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vendredi, 29 mai 2015

Trois des raisons du succes de Dae'ch

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TROIS DES RAISONS DU SUCCES DE DAE’CH

Richard Labévière
Journaliste, Rédacteur en chef  du magazine en ligne : prochetmoyen-orient.ch
Ex: http://www.lesobservateurs.ch

Stupeur chez les archéologues : Dae’ch s’empare de Palmyre. Si la chute de Ramadi en Irak est stratégiquement plus préoccupante, ces derniers succès de l’organisation « Etat islamique » pose toutefois question. Les raisons de ces gains territoriaux, sinon idéologiques, sont multiples, mais on peut situer, en les analysant, trois processus majeurs expliquant partiellement cette évolution qui n’a pas l’air de beaucoup inquiéter la « communauté internationale »…

La première raison des succès de Dae’ch est la plus immédiate, sinon la plus aveuglante. Elle concerne la gestion militaire du « problème ». En effet, on sait, depuis les bombardements massifs effectués par les Alliés sur l’Allemagne du printemps 1945, qu’on ne gagne jamais définitivement une guerre par la seule voie aérienne. Malgré l’évolution technologique des chasseurs-bombardiers, des drones et des moyens radars, les systèmes d’armes aériens ne suffisent pas à emporter la décision sans intervention au sol, menée soit par des forces spéciales, soit par des unités conventionnelles. Les différentes opérations effectuées en Afghanistan (depuis les attentats du 11 septembre 2001), en Irak (printemps 2003), en Libye (printemps 2011), au Pakistan et au Yémen, ont largement validée cette loi incompressible de la guerre…

Faut-il encore s’entendre sur la nature, le sens et la finalité de la dénomination « guerre » ! Malgré les « frappes » de la Coalition internationale - qui ont débuté en août 2014 -, les positions tenues par Dae’ch ne pourront être réduites et éradiquées sans de substantiels engagements terrestres. Selon les experts avisés, de telles opérations nécessiteraient un format d’une dizaine de milliers d’hommes, un état-major centralisé et différents appuis interarmes nécessaires à une « offensive courte, coordonnée et décisive », explique un officier général de l’une des forces spéciales européennes qui ajoute : « née en Somalie au début des années 90, l’option ‘zéro mort’ a vécu et nous devons faire face aujourd’hui au retour de la guerre dans sa réalité la plus crue : décider de faire la guerre implique le don de soi le plus extrême, à savoir le prix du sang, du sacrifice de sa propre vie. Sans l’acceptation de cette imparable équation, on ne peut être vainqueur… »

A ce rappel de l’une des lois incompressibles de la guerre s’ajoutent les effets collatéraux des opérations militaires que l’Arabie saoudite a lancées unilatéralement et hors de tout encadrement des Nations Unies au Yémen. Le déclenchement de cette nouvelle guerre au Moyen-Orient a conforté, non seulement Dae’ch et Nosra, mais bien d’autres factions terroristes engagées en Syrie, au Liban, en Irak et dans la bande sahélo-saharienne, dans la mesure où l’exacerbation du conflit yéménite s’est traduite par de nouvelles livraisons d’armes tous azimuts, grâce à des financements saoudiens et à ceux d’autres pays du Golfe. Cette consolidation d’un axe militaire « sunnite », élaboré avec la bienveillance du Pentagone et du Département d’Etat américain a masqué les financements et les aides les plus contestables à destination d’organisations ouvertement « terroristes ».

Au quotidien Le Monde du 12 mai dernier, le ministre qatari des affaires étrangères - Khaled Al-Attiyah - déclare le plus tranquillement du monde : « nous sommes clairement contre tout extrémisme. Mais, à part Dae’ch, tous ces groupes combattent pour la chute du régime [syrien]. Les modérés ne peuvent pas dire au Front al-Nosra : ‘restez à la maison, on ne travaille pas avec vous’. Il faut regarder la situation sur le terrain et être réaliste ». C’est au nom de ce même réalisme que Laurent Fabius disait, il y a quelques mois, que les « p’tits gars de Nosra font du bon boulot ! » et que des représentants de cette organisation terroriste étaient reçus à l’Assemblée nationale française… Il faut être réaliste !

Cette logique très sélective du réalisme induit organiquement une deuxième raison des succès de Dae’ch. Comme les Etats-Unis ne veulent pas associer directement la Russie et l’Iran à une contre-offensive militaire coordonnée contre Dae’ch, comme François et Laurent d’Arabie s’obstinent à vouloir dégommer le régime syrien, sinon Bachar al-Assad lui-même, en cherchant à nous faire admettre que c’est la seule et unique solution pour neutraliser les islamistes radicaux, on assiste à une inévitable « communautarisation » du conflit. Ainsi, les milices chi’ites, et pas seulement les forces spéciales du Hezbollah libanais, reprennent un rôle de premier plan. Cette dynamique de fragmentation militaire, territoriale et politique sert à la fois les intérêts de Washington et de Tel-Aviv réactivant l’antienne d’Oded Yinon - cet analyste du ministère israélien des Affaires étrangère - qui conseillait en 1982 de « re-tribaliser » les Etats-nations arabes en favorisant le nettoyage ethnique et l’instauration de micro-émirats chi’ites, alaouites, sunnites, druzes, etc. Divide et impera : cette vieille logique de domination est plus que jamais à l’ordre du jour et continue à faire beaucoup de victimes.

Tout aussi logiquement et nécessairement, cette anomie rampante nous amène à une troisième rationalité ascendante et porteuse des « valeurs » de Dae’ch : sa communication, sinon son soft et smart power. Celle-ci se déploie dans plusieurs dimensions : il y a d’abord ses « médias » électroniques et une démultiplication de sites Internet - autant de vecteurs de diffusion des idéologies radicales, d’influence et de recrutement -, qui se sont extrêmement professionnalisés, souvent grâce à l’appui d’officines spécialisées occidentales. Ce constat qui consiste régulièrement à reconnaître que les idéologies radicales mettent à profit toutes les faiblesses, sinon les démissions et lâchetés de nos systèmes démocratiques « ouverts », n’est pas nouveau. Ce qui l’est davantage concerne le redéploiement et le recyclage d’ex-terroristes à travers les vitrines d’ONGs, d’associations culturelles et « humanitaires » aux Etats-Unis et en Europe. Ce blanchiment d’anciens tueurs - qui ont décidé de poursuivre leur combat par d’autres moyens - s’effectue avec la complicité active de responsables économiques et politiques occidentaux.

Et ce n’est pas le moindre pied de nez de l’histoire, de voir s’effectuer ce grand retournement au nom des droits de l’homme, de la démocratie et du pluralisme de pensée et d’expression ! Il va sans dire que cette évolution discrédite passablement les vrais acteurs de la défense des droits humains et induit une confusion dommageable dans les termes mêmes servant à décrire et qualifier la menace terroriste, ses mutations et ses outils de communication.

Récemment, différents médias occidentaux relatant des crimes terroristes ont qualifié leurs auteurs de « militants ! » Militants de quoi ? On marche sur la tête ! Cette progression folle et morbide paraît inexorable. Dans son merveilleux roman 1984, George Orwell dépeignait une société devenue autiste et pratiquant une novlangue fonctionnant par équivalences simples comme : la liberté, c’est l’esclavage ou la pensée, c’est la force ! Nous y sommes…

Richard Labévière, 24 mai 2015

Heidegger, Revolution und Querfront

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Heidegger, Revolution und Querfront

 Heideggers Denken [2] ist, das erzähle ich jedem der es hören will (und auch allen anderen), unumgänglich für ein echtes Verständnis unsere Zeit und der Aufgabe unseres Lagers. Mit einer gewissen Genugtuung erlebe ich daher den heimlichen, neuerlichen Aufstieg Heideggers zum „geistigen König“ vieler rechtsintellektueller Kreise, der im Moment stattfindet. Dieser Prozess ist oft „subkutan“ und geht tiefer als etwa Dugins offener Makaraismus.

Ich sehe darin manchmal sogar eine „ideen- und seinsgeschichtliche Notwendigkeit“.Was bedeutet aber dieser Prozess, in dem das Erscheinen der schwarzen Hefte nur als „Katalysator“ wirkte, nun für die „akademische“ Bearbeitung Heideggers? Ich glaube: sie zerfällt.

Was bisher als Bruchlinie und innerer Widerspruch bestand, die „Hassliebe“ zu Heidegger, der fast alle wesentlichen Debatten der neueren Philosophie vorweggenommen hat, den man „auf Knien verachtet“ – wird zum Krater. Ein Krater in den viele, die ihre akademischen Karriere auf dem „Nazi-Philosophen“ aufgebaut haben, nun zu stürzen drohen. Verzweifelt versuchen nun einige, die, warum auch immer, Heidegger als Forschungsschwerpunkt gewählt haben, sich am Rand zu halten. Sie tun das meist, indem sie die „Nützlichkeit“ Heideggers für den Gesamtprozess des Fortschritts, der „Emanzipation“, also der Zerstörung aller Kulturen, Völker, Grenzen und Geschichten beteuern.

Ein entlarvendes Indiz dieser Verzweiflung ist seit kurzem im Webblog der Wochenzeitung Jungle World nachzulesen [3]. Zugegeben: es stellt eine „mutige“ Verzweiflung, eine Flucht nach vorne dar, ausgerechnet im Leib und Magenblättchen der antideutschen Poptifa eine Apologie Heideggers zu verfassen und darin sogar – welch Blasphemie –den Gottvater der Kritischen Theorie  Theodor W. Adorno zu kritisieren.

Trotz meiner Sympathie für diesen Versuch und jedes echte, rein philosophische Interesse muß ich in diesem Text klarstellen: Nein. Heideggers Denken ist für das, was heute unter „Emanzipation“ firmiert, für das Projekt des Menschheitsweltstaates und der „befreiten Gesellschaft“, nicht nur unbrauchbar – es ist sein einziger, wahrer und letzter Feind.

Das ehrliche Interesse Christian Schmidts zeigt sich, wenn er Heidegger gegen die plumpen Verdikte jüngster Zeit, sowie gegen Emmanuel Faye und Adorno in Schutz nimmt. Er erkennt die Wurzel des große Unbehagen über und der Hysterie gegen Heidegger in der Ungeheuerlichkeit: „dass Heidegger ein Nazi war und trotzdem einen bedeutsamen Beitrag zur Philosophie geleistet hat. Nationalsozialismus und Geist dürfen einfach nicht zusammengehen.“

Uns ist dieses „Was nicht sein darf, kann nicht sein“ nur allzu bekannt. Ist man beispielsweise erst einmal als Neurechter „enttarnt“, ist ab sofort von vornherein klar, dass man keinerlei echtes philosophisches Interesse an allen Fragen haben, sondern sie nur für sinistre Ideologien „instrumentalisieren“ kann . Fast die gesamt Sekundärliteratur zu Heidegger durchzieht dieser boshaft-neidische Zug, der seinem Denken immer „Strategien“, bewusste „Wortwahlen“, „Taktiken“ etc. unterstellt. Schmidt ist hier eine angenehme Ausnahme. Dieser verdiene eine „ernsthaftere Analyse, als ihn ein rein philologischer Nachweis nationalsozialistischer Motive“.

In seinem Text gelingt ihm so ein tieferer Aufbruch in Heideggers Denken, doch am Ende, sonst wäre er wohl auch nicht in der Jungle World erschienen, wird das gelockerte Denken wieder fest in das „linke“ Politprojekt eingefügt. Das Leitmotiv dazu ist, wie bei fast der gesamten linken Nietzsche und Heidegger Lektüre, eine seltsame Trennung zwischen „Fragen und Denken“, zwischen Kritik und Anregung, Destruktion und Konstruktion sowie revolutionären und konservativen Momenten. Doch ich greife vor.

„Heidegger war ein Denker der Revolution, des Umbruchs und sogar der Freiheit.“ Er antwortet „auf Fragen, die sich auch linken Konzeptionen einer Überwindung des Kapitalismus stellen.“ , so stellt es Schmidt provokant in einen Raum, den er von Heidegger-Hassern besetzt weiß. Seit den Schwarzen Heften hat sich hier die Sprache sogar verschärft. Heideggers Denken ist „kontaminiert“, „entstellt“, „erledigt“, „unvertretbar“. Es verweise wie das „Winterhilfswerk auf die Gaskammern“ (Scheit/Gruber, 13, 2014). Man scheint nur einen Fußbreit vom Autodafé entfernt. Wie will Schmidt hier dagegen halten?

Er greift Heideggers Konzept der „Zuhandenheit“ auf, das  in seiner „Fundamentalontologie“ in Sein und Zeit als wesentlich für das menschliche Dasein ist. Die uns umgebenden Dinge verstehen wir, indem wir sie gebrauchen, im Vollzug und in ihrem gegenseitigen Verweisungszusammenhang. In dieser „ontischen“ Erfahrung von dem was als Seiendes alltäglich erleb- und persönlich nachvollziehbar ist, muss nach Heidegger jede „große“ philosophische Frage immer neu ansetzen. Es geht um ein Primat der „Erfahrung“, die Offenheit für das Phänomen, in der Heidegger auch seinem eigenen geistigen Ahnherren Husserl treu blieb.

Schmidt sieht diesen Ansatz scheinbar als eine Art Mittel gegen den Verblendungszusammenhang und die Verdinglichung bestimmter sozialer Strukturen und Rollen, sowie politischer und ökonomischer Ordnungen. Wie Nietzsches genealogische Kritik (Foucault hat das auf den Punkt gebracht), so soll Heideggers „ontisch-ontologische“ Kritik also dazu dienen, die Gewordenheit und Veränderbarkeit der Verhältnisse zu erkennen, was einen Bruch ihrer blinde Reproduktion ermöglicht. Damit die „Revolution“ nicht ihre Kinder frisst, damit nicht nur ein König den anderen ersetzt, muss es eine fundamentale Kritik der Verhältnisse geben, zu der Schmidt Heideggers Denken fruchtbar machen will. Das Ausgehen vom Ontischen, vom Vollzug und der Existenz, kann so gefestigte Formen auflockern, die Kokonstitutivität von Mensch und Umwelt, Einzelnem und Gesellschaft erkennbar machen und, frei nach Marx die Verhältnisse „zum Tanzen bringen“. Schmidts Ansatz, den ich hier etwas „ausgemalt“ habe, ist bis hierhin zuzustimmen.

Auch Heideggers NS-Engagement ist als „philosophisch-revolutionärer Akt“ gegen eine alte bürgerlich-metaphysische Geisteswelt durchwegs richtig interpretiert. Dieser Beweggrund zeigt sich gerade in seiner Enttäuschung am bornierten Rassenbiologismus der Nazis.

Schmidts Beschreibung von Heideggers „seinsgeschichtlichem Antisemitismus“ scheint mir hingegen etwas verkürzt. Heideggers Seinsgeschichte, in der Schmidt ihn – gleich Hegel – Völkern bestimmte Rollen zuschreiben sieht, ist meiner Ansicht nach eher seine spätere Revision eines gewissen „Germanozentrismus“, und einer auf das Dasein fokussierten „Ungeschichtlichkeit“. Ich sehe hier, ähnlich wie Peter Trawny, ein tieferes „philosophisches“ Problem in der Grundfrage von Tat und Denken, von „historischer Rolle“ und der Überwindung des Historismus vorliegen, das einer seperaten Betrachtung bedürfte.

Schmidt sieht Heideggers Fazit aus dem NS in einer Art des „antitotalitären“ Fragens, welches am konkret-gesellschaftlichen ansetzt und auch „abwegigen Fragestellungen“ Raum gibt. Damit sei Heideggers Nützlichkeit für eine „befreite Gesellschaft“ vor allem in einer Art Idolatrieverbot zu sehen. Die „Undarstellbarkeit“ der Utopie und der befreiten Gesellschaft, im Hier und Jetzt, wäre so in Heideggers „Warnen und Wehren“, in seinem Hüten des Seins als eine Art blochsches Hoffnungsprinzip, als negative Utopie aufgehoben.

So schön das anmutet: es ist einfach falsch. Ja, Heideggers Denken ist eine Bewahrung des „Anderen“, des Ungedachten, des „Nichts“ als eines offenen, weiten Raums der Möglichkeit. Er ist ein Aufhalter, eine Wächter gegen die imperialistische Vernunft und die totalitäre Aufklärung. Doch das, was in diesem Raum liegt, ist NICHT als „befreite Gesellschaft“ vorgezeichnet, wie Schmidt es trotz aller beteuerter Offenheit voraussetzt. (Und Heideggers Dasein, möchte man gegen Satre ergänzend hinzufügen, ist NICHT die „Menschheit“.)

Heideggers spätes „mystisches“ Denken ist nicht von seinem frühen kritischen Fragen zu trennen. Die revolutionäre „Jemeinigkeit“ des Daseins, die jede Wahrheit in die Relation seiner Lebenspraxis stellt, ist untrennbar mit der Frage nach dem Sein und der Offenheit für jenes Geheimnis verbunden, dessen Alleinbesitz auch der Marxismus ideologisch behauptet. Die Rezeption Nietzsches und Heideggers in der Linken ist hier meist schwerst schizophren und versucht, das „kritisch-emanzipatorische“ aus dem ganzen Rest des Denkens zu destillieren.

Wo Nietzsche als fröhlicher Wissenschaftler genealogisch alle Werte als Prägungen und Setzungen entlarvt und das Hohelied der Vielfalt singt, ist er gut genug. Wo er aber genau dieses Setzen, die Exklusivität und das Sonderrecht bejaht, gar den Polemos und die Tragik preist und als Zarathustra neue Werttafeln verkündet, wird er geflissentlich ignoriert. Heideggers radikale, für mich unüberbietbare Kritik wird ebenso gehört und soll ebenso „fruchtbar“ gemacht werden, wo er aber glasklar gegen jedes sozialistisch-marxistische Fortschritts-Projekt einer Befriedung und „Befreiung“ der Welt spricht – wird er ebenso verleugnet.

Hier mutet besonders seltsam an, dass Schmidt gerade an die Zuhandenheit der Dinge und die Wahrheit als Offenbarkeit des Vorhanden „kommunistisch“ andocken will. Geht Heidegger doch in der Analyse „menschlicher Praxis“ viel tiefer als Marx. Dieser bleibt, egal wie flexibel ihn die geistige Verrenkung neuerer linker Lektüre verbiegt, letztlich an einer Grenze stehen: Es ist der „Humanismus“ und in dessen Gefolge der „Gebrauchswert“ der Dinge für den Menschen und seinen „quälbaren Leib“, die Vernutzung und Anpassung der Natur für seine Bedürfnisse. In Marxens zutiefst modernem Denken lässt sich kein unantastbarer Eigenbereich der Dinge, Menschen, Völker, Kulturen und der Erde aufrechterhalten. „Zwischentöne sind Krampf im Klassenkampf“– so platzt der doofer Agitprop mit der tiefen Wahrheit des ganzen Projekts heraus.

Die „Illusion der Technikeuphorie“ die Schmidt kritisiert, ist in „Sowjetmacht + Elektrifizierung“ nicht nur „collateral damage“, sondern Essenz des marxistischen Projekts. Man will als Abkömmling der Aufklärung den Menschen vom „Naturzwang“ befreien. Den „Menschen“? Was man im Grunde „befreien“ will, ist das Hirngespinst des nackten cartesianischen Subjekts aus allen, wirklichen ethno-kulturell gewachsenen, geschlechtlichen „Hüllen“. Im Namen eines totalen Egalitarismus, indem sich mit allen „Ungleichheiten“ konsequenterweise auch Zeit, Grenzen, Freiheit und Identität auflösen müssen.

Gleichheit und Freiheit sind „dialektisch“, wie bereits Horkheimer wusste. Dabei sind die Linken selbst geistig unfrei. Ihr Denken speist sich noch „von der Flamme Platos“, Paulus, Descartes und Bacons. Sie hängen der Illusion eines „versöhnten Subjekts“ und einer idealen Welt an, die seit Nietzsche und Heidegger unhintergehbar „tot“ ist. Ihr denken ist, wie Gianni Vattimo schreibt, „noch immer in Bezug auf eine mögliche ‚vollkommene‘, letzte, ganzheitliche, Anwesenheit des Seins (auch wenn sie, wie in der negativen Dialektik Adornos, oder im Utopismus Blochs, diese Vollkommenheit lediglich als regluatives Ideal begreift)“, gerichtet. Es „riskiert damit, uns überhaupt nicht zu befreien.“ (Gianni Vattimo,“Jenseits des Subjekts“, S. 34)

Aus ihrer geistigen Ohnmacht und ihrem Versagen, dessen schlechtes Gewissen sich in Amokläufen gegen die „Nazis“, die „Saboteure“ der heilen Welt von Zeit zu Zeit Luft macht, sprießt der Wildwuchs des postmodernen Denkens. (Ein gewisser „Ekel“ vor diesem, sowie ein bestimmter „elitärer Zug“, der sich in besserem Mode/Musik-Geschmack niederschlägt, ist vielleicht das, was antideutschen Linken und Neuen Rechten gemein ist.) Man muss es Leuten wie Schmidt beinhart ins Gesicht sagen: Eure „freie Assoziation der Individuen“ im „Ende der Geschichte“ ist genau das, was sich heute im Gestell einer vernetzten Betonwelt zeigt, in deren wuchernden „Nicht-Orten“ (Augé) die „Nichtmenschen“, Charaktermasken des Kapitals grassieren. Es ist eure Welt! Ihr habt sie erschaffen, nicht wir.

heid83465038146.jpgIhr habt „den Krieg gewonnen“, habt „gesiegt“. Ihr habt alle kulturellen, geistigen und metapolitischen Machtzentren inne – und wohin habt ihr uns gebracht? Eure epochale Ohnmacht gegenüber Positivismus, Kapitalismus, Liberalismus und eure postmodernen Zerfransungen, die Routine gewordene, aktivistische „Gesellschaftskritik“, die keine Sau interessiert – all das beweist: Ihr lebt in einer ideologischen Nische des Empires (Negri & Hardt), werdet von ihm alimentiert und habt euch damit zurecht gefunden. Heidegger gehört euch nicht, weil ihr seine wahre Botschaft und Kritik nicht hören wollt: darin nämlich, worauf sie, über das Kritisierte hinweg, verweist: das Ungedachte. Das Kommende, das oft gerade von dort her kommt, wo das Heute nur Chaos, Wahnsinn, Bosheit und Krankheit sieht.

Es ist vielleicht gar nicht schlecht, wenn die “Schwarzen Hefte“ Heidegger aus einer falschen Eingemeindung „freigesprengt“ haben, selbst wenn darunter die „neutrale“, akademische Bearbeitung seiner Texte leidet. Heideggers Denken ist mit dem politischen und moralischen Betrieb, in den sich das akademischen Philosophieren eingereiht hat, sowieso unvereinbar.

Wer aus Heidegger „tooltips“ zur „befreiten Gesellschaft“ herausliest, zeigt auch, wie man Heidegger nicht lesen sollte. Das Erscheinen eines solchen Artikels in der Jungle World ist aber dennoch positiv zu werten. Wieder sehe ich hierin ein Indiz für eine seltsame, tektonische Plattenverschiebung des Denkens.

Die Verhältnisse geraten aus den Fugen. Doch nicht nur in der „Tiefe“ der Geistesgeschichte: Deutsche Pegidisten feiern mit russischen Nachtwölfen den 8./9. Mai, antideutsche Linke feiern den US-Imperialismus, Rechte und Linke konvertieren zum Islam, und ein Türke ist der lauteste Patriot Deutschlands. Politische Identitäten verfließen.

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The NSA’s Technotyranny: One Nation Under Surveillance

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The NSA’s Technotyranny: One Nation Under Surveillance

By

Ex: http://www.lewrockwell.com

“The ultimate goal of the NSA is total population control.”

William Binney, NSA whistleblower

We now have a fourth branch of government.

As I document in my new book Battlefield America: The War on the American People, this fourth branch came into being without any electoral mandate or constitutional referendum, and yet it possesses superpowers, above and beyond those of any other government agency save the military. It is all-knowing, all-seeing and all-powerful. It operates beyond the reach of the president, Congress and the courts, and it marches in lockstep with the corporate elite who really call the shots in Washington, DC.

You might know this branch of government as Surveillance, but I prefer “technotyranny,” a term coined by investigative journalist James Bamford to refer to an age of technological tyranny made possible by government secrets, government lies, government spies and their corporate ties.

Beware of what you say, what you read, what you write, where you go, and with whom you communicate, because it will all be recorded, stored and used against you eventually, at a time and place of the government’s choosing. Privacy, as we have known it, is dead.

The police state is about to pass off the baton to the surveillance state.

Having already transformed local police into extensions of the military, the Department of Homeland Security, the Justice Department and the FBI are preparing to turn the nation’s soldier cops into techno-warriors, complete with iris scanners, body scanners, thermal imaging Doppler radar devices, facial recognition programs, license plate readers, cell phone Stingray devices and so much more.

This is about to be the new face of policing in America.

The National Security Agency (NSA) has been a perfect red herring, distracting us from the government’s broader, technology-driven campaign to render us helpless in the face of its prying eyes. In fact, long before the NSA became the agency we loved to hate, the Justice Department, the FBI, and the Drug Enforcement Administration were carrying out their own secret mass surveillance on an unsuspecting populace.

Just about every branch of the government—from the Postal Service to the Treasury Department and every agency in between—now has its own surveillance sector, authorized to spy on the American people. Then there are the fusion and counterterrorism centers that gather all of the data from the smaller government spies—the police, public health officials, transportation, etc.—and make it accessible for all those in power. And of course that doesn’t even begin to touch on the complicity of the corporate sector, which buys and sells us from cradle to grave, until we have no more data left to mine.

The raging debate over the fate of the NSA’s blatantly unconstitutional, illegal and ongoing domestic surveillance programs is just so much noise, what Shakespeare referred to as “sound and fury, signifying nothing.”

It means nothing: the legislation, the revelations, the task forces, and the filibusters.

The government is not giving up, nor is it giving in. It has stopped listening to us. It has long since ceased to take orders from “we the people.”

If you haven’t figured it out yet, none of it—the military drills, the surveillance, the militarized police, the strip searches, the random pat downs, the stop-and-frisks, even the police-worn body cameras—is about fighting terrorism. It’s about controlling the populace.

Despite the fact that its data snooping has been shown to be ineffective at detecting, let alone stopping, any actual terror attacks, the NSA continues to operate largely in secret, carrying out warrantless mass surveillance on hundreds of millions of Americans’ phone calls, emails, text messages and the like, beyond the scrutiny of most of Congress and the taxpayers who are forced to fund its multi-billion dollar secret black ops budget.

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Legislation such as the USA Patriot Act serves only to legitimize the actions of a secret agency run by a shadow government. Even the proposed and ultimately defeated USA Freedom Act, which purported to restrict the reach of the NSA’s phone surveillance program—at least on paper—by requiring the agency to secure a warrant before surveillance could be carried out on American citizens and prohibiting the agency from storing any data collected on Americans, amounted to little more than a paper tiger: threatening in appearance, but lacking any real bite.

The question of how to deal with the NSA—an agency that operates outside of the system of checks and balances established by the Constitution—is a divisive issue that polarizes even those who have opposed the NSA’s warrantless surveillance from the get-go, forcing all of us—cynics, idealists, politicians and realists alike—to grapple with a deeply unsatisfactory and dubious political “solution” to a problem that operates beyond the reach of voters and politicians: how do you trust a government that lies, cheats, steals, sidesteps the law, and then absolves itself of wrongdoing to actually obey the law?

Since its official start in 1952, when President Harry S. Truman issued a secret executive order establishing the NSA as the hub of the government’s foreign intelligence activities, the agency—nicknamed “No Such Agency”—has operated covertly, unaccountable to Congress all the while using taxpayer dollars to fund its secret operations. It was only when the agency ballooned to 90,000 employees in 1969, making it the largest intelligence agency in the world with a significant footprint outside Washington, DC, that it became more difficult to deny its existence.

In the aftermath of Watergate in 1975, the Senate held meetings under the Church Committee in order to determine exactly what sorts of illicit activities the American intelligence apparatus was engaged in under the direction of President Nixon, and how future violations of the law could be stopped. It was the first time the NSA was exposed to public scrutiny since its creation.

The investigation revealed a sophisticated operation whose surveillance programs paid little heed to such things as the Constitution. For instance, under Project SHAMROCK, the NSA spied on telegrams to and from the U.S., as well as the correspondence of American citizens. Moreover, as the Saturday Evening Post reports, “Under Project MINARET, the NSA monitored the communications of civil rights leaders and opponents of the Vietnam War, including targets such as Martin Luther King, Jr., Mohammed Ali, Jane Fonda, and two active U.S. Senators. The NSA had launched this program in 1967 to monitor suspected terrorists and drug traffickers, but successive presidents used it to track all manner of political dissidents.”

Senator Frank Church (D-Ida.), who served as the chairman of the Select Committee on Intelligence that investigated the NSA, understood only too well the dangers inherent in allowing the government to overstep its authority in the name of national security. Church recognized that such surveillance powers “at any time could be turned around on the American people, and no American would have any privacy left, such is the capability to monitor everything: telephone conversations, telegrams, it doesn’t matter. There would be no place to hide.”

Noting that the NSA could enable a dictator “to impose total tyranny” upon an utterly defenseless American public, Church declared that he did not “want to see this country ever go across the bridge” of constitutional protection, congressional oversight and popular demand for privacy. He avowed that “we,” implicating both Congress and its constituency in this duty, “must see to it that this agency and all agencies that possess this technology operate within the law and under proper supervision, so that we never cross over that abyss. That is the abyss from which there is no return.”

The result was the passage of the Foreign Intelligence Surveillance Act (FISA), and the creation of the FISA Court, which was supposed to oversee and correct how intelligence information is collected and collated. The law requires that the NSA get clearance from the FISA Court, a secret surveillance court, before it can carry out surveillance on American citizens. Fast forward to the present day, and the so-called solution to the problem of government entities engaging in unjustified and illegal surveillance—the FISA Court—has unwittingly become the enabler of such activities, rubberstamping almost every warrant request submitted to it.

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The 9/11 attacks served as a watershed moment in our nation’s history, ushering in an era in which immoral and/or illegal government activities such as surveillance, torture, strip searches, SWAT team raids are sanctioned as part of the quest to keep us “safe.”

In the wake of the 9/11 attacks, George W. Bush secretly authorized the NSA to conduct warrantless surveillance on Americans’ phone calls and emails. That wireless wiretap program was reportedly ended in 2007 after the New York Times reported on it, to mass indignation.

Nothing changed under Barack Obama. In fact, the violations worsened, with the NSA authorized to secretly collect internet and telephone data on millions of Americans, as well as on foreign governments.

It was only after whistleblower Edward Snowden’s revelations in 2013 that the American people fully understood the extent to which they had been betrayed once again.

What this brief history of the NSA makes clear is that you cannot reform the NSA.

As long as the government is allowed to make a mockery of the law—be it the Constitution, the FISA Act or any other law intended to limit its reach and curtail its activities—and is permitted to operate behind closed doors, relaying on secret courts, secret budgets and secret interpretations of the laws of the land, there will be no reform.

Presidents, politicians, and court rulings have come and gone over the course of the NSA’s 60-year history, but none of them have done much to put an end to the NSA’s “technotyranny.”

The beast has outgrown its chains. It will not be restrained.

The growing tension seen and felt throughout the country is a tension between those who wield power on behalf of the government—the president, Congress, the courts, the military, the militarized police, the technocrats, the faceless unelected bureaucrats who blindly obey and carry out government directives, no matter how immoral or unjust, and the corporations—and those among the populace who are finally waking up to the mounting injustices, seething corruption and endless tyrannies that are transforming our country into a technocrized police state.

At every turn, we have been handicapped in our quest for transparency, accountability and a representative democracy by an establishment culture of secrecy: secret agencies, secret experiments, secret military bases, secret surveillance, secret budgets, and secret court rulings, all of which exist beyond our reach, operate outside our knowledge, and do not answer to “we the people.”

What we have failed to truly comprehend is that the NSA is merely one small part of a shadowy permanent government comprised of unelected bureaucrats who march in lockstep with profit-driven corporations that actually runs Washington, DC, and works to keep us under surveillance and, thus, under control. For example, Google openly works with the NSA, Amazon has built a massive $600 million intelligence database for CIA, and the telecommunications industry is making a fat profit by spying on us for the government.

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In other words, Corporate America is making a hefty profit by aiding and abetting the government in its domestic surveillance efforts. Conveniently, as the Intercept recently revealed, many of the NSA’s loudest defenders have financial ties to NSA contractors.

Thus, if this secret regime not only exists but thrives, it is because we have allowed it through our ignorance, apathy and naïve trust in politicians who take their orders from Corporate America rather than the Constitution.

If this shadow government persists, it is because we have yet to get outraged enough to push back against its power grabs and put an end to its high-handed tactics.

And if this unelected bureaucracy succeeds in trampling underfoot our last vestiges of privacy and freedom, it will be because we let ourselves be fooled into believing that politics matters, that voting makes a difference, that politicians actually represent the citizenry, that the courts care about justice, and that everything that is being done is in our best interests.

Indeed, as political scientist Michael J. Glennon warns, you can vote all you want, but the people you elect aren’t actually the ones calling the shots. “The American people are deluded … that the institutions that provide the public face actually set American national security policy,” stated Glennon. “They believe that when they vote for a president or member of Congress or succeed in bringing a case before the courts, that policy is going to change. But … policy by and large in the national security realm is made by the concealed institutions.”

In other words, it doesn’t matter who occupies the White House: the secret government with its secret agencies, secret budgets and secret programs won’t change. It will simply continue to operate in secret until some whistleblower comes along to momentarily pull back the curtain and we dutifully—and fleetingly—play the part of the outraged public, demanding accountability and rattling our cages, all the while bringing about little real reform.

Thus, the lesson of the NSA and its vast network of domestic spy partners is simply this: once you allow the government to start breaking the law, no matter how seemingly justifiable the reason, you relinquish the contract between you and the government which establishes that the government works for and obeys you, the citizen—the employer—the master.

Once the government starts operating outside the law, answerable to no one but itself, there’s no way to rein it back in, short of revolution. And by revolution, I mean doing away with the entire structure, because the corruption and lawlessness have become that pervasive.

Grands médias d'information, la mue invisible...

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Grands médias d'information, la mue invisible...

par Xavier Raufer

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Xavier Raufer, cueilli sur le site du nouvel Économiste et consacré à la bienpensance que les médias dits d'information ne cessent de nous servir et qui n'a plus aucun rapport avec la réalité des faits... Xavier Raufer vient de publier un essai intitulé Cybercriminologie aux éditions du CNRS

Les "grands médias d'information" ont quasiment cessé d’informer ; de porter au public, à distance critique, les faits pertinents et vérifiés ; à partir bien sûr du réel constatable et non d’idéologiques lubies. Toujours plus, ces médias vendent la salade de leurs propriétaires libéraux-libertaires ; tout en vantant, à la Tartuffe, leurs “valeurs” et leur indépendance. Désormais, ces médias délaissent l’échange d’idées pour la brutale affirmation d’un “There Is No Alternative” (TINA) à la Thatcher. Qui s’oppose à cette ligne est noyé dans le silence.

Voici donc trois indéniables et récents événements, importants pour l’opinion, dont pourtant nul n’a lu une ligne dans ces médias-des-milliardaires :

• Séquelles des émeutes anglaises d’août 2011 : en août 2011, on se souvient des émeutes dans des métropoles britanniques, dont Londres. Comme d’usage unanime, les médias-des-milliardaires présentent alors ces émeutiers comme des victimes de l’exclusion, du racisme et d’une police fasciste. Puis, le silence tombe sur les séquelles judiciaires de l’affaire. Suite à ces émeutes, 3 914 “damnés de la terre” sont donc interpellés puis libérés. Là-dessus, 1 593 récidivistes, dont 168 notoires gangsters. Or d’août 2011 à juillet 2014, ces “misérables” commettent ensemble 5 878 infractions graves, dont 12 homicides, 1 172 agressions violentes, 21 viols, 719 cambriolages, 451 vols violents et 1 819 infractions aux stupéfiants. Une seule de ces “victimes” commet 72 crimes et délits en trois ans. Dans la presse d’information française, rien.

• Dépénalisation du Cannabis au Colorado : C’est chic et moderne – en plus, ça rapportera une fortune en taxes à l’État. Le banc de poissons médiatique est donc à fond pour ce ludique usage. Or voilà ce que révèlent les enquêtes officielles conduites au Colorado, un an après la dépénalisation du cannabis :

- Accès facilité de la drogue aux mineurs,
- Forte hausse en principe stupéfiant (THC) de la drogue disponible ;
- Emprise intacte (quoique différente) du crime organisé ;
- Augmentation de l’alcoolisme (on prévoyait une baisse…) ;
- + 150 % de toxicomanes-SDF à Denver, une explosion ;
- Sur cinq ans, + 100 % d’accidents mortels de voiture après usage du cannabis ;
- Taxer la Marijuana rapportera 69 maigres millions de dollars à l’État… sur un budget de 27 milliards. Dix fois moins chère, la marijuana illicite rendrait encore cette taxation moins juteuse.

Rien de cela dans les grands journaux français.

• Criminalisation des clients des prostituées : à la joie naïve des féministes et des puritains, les clients des prostituées sont pénalisés en Suède depuis 1999. De fait, la prostitution de rue y a presque disparu, activité désormais numérisée en “escortes” jointes sur Internet. Hormis ce banal effet de déplacement, cette loi conduit à plus de secret et de clandestinité pour les prostituées – donc plus de danger, dit un rapport officiel suédois. Les médias français ? Silence.

Pour conclure, une requête. Les médias-des-milliardaires offrent désormais des simulacres de “data journalism” nommés “Le Vrai du Faux”, “Décodeurs” ou “Décryptage” – en fait, des outils pour disqualifier les esprits libres. L’auteur leur soumet aimablement les faits et chiffres ci-dessus présentés. Qu’en pensent-ils ?

Xavier Raufer (Le nouvel Économiste, 20 mai 2015)

Les USA se font piétiner par les BRICS en Amérique du Sud

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Les USA se font piétiner par les BRICS en Amérique du Sud

Auteur : Pepe Escobar 
Ex: http://zejournal.mobi

Tout a commencé en avril par une pluie d’accords entre l’Argentine et la Russie lors de la visite de la présidente Cristina Kirchner à Moscou.

Puis un ambitieux plan d’investissement de $53 Mds a été scellé lors de la visite du premier ministre chinois Li Keqiang au Brésil, premier arrêt d’une nouvelle offensive commerciale de la Chine en Amérique du Sud, qui comprenait une belle métaphore : Li voyageant à bord d’une rame de métro fabriquée en Chine qui circulera sur la nouvelle ligne qui sera inaugurée à Rio de Janeiro à la veille des jeux Olympiques de 2016.

Où se situent les USA dans tout cela ? Nulle part. Peu à peu, mais inexorablement, les membres des BRICS que sont la Chine et, dans une moindre mesure, la Russie, sont parvenus à restructurer les échanges commerciaux et les projets d’infrastructure dans l’ensemble de l’Amérique latine.

D’innombrables missions commerciales sillonnent ses côtes, à la manière des USA entre les deux guerres mondiales. Lors d’une réunion importante avec des chefs d’entreprise latino-américains en janvier, le président Xi Jinping a promis d’injecter $250 Mds dans des projets d’infrastructure au cours des dix prochaines années.

Les principaux projets d’infrastructure en Amérique latine sont tous financés par des capitaux chinois, à l’exception du port de Mariel à Cuba, dont le financement provient de la Banque brésilienne de développement (BNDES) et dont l’exploitation sera gérée par l’opérateur portuaire singapourien PSA International Pte Ltd. Une firme de Hong Kong a entamé l’an dernier la construction du canal du Nicaragua (plus gros, plus large et plus profond que le canal de Panama), dont les travaux prendront fin en 2019. De son côté, l’Argentine a conclu un accord de $4,7 Mds avec la Chine pour la construction de deux barrages hydroélectriques en Patagonie.

Parmi les 35 accords signés lors de la visite de Li au Brésil, mentionnons le financement de $7 Mds accordé à Petrobras, le géant pétrolier brésilien ; la vente de 22 avions commerciaux de l’avionneur brésilien Embraer à Tianjin Airlines, au coût de $1,3 Mds ; et une kyrielle d’accords avec Vale, un géant dans la production du minerai de fer. Tout cet investissement chinois pourrait contribuer à retaper les réseaux routiers, ferroviaires et portuaires du Brésil, qui sont dans un état lamentable. Les aéroports sont légèrement en meilleur état, grâce aux améliorations apportées avant la tenue de la Coupe du Monde l’an dernier.

Le clou de ce spectacle fastueux  est, sans contredit, le projet de construction d’un chemin de fer faisant 3 500 kilomètres, un investissement de $30 Mds, qui reliera le port brésilien de Santos, sur la côte Atlantique, au port péruvien de Ilo, sur la côte Pacifique, en passant par l’Amazonie. Du point de vue logistique, ce projet est un atout pour le Brésil, car il lui donnera une porte d’entrée sur le Pacifique. Les gagnants seront évidemment les producteurs de matières premières, du minerai de fer aux fèves de soja, qui seront exportées vers l’Asie, principalement en Chine.

Ce chemin de fer transcontinental pourrait s’avérer un projet extrêmement complexe, avec toutes sortes d’enjeux allant des questions environnementales et des droits fonciers à la préférence accordée aux firmes chinoises chaque fois que les banques chinoises vont délibérer sur l’extension des lignes de crédit. Mais pour l’instant, le champ est libre. Les suspects habituels sont évidemment inquiets.

Géopolitiquement vôtre !

La politique officielle du Brésil, depuis les années Lula, consiste à attirer de gros investissements chinois. La Chine est le principal partenaire commercial du Brésil depuis 2009. Avant, c’étaient les USA. La tendance s’est amorcée dans le secteur de la production alimentaire. Aujourd’hui, les investissements se font dans les ports et les chemins de fer. On passera ensuite au transfert de technologie. La Nouvelle banque de développement des BRICS et la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures (créée à l’initiative de la Chine), dont le Brésil est membre fondateur, seront incontestablement de la partie.

Le problème, c’est que cette interaction massive des BRICS dans les échanges commerciaux se conjugue à une situation politique assez alambiquée. Les trois principales puissances de l’Amérique du Sud que sont le Brésil, l’Argentine et le Venezuela, qui sont d’ailleurs toutes membres du Mercosur, font l’objet de tentatives de déstabilisation à répétition par les suspects habituels, qui dénoncent couramment la politique étrangère des présidents Dilma Rousseff, Cristina Kirchner et Nicolas Maduro, tout en regrettant la belle époque de la relation de dépendance à Washington.

Brasilia, Buenos Aires et Caracas sont simultanément confrontés à des complots contre leur ordre institutionnel, bien que le degré de complexité (et de querelles intestines) varie d’une capitale à l’autre. Les suspects habituels n’essaient même pas de dissimuler leur froid diplomatique avec les trois principaux pays de l’Amérique du Sud.

Le Venezuela, qui est sous le coup de sanctions imposées par les USA, est considéré par ce pays comme une menace à sa sécurité nationale, un fait qui ne tient même pas la route comme mauvaise blague. Kirchner fait constamment l’objet de harcèlement diplomatique. Qui plus est, l’Argentine est dans la ligne de mire des fonds vautours états-uniens. Quant aux relations avec Brasilia, elles sont pratiquement gelées depuis septembre 2013, lorsque Rousseff a reporté une visite à Washington en réaction à l’espionnage qu’exerçait la NSA sur Petrobras et elle-même en personne.

Ce qui nous amène à un enjeu géostratégique crucial, qui n’est pas encore résolu.

L’espionnage de la NSA pourrait avoir permis de faire fuiter à dessein des renseignements de nature délicate afin de déstabiliser le programme de développement du Brésil qui comprend, dans le cas de Petrobras, l’exploration des plus grands gisements de pétrole (pré-salifères) découverts en ce début du XXIe siècle.

Ce qui en train de se dénouer est crucial, car en plus d’être la deuxième économie en importance dans les Amériques (après les USA), le Brésil constitue la principale puissance économique et financière de l’Amérique latine. C’est aussi au Brésil que l’on trouve ce qui était la deuxième plus grande banque de développement au monde, la BNDES, avant d’être supplantée par la banque des BRICS, ainsi que la plus grande société en Amérique latine, Petrobras, qui compte parmi les géants mondiaux de l’énergie.

La pression intense exercée contre Petrobras provient essentiellement des actionnaires états-uniens, qui tournent autour comme des vautours, prêts à saigner à blanc la société et à en tirer profit, de pair avec les lobbyistes qui fulminent contre la priorité accordée à Petrobas dans l’exploration des gisements pré-salifères.

Bref, le Brésil est la dernière grande frontière souveraine à s’opposer à la domination hégémonique illimitée des Amériques. L’Empire du Chaos peut bien ruminer.

Surfons sur la vague continentale

Le partenariat stratégique en constante évolution des BRICS est perçu dans les cercles du pouvoir à Washington avec incrédulité, mais aussi avec crainte. Il est pratiquement impossible pour Washington de causer des dommages réels à la Chine, mais c’est beaucoup plus facile dans le cas du Brésil ou de la Russie. N’empêche que Washington déverse surtout sa colère sur la Chine, car elle ose conclure un accord après l’autre dans ce qui constituait l’arrière-cour des États-Unis d’Amérique.

Encore une fois, la stratégie de la Chine (et de la Russie) consiste à garder son calme et à proposer des solutions gagnant-gagnant. Xi Jinping a rencontré Maduro en janvier pour conclure (évidemment) des accords. Il a rencontré Cristina Kirchner en février pour la même raison, au moment même où les spéculateurs s’apprêtaient à déclencher une autre attaque contre le peso argentin. C’est maintenant au tour de Li de se rendre en Amérique du Sud.

Il va sans dire que les échanges commerciaux entre l’Amérique du Sud et la Chine continuent de monter en flèche. L’Argentine y exporte des aliments et des fèves de soja ; le Brésil y exporte la même chose ainsi que des minerais et du bois d’œuvre ; la Colombie y vend du pétrole et des minerais ; le Pérou et le Chili, du cuivre et du fer ; le Venezuela, du pétrole ; la Bolivie, des minerais. Quant à la Chine, elle exporte surtout des produits fabriqués à forte valeur ajoutée.

Un élément-clé à surveiller dans un avenir rapproché est le projet Transul, proposé pour la première fois lors d’une conférence des BRICS à Rio l’an dernier. Il s’agit essentiellement d’une alliance stratégique entre le Brésil et la Chine liant le développement industriel brésilien à l’approvisionnement partiel de la Chine en métaux, au moment où la demande des Chinois est à la hausse (ils prévoient de construire rien moins que 30 mégapoles d’ici 2030). Cet approvisionnement sera effectué par des sociétés brésiliennes ou sino-brésiliennes. Pékin a fini par donner son assentiment au projet.

La situation dans son ensemble à long terme demeure inexorable. Les BRICS et les pays d’Amérique du Sud, qui convergent vers l’UNASUR (l’Union des nations sud-américaines), misent sur un nouvel ordre mondial multipolaire et un processus d’indépendance à l’échelle continentale.

Il est facile de voir que nous sommes ici à des années-lumière de la doctrine Monroe.


- Source : Pepe Escobar

Jean-Pierre Le Goff : "Comment être à la fois conservateur, moderne et social" ...

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Jean-Pierre Le Goff : "Comment être à la fois conservateur, moderne et social" ...

Propos recueillis par Laetitia Strauch-Bonart

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessous un entretien avec Jean-Pierre Le Goff, cueilli sur son site Politique autrement et consacré à la question du conservatisme. Sociologue, Jean-Pierre Le Goff a publié de nombreux essais, comme La gauche à l'épreuve 1968-2011 (Perrin, 2011) ou La fin du village (Gallimard, 2012).

Q : Que signifie pour vous le terme de conservatisme ou de conservateur ?

Jean-Pierre Le Goff : Aujourd’hui, les mots se dissolvent dans le flux continuel de la communication et jouent de plus en plus le rôle de marqueurs symboliques. Le « conservatisme » n’y échappe pas. Il fait partie de ces mots-valises qui jouent le rôle de repoussoir permettant de se situer a contrario dans le bon camp. La gauche l’assimile facilement à la « réaction », à l’« extrême droite ». Pour une partie de la droite, le mot est synonyme d’immobilisme, de repli frileux, d’opposition à toute réforme. Contre cette confusion, il faut revenir sur ses origines, son évolution et la signification nouvelle qu’il peut prendre aujourd’hui.
À l’origine, le conservatisme correspond à un courant de pensée qui s’est constitué en réaction à la Révolution française et à la modernité. Cela ne m’empêche pas pour autant de le prendre en compte librement, en faisant la part des choses entre les aspects réactionnaires au sens propre du terme – à savoir la condamnation globale, voire la diabolisation de la Révolution française et de la modernité, avec l’illusion d’un possible retour en arrière –, et l’éclairage critique qu’il apporte sur la condition de l’homme moderne et la vie en société. À sa façon, ce courant de pensée rappelle que l’histoire ne commence pas à la Révolution française ; il souligne les limites et les ambiguïtés du projet moderne d’émancipation dans sa prétention à ériger la raison et l’individu en références ultimes, faisant fi des héritages culturels passés ; il remet en question la croyance en un progrès nécessairement positif de l’humanité et une conception de l’homme « naturellement bon », le mal n’étant que l’effet du conditionnement d’une mauvaise société et d’un pouvoir oppresseur.


Dans le courant du XIXe et du XXe siècle, le courant conservateur s’est développé et renouvelé en menant une critique de la révolution industrielle, de l’urbanisation et de la massification qui, là aussi, met en lumière des aspects bien réels de la modernité, sans qu’on soit obligé pour autant d’épouser les problématiques globales dans lesquelles cette critique s’insère et les engagements politiques qui ont pu l’accompagner. Le conservatisme n’en a pas moins mis en question l’idée même de « révolution » en tant qu’elle implique une rupture radicale et la construction d’un monde et d’un homme nouveau en faisant table rase du passé. Les totalitarismes ont poussé jusqu’au bout ces idées avec les ravages que l’on connaît.


Que nous le voulions ou non, ce courant de pensée conservateur fait partie de notre héritage et nous pouvons en tirer profit, pour autant que nous opérions un discernement entre ce qui peut apparaître comme ses « branches mortes » et son apport de vérité dans son interprétation des évolutions de la société et du monde. Telle est du moins ma façon d’envisager mon rapport au conservatisme. Elle s’inscrit dans la problématique de la modernité et des Lumières en considérant que la rupture avec la tradition, loin d’être une tare, est au contraire être une condition favorable à l’enrichissement de la réflexion. Comme Hannah Arendt l’a souligné, c’est précisément parce que nous vivons dans un monde qui n’est plus structuré par une autorité et une tradition qui s’imposeraient d’elles-mêmes, qu’il nous est possible d’entretenir un rapport plus libre, plus lucide à cette tradition. Dans les conditions de la modernité et face aux évolutions problématiques de la démocratie, le conservatisme peut être considéré comme une des manifestations de l’esprit de liberté pour qui l’autonomie de jugement demeure une exigence et qui trouve dans le passé des ressources qui nous aident à mieux comprendre et affronter les défis du présent.

Q : Le conservatisme développe une vision pessimiste, il est associé à un discours de déploration qui n’offre guère d’alternative… N’est-ce pas là l’une des principales raisons pour laquelle l’appellation de « conservateur » est si peu revendiquée en France ?

Jean-Pierre Le Goff : Le pessimisme est un des traits du conservatisme qui s’oppose à un optimisme naïf qui considère que l’histoire marche toujours dans le sens du progrès, en amalgamant en un tout progrès des sciences, des techniques et progrès culturel et moral. Le totalitarisme et les barbaries du siècle passé et présent ont, pour le moins, mis à mal un tel optimisme. L’histoire nous apprend que les civilisations naissent, se développent, passent par des périodes de crise et sont mortelles. On est ainsi en droit de s’interroger sur l’état de la dynamique de la modernité au sein même de l’Europe et considérer que nous vivons une période particulièrement critique de notre histoire. La démocratie a ses propres ambivalences et son développement n’a rien d’une marche inéluctable, quand bien même ce développement passerait par des crises conçues comme inhérentes à l’idée même de démocratie, ou comme des phases transitoires d’une expansion historique continue. Nous ne sommes pas maîtres de l’histoire et nous n’en détenons pas les clés d’interprétation. S’il y a bien de l’irréversible et des tendances lourdes, tout n’est pas joué d’avance ; l’histoire est ambivalente et tragique, elle demeure ouverte sur des possibles dans des conditions données, et il importe de savoir dans quel monde nous voulons vivre. Ce pessimisme n’est donc pas synonyme de retrait et d’inaction, il est au contraire « actif », un stimulant de la réflexion et de l’action pour qui se soucie des désordres du monde.


Ce pessimisme concerne également une conception de l’être humain qui reconnaît en lui une part sauvage, irréductible, d’agressivité et de destruction. Pour reprendre, les propos de Freud dans Malaise dans la civilisation qui retrouve, à sa façon, une conception qui est bien antérieure à la psychanalyse : « L’homme n’est point cet être débonnaire, au cœur assoiffé d’amour, dont on dit qu’il se défend quand on l’attaque, mais un être, au contraire, qui doit porter au compte de ses données instinctives une bonne somme d’agressivité. […] Cette tendance à l’agression que nous pouvons déceler en nous-mêmes et dont nous supposons à bon droit l’existence chez autrui, constitue le facteur principal de perturbation dans nos rapports avec notre prochain ; c’est elle qui impose à la civilisation tant d’efforts [1]. » Cette tendance n’a pas disparu, malgré les efforts d’un nouveau moralisme pour la dénier ou l’éradiquer. Le conservatisme me paraît faire preuve de lucidité salutaire face au règne des bons sentiments et à une vision angélique de l’être humain et des droits de l’homme.


Mais, il faut aussi le reconnaître, le conservatisme a ses penchants négatifs lorsqu’il méconnaît l’ambivalence de la démocratie et ses acquis, lorsqu’il flirte avec l’idée d’un âge d’or et d’un retour en arrière. Replié sur lui-même, il tend à idéaliser le passé et verse dans l’amertume et la déploration sans fin. Il peut devenir une posture morale et esthétique qui juge d’en haut le monde moderne, souvent du reste avec talent et des constats critiques judicieux. Plus sommairement, il peut se nourrir des traits négatifs de la modernité qu’il dénonce, s’enfermer dans un face à face délétère avec le progressisme bien pensant où les postures comptent plus que l’échange des arguments. Le conservatisme devient alors incohérent et flirte avec le nouvel air du temps. On peut dénoncer la société du spectacle et les médias tout en rêvant d’en être, en faisant jouer sa posture comme élément de distinction. Il devient alors le vis-à-vis obligé de ses adversaires qui s’en servent comme un repoussoir caricatural pour mieux éviter toute confrontation sur le fond. En fait, les conservateurs d’aujourd’hui sont proches des « antimodernes » qu’a bien caractérisés Antoine Compagnon, lorsqu’il parle de « modernes à contrecœur », « déchirés [2] » et « déçus [3] ».

Q : Si la critique du progressisme n’est pas nouvelle, elle semble trouver aujourd’hui en France une vigueur nouvelle – critique des contradictions de la démocratie, du libéralisme sociétal, du « droit-de-l’hommisme », de l’égalitarisme – ce que certains associent de façon négative à l’émergence d’une pensée « réactionnaire ». N’est-ce pas là plutôt le signe d’une certaine crise du progressisme ?

Jean-Pierre Le Goff : Il faut d’abord prendre la mesure des bouleversements qui se sont opérés dans le dernier siècle, face à un optimisme de façade qui tend à dénier la décomposition historique que nous connaissons. Le développement économique, scientifique et technique s’est accompagné de changements sociétaux qui ont mis en question tout une culture humaniste. La Grande Guerre, qui marque l’entrée dans le XXe siècle, et les totalitarismes qui l’ont suivie n’ont pas seulement mis à mal l’idée d’une marche inéluctable de l’histoire vers toujours plus de progrès – dans laquelle communisme et socialisme s’inscrivaient, chacun à leur manière –, ils ont fait peser un doute profond sur les capacités émancipatrices de notre propre culture, comme si les guerres et les totalitarismes du XXe siècle avaient tout dévasté sur leur passage et empêchaient désormais toute réappropriation. Le christianisme, les conceptions des Lumières, l’idée de progrès issue de la Révolution française et du XIXe siècle… sont entrés en crise. C’est tout un creuset anthropologique et culturel, une façon d’être, de se situer par rapport au monde, aux autres, à la collectivité qui se sont érodés et ont été mis en cause. Portée au départ par des « avant-gardes » révolutionnaires et artistiques minoritaires, la rupture avec cet héritage culturel s’est progressivement répandue dans la société.


fin-du-village_3595.jpegDans la seconde moitié du XXe siècle, les sociétés démocratiques ont franchi une nouvelle étape de leur histoire, marquée à la fois par le développement de la production, de la consommation et, dans le dernier quart du siècle, par les « désillusions du progrès [4] » et les préoccupations écologiques. Ce tournant s’est accompagné d’une relecture particulièrement critique de notre propre histoire et une érosion de la dynamique des sociétés démocratiques européennes. Une partie des démocraties européennes s’est ainsi déconnectée de l’histoire, le passé étant considéré sans ressources, obsolète, et l’avenir chaotique et indiscernable. Notre héritage culturel et politique passé n’a pas seulement donné lieu à une relecture réflexive et critique dans un souci de vérité, mais il a été l’objet d’un règlement de compte historique qui l’a rendu responsable de tous les maux de l’humanité. Il s’est ainsi opéré un grand retournement. La remise en cause salutaire de l’ethnocentrisme a basculé vers la perte de confiance en ses propres ressources et la mésestime de soi. Au sein de certains pays européens, particulièrement en France, s’est développé une mauvaise conscience liée à une focalisation sur les pages sombres de notre histoire qui a abouti à une vision pénitentielle qui n’en finit pas.


Le paradoxe de la construction de l’Union européenne est qu’elle s’est développée dans un moment où son héritage premier qui la spécifie comme civilisation s’est trouvé mis à mal. Le défunt traité établissant une Constitution pour l’Europe élaboré en 2004 faisait non seulement peu de cas des nations qui se sont construites suite aux empires, il se référait de façon éthérée dans son préambule à des références certes louables (« dignité humaine », « liberté », « égalité », « solidarité », « démocratie », « État de droit »…) mais sans ancrage historique. Les principales sources et les grands moments qui ont façonné l’Europe et la distinguent des autres civilisations n’étaient même pas mentionnées : culture grecque et romaine, juive et chrétienne, sécularisation et importance des Lumières qui ont fait de l’Europe le « continent de la vie interrogée »... Cette difficulté à assumer sa spécificité historique est allée de pair avec l’importance accordée à l’économie, et plus précisément à une politique économique particulière, néo-libérale, qui acquérait de fait un statut constitutionnel dans le défunt Traité. Cette politique économique se trouvait ainsi promue comme l’une des normes fondamentales de la démocratie, au même titre que les libertés publiques fondamentales et les règles juridiques qui encadrent l’organisation et le fonctionnement des institutions. L’économisme est devenu la grille de lecture dominante de pays européens déboussolés qui ne parviennent plus à réinsérer l’économie dans un creuset historique et culturel qui puissent faire sens pour les peuples.

Q : Dans vos écrits, vous êtes particulièrement critique sur la modernisation et le management tels qu’ils se sont développés depuis les années 1980. N’est-ce pas là la manifestation d’un certain conservatisme qui peut rejoindre la défense des intérêts corporatistes et refuse les réformes ?

Jean-Pierre Le Goff : Il s’agit avant tout de comprendre que le « néolibéralisme », la « modernisation » ou encore les « réformes » se sont développés depuis un quart de siècle dans le cadre global de cette déculturation historique. Celle-ci constitue une situation nouvelle, en rupture avec le libéralisme traditionnel et les modernisations antérieures. À l’origine, le libéralisme est inséparable de la lutte pour la liberté politique et, sur le plan économique, il s’est accompagné de l’idée selon laquelle le marché libre, le libre jeu des intérêts et de la concurrence, entrainaient la prospérité des nations. Quoiqu’on puisse penser de cette conception économique dont je ne partage pas l’optimisme et le caractère utopique, ce libéralisme est né dans une situation historique particulière et il était lié à une visée éducative des individus dans le cadre d’une collectivité historique [5]. Qu’en est-il aujourd’hui de ce libéralisme des origines, avec une mondialisation marquée par la spéculation et une logique de court terme, qui étend considérablement le champ de la concurrence avec des pays hétérogènes, passant outre aux différences du coût du travail, à l’histoire économique et sociale propre à chaque pays ?


Répondre à cette question suppose de sortir de l’économisme et d’une optique technocratique et gestionnaire, pour prendre en compte les bouleversements culturels – en termes d’idées, de valeurs, de représentations et de comportements qui imprègnent la société – qui se sont opérés dans les années 1970 et 1980. Et plutôt que de dénoncer le « capitalisme » ou la « dictature des marchés », il faut poser la question autrement : que s’est-il passé dans le dernier quart du XXe siècle pour que le marché, et avec lui l’entreprise, soient érigés en nouveaux pôles de légitimité sociale et en modèles pour l’ensemble des activités ? Ce qui amène à s’interroger sur les raisons d’un aveuglement qui ont conduit une partie des élites à adhérer si facilement à une conception angélique de la libre concurrence et de la mondialisation. Autrement dit, qu’en est il de nos ressources politiques et morales, intellectuelles et culturelles qui ont constitué autant de garde fous contre le libre jeu de la concurrence et l’hégémonie du modèle marchand ?


Ce nouveau libéralisme et l’économisme qu’il implique dans l’abord des questions de société ont été accompagnés d’une modernisation d’un nouveau genre qui a pratiqué la « fuite en avant » dans tous les domaines, rompant ainsi avec les modernisations antérieures. Après la défaite de juin 1940, la passion modernisatrice de l’après-guerre entendait tirer un trait sur la France de l’avant-guerre, repliée sur elle-même, par une vision d’avenir marquée du sceau du développement économique, scientifique et technique. Cette vision modernisatrice n’en impliquait pas pour autant une dépréciation de l’histoire de France et de sa culture, bien au contraire. L’arrivée du général de Gaulle au pouvoir en 1958 s’est inscrite dans cette modernisation entamée par la IVe République en lui redonnant un nouveau souffle. En fait, le général de Gaulle incarnait une « alliance singulière entre vision classique et moderne » : la modernisation était l’instrument par lequel la France, identité historique séculaire, pouvait rester égale à elle-même en jouant de nouveau un rôle historique dans le monde [6].


Ce « roman national » qui maintenait le lien entre le passé, le présent et l’avenir du pays, se trouve aujourd’hui en morceaux. Dans une situation où ce continuum historique est rompu, où le passé est déprécié, réduit au « devoir de mémoire » et à la dimension patrimoniale, où l’avenir paraît indiscernable, ouvert sur de possibles régressions, le présent est existentiellement flottant, il devient autoréférentiel et le vide qui le sous-tend est alors comblé par un activisme dans tous les domaines de la vie individuelle et collective. Le slogan « le changement, c’est maintenant » exprime bien cette absolutisation du présent en état de sollicitation perpétuelle. Dans cette temporalité devenue folle, individus et collectivités sont constamment sommés de rattraper un retard qui paraît sans fin. Les grands médias audio-visuels fonctionnant en boucle, les nouvelles techniques d’information et de communication renforcent et démultiplient ce phénomène mais ils ne l’ont pas créé.


Désarticulée de l’histoire, la politique a elle-même versé dans l’activisme managérial et « communicationnel », faute de projet plus structurant. Cette façon de faire est particulièrement manifeste dans la succession des réformes menées par les différents gouvernements. Celles-ci s’inscrivent dans ce moment de déculturation où la politique est dominée par une optique étroitement gestionnaire et comptable qui, étant dépourvue de creuset humaniste et de vision historique, apparaît non pas comme un moyen mais comme un fin. Cette déculturation et cette fuite en avant concernent l’école qui s’est trouvée de plus en plus soumise à une logique d’adaptation de courte vue, aux pressions des idéologies et des modes dans les domaines de la pédagogie et des mœurs, comme dans celui des nouvelles technologies de l’information et de la communication qui exercent une véritable fascination. Pour le modernisme ambiant, la finalité conservatrice de l’école apparaît désormais comme une survivance d’un autre âge, alors qu’elle est un élément essentiel de la transmission, du maintien et du renouvellement d’un monde commun. Ses missions ne se réduisent pas à l’apprentissage de compétences de base, pour importantes qu’elles soient, elles relèvent en même temps de la transmission d’une culture à travers un corpus structuré de connaissances qui ne sont pas seulement scientifiques et techniques, mais aussi historiques, avec une importance particulière accordée à la littérature, aux arts et à la philosophie qui sont indispensables à la compréhension du monde et à l’autonomie de jugement. Pour ces raisons, l’école ne se confond pas avec l’espace public ; elle doit se protéger des communautarismes et des groupes de pression qui font valoir leurs idéologies et leurs intérêts. Dans ce cadre, la défense de la laïcité issue de notre tradition républicaine trouve son bien fondé.


goffR320025988.jpgLa fuite en avant moderniste s’étend également aux mentalités et aux modes de vie emportés dans un changement perpétuel, sans finalité autre que celles de la survie et de la concurrence dans un monde chaotique. Si le monde et notre héritage culturel ne sont pas immuables, on ne saurait faire valoir comme modèle a contrario un mouvement permanent, indéfini, et un multiculturalisme invertébré, à moins de considérer que notre faculté de penser et de juger est désormais hors de propos. C’est précisément ces idées que diffusent les rhéteurs de la postmodernité qui commentent indéfiniment les évolutions et veulent à tout prix apparaître dans le camp d’un « progrès » devenu synonyme de « changement » sans but ni sens. Pour une partie des élites, l’important c’est d’« en être », en faisant du surf sur les évolutions et en essayant de tirer parti d’une telle situation. Face à cette insignifiance, les questions fondamentales : « Qu’est-ce qui est vrai ? », « Qu’est-ce qui est juste ? », « Qu’est-ce que je peux en penser ? » sont devenues des exigence à la fois conservatrices et très actuelles, à l’heure d’une « réactivité » et d’un zapping permanent qui ne permettent plus la distance et brouillent le discernement.


Une partie du pays en a assez, non pas de la modernité, mais de la fuite en avant moderniste dans une logique de remise en cause et d’accélération permanentes. Telles me paraissent être les points aveugles d’un nouveau management et d’un pouvoir informe qui n’ont cessé de déstabiliser les individus et les collectifs, de générer l’angoisse au sein de la société, rendant ainsi plus difficile une reconstruction qui est tout autant économique et sociale que politique et culturelle.

Q : Pourquoi la gauche a-t-elle tendance à tout réduire à la lutte contre les inégalités et à la nécessité d’adapter sans cesse l’homme et la société aux évolutions considérées comme naturellement porteuses de progrès ?

Jean-Pierre Le Goff : Dans sa décomposition actuelle, la gauche bricole un curieux mélange de fuite en avant et de restes morcelés de son ancienne doctrine ; la lutte contre les inégalités est un marqueur d’identité auquel elle se raccroche. Outre le fait qu’il s’agit de prendre en compte de façon pragmatique les effets réels des politiques de lutte contre le chômage de masse et la précarité, l’« égalité » est devenue un mot fourre-tout qui joue de plus en plus un rôle symbolique de démarcation avec la droite. Là aussi, il faut opérer un retour aux sources pour mieux comprendre le glissement qui s’est opéré.


La liberté est la première des valeurs inscrites dans la devise républicaine et l’égalité est d’abord juridique et politique : elle implique l’égalité des citoyens devant la loi et l’élection de leurs représentants par le suffrage universel. La conception de la citoyenneté républicaine met en avant une exigence, celle du dépassement des intérêts particuliers et des appartenances particulières pour se penser membre de la cité. Cette conception a un caractère d’idéalité qui ne peut complètement coïncider avec les faits, mais elle n’en constitue pas moins un « idéal régulateur » face au repli sur les particularismes individuels, sociaux ou religieux. La lutte contre les inégalités économiques s’inscrit dans le cadre d’une « justice sociale » et vise à créer les conditions favorables à cette citoyenneté. C’est en s’inscrivant dans cette perspective que la lutte contre les inégalités prend son sens et ne verse pas dans l’égalitarisme et le ressentiment. Dans cette optique, il s’agit d’améliorer les conditions économiques et sociales, de développer l’éducation, particulièrement en direction des catégories les plus défavorisées, afin d’accroître cette liberté et de former des élites issues du peuple. Les paroles de Carlo Rosselli, socialiste, antifasciste italien, assassiné en 1937, constituent le meilleur de la tradition de la gauche et du mouvement ouvrier : « Le socialisme, disait-il, c’est quand la liberté arrive dans la vie des gens les plus pauvres [7]. » La dynamique historique qu’ont pu représenter le mouvement ouvrier et le socialisme n’est plus, mais cette idée d’une liberté concernant les couches populaires est une exigence à laquelle je demeure attaché. Celle-ci n’a rien à voir avec les revendications du « droit à la réussite pour tous » et des « droits à » de la part des individus ou des groupes communautaires, revendications qui ont été promues de façon démagogique par une gauche en crise d’identité.


Plus globalement, la gauche reste encore largement prisonnière d’une lecture réductrice de la société : le domaine économique et social demeure le fondement de la réalité, le point focal à partir duquel elle interprète les phénomènes. Les questions anthropologiques n’échappent pas à cette problématique. Elles sont encore envisagées le plus souvent comme des phénomènes superstructurels ou des « constructions sociales de la réalité » marqués du sceau des inégalités et de la domination, qu’il faut adapter aux évolutions considérées comme naturellement porteuses de progrès, avec ce même point aveugle de certitude : la gauche est nécessairement dans le camp du progrès et du Bien. Dans l’ensemble, la gauche manque de liberté d’esprit pour aborder ces questions : peu ou prou, il faut relier ces phénomènes à la sphère marchande, aux inégalités, à la domination… pour qu’ils acquièrent une légitimité suffisante et que la gauche puisse s’y retrouver avec des repères sécurisants face la droite, alors que ces questions engagent une conception de la condition humaine dont on ne peut faire abstraction et qui ne recoupe pas les clivages partisans. Les difficultés théoriques de la gauche dans l’abord de ces questions se conjuguent avec la crainte d’être catalogué dans le mauvais camp. On vit dans un « entre-soi » où l’on tient à conserver à tout prix à une image progressiste, de gauche, en ayant peur d’avoir « mauvaise réputation », d’être catalogué comme un « nouveau réactionnaire » ou un suppôt de l’extrême droite. La confusion intellectuelle et le relativisme de bon ton se conjuguent avec une forme de lâcheté face à la pression et aux anathèmes d’un milieu restreint mais influent qui occupe des positions de pouvoir dans les médias et la communication. Dans ces conditions, il s’agit de faire valoir la liberté de pensée et l’autonomie de jugement face à une gauche repliée sur elle-même et sectaire, incapable de comprendre ce qui lui arrive, pratiquant l’invective et se servant de l’extrême droite pour masquer sa propre inconsistance et dénier la réalité. Resituée dans un temps long, cette dégradation me paraît typique de la fin d’un cycle historique, celui du mouvement ouvrier issu du XIXe siècle et du pôle qu’il pu représenter dans la société.

Q : Peut-on dire que le concept de « gauchisme culturel » que vous avez développé et critiqué, s’oppose à la conception d’une gauche positivement conservatrice ?

Jean-Pierre Le Goff : En effet, le gauchisme culturel s’oppose au conservatisme qu’il assimile à la réaction et à l’extrême droite de façon des plus caricaturales. Ce gauchisme culturel paraît pacifique et non violent, dans la mesure où il entend « changer les mentalités » par les moyens de l’éducation, de la communication moderne et par la loi. Mais il n’en véhicule pas moins l’idée de rupture avec le « vieux monde » et de « révolution culturelle », en étant persuadé qu’il est porteur de valeurs et de comportements correspondant à la fois au nouvel état de la société et à une certaine idée du Bien. Plus fondamentalement, il s’inscrit dans un courant déstructurant présent au sein des sociétés démocratiques qui met à mal toute une conception de la condition humaine et un sens commun qui lui était attaché.


goff344_BO1,204,203,200_.jpgLes origines, le contenu et la genèse de ce gauchisme sont inséparables du basculement opéré par le mouvement de mai 68. En France, cet événement multiforme marque un moment de pause et de catharsis dans une société qui, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, s’est trouvée transformée en peu de temps par la modernisation des Trente glorieuses [8]. Mai 68 a fait apparaître au grand jour la jeunesse adolescente comme nouvel acteur social, il a mis en question les finalités du progrès, mis en cause le moralisme et le paternalisme, les bureaucraties en place, les pouvoirs et les institutions sclérosés… En ce sens, il n’appartient à personne et l’on ne reviendra pas en arrière. Ce qui m’apparaît avant tout en question est ce que j’ai appelé son « héritage impossible » qui comporte une remise en cause radicale des symboles de l’autorité, une conception de l’autonomie érigée en absolu, une vision noire de notre histoire… Cet héritage impossible a été transmis de génération à génération, passant par une dynamique contestataire et transgressive pour aboutir à un nouveau conformisme et à une forme de nihilisme d’affaissement [9].


Les années qui ont suivi mai 68 ont d’abord été marquées par un règlement de compte d’une génération contestataire, celle des « baby boomers », contre l’héritage culturel et politique qui lui avait été transmis, tant bien que mal, dans une société marquée par le développement sans précédent de la production, de la consommation et des loisirs. Les gauchistes de l’époque qui prétendaient faire table rase du passé n’en étaient pas moins des héritiers, des héritiers rebelles mais des héritiers « quand même ». Ils se sont révoltés contre les cultures juive et chrétienne, humaniste et républicaine, mais ils avaient été éduqués dans leur creuset. Toute rupture se voulant radicale est marquée par une référence (fût-elle en négatif) à ce qui est légué par les générations antérieures. N’oublions pas, au demeurant, que Rimbaud, élevé au rang d’icône de la révolte et de l’artiste maudit, n’en a pas moins été d’abord un lycéen brillant qui a obtenu des premiers prix des concours académiques de vers et de discours en latin.


Les générations post-soixante-huitardes ont grandi et ont été formées dans une période critique où les éducateurs et les enseignants assumaient mal leur rôle de transmission d’un héritage avec lequel ils étaient eux-mêmes en rupture. À cette rupture dans la transmission est venu s’ajouter un retournement de la situation avec la fin des Trente glorieuses, le développement du chômage de masse et les préoccupations écologiques. Le premier « fossé des générations » des années 1960-1970 a été suivi d’un second pour qui mai 68 est devenu un sorte de mythe fondateur dans un contexte bien différent. Une culture post soixante-huitarde abâtardie dont le gauchisme culturel est l’héritier, s’est progressivement distillée et installée dans la jeunesse.


Aujourd’hui, les figures du « révolté » et du « rebelle », de l’« artiste maudit » et du « génie méconnu » sont devenues des modèles de référence dans la société du spectacle, aboutissant à un résultat paradoxal : celui d’un nouveau conformisme de la révolte et de la transgression banalisées qui s’étalent dans les milieux médiatiques et branchés. Dans le même temps, les thèmes de la souffrance et de la victime ayant des droits ont pris le dessus.


Au fil de plusieurs générations, tout un public adolescent et post-adolescent a baigné dans une sous-culture historique et idéologique pour qui l’absolutisme, l’esclavagisme, le colonialisme, Pétain et la collaboration, la Shoah… constituent le résumé de l’histoire de la France, de l’Europe et de l’Occident. En contrepoint, les autres cultures du monde exercent leur fascination sous un angle des plus angéliques. Cette sous-culture gauchiste est entretenue et diffusée par des politiques et des journalistes militants, des groupes de pression minoritaires qui font valoir leur statut de victimes pour s’ériger en justiciers du passé, faire prévaloir leur idéologie et leurs intérêts particuliers. Ils encouragent le ressentiment et pratiquent la délation, le lynchage médiatique et les plaintes en justice. De cette façon, ils ont réussi à paralyser une partie de la gauche et l’empêchent de penser librement, en même temps qu’ils laissent le champ libre à l’exploitation populiste des problèmes qu’ils dénient, en faisant de l’extrême droite leur adversaire attitré. Aujourd’hui, ce gauchisme culturel me paraît être parvenu à un point limite. Son agitation et son influence dans certains milieux intellectuels et médiatiques peuvent laisser croire qu’il occupe toujours une place prépondérante alors qu’une bonne partie de la population le rejette ou l’ignore. Au sein de la société, après l’hégémonie culturelle de l’héritage impossible de mai 68, nous assistons à un mouvement de balancier avec des aspects traditionalistes et réactionnaires bien réels, sans qu’on puisse réduire ce mouvement à ces aspects.


Ce qui me frappe le plus, c’est la légèreté et la précipitation avec lesquelles la gauche convertie au gauchisme culturel aborde les questions sociétales au nom de l’égalité sans se rendre compte que cette dernière a changé de registre. La « passion de l’égalité » propre à la démocratie a franchi une nouvelle étape en s’appliquant désormais à des domaines qui relèvent de l’anthropologie. Une donnée de base de la condition humaine reconnue comme telle depuis des millénaires a été mise en question : la division sexuelle et la façon dont les êtres humains conçoivent la transmission de la vie et de la filiation. On s’excusera du peu… En se voulant à l’avant-garde d’une évolution des mœurs problématique, la gauche a ouvert en toute irresponsabilité une boîte de Pandore. Désormais, avec la nouvelle conception de la lutte contre les inégalités, les différences liées à la condition humaine et les aléas de la vie peuvent être considérés comme des signes insupportables d’inégalité et de discrimination. Cette revendication bien particulière de l’égalité a partie liée avec un fantasme de toute puissance qui considère que les problèmes anthropologiques sont une sorte de matière qu’on pourrait modeler à loisir et sans dommage, en fonction des désirs de chacun et des minorités qui font valoir leur statut de victimes ayant des droits. À l’inverse, parce qu’elles mettent en jeu ce qui fait l’humain, ces questions anthropologiques me paraissent devoir être considérées avec prudence et le plus grand soin, pour empêcher que le monde humain se défasse. Le « principe de précaution » – qui est devenu un leitmotiv concernant des espèces en voie de disparition ou de certaines recherches et expérimentations scientifiques et techniques – est mis hors champ concernant l’humain, au nom d’une passion de l’égalité sans limite. Dans ces domaines, le conservatisme est une forme de sagesse, de prudence et de résistance face à un nouvel hubris qui se veut décomplexé dans un climat de confusion intellectuelle et éthique.

- Q : Le conservatisme peut-il être de droite autant que de gauche ?

Jean-Pierre Le Goff : Aujourd’hui, dans les conditions historiques et idéologiques que je viens de décrire, c’est un courant de pensée pluriel qui n’est pas réductible à un camp ; il me paraît transversal à la droite et à la gauche, même si la droite a pu être son représentant pendant longtemps et si la gauche s’est toujours présentée comme le camp du progrès contre la réaction assimilée au conservatisme. L’écologie qui s’interroge sur l’avenir de la planète et n’appartient pas à un camp politique, est à sa façon conservatrice. Bien plus, tout un courant écologique fondamentaliste est réactionnaire, voire nihiliste, dans sa façon de remettre en cause la prééminence de l’homme sur la nature et ce qui fait précisément la spécificité de l’humain qui n’est pas, contrairement à ce qui est asséné, une « espèce comme les autres ». Il est également un domaine sur lequel une partie de la gauche peut apparaître « conservatrice », c’est celui de la défense d’un modèle social lié à l’État providence qui s’est constitué dans la période dite des Trente glorieuses et qui connaît de sérieuses difficultés aujourd’hui. S’il n’est pas intangible, le modèle social français est le fruit d’une histoire et de conquêtes sociales dont on ne peut faire abstraction en prônant ouvertement une « révolution culturelle » qui le mettrait à bas, comme le fait une partie de la droite libérale. Là aussi, il s’agit de faire la part des choses, de façon pragmatique et non idéologique, à gauche comme à droite, entre ce qui relève des idéologies et des dogmes et d’une adaptation nécessaire d’un modèle auquel je demeure attaché.


goffggghhhgghg.jpgL’économie de marché a ses lois propres, mais elle s’insère aussi dans un creuset anthropologique et historique. L’économisme dominant passe outre cette dimension essentielle à la vie en société et à la politique. Un pays n’est pas une entreprise et la culture n’est pas une sorte de « pâte à modeler » ou de « supplément d’âme » à une société conçue comme une mécanique gérable et adaptable à volonté ; elle est précisément ce qui donne sens à la vie en société.


Cette approche conservatrice qui s’inscrit dans la modernité trouve plus globalement sa pertinence face à un nouvel individualisme désaffilié et autocentré, à une déculturation politique et culturelle. Il s’agit très directement de savoir si nous avons encore des motifs pour croire que nos repères culturels et politiques, transmis tant bien que mal à travers les générations, peuvent encore nous inspirer et nous guider, si notre pays peut encore apporter quelque chose de spécifique à l’Europe et au monde. C’est précisément sur ce point que les choses sont devenues floues pour beaucoup, non seulement parce qu’elles seraient plus « complexes » qu’auparavant, mais, plus simplement et plus fondamentalement, parce que beaucoup ne savent plus trop quoi penser et transmettre.


C’est dans ce cadre, qu’être conservateur peut trouver une signification nouvelle en mettant en question l’insignifiance, en faisant valoir l’importance d’un recul réflexif et critique, inséparable d’une relecture et d’une réappropriation éclairée de notre passé. Il s’agit de sortir du faux choix, sous forme de chantage, dans lequel tout un courant de la gauche, mais aussi de la droite moderniste, enferme l’alternative et le débat entre un passé, un héritage culturel figé et dépassé qui n’auraient plus rien de substantiel à nous apporter, et un présent et un avenir perpétuellement mobiles et fluides auxquels nous n’aurions plus qu’à nous adapter.


Tout un courant intellectuel gauchiste et moderniste réduit bêtement les notions d’« identité » et de « culture » à une conception essentialiste qui nous ramènerait du côté du traditionalisme, de Maurras, de Pétain, de l’extrême droite… L’identité d’un peuple n’est pas une substance immuable qui ne changerait pas avec le temps, mais on ne saurait faire valoir comme modèle a contrario un mouvement permanent et indéfini, sauf à considérer le monde commun comme un chaos et à abdiquer toute prétention à le rendre signifiant. L’idée d’« identité narrative » développée par Paul Ricœur ouvre d’autres perspectives en soulignant l’importance du récit qu’un pays se forge de sa propre histoire. Cette identité n’est pas celle d’une « structure fixe, mais bien celle mobile, révisable, d’une histoire racontée et mêlée à celle des autres cultures [10] ». Cette identité narrative ne signifie pas pour autant un multiculturalisme invertébré et soumis à une recomposition constante ; elle suppose une interprétation qui implique des choix, structure les événements, leur donne une signification et met en valeur des potentialités inexploitées du passé. La France et les pays de l’Union européens n’échappent pas aujourd’hui à cette nécessité.


Le passé n’est pas un patrimoine muséifié, il ne comporte pas seulement en lui du révolu, il contient des ressources et ce que Paul Ricœur appelle des « potentialités inaccomplies », pourvu que nous sachions les redécouvrir et nous approprier le meilleur de nos traditions. En ce sens, être conservateur ne signifie pas être « traditionaliste » ou « réactionnaire », contrairement à ce que voudraient nous faire croire une gauche bien pensante et une droite moderniste. Un pays qui rend insignifiant son passé se condamne à ne plus inventer un avenir discernable porteur des espérances d’émancipation ; un pays qui ne croit plus en lui-même est ouvert à toutes les servitudes. Dans ce cadre, conservatisme et progrès ne me paraissent pas contradictoires, ils constituent les deux pôles d’une modernité éclairée qui rejette le faux dilemme entre traditionalisme et fuite en avant. En fin de compte, il importe avant tout de savoir ce à quoi l’on tient et ce que l’on veut transmettre pour entreprendre un travail de reconstruction. Pour paraphraser la formulation de Kolakowski, je dirai qu’il est possible d’être à la fois conservateur, moderne et social, dans la mesure où aujourd’hui ces orientations ne me paraissent pas antinomiques.

Jean-Pierre Le Goff, propos recueillis par Laetitia Strauch-Bonart (décembre 2014)

Notes

 

[1Sigmund FREUD, Malaise dans la civilisation, PUF, 1971, 1988, p. 64 et 65.

[2Antoine COMPAGNON, Les antimodernes. De Joseph de Maistre à Roland Barthes, Gallimard, 2005, p. 7.

[3Ibid, p. 446.

[4Raymond ARON, Les désillusions du progrès, Gallimard, 1969.

[5Michel GUENAIRE, Les deux libéralismes, Perrin 2011, et Il faut terminer la révolution libérale, Flammarion 2009.

[6Edgard PISANI, « De Gaulle et la modernisation de la France », Cahier de Politique Autrement, octobre 1998.

[7Carlo ROSSELLI, cité par Monique CANTO-SPERBER, Les règles de la liberté, Plon, 2003, p. 13-14.

[8Cf. « Mai 68 : La France entre deux mondes », Le Débat, n° 149, mars-avril 2008.

[9Cf. Mai 68, l’héritage impossible, La Découverte, 1998, 2002, 2006 et 2015.

[10Paul RICŒUR, « Identité narrative et communauté historique », Cahier de Politique Autrement, octobre 1994.

jeudi, 28 mai 2015

Sommet Obama-États du Golfe: les wahhabo-atlantistes à la fête

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Sommet Obama-États du Golfe: les wahhabo-atlantistes à la fête

Auteur : Pepe Escobar
Ex: http://zejournal.mobi

Le sommet qu’a tenu le président des USA Barack Obama avec le Conseil de coopération du Golfe (CCG) à Camp David cette semaine relève davantage du surréalisme que de la géopolitique.

Le racket aux pétrodollars qu’est le CCG (formé de l’Arabie Saoudite, des Émirats arabes unis, du Qatar, du Koweït, de Bahreïn et d’Oman) réclamait à grands cris un accord de sécurité avec Washington similaire à la relation spéciale établie avec Israël. Ce n’est pas demain la veille que nous verrons cela, car cet accord doit être approuvé par le Congrès des USA, dont l’écrasante majorité est dominée par le lobby israélien.

L’option numéro deux était de réclamer à grands cris une sorte d’alliance officielle avec l’Otan, ce qui est pratiquement chose faite lorsqu’on songe à la guerre en Libye, qui était de facto une opération conjointe Otan-CCG. Appelons cela du wahhabo-atlantisme.

Chose certaine, les pays membres du CCG vont recevoir des tas d’armes américaines aussi coûteuses les unes que les autres. C’est déjà commencé en fait (quel pactole pour le complexe militaro-industriel !), avec en prime une affluence de formateurs américains. L’obtention du boni supplémentaire (l’alliance officielle) serait toutefois étonnante.

Autre réclamation à grands cris : un bouclier à toute épreuve, lire antimissile, en guise de protection contre une agression iranienne. Cela n’a aucun sens. Si jamais un accord sur le nucléaire était conclu à la fin juillet entre l’Iran et P5+1 (ce qui est dans l’intérêt suprême de l’UE, de la Chine et de la Russie), les relations entre Téhéran et l’Occident seront non seulement normalisées, mais l’Iran recevra des fonds à profusion dès que les sanctions seront levées.

Comparons cette réalité à ce à quoi aspirent vraiment la maison des Saoud, les faucons dans les Émirats et le régime de fer au Bahreïn : que les sanctions imposées à l’Iran se perpétuent jusqu’à la fin des temps et qu’il demeure à jamais un État paria aux yeux de l’Occident.

Ce qui rend cette proposition encore plus absurde, c’est que les dépenses militaires des membres du CCG dépassent de loin celles de l’Iran. Il y a aussi des divisions internes. Plus souple que les autres pays membres, Oman a des relations amicales avec Téhéran. Puis les Émirats arabes unis ne peuvent nier tirer profit d’investissements iraniens massifs, qui passent notamment par Dubaï.

À l’issue du sommet, nous avons eu droit à l’habituel énoncé vague indiquant que les parties feront plus d’exercices militaires conjoints et collaboreront dans une foule de domaines, dont la défense antimissiles balistiques. On a aussi établi des plans en vue d’accélérer leur fourniture en armement. Enfin, ils ont souligné leur unité dans leur lutte contre EIIS/EIIS/Da’ech.

Méfiez-vous des vassaux qui veulent des cadeaux !

Nous savons déjà que le CCG (un sous-appendice bien situé de l’Empire britannique aujourd’hui disparu) se distingue par les milliards de dollars qu’il dépense en panoplie militaire et, dans le cas de l’Arabie Saoudite, par la fixation des prix du pétrole. La plupart des pays membres du CCG comptent des quantités massives de travailleurs étrangers, provenant essentiellement de l’Asie du Sud et dont le nombre est largement supérieur à la population locale, qui arrivent à peine à survivre dans des conditions de travail misérables sans disposer du moindre droit.

Une autre couche d’absurdité s’ajoute avec le Qatar et l’Arabie Saoudite qui soutiennent leurs propres réseaux salafistes-djihadistes (qui ne sont pas nécessairement en conflit) en Syrie. La maison des Saoud a également lancé sa tempête décisive à la manière du Pentagone, une opération cinétique illégale de guerre et de bombardement contre le Yémen, que les officines de Washington décrivent, d’une manière toute orwellienne, comme un effort auquel Washington ne fait que prêter main-forte.

L’hystérie habituelle relayée dans les médias institutionnels aux USA prétend que EIIS/EIIL/Da’ech pourrait bientôt envahir le Texas ou bombarder New York. Cependant, la plupart des piliers du CCG demeurent paranoïaques. Dans leur vision du monde inepte, détruire le faux califat équivaut à donner plus de pouvoir au gouvernement à majorité chiite à Bagdad, dirigé par Haïdar al-Abadi du parti Dawa, qui considère les wahhabites pour ce qu’ils sont : intolérants, armés et dangereux.

Le roi Salman, le nouveau capo de la maison des Saoud, est d’ailleurs retombé dans la paranoïa et ayant calculé qu’il n’obtiendra plus de cadeau important de l’administration évitons les conneries d’Obama, il a pété les plombs et envoyé à sa place son nouveau prince héritier, Mohammed Ben Nayef. Qu’à cela ne tienne, c’est l’homme qui compte dans la nouvelle maison des Saoud.

Oussama le revenant

Le fantôme d’Oussama Ben Laden en a profité pour faire une apparition remarquée.

L’article récent de Seymour Hersh, qui a mis en lumière le tissu de mensonges de la Maison-Blanche concernant l’élimination de Ben Laden, continue de faire des vagues. La plupart des révélations avaient déjà été rapportées en 2011, à partir d’autres sources.

Ce qui ressort aujourd’hui, c’est que le Service de renseignements pakistanais (ISI) avait déjà capturé Ben Laden et le gardait sous haute surveillance à Abbottabad depuis 2006. C’est un ancien cadre supérieur de l’ISI qui a mouchardé, ce qui lui a permis d’empocher une fortune [$25 millions, NdT] et de se la couler douce depuis en Virginie, avec sa famille .

Un des principaux quotidiens du Pakistan était sur l’affaire depuis un certain temps. Un autre a depuis confirmé l’identité de l’informateur.

Ayant vu la CIA à l’œuvre en AfPak et en Irak, la révélation ne m’a pas surpris outre mesure, car ces gens-là n’arriveraient même pas à trouver l’une des couvertures pachtounes brunes qu’arborait Ben Laden, contrairement au mythe hollywoodien qu’est Zero Dark Thirty [Opération avant l’aube – NdT].

Quant à la mise à mort, ce n’était après tout qu’un assassinat ciblé. Puis là encore, contrairement au mythe, Ben Laden ne portait pas sa kalachnikov et n’a pas utilisé une de ses épouses comme bouclier.

Hersh a tout à fait raison quand il écrit ceci : «Le mensonge en haut lieu demeure cependant le modus operandi de la politique des USA, de pair avec les prisons secrètes, les attaques de drone, les raids nocturnes des forces spéciales, etc.»

Un maillon essentiel de toute cette mascarade est, une fois encore, la maison des Saoud, qui a le bras long. Voici la citation du tueur provenant de la principale source de Hersh à la CIA :

«Les Saoudiens ne voulaient pas que la présence de Ben Laden nous soit révélée parce qu’il était saoudien. Ils ont donc dit aux Pakistanais de le garder dans l’ombre. Les Saoudiens craignaient que nous fassions pression sur les Pakistanais pour que Ben Laden commence à nous parler des connivences des Saoudiens avec al-Qaïda. Et ils ont fait pleuvoir de l’argent, des tas d’argent! Pour leur part, les Pakistanais craignaient que les Saoudiens fassent des révélations au sujet du contrôle qu’ils exerçaient sur Ben Laden. Ils se disaient que si les USA apprenaient de Riyad ce qu’il en était, ce serait l’enfer. Le fait que les USA ont été mis au courant de l’emprisonnement de Ben Laden par un délateur était finalement un moindre mal.»

Ce qui est différent aujourd’hui, c’est que les véritables Maîtres de l’univers qui dirigent l’axe Washington-Wall Street semblent maintenant en avoir marre de la maison des Saoud.

Même le New York Times a été autorisé à publier ceci : «Le soutien des Saoudiens au djihad afghan il y a des dizaines d’années a contribué à la création d’al-Qaïda.» Ce genre d’affirmation n’aurait pas passé la rampe jusqu’à tout récemment. Le même article nous apprend aussi que le roi Salman «était un recruteur royal et un collecteur de fonds pour les djihadistes en route pour l’Afghanistan, la Bosnie et ailleurs.»

Ce n’est pas une coïncidence si ce genre d’article est publié au moment même où Salman a boudé Obama en n’allant pas à la fête wahhabo-atlantiste tenue à Camp David.

Bref, ceux-là même qui ont financé Oussama Ben Laden au départ, puis payé les Pakistanais pour qu’ils le gardent enfermé, veulent maintenant conclure toute sortes d’accords de sécurité en béton armé avec Washington pour se maintenir au pouvoir à jamais. Tout cela en continuant d’être la matrice idéologique de milliers d’autres Oussama.

Des histoires pareilles, ça ne s’invente pas.

 - Source : Pepe Escobar

Gelekt Pentagon rapport: ISIS met Turkse en Arabische steun gecreëerd door VS

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Gelekt Pentagon rapport: ISIS met Turkse en Arabische steun gecreëerd door VS

US Defense Intelligence Agency document: Moslim Broederschap en Al-Qaeda belangrijkste krachten Syrische burgeroorlog

Oud MI5 agent: NAVO verantwoordelijk voor massamoorden, volksverplaatsingen en anarchie

Gezien de onthutsende ontstaansgeschiedenis zou de ISIS vlag tussen die van de NAVO landen kunnen wapperen.

Volgens onderzoeksjournalist en bestseller auteur Nafeez Ahmed is er een rapport van het Pentagon uitgelekt waarin bevestigd wordt wat wij al sinds de zomer van 2014 schrijven, namelijk dat de islamitische terreurgroep ISIS met steun van met name Turkije en Saudi Arabië door Amerika werd gecreëerd om tegen de Syrische president Assad te vechten. Al lange tijd geleden onthulden we dat ISIS terroristen in CIA-kampen in Turkije werden getraind, iets dat destijds slechts weinigen wilden geloven.

We legden vorig jaar eveneens uit wat de reden was: president Assad stond en staat een belangrijke aardgaspijpleiding van Qatar naar Europa in de weg, een die de Europese afhankelijkheid van Russisch gas fors zou moeten verminderen. De Russen wisten dit van meet af aan en waarschuwden in september 2014 dat het inzetten van ISIS en ook Al-Qaeda –zoals bekend eveneens een creatie van de CIA- tegen Syrië ‘een enorme escalatie van het conflict in het Midden Oosten en Noord Afrika’ zou betekenen.

Kremlin waarschuwde terecht voor escalatie

Inmiddels weten we dat het Kremlin het helaas geheel bij het rechte eind had. Nu is daar ook hard bewijs voor: het gelekte rapport van het Pentagon, waaruit blijkt dat het Westen onder leiding van de VS in samenwerking met Turkije en de Arabische Golfstaten diverse islamistische groepen begon te steunen om de regering Assad te ondermijnen, ondanks het feit dat er toen al gewaarschuwd werd voor de opkomst van de ‘Islamitische Staat’ in Syrië en Irak.

Westen maakte islamitische holocaust tegen christendom mogelijk

Afgelopen week besloot de regering Obama om opnieuw voor miljarden aan wapens te leveren aan onder andere Saudi Arabië en Irak. Veel van de eerder aan het Iraakse leger geleverde moderne Amerikaanse wapens zijn onbeschadigd in handen gevallen van ISIS.

De onthullingen onderstrepen opnieuw de schandalige hypocrisie van de Westerse (NAVO-) regeringen, die door het steunen van ISIS mede verantwoordelijk zijn voor de islamitische holocaust tegen het christendom in het Midden Oosten en Noord Afrika, iets waar behalve wat spaarzame en nauwelijks effectieve bombardementen helemaal niets aan gedaan wordt. Hoe anders was het in de jaren ’90 in Kosovo en Bosnië, toen vooral moslims de slachtoffers waren.

Moslim Broederschap en Al-Qaeda werken samen

Onder de documenten die na rechtszaken van Judicial Watch onder gerechtelijke dwang werden vrijgegeven bevindt zich ook een in 2012 als geheim geclassificeerd rapport van het US Defense Intelligence Agency (DIA), waarin –zoals we afgelopen woensdag berichtten- niet alleen staat dat de regering Obama van tevoren wist van de wapenleveranties vanuit Libië aan de islamistische rebellen in Syrië, maar ook wordt erkend dat de Moslim Broederschap en Al-Qaeda feitelijk twee handen op één buik en de belangrijkste krachten achter de Syrische burgeroorlog zijn.

Dit is explosieve informatie, aangezien zowel de regering Obama als de Europese Unie zich openlijk achter de Moslim Broederschap opstelden en deze terreurorganisatie zelfs steunden met miljarden dollars en euro’s.

Doelbewuste steun aan Al-Qaeda en andere jihadgroepen

Het Pentagon voorspelde in de gelekte documenten het ontstaan van ISIS door het samengaan en samenwerken van diverse andere islamitische terreurorganisaties in Syrië en Irak. Desondanks ‘steunen de Westerse landen, de Golfstaten en Turkije de pogingen van de Syrische oppositiekrachten om de oostelijke gebieden grenzend aan Irak te controleren... De mogelijkheid bestaat dat er een verklaard of onverklaard Salafistisch vorstendom in oostelijk Syrië ontstaat, en dit is precies wat de ondersteunde machten van de oppositie willen om het Syrische regime te isoleren...’

Met andere woorden: het Pentagon geeft hier zwart op wit toe samen met de andere Westerse landen, de Golfstaten en Turkije doelbewust te hebben meegewerkt aan de oprichting van een Salafistische jihadstaat. Bovendien werd daar aan toegevoegd dat ‘de oprichting van zo’n Salafistisch vorstendom de ideale atmosfeer creëert voor AQI (Al-Qaeda in Irak) om terug te keren tot zijn aloude centra in Mosul en Ramadi.’

Die staat was bedoeld om ‘de jihad tussen de Soenieten in Irak en Syrië te verenigen, en de rest van de Soenieten in de Arabische wereld tegen wat als één vijand zou worden beschouwd. ISI(S) zou door zijn unie met andere terreurorganisaties in Irak en Syrië ook een Islamitische Staat kunnen uitroepen, wat een ernstig gevaar zou betekenen voor de vereniging van Irak en het beschermen van (dit) grondgebied.’

Westerse media hebben jarenlang gelogen

Veiligheidsanalist Shoebridge, die de Westerse steun voor islamitische terroristen in Syrië al vanaf het allereerste begin van de oorlog in kaart bracht, wijst erop dat ‘de Amerikaanse en Britse regeringen, alsmede bijna de complete Westerse mainstream media, de Syrische rebellen als gematigd, liberaal, seculier en democratisch hebben gepromoot, en daarom de steun van het Westen verdienden. Aangezien deze documenten deze aanname totaal ondermijnen is het veelbetekenend dat de Westerse media deze documenten –ondanks hun enorme belang- vrijwel compleet hebben genegeerd.’

Shoebridge bevestigt hier wat wij eveneens al geruime tijd schrijven, namelijk dat wij als Westerse burgers door onze media glashard worden voorgelogen over de ware aard van de burgeroorlog in Syrië. ‘Deze documenten bewijzen ook dat de Amerikaanse regering op zijn laatst in augustus 2012 wist van hun ware extremistische aard, en dat dit als een voordeel voor het Amerikaanse beleid werd gezien. Dit suggereert tevens dat er een besluit werd genomen om het Westerse publiek via de slaafse media jarenlang doelbewust te misleiden, en hen te doen geloven dat de Syrische rebellen overwegend ‘gematigd’ waren.’

‘NAVO creëerde massamoorden en anarchie’

De NAVO-interventie in Libië in 2011 was van hetzelfde laken en pak. Annie Machon, voormalig MI5 inlichtingenofficier, legt uit dat het Westen, en met name de CIA en MI6,

‘... door het steunen van dezelfde Libische groepen een failed state, massamoorden, volksverplaatsingen en anarchie creëerden. Het idee dat elementen van het Amerikaanse militaire-veiligheidscomplex de ontwikkeling van ISIS mogelijk hebben gemaakt, inclusief hun mislukte poging om de NAVO opnieuw te laten ‘ingrijpen’, is onderdeel van een bekend patroon. En ze blijven onverschillig over de enorme omvang van het menselijk lijden dat wordt veroorzaakt door dit soort spelletjes.’

Vicepresident Joe Biden gaf vorig jaar toe dat Saudi Arabië, Turkije, Qatar en de Verenigde Arabische Emiraten honderden miljoenen dollars naar de islamistische rebellen in Syrië hebben doorgesluisd, wat hun transformatie tot ISIS mogelijk maakte.

Verdeel en heers, christelijke slachtoffer ‘bijkomende schade’

Kortom: ook uit deze onthullingen komt de bekende ‘verdeel en heers’ strategie naar voren: zet Soenieten tegen Shi’iten op, zet de ene islamitische terreurgroep tegen de andere jihadgroep op en laat ze elkaar bestrijden en afmaken. Dat talloze onschuldige mensen, waaronder veel christenen, hier het slachtoffer van zijn wordt door de plannenmakers in Washington, Londen en Brussel overduidelijk slechts als bijkomende en aanvaardbare schade gezien.

Xander

(1) Zero Hedge

La Russie étend son influence au sud

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La Russie étend son influence au sud

Auteur : The Saker
Ex: http://zejournal.mobi

La Russie projette d'inviter l'Inde, le Pakistan et l'Iran dans l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS). C'était en discussion depuis longtemps, mais cette fois, c'est officiel : Sergei Lavrov vient de déclarer que lors du prochain sommet des pays membres de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS), la Russie proposera d'entamer le processus menant à l'adhésion de l'Iran comme membre effectif, ainsi que de l'Inde et du Pakistan.

Petit rappel. Les pays suivants sont actuellement membres de l’OCS : Chine, Kazakhstan, Kirghizstan, Russie, Tadjikistan et Ouzbékistan ; les pays suivants sont actuellement observateurs et, par conséquent, candidats possibles : Afghanistan, Inde, Iran, Mongolie et Pakistan, tandis que le Belarus, le Sri Lanka et la Turquie sont des partenaires de dialogue. La prochaine future OCS inclurait donc, comme membres titulaires : la Chine, l’Inde, l’Iran, le Kazakhstan, le Kirghizstan, le Pakistan, la Russie, le Tadjikistan et l’Ouzbékistan.

Il est important de rappeler que l’OCS est une organisation de sécurité incluant une forte composante militaire. Alors que son objectif principal est la coordination des États membres dans leur lutte contre le terrorisme, le séparatisme et l’extrémisme, l’OCS a mené un certain nombre d’exercices militaires. L’OCS n’est pas une alliance militaire formelle, mais elle compte en son sein des pays qui sont membres de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), à savoir la Russie, l’Arménie, le Kazakhstan, le Kirghizstan, le Tadjikistan et l’Ouzbékistan. Nous pourrions dire très approximativement que la fonction de l’OCS est similaire à celle de l’OTAN alors que celle de l’OTSC peut se comparer à celle du Grand Quartier général des puissances alliées en Europe (Supreme Headquarters Allied Powers Europe – SHAPE). Cette comparaison n’est pas à prendre à la lettre, mais de même qu’en Europe nous pouvons observer une alliance économique (l’UE), une alliance politique de sécurité (OTAN) et un commandement purement militaire (SHAPE), nous voyons en Asie l’Union économique eurasiatique (UEE), qui est l’alliance économique, l’OCS comme organisation politique de sécurité, et l’OTSC, l’organisation purement militaire.

Inutile de dire que tout cela horrifie positivement la Maison Blanche : non seulement les États-Unis se sont opposés à la création de l’OCS, de l’OTSC et de l’UEE à chaque étape du processus, mais la consolidation de ces organisations est une illustration vivante de leur perte d’influence et de puissance. Les États-Unis ont tenté de le bloquer, ils ont exercé des pressions énergiques pour empêcher quiconque d’y adhérer et ont même tenté de l’ignorer – et ils ont échoué : l’OCS croît en augmentant ses membres et son influence.

Pour dire les choses clairement, les États du BRICS sont maintenant parvenus à lancer un défi direct à l’hégémonie économique des États-Unis sur notre planète.  Les gens de Washington commencent à prendre lentement conscience de l’ampleur de la menace à laquelle l’Empire est confronté.

Ces développements illustrent aussi le contraste dramatique entre les méthodes et les objectifs diplomatiques des États-Unis et de la Russie. Alors que les États-Unis favorisent la méthode classique du diviser pour mieux régner, la Russie privilégie la méthode unir et diriger, conçue pour réunir d’anciens ennemis (comme l’Inde et le Pakistan ou la Chine et l’Inde) et construire de larges coalitions.

La perspective que l’Iran rejoigne l’OCS est perçue par Washington comme une provocation ouverte, un soufflet au visage de l’Empereur, tout particulièrement à un moment où les États-Unis et le royaume d’Arabie saoudite sont en guerre au Yémen, précisément dans le but de contenir l’Iran (évidemment, contenir la Russie, la Chine et l’Iran en même temps n’était pas un plan très intelligent, pour commencer!).  La réponse des États-Unis est prévisible : punir tous ceux qui sont impliqués dans le chaos. Cette fois, c’est la minuscule Macédoine qui fait l’objet de l’agression US (via les terroristes du Kosovo membres de l’UCK téléguidée par la CIA) avec l’intention délibérée d’envoyer à tout le monde le message suivant : mettez-vous du côté de la Russie et vous le payerez très cher. Il y a donc eu des avertissements d’analystes russes sur les risques des entraînements d’ISIS/EI en Géorgie ou une reprise de l’insurrection tchétchène, mais cette fois, avec le soutien direct des Ukronazis. Oncle Sam tente apparemment de frapper la Russie dans son ventre mou, mais ce plan n’a aucune chance de réussir parce qu’un tel ventre mou n’existe plus.

Le mythe de ventre mou de la Russie

Parmi les nombreux mythes de la géopolitique ancien style, il y avait le fameux ventre mou de la Russie. Pour être honnête, il y avait un peu de vérité là-dedans, mais pas beaucoup. Aujourd’hui, cependant, c’est tout à fait faux.

En réalité, les résultats combinés des deux guerres en Tchétchénie, de la guerre en Géorgie, de la guerre civile en Ukraine, de la menace terroriste au Daghestan, de l’insurrection wahhabite au Tadjikistan et du chaos provoqué par les États-Unis en Irak ont tous contribué à la définition et à la mise en œuvre d’une politique à long terme de la Russie pour cuirasser son maillon faible.

La toute première manifestation de cette politique a été la décision de déployer la division d’élite motorisée 201 au Tadjikistan en soutien direct aux gardes qui surveillent la frontière russo-tadjike.  Plus tard, cette décision a été rebaptisée 201e Base, pour refléter les compétences uniques de cette unité. Actuellement, des sous-unités de cette base sont cantonnées dans trois villes tadjikes, d’où elles couvrent toutes les zones sensibles. La 201e est, selon tous les standards, une force formidable, de loin supérieure à tout ce que le Tadjikistan ou l’Afghanistan pourraient déployer. Mais les Russes ont fait un pas de plus : les capacités récemment testées des forces aéroportées russes à se déployer en quelques heures au Tadjikistan ; sans aucun avertissement, des éléments de la 98e Division aéroportée ont été mis en alerte et transportés avec tout leur équipement et leurs armes au sud du Tadjikistan.

Cet exercice a été spécifiquement mené sous l’égide des forces de réaction rapide du CSTO et était destiné à tester la capacité russe de projeter sa puissance militaire exactement à la frontière entre le Tadjikistan et l’Afghanistan.

Actuellement, la position russe en termes de sécurité à l’égard de l’Afghanistan repose sur les éléments suivants : d’abord, maintenir de bonnes relations avec la population tadjike du nord de l’Afghanistan ; ensuite, renforcer les gardes-frontière et les forces armées régulières tadjiks en leur fournissant des instructeurs et de l’équipement ; déployer des troupes de gardes-frontières russes aux côtés de leurs collègues tadjiks ; puis maintenir une puissance de combat pugnace sous la forme de la 201e Base et, enfin, être prêt à renforcer cette 201e avec des forces aéroportées. Résultat, la Russie est maintenant capable de déployer un groupe de combat extrêmement puissant en 48 heures n’importe où, à l’intérieur ou à proximité du Tadjikistan.

Un autre exemple du ventre blindé de la Russie est la non moins formidable 58e armée basée dans et autour de la Tchétchénie, dont le récent record au combat comprend la défaite des Tchétchènes wahhabites en 2000 et celle de l’armée géorgienne en 2008.  La 58e armée est l’une des mieux entraînées et équipées des forces russes. Aujourd’hui, elle peut aussi compter sur le soutien total des forces tchétchènes loyales à Ramzan Kadyrov, et qui sont sans aucun doute les forces armées les mieux entraînées et les plus expérimentées du Caucase. Si les fous d’ISIS/EI tentent de pénétrer dans le Caucase (disons, par la Géorgie), ils se heurteront à une force militaire extrêmement puissante, qui serait supérieure à tout ce que la Syrie ou l’Irak pourraient déployer.

Enfin, il y a la Flotte de la mer Noire, considérée à l’époque soviétique comme la moins capable et, franchement, la moins importante des quatre Flottes soviétiques (Nord, Pacifique, Baltique et, en dernier, mer Noire – par ordre d’importance). Maintenant, avec la guerre civile en Ukraine et après la guerre en Géorgie, la flotte en mer Noire a retrouvé de l’importance, spécialement comme Flotte de Crimée. Les dirigeants russes ont annoncé qu’ils renforceront considérablement non seulement le groupe de forces en Crimée, mais également la Flotte de la mer Noire.

La solution choisie par la Russie a été la création, en Crimée, d’un groupement militaire séparé comprenant 96 formations et unités, dont la tâche inclura non seulement la protection des intérêts russes en mer Noire et dans le district fédéral de Crimée, mais aussi la réponse aux défis sur toute la distance de la zone maritime. En d’autres termes – projection de puissance.

La forteresse de Crimée, la Flotte de la mer Noire, la 58e armée et la 201e Base font toutes partie d’une nouvelle ceinture de force solidement blindée sur le ventre de la Russie, qui est tout à fait prête à faire face à toute menace venant du sud.

Conclusion

Au cours des dernières décennies, la Russie a investi des ressources considérables dans le développement d’une politique à multiples dimensions vers le Sud et l’Est. Au niveau politique, des organisations telles que l’OCS, l’OTSC et les BRICS forment un réseau d’alliances sur le soutien desquelles la Russie peut compter. Sur un plan militaire, la Russie a installé des verrous militaires sur son flanc sud en mer Noire, au Caucase et en Asie centrale et a développé ses capacités d’envoyer des renforts puissants à ces verrous. En effet, la Russie a créé un cordon sanitaire pour se protéger elle-même de l’instabilité sur sa frontière méridionale.  Cette combinaison de mesures politiques et militaires a donné à la Russie un haut niveau de souplesse pour répondre à n’importe quelle crise ou défi.

- Source : The Saker

La Cina risponde al Pivot degli Stati Uniti in Asia con il proprio perno

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La Cina risponde al Pivot degli Stati Uniti in Asia con il proprio perno

Ex: http://www.lantidiplomatico.it

Il premier cinese Li Keqiang è in visita in Sud America, e ci si aspetta che formalizzi la versione regionale della Via della Seta, la Ferrovia Interoceanica, durante il viaggio, scrive Andrew Korybko per Oriental Review. Un ampio progetto per costruire una ferrovia di 5300 km dal Brasile al Perù, attraversando alcuni dei territori più difficili e delicati del mondo. Lungo la strada, tuttavia, affronterebbe certe minacce asimmetriche emergenti, come il potenziale assalto di gruppi ambientalisti indigeni violenti o il riemergere dell’organizzazione terroristica Sendero Luminoso. Se il progetto dovesse essere costruito e attivare il proprio potenziale economico, tuttavia, potrebbe risolvere la rivalità tra Alleanza del Pacifico e Mercosur che minaccia di dividere il continente e impedirne l’integrazione multipolare.
 
Grandi ambizioni

La grande strategia della Cina è facilitare il commercio globale attraverso progetti infrastrutturali strategici, credendo che la libertà economica offra ai partner la possibilità di liberarsi dal quadro unipolare occidentale e facilitare la transizione verso il sistema multipolare emergente. Assieme a questa visione, sono annunciati i progetti Fascia economica della Via della Seta e Via della Seta Marittima, diffondendo questa visione in Eurasia e Africa orientale. Informalmente, però, ha anche lo scopo di lcolegare l’America Latina a questo sistema tramite i più recenti impegni verso il continente (America Centrale e Sud America). La Cina risponde al Pivot degli Stati Uniti in Asia con il proprio perno, sia pure verso l”emisfero occidentale, e l’ultimo programma ferroviario è un’indicazione della scommessa cinese su una presenza prolungata nella regione. Il Dialogo Chino è un’ottima didascalia interattiva delle specifiche della Ferrovia interoceanica, spiegando la natura tramutante del progetto. Dovrebbe partire da Porto Do Acu, vicino Rio De Janeiro, e correre direttamente a nord-ovest fino al confine settentrionale con la Bolivia, dopo di che serpeggiare attraverso le Ande e terminare a Puerto Ilo in Perù. Lungo il percorso, attraverso il cuore industriale, carbonifero, agricolo (soprattutto soia e manzo), minerario (fosfati) e del legname del Brasile, ne trasporterebbe i prodotti oltre le Ande avvicinandoli all’affamato mercato cinese. L’obiettivo immediato è integrare le economie dei due Paesi BRICS, più vicini che mai, nonché dare a Pechino un punto d’appoggio sulla costa pacifica del Sud America, attraverso la porta peruviana, completandone la strategia emisferica assieme al Canale Transoceanico in Nicaragua, finanziato dai cinesi, con i due grandi progetti infrastrutturali che creano gli ancoraggi nord e sud del perno della Cina in America Latina.
 
Le minacce emergenti alla Ferrovia Interoceanica

Mentre il piano della Via della Seta sudamericana della Cina suona bene sulla carta, potrebbe in realtà essere piuttosto difficile attuarlo sul campo. A parte gli ostacoli geografici come montagne vertiginose e giungle impenetrabili, vi sono anche minacce socio-politiche e militari che potrebbero ritardarne o fermarne completamente la costruzione in alcune aree. Ecco ciò che potrebbe ragionevolmente incontrare la Ferrovia Interoceanica o essere fabbricato.

Resistenza ambientalista indigena
 
Anche se la rotta ufficiale della ferrovia deve ancora essere resa pubblica, le stima di ciò che probabilmente attraverserà preoccupa alcuni per le conseguenze ambientali e sociali. Più precisamente, importanti tratti di foresta pluviale, fauna selvatica e comunità indigene (alcune delle quali rimangono volontariamente isolate) probabilmente rischierebbero di essere disturbati dal progetto, e questi due temi, ambiente e diritti degli indigeni, notoriamente creano coalizioni di sostenitori nazionali ed internazionali. Il rischio è che la resistenza da tali due gruppi (soprattutto da comunità indigene e sostenitori) potrebbe divenire uno scandalo per le pubbliche relazioni, creando un caso di politica interna e dibattito nazionale, consentendo ai movimenti di opposizione anti-multipolarismo in Brasile e Perù di capitalizzare sui sentimenti negativi e sfruttarli nelle loro campagne per il potere.
 
Opposizione armata

L’evoluzione dello scenario delle minacce già citato per la Ferrovia interoceanica, è possibile se gli attori citati infine passassero all’opposizione armata. Dopo tutto, non sarebbe del tutto peculiare, dato che una guerriglia che in generale sostiene tali movimenti è recentemente spuntata in Paraguay. L’Esercito Popolare Paraguaiano (PPE) è un presunto gruppo di guerriglieri marxisti con legami con FARC ed organizzazioni di narcotrafficanti sudamericani, ed usa l’ambientalismo militante come suo ultimo grido di battaglia. L’ultimo attacco del PPE, ad aprile, ha visto la presenza di opuscoli di propaganda accanto a tre vittime uccise, denigrando la coltivazione di “soia, mais e altri prodotti che richiedono pesticidi” (prevedibilmente in risposta al controllo della Monsanto sul Paese), così come l’armamento delle milizie antiguerriglia degli agricoltori. Invano esso cercò il favore della popolazione indigena Mbya Guaraní in passato, ma ciò non significa che le mosse precedenti lo portino in futuro ad abbandonare completamente tale strategia. Pertanto, come si vede nel suo intenzionale (ma non necessariamente riuscito) uso di ambientalismo e diritti dei popoli indigeni, nell’ambito degli sforzi per sensibilizzare la comunità, il PPE presenta la violenta fusione di due temi principali che un giorno potrebbero riunire i principali come massa organizzata i gruppi d’interesse che si oppongono alla Ferrovia interoceanica. Non si prevede che il PPE espanda le attività in Brasile o Perù, ma movimenti simili potrebbero svilupparsi attorno a tali principi, e il fatto stesso che il PPE le utilizzi nell’ambito della propria attività d’informazione, crea il presupposto per futuri gruppi violenti nascosti dietro di essi.
 
Campagne terroristiche

L’apice dell’opposizione alla Via della Seta sudamericana vede gruppi ambientalisti e indigeni unirsi in una campagna terroristica contro i governi brasiliano e peruviano. Mentre il Brasile non ha una storia di terrorismo rurale, finora, il Perù sì ed è possibile che tale problema possa rispuntare ‘convenientemente’ con la Cina che porta la Ferrovia interoceanica nel Paese. Sendero Luminoso, riconosciuto come gruppo terrorista da Stati Uniti e Unione europea, mostra piccole scintille di una rinnovata attività negli ultimi due anni (per lo più traffico di droga), facendo pensare che un giorno possa acquisire una seconda vita. Se il movimento si rianima (forse anche con supporto esterno (occidentale)), potrebbe rappresentare un disastro per la costruzione della Via della Seta sudamericana, soprattutto perché il gruppo ha un passato operativo nelle giungla e montagne che la ferrovia dovrebbe attraversare. C’è anche lo scenario inquietante che tattiche terroristiche e motivazioni di Sendero Luminoso ed Esercito Popolare Paraguaiano si diffondano nell’Amazzonia brasiliana, creando una grave crisi interna che potrebbe impantanare il bastione sudamericano dei BRICS.
 
UNASUR più forte?

La costruzione della Ferrovia interoceanica collegando le coste atlantica e pacifica del Sud America attraversa il centro del continente, rappresenta un’impresa ingegneristica storica dalle profonde implicazioni economiche e politiche. Uno dei segni più importanti del completamento del progetto potrebbe benissimo essere la mitigazione delle tensioni tra i blocchi commerciali Alleanza del Pacifico e Mercosur e il rafforzamento del gruppo integrativo continentale UNASUR. Il ragionamento dietro questo ottimismo è semplice, l’economia cinese ha dimensione e forza tali che Pechino potrebbe usarla ‘mediando’ tra i due blocchi, e ciò ancora di più se i progetti ferroviari (l’unico dei grandi progetti infrastrutturali che li collega) venissero completati. Se l’Alleanza del Pacifico e il Mercosur convergono, come è stato già detto, il risultato logico sarà la creazione di una zona di libero scambio pan-continentale fornendo la base economica essenziale a una maggiore integrazione in altri campi. Dovrebbe essere un dato di fatto che la maggiore integrazione renderebbe il Sud America più resistente all’egemonia degli Stati Uniti; e con la Ferrovia Interoceanica quale motore del processo multipolare, ci si può aspettare che gli Stati Uniti mobilitino i loro agenti in qualsiasi modo possibile, per sabotarla ad ogni costo.

Traduzione di Alessandro Lattanzio – SitoAurora 
 

L’ombra della rivoluzione colorata torna sui Balcani

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Nel caos macedone

L’ombra della rivoluzione colorata torna sui Balcani

Marcello Ciola

Ex: http://www.ilgiornale.it
 

Verso la fine di aprile un gruppo di rappresentanti dal Regno Unito, Stati Uniti, Turchia e Danimarca, auto-proclamandosi come “delegazione dell’OSCE”, si era recato nella ex Repubblica Jugoslava di Macedonia (FYROM) con la “missione” di porre domande e richieste al governo del neo eletto (ma al quarto mandato dal 2006) Nikola Gruevski.

Il Ministro degli Esteri russo, Sergej Lavrov, nei giorni successivi aveva presentato una interrogazione al segretario in carica dell’OSCE, il serbo Ivica Dadic, per far luce sulla faccenda. In tempi più recenti, sempre Lavrov ha sostenuto l’ipotesi che in FYROM si fosse ordito un tentativo di “rivoluzione colorata” proprio in occasione di quella “missione”.

Sono noti a tutti i fatti relativi agli scontri armati tra forze di polizia macedoni e un commando di reduci dell’UCK (Esercito di Liberazione del Kosovo) avvenuti a Kumanovo lo scorso 9 maggio e le proteste iniziate il 17 maggio a Skopje - in principio i due eventi erano stati programmati simultaneamente. Allo stesso modo, sono conosciute le motivazioni che hanno spinto diverse decine di migliaia di manifestanti a scendere in piazza: il premier macedone è accusato di autoritarismo, corruzione e, soprattutto, di spionaggio. Le intercettazioni sono state consegnate (presumibilmente da servizi segreti stranieri) nelle mani del leader dell’opposizione, il socialdemocratico Zoran Zaev, che fu accusato di corruzione, arrestato insieme a 5 suoi collaboratori 8 anni fa per poi essere graziato dall’ex presidente del suo partito e allora presidente della FYROM, Branko Crvenkovski. Ora, i due sono alla testa della protesta di Skopje accompagnati dall’ex primo ministro Radmila Sekerinska, già membro di spicco della fondazione Open Society del magnate George Soros (che ha sovvenzionato diverse rivoluzioni colorate nel vecchio blocco socialista), e da Srdja Popovic, leader dell’istituto CANVAS (legato a doppio filo con OTPOR, organizzazione che ha guidato la rivolta contro Milosevic in Jugoslavia). Insieme, invocano le dimissioni del governo in carica minacciando una nuova majdan in stile ucraino, ottenibile sfruttando le divisioni etniche, religiose e storiche connaturate nella FYROM. Immediato è stato il sostegno giunto dagli Stati Uniti e, più specificatamente, di Victoria Nuland, sottosegretario di Stato per gli Affari Europei, e da Paul Wohlers, ambasciatore USA presso Skopje. Come qualche cronista ha sottolineato, il sostegno che gli USA (e di alcuni suoi alleati) hanno garantito alla protesta di Skopje e al partito socialdemocratico può essere legato alle scelte politiche di Gruevski nei confronti della Russia. Infatti, il Premier macedone non ha appoggiato le sanzioni contro la Russia e, soprattutto, ha supportato il progetto di gasdotto Turkish Stream, sostituto del fallito South Stream, risolvendo l’impasse in cui si erano trovati al Cremlino. Con questa strategia, la FYROM si è candidata come hub balcanico fondamentale per il transito delle risorse energetiche russe, che dal suo territorio giungerebbero in Austria passando da Serbia e Ungheria. Così facendo, però, Gruevski ha suscitato dei malumori oltre oceano, rischiando di portare in Macedonia quell’instabilità tipicamente balcanica che ora affligge tutto il limes dello spazio ex-sovietico. Per alcuni, le radici del colosso russo Gazprom non devono consolidarsi nei Balcani e non è un caso che si facciano pressioni internazionali sempre più forti per costruire un nuovo Kosovo, la Vojvodina, tra Serbia e Ungheria e non è un caso che lo spettro del “pan-albanismo”, supportato dal mito della Grande Albania, sia utilizzato come chiave di volta della stabilità/instabilità balcanica a partire dalla Grecia per finire in Serbia passando per il Montenegro e per la FYROM, ora nell’occhio del ciclone.

Malgrado la difficoltà della situazione, Gruevski mostra una forte volontà di percorrere la strada dell’interesse nazionale seppur rimanendo nell’alveo della koiné europea – si veda l’incontro con Papa Francesco degli scorsi giorni e l’organizzazione di un incontro con Lavrov nel prossimo futuro, pur mirando all’adesione al blocco europeo e atlantico. Bruxelles e Washington, però, non sembrano accontentarsi di un’adesione alla UE e alla NATO (cosa che accadrebbe anche con i socialdemocratici al potere); piuttosto, sembrano volere l’ennesima chiusura politica nei confronti dei russi, forzando un cambio di regime attraverso l’instabilità della Macedonia e conseguentemente di tutta la regione. Ancora una volta, i Balcani si dimostrano essere quella “grande polveriera” che erano 100 anni fa.

Marcello Ciola
Associate analyst del think tank “Il Nodo di Gordio”
www.NododiGordio.org

Knut Hamsun: entre modernité et tradition

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Knut Hamsun: entre modernité et tradition

Knut Hamsun est un aventurier qui a parcouru les styles, les genres et les époques. Génie aujourd’hui infréquentable et oublié, le Norvégien a laissé au monde littéraire une œuvre dense comme une forêt du Nord, tour à tour obscure et enchanteresse. Conteur moderne, il s’est attaché à fuir les carcans de la littérature de son époque, et ceci en travaillant à la fois la psychologie de ses personnages et la langue à la manière d’un orfèvre.

Si l’écrivain scandinave Martin Nag qualifie Knut Hamsun de « Dostoïevski norvégien », c’est sans doute parce qu’il a été très influencé par le réalisme de l’auteur des Possédés (précisons que le réalisme russe n’est pas celui de la tradition française) et ce, même si son parcours littéraire l’a entraîné bien plus loin. C’est au travers d’un article paru en 1890 dans la revue Samtiden, intitulé De la vie inconsciente de l’âme, que Knut Hamsun révèle son projet littéraire. Dans ce pendant théorique de La Faim (1890), roman majeur, l’auteur montre la liaison qu’il entend opérer, tout du moins de façon inconsciente, entre l’individualisme de Nietzsche (quoiqu’il ne l’ait ni lu, ni rencontré) et la modernité de Franz Kafka. Hamsun s’est imprégné de philosophie nietzschéenne grâce à l’influence de Georg Brandes, qui donne à partir de 1888 une série de conférences sur l’auteur du Gai Savoir en Scandinavie. Une mentalité qui se retrouve dans Ciel sombre, ultime chapitre du dernier ouvrage que consacre Hamsun à son voyage en Amérique. Moquant allègrement ses prédécesseurs, et notamment Guy de Maupassant, il s’attache à explorer les tréfonds de l’âme humaine, à commencer par la sienne. C’est ainsi que la Faim prend la forme d’un roman quasi autobiographique. Knut Hamsun fait du personnage principal, un anonyme, un urbain moderne, sans visage, sans racines, preuve de sa volonté de rompre avec les anciens codes du réalisme et du naturalisme du XIXe siècle déclinant. Naturalisme qui s’attachait davantage à décrire avec minutie les lieux, les personnages et les objets, dans l’objectif de retranscrire fidèlement la « nature ».

Knut Hamsun et la modernité de la langue

kh32585.jpgBien plus qu’un roman social traitant de la misère et de l’errance d’un homme dans une capitale européenne qui lui est totalement inconnue, La Faim est un roman psychologique qui met son narrateur en face d’un alter-ego, compagne ambiguë, qu’il entretient pour cultiver l’inspiration nécessaire à son travail littéraire : « J’avais remarqué très nettement que si je jeûnais pendant une période assez longue, c’était comme si mon cerveau coulait tout doucement de ma tête et la laissait vide. » Ce personnage parcourt le roman en équilibre, entre moments de génie et d’éclat, entre tortures physiques et mentales. Il écrit ainsi: « Dieu avait fourré son doigt dans le réseau de mes nerfs et discrètement, en passant, il avait un peu embrouillé les fils… » Ce personnage ambivalent permet à Hamsun d’évoquer ses propres névroses et d’annoncer un autre objectif de sa vie : l’esthétique de la langue. Il n’aura de cesse de la travailler, parfois avec fièvre. Kristofer Janson, poète et prêtre qui a connu Hamsun, dit ne connaître « personne aussi maladivement obsédé par l’esthétique verbale que lui […]. Il pouvait sauter de joie et se gorger toute une journée de l’originalité d’un adjectif descriptif lu dans un livre ou qu’il avait trouvé lui-même ». Dans La Faim, le personnage entretient un rapport imprévisible et tumultueux à l’écriture : « On aurait dit qu’une veine avait éclaté en moi, les mots se suivent, s’organisent en ensembles, constituent des situations ; les scènes s’accumulent, actions et répliques s’amoncellent dans mon cerveau et je suis saisi d’un merveilleux bien-être. J’écris comme un possédé, je remplis page sur page sans un instant de répit. […] Cela continue à faire irruption en moi, je suis tout plein de mon sujet et chacun des mots que j’écris m’est comme dicté. » Son premier roman inaugure donc un travail sur l’esthétique de la langue. Auparavant, Hamsun parlait un norvégien encore « bâtard », paysan, et assez éloigné du norvégien bourgeois de la capitale. C’est probablement ce à quoi il pensait en écrivant dans un article de 1888 : « Le langage doit couvrir toutes les gammes de la musique. Le poète doit toujours, dans toutes les situations, trouver le mot qui vibre, qui me parle, qui peut blesser mon âme jusqu’au sanglot par sa précision. Le verbe peut se métamorphoser en couleur, en son, en odeur ; c’est à l’artiste de l’employer pour faire mouche […] Il faut se rouler dans les mots, s’en repaître ; il faut connaître la force directe, mais aussi secrète du Verbe […] Il existe des cordes à haute et basse résonance, et il existe des harmoniques… »

L’écriture de Hamsun est donc incontestablement psychologique et introspective. La faim qu’entretient le héros sert à exacerber les traits les plus profonds de sa personnalité. De même dans Pan, Hamsun livre le personnage du capitaine à l’exil pour mieux confronter ses pensées à la nature sauvage : « Je suis assis dans la montagne et la mer et l’air murmurent, cela bouillonne et gémit horriblement dans mes oreilles à cause du temps et du vent. […] La mer se soulève en l’air en écumant et chancelle, chancelle, elle est comme peuplée de grandes figures furieuses qui écartent leurs membres et braillent l’une contre l’autre ; non, c’est une fête parmi dix mille démons sifflants qui renfoncent leur tête dans les épaules et tournent en rond, fouettant la mer en mousse du bout de leurs ailes. Loin, loin là-bas… » On remarque aussi l’influence des Carnets du sous-sol de Dostoïevski sur le roman  Mystères et plus particulièrement sur le personnage de Nagel, un homme qui a le goût de la contradiction, et qui nourrit un irrépressible besoin d’évasion. Nagel choque par ses habitudes, par son comportement, par son accoutrement. En effet, si les récits de Hamsun fourmillent de détails concernant les vêtements des protagonistes, on ignore à peu près tout de leur portrait physique. Ainsi, le personnage de la Faim accorde une importance particulière à son gilet, qu’il laisse « au clou » pour pouvoir se procurer quelques couronnes, mais son nom n’est jamais mentionné. Nagel est lui toujours habillé d’un costume et d’un chapeau. Les personnages chez Hamsun sont donc réduits à une silhouette, des aplats de couleurs néo-impressionistes qui ne dévoilent de leurs personnalités que leur psychologie la plus intime et parfois la plus brutale, comme Thomas Glahn de Pan, qui tue son chien sans motif apparent.

kh400338596695.jpgKnut Hamsun, l’homme de tradition

Si les personnages de Knut Hamsun sont modernes par leur traitement résolument introspectif, ils évoluent en revanche dans un cadre étonnamment traditionnel. En effet, Knut Hamsun, élevé dans la tradition protestante par son oncle, et tirant de sa mère un profond attachement à son pays, nourrit ses récits d’une énergie tellurique et presque charnelle.

Hamsun se révèle ainsi de façon moins évidente l’homme de la tradition, par bien des côtés, un « païen qui adore le Christ », pour reprendre une formule de Nicolás Gómez Dávila. On pense notamment au cadre de ses romans, comme Pan, dans lequel il montre là son attachement à la nature du Nord, ou Markens grode (ordinairement traduit par L’éveil de la glèbe ; une traduction plus appropriée étant Les fruits de la terre), une réécriture de la Genèse. Très critique vis à vis de la matérialité bourgeoise, Hamsun conserva toute sa vie un rapport étroit à la spiritualité qui occupe une place importante dans ses livres. Ainsi, dans Victoria (1898) il écrit un éloge des Évangiles : « L’amour fut la première parole de Dieu et la première pensée qui traversa son esprit. Lorsqu’il commanda « Que la lumière soit ! », l’amour fut. Toute sa création fut réussie et il ne voulut rien y changer. Et l’amour, qui avait été à l’origine du monde, en fut aussi le maître. Mais ses chemins sont parsemés de fleurs et de sang. De fleurs et de sang… ». Sa détestation du monde bourgeois transparaît également dans un texte de 1917 intitulé Ville voisine.  Hamsun y évoque une ville « comme ressuscitée des morts », où l’on vit dans des conditions « petites et vieillottes », qui est « comme auparavant, il y a longtemps ». Cette ville voisine est, sur le plan symbolique, en dehors de l’espace et du temps. Cependant, point de nostalgie chez Hamsun qui a conscience des changements et des ruptures de l’époque. Ennemi du monde moderne et acteur majeur du renouveau littéraire norvégien, son destin est à rapprocher de celui d’Ezra Pound aux États-Unis ou de celui de Louis-Ferdinand Céline en France.

Futuros campos de batalla para EEUU en África

por Nick Turse

Ex: http://paginatransversal.wordpress.com

Vestidos con un caleidoscopio de modelos de camuflaje, estuvieron tres días apiñados en una base militar de Florida. Pertenecían al Mando de Operaciones Especiales de Estados Unidos (SOCOM, por sus siglas en inglés) y al Mando de Operaciones Especiales del Ejército de Estados Unidos, y también había fuerzas de Francia y Noruega, de Dinamarca, Alemania y Canadá: 13 países en total. Vinieron a planear una campaña militar “centrada en operaciones especiales” con el apoyo de fuerzas convencionales, una operación multilateral que –de llevarse a cabo– podría costar cientos, tal vez miles de millones de dólares y quién sabe cuántas vidas.

Pregunten a los participantes y hablarán de tener en cuenta las “sensibilidades” y las “diferencias culturales”, de la importancia de la “colaboración” y la “coordinación”, del valor de la diversidad de opiniones, de las “perspectivas” y las “asociaciones”. Sin embargo, a puerta cerrada y sin que lo sepa la mayoría de la población de sus propios países, no digamos la de los países que han marcado como objetivos, un grupito de estrategas de operaciones especiales occidentales bosquejaron un posible futuro militar multilateral para una región de África llena de problemas.

Entre el 13 y el 15 de enero, representantes de Estados Unidos y 12 países aliados se reunieron en la base aérea MacDill en Tampa, Florida, para realizar un ejercicio al que denominaron “Silent Quest 15-1″. El escenario ficticio en el que iban a representar su juego de guerra estaba sacado de los titulares de los periódicos. Era una amalgama de dos desastres, reales y en curso, de política exterior y contraterrorismo de la época post 11-S: el desarrollo de Boko Haram en Nigeria y la aparición del Estado Islámico, también conocido como Estado Islámico de Iraq y el Levante o EIIL. El juego de guerra estuvo centrado en el imaginario auge de un grupo llamado “Estado Islámico de África” y la extensión de su proto-califato a partes de Nigeria, Níger, y Camerún, países que están siendo víctimas del terror de Boko Haram, el cual acaba de jurar lealtad al Estado Islámico.

“Silent Quest 15-1″ ha sido el último de una serie de ejercicios –el primero tuvo lugar en marzo de 2013– diseñados para ayudar a trazar los planes de intervención de las fuerzas de operaciones especiales para la próxima década. Este juego de guerra no fue un juego al estilo paintball. No hubo tiroteos simulados ni ensayo general. No fue el equivalente bélico de esa modalidad de fútbol americano que se juega sin placajes. Fue un ejercicio teórico de simulación a partir de algo demasiado real: la creciente panoplia de actividades militares de Estados Unidos y sus aliados en zonas cada vez más extensas de África. Hablando de este continente, Matt Pascual, uno de los participantes en la operación y el responsable para África del Grupo de Apoyo Euro-África del SOCOM, señaló que Estados Unidos y sus aliados ya estaban tratando una “miríada de asuntos” regionales y, quizás lo más importante, que muchos de los países participantes “ya están allí”. El país que “ya está allí” con mayor presencia que el resto es, por supuesto, el de Pascual: Estados Unidos.

En los últimos años, Estados Unidos ha estado involucrado en diversas intervenciones multilaterales en África, incluyendo una en Libia que supuso una guerra secreta y una campaña convencional de misiles y ataques aéreos, la asistencia a las fuerzas francesas en la República Centroafricana y en Malí, y el entrenamiento y financiación de socios africanos para enfrentarse a grupos combatientes como Boko Haram, al-Shabab en Somalia y Ansar al-Dine en Malí. En 2014, Estados Unidos llevó a cabo 674 actividades militares en África, casi dos misiones al día, y un salto de casi un 300% en el número de operaciones, ejercicios y actividades de formación en materia militar y no militar anuales desde que se creó el Mando para África de Estados Unidos (AFRICOM) en 2008.

A pesar de la avalancha de misiones y un aumento similar de bases, personal y financiación, el panorama que pintó el mes pasado el comandante de AFRICOM, el general David Rodriguez, ante el Comité de Servicios Armados del Senado fue sorprendentemente desolador. La visión que ofreció Rodriguez era la de un continente en crisis, amenazado de este a oeste por grupos combatientes que se habían desarrollado y fortalecido, o bien habían extendido su alcance mortal pese a los esfuerzos antiterroristas de Estados Unidos en África.

Rodriguez dijo a los miembros del comité que “terroristas y redes criminales transregionales estaban adaptándose y extendiéndose de manera agresiva”. “Al-Shabab ha ampliado sus operaciones para dirigir, o intentar dirigir, ataques asimétricos contra Uganda, Etiopía, Yibuti y sobre todo Kenia. La amenaza libia está aumentando rápidamente, incluyendo la presencia cada vez más extendida del EIIL… Boko Haram amenaza la capacidad del Gobierno de Nigeria para garantizar la seguridad y los servicios básicos en amplias zonas del noreste”. No obstante, a pesar de los resultados sombríos desde que el Ejército estadounidense comenzó a “girar” hacia África después del 11-S, Estados Unidos acaba de firmar un acuerdo para mantener sus tropas en el continente prácticamente hasta mediados del presente siglo.

Ampliación de la misión

Durante años, el Ejército estadounidense ha insistido públicamente en que sus esfuerzos en África eran insignificantes, manteniendo intencionadamente a los estadounidenses, por no hablar de la mayoría de los africanos, en la ignorancia acerca de la verdadera magnitud, dimensión y alcance de sus operaciones en el continente. Tanto el personal como quienes dirigen los asuntos públicos de AFRICOM han insistido en que no es más que una “intervención moderada”. Se echan atrás a la hora de hablar de los campamentos militares y los puestos avanzados, afirmando que solo tienen una base en algún lugar de África: Camp Lemonnier, en el pequeño Yibuti. No les gusta hablar de operaciones militares: solo ofrecen información detallada sobre una diminuta fracción de sus ejercicios de entrenamiento. Y se niegan a revelar las localizaciones donde se encuentra el personal, o incluso el número de países involucrados.

Durante una entrevista, un portavoz de AFRICOM me habló en algún momento de su preocupación por el hecho de que, aún si se tabulasen, el número de despliegues efectuados en África ofrecerían una “imagen sesgada” de la intervención estadounidense. A puerta cerrada, sin embargo, los mandos de AFRICOM emplean un lenguaje bastante diferente. En repetidas ocasiones han declarado que el continente es un “campo de batalla” estadounidense y que –no nos engañemos– ya están enredados en una “guerra”.

Según cifras recientes del Mando para África de Estados Unidos, el alcance de esa “guerra” creció espectacularmente en 2014. En su “declaración de postura”, AFRICOM manifiesta que llevó a cabo 68 operaciones en el último año, superando las 55 del año anterior. Entre ellas estarían las operaciones “Juniper Micron” y “Echo Casemate”, destinadas a apoyar las misiones francesa y africana en Malí y la República Centroafricana; “Observant Compass”, el intento de degradar o destruir lo que quedaba del sanguinario Ejército de la Resistencia del Señor de Joseph Kony en África Central; y “United Assistance”, el despliegue de efectivos militares para hacer frente a la crisis del Ébola en África Occidental.

El número de ejercicios de campo conjuntos en los que participaron las fuerzas estadounidenses y sus socios militares africanos pasó de 10 en 2013 a 11 el año pasado, incluyendo “African Lion” en Marruecos, “Western Accord” en Senegal, “Central Accord” en Camerún, y “Southern Accord” en Malawi. Todos ellos tuvieron un componente de formación sobre el terreno y sirvieron como remate de las operaciones de instrucción militar entre ejércitos del año anterior.

AFRICOM también dirigió ejercicios de seguridad marítima, como el “Obangame Express” en el Golfo de Guinea, el “Saharan Express” frente a las costas de Senegal, y tres semanas de escenarios de formación de seguridad marítima como parte del ejercicio multilateral “Phoenix Express 2014″, con marineros de numerosos países entre los que se encontraban Argelia, Italia, Libia, Malta, Marruecos, Túnez y Turquía.

El número de actividades de cooperación en materia de seguridad se disparó de 481 en 2013 a 595 el año pasado. Estas iniciativas incluyeron instrucción militar dentro de un “programa de colaboración estatal” que agrupó a fuerzas militares africanas con unidades de la Guardia Nacional estadounidense y personal del programa de Asistencia y Capacitación para Operaciones de Contingencia en África (ACOTA, por sus siglas en inglés) financiado por el Departamento de Estado, un programa a través del cual los asesores e instructores militares estadounidense ofrecen equipo y formación militar a las tropas africanas.

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En 2013, el número total de actividades estadounidenses en el continente fue de 546, un promedio de más de una misión diaria. El año pasado, la cifra se elevó a 674. En otras palabras, las tropas estadounidenses llevaron a cabo casi dos operaciones, ejercicios o actividades a diario –desde ataques de drones hasta formación en contrainsurgencia, operaciones de información y prácticas de tiro– en algún lugar de África. Esto representa un aumento enorme si lo comparamos con las 172 “misiones, actividades, programas y ejercicios” que AFRICOM heredó de otros mandos geográficos cuando comenzó sus operaciones en 2008.

Grupos terroristas transnacionales: algo de la nada

En 2000, un informe realizado bajo la supervisión del Instituto de Estudios Estratégicos de la Escuela de Guerra del Ejército de Estados Unidos examinaba el “ambiente de seguridad africano”. Aunque en él se hacía referencia a los “movimientos rebeldes o separatistas internos” en los “estados débiles” y a actores no estatales, como las milicias y los “ejércitos de señores de la guerra”, resulta llamativo que no se mencionara el extremismo islámico ni las amenazas terroristas transnacionales más importantes. Antes de 2001, de hecho, Estados Unidos no reconocía ninguna organización terrorista en África Subsahariana y un alto funcionario del Pentágono señaló que los combatientes islámicos más temidos del continente “no habían estado comprometidos en actos de terrorismo fuera de Somalia”.

A raíz del 11-S, incluso antes de que se creara AFRICOM, Estados Unidos empezó a aumentar las operaciones en el continente en un intento de reforzar las capacidades contraterroristas de sus aliados y aislar África de los grupos de terroristas transnacionales, es decir extremistas islámicos trotamundos. En otras palabras, el continente era visto como algo parecido a una hoja en blanco para probar medidas de prevención del terrorismo.

Desde entonces se han inyectado miles de millones de dólares en África para construir bases, armar aliados, recabar información, llevar a cabo guerras por poderes, asesinar combatientes y dirigir tal vez miles de misiones militares, sin que nada de todo ello haya tenido el efecto deseado. El año pasado, por ejemplo, según AFRICOM los combatientes somalíes “planearon o ejecutaron atentados mortales cada vez más complejos en Somalia, Kenia, Uganda, Yibuti y Etiopía”. A principios de mes, esos mismos combatientes de al-Shabab fueron un paso más allá masacrando a 147 estudiantes en una universidad de Kenia.

El mortífero aumento y la extensión de al-Shabab difícilmente puede considerarse una excepción en África. En una reciente intervención ante el Comité de Servicios Armados del Senado, el comandante de AFRICOM, David Rodriguez, enunció rápidamente los nombres de numerosos grupos terroristas islámicos que han ido apareciendo en estos años, desestabilizando precisamente los países que Estados Unidos había tratado de fortalecer. Aunque en la declaración de postura hizo todo lo posible para presentar lo mejor de los esfuerzos militares de Washington en África, incluso una lectura rápida de la misma –y vale la pena citarla in extenso– dibuja un panorama desolador de lo que el “giro” hacia África ha significado hasta ahora sobre el terreno. Algunos párrafos extractados del documento lo dicen todo:

“La red de Al-Qaida y sus afiliados y adeptos sigue explotando las regiones de África que se encuentran prácticamente sin gobierno y sus porosas fronteras para entrenar y realizar atentados. El Estado Islámico de Iraq y el Levante está extendiendo su presencia en el norte de África. Terroristas con múltiples filiaciones, están ampliando su colaboración en captación, financiación, entrenamiento y operaciones, tanto dentro de África como transregionalmente. Violentas organizaciones extremistas utilizan aparatos explosivos improvisados cada vez más sofisticados, y el número de víctimas a causa de estas armas en África ha aumentado aproximadamente en un 40% en 2014…

En el norte y el oeste de África, la inseguridad en Libia y en Nigeria amenaza cada vez más los intereses de Estados Unidos. A pesar de los esfuerzos multilaterales en materia de seguridad, las redes terroristas y criminales están acumulando fuerzas y han logrado una mayor interoperabilidad. Al-Qaida en el Magreb Islámico, Ansar al-Sharia, al-Murabitun, Boko Haram, el Estado Islámico de Iraq y el Levante, y otras organizaciones extremistas violentas están aprovechándose de los gobiernos débiles, los dirigentes corruptos y las fronteras porosas del Sahel y el Magreb para entrenar y movilizar combatientes y repartir recursos…

La amenaza libia a los intereses estadounidenses está aumentando… En el último año el gobierno, la seguridad y la estabilidad económica se han deteriorado de manera significativa en este país. Actualmente, grupos armados controlan grandes zonas del territorio libio y actúan impunemente. Libia parece estarse convirtiendo en un paraíso seguro donde los terroristas, incluyendo Al-Qaida y los grupos afiliados al Estado Islámico de Iraq y el Levante, pueden entrenarse y rehacerse impunemente. El Estado Islámico de Iraq y el Levante es cada vez más activo en Libia, incluyendo Derna, Bengasi, Trípoli y Sebha…

Los efectos secundarios de la inestabilidad en Libia y el norte de Malí ponen en riesgo los intereses estadounidenses en Europa, Oriente Medio y África, incluyendo el éxito de la transición democrática en Túnez…

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La seguridad en Nigeria también empeoró el año pasado. Boko Haram amenaza el funcionamiento del Gobierno, que se enfrenta al reto de mantener la confianza de su pueblo y ofrecer seguridad y otros servicios básicos… Boko Haram ha lanzado ataques a través de la frontera de Nigeria contra Camerún, Chad y Níger…

… tanto la República Centroafricana como la República Democrática del Congo corren el riesgo de que grupos insurgentes generen una mayor desestabilización, y existe la posibilidad de que las tensiones étnicas latentes en la región de los Grandes Lagos estallen violentamente en la República Democrática del Congo”.

Todo ello, eso sí, según la evaluación de la situación del continente realizada por AFRICOM, donde ha centrado sus labor durante casi una década a medida que aumentaban las misiones estadounidenses. En este contexto, vale la pena reiterar que, antes de que Estados Unidos redoblara esos esfuerzos, África estaba –según la propia valoración de Washington– relativamente libre de grupos terroristas islámicos transnacionales.

Inclinar la balanza en Africa

A pesar de que Boko Haram jurara lealtad al Estado Islámico y de los alarmistas titulares lamentando su fusión o mezclándolos con otros grupos terroristas que actúan bajo nombres parecidos, actualmente no existe ningún Estado Islámico de África. Pero el juego de guerra que se escenificó en la base aérea MacDill en enero contra ese grupo imaginario no es fantasía, sino que representa el siguiente paso lógico en una serie de operaciones que han ido cobrando fuerza desde la creación de AFRICOM. Y escondida en su Declaración de Postura 2015 hay información que indica que van a seguir por este camino hasta la década de 2040.

En mayo de 2014, Estados Unidos alcanzó un acuerdo –denominado “acuerdo de aplicación”– con el Gobierno de Yibuti “que asegura [su] presencia” en ese país “hasta 2044″. Además, los mandos de AFRICOM hablan ahora de la posibilidad de construir una cadena de puestos de vigilancia a lo largo de la franja norte del continente. Y no olvidemos que, en los últimos años, las zonas de actuación, minibases y aeródromos estadounidenses han proliferado en países colindantes como Senegal, Malí, Burkina Faso, Níger, y –saltando Chad (donde recientemente AFRICOM construyó instalaciones temporales para ejercicios de las fuerzas de operaciones especiales)– la República Centroafricana, Sudán del Sur, Uganda, Kenia y Etiopía. Todo lo cual sugiere que el Ejército estadounidense está atrincherándose para permanecer en África por mucho tiempo.

“Silent Quest 15-1″ fue diseñada como un modelo para demostrar cómo Washington llevará a cabo la guerra de coalición “centrada en operaciones especiales” en África. De hecho, como escribió la sargento de Artillería Reina Barnett en la publicación especializada del SOCOM Tip of the Spear, fue diseñada de conformidad con la “Guía de Planificación 2015 del general de división James Linder, comandante de las Operaciones Especiales de Estados Unidos en África “. Y el acuerdo con Yibuti demuestra que el Ejército de Estados Unidos está haciendo planes para casi un cuarto de siglo más. Pero si los últimos seis años –marcados por un aumento del 300% en el número de misiones estadounidenses, y por la extensión del terrorismo y los grupos terroristas en África– son indicativos de algo, es probable que los resultados no sean del agrado de Washington.

El comandante de AFRICOM, David Rodriguez, continúa presentando de la mejor manera posible los esfuerzos estadounidenses en África, citando el “avance en varias áreas gracias a la estrecha colaboración con nuestros aliados y socios”. Sin embargo, la evaluación de la situación por parte de AFRICOM resulta muy poco alentadora. “Allí donde nuestros intereses nacionales nos obligan a inclinar la balanza y mejorar los logros colectivos en materia de seguridad, tal vez debamos trabajar más, bien habilitando a nuestros aliados y socios, o bien actuando unilateralmente”, puede leerse en la declaración de postura que Rodriguez presentó ante el comité del Senado.

No obstante, después de más de una década aumentando los esfuerzos, existen pocas pruebas de que AFRICOM tenga la más mínima idea de cómo inclinar la balanza a su favor en África.

Fuente: http://reseauinternational.net

Traducción: Jacques Merlon

Extraído de: El Espía Digital

mercredi, 27 mai 2015

La machination américaine contre la Russie – et l’Europe

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La machination américaine contre la Russie – et l’Europe

Par Guillaume Faye

FRANCE (NOVOpress avec Guillaume Faye)

La stratégie de Washington est de créer un conflit ouvert en Europe avec la Russie, en y entraînant l’Union européenne. La crise ukrainienne n’est qu’un aspect de cette politique. Une guerre contre la Russie est envisagée sérieusement. Essayons de décrypter sereinement les événements et les faits, en évitant l’anti-américanisme simpliste et dogmatique ; en séparant bien les desseins des dirigeants oligarques américains et les Etats-Unis, comme nation, dans leur complexité sociologique et politique.

9 mai 2015 : l’affront fait à la Russie

Lors des cérémonies du 9 Mai à Moscou célébrant le 70e anniversaire de la victoire alliée, les chefs d’État et de gouvernement occidentaux – et en particulier européens – n’étaient pas présents. Pour la France, seul M. Fabius, ministre des Affaires étrangères était à Moscou. Et encore, il s’est contenté de déposer une gerbe, refusant d’assister au traditionnel défilé militaire sur la Place Rouge. Ce boycott est probablement le résultat d’un ordre de Washington, auquel les gouvernements européens ont obéi avec servilité, comme toujours. C’est un geste inamical envers la Russie, voire insultant et d’une stupidité diplomatique insondable pour les Européens.

Boycotter la cérémonie de la victoire à Moscou, alors que sans la Russie et les peuples de l’URSS cette victoire aurait été obtenue par Hitler, a été une décision symbolique très blessante pour la nation russe. Ce fut une provocation de plus. D’autant que Vladimir Poutine s’était poliment rendu en Normandie pour l’anniversaire du Débarquement, répondant à l’invitation de M. Hollande.

M. Poutine d’ailleurs, dans son discours à l’occasion du défilé militaire du 9 mai, a bien dénoncé la volonté des dirigeants occidentaux – pilotés par Washington– de vouloir déstabiliser les relations internationales. Par ce boycott, les gouvernements occidentaux ont voulu manifester une hostilité à la Russie, lui signifier son exclusion du concert des nations. La France a suivi – quelle honte ! – oubliant son principe d’indépendance en matière de politique extérieure. Ce geste, d’une immense portée symbolique, a humilié le sentiment national russe et aura pour les Européens de graves conséquences. Car ce n’est pas la Russie qu’on isole, c’est l’Europe qui s’isole.

La démonstration de force de l’armée russe à l’occasion du défilé du 9 mai correspond à une volonté dissuasive et non pas agressive. C’est un message envoyé à Washington. La Russie augmente son effort militaire mais sans commune mesure avec le colossal budget militaire US (50% des dépenses mondiales en la matière). Le Kremlin anticipe une agression militaire US qui ne relève pas de la science-fiction, comme nous le verrons plus loin.

Le prétexte du boycott fut l’”annexion” de la Crimée, alors que cette dernière, territoire russe, a été rattachée à la Fédération de Russie par référendum régulier. Mais la véritable raison de cette insulte faite à la Russie est l’obéissance à Washington. Nos dirigeants ne sont pas tant antirusses qu’américanolâtres. Ils obéissent au suzerain.

L’erreur ukrainienne

Un membre du parti ultra-nationaliste paramilitaire aux accointances néonazies, Pravyi Sektor, M. Dmytro Iaroch, a été nommé début avril 2015 conseiller au ministère de la Défense du gouvernement de Kiev. Pravyi Sektor combat aux côtés de l’armée ukrainienne dans l’Est séparatiste, une armée qui a été responsable de milliers de morts civils russophones et de l’exode de populations qui ont dû fuir en Russie. Une armée qui bénéficie de livraisons d’armes américaines, voire européennes, et de l’aide logistique de la CIA. Le Pentagone vient d’envoyer des troupes américaines en Ukraine pour ”entrainer” l’armée de Kiev. Le but est évidemment de préparer une guerre. Face à cela, la propagande essaie de nous faire croire que Moscou envoie des troupes qui envahissent l’Est de l’Ukraine.

Le gouvernement de Kiev – issu en réalité d’un coup d’État– financé par Washington, ses satellites et ses affidés, totalement irresponsable, cherche, sur ordres, à lancer une confrontation armée avec la Russie. Les ultra nationalistes ukrainiens sont les idiots utiles du Pentagone et de la CIA qui ne cherchent qu’une seule chose : un conflit armé en Europe contre la Russie, qui déborderait le cadre géopolitique ukrainien. Ce serait le couronnement de la stratégie américaine post-URSS : empêcher la naissance de la ”Maison Commune”, une solution de bon sens, de paix et de prospérité que Gorbatchev comme Poutine ont défendue. L’idée d’une hostilité entre Ukrainiens et Russes est une tragédie, construite par Washington.

Le gouvernement de Kiev commet une erreur majeure, peut-être par aveuglement, peut-être aussi par soumission corrompue aux donneurs d’ordre américains. Car l’intérêt fondamental de l’Ukraine est son bon voisinage avec la Russie, dans tous les domaines y compris économiques, et non pas son alignement sur Washington et son annexe, Bruxelles. Les Ukrainiens comprennent-t-ils qu’ils sont instrumentalisés ?

Le déshonneur français

Le refus – scandaleux– du gouvernement français de livrer à la marine russe les navires Sébastopol et Vladivostok (de la classe Mistral), alors que des paiements avaient été effectués, en rompant unilatéralement et illégalement un contrat, est dévastateur pour l’image et la réputation de la France. Les pressions de Washington sont derrière ce renoncement à livrer les navires, ce qui prouve à quel point le PS au pouvoir est asservi à la politique étrangère américaine. Dans cette affaire, où le gouvernement français a joué le rôle du cocu consentant, le but de Washington n’était nullement d’empêcher le prétendu ”impérialisme russe” de se doter de matériel naval occidental pouvant menacer les voisins de la Russie. Il s’agissait de casser les reins à une coopération militaro-industrielle franco-russe et surtout de nuire aux exportations militaires françaises – concurrentes des américaines – en dégradant la fiabilité de la France comme fournisseur. Cela fait plus de 50 ans que les gouvernements américains essaient par tous les moyens de torpiller les exportations de la filière industrielle de défense française. C’est la logique de Washington. Et les plus critiquables, dans cette lamentable affaire, ne sont pas les Américains, qui jouent leur jeu, mais le gouvernement français qui abdique, obéit, renonce à sa souveraineté et à l’indépendance nationale.

En refusant de se rendre à Moscou le 9 mai à l’invitation de Poutine, Hollande « s’est aligné sans nécessité sur la position américaine d’un boycott de la Russie qui la jette imprudemment dans les bras de la Chine », explique Renaud Girard qui ajoute : « dans cette lente dérive de la Russie vers la Chine, on ne voit pas très bien où se situe l’intérêt stratégique de la France » (Le Figaro, 12/05/2015). La France commet une erreur majeure de politique étrangère, oubliant les principes de De Gaulle : notre allié principal est la Russie et non pas les États-Unis. Ces derniers ne sont pas un ennemi, certes, mais un adversaire, un compétiteur. Le seul véritable ami naturel de la France comme de nos partenaires continentaux de l’UE, c’est la Russie. Cette réalité est à la fois géopolitique et historique.

Opinions russes sur les manipulations américaines

Le dernier dirigeant soviétique, Mikhaïl Gorbatchev, déclarait récemment : « la décision d’élargir l’Otan vers l’Est a été prise par les Etats-Unis et leurs alliés en 1993. Je l’ai, dès l’origine, qualifiée d’erreur majeure. […] Cela constituait une violation de l’esprit des déclarations et assurances qui nous avaient été données en 1990 » (Russia Beyond the Headlines, 19/11/2014). Le secrétaire d’État américain James Baker avait en effet juré à Gorbatchev en 1990 qu’il n’y aurait pas d’élargissement de l’Otan vers l’Est. Il savait qu’il mentait. Et aujourd’hui, après la Pologne et les Pays baltes, Washington cherche un casus belli avec Moscou en poussant l’Ukraine à adhérer, comme il y a incité la Georgie.

Vladimir Iakounine, président des chemins de fer russes RZD et proche de Poutine, a déclaré à propos des sanctions économiques contre la Russie, décidées par les USA et appliquées servilement par l’Europe : « leur but principal n’est pas de mettre la Russie à genoux, mais d’empêcher que la coopération entre Russes et Européens n’engendre le premier concurrent de l’économie américaine. […] Les sanctions nous ferment l’accès aux marchés internationaux de capitaux. Elles ont encore un autre effet, en poussant les dirigeants russes à réorienter le développement économique du pays vers l’Asie, les pays émergents et les pays non membres de l’Otan. Cela représente une grande partie du monde. » (entretien avec Philippe Gélie, Le Figaro, 21/04/2013)

Le politologue et universitaire moscovite associé au Club Valdaï, Andreï Souchentsov, écrivait : « la Russie a réévalué ses rapports avec l’Occident. Les projets de création d’un ordre mondial sur un pied d’égalité ne se sont pas réalisés. Les États-Unis et l’Otan ont utilisé unilatéralement la force à plusieurs reprises dans des conflits au mépris du droit international. Menant une politique indépendante dans la défense de ses intérêts, Moscou se voit accusé de ”ne pas jouer selon les règles ”. La crise ukrainienne est devenue la dernière et la plus importante conséquence de cette rupture de l’équilibre de l’ordre international » (Rossiyskaya Gazeta, 19/11/2014).

Dans le même numéro de cette revue, Fedor Loukianov, président du Conseil pour la politique étrangère et la politique de défense, explique qu’au cours de son premier mandat présidentiel, Vladimir Poutine avait sincèrement cru à la perspective d’un ordre multinational multipolaire et à une entente sincère avec les USA contre des menaces communes, ainsi qu’à la construction d’une alliance structurelle avec une Europe libre. Mais devant un gouvernement US grisé par la chute de l’URSS, succombant à ses tentations de superpuissance interventionniste autoritariste et belliciste (d’autant plus agressive qu’elle se sait provisoire (1)), Poutine a dû déchanter. Dès 2012, explique Loukianov « il s’est interrogé sur le sens des initiatives de Washington qui lui semblaient viser à une déstabilisation de l’ordre mondial plutôt qu’à son renforcement. Le ton de son discours prononcé au club Valdaï cette année (Sotchi, octobre 2014) avait une pointe de fatalisme. Poutine ne s’attend plus à un changement de la part des Etats-Unis, il dénonce simplement le côté dévastateur de leurs actions. […] Vladimir Poutine refuse de jouer selon les règles définies par les dirigeants américains ».

Le nouveau rideau de fer

Depuis la chute du Mur de Berlin et la dissolution du Pacte de Varsovie, l’Europe et la France ont mené vis-à-vis de la Russie une politique étrangère catastrophique, sur ordre de Washington. L’occasion unique d’un partenariat puissant euro-russe (la ”Maison Commune”) a été sabordée. Contrairement aux promesses faites à Gorbatchev, en échange de la réunification de l’Allemagne, l’Otan s’est étendu vers l’Est, jusqu’aux portes de la Russie. Washington et l’Otan jouaient la carte de la déstabilisation de l’Europe et de l’humiliation agressive de la Russie, qui leur apparaissait, depuis la chute de l’URSS, comme un pays en déclin et à soumettre.

Mais la renaissance de la puissance russe, avec Poutine, a changé la donne. Poutine, dans son discours de la Wehrkunde à Munich en 2007 annonçait que la Russie reprenait sa liberté stratégique et géopolitique. C’est pourquoi Washington a fomenté et financé le coup d’ État de Maïdan et lancé dans la provocation anti-russe le nouveau gouvernement de Kiev. Le but des Etats-Unis est clair : reconstituer le rideau de fer, couper l’Europe de l’Ouest de la Russie pour mieux vassaliser la première, entretenir une tension permanente (la nouvelle guerre froide) avec le Kremlin, catastrophique pour l’Europe. Le boycott des cérémonies de la victoire à Moscou le 9 mai 2015, qui est un affront calculé par Washington et les milieux atlantistes européens, marque bel et bien le retour de cette seconde guerre froide. Geste symbolique d’hostilité.

Pour les Européens pusillanimes, adeptes de la servitude volontaire, roulés dans la farine par leur suzerain américain, cela signifie la fin de l’alliance russe, indispensable à notre sécurité collective, et la destruction du grand projet de partenariat macro-économique global UE–Russie. Le pire est le gouvernement français qui trahit et tourne le dos à ce partenaire, à cet allié naturel qu’est la Fédération de Russie, au mépris de notre intérêt national, pour obéir à un pseudo-allié qui nous méprise et donc le seul but est nous asservir à sa puissance tutélaire et souriante, tout en regardant avec joie notre dissolution dans une colonisation de peuplement et une islamisation galopante.

L’hypothèse et le projet d’une guerre contre la Russie.

Aussi bien en Ukraine que dans les Balkans ou en Géorgie, le bellicisme déstabilisateur de l’Otan, directement dirigé par Washington, cherche l’affrontement armé. Par exemple, en mars 1999, l’Otan est intervenue militairement – et illégalement– contre la Serbie pour aider les séparatistes albanais du Kosovo, en jurant de faire de ce pays un havre de paix démocratique et multiethnique. Aujourd’hui, le Kosovo est un État voyou, mafieux et raciste, qui a chassé toutes les minorités serbes et non albanophone et qui mène une guérilla sanglante pour déstabiliser sa voisine, la Macédoine. Bravo et merci à l’Otan et à Washington. Le 7 août 2008, le gouvernement géorgien antirusse de Saakachvili, candidat à l’UE et à l’Otan, aidé par les Américains, bombardait Tsinkhvali, la capitale de l’Ossétie du Sud séparatiste, tuant des centaines de civils et dix observateurs militaires russes. Et, déjà à l’époque, on s’est scandalisé que les Russes réagissent !

La stratégie de Washington est de pousser l’Otan au bras de fer avec Poutine, au bord du gouffre, au risque d’un affrontement armé. Ce fut le sens de la visite d’Obama à Talinn où il rencontra, début septembre 2014, les présidents des trois pays baltes, jadis incorporés dans l’URSS et aujourd’hui membres de l’Otan. Sous le prétexte que la Russie les menace – pur fantasme, mais infusé dans les opinions publiques –, thèse défendue par Thomas Wright, de la Brookings Institution, il s’agit de provoquer le Kremlin en renforçant militairement l’Otan à ses frontières immédiates. Actuellement, l’Otan met en place dans cette zone une” force de réaction rapide” prépositionnée dans les pays d’Europe de l’Est (readiness action plan, ” plan de réactivité”) En parallèle, Washington renforce son soutien à l’armée ukrainienne et augmente la pression pour faire adhérer Kiev à l’Otan. Afin de faire naître, de manière totalement irresponsable, un casus belli avec Moscou. Tout cela est perçu comme un grave danger et une menace majeure par le gouvernement russe, qui réoriente sa doctrine militaire en fonction de ces provocations, comme l’a rappelé Mikhail Popov, secrétaire adjoint du Conseil de sécurité russe.

Les cadres supérieurs du Pentagone (qui déterminent la politique de la Maison Blanche) (2) se réjouissent des réactions russes à leurs provocations. Leur but est de multiplier ces dernières pour créer a war situation, un état de guerre contre la Russie. Un clash (”heurt”) militaire avec l’armée russe, en risquant une escalade nucléaire, est intégré dans les protocoles militaires américains. Les services secrets russes savent parfaitement ce que je dis : le Pentagone veut une confrontation armée Otan/ Russie dans l’arc géopolitique nord-sud Baltique-Mer Noire.

Les faiblesses et les dangers de la stratégie US

Mais les souhaits américains d’isoler et d’étouffer la Russie échouent. Aux commémorations du 9 mai à Moscou, le président chinois Ji Xin Ping et le premier ministre indien Narendra Modi étaient présents au premier rang. Leurs pays représentent 2,5 milliards d’hommes. Au contraire, le suivisme servile et aveugle d’une Union européenne obéissant aux USA est en train de nous isoler du monde.

De plus, cette politique aventureuse de Washington suscite d’importantes critiques aux Etats-Unis mêmes. John J. Mearsheimer avertissait dans le magazine Foreign Affairs de « la détermination de Poutine d’empêcher la Georgie et l’Ukraine de rejoindre l’Otan » en ajoutant : « les Etats-Unis et leurs alliés devraient abandonner leur plan d’occidentaliser l’Ukraine, et tenter d’en faire une zone neutre entre l’Otan et la Russie ». La chef de la commission de renseignement du Sénat, la démocrate Dianne Feinstein, parlait sur NBC de l’inefficacité des sanctions en ces termes : « les Russes sont un peuple endurant et courageux, ils surmontent toutes les difficultés économiques. Je ne suis pas sûre que des sanctions puissent avoir le moindre effet ». Elle en appelait à un dialogue direct avec Poutine, se démarquant de la position de son propre gouvernement.

Le risque d’une hubris américaine existe, c’est-à-dire la volonté de déclencher une guerre pour maintenir l’hégémonie américaine ou pour tenter une résoudre une crise financière et économique géante qui menace. Le cow boy peut devenir fou et tirer dans le saloon. Ce ne serait pas la première fois dans l’histoire que Washington, animé par un mélange schizophrène de cynisme et d’idéalisme, se lancerait dans un aventurisme militaire catastrophique. Le chaos actuel du Moyen-Orient est partiellement le fruit des interventions insensées des Bush père et surtout fils, le plus dingue des deux. Avec, comme toujours dans l’histoire, des interventions armées américaines, justifiées par des prétextes fabriqués. L’éléphant dans un magasin de porcelaines.

N’oublions pas que les USA, s’ils ne sont pas une puissance militariste – au sens classique du mot – sont un pays belliciste. L’énorme budget militaire du Pentagone et le complexe militaro-industriel sont au centre de l’appareil économique américain mais aussi du financement de la classe politique. Le système américain a fondamentalement besoin d’un état de guerre sinon permanent, du moins récurrent. Une confrontation armée avec la Russie est très sérieusement envisagée dans les milieux du Pentagone et du complexe militaro-industriel. Peu importent les conséquences : la politique étrangère américaine a toujours manqué de sagesse et de finesse ; la brutalité et l’irréflexion sont ses marques de fabrique. De même qu’un mépris pour les règles et institutions internationales qui ne sont valables que pour les autres, pas pour les USA ; sans oublier cette certitude naïve de se prendre pour le gendarme du Bien, avec tous les droits.

La diabolisation de Vladimir Poutine et de son gouvernement, présentés comme une dictature autocratique par la propagande US relayée servilement dans tout l’Occident – alors qu’ils sont très populaires dans la population russe – ne présage rien de bon. Du temps de l’URSS, les risques de guerre étaient de 10%. Aujourd’hui, ils sont de 60%.

L’impasse

Ce qui a terriblement ennuyé Washington, ce furent les fragiles accords de Minsk passés entre Mme Merkel, M. Hollande, M. Poutine et le gouvernement de Kiev pour un cessez-le-feu. De quoi se mêlent la France et l’Allemagne ? L’objectif américain est de briser la trêve, de relancer la guerre. Une guerre civile en Ukraine de l’est qui, comme un furoncle infectieux, pourra déboucher sur une vraie guerre, où l’on pourra impliquer la Pologne et les pays baltes, c’est l’objectif. Bien sur, Mister Obama ne cherche pas cela. Mais c’est un pion, ce n’est pas lui qui dirige. Il n’a pas d’idées précises, il obéit aux maîtres qui l’ont fait élire, comme dans toute ploutocratie. Tout président américain fait la politiques des lobbies qui l’ont fait élire. En Russie, Poutine fait la politique du peuple qui l’a élu.

Les grands perdants sont les pays européens soumis aux Etats-Unis. D’autant plus que le traité commercial transatlantique va les asservir un peu plus, uniquement de leur faute. On leur fait croire que le danger et l’ennemi sont à l’Est, la Russie, alors que c’est l’allié naturel. Tandis que la véritable menace vient du Sud, comme l’actualité le démontre tous les jours. Mais cette stratégie américaine est stupide à long terme pour les Etats-Unis eux-mêmes. Plutôt que de s’entendre avec un bloc euro-russe indépendant, ils poussent la Russie dans les bras de la Chine et se constituent ainsi un adversaire redoutable. Quant aux nations de l’Union européenne, incapables de contenir une immigration de peuplement massive concomitante d’une islamisation, elles semblent sortir de l’Histoire. Les stratèges washingtoniens s’en félicitent ; les stratèges russes le déplorent. Quand allons-nous nous réveiller ? Quand l’intelligence et la lucidité vont-elles ressurgir ? Après l’explosion.

(1) Toute hégémonie est passagère. Charles Krauthammer a lancé en 1990 le concept de « moment d’unipolarité », c’est-à-dire la période pendant laquelle les Etats-Unis, étant la seule vraie superpuissance, pouvaient agir à leur guise. Il estime cette période, qui a commencé au début des années 1990 à la chute de l’URSS, entre 25 et 30 ans. Ça se termine.

(2) La véritable direction de la politique des USA n’est pas déterminée par la présidence, la Maison Blanche, mais par la triarchie Pentagone/ CIA/ Complexe militaro-industriel.” Les Trois Sœurs ”. Le président américain (contrairement aux présidents français ou russes) est un exécutant et non pas un directeur. (Cf. autres articles de ce blog sur ce sujet).

Guillaume Faye

Pierre-André Taguieff : « Le soupçon et la dénonciation remplacent la volonté d’expliquer et de comprendre »

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Pierre-André Taguieff : « Le soupçon et la dénonciation remplacent la volonté d’expliquer et de comprendre »

Pierre-André Taguieff est politologue. Il est directeur de recherche au CNRS et professeur à l’institut d’études politiques de Paris. En 2014, il a publié Du Diable en politique (CNRS éditions), ouvrage dans lequel il analyse le processus de diabolisation de l’adversaire dans le débat intellectuel français. En 2015, dans La Revanche du nationalisme (PUF), il s’intéresse à la résurgence de cette forme politique tout en dénonçant les analyses creuses de ceux qui s’inquiètent d’un « retour des années 30 ».

pattaguieff-fn-ps.jpgPHILITT : Comment éviter la diabolisation dès lors que, comme le dit Philippe Muray, « le champ de ce qui ne fait plus débat ne cesse de s’étendre » ?

Pierre-André Taguieff : On pourrait dire tout autant que le moindre écart par rapport à la doxa médiatique engendre mécaniquement des faux débats qui chassent les vrais. Dans mon livre paru en 2014, Du diable en politique, j’en donne de nombreux exemples, récents ou non. Dans la France contemporaine, la diabolisation de l’adversaire ou du simple contradicteur s’est banalisée. Il y a là un front inaperçu de l’intolérance, quelque chose comme une intolérance banale, qu’on pratique sur le mode d’un réflexe idéologiquement conditionné. Les pseudo-débats publics sont des tentatives de mises à mort de l’adversaire. Les gladiateurs médiatiques se doivent de divertir les téléspectateurs.

PHILITT : Peut-on renoncer à diaboliser ceux qui l’ont été un jour sans risquer d’être, à son tour, diabolisé ? N’est-ce pas ce qui vous est arrivé lorsque vous avez choisi de dialoguer avec la « Nouvelle Droite » ?

Pierre-André Taguieff : Dans l’espace idéologico-médiatique contemporain, le principe maccarthyste de l’association par contiguïté fonctionne comme mode de transmission d’une souillure. Tout contact est pris pour un indice de complicité. La diabolisation imprime au personnage diabolisé la marque d’une souillure durable. Discuter ou dialoguer avec l’ennemi absolu sans l’injurier, sans manifester ostensiblement et bruyamment à son égard de la haine et du mépris, c’est être souillé ou contaminé irrémédiablement par sa nature satanique. Tel est aussi le risque qu’on prend inévitablement lorsqu’on ose simplement étudier, sans le dénoncer avec virulence à chaque pas, le phénomène politique ou le personnage diabolisé. La magie conjuratoire, à condition de garder la bonne distance, semble être devenue le seul mode de traitement de l’adversaire politique. La diabolisation néo-antifasciste a fait de nombreuses victimes, et continue à en faire. Le pli est pris et je ne vois pas comment l’esprit inquisitorial pourrait être combattu efficacement. Qui s’y attaque est voué à la marginalisation et n’a guère à y gagner qu’une réputation d’infréquentabilité. Quel paradoxe tragique dans une France qui célèbre officiellement la liberté d’expression !

PHILITT : Au-delà de la stratégie politicienne qu’elle implique souvent, la diabolisation n’est-elle pas aussi l’aveu d’une faillite de la pensée, de l’incapacité à comprendre un certain nombre de phénomènes politiques nouveaux ?

Pierre-André Taguieff : La diabolisation est avant tout, sur le plan cognitif, une méthode de réduction de l’émergent au résurgent, de l’inconnu ou du mal connu au « bien connu » (supposé). En ce sens, elle est illusion de connaissance. Quant à sa fonction affectivo-imaginaire, elle réside dans la réduction au pire, c’est-à-dire à ce qui tient lieu de mal absolu dans une conjoncture donnée. Face à un phénomène qui les surprend ou les dérange, les gêne ou les choque, ceux qui ne veulent ou ne peuvent pas le comprendre se lancent dans la réduction au pire. À la paresse de la pensée s’ajoute la peur de savoir. Mais l’ignorance n’est toujours pas un argument.

PHILITT : Le repli sur la morale peut-il être analysé comme le symptôme d’un nouvel ordre idéologique où l’impuissance de l’action cède à la posture pour laisser au politique l’illusion d’une volonté ?

Pierre-André Taguieff : L’hyper-moralisme contemporain est un avatar de la mystique des droits de l’Homme. Du même mouvement, l’humanisme s’est dégradé en humanitarisme, prêchi-prêcha dans lequel la rhétorique compassionnelle se marie à un paternalisme lacrymal à dominante victimaire et misérabiliste. Une vulgate issue d’un néo-christianisme dominant, que je considère comme un sous-christianisme, s’est installée dans tous les milieux politiques : elle consiste à prétendre qu’on est du côté (et aux côtés) des « plus faibles », des « plus pauvres », des « plus démunis », des « plus souffrants », des « plus exclus », « stigmatisés », etc. Quand les supposés « faibles » ou « exclus » se transforment en délinquants ou en terroristes, on trouve des belles âmes pour les plaindre ou les excuser.  Cette démophilie misérabiliste est une démagogie, écœurante et grotesque. Elle devrait provoquer rire ou dégoût, ou les deux. Or, aucun politique professionnel n’oserait reprendre aujourd’hui à son compte le mot de Jules Renard ; « J’ai le dégoût très sûr. » L’interdit du dégoût fait partie du conformisme idéologique.

PHILITT : Contre les formules journalistiques qui prédisent sans cesse un retour du « fascisme » ou des « années 30 », vous diagnostiquez un renouveau du nationalisme. Comment expliquer la perdurance de cette catégorie politique ?

Pierre-André Taguieff : Il s’agit d’un ensemble de faits observables mais mal définis, que l’application du mot « nationalisme » conceptualise plus ou moins bien. Faute de mieux, j’emploie le terme, comme la plupart des historiens et des théoriciens politiques. Mais il renvoie à des phénomènes très différents et, à bien des égards, hétérogènes. Je mets l’accent sur les métamorphoses de ce qu’on appelle « nationalisme », que je considère autant comme un fait anthropologique (ou « anthropolitique ») que comme une idéologie politique moderne accompagnant la formation des États-nations. Le phénomène est d’abord d’ordre anthropologique. L’accélération des changements, perçus comme immaîtrisables, provoque l’ébranlement du monde stable qui, en nous fournissant des cadres et des repères, nous permet de vivre sans devoir nous adapter sans cesse avec anxiété. On en connaît la traduction politique : nombre de citoyens européens sont tentés de voter pour ceux qui, recourant au style populiste de l’appel au peuple, promettent d’éliminer les causes supposées de l’anxiété identitaire (immigration, mondialisation, Union européenne, « islamisation », etc.), attribuées aux élites irresponsables.

Si le nationalisme paraît renaître régulièrement de ses cendres dans la vieille Europe, c’est d’abord parce que cette dernière est faite de vieilles nations satisfaites, du moins pour la plupart (il reste bien sûr les micro-nationalismes dont les revendications sont aiguisées par la construction européenne, avec son horizon supranational qui favorise les autonomismes régionaux et les indépendantismes). Construire en faisant table rase du passé y est impossible. Mais la vague nationaliste est observable aussi hors d’Europe. Le national-ethnique et l’ethnico-religieux sont en effet les deux principales ressources symboliques des nouveaux mouvements identitaires partout dans le monde. En Europe, le nouveau nationalisme peut se définir comme l’ensemble des réactions populaires contre l’antinationalisme des élites, que présuppose la grande utopie de notre époque, celle de la démocratie cosmopolite, érigeant le mélange des peuples et des cultures en idéal régulateur. C’est ce mélange forcé, idéalisé par les élites (converties au « multiculturalisme » normatif), que la majorité des citoyens des vieilles nations refusent, comme en témoigne la vague anti-immigrationniste. Les promesses du « doux commerce » et les invocations des droits de l’Homme ne sauraient faire disparaître les inquiétudes identitaires. C’est pourquoi le schème populiste de base, « le peuple contre les élites », conserve ici sa valeur descriptive. Mais la tentation est toujours aussi forte d’interpréter cette opposition de manière manichéenne, soit en prenant le parti du « bon » peuple contre les « mauvaises » élites, comme si le peuple avait toujours raison, soit en défendant les élites contre les accusations des démagogues, comme si les élites dirigeantes ne donnaient jamais dans la démagogie.

Dans les milieux intellectuels à la française, la reconnaissance de la réalité comme de l’importance politique de la question identitaire ou culturelle se heurte toujours à de fortes résistances, qui confinent à l’aveuglement. Certes, on observe des usages politiques xénophobes, voire racistes, des thèmes dits identitaires ou culturels, et j’ai moi-même, dans les années 1980 et 1990, élaboré le modèle du « racisme différentialiste et culturel », ce qui m’a valu à l’époque des critiques acerbes – et aujourd’hui d’innombrables plagiaires. Mais il ne faut pas jeter l’enfant avec l’eau du bain. Dans la préface du Regard éloigné (1983), Claude Lévi-Strauss nous avait mis en garde, nous invitant à ne pas confondre avec du racisme certaines attitudes ethnocentriques constituant des mécanismes de défense « normaux », voire « légitimes », de tout groupe culturel doté d’une identité collective : « On doit reconnaître, écrit Lévi-Strauss, que cette diversité [des “sociétés humaines”] résulte pour une grande part du désir de chaque culture de s’opposer à celles qui l’environnent, de se distinguer d’elles, en un mot d’être soi. » Une forme de bêtise intellectualisée, très répandue dans les milieux universitaires et médiatiques, consiste à réduire le besoin d’identité, d’enracinement ou d’appartenance à ses formes pathologiques, à ses expressions perverses ou monstrueuses (qui existent). Le soupçon et la dénonciation remplacent la volonté d’expliquer et de comprendre. Ce réductionnisme diabolisateur revient à interdire l’étude froide et exigeante des phénomènes identitaires, qui sont loin de n’affecter que les militants des partis nationalistes. Et le terrorisme intellectuel n’est pas loin : des campagnes sont lancées contre ceux qui ne se contentent pas de la vulgate marxisante.  De la même manière, certains réduisent la nation aux formes qu’elle prend dans les nationalismes xénophobes, ou le sentiment d’appartenance communautaire au communautarisme exclusiviste, sociocentrique et auto-ségrégatif. À mon sens, il faut reconnaître le phénomène, quel que soit le nom qu’on lui donne, l’analyser et s’efforcer de l’expliquer, aussi dérangeant soit-il pour la piété de gauche et les convictions lourdes du gauchisme intellectuel, dont certains représentants, en praticiens dogmatiques de la « déconstruction », se sont spécialisés dans la négation des questions et des réalités qui les choquent. C’est la seule voie permettant de comprendre à la fois l’irruption et le dynamisme des mouvements dits « populistes » en Europe, qui sont aujourd’hui, pour la plupart, des mouvements nationalistes dont les revendications et les thèmes de propagande s’articulent autour d’aspirations inséparablement souverainistes et identitaires.

PHILITT : Dans votre avant-dernier ouvrage, La Revanche du nationalisme, vous posez la question suivante sur le ton de l’ironie : « De quoi les années 30 sont-elles le retour ? » Est-il possible de répondre sérieusement à cette question ?

Pierre-André Taguieff : Il s’agit d’une boutade visant à montrer l’absurdité même de ce type de question, symptôme parmi d’autres de la bêtise idéologisée qui règne dans les milieux néo-gauchistes. Rien n’est le retour de rien, sauf par miracle. Un miracle, c’est-à-dire un événement mathématiquement possible dans un temps infini, mais physiquement improbable dans ce bas monde défini par sa finitude. Je laisse les hallucinés de l’éternel retour dans l’Histoire à leurs fantasmes pauvres et stéréotypés.

PHILITT : Vous mettez en avant la possibilité d’un « nationalisme civique » que vous opposez au « nationalisme ethnique ». Quels sont les avantages du premier sur le second ? Est-il nécessaire de dédiaboliser le nationalisme ?

Pierre-André Taguieff :  Je relativise plutôt l’opposition entre « nationalisme ethnique » et « nationalisme civique », en les situant sur un continuum. Il ne faut pas faire d’une distinction analytique une opposition manichéenne. Il est de tradition de distinguer le nationalisme politique et civique du nationalisme culturel et ethnique, types idéaux qui ne s’incarnent l’un et l’autre que très imparfaitement dans l’histoire. Je trouve cette distinction commode, mais j’ai tendance à la relativiser, en soulignant les zones d’ambiguïté du premier nationalisme idéaltypique comme du second. De la nation civique ou élective à la nation culturelle et ethnique, on passe par des transitions insensibles. Une nation purement civique, authentique communauté de citoyens dénuée de tout héritage culturel et historique propre, est une chimère. Elle revient à prendre naïvement un concept ou un type idéal pour une réalité concrète. La position de Renan consiste précisément à tenir les deux bouts de la définition de la nation. Il en va de même chez le général de Gaulle. Le patriotisme réunit des engagements et des attachements, du volontaire et de l’assumé, des idéaux normatifs et des enracinements idéalisés. La rigidité de la distinction vient de ses usages scolaires ou « démopédiques » (pour parler comme Proudhon), impliquant, dans la tradition républicaine française, de valoriser la « bonne » nation civique, dite « républicaine », et de dévaloriser la « mauvaise » nation historico-culturelle ou ethnique, rejetée un peu vite vers le racisme (ou vers le « germanisme »). Mais les citoyens ne se nourrissent pas seulement d’abstractions et de principes, aussi nobles soient-ils.  Alors qu’il s’agit, sur la question des identités collectives, de faire preuve d’esprit de finesse et de sens des nuances,  les intellectuels français montrent une fois de plus qu’ils ont le goût des grosses catégories classificatoires entrant dans des oppositions manichéennes.

Ceci dit, dans ce domaine, je ne cache pas mes préférences. Elles vont à un nationalisme civique qui aurait retrouvé la mémoire et le sens de l’avenir par-delà l’enfermement « présentiste » et l’aveuglement par la soumission à « l’actualité ». Elles vont donc à un nationalisme civique qui imaginerait la nation à la fois comme héritage, destin commun et avenir voulu. On ne dédiabolise pas par décret le nationalisme. Mais on peut montrer que sa diabolisation empêche de le connaître dans la multiplicité de ses formes historiques et d’en comprendre le sens. Du nationalisme, on connaît les multiples figures historiques diversement valorisées (des mouvements de libération nationale aux dictatures nationalistes). Rien n’interdit de l’imaginer ou de le réinventer comme le principe d’une forme d’organisation politique acceptable, voire souhaitable, pour faire face, par exemple, aux forces uniformisantes ou aux effets destructeurs de la mondialisation, dès lors qu’il s’inscrit dans le cadre d’une démocratie constitutionnelle et pluraliste.

PHILITT : Péguy serait-il un des représentants de ce « nationalisme civique » que vous décrivez tandis que Barrès et Maurras seraient les tenants d’un « nationalisme ethnique » ?

Pierre-André Taguieff :  Péguy a ouvert la voie à une forme de « nationalisme civique » qui ne prône pas la tabula rasa, la rupture avec le passé, l’oubli volontaire des héritages. En quoi il engage à penser un nationalisme à la fois civique et historico-culturel, qui n’est nullement incompatible avec une vision universaliste, à condition de ne pas se laisser éblouir par les fausses lumières de l’universalisme abstrait et d’un cosmopolitisme sans âme. L’utopie de la table rase et la quête fanatique de l’émancipation totale ont donné naissance à un rejeton imprévu : l’hyper-individualisme égalitaire contemporain, qu’on reconnaît aux revendications sans limites de ses adeptes. Le nationalisme de Barrès (celui des années 1890) est plus ethnique, celui de Maurras plus historique. Mais ils sont l’un et l’autre pervertis par l’antisémitisme, qui constitue à lui seul une religion politique. Bernanos s’en est rendu compte et a pris clairement ses distances avec les tenants du nationalisme antijuif.

Une révolution de couleur en Macédoine

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Une révolution de couleur en Macédoine

Auteur : Paul Craig Roberts
Traduction Dominique Muselet 
Ex: http://zejournal.mobi

Pendant la guerre froide Washington avait peur que les communistes ne fomentent des manifestations et ne les fassent  dégénérer en révolutions pendant que des politiciens acquis à leur cause attendaient dans les coulisses pour prendre le pouvoir et ainsi étendre l’empire soviétique. Aujourd'hui, c’est exactement ce que fait Washington.

Nous avons récemment assisté à une opération de ce genre en Ukraine et, maintenant, une autre semble avoir lieu en Macédoine.

La fondation National Endowment for Democracy a été créée en 1983. Son but officiel est de promouvoir la démocratie à l'étranger. Son véritable but était de fomenter des désordres en Europe de l'Est soviétique. Aujourd'hui, la NED utilise l’argent de nos impôts pour renverser les gouvernements qui ne sont pas alignés sur Washington.

La NED finance des organisations non-gouvernementales (ONG) dans les pays que Washington veut déstabiliser. Ces ONG opèrent sous couvert de promouvoir «la démocratie » et les «droits de l'homme». Elles recrutent des meneurs  parmi les étudiants idéalistes et les politiciens mécontents, et les lancent contre le gouvernement en place dont  Washington souhaite réduire l'indépendance.

Les étudiants idéalistes sont tout simplement les dupes de ces ONG, et les politiciens mécontents veulent uniquement le  pouvoir et ils sont prêts à servir Washington pour l'obtenir.

Selon le secrétaire d'Etat adjoint, Victoria Nuland, Washington a dépensé 5 milliards  de dollars en Ukraine pour former des politiciens et implanter des d'ONG faisant office de cinquième colonne de Washington. Lorsque le président de l'Ukraine, Viktor Ianoukovitch, a refusé d'aligner l'Ukraine sur les intérêts de Washington, Washington a lâché ses cinquièmes colonnes, et le gouvernement de M. Ianoukovitch a été renversé par la violence. Malgré tous les discours de Washington sur la démocratie, le fait que le gouvernement de M. Ianoukovitch soit démocratiquement élu et que la prochaine élection doive avoir lieu seulement quelques mois plus tard, n'a pas empêché Washington de renverser Ianoukovitch.

Maintenant, le même sort semble attendre l'Arménie, l'Azerbaïdjan, le Kirghizistan, et la Macédoine. La plupart des Américains ne savent pas où sont ces pays. L'Arménie et l'Azerbaïdjan se trouvent à l'est de la mer Caspienne et sont d’anciennes provinces de l'Union soviétique. Le Kirghizistan est une ancienne province soviétique à la  frontière de la Chine. La Macédoine, lieu de naissance d'Alexandre le Grand, est une ancienne partie du nord de la Grèce, mais au 20e siècle des morceaux de la Macédoine sont passés en Bulgarie, Serbie et Albanie avant de devenir une province de Yougoslavie. Quand Washington a détruit la Yougoslavie, la Macédoine est devenue une république indépendante de deux millions d’habitants. La Macédoine est un pays enclavé, entouré par la Grèce au sud, la Bulgarie à l'est, l'Albanie à l'ouest, et au nord par le Kosovo créé par la Serbie et Washington.

Pourquoi Washington veut-il contrôler la Macédoine?

Le gouvernement macédonien a refusé de se joindre aux sanctions de Washington contre la Russie et il soutient le projet de pipeline de gaz naturel russo-turc qui livrera le gaz naturel russe à l’Europe en traversant la Turquie jusqu’à la frontière grecque.

La Grèce est pillée par l'Union européenne, le FMI et les banques néerlandaises  et allemandes. Cela pousse la Grèce dans les bras de la Russie du fait que le soutien russe est la seule solution que la Grèce a trouvé pour mettre fin à l'austérité écrasante que l'UE impose au peuple grec. La Macédoine se trouve entre la Grèce et la Serbie, un pays qui ne porte pas Washington et l'UE dans son cœur, depuis la dislocation de la Serbie qui a suivi l’agression de Washington et de l'OTAN. Washington n’aime pas l’idée que l'énergie russe, sur laquelle il n’aurait aucun contrôle, soit livrée à ses Etats vassaux européens via les alliés de la Russie en Europe.

En prenant le contrôle de la Macédoine, Washington espère couper la Grèce de la Serbie et peut-être réussir à convaincre la Grèce de s’aligner sur le projet de pipeline de Washington qui approvisionnerait l'Europe à partir de l'Azerbaïdjan, réduisant, de ce fait, l'influence de la Russie en Europe.

La Macédoine a une minorité albanaise. L'Albanie est un vassal de Washington et un membre de l'OTAN. Washington soutient les Albanais dissidents de Macédoine, les manifestants sont dans les rues, le gouvernement macédonien est accusé de corruption comme le fut le gouvernement ukrainien, et le Département d'Etat américain exprime son inquiétude devant la crise politique macédonienne que Washington a orchestrée.

Washington ne cesse de se gargariser avec la démocratie et les droits humains, mais n'a aucun respect ni pour l’une ni pour les autres. Le seul intérêt de ces notions pour Washington, est qu’il peut s’en servir pour accuser les gouvernements qu’il veut renverser de ne pas les respecter.

Le gouvernement russe comprend ce qui se passe.  Mais on ne sait pas encore si le fait d’avoir assisté  sans rien faire au renversement  du gouvernement ukrainien lui a servi de leçon.

Pour les Etasuniens, à la différence de Washington, la question est de savoir si la quête effrénée de l'hégémonie américaine mérite de risquer une guerre avec la Russie et la Chine. Les néo-conservateurs, qui contrôlent la politique étrangère des États-Unis d’une main de fer, croient que l'hégémonie passe au-dessus de tout. Mais les Etasuniens tirent-ils assez de plaisir par procuration du fait qu’une poignée de néoconservateurs règne en maîtres sur le monde, pour accepter le risque d'une guerre nucléaire?

La politique d’agression pure et simple que Washington mène contre la Russie devrait inquiéter non seulement le peuple américain mais aussi le monde entier. Une guerre se prépare. Une guerre avec la Russie signifie également une guerre avec la Chine. Ce n’est  pas une guerre que Washington et ses vassaux ni l’humanité en tant que telle peuvent gagner.

Dr Paul Craig Roberts a été secrétaire adjoint au Trésor pour la politique économique et rédacteur en chef adjoint du Wall Street Journal. Il a été chroniqueur à Business Week, Scripps Howard News Service, et Creators Syndicate. Il a occupé de nombreux postes universitaires. Ses articles sur internet ont attiré l’attention mondiale. Les derniers livres de Roberts sont : L'échec de capitalisme du laissez faire et la dissolution économique de l'Occident et Comment l'Amérique fut perdue.

El gran juego africano de EE.UU

por María Lekant

Ex: http://paginatransversal.wordpress.com

África es un continente con grandes recursos naturales, un continente que ha sufrido mucho en el pasado debido a las acciones de los colonizadores, que remodelaron la región sin tener en cuenta las tradiciones y las relaciones sociales locales, un continente donde muchos países han tenido que enfrentarse, aparte de a la pobreza, el hambre y los cataclismos naturales, a guerras sangrientas y conflictos internos que, en muchos casos, perduran hasta hoy en día, mientras que en otros han dejado profundas heridas o han provocado consecuencias irrevocables para la sociedad.

Tradicionalmente, las riquezas naturales del continente negro han atraído a las naciones más poderosas, sobre todo países occidentales, que han visto en la influencia en la región un componente clave en la lucha por la influencia en el mundo.

Uno de estos países ha sido EE.UU., que, tras el colapso de la Unión Soviética, intensificó los esfuerzos para fortalecer su presencia en África. Los primeros en captar su atención fueron Sudán y Etiopía, que en el pasado habían cooperado activamente con la URSS, pero posteriormente la actividad de Washington se expandió a muchos otros países, a veces provocando ‘efectos secundarios’ más dañinos que las sequías o las hambrunas.

La catástrofe de Libia

Uno de los casos más emblemáticos de la expansión de EE.UU. y sus aliados de la OTAN en África es el de Libia, país que sigue sufriendo las consecuencias del ‘apoyo’ estadounidense a la ‘democracia’.

Washington “siempre estará hombro con hombro con el pueblo libio”, aseguraba el presidente Barack Obama en 2011, a inicios de la campaña militar de la OTAN en el país árabe. “EE.UU., junto con la comunidad internacional, está comprometido con el pueblo libio. Ustedes han ganado su revolución”, proclamó entusiasmado el mandatario estadounidense unos meses después, el 20 de octubre, en respuesta a la noticia sobre la muerte del coronel Muammar Gaddafi, y aplaudió los futuros cambios democráticos que aguardaban al país.

Los países occidentales optaron por hacer oídos sordos a los numerosos testimonios que presentaba RT al público día tras día y a las opiniones de aquellos expertos que advertían que apostar por la oposición era un error.

Así, el diplomático norteamericano retirado George Kenney advirtió en marzo de 2011 en declaraciones a RT que una intervención militar extranjera en Libia desembocaría en un conflicto de larga duración y en el consiguiente auge del terrorismo. “La actividad de la OTAN en Libia provocará aún más agitación a nivel mundial. En mi opinión, va a pasar lo mismo que en Irak y Afganistán”, pronosticó.

“La oposición libia no será capaz de crear un nuevo Gobierno estable tras derrocar al enemigo, los rebeldes deberán afrontar las contradicciones internas”, comentó a RT el entonces embajador de Rusia ante la OTAN, Dmitri Rogozin, en medio del conflicto libio. “Las intervenciones otanianas, la política y la militar, en la ‘primavera árabe’ podrían tener como resultado un ‘caliente verano árabe’, con todas las circunstancias que de ello se derivan para los demás Estados de la región”, volvió a insistir Rogozin a finales de 2011.

EE.UU. y sus aliados “promueven las guerras civiles en países foráneos por la simple razón de que en su ignorancia total (…) están tratando de cambiar regímenes, gran parte de los cuales ni siquiera entienden”, decía en julio de 2011 en declaraciones a RT el periodista investigador Adrian Salbuchi.

Fue el 11 de septiembre de 2012 cuando Washington experimentó por primera vez en su propia piel cómo es la nueva democracia libia. El ataque contra la Embajada de EE.UU. en Bengasi se cobró la vida de cuatro estadounidenses, el embajador Christopher Stevens entre ellos. En agosto de 2013, EE.UU. se vio obligado a cerrar temporalmente 19 sedes diplomáticas en Oriente Próximo y África del Norte ante los altos riesgos de atentados terroristas. En mayo de 2014, Washington ordenó el envío de un buque de guerra hacia las costas libias.

Hoy en día, el país árabe sigue sumergido en el caos. Existen dos gobiernos de facto en Libia: uno, elegido por medio de elecciones legítimas, con sede en el este del país, y otro, de ideas radicales, cuyo Congreso se encuentra en Trípoli.

El pasado mes de abril, durante un encuentro en Moscú con el canciller ruso, Serguéi Lavrov, el primer ministro libio, Abdalá At-Tani, apuntóa Occidente como responsable del caos reinante en el país desde la caída del régimen de Muammar Gadaffi, y pidió el apoyo de Rusia para restaurar las instituciones gubernamentales. El ministro de Relaciones Exteriores ruso subrayó, por su parte, que Moscú asiste al esfuerzo internacional, en la medida de lo posible, para estabilizar la situación en el país norteafricano, y señaló la necesidad de encontrar una manera rápida de reunificar el Estado cuanto antes.

Malí, víctima de las acciones en Libia

Como era de esperar, la guerra en Libia apoyada por la OTAN abrió ‘la caja de Pandora’ de la inestabilidad en los países del Sahel. Miles de combatientes de Mauritania, Malí, Níger y otros países que luchaban como mercenarios en el Ejército del exlíder libio Muammar Gaddafi regresaron a sus lugares de origen armados hasta los dientes.

Uno de los primeros países africanos en sentir las consecuencias de la guerra en Libia fue Malí.

A lo largo de su breve historia postcolonial este país ha estado constantemente bajo la amenaza de una rebelión de las tribus del norte, principalmente los tuaregs, que aspiraban a crear un Estado independiente cuyo territorio incluiría el norte de Malí, el sur de Argelia, las provincias orientales de Mauritania y la zona norte de Níger.

El 22 de marzo de 2012, un golpe de Estado depuso al presidente de Malí Amani Toumani Toure y el 6 de abril los rebeldes tuaregs del Movimiento Nacional para la Liberación de Azawad (MNLA) proclamaron la instauración del Estado islámico de Azawad en un territorio de unos 850.000 kilómetros cuadrados.

Según denunciaron en su día las autoridades de Malí, los tuaregs, que habían formado parte de las divisiones de élite de Gaddafi, llegaron con fusiles automáticos, lanzagranadas y ametralladoras que habían recibido del régimen libio. También disponían de armas francesas más modernas suministradas durante la guerra a los rebeldes libios.

“Gaddafi sabía controlar la actividad de los tuaregs en la zona del Sahel, pero ahora han emprendido su propia ‘navegación’. Es gente armada, muy bien preparada, que tiene comandantes experimentados. Combatirlos es una tarea sumamente difícil”, declaró entonces el presidente del Instituto de Oriente Próximo de Rusia, Yevgueni Satanovski.

La guerra en Libia proporcionó a los exmercenarios de Gaddafi no solo dinero y armas, sino también medio año de experiencia de combate.

Además, según informó el diario ‘New York Times’, durante cuatro años EE.UU. llevó a cabo en la región un programa antiterrorista a gran escala, invirtiendo entre 520 y 600 millones de dólares en el entrenamiento de tropas en Malí. A los militares les enseñaron a patrullar las fronteras y a neutralizar las emboscadas, entre otros métodos de lucha contra el terrorismo. Entrenados en la lucha contra los terroristas, unidades militares del país desertaron y entraron en las filas de los extremistas islamistas, como los rebeldes tuaregs.

A finales de 2012, la escalada de violencia en el norte de Malí, ocupado por grupos separatistas, provocó una resolución de la ONU que autorizó el envío de una misión militar extranjera al país africano para restablecer la paz. Las tropas francesas fueron las primeras en llegar en enero de 2013.

A pesar de las declaraciones del presidente François Hollande de que los militares franceses no lucharían en Malí más de un mes, la intervención militar en el país africano se prolongó hasta el 13 de julio de 2014, y luego fue relevada por la operación Barkhane.

A tenor de algunos expertos, en aquella ocasión se vivió una rivalidad entre Francia y Estados Unidos por el control sobre el África poscolonial.

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La constante crisis de Sudán

En 1983, una guerra civil dividió Sudán en dos partes. El conflicto, conocido como la ‘Segunda Guerra Civil Sudanesa’, se convirtió en uno de los episodios más violentos del siglo XX y duró hasta 2005, cuando fue firmado el acuerdo de paz.

En una primera fase del conflicto, EE.UU. apoyó al Gobierno musulmán en Jartum, que impuso en los territorios bajo su control la ley coránica, lo cual no hizo más que intensificar la lucha, pero en 1989 en el norte musulmán de Sudán se produjo un golpe militar que derivó en la llegada al poder de islamistas aún más radicales. Esta vez, Washington decidió apoyar a los rebeldes del sur.

“El hallazgo de un yacimiento de petróleo en Sudán en 1990 por parte de la compañía estadounidense Chevron no hizo más que echar más leña al fuego”, escribe Alexánder Sharkovski, analista del portal nvo.ng.ru, quien destaca el carácter más violento de la guerra en las zonas con presencia de petróleo.

Los combates dificultaban la actividad de los magnates estadounidenses, y en 1994 EE.UU. presionó a las partes del conflicto para que firmaran una nueva estructura estatal. Sin embargo, los dirigentes del norte musulmán no accedieron y los servicios secretos de EE.UU. orquestaron disturbios, encabezados por una fuerte oposición, apoyada por Occidente, recuerda Sharkovski.

En 2005 fue firmado el acuerdo de paz y empezó el proceso de transición, que culminó con la independencia de Sudán del Sur. Sin embargo, la ansiada paz no ha llegado a ninguno de los dos países.

Según Sharkovski, Washington suministra apoyo, incluido el militar, a los dos Estados, y los dos países, a pesar de sus ricos recursos, dependen en gran medida de la ayuda estadounidense. “Ambos países están sumidos en la pobreza y la corrupción, y sufren sus consecuencias”, lamenta el analista. 

Etiopía, bajo constante presión del ‘aliado’

Etiopía, vecina de Sudán, también ha pasado por periodos difíciles en su historia, una historia que también ha sido marcada por la influencia de EE.UU.

En 1993, el país se dividió en dos, Etiopía y Eritrea. En 1996, bajo la presión de EE.UU. y dos años antes de empezar una guerra entre sí, las fuerzas terrestres de Eritrea y Etiopía participaron en la guerra civil de Sudán, apoyadas por la Fuerza Aérea de EE.UU.

Después del 11 de septiembre 2001, los servicios de inteligencia norteamericanos crearon en Etiopía un campamento para entrenar a los combatientes de la oposición somalí. También abrieron aeródromos en el país para  operaciones aéreas tradicionales y con aviones no tripulados contra Somalia y Yemen.

Así, desde 2011 EE.UU. ha tenido una base de drones militares en Arba Minch, en el sur de Etiopía.

En 2006, también bajo presión estadounidense, Etiopía envió tropas a Somalia, que siguen presentes allí en la actualidad.

Intervención en Somalia

A principios de los años 90 Somalia fue escenario de una caótica guerra civil y de una catástrofe humanitaria.

En 1992, como parte de la operación de la ONU Restaurar la Esperanza, George H. W. Bush envió al país 28.000 soldados. La misión la amplió el sucesor de Bush, Bill Clinton, para hacer frente a algunos señores de la guerra considerados responsables de los disturbios y el caos en el país.

En octubre de 1993, los guerrilleros somalíes organizaron una emboscada contra la Fuerza de Reacción Rápida de EE.UU. Como resultado de la batalla fueron derribados dos helicópteros estadounidenses UH-60 Black Hawk, 18 militares murieron, más de 70 resultaron heridos y Bill Clinton anunció la retirada de las fuerzas estadounidenses del país.

Para comienzos de 2000, en Somalia cobró fuerza la Unión de Cortes Islámicas (UCI), un grupo radical que recibía apoyo de Arabia Saudita y otros países del Golfo.

Ante esta amenaza, los representantes de la inteligencia de EE.UU. persuadieron y financiaron a los señores de la guerra somalíes para que crearan una alianza contra la Unión (la Alianza para la Restauración de la Paz y Contra el Terrorismo, ARPCT), campaña que provocó duras críticas entre los funcionarios norteamericanos ya que, según argumentaban, socavó todos los esfuerzos antiterroristas en Somalia, informó entonces ‘The New York Times‘.

La alianza creada gracias a EE.UU. estaba profundamente dividida y era poco eficaz, y en julio de 2006 las fuerzas de la Unión de Cortes Islámicas tomaron Mogadiscio, la capital de Somalia. En diciembre, ya controlaban todo el territorio del país.

El 21 de diciembre de 2006 comenzó oficialmente la guerra entre Somalia, bajo el control de la UCI, y Etiopía, que apoyó a las fuerzas del Gobierno Transicional de Somalia y de los gobiernos de las regiones autónomas de Puntland y Galmudug.

En enero de 2007 EE.UU., apoyado por el entonces presidente somalí, Abdullahi Yusuf Ahmed, intervino directamente en la guerra, lanzando ataques aéreos contra los supuestos líderes de Al Qaeda en este país y la UCI.

En agosto de 2008, el grupo radical Al Shabaab se escindió de la UCI y emprendió una guerra contra la coalición creada por EE.UU. que dura hasta hoy. El grupo, que colabora con organizaciones terroristas como Al Qaeda, está tratando de derrocar al Gobierno de Mogadiscio respaldado por Occidente e imponer su propia versión estricta de la ley islámica en el país, mientras que el Gobierno Transicional sigue sin lograr unidad y resistiendo únicamente gracias al apoyo de Etiopía.

A principios de 2014, EE.UU. desplegó casi dos docenas de tropas regulares en el país para entrenamiento y asesoría.

Además, en julio de 2014, Washington reveló que había mantenido presencia militar secreta en Somalia durante los últimos siete años. Un destacamento variable de hasta 120 militares que incluía miembros de las fuerzas especiales permanecía en el país.

Como resultado de la constante intervención norteamericana, “los Gobiernos de los países del Cuerno de África –Sudán, Sudán del Sur, Somalia y Etiopía– se han visto entre la espada y la pared, y ahora dependen totalmente de la ayuda de Estados Unidos”, opina Alexánder Sharkovski.

Tropas en otros países africanos

En 2014, ‘The Washington Post’ publicó un sorprendente mapa que revelaba en qué naciones subsaharianas había presencia militar estadounidense involucrada en operaciones militares reales.

Según indicó el rotativo, este hecho podría ser descrito como “una creciente guerra en la sombra” contra los afilados de Al Qaeda y otros grupos militantes.

Aparte de los casos ya mencionados, el mapa incluía los siguientes países:

Burkina Faso

Desde el año 2007 EE.UU. tiene una base en la capital, Uagadugú, que actúa como centro de una red de espionaje estadounidense en la región. Los aviones espía salen de la base para volar sobre Malí, Mauritania y el Sáhara en busca de los combatientes de Al Qaeda del Magreb Islámico.

República del Congo

Las tropas de EE.UU. en este país ayudan a la nación en la búsqueda de miembros de la guerrilla ugandesa Ejército de Resistencia del Señor, dirigida por Joseph Kony.

República Centroafricana

En abril de 2013 EE.UU. tenía alrededor de 40 tropas en este Estado que ayudaban a la búsqueda del Ejército de Resistencia del Señor.

Chad

En mayo de 2014, Washington anunció que enviaría 80 tropas al país para que colaboraran en la búsqueda de las niñas nigerianas secuestradas por el grupo terrorista islamista Boko Haram.

Yibuti

El Ejército de EE.UU. tiene una gran base conocida como ‘Camp Lemonnier’ en el Aeropuerto Internacional de Yibuti-Ambouli. Allí permanecen alrededor de 4.000 militares, así como una gran cantidad de aviones y drones.

Kenia

En la instalación denominada ‘Camp Simba’, cerca de la frontera con Somalia, hay alrededor de 60 militares desde noviembre de 2013.

Níger

En 2013 la Fuerza Aérea de EE.UU. estableció una base de drones en la capital, Niamey. La Casa Blanca declaró que en la base hay alrededor de 100 militares en una misión de “recopilación de inteligencia”.

Nigeria

A principios de mayo de 2014 un pequeño equipo de soldados norteamericanos y asesores civiles fue desplegado en Nigeria para unirse a la búsqueda de las niñas secuestradas por Boko Haram. Esas tropas se unieron a alrededor de 70 militares en Nigeria, 50 de ellos asignados regularmente a la Embajada de EE.UU., y 20 infantes de marina que realizaban entrenamientos.

Uganda

EE.UU. tiene una base en la ciudad de Entebbe, desde la cual vuela un avión de vigilancia PC-12 en busca del Ejército de Resistencia del Señor. El número total de tropas norteamericanas en Uganda es de alrededor de 300, y están oficialmente en el país para “proporcionar información, asesoramiento y asistencia” a una fuerza de la Unión Africana en busca de Kony.

Los objetivos de EE.UU. en África

Los estadounidenses incluyen a África en la zona de sus intereses vitales. En 2008, por ejemplo, se creó el Comando Especial Africano de las Fuerzas Armadas de EE.UU. (AFRICOM). La importancia estratégica de África es evidente y va desde las vías navales del canal de Suez y el Cuerno de África hasta los recursos naturales del continente.

En opinión de muchos expertos, EE.UU. realmente necesita mantener sus posiciones en África ya que si no toma medidas, en un futuro próximo será ‘expulsado’ del continente.

Además, algunos analistas apuntan que el mantenimiento de la influencia en el continente es el ‘último recurso’ de Barack Obama para salvar su reputación asociada de alguna manera con los fracasos de su política exterior.

“La política exterior del presidente estadounidense es considerada por numerosos expertos un fracaso total, (…) por lo que Obama todavía tiene que mostrar al menos algunos progresos en este ámbito”, opinó el analista político Piotr Akópov en un artículo en el portal ruso Vzgliad tras la cumbre en la que participaron el mandatario estadounidense y 47 jefes de Estado africanos en la capital de EE.UU. en agosto de 2014.

Finalmente, la cumbre fue vista por muchos como una manifestación del intento de EE.UU. de oponerse al avance de competidores, sobre todo China, en el continente negro.

Los rivales de EE.UU. en África

China, el principal rival por la influencia en África

USchAfr.pngEl principal rival de los países occidentales, sobre todo EE.UU., en la lucha por las esferas de influencia en África es China, cuya campaña en el continente comenzó hace un cuarto de siglo. Aunque los chinos comenzaron a establecer relaciones en los años sesenta, antes del inicio de los años noventa no contaban con los recursos necesarios para aumentar significativamente su peso en el continente.

Los recursos naturales de África son vitales para el rápido crecimiento del gigante asiático, y durante los últimos años Pekín ha sido capaz de hacer un progreso considerable en su expansión por el continente. Desde el año 2000 China organiza cumbres similares a la de EE.UU, y el volumen de comercio entre China y África en 2014 ya duplicaba la balanza entre EE.UU. y África.

La posición general de Occidente en África es todavía más influyente que la de China. Por ejemplo, Francia controla prácticamente todo el sistema financiero de los Estados de África Occidental, pero el poder de China realmente preocupa a los representantes de los países occidentales.

Rusia vuelve a ganar terreno en el continente africano

La URSS en su momento invirtió una gran cantidad de dinero y esfuerzo en el continente. De 1960 a 1990, la Unión Soviética fue la fuerza más importante en el continente africano porque los países liberados del colonialismo buscaban ayuda para llegar a ser realmente independientes.

La URSS les dio lo que pedían: préstamos, equipos y la construcción de infraestructura. El entendimiento ideológico también fue importante, ya que muchos países optaron por el camino socialista, el único que les daba la oportunidad de liberarse de los dictados de Occidente.

Aunque con el colapso de la URSS los rusos abandonaron casi completamente África, a principios de los años 2000 comenzó un retorno gradual al continente. Actualmente las principales empresas mineras de Rusia trabajan en Angola, Guinea, Namibia, Nigeria y Sudáfrica. En general, las posiciones de Rusia son más potentes en el sur del continente.

La espiral de la historia

Las bases de muchos de los problemas actuales de África fueron creadas por los colonizadores, sostiene en su artículo Alexánder Sharkovski.

Según explica el analista, los europeos “lo remodelaron todo a su manera”, sin tener en cuenta las tradiciones locales, las relaciones sociales y las características culturales de los países africanos, y “entonces colocaron una bomba de relojería que se ha activado ahora”.

“Hoy en día, los países occidentales, en primer lugar, EE.UU. y las corporaciones multinacionales que explotan África y sus recursos, están aprovechando la situación de crisis creada gracias a los esfuerzos de estos mismos países occidentales”, opina el autor del artículo, explicando que “los debilitados Gobiernos nacionales, uno tras otro, se encuentran en una situación de dependencia del apoyo de EE.UU. y sus aliados”.

En opinión del analista, la política actual de Occidente hacia África evoca la del Imperio británico, basada en el principio de ‘divide y vencerás’, y otra analogía relaciona a EE.UU. con las políticas del Imperio romano.

“Todos sabemos qué pasó después. Y no olvidemos que la historia tiende a repetirse”, concluye el experto.

En la elaboración del material se han utilizado los archivos multimedia de RT, RIA Novosti, Reuters y AFP.

Diseño de Ivan Sérbinov

Fuente: RT

Secret Pentagon Report Reveals US "Created" ISIS As A "Tool"

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Secret Pentagon Report Reveals US "Created" ISIS As A "Tool" To Overthrow Syria's President Assad

By

Zero Hedge

Ex: http://www.lewrockwell.com

From the first sudden, and quite dramatic, appearance of the fanatical Islamic group known as ISIS which was largely unheard of until a year ago, on the world’s stage and which promptly replaced the worn out and tired al Qaeda as the world’s terrorist bogeyman, we suggested that the “straight to beheading YouTube clip” purpose behind the Saudi Arabia-funded Islamic State was a simple one: use the Jihadists as the vehicle of choice to achieve a political goal: depose of Syria’s president Assad, who for years has stood in the way of a critical Qatari natural gas pipeline, one which could dethrone Russia as Europe’s dominant – and belligerent – source of energy, reaching an interim climax with the unsuccessful Mediterranean Sea military build up of 2013, which nearly resulted in quasi-world war.

The narrative and the plotline were so transparent, even Russia saw right through them. Recall from September of last year:

If the West bombs Islamic State militants in Syria without consulting Damascus, LiveLeak reports that the anti-ISIS alliance may use the occasion to launch airstrikes against President Bashar Assad’s forces, according to Russian Foreign Minister Sergey Lavrov. Clearly comprehending that Obama’s new strategy against ISIS in Syria is all about pushing the Qatar pipeline through (as was the impetus behind the 2013 intervention push), Russia is pushing back noting that the it is using ISIS as a pretext for bombing Syrian government forces and warning that “such a development would lead to a huge escalation of conflict in the Middle East and North Africa.”

But it’s one thing to speculate; it’s something entirely different to have hard proof.

And while speculation was rife that just like the CIA-funded al Qaeda had been used as a facade by the US to achieve its own geopolitical and national interests over the past two decades, so ISIS was nothing more than al Qaeda 2.0, there was no actual evidence of just this.

That may all have changed now when a declassified secret US government document obtained by the public interest law firm, Judicial Watch, shows that Western governmentsdeliberately allied with al-Qaeda and other Islamist extremist groups to topple Syrian dictator Bashir al-Assad.

According to investigative reporter Nafeez Ahmed in Medium, the “leaked document reveals that in coordination with the Gulf states and Turkey, the West intentionally sponsored violent Islamist groups to destabilize Assad, despite anticipating that doing so could lead to the emergence of an ‘Islamic State’ in Iraq and Syria (ISIS).

According to the newly declassified US document, the Pentagon foresaw the likely rise of the ‘Islamic State’ as a direct consequence of the strategy, but described this outcome as a strategic opportunity to “isolate the Syrian regime.” 

And not just that: as we reported last week, now that ISIS is running around the middle east, cutting people’s heads of in 1080p quality and Hollywood-quality (perhaps literally) video, the US has a credible justification to sell billions worth of modern, sophisticated weapons in the region in order to “modernize” and “replenish” the weapons of such US allies as Saudi Arabia, Israel and Iraq.

But that the US military-industrial complex is a winner every time war breaks out anywhere in the world (usually with the assistance of the CIA) is clear to everyone by now. What wasn’t clear is just how the US predetermined the current course of events in the middle east.

Now, thanks to the following declassified report, we have a far better understanding of not only how current events in the middle east came to be, but what America’s puppermaster role leading up to it all, was. 

From Nafeez Ahmed: Secret Pentagon report reveals West saw ISIS as strategic asset Anti-ISIS coalition knowingly sponsored violent extremists to ‘isolate’ Assad, rollback ‘Shia expansion’, originally posted in Medium.

Hypocrisy

The revelations contradict the official line of Western government on their policies in Syria, and raise disturbing questions about secret Western support for violent extremists abroad, while using the burgeoning threat of terror to justify excessive mass surveillance and crackdowns on civil liberties at home.

Among the batch of documents obtained by Judicial Watch through a federal lawsuit, released earlier this week, is a US Defense Intelligence Agency (DIA) document then classified as “secret,” dated 12th August 2012.

The DIA provides military intelligence in support of planners, policymakers and operations for the US Department of Defense and intelligence community.

So far, media reporting has focused on the evidence that the Obama administration knew of arms supplies from a Libyan terrorist stronghold to rebels in Syria.

Some outlets have reported the US intelligence community’s internal prediction of the rise of ISIS. Yet none have accurately acknowledged the disturbing details exposing how the West knowingly fostered a sectarian, al-Qaeda-driven rebellion in Syria.

Charles Shoebridge, a former British Army and Metropolitan Police counter-terrorism intelligence officer, said:

“Given the political leanings of the organisation that obtained these documents, it’s unsurprising that the main emphasis given to them thus far has been an attempt to embarrass Hilary Clinton regarding what was known about the attack on the US consulate in Benghazi in 2012. However, the documents also contain far less publicized revelations that raise vitally important questions of the West’s governments and media in their support of Syria’s rebellion.”

The West’s Islamists

The newly declassified DIA document from 2012 confirms that the main component of the anti-Assad rebel forces by this time comprised Islamist insurgents affiliated to groups that would lead to the emergence of ISIS. Despite this, these groups were to continue receiving support from Western militaries and their regional allies.

Noting that “the Salafist [sic], the Muslim Brotherhood, and AQI [al-Qaeda in Iraq] are the major forces driving the insurgency in Syria,” the document states that “the West, Gulf countries, and Turkey support the opposition,” while Russia, China and Iran “support the [Assad] regime.”

The 7-page DIA document states that al-Qaeda in Iraq (AQI), the precursor to the ‘Islamic State in Iraq,’ (ISI) which became the ‘Islamic State in Iraq and Syria,’ “supported the Syrian opposition from the beginning, both ideologically and through the media.”

The formerly secret Pentagon report notes that the “rise of the insurgency in Syria” has increasingly taken a “sectarian direction,” attracting diverse support from Sunni “religious and tribal powers” across the region.

In a section titled ‘The Future Assumptions of the Crisis,’ the DIA report predicts that while Assad’s regime will survive, retaining control over Syrian territory, the crisis will continue to escalate “into proxy war.”

The document also recommends the creation of “safe havens under international sheltering, similar to what transpired in Libya when Benghazi was chosen as the command centre for the temporary government.”

In Libya, anti-Gaddafi rebels, most of whom were al-Qaeda affiliated militias, were protected by NATO ‘safe havens’ (aka ‘no fly zones’).

‘Supporting powers want’ ISIS entity

In a strikingly prescient prediction, the Pentagon document explicitly forecasts the probable declaration of “an Islamic State through its union with other terrorist organizations in Iraq and Syria.”

Nevertheless, “Western countries, the Gulf states and Turkey are supporting these efforts” by Syrian “opposition forces” fighting to “control the eastern areas (Hasaka and Der Zor), adjacent to Western Iraqi provinces (Mosul and Anbar)”:

“… there is the possibility of establishing a declared or undeclared Salafist Principality in eastern Syria (Hasaka and Der Zor), and this is exactly what the supporting powers to the opposition want, in order to isolate the Syrian regime, which is considered the strategic depth of the Shia expansion (Iraq and Iran).”

The secret Pentagon document thus provides extraordinary confirmation that the US-led coalition currently fighting ISIS, had three years ago welcomed the emergence of an extremist “Salafist Principality” in the region as a way to undermine Assad, and block off the strategic expansion of Iran. Crucially, Iraq is labeled as an integral part of this “Shia expansion.”

The establishment of such a “Salafist Principality” in eastern Syria, the DIA document asserts, is “exactly” what the “supporting powers to the [Syrian] opposition want.” Earlier on, the document repeatedly describes those “supporting powers” as “the West, Gulf countries, and Turkey.”

Further on, the document reveals that Pentagon analysts were acutely aware of the dire risks of this strategy, yet ploughed ahead anyway.

The establishment of such a “Salafist Principality” in eastern Syria, it says, would create “the ideal atmosphere for AQI to return to its old pockets in Mosul and Ramadi.” Last summer, ISIS conquered Mosul in Iraq, and just this month has also taken control of Ramadi.

Such a quasi-state entity will provide:

“… a renewed momentum under the presumption of unifying the jihad among Sunni Iraq and Syria, and the rest of the Sunnis in the Arab world against what it considers one enemy. ISI could also declare an Islamic State through its union with other terrorist organizations in Iraq and Syria, which will create grave danger in regards to unifying Iraq and the protection of territory.”

The 2012 DIA document is an Intelligence Information Report (IIR), not a “finally evaluated intelligence” assessment, but its contents are vetted before distribution. The report was circulated throughout the US intelligence community, including to the State Department, Central Command, the Department of Homeland Security, the CIA, FBI, among other agencies.

In response to my questions about the strategy, the British government simply denied the Pentagon report’s startling revelations of deliberate Western sponsorship of violent extremists in Syria. A British Foreign Office spokesperson said:

“AQ and ISIL are proscribed terrorist organisations. The UK opposes all forms of terrorism. AQ, ISIL, and their affiliates pose a direct threat to the UK’s national security. We are part of a military and political coalition to defeat ISIL in Iraq and Syria, and are working with international partners to counter the threat from AQ and other terrorist groups in that region. In Syria we have always supported those moderate opposition groups who oppose the tyranny of Assad and the brutality of the extremists.”

The DIA did not respond to request for comment.

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Strategic asset for regime-change

Security analyst Shoebridge, however, who has tracked Western support for Islamist terrorists in Syria since the beginning of the war, pointed out that the secret Pentagon intelligence report exposes fatal contradictions at the heart of official pronunciations:

“Throughout the early years of the Syria crisis, the US and UK governments, and almost universally the West’s mainstream media, promoted Syria’s rebels as moderate, liberal, secular, democratic, and therefore deserving of the West’s support. Given that these documents wholly undermine this assessment, it’s significant that the West’s media has now, despite their immense significance, almost entirely ignored them.”

According to Brad Hoff, a former US Marine who served during the early years of the Iraq War and as a 9/11 first responder at the Marine Corps Headquarters in Battalion Quantico from 2000 to 2004, the just released Pentagon report for the first time provides stunning affirmation that:

“US intelligence predicted the rise of the Islamic State in Iraq and the Levant (ISIL or ISIS), but instead of clearly delineating the group as an enemy, the report envisions the terror group as a US strategic asset.”

Hoff, who is managing editor of Levant Report — ?an online publication run by Texas-based educators who have direct experience of the Middle East?—?points out that the DIA document “matter-of-factly” states that the rise of such an extremist Salafist political entity in the region offers a “tool for regime change in Syria.”

The DIA intelligence report shows, he said, that the rise of ISIS only became possible in the context of the Syrian insurgency?—?“there is no mention of US troop withdrawal from Iraq as a catalyst for Islamic State’s rise, which is the contention of innumerable politicians and pundits.” The report demonstrates that:

“The establishment of a ‘Salafist Principality’ in Eastern Syria is ‘exactly’ what the external powers supporting the opposition want (identified as ‘the West, Gulf Countries, and Turkey’) in order to weaken the Assad government.”

The rise of a Salafist quasi-state entity that might expand into Iraq, and fracture that country, was therefore clearly foreseen by US intelligence as likely?—?but nevertheless strategically useful?—?blowback from the West’s commitment to “isolating Syria.”

Complicity

Critics of the US-led strategy in the region have repeatedly raised questions about the role of coalition allies in intentionally providing extensive support to Islamist terrorist groups in the drive to destabilize the Assad regime in Syria.

The conventional wisdom is that the US government did not retain sufficient oversight on the funding to anti-Assad rebel groups, which was supposed to be monitored and vetted to ensure that only ‘moderate’ groups were supported.

However, the newly declassified Pentagon report proves unambiguously that years before ISIS launched its concerted offensive against Iraq, the US intelligence community was fully aware that Islamist militants constituted the core of Syria’s sectarian insurgency.

Despite that, the Pentagon continued to support the Islamist insurgency, even while anticipating the probability that doing so would establish an extremist Salafi stronghold in Syria and Iraq.

As Shoebridge told me, “The documents show that not only did the US government at the latest by August 2012 know the true extremist nature and likely outcome of Syria’s rebellion”?—?namely, the emergence of ISIS?—?“but that this was considered an advantage for US foreign policy. This also suggests a decision to spend years in an effort to deliberately mislead the West’s public, via a compliant media, into believing that Syria’s rebellion was overwhelmingly ‘moderate.’”

Annie Machon, a former MI5 intelligence officer who blew the whistle in the 1990s on MI6 funding of al-Qaeda to assassinate Libya’s former leader Colonel Gaddafi, similarly said of the revelations:

“This is no surprise to me. Within individual countries there are always multiple intelligence agencies with competing agendas.”

She explained that MI6’s Libya operation in 1996, which resulted in the deaths of innocent people, “happened at precisely the time when MI5 was setting up a new section to investigate al-Qaeda.”

This strategy was repeated on a grand scale in the 2011 NATO intervention in Libya, said Machon, where the CIA and MI6 were:

“… supporting the very same Libyan groups, resulting in a failed state, mass murder, displacement and anarchy. So the idea that elements of the American military-security complex have enabled the development of ISIS after their failed attempt to get NATO to once again ‘intervene’ is part of an established pattern. And they remain indifferent to the sheer scale of human suffering that is unleashed as a result of such game-playing.”

Divide and rule

Several US government officials have conceded that their closest allies in the anti-ISIS coalition were funding violent extremist Islamist groups that became integral to ISIS.

US Vice President Joe Biden, for instance, admitted last year that Saudi Arabia, the UAE, Qatar and Turkey had funneled hundreds of millions of dollars to Islamist rebels in Syria that metamorphosed into ISIS.

But he did not admit what this internal Pentagon document demonstrates?—?that the entire covert strategy was sanctioned and supervised by the US, Britain, France, Israel and other Western powers.

The strategy appears to fit a policy scenario identified by a recent US Army-commissioned RAND Corp report.

The report, published four years before the DIA document, called for the US “to capitalise on the Shia-Sunni conflict by taking the side of the conservative Sunni regimes in a decisive fashion and working with them against all Shiite empowerment movements in the Muslim world.”

The US would need to contain “Iranian power and influence” in the Gulf by “shoring up the traditional Sunni regimes in Saudi Arabia, Egypt, and Pakistan.” Simultaneously, the US must maintain “a strong strategic relationship with the Iraqi Shiite government” despite its Iran alliance.

The RAND report confirmed that the “divide and rule” strategy was already being deployed “to create divisions in the jihadist camp. Today in Iraq such a strategy is being used at the tactical level.”

The report observed that the US was forming “temporary alliances” with al-Qaeda affiliated “nationalist insurgent groups” that have fought the US for four years in the form of “weapons and cash.” Although these nationalists “have cooperated with al-Qaeda against US forces,” they are now being supported to exploit “the common threat that al-Qaeda now poses to both parties.”

The 2012 DIA document, however, further shows that while sponsoring purportedly former al-Qaeda insurgents in Iraq to counter al-Qaeda, Western governments were simultaneously arming al-Qaeda insurgents in Syria.

The revelation from an internal US intelligence document that the very US-led coalition supposedly fighting ‘Islamic State’ today, knowingly created ISIS in the first place, raises troubling questions about recent government efforts to justify the expansion of state anti-terror powers.

In the wake of the rise of ISIS, intrusive new measures to combat extremism including mass surveillance, the Orwellian ‘prevent duty’ and even plans to enable government censorship of broadcasters, are being pursued on both sides of the Atlantic, much of which disproportionately targets activists, journalists and ethnic minorities, especially Muslims.

Yet the new Pentagon report reveals that, contrary to Western government claims, the primary cause of the threat comes from their own deeply misguided policies of secretly sponsoring Islamist terrorism for dubious geopolitical purposes.

Reprinted with permission from Zero Hedge.

Centralization and War

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Centralization and War

By

Ex: http://www.lewrockwell.com

A History of Medieval Europe, RHC Davis

One stereotype of the Middle Ages is that of continuous war.  Conflicts during the time tended to be small and local – more like feuds between families involving the lords and nobles, rarely the serfs or other freemen.  Decentralized government resulted in decentralized warfare, drawing in only those who were obligated due to voluntary commitment.

I have previously examined the centralizing desires of Charlemagne, and the warfare that this required.  He not only consolidated many disparate kingdoms, he brought together Church and State – being the first emperor crowned by the Pope in some three hundred years – and at least minimizing the beneficial conflict between competing institutions of authority.

Centralization

After the demise of Charlemagne’s Carolingian Empire, decentralization returned to much of Europe.  Thereafter, political development took different turns in different regions.

…the civilization of Latin Christendom was by no means uniform.  On the contrary, there were at least two distinct cultural traditions, one in the north and west, the other in central Europe.  The first was primarily French….

In Germany and Italy there was a different culture and different political background.  The Germans, indeed, might have been described (from a French point of view) as ‘backward.’  They were slow in developing feudalism beyond its Carolingian stage, being in this respect a century behind France and England.

There you have it: modern France and England, backward Germany and Italy.

The distinction between Italy and Germany on the one hand, and France and England on the other, was fundamental for the whole period from 900 to 1250.

I suggest it was fundamental for at least another two-hundred years beyond this, but I am getting ahead of the story.

What was this distinction?

It was not merely cultural in the narrow sense of the word, but it was political also.  Italy and Germany were the home of the Papacy and Empire, France and England of feudal monarchies and (ultimately) of nation-states.

During this period – beginning in the tenth century – what is today known as France began to take political form; the Capetian dynasty.  Around the same time, the monarchy in England took form – of course to include a defining event of conquest by the Norman William the Conqueror in 1066, who thereafter took all of the land in the king’s name.

It was not until the latter part of the nineteenth century that Germany took its centralized political form (of “nation-state”); the timeframe was similar for Italy.

War

The Hundred Years’ War was a series of conflicts waged from 1337 to 1453 between the House of Plantagenet, rulers of the Kingdom of England, against the House of Valois, rulers of the Kingdom of France, for control of the latter kingdom.

Hence, I suggest that the distinction was fundamental for at least another 200 years. Since the fall of Rome, Europe had seen nothing like this.  Sure, there were wars – but never before was it possible to command enough wealth and servitude to fight almost continuously for 100 years on behalf of another.

It was the most notable conflict of the Middle Ages, wherein five generations of kings from two rival dynasties fought for the throne of the largest kingdom in Western Europe.

It took centralized nation-states to make this happen – a one-hundred year war between England and France.  While Germans and Italians were involved in their feuds (think Hatfields and McCoys), life was a multi-generational hell for those living to the north and west:

Bubonic plague and warfare reduced population numbers throughout Europe during this period. France lost half its population during the Hundred Years’ War. Normandy lost three-quarters of its population, and Paris two-thirds.

War and the centralized state went hand-in-hand…:

The Hundred Years’ War was a time of rapid military evolution. Weapons, tactics, army structure and the social meaning of war all changed, partly in response to the war’s costs, partly through advancement in technology and partly through lessons that warfare taught.  The feudal system was slowly disintegrating throughout the hundred years war.

…and re-invigorated nationalism…

The war stimulated nationalistic sentiment. It devastated France as a land, but it also awakened French nationalism. The Hundred Years’ War accelerated the process of transforming France from a feudal monarchy to a centralised state.

…and made possible the re-introduction of the common man as an asset to the war-fighting state:

By the end of the Hundred Years’ War, these various factors caused the decline of the expensively outfitted, highly trained heavy cavalry and the eventual end of the armoured knight as a military force and of the nobility as a political one.

No longer was significant wealth necessary to be a fighting man.  Equal opportunity employment was offered, making possible standing armies:

In 1445 the first regular standing army since Roman times was organised in France partly as a solution to marauding free companies.

And, unlike the small and localized feuds between members of the noble class, this war ushered in the emotion of national pride in the people:

The conflict developed such that it was not just between the Kings of England and France but also between their respective peoples. There were constant rumours in England that the French meant to invade and destroy the English language. National feeling that emerged from such rumours unified both France and England further.

And this all occurred not in “backward” Germany and Italy, but between the progressive, modern, and centralized nation-states of England and France.

Reprinted from Bionic Mosquito.

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Edward Snowden n'est pas Charlie

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Edward Snowden n'est pas Charlie

Auteur : L.B. 
Ex: http://zejournal.mobi

Edward Snowden dénonce les lois post-Charlie en France. Dans une longue interview exclusive publiée le 22 mai par The Guardian, le lanceur d'alerte, qui a révélé les détails de l'espionnage de millions de citoyens par la NSA, met notamment en garde contre les réponses apportées au terrorisme en Hexagone, décrivant une tragédie.

Les programmes de surveillance de masse n'empêchent pas les attentats

Selon lui, aucun programme de surveillance de masse n’a permis d’empêcher les attentats de Paris et « s’ils l’ont fait, c’est au prix d’une dégradation inacceptable des droits ». « On sait que pour l’attaque à Charlie Hebdo, celle au Canada, celle en Australie, tous ces individus étaient repérés par les gouvernements avant les attaques. Ce n’est pas par manque de surveillance mais par trop de surveillance que nous n’avons pas été en mesure de comprendre ce qui se passait », souligne Edward Snowden.

Il est par ailleurs intervenu au sujet de la réforme visant à limiter la capacité de l’Agence nationale de sécurité (NSA) de collecter des données aux États-Unis, rejetée ce samedi par le Sénat. Cette réforme présentait comme une réponse au scandale suscité par les révélations d’Edward Snowden il y a bientôt deux ans.

En France, l’Assemblée nationale a adopté le controversé projet de loi sur le renseignement, qui prévoit notamment les boîtes noires pour surveiller le Web et trouver les terroristes en puissance.


- Source : L.B.

mardi, 26 mai 2015

La Chine , le Brésil et le Pérou brisent le monopole du Canal de Panama

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La Chine , le Brésil et le Pérou brisent le monopole du Canal de Panama

Auteur : Station Zebra
Ex: http://zejournal.mobi

En visite au Brésil le Premier-Ministre Chinois Li Keqiang a signé pour plusieurs milliards de dollars d’accords économiques dont le plus important est le financement d’une voie ferrée transcontinentale qui va relier le Brésil au Pérou c’est à dire l’Océan Atlantique à l’Océan Pacifique et à l’Asie .

S’il s’agit dans un premier temps de favoriser les exportations brésiliennes de produits agro-alimentaires comme le soja et la viande , cette voie ferrée va devenir un nouveau corridor entre les deux océans . Cette voie ferrée concernera aussi des exportations minières, des produits industriels et des dérivés pétrochimiques produits à partir des gisements off-shore de la façade Atlantique du Brésil .

Toutefois cette voie ferrée génère déjà des polémiques : le Président Bolivien , le camarada socialista – ethno socialiste – Evo Morales , s’insurge contre le choix du Pérou pour espace de transit unique vers l’Océan Pacifique et affirme qu’une voie ferrée désenclavant la Bolivie aurait été moins chère à construire et plus rentable à exploiter

Comme de bien entendu des associations indigènistes soutenues par des ONG’s occidentales sont sorties de leur silence comme les champignons ( vénéneux ) après la pluie pour manifester leur opposition au projet . Parmi les opposants au projet on retrouve les  » habituels  » comme Paulo Adario, directeur des campagnes Amazonie de Greenpeace.

Du point de vue géopolitique cet accord est une victoire de l’école Méridionaliste qui préconise le développement des relations sud-sud . Son principal penseur est le géopolitologue , professeur d’université en géographie , André Martin .


- Source : Station Zebra

Eloge de l’homme

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Eloge de l’homme

Il faut haïr l’homme présent. 

Je hais l’homme moderne, celui qu’on nous montre partout, celui qui accuse réception de ses sentiments, qui s’écoute, qui est sensible avant d’être sensé. L’homme d’aujourd’hui est laid, bête et méchant. 

Il la ramène constamment. Pour dire des inepties. Si ce n’est pas pour parler de sa queue, c’est pour parler de sa vie, et quoi de pire que de l’entendre disserter sur sa morne subsistance, sans lumière, sans saveur, sans beauté. 

L’homme moderne est à l’image de cette société, creux, crépusculaire, agonisant dans des mares de vinaigre, sécrétées par sa propre morgue.

Quant à parler de son esprit, son âme est sépulcrale, sourde au saisissement. Il jacte, il ne jouit pas, il ingère et recrache. C’est une poubelle. Il en possède la fonction: servir de réceptacle momentané aux immondices.

Nous voulons des hommes beaux, qui se taisent, qui nous regardent plutôt que de se louanger.

Nous voulons des hommes sans doute. Ou bien s’il vient à douter, par pitié qu’il le fasse en silence. La lancinante complainte de son infortune, ses combines miteuses, ses disettes céphaliques, nous fatigue au plus haut point. Sa ruine atteint des abîmes étourdisants lorsqu’immanquablement, il est content de lui-même, content de la vilaine bectance qu’il se prépare, qu’il te prépare.

L’homme moderne a totalement ingéré sa part de féminité (et la tienne, et même celle de ta mère au passage) en renonçant à sa part masculine.

L’homme moderne est un hermaphrodite récessif. 

Homme, nous te désirons hautain, le port altier, élégant et sans réserve. Fier mais rogue. Licencieux, sans être lascif. Sors un peu de ta condition de victime de ton temps. Imagine toi bien que derrière toi se tiennent roides les postérités de tes ancêtres, il ne s’agirait pas de faillir maintenant, bonhomme.

Et par pitié, ne te défile point, ou alors, arrange-toi pour que l’on ne te recroise plus, nous n’avons pas besoin d’hommes qui s’expriment, qui geignent, qui manifestent ce qu’ils ont à l’intérieur, derrière le gras-double, juste après la tripaille, leur anorexie. on veut des taiseux, silencieux et taciturnes. 

Par trop souvent, de nos jours, l’homme moderne est un anti-homme.

Louise Demory.

De l'histoire (R. Millet)

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De l’histoire

par Richard Millet

Ex: http://richardmillet.wix.com

Le vacarme qu’on entend à propos de la réforme du collège fait oublier qu’il ne dépend pas de son application que les élèves soient moins instruits : il y a longtemps qu’ils ne savent plus grand-chose, que ce savoir obéit au principe d’incertitude et de flottement qui caractérise l’enseignement public, dans son ensemble, et particulièrement un de ses produits que sont les écrivains postlittéraires, dont le moins qu’on puisse dire est qu’ils n’ont aucun sentiment de leur langue ni de l’histoire de France. Ceux qui braillent contre la réforme oublient trop volontiers qu’ils ont accepté, voire promu les précédentes, qui n’étaient pas moins désastreuses.

       Dans ces réformes, la langue a été sacrifiée sur l’autel de la bienveillance psychologique qui a aboli la tolérance zéro en matière d’orthographe. « Vous ne savez pas écrire ? Supprimons la correction orthographique, et exprimez-vous librement… » prônent les Lyssenko de la recherche pédagogique.

            Comment est-il, en effet, possible d’inculquer rien de solide et de vertical à de jeunes esprits dépourvus d’armature syntaxique, et par ailleurs soumis, ces esprits, à l’intense propagande du Bien ? Pourquoi enseigner le latin, le grec, alors qu’on n’enseigne plus qu’un état laxiste (« tolérant ») du français qui a dès lors la valeur d’une dent branlante dans une bouche impropre à mastiquer ?

            Il en va de même pour l’histoire. Pourquoi s’indigner de ce que la Propaganda Staffel du Conseil national des programmes veuille en finir avec le « roman national », décrété « réactionnaire » (lisez : incompatible avec les musulmans), en un pays qui n’a plus rien d’une nation ? Il y a belle lurette que ce roman-là n’est plus qu’un objet de dépit historique, et le peuple français en proie à une schizophrénie post-républicaine qui tente de faire coexister une population qui ne cessera jamais d’immigrer en elle-même et des indigènes dépossédés de soi par ceux qui prônent un « vivre ensemble » à valeur d’apartheid communautariste.

            La schizophrénie est le nom clinique du grand déni qui ronge la gauche française, et une manière de gouverner cap au pire, comme le montre le voyage du chef de l’Etat  dans les Caraïbes : un grand moment de political correctness, donc d’insignifiance politique, dont la rencontre d’une heure avec Fidel Castro a été le clou. Il semble que ce voyage n’ait eu d’autre but que la rencontre entre un mort-vivant vêtu d’un infâme survêtement et d’un président au teint vermeil, qui a cherché son quart d’heure de gloire historique, oubliant ce qu’a été le régime castriste, les mises à mort, la chasse aux intellectuels, aux homosexuels, aux déviants… La vice-présidente Royal a beau clamer que Castro est « un mythe », que « c’est plus fort que la politique », et le locataire de l’Elysée qu’il voulait « avoir ce moment d’histoire », comme un petit garçon qui joue avec le pistolet de son père, arguant, en un solécisme tout à fait digne de l’école selon Mme Belkacem, que « Quel que soit ce qu’il a fait, il est dans l’histoire » (sic), cette visite au caudillo de La Havane permet de comprendre pourquoi le roman national est impossible : la laideur de Hollande l’interdit, son inculture aussi, et bien sûr la révélation de son goût pour les dictateurs, ceux de gauche, évidemment, qui lui permet de passer une heure avec Castro tout en travaillant à chasser Assad du pouvoir et de faire la leçon à Poutine.

            Le moment d’histoire de Hollande n’est qu’une manière d’entériner la sortie de l’histoire, rendant donc inutile l’enseignement de cette matière. 

The Shock of History

The Shock of History

Originally published at Alternative-Right October 23, 2011. Republished to honor the memory of Dominique Venner, who took his life in the service of our people two years ago this week.

A propos:

Dominique Venner.

Le choc de l’Histoire. Religion, mémoire, identité.

Versailles: Via Romana, September 2011.

“The future belongs to those with the longest memory.” –Nietzsche

Venner_3.jpgConservative thinking, Karl Mannheim notes, is essentially historical thinking—in that it orients to the concrete, to ‘what is’ and ‘what has been’, instead of to ‘what ought to be’ or ‘what can be’. ‘Properly understood’, historical thinking (as créatrice de sens) reveals the ‘Providential’ design evident in the course and test of time.

Some anti-liberals are wont thus to situate their ‘conservative’ project within the frame of Europe’s historical destiny and the higher design informing it.

The most renowned of such historical thinkers (representing what Carolina Armenteros calls the ‘the French idea of history’) was the father of European anti-liberalism, Joseph de Maistre—though he is not our subject.  Rather, it is the foremost contemporary avatar of anti-liberal historical thought: Dominique Venner.

The 75-year-old, French-speaking European of Celt and German descent, father of five, Venner is a historical scholar, a writer of popular histories and of various works on firearms and hunting, as well as the editor of two successful, artfully illustrated historical journals.

But whatever his genre, Venner bears the knightly (or legionnaire) standard of Europe’s multi-millennial heritage—the heritage, he claims, that took form with the blind poet, who is the father of us all—the heritage whose Homeric spirit knows to honor the brave, bare-foot soldiers of the Confederacy and the social banditry of Jesse James—and, most insistently, the heritage that expects a future commensurate with Europe’s incomparable past.

Venner is not your average academic historians; indeed, he’s not an academic at all. His life has been lived out on the last of France’s imperial battlefields; in Parisian street politics, in the outlawed OAS, in prison, and in laying the conceptual foundations of the European New Right; and finally, since his early thirties, in the various libraries, archives, and communal memories he’s searched to produce the 50 books he’s written on the key historical upheavals of the last century or so.

Unsurprisingly, his historical sense is ‘over-determined’—not solely by an  intelligence steeped in the life of the mind, but also by disciplines acquired in those schools of initiands known only to the political soldier.

His latest book—Le Choc de l’Histoire—is not a work of history per se, but a series of meditations, in the form of a book-long interview (conducted by the historian Pauline Lecomte) on the historical situation presently facing Europeans. These meditations approach their subject in parallel but opposite ways: 1) one approach surveys the contours of Europe’slongue durée—those centuries of growth that made the great oak so venerable—and, in the spirit of the Annales School, reveals her ‘secret permanences’, and, 2) a very different but complementary approach that silhouettes the heroic individuals and individual events (Achilles and the Iliad foremost) exemplifying the Homeric spirit of European man—disclosing his possibilities, and offering him thus an alternative to his programmed extinction.

Venner’s thesis is that: Europeans, after having been militarily, politically, and morally crushed by events largely of their own making, have been lost in sleep (‘in dormition’) for the last half-century and are now—however slowly—beginning to experience a ‘shock of history’ that promises to wake them, as they are forced to defend an identity of which they had previously been almost unconscious.

Like the effect of cascading catastrophes (the accelerating decomposition of America’s world empire, Europe’s Islamic colonization, the chaos-creating nihilism of global capitalism, etc.), the shock of history today is becoming more violent and destructive, making it harder for Europeans to stay lulled in the deep, oblivious sleep that follows a grievous wound to the soul itself—the deep curative sleep prescribed by their horrendous civil wars (1914-1918 and 1939-1945), by the ensuing impositions of the Soviet/American occupation and of the occupation’s collaborationist regimes, and, finally, today, by a demographic tsunami promising to sweep away their kind.

The Sleep

venner-dominique-choc-de-l-histoire.jpgThe Second European Civil War of 1939-1945, however it is interpreted, resulted in a cataclysmic defeat not just for Hitler’s Germany, but for Europe, much of which, quite literally, was reduced to mounds of smoldering rumble. Then, at Yalta, adding insult to injury, the two extra-European super-powers partitioned the Continent, deprived her states of sovereignty, and proceeded to Americanize or Sovietize the ‘systems’ organizing and managing the new postwar European order.

As Europe’s lands and institutions were assumed by alien interests, her ancient roots severed, and her destiny forgotten, Europeans fell into dormition, losing consciousness of who they were as a people and a civilization—believing, as they were encouraged, that they were simply one people, equal among the world’s many peoples.

Worse, for their unpardonable sins—for what Europeans did to Jews in the war, to Blacks in the slave trade, to non-White peoples in general over the course of the last 500 years—for all the terrible sins Europeans have committed, they are henceforth denied the ‘right’ to be a ‘people’. In the Messianic spirit of Communism and Americanism, the Orwellian occupiers and collaborators have since refused them a common origin (roots), a shared history, a tradition, a destiny. This reduces them to a faceless economic-administrative collectivity, which is expected, in the end, to negate the organic basis of its own existence.

The postwar assault on European identity entailed, however, more than a zombifying campaign of guilt-inducement—though this campaign was massive in scale. Europe after Jahre Null was re-organized according to extra-European models and then overwhelmed with imported forms of mass consumerism and entertainment. At the same time and with perhaps greater severity, she was subject to an unprecedented ‘brain-washing’ (in schools, media, the so-called arts, public institutions, and private corporations)—as all Europe’s family of nations, not just the defeated Germans, were collectively made to bear a crushing guilt—under the pretext of the Shoah or the legacy of colonialism/imperialism/slavery—for sins requiring the most extreme penance. Thus tainted, her memory and identity are now publicly stigmatized,

Venner’s Europe is not, of course, the Soviet/New Class-inspired EU, just as she is not the geographical entity labeled ‘Europe’. Rather than a market, a political/administrative structure, a geographic category—rather even than a race (though in a certain sense it is all about race in the end)—Europe for him is a multi-millennial community of closely-related national families made up of Germans, Celts, Slavs, and others, having the same ancient (Indo-European, Borean, Cro-Magnon) roots of blood and spirit: that is, having the same Thirty-thousand Years of European History and Identity.

This makes his Europe a community with a common civilizational heritage that stretches back to the depths of prehistoric time. Historically, the tradition and identity of this heritage has informed Europe’s representations and values in ways distinguishing/identifying her and her peoples from other civilizations and peoples.

Tradition, though, is not  for Venner the metaphysical abstraction of the perennialists or the historical repository of the Burkeans: it is not something outside history nor is it something forged once and for all in the night of time.

Tradition for him is precisely that which does not pass.  It is the perpetual spirit that makes Europeans who they are and lends meaning to their existence, as they change and grow yet remain always the same. It is the source thus of the ‘secret permanences’ upon which their history is worked out.

Tradition may originate in Prehistory, but Venner claims it is preeminently contemporary—just as every origin represents a novel outburst of being. It serves thus as a people’s inner compass. It directs them to what and whom they are. It renders what was formed and inspired in the past into a continually informed present. It is always new and youthful, something very much before rather than behind them. It embodies the longest memory, integral to their identity, and it anticipates a future true to its origin. Life lived in reference to tradition, Venner insists, is life lived in accordance with the ideal it embodies—the ideal of ‘who we are’.

In one sense, Venner’s Europe is the opposite of the America that has distorted Europe’s fate for the last half-century. But he is no knee-jerk anti-American (though the French, in my view, have good cause to be anti-US). He’s also written several books on the US War of Secession, in which much of America’s Cavalier heritage is admired. Knowing something of the opposed tendencies shaping American ‘national’ life, he’s well aware of the moral abyss separating, say, Jesse James from Jay Gould—and what makes one an exemplar of the European spirit and the other its opposite.

Modeled on the Old Testament, not the Old World, Venner claims America’s New World (both as a prolongation and rejection of Europe) was born of New England Calvinism and secularized in John O’Sullivan’s ‘Manifest Destiny’.

Emboldened by the vast, virgin land of their wilderness enterprise and the absence of traditional authority, America’s Seventeenth-century Anglo-Puritan settlers set out, in the spirit of their radical-democratic Low Church crusade, to disown the colony’s Anglo-European parents—which meant disowning the idea (old as Herodotus) that Europe is ‘the home of liberty and true government’.

Believing herself God’s favorite, this New Zion aspired—as a Promised Land of liberty, equality, fraternity—to jettison Europe’s aesthetic and aristocratic standards for the sake of its religiously-inspired materialism. Hence, the bustling, wealth-accumulating, tradition-opposing character of the American project, which offends every former conception of the Cosmos.

New England, to be sure, is not the whole of America, for the South, among another sections, has a quite different narrative, but it was the Yankee version of the ‘American epic’ that became dominant, and it is thus the Yankee version that everywhere wars on Americans of European descent.

Citing Huntington’s Who Are We?, Venner says US elites (‘cosmocrats’, he calls them) pursue a transnational/universalist vision (privileging global markets and human rights) that opposes every ‘nativist’ sense of nation or culture—a transnational/universalist vision the cosmocrats hope to impose on the whole world. For like Russian Bolsheviks and ‘the Bolsheviks of the Seventeenth century’, these money-worshipping liberal elites hate the Old World and seek a new man, Homo Oeconomicus—unencumbered by roots, nature, or culture—and motivated solely by a quantitative sense of purpose.

As a union whose ‘connections’ are essentially horizontal, contractual, self-serving, and self-centered, America’s cosmocratic system comes, as such, to oppose all resistant forms of historic or organic identity—for the sake of a totalitarian agenda intent on running roughshod over everything that might obstruct the scorch-earth economic logic of its Protestant Ethic and Capitalist Spirit. (In this sense, Europe’s resurgence implies America’s demise).

The Shock

What will awaken Europeans from their sleep? Venner says it will be the shock of history—the shock re-awakening the tradition that made them (and makes them) who they are. Such shocks have, in fact, long shaped their history. Think of the Greeks in their Persian Wars; of Charles Martel’s outnumbered knights against the Caliphate’s vanguard; or of the Christian forces under Starhemberg and Sobieski before the gates of Vienna. Whenever Europe approaches Höderlin’s ‘midnight of the world’, such shocks, it seems, serve historically to mobilize the redeeming memory and will to power inscribed in her tradition.

More than a half-century after the trauma of 1945—and the ensuing Americanization, financialization, and third-worldization of continental life—Europeans are once again experiencing another great life-changing, history-altering shock promising to shake them from dormition.

The present economic crisis and its attending catastrophes (in discrediting the collaborators managing the EU, as well as de-legitimatizing the continent’s various national political systems), combined with the unrelenting, disconcerting Islamization of European life (integral to US strategic interests) are—together—forcing Europeans to re-evaluate a system that destroys the national economy, eliminates borders, ravages the culture, makes community impossible, and programs their extinction as a people. The illusions of prosperity and progress, along with the system’s fun, sex, and money (justifying the prevailing de-Europeanization) are becoming increasingly difficult to entertain. Glimmers of a changing consciousness have, indeed, already been glimpsed on the horizon.

The various nationalist-populist parties stirring everywhere in Europe—parties which are preparing the counter-hegemony that one day will replace Europe’s present American-centric leadership—represent one conspicuous sign of this awakening. A mounting number of identitarian, Christian, secular, and political forces resisting Islam’s, America’s, and the EU’s totalitarian impositions at the local level are another sign.

Europeans, as a consequence, are increasingly posing the question: ‘Who are we?’, as they become more and more conscious—especially in the face of the dietary, vestimentary, familial, sexual, religious, and other differences separating them from Muslims—of what is distinct to their civilization and their people, and why such distinctions are worth defending. Historical revivals, Venner notes, are slow in the making, but once awakened there is usually no going back. This is the point, Venner believes, that Europe is approaching today.

The Unexpected

History is the realm of the unexpected. Venner does not subscribe to notions of historical determinism or necessity. In contrast to Marxists and economic determinists, anti-Semites and Spenglerians, he believes there are no monocausal explanations of history, and unlike liberals such as Fukuyama, he believes there’s no escape from (no ‘end’ to) history.

In history, the future is always unknown. Who would have thought in 1980 that Soviet Russia, which seemed to be overtaking the United States in the ‘70s, would collapse within a decade? Historical fatalities are the fatalities of men’s minds, not those of history.

History, moreover, is the confluence of the given, the circumstantial, and the willful. This makes it always open and hence potentially always a realm of the unexpected. And the unexpected (that instance when great possibilities are momentarily posed) is mastered, Venner councils, only in terms of who we are, which means in terms of the tradition and identity defining our project and informing our encounter with the world.

Hence, the significance now of husbanding our roots, our memory, our tradition, for from them will come our will to power and any possibility of transcendence. It’s not for nothing, Dominique Venner concludes, that we are the sons and daughters of Homer, Ulysses, and Penelope.

Hommage à Dominique Venner

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