabiota, une société américaine liée à Hunter Biden, le fils du président Biden, est connue pour avoir collecté des échantillons d'ADN à des fins de guerre biologique en Ukraine.

Entre-temps, le ministère russe de la Défense a annoncé qu'il enquêtait sur le rôle de l'Agence américaine pour le développement international (USAID) dans la création du virus. Selon la Russie, les laboratoires biologiques soutenus par les États-Unis en Ukraine ont mené des expériences clandestines très douteuses sur des citoyens ukrainiens sans méfiance.

Depuis 2009, USAID a également financé un programme appelé Predict, qui étudie les nouveaux virus. En 2019, l'agence a mis fin à ce programme. Le Johns Hopkins Center for Health Security a alors commencé "par coïncidence" à enquêter sur la propagation d'un coronavirus jusqu'alors inconnu.

Bien entendu, les déclarations et les faits ci-dessus n'ont pas ébranlé les institutions de l'élite au pouvoir en Occident, qui continuent d'utiliser l'étiquette "théorie du complot". Ils déclarent que c'est le "théoricien de la conspiration" - le sceptique - qui croit qu'un groupe de personnes restreint mais extrêmement puissant est complice des problèmes de l'économie et de la politique mondiales, ainsi que de diverses crises sanitaires.

Si nous remontons un peu dans le temps, nous constatons que la Central Intelligence Agency (CIA) américaine a inventé le terme "théorie du complot" en 1964 pour harceler quiconque remettait en question le récit officiel de l'assassinat du président John F. Kennedy et l'enquête bâclée.

Vu sous cet angle, la manipulation constante du public par les médias, la censure de l'internet et les campagnes d'octobre des institutions supranationales, montrent une tentative de couvrir et de dissimuler le véritable état des choses.

21:22 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : actualité, scepticisme | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Amnesty International prend ses distances avec l'Ukraine: le signe d'une stratégie de "sortie" de l'Occident?

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Amnesty International prend ses distances avec l'Ukraine: le signe d'une stratégie de "sortie" de l'Occident?

Source: https://zuerst.de/2022/08/08/amnesty-international-geht-auf-distanz-zur-ukraine-indiz-fuer-eine-exit-strategie-des-westens/

Berlin . L'image de l'Ukraine en prend un sacré coup - et ce n'est probablement pas une coïncidence: dans un rapport présenté très récemment, l'organisation de défense des droits de l'homme Amnesty International accuse les forces armées ukrainiennes de graves violations du droit international humanitaire. Selon ce rapport, l'armée ukrainienne se retranche régulièrement dans des bâtiments civils, mettant ainsi en danger sa propre population. La Russie porte depuis longtemps de telles accusations contre l'Ukraine, mais elles étaient jusqu'à présent considérées comme relevant de la propagande russe. Cependant, les forces ukrainiennes inférieures en nombre n'ont pas d'autre choix que de se retrancher et d'opérer en embuscade, conformément aux tactiques de la guérilla.

Les soldats ukrainiens "ont mené des opérations répétées depuis des zones résidentielles", a déclaré Janine Uhlmannsiek, spécialiste de l'Europe et de l'Asie centrale chez Amnesty International Allemagne. L'organisation de défense des droits de l'homme a mené sa propre enquête dans la zone de guerre.

Les experts d'Amnesty ont trouvé des preuves que les forces ukrainiennes tiraient depuis des zones résidentielles et avaient installé des postes militaires dans 19 villes et localités, notamment dans des écoles et des hôpitaux abandonnés, dans les régions de Mykolaïv, dans le sud de l'Ukraine, ainsi que près de Kharkiv et dans le Donbass, dans l'est de l'Ukraine, lors de recherches effectuées entre avril et juin.

La secrétaire générale d'Amnesty, Agnès Callamard, a déclaré que l'armée ukrainienne avait mis en place un modèle de mise en danger des civils et de violation des lois de la guerre. Amnesty a cité un habitant qui a déclaré : "Nous n'avons pas le droit d'intervenir dans les décisions de l'armée, mais nous en payons le prix".

Amnesty International a enquêté sur un total de 41 attaques à Kharkiv, au cours desquelles de nombreux civils auraient été tués. Le fait que l'Ukraine se défende contre la guerre d'agression russe ne dispense pas les militaires du pays "de leur devoir de respecter les règles du droit international", a souligné l'organisation.

Selon le rapport d'Amnesty, la plupart des interventions documentées dans des zones résidentielles auraient eu des sites alternatifs possibles, comme des bases militaires ou des zones densément boisées. En outre, les soldats n'auraient pas ordonné l'évacuation de civils, alors que ceux-ci risquaient d'être touchés par des frappes russes de représailles.

Amnesty a déclaré le 29 juillet avoir demandé au ministère ukrainien de la Défense de répondre à ces accusations. Cependant, aucune réponse n'a été donnée avant la publication de l'avis.

Le président ukrainien Volodymyr Zelenskyj a plutôt rejeté avec force les accusations d'Amnesty International. Le groupe de défense des droits de l'homme tente de "transférer la responsabilité de l'agresseur à la victime", a-t-il insinué après la présentation du rapport. Le ministre ukrainien des Affaires étrangères, M. Kuleba, s'est également dit "indigné" par ces accusations prétendument "injustes".

Les observateurs soulignent qu'Amnesty International n'est pas une organisation indépendante dans les faits, mais qu'elle est financée par des gouvernements occidentaux de manière détournée, tout comme l'organisation de lutte contre la corruption Transparency International et de nombreuses autres ONG. Amnesty elle-même fait preuve d'une opacité extraordinaire quant à l'origine de ses propres ressources financières. Le signal politique envoyé par le rapport critique sur l'Ukraine qui vient d'être publié est dès lors d'autant plus remarquable. Il peut être interprété comme une indication que les gouvernements occidentaux, malgré leur soutien continu à l'Ukraine, préparent déjà une stratégie de "sortie" - sachant qu'au plus tard à l'automne et compte tenu de l'urgence énergétique qui se profile, le cours pro-Ukraine actuel ne pourra plus être maintenu. (mü)

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La fin du projet de Fukuyama

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La fin du projet de Fukuyama

Source: https://nritalia.org/2022/08/10/la-fine-del-progetto-di-fukuyama/

Francis Fukuyama fonde ses fantasmes sur l'avenir du libéralisme, sur la grandeur passée des États-Unis en tant que puissance mondiale hégémonique. Ces temps sont révolus depuis longtemps, une nouvelle phase de l'histoire a commencé. Le projet de la "fin de l'histoire et du dernier homme" ne peut plus se justifier.

J'ai récemment assisté à une conférence de Francis Fukuyama à la Michigan State University. La conférence, parrainée par le LeFrak Forum on Science, Reason and Modern Democracy, était consacrée au "Libéralisme et ses problèmes", titre du dernier livre de Fukuyama. Ce panel a discuté du contraste saisissant entre un point de vue qui cherche à justifier le libéralisme et un point de vue qui espère l'enterrer. Il est juste de dire que nous avons rempli les rôles qui nous étaient assignés, en étant fondamentalement en désaccord sur la cause et le sort de nos déclarations.

Patrick J. Deneen

J'ai commencé par souligner notre situation profondément malheureuse en mettant en évidence les griefs: dus à l'inégalité économique profonde et omniprésente à gauche et à la dégradation culturelle qui a conduit à un nombre sans cesse croissant de "morts du désespoir" à droite - et j'ai relié ces deux "revendications" directement aux conséquences attendues des principales dispositions du libéralisme sur la nature humaine et la nature de l'ordre politique et social. Fukuyama a fait l'éloge du libéralisme comme étant peut-être le régime le plus humain et le plus décent qui ait jamais existé. Il a affirmé qu'il n'existait aucune alternative susceptible de séduire les personnes qui valorisent la prospérité, la dignité, le respect de la loi, les droits individuels et la liberté. Il était d'accord avec ma description de nos "mécontents", mais ne pensait pas qu'ils étaient propres au libéralisme. En bref, nous avons examiné le même problème et sommes arrivés à des conclusions très différentes sur ce que nous y avons vu.

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Fukuyama a avancé trois propositions principales, qui selon lui ne sont pas tirées de domaines complexes de la théorie politique (dans une conférence dominée par les théoriciens politiques de Strauss), mais basées sur des observations empiriques du monde. Ses trois principales propositions étaient les suivantes :

  1. 1) Le libéralisme est apparu après la Réforme comme une solution après les guerres de religion et a fourni un moyen d'atteindre la paix et la stabilité politique sans exiger le consentement métaphysique ou théologique du peuple.
  2. 2) Ce que nous voyons aujourd'hui comme les maladies du libéralisme (économique et social) sont en fait des pathologies qui ne découlent pas nécessairement d'un ordre libéral sain. Elles sont plutôt aléatoires et dépendent d'autres facteurs, et peuvent donc être soignées sans tuer le patient.
  3. 3) Le libéralisme doit chercher dans ses nombreux succès passés une garantie pour ses réalisations futures. En abandonnant les efforts pour atteindre le "bien commun", le libéralisme a permis aux biens individuels de s'épanouir, aboutissant à un ordre politique riche, tolérant et pacifique. Sa capacité à apporter la prospérité et la paix a été prouvée par l'histoire.

Les trois points sont interconnectés. Parce que le libéralisme était fondé sur le rejet du concept de bien commun (proposition 1), et qu'il reposait au contraire sur un modus vivendi de tolérance et de gouvernement limité protégeant les droits de propriété, il a permis au monde entier de vivre dans la prospérité et le bien-être (proposition 3). Ses "maux" actuels peuvent être soignés en limitant les excès du libertarisme économique, du wokisme et du conservatisme post-libéral (proposition 2). Le vrai libéralisme se situe immédiatement dans notre avenir, mais il peut également être vu dans notre passé récent où ces trois éléments n'étaient pas aussi proéminents ou absents.

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Alors que Fukuyama prétendait être un politologue et un réaliste historique parmi les penseurs éphémères, fondant ses affirmations sur des preuves réelles de l'acceptabilité des coûts du libéralisme sur fond de ses énormes avantages, les tentatives de validité empirique de ses affirmations suggéraient le contraire. Ces trois affirmations témoignent d'efforts acharnés pour mettre leur perception de la réalité en conformité avec les exigences de leur théorie. Qu'il s'agisse d'une histoire sélective, d'un vœu pieux ou d'une fantaisie nostalgique sur la façon dont l'avenir imitera un moment particulier du passé, Fukuyama s'avère être tout sauf un réaliste. Son libéralisme fantaisiste repose en fin de compte sur une réinterprétation tendancieuse et très sélective des preuves du passé et du présent pour extrapoler une vision de l'avenir qui est à la fois peu plausible et qui occulte la nature vicieuse du régime libéral.

Voici mes réponses, brièvement et sur chaque point :

1.

Fukuyama, comme de nombreux participants à la conférence, a fait appel à l'histoire familière des origines du libéralisme comme "solution de paix" en temps de lutte fratricide sur le plan religieux et en temps de guerre. Cet argument vieux comme le monde a été utilisé par des penseurs tels que Judith Shklar, John Rawls et Richard Rorty, et est maintenant repris en masse par la communauté libérale. Il s'agit d'un récit typique du triomphe du libéralisme, avec des histoires de temps sombres d'où le véritable salut a surgi sous la forme du Deuxième traité et d'un Essai sur la tolérance de John Locke.

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Le problème est qu'il s'agit d'une histoire simpliste qui est répétée si souvent qu'elle est devenue une sorte de credo du libéralisme. Une recherche historique minutieuse de la période au cours de laquelle les contours de l'État moderne se sont dessinés, montre au contraire que les "guerres de religion" étaient le plus souvent une couverture utilisée par le pouvoir politique pour parer à la fois aux conditions restrictives de l'Église d'en haut et au pouvoir limitatif des diverses formes aristocratiques d'en bas. De nombreuses batailles de ce que l'on appelle les "guerres de religion" n'ont pas été livrées pour des questions de croyance ou, comme les libéraux ont coutume de le voir, pour des questions de foi personnelle et irrationnelle, mais plutôt pour des questions de pouvoir politique.

L'histoire de la politique moderne peut être racontée de différentes manières, mais les faits de base soulignent la consolidation du pouvoir politique sous une forme totalement nouvelle : l'État moderne. Afin de promouvoir la forme moderne de l'État, des efforts considérables ont été déployés pour séparer le pouvoir "séculier" du pouvoir "religieux" (termes qui ont été réattribués pour ce projet). Parmi les écrits les plus succincts et les plus convaincants qui remettent en question ce récit libéral, je citerai à titre d'exemple un essai lapidaire de William T. Cavanaugh : Assez de feu pour consumer une maison : les guerres de religion et la montée de l'État moderne. L'essai de Cavanaugh revisite, de manière démonstrative, le récit libéral habituel.

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Avec moults détails, en grande partie tirés des récits d'éminents historiens du début de l'ère moderne (tels que Richard Dunn et Anthony Giddens), Cavanaugh décrit comment cette théorie a été construite pour protéger les intérêts d'une nouvelle génération de penseurs libéraux, où elle a été truquée, et décrit aussi les principales motivations des acteurs historiques.

En bref, dans la quête de la création d'un État libéral moderne - l'entité politique la plus puissante jamais connue dans l'histoire de l'humanité - on a raconté l'histoire du "gouvernement limité" qui exigeait le retrait de la "religion" de la sphère privée. Il y a eu un "rebranding" : ce qui était autrefois des batailles politiques est devenu des guerres "religieuses". Il n'est pas surprenant que l'émergence de l'État whig, en particulier le parti bourgeois moderne et la classe politique qui l'accompagne, ait nécessité l'interprétation "whig" de l'histoire.

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D'un autre point de vue, le classique Du pouvoir de Bertrand de Jouvenel (1949) reste parmi les meilleures histoires de la consolidation du pouvoir politique à cette époque. Contrairement à l'affirmation libérale selon laquelle le libéralisme représente le progrès historique mondial sous la forme d'un "gouvernement limité", Jouvenel montre dans son livre influent que l'État moderne a assidûment démantelé le véritable "fédéralisme" de l'ère pré-moderne en dissolvant divers "domaines" concurrents - qu'il s'agisse du clergé ou de la noblesse.

Cette centralisation du pouvoir a été largement réalisée en faisant appel aux masses, au "peuple" à qui l'on promettait la libération de l'ancienne aristocratie. Retraçant la même histoire racontée en termes économiques par Karl Polanyi dans La grande transformation, Jouvenel examine les raisons pour lesquelles la libération des formes politiques décentralisées a pris fin avec la consolidation et le renforcement du pouvoir centralisé de l'État moderne. Cependant, en s'appropriant et en redéfinissant des termes tels que "liberté", "gouvernement limité" et "fédéralisme", l'État moderne a transformé son pouvoir croissant et consolidé en ce que nous reconnaissons aujourd'hui comme l'État centralisé libéral moderne.

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Les principales idées de l'analyse de Jouvenel ont été exprimées sous une forme puissante et persuasive par Robert Nisbet dans son texte classique de 1953, In Search of Community. Comme Jouvenel, mais en tenant compte de l'expérience des régimes totalitaires du 20ème siècle, Nisbet est arrivé à la conclusion que l'État moderne est fondé sur la dissolution ou la redéfinition effective de diverses affiliations et communautés qui servaient autrefois de principales formes d'identité communautaire - familles, églises, syndicats, communautés, collèges, etc. Alors que Nisbet attribuait la montée des régimes totalitaires fascistes et communistes à la "recherche de la communauté" moderne, il prédisait que la même dynamique s'appliquerait aux démocraties libérales. L'État moderne, la forme politique de la nation moderne, était une fusion de l'individualisme libéral et de la centralisation.

Rien n'était donc "juste comme ça", comme le montre la version déformée de Fukuyama sur la naissance de l'État moderne. Ses prétentions à l'empirisme se heurtent à une montagne de suppositions non vérifiées et de déclarations tendancieuses destinées à rassurer ses auditeurs que tout recul du libéralisme nous ramènera aux âges sombres de la guerre civile, de l'intolérance et de l'oppression.

À la fin de notre conversation, je lui ai dit que nous devrions effectivement être très prudents quant aux affirmations selon lesquelles le libéralisme ouvrirait une ère de tolérance et de paix sans précédent. Au contraire, les preuves empiriques montrent que la principale incarnation politique du libéralisme, les États-Unis, a rarement, voire jamais, toléré un ensemble constant mais changeant d'éléments "inacceptables", des indigènes de son continent aux enfants non désirés, qui sont libérés (de la vie) au nom de la liberté et du choix. Il ne faut pas non plus penser que ce pays est un modèle pour le monde face à l'ennemi actuel (volatile, mais omniprésent) du libéralisme. Les États-Unis ont été en état de guerre presque continuellement tout au long de leur existence, selon certaines estimations, 92% du temps. Pourtant, pour une raison quelconque, nous devons croire que le libéralisme nous a apporté les avantages indéniables de la "paix".

2.

Fukuyama affirme que les "griefs" du libéralisme actuel - économiques et sociaux - bien que réels, sont néanmoins négociables. Il considère l'Europe comme un antidote au "néo-libéralisme" anglo-américain qui est devenu la marque politique de la droite depuis l'ère Reagan et Thatcher et qui s'est poursuivi avec Clinton et Blair jusqu'à aujourd'hui. Voyant cela comme la principale cause du "mécontentement" économique, il pense que l'on s'éloigne déjà du fondamentalisme du marché autrefois promu par Hayek et Friedman et que l'on tente de restaurer le modèle de démocratie sociale économique de l'Europe occidentale.

Il reconnaît la déchéance sociale qui se produit à la racine même du libéralisme. Elle reconnaît la gravité de l'affaiblissement des liens sociaux, des structures morales et des institutions éducatives, qui est l'une des principales conséquences du "succès" du libéralisme. Il cite des penseurs comme moi-même, Sohrab Ahmari et Adrian Vermeule parmi ceux qui insistent sur ce point. Cependant, il affirme qu'il n'y a pas de retour en arrière possible. Comme en économie, le libéralisme peut finalement modérer ces extrêmes en permettant à la nature humaine de s'affirmer.

Comme il l'a écrit dans un essai qui a servi de prélude à son livre, "le libéralisme, correctement compris, est parfaitement compatible avec les impulsions communautaires et est devenu la base de l'épanouissement de diverses formes de société civile".

L'expression remarquable dans sa déclaration est "bien compris", le but ultime du rêveur, représenté par des données empiriques contradictoires. Seul le libéralisme sans les pathologies qui l'accompagnent est le vrai libéralisme, c'est-à-dire le libéralisme "correctement compris". Le libéralisme qui est à l'origine de notre profond mécontentement est simplement basé sur un "malentendu".

Lors de la conférence, j'ai suggéré à Fukuyama qu'il existait au moins une société libérale qui ne connaît aucune des formes extrêmes de "grief" dont il admet l'existence. Je lui ai demandé de citer un pays libéral qui existe en réalité, et non en théorie, qui ne connaît pas de mécontentement, qu'il soit, comme il l'a dit, temporaire ou dépendant d'autres facteurs.

En réponse à ma question, il a souligné les tentatives de l'Europe de contenir le néolibéralisme économique, mais a omis de mentionner que tout pays qui s'efforce d'y parvenir d'une manière ou d'une autre est également confronté à des formes extrêmes de dégradation sociale, qu'il s'agisse de la destruction de l'institution familiale, de la crise de la natalité, du déclin de la conscience religieuse et de la vulnérabilité généralisée des institutions de la "société civile". Si l'on s'en tient aux faits, il est impossible d'éviter la conclusion que nos "mécontents" ne sont pas le fruit du hasard, mais qu'ils sont caractéristiques du libéralisme. Maintenir cette expérience politique éphémère fondée sur le "mythe" de l'individualisme et de l'autocréation revient simplement à provoquer de nouvelles maladies. Ce que Fukuyama décrit comme une pathologie est plus correctement compris comme une maladie génétique au sein même du libéralisme.

3.

Mais s'il y avait une époque où le libéralisme se développait sans ces pathologies ? Cela ne prouve-t-il pas que nous pouvons avoir tous les avantages et aucun des effets négatifs ?

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Oui, on peut contrer l'affirmation précédente en faisant référence à la domination antérieure du libéralisme, lorsqu'il ne présentait ni inégalité économique extrême ni décadence sociale. Comme de nombreux libéraux américains, Fukuyama est attaché au libéralisme qui semble s'être brièvement épanoui dans les premières décennies qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale. Dans son essai, il écrit : "La période de 1950 à 1970 a été l'âge d'or de la démocratie libérale dans le monde occidental. Il se félicite de l'état de droit, des progrès en matière de droits civils, de l'égalité économique relative, ainsi que de la forte croissance économique et de l'expansion du système de protection économique de la classe moyenne.

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En réponse à des critiques tels que moi-même, Ahmari et Vermeul qui, selon lui, veulent faire revivre une certaine forme de christianisme médiéval, Fukuyama écrit que nous ne nous trompons certainement pas en pensant que nous pouvons "remonter le temps". Pourtant, en pointant du doigt les deux décennies durant lesquelles le libéralisme a connu son "âge d'or", Fukuyama offre comme argument empirique que le libéralisme peut s'épanouir sans qu'aucun ressentiment évident ne l'accompagne, si... il remontait le temps ! Ni l'inégalité économique radicale ni la désintégration sociale n'étaient aussi évidentes aux États-Unis au cours de ces décennies avant que le libéralisme ne commence apparemment, bien qu'accidentellement, à s'estomper.

Fukuyama est assez poli pour admettre que l'appel à ces décennies est erroné. Il ne s'agit là que de la nostalgie (justifiée) de l'"âge d'or" de l'Amérique, mais un regard rétrospectif ne fait que souligner le caractère unique et la temporalité de cette période. L'Amérique avait gagné le conflit mondial, sa vie économique et sociale était relativement intacte à une époque où une grande partie du reste du monde développé était en ruines. Elle a brièvement joui des trophées uniques de la victoire, se libérant de toute concurrence économique et produisant des biens et des ressources dont le reste du monde avait désespérément besoin. Elle a créé un système économique international très favorable à ses propres intérêts économiques et politiques, qui est aujourd'hui de plus en plus fragile.

Les années 1970, reconnues par Fukuyama comme étant la fin de cet "âge d'or", ont marqué le début de la fin de l'hégémonie américaine, les limites de sa domination militaire ayant été révélées. La position économique autrefois unique des États-Unis est aujourd'hui compromise par sa dépendance au pétrole du Moyen-Orient (et la crise qui s'ensuivra dans les prochaines décennies), sa brève harmonie politique intérieure brisée par la désintégration sociale motivée par la réussite matérielle, le démantèlement de l'héritage des institutions et l'arrogance. Aujourd'hui, tout le monde s'accorde à dire que nous vivons le crépuscule d'un bref moment impérial unique dans l'histoire du monde. Et Fukuyama offre cet ordre ancien comme une panacée pour le libéralisme, croyant qu'il peut résister à tous ses problèmes.

Cet ordre politique hautement suspect ne pouvait fonctionner que dans ces conditions historiques uniques, idéales et temporaires. Si le monde, et même l'Amérique, n'étaient pas encore libéraux avant 1950, et que les troubles n'ont commencé que vingt ans plus tard, quelle conclusion pouvons-nous et devons-nous tirer de ce moment de l'histoire ? Il ne semble pas que la conclusion à laquelle Fukuyama nous appelle contredise ce que nous devrions voir clairement de nos propres yeux : que le libéralisme a des ressources internes et la capacité de surmonter le mécontentement qu'il génère. Au contraire, l'évidence, non entachée de vœux pieux et de nostalgie spectrale, suggère que Fukuyama est bien plus un "théoricien" que l'empiriste pur et dur qu'il essaie d'être.

Fukuyama semble avoir finalement reconnu les limites de sa propre prétention à démontrer la supériorité inhérente du libéralisme, tant dans notre conférence que dans son essai, faisant appel au spectre des alternatives illibérales et anti-libérales comme principale raison de venir en aide au libéralisme. Dans son essai, il cite des pays comme l'Inde, la Hongrie et la Russie comme exemples d'alternatives illibérales qui, malgré les imperfections de l'Amérique, devraient nous aider à éviter un destin illibéral. Ces pays, écrit-il, utilisent le pouvoir de l'État pour "détruire les institutions libérales et imposer leurs vues à la société dans son ensemble". (D'autre part, ici aussi les faits réels montrent que l'ordre libéral n'est guère à l'abri de telles formes d'imposition politique et sociale. Mais cela s'écarte de la principale conclusion que l'on peut tirer de son raisonnement).

Lors de notre conférence, il (et d'autres) a qualifié à plusieurs reprises la Russie et le conflit en Ukraine de spectre qui devrait hanter les libéraux pusillanimes. Si le libéralisme a pu une fois de plus tenter de surmonter ses difficultés, c'est grâce à notre engagement commun à combattre la menace que représente le rival mondial illibéral qu'est la Russie dans un avenir proche et la Chine qui se profile à l'horizon.

Nous rappelons ici une fois de plus l'appel au libéralisme "naissant" des années 1950 et 1970. Ce furent les décennies non seulement de l'État unique des États-Unis, mais aussi de la consolidation de l'Amérique comme l'une des deux superpuissances mondiales revendiquant l'hégémonie idéologique mondiale. L'Amérique a pu contenir le mécontentement politique en grande partie non seulement en raison de sa richesse, mais aussi en raison de la perception d'une menace existentielle d'un ennemi extérieur. Il s'avère que le libéralisme a prospéré lorsqu'il avait un ennemi.

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Le destin est très ironique : Fukuyama s'est fait un nom et une réputation de penseur audacieux en affirmant que la chute du mur de Berlin en 1989 était "la fin de l'histoire". L'histoire s'est terminée parce que la plus vieille énigme politique a été résolue : les événements de 1989 ont répondu à la question "quel régime est le meilleur?" par: "la démocratie libérale". Il n'y avait plus de rivaux au libéralisme. Ses rivaux, le fascisme et le communisme du 20ème siècle, ont été vaincus, et le seul régime survivant qui répondait aux besoins politiques fondamentaux de l'homme était la démocratie libérale. Bien qu'il reconnaisse qu'ils resteront des opposants distincts à cette conclusion indéniable, aucun d'entre eux ne représente une réelle menace pour la victoire du libéralisme.

Trente-trois ans plus tard, Fukuyama fonde ses espoirs pour le libéralisme sur notre reconnaissance commune d'un ennemi commun. L'espoir d'arrêter l'histoire a été de courte durée. Rétrospectivement, 1989 n'a pas été la victoire finale du libéralisme, mais une illusion de victoire. Notre désaccord actuel avec ce régime commençait déjà à se manifester lorsque la mondialisation économique et le rôle croissant du secteur financier dans l'économie ont commencé à créer un état mondial historique d'inégalité économique et que tous les indicateurs de bien-être social se sont effondrés dans tout l'Occident développé.

1989 n'était pas la fin de l'histoire, c'était le début de la fin du libéralisme.

Fukuyama n'a pas mieux prédit l'avenir en 1989 qu'il ne le fait aujourd'hui. Cependant, il sait maintenant que le libéralisme doit être soutenu par tous les moyens disponibles, et si une déformation partielle des faits est nécessaire, il s'attellera à cette tâche. Le problème est que nous ne sommes pas en 1989, et encore moins en 1950. Les années 2000 nous ont certainement montré que l'histoire n'est pas terminée. La seule chose qui a pris fin est le projet de "fin de l'histoire" de Fukuyama.

Source : postliberalorder.substack.com

vendredi, 12 août 2022

Vladimir Poutine et la multipolarité

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Vladimir Poutine et la multipolarité

Shahzada Rahim

Source: https://katehon.com/en/article/vladimir-putin-and-multipolarity?fbclid=IwAR2UMAT3P9gJ-xk1DsIX1ZtybNBUUbMA4QjJUpUcClnSER6KfmUO4_tFCEA

Depuis son accession à la présidence russe, Vladimir Poutine a attiré l'attention des grands médias mondiaux pour deux raisons majeures. Premièrement, dans sa jeunesse, il a servi dans les services de renseignement soviétiques (KGB) et pendant la désintégration de l'Union soviétique, il était colonel au siège du KGB à Dresde, en Allemagne de l'Est. Cela signifie que le jeune dirigeant russe a des souvenirs éléphantesques de l'époque soviétique. Deuxièmement, après la chute de l'Union soviétique, le jeune Vladimir Poutine, qui est diplômé en droit et ancien officier du KGB, s'est retrouvé sans emploi pendant une brève période jusqu'à ce que le maire de Saint-Pétersbourg, Anatoly Sobchak, le nomme au bureau, où il a d'abord servi en tant qu'officier junior avant de devenir maire adjoint. Ces deux expériences sont devenues la raison principale qui a attiré l'attention des grands médias mondiaux sur la personnalité obscure, mystérieuse et incompréhensible du jeune leader russe.

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Au lendemain de l'attaque terroriste de septembre 2001, Vladimir Poutine est devenu le premier dirigeant mondial à se rendre aux États-Unis et a rencontré le président américain de l'époque, George W. Bush. Après une brève rencontre avec le jeune dirigeant russe, le président Bush a déclaré publiquement : "J'ai regardé l'homme dans les yeux. Je l'ai trouvé très franc et digne de confiance". Peut-être que la tentative du président Bush de sonder l'âme de Vladimir Poutine n'était pas une gaffe géopolitique, car dans ses décisions et sa défense des intérêts de la Russie, Vladimir Poutine s'est toujours montré franc et digne de confiance.

Néanmoins, ce n'est pas seulement dans la sphère politique que Vladimir Poutine a été mal compris et mal interprété, mais aussi dans la sphère géopolitique. Selon les mots du célèbre animateur de télévision russe et icône des médias mondiaux Vladimir Pozner, "Au cours des vingt dernières années, les dirigeants occidentaux ont mal compris Vladimir Poutine et, par conséquent, au cours de la même période, la façon dont Vladimir Poutine s'est présenté était le reflet même de la mentalité politique occidentale.

Si nous analysons la personnalité du dirigeant russe d'un point de vue géopolitique, il apparaît sans aucun doute comme un réaliste pragmatique complet qui considère toujours la "sécurité" de la Russie comme sa priorité absolue. Au cours des premières années de sa présidence, Vladimir Poutine a établi des relations étroites tant avec les États-Unis qu'avec ses voisins européens. Pour obtenir les garanties de sécurité des États-Unis et de ses alliés européens, la Russie a collaboré avec l'OTAN pour créer le Conseil OTAN-Russie en 2002. La tâche principale du Conseil OTAN-Russie était la recherche d'un consensus, la coopération et la consultation mutuelle sur les questions de sécurité. Il ne faut peut-être pas oublier ce geste pragmatique de Vladimir Poutine.

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En outre, depuis les premiers jours de son mandat, Vladimir Poutine n'a cessé de partager les lignes rouges de la sécurité de la Russie avec les États-Unis et ses alliés de l'OTAN en Europe. Les experts en politique étrangère ont qualifié le pragmatisme de la politique étrangère de Poutine, celle d'une approche de la Russie face à son étranger proche,  d'efficace jusqu'en 2004. Les préoccupations de la Russie en matière de sécurité ont commencé à s'aggraver lorsqu'un grand nombre d'États post-soviétiques d'Europe baltique et orientale ont rejoint l'Union européenne. Néanmoins, dès le début, la Russie a perçu l'expansion vers l'est de l'UE sous l'angle du dilemme de la sécurité et, par conséquent, lors de plusieurs rencontres internationales, Vladimir Poutine a remis en question la politique d'expansion vers l'est de l'UE. Ici, la montée en flèche des préoccupations sécuritaires de Poutine peut être mise en parallèle avec l'analyse du célèbre auteur géopolitique Tim Marshall. Selon Marshall, tout au long de l'histoire, la Russie a été prisonnière de sa géographie plate, vaste et trop étendue, où la "sécurité" est toujours restée l'obsession de ses dirigeants.

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De même, la politique d'expansion vers l'est de l'UE, qui a débuté en 2004, est devenue le principal sujet de débat et de discussion parmi les élites politiques et sécuritaires russes. Les élites russes de la sécurité, en particulier, pensaient que l'expansion vers l'est de l'UE visait à ouvrir la voie à l'OTAN pour atteindre les frontières russes. Ainsi, de cette discussion est né un nouveau phénomène de sécurité, celui de "l'encerclement de la Russie", qui a fini par dominer la politique étrangère russe pour les années à venir. La plupart des élites politiques et de sécurité russes ont directement blâmé les États-Unis pour l'américanisation des politiques étrangères et de défense européennes. À cet égard, si quelqu'un veut comprendre le contexte du conflit actuel entre la Russie et l'Ukraine, il doit étudier la transformation de la politique étrangère russe après 2004. En outre, l'année 2004 est importante pour deux raisons majeures.

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Premièrement, 2004 a marqué le début de l'expansion de l'UE vers l'est et donc des avancées de l'OTAN vers les frontières russes. Deuxièmement, au cours de ces mêmes années, les révolutions de couleur ont commencé dans l'espace post-soviétique, en commençant par l'Ukraine, dont la Russie pense qu'elles étaient parrainées par l'OTAN pour renverser les régimes favorables à la Russie. Ainsi, dans le sillage des révolutions de couleur, le terme "Sécurité de la sphère d'influence de la Russie" est devenu l'obsession majeure des élites politiques et sécuritaires russes.

Dans ce dernier contexte, si nous révisons la pensée géopolitique du président russe, alors, selon Poutine, la chute de l'Union soviétique a été la plus grande catastrophe géopolitique du vingtième siècle qui a mis en péril la sécurité géopolitique de la Russie. C'est peut-être la raison pour laquelle, dès les premiers jours de son mandat, Vladimir Poutine a spéculé sur les problèmes de sécurité de la Fédération de Russie. Même, concernant les lignes rouges de la Russie, il a lancé un avertissement clair aux États-Unis et à ses alliés européens de l'OTAN lors de son discours à la Conférence sur la sécurité de Munich en 2007. Vladimir Poutine a déclaré : "le fait que nous soyons prêts à ne pas placer l'armée de l'OTAN en dehors du territoire allemand donne à l'Union soviétique une solide garantie de sécurité" - où sont ces garanties ? Ainsi, du point de vue géopolitique de Poutine, les Américains et leurs alliés européens ont éclipsé et méprisé les garanties de sécurité données à la Russie et ont permis à l'OTAN d'encercler la Russie, ce qu'il considère comme une promesse non tenue.

En tant que réaliste pragmatique, Vladimir Poutine estime que puisque l'Amérique et ses alliés européens ont rompu la promesse, la Russie a le droit naturel d'assurer sa sécurité dans l'espace post-soviétique. Par conséquent, les événements tels que la guerre avec la Géorgie (2008) et l'annexion de la Crimée (2014) n'étaient qu'un calme avant la tempête. À mon avis, ces événements ont été le signal d'alarme pour que l'OTAN abandonne son expansionnisme le long des frontières russes. Malheureusement, à l'Ouest, ces deux événements majeurs n'ont pas été reçus comme des avertissements majeurs ; au contraire, l'Ouest les a considérés comme une agression russe et un néo-impérialisme, ce qui est complètement hors de toute logique.

Selon Poutine, l'Occident doit respecter la Russie en tant que pôle distinct dans l'ordre international, aux côtés d'autres puissances mondiales émergentes comme la Chine et l'Inde. Selon Poutine, le moment unipolaire est terminé et l'état de droit international ne peut être renforcé et mis en œuvre que si l'Occident respecte la "sphère d'influence" de chaque pôle. En outre, la multipolarité émergente est réelle et l'Occident doit comprendre ce fait, s'il est un tant soit peu sérieux en matière de paix et de sécurité internationales.

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L'Auteur:

Shahzada Rahim est l'auteur du livre Beyond Civilization and History et un expert en géopolitique. Il est le rédacteur en chef du portail d'information The Eurasian Post.

Le chômage dans la quatrième révolution industrielle

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Le chômage dans la quatrième révolution industrielle

Ernesto Mila

Source: https://info-krisis.blogspot.com/2022/05/cronicas-desde-mi-retrete-el-paro-en-la.html

L'expression "quatrième révolution industrielle" a été inventée par Klaus Schwab, président du Forum économique mondial. De nombreux autres, avant lui, nous avaient avertis; ils nous ont dit: l'idée que l'humanité - en fait, les pays développés - est confrontée à une nouvelle mutation qui accompagne la technologie et qui aura un impact plus rapide (et plus profond) sur notre société que toute autre mutation précédente. Schwab a simplement profité de sa position de membre du comité directeur du club Bilderberg et de président du Forum économique mondial pour populariser le terme. Il est donc l'un des visages publics de "l'élite", de ceux qui "tirent les ficelles"... Il vaut la peine de connaître ses critères.

Lorsqu'il lit un livre, le lecteur suppose que l'auteur est "sincère". Il ne cache rien, il analyse un sujet de manière plus ou moins objective et exprime son opinion. En réalité, ce n'est pas le cas. Tout auteur a tendance à cacher les aspects qui ne favorisent pas sa thèse ou qui pourraient provoquer l'animosité des lecteurs, voire générer des réactions indésirables de la part du lecteur. Ainsi, il faut être très prudent en lisant La quatrième révolution industrielle écrite par Klaus Schwab et préfacée dans son édition espagnole par Ana Botín (qui en profite pour faire l'apologie de Banco Santander, en soulignant combien elle se soucie des citoyens...).

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La grande remise à zéro, ou la panacée universelle

Schwab est également l'un des doctrinaires de la "grande réinitialisation", l'idée que la pandémie était une occasion de façonner "la reprise économique et les relations mondiales". Lorsqu'il a lancé cette idée en 2020, il avait à ses côtés le prince Charles d'Angleterre, héritier du trône britannique et membre d'une autre des familles "élites" du monde. Charles, après avoir entendu les propositions de Schwab et les mesures qu'il proposait au niveau mondial, a seulement accepté de dire que tout cela serait mis en œuvre "si la population l'accepte".

Schwab a dû sourire devant tant de naïveté (ou de cynisme) : si nous en sommes arrivés là, à accepter la mondialisation malgré ses défauts évidents et l'instabilité croissante de l'économie mondiale, si nous en sommes arrivés à voter pour des "leaders mondiaux" tels que Biden, Sánchez, Macron ou Trudeau, si nous avons accepté d'être enterrés chez nous pendant deux ans à cause d'une grippe à faible taux de mortalité, comment ne pas accepter la "grande réinitialisation", et encore plus si elle nous est présentée comme un chemin jonchés de pétales de roses.

Schwab, à l'époque, a défini la "grande réinitialisation" en déclarant que "la pandémie représente une rare opportunité de réimaginer, réfléchir, renégocier et redémarrer notre monde et de forger un avenir plus sain, plus équitable et plus prospère".

Le mot d'ordre du millénaire est "durabilité"

Depuis deux ans, les laboratoires technico-scientifiques ne chôment pas. La société a évolué, mais pas la recherche et l'application de nouvelles techniques. De plus, alors que la population s'inquiétait de savoir si elle devait être vaccinée une troisième ou une vingtième fois, si elle utilisait le même masque depuis deux jours, si cette variante du virus était plus mortelle ou si tout cela n'était qu'une exagération, si l'ERTE serait perçu à la fin du mois et combien de temps il durerait... les laboratoires étaient, à ce moment précis, en train de générer des techniciens pour - comme l'a dit Schwab - s'engager sur la "voie de la durabilité".

"Durabilité" est le mot clé de toute cette orgie de slogans : si nous ne sommes pas "durables", la planète meurt. Et, bien sûr, si les pôles fondent, si notre "empreinte carbone" est tangible, si nous ne créons pas de centrales énergétiques "propres"... nous allons à vau-l'eau. Nous tous, le vaisseau planétaire, périssons. Et nous avec. Alors qui pourrait renoncer à la "durabilité" de la planète ?

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Et pourtant, il faut analyser les termes pour voir qu'il s'agit d'un gros mensonge : quelque chose est "durable" lorsqu'il se perpétue dans le temps. Et le temps est une ligne infinie, bien plus encore du point de vue humain. Cette idée est complétée par une autre : le "développement" est un synonyme de "progrès". S'il y a développement, il y a progrès. Ainsi, en réunissant les deux termes, on considère qu'il s'agit d'un syntagme optimiste : mieux vaut un "développement durable" qu'une "pauvreté insoutenable", bien sûr. Toutefois, cela s'applique à la planète Terre, c'est-à-dire à une planète aux possibilités limitées. Il est important de ne pas l'oublier : il n'y a pas plus de pétrole sur terre qu'aujourd'hui, et il diminue chaque jour. Et il en va de même pour tout autre minéral. Nous pourrions prolonger l'"ère du silicium", grâce au fait qu'il s'agit de l'un des éléments les plus courants de la planète... mais nous ne pourrons pas la prolonger éternellement, car le silicium, comme le pétrole, est présent sur Terre dans un volume spécifique et fini. L'idée même de "développement durable" implique la nécessité d'une planète aux ressources infinies. Et ce n'est certainement pas le cas.

Des milliards de chômeurs: le premier effet de la "révolution technologique"

Ce genre d'idées, qui n'ont aucune base objective et sont facilement réfutables, est au cœur de la théorisation de Schwab sur l'avenir technologique qui nous attend. Par exemple, dans une démonstration de sincérité, Schwab reconnaît que la "révolution technologique" aura certains effets négatifs sur l'emploi. Et il dit : tout comme la révolution de la vapeur, la première, a généré des mouvements de protestation contre elle, maintenant il y a le même risque, mais il n'y a pas de problème, parce que de nouveaux emplois et de nouvelles opportunités commerciales seront créés. Et nous en revenons donc au "futur plus sain, plus équitable et plus prospère", sur lequel ils insistent sans cesse. Cette idée est-elle vraie ?

Bien sûr, chaque révolution technologique génère de nouvelles attentes et de nouveaux emplois. La révolution néolithique a entraîné une augmentation du nombre de personnes travaillant dans l'agriculture, la révolution Gutenberg a entraîné une augmentation du nombre de compositeurs, d'imprimeurs, de relieurs, et donc de tanneurs, de fabricants de papier, etc. Chaque révolution technologique a généré de nouveaux emplois qui n'existaient pas auparavant, mais il y a une différence aujourd'hui : la presse à imprimer existe depuis plus de trois siècles et en générant des emplois importants par rapport au nombre total d'habitants, elle l'a fait progressivement. Les effets de la révolution de la vapeur, qui a commencé en 1760, n'ont commencé à se faire sentir dans la société industrielle qu'un siècle plus tard, lorsque les industries textiles alimentées par des chaudières se sont multipliées dans tout le monde développé. Même lorsque Henri Ford a mis en place des chaînes de production et que le taylorisme est apparu, ses effets sur l'emploi n'ont pas été immédiats ; il a fallu attendre la Seconde Guerre mondiale pour qu'ils soient généralisés. En d'autres termes, entre l'irruption d'une nouvelle technologie et ses répercussions sociales, quelques décennies s'écoulent.

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Mais ce ne fut pas le cas avec la "troisième révolution industrielle". Dès la fin des années 1960, l'humanité a rapidement embarqué, d'abord le transistor, puis la puce électronique. De l'avènement de l'Internet à sa généralisation, il s'est écoulé à peine huit ans. Encore moins pour l'émergence et la diffusion de la génération intelligente de la téléphonie. Schwab lui-même nous donne quelques prévisions : en 2025, la voiture autonome et les drones de transport se seront généralisés, la robotisation des entreprises sera arrivée à peu près au même moment. Et ainsi de suite. La nouveauté de la "quatrième révolution industrielle" est la vitesse à laquelle elle se propage. Nous comprendrons alors la "terreur" de Schwab face à la situation qui pourrait être créée.

Par exemple, il y a 300.000.000 de chauffeurs de taxi dans le monde. Certains d'entre eux travaillent pour ce que Schwab appelle des "entreprises disruptives" (Uber, par exemple), ce qui constitue effectivement une "nouvelle opportunité d'emploi" dans la "quatrième révolution industrielle", mais que restera-t-il de ces emplois après l'arrivée des "voitures autonomes" qui ne nécessitent pas de conducteur? Réponse: 300.000.000 de chauffeurs de taxi au chômage dans le monde.

Autre possibilité: les magasiniers de supermarché. Des centaines de millions d'autres dans le monde qui sont destinés à se retrouver au chômage dès que la robotique fera irruption dans ces établissements.

Plus encore: les chauffeurs-livreurs. En effet, d'autres entreprises "disruptives" (Amazon, Bangoog, Alibaba) ont anéanti des millions de petits commerces, mais il est également vrai qu'elles ont créé des emplois de chauffeurs-livreurs, sans oublier qu'à l'intérieur des grands centres logistiques d'Amazon, ils sont déjà complètement robotisés et qu'à Barcelone, par exemple, avec le volume de neuf blocs de l'Eixample (300x300 mètres de surface), ils emploient à peine 50 personnes dans leurs différentes équipes. D'ici quelques années, les drones dans les airs, les mini-véhicules autonomes au sol, remplaceront absolument tous ceux qui aujourd'hui vivent de la livraison. Sans oublier que, à l'exception des grandes chaînes situées dans des zones prestigieuses, le reste des vendeurs est également destiné à perdre son emploi...

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Et ce n'est pas un seul secteur qui va subir la mutation, mais celle-ci va se faire sentir dans la majorité des secteurs d'emploi. C'est une chose que les syndicats ne reconnaissent pas et sur laquelle ils n'ont aucune opinion (après tout, ils sont des vestiges de la deuxième révolution industrielle et y sont restés). Le fait est que, dans peu de temps, les niveaux de chômage pourraient dépasser les pires moments des grandes crises économiques et ils ne seront pas générés par la récession engendrée par ces mêmes crises, mais par l'évolution technologique.

Et le problème caché par Schwab et tous ceux qui, comme lui, croient en un "avenir plus sain, plus équitable et plus prospère", c'est que les "nouveaux emplois" qui ne manqueront pas de se créer ne seront pas occupés par du personnel peu qualifié, mais que les quelques emplois créés par rapport à ceux qui sont perdus exigeront des qualifications technologiques élevées, alors que ceux qui sont perdus ne nécessitent pas de compétences élevées. Les emplois liés à la maintenance et au développement de ces nouvelles technologies vont, bien sûr, augmenter... mais rien de plus. Et il n'y aura jamais autant d'emplois créés que ceux qui seront détruits par cette quatrième révolution industrielle. L'accumulation de chômeurs générera inévitablement des situations explosives de protestation sociale.

C'est ce qui explique bon nombre d'attitudes des gouvernements actuels

A partir de là, nous pouvons comprendre beaucoup de choses :

    - on peut comprendre pourquoi les gouvernements testent la possibilité d'un "revenu de subsistance de base".

    - on comprend pourquoi toutes les mesures approuvées par les gouvernements tendent à réduire la population (en commençant par l'avortement et en terminant par l'euthanasie, en ignorant les avertissements concernant certains additifs considérés comme responsables de l'infertilité masculine et féminine).

    - il est compréhensible que les gens soient encouragés à avoir des animaux de compagnie plutôt que des enfants.

    - on comprend pourquoi il y a une permissivité croissante par rapport aux drogues et pourquoi les effets négatifs causés par des drogues sociales apparemment plus inoffensives sont cachés et les campagnes de lutte contre la toxicomanie ont disparu.

    - on comprend pourquoi on insiste sur la question des LGTBIQ+ qui, si elle sert à quelque chose, c'est pour justifier la baisse du taux de natalité et comme couverture des problèmes majeurs qui, bien sûr, ne sont pas causés par le fait qu'untel ou untel se regarde dans le miroir et se voit avec un sexe différent de celui qui lui a été attribué par son ADN.

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- On comprend l'intérêt porté au développement de systèmes générant des mondes virtuels (le Metaverse et d'autres initiatives similaires) qui permettront aux citoyens de créer plus facilement une réalité virtuelle dans laquelle ils pourront s'immerger, selon leur bon vouloir, sans aucun contact avec la réalité objective, et dans laquelle ils resteront dans une situation de léthargie physique.

    - on comprend que la grande terreur des élites économiques et des sectes mondialistes soit la réaction de la population à un avenir dans lequel la grande majorité devra vivre de la charité publique dans une situation très bien décrite par la littérature cyberpunk.

    - on comprend également pourquoi les gouvernements occidentaux autorisent une immigration de masse sans restriction, qui contribuera à la perte d'identité et à la conversion des sociétés occidentales en un échiquier où opèrent de petits groupes ethniques-religieux-sociaux sans lien entre eux, empêchant toute contestation globale.

    - En bref, on peut comprendre pourquoi les gouvernements et les grands centres de décision mondialistes (ONU, UNESCO) et globalisants (Club Bilderberg, Forum économique mondial) sont si pressés de faire modifier les lois, les constitutions et les concepts avant qu'une vague de protestations mondiales ne se produise, empêchant la réalisation de leurs projets pour "un avenir plus sain, plus équitable et plus prospère". Si ces changements juridiques et constitutionnels interviennent après que la révolution technologique a semé dans tous les pays des centaines de millions de chômeurs, il pourrait bien y avoir un retour de bâton - même violent - contre les promoteurs et les augures de cet avenir. C'est pourquoi ils s'empressent de serrer la vis à la société, en créant de faux problèmes, en établissant des lois draconiennes, en réformant l'éducation jusqu'à des extrêmes ridicules, en essayant d'effacer toute trace d'identité dans la population.

Il faut savoir que la "quatrième révolution industrielle", à tous points de vue, est impossible et incompatible avec les destinées humaines. Elle a été conçue par des "élites" économiques, bénéficiaires de la mondialisation, pourvues de conceptions culturelles mondialistes. Elle a été conçue pour leur propre bénéfice et enveloppée dans leurs délires idéologiques. Elle n'a pas été conçue, pas pour vous, pas pour moi, pas pour nos voisins, pas pour nos enfants.

Sa "quatrième révolution industrielle" n'est pas ce dont l'humanité a besoin.

jeudi, 11 août 2022

L'Occident libéral et la Russie fasciste? Slavoj Zizek, un pop-philosophe perdu dans la jungle des concepts

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L'Occident libéral et la Russie fasciste? Slavoj Zizek, un pop-philosophe perdu dans la jungle des concepts

Markku Siira

Source: https://markkusiira.com/2022/08/09/liberaali-lansi-ja-fasistinen-venaja-kasitteissa-sekoilevan-pop-filosofin-politiikkaa/

Slavoj Žižek, un philosophe pop "freudo-marxiste", a publié un article sur le site Project Syndicate dans lequel il se demande ce que la gauche "éveillée" (=woke) et la droite alternative ont en commun.

Selon l'auteur, le conflit en Ukraine montre que les divisions politiques qui ont défini notre siècle sont fondamentalement fausses. Selon Žižek, le Kremlin représente la "droite alternative" et l'Europe le "système libéral politiquement correct", mais les deux camps combattent le système capitaliste mondial.

Le précédent remue-méninges de Žižek sur la défense de l'OTAN et de l'Ukraine n'a pas seulement suscité l'admiration des libéraux occidentaux, mais aussi des critiques justifiées. Maintenant, le Slovène essaie de prétendre qu'il n'y a pas tant de différence entre les deux camps dans le jeu géopolitique. Au final, il ne réussit qu'à rendre les choses plus compliquées.

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Žižek commence par évoquer le psychologue canadien Jordan Peterson (ci-dessus), qui a précédemment condamné l'opération militaire spéciale de la Russie en Ukraine, mais qui en est venu depuis à défendre la Russie "métaphysiquement". Se référant aux journaux intimes de Dostoïevski, Peterson a affirmé que "l'individualisme hédoniste de l'Europe occidentale est inférieur à la spiritualité collective russe".

Selon Žižek, Peterson accepte la définition du Kremlin de la civilisation occidentale libérale comme étant "dégénérée". Le Canadien décrit le postmodernisme comme "une variante du marxisme qui cherche à détruire les fondements de la civilisation chrétienne". Vu sous cet angle, la guerre en Ukraine est "un concours entre les valeurs chrétiennes traditionnelles et une nouvelle forme de décadence communiste".

Pour Žižek, l'adoption par Peterson d'une "position pro-russe mais anticommuniste" indique une orientation politique plus large. En Europe, cette ligne est représentée par le Hongrois Viktor Orbán, qui tente de créer un terrain d'entente entre l'euro-atlantisme et le nationalisme, dénonçant de manière populiste les "mondialistes", tout attendant peut-être le retour de Trump?

Žižek estime que le même esprit peut être observé aux Etats-Unis. Selon lui, "de nombreux représentants du parti républicain" ont refusé de soutenir l'Ukraine. J.D. Vance, candidat républicain au Sénat dans l'Ohio, soutenu par Donald Trump, a déclaré qu'il est "insultant et stratégiquement stupide d'allouer des milliards de ressources à l'Ukraine tout en ignorant les problèmes de notre propre pays".

Dans la même veine, Matt Goetz, membre républicain de la Chambre des représentants de Floride, menace de couper l'aide américaine à l'Ukraine si son parti prend le contrôle de la Chambre en novembre.

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Les différences entre les démocrates et les républicains sont-elles vraiment si grandes, et la ligne de politique étrangère définie par l'appareil d'État permanent, l'"État profond", changerait-elle si les républicains arrivaient au pouvoir ? J'en doute, il s'agit probablement de faire du tapage et de marquer des points pour faire éclore une fausse opposition. Les deux parties sont également d'accord sur la Chine, et l'administration Trump elle-même a parlé d'un "choc des civilisations".

Malgré l'anticommunisme de Peterson, il s'attaque à la principale conséquence du capitalisme mondial. Žižek se réfère à Marx et Engels, qui ont écrit, il y a plus de 150 ans, dans le premier chapitre du Manifeste du Parti communiste, l'impact du capitalisme destructeur bourgeois sur les cultures populaires :

"La bourgeoisie a détruit toutes les relations féodales, patriarcales, idylliques partout où elle est arrivée au pouvoir..... Toutes les relations périmées, rouillées et les vieilles idées et opinions chères qui les accompagnaient se dissolvent, tout ce qui vient d'être formé vieillit avant de pouvoir être dissous, tout ce qui est traditionnel et permanent disparaît, tout ce qui est sacré est profané, et les gens sont enfin forcés de regarder leur position dans la vie et leurs relations les uns avec les autres avec des yeux ouverts".

Les théoriciens culturels de la nouvelle gauche, qui continuent de concentrer leur critique sur "l'idéologie et la pratique patriarcales", ignorent cette observation. Pourtant, la critique du patriarcat a atteint son apothéose précisément au moment historique où le modèle social traditionnel a perdu sa position hégémonique, c'est-à-dire lorsqu'il a été remplacé par un individualisme de marché capitaliste et sans racines.

De tels "gauchistes" sont des moutons déguisés en loups, prétendant être des révolutionnaires radicaux alors qu'ils ne font que protéger le système capitaliste dominant, ultra-libéral, sous-entend également Žižek - bien qu'il ne soit pas meilleur, étant lui-même un nazi pro-occidental.

En tout état de cause, l'effondrement des relations sociales et des formes traditionnelles est déjà bien entamé: tous les aspects de l'identité humaine dans la société moderne sont une question de choix. La nature (et la nature humaine) est également de plus en plus soumise aux manipulations technologiques.

Néanmoins, la "guerre civile" que Peterson voit se dérouler en Occident est, selon Žižek, une chimère, un conflit entre deux versions du même système capitaliste mondial : elle oppose "l'individualisme libéral débridé" au "conservatisme néo-fasciste", qui "cherche à combiner le dynamisme capitaliste avec les valeurs et les hiérarchies traditionnelles".

Cela nous amène aux stigmatisations qui volent à qui mieux mieux et aux confrontations féroces entre internautes sur les champs de bataille des médias sociaux. Si vous êtes du côté de l'UE et des États-Unis et que vous souhaitez une extension de l'ordre libéral, vous êtes une "bonne personne" selon le récit des médias grand public. Si vous êtes positif, ou même neutre, à l'égard de la Russie de Poutine, vous êtes un troll, fauteur de fake news; un "fasciste" eurasien, noir jais - ou du moins rouge-brun.

Mais en regardant un peu plus objectivement, en Occident, l'"herméneutique" politiquement correcte, le wokisme, a remplacé la lutte des classes en créant une élite libérale qui prétend protéger les minorités ethniques et sexuelles en danger, simplement pour détourner l'attention de la prise de pouvoir économique et politique de ses propres membres.

Dans le même temps, cette diversion de la cabale bancaire centrale permet aux populistes de la droite alternative de se présenter comme les défenseurs des "vraies gens", contre les élites du monde des affaires et de l'"État profond". Tout cela n'est-il qu'une grande pièce de théâtre et dans quelle mesure les différences idéologiques sont-elles réelles dans un monde qui s'écroule sous nos yeux ? Trump, Biden, Poutine et Orbán ont tous également fait la promotion des vaccins pendant la crise sanitaire.

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Žižek en conclut donc que les différents partis font partie du même système et qu'ils s'affrontent sur un tas de ferraille. Selon le penseur slovène, les guerres culturelles ont remplacé la lutte des classes comme moteur de la politique : aucun des deux camps, selon lui, ne défend les exploités, ni même ne s'intéresse à la classe ouvrière.

Le philosophe pop lui-même semble être perplexe face à la situation actuelle. Il confond également les concepts en qualifiant le conservatisme de "néo-fasciste", alors que c'est précisément cette conscience traditionnelle qui combat le néo-fascisme moderne en Ukraine et tente (plutôt sans succès) de défendre les peuples indigènes en Europe.

Žižek est heureux de répéter les mantras de la néo-gauche pseudo-radicale, dans laquelle toute forme de "conservatisme" - et peut-être aussi de "socialisme aux caractéristiques chinoises" ? - est grossièrement considéré comme du "fascisme" (il laisse de côté le fascisme arc-en-ciel du capitalisme libéral et les néonazis d'Ukraine, mais c'est désormais une condition préalable pour maintenir une carrière et une réputation dans les institutions occidentales).

Il est douteux que Žižek ou Peterson soient assez intelligents pour comprendre - et encore moins pour expliquer - les processus en cours de changement géopolitique et économique visant à construire un nouvel ordre mondial non occidental. L'Asie et le Sud global attendent-ils leur tour sous les feux de la rampe ? Pendant un certain temps encore, l'Occident, derrière le nouveau rideau de fer numérique, fera rage contre l'extinction de cette lumière.

Alice Weidel : "L'Ukraine aurait dû devenir neutre"

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Alice Weidel : "L'Ukraine aurait dû devenir neutre"

Kiev aurait dû être encouragée à devenir un Etat neutre, affirme Alice Weidel dans un entretien.

Source: https://contra24.online/2022/08/alice-weidel-ukraine-haette-neutral-werden-muessen/

Alice Weidel, la présidente du parti Alternative pour l'Allemagne (AFD), a identifié l'erreur de l'Occident concernant l'Ukraine. Selon la politicienne, les alliés de Kiev auraient dû policer l'image de ce pays d'Europe de l'Est en l'encourageant à devenir Etat neutre au lieu de l'entraîner dans l'OTAN et l'UE.

Dans un entretien avec la ZDF publié dimanche, on a demandé à Mme Weidel pourquoi certains membres de l'AFD justifiaient l'offensive russe contre l'Ukraine ou même diffusaient de la "propagande du Kremlin". La chef de groupe de l'AFD a répondu : "Dans notre parti et notre groupe, il est indiscutable qu'il s'agit d'une guerre d'agression de la Russie contre l'Ukraine, contraire au droit international".

Weidel a toutefois souligné qu'en considérant le conflit actuel dans ce pays d'Europe de l'Est, il ne fallait pas négliger le contexte historique des événements actuels. "L'intégration de l'Ukraine et les projets d'inclusion de l'Ukraine dans l'OTAN et l'UE sont, depuis des décennies, quelque chose que les Russes n'accepteront jamais", a précisé la politicienne allemande.

Moscou a toujours été clair sur le fait qu'il n'accepterait pas une "puissance adverse dans son arrière-cour", a-t-elle ajouté. Mme Weidel a ajouté que "l'Ukraine est une ligne rouge pour la Russie depuis des décennies". La chef de file de l'AFD a ajouté que l'Occident traitait ce sujet hautement sensible avec "insouciance" et qu'il avait commis une erreur en ne faisant pas de l'Ukraine un pays neutre.

Mme Weidel a souligné que son parti considérait le conflit actuel en Ukraine comme extrêmement dangereux, notamment pour l'Allemagne, qui n'est pas aussi éloignée des champs de bataille que les États-Unis. La politicienne a également mis en garde contre la résurgence d'une mentalité cherchant à reconstituer des blocs opposés, soit une situation similaire à celle de la guerre froide, la Russie et la Chine développant des relations de plus en plus étroites entre elles. Un tel scénario n'est pas dans l'intérêt de l'Allemagne, a déclaré la chef du groupe parlementaire AFD.

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Fin mars, Steffen Kotré, membre du Bundestag de l'AfD, a affirmé que les États-Unis utilisaient l'Ukraine comme tête de pont pour déstabiliser la Russie. Si nous évoquons cela, nous devrions également parler des laboratoires biologiques qui sont dirigés contre la Russie", a déclaré le député - une allusion évidente aux affirmations de Moscou selon lesquelles les États-Unis auraient établi de telles installations secrètes dans le pays d'Europe de l'Est.

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Le mois suivant, Tino Chrupalla, président et principal porte-parole de l'AfD, a parlé des "intérêts légitimes de la Russie en matière de sécurité", ajoutant que le conflit en Ukraine avait "plusieurs pères". Chrupalla a également demandé à plusieurs reprises que le gouvernement fédéral lève les sanctions contre la Russie, car elles affectent le plus les entreprises et les citoyens allemands, a déclaré le politicien de l'AfD.

Interrogée à nouveau sur les déclarations de certains membres de l'AfD, Mme Weidel a réaffirmé que le parti qualifiait l'intervention militaire de la Russie en Ukraine de "guerre d'agression contraire au droit international" et a ajouté : ceux qui tiennent publiquement des propos qui s'écartent de la ligne du parti seront traités "en interne". La politicienne a toutefois refusé d'entrer dans les détails concernant les conséquences auxquelles de tels membres du parti doivent s'attendre.

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Quand la CIA s'inquiétait du nationalisme ukrainien

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Quand la CIA s'inquiétait du nationalisme ukrainien

SOURCE : https://it.insideover.com/guerra/langley-1957-locchio-della-cia-sul-nazionalismo-ucraino-2057733.html

À l'aube de la guerre froide, au moins trois grands groupes nationalistes actifs contre l'Union soviétique opéraient en Ukraine. Des groupes qui avaient attiré l'attention de Langley, qui s'intéressait à d'éventuelles opérations spéciales sur le territoire de la République socialiste d'Ukraine.

Que l'Ukraine était le foyer des rêveurs d'indépendance, notre site InsideOver vous l'a déjà dit dans le reportage consacré à Lugansk. Et si à l'est du pays (dans ces provinces aujourd'hui disputées à Kiev par Vladimir Poutine), le vent de l'autonomisme soufflait depuis 1919, la perspective d'une nation libérée du joug des grandes puissances s'était également répandue dans les régions centrales et occidentales depuis le début du 20ème siècle. 

Les persécutions soviétiques des années 30 et, plus tard, l'occupation allemande pendant la Seconde Guerre mondiale ont représenté une sorte de sève pour les réalités indépendantistes, dont Stepan Bandera est peut-être le nom et le visage les plus connus en Ukraine et en Occident. Il est devenu "célèbre" après l'invasion russe du 24 février 2022.

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Bandera (photo) était, en fait, une figure de proue de la lutte pour l'identité ukrainienne avant, pendant et après la Seconde Guerre mondiale. Attention, nous écrivons identité et non liberté car, en tant que "partisan", Bandera est sui generis. Nationaliste, anticommuniste ; allié, prisonnier et à nouveau collaborateur des Allemands, Bandera a tenté d'exploiter l'occupation nazie des territoires ukrainiens pour fonder un État ukrainien indépendant.

Un personnage historique que nous qualifierions aujourd'hui d'"équivoque", bien que sa conduite reflète le caractère des peuples d'Europe de l'Est et des Balkans : la défense de l'ethnie à laquelle ils appartiennent est supérieure à toute idéologie, croyance politique, équilibre international. Cet élément a été exploité par les grandes puissances, dans le cas de Bandera par le Troisième Reich contre les Soviétiques et leurs alliés, contre les Juifs et contre les Polonais. Et qui, dans le nouveau scénario de la guerre froide, a également été suivi avec intérêt par Washington.

En 1957, la Central Intelligence Agency (CIA) a donc classé "secret" un volumineux dossier sur l'Ukraine, une analyse détaillée et approfondie de l'histoire, de la géographie, des facteurs économiques et des activités antisoviétiques de la République socialiste ukrainienne.

Le but est dans le titre du rapport : Facteurs de résistance et zone des forces spéciales. Reconstituant l'activité des partisans pendant la Seconde Guerre mondiale, la CIA identifie quatre zones où la résistance était la plus forte : Poles'ye (l'actuelle Biélorussie), le sud de la Volhynie, la région des Carpates et les montagnes de Crimée. L'origine géographique a également influencé l'orientation politique des groupes : dans l'est de l'Ukraine se concentraient les pro-Soviétiques (Ukrainiens fidèles à Moscou et soldats de l'Armée rouge coupés des leurs par la retraite), dans l'ouest de l'Ukraine les groupes nationalistes, comme par exemple en Volhynie où, en 1943, les nationalistes ukrainiens ont durement persécuté les Polonais afin d'empêcher la Pologne de revendiquer un jour des territoires à majorité polonaise à la fin du conflit mais en fait ressentis par les Ukrainiens comme leur appartenant. Un exemple est la ville de Lviv, aujourd'hui ukrainienne mais avec une forte tradition polonaise. 

Les perspectives sont également différentes : les pro-russes soutiennent Moscou et l'Armée rouge, tandis que les nationalistes visent la naissance d'une entité indépendante des Allemands et des Soviétiques, avec une culture et une langue ukrainiennes.

Les documents soulignent également que certaines zones densément boisées se prêteraient bien à des formes de guerre non conventionnelles, car les forces russes auraient du mal à y pénétrer.

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Facteurs de résistance et zone des forces spéciales est à la fois une analyse du terrain et un regard sur les capacités des groupes de résistance locaux qui, après la reconquête de l'Ukraine par l'Armée rouge, ont tenu tête aux NKVD et MVD entre 1945 et 1954.

L'épisode ukrainien n'est pas un cas isolé. Dans les territoires reconquis ou occupés par l'Armée rouge et ses alliés, les partisans antisoviétiques ont opéré pendant des décennies.

En République socialiste de Yougoslavie, il y avait les Kraziri (croisés, ndlr) qui reprenaient l'héritage du nationalisme croate des oustachis ; au sud, au Kosovo, l'indépendance kosovare donnera du fil à retordre à Belgrade jusqu'à la mort de Josip Broz, et même au-delà.

Sur les rives de la mer Baltique, en revanche, les Estoniens, Lituaniens et Lettons se sont retrouvés à combattre à la fois les nazis et les Soviétiques ou, dans d'autres cas, ils ont d'abord combattu les Soviétiques aux côtés des Allemands, puis ont poursuivi le combat, même après la fin de la guerre.

Aucun d'entre eux, probablement, n'était un nazi convaincu : le souhait d'une patrie indépendante, d'une identité qui ne serait pas écrasée par les nouveaux dirigeants russes, a d'abord animé l'alliance avec Berlin et, après la guerre, la guérilla dans les forêts contre les unités du NKVD de Berija.

Ce n'est donc pas une coïncidence si, au cours de la première décennie de la guerre froide, les États-Unis ont suivi de près ces réalités. "Les unités Waffen SS baltes doivent être considérées comme séparées et distinctes des SS allemands en termes de but, d'idéologie, d'activités et de qualification, par conséquent la commission considère qu'elles ne constituent pas un mouvement hostile au gouvernement des États-Unis", telle est la conclusion à laquelle sont parvenus les membres d'une commission chargée d'évaluer les crimes commis par les Waffen SS pendant la guerre.

Nous sommes en 1950 et les blessures, notamment parmi les victimes de la persécution nazie, sont encore fraîches. Pourtant, la principale nation alliée est arrivée à la conclusion que les SS baltes constituaient une entité distincte des autres, probablement dans le but de pouvoir exploiter l'action des anciens combattants pour contenir la puissance soviétique sur les rivages de la Baltique.

Cela ressemble, si l'on y réfléchit, à ce qui s'est passé récemment avec certaines unités déployées contre les Russes en Ukraine : malgré la forte suspicion de sympathies nazies, elles ont été soutenues et armées par les États-Unis et leurs alliés occidentaux pour affronter l'armée de Moscou.

Même dans le cas de Bandera, les analystes de Langley passent sous silence les aspects peu clairs de son passé en se concentrant sur les capacités des trois principales organisations antisoviétiques : l'Organisation des nationalistes ukrainiens (OUN), l'Armée insurrectionnelle ukrainienne (UPA), le Conseil suprême pour la libération de l'Ukraine (UHVR), qui sont toutes trois "étroitement associées à un leadership qui prend la forme d'une 'direction imbriquée' avec les mêmes éléments au sommet de chaque organisation".

Ce qui est moins clair, c'est que la CIA reconnaît comment les éléments de l'OUN, de l'UPA et de l'UHVR ont été effectivement éliminés par la police secrète soviétique depuis 1954. Quel est donc l'intérêt de produire un rapport aussi détaillé si les alliés potentiels sur le terrain ne sont pas au rendez-vous ?

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La réponse se trouve dans l'histoire récente de la politique étrangère américaine. En effet, les Etats-Unis ont apporté leur soutien tant à des unités très combatives (Contras, Viet Minh dans une perspective antijaponaise, Mujahideen), qu'à des réalités qui n'auraient jamais pu vaincre les forces adverses sur le terrain, comme les Montagnards vietnamiens, l'Alliance du Nord entre 1992 et 2001, et les Kurdes. L'intérêt, dans ce cas, n'est pas de gagner la confrontation avec l'ennemi à court terme, mais plutôt de l'épuiser, en le forçant à engager toujours plus de ressources et de moyens pour réprimer les forces antigouvernementales.

Ce qui restait de l'OUN, de l'UPA et de l'UHVR aurait pu être réorganisé par les opérateurs sur le terrain, afin de reprendre l'activité de guérilla anti-russe après le revers de 1954.

Une stratégie de dix ans et de plusieurs millions de dollars, fondamentalement similaire à celle à laquelle nous assistons aujourd'hui en Ukraine, un conflit qui est destiné à durer beaucoup plus longtemps et à évoluer vers un affrontement de faible intensité entre Kiev et la Russie. Et l'envoi d'armes et de moyens a précisément pour but d'occuper Moscou autant que possible, dans l'espoir que le "miracle" de l'Afghanistan se produise à nouveau: le retrait de l'URSS en 1989 et l'effondrement de l'Union Soviétique en 1991.

Il est dommage qu'une fois le drapeau rouge abaissé au Kremlin, tant la Russie que l'Afghanistan aient traversé une très longue période d'instabilité qui, dans le cas afghan, dure encore...

mercredi, 10 août 2022

De l'archéomodernisme à l'empire

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De l'archéomodernisme à l'empire

Alexandre Douguine

Source: https://www.geopolitika.ru/es/article/de-la-arqueomodernidad-al-imperio

Mon livre Archaeomodernism, dans lequel je décris ce qu'est ce phénomène en détail, vient d'être réimprimé dans notre pays. On peut dire que la Russie vit sous l'influence de l'archéomodernisme, qui est un processus où la société est divisée entre deux interprétations complètement différentes de la politique, de la culture, de la vie quotidienne, etc... Le phénomène, tel qu'il s'observe en Russie, est que la société, à la base, continue de vivre selon des modèles archaïques pré-modernes tandis que l'État, lui, a adopté des formes modernes occidentalisées. En ce sens, nous pouvons dire que notre constitution, notre organisation politique et notre élite suivent, dans une large mesure, les idées libérales européennes. Le problème est que ces idées fonctionnent en pratique de manière très différente en Russie, car elles sont réinterprétées selon les modèles archaïques propres à notre société. C'est ainsi qu'est née l'archéo-modernité, un système qui est extérieurement moderniste, mais intérieurement archaïque.

Ce processus est tout à fait perceptible dans l'attitude des gens à l'égard du pouvoir : alors qu'en Europe, et surtout depuis Montesquieu et les théoriciens anglais du 18ème, le pouvoir a été dépouillé de tout élément sacré, étant limité par la séparation des pouvoirs et la rotation constante de la classe dirigeante entre les différents organes gouvernementaux - une façon de disperser le pouvoir au sein de la classe oligarchique occidentale qui n'accepte du "sang neuf" dans ses rangs que lorsque ses règles sont suivies -, on ne peut pas appliquer ce schéma à la Russie, car notre pays tend toujours vers l'autoritarisme et l'autocratie. Cela n'est pas tant dû à l'usurpation d'un individu particulier qu'aux exigences de cette même société qui est fondamentalement patriarcale, traditionnelle et voit le dirigeant comme une figure mystique. Ce modèle du dirigeant en tant que Katechon, c'est-à-dire "celui qui retient", a été prôné par tous les théoriciens russes jusqu'en 1917 et trouve son origine au 15ème siècle après la chute de l'Empire byzantin (l'idée de Moscou comme troisième Rome). Cependant, cette idée n'a pas disparu avec l'avènement du communisme et a plutôt vu la montée des "monarques rouges" sous la forme d'un culte quasi-religieux de Lénine et de la divinisation de la figure de Staline. Même une figure comme Eltsine - faible et dépendante des oligarques - a été un jour louée comme un "tsar libéral".

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L'arrivée de Poutine a vu l'imposition d'une série de réformes patriotiques et le rétablissement de l'autocratie dans notre pays contre la volonté même de son plus grand promoteur. Il n'est donc pas surprenant que le peuple russe soit prêt à ce que Poutine change la constitution et fasse tout son possible pour transformer le système. Poutine est considéré par le peuple comme le chef suprême et le sauveur de la Russie, une idée très archaïque. Cette idée s'étend aussi à l'Opération militaire spéciale, qui est perçue favorablement par la majorité de la population - l'élite russe, en revanche, la considère très négativement.

Le peuple russe est partisan d'une forme de monarchie populaire qui est incompatible avec les idées de l'élite. La classe dirigeante russe - comme l'a dit à juste titre Pouchkine - est la "seule chose proprement européenne qui existe dans notre pays" et tente donc à maintes reprises de créer une démocratie formelle et moderne (subordonnée aux oligarchies mondialistes du monde), ce qui finit toujours par échouer. Cependant, cette façade occidentaliste et moderne est incapable de changer le noyau conservateur et archaïque de notre peuple, aussi notre oligarchie attend-elle le moment où ce principe s'affaiblira, où un cataclysme se produira qui permettra enfin d'extirper l'identité russo-eurasienne de notre pays une fois pour toutes.

Après tout, l'objectif de la Fédération de Russie, qui a émergé en 1991 des ruines de la Grande Russie (URSS, Empire russe), était de nous moderniser et de nous intégrer dans le liquide de la mondialisation. Ce processus a été réalisé par la force et par la destruction matérielle et spirituelle de notre peuple, bien que cela n'ait pas beaucoup aidé, car notre essence, en dépit de ces efforts, est restée inchangée.

L'archéo-modernité, telle que je la définis, est une maladie, une sorte de schizophrénie sociale où deux façons très différentes et diamétralement opposées de voir les choses coexistent dans la même société. L'élite souhaite voir l'État devenir une démocratie libérale moderne selon les principes occidentaux, tandis que le peuple tente de revenir à l'Empire, aux souverains divins, aux valeurs traditionnelles et au rejet de toute forme de progressisme (LGTBI, féminisme, etc.). Cela génère un conflit d'interprétations (P. Ricoeur) qui finit par imposer toutes sortes de mensonges. Le gouvernement ment sur tout ce qui se passe, générant une sorte de mentalité instable et douloureusement déformée recelant toutes sortes de contradictions. De plus, il ne cherche jamais à concilier le moderne et l'archaïque, c'est pourquoi les élites libérales tentent constamment de détruire les principes archaïques de notre peuple, tandis que les dirigeants - qui sont au-dessus d'eux - finissent par le défendre et s'appuient sur ces principes monarchiques afin de maintenir la stabilité du système. Une fois de plus, ces tiraillements font stagner les choses.

La solution que les élites libérales proposent au dilemme de l'archéo-modernité est simplement la "modernisation", le "progrès" et l'intégration de la Russie à l'Occident. De temps en temps, cependant, les élites libérales russes finissent elles-mêmes par adopter des principes archéo-modernes, comme c'est le cas de Dmitri Medvedev, l'un des plus ardents représentants de l'occidentalisme libéral, qui a autrefois encouragé la modernisation et la démocratisation de notre pays. La réélection de Medvedev à la présidence de la Russie a été soutenue par les atlantistes Biden et Brzezinski. Ce qui est curieux, c'est que cet éminent libéral publie maintenant des slogans ultra-patriotiques et impérialistes sur des réseaux sociaux que même le ministère russe est obligé de censurer ou de considérer que ses "comptes ont été piratés". Mais là n'est pas la question, mais une démonstration de la pratique de l'archéo-modernisme. Bien sûr, cela n'exclut pas le calcul ou la stratégie politique, mais cela confirme notre diagnostic : les dirigeants russes sont toujours contraints de faire appel aux principes archaïques défendus au sein du peuple, qui prônent un pouvoir fort et la justice sociale sous toutes ses formes.

Le problème de l'archéo-modernité réside dans le fait qu'il s'agit d'une impasse où tout est réduit à la modernisation et à l'exploitation cynique de cette condition mentale par les puissants à leurs propres fins, nous forçant à vivre une fausse identité. Cependant, certains de nos penseurs ont proposé une solution à ce problème : au lieu de continuer à penser comme les élites libérales, nous devrions embrasser les principes archaïques de notre société, en reconnaissant l'autocratie, le patriarcat et nos traditions autoritaires non seulement de facto mais de jure. De cette façon, l'Église et les institutions traditionnelles de notre société retrouveront leur position dominante et de cette façon, les tendances traditionnelles vaincront les tendances libérales, même dans les milieux ecclésiastiques.

Tout ceci permettra la mise en œuvre d'une révolution conservatrice et épistémologique dans la science, l'éducation et la pensée. La seule façon d'y parvenir est de détruire l'oligarchie libérale et de prêter allégeance au peuple plutôt qu'à des principes mondiaux abstraits. Cette solution a été proposée par de nombreux penseurs russes, tant à l'époque de la Russie tsariste qu'à l'ère de la Russie soviétique: les premiers à la proposer ont été les slavophiles, puis la philosophie religieuse russe, les poètes de l'âge d'argent, les nationaux-bolcheviks (Oustrialov, Lejnev) et les eurasistes qui ont cherché à surmonter ce problème en recourant à l'élément russe comme moyen de renouveler l'Empire. Cependant, tous les monarques Romanov depuis Pierre le Grand ont repris les slogans archéo-modernes sur le pouvoir sacré des rois comme moyen de concilier les deux extrêmes. Nous pouvons dire que ce scénario est récurrent dans notre tradition nationale, et de nombreux penseurs russes ont proposé d'abandonner les idées archéo-modernes de notre élite en faveur de l'établissement de nos propres formes patriotiques et spirituelles. Seule cette forme de conservatisme, ou plutôt de conservatisme révolutionnaire, puisque le conservatisme seul est insuffisant, peut nous apporter la victoire dans l'opération militaire spéciale. Nous devons surmonter l'archéo-modernité et restaurer l'ordre sacral de notre peuple.

Les Américains rejettent largement la fermeture des bases en Allemagne, en Corée du Sud et au Japon

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Les Américains rejettent largement la fermeture des bases en Allemagne, en Corée du Sud et au Japon

Source: https://nritalia.org/2022/08/03/gli-americani-rifiutano-in-gran-parte-la-chiusura-di-basi-in-germania-corea-del-sud-e-giappone/

Les sondages réalisés auprès des Américains montrent qu'en dépit des préoccupations relatives au coût des engagements militaires, notamment après les déploiements en Irak et en Afghanistan, le public soutient encore largement le maintien de bases dans des démocraties stables telles que l'Allemagne, la Corée du Sud et le Japon.

Par Timothy S. Rich et Mallory Hardesty

Le maintien de bases à l'étranger est devenu plus controversé non seulement auprès du public américain, mais aussi dans les pays d'accueil. Si les États-Unis bénéficient d'une influence accrue et souvent d'une politique étrangère conforme aux intérêts américains, les coûts perçus peuvent dépasser les gains perçus par les Américains. Pendant ce temps, les bases d'accueil créent une myriade de problèmes environnementaux, économiques et politiques pour le pays hôte qui influencent et dépriment le soutien du public. Les travaux existants montrent des variations d'un pays à l'autre dans la perception publique de la présence militaire américaine, bien que les populations locales reconnaissent souvent cette présence comme un moyen de dissuasion contre les agresseurs régionaux.

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Dans les discussions sur les bases à l'étranger, il manque souvent de savoir si le public fait la distinction entre les engagements militaires en fonction du lieu. Bien que le public américain puisse avoir des inquiétudes quant aux dépenses militaires globales et aux déploiements indéfinis dans des pays politiquement instables, les preuves semblent suggérer un soutien plus large pour les déploiements dans les alliés traditionnels. Par exemple, un sondage du Chicago Council de 2021 révèle que 63 % des personnes interrogées soutiennent la défense de la Corée du Sud en cas d'invasion par la Corée du Nord et un sondage du Chicago Council de 2018 révèle que 65 % des personnes interrogées soutiennent le maintien de bases au Japon et 64 % soutiendraient la défense du Japon en cas d'attaque par la Corée du Nord.

D'après le Defense Manpower Data Center du ministère de la Défense, les États-Unis comptaient 171.477 membres de service à l'étranger en 2021. La plupart des troupes se trouvaient au Japon (53.700), en Allemagne (33.900) et en Corée du Sud (26.400). Cependant, cela n'inclut pas la population civile des bases. Par exemple, la plus grande des 73 bases américaines en Corée du Sud, Camp Humphreys, accueille plus de 35.000 militaires et civils.

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En plus de la présence de longue date de bases dans ces trois pays, ces trois implantations ont fait l'objet de critiques de la part de l'administration Trump, qui reproche aux alliés de ne pas payer leur juste part. L'administration a menacé de réduire le nombre de soldats américains au Japon et en Corée du Sud si Japonais et Coréens ne payaient pas davantage de frais, exigeant une augmentation de près de 400 % de la participation aux coûts. L'administration Biden a finalement négocié une augmentation de 14% des paiements de la Corée du Sud.

La réduction des troupes prévue par Trump en Allemagne a été annulée sous l'administration Biden, tandis que cette dernière a lancé un examen des bases américaines existantes à l'étranger en 2021 comme un moyen potentiel de restructurer et de réduire les engagements à l'étranger.

Pour répondre aux perceptions du public, nous avons mené une enquête nationale originale en ligne aux États-Unis du 29 juin au 11 juillet via Qualtrics avec un échantillonnage par quotas par âge, sexe et géographie. Nous avons assigné de manière aléatoire 1728 Américains à l'une des trois questions de type oui ou non sur les bases américaines :

    - Les États-Unis doivent-ils fermer leurs bases militaires en Allemagne?

    - Les États-Unis doivent-ils fermer leurs bases militaires en Corée du Sud?

    - Les États-Unis doivent-ils fermer leurs bases militaires au Japon?

Dans l'ensemble, nous avons constaté que plus de 70 % des répondants s'opposaient à la fermeture de l'une ou l'autre des bases. Répartis par parti politique, nous constatons toujours une large opposition à la fermeture des bases, avec toutefois quelques variations notables. Les démocrates sont les plus favorables à la fermeture des bases en Allemagne (32,14%), tandis que 33,33% des républicains sont favorables à la fermeture des bases en Corée du Sud. Ces taux concernant la Corée du Sud sont similaires aux résultats du sondage 2020 sur le retrait des troupes.

Nous avons également demandé aux répondants d'évaluer les trois pays sur une échelle de 1 à 10, où 1 est très négatif et 10 est très positif. Ces trois pays ont reçu des notes similaires (Corée du Sud : 6,06 ; Japon : 6,41 ; Allemagne 6,47). Il n'est pas surprenant que ceux qui ont évalué les pays les plus bas (1) soient les plus favorables à la fermeture des bases, avec des taux inférieurs d'au moins 15 points de pourcentage parmi ceux qui ont évalué chaque pays le plus haut.

En outre, nous avons demandé aux personnes interrogées : "Laquelle des déclarations suivantes décrit le mieux votre opinion sur le rôle des États-Unis dans les affaires mondiales ?

    - Nous devrions accorder moins d'attention aux problèmes à l'étranger et nous concentrer sur les problèmes chez nous.

Ou

    - Est-il préférable pour l'avenir de notre pays d'être actif dans les affaires mondiales ?

Une nette divergence partisane émerge, avec 56,29% des Démocrates mais seulement 32,66% des Républicains qui choisissent d'être actifs dans les affaires mondiales. Comme prévu, ceux qui ont déclaré que les États-Unis devraient concentrer leur attention sur le plan national étaient plus susceptibles de soutenir la fermeture des bases dans chaque pays que ceux qui soutenaient l'engagement (Allemagne : 34,44% contre 19,53% ; Corée du Sud : 36,09% contre 17,87% ; Japon : 32,7% contre 18,73%). Une fois encore, même parmi ceux qui souhaitaient se concentrer sur l'intérieur, de nettes majorités n'étaient pas favorables à la fermeture des bases.

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Les résultats suggèrent qu'en dépit des préoccupations relatives au coût des engagements militaires, notamment à la suite des déploiements en Irak et en Afghanistan, l'opinion publique reste largement favorable au maintien de bases dans ces démocraties stables. Le fait que ces trois pays soient des démocraties bien établies, des alliés de longue date et qu'ils soient confrontés à des défis identifiables en matière de sécurité régionale détermine probablement la façon dont le public américain perçoit les coûts et les avantages d'un engagement militaire continu.

À une époque de tensions mondiales croissantes, il est logique que de nombreux Américains considèrent ces bases en particulier comme un moyen de répondre rapidement à l'évolution des conditions de sécurité et puissent servir à dissuader toute agression. Face aux préoccupations constantes en matière de sécurité que suscitent l'invasion de l'Ukraine par la Russie, les menaces d'invasion de Taïwan par la Chine et les essais de missiles de la Corée du Nord, l'administration Biden devrait souligner l'importance historique des engagements militaires américains. Dans le même temps, l'administration devrait répondre aux préoccupations nationales plus larges concernant les dépenses militaires en restructurant les engagements à l'étranger pour répondre à la nature changeante des menaces à la sécurité d'une manière économiquement responsable.

Source : e-ir.info

La période de crise va-t-elle déclencher une révolte contre les personnes au pouvoir ?

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La période de crise va-t-elle déclencher une révolte contre les personnes au pouvoir ?

Markku Siira

Source: https://markkusiira.com/2022/08/10/lietsooko-kriisiaika-kapinan-vallanpitajia-vastaan/

Dans le journal britannique Daily Telegraph, Sherelle Jacobs avertit ses lecteurs que nous vivons un été "avant la tempête". Qu'est-ce que le journaliste entend par là ? S'agit-il d'un autre canular de l'élite, préparant les gens aux temps instables à venir ?

Jacobs souligne que "les prix de l'énergie atteignent des niveaux sans précédent" et que "nous nous approchons de l'un des plus grands séismes géopolitiques depuis des décennies". Les bouleversements à venir sont "susceptibles d'être bien plus importants que les convulsions qui ont suivi la crise financière de 2008".

La crise qui se profile pourrait s'avérer "encore plus catastrophique que le choc pétrolier des années 1970". Les pays en développement ont déjà été touchés, avec des pannes d'électricité s'étendant de Cuba à l'Afrique du Sud. Le Sri Lanka n'est qu'un des nombreux pays à faible revenu dont les troubles en cours pourraient se répéter ailleurs.

"Mais l'Occident ne peut échapper à cette apocalypse", explique Sherelle Jacobs. En fait, l'Occident semble à bien des égards être au centre de ce chaos - et le Royaume-Uni peut-être au point zéro.

En Europe et en Amérique, selon Sherelle Jacobs, le "système des élites technocratiques complaisantes" s'effrite. Sa genèse, qui prédisait l'enchevêtrement glorieux des États-nations dans la gouvernance mondiale et les chaînes d'approvisionnement, est devenue une métaphore des dangers de la mondialisation.

Malgré les tentatives de dépeindre la guerre en Ukraine comme un cygne noir, la hausse des prix des matières premières dans un monde volatile était entièrement prévisible avant même l'opération spéciale de Poutine. Les gens se demandent pourquoi leurs dirigeants n'ont pas fait de plans d'urgence à temps. La crise économique était prévue avant même l'ère de l'urgence sanitaire.

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Sherelle Jacobs estime qu'il n'y a pas d'autre explication à ce fiasco que "des décennies d'hypothèses erronées et de faux pas politiques de la classe dirigeante". Personnellement, j'y vois aussi une planification consciente, mais les vrais coupables - les familles milliardaires avec leurs banques centrales et leurs sociétés d'investissement tout-puissantes - devront-ils rendre des comptes, ou leurs sous-fifres politiques seront-ils une fois de plus sacrifiés ?

Après la crise financière, les personnes au pouvoir ont à peine réussi à convaincre le public de se soumettre à la discipline de l'austérité et à convaincre les électeurs que "tout le monde" était en partie responsable de la crise et que chacun devait donc contribuer à redresser les torts. L'élite peut-elle échapper plus longtemps à la responsabilité ?

Comme le dit le vieil adage, "l'empereur n'a pas de vêtements". Les personnes au pouvoir n'ont tout simplement plus de message crédible, et réconfortant, à envoyer aux citoyens ordinaires face à l'adversité. La seule vision de l'avenir qu'ils ont pu proposer est un programme dystopique d'écologisation de la "neutralité carbone et du net zéro", qui pousse les politiques d'austérité et les biais de l'économie mondiale à un tout autre niveau.

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Faire activement campagne pour des bulles vertes spéculatives semble fou dans ce contexte. Il s'agit toutefois d'un programme parfaitement logique pour une élite déconnectée de la réalité et qui, en cas d'urgence, cherche à retirer littéralement les marrons du feu. Malgré ce que les militants d'Elokapina peuvent penser, le monde ne sera pas sauvé par l'action climatique finlandaise.

Il y a plusieurs pays où nous pourrions voir les premiers signes de révolte populiste. Les Allemands devront avaler l'humiliation nationale et des factures énergétiques plus élevées au nom des intérêts américains. Seul un libéral qui croit aveuglément au caractère merveilleux de l'atlantisme sera reconnaissant de devoir prendre des douches froides et pratiquer une politique étrangère et de défense anti-russe.

Selon certains analystes, la France, qui n'est pas étrangère aux manifestations et à la subversion, pourrait être le premier pays d'Europe à connaître des coupures de courant malgré son importante industrie nucléaire. Pour Sherelle Jacobs, en revanche, les choses en Grande-Bretagne "pourraient vraiment exploser", le Royaume-Uni devenant une île poudrière à mesure que l'inflation augmente.

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Les Britanniques ont reçu encore moins de soutien de leur gouvernement que les résidents des autres pays occidentaux. La réduction de cinq pence de la taxe sur les carburants est estimée être la deuxième plus faible en Europe. Entre-temps, l'Espagne a rendu de nombreux voyages en train gratuits jusqu'à la fin de l'année. La France a promis de nationaliser le géant de l'énergie EDF, qu'elle a déjà obligé à limiter les factures des consommateurs. Même ces mesures ne seront probablement pas suffisantes.

"Les futures hausses de prix seront si importantes que des millions de personnes pourraient tout simplement être incapables de payer leurs factures - y compris les retraités et les familles qui appartenaient jusqu'à présent à la classe moyenne", avertit Sherelle Jacobs.

La détresse à venir pourrait être un tournant, mais c'est ce que visent ceux qui ont l'intention de relancer l'économie mondiale. Nous avons à peine commencé à comprendre à quel point les prochaines années risquent d'être imprévisibles - et à quel point les gouvernements et les citoyens sont mal préparés à en affronter les conséquences.

"Gelez-vous les fesses pour l'Ukraine" l'hiver prochain et payez le prix de la démocratie et de la liberté, suggèrent les dilettantes nostalgiques de la politique de sécurité en Finlande, nostalgiques de la domination occidentale. En d'autres termes, rendez votre vie misérable au nom de la politique du grand pouvoir et des intérêts de l'élite financière, car il faut se débarrasser de la Russie. Les russophobes ne voient pas le tableau d'ensemble, dans lequel Poutine joue également son rôle dans la réinitialisation.

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"Si le sevrage de la Russie est si douloureux, comment allons-nous mettre fin à notre dépendance à l'égard des produits chinois bon marché ?" demande Sherelle Jacobs, qui partage le message de l'Establishment. Il omet de mentionner que l'"indépendance énergétique" de l'Europe et de la Grande-Bretagne est également une blague, car la même énergie est toujours achetée par des intermédiaires, mais à un prix plus élevé.

Le pronostic semble sombre, mais Sherelle Jacobs estime que nous avons peut-être entamé "le dernier acte d'un système économique en faillite". Une fois encore, il y a plus de questions que de réponses quant à notre avenir.

Est-ce que quelque chose va changer pour le mieux dans cette "réinitialisation du capitalisme" ? La monnaie numérique de la banque centrale fait son apparition. La période de crise conduira-t-elle à la redoutable éco-techno-dystopie ou à un nouveau départ, plus humain ?

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Les cercles capitalistes parviendront-ils à maîtriser l'effondrement qu'ils ont eux-mêmes provoqué, ou le pouvoir de l'argent finira-t-il par trébucher sur sa propre ingénierie? L'Union européenne va-t-elle s'effondrer alors que mon cauchemar d'un "ordre fondé sur des règles" touche à sa fin ? Aurons-nous besoin des troupes de l'OTAN pour garder les citoyens sous contrôle en pleine Grande Dépression ?

Que se passera-t-il si et quand les gens se réveilleront de la tromperie de la classe possédante ? Le nihilisme politique s'emparera-t-il de l'esprit des électeurs, même les plus loyaux ? Au moins, Sanna Marin a encore le temps de faire la fête au restaurant les soirs de fin du monde.

mardi, 09 août 2022

Géopolitique de la Malaisie

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Géopolitique de la Malaisie

Géopolitique de la Malaisie - La politique intérieure et extérieure de la fédération est basée sur l'équilibre

Groupe de réflexion Katehon

Source: https://www.geopolitika.ru/en/article/geopolitics-malaysia

La Malaisie est située sur la péninsule malaise (la partie sud de la péninsule indochinoise) et les îles adjacentes de l'archipel malais, à l'intersection des océans Pacifique et Indien, dans une région qui fait traditionnellement partie du "monde malais" (le terme "monde malais", Dunia Melayu ou Alam Melayu, désigne généralement les zones géographiques et culturelles dans lesquelles certains groupes ethniques d'Indochine sont communs, dont principalement la Malaisie actuelle, l'Indonésie, Singapour, Brunei, le Timor oriental, le sud de la Thaïlande et le sud des Philippines).

La Malaisie a été un centre de commerce et de communications religieuses depuis les temps anciens. À partir de la fin du 18ème siècle, la Grande-Bretagne a progressivement pris le contrôle de la péninsule malaise et du nord de Bornéo (île de Kalimantan), ce qui a jeté les bases de la Malaisie actuelle. La domination coloniale britannique a non seulement affecté la politique, l'économie et la culture locales, mais a également modifié de manière significative la structure nationale locale. Le développement colonial ayant créé une énorme demande de main-d'œuvre, les colons britanniques ont fourni des immigrants de Chine et d'Asie du Sud, ce qui a contribué à former une société ethnique diversifiée. Sur cette base, la politique nationale de la Malaisie après l'indépendance devrait s'attacher à réaliser des objectifs multiples: non seulement développer l'identité d'un groupe super-ethnique, contribuant à la construction d'un État-nation, mais aussi essayer d'équilibrer les intérêts de tous les groupes ethniques, pour parvenir à l'harmonie, à la stabilité et au développement durable.

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La politique ethnique malaise : Une situation politique instable

La politique ethnique a accompagné l'histoire du développement humain depuis la naissance de l'État-nation au 17ème siècle. Les conflits ethniques et même les guerres ethniques se poursuivent aujourd'hui dans de nombreux pays d'Afrique et d'Asie. Dans l'histoire de la transformation politique en Malaisie, la politique ethnique se reflète principalement dans la participation institutionnalisée au processus politique. Dans une certaine mesure, l'essence de la politique des partis malaisiens est la politique ethnique.

En Malaisie, la politique ethnique se manifeste par le fait que le gouvernement, par la volonté du pays, divise tous les Malais en bumiputra et non-bumiputra, malaisiens et non-malaisiens, musulmans et non-musulmans, donnant ainsi aux Bumiputra malaisiens des avantages politiques, économiques et culturels, ainsi que des droits spéciaux aux musulmans.

De 1957 à 2020, le processus de développement politique de la Malaisie a subi plusieurs vagues de "tsunamis politiques" dus à la politique ethnique. De 1957 à mai 2018, les partis politiques malaisiens United Malays National Organization (UMNO) et Alliance of Hope ont établi un modèle politique de "parti unique" qui a généralement maintenu la stabilité de la politique du pays. Depuis mai 2018, la politique ethnique est passée de l'affaiblissement au renforcement, et la situation politique en Malaisie s'est avérée être dans un état extrêmement instable.

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La politique étrangère malaisienne: une structure diplomatique à trois niveaux

En avril 2009, Najib (photo) a succédé à Abdullah au poste de Premier ministre, promouvant des réformes politiques et économiques intérieures dans le cadre du concept "One Malaysia", mais en termes de politique étrangère, Najib a poursuivi la politique étrangère de Mahathir et d'Abdullah et a formé un modèle diplomatique à trois niveaux dans les relations avec l'Asie du Sud-Est, l'Asie de l'Est, les grandes puissances et le monde islamique.

Les relations avec l'Asie de l'Est: la pierre angulaire d'une stratégie de sécurité et de diplomatie

Dans la structure diplomatique à trois niveaux, la couche centrale est l'Asie du Sud-Est (ASE). L'orientation diplomatique à ce niveau est double : d'abord l'ANASE comme pierre angulaire, ensuite l'Asie du Sud-Est comme centre. La signification principale de ce que l'on appelle l'ANASE comme pierre angulaire est que l'ANASE est l'épine dorsale de la politique étrangère de la Malaisie, étant une structure supranationale régionale à laquelle la Malaisie fait confiance. D'une part, la prospérité, l'intégrité, la stabilité et la coexistence harmonieuse de l'ANASE avec les pays voisins assurent la sécurité de l'Asie du Sud-Est ; d'autre part, l'ANASE elle-même appelle les États membres à adopter des comportements qui réduisent les risques pour la sécurité, comme le développement de relations bilatérales et la promotion d'un dialogue ouvert entre les États membres sur les questions politiques et de sécurité, y compris les mesures de confiance.

Pour la Malaisie, le renforcement des relations avec l'ANASE comprend au moins trois niveaux d'importance : premièrement, le renforcement des relations bilatérales avec les pays membres de l'ANASE ; deuxièmement, la promotion et la participation aux programmes de coopération sous-régionale de l'ANASE, tels que le Triangle de croissance oriental de l'ANASE (BIMP-EAGA), la coopération sous-régionale du Mékong, etc. En 2011, la Malaisie et l'Indonésie ont conjointement promu l'"ASEAN Defense Industrial Cooperation" (ADIC) afin de renforcer la coopération en matière de défense entre les États membres de l'ANASE ; en 2012, le ministre malaisien de la défense a appelé les pays de l'ANASE à promouvoir un "plan de sécurité" lors du 11e Dialogue de Shangri-La afin de faire face conjointement aux menaces de cybersécurité.

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Avec l'ANASE au centre des préoccupations diplomatiques malaisiennes, l'intention principale réside dans le fait que, outre l'ANASE, les pays d'Asie du Sud-Est sont les partenaires diplomatiques les plus importants de la Malaisie. Cela se reflète dans les relations de la Malaisie avec la Chine. En juin 2009, Najib a effectué une visite officielle en Chine, moins de 60 jours après sa prise de fonction. La Chine et la Malaisie ont signé un "Plan d'action conjoint pour la coopération stratégique", qui expose un projet majeur pour le développement futur des deux pays. La Chine devrait devenir le premier partenaire commercial de la Malaisie. Outre la Chine, Najib attache également une grande importance au développement des relations avec le Japon. Depuis son entrée en fonction en 2009, Najib a visité le Japon à plusieurs reprises. Le Japon est actuellement le troisième partenaire commercial de la Malaisie et une source importante d'investissements et la Malaisie espère attirer autant d'entreprises japonaises que possible.

Au niveau multilatéral, la Malaisie encourage activement la coopération 10 + 3, incluant la Chine, le Japon et la Corée du Sud dans le cadre diplomatique de l'ANASE, et d'autres puissances voisines dans le cadre du sommet de l'Asie de l'Est. Najib a déclaré avec franchise qu'avec la montée en puissance de la Chine et de l'Inde, l'ANASE n'a pas besoin de choisir quel côté prendre. Puisque l'ANASE peut avoir de bonnes relations avec la Chine et l'Inde en même temps, choisir un côté ramènerait la mentalité de la guerre froide. En d'autres termes, il est nécessaire de développer les relations de la Malaisie avec les pays d'Asie du Sud-Est, en plus des besoins du développement économique, et un objectif stratégique plus important est de promouvoir l'intégration de l'ANASE elle-même par le développement de la coopération avec la Chine, le Japon, la Corée du Sud et d'autres pays.

Les relations avec les grandes puissances: la recherche du gain économique

Dans la couche intermédiaire se trouvent les grandes puissances, principalement associées aux relations de la Malaisie avec les États-Unis, la Russie, la Grande-Bretagne, l'Inde, l'Australie et d'autres pays extraterritoriaux. En effet, depuis que Mahathir a promu une politique de "regard vers l'Est", la Malaisie a placé le développement des relations avec les puissances étrangères à une place relativement secondaire dans sa stratégie diplomatique. Par rapport à la période de la guerre froide, les relations actuelles entre la Malaisie et les États-Unis, la Russie, l'Inde, l'Australie, le Royaume-Uni et d'autres grandes puissances sont de moindre importance stratégique et relèvent davantage de la diplomatie économique.

En 2012, Najib a publiquement appelé les entreprises américaines à augmenter leurs investissements en Malaisie : "Les États-Unis sont l'un des plus grands investisseurs étrangers en Malaisie, nous espérons donc augmenter les investissements. Il existe de nombreuses possibilités de coopération entre la Malaisie et les États-Unis dans le domaine des investissements".

Dans le même temps, la Malaisie a réagi positivement au Partenariat transpacifique (TPP) dirigé par les États-Unis. Selon Najib, "la Malaisie bénéficiera du TPP car le marché des pays respectifs sera encore élargi dans le cadre de l'accord de libre-échange (ALE) des pays membres du TPP". Depuis l'adhésion de la Malaisie au TPP, 80 % des marchandises sont exemptées de taxes et le commerce de la Malaisie avec les États-Unis et d'autres pays membres du TPP a considérablement augmenté.

En ce qui concerne l'Inde, en février 2011, suite à l'entrée en vigueur de l'accord sur la zone de libre-échange entre l'ANASE et l'Inde, la Malaisie a signé un accord de libre-échange avec l'Inde afin de renforcer la coopération commerciale entre les deux peuples. En décembre 2012, lors du mémorable sommet ANASE-Inde, Najib a rencontré le Premier ministre indien Singh et a exprimé son vif désir de renforcer la coopération commerciale. Objectif: augmenter le volume des échanges de 15 à 20 milliards de dollars US. Pour l'Australie, l'accord de libre-échange entre la Malaisie et l'Australie est entré en vigueur le 1er janvier 2013. Selon le document, de 2013 à 2019, la Malaisie réduira progressivement les droits de douane et ouvrira le marché. En outre, pour les pays européens, ainsi que pour le Royaume-Uni, la Malaisie encourage activement les négociations en vue d'un accord de libre-échange. Le vice-premier ministre Muhyiddin Yassin a déclaré : "Si les négociations de l'ALE de la Malaisie avec l'UE et les États-Unis peuvent être menées à bien, 80 % du commerce extérieur de la Malaisie ira sur les marchés des grands pays".

Diplomatie avec le monde islamique : des relations relativement indépendantes

La couche la plus éloignée est constituée du monde islamique. En tant que pays islamique, la Malaisie s'est engagée depuis sa fondation à renforcer ses relations avec le monde islamique, à servir de pont entre les États-Unis et le monde islamique et à faire progresser le processus de paix au Moyen-Orient. Dans le même temps, la Malaisie développe activement la coopération économique avec les pays islamiques. La coopération économique entre la Malaisie et l'Iran est relativement étroite. Les deux pays ont signé un certain nombre de documents de coopération, tels que l'accord de soutien mutuel aux investissements, l'accord d'allégement des droits de douane élevés et le protocole d'accord sur la coopération entre les marchés des deux pays. Le ministre malaisien du commerce et de l'industrie, Mustafa, a déclaré que les exportations d'huile de palme de la Malaisie vers l'Iran constituent la partie la plus importante du commerce entre les deux pays. Le développement du commerce entre les deux pays ne sera pas affecté par les sanctions américaines contre l'Iran. En outre, la Malaisie continue à développer et à améliorer le système financier islamique, à renforcer l'interaction avec les pays islamiques et à s'efforcer de devenir le centre de la finance islamique mondiale.

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Dans la structure diplomatique à trois niveaux susmentionnée, l'Asie du Sud-Est est le principal intérêt de la Malaisie. Les relations de la Malaisie avec les grandes puissances sont subordonnées à la stratégie de la Malaisie en Asie du Sud-Est. Les relations de la Malaisie avec le monde islamique sont relativement indépendantes, mais toujours reléguées à l'arrière-plan de la stratégie de la Malaisie en Asie de l'Est.

Il y a trois raisons principales pour lesquelles la Malaisie attache une telle importance à l'Asie de l'Est. Premièrement, depuis le début de l'ANASE, l'identité de la Malaisie est passée du Commonwealth des nations aux pays de l'ANASE. En tant que l'un des membres fondateurs de l'ANASE, la Malaisie a la responsabilité indispensable de promouvoir le développement de l'ANASE et le processus d'intégration de l'Asie de l'Est. Deuxièmement, en termes de sécurité nationale, la Malaisie a des différends de souveraineté territoriale et maritime avec des pays voisins tels que certains pays de l'ANASE, la Chine, le Japon et la Corée du Sud. La résolution pacifique des différends et le maintien de la stabilité régionale sont des opportunités uniques pour la diplomatie malaisienne qui, dans ce domaine, agit comme un petit pays sans soutien stratégique. À cette fin, la Malaisie doit placer les relations avec les pays voisins au centre de sa stratégie diplomatique. Troisièmement, l'Asie de l'Est actuelle a formé un mécanisme de coopération régionale relativement mature. Ces plateformes de coopération, telles que les cinq accords de libre-échange de l'ANASE avec les grandes puissances, l'ANASE + 1, l'ANASE + 3, l'ANASE + 8, le Forum régional de l'ANASE et le Sommet de l'Asie de l'Est, sont suffisantes pour permettre à la Malaisie de récolter des avantages économiques et de continuer à tirer des opportunités du jeu des grandes puissances.

Les souvenirs d’un « Fils du Soleil »

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Les souvenirs d’un « Fils du Soleil »

par GEORGES FELTIN-TRACOL

À 90 ans, Sergio Pessot reste une personne alerte. Auteur de plusieurs ouvrages dont Odessa (NovAntico, 2012), Fascismi del mondo (Solfanelli, 2017) ou La destra e la strategia della tensione (Solfanelli, 2019), il a publié en octobre 2021 Figlio del Sole, son autobiographie dans un ouvrage comportant une dizaine de photographies. Ce livre a d’ailleurs fait l’objet d’une belle recension de Christian Bouchet dans l’excellent magazine de désintoxication idéologique Réfléchir & Agir (1).

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Ramassés en une vingtaine de courts chapitres, les mémoires de Sergio Pessot relatent une vie haletante entre l’Amérique ibérique, l’Europe et l’Afrique. L’auteur, encore adolescent, s’engage dans le fascisme révolutionnaire. Or, ce jeune combattant de la République sociale italienne, né selon l’état civil à Gênes en 1931, a grandi en… Argentine ! Installée depuis plusieurs décennies chez les gauchos, sa famille tient néanmoins à maintenir des attaches avec l’Italie. Son père demande au capitaine d’un navire italien immatriculé à Gênes de permettre un accouchement à bord afin de l’inscrire ensuite sur son registre la naissance de l’enfant. Ainsi naît-il dans la capitale ligure…

« Flamme blanche » qui participe aux ultimes combats contre les partisans communistes, puis dans les rangs des Faisceaux d’action révolutionnaire (FAR) clandestins et hors-la-loi, Sergio Pessot retourne en Argentine où il s’approche de différents périodiques péronistes, dont Junta Social d’Evita Peron (photo) en 1947. La Junta invite les justicialistes à soutenir Victor Paz Estenssoro (photo) à La Paz, en Bolivie, qui se présente à la présidence avec la proposition de nationaliser les mines métallifères détenues par des intérêts étatsuniens (2) ».

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Combattre pour les peuples et leurs nations

En 1952, la Bolivie réalise sa « révolution nationale » contre la ploutocratie compradore pro-yankee. Ce bouleversement politique et sociale considérable revient au Mouvement nationaliste-révolutionnaire (MNR) de Victor Paz Estenssoro (1907 – 2001). Le coup d’État nationaliste-révolutionnaire bénéficie du soutien des syndicats, des Indiens et des militants communistes et libéraux. Estenssoro préside le pays de 1952 à 1956. Il occupera par la suite la magistrature suprême à deux autres reprises de 1960 à 1964 et de 1985 à 1989. Au cours de ce dernier mandat présidentiel, il trahira son idéal initial et pratiquera une politique d’austérité ultra-libérale.

En 1952, chargé de la propagande du candidat du MNR, Sergio Pessot aperçoit « dans la pièce voisine, un Argentin devenu mon ami et compagnon de sorties en soirée qui avait rompu avec les péronistes, car il jugeait leur action trop lente. Un soir, je l’ai vu lire une brochure, je suis monté et j’ai réalisé que c’était un extrait en espagnol du Manifeste de Vérone et de la Charte du travail, je lui ai demandé s’il savait de quoi il s’agissait et il m’a répondu qu’il connaissait l’origine fasciste de ces textes, mais m’affirmait aussi que selon lui ces thèses dépassaient le communisme et représentaient la greffe pour la réalisation de ses aspirations et de sa raison de lutter. Cet Argentin était Ernesto Guevara, le futur Che. À cette époque, il n’était pas encore celui que nous connaissons tous, c’était un étudiant en médecine qui cherchait sa voie dans la vie. Lui aussi a été marqué par le populisme jésuite, peut-être avait-il fréquenté cette école tenue par l’Ordre. » L’auteur poursuit plus loin que « notre relation a duré plusieurs années par l'intermédiaire d'un tiers ».

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Che Guevara jeune.

Sergio Pessot risque d’indigner les derniers guévaristes qui peuvent l’accuser de « récupérations idéologiques honteuses et inacceptables ». Ce qui est bien sûr faux. On sait maintenant qu’à Cuba, le Che n’appréciait guère les adeptes de l’uranisme et les expédiait volontiers dans des camps de travail. Par ailleurs, dans Qu’est-ce que le fascisme ? (1962), Maurice Bardèche qui s’affiche dès la première page de cet essai politiquement incorrect comme un « écrivain fasciste (3) » s’interroge: « Fidel Castro est-il fasciste ? (4) » Sa réponse argumentée se veut critique. « Ce n’est donc ni Fidel Castro lui-même ni la révolution castriste qui inspirent les réserves et la méfiance des fascistes, c’est l’esprit de sa politique et de ses méthodes de gouvernement (5) ». On peut appliquer les mêmes réserves à la révolution bolivarienne d’Hugo Chavez au Venezuela. Maurice Bardèche estime que « ce n’est pas seulement le style de Fidel Castro qui nous inquiète, et par quoi nous le sentons différents de nous. Mais à mesure que le castrisme s’affirme, tout ce qu’il tolère, tout ce qu’il préfère, nous éloigne. Il y a dans le castrisme quelque chose de malsain qui est le contraire même de ce vent salubre qui devrait suivre les batailles gagnées (6) ».

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Un gauchisme de droite ?

Rappelons qu’en 1979, déjà compagnon de route de la « Nouvelle Droite » de longue date, Jean Cau rédige Une passion pour Che Guevara (7). Théoricien du foquisme (8) et parti appliquer la théorie sur le terrain aux côtés du Che, Régis Debray est fait prisonnier par l’armée bolivienne en 1967. Il passe presque quatre années en prison avant sa libération en 1970. Conseiller du président socialiste François Mitterrand, le philosophe tiendra bientôt des positions nationales-communistes, redécouvrira la figure polémogène de Charles De Gaulle, développera un « souverainisme national-républicain » et approuvera tour à tour les candidatures présidentielles de Jean-Pierre Chevènement en 2002 et de Jean-Luc Mélenchon en 2012, 2017 et 2022.

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Une trajectoire semblable concerne l’Allemand Günter Maschke (1943 – 2022). Actif étudiant d’extrême gauche tant en Allemagne de l’Ouest qu’en Autriche, Maschke se réfugie à Cuba à la fin de la décennie 1960. Mais, deux ans plus tard, La Havane l’expulse, car il a découvert pendant ce temps trois penseurs guère « progressistes » : Joseph de Maistre, Donoso Cortès et Carl Schmitt dont il deviendra l’un des plus grands spécialistes. N’oublions pas non plus que dans les années 1960, Carl Schmitt se montre sensible au maoïsme chinois. Il existe bien alors un réel « gauchisme de droite », soit un dépassement momentané du clivage droite – gauche dans un sens étatique national-populaire avéré.

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Günter Maschke à son retour de Cuba.

Perplexe sur le castrisme, Sergio Pessot se rend à La Havane où il rencontre les frères Fidel et Raoul Castro. « La question qui se pose est de savoir ce qui lie la vie des fascistes radicaux à deux révolutionnaires comme Fidel Castro et Ernesto Che Guevara ? […] J'ai été frappé d'avoir rencontré un fasciste ouvert à tous les problèmes sociaux que représente l'exploitation des pays sous-développés et en particulier de l'Amérique du Sud par le capitalisme néo-calviniste (p. 93). »

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En Argentine, Sergio Pessot peut tranquillement discuter avec le national-communiste Carlos Zulueta, compagnon chilien de sa mère, et le péroniste Dardo Manuel Cabo (1941 - 1977) (photo). Ce dernier milite d’abord au mouvement nationaliste Tacuara qu’il quitte ensuite avant de lancer le Mouvement Nouvelle Argentine. Il organise et conduit l’« opération Condor » du 28 septembre 1966. À la tête d’un commando de dix-huit personnes dont une femme, il détourne un avion des lignes intérieures argentines et le force à atterrir à Port-Stanley, chef-lieu des îles Malouines occupées sous le nom de Falkland par les Britanniques. Le groupe parvient à hisser plusieurs drapeaux argentines sur ce territoire volé par Londres. Cette action redynamise les revendications légitimes de l’Argentine sur l’archipel de l’Atlantique Sud (9). Dans les années 1970, Cabo fonde et dirige la revue El Descamisado, proche des Montoneros (la branche armée clandestine des péronistes d’extrême gauche).

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Préparer la révolution spirituelle des faisceaux

Quand Sergio Pessot séjourne en Italie, il milite au MSI (Mouvement social italien). En 1951, il rejoint un courant interne du mouvement néo-fasciste, «Pour une droite extrême», de Vincenzo « Enzo » Erra (1926 – 2011) (photo, ci-dessous).

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Responsable d’Imperium, une éphémère publication avec seulement quatre numéros parus entre le printemps et l’automne 1950, cette revue accueille trois articles de Julius Evola (« Le sens de l’Imperium », « Empire et civilisation » et « Deux intransigeances ») et publie en brochure son texte fondamental d’après-guerre, Orientations. Outre l’auteur de ce texte fondamental, Enzo Erra attire auprès de lui Fabio de Felice, Cesare Pozzo, Pino Rauti, Nino Capotondi, Paolo Andriani, Lello Graziani et Fausto Gianfranceschi. Tous refusent la dérive droitière et matérialiste du MSI. «C'était un groupe idéologiquement important qui s'occupait de la formation culturelle destinée à préparer la conquête du pouvoir dont nous étions convaincus qu'elle arriverait bientôt. De ce groupe est né le courant d'extrême droite, plus tard appelé ironiquement par les opposants " Fils du Soleil ", déformant les concepts évoliens “ tellurique “, “ sélénité “ et “ solaire “. Ce nom nous poursuit et des années plus tard il nous honore  aujourd'hui. »

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Hors d’Italie et d’Argentine, Sergio Pessot passe quelque temps au Brésil où il tente d’y « apporter le fascisme ». Il contacte assez vite les intégralistes brésiliens dont le chef et fondateur, Plínio Salgado (photo, ci-dessus) «croyait que l'humanité avait traversé trois grandes phases culturelles et que la Brasilidade, procédant en parallèle avec les mouvements fascistes européens, développerait la créativité de la nation et créerait un nouvel empire, ne serait-ce que spirituel et doctrinal, dès que les principes de " la quatrième humanité “ se serait propagée dans l'hémisphère occidental (10)».

À la fin des années 1980, Sergio Pessot reprend l’activité journalistique et se fait essayiste. Il se félicite de l’apparition de CasaPound qui prépare un « fascisme du IIIe millénaire » dans une perspective solaire, européenne et nationaliste-révolutionnaire. La boucle est dès lors bouclée !

Le rédacteur du présent article a eu la joie et l’honneur de rencontrer Sergio Pessot cet été 2022 dans le Sud de la France. L’auteur de Figlio del Sole a gardé intacts son élan juvénile, sa fougue, ses convictions et son enthousiasme. Son volontarisme est un bel exemple pour les nouvelles générations en manque de repère militant. En dépit de la barrière de la langue (et en attendant une hypothétique traduction française), lire ces souvenirs est plus que revigorant. Il ne peut qu’enflammer les âmes les plus élevées de notre grande patrie européenne. 

Notes:

1 : Christian Bouchet, « Fils du Soleil », dans Réfléchir & Agir, n° 73, printemps 2022.

2 : Traduction et adaption de notre part avec l’aide d’un bon dictionnaire français – italien.

3 : Maurice Bardèche, Qu’est-ce que le fascisme ?, Pythéas, 1995, p. 9.

4 : Idem, p. 131.

5 : Id., p. 134, souligné par l’auteur.

6 : Id., p. 146, souligné par l’auteur.

7 : Jean Cau, Une passion pour Che Guevara, Julliard, 1979.

8 : Sur Régis Debray, théoricien de la révolution latino-américaine, voir Georges Feltin-Tracol, « De la guerre révolutionnaire en Amérique latine » mis en ligne sur Euro-Synergies, le 27 janvier 2021.

9 : Du 2 avril au 14 juin 1982, l’armée argentine s’installe aux Malouines et dans leurs dépendances insulaires (Géorgie du Sud et îles Sandwich du Sud), ce qui provoque la « guerre des Malouines » et la vive réaction militaire néo-coloniale de la Grande-Bretagne de l’ineffable Margaret Thatcher. La supériorité technique britannique et l’aide très visible des États-Unis de Ronald Reagan permettent de vaincre le corps expéditionnaire argentin. Par ailleurs, Buenos Aires subit des sanctions économiques de la part de la Communauté économique européenne. En revanche, le Pérou, la Libye et même Israël dirigé par I’anglophobe Menahem Begin aident plus ou moins discrètement l’Argentine. L’intervention militaire britannique provoque le renversement de la junte militaire argentine au pouvoir depuis 1976 et le retour d’une démocratie occidentalisée bientôt soumise aux ordres du FMI et sa doxa ultra-libérale pour le plus grand malheur du peuple argentin. L’armement fourni par la France avant le conflit aux forces armées argentines cause de lourds dégâts matériels et humains aux troupes britanniques.

10 : Sur l’histoire de l’intégralisme brésilien, on consultera en français Hélgio Trindade, La tentation fasciste au Brésil dans les années trente, Éditions de la Maison des sciences de l’homme, coll. « Brasilia », 1988.

Georges Feltin-Tracol

  • Sergio Passot, Figlio del Sole. Une vita rivoluzionaria de Che Guevara a CasaPound, préface d’Alberto Palladino, postface de Pietro Falagiani, Altaforte Edizioni (Via Diomede Pantaleoni, 33, I - 00 166 Rome, Italie), 2021, 119 p., 16 €.

Ukraine, l'économie de guerre est utilisée pour préparer le pillage néolibéral du pays

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Ukraine, l'économie de guerre est utilisée pour préparer le pillage néolibéral du pays

par Peter Korotaev

Source: https://www.ideeazione.com/ucraina-leconomia-di-guerra-viene-usata-per-preparare-il-saccheggio-neoliberista-del-paese/

Cet excellent article de Peter Korotaev explique comment le pays fait face économiquement à l'état de guerre actuel, à travers une analyse lucide et précise des mesures prises par l'UE pour préparer le terrain à ce que deviendra l'Ukraine.

Au lieu de mettre en place une économie basée sur la nationalisation des structures clés, le gouvernement ukrainien continue de suivre les dogmes néolibéraux, à cause de la pression occidentale sur les décideurs politiques.

Nous avons là une expérience de libéralisation totale de chaque secteur de l'économie, qui n'est réalisable que dans une phase d'urgence, lorsque tous les regards sont tournés ailleurs.

Il ne restera bientôt plus que des décombres, sur lesquels l'UE et les États-Unis construiront ce dont ils ont besoin.

Les besoins de la population restent insatisfaits

Hourra pour Zelensky, hourra pour le rêve européen !

Lors d'une conférence en 2020, l'ancien ambassadeur canadien en Ukraine a déclaré qu'après l'Euromaïdan, le pays était devenu un laboratoire pour l'expérimentation d'un monde idéal.

En d'autres termes, la libéralisation économique, inacceptable chez nous, pourrait être expérimentée en Ukraine.

Mais comment concilier cette "expérience" avec les conditions d'une guerre totale ? Et si une telle situation pousse généralement les États à l'interventionnisme économique, l'Ukraine fait-elle de même ?

Les besoins financiers de l'Ukraine

Tout d'abord, il y a le problème de la dette croissante de l'Ukraine.

Selon le ministère ukrainien des Finances, de janvier à juin, le budget de l'État a enregistré 35 milliards de dollars de dépenses et 21,8 milliards de dollars de recettes.

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La situation s'est progressivement aggravée. Les 1,5 milliard de dollars de recettes en juin, contre 2,5 milliards en mai, n'ont couvert que 19,4 % des dépenses.

Sur la période janvier-juin 2022, 19 milliards d'US$ proviennent de diverses formes de crédit et d'aide étrangère. Plus de la moitié, soit 11,8 milliards US$, provenait d'obligations d'État, tandis que 7,6 milliards US$ (35 %) étaient simplement de l'argent imprimé par la banque nationale et remis au ministère des Finances. Les 7,2 milliards de dollars restants provenaient de divers crédits et subventions étrangers.

Le ministre des finances, Serhii Marchenko, a déclaré à plusieurs reprises que sans une augmentation considérable de l'aide, l'Ukraine sera contrainte de réduire davantage ses dépenses non militaires dans quelques mois.

La pression a déjà été ressentie par les employés de l'État.

Les cheminots de l'État, qui ont joué un rôle important et dangereux en sauvant la vie de millions de civils, reçoivent leurs salaires avec sept à dix jours de retard et, lorsqu'ils les reçoivent, ils sont réduits d'un tiers, soit une diminution d'environ 150 dollars par mois.

De nombreux enseignants et professeurs d'université n'ont pas reçu leur salaire depuis des mois. Dans les ports, les travailleurs qui gagnaient 260 dollars par mois ne gagnent plus qu'un peu plus de 50 dollars et avec des retards.

Malgré les nombreux discours sur la générosité occidentale, en mai, l'Ukraine n'avait reçu qu'un tiers des 5 milliards de dollars dont elle avait besoin. À la mi-mai, The Economist rapportait que l'Ukraine avait accumulé un déficit fiscal de 15 milliards de dollars et n'avait reçu que 4,5 milliards de dollars en subventions étrangères. Le ministère des Finances a indiqué que 21 % (7,3 milliards de dollars) de toutes les dépenses budgétaires de janvier à juin avaient été allouées au paiement de la dette de l'État.

La situation va s'aggraver : Bloomberg a calculé que l'Ukraine sera confrontée à une échéance de remboursement de sa dette de 1,4 milliard de dollars en septembre.

L'importance de la dette publique extérieure de l'Ukraine (le gouvernement ukrainien a également annoncé récemment qu'il espérait obtenir 200 à 300 milliards de dollars de crédits occidentaux pour la reconstruction d'après-guerre) signifie que le pays aura encore moins la possibilité de refuser les exigences politiques imposées par les créanciers occidentaux. Le ministre des Finances et le directeur des impôts n'ont cessé de répéter pendant la guerre que l'Ukraine continuera à assurer le service de sa dette souveraine, soulignant leur volonté de suivre les exigences des créanciers.

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Corruption et nationalisation

Depuis 2014 - mais avec une vigueur renouvelée ces derniers jours - les partenaires occidentaux de l'Ukraine poussent le pays à "lutter contre la corruption".

Cette "lutte" a de nombreux effets économiques importants. En général, les États en guerre ont tendance à nationaliser les secteurs clés de l'économie pour maximiser la production d'armes et stabiliser l'économie civile, à la fois pour éviter le chaos à l'arrière et pour nourrir l'armée.

Étrangement, cela ne s'est pas produit en Ukraine, bien que le gouvernement ait déclaré une situation de "guerre totale". Fait remarquable, une loi a été adoptée à la fin du mois de juin pour "relancer la privatisation des actifs de l'État à un niveau supérieur".

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Certains hommes politiques ont critiqué cette approche : Vadym Denysenko (photo), vice-ministre de l'Intérieur au début de la guerre, a appelé à se tourner vers une "gestion directe de l'économie par l'État". Mais jusqu'à présent, son appel est resté lettre morte.

Appelant à la nationalisation, M. Denysenko a fait remarquer qu'"l'ère du temps n'est plus en faveur du Bureau national anticorruption d'Ukraine (le NABU)". Il a dit cela parce qu'au cours des huit dernières années, une flopée d'"organismes anti-corruption" - ONG, organismes d'État et organismes intermédiaires - se sont concentrés sur l'élimination de l'intervention de l'État dans l'économie.

Mis en place par la "société civile" libérale ukrainienne, l'Agence américaine pour le développement international (USAID) et l'Open Society Foundation, ces organismes ont créé des sites web tels que Prozorro ("transparence"), qui gère les marchés publics ukrainiens.

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Le maire de Dnipro a vivement critiqué Prozorro ces derniers mois en raison de la décision du gouvernement d'exiger que tous les achats d'équipements militaires passent par ce programme. Il a insisté sur le fait que cette transparence publique dans les affaires militaires et la bureaucratisation des appels d'offres militaires urgents ne font qu'aider l'armée russe.

Il est intéressant de noter que le site web n'a pas pour fonction de garantir la territorialité des marchés publics.

Selon Prozorro et ses partenaires, la gestion interne des appels d'offres de l'État sert les intérêts d'une "oligarchie" corrompue qui dépend des rentes de l'État plutôt que de l'efficacité. Et de toute façon - comme la presse libérale ukrainienne ne se lasse pas de nous le rappeler - pourquoi acheter un produit ukrainien de qualité inférieure s'il peut être acheté moins cher ailleurs ?

L'exigence selon laquelle les appels d'offres publics doivent comporter un quota minimum de fournisseurs nationaux est commune à la plupart des pays, et son absence dans le Prozorro a été qualifiée d'"extrêmement étrange" par le nouveau ministre de l'économie en 2021.

En raison de cette démarche visant à neutraliser les "risques de corruption" découlant de la localisation nationale des achats de l'État, environ 40 % des achats de l'État ukrainien proviennent de fabricants étrangers. À titre de comparaison, les États-Unis et les pays de l'Union européenne (UE) effectuent environ 5 et 8 % de leurs achats publics à l'étranger, respectivement. L'impératif de "mettre fin à la corruption" passe avant le développement économique de l'Ukraine.

Lorsque les législateurs ukrainiens ont tenté de faire passer une loi en 2020 qui garantirait la localisation des achats de l'État, les bureaux de lutte contre la corruption (ainsi que l'UE et les États-Unis) l'ont frénétiquement déchirée, invoquant les "possibilités d'utilisation corrompue" de cette mesure parfaitement ordinaire. Finalement, la loi a été adoptée, mais amendée pour appliquer les restrictions de localisation uniquement aux pays situés en dehors de l'UE ou de l'Amérique du Nord.

En bref, le vaste écosystème anti-corruption de l'Ukraine est un mécanisme de contrôle qui maintient son économie perpétuellement ouverte au pillage par les exportateurs étrangers qui bénéficient souvent d'un traitement préférentiel de la part de leur propre gouvernement. L'idée que la "corruption" est le plus grand obstacle au développement est une fiction utilisée pour justifier la libéralisation du commerce dans laquelle les capitalistes occidentaux les plus puissants gagnent inévitablement, au détriment de l'économie ukrainienne.

Grâce en grande partie à cette vaillante lutte "anti-corruption", l'Ukraine s'est radicalement désindustrialisée au cours des huit dernières années.

De 2013 à 2019, les exportations de produits aérospatiaux ont été divisées par 4,8, celles de wagons par 7,5, celles de produits métallurgiques par 1,7 et celles de produits chimiques par 2,1. La situation était particulièrement mauvaise dans le complexe militaro-industriel, les grands complexes navals et de missiles de l'Ukraine soviétique ayant autrefois disparu. Pas un seul budget n'est passé sans des achats grandioses - et coûteux - d'équipements militaires occidentaux. Au cours de la période 2018-2021, pas moins d'un milliard de dollars a été dépensé pour acheter 110 hélicoptères français pour la police ukrainienne, malgré le fait que l'Ukraine possède une excellente usine soviétique d'hélicoptères, bien qu'elle soit tombée en désuétude en raison d'une préférence pour les acheteurs étrangers. Cette immense désindustrialisation, même si elle est au service d'idéaux admirables tels que la "civilisation européenne", n'a pas servi l'Ukraine dans une guerre décidée par la taille du stock de roquettes et d'artillerie lourde de chaque armée.

Les personnages scandaleux qui peuplent les tribunaux anti-corruption sont, depuis le début de la guerre, restés sous le radar dans la ville relativement calme de Lviv, ou sont plus simplement partis pour Paris.

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Certaines figures célèbres, comme Artem Sytnyk (photo), ont même été reconnues coupables de corruption par la justice, mais n'ont pas été démises de leurs fonctions en raison des demandes directes des États-Unis et du Fonds monétaire international (FMI). Il a été révélé que Sytnyk a reçu 30.000 dollars d'indemnités de départ d'un organisme de lutte contre la corruption dans les premiers mois de la guerre, avant d'être reconduit dans un autre organisme. Recevant les salaires les plus élevés de tous les employés de l'État, 83 millions de dollars du budget ukrainien de 2021 ont été alloués aux trois plus grands organes de lutte contre la corruption, bien qu'ils soient souvent critiqués pour ne pas procéder à des arrestations à grande échelle pour corruption. Alors que les fonctionnaires ordinaires ont vu leurs salaires réduits à des niveaux absurdes, le budget ultra-endetté de l'Ukraine trouve de la place pour ces "travailleurs essentiels".

Ces tribunaux ont un statut juridique très flou et le mode de sélection de leurs dirigeants a même été déclaré inconstitutionnel par la Cour constitutionnelle en 2020, ce qui a conduit Volodymyr Zelensky à tenter sans succès (et illégalement) de démettre les juges constitutionnels. Il n'est pas surprenant que l'une des principales demandes de l'UE, répétée ces derniers jours, soit de "réformer" ce tribunal, qui s'est également prononcé contre des symboles de l'intégration européenne tels que la privatisation des terres agricoles. La guerre a fourni l'occasion de se débarrasser enfin des juges peu amènes.

L'UE a déjà commencé à exiger que l'Ukraine continue à accorder aux organismes de lutte contre la corruption un contrôle sans entrave, ce qui constitue l'une des conditions de son "intégration européenne" (ou plutôt, de l'octroi du statut conditionnel de candidat à l'UE). La "lutte contre la corruption" est de mauvais augure pour toute tentative d'accroître l'intervention de l'État dans la sphère économique, même si les organes de lutte contre la corruption ont déjà fait assez pour éliminer tous les politiciens dirigistes en Ukraine au cours des huit dernières années.

Lorsque le ministre des finances Marchenko a énuméré les choses terribles que le gouvernement pourrait être contraint de faire sans aide suffisante, il a cité la "nationalisation" aux côtés de coupes budgétaires catastrophiques.

Au lieu de nationalisations à grande échelle de secteurs cruciaux, on a assisté à un mélange de nationalisations ratées, de "nationalisations" par les personnalités les plus libérales d'Ukraine et de rachats par des entreprises publiques néolibérales. En termes de nationalisations ratées, les derniers mois ont été marqués par plusieurs tentatives de régulation des prix de l'essence, dont la pénurie était due aux campagnes de bombardements ciblés. Étant donné le manque de capacité de l'État, cette régulation a généralement échoué et le gouvernement passe régulièrement de la régulation temporaire du prix à sa fluctuation. Ces derniers jours, les pénuries dues à la spéculation se sont à nouveau intensifiées.

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Entre-temps, la "nationalisation" des actifs russes (ou "pro-russes") a occupé le devant de la scène en Ukraine. Ce fonds d'actifs saisis est contrôlé par Tymofey Mylovanov (photo). Ancien ministre du développement économique et directeur de la Kyiv School of Economics, il est célèbre pour ses positions ultra-libérales, selon lesquelles la privatisation est la solution à tous les problèmes.

Entre-temps, le secteur du gaz a été monopolisé par la fameuse compagnie gazière d'État, Naftogaz. Son patron, Yuri Vitrenko, aime raconter aux travailleurs de l'énergie licenciés les leçons d'Adam Smith, leur expliquant pourquoi ils devraient tout simplement aller travailler en Pologne au lieu de chercher à conserver leur emplois dans les raffineries d'uranium superflues de l'Ukraine. Néanmoins, la société a "balayé le marché du gaz" en prenant le contrôle de 93 % du secteur en mars-mai.

En mai, Naftogaz a annoncé une augmentation de 300 % du prix du gaz pour les fournisseurs. Le gouvernement a immédiatement assuré au public que les prix du gaz à la consommation n'augmenteraient plus pendant la guerre grâce à l'aide financière de l'Occident. Mais que se passera-t-il après la guerre, lorsque Naftogaz n'aura plus de concurrents ? L'une des principales exigences du FMI était la libéralisation du marché du gaz, afin que son prix converge avec celui des marchés allemands. Bien que le gouvernement ukrainien ait souvent été contraint de réglementer les prix du gaz en raison des protestations, il a signé un mémorandum avec le FMI en 2021, dans lequel un prêt initial de 700 millions de dollars était conditionné à l'accord selon lequel, d'ici mai 2022, 50 % du marché du gaz serait vendu aux prix du marché (européen) et d'ici 2024, 100 %. Cela signifierait une augmentation des prix du gaz à la consommation de plus de 400 %. Depuis que l'Ukraine est devenue dépendante des crédits du FMI en 2014, les prix du gaz à la consommation ont déjà augmenté de 650 %. Compte tenu de la dépendance croissante de l'Ukraine vis-à-vis du FMI, il est difficile d'imaginer qu'elle continuera à geler les prix du gaz à la consommation à un faible niveau grâce à l'aide occidentale.

En résumé, bien que cette évolution vers la nationalisation du secteur de l'énergie en temps de guerre soit certainement meilleure que l'alternative consistant à laisser le marché décider des prix, et que la décision d'interdire l'exportation de charbon, de gaz et de carburant en temps de guerre soit louable, le fait que Naftogaz ait toujours été plus intéressé par les profits que par le bien public rend difficile tout optimisme quant à l'avenir après la guerre. De nombreux experts en énergie doutent également que Naftogaz ait la capacité de prendre le contrôle de l'ensemble du système énergétique ukrainien. Si l'Ukraine ne s'était pas donné la peine de construire un "marché intégré du gaz en Europe" ces dernières années, elle aurait pu être mieux préparée.

Libéralisation du droit du travail

Outre le prix du gaz, les travailleurs ukrainiens auront une raison de plus de se rendre en Pologne, car leur pouvoir de négociation vis-à-vis de leurs patrons diminue en raison de la libéralisation du droit du travail.

Au cours des trois dernières décennies, de nouvelles lois ont été adoptées presque chaque année pour libéraliser le code du travail, et en mai, la version la plus libérale a été adoptée.

Au lieu de fournir des droits du travail unifiés pour tous et la possibilité de créer des conventions collectives, les travailleurs des entreprises de moins de deux cents employés (c'est-à-dire la majorité des travailleurs) n'auront désormais que la "possibilité" d'accepter individuellement les règles proposées par l'employeur - annulant de fait la couverture législative pour la majorité des travailleurs. Ces réformes permettent aux entreprises de licencier des travailleurs à volonté sans même une consultation nominale avec les syndicats et libèrent les employeurs de leur obligation de payer les salaires des travailleurs mobilisés au front. Bien que ce modèle ait souvent été proposé en Ukraine, il a généralement été adouci en raison des protestations des syndicats. La guerre - avec son chômage de masse et la suppression du militantisme syndical - était le moment idéal pour l'approuver.

Les politiciens qui ont créé cette législation l'ont fait sous les auspices d'un programme USAID. Les riches pays occidentaux ont toujours été désireux de promouvoir de telles lois en Ukraine. Les rapports du Fonds monétaire international sur l'Ukraine font souvent référence à la nécessité d'une plus grande libéralisation du marché du travail, et parfois même, il s'agissait d'une condition pour obtenir de nouveaux prêts du FMI. En 2021, des documents ont fait l'objet d'une fuite montrant que le ministère britannique des Affaires étrangères a organisé des séminaires pour le ministère ukrainien des Affaires économiques, expliquant quelle est la meilleure façon de convaincre les électeurs de la nécessité de telles lois.

Étant donné la dépendance de l'économie britannique post-Brexit vis-à-vis des travailleurs migrants ukrainiens à bas salaire - 67 % des visas d'ouvriers agricoles en 2021 iront à des Ukrainiens - il n'est pas surprenant que le ministère britannique des Affaires étrangères parraine une telle déréglementation en Ukraine. Une détérioration du marché du travail en Ukraine pousserait encore plus d'Ukrainiens à travailler au Royaume-Uni pour des salaires bien inférieurs aux niveaux britanniques. Comme la guerre a vu l'Ukraine s'endetter de plus en plus auprès du FMI et de l'UE, il est également fort probable que l'adoption de cette législation ait été motivée en partie par la volonté de montrer à l'UE la fidélité de l'Ukraine à la "voie des réformes".

Politique fiscale

Au début de la guerre, le gouvernement ukrainien a annulé les taxes et les tarifs douaniers sur les importations. C'était une excellente nouvelle pour les concessionnaires automobiles, des milliers de voitures traversant la frontière à des prix bien plus bas que d'habitude. Mais c'était mauvais pour le budget de l'Ukraine, qui a perdu environ 100 millions de dollars par mois. Elle a également aggravé le déficit en carburant de l'Ukraine, les camions d'essence étant bloqués par les énormes embouteillages à la frontière. En conséquence, la Banque nationale d'Ukraine (NBU) et le ministère des Finances ont exercé de fortes pressions pour obtenir le rétablissement de cette taxe, ce qu'ils ont réussi à faire à la fin du mois de juin.

Bien que le gouvernement montre une certaine volonté de rétablir l'impôt de base, il ne voit pas autrement la nécessité d'augmenter l'imposition des grandes entreprises.

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Dans une interview accordée à Bloomberg, "Marchenko (photo) a réaffirmé qu'il n'était pas favorable à une modification du système fiscal sous quelque forme que ce soit, ni en l'assouplissant ni en le durcissant". La politique fiscale de l'Ukraine n'a donc pas dévié du consensus post-Euromaidan qui voit dans la baisse des impôts la clé de la croissance et de la prospérité.

Au contraire, en annulant tant de taxes et en parlant de la reconstruction d'après-guerre principalement en termes de zones d'exportation sans taxes, la guerre a paradoxalement vu une intensification de ce modèle fiscal.

Pendant ce temps, les recettes fiscales perçues ne sont évidemment pas utilisées pour renforcer le secteur public. Ce qui se rapproche le plus de ce que l'on pourrait appeler de l'interventionnisme économique ukrainien jusqu'à présent, c'est l'annonce par le premier ministre d'un programme de 1,3 milliard de hryvnia (44 millions de dollars) visant à parrainer les travailleurs du secteur informatique pour améliorer leurs qualifications. Ici, comme ailleurs, la guerre a vu la poursuite du modèle économique libéral d'avant-guerre - un pays basé sur l'exportation d'un petit paquet de produits agricoles, une classe urbaine de spécialistes en informatique, petite mais dynamique, et les transferts de fonds de millions de travailleurs migrants.

Politique monétaire

L'une des demandes les plus importantes et les plus constantes faites à l'Ukraine par le FMI et d'autres créanciers occidentaux depuis 2014 est "l'indépendance de la banque centrale". Cela signifie qu'il faut choisir des figures de la NBU approuvées par le FMI qui veillent à ce qu'elle obéisse à la logique libérale orthodoxe la plus stricte, considérant le "ciblage de l'inflation" par le biais d'instruments monétaires comme la seule forme acceptable d'intervention étatique.

Les entreprises ne peuvent pas obtenir de crédit et le pays se désindustrialise, mais au moins la monnaie est stable. En Ukraine, la NBU est certainement "indépendante", bien que certains analystes plaisantent en disant que cela signifie qu'elle est totalement indépendante des intérêts de l'Ukraine. Les décisions de la NBU en temps de guerre en sont la preuve la plus évidente.

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Le ministre des Finances a créé des obligations de guerre spéciales au moment de l'invasion, espérant recevoir quelque 400 milliards de hryvnia (13,5 milliards de dollars) en faisant appel aux "citoyens patriotes". Mais après deux mois, seuls 57 milliards (2 milliards de dollars) avaient été levés grâce à ces obligations de guerre sur le marché libre. La banque nationale a été obligée d'intervenir, en achetant 70 milliards de hryvnias. Mais la NBU s'est rapidement inquiétée des tendances inflationnistes et de la dévaluation des devises, qui ont été exacerbées par l'impression de monnaie pour l'achat d'obligations de guerre. À la fin du mois de juin, la NBU avait acheté pour 7,5 milliards de dollars d'obligations, soit environ 17 % du budget ukrainien d'avant-guerre. Comme le note Bloomberg, l'impression monétaire a réduit les réserves d'or de l'Ukraine de 3 milliards de dollars, il en reste 25 milliards, tandis que l'inflation a atteint 20,1 %.

Invoquant ces dangers monétaires, la NBU a relevé les taux d'intérêt de 10 à 25 % le 1er juin. L'objectif était double : premièrement, espérer stopper l'inflation et la dévaluation de la monnaie en réduisant la masse monétaire pour les entreprises et les consommateurs ; deuxièmement, permettre au ministère des finances de gagner plus d'argent pour couvrir son budget, car ses obligations de guerre seraient poussées à la hausse par la concurrence des taux de la NBU, attirant ainsi plus d'acheteurs.

Alexey Kusch, un économiste ukrainien populaire, a publié un long message sur Facebook à propos de la décision, écrivant qu'elle l'a fait "douter pour la première fois depuis le début de la guerre, non pas de la victoire, mais de la possibilité qu'après celle-ci notre pays puisse commencer à se développer d'une autre manière" que la voie libérale qu'il a toujours critiquée. Il a cité l'adoption d'un taux de change fixe, la création d'obligations de guerre et certains contrôles des exportations de capitaux au début de la guerre comme des signes de l'émergence d'une politique économique plus sage et moins libérale en Ukraine. Au contraire, la décision de la NBU était une solution monétariste orthodoxe totalement inadaptée au contexte de la guerre.

Tout d'abord, parce qu'aucun taux d'intérêt n'est suffisamment élevé pour convaincre les capitaux étrangers d'investir en Ukraine, compte tenu des risques militaires et de la dévastation. Kusch cite le fait que les euro-obligations ukrainiennes arrivant à échéance en septembre (les obligations de guerre ukrainiennes ont une échéance de 30 ans, ce qui les rend encore moins attractives) ont été revendues sur le marché secondaire à un rendement de 250 %.

Le gouvernement a mal placé sa confiance dans la volonté des investisseurs privés de sauver un État déchiré par la guerre

Deuxièmement, parce que l'inflation en Ukraine est causée par des facteurs liés à l'offre, tels que la crise énergétique mondiale, les pénuries d'essence dues aux attaques militaires russes et aux embouteillages aux frontières, etc. Cela signifie que la solution monétariste standard consistant à réduire la demande aura peu d'effet pour stopper l'inflation. Au lieu de cela, l'intervention de l'État du côté de l'offre est nécessaire.

Troisièmement, parce que le taux de change fixe empêche a priori toute tentative monétaire d'influencer le taux de change. Selon M. Kusch, si la banque nationale prévoit de laisser flotter le taux de change, "alors les choses se gâtent vraiment". Il se souvient de la libéralisation de la monnaie en 2014-15, lorsque la hryvnia est passée de huit à une trentaine de dollars américains. Ce taux de change fluctuant a permis aux élites de retirer massivement des capitaux du pays, tandis que la population s'appauvrissait: en 2015, plus de 80 % des Ukrainiens avaient moins de cinq dollars par jour.

À l'époque, l'Ukraine disposait d'un système portuaire - aujourd'hui, en raison de la guerre, rien ne peut quitter les ports et les exportations sont tombées à moins de 40 % des niveaux d'avant-guerre. Kusch prédit donc une dévaluation spectaculaire de la monnaie si les importateurs sont autorisés à acheter des devises étrangères sur un marché interbancaire actif.

Malheureusement, les choses "vont très mal". Ce passage à une monnaie flottante "dirigée par le marché" est précisément ce qui a été annoncé par la NBU quelques jours après l'augmentation du taux d'intérêt. Les taux de change ont commencé à augmenter, même si les taux d'inflation, comme prédit par Kusch, ont continué à augmenter. En juillet, la NBU a supprimé les restrictions monétaires sur plusieurs biens d'importation, augmentant encore la dévaluation de la monnaie. Les "principaux bénéficiaires" de l'augmentation des taux d'intérêt et de la dévaluation inévitable du taux de change par la NBU, écrit Kusch, "sont les structures qui veulent retirer leurs capitaux du pays".

Quant aux obligations de guerre, M. Kusch a prédit qu'il y aura peu d'intérêt à les acheter même si le rendement augmente, car le niveau limite de l'épargne nationale ukrainienne à cette fin a déjà été atteint.

En outre, l'incertitude quant au comportement futur du taux de change ukrainien rend ce type d'actif encore moins attrayant. Ce qui serait acheté devrait avoir un taux très élevé, supérieur à 30 %, et n'intéresserait que les spéculateurs nationaux et étrangers à court terme. Entre-temps, pour payer tout cela, le trou budgétaire deviendrait encore plus grand. Selon une déclaration de la NBU en juillet, le budget de l'État ukrainien a reçu moins de la vente des obligations qu'il n'a dû en payer aux propriétaires.

Pour cette raison, le ministère des Finances a refusé de porter le taux de rendement de ses obligations de guerre à la hauteur astronomique exigée par le taux d'intérêt de la NBU. C'est pourquoi les achats d'obligations de guerre ont atteint un niveau historiquement bas de 79 millions de dollars dans les trois semaines qui ont suivi la hausse des taux, tandis que d'autres actifs sont devenus relativement beaucoup plus attractifs. La première vente aux enchères d'obligations d'État en juillet a rapporté un peu plus de 4 millions US$.

Le fait que le taux d'intérêt de la NBU soit supérieur aux rendements des obligations vendues par le ministère des finances crée une autre possibilité dangereuse : l'effondrement de la "pyramide obligataire" ukrainienne. Ce schéma - populaire tout au long de la période post-2014, mais surtout pendant les confinements sanitaires, lorsque les taux d'intérêt étaient particulièrement bas - consistait à acheter des crédits de la NBU à environ 5-6 % et à les utiliser pour acheter des obligations du ministère des Finances à rendement plus élevé, avec un rendement d'environ 11 %. Cela a permis aux banques ukrainiennes de réaliser des profits faciles : les deux plus grandes banques ukrainiennes ont investi près de 40% de leur capital dans cette pyramide financière. Mais tout cela s'effondre si les taux d'intérêt de la NBU sont supérieurs aux rendements des obligations de la NBU.

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Toutes les banques ukrainiennes, à l'exception de deux, dépendent d'une manière ou d'une autre du crédit de la NBU : ce crédit représente 20 à 85 % de près d'un tiers des obligations de remboursement de toutes les banques ukrainiennes.

La dernière fois que la NBU a augmenté les taux d'intérêt, en 2015, la "faillite" a commencé, avec plus de 60 % des banques ukrainiennes qui ont fait faillite et ont disparu dans les deux années suivantes. Si le FMI a fait l'éloge de cette fermeture de "banques fantômes corrompues", de nombreux déposants ont perdu leur argent et les crédits des entreprises et des consommateurs sont devenus difficiles à récupérer. Il n'a fallu qu'une journée pour que la dernière hausse des taux d'intérêt de la NBU détruise une banque et en laisse soixante-huit debout.

Que ce soit en raison de la concurrence avec le nouveau taux de la NBU ou du poids du remboursement des prêts de la NBU impliqués dans l'énorme "pyramide d'obligations", les banques ont durci les conditions pour les emprunteurs, provoquant une vague de plaintes de la part des entreprises et du grand public. Les taux d'intérêt ont augmenté de 15 % pendant la nuit pour de nombreuses entreprises. Les taux de crédit aux consommateurs et aux entreprises devraient augmenter vers 25-40 %, alors qu'avant la hausse des taux, ils étaient plus proches de 15 %.

Dans les semaines qui suivent l'invasion, la Chambre de commerce et d'industrie reconnaît la guerre comme un cas de force majeure : une loi spéciale (n° 2120-IX) est adoptée pour interdire aux banques d'imposer des amendes ou des pénalités aux débiteurs. Cependant, les banques ont contourné ce problème en augmentant simplement le taux d'intérêt.

Un réfugié de la région de Kharkiv a rapporté que la plus grande banque d'Ukraine a commencé à utiliser ses fonds de pension pour rembourser sa dette de crédit. D'autres, qui ont perdu leur emploi à cause de la guerre, se plaignent que les banques refusent d'accorder une période de suspension de crédit. Le meilleur accord que les banques proposent jusqu'à présent - uniquement aux personnes vivant dans les territoires actuellement contrôlés par la Russie - est l'annulation de 30 à 40 % du montant dû, le reste étant payé à un taux d'intérêt inférieur. Des rapports font état de négociations difficiles dans lesquelles les banques menacent de bloquer l'accès aux actifs dans les zones contrôlées par l'Ukraine aux hommes d'affaires qui ont perdu leurs actifs dans les zones qui ne sont plus contrôlées par l'Ukraine et qui ne peuvent donc pas payer. De son côté, la NBU a été très claire sur sa position lors de la sortie de la loi 2120-IX, recommandant aux particuliers de trouver un accord individuel avec leur banque sur les taux de crédit.

La situation des débiteurs continue de se dégrader : le 7 juin, l'une des plus grandes banques ukrainiennes a annoncé qu'elle voulait ramener les taux de crédit aux niveaux d'avant-guerre (en doublant les taux actuels), citant l'augmentation des taux d'intérêt de la banque nationale.

Promesses d'avenir

Face à une telle série de crises économiques, aggravées par sa gestion libérale, le gouvernement ukrainien s'en est tenu à ce qu'il fait de mieux : promettre que les donateurs étrangers résoudront ces problèmes. Il a promis que l'aide étrangère subventionnerait l'augmentation de 300 % des prix du gaz, tandis que les actifs étrangers saisis en Russie seraient utilisés pour reconstruire les maisons et payer les subventions de crédit. Même en laissant de côté la question de savoir s'il est réaliste de supposer que l'Occident paiera pour la monopolisation du marché ukrainien du gaz, le Wall Street Journal et le gouvernement suisse nous disent qu'il est hautement improbable que les actifs russes saisis finissent dans les mains des Ukrainiens.

Nous avons vu que l'aide occidentale est déjà insuffisante pour couvrir le déficit budgétaire de l'Ukraine, obligeant l'État à se lancer dans une impression monétaire inflationniste.

Maintenant, même l'aide financière semble être remise en question: le ministre ukrainien des finances a confirmé les rapports des médias occidentaux selon lesquels l'Allemagne bloque un prêt de 9 milliards d'euros de l'UE à l'Ukraine.

Le résultat le plus probable sera simplement qu'en l'absence d'aide étrangère, l'Ukraine déclarera des taxes basses dans diverses régions déchirées par la guerre et attendra que les investisseurs viennent construire - une solution déjà proposée par divers maires.

Sans aucun doute, les promesses des pays occidentaux de reconstruire l'Ukraine donneront lieu à d'impressionnants projets fictifs. Pour donner un exemple du sérieux de ces propositions, l'Estonie a promis de reconstruire la région de Zhytomyr, qui est seulement 33% plus petite que l'Estonie elle-même.

Cette perspective a été rendue explicite le 7 juillet, lorsque le gouvernement ukrainien a présenté son plan visant à utiliser une hypothétique somme de 750 milliards de dollars pour reconstruire l'économie. Apparemment, 200 à 250 milliards de dollars proviendront de subventions étrangères et 200 à 300 milliards de dollars de prêts étrangers. 250 milliards de dollars supplémentaires proviendront de sponsors privés, que le gouvernement croit manifestement désireux d'investir dans un pays déchiré par la guerre qui ne consacre que 5 milliards de dollars de son fonds de reconstruction à l'éducation. Le fait que 5 milliards de dollars supplémentaires seront consacrés à "l'amélioration de l'environnement des affaires" (en libéralisant davantage le droit du travail ?) et 200 millions de dollars aux organismes de lutte contre la corruption et à la "corporatisation des entreprises d'État" démontre une fois de plus la foi profonde du gouvernement dans le pouvoir du marché libre.

Bien que le plan prévoie la reconstruction des infrastructures, il n'est pas question d'une reconstruction du complexe industriel ukrainien par l'État.

Sans aucun doute, on suppose que les "investisseurs privés efficaces" l'appliqueront avec enthousiasme. Sinon, la transformation éventuelle de l'Ukraine en une source désindustrialisée de produits agricoles et de main-d'œuvre est tout simplement naturelle - et conforme aux principes libéraux de l'avantage comparatif de chaque nation.

Au lieu d'interventions de guerre efficaces, le gouvernement s'en tient à sa vieille formule consistant à justifier les sacrifices actuels au nom de la prospérité promise par l'UE. La dégradation des conditions de travail, l'"européanisation" des prix du gaz (mais avec des salaires ukrainiens), l'"indépendance" de la banque centrale vis-à-vis des intérêts nationaux de "son" pays - tout cela est justifié au nom de l'avenir européen radieux, ou plutôt, pour recevoir le statut marginal que la Turquie, candidate à l'UE, a eu pendant des décennies. Les médias ukrainiens et internationaux ne cessent de nous rappeler que cette guerre est menée au nom de "l'avenir européen" de l'Ukraine - et que sont ces sacrifices économiques comparés à tout le sang versé pour ce "grand idéal" ?

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L'UE a tout intérêt à maintenir l'illusion de l'"intégration européenne" de l'Ukraine. Dans le contexte mondial, l'UE est de plus en plus vulnérable sur le plan économique, avec des salaires élevés et des coûts énergétiques beaucoup plus élevés en raison des sanctions contre la Russie. Au cours des dernières décennies, de nombreux pays européens sont devenus de plus en plus dépendants des travailleurs migrants ukrainiens, dont beaucoup ont été chassés d'Ukraine précisément à cause du chômage et des bas salaires créés par les "sages réformes" de l'UE. Selon la banque centrale polonaise, 11 % de la croissance du PIB de la Pologne entre 2015 et 2020 est due aux migrants ukrainiens. Sans surprise, la Pologne a toujours été parmi les plus actifs à encourager le "choix de la civilisation occidentale" de l'Ukraine, les diplomates polonais étant les premiers à se rendre sur la place Maidan en 2013.

Il est intéressant de noter que le plan de reconstruction de 750 milliards de dollars du gouvernement ukrainien comprend un train à grande vitesse reliant l'Ukraine à la Pologne.

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Une grande partie de l'aide américaine est destinée à préparer l'UE à accueillir les migrants ukrainiens. En payant le logement, les cours de langue et les avantages budgétaires, de nombreux réfugiés choisiront de rester et de travailler dans l'UE. Cela signifie que cet aspect de l'aide "pour l'Ukraine" subventionne l'intégration d'une main-d'œuvre éduquée et peu coûteuse qui ne reviendra pas ou ne gagnera pas d'argent en Ukraine. Contrairement à la migration antérieure vers l'UE, où un seul membre de la famille partait et envoyait de l'argent imposable en Ukraine, cette nouvelle forme de migration implique que des familles entières deviennent des citoyens contribuables de pays étrangers. Alors que la banque nationale facilite la fuite du capital monétaire, les "partenaires occidentaux" font de leur mieux pour faciliter la fuite du capital humain.

Sélectionné et traduit par Massimo Cascone pour ComeDonChisciotte.org

L'Atlantic Council, le principal groupe de réflexion de l'OTAN

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L'Atlantic Council, le principal groupe de réflexion de l'OTAN

par le comité de rédaction de Katehon

Source: https://www.ideeazione.com/think-tank-della-nato/

L'Atlantic Council est un think tank américain dans le domaine des relations internationales. Il a été fondé en 1961. Il gère dix centres régionaux et des programmes fonctionnels liés à la sécurité internationale et à la prospérité économique mondiale. C'est une organisation considérée comme indésirable en Russie.

Dans les années qui ont suivi la signature du Traité de l'Atlantique Nord en 1949, des organisations bénévoles ont vu le jour dans les pays membres de l'Alliance de l'Atlantique Nord (OTAN) pour promouvoir ce que l'on appelle la compréhension du public et soutenir les institutions qui renforceraient la sécurité collective. En 1954, l'Association du Traité de l'Atlantique est créée et un réseau international d'associations de citoyens est formellement relié.

En 1961, les anciens secrétaires d'État Dean Acheson et Christian Herter, ainsi que Will Clayton, William Foster et Theodore Achilles, recommandent la création d'une nouvelle entité, le Conseil atlantique des États-Unis, qui rassemblerait les citoyens américains favorables à l'Alliance atlantique.

Tout au long des années 1960, le Conseil a produit une série de rapports sur l'opinion publique dans les pays membres de l'Alliance de l'Atlantique Nord et a activement promu la nécessité de la participation du public aux affaires internationales par le biais de publicités télévisées, d'une revue universitaire et d'un bulletin d'information. En 1967, le Conseil a produit son premier volume édité, Building the US-European Market : Planning for the 1970s. En 1975, le Conseil a produit de nombreux documents d'orientation, livres et monographies. Plus tard, il a élargi la portée de ses travaux pour inclure la réglementation environnementale et les relations Japon-Occident.

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En 1979, le vice-président du Conseil atlantique, Theodore Achilles, a créé un Comité de l'éducation. Il a expliqué ainsi son initiative: il voulait que "les futurs politiciens ressentent la solidarité qui est tout simplement nécessaire entre les personnes ayant une conscience claire si elles veulent construire un monde meilleur".

En 1980, le Conseil a commencé à recruter des professionnels de niveau intermédiaire par le biais d'une bourse d'un an. Cela était nécessaire pour offrir aux responsables gouvernementaux, aux chercheurs, aux représentants des médias et aux autres dirigeants du secteur privé du monde entier une année d'étude indépendante. En 1985, le Bureau d'information de l'OTAN a été lancé en coopération avec le Département d'État américain. Sa tâche principale était d'attirer l'attention du public sur des questions importantes pour la sécurité collective des États-Unis.

En 1988, elle a organisé une grande conférence internationale sur la reconstruction des relations Est-Ouest, à laquelle ont participé le président Ronald Reagan, Michael Dukakis, alors candidat à la présidence, Zbigniew Brzezinski, Jeanne Kirkpatrick, Colin Powell et Brent Scowcroft.

Après la chute du communisme, les programmes ont commencé à examiner la période de transition et son déroulement en Europe de l'Est et dans les anciennes républiques soviétiques, ainsi que les conséquences à long terme des conflits dans les Balkans et les efforts d'intégration européenne.

Depuis 1996, le Conseil décerne chaque année le prix Outstanding International Leader par le biais de son magazine. En 2004, le Conseil est devenu le partenaire américain du British-North American Committee, soutenu par un groupe de chefs d'entreprise et d'universitaires du Royaume-Uni, des États-Unis et du Canada.

Depuis sa création, le Conseil a organisé des programmes pour explorer les questions politiques, économiques et relatives à la sécurité. Les activités de ces programmes ont couvert l'Asie, l'Amérique du Nord et du Sud et d'autres régions.

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Depuis sa création, le Conseil s'est déclaré être "une institution non partisane dont les membres représentent l'aile internationaliste modérée des deux partis" aux États-Unis. Par statut, le Conseil est indépendant du gouvernement américain et de l'OTAN, mais cela a suscité des doutes chez de nombreux analystes.

En septembre 2014, Eric Lipton a rapporté dans le New York Times que l'Atlantic Council avait reçu des dons de plus de vingt-cinq gouvernements étrangers depuis 2008. Il a déclaré que le Conseil est l'un des nombreux groupes de réflexion qui reçoivent de grandes quantités de fonds étrangers et mènent des activités qui "correspondent aux programmes des gouvernements étrangers".

Le Centre Rafik Hariri pour le Moyen-Orient, qui fait partie du Conseil Atlantique, a été créé grâce à un don de Bahaa Hariri et sa fondatrice est Michelle Dunne. Après l'éviction de Mohammed Morsi de la présidence de l'Égypte en 2013, Dunn a demandé aux États-Unis de suspendre l'aide militaire à l'Égypte et a qualifié l'éviction de Morsi de "coup d'État militaire". Bahaa Hariri s'est plaint au Conseil atlantique des actions de Dunn et cette dernière a démissionné quatre mois plus tard.

En 2014, l'Atlantic Council a produit un rapport promouvant le Partenariat transatlantique de commerce et d'investissement (TTIP) - un accord commercial entre l'UE et les États-Unis - avec le financement de FedEx, qui a simultanément fait pression sur le Congrès pour réduire les tarifs douaniers transatlantiques.

En 2015 et 2016, les trois principaux donateurs ayant donné plus d'un million de dollars chacun étaient la millionnaire américaine Adrienne Arsht, le milliardaire libanais Bahaa Hariri et les Émirats arabes unis. La société Burisma Holdings, basée en Ukraine, a fait don de 100.000 dollars par an pendant trois ans au Conseil de l'Atlantique, à partir de 2016. La liste complète des donateurs comprend de nombreuses entités militaires, financières et d'entreprises.

Le Conseil atlantique crée un lieu de rencontre pour les chefs d'État et les chefs militaires des deux côtés de l'Atlantique. En 2009, le Conseil a accueilli le premier grand discours aux États-Unis de l'ancien secrétaire général de l'OTAN, Anders Fogh Rasmussen, qui a abordé des questions telles que la mission de l'OTAN dans la guerre en Afghanistan, la coopération de l'OTAN avec la Russie et la relation transatlantique au sens large. Le Conseil organise des événements avec des chefs d'État et de gouvernement actuels, notamment l'ancien président géorgien Mikhail Saakashvili, le Premier ministre ukrainien Arseniy Yatsenyuk et l'ancien président letton Vaira Vike-Freiberga.

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Le Centre for International Security de Brent Scowcroft organise des événements connus sous le nom de Commanders Series, où des chefs militaires américains et européens sont invités à parler des conflits d'intérêts au sein de la communauté atlantique. La série des commandants a mis en vedette des chefs militaires américains tels que l'ancien général George Casey et l'ancien amiral Timothy Keating et des chefs européens tels que l'ancien chef d'état-major de la défense française, le général Jean-Louis Jorgelin, et le lieutenant-général néerlandais Ton van Loon, qui ont parlé de la guerre en Irak, de la guerre en Afghanistan et des menaces pour la sécurité en Asie et en Afrique.

lundi, 08 août 2022

La ligne du Dniepr

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La ligne du Dniepr

par Fabio Mini

Source : Il Fatto Quotidiano & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/la-linea-del-dniepr

Nous savons quelque chose sur les dirigeants ukrainiens et peu ou pas du tout sur le peuple ukrainien. Il s'agit certainement d'un peuple tourmenté et désorienté dont la voix est filtrée et étouffée par la propagande ou la répression ultranationaliste. Tout comme une "opération spéciale" limitée et transitoire a été annoncée au peuple russe, une victoire certaine a été annoncée au peuple ukrainien, non pas tant par la résistance populaire que par l'assistance, de loin, du monde entier qui "compte". Ces gens commencent à ne plus comprendre ce qui se passe, et le président élu pour "servir le peuple" s'en sert maintenant pour se décharger de ses propres ambitions et échecs sur les autres. Du déluge de milliards de dollars et d'euros déversés sur l'Ukraine, pas une goutte n'a atteint le peuple. La dette ukrainienne s'envole et se fait passer pour de l'aide humanitaire. En fait, l'Ukraine est depuis longtemps incapable de payer les intérêts des dettes contractées avant la guerre. Elle est déjà en défaut technique et l'augmentation de l'"aide" la réduira à la faillite. La promesse de la victoire s'accompagne de celle de la reconstruction qui rendra l'Ukraine "plus belle et plus forte qu'avant". La victoire sera certaine car l'Ukraine sauve le monde en fournissant des céréales. Mais il a été souligné que l'accord recherché par l'ONU et la Turquie prévoit également la libération du blé russe, et de toute façon, même ensemble, ils ne pourront pas résoudre un problème qui était déjà évident avant la guerre. Un problème qui, pendant la guerre, n'a fait que déplacer le profit d'un spéculateur à l'autre, face à la crise alimentaire mondiale.

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Le peuple ukrainien ne comprend pas pourquoi les querelles internes au sein du gouvernement et les purges récentes de centaines de fonctionnaires, désormais posés comme traîtres, surgissent soudainement sous les feux de rampe de l'actualité. Le peuple se souvient très bien que Zelensky lui-même est devenu l'otage d'une faction extrémiste interne après son premier discours d'inauguration. S'il croit vraiment à cette faction aujourd'hui, soit il est mort de peur, soit il est victime du syndrome de Stockholm et s'est laissé prendre par les discours du preneur d'otages. Le peuple ukrainien se souvient bien de ce que les Russes ont fait aux Ukrainiens, mais il sait aussi que tous les pays voisins, à commencer par la Pologne, revendiquent des lambeaux d'Ukraine. Le peuple commence à se douter que l'Ukraine précisément sera mise en pièces. En commençant par le Donbass. Zelensky a été clair à ce sujet : il fera sauter tous les ponts sur le Dniepr et les Russes devront le traverser à la nage. Drôle de raisonnement pour quelqu'un qui prévoit de reconquérir tous les territoires ukrainiens perdus jusqu'à présent. Mais il fait chaud, et si Zelensky avertit maintenant les Russes qu'ils devront traverser le grand fleuve à la nage, cela signifie qu'il tient déjà pour acquise l'occupation de l'Ukraine à l'est du fleuve. C'est-à-dire la moitié la plus riche et la plus industrialisée du pays. Ce n'est pas un bon signal à envoyer à la population, qui est tellement fatiguée de la guerre qu'elle est également résignée à l'occupation russe.

Sur le "luciférisme aryen" azovite

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Sur le "luciférisme aryen" azovite

par Daniele Perra

Source : Daniele Perra & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/sul-luciferismo-ariano-azovita

Je suis récemment tombé sur un essai de 2013 de l'idéologue (et chef du secrétariat international) du mouvement Azovite, Olena Semenyaka, intitulé "Quand les dieux entendent l'appel : le potentiel conservateur-révolutionnaire de l'art Black Metal" publié par la maison d'édition Black Front Press basée à Londres et dirigée par le national-anarchiste Troy Southgate.

Le texte n'est pas dépourvu d'enseignements. Il part de l'idée que l'art du Black Metal est une sorte de "condamnation à mort du monde moderne". Cependant, il est tout à fait évident qu'il s'agit d'un produit du monde moderne. Mais allons-y pas à pas. L'essai affirme qu'il "est le grand 'Anti' de tout ce que l'on croit avoir de la valeur pour le membre moyen de la société occidentale moderne : des notions conventionnelles de ce qui est bon est beau à l'être métaphysique lui-même". Le black metal est donc une "phase nihiliste-active dans un processus de transvaluation métaphysique des valeurs". Il ne s'agit pas d'une sous-culture mais d'une contre-culture visant à effacer toute l'époque contemporaine. En cela, elle serait assez similaire à la révolution conservatrice présentée précisément comme un "phénomène culturel complexe qui a beaucoup en commun avec le black metal" : en plus d'être tous deux des phénomènes contre-culturels, ils sont également "politiquement transversaux".

Semenyaka met particulièrement l'accent sur le "National Socialist Black Metal" (NSBM), défini dans le document comme une "synthèse parfaite de la volonté de puissance luciférienne", dont l'Ukraine représente selon elle une avant-garde mondiale. C'est précisément ici qu'a lieu le principal festival de musique du genre (Asgardsrei), organisé par le citoyen russe en attente de recevoir la nationalité ukrainienne (il est aussi vétéran du régiment Azov et idéologue du groupe Wotanjugend), Alexei Levkin, après son expulsion de Russie. Semenyaka elle-même a longtemps été en très bons termes avec Levkin, jusqu'à ce que l'extrémisme excessif du Russe commence à se révéler rédhibitoire pour le redéveloppement/nettoyage international de l'image du mouvement azovite et ses tentatives de lobbying aux États-Unis.

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Le "luciférisme aryen" dont parle l'idéologue ukrainienne dans ce contexte se manifesterait comme un sentiment métaphysique de recherche de la liberté absolue. Ce passage est intéressant étant donné que dans l'essai, Semenyaka elle-même cite les travaux de René Guénon de manière plutôt désinvolte. Le métaphysicien français soutenait en effet l'idée que le luciférisme conscient et plutôt grotesque d'un petit groupe était bien moins dangereux que le luciférisme inconscient de la plupart: par exemple, celui des prédicateurs protestants nord-américains qui, en prétendant disposer d'un canal direct de communication avec Dieu, tentent en fait de le transporter dans les strates inférieures de l'être.

Cela montrerait en soi comment l'utilisation d'un luciférisme élitiste pour combattre une société déjà luciférienne est une sorte de contradiction dans les termes. Semenyaka fait également constamment référence à l'œuvre de Nietzsche, mais bien qu'elle ait écrit une dissertation sur la pensée de Martin Heidegger, elle semble ignorer la principale critique que le philosophe de Messkirch a formulée à l'égard de Nietzsche : à savoir que le platonisme ne peut être renversé en restant sur des positions essentiellement platoniciennes. Par conséquent, prétendre renverser le luciférisme par le luciférisme ressemble à un affrontement entre les deux faces d'une même pièce.

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Semenyaka parle également de la nature chthonique du Black Metal et de l'éveil en lui de la nature titanesque. Mais, là encore, il semble ignorer la nature déjà purement titanesque de la société que l'on chercherait à combattre. En outre, la comparaison avec la révolution conservatrice, du moins dans la manière dont Semenyaka comprend ce type d'"art", est totalement déplacée. Pour les théoriciens de cette "école de pensée", le révolutionnaire est celui qui sauve et préserve la valeur qui se trouve à l'origine. À l'ère du chaos informe du capitalisme financier et industriel, cette valeur réside dans l'essence même de la nature humaine écrasée par les produits de la technologie. Et cette essence, pour paraphraser Aristote, est avant tout politique. En redonnant au politique sa primauté sur l'économie et son contrôle sur la technologie, on redonne à l'histoire le rythme de l'homme qui tente de repenser et (à nouveau) d'interpréter le monde au lieu de se concentrer sur sa simple utilisation. En ce sens, la Révolution conservatrice a représenté une lueur olympienne dans une société déjà plongée dans un titanisme chthonique.

Dans l'interprétation du black metal par Semenyaka, cela devient donc une sorte de titanisme pseudo-oppositionnel à une société titanesque. Ainsi, le "règne de Prométhée" souhaité à venir (la phase active-nihiliste de la future domination titanesque) sera une fois de plus fondé sur le pouvoir élémentaire de la technologie. Ce n'est pas un hasard si Semenyaka parle encore d'un "ethnofuturisme" qui fera entrer la région située entre la mer Baltique et la mer Noire (le bloc "intermarium" déjà théorisé par le prométhéisme polonais de Josef Pilsudiski et actuel cheval de bataille de l'atlantisme) dans la "quatrième révolution industrielle".

Au chevet des médias américains

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Au chevet des médias américains

par Fabrizio Casari

Source : https://www.ariannaeditrice.it/articoli/al-capezzale-dei-media-statunitensi

Il était une fois le journalisme américain. Comme dans tous les ganglions vitaux du système de circulation des idées, la mythification de la profession de journaliste a constitué la toile de fond du récit médiatique contemporain. Ce récit parlait d'une presse libre et véritablement puissante, d'un quatrième pouvoir qui faisait trembler tous les autres. On a vanté les mérites de son école de journalisme d'investigation (qui se résume en gros à "suivre l'argent") et de son modèle de reporter sans faille et sans peur qui ne recule devant rien ni personne, qui ne craint ni la vengeance ni les représailles car son seul objectif est la Vérité, avec un grand "V", sans médiation et sans contexte.

Pour alimenter le mythe du journalisme made in USA, ils ont décidé de sanctifier cette image. Ils ont même inventé le prix Pulitzer, une sorte de prix Nobel du journalisme qui devait être décerné chaque année à ceux qui s'étaient distingués dans leur travail de découverte et de dénonciation des maux du monde. Que ce soit les maux qu'il était commode pour les États-Unis de dénoncer est un autre aspect de l'histoire.

La grande nouvelle, ces jours-ci, cependant, est que seulement 11 pour cent de la population américaine, conserve un degré de confiance dans ce que les médias publient, 89 pour cent ne les considèrent pas comme fiables ou véridiques. Dire cela, ce n'est pas être un rebelle ou un militant du système des médias alternatifs, loin de là.

C'est ce qu'affirme Gallup dans son sondage annuel sur la confiance des citoyens dans les médias. Il s'agit d'une enquête qui analyse le niveau de confiance dans la presse écrite depuis 1973 et dans la radio et la télévision depuis 1993. Gallup ne peut certainement pas être épinglé pour avoir affiché des positions anti-système, car c'est l'une des plus grandes multinationales américaines dans le secteur des sondages d'opinion. Son poids dans l'orientation et le décryptage des flux électoraux aux Etats-Unis est reconnu. Son enquête a donc tous les stigmates de la véracité et de la crédibilité. Précisément ce que le système médiatique ne semble plus apprécier.

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La chute verticale de la perception positive des médias n'est évidemment pas tant liée à des signatures ou à des émissions individuelles, mais au brusque renversement de rôle que le journalisme occidental a entrepris depuis la fin des années 1980. A supposer qu'il ait jamais été ce qu'il prétendait être - le chien de garde du pouvoir - il n'y a aucun doute sur le brusque et profond revirement qui voit aujourd'hui l'ensemble du système médiatique devenir un authentique appareil de défense de la pensée unique. Le quatrième pouvoir s'est, en somme, aligné sur les trois autres, et l'acte d'équilibrage, produit des rôles distincts entre contrôleur et contrôlé, est devenu un exercice rhétorique dépourvu de toute preuve réelle.

Ce que propose cette étude Gallup, c'est la courbe descendante d'un système médiatique conçu comme un soutien militant de la chaîne systémique. Il expose le manque de crédibilité manifeste qui est le résultat d'un mode d'information dont la structure de propriété comprend les grands groupes bancaires et d'assurance internationaux, et qui convoque les lecteurs et les auditeurs à une interprétation des événements politiques adaptée aux intérêts des propriétaires des médias.

Ce que Gallup ne peut pas dire, mais qui est clairement écrit entre les lignes du rapport, c'est que le rôle des médias comme courroie de transmission entre les institutions et les citoyens n'est plus rempli. Cette relation dialectique a été remplacée par une fonction à sens unique, à savoir celle des corps intermédiaires (tels que les médias) qui servent de caisse de résonance à la parole des puissants pour obtenir le consensus dont ils ont besoin. C'est clair pour tous désormais: le manque de fiabilité du système parce qu'il repose sur une chaîne d'approvisionnement mortelle, les banques possédant les gouvernements et les médias et utilisateurs d'informations étant appelés à partager alors qu'ils ne possèdent rien. La liberté de la presse n'est que la liberté des maîtres de la presse, qui décident ce qui est diffusable, comment et quand les faits et les commentaires sont diffusés. L'objectif, de grande envergure, est clair: convaincre les citoyens que ce sont les plus pauvres d'entre eux, et non les plus riches, qui sont à blâmer pour leurs incertitudes et leurs difficultés économiques ; ils leur demandent de se lancer dans la guerre contre le socialisme, qui, si elle est gagnée, les rendra pauvres, mais qui, au passage, leur enlèvera leur maison, leur emploi, leur santé, leur bien-être, leur éducation, leurs transports. Ce que dit l'enquête Gallup, en fin de compte, c'est que ce récit ne peut plus être répété à l'envi.

La participation émotionnelle des meilleurs et (surtout) des pires journalistes, qui font étalage d'un pathos digne d'autres causes envers les politiques gouvernementales et qui renoncent à émettre des doutes, à poser des questions, à creuser ce qui est occulte, sont quelques aspects de ce journalisme réduit à la propagande, fonctionnel à la diffusion de messages politiques occidentaux et non à l'information sur ce qui se passe, pourquoi cela se passe, quels intérêts cela déplace et à qui cela profite. Ce qui apparaît, c'est un mode de transmission politique de l'information qui est toxique, manquant de crédibilité et de fiabilité, les deux composantes les plus importantes d'une information saine.

Puis il y a le revers de la médaille ; encore plus agressif, il atteint les sommets criminels de la censure sans trace apparente. Prenez, par exemple, Julian Assange, qui a fait de la déontologie journalistique sa mission et qui, pour cela, a dû affronter la traque, le rôle du réfugié, les complots inventés pour le discréditer, la génuflexion honteuse de l'Équateur face aux exigences américaines. Ou Edgar Snowden, contraint de se réfugier en Russie pour avoir raconté ce qu'on lui a apporté, après avoir vérifié sa crédibilité et son sérieux. Et il y a aussi des journalistes moins connus du grand public, comme le journaliste saoudien Jamal Khashoggi, tué dans son ambassade, dépecé et mis en pièces dans une valise envoyée à Ryad au prince héritier.

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Mais si l'on veut prendre un bon exemple de la manière dont le journalisme d'investigation est soumis à la persécution politique, il faut ériger sur le plus haut podium Gary Webb, le journaliste américain du San Francisco Examiner, auteur du livre The Dark Alliance, où il dénonce le rôle de la CIA et de la Maison Blanche, alliées au terrorisme et au trafic de drogue, avec la complicité et l'intérêt partagé de l'armée de l'air salvadorienne dans le trafic d'armes et de drogue servant à fournir des armes aux Contras au Nicaragua. On l'a trouvé mort avec deux coups de fusil dans la poitrine, mais on a dit qu'il s'était suicidé. C'est un miracle d'automutilation acrobatique que de se tirer une balle dans la poitrine, puis de ramasser le fusil et de se tirer à nouveau dessus.

Sur ces crimes odieux, auxquels on peut ajouter la liste des journalistes tués par des soldats israéliens dans les Territoires occupés, le silence est d'or. Ceux qui devraient - par statut et par objectif - attirer l'attention du public sur de telles déviances font au contraire partie prenante du système politique qui dirige les médias. Comme Reporters sans frontières, une organisation qui doit ostensiblement dénoncer les attaques contre les travailleurs de l'information mais qui, comme l'a amplement avoué son fondateur, Bob Menard, est une structure entièrement financée et dirigée par la CIA pour protéger ses intérêts. Un cas explicite du contrôleur acheté par le contrôlé, presque une périphrase du schéma général dans lequel nous nageons quotidiennement, risquant de voir au loin et de prendre les requins pour des canots de sauvetage.

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L'enquête de Gallup ne dénouera pas les enchevêtrements pervers du système médiatique, otage du système économique, des journalistes qui commencent avec un esprit indépendant et finissent peu après comme thuriféraires. Elle ne lèvera pas le voile sur les raisons pour lesquelles ceux qui écrivent, parlent et passent à la télévision aujourd'hui militent avec ardeur dans les rangs du néolibéralisme atlantiste. Elle ne proposera pas non plus l'insoutenabilité d'un système international qui assigne à l'Occident le contrôle total du circuit des médias et qui, dans le même temps, définit sans vergogne la fameuse minorité non alignée comme un objet de "censure".

Mais si le récit du système unipolaire perd en crédibilité et en fiabilité, c'est tout le système politico-médiatique de l'empire qui en pâtira. Gallup ouvre ainsi un scénario plus large. Les files de sans-abri aux portes des villes américaines ignorées par la presse, la radio et la télévision représentent bien le degré de confiance dans les médias et leur capacité à décrire la réalité. Ce qui ne fonctionne probablement plus dans les médias est ce qui ne fonctionne plus dans le système politique.

dimanche, 07 août 2022

Hypothèses sur le regard asiatique

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Hypothèses sur le regard asiatique

par Pierluigi Fagan

Source : Pierluigi Fagan & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/ipotesi-sullo-sguardo-asiatico

Si nous devions assumer l'objectif stratégique américain vis-à-vis de la Chine, c'est-à-dire, si ce n'est l'isoler, la mettre en grande difficulté, mettre des frictions sur le cours de sa croissance économique, donc de sa puissance et de sa stabilité interne, comment devrions-nous évaluer le voyage de Pelosi ?

Le premier problème avec les articles et les commentaires que je lis à ce sujet est qu'ils sont écrits avec une mentalité occidentale et qu'ils s'adressent à un public occidental. Mais le jeu est en réalité purement oriental. Non seulement la Chine est orientale, mais le système dans lequel elle s'inscrit est oriental. C'est ce système, le système asiatique, qui alimente la croissance chinoise et qui en est tout aussi dépendant. 

Le deuxième problème est le type d'image du monde qu'a l'analyste. Les géopolitologues sont désormais très en vogue après une longue domination des économistes. Mais malheureusement, tout comme les économistes font des analyses monofocales qui ignorent la grammaire géopolitique, les géopoliticiens souffrent tout autant d'un biais monofocal envers les faits économiques. C'est un gros problème, car là, dans la réalité des choses, ainsi que dans les mentalités politiques des acteurs sur le terrain (chefs des différents gouvernements de la zone), il n'y a pas une telle division, la réalité à laquelle nous devons faire face est une.

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Le troisième problème auquel nous devons faire face est l'enrôlement des observateurs occidentaux dans les systèmes de jugement impliqués dans le sujet. Ils peuvent être atlantistes et ainsi réciter une suite de concepts et de jugements complètement déséquilibrés comme je l'ai lu par hasard ce matin dans un article de Marta Dassù, ou à l'autre bout du spectre citer des éditoriaux enflammés du Global Times. Ainsi, par exemple, ceux qui, au mépris de la mentalité séculaire du conflit asymétrique chinois, ont imaginé des chasseurs chinois abattant l'avion de Pelosi dans le pur style Top Gun, c'est-à-dire Hollywood.

Maintenant, je ne veux pas me vendre pour ce que je ne suis pas, je ne suis pas un expert de l'Asie, je ne suis un expert de rien, je suis un généraliste qui s'occupe de la complexité, donc de beaucoup de choses. Cependant, je vais essayer de faire une analyse basée sur le peu que je sais, en essayant d'éviter les trois biais mentionnés ci-dessus.

  1. 1) La Chine réalise près de 50% de ses importations en provenance d'Asie et un peu moins, 46%, de ses exportations. On peut dire que la force économique et commerciale de la Chine est essentiellement asiatique et qu'à l'Asie, elle donne (c'est-à-dire importe) plus qu'elle ne prend (exporte). La Chine est le premier pays dans les deux domaines pour chacun des un peu plus de 50 états asiatiques et quand elle n'est pas la première, elle est la deuxième ou dans de rares cas la troisième. On peut dire de manière systémique que pour le système asiatique, pour le bien commun asiatique, c'est-à-dire l'intérêt commun de tous les États asiatiques, la Chine agit comme la locomotive, le cœur systémique, la pompe centrale de la circulation des richesses. Ce qui implique que tout problème d'élan dans la locomotive chinoise serait payé par l'ensemble du train asiatique. Il faut également se souvenir des multiples forums (fora) et accords liant les pays asiatiques à la Chine, RCEP, AIIB, SCO etc.
  2. 2) À l'inverse, la Chine est un géant démographique et un géant en matière de puissance dans le monde asiatique. Avec peu d'inclinaison pour l'impérialisme dans son voisinage au cours de son histoire, du moins au cours des derniers siècles, si vous êtes un État asiatique, en particulier un État adjacent, vous pouvez évidemment avoir quelques inquiétudes. Les diverses questions relatives aux frontières maritimes, aux détroits, à la diaspora chinoise, au grand renforcement techno-militaire chinois récent, bien qu'elles ne soient pas toujours directement menaçantes, ne sont certainement pas rassurantes. Il convient toutefois de rappeler que la Chine n'a pas de tradition de manipulation des gouvernements d'autrui ; elle n'a pas à son actif le financement politique, celui des groupes de réflexion, du lobbying, de l'influence de la presse et de bien d'autres choses encore qui caractérisent l'empire hybride américain.
  3. 3) Nous avons donc deux dynamiques, l'une poussant à l'établissement de relations étroites avec la Chine, l'autre conseillant une certaine contre-assurance, ce que l'on peut appeler, en relations internationales, le classique "numéro d'équilibriste". Le candidat naturel à l'équilibrage est les États-Unis, l'ennemi de mon ami/ennemi. L'acteur qui illustre le mieux cette posture équilibrée est l'Inde. Dans l'OCS, dans l'AIIB et surtout dans les BRICS, elle est avec la Chine, mais, simultanément, elle flirte militairement et technologiquement avec l'Amérique (et en vérité aussi avec la Russie en termes d'énergie et d'armes).
  4. 4) Dans les nombreux mérites et capacités des Américains, il manque certaines qualités typiquement asiatiques: la patience, la stratégie à long terme, la diplomatie, l'art du conflit-coopération, les formes d'interaction indirectes, obliques et diagonales. Pour rappel, le Global Times (GT) cite un certain nombre de diplomates de l'ASEAN et d'autres qui ont été déconcertés par la décision américaine sur le voyage de Pelosi. GT ne cite pas de noms et surtout fait - habituellement - de la propagande ; cependant, pour autant que je puisse connaître la mentalité asiatique, l'information semble très crédible. Aussi parce qu'elle est confirmée par le fait que le président coréen a fait semblant d'être en vacances (à son domicile de Séoul, semble-t-il) pour ne pas avoir à rencontrer l'Américaine même étant donné qu'une rencontre entre Sud-Coréens et Américains n'aurait pas été du tout scandaleuse aux yeux de Pékin. En outre, ces derniers jours, certaines sources asiatiques ont affirmé que Taipei elle-même avait supplié Pelosi de reporter son voyage, mais en vain. Rien ou presque n'est plus opposé que la mentalité asiatique et celle du Far West, je me contente de prendre une photo, quel que soit le jugement que l'on puisse en porter.
  5. 5) Taipei dépend à 28% de Pékin pour ses exportations et à 24% pour ses importations, la RPC étant de loin son premier partenaire, bien sûr. Il convient de noter que la réaction chinoise, au-delà de la tradition de la guerre des feux d'artifice dans la région, a montré avec quelle facilité Taipei pouvait être soumise à un blocus naval. Un blocus naval poserait un gros problème aux États-Unis. Taïwan n'est pas un État reconnu par l'ONU et par la communauté internationale. Si la Chine devait procéder demain à un blocus naval sérieux, et si les Américains allaient le forcer, ils se rendraient formellement coupables d'agression. Un blocus naval plus un blocus économique étoufferaient Taïwan dans un délai raisonnable. Mais dès les blocages d'exportation effectués par les Chinois (par exemple le sable que les journalistes de notre grande presse désignent comme indispensable à la construction sans savoir qu'il est aussi du silicium, même s'il n'est pas très pur) en guise de punition pour la rencontre criminelle, on voit comment l'objectif chinois est d'opposer le pouvoir économique taïwanais (qui est celui qui domine l'île) au pouvoir politique qui est tout sauf monolithique. Je dois également souligner que toute la paranoïa excitée, crachée par les médias occidentaux sponsorisés par les Américains dès le deuxième jour de la guerre en Ukraine, selon laquelle la Chine est sur le point d'envahir Taïwan, est insignifiante. Taiwan doit rejoindre la RPC dans les vingt-sept ans (2049) et il n'y a aucune raison de précipiter les choses. Notamment parce que la Chine continentale voudra probablement convaincre les insulaires ou une bonne partie d'entre eux du caractère inévitable du fait avant de faire des gestes plus décisifs. À la fois parce que régner sur un territoire hostile est un problème, et parce que cela montrerait un visage trop agressif envers ses voisins-partenaires asiatiques.

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Cela dit, l'opération est loin d'être facile, les Chinois ne se reconnaissent pas dans les champions du soft power, les Taïwanais préféreraient rester autonomes, les Américains, les Britanniques et toute la cohorte occidentale feront tout pour mettre des bâtons dans les roues. Cependant, la géographie, l'anthropologie et l'économie, ainsi que la bonne utilisation du temps, sont en faveur des Asiatiques.

De nos jours, il est essentiel de comprendre et de se rendre compte qu'il y a vraiment beaucoup à étudier. Étudions plus et jugeons moins, l'anxiété est l'ennemi d'une bonne adaptation à l'ère complexe. Vous aurez fait l'expérience décourageante de voir dans un film étranger comment ils traitent notre italianité avec des clichés, projetant sur nous leurs pauvres et stupides schémas mentaux. Ne faites pas de même avec les Asiatiques, ce n'est pas une bonne façon de s'orienter dans le futur vers les 60% de la population mondiale. Si vous ne savez pas certaines choses, vous pouvez toujours vous taire, n'est-ce pas ?

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[Le livre ci-dessus est fantastique, je le recommande vivement, il est écrit par le plus grand expert de la mentalité chinoise que nous ayons ici en Europe, un Maître, une figure rare en ces temps de précipitation et de superficialité].

La guerre des grains et la nouvelle posture de la Sublime Porte

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La guerre des grains et la nouvelle posture de la Sublime Porte

Irene Ivanaj

Source: https://secolo-trentino.com/2022/07/31/la-guerra-del-grano-e-la-nuova-postura-della-sublime-porta/

Le rôle d'Erdogan en tant que grand médiateur dans la guerre Russie-États-Unis via l'Ukraine, alliée de l'OTAN mais également capable d'une ligne autonome, tandis que l'Europe tâtonne dans le noir.

Le grain, plus encore que le gaz, est une arme diplomatique entre les mains de la Russie et une guerre d'usure se profile en mer Noire, avec le déploiement de grandes puissances. La phase de libre-échange mondial des biens et des capitaux, ainsi que le transport des personnes à bas prix partout, est un souvenir, avec un blocage consécutif des chaînes d'approvisionnement mondiales.

La Chine, qui montre qu'elle voit loin, s'est préparée à la guerre et surtout à une économie de guerre. L'année dernière, elle a accéléré son désengagement de la dette publique américaine, même si cela avait été prévu depuis des années. D'autres puissances régionales, comme la Turquie et Israël, tentent de trouver des équilibres alternatifs et, pour des raisons évidentes, de ne pas contrarier le géant russe. Les alliés occidentaux, ayant peu à peu oublié l'usage de la diplomatie, tentent de rafistoler les adhésions à l'UE ou à l'OTAN en cherchant désespérément d'autres alliés et se targuent d'être prêts au dialogue dans le Haut-Karabakh.

De l'autre côté de la mer d'Azov, Erdogan a enregistré plusieurs victoires diplomatiques et militaires en Afrique et au Moyen-Orient. La semaine dernière, il a conclu l'accord sur les céréales en faisant office de garant entre les deux parties - la chaleur et les copeaux seront pris en charge plus tard ; peut-être après avoir remporté les élections prévues l'année prochaine. Du nouveau rôle de la Turquie, Carlo Marsili, ancien ambassadeur d'Italie à Ankara, a parlé avec beaucoup de clarté lors du 19ème atelier international du think tank Il Nodo di Gordio, organisé par Daniele Lazzeri à Baselga di Pinè.

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Parmi les nombreuses bizarreries que l'on peut lire sur la Turquie, l'une d'entre elles est que c'est un pays isolé. Ce n'est pas vrai : pas plus tard qu'en mars dernier, le premier ministre israélien, le président azéri, la chancelière allemande, le ministre arménien des affaires étrangères, le premier ministre néerlandais se sont rendus sur place [...]. En juillet, le troisième sommet italo-turc a donné une impulsion importante aux relations diplomatiques, qui s'étaient quelque peu relâchées avec le temps. La deuxième bizarrerie est de prétendre que la Turquie est anti-occidentale et n'est pas un allié fiable. C'est faux, c'est un pays qui, en raison de sa géographie particulière, a suivi une voie unique en matière de politique étrangère. Un pays musulman, membre de l'OTAN, candidat à l'UE, membre du Conseil de l'Europe, membre du G20, premier partenaire de nombreux pays africains, avec une très forte présence en Somalie, etc. aura nécessairement des intérêts différents qui ne sont souvent pas faciles à concilier."

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Depuis le début de la guerre, Erdogan "[...] s'est érigé en médiateur, convoquant les présidents russe et ukrainien au forum d'Antalya. L'opération a abouti hier (25 juillet, ndlr) à la signature d'un accord rouvrant le trafic aux navires ukrainiens chargés de céréales. Un succès significatif". L'accord se compose de deux documents, l'un signé par les parties turque et russe et l'autre signé par la partie ukrainienne avec les Turcs. Pour parvenir à cet accord, la Turquie a dû jouer un rôle diplomatique qui, selon une certaine presse, était ambigu, mais qui s'est révélé au contraire précieux. D'une part, elle a condamné l'invasion russe aux Nations unies, fourni des drones à l'Ukraine, accueilli de nombreux réfugiés, activé la convention de Montreux de 36 sur les détroits dans une fonction restrictive, mais n'a pas appliqué de sanctions et a poursuivi le dialogue politique avec Moscou [...].

Abordant un point controversé, Marsili a déclaré :

    "En ce qui concerne le veto turc à l'entrée de la Suède et de la Finlande dans l'OTAN, la Suède - selon les Turcs - abrite le quartier général du PKK, une organisation dont le but est la division de l'État turc par la création d'un nouvel État kurde, qui n'a jamais existé à ce jour. Un objectif totalement opposé à celui de l'OTAN".

Erdogan négocie depuis une semaine pour établir les procédures opérationnelles standard de la base logistique installée sur les détroits par les Turcs pour guider les navires le long des routes minées par les Ukrainiens eux-mêmes, alors que les Russes craignent que les couloirs soient utilisés pour importer des armes et que les Ukrainiens accusent les uns et les autres de voler des cargaisons de céréales syriennes qui ont été repérées au Liban. Mais la semaine dernière a vu les retombées économiques de la tension : l'Égypte a retiré une commande de 240.000 tonnes de céréales ukrainiennes, une nouvelle détérioration des relations, et maintenant la guerre déborde sur le front géorgien, voisin et partenaire de la Turquie.

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Et ces derniers jours, la situation en Géorgie se détériore rapidement, élargissant le champ de la confrontation. Dans les accords bilatéraux de l'année dernière, une règle générale a toujours été d'examiner les sujets un par un, mais cela pourrait ne pas être possible. Le mois dernier, il y avait déjà eu des tensions avec l'ambassadrice américaine, Georgia Degan, qui était accusée de vouloir fomenter une guerre dans le pays. En effet, l'ouverture d'un éventuel second front serait particulièrement préjudiciable à Moscou, mais la population géorgienne ne semble pas en être convaincue. Il y a une semaine, des manifestations avaient rempli les places pour la visite à Tbilissi d'une délégation du Parlement européen qui encouragerait l'entrée du pays dans l'Union. Entre-temps, avant-hier, un accord datant d'avant le 24 février ou janvier entre la Russie et la Géorgie a été publié : une partie du littoral de l'Abkhazie ira aux Russes.

Erdogan a été très habile pour gérer la neutralité d'un pays qui a un pied en Europe et un autre en Asie, un allié occidental unique, qui a tellement élargi ses accords qu'il peut négocier avec n'importe qui, souvent à ses propres conditions. Ajoutez à cela les multiples infrastructures réalisées au fil des ans, à tel point qu'elle est devenue une plaque tournante pour les hydrocarbures.

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L'Europe et l'Amérique, quant à elles, ont certes préparé le reste du monde à s'organiser, mais sans construire une alternative aux relations brûlées au fil du temps. My way, or the highway, ont-ils dit au monde ces dernières années ; les Américains ont les ressources pour le faire, l'Europe non. Erdogan a agi rapidement, il est retourné en Géorgie et a renouvelé un accord commercial de 3 milliards avant-hier. La politique n'attend plus l'heure de la justice internationale, et la diplomatie est un travail sur lequel on prend facilement du retard. En témoigne le procès qui oppose l'Arménie à l'Azerbaïdjan, ouvert à la Cour internationale de justice après neuf mois d'accusations mutuelles de génocide, qui a entre-temps été déclaré "résolu" avec la reprise du conflit du Haut-Karabakh. Là aussi, Erdogan a placé et déplacé ses pions.

Le régime contre nos agriculteurs - L'élimination de la classe paysanne aux Pays-Bas

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Le régime contre nos agriculteurs

L'élimination de la classe paysanne aux Pays-Bas

Sjors Remmerswaal

Source: https://remmerswaal.substack.com/p/het-regime-tegen-onze-boeren

En octobre 2019, il est apparu clairement à un large public que les agriculteurs néerlandais étaient très mécontents des choix politiques du régime libéral. À cette époque, des milliers d'agriculteurs ont conduit leurs tracteurs vers La Haye et sont parvenu à provoquer d'énormes embouteillages sur le réseau routier de tout le pays, ce qui signifiait que tout le monde avait intérêt à écouter les critiques des agriculteurs. Ils ne vont pas se laisser chasser de leurs terres comme ça, même s'ils ont été déçus par les partis traditionnels et par leurs propres défenseurs attitrés.

Ces dernières semaines, les protestations ont à nouveau éclaté lorsque la ministre Christianne van der Wal a présenté les nouveaux plans relatifs à l'azote, qui réduiraient les émissions d'azote de 70 % dans 131 zones, à proximité de ce que l'on appelle la nature vulnérable, avec des conséquences majeures pour les agriculteurs et leurs exploitations. Il s'agit de réduire les dépôts d'azote, c'est-à-dire la précipitation d'azote sur le sol et dans l'eau des composés azotés réactifs de l'air. Il s'agit des oxydes d'azote provenant du trafic et de l'industrie et de l'ammoniac provenant de l'agriculture.

Notre nature serait sérieusement affectée par les activités quotidiennes des agriculteurs. C'est pourquoi le ministère a accéléré les plans visant à réduire l'azote et à améliorer la qualité de la nature et de l'eau. Les responsables poursuivent énergiquement ces plans en désignant des zones spécifiques et des charges d'azote spécifiques qui y sont autorisées, en achetant des fermes, en accordant des subventions et des récompenses aux agriculteurs qui s'y plient.

Il existe une position fondamentale en ce domaine: à savoir que la nature doit être améliorée et qu'un gouvernement tente d'y parvenir en réduisant les émissions d'azote. Le rachat des terres des agriculteurs ne servira à rien et, dans quelques années, d'autres industries seront également victimes de ces politiques écolo-climatiques. Juste le temps qu'il faut pour que les Pays-Bas soient complètement détruits. Certains spécialistes affirment que même si toutes les personnes et entreprises contestées quittent les Pays-Bas, les émissions d'azote seront toujours trop élevées en raison de ce qui est amené de l'étranger par les vents et les cours d'eau.

Merci de lire la Newsletter de Sjors Remmerswaal ! Abonnez-vous gratuitement pour recevoir les nouveaux articles et soutenir mon travail: https://remmerswaal.substack.com/ .

La revue de presse de CD - 07 août 2022

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La revue de presse de CD

07 août 2022

EN VEDETTE

Loi contre les contenus « terroristes » en ligne, en marche vers une censure généralisée au sein de l'UE ?

Sous couvert de lutter contre le terrorisme et de se conformer au droit européen, l'Assemblée nationale vient de voter une loi sur « la prévention de la diffusion de contenus à caractère terroriste ». Ce texte donne à présent le droit aux autorités de censurer, dans l'heure et sans aucune intervention de la justice, tout contenu publié sur internet dès lors que celui-ci peut être considéré comme « terroriste ».

Une loi qui menace directement la liberté d'expression. Explications.

Francesoir.fr

https://www.francesoir.fr/politique-france/loi-contre-les...

ALLEMAGNE

Mme Baerbock, désorientée

Annalena Baerbock et la coalition « tricolore » sont actuellement à la recherche de diplomates - et ce « sans connaissances générales et test psychologique », comme l'écrit le Merkur. Lors de son entrée en fonction, Mme Baerbock avait déjà laissé entendre qu'elle souhaitait à l'avenir mener une « politique étrangère féministe ». Apparemment, cela passe aussi par l'abaissement des exigences : « Dans la recherche actuelle, deux tests qui devaient encore être réussis jusqu'à présent sont supprimés : le test de connaissances générales et le test psychologique », explique le Merkur. Ce qui est particulièrement piquant, c'est ce qu'un initié a révélé au portail : « Le test psychologique a été supprimé parce que les candidates étaient particulièrement nombreuses à l'avoir raté ».

euro-synergies.hautetfort.com

http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2022/07/29/m...

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CHINE (S)

La guerre pour Taïwan ? Précédents historiques et risques militaires

La Chine répète de plus en plus fortement qu’elle est décidée à « réunifier » le pays en annexant Taïwan. Et tout le monde remarque que le terme « pacifiquement » a disparu. Comme il semble que Taïwan ne puisse pas se défendre sans les États-Unis, une guerre à grande échelle est tout à fait possible si ce soutien se matérialise.

revueconflits.com

https://www.revueconflits.com/taiwan-guerre-chine/?utm_so...

DÉSINFORMATION/CORRUPTION/CENSURES/DÉBILITÉ

La guerre livrée à l’humanité, la cybernétique

Deux mondes se superposent. Il y a celui de l’information fortement débilitante que l’on voit au travers des écrans, et il y a celui qui se construit à coups de structuration par les processus et les normes. Basé lui aussi sur l’information, issue de la base de données massives, ce monde échappe totalement à la compréhension de l’humain normal. Il est hautement complexe et se veut affranchi de l’humain. La vie informationnelle de celui-ci doit être associé à une machine (transhumanisme) jusqu’au jour où les machines communiqueront directement entre elles (posthumanisme). On voit ainsi que la fin de l’humain unique, sensible, créatif, imparfait tend vers sa fin. Ce modèle porte le nom de cybernétique.

Le blog de lilianeheldkhawam.com/

https://lilianeheldkhawam.com/2022/07/31/la-guerre-livree...

Revue de presse RT du 24 au 30 juillet 2022

Notre exercice hebdomadaire de dé/réinformation vu du côté russe. Cette semaine, la Russie qui continue à jouer avec les nerfs de l’Europe, le projet de visite de Pelosi à Taïwan pour provoquer la Chine, l’Ukraine qui délire de plus en plus et le monde multipolaire qui se renforce malgré/grâce à l’agitation occidentale.

lesakerfrancophone.fr

https://lesakerfrancophone.fr/revue-de-presse-rt-du-24-au...

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« La presse est devenue extrêmement éditorialiste et de moins en moins factuelle »

Avec la création de Citizen Light, cet ancien collaborateur pour France 3, réalisateur des documentaires Hold Up et Hold on, entend proposer une alternative aux principales agences de presse (AFP, Reuters) afin d'y traiter des informations importantes et absentes des médias mainstream. Intéressée par le concept et la vision du projet encore en construction, Laurence Beneux a donné à l'agence de presse un accord de principe quant à sa collaboration. Elle accepte à ce titre de répondre à Thibault Schepman, journaliste pour le site Arrêt sur images qui prétendait vouloir comprendre le projet Citizen Light. Cependant, à la lecture de l’article, elle a la désagréable surprise de découvrir des allégations qui ne correspondent en rien avec les propos tenus lors de l’entretien. « Diffamatoire et calomnieux du début à la fin », l'article se compose d'« une succession d’attaques personnelles » jamais sourcées, dénonce Laurence Beneux.

francesoir.fr

https://www.francesoir.fr/videos-le-defi-de-la-verite/lau...

Services d’ordre et compte rendus d’incidents, des récits bien différents

Un candidat à l’élection présidentielle se doit d’avoir un bon service d’ordre. Un déplacement perturbé c’est un déplacement raté. Ce mois d’avril 2022 a montré, pour les candidats Macron et Le Pen, l’importance de rôder la mécanique en la matière. Il a également révélé de la part des médias dominants un deux poids deux mesures devenu habituel.

ojim.fr

https://www.ojim.fr/services-dordre-et-compte-rendus-dinc...

La CIA et les médias (2/6) – Quand l’Agence infiltre la Presse

Comment les médias les plus puissants d’Amérique ont travaillé main dans la main avec la Central Intelligence Agency et pourquoi la Commission Church les a couverts.

les-crises.fr

https://www.les-crises.fr/la-cia-et-les-medias-2-6-quand-...

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ÉCOLOGIE

Agriculture : l’échec de l’écologie politique

Ce qu’il se passe actuellement aux Pays-Bas et au Sri Lanka devrait avertir la bureaucratie européenne. La planification agricole centralisée en matière d’agriculture (et dans tout autre domaine) ne fonctionne pas, et ne fonctionnera jamais. Le gouvernement n’a pas accès à l’information nécessaire pour dicter aux agriculteurs ce qu’il faut produire, ni comment le produire – pour la simple et bonne raison qu’il n’est pas omniscient. Seuls les acteurs concernés sont en mesure de s’adapter aux mécanismes du marché.

Contrepoints.org

https://www.contrepoints.org/2022/07/30/435992-agricultur...

Ours blancs, boisson gazeuse et ONG : un cocktail insipide

Considéré comme « espèce en voie de disparition », l’ours polaire est devenu le symbole écologique d’une lutte contre le réchauffement climatique. Curieux pour un animal dont la population a quintuplé en 40 ans ! WWF, comme Greenpeace, est une organisation militante écologique qui utilise toutes les armes médiatiques à sa disposition, dont la désinformation contrôlée. Un exemple illustratif est le rapport sur la disparition, annoncée pour 2035, des glaciers de l’Himalaya. Ce document non-scientifique, écrit spécifiquement pour WWF et dont le but est de marquer les esprits en effrayant le public, a été repris dans un chapitre du 4e rapport du GIEC, cet organisme onusien qui se targue de ne prendre en compte dans sa bible climatique que des articles publiés dans la littérature scientifique « peer-reviewed ». Honnêteté, quand tu nous tiens !

contrepoints.org

https://www.contrepoints.org/2013/10/28/144199-ours-blanc...

Vaccinolâtres et ukrainolâtres, la même technique de désinformation totalitaire

La désinformation a été au centre de la propagande en faveur de la « vaccination » Pfizer. Les faits resteront très têtus, mais le rapport remis à la FDA en date du 17 septembre 2021 démontrait à lui seul que ce produit avait une durée de protection limitée à quelques semaines. A la même époque, la situation en Israël apportait des preuves indubitables que la protection était éphémère. Or, beaucoup ont été manipulé par une désinformation qui a fonctionné selon deux principes très simples. Affirmer sans preuve, mais affirmer toujours et insulter tous les auteurs d’une information concrète exposant des faits contraires à la doxa. Le scénario de la désinformation : le bon, le méchant et la solution Il en est de même aujourd’hui concernant le soutien à l’Ukraine.

lesalonbeige.fr

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ÉCONOMIE

La guerre révèle les failles de notre système économique

Alastair Crooke écrit qu’en Amérique, comme en Europe, il y a une peur et une colère de désintégration du système.

Les-crises.fr

https://www.les-crises.fr/la-guerre-revele-les-failles-de...

ÉNERGIES

Des sanctions contre Moscou ou contre nous ?

Exigées par Volodymyr Zelensky et imposées par Bruxelles, les sanctions contre la Russie se révèlent catastrophiques pour les économies européennes et surtout la nôtre. Les hommes politiques qui les ont appliquées pourraient le payer cher car un réveil des Gilets jaunes ou de mouvements similaires ne peut être exclu.

Polemia.com

https://www.polemia.com/des-sanctions-contre-moscou-ou-co...

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Une faute stratégique européenne : la question des sanctions et de l’énergie

La question des sanctions prises contre la Russie suite à son invasion de l’Ukraine le 24 février a fait couler beaucoup d’encre. Ces sanctions ont été mal pensées et mal mis en œuvre. Elles vont provoquer une crise énergétique grave dans les pays de l’Union européenne. Par Jacques Sapir.

les-crises.fr

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ÉTATS-UNIS

Les États-Unis s’engagent à traquer les criminels de guerre russes – mais ignorent les leurs

« Il n’y a pas d’endroit pour se cacher », a déclaré le procureur général des États-Unis Merrick Garland lors d’un voyage surprise en Ukraine cette semaine, annonçant qu’un procureur vétéran connu pour avoir traqué les Nazis dirigerait les efforts américains pour enquêter sur les crimes de guerre russes. « Nous poursuivrons toutes les voies possibles pour faire en sorte que les responsables de ces atrocités en répondent », a-t-il ajouté. Garland n’avait pas besoin de parcourir 7 400 km à la poursuite de criminels de guerre. S’il voulait que les responsables de ces atrocités rendent des comptes, il aurait pu rester chez lui.

Les-crises.fr

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Pantouflage : Ces anciens membres du Congrès devenus lobbyistes agents de l’étranger

Depuis les années 2000, près de 100 anciens législateurs sont devenus des lobbyistes à Washington pour des pays comme l’Arabie saoudite et la Chine.

les-crises.fr

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Taïwan : quand Pelosi s’en va en guerre

L’escapade de Nancy Pelosi, 3e personnage de l’État américain, à Taïwan a donné lieu à une profusion de commentaires, où l’on voit les uns et les autres s’exprimer, chacun à partir de sa chapelle et afin de défendre sa cause. Qui celle du monde unipolaire dominé par les États-Unis, c’est-à-dire un « ordre international fondé sur des règles ». Qui celle d’un monde multipolaire de pays souverains organisé par le droit international issu de la Seconde Guerre mondiale. C’est pour cela que la question juridique est extrêmement importante, car si les deux visions sont manifestement antagoniques, le camp de « l’ordre international fondé sur des règles » est quand même tenu de s’inscrire, au moins en partie, dans une régulation fondée sur le droit international. En effet, le concept américain ressemble comme deux gouttes d’eau à celui posé par le premier vers de la fable de Jean de La Fontaine : « Le loup et l’agneau ». C’est-à-dire : « La raison du plus fort est toujours la meilleure ». Le comportement guerrier des États-Unis depuis 30 ans démontre qu’il est le producteur des fameuses « règles », qu’il les définit au fur et à mesure de ses besoins, et qu’elles évoluent en fonction des rapports de force qu’il impose.

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FRANCE

L’École comme lieu de mémoire : enseignons le roman de l’Histoire

En passant à Morzine, je remarquai la façade de l’École Primaire publique, ornée de fresques représentant, grandeur nature, quelques-unes des gloires de la France. Un chevalier y jouxte Charlemagne, identifiable à sa « barbe fleurie », comme dit la Chanson de Roland, auquel succède, dans le sens de la lecture, un emperruqué du grand Siècle, probablement ce bon La Fontaine —, puis une femme de Lettres (parions sur Mme de Sévigné), et ensuite Napoléon. Tout un programme — qui devrait être LE programme de toutes les écoles de France. Par Jean-Paul Brighelli.

Causeur.fr

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Affaire Iquioussen : l’état de droit, masque politique

Quelques réflexions sur l’affaire Iquioussen. Nous avons un problème avec notre justice, qu’elle soit constitutionnelle, judiciaire, financière, ou administrative. L’état de droit qu’elle invoque et au nom duquel elle prend ses décisions, n’est que le masque du pouvoir politique de la petite bourgeoisie qui y officie. Nouvel exemple.

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GAFAM

Crise alimentaire mondiale : BlackRock et Bill Gates sonnent l'alerte

Larry Fink, directeur général de BlackRock, a récemment alerté quant aux fortes hausses des prix du pétrole et des métaux, dues à l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Aujourd'hui, c'est l'impact durable et plus dangereux de l'inflation alimentaire qui retient son attention, ainsi que celle de Bill Gates. Les rapaces rodent !

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L’Equipe et Le Figaro portent plainte contre Apple

Les deux médias français considèrent notamment que la marque à la pomme ne propose pas à ses utilisateurs d'autres alternatives que l'App Store pour accéder à leurs applications.

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IMMIGRATION

Les 37 personnes tuées à Melilla sont les victimes de la politique criminelle de l’Europe

Le 24 juin dernier, la police marocaine a assassiné au moins 37 migrants à la frontière avec l’Espagne. Ce massacre montre à quel point l’Union européenne s’appuie sur des régimes autoritaires pour surveiller ses frontières — et démontre le caractère superficiel de l’image « progressiste » du gouvernement espagnol.

Les-crises.fr

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Expulsion des délinquants étrangers : l’enfumage du ministre de l’intérieur continue

Dans un entretien accordé au journal Le Monde le 9 juillet, le ministre de l’intérieur a annoncé sa volonté de rendre possible l’expulsion de « tout étranger » qui « a commis des actes graves » en France, « quelle que soit sa condition de présence sur le territoire national ». Un projet de loi sera présenté dans ce sens à la rentrée. Pourtant, en dépit de cette détermination de façade, Gérald Darmanin va se heurter à de nombreux freins tant matériels que juridiques qu’il ne peut ignorer.

Breizh-info.com

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Espagne. Le gouvernement socialiste assouplit l’embauche de migrants et la régularisation des clandestins

En Espagne, prétextant une pénurie de main-d’œuvre frappant certains secteurs d’activité, le gouvernement vient d’adopter une réforme qui assouplit largement la législation en matière d’immigration. Impliquant notamment une régularisation de certains clandestins. Après l’immigration massive justifiée par la fuite de la guerre ou encore l’afflux de ce qu’on nomme les « réfugiés climatiques », certains pays européens expliquent désormais leur laxisme face à ces flux par la pénurie de main-d’œuvre à laquelle ils seraient confrontés sur leur sol.

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OTAN

Sylvie Kauffmann : OTAN pour elle

Sylvie Kauffmann est née le 30 octobre 1955 à Marseille, en France. Son père est médecin militaire. Grand reporter à l’étranger sur trois continents pendant de nombreuses années, elle est la première femme à diriger la rédaction du Monde. Ses nombreux sauts à travers le monde ne l’ont jamais fait dévier de la feuille de route atlantiste et fidèlement pro américaine qu’elle suit scrupuleusement depuis ses débuts.

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RÉFLEXIONS

La pandémie a-t-elle tué le sens du travail ?

C’est à se demander si continuer de travailler a encore vraiment un sens… La pandémie et ses conséquences sur l’organisation du quotidien professionnel, entre confinement et télétravail, ont chamboulé la notion même de travail. À tel point que nombre d’emplois supposant d’être présent et de travailler dur pendant que les autres se distraient (hôtellerie, restauration…) sont actuellement confrontés à une véritable pénurie de main d’œuvre. Une nouvelle forme d’inégalité professionnelle a par ailleurs vu le jour, creusant un fossé entre ceux qui peuvent télétravailler, et organiser leur vie personnelle en conséquence, et ceux qui ne le peuvent pas. Pourtant, une majorité de Français (54%) estime que leur activité ne leur permet tout simplement pas de travailler à distance.

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La grande illusion

Nous, Français, subissons depuis plus de deux ans la politique sanitaire du gouvernement. Dans l'espace public de l'information (médias, internet et documents papier), combien avons-nous observé d'interprétations différentes, d'analyses argumentées et débattues de cette politique, en théorie fondée sur des données acquises, admises, confirmées et validées de la science ? Hormis la lecture rendue « non-contestable », quasiment aucune ! Alors je pose la question : l'enfermement dans une unique information, alimentée de « vérités » incontestables, sous peine d'être taxé de complotiste ou traduit en justice, n'est-il pas le plus grand scandale de tous les temps ?

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SANTÉ/INTERDICTIONS/LIBERTÉS

En Finlande, des "biobanques" récoltent les données génétiques de la population

Pour mener à bien des recherches médicales personnalisées, la Finlande a lancé des programmes de recherche basés sur les données génétiques d’une partie de la population. Alors que les Finlandais ont une confiance absolue dans la stratégie de recherche du gouvernement, ces données pourraient aussi être monétisées à leur insu.

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Étude : 22 % des moins de 50 ans diagnostiqués avec une nouvelle maladie post-vaccination

Le 27 juillet 2022, l'organisation Children's Health Defense présidée par Robert F. Kennedy a reçu les deux sondages qui avaient été commandés auprès de l'institut d'études de marché John Zogby Strategies, pour connaître les conséquences de la campagne de vaccination contre le Sars-CoV-2 au sein de la population américaine. Les résultats qui en découlent devraient conduire à des remises en question. Il a été constaté, lors de la seconde enquête, que 22 % des personnes de moins de 50 ans, qui n'ont rien à craindre du Covid-19, ont été diagnostiquées avec une nouvelle maladie peu après la campagne de vaccination.

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UKRAINE

Ordre de déportation des russophones du Donetsk

Non seulement l’ordre ne s’accompagne d’aucune garantie pour les personnes déplacées, mais encore, dans le même communiqué, Zelensky enjoint les habitants de Donetsk de « s’approcher des combattants qui restent. Essayez de les convaincre que vous devez partir ». Le message subliminal n’est pas perçu par les médias occidentaux. Mais en décryptant l’imposition, cela consiste à faire passer les russophones de Donetsk par les fourches caudines des miliciens nationalistes ukrainiens pour obtenir un sauf conduit dans le cadre de la déportation organisée précisément par ces derniers. En tout état de cause, si cela venait à se confirmer, Zelensky serait en train de commettre un autre délit de lèse humanité. Les déportations de populations sont interdites par la quatrième convention de Genève, avec l’aggravant que les personnes en charge du transfert des civils seraient leurs agresseurs.

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Les céréales et la guerre

Le récent accord sur l'exportation des céréales ukrainiennes - et russes - est extrêmement fragile. Les administrateurs de Kiev perdent un atout important. L'accord est également sujet à toutes sortes de perturbations et de provocations. L'une d'entre elles, et non des moindres, est la présence de mines navales ukrainiennes obsolètes, dont certaines se sont détachées de leurs ancrages et dérivent en mer Noire.

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Les entreprises américaines possèdent environ 30 % des terres arables ukrainiennes

Le territoire de l’actuelle Ukraine étant le grenier de l’Europe (et au-delà) depuis des millénaires, le pays a été la cible de diverses sociétés agricoles, en particulier celles originaires de l’Occident politique. Ces dernières années, des sociétés étrangères ont acquis des champs ukrainiens, privant le pays de tout contrôle sur ses exportations alimentaires et même sur son approvisionnement alimentaire national.

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UNION EUROPÉENNE

Crise énergétique en Europe : comment en sortir ?

Le retour d’une forte inflation, avec notamment la montée du prix des carburants, annonce une récession imminente en Europe. Doit-on en imputer la faute à la série de crises que les pays ont dû affronter ? Ou bien devons-nous pointer d’abord du doigt des errements stratégiques européens ? Pour prendre un peu de recul, Freddie Sayers d’Unherd a interrogé Louis-Vincent Gave, directeur de Gavkal Financial Research (interview en lien ci-dessous).

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Frontex menacée : le mythe de la souveraineté européenne effondré

Depuis des mois, l’Agence européenne de gardes-frontières et de garde-côtes (Frontex) est l’objet d’attaques virulentes de la part des ONG favorables à la déferlante migratoire et de la gauche du Parlement européen. La Commission, en ligne directe avec ces groupes de pression, avait mandaté l’Office de lutte antifraude de l’Union européenne (OLAF) pour enquêter sur le fonctionnement de l’agence, bien que ceci n’ait eu aucun lien avec une quelconque fraude. À la suite du rapport rendu par l’OLAF, Fabrice Leggeri, directeur de Frontex, avait été poussé à la démission, accusé d’avoir fermé les yeux sur des opérations de refoulement de supposés réfugiés en mer Égée, voire d’y avoir prêté main-forte.

bvoltaire.fr

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L’Europe centrale face à la Russie : plus divisée qu’on ne le croit

Les pays d’Europe centrale ont la réputation d’être plus atlantistes et plus critiques envers la Russie que l’Ouest. Mais est-ce vraiment le cas pour tous ses pays ? En 2020, GLOBSEC, un think tank basé en Slovaquie, a sondé les opinions publiques de la plupart des pays d’Europe centrale1sur leur perception de la Russie. Précisons que cette publication a été soutenue par le Département d’État américain et le National Endowment for Democracy. Si ces résultats ont pu évoluer avec le conflit en Ukraine, ils démontrent une tendance : l’Europe centrale est divisée.

contrepoints.org

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