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vendredi, 28 février 2020

Entre le marteau islamiste et l’enclume gendériste

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Entre le marteau islamiste et l’enclume gendériste

par Georges FELTIN-TRACOL

Ex: http://www.europemaxima.com

L’« affaire Mila » démontre une nouvelle fois que la soi-disant « Droite nationale » aime se fourvoyer avec ses pires ennemis au risque d’en perdre sa singularité dès qu’elle entend le couplet éculé de l’« unité nationale ».

Mila est cette lycéenne de 16 ans vivant à Villefontaine en Isère. Le 18 janvier dernier, elle insulte l’islam sur le réseau social Instagram. Habituée à étaler sa vie privée sur cette place publique virtuelle, elle repousse ce jour-là les lourdes avances d’un pitoyable dragueur probablement de confession musulmane. Touché dans sa fierté, celui-ci la tance vertement. Mila réplique en vilipendant la religion musulmane. Elle suscite en réaction une vague de commentaires haineux, de menaces de mort et d’appels au viol. Déscolarisée quelques semaines, Mila et ses proches vivent maintenant sous protection policière. Si la police cherche à identifier les auteurs des menaces, le Parquet a finalement décidé un non-lieu concernant une supposée incitation à la haine raciale. On ignorait que les mahométans appartinssent à une race…

Des politiciens (et surtout des politiciennes !) se distinguent par leur condamnation explicite des propos de l’adolescente. Les viragos du féminisme, si promptes d’habitude à dénoncer le premier Gabriel Matzneff venu, se font pour l’occasion bien discrètes. D’autres, en particulier ceux du Rassemblement ex-national, lui apportent un soutien médiatique et s’alignent sur la « gauche Charlie ». Ainsi l’avocat de l’hebdomadaire satirique, Richard Malka, la défend-il. Marine – Malka, même combat ? Un cauchemar…

Outre le rôle délétère des réseaux sociaux dans la construction psychique des enfants mineurs qui ne devraient pas les utiliser avant leur majorité légale, cette affaire prouve la nocivité de cinq décennies d’immigration extra-européenne avec l’inévitable islamisation qui en découle. Ce phénomène inquiétant profite de l’anomie grandissante d’une société soumise aux lubies minoritaires inclusives, multiculturalistes et gendéristes à tel point que l’intersectionnalité tant vantée en fac atteint ici ses limites conceptuelles.

En effet, invitée le 3 février sur TMC dans l’émission de l’ineffable Yann Barthès « Quotidien », Mila relate ce qui déclencha la colère de son soupirant éconduit et le torrent de critiques virulentes à son encontre. Elle discute alors sur le réseau social, suivie en direct par des dizaines d’internautes, – ce qui ne correspond donc pas à une conversation privée -, avec une abonnée qui l’interroge sur ses préférences sexuelles. Eh oui ! À 16 ans, on s’exhibe volontiers au risque d’être impudique. Déjà bien dévergondée, Mila dévoile sa vie intime : « Je lui ai dit que j’étais lesbienne. Elle m’a demandé quel était mon style de fille, m’a dit qu’elle, personnellement, n’aimait pas particulièrement les Rebeus et les Noires. Je lui ai dit que c’était pareil pour moi (Libération des 8 et 9 février 2020). »

1524635a2e2f58f75ef62a45b03c6090.jpgToujours prêt à réagir, Barthès reste coi. Ne pas apprécier des Beurettes et des Africaines, n’est-ce pas une preuve flagrante de discrimination ? Mila n’avoue-t-elle pas un désir de ségrégation ? Refuserait-elle le paradis multiracial arc-en-ciel ? La lycéenne iséroise ne serait-elle pas une sympathisante cachée du nationalisme queer ? C’est une nouvelle manifestation du gendérisme.

Cette approche se retrouve dans la proposition de loi constitutionnelle déposée par 41 députés LR – UDI et non-inscrits. Le texte prévoit d’ajouter dans l’article 4 de la Constitution de 1958 la laïcité et d’inscrire dans l’article 1er que « nul individu ou nul groupe ne peut se prévaloir de son origine ou de sa religion pour s’exonérer du respect de la règle commune », c’est-à-dire du Diktat franç-maçon. Les partis dits « communautaristes » ne bénéficieraient plus du financement public et pourraient se voir dissoudre pour provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence. Le mouvement national-catholique Civitas ou des formations favorables à la préférence nationale et à « la France aux Français » seraient les premiers ciblés. En revanche, un dîner annuel hautement communautaire auquel sont conviées toutes les autorités du Régime se poursuivra sans aucun problème.

Le code pénal comporte vingt-trois critères de discrimination (l’âge, le sexe, l’origine, l’appartenance ou non à une race, à une nation ou à une ethnie, la grossesse, l’état de santé, le handicap, les caractéristiques génétiques, l’orientation sexuelle, l’identité de genre, les opinions politiques, syndicales et philosophiques, les croyances ou l’appartenance ou non à une religion, la situation de famille, l’apparence physique, le nom, les mœurs, le lieu de résidence, la perte d’autonomie, la vulnérabilité économique, la glottophobie et la domiciliation bancaire). Pourquoi cette restriction aux seules origine et religion ? Un intersexuel non binaire ou un chauve à forte surcharge pondérale pourraient-ils, eux, y déroger légalement ?

Pis, cette proposition de loi constitutionnelle stipule que tout agent public avant de prendre sa fonction devrait prêter serment d’« adhérer loyalement à la République, à ses valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité et à la Constitution ». « En cas de parjure, explique ce texte affligeant, l’agent serait automatiquement démis de ses fonctions car nul ne peut servir la République sans adhérer aux valeurs de celle-ci et de ses textes fondateurs ». On notera l’occultation complète de la France par rapport à la sinistre « Ripoublique », validant notre thèse gallovacantiste.

Créature échappée de la ménagerie chiraquienne, le président de la commission des Lois du Sénat, Philippe Bas, justifie l’initiative de ses collègues par un argument invraisemblable : « Comme en 1789, nous avons besoin de renouer notre accord sur le principe du vivre-ensemble (Le Figaro du 3 février 2020). » Philippe Bas (d’esprit) ne cache pas son ignorance presque révisionniste de l’histoire…

La République française devient sous couvert d’un vivre-ensemble infernal une nouvelle divinité laïque. Viendront bientôt l’interdiction de l’Action Française et de la Nouvelle Action Royaliste, l’expulsion de la Maison d’Orléans et la déchéance de nationalité des princes Louis de Bourbon, Napoléon et Sixte-Henri de Bourbon-Parme tandis qu’un islamisme fomenté depuis Riyad, Doha et Ankara s’implante durablement dans les banlieues de l’immigration sans cesse renouvelée. L’islamisme tue des vies tandis que le gendérisme massacre des âmes. Le Boréen du XXIe siècle doit combattre ces deux menaces équivalentes au nom d’une troisième voie décente.

Dans ces circonstances difficiles, n’espérons rien du Rassemblement ex-national. Celui-ci préférera toujours traduire devant son conseil de discipline sa tête de liste à Guînes dans le Pas-de-Calais, Laurent Marécaux, trente ans de militantisme au Front national. Sa faute ? Avoir proposé sur sa page Facebook, le 26 janvier dernier, « l’instruction des adultes et des enfants au tir de défense, face aux menaces islamistes présentes et futures ». Scandale au Carré de Nanterre !

Cette suggestion légitime ne va pourtant pas assez loin. À l’instar de la préparation militaire obligatoire en Russie, c’est toute la jeunesse albo-européenne de France qui devrait recevoir de véritables cours martiaux, y compris la post-binaire Mila, grande amie d’une partie seulement du genre humain, qui découvrira enfin le maniement des gros calibres.

Georges Feltin-Tracol.

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 160, mise en ligne sur TV Libertés, le 17 février 2020.

mercredi, 26 février 2020

Les routes de la soie, la mondialisation à la chinoise et les révolutions de l'espace

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Les routes de la soie, la mondialisation à la chinoise et les révolutions de l'espace

Irnerio Seminatore

Ex: http://www.ieri.be


TABLE DES MATIÈRES

- Chine et États-Unis. Préservation du "statu quo" ou inversion de prééminence

- Contestation chinoise du "statu quo" normatif américain

- Le bouleversement de perspective, la dominance continentale et  l'inversion des politiques

- Mouvements stratégiques de l'Occident et antinomies d’alliances en Eurasie

- Le "déclin d’Hégémon". Alternance hégémonique ou "révolution systémique"?

- ONE BELT, ONE ROAD, l'ordre apparent et la ruse. Sur les répercussions stratégiques et militaires de la nouvelle Route de la Soie

- La mondialisation à la chinoise, "un Cheval de Troye"?

- La prépondérance de la terre sur la mer et du mythe révolutionnaire sur le commandement des forces

- Sur les "révolutions de l'espace"

- Le rôle de l'Europe, l'inversion stratégique et Yalta 2

- Recomposition civilisationnelle de l'espace euro-russe

- Le paradigme de l'inversion stratégique de l'Occident

- Un bilan conceptuel

..........................................................................

Chine et États-Unis. Préservation du "statu quo" ou inversion de prééminence

La montée en puissance  de la Chine, depuis la fin de la guerre froide, en termes économiques, politiques, diplomatiques et militaires,fera de celle-ci, selon nombre d' observateurs ,le plus grand protagoniste de l'histoire mondiale.

Cette émergence est susceptible de produire une inversion du rapport de prééminence entre les États-Unis, puissance dominante établie et  premier empire global de l'histoire et la Chine," Empire du milieu" ou État-civilisationnel, vieux de trois mille cinq cents ans et fort d'un milliard-quatre cents millions d'hommes.

A ce sujet, Chalmers Johnson, spécialiste de l'Asie, a soutenu la thèse d'une antinomie conceptuelle  entre "expansion impériale" et "adaptation régionale" et il a précisé, quant à  la conception de l'ordre mondial: "qu'on l'appelle "consensus de Washington", "soft power", ou "nation indispensable", cela aboutit toujours à la nécessité de maintenir un ordre mondial, inspiré, financé,et dirigé par les États-Unis."

Les tentatives américaines pour établir une hégémonie sur la Chine tendent vers des futurs explosifs et sont, en tous cas, vouées à l'échec."

En effet il n'y a pas de place dans le monde pour deux empires.

Contestation chinoise du "statu quo" normatif américain

Or, dès à présent, la contestation chinoise du "statu-quo" normatif, imposé par les États-Unis après la fin de la guerre froide, a déjà pris corps avec le rejet de l'universalité des  valeurs occidentales et de  la première menace ressentie par Béijin, qui est la menace idéologique du "regime change" et donc le défi intérieur de libéralisation du pouvoir et du pluralisme  politique, identifiés à la démocratie occidentale. (ex.Hong Kong)

Quant à l'Europe, le destin de celle-ci se jouera en Eurasie, tant sur le plan diplomatique que militaire. Quant au  premier, dans la capacité de la diplomatie européenne de dissocier la Russie de la Chine, quant au deuxième, par le rôle accru du Pacifique et de l'Indo-pacifique dans l'échiquier stratégique global.

Puisque le modèle de la stratégie dominante des deux derniers siècles a été celui de Clausewitz, la puissance de la terre qu'est Chung Kuo' se prépare à une politique d'affrontement  par une logistique, qui peut adopter Clausewitz sur terre, en cas de guerre conventionnelle, Mahan, sur les deux Océans, Pacifique et Indo-Pacifique, et Sun Tzu dans l'hypothèse d'un double front de combat, terrestre et maritime .

Dans ce contexte la logistique du système One Belt, One Road  devient l'élément décisif de l'épreuve de force probable entre les puissances de la terre et les puissances de la mer, au Nord, au Sud et à l'Ouest du continent européen.

Au même temps , la "limite" du conflit, entre guerre d'alternance hégémonique et guerre d'alternative civilisationnelle, deviendra la variable des ambitions et du combat des  acteurs aux prises,

Le bouleversement de perspective, la dominance continentale et  l'inversion des politiques


Un rappel peut éclairer ce point non négligeable.

Si l'Europe et l' Asie appartiennent géographiquement à un même espace continental, l'Eurasie, un seul pays tache de les rapprocher par un immense réseau d'infrastructures routières, portuaires et numériques.

Ce pays est le Chung Kuo', l'héritier de l'Empire du milieu, dominant "tout ce qui est sous le ciel".

Puissance de la terre, la Chine, rivalisant avec la puissance de la mer, entend manœuvrer, en cas de conflit, par les lignes intérieures du continent, sans dépendre de la logique des flux et des reflux de la "société liquide".

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En Eurasie,marquée par la diversités des Etats et des institutions, la dominance continentale est passée de la Russie à la Chine et le resserrement des alliances prendra la forme d'une activation du réseau des routes de la soie,  modifiant le rapport des forces global.
 

En effet la guerre, selon Sun Tzu,  ne se gagne pas principalement à la guerre ou sur le terrain des combats, mais dans sa préparation.

Les risques  de conflit instaurent une politique ambivalente, de rivalité-partenariat et d'antagonisme.

Il s’agit d’une politique qui a pour enjeu le contrôle de l’Eurasie et de l’espace océanique indo-pacifique, articulant les deux stratégies complémentaires du Hearthland (1) et du Rimland.(2).

Les rivalités, qui secouent aujourd’hui l'Eurasie, ont forcé l’Est et l’Ouest à s’interroger sur un nouveau projet de sécurité en Europe, de stabilité stratégique et d’unité  de l’espace européen.

Mouvements stratégiques de l'Occident et antinomies d’alliances en Eurasie

Dans tout système international, le déclin de l’acteur hégémonique se signale par un resserrement des alliances militaires autour du leader.

Ainsi, dans la conjoncture actuelle, deux mouvements stratégiques rivaux s’esquissent au niveau planétaire :

– l’alliance sino-russe, assurant l’autonomie stratégique du Hearthland, en cas de conflit et promouvant, en temps de paix, la coopération intercontinentale en matière de grandes infrastructures, (projet OBOR -One Belt, One Road - avec la participation d’environ 70 pays)

– la stratégie du « containement» des puissances continentale, par les puissances maritimes du « Rimland » (Amérique, Japon, Australie, Inde, Europe etc.), comme ceinture péninsulaire extérieure à l’Eurasie.

Rappelons que les deux camps sont en rivalité déclarée et que  leurs buts stratégiques respectifs,ne sont pas de cerner des équilibres, fondés sur les concepts d’échanges et de coopération, mais de prévoir les ruptures stratégiques, sous la surface de la stabilisation apparente.

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Ainsi la  fin de la bipolarité, avec l’effondrement de l’empire soviétique, a engendré une source de tensions, entre les efforts centrifuges mis en œuvre par les États de proximité, « les étrangers proches », visant à s’affranchir  du  centre impérial et la réaction contraire de Moscou, pour reprendre son autorité à la périphérie, par une série d’alliances enveloppantes. (OTSC, OCS)

A l’Ouest c'est l’Alliance atlantique, aujourd'hui en crise,  qui a vocation à opérer la soudure de l’intérêt géopolitique d'Hégémon, dans l' immense étendue continentale entre l’Amérique et la Russie

Le "déclin d’Hégémon". Alternance hégémonique ou "révolution systémique" ?

La question qui émerge du débat en cours  est de savoir si la "stabilité hégémonique" (R.Gilpin), qui a été assurée pendant soixante-dix ans par l’Amérique, est en train de disparaître, entraînant le déclin de l'Empire et de la civilisation occidentale, ou si nous sommes confrontés à une alternance hégémonique et à un monde post-impérial dans le cadre toutefois, d'un système planétaire

L’interrogation connexe peut être formulée de manière plus abrupte et intempestive : "Quelle forme prendra-t-elle, cette transition ?"

La forme, déjà connue, d’une série de conflits en chaîne, selon le modèle de Raymond Aron, calqué sur le XXe siècle, ou bien, la forme d’un changement d’ensemble de la civilisation, de l’idée de société et de la figure de l’homme, selon le modèle des "révolutions systémiques", de Stausz-Hupé, embrassant l’univers des relations ,socio-politiques du monde occidental et couvrant les grandes aires de civilisations connues?

ONE BELT, ONE ROAD, l'ordre apparent et la ruse.                                                                                                                                                

Sur les répercussions stratégiques et militaires de la nouvelle  Route de la Soie

Pour mieux inscrire dans la géographie eurasienne, l’ambiguïté de la relation de rivalité-partenariat existante entre l'Empire du milieu et le reste du monde,sous la forme redoutable  d'une politique de coopération multilatérale, Xi Jinping a promus, en 2013 à Astana, la construction d'un ensemble de liaisons maritimes et de voies ferroviaires rappelant les anciennes "voies de la soie",dans le but de rapprocher la Chine, l'Afrique et l'Europe, en traversant les pays d'Asie centrale

La mondialisation à la chinoise. Un "Cheval de Troie"?

Dans la perspective d'un ordre  global et à la recherche de formes d' équilibre et de stabilité à caractère planétaire, la Chine, poursuivant une quête d’indépendance stratégique et d'autosuffisance énergétique étend sa présence et sa projection de puissance vers le Sud-Est du Pacifique, l’Océan Indien, le Golfe et l'Afrique, afin de contrer les goulots d’étranglement de Malacca et échapper aux conditionnements extérieures maritimes, sous contrôle américain.

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Elle procède par les lignes internes, par la mise en place d'un corridor économique et par une route énergétique Chine-Pakistan-Golfe Persique, reliant le Port de Gwaidar, au pivot stratégique de Xinjiang.

Beijing adopte la gestion géopolitique des théâtres extérieures et resserre ses liens continentaux avec la Russie. L'influence chinoise est concrétisée par la construction d'une gigantesque "Route de la Soie", reliant le nord de la Chine à l'Europe, via le Tadjikistan, le Kazakhstan et le Turkménistan.

Rien de semblable,depuis l'époque pré-impériale (VIIème siècle avant J.C.), lorsque commença la construction de la Grande Muraille, achevée par Quin (en 221 avant J.C.), après avoir conquis un à un l'ensemble des Royaumes combattants et avoir unifié ainsi  la Chine.

La similitude n'est pas pour dérouter, car l'idée d'unifier l'Eurasie n'est pas lointaine de l'esprit de Xi-Jinping.

Or Obor rassemble à un véritable "Cheval de Troie" de l'âge moderne, destiné à faire basculer l'Histoire du côté de l'Orient Chinois.

Cette entreprise colossale pourrait avoir  pour principe un précepte de Maître Sun Tzu: dans la guerre,"trompe l'ennemi sur tes intentions!" .

Ainsi, en  détournant l'attention des  ennemis de  la conquête de l'Eurasie,le plan de bataille du nouveau Qin Shi Huang consisterait à vaincre sans combattre, "sans ensanglanter la lame!".

La transition d'un système international  à l'autre ne peut comporter une dissertation sur la morale, ni sur la licéité de la guerre, juste ou inique, car la guerre est une réalité primordiale et il faut l'accepter comme un ensemble de confrontations , préparées de longue haleine.

La recherche de l'avantages par la ruse, ou par l'ordre apparent, ne peut cacher que nous combattons hors limites,et que  l'apparence de l'ordre , comme l'apparence du chaos est une conséquence de la force montante, dont dispose aujourd'hui l'Empire du milieu.

Obor, le nom des nouvelles routes de la soie, ne peut être autre chose que l'apparence de l'ordre, face au désordre  de l'Otan, dénoncé par Macron, à l'extrémité occidentale de l'Eurasie.

Un grand dessein non -militaire, destiné à faire capituler l'Occident

Avec Obor, la Chine entend manoeuvrer,à l'intérieur des terres, rivalisant dans tous les domaines, y compris les plus sophistiqués ( les numériques), avec la puissance thalassocratique dominante dans l'Océan Pacifique et indo-pacifique.

Or ce projet de modernisation et de mondialisation, présente l’entreprise de la Chine comme  pacifique, une "Initiative" et pas comme une "grande stratégie", pour éloigner toute allusion à la guerre.

En revanche cet immense vecteur d'hommes et de biens, constitue un incomparable outil de gains stratégiques et logistiques pour la mobilité des théâtres  et le transfert des forces.

Le transfert des forces du front de l"Est au front de l'Ouest par l'Allemagne, pendant la première et deuxième guerre mondiale a été rendu possible par un réseau ferroviaire moderne, à l'époque, et d'une redoutable efficacité militaire.

En Eurasie les fronts sont multiples et il n'y a plus une seule ligne de front, à alimenter en permanence, d'où la valeur accrue du transport multimodal

La prépondérance de la terre sur la mer et du mythe révolutionnaire sur le commandement des forces

Ainsi,en départageant les deux grandes  stratégies de Chung Kuo', terrestre et  maritime, Obor exprime la prépondérance décisionnelle, en cas de crise, de l'armée populaire sur le groupe dirigent, sur le comité centrale du parti et son  primat stratégique sur les  hauts commandements  des armées de terre, de mer et du ciel  , car elle influence  la liaison du peuple et des élites et rappelle l'épopée mythique de la "longue marche".

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En forte expansion par tonnage annuel ,la marine chinoise aura pour but le"dénis d'accès" des puissances de la mer vers le littoral et, plus loin vers le coeur des terres, le Hearthland de Halford MacKinder, pivot de l'Histoire, car l'empire du milieu, n'a pas vocation à passer d'une existence terrestre à une existence maritime et veut maintenir sur une base continentale la suprématie de Chung -Kuo'.

En réalité, "le jeu politique qui concerne les mers est déterminé par les États terriens." (Julien Freund, in "Terre et Mer" Carl.Schmitt, postface)

Par son tracé, en volutes de dragons, la nouvelle route de la soie  concrétise la géopolitique des partenariats que dessinent les sept corridors de ce grand " boa constrictor" et, par conséquent, la désignation des théâtres et les formes de combats coordonnés dans les trois continents, l'Asie, l'Afrique et l'Europe, afin qu'ils soient  soudés par un réseau de couloirs routiers et maritimes, serrés par une seule main.

Pour atteindre la victoire un État doit avoir la possibilité d'occuper tout ou partie du territoire ennemi et seul la Chine est à la hauteur de cet exploit.

Sur les "révolutions de l'espace"

L'initiative chinoise est elle en train  de susciter une nouvelle révolution de l'espace, comparable, pour ses répercussions, à celles qui l'ont précédées?

Après l'âge de la mondialisation(1980-2019),menée par la logique de l'échange,ainsi que  par l'idéologie des droits de l'homme et d'un monde sans frontières, la Chine inaugure-t-elle une nouvelle phase historique, celle de la "continentalisation" du monde autour de l'Eurasie et d'une autre stabilisation  du pouvoir et  de l'économie?

L"élargissement des horizons du monde, provoqués par l'effondrement du système soviétique, a provoqué une mutation culturelle profonde et donné à l'Asie centrale  une vision "déterritorialisée" de l'univers socio-politique, aux possibilités illimités.

Avec les nouvelles routes de la soie, une autre conception de l'espace s'affirme, par laquelle la terre éclipse la mer et la contourne.

C'est un tournant, dans lequel l'humanité se déplace et un autre rapport s'instaure, plus autonome,  dans la relation entre villes et campagnes du monde, marquant la dépendance de certaines régions d'un moteur plus souple de planification, sous forme de partenariat, de projets de co-développement et d'autres maillage d'affaires

Ce ne sont plus "les écumeurs des mers" (pirates, corsaires, boucaniers et flibustiers), à la recherche d'aventures individuelles et lucratives, mais de vagues de terriens , en quête d'une autre stabilisation et existence sociétale.

La nouvelle dimension  de l'espace exige une autre organisation des terres, à l'échelle planétaire, et cette réorganisation sera naturellement belliqueuse.

Or, si la mer avait rendu possible le rêve de l'Amiral Mahan, d'une unification  des peuples de la mer (Grande Bretagne et États-Unis en 1904), et si les Hollandais à la fin du XVIème siècle,devinrent les "transporteurs" des autres pays d'Europe, par les perfectionnements apportés à un nouveau type de navire, pourvu de vergues, de quoi seront ils porteurs les chinois, si non d'un autre type de transports et de parcours terrestres irradiants.

Pourra-t-on encore faire la distinction entre étrangers et locaux, lorsque des dizaines de millions d'hommes , embarqués sur les rails, feront de l'Asie, de l'Afrique et de l'Europe, un univers sinisé et une "République de Confucius", par une  prise de terre, massive, pacifique et commerçante ?

Au rétrécissement de l'espace européen, fera suite une conscience globale plus éveillée. qui donnera naissance à une nouvelle race, métissée, biologiquement et politiquement, où se confondront blancs, mongols et noirs, gardes rouges fanatiques, ultra-démocrates honkongais, hommes des triades, geishas européennes et arabo-musulmanes, progressistes  trans-gendres, trafiquants  violents et militaires aguerris, pour se disputer le butin de la croissance et le droit à une parole plus libre?

Le rôle de l'Europe, l'inversion stratégique et Yalta 2

Xi-Jinping veut reprendre l'hégémonie géopolitique du monde sur la base de la puissance terrestre et de la vieille tradition des Empires,par la voie des partenariats et non des alliances, qui seules permettent la constitution de blocs homogènes.

Or, le caractère terrestre a pris en Chine une signification culturelle et historique, à laquelle  les autres pays ne peuvent pas prétendre,celle de se percevoir au mileu du monde et de devoir régner "sur tout ce qui est sous le ciel".

Rien de semblable depuis l'Empire de Rome, lorsque les voies impériales et consulaires conduisaient toutes à Rome, "Caput Mundi" et règne du pouvoir  et de la loi.

La maîtrise de la logistique impressionnante d'Obor, dont la clé appartient à la Chine, s'imposera aux forces combattantes et dictera les formes de l'affrontement de demain, autrement dit , les conditions de la paix et de la guerre entre"Orient et Occident".

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Quel sera-t-il, dans ce cas, unique dans l'histoire, le rôle de l'Europe, en ce choc de continents et de civilisations?

Dans une période de mutations profondes et globales, quel espace d'autonomie et de manœuvre, culturel et civilisationnel restera-t-il à l'Europe, par rapport à la puissance extérieure dominante, au sein d'une Eurasie sinisée et d'un Rimland américanisé?

La liberté d'action de l'Europe ne pourra  se définir que par une inversion stratégique à l'Est, autrement dit, par le passage de l'isolement continental de la Russie à celui de la Chine.

C'est pourquoi ce résultat ne peut être obtenu par l'Otan, qui demeure une alliance défensive euro-atlantique, visant la Russe. dans un contexte global d'affrontement.

Si Obor représente la logique d'une ouverture atlantique de la Chine, atteignant  l'Europe, en réponse à la stratégie adverse d'isolement , l'esquisse géopolitique de Macron, concernant les blocages de l'Otan et la reprise du dialogue avec la Russie, laisse présager une ouverture euro-russe du Hearthland et une manœuvre diplomatique de désarticulation du partenariat chino-russe.

A terme, un" Yalta 2 ", influant sur le système international du XXIème siècle, sous espèce d'une "Doctrine Monroe" de l'Eurasie, comme zone d'influence européenne, entre l'Europe,la Russie et la Chine, aura pour but de maintenir le pluralisme étatique et non seulement démocratique en Asie centrale, afin qu'il ne se constitue pas un bloc hostile aux intérêts européens.

Ce plan déterminera aussi  la liberté des Océans Pacifique et Indo-Pacifique et libérera l'accès à  l"extrême Orient, de la part de  l'Australie et du Cône sud des Amériques.

Une nouvelle alliance euro-russe, en défense des intérêts des "grands espaces" schmittiens, sur les frontières de l'ancienne Union Soviétique, replacera l'affrontement hégémonique au cœur de l'Asie centrale,de manière à ne pas être pensé encore sur le modèle la guerre froide à l'Est du continent.

Le partenariat stratégique entre la Russie et la Chine au plan géopolitique, a eu pour but de jouer un rôle d’équilibrage et de contre-poids, au cœur de la masse continentale eurasienne et de repartir les zones d'influence entre les deux puissances dominantes, dans le cadre de la multipolarité.

Cette double poussée, virtuellement antinomique, est corrélée à l'Organisation de Coopération de Shanghai (OCS), qui fait fonction de stabilisateur régional

Recomposition civilisationnelle de l'espace euro-russe

La stratégie de la future (et encore hypothétique armée européenne) devrait adopter une politique de recomposition civilisationnelle de l'espace euro-russe ( de Lisbonne à Vladivostock) et passer de la tentative de roll-back et d'isolement de la Russie ( par l'Otan), à une doctrine inversée du Hearthland, en isolant  la Chine qui représente la menace majeure pour la puissance thalassocratique extérieure.

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Celle-ci, comme Athènes dans les guerres du Péloponnèse,  ne pourra gagner au même temps et conjointement la Russie et la Chine, provoquant à l'Ouest l'effondrement définitif de  l'Europe et l'écroulement de la civilisation Occidentale.

La mort d'Athènes et de Rome ne grandiront point l'image créatrice et chaotique de l'Amérique post-impériale, comme héritière du berceau culturel de l'Occident.

Le paradigme de l'inversion stratégique de l'Occident

Le repositionnement des ambitions du triangle États-Unis, Russie et Chine, rééquilibrant la multipolarité actuelle, aurait pour but de rendre limité le règlement d'un conflit éventuel entre les États-Unis et la Chine, évitant une guerre discriminatoire , élargie à l'ensemble de la planète. 


L'affrontement à prévoir aurait alors pour limite l'alternance entre "peer competitors" ou candidats à l'hégémonie et non la structure générale du système international

Il laisserait  subsister les vieilles nations, leurs peuples et leurs mémoires,  dans une position subalterne,  donnant lieu à des métissages inconnus de liberté et de la soumission, au lieu de précipiter le dilemme d'une opposition existentielle entre l'Orient et l'Occident.

Cette limite aurait pour signification essentielle ,la préservation d'un"statu quo" civilisationnel entre les deux hémisphères,  évitant, entre-autre, une invasion des peuplades désordonnées  de l' hémisphère Sud vers  le Nord  de la planète, où une  seule civilisation, continentale et blanche, a promu les grandes découvertes et a fait évoluer le genre humain.

Un bilan conceptuel


Au moment où le Royaume Unis, avec le Brexit, embrasse à nouveau son insularité  et se tourne vers le grand large, les pays du continent voient réapparaître les figures protectrices des États-Nations (souverainisme  et populisme).  Dans ce cadre, l'Europe  considère qu'une conversion du continent à la mer et au libre-échange intégral, est impossible. Ses citoyens gardent la fidélité à leur habitat, essentiellement terrien et prétendent  le préserver et l'améliorer (campagnes écologiques)

En effet l'arcanum des réflexes européens est constitué par la terre et par l'ordre de l’État, le Léviathan.continental.

L'Europe ne garde pas le réflexe côtière de ses anciennes républiques maritimes (Gênes ou Venise), mais l"attachement des paysans, désormais périphériques, à leur terroir et à leur système de vie (Gilets Jaunes).

Dans ce contexte, dans lequel l'état de nature hobbesien ne peut être arbitré que par la violence et par le spectre du conflit, la conception thalassocratique de la guerre, visant le libre commerce, repose sur l'ubiquité du danger, désigné  par la puissance maritime, par le biais d'une alliance  océanique illimitée, l'Otan

C'est dans ce contexte que l'intervention de Macron sur la "mort cérébrale" de l'Alliance Atlantique, éclaire sur la conscience globale de la nouvelle conjoncture historique.

Face à la discorde sur la désignation de l'ennemi, il prend le parti de la terre (Russie) contre la mer (bloc thalassocratique) et sutout contre l'interventionnisme "illimité"et universel de la puissance de la mer (hégémon).

L'Iran, la Chine et la Corée du Nord n'obéissent pas aux figures obsidionales du"Mal", contre lesquelles une violence totale est justifiée et légitime, mais à des figures de "justi hostes", disposant des mêmes droits et des mêmes raisons de faire appel  à la guerre et contre lesquelles une violence illimitée est injustifiée.

En effet le "juste ennemi" est celui que l'on ne peut identifier à la figure du Mal , au nom d'un exclusivisme ou d'une intransigeance morales et dont on peut comprendre l'hostilité et les objectifs politiques, puisque demain il sera peut être un allié.

Puisque l'Eurasie occupe l'espace  historique de l'Allemagne et de la Russie réunies,  la lutte entre la puissance de la mer et la puissance de la terre prend la forme actuelle d'un affrontement entre l'atlantisme de certains pays européens et l'eurasisme de certains courants de pensée russes.

Ainsi, compte tenu de la double impossibilité, d'une domination mondiale unipolaire  et d'un État de l'humanité pacifié, qui suppose une neutralisation et une dépolitisation totale du monde, l'évolution planétaire va dans la direction d'un pluralisme des grands espaces (C.Schmitt), autrement dit, vers des sphères d'influence et des zones culturelles homogènes (Yalta 2), dont la cartographie  obéit , en large partie aux oppositions binaires de la terre et de la mer.

L'échec de la tentative d'instaurer un unipolarisme dominant et la montée en puissance des anciens empires  historiques comme, l'Inde, l'Iran, la Russie et la Chine, justifie la démarche de Macron vers  un nouveau pluralisme du monde autour d'une mère civilisationnelle commune à la Russie et l'Europe, l'Occident romain - orthodoxe.

Le caractère identitaire et irrévocable de cette distinction est au fond la reconnaissance d'une faille profonde entre l'Orient Russe et le grand Orient Chinois, dont les voies de la soie constituent les tentacules puissantes d'un dragon, tiré de son histoire et doué d'un feu existentiel et spirituel  trente cinq fois séculaire.

BRUXELLES le 23 Décembre 2019

mardi, 25 février 2020

La soumission de l’Allemagne à la repentance coloniale

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La soumission de l’Allemagne à la repentance coloniale

 
 
par Bernard Lugan
Ex: http://www.zejournal.mobi

Outre-Rhin, bien que la parenthèse coloniale n’ait duré que deux décennies, l’exigence de repentance atteint en ce moment des sommets inégalés. Même en France où, pourtant, il n’est pas possible de parler de la colonisation sans avoir préalablement revêtu le cilice de pénitence, l’exigence de soumission au dogme de la culpabilité coloniale n’a pas (encore ?) une telle ampleur.

En Allemagne, il est aujourd’hui impossible, tant elle est longue, de dresser la liste des rues, des places, des squares, des musées, des instituts et des casernes débaptisés au seul motif qu’ils ont un rapport avec la période coloniale ou avec des personnages ayant un lien avec cette dernière. Dirigé par la gauche, le Land de Berlin a même fait de la repentance coloniale un de ses principaux axes politiques, comme si la ville n’avait pas de problèmes plus urgents et plus concrets à régler…

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Ici, il n’est pas un jour sans qu’il soit demandé aux habitants transformés en chiens de Pavlov de l’auto-flagellation, de psalmodier la liste des péchés ultramarins de leurs grands-parents et de « regarder en face les crimes coloniaux allemands ainsi que le génocide des Herero et des Nama » commis en Namibie, l’ancien Sud-Ouest africain.

Or, dans cette affaire, l’acte d’accusation contre l’Allemagne est un montage datant de la Première Guerre mondiale, quand Français et Britanniques qui avaient besoin d’arguments « moraux » pour s’emparer de ses colonies, accusèrent l’Allemagne d’avoir « failli » à son « devoir de civilisation ». Fut alors constitué le dossier à charge de la guerre des Herero réutilisé aujourd’hui par la gauche allemande.

Ce dossier passe totalement sous silence les actes atroces commis par les Herero : familles de colons massacrées, torturées, les femmes dépecées vivantes sous les yeux de leurs enfants, les hommes émasculés puis éventrés... Quand elles tombaient entre leurs mains, et après avoir été violées, les femmes allemandes étaient suspendues par les pieds à un arbre, jambes écartées, puis éventrées et éviscérées, comme des bêtes de boucherie…

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Or, ce furent à ces mêmes arbres, qu’après les avoir jugés, les Allemands pendirent ceux des Herero qui s’étaient rendus coupables de ces meurtres abominables. Mais, alors que nous n’avons que des témoignages concernant les premiers crimes, les exécutions judiciaires furent quant à elles photographiées et ces clichés furent ensuite utilisés par la propagande alliée pour « démontrer » la « culpabilité coloniale allemande ». Aujourd’hui, ce sont ces mêmes photos qui alimentent la campagne de repentance nationale.

Pour la gauche allemande et pour les Églises qui soutiennent naturellement, et même avec gourmandise, son combat, tous ceux, civils et militaires qui participèrent, de près ou de loin, à la guerre des Herero sont donc par définition des criminels.

En premier lieu Paul Emil von Lettow-Vorbeck (1870-1964), légendaire officier colonial qui devrait pourtant figurer au Panthéon des gloires allemandes pour sa campagne de l’est africain (1914-1918) [1].

Or, tout au contraire, bien qu’il ait été un adversaire du III° Reich, présenté aujourd’hui comme l’archétype du « criminel colonial », il est donc devenu une des principales cibles de ce politiquement correct qui achève d’émasculer une Allemagne étouffée sous ses complexes. Les rues et les casernes von Lettow-Vorbeck sont ainsi débaptisées pour recevoir les noms de déserteurs ou de militants de gauche, comme à Brême, à Bad Segeberg, à Hambourg-Jenfeld et à Leer. Quant au conseil municipal de Sarrelouis, sa ville natale, il s’est déshonoré en débaptisant l’avenue qui portait son nom et en lui retirant la citoyenneté d’honneur de la ville. Il en fut de même à Wuppertal, Brême, Cuxhaven, Mönchenglabach, Halle, Radolfzell et même à Graz, en Autriche. Des ouvrages indigents et d’une rare malhonnêteté intellectuelle sont également publiés afin de salir sa mémoire.

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Mais, face au Mythe, que pèsent les pelotes fécales roulées par les bousiers de la repentance ? Ces derniers pourront toujours débaptiser, interdire, détruire, condamner, vociférer et finalement trépigner. Ils ne parviendront jamais à faire oublier la dévotion que les Askaris vouaient au général Paul von Lettow-Vorbeck, un chef qu’ils admiraient et auquel ils avaient donné, avec amour et respect, le nom de « Bwana mukubwa ya akili mingi » (le grand homme qui peut tout).

Ils ne pourront également jamais, ces coprophages, empêcher les jeunes européens rebelles de chanter le Heia Safari [2] durant leurs randonnées et lors de leurs veillées. Cet hymne à la liberté et aux grands espaces qui résonne encore du Kilimandjaro à la Rufidji porte, avec les échos lointains des fifres et des caisses plates, les rêves d’une Europe en dormition dont le réveil sera douloureux aux hypnotiseurs vicieux qui pensaient la tenir définitivement en leur pouvoir…

Notes:

[1] Voir à ce sujet ma biographie du général von Lettow-Vorbeck intitulée « Heia Safari ! Du Kilimandjaro auxcombats de Berlin (1914-1920) ».

[2] En français « La petite piste ». Mélodie composée à la veille du premier conflit mondial par Robert Götz, également l’auteur du très célèbre Wildgänse (Les Oies sauvages). Dans mon livre, Heia Safari, je retrace l’origine de ce chant et je donne ses paroles en swahili, telles que les chantaient les askaris du général von Lettow-Vorbeck.

lundi, 24 février 2020

A Renaissance Human in the Digital Age

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A Renaissance Human in the Digital Age

Ex: https://medium.com

THE MAIN PROBLEMS OF MODERN HUMAN

I want to start with the question: “Is it possible to become Renaissance Man in the Digital Age?»

The problem of modern human living in the era of Big Data is that he is drowning in the flow of information. The human of Antiquity, the Middle Ages, the Renaissance, had a particular amount of knowledge. Today, we can’t even determine what we need to know. Most often, this is determined by our profession and the direction of our activity. Given the fact that the modern world is still dominated by the tendency to narrow specialization, we can come to disappointing conclusions. A modern human needs to be able to find in a massive flow of unstructured information, the one that will serve for its comprehensive and harmonious development.

Nowadays, only a few people know how to work with information. It is not chaotic to absorb, not to be satisfied with an incomplete acquaintance, but to be selective, to show the art of separating important from secondary, necessary from casual. There are two opposite approaches to knowledge: simple accumulation of information and transformation by knowledge. These two approaches are based on two principles — forma formanta and forma informanta. The first is inherent in a person initially. The forma formanta action is directed from the center to the periphery. We can say that this is the inner Logos or axis of the soul. This principle conditions all internal transformations that we experience. Forma formanta is related to “vertical knowledge”. Forma informanta is an external force that acts from the periphery to the center. It determines all other people’s influences (especially the importance of society). This is “horizontal knowledge”. I realized very early on that our entire educational system is based on forma informanta. In educational institutions, we are informed at best, but we are not formed in any way. In the twenty-first century, we have to synthesize these two principles.

There are other problems faced by the modern human, who can no longer imagine his life without digital assistants. According to research conducted by cognitive neurobiologists, people barely read texts. They don’t read anymore; they just scan them. Scattered attention, fragmentary perception of information, search for keywords, “surfing” rather than reading — this is the result. Of course, many people have decided to abandon paper books altogether and wholly switched to electronic ones. The skill of reading is increasingly lost. It is no secret that many people are no longer able to read Hesse’s “The Glass Bead Game “, much less Schelling’s” Philosophy of mythology”. How can we counter the trend outlined here? One of the ways today is called slow read. For this purpose, reading groups are created all over the world. They allow you to experience time differently and reopen text that is not scanned but is slowly read, parsed, discussed, and commented on.

41tNS4DFN8L._SX335_BO1,204,203,200_.jpgAnother problem with a modern human is poor memory. Why remember something if you can find all the information on the Internet? Xenophon reports that Athenian politician and general Nicias forced his son Niceratus to memorize by heart the works of Homer. Now no one even tries to set such a task for themselves. It has reached the point that today not everyone is also able to finish reading the epic of Homer to the end. Alberto Manguel writes in “Homer’s The Iliad and The Odyssey: A Biography” that memory training in the Byzantine educational system was given considerable attention: after several years of practice, students had to know the Iliad by heart.

CREATION A WORLDVIEW

Creation a worldview is a complex and lengthy process. We often meet people who do not have any worldview. At best, they have a particular set of opinions (in most cases, not their own) and incomplete knowledge, based on which they draw conclusions and make decisions. If there is no worldview, then there is no internal axis, center, or reference point around which a separate world is formed. A person “just lives”, unaware of the values, views, and desires imposed on him. The inability to cope with the massive flow of information that today threatens to wash away any truth from the face of the earth leads it to a chaotic capture, senseless accumulation. He does not know how to choose the most important thing from this inexhaustible stream. If he had a worldview, a particular coordinate system, then approaching the bookshelves or looking at a series of links and headlines in his news feed, a person would instantly make the right decision: “take” or “put aside”. To build your worldview, you need to be a good architect.

In the process of forming ourselves, we always lose sight of the fact that human is a process, as the act of creation. It is in constant development and transformation. There is an ontological gap between the human of Antiquity and the human of the Middle ages. And those who naively believe that humans are always the same, that we are the same today as we were hundreds of years ago, make an unforgivable mistake. When we talk about the “ancient Greek,” “medieval European,” “Renaissance human,” “Modern human,” “postmodern individual,” we are talking about entirely different and, I would venture to say more radically, diametrically different human types. Changing paradigms always means a fundamental change that can be correlated with a “re-creation of the world.” Everything changes the ontological status of a human, his view of life, death and the afterlife, time and space, the divine; his ideals, his values, etc. change. The understanding of these changes dictates the division into historical periods.

41k4XMEZqKL._SX326_BO1,204,203,200_.jpgJoel Barker, in his book “Paradigms: Business of Discovering the Future”, emphasizes that he does not agree with Thomas Kuhn, who believed that paradigms exist only in science. I always emphasize that I use the word “paradigm” without any reference to Kuhn’s paradigm theory, and take its original meaning (from Greek. παράδειγμα, “example, model, sample”). So, Barker is convinced that the new paradigm comes sooner than there is a need for it. The paradigm is always ahead of demand. And, of course, the apparent reaction to this is rejection. Who is changing the paradigm, according to Barker? It’s always an outsider. The one who breaks the rules turns them — at the same time improving the world. “What is defined as impossible today is impossible only in the context of present paradigms,” says Barker. Let’s put the question again: “is it Possible to become Renaissance human in the digital age? This is not possible only in the context of the old paradigm. But that paradigm could disappear by tomorrow.

PARADIGM SHIFT: A REVOLUTION IN HUMAN THINKING

The type of personality that appeared in the pre-Socratic period delighted Friedrich Nietzsche, who wrote about the Republic of Geniuses, where the philosopher was a magician, a king, and a priest. This type of personality will still manifest itself in the Middle ages — in the person of the philosopher, scientist, and theologian Albert the Great (Doctor Universalis), the Arab scientist Ḥasan Ibn al-Haytham and the philosopher and naturalist Roger Bacon. And in the Renaissance — as homo univeralis, the most striking embodiment of which will be Leonardo da Vinci: painter, sculptor, architect, inventor, musician, writer, and scientist, ahead of his time. Then it will be replaced by another type-a a scientist of narrow specialization. It’s no longer a microcosm that reflects the entire universe (macrocosm). The world becomes too vast for him, so the specialist decides to confine himself to a small island, where he spends the rest of his days in the eternal scientific studies, to come to results that can easily be refuted by a new generation of such scientists. E. R. Dodds wrote:

The sort of specialisation we have today was quite unknown to Greek science at any period, and some of the greatest names at all periods are those of nonspecialists, as may be seen if you be seen if you look at a list of the works of Theophrastus or Eratosthenes, Posidonius, Galen, or Ptolemy.

In the age of Antiquity, the idea of a perfect human necessarily included the concept of “kalokagathos” (Ancient Greek: καλὸς κἀγαθός). It was a symbol of the harmonious union of external and internal virtues. Another idea that will become the basis of the system of classical education — “Paideia” (παιδεία), that is, the formation of a holistic personality, it was closely related to “kalokagathos.” The harmonious system of ancient (classical) education laid the foundation for the future educational system of Europe.

For the ancient Greeks, the human was not just an individual but an idea. And this idea included all stages of the spiritual and intellectual development of society.

In the Middle Ages, the concept of the ideal human changes significantly, and in place of harmony between external and internal comes the realization of the original sinfulness of the human being; between God and human, an abyss appears, forcing the latter to take the path of redemption to restore the lost harmony. The flesh begins to be thought of as sinful and despicable, the earthly world as a place that must to reject and devote all your thoughts to the service of God. Knowledge gives way to faith. An ascetic monk takes the place of the ancient Greek. The fundamental idea of” imitating God” remains unchanged, only God and the nature of the imitation itself change. If the ancient Greeks imitated the Olympian gods and heroes, the medieval human imitated Christ. The changes in human perception of the world during the transition from Antiquity to the Middle Ages are so radical that at the time we are talking not just about two different ideas about the “perfect human”, but also about two different ontological levels: “the level of the Mystery” and “the level of baptized”. In both cases, the person experienced profound changes, after which his life was strictly divided into “before” and “after”. It is no coincidence that Hans Sedlmayr begins the periodization of Western culture from the Middle ages (skipping Antiquity) — it was another world, another human, another ideal, another look at the choice of life, a different view of death. And another way of looking at philosophy. For a medieval human, philosophy was “the handmaiden of theology.”

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Philosophia et septem artes liberales, the seven liberal arts

It was in the middle ages that the first universities began to appear, which immediately acquired the status of centers of philosophy and culture, science, and education. As a rule, the medieval University consisted of three higher faculties: theology, medicine, and law. Before entering one of these faculties, the student was trained at the artistic (preparatory) faculty, where he studied seven Liberal arts. And only after receiving the title of bachelor or master, he had the right to enter one of the three faculties, were at the end of the training, he won the title of doctor of law, medicine or theology. The seven Liberal arts were divided into two cycles: trivium (grammar, dialectics (logic), rhetoric) and quadrivium (arithmetic, geometry, astronomy, music, or harmonica). Despite the fact that the origins of the seven Liberal arts go back to the Hellenistic era (the Sophist Hippias), in the Middle ages this system was in the service of religion: grammar was intended for the interpretation of Church books, dialectics was used for polemics with heretics, rhetoric was necessary as a tool for creating religious sermons, etc.

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Only in the Renaissance age (which was primarily the Renaissance of Antiquity) does the medieval idea of a sinful being give way to the idea of homo universalis, a harmonious and holistic personality; inevitably this means a return to the fundamental principles of the Ancient idea of the perfect human — “kalokagathos”, “paideia”, “arete”. After Thomas Aquinas and Saint Augustine of Hippo come to Georgius Gemistus, Marsilio Ficino and Pico Della Mirandola. Classical education, based on the study of ancient languages as a way to comprehend the cultural heritage of Antiquity, was founded in this era. As the Russian poet and playwright Vyacheslav Ivanovich Ivanov rightly remarked: “European thought constantly and naturally returns for new stimuli to the genius of Greece.”

In the Renaissance, a paradigm shift occurs again: appear is a gap between the medieval worldview and the worldview of the Renaissance human. The same gap to separate the person of the Renaissance from the individual of the New time when there was a break with the classical model of education. One of the embodiments of the anti-classical approach to education was the French sociologist Jean Fourastie (1909–1990), who insisted that we should discard the classical humanitarian culture and focus on the new ideal of an educated person — a specialist of a narrow profile who has the ability to quickly adapt to the constantly changing realities of the modern world. This specialist was not required to have a high level of culture since the range of his tasks was reduced to the effective service of the world, the values of which were now determined not by homo universalis, but by homo economicus.

REINVENTION OF HUMAN

Today it is common to talk about the collapse of humanism, but we still use the word “humanitarian” out of habit. What is humanitas, and does the range of modern Humanities correspond to its original purpose? Why do we observe how the very “idea of human” is lost? “The Fatigue from human”, “the overthrow of the human”, “the destruction of the human”, “the disappearance of the human” arise in all spheres of our existence.

The latest trends in modern thought reduce a person to the level of an object, depriving him of his prior ontological status. A toothpick and a Buddhist monk, a Hummer and a Heidegger, a nail file, and a talented painter are placed on the same line. One is equal to the other. Object-oriented thinking that puts a THING at the center of being. Metaphysics of things. Being is no longer hierarchical. The same tendency can be found in modern theater and in contemporary painting, which is looking for an opportunity to free themselves from a human finally. Objects and things are increasingly taking the place of the human. The human himself, sometimes installed in work, turns into an object. The human image “disintegrates”, is dismembered, disassembled into parts, like a mechanism. In painting, there has long been a fragmentation of the human image (from distortion of proportions and emphasis on bodily ugliness to the dismemberment of the body). At Norwegian artist Odd Nerdrum, the focus on painful and damaged bodies becomes constant. American artist and sculptor Sarah Sitkin is engaged in splitting the human image, deliberately distorting it. We can see the same thing in the works of other artists: Marcello Nitti, Radu Belchin, Christian Zucconi, Berlinde de Bruyckere, Emil Alzamora, João Figueiredo.

The human is almost banished. But in his place did not come, neither a Superman nor a Godman. Rare attempts to put a different anthropological formation in the position of the disappearing human can be noticed even among European symbolists: Jean Delville, Simeon Solomon, Fernand Khnopff, Emile Fabry, and others. But this was instead a warning of the” new human,” his barely perceptible breath, a secret call. Science fiction writers (for example, Herbert Wells) managed to anticipate the phenomenon of its complete opposite — Digital Human. Who is he, this child of the network century, communicating through tags and tweets — a harbinger of the end of humanity or the Creator of a new “Digital God” — Artificial Intelligence? All attempts by inhumanists, speculative realists, “space pessimists”, etc. to solve the problem of “Lost Centre” and learn to think beyond the limits of human are initially doomed to failure. They do not create breakthroughs in the field of thought; all they do is reveal the symptoms of a dangerous disease called “death of the idea of human”.

I am convinced that the crisis of the Humanities is connected with the plight of the “idea of the human.” And only a return to the “idea of human”, to the spiritual dimension of human existence, but at a new stage, can lead to the revival of the Humanities. In this and only in this case will humanitas regain its original meaning. However, it is not enough just to go back to the old definition of human, today we have to “reinvention of human”. Redefine its meaning, redefine its purpose and place in the world, and understand its advantages over Artificial Intelligence.

9780520288133.jpgTobias Rees is the founding Director of the Institute’s Transformations of the Human Program. He suggests that fields such as Artificial Intelligence and synthetic biology should be seen as philosophical and artistic laboratories where new concepts of human, politics, understanding of nature, and technology are formed. What was traditionally associated with the main tasks of the Humanities, which were centered on human, has now moved to the fields of natural and technical sciences. The Humanities have stopped answering the question: “What is a human?” But this is the fundamental and critical issue today. Specialists who are closed within the boundaries of their disciplines are not able to answer it. Tobias Rees sends philosophers and artists to the world’s largest corporations to work with engineers and technologists to form a new idea of the human.

At the same time, we must clearly understand that rethinking the idea of the human will undoubtedly entail a rethinking of the entire corpus of Humanities. What is it like to be a human being in the age of intelligent machines? What is the fundamental advantage of a human? What will never, under any circumstances, be impossible to automate, calculate, and turn into Algorithms? Futurologist Gerd Leonhard, contrary to Yuval Harari, who is obsessed with Algorithms, puts forward the idea of androrithms, that is, specific non-enumerable attributes that make us humans. These attributes are exclusively human and can never be assigned by a machine. To androrithms, Leonhard includes empathy, intuition, compassion, emotional intelligence, imagination, and Dasein (Heidegger). Leonhard writes:

«Leonardo Da Vinci’s ‘Vitruvian Man’ depicted the ideal proportions of the human body — maybe now we need a ‘neoluvian man’ describing the future relationship of humans and technology?».

In the article “2020 Will Bring A New Renaissance: Humanity Over Technology”, Gerd Leonhard argues that we will soon witness a resurgence of humanism and the Humanities. Undoubtedly, this trend is gradually gaining influence in the Western world. It is enough to read the book “Sensemaking: The Power of the Humanities in the Age of the Algorithm” by Christian Madsbjerg to see how modern world leaders and corporate heads are rediscovering the Humanities and applying its methods to solve critical problems in their industry. Madsbjerg himself is a well-known business consulting specialist and founder of ReD Associates. He founded a consulting company when he was only 22 years old and developed an innovative approach to business thinking (his company specializes in strategic consulting based on the foundation of the Humanities). He is a genuine Polymath that has a dominant intellectual (theoretical and practical) foundation in the field of philosophy, Ethnography, anthropology, sociology, literary studies, history, discursive analysis, business management, etc.

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The ‘Neoluvian’ Man

You might be surprised to find that more than a third of Fortune 500 CEOs have degrees in the Humanities. The illusory idea that only a narrow specialization in STEM will give us a guarantee of building a successful career is a thing of the past. Even the Israeli historian Yuval Harari was forced to admit that the development of AI can displace many people from the labor market. Still, at the same time, there will be new jobs for philosophers. It is their skills and knowledge that will suddenly be in high demand. And American billionaire Mark Cuban believes that “In 10 years, a liberal arts degree in philosophy will be worth more than a traditional programming degree.”

We live in the age of Big Data, but we need to remember that Big Data will never replace Big Ideas. It is the absence of Big Ideas that can be considered the main characteristic of the modern era. Big Ideas always carry transformational potential, imply radical transformations, and those who dare to express them, as a rule, are tested by distrust on the part of a society that is not ready for changes. But only these people have had and will continue to have an impact on the course of human history — Renaissance human, polymath — the Big Idea that underlies the new paradigm of thinking. If you need to define this type of thinking, the most appropriate epithet for it is “integrative”. Roger Martin limits it’s as “the ability to face constructively the tension of opposing ideas and, instead of choosing one at the expense of the other, generate a creative resolution of the tension in the form of a new idea that contains elements of the opposing ideas but is superior to each.” Most people are used to thinking in the “or-or” mode; it is difficult for them to keep two mutually exclusive ideas in their heads at the same time and, without throwing either of them away, to generate a new one (and this process involves intelligence, intuition and every time a unique human experience).

They also find it challenging to create a synthesis of knowledge and skills from different disciplines, and the implementation of integration of various industries seems almost fantastic to them.

I want to emphasize that this is not just about one type of thinking. It is a critical meta-skill that is a human advantage and will never be mastered by a machine, despite the development that Artificial Intelligence will soon achieve.

Strictly speaking, today, we can distinguish three main types of thinking: algorithmic (machine), traditional and integrative (holistic). In the age of Algorithms, only integrative thinking can withstand the battle with AI. The struggle is not just for resources, power, or influence, but for a human.

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Russian philosopher, cultural scientist, a specialist in Antiquity, curator of Janus Academy.

dimanche, 23 février 2020

La manipulation mentale, une arme de destruction massive de notre démocratie directe et participative

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La manipulation mentale, une arme de destruction massive de notre démocratie directe et participative

Par PD. Dr. méd. Dominique Schwander

Ex: https://www.lesobservateurs.ch

Les manipulateurs pervers narcissiques représentent 2 à 3 % de la population occidentale et les psychopathes 1%. Ils sont parmi nous. Des élus, des politiques et, évidemment, des spécialistes en communication, des meneurs de campagne électorale nous manipulent, sans être nécessairement des pervers narcissiques ou des psychopathes. Tous ces gens, les mass médias et leur intelligentsia journalistique qui a trahi sa mission de leader informateur, font des efforts conscients pour manipuler de manière éhontée l’opinion publique et les électeurs. Nous sommes tous plus ou moins manipulés car nous sommes tous humains et donc manipulables.

Les techniques et stratégies de manipulation mentale sont exercées individuellement, par exemple dans une famille ou sur le lieu de travail. Sun Tzu, Mahomet, Pavlov, Schopenhauer, Goebbels, Bernais, Chomsky, Bush, Obama, le couple Clinton, Merkel, Erdogan, Macron, Leuthard, Sommaruga, Berset, Darbellay, etc, étaient/sont des adeptes de la manipulation de masse. Les techniques de manipulations de masse sont exercées sur une population à des fins politiques, idéologiques, religieuses, économiques ou militaires. Depuis Sun Tzu, les armées et les dictatures ont toutes leur manuel de manipulation et de diversion, par exemple l’armée des USA: « Silent weapons for quiets wars". Operations Research Technical Manual TW-SW7905.1.1979. Et bien sûr tant de gouvernements, pas seulement de pays musulmans et de dictatures, ont peur de laisser un libre penseur, un individu critique, voir une partie du peuple Souverain développer leurs propres sphères d’influence, ce qui risque de remettre en question les fondements de la société et leur pouvoir mais surtout créerait des changements sociaux remettant en cause la légitimité, le statut et les avantages d’élus carriéristes et de hauts fonctionnaires.

Les autorités qui manipulent un peuple ne mènent pas une vie exemplaire sur le plan moral, bien au contraire. A force d’être manipulé, tôt ou tard, le peuple  laisse un régime autoritaire puis une dictature être instaurés. Les supporters de cette dictature manipulent à loisir, profitent de la situation, la corruption se généralise et contamine toute la société, de bas en haut. Ils oublient vite que, dès que la classe dominante cesse d’être un symbole des valeurs éthiques, sa chute devient inévitable, même si cela prend beaucoup de temps. Finalement, comme on peut l’observer en Afrique et en Amérique latine, les entrepreneurs et les élus font l’apologie de la corruption en affirmant que grâce à elle l’économie est florissante et le produit national brut augmente chaque année. Promus dans la caste aux côtés d’oligarques enrichis ou rêvant de le devenir, ils ne voient plus que, sauf quelques exceptions semblables à eux, la classe moyenne s’appauvrit, le pouvoir d’achat baisse plus que le PIB augmente, les pauvres augmentent, sont prêts à  écouter un groupe d’aristocrates de l’esprit communistes et à les soutenir afin de rompre sciemment avec le démocratisme ploutocrate, corrompu et exploiteur.

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Ci-après une liste non-exhaustive de comportements, de stratégies, de tactiques et de techniques de manipulation mentale, dénommée aussi sujétion psychologique, dont l’objectif est toujours de contrôler notre perception de la réalité en prenant le contrôle psychique du sujet manipulé, qu’il est plus juste de nommer la victime:

    • Le gas lighting est une tactique de manipulation mentale qui consiste à déformer ou à fausser le récit des évènements de manière à faire douter la victime de sa mémoire, de sa perception et de son équilibre psychique, par exemple l’électeur, une femme maltraitée ou un Donald Trump. Cette tactique s’appuie sur la dissonance cognitive, c’est-à-dire le conflit entre deux différentes informations, entre deux pensées contraires, entre deux opinions. Le déni de la réalité et du contenu intolérant, meurtrier et impératif du coran et des autres textes musulmans « sacro-saints » est une telle manipulation mensongère entretenue par des élus islamo-collabos, angéliques ou idiots utiles. Pour ces derniers en déni, l’islam-idéologie est une religion de paix, de tolérance et de bonheur. Pour les autres, qui ont pris connaissance du coran, des hadiths, etc, et qui observent la réalité quotidienne autour d’eux, c’est une idéologie guerrière, militante, envahissante, d’une autre temporalité et irrationnelle.
    • Manipulation du langage: les idéologues et les politiques doctrinaires manipulent le langage. Par exemple l’islam-idéologie est très proche du communisme et du socialisme par leur manipulation du langage.
    • Jouer sur l’émotion est une technique classique pour empêcher toute analyse rationnelle d’une situation. On fait appel à l’émotionnel plutôt qu’à la réflexion. C’est ce que font quotidiennement les présentateurs à la télévision, des élus, des imams, plutôt que d’essayer d’apporter des faits, des explications objectives, une observation  impartiale et d’encourager les spectateurs et les gens à analyser et à raisonner avant qu’ils choisissent ou décident par eux-mêmes. Manipuler ou susciter des émotions permet d’accéder à l’inconscient et au moi narrateur des individus, à influencer les gens dans leurs idées, leurs peurs individuelles ou collectives, leurs désirs, par exemple le paradis pornographique de Allah et de sa superstar Mahomet. Ce faisant les manipulateurs nous suggèrent des comportements et des décisions que nous croyons venir du plus profond de  notre être, alors que ce n’est pas le cas.
    • La stratégie de la diversion et de la distraction est très utilisée et très efficace. Elle détourne l’attention du public des vrais problèmes pour lui imposer à la place du superflu insignifiant que l’on met savamment en scène dans les émissions d’actualité traitées dans les mass médias. Le réchauffement climatique, la possession légale d’armes, « panem et circenses » de la Rome antique, les manifestations sportives actuelles, les rituels de l’islam-idéologie, le pas d’amalgame, en sont des exemples quotidiens.
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    • La stratégie de l’homme de paille ou sophisme de l’épouvantail est très utilisée en politique et en islam. Elle représente de manière fausse ou exagérée, de façon absurde ou irrationnelle, vos propres pensées et sentiments. Cela finit par invalider totalement notre droit à avoir ou à exprimer des pensées, des émotions, une opinion ou un vote et finalement nous avons des doutes, culpabilisons et changeons d’avis. Les pervers narcissiques, les psychopathes essayent de représenter nos opinions, nos émotions et nos expériences vécues de manière fausse, absurde ou irrationnelle afin de convaincre les autres que nous avons nous des défauts de caractère et sommes irrationnels.
    • Traiter les gens comme des enfants: des émissions grand public ou de la publicité s’adressent à nous comme à des enfants, ce qui génère des réactions émotionnelles « cool » du public confronté en réalité à de graves problèmes qui sont ainsi minimisés, vu qu’ils suscitent bien peu de réactions.
    • Maintenir les gens dans l’ignorance sous prétexte que les gens qui savent sont dangereux, menacent l’équilibre du système en place, de l’établissement politico-économique, religieux ou idéologique. Toute dictature, tout gouvernement autoritaire et/ou théocratique maintiennent l’instruction publique et l’éducation à un niveau très bas. Cela fait partie des techniques pour que des systèmes autoritaires, (Inquisition par exemple), idéologiques (islam-idéologie par exemple) ou corrompus (nation africaine ou sud-américaine), perdurent. C’est attristant. En réalité, l’instruction publique et les mass médias sont les deux secteurs à partir desquels le monde pourrait devenir, sans corruption ni violence, renouvelé et élevé moralement. L’instruction publique nourrit ou empoisonne l’esprit de l’enfant. Les mass médias nourrissent ou empoisonnent l’esprit de l’adulte. De nos jours, l’école et les mass médias sont tous deux aux mains d’une gauche dénuée d’esprit: les remettre aux mains de l’esprit et de la raison serait la plus haute tâche de toute politique idéale, de toute révolution idéale
    • Encourager la médiocrité en érigeant au rang de valeurs, la bêtise, la vulgarité, la sexualisation de tout, l’ignorance, voir un rap idiot, grossier et sexuel ou les émissions de télé-réalité. Plus la chanteuse est vulgaire, sexualisée et désinhibée, plus elle est adulée et considérée une superstar. On encourage le public à se complaire dans la médiocrité puis à élire des médiocres.
    • La stratégie du différé ajourne une mesure impopulaire en la présentant comme une concession équitable, le port du voile islamique ou du burkini, la viande halal. On nous fait accepter finalement telle mesure parce qu’elle ne nous affecterait pas directement ou dans l’immédiat.
    • La stratégie du problème/solution clé en main consiste à faire croire au public que beaucoup de situations ou événements présentés comme aléatoires ou liés au hasard (par exemple le réchauffement climatique), répondent à une logique implacable. Cette manœuvre fait que la  solution apportée qui serait parfaitement inacceptable en temps normal, est non seulement acceptée mais également plébiscitée par ceux-là mêmes qui en feront les frais. Par exemple, en brûlant des cierges et en diminuant les libertés l’une après l’autre, suite à un acte terroriste musulman, en ayant du lait dans nos veines et pas du vitriol comme le terroriste musulman, nous transformons petit à petit une démocratie en une démocrature.
    • Le manipulateur emploie différentes formes de menaces, de chantage et d’abus mental pour prendre un ou des individus en otage. Il essaye de vous terrifier pour que vous soyez toujours en accord avec lui. C’est ce qui se passe dans les zones de non-droit dites aussi zones islamisées de France, de Suède, etc. Dans le monde des manipulateurs, les pervers narcissiques sont les seules personnes à avoir raison, et tout autre avis ou menace pour leur supériorité entraîne leur rage.
    • Culpabiliser l’esprit de révolte ou d’indignation: en inversant les valeurs dans un Etat-nation, en culpabilisant le révolté et l’indigné, en les tenant pour responsables de leurs peines ou malheur, en leurs faisant accepter progressivement une mauvaise image de soi, les manipulateurs dépriment et inhibent toute nouvelle action. La révolte et l’indignation sont alors remplacées par la culpabilité.
    • Si le manipulateur n’arrive pas à modifier la manière dont vous vous percevez vous-même et vous vous exprimez en public, il cherche, par des campagnes de rabaissement public, de diffamation et d’harcèlement à contrôler et à changer la manière dont les autres personnes vous perçoivent. La diabolisation ad hiltlerum ou traiter d’extrême droite un élu de droite, Christophe Blocher ou Donald Trump, est devenue, depuis Staline, une pratique émotionnelle courante de la politique guerrière que mène la gauche et les partis qui lui sont soumis. Depuis des années, de telles frappes préventives manipulatrices sont faites quotidiennement contre le Front national français et les partis populistes de droite.
    • La triangulation est une technique très utilisée par de nos élus avant les votations concernant une initiative, Elle consiste à faire intervenir l’opinion réelle ou supposée, voire la menace d’une tierce personne, faiseur d’opinion, relais d’opinion, ancien élu, professeur d’université, guide religieux, etc, ou même le public lors d’un débat publique ou télévisé, tout en invalidant en même temps la réaction légitime des  victimes face à l’abus.
    • Le manipulateur est toujours obsédé à maintenir un contrôle permanent des moindres petits aspects de votre vie et de vos émotions. A ce faire, il va même inventer des situations de conflit, afin de vous déstabiliser et de vous affaiblir. Ainsi l’islam-idéologie gère chaque facette de la vie du musulman pratiquant, ne lui laisse aucun espace de liberté, condamne tout individualisme et glorifie son oumma.
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    • La projection mentale est un mécanisme de défense des manipulateurs. Ainsi depuis XIV siècles les musulmans utilisent les juifs et Israel comme bouc émissaire et recourent à leur victimisation expiatoire pour justifier leurs razzias, leurs attaques, leurs guerres asymétriques ou hybrides et leurs actes terroristes. Ce faisant, les musulmans manipulateurs déplacent leurs responsabilités, refusent de reconnaître leurs torts et d’assumer leurs actes.
    • Attaqué le manipulateur, par exemple tel Tariq Ramadan, utilise des stratagèmes élaborés, employant des biais cognitifs, des sophismes, des arguments fallacieux et la taqyia de la nébuleuse musulmane, soit une conversation absurde et irrationnelle. Ces stratagèmes lui permettent de crier au complot, de gagner le débat, de manipuler et de vaincre l’adversaire, d’avoir toujours le dernier mot, même en ayant complètement tort. Nombres de manipulateurs dans les débats, plutôt que de prendre le temps d’examiner attentivement différentes perspectives, généralisent tous vos propos et arguments en faisant des discours généralisants qui ne reconnaissent pas les nuances.
    • Le conditionnement destructeur pratiqué par le manipulateur nous conditionne lentement et durablement parce que, en particulier, il craint tout ce que nous aimons d’autre, à part lui qui s’estime le meilleur. Nos élus eurolâtres et nos bruxellisés s’adonnent à ce travers manipulateur
    • La stratégie du dégradé est classique; quand l’addition est trop lourde, on fait plusieurs tickets. Voyez Berset avec l’AVS, les retraites vieillesse et l’assurance maladie et accident ou les revendications et exigences croissantes des immigrants musulmans.
    • Créer des problèmes, puis offrir des solutions. Le problème peut être par exemple une « false flag operation ». Les raisons données par les Français et leurs alliés pour s’ingérer militairement en Iraq et en Syrie furent des manipulations mensongères bien pires que celles données par les USA de Bush pour s’ingérer militairement en Iraq.
    • Finalement la stratégie et la technique de l’avenir: connaître les gens mieux qu’ils ne se connaissent eux-mêmes. Les techniques de pointe en algorithmes, en intelligence artificielle, en biologie, en neurobiologie, en génétique, en psychologie appliquée, par exemple concernant le moi narrateur, toutes exploitées par face de plouc, WhatsApp et autres réseaux « sociaux » scrutinateurs-surveilleurs-contrôleurs-espions apporteront tant de connaissances nouvelles sur la femme, l’homme, la société et leurs fonctionnements, que l’individu lui même ne se connait pas aussi bien que ceux qui ont accès à ce savoir, tout particulièrement aux puissants algorithmes nous concernant. Si nous ne réagissons pas, si nous ne faisons pas de meilleurs choix, ce nouveau savoir représentera un pouvoir et un outil de contrôle puissants et autoritaires pour tous ceux qui ont un intérêt à manipuler les autres et se seront donnés ces nouveaux moyens. Avant une prochaine votation, vous aurez dans votre inconscient, qui face de plouc a décidé que vous choisissiez. Comme l’a écrit en 1925  le visionnaire Comte autrichien R. N. Coudenhove-Kalergi dans son livre « Idéalisme pratique, noblesse, technique, pacifisme »:  « La technique sans l’éthique mène aussi bien à des catastrophes que l’éthique sans la technique. L’éthique et la technique doivent se compléter, doivent avancer ensemble, se réfléchir et se conscientiser ensemble. »Actuellement, chez nous, c’est la télévision, puis l’islam-idéologie, puis les élus eurolâtres et autres bruxellisés, qui contribuent le plus à la manipulation mentale de masse. C’est pourquoi, nos élus de gauche se félicitent que nos chaînes nationales accaparent la quasi totalité, soit beaucoup plus que 1 milliard de CHF, des redevances que tous les citoyens suisses payons ; une bonne raison de voter oui à l’initiative NO BILLAG, de libéraliser et de privatiser le marché de la télévision et de la radio. Notre télévision nationale coûte très cher au peuple et est vraiment mauvaise. Pour le prix que paie chaque famille et même (!) nos entreprises notre télévision est une misère. Les Espagnols et les latino-américains ont deux termes imagés et métaphoriques pour qualifier une télévision comme notre nationale: « telebasura » soit téléordure ou mieux encore « TV chatarra » soit TV ferraille ou TV débris, la « comida chatarra » étant la malbouffe. Nos coûteuses chaînes de télévision nationales ne sont-elles pas une fort coûteuse TV malbouffe contre laquelle nous devons réagir avec fermeté et indignation. 

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  • Notre télévision suisse pollue notre mental et celui de nos enfants avec des émissions de plus en plus bêtes et addictives. Elle suggère des idées pauvres, des façons de penser irrationnelles, une inculture, un faux savoir et un tas de choses à consommer. Elle est devenue si mauvaise qu’elle n’incite pas à la réflexion.
  • Il n’y a pas de vrais débats à la télévision. Les débats ne sont plus présidés et dirigés par une personne impartiale et cultivée.
  • Les invités sont toujours des soit-disants experts qui débitent et débitent comme des journaux pisses-copie, de façon mal dissimulée, une vérité dictée par l’idéologie, une tendance politique le plus souvent de gauche, l’argent, ou le pouvoir, mais bien évidemment jamais discutable.
  • Notre télévision nationale est devenue l’art de perdre du  temps; moins pour les entrepreneurs qui sont eux beaucoup plus axés sur la lecture que la classe ouvrière et les enfants et moins pour les jeunes devenus accrocs au réseaux sociaux et à l’internet.
  • Notre télévision, comme notre presse quotidienne, est un flot ininterrompu d’informations inutiles, sur lesquelles le téléspectateur/lecteur n’a pas d’influence, contrairement aux sites web de réinformation qui publient les nombreux commentaires des internautes. Donald Trump, disant ce qu’il pense et faisant tant d’efforts pour faire ce qu’il a promis avant d’être élu, est passé par là: les journaux quotidiens tel le poubelliste, le liberticide, autres bidonneurs et canards aux accroches, angles, scoops, audience douteux et équivoques, qui ont rien d’interactif, parce que leur redac’chef qui se met en photo en première page refuse de publier les lettres d’opinion et même les articles de lecteurs qui lui paraissent politiquement incorrects, prendront un bouillon puis feront faillite et seules les futures chaînes de télévision privées qui seront vraiment interactives survivront. Réjouissons-nous, la chaîne CNN manipulatrice et tellement menteuse a perdu 30 % de ses annonceurs, les finances du New York Times et du Chicago Tribune, que nos quotidiens copient fidèlement le lendemain matin, vont mal.
  • L’information est tronquée, et manipulée parce que quelques oligarques, la caste pseudo-aristocratique de l’argent, détiennent la très grande majorité des mass médias du monde entier, tous supports confondus. Si bien que ceux qui gobent cette  « info » ne savent plus ce qui se passe réellement dans leur canton, dans leur pays et dans le monde. Ils vivent dans le récit d’un monde factice qui désigne ses gentils et ses méchants au gré des intérêts politiques, idéologiques, économiques et militaires du moment.
  • Notre télévision nationale est la reine de la désinformation. Pour être désinformé rien de rien de tel qu’écouter quotidiennement « les infos » et les « nouvelles ».
  • Notre télévision rend étroit d’esprit et ramollit le cerveau. L’information est déversée tel quelle dans notre cerveau. Nous ingurgitons tout ce que les journaleux ripeurs nous versent. Nous entendons tout le temps les mêmes choses et à longueur de journée (chômage, précarité, immigrés, catastrophes et tant de futilités) à tel point que nous pensons que c’est le seul point de vue viable, que c’est la vérité et finalement nous ne mettons même pas en doute ce que nous entendons et voyons ni ne nous viendrait à l’esprit de soupçonner l’existence d’autres points de vue.
  • A la télévision, la publicité est toujours présente, importante et primordiale. Ce neuromarketing nous fait consommer d’avantage et mal. En outre, toutes ces émissions de télévision subventionnées par les citoyens-contribuables sont pensées et choisies pour mettre le téléspectateur-consommateur dans la meilleure disposition mentale possible pour avaler tant les messages publicitaires que les affirmations et conclusions partiales de journalistes de gauche, de la caste à la Soros et de dits experts.
  • Des études ont montré que l’obésité augmente même chez les enfants à mesure des heures quotidiennes passées devant la télévision et que la télévision est mauvaise pour la santé.Succomber au pouvoir de séduction, de suggestion, de persuasion et de soumission volontaire ou non, des manipulateurs mentaux est facile; c’est même inévitable si nous n’y prêtons pas une attention soutenue et quotidienne. Bien informés, nous sommes des citoyens; mal informés, nous devenons des sujets puis des soumis. Citoyens du peuple Souverain suisse, reprenons tous le contrôle de notre propre vie et de notre cerveau pour revendiquer un monde meilleur, tout simplement; pour cela, le 4 mars prochain, ne nous laissons plus être manipulés par nos dispendieuses chaînes TV malbouffe, leurs bien trop nombreux employés qui luttent pour leur juteux fond de commerce et leurs supporters.

PD. Dr. méd. Dominique Schwander

samedi, 22 février 2020

William Galston’s Anti-Pluralism

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William Galston’s Anti-Pluralism

William A. Galston
Anti-Pluralism: The Populist Threat to Liberal Democracy
New Haven: Yale University Press, 2018

“It is time for an open and robust debate on issues of immigration, identity politics, and nationalism that liberals and progressives have long avoided.”—William Galston

Galston is right. I will debate any liberal or progressive about these topics, and if they don’t want to debate me, I will help arrange a debate with whomever they prefer. Contact me at editor@counter-currents.com [2].

William Galston (born 1946) has had a long career spanning both political theory and practice. He received his Ph.D. in political theory from the University of Chicago and has strong Straussian credentials, although he aligns himself with the center-Left, not the neocons. (Arguably, this is a distinction without a difference.) Galston has taught in the political science departments of the University of Texas at Austin and the University of Maryland. He is now affiliated with the centrist Brookings Institution. Galston has worked for the presidential campaigns of John Anderson, Walter Mondale, Bill Clinton, and Al Gore. He was deputy assistant for domestic policy in the Clinton White House from January 1993 to May 1995.

Galston’s Anti-Pluralism: The Populist Threat to Liberal Democracy presents itself as a “liberal-democratic” centrist polemic against the populist Right, in much the same vein as Francis Fukuyama’s Identity: Contemporary Identity Politics and the Struggle for Recognition (2018, see my review here [3], here [4], and here [5]) and Mark Lilla’s The Once and Future Liberal: After Identity Politics (2017, see my review here [6]).

But Galston, like Fukuyama and Lilla, received a Straussian education, so chances are good that his arguments are not entirely straightforward. Indeed, all three books can also be read as polemics against the Left, since they argue that Left-wing excesses are the driving force behind the rise of Right-wing populism. Therefore, if the “liberal democratic” establishment wishes to take the wind out of the sails of Right-wing populism, it needs to rein in the excesses of the far Left.

Galston’s theoretical account of liberal democracy is pretty much standard centrist boilerplate. His theoretical account of populism depends heavily of Jan-Werner Müller’s extremely flawed book What Is Populism?, which I have reviewed [7] already.

For Galston, following Müller, liberal democracy is essentially “pluralist” and populism is “anti-pluralist.” By this, he does not mean that liberal democracies recognize that every healthy society balances the needs of the family, civil society, and the state. Nor does he mean that a healthy polity has differences of opinion that might express themselves in a plurality of political parties. Nor does he mean that a healthy society has different classes. Nor does he mean the separation of powers or the mixed regime. Populists can embrace all those forms of pluralism, but without liberalism.

Instead, for Galston and Müller, pluralism just means “diversity,” i.e., the presence of minorities, which he describes as “helpless” and in need of protection from the tyranny of the majority. By “minorities,” Galston doesn’t mean the people who lose a vote—a group that changes with every vote—but rather more fixed minorities, such as social elites and ethnic minorities.

But what if some minorities are not helpless but actually dangerously powerful? What if liberal democracy has long ceased to be majority rule + protection for minorities? What if liberal democracy has become, in effect, minority rule? What if these ruling minorities are so hostile to the majority that they have enacted policies that not only economically pauperize them, but also destroy their communities with immigration and multiculturalism, and, beyond that, seek their outright ethnic replacement? Liberal democracy is really just a euphemism for minority rule, meaning rule by hostile elites. Naturally, one would expect some sort of reaction. That reaction is populism.

Galston understands this. He recognizes the four major trends that Roger Eatwell and Matthew Goodwin argue are responsible for the rise of populism in their book National Populism: Revolt Against Liberal Democracy: popular distrust of elites, the destruction of communities by immigration and multiculturalism, the economic deprivation—falling largely on the working-class and middle-class—caused by globalization, and the consequent political dealignments in relation to the post-war center-Left/center-Right political establishment. (See my discussions of Eatwell and Goodwin here [8], here [9], and here [10].)

In his Introduction, Galston notes that “The people would defer to elites as long as elites delivered sustained prosperity and steadily improving living standards” (p. 2). Galston actually describes elitism as a “deformation” of liberal democracy: “Elitists claim that they best understand the means to the public’s ends and should be freed from the inconvenient necessity of popular consent” (p. 4).

People stopped trusting elites when economic globalization, immigration, and multiculturalism started making life worse, and not just economically but also in terms of culture and public safety (crime, terrorism): “A globalized economy, it turned out, served the interests of most people in developing countries and elites in advanced countries—but not the working and middle classes in the developed economies . . .” (p. 3). “Not only did immigrants compete with longtime inhabitants for jobs and social services, they were also seen as threatening long-established cultural norms and even public safety” (p. 3).

Galston outlines how our out-of-touch, hostile, increasingly panicked establishment can head off populism before it leads to genuine regime change:

. . . there is much that liberal democratic governments can do to mitigate their insufficiencies. Public policy can mitigate the heedlessness of markets and slow unwanted change. Nothing requires democratic leaders to give the same weight to outsiders’ claims as to those of their own citizens. They are not obligated to support policies that weaken their working and middle classes, even if these policies improve the lot of citizens in developing countries. They are certainly not obligated to open their doors to all newcomers, whatever the consequences for their citizenry. Moderate self-preference is the moral core of defensible nationalism. Unmodulated internationalism will breed—is breeding—its antitheses, an increasingly unbridled nationalism. (p. 5)

The Left, of course, has no problem using public policy to rein in markets, but they vehemently reject Galston’s “moderate self-preference,” which is what some people would call putting “America first.” The American Left is committed to open borders, which will pauperize the American middle and working classes as surely as Republican deindustrialization and globalization.

In chapter 6, “Liberal Democracy in America: What Is to Be Done?,” Galston recommends prioritizing economic growth and opportunity and making sure it is widely shared by everyone. The “second task requires pursuing three key objectives: adopting full employment as a principal goal or economic policy; restoring the link between productivity gains and wage increases; and treating earned and unearned income equally in our tax code” (p. 87). In effect, Galston proposes halting the decline of the American middle class that has been ongoing for nearly half a century by ensuring that productivity gains go to workers, not just capitalists. As a populist, these are policies that I can support.

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Galston also suggests that a corrective to the decline in labor unions and worker bargaining power due to globalization can be offset by measures to “democratize capital through . . . worker ownership of firms, that share the gains more broadly” (p. 99).

Of course productivity can be raised in two ways: by making labor more productive through technological and organizational improvements—or simply by cost-cutting. Practically all the “productivity” gains of globalization are simply due to cost-cutting by replacing well-paid white workers with poorly paid Third Worlders, either by sending factories overseas or by importing legal and illegal immigrants. If public policy is to promote genuine economic growth, it needs to promote genuine increases in productivity, which means technological innovations, as well as better education and all-round infrastructure.

But technology doesn’t just make workers more productive. It also puts them out of work. However, if workers have no incomes, then they cannot purchase the products of automation. (Production can be automated, but consumption can’t.) So how can we maintain technological growth, a healthy middle class, and consumer demand at the same time? Galston points to a partial solution:

. . . the public should get a return on public capital the benefits of which are now privately appropriated. When the government funds basic research that leads to new medical devices, the firms that have relied on this research should pay royalties to the Treasury. When states and localities invest in infrastructure that raises property values and creates new business opportunities, the taxpayers should receive some portion of the gains. One might even imagine public contributions to a sovereign wealth fund that would invest in an index of U.S. firms and pay dividends to every citizen. (p. 99)

The key point is that when machines put us out of work, we should not fall into unemployment but rise into the class of people who live on dividends. A more direct route to the same outcome would be to adopt Social Credit economics, including a dividend or Universal Basic Income paid to every citizen. (For more on this, see my essay, “Money for Nothing [11].”)

Galston does not mention simple, straightforward protectionism, but there are sound arguments for it, and the arguments against it have been refuted. (See Donald Thoresen’s review [12] of Ian Fletcher’s Free Trade Doesn’t Work.)

The bad news for National Populists is that Galston’s proposals, if actually adopted, would significantly retard our political success. The good news is that Galston’s proposals are simply what Eatwell and Goodwin call “National Populism lite,” which means that Galston is abandoning globalism in principle. What he refuses to abandon is the existing political establishment, which he thinks will retain power only by abandoning globalism.

Another piece of good news is that the establishment will probably never listen to Galston. They are fanatically committed to their agenda. They are not going to drop their commitment to globalism in favor of nationalism, even if it is the only way to preserve themselves. Galston is trying to appeal to the rational self-interest of the existing elites. But they are not rational or even especially self-interested. Sometimes people hate their enemies more than they love themselves. But National Populists would implement Galston’s policies, and more. So perhaps he is rooting for the wrong team.

A third piece of good news is that Galston realizes that economic reforms are not enough. Galston also cites studies showing that populist Brexit and Trump voters were not motivated solely by economic concerns (pp. 76–77). They were also motivated by concerns about identity. Since Galston is talking primarily about white countries, National Populism is a species of white identity politics. Since Left-wing populism rejects nationalism and white identity politics (and only white identity politics), it can only address white voters on economic issues, which means that it has less electoral appeal than Right-wing populism.

As I never tire of pointing out, what people want is a socially conservative, nationalistic, interventionist state that will use its power to protect the working and middle classes from the depredations of global capitalism. The elites, however, want social liberalism and globalism both in politics and economics.

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The two-party system is designed to never give the people what they want. The Republicans stand for conservative values and global capitalism. The Democrats stand for liberal values and the interventionist state. When in power, the parties only deliver what the elites want, not what the people want.

The consequence is neoliberalism: an increasingly oligarchical hypercapitalist society that celebrates Left-wing values. Galston offers interesting support for this thesis by quoting Bo Rothstein, “a well-known scholar of European social democracy” who argues (these are Rothstein’s words) that “The more than 150-year-old alliance between the industrial working class and the intellectual-cultural Left is over” (p. 103). Rothstein elaborates:

The traditional working class favors protectionism, the re-establishment of a type of work that the development of technology has rendered outdated and production over environmental concerns; it is also a significant part of the basis of the recent surge in anti-immigrant and even xenophobic views. Support of the traditional working class for strengthening ethnic or sexual minorities’ rights is also pretty low. (p. 103)

Since the Left’s values are the “exact opposite,” Rothstein proposes that the Left ally with the “new entrepreneurial economy.” Hence the marriage of some of the biggest corporations on the planet—Facebook, Apple, Amazon, Microsoft, Google—with trannies, POCs, Muslims, feminists, and global warming fantasists. This coalition thinks it will win through replacing the white working and middle classes with non-whites. Galston notes that Democratic Party circles in the US hold essentially the same views:

The best known have based their case on long-cycle demographic shifts. There is a “rising American electorate” made up of educated professionals minorities, and young people, all groups whose share of the electorate will increase steadily over the next two generations. These groups represent the future. The white working class, whose electoral share has dwindled in recent decades and will continue to do so, is the past. This does not mean that the center-left should ignore it completely. [For instance, on economic matters.] It does mean that there should be no compromise with white working-class sentiments on the social and cultural issues that dominate the concerns of the rising American electorate coalition. (p. 103)

This is a crystal-clear statement of the White Nationalist thesis that the Left is counting on—and promoting—the slow genocide of whites [13] through race-replacement immigration in order to create a permanent Left-wing majority. What could possibly go wrong? Galston drily notes that “This was the theory at the heart of Hillary Clinton’s presidential campaign.”

Obviously, there was going to be a reaction. The Left has been partying like whites are already a minority, but that’s not true yet. White demographic decline is obviously a serious threat if we do nothing about it. But there is nothing inevitable about white demographic decline. It is the product of particular political policies. Thus it can be reversed by different policies. And, as Eatwell and Goodwin argue in National Populism, we still have some decades to turn things around, although of course the time frame varies from country to country. Furthermore, National Populist political movements, once they break through, are highly competitive because, unlike the center-Left and center-Right, we will actually give the people what they want, for a change.

Galston is well aware that the center-Left cannot compete with National Populists on economic ground alone:

If concessions on cultural and social issues are ruled out, appeals to the white working class will have to be confined to economics. . . . The difficulty, as we have seen, is that the audience for this economic appeal cares at least as much about social and cultural issues. Immigration, demographic change, and fears of cultural displacement drove the Brexit vote, and they were the key determinants of Donald Trump’s victory. . . .

So the American center-left has a choice: to stand firm on social and cultural issues that antagonize populism’s most fervent supporters, or to shift in ways for which it can offer a principled defense. It is time for an open and robust debate on issues of immigration, identity politics, and nationalism that liberals and progressives have long avoided. (pp. 103–104)

Galston is absolutely correct here. The Left will not win by bread alone. It needs to address questions of values and identity. But it can’t really do so without abandoning its own values and identity. We really do need open and honest debate on immigration, identity politics, and nationalism, but the Left cannot permit this, because they know they’ll lose.

Galston also recognizes that tribal sentiments—meaning a preference for one’s own—are an ineradicable part of human nature. Because of this, “The issue of national identity is on the table, not only in scholarly debates, but also in the political arena. Those who believe that liberal democracy draws strength from diversity have been thrown on the defensive. Large population flows . . . have triggered concerned about the loss of national sovereignty” (p. 95).

Galston approvingly quotes Jeff Colgan and Robert Keohane’s statement that “It is not bigotry to calibrate immigration levels to the ability of immigrants to assimilate and to society’s ability to adjust” (p. 96). Of course, assimilation is the opposite of multiculturalism. Galston suggests that US immigration policies should shift toward meritocratic concerns about economic contribution, put increasing emphasis on English fluency, and demand greater knowledge of American history and institutions. The main virtue of these proposals is that they would dramatically decrease the numbers of immigrants (p. 96). I heartily agree with Galston’s final remarks on immigration:

One thing is clear: denouncing citizens concerned about immigration as ignorant and bigoted (as former British prime minister Gordon Brown did in an ill-fated election encounter with a potential supporter) does nothing to ameliorate either the substance of the problem or its politics. (p. 96)

But again, Leftists are unlikely to take Galston’s advice. If the Left moved away from moralistic condemnations of immigration skepticism and actually debated the topic, they would simply lose. Indeed, one of the reasons why the Left supports race-replacement immigration is because they have given up on convincing white voters and simply wish to replace them.

Galston also chides Leftists for their arrogance. One of the strongest predictors of Left-wing values is the amount of time people spend in higher education, especially the liberal arts and social sciences. This does not mean that such people are genuinely educated, of course, but they are flattered into thinking they are more enlightened and intelligent than ordinary people, which feeds into populism:

Put bluntly, if Americans with more education regard their less educated fellow citizens with disrespect, the inevitable response of the disrespected will be resentment coupled with a desire to take revenge on those who assert superiority. . . . elites have a choice: they can try to take the edge off status differences or they can flaunt them. . . . It is up to privileged Americans to take the first step by listening attentively and respectively to those who went unheard for far too long. (p. 102)

Galston is right, of course, but there is little likelihood that this recommendation—or any of his others—will be heeded. The pretense of intellectual superiority, no matter how hollow, is close to the core of Leftist identity. To win by abandoning one’s identity feels like losing to most people. Thus they will tend to hold fast to their identities and hope that somehow reality will accommodate their wishes.

William Galston is a perceptive, rational, and courageous writer. I can’t help but respect him, even though he is on the other side. He is a liberal democrat. I am an illiberal democrat. He wants to preserve the current establishment. I don’t. Given that the current establishment has fundamentally betrayed our people—with the Left openly pinning its hopes on the slow genocide of whites and the Right too stupid and cowardly to stop it—we need genuine regime change.

Even though Anti-Pluralism is a critique of National Populism, I find it a highly encouraging book. Rhetorically, the book was often cringe-inducing. Evidently Galston thinks that to communicate difficult truths to liberals, they need a great deal of buttering up. But in terms of its substance, Galston—like Fukuyama and Lilla—concedes many fundamental premises to National Populists, and the only way he can envision stopping National Populism and keeping the existing political establishment in power is by adapting National Populism lite. In short, he has all but conceded us the intellectual victory. Our task is now to achieve it on the political plane.

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[8] here: https://www.counter-currents.com/2018/12/beyond-the-alt-right-toward-a-new-nationalism/

[9] here: https://www.counter-currents.com/2019/07/national-populism-is-here-to-stay-2/

[10] here: https://www.counter-currents.com/2019/11/uppity-white-folks-and-how-to-reach-them/

[11] Money for Nothing: https://www.counter-currents.com/2012/01/money-for-nothing/

[12] review: https://www.counter-currents.com/2015/09/free-trade-doesnt-work/

[13] genocide of whites: https://www.counter-currents.com/2015/09/white-genocide/

Ideología del gobierno mundial

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Ideología del gobierno mundial

Ex: https://www.geopolitica.ru

Publicado en la revista Elementy #2, Moscú, Rusia. Traducción de Juan Gabriel Caro Rivera

“La perversión debe entrar al mundo, pero desgracia para aquellos a través de cuyos esfuerzos vendrá”. Evangile

Después de la Guerra del Golfo, casi todos los medios de comunicación en Rusia, así como en Occidente, inyectaron en el lenguaje común la fórmula “Nuevo Orden Mundial”, acuñada por George Bush, y luego utilizada por otros políticos, incluidos Gorbachov y Yeltsin. El Nuevo Orden Mundial, basado en el establecimiento de un Gobierno Mundial Único, como lo han admitido con franqueza los ideólogos de la Comisión Trilateral y Bildenburg, no es simplemente una cuestión de dominación político-económica de una cierta camarilla “oculta” de banqueros gobernantes internacionales. Este “Orden” se basa en la victoria a escala mundial de una determinada ideología especial, por lo que el concepto se refiere no solo a los instrumentos de poder, sino también a la “revolución ideológica”, una conciencia de “golpe de estado”, un “nuevo pensamiento”.  La vaguedad de las formulaciones, el secretismo y la cautela constantes, el misterio deliberado de los mundialistas no permiten, hasta el último momento, discernir claramente el contorno de esta nueva ideología, que decidieron imponer a los pueblos del mundo. Y solo después de Irak, como si siguiera las órdenes de alguien, se acabaron ciertas prohibiciones y aparecieron varias publicaciones, que comenzaron a llamar a las cosas por sus nombres propios. Entonces, intentemos, sobre la base del análisis realizado por un grupo de autores de la junta editorial de “Elementos”, definir, en los términos más generales, los conceptos básicos de la ideología del Nuevo Orden Mundial.

El Nuevo Orden Mundial representa en sí mismo un proyecto escatológico y mesiánico, muy superior en alcance a otras formas históricas de utopías planetarias, como el primer movimiento protestante en Europa, el califato árabe o los planes comunistas para una revolución mundial. Quizás, estos proyectos utópicos sirvieron como preludios a la forma final del mundialismo, ensayos que probaron mecanismos de integración, efectividad de las estructuras de mando, prioridades ideológicas, métodos tácticos, etc. Tomando esto por un lado, el mundialismo contemporáneo, absorbiendo la experiencia del protestantismo, de las herejías escatológicas, las revoluciones comunistas y los cataclismos geopolíticos de siglos pasados han agudizado sus formulaciones finales, determinando finalmente lo que era pragmático e incidental en formas anteriores, y lo que realmente compuso la tendencia básica de la historia en el camino hacia el Nuevo Orden Mundial. Después de una secuencia completa de vacilaciones, ambigüedades, pasos pragmáticos y retiradas tácticas, el mundialismo contemporáneo finalmente ha formulado sus principios fundamentales con respecto a la situación presente. Estos principios se pueden asignar a cuatro niveles:

1.      Económico: la ideología del Nuevo Orden Mundial presupone un establecimiento completo y obligatorio del sistema de mercado capitalista liberal en todo el planeta, sin tener en cuenta las regiones culturales y étnicas. Todos los sistemas socioeconómicos que llevan elementos de “socialismo”, “justicia social o nacional”, “protección social” deben ser completamente destruidos y convertidos en sociedades de “mercado absolutamente libre”. Todos los coqueteos pasados ​​del mundialismo con modelos “socialistas” se están deteniendo por completo, y el liberalismo del mercado se está convirtiendo en la única forma dominante económica del planeta, gobernado por el Gobierno Mundial.

2.      Geopolítico: la ideología del Nuevo Orden Mundial da preferencia incondicional a los países que comprenden el Occidente geográfico e histórico en contraste con los países del Este. Incluso en el caso de una ubicación relativamente occidental de un país u otro, siempre será favorecida en comparación con su vecino del este. El esquema implementado previamente de alianza geopolítica de Occidente con el Este contra el Centro (por ejemplo, el Occidente capitalista junto con la Rusia comunista contra la Alemania nacionalsocialista) ya no es utilizado por el mundialismo contemporáneo. La prioridad geopolítica de la orientación occidental se está volviendo absoluta.

3.      Étnico: la ideología del Nuevo Orden Mundial insiste en la máxima mezcla racial, nacional, étnica y cultural de los pueblos, dando preferencia al cosmopolitismo de las grandes ciudades. Los movimientos nacionales y mininacionales, utilizados anteriormente por los mundialistas en su lucha contra el “gran nacionalismo” de tipo imperial, serán reprimidos decisivamente, ya que no habrá lugar para ellos en esta Orden. En todos los niveles, la política nacional del Gobierno Mundial se orientará hacia la mezcla, el cosmopolitismo, el crisol, etc.

4.      Religiosos: la ideología del Nuevo Orden Mundial está preparando la llegada al mundo de una cierta figura mística, cuya aparición se supone que cambiará drásticamente la escena religioso-ideológica en el planeta. Los ideólogos del mundialismo están convencidos de que lo que se quiere decir con esto es la llegada al mundo de Moshiah, el Mesías que revelará las leyes de una nueva religión a la humanidad y realizará muchos milagros. La era del uso pragmático de las doctrinas ateas, racionalistas y materialistas por los mundialistas ha terminado. Ahora, proclaman la llegada de una época de “nueva religiosidad”.

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Esta es exactamente la imagen que emerge de un análisis de las últimas revelaciones realizadas por ideólogos de la Comisión Tripartita, el Club Bildenburg, el Consejo Americano de Relaciones Exteriores y otros autores, atendiendo intelectualmente al mundialismo internacional en niveles muy diferentes, comenzando con el “neoespiritualismo” y terminando con diseños económicos y estructurales concretos de tecnócratas pragmáticos. El estudio cuidadoso de estos cuatro niveles de la ideología del Gobierno Mundial es una preocupación de muchos proyectos y trabajos de investigación serios, una parte de los cuales, esperamos, aparecerá en las páginas de los siguientes volúmenes de “Elementos”. Pero nos gustaría centrarnos en varios aspectos en este momento. En primer lugar, es importante tener en cuenta que esta ideología no puede calificarse como “derecha” o “izquierda”. Más que eso, dentro de él existe una superposición esencial y consciente de dos capas, relacionadas con las realidades políticas polares. El Nuevo Orden Mundial es radical y rígidamente “derechista” en el plano económico, ya que asume la primacía absoluta de la propiedad privada, los mercados completamente libres y el triunfo de los apetitos individualistas en la esfera económica. Simultáneamente, el Nuevo Orden Mundial es radical y rígidamente “izquierdista” en el frente político-cultural, ya que la ideología del cosmopolitismo, la mezcla y el liberalismo ético pertenecen tradicionalmente a la categoría de prioridades políticas “izquierdistas”. Esta combinación de la “derecha” económica con la “izquierda” ideológica sirve como eje conceptual de la estrategia mundialista contemporánea, la base para el diseño de la próxima civilización. Esta ambigüedad se manifiesta incluso en el mismo término “liberalismo”, que, en el nivel económico, significa “mercados absolutamente libres”, pero en el nivel ideológico designa una “ideología moderada de permisividad”. Hoy, podemos afirmar justificadamente que el Gobierno Mundial basará su dictadura no en algún modelo típico de “tiranía totalitaria”, sino en principios del “liberalismo”. Reveladoramente, es en este mismo caso que la terrible parodia escatológica llamada Nuevo Orden Mundial será perfeccionada y completada.

En segundo lugar, Occidente, al frente de las teorías geopolíticas del Nuevo Orden Mundial como el hemisferio donde se pone el Sol, el Sol de la Historia, asume el papel de un modelo estratégico y cultural. En el curso de la última etapa de realización de proyectos mundialistas, el simbolismo natural debe coincidir completamente con el simbolismo geopolítico, y la complejidad de la construcción, las maniobras y las alianzas políticas del bloque geopolítico anteriores, que los mundialistas usaron antes para alcanzar sus objetivos, ahora dan paso a Una lógica geopolítica clara como el cristal, que incluso un simplón es capaz de comprender. En tercer lugar, desde el punto de vista de tendencias religiosas tan diversas como el cristianismo ortodoxo y el islam, Moshiah, cuya llegada se supone que facilitarán las instituciones mundialistas en construcción, está claramente y sin ninguna duda asociada con la figura siniestra del Anticristo. Como se deduce de la lógica misma del drama apocalíptico, en el curso de la última lucha, el enfrentamiento ocurrirá no entre lo Sagrado y lo profano, ni entre Religión y ateísmo, sino entre Religión y pseudo-religión. Es por eso que Moshiah del Gobierno Mundial no es simplemente un “proyecto cultural”, un nuevo “mito social” o una “utopía grotesca”, sino que es algo mucho más serio, real, terrible. Es completamente obvio que los opositores al mundialismo y los enemigos del Nuevo Orden Mundial (los miembros del personal de “Elementos” se consideran entre ellos) deben asumir una posición radicalmente negativa con respecto a esta ideología. Esto significa que es necesario contrarrestar al Gobierno Mundial y sus planes con una ideología alternativa, formulada al negar la doctrina del Nuevo Orden Mundial.

La ideología radicalmente opuesta al mundialismo también se puede describir en cuatro niveles.

1.      Económico: prioridad de la justicia social, la protección social y el factor nacional “comunitario” en el sistema de producción y distribución.

2.      Geopolítico: una clara orientación hacia el Este y solidaridad con los sectores geopolíticos más orientales al considerar los conflictos territoriales, etc.

3.      Étnico: lealtad a las tradiciones y rasgos nacionales, étnicos y raciales de los pueblos y estados, con una preferencia especial por el “gran nacionalismo” de tipo imperial en contraste con los mini-nacionalismos con tendencias separatistas.

4.      Religioso: devoción a las formas religiosas originales y tradicionales: lo más importante, el cristianismo ortodoxo y el Islam, que identifican claramente la “nueva religiosidad”, el Nuevo Orden Mundial y Moshiah con el jugador más siniestro del drama escatológico, el Anticristo (Dadjal en árabe).

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El frente de guerra ideológica antimundialista también debe combinar en sí mismo elementos de ideologías “izquierdistas” y “derechistas”, pero debemos ser “derechistas” en términos políticos (en otras palabras, “nacionalistas”, “tradicionalistas”, etc.) y ” izquierdista “en la esfera económica (en otras palabras, partidarios de la justicia social,” socialismo “, etc.) De hecho, esta combinación no es solo un programa político convencional y arbitrario, sino una condición necesaria en esta etapa de la lucha. La prioridad geopolítica de Oriente nos obliga a renunciar por completo a los diferentes prejuicios “anti-asiáticos”, a veces sostenidos por la derecha rusa bajo la influencia de un mal y completamente inoportuno ejemplo de la derecha europea. El “anti-asiaticismo” solo juega en manos del Nuevo Orden Mundial. Y, finalmente, la lealtad a la Iglesia, las enseñanzas de los Santos Padres, el cristianismo ortodoxo es un elemento necesario y el más importante de la lucha antimundialista, ya que la sustancia y el significado de esta lucha es elegir al Dios verdadero, el “lado correcto”, la “parte bendecida”. Y nadie podrá salvarnos del falso encanto, el pecado, la tentación, la muerte, en este terrible viaje, excepto el Hijo de Dios. Debemos convertirnos en su anfitrión, su ejército, sus siervos y sus misioneros. El Gobierno Mundial es la última rebelión del mundo inferior contra lo Divino. Corto será el instante de su triunfo. Eterno será la alegría de aquellos que se unirán a las filas de los “últimos luchadores por la Verdad y la Libertad en Dios”.

El verdadero juez “vendrá inesperadamente”.

vendredi, 21 février 2020

Les juges contre la démocratie...

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Les juges contre la démocratie...

Entretien avec Anne-Marie Le Pourhiet 
Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessous un entretien avec Anne-Marie Le Pourhiet, cueilli sur Figaro Vox et consacré à la montée en puissance des pouvoirs juridictionnels face à la souveraineté des États et à l’auto-détermination de leurs peuples. Anne-Marie Le Pourhiet est professeur de droit public à l’université Rennes-I et vice-président de l’Association française de droit constitutionnel.

Salvini devant les tribunaux: les juges contre la démocratie?

FIGAROVOX.- Le Sénat italien, à la suite d’une demande d’un tribunal de Catane, a décidé de renvoyer en justice Matteo Salvini pour séquestration de migrants, celui-ci ayant bloqué un bateau de migrants au large de la Sicile lorsqu’il était ministre de l’intérieur. De telles mesures visant à limiter l’immigration clandestine sont pourtant soutenues par une majorité des Italiens. Cette décision révèle-t-elle un retournement du droit contre la volonté générale?

Anne-Marie LE POURHIET: C’est beaucoup dire. S’il s’agissait d’un contentieux administratif tendant à faire admettre la responsabilité de l’État italien pour faute résultant de la violation du droit international humanitaire ou des normes européennes, on pourrait parler de conflit entre la démocratie et le droit. Mais ici, il s’agit de poursuites pénales visant la personne d’un ex-ministre de l’intérieur (et vice-président du Conseil) engagées sur le fondement du Code pénal italien pour «abus de pouvoir et séquestration de personnes», ce qui est pour le moins fantaisiste. C’est d’autant plus étonnant qu’un décret-loi (équivalent des ordonnances françaises) adopté en juin 2019 par le gouvernement Conte avait justement renforcé les pouvoirs du ministre de l’intérieur pour refuser l’entrée des navires de migrants dans les ports italiens. Ce n’est pas la première ni la dernière procédure de ce type engagée par des procureurs siciliens contre Matteo Salvini. Ce qui change c’est qu’à la faveur du renversement de coalition politique opéré l’été dernier, le Sénat a, cette fois, levé l’immunité, dans un revirement parfaitement cocasse digne de la commedia dell’arte où l’on voit les parlementaires «Cinq étoiles» voter exactement en février le contraire de ce qu’ils avaient voté en mars pour lâcher aujourd’hui le vice-président du gouvernement qu’ils soutenaient hier.

Nous sommes davantage ici face à un phénomène de procureurs militants qui opèrent sur fond de querelles politiciennes incohérentes. On ne sait pas non plus s’il y a des ONG derrière les poursuites pénales du parquet de Catane, mais c’est assez probable, sachant que Salvini est évidemment la bête noire des militants pro-migrants.

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Ces pressions sont-elles particulièrement fortes sur la question migratoire? On se souvient du Pacte de Marrakech qui présentait les migrations comme des «facteurs de prospérité, d’innovation et de développement durable». Plus récemment, un collège d’experts a remis à Emmanuel Macron et au gouvernement un rapport appelant à amender une politique migratoire jugée trop restrictive...

Il y a évidemment une pression idéologique très forte en Europe, dirigée contre le modèle wesphalien d’État-Nation et contre la protection qu’il suppose de la souveraineté et des frontières nationales. Les «valeurs» de l’Union européenne inscrites à l’article 2 du traité nous imposent la «tolérance», le respect des droits de l’homme «y compris des droits des personnes appartenant à des minorités» et surtout l’incontournable «non-discrimination» conçue comme une abolition de toutes les distinctions et hiérarchies, à commencer par celles qui séparent le national de l’étranger.

Le rapport du Parlement européen du 4 juillet 2018 invitant à ouvrir une procédure de sanction contre la Hongrie pour violation des «valeurs» de l’Union contient trois pages consacrés aux «Droits fondamentaux des migrants, des demandeurs d’asile et des réfugiés» mettant en cause notamment le législateur hongrois qui ne serait pas suffisamment accueillant ni pour les migrants ni pour les ONG qui les soutiennent. Comme par hasard, juste deux jours après la publication du rapport Sargentini, le Conseil constitutionnel français censurait une disposition législative réprimant l’aide aux migrants illégaux au nom d’un principe de fraternité universelle sorti de nulle part mais ressemblant comme deux gouttes d’eau au sans-frontiérisme dominant dans les institutions européennes et dans les ONG qui les influencent.

Cette montée en puissance du pouvoir juridictionnel répond manifestement à une logique d’importation. D’où vient-elle historiquement?

Elle est avant tout d’origine anglo-saxonne car la common law fait depuis toujours la part belle à la jurisprudence alors que le droit romain imprègne davantage le droit continental. Mais c’est évidemment la construction européenne qui est devenue l’élément moteur de ce gouvernement des juges puisque c’est sur leur servilité que repose entièrement le système de primauté des normes européennes sur le droit national. Or ces normes européennes véhiculent justement le modèle multiculturel nord-américain hyper-individualiste. C’est pour cela que la Hongrie et la Pologne, en particulier, sont dans le collimateur de l’Union au sujet du statut et de la composition de leurs tribunaux supérieurs. La commission européenne redoute que les pouvoirs polonais ou hongrois ne désignent des juges peu favorables aux normes européennes.

Pire, ce sont les constitutions mêmes de ces États, c’est-à-dire leurs lois fondamentales souveraines qui sont critiquées et accusées de ne pas correspondre aux «valeurs» de l’Union. Le rapport Sargentini reproche ainsi à la Constitution hongroise de retenir, entre autres abominations, une «conception obsolète de la famille». De son côté, la France a eu le droit, en 2008, à un rapport hallucinant de l’«experte indépendante» du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, Mme Gay McDougall, clouant au pilori le modèle républicain français jugé insuffisamment favorable aux droits des minorités et nous enjoignant de modifier la Constitution ou au moins son interprétation! La souveraineté des États et l’auto-détermination de leurs peuples n’existent plus pour les ONG et les institutions supranationales qu’elles manipulent.

En quoi cette évolution s’inscrit-elle à rebours du modèle historique français?

En France, la Révolution française, dans la continuité des monarques de l’Ancien régime, a fermement interdit aux juges de s’immiscer dans l’exercice des pouvoirs législatif et exécutif. Le juge, chez nous, doit être la simple «bouche de la loi», elle-même votée par les citoyens ou leurs représentants, qui l’applique fidèlement et objectivement dans les litiges. La loi des 16 et 27 août 1790 dispose: «Les tribunaux ne pourront ni directement, ni indirectement, prendre part à l’exercice du pouvoir législatif, ni empêcher ou suspendre l’exécution des décrets du corps législatif sanctionnés par le Roi, à peine de forfaiture». Il s’agissait, bien entendu, d’empêcher des cours aristocratiques, réputées réactionnaires, de s’opposer à l’application de la loi «expression de la volonté générale» dans un nouveau régime qui se voulait démocratique. Le Code pénal de 1810 punit même de la dégradation civique le magistrat qui aura suspendu l’exécution d’une loi.

Quand on voit aujourd’hui nos juges, nationaux comme européens, passer leur temps à écarter les lois françaises au motif que leur application porterait, selon leur appréciation toute subjective, une atteinte disproportionnée aux «droits» individuels, notamment ceux des migrants, on mesure l’inversion vertigineuse accomplie depuis le XVIIIe siècle. Contrairement à ce qui est généralement affirmé, ce gouvernement des juges est aux antipodes de la notion d’État de droit telle qu’elle a été conçue par les juristes allemands du XIXe siècle qui voulaient, au contraire, éliminer l’arbitraire des juges et des fonctionnaires.

Anne-Marie Le Pourhiet, propos recueillis par Joachim Imad (Figaro Vox, 14 février 2020)

jeudi, 20 février 2020

La Sibérie : coffre-fort de la Russie ou cœur de l’Eurasie ?

L’Europe : «de l’Atlantique à l’Oural» ou «de Lisbonne à Vladivostok» ?

par Maruice Rossin*

Lors du 50e anniversaire de la signature du traité de Rome, date de la fondation de l’Europe, Poutine écrivait que l’Europe ne pourrait pas vraiment être elle-même sans la Russie, et que, « en même temps », la Russie ne cesserait jamais de manifester son grand désir d’Europe. 

La Russie pourrait réveiller l’Europe pour réaliser avec elle une grande œuvre, la mise en valeur de l’espace sibérien. L’Europe s’étendra alors de Lisbonne à Vladivostok.

LES FAITS

Le 25 mai 2018 à Saint-Pétersbourg, dans un débat lors du Forum d’Affaires (SPIEF 2018), le président Macron énonce incidemment, comme une évidence, que « L’Europe va de l’Atlantique à l’Oural ». Le président du patronat russe, Alexandre Chokhine, lui coupe la parole pour rétorquer instinctivement : « non, l’Europe c’est de Lisbonne à Vladivostok ! ». Le président Poutine approuve pleinement cette répartie en confessant qu’il a été pris de court et qu’il allait faire la même réponse. 

Ces échanges posent deux problèmes fondamentaux,

  • la Russie est-elle européenne ?  De nombreux hommes politiques le pensent en particulier en Europe.
  • la Russie est-elle eurasiatique voire même asiatique ? La géographie de ses frontières l’impose.

L’occupation de l’espace sibérien apportera la réponse à ce dilemme, puisque la Russie, seule, ne pourra la réaliser.

ENJEUX

Far West ou Far East?

Dans un monde dominé de plus en plus par la finance internationale, l’existence de ressources minières gigantesques dans ses sous-sols associés à une population très faible – 2 habitants au km2 -, risque de faire de la Sibérie un objet de convoitise marchande plus que de respect historique et culturel. Cet attrait est d’autant plus fort que l’Asie densément peuplée, incapable de se nourrir,  est située à côté de vastes territoires agricoles, inoccupés et inexploités.

Pour la Chine, c’est le Far West: la Sibérie est trop grande, trop proche, trop riche et trop vide de population pour rester russe. Pékin souhaite-t-il l’occuper humainement, économiquement, et la réintégrer dans son espace vital au nom du pragmatisme et de l’histoire ?

Pour la Russie, c’est le Far East: la Sibérie a été jusqu’à aujourd’hui son coffre-fort. Deviendra-t-elle, par une association étroite avec l’Europe, le cœur de cette Eurasie chère au Président Poutine? Le destin de la Russie est lié au succès de la mise en valeur de ses provinces sibériennes, c’est-à-dire de 77 % de son territoire. L’Europe trouverait alors un rêve mobilisateur de ses excès, de ressources financières et humaines, dans une continuité historique avec la construction d’un monde nouveau qui lui redonnerait espoir et raison d’être.

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COMMENTAIRES PROSPECTIFS

« L’Europe de l’Atlantique à l’Oural » ou « l’Europe de Lisbonne à Vladivostok » ?

Si l’on parle de géographie figée dans la physique des reliefs, le président Macron a raison, mais il oublie les trois-quarts du territoire russe. Malgré toutes les sanctions, les groupes européens et en premier, français, restent très présents en Russie. La France était fin 2018 le 1er investisseur étranger en stock (17,1 Mds USD) soit 13% des flux d’IDE (1) entrants en Russie en 2018. Avec plus de 500 filiales françaises implantées (1200 entreprises ayant au moins un actionnaire français), la France est le premier employeur étranger en Russie (150.000+ salariés), devant l’Allemagne. 35 entreprises du CAC 40 sont présentes en Russie.

 Si l’on parle de politique et de vision du futur, si l’on pense à l’avenir et que l’on donne au mot « Europe » un sens large aussi visionnaire que celui d’un Pierre le Grand il y a 400 ans, alors le président Poutine a aussi raison.

La Sibérie : or doux, or noir, or bleu, or vert mais c’est également :

  • Un territoire de 13 millions km² (plus de 3 fois l’Europe des 27) et 38 millions habitants, mais occupé par les hommes depuis 200.000 ans,
  • Une diversité géographique liée à l’immensité de son espace dont l’exploitation varie avec le temps. Le réchauffement climatique ouvre d’énormes possibilités agricoles,
  • L’or bleu, avec le lac Baïkal et ses 20% des réserves d’eau douce du monde, avec 4 fleuves s’écoulant Sud-Nord de 4-6.000 km de long et 10-20.000 m3/seconde de débit, avec une voie maritime arctique maintenant ouverte. D’un transport actuel Ouest – Est avec le train, on va revenir au traditionnel Nord Sud plus conforme au relief et aux voies naturelles,
  • L’or vert avec l’agriculture, l’élevage et les forêts :
    • Des dizaines de millions d’hectares de terres favorables à la culture ou à l’élevage. Des forêts, avec 20% des réserves forestières et 50% des conifères du monde,
  • Une occupation humaine sous des formes variées, avec
    • Des peuples indigènes dispersés mais de grandes richesses culturelles, sauvés par les zibelines et « l’or doux de leur fourrure » qui, par le iassak (2) remplissait les caisses du tzar,
    • Une colonisation sur les 500 dernières années, forcée pour les uns (éloignement pour ls tzars, goulag pour les communistes), refuge pour les autres, mais toujours une forte implication de l’Etat central. Stolypin avec sa politique volontariste, déplaça 4 millions de personnes en 10 ans, et sauva ces territoires russes des invasions étrangères en 1919. 
    • Une dépopulation dramatique depuis les années 1990 correspondant à un désengagement de l’Etat.
  • L’or noir, avec Farman Soulmanov qui découvre le 21 juin 1960, que « la Sibérie flotte sur une mer de pétrole dont il est le premier explorateur navigateur ». (E Hoessli), auquel s’ajoutent toutes les richesses minières de la planète, métaux précieux ou non, c’est le coffre-fort.

Russie : la Sibérie ne pourra pas rester le coffre-fort russe où l’on prélève ce dont on a besoin. Il faudra impérativement l’intégrer dans l’espace russe. C’est le grand pari du président Poutine : mobiliser les ressources de toutes origines pour sa mise en valeur… tout en en restant le maître du jeu et en imposant priorités et rythme du mouvement.  La Sibérie se développera-t-elle en restant russe grâce au concept d’Eurasie développé par le président Poutine, qui proposent une alternative à la globalisation mondiale de l’économie dominée par les Anglo-Saxons (FMI, BIRD, OMC…), avec ou sans l’Europe ?

Chine : les Chinois ont la mémoire longue et raisonnent dans la durée. La mise en valeur de l’Extrême-Orient russe nécessite des investissements importants et la stabilisation de la région  par l’occupation de son espace part des paysans. La Chine possède les deux – fonds et hommes -, et en grandes quantités. Les IDE chinois en Russie sont dirigés en priorité au-delà de la frontière de la province du Heilongjiang. Le ministère du Commerce chinois estimait en 2017 que les investissements cumulés chinois en agriculture, forêts et pêches s’élevaient à plus de 3 milliards de $ jusqu’en 2016. Les paysans et éleveurs chinois ont commencé à traverser le fleuve Amourdès les années 1990, ils ont été organisés par des officiels de Heilongjiang avec des campagnes mixtes russo-chinoises. En 2011, c’étaient 6,9 millions de mou (ou 480 000 ha) de terres russes concernées par ce schéma. Malgré les difficultés bureaucratiques rencontrées par les producteurs pour exporter leurs produits sur la Chine (soja, maïs, colza), le mouvement est lancé et on est passé de 8 000 tonnes d’huile végétale exportées en 2011 à 220.000 tonnes en 2015/2016, et même 1 million de tonnes de soja en 2017. 

Si l’on connaît approximativement les sommes investies par la Chine en Sibérie, on ne connait pas le nombre de Chinois qui s’y sont installés. Les chiffres, selon les sources et les objectifs recherchés, varient entre 150 000 et 15 millions. La Chine veut « réoccuper » les terres grâce aux hommes qui les cultiveront et investir conjointement dans l’exploitation des richesses minières et énergétiques. L’État central participe directement dans les investissements financiers importants, et organise, via ses régions limitrophes, les mouvements de colonisation des terres inoccupées russes voisines. C’est une stratégie qui s’inscrit dans la durée. Elle pourrait être gagnante.

Europe : l’Europe gère les actions et contradictions des 27 économies et peuples nationaux avec une boussole plus orientée vers le soleil couchant et le grand large atlantique, que vers le soleil levant et les richesses sans limites de ce continent « Eurasie » assis sur la chaîne de l’Oural. Les actions comme celles de Total vont dans la continuité de l’utilisation du coffre-fort sibérien, et non dans celui de la création de nouvelles richesses durables dans ses territoires désertifiés. Et pourtant, l’Europe – à commencer par la France – dispose d’un potentiel humain exceptionnel pour risquer et gagner le défi de la mise en valeur de l’espace naturel sibérien. Si l’État du Heilongjiang organise la colonisation des terres russes voisines avec méthode et succès, il n’en est pas de même pour les États Européens. L’homme seul peut rêver. Pour que le rêve devienne réalité, il faut organiser la colonisation de ces espaces nouveaux.

La mise en valeur de l’espace sibérien ou le nouveau Far East de l’Europe.

  • Un espace aussi vaste ne peut être défendu durablement que par une occupation économique et humaine de son espace rural, dans l’esprit des paroles du Président Poutine : … pour la défense du territoire, « l’agriculture, c’est plus important que les fusils ».
  • De nombreuses missions scientifiques ont sillonné la Sibérie depuis Pierre le Grand on dispose de très nombreuses informations scientifiques et humaines. « Le savoir d’avant est fondamental pour le construire d’après ». Au début du vingtième siècle, la Sibérie a été un grand producteur et exportateur de blé, de lait et elle peut le redevenir. « L’ensemble des exportations est construite sur la croissance du beurre sibérien » (Stolypine (3)), on taxait les céréales sibériennes, trop compétitives par rapport aux productions de la Russie européenne.
  • On ne sait pas quelles productions domineront le marché dans 50 ans – soja et palme, qui dominent le marché des corps gras aujourd’hui étaient quasi-inconnus il y a 40 ans -. La Sibérie dispose d’un réservoir de génétique aussi important que celui de ses ressources minières. Soja et blé viennent de Sibérie. Et les scientifiques soviétiques puis russes, dans la lignée de Vavilov, disposent de collections de ressources végétales incomparables.
  • Une chose est certaine : la nouvelle agriculture sibérienne ne sera pas une copie de l’agriculture de la Beauce ou de Krasnodar, il faudra l’inventer.
  • Avant la conquête russe, les steppes sibériennes étaient parcourues par des dizaines de millions de vaches et de chevaux yakoutes, outre les millions de rennes plus au nord. Ne dit-on pas que, là-haut, c’est le renne qui a domestiqué l’homme et lui a permis d’occuper ces espaces du grand nord.
  • Réoccuper la Sibérie, c’est définir une « colonisation » de son espace, en fixant les zones prioritaires, avec des schémas de financement adaptés, en inventant des modes de production propres à ces territoires nouveaux et suffisamment souples pour qu’ils puissent se définir au fur et à mesure de leur implantation : en quelques mots établir une dynamique entre la science, la finance et l’homme, ce dernier étant le plus important, donc le premier à mobiliser.
  • La France dispose d’un monde agricole avec des ressources humaines qui ne peuvent s’exprimer, faute d’espace. Dans le domaine spécifique de l’élevage, elle dispose du premier troupeau de bovins européen dont l’adaptation aux conditions sibériennes a été couronnée de succès, et le gouverneur de Tioumen, Sergeï Sobianin, promoteur de cette opération, déclarait en 2002, « les bêtes, c’est bien, c’est un succès, mais ce dont nous avons besoin maintenant, ce sont de bergers, nous les invitons à venir s’installer… ». D’autres Européens – Hollandais, Allemands – sont intéressés par cette aventure comme leurs ancêtres le furent il y a un à deux siècles par l’épopée du Far West américain!
  • Dans le monde actuel en crise, on a aussi d’autres groupes prêts à s’établir pour courir la nouvelle conquête de l’occupation de l’espace rural, comme les Boers d’Afrique du Sud, comme les Argentins en instabilité politique et économique chronique…. dès que le pays d’accueil, stable, montre son souhait de recevoir ces nouveaux défricheurs et garantit qu’ils pourront exprimer leur capacité de construire une agriculture nouvelle dans la durée. 

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CONCLUSION

La Sibérie peut faire rêver en 2020, non seulement par l’exploitation de ses richesses minières, mais aussi par l’occupation de son espace géographique. Le monde de demain en aura besoin, car l’or bleu et l’or vert seront les piliers de la croissance future.

Les appétits des voisins immédiats sont immenses, c’est bien là le danger. L’Europe, un géant économique, peut trouver avec une politique coordonnée avec celle de la Russie, un domaine où, elle montrera qu’elle sait encore construire un avenir pour ses citoyens qui ont l’impression, aujourd’hui, d’être dans une impasse. Débridons leur capacité de produire et aidons-les à s’exprimer là où il y a des besoins pour de nombreuses années encore : en Sibérie, dans le Far East !

La Sibérie et l’Europe : Éléments de contexte  

Interprétation géographique

Du point de vue de la géographie physique, la Russie s’étend sur une superficie totale de 17,1 millions de kilomètres carrés, dont 13,1 millions km2 constituent la Sibérie, ce qui signifie que 77 % du territoire russe se situe en Asie, si on admet que la chaine de l’Oural sépare l’Asie de l’Europe. À titre de comparaison, les États-Unis s’étendent sur 9,63 millions km2 et l’Europe des 28 (comprenant le Royaume Uni) avec ses 4,49 millions km2 représente à peine le tiers de la Sibérie russe. Dire alors que la Russie va de l’Atlantique à l’Oural revient ignorer 77 % de son territoire, ou mieux encore affirmer que les 13,1 millions de km2sont de fait des terrae nullius, alors que ces terres sont russes.

Interprétation historique et politique

Il faut se plonger dans l’histoire pour mieux comprendre la géographie et le sens politique attaché à l’expression « de l’Atlantique à l’Oural ». On comprendra alors pourquoi la frontière de l’Europe s’arrête à la chaîne de l’Oural pour les uns et va jusqu’à Vladivostok pour les autres, tout en sachant que l’Oural est plus proche de Lisbonne (6 000 km) qu’il ne l’est de Vladivostok (7 700 km), lui-même encore très éloigné de l’extrémité du territoire russe de la Tchoukotka qui borde le détroit de Bering.

• Ivan le Terrible (1530-1584) fut le premier tzar à s’intéresser à la Sibérie. Après avoir fait tomber le verrou tatare en 1552 avec la prise de Kazan, il confia la responsabilité de la marche vers l’Est à un riche entrepreneur venu du Nord, un Pomor (4) de la famille Stroganov. Ce fut donc un oligarque intéressé par le développement de ses affaires, qui le premier traversa cette chaîne de montagne de l’Oural et entreprit la conquête du khanat de Sibir avec les Cosaques venus du sud. Les nouveaux territoires étaient riches en fourrures et en minerais de toutes sortes, ils remplissaient les caisses de l’État. À titre comparatif, le Mayflower débarqua les premiers colons anglais en Amérique en 1624.

• Pierre le Grand (1689-1725), organisa l’empire russe avec une boussole qui était la science universelle dans tous les domaines, en particulier dans celui de la géographie. C’est son géographe officiel Vassili Tatitchev qui plaça la limite entre Europe et Asie sur les monts Oural. 

 Était-ce une décision purement de géographie physique sans raison politique, car il y a bien une chaîne de montagne qui marque la séparation des deux continents – Europe et Asie -,  avec des grandes plaines de part et d’autre de cette ligne naturelle ? 

Était-ce une décision politique prise dès le 18e siècle par un visionnaire comme Pierre le Grand sut l’être, avec :

– d’un côté l’affirmation d’appartenir à l’Europe avec la construction de la ville de Saint-Petersbourg, 

– de l’autre l’affirmation d’être un territoire asiatique au-delà des frontières de l’Oural avec de nouveaux territoires allant jusqu’au Pacifique, occupés et protégés par les Cosaques ? 

Les Cosaques avaient atteint l’océan Pacifique avec la mer d’Okhotsk bien avant la naissance de Pierre le Grand. Pierre aurait été l’initiateur de cette première décision politique plaçant la Russie à la fois en Europe et en Asie, ce qui aboutira plus tard au concept politique plus général de l’Eurasie, si cher au président Poutine. Ou faut-il y voir une vision maléfique du pouvoir russe comme le pense le think tank européen Thomas-More qui imagine que l’Europe a été arbitrairement délimitée à l’est par l’Oural par Tchikhatev-Pierre le Grand, pour que la Russie se trouve à cheval sur deux continents, et de ce fait, devenue la puissance continentale bi-continentale, elle irait dominer le monde en commençant par avaler la petite Europe ?

• Le général De Gaulle a utilisé la formulation « de l’Atlantique à l’Oural », qui sonne tel l’olifant, lors d’un discours prononcé à Strasbourg en novembre 1959 : « Oui, c’est l’Europe, depuis l’Atlantique jusqu’à l’Oural, c’est l’Europe, c’est toute l’Europe, qui décidera du destin du monde ! » De Gaulle, plus tard, en 1965 avait expliqué le sens qu’il entendait par cette formule : « Pour que cette Europe soit possible, il faut de grands changements. D’abord que l’Union soviétique ne soit plus ce qu’elle est, mais la Russie. Ensuite que la Chine menace ses frontières orientales, donc la Sibérie. Et que peut-il advenir dans un certain nombre d’années ? La formule permet de montrer aux Russes que la création d’une Union européenne occidentale n’est pas dirigée contre eux, n’est pas un acte de guerre froide ; elle entretient un certain espoir chez les Allemands de l’Est, les Tchèques, les Polonais, les Hongrois. Elle ne constitue cependant qu’une anticipation historique. » Ainsi De Gaulle voyait dans « l’Atlantique à l’Oural » une manière pour le continent de redevenir « l’élément principal de notre civilisation ». Ainsi De Gaulle :

– soit faisait l’impasse sur quatre siècles de l’histoire de la Russie en passant par les pertes et profits du 3/4 de son territoire, 

– soit imaginait que la mise en valeur de ces nouvelles terres serait la grande œuvre de l’Europe de demain, comme le lui susurrait Kroutchev à Rambouillet quelques années plus tôt2

• Plus tard, le président Sarkozy imaginera un autre « projet de civilisation », avec l’Union de la Méditerranée qui devrait être le « pivot de l’Eurafrique, ce grand rêve capable de soulever le monde. » Autant la chancelière allemande Angela Merkel épousait les grandes lignes de la tradition allemande avec les relations Est-Ouest, une voie rapide pour accroître les échanges avec la Chine, puissance économique mondiale, autant elle avait des doutes sur l’axe Nord-Sud. L’Allemagne préférait les Routes de la soie avec l’Eurasie aux voies d’ébène et de coton avec l’Eurafrique.

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La Sibérie peut faire rêver en 2020, non seulement par l’exploitation de ses richesses minières, mais aussi par l’occupation de son espace géographique. Le monde de demain en aura besoin, car l’or bleu et l’or vert seront les piliers de la croissance de demain.  

Les appétits des voisins immédiats sont immenses, c’est bien là le danger. L’Europe, un géant économique, peut trouver avec une politique coordonnée avec celle de la Russie, un domaine où elle montrera qu’elle sait encore construire un avenir pour ses citoyens qui ont l’impression, aujourd’hui d’être dans une impasse. Débridons leur capacité de produire et aidons-les à s’exprimer là où il y a des besoins pour de nombreuses années encore, en Sibérie, dans le Far East !

De coffre-fort de la Russie, la Sibérie sera devenue le cœur de l’Eurasie russe, battant au rythme de l’Europe

Notes :

(1) IDE : investissements directs étrangers

(2) le iassak (Ясак) ou l’impôt prélevé sur les fourrures (l’or doux), pour le compte du tzar.

(3) Piotr Stolypine : Premier Ministre de Nicolas II, promoteur de la colonisation rurale en Sibérie.

(4) les Pomors sont des colons russes vivant dans le bassin de la mer Blanche.

*Maurice Rossin : Contributeur invité.

Monsieur Rossin est ingénieur agronome. Il a créé, dirigé et conseillé différentes sociétés privées ou étatiques en Afrique, en Amérique Latine, en Asie centrale et en Europe. Il fut également conseillé agricole à l’ambassade de France à Moscou de 2003 à 2007.  

The Future Belongs to Polymaths

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The Future Belongs to Polymaths

Ex: https://medium.com

I want to start with a little story. Many years ago, I saw a fresco by Raphael. “The School of Athens” is one of the pearls of Renaissance art. On it, the artist depicted immortal images of great thinkers: Heraclitus, Empedocles, Parmenides, Pythagoras, Aristotle, Plato, Socrates…and there was among them the only one woman who has always been for me a kind of model, an archetype of female wisdom — Hypatia of Alexandria. Raphael gave her the features of his beloved Margherita Luti. I looked at this collection of great minds of mankind and even then I understood that I knew the one secret. Lorenzo de’ Medici also knew it.

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In the XV century, he established the Platonic Academy in Florence, headed by Marsilio Ficino. This Academy brought together outstanding philosophers, artists, architects, sculptors, and poets of the Renaissance. This was the time of the total triumph of a new type of man — homo universalis, a prominent representative of which was Leonardo da Vinci-painter, architect, sculptor, inventor, writer, musician and scientist. The very embodiment of the Union of music and mathematics, science and art. Why did this type of personality disappear today-in an era of deep specialization, and the place of the universal thinker who saw the whole picture of the world was taken by the one who looks at the world through the keyhole of his profession? These are the questions I started asking.

The XXI century presents us with global challenges. We are watching the rapid development of new technologies. But it seems that neither politicians, nor businessmen, nor inventors know the opportunities and risks associated with the development of Artificial Intelligence and biotechnologies. The problems we will soon have to deal with are beyond our comprehension. Fundamental climate changes and the risk of environmental disaster, the growth of the world’s population and migration processes, unknown epidemics and pandemics, unemployment-these are just some of the problems that can radically change our lives. These are the main questions that we have to answer.

But to solve these problems, you need a different type of thinking. As Albert Einstein said, “We can not solve our problems with the same level of thinking that created them.” To understand these problems, we need a global perspective. But where does the global perspective come from if narrow specialization is imposed everywhere? However, it is not enough today. I told you I knew a secret. It’s time to tell it.

The future belongs to polymaths. The polymaths were the most influential people in the history of mankind. They could create atypical combinations of skills, to combine and synthesize knowledge from different disciplines. Only polymaths can comprehend and respond to the challenges facing man in the XXI century.

How to create conditions for the formation of individuals with polymathic thinking? To do this, it is necessary to transform the entire educational paradigm and create a new educational model. How? We need to unite the best minds of mankind. Lorenzo de ‘Medici had a Big Idea. She inspired me. We live in an era when we need to dare to think on a larger scale. For many years, while developing a project called Janus Academy, I tried to create a matrix of the future educational system that will replace or become a real alternative to the educational model being implemented today.

The modern educational model is focused on the formation of a specialist of a narrow profile who has passed the “school of skills and competencies”, but not the “school of knowledge”. The result is obvious: the skills and competencies acquired today need an immediate upgrade tomorrow because they are outdated. A student enters an endless race by replacing one worn-out part with another. Without a basic knowledge axis, he simply has nowhere to integrate the acquired skills. As a result, we do not get a person who has realized his potential, but a “one-button specialist” with a “passport of competencies”, who adapts flexibly to changing trends. An individual who knows how to use Agile, but knows nothing about the history of civilizations, structural linguistics, world culture, classical and modern art.

Today, education has ceased to be a way of inheriting culture and has become a tool for achieving career success.

However, if we look at the founders of the five largest companies in the world - Bill Gates, Larry Page, Steve Jobs, Warren Buffett and Jeff Bezos - we find that they are all polymaths, universal personalities, but not narrow specialists.

The same universal personalities were Aristotle, Ptolemy, Leonardo da Vinci, Newton, Kepler, Leibniz, Descartes, Thomas Edison, Benjamin Franklin and others.

Leonardo_self.jpgWhen we dream of succeeding in a rapidly changing world, we often forget that the most successful people are polymaths. And gradually, interdisciplinary employees, people with polymathic thinking become one of the most valuable assets.

We are afraid that soon robots will replace us in the workplace and all processes will be automated. The machine will surpass man in his abilities. Of course, it will surpass — if we are talking about the abilities of a narrow specialist. But she would never be able to beat the polymath. Historian Felipe Fernandez-Armesto emphasizes: “Specialists can invent gadgets, formulate algorithms and exchange blows. But to transcend experience and change the world, ideas need mental space where influences from all disciplines can mingle alchemically. Those spaces are in polymaths’ brains. To conquer empires of the intellect, you have to exceed your own domain. Classical Greece, Renaissance Italy and Victorian England all revered and rewarded generalists, for whom today universities have little or no space or patience. “

Society abandoned the idea of polymaths after the industrial revolution. As Ellwood Cubberley, was an American educator and a pioneer in the field of educational administration, said in 1898: “Our schools are, in a sense, factories, in which the raw products (children) are to be shaped and fashioned into products to meet the various demands of life.”

What problems do polymaths face today, does society accept them, does it allow them to discover their deep potential, apply all their knowledge and skills and be at the center of world processes? In one of the articles I met the opinion that in our society there is a clear rejection of people who lead a polymathic lifestyle. However, it does not get tired of encouraging narrow specialists in every possible way. This is one of the consequences of industrialization: the idea that man is just a mechanism in a huge machine. Moreover, this is the result of the industrialization of consciousness. Because of the reaction of society, many polymaths avoid calling themselves polymaths. Some people start deliberately talking about themselves as specialists, believing that this will help them have a successful career. Others name different functions, depending on the context. Still, others are waiting for an opportunity to demonstrate their many skills, i.e. they are waiting for a “request” from the society itself.

Leonardo da Vinci, the most outstanding example of a polymath, also faced serious problems. Waqas Ahmed, the author of the fundamental study “The Polymath: Unlocking the Power of Human Versatility” says in an interview: “If you look at Leonardo Da Vinci, who’s considered the archetype of the polymath in the Western mind, he faced a lot of adversity. He did not have the socioeconomic status to excel in one field, let alone multiple fields, but he had an innate curiosity and that curiosity overcame any obstacles that he faced in his work environment or in his social environment. And so that curiosity does inevitably build in a kind of fearlessness that you see in many polymaths over history. ( … ) You need to have unfaltering belief in your method to creativity and to progress and you need to be able to deal with the kind of cynicism and skepticism and even envy that you will inevitably face moving forward.”

I face this problem. The question of the nature of my work has always puzzled me. Of course, over time, I had to introduce myself as: “Philosopher, publicist, cultural scientist, a specialist in Antiquity, curator of Janus Academy” (sometimes even shortening all this to: “philosopher, a specialist in Antiquity”). But the field of my interests and intellectual practices covers the entire field of Humanities, and if I am so passionate about antiquity, it does not mean that I am limited by It. Also, I specialized in personalized learning, developing individual educational programs. Organizing conferences, seminars, presentations, and cultural events; strategic planning; experience in public speaking; working with experts, embassies, and public figures; negotiating; creating (and curating) intellectual and art clubs; developing educational programs for cultural venues; conducting interviews; and working as an editor-compiler of scientific magazines. Besides, writing books, playing in the theater. So who am I? And most importantly, how can I design my life so that the diversity of my knowledge and experience can open up to the world and change something in it?

And in response to this question, I decided to release my “Black Swan”. To create a project that will mark the beginning of a revolution in education. The mission of this project is to consolidate all the most important thinkers, researchers, cultural figures and scientists who set themselves the goal of creating a new interdisciplinary educational program that meets the challenges of the XXI century and can maintain its main task — to be a way of inheriting culture.

1-proportions-of-the-face-leonardo-da-vinci.jpgOften can you see students who do not listen to what their lecturers say? And only imagine that this very lecture is given to a student by his favorite writer or scientist, whose books he reads with great interest. Will he be more attentive to every word, will he take the learning process more seriously and most importantly-will he has a passion, a passion for learning, for mastering new disciplines, new areas, and directions? Would you like to learn from the best of the best? Learn in the process of live communication?

In Janus Academy students do not acquire a narrow specialization, but fundamental knowledge that allows them to unlock their cognitive and intellectual potential.

1. interdisciplinary program “POLYMATH” (2 years of study)

2. 32 directions

3. more than 150 author’s courses that form a unique educational complex:

- a complex of humanitarian disciplines that give students fundamental knowledge,

- a STEM (Science, Technology, Engineering, Mathematics) complex that develops innovative thinking and the ability to collect, analyze, systematize and critically comprehend information.

4. brilliant teaching staff (about 200 leading Russian and European scientists and specialists, researchers, philosophers, cultural and artistic figures)

5. training of international communities of polymath teachers to solve global problems of mankind.

My friend told me that you should be able to explain an interesting idea even to a 6-year-old child. And he asked me to explain to his 6-year-old daughter the purpose of my project. “How will you tell her about the polymaths, about the Renaissance man?” And I said to the little girl,” Imagine a small island. Did you imagine? Now imagine a vast continent, no! — imagine a whole world! See how different they are? In ordinary educational institutions, people are made into small Islands, and in my Academy, everyone will have the opportunity to become a whole world!” And the little girl understood me.

How do I see the project, for example, in 10 years? From the very beginning, I laid the Foundation of Janus Academy not only with the revolutionary potential but also with the potential for growth. In other words, I have a good idea of how this project will grow to an entire Empire within a few years, with its well-thought-out, branching structure. It will cover the whole world and unite the best minds of mankind. And at the center of this Empire will be the idea of a polymath.

If this type of personality does not begin to form now, if it is not allowed to express itself as much as possible in all areas of human activity, if it is not allowed to find the key to the global challenges that the XXI century throws at us, we will disappear as metaphysical beings, as intellectual individuals, and as a biological species. We have entered a transitional stage, Interregnum, when the outdated paradigm has already been destroyed and the new one has not yet emerged. It’s time to “reinvent the world”.

Russian philosopher, cultural scientist, a specialist in Antiquity, curator of Janus Academy.

Steun voor NAVO brokkelt af: Meerderheid wil geen hulp aan lidstaat met militair conflict met Rusland

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Steun voor NAVO brokkelt af: Meerderheid wil geen hulp aan lidstaat met militair conflict met Rusland

Ex: https://www.xandernieuws.net

Sinds president Bill Clinton is de NAVO een agressieve alliantie geworden waarmee vooral Amerikaanse geopolitieke doelstellingen worden gerealiseerd. (Afbeelding: (2)).

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De steun voor de NAVO / NATO onder de bevolking van de lidstaten is aan het afbrokkelen. In 11 van de 16 landen zegt een (relatieve en/of absolute) meerderheid geen steun te willen verlenen als een lidstaat in een militair conflict verzeild raakt, vooral niet als dat Rusland is. De –zoals we vaker schrijven: overwegend helaas nog immer naïeve- Nederlanders staan bovenaan in het korte lijstje waar de meerderheid zo’n oorlog wèl steunt, in procenten zelfs nog boven de VS.

‘North Atlantic Terror Organization’

Na de Val van het IJzeren Gordijn en het Warschaupact transformeerde het Atlantische bondgenootschap zich onder president Bill Clinton van een defensieve naar een agressieve, imperialistische  alliantie, die zich weinig aantrok van internationale wetten. Dit leidde al snel tot de even illegale als schandalige oorlog tegen Joegoslavië / Servië, waar de moslims heimelijk werden bewapend om grote slachtpartijen aan te richten onder de overwegende christelijke Servische bevolking, wat een bloedige burgeroorlog in gang zette. Dat leverde de NATO de bijnaam North Atlantic Terror Organization op.

Sinds begin deze eeuw volgden de steun aan de zinloze, verwoestende Amerikaanse oorlogen in of tegen Afghanistan, Irak, Libië en Syrië, waarbij zoveel burgerslachtoffers vielen, dat dit de perfecte voedingsbodem bleek voor de snelle opkomst van islamitische terreurgroepen zoals het reeds bestaande Al Qaeda, en later ISIS. De Westerse globalisten grepen de grotendeels door henzelf gecreëerde chaos en ellende vervolgens maar al te gretig aan om een enorme migrantenstroom naar Europa te faciliteren, en zelfs aan te moedigen.

Meerderheid wil geen hulp aan lidstaat met militair conflict met Rusland

Met uitzondering van Nederland, de VS, Canada, Groot Brittannië en Litouwen is een meerderheid van de bevolking in 11 van de 16 landen –waaronder Frankrijk, Duitsland en Spanje- inmiddels TEGEN het volgens de artikelen van de NAVO verplicht te hulp schieten van lidstaten die in een militair conflict terecht komen, vooral als de tegenstander Rusland is.  Zelfs in de voormalige Oostblok landen Polen, Tsjechië, Hongarije, Slowakije en Bulgarije, die decennialang hebben moeten zuchten onder het Sovjet juk, is een meerderheid tegen. Bulgarije spant daarbij de kroon met 69% tegenstanders, en slechts 12% voorstanders.

Het gemiddelde van de 16 landen komt uit op 50% tegen militaire hulp, en 38% voor. Op de algemenere keuzevraag of mensen positief of negatief tegen de NAVO als organisatie staan, is in meer landen een meerderheid te vinden (de genoemde vijf landen plus Duitsland, Polen en Italië). Opvallend is dat in de VS slechts 52% het bondgenootschap positief vindt. Onder Republikeinen is dat zelfs maar 45%. President Trump heeft regelmatig de onvrede van de Amerikanen over het niet nakomen van de afgesproken 2% defensie uitgaven door bijna alle Europese lidstaten verwoord.

Gekeken naar de politieke kleur van mensen staat ‘rechts’ duidelijk veel positiever tegenover de VS, de NAVO en militair ingrijpen in andere landen, dan ‘links’. (Toch zullen vermoedelijk maar weinig mensen deze website ervan beschuldigen links te zijn.)

Turken alleen op papier nog NAVO lid, in realiteit vijand

Het zal niemand verbazen dat het percentage voorstanders van de NAVO in Turkije het laagst is: 21%. Dat land is alleen nog op papier lid, maar heeft zich in realiteit onder de islamistische dictator Erdogan als een vijand van het Westen ontpopt.

De onverminderde steun van Europa en de NAVO voor de zich almaar agressiever opstellende Turken zou een reden kunnen zijn waarom slechts 25% van de Griekse bevolking de NAVO nog een warm hart toedraagt.

NAVO op termijn vervangen door alliantie met Rusland?

Is er nog een toekomst voor de NAVO weggelegd? De burgers in de meeste lidstaten willen zowel met Amerika als Rusland goede betrekkingen onderhouden. Daarentegen wil slechts een zeer kleine minderheid van 4% van de Nederlanders en 5% van de Britten dit eveneens. De burgers in deze landen leunen nog overweldigend naar de Verenigde Staten toe.

De tendens lijkt echter dat langzamerhand steeds meer Europeanen de eindeloze Amerikaanse / NAVO oorlogen zat beginnen te worden. Dat is hoopgevend, aangezien de Westerse mainstream media nog stevig in de grip van de Transatlantici zijn, en daardoor uitsluitend eenzijdige pro-NAVO en anti-Rusland propaganda blijven verspreiden.

De tijd lijkt daarom rijp om eens goed na te gaan denken over een nieuwe Europese koers, misschien los van de VS, en een die kan leiden tot een broodnodige veel betere band –en op termijn zelfs alliantie- met het land dat al een enorm deel van de Europese energie levert: Rusland. Dat zal de veiligheid en stabiliteit op ons continent enorm ten goede komen. Grootschalige, overduidelijk op oorlog tegen Rusland gerichte NAVO oefeningen zoals het in gang gezette Europe Defender 20, zullen echter niet echt helpen om het Kremlin ervan te overtuigen dat wij vreedzame intenties hebben, en niet uit zijn op een grootschalig militair conflict.

Xander

(1) Pew Research via Zero Hedge
(2) Afbeelding: WikiMedia Commons, auteur Staff Sgt. Keith Anderson, bron https://www.dvidshub.net/image/1657360 , As a work of the U.S. federal government, the image is in the public domain.

Zie ook o.a.:

31-01: Duitse soldaten moeten tijdens militaire oefening eigen auto gebruiken omdat 80% pantservoertuigen kapot is
16-01: 15 Turkse F-16’s schonden dinsdag 91 keer Griekse luchtruim en voerden schijnaanvallen uit
08-01: Oekraïense oud-kolonel: MH-17 ramp opgezet door Britse geheime dienst en Poroshenko

mercredi, 19 février 2020

L’autre droite polonaise

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L’autre droite polonaise

par Georges FELTIN-TRACOL

Ex: http://www.europemaxima.com

Quatre faits majeurs ont marqué les élections générales du 13 octobre dernier. La majorité gouvernementale constituée autour du PiS (Droit et Justice) de Jaroslaw Kaczynski est reconduite, ce qui est en soi un événement majeur depuis la fin du régime communiste en 1990.

Si le PiS et ses alliés remportent la majorité absolue des sièges à la Diète, cette entente ne dispose que de 48 sièges sur cent au Sénat désormais présidé par un opposant de centre-droit. Disparue à l’occasion des élections précédentes, l’Alliance de la gauche démocratique retrouve une représentation parlementaire de 49 sièges. Animée par les agrariens du Parti paysan qui sert souvent de force d’appoint aux gouvernements de droite comme de gauche, la Coalition polonaise (30 députés) réunit les centristes de l’Union des démocrates européens, les libéraux-sociaux du Parti démocratique, les régionalistes de Silésie ensemble et les anciens populistes de Kukiz’15 désormais ralliés à la démocratie directe, au conservatisme libéral et à l’intégration européenne.

Mais la surprise provient de la Confédération, véritable cauchemar de Kaczynski qui n’a pas empêché l’émergence sur sa droite d’un pôle authentiquement radical. Lancée le 6 décembre 2018, la Confédération Liberté et Indépendance avait récolté aux élections européennes de mai dernier 621 188 voix et 4,55 %. Aux législatives, ce cartel obtient 1 256 953 voix, soit 6,81 % et onze députés. Grâce à un usage massif et réfléchi des réseaux sociaux, il devient la troisième force politique chez les moins de trente ans. Pour le Sénat, en raison du mode de scrutin majoritaire uninominal à un tour, elle ne rassemble que 144 124 bulletins (0,79 %).

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La Confédération Liberté et Indépendance soutient la sortie de la Pologne de l’Union européenne. Cet ensemble souverainiste s’oppose aussi à l’avortement, au féminisme et à la vague LGBTXYZ. Plutôt climatosceptique, il préconise l’emploi simultané du charbon et des énergie renouvelables. C’est enfin une alliance électorale de sept mouvements, trois majeurs et quatre mineurs. Parmi ces derniers, mentionnons l’Association nationale STOP NOP pour la connaissance de la vaccination qui rejette les campagnes de vaccination obligatoire, les protestataires anti-bureaucratiques relativement « poujadistes » du Parti des chauffeurs qui exige un code de la route moins répressif et des infrastructures routières plus sûres, l’Union des familles chrétiennes qui défend la vie et le catholicisme traditionnel, et, rassemblant d’anciens activistes de la Ligue des familles polonaises et de Samoobrona, la Ligue nationale, un temps proche du PiS, dont le discours se réfère à la doctrine sociale de l’Église et au solidarisme de troisième voie.

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Examinons maintenant ses principaux piliers. Avec un élu, la Confédération de la Couronne polonaise dédiée à Dieu et à la Vierge Marie, est une formation monarchiste sans prétendant, car le royaume de Pologne fut jusqu’en 1772 une monarchie élective. Avec cinq députés chacun, le mouvement KORWIN et le Mouvement national en sont les deux moteurs. KORWIN est l’acronyme polonais de Coalition pour la restauration de la liberté et de l’espoir de la République, clin d’œil évident à son président-fondateur, l’ancien député européen loufoque Janusz Korwin-Mikke de sensibilité libertarienne minarchiste (un État réduit à ses seules prérogatives régaliennes). Lointain héritier du Parti national-démocrate du penseur nationaliste Roman Dmowski (1864 – 1939), le Mouvement national lutte pour une Pologne subsidiariste et ethniquement homogène.

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Roman Dmowski

La Confédération Liberté et Indépendance s’oppose avec force à la politique étrangère catastrophique, atlantiste et pro-occidentale, du PiS. Sur les traces du pro-russe Roman Dmowski, elle a proposé à la Russie de partager l’Ukraine : l’Est dont le Donbass reviendrait à Moscou, l’Ouest, y compris la Galicie, à la Pologne. Elle reprend à son compte la vision géopolitique du grand rival de Dmowski, le maréchal Pilsudski. Elle se justifie par le fait que la Pologne accueille déjà des centaines de milliers d’immigrants d’origine ukrainienne. Si pour certains, l’ukrainien ne serait qu’une variante dialectale du russe, la Confédération estime qu’il s’agit d’une variante paysanne du polonais. Aucun ne s’est demandé si l’ukrainien ne serait pas plutôt la langue-mère du polonais, du russe et du bélarussien…

Si la Confédération Liberté et Indépendance ne sombre pas dans de vaines querelles de personnes, elle pourra à terme vraiment représenter une alternative crédible à Jaroslaw Kaczynski. Encore faudrait-il qu’elle délaisse une bonne fois pour toute l’impression persistante d’amateurisme politique.

Georges Feltin-Tracol

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 159, mise en ligne sur TV Libertés, le 10 février 2020.

Déconstruction allemande

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Déconstruction allemande

Ex: http://www.dedefensa.org

Plus qu’“à l’Allemande”, nous parlons d’une “déconstruction allemande”, avec l’essentiel de l’expression mis sur le mot “déconstruction”. L’Allemagne elle-même, malgré toutes ses vertus et ses nombreux fleurons, n’a en effet rien d’exceptionnel ni de spécifique dans la crise qui la frappe. Les éléments qui la composent sont similaires à ceux qu’on trouve dans la crise française, dans la crise italienne, dans l’évolution hongroise ou l’évolution polonaise, etc. Il s’agit de l’acte de déconstruction qui joue désormais à fond contre le Système, et qui s’appuie comme sur un levier sur les courants populistes de toutes sortes s’affirmant de différentes façons dans tous ces pays.

Comme on le lit ci-dessous, c’est la démission d’ Annegret Kramp-Karrenbauer (AKK) de la présidence de la CDU qui porte la crise allemande à entrer dans le domaine de son paroxysme. Les éléments crisiques de ce que nous nommons “tourbillon crisique“ ont ceci de particulier par rapport au concept classique de “crise” que leur paroxysme n’est pas un instant de réalisation de toutes les tensions, mais au contraire un épisode de bonne durée, et parfois de longue durée. Ainsi en est-il du “tourbillon crisique” européen, et en son sein la crise allemande est effectivement entrée dans sa phase paroxystique puisque Merkel s’en va avec les élections législatives de 2021, que son successeur désigné AKK prend la décision brutale d’abandonner, que son renoncement est dû au caractère désormais ingouvernable, incohérent, etc., du parti conservateur CDU qui verrouillait jusqu’ici la vie politique allemande.

Forteresse équilibre et référence obligée en Europe, exemple à la fois économique et politique de puissance domestiquée, désormais meneuse de l’Europe depuis la longue agonie (à partir de Sarko, de façon accélérée) de toute ambition française à affirmer une souveraineté régalienne au coeur de l'Europe, l’Allemagne est entrée dans une crise ontologique qui est elle-même en train de pulvériser le “modèle allemand”. La digue a cédé devant la poussée populiste qui n’est évidemment rien d’autre qu’un outil maniée par les forces de résistance et de dissidence, nécessairement antiSystème en raison des positions respectives des uns et des autres. L’originalité de la situation est que la CDU est menacée par des tentations populistes sur ses deux ailes, – sur la droite avec l’AfD, sur la gauche avec Der Linke.

Les étiquettes politiques n’ont évidemment pas grande importance, tout comme le terme “populiste” utilisé à hue et à dia. Ces identifications répondent en général à l’ambition classique et purement défensive de la “diabolisation” des forces contestatrices du Système, pour tenter de retarder le plus possible les instants de vérité de l’effondrement des structures du Système. C’est en cela qu’il s’agit bien d’une bataille de déconstruction, mais d’une déconstruction paradoxale comme nous le notions hier, – avec le terme “déconstructuration” où la puissance déstructurante du Système, qui s’appuie sur ses propres structures pour se déchaîner, et, n’y trouvant plus de structures antiSystème à attaquer mais prisonnière de sa mécanique déstructurante, en vient à s’attaquer à ses propres structures, à se déstructurer elle-même :

« [...C]ette “déconstructuration” passant par l’évolution irrésistible de la surpuissance à l’autodestruction en finissant par une attaque de “déconstructuration” prenant pour cible ultime, – puisque rien d’autre ne subsiste et que la “déconstructuration” est la seule activité possible de cette surpuissance, – les structures et les constructions que le Système avait édifiées pour déstructurer et déconstruire le monde. »

Sans doute la crise allemande, qui atteint brusquement son paroxysme, est-elle la plus grave en Europe, parce qu’elle touche le pays-leader de l'ensemble européen d’une part, et que d’autre part elle touche un pays qui est complètement étranger à l’instabilités depuis sa refonte complète de 1945-1950. Au contraire de la France et de l’Italie par exemple, qui ont l’habitude des crises internes et de l’instabilité, l’Allemagne a surtout connu des crises externes. Ces crises avaient lieu dans le cadre des rapports Est-Ouest en Europe, ce cadre délimité par la position et l’action de l’URSS et la division en deux Allemagnes (RFA à l’Ouest et RDA à l’Est). D’une façon assez logique, ces crises alimentées de l’extérieur renforçaient la stabilité structurelle de la situation intérieure allemande (ouest-allemande), encouragée par les pressions des puissances “occupantes” (les USA particulièrement).

La situation est fondamentalement différente aujourd’hui, et la crise allemande se greffe dans son opérationnalité sur la crise européenne comme par un effet mimétique (alors que les autres crises nationales sont des crises à tendance eurosceptique et anti-européiste). L’Allemagne de l’après-guerre devenue Allemagne réunifiée a été conçue avec la nécessité d’un ou de plusieurs “tuteurs” (les USA, l’OTAN, l’UE) qui contribuaient indirectement mais décisivement à sa stabilité intérieur (à sa structuration intérieure). Bien entendu, les crises déstructurantes que connaissent ces “tuteurs” eux-mêmes contribuent à la fragilisation de l’Allemagne, à sa vulnérabilité aux poussées déstructurantes.

La crise allemande désormais ouverte comme une plaie béante est une crise typique de notre époque, une “crise sans but”, qui n’a pas été provoquée par l’une ou l’autre ambition, l’une ou l’autre stratégie (celle du fasciste de service, par exemple, comme on aime à le proclamer) qui apparaîtrait alors comme une structure alternative à la structure en train d’être détruite. C’est une “crise de destruction”, dont le but et l’ambition se satisfont de la destruction des structures en place ; l’ironie étant que cette sorte de “crise sans but” sinon la destruction est typique des crises suscitées par le Système, et qu’elle se fait aujourd’hui (comme d’autres parallèlement à elle) contre le Système. 

Ci-dessous, un article de RT-français du 11 février 2020, rapportant succinctement les circonstances de la crise qui a conduit à la démission d’AKK.

dedefensa.org

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AKK s'en va, la CDU en crise

Coup de tonnerre politique en Allemagne. Annegret Kramp-Karrenbauer, surnommée AKK, ne sera pas candidate à la succession d’Angela Merkel à la chancellerie et va abandonner la présidence du parti conservateur d'ici quelques mois, le temps de trouver un successeur qui sera en même temps candidat à la chancellerie. 

Lors d'une réunion dans la matinée de la direction du parti démocrate-chrétien CDU de la chancelière, Annegret Kramp-Karrenbauer a justifié sa décision par la tentation d'une partie de son camp de s'allier avec le parti de droite radicale AfD (Alternative pour l’Allemagne). «Une partie de la CDU a une relation non clarifiée avec l’AfD», a-t-elle déclaré. En outre, une frange du CDU est également partisane d'un rapprochement avec le parti de gauche radicale Die Linke, alors que AKK rejette clairement toute alliance avec l'une ou l'autre de ces formations.

Si aucun lien entre la CDU et la gauche de Die Linke n’a – pour l'heure – été établi, une partie significative des conservateurs prône en revanche ouvertement un rapprochement avec l’AfD. C’est le cas de la Werte Union, un cercle de conservateurs au sein de la CDU auquel avait fait face Annegret Kramp-Karrenbauer lors du dernier congrès du parti, à Leipzig.

Cet abandon est une conséquence directe de l'élection du président de la région de Thuringe, le 5 février, grâce aux voix coalisées du parti anti-immigration de l'AfD et de l'aile droite du parti d'Angela Merkel. A la surprise générale, le candidat du petit parti libéral FDP, Thomas Kemmerich, avait été désigné à une très courte majorité pour diriger la Thuringe, provoquant la colère de nombreux responsables politiques. La chancelière allemande avait alors fustigé «un acte impardonnable», et le secrétaire général du parti, Paul Ziemiak, avait accusé la CDU régionale d'avoir «enfreint» les règles édictées au plan national en mêlant leurs votes à ceux «de nazis». 

C'est dans ce contexte que Thomas Kemmerich a annoncé sa démission... moins de 24h après son élection. «La démission est inévitable [...] nous avons décidé de demander la dissolution du parlement de Thuringe», a-t-il déclaré le 6 février, lors d'une conférence de presse. De nouvelles élections régionales anticipées doivent bientôt être organisées.

Sans tête d'affiche à un an des élections législatives 2021, la droite allemande sort de facto affaiblie par ces deux épisodes. L'un des proches de la chancelière, le ministre de l'Economie Peter Altmaier, a parlé d'une «situation extrêmement grave» pour le parti conservateur allemand d'Angela Merkel, l'Union chrétienne-démocrate (CDU). «Il en va de notre avenir», a-t-il affirmé, tandis que la dirigeante des écologistes a parlé d'une «situation dramatique» pour le pays. 

Le départ annoncé d'AKK constitue également un revers majeur pour Angela Merkel, qui avait placé en orbite cette femme partageant peu ou prou, malgré quelques différences de fond, le même cap politique de droite «modérée». 

«Il est possible que la fin de la chancelière se rapproche», juge le quotidien Süddeutsche Zeitung, alors que le dernier mandat en cours d'Angela Merkel, entamé en 2018, est rythmé par des crises incessantes au sein de sa fragile coalition avec les sociaux-démocrates ou à l'intérieur de son propre parti. 

Parmi les potentiels successeurs à AKK, une personnalité se détache : le conservateur Friedrich Merz, vaincu de peu par l'ex-future présidente du CDU. Celui-ci a récemment acté son départ du conseil d’administration de la branche allemande de BlackRock. Objectif : revenir sur le devant de la scène politique allemande en vue de 2021 avec une ligne plus à droite.

Racism - A Tool of Globalisation

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Racism - A Tool of Globalisation

Ex: https://www.katehon.com

It scarcely needs saying that, to listen to the liberal-leftist claptrap gushing from outfits such as The Guardian, one would think that Britain (and the predominantly white, Western world generally) is a hotbed of racism and xenophobia. Although having been particularly prominent since Britain’s decision to leave the European Union, the issue has again risen to headline news as a result of the so-called “Megxit” – the decision of Prince Harry and Meghan Markle to step back from royal duties, with the racism of the British tabloid press being a supposed factor.

While it is easy enough to point out anecdotal examples of racism anywhere, the notion that Britain suffers from either chronic or widespread racism – the kind that singer Lily Allen ascribes to the reason for Boris Johnson’s election victory – is difficult to defend. Academic research into the matter shows that Western countries are among the most racially tolerant in the world when it comes to the possibility of ethnic minorities moving in as next door neighbours. Remainers, who were aghast at Britain’s “xenophobic” decision to “turn its back” on Europe, may be interested to know that British parents are relatively happier for their children to enter interracial relationships than parents on the continent. And the Migration Observatory at Oxford University points out that the vast majority of immigrants to the UK find Britain to be hospitable and welcoming, and that they are able to improve their lives as a result of hard work. Moreover, while blacks are among the lowest earners in the UK, the government’s own figures show that the percentage of households earning more than £1,000 per week is greater among Indians, Chinese and other Asians than it is among British whites. So if racism is an explanation as to why some ethnic groups fail to earn as much as whites then the British people must be remarkably selective with their racism.

Nothing that demonstrates Britain as a relatively open and tolerant society should really come as much of a surprise. Britain has always been a cosmopolitan country, with centuries of experience in trade, relations and diplomacy that has stretched to every corner of the globe. And in spite of having been a supposed “oppressive” imperial power, we have also managed to remain on good terms with most of the former colonies under the aegis of the Commonwealth. The most that can be said for the notion that Britain is a “racist” country is to compare it to some purified ideal rather than to the situation in other countries – much like condemning a nation that has the highest cancer survival rates in the world on the grounds that there are still some natives who are dying from the affliction.

Because genuinely deplorable cases of racism – conscious, seething prejudice that either can or does erupt in hatred for people of other races – are difficult to discover in any statistically significant quantity, the concept has to be redefined in numerous, nebulous ways so as to present it as a problem.

One of these is to condemn people’s more casual, unwitting behaviour (such as throwaway comments, careless observations or subtly different treatment) as “micro-aggressions” or “unconscious bias”. Such behaviour may, of course, be a source of irritation for those on the receiving end, but it is likely to be a vicissitude of minority or “outsider” status based upon any characteristic, not just race. For instance, it could just as easily be experienced by a city dweller visiting the countryside or a council estate resident in posh suburbia (and vice versa). People generally tend to prefer and empathise with what is familiar to them, sifting the unfamiliar into broad categories or “stereotypes” purely as a result of inexperience. In a particular case, a few polite words may resolve the matter, but in general the eventual cure will be increased familiarity and (in the case of race) cultural integration. But even if such “unconscious bias” was a purely racial phenomenon it would hardly mean that a country is akin to a torch brandishing lynch mob.

Another tactic is simply to regard any possible behaviour as racist. For instance, while most anti-racists are concerned with hatred being directed to other races, it also seems to be “racist” to be attracted to someone because of their race. It is “racist” to ignore other cultures (or to celebrate British culture), but including them, imitating them or even celebrating them is derided as “cultural appropriation”. And pointing out any distinction based on a person’s ethnicity is also racist, yet treading the opposite path by trying to ignore racial consideration leads one to a charge of “racial insensitivity”. As if that is not enough, disagreement is shut down entirely by the dismissal of any attempt to define racism in objective terms as “white-splaining”, focussing instead on a BAME individual’s subjective feelings and “lived experience”. This has become legally manifest in so-called “hate crimes”, where the mere perception of the alleged victim is enough to permanently flag an incident as being “hate” related.

The ultimate, of course, is the notion that the mere fact of being white is sufficient to categorise a person as racist purely as a result of his “privileged” birth into an inherently oppressive social hierarchy, regardless of that person’s awareness of this alleged status. This, in turn, paves the way for claiming that any negative discrepancy between whites and ethnic minorities “must” owe itself to racism (in the same way that the gender pay gap “must” result from sexism), and that any critical words directed by a white person against a BAME individual – such as Meghan Markle – is de facto racist rather than based on some other (quite legitimate) complaint. It then, somehow, becomes the duty of the “privileged whites” to “educate” themselves on their inherently racist status rather than demanding their accusers for evidence of actual racist behaviour. This turns on its head the notion that a person asserting a proposition should bear the burden of proving it – which demonstrates, of course, that such proof is probably lacking.

The result of all of this is to rob racism of its moral gravity and its seriousness as a social issue. For if is true that minor, unwitting (but otherwise unmalicious) behaviour is racist, if any choice that could be made ends up being racist, and if white people are automatically racist by virtue of their birth, then racism cannot attract any serious moral culpability. People can be morally responsible only for their consciously chosen actions where they have the option to do good, not for aspects about themselves that they cannot help or for situations where every option is bad. But because any notion of being “racist” attracts such severe stigma, its entrenchment as an undoubted and immutable fact of society means that actual crimes and real problems are permitted to flourish in order to tiptoe around anything that could cause racial sensitivities – such as the Manchester grooming scandal, and the ignorance of the fact that white boys from poorer backgrounds are among the lowest school achievers. And so the irony of defining racism so fatuously is that real racist outcomes result from an attempt to avoid being racist.

Moreover, the whole thing could amount to a self-fulfilling prophecy, as could identity politics generally. By making people more aware of their basic characteristics such as race, gender, sexuality, creed and so on before sifting these into categories of oppressors and oppressed, the latter begin to take on the mantle of victimhood and ascribe all of their personal foibles and failures to discrimination. The result is a mental self-sentencing to a life of destitution at the hands of the white, privileged male, regardless of how hard one might try to escape from it. On the other side, if the aforesaid white, privileged male is going to be automatically condemned as racist, then he is more likely to approach BAME individuals with suspicion and hostility. Thus, antagonisms are stoked and inflamed, rather than resolved.

Much of all of this has been written before, and will continue to be written again by those who do not share a leftist disposition. Less attention, however, is paid to the reason why racism – and wokeism generally – has become such a deafening screech at the forefront of the national political conversation when the open and tolerant nature of British society is not difficult to demonstrate (and, moreover, when there are far more important issues to talk about). Indeed, as election after election has pointed out, it is really a disproportionately loud, minority conversation, perpetuated by middle class, bleeding hearts within the M25 rather than by the country as a whole – let alone any actual “victims”.

The reason for this loudness is not just because, as Laurence Fox suggested, such people need something to get upset about. In fact, the lefty, liberal, metrollectuals – as we argued in a previous essay – are actually being recruited as useful idiots in a project which has more sinister foundations.

We are currently living in a world in which the dominant paradigm is globalisation in the form of the gradual erosion of national sovereignty, open borders, the consolidation and centralisation of states into larger entities, globally managed trade, collective security and perpetual interventionism and warfare. Explicitly supranational outfits such as the EU are an example of such globalisation, but so too is increasing inter-state “co-operation” in order to combat supposedly worldwide problems such as climate change and the elimination of tax and regulatory independence. In order for this globalising project to flourish, its proponents must seek the breakdown of local, national and regional cultures, identities and allegiances, which serve to dilute or even prevent people’s adherence to globalised institutions and orders.

The problem with this programme is that it has been extremely difficult to promote and defend explicitly on account of its woeful unpopularity once its implications become clear. Openly, politicians have managed to turn to some blatantly anti-democratic measures – for instance, repackaging the rejected EU constitution as the Lisbon Treaty in order to increase European integration. More insidiously, however, they have managed to configure the so-called “Overton window” of acceptable opinion by setting up a false dichotomy of progress on the one hand and retrogression on the other. On the progressive side, their programme is associated with openness, tolerance, freedom, and advancement. On the other side, however, any celebration or assertion of national primacy, traditional values and cultures – the kind of elements, such as Brexit, that are at odds with globalisation – is painted as a plunge back to Nazism, fascism and the belligerent nationalism of the 1930s which led to World War II and mass extermination. Thus, by forcing their association with a dark era, any threats to the globalising project are neutered. Cries of “racism” are simply a part of this strategy, and it explains also why anyone a mere inch to the right of centre-left (such as Boris Johnson or Nigel Farage) is derided explicitly as a “fascist”.

All of this is demonstrated by the ways in which the mainstream media has completely inverted the way in which we should examine the record and characteristics of politicians, with serious incompetence and criminality being ignored while relatively trivial matters are given the spotlight. If a Prime Minister or President was to, say, drive his country to ruin, throw millions of bombs at foreign countries, or kill and maim countless innocent civilians, no one bats an eyelid if those actions are more or less in line with globalising tendencies. In fact, he might even be lauded as a great statesman, as those who still carry a candle for Saint Barack of Obama seem wont to do. Yet if the same politician was to, say, utter something untoward about someone’s skin colour, make reference to Muslim women wearing the burqa as “letterboxes”, unwittingly “misgender” someone, or make an ill-judged flirtation with a woman, he is likely to be hounded out of office for being “racist”, “misogynistic” or “trans-phobic”. For instance, Donald Trump’s decision to assassinate Iranian general Qasem Soleimani earlier this month is a far more important factor in determining his fitness for office – his respect for international law and diplomacy, his understanding of the limits of his constitutional authority, his grasp of geo-political circumstances, his judgment of cause and effect, not to mention the morality of extra-judicial killing – than anything “racist” he might have said. And yet, because this assassination was broadly within the programme approved by the American “deep state”, it received far less criticism than his supposed “pussy-grabbing” misogyny and innate xenophobia.

In fact, if Trump was regarded as a promoter of the globalising project rather than as a detractor, he could have said and done exactly the same “racist” and “misogynist” things that supposedly make him a terrible president, but we would hear nothing about it. The extent of Bill Clinton’s “misogynistic” record, including allegations of sexual misconduct, assault and actual rape, are worse, or at least no better, than Trump’s alleged affronts against women (and most of the latter, strangely enough, came to light only after Trump became a presidential candidate). Yet because Clinton is a liberal hero no one bothers to mention it.

The liberal-left who cry “racist!” and “fascist!” are simply gullible drones in this globalising project. The focus of our anti-racist political narrative is not on preventing real racism. It is about shaming and embarrassing us into accepting and sustaining a totalitarian world order – an order which we are, thankfully, rejecting.

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L’ordre public à l’abandon

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L’ordre public à l’abandon

Régis de Castelnau

Interview donnée au site Atlantico. Que l’on peut retrouver directement sur leur site.

RENONCEMENT COUPABLE

Dissolution de l’ordre public : le vrai procès du siècle que les Français devraient intenter à l’Etat.

Atlantico.fr : Un agriculteur de la Marne, Jean-Louis Leroux, a été mis en examen pour tentative d’homicide involontaire après avoir tiré sur un homme qui tentait de lui voler du carburant dans son exploitation. S’il a été libéré ce jeudi, le cas de l’exploitant agricole est un exemple type du renoncement de l’Etat en matière d’ordre public : son exploitation avait déjà fait l’objet d’une quarantaine de vols et, bien qu’il ait porté plainte une trentaine de fois, absolument rien n’avait été fait. 

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Jean-Louis Leroux, un homme juste et simple, face à une canaille magistrate sans foi ni bon sens: cet homme est désormais le symbole d'une humanité normale face à des élites dévoyées. Il faudra que justice lui soit rendue un jour, au prix le plus fort.

Le cas de Jean-Louis Leroux est à ajouter à une longue liste de cas similaires. Dans la Marne, lors d’une marche organisée en son soutien, les agriculteurs ont dénoncé « l’abandon des territoires ruraux ». Quartiers perdus de la République, campagnes… quelles sont ces catégories de la population oubliées par l’Etat et quels sont les délits que l’Etat juge « si peu importants » (exemples concrets) ? 

Régis de Castelnau : Le cas de Jean-Louis Leroux est absolument exemplaire. Le nombre de vols dont il avait été victime et le nombre de plaintes qu’il avait déposées en vain démontrent le retrait de l’État et son impossibilité désormais à assurerla sécurité des citoyens, ou au moins essayer de le faire. Rappelons qu’en France, à la différence des États-Unis par exemple, le fait de posséder des armes est interdit aux particuliers et c’est un monopole de l’État, chargé de maintenir l’ordre et la sécurité dans la société civile. Et c’est bien cette mission qui est la contrepartie de cette interdiction. Le problème est qu’aujourd’hui, et il faut le dire nettement l’État a abandonné la France périphérique et en particulier les territoires ruraux à une délinquance prédatrice qui met les habitants en rage et peut les amener pour pallier l’impuissance affichée de l’État à recourir à l’autodéfense. Et il n’y a pas beaucoup d’arguments à opposer à une population qui ne veut pas d’une violence incontrôlée mais qui ne supporte plus d’être ainsi abandonnée. Il y a des centaines d’exemples de cette dégradation de la vie civique dans les petites villes et dans les campagnes. La nouveauté depuis une quinzaine d’années, c’est l’arrivée de gangs étrangers organisés et qui se livrent à une véritable prédation sur les territoires qu’ils occupent. C’est l’exemple extraordinaire des associations caritatives dont certains de ces groupes ont pris le contrôle ! Les associations Emmaus par exemple, dans l’ouest elles sont contrôlées par des réseaux tchétchènes qui récupèrent la partie lucrative des dons pour mettre alimenter les trafics dans leur pays d’origine. Ce sont les Roms souvent mandatés par des ferrailleurs qui récupèrent tous les métaux possibles allant jusqu’à profaner les cimetières pour y récupérer les croix métalliques ou couper les fils de téléphone pour récupérer le cuivre. Il y a aussi chose extraordinaire, le vol de bétail dans les champs ou carrément du matériel agricole lourd qui prend ensuite le chemin des Balkans. Les compagnies d’assurances ne suivent plus, et les gendarmes faute de moyens n’interviennent même plus. Le pire étant qu’en général les auteurs des forfaits sont connus mais que dans le souci d’éviter des troubles sociaux, les forces de l’ordre vont se garder d’intervenir.

La question des « quartiers perdus de la république » est une peu différente, la faillite du système d’assimilation à la française, a concentré dans les banlieues anciennement rouges des populations dont la majorité n’a aucune perspective d’intégration. L’État s’est retiré de ces territoires et la nature ayant horreur du vide en a laissé l’organisation à l’alliance entre la pègre et les barbus, le tout avec des administrations municipales qui pour se reproduire se vautrent très souvent dans un clientélisme qu’on n’imagine pas. Aucune tendance politique n’est épargnée et aujourd’hui en Seine-Saint-Denis le parti de Christoph Lagarde en fait une splendide démonstration.

Atlantico.fr : Comment expliquer ce renoncement total de l’Etat en matière d’ordre public ? Quelles en sont les causes ? Est-ce dû à de trop lourdes préoccupations budgétaires où est-ce également le fait d’une vision idéologique de la politique pénale ou de la répression différenciée selon les profils de délinquants ou criminels ? 

Régis de Castelnau : C’est d’abord une question de moyens, et clairement l’inspection générale des finances de Bercy s’opposera à toute allocation de ressources supplémentaires aux forces policières chargé de l’ordre républicain sur le territoire et surtout chargé de prévenir et de lutter contre la délinquance qui pourrit la vie des citoyens : violence, vols, cambriolages, agressions gratuites, toute cette violence de tous les jours dont les statistiques nous ont montré l’explosion.

C’est exactement la même chose avec le service public de la justice. Je recommande la lecture du livre remarquable d’Olivia Dufour «Justice, une faillite française » remarquable diagnostic et réquisitoire contre cet État refusant pour des raisons budgétaires de doter la France d’une Justice digne de ce nom. Alors, face à ce manque de moyens, tant des forces de l’ordre que de l’appareil judiciaire, un certain nombre de comportements on finit par être adoptés. Il y a tout d’abord une forme de consensus entre les forces de police et les parquets pour laisser impunie toute une délinquance que l’on va qualifier « de tous les jours », délinquance qui a quand même un impact considérable sur la population. On trouve ainsi banal qu’à diverses occasions des milliers de voitures, qui sont celles des pauvres, soient incendiées. Il n’y a jamais ni recherche des auteurs (en général bien connus des forces de police) et une volonté de minorer le phénomène de la part des pouvoirs publics. Pareil pour les cambriolages, les vols avec ou sans violence, les agressions gratuites etc. Il faut savoir qu’il y a en France 1 million et demi d’infractions avec auteurs connus par an qui ne sont pas poursuivies ! Concernant la répression pénale deux facteurs rendent celle-ci impuissante. Tout d’abord énormément de décisions ne reçoivent aucune exécution, faute de moyens, c’est-à-dire de magistrats chargés de les prendre en charge, et de moyens techniques (nombre de places de prison, éducateurs, juges de l’application des peines), ce qui fait que des gens ayant parfois jusqu’à 20 condamnations sur leurs casiers judiciaires n’ont jamais fait une minute de détention. La valeur dissuasive de cette répression n’existe pas. Mais il y a aussi une part d’idéologie, ou évidemment la culture de l’excuse est très prégnante et aboutit à un « à quoi bon » tout à fait démobilisateur. Il y a une perception justifiée que la répression s’abat sur des populations déjà défavorisées ou marginales, alors beaucoup pensent que ce n’est pas la peine d’en rajouter. Paradoxalement, l’incroyable répression dont ont été l’objet les gilets jaunes et le mouvement social le démontre aussi. Dès lors qu’ils se sont trouvés en face des couches populaires et non plus des populations marginales, des magistrats ont eu la main particulièrement lourde. Ce qui démontre que le « laxisme » qui existe lorsqu’on examine les conséquences de la répression n’est pas une fatalité, mais relève bien un choix politique.En tout cas, il n’est pas excessif de dire que cette délinquance a été aujourd’hui en partie dépénalisée. Ce qui pour les « honnêtes gens » est quelque chose d’insupportable quand ils y sont confrontés. Il y a également un domaine où les magistrats ont la main particulièrement lourde comme le démontre l’affaire Leroux. Terrorisé par les risques de basculement dans l’autodéfense et la violence arbitraire qui l’accompagnerait, les tribunaux condamnent lourdement toutes les velléités de légitime défense. Suscitant d’ailleurs une incompréhension et une rage de très mauvais augure.

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Atlantico.fr : Comment remédier à cette situation ? Comment éviter que l’ordre public ne se dissolve davantage ? 

Régis de Castelnau : Je pourrais vous répondre lapidairement, « en débarrassant la France de ce gouvernement et de ce président qui n’ont qu’une obsession : démanteler les services publics y compris des grands services publics administratifs régaliens que sont la police et la Justice ». Lorsque l’on voit les réformes d’organisation et de procédure judiciaires adoptées au printemps dernier, la volonté d’Emmanuel Macron apparaît clairement. Rendre plus difficile, plus compliqué, plus cher l’accès à la justice en espérant tarir la source des contentieux. C’est exactement ce qui s’est passé avec les ordonnances travail où le recours aux prud’hommes a été à ce point compliqué, que le nombre d’affaires dont ces juridictions sont saisies s’est complètement effondré.

Donc pour remédier à la situation décrite, et revenir à un ordre républicain qui n’est plus aujourd’hui assuré, il n’y a qu’une solution : redonner à la police et à la justice les moyens d’exercer leurs missions.

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mardi, 18 février 2020

La répression pénale s’introduit à l’intérieur de la conscience

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La répression pénale s’introduit à l’intérieur de la conscience

Par Raoul de Bourges 

71wNj1C-eaL.jpgJosé Ortega y Gasset affirmait que se proclamer de droite ou de gauche, c’était accuser dans l’un et l’autre cas une hémiplégie morale. Nulle possibilité que François Sureau tombât dans une quelconque infirmité. Il se campe de longue date en défenseur de la liberté, de toutes les libertés publiques. C’est le rôle impérieux qu’il s’arroge, une fois encore, avec la rigueur du juriste et la verve de l’avocat et écrivain qu’il est, dans son opuscule Sans la liberté publié en septembre 2019 aux Tracts Gallimard.

Notre fiévreux Don Quichotte n’aime rien moins que les lois liberticides : lois mémorielles, attributions aux magistrats du parquet de faire le tri entre les bons et les mauvais manifestants, loi organisant la répression des fausses nouvelles, loi imposant l’immatriculation des vélos. Il déteste qu’on touche aux symboles et le vélo est une sorte de citadelle qui, si elle cède, s’ajoutera à la longue liste des libertés envolées. Ainsi en est-il encore de la loi Avia qui doit être promulguée et qui « introduit désormais la répression pénale à l’intérieur de la conscience ». Cette loi se fixe comme objet de lutter contre les propos haineux sur Internet, ce que Sureau fustige évidemment : « Si l’on revient un instant aux "discours de haine" que la loi se propose désormais de faire réprimer par les sociétés privées qui les diffusent, et qui suscitent en effet le dégoût ou la révolte, il me semble qu’il est erroné de penser qu’une simple loi, par l’effet de son édiction, pourra réduire un phénomène qui résulte de mécanismes sociaux et humains complexes […] A l’heure où les gouvernements sont bien obligés d’avouer leur impuissance face aux dérèglements de l’environnement ou à la mondialisation des échanges […] Hantés par la crainte d’une violence sociale à la fois générale et diffuse, nous cherchons à recréer une forme de civilité par la répression. C’est une voie sans issue. » L’affirmation peut surprendre à l’heure où l’on ne voit pas comment, sans un retour à plus d’autorité et un rappel aux devoirs de chacun, on pourrait parvenir à restaurer la concorde sociale. Mais Sureau demeure inflexible en stipulant que l’Etat de droit, dans ses principes et ses organes, a été conçu pour que ni les désirs du gouvernement ni les craintes de peuples n’emportent sur leur passage les fondements de l’ordre politique, et d’abord la liberté : « C’est cette conception même que, de propagande sécuritaire en renoncements parlementaires, nous voyons depuis vingt ans s’effacer de nos mémoires sans que personne ou presque ne semble s’en affliger. » Ainsi prédit-il que la loi Avia nous ouvrira un horizon chinois, où l’Etat et les opérateurs, par une incessante coopération électronique, pourront rejeter un citoyen « vers les ténèbres extérieures de la mort sociale ». L’Etat orwellien dont le comportement est rarement un modèle, qu’il s’agisse de légalité ou d’honneur -pensons au débranchement de Vincent Lambert, honte absolue dont s’est couvert l’Etat qui aurait dû le sauver plutôt que de le sacrifier-, impose une tutelle toujours plus forte à laquelle le citoyen n’a pas d’autre choix que de s’y soumettre.

Si l’édifice des droits se lézarde, il ne faut pas se méprendre quant à l’intention de notre auteur. Il n’est nullement question pour lui de défendre la surenchère des droits qui embouteillent nos démocraties : « Le citoyen se pense moins comme citoyen que comme individu, réclamant des droits pour lui et des supplices pour les autres, prêt à ce que la liberté de tous s’efface pour peu qu’on paraisse lui garantir la sienne, sous la forme d’une pleine capacité de jouissance des objets variés qu’il aime. Bernanos écrit que la liberté des autres lui est aussi nécessaire que la sienne. Cette idée n’est plus si communément partagée. Les gouvernements n’ont pas changé. C’est le citoyen qui a disparu. » L’individu est devenu tout à fait solitaire, libre mais seul. Doté de droits quasi illimités, mais désespérément seul. Se pose dés lors la question de savoir à quelles appartenances il pourrait se rattacher. Au culte de la nature ? A celui du Dieu des catholiques qui longtemps prévalut en nos vieilles terres chrétiennes ? Sureau ne le dira pas, mais le libéralisme libertaire, cette version dévoyée de la liberté, a engendré deux monstres : le monstre du contrôle social et la société liquide de l’individu anomique sans racines et sans espérance.

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Impuissants à organiser leurs polices, depuis vingt ans, les gouvernements restreignent drastiquement les libertés pour conserver les faveurs du public et s’assurer de son vote, « nous éloignant chaque année un peu plus des mœurs d’une démocratie ». Or, la liberté est un bien très précieux sans laquelle il n’y a pas de société politique. La prééminence de l’égalité -de l’égalitarisme- comme pierre angulaire de l’action politique moderne est à cet égard préoccupante par le déséquilibre qu’elle engendre au sein même de nos valeurs fondatrices.

Ni de droite ni de gauche, disions-nous, l’avocat des libertés renvoie toutes les obédiences dos à dos : « La gauche a abandonné la liberté comme projet. La droite a abandonné la liberté comme tradition, comme élément central d’une tradition nationale au sens d’Edmund Burke. Le premier camp réclame des droits "sociétaux" comme on dit aujourd’hui, dans un long bêlement progressiste, le deuxième réclame des devoirs dans un grand bêlement sécuritaire. » Citant René Girard et son inspiré désir mimétique, Sureau déplore que nous nous exprimions avec les mots de nos maîtres, cependant que ces maîtres ne se survivent que dans leur docilité à nos passions : « Et quand bien même nous serions devenus incapables de former à nouveau le projet politique de la liberté, nous devrions encore préférer la simple licence, la pulvérisation de l’idée de liberté en cent images irréconciliables, sa diffusion en mille comportements opposés, plutôt que ce que l’ordre social nous promet : la dictature de l’opinion commune indéfiniment portée par les puissances nouvelles de ce temps, et trouvant un renfort inattendu dans le désir des agents d’un l’Etat discrédité de se rendre à nouveau utiles au service d’une cause cette fois enfin communément partagée -celle de la servitude volontaire. »

Macron et la « westlessness » à Munich

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Macron et la « westlessness » à Munich

Ex: http://www.dedefensa.org

 
 

À Munich avait lieu l’annuelle conférence anciennement et poétiquement connue (du temps de la Guerre froide) sous le nom de la Wehrkunde. D’habitude, il s’agit d’un festival de certitudes cliquetantes et de roulages d’épaules des principaux partenaires des USA, le nid de l’atlantisme regroupé en rang et au pli du pantalon autour des envoyés des USA approbateurs, en faveur de la puissance de l’OTAN et du  bloc-BAO en général, du suprémacisme occidental. L’argument pèse son poids, il va du char de combat et des bombes intelligentes aux valeurs de la civilisation et à l’indépassable démocratie occidentale.

Cette fois-ci, ce fut un peu différent. Divers orateurs geignirent considérablement en constatant que les nationalismes des divers membres du bloc-BAO, pimentés d’un zeste de protectionnisme et d’une pincée d’égoïsme isolationniste, compromettaient gravement la cohésion de l’ensemble. La commentatrice de l’excellente gazette-sur-site RT.com, Helen Buyinski, a parfaitement raison de remarquer que les geignards qui ont développé ce thème confondent cause et conséquence, comme à l’habitude. Elle prend le cas des pays européens par rapport à l’UE, mais le cas vaut universellement pour les pays du bloc-BAO, dans tous les comportements de leurs activités, et particulièrement dans celui de l’affirmation d’une suprématie qui n’est plus qu’une vieille coquille vide du passé

« Les pays Européens présents à la Conférence de Munich sur la sécurité qui accusent le “nationalisme” du déclin de l’Occident confondent la cause et l’effet. Ce sont leur caricatures vide et contraignante du « ibéralisme » qui fait fuir les pays européens [du rassemblement institutionnel qu’est l’UE] vers le nationalisme ».

Et Buyinski enchaînent à propos du « Westlessness », néologisme anglo-saxon, ou anglicisme si l’on veut, quasiment intraduisible sinon par une expression vaguement significative mais avec une certaine ambition dialectique, selon l’idée du « moins d’occidentalité », – et qui ferait mieux, pour résumer le propos, d’aller voir du côté de Spengler et de son Déclin de l’Occident… C’est effectivement ce que font les organisateurs de la conférence, qui ont effectivement  suscité cet anglicisme en le présentant comme thème de la conférence en sollicitant la référence spenglerienne, sans doute inspirés par les déclarations audacieusement iconoclastes du président français Macron :

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« Un anglicisme, créé et mis en avant dans le rapport introductif de la Conférence de sécurité de Munich-2020, est présenté non seulement comme le thème de cette conférence, mais également comme la synthèse de la situation actuelle de l’Occident : il s’agit du concept de « westlessness ». Ce terme, analysé en profondeur et avec des références dès le début du rapport présentant la conférence, peut se définir par « un sentiment généralisé de malaise et d’agitation face à l’incertitude croissante quant à l’objectif d’un Occident durable », soit une version modernisée des thèses de l’essai « Le déclin de l’Occident »’ du philosophe conservateur allemand Oswald Spengler (1880-1936).

Le rapport précise ensuite : « Des changements de pouvoir de grande envergure dans le monde et des changements technologiques rapides contribuent à un sentiment d’anxiété et d’agitation. Le monde devient moins occidental. Mais plus important encore, l’Occident lui-même peut aussi devenir moins occidental. C’est ce que nous appelons « Westlessness ».

Là-dessus, les philosophes se sont affrontés, – à savoir le secrétaire d’État Mike Pompeo et le président Macron. Leurs  deux discours semblaient être comme une joute verbale du tac au tac, autour de cette idée antagoniste du « Je suis en déclin, moi non plus ».

« Je suis heureux d’annoncer que la mort de l’alliance transatlantique a été prématurément annoncée. L’Occident est en train de gagner, nous gagnons collectivement et nous le faisons ensemble », a déclaré Mike Pompeo, samedi à la Conférence sur la Sécurité de Munich… […], dans une allusion à peine voilée aux célèbres remarques du président français Emmanuel Macron sur la « mort cérébrale » de l’OTAN.

Les nations « libres » ont tout simplement plus de succès que tout autre modèle qui a été essayé dans l’histoire des civilisations », a-t-il déclaré, en faisant remarquer que les migrants fuient vers l’Europe, et non vers Cuba, et que les gens vont étudier « à Cambridge et non à Caracas » tandis que les entreprises sont ouvertes dans la Silicon Valley et non à Saint-Pétersbourg ».

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Macron est intervenu après Pompeo. Manifestement, il a voulu lui répondre, comme Pompeo avait prétendu répondre à Macron, bref on s’échange quelques petites piques selon les règles du marquis de Queensbury. Entêté, le Français n’a voulu céder en rien à son interlocuteur américaniste, lequel n’était en plus, ou en moins, point de son rang… Le Français l’a fait indirectement, en s’adressant à ses partenaires européens, parce que pour lui la situation des USA n’est pas la même que celle de l’Europe, – belle trouvaille, – parce que l’Europe est dans le même espace continental que la Russie, et pas les USA, – observation judicieuse.

« L’Europe « devient un continent qui ne croit plus en son avenir », a-t-il affirmé, avant de proposer une vision beaucoup moins optimiste du monde occidental.

Il y a en effet un affaiblissement de l’Occident. Il y a 15 ans, nous pensions que nos valeurs étaient des valeurs universelles, qu’elles domineraient toujours le monde, et nous étions dominants en termes de technologie militaire, etc ».

Mais dans le monde d’aujourd’hui, « les valeurs ont changé » et de nouvelles puissances sont apparues, a dit M. Macron, en particulier la Chine et la Russie.

J’entends la défiance de tous nos partenaires [vis-à-vis de la Russie], je ne suis pas fou. Mais il est vrai qu’être défiant et faible à la fois… ce n’est pas une politique, c’est un système complètement inefficace », a insisté Macron. Il a observé qu’il y a toujours « un deuxième choix », ici reprendre le dialogue avec Moscou, – « aujourd’hui nous parlons de moins en moins, les conflits se multiplient et nous ne sommes pas capables de les résoudre ».

C’est toujours le même rythme, la même stratégie du « en même temps » chez Macron, et aussi bien dans sa réflexion stratégique. Ainsi parle-t-il notamment des sanctions antirusses, pour déplorer qu’elles participent au gel d’une situation qui interdit le dialogue tout en coûtant aussi cher, sinon plus cher à l’Eutrope-sanctionneuse, qu’à la Russie-sanctionnée. Et pourtant dit-il subrepticement, mais on retiendra surtout ce coup d’arrêt, et pourtant « je ne propose pas de les lever, je fais juste le constat ».

« Nous avons accumulé les conflits gelés, les systèmes de défiance, des sanctions qui n’ont absolument rien changé en Russie, je ne propose pas du tout de les lever, je fais juste le constat…[…] Nos sanctions et les contre-sanctions nous coûtent aussi cher, à nous Européens, si ce n’est plus, qu’aux Russes ».

Président « en-même-temps », Macron clame haut et fort que les sanctions sont une sottise mais surtout, surtout, – « n’allez pas croire que je propose de cesser cette sottise, je la constate simplement ». Il y a là-dedans, quel que soit le rapport de force que les experts du Quai d’Orsay mesurent avec leur calculette, comme une faiblesse grave de la volonté, une infécondité du caractère.

Curieusement, alors que l’évidence ne manque pas de nous dire que la France a gagné, avec le départ de l’UE du Royaume-Uni, une position stratégique dominante en Europe notamment comme unique puissance nucléaire, il y a comme une étrange pusillanimité, – « je suis le plus fort en Europe, mais n’allez pas croire que je veux me servir de cette position, je la constate simplement ». Non seulement, il n’en fait que le constat sans vouloir en faire un instrument de pression pour ses conceptions, – s’il en a, et dans le bon sens, – mais en plus il se précipite pour expliquer aux Allemands qu’il va faire tout son possible pour leur faire croire qu’il leur donne une sorte de participation dans le constat de cette puissance nucléaire, comme si les Allemands pouvaient s’en croire également les récipiendaires, oubliant cette règle d’or que le nucléaire ne se partage pas, – un seul bouton, un seul doigt.

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Macron pousse le « enmêmetempisme », nouvelle doctrine postmoderne, jusqu’à faire déployer une poignée de soldats français sur les frontières russes des pays baltes, pour convaincre ces importants partenaires stratégiques, à la politique si complètement équilibrée, qu’il faut aussi soutenir la France dans son intérêt quasi-exclusif pour le seul vrai danger, sur sa frontière Sud. (Et sur son Ouest, dito les États-Unis.)… « En même temps », il faut expliquer aux Russes que ce déploiement des forces françaises sur leur frontière occidentale, dans le cadre de l’OTAN lourdement tenu par les américanistes et les amis-polonais, est tout ce qu’il y a de plus amical ; une sorte de main tendue à la Russie, en signe d’amitié si l’on veut.

« En même temps », effectivement et même évidemment, Macron est plus que jamais partisan d’une architecture européenne de sécurité avec la Russie, la recherche d’un développement de « règles du jeu dans un espace partagé ». Pour autant, c’est-à-dire « en même temps », Macron n’est pas un naïf, et on ne la lui fait pas ; il sait tout de la duplicité de la Russie, et il y a même des députés de LaREM à Paris, qui constitue une redoutable escadrilles à cet égard, pour évoquer la Russie à propos du revers stratégique terrible du dévoilement des ébats intimes de Griveaux, – car il y a  du Russe dans l’affaire, comme chacun sait, Piotr Pavlenski, qui est en plus un anti-Poutine, c’est tout dire

« Je pense [dit le président] que la Russie continuera à essayer de déstabiliser, soit [via] des acteurs privés, soit directement des services, soit des « proxies », estimant que Moscou continuerait d’être « un acteur extrêmement agressif » dans ce domaine. « Mais il faut se méfier, il n’y a pas que la Russie, il y a beaucoup d’autres pays », a-t-il déclaré ».

En même temps (suite), « il y a beaucoup d’autres pays »… Lesquels ? demanderont sans doute les Russes, intéressés au moins par politesse.

L’Otan prépare son déploiement au Moyen-Orient élargi

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Stoltenberg s'entretenant avec des militaires irakiens

L’Otan prépare son déploiement au Moyen-Orient élargi

Ex: http://www.zejournal.mobi

En définitive, ce devrait bien être l’Otan qui investira le monde arabe après le retrait du CentCom (Commandement central des États-Unis au Moyen-Orient). L’Allemagne pourrait jouer le rôle de leader au sein de l’Alliance.

Le secrétaire général, Jens Stoltenberg, espère :

  1. déployer l’Alliance en Tunisie et faire durer éternellement la guerre en Libye ;
  2. déployer l’Alliance en Irak et en Jordanie et faire durer éternellement la guerre en Syrie.

Le 1er février 2020, la Turquie s’est soudainement rapprochée de l’Otan dont elle est membre et est entrée en conflit avec la Russie en Syrie. Elle a en outre repris le transfert des jihadistes de Syrie vers la Libye via la Tunisie.

Le 12 février 2020, les ministres de la Défense de l’Otan ont décidé, dans un premier temps, de renforcer leur « mission d’assistance » en Irak bien que le Parlement irakien a exigé le retrait des troupes étrangères.

Jens Stoltenberg prépare ce plan depuis plus de six mois. Ainsi a-t-il conclu des accords secrets avec le roi Abdallah de Jordanie et le ministre tunisien des Affaires étrangères qu’il a longuement reçus à Bruxelles.


- Source : Réseau Voltaire

lundi, 17 février 2020

Michel FOUCHER : Le retour des frontières

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Michel FOUCHER : Le retour des frontières

 
 
 
Le géographe et ambassadeur Michel Foucher présente une vaste réflexion sur "Le retour des frontières", titre d'un ouvrage qu'il a publié chez CNRS éditions (2016). Signalons qu'il vient de publier un remarquable numéro de la Documentation photographique : "Les frontières", CNRS éditions 2020 (n°8133). C'est à cette occasion, et en soutien aux enseignants de spécialité HGGSP que Diploweb met en ligne cette vidéo d'une conférence conduite en 2016, en partenariat avec GEM.
 
Extrait du résumé par Joséphine Boucher pour Diploweb.com Qu’est-ce qu’une frontière ? Lorsqu’elle est internationale, c’est une institution. Bien plus qu’une simple ligne de sable ou une crête de montagne, elle fait l’objet de traités et est soumise à un processus défini, du dépôt du dossier du traité de délimitation aux Nations Unies aux démarcations sur le terrain par des commissions dédiées. Il s’agit donc d’une véritable institution du droit international qui sert à définir et à délimiter le périmètre de l’exercice d’une souveraineté étatique. À la frontière s’exercent de multiples fonctions de souveraineté, juridiques, régaliennes, fiscales, douanières, qu’elles soient réelles ou plus symboliques.
 
C’est l’un des paramètres de l’identité collective et de la citoyenneté, et qui permet au plan symbolique de distinguer le dedans et le dehors, lesquels sont des éléments constitutifs de toute communauté humaine. Il y a là deux aspects fondamentaux de la question de la frontière, à savoir la question des limites et celle de l’attachement, de l’appartenance symbolique à une collectivité.
 
C’est d’ailleurs l’une des difficultés de ce malaise de la construction européenne comme acteur stratégique et politique, suite à ce refus de définition. L’Union européenne n’est en effet pas capable de politique extérieure car elle n’a jamais défini la limite entre le dedans et le dehors, sa seule politique extérieure étant celle de l’élargissement. Après avoir défini ce qui fait une frontière, qu’en est-il désormais du retour des frontières ? Il s’agit en fait d’une nouvelle visibilité de ces tracés, même si, rappelons-le, l’invisibilité n’est pas synonyme d’effacement. À cette étape, il convient de déconstruire les idées fausses qui ont pu être émises sur les frontières.
 
La première est celle du discours d’un monde sans frontières permis par une globalisation néo-libérale. Toute régulation serait un obstacle, la politique et les Etats seraient des freins à la bonne marche de l’économie, et au gouvernement se substituerait la gouvernance, c’est-à-dire gouverner sans politique. Or aujourd’hui, les phénomènes de dé-mondialisation et le retour d’un certain protectionnisme témoignent d’une volonté de se protéger, qui n’est pas forcément, rappelons-le, un cloisonnement. L’autre dérive sur la problématique frontalière était d’assimiler la question des frontières à la barrière, au mur, en particulier anti-migratoire. Il est important de ne pas confondre migrations et frontières.
 
La deuxième partie de cette conférence a été construite pour aborder l’actualité de ces questions de frontières via une chronique et des exemples de diverses régions du monde, afin de repérer à partir de différentes sources ce qu’il s’y passe concrètement, pour en faire une analyse et en tirer des enseignements plus généraux sur la réaffirmation des frontières. (...) Enfin, il convient de s’intéresser plus particulièrement à la problématique du voisinage européen, et ce aussi au-delà des questions migratoires. Aucune autre région du monde n’a un tel environnement stratégique. En effet, en cartographiant précisément les conflits sur la base objective des rapports réguliers de l’ « International Crisis Group », il apparaît que sur les 75 conflits, crises graves et guerres ouvertes répertoriées par l’ONG dans le monde au printemps 2016, 85% se trouvent dans un rayon de 3 à 6 h de vol de Paris. Les questions frontalières jouent de fait à 3 échelles : nationale, infra-nationale et régionale. (...)
 
Pour conclure, ce retour des frontières dans les faits et dans les consciences est une bonne nouvelle, à condition d’en user avec discernement. Si abolir des frontières revient à faire disparaître des Etats, les franchir aisément ne les annule pas. La frontière, invention humaine, est aussi un refuge et une ressource pour qui vit des différences et peut élaborer des micro-stratégies. Le retour des frontières est certes un phénomène avéré aujourd’hui, mais il ne signifie pas pour autant le repli sur soi ; la bonne frontière est la frontière agréée ouverte, et pas le refus du monde ni la négation ultra ou néo-libérale de l’importance symbolique et réelle des frontières. Où placer le curseur entre solidarité et responsabilité ? Entre liberté et sécurité ? Ce sont là de véritables difficultés et questions à se poser actuellement. Donnée politique inscrite dans l’espace, la frontière est donc un sujet véritablement et éminemment politique.
 
Images et montage : Fabien Herbert

Bundesregierung im Krieg gegen die heimische Industrie

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Bundesregierung im Krieg gegen die heimische Industrie

Ex: https://kopp-report.de

»Umweltkiller Auto« und Energiekonzerne, die nicht als lebensnotwendige Versorger der Bevölkerung dargestellt, sondern gezielt als Umweltzerstörer diffamiert werden: Die Reihe deutscher Industriekonzerne, die dem Machterhalt der Bundesregierung geopfert werden, nimmt selbstzerstörerische Ausmaße an.

Mit dem Siegel »Made in Germany« versuchte Großbritannien Ende des 19. Jahrhunderts deutsche Importware als vermeintlich billig und minderwertig zu diskreditieren. Doch der Schuss der Briten ging buchstäblich nach hinten los. Nicht zuletzt dank einem damals noch weitestgehend intakten Bildungssystems und der daraus resultierenden deutschen Ingenieurskunst sowie traditionellen Handwerksbetrieben wurde »Made in Germany« zu einer einzigartigen Erfolgsgeschichte. Dass ausländische Kräfte, wirtschaftliche Konkurrenten und eigentlich befreundete Staaten alle Hebel in Bewegung setzen, um die weltweit führende Exportnation zu schädigen, mag bis zu einem gewissen Grad nachvollziehbar sein – dass deutsche Politiker die eigene Wirtschaft diesen Kräften jedoch widerstandslos ausliefern, ist schlicht ein Skandal.

So setzt bekanntlich die USA europäische Länder und explizit Deutschland massiv unter Druck, damit der chinesische Telekomausrüster Huawei nicht am milliardenschweren 5G-Netzausbau beteiligt wird.

Als Grund wird die US-Administration nicht müde zu betonen, dass der chinesische Großkonzern der Wirtschaftsspionage nicht nur beschuldigt, sondern längst überführt sei.

Der massive Druck geschieht dabei aber nicht etwa aus Sorge um die Sicherheit Deutschlands digitaler Infrastruktur, sondern verfolgt in der Hauptsache das Ziel, den Zuschlag für den sensiblen Digitalausbau an US-Konzerne sicherzustellen.

Spätestens nach den Enthüllungen des Whistleblowers Edward Snowden weiß die ganze Welt, dass US-Geheimdienste nicht nur den gesamten weltweiten Datenverkehr abhören, auswerten und sammeln, sondern dass die Dienste zudem über »Backdoors« bei den großen Techkonzernen verfügen. Zum Teil ist diese Zusammenarbeit zwischen der CIA und dem Silicon Valley sogar offenkundig. »In-Q-Tel« heißt der Risikoinvestment-Arm der CIA. Ganz offen investiert der US-Geheimdienst so in Datenanalyse-Firmen aus dem Silicon Valley. Neben Beteiligungen bei Google und Facebook gerät immer mehr das Geheimdienstinvestment bei der Big-Data-Firma Palantir ins Blickfeld der Öffentlichkeit.

In Amerika werden dadurch bereits Informationen von Militär, Geheimdiensten und aus Polizeidatenbanken miteinander vermischt und zur Aufstandsniederschlagung in Afghanistan und dem Irak, sowie im Kampf gegen den islamistischen Terrorismus und zur Kriminalitätsbekämpfung, eingesetzt. »Gotham« heißt das umstrittene Programm der CIA-Firma. Gotham City ist bekanntlich die Stadt, in welcher der Superheld Batman auf Verbrecherjagd geht. Hier wird ein dystopisches Bild von New York City gezeichnet, einem zukunftspessimistischen Szenario einer in Gewalt, Verbrechen und Korruption untergehenden Gesellschaft. Im 21. Jahrhundert stemmt sich jedoch kein Superheld gegen dieses Untergangsszenario, sondern die CIA mit ihrem Silicon-Valley-Unternehmen Palantir.

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Anstatt mit Muskeln und Kampftechniken werden die Kriege heutzutage mit Terabytes ausgefochten. Mit einer einfach zu bedienenden Suchmaske kann zu jedem einzelnen Knotenpunkt ein eigenes Netzwerk erstellt werden.

Der Firma werden regelrechte Superkräfte nachgesagt: So enthüllte der US-Kriegsreporter Mark Bowden, dass deren Software die Geheimdienste letztlich auf die Spur des seit Jahren untergetauchten Osama Bin Laden geführt habe. Und das Schneeballsystem des Milliardenbetrügers Bernie Madoff soll das Analyseprogramm aus 20-Terabyte-Daten innerhalb weniger Stunden rekonstruiert haben. Das Programm Gotham ist eine riesige Rasterfahndung, die Massendaten aus dem Internet, überwachte Telekommunikation, Kontobewegungen, staatliche Register und Archive sowie Bewegungsprofile analysiert und zusammenführt. Kritiker befürchten, dass die CIA-Investments bei Google und Facebook genau diesem Zweck dienten, nämlich durch die Hintertür Zugriff auf riesige Datenberge zu erlangen und mit Hilfe der Spionage- und Analyseprogramme von Palantir entsprechend auswerten zu können. Bei der Polizei in Hessen wird die Spionage-Software bereits genutzt und Anfang Januar 2020 gab auch die Polizei in Nordrhein-Westfalen bekannt, zukünftig die umstrittene Software einzusetzen. Der anfängliche Auftragswert liegt bei 14 Millionen Euro.

Wirtschaftskrieg gegen Deutschland

Volkswagen, Deutsche Bank und Siemens sind Beispiele, wie mit gezielter Wirtschaftsspionage durch die Amerikaner der deutschen Wirtschaft geschadet wird. Erst werden unzählige Betriebsgeheimnisse wie Patente und Antriebssysteme abgeschöpft, um dann Milliardenstrafen gegen erfolgreiche Konkurrenten auf dem Weltmarkt zu verhängen. Das perfide Gebaren der US-Geheimdienste folgt stets demselben Muster. Auch dies sind Erkenntnisse der Snowden-Enthüllungen über die globale und verdachtsunabhängige Überwachung und Speicherung milliardenfacher Daten auf Vorrat.

51Ur3UtclEL._SX318_BO1,204,203,200_.jpgDurch komplexe Überwachungssoftware wie PRISM, Tempora und XKeyscore werden diese Datenberge sodann von der NSA durchforstet und mit der CIA und anderen Behörden gemeinsam weiter verwertet.

Schließlich kann die NSA, mit illegal beschafften Daten, die Deutsche Bank nicht vor einem New Yorker Gericht auf Milliardensummen verklagen. Und so überlässt die NSA die illegalen Daten dem US-Justizministerium und der US-Börsenaufsichtsbehörde SEC, die dann bei »eigenen« Ermittlungen ganz genau wissen, wo es was zu suchen bzw. zu finden gibt.

Die SEC ist befugt, gegen alle in den USA börsennotierten Unternehmen zu ermitteln.

Zuerst waren die Ermittlungen auf Insiderhandel und Betrug begrenzt, nach 9/11 wurden der Behörde durch den Patriot Act jedoch noch weitreichendere Befugnisse zugesprochen.

Auch hier wurden die erheblichen Kompetenzerweiterungen offiziell mit einer angeblichen Terrorbekämpfung und mit dem Verdacht von Embargo-Verletzungen begründet. Dieses Vorgehen, wie im Fall der Deutschen Bank, ist noch nicht lückenlos bewiesen, aber auch Dr. Gert-René Polli, Gründer des österreichischen Bundesamts für Verfassungsschutz, hält diese These für »allemal plausibel«.

Im Zuge der Finanzkrise um den Handel mit Immobilienkrediten, die zu Paketen geschnürt und weltweit gehandelt und somit verkauft wurden, den sogenannten »mortage-backed securities«, geriet die Deutsche Bank ins Visier der amerikanischen Dienste und Behörden und musste schließlich in den USA eine Geldstrafe in Höhe 11,75 Milliarden Dollar berappen.

Auch weitere US-Sanktionen gegen deutsche Firmen (und gegen Russland) ordnet der Chefvolkswirt der Bremer Landesbank, Folker Hellmeyer, als Teil eines Wirtschaftskrieges gegen Europa und Russland ein. Seine genauen Worte lauten:

»Wir befinden uns mitten in einem Wirtschaftskrieg.«

Während sich die Hiobsbotschaften in der deutschen Wirtschaft wie Meldungen über Massenentlassungen häufen, gerät die deutsche Industrie nicht nur unter massiven Druck globaler Gegenspieler, sondern die Bundesregierung selbst befeuert den Krieg gegen die eigene Industrie. So wurde das einstige Premiumprodukt deutscher Ingenieurskunst – das Automobil –, zuerst durch eine immens aufgeblasene Dieselschmutzkampagne beschädigt und anschließend pauschal als Umweltkiller diffamiert.

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Sonntag, 09.02.2020

L’art contemporain est le soft power planétaire

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L’art contemporain est le soft power planétaire

Par Maximilien Friche 

Ex: http://mauvaisenouvelle.fr


Le manifeste cannibale Dada de Francis Picabia disait en 1924 « L’honneur se vend et s’achète comme le cul. » Aujourd’hui le cynisme ne fait plus scandale, il est la règle qui régit tous nos rapports sociaux et humains. Dans son dernier ouvrage, Nouvelle Géopolitique de l’art contemporain, Aude de Kerros précise : « On ne parle plus de valeur intrinsèque d’une œuvre, mais de cote, d’indice monétaire. » (p8)

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Depuis longtemps maintenant, nous constatons l’arnaque intellectuelle et morale de l’art contemporain. Depuis longtemps, nous dénonçons la convergence des oppressions entre un Etat français dirigiste et une finance internationale globalisante, au profit d’un art unique conceptuel aux messages pseudo subversifs et véritablement progressistes. Depuis peu, nous avons pris conscience que l’art contemporain était devenu un art financier, une simple monnaie. Aude de Kerros nous rappelle d’ailleurs à ce titre que les conseillers financiers recommandent d’avoir dans son portefeuille d’actifs environ 20% d’art. La rentabilité de l’art est estimée à 8%. Aucun risque. Même si c’est moche, même si c’est idiot, et surtout si ce n’est pas de l’art, cela vaut le coup. C’est ce qu’elle appelle l’innocent argent de poche de l’hyperclasse (p13) et c’est aussi bien souvent la possibilité d’un blanchiment de l’argent du crime et du trafic de drogue. C’est surtout, concernant l’art conceptuel, le lieu du délit d’initiés permanent. L’hyperclasse se met d’accord sur la valeur d’une œuvre et l’œuvre a cette valeur. Attribuer un prix est du ready made sur du ready made finalement. C’est de l’art parce qu’on l’a décidé. De la même façon, cela vaut plus ou moins cher parce qu’on le décide.

Toutes ces prises de conscience, nous les devons entre autres à Aude de Kerros au travers de ces divers ouvrages dont L'art caché : Les dissidents de l'art contemporain ; Des révélations inédites sur l'art actuel et L'imposture de l'art contemporain : Une utopie financière. Mais comme le monde est entré dans son ère trotskyste des organisations et que tout change en permanence de peur que l’on ne s’aperçoive de la bêtise de ce qui existe, il faut rester en veille. C’est ce que fait Aude de Kerros en nous expliquant désormais La nouvelle géopolitique de l’art contemporain.

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New-York : seul l’art conceptuel permet d’imposer un arbitraire

Le livre s’ancre dans l’histoire en rappelant la guerre froide et l’invention du soft power américain. Tout est venu de la CIA et de la guerre froide. Le coup de génie a été de récupérer les artistes en les achetant finalement, en les transformant en valeur marchande. « Un artiste de gauche peut librement, par ses œuvres, exprimer ses idées, sa critique de la société, et en même temps être promu, acheté, institutionnalisé. » Nous avons là, en définitif le premier exemple d’« en même temps » machiavélique, bien avant que notre algorithme de président n’en abuse à tour de bras. Une hégémonie américaine a suivi l’effondrement du bloc soviétique. Les USA ont utilisé l’art contemporain comme une arme pour globaliser le monde et effacer les identités culturelles et civilisationnelles. En art, la globalisation impliquerait un processus de « décivilisation » ? Ce n’est pas une conséquence non souhaitée, mais un objectif revendiqué. Nathalie Obadia avoue que l’art contemporain comme soft power, est un outil indispensable à la paix dans le monde et à la concorde universelle. En gommant les civilisations, en standardisant la culture, on supprime selon cette idéologie le risque de guerre et on peut imposer cette autre dictature à visage humain. « New York souhaiterait exercer sans partage son pouvoir de consécration et d’exclusion, bref de décider seul les critères de “l’art contemporain”. Sans identité, sans esthétique, seul l’art conceptuel permet d’imposer un arbitraire. » (p137) Seulement, l’hégémonie passée, certaines civilisations peuvent prouver qu’elles ne sont pas mortes et il faut bien avouer que l’art contemporain s’essouffle, comme une éternelle et gâteuse avant-garde (p15). « La martingale dérision-mépris-sidération-confusion-inversion semble avoir atteint ses limites. » (p258)

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La Russie, la Chine : tant de vie !

Aude de Kerros montre qu’aujourd’hui la géopolitique de l’art contemporain est celle des places pétrolières, des grandes places financières et des Gafam. Pour autant, la géopolitique de l’art tout court, est plus complexe. Ainsi, alors que le marché de l’art contemporain est avant tout un marché de l’offre, la Chine s’inscrit, elle, dans un marché de demande correspondant davantage à un désir anthropologique. Et il faut bien avouer que le carcan conceptuel et froid aurait bien du mal à contenir tant de vie culturelle. De la même façon, en Russie, art contemporain signifie art libre et non uniquement conceptuel. La vie artistique n’y est quasiment pas subventionnée, donc quasiment pas contrôlée, elle est de fait plus créative, plus imprévisible. En Chine, la seule contrainte est la non critique ouverte du gouvernement, ce qui laisse tout de même beaucoup plus de possibilités d’expression artistique qu’en Occident.

Paris au service du soft power américain

« Paris depuis vingt ans ne sert plus sur le marché mondial que de présentoir publicitaire gratuit en offrant ses monuments pour exposer des produits en voie de cotation extrême. » (p57) Notre vocation est donc d’être la tête de gondole de l’art contemporain, la caution culturelle et intellectuelle d’un art qui en est intrinsèquement dépourvu. « La politique d’influence française met en permanence les institutions françaises au service du soft power américain. » Cet alignement officiel de l’Etat, cette soumission à la globalisation, n’a pas détruit l’art en France, il a simplement conduit les artistes à aller peindre dans leurs grottes. Ainsi existe-t-il depuis 1981 un art caché, sorte d’exception française. L’ironie fut que cet art caché français reçut un temps le soutien de la Chine avant que cette dernière utilise la route de la soie, pour mieux ceinturer les échanges et se concentrer sur ses frontières.

L’art contemporain sera multipolaire ou …

Pour Aude de Kerros, l’art contemporain international est devenu total : hybride, commercial, financier, intellectuel, juridique, monétaire, patrimonial, visant le succès populaire mondial, transcendant les cultures et les classes sociales. Le global kitsch et le flashy pop art a pris la tête des blue chips de l’art contemporain, embarquant le peuple dans l’achat de produits dérivés. » (p218) Et aujourd’hui les pays critiques vis-à-vis de cette globalisation qui nie les civilisations sont les anciens pays communistes. Ils se lancent dans la promotion de leur art civilisationnel. En effet, grâce aux œuvres d’art, l’identité des pays qui ont connu la guerre, le totalitarisme se recompose. « Paradoxalement, les arts civilisationnels, mis au ban du globalisme, sont aujourd’hui plus ouverts que l’art contemporain soumis à sa boucle d’asservissement financier. » (p258)

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On peut donc refermer ce livre avec un peu d’optimisme, car, derrière la globalisation, se cache la multiplication des soft power particuliers et enracinés. Qu’attend donc la France pour les rejoindre ? Aujourd’hui, l’art contemporain, l’art conceptuel, admet à ces côtés de l’art pour bénéficier de sa réputation. La peinture que l’on croyait perdue revient de ce double effet des soft power enracinés et d’un épuisement de l’art conceptuel. L’art est devenu un moment de l’art contemporain, pour paraphraser Debord qui savait que dans un monde où tout est faux, le vrai est un moment du faux.

dimanche, 16 février 2020

Mondialisation : le combat perdu d’Emmanuel Macron

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Mondialisation : le combat perdu d’Emmanuel Macron

 
 
par Jean Goychman 
Ex: http://www.zejournal.mobi

L’Histoire de l’Humanité n’est jamais figée dans le temps. Le jeu des puissances à la surface de la planète ne s’arrête jamais. Le Monde tel qu’il est apparu à la fin de la seconde guerre mondiale, consacrant l’hyper-puissance des États-Unis d’Amérique est en train de s’estomper et laisse apparaître une nouvelle organisation géopolitique.

Les mondialistes n’ont plus d’avenir

Cette phrase, prononcée par Donald Trump aux Nations Unies l’an passé, en écho du discours qu’Emmanuel Macron venait de tenir, dans le cadre d’une réunion sur le climat, mérite qu’on l’examine. Le cadre était loin d’être neutre, il s’agissait d’un « Sommet Climat » terme consacré à ces grand’messes mondialistes organisées sous l’égide de l’ONU afin de nous rappeler que, comme le disait Simon Linett en 2008 « le réchauffement anthropique est un problème mondial qui ne peut se résoudre qu’au niveau d’un gouvernement mondial.. »

Cette mondialisation a une apparence : celle d’une sécurité et d’une prospérité mondiales qui résulteraient de la généralisation d’un libre-échange planétaire dans lequel il n’existerait plus de raison de déclencher des guerres, le bonheur des peuples étant assuré. Dans la réalité, il s’agissait surtout de donner le pouvoir à une « élite », seule capable aux yeux des promoteurs de cette idée, de diriger le monde en contrôlant les leviers essentiels.

Pour arriver dans ce « paradis terrestre », il fallait progressivement faire disparaître les frontières, mais aussi les peuples et leurs identités culturelles.

La seconde tentative

Après l’échec patent de la Société des Nations, définitivement acté au début de la seconde guerre mondiale, ayant montré que, du point de vue de cette élite, les peuples et surtout la démocratie qui leur donnait le pouvoir politique étaient des obstacles dont il fallait s’affranchir. Après la seconde guerre mondiale et les massacres des populations (y compris civiles) qu’elle avait engendrée, l’heure devenait propice pour installer un pouvoir mondial qui garantirait la paix. L’Organisation des Nations Unies était une première étape. Mais il fallait trouver une sorte « d’appartement témoin » qui ferait la démonstration in situ de ce que pourrait être le monde futur. Particulièrement touchée par deux guerres successives, la population européenne était particulièrement sensible et il suffisait de dénoncer le nationalisme comme responsable des guerres. Le raisonnement était simple. Le nationalisme cause la guerre, faisons disparaître les nations. C’est sur cette base fausse que les théoriciens de l’Europe « intégrée » jetèrent leur dévolu. Pour « enjamber » les nations européennes,  le fédéralisme était l’objectif final, mais nécessitait une approche progressive. Ce fut la « politique des petits pas » chère à Jean Monnet, qui préconisait de multiplier les associations dans tous les domaines des pays européens, et en particulier la France et L’Allemagne. Créée avec l’aide vigilante du Département d’État, l’Allemagne fédérale, composée de « landers » était devenue « facile à manier » pour ces projets, qui étaient tous autant de perte de souveraineté nationale. On assista alors à plusieirs tentatives telles que la création de la CED (défense européenne) ou encore la CECA (charbon et acier) et d’autres moins connues qui échouérent toutes, en raison de l’attachement du peuple français à sa souveraineté. Ce ne fut qu’en 1957, après une gestation difficile, que fut créé le « marché commun » par la signature du Traité de Rome en mars 1957.

De Gaulle entre en scène

En mai 1958, la IVème République vit ses derniers instants le Président Coty se résoud à faire appel « au plus illustre des Français » en appelant le Général de Gaulle. Au début, de Gaulle veut régler en priorité le problème algérien pour se retourner ensuite vers l’Europe ayant « les mains libres ».

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Dollar AMGOT (Allied Military Government of Occupied Territories )

De Gaulle, qui avait suivi de près la construction européenne, avait parfaitement discerné que le but final était une fédéralisation de l’Europe sous le contrôle de « l’ami américain »auquel il s’était opposé dès la Libération. Il avait notamment fait échouer la tentative américaine d’imposer le dollar « AMGOT » à la population française. Cependant, même si l’affaire algérienne est pour lui une priorité, il arrive avec un plan bien arrêté dans sa tête. Il veut doter au plus vite la France de l’arme nucléaire. Bien que lancé sous la IVème République, à laquelle il faut rendre cette justice, le programme nucléaire militaire n’était pas considéré avant de Gaulle comme une priorité. Ce dernier était informé des idées en matière de dissuasion, des réflexions du général Gallois, qui venait de passer en 2ème section. De Gaulle s’en inspira assez largement, cela me fut confirmé par Pierre Clostermann, qui voulût bien m’honorer de son amitié, et qui me raconta la genèse de la force de dissuasion française et les réunions auxquelles il avait assisté.

En 1960, à Reggane, eut lieu la première explosion nucléaire, mettant ainsi notre pays dans le club alors très fermé des pays disposant de l’arme atomique. Pour autant, et malgré les pressions innombrables qui s’exerçaient sur lui, de Gaulle refusa, contrairement aux Anglais, de donner les clés de la force nucléaire française aux Américains. Il justifia cette position en disant que le concept de la dissuasion nucléaire était basé sur une défense « tous azimuts » sans aucune exception. C’est cette position formelle qui a permis à la France d’occuper une place à part sur l’échiquier international en lui donnant une indépendance totale. C’est justement ce dont de Gaulle allait avoir besoin pour proposer, dans le Traité de l’Élysée signé en janvier 1963 par le chancelier Conrad Adenauer, à l ‘Allemagne la protection du bouclier nucléaire français. Il se trouvait alors en opposition frontale avec l’OTAN. La suite est connue, les députés allemands ont préféré la puissance militaire américaine.

La désindustrialisation

De Gaulle disparu, l’Angleterre entra dans l’Europe et fit pencher la balance vers le libéralisme débridé.

Crée en 1973, la « Commission Triatérale » est devenue un des relais majeurs de ce projet. Un article du Monde Diplomatique publié en novembre 2003 sous le titre « Pouvoirs opaques de la Trilatérale » est très explicite. Dans cette nouvelle organisation mondiale, destinée à affirmer la toute-puissance de la finance et des échanges commerciaux. Dans un cadre totalement déréglementé,  les grands perdants ne pouvaient être que les classes moyennes que le capitalisme industriel avait réussi à faire émerger dans les pays occidentaux. Les plus touchées par ces transferts industriels qui faisaient des pays émergents les nouveaux ateliers du monde – en raison de leurs coûts de fabrication  beaucoup plus faibles -, furent naturellement ces classes sociales. Peu enclines à la révolte, elles allaient se servir de leurs bulletins de vote pour manifester leur aversion et la crainte que leur inspirait ce système qui leur avait été imposé, souvent malgré elles.

Autant le capitalisme industrie était distributeur de richesses (Henry Ford construisait des voitures pour les vendre à ses ouvriers), autant le capitalisme financier est concentrateur de ces mêmes richesses dans un petit nombre des mains.

Le divorce et la montée du populisme.

Ce qui faisait la fortune des « élites » ruinait les classes plus « populaires » Les élites devinrent de moins en moins démocratiques et les peuples de plus en plus avides de souveraineté. Les élites mondialistes voulaient la fin des nations, alors que les peuples réclamaient leur protection. De partout, les partis populistes gagnèrent du terrain, élection après élection. En France, cela commença avec le traité destiné a promulguer une constitution européenne. Le score du référendum du 29 mai 2005 fut sans appel. Pourtant, la présence au second tour de l’élection présidentielle de 2002 de Jean Marie Le Pen aurait dû inciter la classe politique française gouvernante à y réfléchir. Sa réponse à l’époque a été de modifier la Constitution pour ne plus avoir à proposer de référendum. Pourtant, le peuple français croyait en l’avenir de l’Europe. Simplement, lorsqu’il pensait Europe, il pensait plutôt à la vision d’une Europe des nations et on se gardait bien de le détromper. Comme disait le cardinal de Retz : « on ne sort de l’ambiguïté qu’à son propre détriment » et il était plus confortable pour nos élites de conserver cette ambiguité. Mais la machine fédérale avançait. L’euro était en vigueur et, au delà des délocalisations d’usine, on vit arriver, autorisés par « l’espace Schengen » les premiers « travailleurs détachés » La crise financière de 2008 et son long cortège de mesures dites « d’austérité » ont suffi pour retirer à nos concitoyens les rares illusions qu’ils conservaient.

Ensuite, ce fut le Brexit, interminable affrontement entre une élite dirigeante acquise à la mondialisation et un peuple britannique qui, après l’avoir expérimenté, n’en voulait plus.

Le coup fatal à la mondialisation : Poutine, Trump et Xi-Jiping

Avec ces trois chefs d’État, est réapparu un système que les mondialistes croyaient avoir éradiqué, celui des intérêts nationaux.Poutine a, le premier, dit clairement qu’il défendrait les intérêts de la Russie et a agi dans ce sens. Trump ne se cache pas de son engouement pour la « doctrine de Monroe » et le retour à l’isolationisme américain. Quant à Xi Jimping, son discours de Davos de 2018 est on ne peut plus clair. En 2049, cent après la révolution communiste chinoise, la Chine sera la première puissance économique et militaire de la planète. On voit donc parfaitement ce qui a justifié le propos de Donald Trump cité au second paragraphe.

La riposte de Emmanuel Macron

Apparemment, notre président se refuse à enterrer la mondialisation. Son idée, qu’il est pratiquement le seul à défendre encore, est celle de l’intégration européenne. Dans son discours devant la dernière promotion de l’École de Guerre, il se félicite de la réduction de notre force de dissuasion nucléaire. Or, le principe élémentaire qui soutend la dissuasion est que, pour être efficace, elle se doive d’être dissuasive. Sa réduction semble donc plutôt contre-productive.

Ensuite, il envisage de s’associer avec d’autres pays européens pour élargir cette force de dissuasion.

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Le Charles de Gaulle et le sous-marin nucléaire Saphir en rade de Toulon en 2004

PATRICK GARDIN/ASSOCIATED PRESS

«Soyons clairs : si une négociation et un traité plus larges (sont) possibles, nous le souhaitons […]. Les Européens doivent être parties prenantes et signataires du prochain traité car il s’agit de notre sol»

Or, ce qu’oublie Emmanuel Macron, c’est qu’une telle décision, qui engage les intérêts vitaux de notre pays, (puisqu’il s’agit de notre défense nationale) ne peut-être décidée par lui seul. Elle concerne l’ensemble du peuple Français, dont le consentement ne peut-être obtenu sans recours à un référendum. Évidemment, il faudrait renégocier certains traités, mais on peut s’attendre, (contrairement au vote du Bundestag de juin 1963 sur le traité de Paris) que les Allemands soient tout à fait d’accord. Dans le climat social actuel, il est quasi-certain que le peuple français répondrait « non » à un tel référendum. Un passage « en force » risque également d’être périlleux et certaines voix se sont d’ores et déjà mobilisées contre ce projet. Notre président devrait pourtant savoir qu’une force dite « de dissuasion », ne peut se concevoir que dans le cadre de la défense d’une nation souveraine qui serait menacée par une puissance étrangère. L’Europe n’étant pas une nation, on ne voit pas qui pourrait menacer l’Europe en tant que telle. La souveraineté européenne n’existe pas, pas plus d’ailleurs que le peuple européen. Pourquoi vouloir à tout prix pousser les feux d’une mondialisation moribonde en allant à marche forcée vers une intégration européenne qui ne peut se faire aujourd’hui qu’à l’encontre de nos intérêts nationaux ?

Encore une fois, Emmanuel Macron devrait méditer  les deux phrases suivantes du général de Gaulle :

«  La seule réalité internationale, ce sont les nations » et « Il n’est pire déformation de l’esprit que de voir les choses non pas telles qu’elles sont mais telles que l’on voudrait qu’elles soient »


- Source : RI

Les recettes néolibérales pour écraser les peuples

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Les recettes néolibérales pour écraser les peuples

Par Nicolas Bonnal

Irak, Iran, Syrie… ubi solitudinem faciunt, pacem appellant – Le bilan mondial occidental résumé par Tacite au temps des bretons : Rafler, massacrer, saccager, c’est ce qu’ils appellent à tort asseoir leur pouvoir. Font-ils d’une terre un désert (ubi solitudinem faciunt) ? Ils diront qu’ils la pacifient (pacem appellant). Actuel, non ?

Raptores orbis, postquam cuncta vastantibus defuere terrae, et mare scrutantur: si locuples hostis est, avari; si pauper, ambitiosi: quos non Oriens, non Occidens, satiaverit. Soli omnium opes atque inopiam pari affectu concupiscunt. Auferre, trucidare, rapere, falsis nominibus imperium; atque, ubi solitudinem faciunt, pacem appellant.

Ces Romains, qui veulent tout, ne trouvent plus de terre à ruiner. Alors, c’est la mer qu’ils fouillent ! Riche, leur ennemi déchaîne leur cupidité, pauvre, il subit leur tyrannie. L’Orient, pas plus que l’Occident, n’a calmé leurs appétits. Ils sont les seuls au monde qui convoitent avec la même passion les terres d’abondance et d’indigence. 7. Rafler, massacrer, saccager, c’est ce qu’ils appellent à tort asseoir leur pouvoir. Font-ils d’une terre un désert ? Ils diront qu’ils la pacifient.

Agricola, XXX, discours du rebelle breton Calgacus.

Certains trouvent que le peuple réagit en France, je trouve moi qu’il réagit peu. C’est du congelé (frozen conflict), dixit la subtile Caitlin Johnstone, qui espérait encore l’an dernier une énième révolution 2.0. Une jacquerie n’est pas une révolution, pas même une rébellion, et elle renforce le pouvoir.

La gauche sociale a disparu, les minoritaires partis populistes sont infiltrés, sous contrôle, tous adorateurs de l’OTAN (voyez Manlio Dinucci). Depuis Thatcher, comme je l’ai montré dans ma Lettre ouverte à la vieille race blanche, le système autoritaire-libéral n’a fait que se renforcer (cruauté, incontestabilité, tartuferie). Et à chaque fois nous avons moins réagi. En France dans le pire des cas on pourrait remplacer l’actuel pion de cour par un autre pion – une pionne – et le tour serait joué. Le système occidental fonctionne, et tout le monde se soumet benoîtement  au modèle américain promu sous Reagan : la révolution conservatrice décrite par Sorman dans les années 80 a très bien marché. La fortune et la morale pour les oligarques ;  la pauvreté, la précarité et les insultes (« raciste, fasciste, inadapté, antisémite, violent, macho », etc.) pour le bon peuple. Monsieur LVMH est ainsi plus riche que dix millions de Français, et il leur fait la morale avec sa presse et ses rebelles défilés de mode.

Il y a dix ans, Lucien Cerise disait déjà :

« L’oligarchie occidentale ne craint qu’une chose : que les peuples qu’elle est en train de martyriser, à commencer par les Grecs et à suivre par nous, se tournent vers des pays non-occidentaux pour y trouver du soutien, d’abord moral et plus si affinités. L’oligarchie craint par-dessus tout que l’on puisse comparer les systèmes de société et que cela soit en défaveur du système dans lequel elle veut nous faire rester. Elle veut que nous aimions notre cage et nous inoculer le syndrome de Stockholm afin que nous aimions notre bourreau. À cette fin, les pays non-occidentaux sont décrits dans les médias comme  » autoritaires « , ou pires encore, des horribles dictatures, où les gens sont malheureux, persécutés, assassinés, les élections truquées, etc. »

arton24817-c4dc0.jpgLucien appelait à une saine réaction populaire, comme disait Pie X dans les prédictions qu’on lui prête. Mais tout cela a fait long feu et les sondages donnent Macron vainqueur aux prochaines élections… Ou Sarkozy. On continuera de tonner contre (Flaubert) puis on fera la queue devant Picard, McDonald,  ou chez le marchand d’or.

Dix ans après, Trump a trahi, la Russie est toujours aussi isolée et sanctionnée, et la Chine est considérée comme un tiers-monde incapable de gérer sa crise médicale. Syrie, Irak, Iran sont ruinés, comme le Venezuela. Les peuples de ces pays-cibles vivent un martyre économique, comme jadis les irakiens, et ceux qui cliquent en leur faveur ne font pas le moindre geste pour les soulager. Les USA peuvent imposer n’importe quoi à l’Europe, et tous les leaders humanitaires, les féminins et les efféminés, sont contents. On a eu une hausse dantesque du coût du logement, trois millions de migrants, des attentats irréels, Notre-Dame, une dizaine de guerres et on a voté pour qui l’on sait en France avec les conséquences mutilantes que l’on sait. Que fabriquent nos grands militants, nos grands révoltés ?

Cerise dressait un tableau déjà triste :

« Balayons devant notre porte et ne cessons jamais de rappeler la triste réalité de l’Occident atlantiste : dictature des banques, démocratie virtuelle, référendums annulés et scrutins trafiqués par diverses méthodes, fiction totale de la  » menace terroriste  » ici, mais soutien au terrorisme ailleurs, kidnappings de milliers d’innocents dans des prisons plus ou moins secrètes où on les torture en douce, épidémies de dépressions, de cancers, de divorces et d’enfants obèses ou hyperactifs, etc. Le multiculturalisme, qui permet de comparer les codes culturels, donc de les critiquer, est l’ennemi frontal de l’oligarchie occidentale car il ouvre sur autre chose que son modèle unique de société ; raison pour laquelle cette oligarchie essaie de remplacer le multiculturalisme et la pluralité des nations souveraines par un seul monde sans frontières où règnerait la monoculture occidentale libérale-libertaire. »

Depuis, on a touché le fond (voyez ce pape ou le déclin arabo-musulman…), et on a creusé encore. La crise de la dette mitonnée par l’élite achèvera de nous mettre au pas. On prendra sur ce qui reste de retraite ou d’épargne pour sauver ce système menacé qui ne fait que se renforcer….

Il faudrait comprendre enfin notre manque de réaction face aux réformes néolibérales et aux razzias écologiques de mille milliards et plus : la vérité simple c’est qu’il faut affamer le peuple, l’abrutir, et le rouer de coups, car dès qu’on lui donne à manger et à voter, il en veut plus. La logique néolibérale vise à de nouveau priver le peuple de tout, même d’air et d’eau (réservés aux riches), pour qu’il ne puisse plus râler.

517P4roYlcL._SX210_.jpgVilliers-de L’Isle-Adam le disait déjà dans ses Contes cruels : « le premier des bienfaits dont nous soyons, positivement, redevables à la Science, est d’avoir placé les choses simples essentielles et « naturelles » de la vie HORS DE LA PORTEE DES PAUVRES. »

Eau, air, logement, travail rétribué, mais aussi bagnole ou liberté : le peuple apprend partout à se passer de tout.

Tout cela était expliqué en 2010 dans ma Lettre ouverte (Editions de Maule, à télécharger gratuitement), bien avant l’actuel résident. Je rappelais que les derniers à résister étaient les « privilégiés », les fonctionnaires en l’occurrence, et ce depuis les années Juppé. Et qu’artisans et paysans avaient depuis longtemps été soumis et anéantis, eux qui résistaient encore du temps du maudit Poujade, quand on ne les avait pas encore ruinés et sidérés. La programmation d’une société désindustrialisée de termites et de serviteurs (servus, l’esclave), asexués arrive à bon terme sous Philippe-Juppé-bis. Reconnaissons que la réaction populaire est insignifiante comparée à celle de novembre 1995.

Le système n’a plus peur du peuple, c’est lui qui fait peur au peuple. Imposer une marionnette embrouillée dans ses fils comme Trump n’a fait que renforcer les maîtres. A coups de migrants, de transition énergétique, de sexophobie orwellienne et de manip’ médiatique en boucle, on vient à bout d’une résistance qui se limite à cliquer, elle qui a perdu tout  « pouvoir tellurique ». C’est Carl Schmitt qui parlait de cette résistance tellurique perdue partout. Voyez ce que deviennent les boliviens ou les vietnamiens qui vont bosser masqués (pollution…) pour Gap.

C’est le triomphe de la guerre hybride et des bombardements culturels qui justifie le reflux militaire américain. La guerre n’est plus nécessaire.

Deux citations de Nietzsche et Tocqueville pour expliquer ce qui se passe. Pourquoi le peuple résistait, pourquoi il ne résiste plus ; pourquoi il se résigne.                                                                                                                      

Nietzsche écrit dans Volonté de puissance (§ 154) :

« A l’arrière-plan de ces débordements, il y a l’explosion d’une répugnance concentrée contre les  » maîtres « , l’instinct profond du bonheur qu’il y aurait rien qu’à se sentir libéré d’une si longue oppression… (C’est généralement le symptôme que les couches inférieures ont été traitées avec trop d’humanité, qu’elles commencent déjà à sentir sur la langue le goût d’un bonheur qui leur est interdit… Ce n’est pas la faim qui engendre les révolutions, c’est le fait que chez le peuple l’appétit vient en mangeant…) »

715-luYXq9L._AC_SY445_.jpgCela c’est quelque chose que les leaders de Davos appliquent. Pas d’humanitarisme, privons le peuple et il se calmera. Il ne s’agit pas de donner plus, comme au cours des Trente Glorieuses, quand on avait une U.R.S.S. un peu plus convaincante que la Russie miniature de Poutine, des syndicats marxistes et des partis communistes. Car si on lui donne, il demandera plus. Faisons-lui peur avec la dette, le climat, le machisme, les attentats, il se soumettra. Trottinette/bicyclette, jeûne et smartphone au programme. Dix mètres carrés pour mille euros. Voyez le film Marie-Francine, de Valérie Lemercier, qui a très bien compris tout cela. Quatre ans plus tard le mouvement social se contente d’empuantir un peu plus Paris, avec sa grève des éboueurs qui ne débouche sur rien.

Tocqueville confirme Nietzsche, dans l’Ancien régime et la révolution (livre troisième, chapitre IV). Le peuple peut exploser dans certains cas, ce qui a contrario prouve qu’il ne réagissait pas dans d’autres :

« Nulle part, au contraire, l’ancien régime ne s’était mieux conservé que le long de la Loire, vers son embouchure, dans les marécages du Poitou et dans les landes de la Bretagne. C’est précisément là que s’alluma et se nourrit le feu de la guerre civile et qu’on résista le plus violemment et le plus longtemps à la Révolution ; de telle sorte qu’on dirait que les Français ont trouvé leur position d’autant plus insupportable qu’elle devenait meilleure. »

En ce moment c’est l’inverse ; les Français trouvent leur position d’autant plus supportable qu’elle devient pire. Ceux qui réagissent fuient sans demander leur compte. Les rares qui râlent dans la rue ne font reculer personne. C’est devenu la Bolivie… 

Tocqueville (Soljenitsyne confirmera avec le tsarisme) ajoute que le régime devenu trop suave et gentil se fait exterminer. A contrario encore celui qui devient dictatorial est encensé, surtout en France où le bourgeois, le catho comme le retraité, adore traditionnellement la poigne, le képi.

Tocqueville, toujours dans son trop oublié Ancien Régime rappelle que le régime de Louis XIV pouvait commettre n’importe quelle monstruosité alors que l’on ne passa rien au mari de Marie-Antoinette :

« Une telle vue étonne ; l’histoire est toute remplie de pareils spectacles. Ce n’est pas toujours en allant de mal en pis que l’on tombe en révolution. Il arrive le plus souvent qu’un peuple qui avait supporté sans se plaindre, et comme s’il ne les sentait pas, les lois les plus accablantes, les rejette violemment dès que le poids s’en allège. Le régime qu’une révolution détruit vaut presque toujours mieux que celui qui l’avait immédiatement précédé, et l’expérience apprend que le moment le plus dangereux pour un mauvais gouvernement est d’ordinaire celui où il commence à se réformer. Il n’y a qu’un grand génie qui puisse sauver un prince qui entreprend de soulager ses sujets après une oppression longue. Le Mal qu’on souffrait patiemment comme inévitable semble insupportable dès qu’on conçoit l’idée de s’y soustraire. Tout ce qu’on ôte alors des abus semble mieux découvrir ce qui en reste et en rend le sentiment plus cuisant : le mal est devenu moindre, il est vrai, mais la sensibilité est plus vive. La féodalité dans toute sa puissance n’avait pas inspiré aux Français autant de haine qu’au moment où elle allait disparaître. Les plus petits coups de l’arbitraire de Louis XVI paraissaient plus difficiles à supporter que tout le despotisme de Louis XIV. Le court emprisonnement de Beaumarchais produisit plus d’émotion dans Paris que les Dragonnades. »

Je ne sais plus quel libertarien disait que tout va bien quand l’Etat a peur de ses citoyens, et pas les citoyens de l’Etat ; nous n’y sommes pas, et la conséquence de tout cela n’est pas la révolte mais la soumission aux bras armés du néolibéralisme étatisé. Je ne répéterai pas la phrase de Céline sur les Français parfaitement enthousiastes à la veille de la plus grosse raclée de leur histoire. Je citerai la chanson de Boris Vian plutôt : « ils cassent le monde… Il en reste assez pour moi. »

NICOLAS BONNAL

Sources :

  • Nietzsche – Volonté de puissance
  • Tocqueville – L’Ancien régime et la révolution
  • Guy Sorman – La révolution conservatrice américaine

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Hegemon américain: le chant des sirènes

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Hegemon américain: le chant des sirènes

 
 
par Pepe Escobar
Ex: http://www.zejournal.mobi

Une grande partie de l’Occident libéral considère l’interprétation américaine de la civilisation comme une sorte de loi immuable de la nature. Mais, et si cette interprétation était au bord d’une rupture irréparable ?

Michael Vlahos a exposé que les États-Unis ne sont pas un simple État-nation mais un « leader de système » (un "hegemon") – « une puissance civilisationnelle comme Rome, Byzance et l’Empire ottoman ». Et, faut-il ajouter, la Chine – qu’il n’a pas mentionnée. Un leader de système est « un cadre identitaire universaliste lié à un État. Cette position est utile car les États-Unis possèdent clairement ce cadre identitaire aujourd’hui ».

414CnrU9NyL._SX313_BO1,204,203,200_.jpgDans un essai virulent, Alastair Crooke, notre indéfectible allié issu du renseignement, approfondit la manière dont cette « vision civilisationnelle » a été « déployée avec force à travers le monde » comme une expression inévitable de la Destinée manifeste [1] des Américains : non seulement politiquement – avec tout l’attirail de l’individualisme et du néo-libéralisme occidentaux, mais aussi en combinaison avec « les valeurs du judéo-christianisme ». [2]

Crooke note également à quel point l’élite du pays croit dur comme fer que sa victoire dans la Guerre froide a « affirmé de façon spectaculaire » la supériorité de la vision civilisationnelle américaine.

Eh bien, la tragédie post-moderne – du point de vue des élites américaines – est que cela pourrait bientôt ne plus être le cas. La sordide guerre civile qui fait rage à Washington depuis trois ans – avec le monde entier comme spectateurs stupéfaits – a encore accéléré le malaise.

Souvenons-nous de la Pax Mongolica

Il est inquiétant de constater que la Pax Americana est peut-être condamnée à une existence historique plus courte que la Pax Mongolica – créée après que Gengis Khan, le chef d’une nation nomade, eut entrepris de conquérir le monde.

Genghis a d’abord investi dans une offensive commerciale pour s’emparer des Routes de la Soie, écrasant les Kara-Kitais du Turkestan oriental, conquérant le Khorezm islamique et annexant Boukhara, Samarcande, la Bactriane, le Khorassan et l’Afghanistan. Les Mongols ont atteint la périphérie de Vienne en 1241 et l’Adriatique un an plus tard.

Cette superpuissance de l’époque s’étendait du Pacifique à l’Adriatique. Il est difficile de s’imaginer le choc pour la Chrétienté occidentale. Le pape Grégoire X n’avait qu’une seule idée, qui étaient ces conquérants du monde et pouvaient-ils être christianisés ?

Parallèlement, seule une victoire des Mamelouks égyptiens en Galilée, en 1260, a sauvé l’Islam d’une annexion à la Pax Mongolica.

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La Pax Mongolica – une puissance unique, organisée, efficace et tolérante – a coïncidé historiquement avec l’âge d’or des Routes de la soie. [3] Kubilai Khan – le maître de Marco Polo – voulait être plus chinois que les Chinois. Il voulait prouver que les conquérants nomades, devenus sédentaires, pouvaient apprendre les règles de l’administration, du commerce, de la littérature et même de la navigation.

Pourtant, à la mort de Kubilai Khan, l’empire s’est fragmenté en khanats rivaux. L’Islam en a tiré profit. Tout a changé. Un siècle plus tard, les Mongols de Chine, de Perse, de Russie et d’Asie centrale n’avaient déjà plus rien à voir avec leurs ancêtres cavaliers.

Un saut dans le jeune XXIe siècle montre que l’initiative, historiquement, se trouve à nouveau du côté de la Chine, à travers le Heartland et le Rimland. Les entreprises qui changent le monde et les règles du jeu ne sont plus originaires d’Occident, comme ce fut le cas du XVIe siècle à la fin du XXe siècle.

Malgré tous les vœux pieux pour que le coronavirus fasse dérailler le « siècle chinois », qui sera en fait le siècle eurasiatique, et au milieu du tsunami myope de la diabolisation des nouvelles Routes de la soie, il est toujours facile d’oublier que la mise en œuvre d’une myriade de projets chinois n’a même pas encore commencé.

C’est en 2021 que tous ces corridors et axes de développement continental devraient s’accélérer à travers l’Asie du Sud-Est, l’océan Indien, l’Asie centrale, l’Asie du Sud-Ouest, la Russie et l’Europe, parallèlement à la Route maritime de la soie, qui prépare un véritable collier de perles eurasiennes, de Dalian [en Chine, NdT] jusqu’au Pirée en passant par Trieste, Venise, Gênes, Hambourg et Rotterdam.

Pour la première fois depuis deux millénaires, la Chine est en mesure de combiner le dynamisme de l’expansion politique et économique à la fois sur le plan continental et maritime, ce que l’État n’avait pas connu depuis le court périple expéditionnaire mené par l’amiral Zheng He dans l’océan Indien, au début du XVe siècle. L’Eurasie, dans un passé récent, vivait sous le joug colonial occidental et soviétique. Aujourd’hui, elle passe à la multipolarité – dans une série de permutations complexes et évolutives emmenées par la Russie, la Chine, l’Iran, la Turquie, l’Inde, le Pakistan et le Kazakhstan.

Aucun des acteurs ne se fait d’illusions sur les obsessions du « leader du système » : empêcher l’Eurasie de s’unir sous une seule puissance – ou une coalition telle que le partenariat stratégique Russie-Chine ; veiller à ce que l’Europe reste sous l’hégémonie des États-Unis ; empêcher l’Asie du Sud-Ouest – le « Grand Moyen-Orient », si vous préférez – d’être liée aux puissances eurasiennes ; et empêcher par tous les moyens la Russie-Chine d’avoir un accès facile aux voies maritimes et aux corridors commerciaux.

Le message de l’Iran

Pendant ce temps, un soupçon s’installe : le plan de l’Iran, en écho à la guerre du Donbass de 2014, pourrait consister à aspirer les néocons américains dans un chaudron à la russe, [4] au cas où leur obsession du changement de régime deviendrait encore plus hystérique.

Il existe une possibilité sérieuse pour que, sous pression maximale, Téhéran abandonne définitivement le JCPOA ainsi que le TNP (Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires), invitant ainsi ouvertement une attaque américaine.

En l’état actuel des choses, Téhéran a envoyé deux messages très clairs. La précision de l’attaque de missiles sur la base américaine d’Ayn Al-Asad en Irak, en réponse à l’assassinat ciblé du général de division Qassem Soleimani, signifie qu’aucune base du vaste réseau militaire américain n’est désormais invulnérable.

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Et le brouillard des dénis de non-déni qui entoure la destruction du Battlefield Airborne Communications Node de la CIA (BACN) – essentiellement un nid à espions volant – à Ghazni, en Afghanistan, est également porteur d’un message.

La star de la CIA Mike d’Andrea, connu sous les noms « Ayatollah Mike », le « Croque-mort », le « Prince noir », ou tout ce qui précède à la fois, peut ou non avoir fait partie des victimes. Indépendamment du fait qu’aucune source du gouvernement américain ne confirmera ou ne niera jamais que l’Ayatollah Mike soit mort ou vivant, ou même qu’il existe, le message reste le même : vos soldats et vos espions sont également vulnérables.

Depuis Pearl Harbor, aucune nation n’avait osé prendre de haut le leader du système de façon aussi flagrante que l’a fait l’Iran en Irak. Vlahos a mentionné une chose que j’ai pu constater par moi-même en 2003, à savoir que « les jeunes soldats américains qualifiaient les Irakiens ‘d’Indiens’, comme si la Mésopotamie était le Far West ». La Mésopotamie est l’un des principaux berceaux de la civilisation telle que nous la connaissons. Eh bien, en fin de compte, les 2 000 milliards de dollars dépensés pour bombarder l’Irak en vue d’y apporter la démocratie n’ont pas joué en faveur de la vision civilisationnelle du « leader du système ».

Les sirènes et la dolce vita

Ajoutons maintenant de l’esthétique à notre politique « civilisationnelle ». Chaque fois que je visite Venise – qui est en elle-même un reflet vivant de la fragilité des empires et du déclin de l’Occident – je choisis certaines étapes des Cantos, le chef-d’œuvre d’Ezra Pound.

En décembre dernier, après de nombreuses années, je suis retourné à l’église Santa Maria dei Miracoli, également connue sous le nom de « La boîte à bijoux », qui joue un rôle de premier plan dans les Cantos. En arrivant, j’ai dit à la signora gardienne que j’étais venu pour voir « Les sirènes ». Avec un sourire complice, elle a éclairé mon chemin le long de la nef jusqu’à l’escalier central. Et elles étaient là, sculptées sur des piliers des deux côtés d’un balcon : « des colonnes de cristal, des acanthes, des sirènes sur les chapiteaux », comme on peut le lire dans le Canto 20.

monumento_funebre_al_doge_andrea_vendramin_02.jpgCes sirènes ont été sculptées par Tullio et Antonio Lombardo, fils de Pietro Lombardo, maîtres vénitiens de la fin du XVe et du début du XVIe siècle – « et Tullio Romano a sculpté les sirènes, comme le dit l’ancienne gardienne : de sorte que depuis lors, personne n’a pu en sculpter d’autres pour la boîte à bijoux, Santa Maria dei Miracoli », comme on peut le lire dans le Canto 76.

Pound s’est trompé sur les noms des créateurs des sirènes, mais là n’est pas la question. La question est la façon dont Pound voyait les sirènes comme l’incarnation d’une culture forte – « la perception de tout un âge, d’une accumulation de savoirs et d’une séquence de causes, est entrée dans un assemblage de détails dont il serait impossible de parler en termes de portée », comme l’écrit Pound dans Guide to Kulchur.

Autant que ses chefs-d’œuvre chéris de Giovanni Bellini et Piero della Francesca, Pound a bien compris que ces sirènes étaient l’antithèse de l’usura – « l’art » de prêter de l’argent à des taux d’intérêt exorbitants, qui non seulement prive une culture du meilleur de l’art, comme le décrit Pound, mais qui est aussi l’un des piliers de la financiarisation et de la marchandisation totales de la vie elle-même, un processus que Pound avait brillamment prévu lorsqu’il a écrit dans Hugh Selwyn Mauberley que, « toutes les choses sont en perpétuel changement, a dit le Sage Héraclite ; mais une vulgarité bon marché régnera tout au long de nos jours.” [5]

aff_dolce_vita-1.jpgLa dolce vita aura 60 ans en 2020. Tout comme les sirènes de Pound, le tour de force aujourd’hui légendaire de Fellini à Rome est comme un palimpseste en celluloïd noir et blanc d’une époque révolue, la naissance des Swingin’ Sixties. Marcello (Marcello Mastroianni) et Maddalena (Anouk Aimée), impossiblement cool et chic, apparaissent comme la dernière femme et le dernier homme avant le déluge de « vulgarité bon marché ». À la fin, Fellini nous montre Marcello désespéré par la laideur et, oui, la vulgarité qui s’immiscent dans son magnifique mini-univers – l’esquisse de la culture trash fabriquée et vendue par le ‘leader du système’ qui allait rapidement nous engloutir tous.

Pound était un non-conformiste américain humain, trop humain, au génie classique débridé. Le ‘leader du système’ l’a mal interprété, l’a traité en traître, l’a mis en cage à Pise et l’a envoyé dans un hôpital psychiatrique aux États-Unis. Je me demande encore s’il a pu voir et apprécier La dolce vita dans les années 1960, avant de mourir à Venise en 1972. Après tout, il y avait un petit cinéma à quelques pas de la maison de la rue Querini, où il vivait avec Olga Rudge.

« Marcello ! » Nous sommes encore hantés par le chant de sirène d’Anita Ekberg, debout dans la Fontana di Trevi. Aujourd’hui, toujours otages de la vision civilisationnelle du ‘leader du système’ en déliquescence, nous réussissons à peine à jeter, comme l’a mémorablement écrit TS Eliot, « un demi-regard en arrière, par-dessus notre épaule, vers la terreur primitive ».

Traduction et introduction Entelekheia

Note de la traduction:

[1] Sur la « Destinée manifeste », doctrine fondatrice des USA, voir l’article : Aux origines de l’exceptionnalisme des USA : la « Destinée manifeste »

[2] « les valeurs du judéo-christianisme » : en fait, les valeurs protestantes. Voir à ce sujet Max Weber, L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme (1904-1905), en libre téléchargement ici. 

[3] L’entreprise commerciale historique des « Routes de la soie » (IIe siècle av.J.C. – XIVe siècle après J.C.) s’appelait encore récemment la Route de la soie, au singulier. Mais sa réouverture par Xi Jinping a fait émerger un problème : le public la voyait comme une route unique, de Chine jusqu’au cœur de l’Europe, et non comme ce qu’elle était en réalité, un réseau dense de routes, de relais, de carrefours et de pistes caravanières étendues à partir de Chine sur toute l’Asie centrale, l’Europe centrale et le Moyen-Orient. De sorte que le pluriel a été adopté pour mieux la définir.

[4] Le chaudron à la russe est une tactique militaire qui consiste à prendre l’adversaire en tenaille, puis à l’encercler. Elle a été notamment illustrée par la bataille de Debaltsevo, dans le Donbass ukrainien en 2015, où les armées des Républiques populaires de Donetsk et de Lougansk avaient piégé des centaines de soldats de l’armée de Porochenko dans un chaudron de ce type.

[5] Selon le pré-socratique Héraclite (fin du VIe siècle av. J.-C.), rien n’était immuable, toutes choses étant soumises à des changements continuels. Pour Pound donc, dans le monde à venir qu’il prévoyait au début du XXe siècle, seule la vulgarité bon marché allait être immuable.

Erdogan, un néo-sultan ottoman mal inspiré

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Erdogan, un néo-sultan ottoman mal inspiré

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Il serait temps de cesser de considérer Recep Tayyip Erdogan comme un allié fiable de la Russie, de l'Iran et de la Syrie dans leur lutte contre le terrorisme islamique

Nous avons plusieurs fois observé qu'en envoyant des militaires dans le nord-ouest de la Syrie, dans la région d'Idlib, sous contrôle de l'organisation Hayat Tahrir al Shams qui se veut héritière d'Al Qaida, il comptait y rester après que cette dernière en aurait été chassée.

Comme il se croit héritier de l'Empire ottoman, il rêve de reconstituer ce dernier dans cette partie de la Syrie. Sa légitimité n'aurait pu alors être contestée. Malheureusement les territoires autour d'Alep et d'Idlib avaient été depuis la fin des guerres mondiales attribués à Damas. Aujourd'hui, Bashar al Assad entend en récupérer la propriété. Il dispose contrairement à ce que l'on croit souvent d'une armée efficace et bien armée. Devant celle-ci les détachements turcs ne font pas le poids. Il a donc entrepris de s'y installer après en avoir chassé les islamistes.

La présence turque contrarie bien entendu cet objectif. Bashar al Assad ne s'embarrasse pas de scrupules et a décidé de la combattre, si besoin est militairement. Ses forces ont repris, le 11 février, aux jihadistes le dernier tronçon d'une autoroute clé entre Damas et Alep, dans le nord-ouest de la Syrie. Précédemment, cinq soldats turcs avaient été tués lors de l'attaque d'un poste d'observation turc. Ce terme de poste d'observation est un euphémisme employé par Erdogan pour désigner un début d'installation militaire. Peu après huit militaires turcs ont été tués dans un bombardement d'artillerie syrien autour d'Idlib. Des émissaires russes viennent d'y être envoyés pour calmer le jeu. Mais on peut douter qu'ils soient écoutés.

Vladimir Poutine dispose de suffisamment de moyens de pression sur Bashar al Assad, dont il a restauré le pouvoir, pour l'obliger à éviter les risques d'affrontement avec les Turcs. S'il ne le fait pas, c'est probablement parce qu'il considère que la reconstitution de l'Empire Ottoman dans cette région ne correspond pas aux intérêts politiques de la Russie.

Ces derniers temps, la progression rapide des forces syriennes, appuyées par l'aviation russe et les milices pro-iraniennes, a provoqué l'exode de près de 700 000 personnes au cours des dix dernières semaines, selon les agences humanitaires. Il est compréhensible qu'Erdogan refuse désormais de les accueillir.
 

Sur ce sujet, on pourra consulter un article de Pepe Escobar dans Asiatimes en date du 13 février:
https://www.asiatimes.com/2020/02/article/its-time-to-rec...

Notes

1) A Benghazi, en Libye, comme dans d'autres villes de la région, des images murales apparaissent, présentant Erdogan comme un allié d'Isis. 

2) Selon la Russie (le centre de réconciliation qui est sur place) il n'y a aucun exode de civils vers l'extérieur. Au contraire les civils cherchent à rejoindre les zones sous contrôle du gouvernement officiel.