Pour les lecteurs de Breizh-info.com, Pierre-Antoine Plaquevent n’est pas un inconnu. Il est notamment l’auteur d’un livre indispensable pour comprendre l’évolution de nos sociétés modernes et surtout, la guerre d’influence que mènent certaines forces regroupées autour du milliardaire Georges Soros : SOROS et la société ouverte : Métapolitique du globalisme.
Dans la droite lignée de son ouvrage, cet analyste politique a lancé, avec d’autres, un think thank, Strategika, mais également un programme de veille stratégique intitulé Soros Watch, à propos duquel nous avons souhaité en savoir plus.
Breizh-info.com : Qu’est-ce que Strategika ?
Pierre-Antoine Plaquevent : Strategika (strategika.fr) est à la fois un groupe de recherche (think tank), un cabinet de conseil en géopolitique et un projet éditorial qui publie les recherches d’analystes et de politologues indépendants. Notre action et notre réseau se développe au sein d’un écosystème international aux côtés d’initiatives telles que le forum non-aligné de Chișinău en Moldavie. Strategika se propose de tracer une voie d’indépendance et de coopération internationale face aux narrations géostratégiques imposées par l’unipolarité déclinante. Dans le cadre de mes activités auprès de Strategika, je suis entre autres chargé de piloter le programme Soros Watch.
Breizh-info.com : Qu’est-ce que Soros Watch ?
Pierre-Antoine Plaquevent : Soros Watch est le programme de veille stratégique des ONG et des acteurs clefs du globalisme initié par le think tank Strategika. Il s’agit d’une initiative qui a pour objectif de surveiller et d’examiner les actions entreprises par les réseaux globalistes dans leurs champs d’action respectifs. Cette veille d’activité des réseaux globalistes nous permet de procurer à nos lecteurs et à nos partenaires toutes les informations disponibles sur les activités des ONG et des acteurs du globalisme en temps réel. L’activité première de Soros Watch est à la foi une activité d’investigation mais aussi une activité de soutien des initiatives anti-globalistes au niveau international. Comme par exemple ce samedi 29 février à Chișinău en Moldavie où avait lieu la présentation de l’édition roumaine de mon livre Soros et la société ouverte, métapolitique du globalisme. Un évènement de portée européenne avec la participation de membres du mouvement arménien “Veto”. Des personnes de la société civile à l’origine des principales initiatives anti-Soros et des protestations publiques contre l’Open Society et ses relais en Arménie. Une conférence qui coïncide aussi avec le lancement de la version italienne du livre ce mois-ci.
Soros Watch a pour vocation première de produire des dossiers exclusifs qui sont publiés sur le site strategika.fr. Dans la continuité de mon livre, j’ai rédigé les deux premiers dossiers de Soros Watch, dossiers qui portent respectivement sur l’ECFR – European Council on Foreign Relations – le think tank des réseaux Soros qui agit au sein de l’UE – ainsi que sur Shahin Vallée, un homme d’influence des réseaux Soros qui agit lui aussi au niveau pan-européen.
Je tiens à préciser que la vente d’e-books et d’enquêtes inédites ainsi que les dons de nos lecteurs sont les deux ressources principales de Strategika. Notre structure ayant pour spécificité d’être entièrement indépendante et auto-financée, ce qui est rarement le cas dans le domaine des groupes de recherche en géopolitique et relations internationales.
Breizh-info.com : Qu’est-ce que L’ECFR ?
Pierre-Antoine Plaquevent : On a beaucoup parlé récemment des liens entre les réseaux Soros et la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) à la suite du rapport réalisé par l’European Centre for Law and Justice (ECLJ). Au-delà de la seule CEDH, c’est sur l’ensemble des institutions européennes que s’exerce l’influence des réseaux Soros. Ceci au travers de différents organes de pression dont l’un des plus puissants est l’ECFR – European Council on Foreign Relations. L’ECFR est un groupe de réflexion et d’influence européiste de haut niveau fondé sous l’impulsion de George Soros et financé avec l’aide de l’Open Society Foundations.

L’ECFR est la version européenne du célèbre Council on Foreign Relations (CFR) créé par les banquiers Rockefeller et JP Morgan en 1919 dont fait aussi partie George Soros et qui peut être considéré comme l’une des instances les plus influentes de la puissance impériale globaliste depuis un siècle. Version européenne du CFR américain, l’ECFR se veut être un puissant lobby pan-européiste qui rassemble des membres influents de la politique, des affaires, des médias et du monde militaire européen. Parmi les membres de l’ECFR on retrouve George Soros et son fils Alexander Soros ainsi qu’un panel impressionnant de personnalités politiques européennes. Pour la France, on peut citer entre autres l’ancien ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire ou encore le précédent commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici. On y retrouve aussi Shahin Vallée, peu connu du grand public mais euro-globaliste sorosien influent. Comme je l’expose dans le dossier Strategika, l’ECFR joue un rôle prépondérant en matière de politique migratoire au sein de l’UE comme on a pu le voir dans la gestion des flux de réfugiés consécutifs à la guerre de Syrie.
Breizh-info.com : Qui est Shahin Vallée ?
Pierre-Antoine Plaquevent : Shahin Vallée travaille depuis 2015 pour le Soros Fund Management sur les questions économiques et monétaires dans la zone euro. Shahin Vallée (dont le nom et le parcours rappellent un peu le « Mustapha Meunier » du livre Le Meilleur des Mondes d’Aldous Huxley) fût conseiller économique d’Herman Van Rompuy puis celui d’Emmanuel Macron quand celui-ci était ministre de l’Économie. « Homme pressé » aux multiples activités, Shahin Vallée fût aussi conseiller d’Europe Écologie les Verts. Comme George Soros avant lui, il est un élève de la London School of Economics, cette pouponnière de l’élite de l’anglosphère qui fût fondée en 1895 par plusieurs membres de la célèbre Société fabienne (Fabian Society). Shahin Vallée fût celui par qui le contact entre LREM et le Mouvement 5 étoiles continuait de se maintenir lors des tractations entre la Lega de Matteo Salvini et le M5s en 2018. Le but de la stratégie Macron-Shahin était alors de ne pas se couper des éléments européistes et globalistes du M5s. Cette stratégie s’avérera payante puisque le M5s bloquera systématiquement les actions de Salvini poussant ce dernier à faire exploser la coalition alors au pouvoir afin d’obtenir des élections en août dernier. Action qui s’est soldée par l’échec du pari de Salvini et par la constitution d’un gouvernement Parti Démocrate / Mouvement 5 Étoiles comme le souhaitaient le couple Macron / Shahin Vallée.
Se pencher sur les actions de ce type d’hommes d’influences peu connus du public s’avère fondamental pour comprendre les rouages de la politique réelle, derrière la scène de la politique spectacle.
Breizh-info.com : Concrètement, quelles sont les activités nocives pour les Européens que mènent les équipes de G. Soros aujourd’hui ?
Pierre-Antoine Plaquevent : Prenons l’exemple concret de la France. Plusieurs exemples nous éclairent sur l’influence délétère qu’exercent les réseaux de l’Open Society en France. On a pu voir de quelle manière les réseaux Soros appuient sur les fractures françaises afin d’« ouvrir » notre société durant l’opération très médiatisée du collectif des « Rosa Parks musulmanes », ces femmes qui se sont se baignées en burkini dans une piscine municipale de Grenoble l’été dernier. Au cours de ce « happening » politique, des militants de l’association Alliance Citoyenne étaient présents pour appuyer ces jeunes femmes instrumentalisées. Alliance Citoyenne a perçu une somme de 80 000 dollars de la part de l’Open Society Foundations dans le cadre des « campagnes anti-discrimination » que mène l’OSF. Une aide qui vise à accompagner ce réseau militant pour en faire une organisation dotée d’une visibilité nationale. En 2016, au travers des comités Adama Traoré, on a vu la tentative de faire émerger en France le réseau « Black Live Matters ». Ce réseau communautariste noir importé des USA où il est financé de notoriété publique par l’Open Society. Ce collectif Adama Traoré a aussi tenté de se greffer aux Gilets jaunes afin de communautariser et de gauchiser les revendications des Gilets jaunes. Lors de la « manif pour tous » ce furent les interventions des femens qui étaient venu exacerber les tensions et échauffer les esprits à dessein.

Femen aux seins nus, intégriste voilée ou militant communautariste, chacun procède à sa manière de l’ingénierie sociale de la société ouverte et de ses techniques de triangulations politiques. Processus cybernétiques élaborés qui visent à faire monter les passions narcissiques communautaires para-politiques puis à les faire s’entrechoquer. Ceci afin de transformer les tensions sociales qui traversent nos sociétés en autant de pseudo-luttes qui s’annulent les unes les autres dans une guerre civile larvée et bientôt ouverte de tous contre tous.
Autre terrain d’influence majeure : la justice. Au travers de l’Open Society Justice Initiative (OSJI), les réseaux Soros fournissent un appui financier à de nombreuses initiatives d’ingérence dans le système judiciaire français. Par exemple dans le financement d’études sur les contrôles de police au faciès. Ainsi le programme « Profiling Minorities. A Study of Stop-and-Search Practices in Paris » réalisé en 2009 avec le soutien du CNRS. Il s’agit comme toujours d’utiliser des cas d’abus de pouvoir ou d’arbitraire policier afin de s’immiscer au sein des institutions d’un État et d’y faire de l’ingérence.
Plus problématique encore, les liens revendiqués entre le syndicat de la magistrature et l’Open Society. Le SM est le premier syndicat de magistrats à avoir vu le jour en France juste après mai 68, il défend depuis sa fondation des positions sociétales d’extrême gauche.
En juillet 2019, le syndicat de la magistrature participait à une table ronde à New-York organisée par l’Open Society et le Rapporteur spécial des Nations unies sur l’indépendance des juges et des avocats.
Cette collusion entre gauchisme militant et globalisme bancaire est par ailleurs une thématique que je documente longuement dans mes travaux. Cette proximité entre les « juges rouges » et le système mondialiste éclaire assez bien le laisser-faire pour les réseaux de passeurs et de traite des migrants comme celui de Cédric Herrou et la dureté des peines infligées aux membres de l’ONG Defend Europe.
Parmi les relais de Soros en France on retrouve aussi une partie importante du personnel politique français. Ceci sans compter ceux qui adhèrent au projet de société ouverte en tant que tel sans forcément être liés directement au réseau Open Society. Le piratage de fichiers internes de l’Open Society Foundations en 2016 (peu avant les élections américaines) avait permis la diffusion d’un document de l’OSF intitulé « Reliable allies in the European Parliament (2014-2019) » – (Alliés fiables au Parlement européen 2014-2019), document qui recensait 226 des 751 députés européens susceptibles d’être des relais fiables de l’Open Society. Comme le rapportait le journaliste indépendant Nicolas de Lamberterie : « les députés y étaient classés par pays mais aussi par commission et délégation étrangère, afin de mieux cibler les “alliés” de l’Open Society dans chaque commission. »
Parmi les eurodéputés français on retrouvait : Michèle ALLIOT-MARIE, Guillaume BALAS, Alain CADEC, Jean-Marie CAVADA (signalé comme en perte d’influence), Karima DELLI (notamment pour les questions des Roms, du « gender » et LGBT), Marielle DE SARNEZ, Sylvie GOULARD (second sous-gouverneur de la Banque de France, elle fût aussi « chargée du suivi de la Convention sur l’avenir de l’Europe présidée par Valéry Giscard d’Estaing visant à rédiger un projet de traité constitutionnel »), Sylvie GUILLAUME (les questions d’immigration, de lutte contre les populismes et de LGBT), Yannick JADOT, Eva JOLY, Alain LAMASSOURE, Édouard MARTIN, Élisabeth MORIN-CHARTIER (sur le « gender » et les droits de l’homme), Younous OMARJEE, Christine REVAULT d’ALLONNES BONNEFOY (notamment sur les questions de « gender » et d’immigration), Marie-Christine VERGIAT (notamment sur le « gender » et les droits des minorités).

Breizh-info.com : Est-ce que l’on peut chiffrer les fonds qui sont mis en œuvre par ses équipes en terme d’influence ?
Pierre-Antoine Plaquevent : Pour 2020, le budget officiel de l’OSF est de 1,2 milliard de dollars. Les dépenses totales de l’OSF depuis sa création sont estimées quant à elles à plus de 15 milliards de dollars pour ses trois décennies d’activité. Cela donne une idée de l’ampleur démesurée des moyens dont dispose le réseau Open Society Foundations. George Soros a fait don à l’OSF depuis 1984 d’au moins 32 milliards de dollars sur sa fortune personnelle si on inclut les derniers 18 milliards de dollars qu’il a légués en 2017.
Le budget que l’Open Society consacrait à la seule question migratoire en 2018 était de 63,3 millions de dollars. En outre, en septembre 2016, George Soros promettait d’investir 500 millions de dollars de placements en actions dans des investissements qui bénéficient aux migrants.
Dans mon livre paru fin 2018, je comparais les sommes investies par l’OSF en matière d’immigration avec le budget de Frontex (l’agence pour la surveillance des frontières européennes) qui était évalué quant à lui à 300 millions d’euros pour 2017. L’ensemble des pays européens investissent donc moins pour la défense de leurs frontières maritimes que les moyens mis en œuvre par Soros, l’Open Society Foundations et l’ensemble de leurs soutiens privés. Cette puissance financière permet en outre d’effectuer d’importantes campagnes de lobbying en faveur des changements juridiques dans le droit international sur le statut des migrations. Comme ce fût le cas en amont du « Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières », le fameux « Pacte de Marrakech ».
Au vu des sommes investies depuis sa création, on peut considérer que l’Open Society Foundations est l’un des outils les plus puissants au monde en matière d’influence et d’ingérence.
Breizh-info.com : Ne faites-vous pas une fixation sur Georges Soros ?
Pierre-Antoine Plaquevent : Je ne crois pas, je pense plutôt que l’étude des réseaux, de l’action et de la pensée d’un George Soros est en fait un point d’entrée dans ce monde opaque et très fermé que Michel Geoffroy appelle « la super-classe mondiale » ou qu’un Steve Bannon désigne comme « le parti de Davos » (Davocratie). C’est cette classe de financiers hyper-riches qui impulse le mouvement d’ensemble à la forme politique occidentale actuelle ; ceci bien que des frictions réelles se manifestent entre certaines de ses différentes centrales de pouvoir, notamment depuis l’élection de Donald Trump. Cette hyper-classe globaliste constitue le sommet de la hiérarchie du pouvoir politique réel en Occident, c’est elle qui investit des moyens financiers colossaux afin d’orienter le destin des nations vers une intégration planétaire et une gouvernance globale transnationale.
L’action de ces personnes a un impact réel sur tous les aspects de nos vies, jusque dans nos familles qui sont soumises à une pression colossale pour les faire éclater, pour les « ouvrir ». Les ouvrir au divorce généralisé, à l’avortement de confort, à la drogue, à l’agenda LGBT, à la submersion migratoire, etc. Autant de domaines où l’Open Society et ses relais investissent tous les moyens possibles afin de transformer la société selon leurs vues. Je constate aussi que le grand public a besoin de personnaliser les phénomènes politiques pour mieux les cerner, Soros est ainsi devenu un symbole du mondialisme. De plus, même si George Soros est âgé, son nom est une marque et un ensemble de structures qui perdureront après sa mort. Même s’il est un vrai stratège avec une vue d’ensemble qui manquera au camp globaliste, ses héritiers travaillent déjà à sa succession comme son fils Alexander Soros. À rebours de tous leurs beaux discours égalitaristes et démagogiques, le pouvoir est bien souvent héréditaire dans les grandes familles mondialistes.
Breizh-info.com : Que répondez-vous à ceux qui trouvent des relents antisémites dans ce « Sorosbashing » ?
Pierre-Antoine Plaquevent : Je pense que c’est une accusation qui tombe à l’eau dans la mesure où de nombreux juifs attaquent Soros sur son prétendu antisémitisme (ce qui est exagéré à mon sens) et sur son manque de soutien voire son hostilité à l’égard d’Israël. Soros, en tant que juif de la diaspora, semble en fait assez réticent face à ce qu’il nomme lui-même le tribalisme juif. Une attitude ambivalente qui lui est souvent reprochée par les néo-conservateurs aux États-Unis mais aussi en Israël où il est la cible régulière des attaques de la droite et de Netanyahou qui accusent l’Open Society d’affaiblir l’État israélien. Dans cet esprit, Avigdor Eskin – un activiste sioniste ultra qui est aussi un analyste politique engagé – expliquait récemment que les accusations de corruptions portées contre Benjamin Netanyahou en Israël seraient le fruit d’une campagne de déstabilisation menée en Israël par Soros et ses réseaux en raison de la politique de contrôle des flux migratoires que cherche à mener Benjamin Netanyahou. Eskin accuse même Soros d’être selon ses dires : « un ennemi systémique d’Israël ».
L’affaire Epstein fût à ce titre un bon indicateur de cette friction entre une gauche « sorosienne » globaliste et une droite néo-occidentaliste philo-sioniste. Dès 2015, Trump avait ainsi attaqué Bill Clinton sur sa fréquentation assidue de Jeffrey Epstein et de ses « prestations ». Dès qu’Epstein fût suspecté de détournements de mineures, Donald Trump se rapprocha ainsi de Bradley Edwards, l’avocat des jeunes victimes. Bradley Edwards affirma même que Trump fût le seul « people » à avoir agi de la sorte et que sa collaboration lui fût précieuse.

On connaît par ailleurs la proximité d’Epstein avec Ehud Barak, proximité qui a été révélé par les photos du Daily Mail où l’on peut voir Ehud Barak « entrant dans la résidence de Jeffrey Epstein à New York en 2016, le visage partiellement caché, et d’autres de jeunes femmes pénétrant le même jour dans la résidence. » Ehud Barak qui annonçait fin juin 2019 « la fin de l’ère Netanyahu », se retrouvait ainsi propulsé comme amateur de filles mineures en pleine une du Daily Mail, le deuxième quotidien britannique en nombre de ventes. Ceci au plus fort des tensions sur le Brexit durant l’été 2019. Brexit soutenu par l’administration Trump contre les euro-globalistes sorosiens. Ehud Barak est en outre régulièrement accusé par la droite israélienne d’être soutenu par Soros et ses relais israéliens. Netanyahu fût ainsi le premier ravi des révélations sordides sur Ehud Barak. Révélations qui survinrent peu avant les récentes élections législatives israéliennes qui s’annonçaient et qui furent difficiles pour le Likoud.
On voit ici un axe Trump-Netanyahu se confronter à une gauche internationale Clinton-Epstein-Barak-Soros. Et ça n’est que le point le plus saillant de cette confrontation, car sur les questions de société les plus clivantes comme l’avortement, le communautarisme LGBT ou l’identité nationale, ces deux orientations du monde occidental se font face et divergent toujours plus.
À la fin de mon étude sur les réseaux Soros je parlais d’une « unité et scission au sein du judaïsme politique », cette ligne de tension n’a fait que s’accroître depuis.
Cette ligne de fracture traverse tout l’Occident contemporain et voit se confronter juifs de gauche internationalistes, cosmopolites et sorosiens face aux juifs de droite conservateurs et sionistes. Dans un article au titre explicite (« Europe’s Jews vs. Israel »), le très influent néo-conservateur Daniel Pipes va jusqu’à parler d’une « opposition frontale entre l’État d’Israël et l’establishment juif européen ». Daniel Pipes accuse la gauche juive de la diaspora de refuser l’alliance que devraient faire les juifs avec les conservateurs et les populistes occidentaux (qu’il appelle des civilisationnistes) ; alliance qui permettrait de contrer les ennemis d’Israël et de l’Occident que sont la gauche et l’Islam. Avec des mots très durs à l’égard des juifs d’Europe, Daniel Pipes parle d’une bataille « opposant le puissant État d’Israël à de petites communautés juives en voie de disparition ». Soros est très représentatif de ces juifs de gauche non territorialisée qui se soucient plus de leur avenir en tant que diaspora que de l’avenir d’Israël et de ses soutiens occidentaux. Je parle assez longuement dans mon étude de cette dialectique qui existe entre nationalisme sioniste et cosmopolitisme « sorosien ».
C’est sur cette ligne de convergence entre civilisationnistes occidentaux et sionistes israéliens que se tenait à Rome début février la National Conservatism Conference. Forum qui réunissait certains des ténors des droites conservatrices européennes autour du philosophe et théoricien politique israélien Yoram Hazony. Hazony qui est aussi le président de l’Institut Herzl à Jérusalem, un think tank sioniste qui se donne pour objectif de : « contribuer à la revitalisation du peuple juif, de l’État d’Israël et de la famille des nations (NDA : les non-juifs) par une rencontre renouvelée avec les idées fondatrices du judaïsme. » Cette conférence de Rome souhaitait dessiner les contours d’une forme d’internationale des conservateurs occidentaux philo-israéliens.
Pour ma part, à force d’étudier la problématique du rapport entre l’idéologie globaliste et le judaïsme, je pense la comprendre de manière finalement assez simple. Comme tous les groupes humains, le judaïsme est traversé par des courants politiques divers, parfois convergents, parfois contradictoires. Je parle ainsi d’un judaïsme politique comme on parle d’islam politique ou de christianisme politique. Le judaïsme politique est composite mais ses différents courants ont des conséquences très concrètes sur le terrain politique comme toutes les idéologies. C’est le domaine de la théopolitique ; domaine qui est un champ du savoir essentiel pour appréhender la nature profonde des conflits qui déchirent l’humanité contemporaine. À ce titre, je cite dans la dernière partie de mon livre les travaux du chercheur juif Michael Löwy sur le messianisme politique et la mystique de la fin de l’État dans le judaïsme, des travaux passionnants et essentiels. Michael Löwy y démontre les liens qui unissent l’utopie cosmocratique avec certaines récurrences religieuses archaïques issues du judaïsme chez des auteurs et des militants que l’on n’imaginerait pas être des personnalités religieuses au sens que ce terme recouvre dans l’acception commune. Un état d’esprit qu’il décrit comme « utopique/millénariste moderne ». Je pense pour ma part que George Soros est marqué dans son héritage familial par cette forme de messianisme millénariste sécularisé.
Lui-même ira jusqu’à évoquer l’idée que ce messianisme puisse être le moteur psychologique profond de son action sur le monde :
« À dire vrai, je porte en moi depuis l’enfance certains puissants fantasmes messianiques. Fantasmes que j’ai toujours senti devoir contrôler sans quoi je risquais de finir dans un asile de fous. Mais après m’être fait une place dans le monde, j’ai voulu leur laisser libre cours dans la mesure où je pouvais me le permettre. »

Il fait par ailleurs l’aveu étonnant de l’antisémitisme supposé de sa propre mère : « ma mère était antisémite et honteuse d’être juive (…) Étant donné la culture dans laquelle nous vivions, être juif était une stigmatisation, un désavantage, un handicap. Dès lors il y avait toujours le désir de transcender cette appartenance, de lui échapper. » (cf. « The world according to Soros », Connie Bruck) mais il affirme aussi par ailleurs que son identité juive est fondatrice de sa vision du monde cosmopolite : « Je suis également conscient que je porte une part d’utopie juive dans ma façon de penser. Mes fondations me rattachent à cette tradition. » et écoutez bien ce passage significatif : « Voilà pourquoi le concept de l’union européenne me passionne tellement. Là toutes les nations sont minoritaires, et c’est la raison qui fait que ce projet me tient à cœur. (…) Donc, pour répondre à votre question initiale – mes opinions ont-elles quelque chose à voir avec mon héritage juif ? – je dirais oui, sans hésiter. Et je ne vois pas en quoi cela poserait un problème. » (Le Défi de l’argent – George Soros, 1995).
D’une certaine manière, comme de nombreux juifs athées et acculturés (il se dit athée), George Soros est pris dans un piège psychologique qui l’empêche de pleinement s’identifier à sa communauté d’origine tout en l’empêchant de se fondre pleinement dans l’identité européenne et chrétienne (même sécularisée). Je peux me tromper mais il me semble que son zèle missionnaire cosmopolite incessant peut être vu comme une fuite perpétuelle de ce tiraillement identitaire qui le taraude depuis l’enfance et dont il a hérité de par sa famille. C’est un schème récurrent de l’identité juive à travers les âges ; cet affrontement interne au judaïsme qui ne cesse de se polariser entre tribalisme racial et universalisme radical. Une identité juive toujours tiraillée entre assimilation aux nations et affirmation radicale de sa spécificité voire de sa supériorité.
Sur les rapports entre national-conservatisme et judaïsme politique, je renvoie vos lecteurs à notre e-book strategika : Notre-Dame, Al Aqsa et le troisième Temple. La géopolitique des religions et à l’article : Pompeo, Soros et l’Iran : de la nécessité vitale d’un souverainisme non-aligné.
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Propos recueillis par YV
Crédit photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2020, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine – V




del.icio.us
Digg
En su elaboración se han tocado, a nuestro parecer, todas las teclas que se debían de tocar: desde las bases socio-políticas en que deberá asentarse esa nueva Europa, que no soslaya cuál será su organización territorial-administrativa, pasando por la geoestrategia que deberá hacer propia, continuando por hasta cuál será la heráldica que deberá representarlo y acabando por tratar la que deberá ser su posición en el tema de la Trascendencia.









Cependant, Brice Couturier reconnaît volontiers que le libéralisme de gauche présidentiel se mêle à d’autres influences politiques. Il s’attarde d’ailleurs volontiers sur la formation intellectuelles du huitième président de la Ve République, son « chemin de culture, une Bildung, comme disent les Allemands. Car la pensée de Macron s’est élaborée au cours d’études assez inhabituelles chez nos dirigeants (p. 43) ». Le futur chef de l’État « a raté à deux reprises le concours d’entrée de l’École normale supérieure alors que, reçu au bac avec la mention “ Très bien ”, il avait été admis à l’une des khâgnes les plus prestigieuses de France, celle du lycée Henri-IV (p. 50) ». « Avant de s’inscrire à Sciences Po, poursuit Brice Couturier, il avait suivi des cours de philosophie à l’université de Nanterre (p. 52). » Le futur Macron apprécie alors de souvent citer Hegel au point qu’il peut être qualifié d’« hégélien de gauche ». Il consacre « son mémoire de DEA (travail de 3e cycle universitaire qui donne l’autorisation de poursuivre son doctorat) à La Raison dans l’Histoire de Hegel (p. 60) » en 2001. Il avait l’année précédente « rédigé son mémoire de maîtrise, consacré à Machiavel (p. 233) » sous la direction d’Étienne Balibar. Brice Couturier en déduit que « Macron dispose d’une colonne vertébrale théorique impressionnante. Sa pensée est structurée. Elle vient de loin (p. 36) ».
Coaching & conflicts deals with the theory concerning the “new art of war”, which is also the title of the Italian edition [1]: not only information and disinformation as they are generally understood but also, among other things, the set of methods by which a country can be affected economically and socially through the manipulation of its economy on international markets, so as to favor a change of government (or “regime”, just to use a word that makes so much bad anti-demokrats...). From these manipulations to the sadly known colored revolutions, perhaps followed by an external military intervention, the step may not be really immediate but still remains tragic: Libya docet, the Latins would say, and so also Syria even if right against the lions of Damascus the mechanism has jammed, showing its inevitable limits.
Q) Why did you want to publish Leonid Savin's essay?
Il titolo di questa recensione della tesi di laurea di Lorenzo Disogra, pubblicata dalle Edizioni all’insegna del Veltro con una prefazione del Professor Franco Cardini, potrebbe sembrare inutilmente altisonante. La qualità del testo è indubbia: un lavoro rigoroso e documentato come si addice ad una tesi di laurea, impreziosito dal dono della sintesi e da una prosa scorrevole. L’autore riesce in un centinaio di pagine a ricostruire, percorrendo in parallelo la vicenda militante e la produzione teorica di Jean Thiriart, il “pensiero e l’azione” di una delle figure più incomprese e trascurate della Politica europea. Politica con l’iniziale maiuscola, a significare quel raro connubio di idee e di azione, di cultura e prassi, di lucidità e passione che caratterizzano la figura del militante belga.
Non è stato privo di impatto per l’autore di questa recensione leggere il libro di Lorenzo Disogra nelle stesse ore in cui ne divorava un altro: Essere e Rivoluzione. Ontologia heideggeriana e politica di liberazione di Daniele Perra per i tipi di Nova Europa. In quelle pagine si ricorda infatti la risposta degli intellettuali tedeschi della Rivoluzione Conservatrice al lamento spengleriano sul “tramonto dell’Occidente”, al quale si indicava l’alternativa di una grande alleanza dei popoli “bianchi” contro quelli “di colore” (quasi un preludio ad Huntington). Il concetto di Occidente non solo non riguarda i rivoluzionari – che si interessano a cose ben più profonde come la Nazione (europea) o la Classe (lavoratrice e antiusuraia); ma se proprio un Occidente esiste, il suo tramonto è un’ottima notizia. Se infatti i popoli sono autori e non vittime della propria storia, essi potranno approfittare della fine dell’Occidente capitalista, positivista e antitradizionale, realizzando la Nazione Europea oppure la lotta dei lavoratori e degli sfruttati. È proprio al tramonto dell’Occidente americanista e liberista, protestante e imperialista, individualista e mercantile che i rivoluzionari del pianeta devono farsi trovare pronti, da Lisbona a Vladivostok, da Teheran a L’Avana.





S’il est difficile de se replacer derrière le voile d’ignorance tant nous sommes conditionnés par la place spécifique que nous occupons déjà dans la société, cette expérience de pensée permettra de nous orienter beaucoup plus sûrement vers un terrain d’entente. Il se peut que je consomme trop d’eau ou que je pollue, non pas parce que j’en tire un plaisir intrinsèque, mais parce que cela satisfait mon intérêt matériel : je produis plus de légumes, ou j’économise des coûts d’isolation, ou je me dispense de l’achat d’un véhicule plus propre. Et vous qui subissez mes agissements, vous les réprouverez.
D’une part, elle peut orienter le débat vers les objectifs incarnés dans la notion de bien commun en les distinguant des instruments qui peuvent concourir à leur réalisation. Car trop souvent, comme nous le verrons, ces instruments, qu’il s’agisse d’une institution (par exemple le marché), d’un « droit à » ou d’une politique économique, acquièrent une vie propre et finissent par perdre de vue leur finalité, allant alors à l’encontre du bien commun qui les justifiait de prime abord. D’autre part, et surtout, l’économie, prenant le bien commun comme une donnée, développe les outils pour y contribuer.
José Ortega y Gasset affirmait que se proclamer de droite ou de gauche, c’était accuser dans l’un et l’autre cas une hémiplégie morale. Nulle possibilité que François Sureau tombât dans une quelconque infirmité. Il se campe de longue date en défenseur de la liberté, de toutes les libertés publiques. C’est le rôle impérieux qu’il s’arroge, une fois encore, avec la rigueur du juriste et la verve de l’avocat et écrivain qu’il est, dans son opuscule 

Dieses Buch enthält erstmals umfangreiche biografische Daten des Philoso-
Face à la manière dont le dit Traité de paix de Versailles a mis en opposition les peuples européens après 1919, préparant ainsi de nouveaux conflits militaires; dont l’Europe centrale a été démembrée et trois empires démantelés du jour au lendemain; dont l’Empire ottoman a été dépecé et des révolutions ont secoué la partie occidentale de l’Eurasie; dont, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, une nation s’est transformée en unique puissance mondiale. Donc face à l’envergure de ces bouleversements, il est étonnant de constater que peu d’impulsions de la part des cercles d’historiens n’aient été déclenchées au cours de cette année de commémoration susceptible à élaborer en profondeur un débat publique sur les causes et les effets de ces accords.
Hazony defines the nation-state in contradistinction to two alternatives: tribal anarchy and imperialism. Tribal anarchy is basically a condition of more or less perpetual suspicion, injustice, and conflict that exists between tribes of the same nation in the absence of a common government. Imperialism is an attempt to extend common government to the different nations of the world, which exist in a state of anarchy vis-à-vis each other.
Hazony argues that nationalism has a number of advantages over tribal anarchy. The small states of ancient Greece, medieval Italy, and modern Germany wasted a great deal of blood and wealth in conflicts that were almost literally fratricidal, and that made these peoples vulnerable to aggression from entirely different peoples. Unifying warring “tribes” of the same peoples under a nation-state created peace and prosperity within their borders and presented a united front to potential enemies from without.
The “mutual loyalty” at the heart of nation-states is a product of a common ethnicity. How does ethnic unity make free institutions possible? Every society needs order. Order either comes from within the individual or is imposed from without. A society in which individuals share a strong normative culture does not need a heavy-handed state to impose social order.
In fact, Hazony argues, imperialism is far more conducive to hatred and violence than nationalism.
The third principle is “government monopoly of organized force within the state” (p. 177), as opposed to tribal anarchy. A failed state is one in which different ethnic groups create their own militias.
The difference between good nationalism and bad nationalism is simple: Good nationalism is universalist. A good nationalist wants to ensure the sovereignty of his own people, but does not wish to deny the sovereignty of other peoples. Instead, he envisions a global order of sovereign nations, to the extent that this is possible. Hazony, however, wishes to stop short of the idea of a universal right to self-determination, which I will deal with at greater length later.
Aux débuts des années 1990, inquiète de la résistance nationale-patriotique en Russie contre Boris Eltsine, une certaine presse de caniveau fantasmait sur une hypothétique convergence « rouge – brun » en France. Sa profonde inculture l’empêcha de mentionner le national-bolchevisme allemand de l’Entre-deux-guerres, le souverainisme communiste réalisé en RDA et en Roumanie ou le national-communisme du philosophe Régis Debray à la fin des années 1970. Le philosophe français aurait certainement été surpris de savoir que son pays connut naguère un embryon national-communiste ou national-collectiviste six décennies plus tôt.

Acquis au racialisme scientifique, il popularisa le concept du Blut und Boden (Sang et Sol), espérant abolir une société industrielle fermée au monde des affaires afin de la remplacer par une société organique prenant sa base sur un système de nobilité agreste héréditaire.
Most widely held works 


Vous insistez beaucoup, pour l’efficacité de l’action métapolitique, sur la compréhension d’un contexte fait de l’emboîtement de trois éléments : l’Occident, le Système et le Régime. En quelques mots, que voulez-vous dire par là ?
R. R. Reno





Polymnia Athanassiadi, professeur d’histoire ancienne à l’Université d’Athènes, spécialiste du platonisme tardif (le néoplatonisme) avait bousculé quelques certitudes, dans son ouvrage publié en 2006, « la lutte pour l’orthodoxie dans le platonisme tardif », en montrant que les structures de pensée dans l’Empire gréco-romain, dont l’aboutissement serait la suppression de toute possibilité discursive au sein de l’élite intellectuelle, étaient analogues chez les philosophes « païens » et les théologiens chrétiens. Cette osmose, à laquelle il était impossible d’échapper, se retrouve au niveau des structures politiques et administratives, avant et après Constantin. L’État « païen », selon Mme Athanassiadi, prépare l’État chrétien, et le contrôle total de la société, des corps et des esprits. C’est la thèse contenue dans une étude éditée en 2010, Vers la pensée unique. La montée de l’intolérance dans l’Antiquité tardive.
Polymnia Athanassiadi rappelle les influences qui ont pu marquer cette conception positive : elle a été élaborée durant une époque où la détente d’après-guerre devenait possible, où l’individualisme se répandait, avec l’hédonisme qui l’accompagne inévitablement, où le pacifisme devient, à la fin années soixante, la pensée obligée de l’élite. De ce fait, les conflits sont minimisés.

Notons que Julien, le restaurateur du paganisme d’État, est mis sur le même plan que Constantin et que ses successeurs chrétien. En voulant créer une « Église païenne », en se mêlant de théologie, en édictant des règles de piété et de moralité, en excluant épicuriens, sceptiques et cyniques, il a consolidé la cohérence théologico-autoritaire de l’Empire. Il assumait de ce fait la charge sacrale dont l’empereur était dépositaire, singulièrement la dynastie dont il était l’héritier et le continuateur. Il avait conscience d’appartenir à une famille, fondée par Claude le Gothique (268 – 270), selon lui dépositaire d’une mission de jonction entre l’ici-bas et le divin.
La thèse n’est pas nouvelle. En 1984, le Club de l’Horloge sortait chez Albin Michel Socialisme et fascisme : une même famille ?. Ne connaissant pas ce livre, Frédéric Le Moal arrive néanmoins aux mêmes conclusions. Il se cantonne toutefois à la seule Italie en oubliant ses interactions européennes, voire extra-européennes (le péronisme en Argentine). Il circonscrit le fascisme en phénomène italien spécifique. Certes, il mentionne l’influence d’Oswald Spengler sur Mussolini, mais il en oublie le contexte international, à savoir l’existence protéiforme d’une révolution conservatrice non-conformiste. En outre, l’auteur ne souscrit pas à la thèse de Zeev Sternhell pour qui le fascisme italien a eu une matrice française. 


En prenant sept cas d’école de la conduite du changement dans les armées, Michel Goya propose ainsi avec S’adapter pour vaincre une analyse des rouages de l’adaptation des grandes structures militaires sous la pression de leur époque : qu’il s’agisse de l’ascension de l’armée prussienne au XIXe siècle, de la métamorphose de l’armée française durant la Première Guerre mondiale, du déclin de la Royal Navy au cours de la première moitié du XXe siècle ou encore de la confrontation de l’US Army avec la guerre moderne à partir de 1945, l’animateur du blog La Voie de l’épée met à chaque fois en lumière les inducteurs de la mue de la Pratique (avec un grand « P » sous la plume de l’auteur) au sein de ces organisations complexes. Car, pour Michel Goya, « faire évoluer une armée, c’est faire évoluer sa Pratique », cette même Pratique étant « le point de départ et d’arrivée du cycle de l’évolution ».
Au-delà de la rétrospective historique, le principal intérêt de l’ouvrage est ainsi l’analyse percutante que livre Michel Goya sur les conditions d’apparition de cette innovation au sein d’une structure militaire. S’adapter pour vaincre montre comment les innovations de rupture ne viennent pas souvent de l’intérieur – contrairement à l’innovation dite « continue » – mais sont généralement imposées de l’extérieur, sous la pression de l’ennemi par exemple. On y voit également les viscosités et les biais cognitifs à l’œuvre, que ce soit l’effet générationnel des décideurs, la propension des armées à reproduire des modèles connus, la rivalité entre les services d’une même armée ou encore l’illusion de pouvoir piloter de manière centralisée le cycle du changement. Le rôle du politique pour faire passer les évolutions de rupture est également mis en avant, tout comme l’importance de créer les conditions de l’émergence d’un courant de pensée libre de réflexion non institutionnelle – que l’auteur considère d’ailleurs comme une forme indispensable de « réserve » opérationnelle pour les temps mauvais. On retiendra enfin l’importance pour une organisation militaire de pouvoir expérimenter, grâce à un surplus de ressources matérielles et de temps libre, comme ce fut le cas notamment dans les décennies qui précédèrent la Première Guerre mondiale : « Plus les unités disposent de temps libre et de moyens autonomes, et plus ce capital d’adaptation rapide est important. Inversement, plus les moyens sont comptés, surveillés et centralisés, et plus l’armée devient rigide. »
Until 1935, Iran was referred to internationally as “Persia” (or La Perse), and the Iranian people were broadly identified as “Persians.” This was the case despite the fact that Persians always referred to themselves as Iranians (Irâni) and used the term Irânshahr (Old Persian Aryâna Khashatra) or “Aryan Imperium” in order to designate what Westerners call the “Persian Empire.”
We have entered the era of a clash of civilizations rather than a conflict between nation states. Consequently, the recognition of Iran as a distinct civilization, one that far predates the advent of Islam and is now evolving beyond the Islamic religion, would be of decisive significance for the post-national outcome of a Third World War.

