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vendredi, 25 mars 2016

Choc des civilisations : théorie ou stratégie?

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Choc des civilisations : théorie ou stratégie?

Conférence de Youssef Hindi et Jean-Michel Vernochet à Nancy

L’équipe d’E&R Lorraine recevra Youssef Hindi et Jean-Michel Vernochet à Nancy le samedi 26 mars 2016 à 15h pour une conférence sur le thème du « Choc des civilisations ».

En préambule de la conférence, les participants pourront assister à la projection du documentaire Chrétiens d’Orient, de Sylvain Durain.

Réservations : ERLorraine54@gmail.com

Entrée : 5 euros.

 

La Route de la soie du XXIe siècle: «Une ceinture – une route»

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La Route de la soie du XXIe siècle: «Une ceinture – une route»

par Živadin Jovanovic, président du «Belgrade Forum for a World of Equals»

Ex: http://www.horizons-et-debats.ch

Débuts mars, je suis de retour de Chine. J’y ai participé à un laboratoire d’idées de l’Initiative «Nouvelle Route de la soie du XXIe siècle», fondée par le président chinois Xi Jinping en 2013. La conférence a eu lieu dans la région chinoise de Shenzhen, avec 80 participants d’une cinquantaine de pays de l’Europe, de l’Asie, du Proche-Orient et de l’Amérique latine. Des représentants officiels importants de nombreux pays y participaient, par exemple d’importants diplomates israéliens, iraniens, biélorusses, kirghizes, afghanes et kazakhes. On y trouvait des politiciens connus comme l’ancien chancelier autrichien Alfred Gusenbauer, l’ancienne présidente kirghize Rosa Otunbayeva et d’autres personnes.


La conférence a été organisée par le Chinese Center for Contemporary World Studies (CCCWS), le gouvernement de la ville de Shenzhen et l’Université Fudan de Shanghai. L’Association internationale de la Nouvelle Route de la soie a été fondée et la Déclaration de Shanghai a été divulguée.


Les invités visitèrent en outre Pékin, Chong­qing et le district Dazu dans la province de Sichuan. Shenzhen est le centre de la production de téléphones portables et a, avec ses 13 millions d’habitants, une population presqu’aussi grande que Hongkong. Les visiteurs furent accueillis par une représentation du gouvernement, par des politiciens et des scientifiques de Pékin.


J’ai appris que Chongqing est la plus grande ville de Chine. Elle est située au bord du fleuve Yangzi, a 33 millions d’habitants, produit chaque année 3 millions de voitures et 55 millions d’ordinateurs portables. Elle joue un rôle central pour la relation de la Chine centrale vers l’est en direction de l’Océan pacifique et vers l’Asie du Sud-Est, et vers l’ouest en direction de l’Asie centrale, la région de Volgograd en Russie et l’Europe centrale. Les présidents chinois et russe, Xi Jinping et Vladimir Poutine soutiennent particulièrement cette relation entre Chongqing et Volgograd.


La Route de la soie est un projet d’envergure mondiale pluridimensionnel, ayant pour but la modernisation et l’intensification du partenariat financier entre la Chine, l’Asie, l’Afrique et toute l’Europe. Ceci permet l’évolution économique tout le long de l’immense ceinture de la nouvelle Route de la soie et intensifie la collaboration culturelle, instaure la compréhension et la confiance mutuelle entre les Etats et les civilisations. Pour la réaliser, il est nécessaire de construire ou de moderniser les routes, les chemins de fer, les installations pour les transports maritimes, le réseau aérien, les systèmes énergétiques et de communication, la production industrielle et agroalimentaire. Environ 900 milliards de dollars de fonds chinois sont nécessaires. L’UE devrait contribuer 315 milliards de dollars en plus pour assurer le plein succès du projet. Cependant, selon certaines sources, l’UE ne serait en mesure d’assurer actuellement que 60 milliards et a demandé le reste du montant à la Chine. Pour le moment, les Etats-Unis ne semblent pas vouloir participer ou soutenir cette initiative chinoise pour la nouvelle Route de la soie.


Les Etats-Unis n’ont pas adhéré à la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures, en réalité d’origine chinoise, (Asian Infrastructure Investment Bank – AIIB) malgré le fait que cette banque ait attiré déjà plus de 60 pays qui en sont membres, y compris les plus proches alliés des Etats-Unis en Europe, telle la Grande-Bretagne. Par contre, on croit observer que les Etats-Unis tentent de rassembler tous les pays de l’espace asiatique et pacifique, ayant pour une raison ou une autre une tendance à hésiter à collaborer avec la Chine ou bien ayant des conflits avec elle. Ainsi, les Etats-Unis tentent de créer un contrepoids à cette initiative chinoise ou même de la bloquer. Washington n’est guère ravi de la participation de l’Union européenne à la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures. Pour cette raison, les Américains multiplient leurs efforts pour pousser Bruxelles à accepter le TTIP aussi rapidement que possible et à mettre cet accord de libre-échange transatlantique en vigueur. C’est une sorte de course de la vie à la mort, pas seulement entre adversaires, mais également entre pays habituellement alliés. Pour certains pays, cela s’explique en raison de causes économiques, pour d’autres en raison de causes géopolitiques.

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Outre l’UE, adhérente à cette initiative notamment pour des raisons économiques, il s’est formé, il y a trois ans, le groupe «Chine plus 16» pour soutenir les intérêts des pays d’Europe centrale et du Sud-Est au sein de cette initiative. Pour le moment, la Chine a mis à disposition 10 milliards de dollars à ce groupe particulier pour divers projets d’infrastructure. La Serbie devrait obtenir 1,5 milliard de dollars, ce qui attribue une certaine importance à ce pays. Une partie de ce montant a déjà été investie dans la construction de deux ponts – l’un sur le Danube, l’autre sur la Sava. Le reste est réservé à la modernisation de la voie ferroviaire entre Belgrade et Budapest. Ce n’est que le début de la modernisation du «corridor européen no 10» qui reliera les ports de Pirée et de Thessaloniki en Grèce avec l’Europe centrale et septentrionale.


La Chine a également entrepris la construction d’une autoroute entre Belgrade et Bar (situé au Monténégro sur la côte adriatique), et le projet thermoélectrique «Obrenovac II». Simultanément, des négociations sont en cours pour la construction d’un parc industriel dans une zone franche, qui sera le premier projet de ce type dans cette partie de l’Europe. Dans tous les projets serbo-chinois, il est prévu de respecter méticuleusement les normes européennes élevées de la protection de l’environnement. Certains participants de la Conférence de Shenzhen ont souligné l’importance de relier les «trois mers», donc la mer Adriatique, la mer Noire et la mer Baltique. Pour ce faire, la voie navigable du Danube sera améliorée et modernisée.


L’initiative de la Nouvelle Route de la soie (en bref: «Une ceinture – une Route») tout juste lancée, il y a quatre ans, comprend déjà dans son projet, le long de cette ceinture, 75 zones franches avec des parcs industriels dans 35 pays. Environ 950'000 personnes ont trouvé un emploi et ces activités ont rapporté jusqu’à présent plus de 100 milliards de dollars de recettes fiscales aux pays participants. S’y ajoutent de nouvelles autoroutes, des lignes de chemins de fer, des ports et des ponts. C’est donc un début prometteur pour cette initiative «Nouvelle Route de la soie», malgré la misère du reste de l’économie mondiale.    •
(Traduction Horizons et débats)

 

Terroristes en Chine et en Syrie

«Un rôle-clé dans l’initiative de la nouvelle Route de la soie doit être attribué à l’actuelle région autonome ouïgoure du Xinjiang où passaient autrefois deux des anciennes voies commerciales les plus importantes au nord et au sud du désert du Taklamakan. […] Depuis les années 1990, il y a constamment des troubles au Xinjiang et des attaques terroristes visant les Chinois Han vivant dans la région. Bien qu’il y ait depuis l’époque des Han, des Chinois ethniques vivant au Xinjiang – dont la part de la population n’a guère changé depuis le début du XIXe siècle – et bien que la République populaire de Chine ait une des lois sur les minorités les plus progressistes du monde, il reste une petite partie des Ouïgoures percevant la politique chinoise comme une menace pour leur ethnie et aspirant donc à un Etat indépendant. […] Le Mouvement islamique du Turkestan oriental (MITO), fondé par des terroristes ouïghours, a revendiqué la responsabilité de plusieurs attentats au Xinjiang et dans d’autres parties de la Chine. Il n’aspire pas seulement à l’indépendance du Xinjiang, mais également à l’installation d’un califat d’Asie centrale. Aux services de quels pouvoirs se trouve le MITO, relève de plusieurs circonstances intéressantes: après les attaques contre le World Trade Center de New York le 11 septembre 2001, il fut placé sur la liste des groupes terroristes par les Etats-Unis et en fut à nouveau biffé en 2004. Aujourd’hui, les unités du MITO se battent aux côtés des groupes terroristes en Syrie. Comme d’autres forces anti-syriennes, le MITO profite du soutien de la Turquie. C’est ainsi que la ville de Jisr al-Choghour, près de la frontière turque entre Idleb et Lattaquié, a été colonisée à l’aide des services de sécurité turques après sa ‹libération› des Ouïghours exilés – beaucoup d’entre eux étant venus de la Turquie – et sert depuis de camp d’entraînement pour le MITO».

Extrait de Hannes A. Fellner: «Handel statt Krieg». In: junge Welt du 7/3/16

«Coopération internationale pacifique au bénéfice de toutes les parties concernées»

«Ce n’est donc pas un hasard si le gouvernement chinois actuel utilise pour son initiative le nom de ‹Route de la soie›. Pour la République populaire, il est synonyme, en tant que paradigme – dans l’esprit de la stratégie chinoise du soft power –, pour un échange économique et culturel, basé sur la coopération internationale pacifique au bénéfice de toutes les parties concernées. L’initiative «une ceinture – une route» vise d’abord à l’intégration, dans une zone économique commune, des pays et régions limitrophes à l’ancienne Route de la soie (Chine, Afghanistan, nord de l’Inde et du Pakistan, Tadjikistan, Kazakhstan, Kirghizistan, Ouzbékistan, Turkménistan, nord de l’Iran, Irak, Syrie). La procédure est de développer les infrastructures, de simplifier et d’intensifier le commerce et de renforcer les contacts culturels. Le plan prévoit, entre autre, la construction de lignes de chemins de fer pour les trains à grande vitesse d’une longueur de 80?000 kilomètres.»

Extrait de Hannes A. Feller: «Handel statt Krieg». In: junge Welt du 7/3/16

Les États-Unis accélèrent leur encerclement militaire de la Chine

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Les États-Unis accélèrent leur encerclement militaire de la Chine

Auteur : Peter Symonds
Ex: http://zejournal.mobi

Les États-Unis et les Philippines ont annoncé vendredi dernier que cinq des bases militaires du pays seraient ouvertes aux forces américaines en vertu de l’Accord de la coopération renforcée de défense (EDCA). La mise en œuvre de l’accord sur les bases militaires aux Philippines n’est qu’un des composants de l’accélération du renforcement militaire des États-Unis dans la région Indo-Pacifique dans le cadre de l’encerclement et des préparatifs de guerre contre la Chine.

Les deux pays ont signé l’accord EDCA en 2014, mais la Cour suprême des Philippines vient seulement de rejeter les contestations judiciaires à l’accord en janvier. L’annonce de la semaine dernière faisait suite à deux jours de discussions de haut niveau à Washington autour d’une offre par l’administration philippine faite en février pour rendre huit bases militaires disponibles aux militaires américaines.

Les cinq « lieux convenus » comprennent la base militaire aérienne Antonio Bautista, sur l’île de Palawan, directement adjacente aux îles contestées de Spratley dans la mer de Chine méridionale. Au cours de la dernière année, Washington a considérablement accru les tensions avec Pékin, en dénonçant ses activités de remblaiement dans les îles et la « militarisation » de la mer de Chine méridionale. En octobre dernier et à nouveau en janvier, les destroyers de la marine des États-Unis ont directement contesté les revendications maritimes chinoises par intrusion dans la limite territoriale de 12 milles marins autour des îlots administrés par la Chine.

L’armée américaine aura également accès à la base aérienne de Basa au nord de Manille, le Fort Magsaysay (une base militaire énorme), la base aérienne de Lumbia au Cebu et la base aérienne de Mactan-Benito Ebuen à Mindanao. Le Secrétaire à la Défense américain, Ashton Carter, doit se rendre à Manille le mois prochain pour finaliser les arrangements. Cependant, l’ambassadeur américain aux Philippines, Philip Goldberg, a déclaré aux médias qu’il s’attendait à ce que le mouvement initial des fournitures et du personnel commence « très bientôt. » Le Congrès américain a mis de côté 66 millions de dollars pour la construction d’installations militaires aux Philippines.

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Pékin a condamné la nouvelle entente sur les bases militaires et a mis en garde contre le risque de conflit. Un commentaire publié samedi par l’agence de presse Xinhua appartenant à l’État a accusé Washington de « troubler les eaux de la mer de Chine méridionale et de faire de l’Asie-Pacifique un second Moyen-Orient. » Le lundi, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Hua Chunying a souligné l’hypocrisie des États-Unis, accusant la Chine de « militariser » la mer de Chine méridionale, en criant : « n’est-ce pas ce genre de renforcement continu des déploiements militaires en mer de Chine méridionale et dans les régions avoisinantes qu’ils considéraient comme de la militarisation ? »

Au moment où les États-Unis se préparaient à redéployer les forces militaires dans leur ancienne colonie, le général Dennis Via, chef du Materiel Command de l’armée américaine, a révélé aux médias la semaine dernière que Washington avait obtenu d’autres accords sur des bases militaires en Asie, dont le Vietnam, le Cambodge et d’autres pays qui n’ont pas été nommés. En vertu de ces accords, l’armée américaine sera en mesure de stocker des équipements pour permettre à ses troupes d’être déployées plus rapidement dans la région.

Via a souligné que les « ensembles d’activités » seraient axés sur les opérations de faible intensité telles que les exercices multinationaux de formation et les opérations de secours. « Nous regardons, par exemple, vers le Cambodge pour le placement d’un hôpital de soutien au combat », a-t-il dit.

Les assurances qu’une présence militaire américaine sera bénigne sont sans valeur. Comme aux Philippines, le Pentagone avance avec précaution afin de ne pas enflammer immédiatement une opposition à une présence militaire étrangère. Dans le cas du Cambodge et du Vietnam, la mort et la destruction causées dans les deux pays par la guerre néocoloniale de Washington dans les années 1960 et 1970 sont profondément gravées dans la conscience populaire.

Washington a déjà noué des relations plus étroites diplomatiques, économiques et militaires avec le régime vietnamien, y compris le soutien de sa position plus agressive dans ses différends avec la Chine en mer de Chine méridionale. Les États-Unis ont levé l’embargo sur la vente d’armes au Vietnam, ont mené des exercices militaires conjoints et cherchent un meilleur accès aux installations portuaires. Toutefois, le placement des fournitures de l’armée américaine à l’intérieur du Vietnam pour la première fois depuis que les troupes américaines ont été contraintes de se retirer en 1975 marque un tournant dans la collaboration du régime avec l’impérialisme américain.

Beijing sera encore plus préoccupé par la décision du Cambodge d’accueillir des équipements militaires américains. Le régime cambodgien a des liens étroits avec la Chine et a tenté de bloquer les efforts américains visant à faire pression sur l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE) pour qu’elle prenne une position plus conflictuelle contre la Chine sur la mer de Chine méridionale. Néanmoins, les États-Unis ont développé des liens de défense avec le Cambodge depuis 2006. Ceux-ci comprennent un peu d’entraînement, des droits de faire escale, et des exercices conjoints. Washington a également exploité l’Initiative du sud du Mékong (LMI) afin d’enfoncer un coin entre d’une part le Cambodge, le Vietnam, le Laos et la Thaïlande, et de l’autre, la Chine qui construit des barrages sur le cours supérieur du fleuve Mékong.

Les accords de bases militaires les plus récents avec les Philippines, le Vietnam et le Cambodge viennent conforter le stationnement des navires de combat côtier de la marine des États-Unis à Singapour et la collaboration militaire plus étroite avec l’Indonésie et la Malaisie. L’expansion rapide de la présence militaire américaine en Asie du Sud-Est va de pair avec la restructuration des bases militaires américaines permanentes en Corée du Sud, au Japon et à Guam, la mise à niveau du partenariat stratégique des États-Unis avec l’Inde, et les préparatifs du stationnement de bombardiers stratégiques de longue portée dans le nord de l’Australie.

Ce renforcement militaire de la part des États-Unis fait partie du « pivot vers l’Asie » que l’Administration Obama avait annoncé officiellement en 2011, une stratégie globale diplomatique, économique et militaire visant à subordonner la Chine aux intérêts de Washington. Le « pivot » a considérablement enflammé les poudrières potentielles de la guerre dans toute la région, et en particulier à travers ses activités provocatrices dans la mer de Chine méridionale.

À Canberra la semaine dernière, l’amiral Scott Swift, commandant de la Flotte du Pacifique des États-Unis, a lancé une autre bordée contre la Chine, déclarant que « la liberté des mers » était « de plus en plus vulnérable à une résurgence menée par un état du principe que la force fait le droit. » Il a déclaré qu’il était troublé par « les signes indéniables de militarisation dans certaines parties de la région, sans précédent par leur étendue et leur échelle. »

Le cynisme de ces déclarations ne connaît aucune limite. La marine américaine a non seulement réalisé deux opérations de « liberté de navigation » dans les eaux territoriales revendiquées par la Chine, mais aussi, plus tôt ce mois-ci, elle a envoyé le porte-avions nucléaire, le USS John C Stennis, avec son groupe d’attaque associé, en mer de Chine méridionale pendant quatre jours d’exercices et de patrouilles. Au cours du dernier quart de siècle, les États-Unis sont passés outre et ont foulé aux pieds le droit international sur la base de « la force fait le droit » en se livrant à une succession continue de guerres, interventions militaires et provocations.

Maintenant, Washington se prépare à la guerre à une échelle encore plus terrible avec la Chine en mettant les pays de la région sous pression afin de les faire rentrer dans les rangs. La visite de Swift à Canberra coïncide avec une campagne concertée pour faire pression sur le gouvernement australien pour monter sa propre opération « liberté de navigation » dans la mer de Chine méridionale – un exercice militaire téméraire qui implique toujours le risque d’une erreur de calcul ou une erreur déclenchant un conflit plus large.


- Source : WSWS

jeudi, 24 mars 2016

Géopolitique de l’Afrique du Sud

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Géopolitique de l’Afrique du Sud

Par François LAFARGUE

Ex: http://cerclenonconforme.hautetfort.com & http://www.diploweb.com

Extrait de l’ouvrage du 8e festival de Géopolitique de Grenoble: François Lafargue, "Géopolitique de l’Afrique du Sud. Une nation en construction", Coll. Major, PUF.

La publication de cet extrait s’inscrit dans le contexte du 8e Festival de Géopolitique de Grenoble consacré aux "Dynamiques africaines" du 16 au 19 mars 2016. Du mercredi 16 h30 au samedi 20 h 15 de nombreuses conférences sont retransmises en direct sur le site festivalgeopolitique.com

Une nation orpheline de ses rêves

QUELLE sera l’évolution de l’Afrique du Sud dans les dix à quinze prochaines années ? Sans se fourvoyer dans une prospective hasardeuse, l’histoire contemporaine de l’Afrique nous permet de tirer quelques enseignements utiles pour l’avenir.

Une évolution similaire à celle du Zimbabwe

L’hypothèse d’une évolution de l’Afrique du Sud à l’image de celle du Zimbabwe de Robert Mugabe ces quinze dernières années est malheureusement concevable. Vingt ans après le premier scrutin libre et la célébration de la « nation arc-en-ciel », l’Afrique du Sud est une société gangrenée par la violence et incapable de cicatriser les plaies de l’apartheid. Le programme électoral de Jacob Zuma lors de sa première élection en mai 2009 se voulait une rupture avec les années de Thabo Mbeki qui avait su, par une politique économique prudente, rassurer les investisseurs étrangers. Mais son action avait été jugée trop favorable à la classe moyenne noire. Zuma avait promis d’engager une politique de redistribution sociale plus équitable, tout en restant très imprécis à propos de son financement. Jacob Zuma a eu bien du mal, avec ses alliés, le Parti communiste sud-africain (SACP) et la puissante centrale syndicale COSATU, à honorer ses promesses. Sa démagogie a provoqué une profonde frustration au sein des populations les plus défavorisées, qui s’étaient laissé séduire par son charisme et ses discours. Cette déception explique le résultat mitigé de l’ANC au dernier scrutin législatif. Zuma doit surtout sa réélection à l’absence d’une réelle alternative électorale et à la forte mobilisation de l’électorat zoulou. Dans les années à venir, confronté à une opposition politique de plus en plus violente (très régulièrement, les manifestations dégénèrent en affrontements meurtriers), le pouvoir pourrait être tenté de s’appuyer sur des forces supplétives, des milices populaires, composées principalement de Zoulous et chargées de rétablir l’ordre dans les townships qui leur sont familiers.

Ce climat insurrectionnel justifierait alors la restriction des libertés publiques, avalisée par le Parlement où l’ANC détient encore une très large majorité. Pour atténuer les critiques, Zuma pourrait être tenté, à l’instar de Robert Mugabe au milieu des années 1990, d’exacerber les tensions raciales en encourageant l’occupation des terres agricoles détenues par les Européens et en cristallisant sur cette minorité le mécontentement social. Même des personnalités modérées, comme Cyril Ramaphosa, contribuent par leurs propos à envenimer les tensions raciales. En novembre 2013, alors vice-président de l’ANC, il encourageait les jeunes noirs à s’inscrire sur les listes électorales pour éviter « le retour au pouvoir des Boers » et leur domination. La nationalisation des entreprises du secteur minier, déjà réclamée par certains élus de l’ANC, pourrait également être engagée. En 2002, la législation minière du pays a été modifiée, mettant un terme au régime d’accession jusque-là en vigueur et dans lequel le propriétaire du sol est également celui du sous-sol. La Loi sur le développement des ressources minérales et pétrolières permet à l’État d’attribuer des licences de prospection et d’exploitation des gisements de matières premières. Les autorités publiques se réservent le droit de révoquer les permis miniers si l’exploitant ne respecte pas suffisamment certaines dispositions sociales, comme la priorité d’embauche accordée aux femmes, des mesures destinées à améliorer la qualification de la main-d’œuvre, ou encore la mise à disposition de logements décents pour les mineurs. En échange de ces obligations, les droits d’exploitation sont portés à trente années. La nationalisation des groupes miniers et la création de milliers d’emplois publics, s’inscrivent dans une volonté de mieux contrôler la production de richesses. Les institutions de la jeune démocratie sud-africaine restent encore trop fragiles pour pouvoir éviter une dérive autocratique du régime.

Au Zimbabwe, la minorité européenne a massivement quitté le pays à partir du milieu des années 1990 pour regagner la Grande-Bretagne. Un tel scénario n’est pas envisageable pour une partie des Blancs d’Afrique du Sud, d’origine hollandaise, qui ne bénéficient pas d’une double citoyenneté. Les Afrikaners seront sans doute contraints, comme au xixe siècle face aux Britanniques, de résister par la force. Les perspectives qui s’ouvrent alors pour eux sont la mort ou le départ forcé vers d’autres pays d’Afrique comme la Namibie. Les Afrikaners pourraient aussi revendiquer la création de leur propre État, mais sans voir ce rêve se concrétiser. Ce projet avait été défendu au moment de la transition institutionnelle (1991-1994) par le général Viljoen. Ancien commandant en chef de l’armée sud-africaine (1980-1985), Viljoen dirige alors l’Afrikaner Volksfront, et menace de provoquer une sécession pour créer un « État », le Volkstaat, réservé aux Blancs. Conscient du faible soutien des Afrikaners à son entreprise et devant la détermination de Frederik de Klerk de parvenir à un compromis avec l’ANC, Viljoen renonça à ses projets. Mais ce dessein est peu envisageable aujourd’hui, car quelles seraient les frontières d’un tel État et sa viabilité économique ?

Des enclaves réservées aux Blancs se sont déjà constituées comme à Kleinfontein (cité de Tshwane), qui compte un millier de résidents ou à Orania, dans la province du Cap du Nord. Les promoteurs de ces projets, qui restent encore isolés, s’appuient sur la Constitution qui reconnaît dans son article 185 le droit aux minorités de protéger leur langue, leur culture et leur religion. Jacob Zuma, en se rendant à Orania en septembre 2010, a reconnu le droit des Afrikaners à défendre leur culture, mais sans apporter de réponse concrète à leur désarroi.

Surtout, l’espoir des Sud-Africains blancs est de vivre dans une Afrique du Sud démocratique. Les Afrikaners refusent d’être encore stigmatisés et rappellent que les Empires coloniaux furent le théâtre de sévices corporels, jamais punis, infligés aux autochtones, particulièrement au Congo belge. Les Européens ont le sentiment que la transition institutionnelle a été menée à leur détriment. Leurs représentants auraient dû leur obtenir davantage de droits (comme un quota d’élus au Parlement), et choisir la voie d’une cogestion du pays plutôt qu’un transfert du pouvoir sans aucune garantie. Un reproche d’autant plus justifié que l’ANC n’avait pas gagné la guerre contre le pouvoir blanc, et que l’effondrement de l’Union soviétique privait l’ANC d’un précieux soutien, éloignant davantage la perspective d’une victoire par les armes.

La criminalité alimente cette peur d’un « génocide blanc », que confirment partiellement les chiffres puisque depuis 2000, plusieurs milliers de Sud-Africains blancs sont décédés d’une mort violente. Au regard de l’histoire contemporaine de l’Afrique, la présence de cette minorité blanche en Afrique du Sud semble ne pas devoir durer. Ces Européens connaîtront le même sort que les Français d’Algérie ou les Britanniques de Rhodésie du Sud. Près de 400 000 Blancs (10 % des Européens), principalement des Afrikaners, vivent dans la pauvreté, regroupés dans des campements de fortune pour mieux se protéger. Leur colère n’est pas canalisée par une formation politique. Frederik de Klerk est ici souvent comparé à Mikhaïl Gorbatchev, deux hommes estimés en Occident pour leur sagesse, mais jugés très sévèrement dans leur pays natal. Ces Blancs souvent peu qualifiés ne parviennent plus à trouver un travail dans un pays où la couleur de la peau prime sur la compétence.

Le scénario de la guerre civile

L’hypothèse d’une guerre civile entre Sud-Africains est malheureusement à envisager. La violence dans le pays demeure endémique et rien ne semble pouvoir l’enrayer. Depuis le milieu des années 1990, près de 20 000 morts par arme à feu sont à déplorer en moyenne chaque année. Une certaine résignation s’est installée devant l’inefficacité du gouvernement dans la lutte contre la criminalité, un état d’esprit qui amène les habitants à organiser des groupes d’autodéfense. Les clivages raciaux demeurent profonds, naturellement entre Blancs et Noirs, mais également au sein de la population noire, entre Zoulous et Xhosas.

L’élection de Jacob Zuma à la tête de l’ANC a été perçue comme une revanche des Zoulous, jusque-là tenus à l’écart des instances de décision du mouvement. Le processus de transition constitutionnelle avait été engagé par des responsables noirs, principalement des Xhosas comme Chris Hani (jusqu’à son assassinat en avril 1993) ou encore Walter Sisulu. Pendant les années de la présidence de Thabo Mbeki (mai 1999 – septembre 2008), la plupart des postes de l’appareil d’État échappèrent à des personnalités zouloues. Parmi les portefeuilles régaliens, seul celui des Affaires étrangères est occupé par une Zouloue (Nkosazana Dlamini-Zuma). Dans un souci de réconciliation nationale, Thabo Mbeki avait nommé deux vice-présidents zoulous. Le premier, Jacob Zuma, fut contraint de démissionner en juin 2005 à cause de son implication dans une affaire de corruption. Et son successeur, Phumzile Mlambo-Ngcuka, était une fidèle de Mbeki. Son époux, Bulelani Ngcuka, un Xhosa, fut en qualité de procureur, à l’origine des poursuites pénales engagées contre Zuma.

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Après sa démission du poste de vice-président en juin 2005, Jacob Zuma s’est présenté comme la victime d’un complot politique ourdi par Thabo Mbeki et l’élite xhosa de l’ANC. Zuma dénonce la marginalisation des Zoulous depuis l’instauration de la démocratie et se dit être la victime d’une conspiration. Fier de sa culture, Zuma n’hésite pas à porter des vêtements en peau de léopard et un pagne lors des manifestations traditionnelles au Kwazoulou, et à s’afficher avec le roi zoulou, Goodwill Zwelithini, l’un de ses plus fidèles soutiens. Ses partisans ont été encouragés à porter des vêtements sur lesquels figurait la mention « 100 % Zulu boy ». Ce discours identitaire a été d’autant plus efficace que Zuma, de par sa personnalité (sa polygynie assumée et son instruction rudimentaire), a fait l’objet de sarcasmes.

Jacob Zuma, dont la candidature a très longtemps été contestée au sein de l’ANC, a souvent tenu un discours ethnique pour assurer sa victoire. Et dans son gouvernement formé en 2009, la plupart des ministères régaliens échappèrent à la minorité xhosa. Kgalema Motlanthe (un Pedi, un peuple très proche des Sothos) est nommé vice-président, Nathi Mthethwa, un Zoulou, est confirmé dans ses fonctions de ministre de la Police qu’il occupait déjà dans le gouvernement précédent. Les personnalités xhosas du gouvernement sont des opposants notoires à Mbeki comme Lindiwe Sisulu, nommée ministre de la Défense, fille de Walter Sisulu, l’un des compagnons d’arme de Nelson Mandela.

Deux hypothèses se dessinent actuellement. Le discours ethnique n’aura été qu’un argument électoral assurant à Zuma une victoire incontestable au sein de l’ANC, puis lors du scrutin présidentiel. Ou bien ces divisions finiront par s’exacerber amenant le pays vers un conflit ethnique opposant les Zoulous aux autres peuples noirs d’Afrique du Sud. Jacob Zuma a conservé comme principaux collaborateurs des hommes qui travaillaient avec lui au Kwazoulou-Natal comme Jeff Radebe (qui fut ministre de la Justice entre 2009 et 2014), Nathi Mthethwa (le ministre des arts et de la culture), ou Siyabonga Cwele, ministre des télécommunications. Une situation qui a amené Bantu Holomisa (l’ancien Premier ministre du Transkei de 1987 à 1994 et maintenant député au Parlement sud-africain) à affirmer que Zuma méprisait les autres peuples noirs du pays.

Une réconciliation

L’évolution sociologique de l’Afrique du Sud, avec l’émergence d’une bourgeoisie noire, pourrait contribuer à consolider la démocratie sud-africaine. Plusieurs mouvements ont essayé de réunir cette nouvelle bourgeoisie noire, comme le COPE ou plus récemment Agang, mais sans succès jusqu’à présent. Après la démission de Thabo Mbeki (septembre 2008), ses proches avaient fondé un nouveau mouvement, le Congrès du peuple (Congress of the people, COPE) dirigé par l’ancien ministre de la Défense, Mosiuoa Lekota. Le programme électoral du COPE s’adresse à la bourgeoisie noire et métisse inquiète des discours d’inspiration socialiste de l’ANC et de ses alliés. Le COPE était parvenu à recueillir 7,4 % des suffrages lors des élections législatives en 2009, mais les dissensions internes lui ont fait perdre une grande partie de son crédit (il n’a obtenu que moins de 1 % des voix en 2014).

Le scrutin de 2014 souligne que l’Alliance démocratique est la seule formation d’opposition crédible à l’ANC. Son défi est maintenant d’élargir sa base électorale à la classe moyenne noire encore fidèle à l’ANC, qui s’interroge cependant sur la capacité du mouvement à gérer le pays. L’AD avait désigné en janvier 2014 comme candidate à la présidence du pays une personnalité connue de l’électorat noir, Mamphela Ramphele, qui dirige le mouvement Agang. Le choix judicieux de l’AD lui permettait de se débarrasser de l’image d’un « parti blanc », mais M. Ramphele a finalement renoncé à ce rôle. Lulu Pieterson, la sœur du jeune Hector tué à Soweto en 1976, a aussi rejoint l’Alliance démocratique. Pour espérer remporter le prochain scrutin législatif, l’AD doit soit davantage représenter l’électorat noir modéré ou bien s’allier à un mouvement qui le représente. L’hypothèse de la victoire est alors envisageable et marquerait l’ancrage de la démocratie en Afrique du Sud.

Une évolution à la brésilienne

L’évolution du pays pourrait être dans les prochaines années, comparable à celle du Brésil. Une société où le niveau de vie progresse, mais qui se résigne à accepter un haut degré de violence et de profondes disparités sociales. La misère est contenue à la périphérie des centres-villes qui connaissent un processus de gentryfication.

Si l’Afrique du Sud est souvent présentée comme l’une des démocraties les plus violentes au monde, elle ne se classe selon les données de l’ONU, qu’au 14e rang mondial pour le nombre d’homicides par habitant (33,6 pour 100 000 h), et après des États comme la Zambie ou la Côte d’Ivoire. Ce taux d’homicide est en diminution régulière et a été divisé par deux depuis 1995. La criminalité a fortement augmenté dans le pays au milieu des années 1980, au moment de la lutte menée par l’ANC et des affrontements entre ce mouvement et l’Inkatha. Cette culture de la violence, dépourvue maintenant d’idéologie, imprègne encore la société. L’ampleur des armes à feu en circulation, l’éclatement de la structure familiale (seul un enfant sur trois vit avec ses deux parents biologiques, une situation provoquée notamment par les décès liés au sida) et les inégalités exacerbent cette violence. Les meurtres sont souvent liés à des règlements de compte entre organisations criminelles et sont perpétrés dans les quartiers les plus pauvres des villes du pays, comme Nyanga ou Mitchell’s Plain au Cap, qui servent de sanctuaires aux criminels.

Une action déterminée des pouvoirs publics, comme celle engagée au Brésil dans les favelas, permettrait de lutter plus efficacement contre la violence (le recours à l’armée, puis le déploiement permanent de forces de police mais aussi l’amélioration des conditions de vie de la population). La justice ne fait plus preuve d’autant de clémence que dans les premières années de liberté. L’Afrique du Sud a l’un des taux d’incarcération les plus élevés au monde parmi les nations démocratiques (294 prisonniers pour 100 000 habitants contre 98 en France). Au printemps 2014, près de 160 000 détenus étaient incarcérés dans les établissements pénitentiaires du pays.

Nelson Mandela incarnait le totem d’une réconciliation nationale, qui chaque jour semble de moins en moins possible. L’évolution récente de l’Afrique du Sud a montré que le pays avait su démentir les prédictions pessimistes, et donner tort aux observateurs qui doutaient de l’instauration d’un régime démocratique. L’élite politique noire sait ce qu’elle doit aux Européens, reste à savoir si la sagesse la guidera.

2015-Lafargue/PUF


François Lafargue, "Géopolitique de l’Afrique du Sud. Une nation en construction", Coll. Major, PUF.

Géopolitique de l’Afrique du Sud, F. Lafargue, Presses Universitaires de France (PUF)

4e de couverture

AS-601894.jpgL’Afrique du Sud évoque principalement pour le public français les Zoulous, l’or, le diamant, Nelson Mandela et les lois de ségrégation raciale qui portaient le nom lugubre d’apartheid, mises en place au milieu du XXe siècle. Une étude géopolitique de l’Afrique du Sud, vingt ans après les premières élections démocratiques, s’impose. La puissance économique de l’Afrique du Sud (elle assure 1/5e du PIB du continent) et ses réserves en minerais et en métaux précieux lui confèrent une place particulière sur la scène internationale. Ce pays a également une ambition militaire et politique et participe à de nombreuses opérations de maintien de la paix en Afrique. L’Afrique du Sud est une démocratie, la presse bénéficie d’une réelle liberté, les syndicats ont des droits reconnus, les scrutins électoraux qui se tiennent aux échéances prévues ne sont pas entachés de fraude. Mais cette réussite pourrait n’être qu’une parenthèse, car elle reste très fragile et la pérennité des institutions démocratiques n’est guère assurée. Cet ouvrage présente l’Afrique du Sud du XXIe siècle, les atouts et les faiblesses d’une nation en construction.

Docteur en géopolitique et en science politique, François Lafargue est professeur de géopolitique à Paris School of Business et anime le séminaire géopolitique à l’École centrale de Paris.

Voir plus sur le site des éditions PUF

mercredi, 23 mars 2016

Facing Turkey, Europe Chooses Suicide

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Facing Turkey, Europe Chooses Suicide

By

Voltairenet.org & http://www.lewrockwell.com

Democracy is a tramway – you climb on to get where you want to go, then you climb off. Recep Tayyip Erdoğan (1996)

The European Council of the 17th and 18th March 2016 adopted a plan which aimed to solve the problems posed by the massive influx of migrants from Turkey [1]. 28 heads of state and government submitted to the demands of Ankara.

We have already analysed the way in which the United States wanted to use the events in the Near East in order to weaken the European Union [2]. At the beginning of the current «refugee crisis», we were the first to observe that this event had been deliberately provoked and the insoluble problems that it was going to cause [3]. Unfortunately, all our analyses have been verified, and most of our positions have now been widely adopted by our erstwhile detractors.

Going further, we would like to study the way in which Turkey has seized control of the game, and the blindness of the European Union, which persistently remains one step behind.

Recep Tayyip Erdoğan’s game

President Erdoğan is unlike other politicians. and it seems that the Europeans, neither the people nor their leaders, have realised this.

• First of all, he came from the Millî Görüş, a pan-Turkish Islamic movement with connections to the Muslim Brotherhood of Egypt, and favourable to the restoration of the Caliphate [4]. According to him – and also to his allies of the Milliyetçi Hareket Partisi (MHP) – the Turkish people are the descendants of Attila’s Huns, who were themselves the children of the Steppenwolf of Central Asia, with whom they share endurance and cold-heartedness. They form a superior race who are destined to rule the world. Their soul is Islam.

President Erdoğan is the only head of state in the world who proclaims an ethnic supremacist ideology, perfectly comparable to Nazi Aryanism. He is also the only head of state in the world who denies the crimes of history, notably the massacres of non-Muslims by Sultan Abdülhamid II (the Hamidian massacres of 1894-95 – at least 80,000 Christians murdered and 100,000 Christians incorporated by force into the harems), then by the Young Turks (the genocide of the Armenians, the Assyrians, the Chaldeans, the Syriacs, the Pontic Greeks and the Yezidis, from 1915 to 1923 – at least 1,200,000 dead) – a genocide which was executed with the help of Germa n officers, including Rudolf Höß, the future director of the camp at Auschwitz [5].

While celebrating the 70th anniversary of freedom from the nightmare of Nazism, President Vladimir Putin emphasised that «ideas of racial supremacy and exclusivism provoked the bloodiest war in History» [6]. Then, during a march – and without naming Turkey – he called on the Russian people to be ready, if necessary, to renew the sacrifice made by their grand-parents in order to save the very principle of equality between all humanity.

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• Secondly, President Erdoğan, who is supported by only one-third of the population, governs his country alone and by force. It is impossible to know precisely what the Turkish people are thinking, because the publication of any information questioning President Erdoğan’s legitimacy is now considered as an attack on state security, and leads immediately to prison. However, if we refer to the latest studies published, in October 2015, less than one-third of the electorate supports him. This is much less than the Nazis in 1933, who could count on 43% of the votes. This is why President Erdoğan was only able to win the general elections by means of outrageous trickery. Amongst others –

- The opposition media were gagged – the major dailies,Hürriyet and Sabah, as well as ATV television, were attacked by thugs from the party in power, and investigations targeted journalists and Press organs accused of supporting «terrorism» or having published slanderous criticisms of President Erdoğan. Web sites were blocked, Internet service providers cancelled the offers of opposition TV channels, and three out of five national TV channels, including the public channel, broadcast programmes which were clearly in favour of the party in power. The other national TV stations, Bugün TV and Kanaltürk, were closed by the police.

- A foreign state, Saudi Arabia, poured 7 billion pounds of «gifts» into Turkey to help «convince» the electorate to support President Erdoğan (about 2 billion Euros).

- 128 political headquarters of the left-wing party (HDP) were attacked by thugs from President Erdoğan’s party. Many candidates and their teams were beaten up. More than 300 Kurdish businesses were destroyed. Several dozen HDP candidates were arrested and placed in provisional detention during the campaign.

- More than 2,000 opposition figures were killed during the election campaign, either by direct attacks or else by governmental repression against the PKK. Several villages in the South-East of the country were partially destroyed by army tanks.

Since Erdoğan’s «election», an iron veil has fallen over the country. It has become impossible to find information concerning the condition of Turkey in the national Press. The main opposition daily, Zaman, has been placed under supervision and now restricts itself to the praise of the greatness of «Sultan» Erdoğan. The civil war, which is already raging in the East of the country, is spreading, by means of terrorist attacks, to Ankara and as far as Istanbul, to the total indifference of the Europeans [7].

Mr Erdoğan governs almost alone, accompanied by a small group which includes Prime Minister Ahmet Davutoğlu. During the electoral campaign, he declared publicly that he was no longer applying the Constitution, and that all powers were now in his hands.

On the 14th March 2016, President Erdoğan declared that as far as the struggle with the Kurds was concerned, «… democracy, liberty and the rule of law no longer have the slightest value». He announced his intention to expand the legal definition of «terrorist» to include all those who are «enemies of the Turks» – in other words, those Turks and non-Turks who are opposed to his supremacy.

In a project costing half a billion Euros, Recep Tayyip Erdoğan ordered the construction of the largest Presidential palace ever occupied by a head of state in world history – the «White Palace», in reference to the colour of his party, the Justice and Development Party, or AKP. It extends over 200,000 square metres, and houses a plethora of services, including ultra-modern secure bunkers, linked to satellites.

• Thirdly, President Erdoğan uses powers which he has given himself – anti-constitutionally – to transform the Turkish state into the godfather of international jihadism. In December 2015, the Turkish police and legal system were able to establish the personal connection between Mr. Erdoğan and his son Bilal with Yasin al-Qadi, Al-Qaïda’s global banker. He fired the policemen and the magistrates who had dared to «damage the interests of Turkey» (sic), while Yasin al-Qadi and the state sued the left-wing newspaper BirGün for having reproduced my editorial, «Al-Qaeda, NATO’s Timeless Tool».

Last February, the Russian Federation presented a report to the Intelligence department of the UN Security Council which attested to the support by the Turkish state for international jihadism, in violation of numerous UN Resolutions [8]. I published a precise study of these accusations which was immediately censored in Turkey [9].

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The response of the European Union

The European Union had sent a delegation to supervise the general elections of November 2015. It held back the publication of its report for a long time, then decided to publish a short, diluted version.

Panicked by the reaction of their populations against the massive entry of migrants – and, for the Germans, the abolition of a minimum wage which resulted – the 28 heads of state and government of the Union worked out a procedure which would leave Turkey to solve their problems for them. The High Commissioner of the United Nations for Refugees, Filippo Grandi, immediately pointed out that the solution chosen was in violation of international law, but even supposing that this may improve, it is not the main problem.

The Union agreed to

- pay 3 billion Euros annually to Turkey to help it deal with its obligations, but with no structure for verifying the use of this funding,

- end the visa requirements for Turkish nationals who enter the Union [10] – it is only a question of months, even weeks,

- accelerate the negotiations for Turkey’s adhesion to the Union – this will take a lot longer and will be a more random process.

In other words, blinded by the recent electoral defeat of Angela Merkel [11], the European leaders have settled for applying a temporary solution to slow the flux of migrants, but without seeking to resolve the origin of the problem, and without taking into account the infiltration of jihadists among the refugees.

The Munich precedent

In the 1930’s, the elites of Europe and the United States considered that the USSR, by its model, threatened their class interests. They therefore collectively supported the Nazi project for the colonisation of Western Europe and the destruction of the Slavic people. Despite repeated appeals by Moscow for the creation of a vast alliance against Nazism, European leaders accepted all the demands of Chancellor Hitler, including the annexation of the regions peopled by the Sudetes. These were the agreements of Munich (1938), which forced the USSR, in order to save its own skin, to conclude, in turn, the Germano-Soviet Pact (1939). It was only too late that certain of the leaders of Europe, then the United States, realised their error, and decided to ally with Moscow against the Nazis.

Now, under our very eyes, the same errors are being repeated. The European elites consider the Syrian Republic to be an adversary – either they are defending the colonial point of view of Israël, or they hope to recolonise the Levant themselves and appropriate the gigantic and still unexploited reserves of gas. They, therefore, supported the secret operation by the United States for «régime change» and pretended to believe in the fable of the «Arab Spring». After nearly five years of proxy war, noting that President Bachar el-Assad is still there despite the fact that his resignation has been announced a thousand times, the Europeans have decided to finance – to the tune of 3 billion Euros per year – Turkish support for the jihadists, allow them victory and the end of the migrations. It will not be long before they realise [12], too late, that by repealing the visa regulations for Turkish citizens, they have authorised the free circulation to Brussels from the Al-Qaïda camps in Turkey [13].

The comparison with the end of the 1930’s is all the more pertinent since, during the Munich agreements, the Nazi Reich had already annexed Austria without provoking any particular reaction from the other European states. Today, Turkey already occupies the North-East of a member state of the European Union, Cyprus, and a strip a few kilometres wide in Syria, which it administrates via a specially nominated wali (prefect). Not only does the European Union let that pass, but by its attitude, encourages Ankara to pursue its annexations with no regard for international law. The common logic of Chancellor Hitler and President Erdoğan is based on the unification of «race» and the cleansing of the population. Hitler wanted to unite the populations of «German «race» and cleanse them of «foreign elements» (the Jews and the gipsies) while Erdoğan wants to unite the populations of «Turkish race» and cleanse them of «foreign elements» (the Kurds and the Christians).

In 1938, the European elites believed in the friendship of Chancellor Hitler, today they believe in the friendship of President Erdoğan.

mardi, 22 mars 2016

Un européisme offensif pour surmonter le monde.

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Un européisme offensif pour surmonter le monde

Par Gérard Dussouy

Ex: http://www.leblancetlenoir.com

Face au changement mondial qui, avec ses perturbations de toutes natures (et qui n’ont rien à voir avec on ne sait quelle « main invisible », maléfique en l’occurrence), précipite les nations européennes dans un profond déclin, jusqu’à saper les bases de la civilisation européenne, les classes politiques au pouvoir persistent dans leurs errements suicidaires pour leurs peuples, en termes d’identité, d’emploi, ou d’indépendance. Quant aux divers mouvements populistes qui, en réaction, émergent un peu partout en Europe, ils ne perçoivent pas d’autre issue que celle d’un repliement, national ou régional, frappé d’une impuissance mortelle.

En effet, le vrai niveau de la lutte politique, parce que le seul où elle peut être efficace, est aujourd’hui continental. En premier lieu, il se situe au cœur même de l’Union européenne dont il est urgent que les peuples européens se la réapproprient en écartant la caste idéologique et technocratique qui la dirige.

Changer les formes pour sauver le fonds. Il faut comprendre, une fois pour toutes, que si l’on veut sauver ou préserver le fonds, à savoir la civilisation européenne avec son substrat humain (ses nations ancestrales), il faut, d’une part, rompre avec la logique libérale et purement mercantile imposée par les Etats-Unis depuis l’effondrement de l’Union soviétique, et, d’autre part, pour s’adapter aux réalités du monde, savoir changer les formes politiques, c’est à dire les institutions étatiques périmées. Compte tenu des bouleversements qui n’ont fait que commencer, et des périls grandissants, que chacun saisit désormais au quotidien, l’européisme rassembleur et offensif est à l’ordre du jour.

Maintenant que la construction libérale de l’Europe est à l’agonie, et que les Etats nationaux étalent leurs incapacités respectives dans la nouvelle distribution mondiale de la puissance (en particulier dans le champ de la démographie-question centrale du 21ème siècle), il est plus que jamais indispensable de réunir les dernières forces vives nationales dans le même Etat européen, et d’arrêter des stratégies unitaires tous azimuts.

L’incapacité des partis de gouvernement à changer leur vision du monde.

Avant tout parce qu’elles y trouvent leur intérêt financier, mais en raison, aussi, du formatage idéologique dont nos sociétés sont l’objet (facilité par une inculture historique généralisée) les élites dirigeantes des Etats européens s’accrochent à leurs croyances. Elles ne veulent pas admettre que leurs valeurs ne sont pas universelles, mais qu’elles sont contingentes d’une ère qui s’achève, celle de la modernité occidentale. Elles n’entendent pas mettre en cause les dogmes de la métaphysique des Lumières que sont : l’identification de la vérité (!) à l’universel, la conviction que la raison annihile les prédéterminations, l’unité du genre humain et la perfectibilité de l’homme, le développement économique et l’enrichissement mutuel grâce au libre-échange. Parce que cela leur sied, moralement et matériellement. Alors que tout ce que l’on observe concourt à contester le maintien d’une telle rhétorique.

hqdefault.jpgUne idéologie néfaste. Aussi bien la connaissance que l’expérience de la diversité, d’un côté, que les conséquences malheureuses de la mondialisation pour des pans entiers de la société, d’un autre, ont rendu cette rhétorique illusoire et dangereuse. Mais nos élites inhibées ne veulent pas l’admettre. De plus, à force d’avoir voulu séparer la culture de la nature, en surestimant la première pour dénigrer la seconde, elles ne peuvent pas comprendre que les idées occidentales n’ont mené l’humanité, sans jamais réussir à la convertir à leurs croyances, que tant qu’elles ont été portées par une infrastructure humaine et matérielle dynamique. Or, ce n’est plus du tout le cas. Maintenant, compte tenu du bouleversement des rapports de force mondiaux, culturels inclus, l’aspiration à une société humaine universelle signifie la fin de la civilisation européenne.

Outre son parti-pris idéologique, le problème de la classe politique européenne est qu’elle est obsédée par le souci de la croissance économique ou, ce qui revient au même dans nombre de pays européens, par la crise qu’elle-même a contribué à créer en avalisant le libre-échange avec les pays à bas salaires. Elle n’a jamais voulu légiférer pour faire en sorte que les grandes compagnies privilégient l’investissement dans l’espace européen. Il en va ainsi parce que l’idéologie basique libérale, à savoir la primauté de l’enrichissement individuel, a vaincu. Mieux, elle a retourné en sa faveur le préjugé universaliste égalitariste de la gauche, par une sorte de renversement gramscien, en obtenant qu’elle approuve l’installation en Europe d’un sous-prolétariat massif issu de l’ancien Tiers-monde.

Néanmoins, en raison d’une demande intérieure qui s’affaiblit, pour cause de vieillissement marqué, c’est la stagnation économique qui s’installe. Et pour longtemps, car contrairement à ce que la classe dominante claironne, malgré les nouvelles technologies, les beaux jours ne reviendront pas de si tôt. Elle pense alors résoudre les problèmes posés par la démographie européenne défaillante, en faisant appel aux susdites populations allogènes qui affluent par millions (3,6 millions de places offertes par le gouvernement allemand, d’ici à 2020 !).

Des contradictions insupportables. Cette politique systématique de portes ouvertes à tous les flux, matériels et humains, est cautionnée par tous les partis de gouvernement qui s’y croient obligés, qui n’en imaginent pas d’autres, et qui l’appliquent sans s’inquiéter du fait qu’elle prépare des temps barbares. Car le monde historique, et non pas rêvé, dans lequel nous sommes, reste le monde des forces et de la force, comme tout le démontre autour de nous, et maintenant aussi chez nous.

Devant tant de contradictions, seule la puissance des tabous, entretenue par les communicants de service, fait tenir encore le système. Alors que l’interprétation officielle du monde est démentie, tous les jours, par le réel, ils écrasent le champ symbolique et interdisent ainsi la diffusion d’autres façons de penser le monde. On retrouve là une fonction essentielle de l’idéologie qui est de maintenir des formes obsolètes de pensée en dissimulant tout ce qui les dément.

Les limites des populismes.

Malgré toute la défiance qui existe dans les populations européennes envers les partis de gouvernement, pour les raisons que nous venons d’évoquer, les différentes consultations électorales qui ont eu lieu en Europe, ces dernières semaines ou ces derniers mois, ont montré, encore une fois, les limites du populisme.

La faiblesse des partis « attrape-tout ». En France, l’échec du FN à s’emparer d’au moins une des deux ou trois régions qui lui étaient promises, dans un contexte de désaffection du vote qui lui est favorable, est symptomatique de la faiblesse programmatique d’un parti attrape-tout fondé sur le seul réflexe protestataire. Et, qui plus est, demeure un « parti de l’isoloir » (où l’on se cache pour voter pour qui l’on veut), tant il est vrai qu’il manque de cadres compétents (sinon on les connaitrait) et de militants capables d’être en nombre sur le terrain (ce qui serait une faiblesse rédhibitoire en cas de prise miraculeuse du pouvoir), alors même qu’il prétend agir dans la sphère sociale. A l’appui du constat, d’une part, la prestation pathétique de la candidate du Front National dans le Nord-Pas de Calais-Picardie face à son concurrent des Républicains quand celui-ci la questionna sur l’opportunité du retour des frontières pour une région située au cœur de l’Europe, et quand ils débattirent de l’euro. Il n’est pas étonnant que seuls 22% des Français jugent qu’elle ferait une bonne présidente et que 62% d’entre eux qui n’ont jamais voté pour le FN, n’ont pas l’intention de le faire à l’avenir. D’autre part, il y a l’incapacité notoire du parti nationaliste à mobiliser des manifestations de masse. S’il a hérité de l’ancien parti communiste français la fonction tribunitienne qui était la sienne (à savoir, celle de porte parole des classes défavorisées), il est très loin de pouvoir rivaliser, à distance dans le temps, avec lui dans ce domaine. Cela faute de disposer d’un appareil partisan comparable et d’un relais syndical comme la CGT.

L’inconséquence politique des dirigeants. En Espagne, le succès de Podemos s’explique, lui aussi, par le mécontentement d’une grande partie de la population. Mais, il est des plus relatifs, et sans doute éphémère, tant le mouvement est incapable de trouver des alliés, et de préconiser des solutions crédibles (autrement dit non démagogiques et soutenables par l’économie espagnole) pour résoudre la crise sociale. En effet, il est d’autant plus incapable d’y parvenir que, comme l’ultra gauche en France, il est internationaliste. Et qu’à ce titre, il ne saurait admettre que c’est la mondialisation qui a ruiné la plupart des industries espagnoles, et que le salariat espagnol est victime, comme tous les autres en Europe, de la concurrence mondiale.

Et que penser de la motivation de ces populistes régionalistes qui rêvent d’une souveraineté, nécessairement fictive compte tenu des potentiels régionaux concernés, à la seule fin, non exprimée bien sûr, de pouvoir mieux s’intégrer au marché mondial en faisant de leur terre respective un paradis fiscal ? A l’instar des nationalistes affairistes catalans qui entendent transformer leur province en une sorte de Grande Andorre (de culture catalane par ailleurs). Minoritaires en voix (47,8% des bulletins), lors des dernières élections régionales, mais majoritaires en sièges au parlement de Barcelone, grâce au mode de scrutin régional espagnol, ils ont quand même du mal à convaincre que l’Espagne est leur pire ennemi.

L’horizon des populismes est, certes, provisoirement large et dégagé, mais il n’est pas celui du pouvoir et encore moins celui de la maîtrise des réalités.

L’absence de projet politique en adéquation avec le réel. Rassembler des mécontents de tous les bords (et ils sont de plus en plus nombreux) est une chose. Proposer un projet de gouvernement crédible parce qu’en adéquation avec le réel et parce que susceptible de se donner les moyens de peser dans la balance du pouvoir mondial, est autre chose. Or, c’est là le seul critère qui vaille. Tout le reste n’est que verbiage, phantasmes, ou illusion. Car les vraies questions sont : quel Etat en Europe est en mesure de mettre en échec les stratégies de domination des Etats-Unis ou de la Chine ? Quel Etat est en mesure de se mettre, individuellement, à l'abri des fluctuations financières ? De quel pouvoir dispose-t-il pour négocier avec les géants de la finance ou avec les nouvelles économies ? Bon courage aux Anglais, si le Brexit est voté ! A quoi bon reprendre sa souveraineté monétaire si c’est pour disposer d’une monnaie dépréciée et être obligé d’acheter des devises étrangères (dollar ou yuan) pour régler ses paiements internationaux, et un jour, parce que cela arrivera, pour rembourser ses dettes ? Comment s’opposer, seul, et de façon durable, aux mouvements migratoires ou aux forces terroristes ?

Le seul enjeu politique qui s’avère pertinent : la prise du pouvoir à Bruxelles.

Le problème actuel des populismes, aussi légitimes qu’ils soient dans leur aspiration à porter les revendications des populations maltraitées par les politiques mises en place par des gouvernements, tous motivés par l’idéologie libérale et cosmopolite, est qu’ils n’ont rien d’autre à opposer à celle-ci qu’une utopie nostalgique et régressive. En effet, tandis que l’on peut parler d’une idéologie des groupes dominants parce que le libéralisme mondial satisfait leurs intérêts, et que cela les empêche, à la fois, d’en comprendre les effets préjudiciables et d’estimer objectivement l’état réel de la société, l’utopie des populistes consiste à croire que l’on peut revenir en arrière, voire retrouver la gloire passée, ou encore maintenir ce que de longues luttes sociales ont permis d’acquérir, en occultant des pans entiers de la réalité du monde et des changements irréversibles qui se sont opérés. Car, en effet, si le marché mondial donne l’impression de pouvoir se fracturer, la redistribution de la puissance est bel et bien effective, et avec elle, celle de la richesse et des ambitions. Dans ce nouveau contexte, les Etats nationaux européens ne sont plus que des petites puissances inaptes à retenir un mouvement du monde qui leur est devenu défavorable

theories_rel_inter_t2_L12.jpgLa mutation radicale du champ de l’action politique. Le niveau pertinent de l’action politique pour les Européens conscients des désastres qui s’annoncent et du dépassement des solutions nationales, dans un monde globalisé, est, d’évidence, celui du continent.

Après la crise bancaire de 2008 et la crise de la zone euro non résolue, celle des réfugiés le démontre à son tour. La rationalité politique de la pensée européiste consiste ici à accepter le nouveau monde tel qu’il est, et à produire une nouvelle compréhension de ce monde (car rien ne sert de nier le changement, et de regretter le passé aussi brillant qu’il ait été). Mais, en même temps, l’éthique politique de ce même européisme est une nouvelle volonté du monde en devenir, une volonté des Européens de sauvegarder leurs identités et de compter encore longtemps dans l’histoire, grâce à un rétablissement en leur faveur des rapports de force qui conditionnent tout, qui sont l’essence de la politique mondiale

A ce stade de la réflexion, deux chemins différents, mais qui ne sont pas exclusifs sous certaines conditions, s’offrent aux générations qui viennent pour conduire la lutte politique dont l’objectif est la prise du pouvoir en Europe (à Bruxelles en l’occurrence, d’un point de vue institutionnel), sachant que toute victoire qui demeurerait nationale ou provinciale serait à court terme annihilée. Le premier consiste à persister, malgré tout, dans la voie nationale avec des perspectives de réussite aléatoires selon les pays, puis, dans le meilleur des cas, si les divergences ne sont pas trop grandes et si les contentieux ne sont pas trop nombreux, à envisager des alliances entre les nouveaux pouvoirs contestataires de l’ordre imposé.

2296011837r.jpgLe second, celui qui permettait de sortir des chemins battus, réside dans l’invention d’un style et d’un organe politiques, tous les deux transnationaux, dont l’objectif est l’investissement coordonné du Parlement européen par les mouvements citoyens qui ont commencé à éclore. Et dont on peut concevoir qu’ils ne vont pas cesser de se multiplier au fur et à mesure que le contexte de crises va se confirmer et se durcir. La question qui se pose, et que l’organisme transnational a à résoudre, est celle de leur convergence et de leur fédération dans l’objectif précis de conquérir par les urnes le Parlement européen, afin de pouvoir ainsi changer de l’intérieur l’Union européenne, et par conséquent toutes les politiques non conformes aux intérêts des Européens conduites jusqu’à maintenant. Parce que le Parlement a les pouvoirs de le faire, dès lors qu’existerait en son sein un bloc nettement majoritaire de députés solidaires dans leur vision d’une Europe émancipée de ses vieux tabous idéologiques et consciente de la précarité de son avenir.

Bien évidemment, s’il s’avérait, qu’entre-temps, des pouvoirs nationaux prenaient conscience de l’impérieuse transformation du champ politique et, de ce fait, découvraient la convergence de leurs intérêts propres avec la démarche précédente, leur appui serait des plus décisifs. Il en découlerait la possibilité que se forme un premier noyau étatique dans la perspective d’une unification européenne en plusieurs temps.

Plateforme organisationnelle et doctrinale. Comme l’Histoire l’enseigne, c’est toujours dans l’épreuve que se fondent les grandes constructions. L’épreuve commune permet d’abord la prise de conscience de la précarité de la situation, puis la réflexion sur l’état des lieux et les solutions à trouver, et enfin, sur l’action à entreprendre. Peut-on voir, dès lors, dans les protestations contre « l’islamisation de l’Europe », écume d’un envahissement sournois, ou contre la négociation du traité transatlantique, aussi différemment intentionnés que soient les divers protagonistes, des indices, attendant que d’autres apparaissent, d’une réelle prise de conscience et d’une révolte européenne potentielle? C’est une possibilité, car l’identification d’ennemis ou de défis communs, supposés ou réels peu importe, est un préalable à toute construction politique.

Ce qu’il y a de sûr, aujourd’hui, c’est qu’on ne résoudra pas les crises apparues en se terrant dans les vieilles institutions, mais en élargissant l’horizon de la reconquête idéologique, culturelle et économique à toute l’Europe, et en retrouvant, par avancées simultanées et coordonnées dans toutes les provinces du continent, la voie de la maîtrise. Les premiers mouvements à l’instant évoqués, et tous ceux qui adviendront, doivent servir de « planches d’appel » à un saut vers l’action européenne dans toutes les directions possibles. Car, bien entendu, tout est lié. Et il faut offrir aux groupes résistants dispersés dans l’espace européen une image rationalisée de l’histoire qui se joue sous leurs yeux et qui sera leur lien. En effet, la dispersion politique est l’obstacle insurmontable des populismes, alors que la perspective du rassemblement des peuples européens, qui ont tout inventé, est grosse d’une dynamique irrésistible. Nous avons besoin pour cela d’un européisme intellectuellement offensif qui soit, à la fois, explicatif et critique, propositionnel et programmatique. Mais, comme on ne pense que pour agir, et que la théorie et la praxis vont ensemble, ce nouvel élan mental doit s’accompagner d’un travail d’organisation à l’échelle continentale, préalable aux initiatives à venir.

Au seuil d’une régression civilisationnelle irréversible et d’une dilution ethnocidaire dans le magma universel, un leitmotiv s’impose aux Européens lucides et décidés à ne pas subir : inventer un nouveau style politique continental pour changer les formes politiques afin de sauver le fonds (le substrat humain et civilisationnel de l’Europe).

Gérard Dussouy

Duitse nationalisten willen weer vriend zijn met Rusland

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Door: Dirk Rochtus

Duitse nationalisten willen weer vriend zijn met Rusland

Ex: http://www.doorbraak.be

In Duits-nationaal voelende kringen, zoals ook bij de AfD, leeft begrip voor Rusland. Die sympathie komt niet uit de lucht vallen.

Geen enkele partij aan de rechterflank van de Duitse christendemocraten (CDU en CSU) was tot nu toe een langdurig succes beschoren. De neonazistische NPD bijvoorbeeld vegeteert als muurbloempje. Maar nu is er de populistische Alternative für Deutschland (AfD) die zich als enige kracht rechts van de christendemocratie weet te verankeren. Dat tonen de verkiezingen van 13 maart in drie Duitse deelstaten aan. De AfD zetelt daarmee al in acht deelstaatparlementen en breidt haar invloed verder uit. Dat zou op lange termijn ook zijn weerslag kunnen hebben op de buitenlandpolitiek van de Bondsrepubliek Duitsland, meer bepaald tegenover Moskou. De AfD steekt haar begrip voor Rusland niet onder stoelen of banken. Haar vice-voorzitter Alexander Gauland noemt Rusland een 'legitieme partner in het concert van de mogendheden' en een bondgenoot in 'de strijd tegen het islamitisch terrorisme'. Zeker met dat laatste raakt de AfD een gevoelige snaar bij een groot gedeelte van de Duitse bevolking.

Bondgenootschap


Een korte historische terugblik leert ons dat Duitsland en Rusland er bijzondere relaties op nahielden. Met het Verdrag van Rapallo van 16 april 1922 bijvoorbeeld vonden Duitsland als verliezer van de Eerste Wereldoorlog en Rusland als jonge Sovjetstaat elkaar, juist omdat beide toen voor het Westen nog paria's waren. In diezelfde periode waren er ook Duitse intellectuelen die dweepten met Rusland als alternatief voor het 'decadente' Westen. Arthur Moeller van den Bruck, boegbeeld van de 'Konservative Revolution' en auteur van het boek 'Das dritte Reich' (1923), brak een lans voor de samenwerking van het Duitse en het Russische volk als 'jonge volkeren', die omwille van hun dynamiek de toekomst zou toebehoren. Linke Leute von rechts, zo werden die Duitse nationalisten genoemd die toen droomden van een bondgenootschap met de Sovjet-Unie in de strijd tegen het kapitalistische Westen. Na de Tweede Wereldoorlog integreerde de Bondsrepubliek Duitsland zich in het Westen vanuit het geloof in de waarden van de democratie. Bondskanselier Konrad Adenauer (CDU) loodste de jonge West-Duitse staat binnen in Europa (via de Europese Gemeenschap voor Kolen en Staal) en in de trans-Atlantische gemeenschap via de Noord-Atlantische Verdragsorganisatie (NAVO). Maar zelfs tijdens de Koude Oorlog bleef de Bondsrepubliek zich bewust van de noodzaak aan goede betrekkingen met Moskou.

'Europa van de naties'

Zo komt het dat er in het huidige Duitsland heel wat Russlandversteher te vinden zijn in de politiek, de media en de academische wereld, zowel aan de linker- als aan de rechterzijde. Iemand die van heel links naar heel rechts ging, is de publicist Jürgen Elsässer die zijn sympathie betuigde voor de pro-Russische vleugel van de AfD. Hij interviewde in 2013 voor het extreemrechtse magazine Compact de Russische filosoof Alexander Dugin, de theoreticus van de Euraziatische beweging. Volgens Dugin zou Rusland Europa moeten beschermen tegen het 'verderfelijke' liberalisme en tegen het 'imperialistische' Amerika, en daarvoor de Westerse landen via hun parlementen moeten infiltreren. Dat doet Moskou nu al, bijvoorbeeld door financiële steun te geven aan het Franse Front National. Zoiets weigert de AfD, maar ze gaat geestelijk wel mee met Rusland. De nationaal-conservatief denkende Gauland praat de annexatie van de Krim door Rusland goed, en strijkt zo de Europese Unie tegen de haren in. Het electorale succes van de AfD zal het koor van Russlandversteher binnen maar ook buiten Duitsland versterken en zo ook het geloof in een 'Europa van de naties'.

(Dit artikel verscheen eerder in De Morgen).

dimanche, 20 mars 2016

Das ewige Türkei-​Problem

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Das ewige Türkei-​Problem

von Georg Immanuel Nagel

Ex: http://www.blauenarzisse.de

Die Historie der europäischen Politik betreffs der Türkei ist eine Geschichte der ewigen Demütigung, Unterwerfung, Volksbelügung und Frotzelei der Bürger.

Die politische Klasse hat diese peinliche Agenda gegen die Völker Europas entschieden, ohne dass es dafür auch nur den geringsten Grund gibt. Stattdessen müsste Europa entschlossen und selbstbewusst gegen das vorderasiatische Dritte Welt-​Land auftreten.

Wir werden mit der Türkei gequält

Es ist schon absonderlich, dass sich unsere Politiker so gerne mit der Türkei befassen und dies nicht nur als Partner auf Augenhöhe, was bereits zu viel der Ehre ist, sondern sogar als mächtigen Staat, dem man sich anzudienen hat. Seit Jahren lässt man sich ständig eine neue Lüge einfallen, mit der uns vorgegaukelt werden soll, dass wir angeblich irgendetwas Wichtiges von der Türkei bräuchten.

Früher war dies vor allem die angebliche wirtschaftliche Macht des Bosporusstaates. Andauernd wurde beteuert, wie wichtig der türkische Markt vorgeblich sei. Aktuell hat die Türkei ein Bruttoinlandsprodukt von 822 Milliarden US-​Dollar, bei einer Bevölkerung von rund 75 Millionen Menschen. Zum Vergleich: Die Niederlande mit 16,8 Millionen Einwohnern kommen auf 853,5 Milliarden US-​Dollar. Die Türkei hat dabei eines der weltweit größten Leistungsbilanzdefizite. Sie hängt also weitaus mehr vom Ausland ab als umgekehrt. Fast alle technologisch hochwertigen und wichtigen Güter muss sie importieren, während sie nur Billigwaren exportieren kann, die genauso in zahlreichen anderen Billiglohnländern in der Dritten Welt produziert werden können. Ein Handelsembargo gegen die Türkei wäre für sie brutal, jedoch für uns gleichgültig.

Ein anderer Betrug ist die Mär von der angeblichen Stabilität, welche die Türkei ob ihrer Fortschrittlichkeit in die Region brächte. Momentan ist das Möchtegern-​Großsultanat jedoch vor allem ein Faktor für Destabilisierung und Kriegstreiberei. Darum hat man sich jetzt den absurden Plan ausgedacht, die Türken zu den Grenzwächtern Europas zu bestellen, um die künstlich angelockten „Flüchtlinge“ von uns fern zu halten und somit wieder einen schwachsinnigen Vorwand gefunden, uns mit türkischen Befindlichkeiten zu quälen. Die größte Triebfeder dieser Politik sind wie üblich die USA.

Eine brutale Diktatur

Wie bei vielen islamischen Staaten handelt es sich auch bei der Türkei um eine rückständige Diktatur. Jahrelang wurde uns vorgelogen, sie sei die einzige moderne Demokratie im Orient. Die Wahrheit schaut jedoch ganz anders aus. Diktator Erdogan lässt politische Gegner und Andersdenkende verfolgen. Hunderte Journalisten sitzen in Haft. Der Höhepunkt dieser Entwicklung war wohl, als Regierungstruppen die Redaktion von „Zaman“, der größten kritischen Tageszeitung des Landes, stürmten. Schon vorher wurden regierungskritische Demonstranten oft zusammengeprügelt.

Nicht zuletzt befindet sich die Türkei, deren Name für einen Vielvölkerstaat schon unpassend gewählt ist, in einem ethnischen Krieg gegen die Kurden im eigenen Land. Da diese die einzigen wirklichen Gegner der Genozid-​Truppe des Islamischen Staates sind, die ebenso von Erdogans Regime offen unterstützt wird, geraten jetzt auch die Kurden zunehmend unter Beschuss. Diese ganze verbrecherische radikalislamische Mord-​Politik ist den westlichen Eliten kaum eine kritische Bemerkung wert, so wie alle anderen laufenden Menschenrechtsverletzungen in der Türkei. Das beweist, dass das ganze Geseier der Polit-​Apparatschiks von wegen „Demokratie“ und „Menschenrechte“ nichts als leeres Gerede ist, das nur herausgeholt wird, wenn es für die gegenwärtige Agenda als opportun erscheint.

Ein feindlicher Staat

Das Verhalten der Türkei gegenüber Europa ist feindlich und unverschämt. Es ist unglaublich, welche Beschimpfungen und Forderungen sich Erdogan und seine Schergen gegenüber Europa immer wieder herausnehmen können – ohne dass es dabei zu einer angemessenen diplomatischen Reaktion unsererseits kommt. Durch diese Feigheit wird die Kamarilla in Ankara natürlich nur noch weiter bestärkt. Schon so oft hätte man eigentlich alle diplomatischen Beziehungen einstellen müssen.

Am deutlichsten tritt die feindliche Einstellung der Türkei in ihrer Kolonisierungspolitik zu Tage. Abermillionen ihres Bevölkerungsüberschusses wurden nach Europa exportiert, um hier als Fünfte Kolonne Erdogans die Innenpolitik zu stören. Diese Taktik ist nicht neu. Schon nach der Invasion in Zyperns 1983 wurden Massen an Türken zur Festigung der Landnahme herangekarrt. Oder erinnern wir uns an die „Wahl-​Tour“ des muselmanischen Diktators in deutschen Landen, bei denen er ganze Stadien füllen konnte. Er proklamierte dabei, dass „Integration“ ein „Verbrechen gegen die Menschlichkeit“ sei. Zudem werden türkisch-​nationalistische, rassistische und radikalislamische Massenorganisationen in Europa von Ankara aus ferngesteuert. In Wien haben etwa Tausende Türken abstoßenderweise gegen die „internationale Lüge über den Völkermord an den Armeniern“ demonstriert. Solche Organisationen, wie auch DITIP oder die „Grauen Wölfe“, gehören eigentlich sofort als staatsfeindlich verboten und ihre Angehörigen inhaftiert und abgeschoben.

Die EU und die Türkei

Die Migrationswaffe der Türkei soll jetzt, zumindest wenn es nach Merkel geht, noch weiter verstärkt werden, indem die Türkei ab nun gänzlich visafrei ihre Landsleute in die EU schicken können soll. Es muss jedem klar sein, dass es sich hierbei nicht um Touristen handelt, die wieder nach Hause gehen, sondern um eine weitere millionenfache Einwanderung. Da jedem Angehörigen eines Turkvolkes laut Gesetz die türkische Staatsbürgerschaft zusteht, heißt das, dass nicht nur die derzeitigen Staatsbürger der Republik Türkei kommen werden, sondern auch weitere Millionen aus Vorderasien. Zudem kann man so „praktischerweise“ auch gleich Millionen Kurden, die man ohnehin vertreiben möchte, nach Europa abschieben. Die grenzenlose Islamisierung und Umvolkung des Abendlandes wird mit diesem Teufelspakt also nicht gestoppt, sondern nur noch weiter legalisiert und vorangetrieben.

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Wer für Europa ist, muss also notwendig gegen die Türkei sein. Hierbei sollte man aber immer genau auf die Wortwahl bzw. die Intention dahinter achten. Wenn Politiker von „Europa“ reden, meinen sie meistens nur die EU, das heißt die Diktatur von transatlantischen Lobbys, die Europa beherrschen und elementar schaden wollen. Damit passt das auch alles wieder zusammen, denn zum Hauptprogramm der EU gehört es, die Völker Europas multikulturell zu vernichten. Dabei ist die Türkei natürlich ein willkommener Partner, der dabei nur zu gerne mitspielt. Vor allem deshalb soll die Türkei in die EU geholt werden. Alleine, dass man darüber überhaupt laut nachdenken kann, beweist bereits, dass die EU eine antieuropäische volksfeindliche Institution ist, deren alsbaldige Auflösung zum Fixpunkt jeder patriotischen Bewegung gehören muss.

Wir müssen Politik gegen die Türkei machen

Anstatt den Verrückten aus Ankara weiter zu hofieren, müssten wir vielmehr Erdogan und sein Regime scharf in die Schranken weisen. Er ist der Schmalspur-​Sultan eines Dritte Welt-​Landes, mehr nicht. Es ist eine Farce, dass wir uns mit den Massen seiner Glaubensbrüder erpressen lassen sollen. Wenn er diese „Flüchtlinge“ ins Land lässt, ist das seine Sache. Wenn er sie jedoch weiter nach Europa schickt – oder damit droht – muss man das als Kriegserklärung werten. Wir müssen unsere Grenzen also vielmehr selber militärisch verteidigen, so dass die „Flüchtlinge“ in der Türkei bleiben.

Derzeit ist nicht Betteln, sondern Konfrontieren, Scharfmachen und Säbelrasseln das Gebot der Stunde. Moskau hat Ankara alsgleich in die Schranken gewiesen und so müssen wir das auch machen. Als erste Reaktion wäre es gut, alle türkischen Staatsbürger, die sich hierzulande nicht benehmen können, zurück in die Heimat zu schicken. Das ist rechtlich leicht möglich. Danach sollte man Wirtschaftssanktionen, sowie die Unterstützung der Kurden und der türkischen Opposition in Aussicht stellen, anstatt demütig Milliarden an Tributzahlungen anzubieten, die man wahrscheinlich ohnehin nur verschwenden wird. So hat sich Erdogan in seinem Größenwahn etwa erst kürzlich einen Palazzo Prozzo mit Tausend Zimmern erbauen lassen. Er hat also offenbar mehr als genug Geld. Man sollte ihm klar machen, dass sein Schlösschen, als auch seine machtpolitischen Luftschlösser, jederzeit wieder mit Leichtigkeit zusammenfallen können.

Georg Immanuel Nagel hat soeben sein erstes Büchlein in unserer Schriftenreihe BN-​Anstoß veröffentlicht: Die Auflösung. Wie Ideologien der Zersetzung Europa vernichten. (BN-​Anstoß VII, 100S., 8,50 Euro). Hier bestellen!

Hillary Clinton, candidate des néoconservateurs américains

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Bernhard Tomaschitz :

Hillary Clinton, candidate des néoconservateurs américains

Si Hillary Clinton est élue présidente des Etats-Unis, il faut compter avec un retour en force du bellicisme de l’ère Bush !

Après le Super Tuesday, ou Super Mardi, où des élections préliminaires ont eu lieu dans onze Etats, les choses se sont clarifiées positivement pour Hillary Clinton : elle risque fort bien d’être choisie comme candidate à la présidence en juillet lors de la diète des Démocrates. L’ancienne ministre des affaires étrangères des Etats-Unis dispose désormais de 544 délégués et bat ainsi son principal concurrent dans le parti démocrate, Bernard « Bernie » Sanders, qui n’a obtenu jusqu’ici, dans les préliminaires, que 349 délégués. Pour être « nominé », il faut au moins 2383 délégués. Du côté des Républicains, tout porte à penser que le milliardaire de l’immobilier Donald Trump emportera le morceau.

Hillary Clinton n’est pourtant pas la favorite dans la course à la succession de Barack Obama : elle est surtout la candidate du grand capital et des cénacles néoconservateurs. Timothy Alexander Guzman, journaliste indépendant, signale que parmi les « sponsors » de la campagne électorale d’Hillary Clinton, on trouve les géants de la finance Citigroup, Goldman Sachs et JP Morgan Chase. Parmi ses soutiens, on dénombre aussi le spéculateur George Soros et toute une série de personnalités influentes appartenant à la mouvance sioniste, ce qui permet à Guzman de conclure : « A Washington D. C., l’argent, c’est le pouvoir et Hillary en dispose largement. 90% des cotisations qui lui sont versées proviennent d’entreprises ou de bureaux d’avocats qui travaillent pour les plus grandes d'entre elles». Ensuite, Hillary Clinton peut compter sur « l’appui de personnalités puissantes à Hollywood, dans les banques, dans le complexe militaro-industriel, dans les organisations féministes, à l’AIPAC (le lobby américain pro-Israël) et dans les consortiums multinationaux pour l’aider à accéder au trône ».

A cela s’ajoute que les principaux médias américains se mobilisent pour promouvoir la campagne de l’épouse de l’ancien Président Bill Clinton. En janvier, un article élogieux sur sa personne est paru dans le « New York Times » : « Hillary serait le première candidate nominée par un parti populaire. Elle a servi le pays comme sénatrice d’un Etat important et comme ministre des affaires étrangères. Il faut aussi souligner qu’elle a l’expérience d’une First Lady avec son époux formidable mais fautif, l’ex-Président Bill Clinton ». Vient ensuite un passage de l’article qui indique que les Etats-Unis, sous une Présidente comme Hillary Clinton, mèneraient une politique étrangère encore plus agressive et belliciste qu’auparavant : « Madame Clinton sera capable de mener une politique plus dure qu’Obama quand il s’agira d’engager la puissance militaire américaine, comme l’annoncent d’ores et déjà son exigence d’imposer une zone interdite aux survols aériens en Syrie et son soutien antérieur à toute politique visant à armer et à entraîner les rebelles syriens ».

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Déjà le 5 juillet 2014, Jacob Heilbrunn, éditeur de la revue spécialisée « The National Interest », posait la question dans un article du « New York Times » : les néoconservateurs sont-ils prêts à s’allier à Hillary Clinton ? Dans ce cas, la mouvance néoconservatrice, après environ dix années de traversée du désert, reviendrait à l’avant-plan et profiterait du chaos créé en Ukraine et en Irak pour accuser Obama du désastre global et non pas la politique étrangère interventionniste de l’ère Bush. Tout en vilipendant Obama, les « néocons » prépareraient un coup de Jarnac en s’alliant à Clinton, tout au début de sa campagne, afin « de récupérer le siège conducteur de la politique étrangère américaine ».

De fait, il faut bien constater qu’Hillary Clinton, en tant que sénatrice et que ministre des affaires étrangères, a bel et bien mené une politique néoconservatrice. Heilbrunn le démontre : « Madame Clinton a voté pour le déclenchement de la guerre en Irak, elle a soutenu les livraisons d’armes aux rebelles syriens, a comparé le Président russe Vladimir Poutine à Adolf Hitler, a soutenu Israël du fond du cœur et a sans cesse souligné la nécessité de promouvoir la « démocratie » ». Par voie de conséquence, on peut « aisément s’imaginer » que Clinton donnera des positions importantes dans son gouvernement à des néoconservateurs.

Diana Johnstone, la grande dame du journalisme américain, rappelle fort opportunément le rôle d’Hillary Clinton dans l’aval aux bombardements de l’OTAN contre la Serbie au printemps de 1999 : « Dans Hillary’s Choice, une biographie de la First Lady, Gail Sheehy explique l’aval donné par Hillary Clinton à ces bombardements contre la Yougoslavie en 1999. Le livre de Gail Sheehy démontre comment Hillary a pu convaincre son mari, qui hésitait, à lancer la campagne de bombardements de 78 jours contre les Serbes, en avançant l’argument suivant : « A la fin de ce siècle, qui a connu l’holocauste, tu ne peux pas tolérer que ces épurations ethniques se poursuivent ».

Pour Diana Johnstone, les justifications d’Hillary Clinton sont « théâtrales » et totalement dépourvues de pertinence en ce qui concerne le conflit des Balkans. Car, en effet, il n’y a pas eu d’ « épuration ethnique » avant l’intervention militaire du Pacte nord-atlantique ; ce sont plutôt les bombes qui ont obligé les populations à fuir dans tous les sens. A la suite de quoi, la propagande de l’OTAN a utilisé cette catastrophe comme une preuve des « épurations ethniques » que les Américains et leurs séides voulaient en théorie empêcher en déversant leurs bombes sur le pays. La guerre des bombes de l’OTAN contre la Serbie a marqué une césure dans la politique internationale : en effet, depuis lors, toute « intervention humanitaire » peut sauter au-dessus du droit des gens et instaurer le droit du plus fort.

Bernhard TOMASCHITZ.

(article paru dans « zur Zeit », Vienne, n°10/2016, http://www.zurzeit.at ).

mardi, 15 mars 2016

Intervention de Xavier Moreau lors du colloque du RISI

Xavier Moreau : "Le terrorisme islamiste ne peut rien par lui-même"


Intervention de Xavier Moreau lors du colloque organisé par le RISI (Institut Russe des Etudes Stratégiques) présidé par le général Léonid Rechetnikov
12 février 2016

Thème du colloque : Perspectives du combat contre le terrorisme international

samedi, 12 mars 2016

Faut-il envisager un tremblement de terre à Washington?

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Faut-il envisager un tremblement de terre à Washington?

par Jean Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Ceci se produira presqu'à coup sûr lors des élections présidentielles du 8 novembre prochain. La perspective est peu évoquée en Europe. Ce serait une raison de plus pour s'y préparer!

Un certain nombre d'articles expliquent aujourd'hui (cf ceux cités par notre confrère Dedefensa http://www.dedefensa.org/article/et-hillary-dans-tout-ca) que, quel que soit le président élu, le système politique américain actuel ne s'en remettrait pas. Nous employons le terme de président et non celui de présidente, car selon ces observateurs, Hillary Clinton traine avec elle tant de casseroles qu'elle ne pourra faire face aux critiques déchainées de Donald Trump, non plus qu'à celles, plus mesurées mais plus en profondeur, de Bernie Sanders. Elle pourra d'autant moins faire face qu'elle a montré une remarquable inaptitude à s'engager sans mauvaise foi et maladresses faciles à relever dans des débats quelque peu percutants.

donald-trump-history-hair-ss15.jpgExit donc Clinton. Resteront en lice Donald Trump et Bernie Sanders, chacun d'eux pouvant susciter des dizaines de millions de votes favorables. Sanders fera probablement une remontée remarquable au sein du parti démocrate, mais il sera probablement et pour cette raison en butte à l'hostilité de ce qui en Amérique rejette l'idée même de ce que l'on appelle en Europe la social- démocratie, à plus forte raison si elle est orientée à gauche. Sanders aura contre lui tout l'appareil politique des conservateurs et néo-conservateurs, des maîtres de Wall Street et sans doute d'une partie des militaires. L'establishment démocrate préféra perdre les élections que se rallier à lui.

Les fortes sympathie que suscite actuellement Sanders parmi ce que nous appelons à l'européenne les forces de gauche, se reporteront voyant les chances de celui-ci s'amenuiser, vers Donald Trump. Celui-ci sera donc élu à coup sûr, même s'il continue à susciter l'opposition de tout ce que le parti républicain continue à comporter de néo-cons et assimilés. Que fera-t-il alors de ce pouvoir? S'il se révélait un président agressif, interventionniste contrairement à Obama, intelligent fut-il vitupérant, il s'appuierait sur la majorité de l'électorat qu'il aura rassemblée pour mettre en application les plus importantes des idées qu'il aura défendues et qui d'ores et déjà le rendent populaire.

Mais ceci ne pourra pas prendre la forme d'un changement en douceur de l'Amérique. Il s'agira d'un véritable tremblement de terre, avec l'émergence de nombreux groupes d'intérêts jusqu'ici maintenus dans le silence par les institutions actuelles. Ces intérêts pourront être contradictoires. Ils s'affronteront donc, provoquant une partie du tremblement de terre. Mais, avec l'appui de Trump, et dans la ligne qu'il a déjà esquissée, ils pourraient notamment provoquer une refondation complète de la politique étrangère américaine, tant vis à vis de la Russie et du Brics, que vis-à-vis des pays arabes et des migrations dites économiques. Les ennemis de Trump parleront  de capitulation devant Moscou, doublée d'islamophobie et de racisme, mais l'Amérique profonde devrait très probablement le soutenir.

Dans ce cas, le tremblement de terre s'étendra jusqu'à l'Europe. Celle-ci s'est montrée jusqu'à ce jour incapable de définir une politique conforme à ses besoins de survie dans les domaines résumés ci-dessus. Elle a toujours attendu que Washington lui dicte les comportements à suivre, au service de ses propres intérêts. L'élection de novembre ne changera rien à ce rapport de dépendance dont l'Europe paraît ne jamais pouvoir s'émanciper.

La dépendance à l'égard d'une Amérique de Trump obligera les Etats européens, tardivement suivis par les institutions de l'Union européenne, à revoir au mieux de leurs intérêts leurs positions concernant, là encore, les rapports avec la Russie et les Brics, avec les pays arabes et avec les régions du monde qui, si rien n'est fait, détruiront l'Europe, fut-ce à leur corps défendant, par l'exportation prochaine de dizaines de millions de migrants.

jeudi, 10 mars 2016

L’Arabie saoudite met-elle le feu aux poudres pour déclencher une nouvelle guerre au Proche-Orient?

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L’Arabie saoudite met-elle le feu aux poudres pour déclencher une nouvelle guerre au Proche-Orient?

par Andreas Becker

Ex: http://www.horizons-et-debats.ch

Actuellement, l’Arabie saoudite ne s’équipe pas seulement en matériel de guerre, mais semble être en effet avide de mettre le feu aux poudres. Ces derniers jours, des avions de combat saoudiens ont été transférés sur la base aérienne turque d’Incirlik. Ce transfert a eu lieu dans le cadre de la coalition militaire sous la direction des Etats-Unis contre l’Etat islamique (EI), dénommé aujourd’hui de préférence «Daech» par les politiciens et les médias occidentaux. Il faut considérer l’alliance turco-saoudienne contre la Syrie et l’Iran comme une alliance sunnite contre les chiites. Le Liban se montre cependant récalcitrant à la revendication saoudienne d’entrer dans son alliance militaire, comme le montre la lettre ouverte d’un important chrétien maronite adressée récemment au roi saoudien Salman. Lettre préconisant la paix, écrite à la veille d’une nouvelle guerre?

Depuis une semaine, le royaume du désert, riche en pétrole, est le théâtre de manœuvres militaires les plus étendues de son histoire. Y participent des forces armées provenant de 20 Etats différents: L’Arabie saoudite jouit actuellement des revenus des flux financiers investis, ces dernières décennies, dans des Etats arabes et africains. L’opération «Northern Thunder» («Tonnerre du Nord»), entamée il y a dix jours, est supposée durer une semaine encore. Elle ne fut communiquée que le jour initial même, parallèlement avec la menace de Riad, adressée au président Bachar al-Assad, de «le renverser par la force». C’est précisément ainsi que les guerres commencent.


La raison est que la victoire de l’EI contre Assad se fait attendre. Grâce au soutien aérien russe, le gouvernement syrien fut capable de reconquérir finalement certains territoires. Les Russes réussirent, assez rapidement, dans ce que la coalition anti-EI, dirigée par les Etats-Unis, n’atteignit pas une année durant: bloquer l’avancée de l’EI. Il faut pourtant préciser que le successeur d’Al-Qaïda n’est toujours pas vaincu.


L’Arabie saoudite mène déjà une guerre au Yémen contre les rebelles houthis. Le front anti-chiite est pourtant en train de s’élargir, menaçant d’englober un territoire allant de la Méditerranée au golfe Persique, de la frontière turque à la pakistanaise et l’afghane. En se montrant prête, de manière démonstrative, à intervenir militairement dans le conflit du Proche-Orient, Riad dissimule, selon sa propre logique, le fait qu’elle prend elle-même partie au conflit. L’Arabie saoudite a formé une alliance d’intérêts avec les Etats-Unis amis contre les alaouites au pouvoir en Syrie, dont est originaire la famille présidentielle d’Assad et qu’on considère comme faisant partie des chiites. Les raisons pour cette alliance anti-Assad ne sont pas identiques, mais la devise «L’ennemi de mon ennemi est mon ami» suffit pour se mettre d’accord pour déclencher une insurrection contre le gouvernement Assad.


Dans ce but, des clans syriens sunnites furent courtisés. On leur fournit argent et armes et leur assura un soutien logistique. Au début, Washington déclara qu’une «Armée syrienne libre» se battait contre le dictateur Assad et en faveur de la démocratie. Mais l’Armée syrienne libre se révéla, peu après, être en grande partie, des milices islamiques telles que le Front al-Nosra et l’Etat islamique (EI). Ni Riad, ni Washington n’accepte de le reconnaître. On ne parle pourtant presque plus de l’Armée syrienne libre aujourd’hui, mais surtout des meurtres perpétrés par les islamistes et dont les victimes sont avant tout des chrétiens. Pour le moment, il y a une zone d’ombre quant aux gouvernements et institutions qui soutiennent secrètement l’Etat islamique et ses rejetons.

Le Liban, un contre-modèle

Le Liban est le seul Etat du Proche-Orient à population fortement chrétienne. A l’origine, il fut un territoire de protection autonome pour les chrétiens vivant dans l’Empire ottoman et qui face à la répression se retirèrent dans ces terres maritimes et montagnardes. Durant les troubles sanglants du conflit au Proche-Orient, le pays a perdu sa majorité chrétienne. La cohésion et l’existence même du pays sont dues aux chrétiens et à leur foi, base de leur culture. Le Liban est l’exception remarquable d’un pays au Proche-Orient dont tous les différents groupes font partie du gouvernement.


Suite à ces évènements, les chrétiens auraient de bonnes raisons de se montrer, eux aussi, rancuniers. Ils pourraient donc également recourir aux armes, à l’instar des autres groupements religieux, mais ne le font que s’ils y sont contraints. Leur connaissance de l’histoire est bien là mais ils n’éprouvent aucun besoin de revanche.


La raison pour laquelle les chrétiens ne sont plus majoritaires dans ce pays – qui est en réalité le leur – est la fondation de l’Etat d’Israël et l’expulsion des Palestiniens, des musulmans sunnites et des chrétiens du pays. Ne voyant plus, dans un proche avenir, la possibilité de rentrer dans leur pays, l’OLP tenta de faire du Liban leur nouvel Etat. Une partie des Libanais sunnites les soutinrent.


S’en suivit une guerre civile sanglante. La tentative échoua. Le bilan fut catastrophique en vies humaines et en destructions. 27 ans après la fin de la guerre, le Liban est encore loin de bénéficier du niveau de vie qu’il avait auparavant grâce aux chrétiens. De même les Libanais doivent aux chrétiens que leur pays ne soit pas devenu un second Irak, une seconde Syrie, un second Yémen, une seconde Libye.


Tenter de continuer l’analyse des troubles libanais qui dominent les rapports entre les forces anti- et pro-syriennes, anti- et pro-occidentales, anti- et pro-israéliennes etc. dépasserait le cadre prévu et n’apporterait probablement plus de confusion que d’éclaircissement.

La «vengeance» saoudienne

Pour comprendre la situation actuelle, il importe juste de savoir que la Syrie vint en aide aux chrétiens dans la tentative de conquête palestinienne des années 70. Puis, il faut également tenir compte que le nombre de chiites, ayant considérablement augmenté au cours de ces récentes décennies, ces derniers se voient comme les alliés naturels des alaouites syriens.
Les chrétiens du Liban sont reconnaissants envers la Syrie pour leur aide militaire d’alors. Mais précisons également que la majorité des chrétiens libanais ne voulut pas d’un Liban sous protectorat syrien, raison pour laquelle ils soutinrent les Syriens qui se retirèrent en 2005. Cela ne change rien à la connaissance précise dont disposent les chrétiens libanais à propos des conditions de vie de leurs frères de foi chrétienne en Syrie, desquels ils sont souvent proches par des liens parentaux. En effet, ces conditions sont nettement meilleures sous l’alaouite Assad que sous une domination sunnite. Alors que le Hezbollah chiite lutte activement au côté d’Assad en Syrie, les chrétiens libanais se sentent proches des chrétiens syriens.

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Cela explique en partie la réticence du Liban à participer à l’alliance anti-chiite de l’Arabie saoudite orchestrée par les Etats-Unis. La raison principale en est l’autoprotection face à une autre guerre meurtrière et destructive dans laquelle on ne veut pas être impliqué. Un refus qui coûte cher au petit pays. Riad afficha ces jours-ci le catalogue pénal contre le Liban. Le roi Salman exige que le don, fait en 2013 par son prédécesseur le roi Abdallah, de trois milliards de dollars pour le réarmement de l’armée libanaise soit restitué. Cette somme considérable permit à ce petit pays, grâce aux livraisons d’armement de la France, de développer son armée. L’armée commune représente un facteur de stabilité important pour un Etat où combattaient encore il y a à peine plus de 25 ans de nombreuses milices armées.
Le désaccord de Riad s’exprime aussi dans l’avertissement public demandant aux Saoudiens d’éviter le Liban comme lieu de villégiature pour «des raisons de sécurité». Aujourd’hui, Riad est allé encore plus loin et a incité tous les Saoudiens à quitter le Liban. Cette mesure fut reprise par les alliés saoudiens les plus proches dans la région de Golfe, le Bahreïn, les Emirats arabes unis et le Qatar. Les Libanais ne sont pas dupes: cet avertissement est en réalité une exhortation indirecte à réduire les relations économiques avec le Liban. Ce rappel actuel adressé aux citoyens saoudiens correspond au niveau civil en réalité à une mobilisation générale au niveau militaire.


La troisième menace qui ne fut pas exprimée officiellement mais fut très clairement mise en circulation informellement a des conséquences directes et massives: L’Arabie saoudite et les autres Emirats du Golfe pourraient expulser les 400'000 Libanais travaillant dans la région du Golfe. On devine aisément quelles seraient les conséquences de tels agissements pour le Liban, un pays comptant 4,4 millions d’habitants (auxquels s’ajoutent 450'000 réfugiés palestiniens et 1'250'000 réfugiés syriens). Au plus tard depuis l’annonce de cette menace tout Libanais sait que l’Arabie saoudite ne plaisante pas et que ce petit pays au bord de la Méditerranée doit se soumettre. Une quatrième menace complète encore la panoplie des menaces: la rumeur circule que les Etats du Golfe dirigés par des familles sunnites pourraient retirer leur argent des banques libanaises et provoquer ainsi une crise économique et sociale dans le pays.

Le refus libanais

La «vengeance» du roi saoudien Salman apparaît après que le ministre des Affaires étrangères libanais, le chrétien maronite Jebran Bassil du Mouvement patriotique libre, ait refusé par deux fois, lors des récentes rencontres des ministres des Affaires étrangères arabes, d’approuver une résolution anti-iranienne présentée par l’Arabie saoudite et de se soumettre ainsi à l’alliance saoudienne. Le Mouvement patriotique libre forme en politique intérieure le groupe parlementaire minoritaire des chrétiens libanais. Dans le domaine de la politique extérieure, concernant la poudrière du conflit entre sunnites et chiites, menaçant de faire sauter tout le Proche-Orient, la majorité et la minorité chrétienne sont en grande partie d’accord. Un engagement direct du Liban dans une guerre incontrôlable au Proche-Orient serait la fin de la dernière présence chrétienne significative dans la région.


Non seulement dans les cercles musulmans, mais aussi parmi les chrétiens libanais, circule la rumeur qu’Israël ne verrait aucun inconvénient à voir les territoires environnants détruits. Il en serait de même avec les forces occidentales pouvant à la suite d’une guerre faire main-basse sans aucune gêne sur les richesses naturelles du Proche-Orient. Une appréciation qui ne remonte guère le moral dans le pays. Un éminent chrétien du Liban ne veut pas spéculer sur de tels arrière-plans derrière les arrière-plans. Pour lui, les faits qui se trouvent sur la table sont suffisamment graves pour l’inciter à passer à l’action.


Face à cette crise grandissante où l’on peut sentir l’odeur de la poudre jusqu’à Beyrouth, le chrétien maronite Fady Noun, rédacteur en chef suppléant de «L’Orient-Le Jour», le quotidien libanais le plus renommé, a rédigé une Lettre ouverte adressée au roi Salman d’Arabie saoudite. Il y exige le respect mutuel et précise les raisons pour lesquelles le Liban ne peut pas accepter cette alliance, car sinon l’unique modèle permettant de trouver une solution au conflit serait détruit. Noun présente donc au roi saoudien le Liban comme modèle en l’invitant à choisir la paix plutôt que la guerre.    •

Source: www.katholisches.info/2016/02/24/zuendet-saudi-arabien-di...

(Traduction Horizons et débats)

«Il faut bien voir que l’on est là devant un phénomène de civilisation qui interpelle tout le monde, y compris l’Occident. L’Occident athée de la mort de Dieu, de la conquête coloniale, des invasions impériales, de l’inégalité des échanges, du racisme déclaré ou poli et du relativisme éthique. Un relativisme décrit par le philosophe américain Eric Voegelin, qui a réfléchi sur les millénarismes, comme ‹une divinisation de la société par elle-même›.
Comme elle nous manque, en ces jours troublants, cette réflexion vigoureuse sur les rapports civilisationnels qui nous permettrait de jouer notre rôle de médiateurs culturels, de ‹brokers› de la paix et de la vérité. Comme il nous manque aujourd’hui de penser le XXe siècle dont nous héritons. Comme elle nous manque, cette réflexion en profondeur sur l’islam pour comprendre ce qui a rendu possible cette aberration culturelle et politique que l’on nomme ‹Etat islamique›.»

Source: Lettre ouverte de Fady Noun adressée au roi saoudien Salman (extrait)

mardi, 08 mars 2016

Gaddafi’s Revenge?

By

Ex: http://www.lewrockwell.com

I went to Libya in 1987 to interview its strongman, Muammar Gaddafi. We spent an evening talking in his colorful Bedouin tent outside the Bab al-Azizya Barracks in Tripoli which had been bombed a year earlier by the US in an attempt to kill the troublesome Libyan leader.

Gaddafi predicted to me that if he were overthrown, Libya would break up into two or three parts and again fall prey to western domination. His efforts to bring the Arab world and West Africa out of subservience and backwardness would be ended, he foretold.

The Libyan “leader” was right. Today, after his death, Libya has splintered into warring camps. The US, France, and Egypt are expanding their influence in Libya, lately also joined by Italy, Libya’s former colonial ruler. They have installed the usual set of yes-men to do their bidding.  Old habits die hard.

We will be hearing much more about Libya after the big wins by Hillary Clinton and Donald Trump in last week’s Super Tuesday Democratic primaries

Former Secretary of State Hillary Clinton will shortly face the return of a major threat that has bedeviled her since 2012 – the attack by jihadists on the US Consulate in Tripoli, Libya and the killing of US Ambassador Christopher Stevens and his bodyguards.

Republicans have been trying to lay blame for Benghazi on Clinton.  So far they have not been very successful. But brawler Donald Trump can be counted on to attack Hillary over Benghazi, her record as a do-little Secretary of State, and her legal troubles. What’s more, the true story of the phony “liberation” of Libya may finally emerge.

Neither the Democrats nor Republicans have so far dared reveal what really happened in Benghazi. The so-called 2011 “popular revolution” in Libya was an elaborate plot by France, Britain, the US, aided by the Gulf Emirates and Egypt, to overthrow Libya’s four-decade long strongmen Gaddafi and seize control of his high-grade oil.

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Western intelligence and quasi-government NGO’s used the same tactics of subversion in Libya that they employed in the successful “color revolutions” Georgia, Ukraine, and Syria, but failed in Iran and Russia.

The French wanted to overthrow Gaddafi because he claimed to have helped finance former President Nicholas Sarkozy’s election. Sarkozy denied the charged. The Gulf Arabs wanted Gaddafi dead because he kept accusing them of stealing Arab wealth and being puppets of the Western powers.

French intelligence agents had tried to assassinate Gaddafi in the 1980’s. Britain’s MI6 sought to kill the Libyan leader with a massive car bomb in Benghazi. Both attempts failed.

The regime change operation began in 2011 by the US, France, and Britain by engineered popular protests in Benghazi. They were soon followed by covert military operation led by the US, British and French special forces against Gaddafi’s rag-tag army, followed by heavy air attacks. The tame western media obligingly closed its eyes to this Western military intervention, instead hailing Libya’s “popular revolution.”

After Gaddafi was overthrown and murdered (reportedly by French intelligence agents), huge stores of stockpiled arms became available.  Secretary of State Clinton, who had championed the overthrow of Gaddafi, decided to arm the West’s newest “color revolution,” Syria’s anti-Assad rebels.

Most of these Libyan arms were stockpiled in Benghazi, covertly flown to Lebanon or Jordan, then smuggled to the anti-Assad rebels in Syria. US Ambassador Stevens was overseeing the arms transfers from the US consulate in Benghazi. He was killed by anti-American jihadists battling the occupation of Libya, not “terrorists.”

Hillary Clinton, who is bankrolled by heavy-duty neocons, holds chief responsibility for two calamities: the overthrow of Gaddafi and Syria’s terrible civil war. Gaddafi had been restraining numerous North African jihadist groups. After his overthrow, they poured south into the Sahel and sub-Saharan regions, menacing western-dominated governments.

We also learn that Clinton’s State Department green-lighted over $150 billion of arms sales to 16 repressive nations that had donated large sums to the Clinton Foundation – a sort of government in exile for the Clinton clan.

All very sordid business. No wonder so many Americans are furious at their political class. Lots of ammo for Donald Trump.

lundi, 07 mars 2016

La concretezza geopolitica del diritto in Carl Schmitt

La produzione teorica di Carl Schmitt è caratterizzata dalla tendenza dell’autore a spaziare in diversi settori di ricerca e dal rifiuto di assolutizzare un solo fattore o ambito vitale. Nonostante gli siano state rivolte frequenti accuse di ambiguità e asistematicità metodologica – in particolar modo da chi sostiene la “purezza” della scienza del diritto -, in una delle sue ultime interviste, rilasciata nella natia Plettenberg, Schmitt ribadì senza mezzi termini la sua radicale scelta esistenziale: «Mi sento al cento per cento giurista e niente altro. E non voglio essere altro. Io sono giurista e lo rimango e muoio come giurista e tutta la sfortuna del giurista vi è coinvolta» (Lanchester, 1983, pp. 5-34).

Un metodo definito sui generis, distante dalle asettiche teorizzazioni dei fautori del diritto positivo ma non per questo meno orientato alla scienza giuridica, sviscerata fin nelle sue pieghe più riposte per ritrovarne la genesi violenta e i caratteri concreti ed immediati, capaci di imporsi su una realtà che, da “fondamento sfondato”, è minacciata dal baratro del nulla.

In quest’analisi si cercherà di far luce sul rapporto “impuro” tra diritto ed altre discipline, in primis quella politica attraverso cui il diritto stesso si realizza concretamente, e sui volti che questo ha assunto nel corso della sua produzione.

1. Il pensiero di Schmitt può essere compreso solo se pienamente contestualizzato nell’epoca in cui matura: è dunque doveroso affrontarne gli sviluppi collocandoli in prospettiva diacronica, cercando di individuare delle tappe fondamentali ma evitando rigide schematizzazioni.

41oP4499VTL._SY344_BO1,204,203,200_.jpgSi può comunque affermare con una certa sicurezza che attorno alla fine degli anni ’20 le tesi schmittiane subiscano un’evoluzione da una prima fase incentrata sulla “decisione” a una seconda che volge invece agli “ordini concreti”, per una concezione del diritto più ancorata alla realtà e svincolata non solo dall’eterea astrattezza del normativismo, ma pure dallo “stato d’eccezione”, assenza originaria da cui il diritto stesso nasce restando però co-implicato in essa.

L’obiettivo di Schmitt è riportare il diritto alla sfera storica del Sein – rivelando il medesimo attaccamento all’essere del suo amico e collega Heidegger -, che si oppone non solo al Sollen del suo idolo polemico, Hans Kelsen, ma pure al Nicht-Sein, allo spettro del “Niente” che sopravviveva nell’eccezione, volutamente non esorcizzato ma troppo minaccioso per realizzare una solida costruzione giuridica. La “decisione”, come sottolineò Löwith – che accusò Schmitt di “occasionalismo romantico” – non può pertanto essere un solido pilastro su cui fondare il suo impianto teoretico, essendo essa stessa infondata e slegata «dall’energia di un integro sapere sulle origini del diritto e della giustizia» (Löwith, 1994, p.134). Il decisionismo appariva in precedenza come il tentativo più realistico per creare ordine dal disordine, nell’epoca della secolarizzazione e dell’eclissi delle forme di mediazione: colui che s’impone sullo “stato d’eccezione” è il sovrano, che compie un salto dall’Idea alla Realtà. Quest’atto immediato e violento ha sul piano giuridico la stessa valenza di quella di Dio nell’ambito teologico, tanto da far affermare a Schmitt che «tutti i concetti più pregnanti della moderna dottrina dello Stato sono concetti teologici secolarizzati» (Teologia politica, 1972, p.61). Solo nell’eccezione il problema della sovranità si pone come reale e ineludibile, nelle vesti di chi decide sull’eventuale sospensione dell’ordinamento, ponendosi così sia fuori che dentro di esso. Questa situazione liminale non è però metagiuridica: la regola, infatti, vive «solo nell’eccezione» (Ivi, p.41) e il caso estremo rende superfluo il normativo.

La debolezza di tale tesi sta nel fissarsi su una singola istanza, la “decisione”, che ontologicamente è priva di fondamento, in quanto il soggetto che decide – se si può definire tale – è assolutamente indicibile ed infondabile se non sul solo fatto di essere riuscito a decidere e manifestarsi con la decisione. Contrariamente a quanto si potrebbe pensare, decisionismo non è dunque sinonimo di soggettivismo: a partire dalla consapevolezza della sua ambiguità concettuale, Schmitt rivolge la sua attenzione verso la concretezza della realtà storica, che diviene il perno della sua produzione giuridica.
Un cambio di rotta dovuto pure all’erosione della forma-Stato, evidente nella crisi della ”sua” Repubblica di Weimar. Il decisionismo rappresentava un sostrato teorico inadeguato per l’ordinamento giuridico internazionale post-wesfaliano, in cui il tracollo dello Stato[1] spinge Schmitt a individuare nel popolo e nei suoi “ordinamenti concreti” la nuova sede del “politico”.

Arroccato su posizioni anti-universaliste, l’autore elabora tesi che vanno rilette in sostanziale continuità con quelle precedenti ma rielaborate in modo tale da non applicare la prospettiva decisionista a tale paradigma cosmopolitico.

2. Il modello di teoria giuridica che Schmitt approfondì in questa tappa cruciale del suo itinerario intellettuale è l’istituzionalismo di Maurice Hauriou e Santi Romano, che condividono la definizione del diritto in termini di “organizzazione”. La forte coincidenza tra organizzazione sociale e ordinamento giuridico, accompagnata alla serrata critica del normativismo, esercitò una notevole influenza su Schmitt, che ne vedeva il “filo di Arianna” per fuoriuscire dal caos in cui era precipitato il diritto dopo la scomparsa degli Stati sovrani.

Convinto fin dalle opere giovanili che fosse il diritto a creare lo Stato, la crisi irreversibile di quest’ ultimo indusse l’autore a ricercarne gli elementi essenziali all’interno degli “ordinamenti concreti”. Tralasciando la dottrina di Hauriou, che Schmitt studiò con interesse ma che esula da un’analisi prettamente giuridica in quanto fin troppo incentrata sul piano sociologico, è opportuno soffermarsi sull’insegnamento romaniano e sulle affinità tra questi e il tardo pensiero del Nostro. Il giurista italiano riconduceva infatti il concetto di diritto a quello di società – corrispondono al vero sia l’assunto ubi societas ibi ius che ubi ius ibi societas – dove essa costituisca un’«unità concreta, distinta dagli individui che in essa si comprendono» (Romano, 1946, p.15) e miri alla realizzazione dell’«ordine sociale», escludendo quindi ogni elemento riconducibile all’arbitrio o alla forza. Ciò implica che il diritto prima di essere norma è «organizzazione, struttura, posizione della stessa società in cui si svolge e che esso costituisce come unità» (Ivi, p.27).

La coincidenza tra diritto e istituzione seduce Schmitt, al punto da fargli considerare questa particolare teoria come un’alternativa al binomio normativismo/decisionismo, “terza via” di fronte al crollo delle vecchie certezze del giusnaturalismo e alla vulnerabilità del positivismo. Già a partire da Teologia politica il pensiero di matrice kelseniana era stato demolito dall’impianto epistemologico che ruotava intorno ai concetti di sovranità e decisione, che schiacciano il diritto nella sfera del Sein riducendo il Sollen a «modus di rango secondario della normalità» (Portinaro, 1982, p. 58). Il potere della volontà esistenzialmente presente riposa sul suo essere e la norma non vale più in quanto giusta, tramontato il paradigma giusnaturalistico, ma perché è stabilita positivamente, di modo che la coppia voluntas/auctoritas prevalga su quella ratio/veritas.
L’eclissi della decisione osservabile dai primi scritti degli anni ’30 culmina col saggio I tre tipi di pensiero giuridico, in cui al “nemico” scientifico rappresentato dall’astratto normativista Schmitt non oppone più l’eroico decisionista del caso d’eccezione quanto piuttosto il fautore dell’ “ordinamento concreto”, anch’esso ubicato nella sfera dell’essere di cui la normalità finisce per rappresentare un mero attributo, deprivato di quei connotati di doverosità che finirebbero per contrapporsi a ciò che è esistenzialmente dato. Di qui la coloritura organicistico-comunitaria delle istituzioni che Schmitt analizza, sottolineando che «esse hanno in sé i concetti relativi a ciò che è normale» (I tre tipi di pensiero giuridico, 1972, pp.257-258) e citando a mo’ di esempi modelli di ordinamenti concreti come il matrimonio, la famiglia, la chiesa, il ceto e l’esercito.

Il normativismo viene attaccato per la tendenza a isolare e assolutizzare la norma, ad astrarsi dal contingente e concepire l’ordine solo come «semplice funzione di regole prestabilite, prevedibili, generali» (Ibidem). Ma la novità più rilevante da cogliere nel suddetto saggio è il sotteso allontanamento dall’elemento decisionistico, che rischia di non avere più un ruolo nell’ambito di una normalità dotata di una tale carica fondante.

3. L’idea di diritto che l’autore oppone sia alla norma che alla decisione è legata alla concretezza del contesto storico, in cui si situa per diventare ordinamento e da cui è possibile ricavare un nuovo nomos della Terra dopo il declino dello Stato-nazione.
Lo Schmitt che scrive negli anni del secondo conflitto mondiale ha ben presente la necessità di trovare un paradigma ermeneutico della politica in grado di contrastare gli esiti della modernità e individuare una concretezza che funga da katechon contro la deriva nichilistica dell’età della tecnica e della meccanizzazione – rappresentata sul piano dei rapporti internazionali dall’universalismo di stampo angloamericano.

Sulla scia delle suggestioni ricavate dall’istituzionalismo, il giurista è consapevole che solo la forza di elementi primordiali ed elementari può costituire la base di un nuovo ordine.
La teoria del nomos sarà l’ultimo nome dato da Schmitt alla genesi della politica, che ormai lontana dagli abissi dello “stato d’eccezione” trova concreta localizzazione nello spazio e in particolare nella sua dimensione tellurica: i lineamenti generali delle nuove tesi si trovano già in Terra e mare del 1942 ma verranno portati a compimento solo con Il nomos della terra del 1950.

Nel primo saggio, pubblicato in forma di racconto dedicato alla figlia Anima, il Nostro si sofferma sull’arcana e mitica opposizione tra terra e mare, caratteristica di quell’ordine affermatosi nell’età moderna a partire dalla scoperta del continente americano. La spazializzazione della politica, chiave di volta del pensiero del tardo Schmitt, si fonda sulla dicotomia tra questi due elementi, ciascuno portatore di una weltanschauung e sviscerati nelle loro profondità ancestrali e mitologiche più che trattati alla stregua di semplici elementi naturali. Il contrasto tra il pensiero terrestre, portatore di senso del confine, del limite e dell’ordine, e pensiero marino, che reputa il mondo una tabula rasa da percorrere e sfruttare in nome del principio della libertà, ha dato forma al nomos della modernità, tanto da poter affermare che «la storia del mondo è la storia della lotta delle potenze terrestri contro le potenze marine» (Terra e mare, 2011, p.18) . Un’interpretazione debitrice delle suggestioni di Ernst Kapp e di Hegel e che si traduceva nel campo geopolitico nel conflitto coevo tra Germania e paesi anglosassoni.

schmitt1.jpgLo spazio, cardine di quest’impianto teorico, viene analizzato nella sua evoluzione storico-filosofica e con riferimenti alle rivoluzioni che hanno cambiato radicalmente la prospettiva dell’uomo. La modernità si apre infatti con la scoperta del Nuovo Mondo e dello spazio vuoto d’oltreoceano, che disorienta gli europei e li sollecita ad appropriarsi del continente, dividendosi terre sterminate mediante linee di organizzazione e spartizione. Queste rispondono al bisogno di concretezza e si manifestano in un sistema di limiti e misure da inserire in uno spazio considerato ancora come dimensione vuota. È con la nuova rivoluzione spaziale realizzata dal progresso tecnico – nato in Inghilterra con la rivoluzione industriale – che l’idea di spazio esce profondamente modificata, ridotta a dimensione “liscia” e uniforme alla mercé delle invenzioni prodotte dall’uomo quali «elettricità, aviazione e radiotelegrafia», che «produssero un tale sovvertimento di tutte le idee di spazio da portare chiaramente (…) a una seconda rivoluzione spaziale» (Ivi, p.106). Schmitt si oppone a questo cambio di rotta in senso post-classico e, citando la critica heideggeriana alla res extensa, riprende l’idea che è lo spazio ad essere nel mondo e non viceversa. L’originarietà dello spazio, tuttavia, assume in lui connotazioni meno teoretiche, allontanandosi dalla dimensione di “datità” naturale per prendere le forme di determinazione e funzione del “politico”. In questo contesto il rapporto tra idea ed eccezione, ancora minacciato dalla “potenza del Niente” nella produzione precedente, si arricchisce di determinazioni spaziali concrete, facendosi nomos e cogliendo il nesso ontologico che collega giustizia e diritto alla Terra, concetto cardine de Il nomos della terra, che rappresenta per certi versi una nostalgica apologia dello ius publicum europaeum e delle sue storiche conquiste. In quest’opera infatti Schmitt si sofferma nuovamente sulla contrapposizione terra/mare, analizzata stavolta non nei termini polemici ed oppositivi di Terra e mare[2] quanto piuttosto sottolineando il rapporto di equilibrio che ne aveva fatto il cardine del diritto europeo della modernità. Ma è la iustissima tellus, «madre del diritto» (Il nomos della terra, 1991, p.19), la vera protagonista del saggio, summa del pensiero dell’autore e punto d’arrivo dei suoi sforzi per opporre un solido baluardo al nichilismo.

Nel nomos si afferma l’idea di diritto che prende la forma di una forza giuridica non mediata da leggi che s’impone con violenza sul caos. La giustizia della Terra che si manifesta nel nomos è la concretezza di un arbitrio originario che è principio giuridico d’ordine, derivando paradossalmente la territorialità dalla sottrazione, l’ordine dal dis-ordine. Eppure, nonostante s’avverta ancora l’eco “tragica” degli scritti giovanili, il konkrete Ordnung in cui si esprime quest’idea sembra salvarlo dall’infondatezza e dall’occasionalismo di cui erano state accusate le sue teorie precedenti.
Da un punto di vista prettamente giuridico, Schmitt ribadisce la sentita esigenza di concretezza evitando di tradurre il termine nomos con “legge, regola, norma”, triste condanna impartita dal «linguaggio positivistico del tardo secolo XIX» (Ivi, p.60). Bisogna invece risalire al significato primordiale per evidenziarne i connotati concreti e l’origine abissale, la presa di possesso e di legittimità e al contempo l’assenza e l’eccedenza. La catastrofe da cui lo ius publicum europaeum è nato, ossia la fine degli ordinamenti pre-globali, è stata la grandezza del moderno razionalismo politico, capace di avere la propria concretezza nell’impavida constatazione della sua frattura genetica e di perderla con la riduzione del diritto ad astratta norma. Ed è contro il nichilismo del Gesetz che Schmitt si arma, opponendo alla sua “mediatezza”, residuo di una razionalità perduta, l’“immediatezza” del nomos, foriero di una legittimità che «sola conferisce senso alla legalità della mera legge» (Ivi, p.63).

BIBLIOGRAFIA ESSENZIALE

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CARRINO A., Carl Schmitt e la scienza giuridica europea, introduzione a C. SCHMITT, La condizione della scienza giuridica europea, Pellicani Editore, Roma, 1996

CASTRUCCI E., Introduzione alla filosofia del diritto pubblico di Carl Schmitt, Giappichelli, Torino, 1991

ID., Nomos e guerra. Glosse al «Nomos della terra» di Carl Schmitt, La scuola di Pitagora, Napoli, 2011

CATANIA A., Carl Schmitt e Santi Romano, in Il diritto tra forza e consenso, Edizioni Scientifiche Italiane, Napoli, 1990, pp.137-177

CHIANTERA-STUTTE P., Il pensiero geopolitico. Spazio, potere e imperialismo tra Otto e Novecento, Carocci Editore, Roma, 2014

DUSO G., La soggettività in Schmitt in Id., La politica oltre lo Stato: Carl Schmitt, Arsenale, Venezia, 1981, pp.49-68

GALLI C., Genealogia della politica. Carl Schmitt e la crisi del pensiero politico moderno, Il Mulino, Bologna, 2010

LANCHESTER F., Un giurista davanti a sé stesso, in «Quaderni costituzionali», III, 1983, pp. 5-34

LÖWITH K., Il decisionismo occasionale di Carl Schmitt, in Marx, Weber, Schmitt, Laterza, Roma:Bari,1994

PIETROPAOLI S., Ordinamento giuridico e «konkrete Ordnung». Per un confronto tra le teorie istituzionalistiche di Santi Romano e Carl Schmitt, in «Jura Gentium», 2, 2012

ID., Schmitt, Carocci, Roma, 2012

PORTINARO P. P., La crisi dello jus publicum europaeum. Saggio su Carl Schmitt, Edizioni di Comunità, Milano, 1982

ROMANO S., L’ordinamento giuridico, Firenze, Sansoni, 1946

SCHMITT C., Die Diktatur, Duncker & Humblot, Monaco-Lipsia, 1921, trad. it. La dittatura, Laterza, Roma-Bari, 1975

ID., Politische Theologie. Vier Kapitel zur Lehre der Souveränität, Duncker & Humblot, Monaco-Lipsia 1922, trad it. Teologia politica. Quattro capitoli sulla dottrina della sovranità, in Le categorie del ‘politico’ (a cura di P. SCHIERA e G. MIGLIO), Il Mulino, Bologna, 1972

ID., Verfassungslehre, Duncker & Humblot, Monaco-Lipsia 1928, trad. it. Dottrina della costituzione, Giuffrè, Milano, 1984

ID., Der Begriff des Politischen, in C. SCHMITT et al., Probleme der Demokratie, Walther Rothschild, Berlino-Grunewald, 1928, pp. 1-34, trad. it. Il concetto di ‘politico’. Testo del 1932 con una premessa e tre corollari, in Le categorie del ‘politico’, Il Mulino, Bologna, 1972

ID., Legalität und Legitimität, Duncker & Humblot, Monaco-Lipsia 1932, trad. it. Legalità e legittimità, in Le categorie del ‘politico’, Il Mulino, Bologna, 1972

ID., Über die drei Arten des rechtswissenschaftlichen Denkens, Hanseatische Verlagsanstaldt, Amburgo, 1934, trad. it. I tre tipi di pensiero giuridico, in Le categorie del ‘politico’, Il Mulino, Bologna, 1972

ID., Land und Meer. Eine weltgeschichtliche Betrachtung, Reclam, Lipsia 1942, trad. it. Terra e mare. Una considerazione sulla storia del mondo raccontata a mia figlia Anima, Adelphi, 2011

ID., Der Nomos der Erde im Völkerrecht des Jus Publicum europaeum, Greven, Colonia 1950, trad. it. Il Nomos della terra nel diritto internazionale dello “ius publicum europaeum”, Adelphi, Milano, 1991

ID., Die Lage der europäischen Rechtswissenschaft, Internationaler Universitätsverlag, Tubinga, 1950, trad. it. La condizione della scienza giuridica europea, Pellicani Editore, Roma, 1996

NOTE:

[1] «Un termine apparentato ad un periodo storico: vale solo da Hobbes ad Hegel», come scrisse in una lettera a Norberto Bobbio, cfr. P. TOMMISSEN, introduzione a C. SCHMITT, Il concetto d’Impero nel diritto internazionale, Settimo Sigillo, Roma, 1996, p.6
[2] Ricchi altresì di significati simbolici espressi mediante le figure veterotestamentali del Leviathan e del Behemoth. Rovesciando l’impostazione hobbesiana, Schmitt sembra prediligere il secondo, mostro terrestre che in battaglia penetra nel territorio nemico anziché annientarlo come fa il soffocante Leviatano (Terra e mare, 2011, pp.18-19). L’analogia con lo scontro in atto tra Germania e paesi angloamericani è lampante (Chiantera-Stutte, 2014, pp.120-121).

An Interview with Edward Limonov

Edward Limonov – ghetto thug, vagabond, writer in Parisian salons, irresistible seducer, sniper, and founder of the party The Other Russia – on the war in Ukraine.

An Interview with Edward Limonov

The premier Italian daily, Il Corriere Della Serra, published a long interview with Edward Limonov by Paolo Valentino on two pages in its Sunday supplement, La Lettura, on 8 February 2015. The following was translated by Eugene Montsalvat from the French version.

In a year, Russian society has radically changed. We have lived with more than 20 years of humiliations, as a country and as a people. We have submitted to defeat after defeat. The country that Russia constructed, the Soviet Union, committed suicide. A suicide assisted by greedy foreigners. For 23 years we have remained in a full collective depression. The people of a great country constantly needs victories, not necessarily of a military nature, but it should see itself as a victor. The reunification of Crimea with Russia was seen by the Russians as the victory that we had lacked for so long. Finally! That was something comparable to the Spanish Reconquista.
– Edward Limonov

He has done everything and been everything in his life. Edouard Veniaminovitch Savenko, alias Edward Limonov. Ghetto thug, maybe KGB agent, beggar, vagabond, butler of a progressive American mogul, poet, writer in Parisian salons, irresistible seducer, sniper with Arkan’s Tigers at the time of the collapse of Yugoslavia, political leader, founder of the National Bolshevik Party before it dissolved, and he created the party The Other Russia.

But Limonov, sour as the citrus from which he takes his pseudonym, is above all an anti-hero, an aesthete, an outsider who has always chosen, voluntarily, the camp you shouldn’t choose, without ever being a loser for all that.

Basically, Edouard Limonov is a grand exhibitionist, who never feared the risks and paid the heavy price for all his adventures: for example, with two and a half years in prison, of which a dozen months were spent in Penal Colony Number 13, on the steppe near Saratov, in 2003.

It can seem paradoxical that for the first time in his life full of dangers, the personality made famous by the eponymous book by Emmanuel Carrère found himself more marginalized, in the catacombs of Russian national history, as a charismatic eccentric capable of leading a few dozen desperadoes. Fully on the contrary, he is today clearly in the mainstream, a champion of nationalist inspiration, which has spread in the collective spirit of the Russian nation due to the events in Ukraine and the reaction of the Western countries.

Limonov received us in his little apartment in the center of Moscow, near Mayakovsky Place. A large and robust young man picked us up a few streets from there, and led us to the building. Another beefy guy opened the armoured door. These are his militants, who serve as his bodyguards.

He will soon be 72, and, despite his silver hair, seems twenty years younger. Thin, narrow-faced with his famous goatee, and wearing a small earring, he is dressed all in black, with tight pants, a sleeveless vest, and a turtleneck sweater.

He spoke in a soft voice, slightly hoarse. He had a calm demeanour and a certain gentleness, in apparent contradiction with the furor that has marked his life.

‘You Westerners, you understand nothing of what happened’, he began, offering a glass of tea.

av-recruit.jpgWhat don’t we understand?

That Donbass is populated by Russians. And that there is no difference with the Russians who live in the neighbouring regions, in Russia, like Krasnodar or Stavropol: the same people, the same dialect, the same history. Putin is at fault for not saying it clearly to the USA and Europe. It is in our national interest.

So for you, Ukraine is Russia?

No, not entirely. Ukraine is a little empire, composed of territory taken from Russia, and others taken from Poland, Czechoslovakia, Romania, and Hungary. Its borders were the administrative frontiers of the Soviet Socialist Republic of Ukraine. Borders that never existed. It’s an imaginary territory, that, I repeat it, only exists due to administrative decrees.

Take Lviv, the city that is considered to be the the capital of Ukrainian nationalism: you know that Ukraine received it in 1939 with the signing of the Molotov-Ribbentrop Pact. At that time, 57% of the population was Polish, the rest principally Jewish, and there were practically no Ukrainians. The south of the country was then given to Ukraine after having been conquered by the Red Army. That’s history. But then, when Ukraine was separated from the Soviet Union, it did not return those territories, beginning with Crimea, which was given as a gift by Khrushchev in 1954. I do not understand why Putin has yet to say that Donbass and Russia, they’re the same thing.

Maybe because they are territories recognized at the international level.

When the territory of the Soviet Union was dismembered, in 1991, the international community mocked it. Did anyone say anything? No. That is what I reproach the West for: applying a double standard to international relations. There are certain rules for a country like Russia, and others for the West. There will not be peace in Ukraine so long as they won’t liberate their colonies, I mean Donbass. Putin is at fault for not saying it directly.

Maybe Putin does so because he doesn’t want to annex Donbass, as he did with Crimea, because that can only create problems?

Maybe you are right. Maybe he didn’t want to annex Crimea. That was his duty, whether it pleases him or not. He is the President of Russia. And he risked a lot.

A limited risk all the same, because his popularity remains above 80%.

He still benefits from the effects of the inertia created by Crimea. But if he abandons Donbass, by leaving it to the government of Kiev, with the thousands of Russian volunteers who risk being killed, his popularity will melt like snow in the Sun. For the moment, that doesn’t seem to be the case, but Putin is stuck.

What will he do, according to you?

He reacts well. He is in the process of radicalizing. He understood that the Minsk accords were a farce. They only aid the Ukrainian President, Poroshenko. Even if he doesn’t want to, he must act. A year ago, when the problem of Crimea arose, Putin was obsessed with the Olympic Games, which he considered as his great work. He was happy. He was obliged to put in practice the plans prepared by the Russian Army, that have evidently existed for a long time. Crimea was a victory for Putin, although despite himself. Donbass was not absolutely on the horizon. The Western countries accuse him of wanting to annex it, but in fact he is very hesitant.

After Ukraine, what will be the next territories that will be reconquered? The Baltic countries?

No, evidently not. To return to Ukraine, I believe that it should exist as a state, composed only of the Western provinces that can be considered as Ukrainian. It’s not that I want to deny their culture and their beautiful language. But I repeat it: on the condition that they liberate the Russian territories.

You have attacked Putin many times in the past. So is he the leader Russia needs, yes or no?

We have an authoritarian regime. And Putin is the leader that we have. There is no means to escape it. But there is a difference between the Putin of the first two elections and that of today. The first was catastrophic, given his inferiority complex of an old KGB petty officer. He liked the company of international leaders: Bush Jr., Schröder, Berlusconi. But he learned over time. He improved. He said goodbye to the glitter and began serious work. He is in a difficult time, and he does what is necessary. It is impossible today not to ask him to be authoritarian.

Can Russia be a non-authoritarian country?

If Obama continues to say that he must punish us, then this obliges us to have authoritarian leaders.

What does Russia represent for you?

The greatest European nation. We are twice as numerous as the Germans. Truly, we are Europe. The Western part is a little appendix, not only in terms of territory, but also in wealth.

In truth, the European Union is the number one commercial power in the world.

There are things more important than commerce and markets.

actualité,europe,affaires européennes,ukraine,russie,géopolitique,edward limonov,entretien,littérature,littérature russe,lettres,lettres russesIf you the the greatest European power, why are you also nationalists?

We are no more nationalists than are the French or Germans. We are a power more imperial than nationalist. I recall that more than 20 million Muslims live in Russia, but they are not immigrants, they have always been there. We are anti-separatist. Certainly, there is still an ethnic nationalism in Russia, luckily in the minority, and that creates problems. I am not a Russian nationalist and I have never been. I consider myself to be an imperialist. I want a country with all its diversity, but rallying to Russian civilisation, culture, and history. Russia can only exist as a mosaic.

But are you, or are you not, part of the Western world?

That is not important. It’s a dogmatic question, without real meaning. Is South Korea part of the Western world? No, and yet it is considered as such. Where is the border of the West? That is not important for Russians.

What distinguishes Russian identity?

Our history. We are not better than others, but not worse either. We do not accept being treated as inferiors, left to the side and humiliated. That enrages us. It’s our spiritual state today.

The West claims the values of the French Revolution: democracy, separation of powers, the rights of man. Is democracy part of your values?

For Russians, the most important and fundamental notion is that of spravedlivost. This means justice, in the senses of social justice, equity,and aversion to inequalities. I think that our spravedlivost is very close to what you call democracy.

The sanctions and the economic crisis, could they threaten Putin’s position?

I think that in the world today, economics is overvalued. It is the passions which are the motor of history. We can resist economic pressure, and we will resist. But will Putin do what he must do in Donbass? Look at our history: the Siege of Leningrad, the Battle of Stalingrad. We can do it. There were many throughout history who tried to beat us, from Napoleon to Hitler. But Russian national pride weighs more than political economy, and I think I know the character of my people well.

samedi, 05 mars 2016

La Chine en action: vers la chute du dollar

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La Chine en action: vers la chute du dollar

Auran Derien, enseignant

Ex: http://metamag.fr

Pour un monde dé-dollarisé

Depuis le début de 2016, la Banque Centrale de Chine a mis en fonctionnement un système interbancaire de ventes et d’achats d’or. Deux institutions, filiales de la Banque Centrale, se partagent les responsabilités.

Le marché interne de l’or est sous la responsabilité de la Shanghai Gold Exchange (SGE) ; le marché interbancaire est administré par le China Foreign Exchange Trading System (CFETS). Si on sait que la Chine est le principal pays détenteur d’or dans le monde, la quantité exacte n’en est pas connue, de sorte que les nouvelles institutions vont améliorer la liquidité interbancaire de l’or tout en favorisant la création de nouveaux marchés pour le métal.

Jusqu’alors, les banques chinoises ne pouvaient négocier de l’or entre elles. Chacune avait seulement la possibilité d’acheter du métal au Shanghai Gold Exchange, institution monopolistique par laquelle passaient toutes les demandes. Désormais, dix banques vont intervenir sur deux niveaux. Quatre banques, associées au groupe Australia and New Zealand Banking group (ANZ) feront fonctionner le marché primaire. Six autres banques participeront à un marché secondaire. Il est toujours interdit d’exporter de l’or mais en même temps la Banque Centrale en achète en moyenne 20 tonnes chaque mois depuis 2015.

Fin de la confiance dans le dollar

De telles manœuvres renforcent l’analyse selon laquelle les gens civilisés de par le monde se lassent des transactions liées au dollar. Depuis 2014, les contrats entre la Chine et la Russie ont éliminé l’usage du dollar. Les Chinois ont réduit leurs énormes réserves de cette monnaie en achetant, à travers le monde, des actifs de toutes sortes. Ils se paient l’Europe, notamment les entreprises utilisant une technologie qui les intéresse, tant en France qu’en Allemagne.

De plus, en France ils cherchent à installer une tête de pont à partir de laquelle déverser leurs produits sur toute l’Europe, bénéficiant d’une part des mêmes avantages que les multinationales (pas d’impôts, etc.), d’autre part en utilisant le label “made in France” sur l’essentiel de leur production importée qu’ils revendraient dans le monde comme si elle était locale. La City de Londres, depuis octobre 2014, coopère avec la Chine pour émettre des obligations libellées en Renminbi, et de nouvelles institutions bancaires, telles la Banque Asiatique d’Investissement pour les Infrastructures (AIIB) vont permettre à divers pays de s’éloigner peu à peu des voyous de la Banque Mondiale.

On peut donc déduire que les Chinois veulent garder une porte de sortie au cas très probable où les bulles gigantesques construites par la finance globalitaire se dégonfleraient plus ou moins rapidement. L’or serait une base de négociation monétaire face à l’incertitude qui suivrait la chute du dollar ou de l’Euro. Les titres publics américains sont déjà considérés comme sans valeur car Janet Yellen, qui parle au nom de la Réserve Fédérale américaine prétend que les taux d’intérêt seront maintenus ou augmentés alors que chacun constate le délabrement de l’économie américaine et de l’occident en général. Tout y est faux, mensonger ; ce spectacle incarne parfaitement la révélation monothéiste : le réel n’existe pas, seule la parole  doit s’imposer ici, les indices officiels trafiqués.

Dans une situation de déliquescence de l’économie occidentale et de perte de prestige des financiers transcendentaux, l’or retrouvera la fonction qu’il eut depuis l’origine du monde : être une référence, un soutien, une forme de richesse. La Chine, achetant de l’or, se sépare de dollars pourris tout en laissant se dévaluer sa monnaie car toutes les monnaies se dévaluent au temps de la création monétaire débridée imposée par la finance mondialiste. Mais le mécanisme est innovateur. Le prix de l’or est déterminé en yuans, il existe un commerce interbancaire pour le métal, de sorte que le yuan dispose d’une cotation “absolue” en or, indépendante de celle en dollar. Les changes flexibles demeurent puisqu’il n’est pas possible aujoud’hui de fixer des règles équitables pour le système monétaire international. Reste que le prix du yuan en or est un meilleur indice de la valeur du yuan que le cours du yuan en dollar.

Stimuler les exportations en changeant les flux

Cette nouvelle chinoiserie entre aussi en concurrence avec une institution dépendant des démons financiers de Londres. Le pouvoir financier a toujours voulu le monopole de l’émission de monnaie. La Chine offre une alternative : le prix de l’or en renmibi plutôt que celui fixé à Londres en dollars. Selon la logique de l’arbitrage, il pourrait en résulter assez rapidement un transfert des transactions vers la Chine qui, offrant un meilleur taux, inciterait la plupart des agents à vendre leur or contre yuans. L’expansion du yuan permettrait d’acheter plus de biens et services et donc, peu à peu, stimulerait le commerce extérieur chinois.

Le « goldman sachs » a testé sa capacité de nuisance le 16 février de cette année en attaquant le prix de l’or et en reprenant son discours éculé sur le manque d’avenir d’un métal que par ailleurs ils achètent systématiquement. Le système bancaire des « criminels en col blanc » promeut une escroquerie permanente, les certificats d’or (un bout de papier) aussi bons que l’or physique. Cette petite crapulerie touchera à sa fin si le système chinois fonctionne bien, permettant l’achat / vente d’or physique plutôt que les confettis papier de goldman sachs et cie.

La guerre monétaire fondée sur la création ex nihilo va-t-elle finalement favoriser la Chine dont la monnaie est désormais liée au cours de l’or que les démons de Londres ne seront plus les seuls à déterminer selon leurs intérêts ?

Chacun espère que la voie vers la dé-dollarisation du monde soit sans retour et que ceux qui ont créé cette arme de destruction massive cesseront peu à peu de nuire.

 

Staakt het vuren? Turkije en Saudi Arabië bereiden nog steeds invasie Syrië voor

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Staakt het vuren? Turkije en Saudi Arabië bereiden nog steeds invasie Syrië voor

Turken schieten bij El Abyad ISIS te hulp door op de Koerden te schieten

Syrische president tegen Europa: Stop jullie oorlog tegen mij, dan hoeven de Syriërs niet meer te vluchten, en kunnen jullie hen tegen veel lagere kosten in ons eigen land helpen


Sinds afgelopen weekend zou het staakt-het-vuren in Syrië goed worden nageleefd. In Ankara en Riyadh wordt deze gevechtspauze echter voor heel andere doeleinden gebruikt dan voor het bereiken van permanente vrede in het land. De eerste vier Saudische F-16’s zijn namelijk op de Turkse luchtmachtbasis Incirlik gearriveerd, zogenaamd om tegen ISIS te vechten (1), maar in werkelijkheid als onderdeel van de in voorbereiding zijnde invasiemacht. Rusland heeft beide landen opnieuw gewaarschuwd niet militair in te grijpen in Syrië.

In strijd met de wapenstilstand vielen Turkse troepen en artillerie zaterdagavond de Syrische plaats El Abyad aan, waar de Koerdische PYD/PYG milities tegen ISIS vechten. Voor de duidelijkheid: de Turken schoten ISIS te hulp door op de Koerden te schieten, iets dat nu ook door Israëlische defensiespecialisten wordt bevestigd (2). Dat de Turken –met de zegen van de NAVO- heimelijk hun eigen creatie ISIS steunen hebben we de afgelopen anderhalf jaar uitgebreid gedocumenteerd.

Turken blijven jihadisten steunen en Koerden beschieten

Ondertussen blijft het Turkse leger troepen naar de grens met Syrië sturen, en worden moslimterroristen bevoorraad en bewapend, zodat ze nieuwe aanslagen in het noorden van het half verwoeste land kunnen plegen. Premier Davutoglu erkent inmiddels openlijk dat zijn land met alle mogelijke middelen de ‘militanten’ –radicale jihadisten- steunt die de wettig gekozen regering van president Assad omver willen werpen. Ook maakte Ankara nog eens goed duidelijk dat men niet van plan is de aanvallen op de Koerden te stoppen.

Dit zijn niets anders dan pure oorlogshandelingen, waar de Syrische regering zich gerechtvaardigd tegen mag verweren. En ook de Russen, omdat die de enige buitenlandse grootmacht zijn die met toestemming van Damascus in Syrië opereren. (3)

Assad tegen Europa: Stop jullie oorlog, dan hoeven Syriërs niet meer te vluchten

Assad legde in een interview met de Duitse ARD nog eens de vinger op de zere plek door te stellen dat als het Westen nu eens zou besluiten om hem in zijn strijd tegen de terroristen te steunen in plaats van andersom, de Syriërs niet meer naar Europa zouden hoeven vluchten. Ook stelde hij de ‘retorische’ vraag of het niet veel slimmer zou zijn om tegen veel lagere kosten dan de massa immigratie Europa nu kost de Syriërs in hun eigen land te helpen.

Saudi Arabië bevestigt mogelijke invasie

De belangrijkste Turkse partner in de Islamitische Militaire Alliantie, Saudi Arabië, heeft bij monde van minister van Defensie brigadier-generaal Ahmed Assert bevestigd dat er twee weken geleden op het NAVO hoofdkwartier in Brussel met 48 andere landen (5) uitgebreid is gediscussieerd over een potentiële invasie van Syrië. De generaal benadrukte dat, zodra het besluit is gevallen, zijn land een aanzienlijke bijdrage aan de interventiemacht zal leveren. (4)

De Saudi’s blijven bij hun eis dat Assad moet verdwijnen en moet worden vervangen door een ‘overgangsregering’. Minister van Buitenlandse Zaken Adel Al-Jubeir dreigde nogmaals dat zijn land militaire actie zal ondernemen als de Syrische president niet vrijwillig het veld ruimt en niet stopt met het aanvallen van de islamistische rebellen.

Syrië in 5 delen opgesplitst; ISIS behoudt Kalifaat

De CIA denktank Rand Corporation heeft een plan gepresenteerd waarmee Syrië in vijf delen wordt opgesplitst. Opmerkelijk is dat de door ISIS gecontroleerde gebieden in het oosten van het land niet in de plannen zijn opgenomen, waardoor de indruk wordt gewekt dat Washington accepteert dat het Islamitische Kalifaat tenminste een deel van Syrië in bezit krijgt. Ook de Koerden zouden ten oosten van de Eufraat hun eigen terrein mogen behouden. (6)

Kerry: Minstens 30.000 Amerikaanse soldaten nodig

De Amerikaanse minister van BuZa John Kerry noemde al een aantal van 30.000 Amerikaanse soldaten die nodig zouden zijn voor het opzetten van ‘veilige havens’ in Syrië. Zoals we eerder schreven zullen deze ‘veilige havens’ hoogstwaarschijnlijk als voorwendsel worden gebruikt voor een langdurige bezetting, en als bases om in later stadium het Syrische leger alsnog te verslaan, zodat er in Damascus een islamistisch regime kan worden geïnstalleerd.

Turkse plannen ‘zeer gevaarlijk’ voor rest van de wereld

‘De Turkse regering is compleet geobsedeerd geraakt met hun zuiderburen,’ schrijft Michael Snyder van The Economic Collapse blog. ‘En dat is zeer gevaarlijk voor de rest van de planeet. De enige wijze waarop Turkije, Saudi Arabië en hun bondgenoten de oorlog nog kunnen winnen is door een massale grondinvasie van Syrië. Dat zou een direct conflict veroorzaken met Iran, Hezbollah en de Russen, en aangezien Turkije lid van de NAVO is, zou dat ook de VS en Europa in de oorlog kunnen meesleuren.’

Xander

(1) DEBKA
(2) DEBKA
(3) Infowars
(4) Infowars
(5) End of American Dream
(6) Deutsche Wirtschafts Nachrichten
(7) The Economic Collapse (via Infowars)

Zie ook o.a.:

21-02: Turkse raketten naar Syrische grens; Russische MiGs naar Turkse grens
19-02: ‘Wereld maakt zelfde fatale fout met Erdogan als met Hitler’
12-02: Rusland waarschuwt voor wereldoorlog bij Turkse-Saudische invasie Syrië
09-02: Geplande invasie Syrië: Turkije en Saudi Arabië op oorlogspad tegen Rusland

jeudi, 03 mars 2016

La quête du soft power

La quête du soft power

Une notion clé de la stratégie US
 
par François-Bernard Huyghe
Ex: http///www.huyghe.fr

image.php.jpgL’inventeur de l’expression est Joseph S. Nye, sous-secrétaire d’État à la Défense sous Clinton. Pour lui, les États-Unis prédominent déjà grâce au pouvoir « hard », celui de la carotte (les récompenses) ou du bâton (la menace) autrement dit le dollar et l’US Army. Mais une action indirecte peut amener les autres pays à se comporter conformément aux désirs et intérêts US. Dans "Bound top lead", Nye affirmait que cette façon de diriger soft, et qui retraduisait peu ou prou la notion européenne d’influence diplomatique et stratégique, était la voie de l’avenir.

Désormais un État ne prédominerait plus par la contrainte, mais par son attractivité, et sa capacité d’incarner des valeurs universelles. En somme, le soft power suppose que l’autre veuille suivre un modèle, s’allier avec un gouvernement et croie en son discours et en son système.

Cette façon d’inciter autrui à « vouloir ce que vous voulez » suppose, ajoute-t-il, la capacité de «faire l’agenda de la politique mondiale et d’attirer les autres ». Le soft power combine donc initiative diplomatique, séduction d’une image et propagation de valeurs. L’aspect diplomatique concerne la capacité américaine de trouver des alliés pour soutenir ses initiatives et défendre ses thèses dans les organisations internationales, bref de faire apparaître sa politique comme moins unilatérale. La politique d’image consiste à donner une « vraie vision » de la réalité américaine ou de l’american way of life et à combattre les légendes que répandent ses adversaires, notamment en se dotant de médias s’adressant directement aux populations concernées par dessus la tête de leurs gouvernements : c’est l’idée qui a présidé à la création de radios comme Radio Free Europe ou de télévisions comme la chaîne arabophone al Hurrah. Quant à la diffusion des valeurs, de liberté, de démocratie, de confiance dans le marché et dans l’initiative, d’optimisme technologique, etc., il s’agit là d’une véritable conquête idéologique et culturelle . Guerre pour laquelle les Américains croient disposer d’atouts avec l’industrie de la communication et la culture "mainstream", à commencer par Hollywood,

Cette notion de soft power née dans la décennie 1990, en reflète la confiance en l’élargissement (enlargment) du modèle politique, économique et culturel US. Mais, malgré les récents conflits et la "guerre globale contre le terrorisme", la notion de soft-power reste centrale dans le débat stratégique outre-Atlantique (et d'ailleurs dans pas mal de pays dont la Chine ou l'Inde qui ont importé la notion).

19722559.jpgLa vision du soft power se heurte ou se mélange souvent à une autre notion plus populaire chez les Républicains, celle de "diplomatie publique". Cette dernière renvoie aux méthodes de guerre idéologique contre l'Urss employée dès la présidence d'Eisenhower et auxquelles Reagan prêtait un grand rôle dans sa victoire dans la guerre froide : créer des radios qui émettent dans la langue de l'adversaire et jusque sur son territoire (Voice of America, Radio Free Europe...), encourager les mouvements intellectuels anticommunistes, accueillir et garder le contact avec de jeunes étrangers prometteurs (young leaders)supposés pro-Américains. Évidemment la diplomatie publique a retrouvé une nouvelle jeunesse après le onze septembre.

Et, chez les démocrates, on prône désormais un "smart power", une autre idée d Nye, une stratégie mêlant les deux éléments de puissance et d'influence. Mais que l’on parle de soft power ou de diplomatie publique, ces notions relèvent un peu de l’incantation. Il ne suffit pas de proclamer que l’on renonce au pouvoir « hard » de la coercition pour qu’effectivement l’attraction du modèle US suffise à aplanir toutes les difficultés.

Cela supposerait des progrès dans au moins trois domaines :

1 L’attraction du modèle américain (on peut souhaiter atteindre le niveau de prospérité ou de technologie de l’hyperpuissance sans en imiter les moeurs ou la culture, et moins encore s’aligner sur sa politique).

2. La capacité de la diplomatie US de recueillir des soutiens en faveur de ses objectifs. Or après les expériences de la « vitrine démocratique » que les USA voulaient établir au Moyen Orient ou les faux espoirs du printemps arabe, il n’est pas sûr que cette capacité s’accroisse.

3. La promotion de l’image des USA, à la façon d’une marque dont il faut faire la « com » et dont on améliore l’image. Or l’antiaméricanisme n’a jamais été aussi puissant dans le monde.

ISIS is Already in Eastern Europe

An interview with Polish MEP Andrzej Zapałowski about the worsening situation in Ukraine and what it means for Europe's security as a whole.

The following is an interview with state security expert, Dr. Andrzej Zapałowski. He was formerly a member of the Polish and European parliaments, where in the latter he was Vice Chairman of the delegation to the EU-Ukraine Parliamentary Cooperation Committee and a member of the Committee on Agriculture and Rural Development. At the moment he is a senior lecturer at the University of Rzeszow.

You have said that 70,000 prisoners out of a total of 140,000 are to be released in Ukraine. You also suggest that the melting pot of Ukrainian nationalists, released criminals, refugees infiltrated by ISIS, and an uncontrolled flow of weapons can be a threat to the whole Europe – starting from the border with Ukraine. Could you elaborate on this issue in the context of the wall that could potentially be built on the border between Poland and Ukraine?

In Ukraine there is a draft of a bill which proclaims amnesty for about 70,000 prisoners. The head of the State Penitentiary Service of Ukraine reports that within this group, about 1,000 murderers might be released. On top of that, there is an ongoing criminalisation of political life among the nationalist volunteer units in Ukraine. The nationalists have lost support from some of the oligarchs, so now they lack the necessary resources to continue. They do not answer directly to the Army or the Ukrainian Ministry of Internal Affairs, so they have to take care of themselves. Therefore, they are trying to take over sectors that were previously dominated by organized crime. It turns out, for example, that a few kilometres of the Ukrainian-Slovak border have been overtaken by criminal groups, according to local media reports. We are dealing with a situation where not only is Ukraine the most corrupt country in Europe, and one of the most corrupt countries in the world, but is additionally a state in which successive groups are making profits from organized crime.

You have to remember that in the war in Donbas, Chechens who are accused of terrorist activities and of having associations with ISIS are fighting on the Ukrainian side. The Ukrainian Security Service estimates that at least 70–80 people might be linked to ISIS in Ukraine.

We know that ISIS and Ukraine have a common enemy: Russia. Turkey, in turn, supports ISIS, something which was recently confirmed by Russia. In this context, how do you understand the statement of the Ukrainian politician and leader of the Crimean Tatars, Mustafa Dzhemilev, who said that Turkey is ready to consider supplying Ukraine with needed military equipment? In view of this, are we dealing with ISIS setting up in Eastern Ukraine, and thus in Europe?

ISIS is already in Eastern Europe. The Dzhokhar Dudayev Battalion has been accused of blowing up pylons that carried electricity to Crimea. Turkey, which has considerable military potential, will probably not support the Tatars in Ukraine so much, but rather Ukraine directly, in an effort to intensify its military operations against Russia. The situation makes it clear that Turkey would be very keen on a Ukrainian offensive in Donbas, and therefore declares that it will provide the Ukrainian Army with modern, offensive military weapons. This is highly dangerous in the context of a further destabilisation of Eastern Europe.

Eight million immigrants will try to get to Europe this year, warns the German Minister for Economic Cooperation and Development, Gerd Müller. What do you think will happen to Europe in the long term, in the context of such a large migration and the arrival of ISIS militants hiding among refugees?

It has been officially stated that during this year alone, 80,000 people have already fled to Greece. All these people will soon move through Bulgaria and the Romanian Carpathians and into Ukraine. I’m afraid that with such a deep economic collapse, the entire Ukrainian criminal underworld – and not only that – will make it possible to smuggle immigrants into Poland and Slovakia, and this will create a huge industry. In fact, the ships that will depart from Turkey by sailing through the Black Sea will eventually arrive at the Ukrainian ports and unload thousands of immigrants, who will later be transported to the Slovakian and Polish borders.

If Western Europe continues to put pressure on migration, we will face a situation where Alternative for Germany will have support on the level of several dozen percentage points, and France will elect a president like Ms. Le Pen. If, by the beginning of 2017, we see a big change in Western Europe, these immigrants will be sent back. The only question is where to. Some sub-Saharan African countries have openly declared that they will not take their citizens back, as in the case of the Afghan government (sic). Of course, some of the consequences will also be suffered by the members of the Visegrád Group.

The important issue here is a dynamic Catholicism that pushes Islam back. All these immigrants who are coming to Europe are not only followers of Islam, but they are also actively practicing this religion. These people are part of a mission to convert Europe to Islam, and perhaps this is why the centres which govern them insist that this first wave is arriving in countries that are already so atheistic that they have abandoned their Christian roots. This obviously makes them an easy target. In the context of a living Catholicism, Central Europe will thus witness a violent conflict between vital Catholicism and dynamic Islam.

About The Author

Profile photo of Konrad Stachnio

Konrad Stachnio is a journalist and political analyst who is working with several different media outlets, most recently New Eastern Outlook.

mardi, 01 mars 2016

Actualité du Groupe de Visegrád

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Actualité du Groupe de Visegrád

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Le Groupe de Visegrád rassemble la Pologne, la Hongrie, la République tchèque et la Slovaquie. Il s'agit d'anciens pays du bloc soviétique, aujourd'hui membre de l'Union européenne, mais qui ont jugé bon de se rapprocher pour sauvegarder leur identité indéniable dans un ensemble où toutes les identités nationales ont tendance à se diluer.

Les gouvernements, sans prétendre former un bloc séparé au sein de l'Union, cherchent à se consulter et s'unir pour faire face à des problèmes qu'ils estiment communs. On leur a prêté selon la phrase du Général de Gaulle, la volonté de rester un peuple majoritairement de « race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne ». Sans avoir des positions aussi affirmées, ces pays réagissent actuellement aux politiques européennes visant à accepter un nombre croissant de migrants venus du Moyen Orient et de l'Afrique, à la religion et aux mœurs tout à fait étrangers à la tradition de l'Europe centrale. Angela Merkel, qui avait illustré cette politique, se retrouve aujourd'hui en difficulté dans son propre pays.

Visegrad_group.pngLe Groupe de Visegrád va certainement être de plus en plus écouté au sein même de l'Union européenne. Ils proposent la restauration des frontières pour contrôler l'afflux de migrants, notamment dans les pays qui sont sur la route de la migration vers l'Allemagne. Ils mettent également, au service des gouvernements qui en feront la demande, une douane composée de policiers des différents pays du Groupe pour surveiller les frontières et assurer leur étanchéité.

Ces mesures resteront sans doute insuffisantes, au vu de l'accroissement par millions des migrations vers l'Europe que tous les spécialistes prédisent pour les prochaines années. Il est à noter cependant que les pays du Groupe, bien que provenant d'anciens satellites de la Russie, entretiennent aujourd'hui de bonnes relations avec la Russie, dont ils pourront recevoir de l'aide. La Russie, bien qu'à une toute autre échelle, devra rapidement faire face aux mêmes problèmes.

Comme prévisible, cette attitude attire depuis quelques mois les foudres de l'ONG Amnesty International. Mais ceci n'a rien d'étonnant quand on sait que cette organisation, n'ayant que l'humanitaire à la bouche, a toujours travaillé en étroite liaison avec les Etats-Unis pour favoriser les politiques américaines de pénétration, tant en Europe qu'en Russie.


NB. Cet article ne corr
espond pas nécessairement aux points de vue de tous les membres de notre Comité de rédaction.

 

lundi, 29 février 2016

L’Italia e il Giappone, storia di una lunga relazione

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L’Italia e il Giappone, storia di una lunga relazione

In occasione del 150° anniversario delle relazioni Italia-Giappone, l’Intellettuale Dissidente ha intervistato Mario Vattani, Console Generale ad Osaka dal marzo 2011 al maggio 2012 e attuale Coordinatore per i Rapporti con i paesi dell’Asia e del Pacifico. La sua profonda esperienza sia lavorativa che personale con il mondo nipponico ci dà una chiave di lettura per capire due mondi così lontani ma in fondo così vicini.
 
Ex: http://www.lintellettualedissidente.it

Dottor. Vattani, quest’anno ricorre il 150° anniversario delle relazioni italo-giapponesi, un rapporto che è cominciato ufficialmente nel 1866, pochi anni dopo l’Unità. Come si spiega questa storica amicizia tra due paesi così distanti geograficamente e culturalmente?

Il 1866 è un momento importantissimo nella storia delle relazioni tra Italia e Giappone ma va anche contestualizzato. Sono due paesi che a quella data hanno subito delle profonde trasformazioni: uno si è unificato e sta diventando un protagonista internazionale, l’altro sta attraversando una fase interna di cambiamento strutturale volta alla modernizzazione, all’industrializzazione e, in parte, all’occidentalizzazione proiettandosi anch’esso, con la volontà di potenza tipica della fine dell’Ottocento, sullo scacchiere internazionale. Da quel momento le loro storie hanno seguito un percorso parallelo nelle rispettive regioni. L’Italia fa parte dell’Europa continentale solo perché la unisce un lembo di montagne, ne fa parte ma ne è anche in qualche modo isolata, in competizione con i propri vicini immediati. Questo spinse i governi post-unitari a cercare alleanze con chi fosse più simile alla nostra posizione come il Regno Unito. Per il Giappone lo status quo era molto simile, proiettato in Asia nel tentativo di costruire stabili relazioni con i vicini ma in forte competizione con la Cina e la Russia zarista. A questi fattori di similitudine geopolitica possiamo aggiungerne altri interni come la scarsità di risorse, di materie prime e una popolazione concentrata in modo non omogeneo sul territorio. Ma non sarebbe corretto dire che l’Italia e il Giappone arrivano a conoscersi solo in questo momento di trasformazione. I loro rapporti erano infatti di lunga data. Abbiamo prontezza di importanti missioni risalenti a più di cinquecento anni fa, così come è accertata la presenza italiana a Yokohama con i corallari di Torre del Greco e i semai piemontesi molto tempo prima della rivoluzione Meiji. L’Italia in qualche mondo c’era sempre stata e con interessi commerciali fortissimi. Si andava a comprare i bachi da seta e, sebbene non avessimo ancora firmato un accordo diplomatico, avevamo degli inviati come Fe’ d’Ostiani e Sallier de La Tour, piemontesi del Regno di Sardegna, i quali impostarono fin da subito un rapporto da pari tra i nostri due paesi, a differenza di quanto fecero gli altri europei. C’era un profondo rispetto da parte nostra che si era radicato già nell’incontro avuto nel 1615 da papa Paolo V con Hasenura Tsunenaga, inviato dell’Imperatore; il Pontefice riconobbe non dei pagani semiselvaggi da convertire ma interlocutori colti, raffinati, poliglotti e questo mutuo rispetto si è saldato e sviluppato nel tempo. Riprendendo le fila della domanda iniziale, la data del 1866 è importantissima ma ricordiamoci che ci conoscevamo già da prima, ci rispettavamo a vicenda e riuscivamo già ad avere accesso alle zone chiuse del paese. I semai, per esempio, potevano girare tranquillamente per il paese accompagnati dai nostri diplomatici in posti dove altri europei non erano ammessi. In una dichiarazione del 1887 il primo ministro Inoue disse: “L’Italia, vera amica del Giappone, senza secondi fini, è la Gran Madre delle nazioni occidentali dalla quale esempi debbono essere cercati”. Un riconoscimento notevole al ruolo del nostro Paese.

Del resto l’opinione pubblica italiana in un momento delicato come la guerra russo-giapponese del 1905 si schierò dalla parte di Tokyo e a Tsushima erano presenti due navi da guerra costruite a Genova. Così come il Regno Sardo aveva combattuto contro il gigante austriaco allo stesso modo il Giappone affrontava il gigante zarista.

Certamente, le navi furono armate dai genovesi e vendute al Giappone nel 1903. Erano la Kasuga e la Mikasa, progettate dall’ingegnere italiano Salvatore Positano. Emilio Salgari inoltre, proprio in quel periodo, scrisse un libro dal titolo L’eroina di Port Arthur, ambientato nella guerra russo-giapponese da cui emerge il suo incondizionato appoggio alle ragioni nipponiche. Nel libro descrive “il buono e bravo giapponese”, le “forze armate splendidamente organizzate, in marce meravigliose per celerità”. Gli italiani simpatizzavano per il Giappone insomma, cosa strana perché non bisogna dimenticarsi che in Europa questo era il periodo del pericolo giallo. C’è un interessante quadro di Hermann Knackfub del 1895 che descrive bene questa nuova paura verso i popoli asiatici agli inizi del Novecento. In questo senso possiamo dire che l’Italia ha un credito nei confronti del Giappone per il suo sostegno durante la guerra russo-giapponese. Ma questi fatti purtroppo sono stati oscurati da quanto avvenuto negli anni ’30 e ’40 e questa sorta di special relationship che avevamo costruito venne, se non dimenticata, messa in secondo piano. Se ne approfittarono i francesi che, ad esempio, sotto il governo Chirac investirono fortemente nel paese del Sol Levante quasi a reiventare un rapporto di amicizia stretta che non c’era mai stato. Un francese avrebbe da ridire su questo, ma c’è da precisare che ad esempio quando lo Shogun (signore della guerra N.d.R.) perse il suo potere durante la rivoluzione Meiji, i francesi rimasero fedeli agli accordi con il Bakufu (governo militare, N.d.R.) e si trovarono anche a sostenere i ribelli contro l’Imperatore come nella battaglia di Hakodate. L’Italia invece era riuscita a capire la profondità del cambiamento e firmò un accordo con il governo imperiale di Mutsuhito.

D’Annunzio raccontava di non saper resistere alla cultura giapponese e di aver speso una fortuna nell’acquisto di opere, vasi, dipinti. Puccini colse a piene mani dalla lirica nipponica, Edoardo Chiossone fu direttore nel 1872 dell’Ufficio Valori del Ministero delle Finanze di Tokyo. Al contrario, che cosa trovavano, e trovano ancora oggi, i giapponesi nell’Italia?

Se parliamo di questioni pratiche, dal punto di vista giapponese l’Italia era vista a quei tempi come una specie di banca culturale. C’era tutto. Bastava venire a Roma, Torino, Firenze per vedere quelle che erano le arti e l’eccellenza dell’architettura, del disegno, dell’arte figurativa, della scultura; tutto ciò che aveva quei caratteri occidentali, possiamo dire le radici dell’Occidente, loro sentivano di trovarlo in Italia. Bisogna anche considerare che i giapponesi, ieri come oggi, hanno sempre attuato una politica di “shopping culturale” diversificato. Il sistema educativo, per esempio, fu ispirato a quello tedesco e ancora oggi se leggiamo Mori Ogai, uno scrittore del primo Novecento, notiamo questo tipo di impostazione nei suoi scritti, così come nelle uniformi militari ispirate a quelle scolastiche e di servizio della Prussia di Bismarck. Tutto quello che era tecnica della navigazione, marina militare fu preso dagli inglesi. Quanto aveva a che fare invece con urbanistica, architettura, organizzazione amministrativa, cultura in senso ampio, il modello di riferimento era, come detto, l’Italia. Oggi, saltando un attimo al presente, fanno un altro tipo di “shopping culturale” che, nel bene e nel male, tende a semplificare forse eccessivamente la loro visione dell’Occidente. L’Italia è associata con il classico, il romano, il Barocco ma soprattutto il Rinascimento. E si fermano qui. Dunque è necessario uno sforzo, specialmente da parte nostra, per far conoscere ai giapponesi anche l’Italia che è venuta dopo il Rinascimento. Quest’anno festeggiamo i 150 anni delle relazioni italo-giapponesi; i grandi sponsor nipponici che organizzano esposizioni, mostre, in generale l’offerta culturale italiana nel Sol Levante, sono i grandi media nipponici (spesso proprietari degli spazi museali ed espositivi) che guadagnano sulla vendita di biglietti. Trasferiscono l’oggetto d’arte, creano la domanda, vendono il biglietto. Così l’Italia continuerà a vendere e mostrarsi sempre per le stesse cose sminuendo un patrimonio immenso e non attecchendo come potrebbe su un pubblico che non comprende solo visitatori e turisti ma anche potenziali investitori, imprenditori, politici. Se la società civile giapponese continua ad avere una visione dell’Italia che è sempre la stessa, il nostro lavoro consiste nel continuare a promuovere la multiforme varietà dell’offerta italiana. Questa secondo me è la sfida del futuro da vincere. Molti giapponesi, per fare un esempio, non si rendono conto che noi siamo grandi esportatori di macchinari e alta tecnologia, pensano unicamente ai vini, ai prosciutti, alla moda dimenticando che produciamo parti di aerei e satelliti. Il 150° anniversario è una occasione proprio per farci conoscere meglio.

Riprendendo un attimo le fila del percorso storico parallelo dei due paesi, non si può non menzionare il Patto Tripartito del settembre 1940. Quell’alleanza fu in qualche modo il logico risultato del rapporto costruito negli anni oppure fu una sorta di tragico errore o di tragica patologia delle relazioni internazionali come si stavano strutturando agli inizi del Novecento?

Secondo me bisogna distinguere tra l’alleanza italo-tedesca, l’alleanza italo-giapponese e quella giapponese-tedesca. Sono tre componenti diverse. Non sono uno storico, ma semplificando possiamo dire che l’alleanza italo-giapponese era quella più “tradizionale”, cioè una alleanza militare stretta da paesi che stavano tentando la carta coloniale in un momento in cui era impensabile riuscire a sostenere ancora quel tipo di politica. Ma era un accordo che si basava sul nemico comune cioè gli inglesi, in quanto ostacolo all’espansione fascista in Africa e giapponese in Manciuria. In quel periodo, nonostante Tokyo avesse interessi in Etiopia, decisero di rinunciarvi come contropartita al riconoscimento italiano del Manciukuò. Due paesi che si alleano condividendo progetti e problemi simili. I tedeschi avevano una visione opposta, gli inglesi fino al 1940 non erano il nemico principale quindi la loro alleanza con i giapponesi ebbe premesse diverse. Roma, Berlino e Tokyo furono in qualche modo attirate nell’orbita di una alleanza, che sfocerà nel Patto Tripartito, sebbene le rispettive condizioni storico-politiche iniziali fossero del tutto differenti. Alcuni ambienti diplomatico-militari italo-giapponesi fino ad un certo momento avevano sperato in una alleanza difensiva e quasi neutralizzante tra Roma e Tokyo. Invece l’accordo con la Germania nazista era di per sé molto pericoloso, immediato e aggressivo. Quindi c’era una differenza tra l’alleanza italo-giapponese e quello che fu il Patto Tripartito, una tragica decisione foriera di grandi drammi e orrori. E in questa tragedia ci sono però degli aspetti umani molto profondi che sono stati dimenticati, come quando i sottomarini italiani oceanici combatterono a fianco dei giapponesi a Kobe fino allo sgancio delle bombe atomiche, quando l’Italia si era già arresa da tempo. E’ vero quindi che quella della Seconda Guerra Mondiale è una storia triste e dolorosa, ma se raccontata in modo sano e senza forzature ideologiche, come storia di uomini, possiede anche tratti commoventi. Gli stessi giapponesi quando vengono a sapere del sacrificio dei marinai italiani a Kobe per combattere insieme a loro finiscono per commuoversi, rendendosi conto che, dopo tutto, non erano rimasti soli.

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Il Giappone e l’Italia sembrano per alcuni versi molto distanti tra loro ma per altri più vicini di quanto possa sembrare. Una popolazione che invecchia progressivamente, una economia che ha difficoltà a ritrovare una crescita slanciata, un alto debito pubblico. I governi Kan, Noda e Abe hanno tentato di invertire la tendenza con varie riforme di cui l’ultima è la nota Abenomics che sembrava aver avuto successo ma adesso sta rallentando. Dati questi fattori comuni, c’è qualcosa che l’Italia potrebbe prendere ad esempio per invertire la propria tendenza?

Senz’altro esistono queste similitudini e se osserviamo i nostri due Paesi con la lente del 150° anniversario ci rendiamo conto che il loro percorso storico parallelo è stato un insieme di sfide e opportunità comuni. Abbiamo parlato della guerra ma possiamo guardare anche al dopoguerra, quando Giappone e Italia dovettero superare la sfida della ricostruzione economico-sociale a fronte delle devastazioni lasciate dal conflitto. Per quanto riguarda i problemi contemporanei, è vero che abbiamo entrambi un alto debito pubblico ma il Giappone può ancora agire sulle leve delle politiche monetarie cosa che l’Italia non può più fare. Quindi dovrebbe essere l’UE nel suo insieme a prendere di esempio alcune misure della Abenomics. Ma sul fronte di altre sfide importanti l’Italia più che ispirarsi dovrebbe collaborare. Il nostro paese soffre l’afflizione ad esempio del dissesto idrogeologico e sismico, i quali sono connessi a loro volta al progressivo inurbamento e all’abbandono delle campagne. L’invecchiamento della popolazione infatti non ha effetti solo su fisco, economa, assistenza sociale e sanitaria ma anche sul territorio. Il Giappone deve affrontare le stesse difficoltà che però, se interpretate nell’ottica di una mutua collaborazione, possono diventare delle opportunità. Pochi altri paesi industrializzati al mondo hanno i nostri stessi problemi in tema di prevenzione dei disastri, alluvioni, terremoti. L’Italia può presentarsi in questo settore con ottime credenziali dal punto di vista della tecnologia satellitare, aerospaziale e di controllo del territorio e dovremmo farlo conoscere ai giapponesi: il mio ufficio sta lavorando proprio a questo nell’anniversario dei 150 anni di relazioni bilaterali. Esso deve essere infatti non solo un momento di celebrazione culturale ma anche proattivo strumento di promozione. In questo senso poi lo scambio è ovviamente bilaterale: i giapponesi sono i maggiori esperti di prevenzione alluvionale e terremoti. Sull’invecchiamento della popolazione si può agire tramite domotica e tecnologia quotidiana per migliorare la vita di anziani e disabili. Design, architettura, robotica, medicina, farmaceutica, settori in cui entrambi siamo all’avanguardia possono intersecarsi e trovare soluzioni tanto per una popolazione che invecchia quanto per le necessità economiche e lavorative dei più giovani. Se riuscissimo a costruire un rapporto ancora più stretto in questi settori il Giappone e l’Italia potrebbero creare una partnership strategica di notevole valore.

Con questo ha risposto alla mia domanda successiva che partiva dalle dichiarazioni del Presidente Renzi durante il suo viaggio in Giappone. Dopo l’incontro con l’Imperatore Akihito e il Primo Ministro Abe aveva infatti dichiarato che “Le relazioni tra i nostri due paesi sono cruciali”.

Certamente, non dimentichiamo che oltre ad essere un partner commerciale in tutti i settori che abbiamo enumerato il Giappone è anche un partner politico in Asia. E’ un paese che in un contesto regionale molto differenziato, anche con problemi di sicurezza, ha una costituzione democratica, vicino ai valori fondamentali che anche noi riconosciamo, con un sistema di welfare simile al nostro. E’ uno Stato con cui mantenere sempre rapporti immediati, diretti. Siamo già ad un ottimo livello soprattutto dal punto di vista culturale e politico, ma si può sempre fare di più ed è bene impegnarsi per questo. Cercare di accelerare e potenziare i nostri scambi su alta tecnologia, aerospazio, farmaceutica e sulle sfide che ci accomunano. Yukio Mishima è stato uno dei romanzieri più conosciuti in Occidente, rimasto indissolubilmente legato, in modo forse anche un po’ fuorviante, alla critica che aveva mosso contro la perdita delle tradizioni, delle radici culturali e quella che lui chiamava la “svendita” dell’anima giapponese all’Occidente. Si uccise nel 1970 proprio nel momento in cui il suo Paese era nella fase ascendente di sviluppo. Oggi, arrivati nel XXI secolo, come vive il Giappone il rapporto con l’Occidente e quanto le tradizioni sono riuscite a riequilibrare e bilanciare la società tra queste due sponde? Io su questo ho una mia personale opinione che si basa sulla mia osservazione e sulle mie esperienze anche famigliari con il Giappone. Secondo me è difficile parlare di una occidentalizzazione del Sol Levante; fin dai tempi della rivoluzione Meiji i giapponesi sono sempre stati molto pragmatici. Quando vedono che c’è un sistema migliore del loro lo assorbono ma lo fanno senza mai incidere sul nocciolo della loro struttura identitaria. Ci sono stati momenti in cui questo nocciolo influenzava di più i comportamenti esterni e altri dove i comportamenti esterni hanno attecchito di più ma nella sostanza i giapponesi sono rimasti giapponesi e solo loro possono essere giapponesi. Quello che vediamo però è che ci sono state delle fasi importanti nella storia giapponese in cui il paese ha guardato molto all’esterno mantenendo però una forte identità interna, forse anche come meccanismo difensivo. Si prendeva dagli inglesi, dagli olandesi, dai tedeschi e si rielaborava assorbendo e superando. Quando dopo la Seconda Guerra Mondiale ci fu l’occupazione americana i giapponesi capirono che accettare lo status quo era un modo per sopravvivere liberi. Non hanno assunto quindi comportamenti occidentali perché gli piaceva l’occidente ma per salvarsi dall’occidente e dopo pochi anni, grazie a quei sistemi, sono rimasti indipendenti, liberi e con una Costituzione democratica che, anche se imposta dall’esterno, hanno accettato in quanto prodotta da un sistema, quello americano, che aveva vinto e quindi doveva essere per forza di cose funzionante. Oggi il primo ministro Abe rappresenta ancora una volta una fase nuova; egli si è posto, rispetto alla Storia, e lo si è visto nell’anniversario della fine della guerra del Pacifico lo scorso 14 agosto, un obiettivo di riassorbimento nella coscienza collettiva e di superamento. E non si tratta solo di narrativa politica ma di un cambiamento di posizione che nulla toglie al rimorso per quanto occorso nell’ultimo conflitto; si sono accettati gli errori e le responsabilità ma ci si è posti allo stesso tempo la necessità di guardare al futuro. Questo si riflette in tutti i comportamenti giapponesi che, una volta identificato un obiettivo, si impegnano fino al suo completo raggiungimento. L’Abenomics, il nuovo sistema di sicurezza regionale con gli Stati Uniti, l’introduzione dell’inglese nelle università, le Olimpiadi del 2020 e tutto ciò che queste riforme significano come processo di modernizzazione non eliminano nulla dal nocciolo identitario. Ma è certamente un momento in cui si sta pensando ad un Giappone diverso, nuovo, e ciò si è visto anche nella rimodulazione dei rapporti regionali e in una politica estera più attenta ai paesi dell’Asean.

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Proprio in connessione al tema delle riforme, il primo ministro sta portando avanti una dura battaglia con la Dieta Imperiale per riformare l’art. 9 e dare alle Jieitai, le forze di autodifesa, la possibilità di essere impiegate all’estero in operazioni di peacekeeping. Da un lato vuole rimettere il Giappone in linea con altre nazioni, dall’altro però c’è un timore di possibili inasprimenti delle tensioni presenti nell’area. Come mai allora, nonostante queste tensioni nel Pacifico con la Corea del Nord, con la Cina e le dispute sulle Senkaku, Abe sta incontrando così tante resistenze nella società giapponese?

E’ difficile dirlo da osservatori esterni. Innanzitutto c’è il dibattito politico interno, perché si tratta di un tema costituzionale talmente radicato nel sistema educativo giapponese che, nel bene e nel male, coinvolge quasi tutti. E’ ovvio che se questa riforma viene presentata con toni sbagliati, come una sorta di ritorno indietro allora può creare numerose difficoltà al governo. Ma è comunque un dibattito aperto e c’è chi perfino sostiene che non c’è bisogno di modificare l’art. 9 per partecipare a missioni di peace-keeping, che Tokyo in sostanza possa già intraprendere buona parte delle azioni richieste dalla comunità internazionale. Questo tema, tuttavia, rischia di polarizzarsi su un argomento, guerra-pace, molto delicato che però finisce per diventare fuorviante rispetto al problema. Soprattutto per noi è infatti più interessante cercare di capire, al di là del dibattito interno, quali siano gli effetti di questa riforma in Asia. E paradossalmente, a parte per qualche rimostranza cinese più diretta agli americani che non al Giappone, nella regione tutto tace. Tendenzialmente infatti, l’idea che nella regione ci sia un altro giocatore di peso militare importante è in realtà rassicurante per molti paesi più piccoli i quali, più che un riarmo giapponese, temono un disengagement americano. Questo è il vero problema: la paura che ci possa essere un reflusso isolazionista americano dalla regione asiatica. Il dibattito interno alla società giapponese è complesso, articolato, riguarda le loro motivazioni e il loro rapporto con la storia recente. Ma come si può ben vedere se la riforma dell’art. 9 dovesse passare non ci sarebbero alterazioni degli equilibri o un aumento critico delle tensioni, tutt’altro. Poiché ciò che preoccupa è come detto un ritiro progressivo degli Stati Uniti dall’Asia, l’idea di una potenza militare navale che ha uno stretto rapporto con Washington potrebbe anzi dare un senso di bilanciamento rafforzando l’equilibrio regionale.

 

vendredi, 26 février 2016

« A Bagdad, il y a un régime de pompiers pyromanes… »

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« A Bagdad, il y a un régime de pompiers pyromanes… »

Entretien avec Gilles Munier, par Cherif Abdedaïm (La Nouvelle République – Algérie – 25/2/16)

Ex: http://www.leblancetlenoir.com

28_photo_31195_61969.jpgRécemment, le ministre Jaafari a estimé que le soutien international et régional n’est pas à la hauteur des défis auxquels fait face l’Irak. D’une part, quels seraient ces défis dont par le ministre irakien ; et d’autre part, quelles seraient les attentes du gouvernement irakien en matière de soutien international ?

Gilles Munier : En Irak, quand un dirigeant prend position, il faut commencer par se demander qui il est. Ibrahim al-Jaafari, actuel ministre des Affaires étrangères - de son vrai nom al-Eshaiker, une famille originaire d’Arabie - représentait le parti Al-Dawa à Londres du temps de Saddam Hussein. Il a été choisi par les Américains et les Britanniques – donc aussi par la CIA et le MI6 - pour présider le Conseil de gouvernement mis en place dès la chute de Bagdad en 2003. La coalition l’a ensuite nommé vice-président du Gouvernement intérimaire, puis Premier ministre. Un homme de confiance donc, jusqu’à ce que George W. Bush qui ne supportait pas ses timides récriminations le remplace en 2007 par Nouri al-Maliki, jugé – à tort - plus arrangeant. Afin de se rester dans la course au pouvoir, Jaafari a alors créé un parti concurrençant Al-Dawa. Pour lui, le principal défi de l’Irak est – cela va de soi - le maintien de son intégrité territoriale. Mais, y croit-il vraiment ? Est-ce bien son but ? Il est bien placé pour savoir ce que son ami Joe Biden attend de lui. Le vice-président des Etats-Unis, ordonnateur de sa carrière, est un des artisans du projet de démembrement de l’Irak.

Autre défi – cela va aussi de soi - la stabilité du pays. Mais Jaafari est aussi bien placé pour savoir que le confessionnalisme a totalement déstabilisé l’Irak… puisqu’il y contribue depuis 2003 !

L’Irak, par la faute de Jaafari et consort, est à feu et à sang. Ce sont des pompiers-pyromanes. Le mur de sécurité qu’ils construisent autour de Bagdad symbolise leur échec, d’où leurs « attentes »: un accroissement du soutien étranger - occidental, russe et iranien – à leur régime toujours plus d’armes, la formation de miliciens chiites camouflés en militaires ; le bombardement des zones sous contrôle de l’Etat islamique.

L’éclatement de l’Irak a été le plus grand bouleversement stratégique au Moyen-Orient, dans la deuxième moitié du XXe siècle. Il a déstructuré la politique régionale et internationale au Moyen-Orient. D’un Etat que les Américains considéraient comme Etat-voyou, nous nous trouvons maintenant avec un Etat défaillant. Ce que souhaitent nombre de puissances régionales et notamment la Turquie et même une partie des leaders politiques américains, le dépeçage de l’Irak et sa division en trois entités chiites, sunnites et Kurdes. D’après-vous, y -aurait-il une possibilité pour les Irakiens de déjouer ce plan ?

Je crains que la situation soit irrattrapable. Le régime de Bagdad n’a rien fait pour déjouer le plan de partition du pays. Il en fait partie. Les Américains - et les Britanniques qui ont une grande expérience en matière de manipulation des ethnies et des communautés religieuses - savaient ce qu’ils faisaient en portant au pouvoir des individus connus pour leur sectarisme. Nouri al-Maliki a fait le lit de l’Etat islamique en refusant de partager le pouvoir avec les sunnites de la région d’Al-Anbar, en les réprimant sauvagement et en ordonnant la retraite de l’armée gouvernementale stationnée à Mossoul. Son successeur Haïdar al –Abadi, qui vient de Manchester, n’arrive pas à ses faire obéir dans son propre camp. En janvier dernier, il a dû envoyer des troupes et des chars à Bassora pour rétablir un semblant d’ordre. Il parle de reconquérir Mossoul d’ici l’été. On verra. Mais cela signifie détruire la ville – comme cela a été le cas pour Tikrit et Ramadi – et peupler les camps du Kurdistan et de Turquie de centaines de milliers de nouveaux réfugiés.

Pendant ce temps, Massoud Barzani annonce d’ici la présidentielle américaine un referendum sur l’indépendance du Kurdistan irakien, un projet soutenu officiellement par Israël. S’y opposer déclencherait une nouvelle guerre arabo-kurde…

Pour déjouer les manœuvres visant à partitionner l’Irak, il faudra d’abord que les chiites parlent d’une seule voix, celle d’un homme à poigne. Je ne vois que Hadi al-Amiri, chef de la Brigade Badr, qui puisse remplir ce rôle.

Entre ceux qui instrumentalisaient un chaos contrôlé et ceux qui prêchaient les vertus d’un chaos constructif, on se trouve actuellement devant un chaos chronique en Irak dont les répercussions dangereuses dépassaient les frontières de ce qui était un Etat fort. Si jamais le plan de partition préconisé par certains réussissait, quelles seraient ses répercussions sur le plan régional, et notamment la Syrie ?

Sans les interventions militaires russe et iranienne, Damas serait tombée. Il n’est pas dit que Bachar al-Assad arrive à reconquérir le nord de son pays. Mais s’il y parvient : qui reconstruira les villes, villages et infrastructures détruits ? Avec quels moyens ? Quelle sera l’attitude des millions de réfugiés à l’égard du régime ? Trop de questions demeurent en suspens. Rien n’est joué car la Turquie – et donc l’Otan – ne laisseront pas l’influence russe se développer aux portes de l’Europe.

Qui sait si le projet de reconfiguration du Proche et Moyen-Orient ne comprend pas aussi la « dé-saoudisation » de l’Arabie, la partition de la Turquie et de l’Iran ? L’ayatollah Khamenei a raison de dire que les Gardiens de la Révolution combattent en Irak et en Syrie pour ne pas avoir à le faire un jour en Iran.

En l’absence d’acteurs politiques transcommunautaires éliminés ou affaiblis par la politique américaine, le champ est resté entièrement libre aux partis et aux mouvements communautaires de tous genres. Pensez-vous que ces forces politiques arriveraient un jour à un consensus qui pourrait « replâtrer » l’Irak ? Dans ce cas précis, quelles sont les options pour l’Irak pour sortir de cette logique de l’unilatéralisme américain ?

Un consensus permettant de « replâtrer » l’Irak ? Un jour, peut-être, dans deux ou trois générations. Il n’y a rien espérer des hommes politiques irakiens actuels.

Pour sortir de la logique de l’unilatéralisme américain, les peuples de la région n’ont pas d’autre choix que de se tourner vers Moscou. L’Europe est un nain politique et la Chine prudente. Mais, attention danger ! Si la confrontation USA-Russie dérape en Syrie ou en Irak, il faut s’attendre au pire, y compris une guerre mondiale. Ce n’est pas moi qui le dit, mais Dimitri Medvedev, Premier ministre russe, il y a quelques jours…

La guerre froide à laquelle nous assistons entre Ryad et Téhéran ne risque-t-elle pas de se répercuter sur la scène irakienne avec notamment un regain de violence entre chiite et sunnites ?

Elle se répercute sur la scène irakienne depuis 2003. Des centaines de milliers d’Irakiens sont morts ou ont été déplacés parce qu’ils étaient sunnites ou chiites. La violence sectaire a débordée en Syrie, au Liban, au Yémen, et même au Pakistan et au Nigéria. A qui la faute ? Aux Etats-Unis qui ont envahi l’Irak.

Les Saoudiens obsédés par le « croissant chiite » et la « menace chiite safavide » jettent de l’huile sur le feu en permanence, tandis que l’Iran temporise. Le Proche et le Moyen-Orient semblent entraînés - contre le gré de ses peuples - dans une guerre sunnite/chiite. Si elle éclate – comme cela a été le cas de la guerre Iran-Irak - personne n’en sortira vraiment vainqueur.

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Quelle nouvelle configuration pour l’Irak pourrait-on envisager dans la période de l’après- Daech ?

En juin 2014, le parti Baas clandestin envisageait de déclarer à Mossoul la formation d’un « Gouvernement provisoire de la République irakienne » auquel auraient participé des représentants des organisations de la résistance anti-américaine, des tribus et des minorités religieuses et ethnies du pays. Daech l’en a empêché. Depuis, l’Etat islamique s’est structuré et fonctionne comme un véritable Etat.

L’après- Daech n’est donc pas pour demain. Certes, les armées locales et étrangères stationnées dans la région et leurs aviations ont les moyens de raser la province d’Al Anbar, d’éliminer Abou Bakr Al-Baghdadi, mais pas celui de « reconquérir les cœurs et les esprits », faute de projet alternatif viable. C’est pourtant ce qui risque de se passer. Mais, l’occupation de la région de Ninive - comme elle l’était par l’armée gouvernementale avant la prise de Mossoul par Daech - déboucherait sur un Daech II, avec la réactivation de toutes les organisations islamiques lui ayant prêté allégeance. Au Proche-Orient et dans le monde par voie de conséquence, le terrorisme a malheureusement encore de « beaux jours » devant lui. Pauvre Irak…

http://www.france-irak-actualite.com/2016/02/a-bagdad-il-...

jeudi, 25 février 2016

L'Allemagne perd-elle la main en Europe?

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L'Allemagne perd-elle la main en Europe?

Ex: http://l-arene-nue.blogspot.com
 
Angela Merkel ne nous avait pas habitués à ça. A "l'incroyable Mme Merkel", on prêtait la capacité d'absorber tous les chocs et de protéger son peuple de leurs répliques, grâce à un « pragmatisme » hors normes, à la mesure de l'excellence supposée du « modèle allemand ». Dans un livre intitulé Angela Merkel et nous etparu en 2013, le journaliste Ralph Bollmann expliquait en ces termes l'imperméabilité de Mutti au phénomène classique de l'usure du pouvoir : « tant que la crise durera, les Allemands plébisciteront Angela Merkel (…) sa côte de popularité est liée au fait qu'elle [les] préserve de l'effort ».
 
Pourtant, la chancelière semble aujourd'hui en difficulté. Un sondage paru en fin de semaine dernière dans l'hebdomadaire Focus indique que près de 40 % des Allemands sont favorables à son départ. C'est beaucoup, même si un tel départ est très improbable à ce stade. Ça tombe en tout cas fort mal alors que des scrutins régionaux s’apprêtent à ponctuer toute l'année 2016, tels ceux de Rhénanie-Palatinat, du Bade-Wurtemberg et de Saxe-Anhalt qui auront lieu dès le 13 mars.
 
Or les enquêtes d'opinion font d'ores et déjà apparaître un fait saillant : le parti de droite radicale Alternative für Deutschland (AfD), un temps affaibli pour cause de règlements de comptes entre représentants de l'aile « libérale » et tenants de l'aile « conservatrice », a à nouveau le vent en poupe. Une enquête d'opinion le donne à 13%. Et la toute dernière sortie de Frauke Petry, sa patronne, semble indiquer que l'aile anti-immigration du parti s'est imposée face à l'aile anti-euro. Elle montre d'ailleurs peu de goût les précautions oratoires. Petry a en effet suggéré, pour lutter contre l'afflux de migrants à la frontière germano-autrichienne, que les policiers allemands pourraient éventuellement.... tirer sur les réfugiés ! En décembre, un autre élu du parti, Björn Höcke, s'était déjà illustré en affirmant que « le comportement reproductif des Africains » était une menace pour l'Allemagne. 
 
Le rebond de l'AfD et l'orientation prise par celui-ci ne sont évidemment pas sans causes. C'est bien la politique migratoire d'Angela Merkel qui les a provoqués, tout comme elle a provoqué la colère de la CSU bavaroise, et une fronde au sein même du parti de la chancelière, la CDU. Cette politique parfaitement erratique a d'abord consisté à annoncer l'accueil sans limite des réfugiés, avant, quinze jours plus tard, d'opérer un virage au frein à main et de rétablir précipitamment le contrôle aux frontières. A l'immense déception, sans doute, de ces commentateurs hexagonaux qui aiment à se prosterner devant la supériorité supposée de l'Allemagne pour mieux déprécier la France. Que d'eau apportée à leur moulin par l'initiale générosité merkelienne, et par les images - certes touchantes - de ces volontaires allemands se portant au devant des réfugiés la bouche pleine de mots de bienvenue ! On semblait découvrir que la précellence germanique, loin d'être limitée aux performances économiques, était également morale. Le pays confirmait son statut « puissance de paix » et se révélait ouvert, bienveillant, assuré, et définitivement à l'aise, désormais, avec son identité.
 
Quelques indices, toutefois, signalaient à qui voulait bien les apercevoir que le tableau était moins rose. Assez rapidement, les structures d'accueil se sont trouvé débordées, par exemple à Munich, une ville ayant connu, à l'automne 2015, des pics d'arrivées à plus de 10 000 personnes par jour. Même s'ils sont imputables à des groupuscules d'hyper-excités, les actes racistes augmentent à vive allure. Selon la BBC, la police fédérale allemande aurait annoncé une multiplication par cinq en un an des attaques contre les foyers de réfugiés. Celles-ci seraient passées de 199 en 2014 à 1005 en 2015. La semaine dernière, un centre d’accueil a même été attaqué... à la grenade
 
Et puis, il y a désormais le souvenir Cologne. De Cologne et des 700 plaintes pour agressions sexuelles déposées depuis cette fameuse nuit de la Saint-Sylvestre, dont on sent bien qu'elle marque un tournant dans le rapport du pays au phénomène migratoire. Comment la société allemande encaissera-t-elle le choc à long terme ? Difficile à prédire. Dans un article paru dans Le Débat et traitant des relations entre la France et l'Allemagne, Luuk van Middelaar souligne la manière très différente, dans chacun des deux pays, d'appréhender chocs exogènes et imprévus. « En France, un événement, même un événement dramatique, reste un signe de vie, de renouvellement, un appel à l'action (…) la presse transforme dûment la chose en un moment collectif, une nouvelle page dans le roman de la nation. (…) En Allemagne, en revanche, un événement sape l'ordre. La classe politique peine à la lire ; une crise y produit un non-sens, de la panique. Cela donne parfois des revirements brusques, mal contrôlés, telle la sortie du nucléaire en 2011 à la suite du tsunami japonais, ou les zigzags entre charité et fermeture face aux vagues migratoires de l'été 2015 », explique le philosophe néerlandais. Dans ces conditions, quel genre de « revirements brusques » et autres « zigzags » l’événement de Cologne nous promet-il ?
 
Le problème, par ailleurs, est qu'il n'arrive pas seul. Sans doute l'assurance allemande, due à la place prépondérante que le pays occupe en Europe, risque-t-elle d'être aussi entamée par la dégradation des relations avec ses voisins de l'Est.
 

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Les pays d'Europe centrale ont toujours été considérés comme appartenant à la sphère d'influence naturelle de l'Allemagne - comme son Hinterland - raison pour laquelle Berlin a beaucoup œuvré en faveur des élargissements de l'Union dans les années 2000. « Pour l'Allemagne, l'élargissement à l'Est est autant un devoir historique et moral qu'une nécessité politique. C'est de Pologne, de Hongrie et de Tchécoslovaquie qu'est partie, à des titres divers, la révolution pacifique qui a ouvert la voie à l'unification allemande. En outre, cet élargissement à l'Est plonge ses racines dans la célèbre Ostpolitik initiée dans les années 1970 par Willy Brandt », expliquait il y a quelques années le spécialiste Jacques-Pierre Gougeon. Une longue histoire donc, que la question migratoire vient compliquer, depuis que ces pays, Hongrie en tête, ont décidé de fermer leurs frontières aux réfugiés. Sans parler de la Pologne, partenaire majeur de la République fédérale. On s'en souvient, Angela Merkel avait toutfait pour imposer l'ancien premier ministre de ce pays, Donald Tusk, à la tête du Conseil européen. Aujourd'hui, le nouveau gouvernement de Varsovie va parfois jusqu'à convoquer l’ambassadeur allemand, une pratique pour le moins inhabituelle entre deux membres de l'UE ! Bref, la Mitteleuropa a du plomb dans l'aile.
 
merkel_untergang.jpgPendant ce temps-là, l'Europe du Sud non plus n'est pas immobile. Les gauches y grignotent du terrain jour après jour, ce qui ne manquera pas, à terme, de faire resurgir le volet économique d'une crise européenne désormais globale. Bien sûr, l'acharnement, entre janvier et juillet 2015, de la Banque centrale européenne et d'un Eurogroupe largement dominé par le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble, ont réussi à briser Syriza en Grèce. D'ailleurs, la situation désespérée d'Athènes permet à Berlin de se livrer à présent à un marchandage indigne, en proposant à la Grèce plus de souplesse dans la mise en œuvre du troisième mémorandum contre davantage d'efforts dans le contrôle des frontières extérieures de Schengen. 
 
Mais au delà de la Grèce, c'est toute l'Europe méditerranéenne qui est travaillée par une poussée anti-austéritaire. C'est le cas du Portugal, où le gouvernement socialiste soutenu par la gauche radicale tient actuellement tête à Bruxelles dans le cadre de la mise en œuvre du « semestre européen ». C'est aussi la cas de l'Espagne, où l'on sent bien que, malgré les actuelles difficultés à former un gouvernement, il faudra désormais compter avec l'atypique parti Podemos. De fait, si ni le Portugal ni l'Espagne ne semblent sur le point de renverser la table dans l'immédiat, si aucun des deux pays, par exemple, n'envisage de quitter la zone euro et si l'expérience Syriza a quelque peu dégrisé les gauches alternatives, il n'en reste pas moins que les évolutions anti-austéritaires conjuguées au Sud contribuent à mettre la pression sur les pays créanciers d'Europe du Nord.
 
Enfin, un dernier élément de contexte à ne pas négliger réside dans la menace du Brexit, la sortie de la Grande-Bretagne de l'Union européenne. Celle-ci reconfigurerait en profondeur les équilibres au sein de l'UE. Bien que n'étant pas membre de l'euro, Londres demeure un allié pour Berlin lorsqu'il s'agit de faire évoluer l'ensemble européen vers davantage d'austérité et de déréglementation. Un allié dont la perte potentielle est jugée suffisamment dommageable pour que l'Allemagne ait choisi de mettre sur pied un groupe de travail anti-Brexit installé à Berlin, et chargé de trouver des « arrangements créatifs » pour de répondre aux exigences de David Cameron.

***

Des alliances que l'on croyait indéfectibles et qui s'effritent, des équilibres qui changent lentement mais sûrement, la trajectoire sur laquelle se trouve engagée l'Union européenne a de quoi inquiéter son maillon dominant, l'Allemagne. D'autant que le pays se trouve désormais tourmenté par une crise migratoire mal abordée, qui tend à prendre une place croissante dans la vie politique du pays. Pour autant, ceci n'empêchera pas la crise de l'euro de refaire violemment surface à la première occasion, réactivée par le retentissement de l'économie mondiale ou par quelque nouvelle crise financière survenant inopinément . Aussi peut-on sérieusement s'interroger : l'Allemagne est-elle en train de perdre la main en Europe ? Ira-t-elle jusqu'à perdre pied ?
 
 
Article initalement paru sur FigaroVox. 

dimanche, 21 février 2016

Géopolitique. L'Europe et le recul de l'Amérique

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Géopolitique. L'Europe et le recul de l'Amérique

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

L'Europe pourrait bientôt se retrouver face à une occasion exceptionnelle, se libérer de la domination américaine qui pèse sur elle depuis la 2e guerre mondiale.

De cette domination, beaucoup d'européens ne veulent pas convenir, ou ne sont même pas conscients, depuis si longtemps qu'ils y sont accoutumés. Pourtant un évènement à portée historique est désormais en train de se produire. On peut penser qu'il sera irréversible.

Il s'agit de la perte mondiale d'influence de l'Amérique, autrement dit son recul. Ceci résulte en partie de la montée en puissance de la Russie et de ses « alliés » du Brics, notamment la Chine. Mais d'autres facteurs, internes à l'Amérique ou découlant du poids excessif pris par les intérêts financiers dont l'Amérique a voulu se donner le monopole, interviennent aussi

Nous les résumerons dans une premiere partie. Nous verrons ensuite, dans une seconde partie, en quoi l'Europe pourrait à cette occasion revaloriser des ressources historiques qu'elle a laissé dépérir en cédant à la domination américaine.

1. Le recul de l'Amérique

Il se manifeste sur de nombreux plans, dont chacun mériterait de longs articles. Résumons les ici en quelques paragraphes.

- La perte d'influence du pétrodollar que l'Amérique avait jusqu'ici réussi à imposer comme référence économico-monétaire internationale.

Cette perte tient à une baisse qui sera sans doute irréversible de la valeur du pétrole en tant que source d'énergie, face aux carburants de remplacement et à la crise climatique. L'Amérique ne produit pas directement beaucoup de pétrole, mais elle avait réussi à s'allier les producteurs du Moyen Orient. Par leur intermédiaire, grâce à un prix élevé du pétrole, manipulé à sa demande, elle mettait toute l'économie mondiale sous la dépendance de ses choix stratégiques. Depuis une décennie, elle avait cru pouvoir poursuivre ce jeu en exploitant ses propres réserves de gaz de schistes, mais le bas prix du pétrole rend la production de gaz de schistes ruineuse.

Le terme de pétro-dollar signifie que le dollar, en tant qu'arme de guerre contre les autres monnaies, tire sa force du poids politique considérable que lui conférait la maîtrise par les Etats-Unis des marchés pétroliers, que ce soit à la hausse ou à la baisse. Or la baisse mondiale des prix du pétrole prive l'Amérique de cette arme. On dira qu'avec de bas prix du pétrole, elle avait failli asphyxier l'économie russe ou celle de concurrents comme le Vénézuéla en Amérique latine. Mais ce serait oublier que face à cette baisse, la Russie a finit par réagir en se dotant d'industries qui la rendront indépendante des seules exportations de pétrole et de gaz et qui en feront une concurrente très compétitive des Etats-Unis – tant au plan civil que militaire.

- Dédollarisation progressive d'une partie du monde.

Le terme signifie que la Chine, l'Iran ou d'autres pays importants, sans mentionner la Russie, s'orientent progressivement vers des monnaies étalon propres, notamment yuan et rouble. De même beaucoup de banques centrales vendent désormais une partie de leurs actifs en dollars. Elles se rendront donc indépendantes des manipulations de la valeur du dollar permise par l'abandon de l'or comme référence monétaire internationale.

Ces manipulations prenant de nombreuses formes, dont depuis quelques temps l'impression de dollar-papier par la Banque fédérale américaine (quantitative easing) faisaient de Washington, par l'intermédiaire de la Fed et de la Banque mondiale, l'arbitre d'une grande partie des choix d'investissements et d'échanges dans le monde. Il en sera beaucoup moins capable.

Rappelons que l'euro pourrait être un concurrent majeur du dollar. Encore faudrait-il que les pays européens membres de l'Eurogroupe s'organisent pour exploiter les possibilités de l'euro. Ils devraient commencer par faire de la Banque centrale européenne (BCE) autre chose qu'une annexe de la Fed. Nous y reviendrons dans notre seconde partie.

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- Désindustrialisation des Etats-Unis

.Depuis la montée en puissance des intérêts financiers internationaux basés à Wall Street, c'est-à-dire sous le contrôle américain, l'Amérique a renoncé à développer les investissements industriels dits de l'économie réelle qui lui avaient permis de s'imposer lors des dernières guerres mondiales. Or ceux-ci seront de plus en plus indispensables face aux nouveaux enjeux du développement, notamment dans la lutte contre les dérèglements climatiques.

Certes, avec l'exode dans les pays dits émergents des principales entreprises américaines, notamment dans le domaine numérique, l'Amérique avait jusqu'ici réussi à se conserver des avantages considérables dans l'économie réelle mondiale. Mais de plus en plus de pays décident aujourd'hui de reprendre un certain contrôle politique sur ces entreprises, ou bien leur suscitent des concurrents locaux.

- Désaméricanisation des zones d'influence traditionnelles.

Ces zones couvrent encore une grande partie du monde développé. L'Amérique en jouit pour se donner une influence mondiale bien supérieure à celle que lui donneraient ses forces propres. Elle s'appuie encore sur elles dans le conflit progressif qui l'oppose à la Russie, à la Chine et à certains pays du Brics. On les trouve au Moyen-Orient, en Amérique latine et dans une partie de l'Asie, notamment dans les pays en voie d'accepter d'entrer dans le Traité de libre-échange transpacifique imposé par Washington. L'Europe évidemment en constitue un élément fondamental.

Or depuis quelques mois, la résurrection de la puissance diplomatique et militaire de la Russie, comme en parallèle l'affirmation d'une puissance chinoise, conduisent de nombreux pays à décider de se désaméricaniser, c'est-à-dire refuser de rester sous la domination américaine, qu'elle soit politique, économique ou même culturelle. On cite à juste titre l'exemple de l'Iran ou de l'Irak. Mais nombre de pays caucasiens ou asiatiques suivent cette voie. Il n'est pas impossible que des alliés fidèles, comme Israël ou le Japon, décident à leur tour de se désaméricaniser, au moins en partie.

- Perte d'influence de l'énorme potentiel militaire américain

Ce potentiel, valant à lui seul environ 17 fois les forces cumulées du reste du monde, a toujours permis à Washington de s'imposer comme arbitre mondial et d'assurer sa domination, notamment sur l'Europe. Seule l'ex URSS, devenue la Russie de Poutine, s'était donné les moyens de faire peser sur Washington la menace d'une frappe nucléaire en retour. Or avec la nucléarisation de certains pays refusant de céder aux menaces américaines, il apparaît de plus en plus que des conflits, même locaux, opposant l'Amérique au reste du monde seraient vite stabilisés par la crainte qu'ils ne dégénèrent en conflit nucléaire, voire en 3e guerre mondiale. Les Etats-Unis ne pourraient prendre ce risque, car ils en subiraient eux-aussi en retour les conséquences catastrophiques.

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Par ailleurs, dans le domaine des armements dits conventionnels, la Russie, suivie par la Chine, ont mis au point des armes très sophistiquées, bien moins coûteuses que les grandes équipements américains, mais capables dans de nombreux cas de faire jeu égal avec eux. C'est le cas des missiles balistiques, dont un seul exemplaire, bien placé, pourrait envoyer par le fond un porte-avions. On peut citer aussi le domaine des avions de combat, avec le désastreux F35 dit Joint Strike Fighter. Le Pentagone va certainement essayer de se doter d'armes aussi efficaces que les Russes et les Chinois, mais le retard pris ne se rattrapera pas facilement

- Recul progressif des monopoles acquis depuis 50 ans dans les sciences et les technologies du futur, ainsi que dans les grands programmes associés.

Ceci tient au fait que les recherches correspondantes sont de moins considérées par Wall Street et le gouvernement fédéral soumis à ses intérêts, comme de rapport suffisant à court terme. Ne conservent de ressources budgétaires généreuses que les recherches et développement ayant un intérêt militaire. Certes, la liste en est longue. Il en résulte que l'Amérique est encore loin de perdre les positions dominantes acquises dans un certain nombre de sciences. S'y ajoute le fait qu'avec un espionnage généralisé sophistiqué, elle peut récupérer à son profit les recherches faites ailleurs, notamment en Europe ou au Japon.
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Cependant, face aux recherches russes et chinoises, ainsi que dans une certaine mesure face aux investissements du reste du monde, y compris en Europe, l'Amérique risque de se laisser évincer de domaines qui seront stratégiques. On peut mentionner la lutte contre les changements climatiques et la dégradation des éco-systèmes. Il en sera peut-être de même dans le spatial civil, l'astronomie et la cosmologie dont les retombées irrigueront beaucoup de développements dans les prochaines décennies (Voir à ce sujet notre article « A la poursuite des ondes gravitationnelles », commentant les travaux du scientifique français Pierre Binétruy;

Développement en interne d'oppositions politiques qualifiées d'anti-système.

Ce terme désigne les mouvements qui au sein même des deux grands partis américains, refusent de lier leur sort aux stratégies imposées jusq'à ce jour par le domination de l'infime en nombre mais toute puissante minorité des super-riches et super-puissants. Ces mouvements anti-système sont à ce jour représentés par deux candidats à la présidence des Etats-Unis, Donald Trump pour les Républicains et Bernie Sanders pour les Démocrates.

Même s'ils ne réussisent pas à s'imposer aux forces conservatrices qui dominent la vie politique américaine, ils prendront certainement suffisamment d'importance pour militer en faveur, non pas d'un recul proprement dit de la puissance américaine mais de limites mises aux plus aventurées de ses ambitions géostratégies.

2. La remontée en puissance de l'Europe.


Pour cela un certain nombre de stratégies convergentes devront être mises en oeuvre.

Refonder les alliances à l'Est

Le premier objectif d'une Europe ayant réussi à s'affranchir de la tutelle américaine devra être d'élargir ses alliances à l'Est. Concrètement cela voudra dire considérer que son centre de gravité ne devra plus être exclusivement euratlantique, mais aussi eurasiatique.

Le premier partenaire à prendre en considération dans cette nouvelle perspective sera la Russie. Avec un certain nombre de précautions à prendre vis-à-vis de l'expansionnisme chinois, ce sera aussi la Chine. Le terme de partenaire devra être pris dans son sens le plus large, notamment concernant la Russie. Il ne s'agira pas comme actuellement avec les Etats-Unis, d'un rapport de dominés à dominants, mais de rapports entre puissances se considérant comme globalement équivalentes. Chacune disposera d'avantages spécifiques, mais la conjugaison de ces avantages produira une puissance finale qui sera dans la plupart des cas supérieure à la puissance américaine, surtout si l'exploitation quasi coloniale que celle-ci fait des ressources européennes pouvait diminuer.

Le futur ensemble eurasiatique se manifestera d'abord par des coopérations étendues dans le domaine qui est et sera à la source de toute puissance sur le long terme, sur une planète en évolution rapide confrontés à des défis multiples. Il s'agit de la recherche scientifique et technique, complétée par le plus grand nombre d'applications industrielles et économiques possible.

Inutile d'en esquisser le détail ici. Disons seulement qu'il s'agira de l'adaptation au changement climatique, à la diminution du nombre des espèces vivantes, à la raréfaction des ressources naturelles actuellement disponible. Au delà de ces priorité, on placera notamment la coopération à de grands projets structurants, par exemple l'exploration spatiale et ses multiples retombées, les biotechnologies et le génie génétique, les sciences de l'information, du numérique et de la robotique.

Dans ces divers domaines, même si l'Amérique dispose encore d'une indéniable supériorité, l'Europe, la Russie et la Chine, en conjuguant leurs ressources humaines et leurs laboratoires, pourront très vite prétendre au premier rang mondial. Ceci ne veut pas dire que tout serait mis en commun, car nécessairement les membres de l'alliance eurasiatique voudront se conserver certaines spécificités, mais beaucoup d'éléments, comme idéalement cela devrait d'ailleurs être le cas au plan mondial en matière de recherche fondamentale, pourront être développés en commun.

Un point délicat concerne les recherches susceptibles d'applications duales, civiles et militaires. La encore, si les politiques industrielles concernant les armements ne seront pas nécessairement partagées, elles pourraient reposer sur des coopérations et des symbioses étendues. Nous avons ici souvent cité le cas des avions de combat. Une coopération, par exemple, entre le français Dassault et la société russe Sukhoi Aviation Incorporated, pourrait être bénéfique pour les deux partenaires. Mais elle devrait reposer, comme d'ailleurs dans tous les domaines cités ici, sur une confiance réciproque, autrement dit excluant l'espionnage systématique.

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Une nouvelle alliance entre l'Europe, la Russie et la Chine devrait s'exprimer aussi dans le domaine diplomatique. Il s'agira de définir des politiques sinon communes du moins étroitement coordonnées vis-à-vis du reste du monde: les Amériques, l'Inde, le Japon, les Etats du Pacifique, l'Afrique. Si ces politiques peuvent conduire à des coopérations au plan de l'ensemble eurasiatique, ce sera une excellente chose. Mais il ne faudra pas craindre de manifester en tant que de besoin des positions différentes, sinon antagonistes, du fait que les intérêts de chacun des partenaires ne seront pas nécessairement convergents. Nous pensons notamment à la Chine, qui ne voudra pas toujours aligner ses positions sur celles de la Russie et de l'Europe, la réciproque étant également vraie.

Dans le domaine militaire se posera avec plus d'acuité que dans les autres la question des relations avec les Etats-Unis. Si ceux-ci poursuivent des politiques étrangères reposant sur un appel permanent à la puissance militaire et à l'espionnage numérique qui la soutend, l'ensemble eurasiatique en sera nécessairement la cible. Il sera considéré, comme l'est aujourd'hui la Russie et de plus en plus la Chine, comme un adversaire à éliminer. Si cependant le nouvel ensemble eurasiatique prend un poids suffisant, et vu sa diversité géopolitique, il sera peu sensible aux politiques de « regime change » auxquelles l'Amérique à d'innombrables fois fait appel à l'égard d'Etats plus fragiles, semant à cette occasion la guerre et le terrorisme.

Il ne faut pas par ailleurs exclure l'hypothèse selon laquelle de nouvelles majorités politiques plus modérées que ne le sont les néoconservateurs prennent le pouvoir à Washington. Dans ce cas, les rivalités, sans disparaître, pourraient prendre une forme plus pacifique qu'actuellement.

Construire l'Euroland

Sans vouloir nécessairement abandonner le concept d'Europe à 27 Etats ou davantage il sera indispensable qu'au sein de l'Europe se construise un sous-ensemble fédéral que l'on a déjà nommé l'euroland, mais qui reste une entité informelle et sans pouvoirs réels.

L'euroland est au sein de l'Europe le sous-ensemble d'Etats utilisant l'euro comme monnaie commune. L'euro a fait l'objet de nombreuses critiques. Mais celles-ci ne concernent pas directement l'euro proprement dit ni la Banque Centrale européenne. Elles concernent le fait qu'aucune pensée géopolitique solide n'anime le concept. L'euro est laissé au bon vouloir des financiers, eux-mêmes très largement sous le contrôle des intérêts anglo-américains, ceci l'intermédiaire de Wall Street et de la City de Londres. De ce fait les pays utilisateurs de l'euro ne peuvent bénéficier de politiques gouvernementales globales telles que celles mises en oeuvre par l'Etat fédéral américain, et dans une moindre mesure par tous les autres Etats du monde.

Pour que les choses changent, en excluant dans cette note les perspectives de sortie de l'Union européenne et de l'euro souvent évoqués par certains Etats membres de l'euroland, il faudra décider de tout le contraire: transformer l'euroland en un véritable Etat fédéral et mettre l'euro à son service. Au plan constitutionnel cette perspective a souvent été étudiée, y compris par nous ici. Inutile d'y revenir. Il s'agirait de mettre en place les éléments d'une structure fédérale démocratique: élections communes, parlement, gouvernement et services publics fédéraux. Ceux-ci, comme dans tous les Etats fédéraux, laisseraient de vastes responsabilités aux structures politiques et administratives des Etats fédérés, dans le cadre d'une répartition convenable des pouvoirs.

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Au plan de la monnaie, l'euro, qui donne son nom à l'Euroland, il faudra faire ce qui n'a jamais été fait jusqu'à présent, sous la pression de Washington, transformer la Banque centrale européenne (BCE) en instrument au service des politiques fédérales. Autrement dit, la BCE, tout en conservant une nécessaire mais partielle indépendance, devra, sur le modèle de la Fed américaine, définir des taux d'intérêts et quantité de monnaie en circulation permettant à l'euro de servir les objectifs des Etats de l'euroland.
Ceci en ce qui concerne les taux de change, les perspectives d'emprunt sur les marches financiers internationaux, la lutte contre l'inflation et la déflation

Par ailleurs, comme nous l'avons souvent également demandé ici, la BCE devra servir de relai à de nouveaux instruments à créer permettant de faire appel en priorité aux épargnes internes des pays de l'euroland, en les affectant à des besoins spécifiques d'investissements productifs à moyen et long terme dans l'économie réelle. L'un de nous a décrit ici en détail ce que pourraient être des « obligations à durée indéterminée » (ODI) pouvant être affectées à de grands programmes d'investissement dans l'industrie, les infrastructures, la recherche. A partir notamment de la mobilisation de ces épargnes, il pourrait être possible de « restructurer » c'est-à-dire allonger la durée et le poids des remboursements.

Une autre caractéristique de l'euroland devrait être de se voir conférer une certaine possibilité de protection vis-à-vis des concurrences « libres et sans contraintes » imposées par des Etats prétendant au nom du libéralisme exporter en Europe des produits à bas coût résultant notamment d'un écrasement des charges salariales et sociales pesant sur les salariés et les PME.

Le protectionnisme peut évidemment être dangereux en facilitant la poursuite d'archaïsmes face au progrès technique. Aussi faudra-t-il en faire usage d'une façon mesurée, dans le cadre notamment d'accords de réciprocité avec les pays concurrents.

Enfin, l'autonomie de type fédéral que devra acquérir l'euroland dans tous les domaines évoqués ici ne devra pas faire perdre en considération la nécessaire communauté culturelle et d'intérêts qu'elle entretiendra avec les pays hors-euro de l'Union européenne. L'euroland devra participer en tant que telle au bon fonctionnement des institutions de l'UE proprement dite, qui continuer à jouer un rôle important.

ll s'agira notamment du Parlement et du conseil des chefs d'Etat européens. S'y ajouteront d'autres institutions communes encore embryonnaire actuellement et qui devront être renforcées, notamment en matière de politique européenne de défense. Dans ce cas, la participation actuelle des pays européens à l'Otan n'aurait plus lieu d'être maintenue.

De très nombreux autres domaines, en matière par exemple d'infrastructures, d'équipement, de lutte pour la protection de l'environnement, de grands programmes de recherche, de politique spatiale (notamment au sein de l'Agence spatiale européenne (qui comprend d'ailleurs des membres non européens), devront être maintenus.

Par ailleurs, dans une conception de l'UE s'étendant plus largement qu'aux actuels 28, toutes négociations et contact utiles permettant d'associer ces Etats européens aux programmes, tant de l'Union que de l'euroland, devront être encouragés.

samedi, 20 février 2016

Hungarian Lessons

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I was surprised by how grimy and sooty Budapest was. So many of its buildings, once gorgeous, were in an advanced state of decay. This city looked better before World War II, for sure, and certainly a century ago. Since escaping Communism, Budapest is regaining its glories, though not at the same pace as Prague. There’s a peculiar local fad called ruin pubs, where hip types can drink and dance in these half-wrecked buildings. Too creaky to boogie, I only glimpsed them from the outside, but they didn’t look half bad.

In the subway concourses, there were many homeless, and they stayed there all day. Other aimless types loitered. The underground shops offered food, drinks, magazines and flowers. Some were owned by Chinese. At street level, there were many gyro shops run by Greeks, Turks or just plain Hungarians. According to the 2011 census, 7.3% of Budapest residents were foreign-born, but most were just ethnic Hungarians arriving from Romania, Serbia and Ukraine.

Before World War II, there were 200,000 Jews in Budapest and they had the largest synagogue in all of Europe. Half would be massacred by Germans and their Hungarian allies. In the countryside, a Jew’s chance of survival was even worse. Many Gypsies were also killed. Estimates of Gypsies in Hungary range from 3.1 to more than 10%. Thanks to a high birthrate, that percentage is constantly increasing.

Many of the most famous Hungarians were, well, not Hungarian, as in Magyar. Franz Liszt was German. Bela Bartok was half German and a quarter Serbian. Houdini, Robert Capa, Arthur Koestler and André Kertész were Jews.

Hungary has gotten much bad press lately because of Viktor Orban. Newsweek compared him to Mussolini, and John McCain described him as “a neo-fascist dictator getting in bed with Vladimir Putin.” When Orban became Prime Minister in 1998, he integrated Hungary into NATO so was seen as snugly in the Western camp, but with his second stint as Hungary’s leader, from 2010 to now, Orban has made some bold moves against both Brussels and Washington. What has been most highlighted and lambasted is Orban’s stance on the current refugee/illegal immigrant crisis, but some of his other decisions are even more rebellious against the hegemony of the power elite, to borrow a term from the Saker.

Orban rejected the IMF’s austerity measures, increased Hungary’s oversight over its Central Bank, raised taxes for all banks and, in 2013, even kicked out the International Monetary Fund. Orban’s moves against banksters have not been foregrounded by the international press because banksters and their allies don’t want you to think too much about their rampant criminal activities.

In defiance of the power elite effort to isolate Russia, Orban’s government agreed in 2014 to have South Stream go through Hungary. This Russian gas pipeline would also have crossed Turkey’s territorial waters, Bulgaria, Serbia, Greece, Slovenia and Austria. Though it would have benefited all of Europe, South Stream was scuttled by our global elites through pressures on Bulgaria. In contrast to Hungary’s decision, Poland has gone out of its way to avoid relying on Russian natural gas by arranging in 2006 to buy from distant Qatar. Thanks to a delay in the construction of a sea terminal, Poland still hasn’t quaffed any Qatar liquefied natural gas, though it’s already paying through its nose due to contractual obligations. Huffing the Russian stuff costs a lot less.

Besides seeking closer ties with Russia, Orban has repeatedly stressed that sanction against Russia hurts all European countries. What he’s advocating, then, is a Europe that must look out for its own interests in defiance of the suicide diktats from the power elite.

In 2011, Orban banned GMO crops from Hungary and destroyed 1,000 acres of corn planted with Monsanto seeds.

Also of note is Orban’s reaching out to Hungarians in neighboring countries. His government has provided monetary aid and even citizenship to all ethnic Hungarians (with the stipulation that one must speak the language to be naturalized). Thanks to the vindictive Treaty of Trianon after World War I, Hungary lost 71% of its land and 66% of its people. Not even Germany was truncated so ruthlessly.

Orban’s government has revoked tax-exemption status from most Hungarian religious organizations, including all versions of Muslim, Buddhist, Hindu and Baha’i, all but three Jewish synagogues, as well as many sects and religious orders such as Opus Dei, Benedictines, Marists, Carmelites, Mormons, Jehovah’s Witnesses, Seventh Day Adventists, Episcopalians, and Methodists.

The only ones to receive state recognition and support are those deemed traditional to Hungarian society.

OrbanP.jpgEchoing Putin and other leaders, Orban has condemned NGOs as a fifth column. Though as a young man, Orban received a four-month scholarship from the Soros Foundation to study in Oxford, he is fingering the Budapest-born Soros as an unwelcome meddler in Hungary and the rest of Europe. Thanks for the chump change, George, but bug off!

What you have, then, is a nationalist leader, and in Europe, we haven’t seen one in a long while who’s so unapologetic without sounding shrill. In his speeches and interviews, Orban explains himself quite clearly and candidly. To Die Weltwoche, a Swiss newspaper, Orban said in November of 2015, “There are terms and concepts which for a long time could not be uttered, but which are once again beginning to form part of public discourse. For example, ‘borders’—are they good or bad? We can once again say that they have their good sides. Or ‘nation’: this word can once again be used in a positive sense. “Christianity”: most European leaders – including myself – are advised not to use this word too frequently, because most Europeans no longer feel Christian. Now, however, this word is once again returning to political debates. Or ‘pride,’ as in ‘the pride of a nation’: once again it has become a legitimate expression. A positive consequence of the migration crisis is that once again we are attempting to talk openly about our continent’s identity—more freely than in the past two decades.”

The refugee/illegal immigration crisis has also exposed the impotence of the European Union, “This negative impression over the EU’s helplessness already existed before the migration crisis. The citizens of Europe saw it during the financial crisis and the crisis over Greece. They criticized their politicians for not being able to find a way out of the financial crisis. The stagnation of our national economies is still evident […] European citizens are convinced that their leaders are not effective. The migration crisis has, however, created a new impression. This is not related to effectiveness, but to democracy.”

With citizens having no inputs, and most European leaders unable to make decisions in their nation’s interests, one is left to wonder who are behind all this mayhem? Orban, “It is hard to shake off this thought. We were debating for months, but the outcome was always the same: ‘Let the people in.’ And on top of this, in the first few months, for some reason no one was able to say out loud that this is an issue of the utmost importance for Europe. For months it was first regarded as a humanitarian issue, and then as a technical problem as to where the refugees should be settled and how they should be distributed. No one raised the question of whether the essence of the matter is more about our existence, our cultural identity and our way of life. I do not know for certain what is actually happening, and I do not want to blame anyone; but the suspicion arises that none of this is happening by chance. I am not brave enough to publicly talk about this as a certainty; the suspicion inevitably emerges, however, that there is some kind of master plan behind this.”

The same elites who’ve weakened, if not destroyed, countries in the Middle East, North Africa, Europe and elsewhere have done so to the United States itself, and it has all been executed by design, for it’s easier to rule and rob prostrated and confused populations. The master plan is to reduce citizens of whatever nation to disposable cogs that must compete for the lowest wages and be chained to lifelong debts, as dished out by criminal banks. In the United States, farcical elections are held with sustained fanfare to give an increasingly angry populace an illusion of political participation. Whoever is propped up as “President,” the military banking complex, power elite or American Empire, call them what you will, will continue their rampage worldwide while eviscerating their host nation.

Is there an alternative? Orban sees the world as having changed radically since the 2008 financial crisis, and there’s no recovery, in his view. Though guarded in his statements, he’s prepping Hungary for life beyond the collapse of both Washington and the European Union. In the meantime, Orban is straddling East and West. In August of 2014, Hungary was caught sending about 80 T-72 tanks to the Ukraine. Dumped for just $8,500 a piece, it hardly seems worth it to antagonize Russia. The Pentagon has also announced it will send heavy weapons and tanks to Hungary. Perhaps Orban will use these new tanks to retake the Transcarpathian as Ukraine weakens even further.

Joining NATO in 1999, Hungary participated in the embargo of Yugoslavia, and for the American wars on Afghanistan and Iraq, it sent 360 then 300 troops, respectively. After aiding the American Empire, Hungary is dodging the consequence by rejecting legitimate refugees. Orban was disingenuous, then, when he claimed, “We did not destroy the countries from which migrants are coming. We did not bomb anyone. We did not invite anyone here. And now those who dropped the bombs and sent out invitations want to settle them here. Is this fair?” Orban has evolved from a US-groomed protégé to a critic of Uncle Sam. He has matured.

It’s interesting that in all former Communist countries, citizens have rejected any globalist vision, as embraced by the left, to elect nationalist governments. American politicians also speak of defending the nation’s interests, but it’s only so much hot air from jerking puppets. With sane, intelligent voices drown out by incessant garbage, there’s no composure or wisdom in the public discourse. Instead, we get slogans or loutish insults. We dwell in a mad mental universe. In his 2013 Presidential Address, Vladimir Putin stated:

“Today, many nations are revising their moral values and ethical norms, eroding ethnic traditions and differences between peoples and cultures. Society is now required not only to recognize everyone’s right to the freedom of consciousness, political views and privacy, but also to accept without question the equality of good and evil, strange as it seems, concepts that are opposite in meaning. This destruction of traditional values from above not only leads to negative consequences for society, but is also essentially anti-democratic, since it is carried out on the basis of abstract, speculative ideas, contrary to the will of the majority, which does not accept the changes occurring or the proposed revision of values.

We know that there are more and more people in the world who support our position on defending traditional values that have made up the spiritual and moral foundation of civilization in every nation for thousands of years: the values of traditional families, real human life, including religious life, not just material existence but also spirituality, the values of humanism and global diversity.

Of course, this is a conservative position. But speaking in the words of Nikolai Berdyaev, the point of conservatism is not that it prevents movement forward and upward, but that it prevents movement backward and downward, into chaotic darkness and a return to a primitive state.

In recent years, we have seen how attempts to push supposedly more progressive development models onto other nations actually resulted in regression, barbarity and extensive bloodshed. This happened in many Middle Eastern and North African countries. This dramatic situation unfolded in Syria.”

These “progressive development models” are nothing but dignified cloaks to hide barbaric imperialism. The USSR worked the same way. Having never been subjugated and humiliated, Americans have only dished out, and not experienced, “chaotic darkness and a return to a primitive state,” but the elites that have destroyed so many lives worldwide are also working against us Americans, so a future of terror and degradation will be our lot unless we can muster up the collective will to challenge our criminal overlords. Sniping at each other, there’s no dialogue here, much less unity. It doesn’t look promising.