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lundi, 08 février 2021

La méfiance de Vladimir Poutine à l’égard des réseaux sociaux occidentaux

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La méfiance de Vladimir Poutine à l’égard des réseaux sociaux occidentaux

L’Etat doit protéger la liberté sur l’Internet

Le Président russe Poutine a abordé tout récemment un des thèmes les plus importants de e 21ème siècle : celui de la toute-puissance grandissante des médias sociaux. Dans un discours adressé aux gagnants d’un concours tenu dans l’ensemble du territoire russe, « L’enseignant de l’année », Poutine a souligné que le rôle de l’Etat était de défendre la liberté d’expression sur l’Internet, face aux prétentions de Facebook, WhatsApp, etc. Pour le chef du Kremlin, ces entreprises contrôlent toujours davantage, par le biais de la censure, la conscience des gens

Poutine a mis ses interlocuteurs en garde, en leur rappelant que les consortiums médiatiques décident seuls et arbitrairement en matière de censure des contenus, sans tenir compte des conséquences de leurs décisions. Les plateformes n’étant finalement, a-t-il ajouté, que des « entreprises ».

Il a poursuivi : « Et quel est le souci premier de toute entreprise ? Faire du profit. Cela leur est bien égal que tel ou tel contenu lèse les gens auxquels il s’adresse. Ces entreprises modernes de TI commencent à contrôler de plus en plus la conscience des hommes ».

Poutine, ensuite, a toutefois bien signalé qu’il y a certes de bonnes raisons de limiter l’accès à certains contenus mais, simultanément, il a aussi constaté que les dirigeants de la Russie se devaient de réfléchir à la question et de réagir. Il a précisé qu’aucune décision ne devait être prise qui conduirait à limiter les libertés des gens, surtout la liberté de voter selon sa conscience et la liberté d’expression.

Les paroles de Poutine n’ont pas été prononcée au hasard. Plus récemment encore, il avait abordé la thématique dans son discours du Forum Economique International de cette année 2021. On peut considérer que c’est là une réaction aux véritables orgies d’effacement et de bannissement que venaient de commettre les plateformes médiatiques et les réseaux sociaux américains, visant tout particulièrement le président sortant Donald Trump. Les consortiums justifiaient leurs actions inquisitoriales en prétendant se soucier d’une expansion probable de la violence aux Etats-Unis.

Bon nombre de voix russes avaient manifesté leur inquiétude face à ce précédent commis par ces grands consortiums. La porte-paroles du ministère russe des affaires étrangères, Maria Sakharova avait dit que de telles actions inquisitoriales équivalaient « à une explosion nucléaire dans le cyberspace ». Elle avait ajouté que cette démarche constituait une attaque contre les valeurs démocratiques dont se réclame l’Occident.

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Pavel Durov, le fondateur russe du réseau social VKontakt et du service de messagerie Telegram, avait fait part de son souci quant à l’avenir de la liberté d’expression. Le duopole Apple-Google constitue une menace pour la liberté d’expression car, selon Durov, « il pouvait causer des bannissements complets, peu importe quelles applications on utilise ». Durov faisait évidemment allusion à l’interdiction et au sabordage de « Parler », chassé de l’ « iOS-store » après que les partisans de Trump ont quitté les autres réseaux sociaux pour aller s’exprimer sur « Parler ».

Article paru sur : https://zuerst.de

Poutine, le philosophe Ivan Iline et «L’ascension jusqu’aux sommets des meilleurs»

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Poutine, le philosophe Ivan Iline et «L’ascension jusqu’aux sommets des meilleurs»

https://www.politiquemagazine.fr

Sur quels fondements philosophiques s’appuient la politique nationale et internationale de Vladimir Poutine ? Découvrir et lire Ivan Iline, théoricien de l’unité et de la spécificité russe.

Le 3 octobre 2005, le cinéaste russe Nikita Mikhalkov, ami proche du président de la Fédération de Russie Vladimir Poutine, est parvenu, étant à la tête du Fonds pour la culture russe, à faire transférer au monastère Donskoï à Moscou, en même temps que les cendres du général Anton Denikine, celles d’un quasi inconnu en Russie (sauf de quelques intellectuels, en particulier Soljenitsyne) – bien que ses œuvres complètes aient été enfin publiées [1]. On murmure que c’est le fils d’un avocat filleul d’Alexandre II et d’une luthérienne convertie, tous deux inscrits sur la Table des rangs qui, depuis Pierre le Grand, précise le degré des serviteurs de l’État. Son nom ? Ivan Alexandrovitch Iline. Mort en Suisse en 1954.

Le 12 décembre 2013, Vladimir Poutine, dans son adresse à l’Assemblée fédérale, se réfère à Nicolas Berdiaev lorsqu’il veut préciser ce qu’il entend par un conservatisme qui refuse la révision systématique des valeurs, la famille au premier chef : « Le sens du conservatisme n’est pas d’empêcher d’aller de l’avant vers le haut, mais d’empêcher de reculer et de retomber dans le chaos obscur et l’état primitif[2] ». Conserver pour défendre, défendre pour avancer, mais sur une voie propre, les concepteurs de « l’idée russe » au XIXe, au XXe, y voient pour la Russie le salut. Dont Ivan Iline.

Début janvier 2014, quelques semaines avant l’entrée en Crimée de troupes « pro-russes » non identifiées, hauts fonctionnaires, cadres supérieurs, gouverneurs des régions de la Fédération reçoivent en cadeau de Nouvel An La philosophie de l’inégalité de Nicolas Berdiaev (1918), La justification du bien de Vladimir Soloviev (1897) et Nos tâches, d’Ivan Iline (1956), où l’on trouve ceci : « Si le choix de ces nouveaux hommes russes réussit et se réalise rapidement, alors la Russie se relèvera et renaîtra en l’espace de quelques années. Si ce n’est pas le cas, la Russie tombera du chaos révolutionnaire dans une longue période de démoralisation postrévolutionnaire, de déclin et de dépendance envers l’extérieur[3]. »

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Au Forum de la Jeunesse « Tauride » du 10 au 20 août, qui se tient en Crimée six mois après le référendum du 16 mars grâce auquel Moscou a constitué comme nouveaux sujets de la Fédération de Russie la république de Crimée et la ville de Sébastopol, Boris Mejouev, rédacteur aux Izvestia, philosophe, politilogue, insiste sur le fait que la Russie doit « s’édifier comme une civilisation séparée ». Dans quelles conditions ? C’est là qu’il est utile de se remémorer Ivan Iline, hanté par le démembrement de son pays ; pour lui la défense des valeurs traditionnelles ne se sépare pas de l’idée d’un État solide, qui défend son unité par la force si nécessaire ; en quoi il s’opposait à Tolstoï, qui prônait le pacifisme[4]. L’identité nationale est vue comme un rempart contre la standardisation culturelle, déjà à l’œuvre, de fait, dans le libéralisme occidental.

Février 2015, le philosophe et journaliste français Michel Eltchaninoff publie chez Actes Sud Dans la tête de Vladimir Poutine, un essai dont le mérite est aussi de faire le point, à l’occasion des événements de Crimée, sur les influences d’ordre philosophique qui pourraient déterminer ou infléchir la politique du président de la Fédération de Russie. L’ouvrage, récompensé par le Prix de la Revue des deux mondes, apporte éclaircissements et nuances. S’il est vrai que la philosophie inspire davantage nombre de « têtes pensantes » autour de Poutine, dont Vladimir Iakounine, plutôt que Poutine lui-même, dont la passion va au judo – pourtant les références implicites ou explicites à Ivan Iline se multiplient dans ses discours. Elles sont particulièrement saillantes lors de ses interventions au club Valdaï[5]. Qui est Ivan Iline ?

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Une pensée de l’État dans l’exil

Une formation de juriste lui ouvrit un temps une carrière de professeur de droit. Puis une vie décentrée dans l’exil, en Allemagne (Stettin) et en Suisse (Zollicon), et ce après condamnation à mort, commuée en embarquement sur ce « bateau des philosophes » où Berdiaev s’est trouvé aussi, en 1922. Une pensée politique hantée par la dislocation de l’État russe, tentée mais un moment seulement par le national-socialisme[6], finalement plus bienveillante à l’égard de Mussolini. Pensée qui se construit autour de trois notions : le sens de l’État (et non du parti) ; le respect du droit (non comme lettre froide mais disposition intimement incarné) ; le patriotisme (plutôt que le nationalisme). Voilà résumé l’essentiel. L’œuvre d’Ivan Iline compte environ cinquante livres et mille articles, en russe, en allemand, en français. Elle prend sens pour nous si on l’approche sous un angle qui paraîtra à première vue paradoxal : les libertés – l’angle le plus pertinent à en croire l’essayiste Ivan Blot[7].

La plus importante est la souveraineté, entendue au sens de la non-dépendance d’un État à l’égard de quelque autre dans les domaines considérés comme vitaux, où l’unité historique de la nation, sa sécurité présente, son devenir prochain risqueraient d’être engagés. C’est la leçon de la guerre civile qui parle : celle de Russie, de 1917 à 1922. Mais il me souvient aussi comment le président Hollande, qui proposait en 2012 à Poutine une conversation à propos des anti-missiles, s’est vu opposer une fin de non-recevoir immédiate : tant que la France serait sur ce point tributaire des États-Unis, aucune conversation ne serait ouverte avec elle.

Autre liberté majeure aux yeux d’Ivan Iline, celle de cultiver son identité nationale, au sein d’un ensemble où l’unité reste assurée par l’élément ethnique et culturel russe, par opposition au relativisme absolu qui a mené l’Europe à oublier ses origines et à perdre, en même temps que ses traditions, son identité, au bénéfice d’un multiculturalisme qui en outre l’affaiblit. Voici ce que dit Poutine au club Valdaï en septembre 2013 : « La Russie a toujours évolué au sein d’une “complexité florissante” en tant qu’État-civilisation, consolidé par son peuple russe, le langage russe, la culture russe, l’Église orthodoxe russe et les autres religions traditionnelles du pays. C’est précisément le modèle d’État-civilisation qui a formé notre entité étatique. Il a toujours cherché à s’accommoder souplement à la spécificité ethnique et religieuse de territoires particuliers, afin d’assurer la diversité dans l’unité[8] ».

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La réalité d’une inspiration

Même si c’est au moine et diplomate Constantin Leontiev (1831-1891) que Poutine fait explicitement référence – cet autre champion d’une Russie messianique sous réserve qu’elle crée une civilisation slavo-asiatique propre, distincte de l’européenne, et centrée sur Constantinople –, le propos renvoie à toute la hantise d’Ivan Iline de sauvegarder l’unité en respectant les « libertés locales ». La diversité naturelle du monde est « une donnée de Dieu », dit encore Poutine ; mais surtout les émeutes à caractère xénophobe de 2006 (Carélie), 2009 et 2013 (Moscou) sont passées par là.

C’est, avec cette citation, le moment de marquer deux limites à l’influence qu’ont pu avoir tel ou tel philosophe sur le virage que Poutine, au lendemain de son élection de 2012, est censé avoir pris. D’une part il est avant tout un homme d’action, d’autre part, Ivan Iline, on l’a compris, est loin d’avoir l’exclusivité. Outre Léontiev, il faudrait citer le panslaviste Nikolaï Danilevski (1822-1885), qui insiste sur le fait que la Russie et les Slaves composent un ensemble culturel unique ; le philosophe converti Vladimir Soloviev (1853-1900), convaincu que la recherche de la perfection, qui est la fin de notre espèce, s’incarne dans la famille et la patrie ; le naturaliste Lev Goumiliev (1912-1992), pour qui l’énergie vitale qui fait défaut en Occident surabonde en « Eurasie » ; ou le métropolite de Pskov, Tikhon Chevkounov, présumé confesseur de Poutine, pour qui il en est de la Russie d’aujourd’hui comme de Byzance : toutes sortes de dangers la pressent de toutes parts.

Illustration : « Le guide sert au lieu de faire carrière, combat au lieu de faire de la figuration, frappe l’ennemi au lieu de prononcer des mots vides, dirige au lieu de te vendre aux étrangers. » Ivan Iline

[1]. De 1998 à 2003.

[2]. Berdiaev, De l’inégalité, 1918.

[3]. Chapitre La tâche principale de la Russie.

[4]. La résistance au mal par la force, 1925.

[5]. Cercle de réflexion créé en 2004 près du lac Valdaï, région de Novgorod, par l’agence Ria Novosti.

[6]. Auquel il deviendra vite suspect, étant même arrêté par la Gestapo.

[7]. Conférence au cercle de l’Aréopage du 21 juin 2016.

[8]. Discours à Valdaï – 19 septembre 2013, http://en.kremlin.ru/events/president/news/19243.

dimanche, 07 février 2021

Idées de gauche et valeurs de droite : Comment produire cette fusion ?

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Idées de gauche et valeurs de droite : Comment produire cette fusion ?

Par René Uffizi, préalablement publié dans Nomos (Argentine)

Ex : https://therevolutionaryconservative.com

Je voulais partager avec vous quelques questions qui me sont venues à l'esprit en lisant "Le contre-coup" (El Contragolpe) de Diego Fusaro, auteur que j'ai découvert grâce à votre publication Nomos, et dont le livre me semble être l'un des messages les plus suggestifs et explosifs du monde actuel.

Au-delà du thème central de cette compilation d’articles (qui, selon moi pourrait se résumer à une réflexion générale et profonde sur la tendance contemporaine à la solitude, à la dissolution communautaire et à l'hyper exploitation produite par le turbo-capitalisme), thème avec lequel je coïncide pratiquement en tout, il y a une question, en particulier, et de la plus haute importance politique, qui m'a fortement interpellé : la fusion entre les valeurs de droite et les idées de gauche. Cette question semble également cruciale pour Fusaro lui-même, étant donné que, comme on le constate dans le livre, elle fait partie de la proposition programmatique du groupe d'intérêt national qu'il a lui-même fondé. Comme il est dit au point 8 de ce programme (p. 116 ; cette idée est également mentionnée à la p. 31) :

41ARwUkW9HL._SX325_BO1,204,203,200_.jpgEn antithèse avec les anciennes dichotomies, il faut s'aventurer au-delà de l'antithèse de la gauche et de la droite. Renoncer à cette antithèse équivaut, par conséquent, à assumer les valeurs de la droite et, en même temps, les idées de la gauche. Les valeurs de la droite : enracinement, patrie, honneur, loyauté, transcendance, famille, éthique. Idées de gauche : émancipation, droits sociaux, même liberté matérielle et formelle, dignité du travail, socialisme démocratique dans la production et la distribution.

Ma question fondamentale est de savoir comment construire une telle alternative fusionnante, ou d'où cela pourrait émerger, ou encore : s'il est possible qu'elle puisse exister, la force capable de réaliser cette fusion. Je pose cette question moi-même, en particulier parce que :

  • L’ensemble des valeurs de droite, que Fusaro nomme, est large, mais n'inclut pas (ou plutôt exclut) l'un des piliers fondamentaux de la droite : la propriété*. Comme Maurras dans Mes idées politiques de 1937 "on ne dirait pas moi, sans qu'on dise le mien", pour ainsi dire : la propriété constitue la personne et la rend libre. Comment le socialisme dans la production et la distribution pourrait-il être possible sans s'attaquer aux droits de propriété ? Comment mener des politiques de redistribution ? La structure de la propriété n'est-elle pas toujours le point limite du populisme, limite dans la mesure où la coalition populiste est infailliblement détruite dès que le peuple se radicalise et qu'il passe sur la propriété ? Cette limite, toujours dépassée et donc déterminante, me conduit au point suivant.
  • Est-il correct d'attribuer à la droite l’ensemble des valeurs que Fusaro lui attribue ? S'agit-il effectivement de valeurs de droite ? Y a-t-il une expression plus intense que celle des narodnikis, des Cubains barbus du 59, ou celle de l'EZLN, pour n'en citer que quelques-unes ? Pour moi, au contraire, la liste des valeurs que Fusaro attribue à la droite, sont en réalité des valeurs issues du monde de la production, de sorte qu'elles sont partagées par le prolétariat/agriculteur et par les bourgeois. Mais je crois qu'il y a une trajectoire identifiable dans l'abandon de ces valeurs : c'est précisément le même bourgeois (auquel Fusaro attribue l'incarnation historique de ces valeurs) qui cesse de les représenter en premier lieu, étant donné que le prolétariat est resté le seul sujet social qui a fini par défendre la terre, l'emploi, la famille, les institutions bourgeoises universelles (comme l’éducation et la santé), et même l’État. Lorsque les bourgeois ont considéré qu'il était insoutenable de taxer (en revenant à la propriété) les coûts de l'État providence, ils ont entamé la transition vers la déréglementation des marchés, tout comme ils vers la suppression des droits sociaux et des agences étatiques de redistribution et de protection que Fusaro défend. Alors : pourquoi revenir à la bourgeoisie pour reprendre des valeurs** qui n'ont jamais cessé d'être soutenues par le prolétariat ? La question est tactique et serait reformulée de façon satirique: L'establishment serait-il plus menacé si, en Argentine, le livre de Fusaro tombait entre les mains du capitaliste Paolo Rocca (PDG de Techint) ou entre celles du syndicaliste Daniel Yofra (secrétaire général du Syndicat des huiliers) ?
  • Fusaro lui-même pensait voir dans l'alliance jaune-verte entre le mouvement Cinq Etoiles et la Lega - aujourd'hui avortée et dissoute - une fusion possible entre la gauche et la droite, ce qui révèle que sa proposition n'est pas seulement théorique, mais qu'elle a au contraire une validité politique. Et ce n'est pas la seule fois que cette recherche a été proposée et mise en pratique. Parmi beaucoup d'autres, George Sorel est allé dans cette direction, tout comme l'un de ses disciples : Thierry Maulnier dans son magnifique ouvrage Au-delà du Maulnier y affirme que les différents fascismes ont échoué dans leur tentative de maintenir en vie la communauté nationale, car leur conservatisme a maintenu intactes les forces bourgeoises. En leur nom, la gauche avait échoué à reléguer la force vitale des structures communautaires en privilégiant plutôt le progrès économique. Par conséquent, tout comme Fusaro, une révolution nationale pourrait avoir sa place si la droite se prolétarisait, et si la gauche se nationalisait. Cela m'amène à mon dernier point, qui est lui aussi d'ordre tactique.

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  • Afin de produire cette fusion entre la gauche et la droite, la droite doit-elle être prolétarisée ou la gauche doit-elle être nationalisée ? Je crois que l'expérience du péronisme peut apporter une réponse. Lorsque l'immense force syndicale argentine, composée de dirigeants anarcho-syndicalistes, syndicalistes révolutionnaires et socialistes, s'est "nationalisée" dans leur rencontre politique avec les jeunes fonctionnaires nationalistes du GOU, un des plus grands et des plus puissants mouvements et processus populaires du monde a vu le jour. Le péronisme est la nationalisation des forces et des organisations de gauche. Mais nous trouvons aussi l'exemple inverse : la prolétarisation des forces de droite. Depuis le milieu des années 60, certains partisans de Lonardi, fils d'autres industriels, d'autres nationaux-catholiques, d'autres fils de professionnels conservateurs, d'autres intégristes pendant la dictature d'Onganía, etc. ont choisi de se "prolétariser", d'aller à la rencontre des structures de la classe ouvrière. Le résultat (Montoneros et les forces qui se sont soumises à leur direction) a été catastrophique : une opposition féroce à Péron lui-même, l'assassinat de dirigeants syndicaux, et le sabotage total du processus démocratico-populiste. Je ne fais pas cette description en exagérant un rôle de "péroniste orthodoxe", mais je ramène les positions de la gauche nationale (trotskistes/péronistes : PSRN, PIN, FIP). Dans cette description que nous pouvons regarder, je serais enclin à penser qu'il n'est pas possible de prolétariser la droite, et que la possibilité de réaliser le programme que propose Fusaro ne peut venir que des forces de la gauche et des organisations ouvrières.

Pour en arriver à une conclusion, je reviens à Sorel : Je pense qu'il a aussi considéré que la droite ne pourrait jamais abandonner son lien naturel avec la propriété privée, raison pour laquelle le leader syndicaliste est toujours resté à l'intérieur des organisations ouvrières et à l'intérieur de la gauche, même quand il a aussi essayé de promouvoir les valeurs que Fusaro lui-même réaffirme aujourd'hui, auxquelles j'adhère moi-même, et par lesquelles ces questions m'ont interpellé. Je les ai partagées avec vous ici.

À la vôtre !

Notes du traducteur :

*On peut résoudre ce problème en comprenant que la propriété privée peut être séparée en deux catégories : La propriété individuelle et la propriété capitaliste, cela peut être trouvé dans l'article "The Idea of Property in Jose Antonio Primo de Rivera" par Israel Lira

https://therevolutionaryconservative.com/articles/the-idea-of-property-in-jose-antonio-primo-de-rivera/

**La meilleure façon de résoudre cette idée est de gérer le concept d'aristocratie, comme l'a dit Julius Evola, peut être trouvée dans "La signification de l'aristocratie pour le front anti-bourgeois"

https://arktos.com/2019/09/20/the-meaning-of-aristocracy-for-the-anti-bourgeois-front-part-1/

Source :

https://nomos.com.ar/2019/10/25/ideas-de-izquierda-y-valores-de-derecha-como-producir-esa-fusion/

Alternatives concrètes au cliché «de l’ennemi russe»

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Alternatives concrètes au cliché «de l’ennemi russe»

par Karl-Jürgen Müller

Ex: https://www.zeit-fragen.ch/fr

Le gazoduc Nord Stream 2 de la mer Baltique reliant directement la Russie à l’Allemagne, se trouve au cœur de la nouvelle guerre froide entre les Etats-Unis et la Russie. Le débat équilibré et objectif sur les avantages et les inconvénients de ce pipeline semble impossible face aux multiples manœuvres américaines et européennes de déstabilisation contre la construction du pipeline. Ces dernières années, la construction du gazoduc a connu des retards répétés. Actuellement, les choses ont pris un nouvel essor. 

Le 15 janvier 2021, l’office fédéral maritime et hydrographique allemande (BSH) a accordé à Nord Stream 2 l’autorisation de poursuivre la construction dans la partie allemande du chantier. Le renouvellement de l’approbation était devenu nécessaire parce que la société suisse Allseas avait retiré ses navires spéciaux pour la construction de pipelines, suite aux menaces de sanction américaine de la fin de l’année passée et à la contrainte d’une demande d’un navire russe dont la technologie différente est approuvée actuellement. Il s’agit du navire-pose russe «Fortuna», qui se trouve maintenant en mer Baltique. Seuls 150 kilomètres de la ligne double (2 fois 75 kilomètres) – sur une longueur totale de plus de 2448 (2 fois 1224) kilomètres – sont encore à poser.

La Fondation pour la protection du climat 

Le 7 janvier 2021 déjà, le Parlement du Land de Mecklembourg-Poméranie occidentale avait décidé de créer une fondation pour la protection du climat et de l’environnement à extension du Land, avec les votes du PS et de l’UCD au pouvoir et du parti d’opposition «Die Linke» (La Gauche), l’autre parti d’opposition, l’AfD (Alternative pour l’Allemagne), s’abstenant du vote. Le but de la fondation d’Etat n’est pas seulement de promouvoir la protection du climat et de l’environnement dans le Mecklembourg occidentale, il lui sera également possible de soutenir la construction du gazoduc Nord Stream 2 de la mer Baltique, selon les déclarations publiques des responsables dès le début. Le Land de Mecklembourg occidentale contribue à hauteur de 200 000 euros au patrimoine de la fondation tandis que la société anonyme Nord Stream 2, basée à Zoug, en Suisse,1 met 20 millions d’euros à la disposition de la fondation – initiative qui est en concert avec le gouvernement du Land. «Je suis heureux que nous ayons pu gagner Nord Stream 2 SA comme partenaire pour ce projet», a déclaré Christian Pegel, ministre de l’énergie (PS), des infrastructures et de la numérisation.2 Le conseil d’administration de la fondation se compose de trois membres: l’ancien premier ministre Erwin Sellering (PS), l’ancien député européen Werner Kuhn (UCD) et l’entrepreneuse Katja Enderlein.

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Soutenir la construction du Nord Stream 2

L’intention ouvertement déclarée de soutenir la construction du Nord Stream 2 avec la fondation est une réaction du Land face à l’intensification des menaces de sanctions du gouvernement et du Congrès américains dirigées contre toute entreprise directement ou indirectement impliquées dans la construction du gazoduc. L’hebdomadaire Die Zeit,dans son édition numérique du 7 janvier 2021, cite le premier ministre de l’Etat, Mme Manuela Schwesig (PS), en ces termes: «Cela n’entre pas dans nos intentions que cette fondation construise ou exploite le gazoduc.» Elle y ajoute qu’il entre dans ses compétences de contribuer à son achèvement. Recourir à cette possibilité dépendait, dit la ministre, «de la question de savoir si les Etats-Unis continuent de recourir à des sanctions contre les entreprises allemandes et européennes». Selon les statuts, la fondation aurait le droit, continue-t-elle, d’acheter par exemple des composants ou des machines essentielles à l’achèvement du gazoduc. Ainsi les entreprises fournissant ces éléments à la fondation ne seraient plus menacées par les sanctions américaines. Or dans sa qualité d’un organisme publique, la fondation éviterait toute sanction dirigée contre elle puisque la législation américaine actuelle exempte les organismes publics de ceux susceptibles de sanctions américaines.

Interview avec Manuela Schwesig

Dans une interview accordée au Redaktionsnetzwerk Deutschland (RND), le 14 janvier 2021,3 la ministre-présidente du Land a commenté en détail le projet de fondation ainsi que les questions politiques plus générales liées au projet.

Au début, Mme Manuela Schwesig s’est vu confrontée au fait de savoir si le petit Land cherchait à tromper les grands Etats-Unis en contournant les sanctions contre Nord Stream 2 au travers d’une fondation. Son gouvernement réagit ainsi «au fait que les Américains menacent un pipeline ayant été légitimement approuvé et se trouvant en phase terminale par des sanctions, action qui a comme but d’améliorer les possibilités de marché en faveur de leur propre gaz de fracturation. Je trouve cela scandaleux, et cela m’agace que tous les critiques de la fondation ne soufflent aucun mot sur leur propre position quant aux sanctions américaines émises à l’égard des entreprises allemandes». Elle réfute également l’accusation reprochant à la nouvelle fondation de n’avoir qu’un rapport superficiel avec la protection du climat et de l’environnement et qu’elle serait un emballage trompeur. «L’accusation ne tient pas», dit-elle. «Nous avons communiqué notre procédé, dès le début, de manière très transparente et le parlement du Land a approuvé la création de la fondation à une très large majorité. Au fil des ans, cette nouvelle fondation développera une activité salutaire diversifiée en faveur de la protection de l’environnement du Land. Elle ne construira pas le pipeline ni ne l’exploitera. Mais elle pourra aider à la construction du pipeline si cela s’avère nécessaire en raison des sanctions américaines. Cela aussi, nous l’avons signalé de manière complètement transparente. D’ailleurs, dans le cadre de la construction du premier gazoduc Nord Stream, deux fondations pour la protection de la nature ont déjà été établies et Nord Stream y a mis à disposition de l’argent, dans les deux cas. Des organisations environnementales de renom y sont représentées. Pourquoi ce qui était juste à l’époque doit-ilsoudainement être faux aujourd’hui? [...] Il reste à voir si la nouvelle fondation devra contribuer à la construction finale du pipeline. Cela dépend de la façon dont les Etats-Unis procèderont. Ce qui est sûr c’est que la fondation apportera certainement une contribution à la protection de l’environnement. Nord Stream va sans doute soutenir financièrement des projets de protection de la nature et du climat sur tout le territoire du Land.»

A la question si elle ne voit pas un problème à mélanger la protection du climat et l’achèvement d’un gazoduc pour le transport du gaz naturel, la cheffe du gouvernement du Land répond: «Pas du tout, parce que je crois fermement que le gaz naturel est un élément important pour la transition énergétique. L’Allemagne abandonne progressivement l’énergie nucléaire à partir de l’année prochaine et la production d’électricité à base de charbon d’ici 2038 au plus tard. Dans cette période de transition, nous avons besoin du gaz comme source d’énergie de transition, au moins pour une période transitoire, car nous ne disposons pas encore de suffisamment d’énergie éolienne et solaire, en raison de la nécessité d’un développement des technologies de stockage. Une transition énergétique réussie qui fonctionne, sur le plan écologique ainsi qu’économique, est lameilleure protection du climat.»

Retrait des sanctions 

Interrogée sur ce qu’elle attend du gouvernement allemand, Mme Schwesigrépond: «Nous exigeons le retrait des sanctions contre nos entreprises. J’attends donc de la part du gouvernement allemand qu’il le fasse savoir clairement lors de ses premiers entretiens avec la nouvelle administration américaine, peu importe que vous pensiez que le pipeline soit quelque chose de bien ou non. Des pays amis ne peuvent et ne doivent pas se comporter les uns envers les autres de cette manière.»

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A la fin de l’interview, Manuela Schwesig est interrogée sur son attitude souvent perçue par le public comme un alignement sur le président russe Vladimir Poutine. Elle y répond dans les termes suivants: «De telles attaques montrent que pour de nombreuses personnes il ne s’agit pas de la critique objective d’un projet d’infrastructure, mais de leurs réserves à l’égard de la Russie. Si le gazoduc venait de Scandinavie plutôt que de Russie, il se heurterait à beaucoup moins de critiques. Dans le Land, 80% de la population souhaitent entretenir de bonnes relations avec la Russie. Il ne faut pas oublier que nous nous trouvons, depuis des années, dans un partenariat étroit avec la région de Leningrad, se trouvant quasiment à nos portes. Nous soutenons la coopération germano-russe. Cela ne signifie pas que nous ne soyons pas critiques, mais la critique et le dialogue vont de pair.»

Si les problèmes de l’humanité exigent la coopération de tous les Etats et de tous les peuples, la réalité est différente. Cette réalité inclut le simulacre entretenu par l’Occident au sujet de la Russie comme un cliché «d’ennemi»4 Cette image d’ennemi manifeste ses répercussions dans nos sociétés presque quotidiennement. A quoi cela sert-il, par exemple, lorsque, le dimanche soir, 17 janvier 2021, le premier «bulletin d’information» de la «Tagesschau» (Actualités) de l’ARD (première chaîne de la télévision allemande, de droit public) à 20 heures – autrefois lemodèle du bien-fondé et de l’objectivité inébranlable de l’information allemande – présente «le rapport» du retour d’Alexei Nawalny en Russie et son arrestation dans ce pays de manière totalement partisane, et que la vue unilatérale qui l’engendre se répande dans la totalité des émissions d’information du réseau allemand, en une sorte de film synchronisé? 

Les Verts contre Nord Stream 2

La lutte contre Nord Stream 2 s’inscrit entièrement dans ce cadre. Il est frappant de voir qui se trouve, dans cette bataille idéologique, du côté américain du front. En Allemagne, deux représentatntes du parti Les Verts se trouvent au premier rang, comme Mme Katrin Göring-Eckardt (chef du groupe parlementaire du parti au Bundestag allemand) et Mme Annalena Baerbock. Celle-ci, l’une des deux dirigeants du parti, a été largement citée par le journal allemand «Bild», sous les gros titres suivants: «Baerbock sur Nord Stream 2: GroKo (la Grande coalition entre socialistes et chrétiens-démocrates, ndt) fait le larbin du projet du Kremlin»5 et par la «Frankfurter Allgemeine Zeitung» titrant: «Baerbock exige l’arrêt de la fondation de Nord Stream 2»).6 L’autre chef du parti des verts, M. Robert Habeck, s’est même adressé au nouveau chef de l’UCD, M. Armin Laschet, en disant: «M. Laschet doit corriger la position de son parti, l’UCD, et prendre clairement position contre Nord Stream 2».7 Il n’est donc pas étonnant que le mouvement des jeunes écologistes, «Fridays for Future», a manifesté contre la nouvelle fondation dans plusieurs villes d’Allemagne de l’Est.8 De grandes associations «environnementales» allemandes telles que le BUND, la «Deutsche Umwelthilfe», la «Naturschutzbund Deutschland»ou le WWF-Allemagne veulent également empêcher la réalisation finale de Nord Stream 2. Le 18 janvier, elles ont arrêté la construction pour le moment en engageant une procédure d’objection contre le permis de construire signé de l’office fédéral maritime et hydrographique allemand. 

Au grand plaisir des Etats-Unis

Les responsables d’Outre-atlantique s’en réjouiront. Le 20 novembre 2020, le Redaktionsnetzwerk Deutschland dépêcha:9 «Les Etats-Unis augmentent leur pression sur les entreprises Nord Stream 2. Le gouvernement américain conçoit le gazoduc germano-russe Nord Stream 2 de la mer Baltique se trouvant sur les derniers mètres avant sa disparition et augmente la pression des sanctions sur les entreprises européennes participantes. ‹Ce gazoduc n’existe pas›, a déclaré un haut fonctionnaire du gouvernement américain à l’agence de presse dpaà Washington. ‹Voici à quoi ressemble un pipeline mourant›.» La base des sanctions américaines est une loi adoptée par le Congrès américain en décembre 2019 avec le titre révélateur de «Protecting Europe’s Energy Security Act» (Peesa), le gouvernement américain justifiant officiellement son rejet du Nord Stream 2 par «une trop grande dépendance des partenaires européens vis-à-vis du gaz russe». 
    En quoi la sécurité énergétique européenne et les (supposées) dépendances de l’Europe intéressent-elles les Etats-Unis? Le langage des fonctionnaires américains correspond à celui tenu par les maîtres coloniaux européens d’antan.
    
L’article cité continue en déclarant «dans le cadre du paquet de la loi sur les crédits de défense 2021 (NDAA), un projet de loi devra être adopté pour renforcer les sanctions.» Et de poursuivre avec le constat «M. Biden est également critique à l’égard du projet [de pipeline]. Même dans son précédent rôle de vice-président des Etats-Unis sous Barack Obama, M. Biden avait qualifié le gazoduc de ‹fondamentalement mauvais pour l’Europe›.» 

Un jour avant de prendre ses fonctions, l’ancienne administration américaine a pris des sanctions contre la société russe KVT-RUS en déclarant le navire de pose «Fortuna» comme «propriété en blocage» – quel qu’en soit son sens concret. Officiellement, les Etats-Unis ont déclaré que le gazoduc permettrait à la Russie «de faire usage des ressources naturelles comme un outil de pression politique et d’influence malveillante contre l’Europe occidentale».10 [mise en relief par l’auteur]. Et le nouveau secrétaire d’Etat américain désigné, M. Antony Blinken, veut maintenant employer «tout l’éventail des outils de persuasion» pour couper court au Nord Stream 2.11 
    Est-ce là donc, le nouveau «partenaire» et «ami» de l’Europe que la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a évoqué lors de son hymne de louange, le 20 janvier?12 
    
Cependant, des responsables allemands et européens ont également protesté à plusieurs reprises contre les prétentions américaines. Le fait que le Land riposte à cette initiative de blocage par des actions concrètes est un pas autant primordial que courageux.•


Notes:
L’entreprise russe Gazprom tient les 100% des actions de Nord Stream 2. Le président du conseil d’administration est l’ancien Chancelier fédéral allemand, M. Gerhard Schröder. Participent aux coûts d’investissement les entreprises européennes E.ON. (aujourd’hui Uniper), Wintershall, Royal Dutch Shell, OMV et Engie.
https://www.regierung-mv.de/Aktuell/?id=166889&proces... du 06/01/21
https://www.rnd.de/politik/schwesig-rechnet-mit-nord-stream-gegne...
Voir à ce sujet le livre très informatif de Hannes Hofbauer: Feindbild Russland. Geschichte einer Dämonisierung, Promedia-Verlag, ISBN 978-3-85371-401-0
https://​​​​​​​www.bild.de/politik/inland/politik-inland/baerbock-zu-nor...du 14/01/2021
https://​​​​​​​www.faz.net/agenturmeldungen/dpa/baerbock-fordert-stopp-v... du 13/01/21
https://www.focus.de/finanzen/boerse/ostsee-pipeline-mosk... du 20/01/21
https://www.nau.ch/news/wirtschaft/fridays-for-future-dem... du 12/01/21
https://www.rnd.de/politik/nord-stream-2-usa-erhohen-druc... du 21/11/20
10 https://www.zeit.de/wirtschaft/2021-01/nord-stream-2-russ... du 19/01/21
11 https://www.focus.de/finanzen/boerse/ostsee-pipeline-mosk... du 20/01/21
12 Voilà comment le magazine allemand Sterncite Mme von der Leyen,dans son édition numérique du 20/01/20: «‹Après quatre longues années, l’Europe aura, à la Maison blanche, à nouveau un ami!›, dit Mme von der Leyen, mercredi, devant le Parlement européen. ‹Le monde entier, continua-t-elle, avait attendu ce jour lui permettant d’accueillir les Etats-Unis à nouveau dans le cercle d’états d’entendement. Ce jour nous rend, continua-t-elle, les Etats-Unis›, en ajoutant:‹L’Europe est prête de renouer avec son ancien et familier partenaire pour raviver notre alliance précieuse.›»; v. Stern, https://www.stern.de/news/von-der-leyen--mit-biden-hat-eu...​​​​​​​)

Ce qui se passe au Myanmar

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Ce qui se passe au Myanmar

Par Daniele Perra

Ex : https://www.eurasia-rivista.com

Le 1er février, le Tatmadaw (les forces armées du Myanmar) est intervenu pour destituer la direction politique du pays suite à la crise générée par les accusations d'irrégularités électorales que l'armée elle-même a formulées après les élections de novembre. Le président Win Myint et la conseillère d'État Aung San Suu Kyi (une icône démocratique pour laquelle l'"Occident", depuis le début des années 2000 et plus précisément depuis l'ère Obama, avait investi des ressources considérables pour désengager le pays de l'orbite chinoise) ont été placés en état d'arrestation avec d'autres membres de la Ligue nationale de la démocratie (parti majoritaire) et de la "société civile". Il convient de rappeler que ce qui a été décrit dans les médias occidentaux comme un "coup d'État militaire" est en fait une opération menée conformément à l'article 417 de la Constitution de 2008, qui prévoit la possibilité de déclarer un "état d'urgence" pour une période d'un an (après coordination entre le Bureau et le Conseil de défense et de sécurité nationale) si des conditions se présentent qui menacent l'intégrité de l'Union, la solidarité nationale ou la pleine souveraineté de celle-ci[1]. Dans cette analyse, on tentera de mettre en évidence les raisons qui ont conduit à l'intervention militaire, le rôle potentiel des agents extérieurs et l'importance stratégique et géopolitique du pays asiatique.

Le 12 janvier 2021, le ministre des affaires étrangères de la République populaire de Chine, Wang Yi, a rencontré le chef des forces armées du Myanmar, Min Aung Hlaing, l'homme qui a assumé le rôle de chef du gouvernement après la déclaration de l'état d'urgence. Au cours de la réunion, les deux hommes ont défini la relation entre les deux pays en utilisant le terme "pankphaw" qui indique une relation d'amitié fraternelle[2]. En plus de remercier Pékin pour le soutien apporté au Myanmar dans la crise sanitaire générée par la pandémie et de garantir le soutien birman à la cause de la "Chine unique", Min Aung Hlaing a également soutenu la nécessité d'accélérer la construction du CMEC - China Myanmar Economic Corridor : le projet d'interconnexion des infrastructures entre les deux pays qui représente l'un des carrefours cruciaux de la nouvelle route de la soie.

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Le CMEC, comme la branche sino-pakistanaise tout aussi fondamentale du projet d'infrastructure eurasien (CPEC), évite le transit commercial par les zones contestées de la mer de Chine méridionale et du détroit de Malacca, ouvrant à Pékin un accès direct à l'océan Indien et la possibilité d'établir des relations géopolitiques et géoéconomiques directes entre l'Asie et l'Afrique : c'est-à-dire le long de cet axe Sud-Sud (en opposition à l'hégémonie du Nord) déjà théorisé par le maoïsme et repris aussi, à une époque plus récente, par certains stratégistes sud-américains (comme dans le cas du "méridionalisme" du Brésilien André Martin). La valeur stratégique du CMEC est d'ailleurs donnée par la possibilité de connexion (et de contournement du rival indien) entre le port de Sittwe au Myanmar, celui de Hambantota au Sri Lanka et le port pakistanais de Gwadar[3]. C'est un projet qui inclut également la volonté de Pékin d'étendre le corridor sino-pakistanais vers l'Afghanistan. C'est pourquoi des forces multipolaires (de l'Iran au Pakistan, en passant par la Russie et la Chine) poussent à une pacification rapide du pays d'Asie centrale (par opposition à l'Inde qui continue à travailler sous le radar, non seulement pour maintenir un contingent nord-américain à Kaboul, mais aussi pour la déstabilisation de la région).

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Le rôle de l'Inde, également au Myanmar, ne peut en aucun cas être sous-estimé. S'il est vrai qu'Aung San Suu Kyi (à la déception de ses partisans "occidentaux") n'a pas particulièrement affecté les excellentes relations traditionnelles entre le pays et la Chine et le programme de coopération avec cette dernière, il est tout aussi vrai que durant ses années de gouvernement, le pays, outre l'ouverture au circuit des ONG "sorosiennes", a connu un rapprochement substantiel avec New Delhi: une relation qui s'est intensifiée ces derniers mois avec le blocage de l'achat du vaccin anti-Covid chinois, auquel a été préféré celui de l'Inde.

Par ailleurs, New Delhi, qui n'est pas étrangère à la production de fausses informations pour discréditer ses rivaux [4], affirme depuis longtemps que la Chine soutient le trafic d'armes le long de la frontière indo-birmane en apportant un soutien logistique à certains groupes armés opérant à l'intérieur du Myanmar (l'armée d'Arakam et l'armée de l'État Wa) [5] : une stratégie d'information visant non seulement à aigrir les relations entre Pékin et Naypyitaw, mais aussi, compte tenu du rôle attribué à l'Inde par les États-Unis, à accélérer la déstabilisation d'un pays déjà profondément divisé selon des lignes ethniques-sectaires.

L'une des raisons qui auraient pu pousser les militaires à intervenir directement, outre le prétexte des irrégularités électorales, est l'observation du fait que l'institutionnalisation potentielle de la division de fait de l'Union aurait pu entraîner la création de nouveaux potentats locaux, susceptibles d'être cooptés par des puissances extérieures pour des raisons ouvertement contraires à l'intérêt national. En ce sens, le Tatmadaw, une institution farouchement nationaliste, aurait agi dans le respect de la Constitution de 2008 et de la défense de l'unité nationale[6]. L'un des souhaits exprimés par Wang Yi à Min Aung Hlaing lors de la réunion susmentionnée était en fait d'œuvrer à une "revitalisation nationale" du Myanmar.

Il n'est donc pas surprenant qu'avant même l'intervention des militaires (dont les dirigeants, parmi lesquels Min Aung Hlaing, il faut le dire, ont déjà fait l'objet de sanctions de la part de Washington et de Londres suite aux actions entreprises pour réprimer les troubles dans l'Etat de Rakhine entre les bouddhistes et une minorité musulmane que le gouvernement central estime être des descendants d'immigrants bengalis), les Etats-Unis ont menacé de punition sévère le Tatmadaw [7].

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Pour être juste, certains ont avancé l'idée que la longue main des services nord-américains était à l'origine de l'action de l'armée. Cet aspect mérite une enquête plus approfondie. Tout d'abord, il faut noter que la prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi, surtout après avoir échoué à prendre position en faveur de ce qui est présenté en "Occident" comme le peuple Rohingya, a perdu une partie de sa "crédibilité démocratique", construite sur des apparitions en compagnie de Barack Obama et de la famille Soros. A cela s'ajoute le fait qu'elle n'a pas pu développer une politique étrangère en totale discontinuité avec le passé, en partie à cause d'un partage du pouvoir avec des appareils militaires historiquement liés (bien qu'avec des hauts et des bas) à la Chine et à la Russie [8]. Cependant, en prétendant qu'Aung San Suu Kyi aurait été déposée en relation avec l'extension birmane de la nouvelle route de la soie, on oublie que sur les 38 projets prévus au sein du CMEC, seuls 9 ont été approuvés à l'heure actuelle et que le Tatmadaw lui-même, en tant que corps militaire, est historiquement difficile à infiltrer par des appareils extérieurs. Il est beaucoup plus probable que les militaires eux-mêmes ont considéré que la figure du "champion du pacifisme" n'était plus consommable à l'extérieur et qu'elle était considérablement nuisible à l'intérieur.

Cela ne signifie pas que l'événement (attribuable, je pense, à une dynamique interne claire) ne peut pas, cependant, être utilisé par ceux qui, au fil des décennies, ont fondé leur stratégie géopolitique sur la création du chaos. Les réactions internationales à l'intervention militaire en ce sens sont emblématiques. Si la Chine et la Russie, parfaitement conscientes du rôle crucial de l'armée au Myanmar, ont maintenu une attitude diplomatique de non-ingérence dans les processus politiques internes, l'"Occident" a immédiatement avancé des critiques, des intimidations et des menaces, étant donné le constat de l'échec du programme d'exportation de la démocratie libérale.

Le nouveau secrétaire d'État américain, le "faucon démocratique" Antony Blinken, a ordonné aux militaires de revenir immédiatement sur leurs décisions. Le nouveau président américain Joe Biden a demandé l'intervention de la "communauté internationale" pour condamner l'action militaire. "Les États-Unis, a déclaré M. Biden, ont levé les sanctions contre la Birmanie au cours de la dernière décennie sur la base des progrès réalisés en matière de démocratie [...] l'annulation de ces progrès nécessiterait, selon le nouveau président américain, un examen immédiat des lois et autorités en matière de sanctions, suivi d'une action appropriée"[9].

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Plus ou moins sur la même longueur d'onde, les déclarations du sénateur démocrate Bob Menendez, qui a appelé à l'imposition de nouvelles "sanctions économiques strictes"[10] et du diplomate Daniel Russel (l'homme qui a construit la relation entre l'administration Obama et Aung San Suu Kyi), qui a souligné que le "coup d'État" était une atteinte sérieuse portée aux intérêts régionaux des États-Unis, car cette intervention des militaires birmans a retiré le principal outil de l'Occident des leviers du pouvoir[11]. De plus, l'organe de la CIA en Asie, Radio Free Asia, a immédiatement servi de porte-voix pour la protestation d'Aung San Suu Kyi.

Il reste donc à voir comment les États-Unis peuvent exploiter la situation à leur avantage. Outre la possibilité susmentionnée d'utiliser l'Inde comme instrument de guerre hybride contre le Myanmar, une autre solution pourrait être la création d'un "scénario vénézuélien" (ou biélorusse) en ne reconnaissant pas le fait de la situation politique interne et en continuant à accorder une légitimité à un gouvernement sans pouvoir réel, dans l'espoir de déclencher un processus rapide de déstabilisation et de "balkanisation".

Dans ce contexte, le rôle de la Chine et de la Russie ne peut être que celui-ci : accompagner le Myanmar vers un processus politique qui garantisse la stabilité interne (également par le maintien des canaux commerciaux qui seront compromis par le nouveau régime de sanctions occidental éventuel) et l'absence d'intrusions extérieures non seulement à Naypyitaw mais aussi dans l'espace eurasien le plus large.

NOTES :

[1]    On peut consulter le texte de la Constitution du Myanmar sur le site :  www.constituteproject.org.

[2]    Wang Yi meets with Myanmar’s Commander in Chief of Defense Services Min Aung Hlaing, www.fmrc.gov.cn.

[3]    Le port sri-lankais d’Hambantota, fut en son temps mis en exergue comme exemple du caractère agressif du projet infrastructurel chinois dans un célèbre article de Georges Soros, publié dans la Financial Review. Le spéculateur international bien connu, dans sa contribution au titre révélateur, “Xi Jinping is the most dangerous enemy”, soutient la thèse que la Chine, par le « piège de la dette » chercherait à stranguler les pays inclus dans la « nouvelle route de la soie ». Toutefois quelques études émanant de la John Hopkins University et de l’Université de Boston ont démontré que la corrélation entre le problème de la dette des pays, dont question,  et les travaux infrastructurels proposés est ténu.

[4]    Emblématique en ce sens est la vaste campagne de désinformation produite par les médias indiens et amplement répercutée en Occident, contre le Pakistan. Voir, par exemple, The dead professor and the vast pro-India disinformation campaign, www.bbc.com; EU NGO report uncovers Indian disinformation campaign, www.aljazeera.com

[5]    India accuses China of helping rebel groups on its Myanmar border, www.scmp.com.

[6]    Il est bon de rappeler que la Constitution de 2008 prévoit que 25% des sièges au Parlement birman doivent appartenir de droit au Parti de l’Union, Solidarité et Développement, (organe politique du Tatmadaw) et qu’il faut garantir aux militaires le contrôle des affaires intérieures et, bien sûr, de la défense. Il va de soi que l’Armée (selon une modalité semblable à celle en vigueur en Egypte) jouit d’une substantielle autonomie en matière de gestion des investissements.

[7]    US warns Myanmar’s military it’all be punished for coup, www.politico.com.

[8]    Le 29 juin 1954, la Chine et la Birmanie ont scellé un Traité d’amitié basésur cinq principes de coexistence pacifique : a) le respect réciproque de l’intégrité et de la souverainté nationales ; b) non-agression mutuelle ; c) non ingérence réciproque dans les affaires intérieures des signataires ; d) avantages mutuels et égalité ; e) coexistence pacifique.De la fin des années 60 aux années70 du 20ème siècle, les rapports entre lesdeux paysse sont détériorés, suite aux révoltes antichinoises en Birmanie. Toutefois, pendant l’ère Deng, lesrapportsse sont améliorés, surtout suite à la signature de divers accords de coopération commerciale, à partir de la fin des années 80.

[9]    Si veda Myanmar’s Army Chief challenges Biden, bets big on China, www.bloomberg.com.

[10]  Ibidem.

[11]  Si veda, Myanmar Army pledges new elections after one year state of emrgency; Suu Kyi urges public to protest, www.straitstimes.com.

[12]  Aung San Suu Kyi urges protests to reject Myanmar miltary coup, 1-year state of emergency, www.rfa.org.

 

Les discours de Poutine et Xi à Davos laissent entrevoir un avenir différent

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Les discours de Poutine et Xi à Davos laissent entrevoir un avenir différent

Par James O’Neill

Ex : https://geopol.pt

Le Groupe des Nations réunies de Davos a récemment tenu son assemblée annuelle par voie électronique, le coronavirus a permis d’éviter pour la première fois la réunion en face à face. Les États-Unis étaient représentés par John Kerry, l'un des nombreux démocrates recyclés des années Obama. La Russie était représentée par son président, Vladimir Poutine, et la Chine, pour la première fois depuis 2017, par son président Xi Jinping. Les médias occidentaux ont largement ignoré la contribution de ces deux derniers, mais ce qu'ils avaient à dire était significatif et mérite d'être examiné de plus près.

Poutine avait reçu un exemplaire d'un livre en 2019, écrit l'un des principaux organisateurs de la conférence, un ami personnel, Klaus Schwab. Le livre s'intitule La quatrième révolution industrielle, écrit par Schwab lui-même. Poutine a utilisé le contenu du livre comme l'un des principaux thèmes de son discours.

Le thème du livre avait évidemment été dépassé par les événements liés au coronavirus en 2020, mais il fournissait quand même plusieurs points de discussion importants que Poutine a utilisés pour structurer son discours. Il a noté que le Covid-19 avait accéléré de nombreux problèmes structurels préexistants dans l'économie mondiale, en particulier ce qu'il a appelé les effets cumulatifs des problèmes sous-économiques qu'il a identifiés comme la raison principale de la croissance instable.

Cette croissance déséquilibrée a conduit à une exacerbation croissante de nombreux problèmes internationaux. Faisant référence à l'inégalité croissante dans l'économie mondiale, il a rejeté la faute directement sur le 1% le plus riche qui domine aujourd’hui les revenus et les profits. Cela a conduit à une exacerbation croissante de nombreux problèmes internationaux.

S'attendre à ce que ces problèmes soient identifiés, et encore moins traités, était peu probable, notamment parce que les grands médias ne sont pas susceptibles d'identifier la source du problème, étant donné que leurs propriétaires sont en grande majorité le même 1%. Le degré de rhétorique de la propagande en politique étrangère s'accroît. Bien que cela n’a pas été dit directement, il est évident que la Russie a longtemps été victime de la désinformation massive des médias occidentaux.

Poutine a souligné qu'il pouvait s'attendre à ce que la nature des actions pratiques devienne plus agressive, y compris la pression sur les pays qui résistent aux tentatives de puissances qu’il n’a pas nommées, mais très clairement il faisait allusion aux États-Unis, qui utilisent des barrières commerciales illégitimes, des sanctions et d'autres restrictions dans les domaines de la finance, de la technologie et du cyberespace pour contrôler les récidivistes.

Le résultat final d'un tel jeu, sans règles, ou du moins un ensemble de règles pour les élites qui peuvent être modifiées à volonté et arbitrairement, augmente de façon critique le risque d'une action militaire unilatérale.

Poutine a identifié quatre priorités que le monde doit adopter afin d'éviter ces conséquences désastreuses. Tout d'abord, il faut que les conditions de vie soient confortables pour tous. Ce sera extraordinairement difficile à réaliser et il n'a donné aucun indice réel sur la manière dont le problème pourrait être surmonté.

Deuxièmement, l'objectif doit être que chacun ait un emploi qui assure une croissance et un revenu durables et l'accès à l'éducation tout au long de la vie, qu'il a défini comme absolument essentiel.

Troisièmement, les gens doivent être sûrs de recevoir des soins médicaux de qualité.

Quatrièmement, quel que soit le revenu familial, les enfants doivent recevoir une éducation décente.

Ces demandes n'étaient pas exhaustives, mais elles constituent sans aucun doute la base essentielle d'une vie civilisée. De nombreux pays y sont déjà parvenus, notamment les pays scandinaves et la Nouvelle-Zélande. Même entre les pays dits développés, il existe des inégalités flagrantes qui ne seront pas surmontées dans un avenir immédiat.

Cette triste réalité a été reconnue dans le commentaire final de Poutine lorsqu'il a déclaré que la concurrence et la rivalité entre les pays n'ont jamais cessé, elles ne cesseront jamais. Le défi consistera à faire en sorte que la rivalité ne se transforme pas en guerre.

Le discours de Xi

Xi, pour sa part, a identifié quatre grandes tâches auxquelles le monde contemporain est confronté. Premièrement, le monde doit "intensifier" la coordination des politiques macroéconomiques afin de promouvoir une croissance forte, durable, équilibrée et inclusive de l'économie mondiale.

Deuxièmement, a-t-il dit, le monde doit "abandonner les préjugés idéologiques et suivre conjointement un chemin de coexistence pacifique, d'avantage mutuel et (en utilisant une expression avec laquelle il est identifié) de coopération mutuellement bénéfique.

Les différences entre les sociétés ne sont pas, en soi, alarmantes. Ce qui est alarmant en revanche, a-t-il observé, c'est "l'arrogance, les préjugés et la haine". Xi a très franchement identifié un problème majeur comme étant les tentatives visant à "imposer les uns aux autres sa propre histoire, sa culture et ses systèmes sociaux".

Cette dernière phrase doit être lue et assimilée par de nombreux dirigeants occidentaux, dont notamment l'Australie, qui perçoivent la croissance de la Chine comme une menace existentielle pour leur propre existence. Il n'y a pas de preuves pour étayer ces craintes, mais elles sont un refrain constant dans l'analyse des médias occidentaux.

Troisièmement, a déclaré Xi, le défi consiste à mettre fin à la fracture entre les pays développés et les pays en développement. La croissance des pays en développement permettrait d'asseoir la prospérité et la stabilité sur des bases plus solides.

Quatrièmement, nous devons nous unir contre les défis mondiaux. Aucun problème mondial ne peut être résolu par un seul pays, aucun pays ne peut imposer volontairement le découplage, la rupture d'approvisionnement et infliger des sanctions pour créer l'isolement et l’ostracisme de tiers, car cela ne ferait que pousser le monde à la division et à la confrontation.

Et ce qui peut être considéré comme un défi direct aux prétentions occidentales de jouir d'un monopole à l'appui de leur interprétation du droit, Xi a déclaré que "nous devons rester attachés au droit international et aux règles internationales plutôt que de rechercher notre propre suprématie". La gouvernance internationale, a-t-il dit, devrait être basée sur "les règles et le consensus atteint entre nous, et non sur l'ordre donné par une puissance ou un groupe de puissances".

Cette dernière phrase suffirait à créer l’émoi parmi les puissances occidentales, qui ont trop longtemps revendiqué le monopole des "règles basées sur l'ordre international". Ce qu'ils veulent vraiment imposer, ce sont leurs règles et leur ordre. Xi envoyait un message clair : cette époque est révolue et le droit international signifie simplement qu'au lieu de préserver l’intégrité de quelques riches dont les diktats au cours des 70 dernières années ont été la source de conflits sans fin pour le monde dans son ensemble et l’origine d'avantages accumulés pour eux seuls.

Il est douteux que l'Occident écoute Poutine ou Xi, et encore moins qu'il change leur comportement. Mais le monde a changé. Plus vite les anciennes puissances occidentales reconnaîtront qu'elles changent et modifient leur comportement, plus vite nous aurons des chances d'atteindre les objectifs si clairement établis par Poutine et Xi. La couverture médiatique limitée de ces deux discours en Occident n'est pas de bon augure. Cependant, comme le montrent les multiples accords conclus par diverses nations dans la région de la Grande Eurasie, le vieux monde disparaît rapidement. Plus vite ce processus de ressac sera reconnu, plus le monde sera sûr.

Publié à l'origine dans New Eastern Outlook

Mais quelle est cette secte qui dirige le monde ?

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Mais quelle est cette secte qui dirige le monde ?

par Piere-Emile Blairon

Portrait d’un robot

Il nous faut d’abord dresser un portrait-robot (on ne peut pas si bien dire !) du sectateur mondialiste-type ; choisissons-le de nationalité française, celle que nous connaissons le mieux, mais il n’est pas plus Français que Guatémaltèque ou Martien.

Il a été formaté en France (ENA et Sciences Po) et aux Etats-Unis (Yale ou Harvard) ; c’est un Young Leader[1], la créature arrogante d’une sorte de club élitiste franco-américain qui se permet de choisir (en finançant leurs études) les futurs dirigeants politiques, financiers, économiques et médiatiques de la société française (existe maintenant en version franco-chinoise - on n’arrête pas le progrès- avec la bénédiction de l’inévitable Attali, le fléau de Dieu, celui qu’on voit sourire béatement derrière chaque Président français depuis Mitterrand lors des cérémonies d’investiture).

Le Young Leader fait aussi partie de l’une ou de plusieurs de ces officines qui rassemblent leurs membres périodiquement dans un grand fracas médiatique sous prétexte que leurs réunions sont « secrètes » : Bilderberg, Trilatérale, Open Society de Soros, Forum de Davos, Fondation Rockfeller, le club Le Siècle d’Olivier Duhamel[2], Skull and Bones, Fondation Gates, etc.

Notre homme-robot est un parfait nomade qui n’a de connaissance des pays qu’il traverse que le confort des hôtels de luxe qui l’hébergent, confort agrémenté de « shoots » et de gâteries sexuelles selon ses « orientations », la plupart du temps exclusivement perverses (c’est qu’on s’ennuie dans la routine !)

On lui a inculqué une aversion totale pour la nature, l’histoire, les traditions, l’enracinement, l’attachement à un sol ou à un peuple ; il n’a aucune connaissance culturelle en dehors de ses spécialités consacrées principalement à l’économie, aux opérations boursières et à l’art de manipuler les foules en jouant de la flûte ; il est probable qu’un élève studieux d’une 3ème des années 1950 aurait pu lui en remontrer en culture générale mais s’il ne s’est jamais aventuré dans les labyrinthes lumineux de la langue d’un Gracq, il vous dira ce qu’il faut en penser parce que ses maîtres n’auront pas oublié de programmer le neurone adéquat. Notre « homme » est un as de la simulation et de la dissimulation.

Enfin, pour compléter ce charmant tableau, il a une haine viscérale pour « le bon peuple » en même temps que ces manants lui inspirent une trouille tout aussi incontrôlée ; c’est juste à ce (dernier) moment qu’il redevient humain.

Il nous faut voir maintenant comment on est arrivé à l’émergence d’un tel monstre.

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Les films prophétiques de Stanley Kubrick

Stanley Kubrick est mort le 7 mars 1999 juste après avoir terminé la réalisation de Eyes wide shut, qu’il considérait comme son meilleur film. Il y a donc 22 ans.

La plupart des spectateurs du film, mais aussi des critiques, n’y ont rien compris ; et, mieux, pour se défendre de leur incapacité à l’expliquer, ils ont affirmé que, de toutes façons, il n’y avait rien à comprendre, que ce n’était qu’un « film de cul » décrivant une orgie satanique organisée par l’upperclass new-yorkaise avec un scénario aux dialogues indigents rappelant le film de série B éponyme : Orgie satanique, sorti en 1965. Ce bon Kubrick est bien fatigué, circulez, y a rien à voir.

Mais Stanley Kubrick ne s’est pas contenté d’être parmi les plus grands cinéastes de tous les temps, salué pour sa technique et l’éclectisme de ses choix, il est aussi un visionnaire, de ceux dont on ne reconnaît le génie prédictif que lorsque les événements qu’ils ont décrits arrivent effectivement.

J’ai choisi de parler des œuvres de Stanley Kubrick pour n’avoir pas à remonter aux racines du mal, à savoir au frankisme (fin du XVIIIe siècle), aux Illuminati (début du XVIIIe siècle) ou aux francs-maçons (fin du XVIe siècle) même si ces sociétés plus ou moins secrètes et d’autres beaucoup plus anciennes (la Kabbale, La Confrérie du Serpent) constituent les références (mal comprises) de celle qui gouverne la planète aujourd’hui.

2001 : L’Odyssée de l’espace et le transhumanisme

2001 : L’Odyssée de l’espace, l’autre film prophétique de Kubrick est sorti en 1968 ; il y a trois personnages principaux dans ce film : un monolithe noir[3] qui symbolise la Connaissance apportée aux hommes par des extraterrestres, vraisemblablement originaires de Jupiter, un humain, David Bowman, qui servira d’objet d’observation à ces mêmes extraterrestres[4], un ordinateur, appelé Hal 9000 dans la version originale et Carl 500 dans la version française qui va préfigurer la révolte des robots qui vont s’humaniser jusqu’à défier leurs créateurs et se libérer de leur joug. En quelque sorte, l’histoire de Prométhée défiant les dieux qui recommence.

Le scénario ? Il y a plusieurs millions d’années, une tribu d’australopithèques découvre un monolithe noir déposé devant leur caverne ; en le touchant, ils acquièrent un savoir qui leur permet d’utiliser les os des animaux qu’ils mangent comme armes pour vaincre les tribus ennemies. C’est la scène-culte, exactement archéofuturiste, la plus célèbre de l’histoire du cinéma, qui montre l’un d’eux tuant son adversaire avec un os qu’il va ensuite lancer vers le ciel ; l’os tournoyant se transforme en un vaisseau spatial qui vogue au rythme d’une valse de Strauss ; raccourci stupéfiant entre notre plus vieille histoire et notre plus lointain futur. Une équipe de cosmonautes retrouvera ce même monolithe enfoui dans le sol lunaire[5], émettant des ondes en direction de Jupiter ; il sera encore présent, immense, en orbite autour de Jupiter où va accéder David Bowman au terme d’un voyage à travers l’espace et le temps, et le temps aussi de sa propre vie qui défilera devant les yeux hallucinés du cosmonaute.

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Le monolithe noir se dressera une quatrième fois, implacable, tel Thanatos, le juge des morts, devant le lit de Bowman, vieillard agonisant.

La dernière image du film est celle d’un fœtus, probablement Bowman lui-même, image d’espoir, de recommencement, de renaissance, symbolisant le cycle des réincarnations.

Une grande partie du film, entre les fantastiques images de début et de fin, raconte l’emprise progressive du robot sur les humains qui sont censés êtes ses maîtres. L’humanisation du robot ou la robotisation de l’Homme est un lieu commun de la science-fiction depuis Frankenstein. L’œuvre de Marie Shelley, si bien nommée : Frankenstein ou le Prométhée moderne, a été écrite en 1818 ; on connaît l’histoire : Un jeune savant nommé Frankenstein[6] décide de fabriquer un être humain en assemblant des parties diverses de cadavres glanées dans les cimetières. Nous allons voir que « La secte qui dirige le monde » a plus d’affinités avec la créature hagarde de Frankenstein, composée de chairs putrides sanguinolentes, qu’avec une répliquante (femme-robot) de Blade Runner (l’autre film-culte de la SF) mignonne et bien propre sur elle.

C’est cette partie-là du film qui met en vedette le robot qui intéresse précisément La-Secte-qui-dirige-le-monde ; Car la principale obsession (ils en ont d’autres) des membres de la Secte qui sont biologiquement des humains, quoiqu’ils fassent, est l’immortalité du corps ; celle de l’âme ne les intéresse aucunement comme ne les intéresse pas non plus les corps autres que le leur, ils ne sont pas du tout altruistes ; quand ils pensent « élitistes », il convient de traduire : égoïstes ; les Sectateurs sont psychiatriquement malades, dotés d’un ego surdimensionné, d’une vanité incommensurable (qui se traduit universellement par ce qu’on appelle l’hubris), d’un narcissisme hors normes qui en fait des manipulateurs pervers ; on retrouvera ces traits de leur caractère tout au long de leur parcours sociétal, notamment par de sordides faits divers qui les impliquent dans des histoires de délinquance financière ou sexuelle dont ils se sortent toujours. On ne compte plus les membres du gouvernement mis en examen[7].

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Les Sectateurs sont progressistes, c’est-à-dire qu’en bons matérialistes athées, ils ne croient qu’au progrès de la technique, or, ce progrès-là se heurte, dans son évolution qu’ils aimeraient infinie et sans obstacle, à une évidence naturelle que nous pensions jusqu’à présent incontournable : la mort.

Les Sectateurs se comportent comme des Titans prométhéens : ils rêvent de gigantisme (de titanisme), ils rêvent d’être Dieu, de le remplacer, de créer (pour eux uniquement) un paradis sur Terre.

Les savants savent désormais comment enrayer l’oxydation des cellules qui est le principal facteur de leur vieillissement[8] ; Les études qui se poursuivent dans ce domaine sont, bien évidemment, financés par les richissimes dirigeants de la Secte, comme ils financent aussi la recherche sur les nanoparticules insérées dans des corps humains qui permettront de changer les organes déficients et donc, à terme, le corps en entier[9]

Mais, mesdames et messieurs qui me lisez, ne rêvez pas ! L’immortalité, ça n’est pas pour vous !

Et c’est là que vous allez comprendre (pour ceux qui ont raté quelques épisodes[10]) ce qui est en train de se passer au moment où j’écris, le 3 février 2021.

« Rien ne garantit qu’une humanité augmentée sera tolérante vis-à-vis des humains traditionnels. [] La possible tyrannie de la minorité transhumaniste doit être envisagée avec lucidité. »

41mXuqlRuwL._SX303_BO1,204,203,200_.jpgAinsi s’exprime le représentant du transhumanisme en France, Laurent Alexandre, dans son livre dont le titre ne prête à aucune ambiguïté : La Mort de la mort[11].

Et il va rajouter un peu plus loin :

« Avoir des millions de nanorobots médicaux dans le corps est une perspective intéressante, à condition que la sécurité informatique soit assurée. Imaginez que des bioterroristes parviennent à prendre le contrôle de ces nanorobots ! En les rendant agressifs, ils pourraient tuer d’un clic de souris des millions d’individus […] Une attaque terroriste virale, avec par exemple une version génétiquement modifiée du SRAS, de la variole ou autre, pourrait provoquer des millions de victimes avant qu’un vaccin ne soit disponible[12]. »

Epoustouflantes, ces dernières lignes, non ? Le copain de Bill Gates a écrit son livre en 2011, il y a 10 ans !

Mais les premières lignes sont aussi « prophétiques » ; je le dis et le redis : la Secte ne cache jamais rien de ses monstrueuses intentions. D’abord, la menace : « la possible tyrannie de la minorité transhumaniste » que la Secte met précisément à exécution en ce moment. Puis le projet est exposé : en fait de « terroristes », ce sont les adeptes de la Secte eux-mêmes qui prendront « le contrôle de ces nanorobots » et qui pourront donc éliminer à leur guise tout contrevenant à leurs diktats : « ils pourraient tuer d’un clic de souris des millions d’individus », rajoute Alexandre.

Il n’a jamais été question pour la Secte d’étendre le bénéfice de l’immortalité corporelle à l’ensemble de l’humanité. Et pour cause ! Imaginez la planète qui déborde déjà avec 7 milliards d’individus dont les enfants pourraient ne jamais mourir… Là encore, la Secte nous a avertis (par les inscriptions sur les « Georgia Guidestones[13] ») qu’elle avait fixé le seuil maximal de la population mondiale à 500 millions d’individus. Il faut bien éliminer les autres d’ici là, donc 6 milliards 500 millions d’humains.

La Secte espérait bien arriver à ses fins avec la fabrication par les Chinois (et les Français aussi, semble-t-il) d’un virus qui permettrait une belle hécatombe pour commencer. Raté, l’éléphant n’a accouché que d’une souris et la terrible pandémie que d’une grippe à peine plus sévère que les grippes saisonnières. La Secte va-t-elle se rattraper avec l’inoculation d’un pseudo-vaccin OGM[14] bien mortel ? L’avenir nous le dira. En attendant, le premier volet de l’objectif Covid a été pleinement atteint : la soumission de la population planétaire aux injonctions pourtant hautement stupides de la Secte ; mais, d’un mouton, on ne fait pas un loup et d’un imbécile un génie et, comme disait Céline : « J'ai toujours su et compris que les cons sont la majorité, que c'est donc bien forcé qu'ils gagnent ! »

Eyes wide shut et le satanisme

Revenons au dernier film de Kubrick ; le titre est éloquent : les yeux grand fermés ; c’est exactement l’attitude de repli des populations actuellement ; il n’est de pire sourd que celui qui ne veut pas entendre ; les éléments qui viennent à l’encontre du matraquage médiatique concernant cette pseudo-pandémie comme les statistiques officielles prouvant les unes après les autres qu’il n’y a jamais eu d’augmentation du nombre de morts supérieure à la moyenne depuis 1945 ne servent à rien ; les masses ont décidé de ne rien voir, de garder les yeux fermés. Il est plus confortable d’adopter une attitude moutonnière et de faire comme la majorité plutôt que de penser par soi-même, de se faire une opinion et de découvrir que la vérité va à contre-courant de la doxa officielle.

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Là encore, la Secte ne cache pas les statistiques ni leur caractère officiel, donc authentique et vérifiable comme si elle savait que rien désormais ne pourrait convaincre les foules que le Covid n’existe pas et n’a jamais existé ; le lavage de cerveau, qui fait croire qu’on peut mourir du Covid alors qu’on meurt d’une comorbidité (ou de vieillesse, ou des deux), s’est avéré d’une totale efficacité sur la quasi-totalité de la population planétaire et l’on reste toujours effaré de constater cette unanimité même si l’on connaît les méthodes employées pour arriver à ce résultat. L’idée m’était même venue (parce que j’aime bien lire des ouvrages de science-fiction) que ce pouvait être avec l’appui (et sur l’injonction) d’autres puissances extérieures à notre monde, plus efficaces que la Secte, mais tout aussi nocives, sinon plus.

En vérité, et pour revenir sur Terre, notre planète, cette technique de propagande (du titre de l’ouvrage d’Edouard Bernez, Propaganda, dont se sont inspirés tous les petits apprentis-dictateurs), a été bien étudiée par Noam Chomsky, Lucien Cerise ou Philippe Bobola qui nous ont expliqué comment fonctionne la « fabrication du consentement » des masses sur le principe de l’hypnose, ce qu’on appelle « l’ingénierie sociale ».

Mais ce titre – et ce film – concernent un autre domaine, moins policé et moins lisse sur le plan esthétique que celui traité par 2001 : l’Odyssée de l’espace, où l’opinion est tout aussi volontairement aveugle et qui constitue l’autre visage de la Secte, encore plus effrayant, et c’est pour cette raison que ce visage est dissimulé dans les plus importantes scènes du film.

Le personnage principal est un médecin dont le rôle est interprété par Tom Cruise, fréquentant la haute bourgeoisie new-yorkaise, qui, par curiosité, se fait inviter à une soirée très spéciale et très fermée – il n’en sait pas plus - où l’on doit se rendre masqué.

Dans ce grand manoir fortement gardé où arrivent de luxueuses limousines, le jeune médecin va se trouver confronté à un spectacle mêlant à la fois la frénésie de scènes orgiaques et la rigueur glaçante d’une cérémonie accompagnée de lugubres mélopées, offrant tous les aspects d’un rite satanique. Le médecin, qui n’a pas reçu d’invitation en bonne et due forme, est démasqué – dans les deux sens du terme - et doit encourir une lourde sanction dont on devine la sévérité ; il est secouru par une jeune femme qui s’offre à sa place en sacrifice et qui sera effectivement retrouvée morte le lendemain d’une overdose.

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Il raconte sa mésaventure à Ziegler[15], l’organisateur de la soirée qu’il connait bien, puisqu’il est l’un de ses riches patients, mais dont il ignorait le rôle et la présence à la soirée. S’ensuit au cours de cette entrevue un dialogue où Ziegler l’admoneste et lui fait entrevoir le danger auquel il vient d’échapper : « Ecoute, Bill, tu ne sais pas dans quel guêpier tu t’es fourré hier soir. Tu as une idée du monde que tu as côtoyé ? Crois-moi, ces gens ne sont pas n’importe qui ; si je te disais comment ils s’appellent… Je ne vais pas le faire, évidemment, mais si je te le disais, tu n’en dormirais pas de la nuit. »

Drogue, sexe, satanisme, meurtres, magie noire : la Secte. L’affaire Epstein 20 ans avant. Il n’y manque que la pédophilie et les enfants offerts en sacrifice au diable.

Magie kabbalistique et puritanisme biblique : l’alliance de la carpe et du lapin

Mais, pour revenir à la réalité, comment des gens qui ne croient ni à Dieu, ni à diable, participeraient-ils à de telles orgies dont le decorum et les rites semblent inspirés d’une autre époque ? Comment une femme aussi austère que Christine Lagarde qui dirige le FMI peut-elle s’enticher de numérologie[16] ?. On l’entend dans cette vidéo demander à son auditoire de « penser au 7 magique » et prédire en 2014 (guématrie : 7, en additionnant les chiffres) » les 7 années prospères qui vont suivre jusqu’à 2021 », année où « le FMI aura quelque à faire ».

Sans doute, 7 années « prospères » pour les mondialistes et une année 2021 où ils espèrent leur triomphe final, mais une année terrible pour les peuples opprimés par eux.

La secte la plus célèbre et la plus fermée des Etats-Unis a son siège à Yale ; elle a été fondée en 1832 et a accueilli en son sein certains présidents des Etats-Unis, comme la famille Bush ; la secte s’appelle très romantiquement Skull and Bones, crâne et os. Des visiteurs qui se sont introduits par effraction dans le « saint des saints » ont contemplé un décor funèbre : murs tapissés de velours noir ou rouge, pentagramme, une gravure représentant un cercueil et des crânes Tous les ingrédients du parfait petit magicien, genre Harry Potter. On pourrait en sourire si cette caricature de décor de film pour faire peur aux enfants n’était pas prise au sérieux par les individus les plus puissants des Etats-Unis et donc de la planète.

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Il est probable que cette mise en scène macabre qui souligne l’attrait des Américains pour le satanisme considéré alors comme une transgression libératrice, trouve ses origines dans celles des Etats-Unis, avant même les pompeux rituels maçonniques, lorsque les premiers puritains chassés d’Angleterre s’installèrent dès 1620 dans le Massachusetts, gens frustes et manichéens n’ayant pour tout repère spirituel que les injonctions bibliques auxquelles ils s’adonnaient dans la plus stricte observance, étouffant les moindres tentatives de liberté de penser et d’indépendance ; c’est dans ce même Massachusetts que, quelques années plus tard, en 1692, éclata l’affaire des « sorcières » de Salem et les procès sordides qui s’ensuivirent qui aboutirent à l’exécution de 14 femmes et 6 hommes.

Nous allons retrouver ce même archaïsme superstitieux dans ce qu’on pensait être l’endroit idéal où s’épanouissait la « modernité », la joie de vivre et la libération des mœurs de cette Amérique coincée : Hollywood.

On se trompait lourdement ; le cinéma américain est tout aussi prude que les premiers pilgrims et il faut s’appeler Kubrick pour oser filmer une paire de fesses ; par contre, l’hémoglobine coule à flots et on s’ingénie à montrer complaisamment et avec force détails tous les massacres, à la tronçonneuse ou avec tout autre ustensile.

Les affaires de sexe ne se traitent pas dans les films, elles se font dans les coulisses et sur les canapés des producteurs ; le répugnant Weinstein sera le premier à tomber sous la charge accusatrice de pas moins de 93 actrices.

Les Américains, dont les pulsions sexuelles étaient refoulées depuis des siècles, s’étaient arrangés autrement depuis longtemps et s’adonnaient secrètement à toutes sortes de perversités, pratiques d’autant plus facilitées qu’ils disposaient d’un solide compte en banque et d’une notoriété suffisante pour décourager les soupçons.

Hollywood et la pédophilie

Mais que peut-on chercher quand on a tout : l’argent, le pouvoir, la gloire ? D’abord, l’immortalité, on l’a vu ; mais après ?

Eh bien, on cherche des dérivatifs à son ennui (surtout s’il doit durer éternellement) , de nouvelles sensations, on cherche à jouer avec ses pairs à qui repoussera toujours plus loin les limites de sa puissance et à transgresser tout ce qui paraît constituer les tabous d’une société qui ne doivent être respectés que par les autres, ceux qu’on paye et qu’on domine.

Et voici qu’on en arrive à la pédophilie, une perversion qui gangrène la totalité de la planète.

Aux USA, le FBI annonce qu’il y a actuellement 1800 enquêtes en cours, qu’une opération datant du mois de janvier de cette année a permis de libérer 33 enfants, que 473 personnes ont été arrêtés l’année dernière pour trafic d’enfants[17].

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Hollywood se retrouve encore en première ligne. Un jeune producteur hollywoodien s’est résolu à dénoncer ce dont il a été témoin[18] ; c’était en août 2020.

Et la saga Epstein était déjà passée par là, affaire qui, après celle de Weinstein, libère la parole ; Epstein, cet homme d’affaires milliardaire, agent du Mossad et de la CIA – exactement le même profil que le père de sa compagne Guislaine Maxwell, Robert Maxwell, milliardaire britannique aujourd’hui disparu[19] – filmait les ébats sexuels de ses prestigieux invités avec des jeunes filles mineures ; cela permettait ensuite bien sûr de les faire chanter ; on a répété entre autres les noms des Clinton[20] et du prince Andrew, le fils de la reine Elisabeth ; Epstein sera retrouvé pendu dans sa cellule ; personne ne croit à un suicide, bien sûr ;  il est inutile de s’attarder sur cette affaire que tout le monde connaît ; il nous faut juste rappeler que, dans ce grand cercle des puissants, tout le monde se fréquente, investit dans les mêmes entreprises, échange ses partenaires, femmes, filles, fils, maris, se retrouve dans les mêmes clubs sélects, les mêmes plages paradisiaques, les mêmes îles privées, prend les mêmes cocktails dans les mêmes yachts ou les mêmes jets, boit les mêmes coupes de champagne dans les mêmes hôtels particuliers, tous aussi luxueux dans n’importe quelle partie du globe, et participe, in fine, aux mêmes orgies pédo-sataniques sans crainte de se faire prendre en se protégeant les uns les autres.

Guislaine Maxwell est toujours en prison et toujours vivante ; parlera-t-elle ? Rien n’est moins sûr maintenant que ses amis sont au pouvoir en Amérique.

Du marécage new-yorkais au Marais parisien

Epstein avait des liens étroits avec la France, il possédait un bel hôtel particulier à Paris, avenue Foch, Guislaine Maxwell est britannique, mais aussi française (née à Maisons-Laffitte), mais aussi américaine ; l’une de ses sœurs, Christine, spécialisée dans le domaine de l’internet avec sa société Chiliad, s’est installée en France, à Meyreuil, une petite commune limitrophe d’Aix-en-Provence, à la fin des années 1990[21]

Jeffrey Epstein avait un correspondant à Paris, Jean-Luc Brunel-Benchemoul, qui avait créé deux agences de mannequins et qui aurait fourni Epstein en très jeunes filles ; accusé de viol sur mineurs, il a été arrêté par la police française le 17 décembre 2020.

Comme l’Europe et la France ont toujours avalé toutes les turpitudes venant des USA, le courant pédophile a traversé l’Atlantique pour s’installer en France où il semble encore plus actif, et peut-être depuis aussi longtemps qu’aux Etats-Unis.

Tout comme en Amérique aussi, les langues se sont récemment déliées avec le témoignage de nombreuses victimes de pédophiles gravitant dans les hautes sphères du pouvoir politique, médiatique, culturel.

Certains se souviennent de l’affaire du Coral en 1982, un centre éducatif où ont été commis des actes pédophiles ; l’un des protagonistes, qui accusait certaines personnalités du monde politique et littéraire (déjà) est retrouvé mort ; les enquêteurs ont conclu à un suicide (déjà).

En 1996, c’est l’affaire Dutroux en Belgique, en 2003, l’affaire Fourniret, en 2005, l’affaire d’Outreau, en 2007, l’affaire Evrard… mais c’est l’affaire Matzneff,  qui va véritablement réveiller l’opinion en 2019 quand elle s’aperçoit que les milieux culturels, politiques et médiatiques étaient depuis toujours très tolérants à l’égard de la pédophilie au point que certains individus invités à l’émission Apostrophes dirigée par Bernard Pivot, comme Daniel Cohn-Bendit ou Gabriel Matzneff, n’hésitaient pas à décrire leurs expériences pédophiles.

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Le livre de Vanessa Springora paru en décembre 2019, qui raconte sa relation avec Matzneff alors qu’elle avait 14 ans, jette un pavé dans la mare de la bienpensance ; le livre de Camille Kouchner, fille de Bernard Kouchner et d’Evelyne Pisier, Familia Grande, s’engouffre dans la brèche en dénonçant les agressions sexuelles commises envers son frère Julien par leur beau-père, Olivier Duhamel.

C’est ainsi que l’on reparle de la mort mystérieuse de l’actrice Marie-France Pisier, retrouvée au fond de la piscine de la propriété familiale de Sanary, par la voix de Julien : « Je n'ai jamais cru que ma tante se soit suicidée, mais je ne sais pas comment elle est morte. Ma seule certitude, c'est que toute cette histoire [concernant l'acte de pédophilie] l'a tuée. » Marie-France Pisier s’était élevée, avant sa mort, contre l’apathie de sa soeur à propos des relations connues d’Olivier Duhamel avec son beau-fils ; il se passait de drôles de choses dans cette maison de Sanary où « les jeunes sont offerts aux femmes plus âgées » selon les dires de Camille[22]. Enfin, la dernière qui vient de sortir, le 25 janvier 2020, juste quelques jours après l’affaire Duhamel : l’affaire Richard Berry, un acteur connu, marié à l’époque à Jeane Manson, chanteuse et actrice, accusé par sa fille de l’avoir violée alors qu’elle avait 8 ans ; elle en a 45 aujourd’hui.

Il est fort probable que la liste des plaintes à venir sera longue, en Amérique, en France et ailleurs puisque ces pratiques incestueuses et pédophiles sont habituelles chez les adeptes de la Secte.

Pour conclure, j’aimerais donner un ordre d’idée de ce que pourrait représenter numériquement la Secte sur le plan mondial en prenant arbitrairement comme unité de base l’unité décimale pour simplifier.

Pour une population mondiale de 7 milliards d’individus (où l’on retrouve le chiffre 7) :

En passant rapidement sur le cœur du noyau de la Secte (7, 70, 700, 7000 qui seraient les véritables maîtres du monde) :

Les comploteurs seraient au nombre de 70 000, en y ajoutant les chefs d’Etat, les membres des gouvernements de la planète, les divers membres des clubs secrets déjà cités, les communicants : (journalistes, publicitaires), les grands patrons, les vedettes du showbiz collabos, la jet set, les syndicalistes corrompus… donc en pourcentage sur la totalité de la population planétaire : 0,001 %

Leurs affidés, leurs suiveurs, leurs employés, leur clientèle comme on disait chez les patriciens romains, leurs laquais, grassement payés, auxquels il faut rajouter leurs chiens de garde (leurs milices : police, gendarmerie…) bien dressés, à défaut d’être bien payés : 70 millions, soit 1 % de la population mondiale. Le dissident russe Zinoviev, opérant les mêmes calculs, estimait à quelques 50 millions le nombre de ces employés du Système[23] en 1999.

Les ennemis des comploteurs seraient les complotistes, selon la qualification des comploteurs. Nous reprendrons les mêmes chiffres, pour être à égalité. 70 000 résistants, lanceurs d’alertes, écrivains, journalistes, blogueurs, influenceurs qui ont analysé les intentions malfaisantes de la Secte bien avant le début de leur application, soit 0,001 %.

Les hommes et les femmes de bon sens, qui sont passé au travers du nuage toxique qui se diffuse principalement par hypnose (ingénierie sociale) en allumant la télévision (publicité, infos, images subliminales) ou la radio (publicité, infos, sons subliminaux) ; estimons donc cette population lucide et en bonne santé mentale à 70 millions d’individus, soit : 1 % de la population mondiale.

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Et puis, vient le troupeau inconscient qui a suivi les joueurs de flûte sans se poser de questions, qui le conduisent à l’abîme où il se jettera massivement. Les bons toutous muselés et décérébrés respectant les gestes-barrières (pas de barrières le long du précipice, la Secte a oublié d’en disposer) sont au nombre de 6 milliards 859 millions et des poussières, soit 98,998 % et des poussières.

En ramenant tous ces chiffres à la France, en supposant qu’elle contient 70 millions d’habitants, donc 1% de la population mondiale, nous obtenons 700 sectateurs comploteurs, 700 000 affidés, 700 résistants dits « complotistes », 700 000 personnes avec un cerveau en état de marche, et 68 millions 589 000 moutons lobotomisés.

L’objectif souhaité de 500 millions de survivants au maximum recommandé par les Georgia Guidestones sera largement atteint si rien ne change d’ici la fin.

Chapeau ! Rideau !

Pierre-Emile Blairon

Notes:

[1] Parmi tant d’autres exemples, Emmanuel Macron est Young Leader, ainsi que celui qui lui a servi de Premier ministre, Edouard Philippe.

[2] https://www.valeursactuelles.com/societe/onze-ministres-d...?

[3][3] Qui fait des émules en apparaissant mystérieusement un peu partout sur la planète Terre depuis 2019.

https://www.businessinsider.fr/ce-que-lon-sait-des-myster...

[4] https://www.premiere.fr/Cinema/Stanley-Kubrick-revele-le-sens-de-la-fin-de-2001-L-Odyssee-de-l-espace-dans-une-interview.

[5] Pour l’anecdote, 2001 : L’Odyssée de l’espace a été réalisé en 1968 ; le 21 juillet 1969, l’Homme (américain) marchait sur la Lune pour la première fois. Dans une vidéo que vous trouverez ci-après, diffusée par les Inrocks, qui aurait été tournée 3 jours avant sa mort, Stanley Kubrick disait que les Américains n’étaient jamais allés sur la Lune et que les images du prétendu alunissage ont été tournées par lui sur Terre sur commande des autorités américaines en compétition avec les Russes pour la maîtrise de l’espace à l’époque. Selon l’article des Inrocks qui accompagne ces images (et selon tous les medias mainstream), la vidéo en question est un faux (Moon hoax) et c’est un acteur qui tient le rôle de Kubrick ; je n’ai pas trouvé de réponses aux questions que je me pose mais elles existent peut-être : quel est le nom de cet acteur ? D’autre part, en 2021, les techniques de reconnaissance faciale et vocale sont suffisamment sûres pour permettre l’accès à des sites sensibles ; quelle est la société maîtrisant ces techniques qui a déterminé que l’homme qui parle dans cette vidéo ne peut pas être Kubrick ? https://www.lesinrocks.com/2019/03/08/cinema/actualite-ci...

[6] Il est toujours bon de le préciser car on assimile souvent le nom du créateur à sa créature.

[7] https://www.lesechos.fr/politique-societe/politique/ces-affaires-qui-ternissent-le-quinquennat-macron-138374

[8] Voir mon livre La Roue et le sablier, p. 263.

[9] Id. p.259.

[10] Voir mon article Objectif Covid : soumission et robotisation de la population planétaire, Nice Provence infos

[11] Laurent Alexandre, La Mort de la mort, éditions JC Lattès

[12] Voir La Roue et le sablier, p.265

[13] La Roue et le sablier, p 267

[14] Sacré avantage quand même pour ceux qui se feront vacciner : plus la peine de regarder les étiquettes dans les supermarchés pour savoir si le produit que vous achetez comporte des OGM ; les OGM sont déjà inclus : c’est vous !

[15] Interprété par le cinéaste Sidney Pollack, réalisateur de plusieurs chefs-d’œuvre, dont Jeremiah Johnson et Out of Africa.

[16] https://www.youtube.com/watch?v=cU6kwbHArYo

[17] https://exoportail.com/usa-33-enfants-disparus-retrouves-lors-dune-operation-de-lutte-contre-la-traite-detres-humains/?

[18] https://www.youtube.com/watch?v=TBb4HKQsn9w&fbclid=IwAR1iaz4-J3RgBg0fHdNTTlJL3jhwsT-CSnZFTfrkXHz9KKlJW_DpZL897Gw

[19] Mort mystérieuse, car cet excellent marin serait tombé de son yacht… en pissant par-dessus bord. Je n’ai pas compté le nombre de morts mystérieuses évoquées dans cet article.

[20] Le couple Clinton étant lui-même impliqué dans une affaire de pédophilie, le fameux « pizzagate ».

[21] https://www.thedailybeast.com/ghislaine-maxwell-where-in-the-world-is-jeffrey-epsteins-girlfriend

 « Her older sister, Christine Malina-Maxwell, has a home in Meyreuil, a semi-rural village about 8 miles from Aix-en-Provence » (Daily Beast)

[22] https://fr.news.yahoo.com/affaire-olivier-duhamel-sc%C3%A8nes-sordides-210414631.html

[23] La Roue et le sablier, p.208.

samedi, 06 février 2021

Poutine et la guerre entre différents projets mondiaux

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Poutine et la guerre entre différents projets mondiaux

Mikhail Khazin

Traduction de Juan Gabriel Caro Rivera

Ex: https://www.geopolitica.ru

A propos du capitalisme « inclusif »

Je dois dire à tous ceux qui défendent les théories du complot qu'ils ne devraient pas lire ce texte : je n'écrirai rien qui ait un rapport avec la création du capitalisme inclusif qui est promu par le pape, les Rothschild et les Rockefeller (1). Pour cela, il vaut mieux lire la presse officielle.

Mais, et il est très important de le souligner, l'existence même d'un tel projet ne nous dit rien sur son propre contenu : les déclarations officielles sont souvent faites pour ne pas révéler la vérité et visent plutôt à cacher le contenu réel du projet.

Mais les gens sont très intéressés par ce sujet et écrivent beaucoup. Nous allons donc essayer de comprendre le problème en nous basant sur la façon dont nous comprenons nous-mêmes ce problème. Mais ce que nous écrivons ici est précisément une tentative et non une réponse à la question de savoir ce qui se passe. Notre perspective est donc la suivante : il existe un système de projets mondiaux, qui sont décrits de manière très détaillée dans notre livre Bridge to the Future. Nous avons fait valoir que face à ces projets mondiaux, il existe un certain nombre de projets civilisationnels qui n'ont pas encore atteint un niveau mondial, bien qu'ils tentent parfois de devenir une alternative.

Nous avons décrit ces six projets dans notre livre. Trois de ces projets sont mondiaux :

  • Le projet juif global (le "Plan Salomon", le "Nouveau Londres") ;
  • Le projet mondial "occidental" (également connu sous le nom de Finintern, dont le centre est à New York et dont le point focal est le FMI et Wall Street) ;
  • Le projet islamique mondial (aujourd'hui défendu par la Turquie).

Et les trois autres projets sont de nature civilisationnelle et visent à prendre le pouvoir ou à devenir des projets au niveau mondial. C'est le cas :

  • L'une d'elles est la relance du projet capitaliste classique qui est coordonné par le Vatican ("L'Internationale noire", l'aristocratie européenne, les francs-maçons, etc ;)
  • Le projet chinois qui a abandonné (peut-être temporairement) le projet global "Rouge" et qui est mené par une série de clans militaires ;
  • La Russie en tant que projet de civilisation qui hésite entre plusieurs options telles que l'"Internationale noire" (suivant l'idée que "Moscou est la troisième Rome"), le retour au projet global "Rouge" ou la création d'un centre de civilisation régional avec la Chine et est connu sous le nom de "Nouvelle Horde".

Par exemple, qu'est-ce que Brexit ? C'est une alternative à 1936 (lorsque le projet global "occidental" a réussi à remplacer le roi Edward VIII par le père de l'actuelle Reine et a ainsi vaincu les groupes qui appartenaient à l'élite dirigeante de l'Angleterre), c'est-à-dire au coup d'État que les banquiers ont fini par perdre.

Très probablement, jusqu'en 1936, Londres était dirigée par des représentants du projet juif (des représentants de "l'aristocratie noire" de Venise, qui, par l'intermédiaire de la Hollande, ont réussi à prendre le pouvoir en Grande-Bretagne pendant la "Glorieuse Révolution" de 1688). Cela explique le fait que tous les empires d'Europe continentale se sont effondrés à la suite de la Première Guerre mondiale et que les Britanniques sont les seuls à être restés intacts. Eh bien, Londres a toujours eu une relation difficile avec le Vatican.

Gardons à l'esprit que la "vieille" aristocratie (c'est-à-dire l’aristocratie continentale) d'Europe occidentale a tenté de se venger après la défaite de 1918 et pour cela, elle a soutenu Hitler, car elle considérait l'Angleterre comme son principal ennemi. Mais ils ont échoué et ont été contraints de se tourner vers l'Est et nous en connaissons les résultats. Soit dit en passant, toute la campagne antisémite que le NSDAP a encouragée à ses débuts visait à chasser les Juifs de Palestine, c'est-à-dire qu'elle était dirigée contre l'Angleterre elle-même.

Signalons quelque chose d'important. Depuis les années 1920, le projet juif se sent menacé par les banquiers, c'est-à-dire par l'élite du projet "occidental" qui, après la création du système de la Réserve fédérale aux États-Unis, a fini par s'installer dans ce pays. Et c'est pourquoi, depuis la fin des années 1920, ce projet a cherché à se connecter avec la NSDAP. Eh bien, à la suite de l'Holocauste, les principales victimes ont été les Juifs d'Europe de l'Est, dont une partie importante s’était installée sur ce territoire en provenance de l'ancienne Babylone et de la Khazarie. En d'autres termes, ils n'avaient rien à voir avec l'histoire de l'Empire romain et de l'Europe médiévale et, en général, étaient porteurs d'une notion du sacré complètement différente.

Au fait, le gendre de Trump représente les Hassidim, il a des ancêtres qui viennent de Khazarie. Cela nous permettrait d'approfondir l'histoire très complexe des relations que les Juifs du monde ont avec toutes les distinctions de la judaïté, et c'est un sujet que nous n'aborderons pas ici. Je ne tirerai qu'une seule conclusion de tout cela: en général, Trump, malgré son alliance avec le Vatican contre le projet global "occidental", ne constitue pas un tout en soi, lié au seul projet juif. Il est possible que si le projet de "Nouvelle Horde" (également connu sous le nom de "Grande Eurasie") réussit, Trump se joigne à ce projet, puisque la Khazaria fait partie de la zone des Grandes Steppes.

En ce moment, l'"Internationale noire" tente de mener sa deuxième revanche (elle a sa base d'opérations en Allemagne et a également un accord avec le Vatican), mais cette deuxième offensive a une faiblesse : il lui manque un modèle économique complet et cohérent qui lui donnerait les moyens nécessaires pour un projet de grande envergure. L'Allemagne et l'UE "vivent" aujourd'hui exclusivement sur le potentiel d'émission du dollar, qui est contrôlé par l'élite qui est à la tête du projet "occidental". Et comment agir dans une telle situation ? Les modèles économiques du projet capitaliste mondial sont désespérément dépassés et personne n'est capable de les adapter à la modernité : tous les experts sur lesquels ils comptent ont été formés selon les modèles du libéralisme. Le projet capitaliste est donc entré dans la phase de création d'un réseau et est principalement soutenu par les nationalistes. Et en Europe continentale, les nationalistes ne sont au pouvoir que dans quelques très petits pays.

Gardons à l'esprit que nous, les Russes, comprenons que ces ressources existent, mais que, de leur point de vue, nous devrions, au mieux, devenir un partenaire junior (et tout cela nous a été démontré de manière très dure par la Grande guerre patriotique). En Russie, la "cinquième" colonne se développe, mais pas la libérale, mais la "troisième colonne" comme le Tsarevich Hosha, toutes sortes de princes et autres marginaux que même pas 3% de la population soutient. Mais à mesure que la situation en Russie s'aggrave et, si aucune alternative n'est créée, ils finiront par accroître leur influence.

La situation à Londres s'est améliorée ! En fait, ils ont pu placer leur candidat aux Etats-Unis en 2016 (dans le cadre de la même logique nostalgique du "vieux" capitalisme), mais, l'important, c'est que maintenant il a perdu ! Le projet "occidental" a pris sa revanche sur les États-Unis et toutes les autres forces en présence doivent d'une manière ou d'une autre décider de ce qu'elles vont faire maintenant ! Gardons à l'esprit que le projet "occidental" a ses propres problèmes, tout d'abord : son principal outil, celui avec lequel ils ont pris le contrôle du monde entier à la fin des années 80, l'émission de dollars, a complètement épuisé son utilité. Mais, pour l'instant, les dollars peuvent être imprimés en n'importe quelle quantité et Trump n'est plus en mesure de l'empêcher.

Londres a donc recommencé à jouer. Ils ont un problème : le projet "occidental" domine dans l'UE, aux États-Unis et, de plus, on ne sait pas exactement quel rôle la Russie joue dans tout cela (car la Russie est sous le contrôle du projet "occidental" sur le plan financier et économique). La Russie a besoin de ressources propres (sa propre zone monétaire) dont elle ne dispose pas encore. Et Londres (sous le contrôle du projet juif) a commencé à promouvoir l'une des nombreuses factions qui existent dans le réseau du projet islamique mondial. Non pas Daesh, qui était auparavant promu par le projet "occidental", mais un autre, que l'on peut conditionnellement appeler le "califat rouge" dont le centre se trouve en Turquie (à Istanbul). L'objectif est de créer sur la base du monde arabe une zone monétaire avec Londres comme centre.

D'où, soit dit en passant, le conflit avec Israël. Londres n'a pas besoin d'Israël dans la nouvelle version du Moyen-Orient qu'elle crée (car Israël interfère avec son projet de califat rouge). Le projet "occidental" n'a pas non plus besoin d'Israël, car dans le cadre de cette confrontation interne entre Juifs, les sionistes ne sont pas en bons termes avec le secteur financier. Mais l'aristocratie européenne et le Vatican ont réellement besoin des Juifs (tant qu'Israël existera, les intérêts séculiers de l'État juif prévaudront sur les intérêts sacrés du projet  juif). À l'époque, Clinton était prêt à capituler devant Israël et Trump y était prêt aussi.

Eh bien, maintenant, comme promis, je vais parler un peu du capitalisme "inclusif". Le pape, comme on peut le constater, fait partie de l'"Internationale noire" et est l'un des éléments moteurs de ce projet de réseau capitaliste. Les Rothschild font partie du projet juif qui a pris le pouvoir à Londres, mais ils se trouvent dans une situation extrêmement précaire : la menace d'un nouveau Trump se profile à l'horizon.

Les Rockefeller sont la partie américaine du projet qui anime ce réseau capitaliste. Et qui est l'ennemi commun de tous ? L'élite à la tête du projet "occidental". Et pourquoi ont-ils besoin d'une alliance ? Selon la logique que nous avons exposée, la réponse est évidente : ils ont besoin d'un nouveau modèle de croissance économique qui soit différent de la question du dollar ! Ils doivent d'abord détruire le projet "occidental", puis s'occuper des autres projets. Et le projet "occidental" n'a pas encore été battu.

Notons que le Pape a longtemps essayé d'aller dans cette direction, il y a quelques années un fonds spécial d'environ 100 millions a été créé qui était censé financer un certain nombre de recherches pertinentes (j'ai même publié un document sur la création de ce fonds qui existe quelque part et était ouvert aux investissements) ... Mais l'astuce n'a pas fonctionné, ils n'ont pas trouvé de spécialistes capables de mettre en œuvre un tel programme. Et maintenant, ils font la deuxième tentative. La tâche principale de cette coopération est de trouver un mécanisme de développement qui permettra de vaincre enfin le projet global "occidental".

Et tous les autres projets, où en sont-ils ? La Chine s'attend à une crise inévitable, l'arrivée de Biden lui permet de retarder cet effondrement pour un certain temps, c'est-à-dire d'accumuler toutes sortes de réserves. Xi a déjà annoncé une transition pour lancer une série d'activités étatiques (sinon la Chine ne survivra pas du tout car elle ne pourra pas s'orienter vers le marché intérieur), mais il manque à la Chine un projet global ! La Chine est mal comprise au-delà de ses propres frontières, elle ne dispose pas de ce que l'on a récemment appelé le "soft power". Elle peut essayer de revenir au projet "Rouge", mais elle doit encore former un personnel important pour pouvoir le développer et la crise n'a pas encore commencé. Dans l'ensemble, ils ont encore des options, mais ils se trouvent dans un moment assez difficile.

Le projet juif a également été réactivé après le "Brexit", mais ils ont peu de ressources et sont confrontés à une inévitable guerre éclair. Soit ils remporteront une victoire rapide, soit ils subiront une défaite inévitable. Cela explique l'activité que Londres développe en Transcaucasie : elle a choisi la Turquie comme bélier et comme instrument, j'ai déjà écrit à ce sujet. Et ils doivent remporter une victoire rapide (c'est-à-dire qu'ils pourront former leur propre zone monétaire) ou la Grande-Bretagne, dans le cadre de l'histoire mondiale, cessera d'être considérée comme une grande puissance. Certes, le projet juif peut être relancé, mais la Grande-Bretagne va disparaître.

Le projet capitaliste a déjà perdu une de ses Blitzkriege et il lui est maintenant très difficile de manœuvrer politiquement, aussi espère-t-il, par ses récentes démarches politiques, s'allier à la Russie. Le seul obstacle sur son chemin est Poutine. C'est pourquoi une attaque très agressive contre Poutine se développe, qui est non seulement soutenue par le projet "occidental" (on comprend bien pourquoi l'élite de ce projet craint tant que Poutine n'entame une purge illibérale dans leur pays), mais qui trouve également un écho auprès de toute l'élite européenne. La seule différence est que les premiers détestent totalement la Russie (avec Poutine), tandis que les seconds sont tout à fait disposés à accepter la Russie, même en tant que partenaire junior, mais sans Poutine.

En fait, j'ai presque entièrement décrit le rapport de force. Seule la Russie a été exclue de ce scénario. Mais ici, je ne dirai rien pour l'instant, puisque Poutine n'a pas encore fait son choix. Plus précisément, je veux dire que la Russie manœuvre dans un scénario très difficile sans montrer à personne son véritable plan. Ici, comme lorsque l'on fait du vélo, il est beaucoup plus facile de rouler que d'être surpris par la façon dont on le fait. On ne peut donc qu'admirer le talent de Poutine, ce sera une autre affaire quand il prendra sa décision et il ne fait aucun doute qu'à ce moment-là, les partisans des autres projets finiront par détester cette décision.

Note :

  1. https://katehon.com/ru/article/zakulisa-snimaet-maski

vendredi, 05 février 2021

Europe et Russie, Schröder parle

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Europe et Russie, Schröder parle

Par Emanuel Pietrobon

Ex : https://it.insiderover.come

Gerhard Schröder, titulaire de la chancellerie allemande de 1998 à 2005, restera dans les mémoires comme le dernier porte-drapeau de l’Ostpolitik. Architecte de Nord Stream, adepte de la thèse sur la soi-disant "Gerussia", intolérant à l’endroit de l'hégémonie américaine et l'un des plus grands critiques de la politique étrangère d'Angela Merkel, Schröder peut vraiment être considéré comme le dernier penseur politique eurasiatique résidant à Berlin.

Bien qu'il soit sorti de la politique depuis plus de quinze ans, l'ancien chancelier continue à être actif en coulisses de la scène internationale et à défendre ardemment ce qui était, et est toujours, sa Weltanschauung. Interviewé récemment par un journal allemand, le Rheinischer Post, M. Schröder a parlé de l'état actuel des relations russo-allemandes, de Nord Stream 2 et d'Aleksei Navalny, et a expliqué pourquoi il est dans l'intérêt de l'Allemagne (et de l'Europe) de traiter la Russie à l'amiable et de s'efforcer de comprendre ses aspirations et ses revendications.

Des partenaires, pas des adversaires

L'interview de l'ancien chancelier allemand a été publiée par le Rheinischer Post le 30 janvier et mérite d'être révélée au public italophone du moins dans ses parties essentielles. Schröder est catégorique et sa position intransigeante: la Russie "ne doit pas être traitée comme un adversaire, mais comme un collaborateur potentiel", et l'Allemagne doit la laisser se développer et mûrir véritablement, sans contraintes et/ou pression extérieure, "sa propre identité et sa propre force économique".

Une Russie forte suscite la crainte à première vue, en raison également de son passé historique vis-à-vis des puissances européennes et de ses immenses dimensions géographiques, mais Schröder croit fermement à la nécessité historique de transformer en réalité l’axe symbiotique entre Berlin et Moscou, un lien basé sur la parfaite complémentarité entre le complexe technologico-industriel allemand et les richesses infinies du sous-sol russe et qui aurait le potentiel de recentrer les relations internationales en faveur de l'Europe.

Les Allemands, selon l'ancien chancelier, seraient conscients de l'erreur politique et historique de Merkel d'amalgamer l'agenda étranger européen à l’égard Moscou avec celui des Etats-Unis : "Les attaques contre la Russie ne reflètent pas l'opinion de la majorité".

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Achever le Nord Stream 2

L'achèvement du Nord Stream 2 fait partie de la construction de la Gerussie, une union entre l'Allemagne et la Russie. La modernisation du gazoduc, affirme M. Schröder, doit être réalisée à tout prix, au-delà de la pression des États-Unis et d'une partie de l'Union européenne elle-même, car "elle garantira l'approvisionnement énergétique des prochaines générations" et facilitera la transition verte.

L'Allemagne "couperait la branche sur laquelle elle est assise" en se soumettant à la campagne de lobbying lancée par l'administration Trump, qui est toujours en cours ; de plus, poursuit l'ancien chancelier, l’Allemagne ferait une très mauvaise affaire si elle acceptait de remplacer le gaz russe par du gaz liquéfié américain. Ce dernier, selon M. Schröder, serait "nuisible à l'environnement, plus cher et de mauvaise qualité’’.

N'intervenez pas

L'interview s'est concentrée sur des questions d'actualité. L'ancien chancelier a donc également été interrogé sur Aleksei Navalny. Schröder se montre totalement indifférent au sujet et au personnage, se disant plus intéressé par "les questions fondamentales que par les discussions éphémères". Contournant l'obstacle, ou plutôt le traitant à sa manière, l'ancien chancelier a rappelé au public l'une des règles de base des relations internationales: le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures des autres.

La leçon de Schröder, résumée dans cette réponse brève mais éloquente, est d'une importance fondamentale: c'est précisément à cause de ce que le politologue Samuel Huntington a appelé "l'arrogance occidentale", c'est-à-dire la propension innée du bloc euro-américain à s'immiscer dans les sphères d'influence des autres, que les relations entre l'Occident et la Russie sont au plus bas, et l'affaire Navalny en est une des nombreuses manifestations.

Si l'Allemagne et l'Europe acceptaient le caractère naturel et inévitable des différences, un redémarrage concret et durable avec la Russie serait possible. L'alternative à la reconnaissance (et à la valorisation) des différences mutuelles - c'est une évidence - est une relation articulée sur un antagonisme anti-économique, sur un endiguement éternel intrinsèquement dangereux pour la paix mondiale et, enfin, sur la perpétuation de la condition de dépendance du système européen vis-à-vis des États-Unis.

 

Le risque d’ingérence des médias sociaux américains dans le fonctionnement des démocraties européennes

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Le risque d’ingérence des médias sociaux américains dans le fonctionnement des démocraties européennes

Par Pascale Mascheroni, consultante

Ex: https://www.epge.fr

On parle beaucoup de l’ingérence russe ou chinoise dans le fonctionnement des démocraties occidentales mais il n’en est pas de même pour l’ingérence d’un pays occidental dans un autre pays occidental. Les stratégies d’influence sont désormais tous azimuts et les péripéties qui ont marqué la récente élection présidentielle américaine doivent nous mettre en alerte rouge.

La déficience analytique des défenseurs de la démocratie

Le 17 Novembre 2020, se tenait l’audition intitulée « Breaking the News : Censure, Suppression, and the 2020 Election » devant la commission d’enquête du Sénat américain.

Cette dernière portant sur l’importance et le pouvoir des réseaux sociaux durant les dernières élections américaines où étaient entendus les CEO de Twitter et de Facebook.

Cette audition interviendra 6 mois après la signature du décret présidentiel par le président Trump intitulée « Preventing Censorship Online ». Ce décret demande au FCC (« Federal Communication Commission ») de déterminer si de nouvelles réglementations peuvent être imposées au regard des actions d’éditions des géants de la tech actuellement sous la protection de la section 230.

Cet évènement peu couvert par les médias soulève de nombreuses questions :

  • La remise en question de la liberté d’expression sur Internet,
  • La censure dans le pays de la liberté d’expression (« free speech ») par une poignée de dirigeants non élus,
  • L’ingérence dans le politique et dans le système démocratique,
  • L’impact des réseaux sociaux non régulés.

Comprendre les enjeux de cette audition nécessite d’avoir les bonnes grilles de lecture.

En effet, ces enjeux s’inscrivent au-delà du conflit ouvert entre les médias sociaux et Donald Trump et ses partisans. Les deux camps politiques, conservateurs et libéraux, sont autant concernés par le fonctionnement des médias sociaux comme plateforme d’échanges.

Leur objectif est le même, les motivations diffèrent.

Les élections américaines de 2020, les médias sociaux dans la communication politique et la section 230

En 2020, avaient lieu les élections présidentielles en vue d’élire au scrutin indirect le 46e président des Etats-Unis. Donald Trump, alors président en activité et représentant du parti républicain, brigue un second mandat face à Joe Biden, candidat du parti démocrate.

La pandémie de COVID 19 jouera un rôle majeur dans les élections. En limitant la possibilité de rassemblement, le vote par correspondance en masse est favorisé. Ce constat amènera le président Donald Trump à dénoncer le risque massif de fraude via la plateforme Twitter, son principal outil de communication.

Depuis le début des années 2010, les médias sociaux sont incontournables dans la communication politique. Autant utilisés par les acteurs politiques que par les électeurs. Parmi ces médias sociaux, qui sont avant tout des sociétés privées, certains sont devenus de véritables entreprises de communication atteignant un public très large (Facebook, Twitter).

La perte d’intérêt et de confiance des électeurs pour les médias traditionnels explique la normalisation croissante des médias sociaux. Leur recours permettant une communication plus directe entre acteurs politiques et électeurs.

Cette liberté de communication, d’expression dans le contenu est avant tout possible grâce une petite partie du « Communication Decency Act » de 1996 :  la section 230. Celle-ci accorde une immunité aux entreprises de médias sociaux comme Facebook, Twitter, Wikipédia, Reddit, etc. en les exonèrant de toutes poursuites judicaires quant au contenu de leur site. Cela permet aux plateformes de fonctionner et de s’épanouir sans avoir nécessairement besoin de modérer le contenu.

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La polémique : son origine, ses acteurs, les enjeux

A l’origine de la polémique, deux tweets de Donald Trump en mai 2020.

Un premier tweet concernant la possible fraude électorale facilitée par le vote par correspondance, sur lequel sera étiqueté un avertissement avec la mention « trompeur » invitant le lecteur à « vérifier les faits ».

Un second tweet indiquant que « « quand les pillages commencent, les tirs commencent », dans le cadre des manifestations suite à la mort de George Floyd le 25 mai 2020.

Dans la foulée, le décret présidentiel « Preventing Online Censorship » sera signé le 28 mai 2020 sur la prévention de la censure sur internet, visant spécifiquement les médias sociaux en réponse à leurs actions (modification, suppression de contenus).

En dépit de profonds désaccords, les deux camps, démocrates et républicains, se rejoignent sur un point : la nécessité de réglementer la gestion du contenu des plateformes type Facebook, Twitter, Reddit, Youtube, etc.

Quand la gauche politique réclame une politique plus agressive pour diminuer la propagation de la désinformation, la droite conservatrice accuse les médias sociaux de censure.

La désinformation fait principalement référence aux accusations de fraude massive lancées par Donald Trump et ses partisans.

Par censure, Donald Trump et ses partisans font référence :

  • au parti-pris politique des médias sociaux dans leur politique de modération des contenus,
  • à la décision de Twitter de dissimuler et bloquer des informations du New Post concernant l’implication d’Hunter Biden, fils de l’actuel président, en Ukraine et en Chine,
  • la suppression des groupes engagés auprès de Donald Trump (« Stop the Steal ») et de leur contenus sur Facebook, Twitter et Youtube,
  • la suppression de commentaires, ou les ajouts d’avertissements sur les commentaires, incluant ceux du président Donald Trump alors en activité.

D’où la nécessité de voir modifier la section 230 du « Communication Decency Act ».

Les contradictions des acteurs

Sous couvert de vouloir respecter le principe de liberté d’expression sur internet, Facebook et Twitter se positionnent en éditeur en modifiant, commentant et supprimant les contenus de leur site.

La contradiction réside dans le fait, que ces actions semblent ne cibler qu’un pan de ces utilisateurs à savoir Donald Trump et ses partisans les plus engagés. Il est difficile de ne pas voir de parti pris politique d’autant plus de la part de sociétés issues de la Silicon Valley « extrêmement orientées » à gauche (en référence à a la citation en 2018 de Mark Zuckerberg concernant Facebook et les entreprises technologiques).

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Une autre contradiction réside dans le traitement des utilisateurs. Avant Donald Trump aucun autre utilisateur n’avait fait l’objet d’étiquettes d’avertissements. Dans un laps de temps très proche, après la mise à l’écart de l’hypothèse de collusion de la Russie, le représentant Adam Schiff continuait de partager ses accusations, sans intervention de la part de Twitter. Autre cas plus surprenant au vu du contexte, celui du responsable de l’intégrité du site faisant état de ses préférences politiques dans ses propres tweets.

L’audition devant la commission d’enquête des sénateurs américains et la réponse de Facebook et Twitter face à leur à contradiction

Lors de l’audition du 17 Novembre 2020, les CEO de Twitter et de Facebook, respectivement Jack Dorsey et Mark Zuckerberg seront entendus par de nombreux sénateurs, dont le sénateur Republicain Ted Cruz.

Parmi l’avalanche de critiques, la décision de blocage par Twitter de l’exposition par le New York Post des affaires d’Hunter Biden pendant 2 semaines. Twitter se justifiera en mettant en avant sa politique concernant le matériel hacké, bien que le New York ait bien indiqué que les informations provenaient d’un ordinateur portable abandonné appartenant à l’origine à Hunter Biden.

Jack Dorsey finira par admettre qu’après réflexion, l’action de blocage était une erreur et qu’elle fut corrigée dans les 24 heures. Dans les faits, Twitter avait refusé de réactiver le compte du New York Post sauf si les tweets en question étaient supprimés. Après 2 semaines d’impasse, le compte sera réactivé.

A l’issue de cette audition, et depuis la fin des élections 2020, la section 230 n’a pas été modifié.

Conclusion

Ces enjeux vont au-delà du conflit médias sociaux/ Donald Trump et ses partisans, du territoire américain.

Par la couverture mondiale de ces géants de la tech et l’absence de régulation, il semble nécessaire d’anticiper ce cas de figure pour les prochaines élections dans d’autres pays, et notamment en France pour les élections présidentielles de 2022.

Faut-il attendre la modification d’une loi américaine à la portée mondiale ou s’en affranchir en définissant une réglementation limitant la possibilité d’ingérence dans les évènements démocratiques ?

Réseaux Sociaux, Bourse et 5e Pouvoir

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Cafe Noir N.09

Réseaux Sociaux, Bourse et 5e Pouvoir

Café Noir – Un Autre Regard sur le Monde. Émission du Vendredi 04 décembre 2021 avec Pierre Le Vigan & Gilbert Dawed. GameStop ou la prise de Wall Street par le groupe WallStreetBets qui se réunit sur Reddit.
 
Les livres de Pierre Le Vigan sur Amazon: https://tinyurl.com/27qypp3w
 

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Nous sommes en pleine guerre mentale menée avec des ‘’neuro-armes’’

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Nous sommes en pleine guerre mentale menée avec des ‘’neuro-armes’’

Eduardo Martinez de la Fe

Ex : https://tendencias21.levante-emv.com

Nous sommes plongés dans une guerre mentale qui passe inaperçue: de puissantes neuroarmes sont mises au point pour influencer le cerveau humain, sur la base de technologies qui ont vu le jour à des fins médicales.

À notre insu, nous vivons dans une guerre mentale secrète axée sur le néocortex, la région du cerveau impliquée dans les fonctions cognitives supérieures.

De puissantes neuro-armes sont actuellement développées ou testées pour nous empêcher de penser par nous-mêmes, selon le géostratège et spécialiste du renseignement Pedro Baños.

Il ajoute que, grâce à la technologie, notre espèce a atteint une forme particulière d'immortalité: nous avons déposé notre âme dans le cloud, où elle restera à jamais, avec tous nos secrets et nos émotions les plus intimes, nos pensées et nos faiblesses.

Cependant, il avertit que cet exploit technologique s'est produit à un moment très particulier pour notre espèce: nous vivons dans une Matrice géopolitique où la réalité que nous percevons de nous-mêmes et de notre destination est une illusion créée par les élites pour consolider leur pouvoir mondial.

Ainsi, à l'illusion d'immortalité s'ajoute un autre mirage non moins déconcertant: celui qui nous fait croire que nous faisons partie d'une civilisation organisée qui marche à l’unisson vers un progrès commun et durable, dans lequel notre âme immortelle est en sécurité grâce au nuage d'informations que nous partageons. Rien n'est plus éloigné de la vérité.

Pénétrer l'enchevêtrement

Il n'est pas facile de découvrir l'enchevêtrement mental dans lequel nous sommes, car il est parfaitement dissimulé dans les méandres de notre esprit.

La seule faculté qui nous rend libres est engourdie par les charmes de la technologie, qui nous submerge dans un espace d'information et de loisirs parfaitement conçu pour nous faire réfléchir le moins possible.

Cependant, Baños a pris la peine d'analyser et de dévoiler ce qui nous arrive en coulisses en tant qu'espèce et l'a documenté dans trois ouvrages emblématiques qui constituent un rapport exceptionnel sur les secrets les mieux gardés du monde actuel.

En réalité, selon cette recherche, nous vivons dans un monde dominé par des élites qui ont acquis le pouvoir de créer une culture de masse et qui cachent, derrière l'idéal humaniste que la plupart d'entre nous partageons, le véritable moteur de notre histoire, qui n'est autre que la volonté de pouvoir et de domination mondiale d'une minorité.

D'abord, par une minorité de pays: le plus important est les États-Unis, dont la capacité militaire dépasse largement celle de ses deux rivaux immédiats: la Russie et la Chine.

Ensuite, par une minorité au sein de ces pays: de puissantes multinationales et des fonds d'investissement, qui ont acquis la capacité de contrôler les décisions politiques et ont infiltré les institutions démocratiques pour les pervertir et en faire des participants à leur ambition.

Perversion technologique

La troisième clé de cette réalité cachée est la façon dont la technologie, porteuse des progrès les plus significatifs jamais réalisés par notre humanité, est également pervertie par ces élites pour soumettre nos esprits à ce que l'auteur de cette recherche appelle la "dictature de la micropuce".

Si dans ses deux premiers travaux, Así se domina el mundo (2017) et El dominio mundial (2018), Baños a clairement montré que ces pouvoirs cachés développent une géopolitique culturelle pour influencer la société à travers les médias, les réseaux sociaux, l'art et la culture, dans la troisième partie de cette trilogie, il se penche sur ce qu'il appelle El dominio mental.

Dans ce troisième livre, il révèle la face cachée de la technologie: ce qui se cache derrière la révolution provoquée par les disciplines scientifiques telles que les neurosciences et les technologies associées, qui ont vu le jour à des fins médicales: elles visent discrètement à nous faire penser selon des schémas culturels qui homogénéisent la pensée et font taire les divergences.

Le côté sombre de la technologie

En réalité, nous sommes devenus les vassaux numériques de tout ce monde technologique souterrain, dans lequel l'Internet des objets a ouvert la possibilité d'un contrôle total de la vie des citoyens, dit M. Baños.

La technologie est devenue le plus grand piège contre la social-démocratisation, car elle permet une manipulation toujours plus grande de l'esprit humain, impose la pensée unique et a même acquis la capacité de diriger le vote, ajoute-t-il.

Selon ces recherches, l'esprit humain, devenu le saint graal de la manipulation, est le trou noir qui engloutit toutes les technologies qui tentent de le confondre: il devient le maillon faible du nuage informatique où sont stockées les pensées et les émotions des gens.

Musée de l'horreur

Parmi ces technologies, du côté obscur, on trouve la surveillance et la manipulation des émotions par les ondes cérébrales, la poussière neurale (une micropuce implantée dans le corps qui peut transmettre des informations biométriques à un ordinateur), la duplication du cerveau pour modéliser la prise de décision par une deuxième voix dans notre tête. Ce ne sont là que quelques exemples.

Ce musée de l'horreur, aussi réel que les épidémies et les catastrophes naturelles que nous subissons, est complété par le transhumanisme mental, qui permet, entre autres, d'étendre la domination culturelle par la manipulation du métabolisme, ce que la DARPA appelle la biorévolution, et la neurostimulation, le plus grand potentiel jusqu'à présent pour manipuler l'esprit en faveur de croyances religieuses et sociales spécifiques.

Une variable future de la perversion du transhumanisme est de modifier génétiquement les soldats: immunisés contre la peur et la douleur, et dépourvus de tout sentiment, ils deviendront plus dévastateurs que les armes nucléaires, selon les experts consultés par Baños.

Au-delà de…

Cet au-delà de la technologie se concrétise par des expériences secrètes qui, selon Pedro Baños, sont développées dans le domaine des neuro-armes : elles comprennent la guerre sonique, le harcèlement électronique, l'utilisation d'ultrasons et d'infrasons pour perturber l'équilibre naturel des personnes, et l'utilisation de substances psycho-chimiques (utilisées en médecine) pour obtenir des changements de personnalité favorables à des intérêts cachés.

Pedro Baños montre, de manière bien documentée et rigoureuse, que nous sommes en pleine guerre mentale orientée vers le neurocortex, la région du cerveau qui définit le nouveau contexte de guerre, basé plus sur l'esprit que sur le monde physique.

Ce contexte est bien illustré par un exemple: la communauté du renseignement connue sous le nom des "cinq yeux", composée d'analystes des États-Unis, du Royaume-Uni, du Canada, de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande (aucun de l'UE), a formé une unité dite "cybermagiciens" pour employer des techniques cérébrales de manipulation sociale, comme l'a révélé le chercheur Musa Khan Jalalzai, cité par Baños.

La réalité est que nous ne sommes pas dans le "Brave New World" de Huxley, ni dans un scénario qui ne peut pas évoluer au-delà de ce que nous avons atteint aujourd'hui, comme le dit la culture que les modèles induits dans lesquels nous sommes inclus nous ont imposés.

Le potentiel humain est toujours intact et nous pouvons et devons trouver des formules pour ne pas céder à la pression de la guerre mentale et maintenir active notre capacité à penser par nous-mêmes, conclut Pedro Baños dans son dernier ouvrage.

Référence

Pedro Baños, El dominio mental: La geopolítica de la mente,  Ariel, Barcelona, 2020.

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jeudi, 04 février 2021

Comment la Turquie, l'Iran et le Pakistan se connecteront dans le "Bri" chinois

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Comment la Turquie, l'Iran et le Pakistan se connecteront dans le "Bri" chinois

par Giuseppe Gagliano

Ex : https://www.startmag.it

La Turquie, l'Iran et le Pakistan ont annoncé qu'ils allaient relancer la ligne ferroviaire Istanbul-Téhéran-Islamabad (Iti). Une étude approfondie dusujet par Giuseppe Gagliano.

Hier comme aujourd'hui, le développement des infrastructures ferroviaires constitue un aspect fondamental pour le développement économique. Ce n'est pas un hasard si la Turquie, l'Iran et le Pakistan ont annoncé qu'ils allaient relancer la ligne ferroviaire Istanbul-Téhéran-Islamabad (Iti), un projet qui avait déjà été mis en place en 2009. Malgré de nombreux essais, la liaison ferroviaire n'était pas encore pleinement opérationnelle. En fait, certains problèmes d'infrastructure doivent encore être résolus avant que cet important axe ferroviaire puisse être mis en place dans le cadre de l'initiative chinoise "Ceinture et route" (Bri – Belt & Road Initiative).

Une fois pleinement opérationnel, le chemin de fer pourra promouvoir le commerce dans d'autres pays, notamment l'Afghanistan, l'Azerbaïdjan et cinq États d'Asie centrale, dans le cadre de l'Organisation de coopération économique, une plateforme de développement, de commerce et d'investissement fondée en 1985 par l'Iran, la Turquie et le Pakistan. Le train pourra parcourir les 6500 km qui séparent le Pakistan de la Turquie en seulement 11,5 jours, contre 45 jours habituellement par voie maritime.

Selon de récents rapports des médias, le service pourrait également être relié au Xinjiang en Chine par la ligne ferroviaire Mainline-1 du Pakistan. En fait, l'un des projets les plus importants du corridor économique Chine-Pakistan (Cpec) est le projet ML-1, dans le cadre duquel les lignes ferroviaires existantes du Pakistan seront modernisées pour permettre aux trains de circuler deux fois plus vite qu'aujourd'hui.

Ce projet, approuvé par le principal organe économique du Pakistan en août 2020, coûtera 6,8 milliards de dollars, la Chine apportant 90 % du financement. Le projet devrait être achevé à la fin de l'année 2026.

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Tout à l'heure, nous avons parlé des problèmes qui ont empêché l'achèvement de ce projet dans les délais voulus. Eh bien, premièrement, le retard de cette importante infrastructure ferroviaire a été causé par les sanctions économiques contre l'Iran ; deuxièmement, seuls les trajets de trains de marchandises ont été testés, même si l'itinéraire a été reconnu par les Nations unies comme un corridor international.

Troisièmement, les liaisons ferroviaires du Pakistan doivent être modernisées pour être reliées aux lignes internationales. Le chemin de fer pakistanais sera relié à la ligne de chemin de fer Iti via Quetta, dans la province du Baloutchistan, au sud-ouest du pays. La ligne ferroviaire Quetta-Taftan, qui sera utilisée pour le train Iti, a été construite il y a un siècle et doit être modernisée.

En août dernier, le ministre pakistanais des chemins de fer a annoncé qu'une étude de faisabilité pour la modernisation proposée avait été réalisée et que 694 millions de dollars seraient dépensés pour les réparations nécessaires. Ce processus devra être achevé rapidement afin que le train Iti puisse être mis en service dans les délais prévus.

En ce qui concerne l'Iran, cette infrastructure est très pertinente car elle peut contribuer à relancer l'économie du pays frappé par les sanctions américaines. Pour Téhéran, il s'agit d'une route commerciale alternative attrayante car les pays de l'OCDE commercent en monnaie locale et donc, en temps de crise et de guerre, ces routes commerciales alternatives sont très précieuses et rentables.

En outre, le projet ferroviaire Iti peut également promouvoir d'importants axes ferroviaires dans le cadre de l'initiative chinoise "Belt and Road". En effet, la Chine considère que les liaisons de transport iraniennes font partie de l'initiative et donc de sa projection de puissance.

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Pour se rendre compte de l'importance réelle de cette infrastructure, pensons au fait que le 4 décembre, un train d'exportation en provenance de Turquie est parti pour la Chine et est arrivé à Xian, dans la province de Shaanxi, le 19 décembre, devenant ainsi le premier train à relier la Turquie à la Chine.

Le train a suivi l'itinéraire de transit international de la mer Caspienne via la ligne ferroviaire Bakou-Tbilissi-Kars. La route Iti est désormais beaucoup moins compliquée et, en reliant Pékin à l'Iran et à la Turquie via le Pakistan, elle peut devenir un élément important de l'initiative chinoise "Belt and Road".

Bien sûr, le tracé du train ITI va également accroître l'importance stratégique et économique du Pakistan, mais cela ne sera possible que si Islamabad est en mesure de renforcer son infrastructure ferroviaire.

Avec cette nouvelle ligne ferroviaire, la Turquie, l'Iran et le Pakistan se positionneront sans aucun doute comme une plaque tournante importante entre l'Europe et l'Asie. Mais cette nouvelle ligne de fret augmentera également la connectivité et les échanges entre les trois pays. Le commerce régional est limité. Par exemple, seulement 1,26% des exportations du Pakistan sont destinées à la Turquie et moins de 0,1% à l'Iran.

Pour que cela soit rentable, le Pakistan, l'Iran et la Turquie devront nécessairement mieux coordonner leurs politiques économiques afin que les entreprises locales utilisent cette nouvelle ligne.

Cette ligne permettra aux entreprises étrangères d'accroître leurs échanges commerciaux avec la Turquie, l'Iran et le Pakistan. Les entreprises européennes pourront alors trouver de nouveaux marchés dans les trois pays afin de créer de nouvelles relations économiques.

L'Occident existe-t-il ?

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L'Occident existe-t-il ?

par Emanuel Pietrobon

Ex : https://www.sinistrainrete.info

Avec cette réflexion approfondie d'Emanuel Pietrobon, notre Observatoire « Sinistra in Rete » poursuit aujourd'hui son débat sur le concept d'Occident : Emanuel Pietrobon, spécialiste en géopolitique, dans cet article, confronte la problématique de la double nature de l'Occident, un concept géopolitique qui a été enveloppé dans une superstructure de valeurs créée a posteriori. Mais dans la sphère géopolitique américaine, de nombreuses tendances innées, d’essence non occidentale, persistent et continuent à se manifester, sous différents points de vue, dans divers pays: Pietrobon cite les cas de la Turquie, de la Hongrie, de la Pologne et de l'Allemagne

Lorsque l'on parle de l'Occident, on se réfère à un bloc précis du monde caractérisé par une série d'éléments communs, tels que les traditions culturelles, la philosophie politique et religieuse, les valeurs sociales, le système économique et la culture politique articulée sur le binôme État de droit - démocratie.

L'Occident, plus en détail, correspondrait à une entité géopolitique précise, articulée sur le rôle central des États-Unis et sur la présence périphérique d'autres puissances, comme le Canada, le Japon, l'Union européenne, l'Australie, la Nouvelle-Zélande et la Turquie.

Qu'on le veuille ou non, l'Occident est un bloc uni et cohérent, difficile à déstabiliser car il repose sur des valeurs communes et partagées. Il n'est donc pas surprenant que la plus grande et la meilleure expression de l'Occident soit l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN), la plus grande et la plus durable des alliances militaires sur la planète.

Au nom de la défense du "monde libre" que l'Occident garde, protège et représente, la guerre froide et les guerres en Corée, au Vietnam et en Irak ont été menées, des coups d'État ont été promus dans le monde entier et même ce qui a été rebaptisé "guerre sans fin", c'est-à-dire la guerre contre les djihadistes internationaux, a été lancé.

Les pays occidentaux sont tellement unis qu'ils sacrifient leurs intérêts nationaux au nom d'un bien suprême, à savoir la protection de la communauté, la survie du monde libre, et ils se préparent aujourd'hui à ce qui semble être la guerre froide du nouveau millénaire : celle contre la République populaire de Chine.

À ce stade, cependant, nous devons prendre du recul et revenir à l'unité et à la cohésion de ce bloc, parce que cette unité et cette cohésion sont fausses. L'Occident, tel qu'on le comprend actuellement, n'a jamais existé et est, en fait, maintenu artificiellement en vie par les États-Unis parce qu'il s’avère fonctionnel pour la perpétuation de l'ordre international qui a émergé après la Seconde Guerre mondiale, des cendres de l'eurocentrisme, et s'est consolidé avec la chute de l'Union soviétique.

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L'Occident n'a jamais existé avant 1945 et lutte pour exister de manière autonome encore aujourd'hui, malgré les milliards de dollars investis par les États-Unis pour hégémoniser culturellement le Vieux Continent. L'américanisation de l'Europe est une réalité irréfutable: coutumes, valeurs, idées, mode de vie, politique, vêtements, culture, musique, langue ; tout est importé par l'ancien cousin rebelle devenu père-maître d'une famille dysfonctionnelle.

On disait autrefois que "quand Paris a froid, l'Europe éternue", aujourd'hui on peut dire que "quand l'Amérique a froid, l'Europe fait de l'hypothermie". Les événements qui ont suivi la mort de George Floyd en sont la preuve la plus éloquente: la bataille culturelle de la gauche radicale et des antiracistes de Black Lives Matter a rapidement traversé l'océan Atlantique, atteignant des sommets d'extrémisme encore plus élevés que ceux atteints aux États-Unis.

Pourtant, outre l'américanisation des coutumes, la spectacularisation hollywoodienne de la politique, l'appauvrissement linguistique causé par la domination de l'anglais et les luttes menées dans le monde entier pour défendre l'idée du monde qu'est l'Occident, il est légitime de soutenir qu'il s'agit d'un artifice.

Un Occident existe, c'est clair, mais c'est un monde dans un monde. Les Occidentaux sont les États-Unis, le Royaume-Uni, les Pays-Bas et la Scandinavie, berceaux du libéralisme politique et avant-gardes des révolutions (ou involutions ?) sociales et culturelles qui, de là, se sont étendues au reste de la civilisation du bloc euro-américain. Mais ne sont pas et ne seront peut-être jamais occidentaux des pays comme la Turquie, la Hongrie, la Pologne et l'Allemagne.

Vous pouvez occidentaliser leurs coutumes et leurs esprits, et même convaincre leurs politiciens de participer à certaines guerres, mais seulement pour un temps. L'épopée occidentalisante de la Turquie a duré le temps de Mustafa Kemal mais, de 1960 à aujourd'hui, les forces armées, gardiennes d'une constitution anti-historique et contre nature, puisqu'elle est républicaine, laïque et occidentale, ont dû intervenir, ou ont menacé d'intervenir, à dix reprises pour protéger ces valeurs importées et transplantées par la force. Finalement, la force brute ne suffit pas: Recep Tayyip Erdogan, le père de la nouvelle Turquie, l'emporte sur l'ordre kémaliste, dont le dernier et faible coup de queue s’est manifesté en juillet 2016.

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Si l'Occident était vraiment le bloc cohérent et unifié tel qu'il se présente, les chartes fondamentales de ses membres ne seraient pas protégées par la force et, surtout, nous ne verrions pas de telles oscillations. L'ascension imparable d'Erdogan est la preuve que la Turquie n'est pas l'Occident et que son maintien en son sein, forcé et contraint pour des raisons géopolitiques, n'a pas été possible.

Il y a plus de rivalités entre la Turquie et ses supposés alliés qu'il n'y en a dans le monde. Erdogan est, tout simplement, l'expression d'une révolution que le peuple, c'est-à-dire la Turquie profonde, cherchait depuis soixante ans et qu'il a finalement réalisée. La Turquie n'était pas et n'est pas l'Occident, mais elle était et est encore la Sublime Porte entre l'Europe et l'Asie, le cœur battant du panturquisme et du nationalisme islamique et, surtout, le rival par excellence du Vieux Continent.

En Hongrie et en Pologne, au contraire, le dégagement se fait de manière plus douce, également en raison de l’adhésion de ces deux pays à l'Union européenne, mais, néanmoins, il se produit. Aucun parti, dans le court interlude démocratique des deux pays, n'a jamais bénéficié du consensus dont le Fidesz et ‘’Droit et la Justice’’, deux forces politiques aux aspirations révolutionnaires et non occidentales, disposent aujourd'hui.

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Viktor Orban, le leader du Fidesz, qui en plus d'être un homme politique est aussi un penseur d'une certaine complexité, est celui qui a lancé la révolution illibérale qui a traversé l'Occident pendant des années et qui a finalement atterri aux États-Unis en 2016. Orban est le théoricien d'un nouveau modèle de civilisation, antithétique à l'Occident parce que non libéral, chrétien et tourné vers l'Orient. Orban est aussi celui qui a permis à la petite Hongrie de se projeter hors des frontières européennes, en récupérant l'ancienne idéologie touranienne, sur les terres d'Asie centrale et les pentes du Mont Fuji.

Le touranisme est une école de pensée que l'on croyait morte jusqu'il y a quelques années, mais qui est maintenant un sujet d'étude en Hongrie, en Turquie et dans les pays d'Asie centrale. En tant qu’idéologie, elle a échoué au moment de sa conception, qui s'est produite au tournant des XIXe et XXe siècles, car elle n'a pas réussi à convaincre les peuples installés en Europe d'origine turque, mongole et/ou ouralo-altaïque (comme les Magyars, les Turcs, les Finlandais, les Tatars, etc.) de s'allier dans une perspective hostile au panslavisme et au pangermanisme.

Aujourd'hui, cependant, au nom de la fraternité turque, la Hongrie, la Turquie et les « -stan » coopèrent de manière fructueuse et active dans le cadre du Conseil turc, échangent des étudiants, organisent des événements culturels, se font des cadeaux, se prêtent de l'argent. Les frères turcs ont été les premiers à répondre aux appels à l'aide de Budapest lors du déclenchement de la pandémie de Covid-19 ; un signe des temps.

Le touranisme mis à part, si la cohésion et l'unité étaient les éléments constitutifs de l'Occident, puisqu'il est représenté comme un ensemble impérissable, la Hongrie aurait également dû enterrer d'anciennes revendications territoriales dans la zone des Balkans et de l'Europe de l'Est, mais ce n'est pas le cas.

La Pologne, tout comme la Hongrie et la Turquie, a dépoussiéré, au cours de ces dernières décennies, de vieux rêves hégémoniques et identitaires qui peuvent être, oui, complémentaires à l'Occident mais qui, en fin de compte, lui seront défavorables en raison de contradictions sous-jacentes. La référence est ici l'Intermarium (Międzymorze), un concept géopolitique élaboré par l'un des pères de la Pologne moderne, Józef Piłsudski, dans l'entre-deux-guerres.

Piłsudski, effrayé par l'idée d'un encerclement russo-allemand perpétuel, a estimé que la Pologne devait investir toutes ses ressources humaines, économiques et diplomatiques dans la reconstitution de l'ancien royaume polonais, même de manière informelle, en créant une union inoxydable avec le voisinage composé des actuels Bélarus, Ukraine et Lituanie (ainsi que de l'Estonie et de la Lettonie). L'histoire se répétera, la Pologne sera à nouveau engloutie par les Russes et les Allemands, les catholiques persécutés pour leur foi, le Christ de l'Europe mourra à nouveau. Le temps lui a donné raison et la Pologne n'a retrouvé la liberté et l'indépendance qu'en 1989.

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Après une brève parenthèse de pur pro-européanisme et d'enchantement libéral, le paysage politique polonais a vu l'entrée en scène du parti ‘’Droit et Justice’’, une création des frères jumeaux Lech et Jaroslaw Kaczyński. Ce dernier, qui a succédé au premier après sa mort dans le controversé accident d'avion de Smolensk en 2010, a exprimé une vision très similaire à celle d'Orban, mais sans l'ingrédient eurasiatique, rêvant de la construction d'une Pologne en position antagoniste, au sens culturel, face à l'Occident.

Même l'Allemagne, bien qu'elle ait abandonné son identité nationale au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, à la suite des horreurs consécutives au nazisme, continue de montrer que les vieilles habitudes ont la vie dure, comme en témoigne le partenariat discrètement créé avec la Chine ces dernières années. Il a fallu deux guerres mondiales pour que l'Allemagne se dé-germanise (presque) complètement, mais les tendances eurasiennes et hégémoniques de ses tropismes diplomatiques n'ont pas été effacées. Tendances qui ont sous-tendu l'hostilité de l'administration Trump envers Berlin : un allié loyal plus enclin à la soumission aveugle que la plupart des autres, mais toujours redoutable car naturellement prédisposé à échapper subrepticement à l'hégémonie américaine.

L'Occident existe, oui, et l'Italie, l'un des pays les plus américanisés d'Europe, en est la preuve, mais c'est la coercition, et non le partage présumé d'éléments communs, qui le maintient à flot et perpétue son existence. Il est peut-être impossible d'éviter sa désintégration, mais les pays qui y resteront seront toujours l'Occident.

Une crise permanente pour activer la transition économique

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Une crise permanente pour activer la transition économique

Voir plus loin que le bout de son nez (ou de son rhinopharynx où l’on cherche la trace du mal)

Dominique Baettig
Médecin, Ancien Conseiller national

La situation de crise avec ses mesures renouvelées en permanence de serrage de vis, de restrictions et de culpabilisation de tous ceux qui ne respecteraient pas assez les directives d’experts se prolonge sans perspective d’amélioration ou de répit durable. Ils nous ont d’ailleurs prévenu : il faudra apprendre à vivre avec le virus et rien ne sera jamais plus comme avant. Un virus désormais mythologique, en mutation permanente forcément, et nommé selon des critères de propagande  idéologiques. Le dernier né serait un « variant »  nominé anglais, très contagieux depuis le Brexit qui fait trembler la classe politique européenne. Il est dorénavant clair que les aspects médicaux (dans le sens des soins et la mise en quarantaine des malades) sont secondaires et que la crise Covid obéit à une autre logique de formatage des comportements. Il suffit de voir comment, grâce à ces mesures, qui ont favorisé le vote par correspondance de la clientèle des minorités sociétales sanctuarisées, le parti démocrate, l’oligarchie financière, les milliardaires du green business, les GAFAM tout-puissants qui censurent illégalement les opinions contraires, les medias dominants ont bousculé Trump. Par un usage de votes « inclusifs » qui pèsent plus que ceux des déplorables, des péquenots du Middle-West, des hommes hétérosexuels d’origine européenne. La démocratie américaine, lumière interventionniste et exemple pour le Monde a montré son vrai visage : mépris des près de 80 millions d’électeurs qui ont choisi Trump, chasse aux sorcières médiatique, incitation à la haine, acharnement d’expulsion, d’épuration politique et sociologique, simulacre de la séparations des pouvoirs .Le système totalitaire qui s’installe dans l’hystérie a montré son vrai visage ( Biden, l’endormi et zombie survivant de l’époque Obama est resté masqué chez lui pour débiter une campagne d’abord alarmiste sanitaire) et n’a pas le soutien et le respect d’un citoyen sur deux.

Crise, grande réinitialisation de l’économie et pénurie préorganisée

Pour comprendre ce qu’il y a derrière cette crise, issue de la globalisation de la gouvernance et des nouvelles technologies numériques de contrôle, d’intelligence artificielle, déclarée scientifique et basée sur des faits, il suffit de lire ce que les théoriciens de cette mutation de l’économie ont écrit.

Schwab, fondateur du WEF, donne des pistes dans son ouvrage sur la quatrième révolution industrielle. La société mondialisée a atteint ses limites de croissance et il faudra gérer la crise, la transition, en utilisant de nouveaux outils qui mettent directement en contact le consommateur avec le propriétaire ( ubérisation) d’un service ou d’objets à vendre. Fini les intermédiaires, médiateurs que sont les petits commerces, les restaurateurs, les conseillers bancaires ou assurances, les médecins de famille. Priorité à la baisse des coûts au contact direct numérique, à la surveillance en continu de vos données, au profilage de risques, de votre consommation. L’intelligence numérisée aura pour fonction de rationner l’accès aux soins, en définissant des besoins essentiels et d’autres qui peuvent attendre, dissuader les comportements à risque. Les politiques qui n’oseraient pas mettre des limites peuvent se cacher derrière une machine qui propose une gouvernance optimale, écologique, durable etc. Ce que l’individu est incapable de faire durablement, l’intelligence artificielle le fera : gestion de la pénurie, freinage de l’accès aux soins, régulation de l’accès aux produits, gestion de l’énergie dans votre maison, conseils et contrôle de votre hygiène de vie et alimentaire, profilage, analyse de vos contacts et de vos opinions. C’est ce nouveau monde masqué, totalitaire, déshumanisé qui s’avance avec la crise Covid. Surveillance totale, gouvernance immédiate agile et dépersonnalisée. Le rêve pour certains politiciens qui n’ont plus de décisions à prendre et se réfèrent aux algorithmes justes scientifiquement .Fin de la démocratie trop émotionnelle, trop arbitraire, dépassement des limites organiques et rêve de traiter les maladies, considérées comme génétiquement favorisées, par des modifications préventives de l’ADN (l’humain comme soja transgénique).

Les restrictions COVID sont pensées pour nous préparer à la pénurie : d’énergie, alimentaire, fin de l’autosuffisance par la mondialisation, fin de la croissance, restriction de l’accès aux soins, Janvier sans alcool, janvier Végane pour se préparer à la diminution de la consommation de viande qui à l’avenir sera considérée comme participation à un écocide. On vous incite à vous comporter différemment (ski, sport, vaccination) pour moins accéder aux soins aigus hospitaliers qui deviendront le seul chemin puisque les médecins de premier recours seront court-circuités. Bien sûr qu’il faut changer notre mode de vie, mais en favorisant la proximité, la responsabilité individuelle, une plus grande autosuffisance, le maintien d’une agriculture à dimension humaine. Mais ceux qui instrumentalisent les moyens numériques et le contrôle des opinions et des déplacements des citoyens vont dans une toute direction : la tyrannie par une utopie qui ne profitera qu’à quelques milliardaires soi-disant philanthropes.

Prévenir et surveiller valent mieux que guérir

Le traçage des données individuelles, la détection de facteurs indirects de risque, la surveillance des déplacements, le repérage des contacts servent non pas à soigner un malade, mais à empêcher une surcharge imaginée des hôpitaux, eux-mêmes réduits dans leur personnel, leur capacité de prise en charge par le modèle néolibéral. Si c’est l’économie qui dicte sa loi, elle voudra gérer autoritairement la consommation de soins, surveiller et punir les mauvais comportements de santé. Quel cauchemar.

Priorité aux soins médicaux, transparence du mode diagnostic et de la cause des décès, retour à la démocratie et fin de la tyrannie des politiques dont les déclarations sont dictées par les experts et l’intelligence artificielle.

Dominique Baettig, médecin,  ancien conseiller national, militant souverainiste

17.1.2021

17:05 Publié dans Actualité, Santé | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, santé, crise, pandémie, covid-19, coronavirus | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

mardi, 02 février 2021

Vers 2030, la nouvelle OTAN sera née, l'OTAN sera l'avenir

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Vers 2030, la nouvelle OTAN sera née, l'OTAN sera l'avenir

par Manlio Dinucci

Source : Il Manifesto et https://www.ariannaeditrice.it

L'OTAN se tourne vers l'avenir. C'est pourquoi le secrétaire général Jens Stoltenberg a invité des étudiants et de jeunes dirigeants des pays de l'Alliance à proposer "de nouvelles idées pour l'OTAN 2030". Cette initiative s'inscrit dans le cadre de l'implication croissante des universités et des écoles, avec également un concours sur le thème : "Quelles seront les plus grandes menaces pour la paix et la sécurité en 2030 et comment l'OTAN devra-t-elle s'adapter pour les contrer ?

Pour réaliser ce thème, les jeunes ont déjà le manuel : "OTAN 2030 / Unis pour une nouvelle ère". Ce rapport est présenté par un groupe de dix experts nommés par le Secrétaire général. Parmi eux, Marta Dassù qui, après avoir été conseillère en politique étrangère du Premier ministre D'Alema pendant la guerre de l'OTAN contre la Yougoslavie, a occupé des postes importants dans les gouvernements successifs et a été nommée par le Premier ministre Renzi au conseil d'administration de Finmeccanica (aujourd'hui Leonardo), la plus grande industrie de défense italienne.

Quelle est la "nouvelle ère" que le groupe d'experts envisage ? Après avoir défini l'OTAN comme "l'alliance la plus réussie de l'histoire", qui a "mis fin à deux guerres" (celles contre la Yougoslavie et la Libye, mais que l'OTAN a déclenchées), le rapport brosse le tableau d'un monde caractérisé par "des États autoritaires cherchant à étendre leur pouvoir et leur influence", posant aux alliés de l'OTAN "un défi systémique dans tous les domaines de la sécurité et de l'économie".

Retournant les faits, le rapport affirme que si l'OTAN a tendu une main amicale à la Russie, celle-ci a répondu par une "agression dans la zone euro-atlantique" et, en violant les accords, a "provoqué la fin du traité sur les forces nucléaires intermédiaires". La Russie, soulignent les dix experts, est "la principale menace à laquelle l'OTAN doit faire face au cours de cette décennie".

En même temps, affirment-ils, l'OTAN est confrontée à des "défis sécuritaires croissants de la part de la Chine", dont les activités économiques et les technologies peuvent avoir "un impact sur la défense collective et la préparation militaire dans la zone de responsabilité du commandant suprême des alliés en Europe" (qui est toujours un général américain nommé par le président des États-Unis).

Après avoir tiré la sonnette d'alarme sur ces "menaces" et d'autres, qui viendraient également du Sud, le rapport des dix experts recommande de "cimenter la centralité du lien transatlantique", c'est-à-dire le lien de l'Europe avec les États-Unis dans l'alliance sous commandement américain.

Dans le même temps, il recommande de "renforcer le rôle politique de l'OTAN", en soulignant que "les Alliés doivent renforcer le Conseil de l'Atlantique Nord", le principal organe politique de l'Alliance qui se réunit au niveau des ministres de la défense et des affaires étrangères et au niveau des chefs d'État et de gouvernement. Puisque, selon les règles de l'OTAN, il prend ses décisions non pas à la majorité mais toujours "à l'unanimité et d'un commun accord", c'est-à-dire fondamentalement en accord avec ce qui est décidé à Washington ; renforcer encore le Conseil de l'Atlantique Nord signifie affaiblir encore plus les parlements européens, en particulier le parlement italien, qui sont déjà privés de réels pouvoirs de décision en matière de politique étrangère et militaire.

Dans ce cadre, le rapport propose de renforcer les forces de l'OTAN, en particulier sur le flanc Est, en les dotant de "capacités nucléaires militaires adéquates", adaptées à la situation créée par la fin du traité sur les forces nucléaires intermédiaires (traité déchiré par les États-Unis). En d'autres termes, les dix experts demandent aux États-Unis d'accélérer le déploiement en Europe non seulement des nouvelles bombes nucléaires B61-12, mais aussi des nouveaux missiles nucléaires à moyenne portée similaires aux euro-missiles des années 80.

Ils demandent en particulier de "poursuivre et de revitaliser les accords de partage nucléaire", qui permettent à des pays officiellement non nucléaires, comme l'Italie, de se préparer à l'utilisation d'armes nucléaires sous le commandement des États-Unis. Les dix experts rappellent enfin qu'il est essentiel que tous les alliés maintiennent l'engagement, pris en 2014, d'augmenter leurs dépenses militaires d'ici 2024 d'au moins 2% du PIB, ce qui signifie pour l'Italie de les faire passer de 26 à 36 milliards d'euros par an. C'est le prix à payer pour profiter de ce que le rapport définit comme "les avantages d'être sous l'égide de l'OTAN".

De l'Allemagne à la Turquie : tout le monde est fou de l'Albanie

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De l'Allemagne à la Turquie : tout le monde est fou de l'Albanie

Emanuel Pietrobon

https://it.insideover.com

L'Albanie est la clé de voûte de l'hégémonisation de la péninsule balkanique. Exercer une influence décisive sur cette ancienne nation euro-balkanique revient à hypothéquer le contrôle de ce qu’il est convenu d’appeler la "ceinture des Aigles" – soit le triangle Tirana-Pristina-Skopje -, qui équivaut à un tremplin géographique multidirectionnel, capable de projeter le joueur en service simultanément vers la Grèce, la Bulgarie, la Serbie, la Bosnie et l'Adriatique.

L'Albanie est d'ailleurs une économie florissante et en fort développement, une terre ouverte aux investissements étrangers, mais elle est aussi et surtout en attente d'adhésion à l'Union européenne et à l'Alliance atlantique. L'Allemagne, en raison de son rôle de première puissance européenne et à cause des éléments factuels et géographiques mentionnés ci-dessus, fait un pari important sur l'avenir du cœur territorial de la « ceinture des Aigles ».

Rome se retire, Berlin avance

L'Italie reste le premier marché de référence de l'Albanie en termes d'import-export, mais la position de domination commerciale, résultat de la proximité géographique et du passé historique, s'effrite au fil du temps au profit d'une situation plus variée reflétant l'émergence de nouvelles polarités et de nouveaux équilibres entre les Balkans et l'Adriatique.

Les chiffres sont éloquents : le tandem italo-albanais est en déclin constant depuis 2017, tandis que la présence de la Turquie et de la Chine augmente de façon ininterrompue, sans intervalles, pauses ou ralentissements, depuis 2005. Entre 2018 et 2019, alors que les importations en provenance de Rome ont diminué de 6,3 %, celles en provenance d'Ankara et de Pékin ont augmenté respectivement de 14 % et 11 %. Si la tendance se poursuit et se cristallise, d'ici le milieu des années 20, l'Italie pourrait perdre son titre de premier collaborateur commercial de l'Albanie.

L'Allemagne joue un rôle clé dans ce processus d'érosion : elle est entrée dans le classement des cinq premiers collaborateurs commerciaux de l'Albanie en 2015, occupant la quatrième position, et, depuis lors, elle a montré sa volonté de défendre avec ténacité ce statut de domination ascendante. L'année dernière, ce fut le tournant : l'augmentation exceptionnelle des exportations de produits albanais vers le marché allemand - +12,8% par rapport à 2019 ; la plus forte augmentation jamais enregistrée parmi tous les partenaires commerciaux de Tirana - accélère l'inéluctable ascension de Berlin, qui passe de la quatrième à la troisième place.

Investissements

Outre les échanges commerciaux, l'Allemagne utilise les investissements et la diplomatie culturelle pour accroître son poids sur la scène albanaise. En termes d'importance, Berlin est le onzième investisseur direct dans le système du pays des Aigles, où il est particulièrement présent dans l'énergie, les infrastructures et le tourisme, trois secteurs qui, le 27 janvier, ont fait l'objet d'une série d'accords.

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A la fin du mois, en effet, une réunion bilatérale a eu lieu à Tirana entre l'ambassadeur allemand in loco, Peter Zingraf, et la ministre albanaise de l'énergie et des infrastructures, Belinda Balluku, au cours de laquelle trois documents importants ont été signés dans les domaines de l'énergie - la restauration de la centrale hydroélectrique de Fierza, la plus grande du pays, par des spécialistes allemands -, l'investissement allemand de cinquante millions d'euros sur quatre ans pour promouvoir le développement régional intégré et le tourisme par le renforcement du réseau d'infrastructures - et pour conserver l'environnement - c'est-à-dire le soutien à la "gestion durable des déchets".

A Tirana, on parle allemand (de plus en plus)

Enfin, il y a la culture, un domaine sur lequel l'Allemagne parie beaucoup. Complice du mouvement migratoire de Tirana vers Berlin, à partir de 2018, les universités allemandes reconnaissent officiellement les diplômes du système d'enseignement supérieur albanais et la mobilité des étudiants a été renforcée par des programmes d'échange.

La promotion de la langue allemande : celle-ci est devenue une matière d'enseignement officielle dans six écoles participant à l'initiative "Partenaires pour l'avenir" ; elle est désormais une branche qui suscite un intérêt croissant chez les jeunes Albanais. Cette promotion est liée à la nouvelle donne économique/géopolitique. Pour donner une idée de l'ampleur du phénomène, considérons que le Goethe-Institut de Tirana en 2016 a dû transférer ses activités dans un bâtiment plus grand pour faire face de manière adéquate à une demande en pleine explosion : quatre mille étudiants se sont inscrits à l'époque, soit une augmentation de 22 % par rapport à l'année précédente.

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Il est fondamental de traiter le facteur linguistique avec toute l’attention voulue : en matières géopolitiques, les sphères d'influence sont également préservées par des travaux de conditionnement et de contagion culturelle, et l'intérêt et la fascination d'un peuple pour une langue sont révélateurs de la santé d'un lien entre les nations. La situation actuelle, une fois de plus, devrait inquiéter Rome : alors que des langues telles que l'anglais, l'allemand et le turc gagnent en popularité et en crédit, ces dernières années ont vu les étudiants protester contre l'imposition de l'enseignement obligatoire de l'italien.

L'importance de l'Albanie

L'Albanie est la clé de voûte pour asseoir toute stratégie d'hégémonisation de la péninsule balkanique. Exercer une influence décisive sur cette ancienne nation signifie hypothétiquement prendre le contrôle de la "ceinture des Aigles" – soit le triangle Tirana-Pristina-Skopje -, le tremplin géographique multidirectionnel, capable de projeter le joueur en service simultanément vers la Grèce, la Bulgarie, la Serbie, la Bosnie et l'Adriatique.

Celui qui contrôle la « ceinture des Aigles » décuple la probabilité de pouvoir construire une position hégémonique dans les Balkans qui, à leur tour, étant le talon d'Achille historique de l'Europe, sont fondamentaux pour conditionner la dynamique politique du Vieux Continent. C'est pour cette raison, souvent et volontairement incomprise et/ou négligée dans le monde de l'analyse géopolitique, que les grandes puissances régionales et extra-régionales s'intéressent au sort de Tirana, et de sa sœur Pristina, depuis la fin de la guerre froide, profitant des événements en Yougoslavie et de la perte de pouvoir et d'influence du garant historique qu’était l'Italie.

La Turquie et les États-Unis sont les acteurs qui ont su tirer parti de la dynamique des guerres post-yougoslaves, la première dans le cadre de l'expansion néo-ottomane dans les Balkans et la seconde dans le cadre de l'élargissement de l'Alliance atlantique et de l'endiguement de la Serbie (c'est-à-dire de la Russie), mais la compétition pour le contrôle du cœur géographique de la ceinture des Aigles est l’intention d'une multitude de nouveaux acteurs : la Chine, Israël, l’Iran, les pétromonarchies du Golfe, la France, l’Allemagne, le Vatican.

L'avenir du peuple albanais ne semble pas parler italien, aussi et surtout, à cause de mauvais choix, de négligence et de manque de clairvoyance de la part de la classe dirigeante du Bel Paese ; le fait est, cependant, que négliger de courtiser Tirana, c'est perdre un précieux avant-poste dans l'Adriatique et dans les Balkans occidentaux : Rome est avertie.

lundi, 01 février 2021

Joe Biden et l’avenir du Moyen-Orient

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Joe Biden et l’avenir du Moyen-Orient

Par Daniele Perra

Ex : https://www.lintellettualedissidente.it

Plusieurs médias ont décrit le début de l'ère Biden comme le retour de l'Amérique sur la scène internationale. En réalité, la prétendue discontinuité géopolitique entre les deux administrations (sauf exceptions stratégiques spécifiques) ne semble être qu'une construction journalistique.

Le début de l'ère Biden a été marqué par un certain nombre de mesures de politique étrangère en hypothétique contradiction avec les derniers coups de gueule de l'administration Trump. Ces mesures concernaient en particulier la région du Proche et du Moyen-Orient. Une région sur laquelle s'est construite, au moins au cours des vingt dernières années, la perception globale des États-Unis comme une puissance "impérialiste" ou comme un "exportateur de démocratie et de liberté" qui défend l'"Occident" et ses "valeurs" contre la barbarie orientale.

Le prétendu isolationnisme de l'administration Trump entrecoupait des démonstrations extrêmes de force (l'assassinat du général iranien Qassem Soleimani, le lancement de la "Mère de toutes les bombes" en Afghanistan) avec des actions diplomatiques unilatérales (la sortie de l'accord nucléaire iranien et l'imposition de nouvelles sanctions contre Téhéran et Damas, la reconnaissance de Jérusalem comme capitale de l'État d'Israël et de la souveraineté israélienne sur le Golan occupé),y ajoutant des déclarations à la dérive plus propagandiste que realpolitisch sur le retrait progressif des États-Unis de la région. Ce prétendu isolationnisme a sans doute jeté la confusion dans les médias "occidentaux" qui continuent à construire leur système de communication sur les apparences et sur une étude des sources plutôt pauvre. Depuis 2016, je soutiens que l'administration Trump ne ferait rien d'autre que de montrer le vrai visage de l'Amérique jusqu'alors caché par le voile humanitaire du double mandat démocrate de Barack Obama. Cependant, si précisément les peuples du Proche et du Moyen-Orient ont pu regarder cette réalité en face (l'imposition de sanctions à la Syrie par le Caesar Act, par exemple, a fait plus de morts que le terrorisme), en "Occident", également grâce à une information complice, on a préféré, d'une part, soutenir la thèse isolationniste et, d'autre part, critiquer les aspects aussi grotesques qu'essentiellement inoffensifs de l'administration Trump, qui appartient désormais au passé.

Biden à Bagdad

Maintenant, dans ce contexte, nous n'entrerons pas dans le détail du mouvement des troupes nord-américaines entre la Syrie et l'Irak ou de l'entrée des navires de guerre dans la mer de Chine méridionale. Ces opérations se déroulent dans le silence des médias occidentaux depuis plusieurs années. C'est pourquoi, sur cette base, quelques jours après l'entrée en fonction de la nouvelle administration, il n'est en aucun cas possible de tracer des lignes de discontinuité avec le passé. Il suffit de dire que dans l'instant qui a suivi l'annonce du retrait de Syrie par Donald J. Trump, plusieurs colonnes de véhicules blindés américains sont entrées dans ce pays du Levant via l'Irak pour "sécuriser" les puits de pétrole. En fait, le retrait susmentionné n'a jamais eu lieu et, selon toute probabilité, la nouvelle administration ne fera que renforcer les positions nord-américaines sur la rive orientale de l'Euphrate pour empêcher également toute reconstruction éventuelle du pays par l'exploitation de ses ressources.

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On pensait qu'il y avait une ligne de discontinuité avec l'ère Trump dans la relance du programme d'aide à la Palestine coupé par le précédent locataire de la Maison Blanche. À cet égard, le discours devient, du moins en théorie, plus complexe. Yara Hawari, chercheuse au centre de recherche palestinien Al-Shabaka, a expliqué qu'il est pour le moins optimiste d'espérer un changement de la politique nord-américaine à l'égard de la question israélo-palestinienne. La position extrémiste de l'administration Trump, une fois de plus, ne serait rien d'autre que la position américaine traditionnelle sans les fioritures de l'hypocrisie humanitaire. En fait, les deux principaux camps politiques nord-américains n'ont jamais manqué d'apporter un soutien inconditionnel à Israël. Joe Biden lui-même, en son temps, a eu l'occasion de souligner que l'aide américaine à Israël était le meilleur investissement pour la politique étrangère de Washington et que s'il n'y avait pas d'État juif, les États-Unis auraient dû en créer un pour garantir leurs propres intérêts dans la région. Le vice-président Kamala Harris et le nouveau secrétaire d'État, le "faucon" Antony Blinken, sont plus ou moins du même avis. Ce dernier, déjà partisan convaincu de l'agression contre la Syrie sous l'ère Obama, a également garanti que l'administration Biden suivrait les traces de ses prédécesseurs, tant en ce qui concerne la volonté de maintenir l'ambassade américaine à Jérusalem (un autre choix imaginé même sous l'ère Clinton et concrétisé par Trump) que les accords dits "Abrahamiques". Ceux-ci sont en effet fondamentaux pour la stratégie géopolitique américaine de construction de blocs d'interposition entre l'Est (Russie, Iran et Chine notamment) et l'Europe, qui comprend également l'Initiative des trois mers dans la partie orientale du Vieux continent.

Par conséquent, le "retour aux affaires" entre Washington et les institutions palestiniennes (entre autres choses largement corrompues et corruptibles lorsqu'elles ne sont pas directement otages des monarchies du Golfe) ne peut être considéré comme essentiellement positif. Si, d'une part, elle peut apporter un soulagement à au moins une minorité de la population palestinienne, d'autre part, elle continuera à fonctionner sur le mode de l'échange entre l'argent et de nouvelles concessions politiques unilatérales visant toujours à favoriser les revendications sionistes au détriment des revendications palestiniennes. Un discours similaire peut facilement être appliqué à l'accord nucléaire avec l'Iran. Les théoriciens des relations internationales comme le "réaliste" John Mearsheimer ont réitéré la nécessité pour les États-Unis de tenter un hypothétique retour à l'accord ou, du moins, une nouvelle approche de Téhéran. Il va sans dire que, dans ce cas également, les concessions économiques garanties à l'Iran par l'accord ont été étudiées à la fois pour empêcher le développement de la capacité de dissuasion nucléaire et antimissile de Téhéran, et pour garantir une pénétration occidentale dans le pays qui aurait pu permettre (au moins, à long terme) une déconstruction depuis l'intérieur de la République islamique. Il n'est pas surprenant que, déjà avant la signature de cet accord, un centre de recherche stratégique israélien ait produit un plan de déstabilisation interne de l'Iran, exploitant les minorités ethniques et religieuses : en d'autres termes, une sorte de plan Yinon appliqué à la République islamique, avec le titre emblématique "Comment faire mal à l'Iran sans frappes aériennes".

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Les renseignements selon Joe Biden

Maintenant, outre le fait que les termes de l'accord n'ont déjà pas été respectés dans les dernières périodes de l'administration Obama, il sera important de comprendre comment Joseph Biden peut tenter un rapprochement avec l'Iran. Pour la stratégie américaine, cela serait fondamental en premier lieu pour pouvoir se concentrer sur les principaux ennemis : la Russie (l'accélération soudaine du cirque d'information atlantiste sur l'affaire Navalny est en ce sens emblématique) et la Chine avec ses projets de coopération eurasienne qui doivent être constamment sabotés. Et, deuxièmement, garantir une plus grande concentration des forces de renseignement également sur la dynamique interne aux Etats-Unis mêmes, dynamique devenue plutôt turbulente. Cette tentative de rapprochement ne peut donc être que progressive. Toutefois, un signe important dans ce sens a déjà été lancé avec la réduction partielle du régime de sanctions imposé dans les derniers jours de la présidence Trump aux forces yéménites d'Ansarullah (proches de Téhéran) et avec la promesse d'interrompre le soutien logistique à l'agression saoudienne contre le Yémen lui-même et de réduire la vente d'armes aux monarchies du Golfe (un autre héritage des précédentes administrations Obama et Trump). Il faut dire qu'il est difficile (et à juste titre) pour l'Iran, quelle que soit la pression exercée, d'accepter sans garanties réelles de suppression complète du régime de sanctions à son encontre un accord avec un homologue qui s'est avéré largement peu fiable. Par conséquent, il ne serait pas du tout surprenant que des opérations de guerre hybride contre la République islamique soient également menées de manière constante par la nouvelle administration, bien que de manière moins ouverte et moins ouvertement propagandiste que dans le cas de Trump.

Face à une situation intérieure plutôt instable, de nombreux théoriciens et stratèges nord-américains ont souligné la nécessité d'une reconstruction interne à travers le seul ciment idéologique de la société américaine : l'idée exceptionnaliste de "destin manifeste", de supériorité morale par rapport aux autres nations du globe. Cependant, pour raviver ce sentiment, il faut un ennemi (ou la création d'un ennemi). Cet ennemi est et reste (comme pour l'administration Trump) la Chine : la seule puissance réellement capable de représenter une menace et une alternative au système mondial décadent de l'Amérique du Nord. En fait, même parmi les démocrates, le parti de ceux qui ont commencé à considérer la Russie comme un "allié" stratégique potentiel dans une perspective anti-chinoise se développe, si Poutine et son entourage devaient quitter la scène à court terme, laissant la place à une "cinquième colonne" occidentale assez importante composée d'oligarques et de politiciens de diverses orientations libérales (une solution qui reste peu probable à court terme).

Ne pouvant cependant pas se permettre un affrontement militaire direct avec la Chine, il reste à comprendre quelle solution sera adoptée pour contenir et éviter la projection géopolitique de cette dernière. L'une des caractéristiques fondamentales du projet d'infrastructure de la nouvelle route de la soie est le corridor sino-pakistanais. Les relations entre les États-Unis et le Pakistan se sont rapidement détériorées ces dernières années, également en raison d'un engagement américain notable dans le renforcement technologique et militaire de l'Inde, déjà considérée à l'époque d'Obama comme un "partenaire majeur en matière de défense". Joseph Biden, alors qu'en 2007 il était encore candidat aux primaires du parti démocrate, a déclaré que le Pakistan est l'État le plus dangereux du monde. Toujours à la lumière de la tentative de détente avec l'Iran, il ne serait pas du tout surprenant qu'une guerre sur commande soit préparée précisément dans une région qui reste la jonction cruciale entre les axes Nord-Sud et Ouest-Est du continent eurasiatique.

Le Grand Jeu en Méditerranée orientale

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Giusepppe Gagliano:

Le Grand Jeu en Méditerranée orientale

Ex : https://moderndiplomacy.eu

Comme nous l'avons souligné à plusieurs reprises, la découverte de grands gisements de gaz au large des côtes d'Israël, de Chypre, d'Égypte et du Liban, a fait que la Méditerranée orientale joue désormais un rôle beaucoup plus important dans la géopolitique de l'énergie. Dans les eaux de l’offshore profond, elle n'est rentable qu'à long terme et présente des défis techniques et économiques importants. De plus, le pouvoir politique qui régit cette zone de la Méditerranée orientale repose sur trois autorités avec lesquelles il est nécessaire de traiter, dont les intérêts économiques peuvent diverger dans le temps. Cette réalité pèse sur les perspectives d'avenir de cette zone, du moins jusqu'à ce que la dimension politique soit résolue de manière sûre.

D'importants gisements de gaz naturel ont été découverts dans les ZEE de l'Égypte, d'Israël et de Chypre. Les ZEE plus petites de la Syrie et du Liban doivent encore être explorées ou confirmées. Ces découvertes en Méditerranée orientale seraient constituées de réserves potentielles de l'ordre de 3,5 milliards de mètres cubes de gaz, dont la moitié environ sont des réserves prouvées équivalentes à celles encore disponibles pour la Norvège après trente ans d'approvisionnement par l'Union européenne. En particulier, presque à la même distance des côtes de leur pays, se trouvent les trois gisements de Zohr (Egypte), Leviathan (Israël) et Aphrodite (Chypre) avec respectivement des réserves prouvées de 850, 450 et 140, pour un total de 1.440 milliards. de mètres cubes. Les dirigeants de ces trois pays se sont réunis pour envisager une solution commune afin de commercialiser ce gaz pour l'exportation. Il a été question de la construction d'un gazoduc sous-marin vers la Grèce et l'Italie, qui serait un concurrent direct du gaz azerbaïdjanais qui traverse la Turquie.

Dans le même temps, les gouvernements de Turquie et de Libye ont délimité les frontières de leurs ZEE, envahissant les ZEE des pays cités ci-dessus, créant ainsi des sources supplémentaires d'incertitude et de complications juridiques. Enfin, la démonstration de force de la Turquie en envoyant des navires sismiques en préparation des opérations d'exploration dans la ZEE grecque n'a fait qu'ajouter à un climat géopolitique déjà tendu. Tous ces facteurs d'incertitude et de conflits potentiels ne sont pas propices au développement de la production de gaz dans cette zone de la Méditerranée orientale. Cette situation n'empêche pas l'Égypte et Israël de produire, de consommer et d'exporter du gaz provenant de gisements proches de leurs côtes, dont la propriété n'est pas remise en question.

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Nous en venons maintenant à la Turquie. Il faut souligner qu'il existe un malentendu géographique : la grande découverte annoncée le 21 août 2020 par le président Erdogan ne se situe pas en Méditerranée, mais en mer Noire. Il s'agit du champ de Sakarya, situé à environ 170 kilomètres au nord de la côte turque. Il a une profondeur d'eau de 2 110 mètres et une profondeur totale de 4 775 mètres. Selon les informations publiques, il a été découvert en forant un seul puits, le Tuna-1, réalisé par le navire d'exploration Fatih ("le conquérant", en turc). Les réserves, initialement annoncées à 800 milliards de mètres cubes, ont été réévaluées par l'opérateur TPAO (Turkish Petroleum Corporation) à 320 puis à 405 milliards de mètres cubes le 17 octobre 2020. Un second forage de Turkali 1 est prévu en novembre. Un deuxième navire d'exploration, le Kanuni ("le législateur" en turc) est sur le point d'atteindre la mer Noire.

Le Sakarya a l'avantage d'être proche du marché turc. S'il est produit, son gaz approvisionnera le marché turc, renforcera la sécurité d'approvisionnement du pays et améliorera sa balance commerciale.

Cependant, la mise en production de Sakarya en 2023 est un objectif qui ne tient pas compte du calendrier de l'industrie gazière. Cette constatation devra être confirmée avant de passer à la conception et à la construction des installations de la phase de production du projet.

N'oublions pas que les ambitions de la Turquie sont multidimensionnelles et à multiples facettes. Elles ont un impact direct sur l'Europe, de l'Atlantique au Caucase en passant par la Méditerranée et le Moyen-Orient. Il est évident que les dimensions géopolitiques et religieuses priment sur les autres et il n'est pas clair si elles ont leur propre dimension stratégique ou si elles sont simplement tactiques. Cela dit, les ambitions énergétiques sont très légitimes pour tout pays, surtout lorsqu'il s'agit de la sécurité de l'approvisionnement en gaz.

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L'approvisionnement en gaz de la Turquie se situe entre 45 et 50 milliards de mètres cubes par an ; il est bien diversifié. Le gaz arrive à l'ouest par le Turk Stream, qui remplacera progressivement l'itinéraire historique à travers l'Ukraine, la Roumanie et la Bulgarie, au nord par le Blue Stream à travers la mer Noire à une profondeur de 2 000 mètres, à l'est par la frontière avec l'Iran et au nord-est par la frontière avec la Géorgie pour le gaz azerbaïdjanais. En outre, deux terminaux GNL terrestres (Izmir Aliaga, Marmara Ereglesi) et deux terminaux GNL flottants (Etki et Dörtyol) ont une capacité de réception totale d'environ 25 milliards de mètres cubes, dont la moitié seulement est utilisée, ce qui laisse une grande flexibilité ; ils reçoivent du gaz naturel liquéfié (GNL) d'Algérie, du Nigeria, du Qatar et d'autres sources, en dernier lieu du gaz de schiste des États-Unis.

Quant au TANAP (Trans Anatolian Pipeline) récemment mis en service, 6 milliards de mètres cubes par an de gaz azerbaïdjanais transiteront dans une première phase vers la Grèce, ce qui représente un peu plus de 1% des besoins de l'Union européenne. C'est ce qui reste du projet "Corridor Sud", autrefois étudié sous le nom de "Nabucco", promu par l'Union européenne pour réduire l'influence russe dans l'approvisionnement en gaz.

En bref, ces découvertes de grands gisements de gaz naturel ont déterminé un conflit évident, exacerbant les problèmes géopolitiques déjà existants dans une région qui n'est certainement pas simple d'un point de vue géopolitique.

Nous pensons au fait qu'Israël est en guerre avec le Liban et que les deux pays ne s'accordent pas sur le tracé de leurs zones économiques exclusives (ZEE) respectives ; la Syrie est en ruine, le conflit israélo-palestinien se poursuit et la question d'une éventuelle ZEE pour Gaza demeure ; la Turquie occupe toujours la partie nord de Chypre, refuse à l'île le droit d'avoir une ZEE et remet en cause le traité de Lausanne qui a établi, en 1923, les frontières gréco-turques et enfin, la Libye est déstabilisée et en guerre civile, avec des interventions étrangères qui compliquent encore la stabilité de la région.

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Ces découvertes modifient considérablement le destin énergétique des Etats riverains du bassin du Levant. Israël devient une puissance exportatrice de gaz naturel, l'Égypte répond dans un premier temps à ses besoins et envisage de devenir un pôle énergétique régional, Chypre s'appuie sur ses ressources naturelles pour réaliser la réunification de l'île. De même, le Liban et la Syrie pourraient envisager d'exploiter leurs ressources respectives ; le Liban a accordé les premières licences de recherche/exploitation et la Syrie a fait de même au profit, sans surprise, des entreprises russes. Et une fois de plus, la Turquie joue un rôle décisif dans ce jeu.

Mais pour revenir à la Turquie, l'occupation de la partie nord de Chypre (depuis 1974) est l'une des composantes de la question. La nouveauté vient de la réaction de la Turquie face à la possibilité pour Chypre d'exploiter les ressources naturelles situées dans sa ZEE. Rappelons que Chypre a délimité sa ZEE avec l'Égypte et Israël, a signé un traité avec le Liban et était en pourparlers avec la Syrie (avant le conflit) sur la base de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer (1982). L'île a ensuite accordé des accords de recherche/exploitation à diverses entreprises. La société américaine Noble Energy, le consortium italo-coréen ENI-Kogas, le français Total, seul ou en joint-venture avec ENI, et l'américain ExxonMobil allié de Qatar Petroleum ont obtenu les licences.

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La Turquie, pour sa part, affirme que Chypre, comme toutes les îles de la Méditerranée, n'a pas de ZEE. Ankara, qui ne reconnaît pas la Convention des Nations unies sur le droit de la mer, a une position arbitraire sur le sujet, une position qui lui est propre : elle estime que les îles n'ont pas de ZEE dans les mers fermées ou semi-fermées. .

Malgré les menaces turques à l'encontre des compagnies pétrolières travaillant avec Chypre, de nombreux forages exploratoires ont été réalisés dans la ZEE du pays et d'importantes découvertes de gaz naturel en quantités exploitables ont été faites : Noble Energy (découverte d'un champ contenant 100 à 170 milliards de mètres cubes de gaz naturel dans le bloc 12), ExxonMobil avec Qatar Petroleum (de 170 à 230 milliards de mètres cubes dans le bloc 10) et ENI avec Total (grand champ non encore quantifié dans le bloc 6).

Face à ces constats, la Turquie est devenue encore plus agressive, envoyant des navires d'exploration et de forage dans les eaux chypriotes, accompagnés de navires de guerre. La Turquie a effectué huit sondages illégaux dans la ZEE de Chypre. Appliquer la tactique d'encerclement à Chypre en maintenant constamment la pression sur cet Etat insulaire, avec, en fin de compte, le contrôle total de l'île. Sa dernière provocation, outre l'invasion quasi constante de sa ZEE, a été l'ouverture à l'exploitation et enfin la colonisation, le 8 octobre, du quartier fermé de Famagouste, ville portuaire vidée de sa population en 1974 et laissée auparavant pour une ville fantôme.

Parallèlement à la menace qui pèse sur Chypre, une menace croissante pèse sur la Grèce. Depuis le 10 août 2020, la Turquie a déployé son navire sismique Oruç Reis, accompagné de forces militaires navales, dans l'espace maritime grec, jusqu'aux côtes de Crète, obligeant la Grèce à faire de même. La Grèce, la France, l'Italie et Chypre ont mené un exercice militaire conjoint en Méditerranée orientale du 26 au 28 août, envoyant ainsi un message clair sur la volonté de ces pays de faire respecter le droit international.

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Selon une déclaration du ministère français des forces armées, "Chypre, la Grèce, la France et l'Italie ont décidé de déployer une présence commune en Méditerranée orientale dans le cadre de l'initiative de coopération quadripartite". La ministre française des forces armées, Florence Parly, a en outre précisé que la Méditerranée "ne doit pas être un terrain de jeu pour les ambitions de certains, c'est un bien commun".

Le président turc a précisé de sa part : "Nous ne ferons absolument aucune concession sur ce qui nous appartient. Nous invitons nos homologues à [...] se méfier de toute erreur qui pourrait ouvrir la voie à leur perte. Il a ensuite ajouté : "La Turquie prendra ce qui lui revient de droit dans la mer Noire, la mer Égée et la Méditerranée [...]. Pour cela, nous sommes déterminés à faire tout ce qui est nécessaire politiquement, économiquement et militairement". Le discours a été prononcé lors d'une cérémonie commémorant la bataille de Manzikert en 1071, qui marque l'entrée des Turcs en Anatolie, suite à la victoire du sultan seldjoukide Alp Arslan sur les Byzantins. Les marines des deux pays sont sur le point de s'affronter. Août : un navire grec entre en collision avec un navire turc.

A la situation déjà compliquée, la Turquie a ajouté un nouvel élément lié au conflit libyen. Depuis la chute du colonel Kadhafi, la Libye est entrée dans une zone d'instabilité dans laquelle de nombreux acteurs aux intérêts divergents se sont immergés. L'Egypte, soutenue par les Emirats et l'Arabie Saoudite, soutient le maréchal Haftar, qui contrôle la Cyrénaïque. La Russie est également présente dans cette région. Au contraire, la Turquie, soutenue par le Qatar, soutient le gouvernement de Sarraj, qui contrôle la région de Tripoli. Profitant de ce soutien, la Turquie a signé deux accords (le 27 novembre 2019) avec le maître de Tripoli. L'un militaire, l'autre maritime. L'accord de délimitation du plateau continental maritime entre les deux pays ignore complètement l'existence de Chypre, de la Crète et d'autres îles grecques de la mer Égée. De plus, la volonté d'Erdogan de prendre pied sur le continent africain et de changer la situation géopolitique dans cette région bouleverse de nombreux autres acteurs internationaux. La Libye est pour la Turquie, une des "entrées" de cet espace, d'où son désir d'établir des bases permanentes dans ce pays.

Cette situation géopolitique explosive montre la nécessité de développer la coopération dans cette région troublée. La coopération entre Chypre, la Grèce et Israël a rapidement pris forme. D'autres ont suivi, impliquant l'Égypte et la Jordanie, toujours avec la participation de Chypre et de la Grèce. L'Italie et la France sont également très présentes pour l'implication de l'ENI et de Total, mais aussi pour protéger cet espace vital commun qu'est la Méditerranée.

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La signature, début janvier 2020, d'un accord interétatique entre Israël, Chypre et la Grèce, pour la construction du pipeline sous-marin EastMed, est l'un des projets ambitieux de cette coopération. D'un coût d'environ 7 milliards d'euros, ce gazoduc permettrait d'acheminer le gaz chypriote et israélien vers la Grèce continentale, via la Crète, et au-delà vers l'Italie et l'Europe occidentale (entre 9 et 11 milliards de mètres cubes/an, ce qui correspond à environ 15 % de la consommation européenne de gaz naturel). Bien que ce projet soit coûteux sur le plan économique, il est de la plus haute importance sur le plan géopolitique pour la construction de l'indépendance énergétique de l'Europe. Il convient également de noter qu'en janvier 2019, les pays de la région ont créé le Forum du gaz de la Méditerranée orientale, qui vise à gérer le futur marché du gaz - une coalition qui comprend Chypre, la Grèce, Israël, l'Égypte, l'Italie, la Jordanie et la Palestine. La Turquie dénonce le fait que cela pourrait menacer ses intérêts. Toutefois, trois autres développements positifs sont intervenus au cours de l'été 2020 : La Grèce a procédé à la délimitation de sa ZEE avec l'Italie et l'Égypte et cette délimitation, basée sur la Convention des Nations unies sur le droit de la mer, reconnaît évidemment une ZEE pour les îles.

Enfin, le Conseil européen réaffirme dans ses conclusions du 2 octobre 2020 sa solidarité avec Chypre et la Grèce, en précisant que des sanctions seraient adoptées contre la Turquie si cette dernière continuait à violer les ZEE des deux pays membres de l'UE ; Ankara a immédiatement rejeté cette décision, déclarant que son programme de recherche en Méditerranée orientale se poursuivrait. D'autant plus que l'Oruç Reis est toujours dans les eaux chypriotes et que la Turquie a décidé d'ouvrir le district fermé de Famagouste à l'exploitation, certainement dans le but d'une colonisation imminente, et ce en violation de toutes les résolutions des organisations internationales. Non seulement la pression continue de la Turquie sur Chypre s'intensifie dangereusement, mais la Turquie s'engage dans une projection politique lucide de la puissance maritime.

dimanche, 31 janvier 2021

Retour à la réalité territoriale

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Retour à la réalité territoriale

par Georges FELTIN-TRACOL

Ex: http://www.europemaxima.org

Le 1er janvier 2021 est née une nouvelle collectivité territoriale à statut particulier en France métropolitaine. Après la séparation de la Métropole de Lyon du département du Rhône redevenu rural en 2015 et la formation d’une Collectivité de Corse qui rassemble les compétences régionales et départementales de l’Île de Beauté en 2018, voici la Collectivité européenne d’Alsace (CEA).

La CEA résulte de la fusion des conseils départementaux du Bas-Rhin et du Haut-Rhin. Les cartes administratives continueront cependant à indiquer ces deux départements. Une nouvelle institution, le Conseil d’Alsace, les dirige. Il dispose des prérogatives départementales habituelles (actions sociale et sanitaire, logement et habitat, collèges, etc.) ainsi que de quelques capacités supplémentaires comme par exemple le bilinguisme, le tourisme, la voirie ou la coopération transfrontalière.

La réduction du nombre de régions en 2014 ordonnée par François Hollande suscite non pas de substantielles économies financières, mais plutôt un net regain de l’affirmation alsacienne. Bien des Alsaciens n’acceptent toujours pas la disparition de leur région amalgamée aux régions Lorraine et Champagne – Ardennes dans un grand ensemble au nom ridicule de « Grand Est ». Longtemps réticents à toute union du « 67 » et du « 68 », les élus locaux s’entendent finalement sur une unification. Avec la CEA renaît donc une structure administrative alsacienne garante de son appartenance géo-historique à la vallée du Rhin, de sa culture régionale, de son droit local et de son système concordataire de 1801. Certes, la nouvelle collectivité va devoir se faire respecter d’un État parisien toujours plus tatillon, d’une grande région jalouse de ses pouvoirs, et des intercommunalités, dont l’Eurométropole de Strasbourg, en quête de nouvelles dispositions réglementaires.

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Lyon la métropolitaine, l’Alsace et la Corse appartiennent dorénavant aux « collectivités territoriales uniques » qui intègrent les assemblées départementales et régionales. On retrouve ces collectivités territoriales originales en Outre-mer. Dès 2007, au large du Canada, Saint-Pierre-et-Miquelon devient une collectivité spécifique avec un conseil territorial unique. En 2011, le nouveau département de Mayotte reçoit du fait de son insularité toutes les compétences régionales. En 2016, la Guyane et la Martinique accèdent à leur tour à ce statut différencié. En revanche, la Guadeloupe dans les Antilles et La Réunion dans l’océan Indien gardent pour l’instant leur qualité de « région monodépartementale », soit un chevauchement souvent ubuesque sur le même espace du conseil départemental et du conseil régional. Signalons que les possessions françaises en Océanie (Nouvelle-Calédonie, Polynésie, Wallis-et-Futuna) n’entrent pas cette catégorie.

Par-delà ces quelques exemples édifiants d’un mille-feuille administratif sans cesse renaissant, force est de constater l’apathie publique envers les enjeux de la décentralisation et de l’aménagement du territoire. Faut-il garder la structure commune – département – région ? Avant les nombreux regroupements pas toujours réussis, la commune perpétuait le pagus (le pays) gallo-romain. Les départements réagissent à ces évolutions territoriales en nouant des partenariats. Depuis une vingtaine d’années, Savoie et Haute-Savoie coopèrent sur de nombreux dossiers. La Drôme et l’Ardèche ont tissé des liens au-dessus du Rhône qui les sépare. La Loire et la Haute-Loire mutualisent leurs équipements routiers. La géographie de la France, plus vaste État de l’Union européenne, invite cependant au pragmatisme. En 1946, Michel Debré proposait au général de Gaulle une réduction du nombre de départements en les redessinant. Il importe aujourd’hui de réunir quand c’est possible les communes, de conserver le département et de maintenir la région. Au « diviser pour mieux régner » pratiqué par les différents régimes centralisateurs, les communes, les départements et les régions peuvent parfaitement se compléter dans un nouvel agencement territorial et administratif cohérent. La commune gère la vie courante; le département se charge de l’instruction et des affaires sociales; la région s’occupe des transports et de l’économie. Le Mouvement Normand réclame cette nouvelle répartition des pouvoirs entre les collectivités territoriales depuis près de… trente ans !

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Menacée d’étouffement économique et démographique par la « ville – monde » Paris et une Île-de-France elle-même bien déséquilibrée sur les plans social et démographique, les pays de France peuvent renouer avec les mille et une facettes de leur quotidien bigarré. Malgré l’urbanisation des campagnes, l’américanisation des mentalités et la fin de l’esprit paysan, la France demeure encore cette subtile et délicate marqueterie de langues, de terroirs, de gueules et d’accents.

Georges Feltin-Tracol

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 199, mise en ligne sur TVLibertés, le 26 janvier 2021.

Un bref guide pour comprendre les antécédents de la Quatrième Théorie Politique

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Un bref guide pour comprendre les antécédents de la Quatrième Théorie Politique

Ex : https://novaresistencia.org

Pour comprendre le panorama dans lequel s’inscrit la Quatrième Théorie Politique (QTP), il est fondamental d'approfondir ses connaissances dans l’histoire des mouvements et des personnages qui ont contribué à sa construction. Le résumé qui suit ici sert de guide de lecture pour connaître les antécédents de la Quatrième Théorie Politique, ainsi que ses exposants, bien que la QTP représente une aspiration à surmonter les aspects totalitaires de certaines théories et personnages que nous mentionnons.

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  1. Pierre-Joseph Proudhon et Louis-Auguste Blanqui avec leur socialisme non marxiste.
  2. Le syndicalisme révolutionnaire de Filippo Corridoni et Georges Sorel.
  3. Le Cercle Proudhon de Georges Valois et Édouard Berth.
  4. Les "non-conformistes" français des années 1930 : Thierry Maulnier, Emmanuel Mounier et Jean-Pierre Maxence entre autres.
  5. Ramiro Ledesma Ramos et le syndicalisme national des JONS.
  6. Les mouvements et auteurs national-révolutionnaires des années 50 et 60 en France : le nationalisme révolutionnaire de François Duprat, la Jeune Nation de Pierre Sidos et Dominique Venner, l'Occident, l'Ordre Noveau, le Groupe Union Défense (et un énorme « etc ».).
  7. Le national-socialisme de gauche d'Otto Strasser et du Front noir, et les autres courants national-révolutionnaires allemands insérés dans la révolution conservatrice, où se distinguèrent Ernst Jünger, Karl-Otto Paetel et Franz Felix Pfeffer von Salomon, entre autres.
  8. Le socialisme prussien d'Oswald Spengler.
  9. Le solidarisme français.
  10. Tout ce qui concerne la lutte écologiste et la protection de la faune et de la flore.

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  11. Les Jungkonservativen, groupes allemands insérés dans la révolution conservatrice, dont les principaux représentants sont Edgar Julius Jung, Arthur Moeller van den Bruck et Heinrich von Gleichen.
  12. Le mouvement allemand völkisch (folciste), inséré dans la révolution conservatrice allemande, avec les doctrines d'Otto Böckel et des "radicaux de Hesse", et la vision naturaliste de Karl Fischer et du Wandervogel.
  13. Benito Mussolini et le socialisme italien du début des années 20 et la République sociale italienne des années 40.
  14. Le socialisme révolutionnaire italien de Nicola Bombacci.
  15. José Antonio Primo de Rivera, inséré dans les courants du national-syndicalisme, et les factions fidèles à Manuel Hedilla, on entend ainsi les phalangistes qui se sont opposés au franquisme.

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  16. Le socialisme révolutionnaire de la gauche nationale argentine, le justicialisme de Juan Domingo Perón et les idées de l’"Extrême-Occident" d'Alberto Buela.
  17. Le socialisme panarabe, tant dans les courants nasséristes de Gamal Abdel Nasser, que dans le parti Ba'at syrien de Michel Aflaq et ses développements ultérieurs (dont Mouammar Kadhafi et son "Livre vert").
  18. Réinterprétations des luttes populaires hispano-américaines, notamment la lutte de libération nationale au Nicaragua d'Augusto César Sandino, Agustín Farabundo Martí au Salvador, et des figures de la révolution mexicaine comme Emiliano Zapata et Pancho Villa. Ces réinterprétations vont dans le sens de la lutte contre l'impérialisme, et des causes de l'identité culturelle et de l'autodétermination sociopolitique des peuples.
  19. Réinterprétations des luttes nationales des peuples européens non reconnus comme des États, dans la perspective du socialisme identitaire et non du marxisme-léninisme : l'ancienne Armée républicaine irlandaise et la Première République irlandaise. Catalans, Bretons, Basques, Galiciens, Corses, Flamands, etc., vus sous l'angle du noyau dur de l'identité européenne qui résiste au mondialisme, entrent dans cette réinterprétation controversée et taboue.
  20. Les différents mouvements de la révolution conservatrice russe, avec des représentants tels que Fiodor Dostoievski, Nikolai Strakhov, Nikolai Danilevski et Konstantin Leontiev parmi beaucoup d'autres (qui sont des précurseurs de la pensée d'Oswald Spengler, soit dit en passant). Alexandre Soljenitsyne pourrait être considéré comme un exposant ultérieur de ces expressions russes de facture conervatrice-révolutionnaire.
  21. Les courants nationaux-bolcheviques au sein de la révolution conservatrice allemande d'Ernst Niekisch, des groupes tels que l'Aufbruch Arbeitskreis, des personnages comme Fritz Wolffheim et Heinrich Lauffenberg, ainsi que des manifestations plus contemporaines comme l'Organisation Lutte du Peuple d'Yves Bataille et son "nazi-maoïsme", et des auteurs russes actuels comme Alexandre Douguine.
  22. La gauche nationale espagnole, avec des groupes tels que l'Alternativa Europea, le Frente Sindicalista Revolucionaria et l'actuel mouvement social républicain. Il est important de se souvenir d'auteurs tels que Santiago Montero Díaz et Narciso Perales.
  23. Quelques éléments sociaux et doctrinaux de la troisième position/droite sociale italienne actuelle. Le phénomène des "maisons sociales" italiennes en tant que centres de culture et de préparation politique pour les jeunes, telles que LAB99, Fronte Soziale Nazionale, CasaPound, Azione Sociale, Forza Nuova, Area19 entre autres.
  24. Les expériences actuelles du mouvement identitaire français telles que Zentropa, Les Apaches et Génération Identitaire, pour donner quelques exemples.
  25. L'eurasianisme, la quatrième théorie politique et la théorie douguinienne de Noomaquia.

Adapté par Andrés Cérön

Les conséquences psychologiques de la crise : Pierre Le Vigan

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Les conséquences psychologiques de la crise : Pierre Le Vigan

Pierre Le Vigan, auteur prolifique, essayiste, urbaniste et spécialiste de l'Histoire des idées philosophiques était notre invité pour ce nouvel entretien. Nous y abordons les conséquences psychologiques du couvre-feu, des confinement et du port du masque. Les dépressions étudiantes, également.
 
Ses derniers livres :
1/ Le Grand Empêchement, éditions perspectives libres : https://cerclearistote.com/2019/11/pa...
2/ Avez-vous compris les philosophes ? III : https://www.bookelis.com/documents/44...
 
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De fratsen van Trump en de hysterie die ze veroorzaken

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De fratsen van Trump en de hysterie die ze veroorzaken
 
Francis Van den Eynde
Ex: Nieuwsbrief Knooppunt Delta, nr. 155, januari 2021
 
Dat Trump zichzelf in de laatste weken van zijn mandaat overtroffen heeft, hoeft, denk ik, geen betoog. Wie dacht dat hij met zijn “bijzonder merkwaardige” benadering van het covid-probleem al een Olympisch goud had gehaald in het rijden van een brokkenparcours, zal nu wel tot de conclusie zijn gekomen dat hij er ondertussen in geslaagd is het toen gehaalde eigen record te breken. Niemand zou het hem kwalijk genomen hebben indien hij na 3 november de overwinning van Biden had erkend, maar tegelijkertijd had beklemtoond dat dit niet betekende dat hij die verkiezingen had verloren, vermits hij meer stemmen dan de vorige keer had gehaald en dit ondanks de hetze die de meeste media jarenlang tegen zijn beleid hadden gevoerd. De publieke opinie zou dit zeker op prijs hebben gesteld en hij zou zich hiermee ongetwijfeld in een gunstige startpositie voor de volgende stembusslag hebben gemanoeuvreerd. In de plaats daarvan is hij als een slechte verliezer overgekomen door over alle daken te gaan schreeuwen dat er bij de presidentsverkiezingen massaal fraude was gepleegd ten voordele van de Democraten. Iets wat hij met geen enkel bewijs kon staven en wat bovendien, behalve dan bij zijn trouwste en fanatiekste achterban, totaal ongeloofwaardig klonk. Hij ging nog meer in de fout toen hij in een vrij agressieve terminologie een oproep deed om tegen die zogenaamde vervalsing van de uitslagen te betogen. Last but tot not least: hij wachtte bijzonder lang om tussenbeide te komen toen de demonstratie waartoe hij had opgeroepen, in geweld ging ontaarden. En dat voor een zittende president, geef toe “ il faut le faire”…

Het hoge aantal kiezers die ook deze keer voor Trump heeft gestemd en de zeer talrijke betogers die gevolg hebben gegeven aan zijn oproep om hem in Washington komen steunen (sommigen onder hen hadden hier zelfs een zeer verre reis voor over, de vrouw die door de ordediensten dood geschoten werd, kwam uit Sacramento in Californië, een stad op ongeveer 5000 kilometer van het Capitool) tonen voldoende aan dat vele Amerikanen zich helemaal niet kunnen terugvinden in de links liberale ideologie die sinds jaren hun maatschappelijk leven overheerst. Een alerte politieke leider zou hun misnoegdheid en de politieke energie die ze doet ontstaan, kanaliseren rond meer ernstige thema’s dan een ongeloofwaardig verhaal  omtrent  gemanipuleerde verkiezingsuitslagen. Trump heeft zoiets blijkbaar nooit overwogen. Hij hield het bij een reflex van slecht humeur, vergelijkbaar met dat van een verwend nest waarvan het meest geliefde stuk speelgoed werd afgenomen.

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Maar indien het allesbehalve fatsoenlijk is om te betogen tegen een zogenaamde vervalsing van  verkiezingsresultaten, wat dan te denken van mensen die tegen een verkiezingsuitslag demonstreren, niet omdat ze er de legitimiteit van zouden betwisten maar doodgewoon omdat die niet is wat ze verhoopt hadden? Dat is nochtans wat de aanhangers van Hillary Clinton gedaan hebben toen deze laatste bij de verkiezingen van vier jaar geleden voor Trump de duimen had moeten leggen. De slogan“ Not my president” was over gans het land te horen. Ook in Washington op de dag van Trump’s  ambtsaanvaarding  Zou het kunnen dat de Amerikaanse Democraten op 6 januari van dit jaar op een broek getrakteerd werden die uit hetzelfde laken was gesneden? Het oude Vlaamse spreekwoord “ Wie wind zaait, zal storm oogsten” heeft blijkbaar nog niets aan waarde ingeboet.

Het mag trouwens gezegd worden dat de Amerikanen die toen betoogden omdat de uitslag van de verkiezingen hen niet aanstond, hiervoor de mosterd in het oude continent waren komen zoeken, onder meer in Vlaanderen. Op het einde van de jaren 80 en in het begin van de jaren 90 waren  betogingen tegen de uitslag van alle verkiezingen die voor het Vlaams Blok gunstig waren uitgevallen bij ons schering en inslag. Trouwens ook betogingen tegen de installatie van de gemeenteraden waarin voor de eerste keer mandatarissen van die partij zetelden. Dit ging vaak met geweld gepaard. Op de dag dat ondergetekende voor de eerste keer zijn eed in de Gentse gemeenteraad aflegde, werd aan het stadhuis een agent geraakt door een molotovcocktail die door een linkse betoger werd gegooid. Ik heb tot hiertoe geen enkele weldenkende horen beweren dat die demonstraties van toen aanslagen op de democratie waren. Integendeel, er werd – begrijpe wie kan – in naam van de democratie tegen normale en onbetwiste verkiezingsuitslagen geprotesteerd.  En wat de media uit die tijd betreft, zij rapporteerden in het beste geval over de incidenten  maar vonden het niet nodig ze te becommentariëren, laat staan ze te veroordelen.

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Wat een verschil met nu. De kranten staan al dagen vol over wat zich op 6 januari in de Amerikaanse hoofdstad heeft voorgedaan en over de nasleep ervan, televisie en radio op kop! De belangstelling voor wat zich in Washington afspeelt overtreft deze voor de pandemie, ook al veroorzaakt die nog dagelijks tientallen doden. Het is bijna alsof België de 51ste staat van de VS is geworden. Er wordt zelfs flink over een en ander in de Kamer gedebatteerd. Overdrijvingen worden hierbij meestal niet geschuwd . Zo wordt deze zwaar uit de hand gelopen demonstratie steevast een ‘coup’ genoemd. Zij die dit steeds weer herhalen, weten blijkbaar niet hoe het er bij een echte staatsgreep aan toe gaat. Daarvoor is wat meer nodig dan een via de sociale media verspreide oproep om te betogen. Een echte putsch vergt een degelijke organisatie en moet dus op voorhand goed gepland worden. Dan gaan op een afgesproken datum gewapende troepen (militairen of milities) al dan niet gesteund door een volksopstand, strategisch belangrijke plekken en instellingen bezetten – een presidentieel paleis, ministeries, kazernes, luchthavens, radio, TV etc. Dit zorgt ervoor dat het bewind niet meer bij machte is om efficiënt te reageren en dus gemakkelijk kan uitgeschakeld worden. Op televisiebeelden was duidelijk te zien dat de betogers die er In Washington in geslaagd waren het Capitool binnen te dringen, daarna niet wisten wat ze er moesten doen en dan maar doelloos rondliepen.

Men is bovendien ook vergeten dat er zich bij ons ook al vergelijkbare feiten hebben voorgedaan. In 1920  slaagden de toen nog zeer jonge oudstrijders van de Eerste Wereldoorlog die voor een beter pensioen betoogden, erin om door de cordon van de Rijkswacht te breken en het parlement te bezetten. De Gentse professor Grints die hier in de kranten aan herinnerde, vermeldde wel zeer uitdrukkelijk dat het toen in Brussel om een democratische betoging ging in tegenstelling met de poging tot “fascistische coup”  die zich in Washington had voorgedaan (sic). Een interessante suggestie voor een quizvraag “Zoek het verschil”, zou ik zeggen. Hij vergat ook te vermelden dat de aanwezige parlementsleden de benen namen, behalve die van de Vlaams-nationale Frontpartij. Die waren zelf oudstrijders…

Men is blijkbaar ook al vergeten dat de beruchte wallingant José Happart er ooit in geslaagd is om een jonge stier door het parlement te jagen. De man maakte later carrière als bijzonder populair Waals politicus. Hebt u iemand ooit horen beweren dat hij met zijn rund het parlement had ontwijd en de democratie had ondermijnd?

Het ergste is echter dat de Vivaldictatuur de incidenten die zich in de States hebben voorgedaan aangrijpt om een aantal maatregelen te treffen om de controle op de sociale media te verscherpen, om met andere woorden de vrije meningsuiting nog meer aan banden te leggen. Met zijn oproep tot protest tegen de verkiezingsresultaten in Amerika wordt Trump dus ongewild een bondgenoot van De Croo. Wie had dat verwacht?
 
Francis Van den Eynde

vendredi, 29 janvier 2021

Les grands défis et enjeux géostratégiques du monde multipolaire plein d’incertitudes qui vient...

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Les grands défis et enjeux géostratégiques du monde multipolaire plein d’incertitudes qui vient...

Entretien avec Caroline Galactéros

Propos recueillis par Alexandre del Valle

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessous un entretien accordé par Caroline Galactéros à Valeurs Actuelles, consacré aux enjeux et aux défis géostratégiques de l'année 2021 dans le monde complexe et incertain qui nous entoure, que nous avons cueilli sur Geopragma.

Docteur en science politique, Caroline Galactéros est l'auteur de  Manières du monde, manières de guerre (Nuvis, 2013) et de Vers un nouveau Yalta (Sigest, 2019). Elle a créé en 2017, avec Hervé Juvin, entre autres, Geopragma qui veut être un pôle français de géopolitique réaliste.

Les grands défis et enjeux géostratégiques de 2021… et du monde multipolaire plein d’incertitudes qui vient

Alexandre del Valle : La rivalité croissante-économique, technologique et stratégique- entre les deux superpuissances du nouveau monde multipolaire, la Chine et les Etats-Unis, est-elle une tendance lourde, que la crise sanitaire n’a fait que révéler un peu plus ?

Caroline Galactéros : En effet, l’affrontement de tête entre Washington et Pékin, qui structure la nouvelle donne stratégique planétaire, va bon train sur le front commercial, mais aussi sur tous les autres terrains (militaire, sécuritaire, diplomatique, normatif, politique, numérique, spatial, etc…). La planète entière est devenue le terrain de jeu de ce pugilat géant, en gants de boxe ou à fleurets mouchetés : l’Europe bien sûr, l’Eurasie, mais aussi l’Afrique (où Pékin nous taille des croupières), l’Amérique latine, la zone indo-pacifique (bien au-delà de la seule mer de Chine), et naturellement le Moyen-Orient. Le président chinois Xi Jing Ping a d’ailleurs saisi l’occasion de la curée américaine sur Téhéran pour lancer une contre-offensive redoutable et plus puissante qu’un droit de véto, à la manœuvre américaine de « pression maximale » qui ne fait que renforcer les factions dures à Téhéran. La Chine a en effet volé au secours de Téhéran en nouant cet été un accord de partenariat stratégique de 400 milliards de dollars d’aide et d’investissements (infrastructures, télécommunications et transports) assortis de la présence de militaires chinois sur le territoire iranien pour encadrer les projets financés par Pékin, contre une fourniture de pétrole à prix réduit pour les 25 prochaines années et un droit de préemption sur les opportunités liées aux projets pétroliers iraniens. Cet accord, véritable « Game changer », est passé quasi inaperçu en Europe. Ses implications sont pourtant cardinales : s’il est mis en œuvre, toute provocation militaire occidentale orchestrée pour plonger le régime iranien dans une riposte qui lui serait fatale, reviendra à défier directement la Chine… En attaquant Téhéran, Washington attaquera désormais Pékin et son fournisseur de pétrole pour 25 ans à prix doux. Un parapluie atomique d’un nouveau genre… Pékin se paie d’ailleurs aussi le luxe de mener parallèlement des recherches avec Ryad pour l’exploitation d’uranium dans le sous-sol saoudien…. Manifeste intrusion sur les plates-bandes américaines et prolégomène d’un équilibre stratégique renouvelé.

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ADV : Quel est votre regard sur l’outsider chinois depuis la crise sanitaire ? Doit-on combattre l’exemple anti-démocratique chinois qui séduit de plus en plus de pays du monde en voie de polarisation, donc de désoccidentalisation ?

CG : 2020 aura été l’année d’une accélération de la « guerre des capitalismes » qui fait rage désormais entre le capitalisme libéral occidental et son adversaire déclaré, le capitalisme politique chinois. Au grand dam de l’Occident, Pékin est en passe de résoudre la contradiction propre au système capitaliste occidental, qui détruit de l’intérieur la liberté des individus à force de l’exacerber, pour proposer une synthèse efficace et séduisante pour bien des pays, entre nation, développement collectif et prospérité individuelle. C’est du dirigisme, c’est une pratique autoritaire du pouvoir, c’est une restriction manifeste des « droits de l’homme », c’est le contrôle social direct grandissant des populations, oui. Mais c’est aussi la parade du pouvoir de Pékin à la déstabilisation extérieure ou au débordement intérieur par la multitude, c’est une réponse à la nécessité de sortir encore de la pauvreté des centaines de millions de personnes, et c’est le moyen de projeter puissance et influence à l’échelle du monde au bénéfice ultime des dirigeants mais aussi du peuple chinois. Au lieu de crier à la dictature, nous ferions mieux d’observer cette synthèse très attentivement et d’analyser sa force d’attraction. Les modèles de puissance et de résilience collective au mondialisme (tout en l’exploitant à son avantage) ont bougé depuis 30 ans. L’ethnocentrisme occidental et le moralisme dogmatique ne passent plus la rampe et brouillent le regard.

ADV : Sur le terrain des accords de libre-échanges en Asie, peut-on dire que la Chine a rempli le vide provoqué par le relatif désengagement américain sous l’ère Trump ? 

CG : Dans cette guerre « hors limites », et sans même parler ici de l’enjeu cardinal du contrôle – étatique ou via des GAFAM ou BATX (dans la version chinoise) complaisants – des données personnelles de centaines de millions de consommateurs-clients, Pékin vient de prendre magistralement l’avantage sur Washington avec la conclusion, le 15 novembre, du RECP (Regional Comprehensive Economic Partnership) avec quinze pays d’Asie. Cet accord constitue une bascule stratégique colossale et inquiétante dont ni les médias ni les politiques français ne pipent mot. Voilà le plus grand accord de libre-échange du monde (30 % de la population mondiale et 30 % du PIB mondial) conclu entre la Chine et les dix membres de l’ASEAN (Brunei, la Birmanie, le Cambodge, l’Indonésie, le Laos, la Malaisie, les Philippines, Singapour, la Thaïlande et le Vietnam), auxquels s’ajoutent quatre autres puissantes économies de la région : le Japon, la Corée du Sud, la Nouvelle-Zélande et l’Australie. Cette nouvelle zone commerciale gigantesque se superpose en partie au TPP (Trans-Pacific Partnership) conclu en 2018 entre le Mexique, le Chili, le Pérou et sept pays déjà membres du RCEP : l’Australie, la Nouvelle-Zélande, Brunei, le Japon, la Malaisie, Singapour et le Vietnam. Un TPP dont les Etats-Unis s’étaient en effet follement retirés en 2017. Ainsi se révèle et s’impose soudainement une contre manœuvre offensive magistrale de Pékin face à Washington.  Où est l’UE là-dedans ? Nulle part ! Même l’accord commercial conclu en juin 2019 entre l’Union européenne et le Mercosur doit encore être ratifié par ses 27 parlements… Seule la Grande-Bretagne, libérée de l’UE grâce au Brexit, en profitera car elle vient habilement de sa rapprocher du Japon signataire du RCEP et du TPP…

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ADV : Passons à notre voisin continental : les relations Occident – Russie sont-elles irréparablement endommagées ? L’Europe est-elle condamnée à rester une “impuissance volontaire”, prise en tenailles entre Chine, empire américain et Turquie néo-ottomane ?

CG : Rien n’est irréparable mais le temps a passé, la Russie a évolué et compris qu’elle n’était ni désirée ni attendue. Aujourd’hui, Moscou ne croit plus en l’Europe. Quant à la France, elle parle beaucoup mais n’agit pas. Trop de d’espérances, trop d’illusions sans doute, et bien trop de déceptions.  La Russie n’a plus le choix et pivote décisivement vers l’Est et la Chine par dépit et nécessité.

Nous avions pourtant en commun tant de choses, et a minima, la commune crainte d’un engloutissement / dépècement chinois. Comme la Russie, l’Europe est en effet prise entre USA et Chine. Le point de rencontre -et de concurrence- Russo-chinois est l’Asie centrale. Certes, il existe depuis 2015 un accord d’intégration de l’UEE (Union économique eurasiatique) dans les projets des Nouvelles Routes de la Soie conclu entre les présidents Poutine et Xi Jing Ping. Mais c’est un accord très inégal, du fait des masses économiques et financières trop disparates entre Moscou et Pékin qui avance à grands pas avec l’OBOR et au sein de l’OCS (Organisation de Coopération de Shangaï) pour contrôler l’Asie centrale, pré-carré russe, puis se projeter vers l’UE. Moscou sait combien l’étreinte chinoise peut se transformer en un « baiser de la mort » si l’UE et la Russie ne se rapprochent pas autour d’enjeux économiques industriels et sécuritaires notamment. La Russie est en conséquence, n’en déplaise à tous ceux qui la voient encore comme une pure menace, l’alliée naturelle de l’UE dans cette résistance qui ne se fera ni par le conflit, ni par l’intégration stricte, mais par la coopération multilatérale et multisectorielle. C’est une évidence géopolitique, et il suffit de lire les stratèges anglo-saxons pour comprendre le piège dans lequel nous nous sommes laissés enfermés à notre corps consentant depuis bien trop longtemps. L’Europe est une courtisane sans grande ambition. Servile, soumise, paresseuse, ignorante de ses intérêts profonds qui auraient dû la porter à considérer la Russie comme un morceau d’Europe et d’Occident, un atout d’équilibre face à la domination américaine et un bouclier contre la vampirisation chinoise.

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ADV : Nous voilà revenus aux fondamentaux de la géopolitique de Mackinder et Spykman, du Russe Danilevski à l’Américain Brezinski : L’Eurasie et le Heartland, “pivot géographique de l’Histoire”…

CG : L’Eurasie est en tout cas sans équivoque l’espace naturel du maintien de la puissance économique européenne et de son renforcement stratégique à court, moyen et long terme. C’est le socle du futur dynamique de l’Europe. Nous devrions donc nous projeter vers cet espace plutôt que de nous blottir frileusement en attendant que Washington, qui poursuit à nos dépens ses objectifs stratégiques et économiques propres, consente à nous libérer de nos menottes. Les parties orientale et occidentale du continent eurasiatique sont en effet les deux plus grandes économies mondiales : l’UE et la Chine. Pour ne parler que de l’UEE -pendant de l’UE-, c’est un marché de plus de 180 millions d’habitants (sans parler de tous les accords de partenariat en cours de négociation). L’Organisation de Coopération de Shangaï (OCS) rassemble quant à elle 43% de la population mondiale mais est dominée par la Chine. La force de l’Eurasie tient à son capital en matières premières et ressources minérales. 38% de la production mondiale d’uranium sont notamment concentrés au Kazakhstan. 8% du gaz et 4% du pétrole aussi, pour les seuls pays d’Asie centrale, sans compter naturellement la Russie. La construction d’infrastructures gigantesques à l’échelle continentale de l’Eurasie est la grande affaire du XXIème siècle. Avec le passage des corridors et routes de transit, on est face à un gigantesque hub de transit eurasiatique. 

ADV : Un rapprochement avec la Russie a-t-il vocation à être durablement bloqué par les sanctions contre une Russie (à cause de l’Ukraine) et la question de l’opposition “persécutée” par le pouvoir de Vladimir Poutine que beaucoup qualifient de « Démocrature » ?

CG : Si l’UE (et ses acteurs économiques petits ou grands) se rendait compte du potentiel économique, géopolitique et sécuritaire qu’un dialogue institutionnel et une coopération étroite avec l’Eurasie au sens large (Asie centrale plus Russie) recèle, elle sortirait ipso facto de sa posture si inconfortable entre USA et Chine, et constituerait une masse stratégico-économique considérable qui compterait sur la nouvelle scène du monde. Il faut en conséquence ne pas craindre d’initier des coopérations économiques, politiques, culturelles, scientifiques et évidemment sécuritaires entre ces deux espaces. Or, ce sujet n’est quasiment jamais abordé dans son potentiel véritable et est quasi absent des radars de l’UE et de celle de la plupart de nos entreprises. Par anti-russisme primaire, inhibition intellectuelle, autocensure, aveuglement.  L’UE veut certes bien collaborer avec l‘Asie centrale, mais en en excluant la puissance centrale et stratégiquement pivot ! Elle voit l’Eurasie à moitié. Ce n’est évidemment pas un hasard, mais c’est une erreur stratégique lourde qui procède d’un aveuglement atlantique. Encore une fois, nous faisons le jeu américain sans voir que nous en sommes la cible. 

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On me retorquera que rien n’est possible sans le règlement des questions de l’Ukraine et de la Crimée et surtout sans le règlement de « la grande affaire » fondamentale qui agite les chancelleries occidentales : le sort de l’opposant Alexei Navalny ? C’est ridicule ! Ce sont des « freins » largement artificiels et gonflés pour les besoins d’une cause qui n’est pas la nôtre et nous paralyse, pour justifier les sanctions interminables, pour limiter les capacités économiques et financières russes face à Pékin et neutraliser le potentiel économique européen. Ce sont aussi des prétextes que l’on se trouve pour se défausser de notre seule responsabilité véritable : reprendre enfin notre sort en main ! Tout cela saute aux yeux. Pourquoi, pour qui se laisser faire ? Il nous faut prendre conscience de l’urgence vitale qu’il y a à changer drastiquement d’approche en y associant des partenaires européens parfois contre-intuitifs, tels la Pologne, pont logistique idéal entre les deux espaces.

L’intégration continentale eurasiatique en tant que coopération des sociétés et des économies à l’échelle du continent eurasiatique tout entier doit donc devenir LA priorité pour l’UE et la nouvelle Commission européenne. La modernisation et la puissance économique sont en train de changer de camp. L’Europe s’aveugle volontairement par rapport à cette révolution. Ses œillères géopolitiques et l’incompréhension dans laquelle elle demeure face à la Russie qui est pourtant son partenaire naturel face à la Chine comme face aux oukases américains extraterritoriaux, l’empêchent de tirer parti des formidables opportunités économiques, énergétiques, industrielles, technologiques, intellectuelles culturelles et scientifiques qu’une participation proactive aux projets d’intégration eurasiatique lui permettrait. Il faut en être, projeter nos intérêts vers cet espace d’expansion et de sens géopolitique si proche et si riche, et cesser de regarder passer les trains en attendant Godot.

ADV : Passons au changement de pouvoir aux Etats-Unis. Le bilan de la présidence Trump est-il aussi horrible qu’on le dit ?  L’arrivée de Joe Biden est-elle une bonne nouvelle pour la France et l’UE ?

CG : Trump a été un président honni comme probablement aucun de ses prédécesseurs par « l’Establishment » au sens large qu’il avait défié par sa victoire et dont il a révélé sans tabou les turpitudes. En dépit de la curée politico-médiatique haineuse et sans trêve qui aura pourri toute sa présidence, avec un « Etat profond » à la manœuvre et des médias hystériques, il a réussi à remettre l’économie américaine en très bonne posture, à mener à bien (quoi qu’on en pense sur le fond), la grande manœuvre anti-iranienne de consolidation du front sunnite pétrolier contre Téhéran, sans pour autant céder à la guerre (en dépit de tous les efforts des bellicistes “néocons” emmenés par le très dangereux John Bolton). Sans la pandémie et son approche désinvolte et toute concentrée sur la nécessité de ne pas enrayer le moteur économique du pays, il aurait remporté un second mandat, ayant même réussi à séduire des franges de l’électorat noir et latino et à gagner près de 75 millions de voix (4 millions de voix de plus qu’en 2016) dans ce contexte de cabale permanente et jusqu’au-boutiste contre lui. 

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Avec Biden, on est repartis comme en l’an 40…. De mon point de vue, Joe Biden, quelles que soient ses qualités, est évidemment une très mauvaise nouvelle pour l’Europe et la France, qui voient se refermer la fenêtre d’opportunité inespérée que le discours trumpien – ouvertement humiliant et sans équivoque – nous avait offert pour enfin sortir de l’enfance stratégique, nous réveiller, faire nous aussi notre « Shift towards Asia » et nous projeter vers notre espace naturel de croissance économique et de densité géopolitique et sécuritaire que constitue l’Eurasie. Une projection qui passe évidemment par une complète révision de notre relation avec la Russie mais qui pourra seule nous permettre d’échapper à la double dévoration sino-américaine qui nous attend.

Ce sursaut salutaire, qui, aujourd’hui, en France ou en Europe, est capable d’en donner l’impulsion ? Je ne sais pas. Mais il est certain qu’avec Biden, ce n’est pas « un ami » que l’on a retrouvé (Les Etats n’ont pas d’amis) mais notre « doudou » ! Joe Biden est notre bon papa américain qui est enfin revenu pour nous protéger et nous rassurer. Atteints d’un syndrome de Stockholm géant, nous nous sentions depuis quatre ans stupidement orphelins de la férule américaine en gants de velours. Le problème est que ce président ne nous apportera rien d’autre qu’une excuse pour rester à jamais piégés dans une servitude consentie. Bref, je crains fort que nous ne sortions plus, sinon au forceps et sous l’impulsion d’un visionnaire courageux, de notre vassalité stratégique suicidaire vis-à-vis de Washington. L’Allemagne a d’ailleurs pris les devants des retrouvailles avec le puissant « oncle d’Amérique », et ce faisant, elle prend aussi le lead de l’Europe, là encore avec l’aval américain. C’est « le chouchou » de Washington et elle fera tout, y compris contre nous, pour le rester en donnant des gages… jusqu’à vendre des sous-marins à la Turquie ou affirmer que l’OTAN est à jamais l’alpha et l’oméga de la défense européenne. On est très loin de la « mort cérébrale » de l’Alliance ! Avec Biden c’est donc la méthode, non le fond qui va changer, et Berlin a clairement saisi la balle au bond, en réaffirmant sans états d ’âme sa soumission consentie aux oukases américains, enfonçant un dernier clou dans le cercueil de « l’Europe puissance », trop heureuse de rabattre leur caquet à ces Français qui rêvent mollement de ruer dans les brancards, de recouvrer leur souveraineté et osent même prétendre à l’ascendant politique sur elle, première puissance économique de l’Union. Le « couple franco-allemand » est un rêve de midinette française. L’alliance de la carpe et du lapin.

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ADV : L’accusation de tentative de “coup d’Etat” imputée au camp Trump est-elle sérieuse ? Trump a-t-il fracturé l’Amérique ?

CG : Ce qui s’est passé au Capitole n’est en tout cas pas une tentative de coup d’Etat. Le contresens politique et médiatique délibéré entonné sur tous les canaux d’information là-bas comme ici, est tellement énorme et rabâché comme une évidence qu’on finit par le croire pour ne pas devoir accuser nos journalistes de complaisance avérée ou d’aveuglement gravissime. Pour ma part, j’y vois la révolte d’un électorat qui a subitement compris qu’il devait rentrer dans sa boîte et ne s’y est pas résolu. Les insurgés du Capitole sont en fait nos gilets jaunes. Ils auront souffert le même déni et le même mépris. Cette intrusion aura incarné la très profonde crise de la démocratie américaine, c’est-à-dire de la représentativité du système politique existant qui est en lambeaux. Le divorce entre les élites et le peuple est profond et Trump s’en est fait le héraut. Ce n’est pas lui qui a fracturé la société américaine. Les fractures sont anciennes, grandissantes mais désormais béantes. Le « coup d’Etat », c’est en revanche le refus même du DOJ (Department of Justice) d’examiner les recours pour fraude, c’est le double « impeachment », ce fut l’interminable « Russia Gate », c’est l’exploitation sans vergogne du système institutionnel et médiatique et du juridicisme américains par les Démocrates pour étouffer à tout prix, via Trump, une menace populaire montante, perçue comme illégitime et dangereuse par les élites qui confisquent le pouvoir depuis des décennies dans ce pays.

ADV : Voit-on se confirmer la “vraie” nouvelle fracture idéologique qui oppose non plus gauche et droite mais “Patriotes” (terme cher à Trump) et mondialistes”, clivage visible aussi en Europe occidentale ?

CG : Les Européens, et singulièrement les gouvernants et médias français qui avalent cette pâtée ridicule sans une once d’esprit critique, hurlent avec les loups et assènent délibérément des contresens, montrent leur servitude mais aussi leur peur panique de voir cela leur arriver et bousculer leurs Landernau établis. Ils sont plus inquiets que jamais devant les éruptions démocratiques populaires au sein de l’UE, car elles menacent leurs positions acquises. C’est pourquoi ils vouent aux mêmes Gémonies que Trump ses avatars européens (hongrois, polonais ou tchèque), qui, comme lui, écoutent leurs peuples et essaient de faire entendre leurs voix. L’anathème contre le « populisme » est infiniment plus confortable que d’admettre que ce sont là des réflexes de survie des peuples européens qui ne veulent pas succomber à l’arasement identitaire et culturel et à la décadence politique et stratégique. Des peuples qui ne veulent pas d’avantage être noyés dans la « Cancel culture » ravageuse qui est en train d’instaurer, à coups d’excommunications rageuses et au nom de la morale et du progrès, une bien-pensance débilitante qui détruit les individus en prétendant protéger leur liberté narcissique débridée et en faisant sauter les ultimes verrous du bon sens et de la nature, au profit d’une terrifiante dictature des minorités et de tous leurs fantasmes déconstructeurs.

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ADV : Enfin, quelles perspectives pour le Moyen-Orient en 2021 ? Le possible retour des Etats-Unis de Biden dans l’accord sur le nucléaire iranien de 2015, dont Trump s’était retiré, et le rapprochement entre Israël et plusieurs Etats arabes dans le cadre des accords d’Abraham sont-elles des bonnes nouvelles ? 

CG : L’année a débuté de façon à mon sens dangereuse avec l’assassinat en Irak, le 2 janvier 2020, du général iranien Qassem Soleimani, chef de la force al Qods des Gardiens de la Révolution. Figure héroïque et fer de lance de la politique d’influence régionale de l’Iran, il est assassiné alors même qu’il était chargé de transmettre via Bagdad un message d’apaisement à Ryad, notamment à propos de la sinistre et folle guerre du Yémen initiée par le prince Héritier Mohamed Ben Salman (MBS). Il fallait donc qu’il meurt, puisque la paix ou même le simple apaisement ne semble résolument pas une option séduisante à ceux que le conflit nourrit, et à leur puissant parrain d’outre Atlantique qui vit de et par la guerre, inépuisable source d’influence et de prospérité. Sans parler du fait qu’il fallait sans plus attendre, mettre un frein à l’influence iranienne en Irak que le général Soleimani consolidait activement via les milices chiites locales.

A l’autre bout de l’année, les « Accords d’Abraham », patronnés par Washington et signés en septembre 2020 entre Israël et son « protégé/obligé » saoudien d’une part, les EAU et Bahreïn désormais rejoints par le Soudan et le Maroc d’autre part, au nom de la normalisation des pays de la région avec l’Etat Hébreu, donnent une idée de la vaste manœuvre d’enveloppement et de récupération stratégique imaginée à Tel Aviv et à Washington. Judicieuse réunion de toutes les monarchies pétrolières sunnites contre l’Iran accusé de tous les maux, mais, bien au-delà de la question nucléaire, avant tout redouté en Israël pour sa ressemblance et non sa différence avec l’Etat hébreu en termes de profondeur culturelle et civilisationnelle, mais aussi de niveau intellectuel industriel, technologique. Bref, pour Tel Aviv, le jour où le marché iranien sera ouvert au monde, ce sera un concurrent redoutable dans le coeur de Washington. Tout n’est évidemment pas à jeter dans cette « manip » des Accords d’Abraham, notamment l’influence croissante des EAU qui sont sans doute les partenaires les plus avisés du coin. Mais la ficelle est grosse, la marginalisation définitive de la question palestinienne en est clairement l’un des effets indirects attendus, et la poursuite de la déstabilisation active des Etats récalcitrants (Liban Syrie, Libye) l’une des compensations manifestes. Même le Qatar semble désormais tenté de rejoindre cet attelage hétéroclite présenté comme « progressiste et moderne », ne serait-ce que pour porter financièrement secours au Hamas à Gaza …avec la bénédiction d’Israël. Il reste néanmoins probable que cette « coordination » sous tutelle n’apaisera pas la lutte pour le leadership du monde sunnite qui oppose Ryad à Ankara, mais aussi à Téhéran, Aman, Doha ou Casablanca, tout en faisant les affaires de Washington que la fragmentation régionale sert par construction. On voit par ailleurs que l’échec des interventions américaines directes ou par « proxys » occidentaux en Irak, Libye, Syrie, qui a permis à la Russie de revenir dans la région depuis 2015, doit être contrecarré en jetant la Turquie dans les pattes de Moscou en Libye, en Syrie et dans le sud Caucase notamment, et qu’il s’agit donc aussi, en polarisant au maximum l’affrontement avec l’Iran, de reprendre la main dans la région contre la Russie, mais aussi contre la Chine dont les diplomaties subtiles et très actives deviennent préoccupantes pour Washington.

ADV : Vous connaissez bien la Russie et le Caucase : que répondre à ceux qui estiment qu’en Libye et dans le Caucase, la Russie s’est humiliée devant Erdogan qui aurait freiné Haftar à Tripoli et aidé l’Azerbaïdjan à vaincre les Arméniens du Haut Karabakh en plein « étranger proche russe » … 

CG : Je ne crois pas qu’il faille psychologiser ainsi l’interprétation des événements. La Russie a fait son grand retour sur la scène internationale depuis 2015 et a démontré qu’en dépit de toute la diabolisation, les permanentes manœuvres et les pressions de tous ordres dont elle fait l’objet, elle est toujours une puissance globale dotée d’un pouvoir incarné et populaire, qui se bat pour sa stabilité, son développement et son influence sur l’ensemble de la planète.  

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Quant à l’émergence tonitruante de la Turquie comme puissance déstabilisatrice aux ambitions débridées, ce n’est pas un phénomène sui generis. Le président Erdogan ne pourrait se permettre un dixième de ses foucades et provocations sans le blanc-seing direct ou complaisant de Washington. L’irruption turque dans les affaires mondiales manifeste l’indifférence américaine pour la stabilité de l’Europe et son hostilité paléolithique pour Moscou. Les Etats-Unis utilisent et continueront d’utiliser Ankara comme « proxy » en Syrie, en Libye, dans le sud Caucase et en Asie centrale contre Moscou, en Méditerranée orientale contre les Européens, qu’il s’agit depuis toujours de diviser et d’empêcher de pouvoir jamais atteindre une quelconque forme de puissance collective.

ADV : Quel est le jeu de l’Allemagne dans cet échiquier mondial de plus en plus polycentrique ?

CG : Dans ce marché de dupes, Berlin est en convergence tactique (et évidemment stratégique) avec Washington contre Paris, et nous savonne aimablement la planche en se désolidarisant ouvertement de nos postures et gesticulations sur la souhaitable « souveraineté européenne » afin d’assurer la finalisation de Northstream2 en dépit de l’hostilité américaine. La Chancelière allemande fait sans vergogne payer à l’Europe la note du chantage migratoire turc tout en vendant des sous-marins au néo sultan qui exulte d’une telle inconscience. Pourquoi d’ailleurs s’en priver puisque nous ne disons rien ? Le Président Erdogan joue donc sur tous les tableaux car il se sait indispensable à chacun. Il achète des anti-missiles S400 à Moscou et fait fi du courroux américain. La Russie en joue, elle aussi, et manie habilement la carotte et le bâton envers Ankara, selon les zones et les sujets, y compris dans le Haut Karabakh en dépit des apparences. Chacun a besoin de l’autre notamment en Syrie, même si la poche d’Idlib devient bien étroite pour le jeu d’influence des uns et des autres. Sans doute Joe Biden goûtera-il moins que Trump la grossièreté du président turc et ses crises mégalomaniaques. Mais ne nous y trompons pas. Au-delà de probables « condamnations » médiatiques – que nous boirons comme du petit lait, naïfs chatons que nous sommes-, cela ne devrait malheureusement pas modifier en profondeur l’attitude américaine envers la Turquie, puissance majeure du flanc sud de l’Alliance atlantique et très utile caillou dans la chaussure russe, ni envers l’Europe, éternelle vassale appelée à prendre « ses responsabilités », c’est-à-dire, à tout sauf à l’autonomie ne serait-ce que mentale. Être « des Européens responsables » signifiera toujours, pour Washington, être des Européens dociles, obéissants et inconditionnellement alignés sur les prescriptions et intérêts ultimes de l’Amérique.

ADV : Et celui de la France ? 

CG : Quant à la France, que son suivisme abscons a plongée dans un discrédit global lourd depuis le milieu des années 2000 (quelles que soient nos épisodiques gesticulations martiales pour nous rassurer), elle est désormais clairement hors-jeu au Moyen Orient. Plus personne ne la prend au sérieux ni ne supporte ses leçons de morale hors sol. Notre incapacité à définir enfin les lignes simples d’une politique étrangère indépendante et cohérente nous coupe les ailes, sape notre crédibilité résiduelle et nous rend parfaitement incapables de constituer un contrepoids utile pour les « cibles » américaines qui ne sont pourtant pas les nôtres et dont la diabolisation ne sert en rien nos intérêts nationaux, qu’ils soient économiques ou stratégiques. Il faut sortir, et très vite, de cet aveuglement.

Pendant ce temps, la France plonge dans une diplomatie décidément calamiteuse qui l’isole et la déconsidère partout. Elle vient d’abandonner le Franc CFA pour complaire au discours débilitant sur la repentance et les affres de la Françafrique. On continue sur l’Algérie. On expie bruyamment. On ne sait pas vraiment quoi à vrai dire… Mais on se vautre dans les délices masochistes du renoncement. On laisse la place à Pékin, Washington, Moscou et même à Ankara. Il ne sert à rien de geindre sur « l’entrisme » de ceux-là en Afrique, quand on leur pave ainsi la voie. Il faudrait vraiment arrêter avec « le sanglot de l’homme blanc ». Il faut refondre notre diplomatie et aussi d’ailleurs remettre la tête à l’endroit de nombre de nos diplomates au parcours brillant mais incapables de sortir d’un prêt-à-penser pavlovien (anti russe, anti iranien, anti syrien, anti turc même !) qui nous paralyse et nous expulse du jeu mondial. Il faut enfin apprendre à répondre à l’offense ou à la provocation, et à ne pas juste se coucher dès que l’on aboie ou que l’on n’apprécie pas nos initiatives souvent maladroites ou sans consistance, mais aussi parfois courageuses. « Tendre l’autre joue » n’est tout simplement pas possible sur la scène du monde. On s’y fait vite piétiner. Pour être pris au sérieux, il ne faut pas toujours « calmer le jeu ». Il faut montrer les dents avec des « munitions », donc une vision, une volonté et des moyens affectés aux priorités régaliennes.

ADV : Quel enseignement tirez-vous de la crise sanitaire qui va être également une grave crise économique en 2021 et même socio-politique ? Quel bilan pour la France ?

CG : Je ne peux éluder ce qui fait cauchemarder les peuples et les dirigeants du monde entier et singulièrement ceux d’Occident depuis un an : la pandémie du COVID 19. Le premier enseignement est que fut initialement démontrée l’inanité de la solidarité et de la lucidité européennes, avec un lamentable retard à l’allumage dans la coordination des politiques. On laissa piteusement tomber les Italiens, on se vola des cargaisons de masques, bref le chacun pour soi a la vie dure, surtout quand certains Etats ferment intelligemment leurs frontières et que d’autres les laissent béantes « par principe ». J’en conclue tout d’abord que ce sont les Etats les plus décisifs, les plus « agiles », les plus pragmatiques et les plus capables de contraindre des franges de leurs populations – tout en maintenant leur économie active – qui s’en sortent le mieux économiquement et même sanitairement. En France, le bilan est lourd. Nous aurons démontré urbi et orbi non seulement la faillite de notre système de soins, autrefois excellent et toujours très généreux mais exsangue, mais plus encore celle de l’armature étatique et administrative de notre pays, embolisée par une bureaucratie en roue libre qui n’obéit plus. Il faut dire que l’autorité est un gros mot, l’esprit d’Etat un fossile et l’obéissance une vertu démonétisée du fait de la certitude de l’impunité en ce domaine comme en bien d’autres.

L’amateurisme politique, l’incurie logistique, et l’arrogance satisfaite de nos gestionnaires au petit pied, rien ne nous aura été épargné. Notre pays est moralement et économiquement à terre. Dès que nous serons sortis de la phase critique de la pandémie qui fait écran et permet au pouvoir de remplir à seaux le tonneau des Danaïdes au nom de l’urgence sanitaire, la déroute économique et sociale et le déclassement seront massifs. Les Français, à force d’infantilisation et de matraquage médiatique angoissant, en ont perdu leur latin et moutonnent en grommelant. Nos « responsables », dans un déni sidérant, se gargarisent indécemment de leur prétendue bonne gestion. Le réel est définitivement déconnecté de la perception, grâce à une communication quasi totalitaire et à un entêté « tout va très bien Madame la Marquise ! » qui veut rassurer le Français désabusé. Il sait pourtant bien, lui, que tout va très mal, mais il cherche protection jusque dans l’illusion et le renoncement. La politique ce n’est pas de la « com », de l’image, encore moins de la gestion à la petite semaine et au doigt mouillé. C’est une vision, du courage, l’acceptation du risque et de l’impopularité, de la planification, de la logistique implacable… et de l’autorité ancrée dans l’exemplarité. Pas du caporalisme ni de l’infantilisation de masse. De l’autorité, qui produit de la confiance et oblige chacun à l’effort.

Caroline Glactéros, propos recueillis par Alexandre del Valle (Geopragma, 22 janvier 2021)

Comment la Russie et la Chine remodèlent le Caucase du Sud

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Salman Rafi Sheikh

Comment la Russie et la Chine remodèlent le Caucase du Sud

Ex : https://journal-neo.org

La fin du conflit du Haut-Karabakh, négociée avec l'aide de la Russie, a jeté les bases d'une transformation géopolitique majeure du Caucase du Sud. Si le rôle joué par la Russie pour mettre fin au conflit militaire et maintenir le cessez-le-feu lui a permis de prendre en charge le Caucase du Sud, les développements ultérieurs montrent comment la Russie a élargi son rôle et consolidé sa position dans son arrière-cour. Son importance première réside dans le fait qu'aucune puissance extra-régionale et occidentale n'était ou n'est encore impliquée dans cette partie du monde, ce qui est l'une des raisons pour lesquelles le cessez-le-feu n'a pas été violé. Bien que la Turquie et l'Iran aient été impliqués dans la négociation du cessez-le-feu, la question a toujours été globalement une affaire russe. En outre, la Russie a négocié la paix et le cessez-le-feu aux dépens du Groupe de Minsk. Il a permis à la Russie d'éroder massivement la capacité des États-Unis à utiliser cette région pour allumer des feux à sa périphérie afin de créer les conditions nécessaires à l'expansion de l'OTAN vers l'Est.

Le contrôle de la région est important pour les États-Unis également parce qu'elle est apparue comme l'une des voies les plus appropriées pour l'extension de l'initiative chinoise "Belt & Road" (IRB) en Europe. Les États-Unis, en tentant de s’arcbouter au Sud du Caucase, voudraient contrôler une artère importante de l'IRB. Mais le Caucase du Sud, sous l'influence politique russe et les investissements économiques chinois, se transforme rapidement en un territoire très éloigné de la portée des tentacules américains.

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Comme le montrent les dernières données de la Banque mondiale, l'empreinte économique de la Chine a massivement augmenté ces dernières années. L'Azerbaïdjan est largement considéré comme un maillon important des nouvelles routes de la soie reliant la Chine à l'Europe. Depuis 2005, le chiffre d'affaires du commerce chinois avec l'Arménie, l'Azerbaïdjan et la Géorgie a augmenté d'environ 2070 %, 380 % et 1885 %, respectivement.

L'Azerbaïdjan revêt une importance particulière pour le corridor économique Chine - Asie centrale - Asie occidentale, principalement le corridor de transit transcaucasien (TCTC), qui relie la Chine à l'Europe par un réseau de chemins de fer, de ports maritimes, de routes et éventuellement de pipelines.

Si le volume actuel des échanges commerciaux entre la Chine et l'Azerbaïdjan n'est pas élevé, les tendances récentes montrent un important bond en avant. Selon les données de la Banque mondiale, "le volume des échanges commerciaux entre les deux pays était de 1,3 milliard de dollars US en 2018, soit environ 6 % du total des échanges commerciaux de l'Azerbaïdjan, et la moitié de ce montant en 2013". La Banque mondiale estime que le parachèvement de l'IRB dans la région est susceptible de transformer la capacité géoéconomique de l'Azerbaïdjan et que le PIB du pays pourrait augmenter de 21 % à long terme. La participation de l'Azerbaïdjan à la BRI pourrait lui permettre d'exploiter les chaînes de valeur mondiales et de diversifier son économie.

Le Haut-Karabakh étant désormais effectivement sous contrôle azéri et géré sous supervision russe, et la Chine ayant récemment signé un accord d'investissement avec l'UE, on doit s’attendre à ce que la Chine accorde une attention toute particulière à la construction d'une route de transit à travers cette région. La Chine développe une route commerciale via le Kazakhstan qui traverse la Caspienne depuis le port kazakh d'Aktau pour aboutir à Bakou. Les universitaires chinois ont décrit cette route comme étant la plaque tournante de l'IRB donc elle est absolument essentielle au succès de l'accord que Pékin vient de signer avec l'UE.

Les possibilités de connectivité et de création d'entreprises qu'offre la Chine sont également liées aux projets de la Russie visant à établir une nouvelle géographie du commerce entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie. C'est ce qui est apparu clairement lors de la dernière réunion entre les dirigeants russe, azéri et arménien à Moscou. La réunion a été suivie par l'annonce de la mise en œuvre de "mesures impliquant la restauration et la construction de nouvelles infrastructures de transport nécessaires à l'organisation, la mise en œuvre et la sécurité du trafic international effectué à travers la République d'Azerbaïdjan et la République d'Arménie, ainsi que des transports effectués par la République d'Azerbaïdjan et la République d'Arménie, qui nécessitent de traverser les territoires de la République d'Azerbaïdjan et de la République d'Arménie".

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Le plan, tel qu'il se présente, est de réactiver les anciennes "Routes de la soie du Caucase" qui permettraient aux principaux pays de la région de se connecter avec la Russie et d'ouvrir ainsi des voies pour stimuler le commerce, ne laissant ainsi aucune marge de manœuvre, même minimale, aux puissances extrarégionales comme les États-Unis et la France pour jouer leur vieille politique du "diviser pour régner".

Tous ces développements indiquent également un recul de la présence et du rôle des États-Unis dans la région. Mais les États-Unis, sous l'administration Biden, dominée par les interventionnistes libéraux, vont probablement mettre de l'ordre dans leurs affaires intérieures d’abord et, ensuite, tenter un retour sous une forme ou une autre. En fait, les États-Unis sont déjà en train de faire leurs calculs de retour.

Le Congrès américain a récemment autorisé le directeur du renseignement national à présenter un rapport identifiant les principaux intérêts stratégiques des États-Unis dans la région, y compris l'assistance militaire américaine à l'Azerbaïdjan et à l'Arménie et la manière dont celle-ci pourrait être utilisée efficacement pour servir les intérêts américains.

En l'état actuel des choses, Washington se prépare déjà à une lutte géopolitique dans la région du Haut-Karabakh. En octobre 2020, le chef de la commission du renseignement de la Chambre des représentants à Washington, Adam Schiff, a "exhorté" les États-Unis à reconnaître le Haut-Karabakh ou la "République de l'Artsakh" comme un État indépendant. L'appel à la reconnaissance d'un "État indépendant" reflète la manière dont les États-Unis entendent s'insérer dans la région pour jouer leur politique habituelle de division.

Cependant, comme le montrent les détails donnés ci-dessus, de nombreuses politiques de connectivité sont planifiées et mises en œuvre pour contrer la politique de division que les États-Unis se préparent à mener.

Par conséquent, en l'état actuel des choses, les accords politiques et économiques qui sont conclus et mis en œuvre réduiront massivement la possibilité qu'un conflit réapparaisse et déstabilise la région. Ce n'est qu'à ce moment-là que les États-Unis pourront intervenir et faire pression pour réactiver le groupe de Minsk.

Salman Rafi Sheikh

Salman Rafi Sheikh, est analyste des relations internationales et des affaires étrangères et intérieures du Pakistan ; en exclusivité pour le magazine en ligne "New Eastern Outlook".