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dimanche, 03 mai 2015

Sommet de l'ASEAN: Washington n'obtiendra pas de mobilisation contre Pékin

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Sommet de l'ASEAN: Washington n'obtiendra pas de mobilisation contre Pékin

par Jean Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Le 26e Sommet de l'ASEAN ayant pour thème "Notre peuple, notre communauté, notre vision" a été inauguré le 27 avril dans la capitale malaisienne Kuala Lumpur.
 
Lors de ce sommet, les dirigeants des dix pays membres de l'ASEAN discuteront des orientations et des mesures destinées à continuer d'impulser l'édification de la Communauté de l'ASEAN en 2015. Il s'agira aussi de discuter de l'élaboration de la Vision de l'ASEAN pour l'après 2015, de l'amélioration de l'appareil et du mode de travail, du renforcement des relations extérieures du bloc régional et de son rôle central, de ses défis et de leur traitement. Enfin, ils échangeront des considérations à propos de la situation régionale et internationale. , a-t-il poursuivi.

Devant les dirigeants de l'ASEAN, le Premier ministre malaisien Najib Razak a insisté à plusieurs reprises sur l'objectif de l'ASEAN centré sur le peuple, qui demande aux pays membres une bonne gouvernance pour améliorer les conditions de vie de leurs citoyens, accélérer le développement durable, promouvoir l'autonomisation des femmes, et créer davantage d'opportunités pour tous. Il a également insisté sur la nécessité de régler de façon pacifique les désaccords dans la région, y compris les revendications de souveraineté dans les zones maritimes dite de la Mer orientale en évitant d'aggraver les tensions. Selon lui, les dernières évolutions ont accru les préoccupations concernant la question de la Mer Orientale et témoignent de l'importance des lignes de transport international pour le commerce international. Il est nécessaire que l'ASEAN règle ces évolutions de façon constructive et positive.

Derrière ces considérations officielles, que nous reprenons sans commentaire, se trouve un affrontement grandissant entre les Etats-Unis et la Chine. Celui-ci résulte de la volonté américaine de renforcer sa présence militaire et diplomatique dans la zone. Elle est contrée par une volonté chinoise d'affirmer sa propre présence. Les pays membres de l' ASEAN sont très sensibles aux interventions américaines. Beaucoup se considèrent comme des alliés des Etats-Unis. Néanmoins, ils ne veulent pas affronter, même dans les propos, le grand voisin chinois.

Un Otan asiatique?

Washington ne manque pas une occasion permettant de renforcer les antagonismes avec la Chine. Dans le cadre du « pivot vers l'Asie », il avait paru à beaucoup d'observateurs que Barack Obama rêvait de mettre en place un Otan asiatique composé sous le leadership américain d'un certain nombre des pays de l'ASEAN. Pour cela il compte beaucoup sur la volonté du Vietnam, des Philippines, de la Malaisie et de Brunei, notamment, de conserver des positions stratégiques en Mer de Chine.

Les jours précédents le sommet, la CIA a fait circuler des photos satellites montrant une flottille de bateau chinois draguant du sable autour du Mischief Reef, atoll corallien proche des Philippines et réclamé par Manille. L'objectif serait d'y construire une ile artificielle dotée d'un aéroport dont la Chine se réserverait l'usage.

Le président des Philippines Benigno Aquino a de son côté relayé des protestations de Manille concernant des menaces exercées par des garde-côtes chinois à l'encontre de flottilles de pèche. Il a laissé entendre que la Chine voulait se donner les bases d'une présence permanente en Mer de Chine.

Les Philippines et Manille, fortement incitées par Washington, souhaitaient que le Sommet soit l'occasion d'une forte réaction à l'égard de la Chine, pouvant éventuellement prendre la forme de menaces d'affrontements navals. Mais les autres membres de l'ASEAN sont très attachés à conserver de bonnes relations avec Pékin, diplomatiques mais aussi commerciales. Par ailleurs ils s'intéressent moins que les Philippines et la Malaisie aux questions de souveraineté en Mer de Chine

Il semble donc, au soir du premier jour du sommet, que celui-ci se bornera à recommander la mise en place d'un code de bonne conduite visant à protéger la paix en Mer de Chine. Les discussions sur les termes de celui-ci avaient commencé en 2013. Elles risqueront de se poursuivre encore un certain temps, au grand déplaisir des Etats-Unis.

En marge du Sommet, il faut noter que plusieurs islamistes soupçonnés de préparer des attentats à Manille et se réclamant d'Al Qaida en Asie ont été arrêtes. Le risque n'est pas mineur, vu que la Malaisie est en majorité musulmane. Des centaines de djihadistes malais et indonésiens auraient déjà rejoint l'Etat islamique en Syrie.

PS. Voir un compte rendu du sommet à la date du 28 avril, publié par le World Socialist Web Site. Il nous parait très objectif

http://www.wsws.org/en/articles/2015/04/28/asea-a28.html

Note

Wikipedia Asean http://fr.wikipedia.org/wiki/Association_des_nations_de_l%27Asie_du_Sud-Est

Jean Paul Baquiast

Der vergessene Reaktionär

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Der vergessene Reaktionär

von Christoph Schmidt

Ex: http://www.blauenarzisse.de

Der Kolumbianer Nicolás Gómez Dávila ist einer der interessantesten reaktionären Denker. Nun erschien eine stark erweiterte Neuauflage der einzigen deutschsprachigen Dávila-​Monografie. Die Lektüre lohnt sich.

Zu verdanken ist das dem kleinen katholischen Lepanto Verlag: Er hat das erstmals im Jahre 2003 bei Edition Antaios erschienene Buch von Till Kinzel wieder aufgelegt.

Gestalterisch ungewöhnlich kommt dieses Buch daher: Das Format des vorliegenden Werkes ist ziemlich hochkantig ausgefallen und erschwert anfänglich das normale Umblättern. Nach einiger Zeit der Gewöhnung vermag jedoch das Format mit dem Inhalt eine Symbiose einzugehen. Die kernige Prägnanz des Textes harmonisiert mit der Haptik des Buches.

Ein Leben in Kolumbien

Prägnant ist auch der Einstieg: Der Literaturwissenschaftler und Historiker Till Kinzel liefert einige biografische Eckdaten und versucht Dávilas (1913 bis 1994) Wirken in einen historisch-​geografischen Kontext einzubetten. Dieser Passus ist merklich kurz gehalten. Das ist vor allem der Tatsache geschuldet, dass der Aphoristiker Dávila ein unaufgeregtes Leben im Kreise engster Bekannten geführt hat. Dávila nannte das „klarsichtig ein schlichtes, verschwiegenes, diskretes Leben führen, zwischen klugen Büchern, einigen wenigen Geschöpfen in Liebe zugetan.“

davila4b806f55eaf1e940407f0f7d_L.jpgDas wird auch dadurch deutlich, dass erst im Jahre 1954 das erste Mal etwas von Dávila veröffentlicht wurde – allerdings als Privatdruck. Dávila war davon anfänglich nicht begeistert. Er hat sich im Laufe seines Lebens kaum um die Verbreitung seiner Schriften bemüht. Kinzel orientiert sich an Dávilas Bemerkung, dass der Biograph nicht die Frage nach dem „Warum“ einer Person zu stellen, sondern vielmehr die Frage nach dem „Wie“ zu bearbeiten habe. Deshalb rückt er Dávilas Denken und Stil in dieser Monografie in den Vordergrund.

Doch Dávila war im großen Maße mit seinem Heimatland Kolumbien verbunden. Er war Zeit seines Lebens nur zweimal – in Form des Schulbesuchs in Paris und einer sechsmonatigen Reise durch Europa – im Ausland. Schlüssig arbeitet Kinzel das Verhältnis zwischen Land und Denker heraus und durchleuchtet Dávilas Beziehung zu seinen literarischen Kollegen. Dazu gehören beispielsweise der linksgerichtete Gabriel García Márquez und der langjährige Freund Álvaro Mutis.

Der reaktionäre Denker

Laut Kinzel zeichnet sich Dávilas Stil durch einen kurzen und elliptischen, also unvollständigen und verkürzten Ausdruck aus – eben ganz im Sinne eines Reaktionärs. Der Reaktionär besitzt nämlich kein geschlossenes System oder theoretisches Konstrukt. „Die Idee, die sich zu einem System entwickelt, begeht Selbstmord“, so der Kolumbianer. Dávila hat seine Meisterschaft im Aphorismus jedoch vielmehr als Glossen und Kommentare zu einem inbegriffenen Text aufgefasst. Sie würden quasi als Epilog zu einem nicht existierenden Werk fungieren.

Die Haltung des Reaktionärs zeichnet sich dadurch aus, dass er sich für die verlorenen Sachen einsetzt und als dessen Parteigänger handelt. Dabei war Gómez Dávila durchaus bewusst, dass die Kritik an der Moderne und einer fanatischen und dogmatischen Aufklärung kaum Gehör finden würde. Es gehe letztendlich darum, als Reaktionär würdig Schiffbruch zu erleiden. Dávila zeichnet sich vor allem dadurch aus, dem Leser die Fragwürdigkeit der globalisierten Welt vor Augen zu führen. Kinzel geht zudem auf Dávilas Vernunftbegriff und dessen Verständnis der Seele ein. Auch die ästhetische Grundauffassung und die Haltung zur Demokratie werden herausgearbeitet.

Vernunft und Ästhetik

Dávilas Denken beinhaltet einen reichen Strauß an Ideen, Vorstellungen und Einstellungen. Doch um jedweden Denker näher kennenzulernen, bedarf es immer zuerst einen Einblick in die Grundverständnisse desselben. Für Dávilas Denken ist vor allem seine Auffassung der Vernunft von Relevanz. Orientierungspunkt stellt bei ihm die sogenannte „Philosophia perennis“ dar. Sie beruft sich auf die Vernunft der klassischen Philosophie und hält an den bleibenden Thesen der abendländischen Philosophie seit Platon und Aristoteles fest.

Diese Auffassung ist jedoch nicht mit dem dogmatischen Vernunftbegriff der aufgeklärten Moderne gleichzusetzen. Daraus resultiert eine besondere Aufgabe der Philosophie bei Dávila – nämlich die Erkenntnis der Realitäten und die Wiederherstellung des Realitätsbezuges in der Gegenwart. Sie sei durch die Ideen der Moderne gleichsam gefährdet, die denkerische Systematisierung von Realitäten sei dagegen vernachlässigbar.

Besonders bemerkenswert bleibt Dávilas Bemühen um literarische Ästhetik. Kinzel dazu: „Sein Text gleicht einem Gemälde, zu dessen angemessener Entschlüsselung zweierlei nötig ist: genaue Betrachtung der einzelnen Farbpunkte (d.h. der einzelnen Sätze), aber auch ein Zurücktreten von dieser Detailbetrachtung, um einen Gesamteindruck des Kunstwerkes zu erlangen.“

Demokratie und Erbsünde

Ein weiterer wichtiger und grundlegender Aspekt im Denken Dávilas ist sein starker katholischer Impetus. Kinzel legt dar, dass ohne die Idee der Erbsünde Dávilas Philosophie nicht nachvollziehbar sei. Denn wer diese leugnet, wäre letztlich gottlos, da sich die Erbsünde mit dem Glauben an Gott in einer notwendigen Wechselbeziehung befände. Diese konsequente Haltung führt zur Kritik an einen säkularen Ethikbegriff.

Ähnlich kritisch beäugt Gómez Dávila die säkulare Heilsversprechung des egalitären Demokratismus. Dieser Begriff bedeutet nichts anderes als die Demokratisierung sämtlicher Lebensbereiche. Diese hochgradige Ideologisierung der Demokratie führe letztlich zu einem Antielitismus, dem eine wahrhaftig aristokratische Gesellschaft gegenüber stehe. Dávila übt damit scharfe Kritik an säkularen Konzeptionen jedweder Couleur. Der Reaktionär empfindet sich jedoch jenseits vom rechten und linken Parteienlager: „Die Linke nennt jene Leute Rechtsparteiler, die bloß rechts von ihnen sitzen. Der Reaktionär befindet sich nicht auf der rechten Seite von der Linken, sondern gegenüber.“

Empfehlenswerte Einführung

Kinzels Dávila-​Monografie ist uneingeschränkt all jenen zu empfehlen, die bisher noch keinen tiefgründigen Kontakt mit dem kolumbianischen Reaktionär hatten. Der Kenner der Materie wird sich wiederum an den nuancierten Deutungen Kinzels abarbeiten und sein Denken rund um Dávila konkretisieren können. Hoffen wir, dass der lange Zeit eher als konservativer Geheimtipp bekannte Dávila wieder vermehrt in die rechte Öffentlichkeit gerät. Verdient hätte er es.

Till Kinzel: Nicolás Gómez Dávila. Parteigänger verlorener Sachen. 215 Seiten. Lepanto Verlag 2015. 12,90 Euro.

De JFK au 9/11, 50 ans de manipulations?

De JFK au 9/11, 50 ans de manipulations?

Méridien Zéro a proposé une émission en deux parties. Dans la première, nous recevons Grégoire Gambier et Frédéric Durand, tous les deux membres de l'Institut Illiade, pour évoquer la première année d'existence de l'institut et le colloque organisé le 25 avril prochain à la Maison de la Chimie à Paris et consacré à l'univers esthétique des Européens. Dans la deuxième, Laurent Guyénot vient évoquer les travaux qu'il a consacré aux manipulations politiques états-uniennes depuis 50 ans.

A la barre et à la technique, Wilsdorf et JLR.

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Pour écouter:

http://www.meridien-zero.com/archive/2015/04/17/emission-n-230-de-jfk-au-9-11-50-ans-de-manipulations-5605236.html

Loi sur le renseignement: surveiller et punir de Fouché à Cazeneuve

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Loi sur le renseignement: surveiller et punir de Fouché à Cazeneuve

La loi sur le renseignement voulue par le gouvernement suscite la méfiance d’une partie de la société civile qui craint une atteinte grave aux libertés du citoyen. Elle relance l’éternel et légitime débat sur l’équilibre, souvent menacé, entre sécurité nationale et libertés publiques. Ce projet législatif s’inscrit dans une longue tradition de contrôle et de surveillance administrative du pouvoir sur la société. Ce processus répressif a commencé, sous sa forme moderne, il y a deux siècles, par la volonté d’un homme : Joseph Fouché, le sombre génie policier du Consulat et de l’Empire.

Après les attentats terroristes du mois de janvier à Paris, le gouvernement souhaite répondre avec la plus grande fermeté à la menace djihadiste et à ses réseaux. Pour satisfaire une opinion publique avide de fermeté, le gouvernement de Manuel Valls prépare une loi qui pose question à bien des égards. Le pouvoir socialiste, dont la communication est pleine de diatribes contre les ennemis de la République, brise son idéal démocratique au nom d’une menace diffuse, bien que réelle, contre la nation et les intérêts de l’État. La décision du président de la République de faire appel au Conseil Constitutionnel ne semble pas calmer les opposants à ce projet. L’inquiétude de certaines associations, de juristes et des professionnels du web est grande, comme en témoigne l’opérateur internet Mozilla Firefox : « Cette disposition oblige les entreprises à permettre une surveillance gouvernementale de l’activité en ligne de tous leurs utilisateurs à la recherche d’un ensemble obscur de motifs comportementaux suspects. » Certains hébergeurs d’internet évoquent même l’idée d’exiler leurs activités hors de France contre cette mesure qu’ils jugent liberticide.

La République is watching you

Ainsi, le gouvernement, au nom de « l’indépendance nationale, de l’intégrité du territoire et de la défense nationale » et de « la prévention du terrorisme » mais également des « intérêts majeurs de la politique étrangère », souhaite mettre en place un système de surveillance étroite d’internet. Techniquement, cette mesure se concrétiserait par la mise en place de « boîtes noires » surveillant les métadonnées capables de repérer les projets terroristes. Pour adoucir ce que beaucoup considèrent comme un abus d’autorité, la loi met en place certains contre-pouvoirs et crée ainsi une Commission de contrôle. Ce contrôle sera confié à une nouvelle autorité administrative censée être indépendante, la Commission nationale de contrôle des techniques de renseignement (CNCTR), composée de magistrats, de députés et d’experts techniques.

Pour le politologue Thomas Guénolé, vigie républicaine du moment et instigateur d’une pétition qui a déjà recueilli plus de cent mille signatures, ces mesures de protection des libertés fondamentales ne sont qu’illusoires : « Nous dénonçons les contre-vérités du gouvernement sur la fameuse « commission de contrôle » censée protéger les citoyens des abus de surveillance. D’une part, en amont, l’avis de cette commission est consultatif : seul le Premier ministre est décideur. D’autre part, si cette commission n’a pas le temps de se prononcer sous trois jours, elle est automatiquement réputée être d’accord. Enfin, en aval, un citoyen aura besoin de prouver « un intérêt direct et personnel » pour saisir cette commission (ou ensuite, le Conseil d’État) : comment diable le pourrait-il, concernant des opérations secrètes ? Bref, en fait de garde-fous, ce sont des chimères. »

Face à l’hydre terroriste, la balance entre les partisans du tout répressif et les trop angéliques associations de défense des droits de l’homme semble pencher du côté de l’autoritarisme. Ce projet de loi ranime le vieux débat des limites de l’autorité de l’État sur les libertés publiques, un débat au cœur de le politique française depuis près de deux siècles. C’est lors de la naissance de l’État moderne que s’est forgée la capacité du pouvoir à assurer son autorité et son contrôle sur l’ensemble du territoire et des citoyens. Joseph Fouché, ministre de Napoléon Bonaparte, et père de la police moderne, a tenu un rôle fondateur dans cette évolution du pouvoir. D’une police encore embryonnaire issue de l’Ancien Régime et des premières années de la Révolution, il a tissé au début du XIXe siècle une toile de surveillance et de répression sur la société française.

Le contrôle des citoyens

À cette époque, l’ennemi du pouvoir bonapartiste n’a pas l’apparence du djihadiste cagoulé mais celle de l’activiste royaliste et de l’ancien jacobin, acteurs des principaux réseaux factieux du pays. Pour les combattre, Fouché, tout nouveau ministre du Premier Consul Bonaparte, s’appuie alors sur la loi du 17 février 1800 qui crée les préfets et les commissaires de police dans les villes de moins de cinq mille habitants. Il rationalise la police et le contrôle des citoyens par la collecte de données brutes sur les sujets les plus variés : population carcérale, vagabondage, réfractaires au service militaire, revenus des citoyens… Il rend obligatoire l’utilisation du passeport et contrôle ainsi les déplacements sur l’ensemble du territoire. Son ministère n’est pas qu’un outil de répression, il est également une agence de collecte de renseignements statistiques sur la société française.

Fouché_Joseph_Duke_of_Otranto.jpgPour Fouché, pas de bonne police et de régime stable sans une connaissance approfondie de la société permettant de renseigner l’État sur les atteintes sécuritaires à ses intérêts. Mais pour le ministre de la police de Napoléon Bonaparte, de telles pratiques n’entrent pas en contradiction avec l’idéal démocratique, au contraire : « Il ne faut pas croire qu’une police établie par ces vues puisse inspirer des alarmes à la liberté individuelle, au contraire, elle lui donnerait une nouvelle garantie et une puissance plus pure et plus sûre d’elle-même. » La surveillance administrative du pays devient une des attributions du gouvernement et sera au cœur des attributions de l’État moderne ; une surveillance et un contrôle de l’État qui seront les futurs outils des régimes totalitaires du XXe siècle.

La question du juste équilibre entre autorité et liberté est donc essentielle pour toute forme de pouvoir. Benjamin Constant, esprit libéral et opposant à Napoléon, mettait déjà en garde les gouvernements contre tous risques d’abus de pouvoir : « Toutes les fois que vous donnez à un homme une vocation spéciale, il aime mieux faire plus que moins. Ceux qui sont chargés d’arrêter les vagabonds sur les grandes routes sont tentés de chercher querelle à tous les voyageurs. Quand les espions n’ont rien découvert, ils inventent. Il suffit de créer dans un pays un ministère qui surveille les conspirateurs, pour qu’on entende parler sans cesse de conspirations. » Une mise en garde qui conserve toute sa force aujourd’hui.

Exit le latin, entre Jamel Debbouze…

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Exit le latin, entre Jamel Debbouze…
 
Non seulement le multiculturalisme est une inculture mais l’inculture (de nos jours) est consubstantiellement multiculturelle (et remplaciste, remplaceuse).
 
Ecrivain
Fondateur du NON
Ex: http://www.bvoltaire.fr

On pourrait dire aussi bien : Le Petit Remplacement et le Grand.

Il y a des lustres que l’In-nocence et moi répétons que la Grande Déculturation était la condition nécessaire du changement de peuple et de civilisation, et que, selon la formule dont je me suis beaucoup servi, un peuple qui connaît ses classiques ne se laisse pas mener sans regimber dans les poubelles de l’Histoire (comme est en train de faire le nôtre). Seulement nous n’allions pas assez loin. Le remplacement systématique de la culture par les cultures populaires (ou pop), de la musique par les variétés, de l’art par le jeu, de la vie avec la pensée par le divertissement de masse : il ne faut pas voir là la seule condition de la substitution ethnique et du passage d’une civilisation à une autre ; c’en est en fait la matière même, le contenu, la réalité vraie. Non seulement le multiculturalisme est une inculture mais l’inculture (de nos jours) est consubstantiellement multiculturelle (et remplaciste, remplaceuse).

La même semaine nous apprenons que, cette fois, c’en est fait du latin et du grec dans l’enseignement public et que le Premier ministre verrait volontiers y figurer en revanche le stand-up et Jamel Debbouze – en somme les deux colonisations, l’américaine et l’arabo-musulmane, qui se disputent et qui s’entendent (fort bien) pour la conquête du territoire et des âmes. On n’aura pas été sans remarquer que, toujours la même semaine, le président Barack Obama a fermement insisté (comme si nous étions déjà une colonie) pour que l’Europe intègre davantage ses conquérants islamiques (c’est-à-dire s’intègre à eux). Exeunt les humanités classiques, enter le music-hall et le bled de banlieue.

Je n’aime pas parler de la grande culture parce que parler de la grande culture, ou de la grande musique, d’ailleurs, c’est déjà s’exprimer dans le vocabulaire de la petite, s’avouer vaincu, les avouer vaincues, elles, la culture, la musique. Disons plutôt la culture, donc, même si le mot a bien sûr une généalogie, assez courte, d’ailleurs, et ne correspond qu’à une période donnée de l’histoire de la vie de l’esprit, et de l’histoire de l’art : celle qu’on peut appeler l’ère bourgeoise (1789-1968, mettons, ou bien : milieu du XVIIIe s. – fin du XXe). La question est de savoir si la culture dans cette acception-là est un bien éternel de l’humanité, qui se trouve avoir appartenu à la bourgeoisie pendant cette période-là, comme un privilège parmi d’autres ; ou bien si elle est une pure sécrétion de cette classe, intrinsèquement liée à elle, et donc vouée à disparaître avec elle. Personnellement je préfère la première hypothèse, il va sans dire ; mais je suis obligé de reconnaître que la seconde paraît, hélas, plus étroitement confirmée par les faits : plus de bourgeoisie, plus de culture.

La France n’a pas connu de révolution d’Octobre ou autre bouleversement communiste, mais la transformation sociale, en un siècle, y a été tout aussi radicale, sinon plus, qu’en Russie pendant toute l’ère soviétique. Certes il y a encore chez nous des inégalités économiques, il paraît même qu’elles s’accroissent ; mais les inégalités culturelles, et donc sociales, dans une certaine mesure, ont été considérablement réduites. Il y a encore des riches, mais, selon la formule géniale et tant citée de Gómez Dávila, ce ne sont plus que des pauvres avec de l’argent. Il y a encore des bourgeois, mais il n’y a plus de bourgeoisie. Il y a encore des élites, mais ce ne sont plus que des élus ou des favorisés du système, pour ne pas dire des profiteurs. Il y a encore des individus cultivés, mais il n’y a plus de classe cultivée. La culture (bourgeoise ?) a été remplacée par les activités culturelles, et par l’industrie du même nom. C’est ce que j’appelle le Petit Remplacement : énorme, colossal, mais peu de chose par rapport au Grand, le changement de peuple et de civilisation.

Le principe animateur est le même ici et là, et Nietzsche en avait bien vu la formidable puissance : c’est le ressentiment – de classe d’un côté, de race de l’autre ; ou, dans les deux cas, d’ex-colonisés à anciens colonisateurs. On voit bien chez les pédagogistes égalisateurs l’acharnement à extirper de l’enseignement la culture, la culture « générale », comme privilège abusif des anciens maîtres, parce qu’elle fut la culture bourgeoise. Stand-up, Jamel Debbouze, tags dans les musées, séminaire de rap à Normale supérieure, JoeyStarr hôte régulier de l’Élysée, etc. : les remplacistes remplacent la culture par la Pop Culture, dont le nom n’a pas assez retenu l’attention, depuis soixante-dix ans, alors qu’il disait très nettement sa portée et son origine sociales.

Pop, c’est populaire : à la fois prolétaire et petit-bourgeois, en somme, malgré les tentatives de récupération « élitistes » (sur le Pop Art, en particulier). Mais populaire, comme par hasard, c’est l’adjectif même du tour de passe-passe ethnique et civilisationnel. On sait depuis longtemps que dans la langue faussée de l’idéologie remplaciste, la langue du faussel, du faux réel, les quartiers menteusement appelés populaires, de même que les milieux populaires, ce sont ceux où le peuple originel ne figure plus, où il a déjà été remplacé. Les deux remplacements n’en font qu’un.

samedi, 02 mai 2015

NRH, n°78: identité et démocratie...

Identité et démocratie....

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La Nouvelle Revue d'Histoire est en kiosque (n° 78, mai - juin 2015) dans une nouvelle formule que nous vous invitons à découvrir.

Le dossier central est consacré à la Suisse, de Guillaume Tell à Oskar Freysinger ! On peut y lire, notamment,  des articles de:

François Bousquet ("Guillaume Tell, le père de la nation"),

Aymé Richard ("Calvin à Genève. La genèse d'une théocratie"),

Eric Mousson-Lestang ("1815 : naissance de la Suisse contemporaine"),

Pierre de Meuse ("Conflit du Sonderbund : une guerre de sécession helvétique"),

Jean-François Gautier ("Les écrivains suisses de langue française"),

Philippe Parroy ("Les banques suisses face aux Etats-Unis"),

Albrecht Baerenstein ("L'histoire de la Suisse en dictionnaire") et

Oskar Freysinger ("Identité et démocratie").

Hors dossier, on pourra lire, en particulier:

un entretien avec Eric Zemmour ("Une vision de la France") ainsi que des articles de:

Emma Demeester ("L'ascension et la chute d'Enguerrand de Marigny"),

Gérard Hocmard ("L'Angleterre divisée par la guerre des Deux-Roses"),

Anne Bernet ("Les mystères de Monsieur Fouché"),

Eric Mousson-Lestang ("Waterloo, victoire allemande"),

Arnaud Imatz ("Quand la République était raciste"),

Eric Mousson-Lestang ("L'Allemagne et le génocide arménien") et

Philippe d'Hugues ("Jacques Laurent, romancier et antigaulliste").

Jupe longue et communautarisme

Jupe longue et communautarisme
 
À Charleville-Mézières, une collégienne de 15 ans se voit interdire l’accès au lycée tant qu’elle ne porte pas… une jupe plus courte.
 
Écrivain, journaliste, juriste
Ex: http://www.bvoltaire.fr
 

jupe1.jpgÀ Charleville-Mézières, une collégienne de 15 ans se voit interdire l’accès au lycée tant qu’elle ne porte pas… une jupe plus courte. Sa jupe est, en effet, jugée trop longue par les autorités scolaires et trop « provocante » du point de vue du signe de son appartenance à une religion. On comprend qu’il ne s’agit pas du bouddhisme mais de l’islam. Il va falloir être pédagogue parce qu’il ne faudrait sans doute pas non plus que sa jupe soit… trop courte.

Pour le coup, cette décision assez ridicule, qui pourrait toucher une jeune fille catholique portant au cou une croix « trop » grosse (à partir de combien de centimètres ?) laisse perplexe. Et pour la kippa, on fait comment ? Combien de cm de diamètre ? On attend un décret ? Si c’est cela, l’assimilationnisme, comment ne pas prendre ses distances ? De tels faits aboutissent à remettre sur le devant de la scène des idées les conceptions communautaristes.

Qu’est-ce que le communautarisme ? C’est l’idée que les hommes doivent être considérés avant tout comme membres de communautés. C’est un constat que l’on peut largement partager. Mais le terme a pris un sens spécifique. C’est devenu une approche particulière des questions d’immigration. Que veulent les communautaristes ? Ils veulent renforcer le traitement en communautés des immigrés. Renvoyés à leurs origines, à leur culture, à leur culte, ceux-ci seraient (c’est l’espérance des communautaristes) moins déstabilisés par l’immigration. Les pouvoirs publics traiteraient avec les représentants des diverses communautés. La persistance de chacun dans sa culture serait encouragée.

jupe2.jpgQuelle est la logique du communautarisme ? C’est celle du développement séparé (apartheid, au sens précis du terme). Ne faisons pas de mauvais procès aux communautaristes : c’est, pour beaucoup de ceux-ci, un développement séparé sans suprémacisme blanc. À part cela, leur logique, c’est celle de l’endogamie. C’est la logique du repli sur soi, sur « sa » communauté d’origine. C’est un individualisme à l’échelle du groupe. L’appartenance devient dépendance absolue au groupe et à ses habitus, fussent-ils aussi inadmissibles sur notre sol que l’excision.

Le communautarisme, c’est oublier que l’immigration nécessite un saut culturel. À un moment donné, il faut bien se projeter vers et dans le pays d’accueil et sa culture. Pas forcément, bien sûr, en se privant de jupe longue – et c’est toute l’absurdité de l’affaire de Charleville-Mézières. La position des autorités dans ce dernier cas, c’est la position laïciste extrême et stupide. Mais d’une façon ou d’une autre, l’immigré doit faire un pas vers la France. Par l’amour de la langue française, par exemple. Appelons cela l’assimilation intelligente. La dernière fois que j’ai vu quelqu’un lire de la littérature classique dans un lieu public, c’était une jeune femme noire lisant Racine dans un café. Comme quoi… l’assimilation, cela peut marcher.

Le communautarisme n’est pas l’assimilation intelligente. C’est, par exemple, la proposition systématique de repas sans porc, ou d’horaires de piscine non mixtes pour que les hommes ne soient pas « mélangés » avec les femmes. Ce communautarisme se retourne alors contre la communauté qui concilie le mieux l’ouverture vers un universel d’une part, les particularités et les enracinements d’autre part. Cette communauté, c’est la communauté nationale, celle qui englobe et dépasse les communautés religieuses, ethniques, de classe. Vive la nation ! Nul besoin d’être jacobin pour lancer ce cri.

Vietnam: Que s’est-il passé il y a 40 ans?

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Vietnam: Que s’est-il passé il y a 40 ans?

Le 30 avril 1975 Saigon tombait, les derniers Américains fuyaient le Vietnam, qui était enfin réunifié. La guerre du Vietnam, commencée 30 ans plus tôt lors de la tentative de reconquête française de l’Indochine, se terminait.

Pour les millions de morts de cette guerre, il n’y aura aucune minute de silence, aucune commémoration solennelle, aucun « devoir de mémoire », aucun « plus jamais ça ». C’est vrai qu’il ne s’agissait pas d’un génocide: « simplement » des années de bombardements massifs et de tueries systématiques d’un peuple qui voulait être indépendant. Pourquoi s’en faire pour si peu?

Contrairement au nazisme qui a complètement disparu mais contre lequel on nous « met en garde » tous les jours, le « çà » de la guerre du Vietnam a continué, à travers la politique américaine en Amérique centrale et en Afrique australe et surtout aujourd’hui, au Moyen-Orient. La « guerre à la terreur » a déjà fait plus d’un million de morts et est loin d’être terminée.

Que disent nos grandes consciences morales européennes, celles qui déplorent les morts en Méditerranée par exemple, à ce sujet? Combien d’appels à quitter le navire à la dérive de la politique impérialiste américaine? A faire vraiment la paix avec la Russie et l’Iran? A cesser notre politique d’ingérence perpétuelle et dans laquelle nous ne sommes que les auxiliaires (dans le temps, on disait « laquais ») des Etats-Unis?

A l’époque de la guerre du Vietnam, des dirigeants européens éclairés, comme Olof Palme en Suède et De Gaulle en France prenaient ouvertement position contre la politique américaine. Des intellectuels comme Russell et Sartre mobilisaient l’opinion contre la guerre. Des manifestations avaient lieu même dans des pays comme la France qui étaient éloignés du conflit. Et aujourd’hui? Rien. Lors de la guerre contre le Libye, presque toute l’opinion, en tout cas « de gauche » ou « démocrate » a appuyé cette guerre.

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La fin de la guerre du Vietnam fut la fin d’une époque, celle des luttes de libération nationale qui ont constitué sans doute le mouvement politique le plus important du 20è siècle. En Occident, ce fut le début de la reconstruction de l’idéologie impériale, mais sous le couvert des droits de l’homme. La tragédie des boat people au Vietnam et des massacres au Cambodge à l’époque des Khmers rouges, a permis à l’intelligentsia en France et aux Etats-Unis de se draper dans le manteau de la « solidarité » avec les « victimes », d’oublier toute analyse des causes et des effets (les Khmers rouges n’auraient jamais pris le pouvoir sans les bombardements américains sur le Cambodge) et d’inventer le droit d’ingérence humanitaire de façon à détruire le droit international et la Charte des Nations Unies.

Ce fut la BHLisation des esprits et le début de la « nouvelle gauche », plus ou moins héritière de Mai 68, post et anti-communiste qui a, sur le plan international, pris l’exact contre-pied de l’ancienne gauche: alors que celle-ci défendait le droit international et la coexistence pacifique et était hostile à la politique américaine, la « nouvelle gauche » soutient toutes les « révolutions » et tous les « printemps », indépendamment de leur contenu politique et en ignorant les rapports de force sous-jacents. Seuls comptent les « droits de l’homme », du moins de ceux qui sont mis en avant par les médias.

Aujourd’hui, cette nouvelle gauche, ainsi que la politique américaine, à laquelle elle a servi de paravant idéologique, est dans une impasse totale, tant au Moyen Orient que face à la Russie et la Chine. Quarante ans après la libération du Vietnam, on assiste à de nouveaux lendemains qui déchantent et de nouvelles révisions déchirantes s’imposent. Mais qui osera les faire?

Par Jean Bricmont | 30 avril 2015

Professeur de physique théorique et mathématique, Université de Louvain, Belgique. Auteur de plusieurs articles sur Chomsky, co-directeur du Cahier de L’Herne n° 88 consacré à Noam Chomsky, Jean Bricmont a publié notamment avec Alan Sokal Impostures intellectuelles (1997), À l’ombre des Lumières avec Régis Debray (2003) et Impérialisme humanitaire (2005). Son dernier ouvrage : La République des censeurs. Editions de l’Herne, 2014

Source: http://arretsurinfo.ch/que-sest-il-passe-il-y-a-40-ans/

Hillary Clinton, avenir du système?

Hillary Clinton, avenir du système?

suivi d'un entretien avec les Antigones

Méridien Zéro a proposé une soirée très féminine puisque la 1ère partie revient avec notre invité Patrick Gofman, secondé par Maurice Gendre, sur l'itinéraire de celle qui devrait sans doute être la championne du parti démocrate aux prochaines élections présidentielles des Etats-Unis et peut-être la première présidente de ce pays. DAns une deuxième partie, nous revenons avec deux membres des Antigones sur le bilan et les perspectives d'action de ce groupe de militantes.

A la barre et à la technique, Gérard Vaudan et Wilsdorf.

Comme d'habitude, cette émission est retransmise par nos mis de RBN et Kebeka Liberata (quoique le serveur de RBN semble moyennement opérationnel...).

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Pour écouter:

http://www.meridien-zero.com/archive/2015/03/20/emission-n-226-hillary-clinton-avenir-du-systeme-5586983.html

Sept films à voir ou à revoir sur la Société irlandaise

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Sept films à voir ou à revoir sur la Société irlandaise

Ex: http://cerclenonconforme.hautetfort.com

Un pub bondé... Au comptoir, des hommes et des femmes de toute condition sociale communient autour d'un curieux breuvage aussi noir qu'épais. Les pintes de stout se remplissent aussi lentement que les gosiers la lampent. La Guinness se mérite. Toutes les discussions s'entremêlent. On y parle de tout sauf du temps qu'il fait car il y pleut toujours ! Le Celtic Glasgow a perdu le derby contre l'ennemi juré des Rangers. Et le XV de la Poblacht na hÉireann a cédé à Lansdowne Road contre Galles. Sale week-end ! Temps de merde ! Le tapotement d'un bodhràn bientôt accompagné d'une guitare recueille l'attention d'un petit groupe de quinquagénaires qui tente de reprendre tant bien que mal The Fields of Athenry. Les femmes assises à leur côté soufflent, d'autant plus que l'un des compères n'a pas manqué de remarquer la démarche mal assurée d'une petite jeune femme rousse, certes un peu empotée, mais dont la jupe qu'elle arbore fièrement s'appellerait une ceinture dans n'importe quel autre pays... Assurément !, se disent les femmes, ils ont déjà trop bu... Cette scène vous remémore quelque souvenir ? Alors vous êtes déjà allé en Irlande ! La société irlandaise est aussi contrastée que ce fichu temps qui passe par toutes les couleurs en moins de temps qu'il n'en faut pour enfiler son anorak. La résumer en sept films relève d'une gageure impossible. Alors, autant éviter les clichés mentionnés ci-dessus et découvrir un tout petit peu cette drôle de petite île. Juste comme ça. L'Eire de rien...

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GENS DE DUBLIN

Titre original : The Dead

Film américain de John Huston (1987)

Dublin, 6 janvier 1904. Comme chaque année, les sœurs Kate et Julia Morkan réunissent leurs plus proches amis pour fêter l'Epiphanie. La soirée joyeuse et bien arrosée est rythmée au gré des poèmes, chants et danses gaëliques. Les langues se délient pour évoquer les chers disparus, familiers ou inconnus. La soirée tire progressivement à sa fin. Molly Ivors, nationaliste ardente, quitte la réception la première pour se rendre à un meeting. Une dernière complainte émeut Greta, l'une des convives. De retour à l'hôtel, Greta révèle à son époux, Gabriel, l'histoire d'un jeune homme éperdument épris d'elle dont l'amour a conduit le prétendant à la mort. Le jeune homme aimait fredonner cette même complainte. Gabriel est anéanti par la nouvelle...

Remarquable adaptation de la dernière nouvelle du roman Dubliners de James Joyce et dernier film tourné par Huston peu de temps avant sa mort. La mort justement, et le temps qui s'écoule irrémédiablement, sont les thèmes principaux affleurant tout au long de ce huis-clos bouleversant et remarquablement interprété par des acteurs, tous issus de la diaspora irlandaise. Une adaptation remarquable. A voir absolument !

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LE LIBRAIRE DE BELFAST

Titre original : The Bookseller of Belfast

Film documentaire irlandais d'Alessandra Celesia (2011)

Fumeur invétéré et toujours accompagné de ses grosses lunettes cerclées magnifiant son air débonnaire, John Clancy, surnommé John "Belfast" ou John "Books", exportait auparavant les œuvres de William Butler Yeats jusqu'en Californie. Mais la petite bouquinerie de John, une petite maison de briques rouges, à l'intérieur de laquelle se pressent quatre mille livres invendus, doit fermer pour cause d'explosion, non celle d'une énième bombe loyaliste ou catholique, mais à cause de l'explosion des loyers. Comment maintenir son petit sanctuaire, lui qui a toujours plus offert de livres qu'il n'en a vendus, dans un Belfast en pleine mutation, submergé par la crise et tentant de panser les plaies de six décennies d'affrontements communautaires ? Pour ce brave John, il s'agit désormais de retrouver un chemin...

Mélancolique et émouvant portrait d'un petit bouquiniste que la spéculation arrache à son paradis. Celesia dresse magnifiquement son portrait empreint de la mémoire identitaire de la capitale nord-irlandaise. Autour de John, trois jeunes ordinaires et peu paumés, issus de la nouvelle génération d'une ville qui se réveille avec la gueule de bois : Robert, un punk dyslexique passionné d'opéra et par l'Empire romain, son frère Connor, un rappeur couvert de multiples cicatrices et Jolene, jeune chanteuse écumant les télé-crochets. Au milieu des alertes à la bombe, un remarquable tableau d'une ville qui se projette vers l'avenir. Qui n'est jamais allé en Ulster ne connaît pas l'Irlande...

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THE MAGDALENE SISTERS

Film irlandais de Peter Mullan (2002)

Comté de Dublin en 1964. Elles sont trois adolescentes et ne se connaissent pas. Margaret est violée par son cousin lors d'un mariage. La jolie Bernadette, orpheline, est estimée trop provocante avec les garçons. Rose est une fille-mère qui a dû abandonner son enfant à une famille catholique. Les trois adolescentes sont placées dans le couvent des sœurs de Marie-Madeleine pour avoir déshonoré leurs parents. Les jeunes filles vont bientôt se confronter aux dures lois qui régissent la vie du couvent et devoir expier leur comportement immoral par le travail et la prière. Sous les ordres de la sœur Bridget, elles vont laver le linge de l'Eglise et de la haute société irlandaises, subissant les pires humiliations et mauvais traitements...

Terrifiant portrait de l'un des traits majeurs de la société irlandaise, son rigorisme moral. Ce film romancé est inspiré d'un documentaire télévisé qui dénonça les horreurs des couvents Magdalene qui ne fermèrent leurs portes qu'en... 1996 ! Symboles du Pêché originel d'Eve croquant la pomme, des générations de jeunes filles irlandaises ont été maintenues sous le régime de terreur d'une autorité parentale toute-puissante lorsque celle-ci estimait son honneur bafoué. Aussi, la victime d'un viol en devenait-elle coupable et la beauté était-elle assimilée à un trait diabolique. Mullan livre ici réalisation oppressante et glaçante que d'aucuns jugeront parfois outrancière.

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PAVEE LACKEEN, LA FILLE DU VOYAGE

Titre original : Pavee Lackeen, the traveller girl

Film irlandais de Perry Ogden (2005)

Winnie est une adolescente issue de la communauté gitane irlandaise et partage sa vie, entourée de ses neuf frères et sœurs, dans une caravane de la zone industrielle de Dublin. Exclue une semaine de l'école après une bagarre, Pavee erre en ville et se rêve en jeune mariée devant une vitrine de robes, avant de s'approprier les pièces d'une fontaine pour jouer aux jeux vidéos et cambriole enfin un container de la Croix Rouge  pour y voler nombre de vêtements. Pendant ce temps, sa mère multiplie les interventions face à l'administration pour régulariser leur situation. La caravane est menacée d'expulsion...

Les films sur la communauté des gens du voyage ne sont pas légions. Pavee Lackeen connut une sortie fantomatique en France, dépassant péniblement les 10.000 entrées. 45 à 50.0000 gitans vivent en Irlande à l'écart de la société, locuteurs d'un langage dont aucune racine ne provient d'un rameau identifié. Avec une certaine complaisance à l'égard de cette communauté mais sans faire abstraction de ses nombreux passages outre la loi, Perry Ogden invite le spectateur à s'immerger au sein des mystères des communautés gitanes. Si le film avait été français, il s'en serait trouvés facilement pour dénoncer certains traits stigmatisants. Un film qui peut tenter les plus curieux.

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PHILOMENA

Film américano-anglo-français de Stephen Frears (2013)

1952, Philomena Lee n'est encore qu'une adolescente lorsqu'elle tombe enceinte. Reniée par sa famille, Philomena est enfermée au couvent de Roscrea. Travaillant à la blanchisserie, elle est autorisée à voir son fils une heure par jour avant qu'il ne lui soit définitivement enlevé à l'âge de trois ans et confié à une famille américaine. Cinquante années ont passé. Philomena est sortie de l'institution dans laquelle elle était enfermée. Une seule ambition guide sa vie : retrouver son fils. Philomena rencontre par hasard Martin Sixsmith, journaliste récemment licencié, à qui elle se confie. Le journaliste persuade Philomena de l'accompagner outre-Atlantique et de partir à la recherche d'Anthony. Le journaliste retrouve la trace du fils très rapidement mais néanmoins trop tard...

Si le synopsis peut apparaître proche de celui de The Magdalene Sisters, la présente réalisation insiste moins sur le quotidien de l'enfermement que sur la quête d'une mère à la recherche de son enfant enlevé. Le ton est également très différent et Frears n'hésite pas à traiter le sujet sous l'angle de la comédie. C'est bien sur le tandem de l'union naissante entre une mère éplorée mais pleine de dignité et un journaliste désabusé qui porte presque l'âge du fils disparu que s'appuie l'intrigue.

 

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THE SNAPPER

Film anglais de Stephen Frears (1993)

A Dublin au début des années 1990, Sharon Curley, vingt ans, mène une existence heureuse dans sa famille ouvrière en compagnie de ses cinq frères et sœurs. Enceinte et non-mariée, Sharon refuse de dévoiler l'identité du géniteur. Un marin espagnol de passage assure-t-elle. La famille s'accommode finalement assez bien que leur fille ait fait un bébé toute seule jusqu'à ce que la rumeur du quartier attribue la paternité à George Burgess, un quinquagénaire, marié et père de l'une des meilleures amies de Sharon. La future mère peine à démentir et se remémore une certaine fin de soirée trop arrosée terminée sur le capot d'une voiture. Moquée dans le quartier et au pub, Sharon est contrainte de laisser son père, Dessie, et les hommes de la famille défendre son honneur à coups de poings...

Un snapper est un mot argotique traduisible par mioche. Non, The Snapper n'est pas un film dramatique ; Frears n'étant pas un représentant du film noir. Au contraire, le réalisateur dresse le portrait attachant de l'insouciante Sharon dans une société irlandaise dans laquelle la prohibition de la contraception et le conservatisme moral règnent en maître et où le pub fait office de parlement du peuple qui fait et défait les rois. Un film tonique aux dialogues savoureux et souvent très drôles. A voir !

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THE VAN

Film anglo-irlandais de Stephen Frears (1996)

Si le football n'est pas le sport favori en République d'Irlande, les Irlandais entendent bien ne manquer aucun match de leur sélection nationale qualifiée pour la Coupe du Monde 1990. Au pire, c'est toujours une excellente occasion trouvée de boire ! Et ça, Bimbo Reeves le sait. Boulanger dublinois récemment licencié, Bimbo rejoint chaque soir ses copains dans un pub de Barrytown, dans la banlieue nord de Dublin. Contrairement à ses amis, tous chômeurs de longue durée, il est inconcevable pour Bimbo de ne pas retrouver un travail au plus vite. Lui vient alors une idée folle. Acquérir, grâce à ses indemnités, une camionnette pour vendre des fish and chips. Aidé de son plus vieil ami, Bimbo découvre le véhicule idéal, certes quelque peu crasseux et sans moteur. La compétition de football fait engranger à la sandwicherie ambulante des chiffres inespérés mais la réussite économique menace leur amitié...

Des acteurs épatants, passant du rire aux larmes, pour une véritable réussite ! On objectera peut être que les personnages de la filmographie de Frears sont parfois un peu trop copiés-collés d'un film à l'autre mais qu'importe. La scène de la retransmission du match de l'Eire au pub est remarquable. De même que celles de beuverie. Une ambiance que ravira tous les fans de football et de bière qui bien souvent sont les mêmes.

Virgile / C.N.C.

Note du C.N.C.: Toute reproduction éventuelle de ce contenu doit mentionner la source

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Geopolitics of Japan: A New Warrior Benkei Spirit is Needed to Move Closer to China and Russia

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Geopolitics of Japan: A New Warrior Benkei Spirit is Needed to Move Closer to China and Russia

Lee Jay Walker

Modern Tokyo Times

Since the post-World War Two period it is abundantly obvious that America predominates when it comes to the foreign policy of Japan. Indeed, the relationship, despite having some ups and downs, continues to blossom based on elites in Tokyo being preoccupied with placating Washington when possible. This reality occupies the geopolitical space of Japan despite certain negatives in relation to China and the Russian Federation. Therefore, political elites in Beijing and Moscow keep a close eye on the ambitions of America in Northeast Asia based on utilizing the territorial integrity of Japan.

Of course, nothing is that clear-cut because Japan often tries to boost America based on favorable exchange rates in recent times, helping to preserve the strength of the US dollar, supporting America financially in the area of military support in Afghanistan and Iraq – and in many other important areas. Similarly, Japan maintains a more balanced approach to Middle East issues in relation to Israel and surrounding nations. Therefore, Japan isn’t afraid to say “no” when the time demands but overall it is clear that relations between America and Japan remain extremely potent.

However, the post-World War Two legacy should now be firmly put aside because the changing sands now highlight a robust Russian Federation. This notably applies to the area of foreign policy, energy networks, a powerful military arms industry, space technology, the utilization of the United Nations and an array of other important areas – for example having favorable relations with all major emerging economic powers within BRIC and so forth.

At the same time, it is clear that the Russian Federation could boost Japan dramatically throughout Central Asia, Northeast Asia and the vast space of Eurasia. This notably applies to energy related areas and enabling Japan to foster more powerful relations with nations throughout the “geopolitical space” of the Russian Federation. Indeed, northern Japan and the Sea of Japan economic zone would also gain greatly from improved economic, political and military relations between Moscow and Tokyo.

Therefore, Japan should realize that America doesn’t resemble the loyalty of the esteemed Saito no Musashibo Benkei. Likewise, the geopolitical containment policy of America, with regards to China and the Russian Federation, means that Japan is being dragged into a powerful reality that doesn’t serve the future interests of the land of the rising sun. After all, despite China facing internal dangers in relation to the one-party-state, Tibet and the mainly Muslim regions of Western China (Han migration is altering the demographic landscape of both Tibet and Xinjiang); it still appears that China will continue to grow in influence within the global economy. Therefore, China and the Russian Federation could easily boost Japan in many vital areas and this also applies to stability throughout Northeast Asia.

In another article about Benkei by Modern Tokyo Times it was stated: In Japanese culture, history and art, it is clear that Saito no Musashibo Benkei left a lasting impression and this continues today in modern culture. This legendary warrior monk belongs to the intriguing period of the 12th century in Japan. He was born in 1155 and died in 1189 after serving the famous Minamoto no Yoshitsune … Benkei is famous within Japanese Folklore because of his enormous strength and amazing loyalty.”

Not surprisingly, the warrior class bestowed great admiration towards Benkei based on his strength, loyalty and wisdom. Yet unlike political elites in modern Japan the dynamics of Benkei apply to internal loyalty. This is a far cry from the internal political reality of modern Japan because often this nation placates America even when it creates geopolitical headaches for Tokyo. Therefore, Japan should focus on its loyalty towards itself rather than placating the whims of Washington.

Of course, Japan needs to maintain strong relations with America but these relations should not be detrimental towards China and the Russian Federation. Similarly, within Japan the military of America is not purely negative despite major tensions in Okinawa. For example, America could be deemed to be “a protectionist power” based on the military might of the armed forces of this nation. Likewise, during several devastating earthquakes and the utter havoc generated by the brutal tsunami, then clearly the armed forces of America helped the people of Japan based on bravery and genuine support. Therefore, the geopolitical and military relationship between America and Japan does suit both nations even if changes may occur in the future. However, Japan should not put everything into “one American basket” – therefore growing ties with China and the Russia Federation is in the interest of the land of the rising sun.

The Toshidama Gallery says Benkei: “… was raised by monks who were both religious and military. As a young man he positioned himself at one end of Gojo Bridge and disarmed travelers of their swords. On reaching his 999th sword he fought with a young nobleman, Minamoto no Yoshitsune, who won the battle of the bridge and thereafter Benkei served as his principal retainer. They fought in the Gempei Wars between the Taira clan and their own Minamoto clan.”

However, while the loyalty of Benkei isn’t up to questioning can the same be said about America and Japan relations in the modern world? Also, while Japan is being loyal towards Washington can the same be said about America in the long-term?

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On top of this, would Benkei endanger “the bigger picture” based on an unbalanced relationship with two powerful regional powers? Therefore, while America and Japan will continue to consolidate the current relationship between both nations, this doesn’t guarantee future stability. After all, if China continues to grow in the area of economics then will America jump ship and gradually focus on Beijing being the future essential pivot?

Irrespective of the answer, it appears that Japan should rethink its current foreign policy entanglements based on America’s containment policies towards China and the Russian Federation. Instead, Japan should focus heavily on internal loyalty and adopt a foreign policy based on self-interests, pragmatism and developing closer ties with China and the Russian Federation. If so, then political elites in Beijing and Moscow will take Tokyo seriously even if powerful relations between America and Japan continue.

http://www.toshidama-japanese-prints.com/item_473/Toshihide-Portraits-of-Sansho–Ichikawa-Danjuro-IX-as-Benkei-1893.htm

http://www.toshidama-japanese-prints.com/item_391/Kunisada-Benkei-and-Yoshitsune-fighting-on-Gojo-Bridge.htm

http://www.toshidama-japanese-prints.com/item_237/Kunisada-Portrait-of-Benkei.htm

http://www.toshidama-japanese-prints.com/item_246/Yoshitaki-Benkei-and-Yoshitsune-at-Gojo-Bridge.htm

mtt

 

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7ème SOMMET DES AMÉRIQUES

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7ème SOMMET DES AMÉRIQUES
Cuba retrouve la famille et le Venezuela reste la brebis galeuse

Michel Lhomme
Ex: http://metamag.fr

Le 7ème Sommet des Amériques s’est déroulé les 10 et 11 avril au Panama. C'est déjà en soi un sommet historique car il est le premier sommet des Amériques à accueillir Cuba. C'est donc le premier signe visible sur le plan international du  rapprochement cubano-étasunien dont on parle depuis des mois et qui fut annoncé en décembre. 


Une rencontre directe entre les présidents Raul Castro et Barack Obama a été réalisée. Le duel idéologique entre les deux pays est cependant loin d'être clos. Cuba est donc toujours sur la sellette mais moins que le Venezuela, en pleine crise économique. Des antigouvernementaux vénézuéliens ont été judicieusement invités, entre autres Mitzy Capriles et Lilian Tintori, les épouses respectives des opposants Antonio Ledezma, le maire de Caracas, et Leopoldo Lopez, tous deux actuellement incarcérés. 28 organisations internationales vont demander au Venezuela présidé par Nicolas Maduro de cesser « d’intimider et de harceler » les défenseurs des droits de l’homme et 19 ex-présidents latino-américains réclament la libération des « prisonniers politiques » vénézuéliens. De son côté le professeur d’université panaméen, Olmedo Beluche, l’un des organisateurs d’un autre événement parallèle, le Sommet des Peuples, estime que le Forum de la société civile est « manipulé » par les États-Unis.


En fait, le 9 mars, Barack Obama a signé un décret que l'on a très peu commenté en Europe mais qui a fait beaucoup de bruit en Amérique latine. Ce décret déclare que le Venezuela constitue une « menace extraordinaire et inhabituelle pour la sécurité nationale et la politique extérieure des États-Unis ». Le décret a été signé dans un double contexte : les accusations officielles du gouvernement vénézuélien d'un coup d'état organisé par les Etats-Unis avec de jeunes officiers vénézuéliens qui auraient été déjoué en janvier mais aussi dans celui de la politique intérieure américaine, Obama cherchant par ce décret à endiguer l’opposition de la majorité parlementaire républicaine au rétablissement des pleines relations diplomatiques avec La Havane.


Ce qui est certain c'est que le département d'Etat a conféré cette année toute son importance au 7ème Sommet des Amériques. Obama semble vouloir donner cette année un relief particulier et une impulsion nouvelle grâce à ce sommet. Avec les années, elle était devenue une institution endormie. 


Le Sommet des Amériques, avait été fondée à l’initiative des États-Unis sous la présidence de Bill Clinton, en 1994 à Miami. Lors du premier sommet, Cuba était exclu, 34 chefs d’État latino-américains y avaient participé puis lancé ce qui fait toujours partie du grand objectif stratégique pour les Etats-Unis dans le sous-continent, la création progressive d'une vaste zone de libre-échange des Amériques (ZLEA ou, ALCA selon son sigle espagnol). 


De l’Alaska à la Terre de Feu, cette zone devait constituer un marché de 850 millions d’habitants. Avec le traité Trans-Pacifique et le prochain traité Trans-Atlantique, la ZLEA constitue un maillon clef de la pax americana mondialiste en préparation.


Or, cette ambition d'une vaste zone de libre-échange regroupant toute l'Amérique du Sud fut torpillée au 4ème Sommet des Amériques, de Mar del Plata, en 2005 en Argentine.  Ce fut l’opposition féroce et le résultat de l’influence alors des présidents vénézuélien et argentin, Hugo Chavez et Nestor Kirchner, mais aussi les conséquences des ambitions régionales du Brésil qui signifièrent la fin du grand rêve américain et du projet de la ZLEA, défendu alors par un président étasunien George W. Bush, très isolé et critiqué sur la scène internationale. Aux deux Sommets des Amériques suivants, le 5ème en 2009 à Puerto España (Trinité-et-Tobago) et le 6ème en 2012 à Carthagène (Colombie), les États-Unis étaient déjà représentés par Barack Obama mais mus de divisions internes très fortes (Venezuela, Argentine et Brésil). Aucun de ces deux sommets ne put émettre un communiqué final, le principal obstacle ayant été l’exclusion de Cuba exigée par les États-Unis et l’embargo imposé à l’île par Washington depuis 1962. Ce fut la cause principale de l’absence de consensus et ce sont ces deux échecs successifs des Sommets des Amériques qui expliquent en grande partie la volonté d'Obama de détendre l'atmosphère avec La Havane. De plus, le Venezuela de l'après Chavez est très affaibli et n'a plus aucun charisme mais Dilma Roussef malgré sa victoire électorale de 2014 vient aussi de subir des manifestations populaires anti-gouvernementales très violentes. L'Argentine ne va pas non plus très bien : récession interne et problèmes de corruption endémique de ses ministres. 


Le revirement des Etats-Unis sur Cuba a modifié les rapports de force à l'intérieur du sommet même si indéniablement l’influence régionale des États-Unis a rétréci et limité les marges de manœuvre étatsunienne dans la région. En revanche les Etats-Unis veulent en tout cas la peau du Venezuela. Or, pour l'instant, l’Amérique latine continue d'appuyer le Venezuela même si la Colombie souhaite un changement de régime à Caracas et que le Pérou ou le Chili le font du bout des lèvres. En levant son interdit à l’intégration de Cuba à la plus haute instance de concertation interaméricaine, Washington a rouvert sur le continent des voies de dialogue politiques et économiques possibles qu’une solidarité latino-américaine inattendue, renforcée l'année dernière par le scandale des écoutes de Roussef lui fermait graduellement.

 
Toute la vision du leadership étasunien a été illustrée par le thème de ce 7ème Sommet des Amériques, « Prospérité avec équité », manière en fait de refourguer le projet du libre-échangisme total à l'échelle continental, en somme  qu’on reparle encore de la ZLEA, qu'on remette une fois de plus sur le tapis les ambitions du premier sommet de Miami, d'un grand marché continental, fût-ce sous un autre nom alors que de l'autre côté de l'Atlantique, le traité transatlantique se négocie toujours dans le plus grand secret.

vendredi, 01 mai 2015

12 Unanswered Questions About The Baltimore Riots That They Don’t Want Us To Ask

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12 Unanswered Questions About The Baltimore Riots That They Don’t Want Us To Ask

Why did the Baltimore riots seem like they were perfectly staged to be a television event?  Images of police vehicles burning made for great television all over the planet, but why were there abandoned police vehicles sitting right in the middle of the riot zones without any police officers around them in the first place?  Why was the decision made ahead of time to set a curfew for Tuesday night and not for Monday night?  And why are Baltimore police officers claiming that they were ordered to “stand down” and not intervene as dozens of shops, businesses and homes went up in flames?  Yes, the anger over the death of Freddie Gray is very real.  Police brutality has been a major problem in Baltimore and much of the rest of the nation for many years.  But could it be possible that the anger that the people of Baltimore are feeling is being channeled and manipulated for other purposes?  The following are 12 unanswered questions about the Baltimore riots that they don’t want us to ask…

#1 Why are dozens of social media accounts that were linked to violence in Ferguson now trying to stir up violence in Baltimore?…

The data mining firm that found between 20 and 50 social media accounts in Baltimore linked to the violence in Ferguson, Mo. is now reporting a spike in message traffic in Washington D.C., Philadelphia and New York City, with “protesters” trying to get rides to Baltimore for Tuesday night.

The firm, which asked to remain anonymous because it does government work, said some of the suspect social media accounts in Baltimore are sending messages to incite violence. While it is possible to spoof an account, to make it look like someone is one place and really is in another, that does not fully explain the high numbers.

#2 Who was behind the aggressive social media campaign to organize a “purge” that would start at the Mondawmin Mall at precisely 3 PM on Monday afternoon?…

The spark that ignited Monday’s pandemonium probably started with high school students on social media, who were discussing a “purge” — a reference to a film in which laws are suspended.

Many people knew “very early on” that there was “a lot of energy behind this purge movement,” Baltimore City Councilman Nick Mosby told CNN on Tuesday. “It was a metaphor for, ‘Let’s go out and make trouble.'”

#3 Even though authorities had “credible intelligence” that gangs would be specifically targeting police officers on Monday, why weren’t they more prepared?  On Tuesday, the captain of the Baltimore police tried to make us believe that they weren’t prepared because they were only anticipating a confrontation with “high schoolers”

Police Capt. John Kowalczyk said the relatively light initial police presence was because authorities were preparing for a protest of high schoolers. A heavy police presence and automatic weapons would not have been appropriate, he said. Kowalczyk said police made more than 200 arrests — only 34 of them juveniles.

#4 Where were the Baltimore police on Monday afternoon when the riots exploded?  During the rioting, CNN legal analyst Jeffrey Toobin said that the “disappearance of the police for hours this afternoon is something that is going to haunt this city for decades”.

#5 Why are police officers in Baltimore claiming that they were instructed to “stand down” during the rioting on Monday afternoon?…

Police officers in Baltimore reportedly told journalists that they were ordered by Mayor Stephanie Rawlings-Blake not to stop looters during yesterday’s riots.

Rawlings-Blake, who waited 5 hours before even making a statement on the unrest, was already under intense critcism for saying that violent mobs were provided with “space” to “destroy” during riots which took place on Saturday.

One Baltimore shopkeeper said that he actually called the police 50 times asking for help and never got any assistance at all.  Other business owners reported similar results.  This is so similar to what we saw back during the Ferguson riots.

 

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#6 Why was the decision made ahead of time to set a curfew on Tuesday night but not on Monday night?

#7 Why were so many police vehicles conveniently parked along the street in areas where the worst violence happened?  After the destruction of a number of police vehicles on Saturday night, the Baltimore police had to know that they were prime targets.  So why were there even more police vehicles available for rioters to destroy on Monday?  And where were the cops that should have been protecting those vehicles?

#8 Why is an organization funded by George Soros stirring up emotions against the police in Baltimore?

#9 Why is CNN bringing on “commentators” that are promoting violence in Baltimore?…

Marc Lamont Hill, a Morehouse College professor and regular CNN commentator, embraced radical violence in the streets during an interview Monday on CNN.

“There shouldn’t be calm tonight,” Hill told CNN host Don Lemon as riots raged in the streets of Baltimore.

“Black people are dying in the streets. We’ve been dying in the streets for months, years, decades, centuries. I think there can be resistance to oppression.”

#10 Why did Baltimore Mayor Stephanie Rawlings-Blake initially tell reporters that a decision was made on Saturday to give “those who wished to destroy space to do that”?

#11 Why were rioters given hours to cause mayhem before a state of emergency was finally declared on Monday?  Maryland Governor Larry Hogan seems to think that Mayor Rawlings-Blake waited far too long to declare a state of emergency.  Just check out what he told one reporter

I‘ve been in daily communication with the mayor and others in the city and our entire team has been involved from day one. Frankly, this was a Baltimore city situation. Baltimore city was in charge. When the mayor called me, which quite frankly we were glad that she finally did, instantly we signed the executive order. We already had our entire team prepared.

We were all in a command center and second floor of the state house in constant communication and we were trying to get in touch with the mayor for quite some time. She finally made that call and we immediately took action. 

#12 Does the fact that the mayor of Baltimore has very close ties to the Obama administration have anything to do with how events unfolded during the riots?  The following is from Infowars.com

Rawlings-Blake was one of three mayors who provided broad input into President Obama’s Task Force on 21st Century Policing, which advocates the federalization of police departments across the country by forcing them to adhere to stricter federal requirements when they receive funding.

“The federal government can be a strong partner in our efforts in build better relationships between the police and community,” she said in written testimony before the task force.

That would explain her inaction to stop the rioting when it began: by allowing it to spiral out of control, the mayor and her friends at the Justice Dept. could use the unrest to justify the expansion of federal power into local law enforcement, which would also allow her to receive more funding.

And why did it take Barack Obama several days to publicly condemn the violence in Baltimore?  Why didn’t he stand up and say something on Monday when the riots were at their peak?

Something doesn’t smell right about all of this.  Much of the violence could have been prevented if things had been handled differently.

 

baltimore,états-unis,actualité,émeutes

 

In the end, who is going to get hurt the most by all of this?  It will be the African-American communities in the heart of Baltimore that are already suffering with extremely high levels of unemployment and poverty.

I wish that we could all just learn to come together and love one another.  Over the past few days, I have seen a whole lot of “us vs. them” talk coming from all quarters.  This kind of talk is only going to reinforce the cycle of mistrust and violence.

Sadly, I believe that this is just the beginning of what is coming to America.  The following are some tweets that show the mayhem and destruction that we have been witnessing in Baltimore the past few days…

10:31 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : baltimore, états-unis, actualité, émeutes | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Baltimore et le krach multiracial américain

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Baltimore et le krach multiracial américain
 
Il y a 400 ans que les Noirs vivent en Amérique, et on ne peut pas dire que ce gros pays donné en modèle à tout le monde ait su les intégrer.
 
Ecrivain
Ex: http://www.bvoltaire.fr

Il y a 400 ans que les Noirs vivent en Amérique, et on ne peut pas dire que ce gros pays donné en modèle à tout le monde ait su les intégrer. Ce sont les mêmes qui, après, viennent nous expliquer que nous n’aurons aucun problème, en République, pour intégrer toute l’Afrique et tout l’islam. Il n’y a qu’à faire partir les Français qui restent, on s’y emploie avec ferveur.

Pour savoir ce qui s’est passé à Baltimore, je déconseille bien sûr la télé et je conseille PrisonPlanet.com qui explique et montre dans un anglais très simple la situation apocalyptique du pays de l’Oncle Tom (et non plus Sam). On y trouve les analyses de Paul Craig Roberts, de Paul Watson, de l’excellent Michael Snyder dont le blog (TheEconomicCollapseBlog.com) recense scrupuleusement la catastrophe économique en cours. Population remplacée et consentante, économie en ruine, destruction non créatrice, destruction des villes par le cancer des banlieues, le suburban sprawl (lisez Dean Kunstler) : on assiste là-bas à un écroulement synthétique, peut-être encore plus frappant qu’en France et en Europe.

À Baltimore, donc, un Noir a été tabassé et tué par la police. La police est folle en Amérique, elle y a tous les pouvoirs et elle tue cent fois plus que les terroristes : on y tue 1.400 Américains par an (chiffres donnés par Paul Craig Roberts sur son blog) et on a emprisonné 2,4 millions d’Américains, car il faut rentabiliser les prisons privatisées – et les méchants détenus vieillissent !

La suite était facile à prévoir ; à Los Angeles, on avait tué des Blancs et des Coréens, mais les commerçants coréens étaient armés et ils avaient riposté (ils n’avaient pas nos bonnes manières !) ; on lynche les Blancs, femmes et gosses y compris, on saccage les vitrines, on pille les magasins, on détruit les voitures qui circulent, on passe tout le monde à tabac.

La police Bisounours tout d’un coup, sur ordre d’Obama, se met à rappeler que la Constitution permet de manifester ! Et de brûler, et de tuer, et de démolir tout le reste. Tout semble normal, et les Blancs encore vivants rasent le trottoir, comme dans les rues de Paris.

On rappelle aussi sur PrisonPlanet.com que les démocrates ukrainiens ne prennent plus de gants : grimés en nazis, avec casques et croix gammées, ils brûlent vif leurs victimes dans le Donbass. Vous avez les films de ces barbecues humains. L’Occident d’Obama, Hollande et Merkel joue aujourd’hui son rôle : il aide les islamistes partout, il aide les nazillons partout, il aide les racailles partout. Mais il va s’écrouler, monnaies d’abord.

On espère toutefois que l’incapable et impassible Obama ne sortira pas blanc comme neige de cette histoire de fous. Dans un monde occidental transformé en terrifiante dystopie, qui n’attend que le prochain krach monétaire et boursier pour plonger dans la barbarie préhistorique qu’annonçaient Freud et Einstein, on ne peut que se féliciter d’avoir de tels politiciens, de tels démographes et de tels journalistes.

Racines jacobines des crimes turcs

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Racines jacobines des crimes turcs

par Jean-Gilles Malliarakis

Ex: http://www.insolent.fr

Traditionnellement, et même désormais légalement en France, la journée du 24 avril commémore le massacre génocidaire des Arméniens en 1915. Mais on pourrait commencer par évoquer le centenaire d'un événement dont découla ce crime de masse.

Ce que les historiens considèrent comme la seconde étape de la révolution jeune-turque se déroula, en effet, le 24 avril 1909. Et elle fut accompagnée d'un début d'extermination oubliée, visant les chrétiens de Cilicie et qui fit 30 000 victimes. Les événements troubles de cet épisode virent d'abord une tentative du dernier [véritable] sultan de ressaisir le pouvoir qui lui avait été ôté l'année précédente.

L'année 1876, 30 ans auparavant, avait été marquée par une crise dynastique. Le sultan Abdül-Aziz avait été destitué (30 mai) puis assassiné (4 juin). Un intermède donna le pouvoir au malheureux réformateur Mourad V. Il sera destitué comme dément le 31 août, au profit de son frère Abdül-Hamid II. Solennellement enfin le 13 décembre, la Constitution avait été adoptée. Elle était préparée depuis 1847 par une concertation entre représentant des chrétiens et des musulmans des différentes provinces. Aboutissant au programme de l'ottomanisme, elle accordait l'égalité politique aux sujets de l'Empire des différentes religions. Leur égalité avait instituée au plan civil par le rescrit impérial de 1856. règne ne fonctionna que deux ans. En 1877 le vizir libéral Midhat pacha était chassé par le sultan. En 1878 la constitution était suspendue.

En août 1908, le fameux "renard rouge" Abdül-Hamid II avait fait mine d'accepter le retour à un gouvernement constitutionnel et à des élections libres. Or, celles-ci avaient donné au parti jeune-turc une majorité dont il allait abuser.

La petite organisation militaire, elle aussi opposée à l'ottomanisme qui prit le pouvoir en 1908-1909 était dirigée par 3 hommes, Enver Pacha, Talaat Pacha et Djemal Pacha (1). Elle avait été fondée à Paris le 14 juillet 1889 en l'honneur du centenaire de la Révolution française. Elle avait été organisée sous le nom de comité Union et Progrès, mais, comme le grand orient de France sous la forme et l'apparence rituelle d'une loge maçonnique (2). Elle ne comptait guère, 20 ans plus tard, en 1908 que 300 membres. Mais par comparaison avec les autres "partis" concurrents, ceux-ci ne faisaient figure que de petites coteries surtout actives à Constantinople.

1915-1916-Génocide-arménien-caricature.jpgOr le malheur des Turcs, et de leurs victimes, aura été, il y a exactement un siècle, après une dernière année de règne ambigu d'Abdül-Hamid II, la victoire de ces habiles révolutionnaires. Ils admiraient la révolution jacobine française. Leur chef Enver pacha devint alors ce 24 avril 1909 le maître véritable du pouvoir. Un nouveau sultan, le fantoche Rechad Effendi allait régner nominalement sous le nom de Mehmed V jusqu'à sa mort en juillet 1918. Le grand vizir, et le parti de l'Union libérale, en même temps que les alliés de l'Ancien régime furent peu à peu éliminés, au fur et à mesure des désastres rencontrés lors des deux guerres italo-turque de 1911-1912 puis balkaniques de 1912-1913 qui avaient pratiquement mis un terme à la présence turque en Europe.

En France, on se gargarise de la francophilie du parti Union et Progrès "Ittihad". En fait ils admiraient les germes du futur totalitarisme moderniste, et laïciste, dont, à l'époque, Paris symbolisait, annonçait le modèle. Et, sous les gouvernements radicaux-socialistes, la bienveillante Ville Lumière offrait aussi un foyer pour toutes sortes de révolutionnaires. Rappelons-nous qu'en 1917, quand Lénine revient d'exil, à la gare de Petrograd on l'accueille au chant de La Marseillaise, alors qu'il se propose de trahir l'alliance franco-russe. Ce que ces gens considèrent de la France ne tient aucun compte de l'identité, ni même de la culture de celle-ci, mais de sa référence idéologique. On doit cependant noter que les socialistes allemands, les "socialistes du Kaiser" avaient pris fort honorablement le relais. À partir de 1913, ayant définitivement éliminé les libéraux constitutionnalistes représentés par le grand vizir, ils se rapprocheront des Empires centraux dont ils deviendront les alliés pendant la première guerre mondiale. Leur défaite militaire de 1918 conduira au traité de Sèvres de 1920.

Au moment des débats, d'ailleurs difficiles, sur la reconnaissance, et le statut, du génocide arménien on a curieusement peu évoqué le procès qui avait effectivement condamné à Constantinople en 1919 les dirigeants jeunes-turcs. Ainsi cette appellation est supposée aujourd'hui encore "sympathique", et même "politiquement correcte". De la sorte, dans le vocabulaire courant, elle est passée en français, quoique moins à la mode, pour désigner un gentil réformateur de bon aloi. Jacques Fauvet dans son "Histoire de la Quatrième république" parle ainsi des "jeunes-turcs du radicalisme". Et les exemples abondent, sans qu'on semble se rendre compte qu'un "jeune-turc", c'est très proche d'un "nazi", terme [légèrement] plus péjoratif. On se reportera, ou on revisitera au besoin, les talentueux écrits de Benoist-Méchin à la gloire de Kemal. Ils ont intoxiqué, et désinformé, le public français pendant des années. Et cela permet de comprendre l'évolution de cette turcophilie française. Elle est parfois présentée pour "traditionnelle depuis François Ier." L'auteur de ces lignes reconnaît lui-même s'être longtemps contenté de telles sources et références illusoires.

On doit comprendre également qu'il n'existe guère de différence entre l'appareil et l'idéologie du régime jeune-turc et le système kémaliste. À plus de 90 % on a pu établir qu'il s'agit exactement des mêmes cadres.

Le jacobinisme jeune-turc s'oppose aux constitutionnels libéraux et autres "jeunes ottomans" sur le droit des minorités. Ce point décisif conduira au génocide arménien de 1915-1917, et plus généralement à la destruction de la plus ancienne des chrétientés, celle d'Asie mineure. Les chrétiens représentaient 30 % des habitants de l'Anatolie au début du XXe siècle, ils ne comptent plus aujourd'hui que pour 1 %.

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Ce que nous tenons anachroniquement pour des nationalités se trouve représenté dans le système ottoman par divers "millet". Ceux-ci sont exclusivement déterminés par les juridictions religieuses. Celui des Romains, en turc "rum", ne désigne pas les Grecs au sens ethnique du terme. En turc Grec se dit "yunan", "Ionien". Le Rum millet-i englobe tous les ressortissants du patriarcat œcuménique de Constantinople. À un moment donné, pour soustraire les Bulgares à la tutelle jugée pesante de la hiérarchie de langue grecque on organise un petit schisme etc. Les Arméniens, ressortissant du catholicos de cette très ancienne nation chrétienne, séparée de l'orthodoxie byzantine depuis le Ve siècle, ont été longtemps considérés comme le "millet fidèle" (millet-i sadika). Leur ont été rattachés dès le XVe siècle des communautés chrétiennes avec lesquelles ils forment la même communion comme les Syriaques et les Coptes, et même les catholiques, jusqu'en 1829. Mais à mesure de la poussée russe on les soupçonne d'entretenir des relations avec l'ennemi moscovite, lui-même allié des Bulgares, comme on suspecte tels autres d'agir sous l'influence des petits États balkaniques apparus au cours du XIXe siècle et de leurs protecteurs, réels ou imaginaires.

Ces inquiétudes obsidionales créeront le mécanisme cynique de l'enfermement géopolitique totalitaire. Cela conduira au décret de Talaat du 24 avril 1915, qui organise le massacre abominable, le plus connu, le plus massif, mais hélas ni le premier, ni le dernier : celui des Arméniens.

Teinté des saveurs et des couleurs de l'orient, on retrouve les logiques du génocide vendéen, celles aussi des famines organisées en Ukraine ou de la répression des koulaks, car ne l'oublions pas tous les Arméniens sont supposés riches même le plus modeste des tailleurs, des boutiquiers, des cordonniers. Relisons les discours de Robespierre et de Saint-Just, préfigurant Hitler et Staline, Pol Pot et Mao Tsé-toung. La racine jacobine semble indiscutable comme paraît oublié, le tout petit massacre génocidaire des pauvres chrétiens de Cilicie en avril 1909, hors d'œuvre jeune-turc des gros bains de sang du XXe siècle.

JG Malliarakis


Apostilles

  1. L'actuelle graphie "Cemal" ne restitue pas en français la prononciation approchée, du "dj" et de plus elle introduit une fâcheuse confusion avec Mustapha Kémal qui apparaîtra quelques années plus tard.
  2. Faut-il rappeler ici que cette organisation athée n'applique plus les fameuses Constitutions d'Anderson remontant au XVIIIe siècle et d'inspiration déiste. Elle se veut elle aussi obédience maçonnique mais elle avait rompu depuis 1877 tout lien avec la Grande Loge Unie d'Angleterre, et n'en entretient aucune avec la franc-maçonnerie américaine, etc.
  3. Les "amis de la Turquie" citent ainsi : "Si les chiffres donnés par Marcel Léart dans son célèbre ouvrage sur la question arménienne sont exacts, l’Anatolie comptait vers le milieu du XIXe siècle, sur un total de 166 importateurs, 141 Arméniens, 12 appartenant à diverses autres communautés et seulement 13 Turcs. De même, sur 9 800 boutiquiers et artisans, 6 800 étaient arméniens et 2 550 turcs. Les Arméniens prédominaient aussi dans les secteurs de l’exportation (où ils étaient au nombre de 127, contre 23 Turcs), de l’industrie (sur un total de 153 industriels, il y en avait 130 d’origine arménienne) et de la banque (32 sur un total de 37). Dans la région désignée par certains sous le nom d’Arménie turque, les Arméniens disposaient de 803 écoles, fréquentées par 81 226 élèves et comptant au total 2 088 enseignants." Cf. le site des Amis de la Turquie http://www.tetedeturc.com/home/spip.php?article28

Exagente de la CIA que confiesa moribundo haber asesinado a Marilyn Monroe

mm001.JPGNorman Hogdes, de 78 años, está agonizando en una cama del Hospital general Sentara en Norfolk (Virginia). Es un agente de la CIA retirado, y acaba de confesar algo sorprendente: asesinó a Marilyn Monroe tras hacer lo propio durante 41 años de servicio -entre 1959 y 1972- con otras 36 personas, entre políticos, activistas sindicales y un largo etcétera:

SUS RECUERDOS

Según da cuenta 'worldnewsdailyreport', jura que recuerda vívidamente cada uno de los asesinatos que cometió para agencia norteamericana, en una especie de comando secreto del que formaban parte otras 4 personas que utilizaban para su 'trabajo' desde explosivos hasta veneno.

Los 37 asesinatos que ejecutó fueron ordenados al parecer por su comandante, el Mayor James 'Jimmy' Hayworth:

"Teníamos pruebas de que Marilyn Monroe no sólo se había acostado con Kennedy, sino también con Fidel Castro. Mi comandante, Jimmy Hayworth (fallecido en 2011), me dijo que tenía que morir, y que tenía que parecer un suicidio o una sobredosis. Yo nunca había matado a una mujer antes, pero obedecí órdenes... ¡lo hice por América! ¡Ella podría haber transmitido información estratégica para los comunistas, y eso no se podía permitir! ¡Ella tenía que morir! ¡Yo sólo hice lo que tenía que hacer!", sostiene tajante.

CON UNA INYECCIÓN

Marilyn Monroe murió entre la medianoche y la 1 de la mañana del 5 de agosto de 1962.

Hodges afirma que entró en su habitación mientras dormía y le inyectó una dosis masiva de hidrato de cloral, mezclado con Nembutal .

Dada la absoluta dependencia de la medicación en que se hallaba la "sex-symbol" en aquel periodo, fue fácil presentar su muerte como un abuso de la medicación, o, como se llegó a especular, con un suicidio.

Fuente: Periodista Digital

Mishima entdecken

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Mishima entdecken

von Jens Strieder

Ex: http://www.blauenarzisse.de

Dieses Jahr wäre Yukio Mishima 90 Jahre alt geworden. Ein Sammelband beleuchtet die verschiedensten Facetten des japanischen Ausnahme-​Autors. Zweifelsohne: Mehr als ein Geheimtipp für Mishima-​Leser.

mishDDDD.jpgBereits vor fünf Jahren, kurz vor dem 40. Jahrestag seiner öffentlich inszenierten Selbstentleibung, erschien mit Yukio Mishima – Poesie, Performanz und Politik ein Sammelband. Er behandelt zentrale Themenkomplexe in dessen Werk.

Kein starrer, politischer Blick

Die behandelten Themen reichen von Mishimas Ästhetisierung und Poetisierung des Politischen über seine Beziehung zur traditionellen japanischen Dichtung und dem Theater bis hin zum performativen Charakter der eigenen Vita und der philosophischen Selbstkonzeption des Autors. Sämtliche Beiträge des Bandes stammen von Japanologen und ausgewiesenen Kennern der Materie.

Dieser Umstand hat positive und negative Seiten. Zum einen wird so ein allzu starrer Blick auf den politischen Werdegang Mishimas verhindert, zu dem häufig vor allem diejenigen neigen, die ausschließlich aus diesen Gründen mit dem Autor sympathisieren. Auf der anderen Seite führt die größere Distanz der Beiträger jedoch auch zu dem altbekannten akademischen Dünkel, der sich, ganz dem Zeitgeist verpflichtet, auch gern mal in moralisierenden Urteilen erschöpft.

Nichtsdestotrotz weisen die einzelnen Texte auf viele interessante Sachverhalte hin und untersuchen ihren jeweiligen Gegenstand mit großer Akribie. Christoph Held, der sich mit Mishimas kurzer Erzählung Yukoku, zu Deutsch Patriotismus, befasst, legt beispielsweise überzeugend dar, warum die politische Dimension der Geschichte in erster Linie als Teil ihrer ästhetischen Konstruktion zu verstehen ist. Mishima selbst sagte einmal, Yukoku sei keine politische Erzählung. Tatsächlich ging es Mishima wohl eher darum, den derart in Szene gesetzten Tod als höchsten Akt der Reinheit und ästhetischen Vervollkommnung in seinem Sinne darzustellen.

Verbindung von Geist und Tat

Sehr interessant ist auch ein Beitrag von Gerhard Bierwirth, der sich mit Mishimas Streben nach Anerkennung befasst und dabei Hegels Phänomenologie des Geistes im Hinterkopf hat. Dabei bestechen besonders seine Thesen zu Mishimas Konzeption der Verbindung von Geist und Tat hervor. Sie waren charakteristisch für den Japaner und er machte sie er auf verschiedene Weise für sich fruchtbar. In dem Beitrag Mishimas Seppuku als performatives Motiv bei Murakami und Shimada von Claudia Wünsche wird vor allem das Verhältnis der späteren japanischen Autorengeneration zu Mishima beleuchtet. Dass ein stark vom Westen geprägter Autor wie Haruki Murakami mit Mishima vergleichsweise wenig anzufangen weiß, dürfte auf der Hand liegen. Umso interessanter ist es zu sehen, wie die beiden Autoren die Person Mishimas in ihr Werk integrieren. Dies geschieht beispielsweise durch eindeutige Anspielungen. Hier wird aber auch deutlich, wie sehr Mishimas gesamtes Schaffen nach wie vor primär vor dem Hintergrund seines Todes und seiner letzten Lebensjahre betrachtet wird.

Nietzsche und Mishima

Zu dieser Zeit entstand seine nicht selten als Hauptwerk bezeichnete Roman-​Tetralogie Das Meer der Fruchtbarkeit. Auf den ersten Blick wenig originell mag der Beitrag des japanischen Sozialphilosophen Ken´ichi Mishima wirken. Gegenstand ist hier der Einfluss Nietzsches auf Mishima. Nun gibt es in der ersten Hälfte des 20. Jahrhunderts etliche Autoren, die sich mit Nietzsche beschäftigten. Der Text enthält aber einige interessante und wichtige Erkenntnisse zu Mishimas Nietzsche-​Rezeption, die unter anderem maßgebend für seinen vitalistisch-​ästhetizistischen Heroismus war. Auch die Distanz zum eigenen zeitgenössischen kulturellen Umfeld teilten beide. Etwas trockener wird es bei Rebecca Maks Untersuchung von Die Stimmen der toten Helden, die sich mit der intermedialen Dualstruktur dieser Prosaerzählung befasst und primär Japanologen bzw. Literaturwissenschaftler interessieren dürfte.

Erfreulicherweise befindet sich die Erzählung auch im Anhang, so dass deutschsprachige Leser die Möglichkeit haben, einen weiteren, bisher nicht ins deutsche übertragenen Text Mishimas kennen zu lernen. Ohne Zweifel: Alle in diesem Band versammelten Texte lesenswert. Entscheidend ist dabei wohl, wo der Interessenschwerpunkt des jeweiligen Lesers liegt. Für begeisterte deutsche Mishima-​Leser ist der Band jedoch wohl unverzichtbar. Denn die bisher zu diesem Autor erschienene Sekundärliteratur ist kaum oder nur noch antiquarisch erhältlich.

Yukio Mishima – Poesie, Performanz & Politik. Iaponia Insula. Studien zu Kultur und Gesellschaft Japans Bd. 21. Iudicium Verlag 2010. 269 Seiten. 24 Euro.

Diafoirus a-t-il rédigé les programmes du collège?

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Diafoirus a-t-il rédigé les programmes du collège?
 
Ces derniers jours, les médias se sont beaucoup gaussés du jargon qu’on trouve dans le projet de programmes pour le collège.
 
Professeur honoraire
Ex: http://www.bvoltaire.fr

Ces derniers jours, les médias se sont beaucoup gaussés du jargon qu’on trouve dans le projet de programmes pour le collège. Lundi dernier, le 20 heures de France 2 y a même consacré un reportage. C’est que de se gausser, il y a matière ! En français, par exemple, il s’agira de « mobiliser en réception et en production de textes les connaissances linguistiques permettant d’analyser les propriétés d’un élément linguistique et son degré d’acceptabilité ». En langues vivantes, on va « se familiariser avec des mobilités virtuelles, se préparer à des mobilités physiques » ; ou encore « communiquer pour devenir médiateur entre les cultures ». Mais la médaille revient sans doute à l’éducation physique et sportive. Les élèves devront ainsi apprendre à « se déplacer de façon autonome, plus longtemps, plus vite dans un milieu aquatique profond standardisé » ou à « coopérer pour s’adapter collectivement à la confrontation adverse dans le but de remporter le match » ; on s’exercera aussi au « duel médié par une balle ou un volant ».

Ceux qui connaissent le jargon des IUFM, qui firent depuis 1989 le malheur de l’Éducation nationale, ne s’étonneront guère de ce mélange de cuistrerie, de suffisance et de vanité : ce sont les mêmes, ou ceux qu’ils ont contaminés, qui ont inoculé dans les programmes ce prétendu langage d’expert, propre aux charlatans. Il est vrai que tout le texte n’est pas du même acabit, mais le fait qu’on puisse y relever ces perles est symptomatique. D’ailleurs, ses partisans ne remettent aucunement en cause leur géniale production.

Le syndicat majoritaire des enseignants d’EPS s’indigne de ces attaques qui donneraient à penser qu’« un enseignement se préoccupant du corps (donc considéré comme de bas niveau intellectuel ?) devrait forcément s’écrire dans un langage trivial et non se théoriser ». Et de conclure que « les programmes devraient d’abord être écrits pour les enseignants, [leurs] premiers utilisateurs ». Il semble ignorer que la plupart des professeurs sont les premiers à railler ce langage. Najat Vallaud-Belkacem ménage la chèvre et le chou : « Les enseignants, comme tous les professionnels, utilisent un vocabulaire expert. Toutefois, je souhaite et je demande que les programmes soient lisibles par tous et donc écrits dans une langue que tout le monde peut comprendre. » Le problème, c’est que tout le monde comprend que ces soi-disant experts sont des faussaires. Quant au président du Conseil supérieur des programmes, il a pris les devants en défendant ses petits dans Le Figaro du 16 avril : « [L’utilisation d’un jargon], je dirais qu’il est inhérent à tout milieu professionnel. Nous nous sommes efforcés de le limiter par rapport aux propositions initiales des groupes d’experts. » Ouf ! Grâce à lui, nous aurions donc échappé au pire !

Dans Le Malade imaginaire, Molière critique, à travers le personnage de Diafoirus, ceux qui enrobent leur incompétence d’un langage jargonnant. Les Diafoirus ne sont pas morts : ils sont d’autant plus ridicules qu’ils se prennent au sérieux !

Putin, der Westen und die Ostukraine

Veranstaltung:

thfasbender_2.jpgSämtliche Veranstaltungen finden in der Bibliothek des Konservatismus, Fasanenstraße 4, 10623 Berlin (Charlottenburg) statt. Anmeldung erforderlich.

Anmeldungen, wenn nicht anders angegeben, bitte per E-Mail an veranstaltungen@fkbf.de oder per Fax an 030-315 17 37 21.

Es werden keine individuellen Anmeldebestätigungen versandt. Sofern Sie keine gegenteilige Nachricht von uns erhalten, gilt Ihre Anmeldung als bestätigt.

 

 

 

Montag, 11. Mai, 19 Uhr: Vortrag mit Diskussion

Thomas Fasbender, Moskau

Freiheit statt Demokratie – Putin, der Westen und die Ostukraine

Eindrucksvoll schildert Thomas Fasbender in seinem Buch „Freiheit statt Demokratie“, wie anders Rußland ist. Anders als die westeuropäischen Vorurteile glauben machen und anders als das westeuropäische Ideal einer zeitgemäßen Demokratie.

Sein Fazit: Rußland will den Weg des Westens nicht gehen, und Rußland wird ihn nicht gehen. Und das beileibe nicht wegen seines Präsidenten. Der russische Mensch hat sein eigenes Verständnis von Freiheit, und das verträgt sich nicht mit der europäischen Verliebtheit in Vernunft- und Gesetzestreue.

thfass.jpgIm Ukraine-Konflikt haben sich zwei geschlossene Logikkreise herausgeschält. Der Westen sieht in der Ukraine den endgültigen Aufbruch zu Freiheit und Demokratie; Rußland sieht eine Putschregierung unter Beteiligung von Faschisten. Der Westen bezeichnet den Anschluß der Krim als völkerrechtswidrige Annexion; Rußland bezeichnet die Unabhängigkeit des Kosovo als völkerrechtswidrige Sezession. Beide Seiten bezeichnen die Argumente der jeweils anderen als haltlos. Das Ganze spielt zudem vor dem Hintergrund des ersten weltanschaulichen Konflikts  in Europa seit dem Ende des Kommunismus. Spätestens 2013 haben sich die russischen Eliten offen von dem säkularen, individualistischen Weltbild der westlichen Demokratien distanziert. Darin werden sie von der überwiegenden Mehrheit der russischen Gesellschaft unterstützt.

Dr. Thomas Fasbender, Publizist und Kaufmann, in Hamburg aufgewachsen, lebt seit 1992 in Moskau. Der promovierte Philosoph ist Journalist, Unternehmer und Blogger. 2014 ist im Manuscriptum Verlag sein Buch „Freiheit statt Demokratie. Rußlands Weg und die Illusionen des Westens“ erschienen.

Gründungsakt eines totalitären Europa

Charlie Hebdo

jeudi, 30 avril 2015

La cécité de l’Union européenne face à la stratégie militaire des États-Unis

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La cécité de l’Union européenne face à la stratégie militaire des États-Unis

Auteur : Thierry Meyssan
Ex: http://zejournal.mobi

Les responsables de l’Union européenne se trompent complètement sur les attentats islamistes en Europe et les migrations vers l’Union de gens fuyant les guerres. Thierry Meyssan montre ici que tout ceci n’est pas la conséquence accidentelle des conflits au Moyen-Orient élargi et en Afrique, mais un objectif stratégique des États-Unis.

Les dirigents de l’Union européenne se trouvent soudainement confrontés à des situations inattendues. D’une part des attentats ou tentatives d’attentats perpétrées ou préparées par des individus n’appartenant pas à des groupes politiques identifiés ; d’autre part un afflux de migrants via la Méditerranée, dont plusieurs milliers meurent à leurs portes.

En l’absence d’analyse stratégique, ces deux événements sont considérés a priori comme sans relation et sont traités par des administrations différentes. Les premiers ressortent du Renseignement et de la police, les seconds des douanes et de la Défense. Ils ont pourtant une origine commune : l’instabilité politique au Levant et en Afrique.

L'Union européenne s’est privée des moyens de comprendre

Si les académies militaires de l’Union européenne avaient fait leur travail, elles auraient étudié depuis une quinzaine d’années la doctrine du « grand frère » états-unien. En effet, depuis de très longues années, le Pentagone publie toutes sortes de documents sur la « théorie du chaos » empruntée au philosophe Leo Strauss. Il y a quelques mois encore, un fonctionnaire qui aurait dû être à la retraite depuis plus de 25 ans, Andrew Marshall, disposait d’un budget de 10 millions de dollars annuels pour mener des recherches à ce sujet. Mais aucune académie militaire de l’Union n’a sérieusement étudié cette doctrine et ses conséquences. À la fois parce que c’est une forme de guerre barbare et parce qu’elle a été conçue par un maître à penser des élites juives états-uniennes. Or, c’est bien connu, les États-Unis-qui-nous-ont-sauvés-du-nazisme ne peuvent préconiser de telles atrocités.

Si les hommes politiques de l’Union européenne avaient voyagé un tant soit peu, non seulement en Irak, en Syrie, en Libye, dans la corne de l’Afrique, au Nigeria et au Mali, mais aussi en Ukraine, ils auraient vu de leurs propres yeux l’application de cette doctrine stratégique. Mais, ils se sont contentés de venir parler dans un bâtiment de la zone verte à Bagdad, sur une estrade à Tripoli ou sur la place Maïdan de Kiev. Ils ignorent ce que vivent les populations et, sur requête de leur « grand frère », ont souvent fermé leurs ambassades de sorte qu’ils se sont privés d’yeux et d’oreilles sur place. Mieux, ils ont souscrit, toujours à la requête de leur « grand frère », à des embargos, de sorte qu’aucun homme d’affaire n’ira non plus sur place voir ce qui s’y passe.

Le chaos n’est pas un accident, c’est le but

Contrairement à ce qu’a dit le président François Hollande, la migration des Libyens n’est pas la conséquence d’un « manque de suivi » de l’opération « Protecteur unifié », mais le résultat recherché par cette opération dans laquelle son pays jouait un rôle leader. Le chaos ne s’est pas installé parce que les « révolutionnaires libyens » n’ont pas su se mettre d’accord entre eux après la « chute » de Mouammar el-Kadhafi, il était le but stratégique des États-Unis. Et ceux-ci y sont parvenus. Il n’y a jamais eu de « révolution démocratique » en Libye, mais une sécession de la Cyrénaïque. Il n’y a jamais eu d’application du mandat de l’Onu visant à « protéger la population », mais le massacre de 160 000 Libyens, dont trois quart de civils, sous les bombardements de l’Alliance (chiffres de la Croix-Rouge internationale).

Je me souviens, avant que je n’intègre le gouvernement de la Jamahiriya arabe libyenne, avoir été sollicité pour servir de témoin lors d’une rencontre à Tripoli entre une délégation états-unienne et des représentants libyens. Lors de cette longue conversation, le chef de la délégation US a expliqué à ses interlocuteurs que le Pentagone était prêt à les sauver d’une mort certaine, mais exigeait que le Guide leur soit livré. Il a ajouté que lorsque el-Kadhafi serait mort, la société tribale ne parviendrait pas à valider un nouveau leader avant au moins une génération, le pays serait alors plongé dans un chaos qu’il n’a jamais connu. J’ai relaté cet entretien dans de nombreuses circonstances et n’ai cessé, dès le lynchage du Guide, en octobre 2011, de prédire ce qui advient aujourd’hui.

La « théorie du chaos »

Lorsqu’en 2003, la presse états-unienne a commencé à évoquer la « théorie du chaos », la Maison-Blanche a riposté en évoquant un « chaos constructeur », laissant entendre que l’on détruirait des structures d’oppression pour que la vie puisse jaillir sans contrainte. Mais jamais Leo Strauss, ni le Pentagone jusque-là, n’avaient employé cette expression. Au contraire, selon eux, le chaos devait être tel que rien ne puisse s’y structurer, hormis la volonté du Créateur de l’Ordre nouveau, les États-Unis.

Le principe de cette doctrine stratégique peut être résumé ainsi : le plus simple pour piller les ressources naturelles d’un pays sur une longue période, ce n’est pas de l’occuper, mais de détruire l’État. Sans État, pas d’armée. Sans armée ennemie, aucun risque de défaite. Dès lors, le but stratégique de l’armée US et de l’alliance qu’elle dirige, l’Otan, c’est exclusivement de détruire des États. Ce que deviennent les populations concernées n’est pas le problème de Washington.

Ce projet est inconcevable pour des Européens qui, depuis la guerre civile anglaise, ont été convaincus par le Léviathan de Thomas Hobbes qu’il est nécessaire de renoncer à certaines libertés, voire même d’accepter un État tyrannique, plutôt que d’être plongé dans le chaos.

L’Union européenne dénie sa complicité dans les crimes US

Les guerres d’Afghanistan et d’Irak ont déjà coûté la vie à 4 millions de personnes. Elles ont été présentées au Conseil de sécurité comme des ripostes nécessaires « en légitime défense », mais il est admit aujourd’hui qu’elles avaient été planifiées bien avant le 11-Septembre dans un contexte beaucoup plus large de « remodelage du Moyen-Orient élargi » et que les raisons évoquées pour les déclencher n’étaient que des fabrications de propagande.

Il est d’usage de reconnaître les génocides commis par le colonialisme européen, mais rares sont ceux qui aujourd’hui admettent ces 4 millions de morts malgré les études scientifiques qui l’attestent. C’est que nos parents étaient « mauvais », mais nous sommes « bons » et ne pouvons pas être complices de ces horreurs.

Il est commun de se moquer de ce pauvre peuple allemand qui conserva jusque à la fin sa confiance dans ses dirigeants nazis et ne prit conscience qu’après sa défaite des crimes commis en son nom. Mais nous agissons exactement pareil. Nous conservons notre confiance dans notre « grand frère » et ne voulons pas voir les crimes dans lesquels il nous implique. Surement, nos enfants se moqueront de nous…

Les erreurs d’interprétation de l’Union européenne

- Aucun dirigeant ouest-européen, absolument aucun, n’a osé envisager publiquement que les réfugiés d’Irak, de Syrie, de Libye, de la corne de l’Afrique, du Nigeria et du Mali ne fuient pas des dictatures, mais le chaos dans lequel nous avons volontairement, mais inconsciemment, plongé leurs pays.

- Aucun dirigeant ouest-européen, absolument aucun, n’a osé envisager publiquement que les attentats « islamistes » qui touchent l’Europe ne sont pas l’extension des guerres du « Moyen-Orient élargi », mais sont commandités par ceux qui ont également commandités le chaos dans cette région. Nous préférons continuer à penser que les « islamistes » en veulent aux juifs et aux chrétiens, alors que l’immense majorité de leurs victimes ne sont ni juives, ni chrétiennes, mais musulmanes. Avec aplomb, nous les accusons de promouvoir la « guerre des civilisations », alors que ce concept a été forgé au sein du Conseil de sécurité nationale des États-Unis et reste étranger à leur culture.

- Aucun dirigeant ouest-européen, absolument aucun, n’a osé envisager publiquement que la prochaine étape sera l’ « islamisation » des réseaux de diffusion de drogues sur le modèle des Contras du Nicaragua vendant des drogues dans la communauté noire de Californie avec l’aide et sous les ordres de la CIA. Nous avons décidé d’ignorer que la famille Karzaï a retiré la distribution de l’héroïne afghane à la mafia kosovare et l’a transmise à Daesh.

Les États-Unis n’ont jamais voulu que l’Ukraine rejoigne l’Union

Les académies militaires de l’Union européennes n’ont pas étudié la « théorie du chaos » parce qu’elle se le sont vu interdire. Les quelques enseignants et chercheurs qui se sont aventurés sur ce terrain ont été lourdement sanctionnés, tandis que la presse a qualifié de « conspirationnistes » les auteurs civils qui s’y intéressaient.

Les politiciens de l’Union européenne pensaient que les événements de la place Maïdan étaient spontanés et que les manifestants souhaitaient quitter l’orbite autoritaire russe et entrer dans le paradis de l’Union. Ils ont été stupéfaits lors de la publication de la conversation de la sous-secrétaire d’État, Victoria Nuland, évoquant son contrôle secret des événements et affirmant que son but était de « baiser l’Union » (sic). À partir de ce moment-là, ils n’ont plus rien compris à ce qui se passait.

S’ils avaient laissé la recherche libre dans leurs pays, ils auraient compris qu’en intervenant en Ukraine et en y organisant le « changement du régime », les États-Unis s’assuraient que l’Union européenne resterait à leur service. La grande angoisse de Washington, depuis le discours de Vladimir Poutine à la Conférence sur la sécurité de Munich de 2007, c’est que l’Allemagne réalise où se trouve son intérêt : pas avec Washington, mais avec Moscou. En détruisant progressivement l’État ukrainien, les États-Unis coupent la principale voie de communication entre l’Union européenne et la Russie. Vous pourrez tourner et retourner dans tous les sens la succession d’événements, vous ne pourrez pas leur trouver d’autre sens. Washington ne souhaite pas que l’Ukraine rejoigne l’Union, comme l’attestent les propos de Madame Nuland. Son unique but est de transformer ce territoire en une zone dangereuse à traverser.

La planification militaire US

Nous voici donc face à deux problèmes qui se développent très rapidement : les attentats « islamistes » ne font que commencer. Les migrations ont triplé en Méditerranée en une seule année.

Si mon analyse est exacte, nous verrons au cours de la prochaine décennie les attentats « islamistes » liés au Moyen-Orient élargi et à l’Afrique se doubler d’attentats « nazis » liés à l’Ukraine. On découvrira alors qu’al-Qaïda et les nazis ukrainiens sont connectés depuis leur congrès commun, en 2007 à Ternopol (Ukraine). En réalité, les grands-parents des uns et des autres se connaissaient depuis la Seconde Guerre mondiale. Les nazis avaient alors recruté des musulmans soviétiques pour lutter contre Moscou (c’était le programme de Gerhard von Mende à l’Ostministerium). À la fin de la guerre, les uns et les autres avaient été récupérés par la CIA (le programme de Frank Wisner avec l’AmComLib) pour conduire des opérations de sabotage en URSS.

Les migrations en Méditerranée, qui pour le moment ne sont qu’un problème humanitaire (200 000 personnes en 2014), continueront à croître jusqu’à devenir un grave problème économique. Les récentes décisions de l’Union d’aller couler les navires des trafiquants en Libye ne serviront pas à enrayer les migrations, mais à justifier de nouvelles opérations militaires pour maintenir le chaos en Libye (et non pour le résoudre).

Tout cela provoquera des troubles importants dans l’Union européenne qui paraît aujourd’hui un havre de paix. Il n’est pas question pour Washington de détruire ce marché qui lui reste indispensable, mais de s’assurer qu’il ne se placera jamais en compétition face à lui, et de limiter son développement.

En 1991, le président Bush père chargea un disciple de Leo Strauss, Paul Wolfowitz (alors inconnu du grand public), d’élaborer une stratégie pour l’ère post-soviétique. La « Doctrine Wolfowitz » expliquait que la suprématie des États-Unis sur le reste du monde exige, pour être garantie, de brider l’Union européenne. En 2008, lors de la crise financière aux États-Unis, la présidente du Conseil économique de la Maison-Blanche, l’historienne Christina Rohmer, expliqua que le seul moyen de renflouer les banques était de fermer les paradis fiscaux des pays tiers, puis de provoquer des troubles en Europe de sorte que les capitaux refluent vers les États-Unis. En définitive, Washington se propose aujourd’hui de faire fusionner l’Alena et l’Union européenne, le dollar et l’euro, et de rabaisser les États membres de l’Union au niveau du Mexique.

Malheureusement pour eux, ni les Peuples de l’Union européenne, ni leurs dirigeants n’ont conscience de ce que le président Barack Obama leur prépare.

- Source : Thierry Meyssan

« LE PRINTEMPS ARABE EST UN CONCEPT OCCIDENTAL »

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« LE PRINTEMPS ARABE EST UN CONCEPT OCCIDENTAL »

Entretien avec Michel Raimbaud*

Ex: http://metamag.fr
Mondafrique
Ancien ambassadeur français en Mauritanie, au Soudan et au Zimbabwe, l’écrivain Michel Raimbaud, qui vient de publier "Tempête sur le Grand Moyen-Orient", revient dans un entretien passionnant sur le projet élaboré par les néoconservateurs américains et qui a déstabilisé le monde arabo-musulman... et l'Europe.

41LJf7j6I-L._SY344_BO1,204,203,200_.jpgAfrique Asie. Vous avez placé en épigraphe de votre livre cette citation de Voltaire : « Pour savoir qui vous dirige vraiment, il suffit de regarder ceux que vous ne pouvez pas critiquer. » De qui parlez-vous ?
Michel Raimbaud: Il suffit de voir autour de soi. La maxime s’applique à ce qu’on appelle le « pouvoir profond »… On ne peut pas critiquer certaines catégories de personnes et les sujets qui vont avec, dont ceux que je traite dans ce livre. Ce sont ces sujets sensibles.

Vous dites que l’expression « printemps arabe » n’est pas un concept arabe, mais occidental. Le nouveau président tunisien l’a confirmé. Est-ce cela qui explique ce qui s’est passé dans le monde arabe ?
La naissance de ce concept est le fait d’intellectuels et de journalistes français. Il se réfère aux printemps démocratiques, celui de 1848 qui a tenté de bousculer les vieilles monarchies européennes vermoulues, le printemps de Prague en 1968, Mai-68 en France… Cette assimilation historique est un peu hâtive. Sans compter qu’en Tunisie, le printemps du jasmin, c’était en hiver !

Vous n’avez pas de mots assez durs pour évoquer le printemps arabe : « Une appellation plutôt usurpée pour une saison sinistre n’ayant guère d’arabe, à part le nom, qu’une vague façade en carton-pâte derrière laquelle se tapissent un fanatisme islamiste de la pire espèce, des pompes à finances wahhabites inépuisables », etc.
Je le pense depuis le début. Tous les pays arabes ont été touchés sauf les monarchies. Le Bahreïn est une exception à cause de sa « minorité » chiite qui constitue plus de 70 % de la population. Au Yémen, on a découvert à l’occasion de la guerre civile qu’il existe une minorité chiite, les zaydites, représentant 40 % de la population. Il y a des chiites cachés en Turquie, il en existe aussi au Pakistan, entre 20 % et 25 % de la population.

Qu’entendez-vous par un Grand Moyen-Orient situé entre l’empire atlantique et l’Eurasie ? Peut-on encore parler, à propos de l’Otan, d’un empire ? Quant à l’Eurasie, elle est encore embryonnaire. N’est-ce pas une anticipation ?
Oui c’est une anticipation. L’expression du Grand Moyen-Orient elle-même est de George Bush. Ce n’est plus un Moyen-Orient dans la mesure où il va de la Méditerranée à la Chine centrale. L’Eurasie est en gestation, certes, mais le changement se produit sous nos yeux. Les Brics sont en formation, surtout son noyau euro-asiatique. Cet ensemble a de l’avenir.

Mais le Grand Moyen-Orient n’est-il pas une vue de l’esprit ? On a l’impression, plutôt, d’un monde éclaté…
C’est le monde arabo-musulman d’aujourd’hui qui est éclaté. L’expression Grand Moyen-Orient est concise et couvre une vaste région. L’empire Atlantique se place face au bloc euro-asiatique. Ces blocs existent déjà et le deuxième est en voie d’organisation. "Pour la Chine et la Russie, il n'y aura plus jamais de résolution de l'ONU du type de celle de la Libye en 2011"

Comment expliquer que le mal nommé « printemps » ait pu réveiller la guerre froide ? Et que la Russie et la Chine se soient liguées pour contrer ce projet ?
Cette opposition russo-chinoise est une grande première. Jusqu’en 1991, le monde est bipolaire avec, entre les deux blocs, une Chine qui trouble un peu le jeu. Au milieu se trouvent les pays non-alignés, terre de mission pour les deux camps. En 1991, à la chute de l’URSS, on a cru en l’avènement du monde multipolaire. Ce n’était pas vrai : ce que l’on a vu, c’est l’avènement du monde unipolaire, le monde américain. L’Occident va alors pouvoir gouverner au nom de la « communauté internationale », sans opposition, pendant vingt ans, jusqu’en 2011. Puis il va s’évanouir avec les crises de la Libye et de la Syrie. Tout capote avec ces pays, et nulle part ailleurs. Avant, les Russes et les Chinois étaient tétanisés, ils étaient dans une période d’attente, hésitaient entre coopération et confrontation. Les deux pays s’abstenaient sur le Darfour, ou sur d’autres résolutions de ce type. La Chine était surtout occupée à assurer son développement et à devenir la deuxième puissance mondiale. Puis, peu à peu, Poutine réalise qu’il n’y a pas de coopération possible. Le coup d’arrêt à ses hésitations, c’est la guerre de Géorgie. L’Occident va trop loin, surtout avec le bouclier antimissiles. La Chine va se joindre à la Russie lors de la guerre de Libye, le vrai point de rupture. Auparavant, les deux pays avaient été mis en condition pour accepter la résolution 1973, avec l’idée qu’il fallait protéger la population civile. C’est la mise en œuvre de cette résolution qui a fait déborder le vase. Ils se sont rendu compte qu’ils avaient été bernés, et qu’ils avaient fait une erreur en s’abstenant. Les bombardements commencent le lendemain de l’adoption de la résolution des Nations unies. L’Otan, qui n’y était mentionnée nulle part, entre en guerre, bombarde tout, démolit tout. En toute illégalité. Si on regarde le chapitre 7 de la charte des Nations unies, on constate que toutes les dispositions qui encadrent les interventions ont été violées. Y compris celles au prétexte humanitaire. Pour la Chine et la Russie, il n’y aura plus jamais de résolutions à la libyenne. Elles s’opposent six mois plus tard à la résolution sur la Syrie, apposant quatre fois leur veto. Je ne comprends pas que les Occidentaux n’aient pas compris que la Russie et la Chine ne rejoindraient plus jamais la fameuse communauté internationale pour ce genre d’aventures.

La Syrie est donc fondatrice de la nouvelle donne internationale…
C’est l’épicentre d’un conflit global qui dure depuis quatre ans. Si le gouvernement légal de la Syrie était tombé comme les autres auparavant, ou si le régime avait été renversé comme celui de Kadhafi, il y aurait eu d’autres printemps arabes. Mais la Syrie en a été le coup d’arrêt. Les Russes ne voulaient pas tant soutenir la Syrie, mais ils y ont trouvé un partenaire, un point d’ancrage solide. Avant l’Ukraine… Ils ont cultivé l’alliance et rameuté les Brics autour d’eux, à commencer par la Chine. Quatre vétos sur la Syrie : la Chine garde un profil discret, mais ferme. Impressionnant. Au summum de la crise sur les armes chimiques en Syrie, en 2013, il y avait certes les gesticulations russes et américaines, mais il y avait aussi des navires de guerre chinois au large des côtes syriennes. C’est une première et cela devrait faire réfléchir les Occidentaux. "Quand les Américains n'utilisent plus les mouvements terroristes, ils les bombardent".

Afrique, Asie, pourquoi l’Occident séculier soutient-il des mouvements islamistes qu’il combat chez lui ?
Par absence de logique. À ce propos, il faut distinguer les États-Unis et ses alliés au Conseil de sécurité, qui ont des traditions de grandes puissances, et les alliés privilégiés des États-Unis, mais qui n’ont pas les mêmes motivations. Globalement, les Américains sont ceux qui commandent et ont mis en œuvre une stratégie du chaos. Ils ont continué à soutenir les gens d’Al-Qaïda, dont ils sont les créateurs avec l’Arabie Saoudite et le Pakistan. Puis, quand ils n’en ont plus eu besoin, ils les ont laissé tomber en leur disant « débrouillez-vous ». Mais toute cette affaire s’est retournée contre eux avec les attentats du 11-Septembre. Les mouvements terroristes internationaux, comme ceux qui sévissent en Syrie et ailleurs dans le Moyen-Orient ou le monde musulman, sont des héritiers d’Al-Qaïda. Les États-Unis n’ont pas de raison de ne pas s’en servir, tout en sachant que ce n’est pas leur modèle social. Ils les utilisent puis, quand ils ne s’en servent plus, ils les bombardent. Je ne crois pas que les États-Unis aient une sympathie particulière pour les mouvements islamistes, ni pour les Arabes d’ailleurs – cela se saurait. Mais ils peuvent s’accommoder de tout. Leurs meilleurs alliés sont des gouvernements islamistes. Ils ont du mal à trouver des alliés progressistes : ils n’en ont jamais eu dans l’Histoire.
 
"Ce qui fait courir les occidentaux en Arabie: c'est le pétrole et ... les intérêts d'Israël".

Vous étiez en poste en Arabie Saoudite, où l’on vient d’assister à une scène de succession moyenâgeuse. Tous les chefs d’État occidentaux s’y sont rués pour prêter allégeance au nouveau roi d’Arabie. Qu’est-ce qui les fait vraiment courir, à part le brut ?
Le pétrole et les intérêts d’Israël. Dans tout le monde arabe, il existe un terreau favorable à la contestation, mais on n’a pas le droit d’y intervenir et de bombarder sous prétexte que les peuples sont menacés par des tyrans. D’autant qu’on se rend compte que ce type d’opération est menée pour changer le régime ou détruire le pays. Il est plus facile d’exploiter le pétrole avec des pays fragilisés. Le pétrole détourné d’Irak et de Syrie va notamment vers Israël, sans besoin d’oléoducs. Vendu en contrebande à 15 dollars le baril lorsque celui-ci était à 120 dollars, ce pétrole a rapporté des revenus conséquents : 5 milliards de dollars. Des sommes qu’on ne transporte pas dans des matelas ! Il faut des banques, des complices pour les mettre sur le marché. Les circuits parallèles fonctionnent.

Des documents secrets du Pentagone à propos de la Libye viennent de donner une autre explication à cette guerre. Hillary Clinton, conseillée par les Frères musulmans, aurait caché à Obama que Kadhafi était en négociation avec le Pentagone pour passer la main, et que l’histoire du génocide menaçant les habitants de Benghazi était inventée de toutes pièces. L’Occident joue-t-il contre son propre camp ? Il existe tellement de machinations qu’on finit par se prendre les pieds dans le tapis. Il y a toujours des histoires des services spéciaux, etc. Les renseignements sont pipés. Les services jouent un grand rôle là-dedans. Cela dit, Hillary Clinton n’est pas la finesse même sur la Libye, la façon dont elle rit à l’annonce de la mort de Kadhafi le prouve. Un ambassadeur américain a été tué de la même façon que lui pourtant.

Pourquoi la Syrie a-t-elle été jusqu’ici l’exception, et comment analyser l’émergence de l’État islamique ?
J’espère que la Syrie restera l’exception, du moins dans ce contexte-là. L’affaire est loin d’être terminée, mais il y a plusieurs raisons. Bachar al-Assad, quoi qu’on en dise, a une légitimité, il est populaire chez la majorité de ceux qui vivent en Syrie. Quels que soient les défauts de son régime, il est perçu dans le contexte actuel comme un rempart contre le démantèlement du pays. Il a des alliés chiites comme le Hezbollah, l’Iran, certainement une vieille alliance qui date du temps du shah. Il a un véritable partenariat avec la Russie : la Russie défend la Syrie, mais la Syrie défend aussi la Russie. Si la Syrie devait subir le sort des autres pays, la Russie le sentirait passer. Et son prestige international s’en ressentirait.

Quel est le jeu d’Israël?
Israël est derrière toutes les crises du monde arabe, toujours à l’affût. La sécession du Sud-Soudan est un triomphe de la diplomatie américaine et de la diplomatie israélienne. Il fallait transformer le Sud-Soudan en base israélienne, pour le complot contre ce qui reste du Soudan. Ils veulent affaiblissement de ce pays non pas parce qu’ils sont islamistes, mais parce qu’ils ont soutenu Saddam. Ils ne veulent pas la peau de Tourabi ou Al-Bachir, ils veulent couper le Soudan en morceaux. Ils ont réussi, et cela continue avec le Darfour. "Moubarak, puis les islamistes, puis Morsi, puis Sissi, ce n'est pas logique, c'est la logique du chaos".

Mais le nouvel État, le Soudan du Sud, n’est pas brillant…
Mais lequel des régimes nés des « printemps arabe » est-il brillant ? L’industrie de production de la démocratie américaine au nouveau Grand Moyen-Orient est un trompe-l’œil qui vient des années 1980-1990. Cela n’a rien à voir avec la démocratie et les droits de l’homme : cette stratégie sert à casser le monde arabo-musulman, comme cela est attesté dans de nombreux documents. Car les Américains font ce qu’ils disent, et disent ce qu’ils font.

Il y a un plan, ce n’est pas de la conspiration. Quels que soient les avatars pour soutenir tel ou tel camp, les options restent ouvertes. Au Bahreïn par exemple, ils soutiennent à la fois la rébellion, ce qui leur permet de dire qu’ils défendent les droits de l’homme et la démocratie, et la monarchie pro-saoudite sunnite. Et ils sont gagnants de toute façon. Ils ont fait la même chose au Yémen, et en Égypte, même chose : d’abord Moubarak, puis les islamistes, puis Morsi et maintenant Sissi. Ce n’est pas logique, c’est la logique du chaos. Et elle est bel et bien là.

Comment expliquer que le savoir-faire français sur le Moyen-Orient s’avère inopérant ? 
De Gaulle était un grand homme je pense. Il avait bien une politique arabe exemplaire, il a renversé le cours des relations franco-arabes après l’indépendance de l’Algérie et réussi à changer d’alliance après la guerre des Six-Jours. Après les néfastes conséquences de l’expédition de Suez, c’était un exploit. Une politique arabe a persisté dans une espèce de consensus politique en France. Puis, après le coup d’honneur sur l’Irak, en 2003, la France a commencé à rentrer dans le bercail occidental. Fini la récréation. Le bilan est désastreux. Elle a pourtant un savoir-faire et avait une grande tradition diplomatique. C’est un grand pays, pas dans le sens d’un pays braillard qui manigance à tout prix… Un grand pays au sens positif du terme. Son retrait peut peut-être changer, mais je ne vois pas venir le changement maintenant.

"La France soutient à la fois les terroristes modérés et les djihadistes démocratiques"
François Hollande continue de dire que l’État islamique et le régime de Bachar, c’est blanc bonnet et bonnet blanc, deux ennemis à combattre…Depuis quatre ans, on continue de dire le pire sur Bachar, qu’il va tomber d’une minute à l’autre… En réalité, ce sont les Américains qui peuvent changer d’avis et sont en train de le faire. Les alliés privilégiés de la France sont le Qatar, la Turquie et l’Arabie Saoudite. On a vu défiler les six monarques du Golfe à Paris, nos alliés. On soutient à la fois les terroristes modérés et les djihadistes démocratiques. C’est une position difficilement tenable, de la haute acrobatie. Les Américains, eux ne l’ont pas fait en même temps : d’abord alliés d’Al-Qaïda, puis leurs ennemis. Ils changent d’avis sans se gêner(...)

L’État islamique est-il une création indirecte de l’Occident ?
Il est le résultat de l’invasion américaine de l’Irak. On peut dire cela à tous les coups. Les Américains ont cassé toutes les institutions irakiennes (armée, police, gouvernement, parti baath, etc.) et facilité la prise de pouvoir par les chiites et des Kurdes au détriment des sunnites. Quand les officiers baathistes ont été mis en prison où séjournaient déjà les islamistes, les deux groupes ont fait connaissance. La prison a été le centre d’étude et de fusion entre des gens qui ne se seraient pas rencontrés autrement – comme cela arrive ailleurs (...)

L’Occident semble préférer le chaos aux États souverainistes…
C’est ce qui apparaît. Le chaos, c’est le but des néoconservateurs qui ont une vieille théorie : il fallait maîtriser toute la zone qui ceinturait le monde communiste soviétique et chinois, et d’autre part sécuriser les intérêts occidentaux. Les Américains se sont aperçus que cette zone était entièrement constituée de pays musulmans. C’est la ceinture verte musulmane, ce qui est devenu le Grand Moyen-Orient de Bush, gonflé au fil des pulsions américaines. Il y avait deux catégories de pays dans cette zone : les États forts, comme l’Iran du shah, ou la Turquie entrée dans l’Otan, peut être aussi l’Irak, des régimes amis de l’Occident. Et les autres qu’il fallait affaiblir, où il fallait provoquer des changements de régime, renverser les pouvoirs en place. Puis des États ont viré de bord, comme l’Iran avec la révolution islamique. Quand la configuration est défavorable, on essaie de changer le régime, et si on n’y arrive pas, on casse l’État – en particulier les armées du monde arabe –, on ruine le pays. Cette stratégie figure dans beaucoup de documents américains ou israéliens. Ça s’est produit avec les armées égyptienne, irakienne, syrienne et sans doute algérienne.

Mais le chaos est contagieux et peut toucher les monarchies du Golfe. Celles-ci seraient-elles les grandes perdantes face à l’axe chiite ?
Dans l’esprit de certains dirigeants américains, c’est ce qui va arriver. Un ancien directeur de la CIA a dit qu’il fallait s’occuper des pays comme la Syrie et l’Égypte, déstabiliser huit pays… L’idée, c’est de leur « préparer » un islam qui leur convienne et d’aider les musulmans à accéder au pouvoir. Quand ces pays auront bien été déstabilisés, alors on pourra s’occuper de l’Arabie Saoudite. Le pacte de Quincy signé en 1945 a été renouvelé en 2005 pour soixante ans, mais il ne durera pas. Les États-Unis n’ont pas aidé le shah à se maintenir au pouvoir. Il n’était plus fréquentable, il a été renversé. Résultat, l’ayatollah Khomeiny a aussitôt pris le pouvoir, et l’Iran est devenu un des ennemis publics numéro un de l’Amérique. Jusqu’en 1979, ce pays était pourtant l’allié stratégique, y compris l’allié nucléaire. Il existait une vraie coopération entre l’Iran et les États-Unis dans ce domaine, avec un traité, des laboratoires, etc.

La question nucléaire a été mise à l’ordre du jour en 2002. Après que l’Iran eut le temps de s’occuper de l’Irak… Avant on n’en parlait pas. Puis les Européens, avec des Américains qui en arrière-plan soutenaient la démarche, se sont benoîtement rappelé du traité de non-prolifération… "En France, on a tendance à saucissonner. Or le rapport entre la crise syrienne et la crise ukrainienne est évident".

On est au cœur d’une nouvelle guerre froide avec l’Ukraine. Jusqu’où ce conflit va-t-il reconfigurer le nouvel ordre mondial en gestation ? Quels sont les effets sur le Grand Moyen-Orient ?
En France, on fait rarement un lien entre les différents problèmes, on a tendance à les saucissonner. Cela empêche une compréhension de la situation. J’ai peu entendu les gens établir un rapport entre la crise syrienne et la crise ukrainienne. Pourtant, il est évident. Il n’y aurait pas eu de relance de la crise ukrainienne s’il n’y avait pas eu la crise syrienne. Autrement dit, si la Russie avait laissé tomber Bachar, il n’y aurait pas eu une crise ukrainienne à ce niveau de gravité. On s’en serait accommodés. On a fait la surenchère surtout pour enquiquiner la Russie.

Sans la crise ukrainienne, les Brics auraient-ils pris la même importance sur la scène internationale ?
Sans la crise syrienne il faut dire. Car la crise ukrainienne est un développement de la guerre en Syrie. La guerre d’Ukraine s’inscrit dans le grand mouvement qui a déclenché les printemps arabes. En même temps qu’on essaie de contrôler des pays arabes musulmans et d’étendre petit à petit la zone de crise, on tente de casser ce qu’était l’URSS, réduite à la Russie. On veut contrôler la zone d’influence russe et la réduire au strict minimum. La Yougoslavie, en tant que pays communiste indépendant, était la partie la plus exposée; elle sera dépecée. Pour permettre l’intégration de toute l’Allemagne réunifiée dans l’Otan, le chancelier Kohl et Bush avaient promis à Gorbatchev que l’élargissement de l’Otan s’arrêtait là. Gorbatchev a reconnu avoir été berné. Cela a sonné la fin de la stabilité internationale. Le pacte de Varsovie a vécu, d’anciens États adhèrent à l’Union européenne et passent à l’Otan. Avec l’entrée des pays baltes dans cette organisation, la Russie est encerclée. Mais c’est la Géorgie qui a été la ligne rouge, puis l’Ukraine. La Géorgie a été le symbole du tournant de Poutine, qui avait au début décidé de collaborer avec les Occidentaux.

Quel est l’avenir du projet du Grand Moyen-Orient ?
Le projet démocratique certainement, même si, à mon avis, il n’y aura pas de démocratie, ni de printemps arabes. Le projet de domination reste, même s’il ne va pas forcément se réaliser. L’enjeu est toujours là pour les Américains. La ceinture verte est toujours utile pour encercler le postcommunisme. Même si la Chine est un régime aménagé, il est prudent de le « contenir » en quelque sorte. Les Occidentaux parlent toujours d’une opposition modérée en Syrie, je ne sais pas où ils la voient, mais c’est leur discours. Ils arment une opposition qui est en fait celle des djihadistes… L’alliance qui s’est forgée progressivement entre la Turquie, l’Arabie Saoudite et les Occidentaux, notamment États-Unis, France, Angleterre, alliance de circonstance s’il en est, résiste encore.

La Syrie peut-elle reprendre son autorité sur l’ensemble du territoire ?
Si on la laisse faire, je pense que oui. Le discours sur la démocratie est de moins en moins crédible. On n’a pas à intervenir dans les pays, même pas en Arabie Saoudite qui doit évoluer toute seule.

Pourquoi l’Arabie Saoudite exporte-t-elle son idéologie?
Elle exporte son idéologie pour éviter d’être attaquée à son tour. Mais celui qui a une vision universaliste, c’est le leader turc Erdogan. Les projets qu’il concoctait avant le printemps arabe étaient différents. Il était proche de la Syrie et de la Libye. Maintenant, il est le soutien des Frères musulmans. Il reçoit les visiteurs étrangers dans le palais du Sultan avec une garde d’honneur de de vingt-huit soldats qui représentent vingt-huit provinces ottomanes. Ce gouvernement islamiste turc est nostalgique de l'Empire perdu.

* Michel Raimbaud est l'auteur de "Tempête sur le Grand Moyen-Orient", Éditions Ellipses, 576 p., 24 euros.
 

TVL : Michel Raimbaud démonte le mythe des printemps arabes

 

La piste du corporatisme

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La piste du corporatisme

Ex: http://fortune.fdesouche.com


 

 

 

Pourquoi ce manque d’intérêt sur le corporatisme, alors même qu’il peut apparaître, mieux qu’une « troisième voie », comme une juste voie sociale, conciliant production de richesses et protection des producteurs, en particulier des ouvriers et des paysans mais aussi des chefs d’entreprise, harmonisant le souci environnemental avec la qualité du travail et de ses fruits matériels, et évitant les pièges d’un libéralisme sans frein et ceux d’un étatisme stérilisateur ?

Bien sûr, il y a l’histoire propre de la France et le sentiment que les corporations appartiennent trop à l’Ancien Régime pour pouvoir fournir une réponse aux problèmes économiques et sociaux contemporains. Mais il y a aussi, comme le fait remarquer l’économiste Alain Cotta, cette fâcheuse récupération du terme par les régimes totalitaires en Italie comme en Allemagne : pourtant, ces corporatismes d’État n’ont rien à voir avec la nature même des corporations telles qu’elles existaient en France avant 1791 et du corporatisme tel que le prônait et le définissait La Tour du Pin, véritable théoricien du monarchisme social et corporatiste au XIXème siècle, monarchisme qu’il défendit jusqu’à sa mort en 1924 sans toujours être compris de ses lecteurs comme de ses contempteurs…

Pourtant, il eut quelques héritiers : il se dit parfois que le général de Gaulle lui-même y trouva quelque inspiration, désireux de ne rien céder ni au capitalisme débridé (qu’il méprisait) ni au socialisme étatique, et que son idée de la Participation n’aurait pas déplu à La Tour du Pin, associant les salariés aux bénéfices de la production des biens et des richesses.

Il faut rappeler que, aujourd’hui, le terme de corporatisme est utilisé comme un repoussoir sur le plan social comme les termes de nationalisme, protectionnisme, et, dans une certaine mesure, de socialisme auquel la Gauche de gouvernement préfère la formule de social-démocratie, voire de social-libéralisme pour les plus « progressistes ». L’actuel ministre de l’économie, M. Macron, n’a pas hésité à pourfendre, en octobre dernier, « les trois maladies de la France » qui seraient, selon lui, « la défiance, la complexité et le corporatisme » : ce à quoi le dirigeant du syndicat Force Ouvrière, Jean-Claude Mailly, a répondu, après une évocation critique du fascisme italien (d’ailleurs fort réductrice, y compris sur le plan historique), que « Quand le gouvernement veut déréglementer on cite toujours le mot de corporatisme, comme on cite le populisme, ça fait partie de la com », ce qui n’est pas faux !

Le corporatisme est souvent employé comme un « élément de langage » par les libéraux pour dénoncer les résistances, dont toutes ne sont pas illégitimes, de certaines professions ou catégories socio-professionnelles, qu’il s’agisse des notaires, des chauffeurs de taxis ou des fonctionnaires. M. Macron, nouveau Le Chapelier, veut en finir avec tout ce qui constitue un obstacle au libre marché et à la « liberté du travail », celle qui, selon le mot célèbre, se définit en une formule simple : « le renard libre dans le poulailler libre »

Maurras, quant à lui, parlait de « liberté de mourir de faim », rappelant que la liberté du travail était d’abord et avant tout celle du détenteur de capitaux avant que d’être « imposée » aux travailleurs qui n’avaient guère les moyens de la refuser, n’ayant alors aucune (ou si peu…) de protection sociale réelle depuis le décret d’Allarde de mars et la loi Le Chapelier de juin 1791.

Au moment où les Français se sentent désarmés, pour nombre d’entre eux, face à une « économie sauvage » et une mondialisation peu favorables aux droits des travailleurs et des producteurs de base, repenser le nécessaire équilibre entre les libertés économiques et les droits légitimes du monde du travail s’avère indispensable.

En passer par un « corporatisme associatif » tel que le souhaitait La Tour du Pin (mais aussi Schumpeter au sortir de la guerre) ne serait sans doute ni scandaleux ni inutile, n’en déplaise à MM. Macron, Attali et autres « libéralistes » sans scrupules…

Action Sociale Corporative

Clandestins, immigration : ça rapporte gros

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Clandestins, immigration: ça rapporte gros
 
Nos dirigeants savent très bien avoir affaire à des réseaux dont les gros poissons ne sont pas ces misérables passeurs. Ils connaissent les organisations qui se cachent derrière les trafics, mais ne leur donnent pas la chasse : ils ont trop à y gagner.
 
Journaliste
Ex: http://www.bvoltaire.fr
 

En une semaine, ce sont près de deux mille clandestins par jour qui ont débarqué en Italie, encouragés par le beau temps mais surtout par la pompe aspirante des opérations de sauvetage en mer, qui ont eu comme ultérieure conséquence de faire baisser le prix des traversées.


Les morts se comptent par centaines, Frontex est complètement larguée, les centres d’accueil sont surchargés, la bureaucratie à la traîne, les communes ne savent pas comment affronter l’urgence, et de nombreux maires – toutes couleurs politiques confondues – menacent de se démettre si les migrants sont placés dans leur ville. On parle de réquisition de biens immobiliers de particuliers… Bref, la situation est chaotique.


Bien-pensants à part (ceux qui, par racisme inconscient, pensent que l’homme noir est un incapable sans l’aide de l’homme blanc et voudraient les accueillir tous), on se demande pourquoi les résolutions prises vont toujours dans le sens d’augmenter les flux et donc les morts. 
La raison, aussi cynique soit-elle, est pourtant simple : c’est un « business » juteux, le second après celui de la drogue. 
Si le trafic d’êtres humains représente 34 milliards de dollars par an, il faut y ajouter les sommes « légales » : les milliards d’euros d’argent public alloué à la réception et à la gestion des migrants, et les millions d’euros encaissés sur place par la logistique conséquente. Certains hôteliers, restaurateurs ou commerçants des zones d’accueil – ceux qui montrent le plus d’hospitalité devant les caméras – vivent désormais du marché créé par l’arrivée des opérateurs humanitaires, fonctionnaires, et journalistes.


Des patrons qui exploitent légalement ou illégalement les immigrés, des avocats qui monnayent leurs papiers, des assignations aux hôtels, des entreprises de restauration chargées des repas, etc. En Italie, la corruption et le gain sont partout derrière l’afflux d’immigrés.

Récemment, l’affaire « Mafia capitale » a dévoilé comment des coopératives rouges ou catholiques détournent les fonds publics à eux confiés pour la permanence des migrants. « T’as idée de combien je gagne sur les immigrés ? Le trafic de drogue rapporte moins. » Voilà la crue vérité sortie de la bouche d’un des suspects de l’affaire. 

Les mafias africaines trafiquent avec les mafias italiennes qui financent et soutiennent électoralement les partis politiques, qui tirent à leur tour profit de la présence des immigrés, qui les soutiendront électoralement, et ainsi de suite…

Alors l’arrêt des skippers ne semble rien d’autre qu’un énième coup de com’ car nos dirigeants savent très bien avoir affaire à des réseaux dont les gros poissons ne sont pas ces misérables passeurs. Ils connaissent les organisations qui se cachent derrière les trafics, mais ne leur donnent pas la chasse : ils ont trop à y gagner.

Flüchtlingsströme: Wie die NATO Nordafrikas Entwicklung zerbombte

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Flüchtlingsströme: Wie die NATO Nordafrikas Entwicklung zerbombte

Gerhard Wisnewski

Wie bereits im letzten Artikel zu diesem Thema berichtet, geht die gegenwärtige Flüchtlingskrise hauptsächlich auf die NATO und ihre Kriegs- und Umsturzpolitik in Nordafrika zurück. Durch die Zerschlagung ganz Nordafrikas entstanden instabile Staaten, Arbeitslosigkeit, Angst, Hunger und Elend sowie der Wunsch nach Sicherheit, die nun verstärkt in Europa gesucht wird. Die Verbrechen der Vereinigten Staaten und ihrer Verbündeten reichen jedoch noch viel weiter. Denn sie zerstörten nicht nur die Heimat von Millionen Menschen und ein bequemes »Flüchtlingsbollwerk« für Europa, sondern auch die wichtigste entwickelnde Kraft Nord- und Zentralafrikas: Libyen.

Wie schon gesagt bot Libyen, bevor es 2011 von den USA und ihren Verbündeten bombardiert wurde, zahlreichen Flüchtlingen und Zuwanderern aus dem übrigen Afrika Aufnahme und Schutz. Es war Auffangbecken und eine der »letzten Grenzen« nach Europa für unzufriedene, bedrohte, aber auch arme Menschen aus dem Rest des Kontinents und galt als der »Türsteher Europas« (Zeit, online, 29.11.2010).

Wovon unsere Bankrottpolitiker nur träumen...

Aber Libyen war noch viel mehr als ein »Flüchtlingsbollwerk« für Europa. Von dem prosperierenden Gaddafi-Staat ging genau das aus, was in Lippenbekenntnissen unserer Politiker immer gefordert wurde: Eine sich entwickelnde Kraft, die dazu hätte führen können, dass sich Afrika hätte selber helfen können.

Bis 2011 war Libyen ein blühendes und aufstrebendes Land mit jeder Menge Rohstoffen, einem vorzüglichen Sozialsystem, faszinierenden Entwicklungsprojekten und einem gesunden Staatshaushalt – also mit allem, wovon unsere Bankrottpolitiker nur träumen können. Mit den Öl-Einnahmen wuchsen Macht und Möglichkeiten des libyschen Staatschefs.

Er investierte die Gelder in gigantische strategische Entwicklungspläne für sein Land, aber auch für ganz (Nord-) Afrika. Sein Blick reichte weit über Libyen hinaus. Gaddafi glaubte nicht nur an die libysche Nation, sondern an die Idee des Panarabismus bzw. sogar des »Panafrikanismus« und sah sich selbst als eine Art arabischen und afrikanischen Übervater in den Fußstapfen von Gamal Abdel Nasser.

Er wollte sich auch nicht länger auf die globale Rolle des ewigen bösen...

Weiterlesen:

http://info.kopp-verlag.de/hintergruende/europa/gerhard-wisnewski/fluechtlingsstroeme-wie-die-nato-nordafrikas-entwicklung-zerbombte.html