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samedi, 05 mai 2018

A LIRE : Mai 68, la révolution des imbéciles

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A LIRE : Mai 68, la révolution des imbéciles

par Michel Morès

Ex: https://theatrum-belli.com

A l’occasion du 50e anniversaire des événements du printemps 1968, Charles Saint-Prot, qui a récemment publié L’Etat-nation face à l’Europe des tribus (éd. du Cerf), signe un vigoureux pamphlet sous le titre évocateur Mai 68, la révolution des imbéciles (éditions de Flore).

CSP-Mai-68-2.jpgOn aura compris que ce texte n’est pas tendre à l’égard de ce que l’auteur qualifie de « chamboulement abject, un mouvement littéralement antisocial conduisant à l’institution d’un individu abstrait livré à la domination du Marché mondialisé… ». Il ajoute « Sous couvert d’un gauchisme de façade qui ne fut rien d’autre que la maladie sénile du crétinisme, Mai 68 fut le terreau d’un nouveau totalitarisme qui s’épanouit aujourd’hui avec un rare cynisme. Moins qu’une révolution, ce fut le début d’un long processus de pourrissement, de renversement des valeurs ».

On comprendra qu’aux yeux de Charles Saint-Prot, rien n’est plus urgent qu’en finir avec le mythe soixante-huitard pour remettre les idées à l’endroit. L’analyse faite par ce penseur des causes de mai 68 est particulièrement intéressante. Après avoir posé le principe  qu’ « en 1789 comme en mai 1968, l’idéologie révolutionnaire n’est qu’une vision illuminée au service d’intérêts obscurs », il s’interroge sur la nature de ces intérêts. A cet égard, il rappelle ce qu’écrivait le professeur Jean Rouvier, dans  son fameux ouvrage Les grandes idées politiques (1978), affirmant  qu’un « lobby israélo-américain »  ne fut pas étranger au déroulement  de ces événements. Ainsi, tout se serait passé « dans le dos des acteurs » comme a pu le constater  Régis Debray. Charles Saint-Prot soutient donc que l’agitation fut orchestrée de l’étranger pour affaiblir la France que le général de Gaulle avait relevée en proposant une vision « héroïque et futuriste ». Carnaval grotesque contre les valeurs traditionnelles, Mai 68 fut aussi « la première grande bataille des forces qui voulaient imprimer un bouleversement total de l’ordre politique et des valeurs de la société au profit de la dictature du Marché ultra-libéral et mondialisé. Bref, ce n’est pas l’imagination qui voulait prendre le pouvoir mais la finance anonyme et vagabonde ».

Rappelant l’obsession anti-française de ceux qui pensaient comme Cohn-Bendit que « le drapeau français est fait pour être déchiré », l’auteur met en cause l’idéologie antifrançaise qui est devenue la pensée dominante à l’aube du XXIe siècle au point que tant de pseudo-élites, passées du gauchisme à l’ultralibéralisme, renoncent à la France sacrifiée aux billevesées mondialistes et européistes. D’où cette conclusion sévère :

Libertaires et libéraux se retrouvent contre l’État-nation  pour célébrer à satiété les vertus de la globalisation et de la construction européenne et encourager les tentations régionalo-séparatistes. Ils sont dans un même combat contre la pensée française, cet ultime môle de résistance contre les menaces de toute nature qui s’amoncellent au début du troisième millénaire. L’éternel enjeu consiste à réaffirmer le primat de l’homme, de la civilisation, des forces de la vie contre le nivellement matérialiste, les nuées cosmopolites, les forces de la mort. Et Mai 68 fut tout cela, sans apporter naturellement la moindre réponse aux interrogations du monde moderne.

En fait, c’est la question de l’avenir de la France qui est posée dans ce petit livre très utile à la formation de l’esprit public..

Michel Morès

Cliquer ICI pour commander le pamphlet : 5 €, 20 pages

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vendredi, 04 mai 2018

Ce que nous sommes - Aux Sources de l'identité européenne

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Ce que nous sommes

Aux sources de l'identité européenne

par Christopher Gérard

Ex: http://archaion.hautetfort.com

Tonique, un vrai cordial !, le manifeste que publie l’Institut Iliade sous la houlette de l’historien Philippe Conrad,  ancien directeur de séminaire au Collège interarmées de défense et patron de la défunte Nouvelle Revue d’Histoire. Son exaltation de la Chrétienté médiévale, un tantinet indulgente sur le mode de conversion de notre continent, touche d’autant plus que la France vient de perdre un officier qui incarna la figure du chevalier – je veux parler du lieutenant-colonel Beltrame. L’ombre du regretté Dominique Venner plane aussi, et nul ne s’en étonnera, sur tout le recueil, tant les douze auteurs communient dans cet esprit de rébellion aristocratique auquel s'identifia si bien l’auteur du Coeur rebelle.

L’objectif, atteint, était de synthétiser en une langue aussi claire qu’accessible les fondements d’une manière d’être, celle des Bons Européens : leur mémoire ancestrale, le regard qu’ils portent depuis les origines sur le monde et, last but not least (car il ne s’agit nullement d’un chant funèbre, encore moins d’un exercice d’antiquaire), les combats à mener, aujourd’hui et demain, contre les utopies niveleuses et les discours dissolvants, contre cette fatigue entretenue par les forces du néant. De la préhistoire indo-européenne à la musique contemporaine, des Kourganes à Arvo Pärt, de la Grèce d’Ulysse à la Rome d’Auguste (mais, curieusement, la Matière de Bretagne semble avoir été omise), les contributeurs mettent en évidence ce sens de l’excellence, ce goût de la mesure et ce refus de l’hubris, ce souci de la communauté civique (la polis, encore un mot grec), cette préférence pour les continuités créatrices (et non pour les ruptures stérilisantes) qui caractérisent le Finistère de l’Asie – Europa nostra.

Dans une lumineuse formule,  le musicologue Jean-François Gautier évoque la vérité, fondement de notre vision cosmique : « non un contenu doctrinal descendu de cieux inconnaissables, mais l’expression d’une subtilité d’observation dont le sage sait tirer les bonnes conclusions ». Plus loin, Lionel Rondouin, ancien officier et normalien,  définit à la perfection le type gibelin par opposition au guelfe, le tenant, souvent puritain, de dogmes universels (et du droit d’ingérence quand il s’agit de les imposer).

Les Douze (dont un Belge qui se pique d’hellénisme) tentent chacun d’illustrer la quintessence de la dissidence antimoderne. Lire et faire lire ce bréviaire, s’en inspirer dans notre résistance quotidienne à l’ahurissement, l’utiliser comme source (pérenne) de purification mentale, voilà quelques pistes offertes aux amazones et aux hoplites de notre bel aujourd’hui. 

Christopher Gérard

Philippe Conrad dir., Ce que nous sommes. Aux Sources de l’identité européenne, Editions Pierre-Guillaume de Roux, 198 pages, 16€

 

jeudi, 03 mai 2018

Préface à Pierre Le Vigan - Face à l’addiction

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Nicolas Bonnal:

Préface à Pierre Le Vigan

Face à l’addiction

Esprit prudent mais prévoyant, notre ami polymathe Pierre Le Vigan avait écrit son petit essai universitaire sur l’addiction bien avant que le mot ne devînt trop à la mode. Les uns parlent d’addiction au sexe, d’autres aux drogues – vieux sujet fatigué des seventies -, d’autres enfin à la dette ou pétrole, comme le faisait Thomas Friedman dans un ombrageux édito du NYT au moment de la crise de 2007, qui déclencha, elle, des vocations d’addiction à l’apocalypse ou à l’écroulement du système – cet aperçu indiquant bien au lecteur combien de psychologie contiendra ici l’essai de notre ami.

PLV-addiction.jpgAvec érudition et sérieux, Le Vigan brave les sentiers battus universitaires, évite l’addiction au verbiage jargonneux et se lance dans une série de digressions, d’élargissements et de références (Lao Tze, maître Eckhart, Balzac…) qui nous enchantent et balaient le sujet si vite qu’elles lui donnent une aura bien différente ! Si l’homme (le pauvre homme) est un être addictif (le travail, le sexe, Dieu…), l’addiction n’est-elle pas le royal sujet au sens alchimique, qui nécessiterait son Rabelais ou son Fulcanelli pour en parler ? Etant moi-même soumis à l’addiction des citations (car pourquoi écrire enfin, quand tant de gens brillants ou même géniaux le font mieux que vous ?), je citerai le texte de Pierre… On trouve ainsi le passage de la névrose à la dépression. Historiquement et freudiennement, cela sonne comme ça. Notre savant écrit : « Trop d’interdits, dans les sociétés traditionnelles, créaient des refoulements et des conflits intérieurs, mais trop peu de cadres, trop peu de disciplines venues de l’extérieur enferment l’individu dans un rêve de toute puissance. « Le sujet ne souffre d’aucune contrainte affective, mais se voit enserré dans la course haletante à la jouissance qui le voue à la dialectique ‘’dépression-antidépression’’ » [citant J. Arènes et N. Sarthou-Lajus]…

J’avais lu un jour qu’à la rébellion des grandes années étudiantes avaient suivi la dépression postmoderne. Pierre, lui, écrit : « Comme la névrose guettait l’individu divisé entre le permis et le défendu, la dépression menace un individu déchiré entre le possible et l’impossible. »

Un bel aphorisme (de l’Héraclite décalé ?) : « On a pu dire avec justesse que le dépressif est un Moi sans sujet, tandis que le schizophrène est un sujet sans Moi. » Parfois on trouve même la vérité dans un magazine (lisez leurs pages pratiques, oubliez politique et diplomatie) : « Ils sont incapables de réaliser que le problème se situe, très majoritairement, dans l’instabilité neurobiologique que le produit a créé en eux »…

Là, je peux en parler d’expérience. Des médicaments prescrits pour je ne sais quel mal de vivre vieux comme Chateaubriand, Sénèque, ou Salomon (les proverbes ou l’Ecclésiaste bien sûr !) m’emmenèrent fort bas. C’est qu’il n’est rien de pire que l’addiction sinon la chasse scientifique à l’addiction. Et comme dirait un sage chinois, La plus grande maladie est de croire que tout doit être guéri… C’est très vrai en économie et pour le bon taoïste que je suis, l’important est de ne rien faire car en voulant guérir ou prévenir les crises, on a créé la modique dette mondiale de 237 000 milliards ou plus. C’est Pierre qui rappelle Sigmund Freud (génie méconnu et méprisé aujourd’hui) et notre désir inconscient de se perdre. Tocqueville évoquait cette angoisse de vivre de l’Américain qui le frappe au milieu de son effervescence politique, de sa frénésie matérialiste. Mais le remède des addictifs est toujours pire que le mal (c’est ainsi qu’on pourrait définir un addictif ?) : « L’addiction au sport, l’addiction aux conduites à risque, l’addiction au travail le montrent aussi : l’addiction est une angoisse devant l’incertain, et, ainsi, souvent une fuite en avant, une volonté de programmer l’incertitude pour ainsi la maîtriser. »

Récemment je suis allé relire Foucault, absent ici (ils ne sont pas nombreux !) et qui disait très justement : « A la suite de cette nouvelle circonspection, toute une armée de techniciens est venue soulager le bourreau, l'anatomiste immédiat de la souffrance: les gardes, les médecins, les aumôniers, les psychiatres, les psychologues, les éducateurs. » Eh oui, le monde moderne c’est cela, et c’est ce qui nous coupe les couilles (Pierre parle de castration). Freud écrivait, ce grand esprit biblique selon mon vieux maître Jean Brun* : « C’est à ce phénomène (la culture) que nous devons le meilleur de ce dont nous sommes faits et une bonne part de ce dont nous souffrons. Ses causes et ses origines sont obscures, son aboutissement est incertain, et quelques-uns de ses caractères sont aisément discernables… Peut-être conduit-il à l’extinction du genre humain, car il nuit par plus d’un côté à la fonction sexuelle… »** C’est à tout cela que vous fera penser ce dense essai qui est aussi, surtout, un bréviaire de la psychologie humaine.

N.B

1er mai 2018.

Notes (PLV) :

* Jean Brun, philosophe (1919-1994).

** Pourquoi la guerre, correspondance entre Sigmund Freud et Albert Einstein, 1933.

Pierre Le Vigan, Face à l’addiction, éditions La barque d’or, diffusion Amazon, broché, 157 pages, 14,99 €. Disponible aussi en format kindle.

mardi, 01 mai 2018

Jean-Michel Vernochet: "La guerre civile froide"

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Jean-Michel Vernochet: "La guerre civile froide"

Le Libre Journal de Jean-Michel Vernochet N°8 (20 janvier 2018)

Enregistrement public à Meylan

 
Le Libre Journal de Jean-Michel Vernochet n°8 – 20 janvier 2018.
Une émission spéciale enregistrée en public à Meylan.
 
Le Libre Journal de Jean-Michel Vernochet est une nouvelle émission d’ERFM, la radio en ligne et en continu d’Égalité & Réconciliation.
 
Pour ce huitième numéro, Jean-Michel Vernochet était invité par la section d’E&R Grenoble à enregistrer son émission en public.
L’occasion pour Jean-Michel Vernochet de présenter son dernier livre, "La guerre civile froide : La théogonie républicaine de Robespierre à Macron" (octobre 2017) : http://bit.ly/2yHg8jG
 
Un entretien mené par Pierre-Antoine Plaquevent pour "Les Non-Alignés" : http://www.xn--les-non-aligns-nkb.fr/
 
Une vidéo réalisée avec l'aimable autorisation de ERFM.
 
Le Retour aux Sources Éditeur :
 

La lucha por lo Esencial

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Carlos X. Blanco

La lucha por lo Esencial

Ex: https://latribunadelpaisvasco.com

krebsesp.jpgHay libros para el reposo, libros para el análisis, y libros para la exaltación. Hay libros que son un recreo, otros son un horizonte. Pero algunos otros libros son campanas, aldabonazos y gritos que dan la señal de alarma. Este que les quiero reseñar hoy es un libro que exalta, un texto que inquieta y pone por delante luces rojas de advertencia.


La Lucha por lo Esencial, de Pierre Krebs, es una obra breve pero muy intensa, un texto de combate que señala la posibilidad terrible de que Europa se muera. Muestra las señales de esa inminente muerte civilizatoria de todo un pueblo, el pueblo europeo, aunque también muestra con esperanza las señales de cambio, indicios de recuperación y ciertas vías regenerativas. Pierre Krebs (Argel, 1948), el autor, es un intelectual de origen francés nacido en Argelia, con sólida formación universitaria francesa pero nacionalizado e instalado en Alemania. En España es muy poco conocido y, a pesar de haber publicado ya muchos textos, éstos apenas han sido objeto de traducción a nuestra lengua. Su libro más conocido, La Lucha por lo Esencial [Im Kampf um das Wessen, Horn-Kassel, Viena, 1997], por suerte, cuenta con una traducción de Olegario de las Eras, en la editorial Los Libros de Aimirgin, [Valencia, 2006].


Leyéndolo, el público español puede disponer de una visión adecuada del conjunto de ideas que en nuestro continente ha dado en llamarse "Nueva Derecha", si bien el Dr. Krebs prefiere nombrar ese conjunto de otra manera, la "Nueva Cultura". Estas ideas han sido perfiladas de forma colegiada, no sin disensiones y desafecciones, por muchísimos intelectuales franceses, belgas, alemanes, italianos... Algunos de estos nombres son, cada día, más conocidos por el público español, aunque es difícil saber hasta qué punto son leídos y asimilados aquí, en un país reacio a las lecturas, y carente de un sólido público crítico. Alain de Benoist, Alexander Dugin, Guillaume Faye, Robert Steuckers, José Javier Esparza… son firmas conocidas en ciertos ámbitos, solventes pensadores y difusores de éste posible renacimiento europeo por el que aboga la "Nueva Derecha", líderes de un movimiento metapolítico que pugna por despertar las conciencias de los europeos en orden a hacer frente al actual declive de nuestra civilización.


Desafíos como los que señala Krebs, exigen una labor de titanes. Son desafíos como por ejemplo la pérdida de nuestra identidad (incluyendo aspectos tan tangibles y físicos de la identidad como la raza y el territorio), la pérdida de soberanía ante el "American Way of Life", y la sumisión y el etnomasoquismo oficiales y obligatorios como los que implanta la Unión Europea y la mayor parte de sus Estados-miembro. Hay más: consumismo, banalidad, multiculturalismo, deterioro ecológico, africanización, mestizaje obligatorio, islamismo…


krebs.jpgPierre Krebs, al igual que otros pensadores arriba mencionados, acierta en señalar muchos de los síntomas que aquejan a Europa, "el hombre enfermo del mundo". Aquel sistema de potencias que dominaron el mundo, que enseñaron la fe, la ciencia y la técnica, el capitalismo y la administración al resto de los pueblos del orbe, Europa, es hoy una ruina completa, una ruina y un campo colonizado desde 1945. Los norteamericanos y los bolcheviques se enseñorearon de la patria de una "civilización fáustica", una patria ya de por sí suficientemente diversa en lo étnico: latina, griega, celta, germana, eslava, ibera, magiar… Esta patria europea multi-étnica es, no obstante, muy homogénea en cuanto a sus orígenes (indoeuropeos en una gran medida) y en cuanto a similares desarrollos históricos. Es una patria que se forjó a partir de las ruinas de la civilización clásica y de la extensión del cristianismo entre los pueblos "bárbaros". Es una patria que, existencialmente, logró su lugar en el cosmos por medio de la resistencia al moro en España, al berberisco y al turco en el Mediterráneo, resistencia en los Balcanes y en los demás pasos de comunicación entre Oriente y las llanuras centro-europeas.

Todos los europeos somos lo que somos por medio de esta supervivencia de lo clásico, la resistencia ante el Oriente –un Oriente especialmente mahometano- y la cristianización del bárbaro. Pero Krebs, a mi modesto entender, desenfoca el análisis meta-histórico en importantes puntos.

Primer punto desenfocado. Su inquina al "judeocristianismo". Ciertamente, esta fue una inquina muy visible en los primeros años de la "Nueva Derecha" y sus raíces más visibles se hallan en Nietzsche. El filósofo alemán fue pionero en sus análisis de la enfermedad de Europa, achacándole su decadencia tanto a Jesús como a Sócrates. Nietzsche fue un pensador virulentamente anti-cristiano, mucho más anti-cristiano que Marx o cualquier otro ateo, pues los ateos, negando la existencia de todo ser creador y trascendente, arremetiendo contra la existencia del espíritu y de un mundo allende la materia, todavía pueden compartir un sentimiento moral, un humanismo fraternal, una ideología igualitaria y anti-heroica que en nada se diferencia de un cristianismo sin Dios, como acontece con el socialismo y el anarquismo. Además, Nietzsche veía en el cristianismo, a la manera de la vieja aristocracia romana-pagana, un mero derivado del judaísmo, un producto de ese enviciado "pueblo sacerdotal". Los nietzschianos anti-cristianos dieron, con esto, no pocos argumentos a la ideología nacional-socialista, y los dieron por haber visto a la religión cristiana como una verdadera arma del judaísmo por medio de la cual se habría podido infectar y derrotar moralmente a los gentiles. El cristianismo sería entonces el "judaísmo para los gentiles", la extensión superlativa de la religión del pueblo semita sacerdotal, capaz así de vengarse de todos aquellos pueblos mucho más sanos, fuertes y heroicos que los hebreos, a saber, los romanos o los germanos.

Pero las tesis de Nietzsche sobre la religión de Cristo, así como las que en paralelo hizo discurrir sobre la filosofía de Sócrates y demás sucesores griegos, son harto discutibles. Ninguna religión, código ético o filosofía "envenena a un pueblo" si éste no se haya en disposición de dejarse envenenar, y su decadencia obedece a complejos procesos geopolíticos y económicos, ante los cuales en un pueblo o civilización se prefiere un veneno a otro. El código ético que es veneno para una nación en cierta coyuntura, es tónico, bálsamo o excitante en otra. El mismo Corán que levantó olas de fuego en unos oscuros y míseros pueblos de beduinos, haciéndoles dueños del mundo, fue con-causa de declive y aletargamiento posterior durante siglos, dicho por vía de ejemplo. Tal y como decía Gustavo Bueno en las aulas, y lo decía mucho antes del auge del terror yihadista, la religión no es el opio del pueblo, sino que a menudo es su excitante.


El propio término compuesto, tan empleado por Nietzsche como por Krebs, judeo-cristianismo, es confuso e induce errores. Más allá del monoteísmo y ciertos rituales y preceptos morales compartidos, así como la conciencia del pecado, los dos sistemas teológicos ofrecen hondas diferencias. La religión cristiana, y no tanto la judía, incluye no pocos elementos grecorromanos, especialmente unos ingredientes tomados de las escuelas de ética helenística, y mucha filosofía platónica y aristotélica.

spgue.jpgEs un error reducir el Cristianismo al "Evangelio", como si toda reducción fuera siempre una apuesta por una mayor pureza. Los más puritanos de entre los cristianos son los que perseveran en ver esta Religión un sistema ético, y nada más que un sistema ético. Un mensaje Evangélico rebajado por este rasero ético-social, es un mensaje falseado: como si la Iglesia no fuera también, en contra y más allá del "pueblo sacerdotal" semita y testamentario, un enorme edificio grecorromano, racional y metafísico. En el seno de ese error modernista y anti-católico, es fácil admitir una amalgama y un continuum que se detecta en la propia expresión compuesta de "judeo-cristianismo". Pero si hacemos caso a Spengler, antes que a su maestro Nietzsche o a su epígono Krebs, hay "muchos cristianismos". Y el de cristianismo fáustico es el nombre que Spengler cree aplicable al cristianismo de las cruzadas, o al de la conquista de América, o al de la "Europa gótica" en general, un cristianismo en absoluto fruto de un impotente "pueblo sacerdotal", propio de "beduinos seminómadas", etc. , sino una planta original y egregia, nacida de fuentes clásicas y celto-germanas, producto del alma de los pueblos que lo engendraron y en modo alguno un "veneno importado" o "inoculado" por pueblos asiáticos.


El otro desenfoque de Pierre Krebs versa sobre la cuestión de las razas. Toda la corriente de la Nueva Derecha nace como reacción contra la idea pseudocientífica, pero oficial en este Nuevo Orden Mundial, según la cual "las razas no existen". El NOM (Nuevo Orden Mundial) se implantó, evidentemente, en 1945. Con la derrota del nazismo, esto es, del proyecto imperial-racista por excelencia, debía por fuerza condenarse todo intento de hacer de la raza una categoría política que justificara cualquier proyecto supremacista, discriminatorio, etc. Pero la proscripción, justa y necesaria, del racismo, y la marginación de la raza como categoría política no tiene nada que ver con la obsesión racista de los anti-racistas. En este aspecto, la Nueva Derecha ha emprendido interesantes críticas. En efecto, no se entiende cómo los más furibundos anti-racistas hablan elogiosamente de la "necesidad del mestizaje". Si, en efecto, en el mundo hay mestizos, e incluso si se admite que no es malo que los haya, ¿cómo es posible que no exista previamente una diversidad de razas, dado que existen los frutos de su mezcla? Se está negando aquel supuesto necesario para la conclusión negacionista, la raza.

La Nueva Derecha, o "Nueva Cultura" de Pierre Krebs apuesta por el "diferencialismo", en lugar del racismo. Esto es, la tesis de que la variedad forma parte de la naturaleza en todas las especies vivientes, incluido el hombre. Cada forma específica de ser humano, tanto en el aspecto etnocultural como en el biológico, es buena por sí y no ha de hacerse caso alguno a la compulsión oficialista a mezclarse, a imponer de forma obligatoria el mestizaje. Nos parece, en efecto, que debe ser fruto de una decisión individual, estrictamente libre y personal, el acto de con quién se relaciona sexual y/o maritalmente cada uno. Ni un Estado ni ninguna campaña ideológica deben entrometerse en esas decisiones. Con los mismos argumentos con los que denunciaríamos las campañas en pro de una "pureza racial", aunque no hicieran uso de coacciones o amenazas, podríamos cargar contra las campañas en pro de un mestizaje, concepto el cual incluye en sí mismo la noción de raza y la ideología, científicamente no demostrada, de que el mestizaje universal es un progreso o un objetivo ineluctable.

 

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No obstante lo acertadas que son las críticas a la apología del mestizaje, que es un elemento clave del multiculturalismo impuesto a los pueblos de Europa, creo que el supuesto problema de las razas enmascara en realidad otro problema mucho más palpable, el del "choque de civilizaciones". Es el abismo cultural, más que el color de piel o la forma del cráneo, lo que siembra dudas sobre la posibilidad y conveniencia una única civilización planetaria utópica. Es el abismo cultural, y en su fondo, el abismo en las cosmovisiones religiosas, el que engendra conflictos, violencia, zonas "no go" (zonas "no vayas"), guetos, etc. y dentro de los abismos que se están creando en Europa hay que destacar el abismo entre la civilización musulmana y la civilización post-cristiana de Europa. En muchos países, especialmente en los de mayor tradición católica, como España, la percepción de la alteridad racial no es en modo alguno un asunto de importancia, generador de rechazo y discordia. Nunca lo será, pese a los episodios puntuales y lamentables que se hayan dado y se den en el futuro. Cualquier problema relacionado con la llamada "xenofobia" nunca guardará relación directa con los colores de la piel y rasgos faciales.


Krebs, al escribir sobre la preservación de la identidad de los europeos, entiende la raza como una especie de "último reducto" de la misma. Creemos que en esto se equivoca y, de paso, abre la puerta a las consabidas (y generalmente injustas) críticas que señalan cripto-nazismo o racismo encubierto en las propuestas diferencialistas e "identitarias" de la Nueva Derecha. El identitarismo consiste en ahondar en las propias tradiciones y señas de identidad, se basa en la protección de los autóctonos ante los intentos aculturizadores exteriores, y en rechazar las invasiones planificadas por intereses bastardos, plutocráticos, pero no se debe relacionar en modo alguno con la "pureza" (también utópica, como utópico es el mestizaje universal) de una raza. Es una cuestión de lucha cultural, de resistencia de una civilización que se niega a morir. Pero toda civilización y todo imperio, en el sentido espiritual del término, puede ser plural racialmente. Creo que España ha dado ejemplo de ello. La Nueva Derecha debería estudiar la Historia del Imperio Español, uno de los imperios más anti-racistas de la Historia Universal. Es una modesta recomendación que lanzamos desde aquí. De la misma manera que recomendamos la lectura de este libro, a pesar de las prevenciones aquí señaladas.

lundi, 30 avril 2018

Agriculture et écologie : cap vers la réconciliation !

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Agriculture et écologie : cap vers la réconciliation !

par Thierry DUROLLE

L’écologie semble être devenue omniprésente. En fait, il faudrait plutôt parler d’environnementalisme et/ou de Shallow Ecology dans le pire des cas (c’est-à- dire en français « écologie superficielle », soit le contraire de la Deep Ecology – ou écologie profonde – popularisée par le penseur norvégien Arne Naess). Cette écologie-là, c’est celle du développement durable, de la COP 21, des bons sentiments bobos et de tous ceux qui croient que l’on peut concilier écologie et croissance. La question écologique entre en considération dans de nombreux domaines, comme c’est le cas pour la croissance économique. Sauf qu’il y a plus important que le PIB dans la vie ! Dans un soucis de santé et de respect de l’environnement, une remise en question sur les relations écologie/agriculture nous semble primordiale.

Dès qu’on se penche sur la question agricole, celle-ci rentre a priori en collision avec l’impératif écologique. En effet, suite à la fameuse « Révolution verte », l’agriculture majoritaire en France et en Europe est devenue productiviste. Ses principes et ses méthodes répondent avant tout aux lois du marché, et ce, au détriment des agricultures. D’ailleurs il suffit de suivre l’actualité pour constater la détresse et le mécontentement du monde agricole. Rien de bien nouveau cependant. Les mouvements de contestations paysannes, des jacqueries aux « Chemises vertes » d’Henri Dorgères (1897 – 1985), parsèment l’histoire de France. L’épreuve annuelle du Salon de l’agriculture effraie plus d’un président de la République française. Le résultat final tient de la catastrophe : l’environnement est meurtri pour fabriquer en masse de la nourriture qui ne nourrit plus, au détriment de la santé des agriculteurs et de la nôtre.

Agriculture et écologie sont-ils inconciliables ? Ou plutôt irréconciliables ? À lire le Manifeste pour une agriculture durable de Claude et Lydia Bourguignon, une solution réaliste redevient possible. Ce couple de microbiologistes qui a quitté l’INRA en 1989 a pour cheval de bataille la restauration des sols qui se trouvent selon eux dans un état calamiteux. Ils sont les auteurs d’un livre très complet sur le sujet (1); mais, conscients de l’aspect politique de la chose, l’écriture d’un opuscule direct et sans langue de bois devenait sans doute urgent.

Dans l’introduction, le couple Bourguignon montre qu’il a compris d’où vient le problème. « Le modèle de la mondialisation a créé une inégalité insupportable entre les mégalopoles qui s’enrichissent et les campagnes qui se désertifient et s’appauvrissent (p. 11) », propos qui rejoint celui de Christophe Guilluy. Ils ajoutent qu’« il faut soumettre la mondialisation aux lois universelles qui gèrent l’environnement et donc l’agriculture (p. 15) » en plaidant notamment pour un programme agricole mondial, écueil typique d’une certaine écologie il est vrai. « L’agroécologie doit servir de socle à la politique mondiale agricole (p. 65). » Paradoxe des altermondialistes qui prônent le respect des particularismes mais ne peuvent s’empêcher de raisonner de manière unilatérale… Nous pourrions également nous interroger sur le sens du terme « mondialisation » employé par les auteurs. Entendent-ils par-là la somme des procédés techniques permettant des échanges de flux à travers le globe en un minimum de temps, ou alors, le mondialisme en tant qu’idéologie cosmopolite qui prône un village global peuplé de « citoyens du monde » ? Sûrement les deux en fait, car les deux concepts ne se contredisent nullement; mieux ils se complètent. Au final Claude et Lydia Bourguignon s’orientent plus vers un altermondialisme naïf et plein de bons sentiments qu’autre chose…

Nous mentionnions plus haut la « Révolution verte », chamboulement de la conception d’agriculture qui résulta via une évolution technique – une involution serait un terme plus adéquat – à la possibilité productiviste. Qu’est-ce qu’en définitive que la « Révolution verte » ? Elle consiste en la reconversion en produits phytosanitaires principalement de produits destinés à l’armement et à la guerre. « À la sortie de la guerre, l’industrie militaire trouve dans l’agriculture le recyclage civil de ses produits. Les nitrates des bombes deviennent les engrais, les gaz de combat les pesticides, les barbelés remplacent les haies dont les arrachages sont subventionnés et les tanks sont transformés en tracteurs qui supplantent les attelages de chevaux. Ce processus se répète encore plus violemment après la Seconde Guerre mondiale, avec le plan Marshall qui déverse dans l’agriculture française le matériel recyclé des USA (p. 18 – 19). »

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L’usage d’engrais, mais aussi l’irrigation et le labour des sols vont se révéler catastrophiques pour ces derniers. La monoculture intensive épuise littéralement la terre qui, du coup, s’appauvrit au niveau de sa faune et des micro-organismes comme les champignons, dont la présence est capitale. Les auteurs constatent également un autre type de pollution des sols, à savoir « les fosses septiques, le tout-à-l’égout et la méthanisation (p. 23) ». En effet, autrefois les déchets organiques que nous produisions retournaient à la terre; dorénavant cette matière organique fait défaut aux sols.

Autres phénomènes préoccupants : le bétonnage des terres agricoles et leurs achats par des pays et/ou firmes étrangères. « En France, nous bétonnons un département tous les sept ans. Pendant cette période, nous augmentons de 2 millions d’habitants et nous retirons à la France une surface agricole capable de nourrir 1,5 millions de citoyens. Cela nous éloigne chaque année de la possibilité d’assurer notre sécurité alimentaire […]. Sur l’ensemble de la planète, ce sont 5 millions d’hectares qui disparaissent tous les dix ans sous le bitume et le béton (soit la surface de la France) au nom du “ progrès ” (pp. 25 – 26). »

Enfin, il faut noter les problèmes liés à la spéculation sur les denrées alimentaires (Henry Dorgères dénonçait déjà ces pratiques durant les années 30) mais aussi le pouvoir des semenciers.

Claude et Lydia Bourguignon, dans la deuxième partie de leur manifeste, proposent donc des solutions, fruits de leur études de microbiologistes. Elles s’inscrivent bien entendu dans une logique écologique, mais laissent de côté ces tartes à la crème que l’on nomme « développement durable » ou « capitalisme vert ». L’idée que se font les auteurs de l’agriculture a de quoi nous plaire. « Nous proposons, pour tenir compte de tous ces aspects, de définir l’agriculture comme étant une gestion, présente et future, d’un écosystème naturel, en vue de produire des aliments sains qui sont le reflet qualitatif et gustatif du “ Terroir ” (p. 37). » Vue à long terme, respect de la dynamique de la biosphère, enracinement et qualité, soit le contraire des logiques agricoles actuelles. La santé des sols est la spécialité des auteurs; il est donc logique qu’une partie du manifeste y soit consacré. Cependant nous ne rentrerons pas dans les explications purement techniques dispensées par Claude et Lydia Bourguignon. Ces dernières, accessibles et bien expliquées, synthétisent les mesures à prendre pour régénérer nos sols. Ils sont réalisables pour le particulier qui cultive son potager. En revanche, l’agriculteur devra repenser intégralement ses méthodes à une échelle supérieure. Les époux Bourguignon ne sont pas sots et le savent bien. Une aide à la transition agro-écologique restera à être définie. Ils en appellent aux politiques qui gèrent l’Hexagone. Malheureusement nous ne croyons pas que cet appel soit entendu, exception faite de quelques « écotartuffes » d’Europe Écologie – Les Verts

Nous ne pouvons que souscrire au bon sens des auteurs. Le respect des sols – donc de leurs particularités – au sein d’un terroir, d’un pays comme dirait Bernard Charbonneau, s’inscrit en définitif dans la logique de ce que l’on peut appeler le biorégionalisme. Alors certes, l’altermondialisme des auteurs nous laisse de marbre. Nous lui opposerions plutôt une logique de grand espace européen autarcique, bien qu’il s’agisse, nous le savons, d’un vœu pieux. Le ton de l’ouvrage est de facture scientifique, bien que le propos soit accessible aux incultes des sciences agronomiques (ce qui est notre cas). Bien que nous le conseillons aux lecteurs, nous lui préférons volontiers le livre de Masanobu Fukuoka (1913 – 2008), La révolte d’un seul brin de paille (2), ouvrage datant de 1975, à la teneur plus « traditionnelle » dont le « non-agir » extrême-orientale est le maître-mot.

Thierry Durolle

Notes

1 : Claude et Lydia Bourguignon, Le sol, la terre et les champs, Éditions Sang de la Terre, 2008, 224 p.

2 : Masanobu Fukuoka, La révolution d’un seul brin de paille. Une introduction à l’agriculture sauvage, préface de Wendell Berry, Guy Trédaniel Éditeur, 2005, 202 p.

• Lydia et Claude Bourguignon, Manifeste pour une agriculture durable, Actes Sud, 2017, 80 p., 9 €.

Le holisme comme réponse au monde moderne

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Le holisme comme réponse au monde moderne

par Georges FELTIN-TRACOL

Du grec holos, « entier », le holisme est un terme inventé en 1926 par le général Jan Christiaan Smuts, Premier ministre d’Afrique du Sud, pour désigner un ensemble supérieur à la somme de ses parties. L’écrivain britannique Arthur Koestler vulgarisa la notion dans Le cheval dans la locomotive (1967) et Janus (1978). L’anthropologue français Louis Dumont s’y référait déjà en 1966 dans Homo hierarchicus.

Bien connu pour son action permanente envers les plus démunis des nôtres, le pasteur Jean-Pierre Blanchard reprend à son compte le concept dans son nouvel essai L’Alternative holiste ou la grande révolte antimoderne (Dualpha, coll. « Patrimoine des héritages », préface de Patrick Gofman, 2017, 156 p., 21 €). Il y développe une thèse qui risque d’agacer tous ceux qui gardent un mur de Berlin dans leur tête.

Si le monde moderne se caractérise par le triomphe de l’individu et l’extension illimitée de ses droits considérés comme des désirs inaliénables à assouvir, l’univers traditionnel préfère accorder la primauté au collectif, au groupe, à la communauté. Certes, chacune de ces visions du monde antagonistes comporte une part de l’autre. La domination de la Modernité demeure toutefois écrasante, d’où des réactions parfois violentes. Ainsi le pasteur Blanchard voit-il dans la longue révolte des paysans mexicains entre 1911 et 1929 la première manifestation du holisme. Ensuite surgiront tour à tour les révolutions communiste, fasciste et nationale-socialiste. L’auteur insiste longuement sur le paradoxe bolchevique : le progressisme revendiqué se transforma en un conservatoire des traditions nationales et populaires. Le communisme réel est en fait un holisme contrarié par le matérialisme historique. On sait maintenant que la République populaire démocratique de Corée a une société plus communautaire, plus holiste, que cet agrégat bancal d’atomes individualistes déréglés qu’est le Canada.

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Aujourd’hui, la vision holistique des rapports collectifs humains prend la forme de l’idéologie islamiste. Le choc frontal entre la modernité occidentale et cet autre holisme est brutal. L’incantation lacrymale et victimaire aux droits de l’homme, au « vivre ensemble » et à l’individu-tyran n’écartera pas la menace islamiste; elle la fortifiera au contraire. La civilisation européenne ne survivra que si elle renoue avec « la transcendance, ce retour qui combat le monde occidental bourgeois issu de la philosophie des Lumières [qui] offre de nouvelles perspectives pour l’avenir (p. 156) », un avenir holistique, communautaire et organique pour les peuples autochtones d’Europe.

Georges Feltin-Tracol

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 76, diffusée sur Radio-Libertés, le 27 avril 2018.

dimanche, 29 avril 2018

Island of Fire

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Island of Fire

Author’s Note:

As we’ve come to appreciate with each passing year, World War Two was the most evil manifestation in human history. No other conflict even comes close in matching that war for its sweeping, sadistic and unspeakable crimes. Mass murder of surrendering soldiers, mass starvation of helpless civilians, mass rape of women and children, assembly-line style torture in the tens of thousands, uprooting and expulsion of millions to certain death, the deliberate, wanton destruction of ancient cultures–these atrocities and many more add to World War Two’s annual menu of beastly war crimes.

Also, with each passing year, it becomes clearer and clearer that virtually all the major crimes of the Second World War were committed by the Allied powers. Additionally, almost all these war crimes took place toward the end of the war. Why is this? Why were these terrible atrocities not only committed by the victorious Allied powers but why did almost all occur at the end of the war? Simply, late in the war the Allies knew very well they would win and they thus knew they had little to fear from retaliation or war crimes trials. The victors knew that they could unleash their sadism against a hated, helpless enemy with utter impunity, and they did.

The following is a description of just one such major war crime as defined above. The account comes from my recent book, Summer, 1945—Germany, Japan and the Harvest of Hate. To this day, relatively little is actually known of this great atrocity. Of course, this is because war criminals not only commit such crimes expertly, but they cover up such crimes expertly, as well.

TG-b1.jpgJust as Allied air armadas had mercilessly bombed, blasted and burned the cities and civilians of Germany during World War Two, so too was the US Air Force incinerating the women and children of Germany’s ally, Japan. As was the case with his peers in Europe, cigar-chewing, Jap-hating Maj. Gen. Curtis LeMay had no compunction whatsoever about targeting non-combatants, including the very old and the very young.

“We knew we were going to kill a lot of women and kids,” admitted the hard-nosed air commander without a blink. “Had to be done.”[1]

Originally, and although it would have been in direct violation of the Geneva Convention, Franklin Roosevelt had seriously considered gassing Japan. Much as British Prime Minister Winston Churchill had proposed doing to Germany earlier in the war, the American president had felt that flooding Japan with poison was not only a fine way to end the war he had personally instigated at Pearl Harbor, but it was a just punishment upon those who had continued the war into the spring of 1945. Unlike the Germans who had their own stock of deadly gas and who could have easily retaliated against the Allies had they been so attacked, Japan had virtually none of its own to reply in kind. To further the plan, Roosevelt ordered his staff to test the waters by discretely asking Americans, “Should we gas the Japs?” Since the plan was soon shelved, perhaps too many Americans remembered the horrors of trench warfare during WWI to want a repeat. The US Government then came up with the idea of unleashing “bat-bombs” on Japan. The brain-child of an American dentist, tiny incendiary time bombs were to be attached to thousands of bats which would then be dropped on Japan from aircraft. Soon after they sought shelter in Japanese homes, schools and hospitals the bat bombs would then explode thereby igniting fires all across the country. After spending months and millions of dollars on the project, the bat bombs, like poison gas, were also dropped. Ultimately, deadly incendiary bombs were developed and finally accepted as the most efficient way to slaughter Japanese civilians and destroy their nation.[2]

TG-b2.jpgThe Allies first created the firestorm phenomenon when the British in the summer of 1943 bombed Germany’s second largest city, Hamburg. After first blasting the beautiful city to splinters with normal high explosives, another wave of bombers soon appeared loaded with tens of thousands of firebombs. The ensuing night raid ignited numerous fires that soon joined to form one uncontrollable mass of flame. The inferno was so hot, in fact, that it generated its own hurricane-force winds that literally sucked oxygen from the air and suffocated thousands. Other victims were either flung into the hellish vortex like dried leaves or they became stuck in the melting asphalt and quickly burst into flames. LeMay hoped to use this same fiery force to scorch the cities of Japan. Tokyo would be the first test.

On the night of March 9-10, 1945, over three hundred B-29 bombers left their bases on the Mariana Islands. Once over Tokyo, advance scout planes dropped firebombs across the heart of the heavily populated city to form a large, fiery “X.” Other aircraft “painted” with fire the outer limits to be bombed, thereby encircling those living in the kill zone below.[3]

Soon, the remaining bombers appeared and easily followed the fires to their targets. When bomb bay doors opened tens of thousands of relatively small firebombs were released—some, made of white phosphorous, but most filled with napalm, a new gasoline-based, fuel-gel mixture. Within minutes after hitting the roofs and buildings below, a huge inferno was created. Since the raid occurred near midnight, most people were long in bed, thus ensuring a slow reaction. Also, the sheer number of firebombs—nearly half a million—and the great breadth of the targeted area—sixteen square miles—insured that Tokyo’s already archaic fire-fighting ability would be hopelessly inadequate to deal with such a blaze.

When the flames finally subsided the following morning, the relatively few survivors could quickly see that much of the Japanese capital had been burned from the face of the earth. In this raid on Tokyo alone, in one night, an estimated 100,000 to 200,000 people, mostly women and children, were, as Gen. LeMay announced proudly, “scorched and baked and boiled to death.”[4] Only the incineration of Dresden, Germany one month earlier, with an estimated death toll of 250,000-400,000, was greater.

“Congratulations,” wrote Gen. Henry “Hap” Arnold to LeMay after hearing the news. “This mission shows your crews have got the guts for anything.”[5]

***

Following the resounding success with Tokyo, Gen. LeMay immediately turned his attention toward the similar immolation of every other city in Japan. As was the case with Germany, then later Tokyo, the aim of the US Air Force under Curtis LeMay was not so much to destroy Japanese military targets or factories so much as it was to transform all of Japan into a blackened waste, to kill as many men, women, and children as he could, and to terrorize those who survived to as great a degree as possible. In other words, under the command of LeMay the air attacks against Japan, just as with the air attacks against Germany, were “Terror Bombing,” pure and simple.[6]

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To make this murderous plan as effective as possible, the US air commander and his aides studied the entire situation. Night raids were preferred, of course, since it would catch as many people in bed as possible. Also, dry, windy conditions were selected to accelerate the ensuing firestorm insuring few could escape. Additionally, since the Japanese air force had, for all intents and purposes, been destroyed in three years of war, there was little need for armament of the American bombers. Thus, the extra weight that ammunition, machine-guns and the men to fire them added to the aircraft was removed, making room for even more firebombs. But perhaps most important for Gen. LeMay was the decision to radically reduce the altitude for his bombing raids.

Prior to the Tokyo raid, standard bombing runs took place at elevations as high as 30,000 feet. At such great altitudes—nearly six miles up—it was insured that most enemy fighters and virtually all ground defenses would be useless. By 1945, however, with the virtual elimination of the Imperial Air Force and with normal anti-aircraft ground fire woefully inadequate or non-existent, enemy threats to American bomber waves was greatly reduced. Thus, the firebombing of Japan could be carried out by aircraft flying as low as 5,000 feet over the target. This last measure not only guaranteed that the US attacks would be carried out with greater surprise, but that the bombs would be dropped with deadlier accuracy. One final plus for the new tactics was the demoralizing terror caused by hundreds of huge B-29 bombers—“B-San,” the Japanese called them, “Mr. B”–suddenly roaring just overhead and each dropping tons of liquefied fire on those below. In a nation where most homes were made of paper and wood, the dread of an impending firebombing raid can well be imagined.

As one US intelligence officer sagely reported to a planning committee: “The panic side of the Japanese is amazing. Fire is one of the great things they are terrified at from childhood.”[7]

***

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Following the destruction of Tokyo in which most of the city center was scorched black, and following the enthusiastic endorsement of American newspapers, including the curiously named Christian Century, Gen. LeMay swiftly sent his bomber fleets to attack virtually every other city in Japan. Osaka, Nagoya, Kobe, Yokohama, and over sixty more large targets were thus treated to the nightmare of firebombing. And simply because a city had been bombed once was not a guarantee that it would not be bombed again and again. Such was the terrible fate of Tokyo. Not content with the initial massacre, LeMay demanded that the Japanese capital be attacked until everyone and everything was utterly destroyed; “burned down,” demanded the US general, “wiped right off the map.”[8]

Unfortunately, no community was any better prepared to face the attacks than Tokyo had been. Fully expecting that if the US air craft ever attacked, it would be with typical high explosives, local and national authorities encouraged Japanese civilians earlier in the war to dig their own air raid shelters near or under their homes to withstand the blast and shrapnel of conventional bombs. Additionally, women were encouraged to wear heavy cloth hoods over their heads to cushion a bomb’s concussive force and prevent hearing loss. After Tokyo, Osaka, Nagoya, and other firebombing raids, however, it was clear that past defensive tactics were useless when facing the hellish firestorms.

Typically, first warning of a potential American air raid came with the city sirens. Like their German counterparts early in the war, the Japanese likewise sprang from their beds with every such alarm, either to join their various “bucket brigades” or to wet their mats and brooms and fill their water troughs just in case of fire. Most simply dashed to the holes in the ground they called “shelters.” But also like those in Germany, with numerous false alarms came predictable apathy on the part of the Japanese and an almost utter disregard of sirens. Often, when a few B-29s on reconnaissance flights were indeed spotted far above leaving their vapor trails, excited air raid wardens would run through the streets beating on buckets as a warning to laggards.[9] But soon, even these warnings were ignored.

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“As the B-29’s came over us day in and day out, we never feared them,” admitted one woman weary of the alarms.[10]

That all changed dramatically following the firebombing of Tokyo. After that night, especially on dry, windy nights, in each Japanese city, in each Japanese heart, there was never any doubt that the war—a hellish, hideous war—had finally reached Japan.

***

First hint of an impending US air raid on a Japanese city came with a low, but ominous, rumble from afar. That menacing sound soon grew and grew to an approaching roar that caused the windows to rattle and the very air to vibrate. Finally, in one great burst, a terrifying, rolling thunder exploded just overhead. In no way, however, did the horrible sound prepare the people below for the horrible sight they then saw above. Usually at night, but sometimes even during the day, the sky was literally blotted out by the vision.

“I had heard that the planes were big,” said a stunned spectator, “but seen from so close, their size astounded me.”[11]

“Gigantic,” thought one spellbound viewer.[12]

“Enormous,” added another awe-struck witness. “It looked as if they were flying just over the telegraph poles in the street. . . . I was totally stupefied.”[13]

“They were so big,” remembered a young woman staring in disbelief. “It looked like you could reach out and grab them.”[14]

Then, amid the terrifying sights and sounds, the awe-struck people watched in utter amazement as the bomb bay doors of the frightening things sprang open as if on cue.

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Falling not vertically, but diagonally, the objects which then began to shower down were at first thought to be pipes, or even sticks.[15] Within a few seconds, the true nature of the objects became known to all.

“They’re coming down,” the people screamed. “They’re coming down.”[16]

Almost immediately, as if a switch had been thrown, from every corner of the targeted city the night became light as day as each of the thousands of fire bombs ignited on impact. Quickly, the deadly liquid spread and in mere minutes the targeted city was totally engulfed.

 “At that moment,” said 24-year-old Yoshiko Hashimoto, “we were caught in an inferno. The fire spread so quickly. The surroundings were seized with fire in a wink.”[17]

 “The wind and flames seemed to feed into each other and both gained intensity,” described one teenager. “Pots and pans blew about on the ground and blankets flew through the air. People ran in all directions.”[18]

Since their homes and businesses made of wood and paper were mere “match boxes” ready to ignite, most people recognized instantly the futility of trying to fight the fire and they quickly fled into the streets.

“Roofs collapsed under the bombs’ impact,” said an eyewitness, “and within minutes the frail houses . . . were aflame, lighted from the inside like paper lanterns.”[19]

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It was at that terrifying moment, when their entire world seemed on the verge of being consumed by smoke and flame, that single mothers, their husbands off at war or dead, were forced to make life and death decisions. To save small children, some were compelled to leave old, feeble relatives behind; others had to abandon beloved pets or needed animals. One mother, to save her two tiny tots, made the heart-breaking decision to leave her handicapped child to certain death.[20]

“The three of us dashed out into the panic and pandemonium of the streets,” recalled Masayoshi Nakagawa, a father of two little children and a man whose wife was in a local hospital expecting their third child. “People were carrying whatever they had managed to salvage: quilts, pillows, frying pans. Some of them had carts; others lugged bicycles on their backs.”[21]

Once in the streets, the refugees were greeted by a “red blizzard” of sparks. Unlike typical sparks, however, those created from incendiary bombs were large “chunks” of oily, wind-driven flame that would instantly ignite the clothes of those fleeing. 22 Another hazard was the “hail” of bombs themselves. So many of the relatively small bombs were dropped on any given city that many victims were actually struck by them. Most, of course, were instantly wrapped in a ball of fire and died in terrible agony. One woman watched in horror as her husband ran from their family business shouting “Air Raid! Air Raid!” and was immediately struck in the head by a firebomb.

“He was instantly wrapped in a sheet of bluish flame. . . ,” recounted the horrified wife. “I could not put out the fire. All my desperate efforts were of no avail. . . . His hair was still sizzling and giving off a blue light. His skin peeled away in sheets, exposing his flesh. I could not even wipe his body.”[23]

Just as with the man above, those victims who actually came in contact with the napalm found that such fire could not be extinguished and would burn and sizzle all the way to the bone.[24]

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Desperately, those trapped within the encircled target zone searched for avenues of escape. Unfortunately, at every turn the victims met only more fleeing refugees and more smoke and flame. Those who had remained at their own air raid shelters near their homes were already dead, the holes acting like earthen bake ovens in the heat. Others met similar fates when they wrongly assumed that the few brick and concrete buildings in the city would protect them. They did the opposite. When the racing flames reached these buildings those inside were quickly incinerated. Iron rafters overhead sent down streams of molten metal on any still alive.[25]

Nor did parks prove to be havens. With temperatures reaching 1,800 degrees, the trees quickly dried, then burst into flames. Additionally, those who sought open spaces, or areas burned bare from previous raids, were easy targets for US fighter pilots who routinely machine-gunned fleeing refugees, just as they had done in Germany. Other American aircraft watched the streets for any Japanese fire companies bold enough to fight the fires, then attacked with high explosives.[26]

By the hundreds, then thousands, then tens of thousands, the people fled through the streets as the furnace became fiercer and fiercer.

“Hell could get no hotter,” thought French reporter, Robert Guillain, as he watched the crowds struggle against the murderous heat and the “hail” of huge, flaming sparks.

People soaked themselves in the water barrels that stood in front of each house before setting off again. A litter of obstacles blocked their way; telegraph poles and the overhead trolley wires that formed a dense net . . . [of] tangles across streets. . . . The fiery air was blown down toward the ground and it was often the refugees’ feet that began burning first: the men’s puttees and the women’s trousers caught fire and ignited the rest of their clothing.[27]

As noted, in the furious heat and wind it was often a victim’s shoes or boots which erupted in flames first, followed quickly by the pants, shirts, and air raid hoods that many women still wore.[28] As the horrified people stripped off one layer of burning clothing after another, many rolling on the ground to smother the fires, some simply burst into flames entirely—hair, head, skin, all. One witness watched as a child ran by screaming shrilly, “It’s hot! It hurts! Help me!” Before anyone could reach him, the child burst into flames “as if he’d been drenched in gasoline.”[29] In the midst of her own desperate bid to escape, one teenage girl saw a mother and father bravely place their own bodies between the killing heat and their small children. At last, when the father simply burst into flames he nevertheless struggled to remain upright as a shield for his children. Finally, the man teetered and fell.

 “I heard him shouting to his wife,” recalled the witness, “‘Forgive me, dear! Forgive me!’”[30]

Likewise, thousands of victims in other Japanese cities could not bear the ferocious heat and simple exploded in flames from spontaneous combustion.[31]

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The streets, remembered police cameraman, Ishikawa Koyo, were “rivers of fire . . . flaming pieces of furniture exploding in the heat, while the people themselves blazed like ‘matchsticks’. . . . Under the wind and the gigantic breath of the fire, immense incandescent vortices rose in a number of places, swirling, flattening, sucking whole blocks of houses into their maelstrom of fire.”[32]

Continues French visitor, Robert Guillain: 

Wherever there was a canal, people hurled themselves into the water; in shallow places, people waited, half sunk in noxious muck, mouths just above the surface of the water. . . . In other places, the water got so hot that the luckless bathers were simply boiled alive. . . . [P]eople crowded onto the bridges, but the spans were made of steel that gradually heated; human clusters clinging to the white-hot railings finally let go, fell into the water and were carried off on the current. Thousands jammed the parks and gardens that lined both banks of the [river]. As panic brought ever fresh waves of people pressing into the narrow strips of land, those in front were pushed irresistibly toward the river; whole walls of screaming humanity toppled over and disappeared in the deep water.[33]

With two little children clutched under his arms, Masayoshi Nakagawa raced for the canals and rivers as everyone else, hoping to find a haven from the deadly heat.

Suddenly I heard a shout: “Your son’s clothes are on fire!” At the same instant, I saw flames licking the cotton bloomers my daughter was wearing. I put my son down and reached out to try to smother the flames on his back when a tremendous gust of wind literally tore me from him and threw me to the ground. Struggling to stand, I saw that I was now closer to my daughter than to the boy. I decided to put out the fire on her clothes first. The flames were climbing her legs. As I frantically extinguished the flames, I heard the agonized screams of my son a short distance away. As soon as my daughter was safe, I rushed to the boy. He had stopped crying. I bent over him. He was already dead.[34] 

Grabbing his daughter and his son’s body, Masayoshi joined the fleeing crowds once again, trying to escape the “ever-pursuing inferno.”

“Once in the open space . . ,” continues the grieving father, “I stood, my daughter by my side, my dead son in my arms, waiting for the fire to subside.”[35]

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Surprisingly, during days and nights such as these filled with horrors scripted in hell—children bursting into flames, glass windows melting, molten metal pouring down on people—often it was the small and seemingly trivial sights and sounds that sometimes stayed with survivors forever. One little girl, after watching a panicked mother run past with her baby totally ablaze on her back, after seeing children her own age rolling on the ground like “human torches,” after hearing the sounds of a man and a horse he was leading both burning to death, still, again and again, the little girl’s mind wandered back to the safety of her cherished doll collection, then on display at a local girl’s festival.[36]

“To my surprise,” recalled another survivor, “birds in mid-flight—sparrows and crows—were not sure where to go in such a situation. I was surprised to see that the sparrows and the crows would cling to the electric wire and stay there in a row. . . . You’d think they’d go into the bushes or something.”[37]

Amid all the horror, another woman never forgot the strange sight of a refugee standing in a large tank of water holding only a live chicken. Another young female, admittedly “numb to it all,” found as she passed a mound of dead bodies that her eyes became transfixed on a pair of nose holes that seemed to be peering up at her.[38]

Finally, on numerous occasions, because of the American “encirclement” of a targeted city, thousands of refugees fleeing from one direction collided head-on with thousands of refugees fleeing from another direction. In this case, the panicked multitude, now incapable of moving forward because of an equally panicked multitude in front, and incapable of moving backward because of the pursuing firestorm, simply became wedged so tightly that no one could move. Horrific as the ordeal had been thus far, it was nothing compared to this final act of the hellish horror. Since most refugees were fleeing instinctively toward water, many crowds became wedged on bridges. Thousands of victims were thus overtaken by the fury and were burned to a crisp by the fiery winds that to some resembled “flame throwers.” Thousands more, horribly burned, managed to leap or fall to their deaths into the rivers and canals below. Eventually, metal bridges became so hot that human grease from the victims above poured down on the bodies of victims below.[39]

And as for those far above, to those who had dropped millions of firebombs on the cities and towns of Japan, the horror show they had created below was now vivid in all its lurid detail. At such low altitudes, with night now day, those above had a front row seat to all the hellish drama below. Fleeing humans racing for life down streets now more “streams of fire” than streets, screaming horses engulfed in flames galloping insanely in all directions, bridges packed with doomed mothers and children, rivers and canals jammed with the dead and the dead to be. And for those US fighter pilots whose job was to massacre refugees who reached the open spaces, their view was even closer. In the red and white glare of the fires, these Americans could actually see the eyes of those they were machine-gunning to death, the women with babies, the children exploding from bullets, the old, the slow, the animals. The violent updrafts from the heat below was a much greater threat to US bombers than the almost non-existent Japanese anti-air defenses. Wafted on the heat thousands of feet up was the scattered debris from below—bits and pieces of homes, offices and schools; tatters of burnt clothing; feathers and fur from dead pets; and, of course, the pervasive smell of broiled human flesh.

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“Suddenly, way off at 2 o’clock,” noted an awe-struck American pilot arriving on the scene, “I saw a glow on the horizon like the sun rising or maybe the moon. The whole city . . . was [soon] below us stretching from wingtip to wingtip, ablaze in one enormous fire with yet more fountains of flame pouring down from the B-29s. The black smoke billowed up thousands of feet . . . bringing with it the horrible smell of burning flesh.”[40]

Once the attacking force had loosed its bombs and banked for home, the red glow of the holocaust they had created could be seen for as far as 150 miles.[41]

***

With the departure of enemy aircraft and the eventual subsiding of the fires, workers and volunteers from throughout the stricken region finally felt safe enough to venture in and begin rescue operations. Given the frail, flammable nature of most Japanese cities, virtually every structure in a targeted area—homes, shops, businesses—was utterly leveled. As a consequence, because there was seldom need to clear stone, brick, metal, and other rubble from a bombed area, as was the case in Germany, the search for bodies in Japan was made easier, if not easy.

By the thousands, by the tens of thousands, the charred victims lay everywhere. Many died alone, overcome in their flight by heat and exhaustion. It was common to find a single blackened mother laying upon a single blackened child that she was trying so desperately to protect. But many more victims seemed to have died en masse. Time and again rescue workers encountered “piles” and “mounds” of bodies, as if all suddenly found their way cut off or as if the people unsuspectingly entered areas vastly hotter than elsewhere and succumbed as one quickly. “I saw melted burnt bodies piled up on top of each other as high as a house,” remembered one ten-year-old.[42] In such areas, below the piles of blackened bodies, large puddles of dark human rendering was noticed.

“We saw a fire truck buried under a mountain of blackened bones,” wrote another witness. “It looked like some kind of terrifying artwork. One couldn’t help wondering just how the pile of bodies had been able to reach such a height.”[43]

“What I witnessed,” said one badly burned woman leading her blind parents, “was the heaps of bodies lying on the ground endlessly. The corpses were all scorched black. They were just like charcoal. I couldn’t believe my eyes. . . . We walked stepping over the bodies being careful not to tread on them.” Unfortunately, the woman’s parents tripped and stumbled over the corpses again and again.[44]

Many victims, it was noticed, had heads double and triple their normal size.[45]

Others gazed in wonder at the array of color the bodies displayed; many, of course, were scorched black, but some were brown, red or pink. “I particularly remember a child,” said one little girl, “whose upper half of the body was coal-black but its legs were pure white.”[46]

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“I . . . saw a boy,” another child recalled. “He was stark naked, and had . . . burns all over the body. His body was spotted with black, purple, and dark red burns. Like a rabbit, the boy was hopping among the corpses . . . and looked into the dead persons’ faces. . . . He was probably searching for his family members.”[47]

Elsewhere in the stricken cities, before disease could spread, rescue workers began the grim task of disposing of the unclaimed bodies as quickly as possible. By the hundreds, then by the thousands, many scorched and shriveled victims were buried in common trenches with others.[48] Some survivors took it upon themselves to collect the remains of friends and neighbors. When the air raid began in her city, one woman was talking with a neighbor when an explosive bomb blew him to bits. Later, feeling compelled to do so, the lady returned and began the horrible recovery of the body parts, including the head. “I was suddenly struck with the terrifying thought,” the woman, who was on the verge of fainting, recalled, “that perhaps someday soon someone would have to do the same thing to me.”[49] Workers elsewhere simply did not have the time or patience for such concern and care and simply tossed body parts into rivers.[50]

Initially, when rescuers entered the few brick and concrete buildings in the stricken cities, they were mystified. Expecting heaps of bodies, they found only layer upon layer of ash and dust. Far from being points of refuge as the unsuspecting victims imagined, the buildings had served rather as super-heated ovens, not only killing everyone when the flames neared but baking each body so thoroughly that only a faint dry powder remained. Even with only a slight breeze, other such baked victims simply blew away “like sand.”[51]

Following such horrific attacks, many stunned survivors simply stumbled among the ruins aimlessly as if in a trance, dazed, disoriented, seemingly looking for something, but actually looking for nothing. With a new and unimaginable terror springing up at every turn during every second of the night before, time then seemed to have telescoped, then stopped. “It took seemingly forever to cover a distance that ordinarily would take two or three minutes,” noted one surprised survivor. And for those victims who gathered their wits and somehow managed to stagger from targeted cities with only minor injuries, such treks generally became terrifying odysseys unto themselves.

After escaping the inferno at Chiba the night before, and with a two-year-old sister in her arms and an eight-year-old sister on her back suffering from a terrible head wound, little Kazuko Saegusa finally reached the countryside the following morning in a drizzling rain. Finding a hand cart, the exhausted ten-year-old placed the two children inside then set off in hopes of finding a doctor or a hospital to help her injured sister. While pulling the cart between muddy rice paddies, the terrified little girl was repeatedly strafed by American fighter planes. Nevertheless, Kazuko refused to run for cover and leave her sisters behind. Eventually, and almost miraculously, the child reached a hospital. Unfortunately, there was no happy ending.

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“The corridors of the hospital were packed with people burned past recognition,” remembered Kazuko. “There were many young people whose arms or legs had been amputated. . . . The screaming was beyond description. . . . Maggots wriggled from the bandages.”[52]

Conditions at the hospital were so bad that Kazuko and her sisters, along with many others, were moved to an open area near a church. But again, American aircraft soon made their appearance and strafed the victims, forcing the little girl to grab her sisters and finally seek safety in a stand of trees.[53]

Although the dead outnumbered the living following such nightmares, for many shattered survivors, like little Kazuko, the trials continued.

After losing his son the night before, with the dawn, Masayoshi Nakagawa and his tiny surviving child now set off to find his pregnant wife somewhere in the destroyed city.

My daughter and I, hand in hand, alone now, started off. Weary and emotionally drained, we had to force ourselves to struggle on through mounds of debris and corpses; among the foul, pungent odors, and the groans of the injured and dying. A man holding a frying pan gazed blankly at ashes that had been a house. Another squatted, dazed and helpless, in the middle of the street. Mothers frantically called for their children; small children screamed for their parents. I neither could nor wanted to do anything for the suffering people. My own suffering was too great. Probably all the others felt the same way.

Near [a] railway station, mounds of bodies clogged the track underpass. The walls were spattered with blood. A charred mother sat embracing her charred infant. The dead, burned beyond recognition, looked like grotesque bald dress-maker’s dummies.   Those who were still alive moaned against the heat and called for water.[54] 

Unbeknownst to Masayoshi, his wife, after a “difficult delivery,” had given birth to a healthy baby girl during the height of the firestorm the night before. Because of the approaching flames, everyone in the hospital had urged the mother to leave her newborn and flee while she could. Refusing to do so, the weakened woman wrapped her infant then fled into the inferno. Pale and bleeding, facing the flames and deadly sparks, the mother kept her baby covered tightly and sprinkled her with water throughout the hellish night. The following day, the utterly exhausted woman collapsed in the street and could go no further. Fortunately, a kind man, forgetting his own misfortune for the moment, carried the mother and child to a nearby hospital. After only the briefest of rests, the woman and her baby again set off in search of Masayoshi and the children.

Finally, after days and days of fruitless searching for a wife that he assumed was, like his son, dead, the husband learned from a mutual friend that the woman and their new child were yet alive and uninjured. For this husband and father, the news was the first reason to smile in what seemed a lifetime.

“I was overjoyed,” Masayoshi said simply, yet with a heart filled with emotion.[55]

***

Following the deadly firebombing of Japanese cities, the death toll in each continued to climb for days, even weeks as those terribly burned and maimed succumbed to injuries. With a sudden shortage of doctors, nurses and medicine, most victims were cared for by family and friends who coped as best they could. Some were successful, some were not.

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When she first realized that her daughter’s badly burned legs had become infested with maggots, one horrified mother promptly fainted from shock. After she came to, the determined woman found a pair of chop sticks and immediately went to work picking out the maggots, one at a time.[56]

Others died in different ways. Two days after the raid upon their hometown in which her husband was killed, Fumie Masaki’s little son and other boys discovered an unexploded bomb while on a playground. When a fire warden arrived to dispose of it, the bomb exploded. Eight children were killed, including Fumie’s son.[57]

For a nation surrounded and blockaded, starvation was already a very real concern for Japan. In the bombed and burned cities with their rail, road and river traffic destroyed, it was an even greater threat. Adults soon noticed that children now suddenly grew gaunt and pale and looked “somehow older” than before. Many thin babies had escaped the firebombings only to starve in the days and weeks following. Dogs and cats were no longer seen in Japan. Even the Japanese government urged the people to supplement their diets with “rats, mice, snakes, saw dust, peanut shells, grasshoppers, worms, silkworms, and cocoons.”[58]

Added to starvation was chronic exhaustion from lack of sleep and rest. Those who somehow managed to remain in bombed cities did so with the constant dread of the nightmare’s repeat. Those who moved to undisturbed cities did so fully expecting the fire to fall at any hour.[59]

“I wish I could go to America for just one good night’s sleep,” groaned one exhausted postman.[60]

Exacerbating the daily stress and strain of Japanese civilians was the American “targets of opportunity” program. Just as they had done in Germany, US commanders ordered their fighter pilots aloft with orders to shoot anything in Japan that moved. Unfortunately, many young men obeyed their orders “to the letter.” Ferry boats, passenger trains, automobiles, farmers in fields, animals grazing, women on bicycles, children in school yards, orphanages, hospitals . . . all were deemed legitimate targets of opportunity and all were strafed again and again with machine-gun and cannon fire.[61]

“And not a single Japanese aircraft offered them resistance,” raged a man after one particular strafing incident. The angry comment could just as easily have been spoken after all American attacks, firebombings included. Certainly, the most demoralizing aspect of the war for Japanese civilians was the absolute American control of the air above Japan. During the nonstop B-29 attacks against the cities and towns, seldom was a Japanese aircraft seen to offer resistance.

“When . . . there was no opposition by our planes . . ,” offered one dejected observer, “I felt as if we were fighting machinery with bamboo.”[62]

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Even members of the military had to agree. “Our fighters were but so many eggs thrown at the stone wall of the invincible enemy formations,” admitted a Japanese naval officer.[63]

And as for anti-aircraft guns. . . .

“Here and there, the red puffs of anti-aircraft bursts sent dotted red lines across the sky,” recounted one viewer, “but the defenses were ineffectual and the big B-29s, flying in loose formation, seemed to work unhampered.”[64]

Indeed, those guns that did fire at B-29s seemed more dangerous to those on the ground than to those in the air. Early in the bombing campaign, after a single B-29 on a reconnaissance mission flew away totally unscathed following a noisy anti-aircraft barrage, shrapnel falling to earth killed six people in Tokyo.[65]

“Our captain was a great gunnery enthusiast,” sneered a Japanese sailor. “He was always telling us that we could shoot Americans out of the sky. After innumerable raids in which our guns did not even scratch their wings, he was left looking pretty silly. When air attacks came in, there was nothing much we would do but pray.”[66]

In July, 1945, Curtis LeMay ordered US planes to shower with leaflets the few remaining Japanese cities that had been spared firebombing with an “Appeal to the People.”

As you know, America which stands for humanity, does not wish to injure the innocent people, so you had better evacuate these cities.

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Within days of the fluttering leaflets, half of the warned cities were firebombed into smoking ruins.[67]

 With the destruction of virtually every large Japanese city, LeMay kept his men busy by sending them to raid even the smaller cities and towns. After his own remote community was attacked, one resident knew the end was in sight. “When we were bombed,” admitted the man, “we all thought—if we are bombed, even in a small mountain place, the war must certainly be lost.”[68]

Others felt similarly, including a high-ranking civil servant: 

It was the raids on the medium and smaller cities which had the worst effect and really brought home to the people the experience of bombing and a demoralization of faith in the outcome of the war…. It was bad enough in so large a city as Tokyo, but much worse in the smaller cities, where most of the city would be wiped out. Through May and June the spirit of the people was crushed. [When B-29s dropped propaganda pamphlets] the morale of the people sank terrifically, reaching a low point in July, at which time there was no longer hope of victory or a draw but merely a desire for ending the war.[69]

***

According to American sources, the first firebombing raid on Tokyo, the raid that was the most devastating of all raids and the raid that provided the blue print for all future firebombing raids on Japan, was a complete and utter success. Not only was the heart of the great city totally scorched from the face of the earth, but over 100,000 people were also killed. Furthermore, American sources also estimate that from that first raid on Tokyo to the end of the war approximately sixty Japanese cities were laid waste and that roughly 300,000-400,000 civilians were killed in Gen. Curtis LeMay’s firebombing raids.

The firebombing of Japan by the United States Air Force in the spring and summer of 1945 was simply one of the greatest war crimes in world history. Arguments that the operation helped speed Japanese defeat and surrender are little more than self-serving nonsense. For all intents and purposes Japan was already defeated, as the January, 1945 attempts to surrender already illustrate. In that month, peace offers to the Americans were being tendered. The mere fact that the vast majority of the estimated 300,000-400,000 deaths from firebombing were women, children, and the elderly should alone put the utter lie to the claim that such a crime added anything material to ultimate American victory. As was the case with the saturation bombing of Germany and the consequent firestorms that slaughtered countless women and children there, far from pushing a nation to surrender, the murder of helpless innocents in fact enraged and strengthened the resolve of the nation’s soldiers, sailors, and airmen to fight, if necessary, to the death.

“Seeing my home town ravaged in this way inspired me with patriotic zeal,” revealed one young Japanese speaking for millions. “I volunteered for military service soon after the . . . raid because I felt that in this way I could get even with the Americans and British, who . . . were nothing but devils and beasts.”[70]

And as for the American “estimates” of Japanese firebombing deaths. . . .

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When the first B-29 raid took place in March, 1945, the targeted killing zone of Tokyo contained a population of roughly 1.5 million people. Given the fact that most living in this area were, as always, the most vulnerable—women, children, the old, the slow—and given the tactics used—saturation firebombing, dry conditions, gale force winds to accelerate the flames, encirclement, fighter aircraft machine-gunning those in parks or along rivers—and given the fact that the firestorm’s devastation was utter and succeeded even beyond Curtis LeMay’s most sadistic dreams, to suggest that out of a million and a half potential victims in the death zone only a mere 100,000 died while well over a million women and children somehow managed to escape the racing inferno is a deliberate attempt to reduce the number of slain and thereby, with an eye to future criticism and condemnation, a deliberate attempt to reduce the crime itself.

Additionally, although the greatest loss of Japanese life occurred during the Tokyo raids, hundreds of thousands of victims also perished in other large cities. To suggest, as modern American sources do, that even including the death toll in Tokyo the number killed in similar raids nationwide combined only came to 300,000-400,000 victims is, again, a deliberate attempt to reduce the number of victims in hope of reducing the extent of the crime. Indeed, any modern attempt that calculates the number of firebombing deaths in Japan at less than one million should not be taken seriously.

As one expert wrote:

The mechanisms of death were so multiple and simultaneous—oxygen deficiency and carbon monoxide poisoning, radiant heat and direct flames, debris and the trampling feet of stampeding crowds—that causes of death were later hard to ascertain.[71]

Accurate for the most part, one element left out of that death assessment is also that which seems the least likely—drowning. In one of the cruelest of ironies, more people may have actually died from drowning during the firestorm raids than from the flames themselves. In their frantic attempts to escape the torturous heat, even those who could not swim—the very old, the very young—sprang into any body of water available—reservoirs, rivers, canals, ponds, lakes, even large, deep water tanks—and took their chances there, drowning below being clearly preferable to burning above. Of the tens of thousands of drowning victims recovered, no doubt tens of thousands more were swept down rivers and streams and out to sea, never to be seen again.

Whether woman and children drowned or burned to death, it was all one and the same to Curtis LeMay.

“I’ll tell you what war is about,” explained the merciless US general, “you’ve got to kill people, and when you’ve killed enough they stop fighting.”[72]

Unfortunately, while a significant percentage of Americans felt just as LeMay, virtually all US leaders and opinion molders felt that way.

“Keep ‘Em Frying,” laughed the Atlanta (Ga) Constitution.[73]

 And “keep ‘em frying” Curtis LeMay would.

***

Fortunately for the future of mankind, in the very midst of a merciless war waged by evil men and prolonged by equally evil politicians, many ordinary individuals nevertheless always remain true to their better selves.

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In spite of the US firebombing massacre and the inhuman “targets of opportunity” slaughter taking place, when an injured American fighter pilot was forced to bail out over Japan, instead of being machine-gunned as he floated down or instead of being beaten to death by angry villagers when he touched ground, he was instead taken to a hospital that his serious wounds might be treated.

During his short stay, four young Japanese pilots, curious more than anything, visited the injured American. Whatever transpired during those brief moments of broken English, of eyes wide with wonder for an enemy pilot, and perhaps even of soft smiles of sympathy for a dying brother-at-arms—a bond was quickly formed.

Finally, as the Japanese airmen said their polite goodbyes and quietly turned to leave forever, the fast failing US pilot begged one of the young men to please wait for a moment. Working something free from his hand, the heavily bandaged American asked the visitor, only moments before his mortal enemy, for a first, and final, favor: When the madness was finally over, when reason had once more returned to the world, would the young man please carry the wedding ring to the United States? And once there would he please tell a young American widow how her young American pilot had fallen to earth one day and how he had died?[74]

 Notes

1 Michael Bess, Choices Under Fire—Moral Dimensions of World War II (New York, Knopf, 2006), 105.

2 Goodrich, Hellstorm, 46; Edmund Russell, War and Nature—Fighting Human and Insects With Chemicals From World War I to Silent Spring, (Cambridge, UK: Cambridge University Press, 2001) 106-07,138; “FDR warns Japanese against using poison gas,” History, http://www.history.com/this-day-in-history/fdr-warns-japa... [2] ; “Old, Weird Tech: The Bat Bombs of World War II,” The Atlantic, https://www.theatlantic.com/technology/archive/2011/04/ol... [3]

3 “The Tokyo Fire Raids, 1945—The Japanese View,” Eye Witness to History.com, http://www.eyewitnesstohistory.com/tokyo.htm

4 “Tokyo WWII firebombing, the single most deadly bombing raid in history, remembered 70 years on,” ABC News, http://www.abc.net.au/news/2015-03-09/tokyo-wwii-firebomb... [4]

5 Walter L. Hixson, ed., The American Experience in World War II (NY: Routledge, 2003), 184.

6 Russell, War and Nature, 138.

7 “FIRE BOMBING ATTACKS ON TOKYO AND JAPAN IN WORLD WAR II, Facts and Details, http://factsanddetails.com/asian/ca67/sub429/item2519.html

8 “A Forgotten Holocaust: US Bombing Strategy, the Destruction of Japanese Cities and the American Way of War from World War II to Iraq,” The Asia-Pacific Journal, http://apjjf.org/-Mark-Selden/2414/article.html [5]; Max Hastings, Retribution, 298. X-73

9 “Japan Air Raids.org—A Bilingual Historical Archive,” Yoshiko Hashimoto interview, http://www.japanairraids.org/?feed=rss2

10 Ibid.

11 “Cries For Peace—Experiences of Japanese Victims of World War II,” Aiko Matani account, https://www.scribd.com/document/40248814/Cries-for-Peace [6]

12 “Japan Air Raids.org—A Bilingual Historical Archive,” Teruo Kanoh interviewhttp://www.japanairraids.org/ [7]

13 “Japan Air Raids.org—A Bilingual Historical Archive,” Yoshiko Hashimoto interview,  http://www.japanairraids.org/ [7]

14 “Japan Air Raids.org—A Bilingual Historical Archive,” Michiko Kiyo-Oka interviewhttp://www.japanairraids.org/ [7]

15 “Japan Air Raids.org—A Bilingual Historical Archive,” Haruyo Nihei interview, http://www.japanairraids.org/ [7]

16 “Japan Air Raids.org—A Bilingual Historical Archive,” Saotome Katsumoto interviewhttp://www.japanairraids.org/ [7]

17 “Japan Air Raids.org—A Bilingual Historical Archive,” Yoshiko Hashimoto interviewhttp://www.japanairraids.org/ [7]

18 “The Tokyo Air Raids in the Words of Those Who Survived,” The Asia-Pacific Journal—Japan Focus, http://apjjf.org/2011/9/3/Bret-Fisk/3471/article.html [8]

19 “The Tokyo Fire Raids, 1945—The Japanese View,” EyeWitness to History.com, http://www.eyewitnesstohistory.com/tokyo.htm

20 “The Tokyo Air Raids in the Words of Those Who Survived,” The Asia-Pacific Journal: Japan Focus, http://www.japanfocus.org/-Bret-Fisk/3471#sthash.xzZvfCe2... [9]

21 “Cries For Peace—Experiences of Japanese Victims of World War II,” Masayoshi Nakagawa account, https://www.scribd.com/document/40248814/Cries-for-Peace [6]

22 “Japan Air Raids.org—A Bilingual Historical Archive,” Saotome Katsumoto interviewhttp://www.japanairraids.org/ [7] ; “The Tokyo Air Raids in the Words of Those Who Survived,” The Asia-Pacific Journal—Japan Focus, http://apjjf.org/2011/9/3/Bret-Fisk/3471/article.html

23 “Cries For Peace—Experiences of Japanese Victims of World War II,” Fumie Masaki account, https://www.scribd.com/document/40248814/Cries-for-Peace [6]

24 “Japan Air Raids.org—A Bilingual Historical Archive,” Saotome Katsumoto interviewhttp://www.japanairraids.org/ [7]

25 “The Tokyo Air Raids in the Words of Those Who Survived,” The Asia-Pacific Journal—Japan Focus, http://apjjf.org/2011/9/3/Bret-Fisk/3471/article.html [8]

26 “Japan Air Raids.org—A Bilingual Historical Archive,” Teruo Kanoh interviewhttp://www.japanairraids.org/ [7] ; “Japan Air Raids.org—A Bilingual Historical Archive,” Saotome Katsumoto interview, http://www.japanairraids.org/ [7]

27 “The Tokyo Fire Raids, 1945—The Japanese View,” Eye Witness to History, http://www.eyewitnesstohistory.com/tokyo.htm [10]

28 “Japan Air Raids.org—A Bilingual Historical Archive,” Aiko Matani interviewhttp://www.japanairraids.org/ [7] ; “Japan Air Raids.org—A Bilingual Historical Archive,” Teruo Kanoh interview, http://www.japanairraids.org/ [7]

29 “The Tokyo Air Raids in the Words of Those Who Survived,” The Asia-Pacific Journal—Japan Focus, http://apjjf.org/2011/9/3/Bret-Fisk/3471/article.html

30 “The Tokyo Air Raids in the Words of Those Who Survived,” The Asia-Pacific Journal—Japan Focus, http://apjjf.org/2011/9/3/Bret-Fisk/3471/article.html [8]

31 “The Tokyo Fire Raids, 1945—The Japanese View,” Eye Witness to History, http://www.eyewitnesstohistory.com/tokyo.htm [10]

32 “A Forgotten Holocaust: US Bombing Strategy, the Destruction of Japanese Cities and the American Way of War from World War II to Iraq,” The Asia-Pacific Journal: Japan Focus, http://apjjf.org/-Mark-Selden/2414/article.html [5]

33 “The Tokyo Fire Raids, 1945—The Japanese View,” Eye Witness to History, http://www.eyewitnesstohistory.com/tokyo.htm [10]

34 “Cries For Peace—Experiences of Japanese Victims of World War II,” Masayoshi Nakagawa account, https://www.scribd.com/document/40248814/Cries-for-Peace [6]

35 Ibid.

36 “Hitting Home—The Air Offensive Against Japan,” Air Force History and Museums Program, 1999, https://archive.org/details/HittingHome-nsia; “Japan Air Raids.org—A Bilingual Historical Archive,” Haruyo Nihei interview, http://www.japanairraids.org/ [7]

37 “Japan Air Raids.org—A Bilingual Historical Archive,” Nobuyoshi Tan interview, http://www.japanairraids.org/ [7]

38 “Cries For Peace—Experiences of Japanese Victims of World War II,” Tomie Akazawa account, https://www.scribd.com/document/40248814/Cries-for-Peace [6] ; “Japan Air Raids.org—A Bilingual Historical Archive,” Michiko Kiyo-Oka interview, http://www.japanairraids.org/ [7]

39 “Japan Air Raids.org—A Bilingual Historical Archive,” Teruo Kanoh interview, http://www.japanairraids.org/ [7] ; “Japan Air Raids.org—A Bilingual Historical Archive,” Yoshiko Hashimoto interview, http://www.japanairraids.org/ [7] ; “Japan Air Raids.org—A Bilingual Historical Archive,” Michiko Kiyo-Oka interview, http://www.japanairraids.org/ [7] ;”Japan Air Raids.org—A Bilingual Historical Archive,” Haruyo Nihei interview, http://www.japanairraids.org/ [7] ; “The Tokyo Fire Raids, 1945–The Japanese View,” Eye Witness to History, www.eyewitnesstohistory.com

40 Hastings, Retribution, 297.

41 “Hitting Home—The Air Offensive Against Japan,” Air Force History and Museums Program, 1999, https://archive.org/details/HittingHome-nsia [11]

42 “Tokyo WWII firebombing, the single most deadly bombing raid in history, remembered 70 years on,” ABC News, http://www.abc.net.au/news/2015-03-09/tokyo-wwii-firebomb... [4]

43 “Japan Air Raids.org—A Bilingual Historical Archive,” Masaharu Ohtake interview, http://www.japanairraids.org/ [7]

44 “Japan Air Raids.org—A Bilingual Historical Archive,” Haruyo Nihei interview, http://www.japanairraids.org/ [7]

45 “Japan Air Raids.org—A Bilingual Historical Archive,” Yoshiko Hashimoto interview, http://www.japanairraids.org/ [7]

46 “Japan Air Raids.org—A Bilingual Historical Archive,” Haruyo Nihei interview, http://www.japanairraids.org/ [7]

47 Ibid.

48 “Japan Air Raids.org—A Bilingual Historical Archive,” Teruo Kanoh interview, http://www.japanairraids.org/ [7]

49 “Cries For Peace—Experiences of Japanese Victims of World War II,” Tai Kitamura account, https://www.scribd.com/document/40248814/Cries-for-Peace [6]

50 “Japan Air Raids.org—A Bilingual Historical Archive,” Teruo Kanoh interview, http://www.japanairraids.org/ [7]

51 “The Tokyo Fire Raids, 1945—The Japanese View,” Eye Witness to History, www.eyewitnesstohistory.com [12]

52 “Women Against War—Personal Accounts of Forty Japanese Women” (Women’s Division of Soka Gakkai, Kodansha International, Ltd.,1986), 119-120

53 Ibid.

54 “Cries For Peace—Experiences of Japanese Victims of World War II,” Masayoshi Nakagawa account, https://www.scribd.com/document/40248814/Cries-for-Peace [6]

55 Ibid.

56 “Japan Air Raids.org—A Bilingual Historical Archive,” Haruyo Nihei interview, http://www.japanairraids.org/ [7]

57 “Cries For Peace—Experiences of Japanese Victims of World War II,” Fumie Masaki account, https://www.scribd.com/document/40248814/Cries-for-Peace [6]

58 “Japan Air Raids.org—A Bilingual Historical Archive,” Yoshiko Hashimoto interview, http://www.japanairraids.org/ [7] ;“The Tokyo Air Raids in the Words of Those Who Survived,” The Asia-Pacific Journal—Japan Focus, http://apjjf.org/2011/9/3/Bret-Fisk/3471/article.html [8] ; “Japan Air Raids.org—A Bilingual Historical Archive,” Nobuyoshi Tan interview, http://www.japanairraids.org/ [7] ; “Japan Air Raids.org—A Bilingual Historical Archive,” Shigemasa Toda interview, http://www.japanairraids.org/ [7] ; John W. Dower, Embracing Defeat—Japan in the Wake of World War II (New York: W. W. Norton, 1999), 91.

59 “Cries For Peace—Experiences of Japanese Victims of World War II,” Rie Kuniyasu account, https://www.scribd.com/document/40248814/Cries-for-Peace [6]

60 “Japan Air Raids.org—A Bilingual Historical Archive,” Michiko Kiyo-Oka interview, http://www.japanairraids.org/ [7]

61 “Japan Air Raids.org—A Bilingual Historical Archive,” Nobuyoshi Tan interview, http://www.japanairraids.org/ [7] ; “Japan Air Raids.org—A Bilingual Historical Archive,” Shigemasa Toda interview, http://www.japanairraids.org/ [7] ; “Cries For Peace—Experiences of Japanese Victims of World War II,” Eiji Okugawa account, https://www.scribd.com/document/40248814/Cries-for-Peace [6]; “Air Raids on Japan,” Wkipedia, https://en.wikipedia.org/wiki/Air_raids_on_Japan [13]; “Women Against War—Personal Accounts of Forty Japanese Women,” Kazuko Saegusa account, https://www.scribd.com/document/40249017/Women-Against-War

62 “The Effects of Strategic Bombing on Japanese Morale,” The United States Strategic Bombing Survey (Morale Division, 1947), vi.

63 Hastings, Retribution, 133.

64 “The Tokyo Fire Raids, 1945–The Japanese View,” Eye Witness to History, www.eyewitnesstohistory.com

65 Isaac Shapiro, Edokko—Growing Up A Foreigner in Wartime Japan (Bloomington: Indiana University Press, 2009), 132.

66 Hastings, 138.

67 “A Forgotten Holocaust: US Bombing Strategy, the Destruction of Japanese Cities and the American Way of War from World War II to Iraq” The Asia-Pacific Journal: Japan Focus, http://apjjf.org/-Mark-Selden/2414/article.html

68 “The Effects of Strategic Bombing on Japanese Morale,United States Strategic Bombing Survey. Morale Division [14], https://archive.org/details/effectsofstrateg00unit55.

69 “Preparations for Invasion of Japan–14 Jul 1945–9 Aug 1945,” World War II Data Base, http://ww2db.com/battle_spec.php?battle_id=54 [15]

70 “Cries For Peace—Experiences of Japanese Victims of World War II,” Tomio Yoshida account, https://www.scribd.com/document/40248814/Cries-for-Peace [6]

71 “A Forgotten Holocaust: US Bombing Strategy, the Destruction of Japanese Cities and the American Way of War from World War II to Iraq” The Asia-Pacific Journal: Japan Focus, http://apjjf.org/-Mark-Selden/2414/article.html

72 “Curtis LeMay,” Wikiquote, https://en.wikiquote.org/wiki/Curtis_LeMay [16]

73 “Firebombing of Japanese Cities during World War II,” Book Mice, http://www.bookmice.net/darkchilde/japan/fire.html [17]

74 Hastings, 313.  

Thomas Goodrich is a professional writer now living in the US and Europe. His biological father was a US Marine in the Pacific War and his adoptive father was with the US Air Force during the war in Europe.

 Summer, 1945—Germany, Japan and the Harvest of Hate can be purchased at Amazon.com, Barnesandnoble.com, Booksamillion.com, and through the author’s website at thomasgoodrich.com. For faster deliver, order via the author’s paypal at mtgoodrich@aol.com [18] ( $20 US / $25 Abroad )

 

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Les hommes libres (Frédéric Lynn)

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Les hommes libres (Frédéric Lynn)

 
Une note de lecture sur un récit de guerre contemporain : Donetsk, Lougansk, un volontaire français chez les séparatistes, 2014-201.
 
 
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mercredi, 25 avril 2018

Jorian Jenks: Farmer & Fascist

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Jorian Jenks: Farmer & Fascist

Philip M. Coupland
Farming, Fascism and Ecology: A Life of Jorian Jenks
London and New York: Routledge, 2017 (Routledge Studies in Fascism and the Far Right)

JJfarming.jpgThe connections between the organic movement and the radical Right are often overlooked. To the chagrin of liberal environmentalists, the early organic movement had close links to both fascism and National Socialism. Among the leading pioneers of organic farming was Jorian Jenks, a high-ranking member of the British Union of Fascists who served as the party’s agricultural advisor. Farming, Fascism and Ecology is the first biography of Jenks to appear in print. It is an amply researched and surprisingly even-handed study that details Jenks’s oft-neglected influence on the organic movement and sheds light on the long-standing ties between environmentalism and the far-Right.[1]

Born in Oxford to upwardly mobile, Left-leaning parents, his father a prominent academic and his mother the daughter of a merchant, Jenks was an unlikely candidate to become either a farmer or a fascist. Having wanted to be a farmer from early childhood, he enrolled at Harper Adams Agricultural College in 1916. He spent his early career working on land restoration projects and serving as a government farming instructor in New Zealand. He later studied at Oxford and received a B.Litt. for his thesis on land settlement policy in Australia and New Zealand.

Jenks subsequently moved to Ecclesden Farm in Angmering, West Sussex, where he worked the land along with a handful of other men. The six years he spent as a farmer at Ecclesden effected a significant change in his worldview. In his earlier years, Jenks had advocated factory farming and the use of artificial fertilizers; at Ecclesden, he came to champion family-owned, medium-sized farms over large factory farms, mixed farming over monoculture, and animal labor over machinery.

Jenks often returned to the theme that monoculture, despite its superficial advantages, depletes the soil of its nutrients and fertility in the long run, causing soil erosion and necessitating the use of chemical fertilizers that in turn bring about further ecological destruction. He also defended animal labor on the practical grounds that it was cheaper, in some cases more efficient, and caused less soil compaction (though he did endorse cars, grass-drying machines, and even, in some cases, the tractor).

Ultimately, however, his primary objections to factory farms and the widespread use of machinery were more philosophical than practical: “Farming is one of the few industries in which Man is not yet dominated by the Machine, in which the small producer still has a chance to preserve his independence. It is in the national interest that it should remain so” (p. 74). He did not wholeheartedly condemn the use of farm machinery but believed that it ought to be subordinate to physical labor and not vice versa. Coupland comments that, in this regard, Jenks may have been influenced by Arthur Penty, a writer on guild socialism and distributism who advocated for a return to handicraft as the basis of production.

Indeed, Jenks’s interest in Social Credit and related movements was what eventually led him to fascism. Jenks likely joined the BUF in early 1934. Coupland proposes that Jenks was the author of an article published anonymously in The Blackshirt in 1935 entitled “Why I, A Farmer, Have Turned Fascist” in which the author describes his reasons for joining the BUF: “Their aims and objects were to me the very thing the country needed: a straightforward constructive policy of national regeneration, with ‘Britain First’ as its watch-word. . . . I have become more and more convinced that the Fascist agricultural policy is the only one which will put us on our feet again” (p. 87).

JJbook.jpgWritten under the pseudonym “Vergilius” (a tribute to the celebrated farmer-poet), his articles in the fascist newspaper Action were his most notable contribution to British fascism. He later also published a collection of his poetry, most of which deals with agricultural themes, under this pseudonym.

In 1936, Jenks left his anonymity behind and ran as the BUF candidate for Horsham and Worthing as a prospective MP. As a close friend of Oswald Mosley, whom he likened to William Cobbett, he was appointed the temporary leader of the BUF after Mosley was detained under Defence Regulation 18B in 1939. But Jenks was also detained and withdrew from political life following his release in 1941.

Jenks criticized interwar British agricultural policy on the grounds that agriculture had become a mere speculative commodity whose production had fallen into the hands of financiers who prized cheap food and low wages over the health of the soil and the people. He pushed for Britain to minimize foreign food imports and overseas investment in order to raise the per-capita home production of food and achieve agricultural autarky and national self-sufficiency.

He also wrote on food and nutrition, arguing that the decline in food standards was a symptom of the decline of Western civilization in general and that returning to a diet of homegrown, unprocessed food would boost both individual health and national morale.

Jenks’s policy proposals included the establishment of institutions such as an Agricultural Land Bank that would provide an alternative to debt incurred by farmers who had previously purchased land on mortgage, an Agricultural Corporation that would set prices of commodities in order to ensure economic stability in the agricultural sector, a Central Land Commission that would stabilize land values and rents, and a Voluntary Land Army that would confiscate and restore land from any landowner shown to have misused it. The state would supervise agricultural production overall, but these institutions would be organized on a county basis with leaders elected at the local level. The objective of these large-scale national directives would not be the “centralised micro-management of farming, but the creation of ‘conditions under which the industry can adequately fulfil its function as the main source of food for the people'” (p. 98). These proposals never came to fruition, though his ideas did have some impact on post-war British agricultural policy.

In 1937, ill health and financial difficulties forced Jenks to abandon farming, and he devoted the rest of his life to writing and lecturing. He had become a successful agricultural journalist by this point, writing for The Manchester Guardian, The Observer, and The Yorkshire Post, as well as for fascist journals, and had written books outlining his proposals for monetary reform (Farming and Money) and the agricultural policy of the BUF (The Land and the People).

His best-known work, Spring Comes Again, was published in 1939 and details his political worldview. His most notable argument here is that what he termed the “Plutocratic State,” wherein money and finance reign supreme, represents the inevitable culmination of modern liberalism. He reiterates this theme in From the Ground Up: An Outline of Real Economy, published in 1950, in which he attacks modern materialism and liberal capitalism and contrasts them with the ideal of the organic society.

Jenks was critical of both international capitalism and Communism, which he described as “attempts to subordinate the peoples to the dictates of a super-State, to break down the natural claims of patriotism and racial brotherhood, and to substitute for them the rule of some soulless materialistic deity” (102). He associated both with Jews, whom he amusingly likened to rabbits. Despite appearing soft and defenseless, rabbits wreak havoc on crops in Australia and New Zealand, where they are an invasive species. He was a bit more charitable to Jews than to rabbits, though, and believed that they could gain dignity as a race through “contact with the soil.”

After the war, Jenks became the editor of the journals of both the Soil Association (an organization that later became known for developing the first organic certification system) and the Rural Reconstruction Association. He moved away from active political involvement and did not join Mosley’s Union Movement, but nonetheless retained his fascist sympathies. In order to address the food shortages brought on by the war, he authored a pamphlet along with the two founders of the agricultural branch of the Union Movement entitled None Need Starve, which laid out a plan for increased agricultural production. He was also a member of Kinship in Husbandry, a group somewhat akin to the Soil Association founded by Rolf Gardiner, Viscount Lymington (Gerald Wallop), and H. J. Massingham. There was some overlap between the organic movement and the post-war fascist movement. Gardiner and Lymington were both sympathetic to fascism. It is also worth noting that the two journals edited by Jenks counted Walther Darré (Minister of Food and Agriculture under Hitler) and his aide Hermann Reischle among their subscribers. After the war, Jenks also became involved with the Council for the Church and Countryside, as he believed that the Church could play a role in agricultural revival by emphasizing the spiritual bond between man and soil. (The word “cultivation,” as he pointed out, derives from the Latin colere, meaning both “to till” and “to worship.”) His final book, The Stuff Man’s Made Of: The Positive Approach to Health through Nutrition, was published in 1959.

This biography makes it clear that Jenks’s fascist convictions were a natural extension of his commitment to the organic movement. Any serious and honest environmentalist will be left wondering whether it is really the Right, and not the Left, that offers the most pertinent solutions to the ecological quandaries posed by liberal modernity.

Note

1. The term “organic farming” itself was coined by Lord Northbourne in his 1940 book, Look to the Land, and comes from his concept of the “farm as organism,” or what he described as “the farm as a living whole.” Northbourne happens to have been a translator of René Guénon’s works and might have also been a member of the BUF.

 

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mardi, 24 avril 2018

Ronald Beiner’s Dangerous Minds

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Ronald Beiner’s Dangerous Minds

Ronald Beiner
Dangerous Minds: Nietzsche, Heidegger, and the Return of the Far Right
Philadelphia: University of Pennsylvania Press, 2018

index.jpgRonald Beiner is a Canadian Jewish political theorist who teaches at the University of Toronto. I’ve been reading his work since the early 1990s, starting with What’s the Matter with Liberalism? (1992). I have always admired Beiner’s clear and lively writing and his ability to see straight through jargon and cant to hone in on the flaws of the positions he examines. He is also refreshingly free of Left-wing sectarianism and willing to engage with political theorists of the Right, like Leo Strauss, Eric Voegelin, Michael Oakeshott, and Hans-Georg Gadamer. Thus, although I was delighted that a theorist of his caliber had decided to write a book on the contemporary far Right, I was also worried that he might, after a typically open and searching engagement with our outlook, discover some fatal flaw.

But it turns out that an honest confrontation with our movement is a bridge too far. Beiner does not even wish to engage with our ideas, much less critique them. Instead, he uses the rise of the Right simply as lurid packaging to sell his publisher a book that focuses on Nietzsche and Heidegger. (The cover is of the torchlight march at Unite the Right, which is supposed to look sinister.)

Beiner’s target is not the Right, but the Left, specifically those who think that Nietzsche and Heidegger can be profitably appropriated for Left-wing causes. To combat this view, he mounts a persuasive case that Nietzsche and Heidegger are deeply anti-liberal thinkers. Thus, although Dangerous Minds is sensationalist and dismissive in its treatment of our movement, it is nevertheless extremely useful to us. If anyone wants to understand why Nietzsche and Heidegger are so useful to the New Right, Beiner gives a clear and engaging account in a bit more than 100 pages.

Since Beiner wants to cast our movement in the worst possible light, he naturally begins with Hailgate [2]:

In the fateful fall of 2016, a far-right ideologue named Richard B. Spencer stirred up some fame for himself by exclaiming in a conference packed with his followers not far from the White House: “Hail Trump! Hail our people! Hail victory!” On the face of it, this mad proclamation would appear to have nothing in common with the glorious tradition of Western philosophy.

But think again.

Beiner then quotes Spencer denouncing “fucking middle class” values and proclaiming “I love empire, I love power, I love achievement.” We even learn from a Jewish female reporter that Spencer will sometimes “get a boner” from reading about Napoleon. (Another triumph of press engagement [3].)

This is Nietzsche’s work, declares Beiner.

Beiner goes on to call Spencer a “lunatic ideologue” (p. 11) and an advocate of “virulently antiliberal, antidemocratic radicalism” (p. 12). He blames it all on a graduate seminar on Nietzsche that Spencer took at the University of Chicago. This is laying it on a bit thick, since Spencer is not offering a system of ideas. He’s just name-dropping and Nietzsche-posting to impress middlebrow journalists. Perhaps sensing this, Beiner turns his attention to a prolific author of essays and books, Alexander Dugin. Beiner easily establishes the Nietzschean and Heideggerian pedigree of Dugin’s dangerous ideas.

Naturally, at this point, I was wondering if I was next, so I flipped to the back of the book to see if my name appeared in the index. But there is no index. (This from a serious academic publisher?) So I continued to read. By the end, I was a bit relieved, and maybe a bit miffed, to receive no mention at all in Dangerous Minds. Nor is Counter-Currents mentioned by name, although it is referred to on page 12 as “One of the typically odious far-right websites” and on page 150 as “Another far-right outfit of the same ilk” as Arktos. In the first case, Beiner refers to James O’Meara’s review of Jason Jorjani’s Prometheus and Atlas [4], but he does not name O’Meara or give the url of the review. (Jorjani is, however, singled out for abuse as a “crackpot philosopher.”) In the second case, Beiner provides the url of my Heidegger commemoration [5] but does not cite the author or title. Beiner is known as a Left-wing admirer of Leo Strauss and Allan Bloom. These glaring oversights might lead those of a Straussian bent to think that Beiner regards Counter-Currents, James O’Meara, me, and perhaps Collin Cleary [6], who is also noticeably omitted, to be of central importance. But of course he has plausible deniability.

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Beiner zeroes in on equality as the essential issue that divides the Left and the Right:

A view of society where all individuals are fundamentally equal or a view of society where people can live meaningful lives only under the banner of fundamental hierarchy: this is an either/or, not a moral-political choice that can be submitted to compromise or splitting the difference. . . . [O]ne either sees egalitarianism as essential to the proper acknowledgement of universal human dignity, or one sees it as the destruction of what’s most human because its incompatible with human nobility rightly understood. (p. 8)

This is basically correct, but I have two caveats.

First, I think equality and liberty are genuine political values. But they are not the most important values. Individual self-actualization and the pursuit of the common good are more important than individual liberty, for instance. And justice is more important than equality, since justice requires unequal people receive unequal treatment. But even here, justice demands that unequal status and rewards be proportionate to unequal merit. By this Aristotelian view of justice, however, most forms of contemporary social and political inequality are grossly unjust.

This is why I oppose people on the Right who praise “hierarchy” as such. Not all hierarchies are just. Thus one can defend the principle of hierarchy without embracing ideas like hereditary monarchy, aristocracy, and caste, much less slavery. These are at best merely imperfect historical illustrations of the principle of hierarchy, not blueprints for the future.

Second, the notion of “universal human dignity” is simply an article of faith, like Stoic and Christian ideas of providence and liberal ideas of progress. Progress and providence are our trump cards against ultimate misfortune. They allow us to keep believing that things will work out in the end. “Dignity” is really a trump card against dehumanization: it is the assertion that no matter how botched, degraded, and corrupt a human being is, he is still a human being; he still possesses some intrinsic worth that he can use, as a measure of last resort, to gain some consideration from the rest of us. But when aliens land and discover that human beings are delicious, appeals to the universal dignity of rational beings are not going to save us. True nobility requires that we face reality and dispense with such moralistic illusions.

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But that does not mean that we dispense with empathy for others. I have zero patience for people on the Right who defend slavery, colonialism, imperialism, and genocide. They are guilty of another form of providential wishful thinking, for they apparently feel themselves invulnerable to the sufferings they would cheerfully inflict on others. It does not occur to them that others could do the same to them. But nobility requires thinking and living without such illusions. You might be high and mighty today, but you are not bulletproof (which is really all Hobbes meant by equality). Empathy allows us to imagine ourselves in the positions of others. Fortune can elevate or lower us into the positions of others. And if none of us are immune to fortune, then we should create a political system in which we could morally bear to trade places with anyone, a society in which all social stations are fundamentally just. This leads to the sort of live-and-let-live ethos that is at the core of ethnonationalism as I define it.

This is why I don’t regard Alexander Dugin and Richard Spencer as contributing anything to White Nationalism, which is the advocacy of ethnic self-determination for all white peoples. Instead, they are simply apologists for Russian imperial revanchism. Spencer regards ethnonationalism as “petty,” siding with the UK against Scottish independence, the EU against Brexit, and Spain against Catalan independence. But although he opposes the UK leaving the EU, he opposes Ukraine joining it. He praises the EU as a transnational, imperial organization — but not NATO. Clearly, he is more interested in shilling for Russian geopolitical interests than in setting forth a coherent moral and political framework for white survival. I can’t blame Beiner for focusing on Dugin and Spencer, however, because they embrace all of Nietzsche’s most lurid and questionable ideas as well as his good ones.

Beiner on Nietzsche

According to Beiner’s chapter on “Reading Nietzsche in an Age of Resurgent Fascism,” the “one central, animating Nietzschean idea” is: “Western civilization is going down the toilet because of too much emphasis on truth and rationality and too much emphasis on equal human dignity” (p. 24). (This passage also illustrates the vulgar and often hysterical tone of Beiner’s polemic. Dangerous Minds has a rambling, informal, often autobiographical style that makes it read like an extended blog post. Beiner also peppers his prose with exclamation points, sometimes 4 or 5 to the page, to drive his points home. I began to worry that he would soon resort to emoticons.)

Nietzsche offers two arguments against liberalism. First, liberalism destroys the meaning of life. Second, liberalism destroys human nobility.

For Nietzsche, a meaningful life requires a normative culture as the context or “horizon” in which each individual is immersed and formed. In short, a meaningful life is rooted in ethnic identity, although Nietzsche does not put it in these terms, as he was deeply alienated from and ambivalent about his own German identity. A normative culture provides an encompassing worldview and a hierarchy of values. These need not be “true” in any metaphysical sense to provide foundations for a meaningful life. Hence the danger of modernity’s high value for truth and rationality. These horizons are always plural (there are many different cultures), and they are closed (they generate differences between insiders and outsiders, us and them; thus they are “political” in Carl Schmitt’s sense of the word).

Liberalism destroys meaning because it is cosmopolitan and egalitarian. Its cosmopolitanism opens horizons to other cultures and undermines attachment to one’s own culture. Its egalitarianism overthrows value hierarchies that make people feel bad about themselves. The result is the collapse of rootedness and meaning and the emergence of nihilism. This is why Nietzsche “regards old-fashioned nineteenth-century liberalism — to say nothing of radicalized twentieth- and twenty-first century versions — as rendering culture per se impossible” (p. 34).

Nbgev.jpgBeiner doesn’t offer a very clear account of why Nietzsche thinks liberalism undermines human nobility. The short answer is that it is simply the political application of the slave revolt in morals, in which the aristocratic virtues of the ancients were transmuted into Christian and eventually liberal vices, and the vices of the enslaved and downtrodden were transmuted into virtues.

But what makes us noble in the first place? Like Hegel, Nietzsche believes that human nobility shows itself by triumphing over the fear of death and loss and doing beautiful and noble things in spite of them. Thus, human nobility is essentially connected with facing up to the tragic character of human life and finding the strength to carry on.

Liberalism, like Platonism, Stoicism, and Christianity, is anti-tragic because it is based on faith in providence, the idea that the universe is ruled by and directed toward the good — appearances to the contrary notwithstanding. Providence denies the ultimate reality of loss, finitude, and evil, blinding us to the tragic dimension of life and replacing it with the stoner mantra that “it’s all good.” It is a delusion of ultimate metaphysical invulnerability to evil and loss.

Modern liberals replace faith in providence with faith in progress, which they believe will result in the perfection of mankind and the amelioration of human suffering and evils. It is a false vision of the world that smothers the possibility of human nobility. Although Beiner has the chutzpah to suggest that maybe Nietzscheans can ennoble themselves by enduring life in the “iron cage” of modernity and learning to love the Last Man (p. 116). (Why not ennoble oneself even more by living with head-lice as well?)

The plurality of horizons also means the possibility of existential conflict and the necessity of choosing and taking responsibility for one’s choices. As Schmitt argued, however, the whole liberal ethos is to replace the government of responsible choosers — the sovereign — with the government of laws, rules, and anonymous bureaucrats.

Beiner doesn’t delve too deeply into Nietzsche’s views of nobility because he wants to hang them on Nietzsche’s praise of slavery, caste, war, and cruelty. But while it is true that these phenomena accompanied the emergence of aristocratic values — and most of what we recognize as high culture, for that matter, for the leisure that gave rise to science and culture was secured by the labor of slaves — one can legitimately ask if it is possible to bring about a rebirth of aristocratic values and high culture without first becoming barbarians again. For instance, this is the utopia offered by Social Credit, the preferred economic theory of interwar Anglophone fascists, who hoped to unleash human nobility and creativity once machines put us all out of work.

But if we cannot renew civilization without starting over from scratch, then I would gladly hit the reset button rather than allow the world to decline endlessly into detritus. Thus, on Nietzschean and Heideggerian grounds, it makes sense to try to renew the world, because if one fails, that failure might contribute to the civilizational reset that we need. Indeed, the more catastrophic the failure, the greater the chance of a fresh start. The only way we can’t win is if we don’t try.

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Beiner on Heidegger

Beiner’s chapter on “Reading Heidegger in an Age of Resurgent Fascism” is less incisive than his account of Nietzsche, largely because he does not see how close Heidegger really is to Nietzsche. Beiner takes Heidegger’s question of Being at face value and finds it rather bizarre that Heidegger could think that modern civilization is going to hell because of forgetting about Being. But for Heidegger Being = meaning [7], and the modern oblivion of Being is basically the same thing that Nietzsche meant by the collapse of closed normative horizons and the rise of nihilism. Indeed, Heidegger’s concept of Dasein simply refers to man as a being situated within and defined by horizons of meaning. The occlusion of these horizons by the false individualism and cosmopolitanism of modernity leads to nihilism, a life deprived of meaning.

Heidegger thought National Socialism could bring about the spiritual renewal of the German people — and presumably any other nation that tried it — by rejecting cosmopolitanism and individualism and reaffirming the rootedness, community, and the closed horizon of the nation. He rejected National Socialism when he came to see it as just another form of modern technological nihilism. Nietzsche, of course, rejected German nationalism, but Heidegger’s thinking was truer to the implications of Nietzsche’s thinking about the closed cultural horizons that grant meaning.

Beiner is at his best in his reading of Heidegger’s “Letter on Humanism,” his post-war statement publicly inaugurating “the late Heidegger.” Beiner correctly discerns that Heidegger’s lament against the “homelessness” of modern man and his loss of Heimat (homeland) is an expression of the same fundamentally reactionary, anti-modern, anti-cosmopolitan, and pro-nationalist sentiments that led him to embrace National Socialism. Indeed, there’s good reason to think that Heidegger never changed his fundamental political philosophy at all. The only thing that changed was his evaluation of National Socialism and his adoption of a more oblique and esoteric way of speaking about politics under the repressive conditions of the Occupation and the Federal Republic. Carrying out Heidegger’s project of offering a case for a non-nihilistic, non-totalitarian form of ethnonationalism is the project of the New Right as I define it.

Heidegger and the Holocaust

Beiner, like many Jewish commentators, seems to feel that Heidegger owes him a personal apology for the Holocaust. We are told that Heidegger’s silence about the Holocaust is unforgivable. But when we point out that Heidegger did say something about the Holocaust, namely that it was a sinister application of mechanized modern mass slaughter to human beings, we are told that this view is also unforgivable, since the Holocaust somehow transcends all attempts to classify and understand it. Which would seem to require that we say nothing about it at all, but we have already learned that this is unforgivable as well.

Beiner tells the story of Rudolf Bultmann’s visit to Heidegger after the war, when he told Heidegger, “Now you must like Augustine write your retractions [Retractiones] . . . in the final analysis for the truth of your thought.” Bultmann continues: “Heidegger’s face became a stony mask. He left without saying anything further” (p. 119).

Beiner treats this as outrageous. But Heidegger’s reaction is not hard to understand. He had nothing to retract. He felt that he had done nothing wrong. He was not responsible for the war or the Holocaust. They were none of his doing or his intention. They were part and parcel of the very nihilism that he opposed. The fact that the National Socialist regime went so terribly wrong did not refute Heidegger’s basic diagnosis of the problems of modern rootlessness and nihilism but rather proved how all-pervasive they were. Nor did anything the Nazis did refute the deep truth of ethnonationalism as the political corollary of spiritually awakening from the nightmare of liberal modernity. Thus Heidegger absolutely refused to say anything about the war or the Holocaust that could be interpreted as conceding that modern liberal democracy had somehow been proven true. Instead, he continued to make essentially the same arguments as he made before the war, but in more esoteric terms by focusing on rootlessness and technology.

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Bultmann was telling Heidegger to lie, to retract beliefs he believed were true, and to do it in the name of “the truth of [his] thought” when in fact the only motive could be to win the approval of the victors. But that approval was something Heidegger decided to do without. Frankly, Bultmann was making an indecent proposal, and Heidegger’s stony silence was admirably restrained.

Beiner mentions that according to Gadamer, Heidegger “was so preoccupied by modernity’s forgetfulness of Being [rootlessness, nihilism] that even the Nazi genocide ‘appeared to him as something minimal compared to the future that awaits us’” (p. 107). Here’s another unforgivable statement breaching Heidegger’s unforgivable silence. But this unforgivable statement is, unfortunately, quite prophetic. For the consummation of global technological civilization, including the erasure of borders and the destruction of roots, will lead to a genocide far vaster and more complete than the Holocaust. I refer the reader to my essays “White Extinction [8],” “White Genocide [9],” and especially “Why the Holocaust Happened, and Why It Won’t Happen Again [10].”

A New Age of Gods?

Both Nietzsche and Heidegger think that spiritual health requires unreflective belief in and commitment to a closed, normatively binding cultural horizon. Christianity, post-Socratic philosophy, and the Enlightenment, however, made self-reflection and universal truth into transcendent values. But as Nietzsche argued, this was a self-defeating move, for Christianity could not stand up to rational criticism. Reason soon escaped the control of the Church, which led to the downfall of Christianity (Nietzsche’s “death of God”), the erasure of the West’s horizon, and the rise of modern nihilism. It follows that the return to spiritual health requires the emergence of a new age of unreflective belief and commitment. Giambattista Vico called this an “Age of Gods,” the first age of a new historical cycle.

The great question is: can a new “Age of Gods” emerge within the context of our present civilization, or must the modern world perish utterly, completely liquidating the Western tradition of philosophy, science, and liberalism, so that mankind can truly believe, belong, and obey again? The new horizons and myths that we need, moreover, cannot be “chosen,” for adopting a belief system as a matter of choice is not an alternative to nihilism, it is just an expression of it. Genuine belief is not chosen. It chooses you. It does not belong to you. You belong to it.

Nietzsche believed that a new age of gods could be imposed by great philosopher-legislators who could create new myths and new tables of values. Under Nietzsche’s sway, Heidegger believed this as well, and it accounts for why he thought National Socialism could lead to a spiritual renewal of Germany. It was only later that Heidegger realized that National Socialism was not an alternative to nihilism, but an expression of it.

It was at this point that Heidegger began his great confrontation with Nietzsche in the mid-1930s. Heidegger later told Gadamer that “Nietzsche ruined me.” Nietzsche ruined Heidegger by offering him nihilism as a cure for nihilism. Nietzsche made Heidegger a Nazi. Heidegger overcame Nazism by overcoming Nietzsche.

heidegger.jpgIn Heidegger’s later terminology, Nietzsche and National Socialism were both “humanistic,” premised on the idea that the human mind creates culture, whereas in fact culture creates the human mind. No genuine belief can be chosen. It has to seize us. This is one of the senses of Heidegger’s later concept of Ereignis, often translated “the event of appropriation”: the beginning of a new historical epoch seizes and enthralls us. This is the meaning of Heidegger’s later claim that “Only a god can save us now” — as opposed to a philosopher-dictator.

One could, however, read Nietzsche in a non-humanistic way, if one sees his rhapsodies to the Übermensch, the philosopher-legislator, and the coming century of global wars (yes, Nietzsche predicted that) not as a solution to modern nihilism, but as an intensification of it to the breaking point as a way of hurrying along the downfall of the modern world and inaugurating a new age of gods. (“That which is falling should also be pushed.”) If this is Nietzsche’s true view, then offering nihilism to cure nihilism is not a self-contradiction, it is just sound homeopathic medicine.

Beiner asks “are any of us really prepared to entertain the possibility of the comprehensive cancelling-out of modernity to which Heidegger in his radicalism seems committed?” (p. 105). Elsewhere he asks “. . . with what do we undertake to replace [liberal modernity]? A regime of warriors and priests? A return from Enlightenment to magic?” (p. 132). But Beiner is asking these questions from within liberal modernity, and of course from within that perspective, people are going to cling to liberalism simply out of fear. From Heidegger’s point of view, we will only have a solution when individuals can no longer pose such questions. Instead, the answers will be imposed upon us by historical forces outside our comprehension or control.

A Smug Criticism of Smugness

Beiner’s conclusion, “How to Do Theory in Politically Treacherous Times,” is, like the rest of his book, directed to Leftist academics. He makes a strong case against the smugness and complacency of contemporary political theorists, who think they can ignore the Right because we have been refuted by history: “For Rawls, Rorty, and Habermas, Nietzsche has been refuted by history and sociology. He hasn’t! He can only be refuted by a more compelling account of the human good” (p. 125). This is excellent advice, but it ill-accords with Beiner’s own supremely smug, question-begging, and dismissive tone throughout Dangerous Minds. Judging from what he does, as opposed to what he says, Beiner’s real aim is not to intellectually engage the Right, but to censor and suppress it. But if Beiner really does want to debate the philosophical foundations of the New Right, I’m game.

Should We Read Heidegger and Nietzsche?

If Nietzsche and Heidegger are so dangerous to liberal democracy, shouldn’t something be done to keep their books out of the hands of impressionable young men?

Beiner ends his discussion of Nietzsche by referring to Leo Strauss’s advice to Canadian conservative political philosopher George Grant, who was about to embark on a series of popular radio lectures on Nietzsche. Strauss viewed Nietzsche as a profoundly dangerous thinker and advised Grant not to talk about Nietzsche at all but simply refer to his “epigones” Freud and Weber. The only reason Beiner brings this up, of course, is to plant the idea that academics should drop Nietzsche from the canon. Beiner, however, strenuously denies that this is his intent in his Introduction:

Hopefully no reader of my book will draws from it the unfortunate conclusion that we should just walk away from Nietzsche and Heidegger — that is, stop reading them. [Of course reading them does not necessarily entail teaching them, especially to undergraduates.] On the contrary, I think that we need to read them in ways that make us more conscious of, more reflective about, and more self-critical of the limits of the liberal view of life and hence what defines that view of life. But if one is handling intellectually radioactive materials, one has to be much less naïve about what one is dealing with. . . . We need to open our eyes, at once intellectually, morally, and politically, to just how dangerous they are. (p. 14)

But this seems disingenuous in light of Beiner’s repeated assertion that Nietzsche and Heidegger should have censored their own ideas insofar as they are dangerous to liberal modernity:

There is a kind of insane recklessness to Nietzsche — as if nothing he could write, no matter how irresponsible, no matter how inflammatory, could possibly do any harm. All that matters is raising the stakes, and there is no such thing as raising the stakes too high. (p. 63)

One has to ask: “To whom does Beiner think Nietzsche is being irresponsible? What could his thought possibly harm?” The answer, of course, is the modern liberal democratic world, the world that Nietzsche rejects, the world that Nietzsche crafted his doctrines to destroy.

MHages.jpgBeiner is even more blatant in his advocacy of self-censorship in Heidegger’s case:

Near the end of his life, Heidegger decided to include the Black Notebooks (including explicitly racist passages conjuring up a diabolical conspiracy on the part of “World Judaism” [sic: World Jewry]) in the official Collected Works, whereas any reasonably sane person would have burned them, or at least burned the most incriminating passages. It’s as if he either were trying to spur a revival of fascist ideology or intended to confess to the world just how grievously stained he had been by that ideology. All of this is thoroughly damning. (pp. 113–14)

Again, one must ask: “Sane by whose standards? Incriminating to whom? Damning by whose standards?” The answer, of course, is: modern liberal democrats. But Heidegger thought these people were intellectually benighted and morally corrupt. So why should be censor his thought to conform to their sensibilities? To hell with them. He was addressing himself to freer minds, to a better world, to generations yet to come.

At the beginning of his Heidegger chapter, Beiner also writes:

The question I’m raising in this chapter is whether, finding ourselves now in a political landscape where the possibility increasingly looms of Heidegger as a potential resource for the far right, it might be best for left Heideggerianism (a paradox to being with) to close up shop. (p. 67)

Since virtually everyone teaching Heidegger in academia today is a Leftist, this basically amounts to removing Heidegger from the canon. Beiner’s talk of looming possibilities and potential resources is off the mark, for Heidegger already is a resource and inspiration for the New Right, and he knows this. (Frankly, I hope Left-wing Heideggerians close up shop soon. It would be an ideal opportunity to launch the Heidegger Graduate School [11].)

It is absurd to wish that Nietzsche and Heidegger had censored their ideas to remove their challenges to the system they despised and wished to destroy. If liberals want to stop these ideas from influencing policy, they need to refute them. Demanding censorship is simply an admission that one cannot refute ideas rationally and thus must repress them. Asking one’s opponents to engage in self-censorship takes some brass. If liberals can’t refute anti-liberals like Nietzsche and Heidegger, they are just going to have to screw up their resolve and do their own censorship. This is hardly a stretch, sadly, since the suppression of dissent is second nature to modern academics. It’s really all they have left.

Indeed, if wishing aloud that Nietzsche and Heidegger had censored themselves has any practical meaning today, it is as a suggestion that political theorists and philosophers censor themselves and their syllabi, i.e., remove Nietzsche and Heidegger from the canon.

If Beiner is really arguing that Leftists should stop teaching Nietzsche and Heidegger, he apparently did not anticipate what would happen if his book fell into the hands of Rightist readers like me. For Dangerous Minds, despite its obnoxious rhetoric and smug dismissal of our movement, is a very helpful introduction to Nietzsche and Heidegger as anti-liberal thinkers. Thus I recommend it highly. And if I have anything to say about it, this book will help create a whole lot more dangerous minds, a whole new generation of Right-wing Nietzscheans and Heideggerians.

 

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[1] Image: https://www.counter-currents.com/wp-content/uploads/2018/04/Beiner.jpg

[2] Hailgate: https://www.counter-currents.com/2016/11/the-alt-right-obituary-for-a-brand/

[3] press engagement: https://www.counter-currents.com/2018/03/in-bed-with-the-press/

[4] James O’Meara’s review of Jason Jorjani’s Prometheus and Atlas: https://www.counter-currents.com/2016/09/jason-jorjanis-prometheus-and-atlas/

[5] Heidegger commemoration: https://www.counter-currents.com/2017/09/remembering-martin-heidegger-7/

[6] Collin Cleary: https://www.counter-currents.com/2012/06/heidegger-an-introduction-for-anti-modernists-part-1/

[7] for Heidegger Being = meaning: https://www.counter-currents.com/2014/12/making-sense-of-heidegger/

[8] White Extinction: https://www.counter-currents.com/2017/06/white-extinction-2/

[9] White Genocide: https://www.counter-currents.com/2015/09/white-genocide/

[10] Why the Holocaust Happened, and Why It Won’t Happen Again: https://www.counter-currents.com/2016/03/why-the-holocaust-happened/

[11] Heidegger Graduate School: https://www.counter-currents.com/2016/02/graduate-school-with-heidegger/

dimanche, 22 avril 2018

« FONDEMENTS DE LA GÉOPOLITIQUE: LE FUTUR GÉOPOLITIQUE DE LA RUSSIE »

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COMPTE RENDU ANALYTIQUE:

« FONDEMENTS DE LA GÉOPOLITIQUE: LE FUTUR GÉOPOLITIQUE DE LA RUSSIE »

 
Ex: https://www.geopolitica.ru

Philosophe, professeur, politologue, sociologue, idéologue, Aleksandr Dougine aime brouiller les pistes. Dans ses « Fondements de géopolitiques », somme de 600 pages paru en 1997, il revient sur un siècle de théorie géopolitique et propose une analyse programmatique de ce que devrait être l’orientation stratégique russe dans une perspective résolument « néo-eurasiste ». Il concerne ainsi plus de 13 chapitres non seulement à la Russie, mais aux pays constituant sa périphérie immédiate, destinés dans l’optique de Dougine à faire partie d’un bloc eurasiatique sous influence russe. Ces thèses, appuyées sur une lecture manichéenne du monde inspirée entre autre de Carl Schmitt, font l’objet de vives inquiétudes occidentales depuis l’annexion de la Crimée et le conflit à l’Est de l’Ukraine.

LA RUSSIE, SON ESPACE ET L’EURASIE SELON DOUGINE

L’homme, décrit dans les médias russes comme « l’idéologue du néo-eurasisme » 1, adhère très tôt à des courants extrémistes marginaux, dès la fin des années 80, telle l’organisation russe anti-sémite, Pamyat 2 créée dans l’illégalité en 1984 puis médiatisée durant la Glasnost à l’occasion de manifestations dénonçant le complot juif international et le sionisme. Dougine est également membre du cercle secret Yuzhinsky 3, crée dans les années 1960, composé d’intellectuels versés dans le mysticisme, le paganisme et le fascisme. Au gré des bouleversements politiques de la Russie de l’après-URSS et de ses relations avec l’appareil politique et le milieu intellectuel, Alexandre Dougine enrichit son discours initialement nationaliste et développe une version d’extrême droite d’une idéologie présente depuis le XIXème siècle dans le paysage intellectuel russe, l’eurasisme. Ce néo-eurasisme consiste “à s’appuyer sur une commune conception de l’identité russe et de son destin impérial : les peuples vivant sur le territoire de l’entité eurasienne appartiennent à une seule et même communauté de destin, leur unité est fondée sur l’alliance turko-slave ainsi que sur le rejet de l’Occident » selon la définition proposée par Marlène Laruelle 4.

Dans l’ouvrage de Dougine, l’idée d’un destin propre au peuple russe se taille la part du lion.

La théorie géopolitique de Dougine, novatrice selon son auteur, puise pourtant ses sources dans l’histoire intellectuelle européenne et russe du 19ème et du 20ème siècle. Il convient de souligner que la géopolitique russe ne s’est pas fondée sur les sciences politiques, géographiques ou stratégiques mais sur l’histoire et principalement la philosophie 5 d’où la prédominance dans l’ouvrage d’Alexandre Dougine et bien d’autres, de concepts tels que les « facteurs de civilisations » (présents chez Danilevski et plus tard chez Spengler dans «Le Déclin de l’Occident»). 

L’idée impériale, sous une forme messianique, civilisatrice ou communiste, a donc toujours été profondément ancrée dans la pensée russe

Dans l’ouvrage de Dougine, l’idée d’un destin propre au peuple russe s’y taille la part du lion. Cette « spécificité russe » a été pensée dès le début du XIXème par ceux qui à l’époque de la Russie tsariste se qualifiaient de « slavophiles ». Opposés à l’idée, défendue par les intellectuels « occidentalistes », selon laquelle l’imitation de l’Occident serait un facteur de progrès, les slavophiles, issus de différentes disciplines, ont cherché à démontrer que la Russie a une trajectoire historico-politique propre, qu’en raison de sa dimension eurasiatique et de sa proximité avec l’univers de la steppe on ne peut la comprendre à l’aide des grilles d’analyse purement occidentales. Cette spécificité russe, d’aucuns comme Lev Gumilev 6 l’ont expliquée par des facteurs naturalistes ; d’autres comme Alexandre Panarin 7 privilégient l’explication culturaliste. Ainsi, en raison de ses filiations idéologiques complexes et de ses nombreux référents culturels, l’eurasisme peut simultanément prendre la forme d’une philosophie, une conception du monde, une politique ou une doctrine. Le néo-eurasisme de Dougine en reprenant cette tradition – qui a pu prendre souvent la forme d’une pensée de la « troisième voie » entre occidentalisme et slavophilie, comme le rappelle Jeffrey Mankoff 8– et en la mâtinant d’une idéologie décadentiste aux accents fascistes l’amène à ses conclusions les plus extrêmes, justifiant comme nous allons le voir une stratégie géopolitique d’influence à peine voilée.

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LA RUSSIE ET SON ESPACE SELON DOUGINE

« Rassembler l’Empire »

Elaboré dans le contexte de détresse sociale et économique post-soviétique qu’à connu la Russie dans les années 1990 9 le courant néo-eurasiste d’Alexandre Dougine reprend à son compte l’idéologie impérialiste russe du 19ème siècle pour « rassembler un nouvel Empire : l’Eurasie » « ni nation-état, ni pouvoir régional » (p.96) car « la Fédération de Russie n’est pas un Etat russe 10 …n’est pas un Etat historique, ses frontières sont aléatoires, ses marqueurs culturels vagues» (p.103).

Rappelons ici que la Russie n’a connu de puissance internationale que sous la forme « impériale » : tsariste ou soviétique et qu’il est difficilement concevable, chez de nombreux penseurs russes, d’imaginer une autre forme de rayonnement ou de « participation à la civilisation » (p.112) autrement que sous cette forme. L’idée impériale, sous une forme messianique, civilisatrice ou communiste, a donc toujours été profondément ancrée dans la pensée russe, et ce dès le début de l’expansion de la Moscovie, au XVIème siècle à travers le territoire eurasiatique.

Poutine et son entourage savent qu’il y a à l’Ouest une tradition séculaire de russophobie qu’il s’agirait de mettre à profit

Or la légitimité impériale ne pouvant plus, dans le contexte qui voit la publication du texte de Dougine, reposer sur une « mission civilisatrice », l’auteur reprend la conception de l’État, organisme vivant, développée par l’ethnographe et géographe allemand Friedrich Ratzel et théoricien du « Lebensraum »11. (p.19) L’éclatement politique et territorial de l’Union Soviétique pousse une partie de la population, notamment ses franges les plus paupérisées et radicalisées, à penser la Russie comme « démembrée » de son espace et de son peuple, telle que l’Allemagne ou la Hongrie de l’entre-deux guerre ont pu le faire. Ce démembrement, cet éclatement est pour Dougine à mettre au compte d’une absence criante de vision géopolitique de la part des dirigeants soviétiques depuis la fin de la seconde guerre mondiale, et particulièrement en 1989, lorsque « personne parmi les dirigeants soviétiques n’était capable d’expliquer avec cohérence la logique de la politique étrangère traditionnelle eut pour résultat la destruction de l’organisme géant qu’est l’Eurasie ». L’Union Soviétique « pour ne pas avoir pris en considération les travaux de ses patriotes russes les plus exigeants, les plus éclairés » (p.57) se serait retrouvée, comme l’Allemagne d’après-guerre, « dépossédée d’une grande partie de son espace et avec une influence internationale proche du néant. ».

L’eurasisme pragmatique et conservateur de Vladimir Poutine ne s’accorde pas avec le radicalisme de Dougine

Ce jugement extrêmement sévère se couple d’un appel à « rassembler l’Empire », qui s’appuie sur une vision du monde bipolaire inspirée de Mackinder 12. Cette vision d’un affrontement de longue durée entre la Russie continentale et le bloc occidental thalassocratique, fondé sur une « dualité planétaire » (p.54) opposant la tellurocratie, le « Nomos » de la Terre (Carl Schmitt) 13 l’Eurasie, le « Heartland » (Mackinder) d’un côté et la thalassocratie, le pouvoir maritime, le monde anglo-saxon, la « civilisation du commerce » de l’autre, trouve son prolongement direct dans une politique d’expansionnisme vers les pays situés à l’Ouest et au Sud de la Russie. Dougine voit par exemple l’Asie Centrale et le Caucase comme des régions où les relations internationales et la diplomatie doivent être développées afin de contrer le séparatisme, produit de la stratégie thalassocratique (USA, Royaume Uni et leurs alliés).

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« Le futur est au Nord »

La zone arctique du Nord du continent eurasien, hautement stratégique sur le plan énergétique, économique et logistique, représente une zone clé pour la géopolitique eurasiatique. Elle est en effet partagée par cinq autres pays appartenant au bloc « thalassocratique » (entre autres, les Etats-Unis, le Canada), qui entretiennent des convoitises à son sujet, et dont il s’agit de la protéger.

LE REDÉCOUPAGE DE L’EUROPE CENTRALE

Dans la pensée géopolitique de Dougine, le « cordon sanitaire » formé par les états indépendants d’Europe orientale et médiane tel qu’il fut conçu par les puissances thalassocratiques n’a plus lieu d’être et représente un obstacle à la réalisation du projet impérial eurasiatique. « Fait de petites nations et Etats belliqueux et historiquement irresponsables, aux prétentions européennes nombreuses et servilement dépendants de l’Ouest thalassocratique » (p.212), le cordon sanitaire doit évoluer « partout où il existe des facteurs de liens avec l’Eurasie, ou l’orthodoxie, ou une conscience slave, ou la présence d’une population russe ou historiquement proche. » (p.212).Une complète redistribution géopolitique (« et non l’annexion d’un pays ») est prévue pour l’Europe orientale, et se tradurait par « l’établissement d’une fédération d’Etats ou groupes d’Etats dont l’orientation géopolitique serait néanmoins unique ». Ainsi, Dougine, recompose l’Europe du centre par secteurs, afin de créer une zone de coopération et de partenariat stratégique, « de Vladivostok à Berlin » reprenant l’expression de Jean Thiriart 14, et dont la « Nouvelle Allemagne prussienne » serait au centre.

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Le secteur Nord

Le secteur Nord serait centré sur une « Nouvelle Allemagne prussienne », qui prendrait sous sa protection l’ensemble des régions de culture catholique et protestante situées en Europe du Nord-Est. Elle serait composée des régions baltiques et de la Scandinavie, structurées autour de la région historique prussienne autour de Kaliningrad et de Berlin, reliés entre eux par une identité ethnique, culturelle et géographique commune. Dougine s’interroge également sur le problème polono-lithuanien (en raison de leur religion catholique et de leur géopolitique thalassocratique) lequel pourrait présenter un obstacle majeur à la « réorganisation » du Nord. Pour lui l’unique façon de le régler serait de soutenir l’orientation non-catholique de certaines populations (minorités ethniques, communauté orthodoxe et protestante ou sociaux-démocrates). (p.214). De même, le secteur uniate -l’église dite « gréco-orthodoxe », issue de l’allégeance à Rome d’une partie des églises de rite orthodoxe situées dans le sud-est de la Pologne et l’Ouest de l’Ukraine et de la Biélorussie actuelles- ferait partie de ce nouvel espace germano-centré, indépendant de Moscou mais dans lequel la Russie jouerait un rôle de facilitateur.

Le secteur sud

Le secteur sud (Bélarussie, centre de l’Ukraine, Moldavie, Roumanie, Serbie et Bulgarie) en raison de la prédominence des populations slaves et du christianisme orthodoxe, appartient selon Dougine à la « sphère civilisationnelle russe ». De ce fait, Moscou ne pourrait « déléguer ces régions à l’Allemagne » (p.217) et y exercerait toute son influence. Lorsque Dougine évoque l’Ukraine comme « Etat indépendant avec des ambitions territoriales », c’est pour mieux souligner le « grand danger pour toute l’Eurasie » que celles-ci représenteraient. Selon lui l’Ukraine doit de ce fait rester, géopolitiquement, sous la stricte projection de Moscou. Concernant la Crimée, il est intéressant de noter que Dougine n’est pas favorable à son rattachement à la Russie, qui pourrait « susciter une réaction négative ».

LA « DOCTRINE » DOUGINE : UN SOFT POWER À MULTIPLES FACETTES

Une influence faible sur le pouvoir actuel et sur la population russe

Si Dougine a entretenu des liens avec le pouvoir, il en rapidement été écarté par la suite. Conseiller du président de la Douma G. Seleznev en 1998, il crée son parti politique en 2001, Evrazija, rallié à Vladimir Poutine 15. L’eurasisme pragmatique et conservateur 16 de Vladimir Poutine, tourné vers le développement des échanges commerciaux et diplomatiques avec l’Asie tout en s’étant écarté de l’Ouest, ne s’accorde pas avec le radicalisme de Dougine, En le renvoyant de la chaire de sociologie qu’il occupait à l’Université de Moscou, le pouvoir a montré qu’il ne tolérait pas les propos extrémistes et l’appel au meurtre proférés par Dougine contre “les personnes en Ukraine qui devraient être tuées, tuées, tuées » à la suite des événements de 2014. La presse nationale généraliste russe s’épanche peu sur l’homme, même si l’on note le succès de certains articles écrits à son sujet en français et traduits en russe 17

Dans la pensée géopolitique de Dougine, le « cordon sanitaire » formé par les états indépendants d’Europe orientale et médiane n’a plus lieu d’être

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Ses ouvrages ne figurent pas au palmarès des meilleures ventes en librairie 18 même si les récents ouvrages de Dougine sont en vente dans les principaux points de vente des grandes villes, « Les Fondations de Géopolitique » semble l’ouvrage le plus difficile à obtenir 19. Dans une étude Eurobroadmap 20, effectuée en 2015, il apparaît que les étudiants russes, supposés représenter une nouvelle génération plus éclairée et informée que celle de leurs parents, restent peu sensibles à la notion d’Eurasie, selon les définitions proposées par le néo-eurasisme. Les théories de Dougine semblent séduire principalement une frange extrémiste, supra-nationaliste russe, que l’on peut comparer aux mouvements actuels ultra-nationalistes en Europe centrale et occidentale. L’Organisation de la Jeunesse Eurasiste 21 créée en 2005 dans le cadre du Mouvement International Eurasiste, qui lui même se situe dans le sillage du parti Evrazija, reprend toutes les caractéristiques des milices fascistes para-militaires de l’entre-deux guerres : symboles, slogans, camps d’entraînement dispersés sur tout le territoire russe avec cours de géopolitique, préparation physique pour des « actions dans les conditions urbaines » 22 etc.

Un élément rassembleur interne

Bien qu’extrémiste et de ce fait, mise à l’écart des instances dirigeantes, la « doctrine Dougine », mélange de propagande anti-occidentale, de mythes historiques et de messianisme sacré s’inscrit dans le conservatisme du pouvoir et peut être rassembleur d’éléments minoritaires potentiellement «déstabilisants » pour la cohésion nationale  : les régions sensibles, les musulmans, les extrémistes et les nostalgiques de l’URSS, notamment parmi les militaires appartenant à la génération soviétique… Notons de plus que l’orientation résolument conservatrice, notamment sur les questions de société, de la doctrine de Dougine, ainsi que ses accents anti-individualistes et organicistes la rendent efficace auprès d’ une frange à la fois traditionnaliste et extrémiste de la population russe.

dugliv.pngUNE CONTRIBUTION

AU « РУССКИЙ МИР 23»

DANS L’ EUROPE DU CENTRE

 

En mettant l’accent sur la spécificité slavo-orthodoxe des pays d’Europe du centre-est, le néo-eurasisme rejoint  sur de nombreux points l’idéologie nationaliste qui imbue aujourd’hui le discours politique ambiant au sein de ces états. Ainsi est-ce le cas pour la Serbie : Dougine peut y  apparaître comme un allié dans les courants radicaux extrémistes, n’hésitant pas à se réapproprier leur nationalisme exalté et doloriste. Des expressions telles que « la Serbie est une civilisation de la douleur »24, servent à raviver le sentiment d’une grandeur perdue (commun à l’eurasisme russe et au nationalisme grand-serbe) ainsi que les tensions liées au conflit encore en cours de résolution pour les Serbes du Kosovo et de la Republika Srpska, en Bosnie. Dougine revitalise par là même un  soft power » russe présent depuis le XIXème siècle en Serbie, afin de contre balancer l’investissement croissant des américains dans les médias et l’économie serbes 25.

On peut toutefois douter de la compatibilité, sur le long terme, de l’idéologie néo-eurasiste et du nationalisme serbe. Les velléités panslavistes de Dougine se sont révélées d’une manière éclatante lorsqu’en en visite à Belgrade, au mois de juin 2017, il a prononcé les mots suivants, lors d’une conférence de presse: 26 « Le Kosovo, c’est la Serbie et la Serbie, c’est la Russie ». 27 Mais ce risque a été bien pris en compte, en effet, puisque la dernière partie de la phrase a été supprimée sur toutes les vidéos relatant l’événement, entre le 5 septembre, date de la première visualisation pour cet article et le 15 septembre 2017. Au mois de juin, l’Organisation du Mouvement International eurasiste de Dougine a annoncé sa collaboration avec la Faculté de politique et de sécurité internationale de l’Université Nikola Tesla, en Serbie, et l’organisation de cours portant sur « la quatrième théorie politique».28 et la géopolitique balkanique, avec une influence néo-eurasiste.

Un épouvantail à l’Ouest

Restaurer la position de la Russie sur la scène internationale, projeter une image de puissance et d’influence à l’ouest reste une priorité pour le pouvoir. Dès lors, autoriser la véhémence et la provocation d’Alexandre Dougine, bien que dans un cadre limité à l’intérieur de la Russie, peut provoquer des réactions en Europe occidentale en suscitant la crainte et la confusion, mais aussi en ouvrant un débat poussant la Russie sur le devant de la scène. En effet Poutine et son entourage savent qu’il y a à l’Ouest une tradition séculaire de russophobie qu’il s’agirait de mettre à profit, en poussant jusqu’à ses conclusions extrêmes le postulat selon lequel la « voie russe », résolument eurasiste et traditionnaliste ne peut s’envisager que dans le rejet d’un monde unipolaire dominé par les valeurs occidentales stigmatisées comme « décadentes »Screenshot 2017-08-24 23.44.37

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  1. Komsomolskaïa Pravda, Kommersant, Novaïa Gazeta, Lenta.ru, РБК, Snob.ru, Diplomat.ru, etc…
  2.  Henri Duquenne, « Les mouvements extrémistes en Russie », Le Courrier des pays de l’Est 2007/2 (n° 1060), p. 70-86,
  3. Marlène Laruelle, « The Iuzhinskii Circle: Far-Right Metaphysics in the Soviet Underground and Its Legacy Today”, Russian Review, 2015
  4. Marlène Laruelle, Le Nouveau Nationalisme russe, Cahiers du monde russe, 2010
  5. Oleg Serebrian, La Russie à la Croisée des Chemins, l’Harmattan, 2016
  6. Lev Gumilev (1912-1992) eurasiste naturaliste «fonde le devenir eurasien sur une ethnogenèse russe » – p.79 Alexandra Goujon,  « Martine LaruelleLa Quête d’une Identité Impériale : Le néo-eurasisme dans la Russie Contemporaine, Petra, 2007 » Presses de Sciences Po, 2008
  7. Alexandre Panarin (1940-2003) eurasiste culturalise «rejette le nationalisme ethnique mais s’appuie sur une définition civilisationniste et religieuse d’une Eurasie qui peut prendre la forme d’un empire en raison de sa diversité culturelle et qui doit permettre la fusion de l’orthodoxie et de l’islam » p.100-102 – Alexandra Goujon, « Martine LaruelleLa Quête d’une Identité Impériale : Le néo-eurasisme dans la Russie Contemporaine, Petra, 2007 » Presses de Sciences Po, 2008
  8. Jeffrey Mankoff, RussianForeign Policy : The Return of Great Power Politics, 2009
  9. François Benaroya, « La transition russe ou la redécouverte de la complexité du marché, L’Economie Politique, 2006
  10. Dougine fait ici référence à l’Empire russe et non à l’ethnie
  11. « Lebensraum » ou la théorie de l’espace vital (1901) repose sur l’idée que l’Allemagne doit reconstituer son espace, privé d’empire colonial. Cette théorie sera suivie par la politique extérieure du IIIème Reich, en conquérant de nouveaux espaces pour le peuple allemand (aussi pour des raisons économiques) en Europe, dans les pays limitrophes. 
  12. La théorie du Heartland de Mackinder (1904) oppose la puissance maritime (Rimland : Etats-Unis, Royaume Uni et Occident) à la puissance continentale (Heartland). Ce schéma de perception de « forteresse assiégée » sera celui des Soviétiques et des néo-eurasistes aujourd’hui.
  13.  Dans le « Le Nomos de la Terre » (1950) Carl Schmitt montre que l’existence de l’ordre ne peut être sans enracinement, le rapport à la terre étant le fondement de toute société 
  14. Jean Thiriart, géopoliticien belge, pro-fasciste dans les années 1940, considérait l’Union Soviétique comme le dernier bastion de la civilisation en Europe face au consumérisme américain
  15. Martine Laruelle, « « Dédoublement » d’une idéologie ? Deux partis eurasistes en Russie » Outre-Terre 2003, p. 229
  16. Paradorn Rangsimaporn, «Interpretations of Eurasianism : Justifying Russia’s Role in East Asia », Central Asia Studies,2006
  17. Article paru dans le Nouvel Observateur le 3 mai 2014, « Le Raspoutine de Poutine » par Vincent Jauvert. Cet article traduit en russe a été lu par plus de 4000 personnes et « liké » par 2000. En comparaison, la vidéo youtube (en russe) du cours « Fondements de Géopolitique » de Dougine à l’Université de Moscou a été vue par 1200 personnes.
  18. Le site russe pro-books.ru/raiting destiné aux professionnels de l’édition publie les meilleures ventes de livres d’un échantillon de 11 librairies de Moscou, St Petersbourg et les sites de vente en ligne.
  19. Alexandre Dougine possède sa propre maison d’édition, Artogaia.
  20. Enquête Eurobroadmap effectuée en 2015 et analysée par Belgeo, revue belge de géographie www.belgeo.revues.org
  21. Site de l’organisation www.rossia3.ru et page détaillée des actions, congrès, camps www.ru.wikipedia.org/wiki/Евразийский_союз_молодёжи...
  22. “Ouverture d’un camp de l’Organisation de la Jeunesse Eurasiste dans l’oblast de Vladimir » (« Во Владимирской области открылься лагерь Евраийского Союза Молодежи») www.regnum.ru, 26/08/2006
  23. Fondation Russkiy Mir (Monde Russe) créée en 2007 pour la sauvegarde de la langue russe mais principalement un concept de « rayonnement » culturel, linguistique, religieux et aujourd’hui civilisationnel, que l’on peut dater de l’époque soviétique, sous d’autres appellations.
  24. http://so-l.ru/news/show/aleksandr_dugin_serbiya_civiliza...
  25.  « The growing influence of global media in the region » 29/06/2016 mediaobservatory.net
  26. www.news-front.info/2017/06/30/aleksandr-dugin-na-vidovdan-...
  27. Cette phrase prononcée à la 13ème minute de la conférence, visualisée le 5 septembre, sur youtube, a été modifiée par la suite en supprimant la partie « la Serbie, c’est la Russie ».
  28. wwnews-front.info/2017/06/30/aleksandr-dugin-na-vidovdan-v-belgrade-serby-na-kosovom-pole-znali-odnu-istinu-chto-serbiya-vechnaya-strana/

La stratégie de l’intimidation : du terrorisme jihadiste à l’islamiquement correct

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La stratégie de l’intimidation : du terrorisme jihadiste à l’islamiquement correct

 

Critique élogieuse du dernier livre d’Alexandre Del Valle par Dr Dominique Schwander

Ex: http://www.lesobservateurs.ch

Dans son livre, lequel est excellent et très bien documenté, Del Valle aborde les sujets actuellement les plus préoccupants pour nos démocraties européennes; il y traite de:

  • la psychologie du terrorisme et du terrorisme psychologique
  • la politique de l’apaisement ou pax islamica
  • la stratégie expansionniste du lobby islamique mondial en Europe
  • la stratégie victimaire, des provocations du communautarisme
  • la dénonciation de l’islamophobie, de la genèse et de l’actualité de l’islamiquement correct
  • les mythes de la dette envers la science arabo-musulmane et de la tolérance à l’’Al-Andalus
  • le mythe de l'Al-Andalus au service de l’irrédentisme et du suprémacisme islamiques.

Cet auteur fin connaisseur de l’islam et brillant enseignant universitaire répond avec lucidité, clairvoyance et impartialité à plusieurs questions actuelles que tout citoyen suisse se pose. En voici quelques unes:

ADV-intim.jpgLe vivre ensemble est-il encore possible, en Europe et aux USA, avec un tel échec de l’assimilation de ces immigrants musulmans et/ou africains ?

L’islam et l’islamiquement correct sont-ils compatibles avec nos Etat-nations, alors que son idéologie politique et sa charria s’impose dans nos quartiers, où la moitié des jeunes musulmans souhaitent l’instauration de la charia et rejettent notre Constitution démocratique et nos lois?

L’islamisation de nos Etat-nations par les musulmans coupeurs de langues (djhadistes soft) et leur victimisme islamiquement correct ne sont-ils pas encore plus dangereux que le terrorisme musulman des coupeurs de gorge (djihadistes hard)?

Est-il possible et comment d’éviter la désintégration des Etats-nations de l’Europe, les tensions croissantes et le risque de guerre civile qui en découle et nous menace ? Pourquoi aucun doctrinaire musulman, ni les gardiens de La Mecque, ni les imams sunnites, ni les ayatollahs ont-ils excommunié et déclaré hérétiques ou apostats les terroristes musulmans?

Pourquoi les angéliques, les idiots utiles et les islamo-collabos propagent-ils que la supposée islamophobie serait plus horrifiante que nos victimes physiques des attentats terroristes musulmans et que la lutte contre l’islamophobie doit primer sur celle contre le terrorisme musulman et la lutte pour notre peuple souverain?

Quel Occidental n’est pas stupéfait par la comparaison du sort des musulmans d’Europe aujourd’hui, libres d’exercer leur virulent prosélytisme, aux juifs d’hier victimes du génocide nazi?

Comment peut-on déradicaliser les jeunes musulmans radicalisés et combattre le jihadisme en Europe alors que de nombreuses et étendues zones de non-droit islamisées sont contrôlées par l’oumma musulmane qui exige de tous les musulmans pratiquants de former dans nos Etats-nations leur société supra-nationaliste séparée des infidèles-mécréants, par définition tous des ennemis de l’islam, par exemple une société de non-France-non état de droit où la menace idéologique et civilisationnelle de l’islam ersatz de religion se répand au nom de la liberté religieuse  et du  droit à la différence?

Voici en résumé quelques réponses, observations et faits pertinents pour encourager les patriotes qui ne sont ni de droite ni de gauche mais pour leur peuple souverain à lire cet imposant et brillant ouvrage de 500 pages que j’ai pu obtenir en trois minutes en format Kindle sur Amazon, ici où je suis au Panama, Etat-nation corrompu, pluri-culturel, pluri-raciste, riche mais avec beaucoup de pauvres et malheureusement également bientôt  multiconflictuel.

  • L’objectif des tous les musulmans pratiquant est, de gré ou de force, la soumission-conquête  et l’islamisation de toute la terre et de tous ces habitants et, grâce à cet acte pieux, de gagner par là leur salut et leur place au paradis sexualisé musulman. Il s’agit donc de supprimer en Europe le christianisme et d’y inclure de force l’islam et les musulmans pratiquants.
  • Tous les musulmans pratiquants utilisent la stratégie de l’intimidation: intimidation morale, culturelle et civilisationnelle pour les uns (djihad soft), et intimidation physique pour les autres (djihad hard).
  • Les premiers nous imposent leur vision totalitaire sous couvert de liberté religieuse et de diversité multiculturelle. Les autres utilisent la violence et la terreur comme outils d’intimidation, de persuasion, de manipulation et de propagande idéologique. Ce terrorisme des égorgeurs ou coupeurs de têtes (hard) est la façon la plus fulgurante de modifier les comportements des adversaires, de diffuser une idée subversive et de leur faire accepter de se soumettre. Ce terrorisme alimente la terreur psychologique et juridique instaurée par les coupeurs de langue (soft) que sont les nouveaux censeurs qui luttent contre l’islamophobie, le blasphème et la liberté d’expression, à coups de revendications, de procès, de scandales et de lynchages médiatiques. Pour nous intimider et nous soumettre, les coupeurs de langues (soft) musulmans ont besoin des coupeurs de tête (hard) musulmans: la terreur de ces derniers dissuade les patriotes occidentaux, les dits blasphémateurs et les clairvoyants islamophobes de combattre le suprémacisme subversif des musulmans coupeurs de langue. Simplement, ceux qui menacent de couper les têtes donnent le ton. En réalité, ces terroristes musulmans ne massacrent pas pour venger les peuples musulmans envahis par les croisés du moyen-âge puis colonisés par des pays occidentaux mais pour qu’on parle de leur cause dans les mass médias et dans le public, pour semer la terreur et pour subjuguer tous ces Européens idiots utiles et toutes ces ONG bien trop attachés à l’apaisement communautaire de l’oumma musulmane militante et missionnée, ceci afin que les musulmans les fassent tomber dans leur piège de l’intimidation et que triomphe un jour leur soit-disante seule vraie religion, l’islam. Tous ces terroristes musulmans sont experts en manipulation des esprits via les mythes tel celui de l’Al-Andalus, le visuel tel la vidéo de sauvages égorgements, les symboles  tel le World Trade Center, leurs slogans bien choisis et lancés au bon moment et évidemment la taqyia.

adv-ccs.jpgL’Organisation de la Coopération islamique (OCI), créée en 1969, à Djedda est le second groupe d’États le plus grand au monde après l’ONU. L’OCI regroupe 57 Etats musulmans poursuivant la promotion mondiale de l’islam-idéologie et de ses lois et règles théocratiques. Son objectif est triple:

La plupart de nos élus occidentaux se sont laissés manipuler et convaincre que la lutte contre l’islamophobie et autres mesures illusoires d’apaisement seraient la meilleure tactique pour calmer la colère de musulmans pratiquants, apaiser les terroristes musulmans, voir les domestiquer. En réalité c’est le contraire qui se passe: plus on cède aux revendications des musulmans pratiquants et de n’importe quel totalitaires, plus ils y voient de la faiblesse et plus ils accroissent leurs exigences. Ainsi par exemple bien trop préoccupées de ne pas offenser les musulmans, des autorités municipales espagnoles culpabilisant et ayant peur des jihadistes hard se sont soumises volontairement et même par anticipation à interdire des magnifiques fêtes culturelles traditionnelles « Moros y cristianos » dans la province de Valence. Une fois de plus des autorités et des élus sont des victimes soumises de la stratégie d’intimidation des musulmans, ménagent  les susceptibilités de ceux dont ils ont peur, de ceux qui risquent d’être violents, les autres, soit toutes sortes de musulmans pratiquants, mais craignent l’islamophobie, qui n’jamais tué personne, de ceux qui ne sont pas violents et qui n’inspirent pas la crainte, soit les chrétiens et les leurs. Dans son roman politique-fiction « 2084 », l’écrivain tunisien Boualem Sansal décrit un monde néo-orwellien soumis au totalitarisme de l’islam-idéologie. Il déclare dans ce livre que « la France finira par devenir islamiste à force de céder aux fanatiques et aux terroristes ».

La culpabilisation est l’arme manipulatrice de destruction psychologique de masse de tous les dictateurs et de tous les totalitaires qui empêchent un peuple souverain de résister à un islam sournois, rampant puis conquérant, cet islam irrationnel qui se nourrit et se renforce de l’incohérence et de la faiblesse provocatrices des sociétés complexées qui cherchent l’illusoire apaisement et cèdent aux intimidations, aux demandes, aux revendications et aux exigences de leurs ennemis et de leurs oppresseurs.

Confronté à la guerre asymétrique que livrent à l’Occident les musulmans pratiquants et leurs terroristes, les Occidentaux doivent ne plus penser en stratégies et tactiques des guerres classiques mais apprendre ce qu’est une guerre asymétrique  et réaliser que tous leurs ennemis et envahisseurs sont des soldats sans uniformes. Même les femmes et les enfants placés comme boucliers humains devant les soldats de DAECH, les soldats du Hamas et les envahisseurs massés aux frontières, en particulier d’Israël et des USA, sont également des soldats sans uniformes.

La Suisse et ses voisins ne vaincront pas cet ennemi et sa guerre asymétrique tant que leurs élus et notre Défenses ne renoncent pas au paradigme de la guerre froide qui leur fait préférer encore aujourd’hui les États musulmans théocratiques du Golfe et la Turquie membre de l’OTAN à la Russie post-soviétique, toujours considérée par de nombreux élus et décideurs américains et européens comme pire que le terrorisme musulman.

Depuis la chute de Grenade en 1492, le mythe andalou est une véritable obsession pour nombre d’islamophiles occidentaux et de musulmans pratiquants du monde. La revendication des territoires musulmans perdus comme l’Al-Andalus a été au centre de tous les attentats islamistes d’Espagne ces quinze dernières années. L’objectif est de terrifier les occupants infidèles de l’Espagne anciennement musulmane jusqu’à ce que les musulmans aient récupéré, avec l’aide de allah, toutes les terres musulmanes perdues. Cette « reconquista » à rebours de l’Al-Andalus fait que l’Espagne est un des pays d’Europe les plus pris en tenaille par l’islam et que l’Al-Andalus est un puissant thème mobilisateur pour les djihadistes tant soft que hard.

adv-cocc.gifC’est le célèbre calife abbasside à Bagdad, Al-Maàmoun, de mère esclave perse (813-833), despote éclairé surnommé prince des mécréants en raison de son soutien à l’école rationaliste des mutazilites, qui encouragea le mouvement des traductions, en particulier du patrimoine intellectuel grec. L’Age d’Or de l’empire abbasside à Bagdad, doit beaucoup à la prestigieuse Université de Gondisapur, dans le sud-est de l’Iran actuel. Ces rares califes éclairés de Bagdad qui étaient à peine musulmans et fortement influencés par les cultures perse et mésopotamienne, étaient adeptes de l’hérésie des mutazilites, qui sera définitivement condamnée un siècle plus tard par les tenants de l’orthodoxie musulmane. La civilisation qui tenta de s’imposer  dans les cours de Bagdad, du Caire, d’Ispahan, ou de Cordoue, était en fait étrangère à l’islam-idéologie. Après cette période d’effervescence intellectuelle, l’islam, abandonnant le soufisme pour l’orthodoxie du sunnisme, forcera, jusqu’à aujourd’hui, les musulmans dans une foi aveugle et une acceptation littérale du coran. Toute tentative d’aggiornamento de l’islam apparut comme une innovation blâmable, une atteinte à l’éternité et à la perfection divine du coran soit-disant révélé à Mahomet, mot par mot par l’ange Gabriel mandaté par allah l’unique dieu. La novlangue musulmane apparut: le terme sophia, sagesse en grec, devint synonyme d’erreur en islam. De la même manière, la notion de bidaà, innovation, devint synonyme de blâmable. Depuis lors, juristes et fidèles de l’islam-idéologie sont soumis à une des quatre écoles orthodoxes du sunnisme. Le chiisme offrant avant Khomeini un peu plus de marge de manœuvre parce qu’il n’a jamais déclaré le coran incréé comme le sunnisme l’a fait. Après qu’aux X et XI ème siècles, les hadiths furent compilés, l’islam sunnite n’a connu ni réformes, ni conciles, ni innovations de grande ampleur, à l’inverse du christianisme et même du judaïsme.

Cette science et cette culture dites arabes ou musulmanes des califats de Bagdad et Cordoue seraient plutôt celle des sciences gréco-persanes-judéo-orientales. Les conquérants arabes et musulmans empruntèrent tout aux peuples conquis ou en contact avec eux, notamment en leur imposant la langue arabe puis le coran. En réalité, bien avant l’apparition de l’islam, tous les peuples installés autour de la Méditerranée, tous fédérés par Rome, formaient une civilisation judéo-chrétienne et méditerranéenne relativement cohérente. On oublie trop souvent que lorsque les arabes et les musulmans conquirent le Moyen-Orient en 630, ils rencontrèrent plus de 600 ans de civilisation assyrienne-chrétienne-syriaque, avec un riche héritage, une culture très évoluée, et des institutions d’enseignement avancées. Les chrétiens des actuels pays musulmans  suivants Syrie, Liban, Irak, Égypte, Iran, Turquie, etc, sont les derniers descendants et héritiers des anciennes civilisations pré-islamiques du Proche et Moyen-Orient

Ces Lumières philosophiques et scientifiques du dit âge d’or de Bagdad et de l’Al-Andalus exprimées en arabe, sont en réalité redevables aux peuples non-arabes conquis par l’empire musulman. Par ailleurs, elles furent  possible non pas grâce à l’islam, lorsque l’orthodoxie musulmane s’amoindrit entre les VIIIe et IXe siècles à Bagdad sous les rares califes abbassides peu orthodoxes et très ouverts, mais malgré l’islam officiel.

Le double mythe de la science arabe-musulmane et de la tolérance d’Al-Andalus est propagé pour masquer les enjeux du jihad qui sont au cœur de l’islamisme conquérant lancé à l’assaut de l’Occident culpabilisé et ouvert à tous les vents. Ce mythe islamophile sert à dissimuler la réalité guerrière du suprémacisme islamique et de son institution la dhimmitude.

Le problème principal posé aujourd’hui en Europe et aux USA par l’islam est le fait que toutes les organisations représentant l’islam et les musulmans pratiquants refusent l’assimilation des musulmans dans leurs pays d’accueil et exigent pour eux des immunités territoriales, des dérogations et des passe-droits, aux règlements scolaires et autres, aux lois et à nos Constitutions démocratiques.

adv-ti.jpgL’objectif des musulmans est de faire interdire, par l’ONU et les démocraties occidentales le blasphème et la liberté d’expression et de conscience, afin que tout le monde se conforme en fin de compte aux commandements liberticides et suprémacistes de la charia, sous couvert de lutte contre la diffamation des religions assimilée à du racisme; tout ce tapage antidémocratique parce que les musulmans seraient les victimes de la pire nouvelle forme de racisme: l’islamophobie assimilée à l’antisémitisme d’hier du nazisme.

De nombreux musulmans pratiquants d’Occident sont hostiles aux pays qui les ont accueillis ou même qui leur ont donné une double nationalité, pays qu’ils qualifient de mécréants,  dévoyés, pervers et ennemis des musulmans et de l’islam.

La médiatisation continuelle de la terreur recherchée par les jihadistes musulmans pratiquants n’a pas déclenché dans nos sociétés culpabilisées une mise à l’index des préceptes présentés comme « sacrés » et légaux qui justifient l’intolérance et la violence musulmane. Tant que le coran et autres textes « sacro-saints » seront lus et se répandront, la vraie colonisation conquérante de l'islam continuera et les musulmans ne serons jamais vaincus.

Le communautarisme ethnique, en particulier de l’oumma musulmane exerce pour la gauche la fonction qu’assurait autrefois, pour le parti communiste, l’existence d’un prolétariat.  La gauche et l’oumma, cette nébuleuse rouge-verte , ont remplacé la défense des ouvriers  par les immigrés musulmans victimisés, ce nouveau prolétariat de substitution.

Pour la gauche, l’islam n’est jamais responsable de sa manière de croire et de pratiquer l’islam, comme le terroriste musulman n’est jamais pleinement responsable de ses actes. C’est la société occidentale capitaliste qui est la véritable responsable de ce qui lui arrive de mauvais de l’islam.

Philosophiquement, la gauche, l’église catholique du pape Francisco et l’islam partagent un même universalisme conquérant et un même messianisme au sujet des pauvres. Ce qui leur plaît, dans l’islam-idéologie, c’est l’égalitarisme de l’oumma et que les exigences des musulmans sont un formidable levier de déstabilisation de l’État bourgeois. La Grande Bretagne, la Belgique, la France et la Suède sont les pays d’Europe où l’alliance islamo-gauchiste est la plus forte.

Nos sociétés européennes gagnées par la mauvaise conscience et subjuguées par ces minorités musulmanes et/ou africaines militantistes, missionnées et tyranniques n’osent plus défendre l’identité européenne et judéo-chrétienne et donc leurs intérêts géo-civilisationnels. Ceci les conduit à considérer des États et organisations civilisationnellement ennemis de l’Occident comme des amis économiques et politiques.

La soumission progressive à l’ordre liberticide de la théocratie islamique est  aussi favorisée par les politiques de compromission et d’apaisement fondées sur les intérêts matériels à court terme, sur la corruption d’élites dirigeantes, l’avidité, les enjeux géopolitiques, énergétiques et financiers et l’achat de votes. Cette soumission n’est pas seulement explicable par les seuls intérêts économiques et électoralistes, car leur ouverture unilatérale aux forces et États musulmans qui persécutent leurs minorités non-musulmanes tout en prétendant défendre des minorités musulmanes persécutées en Europe, n’est pas le fruit d’une faiblesse militaire et géopolitique. Elle est le résultat d’un abandon de tout patriotisme, de toute politique de civilisation par nos dirigeants intimidés par les ligues de vertus multiculturalistes et les lobbies musulmans et islamophiles.

L’objectif du terrorisme en tant qu’arme est d’amener l’adversaire-mécréant ou apostat à penser qu’il est en position de faiblesse radicale et qu’il a par conséquent intérêt à se soumettre de façon anticipatoire afin d’être épargné dans le futur (en cessant de blasphémer, de réclamer l’assimilation des musulmans, de critiquer l’islam, en acceptant une partition communautaire du territoire sur les bases de l’application de la charia et en combattant toujours plus l’islamophobie à mesure que le jihadisme frappe, tant soft que hard, etc.

Le véritable champ de bataille du terrorisme se situe dans les colonnes des journaux et sur les écrans de télévision. Le succès d’une opération terroriste dépend presque entièrement de l’importance de la publicité qu’elle obtient dans nos mass-médias. Cette médiatisation massive de l’acte violent et intimidant obéit à une stratégie rationnelle et calculée pour étendre la terreur.

Le terrorisme musulman trouve naissance dans cette vision théocratique et suprémaciste du renouveau du califat qui promet que le djihadiste musulman gagnera sa place au paradis pornographique. L’origine du jihadisme n’est donc pas à rechercher dans l’exclusion des déshérités. Le terrorisme musulman est une continuation de cet ersatz de religion  et de la politique des musulmans pratiquants, par d’autres moyens.

adv-veo.jpgLe grand cheikh d’Al-Azhar, Ahmed Mohamed Al-Tayeb dirigeant cette université, a encore récemment justifié, d’un point de vue juridique de l’islam le fait, de ne pas excommunier les jihadistes et les terroristes musulmans ou de ne pas leur promettre l’enfer, parce que selon l’islam-idéologie « pour exclure quelquun, il est nécessaire que ce dernier sorte de sa foi, renie sa foi dans les anges, les livres de allah» donc le coran, les hadiths, la charia, etc. Et ce n’est pas le seul doctrinaire musulman a avoir cette ferme opinion antidémocratique que les soldats sans uniforme de DAECH sont de vrais musulmans dont le seul tort est, parfois, d’agir mal individuellement. Cela signifie que si quelques actes des terroristes musulmans sont condamnables, ni l’idéologie de DAECH, ni ses membres ne peuvent être excommuniés tant que ces membres professent l’islam sunnite pur et dur et non une foi hérétique. Autrement dit cela signifie que, pour les doctrinaires/idéologues sunnites précités, les jihadistes terroristes musulmans sont plus orthodoxes et plus musulmans que les pacifiques mais hérétiques musulmans libéraux ou réformistes qui émettent leurs doutes sur les textes musulmans « sacro-saints ». La déradicalisation du jihad soft, prosélyte et institutionnel de nos immigrants desassimilés et du djihad hard des terroristes musulmans est bel et bien un gigantesque problème idéologico-« religieux »-civilisationnel et temporel. Pour prévenir le terrorisme musulman il faut que tout l’Occident pratique, sans tarder  une contre-radicalisation idéologique et une contre guerre psychologique pour éliminer tout djihadisme soft. Il est donc grand temps de déclarer nuls tous les passages du coran, de la sunna (dires et faits du messager Mahomet), de la sira (bibliographie de Mahomet et récits de guerre), de la charia (loi de l’islam) et du fiqh (droit musulman classique) qui incitent à la violence et visent à affaiblir ou détruire la démocratie, nos Constitutions,  nos souverainetés et les peuples souverains de l’Europe. En même temps que cette déradicalisation, il nous faut, d’une part fermer nos pays afin de les couper et de les protéger des organisations mondiales et nationales de l’islam qui manipulent et instrumentent nos concitoyens et d’autre part revaloriser notre identité nationale, notre civilisation occidentale et notre patriotisme assimilateur pour éliminer les traîtres à la patrie qui nous demandent de nous renier nous-mêmes, les faux jetons de la repentance qui nous enseignent la honte de nos ancêtres et de leurs actions passées, les adeptes de l’amour des autres et du mépris des nôtres et de soi, les islamo-collabos, tous les idiots utiles, sans oublier les partisans nationaux et étrangers qui interfèrent et s’ingèrent dans les affaires des pays musulmans souverains.

L’Université sunnite d’Al-Azhar, du Caire, s’est refusée à excommunier les terroristes musulmans alors qu’elle a excommunié de nombreux musulmans libéraux, réformistes, anti-islamistes et anti-jihadistes. La plus grande et prestigieuse faculté doctrinaire du monde musulman sunnite de l’Université Al-Azhar au Caire n’a jamais décrété que prôner le jihad musulman guerrier comme un pilier de l’islam, diaboliser les non-musulmans et les apostats, sont hérétiques. Par contre, cette même université, présentée comme plus modérée que les doctrinaires saoudiens, n’a pas eu d’état d’âme à excommunier nombre de musulmans réformistes, modernistes ou libéraux. Tous les musulmans réformistes qui ont osé préconiser un aggiornamento de l’islam, après avoir dénoncé la violence et l’intolérance de tous les textes « sacro-saints » de l’islam-idéologie ont été mis à l’index, condamnés pour apostasie, assassinés où se sont exilés.

Le lucide maréchal-président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi, dans sa  franche conférence aux enseignants de l’Université sunnite d’Al-Azhar, le 29 décembre 2014, a dit « Nous ne faisons pas assez concernant un véritable discours religieux. Le problème n’a jamais été notre foi. Il est lié à une idéologie que nous sanctifions. Je parle dun discours religieux en accord avec son temps. »…» Je madresse aux érudits religieux et prédicateurs »… « Il est inconcevable quen raison de l’idéologie que nous sanctifions, notre oumma dans son ensemble soit source de préoccupations, de danger, de tueries et de destruction dans le monde entier »…  « Je ne parle pas de religion mais d’idéologie, l’ensemble des idées et des textes que nous avons sanctifiés au cours des siècles, à tel point que les contester est devenu très difficile. On en est arrivé au point que cette idéologie est devenue hostile au monde entier. Peut-on imaginer que 1,6 milliard de musulmans tuent une population mondiale de 7 milliards pour pouvoir vivre entre eux ? Cest impensable. Je prononce ces mots ici, à l’université Al-Azhar, devant des prédicateurs et des érudits. Puisse allah être témoin au jour du jugement de la sincérité de vos intentions »… « Vous ne pouvez y voir clair en étant enfermés dans cette idéologie. Vous devez en émerger pour voir les choses de l’extérieur, pour vous rapprocher dune idéologie réellement éclairée. Vous devez vous y opposer avec détermination. »…« Le monde entier attend dentendre vos paroles ; il faut élaborer un nouveau discours religieux en accord avec notre temps »… « Nous devons révolutionner radicalement notre religion sinon nous courrons à notre perte, et nous en serons les seuls responsables ».

Ce qui choque le plus les adeptes de l’islamiquement correct n’est pas l’identité radicale en elle-même, mais celle des seuls Européens-blancs-judéo-chrétiens, sommés de saborder leur civilisation pour se faire pardonner leurs fautes passées, alors qu’ils n’étaient même pas nés! En revanche, on constate que tout ce qui va dans le sens de la (re) valorisation des identités non-occidentales et non-judéo-chrétiennes, en particulier la dite culture musulmane, est présenté comme une acceptation de la diversité multiculturelle et une nécessaire manifestation de  tolérance.

L’islamiquement correct, le fils du politiquement correct, désigne un processus d’intimidation et de correction de tous ceux qui ne se conforment pas à une représentation acritique et non-apologétique du ersatz de religion ou idéologie et de la civilisation musulmanes. Dans son stade avancé, l’islamiquement correct décrit un syndrome de soumission plus ou moins volontaire aux revendications liberticides et aux menaces diverses émanant tant des forces institutionnelles et terroristes de l’islam que des forces néo-tiersmondistes et multiculturalistes qui les exonèrent ou les cautionnent. Au niveau mondial, il désigne une attitude psychologique de capitulation volontaire face au suprémacisme islamique porté par les grandes organisations islamiques mondiales, elles-mêmes financées et soutenues diplomatiquement par des États (monarchies wahhabites du Golfe, Turquie néo-ottomane du calife Erdogan, Pakistan parrain des Talibans, etc.). Ce panislamisme, qui dissimule mal ses desseins politiques conquérants derrière la défense de l’islam-idéologie a connu une très nette progression en Europe et aux États-Unis depuis une trentaine d’années. C’est cette version soft du totalitarisme vert musulman qui est le vrai ennemi dans la mesure où le terrorisme jihadiste, la version hard, n’est qu’un mode d’action guerrier actionné pour intimider, dissuader et soumettre par la violence ceux que les pôles institutionnels de l’islam, qui ont les mêmes buts suprémacistes, ne parviennent pas à intimider par la diplomatie, la manipulation et la taqyia.

adv-gce.jpgInfiltrer, manipuler et noyauter l’ONU; cela en particulier pour dénoncer l’islamophobie, exiger de l’ONU et de tous les Etats-nations non-musulmans de pénaliser le blasphème et la liberté d'expression, alors que justement ce sont les Etats musulmans qui refusent de distinguer entre critiques de l’islam et haine envers les musulmans et qui ont l’antisémitisme le plus extrême et où les chrétiens sont les plus persécutés: mises à mort, emprisonnement, pogroms et dhimma. En réalité pour l’OCI, en vertu du principe de la suprématie islamique contenue dans le coran, la diffamation des religions ne concerne que l’islam!

Contrôler et réislamiser les communautés musulmanes issues de l’immigration et éviter à tout prix leur assimilation et leur désislamisation. L’OCI le dit clairement: « Les communautés dimmigrants musulmans en Europe font partie de la nation islamique» et recommande «une série de mesures visant à empêcher l’intégration et lassimilation des musulmans dans la culture européenne »

utiliser la présence de tant de musulmans en terre infidèle pour en faire des militants missionnés pour propager l’islam. Cela signifie que les États non-musulmans doivent aménager leurs propres lois, constitutions et règlements scolaires pour faire des exceptions au profit des minorités musulmanes qui ne doivent pas être tenues d’obéir à des lois ou règles contraires aux lois de l’islam qui sont au-dessus de tout, à l’instar de la communauté musulmane, la Oumma qui est une et la meilleure du monde.L’OCI affirme, avec arrogance, le rôle civilisateur et historique de l’oumma musulmane que allah a créée «la meilleure communauté suscitée parmi les hommes » (coran 3: 110), celle qui montre le vrai chemin à toute l’humanité. Il s’agit bien, pour l’OCI, d’un plan de conquête politico-idéologique du monde par l’ersatz de religion de Mahomet.L’Arabie saoudite, qui préside l’OCI, a même infiltré le Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies basé à Genève; elle a intégré la Commission de la condition de la femme (CSW). Jusqu’en 2022, ce royaume théocratique, sexiste, autoritaire  et connu pour son « chop chop square » et la lapidation des femmes veillera donc à promouvoir les droits des femmes et l’égalité entre les sexes! Moralité: sortir de l’ONU et dissoudre l’inutile et coûteuse ONU. 

Le Dialogue Euro-Arabe (DEA) initié par l’UE a instauré en Europe un vaste  et dispendieux dispositif de refonte et d’islamisation des manuels scolaires et universitaires, en priorité européens. Cette DEA a même accordé un droit de regard  aux pays musulmans intégrés au processus, alors que ces mêmes États violent chez eux les principes de non-discriminations! Dans le monde réel de la Suisse, les rôles restent opposés, puisque l’Occident est la seule civilisation qui respecte et incarne un vrai pluralisme démocratique, libéral et culturel, à la différence des pays musulmans monoculturels, très rarement démocratiques et qui imposent les lois de l’islam et une ethnie aux minorités.

L’Organisation de la Sécurité et de la Coopération en Europe (OSCE) exige que les directions des écoles doivent veiller à ce que les règles et les pratiques de leurs écoles n’aient pas d’effets discriminatoires: habillement, accès à l’apprentissage de sa propre religion, menus à la cantine, dates des vacances. L’OSCE ajoute qu’il faut être particulièrement vigilant en ce qui concerne leurs répercussions sur les jeunes musulmanes. Concernant la refonte des manuels scolaires en Europe, l’OSCE  a fait un copier/coller des demandes de l’OCI et autres organisations musulmanes mondiales.

Les États participants de l’OSCE ont condamné l’islamophobie en parlant de violence et de discrimination envers les musulmans. L’OSCE, contrairement aux déclarations des terroristes musulmans de Daesh, du califat, etc, a fermement rejeté que le terrorisme est associé à une quelque religion ou culture que ce soit.Alors que l’OCI, l’ISESCO et la LIM dénoncent constamment notre islamophobie   et notre soit-disant racisme, l’enseignement saoudien, turc, etc, inculque à leurs élèves un véritable suprémacisme panislamique: « La nation musulmane se caractérise par une particularité qui fait delle la meilleure nation qui ait été engendrée pour lhumanité ».

L’immigration n’est une bonne chose que si le peuple souverain d’accueil est fier de lui-même et de sa nation, donc pas un peuple qui se dénigre lui-même et a perdu sa souveraineté comme le peuple français macronisé et le peuple allemand merkelisé, et exige de ses  gouvernants que l’immigration soit accompagnée d’une stricte politique d’assimilation patriotique qui transforme tous ces immigrants en de futurs citoyens patriotes loyaux et des militants assimilés et convaincus des valeurs et des vertus nationales et civilisationnelles du pays d’accueil. Il est évident, expérience a été faite maintes fois, qu’un immigrant ne peut pas avoir envie de s’assimiler et de s’identifier à une nation, une culture une civilisation qui ne véhicule pas une image positive d’elles-mêmes.

La stratégie de l’intimidation, intellectuelle, physique ou psychologique, des  musulmans théocratiques conquérants, de leurs prédateurs et de leurs djihadistes n’a pas prise sur un peuple souverain et des gouvernants non culpabilisés, fiers de leur bon droit, de leur histoire et de leurs vertus, qui partagent un même esprit de corps avec une vision positive d’eux-mêmes.La gauche et les immigrants extra-européens ne comprennent toujours pas que l’asile n’est pas seulement recevoir des papiers et des allocations sociales mais accepter le contrat social de vivre et de travailler dans une société humaniste du XXI ème siècle et de remplir des devoirs et pas seulement avoir des droits, sans même les mériter.Terminons par un extrait de la Déclaration sur les droits de l’homme en islam adoptée par tous les pays musulmans le 5 août 1990 au Caire lors de la 19e Conférence islamique des ministres des affaires étrangères des pays musulmans.

Article 6 :

a). La femme est l’égale de l’homme au plan de la dignité humaine. Elle a autant de droits que de devoirs. Elle jouit de sa personnalité civile et de l’autonomie financière, ainsi que du droit de conserver son prénom et son patronyme.

b) La charge d’entretenir la famille et la responsabilité de veiller sur elle incombent au mari.

Article 22 :

a)Tout homme a le droit d’exprimer librement son opinion pourvu qu’elle ne soit pas en contradiction avec les principes de la charia.

b) Tout homme a le droit d’ordonner le bien et de proscrire le mal, conformément aux préceptes de la charia.

Article 24 :

Tous les droits et libertés énoncés dans la présente déclaration sont soumis aux dispositions de la charia.

Article 25 : 

La charia est l’unique référence pour l’explication ou l’interprétation de l’un quelconque des articles contenus dans la présente déclaration.

 

Ces articles sont à 100% incompatibles avec la déclaration des droits de l’homme de l’ONU de 1948, notre constitution démocratique, nos lois, la liberté d’expression, la liberté de conscience et l’égalité entre femmes et hommes. Ceci n’empêche pas tant de nos élus d’être islamophiles, islamo-collabos, co-allah-bos et de trahir notre peuple souverain.

Dans son livre, Alexandre del Valle nous a prouvé comment l’oumma  musulmane, cette guerrière nébuleuse musulmane est lancée à la conquête du monde et comment nous pouvons nous défendre, pour nos enfants et nos petits enfants, et reconquérir notre riche histoire, notre culture et notre civilisation.

Dr Dominique Schwander

 

vendredi, 20 avril 2018

Bernard Lugan : Mon Mai 68, vu d’en face

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Bernard Lugan : Mon Mai 68, vu d’en face

 
 
L’universitaire de renom est, en mai 68, responsable de l’Action
Française à Nanterre et chargé du service d’ordre de cette
organisation royaliste. Dans un ouvrage truculent, il offre
un témoignage enthousiasmant sur ces événements et sur
une génération de vrais rebelles. Répondant aux questions
de Martial Bild, Bernard Lugan dessine l’état d’esprit de
l’époque et la postérité de celle-ci. Un récit amusant mais
aussi un tableau sans concession d’une jeunesse
d’extrême-gauche qui écrivait « Interdire d’interdire »
mais qui a engendré le « politiquement correct », forme la
plus achevée de l’interdiction.
 
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jeudi, 19 avril 2018

Europe’s Dams are Cracking: A Review

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Europe’s Dams are Cracking: A Review

Audio version: To listen in a player, use the one above or click here [2].

To download the mp3, right-click here [2] and choose “save link as” or “save target as.”

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Konrad Windisch, ed.
Europas Dämme bersten: Ursachen, Hintergründe und Folgen des Flüchtlings-Tsunamis [4]
Pähl: Hohe Warte, 2017

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Europas Dämme bersten (Europe’s Dams are Cracking) is an enlightening, informative, but necessarily (at least for any reader sympathetic to the views of the authors) depressing account of the migration wave which rolled over Europe starting in 2015 and its significance.The editor’s name is given as Konrad Windisch. In his Foreword, Konrad Windisch states that Europas Dämme bersten was composed by what he calls a “diverse community of authors.” Whoever the authors were, it is likely that Herr Windsich’s enthusiasm inspired this book and took it through to the publishers, for Konrad Windisch has been himself active for years in what may loosely be termed the cause of ethnic identity. Born in Vienna in 1932, Windisch has been a contributor to the Austrian political periodical Der Eckart for many years, and has produced poetry and novels as well; but there is nothing lyrical about Europas Dämme bersten, unless intensity can be considered lyrical in itself.

Europas Dämme bersten focuses on the historic decision taken in 2015 by Chancellor Angela Merkel to immediately allow persons seeking asylum in Europe to enter the German Republic, and in many cases to be transported there by special trains. This decision disregarded the rules for granting asylum which had been in force in Western Europe since the Second World War. The Chancellor, who neither consulted other national leaders nor sought consensus apart from a small coterie of her most intimate advisers, and without seeking the approval of the Bundestag, issued instructions to abandon frontier controls on the night of September 4, 2015. This instruction “only” directly affected several thousand migrants who were stranded at Keleti train station in Budapest, where the Hungarian government had steadfastly refused to allow them to leave the country for Western Europe. The decision was the symbolic high point of Merkel’s policy to ensure that as many as a million non-European immigrants could settle in Germany during the course of 2015. To this day, her government has not seen fit to submit any legal justification for the decision.

The authors make clear in this book that the decision did not mark a precedent in the sense of kickstarting a new, more immigrant-friendly policy, but nevertheless, it did mark a precedent. It represented a new point of departure in terms of tactics. It was the beginning of a new frankness in immigration policy. Previously, when addressing the subject of mass immigration, Western governments would cite “peculiar circumstances” relating to a specific “historical mission,” or to the “duty” of a specific nation dealing with a specific immigration issue. With Berlin’s open-border decision of 2015, all this changed. No national precedent was proffered. Instead, an appeal was made to “European values” and “humanity,” and this book documents many instances of such pleas. For example, Helmut Zilk, who was the Mayor of Vienna, commented on schools which had already reached a proportion of 88% non-Austrian pupils in 1988: “It is not a disadvantage but a great advantage for the city.” (p. 162) The book offers a rich supply of similar quotations.

Migrants in 2015 were welcomed in the name of the universal cause of human justice and fellow feeling that had been building for years. People in positions of responsibility fell over themselves to praise migrants and the alleged enrichment brought about by immigration, but subtly, the plea for humanity and generosity shifted over time to became more universal and more ideological. Two mantras in particular, which had once been confined to an ultra-Left fringe, went mainstream and were adopted by the welcoming authorities of the churches, NGOs, business, and politics: “open borders” and “one world.”

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This book describes the surreptitious way in which the hubris-ridden actor who is the German Chancellor personally welcomed the opening of the gates. The writers leave the reader in no doubt that her actions were proactive and deliberate, not reactive and emotional, which is the impression she seeks to convey in her utterances. The account given in Europas Dämme bersten puts the lie to the popular belief that Merkel’s decision was “spontaneous” and an emotional gesture of common humanity in response to a terrible situation that was prompted, as alleged in the media, by the fate of a three-year old Syrian child, Alan Kurdi, whose lifeless body was photographed on a Turkish beach at the beginning of September. Popular wisdom holds that this prompted Merkel to make her “humanitarian gesture” two days later.

The authors of Europas Dämme bersten tell another story. According to their well-documented account, Merkel had planned her open-door policy for months, if not years, in advance. Her actions frequently belied her words, for the comments and speeches cited here often seem intended to lull citizens into a false sense of security. In 2010, for example, in a widely reported statement, Merkel acknowledged that “multiculturalism has failed” and that “we can do without immigration that will be a burden on our social system” (p. 18). By 2013, the tone had changed, and she began issuing statements such as “increasing variety is an enrichment, too” and “openness towards qualified immigrants is necessary because of demographic changes in Germany” (p. 19).

The authors show that the immigration compromise which had been sold to voters by the Christian Democratic Union (CDU) in 1993, one which set a cap on the number of permanent immigrants settling in Germany each year, had been subverted and ignored from the beginning. The book puts the numbers of people streaming into Germany even before the so-called “refugee crisis” that was allegedly caused by the Syrian War at one hundred thousand a year. (This reviewer rejects the use of the word “refugee,” given that these settlers are in their great majority not refugees as defined by international law, as the authors elsewhere in this book themselves point out.) Far from doing anything to counter this development, Merkel’s succeeding administrations (at the time of writing, there have already been four) encouraged it. In March 2015, the government raised benefit entitlements for asylum-seekers. The European Commission itself noted that only one in every six asylum-seekers in Germany whose claims were rejected would be expelled. Reassurances continued. In August 2015, the Chancellor stated that economic migrants who were not entitled to remain in Germany should be expelled more briskly. At the end of August, only days before the fateful decision, the Minister of the Interior conceded on a television morning show that in the long term, eight hundred thousand refugees would be “too many” – too many migrants per year, that is (p. 20).

Some of the language of Merkel, the pastor’s daughter, cited in this book strikes a Pharisaical note. Migrants must be received in Germany, “otherwise this is not my country.” It is “my damned duty” to allow asylum-seekers into the country in their hundreds of thousands (p. 21). Merkel also flippantly misquotes a declaration famously attributed to Martin Luther. The Chancellor who swore in her inauguration to “work for the well-being of the German people” echoed the religious reformer in these words: “Hier sitze ich und kann nicht anders” (“Here I sit and can do nothing else”) (p. 21). The insistence that there is “no alternative” to Europe’s journey towards becoming a completely multi-cultural, multi-racial “democracy” belongs to the cynical sophistry of a being who likes to insist on the “inevitability” of events and the “lack of alternative” to her own decisions.

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Among friends of mass immigration, gestures of “humanity,” “generosity,” “common decency,” and “human empathy” are replacing earlier insistence on historically-determined unique national circumstances. Examples which this reviewer can recall – the authors of this book and this review among them – of what many will regard as a presaging of things to come include Turkish “guest workers” in Germany, which were supposedly required to bolster the labor force in order to kickstart the post-war economy. In the case of Britain, Commonwealth immigrants from the West Indies and the Indian subcontinent were granted full rights of British citizenship and a British passport under legislation which drew on the traditions and perceived obligations of Britain as head of the Commonwealth and of the former imperial “motherland.” In the case of France, in response to defeat in Algeria and its attendant responsibilities, or for reasons based on the rights of French citizenship which were granted to the inhabitants of former colonial possessions in the Caribbean, new nationals were welcomed with the full benefits of French citizenship and were allowed to become fully-entitled citizens of the Grande Nation.

However the tone may have changed, particularly since 2015, the enthusiasm for non-European immigration into Europe, examples of which this book offers in abundance, remain the same. Arguably, the tone has even mounted. Reasons offered for welcoming non-European immigrants are no longer pragmatic and national, but have abruptly become sentimental and universal. 2015 therefore marks a watershed. Merkel briefly dispensed with legal props and seems to have permanently discarded what the authors maintain is a pretext, namely that mass immigration into the German Republic was a specifically national issue. Explanations nurtured up till then which tended to reassure the skeptics, and divided the opposition between “moderate” conservative opponents of mass immigration and their sympathizers on one side and radical opponents of immigration and their sympathizers on the other, seem to have been cast aside.

The chapter headings of the book give a clear indication of the arguments of its contents: “The Great Migration Lie,” “Did Everything Really Happen by Chance?”, “The Economic Aspect,” “Systematic Breach of the Duty of the State, the State Betrays Its Citizens,” “The Criminalization of Casandra,” and “Who is Directing the Refugee Invasion?” With a plethora of quotations from original sources, the authors present their case that the latest immigration wave was planned and managed from “behind the scenes.” In other words, they believe that the action was the fulfillment of a plan, and since the plan was secret, of a conspiracy. The authors begin “Who is Directing the Refugee Invasion?” with a quotation from a speech by the Czech President Milos Zeman in his 2015 Christmas address: “What we are looking at here is not a spontaneous movement of peoples, but an organized invasion.” (p. 237)

It can be, and indeed has often been, objected that there is little “evidence” of such a conspiracy – evidence in the sense of a smoking gun that people had planned the crisis. In arguing against observing a conspiratorial pattern behind events, some have pointed out that there is no sense in wishing such a malaise on Europe. These objections are not difficult to refute. By definition, a conspiracy is not a matter of common knowledge. If the German Chancellor were to announce in a speech that her immigration policy is part of a plan to destroy Germany as a nation of predominantly white German inhabitants and transform it into a multi-racial province of a universal order, her plan would not be a conspiracy. Having said that, the authors here do assemble an impressive array of quotations pointing in the direction of a widespread desire among people of prestige and influence to work towards that very transformation. Some of the comments cited are so banal and devoid of serious intellectual content as to read like parody. In one case, Christian Rainer, a journalist writing for the prestigious magazine Wirtschaftswoche (Business Week), said in 1992 about immigration into Austria that “whoever insists on seeing more children with fine Austrian facial characteristics and smelling pleasantly is blind and brutal.” (p. 162)

Merkel’s own statements on immigration through the years have been contradictory: sometimes appearing skeptical and sometimes welcoming. The reality is that her actions have always worked towards increasing the number of immigrants coming into Germany. The contradictions in her statements, of which I have already cited examples, are irreconcilable. They indicate either confusion amounting to a split personality, or, as seems far more likely, they are cynically calculated. They may be calculated for two ends: first, as a party political strategy and an attempt to curry favor with voters, and second, as part of a plan to replace the native population. Indeed, they may – which strikes this reviewer as by far the most plausible interpretation – be something of both. It is hard to disagree with the book’s principal argument that this is a planned assault on European identity at its core, namely in its ethnic homogeneity. The wish to replace ethnic nation-states with multi-racial, Western-style “democratic” ones is widespread, and again, the authors have no trouble in providing quotations to support their belief that many of those in positions of power are not only accepting the progress of ethnic transformation in their country because they must, but they are also keen to accelerate the process.

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Merkel’s decision, which amounts to a diktat, looks very much like a case of testing the waters, to see how the native population would react to open borders before making the final, impending decision, which internationalists can be expected to put into force as soon as they can be sure there will be no mass opposition to it. This is namely to open all national borders in Europe permanently so that people will be permitted to enter and settle from anywhere in the world just as they please, or, as this book argues, where they are encouraged, induced, paid, and perhaps even told to go. That would lead to the destruction of Europe as a continent of white people, which the authors clearly believe is the intention of many leading politicians. The evidence presented in this account substantiates this claim, and to this reviewer’s knowledge, no alternative interpretation has ever been put up to explain how it is that millions of non-Europeans are permitted to make a home in Europe, other than the already-mentioned argument that permitting mass immigration is an emotional reflex to specific events.

There have been until now many who have been made uneasy by the march of events, but have been able to reassure themselves that lax policies on immigration are “blunders” which can be made good again once the blunder is recognized. Such persons are loath to abandon the political habits of a lifetime. Nevertheless, the belief is widespread and deeply embedded in many people that mass immigration is “inevitable,” something like a sea tide, and anyway, nothing too much to worry or even think about. The experts at the top will manage it. The wish to remain respectable, a love of the quiet life, and fear of the social consequences of dissenting, along with a deep-seated optimism that “things can’t be as bad as they look,” has cocooned people and provided them with the vain hope, which many politicians encourage, that politician/party x or y would put matters to right by “managing the problem.” This book argues against such willful self-delusion and the easy way of baseless optimism (“optimism is cowardice,” as Spengler said). 2015 was the year when the establishment ceased to brandish its own pretexts and bromides. If Grima Wormtongue does not take his own disguise seriously anymore, why should anybody else?

What did the experiment tell the Chancellor and those she serves? Neither the authors of this book nor this reviewer can be sure, of course, but it would seem likely that the message is: “It could have been worse but it could also have been much better.” There has been no massive outburst of revolt, nothing like civil war, nothing approaching a revolution; nevertheless, enthusiasm for mass immigration remains confined to loud, but small, groups. One fact about which virtually everyone agrees on both sides is that there has been an increase in fear and insecurity among the population at large since 2015, which has only been exacerbated by subsequent developments and the promise – or threat – of many more immigrants to come. According to the establishment Suddeutsche Zeitung in February 2015, sixty-one percent of Germans and fifty-seven percent of citizens from all EU nations are opposed to immigration into their country from outside the EU. The writers again make the observation – as often made as often as it is ignored by establishment politicians – that the people were never asked in the first place if they wanted immigration. The authors also quote the former German Chancellor, Helmut Schmidt, to the effect that there should be no further immigration from outside Europe (pp. 290-291). The authors do not make the obvious comment here: that this is not the first example of a retired politician pronouncing home truths when no longer holding public office.

The authors note that even though every survey carried out in Germany on the subject of immigration shows that a majority are opposed to more non-European immigration, tens of thousands continue to arrive. Populist discontent has increased hugely since 2015, arising from the desire to “regain control” of events. Many commentators believe that without Merkel’s action, the referendum in Britain in 2016 would have gone in favor of the EU.

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One important aspect of the reaction to immigration which I did not find in this book is the relevance of social class. Opposition to mass immigration into Western Europe in recent years has tended to run along class lines. In Britain, Germany, and France especially, the well-to-do seem to broadly accept the proposition that border controls could and even should be abandoned completely, while there is widespread skepticism, often amounting to outright hostility, among the less well-educated classes of voters in those countries. This skepticism has been reinforced over the years by the occurrence of serious crimes linked to new migrants from Africa and the Middle East, and especially the rise of migrant gangs and cliques, which overwhelmingly affect the socially disadvantaged and tend to take place in socially disadvantaged areas.

By focusing on the events of 2015 and their consequences, Konrad Windisch’s book highlights the importance of the precedence-setting event. The conclusion implied here, though not spelled out in black and white, is that this is not “business as usual” on the part of internationalists, but a next step in the creation of a new world order in which human ethnicity will be permitted to play no part and nations will function only as geographical denominations and administrative zones of a central authority. The book argues that mass immigration is part of a conspiracy, and in 2015 the conspiracy looking to achieve open borders and the dismantling of the nation-state openly declared itself, and has become an earnest political proposition. To the extent that this is the case, it can well be argued that the conspiracy is morphing into an open declaration of intent, and then the word “conspiracy” will no longer be applicable; the word “policy” will apply instead. The reader is led to conclude that any talk of “mistakes” or “blunders” in the context of open-border policies for Europe can only be self-delusion at best or conscious falsification at worst. The book further provides a detailed account of the measures taken to ensure that immigrants (intentionally misnamed “refugees” by the establishment media) were enticed and assisted in coming to Northern Europe.

The subtitle of this book is Ursachen, Hintergründe und Folgen des Flüchtlings-Tsunamis (The Causes, Background, and Consequences of the Refugee Tsunami). The first chapter describes the events around the open-door decision of 2015 and argues clearly and convincingly that the decision was illegal under the rules of the German Constitution (specifically the amended clause of 1993, approved by the Chancellor, to the 1948 Constitution of the German Federal Republic), was a breach of the EU Asylum Procedures Directive of 2005, and an abuse and willful misinterpretation of the protection of refugees as laid down by the United Nations Convention relating to the Status of Refugees of 1951. The reader is shown that the “refugees” were encouraged and assisted in passing through the first countries they arrived at (usually Italy and Greece) in order to continue on their way to Germany and Sweden. That the decision also constituted a complete abandonment of the German governing party’s electoral commitments seems worthy of little more than a cynical shrug, but the authors discuss the point at some length, anyway. The election manifesto of the governing CDU declared in 2002 that “Germany must have stronger control of immigration and be more able to limit it. Immigration as a solution to demographic changes in Germany is unacceptable.” (p. 17). As late as 2013, the same CDU declared in its election manifesto that it rejected “immigration aimed at abusing European generosity.”

The first sign that the Chancellor would change course from the “guest worker” and “hard-case asylum seekers” pretext to something more radical in terms of enforced globalization came in 2014, when the CDU abolished the obligation of German residents with the right to German citizenship to choose between German and another citizenship. Henceforth, children of parents from outside Germany could hold dual nationality; for example, they could hold both a German and Turkish passport and enjoy the right to vote in both countries, as well as the rights to enjoy the benefits of citizenship in both countries. This Doppelpassregelung (dual passport rule) is seen by the authors, and this reviewer, as a preparatory step to abandoning any hitherto pertaining exclusivity of German citizenship. It subsequently emerged and has been revealed by the opposition Alternative for Germany (AfD) that the entire family of a dual passport holder resident in Germany is covered by German health insurance even when that family is resident in the other country.

Europas Dämme bersten rightly avoids stressing unlikely “boiling pots” of anger, or projecting a forthcoming “popular eruption of anger,” a “minute before midnight,” a “a ticking time bomb of anger,” and other such hyperbolic language which all too often provides false hope in an imminent “revolt of the masses.” The other side of the coin of a defeatist “nothing can be done” is unsubstantiated optimism which anticipates revolution or system collapse just around the corner, or which places exaggerated hopes in huge electoral successes by openly white ethnic parties. By and large, the book rightly avoids such language, but it fails to adequately highlight what is undoubtedly a vulnerable side to the cajoling propaganda of the multiculturalists, and that is the financial burden created by the one-world project. To be fair, the book does have some interesting data about financial burdens in the chapter entitled “The State Betrays Its Citizens” and notes that while average net incomes rose in the 1980s by sixty-one percent, average accommodation costs rose over the same period by one hundred sixteen percent (p. 194). A report by the Austrian Institute of Economic Research published in February 1992 stated clearly that the “opening to the east and the flood of foreigners into Austria put pressure on the housing market of which nobody in the 1980s had dreamed.” Nevertheless, the book would have benefited from providing more figures about the costs of housing, support, and providing insurance for “refugees,” and not least the money flowing from the taxpayer to fund diverse institutions, charities, NGOs, foundations, and the like that are working to support immigration and defend immigrant causes. In this reviewer’s experience, nothing is more likely to fire up the “average Joe” than an awareness of what the brave new world is costing and going to cost him.

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The book notes Merkel’s quasi-religious language – and not only Merkel’s. The former President of the German Republic, Joachim Gauck, like the Chancellor a former citizen of Communist East Germany and given to addressing the public with sermonizing platitudes (he is also a former pastor), had helped to prepare the way for Germany’s second mass immigration wave (after that of the post-war “guest workers”) by traveling around the world at taxpayer expense to promote the advantages of living and working in Germany. In Bangalore in February 2014, for example, he announced that “we have room in Germany” (p. 19). Doubts and misgivings from regional politicians (Marxists and liberals from other political parties approved the government’s policy, so there was no opposition in the Bundestag) about the advisability of touring the world to encourage non-Europeans to consider migrating to Germany were brushed aside. Already in May 2015, as the number of Syrians clamoring to get to Europe was rising, the Chancellor declared that we “must go beyond Dublin,” a reference to the Dublin Convention signed by EU member states in 1990 which sought to “determine rapidly the member state responsible” for a refugee. This legal fig leaf was used by the Chancellor to allow a million migrants into Germany, and in a matter of months the right to asylum had no ceiling. As the authors of this work point out, this is a distortion of the 1951 Convention, because it overlooks the fact that the rule applies to individual applications, not to the mass migration of so-called asylum-seekers, which it had not envisaged, besides the fact that according to the rules of the Convention, an asylum-seeker must seek asylum in the first country of arrival, which for geographical reasons could not be Germany.

The writers go on to describe the fateful move of 4-5 September 2015, which bears a disturbing resemblance to a military strike. The leader of the CDU government’s coalition partner, the Christian Social Union (CSU), was fortuitously “unreachable” on the night when the decision was made, while the Minister of the Interior was fortuitously ill and only informed of his leader’s historic decision after it had been taken. The authors say that they are unable to provide an exact, blow-by-blow account of events because such has never been made available, but they do describe the supplying of special trains for migrants in the Balkans. The Chancellor claimed that the decision to let everyone in the Balkans move on to Germany was an “exception.” As much credit may be accorded to this assurance as any other statement made by this particular politician. If the migrant “tsunami” of 2015 was part of a plan, who was behind it? Just a few ephemeral politicians like Merkel? The writers are convinced that the man behind the political actors was and is the Hungarian-Jewish multimillionaire George Soros, who is quoted as saying, “the EU in the coming years must take in at least a million asylum seekers a year” (p. 28).

In the second chapter of this book, “The Transformation of Asylum Rights,” the authors provide the reader with some of the legal background which legitimized the migration wave carried out under the noses of a half-sleeping population (which was literally fast asleep in the sense that Merkel’s Ja word was given to the border authorities late at night). After the West had engineered the overthrow of Muammar Gaddafi, Libya became an important route for Africans to reach Italy. The European Court of Justice ruled against the Italian government sending migrants back to Libya. The legal appeal against it was made (or rather made for them) by eleven migrants from Somalia and thirteen from Eritrea, who in 2009 (the date reminds us that mass migration did not begin in 2015, but only the decision to embrace it openly) were apprehended by Italian coastal authorities off the coast of Lampadusa and taken back to Libya. The Arab Spring came in 2011, initiated, claim the authors, by Western intelligence. Gaddafi is quoted as having said shortly before his death in reference to their attempts to topple him, “You fools! You have released the avalanche of African migration and you have supported al-Qaeda.” Libya and Syria were targeted by the West for destruction. However much or however little credence one wishes to give to the theory that the plan behind massive immigration was to shatter the independence of European nation-states, there can be no doubt that the foreign and domestic polices of Western rulers are leading to that end.

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Back to the night of September 4, 2015 – the “night Germany lost control” as some put it, or the “night Germany perished forever,” as this reviewer would put it. The way had been prepared, the precedents laid down, the barriers removed, and Merkel’s Ja was given, so the masses moved – some on foot, some by means of trains provided courtesy of the German taxpayer – past recalcitrant Hungary and on to the promised land of the North. The further twist to this sorry tale is that many of those who had been genuinely disrupted and uprooted and sought a better life in the West had left their homelands as a result of wars encouraged, supported, and financed by the very same politicians who now appealed “on grounds of humanity” for Europeans to open doors and hearts to them.

The book notes that migrants are more fertile than the indigenous population of Germany and Austria, a fact which both accelerates the process whereby the new citizens replace the aboriginal population and can and is used by internationalists to argue for the need of immigration from outside Europe. The process is described in this book as a “controlled death march” (gesteuerter Todesmarsch). The indigenous population has itself to blame. Whites, especially the white middle class, are not replacing themselves, while non-whites are doing more than filling the breach to sustain population levels in white nations. Attention has often been drawn to the fertility of non-whites, but less to the low fertility of whites themselves, and extraordinarily – even perversely (a fact not mentioned here) – fertility seems to be lowest among whites who describe themselves as “racially aware.” Wikipedia does not reveal whether Konrad Windisch is himself blessed with children, nor does this book tell the reader, which is to be regretted. After all, fertility begins at home, and it would have been reassuring to learn that Konrad Windisch will not die childless. Unlike Western politicians, Turkish President Recep Erdogan has no qualms about speaking on the subject. The London Daily Telegraph for March 17, 2017 reports:

Turkish president Recep Tayyip Erdoğan has called on Turkey’s citizens in Europe to step up their rates of procreation and have five children each, saying a booming Turkish population would be the best answer to the EU’s “vulgarism, antagonism, and injustice.”

Many of Europe’s (still) white leaders are themselves childless, including the Prime Minister of Britain, the President of France, and the German Chancellor.

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The argument that immigration is part of a “cradle war” is not lost on indigenous believers in multi-racialism, either. This is from Renate Göllner, writing in issue 6/2000 of Konkret about white birth rates in Austria. On page 171, she is quoted as saying:

Every mother and every father, whether they want to or not, literally underpins the state in a new way, the means to racist and nationalist ends. Every child who sees the light of day as a citizen of this state indirectly contributes to keeping a migrant out.

In view of such clear statements as Erdogan’s and the fact of low white fertility, it is time that those who complain about this state of affairs should “fight back” in kind and scotch once and for all the argument, so often cited in Europas Dämme bersten (but arguments heard all the time in any case), that Europe needs immigration on the grounds that the native population is not reproducing itself.

This book delves deep into the “we need immigrants” pretext for immigration, a standard conservative trope in response to voters’ concerns. In a report from 2001 by the so-called population division of the United Nations, there is talk of so-called “replacement migration.” The name speaks for itself. The following statement can be found [5] on the United Nations’ own Website:

Focusing on these two striking and critical population trends, the report considers replacement migration for eight low-fertility countries (France, Germany, Italy, Japan, Republic of Korea, Russian Federation, United Kingdom, and the United States) and two regions (Europe and the European Union). Replacement migration refers to the international migration that a country would need to offset population decline and population aging resulting from low fertility and mortality rates.

(The United Nations copy editors evidently consider it unnecessary to include the definite article in country names, such as the United Kingdom.) The popular image of the desperate refugee putting all his savings into a dangerous trip across the Mediterranean is contradicted here. The book argues that the operation was financed by outsiders. When the talk is about the financing of human smugglers (the cost of transporting one migrant across the Mediterranean, according to this book, is anywhere between seven and fourteen thousand euros), George Soros’ name again crops up, although direct information about that billionaire’s involvement is scanty, since his “dirty work” is carried out not on direct orders but by willing surrogates, or the surrogates of surrogates. Soros himself, however, has spoken on the subject of migration, opining that immigration into Europe should be “at least a million a year.” Each year, the number will be much higher than this, as Soros is doubtless well aware.

The book also reveals that NGOs assist and finance migrants on their way to Europe, and work to protect illegal migrants or those without papers from expulsion once they have reached their chosen destination. It provides details on how a subsidiary organization of Soros’ Open Society Foundations, W2EU, has prepared travel guides and manuals specially for prospective migrants which provide advice as to how best to penetrate a given European nation. The motto of the group is: “For freedom of movement: Independent information on refugees and migrants coming to Europe.” The name may not trip easily off the tongue, but the intent is clear; and this is only one of many organizations [6] helping migrants. There are hundreds, if not thousands. The book mentions that by registering with W2EU, a migrant can opt for a preferred country, click on contacts, and have access to useful addresses in the chosen country (the book provides what can be found under Austria as an example). The information is provided in English, French, Arabic, and Farsi.

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The authors fail to mention the important role played by influential business lobbies in aiding and encouraging immigration. Economic interests dovetail with long-term plans to alter the ethnic composition of Europe. The construction industry is a case in point. Since 2015, there has been, unsurprisingly, a construction boom in Germany, and the price of real estate in urban areas has risen dramatically. Green sites in cities are being sought and sequestered for construction purposes; older houses are being demolished to be replaced by buildings which house more families. A German business manager privately informed this reviewer that he had “inside knowledge” that the managers of real estate and construction companies were “hugely pleased” by the migration wave in 2015, and had encouraged the Chancellor in her decision.

The book pays attention (although in this reviewer’s view it could have done so more) to the extraordinary levels of financial support which have been made available to pro-immigration groups and the financial machinery at work to encourage and support mass immigration. In the year 2013, the reader is told, Caritas, a worldwide confederation of Roman Catholic so-called “development and social service organizations,” earned 687 million euros in Austria, of which 385 million was “remuneration for services” paid by the state, contradicting the widely-held belief that Caritas is chiefly church-funded. Caritas is highly active in protecting and assisting immigrants. Caritas in Germany, and the Protestant equivalent, Diakonie, own schools, property, nursery schools, nursing homes, and hospitals, employing one and a half million people, and which together have a turnover of 45 billion euros (p. 371). On pages 388 and 389, the authors provide a long list of groups involved in pro-immigration policymaking. In Austria, they are all (Caritas too) linked to on the Website of a group called ZARA (Civil Courage and Anti-racist Work). In Austria in 2013, Caritas, along with Zara, Amnesty International, and SOS Mitmensch, were the principle initiators of a campaign to draw attention to and “set a sign against the behavior of the government in relation to refugees.” The authors provide a long list of signatories to this document, among whom was, interestingly, one Barbara Coudenhove-Kalegri, the niece of one of the founding spirits of a multi-racial European conglomerate, Richard von Coudenhove-Kalegri [7].

The conservative German-language newspaper Junge Freiheit carried an article in March on an organization called “betterplace,” which, as it states on its own Website, “offer[s] organizations broader reach by providing marketing campaigns, partner portals, and additional donations through our corporate partner solutions.” It acts as an outsourcing service for charities. For a small commission (the organization is a registered charity itself), the organization employs young people to collect on behalf of client charities. It was lauded by Germany’s Ministry of the Interior in 2015 for its role in collecting money for pro-immigrant organizations. One of the charities assisted by “betterplace” is zusammen-für-flüchtlinge.de (Together for Refugees). The taxpayers helped this organization to the tune of 450,000 euros, which were donated directly by the German Ministry of the Interior via “betterplace.”[1] [8]

Europas Dämme bersten should have given more space to the financial aspect of pro-immigration policy not only for the sake of completeness, but also insofar as the book seeks to make people more conscious of what is taking place. It is the financial aspect which the great majority of people best understand, and the more they learn of the amounts of money used to fund mass immigration, the less enthusiastic they tend to be. Whatever the authors of this book or anyone else may wish, it is not romantic national sentiment, tribal verve, or even religious feeling which will be at the core of a groundswell of rejection of the multi-racial state, if such a groundswell ever does arise. It will be in response to the mundane matters of living standards, jobs, security, and the allocation of financial resources. The book notes the remarkable fact that all the million migrants of 2015 were equipped with mobile phones, which they used to obtain aid and directions. It has never been made clear who paid for the phones and their usage charges. This is perhaps detective work for an enthusiastic student of events.

The book goes on to discuss the absurd disproportion in crime reporting, notably with the cover-up of the activities of so-called Muslim “grooming gangs” (in franker times, it used to be called “white slave trafficking”) in Rotherham and Telford in England, where vulnerable working-class girls have been reported as being systematically entrapped and abused over the course of many years, plied with drugs, gang-raped, and forced into prostitution by Pakistani gangs.

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On the whole, the book gives the reader the impression of having been written by just one author. The writing is factual, hard-hitting, embittered, clear, and focused, and the opinions given by the “authors’ collective” are almost entirely consistent. The book does present one apparent slight divergence of view, or at least of emphasis, namely in the interpretation of the predominating force working towards the ethnic transformation of a subcontinent. Towards the end of the book, it is stated that “just the same ethnocide” as that taking place in Europe is also taking place in Russia and the United States (there is an interesting but unfortunately undocumented mention of a kind of Russian “white flight” from the south to the north of the Russian Federation), whereas in earlier chapters there are strong hints that recent mass migration to Europe, and especially the events of 2015, can be interpreted as part of the geopolitical strategy of the United States to destroy Europe as a rival political power. This latter view echoes that of many thinkers, such as Jean Thiriart and Francis Parker Yockey, that the United States is the center of a kind of anti-Europe. On page 252, the authors cite Yevgeni Fjodorow, a member of the Russian Duma, who stated in 2013 that:

It is clear to us that migration to Europe was initiated in the USA in order to destroy the European nation-states. Although the European nation-states present themselves as allies of the USA, the aim of the USA remains to destroy the European nation-states. . . . US control of national states takes it as a given that their national identity will have to be destroyed, and that applies not just to American colonies but to American vassal states as well. If there is no more German identity, there can be no German resistance to the USA . . . That is what the USA is doing. They are insisting on Turkey’s becoming a member of the EU, a demand which keeps coming from the USA! The strategy of the USA is to destroy the national identities of all peoples and lands . . . Already Germany has twenty million migrants. (pp. 252-253)

Twenty million is undoubtedly an exaggeration, but as matters are today, that figure will become true in a matter of a few years! Whether this view is correct or not, it helps to explain the rising level of invective and provocation directed against Russia by the Western establishment media in recent years.

If the United States and Russia are suffering from similar developments, as is stated elsewhere in this book, how can the US be part of a geopolitical strategy of subversion in Europe? It is plausible that certain persons and organizations may have their centers of operation in the United States (George Soros comes to mind), but could hardly be described as acting on behalf of American strategic interests. Nevertheless, there undoubtedly have been persons in positions of power in the US who have welcomed and even promoted demographic disruption in Europe of a kind which they were less keen to see in their own nation. One only has to think of the famous “sealed train” transporting Lenin, like a secret weapon, back to Russia under the aegis of Imperial Germany.

Despite the undoubted existence of such geostrategic factors, however, the predominant feeling of the authors of this book seems to be that the enemies of Europe belong to a class, an elite, or a tribe, not just to one nation. “When we write of America [in the context of ‘subverting Europe’],” the authors assure the reader, “we do not mean the Alaskan logger or the Texan cattle rustler.” Quite so. The main argument of the book is comparable to that of Patrick Buchanan in his The Death of the West, and Patrick Buchanan is even quoted to the effect that Europeans are not facing the threat of the death of the West; they are undergoing it.

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It is no secret that many European cities have witnessed race riots, nor that the problems of parallel cultures, the failure to integrate, and the conflict between Islamic and secular law are not likely to be resolved soon. What is surprising is that, as we learn here, in 2008 the CIA was already predicting chaos in urban centers in Europe. Presumably, “chaos” is something worse than just rioting, which has frequently occurred in European cities as a result of racial discontent for decades. Perhaps “chaos” is intended to signify that rioting also has a religious dimension, which does mark a point of departure from the mere hooliganism and civil rights riots of earlier decades. The book notes the following projection [9], which was taken from the archives of The Washington Post and was made by Michael Hayden, the Director General of the CIA at the time:

European countries, many of which already have large immigrant communities, will see particular growth in their Muslim populations while the number of non-Muslims will shrink as birthrates fall. Social integration of immigrants will pose a significant challenge to many host nations – again boosting the potential for unrest and extremism . . .

The authors of Europas Dämme bersten stress the legal aspect of the developments that have been taking place in the German Republic over the past decade, and draw the reader’s attention to what they argue amount to breaches of the German Constitution, for example Article 20: “Alle Staaatsgewalt geht vom Volke aus” (all state power emanates from the people), and the fact that the Chancellor has sworn during her inaugurations to secure the protection and well-being of her people, on which grounds she is theoretically liable for prosecution for breaking her oath. But just as one should be modest in expecting redress when complaining of police brutality to the police, it seems naïve to expect that Germany’s Constitutional Court (Verfassungsgericht), which was created by and for the maintenance of the system and the establishment parties, will respond to a complaint that the Chancellor is acting unconstitutionally.

Be that as it may, the authors provide an account of attempts made by German lawyers to appeal to the Constitutional Court against Merkel’s September 2015 decision. The appeals were rejected out of hand. The reader is told that the right of the judges to dismiss appeals without scrutinizing them was intended to discourage frivolous cases from being taken to court. The authors then insist, as though they really believe that the judges of the court might not be aware of the fact, that the complaint in question was not frivolous.

This stresses an underlying – not stated, but prevalent – sense that the authors are uncertain as to whether they acknowledge the legitimacy of the German state and its Constitution, or whether they consider themselves to be in revolutionary opposition to it. At one point they note that what they call the “refugee tsunami” will “impair growth.” Apparently, the authors are unaware that the drive to more “growth” and the never-ending claim and counter-claim by establishment politicians that one party or another is good or bad for “growth” is a key aspect of globalization and a mantra of international capitalism, the driving force of mass migration in the first place. The writers assume that hindering “growth” is in itself a bad thing, but offer no explanation as to why they think this should be so. On this point at least, they agree with Angela Merkel, whose economic arguments consist of little more than asserting that her government is “ensuring growth,” to which the “new citizens,” it is said, will handsomely contribute. Talk of the benefits of mass migration stress “growth” as driven by migration; similarly, a major pro-EU argument used against Britain’s leaving the European Union is that leaving will be “bad for growth.”

The uncertainty regarding legality amounts to an unresolved dilemma in Europas Dämme bersten, a dilemma which is by no means unique to this book, between what may be called a constitutional and revolutionary response to what the authors consider to be planned ethnocide. This dilemma is a crucial one, but not easy to resolve. Everyone opposed to the ongoing revolutionary ethnic transformation of Europe has to ask themselves whether they are opposed to these developments as deadly symptoms of a political and economic order which itself must be destroyed, or whether they are opposed to events which, however terrible, may and should be challenged and reversed within the legitimate and accepted structures of the system itself. The authors themselves appear to waver unhappily between these two positions. However, it is clear to them that there is “to an increasing extent a tendency towards a denial of justice” from the state, and the remark that “two opposing fronts are coming into view” poses a question which is not answered in this book: Is the reader who agrees with their narrative being provided here with one that is necessarily on one side in this war?

So much of the book is concerned with legality and illegality that one might think that the authors believe there is still a constitutional way to reverse events, but a recurring insistence on Widerstand (resistance) points in the other direction. A non-German reader might be amused by the fact that the authors go to some trouble to reassure their readers that in the German Constitution there is enshrined a “fundamental right” to political resistance! Militant identitarians will doubtless be relieved to learn that.

Regardless of whether they have doubts about the kind of action to take, the authors are in no doubt about what is at stake. “Germany and Europe,” they write, “are not just in a crisis, they are on the brink of their abolition.” (p. 309) The use of the word abolition (Abschaffung) is probably a conscious nod towards Thilo Sarazzin’s Deutschland schafft sich ab (Germany is Abolishing Itself), a book published in 2010 which argued that Merkel’s policies would logically lead to the disappearance of the German people and of Germany as the home of that people. It is not the case that the authors are presenting a picture so dark that a reader might feel compelled to resign himself to an ignoble end of civilization, however, as the authors specifically state that despair is unwarranted:

This vision of an end of times should not be allowed to induce a sense of despair or resignation. On the contrary, it offers their last historical chance to resist the prevailing system, to stop the replacement of a people, and to reverse the immigration of aliens. The recent rise of non-parliamentary movements is a sign of a sustainable national consciousness in Europe for the first time since 1945. (p. 310)

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The writers mention the Prague Declaration of 2016, which was signed by a great number of movements, in favor of a fortress Europe. Appeals to legality continue with a chapter covering the rights of indigenous peoples under the Charter of Human Rights. This is not black humor (the book does not shine for its humor), but a sober suggestion that, in the not-too-distant future, in the lifetimes of many people alive today, it is reasonable to expect that the indigenous peoples of some European countries will constitute a minority of their countries’ total population, and thus be entitled to protection under the provisions of the UN Charter. Five pages of the book are given over to long citations from the UN charter.

The writers eschew the adumbration of some deep, ongoing conspiracy going back into the mists of time; nevertheless, they argue convincingly that events have not occurred spontaneously, and they believe that immigration-friendly decisions made by Western leaders since 1945 are not “mistakes,” but are part of a plan. For those who dream of a harmonious, multi-racial democracy, immigration measures are sensible ones and part of a long-term strategy to change the face of Europe, and ultimately of the entire globe, in pursuit of instituting a new world order.

The conflict which, as the writers say, is “emerging with ever greater clarity” is – as the reader must conclude, since it is not stated here in so many words – between those who understand identity as essentially a matter of inheritance and those who understand identity as essentially a matter of personal choice. It is the difference outlined by David Goodhart in his important work, The Road to Somewhere [10]; but the distinction was not first identified by Goodhart. Josef Joffe, the publisher of the internationalist liberal weekly Die Welt, wrote the following:

For centuries Germans were chained to their origins: ancestry, belief, language. This country is developing at this very moment a modern conception of nationality: German is not what one “is” but what one “becomes”; not biological, but an act of will . . . (p. 319)

So far, so clear. But what should the reader of this book do to counter the march of events? Like so many books of its kind, it is strong on facts and arguments but weak on recommendations. It is not that a reader should expect works like this to provide a program of political action, although the book does provide a brief outline of some actions which the right kind of government may be expected to take. The authors quote Peter Scholl-Latour, who presumably rhetorically posed the question, “Will the honor of the white man consist of nothing more than a presentment of his own destruction?” The authors wishfully propose a repatriation of “foreigners” (an ambiguous term in multi-racial societies and in the days of dual nationality) to their countries of origin, which they state – with comic understatement – will require “a change in thinking about the solving of regional problems.” Indeed it will.

There is no orientation in Europas Dämme bersten towards activity, no naming of names and dropping of hints, as to what a reader might personally do as a first step toward getting involved in changing the world. The “other side” does not invite passivity. The message drummed out by these well-financed organizations to those who want a new world order is very clearly, “You can do your bit to change the world. Get active.” The absence of an impulse towards activism is all the more regrettable because the book has appeared at a time, as it itself acknowledges, when opposition is indeed arising in many different forms: sometimes traditionally political, sometimes in the shape of protest groups, or of associations and publications, all seeking in their own way to challenge the consensus of indifference and acceptance which made the 2015 invasion possible, and not least, challenging the defeatism and indifference which permits the election and reelection of sinister mediocrities like Merkel in the first place.

inv-9EEEEE.jpgThose who are aware of the true meaning of events can now see behind a smokescreen which is becoming ever thinner, thanks in part to the actions of the globalists themselves, and should not be satisfied merely with a narrative or explanation. Statistics and facts are good for argument, but they should be seen in that light and not as something sufficient in themselves. One feature of our times, and of which this book is an example, is that public affairs have become more events-driven than ideology-driven. I do not mean that I believe we have reached the stage, as some writers such as Alain de Benoist maintain, that populism has replaced ideology, in particular the Right-Left divide, but I do believe that society is moving in the direction of a populist division between those in favor of the global plan and those opposed to it. This is not a thesis, but a description of an ongoing struggle taking place every day in countless forms before our eyes, and a description of them is missing from this book. There is a need, for example, for pragmatic alliances, such as the successful demonstration for free speech that was held at Hyde Park Corner in London in March, the Brexit vote, Donald Trump’s election, and the huge defeat of pro-immigration parties in Italy this year. This book describes the cracking of the dam, but offers too little advice as to how the dam can be repaired. There is virtually no mention of culture. It is telling that while Konrad Windisch’s Europas Dämme bersten is being widely promoted on the Internet among German-language speakers, his poetry is out of print. To put his money where his mouth is, this reviewer has just bought the only available secondhand collection of his book, Gefängislieder. Gedichte (Prison Songs: Poems)!

But although leaning towards passivity, the authors are ultimately not pessimistic:

The people have become more active in the face of the threat. Demonstrations in European cities, to the consternation of the ruling class, are not slowing down. Alternative, national media are shooting up all over the place like mushrooms, and the time-honored practice of killing with the silent treatment is no longer effective. They have lost control of the media already. . . . [T]he ruling class is not able to integrate the masses of migrants so fast that they can be used as willing cattle with the right to vote to keep the established class in power, if the indigenous population now turns to identity movements. . . . At the same time, a passive resistance will play an important role in the form of civil insubordination, including the delaying or dragging out of regulations and directives. (p. 311)

A reader should come away from this book neither depressed by a description of the devastation wrought by a Chancellor apparently intent on leading her people to utter destruction, nor lulled into wishful thinking by understatements or fanciful optimism which begins “on the day when . . .” Rather, he should come away with a sense that the optimism of the book and the achievements of its editor is something to be emulated. If the book at all encourages the reader to understand that commitment should follow thought, then Europas Dämme bersten and others like it will prove worth writing, worth reading, and worth reviewing.

Note

[1] [11] Christian Schreiber, “Nicht Immer nur Bare Münzen,” Junge Freiheit, March 9, 2018.

 

Article printed from Counter-Currents Publishing: https://www.counter-currents.com

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[4] Europas Dämme bersten: Ursachen, Hintergründe und Folgen des Flüchtlings-Tsunamis: https://store.hohewarte.de/bucher/605-europas-daemme-bersten-9783882023695.html

[5] found: http://www.un.org/esa/population/publications/migration/migration.htm

[6] many organizations: https://calaismigrantsolidarity.files.wordpress.com/2010/12/welcome-2-europe-english.pdf

[7] Richard von Coudenhove-Kalegri: https://en.wikipedia.org/wiki/Richard_von_Coudenhove-Kalergi

[8] [1]: #_ftn1

[9] following projection: http://www.washingtonpost.com/wp-dyn/content/article/2008/04/30/AR2008043003258.htm

[10] The Road to Somewhere: https://www.counter-currents.com/2018/01/going-somewhere/

[11] [1]: #_ftnref1

mardi, 27 mars 2018

Les guerres de l’impérialisme américain au Proche-Orient

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Les guerres de l’impérialisme américain au Proche-Orient

par Matin Baraki*

Ex: http://www.zeit-fragen.ch

Aktham Suliman est un journaliste originaire de la Syrie et ancien chef du bureau berlinois de la chaîne de télévision qatarienne Al Jazeera, connue sous le nom «CNN Arabic», qu’il a dirigée de 2002 à 2012. Récemment, il a présenté une brillante analyse critique et objective sur les guerres et le chaos créés par l’impérialisme américain au Proche-Orient. Suliman est trop modeste en voulant limiter son analyse au Proche-Orient. L’auteur parvient à illustrer d’une manière impitoyable les causes, les forces actives et l’arrière-plan stratégique de la catastrophe géopolitique au Proche-Orient et à analyser les dimensions stratégiques allant bien au-delà du Proche-Orient. Il analyse également de manière détaillée le conflit entre Israël et les Palestiniens, en décrivant la politique de l’occupation coloniale du gouvernement israélien et de ses alliés internationaux. (p. 34sq.)
Al Jazeera était la seule chaîne arabe indépendante diffusant en direct des informations sur la brutalité de la guerre impérialiste dirigée par les Etats-Unis contre l’Irak et atteignant ainsi 50 millions de foyers arabes. A l’époque, cela rendit tellement furieux l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair, le «caniche» de George W. Bush opérant en Europe, qu’il appela à bombarder la centrale d’Al Jazeera de Doha, capitale du Qatar. On n’est pas allé jusque-là, mais la centrale de la chaîne de Bagdad, capitale de l’Irak, fut détruite.
Avec l’«arabellion» [les «Printemps arabes»] l’orientation politique de la chaîne changea. D’une institution informant de manière ouverte et objective, elle se transforma en un instrument du mouvement islamiste «ikhwan al-Muslimin» de la Société des Frères musulmans et de la politique extérieure du gouvernement de l’Emirat de Qatar et des intérêts des Etats-Unis. (p. 18)
Suliman analyse très subtilement les guerres du Golf fomentées par les Etats-Unis, prouve la manière dont les résolutions de l’ONU ont été instrumentalisées et comment les Nations Unies sont constamment humiliées par l’administration américaine. La résolution 678 du 29 novembre 1990 fut interprétée de telle sorte que, du jour au lendemain, on transforma le prétendu bouclier de protection pour les civils en une agression contre l’Irak. (p. 25)
Les inspecteurs de l’ONU ont pu attester que l’Irak ne disposait en réalité d’aucune arme de destruction massive. Pourtant, selon l’auteur, l’armée américaine a tout de même bombardé le pays «à l’âge de pierre» pour détruire sa prétendue capacité nucléaire. (p. 27) En Irak elle a «lâché davantage de bombes que pendant toute la Seconde Guerre mondiale». (p. 26) Le reporter de CNN Bernard Shaw a décrit la situation de la manière suivante: «Le ciel au-dessus Bagdad est en feu». (p. 39)
Les horreurs de la guerre, dont la fin est difficile à déterminer, sont minutieusement décrites. (p. 113–161) Commençant par les tortures à la prison de la CIA d’Abou Ghraib jusqu’à l’exécution de civils dans les rues de Bagdad depuis un hélicoptère par des mercenaires américains, Aktham Suliman nous informe de manière très précise des crimes de guerre commis par les Etats-Unis et leurs alliées. (p. 28sq.)
Suliman démontre que tant l’ambassadrice américaine à Bagdad April Glaspie que le département d’Etat américain ont donné le feu vert au gouvernement de Saddam Hussein pour l’invasion du Koweït. (p. 32) De cette façon, le gouvernement irakien a été attiré dans le piège de Koweït pour être finalement écrasé. Même lors de leur retrait du Koweït, on n’accorda aucune grâce aux unités militaires irakiennes. A mon avis, cela s’apparente à un crime de guerre.
Francis Fukuyama avec sa thèse de la «fin de l’histoire» et Samuel P. Huntington avec son terme violent du «choc des civilisations» sont qualifiés d’incendiaires spirituels soutenant aussi la réelle guerre. (p. 49) Suliman met fortement en cause la version officielle des événements du 11 septembre 2001 et met en avant les liens entre le chef d’Al-Qaïda Ousama ben Laden et le théologien et dirigeant palestinien des Frères musulmans Abdallah Azzam avec la CIA. (p. 65–110)
Dans le dernier chapitre, il décrit, en bon observateur, les dits «printemps arabes» qui n’en étaient point. Je recommande chaleureusement la lecture du livre de Aktham Suliman à quiconque désire s’informer de première main sur les interdépendances et les contextes nationaux, régionaux et internationaux des guerres et des conflits du Proche- et Moyen-Orient.    •

*    Matin Baraki est un politologue et interprète germano-afghan. Après sa formation professionnelle de mécanicien de précision, il a étudié la pédagogie à Kaboul et y a travaillé en tant qu’enseignant. De 1970 à 1974, il a été assistant technique à la faculté de sciences à l’Université de Kaboul. En 1974, il s’est rendu en République fédérale d’Allemagne où il a obtenu son doctorat à l’Université Phillips de Marbourg en 1995. Puis il a enseigné, en tant que politologue, la politique internationale dans les universités de Marbourg, de Giessen, de Kassel et de Münster.

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Suliman, Aktham. Krieg und Chaos in Nahost.
Eine arabische Sicht. Frankfurt/ Main 2017.
ISBN 978-3-939816-40-9
(Traduction Horizons et débats)

«La guerre et le chaos au Proche-Orient»

«Ce livre se comprend, d’un point de vue arabe, comme le curriculum vitae de la mort au Proche-Orient du dernier quart de siècle. Il y a environ 25 ans, au début de l’année 1991, le nombre d’hommes et de femmes armés provenant de plus de trente pays, rassemblés sur une petite zone désertique du nord-est de la péninsule Arabique, atteignit plus d’un demi-million. Pour l’Occident, c’était le début de l’opération «Tempête du désert» pour libérer le Koweït de l’invasion irakienne s’étant déroulée l’été précédent. Pour un grand nombre de personnes du monde arabe, cette opération fut une tempête de la mort, dont la région entre l’océan Atlantique et le golfe Persique ne s’est toujours pas remise. […]
L’ouvrage «La guerre et le chaos au Proche-Orient» ne prétend pas être LA vision arabe, mais UNE vision arabe, sachant que plus de 400 millions d’Arabes vivant dans plus de vingt pays arabes et à l’étranger ont droit à plus d’une seule vue. Mais il y a ce sentiment commun. D’un point de vue arabe, les 25 dernières années ne sont pas seulement des faits et des événements historiques, mais plutôt des moments fatidiques pour des êtres humains de chair et de sang. Ils ont transformé les biographies de millions d’Arabes, y compris celle de l’auteur de ce livre. Toutefois, ou justement pour cette raison, il faut rappeler que du point de vue arabe – malgré toutes les images d’actualité –, la mort et la tristesse ne sont pas les seules réalités au Proche-Orient, sont présentes également la vie et joie.»

lundi, 26 mars 2018

Dans l’antre du Minotaure

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Dans l’antre du Minotaure

par Georges FELTIN-TRACOL

En 2014, les éditions Le Cercle publient Le Minotaure planétaire. L‘ogre américain, la désunion européenne et le chaos mondial, de Yanis Varoufakis, un professeur d’économie gréco-australien qui a participé à la rédaction de la partie économique du programme de Georges Papandréou, futur Premier ministre socialiste grec entre 2009 et 2011. L’auteur ne sait pas encore qu’il rencontrera souvent ce Minotaure au cours de ses 162 jours de ministre grec des Finances.

varoulivre.jpgYanis Varoufakis raconte dans Conversation entre adultes. Dans les coulisses secrètes de l’Europe cette brève expérience ministérielle et les négociations âpres avec l’Eurogroupe, la Banque centrale européenne (BCE), le Fonds monétaire international (FMI), la Commission européenne et ses homologues, en particulier avec le plus puissant d’entre eux, l’Allemand Wolfgang Schäuble, qui en découlent. Il offre ainsi un témoignage de première main sur les mécanismes de ce qu’on croit être l’« eurocratie ». On reste cependant confondu devant sa naïveté et son absence de sens politique. L’« Homme de connaissance » se mue rarement en « Homme de puissance »…

Extérieur à Syriza dont il désapprouve publiquement le projet économique et affligé par l’alliance scellée avec les souverainistes des Grecs indépendants, Yanis Varoufakis se revendique libéral-démocrate, progressiste, pro-européen et humaniste. C’est par amitié pour Alexis Tsipras et par devoir envers ses compatriotes pressurés et appauvris qu’il accepte cette mission impossible : renégocier la dette de la Grèce. Il croit bénéficier de l’appui total du jeune et nouveau Premier ministre de gauche radicale. Or, dès son entrée en fonction, il apprend que son ministère dépend d’un ministère de l’Économie dont le titulaire n’est autre que le vice-Premier ministre, très lié à certains milieux bancaires. On lui impose ensuite un directeur de cabinet, véritable œil du parti à ses côtés. Varoufakis reconnaît volontiers « avoir été aveugle à une réalité aussi dure et déplaisante (p. 302) ».

En Grèce néo-colonisée

Son livre est poignant quand il mentionne les souffrances endurées par l’héroïque peuple grec. Celles-ci résultent des recommandations de la troïka (la BCE, le FMI et la Commission européenne). Cette officine guère respectable s’indigne de la diminution du traitement des haut-fonctionnaires grecs qui la servent, mais exige la suppression immédiate des aides financières aux plus défavorisés, la réduction du montant des pension des retraités, la hausse des taxes et le paiement immédiat des impôts par des entreprises exsangues. Les versements consentis à la Grèce en font selon l’expression de l’auteur un « Renflouistan » ! Il s’agit en réalité d’une « économie de la canonnière ».

Yanis Varoufakis dénonce l’indéniable processus de colonisation 2.0 de son pays par l’engeance financière cosmopolite. Par exemple, « l’administration fiscale grecque est un des exemples les plus sidérants de régime néocolonial des temps modernes (p. 172) ». En pratique, « le directeur de l’administration [fiscale et douanière] devait désormais être approuvé par la troïka et ne pouvait être renvoyé sans son approbation (p. 57) ». Pis, « certains départements des ministères-gruyères envoyaient d’abord leurs données et leurs documents à la troïka, qui les approuvait, et seulement ensuite à leur ministre. Comme si ce n’était pas assez, la troïka exigeait le droit d’envoyer des émissaires à Athènes, lesquels se rendaient dans les mêmes ministères et rassemblaient des données qu’ils triaient et vérifiaient avant que nous ne les ayons vues (pp. 307 – 308) ». Après juillet 2015, toutes les lois votées par la Vouli, le Parlement monocaméral, devront être en préalable approuvées par la troïka.

Certes, « l’insuffisance du développement, la mauvaise gestion et la corruption endémique de la Grèce expliquent sa fragilité économique permanente (p. 32) ». Il est possible d’y remédier alors que « son insolvabilité, plus récente, est due aux défauts de fabrication fondamentaux de l’Union européenne et de son union monétaire, autrement dit l’euro. À l’origine, l’Union européenne était un cartel de grandes entreprises conçu pour limiter la concurrence entre les principales industries lourdes d’Europe et s’assurer des marchés dans les pays périphériques – l’Italie et, plus tard, la Grèce. Les déficits de pays comme la Grèce étaient le reflet des excédents de pays tels que l’Allemagne. Tant que la drachme était sous-évaluée, les déficits étaient maîtrisés. Mais le jour où la drachme a été remplacée par l’euro, les prêts des banques françaises et allemandes ont envoyé les déficits grecs dans la stratosphère (p. 33) ». Yanis Varoufakis explique qu’avec les difficultés hellènes, « l’austérité révèle sa vraie nature : une politique économique de l’échec fondée sur un moralisme immoral (p. 51) » parce que le renflouement de la Grèce organisé sous la présidence de Sarközy « faisait reposer le plus gros du sauvetage des banques françaises et allemandes sur les contribuables de nations plus pauvres que la Grèce, par exemple la Slovaquie et le Portugal. Ces contribuables-là, de même que ceux de pays co-fondateurs du FMI comme le Brésil et l’Indonésie, seraient contraints, à leur insu, de virer de l’argent aux banques de Paris et de Francfort (pp. 36 – 37) ». Les médiats de propagande ont-ils répercuté cette information ? Non, car, comme le dit le président aviné de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker : « Quand les choses deviennent sérieuses, il faut mentir (p. 35). » Sinon la vérité aux peuples contribuables serait insoutenable d’autant que « plus un banquier est insolvable, surtout en Europe, plus il a de chances de s’approprier des parts importantes des revenus de tous les autres – : ceux qui triment, ceux qui innovent, les pauvres et, bien entendu, ceux qui n’ont aucun pouvoir politique (p. 38) ». Les petites frappes de la délinquance quotidienne devraient devenir des criminels de haut vol intouchables, c’est-à-dire des banksters.

varoumino.jpgSes compétences économiques et son ignorance des codes de la politique-spectacle font de Yanis Varoufakis une proie facile pour la désinformation bankstériste. Contre lui, « la machine de propagande de Bruxelles fonctionnait à plein régime (p. 287) ». Sachant que les « banquiers ont simplement pris le relais et financé les médias afin de manipuler l’opinion publique, donc de contrôler le jeu politique, qui lui permettait de garder les commandes des banques en faillite. Cela dit, contrairement aux promoteurs, ils ont été assez astucieux pour éviter de devenir propriétaires de chaînes de télévision et de journaux déficitaires. Ils ont maintenu en vie les médias en leur offrant des clopinettes en échange de publicités pour leurs banques (p. 66) », il estime qu’« à l’heure où l’establishment dit libéral se récrie face aux fake news de l’alt-right en pleine insurrection, il est utile de se rappeler que, en 2015, ce même establishment a lancé une campagne de retournement de la vérité et de diffamation terriblement efficace contre le gouvernement pro-européen et démocratiquement élu d’un petit pays européen (p. 10) ». La revendication du credo libéral n’est pour lui qu’un prétexte. Critique envers « les télé-évangélistes de l’asservissement (p. 164) », Varoufakis considère qu’« un establishment qui exploite sans vergogne des contre-vérités pour annuler un mandat démocratique et imposer des politiques dont ses propres fonctionnaires savent qu’elles ne sont pas efficaces ne saurait être qualifié de “ libéral ” (p. 476) ». Tout sera mis en œuvre pour briser cet opposant farouche « aux prêts en série insoutenables qui maquillent une faillite pour en faire un problème d’illiquidité (p. 46) ».

De féroces descriptions

Certains portraits croqués dans ce livre sont féroces. L’auteur se surprend de découvrir le socialiste Michel Sapin, ministre français des Finances, tout ignorer de la langue anglaise, maîtriser plus qu’imparfaitement les arcanes économiques et montrer une incroyable duplicité à son égard : cordial en privé, cassant devant les journalistes et les officiels. « La comédie de Michel Sapin était à l’image de ce qui ne fonctionne pas dans la République française (p. 198). » Quelques instants plus tôt, le même Sapin lui avait déclaré : « – Yanis, il faut que vous compreniez. La France n’est plus ce qu’elle était (p. 198). » Que voulait dire le vieux pote de « Flamby » ?

Au fil de ses rencontres électriques avec le président de l’Eurogroupe, le ministre néerlandais Jeroen Dijsselbloem, Varoufakis le trouve « encore plus vil que d’habitude (p. 429) ». Son jugement cinglant embrasse les socialistes français et les sociaux-démocrates allemands qui « n’ont cessé de se contredire, entre promesses creuses et vaines paroles (p. 397) ». L’auteur éprouve en revanche un véritable respect pour Wolfgang Schäuble. Ce partisan implicite du Grexit pense que « des élections ne sauraient changer une politique économique (p. 241) ». À quoi bon alors en organiser et ensuite tenter d’exporter ailleurs les « démocraties » occidentales ? Schäuble jette un temps le masque et se montre tel qu’il est : libéral et sécuritaire. Ancien du FMI et collaborateur de Varoufakis, Glenn Kim présente dans un courriel la personnalité de Schäuble qui « déteste au plus haut point les marchés. Pense qu’ils sont contrôlés par les technocrates. […] C’est un européiste ardent. Il croit au destin d’une Europe à l’allemande (pp. 216 – 217) ». L’auteur évoque un esclandre lors d’une réunion ministérielle, le 16 avril 2015. Ce jour-là, Michel Sapin envoie paître Schäuble qui envisageait accroître l’influence de la troïka au sein de l’Eurolande. En effet, « Wolfgang Schäuble rêvait de voir la troïka dicter sa loi à Paris (p. 479) ». Ce n’est que partie remise. L’auteur se montre en revanche assez bienveillant envers la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, et couvre d’éloges Emmanuel Macron.

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Yanis Varoufakis n’approuve pas le Grexit autant de la Zone euro que l’Union pseudo-européenne. Il cherche plutôt une « politique de désobéissance constructive au sein de l’Union européenne. […] La seule alternative possible à la dystopie qui se met en place à mesure que l’Europe se désintègre (p. 481) ». Il soumet donc à la troïka plusieurs plans, mais elle « refusait systématiquement nos propositions sans en avancer une seule de son côté (p. 348) », non seulement pour des motifs techniques ou politiques, mais parce qu’il comprit bientôt que « ce que tous ces hommes avaient en commun : c’étaient tous des transfuges de Goldman Sachs (p. 244) ! » Cela expliquerait-il l’absence de vision politique dans les instances européennes et leur neutralisation par des procédures loufoques ? « La démocratie était morte le jour où l’Eurogroupe avait obtenu le pouvoir de dicter leur politique économique à des États privés de toute souveraineté fédérale démocratique (p. 241). » L’auteur apprend ainsi qu’il ne peut pas distribuer le moindre document de travail informel à ses homologues de l’Eurogroupe sous peine que ce papier soit ensuite débattu au Bundestag. Et si Varoufakis l’envoie en pièce jointe par courriel, il romperait le protocole et le document en question ne serait pas pris en compte ! L’inertie comme direction du désordre…

Yanis Varoufakis déplore en particulier le juridisme tatillon et les pesants rituels qui paralysent les séances de l’Eurogroupe et du conseil européen des ministres. Il apprend vite que les fonctionnaires européens lui mentent, le prennent de haut et ne lui communiquent jamais les documents officiels. Il regrette que la rédaction du communiqué final de l’assemblée soit plus importante que les choix adoptés (ou non). Il s’étonne de règles qui contreviennent aux propres valeurs de la démocratie délibérative. Le président de l’Eurogroupe introduit le sujet; il donne ensuite la parole respectivement aux représentants de la Commission européenne, du FMI et de la BCE; il laisse enfin s’exprimer dans un temps imparti relativement court les ministres. « Un spectateur impartial et sensé en conclurait que l’Eurogroupe n’est là que pour permettre aux ministres de valider et légitimer les décisions prises en amont par les trois institutions (p. 238). »

L’Eurogroupe existe-t-il vraiment ?

global minotaur spanish-cover2.jpeg« Les représentants de l’Europe officielle sont formatés pour exiger des ministres, des Premiers ministres, même du président de la France, qu’ils plient dès les premières menaces des gros bras de la BCE (p. 176). » La réalité est plus féroce encore. Jeroen Dijsselbloem ose tancer Pierre Moscovici, le Commissaire aux Affaires économiques et financières, ce qui « trahissait l’inféodation de la Commission à des forces qui manquent de fondement légal ou de légitimité démocratique. […] Par la suite, chaque fois que [… Pierre Moscovici] ou Jean-Claude Juncker essaieraient de nous aider, j’avais des frissons parce que je savais que ceux qui détenaient le pouvoir nous taperaient dessus sans pitié pour leur montrer l’exemple et remettre la Commission européenne à sa place (p. 265) ». Exaspéré, Varoufakis balance à Christine Lagarde : « Quand la BCE s’acoquine avec des banquiers corrompus et corrupteurs qui sabotent sciemment la démocratie, ça s’appelle une action ennemie (p. 362) ».

Les souvenirs de l’auteur prouvent que ministricules et bureaucrates font en sorte d’exclure et de nier tout cadre politique avec la ferme intention de mettre sur le même niveau fonctionnaires de la troïka et membres de gouvernement. « Les discussions techniques et les discussions politiques doivent être fusionnées et organisées au même endroit (p. 378) », affirme Pierre Moscovici. Le 27 juin 2015, suite à sa demande, le secrétariat de l’Eurogroupe lui répond que « l’Eurogroupe n’a pas d’existence légale, dans la mesure où il ne relève d’aucun des traités de l’Union. C’est un groupe informel réunissant les ministres des Finances des États membres de la la zone euro. Il n’existe donc pas de règles écrites sur ses procédures que son président serait tenu de respecter (p. 441) ». C’est exact, mais la reconnaissance de son caractère informel invalide toutes les restrictions que Jeroen Dijsselbloem a imposées à Yanis Varoufakis ! Oui, « l’Eurogroupe est une drôle de créature. Les traités européens ne lui confèrent aucun statut légal, mais c’est le corps constitué qui prend les décisions les plus importantes pour l’Europe. La majorité des Européens, y compris les politiques, ne savent pas exactement ce que c’est, ni comment il fonctionne (p. 237). » L’auteur s’aperçoit que « le Groupe de travail Eurogroupe (EWG) [est] sur le papier […] l’instance au sein de laquelle se préparent les réunions de l’Eurogroupe; en réalité, ce groupe est une sorte de sombre creuset dans lequel la troïka concocte ses plans et ses politiques (p. 127) ». Relais direct d’Angela Merkel, Thomas Wieser « était président du Groupe de travail Eurogroupe, cet organe dont le rôle est de préparer les réunions de l’Eurogroupe, là où les ministres des Finances de chaque pays prennent les décisions clés. En théorie, donc, Wieser était le délégué de Jeroen Dijsselbloem, ministre des Finances néerlandais et président de l’Eurogroupe. Ce que je ne savais pas et que je mesurerais plus tard, c’est que c’était l’homme le plus puissant de Bruxelles, beaucoup plus puissant que Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, ou que Pierre Moscovici, le commissaire aux Affaires économiques et financières (le ministre des Finances de la Commission), voire, en certaines occasions, plus puissant que Dijsselbloem lui-même (pp. 143 – 144) ». Plus qu’une crise monétaire, financière ou économique, on devine que la crise est avant tout politique du fait de l’occultation volontaire et souhaitée du politique. Pourtant, « l’Europe peut donner naissance à des institutions efficaces : la Banque européenne d’investissement. La BEI appartient en effet aux États membres et elle est gouvernée par les ministres des Finances européens (p. 268) ». Le plus grave demeure le consentement béat de la plupart de minables politiciens. Wolfgang Schäuble le reconnaît volontiers au cours d’un échange privé avec Varoufakis : « Vous êtes le seul de l’Eurogroupe à avoir compris que la zone euro est insoutenable. L’union monétaire a été mal conçue. Nous avons besoin d’avoir une union politique, ça, ça ne fait aucun doute (p. 402). » Schäuble applique cependant une politique contraire parce qu’il écarte son européisme militant par rapport à de puissants intérêts atlantistes et mondialistes qu’il représente.

Mieux soutenu par son Premier ministre, Yanis Varoufakis serait peut-être parvenu à négocier avec les usuriers rapaces de la Grèce, car les « institutions », à savoir l’abjecte troïka, commençaient à se diviser entre elles et en leur sein autour de l’acceptation ou non des solutions réfléchies du gouvernement grec. Ce ne fut pas le cas. Dépité par les manœuvres politiciennes tortueuses de Tsipras, prêt à renier ses engagements de campagne afin de rester au pouvoir et d’en jouir quotidiennement, et écœuré par le viol gouvernemental du référendum du 5 juillet 2015 (61,31 pour le « non »), l’auteur démissionne dès le lendemain. La dissolution de la Vouli lui fera ensuite perdre son mandat de député, ayant refusé de se représenter. Aujourd’hui, il fait l’objet d’une accusation de « haute trahison » devant les parlementaires. Un comble ! En devenant ministre, Varoufakis savait qu’il servirait de fusible, mais pas si vite et pas comme bouc émissaire.

Conversation entre adultes est un ouvrage essentiel pour mieux comprendre les rouages absurdes de la machinerie pseudo-européenne, bankstérisée et effectivement proto-maffieuse qui massacre toute véritable idée européenne. Le récit de Yanis Varoufakis est un avertissement pour tout gouvernement qui tenterait de discuter avec les « institutions ». Celles-ci ne connaissent qu’un seul langage : la force. Heureusement que la France détient toujours de l’arme nucléaire…

Georges Feltin-Tracol

• Yanis Varoufakis, Conversation entre adultes. Dans les coulisses secrètes de l’Europe, Éditions Les liens qui libèrent, 2017, 526 p., 26 €.

jeudi, 22 mars 2018

Aux origines de la pensée radicale de Jure Georges Vujic

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Aux origines de la pensée radicale de Jure Georges Vujic

Jure Georges Vujic, écrivain franco-croate, politologue et contributeur de Polémia, vient de publier un nouvel ouvrage sur la pensée radicale. Nous reproduisons ici pour nos lecteurs le texte de sa recension.


JV-livre.jpgA la suite de son dernier livre en français aux éditions KontreKulture Nous n’attendrons plus les barbares, Jure Georges Vujic, écrivain franco-croate et politologue, signe cette fois ci en langue croate, son dernier ouvrage La pensée radicale- phénoménologie de la radicalité politique aux Editions Alfa, Zagreb, 2016.
Vujic se livre à un travail exhaustif de recensement, de déchiffrage et de présentation synoptique des grands courants de pensée radicaux de droite comme de gauche dans l’histoire de idées politiques.

En s’interrogeant sur les sources épistémologiques, sociologiques et philosophiques de la pensée radicale, l’auteur constate que la matrice commune à tous ces mouvements hétéroclites de la radicalité politque, est constituée par cette volonté de s’en prendre et de se confronter aux racines des choses, (radical, étymologie radix-racines) aux origines plutôt qu’aux symptômes des crises morales, politiques, sociales et civilisationnelles.
Vujic différencie le radicalisme de l’extrémisme politique, un expression jounalistique vague et fourre-tout qui s’apparente plus à une une transgression et une forme d’activisme violent plutôt qu’à une idéologie, un discours politique articulé.

La pensée radicale, de droite comme de gauche, postule très souvent le primat de l’action sur la pensée par une volonté de prise direct sur le réel et une volonté d’influencer par les actes le cours des événements de la réalité sociale et politique, le plus souvent en légitimant la violence sociale et politique. L’auteur se réfère aux travaux des théoriciens du syndicalisme révolutionnaire (Sorel, Labriola), aux théories de la guerilla urbaine de Carlos Marighella, mais aussi aux travaux de Saul D.Alinsky et Laird Wilcow sur l’extrémisme et le radicalisme ou encore de Pierre Besnard.

Pensée sauvage et pensée radicale

Comment ne pas tracer un parallèle entre la pensée sauvage de Claude Lévi-Strauss dans le domaine de l’anthropologie à celle de la pensée radicale en politique, puisque toutes deux associent les événements, le vécu immédiat, « le faire » aux structures, alors que la pensée moderne très souvent constructiviste, “ingénieuse”, partira de la structure, des institutions pour créer l’événement. Dans les deux cas, il s’agit d’une pensée qui appréhende directement sans intermédiaires le réel, une dynamique de l’élémentaire et du concert, qui repose sur une conception empirique et intuitive du réalité, par opposition à la pensée domestique, policée du réformisme très souvent spéculative et discursive.
Là encore la dimension révolutionnaire de la pensée radicale qui peut être aussi contradictoirement contre-révolutionnaire et conservatrice, s’apparente à une philosophie de l’engagement total désintéressée qui tout comme la pensée sauvage n’a pas été cultivée et domestiquée et corrompue à des « fins de rendement ».

Vujic constate que « toute forme de théorisation du phénomène social doit partir des manifestations extrêmes », et non le contraire des manifestations habituelles et normales.
Au delà de la simple lecture idéologique et méthodologique des nombreux mouvements de la droite et de la gauche radicale, l’auteur se livre à une herméneutique de la radicalité politique en se référant aux thèses de Alter Benjamin et Siegrfied Kraucauer qui proposent de comprendre la réalité contingente à partir de l’observation des extrêmes, tout en privilégiant l’analyse Schmitienne de la situation exceptionnelle qui permet l’irruption de la véritable souveraineté.

C’est bien à cette épistémologie radicale que l’on doit la compréhension du phénomène de la conflictualité politique et sociale de même que l’essence du politique dans un sens Feundien. C’est ainsi que, parallèlement aux idéal-types Weberiens, Walter Benjamin, pour qui le radicalisme a une fonction cognitive, propose d’appréhender la réalité sociale en partant des « types extrêmes ».
Le radicalisme épistémologique entend opérer une rupture avec les préjugés et les modes de pensée conformistes. Il s’agit bien d’un antagonisme frontal face à la raison commune et au sens commun comme l’indique Razmig Keucheyan. En se référant au concept de limite schmittien, l’auteur constate qu’alors que la radicalité politique critique les institutions de l’ordre dominant et que le radicalisme épistémolgique critique la pensée dominante.

C’est en ce sens que la radicalité politique s’accommode très bien de la théorie de rupture épistémologique (Gaston Bachelard, Louis Althusser, Michel Foucault et Pierre Bourdieu), laquelle postule que la pensée originelle (quelle soit philosophique, politique, scientifique etc..) se doit toujours d’être en rupture avec « l’esprit du temps » et la pensée commune dominante.
L’auteur évoque aussi « l’homme différencié de la tradition évolienne » et le « sujet radical » de Douguine, en tant que sujet qui se situe en dehors de l’influence contingente des lois historiques et positivistes.

Radicalisme du centre

Vujic s’interroge : est-il légitime de se demander si notre vie politique ne souffre pas d’une certaine radicalisation du centre ?
Le centre radical est un terme relativement nouveau dans la politique et la théorie politique, mais qui est souvent utilisé pour décrire les idéologies politiques, mouvements et partis qui rejettent explicitement les deux extrêmes de gauche et de droite, et prônent le compromis avec leurs variantes plus modérés (centre gauche et centre droit) et réformistes.
Le plus souvent, libéralisme sociétal et irénisme cohabitent avec cette gouvernance consensualiste qui dilue toute forme de conflictualité et d’agonalité aboutissant à ce que Carl Schmitt appelle la négation du « Nomos », du politique même.

Bernard Dumont et Christophe Reveillard parlent déjà d’une nouvelle forme d’extrémisme à propos du modérantisme qui, au nom du compromis, d’une approche centriste, disqualifie toutes les autres formes d’activisme politique ou social.
Il est évident qu’aujourd’hui, quand le clivage droite-gauche disparaît dans le conformisme consensualiste, la démocratie parlementaire fait face à une nouvelle crise de légitimité, sur fond d’opposition croissante entre le peuple et l’oligarchie gouvernante.

Il s’agit d’une véritable crise de confiance entre la classe politique, les élites et les citoyens qui sont à la recherche de nouvelles sources de légitimité politique de type « charismatique », « plébiscitaire » ou « référendaire» que leur fournissent des options politiques populistes de gauche radicale et droite.
Le débat démocratique et politique a quitté le cadre actuel de la légitimité politique rationnelle « juridique procédurale » selon Weber, ce qui remet en question les fondements mêmes la démocratie occidentale.

Certes, il y a diverses pensées radicales à travers l’histoire qui, en dépit des projets utopiques qui ont conduit au totalitarisme moderne du XXe siècle, ont su anticiper et poser de bonnes questions de nature sociale, politique et philosophique, mais qui se sont le plus souvent traduits dans une pratique désastreuse avec des effets indésirables inattendus.
En fait, la pensée radicale est toujours un questionnement constant et permet l’ouverture de nouvelles perspectives ontologiques et sociales.

Vujic conclut qu’une telle pensée doit toujours prévoir et accepter d’être soumise à l’épreuve, ce que Augusto del Noce appelle « l’hétérogenèse des fins », à savoir que les idées les plus nobles soient elle, ne mènent pas nécessairement aux résultats escomptés et peuvent même générer par le bais des vicissitudes de l’histoire le contraire des intentions premières.

Cependant, Vujic constate que le radicalisme ou l’extrémisme ne sont pas inhérents au totalitarisme politique et peuvent très bien être présents dans une démocratie, lorsque les idées de liberté, d’égalité, de droits… cèdent à une radicalisation idéologique déraisonnable et à une interprétation partielle.

Lorsque les principes de liberté, d’égalité, de progrès s’autonomisent et s’émancipent les uns par rapport à l’autre, alors ils peuvent constituer une menace pour la démocratie et se transforment en néolibéralisme, en messianisme, et judiciarisme en oligarchie tout comme le constate Tzvetan Todorov dans son livre Les ennemis intimes de la démocratie (Todorov T., Les ennemis intimes de la démocratie, Robert Lafont, 2012, Paris).

D’autre part, la réduction sémantique de la radicalité à la seule action violente est erronée dans la mesure où il existe tout au long de l’histoire des mouvement radicaux avec le plus souvent une idéologie de rupture avec l’ordre établi, qui ne sont jamais passés à l’action violente.

D’autre part, on constate aujourd’hui qu’en raison de l’ambiguïté polysémique et sémantique du vocable radicalisation et son amplification médiatique, que le populisme est le plus souvent assimilé au radicalisme voir à l’extrémisme, de sorte que l’ étiquette péjorative de « populiste » a remplacé celle d’hier de « fasciste ».
Le danger de cette représentation, très souvent instrumentalisée, et contingente de la radicalité est de s’enfermer dans le présentisme, c’est-à-dire dans un présent sans passé ni avenir, sans prendre en cause les relations de cause et effets et les variables culturelles et historiques, au risque de tomber dans les généralisations et des assimilations excessives et arbitraires à propos d’une phénomène pluriel et pluridimensionnel. D’autre part on oublie trop souvent que ce sont les mouvements radicaux et révolutionnaires qui ont été, au cours de l’histoire, à l’origine de nombreux changements de paradigmes politiques et sociaux (en bien ou en mal) et que ce qui est perçu comme radical aujourd’hui peut très bien, à l’avenir et dans un autre contexte socio-culturel, être perçu comme la norme.

L’hybris démocratique peut ainsi résulter d’une politique réduite à la simple technique-gestion, et constituer ainsi une radicalité instrumentaire oppressante. En effet, Vujic compare la pensée radicale et la pensée utopique sous-jacente aux idéologies souvent totalitaires de la modernité (exemple l’utopie des lumières, et l’utopie mondialiste planétaire d’aujourd’hui).
Ainsi, Jean-Claude Carrière déclare dans un ouvrage collectif intitulé Entretiens sur la fin des temps : « Une société sans pensée utopique est inconcevable. Utopie au sens de désir d’un mieux ». Carrière ne dit pas que la pensée politique se doit d’avoir une dimension utopique mais que la société ne peut fonctionner sans une pensée – qu’elle soit articulée conceptuellement ou imaginaire, de nature ou non politique – qui lui permette de se projeter dans un avenir où les maux présents dont elle souffre trouveraient quelques remèdes.

En effet, tout comme le constate Vujic, la pensée radicale en tant que pensée forte et holiste est à l’antipode de la pensée faible de Vattimo qui légitime par un discours postmoderniste et relativiste l’actuelle politique technocratique sans référents supérieurs métapolitiques et ontologiques, et s’apparente en fin de compte à un déni de pensée.

L’ouvrage de Vujic, qui a fait l’objet de nombreuses recensions dont une publiée par le centre d’Etudes stratégiques REXTER sur l’observation de la radicalité te du terrorisme, constitue un apport considérable pluridisciplinaire ainsi qu’un outil universitaire fondamental pour la compréhension de la phénoménologie de la radicalité politique.
Les lecteurs croates pourront découvrir dans le cadre d’une approche synoptique avec de nombreuses illustrations inédites (affiches de propagande, manifestes, livres, photographies…) des courants de pensée radicaux comme le monarchisme contre-révolutionnaire, le nationalisme révolutionnaire, le communautarisme, le national-anarchisme, l’autonomisme de gauche, la gauche prolétarienne, le naxalisme indien et le mouvement zapatiste, avec des passerelles parfois originales entre par exemple les mouvements de « Troisième Voie » nationaux révolutionnaires avec les mouvements de la gauche radicale tels que Lotta Continua et les expériences anarcho-syndicalistes.

C’est pourquoi ce nouvel ouvrage de Vujic est particulièrement d’actualité à l’heure où les spécialistes de la radicalisation et de la dé-radicalsation font recette. En effet, presque absente jusqu’aux attentats du 11 septembre 2001, la notion de radicalisation et de dé-radicalisation qui se focalise sur les acteurs et leur motivations, se rapporte le plus souvent à l’islamisme politique et au djihadisme.
Néanmoins suite aux attentats islamistes et à la mise en oeuvre de dispositifs de contrôle et de répression des « fakes news » et de la radicalisation par l’Internet, ce contrôle pourrait très bien s’appliquer à tous les citoyens dans la mesure de l’interprétation floue et extensive du critère et de l’identité même de la radicalité.

Source : Correspondance Polémia – 18/03/2018

lundi, 19 mars 2018

L'oeuvre de Carl Schmitt, une théologie politique

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L'oeuvre de Carl Schmitt, une théologie politique

L’auteur examine en quatre chapitres l’impact de celle-ci.

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Heinrich Meier

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L’auteur examine en quatre chapitres l’œuvre de Carl Schmitt, en montrant que ce qui l’unifie, c’est qu’elle constitue une «théologie politique». Toutefois, il faut se reporter à la fin de l’ouvrage pour comprendre ce qu’il faut entendre par ce terme. Dans la dernière partie du livre, l’auteur propose une rétrospective sur «la querelle de la théologie politique», qui permet de mieux comprendre le sens de cette expression utilisée dans le reste de l’ouvrage. Il y montre que si l’on interprète souvent l’expression de «théologie politique», à partir des textes mêmes de l’œuvre de Schmitt, comme «une affirmation relevant de l’histoire des concepts ou plutôt une hypothèse de la sociologie de la connaissance qui traite des «analogies de structures» entre des disciplines et des «transpositions» historiques» (p256), on restreint la portée et l’importance de ce concept que l’auteur estime central dans la pensée de Schmitt. Certes, C. Schmitt, évoquant une «théologie politique» a bien l’idée que des juristes ont transféré les concepts théologiques, comme celui de la toute-puissance de Dieu, sur le souverain temporel, dans les Temps modernes. Mais pour lui, la «théologie politique» désigne aussi, derrière cette opération de transfert, la volonté de ces juristes de répondre en chrétien à l’appel de l’histoire en «montrant le chemin à suivre pour sortir de la guerre civile confessionnelle.» Leur entreprise de sécularisation n’était pas portée par des intentions antichrétiennes, mais, bien au contraire, inspirée chrétiennement. Jean Bodin et Thomas Hobbes par exemple, que Schmitt désigne comme «ses amis», se tinrent, dans l’interprétation qu’il en donne, «solidement à la foi de leurs pères, et cela pas seulement de manière extérieure» (p261). Autrement dit, plus qu’un transfert de fait et historiquement repérable, la théologie politique désignerait pour Schmitt une attitude dans laquelle c’est à la politique de remplir une mission héritée de la religion, dans un monde qui se sécularise ou qui s’est sécularisé. La sécularisation, qui advient de fait, doit être gérée dans une intention qui demeure animée par la foi chrétienne. De là résulte entre autre que le critère du politique manifesté par la distinction entre ami et ennemi renvoie, pour l’auteur, en dernière analyse à l’opposition entre Dieu et Satan.

Chapitre 1: la réflexion schmittienne sur la morale

Dans le premier chapitre, centré sur la réflexion schmittienne sur la morale, l’auteur commence par montrer quel tableau –qui l’indigne– Schmitt dresse de son époque: un monde vivant aux pulsations de l’entreprise commerciale, rongé progressivement par la sécularisation et l’abandon de la foi, la démesure des hommes qui en «substituant à la providence les plans échafaudés par leur volonté et les calculs de leurs intérêts, pensent pouvoir créer de force un paradis terrestre dans lequel ils seraient dispensés d’avoir à décider entre le Bien et le Mal, et duquel l’épreuve décisive serait définitivement bannie.» (p15). La science elle-même n’est pour Schmitt que «l’auto-divination contre Dieu». Et Schmitt rejette ces formes d’auto-habilitation, par lesquelles l’homme prétend s’émanciper du Dieu transcendant.

Or, ce que souligne l’auteur, c’est que c’est chez Bakounine que Schmitt trouve en quelque sorte le paradigme de cette rébellion et de cette défense de la désobéissance, contre le souverain et contre Dieu. Bakounine en effet «conteste l’objet de la conviction la plus intime de Schmitt. Il attaque la révélation et nie l’existence de Dieu; il veut supprimer l’Etat et nie l’universalité revendiquée par le catholicisme romain.» (p19) ( «Dieu étant tout, le monde réel et l’homme ne sont rien. Dieu étant la vérité, la justice, le bien, le beau, la puissance et la vie, l’homme est le mensonge, l’iniquité, le mal, la laideur, l’impuissance et la mort. Dieu étant le maître, l’homme est l’esclave. Incapable de trouver par lui-même la justice, la vérité et la vie éternelle, il ne peut y arriver qu’au moyen d’une révélation divine. Mais qui dit révélation, dit révélateur, messies, prophètes, prêtres et législateurs inspirés par Dieu même; et ceux-là une fois reconnus comme les représentants de la divinité sur terre, comme les saints instituteurs de l’humanité, élus par Dieu même pour la diriger dans la voie du salut, ils doivent nécessairement exercer un pouvoir absolu. Tous les hommes leur doivent une obéissance illimitée et passive, car contre la Raison Divine il n’y a point de raison humaine, et contre la Justice de Dieu, point de justice terrestre qui tienne. Esclaves de Dieu, les hommes doivent l’être aussi de l’Eglise et de l’Etat, en tant que ce dernier est consacré par l’Eglise.» Mikhaïl Bakounine, Dieu et l’Etat). La devise «Ni Dieu ni maître» affiche le rejet de toute forme d’obéissance et détruit les fondements classiques de l’obéissance dans la culture européenne d’après Schmitt. Pour Bakounine, la croyance en Dieu est la cause de l’autorité de l’Etat et de tout le mal politique qui en procède. D’ailleurs Schmitt reprend à Bakounine l’expression de «théologie politique» que ce dernier emploie contre Mazzini. Pour Bakounine, le mal vient des forces religieuses et politiques affirmant la nécessité de l’obéissance et de la soumission de l’homme; alors que pour Schmitt – et dans une certaine tradition chrétienne – le mal provient du refus de l’obéissance et de la revendication de l’autonomie humaine.

cs-car.jpgChez ces deux auteurs, politique et religion sont mises ensemble, dans un même camp, dans une lutte opposant le bien au mal, même si ce qui représente le bien chez l’un représente le mal chez l’autre. Pour Schmitt, dans ce combat, le bourgeois est celui qui ne pense qu’à sa sécurité et qui veut retarder le plus possible son engagement dans ce combat entre bien et mal. Ce que le bourgeois considère comme le plus important, c’est sa sécurité, sécurité physique, sécurité de ses biens, comme de ses actions, «protection contre toute ce qui pourrait perturber l’accumulation et la jouissance de ses possessions» (p22). Il relègue ainsi dans la sphère privée la religion, et se centre ainsi sur lui-même. Or contre cette illusoire sécurité, Schmitt, et c’est là une thèse importante défendue par l’auteur, met au centre de l’existence la certitude de la foi («Seule une certitude qui réduit à néant toutes les sécurités humaines peut satisfaire le besoin de sécurité de Schmitt; seule la certitude d’un pouvoir qui surpasse radicalement tous les pouvoirs dont dispose l’homme peut garantir le centre de gravité morale sans lequel on ne peut mettre un terme à l’arbitraire: la certitude du Dieu qui exige l’obéissance, qui gouverne sans restriction et qui juge en accord avec son propre droit. (…) La source unique à laquelle s’alimentent l’indignation et la polémique de Schmitt est sa résolution à défendre le sérieux de la décision morale. Pour Schmitt, cette résolution est la conséquence et l’expression de sa théologie politique» (p24).). Et c’est dans cette foi que s’origine l’exigence d’obéissance et de décision morale. Schmitt croit aussi, comme il l’affirme dans sa Théologie politique, que «la négation du péché originel détruit tout ordre social».
Chez Schmitt, derrière ce terme de «péché originel», il faut lire la nécessité pour l’homme d’avoir toujours à choisir son camp, de s’efforcer de distinguer le bien du mal («Seule une certitude qui réduit à néant toutes les sécurités humaines peut satisfaire le besoin de sécurité de Schmitt; seule la certitude d’un pouvoir qui surpasse radicalement tous les pouvoirs dont dispose l’homme peut garantir le centre de gravité morale sans lequel on ne peut mettre un terme à l’arbitraire: la certitude du Dieu qui exige l’obéissance, qui gouverne sans restriction et qui juge en accord avec son propre droit. (…) La source unique à laquelle s’alimentent l’indignation et la polémique de Schmitt est sa résolution à défendre le sérieux de la décision morale. Pour Schmitt, cette résolution est la conséquence et l’expression de sa théologie politique» (p24).). L’homme est sommé d’agir dans l’histoire en obéissant à la foi («la théologie politique place au centre cette vertu d’obéissance qui, selon le mot d’un de ses plus illustres représentants, «est dans la créature raisonnable la mère et la gardienne de toutes les vertus» (Augustin, Cité de Dieu XII, 14). Par leur ancrage dans l’obéissance absolue, les vertus morales reçoivent un caractère qui leur manquerait autrement.» (p31-32).), et il doit pour cela avant faire preuve de courage et d’humilité. L’auteur montre ainsi que loin de se réduire à la «politique pure», la pensée schmittienne investit la morale en en proposant un modèle aux contours relativement précis.

Chapitre 2: Réflexion sur la conception politique de Schmitt

Dans chapitre II, H. Meier montre que la conception politique de C. Schmitt ne peut être entièrement détachée d’une réflexion sur la vérité et la connaissance. En effet, Schmitt écrit, dans La notion de politique, que le politique «se trouve dans un comportement commandé par l’éventualité effective d’une guerre, dans le clair discernement de la situation propre qu’elle détermine et dans la tâche de distinguer correctement l’ami et l’ennemi». Cela implique que le politique désigne un comportement, une tâche et une connaissance, comme le met en évidence l’auteur. Pour mener à bien l’exigence d’obéissance mise au jour dans le chapitre précédent, il faut une certaine connaissance. Cela semble relativement clair, mais l’auteur va plus loin et défend la thèse selon laquelle non seulement le politique exige la connaissance, mais il veut montrer que l’appréhension du politique pour Schmitt est «essentiellement connaissance de soi» (p46).

La distinction entre l’ami et l’ennemi s’appuie sur une notion existentielle de l’ennemi. L’ennemi présupposé par le concept de politique est une réalité publique et collective, et non un individu sur lequel on s’acharnerait, mu par une haine personnelle. Comme le précise H. Meier, «il n’est déterminé par aucune «abstraction normative» mais renvoie à une donnée de la «réalité existentielle» (…). Il est l’ennemi qui «doit être repoussé» dans le combat existentiel.» (p49). La figure de l’ennemi sert le critère du politique, mais chez Schmitt, selon l’auteur, elle n’est pas le fruit d’une élaboration théorique, voire idéologique, mais elle est ce en face de quoi je suis toujours amené existentiellement à prendre position et elle sert aussi à me déterminer et à me connaître moi-même, sur la base du postulat que c’est en connaissant son ennemi qu’on se connaît soi-même. Grâce à la distinction entre l’agonal et le politique, qui tous deux mettent en jeu la possibilité de ma mort et celle de l’adversaire ou de l’ennemi, mais qui s’opposent sur le sens de la guerre et la destination de l’homme ( Dans une compréhension politique du monde, l’homme ne peut réaliser pleinement sa destinée et sa vocation qu’en s’engageant entièrement et existentiellement pour l’avènement de la domination, de l’ordre et de la paix, tandis que dans la pensée agonale, ce qui compte, c’est moins le but pour lequel on combat que la façon de combattre et d’inscrire ainsi son existence dans le monde. E. Jünger, qui défend une pensée agonale écrit ainsi: «l’essentiel n’est pas ce pour quoi nous nous battons, c’est notre façon de nous battre. (…) L’esprit combattif, l’engagement de la personne, et quand ce serait pour l’idée la plus infime, pèse plus lourd que toute ratiocination sur le bien et le mal» (La guerre comme expérience intérieure).), Schmitt montre qu’il ne s’agit pas de se battre par principe et pour trouver un sens à vie, mais de lutter pour défendre une cause juste, ou mieux la Justice. Et c’est à ce titre que le politique est ce par quoi l’homme apprend à se connaître, à savoir ce qu’il veut être, ce qu’il est et ce qu’il doit être ( H. Meier développe ainsi un commentaire long et précis sur le sens d’une phrase de Theodor Däubler qui revient souvent chez Schmitt: «l’ennemi est la figure de notre propre question». Nous nous connaissons en connaissant notre ennemi et en même temps nous reconnaissons notre ennemi en celui qui nous met en question. L’ennemi, en quelque sorte, est aussi le garant de notre identité. Notre réponse à la question que l’ennemi nous pose est notre engagement existentiel-par un acte de décision – concret dans l’histoire.).

cs-pol.pngLa confrontation politique apparaît comme constitutive de notre identité. A ce titre, elle ne peut pas être seulement spirituelle ou symbolique. Cette confrontation politique trouve son origine dans la foi, qui nous appelle à la décision («La foi selon laquelle le maître de l’histoire nous a assigné notre place historique et notre tâche historique, et selon laquelle nous participons à une histoire providentielle que nos seules forces humaines ne peuvent pas sonder, une telle foi confère à chacun en particulier un poids qui ne lui est accordé dans aucun autre système: l’affirmation ou la réalisation du «propre» est en elle-même élevée au rang d’une mission métaphysique. Etant donné que le plus important est «toujours déjà accompli» et ancré dans le «propre», nous nous insérons dans la totalité compréhensive qui transcende le Je précisément dans la mesure où nous retournons au «propre» et y persévérons. Nous nous souvenons de l’appel qui nous est lancé lorsque nous nous souvenons de «notre propre question»; nous nous montrons prêts à faire notre part lorsque nous engageons ma confrontation avec «l’autre, l’étranger» sur «le même plan que nous» et ce «pour conquérir notre propre mesure, notre propre limite, notre propre forme.»« (p77-78).).

Aussi les «grands sommets» de la politique sont atteints quand l’ennemi providentiel est reconnu. La politique n’atteint son intensité absolue que lorsqu’elle est combat pour la foi, et pas simple combat, guerre limitée et encadrée par le droit des gens moderne (Les croisades sont ainsi l’exemple pour C. Schmitt d’une hostilité particulièrement profonde, c’est-à-dire pour lui authentiquement politique.). C’est pour une communauté de foi, et plus particulièrement pour une communauté de croyants qui se réclame d’une vérité absolue et dernière, au-delà de la raison, que la politique peut être authentique. C’est d’abord pour défendre la foi qu’on tient pour vraie, une foi existentiellement partagée – et qui éventuellement pourrait être une foi non religieuse – que la politique authentique peut exister. C’est ainsi que Schmitt pense défendre la vraie foi catholique contre ces fausses fois qui la mettent en danger et qui sont le libéralisme et le marxisme. Ce qu’on appelle ordinairement ou quotidiennement la politique n’atteint pas l’intensité décisive des «grands sommets», mais n’en est que le reflet.

Chapitre 3: théologie politique, foi et révélation

Dans le troisième chapitre, H. Meier établit l’inextricable connexion entre théologie politique, foi et révélation. Aussi la théologie politique combat-elle l’incroyance comme son ennemi existentiel. Comme le résume l’auteur: «l’hostilité est posée avec la foi en la révélation. (…) la discrimination entre l’ami et l’ennemi trouverait dans la foi en la révélation non seulement sa justification théorique, mais encore son inévitabilité pratique» (p102). Obéir sérieusement à la foi exige, pour Schmitt, d’agir dans l’histoire, ce qui suppose de choisir son camp, c’est-à-dire de distinguer l’ami de l’ennemi. Politique et théologique ont en commun la distinction entre l’ami et l’ennemi; aussi, note l’auteur, «quand le politique est caractérisé grâce à la distinction ami-ennemi comme étant «le degré extrême d’union ou de désunion» (…), alors il n’y a plus d’obstacle au passage sans heurt du politique à la théologie de la révélation. La nécessité politique de distinguer entre l’ami et l’ennemi permet désormais de remonter jusqu’à la constellation ami-ennemi de la Chute, tandis que se révèle le caractère politique de la décision théologique essentielle entre l’obéissance et la désobéissance, entre l’attachement à Dieu et la perte de la foi.» (p104). L’histoire a à voir avec l’avènement du Salut, les fins politiques et théologiques sont indissociables pour Schmitt. La décision entre Dieu et Satan est aussi bien théologique que politique, et lorsque l’ennemi providentiel est identifié comme tel, le théologique et le politique coïncident dans leur définition de l’unique ennemi. Le reste du temps, politique et théologique peuvent ne pas coïncider, dans la mesure où toute confrontation politique ne met pas en jeu la foi en la révélation et où toute décision théologique ne débouche pas nécessairement sur un conflit politique. Et si Schmitt développe une théologie politique, c’est parce que ce qui est fondamental est le théologique (qui toujours requiert la décision et l’engagement de l’homme («la foi met fin à l’incertitude. Pour la foi, seule la source de la certitude, l’origine de la vérité est décisive. La révélation promet une protection si inébranlable contre l’arbitraire humain que, face à elle, l’ignorance semble être d’une importance secondaire.» (p138).)) qui prend parfois, mais pas toujours nécessairement, la forme du politique pour sommer l’homme de se décider.

Puis l’auteur examine la critique de la conception de l’Etat dans la doctrine de Hobbes (dans Le Léviathan dans la doctrine de l’Etat de Thomas Hobbes. Sens et échec d’un symbolisme politique) qu’il étudie en trois points.

Thomas_Hobbes_(portrait).jpgD’une part, Schmitt reproche à Hobbes d’artificialiser l’Etat, d’en faire un Léviathan, un dieu mortel à partir de postulats individualistes. En effet, ce qui donne la force au Léviathan de Hobbes, c’est une somme d’individualités, ce n’est pas quelque chose de transcendant, ou plus précisément, transcendant d’un point de vue juridique, mais pas métaphysique. A cette critique, il faut ajouter que, créé par l’homme, l’Etat n’a aucune caution divine: créateur et créature sont de même nature, ce sont des hommes. Or ces hommes, véritables individus prométhéens, font croire à l’illusion d’un nouveau dieu, né des hommes, et mortels, dont l’engendrement provient du contrat social. Et cette création à partir d’individus et non d’une communauté au sein d’un ordre voulu par Dieu, comme c’était, selon Hobbes, le cas au moyen-âge, perd par là-même sa légitimité aux yeux d’une théologie politique ( C. Schmitt écrit ainsi que: «ce contrat ne s’applique pas à une communauté déjà existante, créée par Dieu, à un ordre préexistant et naturel, comme le veut la conception médiévale, mais que l’Etat, comme ordre et communauté, est le résultat de l’intelligence humaine et de son pouvoir créateur, et qu’il ne peut naître que par le contrat en général.»).

D’autre part, Schmitt critique le geste par lequel l’Etat hobbesien est à lui-même sa propre fin. Autrement dit, cette œuvre que produisent les hommes par le contrat n’est plus au service d’une fin religieuse, d’une vérité révélée, mais, au contraire, est rendu habilité à définir quelles sont les croyances religieuses que doivent avoir les citoyens, qu’est-ce qui doit être considéré comme vrai. Enfin, Schmitt désapprouve le symbole choisi par Hobbes pour figurer l’Etat, le Léviathan.

Comme le note l’auteur, Schmitt pointe la faiblesse et la fragilité de la construction de Hobbes: «C’est un dieu qui promet aux hommes tranquillité, sécurité et ordre pour leur «existence physique ici-bas», mais qui ne sait pas atteindre leurs âmes et qui laisse insatisfaite leur aspiration la plus profonde; un homme dont l’âme artificielle repose sur une transcendance juridique et non métaphysique; un animal dont le pouvoir terrestre incomparable serait en mesure de tenir en lisière «les enfants de l’orgueil» par la peur, mais qui ne pourrait rien contre cette peur qui vient de l’au-delà et qui est inhérente à l’invisible.» (p167). Autrement dit, chez Hobbes, l’Etat peut se faire obéir par la peur de la mort, ce qui rend l’obéissance des hommes relatives à cette vie terrestre, alors que pour Schmitt, ce qui rend décisif et définitif l’engagement politique, c’est qu’il a à voir avec la fin dernière, le salut. Aussi peut-on être prêt ou décidé à mourir pour lutter contre l’ennemi, ce que nous craignons alors le plus est moins la mort violente que l’enfer post mortem. Et on comprend ainsi bien comment le libéralisme est ce qui veut éviter cet engagement, en niant la dimension proprement politique de l’existence humaine.

Chapitre 4: l'histoire comme lieu de discernement

Dans le dernier chapitre, centré sur l’histoire comme lieu de discernement dans lequel doit toujours se décider l’homme, l’auteur montre comment morale, politique et révélation sont liées à l’histoire pour permettre une orientation concrète («Pour la théologie politique, l’histoire est le lieu de la mise à l’épreuve du jugement. C’est dans l’histoire qu’il faut distinguer entre Dieu et Satan, l’ami et l’ennemi, le Christ et l’Antéchrist. C’est en elle que l’obéissance, le courage et l’espérance doivent faire leurs preuves. Mais c’est en elle aussi qu’est porté le jugement sur la théologie politique qui se conçoit elle-même à partir de l’obéissance comme action dans l’histoire.» (p177).). L’exemple privilégié par Schmitt pour mesurer un penseur qui se décide à l’histoire dans laquelle il se fait condamné à naviguer est celui de Hobbes. En effet, pour Schmitt, Hobbes prend position, avec piété pour l’Etat moderne, dans un cadre historique précis, celui des luttes confessionnelles, et sa décision en faveur de l’Etat qui neutralise les oppositions religieuses et sécularise la vie est liée à ce contexte historique. Si pour Schmitt, l’Etat n’est plus au XXème siècle une bonne réponse politique à la situation historique, au temps de Hobbes, se déterminer en faveur de cet Etat était la bonne réponse, puisque l’Etat «trancha effectivement à un moment historique donné la querelle au sujet du droit, de la vérité et de la finalité en établissant le «calme, la sécurité et l’ordre» quand rien ne semblait plus urgent que l’établissement du «calme, de la sécurité et de l’ordre»« (p183). En revanche, une fois conçu, l’Etat comme machine ou comme appareil à garantir la sécurité, il peut tomber entre les mains du libéralisme, du bolchévisme ou du nazisme qui peuvent s’en servir pour parvenir à leur fin, d’où sa critique de l’Etat au XXème siècle.

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La question que pose alors l’auteur est celle de l’engagement de Schmitt. Il montre que Schmitt dans les années 1920 et au début des années 1930 commence par soutenir le fascisme mussolinien dans lequel il voit le modèle d’un Etat qui s’efforce de maintenir l’unité nationale et la dignité de l’Etat contre le pluralisme des intérêts économiques. Il oppose ce type d’Etat au libéralisme qu’il considère comme un «système ingénieux de méthodes visant à affaiblir l’Etat» et qui tend à dissoudre en son sein le proprement politique. Il critique l’Etat de droit bourgeois et en particulier le parlementarisme ( Il écrit ainsi dans l’article «l’Etat de droit bourgeois»: «les deux principes de l’Etat de droit bourgeois que sont la liberté de l’individu et la séparation des pouvoirs, sont l’un et l’autre apolitiques. Ils ne contiennent aucune forme d’Etat, mais des méthodes pour mettre en place des entraves à l’Etat.»). Il démasque l’imposture des prétendues démocraties qui n’intègrent pas le peuple, qui ne lui permettent pas d’agir en tant que peuple ( Pour Schmitt, le peuple ne peut être que réuni et homogène (c’est-à-dire non scindé en classes distinctes ou divisé culturellement, religieusement, socialement ou «racialement»). Il estime également que seule l’acclamation permet d’exprimer la volonté du peuple, à l’opposé des méthodes libérales qu’il accuse de falsifier la volonté du peuple.) mais l’atomisent, ne serait-ce que parce qu’au moment de la décision politique, les hommes sont isolés pour voter, alors qu’ils devraient être unis: «ils décident en tant qu’individus et en secret, ils ne décident pas en tant que peuple et publiquement.» (p204). Ce qui fait que les démocraties libérales sont pour lui des démocraties sans démos, sans peuple. Schmitt veut fonder la politique sur un mythe puissant et efficace, et dans cette optique, il estime que le mythe national sur lequel se fonde le fascisme est celui qui donne le plus d’intensité à la foi et au courage (plus, par exemple, que le mythe de la lutte des classes). Ce que souligne l’auteur cependant, c’est que pour Schmitt, tout mythe est à placer sur un plan inférieur à la vérité révélée. Il s’agit donc pour le théologien politique de ne pas croire ce mythe, national ou autre, parce qu’il est éloigné de la vraie foi, mais de l’utiliser pour intensifier la dimension politique de l’existence que tend à effacer le libéralisme européen de son époque.

Comment concilier la décision de Schmitt en faveur du nazisme au printemps 1933? Pour Heinrich Meier, il faut considérer avant tout que cet engagement est fait en tant que théologien politique et non en tant que nationaliste. Il faudrait la lire comme l’essai pour sortir de deux positions antagonistes et qu’il rejette toutes les deux: le libéralisme et le communisme, tous deux adversaires du catholicisme et animés par une commune tradition visant un objectif antipolitique (L’auteur écrit ainsi: «Pendant les dix années, de 1923 à 1933, durant lesquelles Schmitt, empli d’admiration, suivit le parcours de Mussolini, sa conviction que le libéralisme et le marxisme s’accordaient sur l’essentiel ou en ce qui concerne leur «métaphysique» ne fit que se renforcer: l’héritage libéral était toujours déterminant pour le marxisme, qui «n’était qu’une mise en pratique de la pensée libérale du XIXème siècle». La réunion du libéralisme et du marxisme dans la «nouvelle croyance» du temps présent (…) disposant d’un fonds de dogmes communs et poursuivant le même objectif final antipolitique, devait faire apparaître le fascisme et le national socialisme comme les antagonismes les plus résolus.» (p212-213).). A cela s’ajoute, selon l’auteur, l’idée que le nazisme s’appuie sur la croyance au destin et à l’importance d’agir dans l’histoire. Mais peu après cette explication des raisons de l’adhésion de Schmitt au national-socialisme, l’auteur s’attache à montrer que des critiques du régime apparaissent dans ses écrits. On peut ainsi selon l’auteur lire de nombreux passages du livre sur Hobbes comme des critiques indirectes du régime nazi qui ne pouvaient pas ne pas être prises comme telles à l’époque (par exemple, des passages dans lesquels il explique que si l’Etat ne protège pas efficacement les citoyens, le devoir d’obéissance disparaît, ou des passages exposant que si un régime relègue la foi à l’intériorité, le «contre-pouvoir du mutisme et du silence croît».) Cependant, l’auteur prend également soin de distinguer d’un côté l’éloignement de Schmitt du pouvoir nazi en place et de l’autre la persistance de son antisémitisme. Ainsi le livre sur Hobbes est foncièrement antisémite – l’antisémitisme de ce livre ne serait pas qu’un fond, un langage destiné à répondre aux critères de l’époque – comme, du reste, dans de nombreux ouvrages. Et pour l’auteur cet antisémitisme a son origine dans la tradition de l’antijudaïsme chrétien, ce qui n’a pas détaché Schmitt de l’antisémitisme nazi. Au contraire, comme le souligne H. Meier, «on est bien obligé de dire que c’est l’hostilité aux «juifs» qui lie le plus durablement Schmitt au national-socialisme (…) Et il restera fidèle, même après l’effondrement du Troisième Reich, à l’antisémitisme» (p220).

Puis l’auteur s’intéresse à l’interprétation que Schmitt fait de l’histoire en mettant au cœur de cette interprétation le katechon, qu’on trouve dans la seconde lettre de Paul aux Thessaloniciens, et qu’il définit comme «la représentation d’une force qui retarde la fin et qui réprime le mal» ( Schmitt écrit ainsi dans Terre et Mer: «Je crois au katéchon; il représente pour moi la seule possibilité, en tant que chrétien, de comprendre l’histoire et de lui trouver un sens.»). Schmitt expose une vision chrétienne de l’histoire (notamment exposée dans une critique de Meaning in History de Karl Löwith) qu’il entend opposer à celle du progrès défendue par les Lumières, le libéralisme et le marxisme. La Providence ne peut être assimilée aux planifications prométhéennes humaines. La notion de katechon permet d’une part de rendre compte du retard de la parousie – et donc de l’existence perse de l’histoire ( C’est d’ailleurs dans cette perspective que Paul en parle.); d’autre part, elle «protège l’action dans l’histoire contre le découragement et le désespoir face à un processus historique, en apparence tout-puissant, qui progresse vers la fin. Enfin, elle arme à l’inverse l’action dans l’histoire contre le mépris de la politique et de l’histoire en l’assurant de la victoire promise.» (p231-232). En effet, sans le katechon, on est conduit à penser que la fin de l’histoire est imminente et que l’histoire n’a qu’une valeur négligeable.

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Ainsi, l’auteur parvient à montrer efficacement comment morale, politique, vérité révélée et histoire sont liées dans la pensée schmittienne, pensée ayant son centre dans la foi catholique de Schmitt. On ne peut comprendre la genèse des concepts schmittiens et leur portée véritable qu’en ayant à l’esprit cette foi expliquant sa pensée est moins une philosophie politique – si la philosophie doit être pensée comme indépendante de la foi en la révélation – qu’une théologie politique, pour ainsi dire totale en ce qu’elle informe tous les aspects de l’existence. La tentative d’H. Meier d’expliquer et de rendre compte et de l’engagement de Schmitt dans le nazisme –sans évidemment l’excuser ou n’en faire qu’une erreur malencontreuse– par l’antagonisme que ce régime pouvait manifester à l’encontre des autres régimes (libéralisme, marxisme) qui luttaient contre le catholicisme est pertinente, d’autant qu’elle ne le disculpe pas et qu’elle prend soin de souligner son indéfendable antisémitisme. Il faut aussi reconnaître à l’auteur une connaissance extrêmement précise des textes de Schmitt, de leur contexte et des adversaires que vise ce dernier même lorsqu’ils ne sont pas nommés, ce qui contribue à la clarification de maintes argumentations de Schmitt parfois équivoques ou elliptiques.

samedi, 17 mars 2018

Brooks Adams and the Law of Civilisation and Decay

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Brooks Adams and the Law of Civilisation and Decay

 
 
Ex: https://www.blackhousepublishing.com

There are many causes given for the death of Civilisations, including environmental, moral, racial, economic, and dysgenic. However, those who reject political economy whether of the English Free Trade School or its Marxian and other socialist derivatives, give too little attention to the central role of materialism in the decline and fall of civilisations. Indeed, it can be contended that the latter is a primary cause of cultural etiolation, with other factors being symptoms of a prior culture-pathogen. For it is the way money is regarded as a culture-symbol that reflects the state of a Civilisation.

The towering genius of Western historical-philosophy, Oswald Spengler, detailed this culture-problem in his epochal Decline of the West nearly a century ago.[i]Even prior to Spengler however, the American Brooks Adams wrote a masterful study on the role of money in the decline of cultures in a no less remarkable book, The Law of Civilisation and Decay.[ii] For here, as with Spengler, we have the diagnostic method of culture-pathology and the possibilities of a cure once the cause is known.

It was for this reason that Ezra Pound, who was committed to overthrowing the money-power, enthusiastically recommended Brooks Adams’ book as essential reading.[iii]

Brooks_Adams,_c._1910.jpgThe Law of Civilization and Decay was published in 1896; that is, several decades prior to Spengler’s Decline of the West. Like Spengler, Adams traces through the analogous epochs of Civilizations the impact these epochs have upon the Culture in its entirety, from architecture to politics, focusing on the economic influences. He shows, like Spengler, that Civilizations proceed through organic cycles. Spengler used the names of seasons to illustrate the organic character of culture-life, going through the stages of birth (Spring; Culture), youthful vigor (Summer, High Culture), maturity (Autumn, Civilization), old age and senility (Winter), with an intervening era of revival – a dramatic final bow on the world stage – ending in death due to the primacy of money over spirit.

Adams first noted the ‘law of civilization and decay’ in the differences in architecture between the city-states in Civilizations that had maintained their cultural ethos, or what Spengler referred to as the culture-cities, and those that had been founded as centers of commerce. In the commercial cities such as Venice, Genoa, Pisa and Florence, of the early Western Medieval epoch, ‘the religious idea,’ expressed elsewhere in the Gothic style (which Spengler identified as one of the purest Western – Faustian – culture forms, epitomized by the Gothic Cathedral)[iv] was not defined. Adams wrote of this, like Spengler several decades later:

Furthermore, commerce from the outset seemed antagonistic to the imagination, for a universal decay of architecture set in throughout Europe after the great commercial expansion of the thirteenth century; and the inference I drew from these facts was that the economic instinct must have chosen some other medium by which to express itself.[v]

Adams concluded that a ‘mercantile community’ would instead express itself through its type of coinage. Another primary factor, Adams concluded, was that men act through impulse and instinct, and only rationalise their actions once they have attained their aims. Characteristics, states Adams, are inherited through familial generations, but as changes occur, and the inherited characteristics become redundant in new circumstances, families fall from fame to obscurity. ‘Particularly has this been true in revolutionary epochs such as the Reformation; and families so situated have very generally become extinct.’[vi]

There is a dichotomy that utilises a stored collective energy, either impelling great achievements or dissipating that energy. This is based on two drives: fear that prompts feelings of religion, imagination, the metaphysical and priesthood; and greed that ‘dissipates energy in war and trade.’[vii] These two primary drives as we might call them today, fear and greed, equate, I believe, with the Spring/Summer and Autumn/Winter epochs of Spengler’s morphology of cultures respectively.

‘Fear’ equates with a religious instinct. This should not be seen as having negative connotations, as Marx and other materialists, rationalists and atheists would insist. Rather, it is that primal quality of feeling of cosmic awe that Spengler saw in the Spring of a High Culture, where great art and great adventures are played out to a Culture’s ‘glory to God’ or Gods. That this religious instinct is transformed into a new pseudo-religious form in the Autumn and Winter epochs of a Civilisation can be seen from the use emerging economic classes – the bourgeois – made of Puritanism and Calvinism.[viii] Such forces were at the foundation of the USA.

BA-laws.jpgAdams’ theory of energy seems akin to C. G. Jung on the ‘canalisation’ of psychical energy (libido);[ix] with the two primary drives, fear and greed, in Adams’ theory, being the means by which what Jung called ‘canalisation’ manifests. In both Adams’ and Jung’s theories, instinct is at the base of this energy activation. Likewise with Spengler, instinct is at the base of the flowering of a High Culture in its Spring epoch, before ossifying into ‘reason’ in the Late or Winter epoch.

Like Spengler, Adams states that the formative stages of a High Culture, still based on ‘fear’, that is to say, the imaginative qualities, produce a culture that is ‘religious, military, artistic.’[x] Adams states that, ‘as consolidation advances, fear yields to greed, and the economic organism tends to supersede the emotional and martial.’[xi] Hence we arrive with Adams at the same place as Spengler, where money dominates at the late cultural epoch; and energy is expended on material gain at the expense of the founding spiritual ethos. Energy that is not expended is stored. Again we come to the theory similar to the libido of psychology. This surplus energy might be stored as wealth. Eventually conquest for booty or empire, still undertaken under the impress of the founding spiritual ethos, is displaced by the ‘greed’ impulse manifested as economics. Adams writes of this process:

However large may be the store of energy accumulated by conquest, a race must, sooner or later, reach the limit of its martial energy, when it must enter on the phase of economic competition. But, as the economic organism radically differs from the emotional and martial, the effect of economic competition has been, perhaps invariably, to dissipate the energy amassed by war.[xii]

The next passage by Adams is remarkably suggestive of Spengler in describing the cycles of decay:

When surplus energy has accumulated in such bulk as to preponderate over productive energy, it becomes the controlling social force. Thenceforward, capital is autocratic, and energy vents itself through those organisms best fitted to give expression to the power of capital. In this last stage of consolidation, the economic, and, perhaps, the scientific intellect is propagated, while the imagination fades, and the emotional, the martial, and the artistic types of manhood decay. When a social velocity has been attained at which the waste of energetic material is so great that the martial and imaginative stocks fail to reproduce themselves, intensifying competition appears to generate two extreme economic types, – the usurer in his most formidable aspect, and the peasant whose nervous system is best adapted to thrive on scanty nutriment. At length a point must be reached when pressure can go no further, and then, perhaps, one of two results may follow: A stationary period may supervene, which may last until ended by war, by exhaustion, or by both combined, as seems to have been the case with the Eastern Empire; or, as in the Western, disintegration may set in, the civilized population may perish, and a reversion may take place to a primitive form of organism.[xiii]

Here the primary elements of Spengler can be identified in Adams in terms of materialism giving rise to scientism or the ‘Age of Reason’ as it is called in the Western epoch, on the ruins of faith and an intuition of one’s place in the cosmos. The latter is replaced by a rootless struggle for economic existence or power, as approvingly observed by Marx in The Communist Manifesto. The intellectual replaces the priest, the banker replaces the aristocrat, and the proletarian replaces the craftsman and peasant. After the death of the Civilisation, the peasant reverts to his former existence outside of history, fellaheen as Spengler terms him in a post-civilisation, as in Egypt and India. Very close to the passage from Adams above, is the following from Spengler:

BA-empire.jpgAt this level, all Civilisations enter upon a stage, which lasts for centuries, of appalling depopulation. The whole pyramid of cultural man vanishes. It crumbles from the summit, first the world-cities, then the provincial forms, and finally the land itself, whose best blood has incontinently poured into the towns, merely to bolster them up awhile, at the last. Only the primitive blood remains, alive, but robbed of its strongest and most promising elements. This residue is the Fellah type.[xiv]

According to Adams, the law of civilisation and decay shows that energy is expended on economic competition to the point of culture exhaustion. The prolonged inertia that Adams refers to where the survivors of the dissipated old Civilisation exist devoid of vigour is analogous to the Fellah type described by Spengler. Both refer to the exhaustion of vigour expended for economic motives.

The evidence, however, seems to point to the conclusion that, when a highly centralized society disintegrates, under the pressure of economic competition, it is because the energy of the race has been exhausted. Consequently, the survivors of such a community lack the power necessary for renewed concentration, and must probably remain inert until supplied with fresh energetic material by the infusion of barbarian blood.[xv]

Where that fresh blood is to be found to reinvigorate a decaying West is problematic, given that culture-pathology has spread to every corner of the globe through international commerce, and is perhaps even exported as a world control mechanism to break down traditional barriers.[xvi] Spengler suggested, even in 1919, regardless of Bolshevism, that the fresh blood and new ethos might come eventually from Russia.[xvii]

As both Spengler and Adams state, the Late (Winter) epoch, i.e. the epoch in which we are now living, is based on Money and commerce, with the usurer, as Adams states, being the highest incarnation of Late Civilisation. The Late epoch makes literature, theatre, art and music, commodities like any automobile or refrigerator, as a quick turnover for profitability, and designed for quick obsolescence. Power is exercised through money, loans, international finance, and the power centres of the world are the money centres: New York and The City of London.

Money rules during the closing epoch of a Civilisation, until overthrown by an internal resurgence of authority and faith, or by invasion. Adams points out that decay soon set into Rome because the land-tiller-soldier was not equipped to deal with the rise of a mercantile elite, and the whole edifice became debt-ridden. The patrician class became money-lenders and shaped policy according to their interests. Debtors or their children often became slaves of the money-lenders. ‘The stronghold of usury lay in the fiscal system, which down to the fall of the Empire was an engine for working bankruptcy’. Although one thinks of Rome primarily as ruled by a stern martial ethos, Adams shows that at an early period ‘Romans had been bred destitute of the martial instinct’.

The Roman spiritual ethos was reasserted when the oligarchic families were overthrown by Pyrrhus, who saw Rome’s strength in her farmers. However, with Roman greatness and her imperial expansion came the conquest of populations that had already succumbed to decay, ‘and their cheap labour exterminated the husbandmen of Italy’, writes Adams. This passage from Adams cogently expresses the problem:

By conquest the countries inhabited by races of a low vitality and great tenacity of life were opened both for trade and slaving, and their cheap labour exterminated the husbandmen of Italy. Particularly after the annexation of Asia Minor this labour overran Sicily, and the cultivation of the cereals by the natives became impossible when the island had been parcelled out into great estates stocked by capitalists with eastern slaves who, at Rome, undersold all competitors. During the second century the precious metals poured into Latium in a flood, great fortunes were amassed and invested in land, and the Asiatic provinces of the Empire were swept of their men in order to make these investments pay. No data remain by which to estimate, even approximately, the size of this involuntary migration, but it must have reached enormous numbers, for sixty thousand captives were the common booty of a campaign, and after provinces were annexed they were depopulated by the publicans.[xviii]

ba-socrev.jpgWhere there were slaves imported from the subject peoples, long since etiolated, filling an Italy whose population was being denuded, there is today an analogous process in an analogous epoch: that of immigration from the ‘third world’ into the Western states whose populations are ageing. Oligarchy constituted the core of the Empire. Nobility became defined by wealth.

Just as Spengler notes how the cities suck the country and form a proletarianised mass, Adams relates that the same process took place in Italy. Free trade with Egypt caused the destitution and proletarianisation of the Italian farmers. Does this not seem very ‘modern’, very present-day?

By 22 AD Tiberius was trying to address the matter of how to return the Romans, who had become obsessed with opulence, to a simpler life. A trade imbalance in the pursuit of luxury items from the East brought Italy to ruin, with a financial crisis culminating in 33AD. Rome to maintain any military vigour, was obliged to recruit or press gang from its Germanic subject tribes. ‘This military metamorphosis indicated the extinction of the martial type, and it extended throughout society. Rome not only failed to breed the common soldier, she also failed to produce generals’. In a passage particularly reminiscent of Spengler, Brooks Adams provides what might be regarded as a summary of the condition of Roman Civilisation:

This supremacy of the economic instinct transformed all the relations of life, the domestic as well as the military. The family ceased to be a unit, the members of which cohered from the necessity of self-defence, and became a business association. Marriage took the form of a contract, dissoluble at the will of either party, and, as it was somewhat costly, it grew rare. As with the drain of their bullion to the East, which crushed their farmers, the Romans were conscious, as Augustus said, that sterility must finally deliver their city into the hand of the barbarians. They knew this and they strove to avert their fate, and there is little in history more impressive than the impotence of the ancient civilization in its conflict with nature. About the opening of the Christian era the State addressed itself to the task. Probably in the year 4 AD, the emperor succeeded in obtaining the first legislation favouring marriage, and this enactment not proving effective, it was supplemented by the famous Leges Julia and Papia Poppsea of the year 9. In the spring, at the games, the knights demanded the repeal of these laws, and then Augustus, having called them to the Forum, made them the well-known speech, whose violence now seems incredible. Those who were single were the worst of criminals, they were murderers, they were impious, they were destroyers of their race, they resembled brigands or wild beasts. He asked the equites if they expected men to start from the ground to replace them, as in the fable; and declared in bitterness that while the government liberated slaves for the sole purpose of keeping up the number of citizens, the children of the Marcii, of the Fabii, of the Valerii, and the Julii, let their names perish from the earth.[xix]

We come now to the present, when the pre-eminent world-city is New York as a symbol of the much-heralded ‘leader of the Western world,’ the USA. Here we see in the USA not the beginning of something new and vigorous, but the outgrowth of the most decayed elements of Western Civilisation: a dichotomy of Europe’s late Enlightenment Deism, and of English Puritanism. The latter sanctioned money-making as a divine commandment, and culture as a devilish waste of time.[xx] It is an ethic that worked against the development either of an American High Culture or America as the custodian of Western High Culture. For example, at the founding Puritan American Colonies, music was excluded as a profession[xxi], while Puritan functionalism worked against the development of a significant Puritan visual art.[xxii] While, as Adams states, the Reformation of Henry VIII paved the way for the dictatorship of money,[xxiii] the impetus was given by the English Puritan Revolution of 1642-1648. Adams stated of this that but for the hostility of The City, Charles the First would never have been vanquished, and that without the help of The City, Charles the Second could scarcely have been restored.[xxiv] The establishment of the Bank of England in 1688, facilitated with the usurpation of the Throne by William III of Orange signified the subordination of the Throne to the money-lender.

Hence, the dictature of money in the West was formalized in 1688 after several centuries of conflict between tradition and money. The world money centre shifted from London to New York in recent times in the same way that it had shifted from Amsterdam to London during the 17th Century. The reasons and consequences of these historical dynamics are perhaps no better explained to the Anglophone world than by Brooks Adams’ Law of Civilization and Decay.

Notes:

[i] Oswald Spengler, The Decline of the West (London: Allen and Unwin, 1971).

[ii] Brooks Adams, The Law of Civilisation and Decay (London: Macmillan Company, 1896), https://archive.org/stream/lawofcivilizatio00adam#page/n6/mode/1up

[iii] Ezra Pound, (1942) A Visiting Card (London: Peter Russell, 1952), 8-9.

Pound (1944) America, Roosevelt and the Causes of the Present War (London: Peter Russell 1951), 8, 13, 16.

Pound (1944) Gold & Work (London: Peter Russell 1951), 6.

[iv] Oswald Spengler, The Decline of The West, op. cit., Vol. I, 396: ‘The character of the Faustian cathedral is that of the forest… the architectural actualising of a world-feeling…’

[v] Brooks Adams, vi.

[vi] Ibid., vii.

[vii] Ibid., ix.

[viii] Max Weber, The Protestant Ethic and the Spirit of Capitalism (London: George Allen and Unwin, 1950).

[ix] Calvin S. Hall and Vernon J. Nordby, A Primer of Jungian Psychology (New York: New American Library, 1973), ‘Canalization of Energy’, 76-80.

[x] Brooks Adams, ix.

[xi] Ibid.

[xii] Ibid., x.

[xiii] Ibid., x-xi.

[xiv] Oswald Spengler, op. cit., Vol, II, p. 105.

[xv] Brooks Adams, xi.

[xvi] Ralph Peters, ‘Constant Conflict’, Parameters, US Army War College, Summer 1997, pp. 4-14, http://www.carlisle.army.mil/usawc/parameters/Articles/97summer/peters.htm

[xvii] Oswald Spengler, ‘The Two Faces of Russia and Germany’s Eastern Problems’, 14 February 1922, Politische Schriften, Munich, 1922.

[xviii] Brooks Adams, 12-13.

[xix] Brooks Adams, 42.

[xx] F. J. Bremer, The Puritan Experiment: New England Society from Bradford to Edwards (New York: St. Martins Press, 1976).

[xxi] R. Crawford, (ed.), America’s Musical Life: A History (New York: W. W. Norton, 2005).

[xxii] F. J. Bremer.

[xxiii] Brooks Adams, 233.

[xxiv] Brooks Adams, 292-293.

 

L’eurasisme ou le retour du sacré en géopolitique

Il existe, qui plus est, chez Douguine une dimension eschatologique qui le distingue de tous les nationalistes pan-européistes qui l’ont précédé (l’on pense, par exemple, à Jean Thiriard[1] et à sa Grande Europe islando-touranienne). Conjuguée à un goût très prononcé pour la géopolitique, cette approche confère à ses analyses une originalité parfois déroutante, mais jamais inféconde pour qui adopte, finalement, le point de vue quasi homérique d’un monde écartelé entre la propension prométhéenne des mortels et les plus contrariés desseins des dieux. C’est dire, en d’autres termes, que la dialectique de l’ordre et du chaos irrigue la pensée eurasiste de Douguine qui apparaît alors comme une véritable herméneutique permettant d’exhumer cette primordiale et ancienne complémentarité – que le monde moderne a artificiellement dissociée – du sacré et du profane et, partant, de mettre à jour « la vraie spiritualité, la pensée supra-rationnelle, le logos divin, la capacité à voir à travers le monde son âme secrète [2] » (p. 400).

On saisit mieux ce présupposé fondamental dans la philosophie douguinienne – directement inspiré du schéma structuraliste propre à la tradition indo-européenne – si l’on se penche, précisément, sur son terreau naturel, la géopolitique. Le processus de désacralisation de la géopolitique a conduit à une laïcisation de cette dernière qui l’a coupé de sa source hiérophanique, la géographie sacrée. Néanmoins, Douguine n’hyperbolise pas cette ligne de fracture, puisque, d’une part, « la géopolitique se tient à une place intermédiaire entre la science traditionnelle (la géographie sacrée) et la science profane » (p. 382), d’autre part, « les deux sciences convergent dans la description des lois fondamentales de l’image géographique des civilisations » (p. 394). Les rapports entre les deux sciences sont d’autant moins inexistants que « même dans notre monde anti-sacré, à un niveau inconscient, les archétypes de la géographie sacrée ont presque toujours été préservés dans leur intégrité, et se réveillent dans les moments les plus importants et les plus critiques des cataclysmes sociaux » (p. 390).

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Douguine ne perd pas de vue sa quête de la Tradition primordiale dans la mesure où elle constitue ce qu’il y a véritablement de caché dans un monde dominé par le matérialisme, l’hédonisme et l’accumulation capitalistique illimitée, soit le nouvel ordre mondial, ou encore le mondialisme – dans son acception à la fois technico-cybernéticienne et transhumaniste, sinon post-humaniste. Ainsi, par exemple, au « Nord riche » ne doit-on pas opposer le « Sud pauvre », mais bien le « Nord pauvre […], idéal sacré du retour aux sources nordiques de la civilisation. Ce Nord est ‘‘pauvre’’ parce qu’il est basé sur l’ascétisme total, sur la dévotion radicale envers les plus hautes valeurs de la Tradition, sur le mépris complet du matériel par amour du spirituel » (p. 415). Quant au « Sud pauvre », il doit nécessairement former une alliance avec ce « Nord pauvre ». De ce renversement du monde surgira un chaos nécessairement porteur d’ordre, celui de la Tradition originelle, attendue, toutefois, que cette « cette voie [n’ira] pas de la géographie sacrée à la géopolitique mais au contraire, de la géopolitique à la géographie sacrée » (p. 418).

À cette aune, l’islam que Douguine estime « directement relié à la Tradition [3] » (p. 543), représente, à ses yeux un fait géopolitique majeur pouvant conduire au sacré d’une géographie islamique traditionnelle. Il prend soin, malgré tout, d’opérer la distinction entre le salafisme, « pur islam » selon ses zélateurs et l’islam traditionnel qui « représente l’immense majorité des musulmans modernes ». Selon Douguine, la métaphysique salafiste est d’essence eschatologique ce qui la rend incommunicable au chiisme, « très similaire au traditionalisme » et au soufisme ésotériste. Il y voit la clé d’une concorde anti-occidentale fondée sur la reviviscence de la Tradition, à l’expresse condition, précise-t-il, que chacun suive sa tradition : « à un niveau purement individuel, le choix est possible, mais voir les Russes se convertir en masse à l’islam me répugne, car ils cherchent le pouvoir en dehors d’eux-mêmes et en dehors de leur tradition, et ils sont donc infirmes, faibles et lâches » (p. 544).

La prétendue « islamophilie » de notre penseur est appendue au paradigme inoxydable de la nordicité hyperboréenne que la géopolitique moderne a recouvert d’un monceau de colifichets. Sous la tectonique physique et démographique des continents, les méta-continents archétypaux de la géographie sacrée révèlent l’intemporalité de la Tradition qui explique que « quand les hommes du Sud restent en harmonie avec les hommes du Nord, c’est-à-dire quand ils reconnaissent l’autorité et la supériorité typologique (et non raciale !) de ceux-ci, l’harmonie règne parmi les civilisations. Lorsqu’ils revendiquent la suprématie à cause de leur relation archétypale avec la réalité, alors surgit un type culturel dévié, qui peut être globalement défini par l’adoration des idoles, le fétichisme ou le paganisme (au sens négatif, péjoratif de ce mot) » (p. 401).

En somme, aujourd’hui vivons-nous sous l’empire du fétichisme de la marchandise qui s’oppose, dans une lutte de préséance, à l’impérialisme du paganisme islamique. Point de Tradition, ni de traditions…

Pour le Front de la Tradition, Alexandre Douguine (Ars Magna).

douguine-ouvrage-208x300.jpgAlexandre Douguine, Pour le Front de la Tradition, Ars Magna, collection « Heartland », 34 euros

Notes

[1] Sur cette figure fascinante du nationalisme européen, on renverra à Yannick Sauveur et à son « Qui Suis-Je ? » éponyme publié chez Pardès en 2016 ainsi qu’à Le prophète de la grande Europe, Jean Thiriart, ouvrage rassemblant articles et entretiens depuis longtemps introuvables, publié chez Ars Magna (2018).

[2] Autant de qualités idiosyncrasiques qu’il attribue à l’homme du Nord, lesquelles se retrouvent selon lui « chez les Indiens d’Amérique du Nord et chez les anciens Slaves, chez les fondateurs de la civilisation chinoise et chez les indigènes du Pacifique, chez les Allemands blonds et chez les chamans noirs d’Afrique de l’Ouest, chez les Aztèques à peau rouge et chez les Mongols aux pommettes saillantes », tous ces peuples possédant le « mythe de ‘‘l’homme solaire’’ ».

[3] Sans que la Tradition ne se résume à l’islam.

lundi, 12 mars 2018

Georges Valois contre l’argent: rencontre avec Olivier Dard

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Georges Valois contre l’argent: rencontre avec Olivier Dard

par Frédéric Saenen

Ex: http://salonlitteraire.linternaute.com

GV-portrait.jpgLorsqu’il s’agit d’aborder le cas Georges Valois (1878-1945), c’est peut-être le terme de « rupture » qui s’impose en premier lieu à l’esprit. En effet, ce singulier personnage aura successivement adhéré aux idéologies marquantes de l’âge des extrêmes, de l’anarchisme à l’Action française (dont il sera un des premiers dissidents), d’un fascisme à la française clairement revendiqué au syndicalisme, jusqu’à enfin une doctrine économique trop peu étudiée encore, « l’abondancisme ».

De tels louvoiements passeront aux yeux de beaucoup pour une suspecte inconstance – et Valois se verra d’ailleurs taxé d’être en matière de politique un véritable caméléon. Mais il serait hâtif de résumer l’homme à cette tendance, tout autant que de l’enfermer dans son identité de fondateur du Faisceau. Ce mouvement, créé le 11 novembre 1925, mêlait en somme, et de façon quelque peu utopique, idéologie technocratique, planisme strict, exaltation de la figure du travailleur et valorisation des corporations. Le Faisceau implosera, après deux ans d’existence, sous la pression des divergences idéologiques qui le tiraillaient.

La réflexion et l’engagement de Valois ne s’arrêtèrent cependant pas là : son nom sera aussi cité parmi ceux des non-conformistes des années 30 et il mourra, suite à son arrestation par la Gestapo, au camp de Bergen-Belsen. Étrange fin pour un homme que les esprits simplistes seraient tentés de réduire à un Mussolini à la française !

Olivier Dard, dont on connaît les excellents travaux sur les droites radicales et nationales en France (de Maurras à l’OAS) mais aussi l’intérêt pour les relations entre politique et économie, ne pouvait rester indifférent à un homme tel que Valois. Après avoir dirigé le volume Georges Valois, itinéraire et réceptions paru chez Peter Lang en 2011, voici qu’il préface la réédition de L’homme contre l’argent. Un volume de souvenirs couvrant la décennie qui mène exactement de la fin de la Première Guerre mondiale à la faillite du Faisceau.

GV-livre.jpgLe livre, « virulent et écrit à chaud » selon les termes mêmes d’Olivier Dard, constitue un témoignage de première main sur une période de l’histoire souvent négligée au bénéfice des années 30, identifiées comme celles de tous les périls, de toutes les crises, de toutes les passions. Pourtant, quel bouillonnement déjà dans cette France qui sort à peine des tranchées, de la boue et du sang. L’heure est à la reconstruction et à la recherche de nouveaux modèles de société. Les uns ne jurent que par le monde anglo-saxon, les autres penchent plutôt du côté des Soviets. Valois revendique quant à lui l’ouverture d’une troisième voie dès l’incipit : « Ni Londres, ni Moscou. »

Ce texte n’est donc pas uniquement une autobiographie, bien que la mémoire de Valois et ses jugements en soient l’axe central. Il ne se cantonne pas non plus à la recension des faits objectifs et à leur scrupuleuse chronique. Mais s’il n’a pas le caractère offensant du pamphlet, il mérite bel et bien l’étiquette bernanosienne d’« écrit de combat ». Olivier Dard insiste sur le fait que « c’est bien comme une charge contre la “ploutocratie” qu’il faut lire L’homme contre l’argent » et poursuit sur ce constat : « Le capitalisme, dans sa dimension industrielle comme financière, sa compréhension et la lutte à entreprendre contre lui sont des préoccupations constantes chez Valois ». 

Est-ce à dire qu’il y aurait encore une actualité possible pour un penseur qui paraît aujourd’hui tellement oublié et daté ? Nous avons demandé à l’historien de nous éclairer sur quelques aspects de cette publication, riche en anecdotes et en portraits, mais aussi sur la personnalité complexe de Valois et la place qu’il lui revient d’occuper parmi les figures de la pensée française du XXe siècle. Mieux vaut tard…

Frédéric Saenen

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Entretien avec Olivier Dard,

professeur d'histoire contemporaine à l'université de Lorraine (plateforme de Metz), spécialiste d'histoire politique du vingtième siècle, en particulier des droites radicales et des relations entre politique et économie.

 Georges Valois ne fut pas strictement un économiste ni un homme politique. Alors comment le qualifieriez-vous ? « Penseur » ? « Intellectuel » ? « Homme engagé » ?

Olivier Dard : Homme engagé certainement. Les termes de « penseur » ou d’ « intellectuel » ne sont peut-être pas les mieux adaptés pour Valois même s’il aspire à être considéré comme un doctrinaire et multiplie les prises de position à fois sur des questions générales et sur les sujets qui lui tiennent le plus à cœur et qui sont d’ordre économique et social. Il faut s’attacher aux titres des ouvrages de Valois où deux mots ressortent particulièrement, « L’homme » et « nouveau/nouvelle » : L’homme qui vient, L’homme contre l’argent, Economie nouvelle, Un nouvel âge de l’humanité… Autant de mots forts qui ne sont pas seulement les titres accrocheurs d’un éditeur chevronné et d’un professionnel du livre qu’est Valois. Ils renvoient à ses questionnements les plus profonds et les plus constants.

 Parmi les engagements successifs de Valois (anarchisme, maurrassisme, syndicalisme, fascisme, non-conformisme, abondancisme, résistance, etc.), lequel vous semble-t-il avoir mené avec le plus, non pas d’intégrité, mais de cohérence intellectuelle ? Et y a-t-il, chez cet homme de toutes les ruptures, des idées ou des valeurs permanentes, intangibles, qu’il maintiendra tout au long de son existence ?

Je pense que la lutte contre l’argent est sans doute un marqueur essentiel du parcours de Valois. L’anticapitalisme est une constante de Valois mais son contenu a évolué avec le temps. A l’époque de l’AF, il faut le comprendre non comme un refus du principe de la propriété privée et une défense de la collectivisation des moyens de production comme le prône le socialisme, mais comme un rejet de la finance, la promotion pendant d’une « économie nouvelle » arrimée au corporatisme. Lorsque Valois passe à « gauche », l’accent est mis sur une République syndicale associée à « Etat technique » qui est le signe d’un nouvel âge. Le Valois de l’Economie nouvelle n’est pas aussi éloigné de celui du « nouvel âge » qu’il peut y paraître si on se polarise sur sa rupture avec l’AF. Dans le sillage du premier conflit mondial et de la promotion d’un « esprit des années vingt », Valois est pénétré de l’importance de la technique et de ses potentialités, tout comme du rôle nouveau à conférer à ceux qui sont alors dénommés les « techniciens » et qui annoncent les technocrates.

 Dans le chapitre Mon premier complot, Valois évoque son voyage dans l’Italie fasciste et dresse un portrait de Mussolini, qu’il rencontrera d’ailleurs en audience. Que pensez-vous du regard que Valois porte sur le Duce, dans ces pages comme à d’autres moments de son œuvre ?

La référence au Duce proposée dans L’Homme contre l’argent n’est pas isolée dans l’ensemble de l’œuvre de Georges Valois. Par la suite, il publie comme éditeur (librairie Valois) des antifascistes italiens et lui-même écrit sur l’Italie fasciste pour dénoncer son régime et son chef… comprenant rapidement la caractère infâmant du label fasciste dont il affuble Poincaré dans son essai Finances italiennes (1930). La présentation de Mussolini dans L’Homme contre l’argent est un texte fort intéressant. D’abord, parce qu’il peut se lire comme un témoignage important sur le dirigeant italien au milieu des années vingt et qui peut être comparé à d’autres, Français ou étrangers. Mussolini, comme l’a montré Didier Musiedlak dans son ouvrage sur Mussolini (Presses de Sciences Po, 2005 ) mettait un soin particulier à recevoir ses visiteurs et Valois, sans forcément le mesurer, se trouve intégré à un cérémonial d’audience bien rodé . Le récit de Valois est aussi instructif pour saisir par quels biais il a pu être reçu : Mussolini connaît ses écrits mais Valois a aussi été introduit dans le bureau par Malaparte (photo) qui se rattache alors aux « fascistes de gauche ». Un dernier point renvoie à la façon dont Valois appréhende Mussolini comme chef politique. Il est « conquis » par sa personnalité et rapproche à cet égard Mussolini de Lénine. Sur ce dernier point, l’empreinte de Georges Sorel est sans doute importante.

malaparte-1.jpg Lorsqu’on lit le chapitre consacré à la rupture avec l’AF, on entrevoit qu’il s’agit moins d’une dissension à propos des idées que d’histoires de gros sous et de concurrence d’organes de presse (L’Action française contre le Nouveau Siècle) qui motivent le départ de Valois. Aux yeux de l’historien, ce récit est-il sincère et complet ?

Dans le récit qu’il propose de sa rupture avec l’AF, le propos de Valois est logiquement partiel et partial. La dimension économique de la rupture est cependant importante car le divorce de Valois avec l’AF met en jeu l’avenir de la Nouvelle Librairie nationale et, du point de vue des organes de presse mentionnés, l’attraction d’un lectorat qui est acheteur et donc contributeur au financement des deux périodiques. La rupture débouche sur une polémique âpre et un long procès opposant Valois et l’AF, et présenté par Valois dans un gros ouvrage intitulé Basile ou la politique de la calomnie. L’argent et la rancœur, s’ils sont les éléments les plus visibles de ce divorce, ne sont pas les seuls à devoir être pris en compte. Il faut aussi compter avec l’importance des clivages idéologiques qui distendent progressivement la relation de Valois à l’AF, notamment quant à l’adéquation du programme de cette dernière avec ses projets et ses initiatives au début des années vingt : le « nationalisme intégral » laisse la place chez Valois à la recherche d’un fascisme à la française. Valois est alors déçu et désabusé quant aux perspectives de l’AF au lendemain des résultats électoraux calamiteux de 1924. Il y a entre le fondateur du Faisceau et l’AF un divorce qui renvoie à la stratégie et aux modalités de l’action politique à entreprendre.

 Quelle anecdote, scène ou rencontre évoquée dans L’homme contre l’argent vous semble résumer le mieux le tempérament de Valois ?

La question est délicate mais le récit de sa rupture avec l’AF (chapitre V) est un passage tout à fait caractéristique d’un personnage dominé par son égocentrisme et dont la psychologie traduit une obsession des machinations et des complots. Sans revenir sur le fond de l’affaire ni commenter les épisodes racontés par Valois ou les portraits fielleux qu’il dresse de chacun des protagonistes (qui le lui rendent bien dans d’autres textes), on pourra rapprocher son comportement d’alors de celui qui s’observe une dizaine d’années plus tard à l’occasion des crises qui frappent le mouvement Nouvel Age. Au printemps 1938, l’affaire Anne Darbois (militante et collaboratrice du journal) est sur ce point instructive. Valois, comme à l’époque de sa rupture avec l’AF, insiste sur les renseignements qu’il aurait obtenus et les machinations qu’il aurait mises au jour, construit des discours de justification et attaque la personnalité de sa contradictrice… L’affaire s’achève par la publication de l’ensemble sous forme de dossiers, dans le journal et non en volume comme pour Basile ou la politique de la calomnie.

 En somme, pourquoi lire encore Valois aujourd’hui, et en particulier L’Homme contre l’argent ?

On peut lire Valois en fonction de différentes logiques. Le lecteur intéressé par l’histoire de la France des années vingt (et pas seulement par celle de l’AF et du Faisceau) découvrira à travers Valois une source importante pour appréhender cette période et son évolution. La lecture de Valois est aussi instructive dans une perspective très actuelle, où l’heure est aussi à la dénonciation de l’argent. Les analyses de Valois sur « la révolution planétaire » (qu’il n’appelle pas mondialisation), son organisation, ou ses développements sur les relations à établir entre les Etats et ce qu’il nomme les trusts ont une résonnance particulière avec les enjeux de cette seconde décennie du XXIe siècle.

Propos recueillis par Frédéric Saenen (octobre 2012)

Georges Valois, L’homme contre l’argent. Souvenirs de dix ans 1918-1928, édition présentée par Olivier Dard, Septentrion, septembre 2012, 375 pages, 30 €

vendredi, 09 mars 2018

Politique des racines

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"Enracinement", par Manon Potvin

Politique des racines

par Georges FELTIN-TRACOL

GB-limites.jpgEn 2014, dans le sillage de la « Manif pour Tous », Gaultier Bès se faisait connaître par Nos limites. Pour une écologie radicale, un essai co-écrit avec Marianne Durano et Axel Nørgaard Rokvam. Le succès de cet ouvrage lui permit de lancer en compagnie de la journaliste du groupe Le Figaro, Eugénie Bastié, et de Paul Piccarreta, la revue trimestrielle d’écologie intégrale d’expression chrétienne Limite.

Au deuxième trimestre 2017, Gaultier Bès a publié Radicalisons-nous ! qui use et parfois abuse des métaphores végétales. Il a néanmoins averti que « la métaphore (“ transport ”, en grec) n’est pas un rapport d’identité, mais d’analogie (p. 27) ». Le titre est déjà un savoureux contre-pied à l’opinion médiatique ambiante qui pourchasse toute manifestation de radicalité. Pour les plumitifs stipendiés, la radicalité signifie l’extrémisme. « Tous ceux qui sortent des sentiers battus, on les disqualifie en les traitant d’extrémistes (ou d’« ultra », de “ khmers ”, d’« ayatollas », et bien sûr de “ radicaux ” (p. 13). » Pour preuve, les terroristes islamistes. Or, « l’extrémisme se pense toujours contre, en marge, aux extrémités, par rapport à un centre dont elle cherche toujours à s’éloigner. La radicalité, au contraire, se suffit à elle-même. Elle va au bout de sa propre logique (p. 114) » parce qu’elle part de la racine du sujet et/ou du diagnostic. Les militants radicaux ne sont surtout pas des dingues extrémistes bien souvent manipulés par des officines discrètes… Tout le contraire des « djihadistes [qui] sont de nulle part et de partout. Leurs places fortes sont semblables en cela aux grandes places financières, multiculturelles, cosmopolites même (p. 110) ». Les « soldats du Califat universel » sont en réalité des triples déracinés du point de vue de la géographie, de la culture et de l’histoire. L’auteur aurait pu les qualifier d’« individus unidimensionnels » au sens marcusien du terme.

Radicalité et enracinement

GB-rad.jpgDans sa préface, Jean-Pierre Raffin estime quant à lui que la radicalité « est une notion noble qui fait appel aux fondements, aux racines de notre être, de notre vie en société puisque l’être humain est un être social qui, dépourvu de liens, disparaît ou sombre dans la démence (p. 7) ». Gaultier Bès prévient aussi que « sans la profondeur de l’enracinement, la radicalité se condamne à n’agir qu’en surface et se dégrade en extrémisme. Sans la vigueur de la radicalité, l’enracinement n’est qu’un racornissement, qui, faute de lumière, conduit à l’atrophie (p. 16) ». Il se réfère beaucoup à la philosophe Simone Weil malgré une erreur sur l’année de son décès, 1943 et non 1944, en particulier à son célèbre essai sur l’Enracinement.

Il existe une évidente complémentarité entre radicalité et enracinement. Il entend « réhabiliter la notion de radicalité et montrer qu’elle n’est viable qu’à condition d’être enracinée (p. 12) ». Il insiste volontiers sur le fait que « l’enracinement […] n’est pas nostalgique, mais politique. Il ne rêve à aucune restauration, il ne fantasme aucun âge d’or, il se pense plutôt comme une force révolutionnaire, une quête de justice qui s’appuie sur une tradition non-violente. […] Ce n’est ni une réaction ni un figement, mais un mouvement spirituel, une actualisation dynamique qui s’appuie sur le passé pour mieux embrasser l’avenir (pp. 19 – 20) ». Par conséquent, il désapprouve l’expression de « Français de souche ». Il a raison. Il y a plus d’une décennie, un rédacteur de Terre et Peuple privilégiait « l’expression “ Européen de racine ” à celle d’« Européen de souche » couramment employé parmi nous, car la racine c’est vivant alors que la souche est morte (1) ».

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Gaultier Bès

S’appuyer sur les racines n’implique pas un quelconque fixisme. Outre la nécessité d’éviter deux tentations, « celle du statu quo (p. 15) » et « celle de la table rase, et elle est à la mode. Le Progrès rase gratis ! (p. 15) », Gaultier Bès conçoit l’identité « comme une continuité permanente, c’est-à-dire comme une réalité à la fois durable et mouvante, évolutive et constante (p. 63) ». L’identité est comme la vie d’un homme : l’allure physique d’une même personne varie au fil de l’âge. L’identité française de 2018 n’est pas celle de 1830 et encore moins celle de 1580. Elle repose pourtant sur un socle ethnique indubitable d’origine boréenne. Gaultier Bès n’évoque pas ce patrimoine génétique et anthropologique commun. Pour lui, « les peuples ont des racines qui les rattachent et à un territoire et à une histoire, et que les nations qu’ils forment au gré des circonstances sont moins des radeaux de fortune que des “ maisons communes ” (p. 75) ». L’expression « maison commune » serait-il un clin d’œil (incongru ?) au mouvement métapolitique naguère animé par Laurent Ozon ? Gaultier Bès connaîtrait-il par ailleurs les travaux de l’excellent revue Le recours aux forêts qu’Ozon dirigea dans les années 1990 ? Cette belle revue défendait déjà l’enracinement et l’écologie réelle, étudiait Jacques Ellul et Bernard Charbonneau et se doutait que « l’enracinement sans radicalité est artificiel, la radicalité sans enracinement superficielle (p. 80) ».

Identité(s) et politique

Gaultier Bès se montre parfois sinon ambigu, pour le moins confus. Il considère que « l’identité comme le chemin le plus sûr vers l’altérité (p. 52) ». Très bien ! Mais comment concilier cette indispensable altérité quand il écrit par ailleurs que la France est une vieille nation politique, un État-nation qui s’est édifié sur un déracinement concerté des peuples, des territoires et des métiers, sur l’ethnocide des campagnes et la suppression des corporations ? Certes, « l’État-Nation n’est pas l’alpha et l’oméga de la vie politique, reconnaît-il. C’est moins, à l’instar de la laïcité, une “ valeur ” qu’un principe de gouvernement (p. 70) ». Émanation de la Modernité, l’État-nation déracine tout, y compris ces nations que sont les ethnies et les peuples. Mondialisme inassumé et partiel, il arrase les différences essentielles. Il aurait pu introduire dans sa réflexion la notion clé de terroir. Il semble l’oublier. Or, sans terroir, l’enracinement se révèle impossible. Le terroir est l’appropriation par le sang, l’égrégore communautaire, l’histoire et la culture, le sol investi par les génies de lieu. La nation dans sa fibre la plus authentique, avant de subir une évolution stato-nationale, coïncidait à « une culture enracinée dans le terroir (bodenständig Kulture) (2) ». Pourquoi dès lors vouloir opposer la nation à l’empire, cette forme politique qui met en cohérence des nations culturelles plus ou moins proches, dont il ne paraît pas saisir les implications pratiques de ces diversités mises à l’unisson ? Le modèle impérial diverge de la fallacieuse construction dite européenne. Il déplore les transferts de souveraineté stato-nationale prévues par les traités européens vers une strate européenne inexistante du fait de leur dépolitisation de ses instances. Il en résulte leur neutralisation politique (Carl Schmitt).

L’Europe n’est pas le miroir du monde, mais la consécration d’un polyculturalisme enraciné et autochtone. « La polis ne saurait se superposer au cosmos (p. 71) », et ce, malgré que « mondialisation culturelle et globalisation économique sont les deux faces d’une seule et même médaille (p. 76) ». Certes, « contre la City et son monde, précise-t-il plus loin, être radical, c’est user pleinement de son droit de cité (p. 123) ». Ce droit de cité ne présuppose-t-il pas l’établissement de limites, appelées par exemple frontières non seulement en géopolitique, mais aussi d’un point de vue juridique ? Force est de constater que Gaultier Bès n’aborde pas ce sujet brûlant. En effet, quelque soit sa nature, un État se doit d’établir des bornes tant territoriales que civiques. L’appartenance à une citoyenneté suppose une distinction radicale entre les citoyens et les autres, et justifie la préférence nationale. En bon Français, Gaultier Bès confond citoyenneté et nationalité. « La nation est une fiction ? Sans doute ! Mais elle est une fiction utile, condition d’une vie politique que soit autre chose que la chambre d’enregistrement des grandes firmes mondialisées (p. 64). » La nation comme peuple vivant n’est jamais fictive. C’est la citoyenneté qui l’est, surtout à l’heure de ces saloperies de réseaux sociaux et de matraquage télévisuel incessant, sans oublier les méfaits de la partitocratie. Le temps est venu de dissocier la nation et l’État. La première retrouve son caractère communautaire et identitaire; le second prend enfin une tournure spécifiquement politique en devenant sciemment communautariste autochtone et en promouvant un aspect authentiquement plurinational.

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L’auteur aurait pu se référer à l’excellente Note sur la suppression générale des partis politiques de Simone Weil. L’État-nation meurt d’un leurre démocratique et de la malfaisance des partis politiques. Outre la politicaillerie et l’invasion de la Technique, la croyance en une illusoire « fin de l’histoire (Francis Fukuyama) » favorise le pacifisme, abolit les volontés et ricane du citoyen prêt à se sacrifier pour sa cité et les siens. Le courage a déserté le Vieux Continent. Citoyenneté et res publica demeurent pourtant des concepts hautement polémogènes. La cité n’existe qu’à travers la perception, réelle ou supposée, d’un danger plus ou moins imminent envers elle. Du coup, le paragraphe « La nation et la paix » évacue le conflit comme permanence politique et nécessité historique. La lecture d’un ouvrage méconnu de Régis Debray, Le code et le glaive (3), lui aurait été profitable dans une perspective « nationiste ».

Gaultier Bès confond aussi le tribalisme, manifestation tangible de l’hyper-modernité ultra-individualiste, du communautarisme, véritable bête noire de la doxa ordo-républicaine hexagonale. Oublie-t-il que l’Ancienne France d’avant 1789 était un agencement dynastique de communautés multiples et variées ? On ne peut mettre dans une même équivalence des démonstrations néo-tribales suscitées par le consumérisme libéral (adeptes des rave parties, vegans, féministes hystériques, gays) et l’affirmation salutaire de communautés spirituelles, ethniques, culturelles et linguistiques. Les droits à la différence charnelle et à la reconnaissance institutionnelles ne concernent que les Alsaciens, les Basques, les Bretons, les Catalans, les Corses, les Savoisiens, voire les musulmans, et nullement les fumeurs de shit, les joueurs de boules ou les fans de piercing ! Seule la renaissance de communautés organiques enracinées favoriserait un renouveau démocratique de proximité. L’auteur constate que « la politique se meurt de n’être plus qu’une grande surface où le citoyen-consommateur erre, éperdu, entre les rayons pleins de promesses et de programmes affriolants (pp. 13 – 14) ». Bref, « il nous faut repenser radicalement la politique. La remettre à sa place (p. 15) ». Comment remédier à la dépréciation du politique ? Par l’intermédiaire des AMAP, des SEL, des coopératives, des jardins partagés, du recyclage généralisé, des monnaies locales ? Toutes ces excellentes initiatives n’influent cependant qu’en marge de la « société liquide (Zygmunt Bauman) ». Le tissage des liens sociaux participe au réenracinement et au maintient de son identité, de sa liberté et de sa souveraineté. « Plus un peuple a des racines solides, plus il a de ressources pour préserver son indépendance (p. 68). » Que faire alors quand les racines s’étiolent et se sclérosent ? C’est le cas pour des Français de plus en plus hors-sol.

Affranchissement du local

racines2.jpgGaultier Bès fait finalement trop confiance aux racines. Il a beau distinguer « l’image végétale des “ racines [à] celle, toute minérale, des “ sources ” (p. 25) », il se méprend puisque l’essence bioculturelle de l’homme procède à la fois aux racines, aux sources et aux origines. Ces dernières sont les grandes oubliées de son propos. Ce n’est toutefois qu’en prenant acte de cette tridimensionnalité que l’enracinement sera complet. Pourtant, il prend soin de préciser que « le global n’est pas l’universel, c’est l’extension d’un local hégémonique (p. 76) ». L’avertissement fait penser à l’opuscule du Comité invisible, À nos amis. Le local « est une contraction du global (4) ». « Il y a tout à perdre à revendiquer le local contre le global, estime le Comité invisible. Le local n’est pas la rassurante alternative à la globalisation, mais son produit universel : avant que le ne soit globalisé, le lieu où j’habite était seulement mon territoire familier, je ne le connaissais pas comme “ local ”. Le local n’est que l’envers du global, son résidu, sa sécrétion, et non ce qui peut le faire éclater (5). » Outre le collectif d’ultra-gauche, Guillaume Faye s’interrogeait sur l’ambivalence du concept. « L’enracinement doit […] se vivre comme point de départ, la patrie comme base pour l’action extérieure et non comme “ logés ” à aménager. Il faut se garder de vivre l’enracinement sous sa forme “ domestique ”, qui tend aujourd’hui à prévaloir : chaque peuple “ chez soi ” pacifiquement enfermé dans ses frontières; tous folkloriquement “ enracinés ” selon une ordonnance universelle. Ce type d’enracinement convient parfaitement aux idéologues mondialistes. Il autorise la construction d’une superstructure planétaire où s’intégreraient, privés de leur sens, normés selon le même modèle, les nouveaux “ enracinés ” (6). »

En lisant Radicalisons-nous !, on a l’impression que l’enracinement des peuples du monde entier assurerait une paix universelle, ce qui est à la fois irréaliste et fort naïf. En effet, l’auteur écarte les facteurs d’imprévisibilité de l’histoire. Même si tout un chacun (re)trouverait un enracinement approprié, tensions et contentieux plus ou moins virulents persisteront.

En célébrant « la politique par la racine », sous-titre de ce bon essai qui fait la part belle aux formules bien tournées : « Pour que notre avenir soit fécond, notre présent se doit d’être profond (p. 54) » et s’achève sur un manifeste en dix points parmi lesquels « la radicalité ne croit pas au Progrès (p. 120) » et « la radicalité est la condition de toute écologie (p. 121) », Gaultier Bès ignore peut-être que l’intérêt pour les racines n’est pas nouveau. Aux élections européennes de 1999, la liste CPNT (Chasse, pêche, nature et traditions) avait pour sympathique slogan « De toute la force de nos racines ». Plus anciennement, en 1977, le Club de l’Horloge publiait Les racines du futur, un magistral travail de reconquête intellectuelle qui mentionne « le triple enracinement ». Le constat de cet essai démontre un plus grand pragmatisme que celui de Gaultier Bès. « De cet enracinement dans l’espace et le temps pourra naître une communauté de destin. La définition d’un projet collectif doit enrayer les effets pervers d’un enracinement qui pourrait favoriser l’éclosion d’une multitude d’égoïsmes locaux ou régionaux. […] La définition d’un destin commun, qui est de la compétence souveraine de l’État, la conquête collective d’une “ nouvelle frontière ” économique, sociale, scientifique voire géographique (comme la construction européenne), pourra, seule, sublimer les égoïsmes et les particularismes, dans le respect des différences et des autonomies (7). »

La récente exposition éditoriale (y compris médiatique) d’une quête des racines lui (re)donne cependant une sympathique notoriété métapolitique. Qu’elle soit fertile auprès des Albo-Européens !

Georges Feltin-Tracol

Notes

1 : Jean-Patrick Arteault, « Guerre culturelle et combat identitaire », Terre & Peuple la revue, n° 25, Équinoxe d’automne 2005, p. 18.

2 : Martin Heidegger, Lettres à sa femme Elfride. 1915 – 1970, le Seuil, 2007, lettre du 8 juillet 1918, p. 109. En matière d’enracinement et nonobstant une langue souvent hermétique et déroutante, y compris pour les germanistes, la pensée de Heidegger présente plus que jamais un atout considérable, surtout à l’heure où une cohorte de sycophantes « universitaires » ose contester l’auteur des prophétiques Cahiers noirs.

3 : Régis Debray, Le code et le glaive. Après l’Europe, la nation ?, Albin Michel – Fondation Marc-Bloch, 1999.

4 : Comité invisible, À nos amis, La fabrique éditions, 2016, p. 191.

5 : Idem, pp. 190 – 191.

6 : Guillaume Faye, Europe et modernité, Eurograf, 1985, pp. 53 – 54.

7 : Club de l’Horloge, Les racines du futur. Demain la France, Masson, 1977, p. 194. Lisons aussi Bernard Charbonneau, L’Homme en son temps et en son lieu, préface de Jean Bernard-Maugiron, RN Édition, coll. « Ars longa, vita brevia », 2017.

• Gaultier Bès, Radicalisons-nous ! La politique par la racine, préface de Jean-Pierre Raffin, Éditions Première Partie, coll. « À la limite », 2017, 127 p., 7 €.

Pourquoi lire “Mesure de la France” de Pierre Drieu la Rochelle ?

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Pourquoi lire “Mesure de la France” de Pierre Drieu la Rochelle ?

Franck Buleux

Ex: https://metamag.fr

Les éditions Pardès ont réédité, très récemment, “Mesure de la France”, rédigé par Pierre Drieu la Rochelle (1893-1945) en 1922.

mesure-de-la-France-Pierre-Drieu-la-Rochelle-couv.jpgL’intérêt essentiel de cet essai est de souligner le fait, pour Drieu la Rochelle, de ne pas se satisfaire, comme les nationalistes français, de la victoire sur l’Allemagne lors de la Première Guerre mondiale, qui s’est soldée par le Diktat de Versailles, en 1919. Au-delà de l’Europe exsangue, meurtrie par cette guerre civile européenne, Drieu la Rochelle nous propose une Europe digne de son passé, qui retrouve son Imperium.

L’expression « mesure » était faite pour choquer. Qui oserait « mesurer » la France éternelle, présente sur les cinq continents ? Le Normand Drieu la Rochelle rêve d’Empire mais a conscience de la faiblesse démographique française. Visionnaire lorsque l’auteur exprime cette nécessité d’union continentale, cet essai mérite d’être lu parce qu’il annonce (prématurément ? à tort ?) la fin des nations, alors que brille encore dans les yeux des Français, la victoire en trompe l’œil, selon l’auteur, de 1918. Une victoire certes, mais à quel prix ? Au prix d’une population dévastée sur un territoire, devenu un champ de bataille et de ruine, une Europe exsangue soumise à des traités qui, loin d’en satisfaire les parties, la renvoient vers d’autres interminables et sanglants conflits. Mais qui s’en soucie, en 1922 ?

C’est dans l’euphorie générale de la victoire, dans la germanophobie ambiante, que Drieu la Rochelle en appelle au dépassement de la notion de patrie. Sans nier cette réalité, « l’ère des patries n’est pas close » tient-il à préciser d’emblée, il ouvre l’avenir européen à celui des alliances entre États. Il constate notre faible démographie déjà, parle de « suicide » et ouvre les yeux, lucide, face à des mondes qui nous entourent, ces « énormes morceaux » d’Amérique et d’Asie, lire les États-Unis et l’Union soviétique. Supputant la fin des colonies, Drieu la Rochelle ne peut se représenter la France que dans le cadre d’une alliance continentale. Il évoque, en les appelant de ses vœux, ces futures unions entre patries comme ayant une « physionomie propre », qui « mêleront les traits des États »… Vaste débat qui sera largement repris lors de la construction européenne dans les années 1950, et bien au-delà.

PDlR-gilles.jpgFace à l’euphorie de l’éphémère victoire, cette alliance européenne (car il s’agit bien de cela) est une « question de vie ou de mort », selon l’auteur lui-même : ne pas aller vers cette union nous entraînerait inéluctablement et irrésistiblement vers d’autres conflits. Intégrer l’Allemagne, contre laquelle la France vient de combattre, avant que celle-ci ne se tourne vers d’autres alliances, plus à l’Est. N’oublions pas que l’Union soviétique est en train de se construire, à l’intérieur, comme une véritable fortification socialiste (et un modèle pour beaucoup !) et qu’en serait-il de nous, Français, si l’Europe centrale (Mitteleuropa) se tournait vers elle ? L’insularité britannique et la défaite allemande ne sont-ils pas des risques de division du Vieux Continent ? La perfide Albion tournée vers l’Amérique et l’Allemagne, humiliée par le traité de Versailles, lorgnant vers l’Empire communiste… Dans cette saisissante hypothèse, que resterait-il de la France éternelle ?

Anticipant les travaux de Carl Schmitt sur la distinction entre puissance maritime et puissance terrestre, Drieu la Rochelle rappelle le positionnement géographique central de l’Allemagne, qu’il situe « en pleine terre, en plein Europe ». En développant cet aspect d’union continentale, Drieu la Rochelle rêve de cet empire romain germanique disparu qui mobiliserait la jeunesse européenne.

Mais Drieu la Rochelle demeure d’un tempérament pessimiste. Il condamne les Français, en les dépeignant comme « résignés », s’attachant à une armée nationale alors que des transformations commencent à poindre à l’horizon du monde. C’est résolument vers l’Allemagne qu’il faut nous tourner, pense l’auteur, pour fonder l’Europe unique qu’il appelle de ses vœux et dont il aimerait voir la France fer de lance.

À défaut, Drieu la Rochelle, en visionnaire éclairé, s’interroge sur la Russie naissante qui se dresse « dans sa steppe » et « dont le mystère semblait plein de promesses ». La jeunesse du prolétariat russe préfigurerait-t-elle l’avenir ? S’interroge l’auteur, observant cette montée en puissance de l’Est face à l’Amérique, grand vainqueur économique du premier conflit mondial.

Pourtant, Drieu la Rochelle rejette ce qu’il appelle le parti de la Production, c’est-à-dire le parti de l’argent, celui qui domine l’Amérique mais il retrouve, dans le bolchevisme, cette même idée fondée sur le matérialisme, comme unique ressort de l’humanité.

Née sous les cendres de la Première Guerre mondiale, la Société des nations (SDN) semble préfigure, pour Drieu la Rochelle, une avancée vers cette union européenne face aux dangers qui s’annoncent. Il développera cette idée, lui “Le jeune Européen” (texte paru en 1927), dans” Genève ou Moscou”, paru en 1928. Ce choix, que l’on pressent déjà dans” Mesure de la Franc”e, ce choix « central » de l’Europe permettrait de résister aux deux impérialismes qui s’annoncent. Il entrevoit Genève (rappelons-le, c’est dans cette ville que siège, à l’époque, la SDN) comme capitale, pour résister d’abord à l’impérialisme américain (Les États-Unis ont refusé d’intégrer la SDN). Le second rempart possible contre l’hégémonie américaine serait le communisme, représenté par Moscou. Or, le rempart communiste ne représente qu’un simulacre, « l’ombre du capitalisme », symbolisant pour Drieu le triomphe de la Production et, au terme, celui de la mort. « Il faut faire l’Europe parce qu’il faut respirer quand on ne veut pas mourir. Il faut faire l’Europe à moins qu’on ne soit bolchevik d’extrême droite ou d’extrême gauche, à moins qu’on ne veuille laisser un grand bûcher s’amonceler sur lequel flambera, avant vingt ans, toute la civilisation, tout l’espoir, tout l’honneur humain. ». Dans les années vingt, si Drieu La Rochelle était encore hésitant sur sa voie politique, fréquentant les surréalistes et l’Action française, l’approche des années trente le fait sortir de sa réserve en choisissant l’Europe et martèle-t-il inexorablement face au monde, encore incrédule : « Si la capitale politique et économique des États-Unis d’Europe ne se fait pas, si Genève ne se fait pas, Moscou se fera.»

Ainsi, “Mesure de la France” préfigure d’autres écrits, considérés comme majeurs, de Drieu la Rochelle. Cet essai de 1922 annonce aussi son choix de l’Allemagne, non par idéologie, mais par qu’elle lui semble, à une époque incertaine, le meilleur rempart contre les impérialismes et le meilleur allié pour espérer, au-delà de la France seule, donner à l’Europe une place dans l’Histoire, celle qui lui revient.

jeudi, 08 mars 2018

Ulysses Grant, « Étoile du Nord » et némésis du Sud

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Ulysses Grant, « Étoile du Nord » et némésis du Sud

par Franck ABED

grantbouquin.jpgUlysses S. Grant n’a pas eu une vie mais plusieurs. Vincent Bernard nous fait découvrir celui qui fut tour à tour, un enfant timide et effacé de lOhio, un fermier malhabile du Missouri, un employé obscur et sans grand talent de l’Illinois, un cavalier émérite de West Point, un soldat courageux lors de la guerre du Mexique, général des armées « nordistes », et enfin président des États-Unis d’Amérique. Il est également connu comme le reconstructeur de lUnion, et surtout « l’Étoile du Nord et Némésis du Sud ». Sherman, son ami et bras droit, écrit en 1865 : « Pour moi, Grant est un mystère et je crois qu’il est mystère pour lui même. » C’est ce mystère que tente de percer Vincent Bernard. L’auteur est historien de formation (Université Montaigne – Bordeaux III), enseignant puis rédacteur en chef de magazines d’histoire dans les années 2000. Il est surtout connu pour être le premier biographe français de Robert E. Lee et d’Ulysses S. Grant.

Grant écrit à la fin de sa vie : « J’ai peu lu de vies de grands hommes, car les biographes se font une règle de ne pas en dire assez de la période formatrice de la vie. Ce que je veux savoir c’est ce qu’un homme a fait quand il était enfant. » Prenons donc le temps d’évoquer ses origines familiales et sociales en nous attardant, quelques instants, sur la figure du père d’Ulysses. « Grant père s’était forgé au feu d’une jeunesse particulièrement difficile, vécue dans une hantise extrême de la pauvreté, du dénuement et de l’abandon, nourrissant un sens aigu du travail, de l’effort et du gain. En corollaire il avait développé une violente aversion pour les vices sudistes, présentés comme amollissant le corps et l’esprit, à commencer par le tabac, l’alcool et l’esclavage » et Bernard poursuit : « Non pas que cette dernière institution eut été perçue moralement comme une atteinte au droit des Noirs de vivre libres et égaux, mais bien plutôt comme un vice instillant la paresse, chez le maître en le déchargeant des dures obligations du labeur quotidien. ». Au sujet de la mère de Grant, voici ce qu’en dit l’auteur : « Hannah Simpson Grant, femme effacée et secrète de ses mots, et de ses élans, que certains iront la penser jusque mentalement déficiente et que son célèbre fils n’évoquera presque jamais dans ses mémoires. » Le décor familial est planté.

Grant naît dans une famille de la classe moyenne inférieure aux conditions de vie précaires. « L’histoire de Grant débute le samedi 27 avril 1822 dans une brinquebalante masure de bois louée deux dollars par mois dans le tout jeune état pionnier de l’Ohio sur la berge de la rivière du même nom. » L’auteur donne des précisions sur l’enfance de Grant. « Fréquentant tôt les très modestes écoles du voisinage, entretenues par souscription des habitants, où se côtoient enfants et adolescents de tous âges, en une classe unique, il n’y brille pas particulièrement mais est déjà singulièrement qualifié de lent et sûr, dans son travail, empreint d’une distinction modeste qui le signale comme une personnalité à part, taciturne et réservé, fortement, a-t-on dit, influencé par le caractère maternel. » Grant père, après un dur labeur, parvient à s’élever dans cette société pionnière et il dirige avec succès une tannerie. Celle-ci permet à la famille de Grant de mieux vivre et de s’élever socialement. Ulysses n’apprécie guère ce travail et supporte mal les émanations du cuir. Un jour, son père lui intime l’ordre d’exécuter une tâche. Il répond : « Je vais le faire, mais dès que j’aurai l’âge, je ne mettrai plus jamais les pieds à la tannerie. » Ulysses souhaite entreprendre des études longues, mais les écoles coûtent cher et sa famille ne dispose pas de moyens financiers conséquents pour payer l’inscription. Finalement, il s’inscrit à West Point grâce aux solides amitiés familiales. Il devient, après quatre ans, le 1187e cadet de cette prestigieuse académie militaire depuis sa fondation en 1802. Rapidement Grant s’aperçoit que la vie militaire lui pèse. Il déclare que « la vie militaire n’avait aucun attrait pour lui ». Il ne goûte donc que modérément à la vie de camp, aux bivouacs et au fait de dormir sous la tente. L’auteur précise : « Jamais plus après ce long été 1843, Grant ne verra la vie militaire avec les yeux plein d’espoir et de fierté du jeune cadet de West Point. » Effectivement, il songe déjà à quitter l’armée, mais se demande bien comment il pourra subvenir aux besoins de sa future famille. Les questions d’argent reviennent souvent dans la vie de Grant, lui qui ne profitera jamais de ses différentes et avantageuses positions pour s’enrichir honnêtement ou malhonnêtement…

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Au cours d’une permission, il rend visite à un collègue de West Point, Frederik Dent, et rapidement Grant se rapproche sa sœur Julia. S’en suit une longue correspondance, agrémentée de rares visites, carrière militaire oblige. Grant désire faire de Julia son épouse. Bien que n’étant un abolitionniste, Grant ne partage pas les idées politiques de sa belle-famille « sudiste ». De plus, il doit faire face à l’hostilité de son futur beau-père. « Le colonel Dent ne cache pas son mépris pour la condition militaire et la vie de garnison promise à sa fille, si elle épousait un officier. » L’union est finalement approuvée par les deux familles. Par la suite, Grant participe à la guerre contre le Mexique, au sujet de l’annexion du Texas et se fait remarquer comme brillant cavalier. Il est présent avec succès à la bataille du Resaca de la Palma et à la bataille de Monterrey. La guerre est remportée assez facilement malgré tout. Il propose une vision très claire de ce conflit. « Grant analyse la guerre du Mexique avec hauteur et recul, d’un point de vue militaire et aussi politique. Conflit injuste et prédateur, impie même, écrit l’agnostique, provoquée sciemment contre une puissance plus faible, son déroulement militaire même découle de calculs politiques et de la crainte de voir émerger un général trop victorieux susceptible de devenir un adversaire politique. » Après plus de trois longues années, il retrouve Julia avec laquelle il s’était fiancé secrètement. Ils se marient. Seule une des sœurs de Grant est présente au mariage. Ses parents prétextent le manque de temps de préparation pour justifier leur absence à la noce. En réalité, ils ne veulent pas sympathiser avec une belle famille aux tendances esclavagistes. Après la guerre, il connaît la vie de garnison et ne supporte pas les différentes contraintes de la vie militaire. Grant pense que ses supérieurs veulent l’humilier, alors qu’ils appliquent de manière stricte et étroite le code militaire. Il finit par démissionner. S’ouvre alors une traversée du désert qui dure sept ans, de 1854 à 1861.

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Il s’agit pour les Grant, d’une période familiale heureuse, mais difficile sur le plan économique, nonobstant l’aide matérielle et financière de la belle-famille. Il devient fermier et se voit très bien dans ce nouveau métier. « Pour quiconque entendra parler de moi dans dix ans, ce sera en tant que vieux fermier missourien accompli. » Il n’est pas doué dans les affaires, l’activité agricole se montre guère florissante. Il se pose même la question de revenir chez ses parents, pour travailler dans la tannerie familiale. Il se lance également dans la vente de produits divers et variés, notamment en cuir, sans plus de succès. La famille Grant s’agrandit. Le couple aura quatre enfants. L’appel de Lincoln de 1861 pour lever 75 000 volontaires pour 90 jours afin de combattre la rébellion naissante le conduit, sans hésitation aucune, à rejoindre l’armée. La Guerre Civile dure quatre longues années, alors que tous les belligérants prévoyaient une guerre courte. Bernard décrit parfaitement les enjeux politiques et stratégiques de ce conflit, qui reste à ce jour le plus meurtrier auquel ont participé les États-Unis d’Amérique. Nous suivons Grant dans ces principales batailles : Shiloh, Vicksburg Chattanooga, etc., et manœuvres tactiques. Sa réputation se construit rapidement. Amis et ennemis le voient comme un jusqu’au-boutiste qui ne recule devant rien pour l’exécution de ses plans. Certains l’accusent d’être indolent, imprudent voire alcoolique. Lincoln loin de s’en séparer le défend, expliquant que c’est un des rares généraux à remporter des batailles et à porter de rudes coups à la Confédération. Il reçoit la Médaille d’or en 1863, qui est la plus haute distinction civile qui puisse être accordée par le Congrès. 1863 marque donc un tournant personnel pour Grant et pour la poursuite de la guerre. Effectivement, après la défaite de Gettysburg, les États confédérés perdent l’initiative et ne peuvent plus remporter la guerre. De plus, il devient également général en chef des armées de l’Union. Grant se retrouve seul pour affronter Lee, durant une série de sanglantes batailles regroupées sous le nom de « Overland Campaign ». Bien que Grant subisse de terribles pertes et de multiples défaites tactiques au cours de cette campagne, elle est considérée comme une victoire stratégique de l’Union, car elle conduit Lee à s’enfermer dans la ville assiégée de Petersburg. Beaucoup n’apprécient pas le style militaire de Grant et ses victoires à la Pyrrhus, à commencer par la femme du président Lincoln, Mary Tood Lincoln. « Grant est un boucher, indigne d’être à la tête de notre armée. Il s’arrange généralement pour revendiquer la victoire, mais quelle victoire. Il perd deux hommes alors que l’ennemi un seul. Il ne sait pas diriger, n’a aucun respect pour la vie. Si la guerre devait durer quatre ans de plus, et qu’il reste au pouvoir, il dépeuplerait le Nord. Je pourrais tout aussi bien conduire une armée moi-même. » Il convient de préciser, non pour nuancer ce propos mais pour l’éclairer, que plusieurs membres de la famille de Mary Tood, notamment ses frères, combattaient sous l’uniforme gris.

unionstroops.jpgGrant est lucide au sujet de cette Guerre Civile. Voici comment il la considère. « La rébellion du Sud fut l’avatar de la guerre avec le Mexique. Nations et individus sont punis de leurs transgressions. Nous reçûmes notre châtiment sous la forme de la plus sanguinaire et coûteuse guerre des temps modernes. » Lui l’agnostique la juge comme un châtiment suite à l’agression étasunienne à l’endroit du Mexique, nation jugée plus faible, lors de la guerre américano-mexicaine de 1846 – 1848. Grant note par la suite, que le carnage de Shiloh lui avait fait réaliser que la Confédération ne pourrait être vaincue que par la destruction complète de ses armées. Dans les premiers temps, la Guerre Civile est presque considérée comme une guerre en dentelles, on la définit même comme une guerre de gentlemans. Très vite cette guerre se transforme et les acteurs et observateurs parlent alors à son sujet de rivières et de fleuves de sang. La guerre est remportée par le Nord, après tant d’efforts et de sacrifices. Grant écrit à ce sujet qu’il est « moins facile de sortir d’une guerre que d’y rentrer ». Le Sud et son brillant général en chef Lee finissent donc par être vaincus. Concrètement, les Sudistes succombent à la force numérique et industrielle de l’Union qui surpassent de loin, le courage et la supériorité tactique militaire de la Confédération. Une fois la paix faite, il faut noter que Grant est un fervent partisan de la modération et de la réintégration des Sudistes dans l’Union. « La guerre est terminée, les rebelles sont à nouveau nos compatriotes, et la meilleure manière de se réjouir après la victoire sera de s’abstenir de toute démonstration. »

Cependant comme le dit l’auteur, l’après-guerre se montre confuse et ouvre une période très compliquée dans l’histoire américaine. « La Reconstruction témoigne des paradoxes d’une Amérique à la fois réunie et déchirée. La Guerre Civile est achevée. Le Nord est victorieux mais soucieux de tourner une page sanglante et de reprendre sa marche vers son destin particulier. Le Sud est ruiné et résigné, mais arbore toujours fièrement les stigmates de sa lutte avortée et de sa cause perdue, cherchant à reconstituer, au détriment des populations noires affranchies, les oripeaux de son paradis perdu. » L’abolition de l’esclavage et la reconnaissance des droits civiques des populations noires n’étaient pas partagées par nombre d’Américains, à commencer par les Nordistes eux-mêmes. « J’admets que les Nègres ne sont pas assez intelligents pour voter, mais jusqu’à quel point sont-ils plus ignorants que la population blanche illettrée du Sud ? » dit John Sherman, sénateur de l’Ohio et frère du général Sherman, le fidèle séide de Grant. Ce dernier écrit également. « J’ai recommandé que le président devrait autoriser à lever 20 000 troupes de couleur en cas de nécessité, mais ne recommande pas l’emploi permanent de troupes de couleur, parce que notre armée en temps de paix devrait être la plus petite et efficace possible. En temps de paix, je pense que l’artillerie utilisée en tant qu’école de formation sera plus efficace si composée exclusivement de Blancs. » Finalement les lois de ségrégations raciales sont définitivement abolies aux Etats-Unis d’Amérique en 1964 après leur mise en vigueur dès 1876.

Après avoir été le premier personnage de l’armée, il devient l’homme le plus important de son pays en devenant le 18e président de la jeune nation américaine pour deux mandats (1868 – 1877). Bernard décrypte parfaitement les mécanismes humains et politiques qui poussent Grant à se présenter et à conquérir la magistrature suprême. Toutefois, il existe un énorme paradoxe dont souffre Grant sa vie durant et qui continue une fois celui-ci enterré, comme nous l’explique l’écrivain. « Pourtant, si Ulysses S. Grant est demeuré profondément ancré dans la mémoire et l’histoire américaines, c’est bien plus au titre du général en chef de l’Union victorieux en 1865 qu’à celui du Président aux ambitions réconciliatrices dirigeant de 1869 à 1877 une nation en pleine reconstruction politique et aspirant tout à la fois à achever son expansion messianique vers les grands déserts de l’Ouest et son ascension au rang de véritable puissance mondiale. » Effectivement ses deux mandats présidentiels sont marqués par les dissensions du Parti républicain, la panique bancaire de 1873 et la corruption de son administration. Plusieurs de ses proches collaborateurs s’enrichissent malhonnêtement, profitant de la double situation exceptionnelle d’alors qui permet toutes les tripatouillages possibles : la conquête de l’Ouest et la reconstruction du Sud. Grant subit les contrecoups de ses affaires de corruption et de malversation, bien qu’il ne soit jamais directement soupçonné ou rendu coupable par les tribunaux. Sa probité ne peut être mise en cause, mais certains lui reprochent un manque évident de charisme, dont ne souffrait pas son ancien adversaire le général Lee. Cependant, laissons parler John Wisse qui nous brosse un portrait de Grant bien différent de l’image qu’il a laissée dans l’historiographie. « Nul homme ne pouvait échanger un moment avec Grant sans ressentir de l’admiration pour ses talents ainsi que du respect. C’était un homme des plus simple et digne de confiance. La plus grande erreur jamais faite par le peuple sudiste fut de ne pas réaliser que s’il le lui avait permis, il aurait été son meilleur ami après la guerre. » Preuve d’une popularité certaine qui se dégradera pourtant très vite avec le temps, des millions de personnes, de civils, de politiques, d’anciens soldats de l’armée de l’Union, de jeunes cadets de West Point, etc., assistent à son enterrement et lui rendent hommage par la suite. Son corps repose dans un sarcophage situé dans l’atrium du General Grant National Memorial achevé en 1897; avec 50 mètres de haut, il est le plus grand mausolée d’Amérique du Nord.

unionsreenacte.jpgDe son vivant et après sa mort, d’aucuns opposeront le « bon général » au « mauvais président ». Les choses sont en réalité plus complexes. La très intéressante biographie de Bernard nous permet de percer le « mystère » Grant. Les analyses proposées sont réellement intéressantes et ce livre nous donne à découvrir un homme, finalement assez commun, mais qui eut une vie et une carrière exceptionnelles. L’enfant timide de l’Ohio, le mauvais homme d’affaires, le soldat qui n’appréciait ni la guerre, ni la vie militaire remporta la Guerre Civile, et fut par deux fois président de la plus grande puissance de ce bas-monde, lui qui aimait tant la simplicité de la vie de famille et monter ses chevaux.

Franck Abed

Vincent Bernard, Ulysses S. Grant. L’Étoile du Nord, Éditions Perrin, coll. « Biographies », 2018, 400 p., 23 €.

D’abord mis en ligne sur Fréquence Histoire, le 3 février 2018.