mardi, 27 décembre 2022
Comment faire disparaître radicalement le patrimoine français ?
Comment faire disparaître radicalement le patrimoine français?
par Pierre-Emile Blairon
… et tous ces vieux villages qui puent le monde traditionnel et la bouse de vache ? Rien de plus simple ! pas de bombes, pas de chars d’assaut : l’économie d’énergie ! Fallait y penser ! C’est à la mode et ça ne tue personne !
Dystopies
"Dommage que ça ne tue personne, d’ailleurs... ça aurait fait d’une pierre deux coups !", se sont dit les frères Big Brother et Big Pharma, obséquieusement relayés par les organes de presse, et d’ajouter : "depuis le temps qu’on s’échine à essayer de réduire cette population de gueux ! Nous avons pourtant employé tous les moyens. La pandémie : ça n’a pas marché, ils ont travaillé comme des cochons, les laborantins de Wu-Fu, résultat : pas mieux qu’une bonne grippe de derrière les fagots, comme ils disent chez les ploucs. Le vaccin, oui, ça fonctionne, il y a beaucoup de morts et d’éclopés, mais ça n’est pas suffisant, il nous reste des milliards de doses à écouler. La guerre, c’est bien, ça fait tourner les usines, mais il y en a certains qui ne sont pas d’accord et qui n’arrêtent pas de nous mettre des bâtons dans les roues ; là, nous nous sommes carrément faits rouler dans la farine".
C’est alors que, au moment même où tout ce beau monde mondialiste était dans le désarroi total, le lobby des BTP (Bâtiments et Travaux Publics), une structure économique qui existe dans un vieux pays, la France, d’un vieux continent, l’Europe, eut l’idée de leur proposer la bonne affaire, une lueur d’espoir pour ne pas sombrer dans la neurasthénie : "si on ne peut pas se débarrasser des habitants, on pourra toujours éradiquer tous ces agglomérats hideux et moisis de maisons délabrées ou, au moins, les cacher à notre vue en attendant de les remplacer par des grandes tours pour y loger nos futurs esclaves, comme l’avait si bien imaginé ce bon Le Corbusier pour détruire Paris [1]."
Ce petit passage d’introduction amusant (?), en forme de conte moderne (de Noël ?), était bien sûr une dystopie. Qu’est-ce qu’une dystopie ? C’est un récit de fiction qui décrit un monde où l’utopie, du genre « tout le monde, il est beau, tout le monde, il est gentil », loin de se réaliser, a accouché d’un monde catastrophique. 1984, de George Orwell, ou Le Meilleur des Mondes, d’Aldous Huxley, sont des dystopies. Tout comme la république, la démocratie… ou l’architecture de Le Corbusier.
Deux lois mortifères et un règlement stupide : le « diagnostic de performance énergétique »
La vérité, c’est que c’est Ségolène Royal, alors ministre de l’écologie [2], qui a initié ce processus destructeur en faisant adopter un décret (du 30 mai 2016) qui obligera les propriétaires des maisons (anciennes ou pas) à isoler leurs bâtiments par l’extérieur, une absurdité que Le Canard Enchaîné du 17 août 2016 fut l’un des premiers à dénoncer (voir l’article).
Ce décret a été conforté par deux lois qui vont dans le droit fil des mesures contraignantes liées au possible « pass énergétique » qui viendrait remplacer, ou, pire, doubler, le « pass médical » dont rêvent tous les dictateurs de la planète. On peut lire dans un article paru dans Les dernières nouvelles d’Alsace : « Faut-il asseoir la transition énergétique sur un champ de ruines, celui de notre patrimoine ? Malgré d’inventives initiatives individuelles, la maison à colombages perd du terrain, en Alsace : chaque année, elles seraient plus de 300 à finir en petit bois. Le phénomène n’est pas près de s’inverser depuis la promulgation de deux lois aux amers effets secondaires : la loi climat et résilience (2021), qui établit le principe du zéro artificialisation nette et la loi énergie climat (2019), qui vise l’interdiction progressive à la location de passoires thermiques, pour favoriser des rénovations thermiques à mener tambour battant, puisque l’État leur assigne un caractère d’urgence climatique. Deux lois vertueuses en apparence, mais qui font peser sur le bâti ancien une pression inédite et mortifère : l’une en accélérant la densification des centres des communes, ce qui se fera parfois en ratiboisant l’ancien, et l’autre en prônant une rénovation qui ne tient pas compte des caractéristiques bioclimatiques du bâti ancien et qui aboutira à sa ruine. Les matériaux naturels ont en effet besoin de respirer, ce que ne permet pas l’utilisation de polystyrène expansé avec lequel on recouvre de plus en plus souvent les colombages… Depuis cet été, des voix s’élèvent pour dénoncer cette catastrophe qui s’annonce, à savoir que le bois "pourrisse" derrière sa nouvelle coque étanche. »
A ces deux lois vient s’ajouter une mesure plus ancienne (2016) : le « diagnostic de performance énergétique » (DPE), obligatoire lui aussi lors de la vente ou de la location d’un bâtiment ; ces diagnostics ont vu éclore quantité d’entreprises qui flairaient l’affaire juteuse, toutes aussi incompétentes les unes que les autres, qui conduisent les propriétaires à effectuer des travaux inutiles et coûteux (voir les associations de défense des consommateurs, dont la revue Que Choisir d’octobre 2022).
Les associations de défense du patrimoine sont vent debout contre ces mesures
Le 2 novembre 2022, la sénatrice Sabine Drexler alertait le gouvernement sur les conséquences dramatiques de cet ensemble de mesures sur le patrimoine français qui ne pourrait y survivre (voir son intervention sur Youtube).
Le 18 novembre 2022, il y a donc un mois, le G7, regroupement des principales associations de défense du patrimoine bâti, sous la conduite de Maisons paysannes de France, envoyait une lettre ouverte (comme un SOS ou une bouteille à la mer) à leurs ministres de tutelle : ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires et ministre de la Transition énergétique (Amusant, non, ces ministères de « transition », ce qui veut dire qu’ils ne sont là que provisoirement, en attendant le great reset ou les pass écologique et énergétique ? Et que veut dire « cohésion des territoires » si ce n’est : uniformisation ?)
Voici deux extraits de cette lettre ; nous sourirons malicieusement à la petite phrase : « Nous n’imaginons pas un seul instant qu’il s’agisse d’un choix volontaire », comme si les rédacteurs de la loi auraient pu « oublier » que la France existait avant 1948 :
« Étonnamment, la loi climat & résilience ne mentionne pas le bâti ancien (d’avant 1948) qui ne peut pourtant pas être confondu avec celui d’avant 1975 - dit des “30 glorieuses” - ni rangé dans la catégorie des “passoires thermiques”. Ce bâti ancien, qui constitue l’un des atouts de l’esthétique et de l’attractivité de nos villes et de nos campagnes, appelle certes des travaux pour améliorer sa performance énergétique, mais dans le respect de ses matériaux et de l’écosystème qu’il constitue. Si ces travaux ne respectent pas ce qu’il est - un bâti bioclimatique par nature - et le confondent avec ce qu’il n’est pas - une passoire thermique - loin de l’inscrire dans la durée, ils vont le condamner irrémédiablement. Nous n’imaginons pas un seul instant qu’il s’agisse d’un choix volontaire. C’est donc une omission de la part des rédacteurs de la loi, qu’il est urgent et vital de corriger. […]
« La disparition programmée de nos menuiseries anciennes, des croisées et des portes - illustrations des savoir-faire du menuisier, du sculpteur, du serrurier ou du verrier - au profit de modèles standardisés, généralement en PVC, n’est pas acceptable. L’âme centenaire de nos maisons ne doit pas être effacée par des productions de l’industrie qui n’ont rien de durable. L’isolation par l’extérieur qui détruit toute ornementation en saillie des façades pour y arrimer des dalles souvent en polystyrène, ramène l’architecture à un simple gabarit et la met en péril. Que penser d’une isolation par l’intérieur substituant au second œuvre ancien et à ses décors, des boîtes en placoplâtre ? Nous nous opposons à cette extinction patrimoniale de masse, à cette négation de l’architecture offerte à tous, annihilant les diversités régionales, les statuts, les époques ou les styles de ces bâtiments. Ce nivellement industriel, consistant souvent à plastifier nos logements, loin de sauver la planète, nous déshumanise et prive les Français de leur héritage artisanal et artistique le plus immédiat. Pour tous les acteurs, il est urgent de mettre en œuvre une politique cohérente de formation technique et patrimoniale qui, comme le confirment certains médias, fait visiblement défaut aujourd’hui. Nos associations sont contactées par de nombreux propriétaires désemparés à la lecture des résultats du nouveau DPE, devenu opposable et qui débouche dans la plupart des cas sur une préconisation d’isolation par l’extérieur, avec des matériaux et des techniques qui font fi de la valeur patrimoniale des façades et des logiques de fonctionnement de leurs matériaux, tous sensibles à l’humidité et perspirants. Devant la catastrophe annoncée, nous attirons votre attention sur ces carences d’une loi qui, appliquée dans l’urgence, risque d’avoir des conséquences néfastes sur le bâti ancien... »
La France, premier pays touristique au monde
Et, comme en France moderne, tout finit par des chiffres (en France traditionnelle, c’était des chansons, chaque époque a ses priorités), en voici quelques-uns qui prouvent abondamment que ce gouvernement n’en a rien à faire des Français, de la France, de son avenir, et encore moins de son histoire, de son legs patrimonial ou de son rayonnement dans le monde.
Chiffres disponibles de 2019: la France est la première destination touristique mondiale: 90 millions de touristes internationaux en 2019, et la troisième destination pour les recettes engrangées par ce tourisme. Ces touristes ont dépensé en France 170 milliards d’euros pour cette année-là.
En terme d’activité professionnelle, le tourisme emploie 2 millions de salariés directs et indirects et constitue 7 % du PIB français.
Pourquoi les touristes viennent-ils si nombreux en France ? Parce que si la France n’est peut-être pas le plus beau pays du monde (en tout cas, peu s’en faut), il est à coup sûr celui qui offre la plus grande diversité, à la fois de paysages, de monuments, d’architectures locales admirablement et consciencieusement préservées (ces villages et ces petites villes de culture harmonieusement dessinés au fil des siècles et où il fait si bon flâner), de gastronomies et de cultures régionales enracinées, de patrimoine artistique et historique (que la Révolution n’a pas réussi à totalement éradiquer), il bénéficie d’un climat tempéré qui fait qu’il est possible de visiter le pays à peu près tout le long de l’année selon les régions, d’un ensoleillement maximum dans ses régions du sud, et enfin, il dispose de structures d’accueil (hôtellerie et restauration) qui offrent un large choix à la portée de tous les budgets.
Croyez-vous que ces touristes seront encore là lorsque toute cette richesse patrimoniale aura été saccagée ? Pensez-vous qu’ils se déplaceront pour visiter des quartiers sinistres peuplées de tours, pour traverser des zones industrielles sans fin, ou pour croiser des villages aseptisés composés de maisons toutes aussi semblables les unes que les autres ?
La qualité de vie n’est pas une question de richesse matérielle, et même ces « élites » mondialistes, avec tout l’argent dont elles disposent (qu’elles auront volé aux peuples), quand elles sortiront de leurs bunkers, seront alors obligées de vivre dans un monde où toute beauté aura été effacée.
Pierre-Emile Blairon.
[1] En 1922, l’architecte Le Corbusier, préfiguration des transhumanistes, avait imaginé de raser tous les bâtiments anciens sur la rive droite de la Seine à Paris (sauf les églises) pour y construire 18 gratte-ciel qui logeraient entre 500 000 et 700 000 habitants (voir la maquette du projet dit « Voisin »)
[2] Avant de prendre un peu de plomb dans la tête depuis ses derniers revirements, ce qui nous permet de saluer ici sa bravitude).
20:24 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Architecture/Urbanisme, Terroirs et racines | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : actualité, tourisme, patrimoine, france, europe, affaires européennes, terroirs, racines | | del.icio.us | | Digg | Facebook
lundi, 26 décembre 2022
Quand Hollywood dit la vérité
Quand Hollywood dit la vérité
On n’a pas besoin de bander les yeux à des aveugles.
Hollywood dit de temps en temps la vérité donc (cf. mon texte sur Hollywood et la théorie de la conspiration): le système n’a aucun intérêt à se cacher d’autant qu’il y a comme disait Debord un « marché de l’insatisfaction ». Debord écrit dans la Société du Spectacle (§59) :
« À l’acceptation béate de ce qui existe peut aussi se joindre comme une même chose la révolte purement spectaculaire : ceci traduit ce simple fait que l’insatisfaction elle-même est devenue une marchandise dès que l’abondance économique s’est trouvée capable d’étendre sa production jusqu’au traitement d’une telle matière première. »
A la même époque que notre situationniste, Richard Hofstadter parlait de la paranoïa de vie politique américaine, paranoïa antisystème qui a la vie dure puisqu’elle a fait élire Trump en 2016 (avec les résultats que l’on sait: le système n’est pas si fou; j’y reviens) et s’est étendue via internet à la culture de la planète entière. La production cinématographique trouve donc une niche qui va des X-Files aux profanateurs de sépultures du vénéré Don Siegel. Pour Siegel les gens devenaient des légumes – sous l’effet conjoint de la bagnole, de la télé et des supermarchés. Restons-en à la télé.
Le fameux et regretté Michael Crichton (climato-sceptique en sus) fait dire donc à James Coburn dans Looker (un film brouillon et complexe sur l’hypnose marchande, le CGI et la chirurgie méta-esthétique) en 1981 :
« La télévision... est le support de vente le plus puissant de l'histoire de l'humanité. La télévision peut contrôler l'opinion publique plus efficacement que les armées de la police secrète, car la télévision est entièrement volontaire. »
Crichton insiste sur l’essentiel ; à savoir que l’imbécile vacciné ou autre se croit libre devant sa télé :
« Le gouvernement américain oblige nos enfants à aller à l'école. Mais personne ne les oblige à regarder la télévision. Les Américains de tous âges se soumettent à la télévision. La télévision est l'idéal américain. Persuasion sans coercition. Personne ne nous oblige à regarder. Qui aurait pu prédire qu'un peuple libre passerait volontairement un cinquième de sa vie assis devant une boîte avec des images ? »
La télévision peut donc créer la prison sans barreaux dont rêvait (dont rêvait ou que dénonçait ?) Aldous Huxley :
« Quinze ans en prison, c'est une punition. Mais quinze ans assis devant une télévision c'est du divertissement. Et l'Américain moyen passe désormais plus d'un an et demi de sa vie à regarder des publicités télévisées. Cinquante minutes chaque jour de sa vie à regarder des publicités. Maintenant, c'est le pouvoir. »
Je prends une autre citation d’un film dont je parle souvent, Network. Network évoque la révolte spectaculaire : on crée une émission autour d’un présentateur un peu toqué, qui se voit entouré de Black Panthers, de néo-cocos, de voyantes New Age, etc. On est loin de Lénine mais on fait un bon indice d’écoute. Or le patron de la chaîne s’énerve et veut répandre un autre message suite à une polémique anti-saoudienne qui a fait capoter un deal (pensez au Qatar ces jours-ci…). On l’écoute :
Jensen : Vous vous êtes mêlé des forces primitives de la nature, M. Beale, et je ne le veux pas !! Est-ce clair?! Vous pensez que vous avez simplement arrêté un accord commercial. Ce n'est pas le cas. Les Arabes ont retiré des milliards de dollars de ce pays, et maintenant ils doivent les remettre ! C'est le flux et le reflux, la gravité des marées ! C'est l'équilibre écologique ! »
Il faut alors comprendre dans quel monde global on se trouve :
« Vous êtes un vieil homme qui pense en termes de nations et de peuples. Il n'y a pas de nations. Il n'y a pas de peuples. Il n'y a pas de Russes. Il n'y a pas d'Arabes. Il n'y a pas de tiers-monde. Il n'y a pas d'Occident. Il n'y a qu'un seul système holistique de systèmes, une domination de dollars vaste et immanente, entrelacée, interagissant, multivariée et multinationale. Pétrodollars, électro dollars, multi dollars, reichsmarks, rins, roubles, livres et shekels. »
Le monde, c’est les marchés. On l’avait compris. Et l’argent c’est la vie ; on le comprend mieux alors qu’ils nous liquident en gardant les marchés au sommet – les chiffres n’ont plus besoin de consommateurs donc ces consommateurs peuvent et surtout doivent crever – dixit Harari.
La suite prend un ton comique et presque rabelaisien :
« C'est le système monétaire international qui détermine la totalité de la vie sur cette planète. C'est l'ordre naturel des choses aujourd'hui. C'est la structure atomique, subatomique et galactique des choses aujourd'hui ! Et VOUS vous êtes mêlé des forces primaires de la nature, et VOUS EXPIERIEZ ! »
Après l’extraordinaire Paddy Chayefsky (trois oscars, voyez l’excellente américanisation d’Emily) ose écrire – et faire dire :
« Vous vous levez sur votre petit écran de vingt et un pouces et hurlez sur l'Amérique et la démocratie. Il n'y a pas d'Amérique. Il n'y a pas de démocratie. Il n'y a qu'IBM et ITT et AT&T et DuPont, Dow, Union Carbide et Exxon. Ce sont les nations du monde d'aujourd'hui. »
Dans le même esprit les Français avaient fait à la même époque Mille milliards de dollars et l’Imprécateur. L’insatisfaction était tendance ; aujourd’hui, ce qui est tendance, c’est la déification des riches et des célèbres, la sacralisation de Bill Gates, de Davos et de notre génocide. On a les élans que l’on peut : la télé programme.
Comme Guy Debord (Société, § 111), le Pdt Jensen ne croit pas à l’opposition russe, chinoise ou autre :
« De quoi pensez-vous que les Russes parlent dans leurs conseils d'État - de Karl Marx ? Ils sortent leurs tableaux de programmation linéaire, leurs théories de décision statistique, leurs solutions minimax et calculent les probabilités prix-coût de leurs transactions et investissements, tout comme nous le faisons. »
Et à propos des corporations :
« Nous ne vivons plus dans un monde de nations et d'idéologies, monsieur Beale. Le monde est un collège d'entreprises, inexorablement déterminé par les statuts immuables des affaires. Le monde est une entreprise, M. Beale. C'est depuis que l'homme a rampé hors de la boue. »
Et le tout se termine sur un ton très Tocqueville :
« Et nos enfants vivront, M. Beale, pour voir ce monde parfait dans lequel il n'y a ni guerre ni famine, ni oppression ni brutalité - une vaste et œcuménique holding, pour laquelle tous les hommes travailleront pour servir un profit commun, dans lequel tous les hommes détiendront une part du capital, toutes les nécessités seront pourvues, toutes les inquiétudes seront apaisées, tout l'ennui sera amusé. »
Sauf que le système s’est lassé de nous et qu’il veut s’en débarrasser.
Jensen ajoute :
« Et je vous ai choisi, monsieur Beale, pour prêcher cet évangile.
Beale : Mais pourquoi moi ?
Jensen : Parce que tu es à la télévision, imbécile. Soixante millions de personnes vous regardent tous les soirs de la semaine, du lundi au vendredi… »
Il est clair que 90% des gens (les « anti complotistes ») ne comprendront jamais rien à un message pareil. Le système peut donc y aller.
Sources :
"The World Is a Business, Mr. Beale" - YouTube
Looker (1981) ORIGINAL TRAILER [HD 1080p] - YouTube
Microsoft Word - Document dans Microsoft Internet Explorer (free.fr)
(PDF) Richard Hofstadter Paranoid Style in American Politics | Matei Fratila - Academia.edu
23:15 Publié dans Cinéma, Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nicolas bonnal, film, cinéma, hollywood | | del.icio.us | | Digg | Facebook
dimanche, 25 décembre 2022
La revue de presse de CD - 25 décembre 2022
La revue de presse de CD
25 décembre 2022
EN VEDETTE
Loïk Le Floch-Prigent : Comment la France va-t-elle s’en sortir ?
Longue interview sous forme de vidéo (2h25’12’’) de Loïk Le Floch-Prigent, ingénieur et ancien PDG de Elf notamment, sur l’énergie en général et la désindustrialisation de la France en particulier. Pour clore les témoignages des anciens grands serviteurs de l’État dont la connaissance et le patriotisme ont été balayés par des politiques incompétents. Et c’est loin d’être fini.
thinkerview.com
https://www.thinkerview.com/loik-le-floch-prigent-comment-la-france-va-t-elle-sen-sortir/
ALLEMAGNE
Le soi-disant coup d'État en Allemagne est destiné à arrêter l'AfD !
Entretien avec Benedikt Kaiser. Selon lui, les pouvoirs en place essaient de construire un « danger de droite » permanent. Ils mettent en scène des conspirateurs et surfent sur la vague de la "lutte contre l'extrême droite" avec la charade des « Reichsbürger ». En réalité, ils veulent discréditer la seule opposition, l'AfD, et les empêcher d'accéder au pouvoir.
euro-synergies.hautetfort.com
http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2022/12/21/le-soi-disant-coup-d-etat-en-allemagne-est-destine-a-arreter-l-afd.html
COMPLOTISME (C’est celui qu’y dit qui y’est !)
Sommes-nous tous complotistes ?
C’est sûrement l’un des mots-clés les plus frappants de ces dernières années : complotisme. Entre mouvements sociaux et crise du Covid, qui est complotiste, qui ne l’est pas, et sur quels sujets ? Où s’achève l’exercice de l’esprit critique, où commence le complotisme ? Il semble en tout cas que le gouvernement ait décidé de tout mettre dans le même sac, de mélanger les sujets. En effet, des assises des dérives sectaires et du complotisme devraient être organisées début 2023. Une annonce faite au lendemain de la présentation du dernier rapport de la Miviludes, soulignant une croissance d’un tiers des saisines, avec plus de 4000 demandes l’an passé. Mais pourquoi cette assimilation des deux phénomènes ? "La porosité entre les deux et leur interdépendance tend à s’accroître", a affirmé le secrétariat d’État chargé de la citoyenneté. L’un, le complotisme, mènerait à l’autre, la dérive sectaire. "J'entends adapter l'action de l'État, au sortir des assises des dérives sectaires et du complotisme, afin de pouvoir bénéficier de tous les outils nécessaires pour combattre efficacement ce fléau", a déclaré Sonia Backès.
laselectiondujour.com
https://www.laselectiondujour.com/sommes-nous-tous-complotistes-n1777/
DÉCONSTRUCTION
Agression du Café Laïque Bruxelles
L’attaque sur un lieu ouvert au public où devait se tenir une conférence donnée par Caroline Eliacheff et Céline Masson, auteurs du Fabrique de l’enfant transgenre, constitue un exemplaire très clair du mode opératoire de nature terroriste pratiqué par les transactivistes. Analyse de Florence Bergeaud-Blackler, anthropologue.
causeur.fr
https://www.causeur.fr/agression-du-cafe-laique-bruxelles-militants-transgenres-terrorisme-249489?utm_source=Envoi+Newsletter&utm_campaign=34ee582779-Newsletter_4_fevrier_COPY_01&utm_medium=email&utm_term=0_6ea50029f3-34ee582779-57276049
DÉSINFORMATION/CORRUPTION/CENSURES/DÉBILITÉ
Folie russophobe : l’excellente journaliste Anne-Laure Bonnel bannie des médias mainstream
Anne-Laure Bonnel paye pour son indépendance d’esprit. Le 12 septembre 2022, elle était reçue chez Putsch. « Je ne suis pas là pour prendre le parti des Russes. Je ne suis pas anti-Ukraine ou pro-Russe ou anti-Zelensky. Je suis simplement là pour rééquilibrer ce débat parce qu’il est en train de nous mener dans une boucherie, une boucherie terrible ». Le système médiatique ne lui pardonnera pas cette absence de parti pris, injustement pris pour de la russophilie, ou de l’ukrainophobie : son contrat à la Sorbonne n’a pas été renouvelé à cette occasion.
synthesenationale.hautetfort.com
http://synthesenationale.hautetfort.com/archive/2022/12/20/folie-russophobe-l-excellente-journaliste-anne-laure-bonnel-6418094.html
Affaire Paypal. Jérôme Bourbon (Rivarol) : « Une victoire symbolique, un coup d’arrêt, au moins temporaire, aux décisions unilatérales et arbitraires des organismes bancaires »
Nous avions évoqué la victoire judiciaire pour l’hebdomadaire nationaliste Rivarol face à Paypal. Une victoire symbolique et qui pourrait faire jurisprudence pour d’autres médias, personnalités politiques, victimes elles aussi de la censure de Paypal, mais plus globalement des GAFAM. Pour évoquer cette affaire, nous avons interrogé Jérôme Bourbon, rédacteur en chef de Rivarol.
breizh-info.com
https://www.breizh-info.com/2022/12/19/212321/paypal-bourbon-rivarol-banques/
L'équipe de France, pas assez blanche ? L'Argentine a un problème avec ses racines africaines
Il faut s’appeler Slate, être de gauche et bienpensant (oxymore !) pour pouvoir publier un texte aussi raciste ! A méditer…
https://www.slate.fr/story/237824/argentine-couleur-peau-noirs-racines-immigres-joueurs-football-debat-mythe-nation-blanche?utm_source=ownpage&utm_medium=newsletter&utm_campaign=daily_20221219&_ope=eyJndWlkIjoiN2I1NmE4ZDcxYzBiOTUzZjhkYjE1Y2VjMTI4OTlhZmIifQ%3D%3D
Revue de presse RT du 11 au 17 décembre 2022
Rituel de ré/désinformation grâce à Russia Today. Cette semaine : la tension entre la Serbie et le Kosovo s’aggrave ; les nations de l’UE augmentent leurs échanges avec la Russie ; la Chine veut abandonner le dollar dans le commerce du pétrole ; le Royaume-Uni admet avoir envoyé des troupes en Ukrainiens.
lesakerfrancophone.fr
https://lesakerfrancophone.fr/revue-de-presse-rt-du-11-au-17-decembre
ÉCOLOGIE/PUNITIVE OU PAS
Carton rouge ! Impostures énergétiques déguisées sous forme de rapports d’experts.
Plusieurs études ont été publiées récemment à propos de l’approvisionnement énergétique de la Suisse après qu’elle se serait décarbonée, ce qui se traduit avant tout par une augmentation massive de la consommation électrique. La bonne nouvelle est que, enfin, il est tenu compte de la réalité des modes de production, permettant ainsi une évaluation plus complète de divers scénarios. Cependant, malgré toutes les qualités intrinsèques des experts impliqués et grassement rétribués, toutes ces études présentent des défauts si honteux qu’elles méritent plusieurs cartons rouges, sauf la mienne bien sûr. Pour les ignorants de la chose cela signifie que même un excellent joueur se fait ainsi expulser du champ de jeu.
Le blog de Michel de Rougemont
https://blog.mr-int.ch/?p=8812&utm_source=mailpoet&utm_medium=email&utm_campaign=un-recent-article-de-mr-s-blog_3
ÉCONOMIE
Bloomberg : l'Europe a perdu environ un trillion de dollars à cause de la crise énergétique
La hausse des prix des carburants due au conflit en Ukraine a coûté à l'Europe un trillion de dollars, selon Bloomberg, qui tire la sonnette d'alarme sur le fait que ce n'est que le début de la plus grande crise depuis des décennies. L'agence prévoit que la concurrence pour le gaz naturel liquéfié (GNL) s'intensifiera après cet hiver, car le vieux continent devra reconstituer ses réserves de gaz face à des approvisionnements faibles ou nuls en provenance de Russie.
euro-synergies.hautetfort.com
http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2022/12/20/bloomberg-l-europe-a-perdu-environ-un-trillion-de-dollars-a-cause-de-la-cri.html
L’internationalisation du Renminbi : un développement rapide 1/3
Déclenchée en 2009 et sous l’impulsion d’une double stratégie de contournement et d’effort à l’intérieur des systèmes existants, l’internationalisation du Renminbi s’est développée rapidement en termes d’institutions et d’usages. L’internationalisation de la monnaie chinoise Renminbi (RMB) est un sujet qui s’invite de plus en plus dans les débats et les conversations tant entre les experts qu’entre les passionnés de géopolitique.
revueconflits.com
https://www.revueconflits.com/linternationalisation-du-renminbi-un-developpement-rapide-1-3/?utm_source=newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=l_internationalisation_du_renminbi_un_developpement_rapide_1_3&utm_term=2022-12-23
ÉNERGIES
Les terres rares, atout maître de la Chine à l’international
La place de la Chine dans l’exploitation des terres rares n’est, toutefois, qu’en partie liée à l’importance de son stock de métaux stratégiques.
contrepoints.org
https://www.contrepoints.org/2022/12/19/445648-les-terres-rares-atout-maitre-de-la-chine-a-linternational?utm_source=Newsletter+Contrepoints&utm_campaign=91e68a5ce6-Newsletter_auto_Mailchimp&utm_medium=email&utm_term=0_865f2d37b0-91e68a5ce6-114773897&mc_cid=91e68a5ce6&mc_eid=e9e66aaefa
Atomes crochus avec le nucléaire : le socle de la souveraineté française
Le sujet du nucléaire abreuve nos discours électoraux, nos préoccupations, nos médias et les actualités géopolitiques du moment. Il a bien sûr été mis aussi sur le devant de la scène suite aux sanctions contre la Russie et la guerre en Ukraine. En France, le nucléaire civil – nos centrales – est le plus contesté par certains segments de notre population et certains corps intermédiaires qui en oublient notre génie nucléaire militaire. Et s’est noyé dans le marasme de la politique énergétique européenne et le suivisme de nos leaders par rapport à la politique allemande et la décision d’Angela Merkel d’en sortir il y a 11 ans.
geopragma.fr
https://geopragma.fr/atomes-crochus-avec-le-nucleaire-le-socle-de-la-souverainete-francaise/
ÉTATS-UNIS
Twitter Files : comment le FBI a discrédité les informations sur le scandale du laptop de Hunter Biden
Les Twitter Files dévoilent (enfin) les dessous de la censure du scandale de Hunter Biden sur la plateforme. C’est l’auteur Michael Shellenberger qui prend le relais avec la partie 7 pour expliquer comment le FBI a discrédité les informations sur les « affaires » du fils de Joe Biden à l’étranger, « avant et après » la publication par le New York Post d'un article sur le scandale lié au contenu de son ordinateur portable.
francesoir.fr
https://www.francesoir.fr/politique-monde/twitter-files-comment-le-fbi-discredite-les-informations-sur-le-scandale-du-laptop
Assassinat de Kennedy : nouvelles archives déclassifiées, la CIA « a participé » à son meurtre, selon Fox News
Les archives nationales américaines ont rendu public jeudi 15 décembre plus de 13 000 documents liés à l'assassinat du président John F. Kennedy en 1963. La Maison-Blanche a, encore une fois, bloqué la publication de milliers d'autres, comme cela a été le cas en 2017. Cela n’a pas empêché la chaîne Fox News et l’un de ses animateurs vedettes, Tucker Carlson, d’interroger « une source qui a eu accès aux documents non divulgués », qui aurait affirmé que « oui, la CIA est impliquée dans la mort » du 35e président des États-Unis.
francesoir.fr
https://www.francesoir.fr/politique-monde/assassinat-de-kennedy-nouvelles-archives-declassifiees-la-cia-participe-son-meurtre
FRANCE
En 2022, les Français n’ont jamais autant payé d’impôts depuis 30 ans
Les Français, ménages comme entreprises, ont payé plus d’impôts qu’ils ne l’ont jamais fait depuis 30 ans. Les prélèvements obligatoires en 2022 ont atteint 45,2% du PIB en 2022, soit 0,9 point de plus par rapport à 2021 où le taux a été évalué à 44.3%. En euros, cela fait une augmentation de 86,4 milliards, pour atteindre 1 194 milliards contre 1 107.7 milliards en 2021, selon les derniers chiffres publiés dans le rapport économique, social et financier (RESF), publié le 4 octobre 2022.
francesoir.fr
https://www.francesoir.fr/societe-economie/en-2022-les-fr...
Le naufrage d’EDF expertisé par ses anciens patrons
Débarqués du navire, ses anciens capitaines témoignent devant l'Assemblée nationale. Les anciens PDG d'EDF, Pierre Gadonneix (2004-2009), Henri Proglio (2009-2014) et Jean-Bernard Lévy (2014-2022) ont été auditionnés par la commission d'enquête « visant à établir les raisons de la perte de souveraineté et d'indépendance énergétique de la France ». Tous pointent l'incompétence des politiques, et accusent l'Union Européenne et l'Allemagne d'être à l'origine de ce sabordage.
laselectiondujour.com
https://www.laselectiondujour.com/le-naufrage-dedf-expertise-par-ses-anciens-patrons-n1774/
TOP 8 des pires (et des meilleurs) présidents de la République !
Avec un Pierre-Yves Rougeyron en roue libre, un survol plein d’intérêt des présidents de la Ve République. De l’humour, des connaissances et des extraits vidéo bien trouvés dont certains nous rappellent ou nous apprennent, selon le cas, le pourquoi de l’état de la France aujourd’hui. Mieux qu’un cours d’Histoire récente, qu’on ne donne plus dans nos écoles !
J’suis pas content TV (Greg Tabibian)
https://www.youtube.com/watch?v=DSZpifpCpZg
GÉOPOLITIQUE
« Un nouvel ordre mondial très différent se dessine sous nos yeux »
La façon dont le monde nous apparaît diffère totalement selon la façon dont votre regard est fixé sur le moyeu de la roue ; ou à l’inverse, si vous observez la rotation de la roue autour de son moyeu (et l’allure qu’elle maintient), l’on verrait le monde autrement.
les-crises.fr
https://www.les-crises.fr/un-nouvel-ordre-mondial-tres-different-se-dessine-sous-nos-yeux-alastair-crooke/
IMMIGRATION
France-Algérie, Macron et Darmanin baissent la garde
Ancien ambassadeur à Alger, Xavier Driencourt, l’a été à deux reprises, entre 2008 et 2012 et de 2017 à 2020. Il est donc bien placé pour commenter les récentes décisions prises non seulement par Emmanuel Macron mais encore du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin et celui des Affaires étrangères, Catherine Colonna qui ont levé le pied sur la délivrance des visas entre les pays du Maghreb et la France. La porte à une immigration non justifiée de nouveau ouverte mais surtout sans contrepartie. On trouvera ici son interview par Alexandre Devecchio dans Le Figaro du 21 décembre.
synthesenationale.hautetfort.com
http://synthesenationale.hautetfort.com/media/00/01/4218985621.pdf
ISRAEL
« Israël en miettes » – à l’heure de l’autodestruction de l’Occident
L’« Israël » que vous pensiez connaître n’existe plus : les radicaux mizrahi (Juifs originaires des pays arabes) ont chassé l’élite ashkénaze (euro-libérale) du pouvoir lors des dernières élections en « Israël » . Une longue continuité linéaire de la politique israélienne vient d’être mise à mal. Ce résultat représente un « retournement de situation » complet, une rupture avec la diaspora américaine (principalement « réformée ») et avec l’ancienne classe dirigeante laïque, kibboutznik et herzlienne.
lesakerfrancophone.fr
https://lesakerfrancophone.fr/israel-en-miettes-a-lheure-de-lautodestruction-de-loccident
LECTURE/LITTÉRATURE
Houellebecq, Onfray, Ernaux, Finkielkraut : trouver l’intrus !
Le billet de Thomas Legrand dans le Libération du 6 décembre était consacré à l’entretien croisé de Michel Onfray et Michel Houellebecq paru dans la revue Front populaire. D’après l’éditorialiste qui avait avoué sur France Inter, sans peur des représailles, être « la quintessence du bobo », le philosophe et l’écrivain sont des « trouillards ». De plus, Thomas le Téméraire prétend pouvoir faire la démonstration que Houellebecq dit n’importe quoi depuis toujours ; il en a la preuve absolue : Soumission, écrit-il, roman d’anticipation dans lequel Houellebecq imaginait l’arrivée au pouvoir d’un président musulman, se déroule en 2022. Or, s’esclaffe Legrand, en 2022, c’est… Emmanuel Macron qui a été élu !
causeur.fr
https://www.causeur.fr/houellebecq-onfray-ernaux-finkielkraut-trouver-lintrus-jeu-de-noel-249547?utm_source=Envoi+Newsletter&utm_campaign=223ff2b14e-Newsletter_4_fevrier_COPY_01&utm_medium=email&utm_term=0_6ea50029f3-223ff2b14e-57276049
MONDIALISME/TERRORISME
Pérou : L’ambassadrice des États-Unis à Lima était un agent de la CIA
L’ambassadrice des États-Unis au Pérou, Lisa Kenna travaillait pour la CIA et le Pentagone. La veille du coup d’état contre le président élu de gauche, Pedro Castillo, Kenna a rencontré le ministre de la défense du Pérou, qui a ensuite ordonné aux militaires de se retourner contre Castillo. Le coup d’état a déchaîné des protestations massives dans tout le Pérou. Le régime de fait a déchaîné une violence brutale et la police a tué plusieurs manifestants.
reseauinternational.net/
https://reseauinternational.net/perou-lambassadrice-des-etats-unis-a-lima-etait-un-agent-de-la-cia/
RÉFLEXIONS
« La puissance populaire ne se reconnaît plus dans cette élite et se moque de ses mensonges » Interview de Michel Maffesoli
Ce professeur émérite et auteur de nombreux livres évoque, durant cette émission, « la domination des élites » à travers des « mensonges généralisés » et la résistance de « la puissance populaire ». Des notions passées au crible au travers de son savoir sociologique et de ses riches références.
francesoir.fr
https://www.francesoir.fr/videos-l-entretien-essentiel/michel-maffesoli-la-puissance-populaire-ne-se-reconnait-plus-dans-cette-elite
Test politique : êtes-vous progressiste, conservateur ou libéral ?
Dans quelle famille politique vous situez-vous ? Un test politique sur quelques sujets de société vous permet de répondre à cette question.
contrepoints.org
https://www.contrepoints.org/2022/12/19/249098-etes-vous-progressiste-conservateur-ou-liberal?utm_source=Newsletter+Contrepoints&utm_campaign=91e68a5ce6-Newsletter_auto_Mailchimp&utm_medium=email&utm_term=0_865f2d37b0-91e68a5ce6-114773897&mc_cid=91e68a5ce6&mc_eid=e9e66aaefa
RUSSIE
Quelle situation économique en Russie ? Séminaire Franco-Russe #64. Par Jacques Sapir
La 64ème session du séminaire franco-russe s’est tenu à Moscou, en partie en présentiel et en partie par vidéo conférence, les 21, 22 et 23 novembre 2022. Ce séminaire était coorganisé par l’Institut de Prévision Économique de l’Académie des Sciences de Russie (INP ASR, Moscou), l’Institut d’économie et d’organisation de la production industrielle SB ASR (IIEPP SB ASR, Novosibirsk) et le Centre d’Études des Modes d’Industrialisation (CEMI, Paris). Il constitue ainsi un témoignage de la volonté des parties françaises et russes de maintenir ouvert un cadre de discussions scientifiques dans les circonstances actuelles. Le maintien d’un dialogue nous a semblé à tous essentiel dans la situation actuelle. Seul un dialogue scientifique, impulsé par des acteurs non directement étatiques, peut permettre d’abattre le mur d’incompréhension réciproque que la propagande, des deux côtés, cherche à construire.
les-crises.fr
https://www.les-crises.fr/quelle-situation-economique-en-russie-seminaire-franco-russe-64-jacques-sapir/
Bulletin N°112. Ukrobolchévisme, Poutine, Blockchain, Artemiovsk. 15.12.2022.
Xavier Moreau traite dans ce nouveau bulletin de l’Asie, nouvel horizon des hydrocarbures russes ; des changements de l’économie russe grâce aux sanctions occidentales ; de Poutine et la blockchain ; de l’ukrobolchévisme/christianisme ; du pape François/Tchétchènes et Bouriates ; commente la carte des opérations militaires actuelles ainsi que des considérations générales sur la situation militaire.
odysee.com/@STRATPOL:d
https://odysee.com/@STRATPOL:d/112b:2
SANTÉ/LIBERTÉS
L’ordre des Médecins : Les Bons, les Justes et les Méchants
Par le docteur Gérard Maudrux. « Poursuivi par l’Ordre des médecins qui possède une juridiction d’exception qui ne devrait pas exister dans un pays démocratique, je ne me faisais pas beaucoup d’illusions. Pour moi c’est un tribunal d’exception car ce sont les mêmes qui définissent ce qu’ils considèrent comme une faute, qui vous poursuivent et qui vous jugent. La justice ne peut être indépendante et donc juste, quand on est à la fois juge et partie. »
covid-factuel.fr
https://www.covid-factuel.fr/2022/12/13/lordre-des-medecins-les-bons-les-justes-et-les-mechants/
L’acteur Tim Robbins regrette de s’en être pris aux personnes non vaccinées et non masquées
Témoignage poignant, très intéressant de l’acteur américain Tim Robbins qui revient sur sa propre gestion de la crise sanitaire et sur comment il estime aujourd’hui avoir glissé complètement dans un monde tyrannique en voulant imposer l’inacceptable aux autres alors qu’il pensait être quelqu’un de bien, quelqu’un d’ouvert et de bienveillant. Cette vidéo est très intéressante car elle nous explique comment les gens ont pu être trompés et quel est le moyen que Tim Robbins a utilisé pour se réveiller, notamment le fait d’observer ce qui se passait ailleurs, en Angleterre en l’occurrence.
reseauinternational.net
https://reseauinternational.net/lacteur-tim-robbins-regrette-de-sen-etre-pris-aux-personnes-non-vaccinees-et-non-masquees/
SERBIE
L'OTAN utilise également l'arme de la provocation contre la Serbie
Les provocations de l'OTAN risquent de créer un nouveau front de guerre en Europe, exacerbant les tensions entre la Serbie et le gouvernement du Kosovo autoproclamé. La Serbie a officiellement (re)rejoint la liste des méchants selon Washington. Les attaques médiatiques dont Belgrade a fait l'objet ces derniers jours, et qui n'avaient pas eu lieu depuis les attaques de 1999, en sont la preuve. La véritable faute de la Serbie est qu'elle est l'un des rares pays européens à ne pas avoir fait de génuflexion devant le diktat des sanctions anti-russes.
euro-synergies.hautetfort.com
http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2022/12/20/l-otan-utilise-egalement-l-arme-de-la-provocation-contre-la-serbie.html
UKRAINE
Ministre ukrainien négationniste du massacre de Polonais pendant la 2e Guerre mondiale : Varsovie s’indigne d’une telle nomination
Des personnalités du gouvernement polonais ont condamné comme « inacceptable » la décision de l’Ukraine de nommer un ministre qui a récemment nié que le leader nationaliste Stepan Bandera était responsable du massacre de Polonais de souche et de Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale et a cherché à justifier sa collaboration avec l’Allemagne nazie.
les-crises.fr
https://www.les-crises.fr/ministre-ukrainien-negationniste-du-massacre-de-polonais-pendant-la-2e-gm-varsovie-s-indigne-d-une-telle-nomination/
Guerre en Ukraine : Merkel et ses mensonges criminels
Habités par un mélange de panique et d’illusion, les dirigeants européens continuent à refuser de voir le réel en avançant comme des somnambules. Il ne sera pas question ici de faire la liste des imbécillités qu’ils profèrent mais de pointer les désastreuses déclarations de l’ancienne chancelière allemande Angéla Merkel à propos des accords de Minsk. Désastreuses parce qu’elles vont avoir un impact considérable sur le rapport de force dans la guerre hybride globale qui oppose l’Occident au reste du monde. Merkel vient de reconnaître que les accords de Minsk, dont l’application aurait permis d’éviter la guerre en Ukraine et la tragédie pour son peuple, n’était dans son esprit qu’un chiffon de papier. Accords qu’elle avait parrainés, promus, et soutenus. Elle est venue tranquillement nous dire que tout cela était bidon, qu’il n’avait jamais été question de les appliquer, mais que c’était une manière de gagner du temps pour se préparer à faire la guerre à la Russie.
vududroit.com
https://www.vududroit.com/2022/12/guerre-en-ukraine-merkel-et-ses-mensonges-criminels/
UNION EUROPÉENNE
D’après un article de l’hebdomadaire français Marianne du 18 août 2022, le ministre de l’intérieur français, Gérald Darmanin, aurait déclaré son intention d’écrire à la Commission pour protester contre la diffusion, le 12 août dernier, d’une vidéo concernant la Journée internationale de la jeunesse.
Question de l’eurodéputé Jean-Lin Lacapelle, RN/ID : Le Conseil, dans sa formation « Justice et affaire intérieures », compétent en matière de droits fondamentaux, entend-il ajouter à l’ordre du jour de sa prochaine réunion la question des subventions européennes à des organisations promouvant la propagande islamiste et la diffusion de cette propagande sur les canaux d’information de l’Union ? (23 août 2022)
Réponse du Conseil de l’Union européenne : Monsieur l’Honorable Parlementaire,
Le Conseil ne commente pas les articles figurant dans les médias. Il n’est pas prévu d’inscrire le sujet mentionné dans votre question à l’ordre du jour de la prochaine session du Conseil dans sa formation « Justice et affaires intérieures ». (13 décembre 2022)
… Remarquable travail, comme d’habitude avec ce média, d’exemples en tous genres sur la propagande immigrationniste de l’UE.
fdesouche.com
https://www.fdesouche.com/2022/12/14/le-conseil-de-lue-qui-represente-les-gouvernements-des-etats-membres-ne-prevoit-pas-de-se-pencher-sur-la-question-du-financement-et-de-la-promotion-des-organisations-islamistes-par-lunion-europe/
23:11 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, europe, france, affaires européennes, journaux, presse, médias | | del.icio.us | | Digg | Facebook
jeudi, 22 décembre 2022
Sur les traces de Johnson: Sunak met en garde Kiev contre un cessez-le-feu
Sur les traces de Johnson: Sunak met en garde Kiev contre un cessez-le-feu
Source: https://zuerst.de/2022/12/22/in-johnsons-fussstapfen-sunak-warnt-kiew-vor-waffenstillstand/
Londres/Kiev. La Grande-Bretagne se révèle une fois de plus comme une puissance belliciste inébranlable dans le conflit ukrainien, qui ne veut rien savoir d'une solution négociée. Ce sont surtout les Ukrainiens qui en paient le prix.
Le nouveau Premier ministre britannique Sunak a désormais mis en garde contre des négociations trop rapides en vue d'un cessez-le-feu. Le chef du gouvernement a déclaré que "toute demande unilatérale de cessez-le-feu de la part de la Russie est totalement insignifiante dans le contexte actuel". La Russie se servirait d'une telle situation pour se reformer, a déclaré Sunak lundi lors d'une réunion avec les chefs d'Etat et de gouvernement de la Force expéditionnaire conjointe (JEF) à Riga. Tant que la Russie ne s'est pas retirée, il ne peut et ne doit pas y avoir de véritables négociations. Lors du sommet, Sunak a également appelé à de nouvelles livraisons d'armes à Kiev.
Ces derniers mois, le gouvernement britannique en particulier s'était déjà positionné comme un obstacle solide à toute solution de paix ou de négociation. L'officier de renseignement suisse, conseiller de l'OTAN et auteur de plusieurs livres, Jacques Baud, a rappelé en octobre dans une interview détaillée du portail de médias américain indépendant grayzone.com que l'Ukraine avait été activement empêchée par l'Occident de trouver une solution négociée au moins trois fois depuis le début de la guerre en février, dans deux cas par le gouvernement britannique. En mars, le Premier ministre britannique de l'époque, Boris Johnson, s'était rendu spécialement à Kiev pour faire pression sur le président ukrainien Zelensky et empêcher un accord de paix.
Lors d'une autre tentative, le président turc Erdogan a voulu jouer les médiateurs. Après s'être rendu à Kiev de manière "inattendue", Johnson a déclaré clairement lors d'une conférence de presse à Kiev: "Pas de négociations avec les Russes. Nous devons nous battre. Il n'y a pas de place pour des négociations avec les Russes". (mü)
Demandez ici un exemplaire de lecture gratuit du magazine d'information allemand ZUERST ! ou abonnez-vous ici dès aujourd'hui à la voix des intérêts allemands !
Suivez également ZUERST ! sur Telegram : https://t.me/s/deutschesnachrichtenmagazin
23:50 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : rishi sunak, actualité, poliique internationale, europe, afaires européennes, volodymyr zelensky, ukraine, grande-bretagne, royaume-uni | | del.icio.us | | Digg | Facebook
The Intercept : Big tech et changement de régime made in US
The Intercept : Big tech et changement de régime made in US
Source: https://piccolenote.ilgiornale.it/mondo/the-intercept-big-tech-e-i-regime-change-made-in-usa
Dans The Intercept, Lee Fang (photo) explique comment Twitter a été utilisé à des fins militaires, c'est-à-dire dans le cadre d'opérations psychologiques pour déclencher et alimenter des révolutions contre des gouvernements posés comme indésirables. Ces choses sont plus que connues, mais désormais documentées grâce au fait que Fang a eu accès aux archives de Twitter, qui ont été dévoilées à quelques journalistes courageux après le rachat du média social par Elon Musk.
C'est une image partielle que Fang fournit, puisqu'il n'a eu accès qu'à une partie vraisemblablement minime des documents, mais une image intéressante néanmoins.
Bots et faux profonds pour des guerres sans fin
Grâce à ces documents, Fang a découvert que Twitter avait ouvert et protégé "une série de comptes à la demande du gouvernement" et que le Pentagone avait "utilisé ce réseau de sites d'information et de mêmes générés par le gouvernement américain pour tenter de façonner l'opinion publique au Yémen, en Syrie, en Irak, au Koweït et ailleurs". Ces comptes avaient été placés, comme demandé, sur la withelist, un service Twitter mis en place pour rendre les messages viraux.
"Les comptes en question étaient initialement liés de manière évidente au gouvernement américain. Mais il semble que le Pentagone ait changé de tactique et ait commencé à cacher ses messages dans certains de ces comptes". Cela enfreignait les règles de Twitter et les dirigeants du média social en étaient conscients, mais ils les ont autorisés à rester "actifs" pendant des années. "Certains d'entre eux sont encore actifs", conclut Fang.
Parmi les documents, plusieurs emails. Par exemple, "le 26 juillet 2017, Nathaniel Kahler, un fonctionnaire travaillant alors pour le Commandement central américain CENTCOM (une division du ministère de la Défense), a envoyé un courriel à un responsable de Twitter [...] demandant qu'une liste de comptes en langue arabe 'que nous utilisons pour amplifier certains messages' soit approuvée et mise sur la liste blanche", peut-on lire dans la missive.
"Certains de ces comptes ne sont pas indexés sur les hashtags et peuvent avoir été marqués comme des bots", écrit Kahler. "Certains d'entre eux avaient une grande audience et nous espérons les sauver". Kahler a ajouté qu'il était "prêt à envoyer davantage de documentation de son bureau, le SOCOM, qui signifie US Special Operations Command".
"[...] Dans son e-mail, Kahler a joint une feuille avec 52 comptes. Et il a demandé un service prioritaire pour six de ces comptes, dont @yemencurrent, un compte utilisé pour donner des informations sur les frappes de drones américaines au Yémen. À peu près au même moment, @yemencurrent, qui a depuis été supprimé, soulignait que les frappes de drones américains étaient "précises" et avaient tué des terroristes, pas des civils, et promouvait comme positive l'invasion américaine et saoudienne contre les rebelles houthis dans le pays.
"D'autres comptes de la liste étaient axés sur la promotion des milices soutenues par les États-Unis en Syrie et sur des messages anti-iraniens en Irak."
"Ce qui a émergé sur Twitter", écrit Fang, "semble aller dans le sens d'une importante étude publiée en août par des chercheurs en sécurité numérique du Stanford Internet Observatory, qui ont émis l'hypothèse que des milliers de comptes faisaient partie d'une opération d'information menée par l'État, dont beaucoup utilisaient des visages humains avec des photos réalistes, mais générées par l'intelligence artificielle, une pratique connue sous le nom de deep fakes".
Les faux sont également "à thème"
"Les chercheurs ont relié ces comptes à un vaste écosystème en ligne composé de sites Web spécialisés dans les "Fake news", de comptes de mêmes sur Telegram et Facebook, et de sites individuels qui reprenaient les messages du Pentagone, souvent sans divulguer leur relation avec l'armée américaine. Certains de ces messages accusaient l'Iran de "menacer la sécurité de l'eau de l'Irak et d'inonder le pays de méthamphétamine", tandis que d'autres faisaient la promotion de rapports calomnieux selon lesquels l'Iran prélevait les organes des réfugiés afghans". Cette dernière partie doit également être lue comme un rappel de l'actualité de l'Iran en ces dernières semaines de troubles.
"[...] Certains comptes de la liste, poursuit Fang, se sont concentrés sur la promotion des milices soutenues par les États-Unis en Syrie et des messages anti-iraniens en Irak. Un compte a débattu des questions juridiques liées au Koweït. Bien que de nombreux comptes se concentrent sur un seul sujet, d'autres passent d'un sujet à l'autre. Par exemple, @dala2el, l'un des comptes du CENTCOM, est passé de messages sur les attaques de drones au Yémen en 2017 à des communications liées au gouvernement syrien cette année".
Outre Twitter, le CENTCOM utilise également Facebook. En fait, rappelle Fang, "à l'été 2020, des cadres de Facebook auraient identifié sur leur plateforme de faux comptes attribués à des opérations d'influence du CENTCOM et ont averti le Pentagone que si la Silicon Valley pouvait si facilement identifier ces comptes comme faux, les antagonistes" des États-Unis le pourraient aussi.
"Les courriels de Twitter montrent que, pendant l'année 2020, les dirigeants de Facebook et de Twitter ont été invités par des juristes de haut niveau du Pentagone à des briefings confidentiels dans une installation isolée du monde extérieur, également connue sous le nom de SCIF, utilisée pour des réunions hautement sensibles."
De la biométrie et des identités fictives
Une histoire qui remonte à loin, bien sûr, raconte Fang. Il note : "En 2008, le Commandement des opérations spéciales des États-Unis a lancé un appel d'offres demandant un service qui serait en mesure de fournir 'des produits et des outils d'influence de masse basés sur le Web en soutien aux objectifs stratégiques à long terme du gouvernement américain'.
La demande faisait référence à l'initiative Web transrégionale, un projet visant à créer des sites d'information en ligne destinés à gagner les cœurs et les esprits dans la lutte contre l'influence russe en Asie centrale et le terrorisme islamique mondial. Le travail a été initialement exécuté par General Dynamics Information Technology, une filiale de la société General Dynamics, liée à la défense, en liaison avec les bureaux de communication du CENTCOM'.
"L'un de ces produits, un 'WebOps' exploité par Colsa Corp, a été utilisé pour créer des identités en ligne fictives destinées à contrer le recrutement en ligne par ISIS et d'autres réseaux terroristes". Mais, bien sûr, il aurait également pu être dirigé à des fins moins nobles, comme le prouve ce que nous avons rapporté jusqu'à présent.
Une source d'Intercept, qui a travaillé au sein de la Trans-Regional Web Initiative, se souvient que le travail était effectué par un centre qui fonctionnait comme "une salle de rédaction, située dans un bureau anonyme de banlieue, dans laquelle travaillaient d'anciens journalistes".
La source de The Intercept explique comment ce travail fonctionne : le CENTCOM développe une "série de thèmes sur lesquels les messages doivent se concentrer". Ensuite, "les superviseurs aident à créer du contenu qui est diffusé par un réseau de sites Web et de comptes de médias sociaux contrôlés par le CENTCOM". Un tel contenu, créé pour "soutenir les récits du commandement militaire", est évidemment "conçu pour refléter les objectifs du Pentagone".
Ce qui ressort de l'enquête de Fang n'est même pas la partie émergée de l'iceberg qui se cache derrière l'enchevêtrement inextricable, et trop souvent pervers, entre Big Tech et la Défense américaine (pour ne donner qu'un exemple trivial, les relations entre les géants du web et la CIA sont toujours secrètes). Mais il est utile de comprendre comment certaines dynamiques fonctionnent et pourquoi certaines choses se produisent (par exemple, pourquoi les données biométriques volées à des internautes peu méfiants sont si importantes : elles sont utilisées pour créer de faux profils pour des opérations de changement de régime autour de la planète). C'est ainsi que le monde tourne.
23:37 Publié dans Actualité, Manipulations médiatiques | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, cia, centcom, services secrets, services secrets américains, big tech | | del.icio.us | | Digg | Facebook
mercredi, 21 décembre 2022
Heidegger et le début de la philosophie: l'interprétation d'Anaximandre et de Parménide
Heidegger et le début de la philosophie: l'interprétation d'Anaximandre et de Parménide
Giovanni Sessa
Source: https://www.paginefilosofali.it/heidegger-e-linizio-della...
Texte crucial pour la compréhension du parcours philosophique de Martin Heidegger, L'inizio della filosofia occidentale. Interprétation d'Anaximandre et de Parménide, désormais en librairie grâce aux éditions Adelphi et édité sous la direction de Giovanni Gurisatti (pp. 313, euro 42,00). Ce texte heideggerien rassemble le cours que le philosophe a donné sur le sujet à Freiburg en 1932. Les thèses les plus pertinentes s'inscrivent aussi bien dans la lignée de celles exprimées dans Dell'essenza della verità (1930) que dans les positions théoriques de l'article de 1940, La dottrina platonica della verità. Le volume qui nous occupe ici se situe pleinement dans l'ambiance théorique que le penseur a connue au début des années 1930, la Kehre, le tournant qui l'a amené à laisser derrière lui l'exclusivité de la perspective aristotélicienne sur laquelle le monde de L'Être et leTemps avait été construit en 1927. Dans ce contexte, Heidegger a récupéré l'idée grecque de vérité, aletheia, c'est-à-dire la révélation, dans sa pensée, car le "vrai" avait été compris par la métaphysique classique comme la conformité de l'intellect et de la réalité.
De plus, Heidegger, dès ses débuts universitaires, avait manifesté son intérêt pour la pensée aurorale. Cette propension sera consolidée dans la période d'après-guerre, lorsque le thème de l'Autre commencement de la pensée européenne sera au centre des spéculations du philosophe de Fribourg. Le début de la pensée occidentale est divisé en trois parties : 1) Les Dires d'Anaximandre ; 2) Considération intermédiaire ; 3) Le Poème didactique de Parménide.
Pour Heidegger, Anaximandre est un penseur qui a abordé l'être dans une perspective pré-métaphysique. La première locution de la pensée européenne, en effet, saisit l'entité dans son être. Plus précisément, les entités sont expérimentées "en étant simultanément un avec l'autre (accord) et un contre l'autre (désaccord)" (p. 41). Cela signifie que, pour Anaximandre, l'être de l'entité est le temps : "sa tâche et son essence consistent à faire apparaître et disparaître l'entité" (pp. 50-51). Le temps indique les rythmes de l'être, auxquels les entités sont soumises. Mais l'être et les entités ne disent pas la même chose, Heidegger reste dualiste dans ces pages, comme dans L'Être et le temps: "L'être et les entités sont différents - et cette différence est la plus originale qui [...] puisse être donnée" (p. 64).
Dans la vaste exégèse consacrée à Parménide, le philosophe déploie sa perspicacité philologique et sa ponctualité habituelles dans son exégèse du poème d'Éléonore. Dans ses vers, outre la voie de l'être et la voie impropre du non-être, il est question de la voie de la doxa, qui, selon Heidegger, doit être connue du sage, puisque, comme le souligne l'éditeur: "seul celui qui a expérimenté à fond l'essence errante de la voie-doxa peut décider de [...] prendre la voie-aléthéia" (p. 22). Ceci ouvre la quatrième voie parménidienne, celle de la conversion du sage à la première voie, à l'être. Dans cette première expérience herméneutique avec l'éléatisme, ainsi que dans les suivantes, le penseur embrasse la thèse selon laquelle "percevoir et être co-égaux" (p. 223). Seinfrage, la question fondamentale de la pensée, est rendue possible par une telle appartenance de l'homme et de l'être. Par conséquent, si l'être se donne comme présence à l'homme, ce dernier "peut à son tour lui tendre la main pour l'accueillir" (p. 23). Il existe une réciprocité dynamique entre les deux pôles, même si la primauté est attribuée à l'être. L'homme ne peut que se projeter ex-statiquement dans le jet-don de l'être. C'est pourquoi, selon l'auteur, en vertu du dualisme qui traverse tout le système de pensée de l'Allemand (être-étant, authentique-inauthentique, etc.), il est resté toute sa vie un théologien plutôt qu'un ontologue.
Il n'en reste pas moins que, dans ce volume, la réflexion heideggerienne s'ouvre, dépassant la conception linéaire de l'histoire, à l'actualité du questionnement du "premier commencement" de la pensée. Cette auroralité, aussi voilée soit-elle, reste en vigueur dans l'histoire et dans le présent et fait pression sur nous: "elle nous demande d'expérimenter cette proximité et d'en prendre soin" (p. 24). C'est pourquoi, note Heidegger, le Seinfrage est une question destinale, dans laquelle est donné le salut possible de l'essence de l'homme. Dans la Considération intermédiaire, le penseur accorde des traits éthiques à ses réflexions. Se livrer à l'aletheia implique, de la part du sage, de se transformer en profondeur, d'opérer un véritable changement de cœur, de se libérer des contraintes de l'apparence. Inévitablement, une partie de cette attitude de recherche est un retour au questionnement de la "question non posée de l'être" (p. 131).
Ce n'est que dans une telle réflexion que l'on comprendra que le commencement ne se trouve pas derrière nous, qu'on ne le récupère pas simplement en regardant en arrière, car il se trouve "devant nous comme la tâche essentielle de notre propre essence" (p. 136). Cette affirmation explique le sens de la récupération heideggerienne d'Anaximandre et de Parménide. La philosophie de Heidegger est, sans crainte d'être contredite, l'une des tentatives les plus originales (dans le sens d'un regard sur l'origine), les plus organiques et les plus complexes produites par la pensée du 20ème siècle. Elle est essentiellement centrée sur la tentative de retrouver la physis grecque.
Peut-être, comme l'a reconnu Franco Volpi dans Contributions à la philosophie, le projet heideggerien se replie-t-il paradoxalement sur lui-même et a-t-il été réalisé par l'élève "hérétique" du philosophe, Karl Löwith. Ce dernier pose, comme seule transcendance pour l'homme, la physis et ses cycles. Comme on peut le constater dans les pages que nous avons brièvement présentées, la question résonne chez Heidegger : "Pourquoi l'être et non le néant ?". La question est mal posée puisque, comme l'ont montré les philosophies de Julius Evola et d'Andrea Emo, soucieuses de la tradition dionysiaque hellénique, au début du 20ème siècle, l'être est le néant. Coïncidence hermétique des opposés, et non dualisme ontologique.
Giovanni Sessa
20:21 Publié dans Livre, Livre, Philosophie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : heidegger, martin heidegger, parménide, anaximandre, présocratiques, philosophie, philosophie grecque | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Guerre cognitive: l'OTAN prépare une guerre pour s'emparer de l'esprit des gens
Guerre cognitive: l'OTAN prépare une guerre pour s'emparer de l'esprit des gens
par Jonas Tögel
Source : https://www.ariannaeditrice.it/articoli/guerra-cognitiva-la-nato-sta-pianificando-una-guerra-per-le-menti-delle-persone
Depuis 2020, l'OTAN poursuit ses plans pour une guerre psychologique qui doit être placée sur un pied d'égalité avec les cinq précédents domaines d'opération de l'alliance militaire (terre, eau, air, espace, cyberespace). C'est le champ de bataille visant à se rendre maître de l'opinion publique. Les documents de l'OTAN parlent de "guerre cognitive" - de guerre mentale. Dans quelle mesure le projet est-il concret, quelles mesures ont été prises jusqu'à présent et à qui s'adresse-t-il ?
Pour être victorieux à la guerre, il faut aussi gagner la bataille de l'opinion publique. Cela se fait depuis plus de 100 ans avec des outils de plus en plus modernes, les techniques dites de soft power. Ceux-ci décrivent tous les outils psychologiques d'influence avec lesquels les gens peuvent être guidés de telle manière qu'ils ne sont pas eux-mêmes conscients de ce contrôle. Le politologue américain Joseph Nye définit ainsi le soft power comme "la capacité de persuader les autres de faire ce que vous voulez sans utiliser la violence ou la coercition" (1).
La méfiance à l'égard des gouvernements et de l'armée augmente, tandis que l'OTAN intensifie ses efforts pour utiliser une guerre psychologique de plus en plus sophistiquée dans la bataille pour les esprits et les cœurs des gens. Le programme principal est "Cognitive Warfare". Avec les armes psychologiques de ce programme, l'homme lui-même doit être déclaré comme étant le nouveau théâtre de la guerre, le soi-disant "domaine humain" (la sphère humaine).
L'un des premiers documents de l'OTAN sur ces plans est le document de septembre 2020 intitulé "Le sixième domaine d'opérations de l'OTAN". rédigé au nom du Hub d'innovation de l'OTAN (en abrégé: IHub). Les auteurs sont l'Américain August Cole , ancien journaliste du Wall Street Journal spécialisé dans l'industrie de la défense, qui travaille depuis plusieurs années pour le think tank transatlantique Atlantic Council, et le Français Hervé le Guyader.
Fondé en 2012, IHub prétend être un groupe de réflexion où "des experts et des inventeurs de partout travaillent ensemble pour résoudre les défis de l'OTAN" et est basé à Norfolk, en Virginie, aux États-Unis. Ne faisant officiellement pas partie de l'OTAN, il est financé par le Commandement allié pour la transformation de l'OTAN, l'un des deux quartiers généraux stratégiques de l'OTAN.
L'essai raconte plusieurs histoires fictives et se termine par un discours fictif du président américain, qui explique à ses auditeurs comment fonctionne la guerre cognitive et pourquoi tout le monde peut y participer :
"Les progrès réalisés aujourd'hui dans les domaines de la nanotechnologie, de la biotechnologie, des technologies de l'information et des sciences cognitives, sous l'impulsion de l'avancée apparemment imparable de la troïka de l'intelligence artificielle, du big data et de la "dépendance numérique" de notre civilisation, ont créé une perspective bien plus inquiétante : un cinquième pilier intégré, où chacun, à son insu, agit selon les plans de l'un de nos adversaires".
Les pensées et les sentiments de chaque individu sont de plus en plus au centre de cette nouvelle guerre :
"Vous êtes le territoire contesté, où que vous soyez, qui que vous soyez."
En outre, il y a une "érosion constante du moral de la population" à déplorer. Cole et Guyader affirment donc que le domaine humain constitue la plus grande vulnérabilité. Cette zone d'opération ("domaine") serait par conséquent la base du contrôle de tous les autres champs de bataille (terre, eau, air, espace, cyberespace). Les deux auteurs appellent donc l'OTAN à agir rapidement et à considérer l'esprit humain comme le "sixième domaine d'opérations" de l'OTAN.
Propagande participative
Presque au même moment, l'ancien fonctionnaire français et responsable de l'innovation à l'IHub, François du Cluzel, travaillait sur le document stratégique complet "Cognitive Warfare" qui a été publié par l'IHub en janvier 2021. Au lieu d'utiliser des scénarios imaginaires, du Cluzel a écrit une analyse détaillée de la guerre des esprits. Comme les auteurs du "Sixième domaine d'opérations de l'OTAN", il souligne que "la confiance (...) est l'objectif". Celle-ci peut être gagnée ou détruite par la guerre de l'information ou par les PsyOps, c'est-à-dire la guerre psychologique. Cependant, les techniques conventionnelles de soft power ne suffisent plus, il faut une guerre cognitive, c'est-à-dire liée à l'esprit, une "propagande participative" à laquelle "tout le monde participe".
On ne sait pas exactement qui est la cible de cette propagande, mais du Cluzel souligne que tout le monde est impliqué dans cette nouvelle forme de manipulation et que l'objectif est de protéger le "capital humain" de l'OTAN. Le domaine d'application fait référence à "l'ensemble de l'environnement humain, qu'il soit ami ou ennemi". Bien que les capacités de l'ennemi et la menace dans le domaine de la guerre cognitive soient "encore faibles", du Cluzel appelle l'OTAN à agir rapidement et à promouvoir la guerre cognitive :
"La guerre cognitive est peut-être l'élément manquant qui permet de passer de la victoire militaire sur le champ de bataille à un succès politique durable. Le "domaine humain" pourrait bien être le facteur décisif (...). Les cinq premiers théâtres d'opérations [terre, mer, air, espace, cyberespace] peuvent conduire à des victoires tactiques et opérationnelles, mais seul le théâtre d'opérations humain peut conduire à une victoire ultime et complète" (p. 36).
La neuroscience comme arme
Quelques mois plus tard, l'OTAN reprend les demandes des stratèges. En juin 2021, elle a organisé sa première réunion scientifique sur la guerre cognitive à Bordeaux, en France. Dans une anthologie qui accompagnait le symposium, les stratèges du Hub d'innovation ont eu l'occasion de s'entretenir avec de hauts responsables de l'OTAN. Dans sa préface, le général français André Lanata a remercié "notre pôle d'innovation" et a souligné l'importance "d'exploiter les faiblesses de la nature humaine" et de mener cette "bataille" dans "tous les domaines de la société". Il s'agit également d'impliquer les neurosciences dans la course aux armements ("Weaponisation of Neurosciences"). Il a été souligné que la guerre cognitive de l'OTAN est une défense contre des guerres similaires menées par la Chine et la Russie. Leurs "activités de désinformation" ont suscité une "inquiétude croissante" parmi les alliés de l'OTAN.
Lors du symposium, une discussion intense a eu lieu sur la manière d'utiliser les neurosciences pour mener des attaques numériques sur la pensée, les sentiments et l'action de l'homme :
"Du point de vue de l'attaquant, l'action la plus efficace, bien que plus difficile à mener, consiste à encourager l'utilisation de dispositifs numériques capables de perturber ou d'influencer tous les niveaux des processus cognitifs d'un adversaire" (p. 29).
L'OTAN souhaite embrouiller le plus possible ses adversaires potentiels afin de "dicter" leur comportement (p. 29). Dans le cadre du symposium, du Cluzel a rédigé, avec le chercheur français en sciences cognitives Bernard Claverie, un essai expliquant que - contrairement à l'affirmation selon laquelle on ne fait que réagir aux menaces de la Russie ou de la Chine - il est également "bon d'exécuter des processus d'attaque bien réfléchis ainsi que des contre-mesures et des mesures préventives" (p. 26) :
"L'objectif déclaré est d'attaquer et d'exploiter, de dévaloriser ou même de détruire la façon dont on construit sa réalité, sa confiance en soi sur le plan spirituel, sa foi dans le fonctionnement des groupes, des sociétés ou même des nations" (p. 27).
Les stratèges admettent rarement ouvertement que ces techniques peuvent être utilisées non seulement sur les populations ennemies mais aussi au sein des pays de l'OTAN. Les déclarations à ce sujet sont souvent vagues. Toutefois, certains éléments indiquent que l'OTAN vise également sa propre population. Le général français Eric Autellet écrit dans un article de l'anthologie citée (p. 24) :
"Depuis le Vietnam, nos guerres ont été perdues en dépit des succès militaires, en grande partie à cause de la faiblesse de notre narration (c'est-à-dire 'gagner le cœur et l'esprit des gens'), à la fois par rapport aux populations locales sur les théâtres d'opérations et par rapport à nos propres populations. Il y a deux enjeux dans nos relations avec l'ennemi et l'ami, et nous pouvons choisir des modes d'action passifs ou actifs - ou les deux - lorsque nous considérons les limites et les contraintes de notre modèle de liberté et de démocratie. Quant à notre ennemi, nous devons être capables de "lire" dans l'esprit de nos adversaires pour anticiper leurs réactions. Si nécessaire, nous devons être en mesure de "pénétrer" l'esprit de nos adversaires pour les influencer à agir en notre faveur. Quant à notre ami (et aussi à nous-mêmes), nous devons être en mesure de protéger notre cerveau et d'améliorer notre compréhension cognitive et nos capacités de décision".
Le concours d'innovation de l'OTAN de l'automne 2021
L'étape suivante a été franchie par l'IHub, qui a officiellement annoncé le défi d'innovation "Countering Cognitive Warfare" de l'OTAN en octobre 2021. Le défi de l'innovation existe depuis 2017 et depuis, le concours a lieu deux fois par an. Afin de recueillir le plus grand nombre d'idées possible, l'OTAN insiste toujours sur le caractère ouvert du concours : "Le défi est ouvert à tous (particuliers, entrepreneurs, start-ups, industrie, science, etc.) situés dans un pays membre de l'OTAN." Ceux qui gagnent peuvent espérer un prix en espèces de 8.500 $.
Les sujets sont sélectionnés en coopération avec l'Université Johns Hopkins. Les sujets abordés sont toujours "particulièrement influents pour le développement des futures capacités militaires", selon la devise "la meilleure façon d'anticiper l'avenir est de l'inventer". Ces domaines sont l'intelligence artificielle, les systèmes autonomes, l'espace, l'hypersonique, la technologie quantique et la biotechnologie.
Les questions clés des concours précédents sont donc contrastées et fixent des priorités très différentes. À l'automne 2018, par exemple, il s'agissait de systèmes pouvant être utilisés pour intercepter les drones. Ici, c'est le fabricant de drones néerlandais Delft qui a gagné. À l'automne 2019, il s'agissait d'aider les soldats souffrant de stress ou de fatigue psychologique afin d'améliorer leurs performances au combat. Le printemps 2021 portait sur la surveillance de l'espace. Ici, c'est la start-up française Share My Space qui a gagné.
Malgré les différents points de convergence, un sujet continue d'émerger : la gestion des informations et des données sur Internet. Au printemps 2018, le concours d'innovation a été consacré à ce sujet sous la devise "Complexité et gestion de l'information", au printemps 2020 le thème était "Fake News dans les pandémies" et à l'automne 2021 enfin "La menace invisible - Neutraliser la guerre cognitive".
La forme la plus avancée de manipulation
En octobre 2021, peu avant que ce concours ne soit annoncé sur le site web de l'IHub, l'OTAN a diffusé un flux en direct discutant de la guerre cognitive et appelant à la participation au concours d'innovation. Cette tâche est "l'un des sujets les plus brûlants pour l'OTAN en ce moment", a souligné M. du Cluzel dans son discours d'ouverture. L'expert français en matière de défense, Marie-Pierre Raymond, a profité de l'occasion pour expliquer ce qu'est la guerre cognitive, à savoir "la forme de manipulation la plus avancée qui existe aujourd'hui".
Il y avait dix participants à la finale du concours, diffusée près de deux mois plus tard. Huit d'entre eux avaient développé des programmes informatiques qui utilisent l'intelligence artificielle pour scanner et analyser de grandes quantités de données sur Internet afin de mieux surveiller et, soi-disant, prédire les opinions, les pensées et les échanges d'informations des gens. La cible la plus populaire des programmes informatiques sont les médias sociaux : Facebook, Twitter, Tik-Tok, Telegram.
Changer les croyances et les comportements
Le gagnant est la société américaine Veriphix (devise: "Nous mesurons les croyances afin de prédire et de modifier le comportement"), qui a développé une plate-forme permettant d'identifier les "coups de pouce" psychologiques inconscients sur Internet. La plate-forme Veriphix est utilisée depuis des années et travaille avec plusieurs gouvernements et grandes entreprises, selon son responsable, John Fuisz, qui a des liens familiaux étroits avec l'appareil de sécurité américain. Pour lui, la guerre cognitive consiste à changer les croyances. Son logiciel peut analyser ces changements "au sein de votre armée, de votre population et d'une population étrangère", comme il l'a expliqué au jury du concours.
Considérant que la guerre cognitive est déjà en cours et que les dernières techniques de manipulation sont actuellement utilisées dans la guerre en Ukraine pour diriger les pensées et les sentiments des populations de toutes les nations impliquées dans la guerre, une clarification sur les techniques de soft power de la guerre cognitive serait appréciée et devrait être plus urgente que jamais.
A propos de l'auteur : Dr Jonas Tögel, né en 1985, est un américaniste et un chercheur en propagande. Il est titulaire d'un doctorat en soft power et motivation et travaille actuellement comme assistant de recherche à l'Institut de psychologie de l'Université de Ratisbonne. Ses recherches portent sur la propagande, la motivation et l'utilisation des techniques de soft power.
Note:
(1) Joseph Nye, Soft Power. Les moyens de réussir en politique mondiale, 2004, p.11.
20:03 Publié dans Actualité, Défense | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : guerre cognitive, actualité, défense, otan | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Le soi-disant coup d'État en Allemagne est destiné à arrêter l'AfD !
Le soi-disant coup d'État en Allemagne est destiné à arrêter l'AfD !
Entretien avec Benedikt Kaiser
Selon Benedikt Kaiser, ils essaient de construire un "danger de droite" permanent. Ils mettent en scène des conspirateurs et surfent sur la vague de la "lutte contre l'extrême droite" avec la charade des "Reichsbürger". En réalité, ils veulent discréditer la seule opposition, l'AfD, et les empêcher d'accéder au pouvoir.
Le soi-disant coup d'État en Allemagne est destiné à arrêter l'AfD !
Même dans le premier sondage après l'incident des "Reichsbürger", l'AfD est passé de 15 à 15,5 % au niveau national.
Ali Mercan
Source: https://www.aydinlik.com.tr/haber/almanyada-sozde-darbe-afdyi-durdurmak-icindir-356526
L'arrestation du groupe dénommé "Citoyens du Reich" (Reichsbürger) et de certaines personnalités en Allemagne soi-disant pour avoir fomenter un prétendu coup d'État est l'une des mesures atlantistes visant à soutenir l'expansion de l'OTAN vers l'est et prévenir toute adhésion allemande à la multipolarité. Les mesures prises pour empêcher le coup d'État visaient en fait à bloquer l'AfD ("Alternative pour l'Allemagne"), qui prône, dans son programme, l'avènement d'une Allemagne indépendante de l'atlantisme. Les États-Unis sont alarmés par les glissements qui s'opèrent avec Meloni en Italie, Marine Le Pen en France et d'autres phénomènes similaires dans certains pays d'Europe de l'Est, et, de ce fait, ils tentent de les empêcher, notamment en enrôlant l'Allemagne dans leur sillage.
L'AfD, qui est le premier parti dans certains États de l'est de l'Allemagne, continue de se développer à l'ouest malgré les récentes opérations destinées à contrer l'hypothétique "coup d'État" en gestation. Afin d'isoler l'AfD, les médias usent de substantifs et d'adjectifs disqualifiants tels que "extrême droite", "raciste" utilisés à qui mieux-mieux. Ces adjectifs sont utilisés pour dénigrer toutes les forces nationales et les patriotes. Ceux qui attribuent ces adjectifs aux forces nationales représentent d'autres forces politiques telles la Gauche européenne et les Verts, qui sont complètement tombés sous le contrôle de l'hégémonisme atlantiste. Afin de mieux comprendre cette évolution et d'expliquer la montée inévitable de l'AfD, nous avons posé quelques questions à Benedikt Kaiser (*), un observateur de l'AfD:
Les Reichsbürger (citoyens du Reich) et le prétendu renversement du gouvernement, qu'ils auraient fomenté, ressemblent à une conspiration quelque peu carnavalesque. Pourquoi l'AfD est-elle criminalisée de la sorte ?
A la date du 11 décembre, peu de choses avaient encore été annoncées. Ce qui était connu: des "citoyens du Reich" avaient mis en place un réseau de chat et avaient écrit des articles anti-gouvernementaux. Les "citoyens du Reich" sont en quelque sorte une secte: ces personnes pensent que la République fédérale d'Allemagne est une "GmbH" (une société par actions). Ils veulent revenir à l'Empire allemand, qui est tombé en 1918. Selon la presse, ils pensaient faire revivre la monarchie et nommer un roi à cette fin. Nous avons donc affaire, en l'occurrence, à un groupe "réactionnaire", animés par des amateurs et isolé, ostracisé au sein du peuple. Si des infractions ont été réellement commises, des mesures doivent certes être prises, si besoin s'en faut, contre tel ou tel individu appartenant à ce groupe. Mais ce qui m'interpelle surtout, c'est ce que le monde politique et les médias font de cette affaire, c'est cela qui est important. Les principaux médias avaient été informés des perquisitions jusqu'à deux semaines avant l'incident! Ils connaissaient les noms des accusés. Si ces "citoyens du Reich" sont si dangereux, pourquoi les mesures planifiées ne sont-elles pas prises immédiatement ? Pourquoi tout est mis en place comme pour un gigantesque coup de relations publiques ? Y avait-il un danger évident et une menace sérieuse pour la sécurité nationale et l'ordre fondamental démocratique libre ?
Sont-ils vraiment différents d'un groupe standard "Antifa" (**) ou d'un groupe criminel comme on en trouve dans les grandes villes ? Ce sont des questions qui demeurent ouvertes. L'Office pour la protection de la Constitution (Verfassungschutz) et les autres services secrets doivent clarifier les choses : ces personnes sont-elles des incitateurs et des fanatiques stipendiés ?
La vérité est qu'ils veulent fabriquer un "danger de droite" permanent dans et autour de l'AfD. Afin de créer l'image d'un danger d'extrême droite pour l'AfD et son milieu, la rumeur a couru qu'une ancienne députée de l'AfD était en contact avec certains "citoyens du Reich". Le bloc dirigeant concocte un complot contre cette ancienne juge de Berlin. Ils mettent en scène des conspirateurs et surfent sur la vague de la "lutte contre l'extrême droite" avec la farce des "Reichsbürger". La société est mise en condition contre un ennemi "absolu". Est-ce que ce coup va réussir ? Nous verrons bien. Au moins, cette fois-ci, les médias de premier plan font preuve d'un scepticisme croissant à l'égard des actions agressives et des faux-fuyants de la politique adoptée par la gauche libérale. Le magazine allemand Cicero, le quotidien suisse Neue Zürcher Zeitung et d'autres médias expriment un scepticisme croissant.
De quel groupe sont les détenus ?
Comme nous l'avons déjà mentionné, les personnes visées se désignent comme des "citoyens du Reich". Rassemblés en de petits groupes désorganisés et fragmentés, ils comptent environ 20.000 membres dans toute l'Allemagne. En période de crise, comme aujourd'hui, le flux de phénomènes de ce type s'intensifie. Les crises sociales, écologiques et économiques que nous connaissons aujourd'hui (crise énergétique, crise financière, crise migratoire, inflation, etc.) ne sont pas des événements isolés qui ne peuvent être analysés et compris que de manière isolée. Ils progressent ensemble, ils fusionnent. Par conséquent, les crises deviennent plus intenses, plus concentrées. Elles jouent ainsi en faveur du statu quo, du pouvoir dominant.
Plus les conditions deviennent dangereuses et plus ceux qui en profitent se montrent dangereux. Mais en même temps, ces conditions deviennent si complexes que pour certains esprits schématiques, on cherche des réponses simples pour tenter de comprendre le problème. Pouvoir enfin expliquer un monde devenu confus de manière simple et rapide ! Ainsi, on peut plus facilement établir une connexion avec les sectes. Par exemple, les "citoyens du Reich" vivent tous en tenant pour vraie la thèse selon laquelle l'Allemagne fédérale n'est pas réelle, en embellissant cette thèse par des rêves à un Empire allemand (parfois dans ces frontières de 1871, de 1914, de 1937 voire au-delà); de telles visions n'ont pas d'ancrages dans de larges pans de la population. Si possible, ils veulent restaurer l'ancien empire. Avec un pouvoir monarchiste-féodale, pensent-ils, les problèmes disparaîtraient. De telles "analyses" de la crise ne sont bien sûr pas réelles. La situation est peinte en noir et blanc afin de ne pas s'engager dans une véritable analyse. Ce sont des échappatoires aux faits, des retournements de situation et des extravagances idéologiques.
Il n'existe pas de ligne générale politique et idéologique cohérente chez les "citoyens du Reich", seulement des petites scènes et des contradictions typiques d'une "masse inconsciente". De plus, il n'y a pas d'environnement ou de base sociale claire sur laquelle ils pourraient s'appuyer ; les participants à ce groupe sont des membres individuels issus de toutes les classes et strates. L'idéal des "Reichsbürger" n'offre pas une solution potentielle à la crise, mais est lui-même une conséquence de la crise - le résultat impuissant de la confusion générale et de l'opposition générale. Mais posons tout de même la question : Sont-ils un groupe si marginal et si dangereux ? Les citoyens soi-disant frénétiques représentent-ils réellement une menace tangible pour un État de 80 millions d'habitants ? Il y a beaucoup de doutes à ce sujet et il est nécessaire de réfléchir un peu plus calmement et objectivement. Le débat est recommandé, il est nécessaire.
Pourquoi, dès lors, cette hystérie sociale et cette volonté d'établir des liens avec l'AfD, suggérant une marche commune de celle-ci avec les "citoyens du Reich", dans le but de fabriquer ou de gonfler les lignes de connexion: en réalité, ils veulent discréditer la seule opposition qui se consolide, l'AfD, et l'empêcher d'accéder au pouvoir. La méthode de définir un "coupable par association" est utilisée en l'occurrence, comme elle l'a été si souvent : "La personne A connaît la personne B, donc A pense comme B, donc A peut être conjointement responsable de ce que B a pu planifier..."
Ceux qui se disent "citoyens du Reich" sont désorganisés et fragmentés en petits groupes. Ils comptent environ 20.000 membres dans toute l'Allemagne.
L'AfD continue de se développer dans toute l'Allemagne. Les opérations pourraient-elles avoir pour but d'arrêter ce développement ?
Beaucoup de choses sont faites en Allemagne pour harceler l'AfD et la bloquer dans ses progressions.
L'AfD commet également de façon répétée des gaffes et des erreurs insensées. Mais dans l'ensemble, elle a été dépeinte dans les médias comme le paria de la nation et on a tenté de l'exclure totalement des médias, de l'espace public, de la société civile (etc.). Mais il faut savoir que l'AfD n'est pas comme on la décrit. Il ne s'agit pas d'un parti à cadres idéologiques mais d'un bloc monolithique.
Pour les patriotes et les membres de l'opposition de toutes sortes, l'AfD est un réservoir (un lieu de rassemblement). Parmi les adhérents et sympathisants de l'AfD, il y a des forces libérales, partisanes du maintien de l'économie de marché, des forces sociales-patriotiques, des étatistes ainsi que des forces pro-occidentales et anti-occidentales, etc.
En raison de sa diversité interne, l'AfD est le seul véritable parti d'opposition qui se distingue à l'échelle nationale.
Elle doit donc être isolée, stigmatisée et finalement détruite.
Même dans le premier sondage après l'incident des Reichsbürger, l'AfD est passée de 15 à 15,5 % au niveau national. Ce n'est pas une augmentation énorme, mais cela montre que même de tels rituels médiatiques de forte ampleur ne peuvent pas vaincre immédiatement le parti. Bien sûr, l'AfD est mal à l'aise avec les campagnes de dénigrement en cours. Elle rend difficile l'établissement de contacts et la constitution de groupes nouveaux rassemblant des individus qui, auparavant, étaient inaccessibles les uns aux autres. Perpétrer ce blocage de l'opposition est également l'objectif de la gauche hégémonique libérale. Le but de la campagne est donc de consolider le leadership d'opinion dominant, d'éliminer les mouvements dissidents ou du moins de les isoler et d'en faire des parias en marge de la société et même au-delà.
Tout cela a-t-il un rapport avec l'expansion de l'OTAN vers l'est ?
Il s'agit clairement d'une question de politique intérieure. Il n'y a plus de possibilités aujourd'hui, dans les forces de gauche et chez les libéraux de gauche, pour remodeler le système. Les éléments critiques (défenseurs de la tradition étatique allemande) doivent dès lors, aux yeux de cette gauche, être purgés de l'appareil de sécurité. Mais en même temps, l'omniprésent "danger de la droite" est mis en scène. Cette menace est utilisée comme prétexte pour la création d'un ordre "nivelé". Créer la peur a toujours été un instrument de domination efficace pour de tels projets niveleurs. Le conseiller de l'AfD, Marvin T. Neumann, a déclaré sur la plateforme en ligne Tagesstimme: "En tout cas, une société multiethnique et libérale ne peut survivre qu'avec une censure maximale. La propagande, certains mécanismes de peur et l'existence continue d'un faux pluralisme corrompu peuvent être ainsi maintenus comme un carnaval de la société. Mais un tel avenir est celui d'un conflit institutionnalisé et d'un "État profond" hypertrophié et totalitaire s'imposant par la force. On ne peut rien dire de plus à ce sujet. J'espère que les citoyens d'origine turque en République fédérale d'Allemagne voient clair dans ce jeu !".
* * *
Les déclarations de Benedikt Kaiser montrent qu'en Allemagne, comme dans toute l'Europe, l'AfD avancera au bénéfice des forces qui défendent l'État national. Face à l'effondrement irréversible de la domination atlantiste, l'alignement mondialiste fait tout ce qu'il peut pour maintenir l'Europe sous sa coupe. Le scénario du "coup d'État" en Allemagne est une opération atlantiste dans le plein sens du terme et vise à éliminer ceux qui défendent l'indépendance de l'Allemagne en tant qu'État. Cette opération, qui repose sur la liquidation de l'AfD, aura le résultat inverse et les forces qui s'éloignent de l'Atlantique continueront à se développer, comme on le voit partout en Europe.
NOTES :
(*) Benedikt Kaiser a étudié les sciences politiques à Chemnitz (Saxe). Il travaille en tant qu'assistant de recherche, rédacteur et éditeur. Kaiser est actif dans la sphère politique. Il est commentateur et analyste dans le camp non-conformiste de la République fédérale d'Allemagne. Son concept politique est le "patriotisme solidaire". Kaiser écrit régulièrement pour des magazines nationaux et internationaux tels que Die Kehre et Sezession, Komentar (Hongrie) et Tekos (Belgique). Il est correspondant en Allemagne pour d'importants magazines français - éléments et Nouvelle Ecole.
(**) Le mouvement Antifa est un mouvement militant politique de gauche, antifasciste, opérant aux États-Unis, qui comprend des groupes autonomes d'activistes qui cherchent à atteindre leurs objectifs par l'action directe plutôt que par la réforme politique.
19:38 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : allemagne, europe, affaires européennes, actualité, reichsbürger, afd, politique internationale | | del.icio.us | | Digg | Facebook
mardi, 20 décembre 2022
L'OTAN utilise également l'arme de la provocation contre la Serbie
L'OTAN utilise également l'arme de la provocation contre la Serbie
par Giulio Chinappi
Source: http://www.cese-m.eu/cesem/2022/12/la-nato-usa-larma-della-provocazione-anche-contro-la-serbia/
Article également publié sur le blog de l'auteur: https://giuliochinappi.wordpress.com/2022/12/13/la-nato-usa-larma-della-provocazione-anche-contro-la-serbia/
Les provocations de l'OTAN risquent de créer un nouveau front de guerre en Europe, exacerbant les tensions entre la Serbie et le gouvernement du Kosovo autoproclamé.
La Serbie a officiellement (re)rejoint la liste des méchants selon Washington. Les attaques médiatiques dont Belgrade a fait l'objet ces derniers jours, et qui n'avaient pas eu lieu depuis les attaques de 1999, en sont la preuve. La véritable faute de la Serbie est qu'elle est l'un des rares pays européens à ne pas avoir fait de génuflexion devant le diktat des sanctions anti-russes.
Malgré la forte pression de l'OTAN et de l'Union européenne, le gouvernement serbe a toujours poursuivi son intérêt national plutôt que de suivre servilement les ordres émis depuis la rive occidentale de l'océan Atlantique. Cette position a été réitérée par le président Aleksandar Vučić la semaine dernière. Dans une interview accordée à l'agence de presse russe TASS, Vučić a rappelé que son pays a fait l'objet de sanctions pénales imposées par l'Occident de 1992 à 2001, et que la Serbie rejette donc l'approche des sanctions et reste déterminée à prendre des décisions de politique étrangère de manière indépendante.
Afin de punir la Serbie, l'OTAN a décidé d'utiliser la même arme de provocation que celle utilisée précédemment contre la Russie et la Chine, en utilisant à cette fin le gouvernement du Kosovo autoproclamé, non reconnu comme légitime par la moitié de la communauté internationale. L'invasion militaire de l'enclave serbe de Mitrovica est en fait un acte d'extrême provocation à l'encontre de Belgrade, au point que l'on ne peut exclure la possibilité du déclenchement d'un conflit armé dans un avenir proche.
Rappelons que l'opération militaire lancée depuis le Kosovo en direction de Mitrovica et des autres régions à majorité serbe viole les accords de Bruxelles, selon lesquels les forces armées du Kosovo ne peuvent pénétrer dans les zones à majorité serbe du nord du Kosovo sans l'autorisation des dirigeants des quatre municipalités serbes.
"Priština renforce constamment et systématiquement sa présence dans le nord du Kosovo. La situation est explosive. La campagne d'intimidation et de harcèlement contre la population serbe se poursuit. L'objectif est de prendre le contrôle du territoire. Et ils le font sous l'œil passif de l'Occident et même avec son soutien", a dénoncé Aleksandr Bocan-Charčenko, l'ambassadeur russe à Belgrade, décrivant parfaitement la situation actuelle.
Le président Aleksandar Vučić a répondu à ces provocations en demandant aux Nations unies la possibilité qu'un contingent militaire de la République de Serbie entre dans le nord du Kosovo. Le Premier ministre serbe, Ana Brnabić, a souligné à son tour que le gouvernement kosovar d'Albin Kurti ne respecte pas les accords internationaux, violant ouvertement l'Accord de Bruxelles, l'Accord de Washington et les résolutions de l'ONU qui sont censés réglementer les relations entre la Serbie et le Kosovo. Selon le Premier ministre serbe, Kurti considère comme une menace "nos appels continus à la paix et à la stabilité, au dialogue ouvert et honnête, au respect et à la mise en œuvre complète de tous les accords conclus dans le cadre du dialogue entre Belgrade et Priština". Brnabić a souligné que les actions provocatrices de Kurti et l'inaction de l'UE risquaient de provoquer une nouvelle guerre entre Serbes et Albanais.
Miloš Vučević (photo), ministre de la Défense de Belgrade, a déclaré que le Kosovo ne garantit pas la sécurité de la population serbe sur son territoire, violant ainsi la résolution 1244 du Conseil de sécurité de l'ONU. La même résolution autorise ensuite la Serbie à envoyer son contingent militaire dans le nord du Kosovo. Le parlement de Belgrade devrait prendre une décision à cet effet le 15 décembre.
Le plan contre la Serbie risque d'ouvrir un nouveau front de guerre au cœur de l'Europe, alors que le conflit ukrainien se poursuit. Bien sûr, frapper la Serbie pour l'OTAN signifie avant tout frapper la Russie, l'allié historique de Belgrade. Une fois encore, l'ambassadeur Aleksandr Bocan-Charčenko a souligné à quel point les événements au Kosovo rappellent étroitement ce qui s'est passé en Ukraine à partir de 2014, lorsque le gouvernement de Kiev a commencé à persécuter la population russophone à la suite du coup d'État pro-occidental connu sous le nom d'Euromaïdan. "Toute la situation, absolument toute, y compris l'attitude de Priština envers les Serbes du Kosovo, ressemble bien sûr, à plus petite échelle, à tout ce qui s'est passé en Ukraine. Les mêmes schémas, le même comportement de la part de l'Occident", a déclaré le diplomate dans une interview accordée à la chaîne Rossija-24. "Selon les services de renseignement serbes, Pristina conçoit une telle provocation pour rejeter la faute sur les Serbes. C'est une pratique de routine qui a été utilisée plus d'une fois", a ajouté l'ambassadeur.
"Les tensions augmentent rapidement, ce qui est une tendance très dangereuse. Je dirais que la situation a atteint un point au-delà duquel une effusion de sang ou une phase chaude du conflit est possible", a encore averti Bocan-Charčenko. Le diplomate russe a ajouté que la politique territoriale des autorités kosovares est la principale raison de la situation actuelle : "Il y a des raisons sous-jacentes et la volonté de Priština de prendre tout le Kosovo à tout prix, par tous les moyens, y compris les zones à population serbe".
Ce que Bocan-Charčenko ne peut pas dire ouvertement, c'est que non seulement les États-Unis et l'OTAN sont les premiers responsables de la situation actuelle au Kosovo, étant donné que le Kosovo n'existerait même pas sans le soutien militaire de l'OTAN, mais qu'il existe également des secteurs occidentaux qui espèrent l'ouverture d'un nouveau front de guerre afin de poursuivre l'objectif d'anéantir tous ceux qui ne se plient pas à la volonté de Washington. Après tout, la nature belliciste et impérialiste de l'OTAN aujourd'hui reste la même que celle qui a conduit au bombardement de Belgrade il y a 23 ans.
17:47 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : otan, serbie, balkans, kosovo, europe, affaires européennes, politique internationale | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Méfiez-vous du Psiphon, un outil de la CIA pour aider et alimenter les protestations mondiales
Méfiez-vous du Psiphon, un outil de la CIA pour aider et alimenter les protestations mondiales
par Kit Klarenberg
Source : Bye Bye Oncle Sam & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/attenzione-a-psiphon-uno-strumento-della-cia-per-assistere-e-alimentare-le-proteste-a-livello-globale
Depuis que des émeutes soutenues par des étrangers ont éclaté en Iran à la mi-septembre, les médias occidentaux ont fréquemment attiré l'attention sur le rôle de Psiphon, une application gratuite et ouverte pour smartphone et ordinateur qui permet aux utilisateurs de contourner les restrictions sur les sites Web et les ressources en ligne, aidant ainsi les fauteurs de troubles à organiser et à coordonner leurs activités et à envoyer et recevoir des messages vers et depuis le monde extérieur.
Dans le processus, Psiphon a reçu une quantité incalculable de publicité gratuite très influente et certains Iraniens - ainsi que les résidents de l'Asie occidentale plus généralement - auront sans doute été encouragés à télécharger le logiciel.
Toutefois, à ce jour, aucune source grand public n'a reconnu les origines effrayantes de Psiphon, sans parler des objectifs malveillants qu'il poursuit et des sinistres desseins auxquels il pourrait être soumis par ses commanditaires au sein de la communauté des renseignements américains.
Psiphon a été lancé en 2009. Visiblement destinée à soutenir les éléments anti-gouvernementaux dans les pays que la société internationale considère comme des "ennemis d'Internet", cette ressource utilise une combinaison de technologies de communication sécurisée et d'obscurcissement, y compris les VPN, les proxies Web et les protocoles Secure Shell (SSH), qui permettent aux utilisateurs de configurer efficacement leurs serveurs privés de manière à ce que leur propre gouvernement ne puisse pas les surveiller.
Au cours de son existence, Psiphon a été financé et distribué par diverses organisations de para-espionnage.
Par exemple, pendant plusieurs années, elle a été promue par l'ASL19, fondée par un expatrié iranien, Ali Bangi, en 2013, afin de capitaliser sur l'important flux de financement américain pour les initiatives de "liberté de l'internet" dans le sillage du printemps arabe.
Une enquête menée par le New York Times en juin 2011 sur les efforts de Washington en faveur de la "liberté de l'Internet" a conclu que tous ces efforts servent à "déployer des systèmes Internet et de téléphonie mobile "fantômes" que les dissidents peuvent utiliser pour communiquer hors de portée des gouvernements dans des pays comme l'Iran, la Syrie et la Libye".
La proximité de Bangi avec le gouvernement américain a été rendue amplement évidente lorsqu'en 2016 il a assisté à la célébration annuelle de Nowruz à la Maison Blanche, une sorte de bal des débutantes qui se produit régulièrement pour les activistes sponsorisés du "changement de régime" qui font partie de l'élite de l'État.
Ces apparitions de haut niveau, ainsi que sa présence régulière aux conférences sur la technologie et aux événements sur les droits numériques, ont cimenté sa place de personnalité "rock star" au sein de la communauté de la diaspora iranienne.
Cependant, Bangi a été contraint de démissionner de l'ASL19 en 2018 après s'être retrouvé devant un tribunal au Canada pour des accusations d'agression sexuelle et de séquestration.
Selon un profil publié par le magazine de l'industrie technologique The Verge, Bangi aurait encouragé une culture de consommation de drogues, de sexisme, de harcèlement et d'intimidation généralisée au sein de l'organisation, les employés féminins étant les cibles particulières de sa colère. A plusieurs reprises, il s'est montré agressif et même violent envers le personnel.
Bangi et ASL19 écartés, Psiphon a commencé en 2019 à recevoir des millions de l'Open Technology Fund (OTF), créé sept ans plus tôt par Radio Free Asia (RFA), elle-même fondée par la CIA en 1948 après avoir été officiellement autorisée à mener des "opérations secrètes", notamment de propagande, de guerre économique, de sabotage, de subversion et "d'assistance aux mouvements de résistance clandestins".
En 2007, le site Web de la CIA a classé Radio Free Asia et d'autres initiatives de "guerre psychologique" telles que Radio Free Europe et Voice of America parmi les "campagnes d'opérations secrètes les plus longues et les plus réussies" qu'elle ait jamais menées.
Aujourd'hui, Radio Free Asia est un actif de l'US Global Media Agency (USAGM), financé par le Congrès américain à hauteur de centaines de millions de dollars par an. Son PDG a reconnu que les priorités de l'organisation "reflètent les intérêts de sécurité nationale des États-Unis".
L'OTF est l'une des nombreuses initiatives déclenchées par la pression de Washington en faveur de la "liberté de l'Internet".
Les personnes intimement impliquées dans la réalisation de ce désir ne se font aucune illusion sur la véritable raison d'être de leur service. En février 2015, Jillian York, membre du conseil consultatif de la OTF, a déclaré qu'elle croyait "fondamentalement" que la "liberté de l'Internet" était "fondamentalement un programme de changement de régime".
L'OTF, qui est la création d'une plate-forme de "guerre psychologique" conçue par les services de renseignements américains, met en lumière l'un des principaux objectifs de Psiphon: s'assurer que les citoyens des pays dans le collimateur des "efforts de changement de régime" menés par les États-Unis puissent continuer à accéder à la propagande d'État occidentale.
Une fiche d'information de l'US Global Media Agency de novembre 2019 sur les "outils soutenus par l'OTF" donne à Psiphon le profil le plus élevé.
"L'OTF fournit aux réseaux USAGM l'assistance dont ils ont besoin pour protéger leur contenu en ligne et s'assurer qu'il résiste à la censure. Par exemple, lorsque les sites d'information de l'USAGM ont été soudainement bloqués au Pakistan, l'OTF a créé des sites miroirs pour s'assurer que le contenu de l'USAGM restait disponible pour les audiences clés... L'OTF fournit un soutien d'urgence aux médias indépendants et aux journalistes victimes d'attaques numériques pour qu'ils puissent se remettre en ligne et atténuer les attaques futures", peut-on lire.
Un rapport de l'OTF de mai 2020 sur les "faits marquants et les défis" de l'année écoulée note également que le "fournisseur vétéran d'outils de contournement" Psiphon veille à ce que le contenu publié par l'USAGM - qui comprend Voice of America en farsi - puisse atteindre des publics dans des pays où il est interdit.
De même, une section spéciale du site Web de la BBC, suite à l'interdiction du radiodiffuseur d'État britannique en Russie, a offert des conseils en mars sur la façon dont les résidents locaux peuvent télécharger l'application via Android, Apple et Windows.
Si les utilisateurs éprouvent des difficultés à accéder à Psiphon via les magasins d'applications traditionnels, ils sont invités à envoyer un message vide à une adresse électronique désignée pour recevoir "un lien de téléchargement direct et sécurisé".
En Iran, cette utilité est sans doute tout aussi précieuse, étant donné que les médias hostiles tels que la BBC et la RFA brossent un tableau totalement partial des troubles en cours, présentant les actions violentes et incendiaires des éléments anti-gouvernementaux comme pacifiques, tout en ignorant complètement les manifestations populaires pro-gouvernementales, bien plus importantes.
Un autre atout majeur de Psiphon du point de vue du pouvoir occidental est qu'il canalise toutes les données des utilisateurs vers et par des serveurs centralisés appartenant à la société elle-même.
Alors que les activités des individus sur le réseau peuvent être protégées des regards indiscrets de leur propre gouvernement, Psiphon peut suivre les sites qu'ils visitent et leurs communications en temps réel.
Cela permet aux acteurs étrangers de garder un œil attentif sur les manifestants et les mouvements de protestation et de réagir en conséquence.
L'ingérence de Psiphon en Iran est depuis longtemps une affaire publique. En 2013, l'entreprise a publié un blog dans lequel elle saluait "particulièrement le grand impact" qu'elle avait eu dans le pays, "coïncidant avec les élections présidentielles (iraniennes)".
Tout en reconnaissant que Téhéran "a toujours été un grand défi pour nous", Psiphon s'est vanté que son logiciel soit "resté disponible" de manière constante pendant cette période, malgré les tentatives répétées de "restreindre sévèrement" son fonctionnement.
Le fait qu'aucun de ces antécédents ne soit apparu dans les articles grand public obséquieux sur Psiphon est choquant, mais n'est pas surprenant.
Après tout, les organes de presse occidentaux bénéficient matériellement d'un racket de protection géré par les États-Unis qui projette secrètement leur agitation propagandiste à d'innombrables millions de personnes.
Et en devenant activement complices d'une opération américaine de "changement de régime", les journalistes traditionnels sont moins susceptibles de reconnaître la réalité de ce qui se passe à Téhéran, pourquoi cela arrive-t-il ainsi et qui bénéficie matériellement de l'éviction du gouvernement. Il s'agit toutefois d'un rêve absurde des puissances occidentales.
*Journaliste d'investigation et contributeur à MintPress News qui explore le rôle des services de renseignement dans l'élaboration des politiques et des perceptions. Son travail a déjà été publié dans The Cradle, Declassified UK, Electronic Intifada, Grayzone et ShadowProof. Suivez-le sur Twitter @KitKlarenberg.
17:31 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, psiphon, cia, espionnage, subversion, états-unis | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Le défi russe à l'ère numérique
Le défi russe à l'ère numérique
Pavel Tulaev
Source: https://www.geopolitika.ru/it/article/la-sfida-russa-nellera-digitale
L'objectif est de former un nouveau sujet, c'est-à-dire un leader et un vainqueur de la Quatrième Guerre mondiale. Plus généralement, nous discuterons du contexte et des problèmes de la création des conditions préalables à notre victoire, des particularités du développement du cyberespace informationnel et culturel.
Étant donné que le conflit militaire local en Ukraine, dans le contexte de la soi-disant "guerre hybride" mondiale, bat son plein et qu'il est désormais clair pour tout le monde que la Russie est opposée à l'ensemble de l'Occident uni représenté par l'OTAN, je pense qu'il est crucial de se concentrer sur les aspects mondiaux des processus en cours. Dans mes publications de ces 30 dernières années, c'est-à-dire depuis les années 1990, j'ai fait référence à cette question comme aux "guerres de notre génération".
La lutte pour le leadership mondial ou régional implique de nombreux acteurs dans de nombreux espaces, mais il importe aujourd'hui de mettre l'accent sur la sphère de la science et de la technologie (la noosphère), le cyberespace (le monde virtuel) et les médias (communication mobile, plateformes de réseaux, etc.). Ce sont les sphères de haute technologie, dites "innovantes", qui fournissent le leadership en matière d'armement moderne. Ce sont eux qui transforment la nature de la guerre, les méthodes et les formes de la guerre.
Certains analystes pensent qu'une guerre réseau-centrée se déroule en Ukraine. La théorie d'une telle guerre a été développée par le commandement militaire américain, en particulier par la Force Transformation Branch. Cette doctrine a été adoptée et appliquée lors de plusieurs conflits armés. Elle a été étudiée en détail par notre collègue Leonid Savin dans son livre Network-centric and network warfare.
Je tiens à souligner que l'essence de la cyberguerre moderne ne réside pas dans le fait que l'Ukraine est devenue un terrain d'essai, mais dans le fait que son espace est "aérien", non "terrestre" et non "aquatique". C'est pourquoi il faut opposer à la domination américaine sur mer et à l'expansion chinoise sur terre l'aérocratie, c'est-à-dire la domination dans le ciel, dans tous ses sens, plutôt que la guerre de tranchées à l'arme légère.
Je ne vais pas démêler ici le sujet compliqué de la multipolarité et de la poly-subjectivité, y compris les structures transnationales et potentielles, mais il convient de noter ici que la compétition mondiale dans son ensemble est formée par un enchevêtrement complexe de contradictions et de conflits, la lutte ouverte et secrète des services spéciaux, les complexes militaro-industriels, l'apprentissage mutuel et la destruction par différents moyens en cas de collision militaire.
Les spécialistes savent que le monde vit une quatrième révolution industrielle. Avec la production à forte intensité intellectuelle, l'automatisation et la robotique, la "numérisation" est arrivée. Que cela soit bon ou mauvais est une question philosophique et éthique. D'un point de vue spirituel, on peut critiquer la civilisation de la machine pour sa déshumanisation, son aliénation et ses effets destructeurs sur l'homme et la nature. L'esprit de Prométhée, qui a apporté le feu de la connaissance à l'humanité, conduit à la tragédie de Faust. Le Dieu-homme chrétien dégénère en "homme", ce qui conduit à l'individualisation de la conscience, à la dégradation de l'individu et de la société moderne en tant que telle.
En outre, les élites dirigeantes, parfois qualifiées de "gouvernement mondial" ou de "traîtres", utilisent consciemment les dernières technologies pour leurs propres intérêts de classe et de clan. Ils cherchent à contrôler non seulement la production, mais l'humanité dans son ensemble. D'où le contrôle numérique (rappelez-vous la récente expérience COVID-19), les cyber-armes sur les fronts militaires et "pacifiques". D'où la culture consciente de sujets zombifiés, de bio-robots programmés, l'utilisation du sexe comme arme sociale et l'imposition de toutes sortes de "nouvelles normalités".
On donne à quelqu'un le droit de créer et d'utiliser la haute technologie, de se conformer aux normes de l'élite mondiale, et on lui tend des pièges logiques et géopolitiques, on lui impose des "technologies retardatrices" et on le vide de ses "déchets culturels" (art dégénératif).
J'espère que tout le monde ici comprend ce que sont la dépendance technologique et les diktats programmatiques.
Les jeunes gens riches et vertueux s'empressent d'acheter les derniers modèles avancés d'ordinateurs portables, de téléphones, de vidéos et d'appareils photo, puis on leur explique soudain qu'il s'agit de "réseaux ennemis" ou de "services du Quatrième Reich". Il s'avère que les produits Microsoft, Google, Facebook, Skype, Twitter, WhatsApp, Vyber, Instagram et autres sont conçus pour les besoins des services de renseignement occidentaux.
En fait, de nombreux objets techniques dotés d'un logiciel personnel, des téléphones mobiles aux PC, possèdent un numéro d'identification unique qui peut être utilisé pour surveiller les activités du propriétaire du jouet en question. À cet égard, les patriotes les plus radicaux déconseillent l'utilisation de logiciels occidentaux. Et que propose-t-on à la place ? C'est la question principale.
Répondez-moi, s'il vous plaît, d'où vient le leadership si nous sommes loin derrière la Chine, le Japon, les États-Unis et l'Europe en matière de science, de technologies innovantes, d'éducation, de communications, d'intensité de fabrication et de robotique ? Je pense que vous connaissez cette triste statistique. Si ce n'est pas le cas, je vous la présenterai.
Rappelons également la triste expérience historique de l'URSS : la génétique a été déclarée science bourgeoise, la cybernétique également, d'ailleurs inventée par les sionistes; Tsiolkovsky a longtemps été considéré comme un constructeur de dirigeables, Korolev a été déclaré trotskiste et Tupolev le chef du parti fasciste russe; la même situation s'est produite avec d'autres grands scientifiques: Losev, Snesarev, Svechin et bien d'autres. Un schéma commun est évident: l'incompréhension des gènes par les autorités et les bureaucrates, qui les interprètent selon leur paradigme simplifié et souvent primitif.
Ce que le gouvernement russe actuel devrait faire dans ces circonstances, je ne le dis pas. Il existe un Conseil national de sécurité, plusieurs institutions analytiques et services spéciaux importants, ainsi qu'une Douma d'État dotée d'une structure d'experts bien développée à cet effet.
En général, comme je l'ai déjà écrit et dit à plusieurs reprises, il est nécessaire d'introduire largement la théorie et la pratique du leadership. Il est évident que dans le contexte d'une concurrence mondiale féroce, nous avons besoin d'une "percée russe" : le cyberespace, la noosphère, le "ciel" au sens large, doit devenir un champ de compétition.
Et bien sûr, cet habitat virtuel qualitativement nouveau du sujet russe ne doit pas se transformer en un dépotoir d'informations sur un sujet brûlant de la guerre : où quelqu'un a été tué, ce qui a été dynamité et où. Un tel vecteur d'information, dans l'esprit des bulletins télévisés du front, conduit à l'hystérie, à la panique et à la dépression de l'opinion publique.
Notre monde russe dans l'espace réel et virtuel devrait être multidimensionnel, complet, harmonieux, esthétique, etc. Un mode de vie sain, la force de l'esprit, les connaissances fondamentales et appliquées, la tradition nationale, la stratégie pacifique, etc. devraient être cultivés ici.
Il est tout à fait logique que le conflit local en Ukraine, appelé "Opération militaire spéciale", ait éveillé un nouveau niveau de compréhension de nombreux problèmes. C'est sur les lignes de front de la guerre mondiale que naît une nouvelle génération de vainqueurs, les futurs dirigeants du monde russe.
16:45 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, russie, ère numérique, europe, affaires européennes | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Quo vadis, Rossija ? L'avenir idéologique de la Russie
Quo vadis, Rossija ? L'avenir idéologique de la Russie
Nick Krekelbergh
Source : Bulletin d'information de la Fondation Delta, n° 175, décembre 2022
Au-delà de la caricature
En Occident, les avis sur l'état du régime politique en Russie sont traditionnellement très partagés. Après 1991, le rôle central du pays au sein du bloc communiste de l'Est et l'association directe de la république soviétique de Russie en tant que pars pro toto du système marxiste-léniniste se sont estompés. Depuis lors, dans les grands médias occidentaux, toutes les relations internationales sont généralement réduites à une opposition binaire entre les régimes dits "démocratiques", d'une part, et "autocratiques", d'autre part. Poutine peut alors être rangé dans cette dernière catégorie sans trop d'explications, avec les autres "dictateurs" tels qu'ils existent ou ont existé : Assad, Erdogan, Xi, Maduro, feu Saddam Hussein, jusqu'à récemment Bolsonaro et, avec un peu d'effort, l'ancien président américain Trump, sans oublier Viktor Orbán, peuvent également être ajoutés à la liste. Bien que ce genre de pseudo-analyses n'ait guère de sens sur le plan intellectuel, elles constituent néanmoins invariablement le point de départ de presque tous les articles journalistiques que l'on peut lire sur le sujet sur CNN, la BBC et, un peu plus près de nous, également sur NPO et VRT NWS. D'autres, qui se situent principalement du côté de la droite classique sur l'échiquier politique, ont du mal à pardonner aux Russes leur passé communiste et considèrent toujours la Fédération de Russie comme une sorte de continuation de l'URSS à une échelle plus limitée, une âme sœur, un peu plus pauvre, du Parti communiste chinois, prête à récupérer son ancienne position de premier plan dans la course des nations dès que l'Occident encore éveillé oserait montrer le moindre signe de faiblesse. D'autres encore ne voient dans la Russie rien d'autre qu'un État en faillite, une station-service dotée d'armes nucléaires sortie de ses limites, dirigée par une oligarchie hédoniste et corrompue regroupée autour de la personne de Vladimir Poutine par le biais de réseaux économiques informels et du crime organisé. Il va sans dire qu'aucune des conceptions exposées ci-dessus ne dépasse le niveau de la caricature. Néanmoins, on peut remplir des bibliothèques entières de livres écrits par des auteurs qui ne peuvent ou ne veulent pas sortir de ce cadre intellectuel-là.
Poutine contre Poutine
En réalité, le régime de Vladimir Poutine possédait (et possède toujours) un caractère très complexe et très hybride, qui n'a jusqu'à présent, à aucun moment, perdu son caractère post-idéologique. Dans son livre Poutine contre Poutine, Alexandre Douguine souligne le caractère divisé du régime russe arrivé au pouvoir à la fin des années 1990. D'une part, Poutine a alors été élu avec le soutien des libéraux russes (Anatoli Sobtchak, Boris Berezovsky, Anatoli Tchoubaï, etc.) et a bénéficié de l'approbation franche de l'Occident. Une grande partie de ses deux premiers mandats présidentiels sera donc consacrée par Poutine à essayer d'intégrer et de renforcer l'économie russe dans le système mondial néolibéral dominé par l'Occident. Mais en même temps, Poutine était un patriote russe (pas nécessairement un nationaliste), avec une certaine préférence pour les valeurs conservatrices, qui voulait rendre son pays à nouveau pertinent sur la scène mondiale et restaurer une partie de la gloire passée des Soviétiques (et de l'empire tsariste russe). Pendant deux décennies, Poutine va se balancer sur une fine corde raide entre les deux vecteurs, le vecteur libéral guidant fortement au début mais le vecteur patriotique gagnant progressivement en importance. À partir de 2007 surtout, la Russie a commencé à adopter une position plus affirmée, le discours de Poutine à la conférence internationale sur la sécurité à Munich constituant un point d'ancrage important. Ici, pour la première fois, il a critiqué en termes vifs la nature unipolaire des relations internationales et le caractère monopolistique des États-Unis dans celles-ci. La guerre avec la Géorgie en 2008, la prise de contrôle de la Crimée et la guerre civile dans le Donbass en 2014 ont impulsé des accélérations successives dans ce processus. Néanmoins, Poutine n'a jamais réussi à évoluer vers ce que Douguine décrit comme un "conservatisme actif" : une mobilisation sociale et économique à grande échelle pour un projet idéologique conservateur. Il a été largement limité en cela par un trio de facteurs : l'inertie politique et la passivité de son propre entourage (les siloviki), une opposition active des oligarques et l'influence idéologique persistante de quelques irréductibles libéraux, dont Anatoli Tchoubaï.
Le grand désengagement
Lorsque Tchoubaï a démissionné de ses fonctions politiques en mars 2022 et a fui le pays, cela a été présenté par les commentateurs occidentaux, qui, à l'époque, croyaient encore à une implosion économique rapide de la Russie, comme une perte substantielle de soutien à Poutine au sein de son propre entourage. En réalité, ce fait s'est plutôt montré révélateur de l'extinction définitive du vecteur libéral au sein du système russe. "C'est la grande déconnexion entre l'Occident et la Russie", a tweeté l'analyste géopolitique américano-russe Mark Sleboda le 2 mars 2022 en réponse au départ de nombreuses grandes multinationales et entreprises occidentales de Russie. "Les liens économiques se limiteront à l'énergie et à certaines autres matières premières et produits chimiques pour lesquels l'Europe dépend de la Russie. (...) Les liens politiques, sociaux et culturels seront également rompus dans une large mesure". Bien que, selon Sleboda, cette transition soit semée d'embûches (qui, soit dit en passant, ne sont pas si mauvaises pour l'instant), un monde multipolaire serait finalement l'étape finale inévitable. Tout cela est bien beau, mais maintenant que le système politique et économique occidental n'est plus un exemple brillant, la question reste de savoir ce qui va prendre sa place. Ces derniers mois, d'éminents faiseurs d'opinion, dont l'Arménienne-Russe Margarita Simonyan, rédactrice en chef de la chaîne médiatique RT, ont déjà exprimé leur admiration pour certains aspects du "système chinois", tels qu'un cadre-parti confucéen et discipliné, des mesures anticorruption efficaces et un contrôle effectif de l'espace d'information. À cet égard, Gorbatchev semble avoir manqué les opportunités de l'époque que la Chine (post-)Dengiste a réussi à capitaliser - un retard que la Russie (post-)Poutiniste aimerait maintenant rattraper. Cela ne signifie pas pour autant que la Russie peut simplement revenir au marxisme-léninisme de l'ère soviétique, même si la popularité du PCFR a fortement augmenté peu avant la guerre et que les communistes étaient, à long terme, un challenger bien plus sérieux pour le parti au pouvoir Jedinaja Rossiya que les libéraux atlantistes de Navalny.
Eurasisme pragmatique et bolchevisme national, pas le conservatisme européen
Si certains analystes s'attendaient à ce que les Russes misent sur un messianisme pan-slave à l'ancienne comme idéologie surplombante après l'invasion de l'Ukraine, la rhétorique mobilisatrice des médias et de l'establishment politique russes est néanmoins principalement dirigée contre l'Occident impérialiste, néo-colonial et "woke", comme l'a également noté Jordan Peterson, ce qui fut clairement affiché lors du discours de Poutine après l'annexion des quatre oblasts ukrainiens de Cherson, Lugansk, Donetsk et Zhaparozhe. L'idéologue de Visegrád, David Engels, s'obstine cependant à réfuter le "conservatisme européen" de l'État russe, qui reste selon lui "un avatar de l'Union soviétique". Le déploiement de soldats musulmans tchétchènes et d'autres minorités non chrétiennes en Ukraine est un élément particulièrement problématique pour les défenseurs conservateurs de la civilisation européenne chrétienne. En effet, il semble que les Russes soient peut-être arrivés à une version réellement politique de l'eurasisme idéologique et du bolchevisme national après de nombreux détours, comme en témoigne également l'embrassade enthousiaste de leur héritage multiethnique slave, eurasien et finno-ougrien, tant dans la propagande nationale que dans la mobilisation. D'autre part, des choix socio-économiques difficiles n'ont pas encore été faits, mais comme le pays semble se convertir lentement à une économie de guerre, cela ne peut manquer d'arriver. Le sociologue ukrainien Volodymyr Ishchenko affirme qu'en cas de victoire russe dans la guerre contre son pays : "(...) l'État russe devra acheter la loyauté des Russes et des nations soumises (les Ukrainiens, ndlr) par une politique économique moins conservatrice sur le plan fiscal et plus keynésienne". Et aussi: "L'élite dirigeante devra expliquer à la société pourquoi tant de soldats russes sont morts, pourquoi ils ont tué tant de leurs 'frères' ukrainiens, pourquoi le peuple a dû faire face à des sanctions". Signification: "cela (exigerait) un projet impérialiste-conservateur plus cohérent reliant les intérêts des élites russes à ceux des classes et nations subordonnées. Il faudrait également des institutions politiques plus fortes pour mobiliser un consentement actif au projet hégémonique des élites russes - un parti au pouvoir avec une adhésion de masse, un mouvement populaire pro-gouvernemental, ou ses équivalents à l'ère numérique."
L'organisation de jeunesse russe Yunarmiya lors du défilé de la Victoire à Moscou, le 9 mai 2019.
RÉFÉRENCES
David Engels (2022) “Who can predict his own future when the future of Europe seems to be so dark?” Interview door
Andrej Sekulović, geraadpleegd via: KLIK
Jordan Peterson (2022) Russia versus Ukraine or Civil War in the West? Geraadpleegd via: KLIK
Volodymyr Ishchenko (2022) Russia’s war in Ukraine may finally end the post-Soviet condition.
Geraadpleegd via: KLIK
Nick Krekelbergh
13:56 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, russie, europe, affaires européennes | | del.icio.us | | Digg | Facebook
lundi, 19 décembre 2022
Bloomberg: l'Europe a perdu environ un trillion de dollars à cause de la crise énergétique
Bloomberg: l'Europe a perdu environ un trillion de dollars à cause de la crise énergétique
Source: https://www.lantidiplomatico.it/dettnews-bloomberg_leuropa_ha_perso_circa_un_trilione_di_dollari_a_causa_della_crisi_energetica/82_48248/
La hausse des prix des carburants due au conflit en Ukraine a coûté à l'Europe un trillion de dollars, selon Bloomberg, qui tire la sonnette d'alarme sur le fait que ce n'est que le début de la plus grande crise depuis des décennies.
L'agence prévoit que la concurrence pour le gaz naturel liquéfié (GNL) s'intensifiera après cet hiver, car le vieux continent devra reconstituer ses réserves de gaz face à des approvisionnements faibles ou nuls en provenance de Russie.
"Même si de nouvelles installations d'importation de GNL sont mises en service, le marché devrait rester sous tension jusqu'en 2026, date à laquelle des capacités supplémentaires seront disponibles aux États-Unis et au Qatar. Cela signifie qu'il n'y aura pas de répit dans les prix élevés", prédit l'agence. Sans compter que le Qatar a ouvertement remis en question ses approvisionnements en gaz à l'Union européenne après le tristement célèbre scandale de pots-de-vin impliquant certains députés européens.
Selon le centre d'analyse Bruegel, les gouvernements européens ont alloué plus de 700 millions de dollars d'aides aux entreprises et aux ménages pour les aider à faire face à la hausse des coûts énergétiques. Toutefois, le soutien deviendra de plus en plus inabordable face à la hausse des taux d'intérêt et à l'entrée possible en récession économique. Il convient de rappeler que la dette de la moitié des économies du bloc dépasse 60 % du PIB.
Bien que les efforts déployés cet été par l'UE pour reconstituer les réserves de gaz, à des prix records, aient jusqu'à présent atténué le problème d'approvisionnement, la chute actuelle des températures met à rude épreuve le système énergétique du continent.
Le régulateur allemand de l'énergie a averti la semaine dernière que deux indicateurs sur cinq étaient devenus critiques, notamment les niveaux de consommation, et a appelé à une réduction de la consommation d'énergie.
Les achats de GNL n'ont jamais été aussi élevés en Europe et l'Allemagne met en service de nouveaux terminaux flottants pour recevoir ces approvisionnements. Cependant, la situation est exacerbée par la concurrence croissante de la Chine, qui augmentera ses achats de GNL de 7 % l'année prochaine, de même que d'autres pays asiatiques.
Les livraisons de GNL à l'UE ont atteint 105 milliards de mètres cubes entre janvier et octobre 2022, soit une hausse de 64 % par rapport à la même période l'année dernière, dépassant ainsi les importations du plus gros acheteur, la Chine, selon les données de Kpler.
L'augmentation des importations s'inscrit dans un contexte de baisse des approvisionnements en provenance des pipelines russes en raison des sanctions internationales imposées à Moscou et aussi en raison du conflit en Ukraine, de la politique européenne de substitution des approvisionnements russes et du sabotage des pipelines Nord Stream.
Les hauts et les bas de l'offre et l'augmentation de la demande de GNL en Europe ont fait exploser les prix à plus de 3000 $ les 1000 mètres cubes, soit 10 fois plus que les niveaux d'avant la crise.
23:40 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : énergie, gaz, actualité, europe, affaires européennes | | del.icio.us | | Digg | Facebook
dimanche, 18 décembre 2022
Malte, Chypre, la Grèce et l'Italie protestent contre la politique migratoire de l'UE
Malte, Chypre, la Grèce et l'Italie protestent contre la politique migratoire de l'UE
Peter Logghe
Source: Nieuwsbrief Deltastichting, Nr. 175, December 2022
Le 12 novembre, Malte, Chypre, la Grèce et l'Italie ont remis une déclaration commune à la Commission européenne dénonçant avec force le manque de solidarité européenne dans l'accueil des migrants. En raison de leur situation géographique, ce sont les États membres de l'UE où les migrants posent généralement le pied en premier après avoir traversé la Méditerranée. Ces États en ont assez des nuisances de la migration.
L'action conjointe n'est pas surprenante si l'on regarde les chiffres. 44.000 migrants sont arrivés en Italie depuis juin, un chiffre qui s'élève à près de 90.000 depuis janvier 2022, sans compter les nouveaux arrivants qui empruntent la route des Balkans. Par cette déclaration, Malte, Chypre, la Grèce et l'Italie veulent avant tout responsabiliser les autres États membres de l'UE et les encourager à réfléchir à une politique migratoire différente.
Vers une révision des opérations dites de sauvetage en mer?
Il est clair que les 4 pays mentionnés ne veulent pas seulement plus de solidarité. "Nous ne pouvons pas accepter l'idée que les pays où les migrants ont mis le pied à terre pour la première fois soient les seuls points de débarquement, surtout si cela se fait par l'intermédiaire de navires appartenant à des organisations privées qui opèrent de manière totalement indépendante des États membres de l'UE. Nous confirmons notre affirmation selon laquelle le modus operandi de ces navires privés n'est pas conforme à l'esprit du cadre juridique international des opérations de sauvetage en mer."
Plus loin dans la déclaration, nous lisons en fait l'essentiel de l'action commune des 4 Etats membres de l'UE : "...Nous pensons qu'il est nécessaire et urgent d'entamer une discussion sérieuse sur la meilleure façon de mettre en place des opérations de sauvetage en Méditerranée, nous voulons le faire en contrôlant comment les navires privés respectent les conventions internationales pertinentes et comment les Etats dont ils battens pavillon assument leurs responsabilités telles que définies dans les conventions internationales". L'Allemagne est l'État du pavillon de nombreux navires d'ONG qui servent de taxis modernes pour les migrants.
L'Autriche, la Hongrie et la Serbie concluent leur propre pacte anti-migratoire
Entre-temps, les chefs de gouvernement de l'Autriche, de la Hongrie et de la Serbie, qui souhaitent davantage de protection aux frontières et moins de migrants, ont conclu leur propre pacte contre la politique migratoire de l'UE dirigée par l'Allemagne. Par exemple, le chancelier autrichien Karl Nehammer a déclaré: "Le système d'asile de l'UE a échoué". L'asile à la carte ne devrait pas réellement exister, et les trois gouvernements ont en outre dénoncé le "tourisme d'asile". Face à l'échec des politiques européennes en matière de migration, ces trois pays prendront en main la protection de leurs frontières.
Le mécontentement monte dans l'Union européenne, et la thèse selon laquelle la politique migratoire de l'UE a besoin d'une refonte complète gagne du terrain. Nous vous tiendrons informés !
Peter Logghe
19:42 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : malte, italie, chypre, grèce, autriche, serbie, hongrie, ùigration, europe, affaires européennes | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Frank Furedi : les "valeurs européennes"
Frank Furedi : les "valeurs européennes"
Jan Sergooris
Source : Nieuwsbrief Deltastichting – n°175 – December 2022
Frank Furedi, professeur émérite de sociologie à l'Université de Kent et d'origine hongroise, est devenu directeur du MCC Bruxelles, un nouveau groupe de réflexion du Mathias Corvinus Collegium hongrois. Avec cette institution, il tente de contrebalancer l'image idéologique très unilatérale imposée à la population européenne par l'UE.
Furedi est l'auteur de quelque 26 livres. En particulier dans les ouvrages "Populisme et guerres culturelles européennes", "Démocratie en état de siège" et le plus récent "La route vers l'Ukraine" (titres anglais infra), il ne ménage pas ses critiques à l'égard de l'institution européenne. J'essaie de résumer ci-dessous les lignes générales de sa critique.
Il s'insurge contre la croyance que l'économie seule détermine les actions des gens. Jusqu'au milieu des années 1970, les dirigeants européens ont vécu dans l'illusion que les avantages de la coopération économique étaient suffisants pour que les citoyens européens s'identifient politiquement au projet fédéraliste. Mais l'intégration économique ne conduit pas automatiquement à l'intégration politique. Les marchés peuvent fournir la base économique de la prospérité, mais cela ne conduit pas à l'intégration politique.
Furedi dénonce en outre la dépolitisation de la politique en Europe. Des institutions non élues prennent des décisions qui ont un impact majeur sur la vie des citoyens européens. Pensez, par exemple, à l'influence que les ONG (les organisations non gouvernementales) exercent sur les décisions politiques. Il fait également référence à la Cour des droits de l'homme, qui tente d'orienter la politique grâce à ses pouvoirs juridiques. Et au niveau économique, les décisions ne sont pas prises par les gouvernements des Etats-nations mais par une institution technocratique telle que la BCE (Banque centrale européenne) avec des conséquences très importantes sur la vie des citoyens alors que ces derniers sont très réticents à l'endroit des technocrates et des experts. L'idée sous-jacente est qu'il ne peut y avoir qu'une seule solution aux problèmes auxquels l'Europe est confrontée - et c'est l'UE, bien sûr : There Is No Alternative (TINA).
Cependant, l'histoire montre que la seule façon dont les droits démocratiques et la citoyenneté sont possibles n'est pas dans un univers abstrait mais dans un espace défini où la souveraineté nationale peut jouer à plein. La plupart des citoyens tirent une grande partie de leur personnalité et de leur identité de leur appartenance à une nation. L'érosion de la souveraineté nationale conduit à l'aliénation de la vie publique. C'est le monde des technocrates et des ONG qui prennent des décisions par-dessus la tête des citoyens.
Furedi croit fermement en la coopération européenne mais se moque des "valeurs européennes" propagées par l'UE telles que la "diversité" et l'"inclusion". Selon Furedi, la diversité n'est pas une valeur mais une simple description. En soi, la multiplicité ne dit rien sur le fait que quelque chose soit bon ou mauvais. Il s'agit plutôt d'une représentation de la quantité.
On s'attendrait à ce qu'une institution qui valorise la diversité valorise les différentes cultures nationales. Cependant, la diversité des cultures nationales a été déclarée tabou. Les cultures nationales étaient présentées comme des entités artificielles qui niaient l'hétérogénéité de la vie réelle. Plus encore, les gens sont souvent allés plus loin : tout ce qui a trait aux sentiments nationaux, à l'appartenance à une nation, au patriotisme est aujourd'hui associé à un nationalisme dangereux et destructeur. L'accusation de xénophobie n'est jamais loin.
C'est la raison pour laquelle une sorte de cordon sanitaire est placé autour de pays qui partagent des valeurs complètement différentes comme la Pologne et la Hongrie. Ces pays sont fiers de leur individualité culturelle et souhaitent la préserver. Cependant, dans l'UE, vous n'êtes pas autorisé à penser différemment de ce qui est imposé par la Commission européenne.
La diversité qui est maintenant promue par l'UE est celle de différents groupes d'identité basés sur la couleur de la peau, l'orientation sexuelle, le genre, etc... Furedi va directement à l'encontre de ces ukazes de l'UE et prône une interprétation alternative des valeurs européennes. En tant qu'Européens, nous devons revaloriser des valeurs telles que le "patriotisme", la "tolérance" et la "liberté d'expression", car elles sont aujourd'hui en danger.
Jan Sergooris
19:28 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, europe, affaires européennes, valeurs européennes, frank furedi | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Alexandre Douguine: Un nouveau chaos mondial
Un nouveau chaos mondial
Alexandre Douguine
Source: https://www.geopolitika.ru/article/novyy-mirovoy-haos
Le conflit de deux ordres mondiaux
Il semblerait que l'Opération militaire spéciale (OMS) fasse référence à un conflit entre deux ordres mondiaux - un ordre unipolaire, représenté par l'Occident collectif et l'Ukraine, et un ordre multipolaire, défendu par la Russie et ceux qui sont en quelque sorte de son côté (principalement la Chine, l'Iran, la Corée du Nord, certains États islamiques, en partie l'Inde, la Turquie, mais aussi des pays d'Amérique latine en Afrique). C'est précisément le cas. Mais examinons le problème d'un point de vue qui nous intéresse et découvrons le rôle que joue ici le chaos.
Soulignons immédiatement que le terme d'ordre mondial, world order, fait clairement appel à la structure explicite, c'est-à-dire qu'il est l'antithèse du chaos. Nous avons donc affaire à deux modèles de cosmos - l'unipolaire et le multipolaire. Si c'est le cas, il s'agit d'une collision entre des mondes, entre des ordres, des structures, et le chaos n'a rien à voir avec cela.
L'Occident propose sa propre version - où il constitue le centre et le reste du monde, la périphérie, où le centre est donc lui-même et son système de valeurs. La Russie et (plus souvent passivement) les pays qui la soutiennent prônent un cosmos alternatif: autant de civilisations, autant de mondes. Une hiérarchie contre plusieurs civilisations, organisées sur des principes autonomes. Le plus souvent sur une base historico-religieuse. C'est exactement la façon dont Huntington envisageait l'avenir.
Le choc des civilisations est une compétition entre mondes, entre ordres. Il existe un modèle centré sur l'Occident et un modèle pluraliste.
Dans ce contexte, la situation conflictuelle d'aujourd'hui apparaît comme quelque chose de tout à fait logique et rationnel. Le monde unipolaire, presque établi après l'effondrement du modèle bipolaire en 1991, ne veut pas renoncer à sa position de leader. De nouveaux centres de pouvoir luttent pour se libérer du pouvoir d'un hegemon en déclin. Même la Russie pourrait être pressée de le défier directement. Mais vous ne savez jamais à quel point il est vraiment faible (ou fort) jusqu'à ce que vous essayiez. Quoi qu'il en soit, c'est assez clair : il y a deux modèles du cosmos qui s'affrontent - un avec un centre clair et un avec plusieurs.
Quoi qu'il en soit, il n'y a pas de chaos ici. Et si nous rencontrons quelque chose comme ça, ce n'est que comme une situation de transition de phase. Cela expliquerait en partie la situation en Ukraine, où le chaos se fait pleinement sentir. Mais le problème comporte également d'autres dimensions.
Le chaos hobbesien : l'État naturel et le Léviathan
Examinons de plus près ce qui constitue un ordre mondial unipolaire centré sur l'Occident. Il ne s'agit pas seulement de la domination militaire et politique des États-Unis et des États vassaux - surtout les pays de l'OTAN. C'est aussi la mise en œuvre d'un projet idéologique. Ce projet idéologique correspond à une démocratie dite progressiste. La signification de la démocratie dite progressiste est qu'il devrait y avoir de plus en plus de démocratie de ce genre dans le monde, et que le modèle vertical de la société devrait être remplacé par un modèle horizontal - dans le cas extrême, un modèle en réseau, un modèle rhizomatique.
Thomas Hobbes, le fondateur de la science politique occidentale, a imaginé l'histoire de la société comme suit. Dans la première phase, les gens vivent à l'état naturel. Donc "l'homme est un loup pour l'homme" (homo homini lupus est). C'est un chaos social initial, agressif, basé sur l'égoïsme, la cruauté et le pouvoir. D'où le principe de la guerre de tous contre tous. Ceci, selon Hobbes, est la nature de l'homme, car l'homme est intrinsèquement mauvais. Maléfique, mais aussi intelligent.
L'intelligence de l'homme lui a dit que s'il continuait à être dans son état naturel, les gens s'entretueraient tous tôt ou tard. Il a donc été décidé de créer une terrible idole artificielle, le Léviathan, qui imposerait les règles et les lois et s'assurerait que tout le monde les respecte. Ainsi, l'humanité a résolu le problème de la coexistence des loups. Le Léviathan est un super-loup, certainement plus fort et plus cruel, que n'importe quel homme. Le Léviathan est un État.
La tradition du réalisme politique - tout d'abord dans les relations internationales - s'arrête là. Il n'y a que l'état naturel et le Léviathan. Vous ne voulez pas l'un, vous obtenez l'autre.
Le chaos dans les relations internationales dans la tradition du réalisme
Ce modèle est finalement assez matérialiste. L'état naturel correspond au chaos agressif, à l'inimitié (νεῖκος) - celui qui représente l'alternative d'Empédocle à l'amour/amitié. L'introduction du Léviathan équilibre l'inimitié en imposant à tous les "loups" des règles et des normes qu'ils n'osent pas enfreindre sous peine de sanction et à la limite de la mort. D'où la formule avancée par Max Weber bien plus tard - "l'État est le seul sujet de la violence légitime". Le Léviathan est sciemment plus fort et plus terrible que n'importe quel prédateur et est donc capable d'arrêter une série d'agressions irréversibles. Mais le Léviathan n'est pas l'amour, n'est pas l'Eros, n'est pas la psyché. Il s'agit seulement d'une nouvelle expression de l'inimitié, une inimitié totale élevée à un degré supérieur.
D'où le droit de tout État souverain (et le Léviathan est souverain et c'est sa principale caractéristique) de déclencher une guerre avec un autre État. Ayant pacifié l'inimitié intérieure, le Léviathan est libre de déclencher une guerre à l'extérieur.
C'est ce droit de faire la guerre qui devient la base du chaos dans les relations internationales, selon l'école du réalisme. Les relations internationales sont un chaos précisément parce qu'aucune autorité suprême ne peut exister entre plusieurs Léviathans. Ils répètent au niveau macroscopique l'état naturel: l'état est égoïste et mauvais parce que l'homme qui l'a fondé est égoïste et mauvais. Le chaos intérieur est gelé pour se révéler, à l'extérieur, dans la guerre entre états.
A ce jour, le réalisme politique n'a pas non plus été totalement dépassé dans les démocraties et est considéré comme un point de vue légitime dans les relations internationales.
L'ordre de Locke
Mais ce n'est pas tout. Hobbes a été suivi par un autre penseur important, John Locke, qui a formulé une école différente de pensée politique - le libéralisme. Locke croyait que l'homme lui-même n'était pas mauvais, mais plutôt éthiquement neutre. Il est tabula rasa - une ardoise vierge. Si le Léviathan est mauvais, ses citoyens le seront aussi. Mais si le Léviathan change son tempérament et ses orientations, il est capable de transformer la nature des gens. Les gens en eux-mêmes ne sont rien - vous pouvez en faire des loups et vous pouvez en faire des moutons. Il ne s'agit que de l'élite dirigeante.
Si Hobbes pense à l'État avant l'État et a prédéterminé son caractère monstrueux (d'où le chaos hobbesien) et le compare à l'État, Locke examine l'État déjà existant et ce qui pourrait suivre, si l'État lui-même cesse d'être un monstre maléfique et devient une source de moralité et d'éducation, puis disparaît tout court, ayant passé l'initiative à des citoyens rééduqués - éclairés. Hobbes pense en termes de passé/présent. Locke pense en catégories présent/futur. Dans le présent, l'État est mauvais - égoïste et cruel (d'où les guerres et le chaos dans les relations internationales). À l'avenir, cependant, il est destiné à devenir bon, ce qui signifie que ses citoyens cesseront d'être des loups et que les guerres cesseront car la compréhension mutuelle prévaudra dans les relations internationales. En d'autres termes, Hobbes propose une dialectique du chaos et de sa suppression relative dans le Léviathan (avec une nouvelle invasion des relations interétatiques), tandis que Locke propose de réparer la nature violente de l'État en refaisant (en rééduquant, en éclairant) ses citoyens et en abolissant la guerre entre les nations. Quant à l'inimitié inhérente chez Hobbes, Locke propose de la remplacer non pas par l'amour et l'ordre, mais par le commerce, les échanges, la spéculation. Le marchand (et non le prophète, le prêtre ou le poète) remplace le guerrier. Dans le même temps, le commerce est appelé "doux commerce", gentle commerce. Elle est douce comparée à la saisie brutale du butin par le guerrier après la capture de la ville. Mais sa brutalité est cependant mise en évidence dans Le Marchand de Venise de Shakespeare.
Il est important de noter que Locke considère l'ordre commercial pur et post-étatique comme quelque chose qui suit l'âge des États. Cela signifie que l'esprit collectif hypostasié dans le Léviathan n'est nullement aboli, mais seulement ramené à un niveau inférieur. Un citoyen rééduqué et éclairé (un ancien loup) est maintenant un Léviathan lui-même. Mais seulement un nouveau. En rééduquant ses sujets, le monarque éclairé (synonyme d'État éclairé) se rééduque lui-même.
Le gouvernement mondial comme projet des Lumières
C'est à partir de là que commence la théorie de la démocratie politique. L'État éduque ses citoyens, déracine l'agressivité et l'égoïsme, et devient lui-même altruiste et pacifiste. D'où la principale loi des relations internationales: les démocraties ne se combattent pas entre elles.
Et plus loin. - Si les États ne sont plus égoïstes (c'est-à-dire souverains), ils sont capables d'établir démocratiquement une autorité supranationale, un Gouvernement mondial. Il veillera à ce que toutes les sociétés soient bonnes, ne commercent qu'entre elles et ne se fassent jamais la guerre. Peu à peu, les États seront abolis et un seul monde, une société civile mondiale, verra le jour.
Économie: le chaos de Locke
Il semblerait que chez Locke et dans la tradition ultérieure du libéralisme qui poursuivit ses idées, le chaos a été supprimé. Mais ce n'est pas le cas. Il n'y a pas de chaos militaire mais il y a un chaos économique. Par conséquent, il n'y a pas d'agression, mais le chaos demeure. Oui, et l'agression et l'hostilité demeurent, mais acquièrent un caractère différent - à savoir celui qui a été imposé à la société par l'État commercial (capitaliste). Plus précisément, l'État d'Europe occidentale des temps modernes.
Que le marché doit être libre et l'économie déréglementée est la thèse centrale du libéralisme, c'est-à-dire de la démocratie moderne. Ainsi, le chaos est réintroduit, mais seulement pris dans une section transversale différente - avec l'agression atténuée et l'égoïsme pur et simple omniprésent. Le Léviathan est identifié à la raison (il a été établi sur sa base), et la raison est considérée comme quelque chose d'universel. D'où Kant, son raisonnement transcendantal et ses appels à la paix universelle. Ce raisonnement n'est pas aboli (en même temps que le dépassement du Léviathan), mais transformé, adouci, collectivisé (le Léviathan est collectif), puis atomisé en de nombreuses unités, écrites sur des ardoises vierges, celles d'individus atomiques. L'homme post-état se distingue de l'homme pré-état en ce que l'esprit est désormais son domaine individuel. C'est ainsi que Hegel comprenait la société civile. La rationalité commune de l'ancienne monarchie y est transmise à la multitude des citoyens - les bourgeois, les citadins.
Par conséquent, dans la théorie libérale, puisque le Léviathan est la rationalité, la distribution de la rationalité à tous les individus en supprime la nécessité. La société sera pacifique comme elle l'est (ce qui a été prévu par le Léviathan plus tôt) et elle réalisera ses tendances louvoyantes sous la forme supprimée - via la concurrence commerciale. Le théoricien libéral raciste du darwinisme social, Spencer, dit la même chose sous une forme sévère.
Le doux commerce, c'est le doux chaos, le chaos dans le contexte de la démocratie libérale.
Nouvelle démocratie et gouvernance : le doux chaos de la dissipation
En Occident, il y a un équilibre entre Hobbes et Locke, une compréhension pessimiste et rétrospective de l'État (et de la nature humaine elle-même) et une compréhension progressiste et optimiste. La première est appelée réalisme, la seconde libéralisme (ndt: au sens anglo-saxon du terme). Les deux théories modernes, occidentalo-centriques et modernistes coïncident en général, mais diffèrent dans leurs particularités. Tout d'abord dans l'interprétation du chaos. Pour les réalistes, le chaos est intrinsèquement mauvais et agressif. Et c'est pour la combattre que l'État a été créé - le Léviathan. Mais le chaos n'a pas disparu, et le chaos interne est devenu externe. D'où l'interprétation de la nature de la guerre dans le réalisme.
Le libéralisme partage l'interprétation de la genèse de l'État, mais croit que le mal en l'homme peut être vaincu. Avec l'aide de l'État, qui se transforme (s'éclaire) puis éclaire aussi ses citoyens - jusqu'à pénétrer leur code, leur nature. En cela, l'État, surtout l'État éclairé, agit comme un programmeur pour installer un nouveau système d'exploitation dans la société.
Avec le succès du libéralisme, la théorie d'une nouvelle démocratie ou du mondialisme a commencé à prendre forme. Son essence réside dans le fait que les États-nations y sont abolis et que les guerres disparaissent avec eux, tandis que la nature agressive et égoïste de l'homme est modifiée par l'ingénierie sociale, qui transforme l'homme - qui, en d'autres mots, transforme le loup en mouton. Le Léviathan n'existe plus, et l'ancien chaos, militaro-agressif, est aboli. Le chaos du commerce mondial, le mélange des cultures et des peuples, les flux migratoires incontrôlés, le multiculturalisme, le mélange de tout et de tous en un seul monde commencent.
Mais cela crée un nouveau chaos. Pas agressif, mais doux, "gentil". Dans le même temps, le contrôle n'est pas aboli, mais descendu à un niveau inférieur. Alors que le gouvernement (governement), même dans l'ancienne démocratie, était une structure élue mais hiérarchique et verticale, c'est maintenant la gouvernance, où le pouvoir entre à l'intérieur du sujet gouverné, fusionnant avec lui jusqu'à devenir indiscernable. Pas de censure mais d'autocensure. Pas un contrôle d'en haut, mais un contrôle de soi. Ainsi le Léviathan vertical plasmate dans l'horizon des individus atomisés et dispersés et entre en chacun d'eux. C'est un hybride du chaos (état naturel) et du Léviathan (rationalité universelle). En fait, c'est ainsi que Kant pensait la société civile. L'universel déborde sur les atomes, et maintenant ce n'est plus une instance extérieure, mais le propre raisonnement individuel du citoyen éclairé qui freine sa propre agressivité et modère son propre égoïsme. C'est ainsi que la violence est placée à l'intérieur de l'individu. Le chaos ne divise pas le pouvoir et les masses, pas les États entre eux, mais l'homme lui-même. C'est la société du risque (Risikogesellschaft) d'Ulrich Beck: le danger émane désormais du moi et de ses propres dédoublements schizophréniques, qui deviennent la norme. Nous arrivons ainsi à l'individu schizo-individuel, porteur du chaos particulier de la nouvelle démocratie libérale et progressiste. Au lieu de faire du mal aux autres, le libéral "chaotique" se fait du mal à lui-même, se bat contre lui-même, se divise et se sépare. La chirurgie de réassignation de genre et la promotion des minorités sexuelles en général n'auraient pas pu arriver à un meilleur moment. L'optionalité du genre, la liberté de choix, oppose deux identités autonomes chez le même individu. La politique du genre permet au "chaotisme" de prendre toute sa dimension.
Mais il s'agit d'un chaos particulier, dépourvu de formalisation sous forme d'agression et de guerre.
Une "Chaotique" comme norme humaine de la nouvelle démocratie
C'est précisément cet ordre de la nouvelle démocratie que l'Occident cherche à imposer à l'humanité. Le mondialisme insiste sur le chaos commercial (marché libre) combiné à l'idéologie LGBT+, qui normalise la scission au sein de l'individu, postule le "chaotisme" comme modèle anthropologique. Cela suppose que la rationalité et l'interdiction de l'agression sont déjà incluses dans le "chaotisme" - par la diabolisation massive du nationalisme et du communisme (surtout dans la version soviétique, stalinienne).
Il s'avère que le monde unipolaire et l'ordre mondial correspondant sont un ordre de chaos progressiste. Ce n'est pas le chaos pur, mais ce n'est pas un ordre au sens plein du terme. Il s'agit d'une "gouvernance" qui tend à se déployer horizontalement. Ainsi, la thèse d'un gouvernement mondial s'avère être trop hiérarchique - un Léviathan. Il est plus correct de parler d'un Gouvernement Mondial, d'un Gouvernement Mondial, qui est invisible, implicite. Gilles Deleuze a souligné à juste titre qu'à l'époque du capitalisme classique, l'image de la taupe est optimale: le capital travaille de manière invisible pour saper les structures traditionnelles et pré-modernes et construire sa propre hiérarchie. L'image du serpent convient mieux à la nouvelle démocratie. Sa flexibilité et ses frétillements indiquent la puissance cachée qui a pénétré dans la masse atomisée des libéraux cosmopolite. Chacun d'entre eux est individuellement porteur de spontanéité et d'imprévisibilité chaotique (bifurcation). Mais en même temps, un programme rigide est construit en eux, qui prédétermine toute la structure du désir, du comportement et de la fixation des objectifs - comme une usine avec des machines à désirer qui fonctionnent. Plus l'atome est libre par rapport à la constellation, plus sa trajectoire devient prévisible. C'est ce que Poutine a voulu dire en citant Les Possédés de Dostoïevski dans son passage sur Chigaliev: "Je commence par une liberté absolue et je finis par un esclavage absolu". Le Léviathan en tant qu'idole mondiale, que démon omnipotent créé par l'homme, n'est plus nécessaire, puisque les individus libéraux deviennent de petits "Léviathans" - des "chaotiques" exemplaires, libérés de la religion, des classes, de la nation, du sexe. Et l'hégémonie d'un tel Occident progressiste-démocratique ne représente pas seulement l'ordre au sens ancien ou même l'ordre démocratique, mais précisément l'hégémonie du chaos "pacifique".
Les pacifistes vont au front
Dans quelle mesure ce chaos lockien est-il pacifique ? Au point qu'il ne rencontre aucune alternative - c'est-à-dire aucun ordre. Il peut s'agir d'ordres occidentaux, voire de la vieille démocratie hobbesienne (que l'on pourrait appeler collectivement le trumpisme ou le vieux libéralisme), et encore d'autres types d'ordres, généralement non démocratiques, que l'Occident appelle collectivement "autoritarisme", c'est-à-dire les régimes de la Russie, de la Chine, de nombreux pays arabes, etc. Partout, nous voyons d'autres articulations de l'ordre qui s'opposent ouvertement et explicitement au chaos.
Et voici un point intéressant : lorsqu'il est confronté à l'opposition, le pacifiste libéral néo-démocrate de l'Ouest devient fou et devient extrêmement militant. Oui, les démocraties ne se battent pas entre elles, mais avec les régimes non démocratiques, au contraire, la guerre doit être sans pitié. Seul un "chaotique" sans identité de genre ou autre identité collective est un être humain, du moins un être humain au sens progressiste du terme. Tous les autres relèvent des masses arriérées et non éclairées sur lesquelles repose un ordre vertical, soit un Léviathan cynique, soit des versions encore plus autonomes et autarciques de l'ordre. Et ils doivent être détruits.
Post-ordre
Ainsi, le monde unipolaire entre dans une bataille décisive avec le monde multipolaire, précisément parce que l'unipolarité est l'aboutissement d'une volonté de mettre fin à l'ordre tout court, en le remplaçant par un post-ordre, un Nouveau Chaos Mondial. L'intériorisation de l'agression et la schizo-civilisation du "chaos" ne sont possibles que lorsqu'il n'y a pas de frontières dans le monde - pas de nations, pas d'États, pas de "Léviathan", c'est-à-dire pas d'ordre en tant que tel. Et tant qu'il n'y en a pas, le pacifisme reste totalement militant. Les transgenres et les pervers sont dotés d'uniformes et envoyés au combat eschatologique avec les adversaires du chaos.
Chaos des cochons de Gardarinsky
Tout ceci jette une nouvelle lumière conceptuelle sur l'Opération militaire spéciale en Ukraine, la guerre de civilisation entre la Russie et l'Occident, la guerre contre l'unipolarité et pour la multipolarité. L'agression est ici multidimensionnelle et comporte différents niveaux. D'une part, la Russie prouve sa souveraineté, ce qui signifie qu'elle accepte la règle du chaos dans les relations internationales. Quelle que soit la façon dont vous la regardez, il s'agit d'une véritable guerre, même si elle n'est pas reconnue par Moscou. Moscou hésite pour une raison : il ne s'agit pas d'un conflit militaire classique entre deux États-nations, c'est autre chose - c'est une bataille de l'ordre multipolaire contre le chaos unipolaire, et le territoire de l'Ukraine est précisément la frontière conceptuelle ici. L'Ukraine n'est ni l'ordre, ni le chaos, ni un État, ni un territoire, ni une nation, ni un peuple. C'est un brouillard conceptuel, un bouillon philosophique dans lequel se déroulent les processus fondamentaux de la phase de transition. Tout peut naître de ce brouillard, mais jusqu'à présent, il s'agit d'une superposition de différents chaos, ce qui rend ce conflit unique.
Si l'on considère la Russie et Poutine comme des réalistes, l'OMS est une continuation de la bataille pour consolider la souveraineté. Mais elle implique une thèse réaliste du chaos des relations internationales et donc la légitimation de la guerre. Pour un État véritablement souverain, personne ne peut interdire de faire ou de ne pas faire quelque chose, car cela contredirait la notion même de souveraineté.
Mais la Russie se bat clairement non seulement pour un ordre national contre le chaos géré des mondialistes, mais aussi pour la multipolarité, c'est-à-dire le droit des différentes civilisations à construire leurs propres ordres, c'est-à-dire à surmonter le chaos par leurs propres méthodes. Ainsi, la Russie est en guerre contre le Nouveau Chaos Mondial (NCM) juste pour le principe de l'ordre - pas seulement pour le sien, le russe, mais l'ordre en tant que tel. En d'autres termes, la Russie cherche à défendre l'ordre mondial même qui s'oppose à l'hégémonie occidentale, à savoir l'hégémonie du chaos intériorisé, c'est-à-dire le mondialisme.
Et il y a un autre point important. L'Ukraine elle-même est une entité purement chaotique. Et pas seulement maintenant - dans son histoire, l'Ukraine a été un territoire d'anarchie, une zone où l'"état naturel" prévalait. Un Ukrainien est un loup pour un Ukrainien. Et d'autant plus un loup pour un Moscovite ou un Yabloko. L'Ukraine est une zone naturelle de libre arbitre anarchique, un champ de Cocktail total, où des autonomistes atomisés sont à la recherche de profit ou d'aventure, sans être contraints par aucun cadre. L'Ukraine aussi est un chaos, hideux, inhumain et insensé. Elle est ingouvernable et peu maniable.
Ce sont les cochons de Gardar, dans lesquels sont entrés les démons chassés par le Christ, et qui se sont précipités dans l'abîme. Le destin de l'Ukraine - en tant qu'idée et projet - se résume à ce symbole.
OMS - la guerre du chaos polysémantique
Il n'est donc pas surprenant que différents types de chaos se soient heurtés notamment en Ukraine. D'une part, le chaos contrôlé mondial de la nouvelle démocratie occidentale a soutenu et orienté les "chaotistes" ukrainiens dans leur confrontation avec l'ordre russe. Oui, cet ordre n'est encore qu'une promesse, qu'un espoir. Mais la Russie, de temps en temps, se comporte précisément comme son porteur. Nous parlons d'empire, de multipolarité et de confrontation frontale avec l'Occident. Le plus souvent, cependant, ce vecteur est couché sous la forme de la souveraineté (réalisme), qui a rendu possible le NCM. Il ne faut pas perdre de vue la profonde pénétration de l'Occident à l'intérieur de la société russe - le chaos en Russie même a son propre support sérieux, qui sape le vecteur d'identité de la Russie et l'affirmation de son ordre. Les cinquième et sixième colonnes en Russie sont des partisans du chaos occidental. Ils aiguisent et corrodent à la fois la volonté de l'État et du peuple de gagner face au NCM.
Par conséquent, la Russie au sein de ce NCM, étant placée du côté de l'ordre, agit parfois selon les règles du chaos, imposées à la fois par l'Occident (Nouveau Chaos Mondial) et par la nature même de l'ennemi.
Le chaos russe
Le chaos russe. Il doit gagner, en créant un ordre russe.
Et la dernière chose. La société russe porte en elle un début chaotique. Mais c'est un autre chaos - le chaos russe. Et ce chaos a ses propres caractéristiques - ses propres structures. Il est à l'opposé du Nouveau Chaos Mondial des libéraux, car il n'est pas individualiste et matérialiste. Il est également différent du chaos lourd, obèse, corporellement sadique des Ukrainiens, qui engendre naturellement la violence, le terrorisme, foulant aux pieds toutes les normes de l'humanité. Le chaos russe est spécial, il a son propre code. Et ce code ne coïncide pas avec l'État, il est structuré de manière totalement indépendante de celui-ci. Ce chaos russe est le plus proche de l'original grec, qui est un vide entre le Ciel et la Terre, qui n'est pas encore rempli. Il ne s'agit pas tant d'un mélange de graines de choses qui se font la guerre (comme dans Ovide) que d'un avant-goût de quelque chose de grand - la naissance de l'Amour, une apparition de l'Âme. Les Russes sont un peuple précoce pour quelque chose qui ne s'est pas encore totalement manifesté. Et c'est précisément ce genre de chaos spécial, porteur de nouvelles pensées et de nouveaux actes, que le peuple russe porte en lui.
Pour un tel chaos russe, le cadre de l'État russe moderne est étroit, voire ridicule. Il porte les graines d'une grande réalité inconcevable et impossible. Une étoile de la danse russe.
Et le fait que le Nouvel Ordre mondal (NOM) n'inclut pas seulement l'État, mais le peuple russe lui-même, rend tout encore plus complexe et compliqué. L'Occident, c'est le chaos. L'Ukraine, c'est le chaos. Le peuple russe est le chaos. L'Occident a l'ordre dans le passé, nous avons l'ordre dans le futur. Et ces éléments d'ordre - fragments de l'ordre du passé, éléments du futur, ébauches d'alternatives, bords conflictuels de projets - se mêlent à la bataille du chaos.
Pas étonnant que l'OMS ait l'air si chaotique. C'est une guerre du chaos, avec le chaos, pour le chaos et contre le chaos.
Le chaos russe. C'est lui qui doit gagner, en créant un Ordre russe.
19:17 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : chaos, actualité, alexandre douguine, nouvelle droite russe | | del.icio.us | | Digg | Facebook
La revue de presse de CD - 18 décembre 2022
La revue de presse de CD
18 décembre 2022
EN VEDETTE
Quelle politique migratoire pour la France ? – Propositions concrètes
Dans une étude précieuse – que Polémia publie en 7 parties tant elle est importante et complète – André-Victor Robert analyse en profondeur la politique migratoire que devrait adopter la France. Dans cette ultime partie, ce haut fonctionnaire avance plusieurs propositions concrètes. Retrouvez l’intégralité de l’étude au format PDF en cliquant sur ce lien. Par André-Victor Robert, haut fonctionnaire.
polemia.com
https://www.polemia.com/quelle-politique-migratoire-pour-...
AFRIQUE
Biden ouvre le sommet sur l’Afrique en sanctionnant les dirigeants africains
L’administration Biden organise un sommet avec une quarantaine de dirigeants de pays africains. Le titre de l’article du New York Times sur ce sommet est révélateur : Biden fait venir les dirigeants africains à Washington, en espérant les impressionner. « Amener les dirigeants africains à Washington » ? Pourquoi ne pas plutôt écrire « inviter les dirigeants africains à Washington » ? Cela ne rappelle-t-il pas les millions d’Africains qui ont été « amenés en Amérique » au cours des siècles passés?
lesakerfrancophone.fr
https://lesakerfrancophone.fr/biden-ouvre-le-sommet-sur-l...
ASIE
Les héritiers de Gengis Khan à l’assaut de la démocratie?
Les contacts entre les peuples de la steppe et l’Europe se sont tissés dès la plus haute Antiquité. Des rencontres, des échanges et aussi des guerres qui ont conduit à une admiration et une méfiance réciproque.
revueconflits.com
https://www.revueconflits.com/les-heritiers-de-gengis-kha...
DÉSINFORMATION/CORRUPTION/CENSURES/DÉBILITÉ
Traité international sur la pandémie: l’OMS se réunit pour imposer la censure de la « désinformation »
Les membres de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), une agence internationale de santé publique non élue, se réunissent pour examiner une version préliminaire d’un projet de traité international sur la pandémie qui donnera à l’OMS de nouveaux pouvoirs pour « lutter contre les informations fausses, trompeuses, la mésinformation ou la désinformation » et être juridiquement contraignant en vertu du droit international. Le projet de traité contient diverses dispositions à l’article 16 (« Renforcement de la pandémie et de la littératie en santé publique ») qui obligent les 194 États membres de l’OMS (qui représentent 98 % de tous les pays du monde) à cibler la soi-disant désinformation.
reseauinternational.net
https://reseauinternational.net/traite-international-sur-...
Pour une journaliste du service public, Zemmour «n’a rien d’un être humain»!
Éric Zemmour était invité sur BFM TV pour faire face à un festival de mauvaise foi journalistique, face à trois interrogateurs qui lui coupaient la parole, lui reprochaient de ne rien proposer de concret ou voulaient absolument lui faire tenir des propos racistes. Comme après chaque interview sur BFM TV, les séquences les plus marquantes de l'entretien ont été diffusées sur Twitter, accompagnées d'un sobre résumé. C’en était trop pour Khadija Toufik, journaliste rédactrice au service économie de France Télévisions qui a posté : « On s'en fiche, de ce qu'il raconte! Par pitié, arrêtez de donner la parole à cet individu qui n'a rien d'un être humain. »
bvoltaire.fr
https://www.bvoltaire.fr/pour-une-journaliste-du-service-...
Grève au New York Times
Le NYT est une institution du clergé médiatique libéral libertaire. Un vrai succès économique, le journal woke par excellence qui met une majuscule à Black, mais pas à white. Le même qui voit dans la décapitation de Samuel Paty une bavure policière. Mais dont certains employés se mettent en grève pour des histoires de gros sous.
ojim.fr
https://www.ojim.fr/greve-au-new-york-times/?utm_source=n...
Revue de presse RT du 4 au 10 décembre
Exercice hebdomadaire de dé/réinformation à partir de la RDP de Russia Today. Au sommaire de cette semaine : les importations américaines en provenance de Russie ont plus que doublé ; problèmes entre Serbes et Albanais de souche dans le Kosovo ; les censures dans le monde occidental ; le dollar et l’euro fortement concurrencés par d’autres monnaies ; l’Égypte rejoint le banque BRICS ; la guerre chaude en Ukraine ; les aveux de Merkel ; l’embargo sur le pétrole russe.
lesakerfrancophone.fr
https://lesakerfrancophone.fr/revue-de-presse-rt-du-4-au-...
ÉCOLOGIE/PUNITIVE OU PAS
Plus productive et toujours durable, les progrès nécessaires de l’agriculture
L’agriculture a domestiqué les hommes depuis plus de 12 000 ans en les attachant à un territoire devenu patrimoine. Elle a permis à l’humanité de s’alimenter et d’atteindre aujourd’hui les 8 milliards d’habitants. Rien ne s’est montré plus durable. Et ça doit continuer.
Le blog de Michel de Rougemont
https://blog.mr-int.ch/?p=8795&utm_source=mailpoet&am...
ÉCONOMIE
Reconsidérer la géoéconomie comme un élément constitutif de l'analyse géopolitique
Pour assurer une analyse géopolitique complète, il est fondamental de toujours aussi garder à l'esprit la géoéconomie, une sous-discipline qui devrait être mieux formalisée et structurée pour faciliter son utilisation efficace.
euro-synergies.hautetfort.com
http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2022/12/04/r...
ÉNERGIES
Audition détonante de l’ancien Haut-commissaire à l’énergie atomique
L’audition de la commission ad hoc de l’Assemblée nationale du Haut-commissaire à l’énergie atomique, Yves Bréchet, souligne magistralement l’absence totale de vision à long terme des dirigeants politiques français.
contrepoints.org/
https://www.contrepoints.org/2022/12/14/445827-audition-d...
Audition d'Henri Proglio sur la transition énergétique
Devant la commission de l’Assemblée nationale, le président d'honneur d'EDF, Henri Proglio, s’est exprimé sur l’indépendance énergétique et la dégringolade de notre souveraineté nationale. Après avoir résumé l’état de l’énergie en France au début du siècle, alors modèle dans le monde entier, il commence son réquisitoire : « Il ne restait qu’à tout détruire ». Pourquoi ? Comment ? Tels sont les développements d’une dramatique descente aux enfers. Les accusés : l’Europe et les différents gouvernements français.
qwant.com
https://www.qwant.com/?client=brz-moz&t=videos&q=...
ÉTATS-UNIS
Le Parti de la guerre est le véritable vainqueur des élections US de mi-mandat
Les fabricants d’armes distribuent beaucoup d’argent pour s’assurer que, quel que soit le parti au pouvoir, ce sont bien les législateurs de ce parti-là qui mènent la danse.
les-crises.fr
https://www.les-crises.fr/le-parti-de-la-guerre-est-le-ve...
FRANCE
Mayotte : l’arme migratoire pour déstabiliser le territoire
Aux confins de l’océan Indien, Mayotte concentre de nombreuses difficultés qui fragilisent le lien social et nuisent au développement du territoire. Entretien avec la députée Estelle Youssoupha pour comprendre les enjeux de Mayotte.
revueconflits.com
https://www.revueconflits.com/mayotte-larme-migratoire-po...
Nouvelle-Calédonie : un an après le référendum, quelles perspectives?
Un an après le 3e référendum, la France manque toujours d’une vision pour la Nouvelle-Calédonie. Ce ne sont pourtant pas les intérêts qui manquent, entre la présence chinoise et l’enjeu indopacifique.
revueconflits.com
https://www.revueconflits.com/nouvelle-caledonie-un-an-ap...
« Vaincre ou mourir » : l’histoire de France à l’écran
Le Puy du fou se lance dans le cinéma avec un premier film consacré à Charette et aux guerres de Vendée. Un pari délicat qui pouvait laisser craindre un film convenu. Il n’en n’est rien. Tant par le jeu des acteurs que la réalisation, cette page d’histoire est une réussite.
revueconflits.com
https://www.revueconflits.com/vaincre-ou-mourir-lhistoire...
Où est la souveraineté numérique de la France ?
Pas de guerre sans ordinateur et matériel informatique. Or la France, dans ces domaines, est dépendante de la Chine et des États-Unis. Est-il alors possible de bâtir une souveraineté numérique, et donc politique, tout en étant dépendant des autres États ? Éléments de réponse sur l’enjeu essentiel de la souveraineté numérique.
revueconflits.com
https://www.revueconflits.com/ou-est-la-souverainete-nume...
GAFAM
Finalement le monde des GAFAM a des limites, lesquelles?
Chiffre d’affaires en berne, licenciement, projets foireux, la Silicon Valley semble dans un cauchemar.
contrepoints.org
https://www.contrepoints.org/2022/12/12/445440-finalement...
L'Observatoire des multinationales dénonce la « toile d'influence » tissée en France par les Gafam
Lobbying, recrutement, financement : les géants américains du numérique ont tissé ces dernières années une « toile d'influence » en France, dénoncée dans un rapport d'une trentaine de pages publié mardi par l'Observatoire des multinationales, une association qui milite pour l'encadrement des activités de lobbying. « Les filiales françaises des Gafam (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) ont déclaré en 2021 la somme de 4,075 millions d'euros de dépenses de lobbying en France, contre 1,35 million en 2017, soit une multiplication par trois », affirme l'association en se fondant sur les données de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP). L'association se donne comme mission d'éclairer les relations entre grands acteurs économiques et pouvoir politique.
francesoir.fr
https://www.francesoir.fr/societe/l-observatoire-des-mult...
Twitter files, la suite : censure à tous les étages
Le paysage de l’information grand public change et ce n’est pas à la faveur des institutions officielles, de la presse traditionnelle ou des organes médiatiques habituels, au contraire.
contrepoints.org
https://www.contrepoints.org/2022/12/13/445765-twitter-fi...
GÉOPOLITIQUE
Le deuxième monde, la semi-périphérie et l'État-civilisation dans la théorie du monde multipolaire (2 et 3), par Alexandre Douguine
Suite et fin de la première partie (http://eurosynergies.hautetfort.com/archive/2022/11/25/l...)
Passons maintenant à une théorie différente - l'« analyse du système mondial » construite par Immanuel Wallerstein, représentant de l'école marxiste des relations internationales (principalement dans son interprétation trotskiste), s'appuyant sur la doctrine de « la grande durée » et les théoriciens latino-américains de l'économie structurelle (R. Prebisch et S. Furtado). Il a développé un modèle de zonage du monde en fonction du niveau de développement du capitalisme. Cette vision représente un développement des idées de Vladimir Lénine sur l'impérialisme en tant que stade de développement le plus élevé du capitalisme, selon lequel le système capitaliste gravite naturellement vers la mondialisation et l'extension de son influence sur toute l'humanité. Les guerres coloniales entre les puissances développées ne sont que la phase initiale.
euro-synergies.hautetfort.com
http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2022/12/04/l...
Le grand jeu pour l'Antarctique
Le changement climatique et le progrès technologique ont progressivement conduit les grandes puissances à se disputer les extrémités de la planète : les deux pôles. Mais si l'on en sait plus sur la course à l'Arctique, on en sait moins sur le grand jeu qui a pour objet l'Antarctique. Bien que, chiffres et faits à l'appui, ce qui se passe sur le continent gelé est tout sauf sans importance et négligeable.
euro-synergies.hautetfort.com
http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2022/12/05/l...
IMMIGRATION
Coupe du monde de football : les médias de grand chemin jettent un voile pudique sur les « incidents »
Dans plusieurs villes de France, des violences ont éclaté après la qualification de l’équipe du Maroc en quart, puis en demi-finale de la coupe du monde de football organisée au Qatar. Ces événements ont été présentés de façon laconique comme de simples « incidents » par de nombreux médias de grand chemin. Peut-on pour autant réduire des affrontements contre les forces de l’ordre et la dégradation de biens publics et privés à des événements peu importants ? Hors des sentiers battus, la lecture de certains médias et des réseaux sociaux permet d’en douter. En marge de ces violences, c’est également la dimension culturelle voire civilisationnelle du soutien à l’équipe du Maroc qui a été occultée par les médias centraux.
ojim.fr
https://www.ojim.fr/coupe-du-monde-de-football-les-medias...
LECTURE/LITTÉRATURE
Annie Ernaux : la vengeance seule sous la plume !
Aurais-je eu envie d’écrire ce billet si Annie Ernaux, notre prix Nobel de littérature, n’avait pas attaqué avec aigreur Michel Houellebecq en se questionnant ainsi faussement : « …quitte à avoir une audience avec ce prix, étant donné ses idées délétères, franchement, mieux vaut que ce soit moi » (Le Parisien). Cette charge mesquine est insupportable à plus d’un titre. D’abord parce qu’on connaît la sensibilité de gauche, le progressisme chic du Comité Nobel, le conduisant généralement à placer l’amour de la littérature derrière l’idéologie et la conception du monde qu’on se doit de « porter » pour lui complaire. Ensuite, en raison du fait que cette condescendance d’Annie Ernaux envers notre plus grand romancier d’aujourd’hui était choquante.
causeur.fr
https://www.causeur.fr/annie-ernaux-la-vengeance-seule-su...
MONDIALISME/TERRORISME
Les gros actionnaires des fabricants de vaccins n’ont aucune morale, ce sont des machines à cash
C’est l’organisation la plus puissante et la plus opaque qui soit. Une nébuleuse d’investisseurs liés entre eux et contrôlant le gotha de l’industrie et la bourse. Maîtres des réseaux sociaux et propriétaires des médias, les gros gestionnaires d’actifs ont le pouvoir de manipuler la politique et la finance. Dans la dérive autoritaire dont ont bénéficié les pharmas, il ne fait pas de doute qu’ils ne sont pas restés les bras croisés.
infomeduse.ch
https://www.infomeduse.ch/2022/02/06/lenquete-dinfomeduse...
PROCHE-ORIENT
Ingérence des Émirats arabes unis : Les renseignement US tirent la sonnette d’alarme
Un nouveau rapport suggère que l’influence des États du Golfe sur la politique américaine a désormais atteint le niveau d’un défi de sécurité nationale.
les-crises.fr
https://www.les-crises.fr/ingerence-des-emirats-arabes-un...
La détérioration des relations entre l'Egypte et Israël
La « paix froide » entre les deux parties devient « glaciale ». Récemment, de nombreux rapports ont fait état d'une crise imminente dans les relations égypto-israéliennes. Les tensions ont commencé à faire surface alors que l'Égypte, selon des sources crédibles, mène des discussions secrètes avec l'Iran pour normaliser les relations entre les deux pays.
euro-synergies.hautetfort.com
http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2022/12/04/l...
RÉFLEXIONS
Francophonie, état des lieux
Finalement on s’aperçoit d’un glissement du français du statut de langue de culture de tout l’Occident et d’une partie du reste du monde à celui d’une langue de masse, notamment africaine.
contrepoints.org
https://www.contrepoints.org/2022/12/11/445353-francophon...
RUSSIE
Opération militaire spéciale : le démantèlement de l’Ukraine et de l’OTAN sont en bonne voie
Sous le très poétique titre « La guerre de Boucles d’Or », Dmitry Orlov fait un point très complet des multiples changements et implications géopolitiques, intérieurs, économiques et sociétaux de l’opération militaire en Ukraine. Indispensable pour bien comprendre la politique russe.
lecridespeuples.fr
https://lecridespeuples.fr/2022/12/16/operation-militaire...
Ignorer les leçons de l’armée romaine, une erreur que Poutine paye au prix fort
Le 24 février 2022, les forces russes envahissaient l’Ukraine. L’impréparation de leurs forces et leur échec stupéfiant devant Kiev et Kharkiv en février/mars ne sont pas sans rappeler un épisode célèbre de la rébellion juive qui éclata en 66 ap. J.-C. en Judée. Le légat de Syrie et général romain Caius Cestius Gallus subit alors une défaire écrasante et d’autant plus humiliante qu’il était à la tête d’un des outils militaires les plus performants du monde antique. Vladimir Poutine, nouveau Tsar/César d’une « Russie éternelle » qui se veut l’héritière de l’Empire romain d’Orient devenu byzantin, aurait manifestement dû relire « La guerre des Juifs » de Flavius Josèphe.
revueconflits.com
https://www.revueconflits.com/ignorer-les-lecons-de-larme...
SANTÉ/LIBERTÉS
Soignants suspendus : pourquoi le gouvernement les laisse crever?
Nous avons une nouvelle fois vécu une parodie de démocratie. Le 24 novembre, la petite bande au pouvoir en France a encore usé de tous les stratagèmes à sa disposition pour satisfaire aux caprices de Jupiter : continuer de laisser crever les soignants suspendus. La France est désormais seule en Europe à maintenir cette loi inhumaine. Le ministre de la Santé a même dévoilé les vraies raisons du blocage : l’ego du chef et la rancœur de quelques soldats qui ont obéi et préfèrent bannir les dissidents que d’y être confronté. Comme pour toutes les statistiques, le gouvernement maintient le flou sur leur nombre réel et ne compte que ce qui l’arrange. Enfin, nous verrons que la totalité des statistiques à notre disposition nous montre à quel point cette décision ne repose sur rien de scientifique. Une vidéo sur le sujet est disponible ici.
francesoir.fr
https://www.francesoir.fr/tribunes/soignants-suspendus-po...
SERBIE
L’OTAN cherche un prétexte pour attaquer la Serbie (à nouveau)
La situation au Kosovo occupé par l’OTAN se détériore rapidement (voir ici et ici). L’humiliation de l’OTAN en Ukraine pousse ses dirigeants à essayer de prouver leur « valeur martiale » et leur « virilité » en, je cite, « de temps en temps, les États-Unis doivent ramasser un petit pays minable et le jeter contre un mur juste pour prouver qu’ils sont sérieux » (Michael Ledeen). Et, encore une fois, les anglo-sionistes veulent attaquer un pays orthodoxe pour « montrer à la Russie » ce qui pourrait lui arriver à elle (Strobe Talbott).
lesakerfrancophone.fr
https://lesakerfrancophone.fr/lotan-cherche-un-pretexte-p...
UKRAINE
Guerre en Ukraine : vidéo N°19
La situation continue à se dégrader en Ukraine. Sur le plan militaire, les troupes de Kiev subissent des pertes insupportables. Comme le dit l’expert suisse Jacques Baud : « Si les opinions publiques occidentales connaissaient le niveau des pertes de l’armée ukrainienne sous-direction Otan, elles exigeraient l’arrêt des hostilités et le passage immédiat à la négociation ». Au sommaire. Situation militaire sur le terrain et perspectives : limites du soutien occidental et saignée de l’armée ukrainienne. Responsabilité des commentateurs de la presse système ; Duplicité de Merkel, Hollande et Macron sur les accords de Minsk : comment la France et l’Allemagne n’ont pas respecté leur parole, se sont comportées en domestiques des États-Unis, et sont aussi responsables de la guerre. Indispensable pour comprendre ce qui se passe actuellement en Ukraine. Merci à Régis de Castelnau.
vududroit.com
https://www.vududroit.com/2022/12/guerre-en-ukraine-video...
UNION EUROPÉENNE
« L’europrostituée mafieuse »… vu de Grèce
Nos chalutiers sont à vendre, nos politiciens sont vendus. Époque terminale où les... gros acheteurs payaient parfois tout en argent comptant, quand la métapolitique prostituante depuis sa tanière de l’européisme se nomme alors tout simplement « l’europrostituée mafieuse ». L’expression du jour appartient à une certaine presse grecque dite « populiste », laquelle depuis le soir du 9 décembre fait ainsi l’écho à sa manière, de l’arrestation à son domicile à Bruxelles de l'eurodéputée socialiste grecque Eva Kaili, qui est une des vice-présidentes de l'assemblée des lobbyistes.
greekcrisis.fr
http://www.greekcrisis.fr/2022/12/Fr0999.html
La dictature gazière préférée de l’Union européenne
Un parti qui monopolise le pouvoir depuis des décennies, une presse muselée, une armée qui viole régulièrement le droit international et commet des crimes de guerres, un clan mafieux qui se maintient au pouvoir grâce à ses exportations de gaz… On pourrait penser qu’il s’agit de la Russie de Vladimir Poutine, mais c’est de l’Azerbaïdjan d’Ilham Aliyev dont il est question. Loin d’être considéré comme un État-voyou par l’Union européenne, celle-ci n’a cessé de se rapprocher de l’Azerbaïdjan depuis le conflit ukrainien. Ilham Aliyev est un « partenaire fiable et sur lequel on peut compter », selon les mots d’Ursula von der Leyen, qui a affiché une étonnante complicité avec le chef d’État azéri lors d’une récente conférence de presse. Ces propos n’ont pas manqué de choquer, tant ils intervenaient peu de temps après une agression militaire brutale du régime azéri contre son voisin arménien. L’Union européenne serait-elle en passe de livrer, une fois de plus, l’Arménie aux appétits de l’Azerbaïdjan ?
lvsl.fr
https://lvsl.fr/la-dictature-gaziere-preferee-de-lunion-e...
Qatargate : à Strasbourg, les macronistes dégagent le RN. C’est pourtant laid, l’exclusion…
C’est comme dans le cochon : avec l’affaire des valises de billets, tout est bon. Tenez, la Commission européenne vient tout juste de sanctionner l’ennemi public numéro un en Europe, le Premier ministre hongrois Viktor Orbán. Une sanction décidée pour… corruption, ainsi que Le Figaro le relate dans son numéro du 15 décembre 2022, page 8. Car on ne mégote pas avec la morale, dans la grande maison des Européens. La preuve ? Plus de la moitié des fonds européens destinés à la Hongrie, soit 6,3 milliards d’euros, restent gelés. Ça lui apprendra, à Viktor Orbán. Pour bénéficier de la somme, le Premier ministre hongrois va devoir faire ses preuves. La création d’une Autorité pour la transparence, de fabrication hongroise, n’a pas convaincu l’incorruptible Commission. Peut-être a-t-elle observé de près le fonctionnement des vingt-quatre Hautes Autorités françaises grassement entretenues par le contribuable pour une efficacité réduite ?
bvoltaire.fr
https://www.bvoltaire.fr/edito-qatargate-a-strasbourg-les...
13:25 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, affaires européennes, france, journaux, médias, presse | | del.icio.us | | Digg | Facebook
samedi, 17 décembre 2022
Déception face au double jeu de Merkel: les relations germano-russes au plus bas
Déception face au double jeu de Merkel: les relations germano-russes au plus bas
Source: https://zuerst.de/2022/12/16/enttaeuschung-ueber-merkels-doppelspiel-deutsch-russische-beziehungen-auf-dem-tiefpunkt/
Moscou/Berlin. Les relations germano-russes, volontairement ruinées par les hommes politiques allemands depuis l'invasion russe de l'Ukraine, ont atteint un nouveau point bas. Pour une fois, ce n'est pas le chancelier Scholz ou la ministre des Affaires étrangères Baerbock qui sont à blâmer, mais l'ancienne chancelière allemande Angela Merkel. Elle vient de lâcher une bombe lors de deux entretiens avec le Spiegel et Zeit Online: elle a reconnu que l'Occident, et en particulier le gouvernement fédéral, n'a jamais eu intérêt à ce que les accords de Minsk - qui devaient en fait garantir la fin des hostilités dans le Donbass - soient respectés.
L'ex-chancelière a déclaré textuellement: "Et l'accord de Minsk de 2014 était une tentative de donner du temps à l'Ukraine. Elle a aussi utilisé ce temps pour devenir plus forte, comme on le voit aujourd'hui".
L'aveu posthume de Merkel met la hache à la racine du récit occidental de la "guerre d'agression russe". Jusqu'à aujourd'hui, le Kremlin fait référence aux antécédents de la guerre, qui ont commencé en 2014 avec le changement de pouvoir à Kiev et le harcèlement qui s'en est suivi contre la population d'origine russe dans l'est de l'Ukraine.
Le protocole de Minsk I, signé le 5 septembre 2014 dans la capitale biélorusse, résume les résultats des négociations entre l'Ukraine, l'OSCE et la Russie pour un plan de paix. L'accord a acquis le statut de traité international contraignant le 17 février 2015, suite à l'adoption de la résolution 2202 (2015) du Conseil de sécurité des Nations unies, rédigée dans les mêmes termes.
Le protocole comprend douze points et prévoyait, entre autres, l'interruption immédiate et réciproque du recours à la force armée et la vérification du cessez-le-feu par l'OSCE. Il prévoyait également une décentralisation du pouvoir en Ukraine, notamment par l'adoption d'une loi sur l'autonomie temporaire "dans certaines régions des oblasts de Donetsk et de Lougansk". En outre, "des mesures devraient être prises pour améliorer la situation humanitaire dans le Donbass" et des élections locales anticipées devraient être organisées dans les zones litigieuses. Plus important encore, toutes les formations armées illégales, leur matériel militaire ainsi que les francs-tireurs et les mercenaires devraient être retirés et un programme de reconstruction économique du Donbass et de "rétablissement des fonctions vitales de la région" devrait être adopté.
Alors que la Russie comptait sur une mise en œuvre rapide des accords de Minsk pour parvenir à une pacification des régions directement limitrophes de la Russie, les politiciens occidentaux - comme l'ex-chancelière allemande vient de l'avouer ouvertement - ne voyaient dans ces accords qu'un moyen de gagner du temps. L'ex-président ukrainien Porochenko s'était également exprimé dans le même sens il y a quelque temps.
Alors que l'aveu d'Angela Merkel a été à peine évoqué dans les médias allemands, il a eu un retentissement international considérable. Les médias russes ont largement couvert l'événement. Le chef du Kremlin, Vladimir Poutine, s'est exprimé à ce sujet lors d'une conférence de presse le 9 décembre et s'est dit profondément déçu, à titre personnel, par le double jeu de Merkel. Littéralement: "Franchement, je ne m'attendais pas à entendre cela de la part de l'ancienne chancelière allemande, car j'ai toujours supposé que les dirigeants de la République fédérale d'Allemagne étaient sincères à notre égard".
Mais il est désormais évident "que nous avons fait tout ce qu'il fallait en ce qui concerne le lancement de l'opération militaire. Pourquoi ? Parce qu'il s'est avéré que personne ne voulait appliquer tous ces accords de Minsk".
Au vu des déclarations de Merkel, "la confiance est maintenant presque nulle, mais après de telles déclarations, la question de la confiance se pose naturellement: comment et sur quoi peut-on négocier, et peut-on négocier avec qui que ce soit, et où sont les garanties? C'est évidemment la grande question", a déclaré M. Poutine, avant de poursuivre: "Malgré tout, nous devrons finir par nous entendre. J'ai déjà dit à plusieurs reprises que nous étions prêts à trouver des accords, nous sommes ouverts. Mais cela nous oblige bien sûr à réfléchir à qui nous avons affaire".
La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, s'est montrée plus claire et moins diplomatique. Face aux récents appels occidentaux en faveur d'un tribunal international pour les crimes de guerre russes en Ukraine, elle a demandé que Merkel soit traduite devant un tribunal international. La déclaration de Merkel ne signifie pas moins qu'elle a œuvré pendant des années pour une guerre avec la Russie. (mü)
Demandez ici un exemplaire gratuit du magazine d'information allemand ZUERST ! ou abonnez-vous ici dès aujourd'hui à la voix des intérêts allemands !
Suivez également ZUERST ! sur Telegram : https://t.me/s/deutschesnachrichtenmagazin
21:11 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : angela merkel, vladimir poutine, russie, allemagne, ukraine, donbass, europe, affaires européennes | | del.icio.us | | Digg | Facebook
L'ex-président du FPÖ Strache fonde une plate-forme pour la paix: "Tous ceux qui doutent ne comprennent pas Poutine"
L'ex-président du FPÖ Strache fonde une plate-forme pour la paix: "Tous ceux qui doutent ne comprennent pas Poutine"
Source: https://zuerst.de/2022/12/17/ex-fpoe-chef-strache-gruendet-friedens-plattform-nicht-jeder-der-zweifelt-ist-putin-versteher/
Vienne. Une initiative de paix remarquable a été lancée en Autriche. L'initiateur de la "Plateforme pour la paix et la neutralité" est l'ancien chef du FPÖ Heinz-Christian Strache. Lundi, une table ronde très attendue a eu lieu à Vienne. Les invités étaient Andreas Mölzer, vétéran du FPÖ, Peter Fichtenbauer, ancien conseiller national libéral et "avocat du peuple", Christina Baum, députée de l'AfD au Bundestag, Heinrich Fiechtner, ancien député de l'AfD au Landtag de Bade-Wurtemberg, et Efgani Dönmez (photo), sans étiquette.
Le motif de l'événement et de la création de cette plate-forme était qu'il n'y avait "aucune initiative de paix visible et audible", a expliqué Strache, qui a animé le débat. Il a reproché à l'Occident de ne pas avoir invité la Russie à la table des négociations. L'ancien député européen Mölzer a constaté que "du côté européen, on n'apporte absolument rien de positif pour le moment".
Les participants au débat étaient également d'accord sur le fait que la Russie était présentée de manière unilatérale et négative dans les médias occidentaux. Les causes de la guerre sont toutefois beaucoup plus complexes, a constaté Mölzer. Et: "Tous ceux qui doutent ne sont pas ceux qui comprennent Poutine (Putin-Versteher)".
Pour Christina Baum (photo), députée de l'AfD au Bundestag, qui s'était déjà prononcée au Bundestag contre l'adhésion de la Suède et de la Finlande à l'OTAN, la Russie ou le chef du Kremlin Poutine ne sont pas non plus responsables de la guerre en Ukraine. "L'agresseur est celui qui force son adversaire à prendre les armes", a-t-elle déclaré en citant Frédéric le Grand. Elle s'était déjà dit avant la guerre "espérons que Poutine garde son sang-froid", car il a été "provoqué en permanence".
Avec Dönmez, ancien membre des Verts et de l'ÖVP, un participant du camp des partis mainstream a également enrichi la table ronde. Mais Dönmez a également plaidé pour la retenue et la compréhension à l'égard de la Russie : "On nous présente un récit, une histoire que nous devons accepter sans réfléchir. En tant que médiateur, je dis : je veux aussi comprendre un Monsieur Poutine". Cela vaut également pour le président ukrainien Volodymyr Zelensky et le président turc Erdogan. Au lieu de cela, l'Occident se livre à une escalade délibérée.
La guerre est une guerre par procuration des grandes puissances, selon Dönmez. L'UE n'agit que comme un "État vassal" des États-Unis. Poutine a rendu service à ces derniers avec la guerre: l'UE s'est en effet rapprochée des Etats-Unis et s'est distancée de la Russie. L'UE devrait en fait poursuivre une politique de paix indépendante, a expliqué Dönmez.
Ensuite, un autre éclat amusant: interrogé par l'animateur Strache sur le fait de savoir si l'Ukraine était l'incarnation des "valeurs occidentales", l'ex-député AfD du Landtag Heinrich Fiechtner (photo) a répondu : "Malheureusement, oui, elle l'est - dans toute sa connivence corrompue".
Le groupe de discussion était également d'accord pour prendre parti en faveur de la neutralité autrichienne, qui est de plus en plus érodée, au moins depuis le début de la guerre en Ukraine. "Une adhésion à l'OTAN est, je pense, la dernière chose que les Autrichiens souhaitent", a constaté Strache. La députée de l'AfD Baum a abondé dans le même sens, estimant qu'"il est très important que l'Autriche reste neutre". Elle souhaite qu'il en soit de même pour l'Allemagne. (mü)
Demandez ici un exemplaire gratuit du magazine d'information allemand ZUERST ! ou abonnez-vous dès aujourd'hui à la voix des intérêts allemands !
Suivez également ZUERST ! sur Telegram : https://t.me/s/deutschesnachrichtenmagazin
20:58 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, politique internationale, autriche, hans-christian strache, allemagne, europe centrale, mitteleuropa, neutralité | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Métavers, multivers, plurivers: trois concepts à ne pas confondre
Métavers, multivers, plurivers: trois concepts à ne pas confondre
par Georges FELTIN-TRACOL
Un an après le changement d’appellation du groupe Facebook en Meta, on entend de plus en plus parler du Métavers. On voit même sur plusieurs chaînes de télévision des publicités payées par l’entreprise de Mark Zuckerberg qui expliquent cette ambitieuse réalisation numérique dans laquelle les étudiants en philosophie assisteront à une joute verbale entre Socrate et Platon. La réalité est moins optimiste puisque l’enthousiasme suscité autour de ce projet décroît en raison des difficultés techniques et financières rencontrées. Le Métavers n’est pas pour demain. Dans le même temps, les adolescents regardent les super-productions cinématographiques étatsuniennes dont l’intrigue se déroule dans le Multivers. Enfin, les milieux de gauche s’accaparent du Plurivers. Attention à ne pas confondre ces trois termes !
Inspiré de l’œuvre de l’écrivain US de science-fiction Philip K. Dick, auteur du roman Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? (1968), adapté au cinéma en 1982 par Ridley Scott sous le nom mythique de Blade Runner, le Métavers est un ensemble d’univers virtuels connectés à Internet qui offre à l’utilisateur la perception d’une pseudo-réalité augmentée. Dans les années 1970, l’écrivain français Philippe Curval évoquait dans sa trilogie d’anticipation, L’Europe après la pluie (préface de Jean Quatremer, La Volte, 2016), un continent européen fermé au monde dont les habitants repus se réfugiaient dans des caissons ralentisseurs du temps, puis dans des cabines d’élargissement de l’espace, faisant de leurs domiciles de véritables continents intérieurs.
L’ébauche du Métavers commence en 2003 avec Second Life, un univers virtuel tridimensionnel. Le logiciel permettait aux usagers de créer des ambiances originales et de jouer des personnages au moyen d’avatars, c’est-à-dire de représentations virtuelles sous la forme humanoïde de leur choix. Ces avatars s’inscrivaient dans un monde aventureux partagé en cinq contrées et en de nombreuses îles, car Second Life, dont le succès médiatique s’étendit de 2004 à 2008 environ, se concevait à l’origine comme un immense jeu en ligne permanent constitué en réseau informatique multijoueurs, qu’on soit ou non connecté ! Second Life a ainsi préparé les esprits à l’e-sport. Le FN fut le premier parti à investir ce domaine à l’époque balbutiant.
On peut se faire une idée plus précise du Métavers en regardant le film de Steven Spielberg sorti en 2018 et adapté du roman d’Ernest Cline paru en 2011 Player One sous le titre de Ready Player One (« Le premier joueur prêt à jouer »). Le film adresse de nombreux clins d’œil musicaux, cinématographiques et picturaux à la « Pop’culture » occidentale américanomorphe. Les personnages de ce film vivent par procuration dans un univers où tout est permis et dans lequel le jeu de rôle devient une seconde nature d’autant que les conditions de vie dans le monde réel sont éprouvantes (pollution massive, pauvreté généralisée, logements exigus et vétustes).
L’acceptation du Métavers passe peut-être par l’accoutumance du public aux séries télévisées style House of the Dragon, The Rings of Power, The Mandalorian, etc., produites par Netflix, Prime Video, Disney +. Outre l’indéniable prégnance wokiste, ces feuilletons préparent l’entrée dans la virtualité avec, à terme, la possibilité accordée aux téléspectateurs les plus assidus de participer aux prochains films en tant qu’acteurs amateurs majeurs.
Le Métavers se conçoit en structure globale ouverte et ordonnée, ce qui nécessite d’énormes dépenses d’énergie. Est-ce encore souhaitable à l’heure d’éventuelles coupures de courant ? Sans électricité, cette fuite industrielle vers des chimères, des mirages et d’autres illusions risque bien de demeurer une vaine rêverie. Cette entreprise de haute technicité pourrait toutefois constituer un conditionnement des masses en leur proposant des dérivations psychologiques. Les cénacles pensants de l’hyper-classe mondiale (Trilatérale, Bilderberg, etc.) supposent que la dématérialisation des activités économiques plongera 80 à 90 % de la population dans le non-emploi à vie. L’usage du Métavers associé à la légalisation des drogues, en particulier du cannabis, voire à leur consommation obligatoire, le « soma » du Meilleur des mondes, constituerait une excellente méthode récréative et indolore pour briser tout risque de tensions sociales.
Le Multivers n’est pas le Métavers. Popularisé par l’univers cinématographique étendu Marvel (MCU) avec, par exemple, le récent film de Sam Raimi, Doctor Strange in the Multiverse of Madness (2022), ou, hors du MCU, le film de Daniel Kwan et de Daniel Scheinert, Everything Everywhere All at Once (2022), voire The One (2001) de James Wong, le Multivers se définit comme un faisceau d’univers présents en même temps composés de mondes parallèles, de réalités alternatives ou uchroniques et d’intervalles spatio-temporels servant d’éventuelles passerelles entre ces univers. Dès les années 1960, l’écrivain britannique de science-fiction Michael Moorcock élaborait un Multivers pourvu d’un « Champion éternel » décliné à travers différentes sagas en anti-héros attachants (Elric le Nécromancien, ultime empereur de Melniboné, le duc de Köln Dorian Hawkmoon, Corum et Erekosë).
Or le concept de Multivers n’est pas qu’une fiction littéraire. Il repose sur des considérations cosmologiques, de physique quantique et d’astro-physiques. Pour faire simple, le Multivers s’articulerait autour d’échelles macroscopique, moléculaire, atomique, subatomique et des « cordes » en référence aux complexes théories éponymes.
L’approche scientifique (et non philosophique) du Multivers apparaît dans les années 1950 quand le physicien étatsunien Hugh Everett suppose l’existence de milliards de milliards d’univers dissemblables, concurrents et imbriqués les uns dans les autres sans contact aucun du fait d’une séparation dimensionnelle et/ou d’une variation de longueur d’onde. Dans son essai Before the Big Bang. The Origin of Our Universe from the Multiverse (Londres, Bodley Head, 2022), la cosmologue quantique de l’Université de Caroline du Nord, Laura Mersini – Houghton, se penche sur ces théories étonnantes. Par ailleurs, dans son numéro de juillet 2022, New Scientist a présenté les recherches conjointes de Venkatesh Vilasini de l’École polytechnique fédérale suisse de Zurich et de Roger Colbeck de l’Université britannique de York. Ces deux chercheurs modélisent des séries d’univers théoriques, étudient les boucles temporelles possibles et analysent les flux de certaines informations transitant entre deux agents liés l’un à l’autre dans le même continuum d’espace-temps (c’est-à-dire placés dans le passé, le présent ou le futur) malgré la distance matérielle qui les sépare le cas échéant. En conclusion de ses observations, Venkatesh Vilasini précise que ces « boucles causales n’entraîneraient pas systématiquement des paradoxes considérables mais c’est la preuve théorique que passé et avenir peuvent être liés de façon contre-intuitive ». Les travaux de Mersini – Houghton, de Vilasini et de Colbeck confirment les intuitions visionnaires de Giorgio Locchi sur l’interprétation dynamique de l’histoire. On aborde ici les confins de la métaphysique et de la spéculation ontologique.
Le Multivers n’a rien à voir avec le Métavers, sauf si ce dernier le récupère en tant que divertissement de masse. Dans Libération du 14 octobre 2022, Céline Minard opposait volontiers le Métavers au Plurivers défini comme la « construction kaléïdoscopique d’un monde commun soutenable ». À la fin de la décennie 1990, les zapatistes mexicains du célèbre sous-commandant Marcos le considéraient déjà comme une possibilité de former un monde où cohabiteraient différents mondes. Il n’est pas anodin d’apprendre la parution récente de l’ouvrage collectif, Plurivers. Un dictionnaire du post-développement (Wildproject, coll. « Le monde qui vient », 550 p., 25 €).
Il est cependant regrettable que l’extrême gauche et l’ultra-gauche adoptent ce concept stimulant déjà avancé par Carl Schmitt en 1932. Pour le grand juriste allemand, « le caractère spécifique du politique entraîne un pluralisme des États. Toute unité politique implique l’existence éventuelle d’un ennemi et donc la coexistence d’une autre unité politique. Aussi, tant que l’État en tant que tel subsistera sur cette terre, il en existera plusieurs et il ne saurait y avoir d’État universel englobant toute l’humanité et la terre entière. Le monde politique n’est pas un universum, mais, si l’on peut dire, un pluriversum (dans La notion de politique. Théorie du partisan, préface de Julien Freund, Flammarion, coll. « Champ », 1992) ».
La vision pluriverselle du monde correspond en matière diplomatique au « monde multipolaire » ou une organisation « mosaïque » des relations internationales. Le condominium USA – URSS pendant la « Guerre froide » (1947 – 1991) et l’hégémonie planétaire des États-Unis depuis 1991 doivent s’effacer au profit de façons de penser radicales et parfois même contradictoires d’un espace global fini commun peuplé d’humanités différentes ou, si l’on préfère, de civilisations variées parce que Carl Schmitt souligne toujours dans La notion de politique que « le concept d’humanité est un instrument idéologique particulièrement utile aux expansions impérialistes, et sous sa forme éthique et humanitaire, il est le véhicule spécifique de l’impérialisme économique (p. 96) ». Pour résumer, le nomos de la Terre à venir s’organisera autour de grands espaces civilisationnels et/ou continentaux caractérisés par la divergence intrinsèque de leurs principes fondateurs respectifs.
Si le Métavers est la dernière trouvaille de l’arraisonnement technicien mental et vise au dressage sociologique de l’imaginaire dans une perspective de domination marchande, le Multivers et le Plurivers réintroduisent dans les sciences dites dures et en géopolitique des démarches audacieuses qui relèvent des polythéismes des valeurs. Chassé du domaine spirituel et exclu des cérémonies publiques, le paganisme revient finalement en force sous des formes novatrices et pertinentes. Par conséquent, œuvrons à la pluralité inhérente de la Vie et agissons en faveur de vues du monde multiverselles surgies du terreau fécond de l’ethno-différentialisme !
GF-T
- « Vigie d’un monde en ébullition », n° 55, mise en ligne le 13 décembre 2022 sur Radio Méridien Zéro.
20:42 Publié dans Actualité, Définitions | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : multivers, métavers, metaverse, plurivers, définitions | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Polycrise, urgences superposées et capitalisme
Polycrise, urgences superposées et capitalisme
Güney Işıkara
Source: https://www.geopolitika.ru/it/article/tergiversando-policrisi-sovrapposizione-di-emergenze-e-capitalismo
Il est aujourd'hui de bon ton de décrire les crises multiples et imbriquées du capitalisme sans faire référence au capitalisme lui-même. Pour décrire la complexité de la situation, on utilise les termes obscurs d'"urgences superposées" et de "polycrise", qui servent, avec ou sans intention, à cacher le coupable, à savoir la totalité des relations capitalistes. Ce court article aborde le contenu, la fonction et les limites de ces pratiques d'évitement à l'aide d'exemples concrets.
Un mélange de risques
"Une polycrise n'est pas simplement une situation dans laquelle vous faites face à des crises multiples", écrit Adam Tooze (photo), c'est plutôt une situation "dans laquelle le tout est encore plus dangereux que la somme des parties" (Tooze 2022a). Même au premier coup d'œil, on peut compter sept défis radicaux sur le radar, dont le Covid, l'inflation, la récession, la crise de la faim, la crise climatique, l'escalade nucléaire et un retour au pouvoir du parti républicain "trumpien".
Larry Summers, ancien président de Harvard, célèbre le terme de polycrise pour sa capacité à saisir les multiples aspects en jeu, et ajoute : "Je me souviens de moments antérieurs d'une gravité égale ou même supérieure pour l'économie mondiale, mais je ne me souviens pas de périodes où il y avait autant d'aspects distincts et autant de courants croisés que maintenant" (Summers 2022). Ne vous y trompez pas, le soutien vient d'un porte-parole de toujours de l'establishment, d'un ennemi des classes ouvrières et des opprimés, assez franc pour affirmer, en tant qu'économiste en chef de la Banque mondiale de l'époque, que "la logique économique derrière le déversement de substances toxiques dans un pays aux salaires les plus bas est impeccable".
Selon Tooze, dans les années 1970, la croissance excessive ou insuffisante, ou le capitalisme tardif, pouvaient être cités comme la source ultime des problèmes en cours, selon la position politique de chacun. Ce qui distingue le moment présent est le fait qu'"il ne semble plus plausible de désigner une cause unique" (Tooze 2022b). Il est donc tout à fait explicite que l'on doit éviter l'utilisation de grands récits ou, dans le même ordre d'idées, la désignation du mode de production capitaliste comme la cause principale des défis radicaux à venir.
Un concept similaire est celui des "urgences qui se chevauchent", qui a été utilisé par les médias grand public tels que CNN ou les Nations unies et a été adopté par les penseurs critiques. Isabella Weber (photo), par exemple, qui a employé le terme dans des écrits populaires et universitaires avec divers co-auteurs, affirme que "nous vivons à une époque où les urgences se chevauchent : la pandémie n'est pas terminée, le changement climatique est une réalité et la stabilité géopolitique a atteint son point le plus bas" (Weber 2022).
Weber est l'une des architectes du plafonnement du prix du gaz dans le cas de l'Allemagne et un défenseur d'autres instruments et institutions tels que l'élargissement de la capacité de l'État à réagir aux goulets d'étranglement de l'approvisionnement, la surveillance des secteurs essentiels et l'intervention ciblée en cas de besoin, etc. Plutôt que de considérer cela comme une réponse politique ad hoc, Weber affirme que "nous devons généraliser cette approche et nous préparer à une stabilisation d'urgence ciblée". Nous devons nous préparer aux catastrophes économiques afin de pouvoir réagir aux chocs dans des domaines importants pour le fonctionnement de l'ensemble de l'économie. Il s'agit de mesures de stabilisation nécessaires à notre époque où les urgences se chevauchent". (Weber, dans Gerbaudo 2022)
Bien que le travail académique plus large de Weber souligne les limites du mécanisme de marché d'un point de vue plus systématique, un aspect commun des "urgences superposées" et de la "polycrise" en tant que cadre est ce qui semble être une réticence notable à reconnaître explicitement le capitalisme comme une force sous-jacente qui conditionne toutes les facettes des "urgences superposées" ou de la "polycrise" en jeu. L'analyse et ses implications sont confinées au niveau des apparences, et, par conséquent, deviennent incapables de saisir le réseau de contradictions qui leur donne naissance. Ces contradictions, ou la source des urgences, semblent être externalisées à un choc (guerre Russie-Ukraine, déstabilisation climatique, pandémies actuelles et attentes futures) ou à un état de fait extérieur au terrain politique sur lequel elles sont reconnues et discutées.
Remodeler ou remplacer ?
La réticence à remettre ouvertement en question le capitalisme, qu'elle soit intentionnelle ou non, se manifeste également dans le retour de la politique industrielle, avec une attention beaucoup plus grande accordée aujourd'hui à ses partisans tels que Ha-Joon Chang (2002) et Mariana Mazzucato (2018 ; 2021) (photos), pour ne citer que les plus éminents. La politique industrielle est décrite comme un moyen de sortir de la stagnation à long terme qui se profile vers la transition verte. Les prescriptions en matière d'industrialisation sont données à l'économie périphérique afin qu'elle puisse "développer", indépendamment des relations de dépendance structurelle, la division mondiale du travail (Pradella 2014). Ainsi, le rôle de l'exploitation comme fondement ultime de l'accumulation du capital - et la nécessaire inégalité de l'accumulation du capital - est masqué. De même, le capitalisme inclusif, qui coordonne les intérêts de divers ensembles de propriétaires de ressources.
Dans ce cadre, la "crise" est également utilisée comme un outil pour encadrer le récit autour des symptômes de notre système économique mondial. Par exemple, Mazzucato "l'économiste le plus effrayant du monde" selon le Times (Rumbelow 2017), soutient que "le capitalisme est confronté à au moins trois crises majeures", à savoir une crise sanitaire induite par une pandémie, l'instabilité financière et la crise climatique (Mazzucato 2020a ). Ces crises ne sont pas considérées comme des crises du capitalisme en tant que tel, mais de la façon dont nous faisons du capitalisme (Mazzucato 2020b).
Il s'ensuit qu'"il existe toutes sortes de façons différentes de faire du capitalisme". Il y a le type de maximisation de la valeur pour les actionnaires. Il y a la perspective de maximisation de la valeur des parties prenantes [...] qui influence fondamentalement la façon dont le public et le privé se rencontrent" (Mazzucato, dans Nelson 2019). C'est ce dernier modèle de partenariat qui permet au gouvernement de déterminer le rythme et la direction de la croissance axée sur l'innovation, qui donne la priorité à l'intérêt public sur le gain privé. Selon Mazzucato, problématiser le capitalisme en tant que tel et évoquer l'alternative du socialisme est une distraction et "n'incitera pas [les entreprises] à faire quelque chose de différent de ce qu'elles font actuellement" (ibid.).
Cependant, ce point de vue néglige le fait que le capitalisme concerne le profit et l'accumulation, et non la valeur d'usage, ou la richesse, en premier lieu. L'accumulation peut être temporairement freinée, réorientée, endiguée, mais les fondements du capitalisme ne peuvent être renversés par des partenariats axés sur la mission.
Une leçon importante qui tend à être oubliée est que les coupes dans les services sociaux, le découplage des salaires réels de la productivité, l'expansion agressive des frontières des marchandises et les interventions similaires visant à étendre le terrain de l'accumulation au cours des dernières décennies sont précisément les résultats récoltés de la réaction du capital à la crise de rentabilité dans le centre impérialiste dans les années 1970, une crise qui a suivi les tentatives de dompter le capital et d'établir un compromis de classe dans le contexte plus large de la "menace" croissante du socialisme. Il est donc difficile de comprendre comment les chercheurs critiques d'aujourd'hui peuvent s'engager dans la possibilité d'un autre "âge d'or" du capitalisme, alors que la force motrice et les principes régulateurs du système capitaliste lui-même ne sont pas remis en question.
Où est le capitalisme ?
Les cadres conceptuels d'analyse des "crises" évoqués ci-dessus ont pour caractéristique commune de "remodeler" le capitalisme ou de "stabiliser" l'économie mondiale face à la multiplication des dynamiques de crise. Plutôt que de remettre en question les forces structurelles qui façonnent les résultats systémiques, ces cadres suggèrent que les manifestations pressantes de l'effondrement écologique, des tensions et des guerres géopolitiques, des goulets d'étranglement de l'approvisionnement, de l'inflation ou d'autres phénomènes discutés découlent d'erreurs politiques, de sociétés avides et puissantes, de mauvaises intentions ou d'un manque de connaissances historiques, et non de l'accumulation impérative et constitutive du capitalisme.
Des problèmes tels que l'effondrement écologique, la militarisation, les réponses inadéquates et injustes à une pandémie en cours, la montée de politiques ouvertement racistes et anti-immigrants, qui semblent indépendants, font partie intégrante de la totalité capitaliste avec ses relations particulières de propriété, de production et d'échange, ses impératifs et ses limites structurelles, et les dynamiques d'exploitation et d'oppression qui en découlent, ainsi que leurs subjectivités conflictuelles.
Prenez l'effondrement écologique, par exemple, qui semble être le phénomène alarmant pour de nombreux commentateurs. Sans saisir le capital comme un ensemble de relations sociales entre les propriétaires des moyens de production et les travailleurs qui travaillent pour un salaire, et sans concevoir cette relation comme l'expansion de la valeur comme seul objectif primordial, ni le caractère d'exploitation de la croissance capitaliste ni l'impératif de rentabilité ne peuvent être compris comme un phénomène structurel. Le transfert systématique des coûts à des tiers (Kapp 1971), le pillage impitoyable des natures non humaines dans le cadre de l'ajustement continu des frontières des marchandises pour s'approprier la nature économique (Moore 2015), et l'incapacité à faire des progrès significatifs pour ralentir l'effondrement écologique, même face à sa reconnaissance publique croissante, apparaîtraient ainsi comme accidentels ou le résultat d'erreurs politiques.
L'enjeu n'est pas de réduire tous les arguments et analyses à une notion abstraite du capitalisme qui rendrait toute discussion concrète superflue. Au contraire, les apparences concrètes ne peuvent être interprétées qu'en étudiant soigneusement leurs connexions internes - non seulement entre elles, mais aussi avec la totalité des relations capitalistes, qui est indéniablement plus grande que la somme de ses parties.
En effet, nous sommes confrontés à des défis d'une ampleur et d'une complexité sans précédent. En effet, ils appellent des réponses et des ruptures radicales. Pour ce faire, cependant, nous devrions être en mesure d'appeler le coupable par son nom en premier lieu. Et peut-être choisir notre camp plus soigneusement à la lumière des histoires de crise entrelacées en jeu. Collaborerons-nous avec les gouvernements et les institutions complices de décennies d'écocide, d'agression impérialiste et belliciste, d'appauvrissement des classes ouvrières dans notre pays et à l'étranger, et d'oppression des "ravages de la terre", ou nous organiserons-nous parmi et avec les classes ouvrières et les opprimés pour lutter pour un avenir libéré de la domination du capital ?
Bibliographie :
- (1) Chang, Ha-Joon. 2002. Kicking Away the Ladder. Economic Strategy in Historical Perspective. London: Anhtem.
- (2) Gerbaudo, Paulo. 2022. “In World of Overlapping Emergencies We Need New Forms of Price Stabilization” https://agendapublica.elpais.com/noticia/18172/world-of-o...
- (3) Kapp, K. William. 1971. The Social Costs of Private Enterprise. New York: Schocken Books.
- (4) Mazzucato, Mariana. 2021. Mission Economy: A Moonshot Guide to Changing Capitalism. London: Penguin.
- (5) Mazzucato, Mariana. 2020a. “Capitalism’s Triple Crisis” https://www.project-syndicate.org/commentary/covid19-cris...
- (6) Mazzucato, Mariana. 2020b. “The Covid-19 Crisis Is a Chance to Do Capitalism Differently” https://www.theguardian.com/commentisfree/2020/mar/18/the...
- (7) Mazzucato, Mariana. 2018. The Value of Everything: Making and Taking in the Global Economy. London: Penguin.
- (8) Moore, Jason W. 2015. Capitalism in the Web of Life: Ecology and the Accumulation of Capital. London: Verson
- (9) Nelson, Eshe. 2019. “One of the World’s Most Influential Economists is on a Mission to Save Capitalism from Itself” https://qz.com/1669346/mariana-mazzucatos-plan-to-use-gov...
- (10) Pradella, Lucia. 2014. “New Developmentalism and the Origins of Methodological Nationalism” In Competition and Change 18 (2): 180-193. https://journals.sagepub.com/doi/epub/10.1179/1024529414Z...
- (11) Rumbelow, Helen. 2017. “Don’t Mess with Mariana, the World’s Scariest Economist” https://www.thetimes.co.uk/article/dont-mess-with-mariana...
- (12) Tooze, Adam. 2022a. “Defining Polycrisis – From Crisis Pictures to the Crisis Matrix” https://adamtooze.com/2022/06/24/chartbook-130-defining-p...
- (13) Tooze, Adam. 2022b. “Welcome to the World of the Polycrisis” https://www.ft.com/content/498398e7-11b1-494b-9cd3-6d669d...
- (14) Weber, Isabella M. 2022. “Isabella M. Weber Says More …” https://www.project-syndicate.org/onpoint/an-interview-wi...
Fonte: developingeconomics.org
20:22 Publié dans Actualité, Economie, Théorie politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actyualité, économie, capitalisme, polycrise, théorie politique, politologie, sciences politiques | | del.icio.us | | Digg | Facebook
vendredi, 16 décembre 2022
Les "rouges-bruns" ou les "bolcheviques nationaux"?
Les "rouges-bruns" ou les "bolcheviques nationaux"?
Matteo Luca Andriola
Source: Facebook de M. L. Andriola
Le terme "rouge-brun" est souvent utilisé dans le langage courant pour discréditer ceux qui, à partir de positions d'extrême gauche, remettent en question certains postulats de la pensée libérale. Le terme est né en Russie en 1991 et a été inventé par l'entourage lié à Boris Eltsine pour discréditer le CPFR de Gennadij Zjouganov qui, par le biais du "Front du salut national", mettait en œuvre l'entente inédite entre communistes et nationalistes russes. Le projet sera immédiatement imité et étudié par des noyaux militants issus du radicalisme de droite et nourris par les suggestions nationalistes-européennes de Jeune Europe de Jean Thiriart (1962-1969), un mouvement nationaliste-européen qui, comme l'ont documenté de nombreux historiens - je cite le professeur Aldo Giannuli dans son livre sur Ordine Nuovo, écrit avec son assistant Elia Rosati - entretenait des contacts, par le biais des renseignements locaux, avec la République populaire de Chine, la Roumanie socialiste de Nicolae Ceaușescu et plusieurs pays arabes anti-sraéliens, comme l'Égypte de Gamal Abd el-Nasser (ou plutôt la RAU, qui unissait l'Égypte et la Syrie).
Mais l'épithète journalistique "rouge-brun" - à mon avis à oublier et à ne pas utiliser dans le domaine académique sauf entre guillemets - plutôt que d'indiquer une certaine gauche antilibérale (elle a été utilisée, par exemple, pour stigmatiser Jean-Luc Mélenchon pour ses critiques de l'UE et son abstention lors du scrutin opposant Emmanuel Macron à Marine Le Pen, ainsi que pour critiquer le secrétaire communiste italien Marco Rizzo pour sa critique courageuse de l'UE, de l'OTAN et de l'euro qui ne plaisait pas aux opposants liés à l'extrême gauche post-communiste) serait plus approprié pour nommer une branche particulière du nationalisme européen.
Les photographies susmentionnées représentent en fait les militants nationaux-bolcheviques français de la Nouvelle Résistance de Christian Bouchet, fondée en août 1991, un mouvement qui était idéologiquement - comme Nuova Azione et plus tard le Mouvement antagoniste de l'Italien Maurizio Ulisse Murelli autour de la revue Orion - tercériste, perspective révolutionnaire nationaliste, national-européenne, écologiste, ethno-pluraliste et ethno-régionaliste, succédant directement à la Troisième Voie de Jean-Gilles Malliarakis (qui se manifesta de 1985 à 1991) et reprenant l'héritage du mouvement national-européen et national-communautaire Jeune Europe de Jean Thiriart (période de 1962 à 1969).
Dans le sillage du solidarisme et du tercérisme des années 1960 et 1970, le mouvement national-bolchevique s'avère être, en termes d'idéologie et de praxis, l'une des composantes les plus originales de la droite radicale européenne, bien qu'il nie son appartenance à cette famille politique au même titre que la Nouvelle Droite.
Selon le professeur Jean Yves Camus, les référents historiques et idéologiques de ce "nouveau" national-bolchevisme (mais il devrait être appelé "national-communisme" ou, étant donné le lien avec Jeune Europe, "national-communautarisme") sont différents :
"Le courant national-bolchévique désigne certains théoriciens de la révolution conservatrice allemande appartenant, pour reprendre la classification d'Armin Mohler, à la fois au mouvement nationaliste-révolutionnaire (notamment Ernst Niekisch) et à certains du national-bolchévisme (Karl-Otto Paetel ; Fritz Wolfheim ; Heinrich Laufenberg), qui ont tenté d'élaborer dans l'Allemagne de Weimar une synthèse entre le nationalisme et le communisme (une sorte de "communisme national"), au point de passer de l'opposition au nazisme à sa liquidation par celui-ci. Il faut se souvenir de l'influence [...] d'une partie de la "Nouvelle Droite". A cela s'ajoute un autre auteur allemand de cette époque : Hans Blüher, qui place au centre de son idéologie la notion de "communauté masculine" (une communauté de combattants dont l'Eros masculin est le ciment) qui a été le fondement du mouvement Wandervogel. L'autre référence idéologique importante [...] est le groupe Jeune Europe (1960-1969) créé par le Belge Jean Thiriart (1920-1992). Ce dernier a été le premier, dans l'univers de la droite radicale européenne (Francis Parker Yockey, aux États-Unis, avait défendu la même thèse), à abandonner toute référence à l'État-nation et au nationalisme classique pour élaborer un "nationalisme européen". C'est une question de grande importance pour l'avenir de l'Union soviétique et pour l'avenir de l'Europe" [1].
L'un des référents des nationaux-bolcheviks, disions-nous, est la Nouvelle Droite, un courant de pensée né après 68 autour du GRECE (Groupement de recherches et d'études pour la civilisation européenne), un centre d'études français. La première synthèse idéologique diffusée par le GRECE et sa principale revue, Nouvelle École, entre 1968 et 1972, mettra l'accent sur l'inégalité et le déterminisme génétique : l'ennemi principal est évidemment le mouvement communiste. Le centre d'études va tenter de mener une "guerre culturelle" en se présentant dans les années 1970-1980 comme "hostile au marxisme et à toutes les formes de gauchisme et de subversion" [2] et en mettant en place dès le départ "une action métapolitique sur la société". Une action consistant à répondre au 'pouvoir culturel' [marxiste] sur son propre terrain: avec un contre-pouvoir culturel" [3].
Entre 1972 et 1979, une nouvelle formulation doctrinale fait son apparition, fondée sur l'anti-égalitarisme et le paganisme européiste: un néo-aristocratisme "nietzschéen" s'articule bel et bien avec un "antiracisme" différentialiste et une doctrine "scientifique" de l'identité culturelle, à partir de l'intégration des travaux de l'anthropologue et spécialiste de la civilisation indo-européenne Georges Dumézil. Un culturalisme de droite, donc, dont le principal adversaire devient l'égalitarisme d'origine monothéiste. Entre la fin des années 1970 et le milieu des années 1980, on assiste enfin à un ultime retournement idéologique, autour du tiers-mondisme différentialiste, du postmodernisme "de droite" et de la redécouverte du "sacré" et du paganisme comme fondement de l'identité européenne "profonde", toutes réflexions que l'on retrouvera aussi bien dans le mouvement national-bolchevique que dans le mouvement identitaire, qui s'inspirera largement des réflexions de l'aile völkisch de la Nouvelle Droite, à savoir les réflexions de Dominique Venner, Jean Mabire, Robert Steuckers, Guillaume Faye, etc. Sur tout domine la défense de l'enracinement, le respect absolu des différences contre "les promoteurs d'une perdition de l'humanité", ceux qui incarnent le condominium américano-soviétique. La Nouvelle Droite se présente comme le promoteur de la défense tous azimuts de la diversité et de la tolérance contre celle de l'uniformité impériale et de la déculturation des peuples, le soi-disant "mondialisme". L'ennemi principal se déplace à nouveau, prenant un visage inattendu, celui de l'Amérique, de l'occidentalisme, de l'atlantisme.
Plus explicitement que la Nouvelle Droite et le GRECE d'Alain de Benoist, les nationaux-bolcheviks, tirant également leur sève des disciples d'Ernst Niekisch "désireux de synthétiser le prussianisme et le bolchevisme en s'alliant à la Russie communiste" [4] et luttant contre la République de Weimar et l'ordre imposé à Versailles par les forces de l'Entente, actualiseront leur lutte, non seulement métapolitique mais aussi militante, contre le "nouvel ordre mondial" mondialiste. Mais il ne s'agit pas d'une simple re-proposition de la pensée de Niekisch, mais d'une actualisation de celle-ci, le "national-communisme". Selon le groupe italien Orion, le terme "national-communisme" doit être compris comme suit : "... la fusion parfaite (fusion et non assemblage opportuniste) entre l'essence de l'enseignement de la droite historique, fondé sur les bases d'une métaphysique réellement vécue et perçue, c'est-à-dire la réalité de l'esprit comme supérieur aux lois de l'économie, et l'enseignement marxiste, c'est-à-dire la science de l'extinction de la domination du profit sur les esprits et les émotions des hommes. Le national-communisme est la fusion de l'idéologie de droite de l'Empire, comprise comme société humaine régie par les valeurs de l'esprit, et de la sociologie marxiste comme la plus parfaite des sciences sociales dans la réalisation d'une structure qui rende réellement possible l'expression de la spiritualité dans l'histoire et la science humaines" [5].
Maurizio Murelli (photo) donnera sa propre définition précise de la "nouvelle synthèse" national-communiste hérétique :
"Dépasser la 'droite' et la 'gauche' ne signifie pas que l'une de ces deux considérations idéologiques doit nécessairement infiltrer ou asservir l'autre. Il ne s'agit pas non plus de produire des sommes alchimiques entre le "rouge" et le "noir". La nouvelle synthèse politique signifie une présence consciente et volontaire face aux décombres et surtout face à l'insupportable agression de la Haute Finance qui vise à imposer le Nouvel Ordre Mondial ; elle signifie la présence d'hommes de diverses origines qui ont traversé les vastes plaines idéologiques de diverses longitudes et latitudes, et non d'hommes qui se laissent engloutir par les marécages dogmatiques" [6].
L'un des théoriciens de cette "nouvelle synthèse" est Carlo Terracciano, le "père" de la géopolitique eurasiste dans la "zone" Italie. Il va jusqu'à historiciser le fascisme et le national-socialisme - bien que des liens forts subsistent compte tenu du contexte de la rédaction historique de la revue Orion -, ce qui permet une relecture critique : dans "Rote Fahne und Schwarze Front - La leçon historique du national-bolchevisme", essai d'introduction au volume National-bolchevisme d'Erich Müller (Barbarossa, 1988), Terracciano, qui analyse l'expérience de la composante nationale-bolchevique révolutionnaire-conservatrice, les théories de Pierre Drieu La Rochelle, Emmanuel Malynski, de l'aile sociale du fascisme et du national-socialisme (le "fascisme révolutionnaire"), etc. , trace les lignes de l'actualisation de ces expériences, le "national-communisme", au-delà du nationalisme et du communisme des 19ème et 20ème siècles :
"Aujourd'hui, le nationalisme est compris comme l'enracinement ethnique, historique, culturel en sa propre terre, modifié jusque dans son paysage par des millénaires de culture, dans la 'petite' et la 'grande' patrie, jusqu'à s'étendre à l'unité du continent eurasien. Quant au 'communisme', il va bien au-delà de la pensée de Marx et Lénine et de leurs disciples, il le précède de millénaires dans sa théorie et sa pratique des communautés paysannes, des ordres monastiques-guerriers, des peuples, des empires entiers" [7].
Pour Terracciano, il existait un communisme pré-marxiste qu'il fallait redécouvrir, un "national-communautarisme" qui, au-delà de la scientificité de Karl Marx et Friederich Engels, montrait que l'homme n'est pas une monade individualiste mais un animal communautaire (...) Le national-communisme n'est donc pas un fatras confus comme on pourrait le penser au premier abord, la somme du communisme et du national-socialisme ou du fascisme mais, dans une phase historique comme les années 1980-1990 où, suite aux changements économiques et structurels concernant la transition de l'accumulation "fordiste" ou, comme on l'appelle, de l'accumulation rigide [à] l'accumulation post-fordiste ou flexible, qui ont marqué son histoire au cours du siècle dernier jusqu'à nos jours" [8], une rediscussion des idéologies modernes, jugées incapables par l'avènement de la post-modernité et de la "pensée faible", se manifeste dans les domaines politico-culturel et philosophique. Le "national-communisme" - également élaboré par d'autres sodalités intellectuelles, comme dans l'espace franco-belge par la Nouvelle Droite, s'appuyant également sur l'héritage de Jeune Europe de Jean Thiriart [9] - est perçu comme la réponse, surfant sur la crise des idéologies non pas en les archivant, mais en en élaborant de nouvelles.
La "nouvelle synthèse" national-communiste va jusqu'à proposer audacieusement - tout en étant conditionnée par la Nouvelle Droite - l'union des idéaux du "fascisme-mouvement" (selon l'expression inventée par Renzo De Felice) avec ceux du bolchevisme d'avant le régime, avec un regard sur le monde islamique (en particulier l'Iran de Khomeini) et la spiritualité russe, un projet national-communiste où l'espace culturel se trouve "en plus de la SS", de Degrelle et du Rexisme, d'Evola et de Guénon, des auteurs "interdits" - de Brasillach à Drieu La Rochelle à Codreanu - et des "fascistes hérétiques" à la Berto Ricci, des théoriciens de la révolution konservatrice allemande, d'autres figures "irrégulières" comme Noam Chomsky plutôt que le communiste-fondamentaliste Zjouganov, et même les mythes de la gauche, de Mao Dzedong à Che Guevara". [10]
Comment affronter, alors, un mouvement de pensée novateur qui a non seulement conditionné des mouvements radicaux tels que les mouvements nationaux-bolcheviques et identitaires, mais qui voit certains de ses principaux intellectuels se détacher formellement de la maison mère militante et greciste, à travers un réseau bien établi de revues et de centres d'études, dans le national-populisme, en essayant de l'orienter, en vain, vers des rivages post-libéraux, anti-mondiaux et anti-américains, un courant qui n'a jamais cessé de transformer les pensées élaborées par la gauche, en les repensant à sa manière ? Pierre-André Taguieff consacre une partie importante de son livre Sur la Nouvelle Droite à ce problème, prenant ses distances avec l'approche diabolisante adoptée dans les campagnes de délégitimation orchestrée par la gauche française, centrées sur la prétendue "nazification" de GRECE et de Benoist, campagne dénigrante qui a débuté à l'été 1979, puis s'est réactivée en 1992-1993 suite aux relations avec Alexandre Dougine, à l'époque théoricien du national-bolchevisme russe, puis du néo-eurasianisme et de la "Quatrième théorie politique", et critiquée de nos jours pour son ouverture à Antonio Gramsci, à la pensée écologiste de la décroissance heureuse de Serge Latouche, et aux intellectuels communitaristes de formation marxienne et socialiste comme Costanzo Preve et Jean-Claude Michéa.
La confrontation avec la Nouvelle Droite et ses "dissidents" doit, au contraire, se fonder - comme l'a d'abord soutenu Raymond Aron - non pas sur l'anathème, mais sur la "réponse intellectuelle" et la création d'une "pensée forte" marxiste, communautaire et anti-impérialiste, capable de s'opposer au prétendu "marxisme occidental" et au post-modernisme. Comme la "réponse intellectuelle" illustrée par Taguieff, qui, précisément à partir de la nécessité de répondre au culturalisme de de Benoist, arrive à la formulation du concept de "néo-racisme différentialiste", qui est maintenant entré dans la boîte à outils des historiens et des sociologues [11].
NOTES :
[1] J.-Y. Camus, " Une avant-garde populiste : "peuple" et "nation" dans le discours de Nouvelle résistance ", in Mots, n°55, juin 1998, pp. 128-129.
[2] R. De Herte [A. de Benoist], "Le terrorisme intellectuel", in Élément, n° 3, janvier 1974.
[3] R. De Herte [A. de Benoist], "La révolution conservatrice", in Éléments, n° 20, février-avril 1977, p. 3.
[4] Matteo Luca Andriola, La nouvelle droite en Europe. Il populismo e il pensiero di Alain de Benoist [2014], Paginauno, Milan 2019, p. 45.
[5] Ce qu'il faut entendre par national-communisme, dans Orion, nouvelle série, mai 1994.
[6] M. Murelli, Le projet, dans Orion, nouvelle série, février 1993, p. 1.
[7] C. Terracciano, "Rote Fahne und Schwartze Front" : la lezione storica del nazionalbolscevismo, in E. Müller, C. Terracciano, Nazionalbolscevismo, Edizioni Barbarossa, Saluzzo 1988, p. 47.
[8] R. Finelli, Globalisation, postmodernisme et "marxisme de l'abstrait", in Consecutio temporum. Revue critique de la postmodernité", a. I, n° 1, juin 2011. Cf. également R. Bellofiore, Après le fordisme, quoi ? Le capitalisme de fin de siècle au-delà des mythes, dans R. Bellofiore (ed.), Le travail de demain. Globalizzazione finanziaria, ristrutturazione del capitale e mutamenti della produzione, Biblioteca Franco Segantini, Pisa 1998, pp. 23-50 et D. Harvey, The Crisis of Modernity. Réflexions sur les origines du présent, tr. it. par M. Viezzi, Net, Milan 2002, pp. 151, 152.
[9] Cf. C. Terracciano, " Jean Thiriart : prophète et militant ", dans Orion, nouvelle série, n° 252, septembre 2005.
[10] Marco Fraquelli, À la droite de Porto Alegre. Perché la Destra è più no-global della Sinistra, Rubbettino, Soveria Mannelli 2005, p. 64.
[11] Pierre-André Taguieff, Sur la nouvelle droite. Itinerario di un intellettuale atipico, Vallecchi, Florence 2003, pp. 347-398.
20:45 Publié dans Histoire, Théorie politique | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : maurizio murelli, carlo terracciano, italie, rouges-bruns, national-communisme, nationalisme révolutionnaire, national-bolchevisme, nouvelle droite, histoire | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Dostoïevski antimoderne et fantastique dans Le Crocodile
Dostoïevski antimoderne et fantastique dans Le Crocodile
Le texte est enfin proposé en langue italienne par les éditions Adelphi, sous la direction de Serena Vitale.
par Giovanni Sessa
Source: https://www.barbadillo.it/107166-dostoevskij-antimoderno-...
Fëdor Dostoïevski est un maître incontesté de la littérature moderne, ainsi qu'un annonciateur prophétique, avec Nietzsche, du nihilisme qui se déploiera pleinement au 20ème siècle. En 1865, un an après avoir publié l'extraordinaire Les carnets du sous-sol, il publie un écrit à la fin incertaine et suspendue, intitulé Le Crocodile. Le texte est enfin proposé en langue italienne par la maison d'édition Adelphi, sous la direction de Serena Vitale (pp. 97, euro 12,00). Il s'agit d'une nouvelle "anormale", qui ne s'aligne pas, en termes de forme et de contenu, du moins à la première approche superficielle, sur les grands romans de l'écrivain russe. Dans ces pages, Dostoïevski présente, de manière exaltante, en amusant et en divertissant le lecteur, une histoire fantastique, un récit qui remet en question les certitudes de tout réalisme, tant d'un point de vue gnoséologique que littéraire.
Le Crocodile de Fédor Dostoïevski
Il utilise un nouveau langage, inhabituel dans la littérature russe (et autre) de la seconde moitié du 19ème siècle, grâce auquel dans l'histoire : "les anneaux de la conséquentialité sont desserrés et l'indigence du déterminisme causal est démasquée" (p. 97). L'auteur va au-delà du logocentrisme, montrant, en fait, que l'humour et la facétie sont capables, paradoxalement, de réfuter les certitudes apodictiques, ubi consistam de la pensée moderne et positiviste. La disparition des certitudes, nous dit l'écrivain, ouvre le doute universel, la suspension du jugement. C'est pourquoi les vicissitudes du protagoniste du Crocodile n'ont pas de conclusion réelle et congrue. La fin reste inconcevable, indéterminée, comme il en va du projet de vie de tout homme. Le récit se déroule à Saint-Pétersbourg, une ville qui vit sur l'abîme du possible, où tout peut arriver, même l'impensé. Dans une boutique du Passage, la première élégante galerie marchande de la Russie tsariste qui, à l'instar des Passages parisiens évoqués par Benjamin, était censée célébrer les gloires du capitalisme galopant, un exemple de la "préhistoire de la modernité", un Allemand expose au public, moyennant paiement d'un ticket, un animal exotique, un crocodile.
Le fonctionnaire ministériel de bas rang, Ivan Matveič, arrogant, imbu de sa personne, comme tout progressiste qui se respecte, décide d'accompagner, avec un ami (le narrateur), sa femme Elena Ivanovna, représentante typique de la nouvelle bourgeoisie et cliente des magasins du Passage, pour une visite de l'étrange animal. Matveič taquine le nez du crocodile avec son gant et le crocodile, en réaction, attrape l'homme et n'en fait qu'une bouchée. Alors que les personnes présentes discutent entre elles pour savoir s'il serait opportun d'ouvrir le ventre de l'animal et de libérer le malheureux, celui-ci affirme qu'il se trouve bien dans les entrailles du crocodile et annonce sa décision catégorique de rester là où il est. Il croit, en effet, que loin de la société et de ses amusements, il peut devenir un grand réformateur politique, proclamant qu'il veut devenir le "nouveau Fourier". De grandes foules, bien sûr, dès le lendemain, pour voir le "monstre" et de grosses recettes pour le propriétaire. Pendant les visites, le protagoniste ne fait que radoter sur le sort progressif de l'humanité et de la patrie russe.
Il est probable qu'avec ce personnage, Dostoïevski a parodié Tchernyševski et les penseurs "révolutionnaires" de l'époque en laquelle il vivait. En bref, l'écrivain, reprenant des motifs du Nez de Gogol, préfigure le triomphe de la bourgeoisie, le culte du profit, et photographie de manière humoristique et déconstructive le "nouveau monde" qui s'annonce, selon lui, sous le trait du "monstrueux". Le crocodile n'est pas simplement un "méfait", comme l'auteur voudrait nous le faire croire, mais, note Vitale, une histoire de cupidité et de mesquinerie. Le propriétaire allemand de l'animal se préoccupe, en bon bourgeois, "de l'animal uniquement parce qu'il est une source de profit" (p. 93). L'épouse du malheureux fonctionnaire, séductrice et fatale: "elle semble pleurer surtout parce qu'elle sait que les larmes lui font du bien et bientôt [...] elle trompe son mari " (p. 93). Le fonctionnaire ministériel auquel son ami s'adresse pour obtenir de l'aide et des conseils "ne devient plus aimable qu'après que les sept roubles que [...] Matevič lui a fait perdre aux cartes lui ont été rendus" (p. 93). Malgré le triomphe imminent du monde bourgeois, le Saint-Pétersbourg de ces pages, une ville animée par la nomenklatura, dans laquelle les hiérarchies n'ont qu'une fonction formelle et non substantielle, plane la possibilité de l'impossible. Dans celui-ci, tout peut arriver, indiquant, entre autres, que le cours de l'histoire n'est jamais nécessaire, prédéterminé par le triomphe du Zeitgeist. Matevič est l'incarnation du formalisme bourgeois de l'époque, puisque, immédiatement après avoir été avalé par le " monstre ", il déclare: "Ma seule préoccupation est de savoir comment mes supérieurs vont le prendre" (p. 94).
Le Crocodile n'est pas une simple pierre d'achoppement sur le chemin de la pensée de Dostoïevski. C'est précisément en tant qu'"exception" qu'il condense l'antimodernisme de l'auteur qui, dans les œuvres considérées comme "majeures", prendra des traits slavophiles et "anti-papistes". Au-delà, l'écrivain montre, notamment dans les dialogues hilarants des personnages (l'humour, à ce niveau de subtilité herméneutique et dévoilante, ne nous semble reconnaissable dans la littérature moderne que dans Le Cercle de Pickwick de Dickens) que la "fantaisie" est l'outil vers lequel se tourner pour dépasser le monde "monstrueusement" construit par l'utilitarisme. Le Crocodile est un livre divertissant et, pour cette raison, un livre puissant.
*Le Crocodile de Fëdor Dostoïevski, Adelphi (édité par Serena Vitale)
19:59 Publié dans Littérature, Livre, Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : dostoïevski, lettres, littérature, lettres russes, littérature russe, livre | | del.icio.us | | Digg | Facebook
jeudi, 15 décembre 2022
Attaques contre Nord Stream: Wagenknecht s'interroge - le gouvernement allemand reste muet
Attaques contre Nord Stream: Wagenknecht s'interroge - le gouvernement allemand reste muet
Source: https://zuerst.de/2022/12/15/nord-stream-anschlaege-wagenknecht-hakt-nach-die-bundesregierung-bleibt-stumm/
Berlin. Deux mois et demi après l'attentat à l'explosif contre les deux gazoducs Nord Stream, le gouvernement allemand reste extrêmement muet, soit qu'il ne dispose pas de nouvelles informations, soit qu'il ne souhaite pas les communiquer.
Sahra Wagenknecht, députée du parti Die LINKE au Bundestag, ne veut pas en rester là. Dans une nouvelle question écrite adressée au gouvernement fédéral, elle avait demandé ce que l'on savait des "Dark Ships", qui auraient navigué à proximité du lieu de l'attentat quelques jours avant celui-ci, le 26 septembre. Le journal informatique américain Wired a fait état il y a quelque temps de ces deux navires qui avaient éteint leurs balises de localisation (cf.: https://www.wired.com/story/nord-stream-pipeline-explosion-dark-ships/ ). La société américaine "SpaceKnow" avait analysé les données satellites pertinentes et les avait mises à la disposition de l'OTAN. Wagenknecht a demandé si le gouvernement en avait pris connaissance et quelles conclusions il en avait tirées.
Mais le gouvernement allemand continue de faire la sourde oreille. Le ministère de la Justice a refusé de répondre ces jours-ci. Dans une réponse écrite, le secrétaire d'Etat Benjamin Strasser indique de manière voilée que "l'Office fédéral de la police criminelle et la police fédérale ont été chargés d'assurer les tâches de police dans le domaine de la poursuite pénale". Cette fois encore, le gouvernement fédéral se retranche derrière de prétendus intérêts de confidentialité et refuse de fournir des informations plus détaillées - l'intérêt du Parlement à être informé doit "passer après l'intérêt légitime de confidentialité pour protéger les enquêtes en cours". Une information "rendrait concrètement plus difficiles, voire impossibles, des mesures d'enquête plus approfondies", suggère le secrétaire d'État.
Il y a pourtant de nouvelles informations - et elles ne sont pas du tout confidentielles, mais se trouvent dans une expertise de l'organisation de protection de l'environnement "Greenpeace". Il s'agissait en fait de documenter les dommages environnementaux causés par les fuites des pipelines. Il s'avère que les pipelines ont dû être endommagés par environ 200 à 400 kilos d'explosifs.
Les médias suédois spéculent également sur le fait que les "Dark Ships" pourraient provenir de Karlskrona. Là encore, les images satellites le prouveraient. Mais le gouvernement suédois garde lui aussi un profond silence. Sahra Wagenknecht estime que c'est inacceptable : "Si l'on bafoue à ce point le droit à l'information, il ne faut pas s'étonner que l'on spécule publiquement sur le fait que le gouvernement n'est pas du tout intéressé à faire la lumière sur cet acte de sabotage unique", a-t-elle déclaré mardi. (st)
Demandez ici un exemplaire gratuit du magazine d'information allemand ZUERST ! ou abonnez-vous dès aujourd'hui à la voix des intérêts allemands !
Suivez également ZUERST ! sur Telegram : https://t.me/s/deutschesnachrichtenmagazin
21:43 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sahra wagenknecht, allemagne, europe, affaires européennes, nord stream 2, gazoducs, mer baltique | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Hollywood et la théorie de la conspiration
Hollywood et la théorie de la conspiration
Nicolas Bonnal
Certains pensent qu’Hollywood est une des simples agences de notre bon Etat profond US. On sait par exemple que la CIA a imposé dans le monde les musées actuels et l’expressionnisme abstrait, bref toute l’entropie artistique contemporaine. Les patrons de la CIA sont ces « fils à papa sortis de l’Ivy League » (Manfred Holler) qui ont toujours géré au mieux les intérêts financiers et les collections d’art des familles à Wall Street ; d’autre part les grandes stars (Fred Astaire, John Wayne, James Stewart) ont toujours accompagné l’agenda impérial américain. On sait aussi que l’Exorciste de Friedkin fut produit et écrit par William Peter Blatty (CIA officiel) et servait un objectif de reprise en main des populations en Occident ; il servit peut-être aussi à justifier la campagne globale d’avortement et la triple guerre contre le pauvre Irak (revoyez l'effrayant début dans cette perspective).
D’autres pensent au contraire qu’Hollywood, comme la presse, sert la liberté et dénonce les excès du gouvernement et des sévices secrets ! Serge de Beketch me disait que là se trouvait la combine: une série comme X-Files pouvait servir des agendas gouvernementaux bien précis, comme par exemple de déconsidérer les théories de ceux qui doutent. On dénonce bêtement ou excessivement tels excès – et la brave dénonciation s’annule d'elle-même. Un épisode de Deux fics à Miami montrait comment le gouvernement exploite le delirium extraterrestre pour monter des opérations psy et essayer de nouveaux systèmes d’armement. Les extraterrestres, c’est la guerre froide ! Un autre se moquait génialement des télévangélistes, contraints d'en rajouter pour recevoir des dons.
On va parler de huit films, car comme on sait le huit est le nombre de la CIA.
Matrix : produit pour jeunes universitaires en mal de techno-glose. C’est certainement le plus conspiratif et le plus gnostique de nos films. La réalité est un bandeau agité devant notre naseau. Mais nous préférons la mauvaise pilule à la bonne. C’est que le monde décrété vrai des frères Washowski (depuis mués en transsexuels) est pire que celui qu’ils veulent détruire. Voyez Matrix 2 ! A noter que le mérovingien popularisé par le da Vinci Code est venu nous saluer dans le deuxième navet pour nous rappeler combien le prieuré de Sion importe à nos élites globales. Ce qu’apprend Matrix c’est qu’on préfère la matrice à la réalité. C’est la leçon de Cypher avec son beefsteak. Voyez les idiots du village médiatique qui se rassemblent à Portmeirion pour répéter la partie d’échecs du prisonnier. Ils préfèrent la matrice de la série à la réalité du paysage ou à la fuite du personnage. Un autre beau rôle anti-christique de Keanu Reeves est bien sur l’Associé du diable, tourné dans l’appartement de Donald Trump sur Central Park.
Red : film décalé et culotté, qui voit Bruce Willis parodier enfin ses rôles de sauveur du monde ! On se moque de la CIA, des Merkel de la CIA, des Macron de la CIA, on humilie le vice-président, on parodie la survie avec un tordant John Malkovitch et on réconcilie même l’Amérique et la Russie par une histoire d’amour. La suite est aussi déjantée, avec allusion à Wikileaks et aux « rock stars de la tuerie de masse conceptuelle »…
Opération espadon : je me souviens de l’article de Charlie Hebdo qui en parlait en septembre 2001. Le film de Dominic Sena, avec un John Travolta en pleine forme démontre froidement que les services secrets occidentaux débauchent les hackers et organisent eux-mêmes les attentats pour calmer leurs populations et punir tous les Irak de la planète. A transmettre à Bollyn.com ; pour Charlie c’est tard.
Hors de contrôle (Edge of darkness) : un bon chrétien nommé Mel Gibson venge sa fille (une actrice serbe !) martyr de l’Etat profond et aussi d’une association d’activistes écologiques. Le produit britannique est cruel et rend bien parano. Le film s’attaque moins au nucléaire qu’à ce qui le protège, les polices parallèles, la violence cryptée, les territoires interdits (nous sommes entourés de barbelés, plus que les troupeaux). Une naïve référence à la presse libre. Mais comme disait Serge de Beketch, les gens ont besoin de vaseline (il le disait à propos d’Erin Brokovitch).
Shooter : un film très audacieux du talentueux cinéaste black Antoine Fuqua. Un sniper piégé par l’Etat profond (il est un patsie, comme le pauvre Oswald) se venge et massacre tout son monde, l’US sénateur compris. Comme dit Fuqua, le bon gros panel a préféré cette fin - on lui en proposait une moins vengeresse. Le FBI y est présenté comme une gentille et professionnelle agence luttant (avec le NYT ?) contre les pourris de notre Etat profond.
L’invasion des profanateurs de sépulture : grand classique des années cinquante censé critiquer l’anticommunisme de Forrestal selon Oliver Stone ! Je ne suis pas d’accord (en plus Forrestal fut décrété fou et liquidé). Le film explique justement que les êtres humains renaissent comme alias avec des pods ; comme vous avec votre portable, avec votre personnalité électronique et tout le reste. Le body snatcher ? Un connecté, dépossédé de lui.
En quatrième vitesse : le classique des classiques, ma première critique de cinéma à l’Idiot international. Le meilleur film noir du cinéma américain, tourné aussi sur l’Etat profond, le nucléaire, la peur du nucléaire, l’art contemporain, le FBI et toute leur panoplie. Le réalisateur est Robert Aldrich, propre neveu du sénateur-fondateur de la Fed marié à une fille Rockefeller. On rappelle que la Fed fut créée en 1913 pour financer la guerre l’année suivante. Le cas Aldrich montre que le serpent de la connaissance se mord la queue.
Demolition man : un film maudit et oublié, avec Stallone et Sandra Bullock, qui montre une société futuriste carrément eunuque, et dirigée suivant des règles presque brahmaniques par un gourou nommé Cocteau. Mais ce dernier veut renforcer son pouvoir et cela va causer sa perte. Les amendes pleuvent en cas de gros mots prononcés à haute voix et une puce injectée contrôle et situe chaque citoyen. Demolition man montre la dictature démocratique arrivée à son sommet dont l'UE est la pure émanation. Il lui manque (en eurovision) à organiser des chasses aux complotistes. On est sur la bonne voie (revoyez le Prix du danger de Boisset, adapté aux USA d'ailleurs – avec Schwarzenegger dans le rôle du gibier).
Hollywood peut se permettre ce type de film. Le public n'y voit que du feu. Et il est idiot d'ignorer cette évidence : le système n'a pas besoin d'avancer par énigmes. La masse étant aveugle, on n'a pas besoin de lui bander les yeux.
21:29 Publié dans Cinéma, Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nicolas bonnal, cinéma, films, cinéma américain, hollywood | | del.icio.us | | Digg | Facebook