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jeudi, 09 janvier 2020

Antimanuel de Pédophilie par Michel Onfray

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Antimanuel de Pédophilie

Par Michel Onfray

Ex: https://leblogalupus.com

« Je suis comme un enfant qui n’a plus droit aux larmes, Conduis-moi au pays où vivent les braves gens » — Michel Houellebecq, La Poursuite du bonheur (1991)


Il m’a été rapporté que, dans le flot des commentaires du net concernant ce qu’il est désormais convenu de nommer l’Affaire Matzneff, il a été dit que « même Onfray » avait défendu la pédophilie en son temps! Or, il n’en est rien.

Voici donc le texte incriminé: il propose un travail philosophique généalogique (comment devient-on pédophile?) et y répond avec les catégories de la psychologie classique (le déterminisme psychique de l’inconscient -qui peut n’être pas freudien, je précise puisque désormais il faut tout sous-titrer, Nietzsche en parle dès les années 80 du XIX° siècle en le nommant « la Grande Raison »…). Dire qu’on ne naît pas pédophile mais qu’on le devient sans pour autant le choisir n’est pas validation éthique et morale de cette pratique que j’ai toujours condamnée (un texte de 1997 en atteste) mais dont on peut vouloir se demander, en tant que philosophe, de quelles logiques elle procède!

C’est un texte publié dans un Antimanuel de philosophie destiné aux apprentis philosophes, soit de classe terminales, mes élèves de l’époque, soit à qui voudra. Cette analyse visait à faire penser aux élèves l’articulation liberté & déterminisme, choix & fatalité, volonté & prédétermination -et ce dans le cadre du programme de classe Terminale technologique qui, parmi neuf notions, proposait l’examen du concept de Liberté. Il a été écrit il y a vingt ans.

Fidèle à l’esprit de Spinoza qui invitait à ni rire ni pleurer, mais comprendre et à celui de Nietzsche qui appelle à se demander pourquoi et comment les choses sont ainsi et pas autrement, j’ai souhaité avec mes élèves penser la pédophilie sans autre souci que de la penser. Dire qu’elle était institutionnelle et codée chez les Grecs ne consiste pas à défendre la pédophilie, tout comme faire savoir qu’on envoyait à la mort les enfants mal-formés à Sparte ne revient pas à une défense de l’infanticide. De même, rappeler que le Moyen-Age pratiquait abondamment la peine de mort ne vaut pas défense de la peine de mort…

Je crains qu’un jour, au point d’imbécillité de masse auquel nous sommes parvenus, un historien républicain qui publierait une biographie d’Adolf Hitler ne soit considéré comme hitlérien et sommé par la vocifération du net de faire amende honorable…

« Un éducateur pédophile choisit-il sa sexualité?
Sûrement pas, sinon, il choisirait vraisemblablement une autre sexualité, moins dangereuse socialement, moins risquée pour tous ses équilibres acquis dans la société (famille, situation dans la cité), moins discréditée est détestée par tous et toutes, et, surtout, moins traumatisante pour ses victimes souvent nombreuses et définitivement marquées. La pédophilie d’un individu signifie une attirance sexuelle irrésistible et irrépressible vers une catégorie de personnes (les enfants en l’occurrence) qui, de façon exclusive, lui permet d’assouvir ses pulsions.

 Avoir le choix suppose de pouvoir nettement et clairement opter pour une pratique plutôt qu’une autre, en pleine connaissance des enjeux. C’est examiner, comparer, calculer, puis élire un comportement plutôt qu’un autre. Ainsi, si le pédophile choisissait librement de l’être, il pourrait tout aussi bien user de sa liberté pour choisir de ne pas l’être. De même, à l’inverse, vous qui n’êtes pas pédophile (du moins je le suppose…), avez-vous la possibilité de le devenir, de choisir de l’être? Pas plus que cette victime de soi ne veut cette sexualité, vous ne voulez la vôtre. Son incapacité à s’exprimer sexuellement dans une sexualité classique égale votre incapacité à vous épanouir dans la sexualité qui le requiert, l’oblige et s’impose à lui.

On ne naît pas pédophile, on le devient.
Quand on est dans la peau d’un individu qui n’a pas le choix et subit son impulsion sans pouvoir y résister (de même pour la vôtre qui est, par chance, socialement et culturellement correcte), on subit un déterminisme. Le déterminisme suppose une force contraignant un individu à se comporter d’une façon qui ne relève pas d’un choix conscient. Nous procédons tous d’une série de déterminismes qui, pour la plupart, visent à nous transformer en modèles sociaux: bons époux, bonnes épouses, bonnes femmes d’intérieur, bons enfants, bons employés, bons citoyens, etc. Et malgré le processus éducatif, certains dressages ne suffisent pas pour empêcher la tendance à un comportement déviant.

Ainsi de l’homosexualité, pratiquée, tolérée, encouragée ou interdite, pourchassée, criminalisée suivant les siècles. Aujourd’hui, en France, elle est devenue légalement une pratique sexuelle et relationnelle presque comme une autre, et dans les esprits un comportement de moins en moins rejeté illustrant une autre façon de vivre sa sexualité que l’hétérosexualité classique mise en avant par les modèles sociaux dominants. Un homosexuel ne se détermine pas à cette sexualité-là, elle s’impose à lui; de la même manière qu’on ne se choisit pas un jour hétérosexuel, on se découvre tel. Tant mieux si la sexualité qui nous échoit (nous tombe dessus) est acceptée ou tolérée par la société dans laquelle on vit.

Un pédophile dans la Grèce de Platon n’est pas condamné ou condamnable. Mieux, il agit dans une logique défendue par la société; à l’époque une relation pédagogique passe par une relation sexuée puis sexuelle. Socrate pratiquait ainsi avec les élèves qu’il trouvait spécialement beaux -ainsi Alcibiade, Charmide, Euthydème, Phèdre (qui donnent leur nom à des dialogues de Platon), Agathon et tant d’autres. En ces temps, le philosophe pédophile vivait une relation éducative normale, naturelle. Aujourd’hui, il devrait faire face à des plaintes de parents, à une mise en accusation au tribunal, à un déplacement hors académie ou une radiation de l’Éducation nationale. Un déterminisme peut être façonné par le contexte socioculturel de l’époque: l’interdit ou l’autorisé du moment contribuent à fabriquer une façon d’être et de faire. A l’aire atomique, Socrate croupirait en prison, détesté par tous, maltraité par surveillants et détenus.

Le coupable en un lieu et en un temps ne l’est plus dans un autre lieu et dans un autre temps. Une époque, une histoire, une géographie, une culture, une civilisation fabriquent des déterminismes auxquels on n’échappe pas. Le poids du social pèse lourd dans la constitution d’une identité. Vous êtes en partie un produit de votre milieu, la résultante de combinaisons multiples et difficiles à démêler d’influences éducatives, de contraintes mentales affectives, de constructions familiales. Au bout du compte, votre être résulte de nombreux déterminismes contre lesquels vous pouvez plus ou moins, voire pas du tout, vous rebeller ou résister.

zeus-ganymede.jpgLe déterminisme peut être également psychologique, en l’occurrence génétique: on ne choisit pas son corps et les caractères transmis par l’hérédité. Certains sont dits récessifs (vous les portez en vous, ils ne sont pas visibles directement, mais se manifesteront dans votre descendance), d’autres dominants (on les voit tout de suite en vous: couleur d’yeux, de cheveux, sexe, tendance au poids ou à la maigreur, à la grandeur ou à la petitesse, prédisposition à certaines maladies – cancers, hypertension, hypercholestérolémie, etc., ou héritage de maladies -diabète, hémophilie, etc.). Qui reprocherait à un adulte de développer un cancer de forte nature héréditaire? De la même manière nous échoient un tempérament sexuel ou une santé spécifique.

Libertins timides ou bénédictins cavaleurs?
Un corps singulier dans une époque donnée, et vous voilà déterminé par des influences nombreuses. Les plus puissantes et les moins nettement visibles, mais les plus repérables par leurs conséquences, ce sont les influences psychiques. La psychanalyse enseigne l’existence d’un inconscient, un genre de force qui choisit en chacun et l’oblige à être et à agir sans possibilité d’échapper à sa puissance. L’inconscient emmagasine des souvenirs, il est plein de pulsions, d’instincts de mort et de vie dirigés contre soi ou contre les autres, il regorge de traumatismes, de douleurs, de blessures, de plaisirs, il est invisible à la conscience, on ignore sa nature véritable, sauf dans certains cas, par bribes, par morceaux, mais toujours et pilote la barque.

Ce qu’est chacun d’entre nous, ses goûts et ses dégoûts, ses plaisirs et ses désirs, ses envies et ses projets, tout procède et découle de la puissance de l’inconscient. Ainsi on ne naît pas pédophile ou gérontophile (amateur de vieilles personnes), zoophile (d’animaux), masochiste (plaisir pris à subir la douleur) ou sadique (plaisir à l’infliger), on ne naît pas nécrophile (obsédé de cadavres) ou fétichiste (passionné par un objet particulier ou le détail d’un corps – des bas, un orteil, une oreille, etc.): on ne naît pas tout cela, on le devient, sans jamais l’avoir choisi, en ayant été déterminé par son inconscient qui, lui, donne ses ordres en fonction d’informations enregistrées dans l’enfance (parents violents ou laxistes, expériences douloureuses ou traumatisantes, amour excessif ou défaillant d’un père ou d’une mère, absence ou présence massive d’une figure maternelle ou paternelle à la maison, deuils ou maladies dans la famille, expériences frustrantes ou indicibles, existence ou manque d’affection, de tendresse, de contacts entre les parents et les enfants, incommunicabilité dans la famille, etc.).

Chacun de vous a été déterminé à être ce qu’il est aujourd’hui: cavaleur ou timide, libertin ou bénédictin, collectionneur infidèle ou monogame fidèle. Et si le choix existait, hors déterminismes, la plupart choisiraient d’être autre que ce que ce qu’ils sont et voudraient plutôt l’épanouissement, l’harmonie, la joie, la paix avec eux-mêmes et les autres -au lieu de l’inverse, si souvent la règle. Sinon, pourquoi autant de violences, de misères, de pauvretés sexuelles, sensuelles, affectives? Pour quelles raisons le plus grand nombre se contenterait-il d’une vie si difficile s’il suffisait de vouloir une autre existence pour qu’elle advienne?

Généralement, un individu dispose d’une liberté minimale et subit des contraintes maximales. Certains sont puissamment déterminés par leur milieu, leur époque, leurs gènes, et leur liberté est égale à zéro (ainsi un autiste, un trisomique, un enfant du tiers-monde ou du quart-monde); d’autres, plus chanceux, car ils n’ont pas davantage choisi leur état, voient leur part de liberté plus grande parce que les déterminismes auxquels ils ont eu à faire face, ou auxquels ils font face, pèsent moins lourd. Dans tous les cas, on constate que la liberté existe en doses différentes chez les individus -totalement inexistante chez certains, importante pour d’autres. Mais à chaque fois, pour l’essentiel (les grandes lignes et les grandes directions d’un caractère ou d’un tempérament), on est choisi par plus fort que soi, on obéit. La croyance à la liberté ressemble étrangement à une illusion. »

Michel Onfray
https://michelonfray.com/interventions-hebdomadaires/antimanuel-de-pedophilie

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Du bon usage de » la Pédophilie

A la faveur de la parution d’un livre de Vanessa Springora intitulé « Le Consentement » (Grasset), la presse nous annonce pour la rentrée de janvier une affaire Matzneff qui met en scène le pédophile et ses relations avec un nombre considérable de protagonistes issus du milieu parisien, de Philippe Sollers à Frédéric Mitterrand en passant par Christophe Girard, mais aussi Bertrand Delanoë, Jean-Marie Le Pen et Bernard Pivot (cf. L’Express: « Quand la république décorait Gabriel Matzneff » par Jérôme Dupuis, le 27 décembre 2019), la liste s’allonge et il se pourrait bien qu’on aille de découverte en découverte.

L’équipe de Sollers m’avait sollicité pour le numéro 59 de sa revue L’Infini dont le titre était « La question pédophile ». J’avais donné ce texte: Du bon usage de la pédophilie -je me souviens qu’il était l’un des rares à ne pas défendre la pédophilie… J’y critiquais l’étrange statut d’extraterritorialité qui permettait aux pédophiles puissants du monde germanopratin d’échapper à la loi qui frappait, à juste titre, les misérables de la pédophilie.

C’était en 1997 -c’est-à-dire il y a vingt-deux ans. Le voici:

Du bon usage de la pédophilie

Je lis et relis Pascal comme Montaigne ou les Lettres à Lucilius de Sénèque, le soir, la nuit tombée, ou vers deux ou trois heures du matin, quand tout bruit sourdement dans la lenteur du temps épuisé et fatigué. Dans le flux de ces pages, cardinales à mes yeux, brillent des pépites qui éclairent le silence des noctambules. J’y trouve des viatiques, des occasions de méditation, des maximes utiles pour tâcher de mener une existence philosophique, voire des sésames avec lesquels poursuivre une conversation entre soi et soi, ou soi et le monde. Dernière phrase en date, lue dans les Pensées: « Quelle vanité que la peinture qui attire l’admiration par la ressemblance de choses dont on n’adore point les originaux! » Le fragment a beaucoup servi aux candidats bacheliers. J’ai bien dû moi-même l’infliger à des impétrants condamnés à me rendre des copies sur ce sujet… Mais en dehors de la classe de philosophie, que peut-on penser à partir de cette proposition?

Bien sûr: le divertissement, les beaux-arts comme détournement de l’essentiel, la vanité d’imaginer la possibilité de combler la misère de l’homme sans Dieu par l’artifice de la peinture et autres billevesées esthétiques (musique, littérature, philosophie, poésie, architecture, théâtre, etc.); certes: la critique philosophique de l’illusion et la célébration de l’austère réalité; ou encore: l’opposition, déjà, entre le virtuel esthétique et le réel naturel; ou bien: des méditations sur semblance et ressemblance, puis leurs relations avec la vérité; mais aussi: l’étrange alchimie générée par l’art qui éloigne du monde au nom d’un monde, qui célèbre un univers fictif au détriment d’un autre, immanent, concret et matériel; et puis, cette idée susceptible d’extrapolation: l’art contraint insidieusement à accepter, transfigurée, une réalité refusée sinon, il rend présentable, voire désirable, des faits et gestes, des choses et des situations qui, en dehors de cette transposition, nous froissent, nous choquent, nous hérissent, voire nous dégoûtent. L’art comme excipient du pire?

Y a-t-il, dans le monde esthétique, des occasions de montrer un réel refusé ou condamné autrement, en l’occurrence dans ses incarnations triviales? Bien sûr, notamment en matière de consensus politiquement correct: haine de la guerre (et présentation de celle-ci dans Guernica, la toile emblématique des leçons de morale pacifistes du siècle écoulé); mépris de la société de consommation (et mise en scène de celle-ci dans les boîtes de soupe Campbell sérigraphiées puis surfacturées par Andy Warhol); dénonciation de l’accumulation des richesses, du capital, des objets et de l’affolante production des valeurs d’usage (mais proposition de celles-ci esthétisées dans les compressions de César ou les accumulations d’Arman); condamnation de l’émergence de la publicité (et exposition d’affiches lacérées prélevées telles quelles sur les murs des villes par Hains ou Villéglé); fustigation de l’intellectualisme et de la cérébralisation de l’art contemporain (puis réinvestissement du discours culturel et de la rhétorique esthétique dans le monde de l’art brut et de la marchandisation de la peinture de Jean Dubuffet). Partout on critique un monde qu’on célèbre une fois esthétisé, transfiguré en objet d’art.

Étrange ruse de la raison: on finit par renverser l’expression populaire “ne pas supporter, même en peinture” et affirmer: “ supporter, parce qu’en peinture”. Comme si l’oeuvre mettait à distance et que dans cette distanciation on retrouvait la sérénité impossible dans le contact direct. Ce qui blesse réellement ravit une fois peint ou sublimé sur le terrain des beaux-arts. L’inceste effraie dans la réalité, mais séduit transformé en livre à succès; le criminel attire sur lui la déconsidération, mais redevient fréquentable une fois devenu sujet de roman; le viol inquiète dans la rue, mais appelle le génie dès lors que cette brutalité se propose sous forme de film; la violence tétanise dans les banlieues, les cités, les villes nouvelles, mais ravit une fois mise en scène dans des spectacles à grand budget. Catharsis diagnostiqueront les psychologues: on purifie en mettant à distance, on nettoie les affects en les projetant dans un objet tiers chargé d’assurer la présentation acceptable, puis la respectabilité.

Ainsi de la pédophilie qui réussit à fédérer l’ensemble de la société française, dans toutes ses composantes intellectuelles et philosophiques, politiques et spirituelles, dès qu’il s’agit de juger des faits. Aucune voix ne s’élève pour défendre, expliquer, raconter, justifier, atténuer la pratique pédophile d’un prêtre de province condamné à dix-huit années de prison. Pas de pétition d’intellectuel, de soutien des plumes habituées à brandir la pancarte humaniste, à proférer le slogan compassionnel et à se présenter en figure incarnée des droits de l’homme si l’on juge au tribunal un instituteur, un moniteur d’équitation ou un quidam qui ignore tout de Platon, des rapports d’éraste et d’éromène entre Socrate et Alcibiade, qui n’a pas lu la littérature grecque sur ce sujet et pratique l’amour des jeunes garçons et filles en inculte actif, innocent des coutumes hellénistiques à même de lui assurer une couverture théorique. Pas même d’anciens auteurs naguère défenseurs actifs de la cause qu’on découvre désormais silencieux…

Dans l’absolu, la question de la sexualité des enfants génère un silence gêné. Le plus modeste lecteur de Freud et le moins averti des récentes découvertes de l’éthologie sait désormais l’enfant pourvu d’une sexualité dès ses gesticulations initiales dans le ventre maternel. Les premières érections des petits garçons se vivent dans le placenta, les premiers mouvements de contraction des cuisses des petites filles également. Le fameux polymorphe pervers qui choque tant la bourgeoisie viennoise dès son baptême freudien se voit pourtant refuser purement et simplement l’existence charnelle effective par les intellectuels pourtant prompts à saisir l’occasion de défendre les exploités, les réprouvés, les oubliés, les négligés, les sans-grades, les privés d’humanité.

A contraindre les enfants à renoncer à leur sexualité on crée une situation qui les condamne à subir, ignorants, la névrose des adultes. Exclus de la possibilité d’une vie sexuelle entre eux, interdits d’épanouissement libidinal dans leur monde singulier, privés d’autonomie corporelle, ignorants leurs potentialités propres, confinés dans un auto-érotisme associé par la civilisation familialiste (prêtres et médecines acoquinés) à la culpabilité, faussement représentés et pensés dans la posture d’angelots asexués, ils deviennent facilement les victimes d’adultes qui profitent de leur supériorité physique, psychique, rhétorique, sociale, économique pour obtenir d’eux des faveurs qui les transforment en victimes idéales. Incapables d’entretenir des relations dignes de ce nom entre eux, ces adultes infligent leur misère sexuelle à des corps objectivés et terrorisés. La pédophilie se nourrit de l’insouciance des enfants exploitée par des adultes névrosés, impuissants à communiquer, et qui triomphent en abuseurs de chairs dépourvues des moyens d’une relation égalitaire.

Cette pédophilie construite par une civilisation négligente des enfants et castratrice des adultes les plus faibles a généré contre elle un consensus de la morale, du jugement et de la justice. Elle induit l’unanimité de la réprobation dès qu’il s’agit de faits et gestes repérables dans la trivialité de la vie quotidienne. Pas de quartier pour l’éducateur, pas de pitié pour l’enseignant, pas de circonstances atténuantes pour le prêtre, pas d’indulgence pour l’entraîneur et, en même temps, une extrême tolérance pour les artistes, au sens large du terme, qui exploitent le filon pédophile et mettent en scène l’amour des enfants dans leurs romans, essais, peintures, dessins ou photographies. Je songe à Nabokov (qui célèbre les Lolita entre neuf et quatorze ans), à Gide, sûr de l’impunité offerte par le Nobel lorsqu’il collectionne les petits Arabes au Maroc, à Gabriel Matzneff (qui vante les mérites des moins de seize ans, et reconnaît dix ans comme une limite plancher), à Balthus, metteur en scène de nymphes alanguies, aux cuisses perpétuellement écartées et aux petits seins de jeunes filles à peine pubères, aux dessins de jeunes garçons filiformes et nus d’Otto Meyer-Amden, ou aux photographies kitsch et faussement grecques de Wilhelm von Gloeden amplement célébré par un René Schérer s’abritant derrière la caution fouriériste pour justifier la pédophilie dans la presque totalité de ses ouvrages philosophiques depuis plus de quarante ans.

Précisons, avant toute chose, ce qu’il convient d’entendre par pédophile. Étymologiquement, le mot désigne un individu qui aime les enfants. Aimer, au sens large, ne comprend pas le passage à l’acte sexuel. Le pédagogue et la pédagogie, le pédiatre et la pédiatrie, puis l’orthopédie et l’orthopédiste procèdent de la même racine -paedia, l’enfant qui, en latin, se dit infans: qui ne parle pas. Le pédophile aime l’enfant dans la relation qu’il entretient à lui: l’instruction de l’instituteur, l’éducation de l’éducateur, l’examen du médecin spécialisé, l’entraînement du moniteur, mais aussi le parent qui donne de l’affection à sa progéniture, tous expérimentent à des degrés divers le sentiment pédophilique. Par la suite, le terme caractérise également l’adulte qui aime amoureusement et désire sexuellement les enfants d’âge impubère ou juste pubère. Celui, aussi, qui passe à l’acte. Récemment, le pédophile est devenu le criminel sexuel, violeur, organisateur de rapts ou de ventes, de mises en scènes filmées ou photographiées, voire de crimes perpétrés sur les corps d’enfants et leurs personnes. Entre l’attention professionnelle de l’enseignant en primaire et la brutalité délirante du délinquant se déploie une série de possibilités. J’en choisirai deux.

La première met en scène Gabriel Matzneff, dont j’ai beaucoup aimé, naguère, les livres consacrés à la Rome impériale, au suicide chez les philosophes antiques, à la vertu des stoïciens, à la grande santé des poètes élégiaques, au dandysme de Lord Byron. J’ai également lu, quand j’avais vingt ans, ses chroniques dans Le Monde où j’aimais voir convoqués Horace, Lucrèce, Tibulle ou Properce, mais aussi Schopenhauer ou Nietzsche, pour commenter et regarder l’actualité avec un œil critique et intempestif. J’étais alors lecteur fidèle de ces textes d’homme libre.

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Plus tard, j’ai découvert, chez un bouquiniste, Les Moins de seize ans -un livre publié dans une collection dirigée par Jacques Chancel chez Julliard en 1974 et récemment réédité. Puis, Mes amours décomposés – Journal 1983-1984, un ouvrage (1990) dont l’éditeur est Philippe Sollers chez Gallimard. Ces deux volumes proposent noir sur blanc une justification théorique de la pédophilie pour le premier et, pour le second, une illustration de la thèse par un exposé détaillé, trivial, vulgaire, cru, narcissiste, mégalomane et d’une précision médicale sans limite, des pratiques du susdit en la matière.

J’ai cessé d’aimer cet auteur dont je croyais la vie exigemment indexée sur la pensée et vice versa lorsque, chez Bernard Pivot, faisant face à Denise Bombardier, une écrivaine québécoise lui disant que s’il n’était protégé par son statut d’homme de lettres bien intégré dans le milieu parisien et par l’affection du président de la République d’alors qui aimait aussi tel ancien préfet de Vichy, il irait tout droit en prison, Gabriel Matzneff a nié, joué l’écrivain sali, s’est abîmé avec une arrogante mauvaise foi dans une dénégation indigne d’un prétendu amateur de courage stoïcien et de bravoure romaine. Le suicide, ce soir-là, fut loin d’être romain…

Car sa pédophilie existentielle et littéraire, immanente et théorique ne fait aucun doute. Lisons son manifeste, Les moins de seize ans: éloge de la sexualité avec des partenaires, garçons ou filles, dont l’âge oscille entre dix et seize ans; revendication d’une impuissance à imaginer et d’une capacité à écrire seulement ce qui est vécu, pratiqué, éprouvé et expérimenté au quotidien; refus de toute sexualité avec un garçon ayant franchi le cap des dix-sept ans; aveu de l’intégrale clandestinité de ses pratiques amoureuses avec les enfants masculins alors qu’il rend publiques ses relations avec les jeunes filles du même âge; justification d’un fait divers du moment mettant en scène un quinquagénaire organisateur de ballets roses ayant couché avec au moins soixante-dix-huit fillettes âgées de onze à quinze ans, payées de quelques francs, photographiées, et « peut-être un peu violées », bien que toutes soient présentées par lui comme consentantes et désireuses de voir le manège se répéter; ces phrases aussi: “la violence du billet de banque qu’on glisse dans la poche d’un jean ou d’une culotte (courte) est malgré tout une douce violence. Il ne faut pas charrier. On a vu pire.” Suivies de considérations sur le rôle économique bénéfique de la pédophilie dans les familles du sud de la Loire; confidences autobiographiques sur ses relations sexuelles avec des garçons de douze et treize ans; rhétorique spécieuse pour transformer la sexualité avec les jeunes garçons en « expérience hiérophanique », « épreuve baptismale », « aventure sacrée »; célébration appuyée des colonies de vacances, des camps de jeunesse, des associations sportives qui permettent ce sport et cette chasse d’enfant -selon ses termes; aveu cynique du choix de ses jeunes partenaires de préférence dans des familles désunies, chaotiques. Cessons-là l’inventaire…

Comment un homme qui a écrit ce livre et défendu ces thèses, qui s’est fait une gloire d’installer le pédophile du côté des réprouvés, des rebelles, des marginaux, des porteurs d’étoile jaune (dans le numéro de L’Infini consacré à « La question pédophile » en septembre 1997), des hérétiques, des ennemis de l’ordre et de la bourgeoisie, comment cet homme peut-il se réfugier sur les cimes, feignant la vertu outragée, se nimber d’une aura de victime lorsque la Québécoise bien inspirée lui demande à la télévision de justifier devant des millions de téléspectateurs ses positions à la faveur d’un livre, son journal, exclusivement consacré à l’autocélébration de ses performances avec des jeunes individus des deux sexes? A ce moment, Matzneff pouvait, devait, faire preuve du courage romain qu’il n’a cessé d’encenser verbalement. Et acquiescer, puis justifier -et non se justifier.

A dire vrai, la pédophilie revendiquée comme une possibilité d’existence me semblait ce soir-là un tout petit peu moins détestable si elle en appelait au débat que cette fuite, ce refus, cette dénégation, cet écroulement public de l’homme qui passe sa vie à faire l’éloge du suicide de Sénèque et tremble devant la perspective d’une piqûre de guêpe. Exit le héros de carton pâte, le grand homme devenu nain, le donneur de leçons romaines qui se comporte en bourgeois dénégateur une fois pris la main dans le sac. On se réclame du rigoureux Caton d’Utique, on adopte la posture de l’austère Cicéron, on se drape dans la toge virile de César, puis on se contente d’une vie vécue sous les auspices de Monsieur Prudhomme…

La schizophrénie de Matzneff pèse plus contre lui qu’une pratique à ses yeux justifiable verbalement puisqu’elle est depuis toujours sienne et revendiquée théoriquement puis pratiquée comme telle. Pourquoi ne pas mener le débat, conduire le combat, défendre ses idées lorsque l’heure vient de montrer du courage? Pour quelles raisons refuser devant la caméra ce que tous ses livres avouent depuis des années? Soudain, alors que les élégiaques romains auraient pu être convoqués, puis la Grèce et la figure de Socrate, enfin Tibulle, Pétrone et Straton de Sardes, plus proches Lewis Carroll, Thomas Mann ou Michel Tournier, Matzneff a ajouté à la réputation du pédophile celle du lâche n’ayant pas le courage de ses opinions et préférant le mensonge à la vérité pourtant brandie en étendard depuis des années. A quoi ressemble une idée à laquelle on renonce dès l’ombre de la première difficulté?

La raison de ce revirement fait sens: l’artiste sait qu’on tolère ses frasques si elles sont roulées dans la farine de la vertu, confites dans la dignité de la littérature, cuites dans l’écriture et le livre, puis livrées dans la publication. L’art voile l’immoralité et la transfigure en marchandise monnayable. L’impossible pédophilie de fait devient une figure de style possible après esthétisation. Edité par Julliard et Chancel, Gallimard et Sollers, ami de Cioran et de Mitterrand, puis de quelques autres plumitifs germanopratins grouillant dans son journal entre piscine remplie de jeunesses bronzées et restaurant diététique où l’on surveille sa taille et son ventre plat, l’écrivain peut porter son vice en bandoulière; ouvrier d’usine en province, ami de personne et ne disposant d’aucun carnet d’adresse, incapable d’écrire ou de vendre sa pédophilie en expérience transmutée par le livre ou un autre support relevant des beaux-arts, c’est la cour d’assise qui l’attendrait… Denise Bombardier avait-elle tort? Pouvait-on refuser pour le moins de répondre à sa question? La posture d’offusqué suffisait-elle pour glisser comme une couleuvre et éviter le débat, ouvrir la discussion. 

Mon deuxième exemple passe par Balthus et le requiert. Non que le peintre ait pratiqué la pédophilie dans sa vie quotidienne (question non abordée et non abordable), mais parce que toute son oeuvre transpire la passion pour les petites filles et le jeu pervers entre son exhibitionnisme de petits corps nus montrés dans des postures obscènes et le voyeurisme attendu des regardeurs de ses toiles, spectateurs consentants ou silencieux de ce théâtre d’enfants mis en scène dans une série de tableaux où les jeunes filles triomphent à quatre pattes, comme de petites femelles lascivement en rut qui offrent leur postérieur au premier mâle venu à même de les prendre en ignorant leur face, donc leur humanité. Là où se cambrent les reins de ces enfants, il ne saurait y avoir de place pour ce que Levinas appelle le visage.

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Peinture de Balthus

Fesses relevées, croupes tendues, jambes écartées, sexes exhibés, ces corps de jeunes filles aux très petits seins à peine formés, hauts placés sur un buste qui pourrait être celui d’un jeune garçon, ces silhouettes impubères (l’effrayante enfant du Nu au miroir de1981-1983), graciles, sans hanches, sans bassin, sans toison pubienne, sans histoire écrite sur le visage, ces chairs lisses pas encore finies, à peine terminées, au seuil du monde adulte, ces peaux fraîches et sans cicatrices, quel plaisir peut-on avoir à les montrer dans le détail et à satiété?

Ces visages aux yeux fermés, aux regards impossibles à croiser, dont les traits lissés citent vaguement ceux de l’extase du Bernin, ces corps abandonnés dans un fauteuil, ces bras ballants dans une posture alanguie, cet entrejambe toujours ouvert sur un angle obscène, ce pubis imberbe, glacial, exposé à la manière d’une planche anatomique de pédiatrie (l’affreuse Leçon de guitare de1934!), quelle jubilation induisent-ils chez le peintre des heures attardé devant sa toile, fourbissant l’obscène? Cette scène à frissonner d’épouvante dans La Rue (1933) qui, au milieu d’un genre de décor de théâtre, ou d’une sorte de scène reconstituée en studio pour un film réaliste, propose dans l’angle gauche une jeune fille effarouchée, prisonnière d’un adulte qui arrive derrière elle, l’enserre, d’une main saisit son avant-bras, de l’autre soulève sa jupe pendant qu’il glisse sa cuisse dans l’entrejambe de l’enfant, quelle satisfaction de mettre en scène ce viol dans ses premiers instants? Enfin, cette sinistre toile intitulée La Victime (1939-1946) qui montre une jeune fille nue, allongée sur un lit aux draps froissés, alanguie, le visage semblable à celui d’une morte, un couteau repose à terre, la lame luisante, épargnée par le sang, le corps aussi est sans trace sanguinolente, sans plaie: l’arme a-t-elle servi à un homme pour menacer d’un viol et l’accomplir? Quelle satisfaction pour le peintre de représenter cet après violence sexuelle, de mettre en scène l’absence du violeur son forfait accompli, la chair meurtrie de sa victime défaite sur un lit?

Le nombre de toiles de Balthus où les corps de jeunes filles sont offerts, donnés, abandonnés, disponibles pour un maître à même de les prendre selon son bon plaisir, est considérable. Le dominateur s’empare de la virginité due et donnée au seigneur, la jeunesse se destine au bon vouloir du mâle qui en dispose, la chair appartient à l’homme qui soumet l’enfant docile et soumis: voilà les impératifs pédophiles et misogynes, féodaux et aristocratiques, cyniques et immoraux -rien qui réjouisse une âme désireuse de sexualité solaire, épanouie, partagée, consentante, libertaire, en un mot, adulte. Balthus met en scène un univers d’avant la modernité aussi bien sur le terrain de la peinture (technique, artisanat, métier) que sur celui des sujets, des thématiques: il peint un monde en ignorant que la Révolution française a eu lieu et l’a mis à mal.

La protection (que je ne dirai pas pédophile, même si Balthus a alors autour de quinze ans) de Rilke qui préface un recueil de ses dessins de chats, puis l’avalanche et la cascade de noms fascinés par l’ancienne caution du poète ne cesse de valoir soutien: Antonin Artaud, Albert Camus, Georges Bataille, Pierre Klossowski, René Char, André Malraux, Pierre-Jean Jouve, Yves Bonnefoy, Félix Guattari, Jean-Pierre Faye, parmi les plus illustres, forment une palette devant laquelle les amateurs d’instinct grégaire plient le genou. Ecrire ou penser contre Balthus équivaut à écrire et penser contre ces sommités qui l’ont soutenu; refuser son monde, le mettre en doute conduit à interdire l’inscription de son nom dans la filiation qui garantit la réputation et la prétendue autorité de l’expert.

Or aucun de ces soutiens prestigieux n’a mis en doute la représentation féodale du corps des enfants dans la peinture de Balthus, aucun n’a proposé de lecture politique (au sens noble) de son travail, aucun n’a regimbé devant la pédophilie esthétiquement active dans la plupart de ses toiles, y compris celles qui proposent des portraits de pères avec leurs enfants (Portrait d’André Derain en 1936, Joan Mirò et sa fille en 1937-1938, Portrait de Monsieur L. de C. et de ses enfants en 1943, Roger et son fils en 1936, d’étranges monstruosités picturales où l’adulte semble toujours prêt de fondre en prédateur possible d’enfant.

Personne parmi ces autorités intellectuelles n’a mis cette peinture en perspective avec le monde d’avant 1789, celui où les enfants (mais aussi les femmes et les autres minorités: les juifs, les noirs, les esclaves, les citoyens passifs, les gens de peu) n’existaient que comme des proies offertes à la discrétion des seigneurs et maîtres qui possédaient le monde. Via les images qu’il produit et les icônes féodales qu’il signe, Balthus possède le corps des petites filles et réduit leur chair à l’objet exhibé et destiné aux initiés, à l’élite, à l’aristocratie, aux pairs qui se reconnaissent dans cet univers fabriqué pour réjouir leurs fantasmes. Dans ce théâtre où le corps des enfants se chosifie, le Marquis de Sade est incontestablement parent du Comte Balthazar Klossowski de Rola, dit Balthus. Le même sang bleu circule, gelé, dans leurs veines à particules.

Matzneff et Balthus démontrent, parmi d’autres exemples possibles, que pour défendre des positions pédophiliques (pratiques et théoriques), mieux vaut passer par le filtre de l’art et faire un détour par la médiation de l’esthétique. Ouvrier, modeste, sans culture, sans références intellectuelles, sans appui dans le monde des lettres, ignorant la rhétorique spécieuse qui convoque les Grecs, Spartes et Athènes, Gide et Montherlant, voire, plus contemporains Tony Duvert et François Augiéras, sinon René Schérer (auteur, parmi d’autres livres défendant cette question, d’un Emile perverti publié en 1974 chez Robert Laffont, dans une collection dirigée par Jean-François Revel, puis d’Une érotique puérile chez Galilée en 1978), en délicatesse avec la parole, la justification, le verbe et les mots, le présumé innocent se retrouvera vitement dans les geôles d’une prison où, reçu comme pointeur par un comité d’accueil déterminé, il subira les traitements réservés aux auteurs de crimes sexuels.

 En revanche, écrivain, intellectuel, auteur à l’agenda mondain bien rempli, gendelettres ou institutionnels, lecteur d’Alcibiade dans le texte, objet de ses pulsions sans autre recommandation qu’un Œdipe mal fichu, mais bien travesti par les jeux croisés de l’esprit et de la cérébralité, voire peintre rare dans ses épanchements et apparitions (vertu sublime et grandement payante dans un monde spectaculaire), réactionnaire dans sa peinture (thématique et traitement), conservateur en tout, affichant sa féodalité sans complexe, revendiquant une passion pour Hergé et les albums de Tintin (on le comprend en comparant la naïveté des deux mondes), voilà qui garantit d’une totale impunité, voire, pire, ou mieux, voilà qui assure d’une réputation sulfureuse rentable et d’un parfum de scandale payant.

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Peinture de Balthus

Car, étrangement, la pédophilie se justifie sublimée par l’art. Une fois passée par le chas de l’aiguille esthétique, elle peut prétendre à la respectabilité et à l’institution -Nobel de Gide, Académie française de Montherlant, Pléiade de Carroll, Académie Goncourt pour l’un et Conclave pour l’autre. En revanche, elle vaut l’infamie véritable au prêtre de province, au notaire de sous-préfecture, à l’instituteur de campagne, elle déclenche l’ire des simples et des naïfs, des gens modestes et des consciences bien faites. Elle garantit d’une aura magique l’artiste et le peintre, le photographe et le romancier, l’essayiste et le poète, le cinéaste et le philosophe s’ils ont le bon goût de sublimer, au sens freudien, leur passion pour la chair fraîche.

Qu’on laisse la sexualité des enfants s’épanouir dans son registre et ses fantaisies, qu’on leur offre toutes les latitudes possibles et imaginables entre eux, et simultanément qu’on abandonne les adultes à leur univers et à la gestion tribale de leur misère sexuelle, loin des plus jeunes préoccupés de leurs corps en devenir et de leurs pulsions à part. La reconnaissance d’une libido infantile oblige à réfléchir à la place qu’on peut leur laisser, entre eux, pour eux, elle ne permet pas qu’on s’appuie sur cette évidence désormais acquise de l’existence d’un désir infantile pour justifier l’intrusion des névroses adultes dans ces univers singuliers sous prétexte qu’ils pourraient, eux, du haut de leur savoir et de leur compétence, répondre à ce désir par leur plaisir.

Les juges épargnent les coupables ou manifestent une étrange mansuétude à leur endroit lorsqu’ils évoluent dans le même monde intellectuel qu’eux: les écrivains, les intellectuels, les gens de culture et les hommes du droit, les artistes du barreau se reconnaissent comme appartenant au même univers, ils partagent des valeurs semblables, communient dans un catéchisme identique. Le pédophile trivial, vulgaire, commun fait l’unanimité contre lui; son frère jumeau, mais doué de rhétorique, se veut différent, distinct, autre, d’un alliage différent, et on lui concède la plupart du temps cette faveur qui lui assure l’impunité. Matzneff est même allé jusqu’à tomber récemment le froc pédophile pour endosser l’habit de philopède -une création de son crû! Qui trompe-t-il encore avec ces artifices de langage? Philopèdes les célébrités culturelles, mais pédophile le quidam inculte? Que de contorsions intellectuelles pour cacher la misère sexuelle et l’étendue des dégâts… »

https://michelonfray.com/interventions-hebdomadaires/du-bon-usage-de-la-pedophilie?mode=video

Et ta sœur, elle est « genderfluid »?

 

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Et ta sœur, elle est « genderfluid »?

Par Didier Desrimais

Ex: http://synthesenationale.hautetfort.com

Tout récemment Benoît Rayski a rapporté dans Causeur l’histoire de « la famille la plus moderne du Royaume-Uni » (selon le Daily Mirror). Pourquoi la plus moderne ? Parce que composée d’un homme transgenre, d’un compagnon non-binaire et d’un enfant issu du sperme d’une femme transgenre mais mis au monde par l’homme transgenre du couple. Tout le monde suit ?

Dans un article du dernier Télérama (n°3651), la journaliste Emmanuelle Skyvington s’interroge : « Et si, à l’aube de la décennie 2020, la société patriarcale et hétéronormée (sic) telle qu’on la connaît était en train de tomber ? » C’est Judith Butler (auteur de Trouble dans le genre, ouvrage dispensable mais qui fait les beaux jours d’une certaine sociologie française et de ses « études de genre ») qui doit jubiler.

L’art de se compliquer la vie

Maintenant, je vous prie d’être extrêmement attentifs, s’il vous plaît. Dans le même article de Télérama, Youssef se définit comme une « meuf trans, non-binaire » (“personne assignée garçon à la naissance mais qui se définit comme femme, tout en excluant les normes de genre traditionnelles”, fait bien de préciser Télérama). Comme les combats intersectionnels sont à la mode, Youssef, qui utilise le pronom « elle », décline opportunément toutes les discriminations « qu’elle » subit (en plus de la transphobie, bien entendu) : « Ayant une vie déjà compliquée car je suis pauvre, racisée et extra-européenne, cela n’a pas été facile ! » Et apparemment Youssef n’est pas parti(e) pour se la simplifier, la vie.

Lucas a des cheveux mauves « retenus par un chouchou bleu » et se pose des questions sur son genre, tandis que Sof – qui a « troqué son deadname (?) qui finissait en « a » pour un pseudo moins marqué » – se dit « gender fluid ». Comme Sof a décidé de perdre tout le monde en cours de route et de se démarquer fermement encore de tous ceux qui se distinguent pourtant en se genrant à l’opposé de leurs chromosomes et de leur code génétique (qui ne sont jamais qu’une « construction sociale »), elle précise qu’elle est en réalité « FtX », c’est-à-dire « femme à genre inconnu ». En allant sur le site de l’Oberservatoire des Transidentités (si, si, ça existe) j’apprends qu’il existe une “Journée mondiale de la visibilité trans” (le 31 mars), et qu’en plus de pouvoir être « FtX » chacun peut devenir « FtM » ou « MtF » ou, plus mystérieux encore, « Ft ». Décidément, on n’arrête pas le progrès !

Télérama nous surprend de plus en plus

Vous êtes encore là ? Bien, continuons alors la lecture édifiante de Télérama :

Tom a réussi son « cispassing » et est très heureux d’être considéré maintenant comme un garçon. Mais tout peut changer demain matin. C’est d’ailleurs l’intérêt de la théorie butlérienne. Assez fier de lui et se prenant pour le Derrida du genre, Tom avoue donc être en réalité « gender fuck », c’est-à-dire « favorable à la déconstruction du genre en général ». Tom s’amuse avec les codes. Tom met du vernis, ou pas. Tom porte des talons, ou pas. Tom fait « un tour de table » à chaque fois qu’il se retrouve avec ses amis car leurs « noms peuvent changer », ou pas. Bref, Tom a l’air totalement paumé.

Identités politiques

Bien entendu, ces envies de modifications genrées se veulent révolutionnaires. Elles remettent en cause (au choix) : le patriarcat, l’hétéronormativité, la parentalité, la bourgeoisie, la famille, la société, le capitalisme, la tarte Tatin ou le Tour de France dans un grand fatras de lectures pauvres, rares et idéologiques. Elles adoptent le vocabulaire des révolutionnaires d’antan pour draper leur vacuité d’un soupçon d’intelligence et laisser penser qu’elles ne sont que des victimes : « En ce sens, nos identités traquées, deviennent politiques », dit Lexie dans le même article. C’est de la révolution à deux balles, sans projet collectif, sans autre ambition que de promouvoir ce qu’Alan Bloom décrit si justement dans L’âme désarmée (Éditions Les Belles Lettres), et qui est le moi, ce « substitut moderne de l’âme. » Chaque moi décrit ci-dessus se considère « mystérieux, ineffable, illimité, créateur », « semblable à Dieu dont il est comme le reflet impie dans un miroir », écrit Bloom. Vautré dans la complaisance paresseuse que leur promettent tous les journaux dits progressistes, il se laisse admirer et s’admire en même temps. C’est un moi sans extérieur et sans intérieur. C’est un moi qui n’admire rien, hormis moi (lui est déjà trop loin, c’est déjà un autre qu’aucun moi ne peut concevoir). De plus c’est un moi qui, parce qu’il est « gentil », s’imagine être le Bien absolu ; il ne saurait par conséquent être critiqué ou moqué puisque, angélique, évanescent et sexuellement indéterminé, il a éliminé de facto le Mal, croit-il !

Je ne sais ce que deviendront ces jeunes gens. Il est bien difficile de présager quoi que ce soit. Individuellement, tout est possible. Mais au vu de la rapidité stupéfiante de la mutation en cours et des premiers retours de ce pays toujours à la pointe que sont les États-Unis d’Amérique, je conseille aux parents qui craignent que leurs enfants ne se trouvent, après une orientation professionnelle hasardeuse, au chômage, de les aiguiller vers la seule profession dont on est certain qu’elle ne manquera pas de travail dans les prochaines décennies, celle de psychiatre.

Source :  La lettre de Causeur

mercredi, 08 janvier 2020

Prévisions pour 2020 – Tourbillons multiples

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Prévisions pour 2020 – Tourbillons multiples


Par James Howard Kunstler

Source: kunstler.com

Ex: https://www.lesakerfrancophone.fr

Les méta-questions

La grande question pour l’année 2020 est simple : l’Amérique peut-elle se remettre la tête à l’endroit ?

Si la réponse est non, nous n’aurons peut-être pas beaucoup de chances de rester un pays pacifique et fonctionnel. La période de la longue urgence, comme je l’appelle, est une pièce avec l’hiver figuratif de Strauss et Howe dans leur vision du quatrième tournant de l’histoire qui se joue en cycles générationnels analogues aux saisons de l’année. Quel que soit le nom que vous lui donnez, la disposition actuelle des choses a eu un effet sévère sur notre psychologie collective. Elle a rendu une cohorte exceptionnellement nombreuse d’Américains fonctionnellement fous, croyant aux démons, aux gobelins et aux fantômes, souscrivant à des théories qui, dans les époques précédentes, faisaient rire les enfants, tout en contestant des réalités évidentes et en provoquant un grave danger politique.


La folie est répartie sur de nombreux domaines de la vie américaine, avec pour dénominateur commun une classe pensante tombée dans le désordre de sa pensée. Le désordre est mené par les médias d’information et l’enseignement supérieur avec leurs agendas crypto-gnostiques pour transformer la nature humaine afin de guérir le monde (en théorie). Il comprend un ensemble d’illusions et de destructions délibérées de l’esprit allant de l’obsession morbide de l’ingérence russe dans nos affaires, à la croisade contre la liberté d’expression sur les campus, en passant par le culte de la perversité sexuelle – par exemple l’Heure de Lecture Transsexuelle, aux campagnes contre la blancheur et la masculinité, aux incursions de l’« éveil (woke) » dans le milieu professionnel des entreprises, aux machinations cyniques des économistes, des banquiers et des politiciens pour manipuler les apparences financières, à l’effort pour diviser la réalité de la vérité en tant que proposition générale.

Ces maladies de l’esprit et de la culture sont mises en synergie par un ethos politique stimulé qui dit que la fin justifie les moyens, de sorte que la mauvaise foi et la malhonnêteté consciente deviennent les principaux outils de l’effort politique. Par conséquent, une institution vénérable comme le New York Times peut se détourner de sa mission de présenter strictement les informations pour être enrôlée comme service de relations publiques pour les agences gouvernementales malhonnêtes – de l’État profond – qui cherchent à renverser un président sous de faux prétextes. L’effet global est celui d’une marche dans un nouveau totalitarisme, plein de mendicité et de malveillance épiques. Depuis quand, aux États-Unis, les « radicaux » politiques ont-ils le droit de s’associer aux services de sécurité du gouvernement pour persécuter leurs ennemis politiques ?

Cela conduit naturellement à la question suivante : qu’est-ce qui a rendu la classe pensante américaine folle ? Je maintiens que cela vient de l’anxiété massive générée par la longue urgence dans laquelle nous sommes entrés – la peur flottante que nous avons épuisé le temps de notre mode de vie actuel, que les systèmes dont nous dépendons pour notre haut niveau de vie sont entrés dans la zone de défaillance ; plus précisément, les craintes concernant notre approvisionnement en énergie, la diminution des ressources naturelles, la rupture des lignes d’approvisionnement, la dette galopante, l’accroissement de la population, l’effondrement de la classe moyenne, la fermeture des horizons et des perspectives pour les jeunes, le vol de l’autonomie des personnes écrasées par des organisations inhumaine (gouvernement, WalMart, ConAgra), la corrosion des relations entre hommes et femmes – et de la vie familiale en particulier, les fréquents meurtres de masse dans les écoles, les églises et les lieux publics, la destruction des écosystèmes et des espèces, l’incertitude quant aux changements climatiques, et la laideur entropique omniprésente de l’habitat humain de banlieue qui est à l’origine de tant de dysfonctionnements sociaux. Vous voyez ? Il y a beaucoup de choses à craindre, dont une grande partie est assez existentielle. Plus nous échouons à nous confronter et à nous engager dans ces problèmes, plus nous devenons fous.

Une grande partie du mécontentement en matière de « justice sociale » découle de l’inégalité de revenu évidente et grotesque de notre époque, accompagnée de la perte d’un travail significatif et des rôles sociaux qui y sont associés. Mais une tension supplémentaire provient de la honte et de la déception face à l’échec de la longue campagne pour les droits civiques visant à corriger les inégalités raciales dans la vie américaine – des tentatives d’intégration scolaire à l’action positive (quel que soit le nom qu’on lui donne), du « multiculturalisme » aux dernières innovations en matière de « diversité et d’inclusion ». En bref, trop de Noirs américains ne parviennent toujours pas à s’épanouir dans ce pays malgré cinquante ans de programmes gouvernementaux coûteux et d’expériences éducatives à profusion, et il reste peu d’explications pour expliquer cet échec, qui se traduit par des villes en ruine dirigées par des Noirs et des taux élevés de crimes violents entre noirs. Ce dilemme tourmente la classe des penseurs et les pousse toujours plus loin dans leurs fantasmes crypto-gnostiques de changer la nature humaine pour guérir le monde. Le résultat net est que les relations entre les races sont pires et plus tendues qu’elles ne l’étaient en 1950. Et le résultat est si embarrassant que la classe pensante évite à tout prix d’y faire face – malgré les appels de mauvaise foi à une « conversation honnête sur la race » qui est, en réalité, malvenue.

Notre pays est pris dans un réseau de rackets autodestructeurs et le dénominateur commun est la malhonnêteté immersive que nous nous sommes autorisés à pratiquer. En matière d’éthique et de conduite quotidienne, nous ne sommes plus du tout comme le pays qui est sorti de la Deuxième Guerre mondiale. Notre maxime nationale de nos jours est que tout est permis et que rien n’a d’importance. C’est une piètre plate-forme pour naviguer dans la vie sur terre. Après avoir réclamé pendant des décennies « l’espoir et le changement », c’est une chose importante que nous ne parlons plus de changer, et apparemment nous n’avons aucun espoir de changer. L’Amérique doit bien comprendre qu’elle ne peut pas se mentir à elle-même.

Ce texte est une prévision, après tout, et je vais essayer d’être aussi concis que possible sur les détails, que nous allons maintenant aborder. Les prévisions, vous comprenez, sont comme le jazz, une improvisation qui consiste à relier des points à un moment donné dans le temps… ou à lancer des spaghettis sur le mur pour voir si ça colle.

L’élection de 2020

Il y a de fortes chances que le Parti démocrate soit dans un tel état de désarroi d’ici l’été, qu’il se scinde en une faction radicale-Wokester et une faction croupion « modérée ». Cela rendrait l’élection un peu comme celle de 1860 à la veille de la première guerre civile. Les principaux candidats actuels – Biden, Sanders, Warren, Buttigieg – me semblent tous être des chevaux qui ne passeront jamais la ligne. Michael Bloomberg pourrait finir par être le chef des modérés de la partie croupion, propulsé par son compte en banque inépuisable, mais je doute de son attrait pour les minorités raciales et les nouveaux jeunes électeurs, les milléniums, dont dépendent les Démocrates. Je ne suis pas sûr qu’il lui reste beaucoup d’autres leviers.

Je suis convaincu que Joe Biden est toujours dans la course uniquement pour éviter une enquête. Il n’est manifestement pas encore tout à fait sain d’esprit et il n’est même pas encore à la Maison Blanche. Pensez à la façon dont Bob Mueller semblait témoigner au Congrès il y a six mois, et imaginez oncle Joe [Biden] dans la salle de crise de la Maison Blanche. Le bilan des escroqueries de l’époque des mandats de l’oncle Joe dans l’administration est profondément nauséeux, et embarrassant sur les enregistrements vidéo et les relevés bancaires. De même, pour Elizabeth Warren : il y a trop d’enregistrements vidéo d’elle, mentant sur elle-même. Elle ne  pourra jamais surmonter la campagne publicitaire d’un adversaire les passant et repassant quotidiennement. Je suis désolé, mais malgré le souhait crypto-gnostique de beaucoup de membres de la Classe Pensante de faire paraître le marginal pour normal, je doute que les électeurs veuillent voir le maire Pete Buttigieg à la Maison Blanche avec un « premier monsieur » [Il est homosexuel et n’a donc pas de première dame, NdT]. Bernie Sanders a une chance de diriger une faction radicale cette fois-ci – s’il parvient à vaincre les valets du DNC – mais n’a qu’une faible chance de remporter les élections générales. Cette vue d’ensemble laisse la porte bien ouverte pour Hillary Clinton de monter, lors d’une convention accrochée à Milwaukee, sur un cheval blanc en papier mâché et d’essayer de « sauver » le parti. Je crois qu’on se moquerait d’elle à son arrivée, ce qui ferait une scène finale humiliante dans sa carrière maudite.

Une autre possibilité est qu’un personnage actuellement hors jeu vienne d’une manière ou d’une autre diriger le Parti démocrate, mais il est impossible de dire qui pourrait être ce cygne noir. Cela pourrait aussi être un scénario de « salle enfumée » d’une convention de nomination, comme celle qui a choisi Warren Harding cent ans auparavant : les caciques du parti se réuniraient et feraient avaler leur décision aux délégués. Je donne 20 % de chances à ce résultat.

Quoi que vous pensiez de son style, de ses manières et de sa politique, Donald Trump a une qualité exceptionnelle : la résilience. Comme l’a fait remarquer David Collum, M. Trump est anti-fragile – au sens de Nassim Taleb. Plus il est attaqué, plus il semble devenir fort. Son point faible est sa maîtrise de l’économie et des marchés financiers qui sont censés la servir. Son destin, que j’ai décrit dans des blogs il y a trois ans, est d’être le gars qui porte le chapeau quand l’économie commence à craquer – une situation que je décrirai dans sa propre catégorie ci-dessous. Les chances ne sont pas que le statu quo d’un marché boursier en hausse constante se maintienne jusqu’en novembre prochain. Et si la situation se détériore, cela nuira certainement à sa réélection. Ce pourrait être aussi la seule chose qui permettrait au Parti démocrate de rester solidaire – mais cela implique qu’un bouleversement des marchés et des banques devrait avoir lieu au début de l’été, avant les congrès.

Pendant ce temps, les tentatives de mise en accusation ont une saveur lilliputienne. Continuer dans cette voie – en brandissant la menace d’un deuxième ou troisième acte de mise en accusation avec des frais supplémentaires – ne fera que renforcer l’anti-fragilité de M. Trump. En second lieu, il faut se demander si la paire Barr & Durham parviendra à faire porter une part de responsabilité pénale aux personnes qui ont mené le coup d’État du RussiaGate contre M. Trump – un épouvantable abus de pouvoir maintenant célébré par les Démocrates, qui, vous vous en souvenez peut-être, étaient autrefois contre les États policiers. Une série de mise en détention de criminels comme Brennan, Comey, Clapper et d’autres pourraient finalement faire éclater la bulle de crédulité que la tête à claque Mueller et le rapport Horowitz si accablant n’ont pas réussi à créer chez les vrais croyants de Rachel Maddow. Bien sûr, cette affaire a une signification encore plus grande pour corriger le méta-problème de l’Amérique qui se ment chroniquement à elle-même. Le RussiaGate et ses retombées étaient un tel édifice gargantuesque de malhonnêteté malveillante qu’il doit être déconstruit dans les tribunaux, ou la santé mentale de la nation ne se rétablira peut-être pas. C’est la clé pour mettre fin au régime du tout va bien et rien n’a d’importance. En fin de compte, si les marchés ou la valeur du dollar ne s’effondrent pas, M. Trump sera réélu.

Toutefois, je m’attends à ce que ses rivaux aient recours à une tactique de harcèlement légal pour bloquer le processus électoral dans un enchevêtrement paralysant de litiges qui entraverait ou empêcherait un règlement pacifique de l’issue. Ces tactiques pourraient inciter le président à déclarer des mesures extraordinaires pour surmonter cet acte de « résistance » – peut-être une période de loi martiale pendant que les résultats sont ré-établis. Oui, cela pourrait être extrême.

L’économie et ses accessoires

Le « miracle » du pétrole de schiste était un coup financier utilisant la dette pour donner l’illusion que l’approvisionnement énergétique de la nation était sûr et assuré à long terme. Ce fut un coup impressionnant, c’est certain, avec une production qui approche maintenant les 13 millions de barils par jour, mais il est en train de s’effondrer sur son modèle d’affaires de type Ponzi – les producteurs ne peuvent tout simplement pas faire d’argent avec ce système, et ils ont passé dix ans à prouver que c’est un jeu idiot pour les investisseurs. Il en résultera une diminution des investissements dans un modèle d’affaire qui exige un réinvestissement constant. Ce qui signifie que 2020 est l’année où le pétrole de schiste sera démystifié et où sa production va diminuer. Les faillites ne font que commencer.

L’économie n’est en réalité qu’une fonction des intrants énergétiques, et ces intrants doivent être économiquement rationnels, c’est-à-dire qu’ils ne doivent pas coûter plus cher que ce qu’ils rapportent. Tous nos arrangements bancaires et financiers dépendent de cela. Si les intrants énergétiques diminuent, ou si le coût de l’énergie dépasse la valeur de l’énergie nette que vous obtenez, alors les dettes de toutes sortes ne peuvent plus être remboursées et tout le système implose. A partir de là, la question est de savoir si l’effondrement est lent ou rapide. Je pense qu’il peut commencer lentement, puis s’accélérer rapidement jusqu’à devenir critique – et le processus est déjà amorcé.

En raison de cette dynamique énergétique, nous assistons à une contraction généralisée de l’activité économique et de la croissance à l’échelle mondiale, qui se traduira par une baisse future du niveau de vie. Les effets en Amérique sont déjà évidents et décourageants : la classe moyenne en difficulté, les gens qui vivent au jour le jour, ceux qui ne peuvent pas acheter de voiture ou payer pour la réparer. L’espoir était que l’Amérique puisse se réindustrialiser (une version de MAGA) pendant que les économies « émergentes » continuaient à produire des choses comme « moteurs » de l’économie mondiale : la Chine, l’Inde, la Corée, le Brésil, le Mexique et d’autres. Ces endroits ont vu leur niveau de vie augmenter de façon spectaculaire au cours des trente dernières années. Renverser cette tendance sera un traumatisme. Ces économies émergentes sont en train d’atteindre un pic puis un plafond en raison de la même dynamique énergétique de base qui affecte le monde entier : le manque d’énergie abordable, en particulier le pétrole. Le résultat probable sera l’instabilité politique en Chine et ailleurs – déjà manifeste – et une partie de ce désordre pourrait être projeté vers l’extérieur chez les rivaux économiques.

L’Europe a subi de nombreux contrecoups de la contraction de son niveau de vie, comme l’ont montré les perturbations liées à l’affaire des Gilets jaunes en France, la dépression nerveuse autour du Brexit, le pouvoir de rassemblement des mouvements politiques nationalistes dans de nombreux pays et la crise des migrants en cours – essentiellement des migrants économiques provenant de pays du tiers monde en difficulté. Les banques européennes, menées par la plus malade de toutes, la Deutsche Bank, souffrent d’un fardeau écrasant de mauvaises obligations à bases de dérivées qui risquent de les faire sombrer en 2020 avant une ruée vers la survie en Euroland, avec les récents migrants pris au piège au milieu. Je pense que nous assisterons aux premières tentatives d’expulsions à mesure que le chaos financier s’étendra, que la violence éclatera et que le nationalisme se développera.

La « solution » au dilemme de la contraction depuis 2008 a été pour les banques centrales de « créer » des montagnes d’« argent » frais pour donner l’illusion que les dettes peuvent être remboursées – et de nouveaux prêts générés – alors que la réalité le réfute clairement. Toute cette « impression » d’argent n’a fait que déformer les relations bancaires et le comportement des marchés – les symptômes les plus évidents étant l’inflation des actifs (actions, obligations, immobilier), l’impossibilité de connaître le prix des choses, ce qui est la fonction principale des marchés, et les taux d’intérêt proches de zéro qui rendent les opérations bancaires insensées.

Les banquiers continueront à faire « tout ce qu’il faut » pour essayer de maintenir le jeu, mais ils n’ont plus de véritable légitimité pour y parvenir. Les taux d’intérêt peuvent à peine baisser. La quantité d’argent « imprimé » nécessaire pour maintenir l’illusion d’un système rationnel et fonctionnel devient de plus en plus importante. Dans les six semaines qui précèdent et suivent Noël, la Réserve fédérale devrait injecter 500 milliards de dollars dans les banques pour stabiliser le prix des actifs. Combien de temps peuvent-elles continuer à le faire ?

En fin de compte, soit les prix des actifs chuteront – peut-être s’effondreront – soit les mesures de plus en plus désespérées nécessaires pour les soutenir dégraderont la valeur de la monnaie elle-même. Le hic, c’est que cela ne se produira peut-être pas partout à la fois. Par exemple, le système bancaire de la Chine, comme celui de l’Europe, est mûr pour une convulsion, qui verrait l’argent fuir vers une sécurité perçue – tant que ça dure – sur les marchés américains, gonflant temporairement le Dow, le S & P et les obligations du Trésor américain, même si d’autres grandes nations s’effondrent. Mais les banques américaines ont la même maladie et ces oiseaux de désordre finiront aussi par s’y percher.

De plus, la méthode de distribution de l’argent frais des banques centrales – argent venu de nulle part – changera probablement à l’avenir. Le public va sûrement se révolter contre un autre plan de sauvetage des banques. Au lieu de cela, les responsables se tourneront vers le « QE for the people« , aussi connu sous le nom d’ « Hélicoptère monétaire«  (comme dans la distribution d’argent depuis un hélicoptère), ou vers la « Théorie monétaire moderne » (TMM – imprimer de l’argent jusqu’à ce que les carottes soient cuites), avec un « revenu de base garanti ». Les tensions dans le piège de la contraction dans lequel nous nous trouvons sont telles que le déséquilibre des marchés de la dette ne peut se manifester que par un défaut brutal ou une tentative plus douce de gonfler les devises. L’inflation pourrait maintenir les marchés boursiers à flot et permettre le remboursement continu de la dette (« service de la dette« ) en devises de valeur décroissante – un processus qui n’est jamais vraiment gérable dans l’histoire, qui devient toujours incontrôlable et qui mène rapidement au chaos politique. N’oubliez pas qu’il y a deux façons de faire faillite : ne pas avoir d’argent et avoir beaucoup d’argent qui ne vaut rien.

Les éléments de ce psychodrame financier vont se fondre dans la politique électorale américaine de 2020, alors que la gauche se tourne de plus en plus vers des promesses d’argent « gratuit » et de services « gratuits » (médecine, éducation) aux électeurs paniqués qui ne peuvent plus se permettre le standard de vie du rêve américain. Les tremblements qui ont saisi les marchés Repo (Repo = rachat de garanties pour les prêts au jour le jour) ces trois derniers mois suggèrent que certaines grandes banques et compagnies d’assurance américaines sont entrées dans leur propre zone de criticité. Je doute qu’un quelconque stratagème permette d’éviter une grande instabilité financière avant la fin de 2020, mais si les États-Unis deviennent un refuge pour l’argent venant d’ailleurs dans le monde, cela pourrait repousser l’arrivée de la crise jusqu’à l’été.

L’idée qu’un marché boursier galopant signifie une « grande » économie est particulièrement fallacieuse avec toutes les interventions et manipulations de marché en cours de la dernière décennie. Tout ce qu’elle signifie vraiment, c’est que les escroqueries, les fraudes et les rachats ont remplacé la production industrielle d’antan, et ce n’est pas une base très solide pour une économie. Je ne pense pas qu’il y ait de réelles perspectives de revenir à la puissance industrielle d’autrefois. Nous devrons sûrement faire des choses dans les temps à venir, et produire notre pain d’une façon ou d’une autre, mais ce sera un modèle de production très différent, à une échelle beaucoup plus modeste. Quand le niveau de vie baissera, ce modèle finira par resurgir quelque part. Mais nous ne savons pas encore où.

Relations avec d’autres pays

L’hystérie du RussiaGate s’est démenée efficacement au cours des trois dernières années pour entraver la possibilité de rétablir les relations entre nos pays. Cela et l’intervention idiote de 2014 en Ukraine sous M. Obama, qui ont incité la Russie à annexer la Crimée et à combattre dans le Donbass. Tout cela était inutile et s’est produit simplement parce que nous étions déterminés à forcer l’Ukraine dans l’OTAN – ou, du moins, à ne pas la laisser rejoindre l’Union douanière centrée sur la Russie. Ce faisant, nous avons laissé l’Ukraine gravement endommagée. Pouvons-nous, s’il vous plaît, arrêter de créer encore plus de dégâts ? Ils ont toujours été proche de la Russie et le seront toujours. Pouvons-nous l’accepter avec notre esprit américain ?

Je soupçonne que M. Trump souhaite toujours rectifier la situation, en particulier nos relations avec la Russie. Nous avons des intérêts communs en suspens, à commencer par le souhait de décourager les maniaques islamiques de faire exploser des choses et de couper la gorge des gens. Et si nous essayions de coopérer pour gérer ce problème ? La Russie n’est pas notre rival économique. Aussi vaste que soit son territoire, l’économie russe n’est pas beaucoup plus grande que l’économie du Texas [C’est faux en Parité de pouvoir d’achat et donc très trompeur, NdT]. Ils possèdent un arsenal nucléaire très puissant, avec de nouveaux systèmes de frappe hypersoniques qui ont probablement été développés pour tempérer nos récits paranoïaques à leur sujet depuis 2016. La guerre n’est pas une option.

Il y a de fortes chances qu’en 2020 M. Trump trouve une ouverture pour réduire les tensions entre les États-Unis et la Russie, même s’il est mis en accusation à plusieurs reprises et que l’indice boursier S&P diminue de moitié. L’Ukraine elle-même peut être un cas désespéré, son destin est de devenir un désert agricole quasi-médiéval. Quoi qu’il en soit, ce n’est vraiment pas notre affaire, pas plus que l’occupation de l’Afghanistan, ou l’intervention en Irak, ou le Vietnam avant cela. Pour commencer, pouvons-nous simplement convenir qu’aller en guerre avec la Russie n’est pas une bonne idée et cesser de militer pour que cela se produise ? Les libéraux accusaient le Complexe militaro-industriel d’avoir battu le tambour de guerre. Maintenant, ce sont eux qui sont à la manœuvre.

De nouvelles tentations d’intervenir dans des pays étrangers ne feront qu’accélérer la faillite des États-Unis et entraîner une descente plus rapide et plus dramatique vers un niveau de vie beaucoup plus bas. Quoi qu’il en soit, avec tous les autres éléments de la longue urgence qui se déroule sous nos yeux, la tendance en 2020 sera que les nations se préoccupent de leurs propres affaires, et si cela ne fonctionne pas au niveau national, cela pourrait conduire à plus de régions séparatistes tentant de s’auto-gouverner. La Catalogne est toujours en train de gargouiller, l’Italie a toujours un problème nord / sud, l’Écosse a toujours la volonté de se dissocier du Royaume-Uni. La contraction, la décroissance ou la baisse de la prospérité – quelle que soit la façon de le dire – vont de pair avec une plus petite échelle de gestion. Tout ce qui est grand est en train de reculer.

Mais cela vaut la peine d’envisager ceci : je me souviens de l’époque où les États-Unis étaient une nation assez saine d’esprit. Si les choses peuvent s’aggraver en Amérique, avec toutes ces hallucinations politiques, ne pensez-vous pas qu’elles peuvent aussi s’aggraver ailleurs ? La Chine entre dans une crise traumatisante avec la fin de sa poussée de croissance de trente ans. Et si la Chine devenait aussi folle que nous ? Et si les États-Unis passaient du statut de client numéro un à celui de Demon Ghost Dragon de la série Underworld avec sa vision des choses ? Quelqu’un se souvient-il de la révolution culturelle des années 1960 ? C’était le wokestérisme 1 communiste aux amphétamines. Lorsque la situation devient difficile en Chine, le gouvernement sévit. Et lorsque cela ne fonctionne pas, la Chine se retrouve historiquement dans une sorte de guerre civile. L’action à Hong Kong au cours de la dernière année pourrait être un aperçu des attractions à venir pour Pékin ou Shanghai. Pour 2020, je prédis des turbulences en Chine, des banques faisant faillite, des entreprises sombrant et les usines fermant leurs portes – mais pas au point d’un soulèvement contre le régime de Xi Jinping. Cela rendra la Chine très nerveuse. Nous devrons naviguer prudemment autour d’eux. S’il vous plaît, aucun coup de force naval dans le détroit de Taïwan …

J’ai déjà bien couvert l’Europe dans la section Économie. Le principal avertissement pour l’Europe en 2020 est que l’ordre libéral international fondé sur des règles internationales de l’Occident a été rendu possible dans un monde d’après-guerre par des décennies d’apports énergétiques et de prospérité croissants. À mesure que cela s’inverse, les hypothèses sous-jacentes à cet ordre cesseront de le maintenir. La formation d’un nouvel ensemble de principes de fonctionnement entraînera probablement une période de désordre, peut-être de longue durée.

Israël et l’Iran semblent être à la recherche d’un crêpage de chignon, ce qui ne fonctionnera probablement pas si bien pour l’Iran. Quelque chose va se passer en 2020 entre eux et les États-Unis parviendront à rester en dehors. Un conflit rapide et vif pourrait préparer le terrain pour que le peuple iranien se débarrasse enfin du joug de ses mollahs. Cela peut s’accompagner d’un mouvement anti-jihad généralisé – un mouvement de paix islamique – à travers le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord – une reconnaissance que le Jihad ne travaille qu’à déstabiliser un pays après l’autre et à aggraver leur vie. Israël reprendra les pourparlers avec ses adversaires à Gaza et en Cisjordanie. Les pourparlers seront ardus mais prometteurs même si peu de chose seront résolues en 2020.

L’Inde et le Pakistan ont refroidi leur invectives pendant la période de coupure économique des dix dernières années, évitant une guerre majeure, y compris un échange de tirs nucléaires. Cela pourrait changer tragiquement en 2020 à mesure que la prospérité mondiale s’inversera et que toutes les autres pressions de la longue urgence s’accumuleront sur ces deux pays en difficulté et surpeuplés. Les dégâts seraient énormes, peut-être assez terrifiants pour persuader les gens, dans d’autres pays, de simplement passer leurs problèmes économiques par profits et pertes, et de faire de leur mieux pour réduire l’échelle rationnellement.

La dérive du Japon vers le sort final du néo-médiévisme s’accélère en 2020 alors que l’infection financière se propage depuis les banques chinoises en faillite. L’empereur Naruhito a publié un mémorandum royal reconnaissant que la dépendance du Japon à l’égard du pétrole importé doit cesser et ils embrasseront la décroissance dans l’espoir de revenir à un niveau de la civilisation Edo préindustrielle. Ce sera un exemple encore plus positif pour inciter d’autres pays à commencer d’étudier des plans similaires. Bien sûr, cela provoquera une opposition politique amère. Les meilleures idées font toujours des vagues.

L’Amérique latine vient de vivre plus d’une décennie de paix relative, à l’exception du Venezuela, qui, ces derniers temps, tourbillonne dans le vortex de l’égout sans tambours ni trompettes. L’Argentine est sous-performante dans les grandes largeurs, mais ne semble pas pouvoir atteindre un seuil critique d’effondrement. Quel est son secret ? Dernièrement, une révolution – probablement soutenue par la CIA – a renversé le président bolivien Evo Morales, pour permettre aux États-Unis d’accéder à ses ressources en lithium. Une action plus dramatique éclatera au Mexique en 2020 où la guerre civile gronde. Les États-Unis envoient des troupes de l’armée régulière alors que les réfugiés tentent de fuir vers le nord en flux épiques. Nous créons une «zone de sécurité» tracée à cinquante milles sous la frontière pour contenir le flot humain. M. Trump sera diffamé pour avoir installé des camps de réfugiés humanitaires là-bas. Mais tout au long de l’année, il refusera une intervention militaire pure et simple entre les factions belligérantes.

Guerre culturelle, wokestérisme et bataille des cœurs et des esprits

On pourrait supposer que les Wokesters crypto-gnostiques avaient porté leur folie assez loin en 2019 avec les Tranny Reading Hours, les licenciements de professeurs distingués qui insistent sur le fait que la réalité biologique signifie deux sexes, et bien plus encore. Ce fut également l’année du «Projet 1619» du New York Times, une tentative pseudo-universitaire de réécrire l’histoire américaine entièrement inspirée par le racisme. Et puis il y a Greta qui grogne «Comment oses-tu ?» dans le monde avec cette grimace baveuse de supériorité morale pubescente. Qui ayant encore un peu de bon sens dans ce pays n’est pas malade de ce « putain » de non-sens ?

jhklivre.jpgEn 2020, le wokestérisme a perdu tout son crédit et les Wokesters sont bannis dans une cave sans fenêtre dans le sous-sol de l’âme de l’Amérique où ils peuvent crier contre les murs, pointer du doigt, grimacer en bavant et émettre des anathèmes que personne n’écoutera. Et quand ils seront à court d’essence, ils pourront se détendre et lire le seul livre dans la salle : Mercy, par Andrea Dworkin.

Et puis, un beau matin de printemps, après que tout le monde y a renoncé, Donald Trump, le troll des trolls des médias sociaux, le Golem d’or de la grandeur lui-même, se lèvera en pyjama et tweetera que, enfin, après très longtemps, il s’est finalement «éveillé», et a changé son nom en Donatella, et a déclaré que son pronom personnel était «vous tous».

Très bien, c’est peut-être beaucoup rêver, mais personnellement, je crois que la loi Wokester fuit de partout. Même certains vrais croyants semblent épuisés par leurs efforts. Quoi qu’il en soit, ces incidents de folie publique s’éteignent toujours. Une caractéristique curieuse sera un manque total de remords quand tout sera fini. Au lieu de cela, nous aurons une amnésie, puis nous passerons à la prochaine phase de l’histoire.

Voilà mes prévisions pour 2020. Nous savons tous que c’est un exercice futile, mais c’est l’un de ces rituels inévitables de l’existence humaine. Bonne chance à tous ! Vous pourriez être intéressé par mon prochain livre, à paraître en mars, qui est une mise à jour approfondie de notre situation actuelle et une série de portraits de personnes intéressantes menant des styles de vie alternatifs en ces temps incertains.

James Howard Kunstler

jhklivre2.jpgPour lui, les choses sont claires, le monde actuel se termine et un nouveau arrive. Il ne dépend que de nous de le construire ou de le subir mais il faut d’abord faire notre deuil de ces pensées magiques qui font monter les statistiques jusqu’au ciel.

Traduit par Hervé et jj, relu par Kira pour le Saker Francophone

  1. 1) wokester : un idiot de 20 ans facilement offensé qui croit que le mot « éveillé » légitime sa vision égocentrique du monde. Ces individus manquent souvent de compétences dans le discours civil, ou d’une formation instruite dans n’importe quelle matière dans laquelle ils se glorifient. Urban Dictionary

Libye. Les Etats-Unis sont-ils derrière Khalifa Haftar ?

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Libye. Les Etats-Unis sont-ils derrière Khalifa Haftar ?

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Sans gouvernement national depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye est en proie à des luttes d'influence désastreuses pour la population

Deux autorités se disputent aujourd'hui le pouvoir: le Gouvernement d'Union Nationale GNA à Tripoli, dirigé par Fayez al-Sarraj, reconnu par l'ONU et un gouvernement à Benghazi, dirigé par le maréchal Haftar. considéré comme l'homme fort de l'Est libyen.

Or le 2 janvier 2020 les députés turcs ont approuvé une motion permettant au président Recep Tayyip Erdogan d'envoyer des troupes en Libye pour soutenir le  GNA qui est menacé par une offensive du maréchal Haftar. Il faut rappeler que l'intérêt de la Turquie pour la Libye remonte à l'Empire Ottoman. La régence de Tripoli (carte ci-dessus) était une province plus ou moins autonome de celui-ci, fondée au XVIᵉ siècle et correspondant au territoire de l'actuelle Libye. Sa capitale était Tripoli.

Mais l'intérêt turc a des raisons plus immédiates. A la suite d'un accord maritime avec le gouvernement de Fayez al-Sarraj, la Turquie peut faire valoir ses droits sur de vastes zones maritimes en Méditerranée orientale. Cette région de la Méditerranée contient de très importants gisements de gaz naturel estimés à plus de 100 mille milliards de mètres cubes. Ankara cherche donc à s'octroyer une large part de ces richesses.

L'accord concerne un projet de gazoduc connu sous le nom d'"Eastmed" qui vient d'être signé entre la Grèce, Chypre et Israël afin de sécuriser l'approvisionnement énergétique de l'Europe est venu entraver les tentatives de la Turquie d'étendre son contrôle sur la Méditerranée orientale. L'alliance de la Turquie avec le GNA apparaît comme est une réponse à cet accord. Une présence militaire turque pourrait le rendre inapplicable.

La Turquie est actuellement la partenaire de la Russie dans le cadre d'un accord permettant aux deux pays d'envoyer des patrouilles militaires au nord-est de la Syrie et d'assurer le contrôle en commun d'une grande partie de la frontière turco-syrienne. Cet accord vise à mettre fin à l'offensive turque contre les forces kurdes des Unités de Protection du Peuple, YPG, considérées comme des terroristes par Ankara.

Officiellement présenté comme destiné à assurer une meilleure coordination de la Turquie et de la Russie dans la lutte contre les éléments djihadistes de l'Etat Islamique, l'accord est perçu par les Etats-Unis comme une tentative de la Russie pour étendre son influence sur l'ensemble de la zone. La Russie y apparaît en effet comme un médiateur disposant d'une autorité perdue depuis longtemps par l'Amérique.

Dans ce contexte, le maréchal Haftar, qui s'opposera inévitablement aux contingents militaires turcs envoyés soutenir son concurrent Fayez al-Sarraj, paraît un moyen pour Washington de rétablir son influence non seulement en Libye mais plus généralement au Moyen-Orient, face à l'importance prise désormais par la Russie. Beaucoup d'observateurs se demande dans ces conditions si Haftar, l' « Homme fort » de l'Est libyen, ne se sent pas aujourd'hui encore plus fort du fait d'un appui des Etats-Unis.

mardi, 07 janvier 2020

Main basse sur l’eau : la bataille de l’or bleu

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Main basse sur l’eau : la bataille de l’or bleu

Source : Arte, Youtube 

Ex: https://www.les-crises.fr

Le prometteur marché de l’eau s’annonce comme le prochain casino mondial. Les géants de la finance se battent déjà pour s’emparer de ce nouvel “or bleu”. Enquête glaçante sur la prochaine bulle spéculative.

Réchauffement climatique, pollution, pression démographique, extension des surfaces agricoles : partout dans le monde, la demande en eau explose et l’offre se raréfie. En 2050, une personne sur quatre vivra dans un pays affecté par des pénuries. Après l’or et le pétrole, l’”or bleu”, ressource la plus convoitée de la planète, attise les appétits des géants de la finance, qui parient sur sa valeur en hausse, source de profits mirobolants. Aujourd’hui, des banques et fonds de placements – Goldman Sachs, HSBC, UBS, Allianz, la Deutsche Bank ou la BNP – s’emploient à créer des marchés porteurs dans ce secteur et à spéculer, avec, étrangement, l’appui d’ONG écologistes. Lesquelles achètent de l’eau “pour la restituer à la nature”, voyant dans ce nouvel ordre libéral un moyen de protéger l’environnement. En Australie, continent le plus chaud de la planète, cette marchandisation de l’eau a pourtant déjà acculé des fermiers à la faillite, au profit de l’agriculture industrielle, et la Californie imite ce modèle. Face à cette redoutable offensive, amorcée en Grande-Bretagne dès Thatcher, la résistance citoyenne s’organise pour défendre le droit à l’eau pour tous et sanctuariser cette ressource vitale limitée, dont dépendront 10 milliards d’habitants sur Terre à l’horizon 2050.

Le prix de la vie

De l’Australie à l’Europe en passant par les États-Unis, cette investigation décrypte pour la première fois les menaces de la glaçante révolution en cours pour les populations et la planète. Nourri de témoignages de terrain, le film montre aussi le combat, à la fois politique, économique et environnemental, que se livrent les apôtres de la financiarisation de l’eau douce et ceux, simples citoyens ou villes européennes, qui résistent à cette dérive, considérant son accès comme un droit universel, d’ailleurs reconnu par l’ONU en 2010. Alors que la bataille de la gratuité est déjà perdue, le cynisme des joueurs de ce nouveau casino mondial, au sourire carnassier, fait frémir, l’un d’eux lâchant : “Ce n’est pas parce que l’eau est la vie qu’elle ne doit pas avoir un prix.”

Main basse sur l’eau

Documentaire de Jérôme Fritel (France, 2018, 1h30mn)

Source : Arte, Youtube, 18-12-2019

Main basse sur l’eau : la bataille de l’or bleu

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Main basse sur l’eau : la bataille de l’or bleu

Source : Arte, Youtube 

Ex: https://www.les-crises.fr

Le prometteur marché de l’eau s’annonce comme le prochain casino mondial. Les géants de la finance se battent déjà pour s’emparer de ce nouvel “or bleu”. Enquête glaçante sur la prochaine bulle spéculative.

Réchauffement climatique, pollution, pression démographique, extension des surfaces agricoles : partout dans le monde, la demande en eau explose et l’offre se raréfie. En 2050, une personne sur quatre vivra dans un pays affecté par des pénuries. Après l’or et le pétrole, l’”or bleu”, ressource la plus convoitée de la planète, attise les appétits des géants de la finance, qui parient sur sa valeur en hausse, source de profits mirobolants. Aujourd’hui, des banques et fonds de placements – Goldman Sachs, HSBC, UBS, Allianz, la Deutsche Bank ou la BNP – s’emploient à créer des marchés porteurs dans ce secteur et à spéculer, avec, étrangement, l’appui d’ONG écologistes. Lesquelles achètent de l’eau “pour la restituer à la nature”, voyant dans ce nouvel ordre libéral un moyen de protéger l’environnement. En Australie, continent le plus chaud de la planète, cette marchandisation de l’eau a pourtant déjà acculé des fermiers à la faillite, au profit de l’agriculture industrielle, et la Californie imite ce modèle. Face à cette redoutable offensive, amorcée en Grande-Bretagne dès Thatcher, la résistance citoyenne s’organise pour défendre le droit à l’eau pour tous et sanctuariser cette ressource vitale limitée, dont dépendront 10 milliards d’habitants sur Terre à l’horizon 2050.

Le prix de la vie

De l’Australie à l’Europe en passant par les États-Unis, cette investigation décrypte pour la première fois les menaces de la glaçante révolution en cours pour les populations et la planète. Nourri de témoignages de terrain, le film montre aussi le combat, à la fois politique, économique et environnemental, que se livrent les apôtres de la financiarisation de l’eau douce et ceux, simples citoyens ou villes européennes, qui résistent à cette dérive, considérant son accès comme un droit universel, d’ailleurs reconnu par l’ONU en 2010. Alors que la bataille de la gratuité est déjà perdue, le cynisme des joueurs de ce nouveau casino mondial, au sourire carnassier, fait frémir, l’un d’eux lâchant : “Ce n’est pas parce que l’eau est la vie qu’elle ne doit pas avoir un prix.”

Main basse sur l’eau

Documentaire de Jérôme Fritel (France, 2018, 1h30mn)

Source : Arte, Youtube, 18-12-2019

dimanche, 05 janvier 2020

Génération Greta : comment la peur de l’effondrement mobilise toute une société et ses médias

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Génération Greta : comment la peur de l’effondrement mobilise toute une société et ses médias

Une adolescente se rend à l'autre bout du monde pour sauver le monde. Et les médias s'y rendent avec elle. Mais des doutes s'insinuent : quelle est au juste la mission de Greta Thunberg ?

Norbert Bolz, 29 août 2019, nzz.ch

Ex: https://www.lesobservateurs.ch

Si vous voulez sauver le monde, vous devez sortir du rang. L'hypersensibilité d'une adolescente et patiente d'Asperger semble être devenue la mesure de toute chose. Le socialiste utopiste Fourier a dit un jour : "L'univers et l'homme forment un seul corps avec une seule peau, de sorte que chacun ressent chaque douleur". Cela décrit très bien l'hypersensibilité de la génération Greta. Elle a déclenché un battage médiatique qui étouffe dans l'œuf toute tentative d'argumentation politique objective.

Greta offre tout ce dont les médias ont besoin : la personnalisation et l'émotionnalisation de la politique, l'attente religieuse du malheur dans la "catastrophe climatique" et le programme ascétique pour sauver le monde. Elle est la sainte d'une religion verte de substitution, l'héroïne de notre temps, qui prouve l'authenticité de sa cause par son impolitesse et son infantilisme.

Au lieu d'aller à l'école, elle va à des conférences de presse, des interviews et des séances de photos. Elle parle devant l'ONU et les puissants de Davos, reçoit un baiser sur la main de Juncker et une audience avec le Pape. La jeune femme de 16 ans est couverte de prix et a déjà été nominée pour le prix Nobel de la paix. Mais au plus tard lors du voyage aux USA en voilier "climatiquement neutre", certains se sont posé la question : mission ou marketing ?

Concernés sans frontières

Il va donc falloir ici creuser un peu plus profond. Les problèmes écologiques sont évidemment le sujet idéal et inégalable pour les médias de masse car le monde entier est au centre de l'attention : tout le monde est concerné. Le changement climatique et la pollution de l'environnement ne connaissent pas de frontières.

Nietzsche se doutait déjà que nous vivions dans une société de drogués de l'urgence - rien ne nous est plus nécessaire que des difficultés, des malheurs visibles. Et c'est précisément la joyeuse insouciance face à la souffrance qui appelle une attitude complémentaire d'"être concerné". On "consomme" les sensations de désastre et les scènes de protestation. Et partout où la protestation remplace la réflexion, les médias sont présents. Ils font de nous les spectateurs de militants en prime-time qui incarnent notre avenir comme une menace.

L'ère des médias de masse est donc l'ère du pessimisme indigné et de la rhétorique de la peur. Ceux qui expriment leurs doutes ou mettent en scène leur préoccupation – et ce sont eux qui donnent le ton ici – sont des entrepreneurs moraux. Ils gagnent de l'argent sur le marché des sentiments avec la peur des autres. Dans le monde des metteurs en garde et des donneurs de réprimandes, l'apocalypse devient une marchandise.

La peur se révèle être le mode de communication le plus efficace, car la rhétorique de la peur est impossible à réfuter. "J'ai peur" - on ne peut pas faire plus authentique. Ainsi, l'humanisme des mass media invente l'humanité en tant que communauté des apeurés. Cela crée un œcuménisme de la menace apocalyptique.

Greta Thunberg n'a que 16 ans, mais la Suédoise est déjà connue d'Amsterdam à Sydney. La jeune fille atteinte du syndrome d'Asperger est à la tête du mouvement de grève scolaire pour le climat et a reçu récemment le prix Nobel alternatif.

Tout comme la conscience de classe révolutionnaire a été produite dans les années 1960 et 1970, la conscience environnementale apocalyptique est produite aujourd'hui - l'industrie de la conscience est passée du rouge au vert. Et tout comme les Rouges à l'époque, les Verts exploitent aujourd'hui la culpabilité de la culture occidentale. La théologie de la fin du monde a été remplacée par l'écologie de la fin du monde.

Au lieu de "Qu'est-ce que je peux espérer ?", la religiosité d'aujourd'hui demande "Qu'est-ce que je dois craindre ?". Ainsi, un œcuménisme de la peur s'est formé dans le monde occidental, avec le soutien de scientifiques engagés. C'est comme ça que ça marche : au début, il y a la crise ; la crise justifie la nécessité de la recherche ; l'importance de cette recherche légitime son financement par l'État ; la recherche dans "l'intérêt public" a besoin d'une organisation politique - et il arrive parfois ce que les théoriciens de la science appellent le "biais scientifique". En clair: on trouve ce qu'on s'attend à trouver. Et il est toujours minuit moins cinq.

Le scénario du pire

La catastrophe est évidemment fascinante en tant qu'exact contraire du système de fonctionnement de la société moderne. Aucune statistique, aucune mathématique et aucune expérience ne peut nous préparer à une catastrophe. La catastrophe est justement le cas pour lequel les techniques modernes du calcul des risques et de l'avis d'expert ne sont pas acceptées. La rationalité n'a aucune chance de s'imposer ici.

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Depuis la chute du mur de Berlin, les scientifiques des médias ont observé une inflation de la rhétorique des catastrophes. Apparemment, la fin de la guerre froide a créé un vide de peur, vide qui est maintenant comblé de manière professionnelle. On pourrait presque parler d'une industrie de la peur. Les politiciens, les avocats et les médias vivent très bien de la peur. Mais les scientifiques qui avertissent et réprimandent mettent leur réputation en jeu. Les prophètes de la fin ont toujours été les ennemis les plus acharnés du Siècle des Lumières - et c'est particulièrement vrai aussi des éco-prophètes de l'apocalypse climatique.

Cependant, le monde peut encore être sauvé si nous prenons tous part au culte de la précaution et de la sécurité. Aujourd'hui déjà, la religion du soin et de la protection est la véritable religion civile du monde occidental. Dans la lutte contre le changement climatique provoqué par l'homme, nous éprouvons une intensité de sentiments que l'on ne peut que qualifier d'infantile - ou d'extase religieuse.

L'éco-religion a aussi ses prêtres, ses pèlerinages et son Saint Graal. Greta et les écoliers des Fridays for Future sont les Croisés du monde du bien. Tout comme leurs parents bien intentionnés, ils prennent au sérieux l'idée du surhomme de Nietzsche : prendre la responsabilité du monde entier. Mais ce qui est encore plus consternant que les enfants qui manquent l'école pour sauver le monde, ce sont les adultes qui les félicitent pour cela. Comme si la sagesse des enfants pouvait servir de guide dans un monde trop complexe.

Les médias, bien sûr, jouent un rôle clé à cet égard. On peut aussi dire que les concours de talents sont efficaces. Maintenant, les enfants ne veulent plus seulement apparaître comme mannequins et pop stars, mais aussi comme politiciens. Et en effet, les talk-shows présentent les écoliers comme des témoins de la vérité. D'accord, il est parfaitement normal et presque naturel que les enfants produisent un idéalisme fumeux, mais il est alarmant que les médias et la politique transfigurent cela en sagesse qui sauve le monde.

Les ONG organisent cette nouvelle religiosité, baptisée "conscience environnementale". Environnement, ainsi s'appelle le Dieu humilié dont il faut prendre soin et attendre le salut. Ce système de croyance vert est bien sûr beaucoup plus stable que le rouge qu'il remplace. La nature remplace le prolétariat - opprimé, insulté, exploité.

L’environnement mobilise

La déception laissée par la promesse de salut de la gauche a provoqué des visions apocalyptiques, à savoir celles de la destruction de l'environnement. L'espoir du salut ayant été déçu, les gens se sont à nouveau intéressés à la Création - sous le nom d'environnement. Et ce faisant, on n'a même pas besoin de renoncer à l'ivresse de la révolution. L'éco-religion est la nouvelle foi pour la classe moyenne éduquée, dans laquelle on peut loger de l'anti-technologie, de l'anti-capitalisme et de l'actionnisme.

Cui bono ? L'élite verte, qui prophétise la catastrophe climatique et appelle à l'ascèse, vit très agréablement dans son grand hôtel d'où elle contemple le précipice. Dans la société occidentale d'aujourd'hui, rien ne se vend mieux que l'écologie, le bio et le vert.

 Et Hollywood a déjà fait sien ce greenwashing : cela fait longtemps que ses stars et ses starlettes nous présentent le sauvetage du monde comme un bon divertissement.

Il s'agit donc de l'art d'extraire de la menace apocalyptique le miel de la bonne action et de l'idée d'entreprise porteuse de succès. Tout comme la "durabilité" auparavant, le "changement climatique" devient maintenant un terme clé du Big Business. La S.A. "We don't have time" est un exemple de la manière dont le sauvetage du monde peut être une énorme entreprise. Et maintenant, plus personne ne sera surpris d'apprendre que Greta la militante pour le climat en était la figure publicitaire

Norbert Bolz est professeur émérite de sciences des médias à l'Université technique de Berlin et auteur de nombreux ouvrages.

 

Source : NZZ
Traduction Cenator

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Voir aussi: https://www.bvoltaire.fr/greta-thunberg-ce-que-lon-oublie-de-nous-raconter/

11:48 Publié dans Actualité, Ecologie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, écologie, greta thunberg | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

vendredi, 03 janvier 2020

Vers un brexit hyper-globaliste ?

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Vers un brexit hyper-globaliste ?

par Thomas Ferrier

Ex: http://thomasferrier.hautetfort.com

Finalement, après trois ans de tergiversations, le brexit aura finalement lieu à la fin du mois de janvier 2020 sous la conduite de Boris Johnson, premier ministre sortant réélu triomphalement grâce à un mode de scrutin favorable à la tête du pays.

Winston Churchill en 1946 estimait que le slogan envisagé par les conservateurs de « Keep Britain white » (« conserver la Grande-Bretagne blanche ») était un bon slogan. Depuis Labour et Tories n’auront pas cessé d’ouvrir les portes du pays aux flux venus de l’ancien empire colonial pour que la Grande Bretagne le soit de moins en moins, et dès 1948 en changeant le code de la nationalité afin de faciliter les naturalisations. Mosley et Powell mirent en garde les Britanniques contre ce « changement de peuple » mais ne furent pas écoutés, tout comme Robinson ne l’est pas aujourd’hui, au prix même de sa liberté.

L’adhésion du Royaume-Uni à la CEE, qui allait ensuite devenir l’Union Européenne, fut complexe. C’est finalement en 1974, après le départ de De Gaulle qui s’opposait à son adhésion en 1969, qu’elle rejoint cette organisation en même temps que le Danemark et l’Irlande. Depuis cette époque, elle n’a jamais vraiment joué le jeu, Thatcher obtenant dès les années 80 de nombreux accommodements. C’est ainsi que le Royaume-Uni d’avant brexit n’avait pas l’euro et n’était même pas dans l’espace Schengen. Cela n’a jamais empêché la presse britannique depuis des décennies de taper sur l’Union Européenne et de l’accuser de tous les maux, alors même que les émeutes de 2010 ou le scandale de Rotherham ne lui doivent rien, mais doivent tout à la politique migratoire des gouvernements britanniques de gauche comme de droite.

Pris en otage depuis plusieurs années par l’aile fanatiquement eurosceptique des Tories et menacé dans sa réélection si ce courant renforçait le mouvement UKIP de Nigel Farage qui, en divisant la droite, pouvait faire gagner le Labour, David Cameron était résolu à marginaliser cette aile à l’issue d’un vote national. Pour ce faire, il prétendit renégocier un meilleur accord avec l’UE, comme Thatcher l’avait fait avant lui, et de le soumettre à un référendum, ce qu’elle s’était bien gardé de faire. Il affirma ensuite avoir obtenu des résultats mais personne n’est vraiment capable de dire ce qu’il avait obtenu. Il organisa donc un vote qu’il était persuadé de gagner.

Dans le camp du brexit, on retrouva naturellement Nigel Farage, à la tête de UKIP puis du Brexit Party lorsqu’il quitta le premier en l’accusant de dérives identitaires et d’islamophobie. Mais c’est Boris Johnson, conservateur et ancien maire de Londres, qui se présenta en champion du brexit, avec une bonne dose d’opportunisme et sur la base d’un pari politique audacieux, le même que Fabius en 2005 en France lorsqu’il appela à voter non au TCE mais avec le succès en plus. A grands coups de démagogie, en promettant tout et son contraire, y compris la préférence non-européenne dans les banlieues à forte composante indo-pakistanaise au détriment des Polonais, sans grand résultat malgré tout, et avec l’aide d’une presse efficace pour les relayer, le camp du brexit s'imposa et Cameron, perdant, dut démissionner et se faire oublier.

Il est vrai que le Labour avait fait une campagne a minima, l’attachement d’un Corbyn à l’UE étant quasi nul, et que Sadiq Khan, opposé au brexit, envoyait par hétérotélie un message globaliste à un électoral ouvrier britannique hostile.

De nombreux britanniques, mais pas tant que ça (51,6% d’entre eux), ont choisi l’aventure du brexit au maintien dans une Union Européenne dont personne n’avait été capable de démontrer les bienfaits et alors même que les dirigeants de l’actuelle UE se complaisent dans un globalisme béat. Il est évident que ce vote en faveur du brexit a exprimé une angoisse identitaire légitime, un refus clair du globalisme, et aussi de l’immigration, européenne comme non-européenne, une confusion salement entretenue par les eurosceptiques d’ailleurs.

Et donc le brexit ayant été voté, et même si un référendum au Royaume-Uni n’a pas force de loi, personne n’a osé braver l’interdit de ne pas en tenir compte et les Libéraux Démocrates qui firent campagne en décembre 2019 pour révoquer l’article 50 auront plus choqué que convaincu.

Une fois le brexit voté, sachant que personne n’avait été capable et pour cause d’expliquer ce qu’il serait, la peur d’un brexit dur (« hard brexit ») inquiéta les milieux d’affaires. Après plus de deux ans pendant lesquels Teresa May fut incapable d’obtenir une majorité en faveur d’un accord obtenu auprès de l’UE, Boris Johnson devint enfin premier ministre et s’engagea à un brexit coûte que coûte. Son bluff aurait pu lui coûter cher car le parlement l’avait contraint à demander une prolongation du délai en cas d’absence d’accord. Et il aurait alors dû sans doute démissionner et aurait été fragilisé médiatiquement. Mais l’Union Européenne, sous la pression du gouvernement français, Macron ayant annoncé qu’il voulait que le Royaume-Uni se décide enfin, offrit un accord au rabais au dernier moment à Johnson, qui s'en saisit.

Ce dernier put donc en position de force, avec une opinion lassée, se présenter devant les électeurs britanniques le 12 décembre 2019. Le pays reste coupé en deux (48% des Britanniques ont voté pour les conservateurs) et le Brexit Party a disparu. Alors même que Nigel Farage avait dénoncé un faux brexit obtenu par Johnson, son parti stratégiquement se plaça en soutien de ce dernier, gênant le Labour dans des circonscriptions décisives. Pour Farage, mieux valait un « very soft brexit » à pas de brexit du tout, même s’il ne devait être que nominal. C’est là qu’on constate ce qu’il fallait penser de ses convictions. On ne sera pas non plus étonné d’avoir vu Donald Trump participer à sa façon à l’élection en apportant son soutien à Johnson, en tapant sur l’Union Européenne et en promettant des accords juteux en cas de brexit effectif, une ingérence dénoncée mollement et en vain par l’opposition.

Et maintenant ? Johnson a plus ou moins promis de régulariser 500 000 clandestins présents depuis plus de cinq ans au Royaume-Uni. Celui qu’une certaine droite présente comme un patriote, ce qui a amené Robinson à rejoindre récemment les Tories, mais que même Rivarol ose qualifier de « globaliste », n’est évidemment qu’un remarquable opportuniste qui a réussi à devenir premier ministre en faisant un pari gagnant. Il n’est pas sans talent mais il ne sauvera pas le Royaume-Uni sur le plan identitaire. Lui qui se présente comme un nouveau Churchill a trahi bien sûr le souhait que ce dernier avait exprimé et que j’ai évoqué au tout début de cet article. Les flux intra-européens vont se réduire en raison des tracasseries administratives, tandis que les flux post-coloniaux se renforceront.

C’est bien à un brexit globaliste que nous allons assister, et l’indépendance prétendue ne sera qu’un renforcement de la vassalité atlantiste. Certes sur le plan économique, ce sera un brexit très mou et surtout symbolique. Il ne devrait donc pas y avoir de conséquences dramatiques et d’ailleurs la presse européenne ne semble plus du tout inquiète, surtout qu’un accord véritable de mise en œuvre mettra plusieurs années à voir le jour. Les électeurs voulaient une identité britannique restaurée et ils auront une aliénation renforcée.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

jeudi, 02 janvier 2020

Les moins de seize ans ou les solitudes pédérastiques de Tonton Gabriel

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Les moins de seize ans ou les solitudes pédérastiques de Tonton Gabriel

par Juan Asensio

(texte de 2013)

Ex: https://www.juanasensio.com

Autres textes sur le sujet: Gabriel Matzneff dans la Zone.

Nous pouvons lire, à l'entrée Robert Brasillach du truculent Dictionnaire des injures littéraires de Pierre Chalmin (1), une méchanceté écrite par Gabriel Matzneff pour Le Figaro littéraire : «Brasillach que plus personne ne lirait aujourd'hui si, au lieu d'avoir été fusillé, il était mort écrasé par un autobus en juin 1944».

Nous pourrions retourner cette saillie du reste assez stupide car Brasillach continue d'être lu, à Gabriel Matzneff, en lui faisant remarquer que plus personne ne le lirait aujourd'hui si, à la place des orifices de jeunes enfants des deux sexes, il évoquait dans ses livres si paresseux, comme tout un chacun ou presque, ceux de ses seules épouse (notre Lovelace des bacs à sable a été marié, brièvement) et (innombrables) maîtresses. Lire Gabriel Matzneff, ce n'est en effet pas être sensible à sa prétendue petite musique, ce n'est pas manifester sa dilection pour les auteurs antiques, ce n'est pas soutenir, plus ou moins silencieusement, un de ces hérauts, de plus en plus fatigué à vrai dire et qui a besoin pour se déplacer de sa canne à pommeau doré, de la droite buissonnière qui fut très souvent garçonnière, ce n'est pas s'intéresser au subtil mélange entre envolées métaphysiques et cabrioles priapistiques, ce n'est certainement pas défendre la liberté de l'esprit contre ce qu'il appelle les quakers et les quakeresses de la pruderie.

Lire Gabriel Matzneff, ce n'est même pas s'offrir un de ces petits plaisirs secrets que, bien jeune, nous nous accordions en lisant en cachette les textes de Sade et de Casanova alors même que, selon l'auteur, nous ne saurions lire la description détaillée de fines parties de plaisir entre un adulte et un jeune enfant sans éprouver nous-même un désir trouble. Or, si l'imagination d'un jeune adolescent (et même celle d'un adulte) peut être ravie, au sens premier du terme, par les pages où Sade déploie ses infernales machines de souffrances et de plaisir ou par la truculence arsouille et irrévérencieuse du Vénitien, les passages où Gabriel Matzneff évoque ses parties de jambes en l'air, eux, sont absolument tout ce que l'on voudra, libidineux, pornographiques donc cliniques, ridicules ou drôles, mais jamais érotiques.

Lire Gabriel Matzneff, c'est donc très sûrement perdre son temps. Lire Gabriel Matzneff, c'est assez vite tout de même (sauf lorsque l'on ne sait pas lire, cette cécité est fort répandue) découvrir que le maître que nous cherchions, jeune, que tout jeune enfant passant sa vie à dévorer des livres cherche plus ou moins sans le savoir, est un petit professeur bagué, cravaté et dégénéré, que l'esprit libre tant vanté dans notre société soumise à des milliers de diktats aussi invisibles que sournois n'est qu'un pleurnicheur vouant aux gémonies celles (les renégates, dit-il) qui l'ont plaqué et renié, que l'homme fort ne craignant aucune polémique est un pauvre type esseulé et qui, devenant vieux, sera non seulement toujours esseulé, de plus en plus seul à vrai dire mais surtout de plus en plus pathétique, un vit bientôt flaccide condamné à subir les gestes du personnel soignant d'une maison de retraite en guise de fier étendard affichant son mépris des «vieux culs nécrophages de la rue Sébastien-Bottin» (2), que le théologien à la mode de Vladivostok est un mécréant à la petite semaine affirmant que le Christ semble s'être «fait chair, flesh, que pour nous permettre de tringler les premières communiantes et de tailler des pipes aux petits chanteurs à la queue de bois» (pp. 12-3, l'auteur souligne), que le pécheur impénitent, Gilles de Rais saupoudré de talc ayant sa place à toutes les bonnes tables de Saint-Germain-des-Prés, écrit chacun de ses textes ou presque sans jamais parvenir à masquer son cri («Pardonnez-moi ! Pardonnez-moi !»), rêvant de «confession publique» comme au temps où le sacrement de pénitence représentait quelque chose «chez les chrétiens primitifs», et saisissant l'occasion inespérée que lui offre Jacques Chancel en réintroduisant ladite «confession publique dans nos mœurs» (p. 13) par le biais de sa collection, tout en hurlant de trouille et de sainte horreur au moment de monter sur le bûcher, alors que Gilles de Rais, lui, comme oublie de le rappeler notre hagiographe gaminophile, est devenu grand parce que ses crimes immondes sont indissociables du pardon qu'il a demandé, à genoux, aux mères et aux pères des enfants qu'il a dilacérés, violés et tués, avant de finir rôti, pour la plus grande gloire des cieux et la purification nécessaire d'un monstre trahi par le diable qu'il n'est jamais parvenu à conjurer.

Petit auteur, auteur mineur si l'on veut, Gabriel Matzneff n'est pas un homme mineur mais un petit homme ridicule et exécrable.
 

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Je ne perdrai toutefois pas mon temps à ferrailler avec ce pédéraste comme lui-même aime à se décrire, qu'il s'agisse de l'affubler de cet épithète de nature plutôt que de celui de paidophile ou pédophile qui lui convient du reste admirablement, ou de rejoindre ce vieux rétiaire cacochyme et larmoyant, autrefois éphèbe impertinent pressé de vivre et de jouir, sur le terrain boueux où il a livré l'un de ses combats les plus minables et truqués (3), insultant ceux qu'il appelle les sycophantes de persister à ne pas comprendre que son art littéraire, dont il se fait une si haute opinion, ne saurait être jugé à l'aune sordide et lilliputienne de la morale.

Je me contenterai donc de frapper au point censé être le plus douloureux pour un cacographe, étant donné que ces hongres sont toujours persuadés que non seulement ils savent écrire, mais que leur œuvre, rare ou abondante, possède quelque qualité indéniable dans la sphère esthétique. Ce point, c'est justement le livre et lui seul, sa qualité littéraire supposée donc, qui devrait le hisser hors de la tourbe puante des minables considérations moralisatrices ou sentant le vieux slip de l'ordre prétendûment conservateur voire réactionnaire qui serait la mort de notre écrivain réputé libre et affranchi de tout, et qui se laisserait pourtant mourir s'il devait passer plus d'une journée sans pouvoir bénéficier du bienfait immarcescible d'une salutaire pédicure.

Les moins de seize ans ne constituent même pas un livre scabreux, et il est infiniment drôle de relire les stupidités qui furent écrites lorsqu'il parut, sous la plume de Roland Jaccard pour Le Monde qui évoque un «livre provocant et salutaire, courageux et spirituel» ou de Thierry Garcin pour Le Quotidien de Paris qui parle d'un ouvrage ayant créé de «salutaires remous, pour avoir mis les professionnels du progressisme au pied du mur».

Ce livre, s'il constitue, en effet, une confession non point douloureuse ou choquante mais ridicule, s'il évoque la plus grande idée fixe ou obsession, le mot est de Matzneff lui-même, de l'auteur, qui avoue que ses «obsessions sont pareilles à ces baudruches qu'on attache sous les aisselles des petits enfants qui apprennent à nager : qu'elles crèvent [et il] coule à pic» (p. 14), s'il détruit donc définitivement le rempart lilliputien pitoyable que les imbéciles et les vicieux (l'un et l'autre pouvant aller de concert bien sûr) dressent comme une muraille de Chine autour de l'écrivain qui n'écrirait qu'une fiction, soit une réalité purement esthétique, forcément et férocement artistique, parfaitement éloignée de la réalité (4), ce livre est la confession, navrante bien davantage que terrible, d'une solitude.

Solitude d'un écrivant qui se croit écrivain, parce qu'il a beaucoup lu les auteurs antiques, ce qui lui permet de saupoudrer son livre de latin non pas de cuisine mais d'alcôve («Mille puellarum, puerorum mille furores», repris aux Mémoires de Casanova) et de nous rappeler que l'Antiquité consommait les très jeunes enfants de façon immodérée, et solitude parce que, comme tous ceux de son espèce, Gabriel Matzneff est un écrivain mineur qui se croit grand. Il suffit, pour se convaincre de cette nullité bienheureuse, de relire les lettres de la petite fille au vilain monsieur qui ponctuent Les moins de seize ans, et qui sont censées, nous précise l'auteur en note, avoir «été écrites par une adolescente de quinze ans». «Il n'y a pas une ligne qui ne soit d'elle», termine, on s'en doute fièrement, Matzneff (p. 19) et, ma foi, je ne sais s'il s'agit de lettres bien réelles ou d'un jeu de l'écrivain s'étant mis à la place d'une jeune fille mais, dans les deux cas, leur nullité purement littéraire est patente, tout comme est ridicule, mais j'avais déjà souligné cette étonnante dimension à propos des larmoyants Carnets noirs, leur bêtise et fadeur érotiques : «X, mon amant pain d'épice, sucre d'orge, sucre d'or, je t'aime, tu sais, je t'aime» (p. 51). Gabriel Matzneff, aussi sordide qu'un phallus gonflé à l'hélium au beau milieu d'une aventure de Maya l'abeille.

J'ose donc affirmer, contre l'évidence même semblerait-il, que la solitude est le sujet réel, profond, évident même des Moins de seize ans, et non pas les goûts sexuels de Gabriel Matzneff qui écrit pourtant qu'il n'a «jamais eu de rapports sexuels avec une personne de [s]on sexe qui soit âgée de plus de dix-sept ans, sauf une fois avec un garçon de vingt-deux, mais ce soir-là [ils avaient] fumé force sebsi de hasch, [ils étaient] complètement défoncés» (p. 22, l'auteur souligne).

Ce sujet réel, profond, évident, est la solitude et non pas la différence entre l'homosexualité, comiquement moquée, avec un don de prescience qu'il convient de saluer si nous songeons à l'épisode grotesque du mariage homosexuel («ils veulent l'honorabilité et la sécurité, le sourire de leur concierge et les palmes académiques, le certificat de bonnes mœurs et le contrat de mariage», p. 82) et la pédérastie ou plutôt, nous dit l'auteur qui pourtant prend grand soin de distinguer ces deux dernières réalités, la pédophilie (5).

Ce sujet réel, profond, évident, le seul à vrai dire, n'est pas ce que nous pourrions nommer la perversité de Gabriel Matzneff qui sait parfaitement que «la dissemblance psychique entre un adulte et un enfant est, elle aussi, une évidence» (p. 23) et qui jouit donc, mais en cachette, de l'étalage de cette dissemblance, comme tout pervers qui se respecte. Deux façons et deux façons seulement existent de pervertir l'innocence : la force brutale de la bête, et le coupable termine derrière des barreaux emmailloté dans une camisole de force et la ruse de l'esprit, qui est la marque des prédateurs supérieurs dont Gabriel Matzneff, qui se vante de n'avoir jamais rien arraché qui ne lui eût été par avance donné, fait évidemment partie. Je ne me prononce pas sur le type de peine que j'imagine pouvoir convenir à ce type de salopard amateur de «marginalité, [de] bohème, [de] solitude» (p. 81) et, surtout, qui n'est attiré que par une seule chose, moins les très jeunes filles et garçons qui, comme il le confesse, forment une espèce de troisième sexe (cf. pp. 24-5), que l'innocence (cf. p. 72).
 

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Ce sujet unique est la solitude, pas même le caractère clandestin des amours de Gabriel Matzneff, qui affirme qu'il se «tamponne le coquillard» de l'approbation de la société, la «transgression» étant son équilibre, sa santé, sa joie (p. 84), qui écrit que «la chasse aux gosses [doit] demeure[r] un sport périlleux, et défendu !» (p. 85), qui avoue grivoisement qu'il s'est rapproché des scouts, un temps, pour disposer plus facilement de jeunes proies (cf. p. 93, Matzneff se décrivant même comme un «membre actif, il va sans dire» des scouts, sa carte de membre certifiant donc sa qualité de «pédagogue professionnel», bonne ruse pour qu'un père sourcilleux surprenant l'auteur en train de «sodomiser» son rejeton ne puisse donc que croire qu'il s'agissait «d'un de ces «grands jeux» éducatifs dont les scouts ont le secret», p. 94), Gabriel Matzneff qui ne cesse de nous rappeler qu'il est contraint de cacher ce qu'il appelle poétiquement ses «aventures de traverse» (p. 63), de se cacher, surtout avec les garçons, pour étancher ses passions non point secrètes, puisque l’œuvre de Gabriel Matzneff est tout entière une apologie lucide, revendiquée, décomplexée (6), passionnée de la pédérastie, mais condamnable moralement et, surtout, pénalement : «Pour les garçons, c'est une autre paire de manches. Si je ne cache pas trop mon amante de quinze ans, mes aventures avec les petits garçons se déroulent dans une stricte clandestinité» (p. 29).

Je discutais, il y a quelques jours à peine, avec une matznévienne hystérique (pléonasme) qui me soutenait par A + B que Gabriel Matzneff n'avait jamais commis ses larcins pédérastes mais qu'il les avait imaginés dans ses textes, donc sublimés. En somme, nul n'avait le droit de reprocher à un écrivain ce qu'il écrivait, et de citer bien évidemment d'autres salauds des lettres comme Céline : il me fut facile de lui opposer une bonne centaine des propres textes de l'auteur pour lui rappeler que Gabriel Matzneff ne s'est jamais caché d'aimer les «très jeunes [qui] sont tentants», surtout lorsqu'ils résident dans certains pays pauvres, Maroc ou Égypte, «où les gosses attendent souvent quelque profit de leurs complaisances amoureuses» (p. 44), l'auteur confessant très clairement qu'il a donc payé des gamins bien que, s'empresse-t-il d'ajouter, «si violence il y a, la violence du billet de banque qu'on glisse dans la poche d'un jean ou d'une culotte (courte) est malgré tout une douce violence. Il ne faut pas charrier. On a vu pire» (p. 45). En effet, nous avons par exemple vu un pédéraste écrire des livres pédérastiques depuis des dizaines d'années sans que personne ou presque n'y trouve à redire, alors, de quoi nous plaindrions-nous, sycophantes envieux que nous sommes ?

Le sujet évident, profond, unique de notre livre n'est pas la concaténation de sophismes qui tous n'ont qu'un seul but : décomplexer, légitimer, ancrer au passé le plus ancien et illustre des pratiques que la société contemporaine réprouve, y compris pénalement, à tort ou à raison, ce n'est pas du tout l'objet de cette note modeste : «La pédérastie, seule forme possible de la paternité pour celui qui répugne à fonder une famille» (pp. 73-4) ou bien encore : «Les adultes qui n'aiment pas les enfants ne supportent pas que les enfants soient aimés par ceux qui les aiment» (p. 41), sophismes d'autant plus vite enchaînés que, comme le sait parfaitement Gabriel Matzneff qui s'en vante (même s'il ne parle pas, dans ce cas, de lui-même), jamais aucun de ses jeunes amants «n'a trahi le secret, jamais aucun des enfants n'a porté plainte». L'auteur évoque l'affaire, à l'automne 1973, d'un «quinquagénaire, gros, moche, borgne, qui dans un village de l'Est, proche de Forbach, organisait chez lui des ballets roses» (pp. 42-3), mais il est évident que sous le masque du repoussant «Tonton Lucien» se cache le visage si lisse et beau (comme me le confia, le regard chaviré, l'une de ses récentes maîtresses) de Gabriel Matzneff. Il en évoque d'autres, de ces affaires scabreuses, comme celle liée à Mlle Hindley et M. Brady, «accusés d'avoir séduit, torturé et assassiné deux enfants et un adolescent» en 1964, l'auteur ayant d'ailleurs pris le soin d'écrire un article de défense, une «chronique, non recueillie en volume pour l'instant», pour ces «ogres» pour lesquels il avoue avoir «un faible» (p. 46). On a vu pire.

Le sujet évident, unique, profond, inavouable des Moins de seize ans n'est même pas ce jeu malsain avec le vocabulaire religieux, le pervertissement de l'amour, la parodie sacrilège consistant à affirmer que l'amour du pédéraste pour sa proie doit «être un amour qui féconde, libère, «donne le vie», tel l'Esprit-Saint dans la prière byzantine» (p. 65), puisque Matzneff claironne qu'il a donné, avant que du plaisir, de l'amour à ses amants et maîtresses, le sujet véritable de ce livre et de chacun des livres de l'auteur n'est pas cet appel constant, répété, troublant, au Jugement, à «l'heure adorable et terrible où nous nous présenterons devant l'autel nuptial du Christ» et où «nous serons jugés sur l'amour» (p. 33).

L'unique sujet, profond, véritable, incontournable des Moins de seize ans n'est pas le sacrilège et l'évocation de la souillure physique mais surtout spirituelle que cet homme indigne inflige à l'une de ses jeunes maîtresses : «Profitant de l'absence de ses parents, nous faisons pour la première fois l'amour dans sa chambre d'enfant, dans son petit lit, parmi ses poupées» (pp. 72-3).

L'unique sujet profond, véritable, évident, scandaleux, n'est pas le détournement parodique du sacré qui peut faire écrire à Gabriel Matzneff, minable chanoine Docre, des horreurs qui devraient le conduire à macérer durant les dernières années de sa vie dans une trappe oubliée où il passera ses journées à demander le pardon de Dieu sans oser ne serait-ce que chuchoter ses prières : «Coucher avec un/une enfant, c'est une expérience hiérophanique, une épreuve baptismale, une aventure sacrée» ou bien : «Pour un esprit religieux, faire l'amour avec un/une enfant, c'est célébrer la divine liturgie, épiclèse, communion au corps et au sang, dithyrambe du seigneur Dionysos» (p. 75).

Le sujet évident, unique, profond des Moins de seize ans et en fait de tous les livres de Gabriel Matzneff n'est pas sa peur, son immense peur de voir l'une de ses chères maîtresses ou cher amant prendre la poudre d'escampette (l'auteur maîtrise la rupture, à laquelle il a consacré un livre, tout comme il nous rappelle ici, plusieurs fois, l'insensibilité amoureuse de certains de ses jeunes compagnons de jeux, cf. p. 60), mais sa peur de s'entendre dire qu'il n'y a pas eu d'amour, mais du sexe et du vice, pas de beauté, mais de la baise sordide face à la «nécessaire clandestinité» (p. 67), grande peur du mal-pensant que celui-ci exorcise comme il peut, par exemple en faisant tenir à sa maîtresse de 15 ans ce discours qui exsude la peur, sous une apparente bonhomie, le bonheur ridicule d'une gamine confondant un vieux pervers avec l'homme de sa future vie de femme : «Mais même si un jour tu devais me faire souffrir, beaucoup souffrir, jamais l'idée ne pourrait seulement m'effleurer de regretter t'avoir connu. Je suis par avance payée au centuple de mon bonheur présent» (p. 51).

L'unique sujet, profond, visible, indéniable, de Gabriel Matzneff n'est pas le seul argument qu'il juge recevable pour interdire la pédérastie, du moins, soyons prudents, la réfréner : «Une femme, à la rigueur, on la prend, puis on la jette; mais c'est un jeu qu'à moins d'être un salaud ont doit s'interdire avec les très jeunes. Quinze ans est l'âge où l'on se tue par désespoir d'amour, ne l'oublions pas» (p. 57). Ne l'oublions pas en effet, et rappelons que des femmes ou des hommes de tout âge peuvent, par amour, tenter de se suicider ou réussir à le faire, et n'oublions pas les innombrables passages des Carnets noirs où Gabriel Matzneff traite comme une chienne l'une de ses maîtresses, surnommé Gilda, jeune femme qu'il sait pourtant fragile psychologiquement, et qu'il n'hésite pas à virer chaque fois qu'il a terminé de la baiser, oh, pardon, ce terme est grossier, choisissons celui, utilisé par l'auteur, de «gamahucher». Mais Gabriel Matzneff n'était sans doute pas, nous pouvons rêver (7), à l'époque où il a écrit ses Moins de seize ans, le Monsieur Ouine d'opérette et dolent qu'il est devenu quelques années plus tard, puisque, dans les années 70, il affirmait et écrivait que le fait d'aimer «un gosse n'a de sens que si cet amour l'aide à s'épanouir, à s'accomplir, à devenir pleinement soi-même, à faire voler en éclats les barreaux de la cage familiale, à repousser d'une main légère les faux devoirs auxquels le société prétend l'assujettir» (p. 65) comme celui, sans doute, d'honorer, par sa piété, une vertu antique que Matzneff devrait connaître, sa mère et son père.

La solitude de Gabriel Matzneff est le sujet de chacun de ses livres, exprimée en termes pathétiques (au sens premier de l'adjectif qui évoque la souffrance) lorsqu'il évoque, et il a raison, le fait que «la société occidentale moderne [...] rejette le pédéraste dans le non-être, royaume des ombres, Katobasiléia» (p. 30), le pédéraste étant «réduit à la fuite, au néant, au royaume de la mort» (p. 31).

La solitude de Gabriel Matzneff est le sujet de ce livre et de tous ses autres livres, lui qui se décrit comme «l'homme du discontinu», «l'homme de l'instant» qui «n'aime pas l'avenir», seul le présent le captivant (p. 63). Il est troublant de constater que c'est justement Gabriel Matzneff qui, il y a quelques années, me conseilla de lire un livre tout à fait remarquable, L'Homme du néant, dont je rendis d'ailleurs compte dans ma série intitulée Langages viciés, ouvrage surprenant dans lequel Max Picard analyse Hitler comme surgeon historique le plus accompli de l'homme creux, c'est-à-dire gonflé de néant, réduit à vivre dans un monde et une époque caractérisés par leur discontinuité radicale.

La solitude de Gabriel Matzneff, sa meilleure compagne, ne cesse-t-il de nous rappeler, et bien évidemment sa pire ennemie, qu'il s'agit de vaincre en multipliant, au long d'une journée, les amours décomposés, en multipliant les maîtresses car non seulement avoir «tenu dans vos bras, baisé, caressé, possédé un garçon de treize ans, une fille de quinze ans» fait paraître «fade, lourd, insipide» tout le reste (p. 69), mais aussi parce que même ces petits plaisirs peuvent, à la longue, surtout lorsqu'ils sont monodiquement répétés et enchaînés depuis des années tout de même, devenir ennuyeux.

La solitude de Gabriel Matzneff non pas tant, comme Richard Millet, dernier écrivain de langue française autoproclamé, que faiseur tout à fait conscient de n'être qu'un faiseur, la petite ritournelle de cet auteur n'étant confondue, après tout, avec une littérature digne de ce nom que par les imbéciles, à savoir toute une partie de la droite blogosphérique branchée qui aime Causeur et les raouts du Cercle cosaque (quoi, vous me dites que c'est la même chose ? En effet, Leroy ou Guillebon ont déjà colonisé ces petites officines de la contestation murrayienne branchée), ainsi que la gauche léoscheerienne, qui n'a pas encore, je crois, été suffisamment caractérisée, bien qu'il s'agisse d'un épiphénomène, comme l'est du reste toute mode. Plus curieux est le soutien du Point où Matzneff signe ses chroniques ridicules, mais il est vrai que Yann Moix, l'un des plus navrants barbouilleurs de la décennie, officie au Figaro pour le bonheur de ses lecteurs, alors...

Solitude du faiseur qui écrit comme il baise, en rigolant et en passant à la suivante ou au suivant : «C'est un trip super-débandant» (p. 70) pour sûr, tout comme l'est aussi, d'un seul point de vue stylistique, la platitude avec laquelle Matzneff évoque la nullité érotique de l'une de ses maîtresses : «Tout ce qu'elle savait faire, c'était écarter les cuisses et attendre que ça se passe. Jamais une initiative, jamais une caresse un peu sensuelle, d'évidence un corps d'homme ça ne l'intéressait ni ne l'excitait, ça la gênait plutôt. Une vraie bûche» (p. 71).

La solitude de Gabriel Matzneff, pur narcissisme et même «fixation autoérotique survenue à l'époque ambiguë de l'adolescence» (8) est l'unique sujet qu'il importe de lire et de critiquer : solitude de celui qui se croit écrivain et n'est qu'écrivant, parfois même cacographe poussif qui, à force de jouer de la flûte comme un moderne Joueur de Hamelin, finit quand même par connaître son unique petit air, grâce auquel il charmera les gosses, les vieilles salopes et les vieux porcs, solitude existentielle du prédateur contraint de se cacher, en France du moins, pour assouvir sa passion pédérastique et même pédophilique, solitude amoureuse de celui qui, à mesure qu'il se transforme en momie coquette, voit ses anciennes proies se transformer en ce qu'il appelle des renégates, solitude intellectuelle de ce Casanova des cours d'école, solitude spirituelle de celui qui, après la publication d'Isaïe réjouis-toi, perdit son «père spirituel» et qui, du moins à l'époque, se déclarait «éloigné de toute vie liturgique et sacramentelle», solitude eschatologique de ce Monsieur Du Paur qui, en baisant des gamins, déclare éprouver la «nostalgie du Christ, né de la Femme et de l'Esprit, adolescent vierge qui transfigure les contraires, sexe divinisé, intégrité retrouvée, plénitude, androgyne primordial, descendu au plus profond de l'enfer pour [le] ressusciter d'entre les morts, tel l'enfant bénie qui un soir d'août a posé sa main fraîche sur [son] front ardent» (p. 115).

Finalement, notre fier entrepreneur de démolitions n'est qu'un pervers lacrymal, qui planque sa trouille et son vice sous des paletots stylistiques et des prétentions littéraires censées frapper de nullité la morale petite-bourgeoise, à laquelle il aspire pourtant tout entier, que chacune de ses jérémiades invoque pour qu'elle daigne le reprendre et lui accorder un pardon mérité.

Finalement, notre Lovelace aux mille et une maîtresses et amants n'est qu'un vieil homme, désormais, qui réclame le jugement et le pardon et fait absolument tout ce qu'il peut pour procrastiner avec ce qu'il sait constituer son unique salut, intime, visible, évident, à savoir : une solitude rédimée qui ne permettra sans doute pas à son œuvre surestimée de survivre, mais qui conférera, peut-être, un semblant d'honneur à un homme qui, par chacun de ses actes et ses écrits, a bafoué cet honneur.

Finalement, notre libre penseur, notre hérésiarque, notre impénitent mécréant n'est qu'un cathare mal dans sa peau, un jouisseur affamé de chasteté et même de continence, un pervertisseur de l'esprit d'enfance qui confond le respect de la pureté et de l'innocence enfantines avec sa fringale comique et pathétique de baiser un Christ à l'image d'un angelot, un Origène qui attire les badauds en levant bien haut une paire de ciseaux avec laquelle il menace de se châtrer, et qu'il range aussitôt dans la poche de son veston jusqu'à son prochain numéro une fois qu'il a reçu un peu d'attention.

Pauvre Gabriel Matzneff, si pressé de jouir comme un bouc en éternelle érection, pauvre diable affamé de grandeur et de cohérence rimbaldienne, spirituelle donc, qui ne tirera même pas le dernier enseignement de celui qui fut son maître, Henry de Montherlant, qui eut l'élégance de ne pas imposer à ses semblables la vision d'un homme se transformant en pourriture libidineuse.

Notes

(1) Le Livre de poche, 2012, p. 96.

(2) Les moins de seize ans (Julliard, coll. Idée fixe, 1974), p. 12. Les pages entre parenthèses renvoient à cette édition.

(3) Truqué car enfin, sauf erreur de ma part, Franz-Olivier Giesbert, un de ces cumulards des honneurs factices à la française (puisqu'il est membre du Siècle, membre de l'Association Universelle des Cultures, membre du jury du Prix P. J. Redouté, du Prix Aujourd'hui, du Prix de la Fondation Mumm, du Prix Louis Pauwels, Président du Prix de la Fondation Alexandre Varenne et membre du Conseil d'Administration de l'Établissement public du Musée du Louvre depuis octobre 2000) qui lui a ouvert les colonnes du Point est aussi membre du jury du Prix Renaudot qui a récompensé son dernier ouvrage paru, Séraphin c'est la fin !.

(4) Lisons l'auteur : «Ces idées fixes, ces passions, ces obsessions, ces expériences nourrissent ma vie, qui elle-même nourrit mes livres, car je n'ai aucune imagination, et je ne puis exprimer sur la page blanche que ce que j'ai vécu, connu, éprouvé» (p. 16). À ce titre, le passage qui suit, et qui développe le fait que des auteurs comme Dostoïevski ou Thomas Mann ont été contraints de passer par la fiction pour mettre en scène leur goût immodéré des enfants, est exemplaire et sans la moindre ambiguïté, Gabriel Matzneff soulignant le fait que, lui au contraire, va ôter son masque à Dionysos, lequel peut «manger le morceau» (p. 17).

(5) «[...] à dix-huit ans passés on n'est plus un enfant; le règne de la pédophilie s'achève, commence celui de l'homosexualité» (p. 25).

(6) «J'ai horreur de Socrate, de Platon, de toute la mélasse sublime dont ils enrobent le désir et le plaisir, j'ai horreur de la pédérastie à prétentions pédagogiques. On peut caresser un jeune garçon sans se croire obligé de lui donner une leçon de maths ou d'histoire-géo dans la demi-heure qui suit. Et qu'on ne nous casse pas les pieds avec l'amour des âmes. L'âme, ça n'existe pas, et si ça existe, ça n'existe qu'incarnée, chair dorée, duveteuse [...]» (p. 32).

(7) Nous pouvons en effet rêver, car Matzneff semble avoir toujours été ce monstre propret et impeccablement vêtu que nous montrent ses plus récentes photographies : «Le plus important service que je puisse rendre à un adolescent, après lui avoir transmis tout ce que je suis capable de lui transmettre, c'est de lui enseigner à se passer de moi» (p. 66).

(8) Gabriel Matzneff cite à la page 81 le professeur Albeaux-Fernet, dans un article du Monde daté du 7 mai 1974.

mardi, 31 décembre 2019

Ambiance fin du monde

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Ambiance fin du monde

 
 
par Richard Labévière
Ex: http://www.zejournal.mobi

Désolation tous azimuts. Casino remplace ses caissières par des machines et des vigiles. Certains clients trouvent cela formidable ! C’est dire l’état des consciences… La SNCF – qui n’est plus la SNCF – aussi, ferme ses accueils humains les uns après les autres. En son temps, les syndicats ont été incapables d’expliquer et de dénoncer la privatisation de ce grand service public, démantelé à la demande expresse de Bruxelles. Désormais, c’est le règne, là-aussi, de la double punition : l’usager paie et fait le travail, que son imprimante fonctionne ou non ! Comme partout désormais : le service, c’est le client lui-même qui l’assure, selon l’un des fondamentaux de l’ultra-libéralisme : plus d’accueil, plus de secrétariat, plus d’intermédiaire humain salarié, plus de salariat du tout, mais des consommateurs qui financent et actionnent eux-mêmes les services auxquels ils croient avoir accès.

Dans cette perspective, il faut privatiser : pri-va-ti-ser à tout prix ! Glissement de terrain : de la « main invisible » du libéralisme de papa (Adam Smith, Ricardo), on est passé – depuis la fin des années 1970 avec Thatcher et Reagan – au « néo-libéralisme », en réaction aux politiques keynésiennes de l’Etat-providence. Avec la crise de 2008, on est entré de plein pied dans une troisième phase d’hyper, sinon d’ultra-libéralisme, le mot d’ordre étant justement d’accélérer la privatisation de tout, du reste, et à tout prix : les entreprises, les ressources naturelles, la biodiversité, l’espace public et les cerveaux… La propriété, c’est le vol disait Proudhon. Aujourd’hui et plus que jamais dans l’Histoire : privatiser, c’est voler ! Les riches toujours plus riches, les pauvres toujours plus pauvres… Cette loi de thermodynamique engendre révoltes sociales, suicides et risques accrus de guerres civiles : Chili, Mexique, Bolivie, Brésil, Haïti, Irak, Liban, France, etc.

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Cette tendance générale à l’« ubérisation » ne dérégule pas seulement les métiers établis mais se généralise à l’ensemble des activités humaines. Il n’est qu’à voir les trottinettes faucher les petites vieilles sur les trottoirs, et pas seulement les petites vieilles, objet de métal hideux abandonné au beau milieu des trottoirs, devant les entrées d’immeubles et de boulangeries – paroxysme de la privatisation de l’espace public ; les vélos – dont une majorité d’usagers ne sait plus se servir – griller les feux de la circulation, percutant les piétons qui ont encore la naïveté d’emprunter les passages cloutés quand le petit bonhomme passe au vert… les patins à roulettes et autres machines roulantes électriques qui ont transformé les rues en une jungle où règne la loi du plus fort, sous l’œil goguenard des forces de l’ordre, celles ci le plus souvent brillant par leur absence!

En fait, cette violence insidieuse nous fait glisser d’une ubérisation déjà structurelle à une « mad-maxisation »(1) plus dangereuse encore puisqu’il y va désormais de notre intégrité physique et mentale. Parce qu’il ne s’agit plus seulement de faire de l’argent, n’importe comment, mais de faire prévaloir son individualité – hors-sol – de toutes les manières possibles – changements de sexe, piercings et tatouages, selfies ou ego-portraits, fabrication d’enfant-marchandises, etc. -, sans hésiter à recourir à la violence physique. Ici, ne sont pas seulement en cause les règlements de compte des quartiers nord de Marseille, mais des comportements quotidiens, sur les trottoirs, au volant, dans les files d’attente ou sur Internet…

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Durant plus d’une année, n’oublions pas que s’est déchaînée une violence policière inouïe afin de dissuader les petites gens de rejoindre le mouvement des Gilets Jaunes : des morts, yeux crevés, mains arrachés et tabassages en règle avec, à la clef, une restriction significative du droit de manifester ; restriction des libertés civiles et politiques dans une République qui marche en arrière, sur la tête et sans discernement. Et ce ne sont pas les quelques Black Blocs et inévitables casseurs – étrangement très mobiles – qui pouvaient justifier le déferlement d’une violence révélatrice d’un fascisme qu’on croyait définitivement enfermé au musée des horreurs historiques. Comme au temps de Pinochet et de sa junte sanguinaire, l’armée chilienne est redescendue dans les rues de Santiago, de Concepcion et de Valparaiso : plus de 500 morts et des milliers de blessés. Triste résultat de la politique ultra-libérale des Chicago-Boys de Milton Friedman, que les socio-démocrates chiliens ont poursuivi le petit doigt sur la couture du pantalon de la grande finance internationale – l’ennemi imaginaire de François Hollande qui fait maintenant des animations dans les supermarchés…

Ailleurs, dans le centre-ville des grandes villes françaises, des gens se battent entre eux pour essayer d’accéder aux transports publics. Là-aussi, des vigiles… mais impuissants à endiguer l’impulsion « ma gueule d’abord ! ». L’enfer de Jean-Paul Sartre, ce n’est plus les « Autres » puisque ces derniers n’existent plus. Les Autres d’aujourd’hui ont disparu dans un néant généralisé et absolu au profit d’égos atomisés, godemichets dans les oreilles et décibels dans le cerveau, les zombies d’aujourd’hui – jeans troués, casquettes retournées, ça fait « newyorkais » et « rebelle » – s’entrechoquent avec leurs semblables sans plus s’excuser, comme des bœufs ruminants et dociles.

Du reste, les formules de politesse ont disparu d’un vocabulaire qui atteint péniblement deux cents mots. L’uniforme de ces Sturmabteilung/SA modernes : le survêtement de sport à trois bandes et les baskets « naïque », qui valent une fortune. Signe de reconnaissance de ces phalanges apocalyptiques, les marques tribales fabriquent cette nouvelle « élégance » en plastique venue de l’industrie du football. Ces joueurs – drôles de salariés -, qui drainent des millions et des droits de télévision exponentiels, s’imposent comme les « héros » de supporters qui sont persuadés que Vercingétorix est l’avant-centre du Real-Madrid. Ce nouvel opium du peuple est même encensé par quelques géopoliticiens fatigués, qui en tirent des manuels au kilo… parce que tous les autres systèmes multilatéraux (politiques, économiques, et de justice) se sont effondrés.

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Au coeur de cette implosion généralisée : l’ego numérique et ses mal nommés « réseaux sociaux », en fait des outils numériques qui produisent l’atomisation sociale : j’ai deux millions d’amis mais je ne connais pas mon voisin de palier. Ego permanent : je donne mon avis sur tout et n’importe quoi sans chercher le plus petit début de rationalité – j’aime/j’aime pas -, parce que tel est mon bon plaisir, parce que je suis devenu le « journaliste » de mon quotidien, avec les photos de ma vie intime qui n’a plus aucun secret. La presse parle maintenant de « médias sociaux » ! La boucle est bouclée : devenue particulièrement nulle, la presse généraliste se meurt parce qu’elle fait la morale au lieu de produire des faits. Plus de faits ! Terminé ! Des émotions – coco -, de l’affect, voilà le secret des bonnes « unes » et des « headlines ». Pas étonnant de voir les tweets et autres fesses/boucs remplacer l’information – maintenant instincts-Gram – dans l’entropie abyssale de nos sociétés de com-mu-ni-ca-tion.

La politique, c’est communiquer bien-sûr, et prioritairement en faveur des lobbies indispensables pour une éventuelle réélection. Non contente d’inaugurer une place « Jérusalem » à la seule gloire de la soldatesque israélienne, d’avoir imposé un schéma de circulation parfaitement absurde et hyper-pollueur, « la maire socialiste de Paris, Mme Anne Hidalgo, aligne les péroraisons écologiques, tout en laissant recouvrir les grands bâtiments de la capitale de publicités géantes et lumineuses pour les marques de luxe ou de téléphone portable »(2). Donc, pour les prochaines municipales, vous avez compris : tout, sauf Hidalgo !

Dans le même ordre d’idées, comment la mairie de Paris et d’autres communes peuvent-elles admettre que la Starbucks Corporation(3) rachète les principales brasseries de Paris ou d’autres villes au point de défigurer leurs plus belles places et avenues ? Et ce n’est pas un hasard si les « casquettes retournées » et autres SA adorent se retrouver dans ces établissements où l’on consomme de la bouffe américaine très improbable dans de la vaisselle jetable. Il faut boycotter ces établissements pour trois raisons : 1) on l’a dit, ils défigurent nos centre-villes ; 2) comme les GAFA, ces vecteurs de malbouffe ne paient pratiquement pas d’impôt en France ; 3) enfin, les patrons de Starbucks financent allègrement la construction des colonies israéliennes dans les territoires palestiniens occupés. Dehors Starbucks, hors de nos villes et villages !!!

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La fracture territoriale constitue l’un des principaux moteurs de la protestation des Gilets jaunes : plus d’écoles, ni de postes, ni de maternités ou tout simplement de services publics dans nos territoires et petites communes, et de moins en moins de trains régionaux « tagés » bien-sûr ! Les ploucs de « province » n’ont qu’à se débrouiller avec leur voiture au diesel dont les taxes contribueront à financer, ose-t-on dire une « transition écologique ». On se souvient comment s’est terminée la saga de la vignette-auto, initialement censée améliorer la vie des personnes âgées… Le plus inquiétant concerne la désertification sanitaire. Le Premier ministre lui-même constate benoîtement que l’hôpital public est « en phase de décrochage, comme on dit d’un avion qui ne se porte plus et qui pourrait décrocher ». En effet, l’hôpital et la santé publique partent en vrille alors que le locataire de Matignon avoue son impuissance… Mais qu’attend-il pour changer de métier. Mendès disait que « gouverner, c’est prévoir ». C’est aussi fixer des priorités. A l’évidence, l’équipe actuelle, comme celles d’hier et d’avant-hier, est complètement dépassée, préférant faire des phrases, disant tout et son contraire, « en même temps », bien-sûr !

Ce tropisme est particulièrement accentué, sinon caricatural en matière de politique étrangère. Sur l’Europe : il faut approfondir avant d’élargir et pourtant on prévoit déjà l’adhésion de plusieurs pays balkaniques. Les discussions d’adhésion avec la Turquie n’ont toujours pas officiellement été stoppées, alors qu’Ankara multiplie chantages et pieds de nez. En Afrique, on prône des partenariats « équilibrés », tout en continuant à soutenir les ploutocraties d’« Etats faillis » et à imposer des réformes structurelles dévastatrices. Au Proche Orient, on ne dit plus rien sur les coups de force israéliens à répétition. Silence complice assourdissant ! Sur la Syrie : fermée en mars 2012, l’ambassade de France à Damas n’est toujours pas rouverte : on dit que les Syriens doivent choisir leur avenir, « et en même temps » que Bachar al-Assad doit en être exclu !

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Sur l’OTAN : on dit que c’est un grand corps malade, mais que l’Organisation demeure le « cadre naturel » de la défense des pays européens. Sur la relation franco-allemande, qui ne fonctionne plus vraiment depuis la réunification de ce pays, la France s’accommode d’un état permanent de soumission et d’humiliations répétées.

Quant à la Cop-25, c’est le pompon : fiasco total, mais on se dit que ce n’est déjà pas si mal que la réunion ait pu avoir lieu et qu’on fera mieux la prochaine fois. Tout cela est bien désespérant !

Pendant ce temps-là, à Annemasse, la vieille gare, qui aurait dû être classée – belle architecture IIIème République avec ses portiques eiffeliens – est en voie de démolition pour être remplacée par un cube de verre et de métal. Troisième triptyque de notre modernité : une laideur en carton-pâte, assurée de mal vieillir. Le nouveau bâtiment, qui n’a pas encore été inauguré, est déjà endommagé : les écoulements de pluie en obscurcissent la transparence initiale. « Transparence », maître mot d’une époque qui justifie et érige pourtant la corruption sous toutes ses formes en modèle de réussite sociale.

Dernièrement, le « Monsieur retraite » – Jean-Paul Delavoye – a oublié de déclarer une quinzaine de mandats dont certains juteux, et quelques dépenses faramineuses. Lors de son départ forcé, il est néanmoins salué par la ministre de la santé comme un « grand serviteur de l’Etat » et remplacé par un obscur député, ancien responsable des ressources humaines du groupe Auchan, qui avait viré une employée pour une erreur de caisse de 80 centimes d’euros… Quel monde !

Face à de telles violences sociales, quotidiennes et clandestines, il n’est pas abusif de dénoncer un alignement généralisé qui s’apparence à une nouvelle forme de fascisme. Les trois piliers de ce fascisme contemporain : des robots, des vigiles et la laideur en prime. Uniformes en plastique, matériaux de pacotilles et sous-cultures de masse assiègent ce qui reste d’intelligence collective. Depuis le 5 décembre dernier, le recul des ventes de livres dans les librairies indépendantes(4) se chiffre à – 5,6%, tandis que l’achat de consoles et jeux vidéo a encore atteint des records himalayens.

Dans cette ambiance très « fin du monde », que faire ?

Le mot est faible, tant l’implosion du sens est généralisée, sidérale, fractale… Reconstituer des réseaux clandestins, ceux de l’intelligence et de l’amitié comme autant de CNR (Conseil National de la Résistance) pour continuer à cultiver les « passions joyeuses » – disait Spinoza – contre les « passions tristes », à entretenir la joie du savoir et de la connaissance contre l’ignorance qui finit toujours par devenir meurtrière. Mais, comme l’explique Alain Supiot(5), ce n’est pas en restaurant le programme du CNR comme un monument historique que l’on trouvera une issue à notre déglingue sociale, environnementale et culturelle. C’est en repensant son architecture à la lumière du système des objets, de leurs productions et consommations, ainsi qu’au statut accordé au travail. Vaste chantier !

Bonne lecture, en vous souhaitant les meilleures choses pour les temps qui viennent. Nous en aurons besoin ! A la semaine prochaine, ou plutôt à l’année prochaine.

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Notes:

(1) Mad Max est un film australien d’anticipation  réalisé par George Miller, sorti en 1979. La structure narrative est fondée sur le style western, Mad Max se déroulant dans une société violente où la criminalité est en forte augmentation et où le chaos se répand. Mad Max est le premier film d’une série qui se poursuit par Mad Max 2 : Le Défi en 1981 ; Mad Max : Au-delà du dôme du tonnerre en 1985 et enfin Mad Max: Fury Road en 2015.

(2) Serge Halimi : « De Santiago à Paris, les peuples dans la rue ». Le Monde diplomatique – Numéro 790, janvier 2020.

(3) Starbucks Corporation est une chaîne de cafés américaine fondée en 1971. En partie en franchise, il s’agit de la plus grande chaîne de ce genre dans le monde, avec 31 256 établissements implantés dans 78 pays, dont 12 000 aux États-Unis. 

(4) Le Figaro, 27 décembre 2019.

(5) Alain Supiot : Le travail n’est pas une marchandise – Contenu et sens du travail au XXIème siècle. Editions du Collège de France, 2019.

El marxismo cultural como mutación ideológica

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El marxismo cultural como mutación ideológica

Carlos X. Blanco

Ex: https://decadenciadeeuropa.blogspot.com

En la historia de las religiones se suele considerar que una mutación drástica en el cuerpo de los dogmas da pie a un cisma, una herejía o, sencillamente, a una religión nueva. Los criterios para considerar el grado de ruptura, parcial o radical, con el sistema de creencias precedentes, suelen agruparse en dos grandes grupos: internos y externos. Dentro de los criterios internos, hay mucho campo para la discusión teológico-dogmática. Allí, seguidores de lo viejo y de lo nuevo se enzarzan en agrias peleas en torno al verdadero contenido revelado y doctrinal. Dentro de esta discusión interna, no es posible ser neutral. Todos creen, pero creen de diversa manera. Todos comparten una raíz de creencia o un humus de devoción, pero están dispuestos a morir o dejarse matar por aquello en que difieren. Hay tramos y porciones de racionalidad, pero hay siempre un intangible núcleo duro de fe. Así se escribe la historia de los Concilios, y la historia de muchas herejías, herejías que siempre lo son con respecto a ortodoxias triunfantes. Nunca muere una religión del todo, pero todas mutan y se ramifican por más que sean celosos los correspondientes guardianes de la ortodoxia.

Sabido esto, otro tanto se diga de las ideologías. Las ideologías se comportan de muy parecido modo que las religiones. Como ellas, poseen núcleos duros de dogmatismo e irracionalidad, acaso núcleos inexpugnables e imposibles de purgar en el alma humana. Como las creencias trascendentes, las creencias mundanas de signo político, pues eso es ideología, poseen sus núcleos y sus cinturones opinables, sus iglesias y sus aparatos de propaganda, inmunización, represión y mutación. Las ideologías también mutan, y llegan a volverse adversas al cuerpo dogmático de procedencia. Y al igual que sucede con las religiones, las ideologías poseen segmentos de discusión racional que llegan a envolver a su núcleo fundacional, haciendo así que la verdad que acaso pudieran contener, fruto de una discusión e investigación libres, llegue a envenenarse al contagio con el núcleo al que sirven, y al que ellas envuelven.

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Lo arriba expresado, puede aplicarse estrictamente al marxismo como ideología. Muchos han sido los autores que han comparado el marxismo con una religión. Lo han hecho de forma simplista unos, de manera sistemática y certera otros. Acaso sean los propios marxistas quienes mejor conocen los fosos dogmáticos e irracionales de su doctrina, y sean los más exactos en su lenguaje cuando describen "herejías" revisionistas en su propia doctrina, tribunales "inquisitoriales" en el Partido, y "culto a la Personalidad" en el Amado Líder. El marxismo visto como cuasi religión por sus propios correligionarios, posee una rica historia, precisamente en el decurso de las polémicas entre comunistas, en sus sucesivas Internacionales, en sus desviaciones y escisiones. Esto, en el plano interno. Pero el marxismo como ideología también presenta, desde el punto de vista externo (esto es, ante el analista que no es partícipe de su sistema de creencias) una analogía muy notable con las mutaciones de pensamiento religioso. Así como la mutación de ciertos dogmas judeocristianos dio luz al Islam, y la mutación del catolicismo dio pie al protestantismo y de aquí brotaría, a su vez, el subjetivismo ético, podría emplearse parecido esquema con respecto al marxismo como ideología político-social y económica: su mutación en "marxismo cultural" define los tiempos aciagos que nos tocan.  Describir esa mutación sería tarea digna de un estudio mucho más extenso y hondo que el que ahora podemos ofrecer aquí. Pero vamos a señalar algunas hebras y fragmentos.

La mutación del marxismo stricto sensu, con todas sus variantes, en un marxismo cultural, nunca va a ser reconocida internamente por los propios marxistas, ni por las demás ideologías de izquierda en general. En apariencia, habrá un núcleo duro en el marxismo cultural que los viejos marxistas y marxistas stricto sensu nunca aceptarán. Me refiero a la defensa, conservación y potenciación de un sistema económico capitalista de mercado, ampliamente globalizado, dominado por grandes trasnacionales que, parafraseando a Marx, "no tienen patria". En teoría el marxismo stricto sensu es contrario a esta situación del mundo. Para esta ideología, el capitalismo es la raíz de todos los males, y el hecho de que se degraden los cimientos básicos de la Civilización, como la Familia, la Comunidad, el buen gusto o el sentido de la decencia, sería atribuible exclusivamente al poder del Capital. En efecto, Karl Marx describe la lógica del Capital como una maquinaria implacable, deshumanizada, una apisonadora y trituradora que anulará al individuo. La filosofía de Marx, y su crítica de la Economía Política supone un análisis muy fino, insuperado en su época, de los horrores del capitalismo y de su tendencia inmanente. Pero de una filosofía y de una crítica económico-política pronto hubo de surgir una ideología: el Comunismo como proyecto totalitario estatalista.

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Esta tesis es importante, y llevo años explicándosela a mis alumnos. Las ideologías han podido nacer en el seno de sistemas filosóficos, gestarse en el corazón del corpus producido por grandes pensadores, pero llegan a ser construcciones dogmáticas y anti-filosóficas. Así, por vía de ejemplo: la matriz del liberalismo está en Locke, en su filosofía. La matriz del marxismo, ya sea el socialdemócrata o el leninista, está en Marx. Pero las ideologías no son, en modo alguno, filosofías. Toda ideología es una vulgarización y fosilización de ideas filosóficas, de fragmentos de discurso y crítica que, en su momento y en manos de su creador, pudieron ser racionales, saludables, críticos y vigorizantes, pero que en manos de los epígonos, de los sectarios, de los militantes, acaban siendo rosarios de dogmas, muchas veces inconexos entre sí, y desde luego desconectados de la realidad. Las ideas de Marx, vigorosas en el momento en que surgieron de su cabeza y de su pluma, incomprendidas por el movimiento obrero de aquel momento, no son co-extensivas con la ideología de los marxistas. De la misma manera, los escritos del filósofo liberal por excelencia, John Locke, no son los sofismas ideológicos de los neoliberales.

La Filosofía es el trabajo con las ideas, y a la vez es la crítica constante e implacable de las ideologías. Una idea brota de un suelo real de categorías técnicas, económicas, sociales, culturales. Una idea es una construcción social que trasciende la praxis concreta del hombre pero que surge de ella, la expresa y la trasciende. Una idea es una organización de la realidad. En cambio, la ideología es la elaboración desvirtuada, una esclerosis y fosilización vulgarizada de las ideas.

Distingamos al filósofo del ideólogo. Si el pensamiento neoliberal extremista es un no-pensamiento, que hace del mundo un gigantesco mercado, y del hombre y la naturaleza una simple y llana mercancía, y si el Estado –dimisionario- se pliega más y más a los intereses del Gran Capital-, nuestro John Locke no es el culpable. El filósofo inglés contribuyó a organizar ideas de aquel momento suyo en que se desplegaba la mentalidad burguesa capitalista. Y si el llamado socialismo real fue más bien gulag, el terror, la escasez, la represión, Marx no es el culpable. Marx fue el filósofo revolucionario que fraguó sus ideas para interpretar su realidad en otro momento ulterior a Locke, cuando las relaciones sociales habían pasado a otra fase de explotación intensa del hombre sobre el hombre. Las ideas organizan las categorías sociales y productivas, las expresan y critican. En las ideologías, en cambio, hay siempre elementos dogmáticos, promesas salvíficas, una teología de la Historia que nos marca, de manera irrefutable, no científica, hacia dónde ir.

Es por esto que el llamado marxismo cultural es, en el siglo XXI, la Ideología con mayúsculas, la Ideología por excelencia, reuniendo todos los requisitos señalados arriba. Se trata de una ideología dogmática, como todas, que no es –directamente- fruto de ninguna Filosofía previa (y por tanto no posee un padre fundador concreto). El llamado marxismo cultural es el resultado de una mutación del marxismo ideológico, una aberración dentro del mismo. En modo alguno es una Filosofía, ni siquiera una desviación de ideas filosóficas de algún tipo.

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El marxismo ideológico había degenerado de manera notable en el primer tercio del siglo XX. En las universidades occidentales, tanto como en los movimientos obreros, se había llegado a una situación de estancamiento y polaridad. Por un lado, se vivía el factum de la Unión Soviética, la existencia densa y sólida de la Dictadura del Proletariado, un Estado socialista "realmente existente" que a los ojos de muchos, incluyendo parte de la izquierda occidental más culta y humanista, empezaba a parecer como un verdadero horror. El comunismo mostró sus garras. Una cosa era emprender la crítica del capitalismo, tratar de reformarlo o superarlo, pero conservando los valores fundamentales de la Civilización y otra, muy distinta, era apoyar un régimen totalitario, un Estado policial y terrorista que iba a contradecir todo el derecho natural y la tradición humanista de Europa y, en general, Occidente. Los marxistas apoyaron mayoritariamente ese modelo de Estado policial, colectivista y totalitario al que José Stalin le puso su horrendo sello personal. Ese fue un polo, mientras que el otro, más informado y avisado, optó por elaborar un marxismo no soviético, más crítico y "creativo". Al no depender de la tutela de Moscú, este marxismo occidental pudo liberarse de ciertos dogmas, por ejemplo el economicismo. Así, en las universidades europeo-occidentales y americanas se puso un mayor acento en las "superestructuras", esto es, en el análisis de los factores ideológicos que hacen que el capitalismo pueda crear consenso entre la población, no ya sólo entre las clases beneficiadas por el sistema de dominación, sino incluso entre las que cuentan como clases explotadas.

Así fue como gran parte del marxismo occidental dejó los análisis económico-políticos en un lugar apartado, a modo de preámbulo o presupuesto, para desarrollar en su lugar una "transformación" autónoma de las relaciones sociales e ideológicas capitalistas, al margen o a la espera de una transformación económica efectiva. De esta manera algunos autores marxistas llegaron a convertirse en autoridades "de cabecera" en la izquierda occidental. De la Filosofía de Karl Marx se procedió a una purga y elección de contenidos, obviando aquellos que implicaban la acción violenta para asaltar el poder, la acción de masas cada vez más numerosas y pauperizadas y la tesis del determinismo económico. Los marxistas occidentales obviaron, evidentemente, aquello que había que obviar para que la propia realidad no se les viniera encima, aplastándoles las narices, pues eran profecías incumplidas y hechos contrarios a la realidad. Especialmente en la Europa occidental de la Guerra Fría, dos fueron las influencias seleccionadas para producir un marxismo ideológico que reuniera esos dos requisitos de no identificarse con la U.R.S.S. ni con la revolución, y no esperar a que la base o infraestructura económica se transformara para implantar el socialismo. La primera influencia fue la de Antonio Gramsci, y la segunda la de la Escuela de Frankfurt.

De Antonio Gramsci se toma la idea de hegemonía. El filósofo italiano analizó la "totalidad social", esto es, la sociedad capitalista en la cual el Estado no era, simplemente, una suerte de "comité de empleados al servicio del Capital", sino un organismo mucho más complejo que hace que el Capital garantice el consentimiento y la aceptación del pueblo, siendo el Estado, antes que otra cosa, un agente cultural y educativo, un adoctrinador. Si las fuerzas pro-capitalistas, liberales o conservadoras, habían logrado tanto consentimiento en la sociedad esto era, a los ojos de Gramsci, debido a la cooptación de intelectuales "orgánicos", pedagogos, artistas, escritores, así como gracias al control casi absoluto de la prensa, la escuela, la universidad, el ocio y el espectáculo. De cara a la ingeniería social, que es en el fondo lo mismo que el marxismo cultural, ese control es superestructural y garantiza la continuidad "básica" del sistema capitalista.

Gran parte de la izquierda occidental posterior a la Guerra Fría se volvió interesadamente gramsciana, esto es, "idealista". El control de las ideas, la transformación del hombre para una mejor y mayor explotación capitalista del mundo, que habrá de incluir la mercantilización del ser humano a través de varias fases -su barbarización, su animalización, su cosificación- se hizo más y más necesario para la extensión del programa capitalista de dominación mundial. Hubo un momento, en el siglo XX, en que se descubrió que una interpretación "idealista" del marxismo y una colaboración ideológica del sistema con los intelectuales del izquierdismo era lo más efectivo para proceder a un saqueo sin restricciones de la naturaleza y del ser humano, transformando en mercancía todo cuanto era posible imaginar. El capitalismo descubrió que era conveniente disponer de "superestructuras" izquierdistas.

La otra fuente del marxismo cultural es, por supuesto, la Escuela de Frankfurt. Una corriente mutante del marxismo que se volvió explícita en cuanto a intenciones de obtener un "hombre nuevo", especialmente en la versión del ideólogo Herbert Marcuse quien, haciendo mixtura entre el freudismo y el marxismo, profetizó un estado animalesco de la humanidad futura en el cual el trabajo (y todo cuanto para éste autor implicaba de represión, esfuerzo, abnegación, disciplina) quedaría superado a favor del "juego". Una infancia y adolescencia permanentes en un ser humano irresponsable, dedicado permanentemente al disfrute libidinoso. Los límites entre el juego, el trabajo y el sexo se difuminan en esta teoría, con lo cual la cultura humana se vuelve absolutamente viscosa, sin formas. Esa vida convertida en una fiesta adolescente perpetua es la promesa buscada y promovida desde todos los laboratorios de ingeniería social a partir de Marcuse y su mayo del 68. En las degradadas universidades y escuelas de Occidente, semejante alternativa venció sobre el sueño del "Paraíso Socialista" que, a fin de cuentas todavía contemplaba referencias al valor del trabajo y el sacrificio, defensa de la patria y exaltación de la familia. Por el contrario, la Escuela de Frankfurt y el freudo-marxismo de Marcuse pueden considerar que tales instancias fundamentales de la Civilización son "represivas". Así, para millones de jóvenes europeos y americanos a partir de los años 60 del siglo pasado, la lucha "contra el sistema" devino en una abstracta y ciega lucha contra la Represión, y no en una lucha contra las "insufribles" condiciones económicas que hacían que esos jóvenes estuvieran bien alimentados, matriculados en la universidad y guarecidos por los ingresos de sus padres hasta bien entrada la treintena.

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Lo significativo, para nuestro análisis, no es el por qué esos millones de jóvenes semicultos se acogieron a una ideología que, a fin de cuentas, les liberaba de cargas, obligaciones, una visión de la vida cómoda, "des-represiva" que consagraba la existencia del adolescente haciéndola ideal, perpetua y superior, garantizando su vigencia hasta la vejez en una utópica Sociedad del Bienestar ilimitada, "idealista", infantilmente alzada sobre las nubes como los castillos de los sueños y de los cuentos... Lo importante es otra cosa: el marxismo cultural como mutación ideológica, como anti-filosofía, que implica todo ello está llegando a ser el mecanismo de control de pensamiento de masas más eficaz y omnímodo de la historia pues él mismo provoca el consenso universal buscado. Perpetúa las relaciones de explotación entre países y entre clases sociales, siendo ciegos ante ellas, con la ventaja de que apenas quedan "marxistas auténticos" para analizarlas y denunciarlas. La esclavitud de millones de seres en nuestro planeta queda oculta, en cambio, bajo las demandas de feministas de clase media y media-alta con diplomas universitarios y vida "liberada" que piden cuotas de igualdad. La trata de niños o el comercio de armas en el globo, se oscurecen ante las manifestaciones a favor de la aberración sexual por parte de activistas millonarios o la declaración de los derechos humanos de los simios. La degradación de las condiciones laborales de las personas no tiene el mismo "sex-appeal" en el mercado de las ideologías y de la propaganda que los llamados "derechos de bragueta". Y suma y sigue. El marxismo cultural es la mayor mutación ideológica y la mayor nube negra y tóxica sobre las conciencias del hombre y la mayor trampa de la historia. Posiblemente, la mayor apuesta del capitalismo globalizado tendente a troquelar no ya sólo la sociedad, plegada a sus dictados, sino a troquelar y transmutar la propia naturaleza del hombre.

Publicado originalmente en "Naves en Llamas" (2018; nº 2,pps. 23-32)

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samedi, 28 décembre 2019

L’utopie progressiste est antidémocratique - La violence est leur dernière arme

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L’utopie progressiste est antidémocratique
 
La violence est leur dernière arme
 
par Paul Adams
Ex: https://fr.theepochtimes.com
 
Chose remarquable et soudaine ces dernières semaines, le progressisme se tourne vers la violence et la justice populaire. On peut peut-être le comprendre dans le contexte d’une utopie progressiste.

L’extraordinaire perturbation du Sénat américain, le vandalisme des bureaux républicains dans tout le pays, le harcèlement des représentants du gouvernement et des élus et même de leurs enfants et de leurs familles dans les restaurants et autres lieux publics constituent une atteinte aux normes les plus élémentaires de décence et de civilité de la vie publique.

Tout grand parti politique a sa frange extrémiste. Le plus frappant dans ce cas, cependant, est la tolérance, la minimisation et même l’approbation de telles tactiques par les dirigeants du Parti démocrate.

Un certain nombre de démocrates suscitent les passions du public, dont la représentante américaine Maxine Waters, le sénateur Cory Booker, l’ancien procureur général Eric Holder et d’autres, dont Hillary Clinton, qui ont annoncé que la civilité reviendrait lorsque les démocrates reprendraient le pouvoir.

Plusieurs raisons peuvent expliquer ce phénomène. Ici, je veux explorer la nature anti-démocratique des idées qui sous-tendent ce phénomène. Une telle pensée combine dangereusement une vision utopique d’une société idéale future, une vision déterministe des forces qui produiront cette société et une forte volonté d’accélérer l’ « inévitable » et d’imposer la transformation.
 
Les projets utopiques, qu’il s’agisse de créations littéraires ou de tentatives pratiques de former des communautés modèles, ont une chose en commun. Comme l’a dit Hal Draper, « l’utopie était élitiste et antidémocratique à partir de sa fondation car elle était utopique, c’est-à-dire qu’elle se référait à la prescription d’un modèle préfabriqué, à l’invention d’un plan qui a voulu son existence ». De tels plans dépendent de la volonté de ceux qui les ont planifiés ou créés, et peu, voire pas du tout, de la volonté de ceux qui les ont peuplés.

La plupart des projets n’ont abouti à rien dans la pratique et n’ont pas duré longtemps. Ils devenaient une critique de la société existante, ils invitaient à comparer leurs idéaux avec les malaises et les maux de la société réelle.
 

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Quand on y ajoute une vision de l’histoire telle qu’elle a été programmée, nous avons un mélange puissant. L’un des résultats de ce type de déterminisme est l’idée que le progrès vers l’idéal est inévitable, un mouvement en avant et en haut « vers l’espoir d’un jour meilleur », comme l’a dit le président Barack Obama. Les discours sur le « succès » deviennent inévitables parce que « nous sommes du bon côté de l’histoire » et nos adversaires, qui sont du mauvais côté de l’histoire, sont devenus un thème constant de la rhétorique d’Obama et de celle de son équipe.

D’après ce point de vue, l’histoire a un sens de l’action et progresse dans une seule direction, comme si elle avait un cours déterminé, indépendant des efforts et des luttes des gens. C’est ce que l’historien Herbert Butterfield a identifié en 1931 comme étant « la conception whig de l’Histoire » – juste une décennie avant que des désastres ne nous fassent comprendre que ces théories faisaient fausse route – la Seconde Guerre mondiale avec ses millions de morts, l’Holocauste, les armes nucléaires et autres horreurs – une compréhension qui ne semble pas avoir été assez profonde pour en tirer des leçons définitives.

Un mélange puissant

Maintenant, lorsque vous ajoutez une vision utopique – une société idéale mais qui n’a jamais existé dans le monde réel – à une croyance en un cours prédéterminé de l’histoire – avec vous du bon côté – et tous deux à un mouvement politique pour soutenir l’histoire dans son cours prédestiné, vous avez un puissant mélange.

Vous pourriez penser que si le monde se dirigeait sur une voie prédéterminée, vous n’auriez pas besoin de la volonté humaine. Cependant, lorsque des progressistes enracinent l’inévitabilité de la victoire dans des forces historiques réelles ou l’élite éclairée ou la classe ouvrière ou les « éveillés », alors l’étape suivante est de se voir eux-mêmes, leur parti, leur chef, comme l’incarnation de ces forces.

Ils sont du bon côté de l’histoire, alors que ceux qui s’opposent à son arc, qui est incliné dans la direction prédestinée, sont les ennemis du progrès, quelles que soient leurs intentions.

Toutes ces caractéristiques se retrouvent sous une forme extrême dans le totalitarisme du siècle dernier, dans le communisme et le nazisme (avec son Reich qui a déjà mille ans). Le parti révolutionnaire devient l’élite dirigeante et impose sa volonté dans chaque recoin de la société civile, soumettant la famille, les écoles et les églises à l’État tout-puissant qu’il contrôle.

La violence est la clé de ces mouvements.

Les institutions démocratiques à travers lesquelles les « ennemis du progrès » peuvent chercher à ralentir ou à arrêter l’inévitable doivent être sapées. Nous voyons déjà ces tendances, même si elles sont encore modérées, aux États-Unis, notamment, paradoxalement, parmi ces « progressistes » qui accusent le gouvernement élu de « fascisme ».

Par exemple, on s’attend à ce que ces gardiens progressistes de la Constitution, les juges de la Cour suprême des États-Unis, ignorent la Constitution elle-même et imposent leur volonté d’accélérer le progrès. Par un acte de volonté, les juges non élus du cercle le plus étroit possible de l’élite ont ainsi retiré toute protection juridique à l’enfant à naître et redéfini le mariage pour briser le lien entre la sexualité, l’enfantement et la parentalité.
 

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Le tribunal sous le contrôle du progressisme devient un moyen de saper la Constitution et de passer outre les processus démocratiques qui s’opposent à une vision laïco-libérale du « progrès ».

Opposition entre Cour suprême et législation

Par ces moyens, presque tous les progrès de la révolution sexuelle ont été imposés initialement par la Cour suprême, et non adoptés par la loi.

Cependant, le tribunal n’est pas, en fin de compte, à l’abri de la démocratie. Lorsqu’un président élu s’engage en faveur de la retenue judiciaire et du retour de la législation à l’assemblée législative, les progressistes vaincus sont furieux.

Ils voient la défaite de tout ce pour quoi ils ont travaillé grâce à une majorité libérale à la Cour suprême et au contrôle de l’État administratif.

D’où leur détermination à ignorer les normes et les processus démocratiques, à délégitimer et à renverser le président élu et à le faire tomber par tous les moyens nécessaires.

Paul Adams
 

La Russie pourra s'isoler de l’Internet mondial en cas de cyberattaques ou de conflit

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La Russie pourra s'isoler de l’Internet mondial en cas de cyberattaques ou de conflit

Ex: https://echelledejacob.blogspot.com
 
Le 24 décembre, Moscou a annoncé avoir passé plusieurs tests couronnés de succès pour son internet « souverain ». Ces tests font suite à l’entrée en vigueur le 1er novembre dernier d’une loi sur l’« Internet durable », qui devrait permettre à la Russie de pouvoir s'isoler de l’Internet mondial, notamment en cas de cyberattaques.

C’est donc en début de semaine que les essais ont débuté, et pour le vice-ministre des Communications Alexeï Sokolov, il s’agit d’une véritable réussite : « les résultats des exercices ont montré que, globalement, les autorités et les opérateurs de télécommunications sont prêts à répondre efficacement aux risques et menaces éventuelles ». Il a aussi déclaré aux agences russes : « nous poursuivrons ce type d’exercices au cours des prochaines années. Notre tâche est que tout fonctionne, tout le temps ». Ainsi, les essais ont suivi différents scénarios, allant de la déconnexion totale des serveurs basés en Europe et aux Etats-Unis, jusqu’aux cyberattaques étrangères et à la captation de données de citoyens russes.

Pourtant, le 1er mai dernier, la signature par Vladimir Poutine de la loi sur l’« internet durable » avait provoqué un véritable tollé du côté de l’opposition, y voyant le risque d’une éventuelle censure ou d’un contrôle sur le modèle de l’Internet chinois. Le Premier ministre Dmitri Medvedev avait rapidement tenu à défendre le projet du gouvernement en déclarant qu’ « aucune technique, comme celle des pare-feux utilisée en Chine, n’empêcherait les internautes russes de consulter des sites étrangers », tout en assumant de vouloir « protéger les intérêts » de la Russie. Alexandre Jarov, président de l’agence de supervision des communications et des technologies de l’information russe Roskomnadzor, s’est vu confier la mise en œuvre de la loi. « Tout comme l’arme nucléaire dont disposent certains pays, celle-ci sera en « mode veille » », a-t-il déclaré en assurant ainsi l’indépendance du « Runet » vis-à-vis de potentielles influences étrangères.

Ainsi, c’est donc après plus d’un an de la promulgation en France de la loi « anti-fake news » et plusieurs années après les révélations de l’ancien agent américain Edward Snowden, que la Russie a décidé de franchir le pas de l’internet libre et libéré. « Internet libre et internet souverain, ces deux notions ne se contredisent pas », a déclaré le président russe Vladimir Poutine.
 

vendredi, 27 décembre 2019

Nouvelle menace américaine sur la souveraineté européenne

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Nouvelle menace américaine sur la souveraineté européenne

Par Pascal Boniface (revue de presse : pascalboniface.com – 23/12/19)*

Ex: http://www.france-irak-actualite.com

Le président Donald Trump vient de prendre un décret présidentiel appelant à geler les avoirs des compagnies engagées dans la construction du pipeline Nord Stream 2 permettant d’exporter du gaz russe en Europe via la mer Baltique. Il s’agit donc, de la part des États-Unis, de menaces de sanctions lourdes à l’encontre de sociétés non américaines, pour des opérations menées en dehors du territoire américain. C’est tout le « charme » du caractère extraterritorial de la législation américaine : une loi décidée en fonction des intérêts américains peut avoir des effets à l’échelle mondiale.

Aussitôt, la compagnie suisse Allseas stoppait ses travaux et l’avenir du gazoduc semblait compromis. L’ensemble des sociétés de taille à être investies sur ce chantier ont des activités aux États-Unis et la crainte de sanctions les tétanise donc. Deux sénateurs américains, Ted Cruz et Ron Johnson, avaient averti le PDG d’Allseas d’arrêter immédiatement et de laisser le pipeline inachevé, l’alarmant que si l’entreprise essayait de façon insensée de le terminer, il prendrait le risque de mettre sa compagnie en faillite.

La dollarisation de l’économie internationale et l’affirmation de la législation extraterritoriale des États-Unis rendent crédible cette menace. Bien avant l’élection Donald Trump, de nombreuses compagnies européennes ont été condamnées à de lourdes amendes, avoisinant au bas mot, sur les 10 dernières années, 40 milliards de dollars. On se rappelle que la BNP (sous le mandat de Barack Obama) avait été condamnée à une amende de 9 milliards de dollars pour être intervenue au Soudan et en Iran.

Cette décision est motivée en apparence par la volonté de ne pas renforcer la Russie coupable d’avoir annexé la Crimée. La Russie, qui dépend toujours aux 2/3 de l’exportation de matières premières énergétiques pour se procurer des devises, en est en effet la première victime. Mais l’Allemagne, qui devait recevoir principalement ce gaz, est également impactée. La chancelière Merkel a dénoncé une interférence dans les affaires intérieures allemandes. Mais ira-t-elle au-delà de cette protestation verbale ?

Le pipeline Nord Stream 2 évite stratégiquement les pays baltes, la Pologne et l’Ukraine, pays très proaméricain. L’ambassadeur américain en Allemagne n’a pas hésité à présenter cette mesure comme pro-européenne, puisqu’il s’agit de refléter les inquiétudes de ces pays. Derrière cette décision se cache surtout une volonté américaine de pouvoir plus facilement exporter son pétrole et son gaz de schiste, pourtant plus cher que le gaz russe.

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Les États-Unis utilisent donc la menace de sanctions pour faire avancer leurs intérêts économiques. Et surtout pour imposer leurs décisions et priver les autres pays, aussi bien rivaux qu’alliés, de pouvoir prendre souverainement les leurs. Après l’interdiction d’acheter du pétrole à l’Iran, les menaces par rapport aux investissements à Cuba, c’est une nouvelle atteinte fondamentale à la souveraineté des pays européens. Il y a une très grande contradiction entre le fait d’appartenir à la même alliance et d’être aussi peu considérés par le leader du principal pays de l’alliance. Aucun pays ne porte plus atteinte à la souveraineté des pays européens que leur allié américain aujourd’hui. Combien de temps les pays européens vont-ils accepter cela ?

Les Américains reprennent en fait à leur compte le principe de « souveraineté limitée », forgé par Brejnev en 1968 à propos de la Tchécoslovaquie en particulier, et des pays du Pacte de Varsovie en général. Emmanuel Macron avait déclaré que l’OTAN était atteinte de « mort cérébrale ». C’était en fait une vision optimiste. L’OTAN est toujours bel et bien vivante, voire même très contraignante, mais elle ne joue plus le rôle de protecteur par les États-Unis des Européens. Elle joue le rôle de castrateur stratégique des ambitions européennes. Il est vraiment temps pour les Européens de sortir du somnambulisme stratégique qui les conduit à ne pas s’opposer aux Américains en échange d’une protection face à une menace hier soviétique réellement existante, aujourd’hui russe, gonflée artificiellement, pour maintenir leur imperium sur les Européens.

Pascal Boniface est politologue, fondateur et directeur de l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS)

*Source : pascalboniface.com

mercredi, 25 décembre 2019

In Memoriam. Guillaume Faye y Stefano Delle Chiae

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In Memoriam. Guillaume Faye y Stefano Delle Chiae

Telmo Alvar de Navas
Ex: http://www.posmodernia.com

Los finales de año se prestan a la memoria.

San Agustín indicaba a la memoria, junto el entendimiento y la voluntad, como una de las potencias del alma que configuran al hombre como tal. La memoria entendida como una dimensión fundamental de quién es el ser humano, de cómo es el ser humano, de lo que construye su humanidad.

Hacer memoria en un mundo que se empeña en el presentismo, que le quiere arrancar raíces, que desea al hombre ausente de sí mismo y centrado exclusivamente en el fuera de si –en el consumo, en el mercado, en la unidimensionalidad de la comodidad-, hacer memoria en este tiempo de ruinas de humanidad, es un acto profundamente resistente y subversivo.

Hacer memoria construye, desarrolla, confronta, humaniza, diviniza. Hacer memoria como herramienta que nos acompaña a crecer, que nos ayuda a pensar quién somos, que nos recuerda dónde estamos, dónde queremos estar. Hacer memoria también como homenaje, como reconocimiento de quienes han caminado antes que nosotros.

Nos construye como hombres la doble dimensión de la acción. Las potencias que ponemos en marcha en la acción diaria y cotidiana, poniendo en ejercicio las dimensiones propias constitutivas del ser humano, y lo recibido de otros. La tradición –lo recibido- como fuego de la acción. La renovación y adaptación de lo recibido, sin romper con lo esencial, como claves que construyen lo humano.

He ahí la dificultad de la Revolución. La que rompe con todo lo heredado, la que se construye diabólicamente contra lo humano dado. La revolución como contraria a la humanidad incapaz de entender cómo es el ser humano, incapaz de entender la paradoja humana de ser creatura. Lo dado y lo recibido, junto a lo construido y renovado. Construir y renovar desde las potencias que nos son dadas.

No es el hombre jamás algo que pueda reinventarse desde cero. No es la sociedad algo que se pueda rediseñar al margen de lo recibido. Esa es la terrible revolución de la modernidad que en la posmodernidad toca revertir en lo posible o quizás recomprender qué significa la Revolución en la Posmodernidad desde lo mejor de la Tradición.

Reflexiones como esas nacen en estos días del año, cuando por puro azar he conocido que en este 2019, se han producido dos fallecimientos que me habían pasado inadvertidos.

El 7 de marzo fallecía Guilleaume Faye, y el 10 de septiembre, Stefano Delle Chiae, ambos tras larga y penosa enfermedad.

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Guilleaume Faye

Junto a Pierre Vial, Dominique Venner y a Alain de Benoist, Guilleaume Faye (Angulema 1949-Paris 2019) era el cuarto componente de estos jinetes franceses que mejor han encarnado la Nueva Derecha Francesa. Grupo del que solo quedan Vial y Benoist tras el suicidio de Venner en 2016 en Notre Dame de Paris con una carga profundamente profética que intentaba sacudir las conciencias europeas ante la debacle que nuestra cultura y sociedades de occidente sufren bajo las amenazas a Europa.

Si Venner era el historiador, Benoist el filósofo y Vial el político, Faye podemos decir que era el agitador.

                  Formado en el prestigioso Instituto de Estudios Políticos de París en Geografía, Historia y Ciencias Políticas, durante sus años de estudiante fue uno de los creadores del Círculo Pareto, agrupación estudiantil independiente que sería seducida por el GRECE para colaborar con ellos, al que se incorpora oficialmente en 1973.

                  Sus años de formación coinciden pues con el burgués y marxistizado Mayo del 68, pero es evidente que sus planteamientos van en otras claves que las masas izquierdistas. Contemplando la amenaza soviética a la par que la amenaza del liberalismo, tocando a su fin esas dos décadas de gobierno de De Gaulle, aquellos hombres que conocen a Gramsci apuestan por la batalla cultural como imprescindible para la batalla política, un gramscismo de derechas que prepare el terreno que habría de venir.

                  gf-stp.jpgDentro del GRECE (Groupement de recherche et d’études pour la civilisation européenne – Grupo de Investigación y Estudios para la civilización europea), se dedicó a estudiar con detenimiento la filosofía política -Machiavelo, Hobbes, Hegel, Pareto, Carl Schmitt, Oswald Spengler, Ernst Jünger, Moeller van den Bruck, Heidegger, Arnold Gehlen, Konrad Lorenz, etc.-. También desarrollaría un gran interés por las teorías geopolíticas europeistas de Jean Thiriart. Dueño de un estilo original y de una inteligencia muy lúcida, Faye ocupó un puesto importante en el GRECE y se convirtió en un referente de la Nouvelle Droite. Desde las páginas de Nouvelle École y Eléments puso su pluma al servicio del polo antimodernista del movimiento: por ello sus textos del período se destacan por su duro repudio a las ideas centrales de la Ilustración (y a sus herederos que buscan promoverlas), por su feroz crítica al materialismo y al consumismo burgués, y por sus despiadados ataques contra la tecnocracia. Alain de Benoist, entusiasmado con su ímpetu militante e impresionado con su rigor intelectual, le encomendó en 1974 la dirección de la revista Études et Recherches, la más académica de las publicaciones de la organización.

                  Hacia finales de la década de los 70 se agudiza su crítica al capitalismo liberal, denunciando el sionismo y el imperalismo norteamericano que identifica como motores de ese capitalismo deshumanizador y antieuropeo. También por aquella época se adhiere a un cierto racialismo con las tesis del etno-diferencialismo, teorizando sobre la necesidad de crear una alianza estratégica entre Europa y los países del Tercer Mundo –especialmente los del Mundo Árabe–, para así frenar la decadencia de Occidente.

                  Durante la década de 1980, Faye empezó a abandonar sus posiciones cercanas a Thiriart, para acercarse al pensamiento de Giorgio Locchi, quien también era un ferviente antinorteamericano, pero cuyo discurso se inscribía desde otra posición ideológica. Ello le permitió reformular sus ideas europeístas, revalorizando su concepción acerca de la importancia de la herencia indoeuropea en la formación de la identidad continental. A raíz de ello, tutorado por Jean Haudry y Jean Mabire, comenzó a estudiar el paganismo, y, junto a Pierre Vial y Maurice Rollet, se dedicó a organizar eventos orientados a difundir los rituales paganos en Francia. En compañía de Robert Steuckers y Pierre Freson redactó en 1985 el Petit Lexique du Partisan Européen, un breviario que resume de modo elegante su nuevo ideario político. Una interesantísima clave de su pensamiento en ese momento es la tesis señala en su obra que el igualitarismo de la centroizquierda se combina con el utilitarismo de la centroderecha para atomizar a los individuos, con el propósito ulterior de reconstruir los vínculos sociales siguiendo el ideal de una matriz identitaria cosmopolita y multiculturalista, que ubique al consumo como propósito único de la vida cotidiana.  Pareciera que el tiempo le ha dado la razón.

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A principios de 1987 finalmente dejaría de participar en el GRECE, debido a que el movimiento, por iniciativa de Alain de Benoist, había virado hacia las posiciones nacional-comunitaristas de Thiriart que él había sostenido en la década anterior y con las que ahora ya no se identificaba. Los tres siguientes años lo conectan con los movimientos próximos a la asociación EUROPA, asociación que terminaría -ya sin Faye entre sus filas- evolucionando hacia lo que más tarde sería Synergies Européennes. En 1990 se aleja del mundo de la política directa, pero sin abandonar nunca una determinada concepción del mundo.

                  Gracias a su amistad con Pierre Bellanger, Faye se convirtió en locutor de Skyrock, una radio parisina orientada al público joven. Usando el seudónimo de «Skyman», y acompañado primero por Jacques Essebag y después por Bruno Roblès, Faye animó el programa matinal Les Zigotos, ganándose a la audiencia con su fino humor y su vasta cultura puesta al servicio de bromas telefónicas y críticas a la farándula. Fue tan importante su figura para la estación, que las autoridades de la misma le permitieron hacer junto a Olivier Carré el programa Avant-Guerre, en el que filtraba ideas identitarias y difundía a artistas de la órbita del Rock Identitaire Français.

                  gf-colooriginal.jpgEn 1997 Faye reingresa al campo político, reincorporándose al GRECE y uniéndose a Terre et Peuple. Al año siguiente publicará L’Archéofuturisme a través de la editorial L’Ancre, propiedad de Gilles Soulas. El texto denuncia el penoso estado presente de la sociedad europea, y propone aliar el espíritu del futurismo con la tradición ancestral indoeuropea, empleando a la tecnociencia para ultrapasar a la Modernidad en lugar de para consumarla. La obra, además, ataca a la estrategia metapolítica de la Nouvelle Droite, reprochándole el no haberse involucrado más activamente en la lucha electoral, lo que sólo habría perjudicado al pueblo francés. Alain de Benoist recibió con poca simpatía al libro. El discurso racialista y evidentemente en contra de la islamización de Europa de Faye quedó más prístinamente plasmado en La colonisation de l’Europe, publicado en 2000 también por la editorial L’Ancre. El libro señala que el choque de civilizaciones no puede ser resuelto con la integración o la asimilación, sino que la única salida que garantice la persistencia de la raza blanca es la Reconquista, que no sería más que una nueva guerra étnica. La publicación del libro le costó a Faye y a Soulas una onerosa multa, acusados de actuar con la intención de producir literatura que incite a la discriminación y al odio racial. Además, debido a ello, Alain de Benoist expulsó a Faye del GRECE, y acusó al escritor de haber producido una obra delirante y peligrosa.

                  Fuera del GRECE, Faye continuó con sus actividades a través de Terre et Peuple (a la cual terminaría abandonando en 2008), y asesorando en cuestiones programáticas a los movimientos belgas Nation y Vlaams Blok, así como en un activismo que pretendía dotar al movimiento identitario europeo de unas sólidas bases doctrinales y de directivas generales para la acción, fruto de lo cual fueron sus obras Pourquoi nous combattons: manifeste de la résistance européenne (2001) y Avant-Guerre: chronique d’un cataclysme annoncé (2002). En ambos textos denuncia que Europa está atrapada en una espiral descendente hacia su desaparición, y que una guerra étnica es inminente. Si bien el enemigo que Faye señala es la alianza entre el neoconservadurismo norteamericano y la oligarquía petrolera de los países árabes (que entre ambos han producido al terrorismo islámico para beneficiarse de sus acciones), allí también subraya que la entidad sionista de Oriente Medio, que es socia de los enemigos de Europa, va camino a su extinción por no contribuir con la resistencia. En esos textos Faye destaca además la necesidad de acabar con el etnomasoquismo y suplantar al tibio etnopluralismo por un orgulloso etnocentrismo, creando así una entidad geopolítica que una a las Azores con Kamchatka, la cual debería denominarse «Eurosiberia» según su opinión. Europa es clave y central y casi que superior a las propias concepciones nacionales en ese planteamiento.

                gf-convergence.jpg  En 2004 se editan los libros La convergence des catastrophes y Le coup d’état mondial. El primero, que circuló firmado con el seudónimo «Guillaume Corvus», no es más que un resumen del pensamiento de Faye en el que –adaptando las teorías del matemático René Thom a la sociología– alerta que el sistema europeo está en peligro de colapsar debido a que las catástrofes sociales, económicas, demográficas, ecológicas e institucionales pueden confluir en un mismo momento y destruir lo que queda en pie del orden civilizatorio occidental. El otro libro, en cambio, es un análisis sobre el imperialismo estadounidense, al cual repudia, pero destacando que en Norteamérica existe el potencial para contribuir al freno del genocidio blanco (por ello amplía su idea de la Eurosiberia para incluir a los países americanos en una entidad que denominará «Septentrión»). Gracias a estas ideas su pensamiento fue bien acogido por el paleoconservadurismo norteamericano, lo que le permitiría después ser citado como uno de los inspiradores del movimiento Alt Right, gracias a Jared Taylor de American Renaissance.

                  De esa época es también una polémica en torno al sionismo y a la cuestión judía, que le valió el ser considerado por un sector del identitarismo europeo como un agente provocador de Israel en Francia, pues Faye aseguraba que la influencia de los judíos en Occidente ha entrado en declive, citando algunos ejemplos de hebreos que se oponen a la invasión inmigratoria en Europa, y proponiendo una alianza estratégica entre Israel y los identitarios para asegurar la supervivencia de ambos.

                  En el año 2015 publicó el libro Comprendre l’Islam. Allí sostiene que los islamistas avanzan sobre Europa debido a que ellos han adoptado una estrategia arqueofuturista, combinando su herencia ancestral con las nuevas tecnologías de la comunicación y la información para imponerse ante una Europa anestesiada por su defensa suicida de la doctrina de los derechos humanos.

Su última obra, publicada postmorten este mismo 2019, Guerra Civil Racial, puede considerarse casi que un testamento político, pues Faye conocía su estado de salud.

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Stefano Delle Chiaie

                  Si la lucha de Faye fue eminentemente intelectual en el ámbito de la metapolítica y la reflexión, el otro óbito que en este In Memoriam queremos recordar, el de Stefano Delle Chiaie (Caserta, 1936-Roma 2019) nos lleva ante un activista político del extra parlamentarismo, de los duros italianos años de Plomo, con la violencia y la lucha política de las calles en primera línea de la lucha contra el comunismo, clave que le llevó también a América Latina.

                  Un simple paseo por internet nos da algunas claves con las que orientarnos ante Delle Chiaie: Fantasma negro, terrorista neofascista, agente internacional, Borguese, Franco, Pinochet, Banzer, la CIA, la Red GLADIO…

                 stefanodellechiaieaquila.jpg Lo cierto es que Delle Chiaie es un personaje central en la acción política patriótica de la Italia de los años 60 y 70, y de las relaciones internacionales de los movimientos nacionalistas de occidente de los 80 y los 90 hasta su regreso a Italia a finales de la centuria para reincorporarse a la política italiana, exonerado de los supuestos crímenes en los que se le incriminaba, como las matanzas de Piazza Fontana de 1969 en Milán, donde murieron 17 personas, o la masacre de Bolonia de 1980, con 85 fallecidos.

                  Comenzó su andadura política en el Movimiento Social Italiano (MSI) de la posguerra mundial, del que se separó para incorporarse al Ordine Nuovo de Pino Rauti al comenzar el MSI su política de entendimiento con la Democracia Cristiana a impulsó del secretario general Arturo Michelini. Tiempo después Delle Chiaie dejaría también Ordine Nuovo para promover el movimiento político Avanguardia Nazionale, con un marcado componente revolucionario y de acción directa que superase posiciones conservadoras y reaccionarias. Avanguardia Nazionale se convirtió así en el capitalizador de todo el movimiento extraparlamentario patriótico italiano hasta su disolución oficial a mediados de la década de 1960, aunque de hecho continuó operando de modo semi-clandestino.

                  Son los años de plomo, de conflictos callejeros con los movimientos terroristas comunistas que buscan un proceso de transformación comunista en Italia. Años de violencia y guerrilla urbana donde AN es protagonista y partidaria de la acción directa y de la respuesta de la tensión: buscar que la fractura social sea de tal magnitud, que obligue a un pronunciamiento o una respuesta de corte nacional patriótico. Sin duda alguna el momento más conocido de aquellos años es el de marzo de 1968, en el marco de las protestas estudiantiles que se desarrollaban en Italia, cuando Delle Chiaie dirigió a las fuerzas populares que actuaron en la Batalla de Valle Giulia en contra de la policía. El episodio concluyó con la ocupación de la Facultad de Jurisprudencia de la Universidad de Roma La Sapienza por parte de los activistas nacionalistas y de la Facultad de Letras por parte de los activistas comunistas. Unas semanas después hombres leales a Giorgio Almirante invadieron el campus universitario con la intención de expulsar a los comunistas. Delle Chiaie -que confiaba que la protesta estudiantil creciese hasta desestabilizar al gobierno- optó por no acompañar el desalojo por considerarlo reaccionario y no revolucionario. De todos modos la presencia del MSI en la universidad provocó que la policía interviniese, arrestando a muchos de los participantes de las ocupaciones, incluido Delle Chiaie.

                  stefanodellechiaieaquilaespa.jpgSu salida de Italia es fruto de su participación en el golpe de estado de Junio Valerio Borguese, en el año 1970, un pseudo golpe de estado que fracasa y que obliga a Delle Chiaie a dejar Italia.

                  Años después y en el marco de los juicios sobre aquellos sucesos, se destapó todo un oscuro y complejo entramado de política internacional con la CIA, la masonería, la mafia y multitud de tentáculos en el campo de la política y la violencia callejera de plomo de la Italia de entonces, como un obstuso ajedrez que frenara la injerencia soviética en Europa con nombres como la Red Gladio, la logia P2 y demás.

                  La marcha de Italia de Delle Chiaie tras el fallido golpe Borghese le encamina a la creación de una “internacional neofascista” (medios dixit) de colaboración con estados y movimientos en el ámbito occidental y concretamente hispanoamericano desde su profundo activismo y convicción política. Se conoce su intervención en la España de la transición, con su presencia en los sucesos de Montejurra de 1976, en la lucha contra ETA y su nunca demostrada participación en la matanza de los abogados laboralistas de Atocha de 1977. Se le localiza en el Chile de Pinochet y en la Bolivia de Banzer, y se le relaciona con las actividades anticomunistas de los Estados Unidos en Hispanoamérica junto al agente norteamericano Michael Townley, el cubano Virgilio Paz Romero, o el francés ex oficial de la OAS Jean Pierre Cherid.

                 Stefano-Delle-Chiaie-standing.jpg En 1987 es detenido en Venezuela y trasladado a Italia para ser enjuiciado, siendo absuelto de toda responsabilidad penal por los distintos atentados en los que se le incriminaba en nueve distintos juicios. Años más tarde, ante la Comisión contra el terrorismo que en Italia trató de dilucidar aquellos años de violencia, durante una audiencia de 1997, encabezada por el senador Giovanni Pellegrino, Stefano Delle Chiaie siguió hablando de una «internacional fascista negra» y su esperanza de crear las condiciones de una «revolución internacional». Habló de la Liga Anticomunista Mundial, pero dijo que después de asistir a una reunión en el Paraguay, la había abandonado afirmando que era una fachada de la CIA. ​ Lo único que admitió haber tomado parte en la organización del Nuevo Orden Europeo (NOE).

                  En 1991 organizó en la ciudad de Pomezia un encuentro de dirigentes patriotas, al que asistieron muchos referentes de la derecha extraparlamentaria, pero también hombres desencantados con el MSI y militantes de izquierda que temían que ante el colapso de la URSS el país fuese absorbido por los elementos más rancios del capitalismo. De esa iniciativa nació la Lega Nazionale Popolare, un movimiento de tercera posición que se alió a la Lega Meridoniale y, al cabo de unos años, terminó desapareciendo.

                  Víctima del cáncer, Delle Chiaie falleció en el Hospital Vannini de Roma en septiembre de 2019.

D.E.P.    

La militarisation de l'espace

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La militarisation de l'espace

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Le 20 décembre 2019, Donald Trump a promulgué un « 2020 National Defense Authorization Act » qui crée une nouvelle force militaire, l'United States Space Force s'ajoutant à l'US Army, l' Air Force, la Navy, les Marines et les Coast Guards.

Il a expliqué ceci en disant que l'espace allait devenir un nouveau domaine d'affrontement entre puissances et que les Etats-Unis devaient y assurer une présence militaire adéquate. Il ne l'a pas dit expressément, mais il visait en particulier les présences dans l'espace de la Russie et de la Chine, voire prochainement celles de la Corée du Nord . 

Un article très détaillé de Wikipedia (sans doute inspiré officiellement par Washington), précise ce que seront les attributions et les moyens de cette Force Spatiale des Etats-Unis. On s'y reportera. Mais à quoi pourra servir en réalité cette nouvelle Force ?

L'espace est déjà abondamment pourvu en satellites militaires. On désigne de ce nom des satellites artificiels utilisés dans un objectif militaire, satellites de reconnaissance identifiant un territoire ennemi et les objectifs potentiels qui s'y trouvent, satellite d'alerte précoce permettant de détecter le lancement de missiles balistiques, satellites de télécommunications militaires, satellites de navigation sécurisés destinés à la marine et à l'aviation. Les satellites militaires les plus récents peuvent avoir un rôle antisatellite, emporter des armes antisatellites capables de troubler les communications des satellites ennemis ou le cas échéant les détruire par abordage. Il va de soi qu'ils peuvent porter des bombes dites orbitales, capables d'exploser dans l'espace et d'avoir un effet destructeur considérable sur les territoires ennemis.

Par ailleurs les satellites militaires sont commandés du sol par des équipes hautement spécialisées, opérant dans des espaces protégés. Il s'agit donc déjà d'une force militaire organisée, qui se distingue nécessairement des autres forces terrestres ou navales.

Il est donc légitime de se demander pour quelles raisons créer cette nouvelle force?  Le premier objectif doit être vraisemblablement, en l'officialisant et lui donnant un nom, d'augmenter les moyens budgétaires et en personnels déjà affectés à l'espace militaire. Mais il s'agit certainement aussi d'avertir la Russie et surtout la Chine que les Etats-Unis ne les laisseront pas développer de nouveaux moyens militaires dans l'espace sans réagir de la même façon. Pékin l'a d'ailleurs compris  en accusant les Etats-Unis de poursuivre et d'accélérer la transformation de l'espace en un futur champ de bataille.

On peut craindre que ceci ne se produise de toutes façons. En cas de conflit entre grandes puissances, l'espace et les moyens qu'il comporte seront nécessairement utilisés. De plus, il n'est pas exclu que ce soit aussi la Lune et ultérieurement Mars et ses satellites qui servent de terrains d'affrontement.

La Lune se trouvera ainsi divisée en territoires dont les grandes puissances spatiales se seront donné la propriété et dont elles voudront se réserver la jouissance, notamment en termes d'exploitation des ressources naturelles considérables qui s'y trouvent.

Elles y installeront des stations permanentes pouvant éventuellement être habitées par périodes, sinon en permanence. Il s'agira aussi de bases militaires.

On lira à ce sujet un article du général français Jean-Vincent Brisset dans Atlantico

 

mardi, 24 décembre 2019

Sanctions américaines contre le gaz russe pour l’Europe

Vous pourrez voir et apprendre deux choses dans cet article de l’agence russe sputnik. D’abord que les Américains sont en guerre « économique » contre les gazoducs que la Russie tente de construire pour alimenter l’Europe.

La raison est simple. C’est une bataille pour l’énergie. Et l’Europe est un marché pour les gaz des schistes américains. Logiquement pour livrer le gaz américain, qui est plus cher, il faut faire en sorte de le rendre « rentable »… pour cela rien de mieux que de mettre des bâtons dans les roues de la Russie et la mettre dans l’impossibilité de livrer. Ils sont aimables nos amis les « zaméricains » surtout si on leur obéit bien.

Et justement à propos d’obéissance, cela nous amène à la deuxième chose que vous allez apprendre, ou ré-apprendre car vous avez déjà du croiser cette information, à savoir que le budget de la Défense pour l’année fiscale 2020, a éré voté par le Sénat américain au niveau de 738 milliards de dollars (soit plus de 660 milliards d’euros) !!

Oui je ne vous cache pas que si l’on utilisait qu’une seule année budgétaire de la défense américaine, il y aurait de quoi développer l’Afrique ou éradiquer la faim dans le monde, mais jouer avec des porte-avions c’est nettement plus rigolo, de même que bombarder à droite ou à gauche.

Cela en fait des sous n’est-ce pas !

Charles SANNAT

« Ceci est un article « presslib » et sans droit voisin, c’est-à-dire libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Insolentiae.com est le site sur lequel Charles Sannat s’exprime quotidiennement et livre un décryptage impertinent et sans concession de l’actualité économique. Merci de visiter mon site. Vous pouvez vous abonner gratuitement à la lettre d’information quotidienne sur www.insolentiae.com. »

«Le meilleur cadeau de Noël»: la société gazière ukrainienne se réjouit des sanctions US contre Nord Stream 2

Les nouvelles sanctions américaines contre les gazoducs Nord Stream 2 et Turkish Stream sont entrées en vigueur, et la compagnie suisse Allseas, engagée par le russe Gazprom, a suspendu ses travaux. Le PDG de la société gazière ukrainienne Naftogaz, Andreï Kobolev, s’en est félicité sur sa page Facebook.

Donald Trump a signé vendredi 20 décembre un décret promulguant la loi sur le budget Défense pour l’année fiscale 2020, texte qui comprend l’instauration de sanctions contre les entreprises associées à la construction du gazoduc Nord Stream 2. Engagée par le russe Gazprom, la société suisse Allseas a déclaré avoir suspendu ses travaux, dans l’attente d’explications de la part de Washington sur la mise en application des sanctions évoquées.

«C’est le meilleur cadeau de Noël pour nous tous», a écrit sur sa page Facebook Andreï Kobolev, PDG de Naftogaz Ukrainy, en y ajoutant des captures d’écran de la signature par le Président des États-Unis du budget Défense américain 2020 ainsi que du communiqué d’Allseas.
Sanctions contre Nord Stream 2 et aide militaire à l’Ukraine vont de pair?
Le 17 décembre, le Sénat américain avait voté le budget Défense pour l’année fiscale 2020, au niveau de 738 milliards de dollars (soit plus de 660 milliards d’euros). Les sanctions contre le gazoduc Nord Stream 2 et une aide militaire à l’Ukraine font partie des sommes prévues.

Le gouvernement allemand s’est élevé contre les sanctions américaines visant Nord Stream 2, tout comme la France

Source Agence russe Sputnik.com ici

C’est l’empire étatsunien qui va s’écrouler, pas le pays lui-même

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C’est l’empire étatsunien qui va s’écrouler, pas le pays lui-même

Par Ulson Gunnar

New Eastern Outlook

L’effondrement d’une nation entière est aussi spectaculaire que rare. Pour qu’une nation cesse tout simplement d’exister, elle doit subir une défaite absolue dans tout l’éventail de ce qui constitue une nation, c’est-à-dire sur les plans économique, militaire, culturel, social et politique.

Ce qui est beaucoup plus courant, c’est le passage d’organisations socioéconomiques, politiques et militaires existants et dominants à de nouveaux ordres dirigés par des intérêts spéciaux nouveaux et émergents. Cela peut se produire rapidement et violemment, ou se dérouler sur le long terme, avec des hauts et des bas et des processus à la fois constructifs et destructeurs qui s’entremêlent.

Pour les États-Unis, un grand pays ayant la troisième population de la planète, la plus grande puissance militaire et encore aujourd’hui la plus grande économie, il est impossible qu’ils subissent une telle défaite, à tous les niveaux. Ce qui n’est par contre pas impossible, c’est que la petite poignée d’intérêts spéciaux qui dirigent actuellement la politique étrangère et intérieure des États-Unis se trouve renversée par un nouvel ordre composé d’intérêts spéciaux entièrement différents et, espérons-le, d’intérêts spéciaux qui refléteront mieux les intérêts des États-Unis dans leur ensemble et fonctionneront de manière plus durable au milieu des nations du reste du monde plutôt que de planer au-dessus d’elles.

C’est un processus qui est déjà en cours.

L’ordre dominant de l’Amérique est en train de s’estomper

Les intérêts particuliers qui animent actuellement la politique étrangère et intérieure des États-Unis sont centrés autour de Wall Street et de Washington et représentent un réseau de plus en plus irréaliste, insoutenable et archaïque, fondé sur des monopoles bancaires, énergétiques et industriels traditionnels.
Bon nombre des outils utilisés par ces groupes d’intérêts spéciaux pour maintenir et accroître leur pouvoir et leur influence, dont les médias de masse, le lobbying intensif, les réseaux voués à la subversion politique à l’étranger et les distractions politiques au pays, se révèlent de moins en moins efficaces à mesure que le peuple américain et les nations du monde entier se familiarisent avec ces méthodes et commencent à élaborer des contre-mesures efficaces.

Alors que les intérêts spéciaux américains consacrent un temps apparemment immense à contrer la « propagande russe ou chinoise », ce sont surtout les médias alternatifs aux États-Unis mêmes et dans les pays partenaires qui ont le plus fait pour dénoncer et diminuer l’influence injustifiée exercée par Wall Street et Washington. Wikileaks en est un excellent exemple.

Car pendant que l’élite américaine et ses réseaux s’affaiblissent, des alternatives continuent de se renforcer.

Un modèle socio-économique et politique insoutenable, associé à des campagnes militaires tout aussi insoutenables à l’étranger et à une stratégie politique et médiatique qui n’est plus du tout convaincante, même pour les observateurs occasionnels, marque le déclin irréversible de l’ordre dominant américain actuel.

L’élite américaine fait face à des défis provenant autant de l’intérieur que de l’extérieur

La question de la compétitivité des entreprises chinoises face aux monopoles américains établis de longue date est devenue un sujet de plus en plus fréquent dans les médias internationaux. C’est en effet ce processus qui a précipité la guerre commerciale, apparemment inutile et futile, menée par les États-Unis contre la Chine, et qui ne semble que mettre à nu le déclin de l’élite établie des États-Unis plutôt que de le redresser.

Des entreprises comme Huawei, bien qu’elles soient confrontées à de sérieux revers dus aux sanctions américaines et aux efforts visant à la miner, continuent d’aller de l’avant, tandis que leurs concurrents américains continuent à lutter. En effet, malgré les revers, Huawei s’appuie sur des fondamentaux économiques et commerciaux solides, tandis que ses homologues américains, malgré leurs avantages initiaux dus à un manque de concurrence, ont négligé et continuent de négliger ces fondamentaux.

Mais les entreprises chinoises ne sont pas les seules concurrentes de l’élite américaine.

Aux États-Unis mêmes, certaines des entreprises les plus innovantes et les plus perturbatrices au monde font leur apparition, défiant non seulement la concurrence étrangère, mais aussi les monopoles établis de longue date aux États-Unis.

Le constructeur de véhicules électriques Tesla en est un parfait exemple. Son rythme effréné d’innovation, ses succès retentissants et l’impact perturbateur qu’il a sur la construction automobile traditionnelle font reculer l’industrie automobile américaine. Il constitue également une menace sérieuse pour le modèle énergétique axé sur le pétrole que les États-Unis ont adopté et diffusé à l’échelle mondiale pendant plus d’un siècle.

Les monopoles américains de construction automobile ont passé des décennies à mettre au point un modèle d’obsolescence planifiée et des astuces de marketing comme substitut à la qualité et l’innovation. L’industrie est devenue un moyen de gagner le plus d’argent possible et d’augmenter ses profits chaque année, et « fabriquer des voitures » n’est que le moyen par lequel cet argent et l’influence qu’il achète s’accumulent.

Tesla connaît depuis des années une croissance tant au niveau des affaires qu’au niveau de l’influence sociopolitique. Les monopoles américains de la construction automobile ont tenté de reproduire les aspects les plus superficiels de l’attrait de Tesla, mais n’ont pas du tout examiné ou reproduit la substance qui est à la base du succès de cette nouvelle entreprise.

Tout comme l’élite américaine a tenté d’utiliser ce que l’on pourrait qualifier de « sales tours » plutôt qu’une saine concurrence pour traiter avec des concurrents comme Huawei à l’étranger, de tels « sales tours » ont été utilisés contre des entreprises innovantes, aux États-Unis mêmes, comme Tesla. Les tentatives faites par de faux syndicats pour compliquer le travail dans les usines américaines de Tesla en sont un exemple.

Le fabricant américain SpaceX est un autre exemple d’un concurrent américain qui conteste directement (et menace) des monopoles américains établis de longue date, en l’occurrence des monopoles aérospatiaux comme Lockheed Martin, Boeing et Northrop Grumman.

Non seulement SpaceX fait progresser l’innovation aérospatiale à une vitesse fulgurante, mais il fait aussi baisser le coût global de l’accès à l’espace. Il le fait à un rythme si impressionnant que des monopoles aérospatiaux comme Lockheed, Boeing et Northrop, même avec leurs immenses réseaux de lobbying, sont incapables de dissuader les clients de SpaceX (y compris le gouvernement américain lui-même) d’acheter des vols sur ses fusées.

Ces énormes monopoles, qui sont devenus trop dépendants du maintien des profits par le lobbying et les jeux politiques, ont peu de moyens de réformer leurs organisations massives face à la concurrence réelle qui s’installe. De ce fait, l’ordre dominant qui anime la politique américaine se heurte à un obstacle insurmontable qui semble déjà avoir entraîné un déclin terminal et un remplacement.

Ceux qui prennent la place doivent assumer leur position aux leviers de la puissance et de l’influence américaines, avec la possibilité de tracer une voie entièrement nouvelle pour l’avenir qui aura un impact fondamental à la fois sur la nation américaine et son peuple, et sur les nations du monde avec lesquelles elle sera en interaction.

Le nouvel ordre américain pourrait rechercher une véritable concurrence, mais aussi une collaboration

Tesla et SpaceX sont des exemples marquants, mais en aucun cas les seuls exemples de la transition en cours, qui est de plus en plus évidente en Amérique. Il y a des innovations et des entreprises émergentes qui menacent pratiquement tous les domaines dans lesquels l’élite américaine domine actuellement. De médias alternatifs ciblant les médias d’entreprise profondément enracinés de l’Amérique à un mouvement croissant d’agriculteurs biologiques locaux s’attaquant aux monopoles agricoles massifs de l’Amérique, il existe déjà de nombreux exemples tangibles d’une transition en cours ; une transition positive dans laquelle ceux qui s’intéressent vraiment à contrer les aspects négatifs du rôle actuel des États-Unis dans le monde pourraient investir ou contribuer.

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Un signe encourageant de la nouvelle Amérique qui pourrait émerger au fur et à mesure que ce processus se poursuit est le fait que des perturbateurs émergents comme Tesla n’ont pas peur de collaborer avec d’autres nations, cherchant simplement à faire des affaires plutôt que de construire un réseau mondial qui vise à dominer les autres. L’entrée en service de la mega-usine massive de Tesla à Shanghai, en Chine, a lieu alors que les États-Unis tentent d’empêcher la Chine de faire des affaires avec eux, tout cela pour un but purement politique et hégémonique.

Malgré les hostilités apparentes entre les États-Unis et des pays comme la Russie et la Chine, le consensus dans les pays ciblés par l’ordre dominant actuel de l’Amérique est simplement de vouloir faire des affaires sur un pied d’égalité.

Quelle que soit l’hostilité qui puisse exister, elle n’est pas réservée à l’Amérique en tant que nation ou peuple, mais à la poignée d’intérêts particuliers qui font obstacle à une concurrence et une collaboration constructives entre ces nations et les États-Unis.

Dans un proche ou moyen terme, ce processus continuera à ressembler à une lutte acharnée alors que les intérêts spéciaux américains tenteront de maintenir leur emprise sur le pouvoir, luttant contre leur déclin et leur inévitable remplacement, contre leurs concurrents à l’étranger et au sein même des États-Unis.

Mais à plus long terme, on pourrait entrevoir un avenir prometteur où les États-Unis seraient un membre constructif d’un monde multipolaire, en concurrence et en collaboration constructives avec les nations plutôt qu’en tentant de s’imposer à elles.

Pour cette raison, il est important que les nations et les peuples s’abstiennent d’hostilités inutiles et fassent plutôt preuve de patience face aux attaques actuelles émanant de Wall Street et de Washington. Il est important d’établir des liens et des relations avec des intérêts américains réellement intéressés par une véritable concurrence et une collaboration et qui représentent l’avenir de l’Amérique, et de les distinguer des intérêts américains profondément enracinés qui représentent le passé abusif de l’Amérique et qui sont responsables du déclin actuel du continent.

Les politiques étrangères de Moscou, de Pékin et même de nombreux pays émergents et en développement peuvent sembler trop passives ou apaisantes mais, dans ces capitales du monde, beaucoup sont conscients de la transition en cours en Amérique et tentent de se positionner avantageusement face à la chute de l’empire américain afin de pouvoir faire des affaires avec ceux qui auront bientôt le pouvoir aux États-Unis.

Gunnar Ulson

Traduit par Wayan, relu par San pour le Saker Francophone

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vendredi, 20 décembre 2019

The New Nihilists: Political Nihilism and the Progressive Movement in America

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The New Nihilists: Political Nihilism and the Progressive Movement in America

Ex: https://www.americanthinker.com

During the dark days of the Second World War, Helmut Thielicke experienced the horrors of National Socialism on a daily basis.  Due to his standing as a Lutheran minister, professor of philosophy, and doctor of theology, he became a person of interest to the Gestapo, who kept him under constant surveillance and frequently hauled him in for interrogation.  After the war, he lectured and wrote extensively about his experiences, and when asked how a country that produced such luminaries as Bach and Beethoven could also produce an Adolf Hitler, he initially blamed the usual suspects: the Treaty of Versailles, the Great Depression, economic instability, and social unrest — but he did not leave it there.  Instead, he did the unthinkable and placed some of the blame on his fellow Germans for their uncritical acceptance of Hitler's promises — a point he emphasized in his book, Between Heaven and Earth.  "Hitler," he said, "knew how to dissemble, and one had to look very closely, and read his terrible book Mein Kampf very carefully, to see the cloven hoof beneath the angel's luminous robes." 

Thielicke's words closely mirrored those of the Apostle Paul, who warned the Corinthian church that "Satan himself masquerades as an angel of light."  Whether the warning is from Thielicke or Paul, it reminds us that duplicitous people always disguise their true intentions by appropriating warm, smooth, and soothing words before repurposing them to fit their carefully crafted agenda.  These warnings did not come with a use-by date, and their potency has not gone stale with the passage of time.  To the contrary, in today's hyper-partisan political environment, where Diogenes's lantern has run out of oil, it is imperative that the words and actions of those who shape public policy be put to the test.  This is especially true with respect to progressivism, an Americanized form of socialism that seemingly arose out of nowhere and seized control of the Democratic Party.  This perspective, however, is an illusion, for, like most political movements, progressivism's rise has been slow but persistent, and the brightness of its star has waxed and waned along with the influence of those who have guided it along — from Teddy Roosevelt to Barack Obama.

Although progressivism began during the McKinley administration, its development took place under the watchful eye of Teddy Roosevelt, whose views seemed somewhat unsettled at times.  He was for law and order but insisted that it was the people, not the courts, who are entitled to say what the Constitution means.  His life epitomized rugged individualism, but he was a collectivist who believed that the welfare of the one depended on the welfare of the many.  He promoted hard work and success but wanted to penalize excessive earnings by the creation of a heavy progressive income and inheritance tax.  He opposed state ownership of businesses but argued for complete governmental control of their affairs, including how they spent their profits.  Then, after almost two terms in office, Roosevelt put politics aside until 1910, when he delivered his defining speech, The New Nationalism, which was, in fact, a Progressive manifesto.

We grudge no man a fortune in civil life if it is honorably obtained and well used.  It is not even enough that it should have been gained without doing damage to the community.  We should permit it to be gained only so long as the gaining represents benefit to the community.  This, I know, implies a policy of a far more active governmental interference with social and economic conditions in this country than we have yet had, but I think we have got to face the fact that such an increase in governmental control is now necessary.

Having solidified his belief that a controlling central government was the essence of progressivism, Roosevelt ran as a third-party candidate against Woodrow Wilson in the presidential election of 1912, where he headed up the newly minted Progressive Party.  The election was lost, and the party died, but its sprit, like an ancient demon released from the abyss, took possession of the body politic, filled it with a thirst for power, and freed it from its constitutional chains.  Progressivism had become a viable force in American politics.

The rise of progressivism had a lasting effect on the nation, as president after president followed Teddy's lead and sought to expand the power and scope of the federal government.  Wilson, who advocated a Darwinian approach to the Declaration of Independence and the Constitution, gave us the progressive income and estate tax.  FDR instituted the New Deal, and LBJ advanced the Great Society, waged the War on Poverty, and launched Medicare.  Not to be outdone, Bill Clinton signed the job-killing North American Free Trade Agreement; Richard Nixon established the EPA and OSHA; Jimmy Carter developed the Departments of Education and Energy; and George W. Bush created Homeland Security, the Transportation Safety Administration, and No Child Left Behind.  Change was now the amrita of presidential politics, but just as the gods knew that churning for amrita would produce poison, so politicians knew that pushing for an overtly aggressive agenda would produce defeat, and no one understood that better than the Democratic Party's rising star: Senator Barack Obama.   

Like many of his predecessors, Obama projected a carefully crafted image while in the public eye.  As the keynote speaker for the 2004 Democratic convention, Obama mesmerized the audience with his soaring rhetoric, heaping praise on America while railing against "those who are preparing to divide us, the spin masters, the negative ad peddlers who embrace the politics of anything goes."  There is not, he insisted, "a liberal America and a conservative America, there is the United States of America.  There is not a black America and a white America and Latino America and Asian America – there's the United States of America."  But it was all a bright, shining lie, and those who had examined his life, and read his books Dreams from My Father and The Audacity of Hope very carefully, were not deceived.  They knew that Obama's mission was to boldly go where no progressive had gone before: into the uncharted universe of political nihilism.

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To the philosopher, nihilism means that nothing in the universe matters or has any significance.  Political nihilism takes the philosopher's theorem and applies it to existing social and political institutions, thereby clearing the way for their replacement.  Surprisingly, Obama openly embraced political nihilism during an October 31, 2008 speech at the University of Missouri, when he abandoned his message of "hope and change you can believe in" and declared, "We are five days away from fundamentally transforming the United States of America."

Although this random act of honesty galvanized Obama's base and helped secure his election, it also turned his declaration of intent and the oath of office into contranyms.  To resolve this dilemma, Obama the fundamental transformer recast himself as Obama the true blue American, and reaffirmed his fidelity to the Constitutional Republic during his first inaugural address.   

Forty-four Americans have now taken the presidential oath. The words have been spoken during rising tides of prosperity and the still waters of peace. Yet, every so often, the oath is taken amidst gathering clouds and raging storms. At these moments, America has carried on not simply because of the skill or vision of those in high office, but because we, the people, have remained faithful to the ideals of our forebears and true to our founding documents. So it has been; so it must be with this generation of Americans.

Today I say to you that the challenges we face are real. They are serious and they are many. They will not be met easily or in a short span of time. But know this America: They will be met.

To Obama, this maneuver was a tactical withdrawal, not a retreat.  He knew that the fundamental transformation of America would be a long and time-consuming process, so he asked his followers to be patient.  The gambit paid off, and Obama fundamentally changed the country's direction, but the next Republican president could easily undo the means he used, such as executive orders, presidential memos, and simple agreements instead of ratified treaties.  This possibility haunted Obama, and, as Election Day drew near, he pleaded with the voters to elect Hillary Clinton because "all the work we've done over the last eight years is on the ballot."  In spite of his efforts, Hillary lost, and President Trump began unwinding Obama's legacy.

In the end, Obama's above-the-fray, laissez-faire approach to leadership was a mistake — a mistake that today's progressives will not repeat.  They are the new nihilists, activists openly calling for the destruction of America's existing social and political institutions so that new, progressive ones can arise from the rubble.  No more electoral college, no more borders, no more constitutional restrictions is their cry, and all the Democratic Party's presidential hopefuls say amen.

In the movie Field of Dreams, Terrance Mann opined that "America has rolled by like an army of steamrollers.  It's been erased like a blackboard, rebuilt, and erased again."  Although Mann will never be among the world's greatest historians or grammarians, his place as a prognosticator of America's future is secure — if the new nihilists ever get their way.

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jeudi, 19 décembre 2019

Des fake news à l’obscurantisme - Crises de croyance

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Des fake news à l’obscurantisme

Crises de croyance

par François-Bernard Huyghe
 
Ex: https://www.huyghe.fr

L’empire du faux attaque les sciences : doute et croyances alternatives

Après la peur des fake news, du complotisme et du populisme, voici dénoncée la remontée de l’obscurantisme. La contestation de ce qui est scientifiquement démontré monte en proportion inverse de l’adhésion à des explications improbables portant sur le monde, la nature, et souvent la santé.

Voir le succès en ligne de considérations sur la platitude de la Terre, des réfutations de l’évolution, les effets du karma sur nos morphologies, et des cosmologies bizarres. Ces croyances générales relèvent souvent d’une révélation. Mais d’autres théories à succès ne prétendent pas bouleverser les principes généraux de la science, ni attester de pseudo-miracles ; elles jouent des témoignages, des statistiques et des corrélations : A est-il cancérigène ? Quel rapport entre l’exposition à B et le développement de cette maladie ? Tel risque de santé est-il démultiplié par le facteur C ? Manipulations des experts pour déguiser une responsabilité en accident ? De quoi faut-il avoir peur, de quoi s’indigner, que dénoncer ? Que nous cache-t-on qui affecte notre santé, notre équilibre,la planète ?

Le scepticisme monte avec le refus de l’autorité et de la preuve : ce qu’affirment les autorités scientifiques, sanitaires ou autres rencontre une méfiance croissante, comme envers les médias et la classe politique.  Mais le vide du doute appelle le plein d'une croyance alternative. Ainsi, la conviction qu’un péril, onde, produit chimique ou flux d’énergie, jusque là non décelé menace, qu’une solution médicale inédite est apparue, donc qu’une révision de nos notions ou un contrôle s’imposent.

Au-delà de l’effet rumeur ou des croyances « archaïques », des gens qui ont un bon niveau culturel adhérent à des discours sur des risques cachés, sur une corrélation transformée en causalité ou sur de futures catastrophes notamment sanitaires, assurés que la science officielle nous dissimule l’effroyable réalité.

Au fil de l’actualité, on apprend ainsi que nos compatriotes sont les plus sceptiques sur la nécessité des vaccins, qu’une dame gourou Vandana Shida expose les thèses anti-science à sciences po, qu’il faut se méfier des compteurs Linky et de la 5G, que 86% des jeunes français pensent que le nucléaire participe fortement au réchauffement climatique et émet du co2, qu’il y aurait un lien prouvé entre les pesticides et le cancer du sein. Sans parler de l’efficacité de l’homéopathie ou des listes de produits, glyphosate, qui ont d’indéniables dangers, mais dont le risque, notion tout à fait différente du danger aux doses où on les rencontre, déclenche des passions.

On peut s’étonner d’une crise du consensus de cette ampleur et du succès de tout ce qui dénonce, souvent avec des relents anti-modernistes, naturalistes, catastrophistes, science et médecine. Souvent en se réclamant d’une autre plus authentique qui trouverait des causes cachées et des effets occultés par le « discours officiel ».

Comme en politique, on peut mettre en cause des changements de mentalité : ère de la post-vérité, réceptivité au bullshit, le grand n’importe quoi. On peut chercher des causes rhétoriques ou épistémologiques : les charlatans sont convaincants - par exemple ils « jouent des peurs » -et les gentils ne saisissent pas les finesses du raisonnement notamment statistique. Certes. On peut aussi chercher des coupables d’une sorte de subversion du vrai (Russes et les démagogues en politique, collapsologues et anti-science en médecine), et pointer les intérêts matériels des vendeurs d’espérance ou des capteurs de clics : raconter une carabistouillle attire vers une publication ou un site où la seconde d’attention du cerveau humain est renvendue à un publicitaire. Et sans négliger non plus l’arrière-fond idéologique d’opposition à la science comme domination de la nature et au développement comme agression.

Mais ces polémiques ont aussi une dimension médiologique : le marché intellectuel du doute, la prime à la théorie venant de gens « authentiques », l’explosion de l’argumentation, chacun pouvant émettre, relayer, discuter, juger, s’indigner, soutenir, etc. tout cela fleurit d’abord sur les réseaux sociaux. Le numérique est d’autant plus favorable à la contre-information et à la contradiction que chacun étant ce censé pouvoir aller aux sources et aux témoignages comme en direct d’égaux présumés sincères. Les algorithmes privilégient tout ce qui fait buzz, polémique et mobilisation.Ceci vaut particulièrement dans le domaine de la santé qui est celui de l’intime, de ce qui pourrait m’arriver à moi ou mes proches. S’ajoutent des techniques de captation de l’attention, de production de faux partisans, qui donnent des armes à la mésinformation au détriment des affirmations accréditées de façon hiérarchique et traditionnelle.

Les réseaux sont le lieu de l’alerte incessante - gluten, ondes, glyphosates, vaccins, lactose, nouveau produit cancérigène... - la où la peur vaut autorité, et bien que nous vivions dans des sociétés où le souci de protection est infiniment supérieur à ce qu’il fut jamais.
 
Certes le remède est souvent près du poison et, sur les mêmes réseaux, fleurissent les vidéos de démontage ou les analyses des biais cognitifs, les déconstructeurs de fariboles, les sources primaires et les idées tertiaires...

Mais nous subissons la terrible loi dite de Brandolini « La quantité d'énergie nécessaire pour réfuter du baratin est beaucoup plus importante que celle qui a permis de le créer".

mercredi, 18 décembre 2019

Pamir Highway: the Road on the Roof of the World

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Pamir Highway: the Road on the Roof of the World
Photo, above: Chinese container cargo trucks after crossing the Kulma pass at the Tajik-China border. Photo: Pepe Escobar / Asia Times

This is arguably the ultimate road trip on earth. Marco Polo did it. All the legendary Silk Road explorers did it. Traveling the Pamir Highway back to back, as a harsh winter approaches, able to appreciate it in full, in silence and solitude, offers not only a historical plunge into the intricacies of the ancient Silk Road but a glimpse of what the future may bring in the form of the New Silk Roads.

This is a trip steeped in magic ancient history. Tajiks trace their roots back to tribes of Sogdians, Bactrians and Parthians. Indo-Iranians lived in Bactria (“a country of a thousand towns”) and Sogdiana from the 6-7th centuries BC to the 8th century AD Tajiks make up 80% of the republic’s population, very proud of their Persian cultural heritage, and kin to Tajik-speaking peoples in northern Afghanistan and the region around Tashkurgan in Xinjiang.

Proto-Tajiks and beyond were always at the fringe of countless empires – from the Achaemenids, Kushan and Sogdians to the Greco-Bactrians, the Bukhara emirate and even the USSR. Today many Tajiks live in neighboring Uzbekistan – which is now experiencing an economic boom. Due to Stalin’s demented border designs, fabled Bukhara and Samarkand – quintessential Tajik cities – have become “Uzbek.”

Bactria’s territory included what are today northern Afghanistan, southern Tajikistan and southern Uzbekistan. The capital was fabled Balkh, as named by the Greeks, carrying the informal title of “mother of all cities.”

Sogdiana was named by the Greeks and Romans as Transoxiana: between the rivers, the Amu-Darya and the Syr-Darya. Sogdians practiced Zoroastrianism and lived by arable agriculture based on artificial irrigation.

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Western Pamirs: Road upgrade by China, Pyanj River, Tajikistan to the left, Afghanistan to the right, Hindu Kush in the background. Photo: Pepe Escobar

We all remember that Alexander the Great invaded Central Asia in 329 B.C. After he conquered Kabul, he marched north and crossed the Amu-Darya. Two years later he defeated the Sogdians. Among the captured prisoners was a Bactrian nobleman, Oxyartes, and his family.

Alexander married Oxyartes’s daughter, the ravishing Roxanne, the most beautiful woman in Central Asia. Then he founded the city of Alexandria Eskhata (“The Farthest”) which is today’s Kojand, in northern Tajikistan. In Sogdiana and Bactria, he built as many as 12 Alexandrias, including Aryan Alexandria (today’s Herat, in Afghanistan) and Marghian Alexandria (today’s Mary, formerly Merv, in Turkmenistan).

By the middle of the 6th century, all these lands had been divided among the Turkic Kaghans, the Sassanian Empire and a coalition of Indian kings. What always remained unchanged was the emphasis on agriculture, town planning, crafts, trade, blacksmithing, pottery, manufacture of copper and mining.

The caravan route across the Pamirs – from Badakshan to Tashkurgan – is the stuff of legend in the West. Marco Polo described it as “the highest place in the world.” Indeed: the Pamirs were known by the Persians as Bam-i-Dunya (translated, appropriately, as “roof of the world”).

The highest peaks in the world may be in the Himalayas. But the Pamirs are something unique: the top orographic crux in Asia from which all the highest mountain ranges in the world radiate: the Hindu Kush to the northwest, the Tian Shan to the northeast, and the Karakoram and the Himalayas to the southeast.

Ultimate imperial crossroads

The Pamirs are the southern boundary of Central Asia. And let’s cut to the chase, the most fascinating region in the whole of Eurasia: as wild as it gets, crammed with breathtaking peaks, snow-capped spires, rivers ragged with crevasses, huge glaciers – a larger-than-life spectacle of white and blue with overtones of stony gray.

This is also the quintessential crossroad of empires – including the fabled Russo-British 19th century Great Game. No wonder: picture a high crossroads between Xinjiang, the Wakhan Corridor in Afghanistan and Chitral in Pakistan. Pamir may mean a “high rolling valley.” But the bare Eastern Pamirs might as well be on the moon – traversed less by humans than curly-horned Marco Polo sheep, ibex and yaks.

Countless trade caravans, military units, missionaries and religious pilgrims also made the Pamir Silk Road known as “road of Ideologies.” British explorers like Francis Younghusband and George Curzon hit the upper Oxus and mapped high passes into British India. Russian explorers such as Kostenko and Fedchenko tracked the Alai and the great peaks of the northern Pamir. The first Russian expedition arrived in the Pamirs in 1866, led by Fedchenko, who discovered and lent his name to an immense glacier, one of the largest in the world. Trekking toward it is impossible as winter approaches.

And then there were the legendary Silk Road explorers Sven Hedin (in 1894-5) and Aurel Stein (1915), who explored its historical heritage.

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Chinese container cargo trucks negotiate the Western Pamirs. Photo: Pepe Escobar

The Pamir Highway version of the Silk Road was actually built by the Soviet Union between 1934 and 1940, predictably following ancient caravan tracks. The name of the region remains Soviet: the Gorno-Badakhshan Autonomous Oblast (GBAO). To travel the highway, one needs a GBAO permit.

For no less than 2,000 years – from 500 B.C. to the early 16th century – camel caravans carried not only silk from East to West, but goods made of bronze, porcelain, wool and cobalt, also from West to East. There are no fewer than four different branches of the Silk Road in Tajikistan. The ancient Silk Roads were an apotheosis of connectivity: ideas, technology, art, religion, mutual cultural enrichment. The Chinese, with a keen historical eye, not by accident identified “common legacy of mankind” as the conceptual/philosophical base for the Chinese-led New Silk Roads, or Belt and Road Initiative.

Have China upgrade, will travel

In villages in Gorno-Badakhshan, stretched out along stunning river valleys, life for centuries has been about irrigation farming and seasonal-pasture cattle farming. As we progress toward the barren Eastern Pamirs, the story mutates into an epic: how mountain people eventually adapted to living at altitudes as high as 4,500 meters.

In the Western Pamirs, the current road upgrade was by – who else? – China. The quality is equivalent to the northern Karakoram Highway. Chinese building companies are slowly working their way towards the Eastern Pamirs – but repaving the whole highway may take years.

The Pyanj river draws a sort of huge arc around the border of Badakhshan in Afghanistan. We see absolutely amazing villages perched on the hills across the river, including some nice houses and owners with an SUV instead of a donkey or a bike. Now there are quite a few bridges over the Pyanj, financed by the Aga Khan foundation, instead of previous planks jammed with stones suspended above vertiginous cliffs.

From Qalaykhumb to Khorog and then all the way to Ishkoshim, the Pyanj river establishes the Afghan border for hundreds of kilometers – traversing poplar trees and impeccably-tended fields. Then we enter the legendary Wakhan valley: a major – barren – branch of the Ancient Silk Road, with the spectacular snow-capped peaks of the Hindu Kush in the background. Farther south, a trek of only a few dozen kilometers of trekking, it’s Chitral and Gilgit-Baltistan in Pakistan.

The Wakhan could not be more strategic – contested, over time, by Pamiris, Afghans, Kyrgyz and Chinese, peppered with qalas (fortresses) that protected and taxed the Silk Road trade caravans.

The star of the qalas is the 3rd century B.C. Yamchun fortress – a textbook medieval castle, originally 900 meters long and 400 meters wide, set in a virtually inaccessible rocky slope, protected by two river canyons, with 40 towers and a citadel. Legendary Silk Road explorer Aurel Stein, who was here in 1906, on the way to China, was gobsmacked.The fortress is locally known as the “Castle of the Fire Worshippers”.

Pre-Islamic Badakhshan was Zoroastrian, worshipping fire, the sun and spirits of ancestors and at the same time practicing a distinct Badakhshani version of Buddhism. In fact, in Vrang, we find the remains of 7th-8th century Buddhist man-made caves that could have also been a Zoroastrian site in the past. The early Tang dynasty wandering monk Xuanzang was here, in the 7th century. He described the monasteries and, tellingly, took notice of a Buddhist inscription: “Narayana, win.”

Ishkoshim, which Marco Polo crossed in 1271 on the way to the upper Wakhan, is the only border crossing in the Pamirs into Afghanistan open to foreigners. To talk of “roads” on the Afghan side is audacious. But old Silk Road tracks remain, negotiable only with a study Russian jeep, delving into Faizabad and farther into Mazar-i-Sharif.

Here are the parts the 18-year-long, trillion-dollar, Hindu Kush-of-lies-told American war on Afghanistan never reaches. The only “America” available is Hollywood blockbusters on DVDs at 30 cents apiece.

I was very fortunate to spot the real deal: a camel caravan, straight from the ancient Silk Road, following a track on the Afghan side of the Wakhan. They were Kyrgyz nomads. There are roughly 3,000 Kyrgyz nomads in the Wakhan, who would like to resettle back in their homeland. But they are lost in a bureaucratic maze – even assuming they secure Afghan passports.

These are the ancient Silk Roads the Taliban will never be able to reach.

Traveling the Pamir Highway, we’re not only facing a geological marvel and a magic trip into ancient history and customs. It’s also a privileged window on a trade revival that will be at the heart of the expansion of the New Silk Roads.

Khorog is the only town in the Pamirs – its cultural, economic and educational center, the site of the multi-campus University of Central Asia, financed by the Agha Khan foundation. Ismailis place tremendous importance on education.

Badakhshan was always world-famous for lapis lazuli and rubies. The Kuh-i-Lal ruby mine, south of Khorog, was legendary. Marco Polo wrote that in “Syghinan” (he was referring to the historical district of Shughnan) “the stones are dug on the king’s account, and no one else dares dig in that mountain on pain of forfeiture of life”.

Shughnan worshipped the sun, building circular structures with the corresponding solar symbolism. This is what we see in Saka graves in the Eastern Pamir. As we keep moving east, the settled Pamiri culture, with its profusion of orchards of apricots, apples and mulberries, gives way to semi-nomadic Kyrgyz life and irrigated villages are replaced by seasonal yurt camps (not at this time of the year though, because of the bitter cold.)

At Langar, the last village of the Wakhan, rock paintings depict mountain goats, caravans, horse riders with banners, and the Ismaili symbol of a palm with five fingers. Archeologist A. Zelenski, in fascination, called the historical monuments of the Wakhan “the Great Pamir Route.” Aurel Stein stressed this was the main connection between Europe and Asia, thus between the whole classical world and East Asia, with Central Asia in between. We are at the heart of the Heartland.

Last stop before Xinjiang

Following the Wakhan all the way would lead us to Tashkurgan, in Xinjiang. The Pakistani border, close to the Karakoram Highway, is only 15 km to 65 km away, across forbidding Afghan territory.

It’s the Koyzetek pass (4,271 meters) that finally leads to the Eastern Pamir plateau, which the Chinese called Tsunlin and Ptolomy called Iamus, shaped like a giant shallow dish with mountain ranges at the edges and lakes at record altitudes. Marco Polo wrote, “The land is called Pamier, and you ride across it for twelve days together, finding nothing but a desert without habitations or any green thing, so that travelers are obliged to carry with them whatever they need. The region is so lofty and cold that you don’t even see any birds flying. And I must notice also that because of this great cold, fire does not burn so brightly and give out so much heat as usual, not does it cook effectually.”

Murghab, peopled by Kyrgyz – whose summers are spent in very remote herding camps – revolves around a mini-bazaar in containers. If we follow the Aksu river – once considered the source of both the water and the name of the Oxus – we reach the ultimate, remote corner of Central Asia: Shaymak – only 80 km from the tri-border of Afghanistan, Pakistan and China.

The Little Pamirs are to the south. As I reported for Asia Times way back in 2001, it was in this area, crammed with the most important Silk Roads passes of both China and Pakistan, that Osama bin Laden might have been hiding, before he moved to Tora Bora.

From Murghab, I had to inspect the Kulma pass (4,362 meters high), a New Silk Road border. The road – made by China – is impeccable. I found lonely Chinese container truck drivers and businessmen from Kashgar driving made-in-China minivans across the Pamirs to be sold in Dushanbe.

On the High Pamirs we find around 800 ancient lakes created by earthquakes, tectonic activity and glaciers. Yashilkul lake (“Blue Water”), at 3,734 meters frozen this time of the year, sits in a plateau scouted by Stone Age hunters. Tajik archeologist V. Ranov found rock paintings of horses and carts, attributes of Mitra, the Persian god of the Sun. During the 10th to 3rd centuries B.C, the plateau was inhabited by nomadic tribes of the Persian-speaking Sakas.

From Shughnan to Ishkoshim, here we are in what the ancients called “The country of the Sakas.”

From Scythians to containers

The vast Scythian steppes that range from the Danube all the way to China were inhabited by a vast confederation of tribes. Then, in the 2nd to 1st centuries B.C., the tribes started moving to the east of the Greco-Bactrian state. Some of them settled in the Pamirs and became the ethno-genetic component of the Pamiri ethnicity. Alex, my driver, is a true Pamiri from Khorog. He’s also the real Pamir Highway Star with his badass black Land Cruiser. (“It’s a killing machine/ it’s got everything,” as Deep Purple immortalized it.)

The highlight of the Eastern Pamirs is the spectacular blue inland, saltwater Karakul Lake, formed 10 million years ago by a meteor. Under the sun, it’s a radiant turquoise; this time of the year, I saw it deep, deep blue, not really the “Black Lake” that its name implies. Karakul because of its slight salinity was not frozen. This is chong (big) Karakul, the older brother of the kichi (small) Karakul across the border in Xinjiang, which I had the pleasure of visiting in my Karakoram Highway travels.

The High Pamirs are right behind Karakul, concealing the 77-km-long Fedchenko glacier. East of the lake, if you could survive a trek in Arctic conditions, is Xinjiang. The early Tang dynasty wandering monk Xuanzang was here in 642 (he thought the lake was people by dragons). Marco Polo was here in 1274.

Our base to explore Yashilkul and later Karakul was Bulungkul – this time of the year a sort of Arctic station, with only 40 houses served by solar panels in the middle of nowhere, and temperatures hovering around minus 22 Celsius. It’s the toughest of lives. They told me that in winter the temperature drops to -63C.

Farther down the road, I took a diversion east to observe the Kulma pass, at 4,363 meters the official Tajik border with China, reached by a – what else? – made-by-China road, opened in 2004 following the ancient Silk Road.

The Tajik-Kyrgyz border at the Kyzyl-Art pass looked like a scene from Tarkovsky’s Stalker, utterly Soviet-style desolate except for a shared taxi loaded with Kyrgyz going to Khorog. From there, it’s a spectacular drive all the way to the crossroads of Sary Tash, and through the head-spinning, 3,615 meter-high Taldyk pass, towards Osh, the gateway to the Ferghana valley.

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The Taldyk pass in southern Kyrgyzstan, all the way to Osh. Photo: Pepe Escobar / Asia Times

All across this mesmerizing Central Asia/Heartland journey, especially in the bazaars, we see in detail the crossroads of pastoral nomadism and irrigation culture, fertilized century after century by cross-cultural Silk Road trade involving herders, farmers, merchants, all of them part of commodity trading and provisioning for the caravans.

We delve into the vortex of immensely rich social, religious, scientific, aesthetic and ideological influences – especially from Persia, India, China and Iran. The shift from overland to sea trade in the 16th century – the start of European world domination – in fact never erased the traditional routes to India via Afghanistan, China via Xinjiang and Europe via Iran. Trade remains the top factor in Central Asian life.

Today the Pamir Highway is a privileged microcosm of what is slowly but surely evolving as the intersection between the New Silk Roads and Greater Eurasia – with its main hubs configured by Russia, China, Iran, Pakistan and – it may be hoped – India.

The ultimate crossroads of civilizations, the Heartland, is back – once again at the heart of history.

(Republished from Asia Times by permission of author or representative)

mardi, 17 décembre 2019

La Chine deviendra-t-elle totalement indépendante dans les technologies numériques ?

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La Chine deviendra-t-elle totalement indépendante dans les technologies numériques ?

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Jusqu'à présent, la Chine importe des Etats-Unis ou de Corée du Sud un certain nombre de composants électroniques et d'éléments de programme encore essentiels. Elle est donc dépendante des entreprises numériques étrangères, notamment de celles soumises à un contrôle politique de Washington.

Si les tensions sino-américaines s'aggravaient, elle pourrait donc se trouver d'un jour à l'autre privée par une décision américaine d'éléments stratégiques indispensables. Elle disposerait certes de moyens de riposte, car les firmes américaines telles que Microsoft , HP, Dell utilisent de plus en plus de composants chinois. Néanmoins, aujourd'hui, la Chine veut devenir totalement indépendante, et ceci en permanence.

Selon un article du Financial Times (accès payant) daté du 09/12/2019, le Parti Communiste Chinois qui contrôle le gouvernement vient d'ordonner à toutes les administrations et entreprises publique dépendantes du gouvernement centrale ou des régions de se débarrasser d'ici 3 ans de tous les équipements électroniques, composants et programme qu'elles utilisent aujourd'hui. On peut penser qu'il s'agit d'une riposte à la décision récente américaine d'exclure les chinois Huawei et ZTE du marché américain des télécommunications, au prétexte de risques d'espionnage. Mais il ne s'agit pas seulement de cela. 

Pékin veut ne reposer désormais que sur ses propres entreprises dans le domaine numérique. Il veut aussi être capable d'exporter ses produits dans le monde entier, y compris en Europe et même en Russie, si du moins Moscou le demande.

Les experts occidentaux affirment que la Chine, au moins dans le domaine des logiciels et des systèmes d'exploitation, aura du mal d'ici 2022 à se passer des produits Microsoft, Windows et Apple. Ce serait notamment le cas concernant les portables, où l'OS chinois Kylin, initialement conçu par l'armée chinoise, se révèle encore non compétitif, même en Chine où il est peu utilisé. De plus, vu l'imbrication actuel des composants et des logiciels,comment distinguer facilement ceux qui seront d'origine chinoise ou d'origine étrangère ?

Mais il apparait que les informations disponibles aujourd'hui contredisent en grande partie ces "experts occidentaux". Les systèmes informatiques chinois sont déjà très indépendants de la technologies américaine, pour les applications comme pour les logiciels de base. D'une part, ils utilisent largement les systèmes en Open Source, accessibles à tous, du type de Red Hat ou Linux. D'autre part ils y développent des logiciels qui demeurent sous contrôle chinois, fut-ce en Joint Venture avec des start-up (s) américaines. Même concernant les produits Microsoft, surtout Windows, l'objectif reste plus difficile, mais ils travaillent activement. Des variantes Open Source sont déjà disponibles, mais moins aisées a mettre en oeuvre.

Pour le hardware, par contre, il reste beaucoup de travail à faire. Néanmoins les Chinois y s'emploient activement, là encore en collaboration avec des entreprises étrangères telles qu'AMD. Le point faible demeure encore le manque d'usines en Chine. Pour le moment, la Chine travaille en coopération avec Taiwan, mais elle veut s'affranchir rapidement de cette dépendance.

On notera qu'un des secteurs  principaux d'investissements chinois sera l'Intelligence Artificielle et les Big Data. Il ne serait pas question de laisser à d'autres le monopole dans ces problèmes essentiels. Inutile d'ajouter que l'industrie spatiale chinoise a déjà réalisé ses propres logiciels et que ceux-ci seront rapidement réutilisés, sous des versions moins spécialisées, dans les applications civiles.

Le Parti Communiste Chinois, qui gouverne pour le moment la Chine, n'hésite pas à affirmer, selon l'expression française, que  "quand on veut, on peut". 

 

 

Opération « 3-5-2 ». La Chine va se passer des technologies américaines en 3 ans !

Alors que les marchés financiers se demandent encore si Trump réussira à signer un « trade deal » – un accord commercial avec la Chine avant Noël, histoire que tous les revendeurs puissent charger la barque en containers entiers de chinoiseries inutiles et polluantes qui serviront à remplir aussi bien les rayons des supermarchés que les hottes des pères noël – la démondialisation est en pleine accélération.

La démondialisation est en marche, et rien ne semble plus pouvoir l’arrêter.

Le plan colossal de la Chine pour se passer des technologies américaines en 3 ans !

« Beijing orders state offices to replace foreign PCs and software » derrière ce titre du FT se cache une terrible réalité pour les mondialistes. En effet, le Financial Times indique que « Pékin ordonne que toutes les administrations remplacent les PC et logiciels étrangers » par des technologies 100 % chinoises.

Le monde est en train de se refermer.

Pékin vient de lancer un programme qui n’est ni plus ni moins qu’une purge technologique surnommée « 3-5-2 » pour 30 % en 2020, 50 % en 2021 et les 20 % en 2022. Ce sont les objectifs de réduction d’utilisation de technologies étrangères.

Cela sera valable évidemment pour les technologies américaines mais aussi européennes.

Le monde qui vient est un monde très technologique.

Dans ce monde, on sera soumis ou indépendant.

On ne peut pas être un peu soumis, ou un peu indépendant comme on ne peut pas être un peu enceinte !

Les fournisseurs américains seront, de facto, exclus de tous les marchés publics chinois, puis des grandes entreprises, puis de Chine.

La Chine veut que ses infrastructures soient « sécurisées et contrôlables ».

Lorsque nous déploierons toutes les voitures autonomes qui fonctionneront avec la 5G, car c’est à cela que va servir la 5G (pour l’internet des objets), si vous ne maîtrisez pas les risques, un pays tiers peut faire se rentrer dedans les 5 millions de voitures qui roulent à l’heure de pointe…

L’indépendance a un prix.

Elle a un coût.

Elle doit aussi se penser politiquement.

Notre pays est en train de laisser partir ses pépites technologies vers des intérêts étrangers au moment même où nous devrions penser notre puissance et protéger nos savoir-faire précieux.

Vive la France.

Charles SANNAT

« Ceci est un article « presslib » et sans droit voisin, c’est-à-dire libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Insolentiae.com est le site sur lequel Charles Sannat s’exprime quotidiennement et livre un décryptage impertinent et sans concession de l’actualité économique. Merci de visiter mon site. Vous pouvez vous abonner gratuitement à la lettre d’information quotidienne sur www.insolentiae.com. »

Source Financial Times ici

 
 
 
 
 
 

dimanche, 08 décembre 2019

Analyse de "The (real) Revolution in Military Affairs" d'Andrei Martyanov

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Analyse de "The (real) Revolution in Military Affairs"“ d'Andrei Martyanov

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Andrei Martyanov est un expert militaire réputé. Il s'est spécialisé dans l'étude des forces navales et terrestres russes ainsi que celle des  stratégies de leur utilisation.

Né à Bakou, URSS, en 1963, il a servi comme officier dans les Gardes Côtes soviétiques. Après l'effondrement de l'Union Soviétique, il s'est rendu aux Etats-Unis en 1990. Il travaille actuellement dans l'industrie aéro-spatiale américaine.

The (real) Revolution in Military Affairs“ est son second ouvrage. Le premier a été “Losing Military Supremacy: the Myopia of American Strategic Planning. Ces deux ouvrages étudient ce qu'il considère comme l'impuissance militaire américaine face à la Russie, ceci malgré un budget militaire annuel d'environ 700 milliards de dollars

The (Real) Revolution in Military affairs vise à démontrer l'irréalisme des dirigeants américains. Ils semblent avoir repris à leur compte l'affirmation prétentieuse du gourou américain Karl Rove « Nous sommes un Empire maintenant et nous créons notre propre réalité ».

L'ouvrage se présente comme un avertissement aux citoyens américains relativement à la guerre moderne au 21e siècle et à leur aveuglement en refusant de voir que la Russie et désormais la Chine ont fait des progrès considérables dans leur capacités militaires. Celles-ci ont radicalement remis en cause la suprématie américaine.

Martyanov montre en particulier que les modèles numériques utilisés dans les académies militaires pour simuler les enjeux et les modalités des guerres futures sont complètement dépassés. Ils utilisent pour ce faire des équations inspirées des lois dites “Osipov-Lanchester Laws” ou « Lanchester laws » du début du 20e siècle. Celles-ci sont résumées dans un article de Wikipedia auquel on pourra se reporter. Or Martyanov considère que pour des motifs techniques relatifs aux armements d'aujourd'hui, et a fortiori de demain, dont nous ne discuteront pas ici, elles ont perdu toute pertinence. De ce fait, les concepts de guerre hybride, de guerre numérique ou de guerre de 4e (5e) génération utilisés par les médias ne présentent aucun intérêt pratique.

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Son livre vise à préciser les caractéristiques de la guerre de demain au regard des nouveaux types d'armes et des probables façons dont celles-ci seront utilisées par les belligérants dans les prochaines années (ou décennies). Il pourra servir aux gouvernements visant à utiliser efficacement les budgets militaires dont ils se sont dotés, ne fut-ce que dans les opérations défensives ou dans la mise au point d'armements de dissuasion, visant à prévenir des conflits qui, même sans faire appel à l'arme nucléaire, provoqueront des dizaines ou centaines de millions de morts parmi les populations.

Pendant les années de guerre froide, les conflits furent évités parce que les experts militaires avaient une vue à peu près exacte des désastres réciproques qu'ils provoqueraient. C'est sans doute encore le cas en Russie et en Chine. Ni Vladimir Poutine ni Xi Jinping n'envisagent à tout propos d'utiliser à titre offensif les armements futuristes dont ils se sont désormais dotés, tels que le missile hypersonique Avanguard ou les systèmes anti-missiles S.400-S.500.

Ce n'est le cas aux Etats-Unis. Andrei Martyanov rappelle que le général Petraeus, considéré comme un « Ass-Kissing Little Chickenshit » ou « merde de poulet » par des opposants comme Ron Paul ou Tulsi Gabbard (laquelle vise à se présenter aux prochaines élections présidentielles), a longtemps conseillé le secrétaire à la défense Jim Mattis, dit « mad dog », voire Donald Trump lui-même.

Il précise que son livre n'est pas une simple critique de la stratégie américaine actuelle. Il vise à mieux informer les responsables de l'"Intelligence" ou du renseignement sur ce que seront nécessairement les prochains conflits. Ceci dans l'espoir qu'ils en avertiront les milieux politiques américains, afin qu'ils cessent de présenter  de prochaines guerre comme susceptibles d'assurer aux Etats-Unis un succès définitif face à la Russie, à la Chine ou aux deux réunies. 1)

Il n'est malheureusement guère  probable qu'il soit lu avec l'attention qu'il mérite au Pentagone ou à la Maison Blanche.

1) Ajoutons que l'attaque d'une enceinte extérieure russe telle que Kaliningrad par des forces conventionelles de l'Otan, souvent envisagée par celle-ci, entrainerait nécessairement une réponse nucléaire de la Russie, faute pour celle-ci de pouvoir riposter avec des moyens identiques.  

 

vendredi, 06 décembre 2019

Faut-il quitter l'Otan ?

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Faut-il quitter l'Otan ?

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

On retrouve dans la déclaration des dirigeants de l'Otan publiée à la suite de leur réunion de Londres des 3 et 4 décembre 2019 le langage convenu qui est traditionnel dans les comptes-rendu des réunions de l'Otan.

On pourra l'examiner en détail pour voir en quoi elle diffère des dernières réunions plénières précédentes. Mais il ne faudrait pas oublier que l'Otan a été et reste mise en place par les Etats-Unis pour enrégimenter les pays européens dans la perspective d'un conflit militaire, avec l'URSS initialement, par la suite avec la Russie. 

Les Etats-Unis voulaient initialement empêcher que l'URSS, devenue aujourd'hui la Fédération de Russie ( Российская Федерация, Rossiïskaïa Federatsiïa) n'envahisse ce qu'ils considèrent encore comme leur arrière-cour, sinon leur colonie, l'Europe de l'Ouest d'abord, le continent européen tout entier aujourd'hui. Très vite, cependant, au fur et à mesure que l'Union européenne s'affirmait, ils ont voulu en faire une base avancée, diplomatique mais aussi militaire, leur permettant de provoquer sinon d'attaquer la Russie sur ses frontières occidentales.

Celle-ci s'était donné progressivement la maîtrise de l'arme nucléaire, initialement conçue par le Pentagone comme devant rester son monopole. Même si aujourd'hui d'autres Etats disposent d'armements atomiques dits à courte et moyenne portée, la Russie possède des ICBM ou missiles intercontinentaux dotés d'une tête nucléaire susceptibles de détruire les centres vitaux américains. Elle ne cesse de les perfectionner tout en se dotant de nouvelles armes aujourd'hui imparables telles que les missiles hypersoniques. 

Contre ce danger, d'ailleurs en grande partie exagéré par la propagande américaine, les Etats-Unis ont plus que jamais  besoin de l'Europe. Ils y ont établi des dizaines de bases militaires où ils abritent des contingents importants de l'US Army. Leurs navires de guerre circulent librement dans les eaux territoriales européennes. Ils comptent aussi sur l'appui que leurs donneraient contre la Russie des forces européennes aujourd'hui renforcées. 

Au delà de cet intérêt, ils ont besoin des importantes importations de matériels militaires américains auxquelles procèdent les Européens, même la France qui s'est pourtant dotée depuis les origines d'une force nucléaire indépendante. Ils tentent aujourd'hui d'utiliser l'Otan pour faciliter leurs efforts de pénétration au Sahel et plus généralement en Afrique francophone. Plus significativement et plus dangereusement pour la paix mondiale, ils s'efforcent d'obtenir de l'Otan un appui dans la crise ukrainienne, terrain où ils se trouvent loin de leurs bases.

Le vrai risque qui menace aujourd'hui les Etats Européens est la volonté de l'internationale islamique (Daesh) de mettre progressivement la main sur l'Europe. Mais les Européens ne peuvent pas compter à cet égard sur l'Otan américanisé. Ils ne devraient pas oublier que Daesh a été dès son origine financée et aidée militairement par la CIA américaine en vue d'empêcher la Russie d'augmenter son influence au Moyen Orient. Aujourd'hui encore, il est possible que les services secrets américains continuent à aider le terrorisme islamique.

La Russie aujourd'hui ne menace pas la sécurité et l'indépendance des Etats européens membres de l'Otan. Celle-ci à d'autres priorités que d' « envahir l'Europe ». Il est de plus en plus visible par contre, pour ceux qui veulent bien voir, que ce danger provient de la maîtrise quasi absolue que se sont données les entreprises numériques américaines, notamment les GAFAS, sur l'Internet occidental. Cette maîtrise se traduit par le poids écrasant pris en Europe non seulement par la  culture américaine de loisir, mais sur les réseaux numériques à haut débit et les services associés qui, dans une large mesure, tiennent les Européens en servitude.

Ceux-ci ont été empêchés par Washington de se doter de variantes de l'Internet, technologiques et culturelles, véritablement européennes de souche, si l'on peut dire. Elles leur auraient permis de figurer dans le monde numérique de demain autrement que comme des relais passifs des Etats-Unis face aux internet chinois et russes qui se mettent actuellement en place.

Si les Européens voulaient vraiment se protéger, ils conviendraient que c'est tout autant à l'égard des Etats-Unis que de la Russie qu'ils devraient le faire. Autrement dit, ils devraient se retirer de l'Otan et construire entre eux des alliances non seulement économiques mais militaires capables d'assurer leur défense contre les dangers extérieurs actuels et futurs. L'Europe, 2e puissance économique du monde, aurait largement les moyens de se doter en propre des effectifs et des matériels nécessaires. Mais les gouvernements européens, dans leur écrasante  majorité des "puppets" de Washington, ne le feront jamais.  

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Annexe

 

Déclaration de Londres publiée par les dirigeants des pays de l'OTAN à leur réunion tenue à Londres les 3 et 4 décembre 2019

  1. Aujourd'hui, nous sommes réunis à Londres, là où l'OTAN a établi son premier siège, pour célébrer le 70e anniversaire de l'alliance la plus solide et la plus réussie de l'histoire, ainsi que pour commémorer le 30e anniversaire de la chute du rideau de fer. L'OTAN garantit la sécurité du territoire de nos pays et celle de leurs citoyens, au nombre d'un milliard, ainsi que notre liberté et les valeurs que nous partageons, parmi lesquelles la démocratie, la liberté individuelle, les droits de la personne et l'état de droit. La solidarité, l'unité et la cohésion sont des principes fondamentaux de notre Alliance. Alors que nous œuvrons ensemble à prévenir les conflits et à préserver la paix, l'OTAN reste le fondement de notre défense collective et le forum essentiel pour les consultations et la prise de décision en matière de sécurité entre Alliés. Nous réaffirmons le lien transatlantique qui unit durablement l'Europe et l'Amérique du Nord, notre adhésion aux buts et principes de la Charte des Nations Unies, ainsi que notre engagement solennel, inscrit dans l'article 5 du traité de Washington, selon lequel une attaque contre un Allié est considérée comme une attaque contre nous tous.
     
  2. Nous sommes résolus à partager le coût et les responsabilités qu'implique notre sécurité, qui est indivisible. Grâce à notre engagement en matière d'investissements de défense, nous augmentons ces investissements pour nous conformer aux seuils de 2 % et de 20 % qui y sont définis, nous investissons dans de nouvelles capacités et nous fournissons plus de forces pour les missions et opérations. Les dépenses de défense hors États-Unis ont augmenté pendant cinq années consécutives ; un montant supplémentaire supérieur à 130 milliards de dollars des États-Unis est investi dans la défense. Conformément à notre engagement inscrit dans l'article 3 du traité de Washington, nous continuons de renforcer notre capacité individuelle et collective de résistance à toute forme d'attaque. Nous accomplissons des progrès appréciables. Nous devons et nous allons faire davantage.
     
  3. Nous sommes confrontés, en tant qu'Alliance, à des menaces et défis distincts, qui émanent de toutes les directions stratégiques. Les actions agressives de la Russie constituent une menace pour la sécurité euro-atlantique ; le terrorisme sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations demeure une menace persistante pour nous tous. Des acteurs étatiques et non étatiques mettent à mal l'ordre international fondé sur des règles. L'instabilité observée au-delà de nos frontières favorise aussi la migration irrégulière. Nous sommes confrontés à des menaces cyber et hybrides.
     
  4. L'OTAN est une alliance défensive et ne représente une menace pour aucun pays. Nous adaptons nos capacités, notre stratégie et nos plans militaires dans l'ensemble de l'Alliance conformément à notre approche à 360 degrés en matière de sécurité. Nous avons pris des décisions afin d'améliorer la disponibilité opérationnelle de nos forces pour qu'elles puissent répondre à tout moment à n'importe quelle menace, d'où qu'elle vienne. Nous restons déterminés dans notre engagement à lutter contre le terrorisme et nous agissons ensemble avec une plus grande fermeté pour en venir à bout. Nous agissons et continuerons d'agir d'une manière mesurée et responsable face au déploiement par la Russie de nouveaux missiles de portée intermédiaire, qui sont à l'origine de l'extinction du traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI) et qui font peser des risques importants sur la sécurité euro-atlantique. Nous intensifions notre action pour protéger nos libertés, en mer et dans les airs. Nous renforçons encore notre aptitude à assurer la dissuasion et la défense par une combinaison appropriée de capacités nucléaires, conventionnelles et de défense antimissile, que nous continuons d'adapter. Aussi longtemps qu'il y aura des armes nucléaires, l'OTAN restera une alliance nucléaire. Nous sommes pleinement attachés à la préservation et au renforcement d'un système efficace de maîtrise des armements, de désarmement et de non-prolifération, compte tenu de l'environnement de sécurité du moment. Les Alliés sont fermement attachés à la pleine mise en application du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) dans tous ses aspects, à savoir le désarmement nucléaire, la non-prolifération et les utilisations de l'énergie nucléaire à des fins pacifiques. Nous restons ouverts au dialogue, et à la perspective d'établir une relation constructive avec la Russie lorsque les actions de cette dernière le permettront.
     
  5. Nous nous employons à accroître la sécurité pour tous. Nous avons renforcé les partenariats dans notre voisinage et au-delà, approfondissant le dialogue politique, le soutien et la collaboration qui s'exercent avec les pays partenaires et les organisations internationales. Nous réaffirmons notre engagement en faveur de la sécurité et de la stabilité à long terme en Afghanistan. Nous accroissons notre coopération avec l'Organisation des Nations Unies ; des progrès sans précédent sont enregistrés dans la coopération OTAN­UE. Nous sommes attachés à la politique de la porte ouverte de l'OTAN, qui renforce l'Alliance et a apporté la sécurité à des millions d'Européens. La Macédoine du Nord, présente à nos côtés en ce jour, deviendra bientôt le tout nouveau membre de notre Alliance. Nous sommes déterminés à assurer la réussite de toutes nos opérations et missions. Nous rendons hommage à tous les hommes et à toutes les femmes qui ont servi au nom de l'OTAN, et nous honorons la mémoire de tous ceux qui ont sacrifié leur vie pour préserver notre sécurité.
     
  6. Pour maintenir notre sécurité, nous devons regarder ensemble vers l'avenir. Nous prenons en compte l'éventail et l'étendue des nouvelles technologies pour conserver notre avance technologique, tout en préservant nos valeurs et nos normes. Nous continuerons d'accroître la résilience de nos sociétés, ainsi que de nos infrastructures critiques et de notre sécurité énergétique. L'OTAN et les Alliés, dans les limites de leurs compétences respectives, sont déterminés à garantir la sécurité de leurs communications, y compris la 5G, conscients de la nécessité de recourir à des systèmes sécurisés et résilients. Nous avons déclaré l'espace en tant que milieu d'opérations de l'OTAN, reconnaissant ainsi son importance s'agissant de préserver notre sécurité et de relever les défis en la matière, dans le respect du droit international. Nous étoffons nos moyens d'action face aux cyberattaques, et nous renforçons notre aptitude à assurer la préparation, la dissuasion et la défense face aux tactiques hybrides visant à porter atteinte à notre sécurité et à nos sociétés. Nous développons le rôle de l'OTAN en matière de sécurité humaine. Nous sommes conscients que l'influence croissante et les politiques internationales de la Chine présentent à la fois des opportunités et des défis, auxquels nous devons répondre ensemble, en tant qu'Alliance.
     
  7. Compte tenu de l'évolution de l'environnement stratégique, nous invitons le secrétaire général à présenter aux ministres des Affaires étrangères une proposition approuvée par le Conseil pour que soit mené, sous les auspices du secrétaire général, avec le recours à l'expertise pertinente, un processus de réflexion prospective visant à renforcer encore la dimension politique de l'OTAN, y compris la consultation.
     
  8. Nous exprimons notre gratitude au Royaume-Uni pour l'accueil généreux qui nous a été réservé. Nous nous réunirons de nouveau en 2021.
     
  9. En des temps difficiles, nous sommes plus forts de par notre Alliance, et nos populations plus en sécurité. Le lien qui nous unit et notre engagement mutuel garantissent nos libertés, nos valeurs et notre sécurité depuis 70 ans. Nous agissons aujourd'hui afin de faire en sorte que l'OTAN soit la garante de ces libertés, de ces valeurs et de cette sécurité pour les générations à venir.