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dimanche, 02 février 2014

Les Etats-Unis persistent et signent...

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LES ETATS-UNIS PERSISTENT ET SIGNENT

"Nous continuerons à espionner"

Chems Eddine Chitour*
Ex: http://metamag.fr

Le dernier discours d'Obama a fait l'objet d'une analyse par de nombreux pays et médias. Si les pays occidentaux amis peuvent être «rassurés qu'ils ne seront plus espionnés,» ils ne peuvent faire autrement que d'y croire. Les autres, tous les autres savent à quoi s'en tenir. Ils continueront à être espionnés sans d'ailleurs savoir qu'ils sont espionnés. En fait, l'espionnage américain est sélectif. S'agissant des nations développées technologiquement, cela sera surtout un espionnage économique et technologique. En dehors des pays industrialisés occidentaux à qui Obama promet la paix, il reste les pays émergents au premier rang desquels la Chine qui est particulièrement surveillée à la fois sur le plan économique mais aussi sur le plan militaire. Tout est bon pour la déstabiliser... en vain.

Les révélations de Snowden 

Tout est parti des révélations d'un transfuge de la CIA. «Edward Snowden, à l'origine des fuites sur le programme de surveillance américain Prism, a dérobé environ 1,7 millions de documents secrets relatifs aux opérations de renseignement menées par les forces armées états-uniennes, rapporte l'agence Associated Press se référant au Pentagone. La plupart des documents dérobés par le lanceur d'alerte contiennent des informations sur les opérations courantes de l'armée de Terre, de l'US Air Force et de l'US Navy, est-il indiqué dans un rapport secret du département militaire américain. (...) Début juin [2013], Edward Snowden, informaticien a révélé à deux quotidiens, le Guardian et le Washington Post, l'existence d'un programme informatique secret baptisé PRISM. Ce programme permet à la NSA et au FBI d'accéder à des données concernant des personnes vivant hors États-Unis via neuf géants de l'Internet, dont AOL, Apple, Facebook, Google, Microsoft, PalTalk, Skype, Yahoo! et YouTube et Verizon. 

Ce fut un tollé en Occident! Les Etats-Unis n'ont-ils pas confiance dans leurs alliés les plus proches ? Les Européens s'en remettent au bon coeur des Américains, pensant naïvement qu'ils avaient un statut privilégié. Ils s'aperçoivent qu'en face de l'Empire, c'est encore et toujours des vassaux 

Les rodomontades de l'Europe en face de la détermination américaine 

Sacrifiant à un rituel qui tient plus de l'amour-propre blessé que d'une réelle opposition à laquelle eux-mêmes n'y croient pas, les Européens décident de «réagir». Nous lisons: «La commission du Parlement européen chargée d'enquêter sur les programmes de surveillance de la NSA en Europe a réagi assez négativement au discours du président Obama sur la réforme des activités des services de renseignements américains, vendredi 17 janvier. L'un de ses rapporteurs, le travailliste britannique, Claude Moraes, a réaffirmé les exigences européennes: «Les autorités américaines doivent mettre fin au système actuel de discrimination, dans lequel les citoyens européens ont moins de droits que les citoyens américains en matière de protection de la vie privée, y compris devant les tribunaux américains. Nous aurions préféré entendre un message plus rassurant sur ces questions.» 

«Selon lui, le discours du président Obama est d'autant plus décevant que l'Union européenne négocie depuis des mois avec les Etats-Unis sur ces points précis - notamment le droit pour un citoyen européen de porter plainte devant un tribunal américain pour violation de sa vie privée. (...) Par ailleurs, le 9 janvier, la commission avait décidé, par 36 voix contre 2, de solliciter le témoignage d'Edward Snowden, (...) L'audition se ferait par liaison vidéo entre Bruxelles et la Russie - en différé, pour des raisons de sécurité.»  

Nous sommes à peu près sûrs que cela ne se passera pas, et que cette menace est de fait un coup d'épée dans l'eau. On ne menace pas l'Empire, on demande humblement d'être adoubé par lui, quand bien même il est sur le déclin, sa capacité opérationnelle est intacte «En attendant, poursuit le journaliste, la commission d'enquête a publié un rapport préliminaire préconisant la suspension de plusieurs accords d'échange de données personnelles entre l'Europe et les Etats-Unis, le développement d'un «cloud» européen souverain, de nouvelles lois assurant une meilleure protection des lanceurs d'alerte, et la promotion de l'usage du cryptage et des logiciels libres. Le rapport final devrait être adopté fin janvier, puis soumis au vote de l'assemblée plénière à la fin du mois de février.»  

On le voit, l'Europe est en plein combat d'arrière-garde, elle menace sans trop grande conviction donnant le temps à Obama de leur donner une réponse un peu crédible. Obama prévient que la NSA va continuer à espionner les étrangers 

Les Etats-Unis persistent et signent: «C'est notre devoir d'espionner tout le monde.» 

Après avoir annoncé une réforme limitée des opérations de surveillance américaines, le président Barack Obama a enfoncé le clou, samedi 18 janvier, dans une interview à la télévision publique allemande ZDF. «Nos agences de renseignement, comme les agences allemandes et toutes les autres, vont continuer à s'intéresser aux intentions des gouvernements de par le monde, cela ne va pas changer.» Il a toutefois assuré que la chancelière Angela Merkel n'avait «pas à s'inquiéter» de cette surveillance, alors qu'un de ses téléphones portables aurait été écouté par l'agence de renseignement NSA, ce qui a fait scandale en Allemagne. Et il a insisté sur «la relation d'amitié et de confiance» qui lie selon lui les deux pays.»

«Mais loin de lui l'idée de renoncer à des pratiques dont la révélation l'an dernier par l'ancien consultant de la NSA Edward Snowden a profondément entaché la relation transatlantique. La collecte de données par le renseignement américain, est «au service de nos objectifs diplomatiques et politiques», a expliqué le président. «Et ce n'est pas la peine d'avoir un service de renseignement s'il se limite à [collecter] ce qu'on peut lire dans le New York Times ou dans Der Spiegel. La vérité c'est que par définition le travail du renseignement est de découvrir: que pensent les gens? Que font-ils?» 

Les Etats-Unis promettent la fin des écoutes des dirigeants alliés 

Dans son discours, le président américain Barack Obama a détaillé, vendredi 17 janvier, les premières modifications qu'il entend apporter à certaines des activités de surveillance controversées de l'Agence nationale de sécurité (NSA) américaine, sept mois après le début des révélations contenues dans les documents d'Edward Snowden. La quasi-intégralité de la liberté d'action de la NSA en matière de surveillance est préservée, seule une petite partie des 46 propositions remises en décembre par un comité d'experts ayant été avalisées. M.Obama a annoncé qu'il allait demander à la communauté du renseignement d'arrêter d'espionner les dirigeants de pays alliés, «à moins que notre sécurité nationale soit en jeu». «Les dirigeants étrangers alliés doivent être sûrs qu'ils peuvent nous faire confiance» a-t-il expliqué, ajoutant que les citoyens du monde entier devaient savoir que la NSA ne les surveillait pas sauf s'ils «menacent la sécurité nationale». 

«Une annonce à laquelle s'est empressée de réagir Viviane Reding, vice-présidente de la Commission européenne: «La Commission européenne a demandé en novembre de mettre en oeuvre des actions pour restaurer la confiance. Les déclarations du président Obama sont un pas dans la bonne direction. Je suis encouragée par le fait que les citoyens non américains vont pouvoir bénéficier de protection contre l'espionnage, mais j'attends de voir ces engagements se concrétiser avec des lois.»

Le principal changement concerne le programme de collecte de métadonnées téléphoniques (qui appelle qui, où et quand), la première révélation et celle qui a le plus frappé outre-Atlantique. M.Obama a reconnu que sans «garde-fous suffisants, les risques pour la vie privée étaient réels» et que ce programme n'avait jamais fait l'objet d'un «véritable débat public». Mais, désormais, la NSA devra obtenir une autorisation de la justice à chaque fois qu'elle voudra acquérir ces métadonnées. Actuellement, une seule et unique ordonnance secrète de la justice autorise une collecte massive de ces données.»  

D'autres changements concernent la publication de décisions de justice secrètes importantes, une évaluation annuelle des pratiques d'interceptions électroniques, ainsi que la création d'un poste de diplomate spécialisé dans les questions de renseignement. «Le monde attend de nous que le numérique soit synonyme de progrès, pas de contrôle gouvernemental. Le monde est exigeant envers les Etats-Unis. Grâce à la force de notre démocratie, nous ne devons pas avoir peur de ces attentes», a conclu M.Obama à l'issue d'un discours sans surprise ni véritable changement en profondeur des pratiques de la NSA. Ces changements ne concernent en effet qu'une partie minime des programmes de la NSA. Outre le programme Prism, qui permet d'aller piocher dans les serveurs de certains géants du Web, Barack Obama n'a rien dit par exemple du programme Bullrun, qui vise à affaiblir les technologies de chiffrement grand public utilisé par des centaines de millions d'internautes au quotidien.»

Les prouesses de la NSA 

La NSA intercepte 200 millions de SMS quotidiennement. Non contente d'espionner d'une façon traditionnelle, la NSA innove. On rapporte que l'Agence de sécurité nationale américaine (NSA) intercepte quotidiennement jusqu'à 200 millions de textos par jour dans le monde, écrit le quotidien britannique Guardian, se référant aux documents fournis par l'ex-agent de la CIA Edward Snowden. En avril 2011, les services spéciaux américains interceptaient quelque 194 millions de textos par jour. Le programme spécial qui a pour nom de code «Dishfire» leur permettait d'obtenir des informations sur la localisation de l'expéditeur, ainsi que sur ses contacts et ses transactions financières, ajoute le Guardian. «Les SMS: une mine d'or à exploiter», révélant que le programme a permis de collecter en moyenne 194 millions de textos par jour en avril cette année-là. (...) «La NSA travaille à expurger les données superflues (concernant les citoyens américains, Ndlr), ainsi que celles des innocents citoyens étrangers aussi tôt que possible dans le processus» de collecte, s'est défendue l'agence américaine dans un communiqué».  

Par ailleurs, selon un document fourni par Edward Snowden, l'agence de renseignement a piraté un réseau Internet français pour accéder aux données du câble. L'Agence de sécurité américaine, la NSA, a réussi à pirater en février 2013 le réseau informatique d'un groupe de sociétés qui gère un gros câble informatique reliant la France, l'Afrique et l'Asie, apprend-on lundi 30 décembre 2013. 

De plus, l'agence de renseignements américaine a pu installer un logiciel espion sur près de 100.000 ordinateurs à travers le monde, créant ainsi un réseau utilisable pour des opérations de piratage. Dans la plupart des cas, le programme en question a été introduit via des réseaux informatiques, mais la NSA a également eu recours à une technique secrète qui permet d'accéder aux machines non-connectées, rapportait  le New York Times, citant des membres de l'administration, des experts en informatique et des documents divulgués par Edward Snowden. Exploitée depuis 2008 au moins, cette technique fonctionnerait à l'aide de fréquences radiophoniques émises par des circuits imprimés ou des cartes USB insérées secrètement dans les machines cibles. Parmi les cibles principales de ce programme baptisé Quantum, figurent certaines unités de l'armée chinoise, que Washington accuse de cyber espionnage, toujours selon le New York Times. Des programmes mouchards auraient également été implantés dans des réseaux de l'armée russe, de la police mexicaine et des cartels de narcotrafiquants, des institutions européennes chargées des échanges commerciaux ou d'alliés tels que l'Arabie Saoudite, l'Inde et le Pakistan. 

Enfin, pour le futur, l'Agence nationale de sécurité américaine (NSA) cherche à créer un ordinateur quantique à même de décrypter presque n'importe quel code de sécurité, selon le Washington Post qui cite des documents divulgués par l'ancien consultant Edward Snowden. (...) En 2009, des informaticiens avaient certes réussi à découvrir les clés de cryptage d'un chiffre de 768 bits en utilisant des ordinateurs classiques. Mais il leur a fallu presque deux ans et des centaines de machines pour y parvenir, rappelle le Washington Post. Selon les experts, il est encore bien trop tôt pour dire quand un ordinateur quantique opérationnel pourra voir le jour et beaucoup doutent que la NSA soit sur le point de réussir toute seule dans son coin.» (Nouvel Observateur 15 janvier 2014)

Et maintenant ? 

Le processus d'espionnage des «faibles» va reprendre dans l'ombre. Aux Etats-Unis, même avec le nouveau cadrage qui gère plus la forme que le fond, les rapports vont se construire sous la pression de l'opinion publique pour préserver avant tout et exclusivement la vie «privée» des citoyens américains. Si aux Etats-Unis avec les lois de plus en plus contraignantes Big Brother arrivera à savoir tout sur vous. Last but not least pour tous les autres, c'est la «liberté du renard dans le poulailler». les Européens protestent, les pays émergents tentent de trouver la parade, les autres, tous les autres ne savent même pas qu'ils sont espionnés. Personne ne croit à cette réforme cosmétique de la NSA qui est un état dans l'état. Julian Assange, leader de WikiLeaks, a dénoncé la vacuité du discours d'Obama. En gros Barack dit: «C'est notre intérêt de vous espionner donc on continuera au nom des Droits de l'Empire sur les vassaux et sur les esclaves. Exit les Droits de l'homme». De plus et comme le disait Jacques Chirac, "les promesses n'engagent que ceux qui y croient". Les Européens peuvent-ils faire autrement ? La question reste posée.

*Ecole Polytechnique enp-edu.dz

¿Por qué se opone Washington al acuerdo petrolífero ruso-iraní?

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Según este acuerdo, Irán intercambiará medio millón de barriles de petróleo por equipos y productos rusos de muy diversa índole de los que tiene necesidad.

El periódico libanés As Safir ha analizado esta “cólera estadounidense” y busca desvelar las razones de la misma.

Paralelamente a la visita del ministro iraní de Exteriores a Rusia, EEUU intentar ejercer presiones sobre Moscú para que cambie de opinión y dé marcha atrás en su decisión de suscribir este acuerdo.

Los 500.000 barriles de petróleo poseen un valor de 1.500 millones de dólares que servirán a Irán para adquirir equipos y productos rusos.

Este dinero también servirá para crear fábricas y empresas rusas en Irán.

Para justificar su oposición, EEUU se remite al compromiso nuclear interino firmado por el Grupo 5+1 con Irán, que el acuerdo petrolero ruso-iraní supuestamente violaría.

Sin embargo, la preocupación de Washington tiene otras causas.

Una primera razón sería el margen de maniobra que este acuerdo concede a Irán en las negociaciones nucleares para un arreglo definitivo de la cuestión nuclear iraní.

Además este acuerdo energético, si es concluido, llevaría  a que el régimen de sanciones contra Irán se debilite más rápidamente de lo previsto.

Existe otra tercera razón por la que Washington se opone a este acuerdo. Los norteamericanos creen que, con él, Rusia se posiciona con ventaja en el mercado iraní de cara al futuro levantamiento de las sanciones antiiraníes.

Dicho acuerdo serviría para impulsar el crecimiento económico de Rusia y permitiría a este país incrementar sus exportaciones petrolíferas y revertir la tendencia, que quedó reflejada en 2013, a la bajada de las mismas.

En cuarto lugar, el acuerdo entre Rusia e Irán tendrá también un importante efecto en la cooperación militar ruso-iraní.

El periódico As Safir señala que “a pesar de la cólera de la Casa Blanca, el Kremlin no va a renunciar a este acuerdo con Irán”.

Moscú ha hecho saber, de esta forma, a su rival estadounidense que no concede ninguna importancia a las sanciones unilaterales aprobadas por EEUU o sus aliados europeos, y que lo único que importa son las sanciones votadas por la ONU.

Este acuerdo y otros aspectos de la cooperación ruso-iraní serán abordados durante la próxima visita del presidente ruso, Vladimir Putin, a Teherán, que tendrá lugar dentro de unas semanas.

Infierno convivencial

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Infierno convivencial

Todo ello demanda formular que una de las metas del programa de la revolución integral sea el derrocamiento revolucionaria de la sociedad actual, o infierno convivencial, con el fin de que exista libertad para el afecto, la convivencia y el amor, dado que hoy sólo la hay para el aborrecimiento y la pugna interpersonal, la soledad y el desamor.

Los ilustrados dieciochescos crearon el “homo oeconomicus”, Adam Smith sobre todo, el cual se satisface y realiza con la riqueza material. Esta formulación, decididamente burguesa, está en la base de los proyectos “emancipadores” de naturaleza obrerista y social urdidos en el siglo XIX y todavía vigentes aunque ya en su fase final. Significa que el ser humano tiene necesidades materiales pero no necesidades espirituales, entre ellas la de convivir con sus iguales recibiendo y dando afecto. Esto es muy desacertado, y además monstruoso e inhumano.

La cosa es, asimismo, chusca pues Adam Smith y demás próceres del economicismo se referían a cuestiones militares, no a la existencia cotidiana del sujeto común. Su meta era una sociedad de riqueza material máxima a fin de que Inglaterra pudiera armar una enorme flota de guerra que le diera la hegemonía planetaria imperialista, como así sucedió. Al mismo tiempo, esa sociedad tenía que ser de miseria convivencial y espiritual, para construir al sujeto dócil -por solitario y desestructurado- que obedece y se somete a las instituciones estatales que le tiranizan y a los empresarios que le explotan.

Hoy se ha realizado la sociedad con que deliró T. Hobbes, vehemente partidario del despotismo del Estado. Ya cada ser humano es un “lobo” para los demás seres humanos, y lo que padecemos es “la guerra de todos contra todos” con el ente estatal (cada día más policiaco, funcionarial, tecnologizado, militarizado y poderoso económicamente) vigilando y castigando a esta inmensa horda de infra-seres que se ignoran y se agreden, la sociedad actual.

A más desamor más Estado. A más desamor más debilidad e impotencia del sujeto, y menos lucha por la libertad y menos libertad.

La hostilidad de unos contra otros toma un sinnúmero de formas. Se trata a los iguales sin respeto, sin cortesía, sin humanidad, sin hermandad, sin afecto salido del corazón, considerándolos como causa de utilidades para el ego y nada más, cuando no como presas a las que parasitar y expoliar. Se agrede a los demás con el desaliño personal, con la palabra agria y descompuesta, con la “sinceridad” que sólo ve en el otro lo negativo, con el chismorreo demoledor, con la “espontaneidad” que niega el autodominio necesario para que la convivencia sea, con la astucia y el maquiavelismo que concibe al igual como criatura a la que rapiñar y saquear.

La pérdida de las capacidades relacionales y convivenciales es una de las patologías más aterradoras de la sociedad actual. Ya no hay un lenguaje del afecto, ni un saber estar en la convivencia, ni una voluntad de hacer la existencia más agradable a los otros, ni un deseo de servir desinteresadamente, ni un saber escuchar, ni un negarse a sí mismo por el bien de los iguales. Todo ello se tapa con fórmulas muertas de urbanidad, sonrisas que son meras muecas cuando no herramientas de mercadotecnia y un uso abusivo en ciertos sectores del vocablo “amor”. Es más, las poquísimas personas que todavía resultan capaces de expresar en actos su afecto son recibidas con desconfianza y recelo, pues se considera tal manera de ser como una argucia dirigida a alcanzar no sé sabe que metas secretas…

En tal situación hay que proclamar con la pertinente solemnidad e incluso prosopopeya que el ser humano tiene necesidades afectivas y emocionales, que éstas son imprescindibles para su realización como persona y que si no las satisface enferma, del alma y del cuerpo, y enloquece. E incluso se quita la vida. Así es, pues la gran mayoría de los miles que se suicidan cada año lo hacen al no satisfacer sus apremiantes necesidades de cariño, compañía y erotismo, más que por pobreza material.

Una vida sin afectos no es una vida humana propiamente dicha sino una infra-vida en la que la persona queda entregada al peor y mayor de los sufrimientos, la ausencia de amor y de amor al amor.

Han sido aniquiladas en su casi totalidad la amistad, la simpatía, el compañerismo, la camaradería, la vecindad [1], la cordialidad, el sexo como erotismo (o sea, con expresiones mayores o menores pero perceptibles de amor), el enamoramiento, las relaciones de familia, la alegría de estar juntos, el hacer de uno mismo una obra de arte ofrecida desinteresadamente a los iguales, la capacidad para realizar tareas colectivas, la vida asociativa no jerárquica y casi cualquier forma del “nosotros”. Se ha esfumado la simpatía en el mirar, la comprensión en el estar, la elegancia en el mostrarse y la gracia en el contar. Apenas queda capacidad de reír unidos ni de de estar juntos en los malos momentos. No hay ya ritos convivenciales, trabajos en común, encuentros realmente amorosos, fiestas en las que el mutuo afecto, y no el alcohol y las drogas, sea lo decisivo.

Hemos sido despojados de una percepción cardinal de la condición humana, aquélla en la que el otro aparece como amigo en actos y no como enemigo. Por eso estamos tan enfermos. Por eso somos tristes hasta lo lúgubre, aburridos hasta lo tedioso, egocentristas hasta lo disfuncional [2], vacios y superficiales hasta lo grotesco. Somos (fuimos) ricos materialmente pero en todo lo demás, en lo que afecta a la vida del espíritu, somos paupérrimos. Y esto nos está, literalmente, matando [3].

En el actual desierto relacional e infierno convivencial no queda apenas nada más que ruinas y cenizas, entre las que deambulan criaturas solitarias, cada vez más degradadas del cuerpo y del espíritu, sometidas a grados descomunales de tristeza, malestar, angustia, ansiedad, depresión y otras varias formas de sufrimiento anímico, lo que ahora se llama “dolor de vida”, que el sistema trata con antidepresivos, cuyo consumo ¡se está doblando cada diez años! En particular, las mujeres han sido hechas consumidoras compulsivas de píldoras contra la desesperación, ocasionada por ser forzadas a vivir una vida que: 1) no es humana, 2) no es apropiada en absoluto para las mujeres, la del actual régimen neo-patriarcal.

Cada vez más personas están indisponiéndose psíquicamente, enloqueciendo, por causa del agravamiento del conflicto interpersonal y la pérdida de las prácticas, saberes y capacidades relacionales. Alcanzado un determinado porcentaje de sujetos disfuncionales por ruina de su estabilidad psíquica debido a la represión de las necesidades afectivas y relacionales (lo que incluye la persecución, cada día más feroz, del erotismo heterosexual) la sociedad difícilmente podrá mantenerse, pues no habrá recursos humanos ni medios materiales para atender a tantos seres incapaces, disminuidos o enfermos. Esta es una de las causas profundas de la actual crisis económica de Occidente, que ni vislumbran los maníacos del economicismo.

La soledad produce pánico, y el pánico hace perder el juicio. Y el enloquecimiento, cuando como hoy es crónico, enferma. También el cuerpo, no sólo la mente. Un buen número de dolencias corporales nuevas cada día más comunes y que hasta hace unos decenios eran rarísimas sólo pueden explicarse a partir de las formas antinaturales de existencia que el actual sistema de dictadura impone al ser humano de las clases populares, en primer lugar la soledad, el odio mutuo y el desamor.

Una mente enferma crea un cuerpo enfermo. La naturaleza ha hecho al ser humano para la relación y la convivencia pero el actual sistema le condena a la incomunicación y la represión de su afectividad: de ese conflicto proviene hoy una parte mayor de la degradación física y psíquica de la especie.

La destrucción de la existencia hermanada con conversión del individuo en un sujeto asocial incapaz de amar está en el centro mismo de las revoluciones liberales, siendo uno de los puntos decisivos de su programa, quizá el más decisivo. En el proyecto liberal sólo hay dos actores, uno es el Estado hipertrófico (y su criatura, el capitalismo), el otro es el sujeto común atomizado y aislado, expulsado a pesar de sí mismo de todas las formas preexistentes de convivencia, sociabilidad, juntas o asambleas de los iguales y sistemas comunales de trabajo, siempre asociados a fiestas convivenciales. Está solo frente al ente estatal y por eso mismo desasistido y débil de manera máxima, impotente para resistir y mucho más para derrocar al nuevo Estado invasivo, totalitario e hiper-tiránico [4].

Por eso la revolución liberal es una catarata de actos políticos, jurídicos, económicos, amaestradores y propagandísticos que buscan la individualización absoluta, nadificadora y definitiva del sujeto popular. El concejo abierto, las formas asamblearias de autogobierno y vida política, que eran el fundamento mayor, junto con el comunal, del afecto y la convivencia, es relegado y nulificado. Los bienes comunales, tierras y muchísimo más que tierras, son privatizados, destruyendo la base económica de la existencia unida y fraternal, afectivamente muy satisfactoria, de las sociedades preliberales. Sin vida política ni vida económica colectivista, ¿cómo va a darse el cariño, la intimidad, la cordialidad, la cortesía y la convivencia en las relaciones interpersonales, dado que son precondiciones del amor de unos a otros?

El régimen partitocrático enfrenta a las personas entre sí, lanzando a unas contra otras y creando dolorosas divisiones en el cuerpo social, por causa de las banderías políticas, en sí mismas insignificativas pero maximizadas y teatralizadas para dividir, amaestrar en el odio y provocar desencuentros. La misma función desempeñan el racismo, que enfrenta a las personas por el color de su piel, cada día más preocupante en sus expresiones renovadas, los odios promovidos por los fanatismos religiosos, el enfrentamiento entre generaciones y la pavorosa ascensión teledirigida del sexismo político, en sus dos formas, misoginia y androfobia.

sida-mental-770x1082.jpgEl trabajo asalariado, esa inmensa maldición sin cuya erradicación la sociedad actual no puede regenerarse en lo convivencial, lo ético, lo reflexivo y lo cívico, amaestra en obedecer y en temer, llena los espíritu de odio, crea un conflicto universal permanente y despoja al trabajador asalariado de lo más sustantivo de su condición humana, haciéndole inhábil para las relaciones sin dominadores ni dominados, afectuosas por horizontales. El Estado de bienestar, apoyado por los peores enemigos del género humano, “resuelve” y “satisface” con la asistencia estatal lo que debería solventarse por los procedimientos de mutua ayuda, cooperación y convivencia, de donde resultaría una expansión de lo afectuoso, y en consecuencia una satisfacción de las necesidades de devoción, apego y cariño de las personas.

La competición económica oculta y vela lo que es notable causa de eficacia económica, la cooperación en el trabajo productivo entre personas igualmente propietarias de los medios de producción. Dicha competición lanza a unos seres humanos contra los otros, lleva a formas cada día más monstruosas y homicidas (además de, cada vez más, suicidas) de codicia y avidez por el dinero haciendo imposible la convivencia. Al mismo tiempo hay que señalar que el creciente espíritu competitivo de las sociedades actuales, hiper-burguesas porque la gran mayoría de lo que antaño fueron clases trabajadoras se ha adherido a la cosmovisión burguesa del mundo (que es la del economicismo, o preeminencia de lo económico), crea un conflicto social e interpersonal creciente en el que se derrochan estúpidamente cantidades fabulosas de recursos materiales, energía humana y tiempo de vida.

Sin sustituir la competencia por la cooperación en el trabajo productivo no es posible minimizar el tiempo de trabajo, ofrecer una vida material decorosa a todos los seres humanos y reducir el consumo de recursos naturales, limitando o incluso erradicando la devastación medioambiental. Pero ese gran cambio demanda una revolución social, de naturaleza integral, y también una revolución interior, que ha de tener lugar en lo más profundo del corazón de cada ser humano por libre albedrío.

No hay mayor alegría que la del amor mutuo ni mayor goce que el compartirlo todo. Si la burguesía vive en la posesividad, la competencia y el odio de unos a otros, quienes sean anti-burgueses de cabeza y corazón tienen que elegir para sí los valores que nieguen esos disvalores.

La existencia misma del Estado, como gobernante y dominador del pueblo, establece la peor forma de diferenciación con enfrentamiento y odio entre los seres humanos. Donde las gentes quedan divididas en mandantes y mandados, administradores y administrado, amenazantes (cuando no verdugos) y amenazados, adoctrinadores y adoctrinados, no puede haber afecto mutuo ni puede edificarse una sociedad en la que el apego y el amor sean universales.

Eso es tan verdad que el actual infierno convivencial, en el que nos atormentamos, deshumanizamos y parecemos, lo ha construido ante todo el Estado, en la forma concreta que adopta éste hoy, como ente aberrante y monstruoso emergido de las revoluciones liberales, que adopta, para seguir el análisis de Otto Hintze, primero la forma de “Estado liberal” y después la de “Estado total” o, como ese autor expone, “Estado que interviene en toda la vida del pueblo[5], lo que expresa el máximo de despotismo estatal, que nulifica a la persona y contamina a todo el cuerpo social de relaciones jerárquicas y desiguales, fundamentadas en el mando y la obediencia, en el temor, el rencor, el aborrecimiento y la sanción, haciendo con ello imposible las relaciones de afectuosidad, responsabilidad, participación y afecto.

Una sociedad convivencial, donde el apego y la mutua asistencia sean la piedra angular de la vida colectiva, ha de ser libre y democrática, con participación de todas y todos en la vida política y social, en todas las tareas deliberativas, legislativas, judiciales, fiscalizadoras y ejecutivas. Eso no sucede ni puede suceder en una sociedad con Estado, porque en ella sólo hay libertad para expresar y hacer lo que conviene al Estado y está conforme con la razón de Estado, Además, si el Estado gobierna a la sociedad es que ésta no se autogobierna a sí misma, y por lo tanto no es democrática.

Una sociedad entregada a toda tipo de dogmatismos y fanatismos, desde las teorías académicas a las religiones políticas pasando por las utopías sociales, que se imponen desde arriba al pueblo y que dividen y enfrentan a éste, no es espacio para el afecto y realización de la vida espiritual, no es otra cosa que un infierno convivencial. Por eso hay que desarticular los aparato de manipulación académica de las mentes, el sistema educativo, sea “público” o privado, y la universidad, para construir un orden culturizador sustentado en la libertad de conciencia, la autoeducación popular y la adhesión, libre y autodeterminada, al saber, la cultura, la verdad y el conocimiento.

Lo relacional crea comunidad, crea asociación, crea grupos y equipos viables, crea comunidad, crea “nosotros”. Sin todo eso ahora no se puede hacer prácticamente nada. Los proyectos colectivos fracasan, en la gran mayoría de los casos, por el factor convivencial. La vida asamblearia es escasa, triste y áspera en buena medida porque el sujeto medio contemporáneo no sabe convivir, es un ser egocentrado, solitario e insociable que no sabe estar en casi ninguna expresión de lo colectivo, desde la vida erótico-amorosa a la acción transformadora de la sociedad, que ha de ser, en efecto, agrupada y asociativa. Por eso la autoconstrucción del sujeto es precondición, y no sólo epifenómeno, de cualquier proyecto revolucionario que sea eso realmente, revolucionario.

Ahora bien, proyectar salir del actual infierno convivencial exclusivamente por la vía de los cambios políticos, estructurales, económicos y sociales es equivocarse. Tiene que haber una voluntad del sujeto en tanto que persona diferenciada, delimitada y recogida, como ser humano capaz de plasmar su libertad personal escogiendo a solas consigo mismo, con responsabilidad y libertad de elección, el afecto, la convivencia, la hermandad y el amor en tanto que metas personales.

El amor no es sólo una emoción ni una pasión ni un estado anímico sino ante todo una práctica. Es más, una práctica que se ha de convertir en hábito. No hay que esperar a las transformaciones sociales antes mencionadas para imponerse y exigirse a sí mismo y a sí misma un extenso programa destinado a hacer sublime la relación con los demás, que lleva a la metamorfosis de la propia personalidad, desde ser asocial a sujeto afectuoso. Hay unas normas de la amistad, el compañerismo, la cortesía [6], las buenas maneras, el espíritu de servicio, la familiaridad, la alegría de estar juntos, el auto-negarse y el servir con actos de amor que se pueden y deben practicar ya. No podemos, sólo por la acción individual, erradicar la sociedad infierno convivencial, cierto es, pero sí podemos con ella vencerla en infinidad de pequeñas batallas parciales, poniéndola a la defensiva y haciéndola retroceder.

Tiene que haber un compromiso personal y una práctica personal en el combate por el afecto y contra el infierno convivencial. El politicismo no es adecuado.

Pero hay que pensar y obrar con realismo, aceptando la enorme complejidad inherente a las cuestiones tratadas. Nunca habrá una sociedad convivencial perfecta, ni unos seres humanos que no estén “bipartidos”, que no sean una mezcla de bien y mal. La reciprocidad es necesaria, por lo que el otorgar amor debe ir unido a la demanda de recibir amor. En una sociedad perversa e inmoral como la actual hay que precaverse frente a parásitos y depredadores. A quienes predican e imponen el odio y el desamor hay que enfrentarles con firmeza, constancia y valentía, lo que lleva a conflictos muy fuertes. Toda reducción de la noción de amor a una ñoñería de parvulario, o a una cursilada de ONG, es rechazable pues el afecto es servir, esforzarse, padecer, pelear y ser fuertes. Todo eso significar que el amor real es finito, que va necesariamente unido a formas de desamor y que es imperfecto. Su irrealidad se realiza en el mundo de la fantasía y su realidad en el de la práctica social y personal.

Con todo ello recuperaremos, además, la gran tradición colectivista, convivencial, cordial, asamblearia, jubilosa, comunal, cálida y fraternal de los pueblos de la península Ibérica, hoy casi del todo destruida por la hiper-extensión del Estado y la gran empresa capitalista.

[1] Hoy no se podría publicar un estudio como el de Bonifacio de Echegaray, “La vecindad. Relaciones que engendra en el País Vasco”, San Sebastián 1933, Eusko-Ikaskuntza. El motivo es que ya en ningún  lugar quedan relaciones de vecindad. Hasta no hace mucho la convivencia con las y los vecinos era una parte crucial de la vida humana, pues había con ellos una ayuda mutua y asistencia emocional que hacía la vida agradable, alegre y satisfactoria, además de mucho mejor en el sentido práctico pues, por ejemplo, la cooperación vecinal era de enorme significación en la crianza de la prole, lo que hacía a la maternidad fácil, descansada y llevadera. Hoy los vecinos se desconocen e ignoran, en el mejor de los casos, y en el peor se odian y hostilizan. Hasta aquí hemos llegado en la destrucción de todas las formas de relación, afecto y amor.

[2] Expone Max Scheler en “Esencia y formas de la simpatía” que el egocentrismo es como un “hundirse en sí mismo” y vincula este catastrófico derrumbamiento hacia dentro del yo, al que tiene por una expresión de solipsismo, con el libro de Max Stirner “El único y su propiedad”, un manual del más tosco egoísmo burgués.

[3] Quizá por eso se lee en la “Primera epístola de San Juan” que “quien no ama permanece en la muerte”.

[4] Como refutación de que lo relacional es sólo personal y no al mismo tiempo social, institucional, estructural y político, tenemos “Hieron o sobre la tiranía” de Jenofonte. Aduce que el tirano al ser odiado y no amado lleva una existencia penosa, en la que se acumulan disfunciones y dolores. Dado que “lo carnal proporciona un placer muy señalado cuando va unido al amor”, al tirano le resulta muy difícil tener un erotismo satisfactorio, lo que es una gran desgracia pues “el que no conoce el amor es desconocedor de los más dulces placeres”. Añade que “el tirano jamás puede estar seguro de que es amado” lo que le condena a la soledad absoluta. Esta reflexión sobre el despotismo y el desamor es aplicable a la sociedad actual, en la que sólo hay relaciones de poder, en las que unos individuos tiranizan a otros pero los tiranizados lejos de buscar la libertad general se ponen como meta “liberarse” de un modo bien triste, haciéndose déspotas mañana, pues sólo saber ser o dominadores o dominados, nunca amadores de sus iguales. En tal situación el amor, en todas sus formas, y por tanto el erotismo, son de facto imposibles. Por tanto, hay unas estructuras anti-amorosas que deber ser desarticuladas por vía revolucionaria, si se desea que el ser humano conquiste la libertad para amar, y así ser sano de cuerpo y mente.

[5] En su libro “Historia de las formas políticas”. Quienes propenden a olvidar, en sus análisis y en sus compromisos políticos y sociales, la existencia y función del Estado, deberían estudiar a ese autor que, a pesar de sus desatinos y carencias, hace formulaciones tan verdaderas como la que sigue, “el capitalismo … tiene un parentesco interno con la razón de Estado”, de manera que lejos de ser el Estado quien “defiende” o “protege” a las masas del capitalismo es quien se lo impone a éstas, por causa de la razón de Estado.

[6] Hoy, en una época de zafiedad, cortedad y seres nada, de zoquetes autosatisfechos y ramplonería universal, no interesa la cortesía, que en general es recibida con mofas. Pero todavía no está todo perdido, puesto que se publican algunos textos que, aunque sea de modo tangencial, se ocupan de ella, como “La gramática de la cortesía en español”, Catalina Fuentes Rodríguez.

Fuente: Esfuerzo y Servicio Desinteresados

Les séparatistes rhénans de 1923

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Jan ACKERMEIER:

Les séparatistes rhénans de 1923

Il y a 90 ans, Franz-Joseph Heinz, séparatiste du Palatinat, était abattu par un commando nationaliste

Le 11 novembre 1923, le chef séparatiste du Palatinat, Franz-Joseph Heinz, proclame à Spire (Speyer) l’avènement d’un “gouvernement du Palatinat autonome dans le cadre de la République rhénane”. Son objectif était de créer un Etat indépendant du Reich, avec l’appui des Français. A l’époque, le Palatinat, comme une grande partie de la rive gauche du Rhin, était occupé depuis décembre 1918 par des troupes françaises, suite à l’armistice qui venait de mettre fin à la première guerre mondiale.

Pour s’emparer du Palatinat et pour consolider le pouvoir des séparatistes dans la région, Heinz avait essayé, début novembre 1923, de mettre sur pied une troupe armée, le “Corps du Palatnat” (Pfälzisches Corps”), qu’il avait aussitôt subdivisé en trois groupes. Le premier de ces groupes avait été concentré dans le triangle Ludwigshafen-Spire-Neustadt. Le second, dans le Sud du Palatinat. Le troisième, dans le Palatinat occidental, autour de deux centres urbains, Kaiserslautern et Pirmasens. En déployant cette maigre force, il avait reçu l’appui des Français, qui voyaient dans la consolidation des mouvements séparatistes en Rhénanie, en Sarre et dans le Palatinat un instrument commode pour affaiblir encore davantage le Reich vaincu après la première guerre mondiale.

Le “Corps du Palatinat” était une troupe principalement recrutée dans la région même qui devait progressivement prendre son autonomie par rapport aux unités armées du “Rheinlandschutz” (“Troupe de protection de Rhénanie”) que deux séparatistes rhénans avaient constitué, Joseph Friedrich Matthes (1886-1943) et Hans Adam Dorten (1880-1963), pour les envoyer en mission dans le Palatinat. Dorten et Matthes avaient perpétré un putsch le 22 octobre 1923 et avaient proclamé une “République rhénane” à Coblence. Après un putsch similaire, le Palatinat devait devenir partie intégrante de cette nouvelle république. Heinz avait été inscrit sur une liste de personnes susceptibles de faire partie d’un cabinet de la “République de Rhénanie”. Toutefois, il ne voulait collaborer avec Dorten que si le Palatinat devenait une partie autonome et libre d’une république rhénane organisée selon des principes fédéraux.

Pour faire face au danger séparatiste, Edgar Julius Jung, avec le concours d’un directeur de banque de Kaiserslautern, Emmerling, fonde une organisation secrète, le “Rheinisch-Pfälzischer Kampfbund” (“La Ligue de combat de Rhénanie et du Palatinat”). Cette ligue secrète se donne pour objectif de chasser l’occupant français par la violence. Dès 1923, elle entame la lutte armée contre le séparatisme du Palatinat, soutenu par la France. Après qu’il eût été expulsé du Palatinat, Jung déménage avec sa famille à Mannheim puis, pendant l’été de 1923, il s’installe à Feldafing et, enfin, il ouvre un cabinet d’avocat à Munich. C’est dans la capitale bavaroise qu’il rencontre Walter Antz de la ville de Zweibrücken (Deux-Ponts), également expulsé du Palatinat. Antz fait alors partie du Commissariat d’Etat pour la lutte violente contre le séparatisme rhénan. Il charge Jung de préparer un attentat contre Heinz, le président du “Palatinat autonome”. Dans la soirée du 9 janvier 1924, un commando d’une vingtaine d’hommes, qui vient de traverser le Rhin gelé sous la direction de Jung, donne l’assaut à la vaste salle à manger de l’hôtel “Wittelsbacher Hof” à Spire, où se trouvent les principaux séparatistes. Heinz est abattu, de même que ses collaborateurs Nikolaus Fusshöller et Matthias Sand. Un convive innocent prend également une balle mortelle. Deux membres du commando trouvent la mort dans l’échange de coups de feu consécutif à leur action. Jung lui-même est blessé légèrement au cou par le tir d’une patrouille. Il retourne à Munich.

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Plus tard, il devient l’un des principaux théoriciens nationaux-conservateurs et anti-democratiques de l’ère de la République de Weimar, grâce à son livre paru en 1926 et intitulé “Die Herrschaft der Minderwertigen” (“La domination des hommes de moindre valeur”). Il mourra en juin 1934, quand le régime national-socialiste procèdera à une épuration violente (connue à l’étranger sous le nom de “Nuit des longs couteaux”).

Jan ACKERMEIER.

(article paru dans “zur Zeit”, n°1-2/2014, Vienn, http://www.zurzeit.at ).

samedi, 01 février 2014

Polish involvement in Ukraine’s coup and settlement

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Polish involvement in Ukraine’s coup and settlement

By Andrew KORYBKO (USA)

Ex: http://orientalreview.org

Poland has been exploiting the destabilization of Ukraine in order to expand its influence further East at Russia’s expense. Together with Sweden, Poland launched the EU’s Eastern Partnership initiative in 2009. This was commenced specifically with the purpose of spreading Brussels’ (and Warsaw’s) sway over the non-member states on the Union’s periphery. It is also a Trojan Horse for future NATO expansion. Poland has in the past decade been jockeying for a leadership role in the EU, and the Eastern Partnership provided amble opportunity for the country to prove its importance to its NATO and EU patrons. Focusing specifically on Ukraine, Poland has unique cultural, political, linguistic, and historical ties there, especially in the areas of Western Ukraine that used to briefly be part of the Second Polish Republic. Warsaw’s political establishment has exploited these ties not only to encourage internal disruption in Ukraine (at the expense of Russia having a stable economic partner), but also to institutionalize Poland’s role as the sub-regional hegemon over the western portion.

Opposition outreach

The Polish government has issued very strong statements in support of the ‘protesters’, even going as far as to declare “full solidarity” with them, thereby nullifying any claim to impartiality that they may have previously aspired to have. Now, Poland’s Prime Minister has directly interfered in the domestic turmoil.

As the rioting in Ukraine continues to spread westward, Prime Minister Tusk spoke by telephone with opposition leader Arseniy Yatsenyuk last Sunday, stating afterwards that “We support Ukrainian democrats in their efforts to achieve a fair and wise agreement”. Poland has thus passed the threshold from official statements to actions, as the Polish government wants the world to know that it has dialogue channels open with the ‘opposition’, and this infers a level of influence over its leaders and official government support of their actions. Interestingly enough, this public revelation of contact with Yatsenyuk and support of his “Ukrainian democrats” makes Poland complicit in the coup that Ukrainian Prime Minister Azarov (who has resigned today – OR) alleges is in full motion within his country. Azarov goes on to state that “It’s a real coup attempt, and everyone who backs this coup should clearly say ‘Yes, we support the overthrowing of the lawful administration in Ukraine,’ instead of hiding behind peaceful protesters.”After officially associating with Yatsenyuk, one of the prime coordinators of the unrest, and endorsing his “Ukrainian democrats”, Poland has irrevocably proven itself to be in support of regime change.

Poland’s previous political provocations (to say nothing of the contact with Yatsenyuk) were not lost on the citizens of Kharkov, who on 23 January protested at the Polish consulate there, “demanded the closure of all Polish diplomatic missions in Ukraine, [and claimed] their staff were representing an enemy nation”. Quite clearly, the Polish diplomatic missions in Ukraine have now taken on the de-facto role of coup-supporting institutions, thereby making them actual enemies of the Ukrainian government. The same goes for Germany, which has a special relationship with permanent resident and UDAR provocateur Klitschko, who is for Germany what Yatsenyuk is for Poland – a proxy fighter in a larger geopolitical struggle against Moscow. The most honest thing that Warsaw and Berlin could do now is follow Azarov’s advice and proclaim “Yes, we support the overthrowing of the lawful administration in Ukraine”, as their actions demonstrate nothing less.

Looking for Galicja

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Kingdom of Galicia and Lodomeria Map, 1897

Poland’s foreign policy towards Ukraine has been very assertive. Besides jointly taking the helm of the Eastern Partnership, strongly voicing support for the Ukrainian destabilizers, and publicly parading its connection to Yatsenyuk, it is now among the league of countries threatening sanctions against Ukraine. Poland’s foreign policy offensive against the Ukrainian government is designed to place it into the best position to enter into possible post-conflict multilateral negotiations, a proposal now being floated around by the influential Carnegie Endowment think tank. In defending their proposal, the authors assert, “Don’t underestimate how hard Poland has worked to revamp the EU’s Eastern Partnership initiative. Sikorski and his experts know the region extremely well, having spent the past several years working with the leaders and civil-society movements in Belarus, Georgia, Moldova, and Ukraine.” Sikorski and the Polish government’s involvement with the aforementioned “civil-society movement” leaders is an indication of intimate association with Ukraine’s coup organizers, and of course, it should not be underestimated.

Poland would like nothing more than to legitimately institutionalize its influence over Ukraine (especially the formerly Polish western half) by being internationally recognized as taking part in any multilateral negotiations to end the Ukrainian crisis. This would be an implicit admission of Poland’s new sub-regional hegemony in Eastern Europe, and it would contribute to the regional fragmentation of the country. The areas under Poland’s sphere of influence would more radically gravitate west, thereby cementing the dual East-West nature of the current Ukrainian identity. Instead of resolving regional differences, it would only exacerbate them, as Poland would encourage Western Ukrainian ‘separateness’ in the political, linguistic, and cultural domains. It is also probable that the protesters’ western nest (Lviv and the surrounding environs) may seek to declare autonomy on par with the Crimea, with Poland, Germany, and the entire EU (read: NATO) as future guarantors of its legal status.

Including Poland (or any Western [NATO] state) into any post-conflict negotiated settlement would be akin to letting a fox into the henhouse, as it would legitimize the previous violations of Ukrainian sovereignty by the West, entrench Western Ukraine’s regional oppositional identity to the rest of the state, and possibly allow NATO a foothold in carving up Ukraine at a more politically convenient time in the future.

Andrew Korybko is the Master’s Degree student at the Moscow State University of International Relations (MGIMO).

Notas sobre Carl Schmitt. La visión desde Rusia.

Notas sobre Carl Schmitt. La visión desde Rusia.

El modelo de ideocracia fue presentado antes por uno de los fundadores del eurasianismo, el geógrafo Piotr Savitski. Él consideraba que para el modelo es característica la visión general y la voluntad de las elites gobernantes para servir a una idea general reinante, que representa “el bien del conjunto de los pueblos que habitan en un determinado mundo especial de autarquía”. Por la forma, la ideocracia puede parecerse al Nomos de Schmitt, dado que apela a grandes espacios, sin embargo su contenido varía. Piotr Savitski propuso la ideocracia para Rusia-Eurasia, donde la religión dominante es ortodoxa con una herencia bizantina adaptada, en primer lugar el cuerpo teológico, que está lleno de textos complejos y paradójicos. En este sentido, me gustaría dar un ejemplo del discurso del Metropolita Hilarión de Kiev: “La palabra de la gracia”, registrada a mediados del siglo 11. Hilarión plantea el tema de la igualdad de las naciones, lo que se oponía fuertemente a las teorías medievales del pueblo escogido de Dios. En otras palabras, esta es la teoría del imperio universal, donde “todos los países, y las ciudades, y los pueblos tienen gran respeto y alaban cada uno a su maestro, quien les enseñó la fe ortodoxa”.

Son bien conocidas las opiniones católicas de Schmitt, y aunque en las cuestiones generales él no tocaba el patrimonio del Vaticano y las disposiciones legales pertinentes, no se puede negar el impacto global de la religión. Así como en el caso de Rusia, a pesar de la antigüedad del texto indicado y el conocimiento superficial de la ortodoxia de la actual mayoría, tampoco se puede negar la influencia de las estructuras del subconsciente colectivo, o de lo que suelen llamar la cultura estratégica en la agenda política.

Como breve resumen se puede señalar la diferencia principal. En la concepción de Nomos de  Schmitt está expresa la idea de la Tierra de la Ley, mientras que la ideocracia de la filosofía rusa apela a la Tierra de la Gracia.

Moscu, Noviembre 2013.

Fuente: Tribulaciones Metapolíticas

La guerre des Saoud contre la Syrie

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La guerre des Saoud contre la Syrie

 

Tout observateur du conflit syrien désireux de connaître de plus près la rébellion anti-régime aura quelque peine à s’y retrouver en raison de l’inflation des groupes armés que l’on estime aujourd’hui à plus d’un millier. La guerre fratricide dans laquelle sont plongées les principales milices djihadistes depuis le début de l’année accentue la confusion notamment sur le rôle et l’évolution d’Al Qaïda dans le conflit. Pourtant, au-delà de leurs rivalités économiques et territoriales, une même idéologie et une même stratégie les unissent et les relient à un acteur clé de la guerre de Syrie : le royaume d’Arabie saoudite.

Le wahhabisme syrien avant la guerre

Le courant religieux fondé il y a quelques 250 ans par le prédicateur extrémiste Muhammad Ben Abdel Wahhab dans le Najd en Arabie saoudite, n’est pas un phénomène de mode soudainement apparu en Syrie à la faveur du printemps arabe. Le wahhabisme dispose en effet d’une base sociale solide entretenue depuis plusieurs années par les Syriens qui vivent en Arabie saoudite et dans les autres théocraties de la péninsule arabique. En Syrie, les émigrés du Golfe sont singulièrement appelés « les Saoudiens » car à leur retour au pays, on les confond avec les vrais Saoudiens. La plupart de ces émigrés reviennent en effet imprégnés du puritanisme rituel, vestimentaire, familial et sociétal qui caractérise les royaumes wahhabites (1).

Mais le wahhabisme syrien est aussi le fait de prédicateurs salafistes chassés par le régime de Damas et accueillis par les royaumes du Golfe. Malgré la distance et la répression, ces salafistes exilés sont parvenus à entretenir des réseaux d’influence dans leurs régions et leurs tribus d’origine.

La multiplication des chaînes satellitaires émettant depuis les pays wahhabites a renforcé en Syrie la popularité de certains exilés syriens reconvertis dans le « télé-coranisme ». Le plus emblématique d’entre eux est sans doute Adnane Arour. Exilé en Arabie saoudite, celui que l’on surnomme le cheikh de la discorde (fitna), anime plusieurs émissions sur Wessal TV et Safa TV où il a popularisé les harangues anti-chiites et anti-alaouites notamment celle où il appelle à « passer les alaouites au hachoir et à jeter leur chair aux chiens ». Dans la région de Hama dont il est originaire, Arour a gardé une influence significative au point que son nom était loué dès les premières manifestations anti-régime de 2011.

D’un point de vue historique et territorial, la wahhabisation rampante de la Syrie s’est d’abord imposée dans les populations rurales échappant au sunnisme institutionnel syrien d’orientation hanafite réputé tolérant. Suite au virage libéral emprunté par le parti Baas en 2005, le wahhabisme a connu un nouvel essor dans les banlieues misérables des métropoles syriennes ou les villes de seconde zone comme Douma ou Darayya ravivant le spectre de la discorde inter-communautaire.

De nombreux Syriens qui se sont enrichis en Arabie saoudite lancèrent des campagnes caritatives dans leur pays d’origine, accroissant ainsi leur influence parmi les Syriens défavorisés. Chaque carence de l’Etat était aussitôt comblée par des réseaux de bienfaisance liés à d’ambitieux cheikhs exilés. L’un des plus connus s’appelle Mohammad Sourour Zayn Al Abidin. Il est le chef de file d’un courant prosélyte à mi-chemin entre le mouvement des Frères musulmans syriens et le wahhabisme (2).

Le moment venu, les Syriens du Golfe sont devenus les principaux sponsors privés du djihad en Syrie, aussitôt assistés dans leur « mission sacrée » par des riches donateurs saoudiens mais aussi koweïtiens, bahreïniens ou encore jordaniens, pour la plupart, d’obédience wahhabite (3).

Malgré le calme tout relatif qui faisait la renommée du régime sécuritaire de Damas avant les troubles et la guerre que nous connaissons depuis trois ans, le pays a connu plusieurs cas d’échauffourées et de provocations à caractère confessionnel. (4) Une alaouite originaire de la ville majoritairement sunnite de Tall Kalakh dans le gouvernorat de Homs m’a parlé de tentatives de pogromes anti-alaouites plus d’un an avant les premières manifestations démocratiques de mars 2011. D’autres Syriens m’ont confirmé l’installation durant la décennie précédente, d’un climat délétère sur fond de rancœurs communautaires dans les quartiers pauvres de Damas et dans certains villages d’Idlib.

Les autorités syriennes ont préféré étouffer ce type d’incidents pour éviter la contagion.

En mars 2011, les slogans hostiles aux chiites, au Hezbollah et à l’Iran scandés aux portes de la mosquée Abou Baqr As Saddiq à Jableh sur la côte syrienne ont rapidement cédé la place aux appels à la guerre contre les minorités. Alors que les Syriens manifestaient contre l’injustice, la tyrannie, la corruption et la pauvreté, certaines forces conservatrices tentaient délibérément de détourner la colère populaire vers des cibles innocentes dont le seul crime était d’exister. Ainsi, avant même que les troupes d’Al Qaïda ne tirent leur premier coup de feu en Syrie, les prédicateurs wahhabites étaient déjà à la manœuvre.

La wahhabisation de la rébellion syrienne

Si à l’aube de l’insurrection syrienne, au milieu de l’écrasante majorité des combattants de confession sunnite, on pouvait croiser quelques rebelles druzes, chrétiens, chiites et alaouites, sous la pression des agitateurs et des généreux donateurs du Golfe, la rébellion va rapidement s’homogénéiser sur le plan confessionnel et se radicaliser, contraignant les quelques combattants issus des minorités à se démobiliser et à s’exiler.

Dans leur propagande, les groupes rebelles syriens reprennent à leur compte les insultes anti-chiites en vogue au royaume des Saoud. Les chiites mais aussi les alaouites, les ismaéliens et les druzes seront systématiquement accusés par la rébellion d’être des mécréants (kouffar), des négateurs (rafidha), des zoroastriens (majous), des transgresseurs (tawaghit, pluriel de taghout), des polythéistes, des adorateurs d’icônes, de pierres ou de tombes (mouchrikines), des satanistes, des crypto-iraniens, des envahisseurs perses, des safavides ou encore des crypto-juifs (5).

Parallèlement, des bataillons aux connotations confessionnelles vont se former à l’intérieur même de l’Armée syrienne libre : bataillons Muawiya, Yazid, Abou Ubayda Jarrah, Ibn Taymiyya, Ibn Kathir, la brigade turkmène « Yavuz Sultan Selim » du nom du sultan-calife ottoman qui, au XVIe siècle, massacra alévis, alaouites et chiites…

Parmi ces groupes d’insurgés à connotation confessionnelle, il y a la fameuse Brigade Farouk, véritable épine dorsale de l’Armée syrienne libre. Aucun média occidental ne s’est même interrogé sur le sens du mot Farouk. (6) Il s’agissait pourtant du surnom du calife Omar Ibn Khattab, considéré comme un usurpateur par les chiites.

Nul ne peut oublier Khalid al Hamad, l’homme qui éviscéra un soldat de l’armée gouvernementale avant de crier en portant à sa bouche le cœur et le foie de sa victime : « Oh, héros ! massacrez les Alaouites et découpez leurs cœurs pour les manger ! ». Mais se souvient-on que cet individu n’était ni membre d’Al Qaïda, ni un simple milicien mais un commandant de la célèbre brigade Al Farouk affiliée à l’Armée syrienne libre (ASL) soi-disant modérée et aujourd’hui dirigée par Salim Idriss.

Le prédicateur Andan Arour qui appelle au meurtre de masse lors de ses apparitions télévisées fait lui aussi partie de l’Armée syrienne libre (ASL) et non pas de la rébellion dite « extrémiste ».

Ces quelques exemples montrent que la présentation de l’Armée syrienne libre (ASL) en tant que rébellion démocratique, laïque et plurielle était un pur produit marketing à destination de l’opinion publique occidentale.

De nos jours, nos médias présentent le Front islamique (FI), la principale coalition djihadiste qui fédère près de 80.000 combattants comme une possible alternative à Al Qaïda. Le leader du Front islamique s’appelle Zahran Alloush. Il est le fils de Mohammad Alloush, un prédicateur syrien ultraconservateur exilé en Arabie saoudite. Zahran Alloush a beau résister contre les deux succursales syriennes d’Al Qaïda, à savoir Al Nosra et l’Etat islamique de l’Irak et du Levant (EIIL) alias Daech, il développe la même rhétorique sectaire que ses concurrents. Dans une allocution prononcée devant le château omeyyade Qasr al Hayr al Charqi près d’Al Sukhna en juillet 2013, voici ce que Zahran Alloush déclarait urbi et orbi :

« Les fils des Omeyyades sont revenus au pays du Levant malgré vous. Les moudjahidines du Levant vont laver la souillure des Rafidhas , pour purifier le Levant à jamais… Les Chiites demeureront à jamais soumis et humiliés comme ils l’ont toujours été tout au long de l’histoire. Et l’Islam a toujours détruit leur Etat… La dynastie des Omeyyades a toujours détruit leur Etat ». (7)

Début octobre 2013, quatre groupes djihadistes regroupant plusieurs milliers de combattants indépendants d’Al Qaïda annoncent la création dans l’Est syrien de l’Armée de la sunna et de la communauté (Jaych al Sunna wal Jama’a). Non seulement, cette nouvelle coalition arbore un nom confessionnel clairement anti-chiite mais, en plus, elle accuse leurs ennemis d’être des safavides, un nom désignant une dynastie chiite qui régna sur l’Iran de 1501 à 1736. Par ailleurs, la nouvelle armée confessionnelle proclame sa volonté de combattre les « sectes » jusqu’au jour du jugement dernier. (8)

Par conséquent, il serait illusoire de considérer la rébellion de groupes armés contre à Al Qaïda comme un gage de respectabilité et de tolérance. En effet, tous les mouvements rebelles actifs en Syrie pratiquent le takfir, c’est-à-dire la guerre contre la « mécréance », dans un premier temps contre les courants de l’Islam qu’ils considèrent comme hérétiques et les non-croyants, ensuite contre les minorités chrétiennes et enfin contre les sunnites.

La distinction faite par les médias occidentaux entre rebelles et djihadistes est donc abusive. Entre Al Qaïda, le Front islamique et l’Armée syrienne libre, c’est en quelque sorte bonnet blanc et blanc bonnet.

Le Royaume wahhabite à l’assaut de la forteresse syrienne

En trois ans de conflit en Syrie, le régime des Saoud ne s’est pas contenté d’exporter son idéologie. Dès le début de la crise, Riyad se profile en effet comme la force d’avant-garde de la guerre contre le régime syrien. Il se fait remarquer en devenant le premier pays au monde à rompre ses relations diplomatiques avec Damas.

Lorsque l’insurrection armée éclate en Syrie, le Royaume wahhabite cherche immédiatement à en prendre le contrôle. Il charge ses agents locaux de canaliser les ressources financières, logistiques et militaires vers les groupes insurgés les plus fiables.

Au Liban, en Turquie et surtout en Jordanie, les services de renseignements saoudiens organisent des camps d’entraînement pour les rebelles syriens.

Au pays du Cèdre, l’Arabie saoudite mobilise le Courant du futur des Hariri, une puissante famille libano-saoudienne politiquement inféodée à la dynastie wahhabite ainsi que les cellules terroristes présentes dans le Nord du pays. Les groupes terroristes du Nord-Liban constituent la force de réserve traditionnelle du régime de Riyad dans sa guerre contre le Hezbollah, parti solidement implanté dans la population chiite du Sud du Liban.

Au début du « printemps syrien » (mars 2011), ce même Nord-Liban a logiquement servi à l’Arabie saoudite de base d’attaque contre la Syrie. Des mercenaires pro-saoudiens de toutes origines, mais au départ syriens, ont afflué vers les province de Homs et de Damas à partir du territoire libanais.

Le chef des opérations anti-syriennes n’est autre que le prince Bandar Ben Sultan, secrétaire général du Conseil national de sécurité saoudien. Le prince est par ailleurs surnommé « Bandar Bush » en raison de ses étroites liaisons avec l’ex-président étasunien. Coutumier des opérations secrètes, le prince Bandar a fait de l’élimination du président syrien une question personnelle. Il lui arrive de débarquer en personne à Tripoli, la capitale du Nord-Liban, pour encourager, en monnaies sonnantes et trébuchantes, les volontaires pour le djihad anti-chiite, anti-Hezbollah et anti-syrien (9). Parfois, il charge ses meilleurs agents, comme le député haririste Okab Sakr, d’assurer la logistique. Selon une enquête du journal Time, Okab Sakr se trouvait fin août 2013 à Antioche, la ville turque servant de base-arrière aux djihadistes anti-syriens du Front nord pour équiper en armes légères plusieurs unités de l’Armée syrienne libre (ASL) basées à Idlib et à Homs. (10)

Le 25 février 2013, le New York Times a révélé que des armes issues de stocks secrets de l’armée croate ont été achetées par l’Arabie saoudite et acheminées aux rebelles syriens via la Jordanie. Il était question de « multiples avions chargés d’armes » et d’un « nombre inconnu de munitions ». (11)

Le 17 juin 2013, citant des diplomates du Golfe, l’agence Reuters annonce la fourniture aux rebelles syriens par l’Arabie saoudite de missiles anti-aériens achetés en France et en Belgique. La dépêche précise que le transport de ses armes aurait été financé par la France. (12)

Au Liban, en Turquie ou en Jordanie, l’Arabie saoudite avançait ses pions à mesure que les autres sponsors de la rébellion, à savoir le régime d’Ankara et l’émir du Qatar, levaient le pied. Désormais, la Syrie était victime d’une guerre saoudienne, une guerre d’invasion et de conquête de la Syrie par l’Arabie saoudite.

Les légions saoudiennes déferlent sur la Syrie

Voyant que les Etats-Unis rechignaient à envoyer des troupes pour combattre le régime de Damas suite à l’attaque chimique survenue le 21 août 2013, le régime de Riyad a décidé de mettre les bouchées doubles en augmentant de manière significative le budget militaire et le nombre de mercenaires saoudiens pour la guerre contre la Syrie. Parallèlement, plusieurs centaines de Saoudiens, soldats d’active ou réservistes, ont gagné la Syrie pour renforcer les groupes terroristes les plus radicaux comme Al Nosra ou Daech.

Ces dernières semaines, le journal libanais As-Safir et les médias officiels syriens ont constaté cette implication accrue de la monarchie wahhabite, indiquant que plusieurs hauts gradés de l’armée saoudienne dont un colonel ont été capturés par l’armée syrienne à Alep tandis qu’un général major de l’armée saoudienne nommé Adel Nayef Al-Shoummari avait été tué dans une attaque kamikaze à Deir Attiyeh. Les médias syriens ont publié sa photo en uniforme de l’armée saoudienne. Al Shoummari serait le fils du chef des officiers de la Garde royale saoudienne. Une autre personnalité saoudienne, Moutaleq el-Moutlaq, fils du général saoudien Abdallah Moutlaq Soudairi a lui aussi été tué à Alep. À sa mort, les autorités saoudiennes ont tenté de se dissocier de son engagement en Syrie en prétendant qu’il s’était rendu dans ce pays en guerre par échapper à la justice. Le journal As-Safir note cependant que l’oncle paternel de Moutlaq al-Moutlaq, se trouve lui aussi en Syrie dans les rangs de groupes dihadistes. (13)

Parmi les milliers de Saoudiens actuellement présent en Syrie, on compte également des cheikhs influents comme Abdullah Al Mohaisany. Dans une vidéo postée sur Youtube, on le voit arme à la main, chanter des louanges au Front Al Nosra et à l’Etat islamique d’Irak et du Levant (EILL), les deux branches d’Al Qaïda en Syrie et maudire les chiites et les alaouites (14).

L’inertie des services secrets saoudiens face aux départs de personnalités publiques comme Al Mohaisany pose question. Au début du conflit, les autorités saoudiennes semblaient vouloir tenir leurs citoyens à l’écart de la guerre de Syrie. En septembre 2012, plusieurs oulémas appartenant à un organe religieux gouvernemental avaient même déconseillé à leurs ressortissants d’aller se battre en Syrie. (15) Aujourd’hui, Riyad semble au contraire prêcher avec véhémence la guerre totale dans ce pays.

Fin novembre 2013, l’armée arabe syrienne a annoncé avoir capturé pas moins de 80 combattants saoudiens à Deir Attiyeh durant la bataille de Qalamoune.

Le 15 janvier 2014, l’ambassadeur syrien aux Nations Unies M. Bachar Jaafari a déclaré que 15% des combattants étrangers en Syrie étaient Saoudiens. Dans ses deux derniers discours, la président syrien Bachar el Assad a souligné la menace du wahhabisme sur l’Islam et sur le monde. Et d’ajouter : « (…) tout le monde doit contribuer à la lutte contre le wahhabisme et à son éradication. » Le président syrien confirmait ainsi que la guerre de Syrie est devenue une guerre de l’Arabie saoudite contre la Syrie.

Conclusion

Lorsque l’on parle du rôle de l’Arabie saoudite dans la guerre de Syrie, par ignorance ou à dessein, les analystes occidentaux restent souvent vagues, se limitant à répéter des généralités sur les rivalités entre l’Iran et la dynastie des Saoud.

Si les médias occidentaux principalement français, sont avares de critiques envers les monarchies du Golfe, ils sont carrément muets sur l’obsession des Saoud à vouloir confessionnaliser à tous prix un conflit qui est éminemment politique, géostratégique et idéologique. Il est vrai que « nos » experts pointent le discours confessionnel et l’extrémisme de la rébellion, mais ils en parlent comme une conséquence et non comme la principale cause du conflit et de sa pérennisation.

Or, les forces du régime ont toujours mis en avant la solidarité interconfessionnelle et l’unité de la patrie au centre de leur combat, (ce que les médias mainstream se gardent de mentionner, faisant passer les forces loyalistes pour les membres d’une seule communauté) tandis que les groupes armés cultivaient leur différence et leur pureté par rapport aux communautés jugées déviantes puis par rapport à l’ensemble de la population.

Là où ces milices fanatiques ont pris le pouvoir, le chaos et la terreur se sont installés. Dans les zones dites « libérées », le jeu dangereux de la surenchère anti-chiite et anti-alaouite entretenu par les canaux de propagande saoudiens s’est rapidement mué en campagne d’extermination de tout ce qui est non sunnite d’abord et de tous ce qui est différent ensuite.
C’est le phénomène que nous observons aujourd’hui, avec la liquidation de plus d’un millier de djihadistes en deux semaines de guerre entre factions rivales se revendiquant de la même confession et de la même pratique théologique.

En trois ans de crise et de guerre en Syrie, la stratégie saoudienne est passée du « soft power » et de la wahhabisation rampante à la guerre directe.

Les Saoud ont commencé par saboter toute perspective de réforme, de démocratisation et de réconciliation en Syrie. Ils ont ensuite poussé les Syriens à s’entre-tuer en dressant face aux forces loyalistes des groupes armés créés de toutes pièces à leur image. Voyant leur projet de renversement de régime échouer, ils ont décidé de tenter le tout pour le tout, quitte à réduire la Syrie en poussière avec l’aide d’Al Qaïda.

Comme le régime théocratique de Riyad est en guerre contre Al Qaïda sur le plan domestique, certains experts occidentaux doutent encore du soutien de Riyad aux terroristes en Syrie. Or, la manipulation par les services saoudiens de groupes affiliés à Al Qaïda comme l’EIIL ou Al Nosra est non seulement une constante de la politique étrangère saoudienne mais en plus, les milices du Front islamique (FI) et de l’Armée syrienne libre (ASL) que l’Arabie saoudite soutient officiellement ont une idéologie et une rhétorique quasi identiques à celles d’Al Qaïda.

Ainsi, du chef de l’espionnage saoudien Bandar Ben Sultan au leader suprême d’Al Qaïda Ayman al Zawahiri, de l’émir d’Al Nosra Abu Mohammad Al Joulani au commandant de l’Armée syrienne libre Salim Idriss, de l’émir de Daech Abu Bakr Al Baghdadi au commandant du Front islamique (FI) Zahran Alloush, ils prônent tous le même discours, les mêmes méthodes et les mêmes objectifs en Syrie.

Le terrorisme de ces bandes armées et de leur sponsor saoudien ne laisse guère d’autre choix à la Syrie souveraine que de résister ou de disparaître.

Nous sommes décidément encore bien loin de la paix.

Bahar Kimyongür

18 janvier 2014

Notes

(1) J’ai constaté ce phénomène de wahhabisation des moeurs durant mes multiples voyages en Syrie entre 1998 et 2005. Il a été observé par Alper Birdal et Yigit Günay auteurs du livre critique sur les printemps arabes (Arap Bahari Aldatmacasi, Ed. Yazilama, 2012). L’opposant syrien Haytham Manna a lui aussi rendu compte de la wahhabisation progressive de la Syrie durant une conférence donnée à Bruxelles le 3 novembre 2013.

(2) Mohammad Sourour Zayn Al Abidin vit actuellement en Jordanie.

(3) Selon un article paru le 12 novembre dans le New York Times et signé Ben Hubbard, douze Koweïtiens dont un certain Ghanim Al Mteiri agiraient ouvertement dans le transport de fonds pour le djihad en Syrie. Des imams vivant en Europe ont également impliqués dans le trafic d’armes international vers la Syrie comme l’imam syrien exilé en Suède Haytham Rahmeh.

(4) A Qamechli, dans le Nord-est de la Syrie, des troubles inter-ethniques sanglants survenus en 2004 entre supporters de football arabes et kurdes.

(5) La légende veut que ce soit un juif converti à l’Islam du nom d’Abdullah Ibn Saba qui serait le fondateur du chiisme. Certaines sources sunnites font d’Ibn Saba un agent juif provocateur ayant eu pour mission de détruire l’Islam de l’intérieur. Mais à ce jour, les autorités chiites réfutent jusqu’à l’existence même de ce personnage et accusent les auteurs de ce “mythe” de vouloir discréditer leur foi.

(6) Farouk signifie celui qui distingue le Bien du Mal.

(7) Voir :lien

(8) Voir : lien

(9) Pour plus de détails sur Bandar Ben Sultan, cf. Bahar Kimyongür, Syriana, La conquête continue, Ed. Investig’Action et Couleur Livres, Charleroi, 2012

(10) Time, Syria’s Secular and Islamist Rebels : Who Are the Saudis and the Qataris Arming ?, 18 septembre 2012,

(11) The New York Times, Saudis Step Up Help for Rebels in Syria With Croatian Arms, 25 février 2013

(12) Reuters, Saudi supplying missiles to Syria rebels : Gulf source, 17 juin 2013

(13) As Safir, Saudi Jihadis Flow into Syria, 5 décembre 2012

(14) Voir : lien
.
La chanson reprise par le cheikh saoudien range dans le même panier les chiites et l’Amérique, ce qui est un contre-sens. Le royaume dont il est citoyen est non seulement un protectorat étasunien mais en plus, Washington est l’un des principaux soutiens du djihad en Syrie.

(15) Reuters, Saudi steers citizens away from Syrian « jihad », 12 septembre 2012

Le dessous des ONG, une vérité cachée : Amnesty International

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Le dessous des ONG, une vérité cachée : Amnesty International

 
 
 
 
Par l’AEGE
 
Certains gouvernements, comme les États-Unis, ne se cachent d’ailleurs pas de cette instrumentalisation des Organisations « non-gouvernementales ».
 
Ainsi, l’ancien secrétaire d’État Colin Powell, dans un discours adressé aux ONG au début de l’Operation Enduring Freedom(l’invasion de l’Afghanistan), en octobre 2001, déclarait :

 

«Les ONG sont un démultiplicateur de force pour nous, une partie tellement importante de notre équipe combattante.»1
L’ONG Amnesty International a été créée par le britannique Peter Benenson. Avant d’exercer le métier d’avocat, il a travaillé au bureau du ministère de l’information et de la presse britannique lors de son service pendant la Seconde Guerre Mondiale. Il a ensuite travaillé au Bletchley Park qui était le centre de décryptage anglais, où il était affecté à la «Testery». Peter Brenenson était chargé de déchiffrer les codes allemands.
 
« En 1960, Benenson est choqué par un article de journal qui relate l’arrestation de deux étudiants condamnés à sept ans de prison pour avoir porté un toast à la liberté pendant la dictature de Salazar. Révolté, il lance dans le journal l’Observer (dont le rédacteur était David Astor) un appel en faveur « des prisonniers oubliés » dans lequel on a utilisé pour la première fois la notion de « prisonnier d’opinion ».
 
L’avocat reçoit alors des milliers de lettres de soutien. L’appel, repris dans les journaux du monde entier, demandait aux lecteurs d’écrire des lettres pour protester contre l’arrestation des deux jeunes hommes. Pour coordonner cette campagne, Benenson fonde en juillet 1961 l’association Amnesty International avec l’aide, entre autres, de Sean MacBride et d’Eric Baker. » (2)
 
Depuis, Amnesty s’est vu reconnaître le caractère d’organisme à voix consultative auprès de l’ONU,auprès, notamment, de son Conseil économique et social, de l’UNESCO, de l’Europe et de l’Organisation des États américains. Elle jouit également d’un statut d’observateur auprès de l’Union Africaine. Par plusieurs actions, l’organisation s’est illustrée par sa partialité.
 
A ce titre, la critique de l’intervention de l’armée française au Mali, trois semaines après son commencement, reposant sur une étude « exhaustive » de dix jours, illustre bien l’attention que l’organisation accorde à ce sujet. Amnesty International est une ONG qui prône son indépendance financière grâce aux dons faits par une majorité d’anonymes. Cependant un doute plane quant à la nature des financements de l’organisme.
 
Le financement.
 
En premier lieu nous pouvons voir que l’ONG dispose de plusieurs strates. Amnesty International est la première façade mais derrière nous retrouvons Amnesty International Charity Limited qui est une association enregistrée comme charitable et c’est par celle-ci que passe les financements d’États et de groupes corporatistes. Georges Soros, milliardaire notamment accusé de délit d’initiés en France par la Société Générale est à la tête de la fondation Open Society Institute, qui promeut la démocratie, est l’un des plus gros donateurs d’Amnesty International Charity Limited.
 
Il a déjà investi plus de 100 millions de dollars au sein de l’ONG. (Peut-être dans un souci de conscience et de transparence vis à vis des États) Il y a deux ans, un autre « scandale » financier éclaboussait l’ONG. L’ancienne directrice d’Amnesty, Irene Khan, s’est vue octroyer une indemnité de départ de plus de 600 000€, étrange venant de cette femme qui avait activement lutté contre la pauvreté dans le monde (3).
 
Amnesty international se prévaut de l’acte Transparency International, ce dernier est un indice de perception de la corruption. Mais il n’y a aucun détail des dons. Un don peut être un don d’Etat ou de particulier. Où sont ces détails ? Pourquoi ne sont-ils pas déclarés officiellement ? Peut-on se considérer comme transparent dans ces moments là ? Toutes ces questions laissent planer des doutes au-dessus de l’ONG.
 
Amnesty, une indépendance relative
 
Après s’être penché sur l’indépendance financière douteuse, les financements opaques d’Amnesty International, il paraît primordial d’analyser la partie influence et collusions qu’entretient l’ONG avec certaines entités (pays, entreprises, autres ONG). De cette « indépendance », aussi bien politique que financière dont elle s’est fait le porte-parole, Amnesty International apparait, par certains égards, être le contraire de ce qu’elle prône. En effet, comment ne pas voir un conflit d’intérêts lorsque Suzanne Nossel, Directrice d’Amnesty International USA de 2012 à 2013 a été l’assistante personnelle d’Hillary Clinton aux affaires étrangères américaines ?
 
Cette même personne est à l’origine de la création du terme « Smart Power », soit la conjugaison entre une manière douce (soft) d’influencer, d’imposer sa puissance et une manière dure (hard) par la puissance militaire. Le « Smart Power » est dorénavant le cheval de bataille de l’administration Obama. Après son passage d’une année à la tête d’Amnesty International USA, Suzanne Nossel a pris la direction de l’association PEN American Center (4).
 
Certains détracteurs internes d’Amnesty International lui ont reproché des orientations stratégiques trop proches de la politique étrangère américaine. Mais que ces détracteurs se rassurent Franck Jannuzi a été choisi pour assurer l’intérim de Suzanne Nossel. Le choix d’Amnesty International USA de M Jannuzi pour le poste de directeur exécutif adjoint à Washington DC est d’ailleurs étonnant, lorsque l’on s’intéresse à sa carrière.
 
M Jannuzi a travaillé pour le bureau du renseignement et recherche en tant qu’analyste politico-militaire sur la région d’Asie de l’est. Ce dernier est maintenant chargé d’établir des orientations stratégiques adaptées à l’évolution de la politique étrangère américaine pour Amnesty International USA (5).
 
Mais cette solution est-elle si récente entre le gouvernement américain et Amnesty International ? Deux cas prouvent que ce lien existe depuis plus d’une vingtaine d’années. Avant le début de la première guerre du Golfe, l’administration américaine relayait une information décrivant des soldats irakiens, arrivés dans un hôpital koweïti, vidant plus de 300 couveuses qui abritaient des enfants prématurés.
 
Les enfants étaient jetés à même le sol, les couveuses rapatriées en Irak. Cet évènement a été prépondérant dans le retournement de l’opinion publique américaine, au départ non favorable à une intervention au Moyen-Orient. Amnesty International a joué un rôle clé en se faisant l’écho du gouvernement américain tout au long de l’opération.
 
Plus récemment, Amnesty International a lancé une campagne publicitaire pour soutenir l’intervention de l’OTAN en Afghanistan « Enduring Freedom » avec un engagement majoritaire des forces américaines. Amnesty International a publié lors du sommet de l’Otan en mai 2012 des affiches stipulant :
« Droits humains pour les femmes et les jeunes filles en Afghanistan : OTAN, continuez les progrès ! ».
Les chiffres des pertes civiles durant le conflit en Afghanistan sont pourtant sans équivoque, à la fin du mois d’août 2009, le nombre de victimes civiles était estimé à 9 500 tués (6).
 
A ce titre, il est étonnant que le conflit en Afghanistan n’ait pas suscité les mêmes critiques que l’intervention française au Mali.
 
Ces interventions sont pourtant toutes les deux destinées à combattre le terrorisme et la répression de population par les islamistes.
Où est passée la ferveur d’Amnesty International à rétablir la vérité, à dénoncer les auteurs de ces crimes, de ce non-respect des droits humains ?
Ainsi lorsqu’Amnesty International part enquêter sur le bien-fondé de l’intervention française au Mali, à peine une semaine après le début de l’offensive : doit-on y voir une démarche louable soucieuse de défendre les droits de l’Homme ou une manœuvre subversive visant à nuire à l’image de l’armée française et malienne ?
 
Au regard de la participation de personnes liées au gouvernement américain au sein de la direction d’Amnesty International, on peut légitimement se questionner quant à l’indépendance et l’impartialité de cette organisation.
 
Au-delà de la défense des droits de l’Homme et de la dignité humaine comme objectif premier, ne faut-il pas un voir un objectif second qui vise à devenir le relais de l’influence culturelle américaine ?
Ceci, afin d’installer sur le long terme un terreau qui serait favorable aux ambitions stratégiques américaines ?
Notes
(1) Michael Mann, Incoherent Empire, Verso, 2003
(2) http://fr.inforapid.org/index.php?search=Peter%20Benenson
(3) http://www.dailymail.co.uk/news/article-1358537/Revealed-Amnesty-Internationals-800-000-pay-offs-osses.html#ixzz1EdIXunkv
(4) http://www.pen.org/press-release/2013/01/16/pen-american-center-names-suzanne-nossel-executive-director
(4) http://www.amnestyusa.org/
(6)http://archive.wikiwix.com/cache/?url=http://news.bbc.co.uk/2/hi/uk_news/8143196.stm&title=[41]

Thibon, entre Révolution et Harmonie

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Thibon, entre Révolution et Harmonie

Ex: http://cerclenonconforme.hautetfort.com

Gustave Thibon, philosophe catholique du XXe siècle, fut toute sa vie empreint d’une forme assez particulière d’anarchisme. Dès son enfance, dit-il souvent, il a conjugué sa grande curiosité avec une nette tendance à l’insoumission.

Dès lors, il semble presque évident que ce personnage, très contrasté et profond, ait flirté avec le thème de la révolution.

 Quoi de mieux pour commencer une longue vie au service de la foi et de la vérité que d’avoir eu pour maîtres, non pas l’école de la République de cette fin de la IIIe République, mais des livres de toute sorte.

Ses modèles ne furent pas les hussards noirs de la République, mais les trésors de la bibliothèque d’un voisin, à Saint-Marcel-d’Ardèche.

«  J’eus le bonheur d’avoir un voisin qui laissa à ma disposition une bonne bibliothèque. J’emmagasinai philosophie, mathématiques, langues étrangères, latin, un peu de grec, jusqu’à une crise suscitée par le surmenage, qui a brisé quelque chose en moi, et ne m’a plus permis d’avoir une seule journée d’euphorie. » [1]

 On a souvent dit de lui qu’il était un autodidacte parce qu’il avait plus appris auprès des penseurs qu’il lisait tout seul qu’à l’école, lieu qu’il avait d’ailleurs rapidement abandonné. Certes, il n’est jamais entré en Université, mais sa curiosité l’a conduit à prendre pour mentors tous ces auteurs de l’Antiquité jusqu’au début du XXe siècle, de Jules César à Nietzsche, en passant par Platon, Hölderlin ou Cervantès[2]. Il fut d’ailleurs lecteur de ces auteurs dans leur langue originale. Le latin, le grec, l’espagnol, l’italien et l’allemand sont tout autant des langues qu’il put apprendre seul ou auprès de personnes rencontrées lors de ses voyages[3].

En somme, il reçut plus une libre éducation qu’une instruction libre.

            Déjà, dans ses jeunes années, G. Thibon montrait une certaine tendance à l’inhabituel, à la provocation sinon à l’indépendance. Il n’est pas étonnant d’apprendre, dans ses écrits où il évoque sa jeunesse, qu’il quitta la foi catholique pour l’agnosticisme vers l’âge de 14 ans avant d’y retourner dans la vingtaine.

Pour bien des gens de l’époque, c’était déjà un signe de protestation contre l’ordre et la société, surtout rurale, très marquée par les mœurs et la morale catholique.

Sa vie durant, G. Thibon oscilla entre les extrêmes, entre l’illusion de Dieu et l’urgence du retour de la morale chrétienne, entre le silence et le témoignage, entre le temporel et le spirituel, entre les sens et l’esprit.

 
« Deux instincts coïncident dans mon esprit : l’un (qui tient à mon tempérament) et qui tend vers la révolte, le non-conformisme, et l’autre (qui procède de ma raison) qui adhère à l’ordre et à la tradition. Dans une époque normale, je me sentirais déchiré entre ces deux vocations contradictoires. Mais le malheur des temps fait qu’aujourd’hui elles se confondent. Le désordre et la folie étant installés au pouvoir et dans les mœurs et devenus l’objet d’un nouveau conformisme (conformisme de la révolution en politique, du péché en morale, du néant et de l’absurde en philosophie, etc.), les amants de l’ordre et de la raison se trouvent nécessairement rejetés dans le camp des révoltés. Quel privilège de pouvoir unir dans le même élan l’anticonformisme et le bon sens ! »[4]

 Entre 1933, date de la publication de son premier ouvrage intitulé La science du caractère (l’œuvre de Ludwig Klages), et L’illusion féconde, parue en 1995, soit 6 ans avant son décès, G. Thibon n’a eu de cesse d’évoquer l’équilibre et surtout l’harmonie dans l’envie – voire même la nécessité que partagent ou partageaient beaucoup de ses contemporains – pour la révolution en ces temps où la société se putréfie de l’intérieur.

Mais, de paradoxe en paradoxe, d’aphorisme en aphorisme, se dessine une définition de la révolution qui tend moins vers cette agitation de surface, chère à Fernand Braudel, que vers les remous lents et profonds des Cieux et de l’âme.

 C’est d’abord dans son ouvrage Diagnostics. Essai de physiologie sociale (1940) que Thibon aborde en profondeur la question de la révolution, dans son chapitre XIV intitulé « la biologie des révolutions. » Cet ouvrage, qui est un recueil de textes écrits entre 1936 et 1939 et réunis par Gabriel Marcel, est assez fondamental pour comprendre le point de vue de G. Thibon à propos des révolutions.

Dans ce chapitre, il réfléchit sur la révolution, non pas de façon générale, mais en tant que « la révolte des masses contre l’autorité, plus précisément le bouleversement social de type démocratique (comme par exemple la révolution française de 1789 ou la révolution russe de 1917) »[5]. Pour lui, les révolutions antiques étaient surtout le fait d’une rivalité de chefs, et elles ne prenaient lieu que dans l’élite. Le peuple, ou l’armée, n’avait finalement qu’un rôle instrumental au milieu d’un conflit de pouvoir.

Pour Thibon, la révolution doit être comparée à une maladie infectieuse. Il reprend d’ailleurs les mots de Jacques Bainville qui aurait « dit quelques part que le peuple français, en commémorant la prise de la Bastille, ressemblait à un homme qui fêterait l’anniversaire du jour où il aurait pris la fièvre typhoïde. » Cette utilisation du terme de fièvre typhoïde d’ailleurs est utile à Thibon qui l’élargit en justifiant que cette fièvre est certes un mal, mais un mal qui possède aussi la capacité de purger et rénover l’organisme, se posant comme prélude à une phase de santé plus pure et plus riche. [6]

Le cœur de son idée est donc d’accepter le fait qu’une révolution ne se réalise pleinement que lorsqu’elle laisse sa place.

 « L’expression « bienfaits d’une révolution » implique à la fois la mort de cette révolution et la survie (au moins dans ce qu’il a de conforme aux exigences essentielles de la nature humaine) de l’état social que cette révolution a voulu tuer. »[7]

 Ainsi, à la suite de ces propos, Thibon explique que l’idolâtrie révolutionnaire consiste à vouloir « éterniser, comme conforme au bien suprême de l’homme, un régime de purgation et de désintégration, un état de crise. »[8]

La révolution doit être donc appréciée pour sa « vertu purgative, mais non nutritive », en somme comme « toute erreur, toute aberration, tout mal. »[9]

L’idéal de la « révolution permanente » chère à Lénine, ainsi que Gide, apparait alors à ses yeux comme une folie. En tant que maladie, la révolution ne peut fournir « le fondement naturel de la vie de la Cité »[10].

Dans un second temps, il s’intéresse à la fonction des révolutions.

Normalement, dit-il, les révolutions servent à « purger et à assainir un ordre politique plus ou moins caduc et corrompu. » Mais « ces crises révolutionnaires finissent généralement très mal et cèdent la place en mourant à un régime plus impur que le régime qu’elles ont tué. » « La fièvre révolutionnaire peut conduire à une santé parfaite. Mais à condition d’en guérir, – et d’en guérir complètement ! »[11]

Le problème réside donc dans le fait que les sociétés guérissent mal des révolutions.

Ce problème révolutionnaire se pose d’autant plus que la masse tend à vouloir renverser les grands pour faire comme eux, c’est-à-dire participer « au festin de la corruption. »[12]

Pour Thibon, le mal vient donc simultanément d’en haut et d’en bas, des chefs et du peuple. Mais, à ses yeux, ce sont les élites qui ont une responsabilité plus lourde que celle du peuple[13].

Parallèlement à cette réflexion, mais dans son prolongement, Thibon développe le fait que pour le chrétien, la révolution n’est pas une solution :

« Il est une chose à laquelle les chrétiens ne réfléchissent peut-être jamais assez : un Dieu tout puissant, créateur d’un monde si impur, n’a jamais détruit ni recréé ce monde !

Mais les hommes impuissants ne redoutent pas de détruire (…). Il est amèrement instructif de les observer [certains amants de l’humanité] : au nom d’un scandale à supprimer, d’une injustice à réparer, ils n’hésitent pas à trancher les racines millénaires de la vie sociale ; ils provoquent un cancer pour guérir une égratignure ! »[14]

Pour Thibon, « une seule révolution partie d’en bas a vraiment transfiguré l’humanité : le christianisme ».[15]

A partir de ce constat, Thibon développe l’idée selon laquelle s’il doit y avoir une révolution (dont il définira plus loin l’objectif, la finalité), elle ne peut venir que des élites.

En outre, la solution qu’il envisage aux lacunes du pouvoir temporel, n’est pas la révolution ni l’anarchie mais la correction sinon l’avertissement de la part d’une autorité spirituelle. Il cite Joseph De Maistre à ce sujet. Selon lui, entre les excès des oppresseurs et la revanche des opprimés, le spectacle de ces deux abîmes ne doit pas susciter en nous une sorte de désespoir politique. Il existe un chemin de crête par où on échappe, en les dominant, à ces deux gouffres opposés : c’est celui de la réforme mue et dirigée par un haut. Et lorsque le pouvoir temporel manque à sa mission, il faut qu’il soit averti et corrigé, non par l’anarchie des peuples, mais par l’autorité spirituelle. [16]

Mais Thibon signale :

 « Le devoir des forces spirituelles, c’est de porter Dieu aux grands et aux masses ; leur pêché, c’est de chercher Dieu tantôt dans les grands, tantôt dans les masses. »[17]

Et conclue en expliquant ce que devraient être les échanges entre les divers organismes sociaux :

« L’inférieur exhaussé vers le supérieur, non pour détruire, mais pour recevoir, et le supérieur incliné sur l’inférieur pour donner, et non pour opprimer. »[18]

Cet ensemble de réflexions est intéressant en bien des points.

Le premier point, qui est d’ailleurs fondamental, est que l’approche thibonnienne de la révolution ne peut être séparée du christianisme. Pour G. Thibon, il est impossible de détacher l’analyse du phénomène révolutionnaire en mettant de côté l’héritage, l’influence, puis la négation du christianisme.

Il l’explique d’ailleurs très bien dans ses Nouveaux diagnostics. Retour au réel, de 1943 :

« Le révolutionnaire, beaucoup plus pauvre que l’homme de la Renaissance, n’attend plus le ciel de la « délivrance » de sa propre personnalité. Mais il est tout aussi ennemi de la transcendance et de la croix, et ce salut qui n’existe que dans le Christ qui est tous les hommes, il le demande à la société, à l’homo collectivus qui n’est personne. Il a besoin d’une rédemption facile, de plain-pied ; il veut être sauvé sans quitter le rez-de-chaussée ou le passage à niveau. Et il prêche la révolution sociale parce qu’il est incapable de révolution personnelle ; il est révolutionnaire à l’extérieur pour se dispenser de l’être en lui-même. La fièvre révolutionnaire surgit ainsi comme une sorte d’ersatz de l’âme altérée d’une impossible conversion. »[19]

Ce passage, qui est issu du chapitre intitulé « Christianisme et mystique démocratique » fut rédigé, non pas pendant le régime de Vichy, mais quelques années avant, en 1937 des mots de l’auteur, et publié une première fois en 1939 dans la Revue catholique des idées et des faits.

C’est à la lueur de ce chapitre qu’apparaît plus distinctement l’ambition de Thibon au sujet du corps social et de la révolution.

9782213000350.jpgEn effet, Thibon n’est pas fondamentalement contre le principe révolutionnaire, si tant est qu’elle laisse sa place à une société purgée de ses vices, libérées de membres malades, et prête au développement de ses vertus naturelles. Ce qu’il condamne, par contre, c’est l’absence de révolution intérieure, au profit d’une révolution extérieure où triomphe la loi du nombre et du pouvoir des masses. A ce titre, d’ailleurs, il se revendique comme plus révolutionnaire que « beaucoup d’hommes de gauche » :

« Nous voudrions substituer à la société atomisée des bourgeois et des aspirants bourgeois (Péguy avait déjà souligné cette agonie du vrai peuple) une société organisée où chaque homme puisse déployer, à l’intérieur de ses limites et en communion avec ses semblables (les frontières, à condition qu’on les respecte, sont aussi des traits d’union), une activité vraiment qualifiée et irremplaçable. Nous somme pour l’unité qui rassemble contre le nombre qui disperse. En toute chose, nous voulons subordonner l’avoir à l’être. Il ne nous suffit pas que chacun ait une place, nous voulons encore que chacun soit à sa place. » [20]

L’analyse de Thibon à l’égard de la révolution, dans ce sens précis qu’il donne dans ses premiers Diagnostics publiés par Gabriel Marcel en 1940, se développe donc tout au long de ses publications des années 40 et restent la même tout au long de sa vie.

C’est quelques années avant sa mort, dans les mémoires recueillis et présentés par Danièle Masson, Gustave Thibon, au soir de ma vie (Plon, 1993), qu’il nous est possible de lire un résumé efficace de sa vision de la révolution et des révolutionnaires.

Dans un chapitre au titre évocateur (« Regards sur notre temps »), il aborde les « Mythes et réalités du progrès » et développe « l’une des tares majeures de notre époque », à savoir cette exigences des révolutionnaires qui est de « demander au temps de tenir les promesses de l’éternel. »[21]

Et c’est en guise de conclusion partielle que l’on peut citer dans les quelques dizaines de lignes qui suivent cette sous partie sur les mythes et les réalités du progrès, l’essentiel des thèses avancées par Thibon tout au long de ces années 40, et de son œuvre en général :

« [Les révolutionnaires] veulent purger un ordre politique caduc et corrompu. La fièvre révolutionnaire peut conduire à une santé plus parfaite. Mais à condition d’en guérir. Or, les sociétés enfantées par les révolutions sont généralement pires que celles qu’elles ont détruites. Car la fibre secrète que touchent les meneurs révolutionnaires, c’est la soif, chez l’opprimé, de partager la corruption de l’oppresseur. J’ai horreur des oppresseurs. Et tout autant de la revanche des opprimés. Et je me demande si la prétention de tout reconstruire après une destruction totale n’est pas le masque d’une volonté d’anéantir.

Dieu tout puissant, créateur d’un monde si imparfait, n’a pourtant jamais détruit ni recréé ce monde.

Dans la passion révolutionnaire, il y a une prostitution du christianisme. La béatitude nous est promise dans l’au-delà : « Je ne vous promets pas de vous rendre heureuse en ce monde mais dans l’autre. » Les révolutionnaires la veulent sur cette terre, dussent-ils la promettre, comme Lénine, pour dans mille ans. (…) Le mythe du progrès est une projection caricaturale, dans l’ordre profane et temporel, de la foi et de l’espérance chrétienne. Les révolutionnaires ne songent pas que les limites du progrès sont les limites mêmes de l’homme.

Loin de moi l’idée de nier, au nom de ces limites, tout progrès historique. L’esclave s’est changé en serf, le serf en sujet et le sujet en électeur. La femme, échappant à la tutelle absolue du père de famille, a conquis sa dignité. Les lois de la guerre, du moins avant l’ère des guerres modernes, se sont adoucies. Mais je me demande si le prolétaire moderne, sans lien, sans attaches, nanti d’un bulletin de vote mais courbé sous la férule d’un capitalisme ou d’un étatisme sans entrailles, mène une vie tellement plus humaine que l’esclave antique. »[22]

   Ainsi, au-delà de la révolution et des révolutionnaires, Thibon replace dans ces maux – qui dessèchent la société et dont l’envie de les purger se faire sentir – l’urgence de l’équilibre, et surtout de l’harmonie chrétienne qui voit en la société une portée de notes à la hauteur et au son différents. Animées d’une même volonté de conversion (et non de révolution) intérieure, ces personnes pourraient reconstituer un corps social sain, tourné vers une élite temporelle et spirituelle/morale elle-même inclinée vers ce peuple.

Évidemment, Thibon n’exclue pas les tensions, au contraire d’ailleurs puisque son œuvre toute entière en dévoile la nécessité dans l’élévation intérieure.

[1] Au soir de ma vie, PLON, février 1993, page 48.

[2] Ibid, page 16.

[3] Ibid, page 49.

[4] Gustave Thibon, CHABANIS Christian, page 20.

[5] Diagnostics, essais de physiologie sociale, préface de Gabriel Marcel, Paris, Librairie de Médicis, 1940, édition Arthème Fayard, 1985, page 105.

[6] Ibid, page 106.

[7] Ibid, page 107.

[8] Ibid, page 107.

[9] Ibid, pages 108-109.

[10] Ibid, pages 108-109.

[11] Ibid, page 109.

[12] Ibid, page 111.

[13] Ibid, page 113.

[14] Ibid, page 115.

[15] Ibid, page 117.

[16] Ibid, page 120.

[17] Ibid, page 124.

[18] Ibid, page 127.

[19] Retour au réel. Nouveaux diagnostics, H. Lardanchet, 1944, pages 103-104.

[20] Retour au Réel, avant-propos, page XV.

[21] Gustave Thibon, au soir de ma vie, mémoires recueillis et présentés par Danièle Masson, Plon, 1993, page 158.

[22] Ibid, pages 158-159.

Aristide/CNC

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Les Ainu et la politique des minorités ethniques au Japon

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Les Ainu et la politique des minorités ethniques au Japon

par Rémy VALAT

« Le Japon est un peuple ethniquement et culturellement homogène », telle est l’idée dominante, héritée de la mythologie et de l’idéologie politiques modernes – qui a longtemps prévalu dans ce pays. À ce titre, pendant la période d’expansion coloniale en Asie (1895 – 1945), les populations ethniquement non japonaises ont été assimilées par la force (les habitants des îles Ryûkyû – l’actuelle préfecture d’Okinawa – et les Ainu) ou réduites au travail forcé (Coréens). D’autres minorités sont le résultat des migrations internationales contemporaines et de divisions culturelles au sein même de la société japonaise.

 

Survol sur les minorités au Japon

 

Le Japon est le « pays des dieux », un pays unique peuplé par une race homogène : une interprétation courante des groupes ethniques et des nations souhaitant se singulariser par rapport aux autres. Cette vision est défendue par les politiques et longtemps soutenue par la communauté scientifique qui défendait la thèse d’une « japonéité » se fondant sur une explication biologique, servant de prétexte à une appartenance communautaire reposant sur le « droit du sang ».

 

Toutefois, il existe des disparités au sein même de la population de même sang, une « caste » a pendant longtemps été reléguée : les Burakumin (ou « gens des hameaux » – sous-entendu « spéciaux »). Les personnes (et leurs collatéraux) exerçant des métiers « impurs » d’un point de vue religieux, parce qu’en relation avec la chair morte ou la mort, voire pour le caractère itinérant de leur profession (forains), ont été mises au ban de la société (comme les comédiens ou les bourreaux de la société française d’Ancien Régime). La discrimination à l’encontre de ces individus est en voie de disparition. D’autres Japonais, les victimes des bombes atomiques américaines, ont aussi été considérées avec un certain mépris, comme l’attesterait des enquêtes menées sur les demandes en mariage ou les demandes d’aides sociales (travail, assurance maladie), peut-être en raison de la visibilité de leurs blessures, qui serait une sorte de rappel d’un passé que l’on souhaiterait oublier.

 

La logique des vertus de l’homogénéité ethnique a été mise à mal par l’expérience d’un retour au pays de descendants d’émigrants japonais, les « personnes de lignée japonaise » (Nikkeijin). Ces derniers ont bénéficié – pendant la phase de reconstruction et d’essor économique de l’après-guerre – d’une politique favorable d’immigration, en réalité une politique officieuse d’immigration choisie. Ils seraient, à l’heure actuelle, environ 700 000 résidents permanents. Beaucoup sont revenus d’Amérique latine (principalement du Brésil), où ils ont servi de main-d’œuvre dans les plantations de café, des États-Unis, où ils ont été victimes de sévères lois sur l’immigration et – après la déclaration de guerre avec le Japon – de persécutions et d’internement dans des camps, et des Philippines. Ces « Japonais de sang » ont également été soumis, à leur arrivée, à un statut particulier (titre de résident temporaire, logement dans des quartiers réservés) et connaissent de nos jours une crise d’identité, mais aussi des difficultés d’insertion, notamment du fait de leur acculturation et, parfois d’une maîtrise insuffisante de la langue.

 

Ainu-People-2.jpgAvec les Ainu, objet de cet article, les 1,4 million d’habitants des îles Ryûkyû (actuelle préfecture d’Okinawa, annexée en 1879, puis occupée par l’armée étatsunienne entre 1945 et 1972) ont aussi bénéficié d’un statut particulier, parce que peuple autochtone. Engagés dans la lutte pour la rétrocession de l’île au Japon, les habitants d’Okinawa ont vu leur niveau de vie nettement amélioré, bien qu’encore inférieur à celui des autres préfectures japonaises.

 

La principale minorité issue de l’immigration est d’origine coréenne (700 000 personnes en 2005), qualifiés de « Ceux qui sont au Japon » (Zainichi). Cette communauté est venue sur le sol national japonais, lors de l’annexion de leur pays (1910 – 1945). Traités avec mépris, ces travailleurs – d’abord volontaires – puis soumis au travail obligatoire vivaient dans des espaces réservés (buraku) et ont mêmes été victimes de massacres collectifs : en 1923, dans les circonstances difficiles du tremblement de terre, bon nombre ont été tués par les Tôkyôites qui les ont accusés d’avoir empoisonné l’eau de consommation courante. Pendant la Seconde Guerre mondiale, ils seront enrôlés de force, selon un système proche du Service du travail obligatoire allemand (S.T.O.). En 1945, plus de 2 millions de Coréens retourneront dans la péninsule, 600 000 resteront au Japon, mais privés de nationalité jusqu’en 1965 (ils deviendront « Sud-Coréens » en 1965). Le Japon compte aussi une minorité chinoise, d’immigrants venus des pays littoraux ou insulaires de l’Océan Indien et du Pacifique et un faible nombre de ressortissants des pays occidentaux, principalement nord-américains.

 

Ce tableau mérite cependant d’être nettement tempéré, car depuis l’ouverture du Japon sur le monde et la pacification de ces mœurs politiques en Asie, ce pays, doté d’une Constitution réellement démocratique, est progressivement devenu une terre d’accueil pour les étrangers (principalement asiatiques, des Chinois et des Coréens, soit 57 % des résidents étrangers au Japon), en raison du changement des mentalités et du besoin d’immigration, engendré par le vieillissement de la population : les étrangers représentent 2 % de la population totale, et leur nombre a augmenté de 50 % depuis le début du deuxième millénaire. Les nouveaux venus sans qualifications ou ne maîtrisant pas la langue sont, comme dans tous les pays économiquement développés, bien souvent réduits aux tâches les moins valorisantes ou les plus pénibles (ce sont les trois « K » : kitsui, pénible; kitanai, sale; kiken, dangereux), mais de réelles possibilités d’intégration – y compris l’adoption de la nationalité japonaise – existent pour eux. Chaque année, 42 000 nouvelles unions, soit 6 % des mariages annuels au Japon, sont le fait de couples internationaux (dans 80 % des cas, l’époux est Japonais). Dans la réalité, le regard porté par les Japonais sur les minorités asiatiques a changé, en dépit de la persistance de discriminations réelles. Le Japon paraît être en transition et s’adapter avec prudence aux réalités migratoires, corollaire de la troisième mondialisation.

 

La culture ainu : origines et principales caractéristiques

 

L’origine des populations ainu serait Préhistorique : elle remonterait à la période Jômon (voir notre article sur ce sujet), et son origine exacte reste encore incertaine. Certains individus sont parfois morphologiquement différents des hommes de la période Jômon, leurs phénotypes ayant des caractéristiques pouvant les rattacher aux populations caucasiennes. La culture Jômon sera progressivement subjuguée par une nouvelle vague de migrants venue du continent à la période Yayoi (Ve siècle av. J.-C. – IIIe siècle ap. J.-C.), importatrice de technologies (riziculture et métallurgie) et d’une culture nouvelles : leurs descendants sont les Japonais. Les populations constitutives de la culture ainu étaient implantés dans la zone septentrionale insulaire de Hokkaidô, de Tôhoku, des Kouriles, de Sakhaline et du sud de la péninsulaire du Kamtchakta. Les spécialistes penchent désormais pour la cœxistence de plusieurs groupes ethniques différents répartis dans la partie septentrionale du Japon actuel : les Emishi (voir infra) – repoussés par les Japonais – venus du Nord du Tôhoku et du Sud-Ouest de Hokkaidô- se seraient amalgamés avec les populations existantes (Ashihase).

 

Au VIIIe siècle, les ethnies ainu se répartissent sur les îles Kouriles et Sakhaline. Dans les premières annales du Japon (le Kojiki et le Nihongi ou Nihonshoki), ces derniers sont dépeints comme appartenant à une ethnie différente, farouche et sont qualifiés de différents ethnonymes (dont celui d’Emishi) faisant référence à leur pilosité corporelle abondante. Ces populations se qualifient elles-mêmes de Ainu, qui signifie  : « être humain ».

 

La langue ainu est radicalement différente du japonais (qui appartient au groupe des langues altaïques – à l’instar du turc, du mongol, du toungouse et du coréen) aussi bien d’un point de vue syntaxique, phonologique, morphologique que du vocabulaire (comme la langue basque dans le Sud-Ouest de la France et en Espagne). Enfin, la culture ainu est une tradition orale, son système d’écriture repose sur des translittérations empruntées aux langues des civilisations russes (alphabet cyrillique) et japonaises (katakana). Plusieurs dialectes la composent, mais une langue commune, véhiculaire était compréhensible par tous les membres de la communauté, parce que réservée à la transmission culturelle, notamment des mythes. La langue ainu est en voie d’extinction, peut-être une quinzaine de locuteurs l’utiliseraient de nos jours.

 

La culture ainu a hérité de nombreuses pratiques de la période protohistorique, notamment le tatouage, les fondements de la religion, la chasse, mais avec une évolution singulière dans le temps, constitutrice d’une « identité ». La société ainu est restée pendant longtemps traditionnelle et proche de la nature : ce « retard » technologique par rapport à la Russie et au Japon l’a – à terme – marginalisée.

 

Les Ainu face à la colonisation japonaise dans un contexte politique et économique d’expansion impériale (1869 – 1945)

 

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Les Ainu se trouvaient, du point du vue des gouvernements successifs japonais, au-delà du « limes ». Si les clans du Tôhoku (Nord-Est de l’île d’Honshû) ont finalement adopté la culture dominante, les autres groupes ont longtemps offert une âpre résistance au front pionnier japonais. Dès la période de Heian, les marches de l’État japonais étaient administrées par un officier supérieur, chargé de soumettre les Emishi : le shôgun. Au XVe siècle, les Japonais commencent à s’implanter dans le Sud-Ouest de Hokkaidô (Ezochi, appellation ainu) et à repousser les populations locales vers le nord, mais celles-ci parviennent à faire refluer l’invasion, puis à renouer des relations économiques avec le Japon.

 

À l’époque d’Edo (1600 – 1867), la politique de fermeture adoptée par le shôgunat ne s’applique pas aux Ainu : ces derniers commercent abondamment avec les Chinois et les Russes. Mais, la progression russe d’Ouest en Est à travers l’Asie centrale vient se heurter aux intérêts japonais : les enjeux se cristallisent autour du contrôle de l’île Ezo (ancienne appellation de Hokkaidô). Le Bakufu renforce son emprise sur l’île en détruisant la résistance des populations autochtones (bataille de Knashiri-Menashi, 1789) : l’île est économiquement exploitée par le Japon, notamment pour la production d’engrais de harengs.

 

Une rupture s’opère au XVIIIe siècle, l’invasion russe du Nord des îles Kouriles et de Sakhaline (à partir de 1730) pousse le gouvernement japonais à poursuivre une politique d’assimilation des peuples indigènes pour justifier sa revendication territoriale (un traité russo-nippon fixe la frontière entre les deux États, traité de Shimoda, 1854 : la ligne de partage séparant les deux empires se situant entre les îles d’Urup et d’Etorofu, voir notre article sur le sujet).

 

La restauration impériale (1868) et l’essor économique et industriel sont accompagnés d’un accroissement de la population japonaise : bon nombre d’insulaires partent s’installer à l’étranger, notamment en Amérique du Sud. En 1869, l’île de Hokkaidô est annexée à l’Empire et la colonisation favorisée (une commission de colonisation est créée); en 1886, l’île devient une préfecture, avec un statut particulier. Les Ainu sont rapidement soumis à un régime d’exception, leur interdisant toute activité culturelle (tatouages, pratiques funéraires, etc.) et économique traditionnelle (pêche, chasse). La situation connaît une aggravation, lorsqu’un nouveau traité russo-japonais rattache toutes les îles Kouriles au Japon, en échange de l’actuelle Sakhaline (1875). Les Ainu de Sakhaline sont contraints de rejoindre Hokkaidô, où ils sont cantonnés dans des réserves.

 

La politique cœrcitive japonaise vise à transformer la population, paupérisée par l’accaparement des terres par des colons japonais, en agriculteurs. Une politique volontariste d’assimilation, oblige les enfants des familles ainu à se rendre dans des écoles spécifiques où les enseignements sont dispensés en langue japonaise, les mariages mixtes sont encouragés. Par ailleurs, la colonisation a des effets ravageurs sur les autochtones, marqués psychologiquement, d’aucuns sombrent dans l’alcool, d’autres périssent des maladies importées par les immigrants nippons.

 

Les Ainu sont peu à peu soumis à un statut particulier. La commission de Colonisation adopte officiellement le terme de kyudojin, qui signifie « anciens aborigènes » (1878). Plus tard, en 1899, une loi est votée par les représentants japonais pour « protéger » les Ainu, considérés comme une « race primitive sur le déclin ». La politique coloniale japonaise se calque ainsi sur la pensée occidentale, notamment les théories évolutionnistes alors en vogue, et mise au service d’une politique expansionniste. Les Ainu et leurs territoires sont devenus une sorte de musée, de « zoo humain » (déjà vu sous d’autres tropiques), que viennent étudier et photographier les anthropologues occidentaux : des Ainu sont mêmes présentés aux expositions internationales de Chicago (1904) et de Londres (1910)…

 

Les Ainu vivent dans une situation de grande précarité, et ce n’est pas l’exode massif de population de la fin de la Seconde Guerre mondiale (1,5 million de Japonais supplémentaires se rendent sur l’île d’Hokkaidô, poussés par l’avancée soviétique en extrême-Orient et dans les îles Kouriles) qui permit d’apporter une amélioration à leur sort…

 

La politique coloniale japonaise est, nous l’avons dit, une appropriation et une adaptation des politiques coloniales européennes. Les autorités japonaises, nous l’avons vu, se sont octroyés le « pouvoir de nommer » la population cible, afin de l’individualiser et d’en souligner l’altérité, voire de la « dévaloriser » (la référence à la pilosité et le statut d’aborigène, voir supra). Cette qualification (1878) a été une étape déterminante à la création d’un statut singulier (1899) justifiant les pratiques discriminatoires et répressives, processus que l’on retrouve dans toutes les colonisations. Le statut de kyudojin n’est pas sans rappeler celui de l’indigénat dans les colonies françaises d’Afrique ou celui des Indiens d’Amérique du Nord.

 

Ces mesures administratives sont à l’origine d’un mouvement de défense de la part des populations ainu, même si certains, convertis au christianisme, espèrent que l’assimilation leur permettra d’obtenir une égalité de droit avec les Japonais. En 1930, un mouvement associatif voit le jour et réclame la révision de la « loi discriminatoire » de 1899. En outre, le processus de démocratisation enclenché après la défaite du Japon (1945) créé un climat plus favorable pour le mouvement revendicatif, qui peut notamment faire référence à l’article 13 de la Constitution qui rendent illégales la discrimination et l’assimilation du peuple ainu.

 

Les nouvelles représentations du peuple ainu : l’acquisition d’une reconnaissance officielle sous regard international

(1945 à nos jours)

 

Les années 1960 marquent un tournant. Pendant cette période encore, l’image des Ainu est instrumentalisée : les guides touristiques, notamment francophone, décrivent les populations locales comme « une race frappée d’impuissance » (guide Nagel, 1964); des scientifiques japonais vont même jusqu’à leur nier toute aptitude technique propre (ce qu’invalide les découvertes archéologiques actuelles). À la fin de la décennie, en pleine phase contestataire au Japon (mouvements des habitants et mouvements contre les discriminations) et dans le monde (Mai 1968), les associations de défense de la communauté ainu donnent de la voix par des actions symboliques (protestations contre la commémoration du centenaire de la colonisation de Hokkaidô, notamment).

 

ainu-5.jpgEn 1968, le gouvernement japonais fait un pas en faveur de la communauté en révisant partiellement la loi de 1899 (sans en modifier le caractère discriminatoire) et en proposant des aides sociales.  S’inspirant des mouvements de revendications des peuples autochtones de par le monde et des mouvements anti-colonialistes de libération nationale, le mouvement revendicatif ainu adopte une stratégie internationale, se fondant sur la charte internationale des droits de l’Homme.

 

L’association des revendications à ces valeurs universelles oblige le gouvernement japonais, en pleine expansion économique bâtie sur une représentation pacifique du pays, à signer la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale (1978) et le Pacte international sur les droits civils et politiques (1979) et à reconnaître les droits des minorités. Mais l’existence de ces dernières est niée, le Premier ministre Nakasone Yasuhiro ayant officiellement rappelé le caractère mono-ethnique du pays (1986). En 1987, des représentants de la communauté ainu sont admis au groupe de travail des Nations unies, ayant entamé une réflexion sur le sort des peuples autochtones : il en résulte, en 1989, que le gouvernement japonais établit un comité en charge d’examiner les différents points d’une future loi concernant le peuple ainu.

 

Placé sous les projecteurs de la communauté internationale, Tôkyô finit par attribuer le statut de minorité ethnique aux Ainu et l’image de ces derniers commence à évoluer favorablement au yeux de l’opinion japonaise : en 1994, Kayano Shigeru (1926 – 2006), un des responsables du mouvement de revendication entre au Sénat; en 1997, le gouvernement japonais abolit l’appellation de kyudojin et adopte une loi de valorisation de la culture ainu (loi sur le développement de la culture ainu et la diffusion et l’instruction de la connaissance concernant la tradition ainu). Cette loi fait suite à un contentieux administratif autour du projet de construction d’un barrage sur un site sacré ainu : le rendu de la cour de justice de Sapporo ayant reconnu le caractère sacré du lieu et rappelé les carences du gouvernement japonais en matière de protection de l’héritage culturel des Ainu, cette décision a pesé sur l’adoption de la loi de 1997. C’est le premier texte reconnaissant une minorité ethnique au Japon. La législation offre désormais la possibilité aux multiples manifestations culturelles d’être subventionnées, mais ne prend spécifiquement en charge les problèmes socio-économiques de la population cible et aucune autonomie politique n’est accordée (elle n’est d’ailleurs pas recherchée par les intéressés). Le gouvernement revendique toujours sa totale légitimité sur l’île d’Hokkaidô : le centre de promotion de la culture ainu, qui a ouvert ses portes à Sapporo en 2003 est administré par des fonctionnaires japonais et lors du classement de la péninsule de Shiretoko à l’inventaire du patrimoine naturel mondial, aucune référence n’a été faite à la culture ainu, à laquelle cette langue de terre doit le nom. Enfin, le 6 juin 2008, une résolution, approuvée par la Diète, invite le gouvernement à reconnaître le peuple ainu, comme indigènes du Japon et à hâter la fin des discriminations, la résolution reconnaît le peuple ainu comme un « peuple indigène, avec un langage, une religion et une culture différente et abroge la loi de 1899.

 

D’après des enquêtes menées par l’association de défense de la culture ainu (Tari), les Ainu seraient encore victimes de discriminations scolaires (présence moindre sur les bancs universitaires) ou sociales (mariage). Cependant les mentalités et le regard porté sur les Ainu continuent de changer, notamment par le truchement des découvertes archéologiques, qui mettent en avant les peuples de la période Jômon, replacés dans une perspective et un environnement asiatiques (voir notre article sur le sujet). Des expositions internationales, un projet de parc culturel et même des artistes d’origine ainu (l’acteur Ukaji Takashi, le musicien Kano Oki) défendent et cherchent à valoriser leur culture. Des citoyens, issus de la génération d’enfants nés de couples mixtes, essayent de découvrir (pour ceux qui le découvrent) leurs origines, occultées par les parents. Cependant,  le film d’animation Princesse Mononoké (1997), réalisé par Hayao Miyazaki, fait implicitement référence aux traditions ainu, mais sans les manifester ouvertement. Mais, depuis peu (30 octobre 2011), un mouvement de militants ainu se lance dans la vie politique institutionnelle avec à sa tête, Kayano Shiro, le fils de l’ancien responsable ainu, Kayano Shigeru, et pour objectif l’instauration d’une société multiculturelle et multi-ethnique au Japon.

 

Conclusions

 

L’idée japonaise d’une société ethniquement homogène est battue en brèche, parce que pure construction politique et idéologique. Avant la Seconde Guerre mondiale, le rapport aux minorités reposait sur le rapport de force, la création d’un statut, l’assimilation et l’exploitation économique forcée. Hanté par la crainte de la dégénérescence raciale et aveuglé par le succès de l’expansion coloniale qu’ils attribuent à la supériorité de leur « race» en Asie, le Japon s’est enfermé dans une idéologie et une politique impérialiste, qui a conduit le pays à la défaite. Il est flagrant de relever qu’après un conflit multiséculaire contre les Emishi et les Ainu, c’est précisément au XIXe siècle – alors que le Japon s’ouvre aux technologies, aux économies et aux cultures de l’Occident – que ce pays en s’en appropriant certaines de ses valeurs, s’est donné les moyens d’une politique impériale à destination de l’Asie et des territoires proches revendiqués par lui (Hokkaidô, îles Ryukyu et péninsule coréenne).

 

L’objectif était ouvertement – pour les populations des îles périphériques – l’assimilation, car d’un point de vue juridique, le Japon ne reconnaissait, jusqu’à la résistance civique des Ainu, qu’une seule ethnie. Les difficultés rencontrées par les Nikkeijin dans leur intégration, a démontré que l’appartenance à un groupe sur le seul critère biologique (l’innée), est une interprétation erronée minimisant l’importance des facteurs culturels (l’acquis).

 

Même si à l’heure actuelle, les minorités ne sont toujours pas juridiquement considérées comme faisant partie intégrante de la société, car ne possédant pas les attributs de la japonité, la société japonaise change : les signes d’acceptation des minorités (officieuses et de la minorité officielle ainu) sont visibles dans les média et au quotidien. En outre, les conditions d’accès à la citoyenneté japonaise prennent les formes intelligentes, pragmatiques et prudentes d’une immigration choisie (comme remède au vieillissement programmé de la population). Enfin, émane du pays une image pacifiée et positive, que l’on retrouve dans les médias occidentaux et sur Internet (le « Cool Japan », politique internationale pacifique, etc.), qui font de ce pays, probablement un des seuls réellement démocratique en Asie, une terre d’accueil pour de nouveaux immigrants, à condition que ceux-ci fassent un effort réel d’intégration (ce qui est au demeurant la moindre des choses…).

 

Rémy Valat

 

Orientations bibliographiques :

 

• Batchelor John, Sympathetic Magic of the Ainu. The Native people of Japan, Folklore History Series, reprint 2010.

 

• Beillevaire Patrick, « Okinawa : disparition et renaissance d’un département », in Le Japon contemporain, Dir. Jean-Marie Bouissou, Fayard, C.E.R.I., 2007.

 

• Dallais Philippe, « Hokkaidô : le peuple Ainu, ou l’ambivalence de la diversité culturelle au Japon », in Le Japon contemporain, Dir. Jean-Marie Bouissou, Fayard, C.E.R.I., 2007.

 

Ethnic groups in Japan, including Ainu people, Ryukyuan people, Emishi, foreign-born Japanese, Dekasegi, Yamato people, Gaijin, Chinese people in Japan, Brazilians in Japan, Aterui, Indians in Japan, Peruvians in Japan, Burmese people in Japan, Hephaestus Books, 2011, (Une impression des sources Wikipédia disponibles sur le sujet).

 

• Kayano Shigeru, The Ainu. A story of Japan’s Original People, Tuttle Publishing, 1989.

 

• Pelletier Philippe, Atlas du Japon. Une société face à la post-modernité, Autrement, 2008.

 

• Poutignat Philippe et Streiff-Fenart Jocelyne, Théories de l’ethnicité, Presses universitaires de France, coll. « Quadrige », avril 2008.

 

• Reischauer Edwin O., Histoire du Japon et des Japonais. Des origines à 1945, Seuil, coll. « Points Histoire », 1988.

 

• Yamamoto Hadjime, Rapport japonais. Les minorités en droit public interne au Japon, en ligne à l’adresse suivante : www.bibliojuridica.org/libros/4/1725/45.pdf

 


 

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1914: la catastrophe qui a amené le déclin de l’Europe

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Andreas Mölzer:

1914: la catastrophe qui a amené le déclin de l’Europe

Une guerre européenne fratricide et ses conséquences: quelques réflexions

Au début de l’année 1914, nos grands-parents et nos arrière-grands-parents étaient aussi sûrs et confiants que nous, du moins quand il s’agissait d’évoquer de grands thèmes comme la paix, le bien-être et la liberté politique et, cela, dans toutes les classes de la société, dans les salons des foyers bourgeois, dans les fermes et dans les maisons ouvrières. Nos aïeux n’étaient certainement pas plus bêtes que nous, ils étaient tout aussi cultivés et certainement pas pires que nous sur le plan moral. Bien au contraire, serais-je tenté de dire. Et pourtant, quelques mois plus tard, ils partaient tous à la guerre, une guerre où les Européens allaient s’entretuer par millions.

Au début de l’année 1914 existait encore un concert des puissances européennes. Et l’Europe était à coup sûr le continent-guide de la planète. Certes, les Européens étaient divisés en deux systèmes d’alliances rigides et surarmés mais cet état de choses existait depuis de longues années déjà avant le déclenchement de la guerre, si bien qu’on pouvait parler d’une sorte de guerre froide entre les puissances de l’Entente et les puissances centrales. Ensuite, il y avait aussi la parenté étroite et le cousinage entre toutes les dynasties régnantes en Europe. La haute noblesse était dépuis longtemps “grande-européenne”, par mariages, et sa culture de classe était “supra-étatique”. La bourgeoisie était très cultivée et polyglotte. La social-démocratie était d’orientation internationaliste. L’économie, la science et la vie culturelle, pour un regard extérieur, étaient largement “paneuropéennes”, plus mêlées en réalité qu’on ne l’imaginait au sein des cultures respectives. Pourtant, quelques mois plus tard, les portes de l’enfer se sont ouvertes et la guerre intereuropéenne fratricide est rapidement devenue la première guerre organisée selon des critères industriels, un incendie universel débouchant sur des massacres de masse et sur l’effondrement de la vieille Europe.

Et si nos grands-parents et arrière-grands-parents n’étaient ni plus stupides ni plus mauvais que nous ne le sommes aujourd’hui, si la conscience qu’ils avaient d’eux-mêmes en cette époque “fin-de-siècle” rappelle certains aspects de la décadence de notre époque, qui nous garantit, à nous contemporains, que les portes de l’enfer ne vont pas un jour se rouvrir? L’homme est un loup pour l’homme. Cette vérité s’est vérifiée à l’époque. Est-elle toujours valide?

La vieille Europe: une unité dans la diversité

La vieille Europe, qui a connu son inferno final dans l’incendie qui a ravagé le continent entre 1914 et 1918, avait été pendant mille ans, depuis les Carolingiens, une unité dans la diversité. La “translatio Imperii ad Francos”, au Franc Charles, puis, plus tard, “ad Germanos”, aux rois d’Allemagne, a transposé l’idée impériale, sacrée et seule légitime, des rives de la Méditerranée au centre de l’Europe. Cette unité européenne dans la diversité, n’a que rarement été une unité dans la paix. Il y a toujours eu, dans l’histoire européenne, des querelles dynastiques puis des guerres de religion et des guerres de cabinet aux 17ème et 18ème siècles. Le moyen âge a été marqué par le conflit entre les Papes et les Empereurs. Ensuite les guerres franco-allemandes successives, interprétées comme la conflagration entre deux ennemis héréditaires, ont été suivies par les guerres entre Bourbons et Habsbourgs. L’ère moderne a vu les grandes puissances européennes rivaliser entre elles pour la domination du continent: ce furent successivement l’Espagne de Philippe II puis la France du Roi-Soleil et celle du Corse. Enfin, l’Allemagne wilhelminienne est entrée à son tour dans la course. Toutes ces guerres et ces entreprises belligènes ont débouché sur des hostilités sanglantes de longue durée. Mais malgré cela, une unité dans la diversité demeurait, celle de l’Europe dite chrétienne, de l’Occident (au sens pré-américain du terme), du concert des puissances européennes. Déchirée par des querelles sur le plan intérieur, l’Europe était néanmoins perçue comme une unité par tous les regards extérieurs. Les Musulmans de l’époque des Croisades considéraient tous les Européens comme des barbares francs. Plus tard, les Chinois du soulèvement des Boxers percevaient tous les Européens –quelle qu’ait été leur nationalité— comme des colonisateurs occidentaux.

 

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De l’idée impériale à la bureaucratie eurocratique

Cette unité dans la diversité nous fait deviner que les efforts d’intégration européenne d’après 1945, la “Montanunion” (la CECA), la constitution des “CEE”, de la CE et, enfin, de l’UE ne sont pas vraiment des nouveautés. Ce qui se passe c’est que l’idée impériale et sacrée a fait place à une forme bureaucratisée et sécularisée qui tente trop maladroitement de lier entre eux les Etats européens. Cette forme tente de se développer et de se projeter dans le futur: elle donnera à terme un super-Etat eurocratique centralisé ou une confédération de peuples et d’Etats libres et autonomes. L’avenir nous dira quelle option aura triomphé. Les tentatives de jadis, celles des grands peuples européens, d’unir le continent de manière hégémonique ont toutes échoué, car les autres peuples d’Europe ne sont pas prêts à tolérer de telles formes hégémoniques. La politique d’intégration européenne, préconisée de nos jours, semble avoir tiré les leçons du passé: elle sait désormais qu’il faudra mettre en place un système complexe, capable d’équilibrer les puissances et leurs intérêts, afin de parfaire une unification européenne sans conflits militaires et sans susciter l’émergence d’une unique force hégémonique. C’est sans doute en cela que réside la principale leçon de l’intégration européenne après 1945.

En 1914, quand les Européens sont partis à la guerre, avec tambours, trompettes et uniformes rutilants, agités par un enthousiasme patriotique inégalé, la vieille unité européenne sous-jacente a volé en éclats dans cette multiplicité de conflictualités inédites. Elle vole en éclats dans les tueries de masse perpétrées dans les tranchées de Lorraine, dans les combats de montagne le long du cours de l’Isonzo, dans les massacres de Galicie, des Balkans, des Pays Baltes. On avait conçu la guerre à venir selon les règles des guerres de cabinet: on avait pensé à des campagnes de courte durée, à des expéditions punitives (par exemple contre une Serbie entêtée), etc. L’état-major général prussien avait fait preuve d’hybris en imaginant qu’il pouvait déclencher contre la France une guerre-éclair en appliquant le Plan Schlieffen. Tout cela s’est achevé dans des massacres à l’échelle industrielle. Les mitrailleuses, l’artillerie lourde à longue portée, les chars d’assaut et les avions de combat, enfin, les gaz toxiques ont fait des théâtres d’opération européens des champs de cadavres.

Une génération d’estropiés et de déments allait peupler le continent dans les années d’après-guerre. L’heure avait sonné où l’on ne pensait plus qu’à la vengeance, comme en témoignent les textes des traités signés dans les banlieues parisiennes. Les vaincus ne pensaient plus qu’à la revanche qui oblitérait tout le champ politique du continent. Cet état d’esprit a favorisé l’émergence d’idéologies qui méprisaient l’homme et a préparé le terrain à la deuxième guerre mondiale, qui sera le deuxième acte d’une guerre qui, finalement, aura duré trente ans.

L’Allemagne et l’Autriche avant 1914

460.jpgAvant 1914, l’Allemagne était quasiment la puissance hégémonique en Europe. Le Reich wilhelminien avait derrière lui un “boom” économique et militaire vertigineux. Ses succès industriels et scientifiques étaient considérables; les forces qui structuraient sa société avaient été encore consolidées par les lois sociales imposées par Bismarck et par la montée en force de la social-démocratie de Bebel. Le II° Reich wilhelminien, né en 1871, était bel et bien devenu la principale puissance européenne. Il était allié à la vieille monarchie des Habsbourg, au passé glorieux mais désormais épuisée et déchirée. Elle était le vieil Etat impérial, l’héritière du Saint-Empire de la vieille Europe. Le II° Reich la trainaît littéralement dans son sillage. L’Autriche-Hongrie épuisée devait forcément devenir la cible principale des nationalismes exacerbés du Sud-Est de l’Europe, nés à la fin du 19ème siècle. La nouvelle Allemagne, si dynamique, et l’Autriche-Hongrie, résignée à son déclin, formaient un attelage inégal. L’Autriche-Hongrie ne tenait qu’en souvenir de la vieille idée d’unité allemande, que parce que le vieil Empereur François-Joseph se rappelait qu’il était un prince allemand et que les Hohenzollern devaient le respecter, lui et le prestige de l’ancienne impérialité romaine-germanique qu’il incarnait à Vienne.

Les plans forgés au cours des hostilités dans l’Allemagne wilhelminienne, notamment ceux de Friedrich Naumann qui envisageait l’émergence d’une “Mitteleuropa” entièrement restructurée, partaient forcément de l’acceptation implicite de l’hégémonie allemande sur l’ensemble du continent. Ces plans, postérieurs à 1914, prévoyaient d’inclure l’Autriche des Habsbourgs uniquement si celle-ci apportait ses prolongements territoriaux slaves et magyars. Par conséquent, affirmer que Berlin est entré en guerre de sa propre volonté, pour réaliser cette hégémonie grande-européenne, est une erreur magistrale. Il serait tout aussi faux d’affirmer que l’Entente a accepté la guerre en pleine connaissance de cause pour réaliser des plans imaginés dans des cénacles occultes —de type maçonnique— visant la destruction et le démantèlement des empires centre-européens, voire, dans la foulée, de l’Empire des Tsars et de l’Empire ottoman. De tels plans ont certes existé et, finalement, ont été réalisés après la guerre, dans toute leur ampleur. Mais ces plans n’ont pas constitué les buts de guerre déclarés des détenteurs du pouvoir dans les pays de l’Entente, et certainement pas dans la Russie impériale.

Le Professeur Christopher Clark et la culpabilité dans le déclenchement de la guerre de 1914

Nous arrivons à la question de la culpabilité dans le déclenchement du conflit. Il n’a pas fallu attendre le travail fouillé de l’historien britannique Christopher Clark pour savoir qu’affirmer de manière impavide la culpabilité exclusive de l’Allemagne et de l’Autriche-Hongrie est en nette contradiciton avec les faits historiques. Comme Clark le démontre avec brio dans son gros ouvrage intitulé “The Sleepwalkers”, les élites de tous les Etats européens ont cheminé allègrement, avec une stupéfiante légèreté, vers l’état de belligérance: les Allemands de l’ère wilhelminienne en rêvant de leur “Weltpolitik”, l’Autriche des Habsbourg dans ses efforts de sauver la monarchie, les Français en cultivant leur idée fixe de revanche suite à leur défaite de 1870-71, les Anglais pour asseoir plus solidement encore leur hégémonie en tant qu’Empire planétaire, les Russes pour rassembler autour d’eux tous leurs frères slaves d’Europe orientale et les Serbes pour réaliser leur rêve yougoslave. Enfin, les Italiens pour établir leur frontière sur le Brenner. Etc.

A tout cela s’ajoute une nostalgie perverse, qui traversait les strates bourgeoises et universitaires, une nostalgie qui rêvait de guerres purificatrices, au nom de l’adage grec “polemos pater panton”. On peut désormais affirmer avec certitude que cette exacerbation perverse du nationalisme, devenu à la fin du 19ème siècle une sorte de religion de remplacement en Europe, a généré les délires patriotiques d’août 1914. Pour l’écrivain Karl Kraus, ce furent “les derniers jours de l’humanité”: il nous a décrit, avec exagération peut-être mais de manière toutefois poignante, quelle a été cette atmosphère surchauffée de chauvinisme délirant.

Aujourd’hui, cent ans plus tard, on croit qu’il est de bon ton d’oublier et de refouler les faits nationaux concrets, sous prétexte qu’il ne faut plus reproduire ce nationalisme exacerbé. Pourtant une connaissance intelligente des identités nationales propres à chaque peuple d’Europe et du monde et un respect des cultures nationales ne sont nullement des postures hostiles à une bonne entente entre les peuples et à l’idée d’un pluralisme ethnique bien compris. Les zélotes du Zeitgeist contemporain et de la “political correctness” s’ingénient à refouler les réflexes nationaux naturels. On ne s’étonnera dès lors pas que ces zélotes, dans les polémiques politiques quotidiennes qu’ils déclenchent, stigmatisent systématiquement le renouveau que représentent les mouvements challengeurs actuels qui tablent sur la conscience nationale des peuples, qui réactivent leur patriotisme ou qui jouent sur le regard critique que nos populations portent sur les errements de l’UE. Pour nos zélotes du “politiquement correct”, ces réflexes naturels sont, ni plus ni moins, un retour aux vieux nationalismes de 1914. Leur point de vue se résume à ceci: en 1914, le nationalisme a conduit l’Europe à sa perte. En 2014, il menace à nouveau le continent, à cause des méchants populistes de droite qui préparent aux Européens un destin tragique analogue. C’est à coup sûr un simplisme sidérant, une analogie purement polémique qui ne tient nullement compte de la complexité des faits historiques et politiques.

Questions: il y a cent ans, étaient-ce vraiment les nations qui ont poussé à la guerre ou étaient-ce plutôt les intérêts économiques, les mécanismes de l’impérialisme ou du mode de pensée dynastique qui ont mis l’effroyable machine en branle, qui a produit, quelque mois plus tard, les grandes batailles dévoreuses d’hommes? N’a-t-on pas utilisé l’euphorie nationaliste des peuples européens pour faire passer par le truchement de la guerre des intérêts d’une toute autre nature? Ces questions demeurent ouvertes. Les efforts allemands en direction d’une “Weltpolitik” ont été définitivement enterrés, sous les cendres des villes bombardées, en 1945 quand a pris fin le deuxième acte de la grande guerre civile européenne. La Russie tsariste a cédé le terrain au despotisme communiste/soviétique, qui a duré sept décennies. L’Empire britannique s’est tranquillement dissous quand cette guerre de trente ans a pris fin. Et le résultat de cette soif de revanche des Français, un siècle plus tard, c’est que la France est aujourd’hui liée à son partenaire allemand, plus fort qu’elle économiquement, pour le meilleur et pour le pire. Dans ce contexte, le modèle vieil-européen, que représentaient les états pluriethniques des Habsbourg, réémerge doucement pour servir de base à une nouvelle communauté des peuples d’Europe centrale, après avoir été détruit en 1918, ravagé pendant la seconde guerre mondiale et écartelé entre les deux super-gros pendant la guerre froide. Les peuples qui vivent dans l’espace situé entre le Danube, les Alpes et les Carpathes vont revenir, en quelque sorte, à la case départ. Quant aux intérêts dynastiques des Habsbourgs, des Romanovs et des Hohenzollern, ils ne suscitent même plus l’intérêt ou la verve de la presse à sensation.

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Nous constatons donc que les buts de guerre, réels ou imaginaires, de 1914 se sont avérés obsolètes, au moins depuis 1945, et, dès lors, qu’il n’y a pas eu de vainqueurs dans la grande guerre civile européenne du 20ème siècle. Par voie de conséquence, la question de la culpabilité dans le déclenchement de la guerre en 1914 s’avère tout aussi obsolète. Et si on ne peut plus accuser les vaincus de 1918 d’avoir été les seuls et uniques fauteurs de la guerre de 1914, on ne peut plus non plus les accuser d’être les seuls responsables du déclenchement en 1939 de l’acte second de cette guerre de trente ans. En effet, on ne peut plus penser la seconde guerre mondiale sans la première.

Ceci dit, il n’est pas question de nier toute culpabilité dans les crimes qui ont été commis lors de ces deux guerres. Bien sûr, la double émergence du communisme soviétique et du national-socialisme, voire d’autres régimes fascistes ou anti-démocratiques, s’explique comme un ensemble de résultats de la première guerre mondiale. La première guerre mondiale n’excuse toutefois pas les crimes commis par ses systèmes totalitaires. Les millions de morts de la lutte des classes en Union Soviétique, au nom du stalinisme dans les années 20 et 30, s’expliquent peut-être aussi par les effets pervers de la première guerre mondiale mais ne sont pas excusables pour autant. Quant aux millions de morts dus à l’idéologie racialiste du national-socialisme et à la volonté d’éradiquer la population juive d’Europe centrale, ne sont pas davantage excusables.

Déterminer la culpabilité dans le déclenchement de la première guerre mondiale revient à déterminer également la culpabilité dans les événements tragiques de l’entre-deux-guerres et dans le déclenchement de la seconde guerre mondiale. Tous les peuples européens partagent cette culpabilité, certes de manière différente et de manière plus ou moins intense. On peut l’affirmer de bon droit cent ans après août 1914. Question hypothétique: “que se serait-il passé si...?”. Ce genre de question peut paraître oiseux et les historiens s’en défient. Osons-en quelques-unes: que se serait-il passé si la première guerre mondiale ne s’était pas déclenchée? L’héritier du trône François-Ferdinand aurait-il pu transofrmer l’Autriche-Hongrie en un empire “trialiste”, germano-magyaro-slave, pour pacifier ainsi durablement l’Europe centrale? La quasi-hégémonie qu’exerçait l’Allemagne wilhelminienne sur l’Europe aurait-elle pu à terme s’insérer dans le concert des puissances du continent? La Russie tsariste se serait-elle donné les moyens de résoudre les problèmes sociaux de l’Empire? Les puissances coloniales qu’étaient la France et l’Angleterre, ainsi que l’Italie, tard-venue dans la course aux colonies, auraient-elles finalement accepté, bon gré mal gré, la prépondérance allemande en Europe?

Les questions se bousculent mais les réponses qu’on pourrait leur apporter sont inutiles. Tout comme l’est une autre question: aurions-nous pu faire l’économie du communisme soviétique, du stalinisme et du national-socialisme? Les faits sont là: les peuples européens sont partis en guerre à l’été 1914. Ils se sont entretués par millions au cours de la première guerre industrielle de l’histoire mondiale, avec des armes et des machines de destruction inégalées jusqu’alors. Les vainqueurs n’étaient pas prêts en 1918, à accorder aux vaincus des conditions de paix raisonnables. Raison pour laquelle les hommes, partout en Europe, ont cherché leur salut dans des régimes totalitaires, qui correspondaient bien au durcissement et à l’ensauvagement des moeurs dus à la guerre et transposaient ces déviances dans la sphère politique. Cela a débouché sur la deuxième guerre mondiale, où l’affrontement entre les peuples a été plus rude encore: génocides à motivation idéologique racialiste, massacre des populations civiles par bombardements massifs des villes, épurations ethniques après le conflit avec millions de réfugiés, utilisation de la bombe atomique contre le Japon...

Trois décennies après le déclenchement de la première guerre mondiale, les observateurs de la situation en Europe ne trouvaient plus devant eux qu’un immense champ de ruines. La culpabilité en était attribuée aux vaincus. Cette affirmation, gratuite, est aujourd’hui relativisée par les sciences historiques qui offrent désormais un regard objectif sur les causes et le déroulement de cette guerre civile européenne longue de trente terribles années, une guerre civile qui fut aussi une guerre mondiale en deux actes.

Qui ne connaît pas l’histoire est condamné à la répéter et à la revivre disait le philosophe et historien américain d’origine espagnole George Santayana. Cette phrase de Santayana nous oblige, nous donne le devoir d’analyser et de retravailler l’histoire de tous les événements des deux guerres mondiales et de l’entre-deux-guerres. Car toute politique intelligente en Europe, surtout celle qui veut parfaire l’intégration européenne, doit suivre le mot d’ordre: “Plus jamais ça!”.

Andreas Mölzer.

(article paru dans “zur Zeit”, Vienne, n°3/2014, http://www.zurzeit.at ).

vendredi, 31 janvier 2014

Maidan is U.S. anti-Russian front

Maidan is U.S. anti-Russian front

Maidan is U.S. anti-Russian front

Ex: http://en.fbii.org

Washington's attention is now focused on the events in Ukraine. For more than a month Ukrainian citizens have rallied at Independence Square in Kiev to protest President Victor Yanukovich’s delay to sign an economic agreement with the EU. However, the U.S. has long prepared for such an eventuality, providing Ukrainian opposition with funds. Let’s try to understand, why Washington needs Maidan.

U.S. Assistance Secretary of State Victoria Nuland has been spotted in Kiev’s main opposition site in Independence Square, where she was handing out buns and cookies to Ukrainian protesters. U.S. Senator John McCain met Ukrainian opposition leaders in Kiev and voiced support for protesters camped out for weeks in the capital, a move sure to anger Moscow for what it sees as Western meddling in its backyard. McCain met opposition leaders - the ex-boxing champion Vitaly Klitchko, former economy minister Arseny Yatsenyuk and far right nationalist Oleh Tyahnybog - who are calling for Yanukovich's government to resign and for early elections. Ambassador Jeffrey Wright says something about the unbreakable friendship between peoples and newcomers of State Department officials are eyeing magnets with Maidan symbols...

Indeed, why should the West come to the rescue of Ukraine? The only thing they care about in the Western capitals is the prevention of   further rapprochement between Ukraine and Russia. The paradigm offered by Zbigniew Brzezinski is popular among Western decision makers. In the Grand Chessboard: American Primacy And Its Geostrategic Imperatives written in 1997 he wrote that without Ukraine Russia ceases to be empire, while with Ukraine - bought off first and subdued afterwards, it automatically turns into empire… According to him, the new world order under the hegemony of the United States is created against Russia and on the fragments of Russia. Ukraine is the Western outpost to prevent the recreation of the Soviet Union. The main goal of Ukraine’s association with the European Union is not improving the common people’s well-being but rather pursuing the geopolitical mission of weakening Russia. No wonder that Mr. Brzezinski and the State Department’s members were invited to the U.S. Senate, where a few days ago parliamentary hearings on the Ukrainian events were hold. The Senate Foreign Relations Committee was a mover of these hearings.

Assistant Secretary Victoria Nuland’s and Deputy Assistant Secretary of State Tom Melia’s testimonies contained the usual cliches, “First let me express our gratitude to this committee and to the U.S. Senate for your leadership on Ukraine, and for the superb working relationship between the executive and legislative branches of government on this issue,” “I also want to thank and commend Senators McCain and Murphy for bringing that bipartisan support directly to the people of Ukraine on a key weekend in December, and engaging with President Yanukovych, his government, the opposition, the business community and civil society in support of a peaceful, democratic way out of the crisis” etc.

Taken together, the testimony of Nuland and Melia seem to rest on a number of questionable assumptions:

- Clear and identifiable U.S. national interests are at stake in the debate currently being played out in Maidan Square.

- Without U.S. financial and moral support the opposition to the Yanukovych regime is unlikely to succeed.

- Russia, by offering the Ukrainian government a more attractive bailout package than that proposed by the European Union (EU) and IMF, was acting in bad faith.

- The protesters in Maidan speak for all Ukrainian people, the vast majority of whom desire to be integrated into the EU.

- The outcome of the current crisis will have a definite effect on Russia’s future development; if Ukraine chooses a European future, so too (someday) will Russia.

The Q&A portion of the hearing left little doubt that these assumptions are shared by committee chairman Robert Menendez, ranking member Sen. Bob Corker, and not surprisingly, Sens. Chris Murphy and John McCain, fresh off their recent trip to Kiev.

The less said about McCain’s questions, the better. After asserting that Ukraine “is a country that wants to be European, not Russian” and that the Ukrainian people “cry out for our assistance,” he went on, in a bizarre aside, to mention not once, but twice, that Russia was “embargoing” supplies of chocolate to Ukraine. It was that chocolate embargo that really seemed to stoke his outrage.

For their part, Menendez and Corker stayed more on point. Menendez threatened sanctions against the Yanukovych regime and was incredulous as to why the administration hadn’t already filed a complaint against Russia in the WTO. Corker’s first order of business was to scold the State Department for not adding names to the Magnitsky list, which, he said, it was supposed to do “under law.” Yet he made clear that he concurred with the witnesses’ views that “Ukraine is an incredibly important country” and the outcome of the current crisis “could be the thing that shapes policy inside Russia itself.”

At no point was there any evidence, either in the senators’ questions or in the respondents’ answers, that any thought had been given to whether it was at all appropriate for the U.S. government to get ever more deeply involved in the political life of a sovereign state halfway around the globe. No doubts were expressed over whether the choices that a democratically elected government makes with regard to its trading partners, elections, and security are the proper objects of American scrutiny. As Princeton emeritus professor Stephen F. Cohen has trenchantly noted, “It is not democratic to overthrow a democratically elected government. It’s the opposite of that.”

Nor was there any recognition that Ukraine is deeply and almost evenly divided between Ukraine’s westernizers in the urban centers such as Kiev and Lviv, and the Russophiles in the South and East, never mind the fact that Russia, Ukraine, and Belarus all have common roots which trace back to the Kievan Rus in the 9th century, The American Conservative says.

Melia went furthest (Nuland, a former State Department spokesperson, was marginally more nuanced), stating that the committee’s attention to Ukraine was warranted not only because it lay “at the center of Europe” but because it was also a “valued” and “important” partner to the United States. If those assertions didn’t raise eyebrows, then the dollar figures he cited certainly should have.

According to Melia, since the dissolution of the USSR in December 1991, the U.S. has spent - the term of art Melia used was “invested” - over $5 billion on assistance to Ukraine, $815 million of which went towards funding democracy and exchange programs. Further, since 2009 the Obama administration has funneled $184 million to programs ostensibly aimed at supporting civil society, human rights, good governance, and the rule of law in Ukraine.

It is logical to assume that the Euromaidan today spends the same money. A huge stage with lighting and acoustics, militants’ equipment, hot meals, thousands of beds, heating, medical equipment, high-speed internet, warm clothing, the buses that take militants to crush administrations of other regions... Obviously, even one day of actions at Maidan costs hundreds of thousands of dollars.

In support of this version, with reference to the Ukrainian security services, detailed scheme of Maidan funding is posted on the Internet: “Every leader of resistance team was promised a cash reward. $200 per day for each active fighter, and an additional $500, if the group is over 10 people, have been promised. Coordinators have been to pay minimum $2,000 per day of riots provided the controlled group performs direct offensive actions targeted at law enforcement officials and representatives of the public authorities. The U.S. Embassy in Kiev received cash. Active fighters and leaders were transferred payments to their personal accounts.” The information about the management of militants along with their bank accounts is also posted on the Internet.

Fmr. 16-year Member of U.S. Congress, two-time U.S. Presidential Candidate Dennis J. Kucinich reveals the far-reaching U.S. plans: “While the draft of the EU “Association Agreement” is being sold as an economic boon for Ukrainian citizens, in reality it appears to be NATO's Trojan Horse: a massive expansion of NATO's military position in the region. What's more, the Agreement occurs under the cover of nebulous economic promises for a beset population hungering for better wages.

In a country where the average monthly minimum wage stands at about $150 USD, it's not hard to understand why Ukrainians are in the streets. They do not want to be in Russia's orbit, nor do they want to be pawns of NATO.

But is the plight of Ukrainians being exploited to usher in a new military agreement under the guise of economic reform?

For NATO, the goal is expansion. The prize is access to a country that shares a 1,426-mile border with Russia. The geopolitical map would be dramatically reshaped by the Agreement, with Ukraine serving as the new front for Western missile defense at the doorstep of Russia. Should the U.S. nuclear deal with Iran fall apart, Ukraine could be employed in larger regional disputes, too.

When military spending goes up, domestic spending goes down. The winners are unlikely to be the people of Ukraine, but instead the "people" of Lockheed-Martin, Northrop Grumman, Boeing and other defense interests. The Ukrainians didn't go to Independence Square to rally for NATO. Yet NATO's benefit is clear. Less clear is whether Ukrainians will receive key economic benefits they seek.”

“The Ukrainian government made the correct decision to stay out of the EU.  Ukraine’s economic interests lie with Russia, not with the EU. This is completely obvious,” an American economist and a columnist for Creators Syndicate Paul Craig Roberts says. “The EU wants Ukraine to join so that Ukraine can be looted, like Latvia, Greece, Spain, Italy, Ireland, and Portugal. The U.S. wants Ukraine to join so it can become a location for more of Washington’s missile bases against Russia.”

“If we know fully the story of what happened, we probably came – we the United States, because that was kind of a proxy war – as close to war with Russia as we had since the Cuban missile crisis,” Stephen F. Cohen, a professor emeritus at New York University and Princteon University, states.

How long Washington will hide their involvement in the riots in Kiev? What could be the next steps of the U.S.?

The fear of U.S. troops moving into Ukraine national territory could result in another war like situation where another blood battle for control could ensue. The fear of such a step by the United States government has been sparked by the statement by John Kerry earlier in Davos, Switzerland.

Kerry had clarified that the myth of U.S. having a change in its foreign policy should be debunked. He added that America is not standing down from its policy on engaging itself in areas where there is violence and escalated human rights violations. Kerry was straight forward in his response when he said that absence of excessive troop movements or lack of threatening responses does not indicate a disengaging attitude from U.S.

The United States is considering a range of options to respond to Ukraine's crackdown on opposition protests, including possible sanctions, the State Department said. Pentagon chief Chuck Hagel also warned Kiev against using military force on demonstrators “in any fashion,” and urged restraint in December.

Several petitions, that require sending U.S. peacekeepers to Ukraine, are registered on the White House's website. Although this idea still has relatively few votes - a total of several thousand - no one can completely eliminate the option of humanitarian action involving the U.S. Army in Ukraine.

Yugoslavia, Libya, Syria... Washington typically uses a phased intervention scenario. First, the head of state is subjected to international obstruction. Then, giving the country leader’s fails, the country faces an economic embargo. Alongside this, the chaos is inspired in its territory. Finally, a proposal to introduce peacekeepers in order to end the suffering of citizens is made by NATO...

 

CANVAS (Otpor) tras la “primavera” colorada en Ucrania

Los mismos métodos, las mismas estrategias de desestabilización. En los países árabes, los “pacíficos manifestantes” encargados de extender el caos eran simpatizantes de los HHMM y de los salafistas; mientras que en Ucrania, se trata de nacionalistas chovinistas anti-rusos (Svoboda y ultraderecha de servicio). Según fuentes de Alexander Mezentsev, colaborador del programa “The Victory Hour” de The Ugly Truth, el mayor financiador del partido “nacionalista” Svoboda es nada menos que el oligarca judío Igor Kolomoysky, con doble ciudadanía ucraniana e “israelí”, quien también apoyó la campaña a la “mártir de occidente” Yulia Timoshenko. Las declaraciones “antisemitas” del jefe de Svoboda, Oleg Tiahynubok (el amigo de John McCain), quien habría dicho que el gobierno de Ucrania “es un títere de la mafia judía de Moscú”, son obviamente parte de la estrategia de encubrimiento (los “clérigos” wahabitas también realizan declaraciones “antisemitas”, pero todos sabemos para quien trabajan en realidad). Por cierto, el tal Kolomoisky  sostenía ya en el 2010 que “Svoboda está alejándose del radicalismo y virando hacia el centro” (aquí)

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Mientras en Europa occidental, que está firmemente bajo la égida plutocrática y mundialista de la “UE”, se reprime cualquier intento de auténtica oposición nacionalista, en Ucrania no sólo se tolera, sino incluso se fomenta, para así separarla de Rusia (lo que implica inevitablemente hacerla caer en las garras del cosmopolitismo sionista de la “UE”). En éste caso, los “nacionalistas” que dicen “Ni UE ni Rusia” son como los progres y trotskistas, que en el caso de Siria decían “Ni OTAN ni al-Assad”.

El siguiente artículo de William Engdahl revela la implicación en Ucrania de Otpor (actualmente llamada CANVAS), la ONG “serbia”creada por la CIA y financiada por Soros para derrocar a Milosevic, y cuyos métodos subversivos se extendieron a otros países del espacio post-soviético como Georgia o Kirgizistán, así como en el 2011 en los países árabes. También menciona Engdahl que los “manifestantes” ucranianos están a sueldo y llegan a Kiev con autobuses desde todo el país e incluso desde el extranjero. En éste blog alemán explican que los “manifestantes” cobran entre 300 y 1500 gryvnas al día (300 gryvnas son unos 25 €), y que vienen en su mayoría de la región occidental de Galitzia. (La Galitzia de Europa del este está dividida entre Ucrania y Polonia).

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Berkut: Defendiendo a Ucrania de la desestabilización atlantista

Según el Berkut (las fuerzas de seguridad y antidisturbios de Ucrania) hay mercenarios y francotiradores extranjeros entre los “manifestantes”. Uno de ellos sería el armenio Sergei Nigoyan, muerto en los enfrentamientos con la policía, y contabilizado como un “pacífico manifestante víctima de la represión del régimen”.

Tribulaciones Metapolíticas

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Pacíficos manifestantes linchando a un agente del Berkut

Al descubierto la ONG de EEUU en las protestas de Ucrania

F. William Engdahl

Traducción: TM

Versión original en inglés:

http://www.boilingfrogspost.com/2014/01/07/us-ngo-uncovered-in-ukraine-protests/

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/de/5/5f/Otporlogo.jpg

Las recientes protestas en Ucrania tienen el hedor de un intento orquestado extranjero para desestabilizar al gobierno de Viktor Yanukovich después de que éste se alejó de la firma de un Acuerdo de Asociación con la UE que hubiera abierto una brecha profunda entre Rusia y Ucrania. La glamourosa estrella del boxeo convertida en gurú político , Vitaly Klitschko , se ha reunido con el Departamento de Estado de EE.UU. y es estrecho colaborador de la CDU de Angela Merkel en Alemania. El acuerdo de asociación de la UE con Ucrania es ampliamente resistido por muchos Estados miembros de la UE con profundos problemas económicos propios. Los dos jerifaltes de la UE que más presionan para meter a Ucrania son el canciller sueco Carl Bildt , y el ministro de Exteriores polaco, Radoslaw Sikorski – bien conocidos en la UE por su cercanía a Washington. Los EE.UU. están presionando firmemente la integración de Ucrania de la UE tal y como habían estado detrás de la llamada “Revolución Naranja” en 2004 para separar a Ucrania de Rusia en un intento por aislar y debilitar a Rusia. Ahora los ucranianos han encontrado pruebas de la implicación directa del grupo de entrenamiento financiado por Estados Unidos en Belgrado, CANVAS, tras las cuidadosamente orquestadas protestas en Kiev.

Se ha obtenido una copia del folleto que se les dio a los manifestantes de la oposición en Kiev. Se trata de una traducción palabra por palabra e imagen por imagen del folleto utilizado por los organizadores de CANVAS en las protestas de la Plaza Tahrir en El Cairo que derrocaron a Hosni Mubarak en el 2011 y abrieron la puerta a la Hermandad Musulmana respaldada por Estados Unidos . [ 1 ] La foto de abajo es una comparación:

http://orientalreview.org/wp-content/uploads/2014/01/tahrir-maidan.jpg

La foto de la izquierda es de la plaza Tahrir , la de la derecha de Kiev y aquí abajo la original en inglés utilizada por la ONG CANVAS de Belgrado:

http://api.ning.com/files/eiC0hTlxr2JR-MDQe4CwJE-PXbv9vwd7Xs4cl9ohF8zyIjIWDCN0HhuddjtCcjzTTNigze-JYYPN0U2Q33iuYV7rLtBZ66mn/snapshot62.png

CANVAS, anteriormente Otpor , recibió significativas cantidades de dinero del Departamento de Estado de EE.UU. en 2000 para organizar la primera exitosa revolución colorada contra Slobodan Milosevic en la entonces Yugoslavia. Desde entonces, han sido transformados a tiempo completo en “consultoría revolucionaria” de los EE.UU. , haciéndose pasar por un movimiento popular serbio para la “democracia”. [ 2 ] ¿Quién iba a pensar que una ONG con sede en Serbia sería una base de operaciones de EE.UU. para orquestar cambios de régimen ?

La extraña “oposición” ucraniana

Fuentes directas que he contactado en Kiev me informan de que los “manifestantes antigubernamentales” han sido contratados a cambio de dinero entre estudiantes  y parados, para venir en autobús desde todo el país al centro de Kiev. El aspecto revelador es el espectacular surgimiento de campeón de boxeo Vitaly Klitschko como presumiblemente el sabio guía político del futuro de Ucrania. Sin duda, pasarse la vida dejando inconscientes a otros boxeadores es una preparación excelente para convertirse en un hombre de Estado , aunque por mi parte, lo dudo. Recuerda a la elección de un mediocre actor de Hollywood, Ronald Reagan como presidente de los EEUU. Pero lo más interesante del portavoz de la “oposición ” Klitschko es quiénes son sus amigos.

https://www.compact-magazin.com/wp-content/uploads/2013/12/20111125_111125a-007-660x330.jpg

Klitschko en la OTAN…

http://www.novini.nl/wp-content/uploads/2013/12/John-McCain-en-Oleg-Tjachnybok.gif

… Tyahnubok (Svoboda) con McCain…

http://www.dw.de/image/0,,16742071_403,00.jpg

… Tyahnubok y Klitschko. Ésta es la oposición “ucraniana”.

Klitschko está siendo respaldado directamente por la subsecretaria de Estado de los EEUU Victoria Nuland. Nuland , ex embajadora de EE.UU. ante la OTAN, es una neocon casada con el “halcón” Robert Kagan , y ella misma es una ex asesora de Dick Cheney. [ 3 ]

Klitschko es también muy amable con la canciller alemana Merkel. De acuerdo con un reciente informe de “Der Spiegel” , Merkel quiere apoyar a Klitschko en su intento por convertirse en presidente de Ucrania en 2015. [ 4 ]

Más evidencia de que hay una agenda más oscura  detrás de la oposición “democrática” es el hecho de que las demandas de los “manifestantes” pasaron de exigir la adhesión a la UE a pedir la dimisión inmediata del gobierno de Yanukovich. Klitschko y la oposición utilizaron la excusa de una “represión policial contra los manifestantes” para expandir masivamente la protesta de unos pocos cientos a decenas de miles. El 18 de diciembre , el gobierno contrarió a la oposición firmando un acuerdo económico importante con Moscú en el que Rusia acordó reducir el precio del gas ruso exportado a Ucrania en una tercera parte, hasta 268,5 dólares por 1.000 metros cúbicos del precio actual de más de $ 400, y para comprar 15 mil millones de dólares de la deuda de Ucrania en eurobonos . Eso le da a Ucrania un respiro para evitar una quiebra de la deuda soberana y negociar con calma sobre su futuro.

F. William Engdahl
 

[1] SysAdmin, Pamphlets in Ukraine handed out during protests and pamphlets that were handed out in Egypt, Diciembre 12, 2013,  http://12160.info/photo/photo/show?id=2649739%3APhoto%3A1376645.

[2] Nebojsa Malic, Invasion of the Mind Snatchers: Empire’s Revolution Business, AntiWar.com, June 24, 2011,  http://original.antiwar.com/malic/2011/06/23/invasion-of-the-mind-snatchers/.

[3] NTDTV,Ukrainian Opposition Vitaly Klitschko Meets US Official Victoria Nuland, Diciembre 6, 2013,  http://www.youtube.com/watch?v=0miz548u0WY.

[4] Die Zeit, Merkel unterstützt Klitschko, 8. Dezember 2013, accessed in http://www.zeit.de/politik/ausland/2013-12/merkel-klitschko-ukraine.

Turkey and Iran: The Ties That Bind

Turkey and Iran: The Ties That Bind
Turkey and Iran

As Turkey works for harmonization with Iran and Russia, an internal struggle has developed between the PM and the Gulenists that may threaten the process. If the leadership of the AKP is to be believed, it’s part of a foreign conspiracy to remove them.

Regarding the conflict in Syria, Prime Minister Recep Tayyip Erdogan’s AKP (Justice and Development Party) government in Ankara might be on the opposite side of the fence from both Tehran and Moscow, but the depth of Turkish ties with Iran and Russia go beyond this.

Turkey is not only tied to both Iran and Russia through geography and centuries of common history, it also shares the bonds of mutual trade, culture, linguistics, and ethnic composition. Although Turkish policies and political relations with Iran and Russia are subject to fluctuation, the many links tying Turkish society to both cannot be undone, including the economic reality of their ties.

Tehran and Moscow are two of Turkey’s most important trading partners and sources of energy. Aside from Germany, in terms of Turkish exports and imports, the combined volume of Turkish trade with both Iran and Russia outflanks, by way of comparison, any bilateral trade relations Ankara has with other countries.

Realizing the importance of Turkish economic ties to Iran, it is important to note that the unilateral US and European Union sanctions set up against Iran have hurt the Turkish economy. The Turks need Iranian energy in the form of natural gas and oil. When the US government asked Ankara to cut back on Iranian energy imports, it basically expected the Turkish government to knowingly handicap the Turkish economy in order to serve Washington’s agenda.

Even under the US-led sanctions regime directed against Iran as a form of economic manipulation and warfare, Turkish businesses and the AKP government have tried their best to maintain their economic and energy ties with Iran. This has been done both openly and covertly. Turkey has even acted as a covert channel for Iran to evade the US and EU sanctions.

Among other things, the corruption scandal involving the head of the state-owned Halk Bankasi (People’s Bank), or Halkbank for short, that emerged on December 17, 2013, is a reflection of the continuation of business and trade between Turkey and Iran. Sales from Iran were silently facilitated by the Turkish bank through the purchasing of gold that was given to Tehran as payment, instead of a currency, after Tehran was blocked from using the SWIFT international money-transfer system in March 2012. Halkbank maintains that the transactions were legal and that no rules prevented trading precious metals with Iran until July 2013 and that it ceased doing so on June 10, 2013.

An internal power struggle has emerged in Turkey. The Halkbank scandal is really a sub-plot and symptom of this. Not only do the recent graft probes reflect widespread government corruption in Turkey, but it puts the spotlight on an inner tussle within the AKP and, more broadly, within the Turkish elite managing the affairs of the Republic of Turkey.

Neo-Ottomanism: Winter in Turkish foreign politics

Since 2011, the economic damage on Turkey caused by the sanctions regime against Iran has been aggravated through an aggregate of Turkish miscalculations and domestic incidents. In large part, these miscalculations are the result of the metamorphosis of Turkish Foreign Minister Ahmet Davutoglu’s business-friendly ‘zero problems’ foreign policy into the much more aggressive ‘neo-Ottoman’ foreign policy.

Senior Turkish politicians believed that the so-called Arab Spring would elevate Ankara as an indisputable regional powerhouse from the borders of Morocco to Iraq. These Turkish views were also encouraged by the US and from inside the EU, with the promotion of the so-called ‘Turkish model’ for the Arabs, which buoyed the AKP government to diverge from its ‘zero problems’ policy in pursuit of neo-Ottoman dreams of unchallenged Turkish economic and political supremacy in the Arab World.

Through its neo-Ottoman enterprise, Ankara walked away from the Ankara-Damascus-Tehran axis that appeared to be forming and all the advances it had made with Libya, Syria, Iraq and Lebanon. A winter of sorts had arrived for Ankara in the field of foreign affairs. Turkish relations eventually soured, with almost all the countries on its borders and a chilling of relations began to emerge with Tehran and the Kremlin.

Neo-Ottoman foreign policy was initiated through the Turkish government’s support for the NATO war and regime change operations in Tripoli that ultimately disrupted Turkish trade with the Libyan Arab Jamahiriya. Although the Turkish government pretended it was against the war, Ankara did not veto any of NATO’s war plans at the North Atlantic Council in Brussels. Instead Turkey supported the NATO-imposed no-fly zone, actively took part in the naval embargo around the Libyan coast, manned the airport in Benghazi as the NATO provisional authority there, and facilitated the Libyan anti-government forces in multiple ways.

As a result of the Turkish government’s own actions, the intensity of Turkish business ties and trade with Libya has not recovered since the NATO war in 2011 due to the damage and instability inflected on the Libyan economy.

Gulf of Izmir, formerly known as the Gulf of Smyrna, on the Aegean Sea in the Turkish city of Izmir (AFP Photo)
 
Gulf of Izmir, formerly known as the Gulf of Smyrna, on the Aegean Sea in the Turkish city of Izmir (AFP Photo)

The events in Libya were followed by the eventual suspension of Turkish trade with Syria, another important Turkish trading partner. The discontinuation of legal trade with Syria resulted as a consequence of Erdogan’s reckless support for regime change in Damascus.

All the while, Turkey’s relations with Iraq, another major Turkish trading partner, were degenerating due to the arrogance and hubris of Erdogan and the AKP. Ankara believed that Iranian influence in the Levant and Mesopotamia would be replaced with Turkish influence and kept pushing for its affiliates to supplant the governments in Damascus and Baghdad.

Even when the AKP government saw that a formidable Eurasian alliance formed by Russia, Iran and China would not let Damascus collapse to the anti-government insurgency supported by Turkey and its NATO and GCC allies, Erdogan opted to stay the course against Damascus instead of trying to reverse Ankara’s disastrous Syria policy.

Aside from the economic damage the AKP was inflicting on Turkey, the instability that Ankara was helping support in Syria through the training, arming, and financing of insurgents in Syria began to have political and security consequences on Turkish soil too.

As the Turkish economy began to hurt, domestic political tensions began to build, the disparity caused by the AKP’s neoliberal economic policies began to hurt more, and the AKP began to act more authoritarian so as to protect its authority.

To an extent, the Gezi Park protests that spread from Istanbul across Turkey in 2013 are a reflection of the ignition of these domestic tensions.

This article was originally published by Russia Today on January 20, 2014.


A worker walks past the pumping station on the border between Iran and Turkey (Reuters)

A worker walks past the pumping station on the border between Iran and Turkey (Reuters)

 

 

Articles by: Mahdi Darius Nazemroaya

About the author:

An award-winning author and geopolitical analyst, Mahdi Darius Nazemroaya is the author of The Globalization of NATO (Clarity Press) and a forthcoming book The War on Libya and the Re-Colonization of Africa. He has also contributed to several other books ranging from cultural critique to international relations. He is a Sociologist and Research Associate at the Centre for Research on Globalization (CRG), a contributor at the Strategic Culture Foundation (SCF), Moscow, and a member of the Scientific Committee of Geopolitica, Italy.

 

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La "cas-socialisation" de la France

La "cas-socialisation" de la France
 
Ex: http://cerclenonconforme.hautetfort.com

Il est tout de même sacrément surprenant de ne jamais entendre parler de certains thèmes d’une actualité pourtant brûlante dans nos mouvances… Celui qu’on appellera, par facilité de langage, le thème des « cas sociaux » est un bon exemple. Il n’y a pas non plus que l’immigration qui détruit notre pays, n’est-ce pas ?

Nous allons définir ce que nous entendons par « cas sociaux » directement, afin que les quelques considérations qui suivent soient claires. C’est une sorte de nouvelle classe de la population blanche, issue majoritairement des milieux populaires (mais pas seulement et ne se calquant pas forcément sur eux) se distinguant avant tout par son caractère vulgaire que l’on retrouve tant dans son apparence que dans ses aspirations ou façons de vivre. Ils constituent aujourd’hui une importante partie de la population de notre pays qui, à l’image des White Trash anglo-saxons, dégénère peu à peu et ne fait que s’enfoncer dans la médiocrité d’une époque ne proposant, il faut bien le reconnaître, pas grand-chose d’autre… Fruits du chômage de masse et de la précarisation qui touchent la France depuis des années, de la merde télévisée servie jusqu’à plus faim et de la société de consommation ne proposant que des rêves en carton à une population coupée de toutes ses racines ainsi que, de plus en plus, de toute valeur. C’est aussi ça, le legs de la déchristianisation dans nos pays. Les gens simples suivent toujours le modèle dominant de la société dans laquelle ils vivent. Avant, c’était le christianisme et ses valeurs, de nos jours, c’est le libéralisme et son mode de vie… Et quel mode de vie ! Nourris au Lidl, au foot tendance Ribéry, à la musique de supermarché, au matérialisme de babioles made in China et finalement au néant intellectuel, nos cas soc’ sont bien le low cost de la population.

Le « phénomène » cas soc’ n’est pourtant pas l’apanage d’un seul type de population mais se conjugue à plusieurs niveaux sociaux et, telle une gangrène, envahit et infecte notre pays. En voici quelques exemples.

Le premier type de cas soc’ est celui du parasitisme social transmis de génération en génération, où l’on assiste littéralement à une apologie de l’oisiveté et de la pollution sociale. L’individu de ce premier type est fier de ne rien faire et utilise la seule once d’intelligence qu’il possède à magouiller et utiliser au maximum les rouages d’un système d’aide outrancier. Les travailleurs sont à ses yeux des idiots, les « riches », il les exècre et son attitude belliqueuse vient du fait qu’il estime que tout lui est dû, fort des aides à tous niveaux (juridictionnelle etc.) qu’il reçoit de la part d’un système complice.

Le « cas social travailleur » est également très présent dans notre société. Content de son esclavagisme, satisfait de son métier abrutissant qu’il défend bec et ongles (les fameux excès de zèle si communs dans les usines…), il est totalement différent du « simple ouvrier » d’avant qui, lui, était digne. Dans un monde ouvrier supposé souder les travailleurs entre eux (entraide, solidarité, lutte syndicale…), notre « cas social travailleur », suintant la jalousie et la petitesse, n’hésite pas, dans sa vie de tous les jours, à écraser son prochain à coups de délation et de commérages. A croire que le boulot d’esclave que le système lui a gracieusement accordé est l’alpha et l’omega de sa vie…

Nous pourrions également faire une parenthèse et mentionner le cas du travailleur qui a bien conscience qu’il est en train de se faire entuber au regard de son (très) maigre salaire et de la conjoncture économique démente qui lui laisse, pour vivre jusqu’à la fin du mois, un découvert ou une interdiction bancaire. Donc peu à peu, celui-ci a tendance à glisser vers une envie de ne plus travailler et de devenir à son tour un parasite puisqu’après tout,  il sait que le cas social du premier type vit mieux que lui !

Il est par ailleurs important de mettre en lumière ce que l’on appellera la « cas-social attitude » qui touche, quant à elle, un large spectre de strates sociales et qui, en première instance, nous arrive tout droit de notre chère nourrice cathodique qui est littéralement devenue le Grand Guide de toute famille. Nous retrouverons ainsi l’ingénieur vociférer un « Nan mais allô quoi !? », l’infirmier expliquer à ses collègues qu’il se « détend » devant Les Chtis à Las Vegas, et le chômeur se prélasser « parce qu’il a bien mérité son repos forcé » devant les téléfilms mettant en avant tous les vices du monde moderne. Sans compter que leurs enfants sont victimes dès le plus jeune âge d’un abrutissement massif programmé, cautionné par leurs parents qui ne savent plus les occuper autrement.

Mis à part les programmes TV les plus abrutissants qui soient, force est de constater qu’il existe une culture et un mode de vie « cas-social » qui empire d’année en année au gré de la décadence de « notre » société. C’est, souvent, une affaire d’apparence où la vulgarité et l’absence de goût, règnent sans partage. Voyez  les processions de poussettes conduites par des tromblons en survêtement, ou pire, en mini-jupe talons de mauvais casting porno, la clope au bec et l’œil torve, hurlant voire insultant leur marmaille sale et déguenillée ; les ados rachitiques, enceintes à 14 ans d’on ne sait qui, fagotées en fringues fluos du marché, à la chevelure douteuse qui passe du blond pisse au noir corbeau ; les hommes au visage vérolé par l’alcool mélangeant les styles vestimentaires propres à trois marqueurs musicaux phares de la « berloulerie » : le rap, la techno et Johnny Halliday, bien souvent fans de tunning… et de foot. (D’ailleurs, on associe souvent, malheureusement, à nos idées deux types de cas soc’ qui se caractérisent eux-aussi par la débilité et, souvent, une affligeante bassesse : les gabbers et certains « skinheads »… Chacun sa gangrène…)

Les cas sociaux sont partagés, sans jonction aucune, entre une attirance facilement outrancière pour le luxe (voitures, i-phones, écrans plats etc.) et un manque inexorable de goût pour le reste (habits, maquillage, nourriture), n’étant pas suffisamment éveillés pour faire la part des choses. D’ailleurs, ils tournent en ridicule tout ce qui est synonyme d’élévation intellectuelle ou spirituelle (lecture, études, religion), préférant de loin adopter sans réfléchir la sous-culture américaine dans ce qu’elle possède de plus bas (voyez les prénoms des enfants majoritairement tirés des plus mauvaises séries).  

Leur vide cérébral les amène facilement à tous les vices : tabagisme, alcoolisme, drogues… d’où découlent également un total manque de discernement au niveau relationnel, un manque de conscience qui les mène bien souvent à la maltraitance poussée à l’extrême, aux déviances sexuelles, et autres dégénérescences  pouvant faire d’eux de véritables dangers pour tout ce qui les entoure. Les exemples ne manquent pas.

Chaque époque a certes eu droit à son lot d’êtres décérébrés, victimes inconscientes des plus mauvais aspects d’un mode de fonctionnement sociétal inadéquat, mais, jamais nous n’étions arrivés à un tel pourcentage de déchets sociaux ! Nos anciens, il y a quelques décennies encore, étaient bien plus pauvres que les cas soc’ évoqués plus haut, mais ne tombaient pas dans le laisser-aller vulgaire auquel on assiste depuis, grosso-modo, les années 1980.  Ils étaient déjà largement plus dignes (par exemple dans nos corons du Nord), savaient s’entraider (car non-pourris par l’individualisme), étaient malins, courageux et cherchaient à évoluer intellectuellement en prenant soin de montrer à leurs enfants ô combien il était important de sortir de la misère induite par leur condition sociale modeste. Autre époque, autre société, finalement pas si lointaine mais qui ne centrait pas les aspirations humaines à l’hédonisme bon marché et incapacitant ou à la légèreté pleinement assumée.  La vie de nos anciens n’était pas basée sur le matérialisme, mais était plus spirituelle et surtout, communautaire. On vivait ensemble, on luttait ensemble, on partageait le pain et les valeurs ensemble.

Le système n’a pas cherché à tirer les gens vers le haut, bien au contraire, il les a encouragés à descendre plus bas encore dans la décrépitude de leur vie en en faisant de simples individualistes consommateurs. Il faut bien réaliser, à propos de ce dernier aspect, qu’économiquement, la consommation est portée par les cas soc’ -qui finalement, ont plus de pouvoir d’achat que nous- ainsi que par les classes aisées, alliées à l’oligarchie. Ce sont elles qui entretiennent majoritairement la société de consommation actuelle (pendant que les classes moyennes et modestes paient pour tout le monde). Et comme, en consommant des merdes, elles s’abrutissent toujours davantage, le système bénéficie avec elles de supporters loyaux et stupides qui, pour rien au monde, ne voudraient le voir tomber. Indéniablement, les cas soc’ sont les clients du système qui a trouvé avec eux de quoi parfaire son double objectif : décérébrer la population pour mieux la contrôler (un peu comme avec les « prolétaires » du livre visionnaire d’Orwell : « 1984 ») tout en en tirant un avantage économique certain. Considérant à quel point les cas sociaux se multiplient et prennent une part toujours plus importante dans la population blanche de notre pays, on peut légitimement les voir comme une arme du système.

Rüdiger et Ann

Note du C.N.C.: Toute reproduction éventuelle de ce contenu doit mentionner la source.

1914: Allemagne, culpabilité partagée

Christopher_Clark_Frankfurter_Buchmesse_2013_1.JPG1914: Allemagne, culpabilité partagée

 

Entretien avec le Prof. Christopher Clark sur ses thèses quant au déclenchement de la première guerre mondiale. Toutes les puissances sont coupables et pas seulement le Reich de Guillaume II!

Le Professeur Dr. Christopher Clark enseigne l’histoire contemporaine à l’Université de Cambridge et a sorti récemment un livre de près de 700 pages qui suscite une formidable controverse, “The Sleepwalkers – How Europe Went to War in 1914” (2012, éd. de poche chez Penguin, 2013).

Q.: Professeur Clark, le “Spiegel” a rendu votre oeuvre “suspecte”, “parce que vos possitions rappellent celles des historiens allemands classés dans le camp ‘national-conservateur’”. Seriez-vous par hasard germanophile?

CC: L’Allemagne est certes un pays pour lequel j’éprouve de la sympathie. Je parle l’allemand, mes séjours en Allemagne me sont agréables, je visite volontiers le pays. Mais je ne suis certainement pas germanophile au sens où cette germanophilie serait une position de doctrinaire...

Q.: Dans quelle mesure mettez-vous alors en doute la culpabilité exclusive de l’Allemagne dans le déclenchement de la première guerre mondiale?

CC: Plus personne ne parle vraiment de “culpabilité exclusive” aujourd’hui, même plus les adeptes les plus sourcilleux de l’école de Fritz Fischer, qui avait voulu bétonner l’idée d’une culpabilité exclusive.

Q.: L’historien allemand Fritz Fischer avait déclenché un débat dans les années 60 à propos de la culpabilité dans le déclenchement de la guerre de 14, débat qui avait vite porté le nom de “controverse Fischer”. Pour citer une nouvelle fois le “Spiegel”: “Dans cette controverse, Fischer posait la thèse de la culpabilité exclusive de l’Allemagne”...

CC: C’est un fait: la thèse de Fischer a fini par devenir une sorte d’orthodoxie, non pas sous les oripeaux du radicalisme, mais en version “light”. Chez mes collègues anglophones, on a traduit la thèse de Fischer de la manière suivante: les Russes, les Français et les Anglais ont certes commis des bêtises mais seuls les Allemands voulaient la guerre et l’ont provoquée.

Q.: En Allemagne c’est plutôt la version “radicale” qui a triomphé: une rédactrice de la chaîne ZDF vous a reproché “de prendre trop l’Allemagne sous votre aile protectrice”...

CC: Pas du tout! Je dis de façon claire et nette que l’Allemagne est co-responsable. Mais c’est bizarre: il n’y a qu’en Allemagne que l’on vous reprochera d’être trop “amical” à l’égard du pays. Ce n’est qu’en Allemagne qu’une bienveillance objective en arrive à être “suspecte”.

Q.: Dans quelle mesure?

CC: Je me souviens d’un débat à Berlin sur le thème de la Prusse. Quand il s’est terminé, une dame assez âgée, toute gentille, cultivée, m’a adressé la parole: “Monsieur Clark, vous semblez nous aimer, nous, les Allemands”. “Ben, oui”, ai-je répondu, “pourquoi donc ne vous aimerais-je pas?”. Et elle me rétorqua: “Parce que nous sommes si terribles!”. Je pense qu’un dialogue pareil serait tout bonnement impensable dans un autre pays.

9780062199225.340x340-75.jpgQ.: Votre livre est un formidable best-seller en Allemagne. Est-ce parce qu’il est en porte-à-faux par rapport à tous les autres, qui adoptent les thèses dominantes, qu’il est perçu comme “provocateur”...

CC: C’est possible. En Angleterre aussi, il a suscité des critiques acerbes. On disait: “Nous savons qui est le coupable dans le déclenchement de la première guerre mondiale! Que vient nous raconter ce Clark?”. Moi-même, j’ai encore appris à l’école que les grandes puissances s’étaient solidarisées entre elles pour faire face à l’Allemagne qui avait provoqué la guerre.

Q.: Et ce n’est pas vrai...?

CC: Les choses sont beaucoup plus compliquées. La Russie s’est alliée à la France justement parce qu’elle pensait que Londres pouvait s’allier à Berlin. Et Londres n’a pas cherché à se rapprocher de Saint-Pétersbourg pour intimider l’Allemagne, mais pour protéger l’Inde et la Perse contre les ambitions prêtées à la Russie.

Q.: La conclusion de votre livre: le Reich de Guillaume II n’est pas l’Etat-voyou que l’on a décrit depuis les événements...

CC: Non. L’Allemagne a contribué à créer la situation générale qui a débouché sur la première guerre mondiale et en est donc co-resposable, mais sans plus. Il n’y a pas eu de conspiration allemande pour aboutir à la guerre. L’Allemagne voulait être une grande puissance et c’est pourquoi elle s’est comportée comme une grande puissance. La politique allemande d’avant 1914 correspond entièrement au cadre mental de l’époque.

Q.: Donc, pour vous, l’Allemagne ne cherchait pas à devenir une puissance mondiale...?

CC: Il est plus exact de dire que l’Allemagne proclamait qu’elle voulait mener une “Weltpolitik”. Le résultat de cette aspiration a été l’acquisition de quelques colonies dans le Pacifique et en Afrique. Dans l’ensemble, le butin était finalement bien chiche. Aucune comparaison possible avec les grandes puissances bien établies de l’époque. Il y a une question que j’aime poser à mes étudiants: quelle était la différence entre la flotte britannique de l’époque et la flotte allemande? La flotte britannique était toujours en action. La flotte allemande ne l’était pratiquement pas. La même conclusion s’impose quand on compare les armées britannique et allemande de l’époque.

Q.: Pourtant, lors de la crise de juillet 1914, Berlin a couvert Vienne et a encouragé les Austro-Hongrois à faire la guerre parce qu’en fait, les Allemands la voulaient aussi: c’est ainsi que les théoriciens de la culpabilité exclusive ou principale de l’Allemagne justifient leurs positions...

CC: Il est exact que l’Autriche comme l’Allemagne voulaient une guerre locale contre la Serbie. Cependant la France et la Russie avaient imaginé qu’une poussée des puissances centrales en direction de la Serbie contituerait un casus belli et avaient ainsi fait de la Serbie une sorte d’avant-poste de leur dispositif. La Serbie était posée comme une entité à laquelle il ne fallait pas toucher faute de quoi on déclencherait la guerre. Cela prouve que Français et Russes étaient prêts à courir le risque. Je ne veux pas dire par là que la guerre a été le résultat d’une “conspiration franco-russe”. Berlin partait à l’époque du principe que les Russes n’interviendraient pas. La direction allemande était dès lors prête à risquer une guerre continentale. Le Chancelier Bethmann pensait que, si les Russes, contre toute attente, attaqueraient quand même, ce serait la preuve qu’ils avaient voulu la guerre. Bethmann pensait alors que si les choses pouvaient se passer comme cela, l’Allemagne ne devait pas chercher à éviter la guerre.

Q.: Vous absolvez également le deuxième “grand félon”, c’est-à-dire l’Autriche-Hongrie...

CC: Je n’absous nullement l’Autriche-Hongrie, mais elle n’est pas davantage que l’Allemagne le “grand félon”, seul responsable de la catastrophe. En fait, Vienne se trouvait dans une situation très précaire. Selon la logique qu’adopte toute grande puissance, en tous temps, elle devait réagir, d’une manière ou d’une autre, à l’assassinat de son prince héritier à Sarajevo par des nationalistes serbes.

Q.: Pourquoi?

CC: A votre avis, comment réagiraient les Etats-Unis si un commando, entraîné à Téhéran, par exemple, assassinait le président des Etats-Unis et son épouse en pleine rue? Je ne crois pas que les Américains resteraient sans réagir.

Q.: Vous dites que l’assassinat de l’héritier du trône a été pour l’Autriche-Hongrie une sorte de “11 septembre 2001”...

CC: Oui. Cet attentat a bouleversé de fond en comble l’alchimie politique de l’époque. C’est une légende de dire que les Autrichiens n’ont pas été touchés par la mort du prince héritier et qu’ils n’ont considéré cette mort que comme un prétexte pour pouvoir faire la guerre contre la Serbie. Non, les Autrichiens ont été profondément bouleversés. La mort de l’archiduc a été un véritable choc pour l’Empire austro-hongrois.

Q.: Qui alors est le véritable coupable dans le déclenchement de la première guerre mondiale?

CC: Je pense que la notion de “culpabilité” n’explique absolument rien. De plus, l’idée d’une “culpabilité” implique simultanément celle d’une “non-culpabilité”: voilà pourquoi cette notion nous conduit à avoir une représentation faussée de la crise de juillet 1914. La guerre a jailli d’une certaine culture politique européenne. L’Europe, à l’époque, était un continent explosif.

Q.: Vos propos ressemblent à ceux de Lloyd George, premier ministre britannique, qui avait dit “que nous nous étions tous laissés aller vers la guerre”... Votre thèse des “somnambules” est-elle quelque peu différente?

CC: Quand on dit “se laisser aller à la guerre”, cela signifie que les responsables n’ont pas de culpabilité. Ce n’est pas exact. Il faut dire plutôt que tous, comme des somnambules, ont laissé faire les choses, les yeux ouverts, sans vouloir rien empêcher: ils ont tous accepté le déclenchement d’une guerre de formidable ampleur, en entrevoyant parfaitement ce qui se passait. Personne n’a voulu commencer la guerre mais tous étaient prêts à l’accepter en toute bonne conscience, pour autant qu’un autre la rendait possible par son comportement. Et quand je dis “rendre possible”, je ne dis pas “la forcer”: il n’était même pas nécessaire d’exercer une telle pression...

(entretien paru dans “zur Zeit”, Vienne, n°3/2014, http://www.zurzeit.at ).

L’ordine Templare e la Tradizione europea

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L’ordine Templare e la Tradizione europea

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Ex: http://www.centrostudilaruna.it

È questo un periodo storico molto intenso, in cui gli eventi che viviamo portano la nostra memoria indietro nel tempo, alla storia più antica; andiamo indietro alla ricerca di un nesso, una ragione, che possa giustificare un presente difficile da accettare.

Ci chiediamo il perché le cose, oggi, siano arrivate a questo punto e perché il mondo abbia perduto quella memoria delle nostre origini, che ci aveva portato così in alto nella concezione della vita.

Un pensiero ricorrente da tempo mi gira nella testa, nato dal mio modo di vedere la storia con un’ottica di revisione, differente rispetto a come ci è stata insegnata a scuola. Da sempre, ho anche avuto una grande passione per la storia e le vicissitudini dell’Ordine dei Cavalieri del Tempio, conosciuti come “i Cavalieri Templari”; sin da bambino, come molti, subivo il fascino dei guerrieri rossocrociati. Una volta cresciuto, e posata la spada di legno, mi sono messo a leggere e studiare tutto quello che era stato scritto su di loro, sia di buono che di meno buono, per rimettere insieme le idee ed essere in grado di trarne dei concetti che andassero al di là delle solite supposizioni.

A tutti la storia dei Templari è conosciuta per due cose fondamentali: il particolare ed affascinante connubio tra il monaco ed il guerriero e la cancellazione ingloriosa dell’ordine legata al processo che mise fine alla sua esistenza nel 1313. Su questi due argomenti sono stati scritti una valanga di romanzi fantasticando sul presunto tesoro nascosto dai Monaci e mai trovato da Filippo IV re di Francia e sul magico segreto sapienziale che si sarebbe perduto, o segretamente tramandato, fino ad oggi e che avrebbe generato tutta quella mistica ideologica che si raggruppa sotto il nome di “templarismo”.

Non voglio, a parte qualche accenno dovuto, in questa sede, mettermi ad approfondire troppo la storia dell’Ordine monastico, narrando della sua costituzione e delle magnifiche imprese compiute in Terra Santa, né tantomeno voglio mettermi a revisionare il terribile processo che fu costruito contro di loro da Filippo il Bello con l’abile aiuto del Nogaret, e la presunta complicità passiva di Clemente V.

Voglio invece mettere a fuoco una questione, meno visibile, che per certi motivi, è legata alla storia successiva dell’Europa fino all’era attuale.

i-monaci-della-guerraI Templari, per quelle che sono state le idee che hanno portato alla costituzione dell’ordine monastico guerriero e per quelle che sono state le loro opere nei due secoli di vita dell’ordine, non sono stati solo un gruppo di monaci, armati per combattere per la libertà della terra santa dai popoli mussulmani. Il loro contributo alla difesa della terra Santa è stata, senza dubbio, di vitale importanza, fino alla caduta di Acri del 1291, che segnò la fine del Regno di Gerusalemme, ma la loro presenza diffusa in tutta Europa avrebbe lasciato una traccia profonda e indelebile nell’oppressiva presenza della religione cattolica e nel rigido assolutismo del sistema Feudale che regnava sovrano in quel periodo, anche se la prematura soppressione dell’Ordine ne limitò di molto la portata.

Nell’idea iniziale dei suoi ideatori l’ordine fu creato per questo! Per sconvolgere il feudalesimo e per generare una spinta spirituale nei popoli d’Europa, tale da creare un “nuovo ordine mondiale” mosso dalla Tradizione, con l’Europa al centro, come un’unica Nazione e unico contenitore di idee ed identità di razza, un vero Sacro romano Impero, ben oltre il concetto pseudo-cristiano, che aveva portato Carlo Magno a compiere gli eccidi di massa per fondare un Europa sotto il giogo della religione Cattolica. L’approvazione e la supervisione della chiesa di Roma, erano il punto di partenza irrinunciabile. Almeno queste erano parte delle idee che spinsero Bernardo da Chiaravalle (uno dei Dottori della Chiesa più controversi del Cristianesimo) a sostenere la fondazione dell’ordine, travasandovi la spiritualità Cistercense e mettendo in essere, un’opera di promozione pubblicitaria e finanziaria, prima e unica nel suo genere.

È nel 1118 che Ugo De Payns, nobile francese , 19 anni dopo la conquista di Gerusalemme decise di chiedere al Re di Gerusalemme Baldovino II l’autorizzazione a costituire un gruppo di cavalieri devoti alla Madonna per dedicare la loro vita di povertà e astinenza alla difesa dei Pellegrini sulle strade per la terra santa. Baldovino concesse loro alcune stanze del palazzo Reale e successivamente di insediarsi nel sito dove sorgeva il Tempio di Re Salomone, allora sede delle rovine della Moschea di al Aqsa, per stabilirvi la loro sede; da questo episodio la costituzione vera e propria dell’ordine si concretizza con il Concilio di Troyes nel 1129, dove i Poveri Cavalieri di Cristo ne ricevono l’investitura con l’adozione della cosiddetta “regola Latina” scritta da San Bernardo in persona.

Ma l’idea deve essere ricercata scavando ancora più a fondo, nelle vicende di quel periodo, subito successivo alla conquista di Gerusalemme del 1099. Infatti l’abate dell’Abbazia di Citeaux fondatore dell’Ordine Cistercense nel 1111, Steve Harding di origini anglosassoni, fece avere al monaco Bernardo l’autorizzazione a fondare giovanissimo, il Monastero di Clairvaux.

Il nuovo Ordine Cistercense, di regola Benedettina, prendeva ispirazione dal Cristianesimo anglosassone, diffuso cinque secoli prima da San Colombano, che aveva assorbito molto delle tradizioni e della religiosità druidica. Per questo si può affermare che, tramite il suo fondatore Steve Harding, la religiosità Cistercense risentisse molto della Tradizione anglosassone; ne fanno da testimonianza i luoghi che venivano scelti come sedi delle loro Abbazie, le cosidette salt lines: tracciati sulla superficie terrestre, da sempre considerati di valenza mistica dalle popolazioni pre-Cristiane come i Celti e gli stessi Romani e spesso utilizzati per l’edificazione di santuari e templi di culto pagano.

Anche l’abbazia di Clairvaux era costruita su una salt line longitudinale, non lontano da Troyes, ed il terreno era stato concesso proprio dal Conte Ugo di Champagne che sarà uno dei fondatori dell’Ordine dei poveri Cavalieri del Tempio. Il conte era un caro amico di Andrè de Montbart, zio di Bernardo, che diventerà anch’egli uno dei primi Cavalieri.

i-templari-e-il-graalMolte coincidenze legano la fondazione dell’Ordine Templare, gemmazione dell’Ordine Cistercense, alla tradizione anglosassone, ma da qui a supporre il legame di quest’ultimo alle Tradizione druidico pagana, pare cosa difficile; mentre può essere molto più semplice supporlo attraverso il loro operare dei due secoli successivi alla loro fondazione.

La devozione mariana di Bernardo e successivamente dell’Ordine Templare, è anch’essa una particolare coincidenza, in quanto il culto Cristiano della Vergine Maria, compare tardi nel Cristianesimo (Consiglio di Efeso 431 d.c.) e sia per l’aspetto iconografico, che per la ricorrenza delle varie festività dedicate, è considerato come derivante dal culto di Iside e Horus dell’antico Egitto.

Per i fondatori dell’Ordine Ugo di Payns, Goffredo de Saint Omer, e soprattutto il Conte Ugo di Champagne, l’occasione delle Crociate era unica e fondamentale: sostenere il Regno di Gerusalemme, da un punto di vista logistico e militare, e nello stesso tempo entrare in contatto con le tracce di civiltà antiche, conosciute solo in maniera indiretta, tramite la cultura della Grecia Classica, allargando i ristretti orizzonti culturali della allora vigente cultura Europea limitati dalla censura cattolica.

Questo è uno degli aspetti dell’ordine poco conosciuto, offuscato in parte dalle eroiche ed esaltanti gesta dei guerrieri monaci, e dai tanti contributi, così importanti ed innovativi che hanno dato, alla vita di quel periodo: primo fra tutti il sistema del credito a distanza, precursore dell’assegno bancario, che permetteva ai pellegrini di percorrere lunghe distanze senza doversi portare dietro il denaro contante che avrebbe fatto di loro bersagli per i predoni. L’influenza dell’Ordine sulla vita quotidiana di quel periodo iniziò a crescere, insieme al loro patrimonio; dopo pochi anni dalla loro costituzione i soldi continuavano ad aumentare e oltre a spenderli per il mantenimento delle guarnigioni in Terra Santa, li prestavano senza fare usura. A quel tempo il prestito con usura era vietato ai Cristiani ma era concesso solo agli Ebrei; per questo motivo i Templari prestavano soldi senza interessi ma solo con delle commissioni di spesa, tanto che il ricorso al prestito Templare fu accessibile a molti e sempre senza conseguenze dannose; da loro fu costituita anche una specie di “cassa Agraria” per permettere ai contadini più poveri di coltivare la terra senza dipendere dalle prepotenze dei feudatari.

Costruirono una loro forza navale, inizialmente nata per necessità logistiche, ma che in breve tempo fece concorrenza a quella delle Repubbliche marinare, arrivando persino a navigare ben oltre i confini del Mediterraneo; organizzavano minuziosamente la vita delle campagne per la gestione delle loro Magioni e Consorterie, migliorando le produzioni agricole, dando casa e lavoro alla povera gente. Costruirono una nuova rete viaria all’interno dell’Europa per consentire ai loro convogli e ai pellegrini stessi di muoversi più velocemente e più tranquillamente verso la Terra Santa, e tra queste la più conosciuta è proprio la via Francigena.

sulle-tracce-dei-cavalieri-templariLe popolazioni più povere, contadine ed artigiane, furono notevolmente sostenute dai Templari, sia economicamente che nella qualità della vita, al contrario di come versavano normalmente dove l’ingerenza feudale e la costrizione religiosa erano libere di agire. Un’altra grande innovazione fu la costituzione delle prime Corporazioni di mestiere. Una di queste, la più importante, fu quella de “I figli di Re Salomone”: la corporazione dei Maestri muratori, che si ritiene essere stata l’artefice della costruzione delle prime cattedrali gotiche, che in quel periodo in Europa cominciarono a spuntare come funghi, maestose e uniche, impossibili da costruire con le conoscenze di quegli anni, un miracolo architettonico, farcito abbondantemente di simbologie e riferimenti magici richiamanti religiosità antiche.

Sono davvero innumerevoli le innovazioni gestionali e tecnologiche che vennero introdotte in Europa per la gestione delle loro proprietà rurali e immobiliari; si era creata una sorta di catena di trasmissione che importava “nuova conoscenza e tecnologia” dalla Terra Santa per migliorare il sistema di produzione e di insediamento sociale in Europa, il profitto così ricavato veniva speso in parte per mandare rifornimenti come armi, cavalli e vettovaglie, alle guarnigioni di stanza a Gerusalemme, mentre il rimanente veniva dato in prestito o ri-investito in Europa.

La loro presenza cominciò a divenire molto scomoda, e ad essere mal vista dai feudatari locali, inoltre il loro patrimonio attirava l’attenzione di Sovrani senza scrupoli. Ma, dopo la caduta di Acri, e la fine del regno di Gerusalemme, una volta perduto il motivo che permetteva loro di rimanere in armi, quello che iniziò a non piacere fu il loro modo di interpretare e vivere la religione Cristiana.

corpus-hermeticumChe i Templari fossero sin dall’inizio un entità molto particolare, già lo si sapeva: “Monaci e Guerrieri” allo stesso tempo; un controsenso che portò lo stesso San Bernardo a dover ideare il concetto di “Malecidio” per sostituirlo a quello di omicidio, permettendo e giustificando la loro azione in armi , naturalmente solo verso gli infedeli. Ma il prolungato contatto ravvicinato con le testimonianze delle civiltà Egiziane antiche e la conoscenza dei loro aspetti più reconditi, anche attraverso l’interpretazione di queste, fatta dalla cultura islamica, permise loro di venire a conoscenza di un crogiuolo sapienziale antico, proveniente direttamente dalla culla delle civiltà medio orientali, la stessa che fu all’origine del rinascimento fiorentino con la traduzione del Corpus Hermeticum da parte di Marsilio Ficino nel successivo quindicesimo secolo.

Una conoscenza infinita derivò dall’apertura di questo scrigno, solo in piccola parte assorbito dalle popolazioni islamiche, ma mai, fino ad allora, interamente reso disponibile; e cosi la loro apparente religiosità Fideistica di elevata spiritualità si mutò, lentamente ed inevitabilmente, in Gnosticismo, in una religiosità antica e in una spiritualità esoterica poco tollerabile per quei tempi.

Entrarono in contatto con i loro stessi nemici, gli islamici, e con loro scambiarono idee e conoscenza, e da quel momento in poi , le cose cominciarono a cambiare radicalmente: se inizialmente avevano seguito le regole, e si erano attenuti al loro status di monaci cristiani, in Europa il loro ora et labora diventò un lavorare per cambiare il mondo di allora: tentare di cancellare quanto era stato costruito della dinastia Carolingia , che aveva impiantato con la forza la confessione Cristiana su tutti i popoli dell’Europa Romana e aveva schiacciato la Tradizione con la barbarie dell’ordine feudale.

È evidente , a questo punto, che vi era un piano ben determinato, sin da prima della costituzione dell’Ordine, un piano con un progetto smisurato: riportare l’Europa alla sua essenza precristiana, prima del giogo Carolingio, e ridare a tutte le genti Europee la dignità di popoli liberi in totale armonia con la loro terra.

Lo stesso spirito guerriero dei Templari si incarnava perfettamente, in un periodo in cui le Crociate infiammavano le anime di tutte le genti, dal semplice pellegrino, al vescovo fanatico fino al guerriero più desideroso di gloria eterna. I Templari indossarono volentieri l’abito dei guerrieri religiosi, per affrontare la gloriosa morte in battaglia sul suolo sacro di Gerusalemme, ponte terreno verso l’aldilà. Una guerra santa per combattere in nome del divino vincendo la morte stessa. Lo stesso Bernardo da Chiaravalle celebrò questo aspetto del sacrificio in nome di Dio con la sua “De Laude nuova Militia”, che funzionò come il miglior bando di arruolamento di tutti tempi: Bernardo aveva toccato quei tasti nascosti che risvegliarono i desideri più ancestrali degli uomini d’arme di quel periodo e non solo appartenenti alla nobiltà più esclusiva, ma anche al popolo più umile.

italia-templareVi era in seno all’Ordine una gerarchia molto sviluppata che andava dal Gran Maestro fino al servitore laico, ma all’interno di questa gerarchia , gli obbiettivi e le finalità dell’Ordine più reconditi erano gestiti da una ristretta cerchia di saggi: un gruppo di “Superiori Incogniti” che stabilivano le regole e comandavano sopra a tutti; questo gruppo di Saggi avevano il compito di tramandare quello che era lo scopo principale per cui l’Ordine stesso era stato costituito e di cercare le strade e le conoscenze per raggiungerlo, il tutto senza destare troppi sospetti.

L’arroganza di un Re smanioso di affermare il suo potere assoluto già da tempo voleva cancellare la loro scomoda presenza sul suolo francese, e la sua volontà di arricchirsi con i loro immensi patrimoni, oltre che l’obbiettivo di cancellare un grosso debito, creò il movente. Come lui la chiesa Romana, non aveva ancora realizzato, realmente quali fossero gli scopi dell’Ordine, direttamente ostili ad entrambi.

Tutto inizia nel 1303 quando una bolla di scomunica nei confronti di Filippo IV (della dinastia Capetingia) detto il Bello viene emessa dal Pontefice Bonifacio VIII, e scatena la reazione dell’arrogante sovrano. Ad Anagni il Papa venne maltrattato ed imprigionato fino a morirne un mese dopo. Filippo impose il trasferimento della Curia papale nella sede Francese di Avignone; in quella sede pretese che Bonifacio VIII fosse dichiarato eretico e simoniaco dal suo successore Clemente V e nel 1307 usò la scomoda condanna come merce di scambio per poter agire contro l’Ordine Templare che fu accusato di Eresia.

Le motivazioni furono molte (furono messi in piedi 124 capi di accusa) ma una delle più eclatanti, tra le accuse di sodomia e vilipendio alla croce, fu quella che riguardava l’adorazione di un idolo demoniaco che fu paragonato a Satana in persona, il famoso “Baffometto” il cui nome riprendeva in chiave ironica il nome del profeta degli infedeli. In realtà il processo non riuscì veramente a dimostrare l’adorazione di questo strano idolo, salvo qualche caso in cui qualcuno dei processati disse di aver visto una figura baffuta tra le icone delle chiese Templari. Il Baffometto, se sia stato oggetto di adorazione dei Cavalieri, non si può dimostrare con certezza, ma il significato di questa figura non ha niente a che vedere con il diavolo dei Cattolici, perché rappresenterebbe un simbolo esoterico di alto livello iniziatico, coniugante gli opposti alchemici e riferibile alla tradizione Ermetica più ortodossa; per cui se per caso fosse stato un simbolo dei Templari, di certo non dimostrerebbe altro che il loro essere un ordine iniziatico in tutto e per tutto!

la-tradizione-templareAll’alba del Venerdì 13 Ottobre del 1307 iniziò la persecuzione dei cavalieri Gerosolimitani per la brama dei loro tesori, ma tutto quello che successe nei sette anni successivi non fu altro che una lucida scelta della Chiesa di nascondere una scomoda realtà; tanto che in quegli stessi anni fu creata appositamente per l’occasione la “Santa Inquisizione” per perseguire un’eresia ritenuta pericolosa. Sono famosi i processi di Parigi, Londra, Cipro, Firenze dove le rare assoluzioni venivano cancellate con ricatti ai tribunali e torture agli accusati. Clemente V nella conclusione del processo nel 1313 al Concilio di Vienne con l’enciclica Vox in Eccelso, in un ultimo sussulto di dignità clericale, o forse perché non aveva ancora capito cosa si nascondesse veramente dietro l’Ordine rossocrociato, non volle cancellare l’Ordine Templare, ma ne decretò solo la sospensione; la reazione di Filippo il Bello a questo inatteso finale fu, nel 1314, di far mettere sul rogo di Parigi l’ultimo dei Gran Maestri dell’ordine Jaques de Molay.

Profondo fu il cordoglio del mondo colto di quell’epoca; perfino il Divino Poeta, direttamente coinvolto come appartenente laico dell’Ordine, celebrò il suo sdegno nella sua opera più celebre mettendo all’inferno entrambi i protagonisti, Papa e Re.

Negli anni successivi i numerosi cavalieri sopravvissuti si riorganizzarono in altri ordini monastici come i Cavalieri dell’ordine di Cristo in Portogallo o in sette segrete delle quali molte hanno rivendicato l’origine templare, ma realmente il proseguo della loro opera si è in buona parte perduto, nonostante si sia voluto intravedere nelle varie correnti di pensiero future, dall’umanesimo alla riforma protestante all’illuminismo.

La vera distruzione dell’ordine in realtà avviene nei decenni successivi, durante il pontificato di Giovanni XXII, successore di Clemente V, un Papa cultore di Alchimia ed Esoterismo, che venuto in stretto contatto con alcuni segreti dell’ordine dei Templari, dopo la sua sospensione, ebbe a reagire con estrema violenza decretandone la definitiva cancellazione con la Damnatio Memoriae, una condanna che veniva riservata solo alle eresie più pericolose.

Fu un definitivo colpo di spugna su un periodo storico durato due secoli, durante il quale un ordine monastico, derivante dall’evoluzione dell’alta e controversa spiritualità dei Cistercensi con l’aiuto di una nobiltà francese che voleva recuperare il retaggio del proprio passato, si fondava con l’impegno di pochi illuminati come distillato della Tradizione Europea per diventare un ordine monastico-guerriero, arrivando a scrivere perfino le regole della futura cavalleria. Un periodo nel quale l’elite spirituale dell’ordine aveva modo di entrare in contatto con realtà culturali e religiose fino a quel momento avversate e sconosciute, assorbendo conoscenze antiche da civiltà dimenticate, trasformando la religiosità fideistica in una gnosi sapienziale ed esoterica fino cercare di piantarne il seme per un nuovo ordine mondiale, trapiantandolo nell’Europa di allora, dove vigeva l’oppressione Feudale a governo dell’ordine sociale e il dogmatismo della chiesa cattolica, a governo delle coscienze.

“La cancellazione dell’Ordine del Tempio rappresenta la frattura dell’Occidente con la propria Tradizione – una tradizione che era religiosa e guerriera al tempo stesso, mediatrice tra il Potere Temporale e l’Autorità Spirituale.” (Renè Guenon, Autorità spirituale e Potere temporale).

L’opera dei Cavalieri Templari non si è esaurita del tutto dopo la cancellazione dell’Ordine; quello che era stato fatto prima rimane a perpetua testimonianza della loro grandezza, ma quello che hanno continuato a fare dopo, non ha più trovato né pace né favore da parte della Chiesa, come da parte di una società che ha continuato a decadere nei suoi contenuti spirituali fino ai nostri giorni.

Il mondo occidentale contemporaneo ha un’unica speranza per salvarsi dalla disfatta totale alla quale sta andando incontro, oramai da alcuni secoli, ora più rapidamente che mai: la riscoperta della Tradizione attraverso la conoscenza di un sapere che fu così ben difeso fino all’ultimo respiro dai Cavalieri Templari, ma che da allora è rimasto in balia dell’oblio e dall’adorazione dei falsi idoli.

jeudi, 30 janvier 2014

"United by Hatred"

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"United by Hatred"

Interview with Alexander Dugin

by Manuel Ochsenreiter

Ex: http://manuelochsenreiter.com

Prof. Dugin, the Western mainstream media and established politicians describe the recent situation in Ukraine as a conflict between pro-European, democratic and liberal oppositional alliance on the one side and an authoritarian regime with a dictator as president on the other side. Do you agree?

Dugin: I know those stories and I consider this type of analysis totally wrong. We cannot divide the world today in the Cold War style. There is no “democratic world” which stands against an “antidemocratic world”, as many Western media report.

Your country, Russia, is one of the cores of this so called “antidemocratic world” when we believe our mainstream media. And Russia with president Vladimir Putin tries to intervene in Ukrainian domestic politics, we read...

Dugin: That´s completely wrong. Russia is a liberal democracy. Take a look at the Russian constitution: We have a democratic electoral system, a functioning parliament, a free market system. The constitution is based on Western pattern. Our president Vladimir Putin rules the country in a democratic way. We are a not a monarchy, we are not a dictatorship, we are not a soviet communist regime.

Our politicians in Germany call Putin a “dictator”!

Dugin: (laughs) On what basis?

Because of his LGBT-laws, his support for Syria, the law suits against Michail Chodorchowski and “Pussy Riot”...

Dugin: So they call him “dictator” because they don´t like the Russian mentality. Every point you mentioned is completely democratically legitimate. There is not just one single “authoritarian” element. So we shouldn´t mix that: Even if you don´t like Russia´s politics you can´t deny that Russia is a liberal democracy. President Vladimir Putin accepts the democratic rules of our system and respects them. He never violated one single law. So Russia is part of the liberal democratic camp and the Cold War pattern doesn´t work to explain the Ukrainian crisis.

Violent protesters in Kiev

So how can we describe this violent and bloody conflict?

Dugin: We need a very clear geopolitical and civilizational analysis. And we have to accept historical facts, even if they are in these days not en vogue!

What do you mean?

Dugin: Todays Ukraine is a state which never existed in history. It is a newly created entity. This entity has at least two completely different parts. These two parts have a different identity and culture. There is Western Ukraine which is united in its Eastern European identity. The vast majority of the people living in Western Ukraine consider themselves as Eastern Europeans. And this identity is based on the complete rejection of any pan-Slavic idea together with Russia. Russians are regarded as existential enemies. We can say it like that: They hate Russians, Russian culture and of course Russian politics. This makes an important part of their identity.

You are not upset about this as a Russian?

Dugin: (laughs) Not at all! It is a part of identity. It doesn´t necessarily mean they want to go on war against us, but they don´t like us. We should respect this. Look, the Americans are hated by much more people and they accept it also. So when the Western Ukrainians hate us, it is neither bad nor good – it is a fact. Let´s simply accept this. Not everybody has to love us!

But the Eastern Ukrainians like you Russians more!

Dugin: Not so fast! The majority of people living in the Eastern part of Ukraine share a common identity with Russian people – historical, civilizational, and geopolitical. Eastern Ukraine is an absolute Russian and Eurasian country. So there are two Ukraines. We see this very clear at the elections. The population is split in any important political question. And especially when it comes to the relations with Russia, we witness how dramatic this problem becomes: One part is absolute anti-Russian, the other Part absolute pro-Russian. Two different societies, two different countries and two different national, historical identities live in one entity.

So the question is which society dominates the other?

Dugin: That´s an important part of Ukrainian politics. We have the two parts and we have the capital Kiev. But in Kiev we have both identities. It is neither the capital of Western Ukraine nor Eastern Ukraine. The capital of the Western part is Lviv, the capital of the Eastern part is Kharkiv. Kiev is the capital of an artificial entity. These are all important facts to understand this conflict.

Western Media as well as Ukrainian “nationalists” would strongly disagree with the term “artificial” for the Ukrainian state.

Dugin: The facts are clear. The creation of the state of Ukraine within the borders of today wasn´t the result of a historical development. It was a bureaucratic and administrative decision by the Soviet Union. The Ukrainian Soviet Socialist Republic was one of the 15 constituent republics of the Soviet Union from its inception in 1922 to its end in 1991. Throughout this 72-year history, the republic's borders changed many times, with a significant part of what is now Western Ukraine being annexed by the Red Army in 1939 and the addition of formerly Russian Crimea in 1954.

Some politicians and analysts say that the easiest solution would be the partition of Ukraine to an Eastern and a Western state.

Dugin: It is not as easy as it might sound because we would get problems with national minorities. In the Western part of Ukraine many people who consider themselves as Russians live today. In the Eastern part lives a part of the population that considers itself as Western Ukrainian. You see: A simple partition of the state wouldn´t really solve the problem but even create a new one. We can imagine the Crimean separation, because that part of Ukraine is purely Russian populated territory.

Why does it seem that the European Union is so much interested in “importing” all those problems to its sphere?

Dugin: It is not in the interest of any European alliance, it is in the interest of USA. It is a political campaign which is led against Russia. The invitation of Brussels to Ukraine to join the West brought immediately the conflict with Moscow and the inner conflict of Ukraine. This is not surprising at all of anybody who knows about the Ukrainian society and history.

Some German politicians said that they were surprised by the civil war scenes in Kiev...

Dugin: This says more about the standards of political and historical education of your politicians than about the crisis in Ukraine...

But the Ukrainian president Viktor Yanukovych refused the invitation of the West.

Dugin: Of course he did. He was elected by the pro-Russian East and not by the West. Yanukovych can´t act against the interest and the will of his personal electoral base. If he would accept the Western-EU-invitation he would be immediately a traitor in the eyes of his voters. Yanukovych´s supporters want integration with Russia. To say it clearly: Yanukovych simply did what was very logical for him to do. No surprise, no miracle. Simply logical politics.

 

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There is now a very pluralistic and political colorful oppositional alliance against Yanukovych: This alliance includes typical liberals, anarchists, communists, gay right groups and also nationalist and even neo-Nazi groups and hooligans. What keeps these different groups and ideologies together?

Dugin: They are united by their pure hatred against Russia. Yanukovych is in their eyes the proxy of Russia, the friend of Putin, the man of the East. They hate everything what has to do with Russia. This hate keeps them together; this is a block of hatred. To say it clearly: Hate is their political ideology. They don´t love the EU or Brussels.

What are the main groups? Who is dominating the oppositional actions?

Dugin: These are clearly the most violent neo-Nazi groups on the so called Euro-Maidan. They push for violence and provoke a civil war situation in Kiev.

Western Mainstream media claims that the role of those extremist groups is dramatized by the pro-Russian media to defame the whole oppositional alliance.

Dugin: Of course they do. How do they want to justify that the EU and the European governments support extremist, racist, neo-Nazis outside the EU-borders while they do inside the EU melodramatic and expensive actions even against the most moderate right wing groups?

But how can for example the gay right groups and the left wing liberal groups fight alongside the neo-Nazis who are well known to be not really very gay friendly?

Dugin: First of all, all these groups hate Russia and the Russian president. This hate makes them comrades. And the left wing liberal groups are not less extremist than the neo-Nazi groups. We tend to think that they are liberal, but this is horribly wrong. We find especially in Eastern Europe and Russia very often that the Homosexual-Lobby and the ultranationalist and neo-Nazi groups are allies. Also the Homosexual lobby has very extremist ideas about how to deform, re-educate and influence the society. We shouldn´t forget this. The gay and lesbian lobby is not less dangerous for any society than neo-Nazis.

We know such an alliance also from Moscow. The liberal blogger and candidate for the mayoral position in Moscow Alexej Nawalny was supported by such an alliance of gay rights organizations and neo-Nazi groups.

Dugin: Exactly. And this Nawalny-coalition was also supported by the West. The point is, it is not at all about the ideological content of those groups. This is not interesting for the West.

What do you mean?

Dugin: What would happen if a neo-Nazi organization supported Putin in Russia or Yanukovych in Ukraine?

The EU would start a political campaign; all huge western mainstream media would cover this and scandalize that.

Dugin: Exactly that´s the case. So it is only about on which side such a group stands. If the group is against Putin, against Yanukovych, against Russia, the ideology of that group is not a problem. If that group supports Putin, Russia or Yanukovych, the ideology immediately becomes a huge problem. It is all about the geopolitical side the group takes. It is nothing but geopolitics. It is a very good lesson what is going on in Ukraine. The lesson tells us: Geopolitics is dominating those conflicts and nothing else. We witness this also with other conflicts for example in Syria, Libya, Egypt, in Caucasian region, Iraq, Iran...

Any group taking side in favor of the West is a “good” group with no respect if it is extremist?

Dugin: Yes and any group taking side against the West – even if this group is secular and moderate – will be called “extremist” by the Western propaganda. This approach exactly dominates the geopolitical battlefields today. You can be the most radical and brutal Salafi fighter, you can hate Jews and eat human organs in front of a camera, as long as you fight for the Western interest against the Syrian government you are a respected and supported ally of the West. When you defend a multi-religious, secular and moderate society, all ideals of the West by the way, but you take position against the Western interest like the Syrian government, you are the enemy. Nobody is interested in what you believe in, it is only about the geopolitical side you chose if you are right or wrong in the eyes of the Western hegemon.

Prof. Dugin, especially Ukrainian opposition groups calling themselves “nationalists” would strongly disagree with you. They claim: “We are against Russia and against the EU, we take a third position!” The same thing ironically also the salafi fighter in Syria would say: “We hate Americans as much as the Syrian government!” Is there something like a possible third position in this geopolitical war of today?

Dugin: The idea to take a third and independent position between the two dominating blocks is very common. I had some interesting interviews and talks with a leading figure of the Chechen separatist guerilla. He confessed to me that he really believed in the possibility of an independent and free Islamic Chechnya. But later he understood that there is no “third position”, no possibility of that. He understood that he fights against Russia on the side of the West. He was a geopolitical instrument of the West, a NATO proxy on the Caucasian battlefield. The same ugly truth hits the Ukrainian “nationalist” and the Arab salafi fighter: They are Western proxies. It is hard to accept for them because nobody likes the idea to be the useful idiot of Washington.

To say it clearly: The “third position” is absolutely impossible?

Dugin: No way for that today. There is land power and sea power in geopolitics. Land power is represented today by Russia, sea power by Washington. During World War II Germany tried to impose a third position. This attempt was based precisely on those political errors we talk about right now. Germany went on war against the sea power represented by the British Empire, and against the land power represented by Russia. Berlin fought against the main global forces and lost that war. The end was the complete destruction of Germany. So when even the strong and powerful Germany of that time wasn´t strong enough to impose the third position how the much smaller and weaker groups want to do this today? It is impossible, it is a ridiculous illusion.

Anybody who claims today to fight for an independent “third position” is in reality a proxy of the West?

Dugin: In most of the cases, yes.

Former German foreign minister Guido Westerwelle shows solidarity with the "Euro-Maidan"

Moscow seems to be very passive. Russia doesn´t support any proxies for example in the EU countries. Why?

Dugin: Russia doesn´t have an imperialist agenda. Moscow respects sovereignty and wouldn´t interfere in the domestic politics of any other country. And it is an honest and good politics. We witness this even in Ukraine. We see much more EU-politicians and even US-politicians and diplomats travelling to Kiev to support the opposition than we see Russian politicians supporting Yanukovych in Ukraine. We shouldn´t forget that Russia doesn´t have any hegemonial interests in Europe, but the Americans have. Frankly speaking, the European Union is not a genuine European entity – it is an imperialist transatlantic project. It doesn´t serve the interests of the Europeans but the interests of the Washington administration. The “European Union” is in reality anti-European. And the “Euro-Maidan” is in reality “anti-Euro-Maidan”. The violent neo-Nazis in Ukraine are neither “nationalist” nor “patriotic” nor “European” - they are purely American proxies. The same for the homosexual rights groups and organizations like FEMEN or left wing liberal protest groups.

2014 sera une année déterminante pour l’Europe

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Andreas Mölzer:

2014 sera une année déterminante pour l’Europe

Fin mai 2014, les citoyens de l’UE seront appelés aux urnes pour élire un nouveau Parlement. Ils auront, cette fois, une réelle chance de forcer un changement de cap. En effet, de plus en plus d’Européens s’aperçoivent que la politique menée par l’établissement politique de l’UE les conduisent tout droit à l’impasse et se tournent vers les forces démocratiques de droite qui réclament des réformes, comme la Lega Nord en Italie ou la FPÖ en Autriche.

On s’attend donc à ce que les partis et les mouvements patriotiques et identitaires engrangent des voix: ce défi, lancé par les électeurs, rendra possible une pression croissante pour obliger l’établissement à concéder des réformes. Il faudra notamment réclamer un retour de compétences aux Etats membres parce que le Moloch bruxellois doit être impérativement redimensionné. De cette façon seulement, le déficit démocratique au sein de l’UE, les immigrations de masse, qui sont par trop débordantes, ou l’imposition arbitraire et déraisonnable des critères de la globalisation, selon les desiderata des Etats-Unis, pourront être enrayés et combattus avec toute l’efficacité voulue. Finalement les citoyens européens et les peuples nés de l’histoire de notre continent pourront revenir à l’avant-plan et ne resteront pas les jouets aux mains d’une pseudo-élite politique arrogante, comme c’est le cas aujourd’hui.

Andreas Mölzer.

(éditorial paru dans “zur Zeit”, n°1-2/2014, Vienne, http://www.zurzeit.at ).

La quenelle, petite histoire d’un grand mensonge politico-médiatique

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La quenelle, petite histoire d’un grand mensonge politico-médiatique

Auteur : Agoravox
Ex: http://www.zejournal.mobi

Analyse rétrospective détaillée de l'évolution du sens donné à la quenelle par les médias dominants, avec les causes, les objectifs et les techniques employées.

 Coup de tonnerre en ce 21 Janvier 2014, la quenelle, ce geste « infamant » qui a valu à Nicolas Anelka d'être attaqué par la Fédération anglaise de football, n'est pas un geste antisémite. Enfin, pas tout à fait. Il ne l'est que quand il est dirigé contre une synagogue ou un lieu de mémoire, entendez la Shoah, déclarée « sanctuaire » intouchable par Manuel Valls.

http://www.youtube.com/watch?v=BmAH...

Ainsi l'a déclaré Roger Cukierman, président du CRIF, au micro du Figaro.

http://video.lefigaro.fr/figaro/vid...

Ce revirement dans l'interprétation « officielle » (c'est à dire médiatique) de la signification de la quenelle clôt, je l'espère, un mensonge grotesque, initié par le pendant de Monsieur Cukierman, j'ai nommé Alain Jakubowicz, actuel président de la LICRA.

En effet ce dernier avait lancé « l'affaire » de la quenelle, par une déclaration dans le « reportage » (désolé pour tous ces guillemets mais le vocabulaire utilisé fait partie de la guerre sémantique menée par les médias) de France 2, diffusé dans l'émission « Complément d'enquête » le 19 décembre 2013.

http://www.france2.fr/emissions/com...

Donc selon ce monsieur, ce geste est, de toute évidence, un salut nazi inversé, signifiant la sodomisation des victimes de la Shoah (les guillemets seraient trop faibles pour exprimer l'aspect douteux de cette affirmation). Et sur quoi base-t-il son exégèse ? Sur des photos postés sur internet de « quenelliers », terme désignant les auteurs de ce geste « nauséabond » (terme préféré des médias pour qualifier la chose).

Tout d'abord, ces photos se comptent tout au plus en dizaines, sur un stock en ligne de plusieurs milliers (pour une vision d'ensemble, http://www.dieudosphere.com/les-que...)

Ensuite, on peut leur attribuer d'autres significations, comme celle de dire, : « j'emmerde la sacralisation et l'instrumentalisation de la Shoah par les instances juives, ou, j'en ai marre de bouffer de la Shoah matin, midi et soir, voire même au goûter, ou, je ne supporte plus la domination en France du lobby sioniste, ou, je veux blasphémer, et je ne peux me tourner que vers ce symbole puisqu'il est permis de caricaturer Mohammed, le prophète de l'Islam (cf http://fr.wikipedia.org/wiki/Carica...) ou de représenter le Christ en « putain du diable » (cf http://rue89.nouvelobs.com/rue89-cu...) mais pas de toucher à cette nouvelle religion qu'est la Shoah, ou je n'aime pas les juifs et je veux le montrer ». Je ne suis pas dans la tête des gens, donc je me garderai bien de juger de la signification que chacun peut attribuer à ce geste.

Enfin, à supposer que ces gens soient réellement des « antisémites » (terme vague censé désigner la haine des juifs pour ce qu'ils sont et non pour ce qu'ils font, mais dont le sens très élastique varie en fonction de qui l'emploie et contre qui il l'emploie. (Pour rappel les ashkénazes ne sont pas des sémites alors que les saoudiens le sont. Lire « l'invention du peuple juif » de Shlomo Sand pour les explications détaillése)), depuis quand attribue t-on la signification d'un geste en fonction de son objet d'application ? Si un néo-nazi se prend en photo en train d'uriner sur le mur des lamentations, doit on en conclure que le fait de pisser est antisémite ? Si on filme un homme en train de faire un doigt à un groupe de juifs, doit on proscrire à jamais l'érection du majeur, considéré comme antisémite ? Je laisse à chacun le soin d'exercer sa faculté de raisonnement et de tirer les conclusions que la logique impose.

Cela fait environ dix ans que l'humoriste Dieudonné (qui ne fait plus rire personne selon Manuel Valls et les journalistes de télévision, mis à part peut être les dizaines voire centaines de milliers de personnes qui ont vu ses spectacles et les millions qui ont visionné ses vidéos) pratique ce geste, sans que celui ci ait jamais été qualifié d'antisémite, malgré que son créateur l'ait été des centaines de fois.

Alors, pourquoi ce soudain revirement ? Pourquoi cet emballement ? Pour une raison très simple.

A partir du moment où la quenelle a généré autour d'elle un buzz énorme et où des milliers gens s'en sont emparés comme un signe de ralliement anti-système, les tenants et bénéficiaires de ce système (dont l'élite sioniste n'est qu'un composant, avec celui des élites politiques, financières, bancaires, médiatiques et industrielles) l'ont perçu comme une menace potentielle, car il s'inscrivait dans le cadre d'une crise totale (spirituelle, politique, financière, industrielle, culturelle et écologique), dont nous sommes loin d'être sortis. Face au risque d'une coagulation des mécontents autour de cette bannière, il fallait neutraliser ce risque en diabolisant le symbole qui commençaient à unifier les colères.

Comme avec le Front National dans les années 80, qui servit de repoussoir aux masses qui remettaient en cause la politique migratoire (destinée à faire pression à la baisse sur les salaires par la mise en concurrence des travailleurs et à affaiblir la cohésion du sentiment d'appartenance national, force pouvant résister à la domination du « marché » (terme vague pour désigner l'ensemble des puissances industrielles et financières qui ont progressivement supplanté la puissance étatique)), la quenelle arriva à point pour neutraliser cette nouvelle contestation qui ne rentrait plus dans les traditionnelles catégories droite/gauche (dont Alain Soral, passé du PC au FN, avant de le quitter après un détour Chevènement, est une parfaite illustration) .

En permettant de lui donner un nom, un visage, la quenelle permit aux pouvoirs en place de combattre cette contestation par des méthodes bien connues, mais qui ont fait leur preuve.

D'abord désigner un « méchant », l'affubler de titres infamants (fasciste, révisionniste, conspirationniste, raciste, nazi, et bien sûr, le pire de tous, antisémite), parler de lui sans cesse, sans lui donner la possibilité de répondre (cf http://www.youtube.com/watch?v=GLmu...), binariser le débat (genre « ou vous êtes de notre côté ou vous êtes du côté des terroristes »), et lier tous les gens susceptibles de porter un message critique similaire sous le terme nébuleux de nébuleuse, ou galaxie pour rester dans le registre astronomique (cf http://www.lefigaro.fr/actualite-fr...HYPERLINK "HYPERLINK" ). Ce genre de procédés est parfaitement décrit dans le livre 1984 de Georges Orwell.

Ensuite utiliser les chiens de garde (journalistes de télévisions, antifas, antiracistes, LICRA, CRIF, JSS News) pour neutraliser ces opposants de différentes façons :

• Diabolisation

http://www.youtube.com/watch?v=EvCK...

• Délation et traque

http://www.youtube.com/watch?v=H_Up...

• « Education » des masses sur le danger d'écouter ces individus

http://www.youtube.com/watch?v=p7tu...

• Chantage à l'antisémitisme (si tu aimes ce gars qui est antisémite, alors c'est que tu l'es aussi. CQFD)

http://www.youtube.com/watch?v=Mimz...

• Censure

http://www.youtube.com/watch?v=CBRz...

• Attaque physique

http://www.youtube.com/watch?v=Kax4...

• Procès

http://www.youtube.com/watch?v=gNxA...

Sauf que le diable, cette fois ci, est bicéphale. Dieudonné ne serait donc que le le vecteur artistique d'une idéologie dangereuse élaborée par Alain Soral.

http://www.youtube.com/watch?v=0BXC...

Donc pour lutter contre cette opposition, les journalistes vont d'abord donner un double sens à la quenelle, sous une forme pseudo interrogative (geste antisémite ou simple geste anti-système ?), avant de progressivement glisser vers le sens officiel, à savoir la première. Voici un aperçu de cette évolution à travers un échantillonnage d'articles du Monde, le journal de référence de la bien-pensance.

11 Décembre 2013.

http://www.lemonde.fr/politique/art...

« Provocation antisystème pour les uns, gestuelle antisémite pour d'autres, la quenelle garde une signification très floue. »

Notons que « les autres » ne désigne à l'époque qu'Alain Jakubowicz, qui fera néanmoins des émules dans le milieu très fermé des journalistes de télévision. Notons également que le titre de l'article annonce déjà la couleur en parlant de geste antisémite sans utiliser le conditionnel.

Gardez cependant à l'esprit que nul complot n'est nécessaire. Les journalistes passent leur temps à reprendre le travail de leurs confrères et ont une mentalité de meutes. Ils n'attaquent jamais seuls, sont lâches par nature ou par nécessité car ils savent qu'ils sont tous sur un siège éjectable, et sont mentalement et idéologiquement formatés dès qu'ils sortent du CFJ (Centre de Formation des Journalistes). Voir à ce propos l'excellent livre de François Ruffin, « Les petits soldats du journalisme » (http://www.acrimed.org/article935.html) et la conférence de Roberd Ménard sur la mentalité de ses confrères (http://www.youtube.com/watch?v=N_x-...HYPERLINK "HYPERLINK" ).

24 Décembre 2013

http://www.lemonde.fr/societe/artic...

« Main sur l'épaule et bras tendu, ce « salut » popularisé par Dieudonné M'bala M'bala garde une signification très floue. Pour ses détracteurs, il s'apparente au salut nazi. Pour les fans de l'humoriste, il s'agit d'une provocation anti-système. »

A noter que pour faire une quenelle, la main n'est pas sur mais contre l'épaule, et que le bras n'est tendu que de façon lâche, mais la formulation crée dans notre esprit une image mentale proche d'un Hitler en train de dire bonjour.

26 Décembre 2013

http://www.lemonde.fr/societe/artic...

« Ce geste réputé antisémite ou antisystème a été érigé par l’humoriste controversé Dieudonné en signe de ralliement repris par les milieux d’extrême droite.  »

Si l'interrogation subsiste encore, on peut voir le début de la manipulation. En effet ce geste a été repris par tous les milieux, dont l'extrême droite ne constitue qu'une frange. Mais en martelant cela sans cesse, on pousse à ce que les personnes qui croient au discours des médias dominants et sont terrifiés à l'idée d'être associés aux « méchants fachos » cessent de faire ce geste et que ceux qui sont déjà plus radicalisés se l'approprient encore plus, puisqu'ils ne croient plus les médias menteurs.

Pour ceux qui croient que ce geste de ralliement ne concerne que des gens d'extrême droite, je les renvoie à cet article qui a le mérite de l’honnêteté intellectuelle.

http://www.huffingtonpost.fr/jeremi...

30 Décembre 2013

http://www.lemonde.fr/sport/article...

« En effectuant cette « quenelle », posture inventée par Dieudonné et dont ses fans ont fait un signe de ralliement, l'attaquant de 34 ans a suscité l'émoi outre-Manche. Cette gestuelle est interprétée comme antisémite. »

Par qui ? Là, on n'a plus d'interrogation mais on a encore la question de interprétation. On avance.

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31 Décembre 2013

http://www.lemonde.fr/idees/article...

« Peu importe que la « quenelle » ait été ou non élaborée par une référence explicite au salut nazi. La question est de savoir au nom de quelle idéologie ses promoteurs essaient d’en faire un signe de ralliement. Le doute n’est pas permis sur ce point, tant la popularisation de cette gestuelle est le fait de Dieudonné et de sa garde rapprochée, c’est-à-dire d’un groupe soudé par l’antisémitisme. »

La question de la signification de la quenelle ne se pose plus, la messe est dite. La quenelle est antisémite car portée par un antisémite. Très bien, doit on alors interdire la svatiska, détournée par Hitler ? A-t-on le droit d'appeler son fils Adolf ? Le mot « camarade » doit il être banni car associé à un régime responsable de la mort de millions de personnes ?

31 Décembre 2013

http://www.lemonde.fr/idees/article...

« Les attaques récentes visant la garde des sceaux signaient le retour du racisme colonial archaïque, mais dont les ressorts n'ont pas entièrement disparu. Voici que l'antisémitisme, avec Dieudonné, s'installe dans l'actualité, en même temps que le geste de la « quenelle », vague synthèse du salut nazi et du bras d'honneur, de la haine des juifs et du rejet du système. »

Le doute n'est plus permis. Désormais les deux définitions de la quenelle n'en font qu'une.

07 Janvier 2014

http://www.lemonde.fr/idees/article/2014/01/07/non-monsieur-anelka-la-quenelle-n-est-pas-antisysteme-au-contraire_4343603_3232.html?xtmc=quenelle&xtcr=24

« Nicolas Anelka n'a sans doute pas fait exprès de choisir Noël pour effectuer sa quenelle devant des millions de téléspectateurs, mais, avec ce geste-là, il aura offert à la France un joli cadeau : celui d'obliger ses citoyens à choisir leur camp. Car ce salut nazi inversé n'est pas, contrairement à ce qu'on voudrait nous faire croire, un acte de résistance au système. »

Les deux définitions ont disparu pour faire la place à la seule qui vaille. Le problème est qu'Anelka n'a pas franchement la tête de l'emploi pour le rôle d'Hitler. C'est pas grave, on ne va pas se laisser emmerder par le réel.

09 Janvier 2014

http://www.lemonde.fr/societe/article/2014/01/09/manuel-valls-la-republique-a-gagne_4345770_3224.html?xtmc=quenelle&xtcr=18

« Tout le monde sait que ce geste dit “de la quenelle” est un geste antisémite, tout le monde sait qu'il ne s'agit pas de spectacles d'un humoriste mais de meetings politiques qui diffusent la haine »

Tout le monde le sait, et tout le monde s'appelle Manuel Valls. Merci de m'apprendre que je sais ce que je savais pas Monsieur le Ministre.

09 Janvier 2014

http://www.lemonde.fr/societe/artic...

« Durant deux heures, l'ambiance a été électrique devant le Zénith de Nantes, où des fans déçus par l'interdiction du spectacle de Dieudonné l'ont soutenu en chantant en chœur la chanson du polémiste ananas. Des « quenelles », le geste de ralliement au polémiste, se voulant antisystème mais souvent jugé antisémite, étaient aussi visibles, avec des bras tendus très haut rappelant le salut nazi.  »

Ou comment se contredire dans la même phrase. En effet, comment faire une quenelle avec le bras tendu très haut ? Facile, en faisant le salut nazi avec le bras tendu très bas. CQFD.

10 Janvier 2014

http://www.lemonde.fr/politique/art... ;

« Deux élèves ont été exclus jeudi 9 janvier du lycée Rosa-Parks de Montgeron (Essonne) pour, notamment, la photographie d'une « quenelle » réalisée à l'intérieur de leur établissement, et après une plainte pour apologie de crime contre l'humanité déposée par un enseignant qui les a brièvement conduit en garde à vue. »

Ou comment le tragique aboutit au comique. Si quelqu'un peut établir une progression logique entre la quenelle de deux adolescents dans un lycée , hors de tout contexte « shoatique », et l'apologie de crime contre l'humanité, je lui offrirai le prix du sophiste de l'année, à savoir un livre de Bernard Henri Lévy, « l'Idéologie française », qui démontre avec brio que la culture française (et donc les français par extension) est intrinsèquement fasciste et antisémite, et donc contraire à l'esprit des Lumières, dont le véritable esprit est dans le judaïsme. Je ne plaisante pas.

12 Janvier 2014

http://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2014/01/12/la-quenelle-un-geste-qui-pollue-les-ecrans-et-les-forums-de-discussion_4346121_3236.html?xtmc=quenelle&xtcr=12

« La « quenelle », le geste antisémite popularisé par Dieudonné M’Bala M’Bala, a ensuite connu une montée en puissance exponentielle sur les réseaux sociaux. »

Ce n'est plus une certitude, c'est un axiome.

13 Janvier 2014

http://www.lemonde.fr/societe/video...

« Au lendemain de la venue à Vence du polémiste d'extrême droite Alain Soral, qui s'est illustré par des propos sur la mort de l'ancien premier ministre israélien Ariel Sharon, une trentaine de personnes se sont réunies lundi matin à Nice pour effectuer le geste antisémite dit de la « quenelle » ».

C'est bon, c'est acquis, on ne reviendra plus dessus. Et à propos de propos, quels sont les propos d'Alain Soral sur Ariel Sharon ? La réponse se trouve ici http://www.youtube.com/watch?v=y4b0DI1ZfNo. A chacun de juger sur pièce du caractère scandaleux ou non de ses déclarations.

Et si vous n'avez pas eu votre dose de scandales voici une déclaration de Monsieur Sharon : « Le désir de ne pas faire de mal à des civils innocents à Gaza menera à la souffrance des vrais innocents : les habitants du sud d’Israël. Les habitants de Gaza ne sont pas innocents, ils ont élu le Hamas. Les Gazaouis ne sont pas des otages ; ils ont choisi librement et doivent en assumer les conséquences [...]. Pourquoi les citoyens de Gaza ont-ils l’immunité ? [...] Si les Cubains attaquaient Miami, La Havane n’en subirait-elle pas les conséquences ? C’est ce qu’on appelle “la dissuasion” –Si vous me tirez dessus, je vous tirerai dessus. Rien ne justifie que l’“Etat de Gaza” puisse tirer sur nos villes en toute impunité. Nous devons raser des quartiers entiers à Gaza. Raser tout Gaza. Les Américains n’ont pas arrêté avec Hiroshima –les Japonais ne se rendaient pas assez vite, alors ils ont aussi frappé Nagasaki. »

19 Janvier 2014

http://www.lemonde.fr/sport/article...

« Le sponsor du maillot des « Baggies », le promoteur Zoopla, a menacé de son soutien qui s'élève à trois millions de livres par an si Anelka était à nouveau sélectionné. L'un des propriétaires de l'entreprise, de confession juive, serait à l'origine de cet ultimatum qu'applaudit le Sunday Times  : « Pourquoi financer un club dont l'une des stars soutient l'extermination des juifs ?  »

Même défi que pour les deux élèves exclus mais plus difficile cette fois. Celui qui pourra pétablir une articulation logique entre un hommage d'Anelka à son ami Dieudonné dans la tourmente (de l'aveu de son auteur) et le soutien au génocide des juifs gagnera le DVD de « Le jour et la nuit », dont la seule erreur a été humblement reconnue par son auteur, Bernard Henri Lévy : « Si je regrette une chose, c'est d'avoir été un peu… mégalo. J'ai fait trop grand, trop fort, trop beau, trop tout… L'erreur était probablement là. »

Ce qui nous ramène au début de cet article, et à la date du 21 Janvier. Je ne porte pas de jugement pour savoir si Dieudonné est antisémite ou non, pour plusieurs raisons :

• Je ne suis pas dans sa tête ni dans son cœur.

• La Justice est censée juger les actes et non les hommes, et j'essaie de suivre la même démarche. Et je ne vois pas au nom de quel principe journalistique les médias s'instituent en tribunaux. Frédéric Taddeï n'était pas dans cette démarche, il se contentait de laisser s'exprimer une multitude d'opinions en mettant les siennes de côté, comme ce devrait être le cas de tous les journalistes qui se prétendent neutres et objectifs, et c'est pour cela qu'il a subi toutes ces critiques de ses confrères.

• Le terme antisémite n'est pas bien défini dans les médias et sert d'instrument pour étouffer la critique du sionisme. (c'est comme si je traitais de raciste anti-asiatique un blanc qui se permettrait de critiquer la politique du gouvernement chinois).

• Le sketch chez Marc-Olivier Fogiel qui lui a valu d'être traîné dans la boue ne contenait RIEN contre les juifs en tant que personnes, mais s'attaquait à l'occupation de territoires palestiniens par des colons israéliens. Et je comprends, sans pour autant le légitimer, qu'avoir été attaqué aussi violemment (y compris physiquement), aussi injustement et aussi longtemps par un lobby représentant une population donnée, ait pu faire naître en lui un ressentiment à l'égard de cette communauté. Dieudonné a manqué de discernement, mais ce n'est pas encore un crime à ce que je sache. La plupart des gens auraient réagi de la même manière. Nous ne sommes pas que des êtres de raison. Peut être aurait il dû écouter Eric Zemmour (à qui je tiens à rendre hommage pour ne pas avoir hurlé avec les loups), ou lire les livres de Jacob Cohen, Shlomo Sand, Norman Finkelstein, ou Gilad Atzmon, pour s'apercevoir de toute la diversité de pensées au sein de la communauté juive.

• Je n'aime pas la moraline (qui est à la morale ce que la chiasse est à l'étron).

  • On a le droit de ne pas aimer les juifs, les homosexuels, les noirs ou les arabes, le crime ne résidant pas dans le sentiment ou la pensée, mais dans le le fait de faire un acte répréhensible basé sur ce sentiment ou cette pensée.

Chacun est libre de penser continuer à penser ce qu'il veut de Dieudonné mais je tenais à exposer ce mensonge factuel de façon précise, sourcée et argumentée. Je ne saurais trop conseiller à ceux qui ne seraient pas encore convaincus de regarder tous ses spectacles dans l'ordre chronologique et de constater par eux même l'emploi qui est fait de la quenelle. Il serait vraiment intéressant d'analyser les causes de l'échec de cette propagande, et le triomphe d'internet sur la télévision, mais ce sera l'objet de ma prochaine tribune.

 - Source : Agoravox

Thaïlande: une révolte contre l’emprise américaine

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Bernhard TOMASCHITZ:

Thaïlande: une révolte contre l’emprise américaine

Les désordres qui secouent la Thaïlande sont une révolte contre un gouvernement inféodé aux Etats-Unis qui galvaude le patrimoine national en privatisant les ressources

La capitale thaïlandaise, Bangkok, n’est plus le lieu idyllique que s’imaginent les vacanciers occidentaux. Les batailles de rue se succèdent entre les partisans du gouvernement de la ministre-présidente Yingluck Shinawatra, reconnaissables à leurs chemises rouges, et les opposants à ce gouvernement, généralement vêtus de chemises jaunes. Cinq personnes ont trouvé la mort jusqu’ici. La situation n’est pas prête à se calmer: le chef de l’opposition, Suthep Thaugsuban est fermement décidé à renverser Yingluck Shinawatra, qu’il considère comme une marionette de son frère Thaksin Shinawatra.

Le déclencheur de cette vague de protestations a été une loi d’amnistie fabriquée pour absoudre Thaksin Shinawatra, l’ancien premier ministre thaïlandais, qui vit en exil depuis qu’il a été renversé par les militaires en septembre 2006; en 2008, il a été condamné à la prison pour corruption. L’opposition revendique également de renationaliser le consortium thaïlandais du pétrole PTT. Ce consortium avait été privatisé peu après l’accession au pouvoir de Thaksin Shinawatra en février 2001. Le “Wall Street Journal” écrivait à l’époque: “Le premier ministre thaïlandais Thaksin Shinawatra a fait du processus de privatisation, longtemps bloqué, l’un de ses premiers objectifs économiques. Au cours des trois prochaines années, le gouvernement vendra les actions de 16 entreprises et agences nationales”.

Avant d’entamer sa carrière politique, Shinawatra avait été conseiller du Groupe Carlyle, une des plus grosses entreprises américaines de participation. Il a mis à profit ses expériences professionnelles quand il a commencé sa carrière politique, comme l’écrivait le journaliste Thanong Khantong en 2001 dans le journal thaïlandais en langue anglaise “Nation”: “En avril 1998, lorsque la Thaïlande se trouvait encore dans le marasme économique le plus profond, Thaksin Shinawatra a essayé d’utilser ses liens avec l’Amérique pour peaufiner son image politique, au moment où il fondait son parti le Thai Rak Thai”. Il a notamment invité l’ancien président américain George H. W. Bush et son ministre des affaires étrangères James Baker.

Les Américains ont rapidement reconnu l’importance que pouvait revêtir Shinawatra qui, pour sa part, a su se montrer reconnaissant. En 2003, la Thaïlande a envoyé un contingent de soldats pour perpétrer l’attaque contre l’Irak, contraire au droit des gens. Il a également entamé des pourparlers pour forger un accord de libre-échange entre les Etats-Unis et la Thaïlande. Shinawatra a ensuite tenté d’imposer les conditions de cet accord au pays, en contournant le parlement. Le coup des militaires a empêché la traduction dans la réalité de cet accord.

Celui-ci aurait d’abord profité aux Etats-Unis. Dans un rapport de la Maison Blanche, on peut lire que l’accord de libre-échange “aurait essentiellement profité aux fermiers américains, confrontés aux droits de douane thaïlandais qui, en moyenne, sont de 35% plus élevés que les restrictions extra-tarifaires”. Robert Zoellick, un faucon de l’écurie des néo-conservateurs, qui, à l’époque était le principal des négociateurs américains et est devenu ultérieurement président de la Banque Mondiale, fut l’homme qui força Bangkok à éliminer dans le domaine agricole, “les limitations injustifiables à l’endroit des nouvelles technologies américaines”. Cette formule désigne surtout les organismes génétiquement modifiés. D’après Ernest Bower, le président du “US-ASEAN Business Council”, le traité entre Washington et Bangkok devait constituer “un précédent et un préliminaire” à tous les accords de libre-échange à négocier entre les Etats-Unis et les pays d’Asie du Sud-Est disposant d’un fort secteur agricole. L’“US-ASEAN Business Council” est un lobby qui veut amplifier les relations économiques entre les Etats-Unis et l’association des pays du Sud-Est asiatique. Parmi les 500 entreprises américaines qui sont parties prenantes dans ces négociations, on compte Coca-Cola et Google mais aussi des industries de l’armement comme Lockheed Martin et Northrop Grumman.

L’“US-ASEAN Business Council” est demeuré actif en Thaïlande après la chute de Shinawatra. De concert avec d’autres fondations américaines influentes, comme Freedom House, le Council a soutenu des “mouvements démocratiques” thaïlandais comme l’UDD (“United Front for Democracy Against Dictatorship”). Une “Union for Thai Democracy” remercie le Council pour l’avoir soutenu dans une lettre du 26 avril 2011: “Nous avons eu l’occasion de rencontrer ‘Human Rights Watch’, le ‘National Democratic Institute’ [une officine dépendant des Démocrates américains] et l’‘US-ASEAN Business Council’. Nous avons discuté de nombreuses questions (...). Le monde sait désormais, à l’heure de la globalisation, que seule une véritable démocratie peut garantir la stabilité”.

L’intérêt des Américains était que le statu quo demeurât tel quel en Thaïlande. La re-nationalisation du géant pétrolier PTT, que réclame l’opposition actuelle, bouleverserait la situation économique: en effet, le consortium énergétique américain Chevron est l’actionnaire principal de PTT depuis la privatisation de cette entreprise du Sud-Est asiatique. Il faut aussi se rappeler que PTT dispose d’un bon réseau d’oléoducs et de gazoducs. Vu les réserves énergétiques thaïlandaises, ce réseau revêt une importance stratégique considérable. Selon un dossier établi par la CIA, la Thaïlande disposerait de réserves sûres de pétrole estimées à 442 millions de barils et des réserves de gaz équivalant à 8,8 milliards de m3”.

A tout cela s’ajoute la position géostratégique de la Thaïlande et surtout de la presqu’île de Kra, dont la largeur est d’à peine 44 km. Elle sépare l’Océan Indien du Golfe du Siam. La Chine, depuis longtemps, veut creuser un canal au beau milieu de cette presqu’île pour mettre un terme au fameux “dilemme de Malakka”: le détroit de Malakka, contrôlé par des puissances tierces, limite considérablement la marge de manoeuvre des Chinois dans cette zone maritime cruciale. Zhou Fangye, de l’Académie chinoise des sciences sociales, écrivait, fin novembre 2013, dans un journal appartenant à l’Etat chinois, “Global Times”, que le creusement d’un canal “résoudrait automatiquement le ‘dilemme de Malakka’ et permettrait d’éviter le goulot d’étranglement stratégique qui limite l’accès à l’Océan Indien de la puissance maritime chinoise”. A l’inverse, le politologue néo-conservateur américain Robert Kaplan considère que le projet d’un Canal de Kra, vu son importance géostratégique, est comparable au projet du Canal de Panama et “changerait l’équilibre en Asie au profit de la Chine”.

Bernhard TOMASCHITZ.

(article paru dans “zur Zeit”, Vienne, n°50/2013, http://www.zurzeit.at ).

Do “Colour Revolutions” Happen Spontaneously?

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Vladimir Platov

Do “Colour Revolutions” Happen Spontaneously?

Ex: http://journal-neo.org
 
For over 3 years countries of the Arab world have lived under the influence of “revolutions” which have shaken the political foundations of a number of states in the region, bringing about a change in the ruling elite and the emergence of new political parties and movements. Among local – and external – media outlets there is tireless discussion of the fundamental question: to whom did these “revolutions” prove profitable and who was their real instigator?

These questions are posed by columnists following the emergence and development of “colour revolutions” in other world regions, particularly the events in Ukraine, which have seen a resurgence in recent times. Experts are especially perplexed by the actions of EU and U.S. politicians, calling the Ukrainian opposition to greater action against the country’s legally elected government – with whom, incidentally, the EU and the U.S. foster diplomatic relations, as officially attested to by those currently in power in Kiev. The matter is not only limited to calls by U.S. Senator John McCain & Company to change out the current Ukrainian regime, however; it extends also to organized financial support of individual opposition “leaders”, to whom residency is undoubtedly offered in the U.S. or countries of the EU “for revolutionary services”. A prime example of this is the Ukrainian opposition “leader” Klitschko, who has received residency in the U.S. and Germany.

Within this context, conclusions drawn by experts of the highly respected French Centre for Research on Intelligence (CF2R) may prove especially interesting: conclusions on whether “colour revolutions” are spontaneous or could be the result of coordinated operations.

The French experts believe that revolutionary reform activists in countries of Eastern Europe as well as the Arab world – in particular the April 6th Youth Movement which ousted Egyptian president Hosni Mubarak – and even South America were educated through seminars on “nonviolent revolution” strategy, held in Serbia by the famous organization, CANVAS (Centre for Applied Nonviolent Action and Strategies), which was born in 2001 of the Serbian political entity Otpor!, becoming a training centre for “nonviolent action” after the felling of Slobodan Milosevic’s regime.

CF2R experts tracked the activities of CANVAS “advisors” preparing for Georgia’s Rose Revolution and the Orange Revolution in Ukraine, as well as their close ties with the Belorussian organization Zubr (“Bison”), founded in 2001 with the goal of toppling the regime of Alexander Lukashenko. They also discovered CANVAS ties with the Venezuelan opposition.

During the winter of 2011 flags with CANVAS emblems, inherited from Otpor!, were waved by Egyptian students of the April 6th Youth Movement, playing an active role in the demonstrations on the streets of Cairo.

CF2R paid particular attention to CANVAS’s claimed funding sources, as activities of this structure require substantial financial support. In the words of CANVAS director Srda Popovic, the organization operates “exclusively on private donations”. Authors of the study, however, paint quite a different picture. According to informed French sources two American organizations actively finance CANVAS – the International Republican Institute (IRI) and Freedom House.

The International Republican Institute is a political organization associated with the U.S. Republican Party, founded in 1983 following American President Ronald Reagan’s speech before the British Parliament in Westminster, where he offered political parties and organizations abroad aid in creating “infrastructures for democracy”. It is well known that the IRI is financed by the U.S. government (in particular, through the State Department, the Agency for International Development – USAID – and the National Endowment for Democracy). Its activities include “providing broad assistance to political parties and training their activists”.

The French experts, however, clearly indicate that the International Republican Institute is, in fact, nothing more than a screen for the CIA. Under these circumstances it is worth noting that the famous activist of the Euro Maidan in Kiev, U.S. Senator John McCain, is not only a representative of the U.S. Republican Party, but also a champion of the IRI. On the basis of this information questions as to who may be guiding his actions are answered in and of themselves.

As far as Freedom House, its main activity is the “export of American values”. This Non-Government Organization was founded in 1941 and conducts research on the status of political and civil liberties in various countries. Between 60 and 80 percent of its budget is made up of grants from the U.S. government (mainly the State Department and USAID). Until 2005 its director was former CIA head James Woolsey, which, according to the opinion of CF2R experts, clearly indicates U.S. intelligence involvement with Freedom House activities. A highly remarkable fact, established by the French, is Freedom House’s invitation to famous Egyptian blogger Israa Abdel Fattah, co-founder of the April 6th Youth Movement, to attend an event held by the organization. There, she underwent training in a program for “political and social reformers”. All activities were funded by USAID.

The financial participation of the IRI and Freedom House, as well as that of the U.S. Special Forces hidden behind them, can be traced in “revolutionary activities” not only in Egypt, but also in Tunisia, Libya, Syria and other States in the Middle East region.

As noted by the French, it is extremely difficult under these conditions not to notice the U.S. role and American manipulation of events in the Middle East in recent years, even with the lack of direct references to such activities on the part of the Obama administration. Even more surprising is the fact that the Western press has been and continues to be highly discreet on this issue (with rare exceptions) and is silent about the relationship between current events in the Arab world and US “advisors”. “Even individuals who are usually forthcoming with ‘conspiracy theories’ are strangely silent”, remark the French experts.

Given that the activities of the IRI, Freedom House, USAID and other organizations heavily used by Washington in “political reforms” continue to be carried out (and not only in the Middle East), we can hardly expect a quick decline of “revolutionary” movements in the world, including those in the Middle East, Ukraine and elsewhere.

Vladimir Platov, Middle East expert, exclusively for the online magazine “New Eastern Outlook”.

LES PEUPLES DEVIENNENT ESCLAVES DE LA FINANCE MONDIALISTE

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LES PEUPLES DEVIENNENT ESCLAVES DE LA FINANCE MONDIALISTE
 
Va-t-on voir se lever le vent de la fronde ?

Auran Derien
Ex: http://metamag.fr

Une prise de conscience qu’il existe aujourd’hui une nouvelle tyrannie, installée en France mais aussi présente dans toute l’Europe, est-elle en train d’advenir ? Promu et protégé par un régime qui s’autoproclame le bien en soi, va-t-on voir se lever peu à peu le vent de la fronde? Car la situation présente de la France ne convient à personne : ni à la nouvelle tyrannie, ni à la population des autochtones, ni aux nouveaux venus du vaste monde. Nous observons en effet des horreurs simultanées. 


La dégradation de la situation socio-économique. 

Le pillage par les actionnaires et autres fonds financiers a réduit la part des salaires dans la valeur ajoutée. Le monde salarié s’appauvrit sans qu’il existe de niveau plancher. Tiennent le haut du pavé les créateurs de la monnaie et la corporation politique qui jouit de grasses situations tant qu’elle se couche devant le pouvoir despotique de la finance mondialiste.


La dégradation du système de valeurs.

L’obsession économique repose sur un obscurantisme: traiter les humains comme des marchandises. Il en résulte une violence d’un type nouveau que l’on pensait disparue depuis la fin des guerres de religion. Les criminels bolchéviks avaient relancé la folie religieuse sous forme séculière : la violence exercée par les fanatiques d’une idée primitive mais qui donnait le pouvoir à un gang. Cela est désormais présent en Europe. Nous sommes tous les victimes d’un pouvoir infâme, inhumain, qui traite les populations comme des animaux. L’inhumanité est en fête chaque fois que l’un ou l’autre des nouveaux tyrans ouvre sa gueule. 


Le génocide des peuples autochtones.

assiette-au-beurre-capitalisme.jpgPour construire le paradis sur terre dans sa version biblique, il faut que les financiers, maîtres du CAC 40 soient propriétaires de toutes les richesses du monde et que les animaux de la ferme globale soient satisfaits d’être simplement en vie. Tout détruire est toujours le préalable à la construction de l’homme nouveau, le pur occidental cosmopolite.


Les multinationales.

Les fonctionnaires de Bruxelles agressent en permanence et de manière systématique les populations. Ces groupes d’assaut contre les peuples d’Europe sèment le chaos et la mort. Les agriculteurs sont agressés par Monsanto, car ils ne peuvent pas planter ce que bon leur semble et par Bruxelles qui favorise les trafiquants de nourriture avariée produite n’importe où avec n’importe quoi. Les industriels ferment, car la concurrence par l’émulation a disparu. Les ploutocrates arasent tout, à travers le dumping des importations. Les services s’installent aux quatre coins du monde. Les enseignants ont été transformés en prédicateurs, les journalistes en délateurs, les magistrats en cannibales, les policiers en matons. L’inhumanité se réjouit, mais cela ne lui suffit pas : il y a toujours un comique à purger.


Nos heures les plus sombres?


La trahison des “élites” est la base de toute décadence. Les personnalités qui incarnent un peuple, une civilisation, une esthétique, les pierres de touche de toute société ont été remplacées peu à peu par des limaces gluantes, des têtes plates et creuses, des gens sans qualité, sans honneur, sans éthique. Le néant…... Zinoviev nous en avait informés : Le pouvoir occidental ne veut que des traîtres. 


Toute élite sera donc négligée, voire méprisée au profit du pantin, du parfait petit collabo. Leur première étape consiste à corrompre, et en général cela suffit. Aux voyous qui créent la monnaie selon leur bon plaisir, il ne coûte rien d’acheter les âmes. Cela fonctionne bien : les âmes se vendent. Dans les cas, plutôt rares, de refus, le pouvoir infâme fait silence ou assassine l’infidèle. N’est-ce pas intolérable ?

CYBER-SECURITY: NUOVA POLITICA EUROPEA

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CYBER-SECURITY: NUOVA POLITICA EUROPEA

Caterina Gallo

Ex: http://www.eurasia-rivista.org

“Lo spazio cibernetico è sempre più il luogo della competizione strategica. La sua accessibilità a basso costo e la pervasività lo rendono il luogo ideale per la proliferazione di minacce vecchie e nuove.


Dalla militarizzazione all’attività di reti criminali, il cybermondo rischia di essere il luogo del caos assoluto, se non adeguatamente governato da regole condivise. Per gli operatori di intelligence la tutela della sicurezza nazionale dalle minacce cibernetiche è una nuova, importante sfida”. (1)

Tale è il quadro di riferimento nell’approccio a una realtà che, nello specifico campo della comunicazione, rappresenta il bing bang della cibernetica (2) volta a mutare i concetti di spazio e di tempo intesi come un dato rapporto tra soggetti, nonché tra soggetto e oggetto (3). E, a seguito dell’estendersi dello scandalo globale per i programmi di intercettazione della National Security Agency (Nsa) svelati dalla talpa Edward Snowden, a danno dei principali leader mondiali; sta prendendo sempre più piede la crescente diffusione di tecnologie e sistemi di comunicazione, sviluppo di attori non-statuali e redistribuzione del potere tra gli attori statuali, che hanno modificato il profilo delle “minacce e dei rischi” (4) con cui gli Stati devono confrontarsi. Nella medesima cornice e in coerenza con quanto sostenuto, si affaccia prepotentemente e con insistenza nello “scacchiere della globalizzazione” l’intelligence, assumendo un ruolo sempre più incisivo e determinante. Segnato da risvolti inquietanti, da tinte cupe e grigie: l’informazione è diventata il “cuore della sicurezza del Paese (5); partendo da questo principio, l’intelligence, tramite la raccolta di dati e conseguente analisi, partecipa attivamente alle risoluzioni complesse nel campo della sicurezza nazionale” (6). Concetto che ha subito nel tempo “alterazioni”, ma in particolare notevoli obiezioni, ampliandosi in direzione di una trasformazione: “da una sicurezza quasi esclusivamente di tipo militare e “Stato-centrica” a una sicurezza multidimensionale e non più connessa a minacce e rischi provenienti solamente da attori statuali” (7).

Di diverso avviso è il premier britannico David Cameron: “Se le cose stanno così, ha accusato il premier davanti al Parlamento di Londra, quanto è accaduto ha danneggiato la sicurezza nazionale. Sotto molti aspetti lo hanno ammesso quelli dello stesso Guardian, ha aggiunto, quando, su garbata richiesta del mio consigliere in materia e segretario di gabinetto (Jeremy Heywood), hanno distrutto la documentazione in loro possesso”. Pertanto, è fondamentale che l’intelligence si doti di rapporti e interagisca con l’esterno, con le risorse della società, anche se apparentemente sembra contrastare con il principio di riservatezza, che nel tempo ha subito una profonda evoluzione. Riservatezza intesa nel senso di garantire uno spazio di autonomia e di apertura verso altri soggetti che, intricati e coinvolti in una fitta rete di comunicazione, questi possano sentirsi liberi grazie alla protezione offerta dalla propria sfera privata. Nella società della comunicazione, il problema attuale non è solo di impedire l’acquisizione illegittima di informazioni personali, ma di impedire intrusioni legalizzate, ossia di controllare il flusso di informazioni sia in entrata che in uscita. Ciò è reso possibile mediante un controllo diretto che garantisca il processo di selezione delle informazioni: “proteggersi dall’invadenza dei messaggi che ci arrivano dall’esterno e che influenzano lo sviluppo della personalità” (8).

L’unico possibile argine per far sì che l’Europa si rafforzi in tal senso “è di poter giocare alla pari con i partner americani e avere più peso di fronte all’amministrazione americana”, questa la proposta di Viviane Reding, commissario Ue alla giustizia. E ha aggiunto: “Vorrei pertanto usare questa occasione per un maggiore servizio segreto di cooperazione tra gli Stati membri dell’Ue, in modo che possiamo parlare una comune voce forte con gli Stati Uniti; la Nsa ha bisogno di un contrappeso”. Nei suoi piani, l’obiettivo è di creare entro il 2020 un “European Intelligence Service” (Eis) tanto potente quanto il “National Security Agency” (agenzia d’intelligence istituita negli USA per potenziare la sicurezza nazionale, rafforzata successivamente a seguito dell’attacco delle torri gemelle, costituisce il più potente strumento di controllo mondiale delle telecomunicazioni), una sorta di CIA europea, che sia in grado di coordinare e sostituire i diversi servizi segreti dei 28 Stati membri.
Sebbene la maggioranza degli esperti russi sostiene che l’idea di Viviane Reding sia destinata a fallire, l’analista dell’Istituto di studi europei presso l’Accademia di scienze russa, Dmitry Danilov, ha affermato che “una serie di motivi mi fanno credere che non si potrà creare un sevizio o un’agenzia centralizzata all’interno dell’Unione Europea. Persino nel campo della cooperazione su questioni della difesa o della politica di sicurezza il progresso è molto lento”. A ragion veduta l’agente dei servizi russi Roman Romatchiov dichiara che “si tratta di una reazione allo spionaggio globale degli USA. L’Europa vuole prendere la rivincita. Per questo deve organizzare campagne sui mass media, lanciare delle idee per far credere ai cittadini europei che anche i loro governi si danno da fare”. A tal fine, un fondamentale campo di sfida per l’intelligence sarà quello della cyber security (9).

Capire la complessità di questa nuova dimensione della sicurezza e comprenderne l’impatto reale sugli interessi nazionali è il primo passo per realizzare una politica efficace di cyber security. Per tale ragione il centro di ricerca di Cyber Intelligence and Information Security (CIS) dell’Università Sapienza di Roma ha elaborato un documento di notevole importanza, il “2013 Italian Report on Cyber Security: Critical Infrastructure and Other Sensitive Sectors Readiness” (10), presentato ufficialmente il 9 dicembre 2013 in collaborazione con il Dipartimento Informazione per la Sicurezza (DIS), alla presenza del Sottosegretario alla Presidenza del Consiglio con delega alle Informazioni per la Sicurezza, Sen. Marco Minniti. Il Rapporto, realizzato da studiosi e ricercatori italiani, vuole essere un contributo accademico per accrescere e consolidare la comprensione e il dibattito nazionale su uno dei temi più caldi di rilevanza internazionale e che suscitano polemiche di portata mondiale, qual è lo stato dell’arte nella protezione, da attacchi cibernetici, delle infrastrutture critiche nazionali e dei settori economici sensibili.

La minaccia cibernetica, pur riguardando la dimensione del cyberspazio, risulta in grado di incidere su una pluralità di settori interconnessi quali: la sottrazione di dati a fini predatori, la violazione della proprietà intellettuale, il furto di identità, il proposito di danneggiare la funzionalità delle infrastrutture critiche o di manipolare informazioni al fine di delegittimare le istituzioni o favorire il proselitismo in rete, lo spionaggio vero e proprio con la sottrazione di informazioni privilegiate o segreti industriali, per alterare la concorrenza e favorire la superiorità strategica di un Paese.Per rispondere a tale inconveniente, l’attività informativa è stata orientata alla sicurezza delle reti telematiche e sistemi informatici delle aziende di rilevanza strategica (11), e quindi si è proceduto nel circoscrivere la minaccia proponendo soluzioni volte a garantire la sicurezza dei dati e ridurre i costi di gestione dei sistemi informatici, quali il cloud computing (12). A tal proposito, il 27 settembre 2012 la Commissione europea ha adottato una strategia denominata “Sfruttare il potenziale del cloud computing in Europa” (13). La strategia punta ad incrementare il ricorso alla “nuvola” in tutti i settori economici, il gruppo di esperti rappresenta un elemento chiave di questa strategia e degli sforzi della Commissione di promuovere il mercato unico digitale, già avviati nell’ambito di altre iniziative legislative, come la riforma UE sulla protezione dei dati (14).

Implicazioni

È molto difficile trarre conclusioni per una problematica in rapida evoluzione, tuttavia, alla luce di quanto esposto la cyber security diventa un aspetto importante che richiede di porre maggiore attenzione a livello politico-istituzionale, necessaria anche a livello internazionale. “Nel 2009 il vertice USA – UE ha per la prima volta riconosciuto la cyber security come sfida globale (non bilaterale, né regionale)” (15), segnalando nel contempo l’intento di: “rafforzare il (…) dialogo USA – UE per individuare e rendere prioritari i settori nei quali sia possibile intervenire congiuntamente per costruire un’infrastruttura che sia sicura, resistente e affidabile per il futuro”. (16) Tutto ciò ha reso necessaria una maggiore presa di coscienza dell’affidabilità da riporre nei confronti degli stakeholder (settore pubblico/governativo, settore privato/industria e società civile) preposti alla formulazione di politiche in tutti campi del settore cyber tra cui monitoraggio, investimenti, contromisure, armonizzazione terminologica e normativa.

Il settore privato impegnato nella ricerca e sviluppo delle ICT, un ruolo improntato nella consulenza, preparazione e attuazione delle procedure e protocolli in materia informatica; parte integrante di un’architettura strategica, incentrata nella protezione della sicurezza dello Stato. Quindi, si rende necessario fare un passo avanti al fine di prendere coscienza e capire quanto sta accadendo a livello di sicurezza informatica, “ossia che è proprio l’insieme dei dati e di conoscenza che fa di una nazione, innovativa e competitiva a livello mondiale, un sistema Paese che è diventato oggetto di attenzione malevola da parte di entità di difficile individuazione, ma non per questo meno pericolosi di avversari su un campo di battaglia concreto”. (17)

*Caterina Gallo laureata in Scienze delle Relazioni Internazionali all’Università degli Studi di Salerno

Note

(1) “Minacce alla sicurezza. Cyberspazio e nuove sfide”, G. Ansalone, Rivista italiana di intelligence, 3 – 2012.

(2) Il termine (etimologicamente derivante dal greco kubernetike (arte del governo del timoniere) è stato coniato dal matematico Norberto WIENER (La cibernetica trad. Di O Beghelli, Milano, 1953) la cui definizione quale “scienza del controllo e della comunicazione fra gli animali e le macchine” richiama appunto quell’attività di interazione che viene a stabilirsi tra più agenti in un medesimo contesto operativo.

(3) “Se telefono, radio, televisione, computer determinano un nuovo rapporto tra noi e i nostri simili, tra noi e le cose, tra le cose e noi, allora i mezzi di comunicazione ci plasmano qualsiasi sia lo scopo per cui le impeghiamo ed ancor prima che assegniamo ad essi uno scopo”, “Psiche e tecne. L’uomo nell’età della tecnica, U. Galimberti, Milano, pag. 633.

(4) In ambito intelligence, si intende generalmente per minaccia un fenomeno, una situazione e/o condotta potenzialmente lesivi della sicurezza nazionale. Può essere rappresentata dalle attività di Stati (nel qual caso include anche l’eventualità del ricorso allo strumento militare), di organizzazioni non statuali o di singoli individui. Oltreché per indicare la tassonomia degli agenti (individui e organizzazioni) e degli eventi (fenomeni e condotte) pericolosi per la sicurezza, il termine è impiegato in un’ accezione che si riferisce anche alla probabilità che tali eventi si verifichino. Nell’ambito dell’analisi controterrorismo, tale probabilità viene stimata sulla base di una valutazione tanto dell’intento dell’attore terroristico preso in esame quanto della sua capacità di tradurre tale intento offensivo in una concreta azione dannosa. In questa accezione, la minaccia costituisce una delle variabili in funzione delle quali è valutato il rischio. Con il termine rischio si intende un danno potenziale per la sicurezza nazionale che deriva da un evento (tanto intenzionale che accidentale) riconducibile ad una minaccia, dall’interazione di tale evento con le vulnerabilità del sistema Paese o di suoi settori e articolazioni e dai connessi effetti. Minaccia, vulnerabilità e impatto costituiscono, di conseguenza, le variabili principali in funzione delle quali viene valutata l’esistenza di un rischio e il relativo livello ai fini della sua gestione, ossia dell’adozione delle necessarie contromisure (tanto preventive che reattive). “Relazione sulla Politica dell’informazione per la sicurezza” Presidenza del Consiglio dei Ministri. Sistema di informazione per la sicurezza della Repubblica, 2011.

(5) “Con lo sviluppo dell’Information Technology si è venuto a creare un nuovo spazio, o se si preferisce una nuova dimensione spaziale nell’ambito della quale viene ad esplicarsi l’attività umana in tutte le sue manifestazioni e rispetto al quale il medium informatico costituisce un organo, vale a dire uno strumento di percezione e, al tempo stesso, di creazione dello spazio medesimo; costituito dalle interazioni che vengono a stabilirsi tra le intelligenze artificiali create per effetto dei sistemi informatici (il cui studio forma oggetto specifico della cibernetica) nonché dalle relazioni che vengono a stabilirsi all’interno di esso: ciò che si suole denominare: cyberspazio”. “La formazione di regole giuridiche per il cyberspazio”, V. De Rosa, Il diritto dell’informazione e dell’informatica, 2 – 2003, pp. 361 – 400.

(6) “Intelligence e sicurezza nazionale”, A. Politi, http://www.servizisegreti.eu/sicurezza-nazionale-ed-intelligence/.

(7) “Evoluzioni e prospettive future del diritto alla privacy e della libertà di informazione nel diritto europeo e comunitario” M. Carnevalini, La comunità internazionale, 4/2002, pp. 683 – 697.

(8) “Il Consiglio di sicurezza nazionale: esperienze internazionali e prospettive italiane”, Strategie di sicurezza nazionale, Istituto Italiano di Studi Strategici, C. Neri, dicembre 2012.

(9) “Sotto il profilo della collaborazione internazionale, più che in ogni altro settore la coopera ione con gli Organismi informativi degli altri Paesi sviluppati deve mirare a costruire veri e propri percorsi comuni e condivisi, nella piena consapevolezza che un attacco informatico può avere impatto transnazionale e intercontinentale e che la vulnerabilità di un singolo Paese può riflettersi sulla sicurezza globale”, “Relazione sulla politica dell’informazione per la sicurezza”. Presidenza del Consiglio dei Ministri. Sistema di informazione per la sicurezza della Repubblica, 2009.

(10) “2013 Italian Cyber Security Report. Critical Infrastructure and Other Sensitive Sectors Readiness”, http://www.dis.uniroma1.it/~cis/media/CIS%20Resources/2013CIS-Report.pdf

(11) “Per meglio rispondere alle sfide sempre più incalzanti poste dalla minaccia cibernetica alcuni Stati si sono dotati di organismi di coordinamento nazionale costituendo un’entità centrale presso il vertice dell’Esecutivo. Tale è la situazione adottata nel Regno Unito, dove la struttura cui è affidato l’indirizzo strategico delle azioni in ambito governativo, denominata OCSIA (Office Of Cyber Security and Information Assurance), è istituita in seno al Cabinet Office; in Francia, dove l’Agence Nationale de la Sécurité des Systèmes d’Information (ANSSI) opera alle dirette dipendenze del Primo Ministro; negli USA,dove sebbene la responsabilità federale dell’azione di prevenzione e contrasto della minaccia cibernetica sia affidata al Dipartimento della Homeland Security (DHS), l’organismo di coordinamento, rappresentato dal Cybersecurity Coordinator è istituito e opera in seno al National Security Council, struttura di diretto supporto del Presidente in materia di sicurezza nazionale”, (“Relazione sulla politica dell’informazione per la sicurezza”, Presidenza del Consiglio dei Ministri, Sistema di informazione per la sicurezza della Repubblica, 2011.

(12) “Il cloud computing è un insieme di modelli di servizio che si sta diffondendo con grande rapidità tra imprese, pubbliche amministrazioni e cittadini perché incoraggia un utilizzo flessibile delle proprie risorse (infrastrutture e applicazioni) o di quelle messe a disposizione da un fornitore di servizi specializzato. L’innovazione e il successo delle cloud (le nuvole informatiche ) risiede nel fatto che, grazie alla raggiunta maturità delle tecnologie che ne costituiscono la base, tali risorse sono facilmente configurabili e accessibili via rete, e sono caratterizzate da particolare agilità di fruizione che, da una parte semplifica il dimensionamento iniziale dei sistemi e delle applicazioni mentre, dall’altra, permette di sostenere gradualmente lo sforzo di investimento richiesto per gli opportuni adeguamenti tecnologici e l’erogazione di nuovi servizi”, “Cloud computing: indicazioni per l’utilizzo consapevole dei servizi”, Garante per la protezione dei dati personali.

(13) “Sfruttare il potenziale del cloud computing in Europa – di cosa si tratta e che implicazioni ha per gli utenti?”, http://europa.eu/rapid/press-release_MEMO-12-713_it.htm.

(14) “LIBE Committee vote backs new EU data protection rules”, 22 ottobre 2013, http://europa.eu/rapid/press-release_MEMO-13-923_en.htm.

(15) “Osservatorio di politica internazionale. Cybersecurity: Europa e Italia”, n. 32 maggio 2011, Istituto Affari Internazionali

(16) “3 novembre 2009 EU-US Summit declaration”, http://www.consilium.europa.eu/uedocs/cms_data/docs/pressdata/en/er/110929.pdf

(17) “Soggetti e ambiti della minaccia cibernetica: dal sistema- paese alle proposte di cyber governante?”, G. Tappero Merlo, La Comunità internazionale, 1/2012, pp. 25 – 53

 

Fonti

http://euobserver.com/justice/121979;

http://www.telegraph.co.uk/news/worldnews/europe/eu/10425418/Brussels-demands-EU-intelligence-service-to-spy-on-US.html;

http://italian.ruvr.ru/2013_12_24/L-Europa-vuole-una-propria-CIA/

http://news.supermoney.eu/politica/2013/11/datagate-cortina-fumogena-o-danneggiamento-ai-sistemi-di-sicurezza-degli-stati-controllati-0039939.html

http://www.servizisegreti.eu/sicurezza-nazionale-ed-intelligence/

mercredi, 29 janvier 2014

Visita próxima de Putin a Irán causa insomnio a EEUU

Al parecer, Moscú está a punto de terminar los preparativos para la visita del presidente ruso Vladímir Putin a Irán. En cualquier caso, según fuentes bien informadas rusas e iraníes, el viaje se realizará próximamente. Lo más probable es que tenga lugar una vez terminados los JJOO de invierno en Sochi, que se disputarán del 7 al 23 de febrero.

El “vector iraní” de la política rusa inquieta cada vez más a EEUU. Es evidente que Washington no desea que Rusia restablezca plenamente las relaciones económicas con Teherán y entre en competencia con las compañías norteamericanas. Irán comenzó, a partir del 20 de enero, a cumplir los acuerdos sobre la restricción de su programa nuclear. Y la Unión Europea y EEUU atenuaron, parcialmente, el régimen de sanciones contra Teherán.

En la víspera del comienzo de la Conferencia de Ginebra sobre Siria llegó a Moscú el titular de Exteriores de Irán, Javad Zarif, quien se reunió con su colega ruso Serguéi Lavrov y luego con el presidente Vladímir Putin.

Entonces debatieron no solo la solución siria, sino también los preparativos de la visita del dirigente ruso a Teherán. “Confiamos en verlo a Usted próximamente en Irán, expresó Zarif a Putin. En diciembre de 2013, en Teherán estuvo de visita el canciller Serguéi Lavrov.

Ya en el pasado, Rusia se “chamuscó” con las artimañas de Occidente que lo convenció a que apoyara las sanciones, ventajosas para la UE y EEUU, contra algunos países de la región. Así fue, por ejemplo, con Libia. Ahora, a todas luces, Moscú se propone actuar de forma preventiva, e intensificar el comercio con Irán mucho antes de que sean levantadas las sanciones occidentales.

En enero trascendió que Rusia está dispuesta a comenzar a comprar a Irán hasta quinientos mil barriles de petróleo al día. Es muy probable que se planee la firma de tal acuerdo durante la próxima visita. Los diplomáticos rusos, en respuesta a los reproches de parte de EEUU han señalado ya más de una vez que Moscú solo reconoce las sanciones del Consejo de Seguridad de la ONU contra Irán. Mientras que las sanciones unilaterales de EEUU por las compras de petróleo y las transacciones financieras con Irán no las considera vinculantes jurídicamente. Hace cerca de treinta y cuatro años que EEUU no tiene relaciones con Irán, desde el tiempo que fue ocupada su embajada en Teherán, en noviembre de 1979.

Moscú, como vecino y por el aporte hecho en la solución del “problema nuclear iraní”, tiene todas las razones para actuar con respecto a Irán sin fijarse en quien sea y de conformidad plena con sus intereses nacionales, señala Vladímir Nóvikov, analista del Instituto ruso de investigaciones estratégicas:

—En primer lugar, la mayor parte deltrabajo pesado del expediente nuclear iraní lo hizo Rusia. Además, en toda la última década de búsqueda de una solución, Rusia ha desempeñado el papel de mediador y “tranquilizador” principal para una y otra parte, léase Occidente e Irán. Porque nosotros no estamos interesados en el agravamiento de la situación junto a nuestras fronteras meridionales, no lejos del Cáucaso. Entendemos el papel de Irán en la región del Cáucaso y en Asia Central, en la región del Oriente Próximo. Las relaciones de buena vecindad con Irán son para nosotros de suma importancia.

La transacción petrolera prevista entre Moscú y Teherán ha originado una reacción no del todo adecuada de EEUU. El secretario del Tesoro, Jack Lew, sin nombrar a Moscú amenazó con medidas punitivas de su país contra toda compañía que intente obviar el embargo norteamericano contra Irán:

—Para las compañías líderes del mundo sería un error garrafal sobrevalorar el grado de apertura de Irán para los negocios. El plan unificado de medidas (del Sexteto de mediadores e Irán) prevé la atenuación de sanciones bien determinadas y limitadas. Toda la arquitectura de las sanciones petroleras y financieras se mantiene invariable. Toda compañía que sobrepase la raya y emprenda acciones que violen esas sanciones puede ser víctima de medidas punitivas y nosotros nos proponemos velar atentamente por el cumplimiento del régimen de las sanciones.

Pero, en Moscú están seguros de que si Rusia va a esperar, mientras EEUU y la UE levantan las sanciones iraníes, los socios occidentales alcanzarán a repartirse el mercado iraní. Teherán necesita finanzas, bienes y tecnologías. Y Moscú tiene justamente el dinero y las posibilidades de saciar el hambre tecnológica y de bienes de su vecino.

Toda la marcha de la Cumbre Económica de Davos revela que los cálculos de Rusia fueron acertados. Pues en la cita de Davos, que continúa ahora en Suiza, la exposición del presidente iraní Hasán Rouhaní fue seguida en una sala colmada de delegados de los grandes negocios de Europa y de EEUU. El mandatario iraní señaló que, con la atenuación de las sanciones, Teherán estaba dispuesto a entablar relaciones de cooperación con países occidentales. La agencia alemana DPA expresó que los empresarios europeos “habían empezado ya a sobarse las manos”, ilusionados con la apertura del mercado iraní.

Rouhaní se reunió incluso en Suiza no con políticos sino con jefes de corporaciones mundiales líderes del sector energético. Y los invitó a regresar a Irán e invertir capitales en su país. Poco menos que hicieron fila los titulares de la ENI, de Italia, de TOTAL, de Francia, y de la BP y Shell de Gran Bretaña.

El componente económico del levantamiento de las sanciones no es menos importante para Europa que para Irán. Según los cálculos más modestos de la cartera de Hacienda de EEUU, la “reapertura” de Irán abre un mercado para bienes y servicios, como mínimo, de sesenta a setenta mil millones de dólares, lo que significa a su vez decenas de miles de nuevas vacantes.

Alemania solamente, el socio comercial principal de Irán antes de las sanciones, confía en lograr en dos años, con su atenuación, elevar las exportaciones a Irán a los diez mil millones de euros, como el volumen de antes de las sanciones. Alemania exporta ya ahora a Irán mercancías no prohibidas por las sanciones. Pero, debido a que los bancos europeos no realizan operaciones con Teherán, por culpa de las sanciones, todo el comercio se lleva a cabo en dinero contante y sonante. Y con tales cuentas, los volúmenes del comercio no pueden superar un nivel determinado.

Incluso compañías estadounidenses, antes de los acuerdos de Ginebra, habían comenzado ya a enviar emisarios a Irán para sondear dónde era posible desplazar a los competidores europeos. Las compañías de EEUU se aprestan a exportar a Irán automóviles, equipos para la industria extractora de gas y petróleo, maquinarias, equipos para la construcción, artículos químicos y otros.