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mercredi, 16 décembre 2015

Yann Le Bohec, historien de «La guerre romaine»

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Yann Le Bohec, historien de «La guerre romaine» (58 avant J.-C. – 235 après J.-C.)

Tallandier (collection L’art de la guerre, 2014)

Ex: http://cerclenonconforme.hautetfort.com

Le constat de l’auteur est sans appel : l’armée romaine a été l’armée la plus efficace de l’Antiquité. Voire peut-être même de l’histoire. Avec cette synthèse claire et détaillée venant couronner quarante années de recherches, Yann Le Bohec, l’un des plus grands spécialistes de la Rome antique et de son armée, nous livre un travail précieux dont l’intérêt est loin de n’être que strictement historique. L’histoire est enseignements et lorsque l’on voit le piteux état de nos forces armées aujourd’hui, on se dit que l’Etat-major serait fort avisé d’aller prendre quelques leçons chez les anciens… En cinq chapitres couvrant tous les aspects de la guerre romaine, Yann Le Bohec explore l’armée comme institution, sa stratégie, sa tactique, son environnement et surtout la manière dont les Romains vivaient et percevaient la guerre. Leur psychologie, basée tant sur la religion que sur le droit, est en effet un élément fondamental pour comprendre comment ils sont arrivés à une telle excellence dans l’art de guerroyer.

L’armée romaine de l’empire a bien sûr trouvé ses bases dans l’armée républicaine mais a été changée en profondeur par Auguste. En plus de faire de l’empereur le chef suprême de l’armée, celui-ci en fit une armée permanente, professionnelle et sédentaire. Impressionnante par ses effectifs (plus de 300.000 hommes en 23), l’armée ne l’était pas moins par son recrutement de qualité. N’étaient sélectionnés comme légionnaires que des hommes libres choisis après un examen approfondi de leurs aptitudes, de leurs compétences et de leur morale : le dilectus. Ces citoyens étaient la colonne vertébrale d’une armée qui comptait en plus de ses légionnaires bien d’autres unités auxiliaires employant des alliés de Rome ou des étrangers. Les affranchis et les esclaves ne furent employés que dans des cas extrêmes car, dans les mentalités de l’époque, ils étaient considérés comme indignes de porter les armes... Cet aspect qualitatif du recrutement n’était pas la seule force de l’armée. L’encadrement des soldats en était le second pilier. Il était dû à une hiérarchie efficace, formée et toute dévouée au service de l’Etat. D’origine sénatoriale ou équestre, les officiers étaient tenus de montrer leur virtus en offrant le meilleur d’eux-mêmes. C’est une réelle culture de l’exemple. Il est donc essentiel de le souligner : les valeurs romaines sont indissociables de la manière dont la guerre est pensée et vécue. La fides et l’honneur en sont les clés de voute. La valeur individuelle du combattant et son comportement au combat s’allient à la discipline collective. Cette dernière était si importante dans l’armée qu’elle avait même été divinisée à partir d’Hadrien! La discipline se retrouvait dans l’exercice que les Romains considéraient presque comme une science. Mêlant sport, exercices individuels ou collectifs (dont les manœuvres et mouvements étaient le but ultime), l’exercice était vu comme le moyen de garantir le bon comportement du soldat à la guerre ainsi que son obéissance totale. La conclusion est simple : le légionnaire romain est un guerrier de qualité extrêmement bien préparé à la guerre, tant physiquement que moralement.

bohecUU1qhtuL.jpgLa qualité de l’armée romaine venait aussi de sa polyvalence et de sa capacité d’adaptation à toutes les situations. A l’aise dans toutes les formes de combat, elle n’a jamais hésité à emprunter aux autres peuples ce qui pouvait parfaire son efficacité. L’héritage grec fut ici aussi fondamental, notamment en ce qui concerne la poliorcétique (l’art du siège). Par ailleurs, l’armée romaine se caractérisait par une tactique de combat où rien n’était laissé au hasard. La logistique, les services, le génie, le renseignement, la santé et les transmissions avaient été développés comme dans aucune autre armée de l’antiquité. La stratégie, à savoir la mise en œuvre des divers moyens de gagner, était très étudiée et les conflits étaient préparés par des actions politiques ou diplomatiques et s’appuyaient sur une économie prospère.

Bien loin d’être le peuple belliqueux que certains ont pu décrire, les Romains considéraient la guerre comme un mal nécessaire et non une fin en soi. L’auteur démontre d’ailleurs que, contrairement à une idée tenace, Rome n’a jamais eu de projet impérialiste à proprement parler. Elle a mené des guerres tant défensives qu’offensives au gré des circonstances et sans réelle préméditation ou plan d’ensemble. Pourquoi alors faisait-on la guerre ? Les raisons étaient multiples (politiques, sociales, économiques, militaires) mais souvent liées à la psychologie collective : la peur de l’ennemi ; la protection de Rome (patriotisme) ou d’alliés de Rome ; le goût de la domination ou du butin… Une certaine passion immodérée de la guerre a bien sûr toujours existé et des personnages comme César ou Trajan en sont les plus emblématiques. Les Romains ont certes pu déclencher des guerres d’agression sous des prétextes fallacieux mais de nombreux exemples démontrent leur volonté de limiter et de réguler les conflits. Ils considéraient d’ailleurs la guerre civile comme l’horreur absolue... Idéalement, la guerre devait être juste (Cicéron) et limitée (les Stoïciens) mais, une fois commencée, elle devait être victorieuse coûte que coûte, quel qu’en soit le prix. En effet, la victoire amenait la paix et donc la prospérité, la felicitas, sur le peuple romain. N’oublions pas que la victoire, dans les premiers temps de Rome, avait été divinisée… La religion était indissociable de la guerre. Les soldats étaient très pieux et participaient, au sein des garnisons, à de nombreuses cérémonies religieuses. La religion était omniprésente, qu’on pense aux présages des dieux avant le combat (les auspices) ou à toutes ces cérémonies qui bornaient le temps militaire et lui donnaient un réel « rythme sacral ». La fin des campagnes, en octobre, était ainsi l’occasion de trois cérémonies de première importance : l’equus october (course de char), l’armilustrium (purification des armes) et la fermeture des portes du temple de Janus afin de retenir la paix, vue par les Romains comme l’état le plus positif qui soit.

La grande qualité de l’ouvrage de Yann Le Bohec réside non seulement dans l’exhaustivité de son propos (vous apprendrez tout sur la vie quotidienne des soldats, leurs équipements, le détail des différentes unités ainsi que sur l’histoire de l’armée en tant que telle) mais aussi dans la réflexion qu’il mène sur la guerre à partir de multiples exemples historiques ou philosophiques. Objectif, il montre bien que cette armée puissante et organisée avait également ses faiblesses. A partir du 3ème siècle, la conjoncture défavorable pour l’empire accompagnée de l’oubli progressif des préceptes qui avaient fait son efficacité dans le passé sonneront peu à peu le glas de la grande armée romaine.

Rüdiger / C.N.C.

Note du C.N.C.: Toute reproduction de cet article doit mentionner la source.

Général Antoine Martinez: La Turquie a moins que jamais sa place en Europe

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La Turquie a moins que jamais sa place en Europe

par le Général Antoine Martinez
Ex: http://www.europesolidaire.eu
 
Nous republions ici un article du Général Antoine Martinez, présenté avec commentaires sur le site Polemia: http://www.polemia.com
 
Chronique d'un désastre annoncé

Général (2s) Antoine Martinez, chroniqueur, essayiste.

Le 29 novembre dernier, Donald Tusk, président du Conseil européen, et Ahmet Davutoglu, premier ministre turc, se sont mutuellement félicités après l'annonce d'un accord turco-européen qui prévoit que la Turquie s'engage à contenir le flot de réfugiés en échange de contreparties politiques et financières, à savoir la relance des négociations d'adhésion à l'Union européenne (UE) et une enveloppe de 3 Mds €.

Cet accord constitue non seulement un véritable marché de dupes accepté en position d'extrême faiblesse, sous la pression du flux massif et incontrôlé de migrants depuis plusieurs mois mais également engagé de façon totalement insensée par des responsables politiques de l'Union européenne – technocrates non élus – qui n'ont jamais reçu mandat des peuples membres de cette Union pour y faire entrer un pays non européen et de surcroît musulman. Il s'agit là d'une décision irresponsable car ne correspondant pas au projet initial de l'Union européenne et contraire à ses intérêts et à ceux de ses peuples. Elle accorde, en outre, des milliards d'euros dont personne ne contrôlera l'usage ainsi que la suppression des visas pour près de 80 millions de citoyens turcs. Elle conforte aujourd'hui la position de force acquise par la Turquie qui joue un rôle plus que trouble et qui exerce un chantage inacceptable parce que l'UE a été et est incapable de protéger ses frontières extérieures.

De plus, le silence complice de nos gouvernants est assourdissant et inquiétant car cet accord est inconséquent et suicidaire pour l'Europe qui s'achemine vers un désastre annoncé pour la simple raison que la Turquie ne peut être ni un membre de l'Union européenne, ni un partenaire dans la crise actuelle des migrants, ni un allié dans la lutte contre l'État islamique.

En premier lieu, la Turquie ne doit pas être admise au sein de l'UE, même si sa candidature a pu être acceptée de façon irresponsable lors du Conseil européen d'Helsinki, le 11 décembre 1999, et des négociations engagées depuis. Il s'agit d'une question de bon sens qui en fait une question de principe. En effet, la première des conditions à remplir pour un pays candidat est d'être un pays européen. Or, géographiquement la Turquie s'étend sur ce que, depuis l'Antiquité, les géographes ont dénommé «Asie Mineure». Nul ne peut le contester. Le nier c'est refuser d'accepter la réalité et s'exposer à des erreurs de jugement qui peuvent conduire à des fautes politiques dont les conséquences ne sont pas mesurables immédiatement.

La géographie disqualifie donc la Turquie comme futur membre de l'UE qui aurait, de fait, une frontière commune avec la Syrie, l'Irak, l'Iran. C'est simplement insensé. Elle discrédite également ceux qui ont accepté sa candidature et qui continuent de la soutenir. Par ailleurs, sur le plan historique, les relations entre l'Europe et la Turquie au fil des siècles ont été plus que complexes et difficiles. La bataille de Lépante (1571), le siège de Vienne (1683), le refoulement des Turcs des Balkans aux XVIIIe et XIXe siècles sont bien la marque d'un antagonisme profond dans la relation Europe-Turquie. Cet antagonisme a d'ailleurs posé depuis longtemps à l'Europe la question de son identité et a été un élément important dans l'émergence d'une conscience européenne. Il ne faut pas oublier que la conquête ottomane a causé, notamment chez les populations chrétiennes des Balkans, un traumatisme dont les conséquences ne sont toujours pas surmontées aujourd'hui.

Enfin, culturellement la Turquie appartient à une civilisation différente par ses valeurs de celle de l'Europe chrétienne issue de l'Antiquité gréco-romaine, de l'humanisme de la Renaissance, des idées des Lumières et de la Révolution française de 1789. Là aussi la géographie y a laissé son empreinte car tout sépare un espace, européen, façonné par l'héritage judéo-chrétien qui a su dissocier le spirituel du temporel d'un autre espace, moyen-oriental, modelé par l'Islam.

**           **

Il faut donc accepter l'évidence: ni géographiquement, ni historiquement, ni culturellement la Turquie n'est un pays européen. C'est un fait intangible, incontournable qui s'impose à tous et nos gouvernants seraient bien inspirés – par simple bon sens – de l'admettre et de le dire. Ce serait faire preuve de sagesse politique et, s'ils en sont incapables, qu'ils demandent son avis au peuple directement concerné car il s'agit de son avenir et de celui de l'Europe. Que les peuples européens soient consultés.

turquie-europe-troie-277x300.jpgEnsuite, dans la crise actuelle des flux migratoires massifs qui sévit depuis plus d'un an et qui submerge l'Europe après avoir provoqué l'éclatement de Schengen et mis en évidence l'incompétence et la passivité criminelles des dirigeants de l'Union européenne, la Turquie ne peut pas être considérée comme un partenaire pour résoudre un problème majeur qui résulte précisément d'une action délibérée et mûrement réfléchie de sa part.

Il faut bien comprendre que la Turquie – pays ami et allié militaire au sein de l'OTAN, pays laïc depuis près d'un siècle par la volonté d'un homme, Atatürk, visionnaire imprégné des principes de 1789, nourri par les auteurs des Lumières et par Napoléon, qui imposa par la force  «l'européanisation» de son pays – n'a plus rien de commun avec celle de M. Erdogan et des islamistes au pouvoir aujourd'hui. En effet, deux phrases prononcées par ces deux dirigeants turcs pourraient résumer leur philosophie et leur action à l'opposé l'une de l'autre :

– «Les peuples non civilisés sont condamnés à rester dans la dépendance de ceux qui le sont. Et la civilisation, c'est l'Occident, le Monde moderne dont la Turquie doit faire partie si elle veut survivre. La nation est décidée à adopter exactement et complètement, dans le fond et dans la forme, le mode de vie et les moyens que la civilisation contemporaine offre à toutes les nations. » C'est ce que s'est attaché à réaliser Atatürk et qui s'est perpétué jusqu'au début des années 2000.

Mais cette longue période pourrait ne représenter qu'une parenthèse de l'histoire de ce pays et n'être plus désormais qu'un souvenir en raison de la réislamisation de la société engagée par M. Erdogan qui rêve du retour de la puissance ottomane rétablissant le califat :

– «Les minarets sont nos baïonnettes, les coupoles nos casques et les mosquées nos casernes.» C'est ainsi que dès le début des révolutions survenues dans le monde arabo-musulman avec le «printemps arabe» la Turquie, ainsi que l'Arabie saoudite et le Qatar ont soutenu activement les djihadistes notamment d'Al-Nosra, Ahrar-al-Sham, Ghouraba-al-Sham et Fatah-al-Islam avec pour objectif le renversement du régime laïc du président Bachar el Assad contribuant, de ce fait, au développement de la guerre civile sur le territoire de la Syrie.

La Turquie est donc responsable, pour partie, comme tous ceux qui soutiennent les djihadistes, des 250 000 morts attribués au seul président syrien ainsi que de l'exode du peuple syrien vers le Liban, la Jordanie et la Turquie, et, depuis plusieurs mois, vers l'Europe. On peut même affirmer que l'invasion migratoire que subit l'Europe depuis plusieurs mois a été non seulement favorisée mais programmée par la Turquie avec deux autres partenaires, la Libye et l'État islamique. La Turquie avait en effet des comptes à régler avec l'UE qui avait bloqué, depuis deux ans, les négociations de sa candidature. Cette punition imposée à l'Europe, qui s'est elle-même affaiblie et privée de toute défense, constitue une attaque sans précédent des nations européennes, visant la déstructuration en profondeur de nos sociétés et de leurs valeurs avec une arme redoutable, la démographie.

La Turquie, qui considère être en position de force aujourd'hui, ne contiendra donc pas le flot des migrants qui sera bientôt complété par celui des citoyens turcs, dès la suppression prochaine des visas obtenue dans l'accord UE/Turquie. Elle accentuera son avantage dans l'optique de son projet de rétablissement de la puissance ottomane, voire de reconquête avec une arme capable de transformer à terme les sociétés : la démographie.

Enfin, la Turquie n'est pas un allié dans la lutte contre l'État islamique. En effet, deuxième armée de l'OTAN, vassale des États-Unis, la Turquie est engagée, avec d'autres, depuis l'émergence du «printemps arabe» , dans un combat visant à faire tomber le régime syrien de Bachar-el Assad, régime laïc ce qui est insupportable pour des musulmans, notamment d'obédience sunnite. Alors, les dirigeants turcs participent non seulement indirectement mais directement au soutien des différentes factions islamistes et djihadistes et de l'État islamique. La situation géographique de la Turquie en a fait un passage géostratégique exploité par ses dirigeants pour le transfert des djihadistes venus des pays d'Europe et d'Asie. Par ailleurs, des livraisons et des ventes d'armes ont lieu ainsi que des soins sanitaires prodigués aux djihadistes blessés dans des hôpitaux en échange de pétrole. D'ailleurs, des journalistes turcs d'opposition ont été récemment inculpés pour avoir dévoilé et publié des articles sur ces livraisons d'armes par les services secrets turcs. En outre, des membres des forces spéciales turques sont engagés dans la partie nord de la Syrie en soutien de factions djihadistes turkmènes. La Turquie fait croire qu'elle participe à la lutte contre l'État islamique alors que dans cette guerre ses seuls objectifs sont le renversement du régime syrien actuel et l'affaiblissement, voire la neutralisation des milices kurdes qui se battent contre les djihadistes et qui sont considérées comme un danger sur le plan politique pour l'État turc.

Mais d'autres développements récents de cette guerre confirment bien que la Turquie n'est certainement pas un allié dans la lutte contre l'État islamique. En effet, elle s'est opposée à la Russie dès l'engagement direct de cette dernière en Syrie contre l'État islamique. Cet engagement russe a provoqué des changements notables sur le terrain en desserrant notamment l'étau qui s'exerçait sur les troupes du régime syrien. Il faut également mentionner qu'au cours d'une des missions exécutées par l'aviation russe, dans le nord-ouest de la Syrie, contre des milices turkmènes, une dizaine de membres des forces spéciales turques engagées aux côtés des djihadistes ont été tués. Et c'est ce qui a conduit à l'incident au cours duquel un chasseur-bombardier russe a été abattu par l'aviation turque. Contrairement aux allégations turques, l'avion russe évoluait dans l'espace aérien syrien, à proximité de la frontière turque et ce sont deux F-16 turcs qui ont pénétré dans le ciel syrien. Il s'agit, en fait, d'une mesure de représailles décidée après la perte des membres des forces spéciales turques.

Comble d'hypocrisie et de cynisme, certaines sources de renseignement confirment que le Pentagone avait été tenu informé de cette opération programmée et que Ankara a consulté Washington avant d'abattre l'avion russe. Doit-on en conclure que les États-Unis ne souhaitent pas la mise sur pied d'une coalition unique avec une Russie trop déterminée aux avant-postes dans la lutte contre l'État islamique ? Cela ne mettrait-il pas en évidence l'emploi ambigu de l'OTAN au seul service des intérêts géopolitiques et géostratégiques des États-Unis hostiles au retour de la Russie sur la scène internationale... ?

Général (2s) Antoine Martinez
7/12/2015

mardi, 15 décembre 2015

The neocon psychopaths are driving the world towards extinction

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The neocon psychopaths are driving the world towards extinction

My warning that the neoconservatives have resurrected the threat of nuclear Armageddon, which was removed by Reagan and Gorbachev, is also being given by Noam Chomsky, former US Secretary of Defense William Perry, and other sentient observers of the neoconservatives' aggressive policies toward Russia and China.

Daily we observe additional aggressive actions taken by Washington and its vassals against Russia and China. For example, Washington is pressuring Kiev not to implement the Minsk agreements designed to end the conflict between the puppet government in Kiev and the break-away Russian republics.

Washington refuses to cooperate with Russia in the war against ISIS. Washington continues to blame Russia for the destruction of MH-17, while preventing an honest investigation of the attack on the Malaysian airliner. Washington continues to force its European vassals to impose sanctions on Russia based on the false claim that the conflict in Ukraine was caused by a Russian invasion of Ukraine, not by Washington's coup in overthrowing a democratically elected government and installing a puppet answering to Washington.

The list is long. Even the International Monetary Fund (IMF), allegedly a neutral, non-political world organization, has been suborned into the fight against Russia. Under Washington's pressure, the IMF has abandoned its policy of refusing to lend to debtors who are in arrears in their loan payments to creditors. In the case of Ukraine's debt to Russia, this decision removes the enforcement mechanism that prevents countries (such as Greece) from defaulting on their debts. The IMF has announced that it will lend to Ukraine in order to pay the Ukraine's Western creditors despite the fact that Ukraine has renounced repayment of loans from Russia.

Michael Hudson believes, correctly in my view, that this new IMF policy will also be applied to those countries to whom China has made loans. The IMF's plan is to leave Russia and China as countries who lack the usual enforcement mechanism to collect from debtors, thus permitting debtors to default on the loans without penalty.

In other words, the IMF is presenting itself, although the financial media will not notice, as a tool of US foreign policy.

What this shows, and what should concern us, is that the institutions of Western civilization are in fact tools of American dominance. The institutions are not there for the noble reasons stated in their founding documents.

The bottom line is that Western Capitalism is simply a looting mechanism that has successfully suborned Western governments and all Western "do-good" institutions.

As in George Orwell's '1984', the IMF is dividing the world into warring factions — the West vs. the BRICS.

To avoid the coming conflict that the neoconservatives' pursuit of American hegemony is bringing, the Russians have relied on fact-based, truth-based diplomacy. However, neocon Washington relies on lies and propaganda and has many more and much louder voices. Consequently, it is Washington's lies, not Russia's truth, that most of the Western sheeple believe.

In other words, Russia was misled by believing that the West respects and abides by the values that it professes. In fact, these "Western values" are merely a cover for the unbridled evil of which the West consists.

The Western peoples are so dimwitted that they have not yet understand that the "war on terror" is, in fact, a war to create terror that can be exported to Muslim areas of Russia and China in order to destabilize the two countries that serve as a check on Washington's unilateral, hegemonic power.

The problem for the neocon unilateralists is that Russia and China-although misinformed by their "experts" educated abroad in the neoliberal tradtion, people who are de facto agents of Washington without even knowing it-are powerful military powers, both nuclear and conventional. Unless Russia and China are content to be Washington's vassal states, for the neoconservatives, who control Washington and, therefy, the West, to press these two powerful countries so hard can only lead to war. As Washington is not a match for Russia and China in conventional warfare, the war will be nuclear, and the result will be the end of life on earth.

Whether ironic or paradoxical, the US is pushing a policy that means the end of life. Yet, the majority of Western governments support it, and the insouciant Western peoples have no clue.

But Putin has caught on. Russia is not going to submit. Soon China will understand that US dependency on China's workforce and imports is not a protection from Washington's aggression. When China looks beyond its MIT and Harvard miseducated neoliberal economists to the writing on the wall, Washington is going to be in deep trouble.

What will Washington do? Confronted with two powerful nuclear militaries, will the crazed neocons back off? Or will their confidence in their ideology bring us the final war?

This is a real question. The US government pays many Internet trolls to ridicule such questions and their authors. To see the people who sell out humanity for money, all you have to do is to

read the comments on the numerous websites that reproduce this column.

Nevertheless, the question remains, unanswered by the Western presstitute media and unanswered by the bought-and-paid-for stooges in the US Congress and all Western "democracies."

Indications are that Russia has had enough of American arrogance. The Russian people have elevated a leader as they always do, and which Western countries seldom, if ever, do. The West has triumphed by technology, not by leadership. But Vladimir Putin is Russia's choice of a leader, and he is one. Russia also has the technology and a sense of itself that no longer exists in the diversified West.

obama_more_of_the_same_warmonger.jpgThere is nothing like Putin anywhere in the West, over which presides a collection of bought-and-paid-for-puppets who report to private interest groups, such as Wall Street, the military-industrial complex, the Israel Lobby, agribusiness, and the extractive industries (energy, mining, timber).

At the 70th Anniversary of the United Nations (September 28), Putin, backed by the President of China, announced that half of the world no longer accepts American unilateralism. Additionally, Putin said that Russia can no longer tolerate the state of affairs in the world that results from Washington's pursuit of hegemony.

Two days later Putin took over the fight against ISIS in Syria.

Putin, still relying on agreements with Washington, relied on the agreement that Russia would announce beforehand its attacks on ISIS installations in order to prevent any NATO-Russian air encounters. Washington took advantage of this trust placed in Washington by Russia, and arranged for a Turkish jet fighter to ambush an unsuspecting Russian fighter-bomber.

This was an act of war, committed by Washington and Turkey, and thereby Washington's European NATO vassal states against a nuclear power capable of exterminating all life in every one of the countries, including the "superpower US."

This simple fact should make even the American super-patriots, who wear the flag on their sleeve, wonder about the trust they place in "their" government and in Fox "news," CNN, NPR, and the rest of the presstitutes who continually lie every minute of every broadcast.

But it won't. Americans and Europeans are too insouciant. They are locked tightly in The Matrix, where the impotent creatures are content to live without understanding reality.

Realizing that it is pointless to attempt to communicate to the Western sheeple, who have no input into their government's policy, Putin now sends his message directly to Washington.

Putin's message is loud and clear in his order directed against any US/NATO operations against Russia in its Syrian operations against ISIS:
Any targets threatening the Russian groups of forces or land infrastructure must be immediately destroyed.
Putin followed up this order with another order to the Russian Defense Ministry Board:
Special attention must be paid to strengthening the combat potential of the strategic nuclear forces and implementing defense space programs. It is necessary, as outlined in our plans, to equip all components of the nuclear triad with new arms.
 
Russia's Defense Minister Sergei Shoigu reported at the Defense Ministry meeting that 56 percent of Russia's nuclear forces are new and that 95 percent are at a permanent state of readiness. The few Western news sources that report these developments pretend that Russia is "saber-rattling" without cause.

To make it clear even for the insouciant Western populations, everything that Reagan and Gorbachev worked for has been overthrown by crazed, demented, evil American neoconservatives whose desire for hegemony over the world is driving the world to extinction.

These are the same bloodthirsty war criminals who have destroyed seven countries, murdered, maimed, and displaced millions of Muslim peoples, and sent millions of refugees from the neocon wars into Europe. None of these war criminals are protected from terrorist attack. If the alleged "Muslim threat" was real, every one of the war criminals would be dead by now, not the innocent people sitting in Paris cafes or attending parties in California.

Neocons are the unhumans who created on purpose the "war against terror" in order to gain a weapon against Russia and China. You can witness these unhumans every day on talk TV and read them in the Weekly Standard, National Review, the Wall Street Journal, the New York Times, the British, German, Australian, Canadian, and endless Western newspapers.

In the West lies prevail, and the lies are driving the world to extinction. An expert reminds us that it only takes one mistake and 30 minutes to destroy life on earth.

The views expressed in this article are solely those of the author and do not necessarily reflect the official position of Sputnik.

Changer radicalement de politique? Oui mais comment?

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Changer radicalement de politique? Oui mais comment?

par Jean Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Ce soir au 2e tour des élections régionales, les discours de tous les dirigeants politiques proclament à l'envie que le gouvernement comme leurs propres formations doivent se donner des objectifs marquant un changement radical. Mais aucun d'entre eux ne précise en quoi devrait consister ce changement. Ils ont pourtant eu au moins une semaine pour préparer des propositions de fond.
 
Puisqu'aucun d'eux ne l'a fait, et que François Hollande on peut le craindre ne le fera pas davantage, que l'on nous permette de reprendre les propositions que nous avons plusieurs fois formulées sur ce site. Celles-ci  recueillent un accord presque unanime de notre comité de rédaction comme des lecteurs qui nous font part de leur opinion.

Les priorités devraient être les suivantes, par ordre d'importance:

1. Emploi et développement

- Consacrer dans les prochaines années au moins 100 milliards d'investissement par an dans les technologies et industries du futur. Cela résoudra ce faisant très largement les problèmes d'emploi.

- Pour financer ces investissements, obtenir de la Banque centrale européenne qu'elle dégage au profit de la France les euros nécessaires. Rien ne l'empêchera d'ailleurs d'en faire autant pour d'autres Etats. L'euro ne s'en porterait pas plus mal. Cela ne pourrait en aucun cas générer un cycle inflationniste, mais au contraire un cercle vertueux investissement- retombées productives.

- Si l'Union européenne s'y refuse, décider que la France le fera seule, en s'affranchissant autant que de besoin des règles de l'union monétaire et de l'Union européenne. Elle mettra en oeuvre, comme elle l'a fait pour le Pacte dit de Sécurité un nouveau Pacte dit de Développement Productif.

2. Sécurité

- Refuser toute augmentation des migrations venant des pays du Proche et Moyen Orient, au delà d'un contingent maximum assimilable ne dépassant pas quelques milliers d'individus par an.

- Continuer à renforcer les moyens de l'armée, de la police et de la justice, renforcement aujourd'hui à peine esquissé.

3. Politique internationale

- Se rapprocher immédiatement de la Russie et en deuxième lieu de la Chine, représentants du Brics, pour convenir de politiques conjointes de développement industriel et de recherche scientifique (une partie des 100 milliards visés ci-dessus pouvant leur être affectée). Parallèlement des politiques de défense coordonnées devraient être mises en place, dans les domaines où ces pays, comme la France, sont également menacés.

- Ne plus tenir compte ce faisant des menaces, chantages et campagnes d'intimidation en vue de provoquer un changement de régime que les Etats-Unis réservent à tout pays souhaitant s'affranchir un tant soit peu de leur domination.

***


Inutile d'en dire plus dans cet article, sauf à souligner que, selon nous, de tels changements de politique répondraient certainement aux attentes de la plupart des électeurs, y compris de ceux du Front National (qui représentent ne l'oublions pas ce soir près de 40% de l'électorat). Ils devraient aussi mobiliser les abstentionnistes. Manifestement ceux-ci ne trouveront pas dans la quasi-reconduction des politiques actuelles des raisons pour aller voter lors des prochaines élections nationales et présidentielle.

 

Régionales 2015: Défaite des Républicains, échec du Front National

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Régionales 2015: Défaite des Républicains, échec du Front National

par Thomas Ferrier

Ex: http://thomasferrier.hautetfort.com

Ce dimanche, je suis donc allé faire mon devoir citoyen. L’affiche du candidat de droite était à moitié déchirée, la tête du candidat du Front National recouverte de peinture noire et celle du candidat socialiste, qui s’est maintenu contre l’avis de l’appareil PS, affublée d’une moustache hitlérienne et du mot « collabo ». C’est dire si l’hystérie « antifasciste » qui a occupé tout l’appareil politico-médiatique depuis une semaine est forte. Cette manipulation collective téléguidée depuis Solférino fait insulte à notre démocratie.

Au final, elle a été payante. Le Front National échoue à s’emparer d’une seule région et en pourcentage, même s’il progresse en nombre de voix, il ne progresse guère, même en duel. Marine Le Pen est battue dans un rapport 42/58 par Xavier Bertrand (LR) tout comme Marion Maréchal Le Pen (44/56 face à Christian Estrosi). Et même en triangulaire, Florian Philippot échoue face à la droite (47/36 en faveur de Philippe Richert). Enfin, en Languedoc-Roussillon-Midi, Louis Aliot n’obtient que 34% des voix environ, la droite ayant même renforcé sa troisième place (21.5% environ contre 18% au premier tour). Aucun vote utile en sa faveur n’a finalement eu lieu.

La droite est également punie pour avoir joué la stratégie du PS. Si elle gagne bien les trois régions au détriment du FN grâce au désistement du PS, ce qui en fait aussi son otage, elle en aurait laissé filer au moins deux autres. Le PS aurait ainsi gagné cinq régions, alors que les sondages à l’origine ne lui en promettaient que trois, et ce grâce au maintien d’un FN fort, notamment dans le Centre et en Franche-Comté/Bourgogne. Toutefois, les résultats à cette heure sont encore très serrés. La Normandie serait finalement gagnée par la droite par une avance de seulement 0.3% des voix (Hervé Morin).

Les Franciliens auront en revanche su se préserver d’un retour du PS, Valérie Pécresse ayant de justesse (44 contre 42%) battu Claude Bartolone, dont les propos europhobes (« anti-blancs ») ont été ainsi sanctionnés. En effet, le candidat FN perd quatre points (de 18.2 à 14.2%) en faveur de la droite. Le vote utile n’a visiblement fonctionné qu’en Ile de France.

La droite « la plus bête du monde » en la personne de Nathalie Koscziusko-Morizet a même réussi à considérer les résultats de ce soir comme une « grande victoire » alors que c’est une défaite puisque la gauche s’en sort finalement très bien, alors que son bilan gouvernemental est catastrophique et que tous les signaux sont au rouge. Quant aux malheureuses victimes des crimes islamistes, elles sont oubliées. Aucune leçon n’aura été apprise et la sanction du premier tour aura été vite oubliée.

Au final, le Front National, même s’il augmente nettement le nombre de ses voix et surtout le nombre de ses conseillers régionaux, a échoué. La progression de la participation a globalement joué contre lui. Cette mobilisation plus ou moins artificielle au nom d’une « république » fantasmée et gravement dénaturée lui aura été fatale. Même si Marine Le Pen a réussi à relever le niveau du plafond de verre de plus de dix points, sa dédiabolisation a montré ses limites. Elle porte malgré elle une tunique de Nessus dont elle est incapable de se débarrasser malgré les nombreuses concessions de forme mais aussi de fond qu’elle a acceptées. Cela donne en partie raison à son père, même si les provocations rhétoriques ne sauraient constituer une alternative crédible non plus.

elections-regionales-france2015-3ec91ce55a1bd3e76e6b091e38e111b4600b35e8-506x660.jpgOn voit mal comment, alors que son parti est incapable de gagner un second tour dans deux des régions qui lui sont le plus favorables, elle serait capable de gagner les présidentielles en 2017, même en ayant 30% des voix au premier tour. La leçon est donc amère, même si officiellement les dirigeants du parti estiment que ces résultats sont une victoire. Le fait de n’avoir emporté aucune région pose question quant à la définition qu’ils donnent du mot « victoire ». En politique, les symboles comptent davantage que des données statistiques. C’est l’échec d’une stratégie (le « tout national ») et d’une ligne (la dénonciation de l’UMPS). Marion Maréchal-Le Pen réussit toutefois mieux que sa tante (45% chez elle contre 42% chez la seconde).

Plusieurs leçons à son sujet peuvent être tirées :

-    d’abord que la diabolisation médiatique de ce parti, malgré ses nouvelles personnalités et son nouveau discours, est encore efficace. Son programme anxiogène en matière économique et inutilement europhobe n’a certes pas contribué à améliorer son image.

-    ensuite que le cadre national est verrouillé et qu’il est absurde de s’entêter à ne voir de salut politique que dans ce seul cadre. Le cadre européen serait davantage prometteur pour un mouvement adoptant alors une ligne plus identitaire et « remigrationniste », puisque c’est ainsi qu’il est de toute façon perçu par ses électeurs naturels, malgré ses dénégations et ses appels inaudibles à bénéficier aussi du soutien électoral de « banlieues patriotes » composées de « compatriotes musulmans ».

-    enfin qu’il n’y a pas et il n’y aura pas de solution nationale et que 2017 n’est pas un véritable enjeu électoral. La solution ne peut être qu’européenne. Le problème est que pour le moment, en l’absence d’un parti identitaire européen, renforcé et médiatisé, il n’y a simplement aucune solution sur le terrain. Mais au moins l’espoir de l’émergence d’un tel parti et de son succès éventuel existe-t-il encore.

Dans une France où la droite au sens large est très majoritaire, la gauche continue de dominer électoralement et fait mieux que de limiter la casse. Ces élections régionales ont par ailleurs montré que dans le cadre actuel, et malgré des évènements dramatiques, le système se défend bien. Au prix des règles élémentaires de la démocratie. Que le FN après tout ait été à la tête de plusieurs régions, par la volonté des électeurs, où il aurait pu montrer sa compétence ou son incompétence, n’était pas scandaleux. Et le fait que les listes du PS aient eu le droit de se retirer, ce qui est contraire aux principes mêmes de ces élections régionales, est proprement scandaleux. Nous noterons que le candidat du PS dans l’Est, Jean-Pierre Masseret, a eu raison de se maintenir contre la décision de Cambadélis (PS) puisque la région n’a pas été gagnée par le FN et que la gauche y sera donc représentée, ce qui ne sera le cas ni dans le Nord, ni en Provence.

Thomas Ferrier (PSUNE/LBTF)

Addendum: Les nationalistes corses (menés par Gilles Simeoni), clairement identitaires dans l'âme, remportent le second tour avec 35.4% des voix contre 28.5% pour le PS, 27.1% pour la droite et 9.1% pour le FN. Néanmoins ils ne disposeront que de 24 sièges et devront donc trouver des alliés.

L’œuvre d’Hergé: un parcours cyclique

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L’œuvre d’Hergé: un parcours cyclique

par Daniel COLOGNE

Scénariste de bande dessinée, déjà biographe d’Hergé dans la collection « Qui suis-je ? » des éditions Pardès, Francis Bergeron retrace à nouveau le parcours du créateur de Tintin dans un excellent ouvrage, Hergé, le voyageur immobile. Géopolitique et voyages de Tin, de son père Hergé, et de son confesseur l’abbé Wallez.

 

« Voyageur immobile », Hergé ne précède pas son héros dans les lieux où il l’envoie. Il se fonde sur une documentation parfois approximative. Par exemple, le Maroc du Crabe aux pinces d’or est fortement « algérianisé » (Louis Blin).

 

Hergé s’inspire de divers contextes géopolitiques : les tensions du Moyen-Orient (Tintin au pays de l’or noir), le conflit sino-japonais (Le Lotus bleu), l’Anschluss (Le Sceptre d’Ottokar), la guerre entre la Bolivie et le Paraguay rebaptisé San Theodoros et Nuevo Rico (L’Oreille cassée).

 

Parmi les 25 « prêtres, curés et moines » mentionnés par Francis Bergeron et gravitant dans l’entourage d’Hergé, l’abbé Norbert Wallez est le plus important. Ainsi sont justifiés le titre et le sous-titre d’un livre qui recueille ma totale adhésion dans le récit des phases ascendantes et descendantes du cycle créatif hergéen.

 

Georges Rémi naît à Bruxelles le 22 mai 1907. Dès l’âge de 15 ans, il publie ses premiers dessins dans des revues proches du scoutisme. Il fait ses études secondaires au Collège Saint-Boniface (banlieue Sud de Bruxelles). À l’époque, on désigne encore ce cycle d’enseignement par l’expression « les humanités ». Il prend très vite pour pseudonyme l’inversion phonétique de ses initiales. Il entre comme employé au quotidien Le Vingtième Siècle, que dirige l’abbé Wallez.

 

Le prêtre crée un supplément destiné à la jeunesse. Tintin apparaît en 1929 dans Le Petit Vingtième. Ses premières aventures l’entraînent « au pays des Soviets » et au Congo belge, colonie 80 fois plus étendue que sa métropole. Ce sont des albums commandés par l’abbé Wallez, anticommuniste virulent et chaud partisan de la présence belge en Afrique subsaharienne.

 

Le milieu d’où Hergé est issu cultive une vision où l’Occident catholique, l’Europe coloniale et la race blanche sont au centre du monde. Mais l’artiste s’émancipe peu à peu de cette tutelle et, dans Tintin en Amérique, il défend les Peaux-Rouges victimes des compagnies pétrolières.

 

Un des principaux mérites de Francis Bergeron est la mise en lumière des sources littéraires d’Hergé : en l’occurrence, l’indianiste Paul Coze.

 

Tintin s’embarque ensuite pour un périple à travers l’Égypte, l’Arabie, l’Inde et la Chine, à la façon d’un Albert Londres ou d’un Joseph Kessel, dans ces années 1930 qui constituent l’âge d’or de la profession de grand reporter.

 

Une autre inspiration d’Hergé, Henry de Montfreid, apparaît dans Les Cigales du Pharaon. Francis Bergeron rappelle opportunément l’influence d’un livre comme Les Secrets de la Mer Rouge sur l’imagination de plus en plus féconde d’Hergé.

 

L’auteur souligne aussi combien les intrigues demeurent peu structurées jusqu’au Lotus bleu, premier d’une série de chefs-d’œuvre. Le rôle de l’ami Tchang est bien connu et il convient plutôt d’épingler le magistère moins notoire du Père Neret, qui met Hergé en garde contre les idées fausses qui courent sur les Chinois.

 

Le scénario des albums suivants devient de plus en plus élaboré tandis que, dans L’Oreille cassée, Tintin rencontre l’ethnologue Ridgewell, qui a décidé de finir ses jours parmi les Arumbayas, tribu fétichiste perdue au fin fond de la jungle amazonienne.

 

Dans L’Étoile mystérieuse, Tintin entreprend une expédition polaire avec son nouvel ami le capitaine Haddock (rencontré dans Le Crabe aux pinces d’or) et une brochette de savants.

 

Ceux-ci ne composent qu’une infime partie de l’impressionnante quantité d’hommes de science que Tintin côtoie, qui pratiquent les disciplines les plus diverses et dont on peut regretter que Francis Bergeron ne les énumère pas dans l’une de ses intéressantes  annexes : Siclone, Fan Se Yang, Halambique, Ridgewell, Topolino, le brave professeur Tournesol et le méchant docteur Müller, les sept profanateurs du tombeau inca, Baxter et Wolff.

 

Sur ce dernier personnage, je m’autorise un désaccord avec l’auteur, mais je ne m’y attarde pas plus que sur l’erreur d’appellation du sosie sioniste de Tintin (Goldstein, et non Finkelstein, dans Tintin au pays de l’or noir).

 

Car ces points de détail sont dérisoires en comparaison du brio avec lequel Francis Bergeron nous amène à la période des « chefs-d’œuvre absolus » : les deux diptyques s’achevant par la découverte de deux trésors, celui de Rackham le Rouge et celui des Incas.

 

Vient ensuite pour Hergé le temps des épreuves : le ridicule harcèlement des épurateurs, la dépression nerveuse, la cure psychanalytique, les fissures de son couple, la rencontre d’une seconde épouse de 27 ans sa cadette et un sentiment de culpabilité, voire une obsession de la pureté perdue que d’aucuns décryptent dans Tintin au Tibet, « l’œuvre au blanc ».

 

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Les intrigues perdent de leur force. Benoît Peeters a beau avoir écrit un livre entier sur Les Bijoux de la Castafiore, force est d’admettre que le scénario est quasi inexistant. Au hasard d’une promenade, Tintin découvre un camp tzigane établi près du château de Moulinsart. Il se laisse bercer par les violons nostalgiques de ces nomades, qui ne sont pas « tous des voleurs », comme le prétendent stupidement les Dupondt. Hergé confirme que son itinéraire singulier est un plaidoyer pour une humanité plurielle. Tintin explore les diverses couches culturelles de l’Amérique précolombienne, se fait un excellent ami dans un émirat arabe, rend hommage à son adversaire japonais Mitsuhiroto qui préfère le suicide au déshonneur, laisse à toute une famille chinoise un souvenir gravé dans les cœurs « comme dans le cristal le plus pur ».

 

À partir de L’Affaire Tournesol, Hergé se laisse gagner par un désenchantement parallèle à un tarissement progressif de son inspiration. Tintin renvoie dos à dos les « bons » Syldaves d’autrefois et les « mauvais » Bordures de toujours, car les uns et les autres veulent s’approprier une invention du brave Tryphon à des fins guerrières. Il ne reconnaît plus son vieil ami Alcazar devenu, dans le très faible Tintin et les Picaros, aussi cupide que son sempiternel rival Tapioca.

 

Je suis moins indulgent que Francis Bergeron envers le diptyque lunaire de 1952 – 1953. Le rythme du récit et l’effort de « suspense » ne reposent que sur deux éléments : le chantage exercé sur Wolff (pour des dettes de jeu, et non pour un passé nazi) et l’intrusion d’un passager clandestin dans la fusée (Jorgen, alias Boris, malfaiteur récurrent déjà actif dans Le Sceptre d’Ottokar).

 

Mais je partage avec Francis Bergeron la perception des années 1943 – 1948 comme l’apogée du cycle créatif d’Hergé. L’artiste a 38 ans en 1945. Il est au milieu de son existence. Il mourra le 4 mars 1983. Le Secret de la Licorne et Le Trésor de Rackham le Rouge sont les onzième et douzième albums d’une œuvre qui en totalise 23.

 

Vainement cherché au large des Caraïbes, le trésor se trouve dans une mappemonde qui surmonte une statue de saint Jean. La découverte a lieu dans la crypte du château de Moulinsart. Loin de l’Église de Pierre chère à l’abbé Wallez, nous sommes aux portes de l’Église de Jean et de son ésotérisme qui évoquent plutôt certaines obédiences maçonniques.

 

Aux antipodes des préjugés catholiques, colonialistes et racistes de sa sphère d’origine, le message d’Hergé se résume en une scène d’anthologie extraite du Temple du Soleil.

 

Tintin vole au secours du petit Indien Zorrino brutalisé par d’odieux descendants des conquistadores. Huascar, grand prêtre inca, observe discrètement la scène. Il comprend que Tintin n’est pas un ennemi de sa race. Il lui donne un talisman protecteur avant de fomenter contre lui un attentat ferroviaire. La confrontation des cultures ne se fait pas sans violence, mais la fraternisation finale s’opère dans le climat chevaleresque du culte de la parole donnée. Le grand Inca fait cesser les souffrances des sept savants victimes de magie noire pour avoir violé la sépulture de Rascar Capac. De leur côté, Tintin, Haddock et Tournesol jurent de ne jamais dévoiler en Europe l’emplacement du Tempe du Soleil. Grâce soit rendue à Francis Bergeron de nous avoir fait revivre les aventures qui ont enchanté notre jeunesse.

 

Daniel Cologne

 

• Francis Bergeron, Hergé, le voyageur immobile. Géopolitique et voyages de Tin, de son père Hergé, et de son confesseur l’abbé Wallez, Atelier Fol’Fer (BP 20047, F – 28260 La Chaussée d’Ivry), 2015, 180 p., 16 € (+ 3,70 € de frais de port).


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lundi, 14 décembre 2015

Syrie: une guerre économique!

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Syrie: une guerre économique!

Entretien avec Bernard Stiegler

Ce qui se passe en Syrie et ses conséquences en France sont le résultat d’une guerre économique qui détruit des sociétés entières, selon le philosophe Bernard Stiegler.

par  

Ex: http://lactualite.com

Il fut un temps où Bernard Stiegler cambriolait des banques. Jusqu’au jour où ce Français fut condamné à cinq ans de prison. Ce qui lui permit de suivre des cours de philosophie par correspondance. Il est aujourd’hui directeur de l’Institut de recherche et d’innovation, à Paris. (Photo: 123RF)

En mettant l’ouvrier chinois en concurrence avec l’ouvrier européen, en abandonnant les valeurs collectives au profit de la spéculation, nous avons créé les germes du chaos actuel, dit le philosophe Bernard Stiegler. L’actualité s’est entretenu avec lui.

François Hollande dit que la France est en guerre; avez-vous le sentiment d’être en guerre?

stiegler_telecratie.gifNon. En tout cas, ce n’est pas ma guerre. Si je devais mener une guerre, ce ne serait pas celle-là. Tout ce qui se passe en ce moment relève d’une guerre économique dont on ne parle pas — même si elle fait énormément de dégâts et détruit des villes entières, des sociétés entières. Ce qui se passe en Syrie et ses conséquences en France en sont le résultat.

Vous êtes un ex-militant communiste, vous avez «fait» Mai 68 et braqué des banques. Vous comprenez la motivation des djihadistes en France?

C’est compliqué de vous répondre. Si j’affirme que je comprends, cela veut presque dire que j’approuve, alors que non, je n’approuve absolument pas. Oui, je crois qu’il y a des causalités que l’on peut expliquer et combattre. Il y a des explications à tout ça. Ce n’est pas du tout une fatalité. Je ne veux pas dire «comprendre», parce que cela veut aussi dire approuver d’une certaine manière ou pardonner. Je ne dirais pas ça. Mais «expliquer», oui. On peut parfaitement expliquer ce qui se passe, ce qui signifie qu’on peut lutter contre ça — et certainement pas en déclarant l’état d’urgence. Si moi, je suis en guerre, c’est contre la bêtise. Ce n’est pas seulement Daech qui produit ces gens-là ; c’est nous aussi. Il est important de rappeler que beaucoup de ces jeunes désespérés — y compris de nombreux Européens de souche — n’ont pas de pratique religieuse et n’en ont jamais eu.

Quand vous évoquez une guerre économique, vous parlez du chô­mage en France ou du pétrole au Proche-Orient?

Je parle de la disruption, c’est-à-dire le capitalisme spéculatif à l’échelle planétaire, qui consiste à mettre les pays en concurrence les uns avec les autres, à mettre en concurrence l’ouvrier chinois et l’ouvrier européen ou américain, qui bientôt n’aura plus d’emploi. Tout ça crée un système totalement autodestructeur, parce qu’il n’est plus solvable.

«Disruption» serait-il un synonyme de «révolution industrielle»?

Non, des révolutions industrielles, il y en a eu plusieurs, et ce n’étaient pas des disruptions. Ce qu’on appelle la disruption, c’est ce qui doit «saisir» [NDLR: au sens de sidérer] la société en allant beaucoup plus vite qu’elle pour qu’elle ne puisse pas, elle-même, s’approprier l’innovation technologique. L’innovation — c’est ce que dit Bertrand Gille dans son Introduction à l’histoire des techniques — a longtemps consisté à socialiser la technique sans détruire la société. La manière dont les sociétés s’emparaient de la technique augmentait le potentiel de ce qu’on appelait autrefois les structures sociales (le langage, la famille, l’éducation, etc.).

Depuis une trentaine d’années, cela a changé, sous l’effet de la révolution néoconservatrice, qui a posé comme principe que le capitalisme occidental devait renoncer à la production et se contenter de contrôler la finance, ce qui a conduit au capitalisme spéculatif, l’«économie casino», qui a craqué en 2008.

La disruption repose sur une accélération de l’innovation; n’était-elle pas inévitable?

Si, c’est ce que je crois. Ce qui n’est pas inévitable, c’est la manière de la pratiquer. Il est tout à fait possible de pratiquer cette accélération pour qu’elle ne détruise pas les systèmes sociaux, mais qu’on mette plutôt le Web, qui a accéléré tout ça, au service de leur transformation.

Vous avez dit être inquiet pour l’avenir de vos propres enfants. Quel conseil leur avez-vous donné en matière d’emploi?

De ne plus chercher d’emploi! De plutôt réfléchir en fonction du travail. C’est évident que l’emploi va massivement régresser. Je crois qu’il va devenir marginal. Ce n’est pas forcément très grave. Ce qu’il faut, c’est réinventer le travail, redonner aux gens la possibilité de produire des choses originales. Aujourd’hui, l’emploi, c’est ce qui est standardisé, prolétarisé. Comme on peut remplacer cette soumission par des robots, on met les gens à la porte. Par contre, la société de demain aura besoin d’intelligence collective pour s’attaquer à des sujets comme le réchauffement climatique, une question d’extrême urgence.

La vraie leçon de la COP21, c’est que le salut passe par le nucléaire!

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La vraie leçon de la COP21, c’est que le salut passe par le nucléaire!

Par Aymeric Chauprade,

député français au Parlement européen.

Ex: http://aymericchauprade.com

La COP 21 se termine et a été l’occasion d’un immense lavage de cerveau médiatique qui visait à promouvoir le solaire, l’éolien, l’usage de la biomasse et l’efficacité énergétique. On nous a asséné des reportages sur le Costa-Rica ou El Hierro, des exemples en aucun cas transposables aux besoins des pays industriels et des pays émergents. On a oublié de nous révéler la réalité du contre-exemple énergétique allemand : l’Allemagne, même en décroissance démographique, n’arrivera pas à sortir du nucléaire et du charbon pour sa production électrique laquelle devra reposer sur des importations ; elle n’arrivera donc pas à décarboner les secteurs non électrifiés de son économie. Sa production électrique perturbe déjà les réseaux électriques de tous ses voisins.


La vérité est qu’il est impossible de subvenir aux besoins du monde en s’appuyant sur les seules sources définies politiquement comme renouvelables. Paradoxalement, la COP se sera déroulée dans un pays qui a démontré premièrement que le nucléaire pouvait faire diminuer durablement et massivement les émissions de CO2, deuxièmement que le nucléaire est renouvelable lorsque le réacteur Phénix recycle quatre fois son combustible.

Malheureusement, le nucléaire continue de faire l’objet d’une désinformation de la part de nombreux médias en Europe. L’exemple de Fukushima est éclairant : l’accident a été associé aux 20 000 victimes d’un tsunami, alors même que les populations n’ont pas reçu de doses significatives de radiations, seulement quelques millisieverts, c’est à dire bien en-deça du seuil de risque. Les rejets de la centrale japonaise ne perturbent pas la radioactivité naturelle de l’océan, mais ceci n’a pas été audible car la radioactivité naturelle reste un tabou dans nos établissements scolaires. Enfin la surface de la zone évacuée au Japon devrait être comparée à la surface rendue inconstructible par les éoliennes et les mines de lignites. La superficialité du traitement médiatique est trahie aussi par l’amalgame fait entre la centrale de Fukushima et nos réacteurs français. Le simple examen du système physique montre pourtant trois différences importantes : l’écoulement du réfrigérant, la neutralisation de l’hydrogène en l’absence d’électricité, et la filtration des rejets.

La conclusion objective est que nos réacteurs, dont la sécurité a de surcroît évolué depuis leur construction, n’auraient pu provoquer un accident similaire. Si donc des réacteurs datant des années 60 ne provoquent pas de victimes des radiations, on peut être confiant dans les nôtres.

Toute argumentation non antinucléaire reste cependant interdite en France : le remarquable film La promesse de Pandore qui décrit le parcours d’écologistes américains convertis au nucléaire n’a ainsi trouvé aucun distributeur en France.

Quatre grands climatologues sont venus nous rappeler que seul le déploiement du nucléaire peut résoudre le problème climatique. Pratiquement, il s’agirait de construire dans le monde 2000 réacteurs REP et CANDU en 20 ans, puis 12 000 surgénérateurs entre 2040 et 2100. A côté d’un déploiement raisonnable de l’éolien et du solaire, le réchauffement serait ainsi limité à la fourchette 2,4 à 2,8°C. Pour descendre encore plus bas, entre 2,0 et 2,4 °C, il faut des émissions négatives, c’est à dire stocker massivement du CO2 issu de la combustion de la biomasse, approximativement la masse que l’on extrait du combustible fossile aujourd’hui. Et c’est une autre affaire compte-tenu de la croissance de la population mondiale !

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Christophe Guilluy: «Le FN est le baromètre de l’inaction des partis au pouvoir»

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Christophe Guilluy: «Le FN est le baromètre de l’inaction des partis au pouvoir»

Ex: http://www.polemia.com

Entretien réalisé par le Figaro avec Christophe Guilluy dans l’édition du 9 décembre 2015 et présenté par Michel Leblay pour Polémia.

Christophe Guilluy, consultant auprès de collectivités locales et d’organismes publics, se présente comme « géographe »

♦ Christophe Guilluy, dont les travaux sont connus sur la sociologie du vote en faveur du Front national, analyse les différentes fractures qui expliquent ce vote. Outre celle qui sépare les métropoles de ce qu’il appelle la France périphérique, il y a la fracture culturelle liée à l’immigration qui l’emporte sur la fracture sociale mais il y a aussi, point très important, la fracture entre les générations. Les jeunes votent très majoritairement pour les listes de droite et du FN. Enfin, dernier élément et non des moindres, au sein des jeunes générations, il remarque la fracture identitaire, en cours, entre la jeunesse issue de l’immigration (avec un vote spécifique qui apparaît : Union des démocrates musulmans) et cette jeunesse habitant « les territoires ruraux et périurbains ».

guilluyFractures-francaises_4753.jpegLe vote pour le Front national se révèle une expression identitaire qui prévaut sur la question sociale, laquelle néanmoins s’y ajoute. Cette expression est plus forte parmi la jeunesse que chez les plus anciens. Enfin, elle se heurte à celle de jeunes issus de l’immigration, qui opposent leur propre culture musulmane à celle du pays d’accueil.

La France est confrontée à deux défis majeurs : sa situation économique et l’immigration.

La situation économique résulte de la rupture du modèle de croissance de l’après-guerre intervenue au milieu des années soixante-dix. Elle est à l’origine d’un chômage de masse. Dans un entretien télévisé du 20 janvier 1967, Georges Pompidou déclarait : « Nous devons considérer l’emploi comme un problème permanent ; en permanence en France il y aura un problème de l’emploi ; en permanence on devra veiller à ce que l’emploi soit assuré aux Français. Si un jour on atteint les 500.000 chômeurs, ce sera la révolution. »

Le chiffre de 500.000 chômeurs a été multiplié, statistiquement par sept, certainement plus dans la réalité. Pour autant, il n’y a pas eu de révolution ; seulement, depuis 1981, une alternance politique entre les partis traditionnels, aux élections générales. Le basculement politique, avec la montée du Front national, est venu de l’immigration et de ses conséquences ; en témoigne, notamment, le sondage d’Opinion Way publié le 7 décembre dernier au lendemain des élections régionales.

Parmi les motivations de leur vote, les électeurs du FN se prononcent à 74% pour la sécurité et à 76% pour l’immigration. L’idéologie marxiste réduisant l’histoire à la lutte des classes est bien morte.


L’entretien

LE FIGARO – Quelle est votre lecture du scrutin ?

Christophe GUILLUY – D’élection en élection, on s’aperçoit que la France périphérique (celle des petites villes, des villes moyennes et des zones rurales) est un phénomène réel, qui se cristallise. Cette grille de lecture sociale et spatiale explique la recomposition politique à laquelle on assiste depuis deux décennies. La carte politique traditionnelle s’efface au profit d’une dichotomie entre la France périphérique où vit 60% de la population et la France des métropoles, qui se renforce dans toutes les régions, y compris celles où le FN a fait un score plus faible – par exemple, en Bretagne, où le parti de Marine Le Pen a fait 18% : un score modeste par rapport à la moyenne nationale, mais très important pour le FN dans cette région.

guilluyLivre.jpgExiste-t-il désormais deux France ?

La dynamique provient des zones rurales, des petites villes et des agglomérations de taille moyenne, où se concentre la grande majorité des classes populaires et situées à l’écart des métropoles mondialisées. Le FN, à lui seul, capte près des trois quarts des votes des classes populaires. Il est logiquement surreprésenté sur ces territoires. Les logiques économiques accentuent cette rupture entre ces deux France puisque désormais l’essentiel des créations d’emploi se concentrent dans les grandes villes, et qu’au contraire l’emploi se désertifie dans la France périphérique. Ainsi, pour la première fois dans l’histoire, les catégories populaires ne vivent pas là où se crée l’emploi. Cette situation se renforce au rythme de l’évolution du prix du foncier, ce qui contribue à ce que les grandes métropoles, et les gagnants de la mondialisation, s’enferment, telles des citadelles médiévales, derrière le mur invisible de l’argent.

Peut-on parler d’une fracture générationnelle?

56% des moins de 35 ans ont voté pour les listes de droite ou du FN. Chez les 18-24 ans, la droite et le FN atteignent même 61% des suffrages ! En fait, nous le disions avec le sociologue Serge Guérin depuis des années : le vieillissement de la population est le rempart au vote « populiste ». Un sondage Ipsos réalisé après les attentats montre que les plus de 60 ans sont deux fois moins tentés par le vote FN en raison des attentats que les plus jeunes : 5,7% contre 10,6% chez les 35-59 ans. Une partie d’entre eux sont effrayés par les propositions économiques du FN, notamment la sortie de l’euro. Il y a une vraie cohérence de classe dans le vote de la jeunesse. Les jeunes de la France périphérique touchés par le chômage, la précarité et la fin de l’ascension sociale ne votent pas comme les jeunes de la bourgeoisie urbaine mondialisée. Cependant, il existe deux jeunesses populaires : celle des banlieues et celle des territoires ruraux et périurbains. La réislamisation de la jeunesse de banlieue est parallèle au réveil identitaire des jeunes de milieux populaires de la France périphérique. Le vecteur n’est pas la religion mais le vote FN, car cette France est largement déchristianisée.

C’est le fameux clivage culturel…

Les classes populaires se déplacent d’abord pour protester contre l’immigration. Si leur premier ressort était la question sociale, ils voteraient pour le Front de gauche. Les catégories modestes s’inquiètent de la montée du chômage et de la dégradation du modèle social, mais également de l’insécurité culturelle, conséquence d’une instabilité démographique liée à l’intensification des flux migratoires. Nous assistons en fait au retour du conflit social et du conflit culturel. Le rêve de la mondialisation heureuse et d’un « peuple Benetton » a échoué ; cet échec est en train de revenir à la face des partis traditionnels avec une force sans précédent. Des attentats au vote FN, c’est la fin du rêve d’une société mondialisée et apaisée.

Croyez-vous à « un réveil citoyen » ?

Le fameux « réveil citoyen des abstentionnistes » qui iraient à mains nues faire barrage au FN fait partie de la pensée magique des partis de gouvernement et plus généralement des classes dominantes. La réalité, c’est que le profil sociologique de l’abstentionniste est le même que celui de l’électeur du FN. Le gros bataillon des votants de LR (retraités et bourgeoisie traditionnelle) ou du PS (fonctionnaires et bourgeois urbains) sont des couches qui ont toujours voté. S’il y a une réserve de voix chez les abstentionnistes, elle se trouve du côté du FN.

Le FN est un baromètre qui mesure l’inaction des partis au pouvoir. Il est la conséquence de l’amplification de la fracture sociale, spatiale et identitaire. En estimant que le vote FN est impulsif, l’expression d’une colère irréfléchie, on dénie aux classes populaires le droit de faire leur propre diagnostic. En faisant intervenir Pierre Gattaz, Laurence Parisot, BHL ou Dany Boon pour dire que le FN n’est pas républicain, économiquement nul ou crypto-fasciste, on fait progresser une défiance qui s’étend aussi aux médias et aux élites.

Va-t-on vers une recomposition politique ?

Le vote FN devrait continuer à progresser. A terme, cela provoquera soit l’implosion des partis traditionnels, soit leur recomposition interne. Sur le terrain, on observe que les élus locaux sont conscients des réalités ; ils ne sont pas déconnectés des problèmes des gens comme peuvent l’être les caciques des partis. Pourquoi, dès lors, les habitants n’ont-ils pas voté pour eux ces dernières élections ? Parce qu’ils ont compris que ces élus n’avaient aucun pouvoir au sein de leur propre parti et que les décisions étaient prises par les ténors qui sont élus dans les grandes métropoles. S’ils ne veulent pas être balayés par le FN, les élus de la France périphérique devront porter le fer à l’intérieur de leur appareil et faire naître des consensus au-delà des frontières partisanes… Si le PS et les Républicains assument leur statut de partis des grandes métropoles, il y a des places pour d’autres partis à côté du FN pour représenter la France périphérique. La consolidation d’un parti musulman en banlieue n’est pas à exclure non plus. On note que l’Union des démocrates musulmans français a réalisé une percée dans certaines villes de Seine-Saint-Denis ou des Yvelines.

Christophe Guilluy
Propos recueillis par Alexandre Devecchio et Eléonore de Vulpillières

9/12/2015

Source : Figarovox/Grand entretien,

Correspondance Polémia – 11/12/2015

Image : Christophe Guilluy, Crédits photo : Sébastien SORIANO/Le Figaro

Eschatology of the Russian-Turkish conflict

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Eschatology of the Russian-Turkish conflict

Netwars
Ex: http://www.katehon.com

Orthodox solidarity

On November 26th, 2015 in the center of Athens, protestors burned the US and Turkish flags at a pro-Russian rally. A similar rally was held in Bulgaria. Both countries are Turkey’s neighbors and historical adversaries, and are populated mostly by Russia’s coreligionists.

The recent events in the Middle East increased anti-Turkish sentiments among Christian Orthodox peoples within post-Byzantine space: Greeks, Serbs, Bulgarians and Romanians. The increasing tensions led many people in the region and in other Christian Orthodox countries, including Russia, to refer to the prophecies of Orthodox Saints about war between Russia and Turkey.

Orthodox prophesies

Elder Paisius of Mt. Athos and many other Orthodox saints, including Saint Cosmas of Aetolia, have prophesied that modern Istanbul will once again become Orthodox, and most probably within our lifetime. According to the prophecy, Turkey will lead a war against Russia, and will be defeated and dismembered.

According to Saint Paisius, in the war between Russia and Turkey, the Turks will at first believe they are winning, but this will lead to their destruction. The Russians, eventually, will win and take over Constantinople. After that, it will be given to Greece.

The saints predict that a third of the Turks will go back to where they came from, the depths of Turkey. Another third will be saved because they will become Christians, and the other third will be killed in this war.

The most important prophesy that is believed, which can most clearly be justified right now, is that Turkey will be dissected into three or four parts, and one of the parts will belong to an independent Kurdistan.

The position of Radical Islamists

From the point of view of Sunni-radicals, the recent events will be followed by the Great War, where Russia will fight against Muslims as the force of Dajal (the Antichrist).

They support Turkish Islamic President Erdogan in his possible fight against Russia. They strongly oppose Iran, and perceive Shia-Muslims as heretics. So the Russian-Shia alliance is perceived by them as an Apocalyptic threat.

The view of Continental Islam

The prominent contemporary Islamic scholar Sheikh Imran Hosein rejects this opinion, and urges Muslims to return Constantinople to the Orthodox Christians. He says it will come back after the Great War, where the forces of true Islam will fight alongside Orthodox Christians against Turkey. That prediction is based on the next arguments:
· From his point of view, Russia is Rūm of the Qur’an, mentioned in Surat ar-Rum, and that it will be the ally of true believing Muslims against the Dajjal (Antihrist). In his interpretation Rum (derived from Rome) is the Third Rome, Russia and Christian Orthodox civilization that succeed Byzantium, the Second Rome, and not the Occident.
· The Ottoman Empire and Turkey always was an instrument of Dajjal and the Judeo-Christian or Atheist West, in the fight against authentic Islam and Orthodoxy. The conquest of Constantinople according to the Prophet Muhammad would occur at the end times.
· Therefore the 1453 conquest of Constantinople by Sultan Muhammad Fatih had nothing to do with the prophecy.
· Wahhabi petro-states of the Persian Gulf as well as pseudo-Islamic extremists are heretics of the Muslim world and were created with the help of the Atlanticist powers. And as heretics they will fight on the side of Dajjal in the coming war.

According to Imran Hosein, a giant army of Islamic non-fundamentalist states (Iran, Egypt, Syria) will attack and defeat Turkey. It will be the Malhama (great war) prophesied by the Prophet Muhammad, that will lead to the conquest of Constantinople. After the victory of true Muslims, the city will be returned to Orthodox Christians. After that, both armies will fight against the Dajjal who will be backed by the modern Occident and Israel in the land of Syria.

The view of American Dispensationalists

American radical Protestants have always perceived Russia as an Apocalyptic threat. This view is based on their interpretation of Ezekiel 38 – 39. This group is very strong in the US and in the American elite. They believe that Russia is the Biblical Magog and that together with Persia (Iran), Israel will be attacked and invaded, the latter of which will be backed by American Protestants.

The strengthening Russian presence in the Middle East is considered by them as an imminent threat, and in any potential war they believe that Russia is Satan’s force.

Strange Alliances

It is strange, but the fact that despite the religious differences in beliefs of American Protestant pro-Israel fundamentalists and Sunni-radicals, their views regarding Russia are very close. Both think and act as though Russia and Iran are their eschatological enemy. Both believe that they will fight in an Armageddon battle against Russia. This issue reveals the Atlanticist nature of modern Sunni radicalism. Driven by these views, Islamists always will be a tool in the hands of Atlanticists.

On the other side are the forces of traditionalist Islam, that is more pro-Russian than pro-Western. Its geopolitical eschatology almost coincides with the Christian Orthodox one. This creates space for the forging of another alliance, an alliance of the Orthodox World and Traditional Islam.

Toenadering Putin tot Israël; Turkije vormt anti-Russisch blok met Oekraïne

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Toenadering Putin tot Israël; Turkije vormt anti-Russisch blok met Oekraïne
 
Ex: http://xandernieuws.punt.nl

Putin: ‘Alles wat onze troepen in Syrië bedreigt zal onmiddellijk worden vernietigd’ 

Turks-Oekraïens blok tegen Rusland 

Tijdens een toespraak roemde de Russische president Vladimir Putin de samenwerking van zijn luchtmacht met de Israëlische (1). Internationale analisten stellen dat Putin Israël nooit kwaad zal doen vanwege de ruim 1 miljoen Russisch sprekende inwoners van de Joodse staat. In Israël steken velen hun bewondering voor Putin niet onder stoelen of banken, vooral omdat hij –in tegenstelling tot hun eigen premier Netanyahu- vastbesloten tegen Turkije durft op te treden. Tegelijkertijd gaan de potentiële toekomstige EU-lidstaten Turkije en Oekraïne militair samenwerken om een vuist tegen Rusland te kunnen maken. De NAVO zal deze ontwikkeling met instemming begroeten, overduidelijk niet beseffende dat Putin het meende toen hij zei dat ‘als oorlog onvermijdelijk is, ik geleerd heb dat je dan als eerste moet toeslaan.’

Sinds eind jaren ’90 emigreerden ruim een miljoen Russen naar Israël, wat van grote invloed op de Joodse staat is geweest. Veel Russische politicologen vragen zich zelfs hardop af of het feit dat 18% van de Israëlische bevolking inmiddels Russisch spreekt betekent dat het land nu ‘feitelijk een deel van Rusland is geworden’. Ook als deze vraag niet met ‘ja’ kan worden beantwoord, dan nog is Israël een proces van ‘Russificatie’ ondergaan, ongeveer zoals Europa door miljoenen moslims wordt geïslamiseerd.

‘Putin zal Israël nooit kwaad doen vanwege 1 miljoen Russen’

Op veel sociale media en populaire blogs werd dan ook met grote instemming gereageerd op de harde reactie van Putin op het neerschieten van een van zijn bommenwerpers boven Syrië door Turkse F-16’s. Ondanks het feit dat de Russen in Syrië ook Iran en Hezbollah –verklaarde vijanden van Israël- steunt in hun strijd tegen de moslimrebellen die Assad willen afzetten, zijn ook analisten de mening toegedaan dat Putin zelf nooit ruim 1 miljoen Russisch sprekenden leden van ‘zijn volk’ in Israël zal bedreigen, mede omdat die een belangrijke rol in de Israëlische politiek zijn gaan spelen.

Goed voorbeeld is Avigdor Lieberman, voormalig minister van Buitenlandse Zaken en leider van de Russisch-Israëlische partij Yisrael Beytenu. Lieberman staat bekend vanwege zijn vriendschap met Putin, en verklaarde laatst dat de crisis tussen Turkije en Rusland niet moet worden gebruikt om de slechte verhouding met Erdogan te verbeteren, zoals sommige politieke partijen voorstelden. ‘Dat is een dom idee, want het is nog steeds hetzelfde Turkije.’ (2)

Militaire samenwerking Turkije - Oekraïne

Datzelfde Turkije gaat militair samenwerken met het illegale anti-Russische regime van Oekraïne, dat na een door het Westen veroorzaakte staatsgreep aan de macht kwam. De Turkse wapenfabrikant ASELSAN gaat in samenwerking met het staatsbedrijf Ukroboronprom Oekraïense tanks moderniseren. De afspraken tussen beide landen komen kort nadat Moskou na het neerschieten van de Su-24 door Turkije alle militaire samenwerking met Ankara opzegde. (3)

Erdogan zoekt al sinds het begin van de burgeroorlog in Oekraïne toenadering tot Kiev, omdat er op de Krim, dat zich na een referendum bij Rusland aansloot, een grote groep etnische Turken, de zogenaamde ‘Krim-Tartaren’, woont. De Russen vochten in het verleden tal van oorlogen uit met het toenmalige Turks-Ottomaanse Rijk, dat Erdogan met behulp van de NAVO en de EU uit alle macht probeert te herstellen.

Putin: Alle bedreigingen worden vernietigd

In een TV-toespraak zei Putin gisteren dat hij ‘extreem harde actie’ heeft bevolen ‘tegen iedere bedreiging van onze troepen in Syrië. Zulke doelen moeten onmiddellijk worden vernietigd.’ Dit was overduidelijk gericht aan het adres van NAVO-lid Turkije. Tegelijkertijd onthulde de Russische president dat hij met zijn Amerikaanse collega Obama is overeengekomen samen het Free Syrian Army te ondersteunen. Daarmee zou een oplossing voor het Syrische conflict mogelijk dichterbij zijn gekomen. (4)

Onafhankelijkheidsoorlog gewonnen met Russische wapens

De toenadering tussen Rusland en Israël hoeft niet als een volslagen verrassing te komen als naar de geschiedenis wordt gekeken. De pas geboren Joodse staat had de onafhankelijkheidsoorlog tegen de Arabieren in 1948-1949 vermoedelijk nooit kunnen winnen als Sovjetleider Joseph Stalin de Joden geen wapens had gegeven om tegen het door Britse (!) generaals aangevoerde Arabische invasieleger te kunnen vechten.

Stalin stond weliswaar bekend als een felle antisemiet, maar besloot toch om Israël te steunen, vermoedelijk omdat hij hoopte de Joodse staat tot Russische vazalstaat tegen het Britse Rijk te maken, dat toen nog over grote delen van het Midden Oosten heerste. Na het verdwijnen van Stalin koos de Sovjet Unie tientallen jaren lang juist partij voor Israëls Arabische vijanden –zo werd PLO-terrorist Yasser Arafat door de KGB getraind-, maar na de val van het communistische imperium begon een periode van hernieuwde toenadering, die versnelde nadat Israël ruim een miljoen Russen tot het land toeliet. (5)

Gog = Turkse leider, geen Russische

Westerse Bijbel- en profetie uitleggers, die altijd beweerd hebben dat Rusland de grote vijand ‘Gog uit Magog’ is die in de eindtijd Israël zal binnenvallen, zouden nu toch eindelijk eens onder ogen moeten durven zien dat hun theorieën misschien wel helemaal verkeerd zijn. Sowieso hebben zij altijd de historische feiten tegen zich gehad, omdat ‘Gog’ in Ezechiël 38 tevens de prins van ‘Meschech en Tubal’ wordt genoemd. En die plaatsen lagen in het huidige Turkije, niet in Rusland.

Het foutieve ‘Gog = Rusland’ scenario is onder andere gebaseerd op de tekst waarin staat dat deze –ook wel ‘antichrist’ genoemde- leider uit het ‘verre noorden’ komt. Bekende uitleggers beweerden altijd dat er maar één grote macht in het ‘verre’ of ‘uiterste’ noorden ligt: Rusland. Deze theorie heeft nog een paar andere grote gaten:

* Deze ‘experts’ trekken op een platte wereldkaart een rechte lijn naar het noorden, en komen dan in Moskou uit. Echter, de wereld is rond. Op een ronde bol gaat een rechte lijn naar het noorden vanuit Jeruzalem niet door Rusland, maar dwars door... Ankara, de hoofdstad van Turkije (en overigens ook door Oekraïne):

 

* ‘Gog’ komt volgens de Bijbel plotseling aan zijn eind als hij met zijn legermacht Israël is binnengevallen. Kort hiervoor wordt hij opgeschrikt door ‘geruchten uit het noorden’ (en oosten). Hoe kan Gog Rusland zijn, als er noordelijk van Rusland enkel nog de noordpool is te vinden? Als Gog inderdaad Turkije is, dan wordt het gezien de toenemende spanningen tussen beide landen alleen maar logischer dat juist de Russen de oorzaak zijn van de ‘geruchten uit het noorden’. Bovendien staat er ook uit ‘het oosten’, wat heel goed kan duiden op China.

Westen aan de verkeerde kant, namelijk van de islam?

* In dit scenario staat het Westen als het niet oppast aan de verkeerde kant – en ook daar zijn alle tekenen van aanwezig. Turkije is NAVO-lid, en de gevestigde orde in de EU en VS hebben overduidelijk de Soennitische islam tot partner gekozen.

Dit uit zich niet alleen in het bondgenootschap met Saudi Arabië en de Arabische Golfstaten en het steunen van islamitische terreurgroepen (eerst in Libië, daarna in Syrië, maar ook de Moslim Broederschap in Egypte, en bovendien is bewezen dat ISIS een creatie is van de CIA, de Turken en de Saudi’s), maar ook door het islamiseren van Europa door het binnenhalen van miljoenen moslim migranten. Daarnaast stelt met name de EU zich onder de snel groeiende invloed van al die moslims steeds vijandiger tegen Israël op.

Xander

(1) DEBKA
(2) Deutsche Wirtschafts Nachrichten
(3) Deutsche Wirtschafts Nachrichten
(4) DEBKA
(5) Ynet News

dimanche, 13 décembre 2015

L’OTAN héberge l’État Islamique

Source : Insurge Intelligence

Ex: http://www.les-crises.fr

Pourquoi la guerre nouvelle génération de la France contre l’État islamique est une mauvaise plaisanterie et une insulte aux victimes des attaques de Paris

« Nous nous tenons aux côtés de la Turquie dans ses efforts pour la protection de sa sécurité nationale et dans son combat contre le terrorisme. La France et la Turquie sont du même côté dans le cadre de la coalition internationale engagée contre le groupe terroriste ÉI. »

Déclaration du ministre français des affaires étrangères, juillet 2015

Le massacre du 13 novembre à Paris restera, comme le 11 septembre, un moment décisif dans l’histoire mondiale.

L’assassinat de 129 personnes et les blessures de plus de 352 autres, par des sbires de « l’État Islamique » (ISIS) frappant simultanément différentes cibles au cœur de l’Europe, marquent un changement radical dans la menace terroriste.

Pour la première fois, une attaque rappelant celle de Bombay s’est produite en Occident – la pire attaque en Europe depuis des décennies. Une première qui a déclenché une réponse apparemment proportionnée de la France : la déclaration d’un état d’urgence national, du jamais vu depuis la guerre d’Algérie en 1961.

ISIS a ensuite menacé d’attaquer Washington et New York.

En attendant, le président Hollande a appelé les dirigeants de l’UE à suspendre les accords de Schengen sur l’ouverture des frontières, pour permettre d’importantes restrictions à la liberté de déplacement en Europe. Il exige aussi l’adoption par l’UE du système dit des “données des dossiers passagers” (PNR), qui permettra aux services de renseignements de pister les voyages des Européens, en plus d’une prolongation de l’état d’urgence pour au moins trois mois.

Pendant toute cette durée, la police française peut bloquer n’importe quel site web, assigner des gens à résidence sans procès, perquisitionner sans mandat, et empêcher des suspects d’en rencontrer d’autres s’ils sont considérés comme des menaces.

« Nous savons que d’autres attentats sont en préparation, pas seulement contre la France, mais aussi contre d’autres pays européens, » a déclaré le premier ministre français Manuel Valls. « Nous allons avoir à vivre longtemps avec cette menace terroriste. »

Hollande prévoit de renforcer les pouvoirs de la police et des services de sécurité grâce à une nouvelle législation antiterroriste et d’apporter des modifications à la Constitution qui mettraient l’état d’urgence permanent au cœur de la politique française. “Il nous faut un outil approprié que l’on puisse utiliser sans avoir à recourir à l’état d’urgence,” a-t-il expliqué.

En écho aux lois martiales à l’intérieur des frontières, Hollande a rapidement intensifié l’action militaire à l’étranger, en lançant 30 attaques aériennes sur une douzaine de cibles à Raqqa, capitale de facto de l’État islamique.

L’engagement provocant de la France, selon Hollande, est de “détruire” l’ÉI.

Le remous provoqué par les attaques en terme d’impact sur les sociétés occidentales sera probablement permanent. De la même manière que le 11 septembre a vu l’émergence d’une nouvelle ère de guerre perpétuelle contre le monde musulman, les attaques du 13 novembre à Paris sont déjà en train de provoquer une phase nouvelle et résolue dans cette guerre permanente : une nouvelle ère de Vigilance Permanente, dans laquelle les citoyens sont des complices indispensables de l’État policier, promulgué au nom de la défense d’une démocratie rongée par l’acte même qui est censé la défendre, la Vigilance Permanente.

La surveillance généralisée sur le plan intérieur et l’intervention militaire extérieure perpétuelle sont les deux faces d’une même sécurité nationale qu’il faut tout simplement développer le plus possible.

“La France est en guerre,” a affirmé Hollande devant les parlementaires français réunis au château de Versailles.

“Nous ne sommes pas engagés dans une guerre de civilisation, parce que ces assassins n’en représentent aucune. Nous sommes dans une guerre contre le terrorisme djihadiste qui menace le monde entier.”

Les amis de nos ennemis sont nos amis

Une absence flagrante cependant se remarquait dans la déclaration de guerre faite d’un ton décidé par Hollande. Aucune mention n’y était faite du plus gros tabou : le soutien des états.

Les passeports syriens découverts près des corps de deux auteurs supposés des attentats à Paris étaient, selon la police, des faux, vraisemblablement fabriqués en Turquie.

Plus tôt cette année, le quotidien turc Meydan a rapporté que, selon une source ouïgoure, plus de 100 000 faux passeports turcs ont été donnés à l’ÉI. Ce chiffre, selon le Bureau Militaire des Études Étrangères (FSMO) de l’armée américaine, est probablement exagéré, mais semble confirmé “par des Ouïghours arrêtés avec de faux passeports turcs en Thaïlande et en Malaisie.”

Une autre confirmation vint d’un rapport du correspondant de Sky News Arabia, Stuart Ramsey, qui révéla que le gouvernement turc certifiait les passeports de militants étrangers qui franchissaient la frontière turco-syrienne pour rejoindre l’ÉI. Ces passeports, obtenus grâce à des combattants kurdes, portait le tampon officiel de la police des frontières turque, ce qui indique que l’entrée de ces militants de l’ÉI en Syrie étaient parfaitement connue des autorités turques.

Le FSMO résume le dilemme auquel fait face le gouvernement Erdogan : “Si le pays prend des mesures contre les passeports illégaux et les militants qui traversent le pays, ceux-ci pourraient prendre la Turquie pour cible. Cependant, si la Turquie laisse perdurer l’état actuel des choses, ses relations diplomatiques avec d’autres pays et sa situation politique internationale vont tourner à l’aigre.”

Ce n’est que le début. Un responsable occidental de haut rang, bien au fait d’un vaste ensemble de renseignements obtenus cet été grâce à un important raid dans un refuge de l’ÉI, a déclaré au Guardian que “des relations directes entre officiels turcs et haut membres de l’ÉI sont maintenant ‘indéniables’.”

Ce même responsable a confirmé que la Turquie, membre de longue date de l’OTAN, soutient non seulement l’ÉI, mais aussi d’autres groupes djihadistes, y compris Ahrar al-Cham et Jabhat al-Nosra, des groupes affiliés à al-Qaïda en Syrie. “La différence qu’ils établissent [avec d'autres groupes d'opposition] est particulièrement ténue,” déclara aussi celui-ci. “Il ne fait aucun doute qu’ils coopèrent militairement avec chacun d’eux.”

Dans un rare aperçu de ce soutien étatique éhonté à l’ÉI, Newsweek a rapporté il y a un an le témoignage d’un ancien technicien en communications de l’ÉI, qui était parti en Syrie pour combattre le régime de Bachar el-Assad.

L’ancien combattant de l’ÉI a raconté à Newsweek que la Turquie autorisait les camions de l’ÉI provenant de Raqqa à “franchir la frontière, traverser la Turquie puis franchir à nouveau la frontière pour attaquer les Kurdes syriens dans la ville de Serekaniye, au nord de la Syrie, en février.” Les militants de l’ÉI pouvaient librement “traverser la Turquie en convoi,” et s’arrêter “dans des lieux sûrs tout au long du chemin.”

L’ancien technicien en communications de l’ÉI a aussi admis qu’il avait régulièrement “mis en relation des capitaines sur le terrain et des commandants de l’ÉI de Syrie avec des personnes en Turquie en d’innombrables occasions,” ajoutant que “les gens à qui ils parlaient étaient des officiels turcs… Les commandants de l’ÉI nous ont dit que nous n’avions rien à craindre parce que la coopération avec les Turcs était totale.”

En janvier, des documents officiels de l’armée turque authentifiés ont ‘fuité’ sur internet, ils montraient que les services de renseignement turcs avaient été surpris par des officiers à Adana alors qu’ils transportaient en camion des missiles, des mortiers et des munitions anti-aériennes “destinés à l’organisation terroriste al-Qaïda” en Syrie.

Selon les autres suspects de l’ÉI en procès en Turquie, les services secrets turcs (MIT) ont commencé la contrebande d’armes, y compris celles de l’OTAN, avec les groupes djihadistes en Syrie dès 2011.

Ces accusations ont été corroborées par un procureur et un témoignage en justice d’officiers de la police militaire turque qui ont confirmé que les services de renseignement turcs livraient des armes aux djihadistes syriens depuis 2013 et jusqu’à 2014.

Des documents ayant ‘fuité‘ en septembre 2014 ont montré que le prince saoudien Bandar ben Sultan a financé des expéditions d’armes destinées à l’ÉI en passant par la Turquie. Un avion clandestin venant d’Allemagne a livré des armes à l’aéroport d’Etimesgut en Turquie et la livraison a été répartie en trois conteneurs, dont deux ont été délivrés à l’ÉI.

Un rapport de l’Institut Turc des Statistiques (TurkStat) a confirmé que le gouvernement a fourni pendant cette période pour au moins un million de dollars d’armes aux rebelles syriens, ce qui contredit les dénégations officielles. On peut compter parmi ces armes des grenades, de l’artillerie lourde, des canons anti-aériens, des armes à feu, des munitions, des fusils de chasse, ainsi que d’autres armes. Mais l’institut a refusé de préciser à quels groupes ont bénéficié ces envois.

Des informations de même nature sont apparues séparément. Il y a tout juste deux mois, la police turque a perquisitionné dans un journal ayant révélé comment le directeur des douanes local avait approuvé des envois d’armes de la Turquie vers l’ÉI.

La Turquie a également joué un rôle clé en rendant possible un élément vital pour l’expansion de l’ÉI : la vente de pétrole sur le marché noir. Des hommes politiques de haut rang et des sources des renseignements en Turquie et en Irak confirment que les autorités turques ont largement facilité les ventes de pétrole de l’ÉI à travers le pays.

L’été dernier, un homme politique de l’opposition a estimé le montant des ventes de pétrole de l’ÉI en Turquie à près de 800 millions de dollars. C’était il y a plus d’un an.

Cela signifie que la Turquie a facilité à ce jour la vente au marché noir de pétrole par l’ÉI pour une valeur supérieure à un milliard de dollars.

Selon Martin Chulov, du Guardian, il n’existe aucune “économie autosuffisante” pour l’ÉI contrairement aux affirmations fantaisistes du Washington Post et du Financial Times dans leurs dernières pseudo-enquêtes :

” … les camions-citernes transportant le pétrole brut issu des raffineries de fortune arrivent toujours à la frontière turco-syrienne. Un membre de l’ÉI estime que l’organisation est encore loin d’avoir établi une économie autosuffisante dans la région de la Syrie et de l’Irak qu’elle contrôle. “Ils ont besoin des Turcs. Je suis au courant de beaucoup de collaborations, et ça m’effraie,” dit-il. “Je ne vois pas comment la Turquie peut attaquer l’organisation sérieusement. Ils partagent les mêmes intérêts.”"

Des hauts dirigeants de l’AKP ont reconnu l’ampleur du soutien du gouvernement à l’ÉI.

Le quotidien libéral turc Taraf a cité un fondateur de l’AKP, Denigr Mir Mehmed Firat, qui a admis : “Dans le but d’affaiblir les développements à Rojava (province kurde en Syrie), le gouvernement a fait des concessions à des groupes extrémistes religieux et les a armés… Le gouvernement soignait les blessés. Le ministre de la santé aurait dit : “c’est une obligation humaine de soigner les blessés de l’ÉI.”

L’article rapporte aussi que les militants de l’ÉI reçoivent habituellement des soins médicaux dans les hôpitaux du sud-est turc – y compris le bras droit d’al-Baghdadi.

Dans le Hurriyet Daily News, le journaliste Ahu Ozyurt a décrit le choc qu’il a reçu en apprenant les “sentiments pro-ÉI des poids lourds de l’AKP” à Ankara et au-delà, y compris “l’admiration pour l’ÉI de quelques hauts fonctionnaires civils, même à Şanliurfa. Ils sont comme nous, combattant contre sept grandes puissances dans la Guerre d’Indépendance,” dit l’un. Plutôt que le PKK en face, je préférerait avoir l’ÉI comme voisin, ” dit un autre.”

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Pendant ce temps, les dirigeants de l’OTAN feignent l’indignation et les savants pontes libéraux continuent de se gratter la tête, perplexes devant l’extraordinaire résistance et l’inexorable expansion de l’ÉI.

Sans surprise, les bombardements turcs anti-ÉI ont largement été des gestes symboliques. Sous couvert de combattre l’ÉI, la Turquie en a largement profité pour bombarder les forces kurdes du Parti de l’Union Démocratique (YPG) en Syrie et le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) en Turquie et en Irak. Pourtant, ces forces sont largement reconnues comme les plus efficaces dans le combat sur le terrain de l’ÉI.

En attendant, la Turquie a bien du mal à contrecarrer quasiment chaque effort américain pour s’opposer à l’ÉI. Cet été, lorsque le Front al-Nosra – branche d’al-Qaïda en Syrie – a pu kidnapper 54 combattants à peine sortis du programme à 500 millions de dollars d’entraînement et d’équipement des rebelles syriens “modérés” mis en place par le Pentagone, ce fut à cause d’un ‘tuyau’ des services de renseignement turcs.

Le double jeu de la Turquie a été confirmé à Mac Clatchy par de nombreuses sources rebelles, mais nié par un porte-parole du Pentagone, qui déclara, en se voulant rassurant :

“La Turquie est un pays allié de l’OTAN, un ami proche des États-Unis et un membre important de la coalition internationale.”

Et tant pis si la Turquie a facilité la vente de près d’un milliard de dollars de pétrole de l’ÉI.

Selon un officier de la division 30 entraînée par les États-Unis qui a eu accès à des informations sur l’incident, la Turquie tentait “d’amplifier l’incident pour exagérer le rôle des islamistes de Nosra et Ahrar dans le nord” et ainsi convaincre les États-Unis “d’accélérer l’entraînement des rebelles.”

Comme l’a souligné le professeur de la London School of Economics David Graeber :

“Si la Turquie avait placé le même genre de blocus absolu sur les territoires contrôlés par l’ÉI que celui qu’elle avait imposé sur les zones kurdes de Syrie… ce “califat” taché de sang se serait effondré depuis longtemps – et on peut penser que les attaques de Paris ne se seraient jamais produites. Et si la Turquie le faisait aujourd’hui, l’ÉI s’effondrerait probablement en quelques mois. Pourtant, y a-t-il eu un seul dirigeant occidental pour demander à Erdoğan de le faire ?”

Ce paradoxe a bien été mis en avant par certains responsables, mais en vain. L’année dernière, la vice-présidente de l’assemblée parlementaire allemande, Claudia Roth, s’est montrée scandalisée que l’OTAN autorise la Turquie à héberger un campement de l’ÉI à Istanbul, qu’elle facilite l’acheminement d’armes aux militants islamistes à travers ses frontières et qu’elle soutienne tacitement les ventes de pétrole par l’ÉI.

Il ne s’est rien passé.

Au lieu de cela, la Turquie a été grandement récompensée pour son alliance avec le même état terroriste qui commit le massacre de Paris le 13 novembre 2015. Tout juste un mois plus tôt, la chancelière allemande Angela Merkel proposait d’accélérer le processus d’entrée de la Turquie dans l’UE, ce qui permettrait aux Turcs de voyager en Europe sans passeport.

Ce serait sans aucun doute une bonne nouvelle pour la sécurité des frontières de l’Europe.

Parrainage d’État

Il ne s’agit pas seulement de la Turquie. Des sources provenant de dirigeants politiques et du renseignement du Gouvernement Régional Kurde (KRG) ont confirmé la complicité de fonctionnaires de haut niveau du KRG en tant que facilitateurs concernant les ventes de pétrole de l’ÉI, pour en tirer un bénéfice personnel ainsi que pour faire face à la baisse des revenus du gouvernement.

Malgré une enquête parlementaire officielle qui corrobore ces accusations, il n’y a eu aucune arrestation, aucune inculpation et aucune poursuite.

Les intermédiaires du KRG et les autres fonctionnaires du gouvernement qui facilitent ces ventes continuent leurs activités sans entrave.

Lors de son témoignage devant la commission des forces armées du sénat en septembre 2014, le général Martin Dempsey, alors chef d’état-major général des armées des États-Unis, a été interrogé par le sénateur Lindsay Graham quant à sa connaissance d’un “quelconque allié arabe important qui soit favorable à l’ÉI” ?

Le général Dempsey a répondu :

“Je connais des alliés arabes importants qui les financent.”

En d’autres termes, le plus haut responsable militaire américain du moment a confirmé que l’ÉI était financé par ces mêmes “alliés arabes importants” qui venaient de se joindre à la coalition anti-ÉI menée par les États-Unis d’Amérique.

Ces alliés incluent l’Arabie saoudite, le Qatar, les Émirats Arabes Unis et le Koweït en particulier – qui, ces quatre dernières années au moins, ont fait circuler des milliards de dollars largement à destination des extrémistes rebelles en Syrie. Il n’y a donc rien d’étonnant que leurs frappes aériennes anti-ÉI, déjà minuscules, se soient maintenant réduites presque à néant, se concentrant plutôt sur le bombardement des chiites houtis au Yémen, ce qui, incidemment, ouvre la voie à la montée de l’ÉI là-bas.

Des liens poreux entre les rebelles de l’Armée Syrienne Libre (FSA) et des groupements militants islamistes comme al-Nosra, al-Cham et l’ÉI ont permis de prolifiques transferts d’armes des rebelles “modérés” aux militants islamistes.

Les transferts constants des fournitures d’armes de la CIA, des pays du Golfe et de la Turquie vers l’ÉI ont été établis par l’analyse des numéros de série des armes par le Conflict Armament Research (CAR) (Étude de l’Armement des Conflits), organisme basé au Royaume-Uni dont la base de données concernant les ventes d’armes illicites est financée par l’UE et le Département Fédéral des Affaires Étrangères suisse.

“Les forces de l’État Islamique se sont emparées d’importantes quantités d’armes légères produites aux États-Unis et les ont employées sur le champ de bataille,” a conclu un rapport du CAR en septembre 2014. “Des missiles antichars M79 90mm saisis par les forces de l’ÉI en Syrie sont identiques aux M79 transférés par l’Arabie saoudite aux forces opérant sous l’égide de “l’Armée Syrienne Libre” en 2013.”

Le journaliste allemand Jurgen Todenhofer, qui a passé 10 jours dans l’État Islamique, a rapporté l’année dernière que l’ÉI était “indirectement” armé par l’Occident :

“Ils achètent les armes que nous donnons à l’Armée Syrienne Libre, ainsi ils obtiennent des armes occidentales – des armes françaises… j’ai vu des armes allemandes, des armes américaines.”

L’ÉI, en d’autres termes, est parrainé par des États. Il est effectivement parrainé par des régimes prétendument pro-occidentaux dans le monde musulman, qui font partie intégrante de la coalition contre l’ÉI.

Ce qui amène à se demander pourquoi Hollande et d’autres dirigeants occidentaux qui expriment leur détermination à “détruire” l’ÉI par tous les moyens nécessaires, préféreraient éviter le facteur le plus significatif d’entre tous : l’infrastructure matérielle permettant l’avènement de l’ÉI sur fond de soutien permanent du Golfe et de la Turquie aux militants islamistes de la région.

Il y a de nombreuses explications, mais peut-être que l’une d’entre elles se démarque : l’abjecte dépendance occidentale aux régimes musulmans terroristes, principalement en vue de maintenir leur accès aux ressources de pétrole et de gaz du Moyen-Orient, de la Méditerranée et de l’Asie Centrale.

Gazoducs

Une grande partie de la stratégie qui a cours actuellement a été décrite sans équivoque dans un rapport RAND financé par l’armée américaine en 2008, Exposition de l’Avenir de la Longue Guerre (pdf). Le rapport note que “les économies des pays industrialisés continueront à dépendre fortement du pétrole, ce qui en fait une ressource d’importance stratégique.” Comme la plus grande part du pétrole sera produite au Moyen-Orient, les États-Unis ont un “motif pour maintenir la stabilité et les bonnes relations avec les états du Moyen-Orient” Il se trouve que ces états soutiennent le terrorisme islamiste :

DDJIEAAp-AE.jpg“La zone géographique de réserves prouvées de pétrole coïncide avec la base du pouvoir d’une grande partie du réseau salafiste djihadiste. Cela crée un lien entre l’approvisionnement en pétrole et la longue guerre qu’on ne peut pas rompre facilement ni décrire en termes simplistes … Dans un avenir prévisible, la croissance de la production mondiale de pétrole et la production totale seront dominées par les ressources du Golfe Persique … La région restera donc une priorité stratégique, et cette priorité va interagir fortement avec celle de poursuivre la longue guerre.”

Des documents gouvernementaux déclassifiés précisent, sans l’ombre d’un doute, que la motivation principale de la guerre en Irak en 2003, dont la préparation avait commencé juste après le 11 septembre, a été l’installation d’une présence militaire américaine permanente dans le Golfe Persique pour garantir l’accès au pétrole et au gaz de la région.

L’obsession de l’or noir n’a pas pris fin avec l’Irak, cependant – et celle-ci n’est pas une exclusivité de l’Occident.

« La plupart des belligérants étrangers dans la guerre en Syrie sont des pays exportateurs de gaz ayant des intérêts dans l’un des deux projets de gazoducs concurrents qui cherchent à traverser le territoire syrien pour délivrer soit le gaz qatari soit le gaz iranien en Europe, » a écrit le professeur Mitchell Orenstein du Centre Davis des études sur la Russie et l’Eurasie de l’Université de Harvard, dans Foreign Affairs, la revue du Conseil de Washington DC sur les affaires étrangères (Council on Foreign Relations).

En 2009, le Qatar avait proposé de construire un gazoduc pour acheminer son gaz au nord-ouest, via l’Arabie saoudite, la Jordanie et la Syrie jusqu’à la Turquie. Mais Assad “a refusé de signer,” rapporte Orenstein. “La Russie, qui ne veut pas voir ses positions sur le marché européen du gaz sapées, l’a soumis à une intense pression pour qu’il refuse.”

Le russe Gazprom vend 80% de son gaz à l’Europe. Donc, en 2010, la Russie a mis tout son poids derrière “un pipeline concurrent Iran-Irak-Syrie qui pomperait du gaz iranien provenant du même champ via des ports syriens tels que Lattaquié puis sous la Méditerranée.” Le projet permettrait à Moscou “de contrôler les importations de gaz d’Europe depuis l’Iran, la région de la mer Caspienne, et l’Asie centrale.”

Alors, en juillet 2011, un accord pour le gazoduc Iran-Irak-Syrie d’une valeur de 10 milliards de dollars était annoncé, ainsi qu’un accord préliminaire dûment signé par Assad.

Plus tard dans l’année, les États-Unis, l’Angleterre, la France et Israël intensifiaient leur aide secrète aux factions rebelles en Syrie pour obtenir “l’effondrement” du régime d’Assad “de l’intérieur”.

“Les États-Unis… soutiennent le gazoduc qatari comme moyen de contrebalancer l’Iran et de diversifier l’approvisionnement en gaz de l’Europe loin de la Russie,” explique Orenstein dans Foreign Affairs.

Un article du Journal des Forces Armées publié l’année dernière par le commandant Rob Taylor, instructeur à l’US Army Command and General Staff College de Fort Leavenworth, offrait une critique acerbe des comptes rendus des médias conventionnels ne prenant pas en compte la question du gazoduc.

“Toute analyse du conflit actuel en Syrie qui négligerait l’économie géopolitique de la région est incomplète… D’un point de vue géopolitique et économique, le conflit en Syrie n’est pas une guerre civile, mais le résultat d’un placement sur l’échiquier géopolitique de plusieurs acteurs internationaux en prévision de l’ouverture du gazoduc… La décision d’Assad à propos du gazoduc, qui pourrait sceller l’avantage des trois états chiites sur le gaz naturel, démontre également les liens de la Russie avec le pétrole syrien et avec la région par l’intermédiaire d’Assad. L’Arabie saoudite et le Qatar, tout comme al-Qaïda et d’autres groupes, manœuvrent pour renverser Assad et capitaliser sur l’espérée conquête sunnite de Damas. En agissant ainsi, ils espèrent obtenir une part de contrôle sur le “nouveau” gouvernement syrien, et une part des richesses apportées par le gazoduc.”

Les gazoducs n’accéderaient pas seulement au gisement de gaz irano-qatari, mais aussi à de nouvelles ressources de gaz côtières potentielles dans l’est de la Méditerranée – englobant les territoires côtiers d’Israël, de Palestine, de Chypre, de Turquie, d’Égypte, de Syrie et du Liban. On estime que la zone renferme 1,7 milliards de barils de pétrole et jusqu’à 3400 milliards de mètres cube de gaz naturel, ce qui pourrait ne représenter que le tiers des quantités totales d’énergies fossiles non-découvertes au Proche-Orient selon les géologues.

Un rapport de l’US Army War College’s Strategic Studies Institute datant de décembre 2014, rédigé par un ancien directeur du ministère de la défense anglaise, remarque que la Syrie détient un potentiel significatif de pétrole et de gaz côtier :

“Une fois le conflit syrien résolu, les perspectives de production côtière – à condition que les ressources commerciales soient trouvées –  seront importantes.”

La brutalité et l’illégitimité d’Assad est indiscutable  - mais jusqu’à ce qu’il ait démontré qu’il n’était pas disposé à rompre avec la Russie et l’Iran, en particulier pour ce qui est du projet proposé de gazoduc, la politique américaine envers Assad a été ambivalente.

Les câbles du département d’état obtenus par Wikileaks révèlent que la politique américaine a oscillé entre financer les groupes d’opposition syriens pour faciliter le “changement de régime,” et utiliser la menace du changement de régime pour inciter un “changement du comportement.”

La préférence du président Obama pour la deuxième solution eut pour résultat des représentants américains, John Kerry inclus, courtisant sans honte Assad dans l’espoir de l’éloigner de l’Iran, d’ouvrir l’économie syrienne aux investisseurs américains et d’aligner le régime sur la vision israélo-américaine de la région.

Ainsi, lors des manifestations du printemps arabe de 2011 qui ont donné lieu à des brutalités de la part des forces de sécurité d’Assad envers des manifestants civils pacifiques, à la fois Kerry puis la secrétaire d’état américaine Hillary Clinton ont insisté sur le fait qu’il était un « réformateur » – ce qu’il a donc interprété comme un feu vert pour répondre par de nouveaux massacres au cours des manifestations suivantes.

La décision d’Assad de se ranger du côté de la Russie et de l’Iran, ainsi que son approbation à leur projet de gazoduc favori, a été l’un des facteurs clés dans la décision des États-Unis à agir contre lui.

Quand l’Europe danse avec le diable

La Turquie, en tant que plaque tournante gazière permettant d’exporter sur les marchés européens tout en évitant la Russie et l’Iran, joue un rôle clé dans le projet soutenu par les États-Unis, le Qatar et l’Arabie saoudite.

Il ne s’agit que d’un des nombreux pipelines qui pourraient passer par la Turquie.

Le directeur de l’initiative sur l’avenir des énergies eurasiatiques auprès du Conseil Atlantique, David Koranyi, qui fut également conseiller en sécurité intérieure auprès du premier ministre hongrois, a averti : “La Turquie est déterminante pour la diversification de l’approvisionnement en gaz de l’intégralité de l’Union Européenne. Ce serait une erreur catastrophique que de poursuivre l’enrayement de notre coopération énergétique.”

Koranyi a indiqué que la récente “découverte de vastes quantités de gaz dans l’est de la Méditerranée,” ainsi que de “réserves de gaz dans le nord de l’Irak” pourraient être utilisées pour alimenter le marché turc et être acheminées au-delà vers l’Europe.

Étant donné la dépendance de l’Europe envers la Russie pour environ un quart de son approvisionnement en gaz, la priorité stratégique urgente est de minimiser cette dépendance et de réduire la vulnérabilité de l’UE face au risque de réduction de cet approvisionnement. Cette priorité se calque parfaitement avec les efforts entrepris de longue date par les États-Unis pour arracher l’Europe Centrale et l’Europe de l’Est de la zone d’influence de la puissance russe.

La Turquie occupe la position de pivot sur la nouvelle carte de l’énergie envisagée par les États-Unis et l’UE.

“L’Union Européenne y gagnerait une source d’approvisionnement fiable pour diversifier un peu plus ses importations en provenance de Russie. La Turquie, en tant que plaque tournante, en bénéficierait au travers de taxes de transit et d’autres recettes liées à l’énergie. Si l’on considère que dans l’ensemble de la région, des ressources en gaz supplémentaires pourront être rendues disponibles à l’export dans les cinq à dix prochaines années, il est clair que la Turquie représente la route naturelle par laquelle celles-ci pourraient être acheminées vers l’Europe.”

L’an dernier, un rapport du Global Sustainability Institute (GSI) de l’université Anglia Ruskin a déjà averti que l’Europe faisait face à une crise énergétique imminente au cause d’”une pénurie critique des ressources naturelles,” tout particulièrement au Royaume-Uni, en France et en Italie.

“Les ressources en charbon, pétrole et gaz en Europe s’épuisent et nous avons besoin d’alternatives,” dit Victoria Andersen, professeur du GSI.

Elle a également recommandé une réorientation rapide vers les énergies renouvelables, mais la plupart des dirigeants européens ont apparemment d’autres idées en tête  -  à savoir, s’appuyer sur un réseau de pipelines qui puisse transporter pétrole et gaz depuis le Moyen-Orient, la Méditerranée occidentale et l’Asie centrale vers l’Europe : par l’intermédiaire de notre très chère amie, la Turquie d’Erdogan.

Qu’importe que, sous Erdogan, la Turquie soit le principal soutien du barbare “État islamique”.

Nous ne devons surtout pas poser de questions antipatriotiques à propos de la politique étrangère occidentale, ou sur l’OTAN à ce sujet.

Nous ne devons pas nous étonner du spectacle inutile des attaques aériennes et des pouvoirs policiers dignes de la Stasi, ni de notre honteuse liaison avec le régime de terreur d’Erdogan qui finance et arme notre propre ennemi.

Nous ne devons pas poser de question sur les motivations de nos dirigeants qui, bien qu’ils dissimulent cette information depuis des années, continuent, aujourd’hui, de nous mentir ouvertement, alors que le sang de 129 français n’a pas encore séché, prétendant vouloir “détruire” une bande d’ordures, d’assassins, de psychopathes, armés et financés par l’OTAN.

Non, non, et non. La vie continue. Le cours normal des affaires doit continuer. Les citoyens doivent maintenir leur confiance en la sagesse de la sécurité de l’état.

Les États-Unis doivent continuer d’appuyer les renseignements turcs qui contrôlent et entraînent les rebelles “modérés” en Syrie, et l’Union Européenne doit continuer d’étendre sa coopération avec le régime d’Erdogan tout en accélérant le processus d’accès à l’union du parrain de l’ÉI.

Mais n’ayez pas peur, Hollande a toujours l’intention de “détruire” l’État Islamique. Tout comme Obama et Cameron  – et Erdogan.

Certaines lignes rouges ne peuvent simplement pas être franchies.

Source : Insurge Intelligence, le 19/11/2015

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

La civilisation-imposture

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Glossaire.dde : “Contre-civilisation”, à l’origine

Ex: http://www.dedefensa.org

10 décembre 2015 – Avec ce texte, nous ajoutons une nouvelle forme de travail dans cette rubrique Glossaire.dde qui rassemble les principaux concepts, analyses, lignes de pensée qui fondent notre approche générale de la situation crisique qui embrase notre époque. Dans ce cas, il s’agit d’une re-publication d’un texte déjà ancien, offrant une première approche d’une des poutres-maîtresses de notre conception générale – le déséquilibre de notre civilisation, entre son agir et son être, entre une action marquée par une hyperpuissance technicienne devant laquelle rien ne peut résister, et un être caractérisé par un vide devenu si abyssal (à la mesure inverse de sa dynamique de surpuissance) qu’on pourrait le qualifier de complet, qui prive par conséquent cette action de tout sens. (La séquence actuelle comme résultante d’une dynamique de nombreuses années sinon de décennies des évènements au Moyen-Orient, par rapport à Daesh et au reste, est une démonstration à la fois claire et éblouissante, – paradoxe bienvenu, – de ce phénomène.)  Nous considérons bien entendu ce déséquilibre comme mortel, et très rapidement mortelle par conséquent notre civilisation.

L’idée n’est pas nouvelle, comme d’ailleurs toutes les idées fondamentales que la pensée croit développer aujourd’hui, selon une autre de nos conceptions qui est d’observer que notre pensée, à l’image de cette hyperpuissance technicienne, n’a cessé de régresser et de se subvertir dans les détails descriptifs de notre action, depuis plusieurs siècles qui nous font remonter à la Renaissance et au-delà, et engagés dans un processus infernal depuis la charnière des XVIIIe et XIXe siècle où nous situons le “déchaînement de la Matière”. Les idées de base contenues dans le texte reproduit ci-dessous ont depuis, été largement développées et enrichies. Elles doivent figurer en bonne place dans La Grâce de l’Histoire (Tome II), et des extraits d’un des textes intermédiaires du livre en ont déjà été publiés le 4 novembre 2013.

Ce qui est “nouveau”, par contre, c’est la situation de pression extrême où nous nous trouvons, du fait de la Grande Crise générale, qui nous conduit à une psychologie typique tirant la conséquence da la situation exposée, ici (dans le texte ci-dessous) à son origine pour notre compte : la nécessité que nous comprenons de plus en plus à mesure qu’elle pénètre notre psychologie – d’où la désignation d’une “psychologie-de-l’apocalysme”, – qu’il faut détruire cette civilisation pour nous libérer d’une dynamique qui est celle de notre anéantissement, ou de notre entropisation. C’est dans ce contexte qu’il nous paraît intéressant de re-publier ce texte, car cela constitue d’une part une incitation bien plus pressante à le lire que la simple mention de son existence dans nos archives, et cela incite d’autre part à mesurer l’existence de cette conception sur ce site et de son évolution depuis.

Le texte a donc été primitivement mis en ligne le 27 juillet 2002, et il s’agit d’un texte de la rubrique Analyse, de la Lettre d’Analyse dedefensa & eurostratégie (dd&e), encore active à cette époque, du numéro 20 du Volume 17, du 10 juillet 2002. Cette publication était précédée de l’annonce suivante : « Nous publions ci-après le texte de notre rubrique Analyse, de l'édition du 10 juillet de notre Lettre d'Analyse de defensa. Nous pensons que ce texte vient utilement compléter, élargir et prolonger le texte d'analyse sur Arnold Toynbee que nous avons récemment publié le 19 juin 2002. » Les titres et sous-titre ont été conservés, le texte est repris intégralement dans sa version de 2002 (y compris certaines expressions qui sont devenues courantes depuis dans notre dialectique, souvent dans une orthographe différente, – comme “anti-système” devenu antiSystème).

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La civilisation-imposture

Nous développons l'hypothèse d'une explication générale satisfaisant en l'éclairant l'impression que nous ressentons tous, plus ou moins confusément, de façons parfois très différentes, voire opposées, de vivre une période exceptionnelle de rupture. A nouveau, nous insistons sur ce phénomène, sans précédent parce que son origine est mécanique et due à nos capacités technologiques, ce phénomène où il nous est donné de vivre ce temps de rupture et, en même temps, de nous observer en train de vivre ce temps de rupture. C'est à la fois une circonstance troublante et, pour qui réalise cette circonstance et entend l'utiliser à son profit, l'occasion d'une exceptionnelle lucidité. Nous avons les moyens, par la distance que nous pouvons prendre avec les événements, de vivre ces événements, d'être touchés par leur apparence, mais aussitôt de nous en dégager et, distance prise, de distinguer aussitôt les tendances fondamentales et nécessairement souterraines dissimulées derrière l'apparence des choses, derrière « l'écume des jours »

On voit par ailleurs (notre rubrique de defensa par exemple, et bien d'autres choses) que nous estimons nous trouver dans une période marquée par des excès extraordinaire. Le plus considérable est, selon nous, le conformisme auquel s'est accoutumé l'essentiel de la population humaine. La force de la complicité (ah, nous insistons sur ce terme) établie entre le citoyen et le mensonge virtualiste qu'on lui présente comme explication de son temps est à couper le souffle. Mais reprenons vite notre souffle. Si nous savons y faire, cette extraordinaire supercherie doit nous donner des ailes en fait d'audace dans l'examen d'hypothèses enrichissantes pour expliquer cette fabuleuse et mystérieuse confusion qu'on nous présente comme le meilleur des mondes déjà accompli. Si nous savons y faire, nous pouvons utiliser à notre profit les structures de liberté que le système se contraint lui-même à respecter, parce que de cette liberté dépendent aussi les bénéfices dont il se nourrit. (Liberté de commercer, d'être informé sur le commerce, de faire circuler l'information qui entretient impérativement le conformisme général, tout cela nécessite de laisser subsister ces structures de liberté. Internet est le plus bel exemple du phénomène, structure de liberté pour faire circuler le commerce et l'information favorable au système et qui aboutit également, et surtout, à permettre la circulation de l'information anti-système dans une mesure qui était inespérée il y a 5 ans.)

Donc, — audace et liberté, et audace fortement liée à la liberté, audace parce que liberté, voilà les antidotes dont il faut faire usage. La question que nous nous posons aujourd'hui concerne une hypothèse sur notre civilisation. Au contraire de ce qu'on en fait d'habitude (civilisation triomphante, civilisation en déclin, débat entre les deux, etc), nous avançons l'hypothèse que nous nous trouvons dans une civilisation caractérisée dans sa substance même (et non seulement par ce qu'elle produit) par l'imposture. Cette explication est nécessairement imprécise mais il n'existe pas de dérivé qualificatif du mot “imposture” (il est impossible d'en inventer un : “imposteuse” serait trop laid) qui résumerait mieux notre pensée. Alors, nous offrons simplement comme expression fabriquée l'expression “civilisation-imposture”, se rapprochant le mieux possible de ce que nous voulons dire.

L'hypothèse que nous émettons est bien que notre civilisation usurpe le terme de civilisation, et même, pire encore, qu'elle ne devrait plus être là, à sa place de civilisation triomphante. A part le fondement intellectuel qu'on peut lui trouver, cette hypothèse a-t-elle quelque cohérence historique? C'est là où nous voulons en venir, et nous développerons pour cela la substance de l'argumentation étayant notre hypothèse. C'est là où nous nous tournons vers Arnold Toynbee.

La théorie cyclique contre le sens progressiste

arnold-joseph-toynbee-granger.jpgArnold Toynbee, cet historien des civilisations, d'origine anglo-saxonne, publie en 1949-51 (versions anglaise et française) un ouvrage (La civilisation à l'épreuve) rassemblant conférences et essais, tout cela écrit ou récrit avec l'actualisation qui convient à l'époque de l'immédiat après-guerre (période 1945-47). L'intérêt de l'ouvrage est de cerner l'appréciation contemporaine de Toynbee de la position et du développement de la civilisation occidentale. A partir de là, nous élargirons notre appréciation et en viendrons à notre hypothèse.

Il y a dans ce Toynbee qui écrit en 1945-47 une convergence intéressante. D'une part il y a une vision historique extrêmement large, embrassant l'histoire des hommes et des civilisations de la façon la plus générale ; d'autre part, l'observation plus spécifique de sa période contemporaine, qui est caractérisée par l'installation par le pan-expansionnisme américaniste de son empire sur le monde. Dans l'essai intitulé L'Islam, l'Occident et l'avenir, Toynbee observe la situation contemporaine générale du point de vue des rapports de l'Islam et de l'Occident. Il y observe ce qu'il qualifie de «mouvement [...] par lequel la civilisation occidentale ne vise à rien moins qu'à l'incorporation de toute l'humanité en une grande société unique, et au contrôle de tout ce que, sur terre, sur mer et dans l'air, l'humanité peut exploiter grâce à la technique occidentale moderne ». On voit la similitude remarquable entre l'interprétation du mouvement de « la civilisation occidentale » aussitôt après la guerre de 1945, pour les années 1945-49, et l'interprétation qu'une école historique classique pourrait avancer des événements en cours aujourd'hui.

Quelques lignes après la citation ci-dessus, Toynbee poursuit : « Ainsi, la rencontre contemporaine entre l'Islam et l'Occident n'est pas seulement plus active et plus intime qu'en aucune autre période de leur contact dans le passé : elle est également remarquable du fait qu'elle ne constitue qu'un incident dans une entreprise de l'homme occidental pour “occidentaliser” le monde — entreprise qui comptera peut-être comme la plus considérable, et presque certainement comme le fait le plus intéressant de l'histoire, même pour une génération qui aura vécu les deux guerres mondiales. » Cette appréciation sonne plus triomphante qu'en d'autres occasions où Toynbee examine le même phénomène à la lumière plus générale du phénomène de l'histoire des civilisations.

Aujourd'hui, elle pourrait être reprise pour leur compte, pour interpréter nos événements contemporains, disons par les sympathisants d'une école triomphaliste, en général constituée d'historiens anglo-saxons néo-colonialistes (on y ajoutera quelques philosophes d'origine plus exotiques, tel l'excellent Premier ministre italien Silvio Berlusconi). Ces triomphalistes néo-colonialistes voient dans cette période post-9/11, au-delà des avatars de l'affrontement avec les terroristes, si l'on veut au-delà du Choc des civilisations de Huntington, quelque chose comme une phase décisive de ce qu'esquissait Toynbee il y a un gros demi-siècle.

Mais Toynbee offre d'autres points de vue moins optimistes, moins triomphants, sur la situation de notre civilisation occidentale. C'est sa position la plus intéressante et la plus enrichissante, celle où il est pleinement historien des civilisations. D'abord, il remet constamment la civilisation occidentale à sa place, dans la relativité de l'histoire des civilisations, hors du regard déformé d'un contemporain occidental dont « l'horizon historique s'est largement étendu, à la fois dans les deux dimensions de l'espace et du temps », et dont la vision historique « s'est rapidement réduite au champ étroit de ce qu'un cheval voit entre ses oeillères, ou de ce qu'un commandant de sous-marin aperçoit dans son périscope ». Ensuite, c'est l'essentiel, il aborde l'appréciation de notre civilisation du point de vue de ce qu'on pourrait nommer de l'expression néologistique de “continuité civilisationnelle”, qui pourrait résumer son appréciation du phénomènes des civilisations, sa thèse si l'on veut.

L'historien des civilisations Toynbee observe que l'histoire de l'humanité organisée, avec son partage entre ces mouvements nommés “civilisations”, se déroule au long d'une vingtaine de ces civilisations, et nous constituons effectivement la vingtième. Sa vision des rapports entre ces civilisations est du type cyclique ou s'en rapprochant, avec des rapports qu'il juge établis entre les civilisations. Par exemple, ayant rappelé les rapports entre la civilisation gréco-romaine et la civilisation chrétienne qui lui succède tout en lui rempruntant beaucoup, Toynbee écrit que dans «une douzaine d'autres cas, on peut observer la même relation entre une civilisation déclinante et une civilisation ascendante. En Extrême-Orient, par exemple, l'Empire des Ts'in et des Han joue le rôle de l'Empire romain tandis que celui de l'Église catholique est assumé par l'école Mahayana du bouddhisme. » Toynbee note aussitôt le reproche fait par la pensée occidentale, ou « juive et zoroastrienne », à cette conception cyclique. Elle réduit l'histoire à « un récit fait par un idiot et ne signifiant rien » remarque-t-il, paraphrasant Shakespeare. Au contraire, la conception judéo-zoroastrienne voit dans l'histoire « l'exécution progressive et conduite de main de maître ... d'un plan divin ... »

Faut-il trancher entre l'une et l'autre ? Toynbee tend à suggérer des compromis (« Après tout, pour qu'un véhicule avance sur la route que son conducteur a choisi, il faut qu'il soit porté par des roues qui tournent en décrivant des cercles et encore des cercles »), suggérant en cela une conception cyclique de l'histoire en spirale (chaque passage à un même point vertical se fait dans un plan horizontal supérieur). C'est finalement la thèse que nous recommande Toynbee, en acceptant l'idée d'un sens général de progrès mais qui se constituerait au travers d'expériences accumulées d'affirmations et de chutes successives de civilisations, correspondant effectivement au schéma cyclique. Notons enfin ceci qui vaut aujourd'hui, qui n'existait pas aussi fortement en 1945-47: le sentiment contemporain très fort que le sens progressiste de l'histoire (« l'exécution progressive ... d'un plan divin ») lié à notre civilisation et contredisant la théorie cyclique est une notion fortement critiquée et plus assimilée à une illusion idéaliste qu'à une loi historique.

La puissance technologique interrompt la succession des civilisations

Allons à un autre point que Toynbee met en évidence dans ces analyses, qui concerne particulièrement notre civilisation occidentale. Il parle de « ce récent et énorme accroissement du pouvoir de l'homme occidental sur la nature, — le stupéfiant progrès de son “savoir-faire technique” — et c'est justement cela qui avait donné à nos pères l'illusoire imagination d'une histoire terminée pour eux ». Cette puissance nouvelle a imposé l'unification du monde et permis à l'homme occidental de prendre sur le reste, quel qu'il soit et quelle que soit sa valeur civilisationnelle, un avantage déterminant. Cette puissance constitue un avantage mécanique fonctionnant comme un verrou et donnant l'avantage décisif dans les rapports de forces, quelque chose que les lois de la physique et autres des mêmes domaines du fonctionnement du monde interdisent de pouvoir changer.

Ce fait a bouleversé la marche cyclique par laquelle Toynbee définit les rapports des civilisations, et par laquelle il mesure la possibilité pour l'humanité de progresser au travers cette succession de civilisations. « Pourquoi la civilisation ne peut-elle continuer à avancer, tout en trébuchant, d'échec en échec, sur le chemin pénible et dégradant, mais qui n'est tout de même pas complètement celui du suicide, et qu'elle n'a cessé de suivre pendant les quelques premiers milliers d'années de son existence? La réponse se trouve dans les récentes inventions techniques de la bourgeoisie moderne occidentale. » Voilà le point fondamental de Toynbee: notre puissance technicienne, transmutée aujourd'hui en une affirmation soi-disant civilisatrice passant par la technologie, révolutionne l'évolution des civilisations et bouleverse leur succession.

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On ne sait pas précisément le jugement que porte Toynbee sur ce fait. S'en réjouit-il? S'en effraie-t-il? A certaines occasions c'est l'un, à d'autres c'est l'autre. Surtout, il ne le développe pas vraiment, c'est-à-dire dans toutes ses implications. Il insiste ici et là sur la responsabilité particulière de la civilisation occidentale, ce qui est une évidence à la lumière de ce qu'il nous expose, mais il ne prononce ni diagnostic, ni jugement définitif; surtout, il passe sous silence cette possibilité d'un jugement ou d'un diagnostic. En d'autres termes, on le sent gêné ou prudent, comme s'il estimait devoir respecter quelque chose qui ressemblerait à une consigne ou simplement ne pas être en position de pouvoir spéculer trop précisément. Et lorsqu'il évoque, a contrario dirons-nous, une hypothèse défavorable à notre civilisation, il se récrie (sans avoir explicité de façon satisfaisante l'hypothèse favorable). « De plus, quand nous étudions en détail les histoires de ces civilisations défuntes ou moribondes, et quand nous les comparons entre elles, nous trouvons l'indication de quelque chose qui ressemble à une forme récurrente dans le processus de leurs dislocations, de leurs déclins, de leurs chutes. [...] Cette forme de déclin et de chute est-elle gardée en réserve pour nous, comme une sentence à laquelle aucune civilisation ne peut échapper? Dans l'opinion de l'auteur, la réponse est absolument négative. » ... Voire.

Les ambiguïtés de Toynbee dans son soutien à la civilisation occidentale

Si nous disons que nous sommes mal à l'aise avec de telles affirmations de Toynbee, c'est qu'à d'autres occasions et, disons, par des biais qui prennent le problème différemment, c'est-à-dire sans l'évoquer précisément mais en y aboutissant tout de même, sa réflexion est différente. Alors, il laisse à penser et il laisse penser que son soutien au développement de la civilisation occidentale ressemble à celui de Tocqueville pour la démocratie (Sainte Beuve : « Tocqueville m'a tout l'air de s'attacher à la démocratie comme Pascal à la Croix : en enrageant. ... pour la vérité et la plénitude de conviction cela donne à penser. »).

Autre exemple, encore. Retrouvant ses réflexions sur les rapports de l'Occident et de l'Islam, Toynbee note une succession de constatations: que l'une des plus grandes vertus de l'Islam est d'avoir écarté toutes les haines entre races (le racisme quand il est suprématisme); que « le triomphe des peuples de langue anglaise peut rétrospectivement apparaître comme une bénédiction pour l'humanité; mais, en ce qui concerne ce dangereux préjugé de race, on ne peut guère contester que ce triomphe ait été néfaste. Les nations de langue anglaise qui se sont établies outremer dans le Nouveau Monde n'ont pas, en général, fait office de “bons mélangeurs”. La plupart du temps, elles ont balayé, chassé les primitifs qui les précédaient; et là où elles ont permis à une population primitive de survivre, comme en Afrique du Sud, ou bien importé du “matériel humain” primitif, comme en Amérique du Nord. [...] En outre, là où on ne pratiquait pas l'extermination ou la ségrégation, on pratiquait l'exclusion ... [...] A cet égard, le triomphe des peuples de langue anglaise a donc soulevé pour l'humanité une “question raciale”, ce qui n'aurait guère été le cas, tout au moins sous une forme aussi aiguë, et dans une aire aussi vaste, si les Français, par exemple, au lieu des Anglais, étaient sortis victorieux de la lutte pour la possession de l'Inde et de l'Amérique du Nord au XVIIIe siècle. Au point où en sont les choses, les champions de l'intolérance raciale sont dans leur phase ascendante, et si leur attitude à l'égard de la question raciale devait prévaloir, cela pourrait finalement provoquer une catastrophe générale. »

Alors qu'ailleurs il fait l'apologie d'une civilisation technicienne et technologique dont on sait que, dès cette époque, elle est complètement anglo-saxonne, voilà que Toynbee met en garde, dans ce texte, contre le “racisme” des Anglo-Saxons qui pourrait conduire à « une catastrophe générale ». (On comprend combien cette idée pourrait être acceptée et exploitée aujourd'hui.) Cette sorte de propos nous semble justifier la réticence qu'on manifeste à propos de certains enthousiasmes de Toynbee pour sa civilisation contemporaine, qui nous semble alors plutôt du convenu (se rappeler que ces textes furent dits, sous forme de conférences, devant des auditoires anglo-saxons, que Toynbee lui-même est Anglais). Au contraire, les diverses remarques de lui qu'on rapporte ici nous paraissent susceptibles de constituer un dossier intéressant, et particulièrement intéressant aujourd'hui, s'il s'agit d'avancer une appréciation sur la situation de notre civilisation dans une époque si propice à être interprétée comme un temps de rupture.

Résumons les arguments que nous donne Toynbee :

• Son idée d'une approche en partie cyclique de l'évolution des civilisations nous paraît très intéressante. Elle implique qu'on ne peut envisager l'évolution des civilisations indépendamment les unes des autres, qu'il existe une certaine continuité de l'ordre du spirituel autant que de l'accidentel ; que toute civilisation, c'est l'essentiel, a une sorte de responsabilité par rapport à l'histoire, y compris dans son décadentisme, dans sa façon d'être décadente ...

• Sa deuxième idée concernant notre civilisation est que, la disposition d'une telle puissance technique et technologique utilisable dans tous les recoins et dans une géographie terrestre totalement maîtrisée et contrôlée impose à notre “civilisation” (les guillemets deviennent nécessaires, par prudence) une ligne de développement même si ce développement s'avère vicié et qu'elle interdit tout développement d'une civilisation alternative et/ou successible.

• Une autre idée, implicite et qui nous semble renforcée de nombreux arguments aujourd'hui, voire du simple constat de bon sens, est ce constat, justement, que l'hypertrophie technologique de notre civilisation s'est accompagnée d'une atrophie des comportements et des valeurs intellectuelles et spirituelles de civilisation, que ce soit du domaine de la pensée, de la croyance, de la culture au sens le plus large. Toynbee nous le suggère, après tout, lorsqu'il dit ce qu'il dit des Anglo-Saxons, qui mènent cette civilisation, de leur racisme qui conduit éventuellement aux pires catastrophes par opposition aux musulmans et (c'est plus notable et intéressant) par opposition aux Français.

Puissance technique, décadence et perversion

Ainsi pouvons-nous en venir à la spéculation que nous entendions proposer à propos de notre temps de rupture et d'incertitude du sens. Nous avons déjà noté à plus d'une reprise combien il nous paraissait assez vain de faire le diagnostic des maux de notre civilisation, tant celui-ci avait été fait, et fort bien fait, dans les années de l'entre-deux-guerre, avant la polarisation idéologique de l'immédiat avant-guerre (avant 1939), c'est-à-dire dans les années entre 1919 et 1934.

Notre hypothèse serait alors double, et fondée sur cette idée de la civilisation qui bascule lorsque l'équilibre entre ses capacités techniques et ses vertus spirituelles et intellectuelles se rompt au profit d'une des deux composantes, ce déséquilibre s'accentuant à la vitesse du développement des capacités technologiques dans notre cas et démentant les espérances des esprits rationnels qui espéraient voir en même temps les esprits s'élever, et, au contraire, ces esprits s'abaissant au fur et à mesure qu'ils sont gagnés par l'ivresse de la puissance mécanique.

Il s'agit bien d'une première rupture, dont la guerre de 14-18 fut la marque la plus terrible. Cette rupture permet une perversion générale, y compris du processus de décadence. Alors que la décadence est une chute, notre puissance technique et technologique permet de dissimuler cette chute et plus encore, de la transformer en une évolution accélérée, une fuite en avant avec toutes les apparences de la puissance, protégés par cette puissance technologique qui empêche les lois naturelles de l'histoire des civilisations de jouer. A côté de cela, et comme on l'a souvent mis en évidence dans nos analyses, une architecture puissante d'information et de communication bâtie grâce au puissant apport de ces mêmes technologies où nous excellons permet d'offrir une interprétation flatteuse, rassurante, voire exaltante, de cette évolution; elle permet même, dans les cas extrêmes dont notre temps est l'exemple, d'offrir une reconstruction ordonnée et crédible de la réalité en une autre réalité (phénomène du virtualisme, devenu, selon notre appréciation, une véritable idéologie en soi).

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Une seconde rupture est celle dont nous proposons le constat et l'interprétation pour notre temps précisément, celle qui survient dans notre temps historique, particulièrement précisée depuis le 11 septembre 2001. Les événements figurés par le virtualisme sont d'une telle puissance que même l'architecture d'information et de communication ne suffit plus. Ce à quoi l'on assiste aujourd'hui est à la fois à l'affirmation totale de la nécessité de l'emploi du virtualisme, et à la mise en évidence parallèle des limites de cette méthode. Ce constat est visible dans l'appel à une “guerre contre le terrorisme” perpétuelle par Washington, artifice de préservation de sa puissance, et la mise en évidence, à mesure, de l'impossibilité d'imposer cette affirmation virtualiste au reste du monde; et, par conséquent, l'éloignement de facto du reste du monde des thèses américaines et de la représentation qui en est faite.

Nous nous trouvons dans une situation inédite dans l'histoire. La valeur de notre civilisation, sa “vertu civilisationnelle” n'est plus laissée aux lois de l'histoire et à l'habituel processus historique de déclin et de décadence, mais à notre propre appréciation. Cette situation est d'autre part contestée par une partie de plus en plus importante des élites et de l'opinion au sein même de ce qui est nommé “civilisation occidentale”. D'où un débat d'une effrayante puissance et d'une vigueur incroyable, entre ceux, au sein de notre “civilisation”, qui affirment que notre civilisation avec le développement qu'elle impose à tous est plus que jamais l'avenir du monde et qu'il faut la développer sans restrictions ; et ceux qui pensent, plus ou moins confusément, que notre civilisation a trahi son contrat avec l'histoire, qu'elle a perdu son sens de la responsabilité historique à cause de l'ivresse de sa puissance, et par conséquent qui contestent de plus en plus précisément l'orientation qu'elle a prise.

Cette situation inédite remet en cause l'idée même de “civilisation occidentale”, et cela est effectivement rendu possible, paradoxalement, par la puissance de cette civilisation et son maintien usurpé comme référence du développement humain. L'idée de Toynbee d'une civilisation remplaçant l'autre, d'une chaîne de civilisation, idée finalement contredite par la puissance de la civilisation occidentale qui impose son maintien en position dominante qu'on pourrait juger comme une imposture, pourrait laisser place à l'idée d'un schisme à l'intérieur de cette civilisation. Certains pourraient objecter que c'est ce qui s'est déjà passé avec la Réforme mais il nous semble que la description que nous faisons de l'état de notre “civilisation”, qui est incontestablement fille du schisme, montre que le schisme a tourné à l'imposture. Notre civilisation étant devenue aujourd'hui, par la force de sa technique, la civilisation universelle (d'où les bruits de “la fin de l'Histoire” type Fukuyama et renvoyant au XIXe siècle), la mise en cause de cette civilisation ne peut plus venir que de l'intérieur, et du coeur même de cette civilisation. C'est pourquoi l'on devra prêter attention à deux faits : en quoi la tension des rapports entre l'Amérique et l'Europe ne porte pas sur des notions effectivement schismatiques (de l'Europe par rapport à l'Amérique) ; en quoi la retrouvaille de la nécessité de retrouver des références transcendantes chez ceux-là même qui mettent en question notre civilisation ne réconcilie pas deux pôles perçus pendant des siècles comme ennemis : le besoin de justice (tempo progressiste) et la nécessité des traditions (tempo conservateur, voire réactionnaire).

A l’école de la nuit

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A l’école de la nuit

« Cette année-là, je cessai de dormir » : roman hommage à la faune nocturne du Paris des années 50, Les gens de la nuit, que Michel Déon publia une première fois en 1958 chez Plon, vient de reparaître à la Table Ronde.

Un ami avec lequel je m’entretenais des Gens de la nuit de Michel Déon que les éditions de la Table Ronde viennent de faire reparaître, m’éclaira par une heureuse formule sur le sentiment que j’éprouvai lors de sa lecture, et sur lequel je ne parvenais pas à mettre de mots : « c’est son livre le plus raté, mais c’est aussi celui que je préfère »

Il est en effet de ces livres – au rang desquels je placerai par exemple L’humeur vagabonde d’Antoine Blondin, ou dans une autre veine Ecrits sur de l’eau de Francis de Miomandre – dont on ne peut nier les lacunes de style, le déséquilibre de certaines phrases, ou encore le désordre de la trame narrative, et qui pourtant nous touchent au point de ne jamais les prêter, même à nos plus chers amis, sans une pointe d’inquiétude, et qui pourtant sont ceux dont on aime à relire les plus belles pages pour se consoler d’un chagrin ou d’une mélancolie, et dont pourtant nous savons par cœur des passages entiers ; et c’est parmi cette sorte de livres si rares et que leurs défauts rendent si précieux, que je rangerai, bien en évidence dans ma bibliothèque, Les gens de la nuit de Michel Déon.

Le monde appartient à ceux qui se couchent tard

Cela fait des semaines, des mois peut-être, que Jean Dumont, fils d’académicien et naufragé de l’amour, décida de troquer son sommeil contre le Paris de l’aube et des rencontres nocturnes, les bars de Corses de la place Pigalle et les boîtes de nuit « pour sexualité indéterminée », les pieds de cochons rue Montmartre à l’aurore, et les nuits d’amour avec Gisèle, une belle noctambule vaporeuse et toxicomane.

Ombre errante parmi les ombres de la nuit, Jean, cœur déchiré par un amour défunt (nous sommes dans un roman de Michel Déon), déambule dans le Paris des années 50, celui des « phonos et des disques, des séminaristes ‘’indochinois’’ et des voitures décapotables », en quête de ses semblables, qu’il reconnaîtra derrière les traits de Michel, ancien SS reconverti en peintre à succès puis en cracheur de feu, et en Lella, amante de Michel et militante communiste recherchée par la police.

A la dérive

micheldéongdln.jpg« Le difficile est de faire le gris » estimait Aragon à propos du travail du romancier : ne pas grossir les traits mais ramener les individus à des proportions qui sont celles de la vie du lecteur. Il semble bien que Michel Déon fasse sien dans Les gens de la nuit l’art poétique de l’auteur des Beaux quartiers, tant son narrateur, fantôme perdu dans les brumes mélancoliques du Paris de l’après-guerre, tient du personnage d’Aurelien, cet ancien combattant de la guerre de 14 écrasé par le « nouveau mal du siècle » que diagnostiqua Antoine Blondin dans son article « Cent ans de Mal du Siècle ».

Ainsi, si un même incurable mal de vivre relie nos deux personnages qu’une guerre sépare, le personnage de Jean Dumont nous remémore également le Michel de Clair de femme (Romain Gary), ou l’Olivier Malentraide des Enfants tristes (Roger Nimier), ces anti-héros boiteux et tendres, ravagés par une grande blessure d’amour ou par une grande blessure de l’Histoire, et que la nuit sauve et démolit.

Mais c’est surtout de salut dont il est question dans Les gens de la nuit : et c’est bien au fil des improbables rencontres qui rythment désormais son quotidien nocturne, et dans les regards cernés des noctambules fraternels et désemparés de Montparnasse et de Montmartre, que Jean, à l’instar du narrateur tâtonnant d’Un taxi mauve, parvient à peu-à-peu retrouver le chemin qui conduit à la lumière du jour, et à l’oubli définitif de celle qui le jeta dans les bras de l’obscurité.

« A ma fenêtre, comme la veille, je me suis attardé encore un moment à épier la nuit de Paris que j’allais bientôt quitter. Des vies ténébreuses et des vies claires s’y heurtaient. Si grande que fut, à cette heure, ma tristesse, rien ne pouvait m’empêcher de penser que nulle part ailleurs je ne trouverais cette minute de vérité, cette seconde d’exaltation qui vous empoignent quand la ville se secoue et rejette son manteau d’ombres : façades grises et boulevards jalonnés de poubelles, mais aussi Notre-Dame et la Sainte-Chapelle profilées sur un ciel cotonneux »

Ici c’est Paris

Roman de la mélancolie de vivre et roman de la guérison, Les gens de la nuit n’échappe pas, malgré quelques négligences d’écriture, au charme désuet et insistant du style et de l’univers du dernier des Hussards

Roman-hommage à la faune nocturne d’un Paris aujourd’hui disparu, roman de la mélancolie de vivre et roman de la guérison, Les gens de la nuit n’échappe pas, malgré quelques négligences d’écriture, au charme désuet et insistant du style et de l’univers du dernier des Hussards. On se souvient du mot d’Eric Neuhoff au sujet de l’académicien : « Les livres de Déon furent notre cour de récréation. Nous y avons appris à jouer, à vivre, à aimer. » Puisse donc cette formule s’appliquer aussi à notre génération, tant il est plaisant d’apprendre à vivre et d’apprendre à jouer au fil de la plume de l’auteur d’Un taxi mauve, dans les petits villages du Connemara hantés par des princesses allemandes et dans les bistrots auvergnats des Halles où l’on sert après minuit des saucisses chaudes et de la bière, à l’école de la mélancolie, de l’amour et de la nuit :

« Et c’est l’essentielle attirance de la vie nocturne que ces amitiés soudaines qui naissent, brûlent et se consument en quelques jours. Paris venait de s’en montrer merveilleusement prodigue pour moi. Ses ténèbres recelaient quantité de personnages blafards et farfelus, débordant de confidences. L’aube les effaçait à jamais, et plus d’une fois, j’avais cru atterrir dans une ville nouvelle, différente de celle qui servait de décor à des fantômes aux voix enrouées. Cette sensation était très lassante et très réconfortante, lassante parce que je ne savais déjà que trop combien étaient éphémères les magies du noctambulisme, réconfortante parce que retrouver le vrai Paris, c’est encore me reconnaître au nombre des vivants. »

  • Les gens de la nuit, Michel Déon, La Table Ronde, 186 pages, 17 euros, mai 2015
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samedi, 12 décembre 2015

Les absentionnistes, second parti de France

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Les absentionnistes, second parti de France

Une victoire de l'anti-système

Michel Lhomme
Ex: http://metamag.fr
Avant le premier tour des régionales, Manuel Valls avait insisté pour que les Français se rendent massivement aux urnes afin de manifester leur attachement à la démocratie, aux valeurs républicaines et leur volonté de combattre le terrorisme et la barbarie. Or, outre la victoire au premier tout du Front National que l'on a commenté ici, force est de constater qu'il y eut une autre « victoire », un autre parti gagnant le soir du 6 décembre et ce fut le parti de l'abstention.

Plus de la moitié des inscrits (50,09 % très exactement) ont boudé le chemin de l’isoloir. Ils ont pratiqué l’urne buissonnière. On l'a peu commenté cette semaine mais un Français sur deux inscrit sur les listes électorales, en âge de voter et jouissant de ses droits civiques ne s'est pas déplacé pour voter dimanche dernier alors que la France vient de vivre des événements terribles et que selon les propos même du chef d'Etat nous sommes en « état de guerre ».
 
Les abstentionnistes forment plus que jamais une « force » politique et constituent ce que nous appelons ici le second parti de France. Ils représentent à eux-seuls plus de 22 millions de Français. Il faut ajouter à ce chiffre de l’abstention celui des bulletins blancs et nuls qui ont été particulièrement nombreux cette fois-ci : près d’un million, soit 4 % des votants et 2 % des inscrits. C’est dire le degré d’insatisfaction et de mécontentement d’une grande partie du peuple français. C'est souligner le degré de contestation latente qui agite le pays.
 
Aux abstentionnistes, il faudrait aussi ajouter que parmi les électeurs qui ont voté pour les listes en présence (car les bulletins blancs ne sont toujours pas considérés comme des suffrages exprimés), un tiers d’entre eux ont choisi des mouvements considérés comme non gouvernementaux et qui en tout cas n’ont jamais exercé de responsabilités au niveau national. C’est bien sûr le cas de Lutte ouvrière qui réunit 1,5 % des voix mais c’est surtout le cas des mouvements situés, officiellement au moins, à droite des Républicains. Nous pensons à Debout la France de Nicolas Dupont-Aignan qui obtient un assez bon résultat (près de 4 %) relativement uniforme sur tout le territoire national, même si c’est logiquement son chef de file qui réalise le meilleur score en Ile-de-France (6,57 %). Sa défense des automobilistes, son combat contre les radars automatiques lui ont manifestement permis d’obtenir un matelas de voix non négligeable. Dupont-Aignan a refusé toute fusion de ses listes et n’a pas donné de consignes de vote pour le second tour. Il ne roule que pour lui. De même, bien que plus modestes, les résultats de l’Union populaire républicaine (UPR) de  François Asselineau, qui avait présenté partout des listes en métropole, Corse exceptée, ne sont pas non plus ridicules. Son combat sans concession contre l’Union européenne et pour la souveraineté de la France lui a permis d’engranger près de 1 % des voix.  Il faut donc compter toutes ses voix et les additionner à celles du Front National pour obtenir une victoire éclatante ce 6 décembre de l'antisystème.

A l'heure qu'il est, personne ne peut pronostiquer le résultat de dimanche soir tant la charge contre le FN est disproportionnée.  Ce qui est certain, c'est qu'elle ne conforte pas le système en place. Elle l'enterre. Beaucoup comprennent qu'il faut prévenir la catastrophe dans laquelle se dirige le pays en procédant à un changement radical de la politique conduite. Or, si cela ne passe pas par une alternance démocratique ou si les résultats de l'expression démocratique populaire sont refusés, niés, comment s'exprimera alors ou faire exprimer cette révolte radicale contre le système ? Forcément par la rébellion populaire, la dissidence ou en tout cas une désobéissance civile qui gangrènera le système de l'intérieur au point de pas en permettre la survie. Peut-être croyons-nous plus à cette ultime solution, en fait à une sorte d'implosion du régime de l'UMPS de l'intérieur parce qu'une telle implosion se greffe actuellement aussi sur une crise générationnelle.
 
Cartogramme_abstention_régionales_2015_tour_1_par_canton.pngDimanche dernier, la classe politique française a pris l'une des plus grandes claques de son histoire. Il n'y a plus d'autre opposition politique que celle du Front National mais demeure donc aussi ce second parti de France, le parti de l'abstention. Le réveil des Français est tardif mais il est aussi puissamment révélateur des mensonges par omission dont les opinions ont été abreuvées ces vingt dernières années. Mensonges et escamotages qui en disent long sur la duplicité de la dualité droite/gauche. Cette dualité vient de voler en éclats. Elle ne trompera son monde.
 
Certes, si dimanche le Front national n’emporte aucune région, la machine UMPS aura bien fonctionné mais ce sera aussi la preuve que la démocratie est un leurre. Le système électoral fonctionne, non pour représenter les aspirations des électeurs mais pour confisquer la parole, par tous les moyens au profit de la secte au pouvoir. Le régime républicain, nous devrions le savoir depuis Maurras, n’est pas une démocratie. C’est une oligarchie. Les élections ont été pensées et organisées pour ça (ce n’est pas pour rien qu’il y a deux tours et qu'il y eut cette année un nouveau charcutage de la carte électorale par les nouvelles régions).
 
In fine, l’abstention dimanche n'a pas progressé mais elle reste constante. A elle seule, elle reflète le malaise social et compte dans ses rangs tous ceux et toutes celles qui désormais sont conscients que dans un pays où « l’explosion civile » éclatera quoi qu’il advienne, le changement ne viendra pas des urnes, surtout pas après 70 ans de mensonges et d’impostures. Il faut donc compter en une rupture plus radicale pour espérer prendre le pouvoir ! 

Hervé Juvin: Le retour des nations ?

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Le retour des nations ?

Ex: http://zone-critique.com

Dans son essai intitulé Le Mur de l’Ouest n’est pas tombé, Hervé Juvin analyse l’impérialisme américain et tente de rétablir l’idée de nation comme seule unité politique stable.

La crise financière de 2008 n’a rien changé. L’argent roi n’a pas été déchu de son trône. Hervé Juvin montre comment l’économie et la finance dictent les mouvements de nos sociétés aujourd’hui. L’impératif de croissance entraîne la destruction des fonds marins, l’explosion des ressources alimentaires et le mal-être social en Europe.

Il pointe un paradoxe : alors que nous vivons dans des pays développés parmi les premières richesses mondiales, où la production de biens est abondante, les individus vont bientôt être obligés de travailler jusqu’à 70 ans et disposent de moins en moins de libertés.

De quelle liberté d’expression un salarié dispose-t-il face aux riches actionnaires d’une entreprise, quand il a contracté un crédit sur trente ans et une famille à nourrir ? Aucune.

L’économie contrôle les cerveaux et les estomacs

La financiarisation de l’économie, l’augmentation des revenus du capital face à ceux du travail (les dividendes augmentent nettement plus vite que les salaires depuis trente ans) ont eu raison de la libertés des citoyens.

Pour Hervé Juvin, l’économie et le capital décident de tout et ont même jeté leur dévolu sur le vivant. Des milliards de dollars sont investis dans les matières premières alimentaires, font grimper les prix et peuvent provoquer des famines dans les pays pauvres qui ne peuvent pas suivre cette inflation.

Plus dangereux pour l’avenir de nos sociétés, les intérêts financiers contrôlent les savoirs. La connaissance est devenue une marchandise. Le web, créé pour offrir un accès universel au savoir, est en train de se privatiser, de se monétiser, comme Google qui vend le référencement des mots comme des espaces publicitaires aux entreprises, dégradant ainsi la diversité du langage. Seuls les plus riches peuvent accéder aux savoirs les plus évolués et se payer des inscriptions dans les grandes écoles (100 000 dollars l’année pour Harvard, 60 000 dollars l’année dans les meilleures écoles primaires chinoises.)

La libido sciendi (le plaisir désintéressé du savoir), qui a rendu possible les grandes inventions du XIXe siècle, a laissé la place à une recherche et une innovation totalement soumises aux intérêts financiers et industriels.

La libido sciendi (le plaisir désintéressé du savoir), qui a rendu possible les grandes inventions du XIXe siècle, a laissé la place à une recherche et une innovation totalement soumises aux intérêts financiers et industriels.

Les chercheurs, s’ils ne veulent se faire éjecter du milieu scientifique, n’ont pas intérêt approfondir leur travail sur les dangers des OGM pour la santé. Ces recherches seraient un frein à la croissance.

Les droits de l’individu, couverture du marché

Pour Hervé Juvin, ce modèle de société où l’argent et le marché sont rois a été imposé par les Etats-Unis et sont une forme de leur impérialisme. Le pays de la conquête de l’Ouest (rendue possible avec le génocide des Indiens, précise l’auteur) promeut des valeurs universelles de libertés individuelles et des droits de l’homme, pour inonder le marché mondial de ses produits et tenter de continuer à dominer le monde, via ses grandes entreprises multinationales.

juvin2.jpgC’est notamment l’objectif du traité de libre-échange entre l’Union européenne et le pays de l’Oncle Sam, actuellement en cours de négociation, qui vise à créer un grand marché transatlantique. Hervé Juvin explique que sous un voile de liberté et d’ouverture, se joue une grande guerre économique. Les Etats-Unis défendent avant tout l’intérêt de leur nation et n’hésitent pas à faire payer de lourdes amendes aux entreprises étrangères sur leur sol comme la banque française BNP Paribas, condamnée à payer 9 milliards d’euros, pour avoir violé certains embargos américains.

L’impérialisme américain se réalise aussi dans le domaine culturel en inondant les marchés des produits US et en faisant barrage à certains produits étrangers, comme les fromages français, lors de confilts commerciaux ou diplomatiques.

On peut répondre à Hervé Juvin que les Etats-Unis ne sont pas le seul pays à exercer ce type de pression pour préserver ses intérêts et que la Russie de Vladimir Poutine use aussi de l’embargo sur les produits alimentaires pour asseoir ses positions dans le conflit ukrainien et favoriser sa production agricole nationale dans les supermarchés russes.

La nation, seule unité politique ?

Impérialisme rimerait aussi avec protectionnisme. Hervé Juvin prend même la Russie comme exemple d’une nation qui défend ses intérêts économiques en protégeant ce qui est aujourd’hui le nerf de la guerre économique : sa dette souveraine. Il explique qu’à son arrivée au Kremlin, Vladimir Poutine a nationalisé la dette russe, pour la retirer des marchés financiers, ce qui expliquerait son taux actuel très bas : 17% du PIB.

Pour faire tomber le “mur de l’Ouest” et sortir de la crise de l’économie mondialisée, Hervé Juvin propose le retour des nations sur l’échiquier, et notamment en Europe.

Selon lui, une nation plus unie mettrait fin à la crise des identités qu’entraîne le multiculturalisme occidental. Il prône avec enthousiasme le modèle du royaume du Bhoutan, classé comme l’un des pays les plus heureux au monde. Son bonheur, il le doit à son unité culturelle et religieuse et à sa fermeture à l’intégration de toute diversité dans sa culture. L’unité d’une nation offre au monde une diversité de cultures stables, plus riches que la culture mondiale uniforme que les Etats-Unis diffusent depuis le siècle dernier. Mais on peut se demander pourquoi la seule diversité à protéger serait celle des différentes nations dans le monde, et non pas une diversité de cultures, de religions et d’individus à l’intérieur de la nation.  

Sur le plan économique, Hervé Juvin montre que l’Etat nation permettrait de soumettre l’économie à un projet de société. Le marché devrait obéir à des règles basées sur des valeurs sociales, environnementales et culturelles de l’Etat qui contrôle ce marché. Elle rendrait possible le passage de l’économie de marché à l’économie politique, au service des intérêts de la société. Mais il étonnant d’observer qu’Hervé Juvin imagine dans son livre une économie politique de l’Union européenne (qui pourrait réguler le marché sur le plan environnemental) et non de la France. Un Etat transnational pourrait donc être bénéfique aux peuples sans être impérialiste ?

Les Etats-Unis, épouvantail et modèle

Une contradiction essentielle réside dans le Mur de l’Ouest n’est pas tombé. Il pointe du doigt avec pertinence l’impérialisme américain dans l’économie de marché mondialisée. Mais dans le retour des nations qu’il imagine en Europe pour se protéger de tout impérialisme, il s’appuie sur le sentiment national très fort aux Etats-Unis. Si l’aigle américain sort souvent vainqueur d’une bataille économique, c’est parce qu’il sait mettre l’ouverture au marché au service de l’intérêt national. Les Etats-Unis ne défendent pas la liberté pour la liberté mais pour garder leur position dominante dans le village mondial.

Pour Hervé Juvin, l’Europe et la France devraient donc s’inspirer de ce sentiment national américain pour s’imposer davantage sur la scène économique.

Même si l’essayiste affirme que la nation est gage de stabilité face aux ambitions impérialistes, il montre implicitement que le sentiment national n’est pas dénué d’ambition colonisatrice pour se conserver. Et que le marché est un moyen de renforcer la nation.

  • Le Mur de l’Ouest n’est pas tombé, Hervé Juvin, éditions PGDR, 271 pages, mai 2015

Le jeu dangereux d’Erdogan

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Le jeu dangereux d’Erdogan

Le leader turc joue de la faiblesse de ses “alliés” européens pour imposer ses vues, contraires à nos intérêts

par Pascal Lorot

Ex: http://www.lenouveleconomiste.fr

La Turquie est-elle encore notre alliée ? C’est là une question qui interpelle aujourd’hui nombre de chancelleries. Depuis l’arrivée au pouvoir des islamo-conservateurs de l’AKP (Parti de la justice et du développement) et de son chef incontesté Recep Erdogan, la Turquie a fait le pari de réinvestir l’ancien espace ottoman et d’émerger comme une pièce centrale sur l’échiquier régional. Sauf qu’en voulant devenir un acteur majeur du Proche et du Moyen-Orient, Ankara s’est peu à peu affranchie des liens de solidarité existant jusque-là avec l’Europe et, plus généralement, l’Occident.

En 2009, la Turquie va tout d’abord casser le partenariat stratégique prévalant avec Israël. Avant, au moment des révolutions arabes de 2011, de jouer la carte des Frères musulmans et des insurgés qui veulent, au nom de l’islam et de la “démocratie” (on voit ce qu’elle a donné…), renverser les dirigeants de la région. C’est la rupture avec l’Égypte de Moubarak et le soutien aux Frères avant, une fois ces derniers renversés, de s’orienter vers une posture semi-conflictuelle avec la nouvelle Égypte.

Le cas de la Syrie est encore plus flagrant. Allié de longue date de Bachar el-Assad, Erdogan va en faire son pire ennemi lorsque le maître de Damas décide de ne pas suivre ses “conseils”, et ne vise plus qu’un objectif : sa chute, quel qu’en soit le prix. Ce dernier s’appelle Daech, le pire adversaire de l’Occident, avec lequel il pactise. Dans sa conquête du pouvoir, l’État islamique peut ainsi s’appuyer sur l’“allié” turc : les djihadistes transitent par la Turquie, s’y reposent avant de repartir au combat, s’y font soigner ou s’y instruisent. À cette aune, les attaques ouvertes de Moscou quant à la complicité d’Ankara dans les trafics pétroliers de Daech ne sont qu’un élément à charge de plus. Et le fait que ces éléments soient mis sur la table par la Russie n’enlève rien à ce qui est perçu par nombre d’experts occidentaux comme une quasi-certitude.

“La Turquie a fait le pari de réinvestir l’ancien espace ottoman et d’émerger comme une pièce centrale sur l’échiquier régional. Sauf qu’en voulant devenir un acteur majeur du Proche et du Moyen-Orient, Ankara s’est peu à peu affranchie des liens de solidarité existants jusque-là avec l’Europe et, plus généralement, l’Occident”

À l’inverse, lorsque les Kurdes libres de Kobané subissent les assauts de Daech, la Turquie les laisse se faire massacrer à quelques mètres de sa frontière. Lorsque Yazidis et autres minorités ethno-religieuses se font elles aussi massacrer, point de réaction non plus.

L’arme du contrôle des migrants

Enfin, lorsque le président Hollande s’engage pour la mise sur pied d’une vaste coalition visant à défaire une fois pour toutes Daech, la Turquie ne trouve rien de mieux que d’abattre un Sukoï 24 russe, qui ne menaçait en rien la Turquie quand bien même il survolait la frontière syro-turque. Avec pour résultat d’enterrer les espoirs de la diplomatie française de rassembler tous les acteurs sous la même bannière. Il est vrai qu’Erdogan, tout à son obsession anti-Kurde, préfère sans doute le statu quo à une éviction réelle de Daech qui conforterait Bachar el-Assad en Syrie, mais aussi nos alliés kurdes.

Que dire enfin de la passivité de Recep Erdogan face à la vague des migrants qui déferlent sur l’Europe ? Dans un État où la police et l’armée occupent une place centrale dans la hiérarchie du pouvoir, il est clair qu’Ankara était en mesure de sécuriser ses côtes et d’empêcher l’exode de centaines de milliers de vrais et faux réfugiés. Le président turc a pourtant laissé faire, car il a bien compris le profit politique qu’il pouvait en tirer face à une Europe faible et fragile. Le résultat du chantage réussi de la Turquie est là : contre l’engagement de “fixer” les réfugiés (ceux qui ne sont pas déjà en Europe), il reçoit des Européens un chèque de 3 milliards d’euros, la réouverture des négociations en vue de l’adhésion future à l’Union européenne et la liberté pour près de 80 millions de Turcs de pouvoir circuler sans visa, en Europe, à compter d’octobre 2016.

Recep Erdogan est un vrai leader et un homme de conviction, qui sait jouer de la faiblesse et des contradictions de ses “alliés” européens et n’hésite pas à hausser le ton et à menacer. Sauf que ses postures et engagements dans cet Orient compliqué vont à l’encontre de la plupart de nos intérêts stratégiques. Tout le monde en a conscience. Qui osera le dire à voix haute ?

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La senda del samurai

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La senda del samurai

por José Luis Muñoz Azpiri 

Ex: http://culturatransversal.wordpress.com

A la memoria de Moisés Mauricio Prelooker. “Es mejor prender una vela que maldecir las tinieblas” (Confucio).

Desde hace ya muchos años constituye un lugar común entre los “analistas de café” el célebre apotegma de un premio Nóbel de economía que sentenció: “Existen cuatro clases de países en el mundo: Desarrollados, subdesarrollados, Japón y la Argentina”, dando a entender que un país pródigo en recursos materiales y humanos no tiene nada y que otro, sometido a las adversidades del medio geográfico y a las trágicas vicisitudes de su historia lo tiene todo.

Dicha frase a pasado a integrar la larga lista de sentencias autodenigratorias con las cuales la “intelligentzia” y sus voceros que, pontifican respecto a la “nociva” experiencia histórica de los protagonismos populares y nos estigmatizan como representantes del pensamiento arcaico o resabios de ideologías perimidas y arrasadas por los vientos de una discutible globalización. Omiten destacar que el Japón pudo convertirse en un país moderno porque fue atípico, porque se aferró a sus instituciones tradicionales, porque mantuvo en forma inquebrantable su propia personalidad nacional.

El desarrollo japonés se caracterizó por un elevadísimo ritmo de acumulación, sobre todo de capital productivo. La reinversión llegó a la tercera parte del producto en el largo período de prosperidad que siguió a la Segunda Guerra Mundial. El capitalismo japonés fue fundamentalmente austero, no solo en los estratos superiores, sino en toda la población

Los gastos militares, que antes constituían el 7% del producto, se redujeron a niveles insignificantes a partir del gobierno del general Mc Arthur. Por otra parte, el mismo gobierno japonés impuso una reforma agraria más avanzada que la que habían deseado algunos reformadores. El desmantelamiento de las fuerzas armadas liberó a muchos técnicos, que iniciaron modestas empresas que después alcanzaron dimensiones gigantescas. El gobierno y la iniciativa privada incorporaron masivamente la tecnología de Occidente, sobre todo por el envío sistemático de gente a formarse en el exterior. Pero no renegó de sus propios valores ni abjuró de su historia y su tradición. Solo se admitieron las trasnacionales cuando el Japón pudo tenerlas y competir con ellas.

Ahora bien, ¿A qué se debe la austeridad del capitalismo japonés? ¿Algunos pueblos están predestinados a la acumulación previsora y otros al derroche por su carácter nacional o por un determinismo genético? ¿Existe algún fatalismo histórico que lleva a algunas naciones a la prosperidad y a otras a la pobreza y a la dependencia?

Indagando el pasado

En 1543, un barco comercial portugués que iba rumbo a China naufragó en alta mar y después de varias semanas de estar a la deriva encalló en la isla Tanegashima en el extremo sur de Kyushu. Los tripulantes fueron rescatados por los isleños, quienes repararon el buque portugués para que pudieran volver a su patria. Los portugueses, muy agradecidos, hicieron una demostración de “tubos negros que lanzaban fuego estruendosos y simultáneamente dan al blanco con una distancia de más de setenta metros”. El señor feudal de Tanegashima se asombró por la precisión con que alcanzaron el blanco las balas y compró dos ejemplares a cambio de una cuantiosa cantidad de plata. Fueron los primeros fusiles que se conocieron en Japón.

Unos años después, los portugueses volvieron a Japón trayendo muchos fusiles tratando de venderlos bien; pero el precio que lograron no llegaba al nivel esperado. Después de varios días de frustración, los portugueses descubrieron que ya en el mercado japonés estaban en venta gran cantidad de fusiles fabricados por los japoneses. Resultó que el señor de Tanegashima (Tokitaka, 1528–1579), al comprar los dos fusiles, ordenó a su súbdito, Kinbei Yaita, encontrar la manera efectiva de reproducirlos. Kinbei desarmó los fusiles y con la ayuda profesional de los herreros de espadas logró dominar la metodología para fabricarlos.

sam2.jpgLa técnica de manufactura de fusiles fue transmitida a Sakai (en aquella época era el centro comercial “industrial” de Japón; se ubica al lado de Osaka). Los herreros especializados en producir las famosas espadas japonesas dominaban los secretos de cómo forjar el acero y dar tratamiento térmico más adecuado para aumentar la resistencia del metal. Tenían sus talleres alrededor de Sakai y empezaron a manufacturar los fusiles con mejores resultados que los originales en cuanto a la calidad de la puntería y resistencia al calor.

Al principio, los tradicionales señores feudales no reconocieron el verdadero valor de los fusiles. Los consideraban armas cobardes e indignas de un samurai y rechazaron darles un lugar merecido en la estrategia militar. Pero la historia de Japón fue drásticamente modificada a partir de la batalla de Nagashino en 1575, cuyos protagonistas no fueron famosos caballeros con armaduras, lanzas y espadas, sino desconocidos fusileros.

Este episodio, y posteriores, se encuentra en el encantador e imprescindible libro de Kanji Kikuchi: “El origen del poder. Historia de una nación llamada Japón” (Sudamericana, 1993) de obligatoria lectura para quien quiera aproximarse al espíritu nipón. Con este incidente, se inicia una lucha de cuatro siglos contra las tentativas de los “bárbaros del este”, es decir, los occidentales.

Una sociedad jerárquica

Hasta 1867 existía en Japón una estructura de poder dual. El emperador, con residencia en Kyoto, resumía la autoridad religiosa y la santificación de la jerarquía social, pues otorgaba títulos y poderes nobiliarios, pero carecía de funciones políticas reales. El verdadero poder estaba en manos de los grandes señores feudales, los daimyos, entre los cuales descolló Tokugawa, quien dio su nombre a todo este período. El emperador era un personaje sin poder real, relegado a un papel simbólico, de carácter esencialmente religioso. El verdadero jefe de gobierno era el shogun, equivalente al chambelán de palacio de los francos, que ejercía un cargo igualmente hereditario.

Al servicio de los daimyos estaba la casta militar de los samurai y, en la base, los labradores (no), los artesanos (ko), los comerciantes (sho) y los desclasados (hinin, “no humanos”); todos despreciados y oprimidos al no ejercer la actividad guerrera, y sujetos a disposiciones rigurosas sobre vestimenta, prohibición de montar a caballo, etcétera.

Los daimyos y sus guerreros profesionales, los samurai, combinaban una difusa lealtad al emperador y a las antiguas instituciones con una despiadada explotación de los campesinos, cuya situación era tan desesperante que los inducía con frecuencia al mabiki (infanticidio) con el objeto de los niños sobrevivientes pudieran seguir alimentándose.

Los occidentales intentaron repetidas veces poner el pie en el Japón, aunque los shogun, en un intento desesperado de cortar todo lazo con Occidente – llegaron a prohibir la construcción de barcos oceánicos y a castigar con la pena de muerte el arribo de extranjeros. Pero todo cambió con la penetración imperialista: en 1853, cuatro barcos pintados de negro dirigidos por el Comodoro norteamericano M.C.Perry (1794-1858) aparecieron el la bahía de Tokio (Edo de entonces) y exigieron la apertura del Japón. ¿La razón?, aunque parezca increíble: las ballenas.

En aquel entonces, los puertos japoneses se necesitaban como bases de reabastecimiento para los buques balleneros norteamericanos. Los estadounidenses, conquistando la frontera oeste, llegaron a California. La población norteamericana estaba en franca expansión y la demanda de la grasa de ballena, una suerte de petróleo de la época, como aceite para las lámparas y la materia prima para fabricar alimentos y jabones, crecía cada vez más. Al principio, los norteamericanos cazaban ballenas en el Océano Atlántico, pero al exterminarlas (los cachalotes del Atlántico), se trasladaron al Pacifico y pronto se convirtieron en los dueños del Océano Pacífico del Norte. Los buques balleneros salían de su base en California y tomaban a las islas Hawai como base de reabastecimiento. Según la estadística del año 1846, los buques balleneros norteamericanos en el Océano Pacífico sumaban 736 y la producción anual de aceite de ballena llegó a 27.000 toneladas.

Estos buques balleneros persiguiendo cachalotes navegaron desde el mar de Behring hasta la costa norte del Japón. Entrando al siglo XIX, los buques balleneros norteamericanos aparecieron varias veces en la costa japonesa, pidiendo suministros de agua y comida, además de combustible. Porque la autonomía de esos balleneros que navegaban a vapor no era suficiente para un viaje que demandara más de cinco meses. Conseguir la base de reabastecimiento en Japón, o no, era de vital importancia para mejorar la productividad de estos buques factorías. Sin embargo, las autoridades locales de las pequeñas aldeas de pescadores del Japón automáticamente rechazaron a los buques balleneros y ni siquiera les permitieron desembarcar. Para ellos no hubo ningún motivo de discusión al cumplir la orden de la Carta Magna celosamente respetada durante siglos por sus antepasados. A nadie le importaba el por qué del aislamiento. No tratar con los extranjeros era simplemente una regla de juego que había que cumplir so pena de muerte, y punto. La ley de aislamiento ya formaba parte del ser japonés.

El Comodoro Perry volvió a la bahía de Edo en el año siguiente (1854), esta vez con siete negros buques de guerra, y llegó hasta la distancia adecuada para el alcance de sus modernos cañones que apuntaban al castillo y a la ciudad de Edo, y exigió de nuevo la apertura. El Shogunato de Tokugawa, completamente asustado, firmó el acuerdo de amistad con Norteamérica, concediendo dos puertos como base de reabastecimiento para sus barcos: Shimeda y Hakodate.

De esta manera, el aislamiento en que el Japón vivía desde el comienzo del siglo XVII fue levantado a la fuerza por la escuadra de Perry. Ese año arribó al Japón el primer Cónsul General de Norteamérica, Mr. Harris (1804-78). La misión del señor Harris era lograr la firma del Tratado de Libre Comercio bilateral con el Gobierno del Japón. Inmediatamente lograron concesiones similares Inglaterra, Holanda, Francia y Rusia.

Esto contribuyó a desprestigiar al Shogun, y el Emperador, apoyado por una parte de la nobleza, de los samurai que controlaban la flota y el ejército, y de algunas poderosas familias de banqueros, depuso al Shogun, destruyó el poder territorial de la nobleza feudal e impuso un régimen centralizado: un ministerio de quince miembros, fuerzas armadas unificadas, impuestos, administración y justicia nacionales.

El grito que surgió en Japón, sin embargo, fue Isshin: volvamos al pasado, recobremos lo perdido. Era lo opuesto a una actitud revolucionaria. Ni siquiera era progresiva. Unida al grito de “Restauremos al Emperador”, surgió el de “Arrojemos a los bárbaros”, igualmente popular. La nación apoyaba el programa de volver a la edad dorada del aislamiento, y los pocos dirigentes que vieron cuán imposible era seguir semejante camino fueron asesinados por sus esfuerzos de renovación.

Con la misma terca determinación con que se habían negado durante cuatro siglos a todo contacto con los extranjeros (salvo la curiosa excepción de los holandeses, que eran tolerados, pero confinados en una isla artificial) los japoneses se lanzaron a la aventura de vencer a los occidentales con sus propias armas. Se acusó al shogun – uno de cuyos títulos era el de “generalísimo dominador de los bárbaros” – de ser incapaz de impedir la humillación nacional, se le obligó a renunciar y se desencadenó un tsunami bautizado como “Restauración Meiji”.

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La Restauración Meiji

Desde 1867 ocupaba el trono imperial un muchacho de quince años, Mutsuhito, quien adoptó en 1868 para designar su reinado el nombre del año en curso, Meiji (“gobierno ilustrado”). Los eruditos del culto nacional (Shinto) habían ganado mucho apoyo para su concepción de que el Japón era un país superior, por contar con una casa imperial fundada por la Diosa del Sol. Estas enseñanzas – que constituían en realidad la doctrina nacional japonesa – fueron rescatadas por los grandes señores feudales del sudoeste del Japón, que querían debilitar la institución del Shogunato para imponer su propia autoridad.

Cuando el Estado se configura como tal, a partir de la acumulación mercantil, elementos como la religión (transformación cultural del animismo, según algunos antropólogos), queda incorporado al orden estatal como regulador del consenso.

Se levantó así la bandera del “retorno a lo antiguo” (fukkó) y los jóvenes samurai, violentamente antiextranjeros – que se habían vinculado extensamente entre si a través de años de entrenamiento en las academias de la espada, y que a menudo eran pobres – se plegaron al bando de los daimyos del sur, y derrocaron al último shogun, entregando el poder al emperador adolescente, en cuyo nombre se había realizado todo el movimiento.

En 1868 los principales señores feudales fueron convocados al palacio imperial de Kyoto, donde se proclamó la restauración del poder imperial. Al año siguiente la capital fue trasladada a Tokio, y se inició la construcción del Japón moderno.

Para 1889 se había creado una monarquía constitucional fuertemente oligárquica, con dos cámaras: la de los pares, vitalicios, designados por el emperador y elegidos por los grandes propietarios, y la de diputados, elegida por los habitantes que pagan censo (500.000 sobre 50 millones que componían la población total. El apoyo directo del régimen lo constituía la casta militar.

Tales cambios no modificaron la situación del jornalero agrícola, ferozmente explotado, y fueron acompañados por el empobrecimiento brutal de los pequeños campesinos propietarios, que debieron vender e hipotecar sus tierras. Tampoco se evitaron totalmente las tensiones entre la casta militar y la nueva burguesía. Pero la estructura samurai, actuando sobre el capitalismo existente y el poder fuertemente centralizado, dio origen a un desarrollo aceleradísimo, que se benefició del éxodo de los campesinos arruinados y de los obreros agrícolas, empujados por la miseria hacia las ciudades, donde formaron un enorme ejército de mano de obra barata.

La centralización del poder permitió que, en lugar del tradicional laissez-faire de los capitalismos occidentales, se instituyera un fuerte capitalismo de Estado, que mediante la asociación con la nueva oligarquía, dio origen a una rápida trustificación, tanto en la banca como en la industria. El Estado creó y modernizó la industria del hierro, del acero y las empresas textiles, cediéndolas luego a los particulares. Se crearon instituciones bancarias a imitación de las de Estados Unidos, y los comerciantes japoneses, apoyados por el Estado, desplazaron a los extranjeros.

El período llamado Meiji significó así la estructuración en pocos años de una sociedad capitalista centralizada, monopólica, militarista, que producía a muy bajos costos debido a lo económico de la mano de obra. Estaban dadas todas las condiciones para que Japón se lanzara a la expansión imperialista y territorial, en conflicto con las otras potencias, y en primer término con Rusia, con la que debía dirimir la hegemonía sobre la costa asiática del Pacífico.

Pilares de la transformación

Los líderes revolucionario-tradicionalistas estaban convencidos que la fuerza de los países occidentales provenía de tres factores:

– El constitucionalismo, que originaba la unidad nacional
– La industrialización, que proporcionaba fuerza material
– Un ejército bien preparado. La nueva consigna fue: “país rico, armas fuertes” (fukoku-kyohei).

Basados en estas premisas pusieron en marcha drásticas reformas que significaron en poco tiempo la liquidación de toda la estructura de la sociedad feudal. En primer término se obligó a los grandes daimyos a revertir sus propiedades al trono, que era considerado titular de toda la tierra japonesa. Los señores feudales, en una primera etapa, fueron nombrados gobernadores de sus antiguos feudos.

Pero eso duró poco. En 1871 los gobernadores-daimyos fueron convocados a Tokio, se les entregó un título de nobleza, a la usanza occidental, y se les quitaron sus cargos, al mismo tiempo que se declaraba abolido oficialmente el feudalismo. Los 300 feudos fueron convertidos en 72 prefecturas y tres distritos metropolitanos.

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No menos decidida fue la campaña contra la estratificación social que había predominado durante la época feudal. Era fácil otorgar títulos y generosas pensiones a los grandes señores feudales, pero resultaba mucho más difícil reubicar a más de dos millones de samurai y demás dependientes, sin dinero y sin tierras. A éstos se les concedió una pensión igual a una parte de su antiguo estipendio, y cuando la erogación resultó una carga demasiado pesada para el erario, se los sustituyó por bonos del tesoro, inconvertibles y de bajo interés. Se les prohibió también portar espada y seguir exhibiendo su característica coleta.

Pronto las pensiones y bonos se esfumaron, pues la inflación devoró gran parte de su valor. Por otra parte, los samurai carecían de capacidad para adaptarse a las nuevas condiciones imperantes. En 1873, el mazazo final: se instituyó la conscripción obligatoria, con lo cual los samurai perdieron su tradicional monopolio del servicio militar. Hubo motines, por supuesto, pero fueron sofocados. El más célebre fue el de Saigo.

Caballos desbocados

Después de la Restauración Meiji, los samurai que pelearon para derrocar el régimen feudal, advirtieron que habían sido utilizados y que su premio había sido la desocupación y la pérdida de todos sus privilegios. Al hecho de no poder portar katana ni la indumentaria que los había caracterizado durante siglos se sumaba la obligación de tener que trasladarse a Tokio (ex Edo) con el consiguiente abandono de sus castillos tradicionales y la separación de sus súbditos. Era el precio a pagar por la modernización a la que consideraban una traición a los valores tradicionales y nacionales y una imitación servil de todo lo extranjero.

Takamori Saigo, quien fuera Comandante Supremo de las Fuerzas Unidas Reales que derrotaron al Shogunato, surgió por propia gravitación como líder de los descontentos.
Por esa época, al igual que la actual, Rusia porfiaba en lograr puertos cálidos en el sur, que no se congelaran en el invierno (Tal fue una de las principales causas, sino la principal, de la invasión a Afganistán), en algún lugar en la Bahía del Mar Amarillo o en la costa coreana. Por ello el Imperio Ruso se interesaba tanto en Manchuria o en la Península Coreana a las que Japón consideraba vitales para su defensa. Saigo intentó resolver militarmente los dos frentes aprovechando la energía latente de los samurai ora desempleados y planeó la invasión de Corea. El rechazo a sus planes detonó la rebelión de Satsuma de 1877.

Fue la última de las grandes protestas armadas contra las reformas del nuevo gobierno Meiji, y sobre todo contra aquellas que representaban una amenaza para la clase samurai al acabar con sus privilegios sociales, reducir sus ingresos y obstaculizar su tradicional estilo de vida. Son muchos los samurai de Satsuma que en 1873 abandonaron el gobierno junto a Saigo, resentidos por el rechazo a la propuesta de éste de invadir Corea y por el proceso de reforma, que parecía hacer caso omiso a sus intereses. La rebelión surgirá por fin en enero de 1877, acabando con el suicidio de Saigo. Cuenta la tradición que se quitó la vida cometiendo el tradicional seppuku (harakiri) junto con trescientos de sus últimos seguidores.

Junto con Saigo, murieron los samurai como fuerza política vigente. Pero la imagen que dejaron, idealizada y embellecida, renació inmediatamente después de la muerte como símbolo de la ética del pueblo. El espíritu honorable de los samurai y sus almas nobles empezaron a buscar un lugar en el corazón de los ciudadanos comunes de Japón. Hoy se venera su memoria junto a las leyendas de los Marinos de Tsushima, el general Kuribayashi de Iwo Jima o los más de 300 pilotos Kamikaze de la Segunda Guerra Mundial.

Con ligeras variantes, este episodio fue narrado en las novelas de Yukio Mishima, las películas de Kurosawa o en la versión hollywoodense de “El último samurai”.

Cómo generar capital sin endeudarse

La abolición de los señores feudales y la expropiación de sus feudos hizo posible desechar el viejo sistema de tenencia de la tierra e instituir un sistema impositivo regular y confiable. Los líderes del Japón moderno estaban convencidos de que sólo podían y debían depender de sus propios recursos. Para obtenerlos no vacilaron en decretar un impuesto en dinero del 3% sobre los valores inmobiliarios, para lo cual se realizó previamente, en 1873, un censo agrario, determinando sus tasaciones sobre la base de los rendimientos medios en los años anteriores. Este censo permitió también otorgar títulos de propiedad a los campesinos, a quienes se liberó de todas las tabas feudales, dándoles entera libertad para escoger sus propias siembras.

Todas estas medidas requirieron cierto tiempo, y como implicaban cambios fundamentales, hubo momentos de gran confusión y frecuentes desajustes, que provocaron levantamientos y manifestaciones de campesinos. Sin embargo, la entrega en propiedad a los campesinos, junto con las enérgicas medidas adoptadas por el nuevo régimen para promover los adelantos tecnológicos y adoptar nuevos fertilizantes y semillas seleccionadas, produjeron finalmente un enorme incremento en la producción agraria. Sobre esas bases se construyó el Japón moderno, que en tres décadas pasó de sus inofensivos barcos de guerra de madera a una poderosa flota, con la cual el almirante Togo hundió en el estrecho de Tsushima (1905) a toda la flota rusa del Báltico, que acudía a Extremo Oriente para tratar de levantar el bloqueo japonés.

El impuesto a la tierra y la emisión de papel moneda avalado por los valores inmobiliarios se convirtieron durante varias décadas en la principal fuente de recursos del Estado japonés.

En toda su historia, el Japón sólo ha hecho uso de un préstamo inglés de un millón y medio de libras esterlinas.

Así, en el plazo de una generación y contando solamente con sus propias fuerzas, el Japón se convirtió en una gran potencia. Téngase en cuenta para valorar lo realizado, la extrema pobreza del territorio japonés, que obliga a depender tanto del mar como de la tierra para alimentarse. La alternativa consistía en convertirse en una colonia europea o norteamericana, a lo cual Japón parecía predestinado por su carencia de recursos materiales y su falta de tradición tecnológica. Eligió otro camino.

Japón probó que un pueblo asiático era capaz de desarrollar los adelantos técnico-industriales ostentados por los occidentales, y luego enfrentar militarmente a estos, aún derrotándolos, como sucedió con Rusia. El Japón, como ejemplo que demostraba la mentira occidental de una superioridad basada en la raza o en recónditas cualidades espirituales, contó con las simpatía del naciente movimiento nacionalista, tanto chino como indio, indonesio, vietnamita, birmano, malayo o filipino.

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¿Imitación o creatividad endógena?

La autogestión y la imitación, ¿son en realidad dos polos opuestos? Un país que desee acelerar su industrialización debe ser capaz de reconciliar ambos aspectos, como lo demuestra la experiencia japonesa.

En 1875 el gobierno Meiji inició la primera fábrica moderna de manufactura de hierro, en Kamaishi, bajo la supervisión de un ingeniero británico. Durante veinte años habían operado allí pequeños hornos, construidos también conforme a un diseño extranjero, pero sin ingenieros extranjeros. Los hornos habían tenido dificultades financieras, pero técnicamente habían tenido éxito. Con todo, el gobierno ignoró esta tecnología tradicional y prefirió los métodos británicos. Los resultados fueron desastrosos. Al cabo de cien días se acabó en carbón. Después de un tiempo se reanudó la producción utilizando coque. Pero esto dio por resultado la congelación del hierro y el coque en el horno y, así, hubo de clausurarse toda la planta.

La investigación tecnológica e histórica señala las tres causas siguientes del fracaso: había una amplia brecha entre la modernidad de la tecnología en que se basaba el nuevo horno y la forma anticuada de producir carbón: la ubicación de los hornos y el sistema total de transporte no eran adecuados para proporcionar rápidamente materia prima, y el diseño del horno mismo era fundamentalmente defectuoso. Además, la operación era dirigida por extranjeros, quienes no tomaron en consideración las características del mineral de hierro y el carbón japoneses. Debe añadirse una cuarta causa, a saber, la veneración por Occidente que sentía el gobierno. Este fracaso inicial de establecer la industria moderna del hierro en Japón demuestra claramente los peligros de importar tecnología sin prestar atención a las condiciones locales, y también demuestra la ventaja de la tecnología doméstica, es decir, su integración prioritaria con las condiciones locales.

Si deseamos examinar intentos anteriores de crear un moderno sector de la manufactura de hierro, podemos volvernos a la historia de la fundición de cañones. Aquí encontramos lo que se puede designar como el “modelo de la autogestión /imitación”, que podría demostrar ser un ejemplo valiosos para los países actualmente en desarrollo. Los hornos de reverbero en Saga, Kagoshima, Nirayama, Tottori y Hagi se basaban todos en un libro en idioma holandés. Hubo un prolongado proceso de prueba y error: tan solo la mitad del hierro se fundía, los cañones estallaban al primer disparo, etc… Pero no debe pasarse por alto el hecho de que, en medio de innumerables fracasos tuvieron un progreso constante. En efecto, en solo unos cuantos años todos los problemas iniciales habían sido superados y para fines del período Edo (1600 –1868) habían construido alrededor de doscientos cañones, incluyendo tres con rayado en espiral, que eran el último avance en la Europa contemporánea. Pese a innumerables fracasos, la velocidad con que asimilaban la nueva técnica exógena nos parece sorprendente. Ha habido muchos debates acerca de las razones de esta velocidad, pero aquí es de interés especial la posición adoptada por el profesor Shuji Ohashi: Usando sus estudios detallados sobre la metalurgia del hierro en las postrimerías del período Edo, el profesor Ohashi ha mostrado tres etapas diferentes en el proceso de formación de la tecnología del fundido de cañones en Saga. Cada una de estas etapas tuvo su propia contraparte en el desarrollo europeo.

La primera etapa fue el fundido de cañones de bronce. En Japón, este período duró de 1842 a 1859, mientras que la misma tecnología en Europa había permanecido en la etapa del bronce hasta mediados del siglo XVII. En ambos lugares, constituyó la base histórica para el fundido de cañones posterior. En Japón, esta segunda etapa de fundir cañones de hierro tuvo lugar entre 1851 y 1859 y correspondió a un avance que tuvo lugar en Europa desde mediados del siglo XVII a la década de 1850. La tercera etapa, que data de 1863, se centró en la capacidad de hacer cañones rayados de acero fundido. Esta etapa correspondió al desarrollo europeo desde la década de 1840. Debe observarse que, aunque cada etapa cubrió solo un breve período de tiempo, Saga había pasado exactamente por las mismas etapas y en el mismo orden que Europa.

En este desarrollo, confiaron no sólo en su propia experiencia en el fundido de cañones de bronce, sino también en muchos otros logros de la ciencia y la tecnología locales, tales como la elaboración de ladrillo refractarios, la utilización de la energía hidráulica, la aritmética japonesa local y, sobre todo, la totalidad de la tecnología doméstica de manufactura de hierro. Los artesanos desde hacía tiempo habían hecho armas, tales como espadas y pistolas, e implementos agrícolas tales como rastrillos y hoces de hierro en bruto y acero. Las temperaturas de sus horno eran comparables a la de los altos hornos. Así, los artesanos tenían un nivel notablemente alto en el arte del forjado y la fundición, y estaban bien informados acerca del comportamiento del hierro fundido y otros materiales diversos en altas temperaturas.

Sin el apoyo sólido de la tecnología local y de sus propias experiencias en las tecnologías precedentes, no puede esperarse que tenga éxito cualquier intento de imitación. Esto está fuera de toda dudad. Pero ¿podrían haber alcanzado los mismos resultado sin imitación alguna?. Sin duda, pero posiblemente con mucha lentitud. El intento de imitar un modelo occidental sin duda los alentó.

Exactamente debido a que sus intentos de fundir cañones fueron una imitación de tecnología exógena, estos intentos fueron acompañados por problemas nuevos, previamente desconocidos. La resolución de éstos requería de un nivel de destreza tecnológica más alto que el que realmente habían logrado los ingenieros.

Afortunadamente, las brechas que se encontraban cada vez eran lo suficientemente pequeñas como para superarlas. Pero, debido a la presencia de estas brechas, el incremento de sus habilidades puede describirse mejor como una serie de “saltos” en vez de cómo un simple progreso.

sam6.jpgEl desarrollo tecnológico japonés ha conocido muchos saltos así, uno de los cuales, por lo general, se considera como la fecha de nacimiento de la moderna industria del hierro de Japón: el primero de diciembre de 1857 vio encenderse el primer fuego en el alto horno de Kamaishi, un horno de carbón que una vez más se basó en el libro único mencionado arriba. Claro está que, fuera de estos saltos, hubo fracasos, pero también éstos fueron importantes, ya que prepararon a los ingenieros japoneses para su siguiente salto. Esta característica (es decir, una serie de saltos pequeños) del desarrollo tecnológico japonés es extremadamente importante para los países actualmente en desarrollo. En la medida que los países emergentes pretenden alcanzar el mismo nivel tecnológico que los países desarrollados en un período de tiempo más corto, sus planes de desarrollo necesariamente deben diseñarse como una serie de saltos.

Los problemas sociales relacionados con los saltos tecnológicos también deben ser interesantes para los países que inician su propio desarrollo. Los saltos técnicos deben ser vistos en sus contextos sociales e históricos. Pues, aunque en sí es un logro tecnológico, cada salto siempre fue parte inseparable de algún movimiento social histórico. El primer salto surgió de la agitación que comenzó con el choque social ocasionado por la Guerra del Opio y la aparición de buques de guerra occidentales y que terminó con la caída del gobierno Edo. Muchos cañones fundidos durante esa época fueron disparados contra el gobierno de Tokuwaga así como contra escuadrones occidentales. El segundo salto, claro está, estuvo asociado con el gran cambio social después de la Revolución Meiji, y el tercero con la tensión internacional entre la guerra ruso-japonesa. Mas tarde, también, los acontecimientos históricos siguieron siendo el incentivo de los saltos.

Hablando de manera general, en siempre que Japón tuvo siempre éxito en utilizar la pasión nacionalista creada por los períodos de agitación, y emplearla como fuerza motriz para un salto tecnológico. Esto sigue siendo verdad. Por ejemplo, los dirigentes japoneses hicieron uso pleno de la crisis del petróleo en 1973 a fin de crear un sentimiento de urgencia que pudieron aprovechar para el desarrollo integral de tecnología economizadora de energía.

Respecto a los sentimientos nacionalistas como ayuda para crear un salto tecnológico, un período especialmente interesante de la ciencia y tecnología japonesas es el período entre las dos guerras mundiales. La Primera Guerra Mundial impresionó mucho a los japoneses con las virtudes de la ciencia. Mas concretamente, habían sufrido varios tipos de carencias porque hubo que detener ciertas importaciones, y admiraban a los alemanes por haber inventado materiales sustitutos, bajo circunstancias similares, gracias a su ingenio científico. La tendencia que comenzó con esta guerra fue la “ciencia de los recursos”, que significaba la ciencia para asegurarse los recursos y para la invención de sustitutos, así como la ciencia de los “materiales de los recursos”. El problema que Japón había afrontado durante la guerra fue una especie de “dependencia tecnológica” parecida a la que puede verse ahora en los países periféricos. En consecuencia, más tarde se recalcó la independencia respecto de la tecnología occidental.

El respeto a la propia cultura, clave del éxito japonés

¿Cómo puede una sociedad reaccionar a las influencias exógenas y desarrollar capacidades potenciales endógenas? El hecho de que ambas van de la mano se ha demostrado repetidamente a lo largo de la historia. Como hemos visto, la experiencia japonesa misma lo comprueba: Japón fracasó cuando trató sencillamente de importar el conocimiento, sin tener en cuenta las condiciones propias. E incluso Europa lo había tomado en préstamo y lo había integrado, ya que en la temprana edad de este milenio Europa aprendió mucho de la ciencia y técnica altamente avanzadas de las zonas culturales árabe, hindú y china. Este proceso incluyó abundantes ejemplos de imitación y préstamo. Pero, una vez arraigados en la cultura europea, estos elementos exógenos permitieron que surgiera la energía latente en las condiciones domésticas europeas. Y Europa comenzó a desarrollarse rápidamente.

Sobre la industrialización del Japón existen los excelentes estudios del profesor Kazuko Tsurumi, que rechaza la opinión que considera la ciencia y la tecnología como entidades independientes de la cultura de cualquier sociedad en particular. Cada cultura tiene sus propias formas tradicionales de conocer y hacer. Esto significa que habrá un conflicto entre toda la tecnología prestada y la cultura local del país que la pide en préstamo, conflicto que no puede resolverse sino en el momento en que la tecnología se haya integrado a la cultura. El profesor Tsurumi investigó los conflictos en la tecnología local de la manufactura del hierro en el período Meiji en Japón. Este enfoque se recomienda a sí mismo como un método tecnosociológico. Si comparamos los diversos conflictos ocasionados por la importación de tecnología en algunos países, podemos encontrar muchas claves para la comprensión de la relación entre tecnología y cultura social. No obstante, al comparar China y Japón, el profesor Tsurumi siempre parece considerar la autogestión de manera favorable y positiva, refiriéndose a la imitación en términos negativos. Pero sería imposible para los países en desarrollo alcanzar la industrialización sin imitar o tomar a préstamo tecnología. Tal el caso de nuestra industria metalmetalúrgica de aplicación agrícola.

Un país capitalista atípico

Como Rusia, el Japón llegó tarde al desarrollo capitalista. Pero a diferencia de aquella, a partir de la Revolución Meiji de 1867, el sistema feudal fue superado en forma muy acelerada, por un lado; por el otro, también a diferencia de la burguesía rusa, la japonesa, apoyada en un fuerte capitalismo de Estado, logró controlar férreamente el proceso excluyendo del mismo la presencia y penetración del capital extranjero.

La modernización del Japón, ocurrida de este modo, prácticamente se salteó el período del capitalismo de libre competencia, pasando en forma casi directa del feudalismo al capitalismo monopolista. La Restauración Meiji (1868) convirtió al Japón en un país moderno, aunque atípico. En realidad, tendríamos que señalar que pudo convertirse en un país moderno porque fue atípico, porque se aferró a sus instituciones tradicionales, porque mantuvo en forma inquebrantable su propia personalidad nacional.

Ese espíritu independiente se puso de manifiesto en todos los terrenos. En lo referente al desarrollo industrial japonés, este fue totalmente autofinanciado, y los nipones no pidieron el más mínimo crédito a Occidente. Los bancos controlados por el Estado y ampliamente provistos de fondos provenientes de la recaudación del impuesto a la tierra, suministraron todos los capitales necesarios para crear la industria pesada y la liviana. Una vez que se consolidaron las grandes familias (zaibatzu), dotadas de enorme poder económico y político, e integradas en algunos casos por parientes y amigos de los líderes Meiji, se les fueron entregando las plantas industriales. El desarrollo tuvo un ritmo impresionante, pero gracias al bajísimo nivel de vida de la población.

Al mismo tiempo, se producía una profunda revolución político – religiosa. Un decreto imperial de 1890, que amalgamaba elementos confucianos y shintoístas, estableció la política educacional del nuevo régimen. Las lealtades feudales fueron reemplazadas por la lealtad a la Nación, encarnada en la figura mítica del Emperador, como un deber patriótico ineludible. Se inculcó en todos los estratos sociales el ideal samurai del honor y la lealtad, que de este modo se convirtió en la herencia legada por los antiguos clanes dominantes. También quedó claramente en vigencia la veneración por los ancianos – rasgo típico de toda cultura arcaica – y los estadistas de mayor edad, después de abandonar la función pública, integraban una especie de gerontocracia, formando un consejo asesor que mantuvo en forma inflexible la continuidad y la coherencia de la política japonesa.

No se podría comprender nada de lo que ocurrió en Japón en estos cien largos años sin tener presente esta mezcla inextricable de lo antiguo y lo moderno. Y digámoslo con claridad: para que un país se realice debe asumir plenamente su destino y su tradición nacional, es decir, debe de tener como punto de referencia su futuro y su pasado.

En estos términos es posible comprender lo que ocurrió en Japón. En ese país se mantenía totalmente viva, apenas recubierta por un débil estrato feudal, la cultura arcaica, que liga al hombre con su tierra y consigo mismo, esa sociedad que el mundo occidental niega, porque lo toca demasiado de cerca, o que lo relega a los pueblos que llama “primitivos” (Véase al respecto las obras de Pierre Clastres). La Restauración Meiji rescató y permitió el afloramiento de dos aspectos básicos de esta sociedad, en las condiciones históricas muy especiales de ese aislado país insular:

1. la lealtad a la institución imperial, en la cual habían quedado sintetizados y simbolizados todos los valores espirituales de la aldea arcaica, y
2. el odio a los bárbaros es decir, hacia la civilización occidental, en lo cual no se equivocaban en absoluto, porque esa civilización representaba una amenaza clara de destrucción de todos sus valores esenciales.

Civilización y Barbarie

¿Por qué pudieron los japoneses afianzar su existencia como nación ante las presiones de todas las potenciales coloniales?

Disentimos en un todo con las explicaciones reduccionistas de ciertos “analistas” que atribuyen el desarrollo nipón a su espíritu imitativo y pragmático. Esta explicación, elemental por cierto, que atribuye a una civilización milenaria un supuesto deslumbramiento por la técnica y la cultura de Occidente, se da, como hemos visto, de bruces con la realidad, con la historia del Japón. No es otra cosa, que una de las tantas manifestaciones de etnocentrismo occidental.

El Japón evitó ser aplastado e impuso su presencia como nación porque se replegó sobre sus propias tradiciones, que se apoyan en el basamento inconmovible de la cultura arcaica, cimiento insustituible de una comunidad bien organizada.

De este modo se constituyó, como hemos dicho, en el heraldo de las reivindicaciones nacionales de otras naciones asiáticas. Lo logró porque a partir de sus propios valores, plenamente vigentes, antepuso ante todo lo demás su reconstrucción nacional, tras ser el único pueblo del planeta en sufrir una agresión atómica, aceptó una total austeridad, desechó todo lo superfluo y contando solamente con sus propias fuerzas se colocó en dos décadas a la vanguardia de las potencias industriales.

Comprendieron que en el dilema “civilización o barbarie” tan caro al pensamiento de nuestros liberales; que llegaron a importar maestras norteamericanas que ni siquiera sabían el castellano y esgrimieron la consigna para realizar una salvaje campaña de “limpieza étnica” con las montoneras del interior, que civilización es lo propio y barbarie lo extraño. Y los países que lo advierten tienen defensas más eficaces ante el intento la imposición del pensamiento único, mediante el bombardeo masivo de los medios de comunicación donde se ofrece un supuesto mundo racionalista y eficiente. “Un infierno climatizado que nos quieren vender como felicidad” decía Julio Cortázar. Un racionalismo que ha realizado un asalto despiadado e irracional contra el hombre y la naturaleza y una eficacia que se traduce en crisis y guerras eternas.

Al igual que el Japón, debemos afirmar que nuestro propios valores y nuestras propias esencias son más trascendentes, porque hacemos propio el certero axioma de Le Corbusier: “Lo que permanece, en las empresas humanas, no es lo que sirve, sino lo que conmueve”.

Fuente: Una Mirada Austral.

The Second Cold War

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The Second Cold War

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Ex: http://www.lewrockwell.com

In the light of the conflicts in Ukraine and Syria, there has been much talk about the clouding of US-Russian relations. Some voices in the Internet’s alternative media sections have conjured the possibility that these conflicts might lead to a new major war, while social networks like Twitter saw the usage of the hashtags #WorldWarIII and #WorldWar3 explode after Turkey shot down a Russian Sukhoi Su-24 jet in the vicinity of the Syrian border. Headlines in mainstream media outlets like Foreign Policy and the Guardian also proclaimed, “Welcome to Cold War III” and asked “are we going back to the bad old days?”.

This article suggests that although the ideological division of the Cold War ended de facto with the collapse of the Soviet Union, American geopolitical schemes to contain Russian power abroad have never really been abandoned. Throughout the 1990s and until today, US policymakers have been determined to wage overt or covert proxy wars with the aim of curbing its former adversary’s political, economic, and military influence. Chechnya, Ukraine, and Syria are the key spots where the logic of this second Cold War is played out.

A short glance over the state of the world today and its representation in the media suffices to identify a growing number of actual and potential centers of conflicts: Civil war is raging in parts of Ukraine, military tensions are growing in the South Chinese Sea, and the Middle East is more of a mess than ever. Nonetheless, some have suggested that the actual number of armed conflicts has actually reached a historical low. But this assertion is solely based on statistical preference. It is true that interstate (conflicts between two or more states) wars are on the decline. Instead, wars today are much more likely to take the form of intrastate conflicts between governments and insurgents, rather than national armies fighting over territory. As demonstrated to an outstanding degree in Syria, these conflicts are more and more internationalized and involve a bulk of non-state actors and countries who try to reach their goals through proxies rather than direct involvement, which would require “boots on the ground.”

But let’s start at the end. The end of the Cold War, that is. The situation during the years of systemic antagonism between the Eastern and Western Blocs has sometimes been captured in the image of three separate “worlds”: the capitalist First World, the socialist Second World, and a Third World. The latter term was not used as a marker for impoverishment and instability as it is commonly understood today, but as a postcolonial alternative “third way” for those newly independent states that struggled to avoid their renewed absorption by the two towering ideological empires. One strategy through which developing countries attempted to duck the neocolonial policies of the Cold War Blocs was by founding the informal Non-Alignment Movement (NAM) in 1961, initiated by India, Indonesia, Egypt, Ghana, and Yugoslavia. Counting 120 members as of now—in fact a large part of the global South—the movement’s anti-imperialist and anti-colonial stance has lost much of its bargaining power after the end of the Cold War.

Still, the final document of the movement’s 1998 summit in Durban, South Africa suggests that the end of the long-standing bipolar power configuration has by no means led to the betterment of those countries’ situation. Unipolar American dominance and the collapse of the Soviet Union instigated what was understood to be “a worrisome and damaging uni-polarity in political and military terms that is conducive to further inequality and injustice and, therefore, to a more complex and disquieting world situation.” This analysis turned out to be correct in many respects, particularly concerning the period of the 1990s.

WW3-eltsine.jpgWhile the Clinton years of domestic prosperity saw the US economy achieve the rarity of a budget surplus, the citizens of its erstwhile antagonist were (probably with the exception of Boris Yeltsin) experiencing the more sobering effects of Russia’s political and economic paradigm shift. Democratic Russia struggled to consolidate its deeply shaken economy in an environment ripe with organized crime, crippling corruption, and under the doubtful patronage of oligarchs like Boris Berezovsky who controlled the influential television channel ORT and whom Ron Unz in “Our American Pravda” described as “the puppet master behind President Boris Yeltsin during the late 1990s.”

The actual situation in the former Soviet heartland during the 1990s was utterly different from what American elites and media often depicted as a “golden age” of newfound democracy and a ballooning private sector. From the perspective of many US elites, the country’s plundering by oligarchs, ruthless criminal gangs, kleptocratic politicians, and corrupt military officers was welcomed as a convenient, self-fulfilling mechanism to permanently destabilize its mortally wounded adversary. But Russia never completed all the stages of collapse, not least because Yeltsin’s successor Vladimir Putin eventually took legal action to put such “businessmen” like Roman Abramovich and Berezovsky out of business. The latter was forced to seek refuge in London, from where he threatened to use his £850m private fortune to plot “a new Russian revolution” and violently remove his former protégé from the Kremlin.

The chaotic and aimless term of the alcoholic Yeltsin is often regarded as a chiefly positive time in which the East and the West closed ranks, although politicians and neoconservative think tanks in reality conducted the political and economic sellout of Russia during these years. The presidency of Vladimir Putin, while anything but perfect and with its own set of domestic issues, still managed to halt the nation’s downward spiral in many areas. Nevertheless, it is persistently depicted by Western elites and their “Pravda” as dubious, “authoritarian,” and semi-democratic at best.

Thus, in spite of Francis Fukuyama’s triumphalist proclamation of the “End of History” after the fall of the Berlin wall that supposedly heralded the universal rein of liberal democracy, the legacy of the Cold War is anything but behind us. Ostensibly, the current geopolitical situation with its fragmented, oblique, and often contradictory constellations and fault lines is utterly different from the much more straightforward Cold War dualism. Of the Marxist ideology only insular traces remain today, watered down and institutionalized in China, exploited in a system of nationalistic iconography in Cuba, and arranged around an absurdly twisted personality cult in North Korea. As of 2015, Russia is an utterly capitalistic nation, highly integrated in the globalized economy and particularly interdependent with the members of the European economic zone. Its military clout and budget ($52 billion) are dwarfed by US military spending of $598.5 billion in 2015. Even more importantly, after 1991 Russia had to close down or abandon many of its important bases, ports and other military installations as a result of the NATO’s eastward expansion.

Nevertheless, the sheer size of its territory and its command of a substantial nuclear weapon arsenal, cement Russia’s role as a primary threat to American national interests. This is illustrated by the fact that since three and a half decades, the US has covertly supported radical Islamic movements with the goal to permanently destabilize the Russian state by entrapping it in a succession of messy and virtually unwinnable conflicts. Pursued openly during the Soviet-Afghan War of the 1980s, this scheme continued to be employed throughout the 1990s during both Chechen Wars, as well as in Russia’s so-called “near abroad” spheres of influence: Dagestan, Ingushetia, South Ossetia, and other former Soviet vassal republics in the Caucasus, which have constantly suffered from extremists who exploit the lack of governmental pervasion in their remote mountain regions. These regions are home to over 25 million ethnic Russians and important components of the country’s economy. After the Soviet-Afghan War and the CIA’s buildup of Osama bin-Laden’s “resistance fighters,” American policymakers recognized the destabilizing potential inherent in the volatile political and sectarian configurations in the Islamic countries that encircle the post-Soviet Russian borderlands.

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Hence, despite many political ceremonies, pledges of cooperation, and the opening of Moscow’s first McDonalds in 1990, this policy was never fully abandoned. As a matter of fact, peaceful political coexistence and economic convergence never were the primary goals. Democratic Russia with its allies, military potential, and possible Eurasian trade agreements that threaten to isolate or hamper US hegemony was and still is considered a menace to American ambitions of unipolar, universal dominance.

Since the First Chechen War in 1994, Russia’s prolonged struggle against Islamic terrorism has for the most part been disregarded by Western media. Particularly after 9/11, the “war on terror” acted like a black hole that sucked up the bulk of the Western media’s attention. When the acts of terrorism on Russian soil became too horrifying to ignore—the 2002 Moscow theater hostage crisis and the 2004 Beslan school siege in particular—the massive death tolls were blamed on the drastic responses of Russian security forces who were not adequately prepared and overwhelmed by the vicious and meticulously planned attacks. In Beslan, the death of hundreds of innocents (186 children were murdered on their first day at school) was indirectly condoned and sardonically depicted as the consequences of the “separatist movement [and its] increasingly desperate attempts to break Russia’s stranglehold on its home turf.” Truly, to describe those who shoot children in front of their parents and vice versa as “separatists” and glorify them as “rebels” who act in self defense against an “authoritarian” regime demands a very special kind of callous apathy.

In a 2013 article that examined the Chechen descent of the suspects behind the Boston Marathon bombing, retired FBI agent and 2002 Time Person of the Year Coleen Rowley exposed “how the Chechen ‘terrorists’ proved useful to the U.S. in keeping pressure on the Russians.” She explicitly refers to a 2004 Guardian piece by John Laughland, in which the author connects the anti-Russian sentiments in the BBC and CNN coverage of the Beslan massacre to the influence of one particular organization, the American Committee for Peace in Chechnya (ACPC), whose list of members reads like “a rollcall of the most prominent neoconservatives who so enthusastically (sic) support the ‘war on terror,’” among them Richard Perle, Elliott Abrams, James Woolsey, and Frank Gaffney. Laughland describes the ACPC as an organization that heavily promotes the idea that the Chechen rebellion shows the undemocratic nature of Putin’s Russia, and cultivates support for the Chechen cause by emphasising the seriousness of human rights violations in the tiny Caucasian republic. It compares the Chechen crisis to those other fashionable “Muslim” causes, Bosnia and Kosovo – implying that only international intervention in the Caucasus can stabilise the situation there.

WW3tch.jpgThere are three key elements in the organization’s lobbying strategy to denigrate Russia and promote an intervention in Chechnya that serve to unmask a larger pattern behind the US foreign policy after 9/11. First, the labeling of a particular leader or government as “authoritarian” or in some other way “undemocratic” (Vladimir Putin, in this case). Second, the concept of an oppressed yet positively connoted population that strives for freedom and democracy (Chechen terrorists with ties to a-Qaeda, in this case). Finally, the stressing of “human rights violations” that warrant an intervention or economic embargo.

If all of these conditions are satisfied, the violation of the borders of a sovereign state is seen as justified (UN mandate not needed), enabling the US to emerge as a knight in shining armor and champion of human rights, bolting to the rescue of the world’s downtrodden, while covertly achieving an utterly different goal: To further the logic of a second Cold War through proxy warfare and weaken Russian by diminishing its foothold in its surrounding “near abroad” regions, which in many respects represent vital interests, both economically and strategically.

Swap out names and dates and it becomes evident that the same tripartite strategy was used to justify every recent intervention of the US and other NATO members, in Iraq (2003), Libya (2011), and Syria (since 2011). Interventions that were legitimized under the banner of humanitarian relief through the removal of “authoritarian” tyrants and supposed dictators and which have resulted in the deaths of an estimated 500.000 people, in Iraq alone. When the ASPC’s made its appeal regarding Chechnya in 2004, mind you, only one year had passed since the Abu Ghraib torture photos were leaked and two years since the first inmates arrived in the extralegal detention center at Guantanamo Bay.

Regarding the sweltering conflict in Ukraine’s Donbass region, the key dynamics are similar. President Viktor Yanukovych, accused by the Euromaidan movement—fueled by aggressive US and EU media propaganda and enticed with promises of lucrative NATO and EU memberships—of “abusing power” and “violation of human rights,” was forced to resign and replaced with a ultranationalist, anti-Russian and pro-Western government. Again, this campaign had nothing to do with actual humanitarian relief or concerns about the country’s democratic integrity. Instead, the hopes of a whole generation for a better future under Western influence were exploited by US policymakers who hoped to stifle Russia’s geostrategic elbowroom by ousting the naval bases of its Black Sea Fleet from the Crimea.

These bases, mostly located in the city of Sevastopol, have been the home port of the Russian navy for over 230 years, and are vital because they provide the only direct access to the Black Sea and (through the Bosporus strait in Turkey) to the Mediterranean. Any expansion of NATO towards these bases had to be regarded as a direct threat, leaving the Russian government practically no choice but to protect them with all means necessary. However, in the stories emanating from Western mainstream media, these bases were showcased as an occupation of sovereign Ukrainian territory and used as proof of Russia’s aggressive, “authoritarian,” and imperial aspirations. In reality, Ukraine and Russia signed a Partition Contract in 1997, in which the Ukraine agreed to lease major parts of its facilities to the Russian Black Sea Fleet until 2017, for an annual payment of $98 million.

Along the lines of the currently revitalized genre of alternate history, let’s briefly indulge in the notion that we were still living in the ideologically divided world of the Cold War, in which the Warsaw Pact still existed. For a second, imagine if Mexico or Guatemala or Canada expressed their desire to join said pact and invited its troops to conduct military exercises at their shared border with the US. Even without the existence of an American naval base in that country, how do you think the US would react to such a scenario? Would it stand by idly and let itself be surrounded by its adversaries? For an even more striking parallel, take the Cuban Missile Crisis of 1962. The American military actually has a naval base there—Guantanamo Bay, home to the infamous detention camp. Many historians see the deployment of Soviet missiles and troops on the island as the closest that humanity ever came to entering World War III and mutually assured destruction (MAD).  With its support for “regime change” in Ukraine and extension of the NATO to the Russian borders, the US today is engaged in the same old Cold War superpower games that the Soviets played in Cuba 53 years ago. In fact, we should think of Ukraine as being situated in Mother Russia’s “backyard.”

Thousands of miles away from the coasts of North America, the Middle East is the region that Uncle Sam seems to regard as his very own backyard. Many consider George W. Bush’s “War on Terror” after 9/11 and the subsequent interventions in Iraq and (to a lesser degree) Afghanistan as those catastrophic policy decisions that resulted in the sociopolitical destabilization of large parts of this region, resulting in the death, injury, and displacement of millions. In Iraq, Libya, and Syria, the spurious US rhetorical agenda of removing “tyrants” and endowing the local demographics with the liberating gift of democracy has in fact produced vast ungoverned spaces where militant groups like the al-Qaeda offshoot Jabhat al-Nusra and the Islamic State (also known as ISIS, ISIL, or Daesh) were able to carve out their “caliphates” and claim other territorial prices. For a long time, the rapid expansion of the Islamic State and its death-loving, apocalyptic ideology was resisted only by the Syrian Arab Army (SAA), the paramilitary National Defense Forces (NDF), and Kurdish Popular Protection Units (YPG). The SAA alone has lost as much as 200.000 soldiers in its struggle against various terrorist factions since March 2011.

US politicians and media have expressed their hopes that the Russian intervention to assist the Syrian government in its resistance against these Western, Saudi, and Turkey-backed groups will result in a military and economic debacle, comparable to the Soviet-Afghan war, which lasted well over nine years. It was during the course of this brutal and protracted conflict that US policymakers realized that there was really no need to shed American blood in order to deal the death blow to the Soviet Union. They drew their lessons from the CIA’s countless ventures in South American “nation building,” where a government’s legitimacy and an opposition’s status as either terrorists or freedom fighters depended on their usefulness for American national interests, often accoutered in pithy terms like the “war on drugs.”

Since the days of Pablo Escobar, however, US foreign policy has shifted its main focus towards the Middle East, where the long-term goal has been to weaken the enemies of Israel and strengthen the enemies of Iran. Other goals are to guarantee American access to oil and other natural resources, to establish military bases and consolidate the network of troops abroad, and to secure arms deals for the one-percenters who preside over what president Eisenhower cautioned his nation about in his farewell address: the “military-industrial complex.” As a consequence of the failures in Iraq and Afghanistan, the Obama administration has shifted its strategy towards aerial and drone only warfare combined with the support and (illusion of) control over local militant factions.

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Among the many groups fighting in Syria, the Free Syrian Army (FSA), also known as “moderate rebels,” is the US faction of choice. Much like the bin Laden’s Mujahideen fighters in 1980s Afghanistan, they are armed with the help of the CIA. In spite of their apparent moderation, however, a wealth of evidence suggests that this group is directly responsible for a multitude of massacres, mass executions, the ethnic cleansing of non-Sunni citizens, and eating the hearts of their fallen enemies.

The FSA has also been a suspect in the 2013 Ghouta chemical attacks, which some have claimed the US used as a false flag operation to engender international support for the violent removal of the Syrian government. The subsequent UN investigation however failed to establish any conclusive evidence concerning the perpetrator of the war crime and concluded that the sarin gas used in the attacks had most certainly been removed from government arsenals. Based on this information, US, UK, and French leaders and media outlets insisted that the Syrian government had to be the culprit, and immediately pressed the international community to support an intervention with the goal of eradicating Syria’s alleged arsenal of nerve gas and other potential WMDs. This all begins to sound very familiar. Of course, they also requested the bolstering of the “moderate opposition.” Interestingly, though, the official UN report, “careful not to blame either side,” let on that investigators were actually being accompanied by rebel leaders at all times. Moreover, they repeatedly encountered “individuals […] carrying other suspected munitions indicating that such potential evidence is being moved and possibly manipulated.” On page 13, the report goes on to state that

[a] leader of the local opposition forces […] was identified and requested to take ‘custody’ of the Mission […] to ensure the security and movement of the Mission, to facilitate the access to the most critical cases/witnesses to be interviewed and sampled by the Mission […].

Recently, Mr. Obama and Mr. McCain have protested that their “moderate rebels” were being targeted unjustly by Russian airstrikes in Syria, complaining that “from their [i.e., the Kremlin’s] perspective, they’re all terrorists.” Sometimes, one is inclined to advise them, it can be wise and healthy to assume an outsider’s perspective and check if your reality still coincides with the facts that so many know are true about the FSA. These facts can be broken down to a very short yet concise formula: If it looks like a terrorist, if it talks like a terrorist, if it behaves like a terrorist—it probably is a terrorist.

Instead, the CIA is still supplying the “activists” with outdated-yet-deadly weapons from Army surplus inventories, including hundreds of BGM-71 TOW (“Tube-launched, Optically tracked, Wire-guided”) anti-tank missile systems, which the terrorists use against hard and soft targets alike. The same weapon platform can be seen in action in a recent FSA video that shows the destruction of a Russian helicopter that was sent to extract the Russian pilots at the crash site of their downed Su-24 plane on November 24, 2015. On the same day, another US-supplied TOW missile was used in an ambush targeting a car occupied by RT news journalists Roman Kosarev, Sargon Hadaya, and TASS reporter Alexander Yelistratov in Syria’s Latakia province.

The FSA and other groups, branded as “moderates” who fight against the “authoritarian” forces of tyranny (just like a certain “Saudi businessman” back in the day), function as US proxies in Syria, just like al-Qaeda did in the heyday of the Soviet-Afghan War. They are dangerously unstable pawns in a global strategy to secure American and Israeli interests in the Middle East, irrespective of the millionfold suffering and uprooting of entire societies caused by their crimes, the majority of which is directed towards other Muslims.

Commenting on the Russian military intervention at the invitation of the Syrian government, Mr. Obama said that he had no interest in turning this civil war into a proxy war between Russia and the United States, emphasizing that “this is not some superpower chessboard contest.” But this is exactly what US foreign policy, both Republican and Democrat, has done, starting with the end of the Soviet Union and lasting until this very moment. The only difference now being that the Libya-proven rhetorical strategy of (illegal and mandate-less) intervention via “no-fly zones,” “humanitarianism,” and “regime change” did not have the desired effect in Syria because Iran, Lebanon, and Russia did not abandon their ally. Their combined effort succeeded in fending off an unprecedented onslaught of extremists that infiltrated the country, often across the Southern Turkish border, armed with the money of American taxpayers and Wahhabi sheiks.

The Syrian conflict can no longer be described as a civil war. It may have started as one during the ill-fated “Arab Spring” of 2011, when armed “protesters” (i.e., FSA terrorists) murdered several policemen and set government buildings on fire in Daraa, provoking a violent backlash from government forces. The ensuing nationwide chaos was spun by the Western mainstream media troika, namely those media outlets that serve as propaganda tools for the US political and financial elites and who fabricated the myth of the tyrant who massacred peaceful protestors—to be readily sucked up by their indoctrinated clientele.

As a result of the “moderate’s” recent setbacks, the official American position, insofar as its mixed messages can be deciphered, has boiled down to a butt-hurt attitude and passive aggressive lecturing about how to distinguish between varying degrees of moderation among mass-murdering lunatics. Outmaneuvered and publicly exposed, all that is left for Mr. Obama seems to be to pick up the pieces and save some face by accepting Mr. Putin’s offer to join a united front against terrorism in Syria. But such a step seems unthinkable in this ongoing Cold War between Russia and the US. Instead, the most powerful man on earth talks about climate change as the most pressing problem of our times. When it comes to ISIS, he has said he wanted to “contain” them. Meanwhile, tensions are rising as Turkish president Erdogan, on an power trip after his surprising landslide victory in November’s general elections, apparently collaborated with ISIS and risked provoking an NATO Article 5 response by downing a Russian Su-24. On the other side of the equation, Russia’s decision to intervene on behalf of the Syrian government reveals a twofold strategy: On the one hand, through its direct action it positions the Putin government as being opposed to the fatal logics of proxy warfare. On the other hand, it simultaneously exposes the catastrophic flaws of Mr. Obama’s strategies in Syria and the Middle East.

All these developments do not necessarily mean that we are heading for World War III—although logic dictates that it will happen at some point in the future. In reality, though, a full-on nuclear confrontation would require a massive unraveling of the still sufficiently functional channels of political cooperation and interstate diplomacy. International security and economic communities as well as overlapping alliances like the United Nations, NATO, OSCE, and BRIC all indicate a high level of international integration.

Nonetheless, the geopolitical decisions of the last years herald the start of a new period in political history that indeed corresponds to a Cold War constellation. Particularly US foreign policy is currently undergoing the revival of a more offensive realism, visible in recent demonstrations of power in NATO’s Eastern border states, pushing of the TPP agreement in the Pacific economic area, and aggressive patrolling of the South Chinese Sea. In fact, the avoidance of superpower confrontation at all costs seems to increasingly take a back seat to these high-risk maneuvers.

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In the late 1940s the first Cold War began as a war of the words when the powers who had together defeated Nazi Germany started to level criticism at their respective global policies. With the help of their media and propaganda sources, their different stances and perspectives solidified and eventually developed into monolithic ideologies. These in turn spawned the geopolitical doctrines that warranted the replacement of any open (i.e., nuclear) confrontation with confined proxy wars as in Korea, Vietnam, and Afghanistan. A similar erosion of mutual trust, respect, and solidarity is taking place now as the outsourced US-Russian conflicts in Ukraine and Syria remain unsolved. Again, the second Cold War arises as a war of the words while negative sentiments are allowed to petrify and the glacial rhetorics of mistrust and veiled threats gradually begin to replace talk about common interests and cooperation. The influential and policy-shaping Foreign Affairs magazine already struck the right chords of the passive-aggressive Cold War parlance by titling, “Putin’s Game of Chicken: And How the West Can Win.”

At the end of the day, this exact attitude could be one of the reasons why the US might come out on the losing side of this conflict. Because they have not yet realized this is not a “game of chicken” anymore. In fact, this is no longer the same easy game of manipulation that the US played during the 1990s by throwing cheap shots at a collapsing state. The deployment of its air force in Syria is not least a signal to the American establishment that Russia in 2015 no longer stands at the sidelines and watches begrudgingly as the US and its allies commence their disastrous policies in the Middle East.

When Mr. Obama asserted that “this is not some superpower chessboard contest,” he therefore either told a lie or he demonstrated his government’s utter cluelessness with regard to the actual situation and consequences of their actions in Ukraine, Syria, the South Chinese Sea, and other hotspots of the second Cold War. Both possibilities do not bode well for the future.

CHEYENNE-MARIE CARRON: Cinéaste de l’insoumission

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CHEYENNE-MARIE CARRON: Cinéaste de l’insoumission

Pierre-Emile Blairon
Ex: http://metamag.fr
 
cheyMC-ffiche-patries.jpgLa bataille des régionales aura pour enjeu important la question des subventions attribuées au secteur culturel, là où la droite, suivie de la gauche, sont intervenues pour largement subventionner nombre d’associations dont la vocation consiste à détruire les structures traditionnelles, culturelles et artistiques de notre pays au détriment de créateurs, artistes, écrivains, cinéastes, revues, groupements de préservation de nos racines et traditions qui constituent les fondements même de notre avenir. Cheyenne-Marie Carron est, parmi de nombreux autres, l’exemple vivant de cette injustice et de ces dysfonctionnements.

Cheyenne-Marie Carron est devenue cinéaste par insomnie, comme beaucoup d’entre nous sont devenus cinéphiles : en regardant les films diffusés dans le cadre de l’émission télévisée Le cinéma de minuit, émission créée par Claude-Jean Philippe et Patrick Brion le 28 mars 1976, quelques semaines avant que Cheyenne vienne au monde.
 
Cheyenne, curieux prénom qu’elle s’est choisie elle-même, fille adoptive, lorsqu’elle arriva à l’âge de majorité. Prénom emprunté à une tribu amérindienne, qui véhicule dans les tréfonds de nos âmes, les valeurs de fierté, d’insoumission, d’enracinement, de combat identitaire contre l’envahisseur. Ne sommes-nous pas devenus, nous, Européens, des « Indiens » traqués sur leur propre sol, chassés de nos terres et, si l’on y pense bien, par substitution, au bout du compte, par le même envahisseur qui sait si bien organiser son expansion mondiale ?

Curieux parcours d’une femme au tempérament gai, passionné, mais affirmé, d’une franchise et d’un naturel qui ont désarçonné plus d’un critique cinématographique, l’intellectuel parisien habitué aux palabres feutrées mais néanmoins féroces, de celles qui poignardent dans le dos. Et qui, pour le coup, se sont intéressés de plus près à cet O.C.N.I., objet cinématographique non identifié. Signalons un entretien télévisé mené par une journaliste intelligente de KTOTV, dans son émission Visages inattendus de personnalités, que vous retrouverez sur youtube, et les interviews accordés à Radio Courtoisie.

Tout le caractère de Cheyenne est contenu dans son prénom. 

Mais comment, éduquée par une famille catholique « de gauche », en vient-on à devenir une réalisatrice de la mouvance identitaire, catholique et monarchiste, ayant à son actif déjà une demi-douzaine de longs-métrages ? C’est la première question que nous lui avons posée.
Je ne souhaite pas appartenir à une mouvance quelconque. Je traite de sujets qui me tiennent à cœur, et j’espère que des gens de tout horizons les apprécient. Je suis catholique, car Dieu m’a sauvé, et monarchiste, car une nation a besoin d’un père.

Et si la mouvance identitaire apprécie peut-être mes films, c’est peut-être que peu d’artistes sont sensibles à cette question. Moi, je suis une enfant de la DDASS et manquer de repères et d’identité, je sais quelle souffrance cela représente. Alors il est possible que bien des jeunes se retrouvent dans mes films, car ils ont peut-être l’impression d’être traités comme des enfants abandonnés, c’est à dire sans racines…
 
La plupart de vos films mettent en scène le multiculturalisme qui est le problème principal auquel est confronté notre pays ; c’est parce que le sujet vous touche, ou parce que vous voulez apporter une réponse à un questionnement qui serait le vôtre, ou bien les deux ?
Pour ma part, bien que mes géniteurs étaient Kabyles, je n’ai qu’une seule patrie, celle où je suis née, où j’ai été pupille de l’Etat, et où j’ai été élevée. Il s’agit de la France.
Mais mon éducation m’a conduite à avoir regard ouvert sur le monde, ayant été d’une famille qui a adopté des enfants. Et je crois en l’importance de protéger et défendre les cultures et les traditions de tous les peuples, c’est ce que j’ai essayé de proposer dans mon dernier film Patries.

La presse, dans son ensemble, a fait un bon accueil à vos films, même si on peut considérer qu’ils ne sont pas politiquement corrects ; vous avez une explication à cet engouement ?
Peut-être parce que mes films sont bons ! 
Je n’ai pas l’impression de traiter de sujets « politiquement incorrects », mais de traiter de sujets de mon temps. Et je veille à le faire avec humanité, vérité et justesse.

cheyMCapotre_article_large.jpgQuels sont les éléments que vous aimeriez apporter, après une certaine expérience, à votre façon de travailler et de concevoir les films, pour progresser dans votre métier ?
J’aimerais parvenir à faire des films avec un peu plus de budget, car faire un long-métrage avec 50 000 euros, ça rend les choses très, très compliquées. Je pense avoir gagné mes galons, mais les subventions d’État me sont toujours refusées.
 
Vous avez eu beaucoup de mal à trouver des producteurs, ce qui vous a amené à financer vous-même vos films; comment faites-vous ?
C’est une galère sans nom, mais ça, c’est ma cuisine interne, je ne suis pas sûre qu’il soit utile que je pleurniche publiquement en vous expliquant mes galères. Le spectateur paye sa place au cinéma pour voir mes films, au même prix qu’une superproduction américaine, et il s’en fiche de savoir si j’ai fait mon film avec un millième du budget de la superproduction, et il a raison de s’en ficher. C’est à moi à parvenir à faire du bon travail avec très peu ; c’est peut-être ça qu’on appelle la magie du cinéma.
 
Vous tournez actuellement ?
Non, je ne suis pas en tournage actuellement.

Parmi vos projets, vous avez mis en chantier un film qui reprend l’une de vos préoccupations majeures, c’est la confrontation des religions ; dans L’Apôtre, cette confrontation concernait deux religions monothéistes, l’islam et le christianisme, mais vous voulez élargir le débat, si l’on peut dire, avec La morsure des dieux ?
Effectivement, je prépare deux films. L’un qui s’intitulera La Chute des Hommes, et racontera l’histoire d’une chrétienne prise en otage par des djihadistes. Et l’autre, s’intitulera La Morsure des Dieux, qui racontera l’histoire d’un agriculteur français qui se bat pour sauver son exploitation, ce film sera une déclaration d’amour pour la cause pagano-chrétienne. 
 
Je suis catholique pratiquante, et j’ai découvert le paganisme il y a peu de temps. Ce nouveau monde, nouveau pour moi, me fascine, car j’y vois non seulement beaucoup de beauté, mais aussi une nouvelle force d’enracinement antérieure à ma religion, et pour cette raison, le paganisme est un trésor à préserver. 

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vendredi, 11 décembre 2015

Militant Islamists, Organized Crime and the Balkan Diaspora in Europe

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Militant Islamists, Organized Crime and the Balkan Diaspora in Europe

Terrorism Monitor Volume: 13 Issue: 23

By: Ebi Spahiu

The Jamestown Foundation & http://moderntokyotimes.com

In light of terrorist attacks in Paris on November 13, countries across Europe have visibly increased security measures and are on the alert for more attacks. Countries in the Western Balkans have similarly boosted security after state agencies received alerts from international partners and from their own intelligence organizations on potential Paris-style attacks in cities of the region (Ora News, November 18). Since the emergence of the Islamic State and continuous reports of Balkan foreign fighters who have joined the organization in Syria and Iraq in recent years, local security analysts and think tanks have attempted to provide profile local fighters who have joined this jihadist organization. They have largely concluded that a majority have criminal backgrounds and come from impoverished areas, but were then mobilized and inspired by individual radical imams, who serve as key links between volunteers and jihadist groups abroad. [1] So far, however, there has been relatively little focus on the alleged role that organized crime groups from the region have played in aiding militant cells in Western Europe, or the involvement of the Balkan diaspora in providing an arms for terrorist groups in the West.

A recent study released by the Flemish Peace Institute, based in Brussels, concluded that the majority of firearms used for violent attacks, including the Paris shootings, make their way to Europe via the Western Balkans from groups that capitalize on existing routes originating in or transiting the region utilized for drug trafficking and other illegal activities. “Police have noticed an increase of Kalashnikov-type of assault weapons in recent years and official records show that the majority of these weapons come from the Balkans,” said Nils Duquet, co-author of the study, in an interview with Top Channel News in Tirana (Top Channel, November 21).

Organized Criminal groups, Terrorism and the Balkan Diaspora

Since the dissolution of the former Yugoslavia and the collapse of the Communist regime in Albania in the 1990s, weak rule of law and corruption have strengthened smuggling networks in the region, many of which are often closely linked to public officials. Such weak state structures to combat organized crime and high levels of corruption have enabled several nexus groups to emerge and dominate drug trafficking and arms trade in European markets, but also establish significant relationships with terrorist organizations, as they have done in the past with the Kurdish PKK or al-Qaeda. [2] The most notable case is the rise of the Albanian mafia and the nexus with the Kosovo Liberation Army in the late 1990s, which expanded out of Albania’s economic downfall following the collapse of “pyramid” investment schemes in 1997. Violent rebellions led to the ransacking of hundreds of military and police storage facilities across the country (Bota Sot, October 25). Over 100,000 weapons are believed to have been stolen over the course of a few months during this period—the majority of which are still used in conflicts or recycled in European markets. Some are also now believed to end up on the hands of terrorist organizations, including sleeper cells based in Western countries, with Belgium providing the largest black market (Financial Times, November 19). Furthermore, regional networks created over the years out of these criminal and political nexuses, including those tri-border areas between Albania, Kosovo and Macedonia, are also believed to be “directly tied to operational developments of militant Islamist cells in the UK,” often due to their dominance of smuggling heroin and other types of drug and human trafficking. [3] According to several accounts, heroin from the Balkans accounts for over $20 billion annually, which also largely finances groups like Hezbollah and al-Qaeda (The New York Times, April 28, 2014).

In this context, it is no surprise that militant Islamist groups, including the Islamic State, seek to exploit homegrown cells established in the Western Balkans, but also diaspora-based communities and the trafficking networks elsewhere in Europe. According to an EU-led study, looking at the ties between organized criminal groups and terrorism in Western Europe, in addition to geographical components that link terrorism to Balkan organized crime, there is also a notable increase of Balkan second and third generation diaspora becoming more involved with radical Islamist communities based in the West. This has been particularly concerning for the Balkan diaspora in Austria, Switzerland, Italy and the UK, which have seen a number of youth, mainly nationals of Albania, Kosovo and Montenegro, among others in the Balkan, join the Islamic State in Syria and Iraq. In Switzerland, for instance, a sizable percentage of foreign fighters are of Balkan origin, particularly from Kosovo, whose migrant population makes up a large portion of Muslims in the country (CTC Sentinel, July 30, 2014). Although, according to experts, many of the ethnic Albanian Muslim communities in Europe, including those in Switzerland, have access to independent funding for their religious needs, they are not immune to the influence of well-funded Wahhabist and Salafist foundations and mosques representing more radical religious views. “Many religious communities fight over the leadership that is going to represent Muslims, making Albanians practitioners susceptible to be usurped by suspicious finances and attracted to radical ideologies,” claims a Tirana-based security official interviewed by this author who wishes to remain anonymous. [4]

The Balkans as a Transit Route for Terrorists

A number of police counter-terrorism operations have exposed these connections, which are now becoming increasingly visible to security agencies across Europe. In July 2014, Italian police, in collaboration with the Albanian authorities, carried a large operation against a group of Islamic State supporters who had recruited and aided several foreign fighters to cross over to Turkey, to join the Islamic State in Syria (Shqiptarja [Tirana], July 1). Among those arrested, the majority were Albanian and Italian nationals who had allegedly assisted the travels of foreign fighters, including that of Maria Gulia Sergio, an Italian convert, and her Albanian husband, Aldo Kobuzi. Investigations have since revealed that these individuals traveled to Syria on September 2014, by seeking help from Kobuzi’s remaining relatives in Albania, who were also followers of Salafist ideologies (Balkan Insight, March 2015). Similar stories are becoming noticeable as local and international media discover transit routes of foreign fighters linked to the Islamic State. This is particularly underlined in light of the flow of refugees crossing the region on their journey to Western Europe and the potential for individuals linked to extremist organizations to enter Europe through this route. Such fears have been heightened by allegations of some of the Paris attackers entered Europe through the Balkans, posing as a Syrian refugee (RT, November 15).

Conclusion

Since the Paris attacks, regional security services have stepped up security to prevent any possible attacks by local Islamic State supporters. For instance, Albania, a NATO member, has deployed over 1,500 armed security forces to ensure safety in public spaces and adopted a new national strategy against terrorism (Ora News, November 18). [5] In the wake of the Paris events, Albania’s security level has also been increased to “red,” following several alerts from state agencies and a note from the U.S. Embassy in Tirana that credible intelligence suggested that the capital city is among the Islamic State’s targets (Lapsi, November 20). Serbia’s security forces are similarly “showing off” their regional military might in the face of potential terrorist threats and deadly attacks (Balkan Insight, November 20). These examples show how regional governments are demonstrating their commitment to prevent attacks and building further cooperation between agencies.

However, arrests and increased military capacity do not address the real concerns that have enabled violent extremism and religious radicalism to develop in the Balkans in the first place. These problems include corrupt officials who are involved in organized crime and the drugs trade (Exit, November 13; Balkan Insight, November 10). An additional problem is that moderate Islamic religious authorities that have been ousted by more radical preachers in recent years, leaving Islamic State supporters in the Balkan region, particularly those in Albania and Kosovo, with an open field (Balkan Insight, November 14). There are already indications that this toxic environment is starting to produce attackers; Bosnia-Herzegovina experienced its first violent assault by an alleged Islamist lone wolf, who killed two soldiers and wounded several others in a shooting in the suburbs of Sarajevo on November 18 (Balkan Insight, November 18). Despite the region’s governments’ efforts, however, it is becoming more clear that authorities are also aware of their own relatively limited capacities to carry investigations that involve acts of terrorism, and that the region’s security continues to rely heavily on international intelligence. As threats levels remain high in the midst of the Islamic State’s strong support-base in the Balkans, very few believe that the region’s political elite has the will to confront violent extremism and organized crime. [6]

Ebi Spahiu is a researcher on Central Asian and Western Balkan Affairs, focusing on gender and religious extremism.

Notes

  1. “Report inquiring into the causes and consequences of Kosovo citizens’ involvement as foreign fighters in Syria and Iraq, Kosovo Center for Security Studies,” April 2015, http://www.qkss.org/repository/docs/Report_inquiring_into....
  2. “Europe’s Crime-Terror Nexus: Links Between Terrorist and Organized Crimes Groups in the European Union,” http://www.europarl.europa.eu/document/activities/cont/20....
  3. Ibid, pg. 19.
  4. Interview with Tirana-based security official who wishes to remain anonymous due to security concerns, November 19, 2015.
  5. National strategy in combating violent extremism, www.qbz.gov.al/botime/fletore_zyrtare/2015/PDF-2015/203-2....
  6. Adriatic Institute, February 2014, https://www.youtube.com/watch?v=QV4zZ2MAv9Q.

Files:

TerrorismMonitorVol13Issue23_01.pdf

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Photo: This man was recently detained during a raid against alleged Islamic State supporters in Albania (Source: Shqiptarja)

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Einbindung der Türkei ein historischer Fehler

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Einbindung der Türkei ein historischer Fehler

von Robin Classen
Ex: http://www.blauenarzisse.de

Seit Jahren ist es ein fester Bestandteil der US-​Strategie für Europa und den Nahen Osten, die Türkei in die westliche Geopolitik mehr einzubinden.

Die Türkei wurde bereits von den Amerikanern in die NATO geholt und sie soll auch Mitglied der Europäischen Union werden. Welche gesellschaftspolitischen Auswirkungen das auf die europäischen Nationen haben könnte, ist den geographisch durch einen Ozean getrennten und weit entfernten Amerikanern hierbei egal.

Die EU hadert seit langem mit einem Beitritt der Türkei

Die europäischen Länder versuchten sich derweil an einem Drahtseilakt: Während Großbritannien und auch Frankreich immer wieder Offenheit für einen Beitritt signalisierten, wehrten sich vor allem osteuropäische und südosteuropäische Länder gegen einen Beitritt des Nachfolgestaates des Osmanen-​Reiches. Insbesondere Griechenland, das nicht nur wegen strittiger Territorialangelegenheiten in Hinblick auf einzelne Mittelmeerinseln mit den Türken im Dauerclinch liegt, sondern welches insbesondere die türkische Perspektive im Zypern-​Streit nicht akzeptieren kann, blockierte und bremste bisher. Auch in Osteuropa kommt die Aufnahme eines islamischen Landes in die NATO bisweilen nicht gut an.

1989 lehnte die EG eine Einigung für eine Mitgliedschaft der Türkei noch ab – kein Wunder, liegen doch mehr als neunzig Prozent des Staatsgebietes nicht einmal auf europäischem Boden. 1997 hob die EU diese Entscheidung auf und beschloss schließlich 1999, der Türkei den Beitrittskandidatenstatus zu gewähren. Nach langwierigem Geplänkel – vornehmlich über die Menschenrechtslage – wurde am Tag der Deutschen Einheit 2005 schließlich der verhängnisvolle Entschluss gefasst, ein Beitrittsverfahren zu eröffnen.

Seitdem geschah wenig: Nur das Verhandlungskapitel „Wissenschaft und Forschung“ konnte 2006 abschlossen werden. Danach wurde weder ein weiteres Kapitel abgeschlossen, noch ein neues eröffnet. In den letzten zwei bis drei Jahren drohte ein kompletter Stopp der Verhandlungen, da die Türkei immer stärker in inneren Konflikten versank, die die Erdogan-​Regierung vornehmlich mit Gewalt löste.

Die naive Merkel-​Politik macht einen EU-​Beitritt plötzlich wahrscheinlich

IS_Nato.jpgIn Deutschland und Österreich sind unter der Hand wohl auch den etablierten Politikern die erheblichen Probleme mit zugewanderten Türken und vor allem die Einstellung der einheimischen Bevölkerung zu einem EU-​Beitritt bekannt, weswegen (pseudo-)konservative Parteien wie die CDU seit Jahren Wert auf eine „privilegierte Partnerschaft“ legen, eine Vollmitgliedschaft mit samtweichen Tönen jedoch ablehnen.

Doch nun – ausgerechnet in einer Zeit, in der in nur einem Jahr eine Million Moslems alleine in Deutschland als Asylbewerber angekommen sind – stehen die Chancen plötzlich gut wie nie dafür, dass die Türkei es doch noch bis 2020 oder 2025 in die EU schaffen könnte. Grund ist eine fatale Fehleinschätzung der europäischen Politik und insbesondere der deutschen Unionsparteien. Dort hat sich nämlich die Ansicht verfestigt, aus Unwillen die deutsche Grenzen zu sichern, einfach den Türken Honig um den Mund zu schmieren, um sie dazu zu bewegen, einfach an ihren Grenzen die Asylbewerber abzufangen.

Die Asylbewerber in der Türkei unterzubringen, dass entspräche ohnehin dem deutschen und internationalen Asylrecht, da nahezu alle Asylbewerber, die die Balkan-​Route nutzen, das sichere, befriedete Land durchqueren müssen. Dass CDU-​Politiker aber behaupten, man könne 6.000 Kilometer Grenze nicht sichern, weswegen man auf die Türkei setzen müsse, ist ein Offenbarungseid. Mit den Wassergrenzen verfügt die Türkei schließlich über rund 10.000 Grenzkilometer und damit über deutlich mehr als Deutschland, was sich zudem die Sicherung der EU-​Außengrenze mit seinen Partnern teilen würde!

Die Türkei will Europa islamisieren

Noch viel entscheidender: Die re-​islamisierte Türkei Erdogans denkt gar nicht daran, die Flüchtlingskrise als ein Problem für Europa wahrzunehmen. Im Gegenteil forderten die Türken vor wenigen Wochen noch, Europa müsse viel mehr Asylbewerber aufnehmen. Dahinter steckt eine imperiale Strategie des sich als neo-​osmanischen Herrscher mit Imam-​Attitüde verstehenden Präsidenten Erdogan. Seine Regierung agiert bereits seit Jahren besonders aktiv in Bosnien und Albanien und versucht, eine islamische Achse im Herzen Europas zu schmieden.

Dabei spielen insbesondere die ihm treu ergebenen Türken in Deutschland eine wesentliche Rolle, denen er so gern Besuche in großen deutschen Fußballstadien abstattet. Ein EU-​Beitritt der Türken würde mithin ein trojanisches Pferd der Islamisierung in die europäischen Institutionen tragen und die Macht der Türkei als Regionalmacht massiv ausbauen. Bedenkt man, dass die derzeitige Bevölkerungszahl von 76 Millionen Türken bis 2050 auf 94 Millionen ansteigen soll, kann man sich außerdem denken, welche demographischen Folgen die Niederlassungsfreiheit für Europa und vor allem Deutschland wohl hätte. Die hohen Asylbewerberzahlen durch eine Ausweitung der Niederlassungsfreiheit auf die Türkei bekämpfen zu wollen, ist mithin eine Milchmädchenrechnung.

Zwischen Bekämpfung und Unterstützung des IS

Auch die Bekämpfung des Islamischen Staates (IS), bei der die Türkei angeblich mitwirken soll, ist ein heikles Thema. Kurdische Gruppen im Grenzgebiet berichten immer wieder von einer offenkundigen Zusammenarbeit zwischen türkischen Grenzsoldaten und IS-​Terroristen. Russland verbreitete jüngst die Behauptung, dass Schmuggel und Öl-​Verkauf aus IS-​Beständen nicht nur auf dem florierenden Schwarzmarkt an der türkisch-​syrischen Grenze von türkischen Sicherheitsbehörden in keiner Weise bekämpft werden, sondern dass die türkische Regierung selbst in diese Geschäfte verwickelt sei. Im Übrigen fordert die Erdogan-​Regierung wesentlich energischer den Sturz des verhassten Assad als ein Ende des IS-​Terrors. Die Entstehung eines geopolitischen Machtfaktors Türkei in der Brückenregion zwischen Westen und Nahem Osten mag im kurzfristigen Interesse der USA liegen, im Interesse Europas und Deutschlands ist sie jedoch mit Sicherheit nicht.

Mathilde Gibelin présente son ouvrage "Tour d'Europe"

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Mathilde Gibelin présente son ouvrage "Tour d'Europe"

00:46 - CINEMA - Anne Brassié et Maxime Gabriel vous emmènent voir "L'Hermine", "L'homme irrationnel", "21 nuits avec Pattie", "Seul sur Mars", "Hunger Games"

mathgib.jpg20:21 - JE LIS - Mathilde Gibelin présente son oubrage "Tour d'Europe, 6000 km à pieds"

39:19 - ART - Louis Monier, photographe et Olivier Bosc, conservateur de la bibliothèque de Chantilly, présentent leur ouvrage "Création j'écris ton nom, Figures du XXème siècle".

59:34 - PATRIMOINE - Jérôme Arnauld des Lions présente son ouvrage "Sauvegarde et restauration des églises et des chapelles", un guide juridique et pratique à l'usage des personnes souhaitant sauver leur patrimoine religieux.

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Les limites de l'antifascisme carnavalesque...

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Les limites de l'antifascisme carnavalesque...

par Mathieu Bock-Côté

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessous un excellent point de vue de Mathieu Bock-Côté cueilli sur Figaro Vox et consacré à l'incapacité dans laquelle se trouvent les représentants du système de comprendre la montée en puissance du FN...

Québécois, l'auteur est sociologue et chroniqueur à Radio-Canada et a déjà publié plusieurs essais.

Les limites de l'antifascisme carnavalesque

Les formules sont convenues et un peu creuses, mais elles sont encore utilisées, comme si elles étaient rassurantes, et même réconfortantes: la poussée du Front national aux élections régionales est accueillie par des cris indignés qu'on veut aussi douloureux. Pour les uns, l'intolérance progresse et la percée du FN confirmerait en fait l'avilissement moral des Français. Pour les autres, les années 1930 pointent leur museau. Dans tous les cas, la démocratie serait en danger contre lequel il faudrait se mobiliser. Les éditorialistes, pour l'essentiel, partagent cette grille d'analyse, qui reconduit, pour l'essentiel, les catégories de l'antifascisme des dernières décennies. Et un peu partout, la presse étrangère, avec quelques nuances, reprend ces catégories et annonce une poussée historique de l'extrême-droite en France.

Le moins qu'on puisse dire, c'est que ce cri de scandale ne nous aide pas vraiment à comprendre sa progression. Il confirme la vétusté de l'appareil conceptuel utilisé pour penser le populisme européen. Mais quoi qu'on en pense, on ne pourra pas toujours rabattre la vie politique contemporaine sur la Deuxième guerre mondiale. On cherche souvent, pour confirmer la disgrâce démocratique du Front national, à l'associer à différentes figures de la droite antiparlementaire de la première moitié du vingtième siècle. Mais l'opération est moins scientifique que rhétorique: elle vise à confirmer la culpabilité originelle d'un mouvement politique condamné à représenter l'ennemi de la République, même quand il prétend s'y rallier et cherche à y donner des gages.

Mais dans les faits, la référence à l'extrême-droite est de moins en moins opérante: il faut sans cesse redéfinir cette notion pour y faire entrer ceux qu'on veut y associer à tout prix. Politologues et sociologues en élargissent sans cesse la définition. Mais aujourd'hui, elle sert moins à décrire qu'à décrier. Elle a surtout pour fonction d'assurer l'exclusion politique de ceux à qui on l'accole, à tort ou à raison et en vient presque à relever de la démonologie. De ceux à qui on accolera l'étiquette, on dira qu'ils sentent le soufre, ou encore, qu'ils ont des idées nauséabondes. C'est l'argument olfactif. On renifle l'adversaire, on l'accuse de puer, on le transforme en ennemi, et on le chasse du domaine public. On conviendra qu'il ne suffit plus à détourner massivement les Français du FN. On atteint probablement aujourd'hui les limites d'un antifascisme anachronique.

On aura aussi cherché, depuis quelques années, à l'étendre à tous ceux qui contestaient d'une manière ou d'une autre l'idéologie multiculturaliste et les vertus du sans-frontiérisme. On a voulu extrême-droitiser la droite lorsqu'elle ne cherchait plus à respecter les critères de respectabilité édictés par la gauche. On a réservé le même sort aux intellectuels qui s'inquiétaient de la dénationalisation de la société française et qui ne célébraient pas systématiquement la diversité à la manière d'une richesse. On les accusera de «faire le jeu du Front national». Il fallait les censurer et maintenir en vie le fantasme médiatique d'une France à la diversité heureuse. Notre époque serait merveilleuse: qui en doutera sera accusé de complaisance réactionnaire.

Il ne fallait donc pas prendre au sérieux les raisons profondes qui poussaient un nombre croissant d'électeurs vers ce parti. On connaît la formule longtemps ânonnée: par exemple, il n'y aurait pas vraiment d'insécurité en France, mais un sentiment d'insécurité. Il fallait conséquemment dénoncer ceux qui l'entretenaient. De la même manière, on fustigera ceux pour qui la crise de l'école n'était pas simplement le fruit d'une nostalgie réactionnaire, mais une réalité de mille manières documentée. La simple référence à l'identité nationale, d'ailleurs, sera progressivement disqualifiée: on n'y verra qu'une crispation identitaire symptomatique d'une fragilité psychologique malheureuse. Il n'y aurait pas de déclin français, seulement un déclinisme délirant alimenté par des idéologues qu'on désignera à la vindicte publique.

Depuis une quinzaine d'années, on le sait, on a assisté à la multiplication des phobies. Elles contribuent à la psychiatrisation de la vie politique. La dissidence est associée à une forme de dérèglement psychique, et on assistera à la multiplication des interdits moraux et idéologiques. L'inquiétude devant l'immigration massive ou le multiculturalisme sera assimilée à la xénophobie. Celle par rapport à la difficile intégration de grandes populations musulmanes en France sera quant à elle assimilée à l'islamophobie. La critique de l'intégration européenne relèvera de l'europhobie. À ce catalogue des phobies, il faudrait aussi ajouter l'homophobie et la transphobie, dont on a beaucoup parlé ces dernières années. Le nouveau régime issu de mai 68 exige qu'on s'enthousiasme devant sa promesse d'un avenir diversitaire radieux ou qu'on passe pour fou. Devant le déni de réel des élites médiatiques, certains cherchent la protestation la plus vigoureuse, même si elle est excessive.

L'idéologie soixante-huitarde, qui prend forme aujourd'hui à travers la sacralisation de la diversité, a besoin du mythe du fascisme pour poursuivre son implantation. Il lui permet d'associer ainsi aux pires horreurs du vingtième siècle la simple défense des valeurs traditionnelles et des institutions qui les pérennisaient. Dès lors, le progressisme dominant propose son alternative funeste: multiculturalisme ou barbarie. Le désaccord populaire est toujours rabattu sur le fascisme, comme s'il représentait la dernière étape avant la conversion décomplexée à l'extrême-droite. En fait, il s'agit de désarmer mentalement le commun des mortels devant ce qui est quand même une entreprise sans précédent d'ingénierie sociale et identitaire visant à modifier en profondeur l'identité du peuple français et de la civilisation européenne.

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Encore aujourd'hui, on peine à traduire politiquement les clivages nés dans la dynamique des radical sixties. Qu'on le veuille ou non, la distinction entre la gauche et la droite structure encore la vie politique, surtout en France qui, à sa manière l'a inventé. Elle n'est pas sans profondeur anthropologique non plus: la gauche et la droite ne sont pas des notions complètement insensées. Mais il faut bien convenir que ce clivage n'est pas parvenu à donner une véritable forme politique aux enjeux qui touchent à la nature même de la communauté politique. Ils ne s'expriment vraiment clairement qu'avec les référendums européens, pour ensuite se dissiper une fois que le système partisan reprend ses droits. Une frange importante du peuple, dans les circonstances, semble privilégier une politique tribunicienne pour se faire entendre, même si, paradoxalement, elle l'isole politique dans les marges.

On s'est demandé cet automne pourquoi les intellectuels avaient aujourd'hui plus d'influence que les politiques dans la vie publique. Naturellement, leur parole est plus libre. Ils ne sont pas en position de responsabilité. On les suspecte moins, conséquemment, de dissimuler une part de réalité et d'être lié par une attache partisane. Mais l'essentiel était ailleurs: ne cherchant pas à s'inscrire dans un clivage politique usé, ils parviennent plus aisément à réaliser les synthèses nécessaires et à formuler une vision de l'époque et de ses enjeux délivrée de l'écartèlement habituel et exagéré entre ce que la gauche et la droite de gouvernement croient devoir être. Plus souvent qu'autrement, ils expriment une forme de conservatisme qui est peut-être d'abord et avant tout un patriotisme de civilisation. Ce créneau est aujourd'hui idéologiquement majoritaire en France, même s'il demeure vitupéré médiatiquement.

Si on laisse de côté le grand récit antifasciste maintenu artificiellement en vie par le système médiatique, on découvre une autre histoire de l'émergence du populisme européen. Sa vitalité politique repose sur un double abandon dont se sont rendus coupables les partis de gouvernement. La droite a sacrifié le patriotisme conservateur qui était la marque distinctive du RPR des bonnes années pour se convertir à un libéralisme moderniste qui n'a jamais suscité l'enthousiasme au-delà du cercle étroit des élus de la mondialisation heureuse. La gauche a renoncé à la défense du peuple pour se convertir à la cause de la diversité et à la sacralisation des minorités, en leur prêtant la vertu rédemptrice autrefois réservée au prolétariat. Le Front national a récupéré ces deux créneaux.

En un mot, les élites françaises ont sacrifié la fonction protectrice du politique, ou sa part conservatrice, si on préfère. Elles ont ainsi renoncé à certaines aspirations fondamentales au cœur de la cité. Elles ont négligé le besoin d'enracinement au cœur de l'âme humaine. Les enjeux sociétaux ont émergé ces dernières années. Ils rappellent que la politique ne saurait être victime de réductionnisme économique sans s'appauvrir existentiellement. Les hommes, quoi qu'on en pense, ne se représentent pas la société comme une simple association contractuelle d'individus sans liens véritables entre eux. Ils veulent habiter un monde commun, noué dans l'histoire et la culture. Mais on a assisté, à bien des égards, à sa dissolution dans la seule logique des droits.

Plus encore, les grandes réformes sociétales ont été présentées comme relevant de la fatalité historique. Ce sentiment d'impuissance entretenu par le mythe de la fatalité historique revalorise, par effet de contraste, ceux qui croient que la politique n'est pas sans lien et qui misent sur cette dernière pour infléchir autrement le cours de l'histoire, et reconstruire ce qui n'aurait pas dû être déconstruit. Les partis politiques qui prétendent, d'une manière ou d'une autre, sortir la politique de la seule logique de l'extension des droits et du traitement gestionnaire des problèmes sociaux risquent retrouvent aisément un écho populaire. Ils laissent croire, en quelque sorte, que l'homme a une maîtrise sur son destin, même s'ils font preuve souvent de démagogie en laissant croire que cette volonté est toute-puissante et peut s'affranchir des pesanteurs de l'époque.

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On s'est émerveillé, ces dernières semaines, de la réhabilitation de la Marseillaise et du Tricolore, suite aux carnages du 13 novembre. Personne ne s'en désolera, naturellement. Il y avait là une forme de sursaut patriotique absolument admirable, à mille lieux du réflexe pénitentiel dans lequel le système médiatique se complaît spontanément. Mais une certaine autocritique aurait été la bienvenue: pourquoi les élites, et les élites de gauche, en particulier, avaient-elles abandonné les symboles nationaux? Car le Front national avait moins confisqué la nation qu'on ne lui avait concédée. C'est moins sur son programme spécifique qu'il est parvenu à croître, au fil des ans - d'autant que ce programme est assez changeant et ne se caractérise pas exactement par un souci de rigueur - que sur un désir de nation auquel il était à peu près le seul à répondre explicitement, aussi déformée sa réponse soit-elle.

Il faut voir plus large. C'est à une crise de légitimité qu'on assiste, en fait. Une crise de régime, si on veut, qui touche toutes les sociétés occidentales même si encore une fois, même si c'est en France qu'elle prend une portée civilisationnelle. La France devient le théâtre des grandes contradictions qui traversent le monde occidental. Le pouvoir semble impuissant à affronter une crise de civilisation à peu près sans précédent et se contente de disqualifier ceux qui le rappellent à ses devoirs et l'invitent à ne pas se contenter d'incantations humanitaires devant des problèmes comme la crise des migrants. Il se permet même de persécuter ceux qui dénoncent son impuissance. Ainsi, ils sont de plus en en plus nombreux à défiler régulièrement devant les tribunaux pour avoir nommé la part de réel qui heurte l'idéologie dominante. C'est, à certains égards, le seul ressort qui lui reste.

Il y a certainement d'excellentes raisons de s'opposer au Front national, mais la réduction de sa progression à la renaissance d'une forme de fascisme intemporel, qui serait la tentation diabolique de la civilisation européenne, n'en est pas vraiment une. Elle rassure certainement une frange significative des élites politiques et intellectuelles, qui peuvent dès lors prendre la pose avantageuse de la résistance contre la bête immonde, mais elle rend à peu près incompréhensible et inintelligible le pourrissement de la situation qui a pourtant propulsé le Front national au rang de premier parti de France. Et pour tout dire, la meilleure manière de lui faire barrage ne consiste certainement pas à pousser encore plus loin la politique qui a contribué à sa croissance.

Mathieu Bock-Côté (Figaro Vox, 8 décembre 2015)

L’empereur Hadrien

Hadrien_2-660x330.jpgL’empereur Hadrien

Au cœur de l’histoire

sur Europe 1

Hadrien (Imperator Caesar Traianus Hadrianus Augustus, en grec Ἁδριανός ou Ἀδριανός), né le 24 janvier 76 à Italica et mort le 10 juillet 138 à Baïes, est un empereur romain de la dynastie des Antonins. Il succède en 117 à Trajan et règne jusqu'à sa mort. Empereur humaniste, lettré, poète et philosophe à la réputation pacifique, il rompt avec la politique expansionniste de son prédécesseur, s'attachant à pacifier et à structurer administrativement l'Empire, tout en consolidant des frontières parfois poreuses.

Il doit sa gloire autant au prestige de son règne qu'aux Mémoires d'Hadrien de Marguerite Yourcenar, qui en fait un souverain conscient de la mission universelle de Rome.

Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Hadrien

AU CŒUR DE L'HISTOIRE sur Europe 1

« L’INTÉGRALE - Hadrien », émission du 10 octobre 2014

Franck FERRAND reçoit Catherine SALLES pour évoquer cette existence hors du commun, notamment à travers le prisme des voyages d’Hadrien.