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mardi, 21 avril 2020

Tchernobyl, coronavirus: l'Etat face à la catastrophe

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Tchernobyl, coronavirus: l'Etat face à la catastrophe

Par Benoit Comte

La mini-série Chernobyl expose avec un réalisme certain les causes et les conséquences de l’explosion du réacteur n°4 de la Centrale nucléaire de Tchernobyl survenue le 26 avril 1986. Cependant, le visionnage récent de ces 5 épisodes nous a laissé perplexe.

En effet, cette production grand public, par les thèses qui y sont soutenues sur les responsabilités des uns et les actions des autres, nous révèle deux écueils majeurs de notre civilisation occidentale : l’un prend la forme d’un impensé quand l’autre n’est que l’expression d’un inconscient des plus naïfs.

Nous ne ferons donc aucune considération esthétique sur l’œuvre elle-même et ne révélerons pas les rebondissements de l’intrigue, mais développerons quelques remarques qui entrent en résonance particulière avec la crise sanitaire actuelle causée par la pandémie de maladie à coronavirus.

 1. L’origine du désastre

Financée par deux maisons de production américaine et anglaise, l’œuvre dont nous parlons offrait à l’anticommunisme primaire une belle occasion d’expression. Sans surprise, on assiste au procès du communisme en général et de la société soviétique en particulier, véritable « système du mensonge », incapable de se regarder en face pour ce qu’elle est vraiment ni de se remettre en cause, le népotisme prévalant sur toute autre logique. Ce jugement, bien qu’il recouvre une part de vérité, ne nous semble pas aller au cœur du problème, sachant qu’une constatation similaire pourrait être faite de nos brillantes institutions actuelles, françaises et européennes.

cherno.jpgNon, le fond du problème est ailleurs et nos sociétés libérales souffrent de la même faiblesse que le système soviétique, à savoir celle à laquelle toute société complexe, au sens que Joseph Tainter donne à ce terme dans L’Effondrement des sociétés complexes, doit faire face lorsqu’elle se retrouve confrontée à une crise de grande ampleur. De ce point de vue, les sociétés complexes sont vues comme des organisations de résolution de problèmes qui sont toutes invitées à trouver une solution à une équation insoluble : ces problèmes appellent des solutions de plus en plus coûteuses à mesure que la société se complexifie. Il s’agit là de la décroissance du rendement marginal, soit la diminution du rendement par unité supplémentaire d’investissement. C’est la loi d’airain du déclin civilisationnel…

Toutes les économies modernes hautement intégrées (et donc interdépendantes) sont ainsi confrontées aux mêmes défis et aux mêmes crises potentielles : c’est là le grand impensé de notre temps.

Et là où réside la différence, c’est que l’URSS, malgré tous ses travers, avait encore un état digne de ce nom qui n’obéissait pas uniquement à des motifs idéologiques ou à des logiques de marchés déterritorialisés. Pour gérer une crise de cette ampleur et, passés les premiers instants de déni, rappelons que l’URSS a quand même mobilisé plus de 600 000 personnes pendant plusieurs mois (plusieurs années pour certains d’entre eux), sacrifié des millions de tonnes de matériels militaires et civils et relocalisé les 115 000 personnes résidant dans un rayon de 30 km autour de la catastrophe nucléaire. Quel État occidental serait aujourd’hui capable de mener une telle politique de salut public ?

 2. La résistance s’organise

Revenons à la mini-série. Les « méchants » et les « tyrans » y sont incarnés par les membres de l’État-parti quand les « gentils » et les « résistants » se trouvent… chez les scientifiques ! Véritable force d’opposition au mensonge, ces êtres qui ont pour métier de rechercher la vérité dans un domaine précis auront évidemment la même attitude lorsqu’ils devront agir dans la sphère publique, au mépris des conséquences personnelles plus ou moins désagréables que leurs prises de position pourraient leur faire encourir.

Cette représentation naïve, bien évidemment fausse, nous révèle cette fois l’inconscient qui sous-tend notre civilisation occidentale : la société n’y est plus conçue que comme un système technologique dont la réponse aux questions qui se posent n’a plus à faire débat, mais nécessite la consultation d’un expert dont on exécutera les recommandations. C’est bien évidemment le scientifique, ce héros des temps modernes, qui représente dans notre inconscient l’archétype de l’homme soucieux de vérité à qui l’on devrait se référer, plutôt qu’aux passions des foules et aux décisions impétueuses d’une caste politicienne plus intéressée à sa propre quête de pouvoir qu’à l’intérêt général. La réalité historique était toute autre : l’URSS a produit un nombre important de scientifiques de très haut niveau dont la plupart étaient tout à fait alignés sur la politique du Parti.

Là encore, nous devons prendre du recul. Comme toute la philosophie politique nous l’a enseigné depuis l’Antiquité, le but le plus élevé qu’une collectivité politiquement instituée puisse atteindre est justement de s’assigner une fin commune, considérée comme un bien et poursuivie en tant que telle par une communauté de destin. Cette leçon, récemment rappelée par un Castoriadis en France ou les penseurs communautariens aux États-Unis, s’est depuis noyée dans les « eaux glacées » de la gouvernance, du management et de l’ingénierie sociale.

La question de la finalité politique n’existe plus, seule la roue incessante des problèmes immédiats à résoudre continue à tourner, indéfiniment…

 3. Et maintenant ?

Nous vivons dans une société complexe qui a été bâtie par l’action conjointe de l’État et du marché, chacune ayant leur logique propre. La première de ces deux entités n’étant plus que l’ombre d’elle-même, comment la prochaine crise de grande ampleur sera-t-elle traversée et quelles en seront les répercussions ?

Pierre Legendre, dans son Fantômes de l’État en France, fait la généalogie de cette institution de pouvoir central et nous aide à en comprendre le dépérissement. Dans notre pays, l’idée nationale est inséparable de la forme étatique et la vitalité du lien social en est grandement tributaire.

Acculé qu’il est par les assauts du management, ce « montage fiduciaire » multiséculaire est au plus mal et l’on peut réellement s’interroger, avec inquiétude, sur la façon dont la crise sanitaire actuelle sera traversée. En ressortirons-nous vainqueur ou plutôt fragilisé, voire vaincu ? Sommes-nous en train d’assister à l’instant de vérité d’un système à bout de souffle ?

Affronter un défi de la taille d’une pandémie mondiale nécessite des ressources matérielles considérables du fait de la nature du système économique dans lequel nous évoluons, et une foi dans les capacités d’action administratives de l’État, expressions concrètes du pouvoir. L’on aura compris que ces deux dimensions sont aujourd’hui particulièrement fragilisées.

Avec un peu de provocation et un brin de malice, on pourrait même se demander si l’amateurisme de nos gouvernants ne réussirait pas l’exploit de nous faire regretter un état fort et autoritaire, tel celui commandé par les soviétiques, au moins capable d’actions effectives en temps de crise…

samedi, 18 avril 2020

Littératures et nationalités de combat

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Littératures et nationalités de combat

Par Pieter Jan Verstraete

Jelle Krol, Frison de cœur et de tripes, collaborateur au « Tresoor », a passé récemment une thèse de doctorat, qui est remarquable, et sur laquelle je souhaite attirer l’attention de mes lecteurs. Le « Tresoor » à Leeuwarden, capitale de la Frise néerlandaise, est, dans une certaine mesure, l’équivalent de la Maison des Lettres AMVC en Flandre.

L’objectif premier de la thèse de Krol est de situer les littératures produites par les minorités ethno-linguistiques dans la période qui a immédiatement suivi la première guerre mondiale et qui ont été exprimées par des écrivains qui se posaient comme les dirigeants politiques de minorités linguistiques auxquels ils s’identifiaient. Il aborde des auteurs tels Douwe Kalma (1896-1953), Frison, Saunders Lewis (1893-1985), Gallois, Hugh MacDiarmid (1892-1978), Ecossais, et Roparz Hemon (1900-1978), Breton.

Avant-Garde

Pendant la première guerre mondiale, le Président américain Woodrow Wilson avait annoncé que des nations sans langue jusqu’alors officielle allaient recevoir l’autonomie. Après la guerre, la carte de l’Europe avait pris un tout autre aspect. Si on la compare à celle d’avant 1914, on constate que le nombre d’Etats souverains avait augmenté d’environ un tiers. Des langues qui, auparavant, n’avaient aucun statut, sont devenues en 1918, des langues d’Etat, comme notamment le Polonais et le Slovaque. L’Islande avait obtenu un plus grand degré d’indépendance et l’Irlande (moins l’Irlande du Nord) était devenue une république indépendante.

Conséquence du débat public sur l’auto-détermination des minorités ethno-nationales, les sentiments propres au nationalisme culturel se sont intensifiés pendant l’entre-deux-guerres. Ces sentiments se sont exprimés tant et si bien que de jeunes écrivains d’avant-garde, partout en Europe, surent capter l’attention des lecteurs et des auteurs de langues majoritaires pour les littératures des langues minoritaires et, par suite, de créer de la sorte un espace plus indépendant pour leur propre littérature. Ces écrivains d’avant-garde se percevaient comme les leaders d’une nouvelle vague, au seuil de temps nouveaux. En tant que disciple de la spécialiste française ès-littératures comparées, Pascale Casanova, Jelle Krol pose ces littératures des langues minoritaires comme des « littératures de combat ».

Avec acribie, Krol explore la vie et l’œuvre des quatre auteurs ethno-nationalistes mentionnés ci-dessus, sans perdre de vue le contexte politique, socio-économique et religieux de leurs régions respectives. Les auteurs sélectionnés par Krol sont des contemporains, tous nés dans la dernière décennie du 19ème siècle. Il les décrit comme des littérateurs de premier plan, qui ont vigoureusement stimulé l’usage de leurs langues (le frison, le gallois, le breton et l’écossais), en démontrant qu’elles pouvaient exprimer des valeurs intellectuelles et culturelles de haut niveau. On les comparera à nos flamingants d’avant la première guerre mondiale qui ont su prouver à leurs détracteurs que la langue néerlandaise était aussi une langue scientifique (notamment dans le cadre de la lutte pour faire ouvrir une université de langue néerlandaise).

L’idée de la Grande Frise

KALMA.jpgDouwe Kalma opposait l’idée d’une Grande Frise à celle d’une Grande Néerlande, en exprimant de la sorte les liens, qu’il ressentait comme réels et charnels, entre les Frisons des Pays-Bas et ceux de Frise septentrionale et de Frise orientale qui vivaient sous les administrations allemande et danoise. Simultanément, il plaidait pour une Grande Frise qui aurait eu pour fonction de faire pont entre la Scandinavie et l’Angleterre, afin de lier des peuples qui, selon lui, étaient très proches depuis longtemps et qui présentaient certaines affinités mentales. Pour pouvoir donner forme à cette fonction de pont, la Frise, selon Kalma, devait réclamer une plus grande autonomie ; il fallait, pour cela, que ses compatriotes soient culturellement structurés.

Inspirés par la lutte pour l’indépendance irlandaise, Saunders Lewis et Hugh MacDiarmid insistaient sur la nécessité de promouvoir des changements politiques et des réformes culturelles, notamment au niveau de l’enseignement. En 1925, Lewis participe à la fondation du « Plaid Genedlaethol Cymru » (le Parti National du Pays de Galles) ; en 1928, MacDiarmid devint l’un des fondateurs du « National Party of Scotland ».

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Saunders Lewis.

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Hugh MacDiarmid.

Roparz Hemon, au contraire, pensait qu’une Bretagne plus autonome ne pourrait être concrétisée que si les Bretons se donnaient la peine de parler la langue bretonne, au-delà des cercles familiaux et religieux. Il croyait surtout que si la Bretagne devenait davantage bretonne sur les plans de la langue et de la culture, elle finirait par acquérir tout naturellement une plus large indépendance.

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Roparz Hemon.

En langue anglaise

Chacun de ces quatre auteurs, dans sa propre sphère linguistique, s’est avéré comme critique radical, qui exigeait une plus ample reconnaissance de sa langue. En même temps, ils incitaient leurs collègues écrivains à créer une littérature de haut niveau dans leurs langues minoritaires. Leur attitude combattive pourrait s’expliquer par leurs sentiments meurtris qui les auraient conduits à une ferme détermination : celle de se consacrer entièrement à leur mission. Chez ces quatre hommes, la minimisation ou, parfois, le mépris à l’endroit de la langue de leurs parents et de leurs ancêtres, ont constitué, consciemment ou inconsciemment, l’élément moteur de leur engagement.

Ils se posaient comme des dirigeants appelés à parfaire une mission. Indépendamment les uns des autres, ces quatre écrivains ont formulé plus ou moins le même objectif : ils voulaient que l’on déplace le foyer nodal de la civilisation des centres du pouvoir vers les périphéries. Ils avaient tous quatre conscience que le chemin vers ce noble but serait parsemé d’embûches et de défis. Leurs langues étaient toutefois davantage associées à la tradition et à la simplicité plutôt qu’à l’innovation et à la modernité.

Finalement, ces quatre écrivains étaient tous convaincus que leur langue et leur culture pouvaient jouer un rôle significatif dans l’après-guerre de 1918, non seulement dans leurs environnement réduit mais aussi  à un niveau plus vaste, sur le plan international. Ils ont réussi à donner plus de respectabilité à leur littérature. Ces quatre militants linguistes plaidaient aussi pour une large autonomie culturelle, pour le maintien de leur identité et pour une autonomie de leurs régions.

J’ai esquissé ici les lignes de force de la thèse du Dr. Jelle Krol. Cette thèse recèle toutefois un grand désavantage : elle est écrite en anglais (avec seulement un résumé en néerlandais à la fin). C’est devenu la règle dans les universités aux Pays-Bas.

Hélas, cette tendance à l’anglicisation devient aussi de plus en plus fréquente dans les universités flamandes. Je ne sais pas si cette thèse paraîtra un jour en néerlandais, en frison, en gallois, en écossais ou en breton. Quoi qu’il en soit, elle constitue un solide dossier, fourmillant de points de vue originaux, qui devraient intéresser nos lecteurs.

Pieter Jan Verstraete.

(ex : ‘t Pallieterke, 20 septembre 2018).

Jelle Krol, « Combative Minority Literature Writers in the Aftermath of the Great War », Groningen, Rijksuniversiteit Groningen, 2018. 408 pages, ISBN-978-94-60016-51-6.

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mercredi, 01 avril 2020

Hirô Onoda: Patriotisme total

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Hirô Onoda: Patriotisme total

par Georges FELTIN-TRACOL

Ex: http://www.europemaxima.com

Le 16 janvier 2014 s’éteignait à Tokyo à l’âge respectable de 91 ans Hirô Onoda. Il fut certainement l’ultime porteur des principes fondateurs de l’esprit samouraï, le dernier Japonais à avoir sacrifié sa vie pour la grande idée impériale.

Le Lys noir de feu Rodolphe Crevelle en date du 21 juin 2012 présentait cet incontestable héros contemporain. Le titre du texte claquait tel un défi lancé à la moraline ambiante : « Comment gagner une guerre mondiale quand on est seul… » Hirô Onoda appartient à ces conscrits nippons qui, faute de moyens de transmission appropriés, ignorèrent la défaite de leur pays en 1945 et continuèrent à combattre sur des îles, plus ou moins isolées, de l’aire Asie – Pacifique.

ddec8b10a614ec28fd1a4c696aa7df5d.jpgJeune lieutenant à la fin du conflit, Hirô Onoda rejoint l’île occidentale de Lubang aux Philippines. Instruit auparavant dans une école de guérilla à Futamata, il reçoit des ordres explicites : 1) ne jamais se donner la mort, 2) désorganiser au mieux l’arrière des lignes ennemies une fois que l’armée impériale se sera retirée, 3) tout observer dans l’attente d’un prochain débarquement japonais.

Ce pratiquant de kendô de 22 ans prend très à cœur sa mission. Il s’exaspère en revanche du piètre état physique et moral de ses compatriotes sur place. « Je me retrouvais là sans aucun pouvoir, avec des troupes désordonnées dont aucun soldat ne comprenait rien aux bases de la guérilla que nous aurions à mener sous peu (p. 90). » Son enthousiasme martial contraste avec le défaitisme latent des plus anciens.

Hirô Onoda et trois autres militaires commencent leurs raids dès que les Yankees investissent Lubang. Si l’un d’eux finit par faire défection et se rend, ses trois compagnons de guerre persistent à lutter. Ils restent fidèles au « serment de continuer le combat. C’était le début du mois d’avril 1946 et nous constituions la seule force japonaise de résistance présente à Lubang (p. 120) ». Pendant vingt-neuf ans, Hirô Onoda mène ainsi une vie de camouflage, une existence furtive, sur le qui-vive, une survie permanente. La prouesse est remarquable. À son arrivée, sa « première impression de Lubang fut que c’était un terrain difficile pour y mettre en œuvre la guérilla (p. 74) ».

Hirô Onoda voit successivement ses deux derniers frères d’armes tombés au combat face aux Étatsuniens, à la police locale ou à des habitants de plus en plus téméraires. Les autorités de Manille et de Tokyo emploient divers moyens pour leur faire comprendre la fin des hostilités. Sans succès. « Nous ne pouvions pas nous résoudre à croire que la guerre était finie. Nous pensions que l’ennemi forçait des prisonniers à participer à leur supercherie (p. 117). » Malgré les tracts parachutés dans la jungle, les journaux nippons laissés volontairement bien en évidence près des sentiers et même des émissions radio écoutées grâce à un transistor volé, aucun ne consent à déposer les armes. « Nous avions juré que nous résisterions aux démons américains et anglais jusqu’à la mort du dernier d’entre nous (p. 177). » Pourquoi ? Parce qu’« il était de notre devoir de tenir le coup jusqu’à ce que la Sphère de coprospérité de la Grande Asie orientale soit solidement établie (pp. 168 – 169) ».

ab0cf960a730e775cb2fd4c97eecfe99.jpgModèle d’abnégation patriotique totale, bel exemple d’impersonnalité active, Hirô Onoda est alors certain qu’en cas d’invasion du Japon, « les femmes et les enfants se battraient avec des bâtons en bambou, tuant un maximum de soldats avant de mourir. En temps de guerre, les journaux martelaient cette résolution avec les mots les plus forts possibles : “ Combattez jusqu’au dernier souffle ! ”, “ Il faut protéger l’Empire à tout prix ! ”, “ Cent millions de morts pour le Japon ! ” (pp. 177 – 178) ». Ce n’est que le 9 mars 1974 que le lieutenant Onoda arrête sa guerre dans des circonstances qu’il reviendra au lecteur de découvrir.

Devenu éleveur de bétail au Brésil où vit depuis le XIXe siècle une forte communauté japonaise, Hirô Onoda retourne ensuite au Japon pour enseigner aux jeunes déformés par le monde moderne les techniques morales et pratiques de survie. Il ne se renia jamais. Préfacier et traducteur d’Au nom du Japon (La manufacture de livres, 2020, 317 p., 20,90 €), le Tokyoïte Sébastien Raizer qualifie ce livre de « récit hors du commun [… qui] se lit comme la plus haletante des aventures humaines (p. 7) ».

Un « bo-bo » du XIVe arrondissement de Paris ou du Lubéron y verra sûrement le témoignage d’un fanatisme ardent. Il ne comprendra pas qu’Au nom du Japon est avant tout une formidable leçon de volonté, de courage, de fidélité et d’honneur. Un très grand ouvrage !

Georges Feltin-Tracol

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 166.

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The Expulsion of the Moriscos: Matthew Carr’s Blood & Faith

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The Expulsion of the Moriscos:
Matthew Carr’s Blood & Faith

610IWMl7uaL._SX323_BO1,204,203,200_.jpgMatthew Carr
Blood and Faith: The Purging of Muslim Spain
New York: New Press, 2009

There is something about the Spain of centuries past that is so dreadfully modern. One situation was the presence of large numbers of Muslim Moors after the conquest of Granada in 1492. The Moorish community arrived in Spain during the Islamic conquest of Iberia which started in 711 AD.

The Islamic conquest of Spain is unique in that a less advanced civilization conquered a more advanced one. It is also unique in that the conquerors came from the south of the conquered. The Romans were situated south of many of their conquests, but they were a very advanced civilization indeed and Rome itself is pretty far north — 41 degrees Latitude.

The Moorish conquest occurred prior to the revolution in military affairs caused by gunpowder. In that situation, “barbarians,” be it Mongols, Vikings, or Arabs armed with swords and spears could use what the US Army calls “the characteristics of the offense.” Simply put: surprise, concentration, audacity, and tempo to take over. In other words, you get a bunch of healthy and armed young men and attack some place just before dawn.

While there is much talk of an “Islamic Golden Age” as well as the appearance of “science” going on in Moorish Cordoba, it is clear from the historical record of the Reconquista that the Spanish recovered their balance and started to become economically and militarily dominant over the Moors rather quickly because they were a superior civilization in all respects. The “Islamic Golden Age” is probably a fiction invented by historians with no experience with Muslims or Islamic society while having an anti-Catholic or anti-Spanish bias. By the late Middle Ages, there is a sense that a final Spanish victory in Iberia was only a matter of time.

The last Moorish stronghold at Granada fell in 1492. The final battle was not a straight-up, blood-soaked military conquest; the last Moorish chieftain Boabdil turned over the keys to the city to Ferdinand and Isabella when it became clear that further Islamic resistance was futile. While Ferdinand and Isabella had advisors that wished to immediately extirpate Islam from Spain, Royal policy became one of toleration — at least in the short term.

Granada and its surrounding area was an extension of North Africa. The streets in the towns were narrow and mosques abounded. The villages in the hinterland of Granada were also populated by Moors. A large Moorish population also lived around Valencia, on the east coast of Spain. After the fall of Granada, the Moors remaining in Iberia became known as Moriscos, i.e. “little Moors.” Castilian settlers slowly moved into Granada and its surrounding region.

The Morisco Wars

Carr catalogs the sharp problems between the Moriscos and the native Iberian Spanish. Indeed, the Moriscos and Iberians lived in parallel societies. The Moriscos revolted in Granada in 1500. Although there were some setbacks, the Spanish military crushed the revolt and the Muslims in Granada were officially converted in 1501.

Meanwhile, in Valencia, there was a large population of Moriscos who worked on the estates of the landed Spanish gentry. Moriscos were protected by the Spanish wealthy, who felt that they couldn’t manage without cheap Morisco labor. The parallels of this situation to non-white, illegal immigration today with regards to the wealthy are obvious. The region was also plagued with crime. In 1521, native Iberian Spaniards revolted. Estates were burned and the Morisco population was converted or put to the sword. The Spanish establishment regained control by 1522, but the situation had changed. Valencia’s Moriscos were “Christians,” but suspicion and racial tensions remained.

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The ugliest war started in the village of Cadiar on Christmas Eve in 1568. Moriscos from the village murdered Spanish soldiers garrisoned in the town in their beds. The revolt spread to Granada and the rest of the Alpujarras Mountain Range. The Christians managed to hold Granada and the Spanish military eventually suppressed the rebellion. The fighting was vicious, not unlike the ugly, no-holds-barred fighting in Bosnia in the early 1990s.

The parallels of this situation were also like that of the non-white problems in the United States starting with the “civil rights” disorders from the 1960s. Like America, being at the height of its power and dealing with an existential threat from the Soviet Union in LBJ’s time, Spain was at the height of its power and dealing with an existential threat in the Mediterranean from the Ottoman Empire. In the same way many in the US viewed black rioting as part of a greater Communist conspiracy, so too did many Spaniards view Moriscos as a potentially subversive force. There is considerable evidence to show that “civil rights” was supported to a degree by Communists in the 1960s, and even more evidence between the lines in Blood and Faith that show Moriscos were helping out North African corsairs and other Muslims in various ways; although not all the time by all the Moriscos.

Civic Nationalism & Limpieza de Sangre

Spanish policy towards its non-native Iberian Moorish and Jewish populations was dual-natured. On the one hand, the Spanish government used the Roman Catholic Church as a vector for civic nationalism. As long as a Jew or Morisco converted, these populations could be considered loyal Spanish citizens. However, the magic of civic nationalism never really took. The Jewish situation is well known, but the Morisco situation needs further explanation. Pastoral care for Moriscos was something of a boondoggle. If a priest showed up at all, they often took the money and did little for the community. Moriscos also never fully converted. After the fall of Granada, Islamic scholars urged Moriscos to practice taqiyya, a form of deception allowed under Islamic law if a Muslim community was under threat. The Spanish were never able to really trust the converted Moriscos.

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Again, the parallels to non-whites in modern America and modern Europe abound. Like black football players kneeling during the national anthem, Moriscos with blank faces at mass represented a rejection of the rituals of civic nationalism. Identity issues also bubbled up regarding Morisco clothing. Morisco women wearing a veil and Morisco men wearing a turban were perceived to be carrying out a hostile act. (Much like the perception of hijab wearers in Yorkshire or Paris today by modern Europeans.) Even funeral practices caused controversy. If the dead were washed and buried in a Muslim way, community tensions and suspicions arose. Moriscos spoke Spanish with a different accent from the native Iberians, but not in all places or at all times.

Eventually, it became clear to the Spanish intellectual and political elite that a policy of Limpieza de Sangre (purity of blood) was the only way to deal with the Morisco problem. That is to say, citizenship became based on racial relatedness rather than belief in an ideology. Proposals for expelling the Moriscos first came up in 1492, but it took until 1609 for any action to be taken. There were all sorts of sticking points: the wealthy wanted pliable Third World workers, and many in the Catholic hierarchy genuinely cared about the immortal souls of the Moriscos. Some felt that the Moriscos would empower the Islamic World if they were sent to North Africa. Eventually, the problems with the Ottoman Turks, the Islamic corsairs, fear of demographic eclipse, and years of metapolitical activism by patriotic native Iberian Spanish monks, friars, and intellectuals combined to bring about expulsion.

The affair started in Valencia and then other regions of Spain carried out their own expulsions. Some Moriscos were able to sell their property and make new lives in their ancestral North Africa. Some Moriscos were impoverished by the expulsion. It is certain that a few Moriscos were robbed and murdered by unscrupulous sailors or soldiers charged with evacuating them. This was not Spanish policy, though; those caught doing such deeds were arrested and often hanged. A few Moriscos returned to a different region of Spain from where they were expelled and blended in as though they were native Iberians.

Several items stick out:

  1. Civic nationalism through Roman Catholicism failed to work in part because the Moriscos deliberately rejected the idea and antagonized the Spanish when they clearly failed to perform civic nationalist rituals.
  2. The Spanish paid an economic price when expelling the Moors. In particular, the economy of Valencia experienced a setback. One pays to sustain the burden of vibrant diversity and one pays even more to remove vibrant diversity.
  3. Regardless, the real economic shock to the Spanish Empire was the Spanish inability to engage in complex commercial activities. The Spanish wars with the Dutch and English contributed to Spanish Imperial decline, not the removal of the Moriscos. This book implies that the removal of the Moriscos was a major factor — I disagree.
  4. In light of Rotherham grooming gangs, Salafi Jihadist terrorism, ISIS, and street crime observed today, one can easily infer that Moriscos were less than stellar citizens. There really were Barbary corsairs colluding with Moriscos to capture Christian slaves. Had the Moriscos remained in Spain, there would have been another Morisco War sometime in the mid-1600s.

On a final note, albeit from an outsider’s perspective, it is unfortunate that the tension in Spain between the civic nationalism of the Roman Catholic Church and the Inquisition versus the concept of Limpieza de Sangre was never reconciled by separating the two concepts. For many Spaniards, their nationality became defined by their Roman Catholicism. Spain became a proposition nation based around an ideology when it didn’t need to be. As a result, Spanish society had a far more difficult time absorbing ideas that clashed with Catholicism than other European groups such as the English or French. This helped contribute to cultural stagnation and the rise of an anti-clerical faction in Spanish culture that was a toxic mixture of Jacobin leftism and solid logical reasoning. This problem contributed to Spain’s appalling and tragic civil war of the 1930s.

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Matthew Carr, Blood and Faith’s author, is hostile to Spain’s expulsion of the Moriscos as well as Europe’s increasing anti-Islam stances today. However, this book is very interesting. Indeed, Mr. Carr should have the final word:

If some contemporary “Islamic threat” narratives echo medieval anti-Islamic polemics in their depictions of Islam as an inherently aggressive “religion of the sword,” the construction of the contemporary Muslim enemy often fuses culture, religion, and politics in ways that would not be entirely unfamiliar to a visitor from Hapsburg Spain. Just as sixteenth-century Spanish officials regarded the Moriscos as “domestic enemies” with links to the Barbary corsairs and the Ottomans, so journalists and “terrorism experts” increasingly depict Europe’s Muslims as an “enemy within” with links to terrorism and enemies beyond Europe’s borders. Just as inquisitors regarded Morisco communities as inscrutable bastions of covert Mohammedanism and sedition, so some of these commenters depict a continent pockmarked with hostile Muslim enclaves, “Londonistans,” and no-go areas that lie entirely outside the vigilance and control of the state, in which the sight of a beard, a shalwar kameez (unisex pajamalike outfit), or a niqab (veil) is evidence of cultural incompatibility or refusal to integrate.”

Article printed from Counter-Currents Publishing: https://www.counter-currents.com

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jeudi, 26 mars 2020

L’esprit de droite

Il existe probablement autant de définitions du concept de droite qu’il existe de personnes s’en revendiquant. Tous ont leur propre opinion sur ce que signifie être de droite, ce qui ultimement, mène à une division de la droite que la gauche ne semble pas connaître. L’indépendance d’esprit est certes une qualité, et il faut rejeter le rigorisme propre au camp de la gauche, mais celle-ci ne devrait pas nuire à une certaine forme d’unité.

Pour parvenir à rallier la droite sous une même bannière, le jeune Louis Le Carpentier, auteur sérieux qui nous a déjà gratifiés de quelques ouvrages chez Reconquista Press, vient de produire L’esprit de droite.

D’abord, il définit la droite comme étant animée par trois grandes idées phares, soit les « valeurs familiales », l’« esprit d’entreprise » et l’« identité nationale ». Ce sont là pour lui les trois impondérables qui définissent la pensée de droite, « radicalement – c’est-à-dire dans sa racine -, conservatrice, entreprenaliste, et nationaliste ». Les divisions actuelles proviennent quant à lui du fait que certains courants mettent davantage l’emphase sur une de ces valeurs, au détriment des deux autres.

Dans son court ouvrage, facile à lire et à digérer, Le Carpentier nous offre un portrait de l’homme de droite. En fait, à bien le lire, ce n’est pas tant une description de ce qu’est l’homme de droite, mais de ce qu’il devrait être. Il nous propose ainsi un guide du « comment être un homme de droite conséquent » ou même simplement « comment être un homme d’honneur dans ce monde sans honneur ».

Il préconise, à l’instar de Dominique Venner, le stoïcisme comme façon d’être. Du côté des valeurs, il met en avant la vertu, le respect de la hiérarchie, la liberté, mais assujettie aux devoirs, car ceux-ci l’emportent sur les droits. On le comprend, ce que Louis Le Carpentier nous exhorte de faire, c’est de devenir des paladins modernes, des chevaliers, preux et sans reproches.

En fin d’ouvrage, il nous présente aussi brièvement un court traité philosophique – qui tranche avec la lourdeur habituelle des travaux de ce genre – qui permet de démonter en quelques pages les sophismes de la démocratie et du progressisme. On ressent bien l’influence thomiste de ce penseur pour qui le bien commun prime tout.

Seulement, peut-être parce que je ne me suis jamais qualifié de droite et que ce n’est pas là une position stratégique ou esthétique, quelques points me semblent pour le moins discutables. À mes yeux, son attachement à l’impérialisme, au colonialisme et à la libre entreprise me semble non seulement dépassé, mais aussi non-désirable en soi. Par exemple, le colonialisme a toujours mené à des catastrophes, car la démographie l’a toujours emporté sur les autres considérations comme le pouvoir politique. De même, la libre entreprise n’est pas le modèle le plus humain de concevoir l’économie, de nombreuses alternatives, comme la gestion de l’offre notamment ou les coopératives, existent, il faut simplement s’y intéresser.

Malgré ces critiques, il n’en demeure pas moins que cet ouvrage tombe à point nommé. Avec le confinement, nous sommes seuls avec nous-mêmes et justement, Louis Le Carpentier nous offre, tel un philosophe brandissant un miroir, une occasion unique d’introspection, car avant de changer le monde, il faut d’abord être en mesure de se changer soi-même.

Louis Le Carpentier, L’esprit de droite, Reconquista Press, 2020.

mardi, 24 mars 2020

Interview de Monsieur K à l'occasion de la réédition de "Révolte contre le monde moderne" de Julius Evola

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Interview de Monsieur K

à l'occasion de la réédition de "Révolte contre le monde moderne" de Julius Evola

 
L’équipe d’E&R Lille recevait Monsieur K le 21 décembre 2019 pour une présentation du livre de Julius EVOLA « RÉVOLTE CONTRE LE MONDE MODERNE », et a profité de sa présence pour lui poser quelques questions diverses et variées.
 

vendredi, 20 mars 2020

Fuir le monde, Lipovetsky et le néant

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Fuir le monde, Lipovetsky et le néant

par Olivier Pascault

Ex: https://latelierduserpentvert.blogspot.com

            Gilles Lipovetsky, sociologue français à la mode à la fin des années 1980, a associé son nom à l'exploration de la notion d'Individu comme « atome irréductible » de l'âge démocratique. Après avoir pointé l'individualisme de la société « postmoderne », Lipovetsky voit venir le temps de « l'hyperliberté » et de «  l'hyperanxiété » ; il demeure pour autant optimiste.

            9782070325139-475x500-1.jpgLa parution de L'Ere du vide, en 1983, fit grand bruit. Gilles Lipovetsky apparaissait comme un observateur de la société postmoderne, celle qui voyait simultanément l'écroulement des grandes idéologies et le développement de l'individualisme. Ce livre marquait l'entrée en scène tonitruante d'un « Narcisse cool et affranchi ».

            S’il y eut le « moderne » et le « postmoderne », les temps sont aujourd'hui hypermodernes. Tel est le diagnostic de Gilles Lipovetsky, capable d'analyser le luxe et le féminin et d'en tirer une radiographie sociologique de toute une époque. L'idéologie du progrès propre à la modernité n’est plus d'actualité ; or, la revendication hédoniste de la postmodernité, (années 60-80) est, elle aussi, caduque. Survient donc l'hypermodernité.

            Dans Les Temps hypermodernes, tout semble aspiré par l'urgence et la profusion : libéralisme économique, fluidité médiatique, hyperconsommation… mais aussi les paradoxes. Nous vivons l'instant, mais on s'inquiète du futur. Nous subissons les médias, mais on filtre leurs messages. Nous désertons la politique, mais on s'investit dans le bénévolat. Pour Lipovetsky, la vitalité démocratique est toujours à l’œuvre. Les grands systèmes agonisent, dès lors, quand l'individu est toujours empli de ressources. Malheureusement, le constat ne débouche sur aucune proposition concrète. Une sociologie hypermoderne ? Un pet de vent intellectuel ?

            9782253083818-001-T.jpegL’existence dans l’hypermodernité expose un versant refoulé dans excès et une dualité, où la frivolité masque une profonde anxiété existentielle collective. De là naît un rapport crispé sur le présent, lequel triomphe dans le règne de l'émotivité angoissée. L'effondrement des traditions est alors vécu sur le mode de l'inquiétude et non sur la conquête de libertés individuelles et collectives. L'hypermodernité, pour Lipovetsky, tient également lieu de chance à saisir, celle d'une responsabilisation renouvelée du sujet.

            Cet essai est composé de trois parties. Le texte de Gilles Lipovetsky est précédé par une introduction signée du philosophe Sébastien Charles, suivi par des entretiens sur son parcours intellectuel. Cet ensemble de textes reste bref mais dense et donne à la fois un résumé et une analyse de nos temps confus du marais intellectuel.

            Père de deux filles et toujours marié avec leur mère, il se réjouit des familles recomposées et des sexualités libérées. Il se vante de son goût favorable à la légalisation du cannabis mais se montre très hésitant sur une éventuelle loi sur le voile. « La conso (comprendre consommation ; Lipovetsky se veut moderne jusqu’au bout du clavier) des autres m'intéresse mais je vis facilement avec rien » … et il se dit philosophe et sociologue ! De la philosophie de comptoir ou plus sûrement de la sociologie de lounge !

            Lipovetsky se réjouissait de voir la nation, l'armée, l'Eglise jetées par-dessus bord pour faire sortir des flots capitalistes le démocrate radieux, droit-de-l'hommiste et consumériste. A regret, le « philosophe » doit bien admettre que l'affranchissement de l'individu génère autant d'angoisse que de créativité, même s'il peine toujours à reconnaître que l'homme libre est de plus en plus inégal et de moins en moins fraternel. En résumé, un auteur biberonné à la valve d'un oubli nécessaire pour qui veut progresser dans sa vie intellectuelle et personnelle…

Olivier Pascault

le 22 novembre 2010.

  • Gilles Lipovetsky [avec Sébastien Charles], Les Temps hypermodernes, Ed. Grasset, 2004, Paris, 186 pages (12 euros).

mercredi, 18 mars 2020

"Nouvelle histoire de la Révolution française" par Jean-Clément Martin

Jean-Clément Martin, avec le talent qu’on lui connaît, arrive à décortiquer les passionnants faits historiques qui marquent encore durablement la société française du XXIe siècle. En France, il demeure toujours difficile d’aborder sereinement les nombreuses questions soulevées par les événements liés à la Révolution.

Pourquoi, plus de deux cents ans après 1789 et la mort du roi Louis XVI survenue le 21 janvier 1793, en sommes-nous encore là ? Dès les premières lignes l’auteur livre une intéressante réflexion : « La Révolution fascine ou dérange. Qu’elle soit morale, sexuelle, économique ou politique, elle porte un imaginaire qui séduit ou révulse mais ne laisse jamais indifférent ».

En même temps, comment en serait-il autrement ? 1789 semble être l’horizon indépassable pour l’écrasante majorité des acteurs de la vie politique française, comme si de 496 – date du baptême de Clovis – au 5 mai 1789 – ouverture des États Généraux –, il n’y avait presque rien eu entre-temps. Pourtant, Martin rappelle que « même si la France continue de se dire Patrie des droits de l’homme, elle se réclame moins de son héritage révolutionnaire qu’elle ne le fit jusqu’au milieu du XXe siècle. »

9782262081515ORI.jpgLes raisons de ce relatif abandon intellectuel sont multiples : mondialisme, faiblesses intellectuelles et historiques chez la grande majorité du personnel politique et l’inventaire de la Révolution est de plus en plus connu… Cela étant, un homme situé à l’extrême gauche de l’échiquier politique républicain n’a pas hésité, tout récemment, à commettre une œuvre dans laquelle il assume se reconnaître dans l’héritage jacobin.(1)

Quoi qu’il en soit, la France républicaine reste imprégnée par la Révolution, et l’auteur écrit, avec selon nous une pointe d’ironie, que « son hymne national, qui revendique de faire couler le sang de ses ennemis dans les sillons, est toujours chanté dans les stades du monde entier ». Nous citerons également, entre autres : la Marianne, la devise Liberté-Égalité-Fraternité inscrite aux frontispices de nombreux bâtiments, officiels ou non, autant de symboles qui démontrent tous la mainmise idéologique de la Révolution sur la France contemporaine.

De fait, ce n’est donc pas un hasard si « la force de cet imaginaire est telle que l’année zéro des temps modernes français est toujours identifiée à 1789. Tous se rejoignent sur ce point, qu’ils regrettent la monarchie idéalisée, qu’ils voient 1789 ou 1793 comme la première marche vers le totalitarisme, ou bien au contraire qu’ils demeurent convaincus que 1789 jette les bases d’une ère nouvelle pour l’humanité, ou qu’ils puisent plus simplement dans les rebondissements des événements révolutionnaires des enseignements pour aujourd’hui. »(2)

Pour comprendre les bouleversements historiques, encore faut-il prendre le temps de les analyser loin des passions. Effectivement ces dernières obscurcissent souvent la vue et embrument les capacités de réflexion. Martin estime que « c’est le processus révolutionnaire lui-même qui est à examiner pour ce pour quoi il se donne : une inventivité politique, économique, sociale, religieuse, culturelle, qui commence sous l’effet des expériences européennes et américaines dans les années 1785-1787 et qui est accompagnée, en permanence, par les contre-courants provoqués en retour. »

Pour saisir l’essence de la Révolution, il faut constamment avoir à l’esprit comme le dit Martin que « la Révolution est dans cette optique une création et une affirmation ininterrompue d’expériences, créant une attente à jamais insatisfaite et une angoisse de l’échec. »

Très rapidement, les révolutionnaires en sont venus à se poser la question suivante : « Comment finir la révolution ? », car le vide institutionnel créé par la mort de Louis XVI fut en définitive difficile à combler, comme beaucoup s’en aperçurent, souvent à leurs dépens.

La période Révolutionnaire fut marquée par la guerre intérieure et aux frontières, par des exécutions officielles – approuvées par l’État de droit(3) – et non officielles – violences des populations non encadrées par les différents gouvernements révolutionnaires – ainsi que par des rivalités politiques très puissantes. Martin n’entend bien sûr pas fermer les yeux sur ces nombreux épisodes : « Il ne s’agit pas d’exonérer les acteurs de leurs responsabilités. Ce qui est en jeu est la compréhension des moments révolutionnaires, de ces périodes pendant lesquelles des façons de voir s’imposent, des groupes s’emparent du pouvoir, des personnalités sont reconnues et suivies. »

L’intention de Martin ne repose pas sur la volonté de défendre ou d’attaquer la Révolution : « Le but du livre a été d’inscrire ces moments dans la période révolutionnaire tout entière – ce que Maistre appelait l’époque – en respectant les engrenages minuscules qui ont régi les rapports entre les individus et les groupes. »

Après une lecture attentive et critique, nous pouvons dire que l’objectif est atteint, même si nous ne suivons pas l’auteur dans toutes ses intuitions et analyses.

Martin nous présente en effet une étude passionnante et réellement originale sur la Révolution française. Nous saluons son érudition et surtout son grand talent de pédagogue pour expliquer des situations complexes dont le profane ne mesure pas toujours les implications puissantes. La bibliographie se montre conséquente et exhaustive. Elle permet de repérer d’excellents ouvrages pour creuser les sujets qui nous intéressent. L’auteur ne se départit jamais de son rôle d’historien et, quand il analyse les faits historiques, il ne défend pas une cause politique. Il énonce même que la révolution – mais par le haut ! – fut initialement lancée par Louis XV, et maladroitement reprise par Louis XVI…

La suite est connue : révoltes, Révolution, espoirs de la mise en place d’une société nouvelle et d’un Homme nouveau, libéralisation de la violence, stabilisation des institutions qui restent malgré tout fragiles, pour finir par Bonaparte prenant le pouvoir. Onze ans après avoir tué leur roi, les Français voyaient à Paris un étrange paradoxe : un général de la Révolution – soupçonné un temps d’avoir été jacobin – devenir Empereur en présence du Pape Pie VII. Quel roman que l’histoire française, pour reprendre une phrase très connue de Napoléon…

Pour conclure, rappelons que dès le début des émotions populaires, l’attente exprimée par les Français vivant à l’heure de ces soubresauts politiques atteignait des sommets. Martin note qu’il n’y a «  pas lieu de s’étonner que nombreux soient ceux qui, au moment de l’ouverture des États Généraux en France et surtout après la prise de la Bastille, parlent de l’heureuse révolution qui se déroule sous leurs yeux ». Leurs espoirs seront douchés. Cela arrive généralement quand on accorde – trop légèrement ? – sa confiance aux politiques.

Nous laissons le mot de la fin à l’auteur : « Le scandale de la Révolution tient depuis la fin du XVIIIe siècle à ce qu’elle a été « une promesse dont l’échec est inscrit dans la nature même de la promesse » pour reprendre une formule saisissante de M.-C Blais. »

Rien à ajouter !

Notes

(1) Alexis Corbière, Jacobins !, Paris, Éditions Perrin, 2019

(2) Jean-Clément Martin, Robespierre : la fabrication d’un monstre, Paris, Éditions Perrin, 2016

(3) État de droit révolutionnaire, notion difficile à discerner, à défendre et à légitimer au vu des différents coups de force (parfois meurtriers) opérés par les révolutionnaires pour s’approprier le pouvoir et le garder…

 

samedi, 14 mars 2020

It’s Population, Stupid: Gunnar Heinsohn’s Söhne & Weltmacht

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It’s Population, Stupid:
Gunnar Heinsohn’s Söhne & Weltmacht

Gunnar Heinsohn
Söhne und Weltmacht: Terror im Aufstieg und Fall der Nationen
Zürich, Switzerland: Orell Füssli Verlag, 2020 (2003)

41v2Fuirz6L.jpgRobert Malthus’s essay on population growth is widely known and widely refuted, mostly by commentators who have not read it. In his Essay on the Principle of Population, Malthus argued that population growth undermined the achievements which technology had brought and was bringing to human society and ironically had first made that population growth possible. Populations, he wrote, increased faster than the rate of increase in food production necessary to keep pace with the demand for more food. According to Malthus, this discrepancy between supply and demand would lead inevitably to a decline in living standards and to famine. That Malthus’s prediction proved (broadly) not to be the case in the nineteenth and twentieth centuries is largely due to the fact that human societies have vastly improved agricultural efficiency and available agricultural land far in excess of the slow growth in food production which Malthus had projected. This improvement in food production to meet the demands of growing populations could only be achieved, and was only achieved, by improved logistics, improved science, and exploiting nature — not only more efficiently, but also more extensively. The fear of famine and outbreaks of famine have continued down to the present day, however, and although Malthus is officially repudiated, his ghost has not been lain to rest. The burden put upon nature incurred by meeting the challenge of the appetites of the human population increase continues to this day. Has Malthus been proved entirely wrong, and is his thesis applicable in relation to challenges other than that of famine?

Söhne und Weltmacht by Gunnar Heinsohn, professor at the University of Bremen, is written in the Malthusian tradition of seeking in demographics the key to understanding social and political challenges. It is the principal argument of Söhne und Weltmacht that it is neither a struggle for resources, nor of religion, nor a conspiracy, that is the principal driving force of terror and war, but rather a surplus of young men who, by virtue of a demographic spike, are too many competing for too few positions in their own communities.

More exactly, according to Heinsohn, it is a diminished opportunity to obtain “property benefit” (Eigentumsprämie), a key term in Heinsohn’s argument. This book is Walt Whitman’s cry of “Go West, young man!” with a vengeance. A society whose population increase, or more exactly, increase in young men, cannot be met by a commensurate increase in opportunities for those young men to thrive by obtaining property benefits and social standing, is the major trigger of terrorism, war, colonialism, and mass emigration. This is a startling thesis, but it is argued cogently and with abundant recourse to evidence. Indeed, Heinsohn’s work abounds with references, citations, and graphs and tables to support the main thesis.

Here is one historical case which Heinsohn examines: Nepal. How could it be, he asks, that Nepal changed almost overnight from a happy hippy Mecca, where the stardust children of the West sought enlightenment and inspiration in the 1960s and 1970s, into a land racked by civil war, strife and terrorism in the 1990s? What was the cause of the Maoist rebellion? Standards of living? The oppression and solidification of the proletariat, in accordance with Marxist theory? The desperation of famine, in accordance with Malthusian theory? None of that. The people were not starving and living standards were in fact rising. The population was not desperate or threatened from outside. Journalists speculated on Chinese influence undermining the small land by infiltrating it with Maoist revolutionary theory. Heinsohn comments on the theory of Maoist subversion laconically:

If Bakunin’s work had been widely read in Nepal instead of Mao’s, the media might be reporting about anarchists against the police instead of Maoists against the police. Young people will always find something. Irony to one side, the killers took great chunks out of their differentiated convictions. They not only attacked feudalists and fascists but the national Marxist-Leninist movement as well as the united Marxist-Leninists and finally, the Indian army. (p. 105)

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The real reason for the upsurge in conflict is clear to Heinsohn:

Rising from 8.5 to 26 million, the population tripled from 1950 to 2005. In 1995 and 2000 the children bulge was at 41%. With over 4000 deaths between November 2001 and January 2003 talks over a ceasefire between the authorities and the insurgents began. Were the talks to collapse, so the Minister of Culture Kuber Prasad Scharma at the end of May 2003, the country would be facing “Cambodian relations” viz. genocide. Peace was finally concluded on November 21st, 2006. The conflict had cost near to 18,000 lives.

Then Heinsohn throws in his final comment, the fact which for him is decisive and not brought into calculations of war and peace: namely, the falling birth rate. “From 6 children per woman between 1950 and 1985, the birth rate had fallen to under two by 2020.” (pp 105-106).

What is the “children bulge” referred to here? Heinsohn has much to say about what he calls demographic “bulges”: youth bulge, baby bulge, children bulge. A bulge refers simply to a disproportionate dominance by one age group in a nation’s or group’s demographic structure. A youth bulge is defined by this writer as follows:

The existence of a youth bulge results from the places which are becoming available to the number of places which sons who are becoming adults demand.” (p. 55) It is the existence of a baby bulge becoming a youth bulge (a baby bulge does not necessarily become a youth bulge if there is a high infant mortality rate) which is the prime course, Heinsohn argues, of “migration, crime, mass flight, prostitution, forced labor, murder, gang crime, terror, putsches, revolutions, civil war, expulsions of groups, genocide. . . As a rule of thumb: nations with 30 to 50% of their populations under 15 years of age will be experiencing one or more of these. (p. 115)

The Biblical tale of Cain and Able is, for Heinsohn, a fable that tells the story of a fundamental truth. Two brothers competing for one position, one recognition, one property benefit, must emigrate, colonize or kill one another.

Heinsohn also refers to what he calls the Kriegsindex (war index). This is the yardstick he has devised to measure the military potential of a group in terms of its manpower by comparing the number of 55 to 59 year-olds to the number of youths between 15 and 19 in the studied group. If the number of 15-19 year-olds is higher than the number of 55-59 year-olds, the war index is positive, and negative in the reverse case. So if there are 1000 old people to 2000 youths, the war index is 2+. The US-Vietnam conflict cost nearly a million lives, of which an astonishing 95% were North Vietnamese, but the Vietnamese war index was 4 to the American 2. The North Vietnamese could afford their losses better than the Americans.

An objection can certainly be made that Heinsohn ignores the factor of technical superiority — possession of the atomic bomb, for example — to counteract or even nullify the war index factor. However, in the great majority of conflicts that have taken place since the Second World War, the superiority of military hardware does not seem to have played the decisive role which might be expected of it. As for atomic confrontation, the wars since the Second World War have been wars of proxy insofar as the nuclear powers were involved. Arguably, Israel is the one country that keeps numerically superior forces at bay by its possession of the technology to destroy entire nations, but it also has a high war index.

The objection can be made that in terms of conflicts between major powers, the war index factor may play a less considerable role. My impression is that Heinsohn indeed tends to gloss over facts and factors such as firepower superiority which might weigh against his principle theory of youth bulges and war. However, it is questionable how far even a nuclear deterrent can stop a human tidal wave which has reached a vastly disproportionate superiority in numbers. Was it not Mao Tse Tung who once callously remarked that in the event of nuclear war, China would win simply by virtue of its huge population? One of Heinsohn’s many statistics, extrapolated from data provided by the World Bank for 2020, is that the proportion of children under 15 years old from nations with a children bulge (30-50% of the population) in relation to children in the United States is 1.3 billion to 61 million.

We should, of course, be aware of statistics. Heinsohn offers his readers an abundance of them, but are they conclusive? It may be that hikes in the population are not the direct cause of the factors he describes, but bring about developments which trigger them. Yet even to admit that populations hikes are the indirect rather than direct cause of war and famine is still to admit that they play a decisive role, and to argue that the effect is indirect would be to qualify Heinsohn’s thesis without in any way refuting it.

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A further controversial argument of this book is that dictatorship and children bulges tend to accompany one another. Heinsohn notes that the Algerian military overruled unwelcome election results in 1991 at a time when the population had more than doubled, rising between 1960 and 1990 from 10 to 25 million. More people were killed in the course of internal conflict in Algeria between 1992 and 2002 (180,000) than in Arab-Israeli wars over the same period. (p. 116) Algeria used to record a birth rate of 6 to 8 children per mother; the birth rate has fallen in recent years to 3 children per mother. Heinsohn feels it unnecessary to point out that conflict has subsided in Algeria since the beginning of this century. The reader gets the point.

The core argument of the book is, therefore, that problems of war and famine are demographic — not climatic or economic in the traditional sense of rich and poor. It is certainly the case that the role of population is rarely treated earnestly by political and economic writers, professors, and journalists. This reviewer shares Heinsohn’s belief that exponential population growth lies behind many major global challenges, if not all of them, and the current system of ignoring population and seeking solutions to problems such as pollution in tackling secondary causes (e.g. global warming) is to evade the real challenge.

Heinsohn’s message about war can be summed up thus: “It’s population, stupid.”

A table on pages 120-127 highlights a remarkably regular congruence between nations where armed conflict dominates and/or the murder rate is higher than the global average, and nations with an above-average youth/children bulge. In fact, Heinsohn can find very few conflicts, widespread acts of terrorism, high crime rates, or acts of genocide which do not find their origin one way or another in the struggle of a youth bulge cohort to obtain their Eigentumsprämie.

This leads to the deeply pessimistic conclusion that populations without youth bulges — those either with declining birth rates or which achieve an equilibrium of births to deaths, a picture of stability — will be considerably more pacifistic than societies with a youth bulge, but such societies are victims waiting to be discovered. History would seem to bear this out: Societies with stable populations do seem to be more pacifistic than those with growing populations, and therefore more likely to fall victim to them. The Indians of the Caribbean falling victim to the Europeans or the Bushmen falling victim to the Bantu are obvious cases that come to mind. It seems to be that all human societies are condemned to take part in a sort of cradle race to outbreed and thereby dominate one another. Irish nationalists have long been aware of the population factor in overcoming Protestant and British rule and uniting Ireland, although they remain willfully ignorant of the cradle challenge Ireland is itself now facing from Black immigrants.

Söhne und Weltmacht may be criticized for being less than systematic in the development of its argument. The argument is based not so much on theory or a model of society as evidence. Historical cases accompanied by tables are presented to the reader and thereafter evidence is cited to show the validity of the argument, but the theory is not examined in depth, nor are contrary interpretations of the cause of war and terrorism examined at all. Heinsohn is saying in effect that the “coincidence” of correlation between youth bulge and war is so overwhelming that it would be the onus of a skeptic to provide an alternative interpretation.

The evidence of what Heinsohn is claiming is plentiful and strong. The reader may be forgiven for wondering why the argument has not been put forward previously, or even debated previously, if it is all so obvious. Heinsohn says (and here we are with Malthus again) that in societies or countries with soaring birth rates, there will be too few prestigious positions (defined in terms of property right) to content aspiring male youth, too little opportunity to devote energy to worthwhile enterprises, there will be diminishing resources available to rising numbers of young men, and that will lead to internal conflict over the scarce resources or emigration or both. It is not that favorite explanation offered by NGO charities, a “poverty trap,” which triggers mass emigration.

Against the belief that low living standards are the prime force prompting conflict, Heinsohn notes that the standard of living of the Ivory Coast, for example, was rising before it entered into its main period of conflict — in fact, the standard of living actually declined as a result of civil war. Conflicts negatively affect standards of living, and it is not poverty alone which causes conflict, so Heinsohn. Conflict, he argues, is caused by rising expectations that cannot be met fast enough.

Heinsohn also looks at the expansion and global dominance of Europe from the fifteenth to the nineteenth century. When Europe’s expansion began at the very end of the fifteenth century, the population was, as a result of widespread pestilence, actually lower than it had been previously (60 million in 1500 compared to 90 million in 1340). What took place was not a simple increase in total population compared to the past, but a dramatic change in the median age of European populations. Large numbers of children were growing up without prospects. It was not only or even principally acres which were not available, but prestige and ownership (Eigentumsprämie). Heinsohn is at pains to argue that this is not simply a matter of “Lebensraum“. He also ignores those cases where expansion or migration will be more convincingly interpreted as just that: diminishing living space under the pressure of rising population. Ireland and Germany in the nineteenth century would be obvious cases, and after the Great Famine, the Irish emigrated out of economic compulsion. Even here, however, it is certainly the case that the plight of the Irish was more perilous because of their high fertility at the time of the Great Famine.

35987323z.jpgAnother highly interesting factor highlighted in this book is the notion of the sanctity of life. From the end of the Roman Empire to the sixteenth century, Europe did not experience a dramatic increase in population nor did it experience a birth rate anything like as high as that which began suddenly at the end of the fifteenth century and continued down to the twentieth century. What had happened? According to Heinsohn, the notion of the “sanctity of life” and hostility towards contraception, infanticide, and abortion of an intensity not seen since the days of Rome (but highly characteristic of Islamic society) began at the end of the fifteenth century — and it is at the end of the fifteenth century that Europe set out on a course of world conquest. The writer refers to well-documented evidence from several English counties. On the basis of this evidence, between 1441 and 1465, 100 fathers were leaving 110 surviving sons. Between 1491 and 1505 a dramatic change had taken place: 100 fathers were leaving behind them 202 surviving sons. By the nineteenth century, between 5 and 6.5 children per mother were being raised in Europe, a rate only reached in the last century by twenty-four states in Sub-Saharan Africa and Afghanistan.

At exactly the same time as the hike in the European birth rate, the great witch hunts and trials began, which were to cost the lives of up to 100,000 women. Experts are at a loss to explain the ferocity, extent, and above all, suddenness of the persecution of witches. Heinsohn offers a fascinating and persuasive interpretation. Many observers have pointed out the connection between fear and hatred of witches and rumors of infanticide and other “ungodly” practices by midwives. In Heinsohn’s interpretation, the target of the persecution of witches was in large part an assault on the medical knowledge which midwives possessed and utilized, including knowledge relating to contraception and birth control. The witch trials, in Heinsohn’s thought-provoking interpretation, were first and foremost an assault on nature-based science by a Church and state whose new piety sought to extirpate all activity which could prevent human reproduction. It may be that neither Church nor State were consciously promoting a population surge, but that is the effective result of their measures. Consciously induced or unconsciously, the fact remains, cited by Heinsohn, that between 1000 and 1500 two to three women were being born per woman and after 1500 that figure rose abruptly to 5-7 children (p. 14).

In 1484, Innocent VIII issued his famous Bull against contraception, and a condemnation of contraception has been characteristic of the Roman Catholic faith ever since. Contraception and abortion were subject to capital laws. “Witches” were closely associated with those who sought to provide women with the means to exercise birth control. The persecution of witches, by Protestant and Catholic alike, was the assertion of the will to “go forth and multiply.” All sexual pleasure which was not conducted under the bonds of holy matrimony and for the purposes of reproduction was condemned as sinful and often punishable by death.

Heinsohn does not state but strongly implies that were it not for the opportunities offered in the nineteenth century for expansion and relief of the youth bulge by means of colonial expansion and deportation, the nineteenth century would not have been the relatively peaceful century for Europe that it became. The colonies were a release valve. By 1914, there were no more lands to colonize. In the twentieth century, European countries including Russia had cannon fodder at home to spend. Heinsohn’s system and message are emphatic and coldly cynical:

It was the strictly enforced penalties for birth control which can explain the fact that regardless of all emigration, wars, epidemics and high infant mortality, the European population explosion in this time did not once let up, reaching (with Russia) nearly 500 million by 1915 and it could afford the cannon fodder of 8 million in the Great War. After the Second World War, the Western powers continued to build the most deadly weapons but could no longer raise enough sons. This, along with the threat of assured mutual destruction through nuclear war, and not any supposed process of increased sensitivity and scrupulousness, is the not very noble reason why the numbers of Europeans dead in battle has fallen so low. (p. 150)

Hans Grimm’s Volk ohne Raum, a novel written in 1926 which portrayed Germany as a country suffering from overpopulation and therefore a lack of living space (Lebensraum) accords entirely with Heinsohn’s thesis. Once it was Europe’s turn. Now it is the turn of non-European peoples with great youth bulges, warring against one another and seeking their fortunes in other lands, especially when in those lands, the indigenous population cannot challenge them with expendable sons of its own. The bitter truth, argues Heinsohn, is that societies with high youth bulges can — in terms of human material — literally afford to go to war. Islamic martyrs nearly always possess siblings to mourn their passing and to swear revenge. If there were a white resistance movement with the same resolution and determination to die for its cause in martyrdom, there would nevertheless be no brothers to mourn and swear revenge for the fallen. In numbers is strength. Heinsohn is serving up an old socialist truism here, but it is one that needs to be restated. Many people have lost sight of it in efforts to obfuscate the challenge of the ambitious millions of the world with humanist hand ringing about the calamity of war. The success of the white race in conquering the world was not, according to Heinsohn, due to racial superiority, as Gobineau among many other racial supremacy theorists have argued. European world domination was maintained and caused by its youth bulge. (p. 153)

Heinsohn does not pretend that a youth bulge alone explains the expansionist or imperialist development of any people, but he claims that a youth bulge is a precondition for such a development. If his argument is correct, then the white race can offer no effective policy for its own survival in the face of expansionist challenges without a reproductive riposte commensurate to that of Islamic or African migrants. This is not only for the obvious reason of numbers and proportional weight of influence, but also by virtue of the fact that according to Heinsohn, no group of people is sociologically and perhaps not biologically triggered to expand or even seek conflict without the assurance that there are sufficient sons to take the place of those who fall in war.

28055.jpgIt is worth noting the paradox that only does the white race have far fewer children per capita than other races, but those who are most conscious of the demographic decline and most readily deplore it themselves usually have few or no children at all.

Heinsohn’s book belongs to a long tradition of culturally pessimistic “realist” writings, which include Hobbes, Malthus, Spengler, and more recently Huntingdon and Rolf Peter Sieferle, whose Epochenwechsel I have reviewed for Counter-Currents. The core of Heinsohn’s argument is very simple and very persuasive. Towards the end of his book, which consists largely of cases of conflict which can be explained by his theory and tables to illustrate those cases, he notes: “If Germany had increased its population between 1950 and 2020 at the same rate as The Gaza strip, (0.2-2 million), it would not have a population of 83 million today, but 700 million, and 90 million of those would be between 15 and 29 years old.” (p. 231)

There is nothing original in stating that wars can be won through the cradle, but Heinsohn goes further. He argues that all wars are caused by the cradle. He posits no conspiracy (the book is without so much as a hint of a conspiracy). However, politicians do blatantly, as in the case of President Erdogan of Turkey, call for the mothers of the homeland to be fruitful and have many children as a duty to the nation. Ho Chi Minh (quoted by Heinsohn) famously boasted that he would defeat the French because Vietnam had more sons ready for sacrifice than France had. France’s war index at the end of the Second World War was 1.6, meaning that for 1000 men between 55 and 59 there were 1600 young men between 15 and 19, but on the Vietnamese side there were 3000, twice as many. With a war index of 3, Vietnam enjoyed the advantage of being able to draw on a far larger supply of human beings to sacrifice (p. 28).

Heinsohn does not make clear the extent to which youth bulges are created intentionally and I would have appreciated an examination of this point. Was, for example, the Church with its edicts against homosexuality,

infanticide, and contraception, consciously seeking to boost the population, or was this the incidental consequence of measures which had other motivations? Heinsohn would probably say that it is not important to know. He certainly implies with his description of the anti-contraceptive mores and laws of Europe (surprisingly and disappointingly, he spends comparatively little time in discussing similar edicts and laws in Islamic countries) that higher fertility is increased through the express design of religious and political leaders, but he also notes several times the role played by medical discovery and improved hygiene in lowering infant mortality.

Europeans have played the major, if not exclusive, role in boosting Africa’s population, first by medical and prophylactic intervention and care and second by the import of religious strictures and penalties against non-reproductive sexual activity — strictures which, in the meantime, have been widely rejected by more liberal and religiously skeptical European populations. There are measures which undoubtedly have nothing to do with the express wish for any increase in population, but which will nevertheless have exactly that effect; another example is the legalization of abortion in Japan in 1949. (Heinsohn refers to abortion in this book, somewhat misleadingly and presumably for reasons of his own belief, as “infanticide”.)

While Heinsohn writes about various triggers that cause youth bulges, he has little to say about what prevents them or reduces them. It seems that they slow down when the demands of youth are satisfied and where having children is an impediment to career advancement instead of an investment in the future. What, exactly, is it that the superfluous sons of a youth bulge desperately seek and go to war in order to obtain? Here our writer becomes — at least to this reviewer’s thinking — a trifle obscure and difficult to follow. What the superfluous sons of the youth bulge seek, already mentioned in this review, is what Heinsohn calls Eigentumsprämie. This word is not easy to translate into English, all the more as it is a word of Heinsohn’s own invention! It may be translated as “ownership (or title-holding) preference” or  “ownership benefit.” Keynes’ “Liquidity Preference” comes to mind, a term which is commonly rendered in German as Liquiditätsprämie. For Heinsohn, the difference between ownership of property (Eigentum) and possession (Besitz) is crucial to an understanding of the motivation of the young men who fight in wars. He relies on a thesis expounded in another of his works: Eigentum, Zins, und Geld (Ownership, Interest, and Money) which holds that a concept of ownership precedes trade and is a precondition of trade and of the need for a token to denote ownership, namely money. Whatever they may formally possess, young men in any society seek ownership in order to establish themselves.

6801886_9783928852340_xl.jpgIt is fourteen years since the renowned philosopher Peter Sloterdijk opined enthusiastically in the pages of the Kölner Stadt Anzeiger that Söhne und Weltmacht would become required reading for politicians and journalists. His prediction has not been fulfilled, and this new and updated edition has been published by a small Swiss imprint. The fact is that books like Söhne und Weltmacht cannot expect to receive much attention from journalists or politicians. They point to truths which the presently-dominating ideology is loathe to review or discuss.

Gunnar Heinsohn focuses on population increase as a key to understanding the world and believes that it is in population hikes that we will find an explanation for many of the woes of the modern world. The title of one chapter of this book, “Africa’s banner of victory: reproduction,” is worth a score of soul-searching mainstream talk shows. Millions without perspective are ready to die to obtain respect and standing in the world. If they cannot do so, they readily grasp violence, not out of need, religious piety, or political orthodoxy, but out of deep internal compulsion. The project of this book is to show the reader what that means and has always meant for human beings in real terms.

It is a pity that Peter Sloterdijk was wrong.

Article printed from Counter-Currents Publishing: https://www.counter-currents.com

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mercredi, 11 mars 2020

Apocalypse Cochet

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Apocalypse Cochet

par Georges FELTIN-TRACOL

Ancien député Vert du Val-d’Oise, puis de Paris entre 1997 et 2011, Yves Cochet fut ministre de l’Aménagement du territoire et de l’Environnement dans le gouvernement de cohabitation du socialiste Lionel Jospin de 2001 à 2002. Il s’est maintenant retiré de la vie politicienne. Il continue néanmoins à participer au débat public.

51NruVuNQeL._SX327_BO1,204,203,200_.jpgSon nouvel ouvrage, Devant l’effondrement, ne peut que déplaire aux hiérarques d’Europe Écologie – Les Verts (EE-LV) et à leurs potentiels électeurs bo-bo prêt à tout pour sombrer une nouvelle fois dans l’hédonisme « éthique ». Avec cet « essai de collapsologie », Yves Cochet « avoue avoir rédigé cet ouvrage d’une main tremblante (p. 120) ». Son propos sciemment pessimiste contrarie les desseins merveilleux d’EE – LV au moment où leurs homologues autrichiens et bientôt allemands gouvernent et vont gouverner en partenariat avec les conservateurs chrétiens-démocrates. Il s’agace du réformisme radieux qui émane de son parti. « Collés à l’actualité, obsédés par la rivalité pour les places – comme dans les autres partis, en somme -, la quasi-totalité des animateurs Verts se bornent à décliner les clichés rassurants du développement durable, aujourd’hui renommé “ Green New Deal ” ou “ transition écologique ” (p. 221). »

Catastrophiste assumé

En effet, à la différence de la nouvelle pasionaria de la « Planète » et du « Climat », Greta Thunberg, l’auteur qui avait déjà publié en 2005 un Apocalypse Pétrole n’est pas alarmiste. Bien qu’il ne croit pas au scénario du film de Richard Fleischer, Soleil vert (1974), Yves Cochet présente son catastrophisme. « Au contraire de mes camarades de parti, j’aspire depuis une quinzaine d’années à une refondation idéologique catastrophiste de l’écologie politique dans le cadre de l’Anthropocène (p. 222). »

Il s’en prend à « une partie des activistes écologistes [qui] considèrent encore que le combat principal se nomme anticapitalisme et que, conséquemment, la disparition espérée de ce système-là suffirait à résoudre la plupart des problèmes sociaux et environnementaux (p. 9) ». Il trouve ce combat d’arrière-garde et même vaine. Il écrit, provocateur : « Quand bien même les 450 réacteurs nucléaires en service dans le monde seraient tous autogérés par des coopératives ouvrières à but non lucratif, cela n’enlèverait strictement rien à l’aberration politique et environnementale que constituent de tels outils de production massive d’électricité (pp. 9 – 10). » Rejetant la « croissance verte », le « développement durable » et l’embourgeoisement de l’écologie, Yves Cochet veut « décoloniser l’imaginaire contemporain sur toutes ses formes et construire une rationalité et une imagination nouvelles afin de penser l’impensable (p. 14) ». Ainsi prône-t-il implicitement le retour du Mythos aux dépens du Logos. Bien qu’il ne le cite pas, on devine l’influence prégnante du « pape » français de la décroissance, Serge Latouche.

L’auteur s’élève contre le modèle productiviste et « les mythologies populaires du progrès (p. 44) ». Ce tenant de l’alliance entre les Verts et le PS apporte une analyse sur le productivisme que ne renieraient pas ses frères ennemis, les écologistes indépendants. « Le productivisme n’est pas spécifiquement libéral. L’URSS d’hier était aussi productiviste que les États-Unis. La Chine communiste d’aujourd’hui l’est autant que le Japon. La soumission du politique à l’économique est inhérente aux doctrines libérale et marxiste (p. 49). » Il y inclut le transhumanisme et « la volonté de refabrication du monde (p. 51) ». Il assume volontiers contester les projets spatiaux vers Mars ainsi que l’ambition prométhéenne de terraformer la planète rouge. Par productivisme, il entend « toute structure sociale recherchant la production et la productivité maximales sans égard pour leur contenu ou leur environnement social, culturel ou environnemental (p. 50) ».

Il veut faire comprendre au lecteur l’urgente nécessité de s’extraire du système productiviste s’il veut avoir une (modeste) chance de survivre. Il condamne par conséquent toutes les démarches de repeindre en vert ce même productivisme. Yves Cochet ne croit pas possible que l’actuelle société moderne puisse se dégager de l’emprise socio-économique du pétrole et des énergies fossiles. « Le remplacement éventuel de la filière pétrolière par une autre de même puissance et de même volume exigerait plusieurs décennies d’investissements considérables dans les infrastructures, alors que le peak oil est imminent (pp. 82 – 83). » Il dénonce la construction de nouvelles infrastructures routières et voit dans l’hydrogène, le carburant de déplacement de demain, un leurre. « Les constructeurs prétendent pouvoir y parvenir grâce à l’arrivée des moteurs électriques, hybrides ou à hydrogène. Selon nous, cet objectif est irrationnel (p. 141). » Sans citer Guillaume Pitron et son excellent ouvrage sur La guerre des métaux rares paru en 2018 chez le même éditeur, Yves Cochet voit la « transition écologique » comme une belle escroquerie intellectuelle. « En 2050, zéro énergie fossile, et même zéro nucléaire pour les plus radicaux, mais nous roulerons électrique, renouvelable et “ smart ” – avec l’intelligence artificielle et le monde numérique qui croissent. En voiture électrique, en bus, en tramway, en train et en vélo. Autrement dit, il y aura de l’électricité en 2050 (pp. 200 – 201). »

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Le défi des naissances

L’auteur soutient une décroissance globale. Il revient sur l’épineuse question démographique. Il y a plus d’un an, dans un entretien accordé à L’Obs (du 3 janvier 2019), il proposait « de renverser notre politique d’incitation à la natalité, en inversant la logique des allocations familiales. Plus vous avez d’enfants, plus vos allocations diminuent jusqu’à disparaître à partir de la troisième naissance ». Relevons que si cette proposition avait été acceptée, l’ancienne dirigeante Verte et ministre de l’Égalité des territoires et du Logement entre 2012 et 2014, Cécile Duflot, aurait été pénalisée en tant que mère de quatre enfants. Yves Cochet estime que « faire des enfants n’est plus simplement une question personnelle. C’est devenu un choix politique ». Ainsi faut-il comprendre l’« inversion de l’échelle des allocations familiales (p. 61) ». Il va même plus loin en souhaitant la « grève du troisième ventre européen (p. 61) ». Il se justifie dans L’Obs : « Je ne vise pas les pays les plus pauvres, qui font plus d’enfants que les autres. Au contraire. Les pays riches sont les premiers à devoir décroître démographiquement. » Pour ce néo-malthusien assumé, « la question de la surpopulation ne se réduisait donc pas au nombre de personnes, mais à la multiplication de ce nombre par l’empreinte moyenne de la population sur le territoire considéré (p. 61) ». « Par ailleurs, poursuit-il dans cet entretien, limiter nos naissances nous permettrait de mieux accueillir les migrants qui frappent à nos portes. » De pareils arguments auraient horrifié le professeur Pierre Chaunu…

Son raisonnement ne s’exempte pas de quelques contradictions. L’ancien ministre envisage « la possibilité précaire de diminuer le flux de migrants vers l’Europe par une politique de décroissance matérielle ici, tout en encourageant l’évolution endogène là-bas (p. 64) ». Doit-on comprendre qu’il se montre hostile à la thèse développementaliste en faveur de l’ex-Tiers Monde et qu’il rejoint les conclusions de l’économiste hétérodoxe François Partant (1926 – 1987) ? Il pose mal les termes du débat. Ce n’est pas la quantité qui prime, mais la qualité. Si l’Afrique doit se plier à une politique anti-nataliste contraignante et draconienne, l’Europe, elle, doit appliquer une véritable politique d’eugénisme aussi bien positif que négatif. La PMA, voire l’usage de mères porteuses, peut être un moyen parmi d’autres comme les permis de procréation et/ou de parentalité délivrés ou non aux jeunes couples par un État qui adopterait les valeurs du Dr. Alexis Carrel, ce grand précurseur de l’écologie.

On sent ici l’enfant des Lumières, l’homme de gauche et le docteur en mathématiques tiraillé. « Si l’on respecte le principe d’égalité entre tous les humains, règle d’or de la morale politique, et si l’on estime que le mode de vie occidental est le plus désirable de tous – ce qui est contestable, mais qui le conteste ? -, on en déduit que nos sœurs et frères chinois, indiens, africains et sud-américains devraient eux aussi pouvoir vivre à l’occidentale en bénéficiant des joies du consumérisme de masse (p. 62). » Si l’on peut s’accorder sur la non-inéluctabilité de l’« occidentalisation » du monde, on doit cependant lui rétorquer que des militants écologistes, situationnistes, traditionalistes ou identitaires œuvrent depuis longtemps contre cette pesante inclination. Mentionnons aussi une certaine naïveté quand il évoque la « moralité politique ». L’essence du politique ne saurait se confondre avec celle de la morale. Quant à l’égalité entre tous les humains, elle est sujette à caution. L’« égalité » en soi n’existe pas. Elle correspond à des critères subjectifs, politiques par exemple. La sortie concomitante du productivisme et de l’occidentalisation passera par l’instauration impérative de la préférence régionale, nationale et continentale, soit des discriminations salutaires.

L’approche économique biophysique

41M-tZ4LOnL._SX306_BO1,204,203,200_.jpgSi Yves Cochet oppose trois modèles : le productiviste, l’augustinien et le modèle discontinuiste qui « pourrait être compatible avec l’un et l’autre, puisqu’il se focalise surtout sur la forme de l’évolution du monde, et non sur sa substance (p. 55) », on remarque qu’il se réfère à un sermon de Saint-Augustin de décembre 410 qui aurait inspiré Oswald Spengler et le vitalisme civilisationnel… Suite aux travaux précurseurs de Nicholas Georgescu-Roegen et à la prise en compte de la non-linéarité des systèmes complexes, il distingue l’économie biophysique de l’économie écologique qui « tente d’évaluer le prix des services des écosystèmes en intégrant la finitude des ressources et la pollution dans le cadre de l’économie néo-classique (p. 73) ». À l’économie néo-classique, il propose l’« économie biophysique [qui] se concentre explicitement sur les relations de puissance, à la fois dans le sens physique d’énergie par unité de temps et dans le sens social de contrôle sur les autres (p. 71) ». À la jonction des sciences exactes et des sciences humaines, l’économie biophysique se base « sur les stocks et les flux de matière et d’énergie plutôt que sur les comportements individuels (les “ préférences des consommateurs ”). L’accent est mis sur la qualité de l’énergie, ainsi que sur la quantité d’énergie disponible (p. 71) ». Il parie que « l’économie biophysique, qui envisage un monde au climat déréglé et à l’énergie rare, est une meilleure base d’orientation pour la construction d’une société soutenable que les formes individualiste et croissanciste de la théorie économique néo-classique (p. 91) » parce que « plutôt que de prendre la rareté relative comme point de départ, [elle] se concentre sur le surplus économique et la pénurie absolue (p. 86) ».

Soulignant que « notre démarche est holistique et systémique (p. 145) », Yves Cochet pense que la crise économique sera d’abord d’ordre énergétique à partir des années 2020 – 2030 ! Il assure en outre que « l’économie biophysique est une économie pour l’ère de la décroissance (p. 76) ». Il imagine d’une manière impressionniste et sans s’y attarder, un monde post-catastrophique qui rappelle l’avenir décrit dans La Route (2008) de Cormac McCarthy ou, moins pessimiste, dans Malevil (1972) de Robert Merle. Yves Cochet prévient toutefois ses contemporains qu’ils connaîtront dans les prochaines années un choc violent comparable aux désastres de la grande peste noire en Europe en 1348 – 1349 ! « Appelons “ effondrement ” de la société mondialisée contemporaine le processus à l’issue duquel les besoins de base (eau, alimentation, logement, habillement, énergie, mobilité, sécurité) ne seont plus satisfaits pour une majorité de la population par des services encadrés par la loi (pp. 29 – 30). » Il ajoute que « par effondrement, j’entends un phénomène qui, en matière démographique, verrait environ la moitié de la population mondiale disparaître en moins de dix ans (p. 12) ». L’auteur prévoit trois milliards de survivants sur Terre dont environ une trentaine de millions en France, un monde à mi-chemin entre Mad Max I (1979) et II (1982) et l’utopie libertaire chère aux anarchistes. Il tient des propos très proches de La convergence des catastrophes (2007) de Guillaume Corvus alias Guillaume Faye. En revanche, il ignore tout des écrits du philosophe suisse en stratégie Bernard Wicht ! C’est regrettable, car les ouvrages de ce Suisse pourraient lui apporter des solutions capables de supporter la période immédiate qui suivra l’effondrement.

L’ère des biorégions

En bon écologiste anti-étatiste et peut-être en lecteur de l’éco-communaliste Murray Bookchin, le président de l’Institut Momentum parie sur le dépérissement de l’État. Or, comme « les populations les moins “ développées ”, les plus habituées à une certaine rusticité dans leur vie courante, seront moins touchées par la chute de la civilisation thermo-industrielle, parce qu’elles dépendent moins, pour leur survie, de la mondialisation contemporaine et de toute sa quincaillerie technologique (p. 13) », il est probable que certains États actuellement soumis à des embargos internationaux s’en sortent mieux que les États occidentaux, car ils ont l’habitude de résister à la dureté du temps. Dans ces circonstances tragiques, il serait possible que ces États survivants – pensons à la Corée du Nord – deviennent les nouvelles puissances mondiales.

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La vision de l’État chez Yves Cochet reste trop formaliste. L’État porte en lui une acception polysémique. Polis grecque, civitas romaine, féodalités médiévales, tous ces termes politiques désignent dans l’histoire européenne des communautés politiques inscrites dans un territoire déterminé après coup par l’histoire. Une tribu, voire un clan, est un État en devenir ou l’embryon d’une future structure étatique complexe, c’est néanmoins un ensemble communautaire politique. Il le devine sans vouloir vraiment l’admettre, lui qui dénonce la « topologie isotropique » du territoire républicain français, soit la centralisation excessive propice à l’homogénéisation des populations et à l’éradication des cultures vernaculaires.

Une fois l’effondrement survenu et les États modernes (les États-nations ?) disparus, « on assistera à la naissance d’une mosaïque de petites biorégions politiques, à l’image, peut-être, de ce qu’étaient les cités-États germaniques ou italiennes au XVIIIe siècle (p. 127) ». Yves Cochet intègre dans sa réflexion le concept bien méconnu en France de « biorégions ». La fin violente des États actuels favorisera en réaction la constitution d’entités bio-régionales, capables d’organiser auprès des populations survivantes l’apport essentiel d’énergie et de nourriture. Il y voit même une chance pour une certaine concorde sociale, car ces entités bio-régionales seraient plus égalitaires, plus homogènes d’un point de vue social, moins touchées par la lutte des classes. Moins spécialisées dans leurs tâches quotidiennes et a fortiori moins difficiles à diriger, elles pratiqueront selon l’auteur une différenciation géographique et non pas ethno-culturelle, ce qui reste à prouver. En Seine – Saint-Denis « ensauvagée » apparaîtront ici des émirats islamistes, là des caïdats afro-européens et des Gaylands ailleurs.

Ces biorégions développeraient un sens plus grand du partage au sein de leurs communautés respectives, mot qu’évite Yves Cochet alors que le communautarisme est bien une solution d’avenir. Il cite Marcel Mauss, Georges Bataille, le potlach et la dépense festive.

Violence et « spécularité »

Malgré des allusions à La notion de politique et au Nomos de la Terre de Carl Schmitt, l’auteur valorise surtout la coopération et sous-estime le conflit inhérent à tout groupe humain. Il s’appuie sur les travaux de Jean-Louis Vullierme sur l’« interaction spéculaire ». Ce concept « émerge nécessairement lorsque des individus se rencontrent et qui constitue simultanément leur être-au-monde par une boucle incessante entre l’individu et son environnement. L’être humain est tout à la fois modelé par le monde qui lui préexiste et modélisateur du monde par les actions qu’il entreprend. […] La spécularité concerne les entrecroisements des représentations du monde que chacun élabore progressivement dans l’intersubjectivité avec autrui. L’enfant (et l’adulte !), doté de cette faculté de modéliser le monde, apprend aussi bien à imiter les autres qu’à s’en distinguer. Il possède ainsi un ensemble de représentations du monde, et notamment une représentation de lui-même aux yeux des autres (les autres sont nos miroirs, ce qu’indique le qualificatif “ spéculaire ”) (p. 25) ».

51DmeGJbqVL._SX344_BO1,204,203,200_.jpgYves Cochet évacue bien trop rapidement la violence humaine. La grève contre la réforme des retraites déclenchée le 5 décembre 2019 a déjà démontré la sauvagerie sous-jacente des Franciliens et des Parisiens qui essayaient de monter dans le seul train de banlieue ou dans l’unique rame de métro. Certains n’hésitèrent pas à se battre. Et ne parlons pas des rapports conflictuels en ville entre piétons, automobilistes, cyclistes, patineurs à roulettes et « trottinettistes ». Cette agressivité propre à la nature humaine, accentuée par la modernité tardive pourrait atteindre rapidement son paroxysme au moment de l’effondrement social. La vie en zone urbaine après la « Grande Déflagration » sera certainement plus difficile que dans la France périphérique déjà habituée aux privations. « Il faudra réapprendre à maîtriser une agro-écologie alimentaire, énergétique et productrice de fibres pour les vêtements, cordes et papiers, la production de matériaux de construction indigènes, voire la fabrication de quelques substances secondaires, mais utiles, telles que l’alcool, l’ammoniac, la soude, la chaux… Tous ces domaines étant équipés en outils low tech aptes à êtres fabriqués, entretenus et réparés par des ouvriers locaux (p. 118). » En pratique, on utilisera le bois de chauffage, le charbon de bois et les biogaz dont le méthane.

Terminés Facebook, Twitter et ces saloperies de réseaux sociaux. Faute d’électricité et/ou de câbles entretenus, plus d’Internet. La nouvelle de George R. R. Martin, «… Pour revivre un instant » (1972), dans Des astres et des ombres (1977) anticipe le monde d’après vu par Yves Cochet. Quant aux déplacements, « les moyens de mobilité du futur sont plutôt à envisager du côté de la marche à pied, de la bicyclette et de la traction animale, de la voile et des embarcations à rames (p. 143) ». En lisant cet essai, le lecteur devrait avoir la curiosité de s’intéresser à la vie quotidienne des Français sous l’Occupation ainsi qu’à la Corée du Nord. L’auteur espère que « les habitants de France expérimenteront bientôt sous la forme d’une alimentation plus végétale, plus locale, plus saisonnière, grâce à la multiplication des jardins en permaculture et des paysages comestibles (p. 138) ».

Dans un contexte chaotique, « au milieu du [XXIe] siècle, mille formes d’organisations politiques locales nouvelles et différentes émergeront de la barbarie, révolue dans la plupart des sous-continents. En France, chaque bio-région sera munie d’un micro-État simple. Nous entendons par là qu’une communauté humaine autonome, c’est-à-dire un niveau d’organisation territoriale qui ne sera subordonné à aucun autre qui lui soit supérieur, se sera formée autour des trois valeurs républicaines précitées – en fait, surtout la fraternité – et aura institué une “ assemblée ” et un “ gouvernement ”, lequel détiendra le monopole de la violence physique légitime (p. 127, souligné par l’auteur) ». Yves Cochet invite à la rotation civique de la police et de l’armée : chacun occuperait à tour de rôle pour un temps précis des fonctions policières et militaires, d’où l’importance de connaître l’œuvre de Bernard Wicht. Cette proposition rejoint en partie certaines thèses libertariennes.

Yves Cochet a vu ses prévisions contredites par les faits. Le peak oil n’arrive pas. On peut penser que son catastrophisme est exagéré. Devant l’effondrement insiste pourtant sur la réalisation de bases autonomes durables (BAD) tout en gardant à l’esprit que l’éclatement territorial envisagé des États modernes signifiera aussi un regain de puissance chez des voisins moins sévèrement frappés. Dans les ruines du monde moderne rejailliront alors les enjeux tragiques du politique et de l’histoire.

Georges Feltin-Tracol

• Yves Cochet, Devant l’effondrement. Essai de collapsologie, Les Liens qui Libèrent, 2019, 252 p., 18,50 €.

mardi, 10 mars 2020

Actualité d’Alexandre Douguine

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Actualité d’Alexandre Douguine

par Georges FELTIN-TRACOL

Ex: http://www.europemaxima.com

Cela fait bientôt quatre ans que le philosophe russe Alexandre Douguine est interdit de séjour dans l’ensemble de l’Union dite européenne en raison de ses prises de position interventionnistes contre l’Ukraine. Cette interdiction n’empêche heureusement pas les vaillantes éditions Ars Magna de Nantes de poursuivre et d’amplifier la parution en français des ouvrages du penseur de la « quatrième théorie politique ». Il y en aurait plus de soixante-dix disponibles en russe…

En octobre 2019 paraissait dans la collection « Heartland » Les racines de l’identité (écrits eurasistes 2012 – 2015) (300 p., 30 €) suivi un mois plus tard dans la même collection par Le retour des grands temps (écrits eurasistes 2016 – 2019) (449 p., 32 €). Le titre de ce dernier livre est une référence évidente à un ouvrage de Jean Parvulesco sorti en 1986 chez Guy Trédaniel. Alexandre Douguine n’a jamais caché son admiration pour ce romancier qui joua dans À bout de souffle de Jean-Luc Godard. Il est compréhensible que l’éditeur en reprenne le titre.

Dans ces deux nouveaux ouvrages, Alexandre Douguine prend acte de la domination tyrannique de l’Occident matérialiste ultra-moderne. Il offre en réponse une alternative résolument non libérale qui ne puise pas dans ces échecs historiques que furent le communisme et le fascisme. Dans cette « ère des titans » post-moderniste, l’auteur s’applique à définir de nouvelles orientations. Ainsi confirme-t-il que l’ennemi principal, l’ennemi majeur, l’ennemi prioritaire demeure « le libéralisme [qui] est le nom de la mort (Le retour…, p. 26) ». En effet, « le libéralisme détruit tout sens de l’identité collective, écrit-il avec raison, et, logiquement, le libéralisme détruit l’identité européenne (avec sa soi-disant tolérance et ses théories des droits humains) (Idem, p. 72) ». Il dénonce en outre la complicité étroite des différentes coteries politiciennes, du gauchisme sociétal à l’extrême droite suprémaciste en passant par les formations institutionnelles, qui se soumettent aux injonctions libérales.

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Il insiste sur la démarche macabre du monde occidental et ne s’étonne pas de l’actuelle mode des zombies qui déferlent au cinéma, dans la bande dessinée, dans les séries télé et dans les jeux vidéo. Il prend en contre-exemple l’action déterminante de Vladimir Poutine. « Il choisit la puissance, pas la démocratie, affirme Douguine. L’unité, pas le pluralisme territorial. L’ordre, et pas le chaos sanglant et la guerre civile. En bref, face à la mort, Poutine choisit la vie. La vie du pays, de l’État, de la nation (Id., p. 207). »

En ce moment crucial où « la post-modernité doit être globale (Id., p. 223) », Alexandre Douguine considère que « la redécouverte de la pré-modernité est la seule action logique. Ici nous rencontrons la philosophie traditionaliste et la critique essentielle du monde moderne en tant que concept (Id., p. 223) ». De tels propos pourraient dérouter plus d’un lecteur. Toutefois, si l’auteur commente l’actualité politique (il mise beaucoup sur les Gilets Jaunes français pour contrecarrer les manœuvres mondialistes), il s’appuie toujours sur la géopolitique qui « dans l’ère de la fin des idéologies est la seule manière d’interpréter correctement les relations internationales et certains processus intérieurs. Ainsi, poursuit-il, l’ignorance de la géopolitique est une action contre soi-même. Si vous n’êtes pas sujet de la géopolitique, vous êtes simplement son objet (Id., p. 305) ».

Alexandre Douguine fournit à tous les combattants anti-cosmopolites de bien belles munitions tant spirituelles que politiques, culturelles que sociales qu’on comprend mieux maintenant pourquoi il est devenu l’ennemi public n°1 de la République globalitaire des Lettres inverties.

Georges Feltin-Tracol

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 162, mise en ligne sur TV Libertés, le 2 mars 2020.

samedi, 07 mars 2020

Carl Schmitt. Die Militärzeit 1915 bis 1919

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Neueste Geschichte:
E. Hümsert u.a. (Hgg.):
Carl Schmitt. Die Militärzeit 1915 bis 1919
Titel
Die Militärzeit 1915 bis 1919. Tagebuch Februar bis Dezember 1915. Aufsätze und Materialien
 
Autor(en)
Schmitt, Carl
Herausgeber
Hüsmert, Ernst; Giesler, Gerd
Erschienen
Berlin 2005: Akademie Verlag
Anzahl Seiten
VIII, 587 S., 10 s/w Abb.
Preis
€ 49,80
Rezensiert für H-Soz-Kult von
Reinhard Mehring, Institut für Philosophie, Humboldt-Universität zu Berlin

cover_book-35195__120.jpgDer Nachlass Carl Schmitts ist eine reiche Quelle. Fast wundert es aber, dass er so reichlich sprudelt. Denn seine Edition wurde nicht generalstabsmäßig geplant. Das lag auch an Schmitt selbst. Zwar entwickelte der zahlreiche interpretative Strategien im Umgang mit seiner Rolle und seinem Werk. Anders als etwa Heidegger organisierte er aber seine posthume Überlieferung nicht im großen Stil. Er betrieb keine Fusion von Nachlassinterpretationspolitik und Nachlasseditionspolitik, bei der interpretative Strategien kommenden Editionen vorarbeiteten. Initiativen zu einer großen Werkausgabe scheiterten deshalb auch nach Schmitts Tod. Damals wurde eine Chance vertan, denn personell und institutionell haben sich die Bedingungen nicht verbessert. Schmitts letzte Schülergeneration, die „dritte“ Generation bundesdeutscher Schüler (Böckenförde, Schnur, Quaritsch, Koselleck etc.), tritt ab und den Institutionen geht das Geld aus. Heute ist keine historisch-kritische Gesamtausgabe in Sicht. Die Zukunft ist solchen Projekten auch nicht rosig. Das gerade erschienene Berliner „Manifest Geisteswissenschaften“ etwa, ein revolutionäres Dokument der „Beschleunigung wider Willen“, plädiert für eine Überführung akademischer Langzeitvorhaben in „selbständige Editionsinstitute“.[1] Vor Jahren hätte sich wahrscheinlich noch staatlicher Beistand finden lassen. Heute ist das schwieriger. Einige letzte Schüler und Enkelschüler sowie Duncker & Humblot und der Akademie-Verlag schultern die editorischen Aufgaben allein im Aufwind der internationalen Resonanz. Es gibt eine Arbeitsteilung: Die juristisch besonders einschlägigen Schriften publiziert Schmitts alter Hausverlag Duncker & Humblot. Auch nachgelassene Texte wie das „Glossarium“[2] und der Briefwechsel mit dem spanischen Naturrechtler Álvaro d’Ors [3] erschienen dort. Andere Texte aber veranstaltete der Akademie-Verlag, dessen früherer Leiter Gerd Giesler, Mitherausgeber des jüngsten Tagebuch-Bandes, mit Schmitt (wie auch Ernst Hüsmert) noch über viele Jahre befreundet war.

Das bei Lebzeiten publizierte Werk ist nun nahezu komplett greifbar. Vier aufwändige Editionen erschienen mit apologetischen Zielsetzungen. Helmut Quaritsch [4] verteidigte Schmitts Sicht des Völkerrechts in seinen kommentierten Ausgaben eines Rechtsgutachtens über das „Verbrechen des Angriffskrieges“ sowie der Antworten Schmitts im Rahmen der Nürnberger Prozesse. Günter Maschke [5] ergänzte Schmitts Sammlung „Verfassungsrechtliche Aufsätze“ um zwei weitere Bände und realisierte damit in anderer Weise Überlegungen, die Schmitt selbst früher noch erwogen hatte. Nur die Schriften zur deutschen Verfassungsentwicklung stehen heute aus. Einiges davon ist unproblematisch, anderes jedoch nicht. Soll man eine Kampfschrift wie „Staat, Bewegung, Volk“ von 1933 wieder auflegen? Bedenken liegen nahe. Gralshüterische Mauern aber gibt es im Umgang mit Schmitt heute nicht mehr. Der Nachlass ist offen und die intensiven Debatten der letzten Jahre haben zu einem abgeklärten Umgang geführt. Schmitt rückte uns auch menschlich-allzumenschlich näher. Die bisher publizierten Briefwechsel bieten hier manche Überraschungen. Völlig neue Einblicke eröffnen aber die Tagebücher. Im Verblüffungsgang des Werkes sind sie die jüngste Überraschung. Man wusste zwar, dass Schmitt Tagebuch schrieb. Umfang und Gehalt aber waren kaum zu ahnen. Ähnlich wie bei Thomas Mann tauchen sie als Chronik des Lebens fast unverhofft auf. Zwei Bände sind inzwischen erschienen; weitere Tagebücher bis 1934 kündigen die Herausgeber nun im Vorwort an (S. VIII).

2003 erschien ein erster Band über die (vorwiegend) Düsseldorfer Jahre.[6] Er zeigte ein Leben wie aus einem Roman Kafkas oder Robert Walsers: hin und her geworfen zwischen der juristischen Fron des Rechtsreferendars bei einem dämonischen „Geheimrat“ und der Hohezeit des Liebesglück einer waghalsigen ersten Ehe. Seltsam überzeichnet und irreal erschienen die Bedrängnisse und Exaltationen dieses Lebens. Wie im Bunten Blatt wartete der Leser auf Fortsetzung. Nun ist sie da. Auch diesmal ist für Überraschungen gesorgt. Der zweite Band umfasst die Münchener Militärzeit im Verwaltungsstab des stellvertretenden Generalkommandos des 1. bayerischen Armee-Korps, die biografisch bislang weithin im Dunklen lag. Neben dem Tagebuch vom 6. Mai bis 29. Dezember 1915 sowie einem kurzen Anhang enthält er einen Dokumentationsteil über die Tätigkeit bis 1919 sowie eine Auswahl aus Veröffentlichungen der Jahre 1915 bis 1919. Dazu kommen interessante Abbildungen, Briefe und Materialien sowie ein Anhang. Anders als im ersten Band füllt das Tagebuch weniger als ein Drittel. Über zweihundert Seiten umfasst der Dokumentationsteil, knapp einhundert Seiten die Auswahl wichtiger Veröffentlichungen, die bisher schlecht zugängig waren und besonderes Interesse finden werden. Dieser Aufwand mag überraschen. Gerade auch in Ergänzung zum ersten Band macht die extensive Edition aber einen guten Sinn. Liest man den ersten Band wie einen Roman der Wirrnis, so spiegelt der zweite jetzt eine Wendung zur Reflexion und Objektivation der eigenen Lage und Problematik, durch die Schmitt seine existentielle Krise allmählich distanziert und überwindet. Er wechselt das literarische Genre, bricht sein Tagebuch ab, weil er stärkere Formen der Distanzierung gefunden hat.

Das Tagebuch zeigt Schmitt am neuen Ort, in neuer Funktion und Tätigkeit. Wir lernen den Stabssoldaten in den prägenden Jahren seiner Absage an Boheme und Romantik und des Scheiterns seiner ersten Ehe genauer kennen. Man könnte von einer formativen Phase oder auch Inkubationsjahren sprechen. Hier lebte Schmitt seine Neigung zur Boheme aus. Hier wurde er zu dem gegenrevolutionären Etatisten, den wir aus der Weimarer Zeit kennen.

Das Tagebuch beginnt mit der Ankunft in München. Das „Leben in der Kaserne“ ist zunächst die Hölle (S. 23). Schmitt erlebt den „Gott dieser Welt“ (S. 28f.), das Recht, von der Seite der „Vernichtung des Einzelnen“ (S. 64, vgl. 130). Der Straßburger Lehrer Fritz van Calker, nunmehr Major, holt ihn bald ins Münchner Generalkommando. Schmitt beschließt den „Pakt mit dieser Welt“, um dem Frontdienst zu entkommen. An die Stelle des Geheimrats tritt nun ein „Hauptmann“. Stand Schmitt im ersten Band zwischen Cari und „Geheimrat“, leidet er nun am „Gegensatz zwischen dem Generalkommando und Cari“ (S. 72). „Militär und Ehe; zwei schöne Institutionen“, vermerkt er ironisch (S. 90, vgl. S. 106). Beides findet er fürchterlich und gerät darüber erneut in lamentable Krisen. Ein ganzes Spektrum von Todesarten phantasiert er durch. Schmitt lebt in der ständigen Angst, seine langweilige Tätigkeit als Zensor gegen die Front eintauschen zu müssen, und streitet sich mit seiner angeschwärmten Frau. Jahre später, 1934, wird er in einer verfassungsgeschichtlichen Kampfschrift den „Sieg des Bürgers über den Soldaten“[7] beklagen. Hier erfahren wir nun, wie es um diesen kriegsfreiwilligen „Soldaten“ im Ersten Weltkrieg steht: Er verachtet den Krieg und das Militär, hasst den „preußischen Militarismus“ und die „Vernichtung des Einzelnen“ durch den Staat, der er doch Anfang 1914 noch in seiner späteren Habilitationsschrift „Der Wert des Staates und die Bedeutung des Einzelnen“ rechtsphilosophische Weihen erteilte. Wir sehen einen Menschen im ständigen Hader mit sich selbst, der unter seiner Zerrissenheit leidet. Schmitt steht im existentiellen Entscheidungszwang. Militär und Ehe kann er nicht beide bekämpfen. Vor Cari flüchtet er zum Staat.

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Im Büro hat er zumeist „nichts“ zu tun. Den „Mechanismus des täglichen Berufslebens“ (S. 64) nimmt er als „Gefängnis“ wahr, obgleich er mittags meist wieder draußen ist. Er trifft sich regelmäßig mit Freunden. Einige unterstützen ihn finanziell. Unter der Bank schreibt Schmitt ab Mai 1915 seine Studie über Theodor Däublers Nordlicht-Dichtung. Sein Kriegsdienst beschränkt sich, scheints, auf Gutachten über die Entwicklung des Belagerungszustandes, das Erteilen von „Passierscheinen“ und andere Genehmigungen sowie auf die Briefzensur und Beobachtung literarischer Pazifistenkreise, die im Dokumentationsteil eingehender nachgewiesen ist. Für die „Kerls in Berlin“ will Schmitt sich nicht totschlagen lassen (S. 71). Pazifistischer Literatur aber erteilt er die „Beschlagnahmeverfügung“ (S. 73). Dabei schämt er sich seiner Tätigkeit als Zensor (S. 85). „Pfingstsonntag. Den ganzen Tag auf dem Büro. Es ist entsetzlich, so eingespannt zu sein; eine lächerlich dumme Arbeit, Polizeistunden-Verfügungen, albern“ (S. 72). Schmitt erlebt den Krieg 1915 mehr als Papierkrieg und leidet unter der Verschlechterung der Schokoladenqualität. Jenseits allgemeiner Schmähungen des „Militarismus“ finden sich keine politischen Bemerkungen. Der Frontverlauf existiert in diesen Aufzeichnungen nicht. Von den „Ideen von 1914“ oder glühendem Nationalismus und Etatismus findet sich in den frühen Tagebüchern insgesamt fast keine Spur. Darüber kann man sich gar nicht genug wundern.

Seine literarischen Feindbeobachtungen verkauft Schmitt an eine Wochenzeitung. Auszüge aus seinen Berichten in der „Hamburger Woche“ sind abgedruckt. Durch die Tätigkeit als Zensor lernt er die literarische Avantgarde genauer kennen. Mit ästhetischem Gefallen liest Schmitt manche Schriften, die er dann verbietet. Weil Aphorismen ihm zusagen, schickt er einem „gescheiten, verstandeskräftigen Juden“ seine Monografie über den Staat, worüber der sich wundert (S. 88, 91). Assessor August Schaetz (S. 112 ff.) taucht auf, dem später, zum Gedenken an seinen Soldatentod, der „Begriff des Politischen“ gewidmet ist. Zum Scheiden er, zum Bleiben Schmitt erkoren. Am 6. September 1915 stellt Schmitt noch kategorisch fest: „Ich werde mich in einer Stunde vor Wut über meine Nichtigkeit erschießen.“ (S. 125) Doch am nächsten Tag erhält er vom Verlag die Zusage für das Däubler-Buch und vom Generalkommando den Auftrag, einen Bericht über das Belagerungszustands-Gesetz zu schreiben, den er höhnisch kommentiert: „Begründen, dass man den Belagerungszustand noch einige Jahre nach dem Krieg beibehält. Ausgerechnet ich! Wofür mich die Vorsehung noch bestimmt hat.“ (S. 125) Seine Studie über „Diktatur und Belagerungszustand“ [8] wird ein Erfolg. Das Thema bahnt ihm den weiteren Weg. Die Diagnose einer Verschiebung der Gewaltenverhältnisse wird seine wichtigste verfassungspolitische Einsicht.

Der „Militarismus“ versetzt ihn weiter in Angst und Schrecken. Schmitt empfindet, „wie berechtigt es ist, vor dem Militärregime Angst zu haben und eine Trennung der Gewalten und gegenseitigen Kontrollen einzuführen“ (S. 135). Nachdem die Nordlicht-Studie abgeschlossen ist, kommt Däubler für einige Tage zu Besuch und die Freundschaft geht in die Brüche. Schmitt fühlt sich ausgenutzt und abgestoßen (S. 142ff.). Der Straßburger Lehrer Fritz van Calker schlägt ein „Habilitationsgesuch nach Straßburg“ (S. 157) vor, was Schmitt begeistert aufnimmt.

Wieder einmal erweist sich Calker als rettender Engel. Er lehrte Schmitt eine politische Betrachtung des Rechts; beide planten einst sogar eine gemeinsame „Einführung in die Politik“ [9]; Calker rettete Schmitt aus dem Düsseldorfer Ehedrama nach München, zunächst in die Kaserne, dann ins Generalkommando, und ermöglichte ihm später während des Militärdienstes die Habilitation. Diese Rückkehr nach Straßburg erscheint nun als paradiesischer „Traum“ (S. 157). „Das ist das richtige Leben“ (S. 162), notiert Schmitt. Als aus Straßburg nicht gleich Nachricht kommt, vermutet er eine Intrige des Geheimrat (S. 169). Doch auch diese Sorge ist überspannt. Auch der Geheimrat, der uns in den ersten Tagebüchern kafkaesk begegnete, wird sich als Förderer erweisen, indem er Schmitt seine erste feste Dozentur an der Münchner Handelshochschule vermittelt. Der Band dokumentiert dies durch Briefe zur beruflichen Entwicklung (S. 503ff.). Der wichtigste Mentor aber bleibt der Straßburger Doktorvater. Calker steht 1933 noch hinter der Berufung nach Berlin, weil er sich beim Minister Hans Frank, auch ein Schüler Calkers, für Schmitt einsetzte.[10] Schmitts schnelle Karriere in der Weimarer Republik wurde gerade durch die frühen Kontaktnetze ermöglicht, die in den Tagebüchern so gespenstisch begegnen. Nur Calker kommt bei Schmitt stets positiv weg. Ihm widmete er 1912 seine Studie „Gesetz und Urteil“.[11] Doch in seinen späteren Schriften erwähnt er ihn fast überhaupt nicht mehr. Der Name des wichtigsten Mentors ist aus Schriften und Nachlass geradezu vertilgt. Erst in den Tagebüchern taucht er wieder auf.

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Unentwegt rätselt Schmitt selbst über seinen problematischen Charakter. Er bringt ihn auf eine Formel. Schmitt empfindet sich als „Prolet“ und möchte ein Buch schreiben: „Der Prolet, oder: Der Plebejer. [...] Sein Instinkt: sich zu ducken und sich zu strecken, wie es kommt. Er ist ad alterum.“ (S. 124, dazu vgl. S. 448) Was Schmitt an sich bemerkt, rechnet er immer wieder auch Richard Wagner und dem Judentum zu: die „Abhängigkeit von der Meinung anderer“ (S. 173). Das Spiegelgefecht um Selbst- und Fremdhass, Freund-Feind-Identifikationen, treibt Schmitt in diesen Aufzeichnungen bis zur Selbstparodie. Im Licht von Nietzsches Wagnerkritik nimmt er Wagners antisemitische Disjunktion von Wagnerianismus und Judentum zurück, wenn er beiden das gleiche Syndrom, die gleiche Abhängigkeit von der Meinung der anderen unterstellt, den Vater des modernen, postchristlichen Antisemitismus seinerseits als „Juden“ (S. 115) brandmarkt und als „eine rein interne jüdische Angelegenheit“ (S. 164) betrachtet. Viel Literatur steckt im Antisemitismus. Schmitt dekonstruiert ihn als Spiegelgefecht in der literarischen Tradition Heines, Wagners und Friedrich Nietzsches. Aus den Verstrickungen der modernen Weltanschauungen, die Schmitt in einen Topf wirft (S. 176), flüchtet er zum Katholizismus. So ärgerlich vieles auch klingt, muss man nicht alles auf die Goldwaage legen. Schmitt sieht seinen Feind durchaus schon als „die eigne Frage als Gestalt“ an.

Das Tagebuch endet mit der Entscheidung für Straßburg. Schmitts Verfahren ist durch den Wiederabdruck der Probevorlesung gespiegelt. Der Band greift durch weitere Texte noch über das Jahr 1916 hinaus. Wichtig ist hier vor allem der Abdruck der Beiträge zur Zeitschrift „Summa“. Durch dieses Texttriptychon konfrontiert Schmitt seinen satirischen „geschichtsphilosophischen Versuch“ über „Die Buribunken“ mit einer theologisch anspruchsvollen „scholastischen Erwägung“ über „Die Sichtbarkeit der Kirche“ und vermittelt beides über die rechtsphilosophische Verhältnisbestimmung von „Macht und Recht“. Sinnvoll ist auch die Beigabe der kurzen Satire auf Karl Kraus sowie der Vorbemerkung zur Ausgabe einer romantischen Autobiografie. Diese kleine Veröffentlichung spiegelt Schmitts biografische Entscheidung: den Sprung in den Glauben, für den offenbar auch die Begegnung mit Theodor Haecker und Kierkegaard wichtig war. Ein Vorlesungsauszug über Bodin kündigt die Ausarbeitung der Souveränitätslehre an, die dann ins nächste Kapitel der Biografie gehört.

Das Thema der Münchener Militärzeit ist die Entscheidung für Etatismus und Katholizismus, die Schmitt seinen existentiellen Krisen abrang und die er privatim, psychobiografisch, kaum vertreten konnte. Wir sehen eine doppelte Fluchtbewegung: eine Flucht aus der Zeit und in die Zeit. Zunächst flieht Schmitt in die Zeit, indem er sich von seinem ruinösen Privatleben abwendet und dem gegenrevolutionären Staat verschreibt. Später flieht er auch aus der Zeit: zum Katholizismus, wie es sein Dadaistenfreund Hugo Ball [12] in seinen Tagebüchern „Flucht aus der Zeit“ beschrieb.

Nun erst ist die Münchner Militärzeit material erschlossen. Sie erscheint in ihrem eigenartigen Profil gegenüber der Düsseldorfer Jugendkrisis sowie der zweiten Münchener Zeit an der Handelshochschule. Diese Zeit von 1919 bis 1921, die erste feste akademische Stellung noch vor dem Wechsel nach Greifswald, wurde bisher kaum zur Kenntnis genommen. Auch dafür sind nun neue Gleise gestellt. Schmitt war nicht nur akademisch frühreif, sondern machte auch schnelle berufliche Karriere. Schon im Generalkommando saß er recht fest im Sattel. Die Front blieb ihm erspart. Ab 1919 war er dann, 31-jährig, als Dozent mit glänzenden Aussichten etabliert. Beruflich jedenfalls wurde er bald zum „Glückspilz“ (S. 521ff.), was die Tagebücher zunächst kaum erahnen lassen.

Das Gewicht dieses zweiten Bandes liegt nicht zuletzt in der gedankenreichen Einleitung, sorgsamen Kommentierung und Zusammenstellung. Dass Schmitt mit der – 1919 erscheinenden – „Politischen Romantik“ auch seinen eigenen Ästhetizismus niederrang, war lange bekannt. Schon Karl Löwith hatte es bemerkt. Der zweite Band zeigt nun, dass diese existentielle Entscheidung durch die objektivierende Phase der Zensorentätigkeit im Generalkommando hindurchging. Hier begegnet das Leben der Boheme aus der Perspektive staatlicher Repression. Wir kannten bereits den Romantiker, der die politische Romantik exekutiert. Hier haben wir den Etatisten, der den Staat hasst. Er bestätigt die Generalthese seiner Habilitationsschrift nicht als General Dr. von Staat mit geschwollener Brust. Schmitt findet den „Wert des Staates“ in einer moralischen „Vernichtung des Einzelnen“, die ihm die existentielle Rettung aus seinen Exaltationen bedeutete.

Anmerkungen:
[1] Gethmann, Carl Friedrich u.a. (Hgg.), Manifest Geisteswissenschaften, Berlin-Brandenburgische Akademie der Wissenschaften, Berlin 2005, S. 9, vgl. S. 25f.
[2] Schmitt, Carl, Glossarium. Aufzeichnungen der Jahre 1947 bis 1951, hg. v. von Medem, Eberhard, Berlin 1991.
[3] Herrero, Montserrat (Hg.), Carl Schmitt und Álvaro d’Ors. Briefwechsel, Berlin 2004.
[4] Quaritsch, Helmut (Hg.), Carl Schmitt. Das internationalrechtliche Verbrechen des Angriffskrieges und der Grundsatz ‚Nullum crimen, nulla poena sine lege’, Berlin 1994; Ders., Carl Schmitt. Antworten in Nürnberg, Berlin 2000.
[5] Schmitt, Carl, Staat, Großraum, Nomos. Arbeiten aus den Jahren 1916 bis 1969, hg. v. Maschke, Günter, Berlin 1995.
[6] Schmitt, Carl, Tagebücher. Oktober 1912 bis Februar 1915, hg. v. Hüsmert, Ernst Berlin 2003; dazu meine Besprechung , in: H-SOZ-U-KULT vom 21.1.2004 <http://hsozkult.geschichte.hu-berlin.de/rezensionen/2004-1-039>. Inzwischen ist (2005) eine zweite, korrigierte Auflage erschienen.
[7] Schmitt, Carl, Staatsgefüge und Zusammenbruch des zweiten Reichen. Der Sieg des Bürgers über den Soldaten, Hamburg 1934.
[8] Schmitt, Carl, Diktatur und Belagerungszustand, in: Ders., Staat, Großraum, Nomos, Berlin 1995, S. 3-20.
[9] Das geht aus einem erhaltenen Brief van Calkers an Schmitt vom 30.10.1922 hervor (Hauptstaatsarchiv NRW, Nachlass Carl Schmitt, RW 265-2492). Im Erscheinungsjahr der Erstfassung des „Begriffs des Politischen“ publizierte Calker dann seine „Einführung in die Politik“ (München 1927), die aus Vorlesungen hervorging.
[10] Brief Friedrich van Calkers vom 14.6.1933 an Schmitt (Nachlass Carl Schmitt, RW 265-2493).
[11] Schmitt, Carl, Gesetz und Urteil. Eine Untersuchung zum Problem der Rechtspraxis, 1912, München 1968, vgl. S. VIII.
[12] Ball, Hugo, Flucht aus der Zeit, Luzern 1946.

vendredi, 06 mars 2020

Pierre-Antoine Plaquevent (Soros Watch) : « Une partie importante du personnel politique français parmi les relais de Soros en France »

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Pierre-Antoine Plaquevent (Soros Watch) :

« Une partie importante du personnel politique français parmi les relais de Soros en France »

Interview

Ex: https://www.breizh-info.com

Pour les lecteurs de Breizh-info.com, Pierre-Antoine Plaquevent n’est pas un inconnu. Il est notamment l’auteur d’un livre indispensable pour comprendre l’évolution de nos sociétés modernes et surtout, la guerre d’influence que mènent certaines forces regroupées autour du milliardaire Georges Soros : SOROS et la société ouverte : Métapolitique du globalisme.

Dans la droite lignée de son ouvrage, cet analyste politique a lancé, avec d’autres, un think thank, Strategika, mais également un programme de veille stratégique intitulé Soros Watch, à propos duquel nous avons souhaité en savoir plus.

Breizh-info.com : Qu’est-ce que Strategika ?

Pierre-Antoine Plaquevent : Strategika (strategika.fr) est à la fois un groupe de recherche (think tank), un cabinet de conseil en géopolitique et un projet éditorial qui publie les recherches d’analystes et de politologues indépendants. Notre action et notre réseau se développe au sein d’un écosystème international aux côtés d’initiatives telles que le forum non-aligné de Chișinău en Moldavie. Strategika se propose de tracer une voie d’indépendance et de coopération internationale face aux narrations géostratégiques imposées par l’unipolarité déclinante. Dans le cadre de mes activités auprès de Strategika, je suis entre autres chargé de piloter le programme Soros Watch. 

41m6cXpj3TL._SX354_BO1,204,203,200_.jpgBreizh-info.com : Qu’est-ce que Soros Watch ?

Pierre-Antoine Plaquevent : Soros Watch est le programme de veille stratégique des ONG et des acteurs clefs du globalisme initié par le think tank Strategika. Il s’agit d’une initiative qui a pour objectif de surveiller et d’examiner les actions entreprises par les réseaux globalistes dans leurs champs d’action respectifs. Cette veille d’activité des réseaux globalistes nous permet de procurer à nos lecteurs et à nos partenaires toutes les informations disponibles sur les activités des ONG et des acteurs du globalisme en temps réel. L’activité première de Soros Watch est à la foi une activité d’investigation mais aussi une activité de soutien des initiatives anti-globalistes au niveau international. Comme par exemple ce samedi 29 février à Chișinău en Moldavie où avait lieu la présentation de l’édition roumaine de mon livre Soros et la société ouverte, métapolitique du globalisme. Un évènement de portée européenne avec la participation de membres du mouvement arménien “Veto”. Des personnes de la société civile à l’origine des principales initiatives anti-Soros et des protestations publiques contre l’Open Society et ses relais en Arménie. Une conférence qui coïncide aussi avec le lancement de la version italienne du livre ce mois-ci.

Soros Watch a pour vocation première de produire des dossiers exclusifs qui sont publiés sur le site strategika.fr. Dans la continuité de mon livre, j’ai rédigé les deux premiers dossiers de Soros Watch, dossiers qui portent respectivement sur l’ECFR – European Council on Foreign Relations – le think tank des réseaux Soros qui agit au sein de l’UE – ainsi que sur Shahin Vallée, un homme d’influence des réseaux Soros qui agit lui aussi au niveau pan-européen.

Je tiens à préciser que la vente d’e-books et d’enquêtes inédites ainsi que les dons de nos lecteurs sont les deux ressources principales de Strategika. Notre structure ayant pour spécificité d’être entièrement indépendante et auto-financée, ce qui est rarement le cas dans le domaine des groupes de recherche en géopolitique et relations internationales.   

Breizh-info.com : Qu’est-ce que L’ECFR ?

Pierre-Antoine Plaquevent : On a beaucoup parlé récemment des liens entre les réseaux Soros et la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) à la suite du rapport réalisé par l’European Centre for Law and Justice (ECLJ). Au-delà de la seule CEDH, c’est sur l’ensemble des institutions européennes que s’exerce l’influence des réseaux Soros. Ceci au travers de différents organes de pression dont l’un des plus puissants est l’ECFR – European Council on Foreign Relations. L’ECFR est un groupe de réflexion et d’influence européiste de haut niveau fondé sous l’impulsion de George Soros et financé avec l’aide de l’Open Society Foundations.

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L’ECFR est la version européenne du célèbre Council on Foreign Relations (CFR) créé par les banquiers Rockefeller et JP Morgan en 1919 dont fait aussi partie George Soros et qui peut être considéré comme l’une des instances les plus influentes de la puissance impériale globaliste depuis un siècle. Version européenne du CFR américain, l’ECFR se veut être un puissant lobby pan-européiste qui rassemble des membres influents de la politique, des affaires, des médias et du monde militaire européen. Parmi les membres de l’ECFR on retrouve George Soros et son fils Alexander Soros ainsi qu’un panel impressionnant de personnalités politiques européennes. Pour la France, on peut citer entre autres l’ancien ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire ou encore le précédent commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici. On y retrouve aussi Shahin Vallée, peu connu du grand public mais euro-globaliste sorosien influent. Comme je l’expose dans le dossier Strategika, l’ECFR joue un rôle prépondérant en matière de politique migratoire au sein de l’UE comme on a pu le voir dans la gestion des flux de réfugiés consécutifs à la guerre de Syrie.

Breizh-info.com : Qui est Shahin Vallée ?

SW_bw_s-180x180.jpgPierre-Antoine Plaquevent : Shahin Vallée travaille depuis 2015 pour le Soros Fund Management sur les questions économiques et monétaires dans la zone euro. Shahin Vallée (dont le nom et le parcours rappellent un peu le « Mustapha Meunier » du livre Le Meilleur des Mondes d’Aldous Huxley) fût conseiller économique d’Herman Van Rompuy puis celui d’Emmanuel Macron quand celui-ci était ministre de l’Économie. « Homme pressé » aux multiples activités, Shahin Vallée fût aussi conseiller d’Europe Écologie les Verts. Comme George Soros avant lui, il est un élève de la London School of Economics, cette pouponnière de l’élite de l’anglosphère qui fût fondée en 1895 par plusieurs membres de la célèbre Société fabienne (Fabian Society). Shahin Vallée fût celui par qui le contact entre LREM et le Mouvement 5 étoiles continuait de se maintenir lors des tractations entre la Lega de Matteo Salvini et le M5s en 2018. Le but de la stratégie Macron-Shahin était alors de ne pas se couper des éléments européistes et globalistes du M5s. Cette stratégie s’avérera payante puisque le M5s bloquera systématiquement les actions de Salvini poussant ce dernier à faire exploser la coalition alors au pouvoir afin d’obtenir des élections en août dernier. Action qui s’est soldée par l’échec du pari de Salvini et par la constitution d’un gouvernement Parti Démocrate / Mouvement 5 Étoiles comme le souhaitaient le couple Macron / Shahin Vallée.

Se pencher sur les actions de ce type d’hommes d’influences peu connus du public s’avère fondamental pour comprendre les rouages de la politique réelle, derrière la scène de la politique spectacle.

Breizh-info.com : Concrètement, quelles sont les activités nocives pour les Européens que mènent les équipes de G. Soros aujourd’hui ?

Pierre-Antoine Plaquevent : Prenons l’exemple concret de la France. Plusieurs exemples nous éclairent sur l’influence délétère qu’exercent les réseaux de l’Open Society en France. On a pu voir de quelle manière les réseaux Soros appuient sur les fractures françaises afin d’« ouvrir » notre société durant l’opération très médiatisée du collectif des « Rosa Parks musulmanes », ces femmes qui se sont se baignées en burkini dans une piscine municipale de Grenoble l’été dernier. Au cours de ce « happening » politique, des militants de l’association Alliance Citoyenne étaient présents pour appuyer ces jeunes femmes instrumentalisées. Alliance Citoyenne a perçu une somme de 80 000 dollars de la part de l’Open Society Foundations dans le cadre des « campagnes anti-discrimination » que mène l’OSF. Une aide qui vise à accompagner ce réseau militant pour en faire une organisation dotée d’une visibilité nationale. En 2016, au travers des comités Adama Traoré, on a vu la tentative de faire émerger en France le réseau « Black Live Matters ». Ce réseau communautariste noir importé des USA où il est financé de notoriété publique par l’Open Society. Ce collectif Adama Traoré a aussi tenté de se greffer aux Gilets jaunes afin de communautariser et de gauchiser les revendications des Gilets jaunes. Lors de la « manif pour tous » ce furent les interventions des femens qui étaient venu exacerber les tensions et échauffer les esprits à dessein. 

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Femen aux seins nus, intégriste voilée ou militant communautariste, chacun procède à sa manière de l’ingénierie sociale de la société ouverte et de ses techniques de triangulations politiques. Processus cybernétiques élaborés qui visent à faire monter les passions narcissiques communautaires para-politiques puis à les faire s’entrechoquer. Ceci afin de transformer les tensions sociales qui traversent nos sociétés en autant de pseudo-luttes qui s’annulent les unes les autres dans une guerre civile larvée et bientôt ouverte de tous contre tous.

osji.jpgAutre terrain d’influence majeure : la justice. Au travers de l’Open Society Justice Initiative (OSJI), les réseaux Soros fournissent un appui financier à de nombreuses initiatives d’ingérence dans le système judiciaire français. Par exemple dans le financement d’études sur les contrôles de police au faciès. Ainsi le programme « Profiling Minorities. A Study of Stop-and-Search Practices in Paris » réalisé en 2009 avec le soutien du CNRS. Il s’agit comme toujours d’utiliser des cas d’abus de pouvoir ou d’arbitraire policier afin de s’immiscer au sein des institutions d’un État et d’y faire de l’ingérence.

Plus problématique encore, les liens revendiqués entre le syndicat de la magistrature et l’Open Society. Le SM est le premier syndicat de magistrats à avoir vu le jour en France juste après mai 68, il défend depuis sa fondation des positions sociétales d’extrême gauche.

En juillet 2019, le syndicat de la magistrature participait à une table ronde à New-York organisée par l’Open Society et le Rapporteur spécial des Nations unies sur l’indépendance des juges et des avocats.

Cette collusion entre gauchisme militant et globalisme bancaire est par ailleurs une thématique que je documente longuement dans mes travaux. Cette proximité entre les « juges rouges » et le système mondialiste éclaire assez bien le laisser-faire pour les réseaux de passeurs et de traite des migrants comme celui de Cédric Herrou et la dureté des peines infligées aux membres de l’ONG Defend Europe.

Parmi les relais de Soros en France on retrouve aussi une partie importante du personnel politique français. Ceci sans compter ceux qui adhèrent au projet de société ouverte en tant que tel sans forcément être liés directement au réseau Open Society. Le piratage de fichiers internes de l’Open Society Foundations en 2016 (peu avant les élections américaines) avait permis la diffusion d’un document de l’OSF intitulé « Reliable allies in the European Parliament (2014-2019) » – (Alliés fiables au Parlement européen 2014-2019), document qui recensait 226 des 751 députés européens susceptibles d’être des relais fiables de l’Open Society. Comme le rapportait le journaliste indépendant Nicolas de Lamberterie : « les députés y étaient classés par pays mais aussi par commission et délégation étrangère, afin de mieux cibler les “alliés” de l’Open Society dans chaque commission. »

Parmi les eurodéputés français on retrouvait : Michèle ALLIOT-MARIE, Guillaume BALAS, Alain CADEC, Jean-Marie CAVADA (signalé comme en perte d’influence), Karima DELLI (notamment pour les questions des Roms, du « gender » et LGBT), Marielle DE SARNEZ, Sylvie GOULARD (second sous-gouverneur de la Banque de France, elle fût aussi « chargée du suivi de la Convention sur l’avenir de l’Europe présidée par Valéry Giscard d’Estaing visant à rédiger un projet de traité constitutionnel »), Sylvie GUILLAUME (les questions d’immigration, de lutte contre les populismes et de LGBT), Yannick JADOT, Eva JOLY, Alain LAMASSOURE, Édouard MARTIN, Élisabeth MORIN-CHARTIER (sur le « gender » et les droits de l’homme), Younous OMARJEE, Christine REVAULT d’ALLONNES BONNEFOY (notamment sur les questions de « gender » et d’immigration), Marie-Christine VERGIAT (notamment sur le « gender » et les droits des minorités).

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Breizh-info.com : Est-ce que l’on peut chiffrer les fonds qui sont mis en œuvre par ses équipes en terme d’influence ?

Pierre-Antoine Plaquevent : Pour 2020, le budget officiel de l’OSF est de 1,2 milliard de dollars. Les dépenses totales de l’OSF depuis sa création sont estimées quant à elles à plus de 15 milliards de dollars pour ses trois décennies d’activité. Cela donne une idée de l’ampleur démesurée des moyens dont dispose le réseau Open Society Foundations. George Soros a fait don à l’OSF depuis 1984 d’au moins 32 milliards de dollars sur sa fortune personnelle si on inclut les derniers 18 milliards de dollars qu’il a légués en 2017.

Le budget que l’Open Society consacrait à la seule question migratoire en 2018 était de 63,3 millions de dollars. En outre, en septembre 2016, George Soros promettait d’investir 500 millions de dollars de placements en actions dans des investissements qui bénéficient aux migrants.

Dans mon livre paru fin 2018, je comparais les sommes investies par l’OSF en matière d’immigration avec le budget de Frontex (l’agence pour la surveillance des frontières européennes) qui était évalué quant à lui à 300 millions d’euros pour 2017. L’ensemble des pays européens investissent donc moins pour la défense de leurs frontières maritimes que les moyens mis en œuvre par Soros, l’Open Society Foundations et l’ensemble de leurs soutiens privés. Cette puissance financière permet en outre d’effectuer d’importantes campagnes de lobbying en faveur des changements juridiques dans le droit international sur le statut des migrations. Comme ce fût le cas en amont du « Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières », le fameux « Pacte de Marrakech ».

Au vu des sommes investies depuis sa création, on peut considérer que l’Open Society Foundations est l’un des outils les plus puissants au monde en matière d’influence et d’ingérence.

Breizh-info.com : Ne faites-vous pas une fixation sur Georges Soros ?

41avii2E35L._AC_UL320_SR210,320_.jpgPierre-Antoine Plaquevent : Je ne crois pas, je pense plutôt que l’étude des réseaux, de l’action et de la pensée d’un George Soros est en fait un point d’entrée dans ce monde opaque et très fermé que Michel Geoffroy appelle « la super-classe mondiale » ou qu’un Steve Bannon désigne comme « le parti de Davos » (Davocratie). C’est cette classe de financiers hyper-riches qui impulse le mouvement d’ensemble à la forme politique occidentale actuelle ; ceci bien que des frictions réelles se manifestent entre certaines de ses différentes centrales de pouvoir, notamment depuis l’élection de Donald Trump. Cette hyper-classe globaliste constitue le sommet de la hiérarchie du pouvoir politique réel en Occident, c’est elle qui investit des moyens financiers colossaux afin d’orienter le destin des nations vers une intégration planétaire et une gouvernance globale transnationale.

L’action de ces personnes a un impact réel sur tous les aspects de nos vies, jusque dans nos familles qui sont soumises à une pression colossale pour les faire éclater, pour les « ouvrir ». Les ouvrir au divorce généralisé, à l’avortement de confort, à la drogue, à l’agenda LGBT, à la submersion migratoire, etc. Autant de domaines où l’Open Society et ses relais investissent tous les moyens possibles afin de transformer la société selon leurs vues. Je constate aussi que le grand public a besoin de personnaliser les phénomènes politiques pour mieux les cerner, Soros est ainsi devenu un symbole du mondialisme. De plus, même si George Soros est âgé, son nom est une marque et un ensemble de structures qui perdureront après sa mort. Même s’il est un vrai stratège avec une vue d’ensemble qui manquera au camp globaliste, ses héritiers travaillent déjà à sa succession comme son fils Alexander Soros. À rebours de tous leurs beaux discours égalitaristes et démagogiques, le pouvoir est bien souvent héréditaire dans les grandes familles mondialistes.

Breizh-info.com : Que répondez-vous à ceux qui trouvent des relents antisémites dans ce « Sorosbashing » ?

Pierre-Antoine Plaquevent : Je pense que c’est une accusation qui tombe à l’eau dans la mesure où de nombreux juifs attaquent Soros sur son prétendu antisémitisme (ce qui est exagéré à mon sens) et sur son manque de soutien voire son hostilité à l’égard d’Israël. Soros, en tant que juif de la diaspora, semble en fait assez réticent face à ce qu’il nomme lui-même le tribalisme juif. Une attitude ambivalente qui lui est souvent reprochée par les néo-conservateurs aux États-Unis mais aussi en Israël où il est la cible régulière des attaques de la droite et de Netanyahou qui accusent l’Open Society d’affaiblir l’État israélien. Dans cet esprit, Avigdor Eskin – un activiste sioniste ultra qui est aussi un analyste politique engagé – expliquait récemment que les accusations de corruptions portées contre Benjamin Netanyahou en Israël seraient le fruit d’une campagne de déstabilisation menée en Israël par Soros et ses réseaux en raison de la politique de contrôle des flux migratoires que cherche à mener Benjamin Netanyahou. Eskin accuse même Soros d’être selon ses dires : « un ennemi systémique d’Israël ».

L’affaire Epstein fût à ce titre un bon indicateur de cette friction entre une gauche « sorosienne » globaliste et une droite néo-occidentaliste philo-sioniste. Dès 2015, Trump avait ainsi attaqué Bill Clinton sur sa fréquentation assidue de Jeffrey Epstein et de ses « prestations ». Dès qu’Epstein fût suspecté de détournements de mineures, Donald Trump se rapprocha ainsi de Bradley Edwards, l’avocat des jeunes victimes. Bradley Edwards affirma même que Trump fût le seul « people » à avoir agi de la sorte et que sa collaboration lui fût précieuse.

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On connaît par ailleurs la proximité d’Epstein avec Ehud Barak, proximité qui a été révélé par les photos du Daily Mail où l’on peut voir Ehud Barak « entrant dans la résidence de Jeffrey Epstein à New York en 2016, le visage partiellement caché, et d’autres de jeunes femmes pénétrant le même jour dans la résidence. » Ehud Barak qui annonçait fin juin 2019 « la fin de l’ère Netanyahu », se retrouvait ainsi propulsé comme amateur de filles mineures en pleine une du Daily Mail, le deuxième quotidien britannique en nombre de ventes. Ceci au plus fort des tensions sur le Brexit durant l’été 2019. Brexit soutenu par l’administration Trump contre les euro-globalistes sorosiens. Ehud Barak est en outre régulièrement accusé par la droite israélienne d’être soutenu par Soros et ses relais israéliens. Netanyahu fût ainsi le premier ravi des révélations sordides sur Ehud Barak. Révélations qui survinrent peu avant les récentes élections législatives israéliennes qui s’annonçaient et qui furent difficiles pour le Likoud.

On voit ici un axe Trump-Netanyahu se confronter à une gauche internationale Clinton-Epstein-Barak-Soros. Et ça n’est que le point le plus saillant de cette confrontation, car sur les questions de société les plus clivantes comme l’avortement, le communautarisme LGBT ou l’identité nationale, ces deux orientations du monde occidental se font face et divergent toujours plus.

À la fin de mon étude sur les réseaux Soros je parlais d’une « unité et scission au sein du judaïsme politique », cette ligne de tension n’a fait que s’accroître depuis.

Daniel_Pipes.jpgCette ligne de fracture traverse tout l’Occident contemporain et voit se confronter juifs de gauche internationalistes, cosmopolites et sorosiens face aux juifs de droite conservateurs et sionistes. Dans un article au titre explicite (« Europe’s Jews vs. Israel »), le très influent néo-conservateur Daniel Pipes va jusqu’à parler d’une « opposition frontale entre l’État d’Israël et l’establishment juif européen ». Daniel Pipes accuse la gauche juive de la diaspora de refuser l’alliance que devraient faire les juifs avec les conservateurs et les populistes occidentaux (qu’il appelle des civilisationnistes) ; alliance qui permettrait de contrer les ennemis d’Israël et de l’Occident que sont la gauche et l’Islam. Avec des mots très durs à l’égard des juifs d’Europe, Daniel Pipes parle d’une bataille « opposant le puissant État d’Israël à de petites communautés juives en voie de disparition ». Soros est très représentatif de ces juifs de gauche non territorialisée qui se soucient plus de leur avenir en tant que diaspora que de l’avenir d’Israël et de ses soutiens occidentaux. Je parle assez longuement dans mon étude de cette dialectique qui existe entre nationalisme sioniste et cosmopolitisme « sorosien ».

C’est sur cette ligne de convergence entre civilisationnistes occidentaux et sionistes israéliens que se tenait à Rome début février la National Conservatism Conference. Forum qui réunissait certains des ténors des droites conservatrices européennes autour du philosophe et théoricien politique israélien Yoram Hazony. Hazony qui est aussi le président de l’Institut Herzl à Jérusalem, un think tank sioniste qui se donne pour objectif de : « contribuer à la revitalisation du peuple juif, de l’État d’Israël et de la famille des nations (NDA : les non-juifs) par une rencontre renouvelée avec les idées fondatrices du judaïsme. » Cette conférence de Rome souhaitait dessiner les contours d’une forme d’internationale des conservateurs occidentaux philo-israéliens.

Pour ma part, à force d’étudier la problématique du rapport entre l’idéologie globaliste et le judaïsme, je pense la comprendre de manière finalement assez simple. Comme tous les groupes humains, le judaïsme est traversé par des courants politiques divers, parfois convergents, parfois contradictoires. Je parle ainsi d’un judaïsme politique comme on parle d’islam politique ou de christianisme politique. Le judaïsme politique est composite mais ses différents courants ont des conséquences très concrètes sur le terrain politique comme toutes les idéologies. C’est le domaine de la théopolitique ; domaine qui est un champ du savoir essentiel pour appréhender la nature profonde des conflits qui déchirent l’humanité contemporaine. À ce titre, je cite dans la dernière partie de mon livre les travaux du chercheur juif Michael Löwy sur le messianisme politique et la mystique de la fin de l’État dans le judaïsme, des travaux passionnants et essentiels. Michael Löwy y démontre les liens qui unissent l’utopie cosmocratique avec certaines récurrences religieuses archaïques issues du judaïsme chez des auteurs et des militants que l’on n’imaginerait pas être des personnalités religieuses au sens que ce terme recouvre dans l’acception commune. Un état d’esprit qu’il décrit comme « utopique/millénariste moderne ». Je pense pour ma part que George Soros est marqué dans son héritage familial par cette forme de messianisme millénariste sécularisé.

Lui-même ira jusqu’à évoquer l’idée que ce messianisme puisse être le moteur psychologique profond de son action sur le monde :

« À dire vrai, je porte en moi depuis l’enfance certains puissants fantasmes messianiques. Fantasmes que j’ai toujours senti devoir contrôler sans quoi je risquais de finir dans un asile de fous. Mais après m’être fait une place dans le monde, j’ai voulu leur laisser libre cours dans la mesure où je pouvais me le permettre. »

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Il fait par ailleurs l’aveu étonnant de l’antisémitisme supposé de sa propre mère : « ma mère était antisémite et honteuse d’être juive (…) Étant donné la culture dans laquelle nous vivions, être juif était une stigmatisation, un désavantage, un handicap. Dès lors il y avait toujours le désir de transcender cette appartenance, de lui échapper. » (cf. « The world according to Soros », Connie Bruck) mais il affirme aussi par ailleurs que son identité juive est fondatrice de sa vision du monde cosmopolite : « Je suis également conscient que je porte une part d’utopie juive dans ma façon de penser. Mes fondations me rattachent à cette tradition. » et écoutez bien ce passage significatif : « Voilà pourquoi le concept de l’union européenne me passionne tellement. Là toutes les nations sont minoritaires, et c’est la raison qui fait que ce projet me tient à cœur. (…) Donc, pour répondre à votre question initiale – mes opinions ont-elles quelque chose à voir avec mon héritage juif ? – je dirais oui, sans hésiter. Et je ne vois pas en quoi cela poserait un problème. » (Le Défi de l’argent – George Soros, 1995).

D’une certaine manière, comme de nombreux juifs athées et acculturés (il se dit athée), George Soros est pris dans un piège psychologique qui l’empêche de pleinement s’identifier à sa communauté d’origine tout en l’empêchant de se fondre pleinement dans l’identité européenne et chrétienne (même sécularisée). Je peux me tromper mais il me semble que son zèle missionnaire cosmopolite incessant peut être vu comme une fuite perpétuelle de ce tiraillement identitaire qui le taraude depuis l’enfance et dont il a hérité de par sa famille. C’est un schème récurrent de l’identité juive à travers les âges ; cet affrontement interne au judaïsme qui ne cesse de se polariser entre tribalisme racial et universalisme radical. Une identité juive toujours tiraillée entre assimilation aux nations et affirmation radicale de sa spécificité voire de sa supériorité.

Sur les rapports entre national-conservatisme et judaïsme politique, je renvoie vos lecteurs à notre e-book strategika : Notre-Dame, Al Aqsa et le troisième Temple. La géopolitique des religions et à l’article : Pompeo, Soros et l’Iran : de la nécessité vitale d’un souverainisme non-aligné.

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Propos recueillis par YV

Crédit photo : DR
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jeudi, 05 mars 2020

PRÓLOGO A “LOS PROTOCOLOS DEL SACRO IMPERIO”

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PRÓLOGO A “LOS PROTOCOLOS DEL SACRO IMPERIO”

Eduard Alcántara

Ex: https://septentrionis.wordpress.com

Nos resulta tarea inaplazable la de sentar las bases de un proyecto de Europa que supere, hasta en sus más nimios supuestos, el conglomerado agónico y servil en que se ha convertido buena parte de nuestro continente y en el que se han, asimismo, sumido, esas tierras extraeuropeas habitadas por gentes de matriz indoeuropea. Por ello encontramos, además de muy acertado en sus planteamientos, muy oportuna la elaboración de estos Protocolos.

51FF1S9UVeL._SX331_BO1,204,203,200_.jpgEn su elaboración se han tocado, a nuestro parecer, todas las teclas que se debían de tocar: desde las bases socio-políticas en que deberá asentarse esa nueva Europa, que no soslaya cuál será su organización territorial-administrativa, pasando por la geoestrategia que deberá hacer propia, continuando por hasta cuál será la heráldica que deberá representarlo y acabando por tratar la que deberá ser su posición en el tema de la Trascendencia.

Compartimos el espíritu, la letra y el contenido de estos Protocolos y nos adherimos a ellos en todos los ámbitos tratados. Y como no se trata de resultar reiterativos con respecto a lo desarrollado en los mismos nos hemos hecho el propósito de centrarnos, especialmente, en una cuestión: la Espiritual. Y lo hemos decidido así por considerar ésta como la basilar si es que uno pretende plantearse una regeneración sustancial, real y digna de ser considerada como algo más que un simple parche puesto al estado paupérrimo y desolador en el que halla subsumida la gens europoide y al estado degradado de todas sus (en ocasiones no tan suyas) creaciones políticas, jurídicas, sociales, económicas, “culturales”,…

Hemos de tener siempre bien diáfana la idea de que toda institución, estructura y/u organización política, jurídica, social, económica y toda deriva cultural son siempre la consecuencia de una determinada manera de contemplar, entender, percibir y vivir la existencia. Son siempre el fruto de una determinada visión del mundo y de la vida. Son, en definitiva, el producto de una cosmovisión concreta. Pueden ser la consecuencia (tal cual acontece en estos destartalados, desangelados e inorgánicos tiempos agónicos y terminales por los que estamos transitando) de atisbar, sentir y vivir la existencia bajo supuestos de corte positivista, utilitarista, reduccionista, relativista y materialista o, por el contrario, pueden ser el reflejo de una concepción Superior del hombre y de la existencia, que no se ve -por tanto- amputada en su dimensión Trascendente y que postula valores eternos e inmutables.

Si la Europa desnortada, atribulada y alienante que pretendemos subvertir es la del triunfo de la Materia no queda otra que alzar la bandera del Espíritu para voltearla íntegramente. Ninguna alternativa que no contemple al hombre como portador no sólo de un compuesto psíquico-físico sino también de una dimensión Trascendente no debemos considerarla como auténtica e integral alternativa sino como parcheamiento que no hará más que alargar la situación decrépita y crepuscular que estamos padeciendo pero que en ningún caso habrá dado con las claves que explican el porqué del estado de decadencia y postración coetáneos. Podemos, labor titánica por otro lado, conseguir cambiar el actual armatoste político por otro que nos resulte orgánico, jerárquico y antiigualitarista. Podemos, aunque de conseguirse resultaría admirable, reemplazar las relaciones y los engranajes sociales actuales basados en criterios económicos por otros de índole comunitario y gremial-corporativo. Podemos, asimismo, sustituir el sistema capitalista-financiero por otro basado en el trabajo y la producción y no en la usura y en la especulación. Podemos, en definitiva, llevar a cabo una revolución en estos tres órdenes (político, económico, social), pero ésta acabará languideciendo debido a que nunca habrá traspasado el dominio de lo material y del plano mundano de la existencia. Al no estar anclada en una cosmovisión metafísica de la vida y de la existencia la revolución irá deshaciéndose como un terrón de azúcar en un vaso de agua, pues el hombre que la habrá hecho triunfar, el hombre que (por la lucha de otros) de ella se beneficie o el hombre que herede sus frutos no vivirá cada cotidiano actuar suyo como una especie de rito que lo aúne con lo Superior y Sacro, pues la revolución no habrá partido de premisas Espirituales, sino que su adhesión a los logros de la Revolución sólo partirá de su voluntad y ésta puede variar como lo hace aquella voluble psique autónoma que no está subordinada a una dimensión Superior a ella cual es la del Espíritu. El Espíritu es permanente, eterno e inmutable y, por ello, el alma-psique supeditada a aquél está informada por valores permanente y no fluctuantes. Y permanentes y no fluctuantes será la voluntad que en ella anide, así como la adhesión y la fidelidad a los principios de la revolución. Una mente autónoma, sin cordón umbilical que la une al Espíritu, irá cayendo, con mayor o menor celeridad, en la inercia del egoísmo, del individualismo y del consumismo y estos “ismos” acabarán dando al traste con aquel tipo de ordenamiento social orgánico y comunitario conquistado por la Revolución incompleta que se olvidó del plano de lo Trascendente, y acabarán desembocando, de nuevo, en un sistema capitalista que se alimenta de ellos (de los dichos “ismos”).

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Debe quedar, pues, claro que tanto en el Hombre nuevo que sea el propio de ese Sacro Imperio como en la concepción, vertebración y constitución de este último se debe establecer una jerarquización irrenunciable que tiene en su cúspide al Espíritu, por debajo de éste al alma-psique o mente en el hombre y al elemento cultural en el Imperio y en el plano inferior el cuerpo en el ser humano y la organización económica y social en el dicho Imperio.

Tras haber repasado estas premisas creemos llegado el momento de relacionarlas con lo redactado en estos Protocolos a los que se nos ha concedido el privilegio de prologar.

Así, en el Protocolo I, titulado “Proclama para el despertar de Europa”, se realiza la siguiente declaración de principios …opinamos que la misma representa la clave de bóveda de cualquier ulterior desarrollo y/o enumeración de principios:

“Nosotros somos herederos de una Idea perenne y multisecular que trasciende los tiempos”.

No puede, por menos, que venirnos a la mente aquel aserto que Julius Evola incluía en el capítulo VIII de “Orientaciones” cuando afirmaba que “es en la Idea donde debe ser reconocida nuestra verdadera patria.”

Con ello debe expresarse la asunción de que todo ordenamiento humano y todo discurrir en este mundo debe asentarse siempre en la certidumbre de la existencia de un Principio Supremo (la Idea) eterno e inmutable que se halla en el origen de todo el mundo manifestado y en la certidumbre de que el cosmos que de dicho Principio emana se halla constituido y compenetrado por unas fuerzas sutiles y sacras (macrocosmos) que lo vertebran y armonizan y que cualquier construcción política aquí abajo (en el microcosmos) debe ser fiel reflejo del orden (el Ordo del que se hablaba en el Medievo o el Rita del hinduismo) que rige allá en lo alto (en el macrocosmos), por lo cual el Imperium debe ser considerado, desde la óptica de la Tradición, como la forma más fidedigna de implantar, en el plano terrenal, el Orden de los mundos celestes. Un tal Imperium, así, debe recibir el atributo de Sacro.

Así mismo comentábamos que todo discurrir en este mundo debe asentarse siempre en la certidumbre de la existencia del mencionado Principio Supremo, por lo cual el hombre debe ritualizar y sacralizar todo acaecer de su cotidianidad ya que su accionar debe estar en consonancia y en sintonía con el equilibrio y la armonía que rigen lo Alto.

Por igual motivo se deben sacralizar todo tipo de celebraciones (estacionales, agrícolas,…), pues son recuerdo y recreación de los tempos de formación del mundo manifestado y de los ritmos cósmicos. La ritualización de esas celebraciones contribuye a la armonía, al equilibrio y a la interconexión de todo el entramado cósmico.

Volviendo al concepto de la Idea reseñado en este primer Protocolo escribíamos en cierta ocasión, con el propósito de aunarlo con la institución del Imperium, que “la Idea (en el sentido Trascendente) sería el eje alrededor del cual giraría todo un entramado armónico. Una Idea que a lo largo de la historia de la humanidad ha ido revistiéndose de diferentes maneras. Una Idea que -rastreando la historia- toma, por ejemplo, cuerpo en lo que simbolizaba la antigua Roma. Y Roma representará a dicha Idea de forma muy fidedigna. La Idea encarnada por Roma aglutinará a su alrededor multitud de pueblos diversos que, conservando sus especificidades, participarán de un proyecto común e irán dando cuerpo a este concepto de orden en el microcosmos que representa la Tierra. Estos pueblos dejarán de remar aisladamente y hacia rumbos opuestos para, por contra, dirigir sus andaduras hacia la misma dirección: la dirección que oteará el engrandecimiento de Roma y, en consecuencia, de la Idea por ella representada. De esta manera Roma se convertirá en una especie de microcosmos sagrado en el que las diferentes fuerzas que lo componen actuarán de manera armoniosa al socaire del prestigio representado por su carácter sacro (por el carácter sacro de Roma). Así, el grito del Roma Vincis coreado en las batallas será proferido por los legionarios con el pensamiento puesto en la victoria de las fuerzas de lo Alto; de aquellas fuerzas que han hecho posible que a su alrededor se hayan unido y ordenado todos los pueblos que forman el mundo romano, como atraídos por ellas cual si de un imán se tratase.” (1)

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Como sea que en nuestra cita se ha hecho directa alusión a la antigua Roma como buen paradigma de esta idea sacra imperial no estará por menos, con el objeto de ir afinando y perfilando mejor pormenores de esta concretización histórica del Imperium, que acabemos reproduciendo otros desarrollos que de ello hicimos:

“Roma aparece, se constituye y se desarrolla en el seno de lo que multitud de textos Tradicionales definieron como Edad de Hierro, Edad del Lobo o Kali-yuga. Edad caracterizada por el mayor grado de caída espiritual posible al que pueda arribar el hombre: por el mayor nivel de oscurecimiento de la Realidad Trascendente. Roma representa un intento heroico y solar por restablecer la Edad Áurea en una época nada propicia para ello. Roma nada contracorriente de los tiempos de dominio de lo bajo que son propios de la Edad de Hierro. Es por ello que, tras el transcurrir de su andadura histórica, cada vez le resultará más difícil que la generalidad de sus ciudadanos sea capaz de percibir su esencia y la razón metafísica de su existencia (las de Roma). Por ello -para facilitar estas percepciones sacras- tendrá que encarnarlas en la figura del Emperador; el carácter sagrado del cual -como sublimación de la naturaleza sacra de Roma- ayudará al hombre romano a no olvidar cuál es la esencia de la romanidad: la del Hecho Trascendente. Una esencia que conlleva a la sacralización -a través de ritos y ceremonias- de cualquier aspecto de la vida cotidiana, de cualquier quehacer y, a nivel estatal, de las instituciones romanas y hasta de todo el ejercicio de su política.

Con la aparición de la figura del Emperador Roma traspasa el umbral que separa su etapa republicana de la imperial. Este cambio fue, como ya se ha señalado, necesario, pero ya antes de dicho cambio (en el período de la República) Roma representaba la idea de Imperium, por cuanto la principal connotación que, desde el punto de vista Tradicional, reviste este término es de carácter Trascendente y la definición que del mismo podría realizarse sería la de una unidad de gentes alrededor de un ideal sacro. Por todo lo cual, tanto la República como el Imperio romanos quedan incluidos dentro de la noción que la Tradición le ha dado al vocablo Imperium.

Así las cosas la figura del Emperador no podía no estar impregnada de un carácter sagrado que la colocase al nivel de lo divino. Por esto, el César o Emperador estuvo siempre considerado como un dios que, debido a su papel en la cúspide piramidal del Imperio, ejercía la función de ´puente´ o nexo de unión entre los dioses y los hombres. Este papel de ´puente´ entre lo divino y lo humano se hace más nítido si se detiene uno a observar cuál era uno de los atributos o títulos que atesoraba: el de Pontifex; cuya etimología se concreta en ´el hacedor de puentes´. De esta manera el común de los romanos acortaba distancias con un mundo del Espíritu al que ahora veía más cercano en la persona del Emperador y al que, hasta el momento de la irrupción de la misma -de la figura del Emperador-, empezaba a ver cada vez más alejado de sí: empezaba a verlo más difuso debido al proceso de caída al que lo había ido arrastrando el deletéreo kali-yuga por el que transitaba.

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Los atributos divinos del Emperador respondían, por otro lado, al logro interno que la persona que encarnaba dicha función había experimentado. Respondían a la realidad de que dicha persona había transmutado su íntima naturaleza gracias a un metódico y arduo trabajo interior que se conoce con el nombre de Iniciación. Este proceso puede llevar (si así lo permiten las actitudes y aptitudes del sujeto que se adentra en su recorrido) desde el camino del desapego o descondicionamiento con respecto a todo aquello que mediatiza y esclaviza al hombre, hasta el Conocimiento de la Realidad que se halla más allá del mundo manifestado (o Cosmos) y la Identificación del Iniciado con dicha Realidad. Son bastantes los casos, que se conocen, de emperadores de la Roma antigua que fueron Iniciados en algunos de los diferentes Misterios que en ella prevalecían: de Eleusis, mitraicos,… Así podríamos citar a un Octavio Augusto, a un Tiberio, a un Marco Aurelio o a un Juliano.
La transustanciación interna que habían experimentado se reflejaba no sólo en las cualidades del alma potenciadas o conseguidas sino también en el mismo aspecto externo: el rostro era fiel expresión de esa templanza, de ese autodominio y de ese equilibrio que habían obtenido y/o desarrollado. Así, el rostro exhumaba gravitas y toda la compostura del emperador desprendía una majestuosidad que lo revestían de un hálito carismático capaz de aglutinar entorno suyo a todo el entramado social que conformaba el orbe romano. Asimismo, el aura espiritual que lo impregnaba hacía posible que el común de los ciudadanos del Imperio se sintiese cerca de lo divino. Esa mayoría de gentes, que no tenía las cualidades innatas necesarias para emprender las vías iniciáticas que podían hacer posible la Visión de lo metafísico, se tenía que conformar con la contemplación de la manifestación de lo Trascendente más próxima y visible que tenían a su alcance, que no era otra que aquélla representada por la figura del Emperador. El servicio, la lealtad y la fides de esas gentes hacia el Emperador las acercaba al mundo del Espíritu en un modo que la Tradición ha definido como de ´por participación´.” (2)

Este recorrido y análisis por la Roma antigua debe ser completado y compenetrado por otro. Así, la concretización histórica del Imperium se podrá cotejar en más de un caso y ayudará a tener un conocimiento más completo acerca de cuáles pueden ser los ejes y los modelos que contribuyan a que el Sacro Imperio perseguido por estos Protocolos sea concebido y entendido de la manera más fidedigna posible. Por estos motivos no vamos a privarnos de recordar lo que en su día expusimos acerca del Sacro Imperio Romano Germánico que floreció en la Edad Media y que “que nació con la vocación de reeditar al fenecido, siglos antes, Imperio Romano y convertirse en su legítimo continuador” (no en vano se apela, en el artículo 15º del Capítulo II del Protocolo II, al “milenario anhelo de unidad, nacido ya con el Sacro Imperio medieval”):

“El título de ´Sacro´ ya nos dice mucho acerca de su fundamento principal. También, en la misma línea, es clarificador el hecho de que el emperador se erigiera en cabeza de la Iglesia; unificando además, de esta manera, en su cargo las atribuciones o funciones política y espiritual.

De esta guisa el carisma que le confiere su autoridad espiritual (amén de la política) concita que a su alrededor se vayan uniendo reinos y principados que irán conformando esta idea de un Orden, dentro de la Cristiandad, que será el equivalente del Orden y la armonía que rigen en el mundo celestial y que aquí, en la Tierra, será representado por el Imperium.

La legitimidad que su carácter sagrado le confiere, al Sacro Imperio Romano Germánico, es rápidamente reconocida por órdenes religioso-militares que, como es el caso de la del Temple, son dirigidas por una jerarquía (visible u oculta) que conoce de la Iniciación como camino a seguir para experimentar el ´Segundo Nacimiento´, o palingénesis, que no es otro que el nacimiento al mundo del Espíritu. Jerarquía, por tanto, que tiene la aptitud necesaria para poder reconocer dónde se halla representada la verdadera legitimidad en la esfera espiritual: para reconocer que ella se halla representada en la figura del emperador; esto sin soslayar que la jerarquía templaria defiende la necesidad de la unión del principio espiritual y la vía de la acción –la vía guerrera- (complementariedad connatural a toda orden religioso-militar) y no puede por menos que reconocer esta unión en la figura de un emperador que aúna su función espiritual con la político-militar.

Para comprender aún mejor el sentido Superior o sagrado que revistió el Sacro Imperio Romano Germánico se puede reflexionar acerca de la repercusión que tuvo el ciclo del Santo Grial en los momentos de mayor auge y consolidación de dicho Imperio. Una repercusión que no debe sorprender a nadie si nos atenemos a los importantes trazos iniciáticos que recorren la saga griálica y a cómo se aúnan en ella lo guerrero y lo sacro en las figuras de unos caballeros que consagran sus vidas a la búsqueda de una autorrealización espiritual simbolizada en el afán mantenido por hallar el Grial” (3)

En el Artículo 3º del Capítulo I del Protocolo V se nos recuerda que “El Sacro Imperio se mantuvo como entidad predominante en Europa durante mil años hasta que en 1806 fue disuelto por Napoleón contra toda legitimidad.” (4)

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En el Protocolo I se explica que “la Idea no es propiedad de ningún régimen político sino de una Fuerza independiente del tiempo”. Y no se piense que se habla en abstracto, que se lanzan ocurrentes sentencias para rodear esta obra de cierto halo dilettante. No es así. Esa Fuerza no es otra que la que hace de la Tradición algo vivo y cargado de un sentido Superior. Es por ello que en el Protocolo VI, dedicado a “Religión y Espiritualidad”, se propugna una “religiosidad que contempla el Mundo como expresión de una Fuerza sagrada, de un Espíritu que es increado, absoluto y eterno, de un Dios Incognoscible al cual veneramos sin temor pero con respeto.”

Así, Julius Evola nos legó esta definición: “En su significado verdadero y vivo, Tradición no es un supino conformismo a todo lo que ha sido, o una inerte persistencia del pasado en el presente. La Tradición es, en su esencia, algo metahistórico y, al mismo tiempo, dinámico: es una fuerza general ordenadora en función de principios poseedores del carisma de una legitimidad superior -si se quiere, puede decirse también: de principios de lo alto-, fuerza que actúa a lo largo de generaciones, en continuidad de espíritu y de inspiración, a través de instituciones, leyes, ordenamientos que pueden también presentar una notable variedad y diversidad”. (5)

¿Y de dónde proviene esta Fuerza? Pues de lo Alto. Entiéndase, pues, que “las esencias del Mundo Tradicional emanan de de lo Alto; de lo que eleva al Hombre y lo transforma realmente por dentro, liberándolo de las ataduras y condicionamientos que más lo esclavizan: pasiones, egos engordados, impulsos incontrolados, pulsiones incontrolables, sentimentalismos turbadores del ánimo, bajos instintos,… Una alternativa auténtica al materialismo (verdadero meollo del Sistema) no puede pensarse si no es en base a una cosmovisión de corte metafísico; esto es, Tradicional.” (6)

Nos ha parecido muy acertada esa fórmula que, en el Protocolo I, habla de “Hombres contra el tiempo”, porque de ella se extraen múltiples enseñanzas, como la de que ese Hombre va ineludiblemente ligado a las Civilizaciones del Ser y no a las Civilizaciones del Devenir. El Sacro Imperio es el Imperio del Ser. Es el Imperio penetrado hasta el tuétano por la Luz del Espíritu. Es el Imperio asentado en lo Inmutable, Eterno e Imperecedero. Es el Imperio que insufla valores eternos a todos los que forman parte de él. Las Civilizaciones del Devenir, por el contrario, se sustentan en la perecedera materia, en los cambiantes impulsos de la psique y en los arrebatos pasajeros …son, pues, civilizaciones inestables que aunque parezcan todopoderosas, por lo asfixiantes y represivas que resultan, no son más que gigantes con pies de barro.

De esa fórmula también se extraen enseñanzas como la de que son Hombres Integrales los que emergerán al albor del Sacro Imperio. Son Hombres que serán señores de sí mismos y que enarbolarán valores tales como el de la lealtad, la fidelidad, el espíritu de servicio y sacrificio, el heroísmo, el equilibrio interior, la gravedad (tal como, p. ej., entendían la gravitas los antiguos romanos), la derechura interna, el honor o, más aún, el pundonor.  Finiquitarán, pues, esos hombres esclavos de sus pasiones desaforadas, de sus impulsos exacerbados, de sus emociones incontroladas y de sus bajos instintos. Se acabarán esos hombres vulgares, propios de los tiempos crepusculares en los que nos agitamos vermicularmente, carentes de personalidad y que se mueven por los innumerables estímulos externos a que son sometidos y que los convierten en presa fácil del más alienante consumismo, del más obsesivo pansexualismo y del más monstruoso materialismo. Ese hombre fugaz y variable ya no encontrará lugar alguno en el seno del Sacro Imperio.

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A ese hombre fugaz lo pretendimos situar y definir cuando, hace un tiempo, comentábamos que “si la Edad de Oro equivale al Mundo de la Tradición Primordial y puede ser calificada como la Edad del Ser y de la Estabilidad (de ahí su mayor duración) las restantes edades comportan la irrupción de un mundo moderno que puede, a su vez, ser denominado como mundo del devenir y del cambio (de ahí la cada vez menor duración de sus sucesivas edades). En verdad, no en balde, se puede constatar que en los últimos 50 años la vida y las costumbres han cambiado mucho más de lo que habían cambiado en los 500 años anteriores. Los traumáticos conflictos generacionales que se sufren, hoy en día, entre padres e hijos no se habían dado nunca en épocas anteriores (al menos con esta intensidad) debido a que los cambios en gustos, aficiones, hábitos y costumbres se sucedían con más lentitud. Los cambios bruscos, frenéticos y continuos propios de nuestros tiempos han dado lugar a lo que Evola definió como ‘el hombre fugaz’. Hombre fugaz que es el propio de la fase crepuscular por la que atraviesa la presente Edad de Hierro, caracterizada (esta fase) no ya por la hegemonía del Tercer ni del Cuarto Estado o casta (léase burguesía y proletariado) sino por la del que, con sagacidad premonitaria, Evola había previsto, pese a no haber vivido, como preponderancia del Quinto Estado o del financiero o especulador propio del presente mundo globalizado, gregario y sin referentes de ningún tipo. Este sujeto hegemónico en el Quinto Estado equivaldría al paria de las sociedades hindúes que no es más que aquél que ha sido infiel, innoble y disgresor para con su casta y ha sido expulsado del Sistema de Castas para convertirse en alguien descastado y sin tradición ni referentes. El hombre fugaz no se siente jamás satisfecho, vive en continua inquietud y convulsión. Su vacío existencial es inmenso y nada le llena. Intenta distraer dicho vacío con superficialidades, por ello su principal objetivo es poseer, tener y consumir compulsivamente. Cuando consigue poseer algo enseguida se siente insatisfecho porque ansía poseer otra cosa diferente, de más valor económico o de mayor apariencia para así poder impresionar a los demás. Y es que el mundo moderno es el mundo del tener y aparentar, en oposición del Mundo Tradicional que lo es del Ser. Este hombre fugaz se mueve por el ‘aquí y ahora’, pues lo que desea lo desea inmediatamente, no puede esperar. Su agitación no le permite pensar en el mañana.” (7)

Es ante este despojo, cual es el hombre fugaz, ante el que se erige el Hombre Integral. Ese hombre que es capaz de gobernarse a sí mismo porque no depende de los inputs que le pretenden inocular desde afuera. Ese hombre que es consciente, tal como se afirma en el Protocolo I, de que “nuestra fuerza creadora reposa en nosotros y que de nosotros depende dominar la vida” …y no ser dominados por ella.

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En la conclusión del primer Protocolo se nos recuerda esa sentencia vertida por Nietzsche (8) que rezaba así: “Mirémonos de frente: Somos hiperbóreos”.  Y es que resulta esencial ser conscientes de que nuestro Sacro Imperio no será nunca un imperio cosmopolita ni mundialista sino un Imperio cimentado en un hombre concreto, el hombre descendiente de los indoeuropeos de antaño. De los indoeuropeos que vivieron acorde a los parámetros propios del Mundo de la Tradición y que eran portadores de una manera determinada de concebir el Hecho Trascendente que en poco o nada se asemejaba a la que sostenían (y sostienen) otros grupos antropológicos para los cuales no vemos propio el tipo de Imperio Sacro objeto de nuestro estudio y objeto del proyecto presentado en el trabajo que estamos teniendo a bien prologar.

No se trata, en consecuencia, de aspirar a edificar un Imperio sobre una basa inconcreta. No se trata de construir un Imperio sobre el hombre abstracto que el liberal-individualismo ha excretado. No sobre un hombre vaciado de contenido, sin identidad ni referentes. No sobre un hombre intercambiable por cualquier otro del Planeta. No sobre un individuo atomizado sino sobre un hombre concreto, con cara y ojos. Así, leemos en el artículo 14º del Capítulo II del 2º Protocolo que “el Sacro Imperio (…) busca integrar a los pueblos europeos en un solo concepto sagrado sobre la base de la Tradición ancestral y de la identidad étnica.”

Los indoeuropeos de antaño eran, a su vez, los descendientes de los hiperbóreos (o pueblos boreales) aludidos por Nietzsche.

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Para una óptima comprensión, de parte del lector, de este origen hiperbóreo de las gentes indoeuropeas no creemos que esté de más el reproducir algunos fragmentos de nuestro “Prólogo a Rivolta contro il mondo moderno”, tales como los que siguen:

“El mito y las tradiciones y textos sacros nos hablan de un cataclismo, en forma de inhóspita glaciación, que asoló de manera especialmente cruda las latitudes septentrionales de la Tierra. Se trataría del final del benigno -climáticamente hablando- período interglacial propio del geológico pleistoceno. Dichos textos correlacionan -y hacen derivar- esa catástrofe con una caída espiritual de nivel que se habría, pues, reflejado, exteriormente, en la irrupción de esas terribles heladas. Como consecuencia de ellas los hombres boreales hubieron de abandonar su hogar circumpolar y desplazarse hacia el sur, estableciéndose en tierras del norte de Europa y, posteriormente (una vez ya finiquitado el pleistoceno y, por tanto, discurriendo el holoceno -la etapa geológica postglacial por la que, a día de hoy, seguimos transitando) descendiendo hacia el centro de la Península Escandinava, dando, entonces, origen al urheimat -o lugar originario-indoeuropeo. A partir de este momento ya sí se puede hablar de este tronco antropológico y de su correspondiente lengua (el indoeuropeo originario). Este pueblo se desplaza algo más hacia el sur de la actual Suecia dando forma, ya en el llamado Neolítico, a la cultura de Ertebolle-Ellenberck, que es considerada como la vagina gentum de los pueblos indoeuropeos, esto es, la cultura y el enclave a partir de los cuales estos pueblos se irán diversificando y desplazando hacia destinos geográficos diversos. Así, también hacia el sur de la actual Suecia florecería la ‘cultura de los vasos de embudo’, para posteriormente, continuando con estos flujos de poblaciones indoeuropeas, constituirse -hacia zonas no alejadas del Mar del Norte y, sobre todo, del mar Báltico- la ‘cultura de los vasos globulares’ y, tras ésta, la de la ‘cerámica cordada’; también conocida como la del ‘hacha de doble filo’. Siguiendo, desde su original enclave escandinavo, esa diagonal de la que nos habla Evola llegan a tierras de la actual Ucrania y, aquí, aparece la ‘cultura de los Kurganes’ o de los ‘túmulos’ (por ser en lo alto de éstos donde se depositaban en urnas las cenizas de los fallecidos). Posteriormente arribarán donde hoy en día se halla Irán y se constituirá la cultura irania, de cuya concepción del Hecho Trascendente representa insuperable testimonio su libro sagrado: el Avesta; del cual ya mencionamos su descripción estacional, fenomenológica y/o climática del hogar en el que se vivió la Edad de Oro y que no pudo ser otro que el polar y circumpolar de nuestro planeta …certidumbre que también se corrobora en los Vedas de esa India que igualmente alcanzaron después las gentes indoeuropeas; o, ya allí, indoarias.

El por algunos denominado como ‘el último gibelino’ -Evola- nos sigue explicando que desde aquellas tierras del norte de Europa, desde las que tuvo lugar este movimiento migratorio en diagonal que llega hasta la India, también acaeció, con posterioridad, un segundo flujo en dirección norte-sur encarnado en los aqueos y dorios que encontramos en los orígenes de la civilización griega o en los latinos que fundaron Roma. Asimismo nos habla de que, desde ese emplazamiento del norte europeo, aconteció, bastante después, la tercera y última emigración, también en sentido norte-sur, que sería la de los pueblos germánicos que acabaron, a partir del s. V d. C., invadiendo el Imperio Romano occidental: visigodos, francos, ostrogodos, lombardos, vándalos, suevos,…” (9)

Que el Sacro Imperio está indisociablemente ligado a un concreto tipo antropológico se reafirma en Protocolo VI cuando, en su cuarto artículo, se lee que “creemos en la Tradición Indoeuropea que nos habla del concepto de lo divino y trascendente, nos enseña nuestros principios éticos, nuestras costumbres sociales y nuestros ritos y ceremonias familiares o públicos.”

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En la “Exhortación final” al Protocolo I se nos advierte que si aspiramos a constituir el Sacro Imperio “es tiempo de poner la economía al servicio de la política”. Sólo en la antítesis al Mundo de la Tradición, cual es el mundo moderno, se ha podido la economía erigir en la rectora de la sociedad. La política se ha sojuzgado a ella. El demon de la economía lo anega todo. Las castas que en el Mundo Tradicional se hallaban situadas en las franjas inferiores de la pirámide social se han ido arrogando el papel rector en el mundo moderno. Primero, con la irrupción del capitalismo, fueron los mercaderes los que violentaron el natural ordenamiento jerárquico Tradicional. Más tarde les tocó el turno, al menos sobre el papel, a los proletarios, los cuales, en buena parte del orbe, implantaron regímenes comunistas (o, para ser más exactos, ‘dictaduras del proletariado’). Hoy en día son los financieros, especuladores, usureros y accionistas de las grandes multinacionales los que, a menudo en la sombra, se han erigido en amos y señores del actual mundo globalizado (10).

La sociedad de clases que engendró el liberalcapitalismo ya no estructuraba la sociedad según las diferentes funciones que en ella se desempeñaban sino que lo hacía bajo el criterio estrictamente económico, por lo que esta función económica la copó en su totalidad. Ya no sucedía pues, tal cual era lo consutancial al orden estamental, que el cuerpo social se estructurase en orden a las funciones sacro-dirigente, guerrera y productiva.

Es debido a esta anomalía por lo que se habla en el Artículo 3º del Capítulo I del segundo Protocolo de este proyecto de “La supresión tajante de la sociedad de clases, basada en el poder adquisitivo de los individuos y su reemplazo por una sociedad de rangos, basada en el valor de cada persona en su servicio a la comunidad.”

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Si, después de todo lo dicho, aún a alguien no le ha quedado clara cuál es la jerarquía de valores que debe guiar el establecimiento del Sacro Imperio en la mencionada “Exhortación final” de este primer Protocolo se nos habla de “Convergencia de las ideas nobles, de los espíritus libres, de los corazones puros, de los movimientos rebeldes ante este sistema de cosas, hacia un mundo de justicia y libertad, de renacimiento espiritual, de diversidad étnica y cultural en armonía. Ese mundo podemos construirlo si sabemos unir a Europa con vocación imperial.”

Tras los desarrollos que hemos llevado a cabo queda diáfana la idea de que no se trata de desechar el actual armatoste demoliberal y partitocrático para sustituirlo por algo sin referentes previos, sino que la plutocracia tiene su radical alternativa en formas políticas, económicas y sociales que no deben ser una reedición de otras que hayan existido en otras épocas pero que sí deben compartir semejante cosmovisión y mismos valores que las que rigieron en el Mundo de la Tradición. Por esto se debe ser revolucionario no en el sentido que la modernidad le ha otorgado a este vocablo sino en el de “re-volvere”, retornar a las bases existenciales y axiológicas de la Tradición, tal como se lee en el Artículo 6º del capítulo I del Protocolo II:

“Nos definimos como revolucionarios y con ello queremos decir que pretendemos re-volver el sistema, es decir, volver a poner todas las cosas en su lugar natural y racional.”

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Nos resulta grato que en el Protocolo V dedicado a “Heráldica y Vexilografía del Imperio” se elija el águila bicéfala como símbolo imperial, pues su simbolismo tiene esa dimensional terrenal de, tal como se nos explica, “dominar de oriente a occidente” pero también atesora otra de carácter metafísico, parangonable a la caracterización de la importante deidad romana del Janus bifronte, uno de cuyos rostros representaba el solsticio de invierno o renacimiento del Sol Invictus y el otro el solsticio de verano en el que el dicho Sol Invictus se hallaba (y se halla) en su máximo apogeo; siempre teniendo presente que el Sol Invictus simbolizaba, a su vez, el Principio Espiritual.

También nos resulta harto significativo que como emblema se proponga colocar la mencionada águila bicéfala, negra, “sobre escudo blanco que campea en medio de una bandera o estandarte rojo” (artículo 4º del quinto Protocolo), ya que, en un nivel interpretativo de lectura Superior, tal como se nos recuerda en este artículo, “son también estos colores los de la Alquimia tradicional”. (11)

A vueltas con el simbolismo del águila bicéfala seguimos leyendo, en este mismo Protocolo, que “representa por otra parte la potéstas y la auctóritas, es decir, los poderes político y espiritual del Imperio en la línea del gibelinismo medieval”. Tal como era inherente al “Sacro Imperio Romano Germánico, cuya cúspide jerárquica, en la figura del Emperador, aunaba las funciones sacra y temporal (política) como es propio de cualquier ordenamiento Tradicional en el que, por este motivo, el gobernante también ejerce de Pontifex o ´hacedor de puentes´ entre lo terrestre y lo celestial; entre sus súbditos y la Trascendencia.” (12)

En la separación de ambas funciones acaecieron los primeros pasos de la caída que desde el Mundo Tradicional el hombre ha ido padeciendo hasta llegar al marasmo existencial actual: “(…) Esta segunda caída o involución espiritual supuso un mayor alejamiento del hombre con respecto a lo Trascendente y vino aparejada con la separación entre los principios espiritual y temporal y, en consecuencia, entre la autoridad espiritual y la temporal o política. Desaparecieron, pues, la realeza y la aristocracia sacras y de la separación de los atributos espirituales y los temporales aparecieron dos castas autónomas: la sacerdotal (1ª casta) y la regio-aristocrático-guerrera (2ª casta). Esta aristocrático-guerrera quedó desacralizada y la sacerdotal, a su vez, renunció a la vía activa propia del guerrero y perdió, de esta manera, no sólo la vocación hacia la acción exterior sino también la vocación hacia una acción interna que es la única capaz de hacer factible el acometer cualquier intento de transustanciación interior. Renunció, pues, la casta sacerdotal a la Iniciación y, consecuentemente, a la Visión y Conocimiento de lo Absoluto. La casta sacerdotal o bramánica pasó a ocupar la cima de la pirámide social y el poder político quedó delegado en una casta aristocrático-guerrera desacralizada que quedó subordinada a aquélla.” (13)

Por mantenir unidos los atributos sacro y temporal bregó, en una época ya tardía pero como un intento heroico de Restauración del Orden Tradicional, el bando gibelino y por separar ambos se esforzó el güelfo en ese conflicto medieval que tuvo al Sacro Imperio Romano Germánico como adalid del primero y al Papado y a sus aliados como portaestandartes del segundo. El triunfo del güelfismo desacralizó al poder político y, a la postre, a las sociedades por él regidas. Los procesos posteriores ahondan en este alejamiento con respecto al plano Superior de la existencia y conocen del humanismo antropocéntrico renacentista, del racionalismo, de la Ilustración, de las revoluciones liberales y de la irrupción de la democracia capitalista liberal, del comunismo y del actual gregario, nihilista y relativista (hasta la náusea) mundialismo de la Aldea Global postmoderna.

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A lo largo de este prólogo ha sido nuestro empeño el de afirmar la convicción de que este proyecto Sacro Imperial, inaplazable en estos tiempos de zozobra general que padecemos, debe tener su fundamento en una concepción Trascendente de la existencia. El Imperio será Sacro o no será. Hemos querido aprovechar estas líneas para trazar y delinear algunos de los principios, algunas de las esencias y algunas de las concretizaciones históricas de la Tradición y/o del Imperium, así como algunos de los procesos de decadencia que han llevado desde un Orden Tradicional hasta el presente estado de paroxismo y de resquebrajamiento generalizados. Nuestra posición en pos de bases Espirituales para articular el Imperium se ha visto refrendada sistemáticamente a lo largo de estos Protocolos. Véase, en este sentido, y como colofón a estas nuestras líneas, lo expresado en el Artículo 4º del sexto Protocolo cuando se nos habla de “una religiosidad que nos impulsa a buscar la Verdad desde el misterio de los orígenes hasta el sentido de la vida y nuestra razón de ser en el Universo”; ”misterios de los orígenes” que no son otros que los de nuestros ancestros hiperbóreos que en illo tempore (la Edad de Oro o, de acuerdo a la tradición indoaria, Satya-yuga) fueron portadores de un tipo de Espiritualidad Solar (14) …y “razón de ser en el Universo” que no es otra, por un lado, que la de la conquista heroica de lo Eterno en cada uno de los que puedan, por aptitud y por voluntad, aspirar a ello (o la de la ritualización sacral de cada quehacer cotidiano en aquellos congéneres para los que no esté al alcance la transformación de su ser interior) y “razón de ser en el Universo”, por otro lado, que debe ser la de la de la Restauración de la Tradición perdida: la de la Restauración, en definitiva, del Sacro Imperio.

NOTAS:

  1. 1“El Imperium a la luz de la Tradición”. Capítulo IV de “Reflexiones contra la modernidad”. Ediciones Camzo.  https://septentrionis.wordpress.com/2009/02/08/el-imperiu...
  2. 2. Íbidem
  3. 3. Cit.
  4. 4. “A medio camino entre el imperio español (“El Imperio Español”: https://septentrionis.wordpress.com/2015/07/08/el-imperio...) y otros de corte eminentemente antitradicional (por lo mercantilista de los mismos), como el caso del imperio británico (que alcanzó su máxima expresión en el s. XIX) o del conocido como imperialismo ´yanqui´ (tan vigente en nuestros días), podríamos situar al de la Francia napoleónica. Y no sólo lo situamos a medio camino por una evidente razón cronológica, sino que también lo hacemos porque a pesar de haber perdido cualquier orientación de carácter espiritual (el laicismo consecuente con la Ilustración y la Revolución Francesa fue una de las banderas que enarboló), a pesar de ello, decíamos, más que motivaciones de naturaleza económica (como es el caso de los citados imperialismos británico y estadounidense), fueron metas políticas las que  ejercieron el papel de motor de su impulso conquistador. Metas políticas que no fueron otras que las de exportar, a los países que fue ocupando, las ideas (eso sí, deletéreas y antitradicionales) triunfantes en la Revolución Francesa.”
  5. 5. “Los hombres y las ruinas”, Julius Evola. Ediciones Heracles.
  6. 6. “El Tradicionalismo y Julius Evola”: https://septentrionis.wordpress.com/2011/02/23/el-tradici...
  7. 7. “Evola frente al fatalismo”. Capítulo III de “Reflexiones contra la modernidad”. Ediciones Camzo.
    https://septentrionis.wordpress.com/2010/08/19/evola-fren...
  8. 8. No querríamos desaprovechar la ocasión para fijar nuestra posición acerca de la obra del filósofo alemán, pues este ejercicio pensamos que puede contribuir a delimitar y configurar, eliminando ciertos equívocos que se pudiesen tener, cuál debe ser el tipo de hombre sobre el cual sustentar el Sacro Imperio y al cual éste debe tener por empeño “engendrar”. Así, decíamos en cierta ocasión que “la tragedia de Nietzsche estriba en haber ignorado el hecho Trascendente. Su Superhombre es aquel ser humano que se ha conseguido desprender de todo tipo de limitaciones, ataduras, ligazones, morales, miedos, fobias y filias, sentimientos, pasiones,… En este momento, una vez limpia y vacía el alma de apegos y condicionamientos, podría aspirar a ir ´llenándola´ de Ser para experimentar una auténtica Transubstanciación interna, para Renacer -Palingénesis- a otra naturaleza verdaderamente Superior, pero como Nietzsche no concibe lo Metafísico su Superhombre se encuentra -tras haber ´vaciado´ su alma- sin puntos de referencia, sin soportes. No tiene puntos de referencia Superiores ni tiene los puntos de referencia inferiores de los que se ha conseguido desapegar y sin los cuales se ha quedado como sin suelo bajo los pies. Se encuentra, pues, en tal situación, ante la nada, ante un vacío que le empuja a una situación dramática.”——————“Nietzsche no concibió el Hecho Trascendente …esa dimensión metafísica y Superior que anida, aletargada (y a la espera de ser despertada por un tipo de hombre diferenciado que se niegue a ser arrastrado por la inercia existencial del mundo moderno) en el interior del ser humano: el Espíritu. El hombre indoeuropeo y su predecesor arcaico-boreal tienen un origen sacro y el darle la espalda a esto es propio de la modernidad (en sus sucesivas fases: incluyendo la fideísta en la cual sólo se mira a lo Alto cual pasivo creyente pero no cual Héroe capaz de conquistar la Inmortalidad a través del Despertar de lo eterno –Atman– que anida en él). Al judeocristianismo Nietzsche acertadamente lo atacó como semilla del nihilismo que ya en su época se vivía pero no lo hizo para rescatar las esencias divinas del hombre indoeuropeo sino (¡y tampoco es poco!) para ayudarle a sacudirse miedos, complejos, sentimientos de culpa y el estigma del pecado que había convertido al homo europaeus en un ser mediatizado, empequeñecido y acomplejado. El siguiente paso que debería de haberse planteado el gran filósofo alemán debería de haber sido éste: una vez descondicionados –ataraxia o apatheia– de ataduras mentales y existenciales hemos de ir en busca de la transustanciación interior –metanoia– y del conocimiento de los planos Suprasensibles y sutiles de la realidad e incluso, después, hemos de ir en busca de la gnosis del Principio Supremo Inmanifestado e Indefinible (el ´motor inmóvil´ aristotélico) que se halla en el origen del mundo manifestado (del cosmos); gnosis que sólo será posible si hemos conseguido actualizar -Despertar- ese Principio Primero –Brahman– en nosotros mismos: así habremos llegado no sólo a la categoría de dioses sino a ser más que un dios (pues las divinidades no son más que esas fuerzas –numina– que forman parte del entramando sutil del cosmos). La culminación de este proceso -la Gran Liberación- representaría el retorno del hombre a su origen sacro perdido con el fin de la Edad de Oro, que nos narró un Hesíodo, y con la irrupción del mundo moderno (cuya etapa más oscura es el presente kali-yuga; y más aún la fase crepuscular de ésta, por las que estamos transitando).”

    9. “Prólogo a Rivolta contro il mondo moderno”: https://septentrionis.wordpress.com/2017/09/25/prologo-a-...

    10. Sobre este proceso de caída y destrucción total de cualquier residuo de Sociedad Tradicional y en el que la economia domina tiránicamente a la política ya comentamos hace algunos años que: “(…) a partir de entonces y a lo largo de esta ‘edad contemporánea’ la 3ª casta se adueñará del poder, salvo en  los períodos en los que la 4ª casta (sudras) –la de la ‘mano de obra’- dirija (por lo menos aparentemente) los regímenes políticos comunistas e imponga el llamado Cuarto Estado. Bien es cierto que, tras la caída del comunismo en la Europa Oriental a fines de la década de los ’80 del siglo pasado, hay quien ha considerado, acertadamente, que el clásico mundo del liberal-capitalismo burgués (Tercer Estado impuesto por la 3ª casta) ha sido sustituido por un tipo de vida aún más colectivista, gregaria, amorfa, uniformizada y desarraigada que la impuesta por el marxismo y en la que ya cualquier referente ideológico ha sido enterrado. El único impulso, y referente, que actúa es el económico y las actividades que, avasalladoramente, se imponen son la producción y el consumo desaforados. Mundo sin referentes al igual que sucedía, en la India Tradicional, con aquellos individuos que se hallaban fuera y por debajo del sistema de castas (los ‘sin casta’ o parias) y que le habían dado la espalda a cualquier norma formadora y a cualquier tipo de raigambre: los ‘sin tradición’ y ‘sin linaje’. Individuos que por sus disolventes o deshonrosas conductas habían sido expulsados de sus respectivas castas: ‘los desterrados’. Evola predijo de manera magistral este devenir y al tipo de sociedad que del mismo se derivara la definió como la de la hegemonía del Quinto Estado; y que, sin duda, corresponde al actual modelo planetario de globalización y de homogeneización alienante y desenraizadora.” (“Los Ciclos Heroicos”. Capítulo II de Reflexiones contra la modernidad”: https://septentrionis.wordpress.com/2009/02/08/los-ciclos...

    11. Sobre las tres fases de las que habla la tradición alquímica comentábamos en cierta ocasión, a propósito de la tesis doctoral elaborada por un amigo nuestro, que:

    “El ´más allá celestial´ es asimilable al mundo Superior y es al que se accede una vez el Iniciado ha dominado sus vínculos y pulsiones condicionadores -primarios, psíquicos: sentimentales, emocionales, pasionales,…- y se ha convertido en ´señor de sí mismo´; en el Gran Autarca que apuntaba Julius Evola allá por los años ´20 de la pasada centuria. Una vez superado lo cual (una vez superada la ´obra al negro´ o nigredo de que nos habla la tradición hermético-alquímica) el Iniciado accede, de forma definitiva, al conocimiento del plano sutil metafísico de la Realidad y es capaz, incluso, de activarlo en su fuero interno (sería el equivalente a la ´obra en blanco´ o albedo). Más aún, tras estos logros, puede aspirar a la Gnosis de lo Inmanifestado que se halla más allá incluso del plano sacro-sutil de la realidad y puede, paralelamente, aspirar a Despertar en su mismo interior ese Principio Supremo y Primero Inmanifestado Eterno e Indefinible que anida en él y aspirar, así, a Espiritualizar e Inmortalizar su alma (´obra al rojo´ o rubedo), que ya fue purificada de escorias psíquicas y condicionadoras tras la superación de la nigredo.” (“Reseña de La tradición guerrera de la Hispania céltica”:https://septentrionis.wordpress.com/2014/02/22/resena-de-...)

    12. “Evola frente al fatalismo”. Capítulo III de “Reflexiones contra la modernidad”, Ediciones Camzo: https://septentrionis.wordpress.com/2010/08/19/evola-fren...

    13. “Los Ciclos Heroicos”. Capítulo II de Reflexiones contra la modernidad”, Ediciones Camzo: https://septentrionis.wordpress.com/2009/02/08/los-ciclos...

  9. Con el objeto de no airear términos sin dotarlos de contenido queremos comentar que cuando manejamos el de Solar lo hacemos en el sentido en el que en su día escribimos para hablar de los primordiales indoeuropeos:

“Raza portadora de un tipo de espiritualidad y de una cosmovisión solar-uránica, olímpica (inmutable, serena, sobria), viril, patriarcal, ascendente, vertical, jerárquica, diferenciadora, ordenada y ordenadora, heroica (en el ámbito del carácter y en el sentido del que lucha por reconquistar la divinidad, la inmortalidad que se encontraba en estado latente, casi olvidada, en su interior),… Representativa, dicha cosmovisión, de lo que Evola definió como Luz del Norte.”

Para más ahondar en el significado de este concepto (‘Luz del Norte’) también, en ocasiones, lo hemos tratado confrontándolo a su vez con su opuesto: el de una ´luz del sur´ de cuyos nefastos influjos deberíamos ser ajenos:

“La denominada como ´luz del norte´ vendría asociada a conceptos como el de la jerarquía, la diferencia, lo vertical, lo solar, lo estable, lo inmutable, lo eterno, lo imperecedero, lo patriarcal y a valores como el honor, el valor, la disciplina, el heroísmo, la fidelidad,… Y, por el contrario, la calificada como ´luz del sur´ abanderaría conceptos como el del igualitarismo, lo uniforme y amorfo, lo horizontal, lo lunar, lo inestable, lo mutable, lo caduco, lo perecedero, lo matriarcal, lo sensual, lo instintivo, lo hedonista, lo concupiscente,…”

Incluso, circunscribiéndonos a un plano psíquico o anímico “podríamos decir que la Luz del Norte contemplaría a aquél que rebosa autocontrol, equilibrio, serenidad, sobriedad, coherencia, prudencia, templanza, medida, discreción, calma,…, mientras que la Luz del Sur iluminaría a los individuos tendentes a lo disoluto y disolvente, al desenfreno, a la inestabilidad, al desequilibrio, a la jarana, a la embriaguez, al desorden referente a hábitos y modo de vida,…” (“Septentrionis Lux”: https://septentrionis.wordpress.com/2009/08/)

Eduard Alcántara

eduard_alcantara@hotmail.com

mercredi, 04 mars 2020

«Der Griff nach Eurasien» - Interview mit Hermann Ploppa

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«Der Griff nach Eurasien»

Interview mit Hermann Ploppa

Ex: https://www.zeit-fragen.ch

Zeit-Fragen: Nach Ihren Büchern «Hitlers amerikanische Lehrer» und «Die Macher hinter den Kulissen» haben Sie sich in Ihrem neuen Buch, «Der Griff nach Eurasien»*, die Hintergründe des ewigen Krieges gegen Russland vorgenommen. Was hat Sie dazu bewogen, dieses Buch zu schreiben? Und was ist – in Stichworten – der rote Faden Ihres Buches?
Hermann Ploppa: Sie haben bereits auf meine ersten beiden Bücher hingewiesen. Bei der Recherche zu beiden Büchern ergaben sich derart viele Erkenntnisse sozusagen nebenbei über den tatsächlichen Ablauf des 20. Jahrhunderts, dass ich diese Erkenntnisse nicht ewig für mich behalten wollte. Das fing an mit der traditionellen Erzählung über die Ursachen für Hitlers Erfolg. Es war recht schnell klar, dass Hitler nicht durch sein «Charisma» oder seinen angeblich hypnotischen Blick und seine Redebegabung so schnell zu Geld und Macht gelangt ist. Und dass ihm auch nicht nur Mitgliedsbeiträge und die vereinzelten Spenden deutscher Industrieller zu Hilfe gekommen sind. Faschistische Organisationen sind auch keine weltanschaulichen Veranstaltungen, sondern schlicht und einfach Dienstleistungsunternehmen für Konzerne, Kartelle, Geheimdienste oder Militär. Die Nazis wurden von angloamerikanischen Konzernen mit unbeschreiblichen Geldsummen aufgeplustert, um Deutschland fest in die angloamerikanische Macht-Matrix hineinzuzwingen. Denn, und damit komme ich auf den roten Faden meines aktuellen Buches, Deutschland hatte traditionell enge Bindungen an Russland. Schon Preussen hatte Sonderbeziehungen zu Russ-land. Und nachdem Deutschland durch den Diktatfrieden von Versailles 1920 an seiner weiteren Entfaltung gehindert wurde, hatten weder die Reichsregierung noch die Reichswehr irgendwelche Bedenken, mit der neu entstandenen Sowjetunion engste, ja, man kann sagen intime Beziehungen durch den Vertrag von Rapallo 1922 einzugehen. Das beinhaltete Militärentwicklung bei der Luftfahrt wie auch bei Panzern. Und diese Politik wurde durch die Hitler-Diktatur abrupt und äusserst gewaltsam unterbrochen. Nach dem Zweiten Weltkrieg erzwangen die Westmächte die Spaltung Deutschlands, um Westdeutschland zu einem explosiven Sprungbrett für Atomwaffen und konventionelle Waffen zu machen. Mein Buch erzählt, wie trotz aller festen Bindungen der Bundesrepublik an die USA so ziemlich jeder Kanzler den Versuch unternahm, mit Frankreich oder der Sowjetunion gemeinsam wieder mehr nationale Souveränität zu erarbeiten.
Aktuell sind wir in einer schwierigen Situation. Denn zwischen Deutschland und Russ-land liegen mittlerweile die Nachfolgestaaten des Warschauer Pakts, deren Regierungen jetzt die aggressive Position der USA gegen Russland voll mittragen. Diese Staaten beginnen sich im Intermarium1 als besonders russlandfeindliche Front zu formieren. Deutschland befindet sich somit in einem gefährlichen Schwitzkasten: Nach Westen hin ergeben sich kaum neue Entwicklungsmöglichkeiten. Und von den dynamischen Zukunftsoptionen Eurasiens, Stichwort: Neue Seidenstrasse, kapselt sich die Bundesregierung ab, um statt dessen die russophobe Linie der USA zu unterstützen. Was nach meiner Einschätzung ein Selbstmordkommando ist.

Sie beginnen Ihr Buch mit einem Kapitel über den einflussreichen britischen Geographen Halford Mackinder und dessen Heartland-Theorie aus den Jahren vor dem Ersten Weltkrieg. Warum?
Alle schauen ja auf die Bemerkung von George Friedman beim Chicago Council on Foreign Relations, die Politik der USA sei immer darauf bedacht gewesen zu verhindern, dass sich Russland und Deutschland verbünden, um dann auf Augenhöhe zu den USA zu stehen. Nun, das ist nichts Neues. Genau diese Agenda verordnete der zu seiner Zeit ungeheuer einflussreiche britische Intellektuelle Halford Mackinder. Mackinder erkannte ganz klar, dass mit dem Fortschritt von Eisenbahn und Automobil den Engländern ihre Weltbeherrschung über die Meere nichts mehr bringt. Zum einen würden sie die Kontinentalplatte Eurasiens gerne selber ausbeuten mit ihren immensen Rohstoffen. Zum anderen wusste Mackinder, dass Grossbritannien das aus eigener Kraft nicht schaffen kann und deswegen eine Art von «Subunternehmer» auf dem Kontinent benötigte, der diese Eroberung für England bewerkstelligen sollte. Mackinder warnte auch ausdrücklich vor einem Bündnis Deutschlands mit Russland. Mackinders Agenda war das grosse Leitmotiv sowohl Englands wie auch der USA im 20. Jahrhundert. Dafür waren beide Staaten bereit, extreme Vernichtungskriege zu riskieren. Dass es nach dem Zweiten Weltkrieg keinen weiteren grossen Weltenbrand gegeben hat, verdanken wir lediglich äusserst glücklichen Zufällen.

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Welche Rolle beim «Griff nach Eurasien» hatten und haben die angelsächsischen Mächte und deren Wirtschafts- und Finanz-interessen insgesamt, also nicht nur Grossbritannien, sondern auch die USA usw.?
Grossbritannien und die USA erhoffen sich eine enorme Ausweitung ihrer wirtschaftlichen Potenz durch die Aneignung der Rohstoffe Eurasiens, und hier lockt ja auch ein grosses Potential an Abnehmern von Fertigprodukten. Dafür wurde der Erste Weltkrieg ausgefochten, um eine grössere Kontrolle über das eurasische Festland zu erlangen. Und dann hatte sich eine politisch vergleichsweise stabile Sowjetunion etabliert. Zum einen hat man nolens volens zunächst Handelsbeziehungen und dann sogar diplomatische Beziehungen mit den Sowjets aufgenommen. Hat aber auf der anderen Seite ständig versucht, mit militärischen und geheimdienstlichen Mitteln das verhasste kommunistische System zu vernichten.

Welche Rolle spielt heute die Nato?
Nach dem Ende des Zweiten Weltkrieges versuchten sowohl Grossbritannien mit der Operation Unthinkable als auch die USA mit ihrer Operation Dropshot, die vom Krieg ausgelaugte Sowjetunion militärisch zu vernichten. Da sich diese Planung schnell als undurchführbar erwies, begann die Regierung der USA, zunächst die verwüsteten westeuropäischen Staaten, die in ihrer Einfluss-zone lagen, mit dem Marshallplan wieder fit zu machen. Kaum war dies bewerkstelligt, wurde auch schon die Nato gegründet. Die wieder erstarkten westeuropäischen Verbündeten mussten von diesem Zeitpunkt an selber für die Kosten einer antisowjetischen Aufrüstung aufkommen. Die Eroberung Eurasiens war ein US-amerikanisches Projekt, für dessen Kosten nun über die Nato im wesentlichen die mit den USA verbündeten Staaten mit eigenen Steuergeldern aufkommen müssen.

Die Rolle Deutschlands beim «Griff nach Eurasien» war und ist widersprüchlich: einerseits Zusammenarbeit mit Russland und auch mit der Sowjetunion, andererseits an vorderster Front beim Angriff auf Russland und die Sowjetunion. Wie ist das zu erklären?
Es ist ein Wechselspiel. Einerseits haben die USA in der Bundesrepublik Deutschland über die Jahrzehnte hinweg äusserst einflussreiche diskrete Netzwerke aufgebaut, aus denen sich die Eliten rekrutieren liessen. Jeder Bundeskanzler verdankt seine Karriere diesen transatlantischen Netzwerken. Andererseits erkennen diese Kanzler irgendwann, dass sie auch dem Gemeinwohl ihres Landes verpflichtet sind. Ganz besonders und zuerst verspüren sie eine Verpflichtung gegenüber der eigenen Wirtschaft. So geht Kanzler Ludwig Erhard auf die Kontaktangebote des sowjetischen Regierungschefs Chruschtschow ein, eine mögliche Wiedervereinigung zu koppeln an massive Entwicklungshilfe der Sowjetwirtschaft durch die deutsche Industrie. Noch weiter ging Erhards Vorgänger Konrad Adenauer. Der arbeitete schon seit 1958 an einer Vereinigung der Bundesrepublik mit Frankreich, um sogar ein eigenes europäisches Machtzentrum den USA entgegenzusetzen. Helmut Kohl wiederum war schon mit Gorbatschow einig über eine deutsch-sowjetische Zusammenarbeit. Das hätte die Bundesrepublik mit einem Schlag auf Augenhöhe mit den USA gebracht. Doch die Sowjetunion wurde von dem russischen Präsidenten Jelzin aufgelöst, und so löste sich auch diese Option in Luft auf. Kanzlerin Merkel versucht ein Stück weit den Weg nach Osten offenzuhalten durch die deutsche Mitgliedschaft in der Asiatischen Infrastruktur Investitionsbank. Allerdings trägt die Bundesregierung die aggressive Linie der USA gegen Russland voll mit, was langfristig für Deutschland übel ausgehen muss.

Sie nennen in Ihrem Buch auch Politiker, die versucht haben, sich dem US-amerikanischen Machtanspruch zu entziehen, und eigene Wege gehen wollten, zum Beispiel der von Ihnen schon genannte Nikita Chruschtschow, Charles de Gaulle und auch der ebenfalls schon erwähnte Konrad Adenauer, aber auch ein US-Präsident selbst, nämlich Dwight D. Eisenhower. Was hat deren Politik ausgezeichnet?
Ich habe in der Tat drei herausragende Politiker etwas ausführlicher betrachtet. Alle drei haben vornehmlich positive Leistungen vollbracht. Chruschtschow hat die soziale Lage der sowjetischen Bevölkerung erheblich verbessert und hat es obendrein mit der Entwicklung einer eigenen Interkontinentalrakete den USA praktisch unmöglich gemacht, die Sowjetunion anzugreifen. De Gaulle hat Frankreich im Zweiten Weltkrieg praktisch neu erfunden und im Kalten Krieg ständig daran gearbeitet, Europa unabhängig zu machen von den USA. Eisenhower hat durch sein enormes Prestige als Weltkriegsgeneral in seiner Eigenschaft als Präsident der USA atomare Schläge seitens der USA energisch vereitelt. Alle drei Persönlichkeiten sind grandios gescheitert. Ich zeige an ihrem Beispiel, dass sich moderne Gesellschaften nur noch durch Netzwerke regieren lassen, aber nicht mehr durch noch so grossartige Einzelpersönlichkeiten.

Sie schreiben, dass der Konfrontationsmodus nicht zwingend sei und dass es Alternativen zum «Tod der Lemminge» gibt. Welche Rolle können dabei die Bürgerinnen und Bürger der westlichen Länder spielen? Welche gangbaren Wege sehen Sie, dem «Griff nach Eurasien» etwas entgegenzusetzen?
Die Bürgerinnen und Bürger müssen tatsächlich viel, viel energischer ihre Interessen vertreten, als das bislang der Fall ist. Es reicht nicht, alle vier Jahre ein Kreuzchen zu machen beim amerikanisierten Wahlspektakel. Zunächst einmal gibt es noch existierende Reste früherer Teilhabe an der Gestaltung der Gesellschaft. Denn die Mit-Eigentümerschaft an der Wirtschaft ist ein integraler Bestandteil einer echten Mitbestimmung. Das haben Sie mit der Schweiz als Genossenschaftsstaat ganz wunderbar hinbekommen. Das haben wir in Deutschland auch, wenn auch in geringerem Ausmass, und das muss wiederbelebt werden. Ausserdem müssen wir in Deutschland auch die direkte Demokratie einführen, die ja bei Ihnen seit mehr als 150 Jahren wunderbar funktioniert. Wir müssen zudem die mittelständische Wirtschaft, die Geschäfte mit den eurasischen Staaten wie z. B. Russland und China macht, politisch unterstützen. Sich mit diesen Ländern wirtschaftlich zu verbinden, ist auch ein Stück Friedensarbeit. In der eurasischen Wirtschaft der Neuen Seidenstrasse liegt die Zukunft, nicht in der extrem künstlichen Anbindung an einen Partner, der durch achttausend Kilometer Ozean von uns getrennt ist und der offenkundig sich selbst und alle Bündnispartner mit in den Abgrund reisst. Wie heisst es in dem Märchen von den Bremer Stadtmusikanten: Was Besseres als den Tod findste immer.

Herr Ploppa, vielen Dank für das Gespräch. 

* Ploppa, Hermann. Der Griff nach Eurasien. Die Hintergründe des ewigen Krieges gegen Russland, Liepsen Verlag 2019, ISBN 978-3-9812703-4-1

1  Das «Intermarium» war ein vom polnischen Marschall Józef Piłsudski nach dem Ersten Weltkrieg unterbreitete Vorschlag eines konföderierten vorwiegend slawischen Staatsgebildes, das vom Schwarzen Meer bis zur Ostsee reichen sollte und sich strategisch sowohl gegen Deutschland als auch gegen die noch junge Sowjetunion richtete. Auf Bestreben Polens wurde 2016 an diese Initiative der Zwischenkriegsjahre angeknüpft, jetzt mit dem neuen Namen «Drei-Meere-Initiative». Mitglieder sind Bulgarien, Estland, Kroatien, Lettland, Litauen, Österreich, Polen, Rumänien, die Slowakei, Slowenien, Tschechien und Ungarn. Auf der Sicherheitskonferenz in München sagte der US-amerikanische Aussenminister Mike Pompeo dieser Initiative eine finanzielle Unterstützung von 1 Milliarde US-Dollar zu.

 

mardi, 03 mars 2020

Radiographie intellectuelle de Macron

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Radiographie intellectuelle de Macron

par Georges FELTIN-TRACOL

Il est toujours profitable de découvrir des ouvrages politiques parus deux ans et demi auparavant. En octobre 2017, le journaliste Brice Couturier sort Macron, un président philosophe. Ravi par la campagne de l’ancien ministre de l’Économie, il considère le nouvel élu comme un parfait libéral de gauche. Sa satisfaction s’explique longuement parce qu’il « créa, au milieu des années 1980, un club de jeunes libéraux de gauche, le Rouleau de printemps (sic !) (p. 163) ».

81FboKBXzRL.jpgCependant, Brice Couturier reconnaît volontiers que le libéralisme de gauche présidentiel se mêle à d’autres influences politiques. Il s’attarde d’ailleurs volontiers sur la formation intellectuelles du huitième président de la Ve République, son « chemin de culture, une Bildung, comme disent les Allemands. Car la pensée de Macron s’est élaborée au cours d’études assez inhabituelles chez nos dirigeants (p. 43) ». Le futur chef de l’État « a raté à deux reprises le concours d’entrée de l’École normale supérieure alors que, reçu au bac avec la mention “ Très bien ”, il avait été admis à l’une des khâgnes les plus prestigieuses de France, celle du lycée Henri-IV (p. 50) ». « Avant de s’inscrire à Sciences Po, poursuit Brice Couturier, il avait suivi des cours de philosophie à l’université de Nanterre (p. 52). » Le futur Macron apprécie alors de souvent citer Hegel au point qu’il peut être qualifié d’« hégélien de gauche ». Il consacre « son mémoire de DEA (travail de 3e cycle universitaire qui donne l’autorisation de poursuivre son doctorat) à La Raison dans l’Histoire de Hegel (p. 60) » en 2001. Il avait l’année précédente « rédigé son mémoire de maîtrise, consacré à Machiavel (p. 233) » sous la direction d’Étienne Balibar. Brice Couturier en déduit que « Macron dispose d’une colonne vertébrale théorique impressionnante. Sa pensée est structurée. Elle vient de loin (p. 36) ».

Un petit-fils caché du personnalisme ?

Admis à l’ENA – promotion « Léopold-Sédar-Senghor » (2002 – 2004) –, il en sort dans la « Botte » et choisit la prestigieuse Inspection générale des Finances. Membre de cénacles de hauts-fonctionnaires sociaux-libéraux tels Les Gracques et le club « En temps réel », il noue très vite « de solides amitiés dans la technostructure (grâce à Jean-Pierre Jouyet, puis à la commission Attali) (p. 53) ». En 2007, le calamiteux président Sarközy nomme Jacques Attali à la tête d’une commission sur la croissance dont le rapporteur-adjoint s’appelle Emmanuel Macron âgé de 27 ans. Parmi toutes les idioties qui parsèment dans le rapport final de cet aréopage rendu public en 2008 se trouve la possibilité pour les collégiens et les lycéens de noter leurs professeurs démunis de toute contrepartie…

L’auteur se penche sur les relations entre l’étudiant Macron (21 ans) et le philosophe protestant Paul Ricœur (86 ans). Ce dernier cherche un assistant pour son essai La Mémoire, l’Histoire, l’Oubli. Paul Ricœur s’intéresse à la problématique de l’identité qu’il distingue entre une identité idem et une identité ipse. Il parraine son jeune assistant à la rédaction d’Esprit. Fondée par le philosophe personnaliste Emmanuel Mounier, la revue Esprit fut de 1965 aux années 2000 le titre-phare de la deuxième gauche rocardienne. C’est la raison pour laquelle l’auteur voit en Macron « un centriste radical (p. 129) » dont l’arrière-plan idéologique intègre aussi bien l’économiste autrichien Joseph Schumpeter que le comte français de Saint-Simon (1760 – 1825), pionnier de la technocratie industrielle. Ainsi voit-il le remplacement de l’ISF (impôt sur la fortune) par l’IFI (impôt sur la fortune immobilière), « un impôt saint-simonien (p. 255) ». Emmanuel Macron n’adhère nullement à l’ordo-libéralisme évanescent depuis la décennie 1990. Il préfère se référer au Prix Nobel d’économie 1998, l’Indien Amartya Sen, qui valorise une « société de choix » et non une société basée sur le mérite savant ou capacitaire. La bête de concours originaire d’Amiens privilégie une société stimulée par l’égalité non des chances, mais des accès et des opportunités. Le politologue Roland Cayrol affirmait dans L’Express (du 20 mars 2019) : « À la capacité du sujet de devenir soi, que Ricœur a pensée, correspond, chez son émule Macron, la capacité qui devrait être donnée à chaque citoyen d’accéder à la “ libre disposition de soi-même ” et de “ réaliser ses talents ”. L’accomplissement de soi s’avère indissociable de la participation active à la vie de la cité, de l’« empowerment », autrement dit. »

Emmanuel Macron n’hésite pas non plus à sortir du placard de l’histoire le solidarisme de Léon Bourgeois, homme politique et président du Conseil de la IIIe République. Rappelons que ce solidarisme-là fut une vaine tentative de donner une doctrine officielle aux radicaux en faisant converger l’individualisme anthropologique, le républicanisme « éclairé » et l’intérêt général. « L’idéologie dans laquelle Macron a inscrit son projet politique est d’essence libérale, dans la mesure où elle se fonde non seulement sur la confiance en l’individu, mais aussi progressiste dans la mesure où elle donne mission au politique de lui fournir les moyens de son autonomie dans le cadre d’une “ société du choix ” (p. 113). » On est néanmoins étonné que Brice Couturier n’évoque jamais l’essai de François Furet, de Jacques Julliard et de Pierre Rosanvallon, La république du centre (1989), véritable bible du syncrétisme centriste – social-libéral mitterrandien. Emmanuel Macron en est pourtant le digne rejeton.

Vers de nouveaux clivages

Pour Brice Couturier, « l’élection d’Emmanuel Macron ne constitue pas une péripétie électorale. C’est un événement de dimension historique (p. 7) ». En effet, « Macron est un homme de gauche, qui invente une politique “ centrale ” parce qu’elle lui paraît la seule susceptible de résoudre une crise d’une exceptionnelle gravité (p. 157) ». Or l’ancien sympathisant du candidat Jean-Pierre Chevènement en 2002 qui souscrivait déjà à la « volonté de dépasser le clivage droite/gauche (p. 59) », prend acte de la fin de la célèbre dichotomie, quelque peu surfaite, énoncée la même année par Régis Debray entre « républicains » et « démocrates ».

« Macron a eu l’intuition de remplacer le clivage structurant de notre vie politique (droite contre gauche) par l’opposition entre progressistes et conservateurs (p. 32). » Il « a saisi l’opportunité de faire exploser les vieux partis. L’effet Macron, qui les a atomisés un par un, en commençant par le PS, finira par le FN lui-même. Celui-ci ne pourra faire longtemps coexister en son sein un FN du Nord, étatiste, social et souverainiste, et un FN du Sud, archéo-conservateur et libéral (pp. 21 – 22) ». Brice Couturier va un peu trop vite en besogne. Le national-populisme souverainiste accepte très loin ce genre de contradictions internes. Toutefois, il ne se cantonne pas dans une réflexion binaire systématique. À la suite du politologue Pierre Martin, Brice Couturier identifie trois pôles rivaux : le démocrate – écosocialiste, le libéral – mondialisateur et le conservateur – identitaire. Il aurait pu ajouter que ces trois aimants politiques produisent chacun leur propre vision de l’écologie : l’écosocialisme pour le premier, le développement durable et l’écologie de marché pour le deuxième, et l’écologie radicale enracinée pour le troisième. En attendant l’événement d’un quatrième pôle, à savoir l’islamisme issu des générations d’immigrés installées en Europe, c’est autour de cette tripartition que s’organiseront les enjeux politiques en France pour les quarante prochaines années.

Ce nouveau contexte politique passe encore inaperçu auprès des médiats qui se complaisent dans un dualisme douillet, stérile et dépassé. Bien avant Frédéric Beigbeder, Brice Couturier charge avec un rare bonheur ses confrères du « Parti des médias (p. 12) ». Déplorant que cette caste « se cramponne à ses fauteuils (p. 135) », il s’irrite qu’« une partie de la classe médiatique se prend pour les successeurs des directeurs de conscience d’autrefois (p. 12) ». Écrit un an plus tard après la révélation de l’« affaire Benalla » qui arrêta nette la période faste du quinquennat, l’auteur aurait pu accuser cette même coterie d’avoir fomenté l’impopularité du président et de toute son équipe. « Le biais idéologique qui affecte le Parti des médias, ce mélange de gaucho-centrisme et de culture de la dérision, ne l’empêche pas seulement de rendre compte honnêtement de ce qui est en jeu : il lui dérobe les réalités qu’il a sous les yeux (p. 13). »

Avant les Gilets jaunes

Brice Couturier reconnaît cependant que « Macron aura bien du mal à “ réconcilier les France ” (p. 303) ». L’auteur devine les premières secousses de ce qui deviendra la crise des « Gilets jaunes ». Certes, « Emmanuel Macron a pris conscience de l’exaspération d’une grande partie de la population envers les élites dirigeantes (p. 40) », mais cela ne le prive pas de donner à l’occasion des visites officielles une attitude toute en arrogance.

L’auteur fait un constat amer. « Pire est le hiatus culturel qui sépare l’optimisme macronien, fondé sur l’idéal d’une société ouverte, innovante, entrepreneuriale et mobile, de l’état d’esprit dominant dans la France périphérique. […] Tout le monde ne saurait baigner dans l’euphorie des startuppers. À côté d’une population qui aspire prioritairement à élargir ses espaces de liberté et à exprimer sa créativité, il en existe une autre qui désire avant tout la sécurité d’un emploi pérenne, un environnement qui ne soit pas menaçant. À cette dernière, Macron a du mal à proposer des perspectives. Il la déroute au lieu de la convaincre parce qu’elle n’a pas les moyens d’assumer les risques auxquels il voudrait la convier (p. 295). » Emmanuel Macron restera dans l’histoire comme le président de la prégnante fracture sociale entérinée entre un Hexagone globalisé de métropoles connectées, des banlieues de l’immigration allogène en croissance et une France périphérique – réserve de petits Blancs en perdition frappés par les fléaux concomitants du chômage, de l’abrutissement et de la drogue.

Malgré la grande méconnaissance de Carl Schmitt qualifié de « penseur organique du droit national-socialiste (p. 233) », cet ouvrage se différencie des autres livres qui abordent peu ou prou le même sujet par sa qualité d’écriture et la richesse de son propos. Ce plaidoyer favorable à l’actuel président dissipe en partie le mystère qui entoure sa personnalité et prouve que le tenant du « en même temps » n’est autre qu’une nouvelle manœuvre d’effacer du tréfonds de l’âme française la révocation de l’Édit de Nantes en 1685.

Georges Feltin-Tracol

• Brice Couturier, Macron, un président philosophe, Éditions de l’Observatoire, 2017, 304 p.

dimanche, 01 mars 2020

The new art of war

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The new art of war

Ex: https://www.geopolitica.ru
 
Translating into Italian the work of the Russian political scientist Leonid Savin Coaching & conflicts was for me an experience that aroused mixed emotions. If on the one hand, in fact, you must necessarily face similar works to enrich the baggage of your knowledge and ability to understand the world around us, on the other hand, you exposes yourself to the risk, far from being merely potential, of the disenchantment in finding yourself deceived by those you trusted: this is what happened to me, when the miserable events of Italian politics mixed in August 2019 with my efforts to translate the chapter dedicated to the Ukrainian Maidan.
 
ccsavin_cover_0.jpgCoaching & conflicts deals with the theory concerning the “new art of war”, which is also the title of the Italian edition [1]: not only information and disinformation as they are generally understood but also, among other things, the set of methods by which a country can be affected economically and socially through the manipulation of its economy on international markets, so as to favor a change of government (or “regime”, just to use a word that makes so much bad anti-demokrats...). From these manipulations to the sadly known colored revolutions, perhaps followed by an external military intervention, the step may not be really immediate but still remains tragic: Libya docet, the Latins would say, and so also Syria even if right against the lions of Damascus the mechanism has jammed, showing its inevitable limits.
 
Reading and translating Savin's book I got the idea that the great puppeteers of our time, the United States of America dully stuck in their illusion of still living in an exquisitely unipolar world, succeeded in the crazy and visionary task to turn the generic ideas about war of Sun Tzu into a field operating manual. The world of Sun Tzu is two-dimensional, as are all agricultural and technological ones: in it, there is no Air Force that can be deployed against the enemy nor are possible any reconnaissance in the skies of an enemy country to gather valuable information or disturb its communications. In such a world, there are not even computers, Internet and computer networks that have allowed the diffusion of a different type of networks, the social ones, which today find wide application in the context we are talking about.
 
Sun Tzu believed that the best warrior is the one who wins a battle without having to fight it for real. But this belief, which today has become so well established in certain cirlces that it even generated concepts such as that of neocortical warfare, came from a person who had still fought with the sword in his hand and therefore knew the war not only by hearsay but also in the stench of spilled blood, in mutilations and infected wounds, in cries of anger and despair, in men who get dirty by fear and terror.
 
Sun Tzu tried to win without going to the open fight but did not refuse the need to wield weapons and place himself at the head of an army.
 
The Americans who, to bring down governments that they dislike because they do not obey their wishes, make a casual use of some social theories (gender and identity policies) and some war practices (the use of Islamic militants soaked in hatred religious as infantry that can be sacrificed on the ground) inevitably end up paying the price for their wicked choices when their society and the whole West increasingly show signs of an evident moral, human and material decline, which suggests more a Sodom and Gomorrah type end than a bright future of peace and prosperity.
 
I can only share Savin's wish that his book could be a “toolbox” for all those who really want to understand the changes of our time and maybe equip themselves with those useful tools not only to resist but also to reverse the destructive process or at least soothe it in part.
 
It was therefore a pleasure to find in the small but brave publishing house Idrovolanti Edizioni [2] and in its accountable for publishing, Daniele Dell'Orco, a sensitive shore to these hopes: what follows is my brief interview with Dell'Orco both on nature of Idrovolante Edizioni both on the reason that allowed the publication of the Italian edition [3] of Savin's book. Inevitably, Italy is also mentioned.
 
 
Q) Why a publishing house like Idrovolante Edizioni? Are you targeting any specific audience?
 
A) The name refers to a historical era, that of the first half of the twentieth century, in which Italy was at the forefront in the world in the development of aeronautical technologies but above all produced an unprecedented quantity of pilots and adventurers during the course of the history. Many of them, defying logic, risked their life (and in many cases lost it) for the sole purpose of experiencing uncommon emotions and making fun of the laws of gravity. The seaplanes built in Italy, commanded by the great Italian flyers, became known all over the world and gave our country a prestige probably without equal. And in the contemporary slumber, today's Italians are not aware of how exhilarating the idea that their grandparents and great-grandparents were basically ante litteram astronauts. In line with the name and its mission, first ethical and then editorial, Idrovolante Edizioni is aimed at those who consider themselves the custodians of the legacy of those characters who made us great, or simply to those who consider immaterial and solidity of spirit as a vocation.
 
41f3ZZ3zTGL._SX331_BO1,204,203,200_.jpgQ) Why did you want to publish Leonid Savin's essay?
 
A) Geopolitics is a macro area that in Italy is perceived as far from the needs of people's daily lives. In reality it is the battlefield, diplomatic but sometimes also practical, in which many of the fates of the “common man” are decided without his being aware of it. Leonid Savin, a fine geopolitical analyst from a world that is in many ways obscure and demonized, such as the Russian one, offers ideas for a better understanding of many of those 2.0 conflicts taking place all over the world.
 
Q) Looking at Italy, do you think that the events that happened in our country in recent years are to be placed in an area of ​​“colored revolution”? If so, cui prodest?
 
A) Talking about a colored revolution would presuppose a movement destined to subvert an order of an often authoritarian nature. This is not the case with Italy, a country in which, however, popular sentiment has never translated into a movement in the streets and indeed has not even managed to translate into government representation. The experience of the yellow-green government, in fact, has failed and also in a hurry precisely because of the many “compromises” with the power that two parties such as the Northern League and the 5Stars Movement, already difficult to combine each other, found themselves forced to do by subverting in their populist narrative. It is no coincidence that the M5S is rapidly losing consensus while remaining in government and therefore still finding itself forced to change its connotations, while the League is managing to assert itself according to the opposition.
 
Q) What does it mean to be sovereign in Italy today and where is it possible to find a political response to sovereign requests and demands?
 
A) The concept of sovereignty is a re-edition in a contemporary key of patriotism, which in turn is used to sweeten the erroneously negative heritage that is hidden in the word nationalism. In reality, if from a philosophical-political point of view, sovereignism can take on meaning due to the transfer of sovereignty to which Italy has met with its entry into the European Union and the adoption of the Euro, from the point of view of politological view is related to a malpractice typical of our country where political class, or rather a part of the political class, is elected by the Italian people, swears on the Italian Constitution, occupies the chairs of the Italian institutions but politically acts against the needs and lacks of the Italian people. If in fact the sovereign demands, starting from the use of the term, are typical of the right-wing parties, almost everywhere at European and world level tend to adopt political measures functional to the well-being of their own people, including social democratic, liberal and progressive forces. The examples that come to my mind are those of Merkel and Macron, moderate and pro-European in theory but ultra-nationalist in practice, or even Trump himself, often considered an example of a sovereign leader but capable of adopting less nationalist and more “workfare” political measures of the Democrat Obama.
 
Q) What is "Nazione Futura" [Future Country] and why should it be part of your political project?
 
A) Nazione Futura is a cultural and metapolitical container, it does not have a political character of its own and therefore does not provide for a “political project”. It is a reference “for” politics, if anything. From the point of view of cultural, social and metapolitical promotion, it is present in over 40 Italian cities and organizes national and international events and initiatives, placing politicians, intellectuals, conservative-oriented professionals and local connotations around a table, going sometimes to replace and sometimes to support the work of traditional parties. The added value of Nazione Futura is that it connotes itself as a reference in the typical debates of the political agenda without having a party-like logic and without being an integral part of a party. It therefore makes use of a priceless faculty, namely that of being able to speak with anyone, support the right demands of anyone, and freely confront anyone.
 
Q) How do you see the future of our country in the medium and long term?
 
A) Our country is experiencing a moment of strong political, economic and anthropological decline. Something that we could define as cyclical, which throughout history has affected more or less vehemently all societies. However, the responses that came from politics are insufficient, and indeed they have accelerated this process and in some cases even gone along with it. Despite the difficulties that come from afar, politics would have, or should have, the tools to be able to manage the moment with courageous and forward-looking choices, perhaps even unpopular, but which in the medium-long term may prove useful to the country and even bring it to a position of strength. I give an example: the economic and financial condition of a country is the first instrument of sovereignty. Without economic stability, which must be created by politics, a State ends up at the mercy of others. Is there a public debt management problem? The answers must come from politics. Is there a problem of European constraints? Politics re-discuss them. Is there an employment problem? Politics studies adequate solutions to stimulate free initiative instead of proposing welfare choices and continue to harass VAT numbers. Politics can and must rediscover this role, otherwise it would be worthwhile to elect a bankruptcy trustee as prime minister.
 
 

samedi, 29 février 2020

L’Europa come rivoluzione

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L’Europa come rivoluzione

Lorenzo Disogra, L’Europa come rivoluzione. Pensiero e azione di Jean Thiriart, Edizioni all’insegna del Veltro, Parma 2020, 116 pp., € 15,00

LEuropa-come-rivoluzione-Prima-di-copertina-290x420.jpgIl titolo di questa recensione della tesi di laurea di Lorenzo Disogra, pubblicata dalle Edizioni all’insegna del Veltro con una prefazione del Professor Franco Cardini, potrebbe sembrare inutilmente altisonante. La qualità del testo è indubbia: un lavoro rigoroso e documentato come si addice ad una tesi di laurea, impreziosito dal dono della sintesi e da una prosa scorrevole. L’autore riesce in un centinaio di pagine a ricostruire, percorrendo in parallelo la vicenda militante e la produzione teorica di Jean Thiriart, il “pensiero e l’azione” di una delle figure più incomprese e trascurate della Politica europea. Politica con l’iniziale maiuscola, a significare quel raro connubio di idee e di azione, di cultura e prassi, di lucidità e passione che caratterizzano la figura del militante belga.

E allora, che bisogno c’è di definire questa biografia politica e intellettuale un “breviario per i patrioti europei”?

L’opera di Disogra ha un pregio rarissimo: unisce alla lucidità del rigore le vibrazioni di una passione politica autentica. Restituisce la genuinità e l’entusiasmo di un figlio del Novecento ricostruendo la passione e lo slancio che dalla militanza nell’estrema sinistra belga lo portarono a schierarsi con i Tedeschi durante il secondo conflitto mondiale, quindi a solidarizzare coi coloni europei in Africa per approdare infine a sostenere la causa palestinese ed antimperialista, in un percorso che solo superficialmente può essere etichettato come incoerente.

Jean Thiriart una stella polare la ebbe sempre: l’Europa. Egli si distanziò nettamente dalle idee e dalla prassi dell’estrema destra postbellica, disprezzando ogni nostalgismo e condannando come antieuropea ogni forma di sciovinismo, nel nome di una “più grande patria”, quella continentale. Senza curarci di quello che possano pensare di un pensatore simile le tribù dei “progressisti” e dei “sovranisti” (due facce della medesima medaglia americanista), crediamo che sbagli anche chi confonde il pensiero di Thiriart come una forma di grande-europeismo neo-destrista. Il pensiero di Thiriart è genuinamente geopolitico e autenticamente antimperialista, e il suo grande-europeismo è da un lato difensivo nei confronti dell’imperialismo americano e del messianismo anglosassone, ma è anche lealmente proattivo e solidale nei confronti di Asia, Russia e Africa: su questo le opere e le azioni del Thiriart più maturo non lasciano spazio ad errori interpretativi, e il lavoro di Disogra lo chiarisce in modo inequivocabile.

Di fronte all’elaborazione thiriartiana – che lungi dall’essere ingenua e sognante è invece lucida, pragmatica e disincantata – le obiezioni antieuropeiste sull’impossibilità di “fare l’Europa unita” per le mille incompatibilità culturali tra Europei ereditate dal passato diventano deboli balbettii che evaporano dinanzi ad una constatazione: la politica è volontà, i popoli non sono prigionieri del passato ma autori del futuro. Ecco dunque che l’Europa è e deve essere Azione e soprattutto Rivoluzione: il pensiero di Jean Thiriart non è una fumosa filosofia spiritualista, ma un attivismo rivoluzionario vero e proprio. Non è filosofico, non è solo metapolitico: è politico, convintamente.

Non è del resto un maestro del pensiero conservatore europeo, Ortega y Gasset, a spiegarci che è lo Stato a creare la Nazione e non viceversa? E ciò sia detto con buona pace di sciovinismi, razzismi e micronazionalismi vari, oggi spacciati per sovranismi, i quali, frantumando gli Stati e le integrazioni tra Stati, finiscono per agevolare una e una sola vera sovranità: quella del più forte, quella dell’imperialista di Oltreoceano. Il pensiero di Thiriart è presentato dunque per ciò che è: l’ultimo dei grandi volontarismi rivoluzionari del XX secolo, pregno di sapienza politica. Thiriart detestava l’Europa dei trattatelli, dei mercantucoli e dei burocrati eretta a Bruxelles da politicanti, finanzieri e bottegai; eppure non solo la considerava coraggiosamente e generosamente un “meglio di nulla”, ma prevedeva anche che essa avrebbe liberato capacità economiche e comunanze di intenti tali da superare in forza la miopia dei suoi creatori: così è stato, la libertà di movimento e commercio nell’Europa di oggi sono un dato di fatto.

LM.GEOPOL-Genèse-neoeurasisme-I-thiriart-2018-03-28-FR-4.jpgNon è stato privo di impatto per l’autore di questa recensione leggere il libro di Lorenzo Disogra nelle stesse ore in cui ne divorava un altro: Essere e Rivoluzione. Ontologia heideggeriana e politica di liberazione di Daniele Perra per i tipi di Nova Europa. In quelle pagine si ricorda infatti la risposta degli intellettuali tedeschi della Rivoluzione Conservatrice al lamento spengleriano sul “tramonto dell’Occidente”, al quale si indicava l’alternativa di una grande alleanza dei popoli “bianchi” contro quelli “di colore” (quasi un preludio ad Huntington). Il concetto di Occidente non solo non riguarda i rivoluzionari – che si interessano a cose ben più profonde come la Nazione (europea) o la Classe (lavoratrice e antiusuraia); ma se proprio un Occidente esiste, il suo tramonto è un’ottima notizia. Se infatti i popoli sono autori e non vittime della propria storia, essi potranno approfittare della fine dell’Occidente capitalista, positivista e antitradizionale, realizzando la Nazione Europea oppure la lotta dei lavoratori e degli sfruttati. È proprio al tramonto dell’Occidente americanista e liberista, protestante e imperialista, individualista e mercantile che i rivoluzionari del pianeta devono farsi trovare pronti, da Lisbona a Vladivostok, da Teheran a L’Avana.

L’opera di Lorenzo Disogra segna un momento importante in un percorso che parte dagli alunni di Thiriart come Claudio Mutti a Franco Cardini: il thiriartismo italiano è stato prolifico ed ha figliato una rivista – “Eurasia” – attorno alla quale molti giovani sotto i 35 e i 30 anni si raccolgono o dalla quale hanno mosso i primi passi. L’eco del pensiero di un “geopolitico militante” nato nel 1922 continua a risuonare ad un secolo esatto di distanza, e il livre de chevet di Disogra ne è la prova.

 
Laureato nel 2011 in Economia all'Università Bocconi di Milano con una tesi di storia della Finanza, collabora con diverse riviste di strategia e politica internazionale su temi di economia, storia contemporanea e geopolitica, con particolare interesse per il Vicino Oriente e l'area ex-sovietica.
 
 

dimanche, 23 février 2020

»Gegen die moderne Welt« Ellen Kositza empfieht Mark Sedgwick

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»Gegen die moderne Welt«

Ellen Kositza empfieht Mark Sedgwick

 
Ellen Kositza, Literaturredakteurin der Zeitschrift »Sezession«, bespricht Mark Sedgwicks »Gegen die Moderne Welt«.
 
Bestellen kann man den Titel hier: https://www.antaios.de
 

samedi, 22 février 2020

William Galston’s Anti-Pluralism

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William Galston’s Anti-Pluralism

William A. Galston
Anti-Pluralism: The Populist Threat to Liberal Democracy
New Haven: Yale University Press, 2018

“It is time for an open and robust debate on issues of immigration, identity politics, and nationalism that liberals and progressives have long avoided.”—William Galston

Galston is right. I will debate any liberal or progressive about these topics, and if they don’t want to debate me, I will help arrange a debate with whomever they prefer. Contact me at editor@counter-currents.com [2].

William Galston (born 1946) has had a long career spanning both political theory and practice. He received his Ph.D. in political theory from the University of Chicago and has strong Straussian credentials, although he aligns himself with the center-Left, not the neocons. (Arguably, this is a distinction without a difference.) Galston has taught in the political science departments of the University of Texas at Austin and the University of Maryland. He is now affiliated with the centrist Brookings Institution. Galston has worked for the presidential campaigns of John Anderson, Walter Mondale, Bill Clinton, and Al Gore. He was deputy assistant for domestic policy in the Clinton White House from January 1993 to May 1995.

Galston’s Anti-Pluralism: The Populist Threat to Liberal Democracy presents itself as a “liberal-democratic” centrist polemic against the populist Right, in much the same vein as Francis Fukuyama’s Identity: Contemporary Identity Politics and the Struggle for Recognition (2018, see my review here [3], here [4], and here [5]) and Mark Lilla’s The Once and Future Liberal: After Identity Politics (2017, see my review here [6]).

But Galston, like Fukuyama and Lilla, received a Straussian education, so chances are good that his arguments are not entirely straightforward. Indeed, all three books can also be read as polemics against the Left, since they argue that Left-wing excesses are the driving force behind the rise of Right-wing populism. Therefore, if the “liberal democratic” establishment wishes to take the wind out of the sails of Right-wing populism, it needs to rein in the excesses of the far Left.

Galston’s theoretical account of liberal democracy is pretty much standard centrist boilerplate. His theoretical account of populism depends heavily of Jan-Werner Müller’s extremely flawed book What Is Populism?, which I have reviewed [7] already.

For Galston, following Müller, liberal democracy is essentially “pluralist” and populism is “anti-pluralist.” By this, he does not mean that liberal democracies recognize that every healthy society balances the needs of the family, civil society, and the state. Nor does he mean that a healthy polity has differences of opinion that might express themselves in a plurality of political parties. Nor does he mean that a healthy society has different classes. Nor does he mean the separation of powers or the mixed regime. Populists can embrace all those forms of pluralism, but without liberalism.

Instead, for Galston and Müller, pluralism just means “diversity,” i.e., the presence of minorities, which he describes as “helpless” and in need of protection from the tyranny of the majority. By “minorities,” Galston doesn’t mean the people who lose a vote—a group that changes with every vote—but rather more fixed minorities, such as social elites and ethnic minorities.

But what if some minorities are not helpless but actually dangerously powerful? What if liberal democracy has long ceased to be majority rule + protection for minorities? What if liberal democracy has become, in effect, minority rule? What if these ruling minorities are so hostile to the majority that they have enacted policies that not only economically pauperize them, but also destroy their communities with immigration and multiculturalism, and, beyond that, seek their outright ethnic replacement? Liberal democracy is really just a euphemism for minority rule, meaning rule by hostile elites. Naturally, one would expect some sort of reaction. That reaction is populism.

Galston understands this. He recognizes the four major trends that Roger Eatwell and Matthew Goodwin argue are responsible for the rise of populism in their book National Populism: Revolt Against Liberal Democracy: popular distrust of elites, the destruction of communities by immigration and multiculturalism, the economic deprivation—falling largely on the working-class and middle-class—caused by globalization, and the consequent political dealignments in relation to the post-war center-Left/center-Right political establishment. (See my discussions of Eatwell and Goodwin here [8], here [9], and here [10].)

In his Introduction, Galston notes that “The people would defer to elites as long as elites delivered sustained prosperity and steadily improving living standards” (p. 2). Galston actually describes elitism as a “deformation” of liberal democracy: “Elitists claim that they best understand the means to the public’s ends and should be freed from the inconvenient necessity of popular consent” (p. 4).

People stopped trusting elites when economic globalization, immigration, and multiculturalism started making life worse, and not just economically but also in terms of culture and public safety (crime, terrorism): “A globalized economy, it turned out, served the interests of most people in developing countries and elites in advanced countries—but not the working and middle classes in the developed economies . . .” (p. 3). “Not only did immigrants compete with longtime inhabitants for jobs and social services, they were also seen as threatening long-established cultural norms and even public safety” (p. 3).

Galston outlines how our out-of-touch, hostile, increasingly panicked establishment can head off populism before it leads to genuine regime change:

. . . there is much that liberal democratic governments can do to mitigate their insufficiencies. Public policy can mitigate the heedlessness of markets and slow unwanted change. Nothing requires democratic leaders to give the same weight to outsiders’ claims as to those of their own citizens. They are not obligated to support policies that weaken their working and middle classes, even if these policies improve the lot of citizens in developing countries. They are certainly not obligated to open their doors to all newcomers, whatever the consequences for their citizenry. Moderate self-preference is the moral core of defensible nationalism. Unmodulated internationalism will breed—is breeding—its antitheses, an increasingly unbridled nationalism. (p. 5)

The Left, of course, has no problem using public policy to rein in markets, but they vehemently reject Galston’s “moderate self-preference,” which is what some people would call putting “America first.” The American Left is committed to open borders, which will pauperize the American middle and working classes as surely as Republican deindustrialization and globalization.

In chapter 6, “Liberal Democracy in America: What Is to Be Done?,” Galston recommends prioritizing economic growth and opportunity and making sure it is widely shared by everyone. The “second task requires pursuing three key objectives: adopting full employment as a principal goal or economic policy; restoring the link between productivity gains and wage increases; and treating earned and unearned income equally in our tax code” (p. 87). In effect, Galston proposes halting the decline of the American middle class that has been ongoing for nearly half a century by ensuring that productivity gains go to workers, not just capitalists. As a populist, these are policies that I can support.

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Galston also suggests that a corrective to the decline in labor unions and worker bargaining power due to globalization can be offset by measures to “democratize capital through . . . worker ownership of firms, that share the gains more broadly” (p. 99).

Of course productivity can be raised in two ways: by making labor more productive through technological and organizational improvements—or simply by cost-cutting. Practically all the “productivity” gains of globalization are simply due to cost-cutting by replacing well-paid white workers with poorly paid Third Worlders, either by sending factories overseas or by importing legal and illegal immigrants. If public policy is to promote genuine economic growth, it needs to promote genuine increases in productivity, which means technological innovations, as well as better education and all-round infrastructure.

But technology doesn’t just make workers more productive. It also puts them out of work. However, if workers have no incomes, then they cannot purchase the products of automation. (Production can be automated, but consumption can’t.) So how can we maintain technological growth, a healthy middle class, and consumer demand at the same time? Galston points to a partial solution:

. . . the public should get a return on public capital the benefits of which are now privately appropriated. When the government funds basic research that leads to new medical devices, the firms that have relied on this research should pay royalties to the Treasury. When states and localities invest in infrastructure that raises property values and creates new business opportunities, the taxpayers should receive some portion of the gains. One might even imagine public contributions to a sovereign wealth fund that would invest in an index of U.S. firms and pay dividends to every citizen. (p. 99)

The key point is that when machines put us out of work, we should not fall into unemployment but rise into the class of people who live on dividends. A more direct route to the same outcome would be to adopt Social Credit economics, including a dividend or Universal Basic Income paid to every citizen. (For more on this, see my essay, “Money for Nothing [11].”)

Galston does not mention simple, straightforward protectionism, but there are sound arguments for it, and the arguments against it have been refuted. (See Donald Thoresen’s review [12] of Ian Fletcher’s Free Trade Doesn’t Work.)

The bad news for National Populists is that Galston’s proposals, if actually adopted, would significantly retard our political success. The good news is that Galston’s proposals are simply what Eatwell and Goodwin call “National Populism lite,” which means that Galston is abandoning globalism in principle. What he refuses to abandon is the existing political establishment, which he thinks will retain power only by abandoning globalism.

Another piece of good news is that the establishment will probably never listen to Galston. They are fanatically committed to their agenda. They are not going to drop their commitment to globalism in favor of nationalism, even if it is the only way to preserve themselves. Galston is trying to appeal to the rational self-interest of the existing elites. But they are not rational or even especially self-interested. Sometimes people hate their enemies more than they love themselves. But National Populists would implement Galston’s policies, and more. So perhaps he is rooting for the wrong team.

A third piece of good news is that Galston realizes that economic reforms are not enough. Galston also cites studies showing that populist Brexit and Trump voters were not motivated solely by economic concerns (pp. 76–77). They were also motivated by concerns about identity. Since Galston is talking primarily about white countries, National Populism is a species of white identity politics. Since Left-wing populism rejects nationalism and white identity politics (and only white identity politics), it can only address white voters on economic issues, which means that it has less electoral appeal than Right-wing populism.

As I never tire of pointing out, what people want is a socially conservative, nationalistic, interventionist state that will use its power to protect the working and middle classes from the depredations of global capitalism. The elites, however, want social liberalism and globalism both in politics and economics.

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The two-party system is designed to never give the people what they want. The Republicans stand for conservative values and global capitalism. The Democrats stand for liberal values and the interventionist state. When in power, the parties only deliver what the elites want, not what the people want.

The consequence is neoliberalism: an increasingly oligarchical hypercapitalist society that celebrates Left-wing values. Galston offers interesting support for this thesis by quoting Bo Rothstein, “a well-known scholar of European social democracy” who argues (these are Rothstein’s words) that “The more than 150-year-old alliance between the industrial working class and the intellectual-cultural Left is over” (p. 103). Rothstein elaborates:

The traditional working class favors protectionism, the re-establishment of a type of work that the development of technology has rendered outdated and production over environmental concerns; it is also a significant part of the basis of the recent surge in anti-immigrant and even xenophobic views. Support of the traditional working class for strengthening ethnic or sexual minorities’ rights is also pretty low. (p. 103)

Since the Left’s values are the “exact opposite,” Rothstein proposes that the Left ally with the “new entrepreneurial economy.” Hence the marriage of some of the biggest corporations on the planet—Facebook, Apple, Amazon, Microsoft, Google—with trannies, POCs, Muslims, feminists, and global warming fantasists. This coalition thinks it will win through replacing the white working and middle classes with non-whites. Galston notes that Democratic Party circles in the US hold essentially the same views:

The best known have based their case on long-cycle demographic shifts. There is a “rising American electorate” made up of educated professionals minorities, and young people, all groups whose share of the electorate will increase steadily over the next two generations. These groups represent the future. The white working class, whose electoral share has dwindled in recent decades and will continue to do so, is the past. This does not mean that the center-left should ignore it completely. [For instance, on economic matters.] It does mean that there should be no compromise with white working-class sentiments on the social and cultural issues that dominate the concerns of the rising American electorate coalition. (p. 103)

This is a crystal-clear statement of the White Nationalist thesis that the Left is counting on—and promoting—the slow genocide of whites [13] through race-replacement immigration in order to create a permanent Left-wing majority. What could possibly go wrong? Galston drily notes that “This was the theory at the heart of Hillary Clinton’s presidential campaign.”

Obviously, there was going to be a reaction. The Left has been partying like whites are already a minority, but that’s not true yet. White demographic decline is obviously a serious threat if we do nothing about it. But there is nothing inevitable about white demographic decline. It is the product of particular political policies. Thus it can be reversed by different policies. And, as Eatwell and Goodwin argue in National Populism, we still have some decades to turn things around, although of course the time frame varies from country to country. Furthermore, National Populist political movements, once they break through, are highly competitive because, unlike the center-Left and center-Right, we will actually give the people what they want, for a change.

Galston is well aware that the center-Left cannot compete with National Populists on economic ground alone:

If concessions on cultural and social issues are ruled out, appeals to the white working class will have to be confined to economics. . . . The difficulty, as we have seen, is that the audience for this economic appeal cares at least as much about social and cultural issues. Immigration, demographic change, and fears of cultural displacement drove the Brexit vote, and they were the key determinants of Donald Trump’s victory. . . .

So the American center-left has a choice: to stand firm on social and cultural issues that antagonize populism’s most fervent supporters, or to shift in ways for which it can offer a principled defense. It is time for an open and robust debate on issues of immigration, identity politics, and nationalism that liberals and progressives have long avoided. (pp. 103–104)

Galston is absolutely correct here. The Left will not win by bread alone. It needs to address questions of values and identity. But it can’t really do so without abandoning its own values and identity. We really do need open and honest debate on immigration, identity politics, and nationalism, but the Left cannot permit this, because they know they’ll lose.

Galston also recognizes that tribal sentiments—meaning a preference for one’s own—are an ineradicable part of human nature. Because of this, “The issue of national identity is on the table, not only in scholarly debates, but also in the political arena. Those who believe that liberal democracy draws strength from diversity have been thrown on the defensive. Large population flows . . . have triggered concerned about the loss of national sovereignty” (p. 95).

Galston approvingly quotes Jeff Colgan and Robert Keohane’s statement that “It is not bigotry to calibrate immigration levels to the ability of immigrants to assimilate and to society’s ability to adjust” (p. 96). Of course, assimilation is the opposite of multiculturalism. Galston suggests that US immigration policies should shift toward meritocratic concerns about economic contribution, put increasing emphasis on English fluency, and demand greater knowledge of American history and institutions. The main virtue of these proposals is that they would dramatically decrease the numbers of immigrants (p. 96). I heartily agree with Galston’s final remarks on immigration:

One thing is clear: denouncing citizens concerned about immigration as ignorant and bigoted (as former British prime minister Gordon Brown did in an ill-fated election encounter with a potential supporter) does nothing to ameliorate either the substance of the problem or its politics. (p. 96)

But again, Leftists are unlikely to take Galston’s advice. If the Left moved away from moralistic condemnations of immigration skepticism and actually debated the topic, they would simply lose. Indeed, one of the reasons why the Left supports race-replacement immigration is because they have given up on convincing white voters and simply wish to replace them.

Galston also chides Leftists for their arrogance. One of the strongest predictors of Left-wing values is the amount of time people spend in higher education, especially the liberal arts and social sciences. This does not mean that such people are genuinely educated, of course, but they are flattered into thinking they are more enlightened and intelligent than ordinary people, which feeds into populism:

Put bluntly, if Americans with more education regard their less educated fellow citizens with disrespect, the inevitable response of the disrespected will be resentment coupled with a desire to take revenge on those who assert superiority. . . . elites have a choice: they can try to take the edge off status differences or they can flaunt them. . . . It is up to privileged Americans to take the first step by listening attentively and respectively to those who went unheard for far too long. (p. 102)

Galston is right, of course, but there is little likelihood that this recommendation—or any of his others—will be heeded. The pretense of intellectual superiority, no matter how hollow, is close to the core of Leftist identity. To win by abandoning one’s identity feels like losing to most people. Thus they will tend to hold fast to their identities and hope that somehow reality will accommodate their wishes.

William Galston is a perceptive, rational, and courageous writer. I can’t help but respect him, even though he is on the other side. He is a liberal democrat. I am an illiberal democrat. He wants to preserve the current establishment. I don’t. Given that the current establishment has fundamentally betrayed our people—with the Left openly pinning its hopes on the slow genocide of whites and the Right too stupid and cowardly to stop it—we need genuine regime change.

Even though Anti-Pluralism is a critique of National Populism, I find it a highly encouraging book. Rhetorically, the book was often cringe-inducing. Evidently Galston thinks that to communicate difficult truths to liberals, they need a great deal of buttering up. But in terms of its substance, Galston—like Fukuyama and Lilla—concedes many fundamental premises to National Populists, and the only way he can envision stopping National Populism and keeping the existing political establishment in power is by adapting National Populism lite. In short, he has all but conceded us the intellectual victory. Our task is now to achieve it on the political plane.

Article printed from Counter-Currents Publishing: https://www.counter-currents.com

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[7] reviewed: https://www.counter-currents.com/2018/12/what-populism-isnt/

[8] here: https://www.counter-currents.com/2018/12/beyond-the-alt-right-toward-a-new-nationalism/

[9] here: https://www.counter-currents.com/2019/07/national-populism-is-here-to-stay-2/

[10] here: https://www.counter-currents.com/2019/11/uppity-white-folks-and-how-to-reach-them/

[11] Money for Nothing: https://www.counter-currents.com/2012/01/money-for-nothing/

[12] review: https://www.counter-currents.com/2015/09/free-trade-doesnt-work/

[13] genocide of whites: https://www.counter-currents.com/2015/09/white-genocide/

mercredi, 19 février 2020

Où est passé le bien commun ?

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Où est passé le bien commun ?

A propos du livre de Jean Tirole, Prix Nobel d'économie

Ex: http://www.geopolintel.fr

Depuis le retentissant échec économique, culturel, social et environnemental des économies planifiées, depuis la chute du mur de Berlin et la mutation économique de la Chine, l’économie de marché est devenue le modèle dominant, voire exclusif d’organisation de nos sociétés. Même dans le « monde libre », le pouvoir politique a perdu de son influence, au profit à la fois du marché et de nouveaux acteurs. Les privatisations, l’ouverture à la concurrence, la mondialisation, le recours plus systématique aux mises aux enchères dans la commande publique restreignent le champ de la décision publique. Et pour celle-ci, l’appareil judiciaire et les autorités indépendantes de régulation, organes non soumis à la primauté du politique, sont devenus des acteurs incontournables.

Pour autant, l’économie de marché n’a remporté qu’une victoire en demi-teinte, car elle n’a gagné ni les cœurs ni les esprits. La prééminence du marché, à qui seule une petite minorité de nos concitoyens font confiance, est accueillie avec fatalisme, mâtiné pour certains d’indignation. Une opposition diffuse dénonce le triomphe de l’économie sur les valeurs humanistes, un monde sans pitié ni compassion livré à l’intérêt privé, le délitement du lien social et des valeurs liées à la dignité humaine, le recul du politique et du service public, ou encore l’absence de durabilité de notre environnement.

Un slogan populaire qui ne connaît pas de frontières rappelle que « le monde n’est pas une marchandise ». Ces interrogations résonnent avec une acuité particulière dans le contexte actuel marqué par la crise financière, la hausse du chômage et des inégalités, l’inaptitude de nos dirigeants face au changement climatique, l’ébranlement de la construction européenne, l’instabilité géopolitique et la crise des migrants qui en résulte, ainsi que par la montée des populismes partout dans le monde.
Où est passée la recherche du bien commun ? Et en quoi l’économie peut-elle contribuer à sa réalisation ?

Pour mieux comprendre le bien commun

Définir le bien commun, ce à quoi nous aspirons pour la société, requiert, au moins en partie, un jugement de valeur. Ce jugement peut refléter nos préférences, notre degré d’information ainsi que notre position dans la société. Même si nous nous accordons sur la désirabilité de ces objectifs, nous pouvons pondérer différemment l’équité, le pouvoir d’achat, l’environnement, la place accordée à notre travail ou à notre vie privée. Sans parler d’autres dimensions, telles que les valeurs morales, la religion ou la spiritualité sur lesquelles les avis peuvent diverger profondément.

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Il est toutefois possible d’éliminer une partie de l’arbitraire inhérent à l’exercice de définition du bien commun. L’expérience de pensée qui suit fournit une bonne entrée en matière. Supposez que vous ne soyez pas encore né, et que vous ne connaissiez donc pas la place qui vous sera réservée dans la société : ni vos gènes, ni votre environnement familial, social, ethnique, religieux, national… Et posez-vous la question : « Dans quelle société aimerais-je vivre, sachant que je pourrai être un homme ou une femme, être doté d’une bonne ou d’une mauvaise santé, avoir vu le jour dans une famille aisée ou pauvre, instruite ou peu cultivée, athée ou croyante, grandir au centre de Paris ou en Lozère, vouloir me réaliser dans le travail ou adopter un autre style de vie, etc. ? »

Cette façon de s’interroger, de faire abstraction de sa position dans la société et de ses attributs, de se placer « derrière le voile d’ignorance », est issue d’une longue tradition intellectuelle, inaugurée en Angleterre au XVIIe siècle par Thomas Hobbes et John Locke, poursuivie en Europe continentale au XVIIIe siècle par ­Emmanuel Kant et Jean-Jacques Rousseau (et son contrat social), et plus récemment renouvelée aux États-Unis par la théorie de la justice du philosophe John Rawls (1971) et la comparaison interpersonnelle des bien-être de l’économiste John Harsanyi (1955).

Pour restreindre les choix et vous interdire de « botter en touche » par le biais d’une réponse chimérique, je reformulerai légèrement la question : « Dans quelle organisation de la société aimeriez-vous vivre ? » La question pertinente n’est en effet pas de savoir dans quelle société idéale nous aimerions vivre, par exemple une société dans laquelle les citoyens, les travailleurs, les dirigeants du monde économique, les responsables politiques, les pays privilégieraient spontanément l’intérêt général au détriment de leur intérêt personnel.

Car si […] l’être humain n’est pas constamment à la recherche de son intérêt matériel, le manque de prise en considération d’incitations et de comportements pourtant fort prévisibles, que l’on retrouve par exemple dans le mythe de l’homme nouveau, a mené par le passé à des formes d’organisation de la société totalitaires et appauvrissantes.

Concilier intérêt personnel et intérêt général

Ce livre part donc du principe suivant : que nous soyons homme politique, chef d’entreprise, salarié, chômeur, travailleur indépendant, haut fonctionnaire, agriculteur, chercheur, quelle que soit notre place dans la société, nous réagissons tous aux incitations auxquelles nous sommes confrontés. Ces incitations – matérielles ou sociales – et nos préférences combinées définissent le comportement que nous adoptons, un comportement qui peut aller à l’encontre de l’intérêt collectif.

C’est pourquoi la recherche du bien commun passe en grande partie par la construction d’institutions visant à concilier autant que faire se peut l’intérêt individuel et l’intérêt général. Dans cette perspective, l’économie de marché n’est en rien une finalité. Elle n’est tout au plus qu’un instrument ; et encore, un instrument bien imparfait si l’on tient compte de la divergence possible entre l’intérêt privé des individus, des groupes sociaux et des nations, et l’intérêt général.

9782130729969_h430.jpgS’il est difficile de se replacer derrière le voile d’ignorance tant nous sommes conditionnés par la place spécifique que nous occupons déjà dans la société, cette expérience de pensée permettra de nous orienter beaucoup plus sûrement vers un terrain d’entente. Il se peut que je consomme trop d’eau ou que je pollue, non pas parce que j’en tire un plaisir intrinsèque, mais parce que cela satisfait mon intérêt matériel : je produis plus de légumes, ou j’économise des coûts d’isolation, ou je me dispense de l’achat d’un véhicule plus propre. Et vous qui subissez mes agissements, vous les réprouverez.

Mais si nous réfléchissons à l’organisation de la société, nous pouvons nous accorder sur la question de savoir si mon comportement est désirable du point de vue de quelqu’un qui ne sait pas s’il en sera le bénéficiaire ou la victime, c’est-à-dire si le désagrément du second excède le gain du premier. L’intérêt individuel et l’intérêt général divergent dès que mon libre arbitre va à l’encontre de vos intérêts, mais ils convergent en partie derrière le voile d’ignorance.

Bien-être et droits

Un autre bénéfice de cet outil de raisonnement que représente l’abstraction du voile d’ignorance est que les droits acquièrent une rationalité et ne sont plus de simples slogans : le droit à la santé est une assurance contre la malchance d’avoir les mauvais gènes, l’égalité des chances devant l’éducation doit nous assurer contre les différences qu’induit l’environnement où nous naissons et grandissons, les droits de l’homme et la liberté sont des protections contre l’arbitraire des gouvernants, etc.

Les droits ne sont plus des concepts absolus, que la société peut ou non accorder ; ce qui les rend plus opératoires, car en pratique ils peuvent être octroyés à des niveaux divers ou entrer en conflit les uns avec les autres (par exemple, la liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres).

La recherche du bien commun prend pour critère notre bien-être derrière le voile d’ignorance. Elle ne préjuge pas des solutions et n’a pas d’autre marqueur que le bien-être collectif. Elle admet l’usage privé pour le bien-être de la personne, mais pas l’abus de cet usage aux dépens des autres. Prenons l’exemple des biens communs, ces biens qui, derrière le voile d’ignorance, doivent pour des raisons d’équité appartenir à la communauté : la planète, l’eau, l’air, la biodiversité, le patrimoine, la beauté du paysage…

Leur appartenance à la communauté n’empêche pas qu’in fine ces biens seront consommés par les individus. Par tous à condition que ma consommation n’évince pas la vôtre (c’est le cas de la connaissance, de l’éclairage sur la voie publique, de la défense nationale ou de l’air). En revanche, si le bien est disponible en quantité limitée ou si la collectivité veut en restreindre l’utilisation (comme dans le cas des émissions carbonées), l’usage est nécessairement privatisé d’une manière ou d’une autre.

C’est ainsi que la tarification de l’eau, du carbone ou du spectre hertzien privatise leur consommation en octroyant aux agents économiques un accès exclusif pourvu qu’ils acquittent à la collectivité le prix demandé. Mais c’est précisément la recherche du bien commun qui motive cet usage privatif : la puissance publique veut éviter que l’eau ne soit gaspillée, elle souhaite responsabiliser les agents économiques quant à la gravité de leurs émissions, et elle entend allouer une ressource rare – le spectre hertzien – aux opérateurs qui en feront un bon usage.

Le rôle de l’économie

Ces remarques anticipent en grande partie la réponse à la ­deuxième question, la contribution de l’économie à la recherche du bien commun. L’économie, comme les autres sciences humaines et sociales, n’a pas pour objet de se substituer à la société en définissant le bien commun. Mais elle peut y contribuer de deux manières.

41-RfSol41L._SX326_BO1,204,203,200_.jpgD’une part, elle peut orienter le débat vers les objectifs incarnés dans la notion de bien commun en les distinguant des instruments qui peuvent concourir à leur réalisation. Car trop souvent, comme nous le verrons, ces instruments, qu’il s’agisse d’une institution (par exemple le marché), d’un « droit à » ou d’une politique économique, acquièrent une vie propre et finissent par perdre de vue leur finalité, allant alors à l’encontre du bien commun qui les justifiait de prime abord. D’autre part, et surtout, l’économie, prenant le bien commun comme une donnée, développe les outils pour y contribuer.

L’économie n’est ni au service de la propriété privée et des intérêts individuels, ni au service de ceux qui voudraient utiliser l’État pour imposer leurs valeurs ou faire prévaloir leurs intérêts. Elle récuse le tout-marché comme le tout-État. L’économie est au service du bien commun ; elle a pour objet de rendre le monde meilleur. À cette fin, elle a pour tâche d’identifier les institutions et les politiques qui promouvront l’intérêt général. Dans sa recherche du bien-être pour la communauté, elle englobe les dimensions individuelle et collective du sujet. Elle analyse les situations où l’intérêt individuel est compatible avec cette quête de bien-être collectif et celles où au contraire il constitue une entrave.

« Économie du bien commun » de Jean Tirole, Éditions PUF, Paris mai 2016, 640 pages, 18€.

Jean Tirole. TSE

 

mardi, 18 février 2020

La répression pénale s’introduit à l’intérieur de la conscience

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La répression pénale s’introduit à l’intérieur de la conscience

Par Raoul de Bourges 

71wNj1C-eaL.jpgJosé Ortega y Gasset affirmait que se proclamer de droite ou de gauche, c’était accuser dans l’un et l’autre cas une hémiplégie morale. Nulle possibilité que François Sureau tombât dans une quelconque infirmité. Il se campe de longue date en défenseur de la liberté, de toutes les libertés publiques. C’est le rôle impérieux qu’il s’arroge, une fois encore, avec la rigueur du juriste et la verve de l’avocat et écrivain qu’il est, dans son opuscule Sans la liberté publié en septembre 2019 aux Tracts Gallimard.

Notre fiévreux Don Quichotte n’aime rien moins que les lois liberticides : lois mémorielles, attributions aux magistrats du parquet de faire le tri entre les bons et les mauvais manifestants, loi organisant la répression des fausses nouvelles, loi imposant l’immatriculation des vélos. Il déteste qu’on touche aux symboles et le vélo est une sorte de citadelle qui, si elle cède, s’ajoutera à la longue liste des libertés envolées. Ainsi en est-il encore de la loi Avia qui doit être promulguée et qui « introduit désormais la répression pénale à l’intérieur de la conscience ». Cette loi se fixe comme objet de lutter contre les propos haineux sur Internet, ce que Sureau fustige évidemment : « Si l’on revient un instant aux "discours de haine" que la loi se propose désormais de faire réprimer par les sociétés privées qui les diffusent, et qui suscitent en effet le dégoût ou la révolte, il me semble qu’il est erroné de penser qu’une simple loi, par l’effet de son édiction, pourra réduire un phénomène qui résulte de mécanismes sociaux et humains complexes […] A l’heure où les gouvernements sont bien obligés d’avouer leur impuissance face aux dérèglements de l’environnement ou à la mondialisation des échanges […] Hantés par la crainte d’une violence sociale à la fois générale et diffuse, nous cherchons à recréer une forme de civilité par la répression. C’est une voie sans issue. » L’affirmation peut surprendre à l’heure où l’on ne voit pas comment, sans un retour à plus d’autorité et un rappel aux devoirs de chacun, on pourrait parvenir à restaurer la concorde sociale. Mais Sureau demeure inflexible en stipulant que l’Etat de droit, dans ses principes et ses organes, a été conçu pour que ni les désirs du gouvernement ni les craintes de peuples n’emportent sur leur passage les fondements de l’ordre politique, et d’abord la liberté : « C’est cette conception même que, de propagande sécuritaire en renoncements parlementaires, nous voyons depuis vingt ans s’effacer de nos mémoires sans que personne ou presque ne semble s’en affliger. » Ainsi prédit-il que la loi Avia nous ouvrira un horizon chinois, où l’Etat et les opérateurs, par une incessante coopération électronique, pourront rejeter un citoyen « vers les ténèbres extérieures de la mort sociale ». L’Etat orwellien dont le comportement est rarement un modèle, qu’il s’agisse de légalité ou d’honneur -pensons au débranchement de Vincent Lambert, honte absolue dont s’est couvert l’Etat qui aurait dû le sauver plutôt que de le sacrifier-, impose une tutelle toujours plus forte à laquelle le citoyen n’a pas d’autre choix que de s’y soumettre.

Si l’édifice des droits se lézarde, il ne faut pas se méprendre quant à l’intention de notre auteur. Il n’est nullement question pour lui de défendre la surenchère des droits qui embouteillent nos démocraties : « Le citoyen se pense moins comme citoyen que comme individu, réclamant des droits pour lui et des supplices pour les autres, prêt à ce que la liberté de tous s’efface pour peu qu’on paraisse lui garantir la sienne, sous la forme d’une pleine capacité de jouissance des objets variés qu’il aime. Bernanos écrit que la liberté des autres lui est aussi nécessaire que la sienne. Cette idée n’est plus si communément partagée. Les gouvernements n’ont pas changé. C’est le citoyen qui a disparu. » L’individu est devenu tout à fait solitaire, libre mais seul. Doté de droits quasi illimités, mais désespérément seul. Se pose dés lors la question de savoir à quelles appartenances il pourrait se rattacher. Au culte de la nature ? A celui du Dieu des catholiques qui longtemps prévalut en nos vieilles terres chrétiennes ? Sureau ne le dira pas, mais le libéralisme libertaire, cette version dévoyée de la liberté, a engendré deux monstres : le monstre du contrôle social et la société liquide de l’individu anomique sans racines et sans espérance.

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Impuissants à organiser leurs polices, depuis vingt ans, les gouvernements restreignent drastiquement les libertés pour conserver les faveurs du public et s’assurer de son vote, « nous éloignant chaque année un peu plus des mœurs d’une démocratie ». Or, la liberté est un bien très précieux sans laquelle il n’y a pas de société politique. La prééminence de l’égalité -de l’égalitarisme- comme pierre angulaire de l’action politique moderne est à cet égard préoccupante par le déséquilibre qu’elle engendre au sein même de nos valeurs fondatrices.

Ni de droite ni de gauche, disions-nous, l’avocat des libertés renvoie toutes les obédiences dos à dos : « La gauche a abandonné la liberté comme projet. La droite a abandonné la liberté comme tradition, comme élément central d’une tradition nationale au sens d’Edmund Burke. Le premier camp réclame des droits "sociétaux" comme on dit aujourd’hui, dans un long bêlement progressiste, le deuxième réclame des devoirs dans un grand bêlement sécuritaire. » Citant René Girard et son inspiré désir mimétique, Sureau déplore que nous nous exprimions avec les mots de nos maîtres, cependant que ces maîtres ne se survivent que dans leur docilité à nos passions : « Et quand bien même nous serions devenus incapables de former à nouveau le projet politique de la liberté, nous devrions encore préférer la simple licence, la pulvérisation de l’idée de liberté en cent images irréconciliables, sa diffusion en mille comportements opposés, plutôt que ce que l’ordre social nous promet : la dictature de l’opinion commune indéfiniment portée par les puissances nouvelles de ce temps, et trouvant un renfort inattendu dans le désir des agents d’un l’Etat discrédité de se rendre à nouveau utiles au service d’une cause cette fois enfin communément partagée -celle de la servitude volontaire. »

vendredi, 07 février 2020

Gisela Horst Panajotis KondylisLeben und Werk – eine Übersicht

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Gisela Horst

Panajotis KondylisLeben und Werk – eine Übersicht

564 Seiten | Broschur | Format 15,5 × 23,5 cm

Epistemata Philosophie, Bd. 605

58,00 | ISBN 978-3-8260-6817-1 

Kondy13k.jpgDieses Buch enthält erstmals umfangreiche biografische Daten des Philoso-phen und Ideengeschichtlers Panajotis Kondylis (1943–1998) und einen in-haltlichen Überblick über sein umfangreiches Werk. – Kondylis promovierte in Heidelberg und verfasste bedeutende geistesgeschichtliche Standardwerke zum Konservativismus, zur europäischen Aufklärung, zur Dialektik, zur Mas-sendemokratie und zur Metaphysikkritik, und er bezog als Autor Stellung zum politisch-sozialen Zeitgeschehen. Sein Beitrag zur Philosophie besteht in anthropologischen Grundeinsichten, die in Macht und Entscheidung und Sozialontologie entwickelt werden. Er lieferte zwei Beiträge zum histori-schen Lexikon Geschichtliche Grundbegriffe und war Träger von Ehrungen und Preisen, u.a. erhielt er den Wissenschaftspreis der Humboldtstiftung, war Fellow des Berliner Wissenschaftskollegs und Träger der Goethemedaille.Die AutorinGisela Horst (geb. 1946) kennt Kondylis aus persönlichen Gesprächen; nach Ende ihrer beruflichen Tätigkeit als Naturwissenschaftlerin studierte sie Lite-ratur- und Geschichtswissenschaft an der Fernuniversität in Hagen und ver-fasste dort eine Dissertation zu Leben und Werk von P. Kondylis bei Prof. Dr; Peter Brandt

«Et toujours à nouveau Versailles»

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«Et toujours à nouveau Versailles»

Un siècle analysé à la loupe. Entretien entre Alexandre Sosnovsky et Willy Wimmer

par Wolfgang van Biezen

Ex: https://www.zeit-fragen.ch

«If ever we were to re-educate the German population, it would be a good thing to mix freely with them and teach them our standarts of freedom and individual responsibility.» («Si jamais nous devions rééduquer la population allemande, il serait bien de nous y mélanger librement pour lui enseigner nos normes de liberté et de responsabilité individuelle.»)

Maréchal Montgomery, septembre 1945(1)

L’année passée, deux experts, l’un russe, l’autre allemand, se sont entretenus sur la situation politique globale régnant avant et après «Versailles». Les deux auteurs qui ont publié en mai 2019 un livre intitulé: «Und immer wieder Versailles» [Et toujours à nouveau Versailles], sont véritablement engagés pour la paix dans le monde.


ZF_20200114_01_BT_Sosnowski_Und_immer_wieder_Versailles_kleinst.jpgFace à la manière dont le dit Traité de paix de Versailles a mis en opposition les peuples européens après 1919, préparant ainsi de nouveaux conflits militaires; dont l’Europe centrale a été démembrée et trois empires démantelés du jour au lendemain; dont l’Empire ottoman a été dépecé et des révolutions ont secoué la partie occidentale de l’Eurasie; dont, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, une nation s’est transformée en unique puissance mondiale. Donc face à l’envergure de ces bouleversements, il est étonnant de constater que peu d’impulsions de la part des cercles d’historiens n’aient été déclenchées au cours de cette année de commémoration susceptible à élaborer en profondeur un débat publique sur les causes et les effets de ces accords.


La paix règne-t-elle dans le monde depuis les dits Traités de paix de 1919? A-t-on pu observer un changement d’attitudes et d’actions face à la question de guerre et de paix? Est-ce devenu la règle qu’en cas de désaccord, on se retrouve à la table de négociation pour éviter un éventuel conflit militaire avec toutes ses misères?


Les guerres sont-elles vraiment proscrites? Le droit international est-il davantage qu’une simple déclaration d’intention? De quel droit une nation peut-elle ordonner la rééducation de telle autre nation? Est-il permis de tracer arbitrairement de nouvelles frontières?


Pourquoi la nature humaine, orientée vers la paix et la coexistence en prospérité est-elle si misérablement bafouée?


Pourquoi ne nous laisse-t-on pas vivre en paix avec nos voisins? Quel est le rapport entre le déploiement de l’OTAN, cette alliance autoproclamée à caractère offensif, jusqu’à la frontière de la Fédération de Russie et la sécurité collective? Pourquoi le 4 décembre 2019, lors du sommet de l’OTAN à Londres, la Chine et la Russie ont-elles été qualifiées de «défis» pour l’OTAN?


Il y a en effet des nations qui revendiquent le droit d’utiliser la guerre comme instrument politique. Quelle philosophie permet une telle réflexion? Qui décide de la direction que doit prendre la recherche historique et de celle qui lui est défendue? Y a-t-il des présidents qui, bien qu’élus par le peuple, sont éliminés par un coup d’Etat parce qu’ils ne sont pas appréciés par des pouvoirs extérieurs?


Et qui domine le système financier mondial? Qui en sont les bénéficiaires et qui en sont les victimes? Qui veut la paix, qui préfère la guerre?


Le professeur Alexandre Sosnovsky, né en 1955 à Kiev, est un expert reconnu en matière de politique de sécurité. Il travaille pour plusieurs médias allemands et russes. Il mène l’entretien avec Willy Wimmer, suffisamment connu de nos lecteurs comme homme politique au Bundestag allemand, auteur de livres et de nombreux articles fondamentaux sur l’histoire et l’actualité de la politique allemande.


Les deux auteurs ont en commun des biographies extrêmement intéressantes. Les entretiens dans lesquelles ils s’engagent, leurs considérations élaborées ainsi que leurs réponses détaillées permettent aux lecteurs de participer à des réflexions politico-historiques actuelles de haut niveau. Le livre est agréable à lire, tout en nécessitant quelques connaissances de base. Il mérite d’être lu avec considération et dans des moments tranquilles. Ainsi, il s’avère être un stimulant approprié aux événements de «Versailles» et aide à approfondir ses propres réflexions. La compréhension de l’histoire des deux auteurs est similaire: les deux sont bien conscients qu’il y a des antécédents à «Versailles». Au Congrès de Vienne, après les guerres napoléoniennes dévastatrices, toutes les parties, également les parties vaincues, se retrouvèrent assises autour de la table de négociations pour trouver un nouvel ordre de paix en Europe. Le tsar russe Alexandre Ier a élaboré un plan visant à résoudre pacifiquement les futurs conflits autour de la table de négociations avant que le conflit armé n’éclate. Le Chancelier autrichien Metternich approuva cette approche parfaitement raisonnable. Les Britanniques par contre, déjà en voie de devenir rapidement une puissance mondiale, n’apprécièrent pas cette approche et déclarèrent fermement que pour eux il était indispensable de pouvoir faire la guerre quand et où elle leur semblait utile.


C’est là que furent posés les jalons définissant la politique anglo-saxonne jusqu’à ce jour. Au cours de leur entretien Alexander Sosnovsky et Willy Wimmer présentent toutes leur connaissances de manière passionnante et instructive. Les deux auteurs s’entretiennent donc «sur la même longueur d’onde» – c’est une expérience devenue plutôt inhabituelle et encourageante de pouvoir profiter de ces échanges historiques russo-allemands et germano-russes. Le livre contribue à une vision moderne de l’histoire, enrichie par de nouveaux contextes, inconnus ou inimaginables jusqu’à présent.   

1    Instructions for British Servicemen in Germany 1944. First published by the Foreign Office, 1943. Preface.

Traduction allemande et réimpression chez Kiepenheuer und Witsch 2015

dimanche, 02 février 2020

Yoram Hazony’s The Virtue of Nationalism

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Yoram Hazony’s The Virtue of Nationalism
 

Ex: https://www.unz.com

Yoram Hazony is an Israeli political theorist. He has a BA in East Asian studies from Princeton and a Ph.D. in political theory from Rutgers. While at Princeton, he founded a conservative publication, the Princeton Tory. An orthodox Jew and a political Zionist, he is the president of the Herzl Institute in Jerusalem. He is also the chairman of the Edmund Burke Foundation, the purpose of which seems to be to nudge conservatism in America and Europe in a more nationalist direction.

The Virtue of Nationalism is a lucidly written, trenchantly argued antidote to the anti-nationalist sentiments that dominate mainstream politics, both Left and Right. Hazony seeks to defend the nation-state as the best form of government, pretty much for everyone. Hazony defines a nation as “a number of tribes with a shared heritage, usually including a common language or religious traditions, and a past history of joining together against common enemies” (p. 100). Hazony defines a nation-state as “a nation whose disparate tribes have come together under a single standing government, independent of all other governments” (p. 100).

HazonyNationalism.jpgHazony defines the nation-state in contradistinction to two alternatives: tribal anarchy and imperialism. Tribal anarchy is basically a condition of more or less perpetual suspicion, injustice, and conflict that exists between tribes of the same nation in the absence of a common government. Imperialism is an attempt to extend common government to the different nations of the world, which exist in a state of anarchy vis-à-vis each other.

Hazony’s primary example of tribes coming together to form a state is the tribes of Israel, whose history may well be entirely fictional. There are, however, historical examples of such “tribal” unification from the 19th century, when different Italian “tribes” came together in the Kingdom of Italy, and different German “tribes” came together to form the Second Reich. However, in the 19th and 20th centuries, it was far more common for nation-states to emerge by separating themselves from empires.

Hazony’s appeals to the Bible considerably weaken his argument but reveal his primary audience: American Protestant Zionists. Thus the first part of The Virtue of Nationalism offers a historical narrative in which nationalism was created by the ancient Israelites, suppressed by various ancient empires—Assyrian, Babylonian, Persian, Hellenistic, Roman, Catholic, and Islamic—then revived after the Reformation and codified in the Peace of Westphalia.

In Chapter III, “The Protestant Construction of the West,” Hazony claims that Protestant political thought rests on two Old Testament principles. First, legitimate governments must protect the common good of the people and uphold Christianity. Second, different nations have the right to self-determination, i.e., to govern themselves without the interference of others.

In Chapter VII, “Nationalist Alternatives to Liberalism,” Hazony distinguishes between the “neo-Catholic” approach, which upholds the Biblical principle of legitimacy but rejects nationalism for empire; the “neo-nationalist” view which rejects Biblical legitimacy but embraces the nation-state; and the “conservative” or “traditionalist” viewpoint, which embraces both Biblical legitimacy and nationalism.

Hazony, of course, favors the third, as would most Protestant Zionists, but it should be noted that only the second option is consistent with the American separation of church and state. Moreover, only the second option is consistent with the many European nations that are now post-Christian.

71SNg-fRfgL.jpgHazony argues that nationalism has a number of advantages over tribal anarchy. The small states of ancient Greece, medieval Italy, and modern Germany wasted a great deal of blood and wealth in conflicts that were almost literally fratricidal, and that made these peoples vulnerable to aggression from entirely different peoples. Unifying warring “tribes” of the same peoples under a nation-state created peace and prosperity within their borders and presented a united front to potential enemies from without.

But if the nation-state has such advantages, why stop there? Why not continue the process by unifying nation-states into empires? Wouldn’t that expand the realm of peace and prosperity, in principle to the whole globe?

Hazony prefers to stand with the nation-state. Political unification can lead us that far, but no farther. Thus he spends a good deal of time criticizing imperialism in all its forms: religious, ethnic, and secular, including liberalism, federalism, and civic nationalism. It is the best part of his book.

Hazony doesn’t like the word sovereignty, claiming it smacks of absolutism and rationalism. But he paraphrases the concept when he speaks of “collective freedom,” “non-interference in the internal affairs of other national states,” and “a government monopoly of organized coercive force within the state” (p. 177).

A nation is either sovereign or it isn’t. A sovereign state does not take orders from other entities. It controls its internal affairs. It does not suffer other armed powers within its borders. It stands on terms of equality with other sovereign states, no matter how large or small. It has the right to say “no” to other states and international bodies.

Imperialists seek to obfuscate this hard either/or with euphemisms like “federalism,” “subsidiarity,” and the risible EU newspeak “pooled sovereignty.” Federalism and subsidiarity are attempts to coax states to give up their sovereignty by assuring them that they will retain autonomy in all matters that are unimportant to the center. But on important matters, they are not allowed to say no. Thus when advocates of empire assure nations that they will be allowed to control their internal affairs, they will enjoy no more sovereignty than an Indian reservation. Pooled sovereignty means that EU member states can vote on EU policies, but they have to abide by majority decisions. They have no veto power, which means that they are not sovereign when it counts, which is when one wants to say “no.”

According to Hazony, the nation-state is superior to imperialism because:

  • Nationalism “offers the greatest possibility for collective self-determination.”
  • Nationalism “inculcates an aversion to the conquest of foreign nations.”
  • Nationalism “opens the door to a tolerance of diverse ways of life.”
  • Nationalism “establishes a life of astonishingly productive competition among nations as each strives to attain the maximal development of its abilities and those of its individual members.”
  • The “powerful mutual loyalties that are at the heart of the national state give us the only known foundation for the development of free institutions and individual liberties.” (p. 10)
  • Nationalism also reduces the amount of hatred and violence in the world (Part Three: Anti-Nationalism and Hate).

Hazony makes it clear that the tribes that are candidates for political unification in a nation-state already belong to the same nation. They share a common language, religion, and culture. In short, a nation is an ethnic group.

The collective freedom maximized by nation-states is the freedom of ethnic groups to live by their own lights—and to allow different peoples to do the same, hence tolerance and an aversion to empire. Hazony puts this point very beautifully in the Conclusion of his book:

The nationalist, we may say, knows two very large things, and maintains them both in his soul at the same time: He knows that there is great truth and beauty in his own national traditions and in his own loyalty to them; and yet he also knows that they are not the sum of human knowledge, for there is also truth and beauty to be found elsewhere, which is own nation does not possess. (p. 231)

9789657052068.jpgThe “mutual loyalty” at the heart of nation-states is a product of a common ethnicity. How does ethnic unity make free institutions possible? Every society needs order. Order either comes from within the individual or is imposed from without. A society in which individuals share a strong normative culture does not need a heavy-handed state to impose social order.

The move from nation-state to empire requires that peoples lose their collective sovereignty. Beyond that, because empires by nature contain many nations, the empire cannot depend upon a common culture to produce order and civility. These must, therefore, be imposed mechanically by the state. Thus empires erode free institutions.

Hazony offers a very strong critique of civic nationalism and the idea that a state can be ethnically neutral (Chapter XVI: “The Myth of the Neutral State”). Hazony thinks it is inevitable that the boundaries of states do not precisely coincide with nations. Not all Poles live in Poland, and some non-Poles do. But if all states are multiethnic, then shouldn’t they be ethnically “neutral”? Shouldn’t they base their unity on something other than ethnicity, such as a civic creed?

Hazony rejects this as a delusion. Even supposedly universalistic civic creeds are actually the products of particular ethnic groups. Their persistence through time depends on these ethnic groups. These ethnic groups might fool themselves into thinking that they are simply “humanity” and their principles are “universal,” but the minority groups who live with them are never fooled. Hazony claims that, whether we admit it or not, the core of every nation has to be an ethnic group that imposes its basic norms and ways of life on minorities.

Hazony also deals with the common argument that nationalism produces hatred and conflict, whereas high-minded globalist/imperialist schemes will give rise to peace and love. But everybody hates somebody. Globalists, Hazony points out, are energetic haters as well. They are also willing to unleash vast and devastating wars to bring peace and love to the far corners of the map.

411TCU-+pEL._SX315_BO1,204,203,200_.jpgIn fact, Hazony argues, imperialism is far more conducive to hatred and violence than nationalism.

Nationalists are particularists, and liberal globalists are universalists. Nationalists believe that it is legitimate for multiple states with different values and ways of life to exist, whereas liberal globalists implicitly deny the legitimacy of all non-liberal states and ways of life. Thus for liberal globalists, every other state is a potential target of hatred and war. Thus every conflict is potentially global. And every enemy should in principle be destroyed, for if no other regime is really legitimate, with whom can one reach a settlement? For globalists, the globe is the only natural limit for hatred, fighting, and political expansion.

Particularists, by contrast, have only petty hatreds and petty conflicts, which are confined to small areas and can be concluded in a relatively brief time with a negotiated peace, because nationalists regard it as legitimate for other nations to exist, even when they make war against them.

Liberal globalists have an inflated sense of themselves, for they believe that they represent not just a particular regime but the interests of all humanity. This means that they regard their enemies as the enemies of all humanity. This makes their hatreds more intense and their conflicts more protracted and deadly, because how can one not be at war with the enemies of humanity? (There are, of course, material limits to war, which often force globalists to stop fighting sooner than they would like.) Nationalists find it easier to avoid war and conclude peace because they don’t have inflated senses of their own goodness and their enemies’ evil.

An important theme of The Virtue of Nationalism is the critique of liberalism. Hazony claims liberalism is false because it begins with a false image of man: a rational actor loyal only to himself, shorn of any attachments to collectives—for instance, the family, tribe, and nation into which every individual is born. On top of this false anthropology, liberalism erects a false ethics and political philosophy: the only legitimate claims that can be made on a rational individual are those he chooses for himself. The only legitimate institutions are those that a rational individual would choose for himself.

Liberal man is basically identical to economic man. The rational, self-interested behavior of liberal man finds its purest expression in the marketplace. By making the behaviors of economic man normative, liberalism dissolves non-economic social institutions like family, tribes, and nations. All individuals emerge from these collectives, which impose unchosen relationships on individuals and evoke strong feelings of attachment, which can cause individuals to risk and sacrifice their lives to preserve these collectives. Hazony calls such collective attachments “loyalties” (p. 65). The liberal individualist project seeks to dissolve all unchosen relationships and to make all loyalties contingent on loyalty to the self.

Hazony argues that liberalism is an inherently imperialistic ideology. Nations are collectives. But only individuals matter to liberals. Because all men are the same insofar as they are rational, self-interested agents, all boundaries between political entities are morally meaningless. Liberals also believe that only liberal regimes are legitimate. Thus liberals have no moral objections to overthrowing illiberal regimes, particularly if this coincides with economic interests.

Hazony emphasizes that although nationalists reject imperialistic globalist institutions, nationalism is itself a vision of the best world order. Thus in Chapter XVIII he outlines “Some Principles of the Order of Nationalist States.”

First, he claims that “the order of national states . . . grants political independence to nations that are cohesive and strong enough to secure it” (p. 176). The core of cohesiveness is ethnic, which means that a proposed state that lacks a core ethnic group is not a candidate for independence. The most cohesive state of all, of course, would be entirely ethnically homogeneous.

As for being “strong enough to secure” independence: Why this concession to Realpolitik? If a nation is strong enough to secure its independence, it doesn’t really need international recognition. It is nice, but not necessary. It is precisely the peoples that cannot secure their independence on their own that need to depend on an international order of nationalist states. Many such countries exist today. Andorra, Lichtenstein, Monaco, the Vatican, and San Marino do not have the ability to establish their independence by force of arms. But that is true of most states. There is not a single nation in Europe that is a military match for the United States or Russia. Hazony thinks that small states that cannot secure their independence are doomed to become non-sovereign protectorates of larger states. But there are alternatives: Small states can secure their independence by allying themselves with other sovereign states, and they can appeal to the moral and political principles upheld by an international order of nationalist states.

The second principle is “non-interference in the internal affairs of other national states” (p. 177). Does this apply to all sovereign states, or just the nationalist ones? Does it not apply, then, to empires? This would be problematic, because, as I will discuss at greater length later, when Hazony claims that nation-states can contain minority groups under the dominion of a core ethnic population, it is hard to distinguish them from empires. This is particularly the case when Hazony argues that even empires that claim to be based on universal principles have an ethnic character.

cf204a130708bf5ad104fecc59436619-w204@1x.jpgThe third principle is “government monopoly of organized force within the state” (p. 177), as opposed to tribal anarchy. A failed state is one in which different ethnic groups create their own militias.

The fourth principle is the “maintenance of multiple centers of power” (p. 180), which is the old doctrine of maintaining a balance of power so that one state, or group of states, never becomes powerful enough to destroy the sovereignty of the rest.

The fifth principle is “parsimony in the establishment of independent states” (p. 182). The moral principle of nationalism need not lead simply to breaking up larger national units into smaller ones. Sometimes, as in the case of the reunification of Germany, one sovereign entity can be annexed to another one.

The sixth principle, “Protection of minority nations and tribes by the national government” (p. 183) is designed to prevent tribal anarchy and a failed state. Some tribal peoples are too small to be sovereign nations. But they should be given as much autonomy as possible short of that, because it is the right thing to do and because it is the best way to avoid conflict.

As for irreconcilably disgruntled tribes and minorities, the only solution Hazony envisions is repressing them. But other solutions are possible. Some tribes might be large enough to form their own nations, and if they are not happy with their current status, the international order of nationalist states should help negotiate their path to sovereignty, to avoid conflict and maximize opportunities for divergent cultural evolution. Disaffected minority groups from neighboring nations might be encouraged to join them, by moving people, by moving borders, or a combination of the two.

The seventh and final principle is the “non-transference of the powers of government to universal institutions” (p. 184).

As I read through The Virtue of Nationalism and tried to imagine objections, the main one is: “Nationalism leads to hatred and violence. Just look at the Nazis.” Hazony’s response to this is that Hitler wasn’t a nationalist. He was an imperialist.

But it is not that simple. In truth, Hitler was both. Thus we need another distinction besides nationalism vs. imperialism. We need to distinguish between good and bad forms of nationalism. When Hitler talked about bringing scattered German tribes under a common government, he was practicing the good form of nationalism. When he talked about Lebensraum in the East at the expense of other nations, that’s the bad sort of nationalism.

The bad nationalist demands freedom for his own nation but denies it to other nations. The bad nationalist stokes the pride and patriotism of his nation, then pits it against other nations. This is how European nations built vast colonial empires. Bad nationalism passes over into empire, but it does not cease to blacken the name of nationalism. Hence it might be more persuasive to grant that there is simply a bad form of nationalism.

51JEt3BkNhL._SX331_BO1,204,203,200_.jpgThe difference between good nationalism and bad nationalism is simple: Good nationalism is universalist. A good nationalist wants to ensure the sovereignty of his own people, but does not wish to deny the sovereignty of other peoples. Instead, he envisions a global order of sovereign nations, to the extent that this is possible. Hazony, however, wishes to stop short of the idea of a universal right to self-determination, which I will deal with at greater length later.

Clearly, The Virtue of Nationalism has many virtues. Every defender of nationalism will benefit from its arguments. But this book also has several vices. Hazony is dismissive of kinship — and more broadly, race — as the biological substratum of community. He is too willing to dismiss the idea of ethnic homogeneity which makes his conception of the nation indistinguishable from an empire. Finally, he is mistaken to reject the idea of a universal principle of national self-determination. I will deal with these topics in a separate essay that compares The Virtue of Nationalism to The White Nationalist Manifesto.

(Republished from Counter-Currents Publishing by permission of author or representative)