Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

mardi, 16 décembre 2008

Benjamin, Heidegger et la naissance de la modernité

heidegger.jpg

SYNERGIES EUROPÉENNES - VOULOIR (Bruxelles) - Juillet 1994

Pierre LE VIGAN:

Benjamin, Heidegger et la naissance de la modernité - Raison, Habitat, Expérience

"Tout est rappelé du passé, ce qui est à venir, qu'il soit attendu comme sempiternel" (Nietzsche).

Maurice de Gandillac rapporte qu'au XIIème siècle, les moines de Saint-Victor louent les marchands qui "explorent des rivages nouveaux", font connaitre de nouveaux  produits et "rendent commun ce qui était privé" (1). Un siècle après, le franciscain Duns Scot justifie les bénéfices des négociants par leur rôle d'intermédiaire. Là se situe selon M. de Gandillac "l'essentielle coupure de la véritable modernité". Une double idée s'insinue: la société doit "progresser", l'aptitude à cette progression n'est pas générale. Il y aura ce qu'Augustin appelait des "damnés": les laissés pour compte du progrès. Cette idée de progression sélective est une des sources de la modernité.

L'autre est la soif de connaissance. Au 15ème siècle, Nicolas de Cues rêve de mesurer l'ensemble du réel, y compris les propriétés physiques et physiologiques de l'homme. Aux catégories de l'être et de l'existant, il substitue en somme celle de l'existible, la catégorie de tout ce qui peut, potentiellement, exister. Pour autant que l'utilité en soit démontrable.  Dans le même temps, le mode d'apparaitre du monde devient identique à celui de Dieu, c'est-à-dire que l'univers apparait sans centre ni circonférence. Autrement dit, les conditions de la naissance de la subjectivité se mettent en place.

Selon Alain Touraine (2), cette dualité de la rationalisation et la subjectivisation est la définition même de la modernité. La modernité aurait assigné des tâches à deux "sujets": la raison et la conscience. La tâche de la première serait de comprendre le monde, celle de la seconde d'"humaniser l'homme". Le dérapage se serait produit au moment de la philosophie des Lumières qui aurait détruit ce dualisme "par orgueil" (en quelque sorte le pendant de la thèse de Furet sur le dérapage de la Révolution française entre 1789 - la "bonne" révolution - et 1793 - la "mauvaise").  D'où l'inclination de Touraine pour l'humanisme chrétien optimiste (selon lui Erasme, Marsile Ficin, ...) qu'il oppose à l'augustinisme pessimiste. D'où aussi son désaccord avec Louis Dumont situant plus en amont l'irréversibilité du mouvement conduisant à l'individualisme moderne. Reste l'accord sur la présence, aux sources de la modernité (c'est-à-dire de ce en quoi notre temps nous est propre), de la soif de connaissance, de l'utilisation de l'outil de la raison, de la recherche de la mesure, d'une forme nouvelle de la subjectivité individuelle et collective.

La valeur nouvelle de la notion de certitude marque la naissance de la modernité. C'est le signe des temps modernes. Heidegger s'y réfère dans l'interrogation suivante: "Mais qu'est-ce qui est plus étant, c'est-à-dire, d'après la pensée des Temps modernes, plus certain que la mort ?" (3). Or, la notion de certitude apparait avoir des affinités particulièrement fortes avec celles de raison et de sûreté. Sous deux aspects. D'une part, de ce qui est certain, on est sûr. Et ce qui est sûr (en lieu sûr) est sauf (sauvé). D'autre part, on n'est certain que de ce que l'on connait. Or, le principe de toute connaissance est la raison.  

Selon Heidegger, le principe de raison est le fond du fond, la raison de tous les principes et donc "la raison de la raison".  Etymologiquement, la "raison", c'est le "fond" (Grund), et aussi le "sol", l'"humus". Grund désigne le fond vers lequel nous descendons et auquel nous revenons, pour autant que le fond est ce sur quoi une chose repose, à quoi elle tient, d'où elle s'ensuit (4). Hegel distinguait le fond d'une chose et ce sur quoi elle repose.  Si Heidegger semble ici user d'un des sens seulement du mot "fond", le second, ce n'est qu'apparence. Ces deux notions sont liées: pour aller "au fond des choses", il faut voir ce sur quoi elles reposent. Ainsi, on ne connait les choses que compte tenu de leur fondement. Le sens du terme "compte tenu" est clair: la raison (Grund) est aussi ratio.  Elle est le compte de ce que l'on donne, et donc aussi de ce qu'il nous reste. Conclusion: la raison comme "compte", "calcul" suppose un jeu à somme nulle. Ce que je n'ai plus est à quelqu'un d'autre. Dit autrement: la raison suppose un monde fini (5).

Mouvement de quête, de recherche du fond, la raison ne se conçoit pas sans l'autonomie de la volonté. Il n'y a de raison que dans l'agir. "C'est la philosophie moderne (...), de Leibniz à Nietzsche, qui met en route la méditation de l'être comme agir, jusqu'à sa détermination ultime comme volonté de puissance", écrit Jean Beaufret (6).

De son coté, Husserl, s'interrogeant sur l'origine de la philosophie, la définit comme source de la raison. Or, on peut le considérer comme étant l'illustration fondatrice d'un néo-kantisme que Michel Clouscard situe justement "à l'origine de l'épistémologie de notre période culturelle" (7), et qui pose le principe d'identité de l'objet et du sujet de la connaissance. Kant voyait dans la révélation chrétienne l'auxilliaire de la raison. Husserl se rattache à ce point de vue quand il écrit, en 1935: "La vie de l'homme n'est autre chose qu'un chemin vers Dieu". Cette position fut aussi celle de Max Scheler. En somme, la philosophie serait née de Dieu et consisterait  à y retourner. De là, l'importance de la généalogie.

Evidemment, la difficulté commence quand on constate que la pratique de celle-ci n'est pas unique. Dans l'approche d'Alain, l'esprit apparait "développement de l'idée réelle". Dans celle  d'Hegel, "l'histoire de l'esprit est son acte", et le sens de l'acte est d'atteindre à la perfection et à l'universalité (8). Dans cette perspective, l'histoire de l'esprit, comme le notait justement Althusser, est  "processus sans sujet (...). C'est le procès lui-même qui est sujet".  Quand Husserl, pour sa part, définit le travail philosophique comme remontée aux sources de la raison (d'accord ici avec Dilthey), il en appelle à une méthode généalogique illustrée par Nietzsche. La remontée aux sources est en effet la méthode même de la généalogie. Mais celle-ci, plus que la simple génèse, comporte, dit Jean Beaufret, "une herméneutique plus essentielle". Elle s'occupe de ce qui, malgrè l'enchaînement des étapes, confère au produit le plus récent, donc le plus loin de l'origine, une étonnante proximité, néanmoins, de cette origine.  Or, la génèse existentiale chez Husserl comme chez Heidegger consiste en un questionnement sur ce dont le phénomène en tant que tel est porteur.  Dans cette optique, la généalogie ne peut être reconstitution de ce qui est déjà en germe, ni simple remontée à l'origine. Et c'est précisement en celà, grâce à cet écart par rapport à l'origine, que cette perspective permet l'historicité.

Si cet écart par rapport à l'origine se maintient jusque dans la quête de celle-ci, c'est dire que le primitif n'est pas l'originel.  La pensée grecque comme mâtrice, ce que Jean Beaufret appelle "la percée radieuse du monde grec" est héritière d'un "avant" encore dérobé. Peut-être parce que, comme dit Hölderlin, la pudeur, c'est ce qui "retient d'aller jusqu'à la source". De ce fait, le propos de la démarche généalogique n'est pas de s'engager dans le retour à un "monde de la vie" originel. Plutôt faut-il être à l'écoute de la parole reçue par les grecs, et par eux transmise - parole qui n'est donc pas originelle. Encore est-il besoin de s'entendre sur les conditions de la transmission - le temps, et sur la nature de l'acte d'écoute  - à savoir l'intention, et en somme sur la nature du "Je" et de la personne. 

Kant aperçoit bien le rôle constitutif du temps dans la constitution du "Je", mais il en conclut que cela atteste de la séparation du monde de l'être et du monde de la pensée. Le temps est ainsi conçu comme une limitation de l'être qui l'empécherait d'atteindre la complétude du monde de la pensée. Résumant Kant,  Pierre Trotignon écrit: "Marque de ma finitude, le temps est encore conçu comme une diminution d'être, comme une impossibilité pour notre existence d'être cet entendement intuitif à qui l'être se révélerait adéquatement"(9).

Le point de vue de Martin Heidegger sur la question du Je est fort différent.  Il parait bien compris par Georges Steiner qui écrit: "Ce n'est pas sous le rapport du "Je suis" que nous saisissons la nature de l'être avec le plus de facilité et d'assurance (Heidegger se sépare ici fondamentalement de l'"égoisme" de Descartes et de la fusion du sujet et de l'objet chez Kant et Fichte). Ni en fonction du "tu es" (comme le voudraient certaines écoles modernes de phénoménologie dialectique)." Heidegger voit dans le temps une forme de l'intention qui permet le dévoilement de l'être, sans donner accès "à la totalité et à l'unité des êtres" (10). En d'autres termes, le temps est un chemin, ce qui ouvre une toute  autre perspective que celle de Kant. Mais Heidegger dit aussi:"Tout est chemin". Ce qui est  sans doute dire qu'il n'y a pas de but. Et définit une position nettement distincte de celle de Husserl.

Dieu n'est plus alors, comme dans la vision de l'humanisme chrétien, le couronnement de la Création - la plus haute des "valeurs" - ce qu'Heidegger interprète comme une "dégradation de l'essence de Dieu" (Lettre sur l'humanisme). Dieu est alors, toujours dans la vision heideggerienne, au fond de toute chose. Ainsi que Goethe l'exprime poétiquement:

"Si l'oeil n'était pas parent du soleil, comment pourrions-nous voir la lumière, si la force de Dieu ne vivait pas elle-même en nous, comment serions nous transportés par les choses divines ?"

De son coté, Max Scheler émet sur la question du "Je" et sur celle de "l'intention" deux propositions. L'une est que "l'idée de personne n'a rien à voir avec les idées de Je". L'autre est que "ce qui appartient à l'essence de la personne, c'est de n'exister et de ne vivre qu'en effectuant des actes de visée intentionnelles". Le problème, c'est que ces deux propositions sont rigoureusement incompatibles. Il est en effet exact que la personne se définit par l'articulation entre une fonction adaptatrice et une fonction de ressourcement, entre une identité "idem" (celle du caractère) et une identité "ipsé" (celle de l'être), cette dernière jouant une fonction de réserve. Il est ainsi vrai que le "Je" devient personne, c'est-à-dire être-dans-le-monde en faisant apparaître au jour sa part la moins authentique, la moins personnelle, et de fait la plus banale. Mais, de ce fait même, il n'est pas évident que le propre de l'homme soit de "n'exister et de vivre qu'en effectuant des actes de visée intentionnelles". Tout au contraire peut-on penser que l'intention est une des notions les plus faiblement fondées qui soient, impensable en tout état de cause hors de ce que Bourdieu nomme l'"habitus". Conséquence: la première proposition de M. Scheler sur le "Je" et "la personne" apparait pertinente, mais la seconde fausse et contradictoire. 

Aussi faut-il resituer ce que peut être l'"écoute", une écoute non purement intentionnelle. L'écoute est d'abord écoute de la parole, et elle est aussi écoute qui recueille. D'où une double question: la parole et le recueil de la parole (en d'autres termes l'intérieur).

Heidegger définit la parole comme n'étant pas un discours (rationnel), mais un dire qui signifie. Aussi l'écoute de la parole n'est-elle ni immédiate, ni totale. Il y a écart entre le dit et le reçu. "Le signe est éternellement veuf du signifié", dit encore Gilbert Durand (11).

Le deuxième aspect soulevé est la question du recueil de la parole. Dans un texte intitulé Intérieur et expérience. Notes sur Loos, Roth et Wittgenstein (12), Massimo Cacciari pose la question: y a-t-il un espace du recueillement, et à quelles conditions ?  Et il pose cette question très concrètement à partir de l'architecture et de l'urbanisme moderne. En effet, le projet tant des intérieurs "kitsch" ("mauvais gout" en yiddish) que de l'immeuble moderne qui les contient est "la pure visibilité". Or, ce qui est visible n'est pas forcément habitable. Un premier effet de la visibilité est de transformer la chose en monnaie, en objet "aliénable et manipulable", écrit Cacciari. Dans le cas d'une maison, la visibilité de celle-ci tue sa possibilité d'être un intérieur. L'architecture de verre et d'acier constitue une illustration contemporaine de ce refus du principe même d'intérieur.

Or, la question de la transparence est tout à fait nodale. Car la volonté de rendre tout transparent postule une équivalence entre l'humain et le logos. "Tout "secret" doit être parlé", résume Cacciari. Or, le verre, et la culture de la transparence - Glaskultur - met à nu l'expérience, et, le cas échéant, la misère de l'expérience. La misère la plus grande se trouve quand l'expérience se situe avant la narration, c'est-à-dire quand la narration n'est plus auto-constitution de l'identité (au sens de Ricoeur), mais simple accumulation de hasards. Alors, l'expérience - celle connue avant la narration - ne peut revenir que comme miracle, chez celui qui a habité le temps d'avant. Une attente de l'extraordinaire qui explique l'attirance des temps modernes pour les eschatologies (quoi de plus extra-ordinaire que le dernier récit ?).

Pour que le récit ne soit pas ce qui vient après l'expérience, il doit être inscrit dans le temps. Il doit ainsi être de l'ordre du relatif (puisqu'il relate) , et non de l'absolu. Cette inscription dans le temps nécessite que la Parole n'y soit pas l'objet d'une écoute im-médiate, mais au contraire distante. L'inscription dans le temps nécessite ainsi le ressourcement, donc le silence, ou du moins des silences.

Silence. Que l'homme ne soit ni toujours à l'écoute (le parlé), ni toujours le parlant. Giorgio Agamben précise: "Que l'homme ne soit pas toujours déjà le parlant, qu'il ait été et qu'il soit encore l'"in-fans", c'est cela l'expérience" (13). L'expérience d'avant le récit, cette expérience "frappée de mutisme", est celle qui peut, dans les silences, perdurer dans le recueillement, dans l'attente qui est attention, et qui est aussi ressourcement. Cette expérience d'avant le récit est le non-dicible qui pour cela même donne sa forme (tel un réceptacle) au dicible qu'est le récit. Et le lieu de cette expérience est le silence parce que "le silence est la mémoire de l'enfance" (Cacciari).  Aussi l'illusion en ce domaine serait que l'expérience soit en-deçà de la vie, et le risque l'attente du miracle comme connaissance, et de la parousie ("l'arrivée") comme de ce qui sauve. Plutôt s'accordera-t-on avec René Char qui écrit: "L'éternité n'est guère plus longue que la vie".

De même que l'expérience perdure si elle s'incrit dans le temps, l'homme est pour autant qu'il s'inscrit dans l'espace, pour autant qu'il est un habitant. Ici encore, l'être précède le faire (précéder, c'est  montrer le chemin); comme l'habiter précède le bâtir. "Bâtir n'est pas seulement un moyen de l'habitation. Bâtir est déjà de lui-même habiter" (14). L'homme habite dans la mesure où il prend soin d'un lieu; il bati parce que sa nature est d'être un habitant. "Wohnen, "demeurer en "est "la structure fondamentale du Dasein" (15). Alors, ce que l'homme bati prend sens. Heidegger prend l'exemple d'un pont. Un pont "rassemble, à sa manière, auprès de lui la terre et le ciel, les divins et les mortels" (16). A ces éléments, - le Quadriparti - le pont accorde une place. "Car, note Heidegger, seul ce qui est lui-même un lieu peut accorder une place". C'est ici le pont qui crée le lieu. Sans pont, pas de lieu. Et si le lieu est tel en tant qu'il est dans l'espace, c'est un espace aménagé, et aussi un espace "ménagé". Son aménagement n'est autre qu'un mode de son paraître. Lieu aménagé - et "à ménager" -  le pont ne met pas seulement "en place" le Quadriparti. Il le garde. L'essence de l'acte de bâtir est ainsi: produire des choses qui soient des lieux, qui mettent en place, -"ménagent" une place-, et tiennent sous leur garde la terre et le ciel, les divins et les mortels. En somme, bâtir est répondre à l'appel du Quadriparti en attente de modes de paraître. Ainsi, bâtir est pro-duire (pro-ducere: mettre en avant), et au plus haut point. Et bâtir est: rassembler ou assembler. Assembler ce qui ne passe pas - le Quadriparti - avec ce qui passe - les oeuvres humaines, ainsi le pont, ou toute autre bâtisse.  Alchimie qui est notre travail.

Difficulté: faire ce travail aux temps modernes. Le lieu n'existe en effet que par sa perception collective. La compréhension du lieu doit faire l'objet d'un accord. Or, les conditions de celui-ci sont rendus hasardeuses par un phénomène remarqué particulièrement par Georg Simmel: la multiplicité des rythmes dans la ville moderne. La conséquence de ce phénomène est l'obligation de l'exactitude. L'excentricité devient rare, la banalité et le conformisme la règle. Pour autant, cette homogénéisation des comportements  n'aboutit pas à une perception collective des lieux, faute d'un horizon commun. Les conséquences de cet état de fait  sont doubles.

D'une part, la communauté est ainsi "désoeuvrée" (Jean-Luc Nancy). L'homme est pris dans une "cage intemporelle" (Lewis Mumford),  "sans héritage et sans projet", dit encore Georges Balandier (17). D'autre part, la ville moderne secrète le mimétisme. Le lebenwelt, le vécu du monde s'appauvrit. Comme le note Blanqui, "l'univers se répète sans fin et piaffe sur place". Aussi y a-t-il perte du goût et de l'expérience.

Pour Walter Benjamin, les questions fondamentales de l'authenticité, du sens du bonheur, de la tradition se posent à partir de l'observation des spécificités de l'âge bourgeois. "Le pouvoir et l'argent, observe Benjamin, sont devenus sous le capitalisme des grandeurs commensurables. Chaque quantité donnée d'argent doit être converti en un pouvoir bien défini, et l'on peut calculer la valeur d'achat de chaque pouvoir" (18). De cette coincidence nouvelle et essentielle entre deux données sociales auparavant disjointes dans leurs principes, il s'ensuit que le sacré diffusé par un pouvoir sublimé s'éclipse au profit de la "beauté" et que celle-ci elle-même devient reproductible et mesurable (19).

La technique n'est qu'un moyen de la reproductibilité et non la cause de cette recherche de reproductibilité.  "Les composantes de l'authenticité se refusent à toute reproduction, non pas seulement à la reproduction mécanisée" (20). La cause de la recherche de reproductibilité, c'est la volonté de distinction par l'accumulation (d'objets, images, signes, ...). Et  comme  la modernité se caractérise par la construction d'images du monde (Heidegger), la profusion des images au moyen de leur reproductibilité alimente le règne de la marchandise. "Là où il n'y a pas les dieux règnent les spectres", écrit Novalis (21).

Mais la volonté de distinction n'est qu'un produit de l'individualisme et de l'invention de la volonté comme attribut individuel. J-F Lyotard (qui fait remonter l'invention de la volonté à Augustin), écrit: "Tout ce que Benjamin décrit comme "perte d'aura", esthétique du "choc", destruction du goût et de l'expérience, est l'effet de ce vouloir peu soucieux des règles. Les traditions, les statuts, les objets et les sites chargés du passé individuel et collectif, les légitimités reçues, les images du monde et de l'homme venues du classicisme, même quand ils sont conservés, le sont comme moyens pour la fin, qui est la gloire de la volonté" (22). Les grands mouvements sismiques de la sensibilité, et les structurations sur la longue période de la psychologie des peuples sont remplacés par le règne du nouveau - la néophilie. "'Plus de vagues, plutôt des vogues", disait Félix Guattari.

Trés logiquement, l'invention de la volonté précède de peu l'invention de l'autonomie de l'économie (23). A partir du moment où la personne apparait "pour-soi" (Hegel), c'est-à-dire comme l'unité conflictuelle d'un Je (moi-sujet) et d'un Moi (moi-objet), la volonté s'institue - et s'insinue - comme le moyen d'être au monde. Les biens deviennent alors autant d'indispensables "miroirs du moi".

De là, est inévitable l'invention de l'économie comme sphère autonome des activités humaines, consacrée à la fabrication de ces biens. L'essor de la technique accompagnant l'autonomie de l'économie, le règne de la marchandise advient, qui brise la perception collective du monde de la vie, et réduit - tendanciellement - ce dernier à une collection d'objets. Le "choc" du nouveau remplace l'acquisition de l'expérience. Or, il n'y a pas, remarque Benjamin, de bonheur sans expérience - et sans expérience collective. Et la tradition est l'éternel retour de cette expérience. "L'expérience du bonheur, dit Jürgen Habermas de Benjamin, qu'il appelle illumination profane, est liée à la préservation de la tradition".

La notion de tradition dans la pensée de Benjamin occupe une place comparable à celle de l'être chez Heidegger. Dans les deux cas l'idée d'un abîme joue un rôle essentiel. Cet abime se définit "par la séparation qui règne entre deux mondes, dont l'un des deux seulement est en toute rigueur celui de l'être"(24). Le point de vue heideggerien est que cette séparation nait avec Socrate et Platon, et se creuse avec ce que Beaufret nomme le "déclin même de la philosophie ou, si l'on veut, son virage stoïcien" (id.). L'opinion de Benjamin ne semble pas éloignée. Pour lui, la tradition remplit le rôle de réserve d'authenticité de l'être, même si, pas plus que chez Heidegger, on ne trouve chez lui de définition tranchée de l'authentique et de l'inauthentique. Ainsi, avec la mort de la tradition se perd la capacité de connaitre ce que Benjamin appelle le bonheur et qui est sans doute un autre nom de l'allégresse définie comme "la coincidence du désir et du réel" (Clément Rosset).

La modernité a commencé avec Faust. Elle finit avec ce que Forget et Polycarpe appellent l'homme-machinal. Ce qui ne parait pas très éloigné de l'homme réifié de Marx. Au 19ème siècle, l'idéal des temps est, note alors Stendhal, la capacité métamorphique: le bal le soir, la guerre le lendemain. (Bonaparte en fut une illustration étonnante: les soirées de la campagne d'Italie de 1796-97 étaient consacrées aux lettres à Joséphine et aux plans d'opérations militaires contre l'Autriche). Mais une fois détruit l'ancien ordre des choses (25), les temps modernes sont ceux du mimétisme et de l'alignement. La civilisation dont l'idéal est la mise au travail aboutit au chômage de l'être. Vient alors le stade de l'ahurissement de l'homme.

Pour le flaneur, fasciné par le marché,  ayant "peur de s'arrêter" (Maxime Du Camp), la ville comme la femme apparaissent sous l'aspect d'un labyrinthe, "la patrie de celui qui hésite". "Le labyrinthe, écrit Benjamin, est le bon chemin pour celui qui arrive bien assez tôt au but. Ce but est le marché". Et encore: "Le chemin de celui qui appréhende de parvenir au but dessinera facilement un labyrinthe. Ainsi fait la pulsion sexuelle dans les épisodes qui précèdent sa libération" (26).

Benjamin n'est pas seulement un remarquable décripteur de la modernité. Très lucide quant à la profondeur des racines de l'ordre bourgeois, il inscrit ses recherches dans une conception novatrice du temps historique (surtout par rapport à une certaine culture marxiste): "Chasser toute évolution de l'image de l'histoire et présenter le devenir comme une constellation au sein de l'être grâce à un déchirement dialectique entre la sensation et la tradition; telle est aussi la tendance de ce travail" (27). Brecht, peu complaisant pour Benjamin, notait de son coté dans son Journal de travail (Août 1941): "Benjamin s'oppose à la conception de l'histoire comme déroulement linéaire, du progrès comme entreprise énergique menée à tête reposée, du travail comme source de moralité, de la classe ouvrière comme la protégée de la technique, etc. Il se moque de la phrase, si souvent entendue, qu'il puisse y avoir, "encore en ce siècle" quelque chose comme le fascisme (comme s'il n'était pas le fruit de tous les siècles)" (28). Dans cette conception du devenir, le détail et l'instant apparaissent "le cristal de l'évênement total". L'instant oscille entre le "toujours nouveau" et le "toujours identique".

Influencé par certains mystiques, notamment Weigel, Benjamin imagine que pour une humanité "délivrée", "chacun des instants qu'elle a vécus devient une citation à l'ordre du jour - et ce jour est justement le dernier" (29). Bien que se dégageant avec difficulté de l'idée de "délivrance" (qui implique une critique radicale du monde et est donc au fond anti-constructiviste et anti-révolutionnaire), il conclut ses "thèses sur la philosophie de l'histoire" en notant que l'ancien messianisme juif est moins "appel à l'avenir que commémoration d'un passé toujours présent", chaque seconde s'offrant à la libre discussion des hommes comme "une porte étroite".

Un jour de septembre 1940, Walter Benjamin tente de passer en Espagne, quittant cette France qu'il a tant aimé. L'affaire se présente mal, et l'échec serait sans doute l'arrestation par la Gestapo. Alors, Benjamin franchit une dernière fois "la porte étroite". Il se tue.

Nous n'oublions pas: l'Andenken, c'est la pensée fidèle et remémorante. C'est au courage devant la détresse, qui est la préoccupation - le souci - commun d'Heidegger et de Benjamin qu'il s'agit d'être fidèle.

Pierre LE VIGAN .

_______________________

(1) M. de Gandillac, Génèse de la modernité. Les douze siècles où se fit notre Europe. De "La cité de Dieu" à "La nouvelle Atlantide", CERF, 1992. Abstraction faite de son sous-titre "vendeur" Les douze siècles..., l'ouvrage est d'importance.

(2) A. Touraine, Critique de la modernité, Fayard, 1992.

(3) Chemins qui ne mènent nulle part, Idées-Gallimard, 1980, p.364.

(4) Le principe de raison, préface de Jean Beaufret, Tel-Gallimard, 1962, p.211, souligné par nous. 

(5) Heidegger distingue bien sûr "raison" (fond, sol) de "Raison" au sens d'Intelligence. L'intelligence est nommée, en allemand comme en français, par un autre mot que raison. Le terme allemand Grund renvoie au motif des choses, à ce qui fait qu'elles "sont comme cela". La notion d'"intelligence" relève plus de la mesure et de la quantification que celle de "raison" au sens de motif: on est plus ou moins intelligent que quelqu'un, alors qu'un motif est "le bon motif" ou "un faux motif". Dans un cas, une logique de la graduation, dans l'autre, une logique binaire. Pour autant, les notions sont parentes: l'intelligence des choses n'est pas autre chose que la compréhension de ce qu'elles sont. La ratio est simultanément raison et Raison. Nous employons simplement ici "raison" au sens de "principe de raison", incluant les deux sens pré-cités. C'est parce que l'apparentement entre les deux notions est très fort que le "dire" les met "l'un avec l'autre".

(6) Dialogue avec Heidegger, Philosophie moderne, Minuit, 1973.

(7) L'être et le code. Le procès de production d'un ensemble précapitaliste, Mouton, 1972.

(8) Hegel est ici dans la lignée de Parménide d'Elée disant: "Même chose que le penser (de l'être) est ce par quoi s'accomplit ce penser".

(9) in Heidegger, PUF, 1965.

(10) Trotignon, op. cit.

(11) L'imagination symbolique, PUF, 1964.

(12) Critique, janvier-février 1985.

(13) Enfance et histoire, Payot, 1989.

(14) Martin Heidegger, Essais et conférences, Tel-Gallimard, 1980.

(15) Heidegger, "Bâtir, habiter, penser" .

(16) Essais et conférences, op. cit., p. 181.

(17) Balandier, Le détours. Pouvoir et modernité, Fayard, 1985.

(18) in Sens unique, précédé de Enfance berlinoise, et suivi de Paysages urbains, p. 258, Maurice Nadeau éditeur, 1988.

(19) W. Benjamin trouve chez Carl Schmitt l'idée, si importante dans ses propres travaux, que l'art est l'expression des tendances philosophiques et religieuses d'un époque. Sur l'influence du C. Schmitt, cf. Bernd Witte, W. Benjamin une biographie, CERF, 1988.

(20) W. Benjamin, Ecrits français, Gallimard, 1991, p. 142.

(21) Fragments, José Corti, 1992. 

(22) Tombeau de l'intellectuel et autres papiers. Galilée, 1984.

(23) voir le chapitre consacré à cette "invention" in Yves Barel, La ville médiévale, système social, système urbain, PUG, 1977. Du même auteur, lire aussi un ouvrage stimulant: La société du vide, Seuil, 1984.

(24) Dialogue avec Heidegger, Philosophie moderne, Minuit, 1973, p. 16.

(25) cf. François Crouzet, la modernité commence en 1815, in Analyses de la SEDEIS, n°89, septembre 1992.

(26) cité par Catherine Perret, le concept de critique chez Walter Benjamin in numéro hors série sur Benjamin de la "Revue d'esthétique", Jean-Michel Place, novembre 1990. Voir aussi de C. Perret, Benjamin sans destin, La Différence, 1992.

(27) W. Benjamin, Paris, capitale du XIXème siècle, Le livre des passages, CERF, 1989, cité par G. Petitdemange, Citoyenneté et urbanité, p. 97, éd. Esprit, 1991.

(28) cité par Philippe Ivernel, article Benjamin de l'Encyclopédia Universalis.

(29) W. Benjamin, Essais 1 et 2, Denoël/Gonthier, 1983.

 

00:05 Publié dans Philosophie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : heidegger, walter benjamin, modernité, philosophie | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

lundi, 15 décembre 2008

Une recensione di "Le Livre Noir de la Révolution Française"

Una recensione di

Le Livre noir de la Révolution française

di Massimo Introvigne


Il primo aspetto strabiliante di Le Livre noir de la Révolution française (a cura di Renaud Escande O.P., Cerf, Parigi 2008) è la piccola grande storia di cui è stato protagonista. Un libro di 882 pagine sui misfatti della Rivoluzione Francese è pubblicato dalla casa editrice storica dei domenicani di Francia. Nonostante la mole e l’impegno, vende molte copie. Come conseguenza del successo di pubblico, tutta la grande stampa transalpina è obbligata a occuparsene, anche se quasi sempre per parlarne male: peraltro quasi mai indicando errori specifici, ma semplicemente definendo l’iniziativa reazionaria e inopportuna. Ecco quanto fa del libro non un fatto fra tanti, ma – insieme all’imprevisto successo della visita apostolica di Benedetto XVI del 12-15 settembre – l’avvenimento culturale saliente nel panorama francese del 2008.
.

Le Livre noir non si presenta come una storia sistematica della Rivoluzione Francese. È diviso in tre parti. La prima – «I fatti» (pp. 7-441) – presenta in venticinque capitoli, ciascuno opera di un diverso autore, una serie di episodi salienti della Rivoluzione e alcune valutazioni critiche complessive. La seconda – «Il genio» (pp. 443-746) – offre venti ritratti di pensatori e letterati che hanno, a diverso titolo e da diversi punti di vista, criticato la Rivoluzione, senza che tutti possano essere definiti «contro-rivoluzionari». La terza – «Antologia» (pp.747-878) – completa l’opera con una serie di testi sia di protagonisti sia di critici della Rivoluzione Francese.
.

Le oltre quattrocento pagine della parte relativa ai fatti coprono sia gli eventi sia la loro valutazione in modo tendenzialmente esaustivo. Si tratta di un vasto affresco, che non a caso si apre con un capitolo (tratto, con l’autorizzazione dell’anziano storico che ha esplicitamente voluto collaborare al Livre noir, da una sua opera del 1984) di Pierre Chaunu sulla vendita dei beni ecclesiastici (pp. 9-19), dove già si annuncia una delle tesi fondamentali del volume. La Chiesa cattolica non fu coinvolta a causa dei suoi legami con la monarchia in una rivoluzione principalmente politica, ma era il vero obiettivo di rivoluzionari il cui scopo era scristianizzare la Francia. Esemplare è anche la ricostruzione da parte degli storici Jean Pierre e Isabelle Brancourt della giornata del 14 luglio 1789 (pp.21-51). La presa della Bastiglia emerge sia nella sua dimensione di mito, pensato addirittura prima degli avvenimenti e giunto sino ai giorni nostri, sia nella sua realtà di modesto episodio già però caratterizzato dalla manipolazione della folla da parte dei club e delle società segrete e da una ferocia che diventerà il marchio della Rivoluzione.
.

Dopo un capitolo di Gregory Woimbée sui simboli rivoluzionari e sulla loro decomposizione nella Francia multiculturalista del XXI secolo (pp.65-88), quattro capitoli (pp. 89-181) sono dedicati all’azione e al martirio di Luigi XVI (1754-1793) e della sua famiglia. L’ultimo re di Francia appare – anche prima del martirio, sopportato con esemplare e cristiana fermezza – come un uomo profondamente buono, pio e sinceramente preoccupato del bene comune del suo popolo, il cui regno non è affatto una sequela di fallimenti né in politica estera né in politica interna. Un uomo, però, tradito dalla sua stessa bontà che lo porta a chiedere di fronte alla Rivoluzione – senza mai smentirsi – che neppure una goccia di sangue francese sia versata dalle sue guardie, nemmeno per salvare la sua persona. La sua attitudine conciliante, che lo porterà perfino a indossare il berretto frigio, appare come l’aspetto più discutibile dell’azione del monarca, spiegata ma non giustificata dalla sua naturale mitezza e bontà d’animo. Maggiore fermezza – ma, anche in questo caso, non senza errori politici – è mostrata dalla consorte di Luigi XVI, Maria Antonietta d’Asburgo-Lorena (1755-1793): ma in questo caso la rivalutazione storica è già da tempo in corso, ed è stata a suo modo confermata dal tono e dal successo dell’esposizione dedicata alla regina martire dalle Gallerie Nazionali del Grand Palais di Parigi nello stesso anno 2008.
.

Il lungo capitolo consacrato dal professore di diritto pubblico dell’Université Paris V Frédéric Rouvillois al tema «Saint-Just fascista?» (pp. 183-211) è tra quelli che più hanno indotto i critici a stracciarsi le vesti. L’uso della parola «fascismo», a differenza di quanto spesso avviene, è tecnico: Rouvillois propone un parallelo fra le idee del tribuno della Rivoluzione Louis-Antoine de Saint-Just (1767-1794) e quelle di Benito Mussolini (1883-1945). Saint-Just, secondo l’autore, anticipa il Duce del fascismo nel culto dell’eroe, della virilità, della «virtù» che conferisce all’uomo politico che la incarna il diritto di giustificare qualunque eccesso. Rouvillois non ignora le critiche di Mussolini alla Rivoluzione Francese, ma distingue fra la fase del regime fascista e quelle rispettivamente della formazione del movimento fascista e della Repubblica di Salò, dove le idee del Duce appaiono assai più vicine a quelle di Saint-Just. I critici hanno trovato il parallelo offensivo per Saint-Just. Se si guarda però al numero di morti giustiziati per ordine del tribuno francese e all’autentica passione per il sangue e l’omicidio politico di Saint-Just, da una prospettiva italiana si potrebbe al contrario – provocatoriamente – concludere che forse il paragone è offensivo per Mussolini. Fascismo o no, il capitolo merita comunque di essere letto per la lucida disamina del personaggio Saint-Just, la cui ferocia non deriva semplicemente da un carattere sanguinario ma è una conseguenza necessaria dell’ideologia.
.

Il cuore del Livre noir è rappresentato dai due capitoli di Jean de Viguerie sulla persecuzione antireligiosa (pp. 213-225) e di Reynald Secher sul genocidio vandeano (pp. 227-248). Entrambi gli storici riassumono qui loro opere precedenti e ben note. E tuttavia costituisce un merito l’essere riusciti a sintetizzare in due articoli brevi l’essenziale della violenza anticristiana della Rivoluzione Francese, che colpisce anche gl’insorti vandeani con una furia genocida che richiede spiegazioni teologiche e non solo politiche. Secher, in particolare, distingue – rispondendo a obiezioni di storici filo-rivoluzionari – tre periodi. Il primo è quello della guerra civile (1793), caratterizzata da atrocità non dissimili da quelle di altre guerre civili. Il secondo è il tempo del genocidio (1794), perpetrato secondo gli ordini delle autorità rivoluzionarie – le quali invano cercheranno di attribuirne la responsabilità al solo delegato della Convenzione Nazionale in Vandea, Jean-Baptiste Carrier (1756-1794), che sarà processato e ghigliottinato – contro una popolazione inerme, dopo che l’insurrezione era già stata sconfitta sul piano militare. Nel terzo periodo va in scena un «memoricidio», iniziato dopo il processo Carrier e ancora in corso ai giorni nostri, con cui si cerca di far dimenticare la memoria del genocidio vandeano attraverso la falsificazione storica e la congiura del silenzio.
.

Altri tre capitoli fondamentali sono dedicati al vandalismo, cioè alla distruzione sistematica per ragioni ideologiche di elementi del patrimonio francese: opere d’architettura e d’arte di natura religiosa o collegate alla storia della monarchia (pp. 249-259); libri e biblioteche, particolarmente monastiche (pp. 261-282); e navi (pp. 283-299). Quanto a queste ultime, il capitolo dello storico Tancrède Josseran riassume una vicenda tanto decisiva quanto poco conosciuta. La Rivoluzione si accorge che la Marina militare francese, orgoglio del re Luigi XVI che l’ha portata per la prima volta a competere ad armi pari per il dominio del mare con quella inglese (e a batterla in occasione del sostegno della Francia alla Rivoluzione Americana), è fondata su uno spirito di corpo e su un sistema di relazioni rigorosamente gerarchico, con ufficiali che sono tutti nobili. Decide quindi coscientemente di distruggere la Marina in nome dell’egualitarismo: i suoi effettivi sono ridotti, gli ufficiali ghigliottinati o messi in fuga, e sostituiti da capitani della marina commerciale senza esperienza di guerra, molte navi smantellate per farne legna da costruzioni o da ardere, con comprensibile giubilo di ammiragli inglesi come Horatio Nelson (1758-1805). Questi ultimi sanno bene come la guerra della Francia rivoluzionaria all’Europa non possa essere vinta senza controllare i mari, il che diventa impossibile grazie alla miopia tutta ideologica che distrugge la Royale, il nome con cui i francesi designano la Regia Marina Militare e che mostra fin da subito il suo collegamento organico con l’istituzione monarchica.
.

Non poteva mancare nel Livre noir una parte consacrata agli aspetti istituzionali e giuridici della Rivoluzione: anzi, per la verità, questa è la porzione del volume che anche alcuni critici hanno lodato. Il professore emerito di diritto dell’Università di Angers Xavier Martin, nel suo capitolo sul diritto rivoluzionario (pp. 301-322), mette in evidenza soprattutto due punti. Il primo è la nozione ideologica di legge, che per i rivoluzionari non nasce dal basso, dalla realtà, ma dalla volontà astratta – ritenuta assoluta e onnipotente – della Nazione. Una volta assunto questo punto di partenza, ogni governo – e ogni governante – non resiste alla tentazione di emanare centinaia di nuove leggi. La Rivoluzione aveva promesso di diminuire il numero di leggi: ce n’erano in effetti troppe, per la proliferazione dei diritti regionali e locali. Ma il risultato è piuttosto il contrario. «Quindicimila leggi in quattro anni? La cifra corre agli inizi del Direttorio. Si arriverà a quarantamila quattro anni più tardi» (p. 319): una tendenza che continua ancora oggi, e che proprio nella Rivoluzione Francese ha le sue origini. Il secondo aspetto sottolineato da Martin è l’odio, ugualmente ideologico, che la Rivoluzione Francese ha per la famiglia. Se l’uomo nuovo che la Rivoluzione vuole creare, il cittadino, deve stare davanti allo Stato senza la mediazione dei corpi intermedi, il diritto rivoluzionario distruggerà certamente le corporazioni e i privilegi locali: ma il suo obiettivo ultimo è il primo corpo intermedio, il più vicino alla persona che è la famiglia.
.

Saint-Just, l’ex-prete e teorico della Rivoluzione Emmanuel Joseph Sieyès (1748-1836), Maximilien Robespierre (1758-1794): tutti sognano l’abolizione della famiglia e l’instaurazione di un regime di figli affidati in tenera età allo Stato che non ricordino neppure più chi siano i loro genitori. Cominciano ad abolire la patria potestà e a introdurre il divorzio, nel 1792. Ma succede ai rivoluzionari francesi quello che capiterà ai loro emuli sovietici nel XX secolo: quando si trovano in guerra, scoprono che ogni attacco alla famiglia sfibra la società e danneggia l’esercito. Fanno, dunque, rapidamente marcia indietro: anche se rimarranno il divorzio (fino alla Restaurazione) e l’ideologia. Il grande assalto alla famiglia, abbandonato dai rivoluzionari per ragioni tattiche, sarà ripreso alla fine del XIX secolo; il divorzio, abolito nel 1816, sarà reintrodotto in Francia nel 1884.
.

Rimarrà pure – è il tema del capitolo di un altro professore universitario di diritto, Christophe Boutin (pp. 323-333) – la riorganizzazione del territorio, che sopprime le antiche regioni e le loro autonomie e introduce i dipartimenti, spesso del tutto artificiali e i cui confini sono fissati in un’ottica dichiaratamente anti-regionale. Anche in questo caso si tratta di far prevalere, rispetto a regioni che hanno una cultura comune e che sono nate dalla storia, una divisione territoriale stabilita dall’alto e il cui fine non è promuovere ma reprimere le autonomie locali. I nomi dei dipartimenti, poi, vogliono evitare qualunque riferimento storico e culturale: e anche questo è rimasto fino ai nostri giorni, mentre si è tornati indietro dopo la Rivoluzione almeno rispetto allo «stadio ultimo del ridicolo» (p. 332) che aveva cambiato nome anche alle città, modificando per esempio il nome di Bourg-la-Reine («Borgo della Regina») in Bourg-Égalité («Borgo dell’Uguaglianza») e quello di Grenoble (che conteneva la parola «noble», «nobile») in Grelibre.
.

A ben vedere, va ricollegato a questi due capitoli sul diritto e l’amministrazione anche quello del filosofo Michaël Bar Zvi sugli ebrei e la Rivoluzione (pp. 403-413). Il capitolo, infatti, mostra come agli ebrei siano riconosciuti dai rivoluzionari tutti i diritti come individui ma nessun diritto come comunità: sono emancipati in quanto «cittadini» ma disprezzati in quanto ebrei, quando non esplicitamente – e neppure troppo cordialmente – invitati a rinunciare alla loro identità e alla loro religione. C’è qui, certo, il consueto odio rivoluzionario per ogni religione. Ma c’è anche il pregiudizio secondo cui il cittadino deve stare di fronte allo Stato senza la protezione di alcun corpo intermedio, sia questo di natura professionale, locale o religiosa. Lo Stato rivoluzionario conosce il citoyen ma non conosce l’avvocato, il membro della corporazione di mestiere, il bretone o appunto l’ebreo. Dal momento che l’identità ebraica è particolarmente tenace, è pure combattuta dalla Rivoluzione con toni specialmente accesi, che secondo Bar Zvi hanno avuto certamente un ruolo nel preparare l’antisemitismo del XIX e del XX secolo.
.

Due storici molto noti, anche al pubblico non specializzato, intervengono su temi particolari: Emmanuel Le Roy Ladurie sul rapporto tra meteorologia, economia e Rivoluzione (pp. 336-347), e Jean Tulard su Napoleone I Bonaparte (1769-1821: pp. 355-374). Le Roy Ladurie mostra che, contrariamente a un mito duro a morire, un inverno particolarmente duro seguito da un’estate particolarmente secca non caratterizzò il 1789 ma piuttosto il 1788. Del resto, perché il ciclo innescato dalle avverse condizioni meteorologiche potesse passare dal cattivo raccolto al rincaro dei prezzi e da questo alle sommosse occorreva un anno: dunque a danni creati dalla meteorologia nel 1788 corrispondono sommosse nel 1789. Tuttavia in passato c’erano stati raccolti – e rincari dei prezzi – peggiori, che non avevano dato luogo a rivoluzioni, il che mostra che il cattivo raccolto del 1788 e il conseguente carovita sono (contro un’interpretazione diffusa fra gli storici marxisti) solo alcune fra le molteplici cause dell’agitazione rivoluzionaria, ma non le uniche né le principali. Tulard – riassumendo brevemente quanto ha più diffusamente illustrato altrove – si chiede se davvero Napoleone I possa essere descritto come l’uomo che assume, diffonde e consolida la Rivoluzione. Lo stesso Napoleone I, osserva lo storico, ha diffuso questo mito negli scritti redatti negli ultimi anni della sua vita. Da giovane, tuttavia, aveva guardato con sospetto alla Rivoluzione in quanto ostile all’indipendenza e anche alla semplice autonomia della nativa Corsica, causa che gli era molto cara, mentre in seguito aveva sì usato a suo vantaggio la retorica rivoluzionaria, ma senza dare mai l’impressione di crederci veramente. Il bonapartismo, secondo Tulard, resta un’ideologia politica diversa da quella rivoluzionaria nella sostanza, anche se spesso non nella retorica.
.

Interessante, anche perché accompagnato da numerose tavole a colori fuori testo, è il capitolo dello storico Bruno Centorame sull’iconografia contro-rivoluzionaria (pp. 349-363). Abituato a vedersi presentare a scuola e altrove solo l’arte che inneggia alla Rivoluzione, il lettore – specie francese – scopre l’esistenza di tutto un filone ottocentesco, talora artisticamente assai pregevole, che mostra gli orrori giacobini o esalta gli eroi della Vandea, il cui tipo sono i ritratti dei capi vandeani di Pierre Narcisse Guérin (1774-1833), a lungo nascosti nei sotterranei dei musei perché «diseducativi» ma oggi giustamente apprezzati e rivalutati.
.

Gli ultimi sei capitoli della prima parte (pp. 375-441) – tranne quello, già citato, relativo al rapporto fra ebrei e Rivoluzione Francese – propongono un inventario dell’eredità della Rivoluzione Francese e una sua valutazione critica. I totalitarismi del XX secolo – il comunismo, ma anche il nazional-socialismo – e il terrorismo, fino a quello dei giorni nostri, sono ricondotti alla Rivoluzione Francese come alla loro matrice e alla loro origine. Certo, non sono negate le differenze: e da questo punto di vista appare invero patetico il tentativo dei critici del Livre noir di considerare così fondamentali da rendere illegittimo ogni parallelo le distinzioni fra terrore sanzionato dalla legge (come sarebbe quello della Rivoluzione Francese) e terrore illegale dei terroristi, o fra regimi spietati che criticano o negano la democrazia (il comunismo e il nazional-socialismo) e regimi, pure spietati (come quello del Terrore rivoluzionario), che però affermano di operare in nome della democrazia. Queste differenze sono reali, né il Livre noir le nega. E tuttavia lo spirito della Rivoluzione Francese, l’idea che la misura della politica non è il bene comune ma l’ideologia, la giustificazione della violenza e del Terrore in nome della stessa ideologia sono momenti cruciali di un processo che prepara i totalitarismi del XX secolo e la giustificazione del terrorismo nel XXI.
.

Questa parte del volume mette pure in conto, anticipatamente, un’obiezione che in effetti è stata rivolta al Livre noir: quella di non distinguere fra la Rivoluzione «buona» del 1789 e quella «cattiva» del 1793 e del Terrore. Se si limitasse a criticare il 1793, si afferma, il Livre noir s’inserirebbe in un filone di storiografia liberale che è accettato, anche se non è condiviso da tutti, nell’attuale clima culturale e politico della Repubblica Francese. Criticando anche il 1789, il Livre noir invece si pone fuori da un consenso nazionale che unisce destra e sinistra (e, hanno scritto in molti, anche buona parte dei cattolici, «integristi» esclusi). In effetti, anche Benedetto XVI nel suo importante Discorso ai Membri della Curia e della Prelatura Romana per la presentazione degli auguri natalizi, del 22 dicembre 2005, da molti definito una vera e propria «enciclica sulla modernità», ha difeso la condanna pronunciata dalla Chiesa del XIX secolo nei confronti delle «tendenze radicali emerse nella seconda fase della rivoluzione francese». Dunque – ci si potrebbe chiedere – perfino il Pontefice può essere arruolato fra quanti distinguono fra una fase buona (il 1789) e una cattiva (il 1793) della Rivoluzione? Tutto dipende da quello che s’intende per «prima fase». Anche gli autori del Livre noir sono consapevoli che non tutto andava per il meglio in Francia fino al 13 luglio 1789. La distruzione dei corpi intermedi non è stata ideata completamente ex novo dalla Rivoluzione ma è stata preparata da secoli di assolutismo regio. Molti di coloro che andavano a Parigi per partecipare agli Stati Generali non intendevano rovesciare in modo «radicale» lo stato di cose vigente, e meno ancora chiudere le chiese o ghigliottinare gli oppositori. Intendevano solo protestare contro l’assolutismo in nome delle libertà dei singoli e della società che lo Stato assolutista aveva negato. Una «prima fase» della Rivoluzione Francese, in questo senso, dovrebbe andare dal 5 maggio 1789 (se non, considerando i prodromi, addirittura dal 1788) al 9 luglio 1789, cioè dalla convocazione degli Stati Generali fino alla loro trasformazione in Assemblea Nazionale: ma non certo fino al 1792, e neppure fino al 1790. Si può dunque mantenere sia che – secondo la nota espressione dell’uomo politico radicale e anticlericale francese Georges Clemenceau (1841-1929), più volte citata nel Livre noir – «la Rivoluzione è un blocco», dal 14 luglio 1789 al Terrore e oltre, sia che l’iniziale protesta anti-assolutista (la «prima fase») di questo blocco a rigore non fa parte.
.

Padre Jean-Michel Potin, O.P., archivista della Provincia Domenicana di Francia (pp. 416-429), e il giornalista e storico Jean Sévillia (pp. 431-441) offrono adeguate conclusioni alla prima parte dell’opera. Se Sévillia – confrontando i festeggiamenti del primo centenario della Rivoluzione nel 1889 con quelli del secondo, nel 1989 – mostra come nella Francia multietnica e multiculturale della Rivoluzione resti molto poco, così che – osserva provocatoriamente – forse nel 2089 il terzo centenario non sarà neppure celebrato, Potin conclude indicando che una delle più nefaste eredità della Rivoluzione Francese è la confusione dei ruoli, profondamente sovversiva, fra l’eroe e il re. Contro questa confusione si è schierato, nota il religioso, John Ronald Reuel Tolkien (1892-1973) nel suo Il Signore degli Anelli: «Alla fine del romanzo, il figlio del re è incoronato perché il potere è suo di diritto, e l’eroe – che ha compiuto il suo compito – si ritira dal mondo degli uomini. Ciascuno è stato al suo ruolo, e al suo posto: l’eroe è eroe e non è re, ed è per questo che deve lasciare il mondo dove il re regna, per evitare che lì si sviluppi un culto dell’eroe. L’eroe Frodo non ha figli, ma è seguito da altri tre hobbit della sua stessa generazione che condividono il suo combattimento e le sue gioie. Il re invece, nel momento in cui cinge la corona, si sposa e si assicura una discendenza. L’eroe è generazionale, il re paterno. Rifondare la politica sull’amore non consiste nel rifiutare di amare gli eroi, ma nel saper discernere che l’eroe è colui che affida il potere alla persona che porta in sé la legittimità. Ogni autorità viene da Dio. Egli la dona, ed è questo dono che si deve amare» (p. 429).
.

La lettura della seconda parte, «Il genio», dedicata ai critici della Rivoluzione Francese, è molto più faticosa. Anche qui l’intento dichiarato non è quello di proporre una storia del pensiero contro-rivoluzionario. L’obiettivo, se fosse questo, sarebbe mancato. Lo sarebbe per eccesso, in quanto sono inclusi pensatori che di questa storia non fanno parte, come Friedrich Wilhelm Nietzsche (1844-1900: pp. 631-656). Ma lo sarebbe anche per difetto, perché mancano riferimenti al pensiero contro-rivoluzionario del XX secolo, soprattutto spagnolo e iberoamericano (uno per tutti: Plinio Corrêa de Oliveira, 1908-1995, da cui una storia della Contro-Rivoluzione nel XX secolo non può certamente prescindere) ma anche francese (Jean Ousset, 1914-1994). La scelta ha privilegiato gli autori francofoni – di cui uno non francese, il diplomatico del re di Sardegna Joseph de Maistre (1753-1821: pp. 471-482) – con tre sole eccezioni: oltre a Nietsche, lo spagnolo Juan Donoso Cortés de Valdemagas (1809-1853), in effetti un punto di riferimento imprescindibile per la Contro-Rivoluzione (pp. 529-545), e la tedesca (vissuta però negli Stati Uniti a partire dal 1941) Hannah Arendt (1906-1975). L’inclusione di quest’ultima si comprende: l’autorità di una delle maggiori studiose di scienza politica del XX secolo viene a confermare la tesi del Livre noir secondo cui i totalitarismi del Novecento sono figli della Rivoluzione Francese. Colpisce, però, la mancanza di un capitolo su Edmund Burke (1729-1797), il primo e più influente critico anglofono della Rivoluzione.
.

Alcuni capitoli di taglio letterario appaiono poi eccessivamente concentrati su questioni estetiche, e lontani dallo spirito generale del volume. Così l’analisi che la romanziera Sarah Vajda dedica a François-Remé de Chateaubriand (1768-1848: pp. 505-520), di taglio strutturalista e dove più che la critica della Rivoluzione all’autrice sembra stare a cuore il possibile paragone con il semiologo del XX secolo Roland Barthes (1915-1980). Un paragone giustificato da qualche spunto «antimoderno» del semiologo, ma qui giocato sui rispettivi atteggiamenti di fronte alla bellezza e all’erotismo – salvo che per Chateaubriand si tratta di belle donne e per l’omosessuale Barthes dei «begli occhi e lunghi capelli» del ragazzo di turno (p. 512). Quanto alla politica, otto pagine su Charles Maurras (1868-1952; pp. 696-706) non sembrano sufficienti ad approfondire – eventualmente in modo critico, mettendo in luce come egli abbia cercato di separare la Contro-Rivoluzione dalla sua essenziale dimensione teologica e religiosa – il ruolo che ha avuto nella storia della critica alla Rivoluzione Francese. C’è spazio appena per un cenno ai suoi complessi rapporti con il positivismo, e per una presa di distanza obbligatoria dai suoi spunti antisemiti.
.

Queste riserve non vogliono però dissuadere dal leggere anche la seconda parte del Livre noir. Fra i venti ritratti di critici della Rivoluzione si nascondono veri e propri gioielli. Forse il capitolo più notevole è quello consacrato da un dottorando dell’Università di Angers, Jonathan Ruiz de Chastenet, ad Antoine Blanc de Saint-Bonnet (1815-1880: pp. 547-572). Di questo filosofo francese emerge la capacità – oggi troppo spesso dimenticata – di sintetizzare il pensiero contro-rivoluzionario precedente, legato ai nomi di Joseph de Maistre e Louis de Bonald (1754-1840; interessante anche il capitolo che lo riguarda, principalmente inteso a smentire una certa vulgata secondo cui sarebbe stato un pensatore fideista e ostile alla ragione: pp. 483-504). La presentazione sistematica di Blanc de Saint-Bonnet contribuisce in modo decisivo al passaggio, per riprendere un’espressione di un esponente contemporaneo italiano della scuola contro-rivoluzionaria, Giovanni Cantoni, dalla patristica a quella scolastica della Contro-Rivoluzione che fiorirà nel XX secolo.
.

Pregevoli sono anche i ritratti dedicati a due storici critici della Rivoluzione. Il primo è Hyppolite Taine (1828-1893: pp. 665-677), positivista quanto a convinzioni filosofiche ma – come mostra l’uso ampio che ne fa anche la parte antologica del Livre noir – per molti aspetti ancora insuperato come studioso delle fonti, nonché a sua volta punto di riferimento per Augustin Cochin (1875-1916: pp. 679-689), il giovane studioso caduto nella Prima guerra mondiale oggi riscoperto grazie ai lavori di uno storico autorevole come François Furet. Cochin, alla scuola di Taine, si segnala per una rigorosa ricognizione delle fonti, da cui emerge il ruolo delle «società di pensiero» (non solo della massoneria: e sta qui, come si fa giustamente notare nel Livre noir, la sua differenza con il più «complottista» Augustin Barruel S.J., 1741-1820) nel preparare e orientare la Rivoluzione. Né, infine, va sottovalutato l’interesse di alcuni ritratti letterari come quelli, per alcuni versi paralleli, dedicati al repubblicano Charles Péguy (1873-1914: pp. 707-712) e al monarchico Georges Bernanos (1888-1948: pp. 713-732). Di entrambi si mostra, al di là di oscillazioni nei giudizi storici e politici, la fondamentale unità d’ispirazione radicata nella centralità della fede e nell’amore per la Chiesa cattolica. Quanto al loro comune maestro Léon Bloy (1846-1917: pp. 615-630), come spesso accade quando si parla di questo letterato le sue miserie umane e i suoi eccessi e le sue incoerenze di polemista hanno più spazio rispetto alle belle pagine cristiane che pure hanno ispirato, come si riconosce, un’ampia posterità letteraria e filosofica. Ma è vero che le questioni politiche non sono mai state davvero al centro delle preoccupazioni di Bloy, che ha anzi trasformato – secondo l’espressione dello storico delle idee «antimoderne» Jacques Compagnon, ripresa dal Livre noir - «una marginalità politica e un handicap ideologico in un atout estetico» (p. 630).
.

Una parte del Livre noir che, pervenuti a pagina 747, molti rischieranno davvero di non leggere è la terza, di natura antologica. Grave errore: perché, anzitutto, l’antologia consente di riscoprire pagine dimenticate di storici acuti e sempre attentissimi alle fonti come Hyppolite Taine, ma anche testi di autori come Barruel che – pure criticato nelle sezioni precedenti nell’opera – emerge qui come uno storico tutt’altro che sprovveduto quando, più che i vasti complotti internazionali degli Illuminati, ricostruisce con dovizia di prove i piccoli – ma non piccolissimi – complotti dei tribuni della Rivoluzione. Ma errore, soprattutto, perché l’antologia, curata con intelligenza e brio da padre Renaud Silly O.P., dà voce agli stessi rivoluzionari attraverso testi, discorsi e articoli di giornali e gazzette del tempo. Ne emerge un quadro francamente agghiacciante. dove tribuni senza pietà e senza cuore arringano le folle in nome dell’odio contro la religione, la monarchia e ogni forma di differenza che possa fare ostacolo a un’impresa che mira a trasformare i francesi in «cittadini» tutti uguali e tutti modellati dall’ideologia. L’uccisione – anche, e lo si dice esplicitamente, dell’innocente –, il sangue, la guerra di aggressione non sono semplicemente presentati come mali tragicamente necessari, ma esaltati come strumenti potenti per distruggere la vecchia Francia e far nascere dalle sue rovine sanguinanti l’uomo nuovo ideologico. La mole di documenti presentati esclude che si tratti di eccessi individuali. Emerge al contrario un vero e proprio sistema, di cui sono responsabili tutti i principali dirigenti rivoluzionari e, in ultimo, la Rivoluzione stessa.
.

Opera collettiva, il Livre noir ha tutti i pregi e qualche difetto del genere. Molti autori sono del resto giovani. Questo non è necessariamente un limite, anche se i critici hanno sottolineato che i titolari di cattedra non sono in maggioranza. Reynald Secher ha peraltro risposto che spesso le cattedre in Francia sono negate a chi si occupa di Rivoluzione Francese senza ripetere la versione ufficiale: il cane rivoluzionario, quindi, si morde la coda. Ma – ed è questa la buona notizia – la coda, per quanto lunga, è ormai quasi alla fine. Lo dimostra la stanchezza dei rituali con cui si celebra la Rivoluzione. Lo conferma l’atteggiamento dei tanti francesi che, sordi alla campagna ostile dei media, hanno votato con i piedi andando in libreria e comprandosi il libro. Lo leggeranno tutto? Il Livre noir, nonostante la mole, non è né vuole essere un’opera di consultazione. Assomiglia piuttosto a un buffet di qualità, dove ciascuno prende secondo i suoi gusti e il suo appetito ma che offre comunque il senso di una cucina e di una gastronomia. Così il volume trasmette a chi lo percorre il sapore aspro e l’odore di morte di una delle grandi tragedie della storia, strappata con opportuna violenza alle oleografie celebrative e riportata nella strada dove il sangue scorre, le croci sono spezzate, le opere d’arte sono date alle fiamme e le teste dei sacerdoti, delle religiose, degli oppositori e talora di semplici passanti che si sono trovati al posto sbagliato nel momento sbagliato sono portate in macabro trionfo issate sulle picche dei sanculotti. Non è certo un bello spettacolo: ma ha il pregio di essere vero.
.

Benedetto XVI nell’enciclica Spe salvi ha ricordato gli orrori della Rivoluzione Francese mostrando come, a proposito dei fatti di Francia, ebbe occasione di mutare parere il filosofo tedesco Immanuel Kant (1724-1804), inizialmente entusiasta e che del resto alla Rivoluzione con le sue idee aveva in qualche modo contribuito. Ma nell’opuscolo La fine di tutte le cose, del 1794, ogni maschera è caduta e di fronte alla Rivoluzione Francese il filosofo parla apertamente di un regno dell’«Anticristo», «fondato […] sulla paura e sull’egoismo»: «la fine (perversa) di tutte le cose» (così riassume il suo pensiero il Papa nel n. 19 dell’enciclica). Sì: l’Anticristo. Tra i tanti meriti del Livre noir c’è quello di mostrare come il motore dell’impresa rivoluzionaria – non, ancora, una sua conseguenza accessoria o seconda – sia l’odio per la Chiesa cattolica, per la religione, infine per Dio stesso, nel tentativo di inventare una Francia, un’Europa, una società senza Dio. Ma – come ricorda Giovanni Paolo II (1920-2005) in uno dei suoi discorsi più famosi, quello al congresso Evangelizzazione e ateismo del 10 ottobre 1980, facendo sue le parole del cardinale Henri de Lubac S.J. (1896-1991) – «non è vero che l’uomo non possa organizzare la terra senza Dio. Quel che è vero, è che, senza Dio, egli non può in fin dei conti che organizzarla contro l’uomo». Se questo è il problema, non c’è che una soluzione, quella indicata già agli albori della scuola contro-rivoluzionaria da de Bonald: «La rivoluzione è cominciata con la proclamazione dei diritti dell'uomo. Non sarà distrutta che dalla proclamazione dei diritti di Dio».
http://www.cesnur.org

Géopolitique de la Route de la Soie

La route de la Soie :

Une histoire géopolitique (Broché)

de Pierre Biarnès (Auteur), François Thual (Préface) 
Présentation de l'éditeur
Comment ne pas rêver de la route de la Soie ? Depuis les pays du Levant méditerranéen, ou depuis Moscou, jusqu'à la mer de Chine, durant une cinquantaine d'années, Pierre Biarnès n'a eu de cesse de la parcourir. Kokand, Samarkand, Boukhara, Khiva, les cités les plus fabuleuses de la vallée de la Ferghana, au cœur de l'Asie centrale, mais aussi jusque dans le Haut-Altaï en longeant les arides déserts de Gobi et du Takla-Matan, les monts du Pamir et du Tian Shan. De ces contrées partirent de terribles conquérants, les Attila, Gengis Khan, Tamerlan... Mais s'y épanouirent aussi de brillantes civilisations. Tout au long de cette route interminable, qui fut pendant plus de trois millénaires l'axe géopolitique du monde, circulèrent les caravanes de la soie et s'affrontèrent de nombreux peuples. Durant tout ce temps, la route de la Soie ne fut pas empruntée seulement par marchands et guerriers. Elle fut aussi celle des dieux ; s'y succédèrent ou y cohabitèrent les chamanistes, les zoroastriens, les bouddhistes, les juifs, les chrétiens nestoriens, les musulmans. L'auteur de la somme Pour l'Empire du monde. Les Américains aux frontières de la Russie et de la Chine, nous livre ici une nouvelle leçon magistrale d'histoire globale remplie de cartes historiques et géopolitiques.


Détails sur le produit

  • Broché: 459 pages
  • Editeur : Ellipses Marketing (8 août 2008)
  • Langue : Français
  • ISBN-10: 2729837914
  • ISBN-13: 978-2729837914

La route de la Soie : Une histoire géopolitique

00:10 Publié dans Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : livre, asie, asie centrale, russie, chine, route de la soie, eurasie | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Th. Carlyle en het mammonisme

Thomas Carlyle en het mammonisme

 

Geplaatst door yvespernet 

In deze ingewikkelde tijd [...] is geld de enige schakel tussen de mensen [...]. Geld is de enige schakel, maar er zijn zoveel zaken die met geld niet te koop zijn! Geld is een groot wonder, maar het bezit niet alle macht in het uitspansel, en zelfs niet op Aarde…

Thomas Carlyle in Chartism (1840)

Het evangelie van het mammonisme [...] heeft ook zijn eigen hemel. Want te midden van alle verzinselen is er één werkelijkheid, er is één zaak die we buitengewoon serieus nemen: het verdienen van geld [...]. We zijn helemaal vergeten dat geld niet de enige schakel tussen mensen is.

Thomas Carlyle in Past and present (1843)

Baldur Springmann: paysan de corps et d'âme

spring.jpg

 

Baldur Springmann: paysan de corps et d'âme

 

"Paysan de corps et d 'âme" : telle était la devise du mouvement écologiste dans les années 70 et 80. Baldur Springmann l'a incarnée pendant toute sa vie. Dès l'âge de 15 ans, il ne voulait pas reprendre l'usine de vis qu'avait fondée son grand-père à Hagen en Westphalie. . Baldur Springmann voulait être très proche du “pouls de la vie”, devenir un “paysan de corps et d'esprit”, comme l'annonce d'ailleurs le titre de son autobiographie en deux volumes.

 

Sa part d'héritage, Baldur Springmann l'a investie dans une ferme en ruine du Mecklembourg, mais après la deuxième guerre mondiale, il a dû l'abandonner avec sa famille et, réfugié totalement démuni, recommencer tout à zéro à Geschendorf dans le Holstein. Une pratique agricole s'est généralisée dans notre après-guerre, qui inquiétait Baldur Springmann: l'usage croissant de produits et d'engrais chimiques dans l'agriculture. Dès 1954, pour s'opposer à cette tendance, Springmann transforme sa dynamique entreprise en ferme biologique. l'on raisonne en termes écologiques, on induit logiquement un projet de réno­vation sociale, explique “Bio-Baldur”. En 1972, il fait de sa ferme —le “Hof Springe”—  une coopérative produc­teur/consommateurs, où les consommateurs, en tant que co-propriétaires, fixent les prix, de façon a maintenir la ferme en bon état de viabilité économique. Via un organisme s'occupant du service civil pour les objecteurs de conscience désirant travail­ler dans l'agriculture écologique, Baldur Springmann a pu engager des volontaires de ce service civil dans sa ferme, afin qu'ils mettent en pratique leur idéal “de paix avec la nature”.

 

Pourtant, Springmann n'était pas bien vu dans les milieux des politiciens verts, car il vivait en paix avec son propre peuple, il ne voyait pas en son peuple allemand l'incarnation du mal absolu. Pendant la guerre, Baldur Springmann avait été chef de bat­terie et capitaine-lieutenant dans la marine. Il n'a pas cru bon de se donner et de se fabriquer un faux passé de résistant. Les politiciens verts lui reprochait sa “Deutschtümelei”, son patriotisme doux et archaïsant, lié à un amour de la nature et des pay­sages allemands, mélange de “patrie et de matrie”. Ces acquis traditionnels font partie intégrante, dit Springmann, d'une cul­ture du dialogue qui transmet à l'autre et reçoit de l'autre en parfaite réciprocité, harmonie et symbiose. Fondateur et pionnier du mouvement vert en Allemagne, Springmann s'aperçoit au début des années 80 que les groupes communistes-maoïstes s'emparent des positions-clefs dans le mouvement écologiste: il décide de quitter le parti. Il participe à la fondation d'un nou­veau parti écologique, l'ÖDP, mais abandonne rapidement le travail politique. En 1981, son épouse Ille meurt, laissant Baldur dans un chagrin qu'il essaie de sublimer dans de nouvelles découvertes spirituelles et dans la rencontre avec d'autres per­sonnes. Mais quand il s'agit de co-organiser des manifestations de protestation contre des pratiques anti-écologiques, “Öko-Opa” (Eco-Papy), bien alerte, remonte sur la brèche. Encore aujourd'hui.

 

Le mouvement des Verts avait commencé dans l'enthousiasme; il voulait un dépassement du capitalisme industriel moderne. Mais il s'est enlisé dans les méandres de la politique politicienne de Bonn. Mais l'alternative concrète, écologique, sociale et populaire de Springmann nous interpelle encore et toujours, elle demeure une véritable pro-vocation, qui s'adresse à chacun d'entre nous.

 

Le 31 mai 1997, Baldur Springmann fêtait son 85ième anniversaire.

 

Ingrid MOUSEK.

(article paru dans Junge Freiheit, n°23/97; trad. franç. : Robert Steuckers).

 

dimanche, 14 décembre 2008

De pers is de megafoon van het ultraliberalisme

De Pers is de Megafoon van het Ultraliberalisme

Faux NewsNaar aanleiding van de recente afdankingen en besparingen bij de verschillende mediagroepen in dit land, waarbij tientallen redactiemedewerkers werden ontslagen, duikt de vraag bij de burgerij en haar linkse papegaaien op of onze media nog wel democratisch en onafhankelijk genoeg zijn. Voor ons kan die vraag gerust negatief worden beantwoord, want in dit land en in de rest van de ultraliberale wereld is er al lang geen sprake meer van zoiets als vrije of onafhankelijke pers, dat zijn al lang lege begrippen geworden hier. De TV-nieuwsberichten bijvoorbeeld zijn een loutere voordracht van de dagelijkse persknipsels die worden overgenomen van persgroepen die geconcentreerd zijn in de handen van de Belgische kapitaalselite. Zelfs op de door de staat gecontroleerde media zoals de VRT zijn de toon en de inhoud van het nieuws gekopieerd van die burgelijke mediagroepen, want daar moet het duidelijk zijn dat de politieke elite een verlengde van de kapitaalselite is en bijgevolg de inhoud van de berichtgeving als dusdanig controleert. Ze vullen elkaar aan als propagandamachine van privé-belangen. Bij de staatsmedia speelt niet zozeer de agenda van de reclameterreur een rol als wel de enorme impact van het ideologische denken van die politieke klasse die de vrijheid van mening en het brengen van alternatieve meningen tegenhoudt.

De media in al hun commerciële en niet-commerciële vormen zijn gestroomlijnd om ofwel rechtstreeks via zakelijke doelstellingen (reclameadvertenties) het ultraliberalisme uit te dragen - en daar nog een pak geld mee te verdienen ook - dan wel om dat ultraliberalisme rechtstreeks door propaganda over te brengen naar het volk. Het nieuws van de dag is nu zo gekneed en verpakt dat het perfect past in de agenda van onze elite en hun doelstellingen. Op deze wijze organiseert deze elite de voor hen noodzakelijke indoctrinatie van brede lagen van de bevolking, hiervoor gebruik makend van beelden en teksten die passen bij hun belangen bij hun voorstelling van de wereld. Bij de huidige kredietcrisis is het dan ook zeer noemenswaardig dat de volledige pers niet het systeem op zich in vraag stelt, maar de schijn wekt dat deze crisis een soort cyclische natuurlijkheid in zich draagt en er dus niks abnormaals aan het systeem zelf op te merken valt. Het is alsof het om een zuivere wisseling van de seizoenen gaat, want de teneur is dat er na regen weer zonneschijn komt en daarna weer een periode van regen. Alleen moeten de sukkels die in de regen terecht komen er wel voor zorgen dat ze een parapluutje kopen zodat ze niet te nat worden natuurlijk.

Zodoende worden binnenlandse economische en sociale drama's verzwegen of geminimaliseerd. De focus wordt gelegd op secundaire gebeurtenissen en feiten die niet direct enige verantwoordelijkheid van onze politieke klasse aantonen of benadrukken. 'Het ligt allemaal buiten hun macht en invloed' is dan de boodschap.Terwijl er zich een economische en financiële ramp voordoet zijn die media bezig triviale gebeurtenissen op te blazen en uit te vergroten tot evenementen van staatsbelang. Zo is het mogelijk dat de huwelijksproblemen van verwende politieke en andere druiloren in de schijnwerpers worden geplaatst en breed worden becommentarieerd. Alsof afgedankt worden nog getuigt van veel geluk tegenover de rampspoed die deze publieke exhibitionisten treft. Zelfs weekbladen zoals Knack, die tot voor kort niet meededen aan de Dag-Allemaal-journalistiek, zijn nu ook op de kar gesprongen van het meer obscene segment dat de vrije pers aanbiedt. Dit is natuurlijk niet allemaal toevallig:  het product 'nieuws' moet verkopen en dan is een laag bij de grondse marketingstrategie nuttig. En om goed te verkopen aan de massa moeten rond die reclameboodschappen ook goedkope teksten staan die op zeer simpel wijze (en zeker niet te uitgebreid) verslag uitbrengen van moorden en branden, verkrachtingen en overspel. Om het even, zolang het maar smeuïg is. De media hebben de massa reeds zo geïndoctrineerd dat deze massa niet meer geïnteresseerd is in hoe onze maatschappij er voorstaat en wat er echt gebeurt. Alle tegenstellingen binnen onze maatschappij zijn vakkundig uitgevlakt en weggeretoucheerd, zodat er nu alleen maar een papperige eenheidsdrab overblijft.

De mensen die een afwijkende mening verkondigen werden en worden zodoende door de media doodgezwegen of verketterd als zijnde neonazi's of - in het beste geval - het adjectief verzuurde burgers hanterend. Burgers die met andere woorden niet beseffen hoe goed ze het hier hebben. Zo zijn reeds de revue gepasseerd: migratie, beurswoeker, vervlakking, criminaliteit, onleefbare steden, eenzaamheid, armoede van het eigen volk, afbraak van sociale cohesie... Allemaal dingen die door de pers onder de mat geveegd worden, tenzij ze er een leuke format mee kunnen maken om zo poen te scheppen op de rug van de kleinzieligheid van individuen en hun hebzucht. Deze doen gewillig mee om allerlei prijzen te winnen of zelf maar gewoon met hun bloot gat op TV te kunnen komen. Alle media en de politieke elite, die eigenlijk gewoon deel uitmaken van het establishment der vrije-markt-profitariaat, willen geen andere geluiden in de media laten horen dan het eigen grote gelijkheidsverhaal. De sprookjes van de vrije markt worden elke dag weer opgedist zodat de massa kalm en afgestompt blijft en zo blijft alle vuiligheid ook netjes toegedekt. De redactiemedewerkers van de media zijn dan ook geen vrije geesten, verdedigers van de democratie of wat dan ook, het zijn dekstopkoelies van de mediagiganten. De top van die redacties zijn daarbovenop plat gespoten met bonussen allerhande en hun grote ego's worden constant gestreeld door hen op te laten nemen in het steeds groter wordende leger van BV's en andere carnavalssociëteiten. Zo zijn ze allemaal gezellig lid van de orde van Belgische zotskappen en van de confrérie der mouwvagers van het hof. Leuke bende, zeker als ze zat zijn. Dan heb je nog een paar zogezegd verantwoordelijke en toch oh zo intellectuele superprogressieve zwijmelaars en snotteraars van het soort Paul Goosens et al, die met hun zure anti-volkse oprispingen de boel mogen opvrolijken. Kortom, die bende, dat is een pot nat, het volk heeft er niks aan.

Waarom zouden wij dan ook een traan laten als deze broodschrijvers in dienst van het systeem, die ons nationaal-revolutionairen al decennia lang door het slijk sleuren, nu van eigen deeg een papje krijgen opgelepeld en met hun klieken en klakken op hun werk worden buitengebonjourd? Het zijn tenslotte diezelfde mensen die in hun gazetten en op hun TV-kanalen constant zitten te verkondigen dat nationaal-revolutionairen niet in deze mooie maatschappij thuishoren. Het zijn ook diezelfde mensen die beweren dat alleen zij het recht hebben om vrij hun mening te verkondigen en dat anderen gerust en zonder kritiek mogen vervolgd worden als die ook hun eigen waarheid willen ventileren. In hun media zul je alvast die mening nooit kwijt kunnen. Neen, de heren zijn zeer selectief in het hanteren van de 'waarheid'. Dus die vrije pers, voor ons nationaal-revolutionairen, is die er nog nooit geweest in dit land. Voor ons is de inkrimping van het personeel bij de redacties in die media geen voorbode van minder democratie en persvrijheid. Het is voor ons gewoon de consolidatie van de non-democratie en het liberaal getoeter, maar dan met minder personeel. Voor ons kan er alleen een vrije pers ontstaan als we in een vrije staat leven en echte democratie kan alleen als er een nationale democratie is in plaats van een multi-etnische.

Wij laten dus geen traan voor de heren en dames van de pers en we willen ook niet dat hun bazen subsidies of staatsteun krijgen om hun monopolies te kunnen behouden, zoals dat vroeger het geval was. Wij willen niet dat het volk moet betalen voor de propagandamachine van de machtelite. Wij leven meestal zeer sterk mee met mensen die hun werk en inkomen verliezen. Maar voor die bende die nu al jaar en dag probeert nationalisten hun werk en soms zelfs hun toekomst af te nemen door ze in hun media als rotte vis af te schilderen, voor dergelijke individuen kunnen wij geen kruimel sympathie opbrengen.

De pers mag wat ons betreft gerust bankroet gaan, net als de rest van de machtselite.


Eddy Hermy
Hoofdcoördinator N-SA

L'âge de la pornophagie

L’ÂGE DE LA PORNOPHAGIE


pornographie « Il y a eu le développement d'internet, l'accès facile à des scènes pornographiques, le fait que les jeunes peuvent se filmer avec des téléphones portables en train d'avoir des relations sexuelles reproduisant ces scénarios. Sans qu'aucun adulte ne leur dise que le porno, ce n'est pas la réalité, que l'acteur joue, qu'il est dopé. Il fallait donc se demander ce qui avait changé pour qu'une petite minorité croissante de jeunes se comporte de cette manière. Des études sont en train d'être menées, notamment sur le contenu des téléphones portables. A Zurich, elles ont démontré que 60% des garçons interrogés, mais aussi 40% des filles, détenaient de la pornographie. (...)


Certaines valeurs, en particulier le respect de l'enveloppe charnelle, peuvent être altérées chez des individus n'ayant pas les outils et les accompagnements nécessaires pour gérer ce type d'images. Un certain nombre de garçons se mettent en scène comme de véritables machos. Et certaines filles consommant du porno adoptent cette image. Elles se considèrent comme un morceau de viande, un consommable.


Je parle dorénavant de pornophagie. Il y a une cinquantaine d'années, la pornographie était relativement confidentielle. Des hommes allaient au sex-shop pour en consommer. Avec l'apparition du magnétoscope et des cassettes vidéo, le porno est entré dans les foyers, l'homme l'imposant à sa conjointe. Actuellement, avec internet, il y a suroffre. On surconsomme, ce qui mène à la surstimulation, puis au mimétisme… (...) Il s'agit d'une sexualité désincarnée, sans amour. Le viol est relativement rare entre adolescents. Souvent, la fille acceptera ce que les garçons lui imposent, pour se faire adopter par le groupe. (...) On est dans une sexualité débridée, car exempte de valeurs. C'est le modèle du macho et de la salope sur MTV. (...) Pour voir quelle était la place de la pornographie chez les jeunes, je me suis intéressé à ce qu'ils achètent : du rap. Sur internet, j'ai trouvé des centaines de groupes de rap utilisant des actrices porno pour tourner des clips ! Le porno est devenu un argument marketing sur le marché jeune, ça fait vendre. (...)


Beaucoup de jeunes transportent en outre sur leur téléphone portable des images de pornographie illicite. Récemment dans le district de Boudry, trois mineurs arrêtés détenaient une vingtaine de films, dont la moitié contenaient des actes de torture ou de zoophilie. (...) Pourquoi ne pas mettre la pression sur les providers internet, afin de les contraindre à mettre à disposition de leurs clients des abonnements familiaux, avec des filtres installés automatiquement afin d'éviter les contenus pornographiques ou violents ? »



Olivier Guéniat, chef de la police de sûreté neuchâteloise, interviewé par L’Express, 21 novembre 2008

L'itinerario di Knut Hamsun

 

hamsun2.jpg

L’itinerario di Knut Hamsun

di Robert Steuckers

Knut Hamsun: una vita che attraversa circa un secolo intero, che si estende dal 1859 al 1952, una vita che ha camminato tra le prime manifestazioni dei ritmi industriali in Norvegia e l’apertura macabra dell’era atomica, la nostra, che comincia a Hiroshima nel 1945. Hamsun è dunque il testimone di straordinari cambiamenti e, soprattutto un uomo che insorge contro l’inesorabile scomparsa del fondo europeo, del Grund in cui si sono poggiati tutti i geni dei nostri popoli: il mondo contadino, l’umanità che è cullata dalle pulsazioni intatte della Vita naturale.

una fibra nervosa che mi unisce all’universo

Questo secolo di attività letteraria, di ribellione costante, ha permesso allo scrittore norvegese di brillare in ogni maniera: di volta in volta, egli è stato poeta idilliaco, creatore di epopee potenti o di un lirismo di situazione, critico audace delle disfunzioni sociali dello “stupido XIX secolo”. Nella sua opera multi-sfaccettata, si percepiscono pertanto al primo sguardo alcune costanti principali: un’adesione alla Natura, una nostalgia dell’uomo originario, dell’uomo di fronte all’elementare, una volontà di liberarsi dalla civilizzazione moderna essenzialmente meccanicista. In una lettera che egli scrive all’età di ventinove anni, scopriamo questa frase così significativa: “Il mio sangue intuisce che ho in me una fibra nervosa che mi unisce all’universo, agli elementi”.

Hamsun nasce a Lom-Gudbrandsdalen, nel sud della Norvegia, ma trascorre la sua infanzia e la sua adolescenza a Hammarøy nella provincia del Nordland, al largo delle Isole Lofoten e al di là del Circolo Polare Artico, una patria da lui mai rinnegata e che sarà lo sfondo di tutta la sua immaginazione romanzesca. È una vita rurale, in un paesaggio formidabile, impressionante, unico, con gigantesche falesie, fiordi grandiosi e luci boreali; sarà anche l’influenza negativa di uno zio pietista che condurrà assai presto il giovane Knut a condurre una vita di simpatico vagabondo,di itinerante che esperimenta la vita in tutte le sue forme.

Il destino di un “vagabondo”

Knut Pedersen (vero nome di Knut Hamsun) è figlio di un contadino, Per Pedersen che, a quarant’anni, decide di abbandonare la fattoria che appartiene alla sua famiglia da più generazioni, per andare a stabilirsi a Hammarøy e diventare sarto. Questo cambiamento, questa uscita fuori dalla tradizione familiare, fuori da un contesto pluricentenario, provoca l’indigenza e la precarietà in questa famiglia scossa e il giovane Knut, a nove anni, si vede affidato a questo zio severo, di cui abbiamo appena parlato, uno zio duro, puritano, che detesta i giochi, anche quelli dei figli e picchia duro per farsi obbedire. È dunque a Vestfjord, presso questo zio puritano, predicatore, cultore della teologia moralizzante, che Knut Hamsun incontrerà il suo destino di vagabondo.

Per sfuggire alla rudezza ed alla brutalità di questo predicatore evangelico che picchia per il bene di Dio, che interrompe le risate che, senza dubbio, sono ai suoi occhi l’anticamera del peccato, il giovane Knut si chiude in se stesso e si rivolge alla foresta del Grande Nord, così spoglia, ma circondata da paesaggi talmente fiabeschi… La dialettica hamsuniana dell’io e della natura prende corpo nei rari momenti in cui lo zio non fa sgobbare il ragazzo per recuperare la spesa di qualche uovo e di un pezzo di pane nero.

La prima opera: Misteri

Questa vita, tra la Bibbia e i ceffoni, Knut la vivrà cinque anni; a quattordici anni in effetti egli fa le valige e ritorna a Lom, nel natale sud, dove diviene impiegato di commercio. Comincia la vita itinerante: Hamsun acquisisce la sua “caratteristica”, quella di essere un “vagabondo”. Dai quindici ai diciassette anni, egli errerà nel Nord e venderà agli autoctoni ogni tipo di mercanzie, come Edevart, personaggio del suo celebre romanzo I Vagabondi. A diciassette anni, egli impara il mestiere di calzolaio e scrive la sua prima opera: Misteri. Diventa una celebrità locale e passa al grado di impiegato, poi di istitutore. Un ricco commerciante lo prende sotto la sua protezione e gli procura una somma di denaro perché possa continuare a scrivere. Così nasce nel 1879, una seconda opera, Frida, che gli editori rifiutano. La speranza di diventare scrittore svanisce, malgrando un tentativo di entrare in contatto con Björnson…

Comincia allora un nuovo periodo di vagabondaggio: Hamsun è sterratore, cantastorie, capomastro in una cava, etc…, e le sue sole gioie sono i balli del sabato sera. Nel 1882, a 23 anni, parte per l’America dove la vita sarà assai più difficile che in Norvegia e dove Hamsun sarà di volta in volta guardiano di porci, impiegato di commercio, aiuto muratore e commerciante di legname. A Minneapolis, egli vivrà giorni migliori in una comunità di predicatori “unitariani”, di Norvegesi, immigrati come lui in America. Questa posizione gli permette di tenere regolarmente conferenze su diversi temi letterari: là il suo stile si afferma e questo giovane, di bell’aspetto, energico e forte, trasforma le sue delusioni e i suoi rancori in sarcasmo ed in uno humour feroce, colorito, in cui emerge quel genio che non sarà riconosciuto che alcuni anni dopo.

La fame in una mansarda di Copenaghen

Dopo un breve ritorno in Norvegia, egli ritorna in America e vive a Chicago dove fa il bigliettaio di tram. Questo secondo soggiorno americano non dura che qualche anno e, definitivamente deluso, rientra in Scandinavia. Si installa a Copenaghen, in una squallida mansarda, con la fame che gli attanaglia le viscere. Questa fame, questa miseria che gli attacca alla pelle, lo renderà celebre in un batter d’occhio. Dimagrito, mezzo barbone, egli presenta una bozza di romanzo, scritto nella sua mansarda danese, a Edvard Brandes, fratello di Georg Brandes, amico danese ed ebreo di Nietzsche, grande critico del cristianesimo pauliniano, presentato come antenato del comunismo livellatore. Georg Brandes fa uscire questo abbozzo anonimamente nella rivista Ny Jord (”Terra Nuova”) ed il pubblico si entusiasma, i giornali reclamano testi di questo autore sconosciuto e così affascinante. L’era delle vacche magre è definitivamente terminata per Hamsun, a 29 anni. Fame descrive le esperienze dell’autore confrontate con la fame, i fantasmi che essa fa nascere, i nervosismi che essa suscita… Questo scritto d’introspezione colpisce le tecniche letterarie in voga. Esso coniuga romanticismo e realismo. E Hamsun scrive: “Quello che mi interessa è l’infinita varietà di movimenti della mia piccola anima, l’estraneità originale della mia vita mentale, il mistero dei nervi in un corpo affamato!…”. Quando Fame esce in forma di libro nel 1890, il pubblico scopre una nuova giovinezza dello scrivere, uno stile completamente nuovo, impulsivo, capriccioso, di un’infinita finezza psicologica, trasmesso da una scrittura viva, abbellita dalle forme sorprendenti in cui si esprime lo humour sarcastico, vitale, costruito di audaci paradossi, che Hamsun aveva già palesato nelle sue prime conferenze americane. Fame rivela anche un individualismo nuovo, giovanile e fresco. Hamsun scrive che i libri ci devono insegnare “i mondi segreti che si fanno, fuori dalla vista, nelle pieghe nascoste dell’anima, … quei meandri del pensiero e del sentimento; quegli andirivieni estranei e fugaci del cervello e del cuore, gli effetti singolari dei nervi, i morsi del sangue, le preghiere delle nostre midolla, tutta la vita inconscia dell’anima”. La fine del secolo deve lasciare posto all’individualità e alle sue originalità, alle complessità che non corrispondono ai sentimenti e all’anima dell’uomo moderno. Complessità che non sono stereotipate in abitudini gravose, nelle routine borghesi ma vagabondano e vedono, grazie al loro completo distacco, le cose nella loro nudità. Questo rapporto diretto con le cose, questo aggiramento delle convenzioni e delle istituzioni, permette l’audacia e la libertà di aggrapparsi all’essenziale, alle grandi forze telluriche e vieta il ricorso ai piccoli piaceri stereotipati, al turismo convenzionale. L’individuo che vagabonda tra se stesso e la Terra onnipresente non è l’individuo-numero, perduto in una massa amorfa, privo di ogni legame carnale con gli elementi.

In Fame, l’affamato si distacca dunque totalmente dalla comunità degli uomini; la sua interiorità ripiega su se stessa come quella del bambino Hamsun che vagabondava nella foresta, errava nel cimitero o si piazzava in cima ad una collina per assorbire le bellezze del paesaggio. L’affamato non sviluppa alcun rancore né rivendicazione contro la comunità degli uomini; egli non l’accusa. Si limita a constatare che il dialogo tra sé e questa comunità è divenuto impossibile e che solo l’introspezione è arricchimento.

Da queste impressioni di affamati, dall’impossibilità del dialogo individuo/comunità, decolla tutta l’antropologia che ci suggerisce Hamsun. Perché è senza dubbio inutile passare in rassegna la sua biografia, enumerare tutti i libri da lui scritti, se si passa a lato di questa implicita antropologia, onnipresente in tutta la sua opera. Se si trascura di darne una traccia, sia pure fugace, non si comprende nulla del suo messaggio metapolitico né del suo successivo impegno militante accanto a Quisling.

La società urbana, industriale, meccanizzata, pensa e afferma Hamsun, ha distrutto l’uomo totale, l’uomo intero, l’odalsbonde della tradizione scandinava. Essa ha distrutto i legami che uniscono ogni uomo totale agli elementi. Risultato: il contadino, strappato alla sua gleba e scagliato nelle città perde la sua dimensione cosmica, acquisisce sterili manie, i suoi nervi non sono più in comunione con l’immanenza cosmica e si agitano sterilmente. Se si parla in linguaggio heideggeriano, si può dire che il senso di abbandono urbano, modernista, precipita l’uomo nell’”inautenticità”. Sul piano sociale, la rottura dei legami diretti e immediati, che l’uomo rimasto integro mantiene con la natura, conduce ad ogni sorta di comportamento aberrante o all’errare, al vagabondaggio febbrile dell’affamato.

Gli eroi hamsuniani, Nagel di Misteri, soprannominato lo “straniero dell’esistenza”, e Glahn di Pan, sono delle comete, delle stelle strappate alle loro orbite. Glahn vive in comunione con la natura, ma dei capricci urbani, incarnati dall’immagine di Edvarda, donna fatale, gli fanno perdere questa armonia e lo portano al suicidio, dopo un viaggio nelle Indie, cerca assai febbrile quanto inutile. Entrambi vivono il destino di questi vagabondi che non hanno la forza di ritornare definitivamente alla terra o che, per stupidità, lasciano la foresta che li aveva accolti, come aveva fatto Hamsun all’epoca del suo breve sogno americano.

Il vero modello antropologico di Hamsun è Isak, l’eroe centrale de Il Risveglio della Gleba: Isak vive nei suoi campi, spinge il suo aratro, sviluppa la sua attività, persegue il suo compito, nonostante le elucubrazioni della sua sposa, le sciocchezze di suo figlio Eleseus che vegeta in città, si rovina e sparisce in America, nonostante l’impianto temporaneo di una miniera vicino al suo podere. Il mondo delle illusioni moderne turbina attorno ad Isak che resiste imperturbabile e vince. La sua impermeabilità naturale, tellurica, nei confronti delle manie moderne, gli permette di lasciare a suo figlio Sivert, il solo figlio che gli rassomigli, una fattoria ben organizzata e con un avvenire sicuro. Né Isak né Sivert sono “morali” nel senso puritano e religioso del termine. La natura che dà loro forza e consistenza non è una natura ideale, costruita, alla moda di Rousseau, ma una compagna dura; essa non è un modello etico, ma la sorgente primaria verso la quale ritorna il vagabondo che il modernismo ha distaccato dalla sua comunità e condannato alla fame nei deserti urbani.

E’ dunque nel vagabondaggio, nelle innumerevoli esperienze esistenziali che il vagabondo Hamsun ha vissuto tra i 14 e i 29 anni, nella coscienza che questo vagabondaggio è stato causato da queste illusioni moderniste che perseguitano i cervelli umani dell’età moderna e li spingono scioccamente a costruire dei sistemi sociali che escludono totalmente gli uomini originali; è in tutto questo che si è forgiata l’antropologia di Hamsun.

Prima di far uscire Fame, Hamsun aveva pubblicato una requisitoria contro l’America, paese dell’errare infruttuoso, paese che non racchiude alcuna terra in cui ritornare quando pesa l’erranza. Questo antiamericanismo, esteso ad un’ostilità generale verso il mondo anglosassone, rimarrà una costante nei sentimenti para-politici di Hamsun. La sua successiva critica del turismo di massa, principalmente anglo-americano, è un’eco di questo sentimento, abbinato all’umiliazione del fiero norvegese che vede il suo popolo trasformato in una popolazione di cameriere e di baristi.

Se questo pamphlet antiamericano, Fame, Pan, Victoria, Sotto la stella d’autunno, Benoni, ecc., sono le opere del primo Hamsun, del vagabondo ribelle e impetuoso, dello sradicato anche se conosce la propria intima ferita, il romanzo Un vagabondo suona in sordina (1909), che esce quando Hamsun raggiunge i cinquant’anni, segna una transizione. Il vagabondo di mezzo secolo guarda al suo passato con tenerezza e rassegnazione; egli ormai sa che è passata l’epoca dei sentimenti ardenti e adotta uno stile meno folgorante e meno lirico, più posato, più contemplativo. In compenso, il soffio epico e la dimensione sociale acquisiscono un’importanza maggiore. L’ambiente sofferto di Fame, il lirismo di Pan cedono il posto ad una critica sociale acuta, priva di ogni concessione.

E pure a 50 anni, nel 1909, che Hamsun si sposa per la seconda volta (un primo matrimonio era fallito) con Marie Andersen, di 24 anni più giovane, che gli darà numerosi figli e rimarrà al suo fianco fino alla fine. Il vagabondo diviene sedentario, ritorna contadino (Hamsun acquista diverse fattorie, prima di stabilirsi definitivamente a Nörholm), ritrova il suo angolo di terra e vi si attacca. L’avvenimento biografico si ripercuote nell’opera e l’innocente anarchico si spoglia dei suoi eccessi e si colloca nel suo “ideale”, quello incarnato da Isak. La trama de Il Risveglio della Gleba, è la coniugazione del passato vagabondo e del reintrecciarsi in un territorio, la dialettica tra l’individualità errante e l’individualità che fonda una comunità, tra l’individualità che si lascia sedurre dalle chimere urbane e moderne, dagli artifici ideologici e disincarnati, e l’individualità che porta a compimento il suo impegno, imperturbabilmente, senza lasciare la Terra degli occhi. La potenza di questi paradossi, di queste opposizioni, vale ad Hamsun il Premio Nobel della Letteratura. Il Risveglio della Gleba, con il suo personaggio centrale, il contadino Isak, costituisce l’apoteosi della prosa hamsuniana.

Vi si ritrova quella volontà di ritorno all’elementare che sostenevano specialmente Friedrich-Georg Jünger e Jean Giono.

Il modello antropologico hamsuniano corrisponde anche all’ideale contadino del “movimento nordico” che muove la Germania e i paesi scandinavi dalla fine del XIX secolo e che, in seguito, i nazionalsocialisti Darré e von Leers incarnano nella sfera politica. Negli anni 20 si affermano dunque in Hamsun tre opinioni politicizzabili:

1) il suo antiamericanismo e la sua anglofobia,

2) il suo astio nei confronti dei giornalisti, propagatori delle illusioni moderniste (Cf. Il redattore Lynge) e

3) la sua implicita antropologia, rappresentata da Isak.

A questa si aggiunge una frase, tratta dai Vagabondi: “Nessun uomo su questa terra vive di banche e industria. Nessuno. Gli uomini vivono di tre cose e di nient’altro: del grano che spunta nei campi, del pesce che vive nel mare e degli animali ed uccelli che crescono nella foresta. Di queste tre cose”. Qui è facile tracciare il parallelo con Ezra Pound ed il suo maestro, l’economista anarchizzante Silvio Gesell, per quel che concerne l’ostilità nei confronti delle banche. L’odio verso il meccanicismo industriale lo ritroviamo in Friedrich-Georg Jünger. E Hamsun non anticipa Baudrillard nello stigmatizzare i “simulacri”, che costituiscono la caratteristica delle nostre società dei consumi?

Davanti a questa offensiva del modernismo, bisogna, scrive Hamsun a 77 anni, in Il cerchio si chiude (1936), stare ai margini, essere un enigma costante per coloro che aderiscono alle seduzioni del mondo mercantile.

I quattro temi ricorrenti del discorso hamsuniano e la presenza ben ancorata nel pensiero norvegese dei miti romantici e nazionalisti del contadino e del vikingo, conducono Hamsun ad aderire al Nasjonal Sammlung di Vidkun Quisling, il leader populista norvegese. Questi opta nel 1940 per un’alleanza con il Reich che occupa fulmineamente il paese con la campagna d’aprile, in quanto la Francia e l’Inghilterra sono sul punto di sbarcare a Narvik e di violare simultaneamente la neutralità norvegese al fine di tagliare la strada del ferro svedese. Durante tutta la guerra, Quisling vuole formare un governo norvegese indipendente, incluso in una confederazione grande-germanica, alleata con una Russia sbarazzata dal sovietismo, in seno ad un’Europa in cui l’Inghilterra e gli Stati Uniti non avranno più alcun diritto d’intervento.

La “collaborazione” di Hamsun consiste nel difendere con la penna quella politica, quella versione del nazionalismo norvegese, e nello spiegare il suo impegno durante un congresso di scrittori nel 1943 a Vienna. Hamsun viene arrestato nel 1945, internato in un istituto per alienati, poi in un ospizio per anziani e infine portato davanti alla giustizia. Nel corso di questo penoso periodo, il nonagenario Hamsun redige la sua ultima opera, Sui sentieri dove ricresce l’erba (1946). Una lettera di Hamsun al Procuratore Generale del Regno merita ancora la nostra attenzione perché il tono che egli vi adotta è altero, beffardo, condiscendente: prova che lo spirito, le letteratura, il genio letterario, trascendono, anche nella peggiore avversità, il lavoro spregevole e mediocre dell’inquisitore. Hamsun il Ribelle, vecchio e prigioniero, rifiuta ancora di inchinarsi davanti a un Borghese, sia pure il supremo magistrato del regno. Un esempio…

Robert Steuckers

Fonte:http://www.centrostudilaruna.it/knuthamsunitinerario.html

 

Dressage capitaliste

les-medias-veillent.jpg

 

Dressage capitaliste

 

Contrairement à une vision encore très répandue dans les milieux d’extrême gauche, il y a déjà bien longtemps que le dressage capitaliste des classes populaires ne repose plus prioritairement sur l’action de la police ou de l’armée (…). De nos jours, il devrait, au contraire, être devenu évident pour n’importe qui que le développement massif de l’aliénation trouve sa source véritable et ses points d’appui principaux dans la guerre totale que les industries combinées du divertissement, de la publicité et du mensonge médiatique livrent quotidiennement à l’intelligence humaine. Et les capacités de ces industries modernes à contrôler “le temps du cerveau humain disponible” sont, à l’évidence, autrement plus redoutables que celles du policier, du prêtre ou de l’adjudant – figures qui impressionnent tellement les militants des “nouvelles radicalités”.

 

Jean-Claude MICHEA, “La double pensée – Retour sur la question libérale”, coll. Champs/Essais, Flammarion, 2008.

 

 

samedi, 13 décembre 2008

Déchiffrer les intentions d'Obama dans le sous-continent indien

pakistan-prov.gif

 

 

Déchiffrer les intentions d’Obama dans le sous-continent indien

Réflexions après l’entretien accordé au « Spiegel » par Bruce Riedel

Bruce Riedel, 55 ans, est un ancien de la CIA, expert ès-questions islamistes. Il vient d’être nommé conseiller de Barack Obama. Dans un ouvrage récent, intitulé « The Search for Al Qaeda », paru chez un éditeur prestigieux, Brookings Institution Press à Washington, il avait prévu un attentat islamiste de grande ampleur en Inde, suivi d’un risque très élevé de confrontation entre les deux puissances atomiques du sous-continent indien, avec, bien entendu, le risque d’un usage militaire du nucléaire pour la première fois depuis Hiroshima et Nagasaki.

Après les attentats de Bombay/Mumbai, qui ressemblent curieusement au scénario évoqué par Riedel dans son ouvrage, les soupçons de la police indienne se portent sur un mouvement islamiste indo-pakistanais, le Lashkar-i-Toiba (LiT), dont l’objectif a toujours été de susciter la crise entre l’Inde et le Pakistan, afin de récupérer pour l’Oumma musulmane le Cachemire et, à terme, la vallée du Gange où vivent la plupart des 120 millions de musulmans d’Inde. Aujourd’hui, le LiT rejette la politique d’apaisement du nouveau président pakistanais Asif Ali Zardari, veuf de Benazir Bhutto. Cette politique de Zardari, couplée à celle du Parti du Congrès au pouvoir en Inde, semblait marquer des points et aider à conjurer l’éventualité d’un conflit. C’est, explique Bruce Riedel dans l’entretien qu’il vient d’accorder au « Spiegel », sans compter sur ceux qui, au Pakistan, vivent de la confrontation entre les deux pays. Les attentats de Bombay/Mumbai ont tenté de torpiller le rapprochement et de viser le cœur de la vie économique indienne. Pour Bruce Riedel, l’offensive anti-indienne du LiT repose, en coulisses, sur une alliance ancienne, datant de la dernière décennie de la Guerre Froide, entre Ben Laden et l’ISI, le service secret pakistanais. Cette alliance avait reçu l’aval des Américains afin de bloquer toute avancée soviétique en direction du sous-continent, selon les recettes héritées de la politique britannique dans la région au cours du 19ème siècle. Les Américains avaient délibérément tablé sur l’islamisme, à l’époque, pour clouer les Soviétiques en Afghanistan, leur infliger une guerre d’usure selon les tactiques dites « lawrenciennes » de harcèlement par partisans tribaux. Une fois le danger soviétique éliminé, le tandem Ben Laden/ISI n’a pas décidé de déposer les armes mais de se retourner contre l’Inde, fort de ses expériences afghanes. L’offensive talibano-pakistanaise visait essentiellement la reconquête totale du Cachemire au bénéfice de l’Oumma. Les islamistes considèrent, en effet, que le Cachemire est une deuxième Palestine occupée non pas par les tenants de l’idéologie sioniste mais par l’ennemi hindou.

Dans ce contexte explosif, qui brouille les repères établis en Afghanistan au temps de la Guerre Froide, les Américains ne parviennent pas à savoir clairement si l’ISI pakistanais coopère encore avec des éléments du LiT ou d’Al Qaeda. Officiellement, Musharraf, le prédécesseur de Zardari, avait rompu les liens entre ses services secrets et les talibans.  Riedel avoue que les Etats-Unis ont fabriqué un « monstre », dont ils ne sont plus les maîtres. Un monstre qui se réfugie aujourd’hui dans la « zone tribale », en lisière d’une frontière afghane finalement fort mal définie et tout à fait poreuse. Personne n’a jamais vraiment pu contrôler cette « zone tribale » ou « Waziristan » : ni les Britanniques jadis (on se souviendra du film « L’Homme qui voulait être Roi » avec Sean Connery et d’après une nouvelle de Kipling) ni les Pakistanais depuis 1947. Cette zone échappe à toutes les autorités.

Pire, constate Riedel, et son aveu est de taille, les 800.000 citoyens britanniques d’origine pakistanaise constituent un vivier très intéressant pour le LiT et Al Qaeda, car le passeport britannique ouvre toutes les portes. Et quid des centaines de milliers d’autres ressortissants de pays susceptibles de tomber dans les séductions de l’islamisme radical ? On se souviendra que l’un des assassins du Commandant Ahmed Shah Massoud avait, lui, un passeport belge.

Bruce Riedel est donc l’un des hommes qui va faire la politique que l’histoire attribuera à Obama.  Celui-ci a annoncé qu’il préférera mettre le « paquet » sur l’Afghanistan plutôt que sur l’Irak. Il doit donc créer une situation d’urgence et de terreur en marge du territoire afghan et tenter d’éliminer le facteur trouble et ambigu qu’est l’ISI, un acteur sur la scène de l’Hindu Kush qui a toujours joué sur deux tableaux, rendant ainsi la situation ingérable pour les Etats-Unis et plongeant l’Afghanistan dans un cortège de misères que ce pays splendide n’a certes pas mérité.

Dans son entretien accordé au « Spiegel », Riedel noircit le tableau à l’extrême et sans nul doute à dessein : il annonce le risque d’un nouveau 11 septembre, des attentats à l’arme biologique ou nucléaire, etc. Les Américains craignent qu’une partie du savoir technologique nucléaire du Pakistan ne tombe aux mains d’organisations terroristes. Riedel marque dès lors son accord avec la politique de Bush, prouvant par cette affirmation que la politique d’Obama ne sera pas une rupture mais une continuité dans le déploiement du bellicisme américain, les démocrates ayant été plus souvent, au cours de l’histoire, fauteurs de guerres et de carnages que les Républicains. La politique suggérée par Bush, dans la région et plus particulièrement dans la « zone tribale », était d’attaquer avec l’appui des drones « Predator » de l’US Air Force et des « troupes spéciales ». La seule différence, c’est que l’Administration Obama se montrera plus  diplomatique puisque le monde entier, et surtout les Européens de l’Axe Paris/Berlin/Moscou, avait reproché à l’équipe sortante de fouler aux pieds les principes traditionnels de la diplomatie. En l’occurrence, les Démocrates feront mine de respecter davantage la souveraineté pakistanaise dans la zone car, en fin de compte, seul l’Etat pakistanais sera en mesure d’y restaurer l’ordre.

Quand la journaliste du « Spiegel » Cordula Meyer lui demande si la paix au Cachemire comme en Palestine ne serait pas la meilleure garantie d’une disparition à terme d’Al Qaeda, Bruce Riedel répond qu’effectivement, dans ce cas, les masses musulmanes ne montreraient plus guère d’intérêt pour l’islamisme radical qui bascule parfois dans le terrorisme. Le vivier de celui-ci serait définitivement asséché. Mais nous n’en sommes pas encore là… Riedel annonce, dans cette perspective, que le Proche Orient bénéficiera d’une priorité dans la diplomatie américaine. Reste à attendre ce que cette nouvelle diplomatie donnera comme résultats… Riedel annonce également le projet d’un « Plan Marshall » pour l’Afghanistan et le Pakistan car la misère qui règne dans ces deux pays entraine les masses dans le radicalisme comme elle aurait pu entrainer en Europe la renaissance d’un européisme national-socialiste ou fasciste voire une alliance de ce socialisme et de cet anti-impérialisme des « havenots » avec le communisme stalinien qu’il avait pourtant combattu (voir les derniers articles de Drieu la Rochelle et de son jeune disciple wallon, speaker à la radio des émigrés du Hanovre, Valère Doppagne).

Et à quoi devrait servir ce « Plan Marshall » en priorité ? A construire des routes, affirme Riedel. Car sans un réseau routier, il n’y a pas d’agriculture possible à grande échelle, autre que la seule richesse de l’Afghanistan actuel, l’héroïne. La boucle routière afghane n’est même plus accessible partout et l’Administration Obama retient les griefs des commandants de l’OTAN en Afghanistan : les aires contrôlées par les talibans commencent justement là où il n’y a plus de routes.

L’entretien accordé par Riedel au « Spiegel » montre bien quelle est la différence d’intention entre Bush et Obama : le plan visant à créer des infrastructures routières en Afghanistan ne date pas d’hier ; l’administration néo-conservatrice ne l’avait pas retenu, préférant mettre toute la gomme sur l’Irak et ses pétroles. L’analyse des militaires et de la nouvelle administration est juste : les routes afghanes n’ont été refaites ni après le départ de l’Armée Rouge ni après l’entrée des troupes de l’OTAN à Kaboul, négligence qui précipite le pays dans un chaos structurel et dans le désordre total. La volonté de doter le pays d’une infrastructure routière participe d’une logique plus impériale que celle, volontairement génératrice de chaos, des néo-conservateurs, qui entendaient naguère se poser uniquement comme policiers du monde, en ne se préoccupant pas de structurer les régions conquises, contrôlées et neutralisées. Mais on ne contrôle pas sur le long terme sans structurer : la leçon de Rome, empire des routes, est là pour nous le rappeler. Pourtant, Brzezinski, cet ancien conseiller de Carter et de Clinton qui revient en coulisses, avait préconisé la stratégie « mongole » : détruire et ne pas reconstruire de crainte qu’un empire concurrent et surtout durable ne s’installe en Asie centrale, en cas de retrait ou de ressac américain. En effet, que se passerait-il si une puissance tierce, perse, indienne ou russe arrivait ou revenait dans un Afghanistan structuré avec l’argent du contribuable américain ?

Enfin, pour pacifier définitivement l’Afghanistan et gagner la guerre entamée là-bas il y a sept ans, il faut disloquer l’alliance implicite et tacite entre l’Etat pakistanais et les djihadistes du Pakistan. Quelle solution préconise Riedel ? Parier sur la « démocratie pakistanaise »,  soit sur Zardari et épauler ce pari par le nouveau « Plan Marshall » (mais y aura-t-il encore assez d’argent ?). Le pays a déjà reçu 11 milliards de dollars d’aide américaine. Les Démocrates, dont le futur vice-président Joe Biden, suggèrent au moins de tripler le budget et de l’amener, dans un premier temps, à 1,5 milliard chaque année, pour que le Pakistan ne devienne pas un « Etat failli » (voir la définition qu’en donne Noam Chomsky) comme la Somalie ou le Liban. Notre question : est-ce possible ? Riedel ajoute que la préoccupation de la nouvelle administration démocrate est le Pakistan parce que celui-ci dispose d’au moins soixante têtes nucléaires et que celles-ci ne peuvent pas tomber entre n’importe quelles mains.

Enfin, à la question de la journaliste qui lui demandait pourquoi les Américains n’avaient pas encore attrapé Ben Laden, Riedel répond cette fable à laquelle seuls les naïfs croiront : les Américains n’ont pas encore trouvé Ben Laden parce que les ressources pour la chasse à l’homme ne sont plus disponibles depuis 2002 et qu’il s’avère dès lors difficile de reprendre l’enquête… Avec « Google Earth » vous pouvez déjà inspecter votre propre maison et la plupart des polices urbaines disposent de micros ultra-sensibles pour épier n’importe quelle conversation à travers les murs d’un immeuble, mais les services secrets de la plus grande puissance de tous les temps seraient incapables de trouver un fugitif, fût-ce au fin fond des montagnes et des vallées du Waziristan… A moins qu’on ne veuille pas l’entendre témoigner sur la collusion entre son réseau, la pétro-monarchie saoudienne, les pétroliers texans, l’ISI et les services américains…

Pour les européistes lucides :

-        considérer que l’Afghanistan appartient en fait aux zones d’influence russe et persane et non pas à des « raumfremde Mächte »;

-        que l’Inde doit être liée à la Russie et à l’Europe par une bande territoriale sécurisée, incluant l’ensemble du Cachemire/Jammu, de façon à souder un ensemble eurasien non lié à l’islam et/ou à un quelconque impérialisme thalassocratique ;

-        que l’Afghanistan mérite certes une bonne infrastructure routière mais que celle-ci ne doit pas seulement venir de fonds américains ;

-        que les démocrates ne sont pas des pacifistes et que cette volonté de structurer l’Afghanistan participe du grand plan impérialiste du « Greater Middle East », correspondant peu ou prou au territoire de l’USCENTCOM ; structurer l’Afghanistan sert surtout à dominer un territoire surplombant les régions voisines que sont l’Iran, l’Asie centrale, le Pakistan et, de là, la vallée du Gange, selon la direction géopolitique qu’avaient jadis empruntée les conquérants afghans et islamisés de l’Inde ; le fait de vouloir doter l’Afghanistan de bonnes routes ne dérive donc pas d’un humanisme qui prendrait les Afghans sous sa douce aile protectrice ni du désir ardent de leur apporter une belle démocratie eudémoniste, elle vient d’une volonté de dominer la région pour longtemps, d’y ancrer les bases nécessaires à une installation de très longue durée ;

-        que l’alliance entre l’islam sunnite et les Etats-Unis existe toujours, mais qu’il a pris d’autres formes depuis le 11 septembre 2001 ;

-        que les services américains, sous la nouvelle égide des démocrates, ne trouveront pas davantage Ben Laden que leurs homologues républicains et néo-conservateurs (et pour cause…), car l’alliance islamistes/USA date précisément du temps de l’administration démocrate de Carter, dont l’un des conseillers était Brzezinski, pour qui tous les moyens étaient bons pour chasser la Russie de l’Asie centrale ;

-        que les attentats de Bombay/Mumbai devront être interprétés plus tard comme des machinations ourdies probablement par des forces tierces, dans un but de déstabilisation de la région et/ou de manipulation médiatique en vue d’avancer des pions sur l’échiquier afghan, dans l’Océan Indien ou dans la périphérie birmane ou thaï du sous-continent indien, voire dans l’Himalaya ;

-        que l’Inde a intérêt, comme le souhaitent le BJP et le RSS, à ne pas demeurer une « société composite », c’est-à-dire une société à diverses composantes généralement antagonistes, car toutes les sociétés de ce type sont vouées au « dissensus » civil permanent, au déclin, à l’inefficacité et à la misère ;

-        que les attentats de Bombay/Mumbai visaient peut-être à écarter le BJP du pouvoir et à préconiser une politique d’apaisement reposant sur Zardari au Pakistan et sur le parti du Congrès en Inde et que l’éventualité d’un retour aux affaires du BJP contrarierait l’éclosion lente et graduelle du « Greater Middle East » dont l’Inde n’est pas appelée à faire partie ; que tout retour du BJP aux affaires entrainerait le déplacement vers la frontière indienne de 120.000 soldats pakistanais actuellement en poste face à la « zone tribale », où les Américains ou l’OTAN devraient aller les remplacer, sans connaître le terrain ; que le projet de créer un « Greater Middle East » se verrait retardé en cas de nouveau conflit indo-pakistanais ;

-        que les Etats-Unis d’Obama éprouveront bien des difficultés à calmer le vieux et lourd contentieux indo-pakistanais et que ces difficultés doivent nous inciter à proposer une solution euro-russe pour le sous-continent indien.

 

(Source : « Das Auge des Sturms », Entretien avec Bruce Riedel, propos recueillis par Cordula Meyer, « Der Spiegel », n°50/2008 ; résumé et commentaires de Robert Steuckers).  

 

 

L'Europe et Obama

 

Eurobama.jpg

 

L’Europe et Obama

Le nouveau président américain, Barack Obama, possède incontestablement un grand charisme, une constitution d’acier (« Je ne l’ai jamais vu fatigué », écrit H. J. A. Hofland, qui a suivi la campagne électorale aux Etats-Unis, dans le quotidien néerlandais « NRC-Handelsblad », en date du 5 novembre 2008) ; en outre, Obama a pu rassembler des sommes d’argent considérables lors de ces présidentielles ; d’après les estimations, quelque deux milliards de dollars ont été injectés dans sa campagne (« Rita Verdonk pourrait-elle devenir, elle aussi, présidente avec un tel pactole ? », se demandait-on aux Pays-Bas, dans les colonnes du « NRC-Handelsblad » du 5 novembre 2008). L’historien américain Simon Schama, spécialiste de l’histoire néerlandaise qui enseigne à Amsterdam, qualifie Obama de « politicien populiste », qui « revient aux grassroots, grâce auxquelles le pays pourra retrouver son élan » ; Schama pense qu’Obama doit son succès à ce populisme (émission NOS sur la chaine NL2, 4 novembre 2008). Incontestablement, Obama force le respect, commente « Newsweek » (3 nov. 2008), qui constate, avec étonnement, qu’il est probablement le premier candidat à la présidence qu’aucun clown de cabaret en Amérique n’a ridiculisé.

Mais cela n’ôte rien au fait que l’euphorie et l’Obamania européennes sont exagérées. L’avalanche de superlatifs, que nous avons subie, par ses outrances, générait un sentiment de malaise, même si on peut la comprendre. Les années Bush ont laissé un goût d’amertume dans toute l’Europe. Dans une enquête publiée en septembre et commentée dans le « NRC-Handelsblad » du 1 nov. 2008, on nous rappelle qu’en 2002 64% des Européens estimaient souhaitable que les Américains exercent un leadership en politique internationale ; en 2008, il n’y en avait plus que 36% pour émettre une telle opinion.

Mais l’euphorie actuelle risque d’apporter de solides désillusions (comme le constate l’article principal du « Monde », le 7 nov. 2008 : « cette euphorie porte en elle-même le risque de déception »). Ces déceptions sont effectivement inévitables. L’Amérique est de moins en moins dominée par des immigrants dont les ancêtres étaient Européens. Parfois les Européens imaginent que les Américains sont amoureux de l’Europe, mais ce n’est pas le cas. L’équivalent de l’Obamania, qui sévit de ce côté-ci de l’Atlantique, est difficilement imaginable aux Etats-Unis. La plupart des Américains ne savent même pas qui est le Président de la France car cela ne les intéresse pas. Lors de la campagne électorale, qui vient de se dérouler aux Etats-Unis, l’Europe n’a joué aucun rôle, si ce n’est négatif : lorsqu’Obama a débarqué le 25 juillet à Paris, il a refusé de rencontrer une personnalité de l’opposition socialiste car ses conseillers de campagne lui avaient bien fait comprendre qu’il ne fallait surtout pas apparaître en photo avec un socialiste européen. A Londres, il a posé sans hésiter avec le chef de l’opposition conservatrice. A Berlin, il n’a pas pu échapper à une poignée de main furtive avec le ministre social-démocrate des affaires étrangères du cabinet Merkel, mais, ostensiblement, il regardait dans la direction opposée ; la photo, de surcroît, n’a pas pu paraître en Amérique.

On peut partir du principe qu’Obama a tout en lui pour devenir un grand homme d’Etat et l’expérience de l’histoire nous apprend que les hommes d’Etat sont des politiques qui ne connaissent pas de plus haut intérêt que l’intérêt national. Cela vaudra aussi pour Obama. Seuls des intérêts américains guideront sa politique (« Le Monde », op. cit., 7 nov. 2008 : « Ce sont les intérêts strictement américains qui dicteront la conduite du président Obama »). Ses admirateurs de la gauche européenne trouveront sans nul doute sa gestion problématique, peu conforme à leur desiderata : « nous, les Américains, restons un pays de droite », déclare le rédacteur en chef Jon Meacham, dans le numéro de « Newsweek » du 20 oct. 2008, un hebdomadaire que l’on qualifie de « progressiste » aux Etats-Unis.

Pendant la campagne, Obama est resté assez vague. Son slogan principal, « Change », « Changement », il l’a annoncé à cors et à cris mais quand on lui demandait d’expliciter davantage ce concept, il s’enlisait dans une rhétorique creuse, certes servie par le talent d’un grand orateur. Après ses explications, on n’en savait pas davantage qu’auparavant. Comment Obama affrontera-t-il la récession dans un pays où les finances s’avèrent quasi ingérables ? Les Démocrates américains ont tendance, habituellement, à recourir au protectionnisme commercial mais s’ils mènent une telle politique qualifiable de « notre-peuple-d’abord », alors les entreprises automobiles de Gand, Anvers et Genk peuvent d’ores et déjà songer à fermer très bientôt leurs portes. Je ne sais pas si la gauche flamande conservera alors son enthousiasme pour Obama…

Et la politique étrangère ? Le premier acte d’Obama a été de nommer chef de l’état-major de la Maison Blanche (l’équivalent du chef de cabinet du Roi chez nous) un citoyen israélien qui a milité naguère dans les mouvements sionistes les plus extrémistes de son pays. Lors de sa première conférence de presse, Obama n’a abordé qu’une seule thématique de la politique internationale, l’Iran, en lançant une attaque en règle contre ce pays, utilisant une terminologie courante à Tel Aviv. Voilà qui n’est pas pour nous tranquilliser.

Dans l’allocution qu’il a prononcée immédiatement après sa victoire, le Président a annoncé qu’ « une aurore nouvelle se levait pour le leadership américain ». C’est finalement la même rhétorique que Bush, à la différence qu’Obama est plus convaincant. Mais est-ce vraiment ce que nous souhaitons, ici en Europe ? Avons-nous vraiment besoin d’un leadership, américain ou autre ? Surtout si l’on sait que ce terme de « leadership » n’est qu’un euphémisme pour désigner l’hégémonisme ? La Russie, le monde arabe et la Chine ont réagi tout de suite et négativement en entendant cette déclaration d’intention. L’Europe, elle, a gardé le silence et tournait ses regards, pleine d’espoir et avec une naïveté enfantine, vers Obama. Accordons toutefois à Obama le bénéfice du doute, en attendant janvier 2009, quand il prendra véritablement le gouvernail de l’Amérique entre les mains, quand il dira clairement ce qu’il nous faudra entendre sur tous les aspects de la politique étrangère et économique des Etats-Unis.

(article paru dans « Journaal - De Nieuwsbrief van Mark Grammens », n°537, 20 nov. 2008, Liedekerke/Brabant/Flandre).

 

 

Europe: le temps joue pour le populisme

dunes.jpg

 

Europe : le temps joue pour le populisme

Condensé de la communication de Jean-Yves Le Gallou à la XXIVe université
annuelle du Club de l'Horloge sur :
Le populisme : une solution pour l'Europe en crise

1. Le populisme : une dissidence politique populaire

Le populisme est une attitude politique qui conduit les électeurs à se recentrer sur les notions sous-jacentes à l’identité et aux libertés nationales et à se détacher des « partis de gouvernement » qui se partagent le pouvoir en Europe, pouvoir que ces partis exercent dans le sens des intérêts de l’hyperclasse mondiale et de son idéologie dominante, l’idéologie mondialiste et antiraciste qui la conforte.

Prenant racine dans des pays européens différents, les populismes expriment des particularismes nationaux et locaux mais tous se retrouvent dans une expression populaire et électorale qui tourne autour des cinq « I » :

         - moins d’Immigration,
         - moins d’Islamisation,
         - moins d’Impôts,
         - plus d’Identité,
         - plus d’Indépendance.

2. Le populisme : une cause difficile et souvent décevante pour ses partisans

Le populisme a trouvé une expression électorale significative depuis plus de vingt ans dans de très nombreux pays d’Europe de l’Ouest. Néanmoins ses résultats n’ont nulle part permis d’avancées décisives, ce qui peut conduire les pessimistes à croire que la cause du populisme est désespérée :
- le succès électoral ne garantit pas l’accès au pouvoir ;
- lorsqu’il est au rendez-vous, l’accès au pouvoir est précaire ;
- la participation des populistes à des gouvernements nationaux ou locaux ne garantit pas la mise en œuvre des mesures souhaitées par leurs électeurs.

3. Les difficultés des populistes proviennent de leur opposition frontale aux intérêts et à l’idéologie dominante

La difficulté majeure des populistes ne vient pas des faiblesses de leurs dirigeants mais de ce qu’ils sont et de ce qu’ils défendent. En s’opposant à l’ordre établi par les puissances dominantes (grandes institutions internationales, grandes entreprises mondiales, grandes administrations, grands lobbies, grands médias), les populistes livrent une bataille asymétrique du faible au fort.

En fait, deux armes de destruction massive sont utilisées contre les mouvements populistes : la diabolisation et la répression politique et judiciaire.

4. L’arme de la diabolisation

La diabolisation est l’instrument utilisé pour imposer la tyrannie du politiquement correct, grâce notamment à une « novlangue » de type orwellien. La tyrannie du politiquement correct s’impose par l’usage de mots sidérants et d’images incapacitantes à l’encontre des dissidents de la pensée unique.

Il convient ici d’observer que le succès électoral et populaire n’est pas un bouclier contre la diabolisation mais que, bien au contraire, il contribue à l’amplifier, comme l’ont montré l’exemple suisse en 2007 ou l’exemple français de 2002.

La diabolisation vise à produire – et produit – plusieurs effets :

- elle freine l’ascension électorale ;
- elle nourrit les divisions internes des mouvements visés ;
- elle rend les relations internationales difficiles ;
- elle rend les alliances impossibles ou politiquement peu intéressantes.

5. La répression judiciaire et politique et les atteintes aux libertés fondamentales

Au-delà de ses inconvénients médiatiques et politiques, la diabolisation sert à légitimer une répression judiciaire et politique qui frappe à des degrés divers les formations populistes des différents pays européens, y compris la Suisse :

- poursuites judiciaires pour des motifs politiques ;
- fermeture de sites Internet et refus d’hébergement ;
- limitation, voire interdiction pure et simple d’accès aux grands médias ;
- dissolution ou tentative de dissolution de formations politiques ;
- interdiction de manifestations et de réunions ;
- organisation de contre-manifestations violentes ;
- levée des immunités parlementaires pour de simples délits d’opinion ;
- arrestations arbitraires et gardes à vue illégales de députés européens ;
- violations de la vie privée ;
- piratage et vol de fichiers d’adhérents ;
- interdits professionnels ;
- pressions sur des personnes (et sur leur famille) visant à leur faire retirer leur candidature à des élections locales ;
- modification des règles du jeu électoral et des modes de scrutin ;
- mise en cause des financements politiques et/ou électoraux ;
- usage des cours constitutionnelles pour combattre les populismes ;
- manipulations policières.

Cette liste d’atteintes aux libertés politiques des partis populistes européens est très partielle et très incomplète. Elle montre toutefois l’ampleur et la variété des moyens répressifs utilisés contre des formations concourant à l’expression du suffrage. Les dirigeants européens donnent souvent des leçons de droits de l’homme à la Russie et à la Chine mais ils utilisent contre leurs propres dissidents les méthodes qu’ils condamnent chez les autres.

6. En vingt-cinq ans, le populisme s’est néanmoins enraciné dans l’espace et la durée

Le populisme s’affirme depuis plus de vingt ans dans de très nombreux pays d’Europe de l’Ouest : ainsi en France, en Belgique (Flandre), en Italie, aux Pays-Bas, en Suisse, au Danemark, en Suède, en Norvège, en Autriche, les mouvements de dissidence populiste ont couramment rassemblé entre 10 et 30% des suffrages. Des mouvements populistes se développent aussi en Grande-Bretagne et en Allemagne et même en Grèce. La tendance générale est à une progression notable des résultats.

Et lorsque les peuples ont été consultés par référendum, ils ont souvent désavoué les élites politiques, médiatiques, économiques et syndicales :

- les Suisses et les Norvégiens ont refusé d’intégrer l’Union européenne ;
- les Suédois et les Danois ont refusé d’entrer dans l’euro ;
- les Irlandais ont obtenu des dérogations aux traités auxquels ils ont fini par adhérer ;
- les Français et les Hollandais ont rejeté le traité constitutionnel européen ;
- les Irlandais se sont prononcés contre la ratification du Traité de Lisbonne.

7. Temps politique, temps historique

A travers la diversité de leurs orientations et de leurs méthodes, les mouvements populistes s’inscrivent tous en rupture avec les forces et les idées dominantes. Ils s’opposent aux puissants et aux sachants qui servent les puissants.

Et c’est bien la profondeur des changements proposés par les populistes qui explique le tempo de leur progression : vingt-cinq ans, pour la politique, c’est du temps long mais, pour l’histoire, c’est du temps court.

Dans le passé les grands courants idéologiques et politiques ont mis beaucoup de temps pour s’imposer :
– la philosophie manchestérienne du libre-échange a mis un demi-siècle à triompher en Grande-Bretagne avec la suppression des Corn Laws en 1846 et de l’Acte de navigation en 1849 ;
– les courants nationaux et libéraux, étouffés par le retour du principe de légitimité au Congrès de Vienne en 1815, ne ressurgissent au grand jour que trente ans plus tard lors des révolutions de 1848 ;
– les mouvements nationaux mettent encore de longues années avant de déboucher sur l’unité italienne (en 1860) et l’unité allemande (en 1871) ; l’Irlande ne devient un Etat souverain qu’en 1921 ;
– le socialisme est construit intellectuellement dans la première moitié du XIXe siècle ; il n’accède au pouvoir sous sa forme révolutionnaire qu’en 1917 en Russie ; en France, sous une forme réformiste, ce n’est qu’en 1936 qu’il prend la tête du gouvernement ;
– le « Wilsonisme », ancêtre du mondialisme contemporain, a mis près d’un siècle à s’imposer à la planète ;
– le mouvement des droits civiques, matrice de l’antiracisme contemporain et de la discrimination positive, attendra quarante-quatre ans entre la proclamation, devant la Maison Blanche, du « rêve » de Martin Luther King et l’élection de Barak Obama comme président des Etats-Unis.

8. La crise économique : un accélérateur pour le populisme ?

La crise financière et économique que le monde traverse depuis le 15 septembre 2008 peut bouleverser la donne en soulignant les failles des actes des puissants et des discours des « sachants ».

Citée dans la revue « Krisis » de février 2008, la politologue britannique Margaret Canovan distingue plusieurs formes d’expression du peuple à travers le populisme : united people (« le peuple souverain »), common people (« le peuple classe »), ordinary people (« le peuple de base »), ethnic people (« le peuple nation »). Chacune de ces expressions du populisme peut trouver les moyens de se renforcer à travers la crise.

L’ordinary people, « le peuple de base », a toutes les raisons d’accroître sa défiance vis-à-vis des élites politiques, médiatiques et financières : élites qui n’ont pas vu venir la crise et qui la gèrent dans l’agitation et l’affolement.

Le common people, « le peuple classe », a, lui, des raisons de se révolter contre l’hyperclasse mondiale dont il découvre la malfaisance et les fantastiques avantages auto-octroyés.

L’united people, « le peuple souverain », n’a, lui, pas de raison d’accepter que les Etats-Unis d’Amérique, à l’origine de la crise, continuent de dicter leur loi au reste du monde et il peut légitimement réclamer un retour à un protectionnisme raisonnable.

L’ethnic people, « le peuple nation », peut trouver dans la crise économique un argument supplémentaire – et décisif – contre une immigration qui peut se révéler nuisible en termes d’équilibre des comptes sociaux comme d’emplois.

Les élites ne le savent pas encore ou, si elles le savent, elles feignent de l’ignorer : la crise économique et financière met à mal le modèle mondialiste du libre-échange généralisé. La sortie de crise ne pourra se faire que par un changement du référentiel idéologique.

Et ce sont bien les populistes qui, malgré leurs faiblesses et leurs imperfections mais à travers leur diversité, portent en germe le modèle de rechange !

Jean-Yves Le Gallou
Ancien député européen
XXIVe université annuelle du Club de l’Horloge
6 et 7 décembre 2008

 

Jean-Yves Le Gallou

Envers du rêve américain

captain%20america.jpg

 

Envers du rêve américain

Article paru dans le numéro 30 ( épuisé) de Rébellion (http://rebellion.hautetfort.com/

 

Rébellion n’a jamais fait la confusion, dans son opposition à l’hégémonie mondiale de l’impérialisme américain, entre le peuple américain et son gouvernement. Beaucoup d’américains savent que lorsque leurs politiciens et leurs médias évoquent l’intérêt « national » des Etats-Unis,  il s’agit de l’intérêt de ceux qui dominent, contrôlent, possèdent et  influencent l’économie américaine et que la plupart des conflits provoqués, depuis deux siècles,  par les dirigeants des Etats-Unis le furent pour asseoir et sauvegarder la position  dominante du système capitaliste, le discours officiel légitimant cette politique d’agression au nom de la défense de la liberté et de la démocratie n’étant que du vent.

 

Société du capitalisme triomphant, l’histoire des Etats-Unis offre l’exemple le plus parfait de la réalité de la lutte de classes : un combat entre les puissances de l’argent et les classes populaires. L’accaparement par une minorité oligarchique des richesses d’une nation pour son seul profit. On connaît l’histoire du génocide indien et de l’esclavage, mais on parle peu de la longue lutte des petits paysans expropriés par les riches compagnies et des ouvriers exploités. Rares sont ceux, qui en Europe, connaissent la longue lutte des syndicalistes révolutionnaires américains ou des populistes agrariens pour arracher aux financiers des conditions de vie et de travail décentes. Et comment ses mouvements furent réprimés – souvent dans le sang- par le gouvernement américain. L’American Way of life que l’on a vendu à la terre entière n’est qu’un mirage qui ne résiste pas à l’éclairage de l’histoire.

 

 

 

Il est vain d’entreprendre la caractérisation précise d’une société en quelques lignes, et a  fortiori celle de la société américaine. A la démesure des échelles du continent nord-américain vient s’ajouter la diversité d’un peuplement issu de vagues d’immigration successives. Quelques traits essentiels sont communs à l’ensemble de l’Amérique en raison de l’uniformisation culturelle, intellectuelle et émotionnelle dont sont responsables les médias.

 Le plus frappant en arrivant aux Etats-Unis, et en particulier à Los Angeles, est l’impression de déjà vu qui vient à l’esprit : sensation à la fois irréelle de se déplacer dans un décor de cinéma mais aussi tellement banale car le moindre signe fait déjà partie intégrante de l’univers dans lequel nous baignons. La ville américaine, à l’exception de quelques grandes métropoles comme New York, Washington ou San Francisco, imbrication de pavillons individuels semblables, de centres commerciaux et autres stations-service, est la parfaite illustration de cette monotonie et de cette banalité. La société américaine est à son image : terriblement ennuyeuse. Si l’Américain moyen est en général souriant et sympathique, il est en revanche privé de toute originalité et spontanéité. Chez lui, tout est planifié jusqu’au plus infime détail. Ce conformisme, inscrit dans la mentalité puritaine américaine, auquel s’ajoute le contrôle permanent des faits et gestes des individus – watching neighborhoods, dénonciation des infractions aux autorités, contrôle strict des ventes de tabac et d’alcool avec vérification d’identité obligatoire (Selling alcohol (tobacco) to any person under 21 (18) is a federal crime), interdiction de fumer dans les lieux publics s’accompagnant d’une ostracisation des fumeurs… - donnent l’impression de vivre dans une société oppressive. Les aéroports, avec leur litanie de messages coercitifs Smoking is prohibited, Unattended vehicles will be towed away at owner’s expense,…, et la multiplication des procédures de contrôle des passagers, procédures qui se sont considérablement renforcées ces dernières années suite au 11 septembre 2001,  en sont l’expression paroxystique. Il y a finalement peu de liberté au pays de la liberté, hormis celle d’entreprendre (et de posséder des armes). Aussi paradoxal que cela puisse paraître, les Américains, dans leur grande majorité, sont favorables à cette surveillance. Pour eux, ces dispositifs de contrôle sont synonymes de sécurité et sont le prix à payer pour une grande liberté au sein d’espaces sécurisés.

 

  La société américaine est en effet dans l’ensemble craintive car l’Amérique ne fait plus figure de sanctuaire suite aux attentats du 11 septembre, que nombre d’Américains considèrent comme la plus grande catastrophe de l’histoire de l’humanité (sic), qu’elle est le pays du déchaînement de la violence, dont les carnages dans les universités et plus généralement le nombre de morts par arme à feu sont les aspects les plus visibles, et de l’insécurité sociale - licenciements sans préavis, absence de couverture sociale et médicale, coût des soins prohibitif… « Si les Américains ont gardé un sens aigu de l’intérêt individuel, ils ne semblent pas avoir préservé le sens qui pourrait être donné collectivement à leurs entreprises (1)». D’où l’individualisme exacerbé qui se manifeste à tous les échelons de la société, renforcé par la distinction entre élus et non élus issue de la doctrine puritaine de la prédestination, sentiments conduisant à considérer que les plus démunis (36 millions d’américains, soit 10,5 % de la population, vivaient sous le seuil de pauvreté en 2006 (2)) sont responsables de la situation dans laquelle ils se trouvent.

 

L’autre conséquence est la solitude dans laquelle vivent de nombreux Américains. Comme le décrit très bien Jean Baudrillard, « c’est la scène au monde la plus triste, plus triste que la misère, plus triste que l’homme qui mendie est l’homme qui mange seul en public (3)». Il est ici monnaie courante de voir la majorité des tables des fast-foods occupées par des personnes seules. Envers du rêve américain.

Autre valeur capitale pour comprendre la société américaine est la notion de destinée manifeste des Etats-Unis, c’est-à-dire que la nation américaine ait pour mission divine de répandre la démocratie et la civilisation, initialement vers l’Ouest et désormais à la Terre entière. Elle se traduit, au niveau de la société américaine, par une absence de recul face à l’histoire et une certitude d’être toujours dans son bon droit. Ce qui exclut tout remords et même le moindre questionnement historique. Symptomatique est cette réflexion d’Ann Coulter, célèbre polémiste outre-Atlantique, au sujet des islamistes: « Autrefois, les Japonais nous détestaient, eux aussi. Quelques bombes nucléaires bien ajustées, et maintenant ils sont doux comme des agneaux (4) ». Cet exemple, bien qu’extrême, ne doit pas apparaître comme un cas isolé. En effet, dans un sondage réalisé en juillet 2005 par l’institut Gallup, 57% des Américains interrogés approuvaient l’usage de la bombe atomique contre le Japon (5). Pour un Américain, l’histoire des Etats-Unis est irréprochable. D’où l’amnésie au sujet du génocide indien, même au Smithsonian National Museum of the American Indian (6). Alors que les ennemis de l’Amérique sont considérés « comme des incarnations du mal (7)». C’est pour cela que les critiques concernant la politique du président Bush sont le plus souvent mal interprétées par les Européens : elles ne visent pas à remettre en cause « la guerre juste menée par les Américains contre le terrorisme, God bless America » mais à sanctionner l’échec militaire de cette administration et le ternissement de l’image de l’Amérique dans le monde. Les opposants au terrorisme d’Etat américain (improprement qualifié de guerre) s’insurgent contre la mort des GI’s américains (Bring our boys home), mais se désintéressent complètement du sort de la population irakienne (y a-t-il eu des protestations contre l’odieux chantage pétrole contre nourriture imposé à l’Irak durant 10 ans et ayant causé la mort d’un million d’Irakiens dont la moitié d’enfants, ou beaucoup de manifestations pour dénoncer les victimes civiles des bombardements US ?), voire critiquent « l’incapacité » des forces de police irakienne à maintenir l’ordre et à assurer la sécurité des troupes américaines présentes en Irak (sic). Leur seconde principale critique est liée à la perception de l’Amérique à l’étranger, « une Amérique narcissique, agitée et agressive [qui] a remplacé, en quelques mois, celle de la nation blessée, sympathique et indispensable à notre équilibre (8) ». Pas de remise en cause d’une guerre perçue comme légitime, mais critique d’un loser qui, au contraire de son père lors de la première guerre d’Irak, n’a pu fédérer une large coalition internationale fournissant aide militaire et financière pour le plus grand profit des Etats-Unis.

 

  Il est certain, comme le rappelle très justement Alain de Benoist, que « dans le domaine des idées, [aux] Etats-Unis, malgré le « politiquement correct », règne une liberté d’expression que nous ne connaissons pas (ou plus), [et qu’] on y est également frappé de la qualité des débats d’idées (9)». Malheureusement ces idées ne sont que peu connues hors des cercles universitaires « car la multiplication des chaînes de télévision […] contribue paradoxalement à homogénéiser l’offre (10)» et non à diffuser des idées non conformes à l’idéologie dominante.

 

Frédéric

 

Notes :

(1) Jean Baudrillard, Amérique, p. 215, Ed. Grasset.

(2) http://www.census.gov/hhes/www/poverty/histpov/hstpov2.ht...

(3) Jean Baudrillard, Amérique, p.35, Ed. Grasset.

(4) Citation d'Ann Coulter rapportée par Silvia Grilli pour le magazine Panorama, traduite et publiée dans le numéro 628 de Courrier International du 14 novembre 2002.

(5) http://www.pollingreport.com/news.htm#Hiroshima

(6) http://www.truthdig.com/arts_culture/item/20071005_the_gr...

(7) Romolo Gobbi, Un grand peuple élu : Messianisme et anti-européanisme aux États-Unis des origines à nos jours, p.18, Ed. Parangon/Vs.

(8) Emmanuel Todd, Après l’Empire : Essai sur la décomposition du système américain, p.17, Folio Actuel.

(9) Robert de Herte, L’Amérique qu’on aime, Editorial du numéro 116 d’Eléments, avril 2005.

(10) Pascal Riutort, Le résistible quatrième pouvoir, in l’Exception américaine, Collectif sous la direction de Pascal Gauchon, p. 125, Ed. PUF.

vendredi, 12 décembre 2008

El "factor femenino" en la politica exterior de EEUU

El “factor femenino” en la política exterior de EEUU

La ex primera dama de EEUU y hoy senadora por el estado de Nueva York Hillary Clinton, puede ser la tercera secretaria e Estado en la historia del país. Esto tendrá lugar si el Congreso aprueba los nombramientos del presidente electo Barack Obama. Cometa Víctor Enikeev.

No solo en el deporte sino asimismo en la política es prestigioso entrar en el primer trío. Pero la elevada atención hacia Hillary Clinton obedece no solo a esto. Durante la presidencia de Bill Clinton ella aprendió las sutilezas diplomáticas, conoció a muchos estadistas y políticos del mundo. Por añadidura, la senadora por el estado de Nueva York se distingue por su despierta inteligencia y una lengua mordaz.


Los cálculos de algunos observadores de que con la señora Clinton la política exterior de EEUU posiblemente se suavice, o bien tome una imagen más afable son poco reales. Es cierto que Barack Obama expresó la esperanza de que con su ayuda de ella se logre mejorar la fisonomía de EEUU. Pero, como es sabido, la política exterior de EEUU es definida por el presidente de la nación y por la cúpula estadounidense. Y ésta, como muestra la práctica de los últimos decenios, está propensa al conservadurismo y unida en su pretensión de imponer el liderazgo norteamericano, en esencia, del dominio norteamericano en el mundo. Amén de esto, la señora Clinton puede, lisa y llanamente, ofenderse de que alguno que otro ose asociar las posibles modificaciones en la política exterior de EEUU al hecho de ser mujer. Aquí pueden presentarse acusaciones contra el chovinismo masculino. Pues, como escribieron las revistas estadounidenses, cuando era joven se la veía entre feministas. Recordemos asimismo que cuando el Departamento de Estado estuvo encabezado por Madeleine Albright, a propósito, durante la presidencia de Bill Clinton, EEUU bombardearon a Yugoslavia. Con la segunda jefa de este departamento, Condoleezza Rice, Washington desató sus guerras contra Irak y Afganistán. Justo durante de su ejercicio EEUU ha estropeado mucho las relaciones con Rusia e incluso con sus aliados por la línea de la OTAN.

Ahora bien, ¿qué se puede esperar de la señora Clinton de ser aprobada su candidatura por los legisladores? Creo que no se debe esperar mutaciones cardinales en la política de Washington. Pero, pongamos algunos hechos que arrojen luz sobre el credo de Hillary Clinton respecto a la política exterior. Ella acusó a Rusia de que por culpa suya no se logró un consenso internacional sobre la separación de la provincia de Kosovo de Serbia. Criticó los últimos comicios presidenciales en Rusia. En los debates durante la campaña presidencias se olvidó del nombre del futuro jefe del Estado ruso. Abogó por excluir a Rusia del G-20. Se manifiesta febrilmente contra la evacuación de las tropas estadounidenses de Irak. Ya antes de la Olimpíada exhortó a George Bush a que no viajara a China en señal de protesta contra la política de Pekín en el Tibet. Tiene una postura rígida en cuanto al programa nuclear de Irán. Mas, sobre la real influencia de la tercera secretaria de Estado en la política exterior de EEUU se podrá juzgar después de que se ponga al frente de e3ste departamento.

Extraído de La Voz de Rusia.

L'Age de Caïn

L’Age de Caïn
JEAN-PIERRE ABEL
342 pages  ; 14,5 x 20.

tondue.jpg

L’AGE DE CAÏN

Premier témoignage sur les dessous
De la libération à Paris.

UN AUTRE SON DE CLOCHE. Oui, c’est un autre son de cloche que nous vous proposons avec cet ouvrage, un autre son de cloche sur « la libération » qui a suivi la seconde guerre mondiale, et toutes les festivités et les joyeusetés qui l’accompagnèrent. Car il paraît que le peuple de France ne peut s’émouvoir et ne célébrer dans son histoire  – d’après ceux qui la rédigent et qui l’imposent aujourd’hui – que les grands massacres, les grands massacres fondés sur la haine de quelque chose qu’il faut faire disparaître pour pouvoir exister. Mais si les tueries de la « révolution » sont encore chantées, celles qui ont accompagné et suivi «  la libération » sont savamment occultées – n’ont pas que l’on en ait honte, mais plutôt que l’on ait honte qu’il y eut de tels Français qu’il fallut éliminer, la bonne excuse. Précieux témoignage que cet ouvrage, donc. Il faut signaler qu’il n’a jamais été contesté, et que les noms et les événements qui y sont décrits le sont d’une manière très précise qui ne prête pas à confusion. Signalons toutefois que l’encyclopédie trotskyste en ligne « wikipedia » se permet d’informer  ceux  qui  la  consultent  de  la façon suivante : En 1948, Abel rédige le récit de sa détention (L'Âge de Caïn) où il critique sévèrement les méthodes employées par la les forces de la libération envers les détenus. Il s'attaque à ce qu'il juge être de l'épuration "sauvage". Cet ouvrage est toutefois suspect de révisionnisme et compte parmi le répertoire des textes dont se revendiquent aujourd'hui les négationnistes  La belle affaire !

Car ce sont bien des dizaines de milliers de Français qui, à travers la France, furent sommairement exécutés, la plupart parfaitement innocents de ce qu’on leur reprochait, ou, plus directement, victimes de règlements de compte ; sans parler de tous ceux qui furent plus simplement incarcérés et torturés (…, car le ministère de l'intérieur, officieusement, donne des chiffres qui varient entre 80.000 et 100.000 exécutions sommaires. Citation d’une note de l’ouvrage).

Quant à l’auteur de l’ouvrage, qui est-il ? Le livre est signé Jean-Pierre Abel, mais ce n’est là qu’un pseudonyme qui fait référence au titre L’âge de Caïn.  Lisons à son sujet ce qu’en dit le site internet de bibliothèque en ligne « Aaargh » : Quelques précisions : Jean-Pierre Abel est en fait René Château. Elève d'Alain, Proche de Gaston Bergery, radical-socialiste et fondateur de la Ligue de la Pensée Française en 1940, directeur jusqu'en 1943 de La France Socialiste, quotidien de Déat. Il a été arrêté le 30 août 1944 comme collaborateur notoire et détenu à l'Institut d'hygiène dentaire et de stomatologie 158, avenue de la Choisy, pendant soixante seize jours. Cet immeuble fut réquisitionné dès la libération et transformé en centre de détention de collaborateurs par des FFI qui s'étaient arrogé le droit de rendre leur propre justice. Robert Aron, dans son Histoire de l'épuration, raconte que cent cinquante personnes, environ, y ont été emprisonnées (dont l'ancien député socialiste L'Hévéder dont il est question dans le texte) en dehors de toute légalité. Certaines furent fusillées dans l'enceinte de l'institut, d'autres furent repêchées dans la Seine. La Préfecture de police, avertie de ces faits, tenta d'y pénétrer mais accueillis à coups de mitraillette, les policiers reculèrent pour éviter un massacre. Le préfet de police Charles Luizet chargea le colonel FFI Aron-Brunetière, chef du 2ème bureau, de faire procéder à la fermeture de l'institut et des autres centres de détention (le lycée Janson de Sailly, la caserne de Reuilly, la mairie du 18ème arrondissement, l'hôtel du Dôme rue Léopold Robert ...). Les détenus, au nombre de 1500 environ, furent transférés à la prison de Fresnes où après un premier interrogatoire, 800 d'entre eux furent immédiatement libérés.

 

26 euros + 5 euros de port.

Pétrole, guerre d'un siècle

Pétrole, une guerre d’un siècle :
L’ordre mondial anglo-américain

Pétrole, une guerre d’un siècle : L’ordre mondial anglo-américain

Cet ouvrage remet radicalement en cause l’idée que l’on se fait communément de la politique internationale et de ses enjeux. Il décrit les moyens extrêmes que les Anglo-Américains sont prêts à mettre en œuvre pour conserver une suprématie née en 1815 et renforcée au prix des deux Guerres mondiales. Nous savons, depuis l’élection de George W. Bush, que la politique américaine et le pétrole entretiennent une relation intime. William Engdahl montre que l’économie des Etats-Unis repose sur un approvisionnement en pétrole bon marché illimité, et sur la suprématie du dollar sur les autres monnaies. Vous découvrirez comment le premier choc pétrolier fut une incroyable et cynique manipulation conçue par Henry Kissinger pour opérer un transfert planétaire de capitaux vers les banques de Londres et de New York, au prix de la ruine des pays du Tiers-monde ; comment ces pays en faillite, contraints de s’endetter auprès du FMI, se virent prêter à grands frais ces mêmes capitaux dont ils avaient été auparavant spoliés. Vous verrez comment la géopolitique du pétrole est à l’origine de l’effondrement de l’Union soviétique, de l’éclatement de la Yougoslavie, et de l’arrivée au pouvoir puis de la chute des Talibans. Vous serez surpris d’apprendre comment, dans les années 1970, les mouvements écologistes anti-nucléaires financés par les grandes compagnies pétrolières, devinrent le cheval de bataille visant à entraver l’indépendance que l’énergie nucléaire aurait pu procurer à nombre d’Etats, afin de les maintenir dans l’orbite des pétroliers. Vous comprendrez enfin que la décision d’envahir l’Irak fut prise pour assurer l’hégémonie de la puissance anglo-américaine et le contrôle de l’économie mondiale pour les 50 ans à venir.

William Engdahl, né en 1944, est économiste et écrivain. Il a étudié les sciences politiques à l’université de Princeton et l’économie à l’université de Stockholm. Il publie depuis plus de 30 ans sur les questions énergétiques, la géopolitique et l’économie, et intervient dans les conférences internationales. Il est conseiller indépendant pour plusieurs grandes banques d’investissement.

Massoneria e fascismo

Massoneria e Fascismo: totale incompatibilità

Autore: Luca Leonello Rimbotti

Da più parti, si è sempre sentito dire che nella Marcia su Roma ci mise lo zampino la Massoneria. Che il re, Badoglio e gran parte dello Stato Maggiore dell’esercito erano massoni; che persino fior di fascisti – da Acerbo a De Vecchi a Farinacci – erano iscritti alla loggia. E che illustri frammassoni, a cominciare dal Gran Maestro Domizio Torrigiani, intorno al Venti erano ferventi ammiratori di Mussolini. Che insomma il 28 ottobre 1922 andò come andò perché, in fondo, tra “fratelli” ci si intende e difatti al Duce, anziché l’arresto per sollevazione armata, arrivò la chiamata al Quirinale. Illusionismi per occultare la complessità del fenomeno fascista.

Fabio Venzi, Massoneria e fascismo

Fabio Venzi, Massoneria e fascismo

In materia, esistono due vulgate storiografiche: una, intesa a separare la Massoneria libertaria dal Fascismo oppressore, minimizzando le complicità iniziali ed enfatizzando la repressione del 1924-25 come segno di inconciliabilità; l’altra, invece, sottolinea le convergenze, gli intrecci, addirittura certe affinità ideologiche che sarebbero palesi tra i due movimenti storici, prima che il “Fascismo-Regime”, divenuto intollerante e totalitario, eliminasse la Massoneria come aveva eliminato ogni altro antagonista. Del primo come del secondo orientamento fanno parte per lo più autori massoni. A parte la storiografia sul Fascismo in generale, la pubblicistica specifica sui rapporti tra Fascismo e Massoneria è quasi regolarmente rappresentata da autori dichiaratamente massoni. Manca una controparte. Come per altri casi macroscopici, al tribunale della storia l’accusato suole essere giudicato dalla vittima. Non sfugge alla regola il recente libro di Fabio Venzi, Massoneria e Fascismo. Dall’intesa cordiale alla distruzione delle Logge: come nasce una “guerra di religione” (Castelvecchi). L’autore ci tiene infatti a informarci di essere detentore del sonante titolo di “Gran Maestro della Loggia Regolare d’Italia” (nientemeno, si precisa per i profani, che «unica Obbedienza italiana riconosciuta dalla Gran Loggia Unita d’Inghilterra») e di essere membro del Royal Order of Scotland. Non sapremmo informare i nostri lettori nel dettaglio circa la sostanza di così prestigiose appartenenze, ma, così a occhio, dovrebbe trattarsi di Massoneria di scuola britannica piuttosto che francese.

Quindi, stando alle diversità di genere, parliamo di quella Massoneria cosiddetta “impolitica”, cosmopolita, filantropica, strutturata sul club privato e l’associazionismo di gentiluomini, che divergerebbe storicamente dalla Massoneria francese, nata giacobina, politicamente impegnata, con forti venature di nazionalismo anche popolare. Diciamo questo perché è proprio Venzi a richiamare tale suddivisione e a ricordare che la Massoneria italiana era del secondo tipo, cioè francesizzante. Per questo, impigliata nelle maglie del gioco politico, a un certo punto, inevitabilmente, venne a contatto con l’astro emergente del Fascismo. Noi non entriamo nel merito delle ortodossie di setta, ma siamo parecchio inclini a pensare che la Massoneria britannica – che a suo tempo fece l’Impero coi metodi filantropici notoriamente in uso presso le compagnie negriere di Sua Maestà –, lungi dall’essere “apolitica”, sia stata e sia a tutt’oggi un perfetto strumento di potere, essendo anzi il fulcro della maniera liberale di intendere la politica. Come una faccenda tra “gentiluomini”, appunto, da gestire con finalità di interesse privato affatto estranee ai concetti stessi di nazione e di popolo. Ma ammantata dal lessico illuminista e dai suoi vuoti, generici principi universali.

È inutile ripercorrere la strada a tutti nota che questo tipo di Massoneria ha percorso trasferendosi ad esempio negli Stati Uniti, dove ha fondato città e associazioni, una moneta, addirittura uno Stato ex-novo, dotandoli tutti di aperte simbologie massoniche. Tanto che vediamo oggi il “patriottismo” americano coincidere alla perfezione con la politica mondiale di imperialismo cosmopolita, risoluta a far marciare la globalizzazione al ritmo dei vecchi ideali massonici di “fratellanza universale”. Massoneria “impolitica”, quella di “antico rito scozzese”? Dove? Quando? La collaudata pratica dei miliardari americani membri delle varie “obbedienze” di sostenere i governi nell’occupazione con la forza dei mercati mondiali e, contestualmente, di fare l’elemosina ai poveri attraverso le elargizioni delle fondazioni private, è ancora oggi la prevalente abitudine sociale del buon liberal-massone “illuminato”. Le multinazionali, controllate dal templarismo bancario, con una mano reggono la governance nella strategia di conquista planetaria delle risorse; con l’altra pilotano la vasta galassia delle ONG e delle Onlus a sfondo sociale… nulla è cambiato nella vincente ricetta massonica degli ultimi tre secoli: etnocidi e slogan umanitari. E partendo dal centro, dal governo, e non dal salotto di casa. Questo il messaggio filantropico del deismo massonico dichiaratamente aspirante – in storico accordo con altri millenarismi – al dominio mondiale.

Dice Venzi: Massoneria e Fascismo delle origini avevano un’ideologia equiparabile. Repubblicanesimo, anti-clericalismo, “religione laica della Patria”, promozione dell’ideale dell’uomo nuovo… e poi il fascio repubblicano, la comune memoria risorgimentale… Entrarono insomma in concorrenza due sistemi che avevano alla base richiami simili. E quando il Fascismo, passato nel frattempo a concezioni dittatoriali, si accorse della pericolosità dell’antagonista, decise di distruggerlo; di qui la “notte di San Bartolomeo” del 30 ottobre 1925, con gli squadristi che devastano le logge, il paio di morti che ci scapparono e la messa fuorilegge delle sette segrete nel mese seguente. La Massoneria, scrive Venzi, venne dal Fascismo considerata «come un potenziale “catalizzatore” delle coscienze degli italiani sulla base di quei valori tradizionali che essa rappresentava».
La Massoneria insomma, che grottescamente si impossessò delle
simbologie della romanità repubblicana, scambiando Bruto per un illuminista, viene elevata a centro politico in grado di competere col Fascismo nella conquista del consenso di massa. Crediamo che sia una sopravvalutazione non da poco, quella di considerare la Massoneria un credibile avversario del Fascismo sul terreno della conquista del popolo. Il massone si occupa di potere, e più volentieri di potere occulto, non di popoli. Non è nella natura della Massoneria reggere uno Stato nazionale e popolare fondato sull’identità. Dove sono allora le “comuni origini” tra Fascismo e Massoneria di cui parla Venzi? Dice: i Fasci erano repubblicani, anti-ecclesiastici… fu poi il PNF che diventò monarchico, filo-Vaticano, rompendo la collaborazione… l’autore trascura di riflettere sulla controprova: durante la RSI – tornata per l’appunto al Fascismo delle origini – la Massoneria non venne trattata meglio di prima… venne anzi percepita come il cuore di una cospirazione mondiale risoluta a estirpare il nazionalismo europeo.

Michele Terzaghi, Fascismo e massoneria Il Fascismo delle origini e la Massoneria, comunque li si rigirino, sono due fenomeni imparagonabili. Il Fascismo fu un’ideologia del riscatto popolare, della mobilitazione di massa attorno ai simboli esclusivi dell’Italianità, una religione della Patria per nulla laica, ma sacrale, incentrata non sui diritti, ma sui doveri della convivenza. Non “due religioni laiche”, dunque, ma un progetto universalista da una parte e una religione politica popolare, una mistica della tradizione etnica dall’altra. E il “patriottismo” massonico poco ha a che vedere col radicale nazionalismo fascista. Questa estraneità di valori, per altro, l’ha sottolineata anche lo storico massone Aldo A. Mola, descrivendo come semplici «assonanze ideologiche epidermicamente affioranti» quello che Venzi invece considera prossimità ideologica.

Ma allora, come si spiega che il Fascismo ante-marcia era pieno di massoni? Prima di tutto col fatto che, ai tempi, chi non era filo-ecclesiastico, se voleva fare politica, prima o dopo capitava dalle parti della loggia. Era così da qualche secolo. In secondo luogo, è sempre stata tipica della Massoneria la pratica dell’infiltrazione. Stare ovunque, essere presenti su tutti i fronti. Per questo, come ricorda lo stesso Venzi, il Grande Oriente non aveva remora alcuna, ma era anzi molto interessato, a entrare nelle file fasciste: «La Massoneria non potrebbe essere se si astraesse dalla vita reale, e non si preoccupasse di penetrare dappertutto, non fosse che a titolo di osservazione e vigilanza», ebbe cura di precisare il “fratello” onorevole Terzaghi.

Come spiegato bene da Evola in memorabili pagine, la Massoneria ha una doppia faccia. Quella antica, tradizionale e “operativa”, connessa con le corporazioni di mestiere. E quella moderna, sovversiva, cosmopolita e “speculativa”, alto-borghese e fanaticamente illuminista. Questo rovesciamento, avvenuto a cavallo tra Seicento e Settecento, Evola lo definì un “mistero”. Si parla, né più né meno, dell’utero da cui è stata partorita la modernità, così come la sperimentiamo ogni giorno. Non è un problema da poco. È il grande enigma. Una vera “parola di passo” non ancora decrittata. Come sia avvenuto che quel grumo di universalismo deista, biblista, a volte – come ha scritto la storica Margaret C. Jacob – anche ebraizzante, sempre parlamentarista, con una sottocultura del segreto che riserva al solo potente la facoltà del “libero pensiero”… come sia avvenuto che dalla corporazione e dalla gilda medievali si fuoriuscito quel potere gigantesco nato un bel giorno – come ricordava Pound – con la fondazione della Banca d’Inghilterra nel 1694 e la creazione della prima loggia inglese nel 1717, questo resta, ancora oggi, una sorta di mysterium tremendum, attorno al quale invano si agita lo storico profano.

Il Fascismo europeo è stato debellato proprio nel nome degli ideali massonici di eguaglianza, fraternità e libertà (per i ricchi) e precisamente da una potenza, gli Stati Uniti, che veicola apertamente i programmi della Massoneria sin dalla sua carta costituzionale. Il Fascismo si sbarazzò della Massoneria perché questa è per struttura anti-nazionale e recisamente classista: da una parte la setta “illuminata” dei reggitori del mondo, dall’altra la plebe universale. Il sogno massonico di Hiram redento, prossimo costruttore di un mondo piallato dalla “fraternità” indifferenziata, è evidentemente l’opposto di un’ideologia dell’identità di popolo, della tradizione nazionale e dell’onore sociale. L’odierna Trilateral, espressione massonica del dominio globale del profitto privato, può contemplare con soddisfazione l’opera alchemica di annientamento di ogni diversità tra i popoli. Un lavoro iniziato nel Settecento e oggi in via di avanzata realizzazione.


Luca Leonello Rimbotti

Berlin: nous l'avons tant voulu...

SYNERGIES EUROPÉENNES / PARTISAN EUROPÉEN - DÉCEMBRE 1989

1998561.jpg

 

Un texte totalement dépassé, mais qui montre bien les espoirs fous que nous avons cultivés au moment de la chute du Mur de Berlin ! Des espoirs que le personnel politique européen, incapable et vendu à l'étranger, n'a pas été capable de faire passer dans le réel. A méditer...

 

 

 

Berlin: nous l'avons tant voulu...

 

 

La lente agonie du communisme, la dislocation du système de Yalta, la réunification allemande

 

Le 9 novembre 1989 est déjà une date historique. Une ère nouvelle vient de s'ouvrir. L'Europe redevient une unité de civilisation, un espace unifié mais divers, un réseau d'échanges multiséculaire. La géopolitique allemande disait qu'elle était un Großraum, un grand espace. Gorbat-chev dit qu'elle est une "maison commune". Simple différence de vocabulaire qui désigne une réalité incontournable que les idéologies marxiste et ploutocra-tique a-vaient voulu nier.

 

Nous l'avions toujours dit: l'Europe ne se fera pas à partir du marché commun, ne se construira pas depuis cet Occident sans élan, engoncé dans son corset matérialiste. L'Europe sera à nouveau un Großraum quand la nation qui occupe son cen-tre sera réunifiée. Et le premier grand pas de cette réunification vient d'avoir lieu. Le Mur de la honte, le Mur qui sym-bolisait la défaite de toute l'Europe vient de tomber. Les peuples de l'Est réclament à nouveau leur droit à l'auto-détermina-tion.

 

Pour nous, militants nationaux-révolution-naires, partisans d'une "troisième voie", cet événement majeur annonce le triom-phe discret de certaines de nos idées. Un triomphe discret qui s'avance toutefois sur un chemin semé d'embûches.

 

Dressons le bilan des événements qui nous apparaissent positifs:

 

- L'Allemagne est en marche vers sa réunification. Le peuple allemand est, en Europe, le peuple-passerelle: c'est lui qui nous relie au monde slave, qui nous arrache à nos torpeurs occidentales. Le territoire allemand est aussi un territoire-pas-serelle: c'est lui que nous devons traverser pour atteindre les Balkans, pour débouler à Delphes ou à Athènes, pour re--joindre la Scandinavie, pour aller flâner sur les gondoles de Venise. Sans l'unité de ce territoire, pas d'unité européenne, pas d'échanges fructueux, pas d'autonomie con-tinentale possible.

 

- La vision du monde des chrétiens-dé-mo-crates s'effondre. Ces misérables voyous politiques ne voulaient pas d'une Eu-rope qui contiendrait une majorité de non-catholiques. Pour nous, l'unité des ethnies d'Europe, l'unité du territoire ma--triciel de notre race, prime de loin les ambitions sectaires du Vatican et de ses alliés de la mafia. Avec la réunification al-lemande en marche, l'Allemagne ne con-tient déjà plus une majorité de Catho-li-ques. La CEE avait été créé dans une op-tique de reconquista: avoir une majorité catholique aux Pays-Bas, isoler les Protes-tants du Nord de l'Allemagne et con-traindre les Anglicans à une sorte d'oe-cu-ménisme, tout en maintenant les Ortho-doxes loin de nous. La CEE devait être un espace entièrement sous la coupe du ca-tho-licisme: désormais, ce rêve est à ran-ger parmi les vieilleries...

 

- Le communisme s'effondre. Notre en-nemi le plus musclé et le plus tenace bais-se la garde. Il est vaincu pour des rai-sons aux racines anciennes et profondes: le marxisme avait fait siens, au début du XIXième siècle, les principes mécani-cis-tes et arithmétiques du libéralisme man-chésterien anglais et avait refusé toute lo-gique biologisante, toute philoso-phie de la vie, tout le dynamisme de la physique quan-tique. Une terrible inquisi-tion régnait dans les pays communistes et dans les universités ouest-européennes marxisées contre tous les "irrationalismes" et contre les idées iden-titaires et nationales. Le com-munisme ne s'est pas mis à jour sur le plan scientifique: il a été battu par le libéralisme dans la course aux technolo-gies. Le commu-nisme a nié non pas les faits nationaux en tant que tels mais leur a assigné une place secondaire. Le prin-temps des peuples remet les horloges à l'heure.

 

- Les peuples descendent dans la rue en Moldavie, dans les Pays Baltes, en Alle-magne de l'Est et en Tchécoslovaquie. Ils crient devant leurs dirigeants commu-nistes: "Wir sind das Volk", nous sommes le peuple. De ce fait, ils dénient aux communistes le droit de les représenter et annoncent que les peuples, en tant que volontés historiques, ne peuvent jamais être encadrés de manière rigide. A Pra-gue, les lycéens hurlent "Jakesch à la pou-belle". Cette fantastique mobilisation de la rue devrait nous faire honte: à l'Ouest, nous n'avons plus de tonus, nous sommes tous des chiffes molles bercées par les sonorités soft de nos walkmen. Quand aurons-nous assez de tripes pour vociférer les mêmes slogans, pour insulter collectivement les démocrates-chrétiens, pour cracher aux visages de nos salauds de sociaux-démocrates, pour gifler nos li-béraux, pour rosser nos flics comme plâ-tre, pour bastonner les banquiers qui tien-nent ici le haut du pavé, pour souffle-ter les arrogants détenteurs du quatrième pouvoir, les journaleux à la solde des puis-sances d'argent? A l'Ouest il n'y a plus de peuples, il y a des masses abruties, tenues en laisse par des marchands de gad-gets.

 

Quant aux perspectives négatives, énumé-rons-les aussi:

- Les préliminaires de la réunification profiteront d'abord aux capitalistes ouest-allemands. Ils bénéficient d'ores et déjà de vastes zones de prospection, avec main-d'œuvre à bon marché, où des pro-fits immenses sont possibles. Ces forces ploutocratiques, alliées à leurs consœurs d'Outre-Atlantique, ont un double intérêt: favoriser l'ouverture pour enregistrer des pro-fits colossaux mais conserver suffi-sam-ment de statu quo pour que les tra-vail-leurs de l'Est puissent toujours bosser à bas salaires. L'Europe capitaliste main-tiendra une partie du statu quo, au béné-fice des réseaux marchands et de la puis-sance américaine. Nous, nous voulons l'éli--mination complète du statu quo. Les nationaux-révolu-tionnaires doivent exiger un code du tra-vail valable pour tous les travailleurs euro-péens et un auto-centrage des investisse-ments des plus-values. Plus question d'aller investir des milliards dans un Tiers-Monde à la main-d'œuvre encore meilleure marché. Chaque sou gagné par les travailleurs européens doit être investi en Europe, dans de bonnes infrastruc-tures routières, ferroviaires, scolaires, universitaires. Il faut maximiser les bud-gets de recherche et bâtir chez nous toutes les usines qui peuvent être bâties.

 

- L'effondrement du communisme laisse notre pire adversaire seul sur le ring. Le libéralisme, vieux et malade, triomphe du seul ennemi qui lui restait. Nous avons lutté pour une troisième voie quand les deux antagonistes nous dominaient, tout en s'affrontant. La disparition du commu-nisme nous laisse seuls et mal préparés face au libéralisme. Nous sommes la deu-xième voie, l'autre voie, l'alternative. Beau--coup de travail at-tend les partisans.

 

- L'euphorie des Allemands de l'Est leur fait aimer d'une manière naïve les pro-duc-tions de l'Occident. Combien de jeu-nes Berlinois, le 10 novembre, sont allé s'acheter un baladeur ou un disque de Mi-chael Jackson? Trop à notre goût. Même si la denrée la plus prisée était le fruit exotique. La tâche des militants NR est de montrer à leurs camarades de l'Est quels sont les artifices de l'American Way of Life. Quels affreux simulacres diffuse la société marchande.

 

En conclusion, les cénacles NR d'Europe occidentale, cette poignée de militants hyper-conscients des enjeux   —et dont la force réside précisément dans cette hy-per-conscience—  doivent se réorganiser face aux nouveaux défis qui s'annoncent pour la décennie 1990. Plus d'anti-com-munisme à l'avant-plan; un renforcement de notre anti-américanisme, dans la me-sure où l'impérialisme yankee sera encore dangereux quand les Nippons auront acheté toutes les industries-clefs des Etats-Unis. Il n'y aura plus lieu de faire uniquement de l'"anti-ceci" ou de l'"anti-cela", mais d'ébaucher et de construire la Cité NR, en forgeant un nouveau droit, un nou-veau code social identitaire et socia-liste taillé pour les producteurs. Une ter-rible disci-pline s'impose désormais à l'étu-diant NR, porteur de l'avenir de notre vision du monde et de la société: cesser de perdre son temps à des marottes littéraires et à des problèmes périphéri-ques; cesser de prononcer des discours oiseux sur la grandeur de l'Europe; cesser de dire que l'économie n'est pas le destin (même si c'est très vrai) pour ne pas avoir à réflé-chir sur les statistiques réelles de notre monde. Etre NR, ce n'est pas être un rouspéteur stérile: c'est être un vo-lontaire toujours prêt, la truelle à la main pour construire la Cité nouvelle.

 

Camarades NR de toutes les régions d'Europe, camarades manuels et intellectuels, mobilisez vos muscles et vos cer-veaux, bandez vos énergies, demain nous appartient!

Il domani appartiene a noi!  

 

00:08 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : allemagne, guerre froide, perestroïka, berlin, mur de berlin | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

jeudi, 11 décembre 2008

Les Etats-Unis et l'Europe: un déclin programmé

LES ETATS-UNIS ET L’EUROPE : UN DECLIN PROGRAMME


Selon le NCI, le système international sera presque méconnaissable en 2025, présentant l'image d'un ensemble multipolaire. La puissance incontestée des Etats-Unis depuis la fin de la Guerre froide, et que l'on a vu perdre de sa superbe depuis l'aventure irakienne, se verra contrebalancée par l'émergence des nouvelles puissances : pour le NCI, il s'agira surtout de la Chine et de l'Inde. Mais l'affaiblissement des Etats-Unis sera aussi l'effet des développements technologiques, notamment informatiques et nucléaires, dans le chef d'acteurs tant étatiques que non étatiques. A ce sujet d'ailleurs, un rapport renversant publié quasi simultanément par un panel d'experts du Congrès américains, révèle que la Chine a développé des capacités de piratage et d'attaque informatiques telles, qu'elle est d'ores et déjà en mesure de neutraliser les capacités américaines en la matière : et donc par là même les moyens militaires qui en dépendent totalement ! A l'échelle de la planète, indique le NIC, le transfert de bien-être et de pouvoir économique aura pour effet que vers 2040-2050, les PNB réunis des "BRIC" (Brésil, Russie, Inde et Chine) sera équivalent à celui des pays du G7. Quant à la Chine, elle sera déjà en 2025 la seconde puissance économique derrière les Etats-Unis, supplantant à cette place l'Europe, mais en acquérant un statut de puissance militaire de premier plan. Enfin, le NIC consacre une part importante de son rapport aux enjeux transnationaux, qui conditionneront les relations entre les blocs. L'accès de plus en plus raréfié aux ressources naturelles que sont les énergies fossiles, mais aussi l'eau, la nourriture, et même l'air sain mis en danger par le réchauffement climatique, constituera un motif très probable de conflits entre blocs. La question n'est pas tant de savoir si ces conflits auront lieu, mais quand et quelle sera leur ampleur.


Et l'Europe dans tout cela? Elle restera, plus encore qu'aujourd'hui, un "géant boiteux", face à des pôles politiquement et militairement beaucoup plus intégrés. Et ceci principalement, selon le NIC, du fait d'un fossé qui ne fera que s'approfondir entre ses élites et des opinions publiques de plus en plus sceptiques. »



Le Temps, 22 novembre 2008

Le financement douteux des euro-sceptiques

EurosceptIR.jpg

 

Andreas MÖLZER:

Le financement douteux des euro-sceptiques

Pour les élections européennes de juin 2009, le millionnaire irlandais Declan Ganley entend se présenter avec sa propre liste “euro-sceptique”, qu’il étendra à tous les pays de l’Union Européenne. D’après ce que l’on a appris jusqu’ici, la troupe bigarrée de ces euro-sceptiques comprendra, d’une part, les adeptes de mouvements conservateurs de droite comme le “Mouvement pour la France” et, d’autre part, ceux de groupements communistes ou crypto-communistes. Vaclav Havel, le président tchèque, qui est un euro-sceptique, serait aussi de la partie, ainsi que le rebelle auto-proclamé autrichien, adversaire de l’UE, Hans-Peter Martin.

Ganley s’est fait connaître du grand public lorsque, ce printemps, il a soutenu financièrement et fort généreusement la campagne contre le Traité de Lisbonne avec l’appui de son “Institut Libertas”. Certes on peut comprendre et même louer cette initiative et ce soutien, mais le scepticisme à l’égard de cet euro-scepticisme-là est de mise quand on se demande d’où vient tout cet argent… En effet, Ganley a gagné ses millions en signant des contrats très avantageux avec les agences qui coordonnent les achats de la Défense américaine, donc avec le noyau dur de l’hégémonisme américain. Nous sommes dès lors en droit d’émettre des soupçons et de penser qu’une grande puissance extra-européenne, les Etats-Unis, est en train de s’immiscer dans les affaires intérieures européennes.

Les compagnons d’arme potentiels de l’Irlandais, comme Vaclav Havel ou Hans-Peter Martin, devront tout de même réfléchir à deux fois et se demander si leur cause est bien servie quand elle recourt indirectement à un argent dont la provenance est bel et bien douteuse. De même, ils devront se demander s’ils ne deviendront pas ainsi le bras prolongé de Washington. Car les choses sont claires: les Etats-Unis, puissance extra-européenne, ne poursuivent que leurs propres intérêts, qui ne correspondent pas à ceux de l’Europe. Tandis que l’UE, tenaillée par le doute, s’efforce tant bien que mal de devenir un “global player”, soit un facteur déterminant sur la scène internationale,  les Etats-Unis, eux, ont bien plutôt l’intention de juguler les velléités d’indépendance européenne sur les plans militaire et diplomatique. Je répond donc “non” à la question qui nous demande, aujourd’hui, s’il est licite d’agir selon l’adage “la fin justifie les moyens”, en s’acoquinant à des alliés aussi douteux.

La lutte contre cette gigantesque fabrication abstraite et artificielle qu’est le Traité de Lisbonne et pour la souveraineté des peuples réels et des Etats nationaux de notre Europe est une tâche qui incombe aux seuls peuples européens. Seuls eux ont le droit de décider de leur avenir. Et à travers toute l’Europe, de la France à la Flandre, de l’Autriche à la Bulgarie, se dressent des partis patriotiques qui s’engagent pour le bien de leurs seuls peuples et non pas pour les intérêts d’une puissance extra-européenne. Ces formations patriotiques lutteront sans appui étranger contre les dysfonctionnements et les aberrations de l’Union Européenne.

Andreas MÖLZER.

(article paru dans “zur Zeit”, Vienne, n°47/2008; traduction française: Robert Steuckers).  

 

 

RFID: la police totale

RFID : la police totale

 

 

Puces intelligentes et mouchardage électronique
Pièces et main d’œuvre
96 pages | 12 x 18,5 cm | 6 euros
isbn 978-2-91583026-2

Hors des laboratoires, des services vétérinaires et de logistique, peu de gens connaissent les RFID (Radio Frequency Identification), aussi nommées « étiquettes électroniques », « intelligentes », « smart tags », « transpondeurs », « puces à radiofréquences ».

Ces mouchards, nés durant la Seconde Guerre mondiale, vont bientôt supplanter les codes-barres dans les objets de consommation, puis envahir les animaux, les titres de transport et d’identité, les livres des bibliothèques, les arbres des villes et finalement les êtres humains à l’aide de puces sous-cutanées : voici venu le temps du marquage électronique universel et obligatoire. Bientôt il sera criminel d’extraire de son corps sa puce d’identité.

– Avez-vous quelque chose à vous reprocher ?

Ceux qui écrivent à l’enseigne de Pièces et Main d’Œuvre enquêtent et s’expriment depuis 2002 sur les nécrotechnologies. Ils ont publié à l’Echappée Terreur et possession, enquête sur la police des populations à l’ère technologique, Le Téléphone portable, gadget de destruction massive et Aujourd’hui le Nanomonde. Les nanotechnologies, un projet de société totalitaire.

http://www.lechappee.org/

Une biographie de Carl Schmitt

n058p07c.jpg

 

Une biographie de Carl Schmitt

Analyse: Paul NOACK, Carl Schmitt. Eine Biographie, Ullstein/Propyläen, Berlin, 1993, 360 p., ISBN 3-549-05260-X.

 

Si les exégèses de l'œuvre de Carl Schmitt sont fort nombreuses à travers le monde depuis quelques années, si les interpréta­tions de sa notion de “décision” ou de sa “théologie politique” se succèdent à un rythme ahurissant, personne ne s'était encore at­telé à écrire une biographie personnelle du prince des politologues européens. Paul Noack (*1925), germaniste, romaniste et histo­rien, ancien rédacteur des rubriques politiques de la Frankfurter Allgemeine Zeitung  et du Münchener Merkur, actuellement profes­seur d'université à Munich, vient de combler cette lacune, en suivant chronologiquement l'évolution de Schmitt, en révélant sa vie de famille, en évoquant ses souvenirs personnels, consignés dans des journaux, des lettres et des entretiens inédits, et en repla­çant l'émergence des principaux concepts politologiques dans le vécu même, dans l'existentialité intime, de l'auteur. Noack sait qu'il est difficile de périodiser une existence, a fortiori quand elle s'étend presque sur tout un siècle, entrecoupé de guerres, de bouleversements, de violences et d'effondrements. Mais dès le départ, toutes les tranches de la première moitié de la longue vie de Schmitt sont marquées par des coupures: l'enfance (1888-1890) par l'arrachement à la patrie de ses ancêtres, l'Eifel mosellan profondément catholique, et l'exil en Sauerland; l'adolescence (1900-1907), elle, est imprégnée d'une éducation humaniste dans une ambiance cléricale édulcorée, qui a abandonné cette “totalité” mobilisatrice et exigeante, propre du catholicisme intransi­geant; la jeunesse (1907-1918) de Schmitt baigne, quant à elle, dans une Grande Prusse dés-hégélianisée, de facture wilhel­mienne, où l'engouement philosophique dominant va au néo-kantisme; le premier âge adulte (1919-1932) se déploie dans une germanité dé-prussianisée, où règne la démocratie parlementaire de Weimar contestée par les divers mouvements nationaux et par la gauche musclée.

 

Bref, cette périodisation claire, qu'a choisie Noack, indique que les bouleversements, les abandons, les relâchements se succè­dent pour aboutir au chaos des dernières années de la République de Weimar et du grand “Crash” de 1929. Cette effervescence, de la Belle Epoque au Berlin glauque où s'épanouisent au grand jour toutes les perversités, est peut-être féconde sur le plan des ruptures, des idées, des modes, des variétés, des innovations artistiques, des audaces théâtrales: elle plaît assurément aux Romantiques de tous poils qui aiment les originalités et les transgressions. Mais Schmitt reproche aux Romantiques, ceux de la première vague comme leurs héritiers à son époque, de s'engouer temporairement pour telle ou telle beauté ou telle ou telle origi­nalité: ils sont “occasionalistes”, “irresponsables”, incapables de développer, affirmer et approfondir des constantes politiques ou conceptuelles. Toute pensée fondée sur le goût ou le plaisir lui est étrangère: il lui faut de la clarté et de l'efficacité. Sa conviction est faite, il n'y changera jamais un iota: le “moi” n'est pas, ne peut pas être, un objet du penser. Celui qui hisse le “moi” au rang d'objet du penser, participe à la dissolution du monde réel. Ne sont réels et dignes de l'attention du penseur que les hommes qui s'imbriquent dans une histoire, s'en déclarent les héritiers et sont porteurs d'une attitude immuable, éternelle, qui incarnent des constances, sans lesquelles le monde et la cité tombent littéralement en quenouille.

 

Cette option, constate Noack, est le meilleur antidote contre le nihilisme et le désespoir. Pour y échapper, l'homme Schmitt entend ne pas être autre chose que lui-même et ses circonstances, notamment un Catholique impérial et rhénan, comme l'ont été ses an­cêtres. C'est dans ces circonstances-là que Schmitt s'imbrique pour ne pas être emporté par le flot des modes de la Belle Epoque ou du Berlin décadant des années 20. La politique, dès lors, doit être servie par une philosophie du droit fondée sur des concepts durs, impassables, éprouvés par les siècles, comme l'ont été ceux de la théologie jadis. Les concepts politiques qu'il s'agit d'élaborer pour sortir de l'ornière doivent être résolument calqués sur ceux de la théologie, s'ils n'en sont pas des reflets rési­duaires, inconscients ou non. Schmitt, au seuil de sa maturité, demeure quelque peu en marge de la “révolution conservatrice”, dont l'objectif majeur, dans le sillage de Moeller van den Bruck et des autres nationalistes de tradition prusso-protestante, était d'approfondir les fondements de l'“idéologie allemande”, née dans le sillage du romantisme et de la guerre de libération anti-napo­léonienne. Cette “idéologie allemande” véhicule, aux yeux de Schmitt, trop de linéaments de ce romantisme et de cet occasiona­lisme qu'il abomine. Ses références seront dès lors romanes et non pas germaniques, plus exactement franco-espagnoles: Donoso Cortès, de Bonald, de Maistre. C'est dans leurs œuvres que l'on trouve les matériaux les plus solides pour critiquer et dé­construire la modernité, pour jeter bas les institutions boîteuses et délétères qu'elle a générées, reponsables des bouleversements et des arrachements que Schmitt a toujours ressenti dans son propre vécu, quasiment depuis sa naissance. Ces institutions libé­rales, insuffisantes selon Schmitt, sont défendues avec brio, à la même époque, par Hans Kelsen et son école positiviste. Schmitt juge ce libéral-positivisme d'une manière aussi pertinente que lapidaire: «Kelsen résout le problème du concept de souve­raineté en le niant. La conclusion de ses déductions est la suivante: le concept de souveraineté doit être radicalement refoulé». S'il n'y a plus de souveraineté, il n'y a plus de souverain, c'est-à-dire plus de pouvoir personnalisé par des hommes charnellement imbriqués dans une continuité historique précise. par le truchement de ce positivisme froid, le pouvoir devient abstrait, incontrô­lable, incontestable. Son épine dorsale n'est plus une forme héritée du passé, comme la forme catholique pour laquelle opte Schmitt. Sans épine dorsale, le pouvoir chavire dans l'“informalité”: il n'a plus de conteneur, il s'éparpille. Dans ce contexte, quelle est la volonté de Schmitt? Forger un nouveau conteneur, créer de nouvelles formes, restaurer ou re-susciter les formes anciennes qui ont brillé par leur rigueur et leur souplesse, par leur solidité et leur adaptabilité.

 

Quand paraît le “concept du politique” en 1927, il est aussitôt lu par un autre maître des formes et des attitudes, Ernst Jünger, tout aussi conscient que Schmitt de la liquéfaction des formes anciennes et de la nécessité d'en restaurer ou, mieux, d'en forger de nouvelles. Enthousiasmé, Ernst Jünger écrit une lettre à Schmitt le 14 octobre 1930, qui sera l'amorce d'une indéfectible amitié personnelle. Pour Jünger, l'homme des “orages d'acier” de 1914-1918, la démonstration de Schmitt dans le "concept du politique” est une “évidence immédiate” qui “rend toute prise de position superflue” et balaie “tous les bavardages creux qui emplissent l'Europe”. «Cher Professeur», ajoute Jünger, «vous avez réussi à découvrir une technique de guerre particulière: la mine qui ex­plose sans bruit». «Pour ce qui me concerne, je me sens vraiment plus fort après avoir ingurgité ce repas substantiel». Les deux hommes étaient pourtant fort différents: d'une part le guerrier décoré de l'Ordre Pour le Mérite; de l'autre, un pur intellectuel qui n'avait jamais livré d'autres batailles que dans les livres. Jünger essaiera avec un indéniable succès d'introduire la clairvoyance de Schmitt dans les cercles néo-nationalistes, notamment les revues Die Tat, de Hans Zehrer et Erich Fried, et Deutsches Volkstum  de Wilhelm Stapel. La participation des deux hommes aux activités littéraires, philosophiques et journalistiques de la “Konservative Revolution” n'efface par leurs différences: Armin Mohler, nous rappelle Paul Noack, écrit très justement qu'ils sont demeurés chacun dans leur propre monde, qu'ils ont continué à chasser chacun dans leur propre forêt. Césure qui s'est bien visibi­lisée à l'époque du national-socialisme: retrait hautain et aristocratique de l'ancien combattant, engagement sans résultat du jur­site.

 

Mais, souligne Paul Noack, une grande figure de la gauche, en l'occurrence Walter Benjamin, écrivit aussi à Schmitt en 1930, quelques semaines après le “néo-nationaliste” Jünger, exactement le 9 décembre. Benjamin envoyait ses respects et son nou­veau livre au juriste catholique et conservateur, admirateur de Mussolini! Il soulignait dans sa lettre des similitudes dans leur ap­proche commune du phénomène du pouvoir. Cette approche est interdisciplinaire et c'est l'interdisciplinarité qui doit, aux yeux du Benjamin lecteur de Schmitt, transcender certains clivages et rapprocher les hommes de haute culture. Effectivement, l'interdisciplinarité permet seule de pratiquer un véritable “gramscisme”, non un “gramscisme de droite” ou un “gramscisme de gauche”, mais un gramscisme anti-établissement, anti-installations. Paul Noack écrit: «[Schmitt et Benjamin] sont tous deux ad­versaires de la pensée en compromis. Benjamin disait que tout compromis est corruption. Tous deux sont aussi adversaires du parlementarisme, du libéralisme politique et du système politique qui en procède. Tous deux pensent que ce n'est que dans l'état d'exception de l'esprit d'une époque se dévoile véritablement; tous deux manifestent une tendance pour l'absolu et la théologie». Et de citer Rumpf: «Benjamin et Schmitt se rencontrent dans leur rejet et leur mépris d'une bourgeoisie qui s'encroûte dans ce culte générateur du Moi». Ce rapport entre Schmitt et l'un des plus éminents représentants de la “Nouvelle Gauche”, voire de l'“Ecole de Francfort”, permet d'accréditer la thèse longtemps contestée d'Ellen Kennedy, spécialiste américaine de l'œuvre de Schmitt, qui a toujours affirmé que ce dernier a bel et bien influencé en profondeur cette fameuse “Ecole de Francfort” en dépit de ce que veulent bien avouer ses tristes légataires contemporains.

 

Avec l'avènement du national-socialisme, les positions vont se radicaliser. L'effondrement de la République de Weimar laisse un vide: Schmitt croit pouvoir instrumentaliser le nouveau régime, sans assises intellectuelles, s'en servir comme d'un Cheval de Troie pour introduire ses idées dans les hautes sphères de l'Etat. Ses anciennes accointances avec le Général von Schleicher, li­quidé lors de la “nuit des longs couteaux” en juin 1934, la nationalité serbe de son épouse Duchka Todorovitch (les services se­crets se méfiaient de tous les Serbes, accusés de fomenter des guerres depuis l'attentat de Sarajevo) et son catholicisme affiché (son “papisme” disaient les fonctionnaires du “Bureau Rosenberg”): autant de “tares” qui vont freiner son ascension et même préci­piter sa chute. Schmitt laisse des textes compromettants, qui le marqueront comme autant de stigmates, mais échoue face à ses adversaires dans les rangs du nouveau parti au pouvoir. Pire, à cause de son zèle intempestif, il traîne parfois aussi une réputa­tion de naïf ou, plus grave encore, d'opportuniste sans scrupule qui souhaite toujours et partout être le “Kronjurist”, le “juriste prin­cipal”. Plus tard, en 1972, dans un interview à la radio, Schmitt a avoué avoir agi sous l'impulsion d'un bon vieil adage français: «On s'engage et puis on voit». Paul Noack croit déceler dans cette attitude collaborante une certitude de type hégélien: Schmitt, l'homme des livres, l'homme de culture, était persuadé, est demeuré persuadé, qu'au bout du compte, l'esprit finit toujours par triompher de la médiocrité. Le national-socialisme, pour ce catholique de Prusse, pour ce catholique frotté à une idéologie d'Etat de facture hégélienne, était une de ces médiocrités propre de l'homme pécheur, de l'homme imparfait: elle devait forcément suc­comber devant la lumière divine de l'esprit. Erreur fatale et contradiction étonnante chez ce pessimiste qui n'a jamais cru en la bonté naturelle de l'homme, commente Noack (Robert Steuckers).

mercredi, 10 décembre 2008

Sobre las maniobras militares venezolano-rusas

¿Qué significado simbólico tienen las maniobras militares venezolano-rusas?

Las maniobras militares conjuntas de tres días realizadas por Venezuela y Rusia en el mar Caribe terminaron el día 3. Se trata de la primera presencia de la Armada Rusa en el Caribe después de terminada la Guerra Fría.

Estas maniobras, codificadas como “Venezuela-Rusia 2008”, se realizaron dentro de la Zona Económica Exclusiva de Venezuela. El día primero, Venezuela y Rusia enviaron un total de cinco buques, entre ellos, el crucero misilero nuclear “Pedro el Grande” y el gran buque antisubmarino “Almirante Chapanenko” de Rusia. Las maniobras de ese día constituyeron el contenido principal de las maniobras militares de ambos países. Con el crucero misilero nuclear “Pedro el Grande” como buque insignia, se llevaron a cabo ejercicios de coordinación para la “defensa común”. Las maniobras de ese día duraron nueve horas, con la participación de 1.600 rusos y 700 venezolanos.


En el curso de los tres días, las armadas venezolana y rusa realizaron ejercicios antiaéreos, de abastecimiento de combustible, de seguimiento de buques de guerra, de combate coordinado con helicópteros y aviones de combate así como maniobras tácticas antiterroristas y contra narcotraficantes. Luis Márquez Márquez, comandante de operaciones de la Armada Venezolana, dijo que a través de las maniobras, la Armada Venezolana aprendió de la contraparte rusa conocimientos sobre el sistema de comunicación y manejo de armas, aumentando así su capacidad defensiva.

A estas maniobras les han dado importancia altos dirigentes de las partes venezolana y rusa. El 27 de noviembre, el presidente venezolano Hugo Chávez y el visitante presidente ruso Dmitry Medevedev inspeccionaron el gran buque antisubmarino “Almirante Chapanenko” anclado en el puerto septentrional venezolano de La Guaira. Los mandatarios de ambos países visitaron las instalaciones internas y externas del buque, Medevedev explicó a Chávez los armamentos del mismo y los dos escucharon una presentación sobre las maniobras conjuntas por efectuar.

Chávez, siempre con una posición claramente anti-EEUU, mostró en esta ocasión una actitud muy prudente. Reiteró que las maniobras conjuntas tenían una “misión de paz” en lugar de desafiar a Estados Unidos. Medevedev dijo por su parte que Venezuela es uno de los socios más importantes de Rusia en América Latina y que ambos países abogan por un mundo multipolar y por respetar la soberanía nacional y los legítimos derechos de los pueblos. Rusia y Venezuela, apuntó, continuarán desarrollando su cooperación militar, la cual se mantendrá transparente observando estrictamente el derecho internacional y dentro de la esfera permisible.

Un analista señaló que el que Rusia persistiera en realizar maniobras conjuntas con Venezuela en el “patrio trasero” de los Estados Unidos muestra que Rusia hizo una respuesta directa al comportamiento de EEUU que despliega sistema antimisil en Europa Oriental y mantiene a los gobiernos anti-Rusia en sus alrededores. Pero el significado simbólico de estas maniobras conjuntas es obvio y muestra que acaba de empezar la cooperación militar venezolano-rusa.

Estados Unidos siguió de cerca estas maniobras militares, pero sostuvo que no constituyen una amenaza esencial para él. Sean McComarck, portavoz del Departamento de Estado de EEUU, manifestó: “Las maniobras militares de Venezuela y Rusia no constituyen un problema, pero las seguiremos de cerca.” Condoleezza Rice, secretaria de Estado norteamericana, dijo el 26 de noviembre que al entrar la flota rusa en aguas jurisdiccionales de Venezuela, no ha cambiado la posición ventajosa que mantiene Estados Unidos en el hemisferio occidental.

No obstante, con respecto a la acción rusa de vender armas a Venezuela, EEUU ya mostró cierta preocupación. Según se informó, el gobierno de Chávez ha firmado en los últimos años contratos de compra de armas por un monto de 4.400 millones de dólares. Rusia llegó hasta prestar mil millones de dólares a Venezuela, dejándole comprar a Rusia misiles antiaéreos “Tor-M1” y aviones cisterna “IL-78”. Venezuela también se propone comprar de Rusia transportes blindados y helicópteros artillados.

Según informaron medios de comunicación venezolanos, después de estas maniobras militares, Venezuela y Rusia mantendrán su intención para una ulterior cooperación militar. La Armada Rusa ha invitado a una flota de la Marina de Guerra venezolana a visitar Rusia, de manera que ambas partes efectuarán una serie de ítems de cooperación militar en el Mar del Norte. Venezuela ya ha llegado a ser un importante socio de cooperación en la estrategia global de Rusia.

00:40 Publié dans Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : armées, russie, venezuela, chavez, amérique latine, marine | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

La Russie Obama-sceptique

LA RUSSIE OBAMA-SCEPTIQUE


Faut-il risquer de biaiser le message du président russe en mettant d’abord l’accent sur les élections américaines ? Nous en prenons le risque, parce que la vision américaine de l’ordre du monde préoccupe la Fédération de Russie, supposée devoir être “contenue”, menacée sur ses frontières, depuis des lunes – depuis des lustres – et que l’épisode géorgien a matérialisé en conflit armé des manœuvres jusque là menées au travers des “organisations non gouvernementales” financées par Washington pour appuyer, dans l’ancienne aire d’influence soviétique, les factions qui lui seraient, une fois parvenues au pouvoir, débitrices. L’expérience nous montre, avec le président géorgien Mikhaïl Saakhaschvili par exemple, que la promotion de la démocratie fait partie d’un l’habillage commode et non prioritaire. (...)


Le président Medvedev attribue sans ambiguïté la situation à l’état d’esprit américain après la chute de l’Union soviétique : “La crise financière mondiale a débuté comme une ‘crise locale’ sur le marché intérieur américain”. Si la Russie, qui a bénéficié de son intégration à l’économie mondialisée, est prête à prendre ses responsabilité, avec d’autres, pour répondre aux difficultés actuelles, il faut néanmoins “mettre en place des mécanismes qui puissent bloquer les décisions erronées, égoïstes et parfois tout simplement dangereuses prises par quelques membres de la communauté internationale.”.


Dans le droit fil des positions prises par la Russie présidée par Vladimir Poutine devant leur unilatéralisme, Dimitri Medvedev stigmatise sans détours les pratiques des Etats-Unis en matière financière : “Ils ont laissé leur bulle financière grossir pour stimuler leur croissance domestique mais ne se sont pas souciés de coordonner leurs décisions avec les autres joueurs sur le marché mondial et ont négligé même le sens de la mesure le plus élémentaire. Ils n’ont pas écouté les nombreux avertissements de leurs partenaires (y compris les nôtres). Le résultat est qu’ils ont causé des dommages, à eux-mêmes et aux autres”. C’est bien la double prétention américaine à défendre d’abord ses intérêts et à conduire les affaires du monde que la Russie continue de contester.


Ainsi, à “l’aube d’une nouvelle direction américaine” par le “phare de l’Amérique” annoncée par Barack Obama nouvel élu, la réponse est-elle immédiate. La Russie tient pour acquise la légitimité d’un monde “polycentrique”. Et elle le montre. Tout, dans la structure même du discours russe souligne combien Moscou s’est senti agressé, acculé, méjugé dans l’affaire géorgienne : le train de mesures décrites par Dimitri Medvedev y est étroitement corrélé, des efforts et ajustements entrepris à l’intérieur du pays jusqu’aux décisions défensives de protection de l’intégrité du territoire qui ont tellement inquiété les partenaires des Russes. Non seulement il n’est plus question de démanteler de nouveaux éléments de la défense nucléaire mais “nous déploierons le système des missiles Iskander dans la région de Kaliningrad pour être capables, si nécessaire, de neutraliser le système de missile anti-missile” que les Américains veulent installer en Pologne, République tchèque et Hongrie. (...)


Dans la réalité, que changerait un retour de Vladimir Poutine à la première place en termes de géopolitique russe ? Il n’y a pas de désaccord politique entre les deux hommes, tous deux veulent affirmer le rôle de leur pays dans le monde, réassurer leur influence et leur sécurité en Asie centrale et dans le Caucase, défendre les intérêts russes dans leurs échanges avec leurs grands partenaires, de la Chine (et l’Inde) à l’Union européenne, de l’Afrique et du Moyen-Orient à l’Amérique latine. Aucun des deux ne veut d’un monde conduit par la puissance américaine, quel qu’en soit le président. Tous deux font la même proposition de nouvel accord sur la sécurité européenne, discutée, souvenons-nous entre les “trois branches de la civilisation occidentale” dans un cadre “véritablement égalitaire”.


Dans la réalité, la Russie est le seul des grands pays aujourd’hui qui annonce clairement qu’elle souhaite un monde “polycentré” et des structures internationales qui reflètent cette multilatéralité – dans tous les domaines, en droit, dans le domaine de la monnaie, dans les équilibres régionaux – ce qui n’est pas illégitime. D’autres le souhaitent sans le dire, certains le craignent et regardent d’où souffle le vent. Or les Etats-Unis jusqu’ici ont écarté cette hypothèse. Le nouveau président, Barack Obama, porte-t-il une vision différente du monde ? Non, pense-t-on visiblement à Moscou. C’est ce que discours à l’Assemblée fédérale affirme : la Russie n’a pas d’intentions belligérantes. Mais elle ne se laissera pas contraindre. Il serait utile de l’entendre. »



Hélène Nouaille et Alain Rohou, Comité Valmy, 7 novembre 2008

"Le regard vide" de l'Europe selon J. F. Mattéi

Mattei474ee792564d0p24.jpg

Le regard vide de l’Europe selon Jean-François Mattei - Essai sur l’épuisement de la culture européenne

SYNERGIES EUROPEENNES - ECOLE DES CADRES / WALLONIE - Comité de lecture - novembre 2008

Trouvé sur : http://canalacademie.com 

Le philosophe Jean-François Mattei examine la traditionnelle capacité de l’Europe à voir loin, à se projeter, son sens critique, sa croyance dans le progrès, bref sa métaphysique. Loin de l’imprécation des déclinologues ou de l’auto flagellation de ceux qui, comme Suzanne Sontag, considère « la race blanche » comme « le cancer de l’humanité », il nous aide à mieux comprendre la spécificité de l’Europe et les causes de son aveuglement actuel. Damien Le Guay a lu "Le regard vide de l’Europe" et nous fait partager ici son analyse.

Jean-François Mattei, le philosophe, et non l’ancien ministre de la santé, poursuit un travail salutaire de critique en profondeur d’un monde, le nôtre, qui a perdu le sens du lointain. Car après tout, comme l’indiquait Lévinas, la civilisation n’est-elle pas une distance prise avec soi-même qui rend possible une intrigue avec un au-delà de soi. Mais si cette distance s’écrase, si la civilisation perd le goût de l’horizon, alors l’individu s’enferme en lui-même, devient despotique, étranger à tout ce qui n’est pas lui.

En 1999, avec son magnifique livre intitulé La barbarie intérieure (PUF), il avait passé à la paille de fer, par une mise en perspective philosophique et une analyse sans concession, cette phase actuelle de la modernité qu’il considérait comme « immonde » - à savoir inapte à laisser se déployer « le monde » qui nous porte ensemble, nous réunit pour nous faire sortir de nos barbaries intérieures.

Mattéi regardvide_photo.jpg

Dans De l’indignation (La table ronde, 2005), d’un ton alerte, il s’en prenait à toutes ces fausses indignations d’opérettes qui pullulent – avec des rebelles autoproclamés, des insurrections convenues. Dès lors : la fausse indignation chasse la bonne. La bonne ? Celle que nous devons avoir vis-à-vis d’une certaine culture contemporaine qui met en péril l’homme et finit par abolir les œuvres d’art elles-mêmes.

Le voici qui nous revient avec un essai Le regard vide (Flammarion, 2007) qu’il sous-titre lui-même « essai sur l’épuisement de la culture européenne ». Avec toujours cette dénonciation de la perversion d’un certain esprit critique qui a finit par se retourner contre lui-même, par devenir nihiliste, il examine la spécificité de l’Europe. Tout le monde la cherche. Lui, la détecte dans le regard. Oui ! Son regard. Il est avant tout porté vers le lointain. Certes cette manière de voir loin, d’aller au loin, de ne pas tenir compte des frontières, peut comporter une part de surplomb. Mais à trop insister, comme on le fait aujourd’hui, sur ses travers méprisants, n’occultons-nous pas cette incroyable capacité européenne de mise en mouvement, de projection – au sens de faire des projets et « d’aller voir là-bas si j’y suis », selon l’expression de Remi Brague ? Seconde caractéristique de ce regard européen : son sens critique qui le conduit, par le recours à l’abstraction, à transformer la réalité. Les développements scientifiques et philosophiques de l’Europe naissent de cette métaphysique-là. Ajoutons une dernière caractéristique : un éloge de l’infini qui donna à l’Europe son sens de l’histoire et sa croyance dans le progrès.

Le regard, donc. Regard sur la cité, sur le monde, sur l’âme. Jean-François Mattéi, textes d’auteurs à l’appui, décline cette spécificité du regard éloigné de l’Europe et devient « théorique ». N’oublions pas que pour les Grecs la « théorie » est une manière de voir, d’acquérir un regard sur le monde. Il montre bien en quoi nous avons assisté à un « aveuglement du regard ». De critique il est devenu autocritique. D’ouvert, il est devenu relativiste. De tendu, il est devenu mou. D’assuré, de son mouvement il est devenu en bougeotte sur lui-même. De spirituel, il est devenu procédural.

Jean-François Mattei, Le regard vide, Essai sur l’épuisement de la culture européenne,Flammarion, 292 pages, 20 €

00:21 Publié dans Philosophie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : europe, anthropologie, culture, modernité | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook