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vendredi, 26 avril 2019

L’initiative chinoise « Belt and Road » bat son plein en Europe

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L’initiative chinoise « Belt and Road » bat son plein en Europe

Ex: https://echelledejacob.blogspot.com 

La transformation multipolaire en cours sur le continent eurasien confirme la coopération industrielle et diplomatique entre la Chine et le continent européen en dépit de la forte opposition des États-Unis. 

La visite de Xi Jinping en Europe confirme ce que beaucoup d’entre nous ont écrit au cours des derniers mois et des dernières années, à savoir la réalité de la transformation mondiale en cours, d’un monde dominé par les États-Unis, vers un monde pluraliste composé de puissances différentes travaillant ensemble à l’avenir d’un monde multipolaire. 

L’Europe se trouve donc dans une position imprévue, à l’équilibre entre l’ancien monde avec ses liens avec les États-Unis d’une part et le nouveau monde de l’Eurasie naissante portée sur les fonds baptismaux par la Russie et la Chine d’autre part. 

Des pays comme l’Allemagne et la France, et même le Royaume-Uni, ont depuis longtemps mis en place des politiques commerciales favorisant l’intégration avec les pays du supercontinent eurasien. En 2015, le Royaume-Uni a été l’un des premiers pays occidentaux à rejoindre la Banque d’investissement pour l’infrastructure (AIIB), dirigée par la Chine, qui finance des projets de l’Initiative Belt and Road (BRI). 

Le méga projet chinois BRI [les nouvelles routes de la soie] a débuté en 2014 avec l’objectif ambitieux de favoriser le commerce entre la Chine et l’Europe par mer et par terre, avec la participation de tous les pays intermédiaires. L’idée, en tant que consolidation naturelle du commerce, est de réduire les délais de livraison des marchandises par chemin de fer et d’intégrer les routes maritimes. Le projet couvre non seulement les ports et les lignes ferroviaires, mais également la construction d’infrastructures technologiques permettant une inter-connectivité mondiale en utilisant la technologie 5G développée par le géant chinois de la technologie Huawei. 

L’Allemagne et la France ont, au fil des années, renforcé leurs partenariats avec Beijing. Paris, en particulier, a des liens historiques avec la Chine découlant de la coopération nucléaire entre le groupe chinois General Power Group (CGNPC) et Électricité de France (EDF), qui remonte à 1978, ainsi que de la coopération aérospatiale entre Airbus et les compagnies aéronautiques chinoises, en cours depuis 1985. 

L’Italie a récemment approché la BRI, suite à une initiative du nouveau gouvernement constitué du mouvement Lega Nord et du Mouvement des cinq étoiles (M5S). La décision de signer un mémorandum d’accord entre Beijing et Rome souligne la volonté du nouveau gouvernement de maintenir une position équilibrée entre Washington et Beijing dans certains secteurs. C’est exactement la démarche de l’Allemagne, qui a choisi de continuer à approfondir ses liens avec Moscou vis-à-vis des hydrocarbures et de Nord Stream 2, face aux énormes pressions de Washington. En outre, l’Allemagne et l’Italie ont toutes deux confirmé leur volonté de faire confiance à Huawei pour la mise en œuvre et la gestion du trafic 5G, élément fondamental d’un monde dominé par l’internet des objets. 

Les décisions de l’Allemagne, de la France et de l’Italie de poursuivre leur coopération avec Moscou et Beijing dans divers domaines vont à l’encontre du discours avancé par les médias aux ordres, contrôlés par les États-Unis, qui tentent de décourager les hommes politiques européens d’agir dans l’intérêt de leurs pays et de s’engager avec la Russie et la Chine. 

Washington ne comprend toujours pas pourquoi certains pays européens sont si déterminés à saisir les opportunités offertes par l’Est. L’exemple récent de l’Italie est assez facile à comprendre. Les Italiens espèrent que la BRI donnera une impulsion indispensable à leur industrie manufacturière, qui est en berne ces dernières années. La volonté de capitaux chinois de stimuler les exportations de produits italiens est le moteur du projet d’accord entre Beijing et Rome. 

Outre le besoin évident et naturel de capital financier, il y a aussi l’idée d’assurer l’approvisionnement en énergie, comme le fait l’Allemagne avec la construction du Nord Stream 2 avec la Russie. Malgré la forte opposition américaine, Berlin a défendu ses intérêts nationaux en matière de diversification énergétique, en évitant de céder aux pressions de Washington, qui souhaitait que l’Allemagne s’appuie sur le GNL [gaz naturel liquéfié] fourni par les États-Unis à un prix exorbitant par rapport au gaz fourni par la Russie. 

Les divergences entre les hommes politiques européens sont frappantes, surtout si l’on examine les relations entre Macron et Salvini en Italie ou entre May et ses collègues européennes. Même entre Merkel et Macron, il semble y avoir des frictions notables autour de l’indépendance énergétique. Cependant, malgré ces divergences apparentes, le thème dominant en dernière analyse est celui de vouloir échapper à la domination étouffante de Washington au profit d’une plus grande participation au concept d’un monde multipolaire. 

Aucune capitale européenne – que ce soit Paris, Rome, Berlin ou Londres – n’a l’intention de rompre le pacte atlantique avec Washington. Ceci est confirmé à chaque occasion officielle possible. Cependant, alors que Pékin se trouve de plus en plus au centre des questions de technologie, de fourniture de capital pour des investissements ou d’expansion commerciale, les modifications apportées à l’ordre global semblent imparables. 

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Le dernier obstacle reste les pays toujours étroitement liés aux politiques pro-atlantiques, ceux qui trouvent en Beijing, et surtout en Moscou, une excellente excuse pour inviter Washington à s’immiscer davantage dans les affaires souveraines de l’Europe. Les pays baltes et la Pologne semblent offrir aux décideurs américains le meilleur atout pour tenter d’influencer le débat sur le vieux continent concernant les liens avec l’Est. Les crises artificielles créées en Ukraine, en Syrie et au Venezuela servent également à diviser les dirigeants européens en camps opposés, créant ainsi les conditions nécessaires pour saboter la coopération européenne avec l’Est. 

Ce n’est pas un hasard si pour les stratèges américains les deux plus grands dangers résident dans la possibilité que Moscou et Beijing, ou Moscou et Berlin, coopèrent et coordonnent leurs efforts. Le triangle Berlin-Moscou-Beijing, avec l’ajout de Rome et de Paris, représente un scénario sans précédent pour Washington en ce qui concerne son défi à l’hégémonie américaine en Europe. 

Wang Yiwei, chercheur principal au Center for China and Globalization, lors de la visite historique de Xi Jinping à Rome, a exprimé de manière concrète l’évolution de l’ordre mondial : « Avec le plan de coopération 16 + 1 des pays d'Europe centrale et orientale avec la Chine, plusieurs pays ont signé un mémorandum d'accord avec celle-ci afin de construire conjointement la BRI. Actuellement, 171 accords de coopération ont été conclus avec 123 pays et 29 organisations internationales dans le cadre de la BRI ».

Federico
 

jeudi, 25 avril 2019

Pirates de la Méditerranée, ou les nouvelles aventures des migrants clandestins

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Pirates de la Méditerranée, ou les nouvelles aventures des migrants clandestins

par Sergey Latyshev
Ex: https://echelledejacob.blogspot.com 

Le pétrolier turc El Hiblu-1 capturé par des migrants clandestins au large de la Libye, qui venait de « sauver » plus d’une centaine de « réfugiés » d’un naufrage, est arrivé à Malte. L’épopée du navire contrôlé par les migrants, que les autorités italiennes qualifient de « premier cas de de piraterie migratoire » en Méditerranée, s’est donc achevée. Quatre « immigrés clandestins » ont été placés en détention par la police maltaise, et les autres, qui n’avaient pas participé à la saisie du navire, ont été pris en charge au port de La Valette en bus puis emmenés vers une direction inconnue. 

La capture du bateau par les migrants a eu lieu après que les fugitifs qui se rendaient en Europe ont réalisé qu’on allait les renvoyer en Libye, distante de quelques milles. Pour éviter ceci, le groupe de « réfugiés » s’est emparé du pétrolier et a finalement exigé que son capitaine reprenne sa course vers Malte. 

Voilà la version officielle de l’incident, qui a fait beaucoup de bruit aujourd’hui à Malte et en Italie, dont les autorités ont refusé de traiter avec les « pirates » et affirmé qu’elles n’autoriseraient pas le bateau à franchir leurs eaux territoriales.

Salvini contre les « pirates » 

Le vice-premier ministre et ministre de l’Intérieur italien, Matteo Salvini, a tenu parole, promettant que l’unique moyen pour ces « pirates » de « voir les eaux territoriales italiennes [serait] un télescope. » La petite île de Malte n’a pas les moyens d’une telle indépendance et les Maltais ont dû accueillir un nouveau lot de « réfugiés ». Ils s’en portent d’ailleurs très bien : l’essentiel pour les migrants étant d’entrer sur le territoire de l’Union européenne, par n’importe quel pays, la suite n’est plus du ressort de Malte. 

Ce qu’on peut conclure, c’est que la « piraterie », ou ce qui y ressemble, va bientôt devenir monnaie courante en Méditerranée. 

Avant d’en expliquer la raison, il faut prononcer quelques paroles aimables et respectueuses envers l’actuel gouvernement italien, au service de son peuple, et non des mondialistes de la branche bruxelloise et leurs partisans américains, personnifiés par la sinistre figure du « philanthrope » George Soros. 

Peut-être le chef de la Ligue, Salvini, n’a-t-il pas tout à fait raison de parler d’acte de « piraterie » dans ce cas précis, puisque l’hypothèse d’une collusion des « immigrants illégaux » avec l’équipage et le capitaine du navire turc ne peut pas être exclue. Cependant, avec les autorités italiennes actuelles, il a réussi globalement ce qui était hypocritement considéré comme impossible en Europe occidentale. Depuis le début de l’année, seuls 300 immigrants clandestins ont été en mesure de pénétrer en Italie par la mer, c’est-à-dire 97% de moins qu’à la même période en 2017, et 94% de moins que l’année dernière. La Ligue et le Mouvement 5 étoiles au pouvoir tiennent les promesses qu’ils ont faites au peuple italien. Pendant ce temps, les autorités grecques et espagnoles – les autres principales « portes maritimes » de l’UE méridionale – placent les intérêts de gens cachés en coulisses au-dessus du bien de leurs propres peuples, qui protestent déjà envers les « réfugiés ».

Et l’impossible devient possible 

L’exemple de l’Italie démontre la véracité de ce qu’affirme depuis longtemps le Premier ministre hongrois Viktor Orban : ne croyez pas qu’il est impossible d’arrêter la migration illégale, et que par conséquent, les Européens n’ont d’autre choix que d’accepter docilement des millions de « réfugiés ». En effet, quand un État décide de ne plus participer au remplacement de sa population, les résultats positifs se font immédiatement sentir. 

Salvini, en tant que Ministre de l’intérieur, a interdit à tous les navires des organisations non gouvernementales d’entrer dans les ports italiens. En conséquence, la « flotte » de Soros a effectivement cessé ses activités dans la détroit de Sicile qui sépare l’Italie de la Libye. 

Maintenant, la garde côtière nationale de ce pays détruit par l’Occident est à nouveau en mesure de s’occuper du problème des migrants, et l’Italie l’assiste dans ses préparation et lui fournit de l’équipement. Le dernier navire des « militants des droits de l’homme » à avoir débarqué des migrants « secourus » sur l’île italienne de Lampedusa a été confisqué, et une enquête ouverte sur l’équipage, soupçonné de complicité pour immigration illégale. 

Il y a quelques années, l’Autriche était parvenue à convaincre un certain nombre de pays européens de fermer la « route des Balkans ». En conséquence, l’immigration clandestine qui passait par la Grèce pour rejoindre l’UE et que la Turquie avait encouragée, a décru de manière abrupte (les Turcs, à propos, gagnent de l’argent de cette manière). Ensuite les trafiquants d’êtres humains se sont mis à utiliser l’Italie plus activement pour envoyer les migrants vers l’Europe. 

Sous le nez des forces navales européennes, au large des côtes libyennes, de nombreux bateaux pleins de migrants se sont réunis à des endroits convenus avec les navires de « militants des droits de l’homme », sur lesquels les migrants ont été transbordés pour être ensuite envoyés en Italie ou à Malte. Ou bien certains d’entre eux ont nagé jusque-là par leurs propres moyens. Les forces navales ont fermé les yeux, puisque la mission de l’UE, Sophia, non seulement n’a pas combattu le transfert des « migrants clandestins », mais l’a en fait facilité de toutes les manières. C’est ainsi que l’alliance vicieuse entre les trafiquants d’êtres humains et les « militants des droits de l’homme » de Soros a prospéré. 

Maintenant les migrants en route vers l’Europe essaient d’éviter l’Italie et la Libye.

Quelle est la raison ? 

Ni les migrants, ni ceux dont les migrants dégradent le cadre de vie ne réalisent que le but ultime de tout cela n’est pas la création d’un paradis sur terre pour les Asiatiques et les Africains, où on n’a pas besoin de travailler et on peut vivre agréablement. L’objectif est complètement différent : utiliser la migration de masse pour balayer les identités européennes, diviser la population selon des lignes de fractures ethniques et religieuses, en finir avec les anciennes obligations sociales, les libertés et la démocratie. 

La raison, c’est de créer un État policier. Et cela, « à la demande des travailleurs », qui seront tout heureux de simplement pouvoir marcher en paix dans la rue. Hélas, seuls ceux que les nombreux partisans d’une « société ouverte » présentent comme des « populistes de droite », des « racistes » et des « fascistes » agissent contre cet avenir bien réel. 

Et c’est triste. 

Sergey Latyshev 

Traduit par Stünzi, vérifié par Wayan, relu par Cat pour le Saker francophone

Hyperloop va révolutionner les transports mondiaux

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Hyperloop va révolutionner les transports mondiaux

par René Tregouet

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Nous reprenons ici, en application d'un accord de principe donné il y a quelques années, un article très important du sénateur Trégouët concernant les trains et plus généralement les transports terrestres du futur. Europe solidaire

Cette semaine, je reviens sur un sujet que nous avons déjà plusieurs fois abordé mais qui mérite un nouveau développement, à la lumière des récentes avancées technologiques : l'avenir du train et du transport par rail.

La SNCF a validé le 26 juillet 2018 la commande de 100 TGV du futur à Alstom pour un montant proche de 3 milliards d'euros. Les premières livraisons sont prévues pour l'année 2023 et elles s'échelonneront jusqu'en 2033. Au total, la commande des nouveaux TGV coûtera 3 milliards d'euros. Le coût de fabrication de chaque rame est de 25 millions d'euros, contre 30 millions d'euros pour un TGV Duplex, soit une économie de 20 %. Ces nouveaux TGV seront 30 % moins coûteux à l'entretien grâce à des pièces de réparation plus abordables. En outre, ils consommeront 20 % d'énergie en moins et seront recyclable à 97 %.

Ce TGV de nouvelle génération aura deux étages, tout comme le TGV Duplex. Mais contrairement à ses prédécesseurs, ce TGV du futur sera modulable, ce qui permettra à la SNCF de faire varier le nombre et le type de voitures. « Les clients auront plus de place pour eux et leurs affaires. Les motrices ont été raccourcies. Tous les éléments techniques, centimètre par centimètre, ont été repoussés et les armoires diminuées pour gagner de la place pour les voyageurs, les toilettes et les bagages », précise Rachel Picard, directrice générale de Voyages SNCF.

En matière de sécurité et d'entretien, la SNCF a prévu de passer à la maintenance prédictive qui permettra de connaître en temps réel l'état d'usure de l'ensemble des pièces de ce train. Il sera ainsi possible d'anticiper un grand nombre de pannes et de défaillances, ce qui constitue une avancée majeure en matière d'exploitation et de sécurité. Côté confort, ce futur TGV sera à la fois plus silencieux et plus lumineux, grâce à de plus larges baies vitrées, et bénéficiera également d'un système sophistiqué de renouvellement et de purification de l'air.

Mais en dépit de ses nombreuses améliorations et innovations, ce futur TGV n'ira pas plus vite que ses homologues actuels et plafonnera à 320 km/h. En théorie, il serait pourtant possible d'augmenter la vitesse de croisière de ce futur TGV, pour la porter par exemple à 400 km/h, mais ce gain assez modeste de vitesse se ferait, à technologie constante, au prix d'une consommation considérablement accrue d'électricité.

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Le Maglev

Pour préparer les trains ultrarapides qui circuleront à partir de 2040, chercheurs et ingénieurs sont donc condamnés à une véritable rupture technologique, qui passera très probablement, sinon par l'abandon du rail, du moins par de nouveaux modes de propulsion et de sustentation. Parmi les prétendants les plus sérieux à la succession des trains à grande vitesse, tels que nous les connaissons, l'un des plus crédibles sur le plan technologique est sans conteste le Maglev, acronyme signifiant en anglais « Train à Lévitation Magnétique ». Cette technologie très innovante repose sur un monorail à sustentation électromagnétique : contrairement aux trains actuels, le Maglev n'est plus en contact direct avec les rails. Il « flotte » à quelques centimètres au-dessus de ces derniers, grâce à de puissants champs magnétiques générés par des aimants fixés aux voitures et à des bobines supraconductrices installées dans les rails. Ce saut technologique majeur a permis au Maglev japonais, prototype le plus avancé au monde, de battre en 2015 le record absolu et toutes catégories de vitesse sur rail, avec 603 km/h enregistré (avec des passagers à bord), sur la ligne de Yamanashi.

Cette technologie de sustentation électromagnétique, développée méthodiquement et opiniâtrement par les Japonais depuis plus de 50 ans, est à présent suffisamment maîtrisée pour envisager de passer à une exploitation commerciale sur de longues distances. Le gouvernement japonais a ainsi décidé, en dépit du coût encore très élevé de ce nouveau mode de propulsion et de ses infrastructures, de réaliser d'ici 2037 la première ligne de transport de passagers entièrement électromagnétique, qui reliera Tokyo à Osaka, soit 438 km, qui seront effectués en seulement 1h07, à une vitesse moyenne de 505 km/h !

Le Japon a déjà commencé des travaux sur la première partie de cette ligne, un tronçon reliant Tokyo à Nagoya, long de 285 km et réalisés à 90 % en tunnel. Dès 2027, les passagers pourront emprunter cette première ligne et ne mettront que 40 minutes pour effectuer ce trajet entre deux des plus grandes villes nipponnes. Le gouvernement japonais avait un temps envisagé de moderniser et d'améliorer son TGV actuel, le remarquable Shinkansen, mais ces améliorations n'auraient permis qu'un gain modeste en terme de vitesse, souvent limitée à 285 km/h, en raison des inévitables courbes de la ligne à grande vitesse nippone actuelle, qui ne peut s'affranchir de la topographie tourmentée et très montagneuse du Japon.

L'Hyperloop

Mais derrière le Maglev, et sa vitesse de croisière de 500 km/h, se profile déjà une autre rupture technologique encore plus radicale qui pourrait totalement révolutionner les transports au cours de la deuxième moitié de ce siècle : l'Hyperloop. Ce concept, qui a également plus d'un demi-siècle, consiste à faire circuler des capsules de taille et de capacité variables à très grande vitesse dans des tubes à très basse pression, ce qui permet de limiter drastiquement le phénomène de résistance de l'air avec la consommation d'énergie qui en résulte. Dans un premier temps, Hyperloop  transporterait, dans des capsules conçues pour des voyages supersoniques, une trentaine de personnes à des vitesses allant de 1.000 à 1.200 km/h. Ces capsules se succéderaient à un rythme élevé dans des tubes à très basse pression posés sur des pylônes qui seraient implantés en priorité au-dessus d'infrastructures routières ou ferroviaires déjà existantes.

En 2013, le charismatique entrepreneur Elon Musk, patron du fabricant de voitures électriques Tesla et de l'entreprise d'exploration spatiale SpaceX, a relancé de manière très habile cette idée, proposant même de relier en moins de 30 minutes Los Angeles et San Francisco, les deux grandes mégapoles de la côte ouest, par une liaison Hyperloop. À la suite de cette annonce très médiatique, trois entreprises se sont lancées dans cette course technologique, les américaines Virgin Hyperloop One et Hyperloop Transportation Technologies (HTT), et la société canadienne TransPod, qui a récemment ouvert une filiale en France.

Notre Pays est d'ailleurs au cœur des expérimentations mondiales de ce mode futuriste de transport puisque la société Hyperloop Transport Technologies (HTT), créée en 2013 par l'Allemand Dirk Ahlborn, a investi l'ancienne base militaire de Toulouse-Francazal, tandis que la canadienne Transpod, fondée en 2015, réalise ses essais à Droux, dans le Limousin.

Il est intéressant de souligner que Transpod, considéré par beaucoup de spécialistes comme le projet Hyperloop le plus fiable et le plus avancé à ce jour, a sensiblement modifié le concept initial d'Hyperloop proposé par Elon Musk. En effet, alors que Musk prévoyait d'utiliser de l'air comprimé pour assurer la lévitation capsule de transport, Transpod a opté pour des moteurs à induction linéaire et compte utiliser des champs électromagnétiques variables pour propulser ses capsules, tout en assurant leur lévitation stable au-dessus de la surface inférieure du tube.

En septembre 2017, les chercheurs et ingénieurs de Transpod ont publié une étude scientifique très sérieuse, intitulé « le système de transport ultrarapide Transpod, véhicules et infrastructures » (Voir Science Direct).

TransPod envisage, en étroite coopération avec d'autres entreprises et les gouvernements concernés, la construction de plusieurs lignes ultrarapides au Canada et en France, notamment Paris-Le Havre, Paris-Toulouse et Lyon-Saint-Etienne.

De son côté, la société californienne Hyperloop TT (HTT) a signé, en janvier 2017, un accord avec Toulouse Métropole, la Région et l'État, pour implanter son centre de recherche et développement européen sur l'ancienne base militaire de Francazal, au sud de Toulouse. Comme ses concurrents, HTT envisage un système de capsules, d'une longueur de 32 m pour un poids de 5 tonnes, propulsées par des champs électromagnétiques et capables de circuler à plus de 1 000 km/h dans des tubes à très basse pression.

Quant à la société Virgin Hyperloop One, elle a certes annoncé l'année dernière plusieurs projets ambitieux, comme une ligne européenne qui permettrait aux passagers d'effectuer le trajet Vienne-Bratislava-Budapest en moins de 30 minutes, une autre qui relierait (en passant sous la Baltique), en 28 minutes Stockholm à Helsinki, ou encore une ligne Hyperloop de 150 km entre Abu Dhabi, capitale des Émirats arabes unis, et Dubaï. Mais il semble à présent que la réalisation effective de ces projets se heurte à des obstacles technologiques, économiques et financiers beaucoup plus puissants que prévu...

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L'HyperFlight chinois

La Chine, cela n'étonnera personne, compte bien ne pas passer à côté de cette révolution technologique des trains hyper-rapides qui, en dépit de beaucoup d'effets d'annonces prématurés, verront très probablement le jour dans une vingtaine d'années. En août 2017, à l'occasion d'un forum sur l'Aérospatiale se tenant à Wuhan, la China Aerospace Science & Industry Corporation (CASIC) a créé la surprise en annonçant que ses chercheurs travaillaient sur un projet baptisé HyperFlight, reposant également sur la sustentation électromagnétique de capsules dans des tubes à basse pression, et visant à concevoir des trains capables de se déplacer à une vitesse maximale de 4000 km/h, soit 10 fois plus vite qu'un TGV et 5 fois plus qu'un avion.

Fidèle à sa stratégie méthodique à long terme, la Chine envisage, dans un premier temps, la construction d'un réseau interurbain régional atteignant une vitesse de 1.000 km/h. Dans un second temps, les Chinois veulent réaliser un réseau national reliant leurs grandes métropoles à une vitesse de 2.000 km/h. Enfin, la troisième étape, à l'horizon 2050, serait la réalisation d'un réseau international pouvant atteindre une vitesse de 4.000 km/h pour relier les 68 pays formant la « nouvelle route de la soie », un ensemble géo économique représentant 4,4 milliards d'habitants et les deux tiers du produit mondial brut...

On le voit, les transports mondiaux terrestres vont connaître d'ici le milieu de ce siècle une extraordinaire révolution, avec l'arrivée de systèmes de propulsion sans doute capables de rivaliser avec les transports aériens, en termes de rapidité, y compris si les vols supersoniques commerciaux redeviennent une réalité d'ici une dizaine d'années, compte tenu du prix moyen du billet qui devrait, à terme, être sensiblement moins élevé en Hyperloop, du moins pour les trajets intracontinentaux.

Reste le coût initial élevé de réalisation des infrastructures nécessaires au développement de l'Hyperloop, de l'ordre de 30 à 40 millions d'euros du kilomètre selon les évaluations. Même si ce coût de départ est inévitablement appelé à diminuer au fil des décennies, à mesure que ces réseaux hyper-rapides s'étendront à travers le monde, les investissements que va nécessiter la construction de ces nouvelles lignes de transports terrestres supersoniques ne pourront être réalisés que dans le cadre d'une coopération continentale entre états et d'un partenariat entre partenaires publics et privés.

Mais il faut ramener ce coût global de construction des infrastructures à son temps de réalisation et à sa zone de couverture. Si l'on prend le cas de l'Europe, et si l'on retient l'estimation haute du prix du kilomètre d'Hyperloop (40 millions d'euros), on peut estimer que la réalisation d'un réseau européen hyper-rapide de 20 000 km utilisant cette technologie Hyperloop, et qui relierait les grandes métropoles de notre continent, coûterait environ 800 milliards d'euros, soit 40 milliards par an pendant 20 ans, un effort financier qui ne représenterait que 0,25 % du PIB de l'Union européenne en 2018...

Pour des investissements européens et notamment français

En revanche, les retombées économiques positives qui pourraient résulter du développement, sur une génération, de ce système de transport révolutionnaire à l'échelle de notre continent, seraient absolument considérables. En mettant à moins de deux heures, le temps moyen de trajet - de centre à centre, avantage décisif sur l'avion - entre les principales mégapoles européennes, l'Hyperloop provoquerait un bouleversement sans précédent en termes de contraction de l'espace et d'échanges économiques, sociaux et cognitifs.

Alors que les élections européennes vont avoir lieu dans quelques semaines, et que l'Europe cherche, on le voit bien, un nouveau souffle pour mieux répondre aux attentes et aux aspirations de ses citoyens, nous devons imaginer, dans ce domaine des transports, comme dans les domaines de la santé, de l'espace, des énergies propres, de l'intelligence artificielle ou encore de l'Internet du futur, de grands projets à long terme qui puissent mobiliser nos sociétés et préparer notre Pays et notre Continent à relever les immenses défis qui les attendent.

Nous voyons bien que les autres grandes puissances politiques et économiques, je pense aux États-Unis mais également au Japon, à la Chine, à l'Inde, lancent à présent des projets scientifiques et technologiques toujours plus ambitieux et audacieux. Face à ces nouveaux défis, sommes-nous encore capables de nous engager nous aussi dans des projets, certes risqués, mais véritablement porteurs de ruptures majeures en matière de connaissance et d'innovation ?

René TRÉGOUËT
Sénateur honoraire
Fondateur du Groupe de Prospective du Sénat

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Le GRISCY ou l'amorce d'un OTAN méditerranéen

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Le GRISCY ou l'amorce d'un OTAN méditerranéen

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Il était illusoire de penser que les Etats-Unis ne chercheraient pas à étendre l'actuel OTAN. On avait envisagé qu'ils s'orienteraient vers l'Afrique. Mais c'est dans l'Est-Méditerranée qu'ils viennent de décider de le faire.

Aussi Washington n'a pas perdu de temps pour mettre en place un « axe stratégique » dorénavant dit GRISCY pour Grèce, Israël et Chypre. Le fait qu'Israël est le point fort de cet axe montre que l'initiative n'est pas seulement américaine mais israélienne. Tel Aviv veut ainsi renforcer son influence dans cette partie de la Méditerranée, très importante pour sa sécurité.

Le projet vient d'être validé par le Sénat américain qui a proposé le terme de « Eastern Mediterranean Security and Energy Partnership Act” . La traduction ne s'impose pas. L'Act ou Bill prend les décisions suivantes :

  • lever l'interdiction de ventes d'armes américaines à la République de Chypre.

  • autoriser la création d'un United States-Eastern Mediterranean Energy Center afin de faciliter la coopération en matière énergétique entre les Etats-Unis, Israël, la Grèce et Chypre.

  • autoriser le financement par l'Amérique de 3 millions de dollars d'aide militaire à la Grèce, complété de 2 millions d'aide à la Grèce et à Chypre en matière de formation et d'entraînement militaire.

  • refuser de vendre à la Turquie comme initialement prévu des avions de combat F-35 du fait que la Turquie continue à envisager l'acquisition de missiles anti-missiles russes S-400. Sur ce point, remarquons-le, Ankara qui s'y attendait ne s'en inquiétera pas.

  • demander à la Maison Blanche de soumettre au Congrès un projet de coopération renforcé entre les Etats-Unis, Israël, la Grèce et Chypre en matière de sécurité et de coopération énergétique, ainsi que pour le renseignement militaire.

Le GRISCY réunit sous la direction américaine trois Etats hostiles à la Turquie aux frontières occidentales de celle-ci. L'objectif immédiat est de réaliser un projet de gazoduc dit Est-Med sous la mer les reliant au gaz de l'Amou Daria au Turkménistan leur permettant de ne pas dépendre du futur gazoduc dit TANAP ou Gazoduc Transanatolien passant par la Turquie.

Parallèlement, la fourniture d'armements américains à la moitié de Chypre en conflit pour l'autre moitié occupée par la Turquie depuis la fin de la 2e guerre mondiale sera ressentie par cette dernière comme une intervention directe américaine dans le conflit, au profit de Chypre.

Il va de soi que l'intervention américaine est aussi dirigée en arrière plan contre la Russie et son accord avec Israël afin de la couper de la route commerciale dite route du Levant entre la Crimée, la Syrie, le Sinaï et l'Érythrée.

Référence

http://www.ekathimerini.com/239415/article/ekathimerini/n...
Ekathimerini est un organe grec d'information très populaire. Il publie en grec et en anglais


 

mercredi, 24 avril 2019

National Masochism

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National Masochism

Review:

Martin Lichtmesz & Michael Ley (eds.)
Nationalmasochismus [2]
Steigra: Antaios Verlag, 2018

nationazlmasochismus.jpgIn the Platz der deutschen Einheit (German Unity Square) in Düsseldorf, someone has covered the street name with Simone de Beauvoir Platz. This is one example among many that anyone living in the Federal Republic of Germany may encounter – evidence of the hatred of their country which some Germans feel. Evidence is all around. Now a book has been published stating and stressing this tendency of Germans to despise their birthright and identity.

Reviewing National Masochismus (National Masochism) places me in an awkward position. I have no wish to be ungracious about the competent and intelligent writers who have contributed to the collection of essays which make up the book, and it may be seen as disloyal to react negatively towards any attempt to take to task what is here described as the “masochism” of the European. Besides, there is an inherent tendency – even a kind of protocol – which insists that those concerned about the predicament of the white race should praise anyone on the same side for their efforts regardless of their quality. The downside of this is that Right-wingers reviewing the writing of people “on their side” lack critical discrimination.

Putting protocol to one side, I believe that National Masochismus is neither a useful nor enjoyable book. It is not poorly written, not untruthful, nor irrelevant, but it offers the reader little new insight and no hope (there are many insights here, but most have been made many times before; of hope, there is none whatsoever that I could find). National Masochismus simply has nothing positive to offer its readers. It is for the most part tedious to read, depressing, and is neither enjoyable nor of practical use, unless one believes enjoyment or practical use can be obtained through having the failings and pathological tendencies of one’s nation or race exposed and condemned with ever more lurid and bizarre examples.

National Masochismus is a collection of nine essays by eight different writers, most but not all of them on the subject of national masochism. Martin Lichtmesz, who has written two of the nine essays, is the author of the book Rassismus, which I have already reviewed for Counter-Currents [3]. In Rassismus, Lichtmesz sought to demonstrate that the bugbear of “racism” used to such effect in contemporary dialogue – or better said, contemporary abuse – is an American import. Lichtmesz called “racism” the “American nightmare.” This collection of essays might have pointed out (but did not) that German masochism, originating in the “shame” of Auschwitz, has spread out to become a European nightmare. What was once a typically German sense of shame about the German past has been gradually extended to embrace the entire West. Europe is saddled with a sense of shame about Europe and Europe’s past, shame about colonialism, shame about slavery, shame about fascism, and shame about racism. Germany had Auschwitz; Portugal, France, and Britain had colonies. Spain has the Conquista. Each white nation to its shame.

lichtmesz.jpgThe first essay by Lichtmesz (photo) is an overview of the notion of national masochism. In medical terms, masochism is the desire to obtain and/or the pleasure obtained from pain administered either by oneself or by others to oneself. The earliest use of the expression “national masochism,” according to Lichtmesz, comes from the actor Gustav Gründgens – ironic, if true – since the central figure in Klaus Mann’s Mephisto, Hendrik Höfgen, is a thinly-disguised Gründgens, and that book is a case study in German shame. The novel is about an actor who makes his peace with National Socialism for the sake of his professional career, drawing a parallel between Gründgens working in Germany after 1933 and Faust selling his soul to Mephistopheles for twenty-four years of youth, pleasure, and success. However, this theme had already been appropriated with vastly more skill, talent, and subtlety in his father Thomas Mann’s Doktor Faustus. Klaus Mann worked for American propaganda during the war and committed suicide in 1949. He himself might serve as an exemplary case of German self-loathing.

It is true, as Lichtmesz urges – as many have before him – that the German sense of guilt and shame at being German exceeds that of other European nations. This extreme self-loathing has its roots in the so-called Umerziehung (reeducation) that was carried out in post-war education and propaganda. It is not difficult to find examples to substantiate the case that the rejection of National Socialism in Germany is more than the rejection of a political doctrine; it is in fact a form of masochism, a mental sickness. Lichtmesz offers the example of Philippe Ruch to illustrate his point. Ruch was born in Dresden in 1981 and is the leader of an “alternative” arts troupe. In the manifesto of what he calls the group’s “aggressive humanism,” Ruch raves about himself and his fellow Germans. I have tried to render the awkward style of the original German in English:

We are the country of organizers and creators of the Holocaust. Our ancestors exterminated millions of people. They bumped off millions of innocent civilians. It cannot be repeated often enough: Germany struck the severest blow against humanity in the history of the human race. The moral core of the Federal Republic is the oath to ensure that genocide is banished for all time. The right to enjoy privileges as a German goes hand in hand with the awareness of a unique moral imperative. All those who do not live their lives in awareness of that imperative are politically illegitimate, they bask in a legitimation to which we only have a right on the assumption of that oath (p. 219).

This sort of writing substantiates Lichtmesz’s thesis that German self-loathing in respect of their own past is pathological, and borderline insane.

The second chapter of the book is an essay by Michael Ley, writing, as he says, in the tradition of the Enlightenment. Unlike Left-wing commentators and activists, Ley, who is Jewish, is consistent in his faith in the Enlightenment principles of free speech, individualism, and human rights, for he draws the logical conclusion from his rationalist and Enlightenment beliefs that Islam poses a direct threat to those beliefs. Trying to live in harmony and peace with this religion, so Ley, is a fatal delusion. The reader is confronted again with an example to illustrate the pathological dimensions of German – or in this case Christian – self-abnegation. In Ley’s example, the Archbishop of Cologne commissioned a life-sized model of an Islamic migrants’ boat to be set up outside Cologne Cathedral. Ley goes so far (p. 35) as to describe the demolition of intact buildings as a continuation of the “collective suicide” of the West, of which ignoring Islam’s challenge is the latest manifestation.

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Dr. Michael Ley

Ley’s essay throws up the conundrum regarding Israel. Should those defending a European identity against Islamic migration identify with Israel on the grounds that the enemy of my enemy is my friend? In light of the Islamic mass migration into Europe now taking place, many Right-wingers who were formerly sympathetic to Islam – as in, for example, supporting the Mujahideen in Afghanistan fighting the Soviets – have now veered towards sympathy for Israel. The late Guillaume Faye and Steve Bannon come to mind.

In the third chapter, Michael Mannheimer begins his contribution, which is entitled “Vom Nationamasochismus zum nationalen Suizid” (From National Masochism to National Suicide), with an example of what must be regarded as derangement in this statement by a journalist named Wiglaf Droste (p. 41):

The German people have the moral duty to die out, and quickly. Every Pole, Russian, Jew, Frenchman, Black African, and so on has as much right to live on the German land – which has been talked about as though it were holy or blessed – as any German, if not more so (Heinz Nawratil, Kult mit der Schuld [Munich: Universitas, 2012], p. 9).

Michael Mannheimer, who is a leading critic of Islam and who has been subjected to many attacks by the Left, does not subscribe – as do many critics of Islam, such as Guillaume Faye – to the view that Israel is a bastion for the defense of the West (on his blog, he recently published a piece suggesting that the Christchurch massacre may be a Mossad “false flag”). He focuses on the reality of demographics, and cites the sobering fact that in 1950, ninety percent of the population of West and East Germany was ninety-nine percent German, but that in 2018, forty percent (!) of those living in Germany have non-German roots. The turnaround year is projected to be 2035, when more than half the population of Germany will be non-German (p. 43). If he differs with Ley concerning Israel, Mannheimer concurs entirely in drawing attention to the activity of the so-called anti-fascists, whom he describes as “a weapon to crush alternative political opinions,” and especially that no demonstration against Islam or against the replacement of the native population of Germany can take place without the presence of professional anti-fascists (p. 56). It seems to this reviewer that the anti-fascists are a European export to the United States, where they are known by their German abbreviated form as “antifa” – a Coca-Cola infection in reverse.

Mannheimer is a friend of the Federal Republic’s Constitution, a point about which many readers may part company with him, but it is hard to disagree that the government of the Federal Republic and its supporters has begun to abandon its former sense of duty to abide faithfully to the spirit and letter of that Constitution. Mannheimer notes:

The Merkel government is now breaking German laws practically on a daily basis, massively supported by the media, churches, and unions. She is breaking Article 20, Paragraph 3 of the Constitution, which binds all governments to uphold existing law (p. 61).

Whereas in the past, the Bonn and Berlin governments could at least claim that they were acting within the bounds of the constitutional rights accorded to them in the establishment of the Federal Republic in 1949, Merkel’s unilateral decisions, which even Right-wingers sometimes implausibly interpret as a “mistake,” is a breach of the provisions of the Constitution, and therefore illegal. Mannheimer regards the failure of the Bundestag to oppose Merkel as capitulation to what Josef Isensee called a Staatsstreich (coup) (p. 61):

A coup from above is a breach of the Constitution on the part of an organ of the state. It can result from inactivity, be it that of institutions set up by the Constitution being cleared away, be it that Constitutional duties are not fulfilled . . . If the organs responsible widely fail to guarantee the free individual safety and security, they will have lost their right to expect obedience from their subjects, and resistance (Widerstandsfall) is the order of the day (Josef Isensee, Das Legalisierte Widerstandsrecht [When Resistance is Legal] [Bad Homburg: Gehlen, 1969], p. 28).

Mannheimer believes that Germany has shifted from being a parliamentary democracy to become what he calls a “parliamentary dictatorship” (p. 62):

Even the politicians of the old conservative parties seem to be intoxicated by their own decline. The slightest opposition to the collective suicide of one of the greatest cultures and nations of the world will be declared “Nazi” or “racist” by a phalanx of politics, the media, and the church (p. 68).

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The fourth essay, by Caroline Sommerfeld, brings some humor into what is a deadly earnest subject, and one treated with unrelenting earnestness in most of this book. She considers the psychological implication of the book’s title, namely the manifestation of the pathology of the drive to spiritual, and ultimately biological, self-harm that has germinated in the soil of the modern German psyche. Her essay is not only the sole amusing contribution, but it is the only piece which seems to me to approach the subject from an original perspective and in an original way. The style is discursive, even chummy, and the perspective very personal. Much of the contribution is an account of dialogues she had with her husband, or other people she knows. First, the reader is introduced to a supposedly “conservative” married couple in Berlin. A well-to-do mother is talking to the mother, Caroline Sommerfeld:

She: I think it is a good thing that there are always more brown children. At some stage, blonds will have died out.

Me: And you think that is good?

She: What is good about being blond? The white race has done so much wrong on this planet that it’s a good thing if it dies out (p. 71).

Sommerfeld humorously describes the reductio ad absurdum of the “blonde and blue-eyed,” Buddhistically-inclined, well-to-do mum. This mother rejects racialism for reasons which take fatalism to an altogether new level:

And so you think it is important to maintain white genes? Look, in a hundred years all people will be of mixed blood, and that’s good. Anyway, I see things in a Buddhist way, with no enemies – only teachers on the way. And you need to think globally. One day, humanity will have died out; the Sun will expand, and the whole planet will be destroyed (p. 72).

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Caroline Sommerfeld speaking at the Frankfurt Book Fair 2018

Sommerfeld refers approvingly to Martin Sellner of the Austrian branch of Generation Identity for giving the Western world’s masochistic leaders the designation of sect (p. 73). The greater part of her contribution is taken up with an analysis of discussions she has had with her much older husband. He was born in 1939, she in 1979; their age difference provides her with the opportunity to analyze, as she puts it:

. . . what must have happened after 1945 to account for the narrative of the disappearance of the notion of “my own,” a narrative which includes the dissolving of frontiers, nations, and peoples in the cause of globalization, and in which international solidarity replaces national solidarity, and where there is a worldwide exchange of goods, money, and people, and that this is seen not only as a historical imperative, but to be good in itself and necessary (pp. 78-79).

I disagree that the course of events is primarily presented in terms defined by those who accept globalization as a good in itself. Of course there are those who stress their belief that globalization is ipso facto a good thing, but from my experience, the development is much more often seen as something inevitable; people are resigned to it. It is accepted as an inexorable development, rather as Marx insisted that the collapse of capitalism and its transformation into socialism was scientific and inexorable. However, a shift from optimism to fatalism among proponents of globalism may just reflect a difference between generations among one-worlders, with earlier generations greeting globalization as a step in the constant self-improvement of mankind, and a later generation more dispassionately regarding it as inevitable and ethically neutral; a development for which there is “no alternative,” as Merkel justified her own decisions.

Sommerfeld notes – quite correctly, in this reviewer’s opinion – that a major strategy of those who adhere to what she describes as an “alien paradigm” argue against any right of a nation, people, or race to self-determination or survival by insisting that the race or nation in question is a construct of history, enjoying no objective reality. Here we come back to the idea that those in power belong, if not to a conspiracy, at the very least to a sect (whether they do so consciously or unconsciously, she does not discuss). This sect denies as a matter of strategy the existence of that which it seeks to destroy: the white race. Sommerfeld makes a telling point at the end of her contribution:

We are much too much on the defensive. If pressed to acknowledge Germany’s unending guilt, the answer has to be: What do you like so much about a sense of guilt that you expect everyone to share it? What is so wrong about being far-Right? What is wrong with sexism? What is your problem with anti-Semitism? (p. 94)

She explains that she poses these questions for the purpose of studying her husband’s reaction to them. More’s the pity. I believe such questions should be posed to try and get some answers from the only race in the history of mankind which is busily clamoring for its own destruction.

But why is National Masochismus stressing the obvious – not once, but repeatedly? An apt way of describing what these writers are doing is psychologically flagellating themselves. Masochism, ironically, is on full display in these very writings: the writers relish in talking about German shame, ignorance, and decline. And National Masochismus is over 200 pages long.

For my part, I do not believe that the masochism described here is representative of most Germans. It is the masochism of the opinion-makers, not of a majority of the indigenous citizens. In all my experience of talking with Germans, I have heard at the most extreme that a person “does not care,” or is indifferent toward the fate of blonds or the white race, but I have never heard the wish expressed that blonds would do well to die out, or that it will be grand if everyone becomes coffee-colored. On the contrary, a Communist lady (a card-carrying party member, as it happens) said to me in response to regret I expressed concerning the decline of white people, “If you like blonds so much, you should go ahead and marry a blond and have a bevy of blond children. No one is going to stop you.” Thus, in my experience, it is a minority of Germans who are consciously pathological in the manner described in this book. The masochism is accepted with resignation by millions because it is dictated and urged by authority, and Germans, of all people, tend to believe in the inherent legitimacy of certified authority. The reaction of the average German to the masochism described in this book is less to embrace than to ignore it, offering only by way of submission the token sacrifice of widespread self-deprecation regarding some of the smaller things in life. (Example: “Germans go totally overboard when it comes to tax regulation. It’s typically German to make it so complicated!”)

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This book exudes a negativity which works on the assumption that a majority of people are committed to the masochistic pleasures which are described and illustrated here, but the writers fall into the error of confusing the opinions of the elite with the acquiescence of the mass. It is not that I am suggesting that the mass is consciously opposed to what the masochists are doing and the damage they are causing, but rather that they are indifferent to it, and they are not so much “brainwashed” (that favorite mantra of Right-wing critics) as stultified and stupefied. They have other things than their country’s masochism or shame on their minds.

A chapter by Tilman Nagel on the Islamic religion simply stresses the incompatibility of Islam with Western society, and seems hardly relevant to the thesis of the book, unless it is to stress the masochism which indeed is likely to be a factor for people who welcome migrants to their country who will be toxic to their way of life.

The sixth chapter by Michael Klonovsky bears the peculiar sounding title of “Betroffenheitsathleten. Aus den Acta Diurna 2014-2017” (Athletes of Consternation: From the Acta Diurna, 2014-2017). In colorful language, Klonovsky recounts his reaction to daily events and statements which serve to illustrate German masochism. He begins by quoting a statement made by one of Dresden’s mayors that “Dresden was not an innocent city” (p. 119) – a masochistic declaration of a particularly distasteful kind, since it implicitly justifies the three-day destruction of a defenseless refugee city by the RAF and US Air Force, which was a war crime if the term “war crime” itself has any meaning. It was an act of terrorism which, given the extent of the destruction it caused, its cold-blooded determination to murder, and its efficiency and thoroughness in committing murder exceeded every act of Islamic terrorism in modern times by far.

Picture, right: Michael Klonovsky

autor_klonovski.jpgKlonovsky’s writing style is not unlike that of Tarki and other journalists at the British Spectator: intelligent, angry, snide. He recounts a program about Hans Michael Frank and an interview with his son, Niklas Frank. Niklas Frank takes masochism to new heights by explaining that everywhere he goes, he carries a picture with him depicting his father hanging from the gallows at Nuremberg. That way he can always reassure himself that Daddy “is well and truly dead” (p. 123). This must have been a repeat of an old program, since I remember a German girlfriend of mine being appalled by Niklas Frank when she watched the program on television in the late 1980s.

After describing the perverse show, the book proceeds to offer more examples of German self-loathing. My feeling by this stage was, “Yes, all right! I’ve got the message! You don’t have to go on about it anymore.” But go on about it these writers surely do. Harping on the subject of their own self-hatred is the Right-wing German’s way of being anti-German, and paradoxically fulfilling the role which the victors of 1945 gave to the defeated nation. This book indeed proves how masochistic some Germans are today, by either enjoying the rejection and denouncing of their nation or writing and reading about those who do so.

Another instance of self-loathing cited here (and let this by the last example for the purposes of this review) is the changing of names. Names of schools, institutions, barracks, and street signs are often replaced in order to erase any hint of a tribute to anyone or anything associated with the “dark years” of 1933-1945. Not only are the names of people associated with – or even approved of – by the government of those “dark years” being erased, but those who might in any way be seen as having an unsound connection to them – such as having been a forerunner, for example – is subject to scrutiny, and where deemed appropriate, given the equivalent of an anti-smoking health warning. According to Klonovsky, the list of individuals thus tainted in one German city, Freiburg, includes Johann Gottlieb Fichte, Theodor Körner, Richard Wagner, Richard Strauss, and – here one may indeed question the sanity of the masochists – Carl von Linné. Given that the sect of self-loathing whites who decide these things deny the very existence of human races, it is ominous that a cautionary explanation has even been issued against the inventor of the Latin nomenclature for fauna and flora. What is unsound about the hapless Linné? Perhaps it is because he ascribed the various races of man to subspecies status, and thus is considered potentially racist, or perhaps he once spoke disparagingly of broad-nosed, wooly-haired savages.

Has the reader had enough? I dutifully read the entire book, which certainly has trenchant observations and is all-in-all a hard-hitting exposure of what it claims is a national psychological malaise. Siegfried Gerlich rightly points out that Germans suffer, and have always suffered, from a compulsion to plagiarize; maybe it lies in their oft-observed dearth of imagination. But one comment did strike me as simply wrong, however, and its wrongness is significant. In the eighth chapter, Andreas Unterberger states that one finds “real national masochism only in Austria and Germany” (p. 205). I do not know what “real masochism” is, as opposed to “unreal masochism,” but it is a characteristic error of Right-wingers to claim almost with perverted pride that their nation is “worse off” or “further down the road” than other nations. Perhaps this form of nationalistic masochism is especially prevalent among Germans, but it is not unique to them.

In providing an array of writers to express their disdain and bewilderment at their nation’s suicidal self-loathing in different ways, both the editors and contributors of this book provide the paradoxical evidence to back their own argument – namely, that German writers indulge in self-deprecation and self-loathing to a pathological degree.

This book’s contributors disregard two major factors at work which serve to explain the passivity of the mass of Germans in the face of the consistent denigration of their own nation. Perhaps because the book is focused on masochism, they did not consider it relevant, but it offers other causes for the malaise which so often is blamed on the specifically German Umerziehung (reeducation) and Vergangenheitsbewältigung (overcoming the past). I would stress again that I do not share the implicit argument of this book that the masochism displayed by the sect of Federal Republic bigwigs is a widely-held phenomenon, or unique to Germany. In my view, the German masses are indolent and ignorant; too much so to be masochistic.

The first, specifically German, element of the phenomenon is that partly through political propaganda and education (which is more or less the same thing in modern Germany), and partly through folk memory and accounts handed down through the generations, and linked – but not identical to – a sense of guilt, Germans in their great majority are strongly antithetical to war. This means not only wars between nation-states, but war in any form, including war within the state, or even political war at the simplest level of robust rhetoric. As Rolf Peter Sieferle noted in his posthumously published Krieg und Zivilsation (War and Civilization), his study of history at university was marked by an avoidance of the subject of war, and he was amazed when he went to England to see how many books there were on the history of war and war-craft in the London bookshops.

Out of a masochistic sense of shame regarding its military past, Germany eschews war as a topic, and German society regards even public disputes as essentially undesirable. Consensus is the priority of German political life. Consequently, the German Parliament is stupefyingly anodyne. Nothing much happens on the public political stage, and comparatively seldom do prominent personalities clash in public. The important work of horse-trading and lobbying – which is all German politics is – is carried out in committee, unseen by outsiders, and not monitored by the media. German politicians employ a kind of sterile and sanitized language so as not to provoke clashes of personality and principle. The dirty work of engaging in a war against radical Right-wing opponents of the system is left to the “antifa,” whose comportment and even dress significantly plagiarizes and satirizes the historical National Socialists it loves to imagine are all around.

A second factor which is ignored in National Masochismus – albeit not specifically German at all, but which is nowhere more pronounced than in Germany – is the ruling sect’s indifference to the low levels of health and education among large swathes of the population. Not only the rulers of Germany, but also the nationalists and identitarians of different hues who challenge the status quo, do not acknowledge the low state of self-esteem (is that masochism?) and health which characterizes so many Germans. Proponents of multiculturalism frequently seize on this as firstly a reason to “pep up” society by importing labor “which the indigenous population will not do,” and secondly to ridicule the overall inferiority of those opposing immigration and the replacement of the indigenous population by healthy, young “new citizens.”

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A cartoon in the national press makes the point: It shows a group of smiling, happy-looking migrants arriving in Germany being confronted by ill-kempt and obese native Germans. “Ihr seid nur hier wegen dem Geld!” (“You are only here because from the money!”) a native German cries. “Nein, wir sind hier wegen des Geldes” (“No, we are here because of the money”), responds the dark-skinned newcomer. The joke mocks the low educational level of many German “nativists,” and especially the inability of many Germans to speak their own language well. It is true that the level of their own language spoken by many Germans is often very low, indeed. For example, it is common to hear what translated would be the equivalent in English to “bigger as,” “because from,” “if I would know,” and the like. Those who advocate for the replacement of the native German population like to stress – if not always as frankly as in the cartoon which I have cited – the low standards of health and education among ethnic Germans as compared to the high levels among many of the “new citizens.” Opponents of immigration either ignore this entirely, or consider such mockery further proof of the elitism of the ruling sect. The issue of the poor health, comportment, and education of the average ethnic German is ignored in this book. A book of 247 pages is published dealing with the way in which Germans “do their country down” as a pathological system of post-war reeducation, but it does not have a word to say about those aspects of German life about which Germans have a genuine reason to be ashamed.

The other side of this is that millions of ethnic Germans are pampered, indolent, and pacifistic. This state of affairs results from the enormous material gains made by post-war Germany and Austria. Practically every citizen can afford a car (and an expensive car at that), every employee enjoys paid holidays of five weeks per year, and lives under stringent rental and employment protection laws, retiring – often at an early age – with a guaranteed pension linked to previous earnings. It is surely obvious that such levels of comfort and financial security tend to make people soft and less inclined to fight for anything, especially as they have much to lose, but it is remarkable the extent to which Germans see no paradox here when they bemoan their lot. It is not always easy to take someone seriously who claims that the country is in rapid decline because of immigrants, and then cites national masochism as the reason, when that same person owns a Mercedes, drinks as much quality wine and beer as he or she wishes, and flies to Thailand on holiday. Thus, Michael Klonovsky – a not altogether oppressed member of the native population – apparently unconscious of the irony, introduces his critique of modern German society by mentioning what he was eating and drinking. He does not name his hotel, but my hunch is there were several stars next to its name:

Yesterday evening, convivially blessed with Wagyu Entrecôte and Châteauneuf-du Pape, I sought out my Berlin hotel. Not properly tired, I managed to avoid the trap of the hotel bat, but not the trap of the television . . . (p. 122)

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Germans complain of tax and financial hardship, but changing one expensive car for another every few years is not uncommon (it is very rare to see an old banger on German roads), and the restaurants and cafés in the major cities do a booming business. Health insurance is mandatory. Critics of modern Germany may drown their sorrows in a good meal consisting of the most expensive kind of steak money can buy, accompanied by an exclusive and pricey wine. In terms of well-being, modern ethnic Germans present something of a paradox: many suffer from poor health, and live in accommodations which many Americans would find shockingly cramped; and low levels of property ownership (one of the lowest in Europe) and poor health go hand-in-hand with widespread health insurance coverage, child benefit payments, maternity leave, and rental and employment security. What all these partially contradictory aspects of modern German life have in common, however, is that they lower the fighting spirit of the citizens. The writers of National Masochismus have not a word to say about the lack of national spirit created by comfort and investment as it pertains to the well-being of the state, which ensures docility among the masses in the face of the masochism apparent among the state’s rulers and trendsetters.

The book also fails to make any distinction between the Germany of the immediate post-war years – where the political system of the Third Reich was thrown overboard, but conservative values remained very much in force – and the changes which came in the 1960s, which heralded a wholesale rejection of the puritanism of the ‘50s such that National Socialism and conservatism were regarded as much the same beast to a far greater extent than in other nations. This and much more could have been examined in a book on national masochism, rather than essays concentrating on the threat of Islam. It is not even clear whether this book is only about German national masochism. The title speaks of only national masochism, and most of the book concentrates on Germany, but the last chapter of the book, which is by Martin Lichtmesz, carries the title “White Guilt” and “White Genocide” – expressions very familiar to anyone involved in “the movement” in the United States – and in it, Lichtmesz looks at the devaluation and declining respect for whiteness in the United States.

This book is hard-hitting and at times entertaining, but none of the writers here outline any kind of plan for change, be it ever so vague. What is the purpose of this book other than to underline how dire the situation of white folk is?

The masochism the writers here describe and illustrate with many examples is proof of their own masochism. National Masochismus is a case study in national pathology which discusses no other aspects of the problem other than national masochism to account for the feebleness of the white man, and specifically the German, in the face of long-term racial and territorial dispossession. In an especially disheartening contribution by Siegfried Gerlich on German reeducation (Umerziehung), he quotes the American Vice President Henry A. Wallace: “The German people must learn to unlearn all that they have been taught, not only by Hitler, but by his predecessors in the last hundred years” (p. 169). This book provides ample examples of the success of that unlearning – if not among the German masses, at least among the decision-makers and people of influence. But who among this book’s readers will be greatly influenced by it? What is National Masochismus hoping to achieve? For whom is it even written? Those in prior agreement are unlikely to become more convinced by these texts. It only reinforces what they already believe. And those who hold to the establishment’s narrative will not change their views because of this book. Finally, there is nothing “sexy” enough in any sense of the word to induce the “don’t knows” to read this book and have their opinions swayed.

I look forward to reviewing a book for Counter-Currents which provides not an account of the success of the governing sect, but an account of those who are proposing recipes for change; a report not from pathologists, but from those striving to find a cure and demonstrating the wherewithal to overthrow the masochistic sect.

 

Article printed from Counter-Currents Publishing: https://www.counter-currents.com

URL to article: https://www.counter-currents.com/2019/04/national-masochism/

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[1] Image: https://www.counter-currents.com/wp-content/uploads/2019/04/4-18-19-18.jpg

[2] Nationalmasochismus: https://antaios.de/gesamtverzeichnis-antaios/einzeltitel/57202/nationalmasochismus

[3] which I have already reviewed for Counter-Currents: https://www.counter-currents.com/2019/03/dont-get-mixed-up-with-racism/

 

Pourquoi de telles défaillances dans la sécurité préventive de Notre Dame ?

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Pourquoi de telles défaillances dans la sécurité préventive de Notre Dame ?

Dossier établi par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Il faut espérer que le procureur de Paris, en charge de l'enquête sur les causes de l'incendie ayant détruit la charpente de Notre Dame de Paris, sera suffisamment averti des questions de sécurité se posant sur les grands bâtiments anciens pour aborder les bonnes questions.

Pendant des siècles il a été possible de prévenir des incendies dans cette charpente, ou si certains s'étaient accidentellement déclarés, pour les éteindre très rapidement.

Pourtant, à ces époques, les charpentiers travaillaient à la lumière de torches ou autres lampes primitives particulièrement susceptibles de provoquer des départs de feu. Par ailleurs ils ne disposaient pas d'eau pour les éteindre, sauf celle qu'ils remontaient de la Seine à l'aide de seaux portés sur l'épaule. Enfin, les alertes à l'incendie à leur disposition se résumaient aux cris de « Au feu » poussés par les premiers ouvriers qui découvraient un début d'incendie.

On dira que l'ancien Paris, comme toutes les villes comportant des bâtiments en bois, était obsédé par le risque d'un incendie pouvant prendre des dimensions catastrophiques, comme celui du Grand Incendie de Londres en septembre 1666. Mais si Paris, comme plus particulièrement la Cathédrale Notre Dame, ont pu éviter de tels incendies, ce n'était pas du fait d'un miracle dont il faudrait remercier la divinité. C'était parce que des moyens suffisants avaient été apportés par les maîtres d'ouvrage. Le coût de ceux-ci devaient être très largement supérieurs aux bénéfices qu'ils tiraient de leurs chantiers. Mais il allait de soi à l'époque que la sécurité l'emportait sur le profit.

Scandaleuses défaillances

Concernant l'incendie à Notre Dame, les premiers éléments d'information ont montré de scandaleuses défaillances. Ainsi, sauf erreur, les alertes-incendie n'étaient qu'au nombre de deux, séparées par une centaine de mètres. Vu l'ampleur du chantier et les risques, sans être spécialiste, on peut affirmer qu'elles auraient du se trouver par dizaines dans tous les endroits exposés de la charpente. Par ailleurs les alertes au feu auraient du bénéficier de véritables sirènes d'alarme avertissant tout le chantier en quelques secondes. Enfin, des moyens multiples permettant d'éteindre un début d'incendie auraient du se trouver partout disponibles, ne fut-ce que sous forme de réserves d'eau et d'extincteurs de forte puissance.

Les responsables de l'entreprise ont affirmé dans un autre domaine essentiel que les personnels employés sur le chantier étaient parfaitement professionnels. On peut en douter vu le coût d'une telle main d'oeuvre qualifiée. Il est difficile de mettre en cause sans arguments sérieux la compétence des compagnons employés sur le chantier. Mais à première vue certaient d'entre eux avaient fait l'objet d'un recrutement peu scrupuleux. Ceci ne veut pas dire que l'incendie aurait pris de leur faute. Mais à tout le moins il n'est pas assuré qu'ils aient eux les bons réflexes pour le prévenir.

On trouve dans le World Socialist Web Site un article bien documenté intitulé The burning of Notre-Dame cathedral in Paris en date du 16 avril. Il impute la responsabilité de l'incendie au gouvernement d'Emmanuel Macron et plus largement au système capitaliste et à ses élites qui en toutes circonstances, préfèrent le profit immédiat à des investissements publics d'intérêt général visant en l'espèce à prévenir les catastrophes comme l'incendie de Notre Dame.

Il est certain que, lorsque constate la facilité avec laquelle les grands du CAC 40 ont réuni en quelques heures des centaines de millions pour réparer la cathédrale, il faut se demander pourquoi le millième de cette somme n'avait pas été procuré par eux en vue d'une sécurité préventive. Il va de soi que la réponse est simple. Collecter des centaines de millions dans le cas de Notre Dame augmente leur prestige – centaines de millions qui seront d'ailleurs supportés en dernier lieu par les consommateurs français de leurs produits et services. Prévenir des incendies dont la plupart ne se produiront pas n'a rien qui puisse leur servir.

Image. Notre Dame, avant

Notes au 18/04

*Très grave dysfonctionnement de l'Etat
https://blogs.mediapart.fr/pascal-kossivi-adjamagbo/blog/...

* Merci Xavier Niel, merci beaucoup
Le milliardaire offrirait tout sa fortune. Sur cet honnète homme, voir Médiapart
https://www.mediapart.fr/journal/france/180419/l-ecole-42...

Note au 19/04

Middle East Media Research Institute (MEMRI) rapporte
Des djihadistes célèbrent l'incendie de Notre-Dame, vu comme un châtiment et un bon présage
Ceci dit, il est de mauvais goût en France d'évoquer un éventuel attentat djihadiste

Voir aussi 

https://ripostelaique.com/incendie-de-notre-dame-il-ne-do...

Note au 19/04

Contrairement à ce qui avait été dit, et que nous avons rapporté, l'ancien architecte en chef témoigne que les dispositifs  de sécurité étaient suffisants - du moins tant qu'il était encore en fonction. Il est étonnant de voir que l'hypothèse d'un attentat reste encore refusée officiellement .

http://www.contre-info.com/notre-dame-que-sest-il-passe-l...

Modi-Poutine: alliance stratégique ?

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Modi-Poutine: alliance stratégique ?

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

L'on avait déjà noté que l'Inde et la Russie s'étaient mises d'accord sur une certaine convergence stratégique, associant d'ailleurs la Chine, au sein du BRICS. Il en résulte que l'Inde ne partage pas vraiment les objectifs américains au Moyen-Orient.
Ceci n'a d'ailleurs pas empêché l'Inde, sous la présidence de Narendra Modi, d'accepter les pressions américaines au plan international et dans le même temps de faire un large appel aux importations d'armes venant du complexe militaro-industriel des Etats-Unis.

Il reste que l'on a été surpris de voir l'Inde accepter un décret de Vladimir Poutine conférant à Modi la plus haute distinction honorifique russe. Il s'agit de la promotion dans l'Ordre de St André l'Apôtre dit en anglais Order of St Andrew the Apostle the First-Called. Cette distinction avait été abolie sous le régime soviétique et rétablie en 1998. Modi est le premier chef d'Etat occidental à recevoir cette distinction. Les observateurs considèrent que cette distinction, loin d'affaiblir l'audience politique de Modi en Inde, contribuera grandement à augmenter ses chances dans les futures « élections présidentielles.

Le décret russe indique que Modi a été décoré pour les services exceptionnels qu'il a apporté au partenariat stratégique entre l'Inde et la Russie, ainsi que pour le développement des relations amicales entre les deux peuples. Modi en retour a remercié Poutine avec une effusion remarquée. « Je suis très honoré de recevoir cette distinction prestigieuse. « J'en remercie le président Poutine et le peuple russe. Les racines de l'amitié entre la Russie et l'Inde sont anciennes et profondes. L'avenir de notre partenariat est brillant. Celui-ci avait déjà apporté à nos citoyens respectifs de nombreuses retombées positives.

Les observateurs extérieurs, notamment à Washington, ont été surpris de voir les témoignages de reconnaissance de Narendra Modià l'égard du président russe. Ils ont été plus encore surpris de voir Vladimir Poutine interférer, certes indirectement, mais d'une façon pouvant être lourde de conséquences, dans le processus électoral intéressant un chef d'Etat extérieur. Il avait toujours tenu a éviter de telles interventions officielles.

Rappelons cependant que Modi avait pris certains risques en acceptant l'acquisition de missiles russes de défense S-400 pour un montant de 6 milliards de dollars. Il négocie actuellement par ailleurs la mise en place d'une devise autre que le dollar pour les transactions avec la Russie.

Image Narendra Modi et Vladimir Poutine en 2018
 

Reconstruire la charpente de Notre Dame en chênes

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Reconstruire la charpente de Notre Dame en chênes

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.com

Cette solution semble s'imposer en France aujourd'hui dans l'opinion. La mise en place de structures en béton armé ou en fer, même recouvertes de feuillures en chêne, pourrait être considérée comme une trahison de l'oeuvre originale.
 
Emmanuel Macron, dans l'annonce politiquement intéressée qu'il vient de faire d'une reconstruction de la cathédrale en cinq ans, l'a implicitement choisie. 

Beaucoup de non spécialistes semblent penser que le recours au chêne se heurterait à une impossibilité, tenant à l'absence de bois de chênes disponible. De plus elle pourrait nuire gravement aux forêts de chênes en leur imposant l'abattage d'arbres sur pied en nombre suffisant, arbres rappelons-le qui doivent être au moins centenaires.

Cependant les professionnels du chêne font savoir qu'ils ne partagent pas cet avis. Les forêts français sont suffisamment importantes pour fournir sans dommages les arbres nécessaire. Il est vrai par contre que les disponibilités en bois pouvant être rapidement livrés ne sont pas dans l'immédiat suffisantes. Selon Sylvain Charlois, patron du Groupe Charlois, Il n'y a pas en France de stocks de bois déjà sciés disponibles pour un tel chantier. Il estime qu'il a fallu 1.300 chênes pour construire la charpente il y a huit siècles, ce qui équivaut à "au moins 3.000 mètres cubes de bois".

Il considère qu'avec les moyens dont dispose actuellement la profession, il faudra plusieurs années pour constituer un stock de grumes de chêne de bonne qualité en quantité suffisante. Il faudra disposer d'espaces de stockage importants, ainsi que de moyens de transport principalement par camions grumiers qui auront du mal à circuler. Il faudra aussi évidemment que l'outillage nécessaire soit mis en place, avec le recrutement d'un important effectif de nouveaux charpentiers.

Tout ceci n'a rien d'impossible, mais tenir le délai de cinq ans imposé par Emmanuel Macron ne serait pas faisable, si du moins l'on voulait reconstruire la cathédrale à l'identique.

vendredi, 12 avril 2019

Liberalism: the other God that failed

While Arthur Koestler was awaiting execution after being captured and sentenced to death by Francoist forces as a communist spy during the Spanish Civil War, he had a mystical experience. Formerly a Marxist materialist who believed the universe was governed by “physical laws and social determinants”, he glimpsed another reality. The world now seemed instead as “a text written in invisible ink”.

The experience left him untroubled by the prospect of his imminent death by firing squad. At the last moment, he was traded for a prisoner held by Republican forces. But the epiphany of another order of things that came to him in the prison cell stayed with him for the rest of his days, informing his great novel of communist faith and disillusion, Darkness at Noon (1940), his later writings on the history of science, and a lifelong interest in parapsychology.

Koestler_(1969).jpgKoestler was a pivotal figure in the post-war generation that rejected communism as “the God that failed”— the title of a celebrated book of essays, edited by the Labour politician Richard Crossman and published in 1949, to which Koestler contributed. The ex-communists of this period followed a variety of political trajectories. André Gide, another contributor to the collection, abandoned communism, after a visit to the Soviet Union in 1936, to become a writer on issues of sexuality and personal authenticity.

Further reading

The rise of post-truth liberalism

By John Gray

Other ex-communists became social democrats, while a few became militant conservatives or lost interest in politics completely. Stephen Spender, poet and novelist and author of Forward from liberalism (1937), morphed into a cold-war liberal. James Burnham, a friend and disciple of Leon Trotsky, rejected Marxism in 1940 to reappear as a militant conservative, publishing The Suicide of the West: the meaning and destiny of liberalism (1964) and eventually being received into the Catholic Church. All of them became communists in a time when liberalism had failed. All were able to return to functioning liberal societies when they abandoned their communist faith.

When interwar Europe was overrun by fascism, the Soviet experiment seemed to these writers to be the best hope for the future. When the experiment failed, and they renounced communism, they were able to resume their life and work in a recognisably liberal civilisation.

Post-war global geopolitics may have been polarised, with a precarious nuclear stand-off between the Soviet Union and the US and its allies. Liberal societies may have been flawed, with McCarthyism and racial segregation stains on the values western societies claimed to promote. But liberal civilisation was not in crisis. Large communist movements may have existed in France, Italy and other European countries, while Maoism attracted sympathetic interest from alienated intellectuals. But even so, liberal values were sufficiently deep-rooted that in most western countries they could be taken for granted. The West was still home to a liberal way of life.

The situation is rather different today. Liberal freedoms have been eroded from within, and dissidents from a new liberal orthodoxy face exclusion from public institutions. This is not enforced by a totalitarian state, but by professional bodies, colleagues and ever vigilant internet guardians of virtue. In some ways, this soft totalitarianism is more invasive than that in the final years of the Soviet bloc.

Further reading

How Thatcherism produced Corbynism

By John Gray

The values imposed under communism were internalised by few among those who were compelled to conform to them. Ordinary citizens and many communist functionaries were a bit like Marranos, the Iberian Jews forced to convert to Christianity in mediaeval and early modern times, who secretly practised their true religion for generations or centuries afterwards. Such fortitude requires rich inner resources and an idea of truth as something independent of subjective emotion and social convention. There are not many Marranos in the post-liberal west.

Some have attempted to revive classical liberalism, an anachronistic project that harks back to a time when western values could command a global hegemony. Others have opted for a hyperbolic version of liberalism in which western civilisation is denounced as being a vehicle for global repression.

In this alt-liberal ideology, the central values of classical liberalism — personal autonomy and the rejection of tradition in favour of critical reason — are radicalised and turned against the liberal way of life. A heretical cult, alt-liberalism is what liberalism becomes when it tears up its roots in Jewish and Christian religion. Today it is the ruling ideology in much of the academy and media.

In these conditions one might suspect self-censorship, since anyone expressing seriously heterodox views risks a rupture in their professional life. Yet it would be a mistake to think alt-liberals are mostly cynical conformists. Since practising cynics realise that the views they are publicly promoting are actually false, cynicism presupposes the capacity to recognise truth. In contrast, alt-liberals appear wholly sincere when they denounce the society that privileges and rewards them. Unlike the Marranos, whose public professions concealed another view of the world, alt-liberals conceal nothing. There is nothing in them to conceal. They are expressing the prevailing western orthodoxy, which identifies western civilization as being uniquely malignant.

Further reading

Deluded liberals can't keep clinging to a dead idea

By John Gray

Of course, civilisational self-hatred is a singularly western conceit. Non-western countries — China, India and Russia, for example— are increasingly asserting themselves as civilisation-states. It is only western countries that denounce the civilisation they once represented. But not everything is as it seems. Even as they condemn it, alt-liberals are affirming the superiority of the West over other civilisations. Not only is the West uniquely destructive. It is only the West — or its most advanced section, the alt-liberal elite — that has the critical capacity to transcend itself. But to become what, exactly? Lying behind these intellectual contortions is an insoluble problem.

In his essay in The God that failed Gide wrote: “My faith in communism is like my faith in religion. It is a promise of salvation for mankind.” Here Gide acknowledged that communism was an atheist version of monotheism. But so is liberalism, and when Gide and others gave up faith in communism to become liberals, they were not renouncing the concepts and values that both ideologies had inherited from western religion. They continued to believe that history was a directional process in which humankind was advancing towards universal freedom.

Without this idea, liberal ideology cannot be coherently formulated. That liberal societies have existed, in some parts of the world over the past few centuries, is a fact established by empirical inquiry. That these societies embody the meaning of history is a confession of faith. However much its devotees may deny it, secular liberalism is an oxymoron.

A later generation of ex-communists confirms this conclusion. Trotskyists such as Irving Kristol and Christopher Hitchens who became neo-conservatives or hawkish liberals in the Eighties or Nineties did not relinquish their view of history as the march towards a universal system of government. They simply altered their view as to the nature of the destination.

Further reading

You're reaping what you sowed, liberals

By John Gray

Instead of world communism, it was now global democracy. Western interventions in Afghanistan, Iraq and later Libya were wars of liberation backed by the momentum of history. The fiascos that ensued did not shake this belief. The liberalism of these ex-Trotskyists was yet another iteration of monotheistic faith.

Alt-liberals aim to deconstruct monotheism, along with the grand narratives it has inspired in secular thinkers. But what emerges from this process? Once every cultural tradition is demolished, nothing remains. In principle, alt-liberalism is an empty ideology. In practice it defines itself by negation.

Populist currents are advancing throughout the West and supply the necessary antagonist. The old liberalism that prized tolerance no longer survives as a living force. Iconoclasts who smash statues of colonial-era figures are raging at an enemy that has long since surrendered. An impish avatar of a vanished liberal hegemony, alt-liberalism needs populism if it is to survive.

Resistance to populist movements fills what would otherwise be an indeterminacy at the heart of the alt-liberal project. Privileged woke censors of reactionary thinking and incendiary street warriors are mutually reinforcing forces. At times, indeed, they are mirror-images of one another. Both have targeted the state of Israel as the quintessential embodiment of western evil, for example. Not only do alt-liberals and populists need one another. They share the same demonology.

Further reading

Today's voguish communists should remember Budapest

By James Bloodworth

Viewing the post-liberal West from a historical standpoint, one might conclude that it will suffer the same fate as communism. Facing advancing authoritarian powers and weakened from within, a liberal way of life must surely vanish from history. True, some traces will remain. Even in societies where denunciation for reactionary thinking is a pervasive practice, fossil-like fragments of ancient freedoms will be found scattered here and there. But surely the global liberal order will finally implode, leaving behind only defaced remnants of a civilisation that once existed.

In fact, any simple analogy between the fall of communism and the decay of liberalism is misleading. The difference is that old-style liberals have nowhere to go. To be sure, they could abandon any universalistic claim for their values and think of them as inhering in a particular form of life — one that is flawed, like every other, but still worthwhile.

Yet this is hardly a viable stance at the present time. For one thing, this way of life is under siege in what were once liberal societies. Yet liberals cannot help but see themselves as carriers of universal values. Otherwise, what would they be? Anxious relics of a foundering civilisation, seeking shelter from a world they no longer understand.

There may be no way forward for liberalism. But neither is the liberal West committing suicide. That requires the ability to form a clear intention, which the West shows no evidence of possessing. Nothing as dramatic or definitive will occur. Koestler and the ex-communists of his generation regarded communism as the God that failed because they once believed it to be the future. Today almost no one any longer expects liberal values to triumph throughout the world, but few are able to admit it — least of all to themselves. So instead they drift.

It is not hard to detect a hint of nostalgia among liberals for the rationalist dictatorships of the past. Soviet communism may have been totalitarian, but at least it was inspired by an Enlightenment ideology. Though it has killed far fewer people, Putin’s Russia is far more threatening to the progressive world-view.

China, on the other hand, is envied as much as it is feared. Its rulers have renounced communism, but in favour of a market economy, globalisation and a high-tech version of Bentham’s Panopticon — all of them imported western models. The liberal west may be on the way out, but illiberal western ideas still have a part in shaping the global scene.

When ex-communists became liberals, they shifted from one secular faith to another. Troubled liberals today have no such option. Fearful of the alternatives, they hang on desperately to a faith in which they no longer believe. Liberalism may be the other God that failed, but for liberals themselves their vision of the future is a deus absconditus, mocking and tormenting them as the old freedoms disappear from the world.

 

mercredi, 10 avril 2019

Michel Houellebecq: Chronicler of Our Mass Incompetence in the Art of Living

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Michel Houellebecq: Chronicler of Our Mass Incompetence in the Art of Living

Not reading many contemporary French novels, I am not entitled to say that Michel Houellebecq is the most interesting French novelist writing today, but he is certainly very brilliant, if in a somewhat limited way. His beam is narrow but very penetrating, like that of a laser, and his theme an important, indeed a vital one: namely the vacuity of modern life in the West, its lack of transcendence, lived as it is increasingly without religious or political belief, without a worthwhile creative culture, often without deep personal attachments, and without even a struggle for survival. Into what Salman Rushdie (a much lesser writer than Houellebecq) called “a God-shaped hole” has rushed the search for sensual pleasure which, however, no more than distracts for a short while.

Something more is needed, but Western man—at least Western man at a certain level of education, intelligence and material ease—has not found it. Houellebecq’s underlying nihilism implies that it is not there to be found. The result of this lack of transcendent purpose is self-destruction not merely on a personal, but on a population, scale. Technical sophistication has been accompanied, or so it often seems, by mass incompetence in the art of living. Houellebecq is the prophet, the chronicler, of this incompetence.

Even the ironic title of his latest novel, Sérotonine, is testimony to the brilliance of his diagnostic powers and his capacity to capture in a single word the civilizational malaise which is his unique subject. Serotonin, as by now every self-obsessed member of the middle classes must know, is a chemical in the brain that acts as a neurotransmitter to which is ascribed powers formerly ascribed to the Holy Ghost. All forms of undesired conduct or feeling are caused a deficit or surplus or malalignment of this chemical, so that in essence all human problems become ones of neurochemistry.  

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On this view, unhappiness is a technical problem for the doctor to solve rather than a cause for reflection and perhaps even for adjustment to the way one lives. I don’t know whether in France the word malheureux has been almost completely replaced by the word déprimée, but in English unhappy has almost been replaced by depressed. In my last years of medical practice, I must have encountered hundreds, perhaps thousands, of depressed people, or those who called themselves such, but the only unhappy person I met was a prisoner who wanted to be moved to another prison, no doubt for reasons of safety.

Houellebecq’s one-word title captures this phenomenon (a semantic shift as a handmaiden to medicalisation) with a concision rarely equalled. And indeed, he has remarkably sensitive antennae to the zeitgeist in general, though it must be admitted that he is most sensitive to those aspects of it that are absurd, unpleasant, or dispiriting rather than to any that are positive.

Houellebecq satirises what might be called the neurochemical view of life which is little better than superstition or urban myth. The protagonist and narrator of Sérotonine, an early-middle aged agronomist whose jobs, though rewarding enough financially, have always seemed to him unsatisfactory or pointless. He suffers from the unhappiness that results from his inability to form a long-lasting relationship with a woman, instead having a series of relationships which he sabotages by his impulsive sensation-seeking behaviour. This man goes to a doctor to obtain more of his Captorix, a fictional new serotonergic anti-depressant. The doctor, without enquiring into the circumstances of his life, says to him:

What’s important is to maintain the serotonin at the correct level–then you’ll be all right–but to lower the cortisol and perhaps raise the dopamine and the endorphins would be the ideal.

This is the kind of debased scientistic language that can be heard on conversations on any bus, and reminds me strongly of Peter D Kramer’s preposterous book, Listening to Prozac, which some years back persuaded the public that we are on the verge of understanding so much neurochemistry that we shall soon be able to design our own personalities by means of self-medication.     

The novel lacks even the semblance of a plot, being more the fictional memoir of the chagrins of a man (one suspects) very much like the author himself. The protagonist, Florent-Claude (a ridiculous name that he hates) has been in love twice, but has both times ruined the relationship by a quick fling with a passing young woman. Although he has become dependent, at least psychologically, on his Captorix (incidentally, but not coincidentally, a very plausible name for a new drug), he recognises at the end of the book that he is the victim-participant of a culture in which monogamy is hardly to be expected. Speaking of the failure of his relationships, he says:

I could have made a woman happy… In fact, two; I have already told you which. Everything was obvious, extremely obvious, from the first; but we didn’t realise it. Had we surrendered to illusions of individual freedom, of the open life, the infinity of possibilities? That could be, these ideas were in the spirit of the times; we hadn’t formalised them, we hadn’t the desire to do so; we were content to conform to them, to allow ourselves to be destroyed by them.

For me the pleasure of reading Houellebecq is not in the plot, still less in the characterisation which is thin because the protagonist-narrator is so egotistical that he has little interest in anyone else (a trait which we are clearly intended to believe is widespread or even dominant in the modern world). It is rather in the mordant observations that Houellebecq makes on consumerism and its emptiness. Here, for example, Florent-Claude meets Yuku, his former Japanese girlfriend living in Paris, at an airport in Spain where he is temporarily living:

I knew her luggage very well, it was a famous brand that I had forgotten, Zadig and Voltaire or perhaps Pascal and Blaise, whose concept had been to reproduce on its material one of those Renaissance maps in which the landmass was represented very approximately, with a vintage legend reading something like ‘Here be tygers’, anyway it was chic luggage, its exclusivity reinforced by its lack of the little wheels that the vulgar Samsonite cases middle managers have, so it was necessary to wrestle with it, just like with the elegant trunks of the Victorian era.

He continues:

Like all the other countries of Western Europe, Spain was engaged on the mortal struggle to increase productivity and had suppressed all the unskilled jobs that formerly helped to make life a little less disagreeable, at the same time condemning the greater part of its population to mass unemployment. Luggage like this, whether it was Zadig and Voltaire or Pascal and Blaise, only had sense in a society in which porters still existed.

In this passage, with typical economy, Houellebecq skewers both the shallowness of a culture in which people obtain their sense of themselves from the visible labels or brands of their possessions, and the absurd but intractable contradictions of our political economy. He of course proposes no solution (perhaps there is none), but it is not the purpose of books such as his to propose solutions. It is enough if he opens our eyes to the problem.

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His mordant observations make many people extremely uncomfortable, not because they are inaccurate, but because they are only too accurate and could conceivably lead to unpleasant conclusions, or at least thoughts. They therefore reject the whole: it is the easiest way to deny what one knows to be true. In the following passage, for example, the protagonist (or Houellebecq) describes the owner of a bar in Northern France who has just spent his time—of which there was much—in minutely reading the local newspaper:

The owner had finished Paris-Normandie [the local newspaper] and had launched on just as close a reading of France Football, it was a very thorough reading, such reading exists, I have known people like that who are not satisfied by reading just the headlines, the statements of Édouard Philippe [the current Prime Minister of France] or the amount of Neymar’s transfer fee [Neymar is a famous Brazilian footballer], but want to get the bottom of things; they are the foundation of enlightened opinion, the pillar of representative democracy.

Houellebecq runs an abattoir for sacred cows.

What can be said against his misanthropic, completely disabused view of the modern world? His sex scenes, which for those who have read several of his books now seem like a tic or the public confession of his own deepest fantasies, imply that sex is (and can be) nothing but the brief satisfaction of an urgent desire, as mechanical in its operation as that of a cement mixer. More importantly, it might be said that he concentrates only on the worst aspects of modernity, its spiritual emptiness for example, without acknowledgement of the ways in which life has improved. But this is like objecting to Gulliver’s Travels on the same grounds.   

His work, not least Sérotonine, is filled with disgust, as was Swift’s: but it is the kind of disgust that can only emerge from deep disappointment, and one is not disappointed by what one does not care about. There is gallows humour on every page: the personage hanged being Western civilisation.

Theodore Dalrymple

Theodore Dalrymple is a retired prison doctor and psychiatrist, contributing editor of the City Journal and Dietrich Weissman Fellow of the Manhattan Institute.

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vendredi, 05 avril 2019

Jean-Philippe Duranthon : « Le contre monde est en marche » : faudra-t-il une nouvelle Longue Marche en Chine… ou en Europe ?

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Jean-Philippe Duranthon : « Le contre monde est en marche » : faudra-t-il une nouvelle Longue Marche en Chine… ou en Europe ?

Billet d’Humeur du 28 mars 2019, par Jean-Philippe Duranthon*

Ex: https://geopragma.fr

Caroline Galactéros a publié le 25 mars un « billet du lundi » consacré, dans la perspective de la visite en France du président de la République populaire de Chine, aux relations entre la France et ce pays. J’adhère pour ma part totalement aux analyses contenues dans ce billet mais aimerais prolonger certaines d’entre elles avec un prisme économico-financier.

1/ Sur le plan international, la Chine joue un triple rôle :

– c’est une puissance politique, qui s’affirme sans cesse davantage à l’échelle régionale mais aussi mondiale au point que certains voient aujourd’hui l’émergence d’un nouveau duopole, cette fois sino-américain ;

– c’est une puissance économique, un acteur fondamental de la répartition internationale de l’activité économique : en faisant appel à elle les entreprises peuvent, d’un côté abaisser leurs coûts de production, de l’autre vendre leurs produits sur un marché énorme et dont le potentiel de croissance doit être mesuré à l’aune des perspectives de développement du pays ;

– c’est une puissance financière car, en achetant leurs emprunts d’Etat, en particulier les bons du Trésor américain, elle permet aux pays occidentaux de financer leurs déficits des paiements mais aussi acquiert de ce fait une capacité d’investissement considérable.

Dans une sorte de cercle vertueux ces trois puissances se renforcent mutuellement. À titre d’exemple, l’énorme capacité financière de la Chine lui permet à la fois – de développer ses propres entreprises à vocation mondiale, ce qui complète son modèle économique tout en lui donnant des atouts supplémentaires dans le dialogue planétaire, – d’aider à financer les projets des « pays émergents », ce qui facilite sa prise de contrôle des matières premières nécessaires à sa propre croissance, – d’investir dans les entreprises occidentales, ce qui lui permet d’acquérir plus rapidement les technologies de pointe, et – de formaliser son emprise régionale en créant une « Banque Asiatique d’Investissement pour les Infrastructures » (AIIB) dont la vocation est clairement d’offrir une alternative à la Banque Mondiale.

peyrefitte.jpg2/ Faut-il, dès lors que la Chine s’est ainsi clairement « réveillée », « trembler », ainsi que Napoléon, s’il faut en croire Alain Peyrefitte, nous l’a conseillé ?

Comme le dit Caroline Galactéros, la France a, sur le plan géostratégique, beaucoup à gagner de l’émergence politique d’un grand acteur à vocation mondiale, capable de contrebalancer l’influence des Etats-Unis dont la personnalité de l’actuel président révèle à ceux qui en doutaient le poids et les objectifs.

Il n’en serait autrement que si l’on pouvait craindre une tentation hégémonique à dimension planétaire.

Peut-on la craindre d’un pays dont la langue principale est d’une complexité telle qu’elle exige de nombreuses années d’études, ne pourra donc jamais être parlée par les populations étrangères et n’a en conséquence aucune chance de s’imposer face au globish ? Faut-il la craindre d’un pays dont la culture est marquée par le confucianisme et le bouddhisme, c’est-à-dire par des philosophies dans lesquelles, contrairement à bien d’autres en Europe et au Moyen-Orient, le salut est une question personnelle et doit être recherché quel que soit l’environnement social, indépendamment de toute évolution de la société qu’il ne s’agit pas de transformer avant de la répandre sur la terre entière ? Faut-il la craindre d’un pays où l’on joue au go, c’est-à-dire à un jeu où, contrairement aux échecs dont l’objectif est de détruire l’ennemi en s’emparant de son chef, le but est « seulement » d’être plus fort que l’adversaire, sans pour autant l’anéantir ?

N’oublions pas, en outre, que le modèle économique chinois commence à montrer ses faiblesses : la croissance ralentit et le développement économique du pays fait que, désormais, la différence des coûts de production n’est plus aussi importante que dans le passé et est parfois moindre que dans d’autres pays (voir l’Ethiopie par exemple). C’est pourquoi la Chine cherche à se « banaliser » en développant des entreprises capables d’être des acteurs de poids sur le marché mondial et à maîtriser les technologies d’avenir (énergies propres, numérique…). Reste à savoir si cette nouvelle orientation, qui favorise les technologies les plus sophistiquées, permettra, comme la précédente, plus basique, de diffuser les bienfaits de la croissance économique à la majeure partie de la population.

Pensons aussi au fait que, plus qu’un pays, l’« empire du Milieu » est un empire et que peu d’empires ont été durables. Pékin parviendra-t-il à maintenir l’hégémonie des Han dans tous les territoires où ils sont implantés, mieux que, du temps de l’URSS, Moscou a voulu le faire avec les Slaves ? L’Occident ne s’intéresse qu’au Tibet (pour lequel on voit les défenseurs de la laïcité et de la démocratie réclamer avec insistance l’instauration d’une théocratie), mais c’est dans les territoires occidentaux de la Chine que se dérouleront certainement, et que se déroulent d’ores et déjà, des évènements porteurs de difficultés ultérieures.

Constatons enfin que l’histoire de la Chine est celle d’une recherche constante et d’une concentration des pouvoirs. Cette concentration des pouvoirs est absolue dans le domaine politique (pas de « balance des pouvoirs » à la mode de l’Anglais Fortescue, pas d’ « équilibre des pouvoirs » à la mode du Français Montesquieu), ce qui explique l’autoritarisme dont ont fait ou font preuve en interne les fils du Ciel successifs (quels que soient les avatars de ce Ciel) ; mais son extension spatiale n’a jamais été au centre des ambitions, dès lors que l’étranger (le barbare, auraient dit les Grecs) ne menace pas le détenteur du pouvoir.

3/ Restent les questions économiques.

Parce que le niveau de vie de sa population était faible, que son potentiel industriel était alors très limité et que tout était à faire, la Chine a obtenu de la part des pays développés de pouvoir commercer avec eux avec des dérogations considérables, de droit ou de fait, aux règles de l’OMC ou des conventions bilatérales régissant le commerce international : une forme de contrepartie aux nombreux accords imposés à la Chine, au XIXème, par les pays occidentaux et que Sun Yat Sen a, au début du XXème, qualifiés de « traités inégaux ». Bien sûr cette nouvelle inégalité de sens opposé n’était pas, pour les pays développés, inspirée uniquement par des considérations humanitaires, elle avait aussi et peut-être surtout pour but de favoriser l’émergence d’un nouveau marché, de taille considérable, dont leurs entreprises pourraient profiter.

Vingt ans après, puisque la Chine a réussi, et au-delà, son décollage économique, le même monde occidental lui demande de respecter désormais les règles qui régissent les relations économiques mondiales entre pays de niveau de développement comparable, jugées indispensables pour que les échanges favorisent le bien-être de tous. Il souhaite en particulier que les entreprises occidentales puissent investir et agir en Chine dans les mêmes conditions que les entreprises chinoises peuvent aujourd’hui investir et agir chez eux. Est-ce déraisonnable ?

Or la Chine refuse et veut continuer à profiter des exceptions qu’on lui a consenties dans un autre contexte. Elle veut continuer à pouvoir prendre le contrôle d’entreprises occidentales, ou en devenir l’actionnaire de référence, et désormais intervenir en partenariat avec les fonds d’investissements occidentaux, sans permettre aux entreprises occidentales d’en faire de même chez elle, où l’ampleur des participations étrangères est limitée et où les règles de gouvernance des entreprises sont différentes. Est-ce raisonnable ? Doit-on et peut-on l’accepter ?

Certes, la Chine a élaboré de manière accélérée une nouvelle loi sur les investissements étrangers. Mais celle-ci, dont certaines dispositions sont très vagues, donc sujettes à interprétations incertaines, ne répond pas à l’ensemble des demandes présentées pour rétablir l’équilibre des relations. Son but est plutôt de permettre au président des Etats-Unis, en mal d’accord international après les rebuffades du leader de la Corée du Nord, d’avoir un argument pour signer un accord commercial avec la Chine. Et, dans le même temps, celle-ci continue de bloquer la convention qu’elle négocie avec l’Union européenne en refusant de bouger sur des sujets aussi fondamentaux que la réciprocité d’accès aux marchés, les secteurs stratégiques, les marchés publics, les subventions ou la propriété intellectuelle.

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Comme l’écrit Caroline Galactéros, il faut donc travailler avec la Chine, il faut dialoguer avec elle, il faut chercher une solution qui satisfasse l’équilibre et l’équité. Le problème est que ce dialogue doit se faire dans un contexte que les Chinois veulent maintenir déséquilibré sur le plan économique, ce qui n’est pas acceptable.

4/ Comment faire ?

La première condition est de ne pas mélanger ce qui relève des rapports entre Etats et ce qui concerne les choix nationaux : les premiers sujets font naturellement l’objet du dialogue international, pour lequel notre pays doit être aussi rigoureux et volontaire que la Chine l’est elle-même, les seconds relèvent du droit de chaque pays à s’organiser comme il le souhaite et aucun pays n’est légitime pour chercher à imposer à des tiers ses propres choix et donner des leçons aux autres.

La deuxième condition est que notre pays, dans un cadre européen mais aussi seul (le siège permanent au Conseil de Sécurité de l’ONU est un atout et confère des responsabilités que d’autres n’ont pas), s’insère dans le dialogue existant entre la Chine et les Etats-Unis. Et, dans ce contexte, la Russie pourrait être un allié de poids car elle a tout à craindre d’une Chine beaucoup plus peuplée que la partie asiatique de son propre territoire, quasiment vide et donc potentiellement attractive.

Mais, à l’échelle planétaire, l’Europe devrait avoir davantage de poids qu’un seul pays. C’est pourquoi l’initiative prise par le président de la République de recevoir le président de la République populaire de Chine avec la chancelière d’Allemagne et le président de la Commission européenne est éminemment logique. Mais, vu de Chine, quel poids ont aujourd’hui une chancelière sur le départ, dont le successeur se démarque chaque jour et exprime publiquement des revendications à l’égard de la France, et le président d’une Commission dont l’autorité sera amoindrie dans quelques mois lorsque le nouveau parlement aura été élu et disposera d’une légitimité plus grande que la sienne ? En outre, pourquoi ne pas avoir convié également le Royaume Uni qui, s’il préfère aujourd’hui se délecter dans ses jeux d’alcôves politiciens, sera toujours un acteur européen d’importance, et l’Italie, dont le PIB est le troisième de l’Union européenne à 27 ? Il est vrai que celle-ci avait choisi de faire cavalier seul en signant avec la Chine un accord-cadre relatif aux routes de la soie, sans grand contenu concret toutefois, semble-t-il, mais ne s’agissait-il pas avant tout pour elle de manifester aux Européens sa lassitude d’être toujours traitée en paria ? L’Europe ne doit-elle pas accepter que ses membres ne soient pas toujours d’accord et ne serait-elle pas plus forte si elle dialoguait avec ses membres critiques au lieu de les ostraciser ?

L’Europe doit aussi prendre conscience que les modes de régulation économique qu’elle a choisis ne sont plus nécessairement adaptés à une époque où les marchés ont acquis une dimension mondiale, ainsi que l’affaire Alstom/Siemens l’a clairement illustré.

Ainsi, les relations avec la Chine montrent les limites actuelles de la construction européenne et l’incapacité de son organisation à gérer avec efficacité les enjeux du moment.

5/ Comment apprécier, dans ce contexte, les « routes de la soie » (« Belt and Road Initiative » ou BRI) ?

S’agit-il de contribuer à la croissance mondiale en utilisant pour le bien-être de tous les énormes moyens financiers accumulés par la Chine ? D’œuvrer au bénéfice de l’entente entre les pays et entre les peuples ? De mettre en place des instruments de domination permettant au pouvoir chinois d’acquérir un droit de regard, en fait de codécision, dans toutes les zones concernées ? De promouvoir les entreprises chinoises en leur ouvrant des marchés ?… Sans doute de tout cela à la fois. Mais quelle est la véritable hiérarchie des priorités ?

Les Chinois n’aident guère leurs interlocuteurs à se positionner car, depuis l’annonce du projet par le président XI Jinping en septembre 2013 à l’université Nazarbayev du Kazakhstan, les objectifs et les modalités demeurent assez flous. Les montants concernés varient mais les ordres de grandeur sont tels (on parle de 1700 Md$ par an pour la seule Asie) qu’ils en deviennent déconnectés de toute perception concrète. Les modes de financement demeurent incertains. Certaines études montrent que 95 % des projets déjà réalisés ont été confiés à des entreprises chinoises, ce qui fait craindre une mainmise du processus par les seuls intérêts chinois ; mais ces projets ont, pour l’essentiel, été réalisés dans des zones dans lesquelles le potentiel local, c’est-à-dire la concurrence, était faible. Sans doute les possibilités sont-elles diverses et les modes de définition, de financement et de pilotage des projets peuvent varier d’un cas à l’autre : l’imagination doit avoir une place dans le processus, mais il ne faut pas oublier que la Chine dispose de moyens financiers que la France n’a pas, ce qui place inévitablement cette dernière en position de faiblesse.

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La prudence est donc de mise. Il serait autant absurde de refuser de participer au processus que d’accepter d’y jouer un rôle sans savoir à quoi l’on s’engage. C’est, semble-t-il, la ligne que les Européens ont exprimée au président chinois, et l’on ne peut que s’en réjouir.

6/ Le développement des relations entre la France et la Chine est éminemment souhaitable.

Mais son succès suppose, d’une part qu’au nom du réalisme la Chine accepte de perdre ses privilèges économiques qui ne se justifient plus, d’autre part que la France œuvre à ce qu’au nom du même réalisme l’Europe fonctionne de manière plus efficace. Il n’est pas certain que le challenge le plus difficile soit en Asie.

*Jean-Philippe Duranthon, membre fondateur de Geopragma 

jeudi, 04 avril 2019

Hadrien Desuin : « Vers une nouvelle Groß Koalition au Parlement européen? »

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Hadrien Desuin : « Vers une nouvelle Groß Koalition au Parlement européen? »

Une note d’analyse signée Hadrien Desuin*

Ex: http://geopragma.fr

À l’issue des élections européennes, où chaque camp est parti en ordre dispersé, une recomposition aura lieu pour former une majorité parlementaire. Face à l’essor des partis populistes et souverainistes, la majorité du parlement européen devrait resserrer ses rangs autour du groupe libéral.

C’était un vœu d’Emmanuel Macron qu’il avait prononcé à la Sorbonne dès septembre 2017 à la faveur du Brexit. A l’aide de listes transnationales, le Parlement européen devait s’ériger en Constituante en 2019 et se mettre en marche vers une Europe fédérale. Pour les Jeux Olympiques de Paris en 2024, le président français voyait déjà ses athlètes courir sous les couleurs de l’Union Européenne…

Toute l’Europe applaudit l’enthousiasme du président français. On lui remet le prix Charlemagne à Aix-la-Chapelle en compagnie d’Angela Merkel. Mais toutes ces envolées visionnaires sont progressivement archivées pour mémoire. Les Allemands refusent de partager leurs économies et se contentent de mettre à jour le traité de l’Élysée de 1963. De fait, il n’y a ni liste transnationale, ni circonscription unique et encore moins de constituante.

Le découpage électoral, laissé à la discrétion des États-membres, fait de chacune des 27 campagnes nationales des événements politiques isolés. À part quelques personnalités venues symboliser l’unité européenne lors des grandes réunions publiques, on voit bien que le PPE (Parti Populaire Européen) ou le PSE (Parti Socialiste Européen) ont des rôles réduits. Ce sont des plateformes où cohabitent des partis aussi divers que Les Républicains de Laurent Wauquiez et le Fidesz de Victor Orban et qui, sans discipline de groupe, votent en fonction de leurs intérêts propres et parfois les uns contre les autres. De même, peu d’électeurs soupçonnent l’existence de l’ENL (Europe des Nations et des Libertés) et de l’ECR (Conservateurs et réformistes européens), les groupes qui représentent respectivement les populistes de droite et les conservateurs. Si le Parlement européen est très peu connu de ses électeurs, ceci peut aisément s’expliquer. En dehors de la confiance accordée à la Commission en début de mandature, cette assemblée de 750 membres n’a pas de réels pouvoirs législatifs. L’abstention bat donc tous les records.

Bien des rédactions ont d’ailleurs renoncé à décrire les méandres de la petite politique européenne à Strasbourg et Bruxelles, alors que les péripéties parisiennes, berlinoises ou romaines couvrent quotidiennement les journaux nationaux les plus respectés. Pour une campagne strictement européenne, il faudrait des médias européens. Or le seul quotidien dont la diffusion est proprement européenne est The New-York Times… Le journal a repris le nom de sa maison mère puisque le titre International Herald Tribune peinait à faire vendre. Ses pages en anglais traitent d’ailleurs plus souvent des différentes actualités nationales plutôt que de la machine Bruxelloise. Les chaînes de télévision comme Euronews n’ont pas non plus d’énormes succès d’audience. Le multilinguisme, comme le globish, a ses limites culturelles.

Coalition « roumaine »?

A la veille de ces élections du 26 au 29 mai 2019, les 750 députés sortants sont répartis en huit groupes. La majorité est composée des 218 députés du centre-droit PPE emmené par le bavarois Manfred Weber (CSU), alliés aux 186 députés sociaux-démocrates du PSE (dont les populistes du SMER slovaque et du PSD roumain). Ces derniers ont choisit le hollandais Frans Timmermans comme candidat à la tête de la commission. Avec un total de 404 parlementaires, ils peuvent se passer de leurs alliés libéraux d’ADLE (Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe). Le groupe dirigé par le belge Guy Verhofstadt a  68 députés (dont quatre de l’ANO du tchèque Andrej Babis.)

Après le 29 mai, la grosse coalition ne pourra plus se passer des libéraux pour atteindre la nouvelle majorité absolue fixée avec le Brexit à 353 députés. Ces derniers pourraient passer la barre des 100 députés avec Ciudadanos et LREM mais aussi les libéraux allemands et polonais. Le parti du président Macron voulait dynamiter les anciens partis du parlement et fédérer autour de lui un nouveau groupe central opposé aux populistes. Là encore ses ambitions se sont fracassées sur la résistance de la bipolarité allemande. Il est très probable que les successeurs et alliés idéologique

s du Modem reviennent de là où ils viennent: le groupe euro-libéral ALDE. Un renfort qui comblerait la baisse de la majorité actuelle du PPE sous la barre des 200 députés et du PSE sous les 150 représentants. La CDU en Allemagne, LR en France ou le PP en Espagne prévoient une érosion de leur socle électoral. De même pour le PS, le PD italien et le SPD allemands qui anticipent des scores plus faibles qu’en 2014. On se retrouverait alors dans une grosse coalition à trois qu’on pourrait qualifier de « coalition roumaine » (aux couleurs du drapeau de la Roumanie) : centre droit en bleu; centre libéral en jaune et centre-gauche en rouge. Cet attelage pourrait encore se passer des écologistes du groupe ALE, aujourd’hui au nombre de 52 mais dont le positionnement dans l’opposition est très ambiguë, partagé qu’il est entre les factions gestionnaires et contestataires. En revanche les libéraux ne devraient pas être assez nombreux pour former à eux seuls une coalition avec le centre-droit ou le centre-gauche. De même le centre droit ne serait pas assez fort pour se coaliser avec les libéraux et les conservateurs. Leur vision de l’Europe sont de toutes les façons trop divergentes.

Big bang souverainiste?

L’opposition, quant à elle, est scindée en quatre petits groupes répartis à droite et à gauche. Le principal, ECR (Conservateurs et Réformistes Européens) compte 74 députés dont 19 polonais principalement du PiS, et 19 conservateurs britanniques. Ce groupe va souffrir du Brexit et cherche à s’élargir. Il a déjà rallié Nicolas Dupont-Aignan qui selon les sondages pourrait obtenir une poignée de députés ainsi que les démocrates suédois. La rencontre entre Salvini et Kascinsky a été très commentée puisqu’elle pourrait entamer un « big bang » chez les souverainistes de droite si les italiens de la Lega ou les autrichiens du FPO passaient chez les conservateurs. Par ailleurs, le groupe EFDD (Europe de la liberté et de la démocratie directe) dont 19 élus sur 43 viennent du UKIP britannique cherche aussi à s’élargir (il faut 7 nationalités différentes au sein de chaque groupe et les moyens procurés par la formation d’un groupe ne sont pas négligeables). La composante M5S du groupe est très volatile idéologiquement et constitue une inconnue importante de l’équation. Ses relations avec la Lega sont compliquées et ne devraient pas faciliter l’union des souverainistes de droite dans un seul groupe au lieu de trois. Le groupe ENL (Europe des Nations et des Libertés) regroupe quant à lui 15 élus du RN français, 4 du FPÖ autrichien, 4 du PVV néerlandais et 6 de la Lega italienne. Le départ du député britannique devrait être compensé par l’arrivée de Vox, un mouvement national espagnol qui a le vent en poupe.

Enfin la gauche radicale regroupée au sein du groupe GUE (Gauche Unitaire Européenne) peine à faire campagne en restant unie. Les 52 députés sortant qui regroupent des communistes et des populistes de LFI ou de Podemos repousseront au lendemain du scrutin la négociation pour la formation du groupe. Leur score ne devrait pas baisser.

Sur le papier, la grande coalition majoritaire semble assurée de se voir reconduite. Avec la bonne tenue du groupe ALDE et en dépit de l’affaiblissement annoncée du PPE et du PSE, le parlement gravitera autour de son centre libéral. Ce sera un parlement à l’image du Bundestag dont le système représentatif proportionnel est assez proche. On devrait donc avoir une nouvelle commission centriste et libérale, dont la majorité sera seule face à une opposition eurosceptique et populiste. Si Manfred Weber a peu de chance d’obtenir la présidence de la commission, l’Europe à l’allemande a encore quelques années devant elle.

*Hadrien Desuin, chercheur associé chez Geopragma 

Universalisme islamique et droit-de-l’hommiste, même combat ?

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Universalisme islamique et droit-de-l’hommiste, même combat ?

Par Laurence Maugest, essayiste

La Charia pour l’Islam et l’ordre mondial pour les Droits de l’Homme. Existe-t-il des points de convergence ? Pour Laurence Maugest, contributrice régulière pour Polémia, c’est indubitable.

L’idéologie des Droits de l’Homme a en commun avec l’Islam de se vouer à la création d’un homme « sur-mesure », « construit », corseté dans des règles.

La religion musulmane est une doctrine qui s’immisce dans la vie privée des pratiquants, dans ses moindres recoins, lavage de mains, nourriture,  relations sexuelles…Tout est indiqué dans un calendrier que le bon musulman doit suivre à la lettre.

Curieusement, nous sommes dans l’obligation de noter que l’idéologie des Droits de l’Homme, notamment par les principes de précaution qu’elle sécrète, suit le même chemin.En effet, cette “religion” laïque devient de plus en plus invasive dans nos univers et s’évertue, de jour en jour, à réglementer davantage notre vie intime. Tel l’Islam, les Droits de l’Homme entrent dans nos foyers : des fessées aux enfants, maintenant interdites,au contenu de nos frigidaires, nous obligeant par exemple, à privilégier les légumes et à proscrire de plus en plus la viande.

Ces « avancées » se font toujours sous les coups de butoir de la culpabilité et nous mènent systématiquement à un résultat identique : notre déresponsabilisation « d’être libre ».

Le point de convergence, presque troublant, entre l’intrusion de l’Islam et celle des Droits de l’homme trouve son acmé dans ce qu’il y a de plus intime dans la vie des individus et de plus fondateur dans une société : la relation entre les hommes et les femmes.

Des chemins différents, voire opposés, aboutissent à un résultat identique

La mise à mal de la relation hommes – femmes :

  • Dans le monde masculin musulman, la femme doit se résoudre à « ne pas être », à « se dissoudre », à se dissimuler sous un voile, en dehors du regard de son père, de ses frères et de son mari.
  • L’homme occidental, lui est maintenu par l’épée des Droits de la Femme dans les reins, etne doit plus exprimer son désir.Il sera perçu, de plus en plus souvent, comme un prédateur, à surveiller de près et à maintenir à distance.

Faut-il rappeler qu’aux Etats Unis, les hommes rechignent parfois à monter dans un ascenseur seul avec une femme de peur de se retrouver devant le Juge et de payer un avocat?

Faut-il rappeler que, depuis que les européens rejettent leur histoire qui les a construits, leur avenir est lisible dans le présent des Etats Unis ? Ce qui, évidemment, n’est pas pour nous réjouir sous réserve que l’on ne soit pas avocat.

Trois autres points communs :

  • L’hyper sexualisation des relations hommes – femmes qui se révèle dans une forme d’obsession pathologique qui gomme, au passage, toutes possibilités de rencontresautreset de sympathie en dehors du sexe. Ce qui, avouons-le, est particulièrement réducteur en ce qui concerne la richesse des échanges entre les êtres en général.Ceci relève d’une limitation au corps et réduit à l’animalité notre gent humaine pourvue, pourtant, d’un cortex cérébral qui a fait ses preuves.
  • L’apartheid sexuel qui n’est pas sans rappeler la prophétie d’Alfred de Vigny (*) :

« Bientôt, se retirant dans un hideux royaume,
La Femme aura Gomorrhe et l’Homme aura Sodome,
Et, se jetant, de loin, un regard irrité,
Les deux sexes mourront chacun de son côté. »

  • La judiciarisation progressive des relations entre les hommes et les femmes

Ce dernier point commun entre l’Islam et les Droits de l’Homme « la judiciarisation exponentielle» concerne l’ensemble de la société. En effet, la mode actuelle privilégie, après la délation dans les hashtags en tous genres, les plaintes et les appels à la justice au moindre « dérapage ».  Rappelons-nous avec Rémi Brague que si  « le christianisme est la religion de l’absolu (Hegel),…l’Islam est un système politique  et juridique ». (*)

En cela nous pouvons conclure que l’Islam s’apparente davantage au Droits de l’Homme qu’au christianisme.

Dis-moi ce que tu veux, je te dirai qui tu es

Le christianisme porte en lui une visée universelle certes, mais qui concerne l’au-delà : « Mon royaume n’est pas de ce monde ».

Ce qui est loin d’être le cas de l’Islam et de son point d’orgue : la Charia qui vise à l’élargissement de la « oumma » (« Communauté mondiale des croyants »).

Les « droits-de-l’hommistes », eux, déploient une énergie considérable à détruire les frontières. Ceci, sous le prétexte que seul « un ordre mondial » assurera l’équilibre politique,  la santé écologique de la planète, la démographie et la sécurité de la population, notamment des femmes.

L’Islam et les Droits de l’Homme poursuivent donc un but similaire, l’universalisme sur Terre pour l’Islam, le cosmopolitisme mondial en ce qui concerne les Droits de l’Homme.

Un problème de taille

Le Monde est vaste et demeure, pour notre bonheur, pétris de diversités et de cultures variées.

Olivier Rey montre que tout ce qui est grand ou plus précisément grandit trop est source d’accidents. Ces aléas concernent le domaine biologique et aussi le champ géopolitique. (**)

Pensons à la superficie de la Russie qui impose à ce pays, depuis des siècles, un régime fort pour éviter le chaos susceptible de naître dans la confrontation des peuples si différents qui la composent.

Si les musulmans peuvent espérer que leurs règles de vie contrôlent la communauté des croyants, les mondialistes, eux, n’ont pas de Coran ou de petit livre rouge pour jouer le rôle de partition sévère et raide  dans un monde disparate qu’ils rêvent d’unifier.

C’est pourquoi, les Droits de l’Homme trouvent ici leur place naturelle et leur rôle de « régulateur des soucis de taille et de disparité ». Ainsi, plus l’empire mondialiste s’étendra, plus les commandements des Droits de l’Homme deviendront rigides, toujours plus répressifs, toujours plus liberticides.

Cela signifie, en définitive, que le démantèlement des frontières, nationales, culturelles, individuelles (en ce qui relève de la singularité des êtres qui est de moins en moins respectée au profit de leur nivellement), nous amène, peu ou prou, à un système politique tyrannique, seul, capable de faire obéir tout ce monde-là !

Nous sommes en train de perdre notre « responsabilité » d’être humain et la grande liberté qui s’y attache. Ce « Libre arbitre » qui nous fut offert par notre histoire gréco-latine et chrétienne sensible au développement personnel qui ne peut s’épanouir que dans une culture enracinée dans l’espace et le temps.

Il y a une membrane fondamentale que les règles islamiques comme les doctrines tyranniques des Droits de l’Homme ne détruisent pas mais, obstruent, bien au contraire,  pour notre malheur, il s’agit de notre relation au monde. Cette membrane osmotique qui, depuis la nuit des temps, ouvre l’homme comme sujet identifié, responsable, curieux et questionnant à l’univers qui l’entoure et aux mystères de la vie. Cet homme debout ne pourra plus être dans un système qui épingle « hors la loi » toutes singularités, judiciarise à tour de bras et surtout, est convaincu de son savoir ce qui inhibe, inévitablement, tout questionnement.

Laurence Maugest
5/12/2018

(*)  Libérons-nous du féminisme !, Bérénice Levet, https://www.youtube.com/watch?v=PJ6GUtAoqDM

(**) Une question de taille, Olivier Rey, https://miscellanees01.wordpress.com/2015/07/27/olivier-r... (Vidéo)

Source : Correspondance Polémia

How Brzezinski's Chessboard Degenerated Into Brennan's Russophobia

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How Brzezinski's Chessboard Degenerated Into Brennan's Russophobia
 
 

“Russia is an inalienable and organic part of Greater Europe and European civilization. Our citizens think of themselves as European. That’s why Russia proposes moving towards the creation of a common economic space from the Atlantic to the Pacific Ocean, a community referred to by Russian experts as ‘the Union of Europe’ which will strengthen Russia’s potential in its economic pivot toward the ‘New Asia.’” Vladimir Putin, President of the Russian Federation, February 2012

The allegations of ‘Russian meddling’ only make sense if they’re put into a broader geopolitical context. Once we realize that Washington is implementing an aggressive “containment” strategy to militarily encircle Russia and China in order to spread its tentacles across Central Asian, then we begin to understand that Russia is not the perpetrator of the hostilities and propaganda, but the victim. The Russia hacking allegations are part of a larger asymmetrical-information war that has been joined by the entire Washington political establishment. The objective is to methodically weaken an emerging rival while reinforcing US global hegemony.

Try to imagine for a minute, that the hacking claims were not part of a sinister plan by Vladimir Putin “to sow discord and division” in the United States, but were conjured up to create an external threat that would justify an aggressive response from Washington. That’s what Russiagate is really all about.

US policymakers and their allies in the military and Intelligence agencies, know that relations with Russia are bound to get increasingly confrontational, mainly because Washington is determined to pursue its ambitious “pivot” to Asia plan. This new regional strategy focuses on “strengthening bilateral security alliances, expanding trade and investment, and forging a broad-based military presence.” In short, the US is determined to maintain its global supremacy by establishing military outposts across Eurasia, continuing to tighten the noose around Russia and China, and reinforcing its position as the dominant player in the most populous and prosperous region in the world. The plan was first presented in its skeletal form by the architect of Washington’s plan to rule the world, Zbigniew Brzezinski. Here’s how Jimmy Carter’s former national security advisor summed it up in his 1997 magnum opus, The Grand Chessboard: American Primacy And Its Geostrategic Imperatives:

“For America, the chief geopolitical prize is Eurasia… (p.30)….. Eurasia is the globe’s largest continent and is geopolitically axial. A power that dominates Eurasia would control two of the world’s three most advanced and economically productive regions. …. About 75 per cent of the world’s people live in Eurasia, and most of the world’s physical wealth is there as well, both in its enterprises and underneath its soil. Eurasia accounts for 60 per cent of the world’s GNP and about three-fourths of the world’s known energy resources.” (“The Grand Chessboard:American Primacy And Its Geostrategic Imperatives”, Zbigniew Brzezinski, Basic Books, page 31, 1997)

14 years after those words were written, former Secretary of State Hillary Clinton took up the banner of imperial expansion and demanded a dramatic shift in US foreign policy that would focus primarily on increasing America’s military footprint in Asia. It was Clinton who first coined the term “pivot” in a speech she delivered in 2010 titled “America’s Pacific Century”. Here’s an excerpt from the speech:

“As the war in Iraq winds down and America begins to withdraw its forces from Afghanistan, the United States stands at a pivot point. Over the last 10 years, we have allocated immense resources to those two theaters. In the next 10 years, we need to be smart and systematic about where we invest time and energy, so that we put ourselves in the best position to sustain our leadership, secure our interests, and advance our values. One of the most important tasks of American statecraft over the next decade will therefore be to lock in a substantially increased investment — diplomatic, economic, strategic, and otherwise — in the Asia-Pacific region…

Open markets in Asia provide the United States with unprecedented opportunities for investment, trade, and access to cutting-edge technology…..American firms (need) to tap into the vast and growing consumer base of Asia…The region already generates more than half of global output and nearly half of global trade. As we strive to meet President Obama’s goal of doubling exports by 2015, we are looking for opportunities to do even more business in Asia…and our investment opportunities in Asia’s dynamic markets.”

(“America’s Pacific Century”, Secretary of State Hillary Clinton”, Foreign Policy Magazine, 2011)

The pivot strategy is not some trifling rehash of the 19th century “Great Game” promoted by think-tank fantasists and conspiracy theorists. It is Washington’s premier foreign policy doctrine, a ‘rebalancing’ theory that focuses on increasing US military and diplomatic presence across the Asian landmass. Naturally, NATO’s ominous troop movements on Russia’s western flank and Washington’s provocative naval operations in the South China Sea have sent up red flags in Moscow and Beijing. Former Chinese President Hu Jintao summed it up like this:

“The United States has strengthened its military deployments in the Asia-Pacific region, strengthened the US-Japan military alliance, strengthened strategic cooperation with India, improved relations with Vietnam, inveigled Pakistan, established a pro-American government in Afghanistan, increased arms sales to Taiwan, and so on. They have extended outposts and placed pressure points on us from the east, south, and west.”

Russian President Vladimir Putin has been equally critical of Washington’s erratic behavior. NATO’s eastward expansion has convinced Putin that the US will continue to be a disruptive force on the continent for the foreseeable future. Both leaders worry that Washington’s relentless provocations will lead to an unexpected clash that will end in war.

Even so, the political class has fully embraced the pivot strategy as a last-gasp attempt to roll back the clock to the post war era when the world’s industrial centers were in ruins and America was the only game in town. Now the center of gravity has shifted from west to east, leaving Washington with just two options: Allow the emerging giants in Asia to connect their high-speed rail and gas pipelines to Europe creating the world’s biggest free trade zone, or try to overturn the applecart by bullying allies and threatening rivals, by implementing sanctions that slow growth and send currencies plunging, and by arming jihadist proxies to fuel ethnic hatred and foment political unrest. Clearly, the choice has already been made. Uncle Sam has decided to fight til the bitter end.

Washington has many ways of dealing with its enemies, but none of these strategies have dampened the growth of its competitors in the east. China is poised to overtake the US as the world’s biggest economy sometime in the next 2 decades while Russia’s intervention in Syria has rolled back Washington’s plan to topple Bashar al Assad and consolidate its grip on the resource-rich Middle East. That plan has now collapsed forcing US policymakers to scrap the War on Terror altogether and switch to a “great power competition” which acknowledges that the US can no longer unilaterally impose its will wherever it goes. Challenges to America’s dominance are emerging everywhere particularly in the region where the US hopes to reign supreme, Asia.

This is why the entire national security state now stands foursquare behind the improbable pivot plan. It’s a desperate “Hail Mary” attempt to preserve the decaying unipolar world order.

What does that mean in practical terms?

It means that the White House (the National Security Strategy) the Pentagon (National Defense Strategy) and the Intelligence Community (The Worldwide Threat Assessment) have all drawn up their own respective analyses of the biggest threats the US currently faces. Naturally, Russia is at the very top of those lists. Russia has derailed Washington’s proxy war in Syria, frustrated US attempts to establish itself across Central Asia, and strengthened ties with the EU hoping to “create a harmonious community of economies from Lisbon to Vladivostok.” (Putin)

Keep in mind, the US does not feel threatened by the possibility of a Russian attack, but by Russia’s ability to thwart Washington’s grandiose imperial ambitions in Asia.

As we noted, the National Security Strategy (NSS) is a statutorily mandated document produced by the White House that explains how the President intends to implement his national security vision. Not surprisingly, the document’s main focus is Russia and China. Here’s an excerpt:

“China and Russia challenge American power, influence, and interests, attempting to erode American security and prosperity. They are determined to make economies less free and less fair, to grow their militaries, and to control information and data to repress their societies and expand their influence.” (Neither Russia nor China are attempting to erode American security and prosperity.” They are merely growing their economies and expanding their markets. If US corporations reinvested their capital into factories, employee training and R and D instead of stock buybacks and executive compensation, then they would be better able to complete globally.)

Here’s more: “Through modernized forms of subversive tactics, Russia interferes in the domestic political affairs of countries around the world.” (This is a case of the ‘pot calling the kettle black.’)

“Today, actors such as Russia are using information tools in an attempt to undermine the legitimacy of democracies. Adversaries target media, political processes, financial networks, and personal data.” (The western media behemoth is the biggest disinformation bullhorn the world has ever seen. RT and Sputnik don’t hold a candle to the ginormous MSM ‘Wurlitzer’ that controls the cable news stations, the newspapers and most of the print media. The Mueller Report proves beyond a doubt that the politically-motivated nonsense one reads in the media is neither reliably sourced nor trustworthy.)

The Worldwide Threat Assessment of the US Intelligence Community is even more explicit in its attacks on Russia. Check it out:

“Threats to US national security will expand and diversify in the coming year, driven in part by China and Russia as they respectively compete more intensely with the United States and its traditional allies and partners…. We assess that Moscow will continue pursuing a range of objectives to expand its reach, including undermining the US-led liberal international order, dividing Western political and security institutions, demonstrating Russia’s ability to shape global issues, and bolstering Putin’s domestic legitimacy.

We assess that Moscow has heightened confidence, based on its success in helping restore the Asad regime’s territorial control in Syria,… Russia seeks to boost its military presence and political influence in the Mediterranean and Red Seas… mediate conflicts, including engaging in the Middle East Peace Process and Afghanistan reconciliation….

Russia will continue pressing Central Asia’s leaders to support Russian-led economic and security initiatives and reduce engagement with Washington. …Russia and China are likely to intensify efforts to build influence in Europe at the expense of US interests…” (“The Worldwide Threat Assessment of the US Intelligence Community”, USG)

Notice how the Intelligence Community summary does not suggest that Russia poses an imminent military threat to the US, only that Russia has restored order in Syria, strengthened ties with China, emerged as an “honest broker” among countries in the Middle East, and used the free market system to improve relations with its trading partners and grow its economy. The IC appears to find fault with Russia because it is using the system the US created to better advantage than the US. This is entirely understandable given Putin’s determination to draw Europe and Asia closer together through a region-wide economic integration plan. Here’s Putin:

“We must consider more extensive cooperation in the energy sphere, up to and including the formation of a common European energy complex. The Nord Stream gas pipeline under the Baltic Sea and the South Stream pipeline under the Black Sea are important steps in that direction. These projects have the support of many governments and involve major European energy companies. Once the pipelines start operating at full capacity, Europe will have a reliable and flexible gas-supply system that does not depend on the political whims of any nation. This will strengthen the continent’s energy security not only in form but in substance. This is particularly relevant in the light of the decision of some European states to reduce or renounce nuclear energy.”

The gas pipelines and high-speed rail are the arteries that will bind the continents together and strengthen the new EU-Asia superstate. This is Washington’s greatest nightmare, a massive, thriving free trade zone beyond its reach and not subject to its rules. In 2012, Hillary Clinton acknowledged this new threat and promised to do everything in her power to destroy it. Check out this excerpt:

“U.S. Secretary of State Hillary Clinton described efforts to promote greater economic integration in Eurasia as “a move to re-Sovietize the region.”…. “We know what the goal is and we are trying to figure out effective ways to slow down or prevent it,” she said at an international conference in Dublin on December 6, 2012, Radio Free Europe.”

“Slow down or prevent it”?

Why? Because EU-Asia growth and prosperity will put pressure on US debt markets, US corporate interests, US (ballooning) national debt, and the US Dollar? Is that why Hillary is so committed to sabotaging Putin’s economic integration plan?

Indeed, it is. Washington wants to block progress and prosperity in the east in order to extend the lifespan of a doddering and thoroughly-bankrupt state that is presently $22 trillion in the red but continues to write checks on an overdrawn account.

But Russia shouldn’t be blamed for Washington’s profligate behavior, that’s not Putin’s fault. Moscow is merely using the free market system more effectively that the US.

Now consider the Pentagon’s 2018 National Defense Strategy (NDS) which reiterates many of the same themes as the other two documents.

“Today, we are emerging from a period of strategic atrophy, aware that our competitive military advantage has been eroding. We are facing increased global disorder, characterized by decline in the long-standing rules-based international order—creating a security environment more complex and volatile than any we have experienced in recent memory. Inter-state strategic competition, not terrorism, is now the primary concern in U.S. national security.”

(Naturally, the “security environment” is going to be more challenging when ‘regime change’ is the cornerstone of one’s foreign policy. Of course, the NDS glosses over that sad fact. Here’s more:)

“Russia has violated the borders of nearby nations and pursues veto power over the economic, diplomatic, and security decisions of its neighbors…..(Baloney. Russia has been a force for stability in Syria and Ukraine. If Obama had his way, Syria would have wound up like Iraq, a hellish wastelands occupied by foreign mercenaries. Is that how the Pentagon measures success?) Here’s more:

“China and Russia want to shape a world consistent with their authoritarian model…

“China and Russia are now undermining the international order from within the system…….

“China and Russia are the principal priorities for the Department… because of the magnitude of the threats they pose to U.S. security.” (National Defense Strategy of the United States of America)

Get the picture? China and Russia, China and Russia, China and Russia. Bad, bad, bad.

Why? Because they are successfully implementing their own development model which is NOT programed to favor US financial institutions and corporations. That’s the whole thing in a nutshell. The only reason Russia and China are a threat to the “rules-based system”, is because Washington insists on being the only one who makes the rules. That’s why foreign leaders are no longer falling in line, because it’s not a fair system.

These assessments represent the prevailing opinion of senior-level policymakers across the spectrum. (The White House, the Pentagon and the Intelligence Community) The USG is unanimous in its judgement that a harsher more combative approach is needed to deal with Russia and China. Foreign policy elites want to put the nation on the path to more confrontation, more conflict and more war. At the same time, none of these three documents suggest that Russia has any intention of launching an attack on the United States. The greatest concern is the effect that emerging competitors will have on Washington’s provocative plan for military and economic expansion, the threat that Russia and China pose to America’s tenuous grip on global power. It is that fear that drives US foreign policy.

And this is broader context into which we must fit the Russia investigation. The reason the Russia hacking furor has been allowed to flourish and spread despite the obvious lack of any supporting evidence, is because the vilifying of Russia segues perfectly with the geopolitical interests of elites in the government. The USG now works collaboratively with the media to influence public attitudes on issues that are important to the powerful foreign policy establishment. The ostensible goal of these psychological operations (PSYOP) is to selectively use information on “audiences to influence their emotions, motives, objective reasoning, and ultimately the behavior of… organizations, groups, and individuals.”

The USG now sees the minds of ordinary Americans as a legitimate target for their influence campaigns. They regard attitudes and perceptions as “the cognitive domain of the battlespace” which they must exploit in order to build public support for their vastly unpopular wars and interventions. The relentless Russiagate narrative (which was first referred to the FBI by the chief architect of the Syrian War, former-CIA Director John Brennan) represents the disinformation component of the broader campaign against Russia. Foreign policy elites are determined to persuade the American people that Russia constitutes a material threat to their security that must be countered by tighter sanctions, more sabre-rattling, and eventually war.

mercredi, 03 avril 2019

De la guerre des devises à la guerre militaire

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De la guerre des devises à la guerre militaire

par Eberhard Hamer, professeur ès sciences économiques

Ex: http://www.zeit-fragen.ch/fr

Le système financier mondial est dominé par un syndicat: le Conseil de stabilité financière (CSF) réunit, sous la supervision de la Banque fédérale de réserve (FED), les grandes banques atlantiques,1 elles-mêmes contrôlées par sept familles.2 «Les géants pétroliers Exxon Mobil, Royal Dutch Shell, BP et Chevron y sont également étroitement liés. Les sept familles disposent des majorités actionnaires dans pratiquement la totalité des 500 premières entreprises.»3


«La méthodologie de la domination financière mondiale est en fait assez simple: l’Amérique importe beaucoup plus de biens qu’elle n’exporte, de sorte que les dollars (fraîchement imprimés) sortent des Etats-Unis pour atterrir dans les banques centrales des autres pays. Les Etats-Unis refusant de payer leurs dettes en or, les banques centrales sont obligées d’investir des dollars en obligations et autres instruments financiers. Il en résulte un système d’endettement mondial, dominé par les Etats-Unis, qui fait prospérer l’économie américaine au détriment des autres».4


Suite à la prolifération effrénée du dollar et à la bulle d’endettement grandissante qui en résulte (32 billions de dollars), le dollar représente un risque financier toujours plus accentué. La bulle éclaterait si le monde refusait d’accepter le dollar. C’est en effet la régence du dollar qui permet au syndicat financier mondial de dépenser de l’argent à mauvais escient. Cette hégémonie du dollar est maintenue par la présence mondiale des armées américaines. Ainsi, la quasi-totalité des pays du monde se retrouvent assujettis par endettement envers le Syndicat financier américain, la plupart d’eux sont contraints à tolérer sur leur territoire, des troupes d’occupation ou des bases américaines qui assurent leur servitude pour dettes (Ramstein en Allemagne, Camp Bondsteel au Kosovo et autres).
Cependant, à maintes reprises, des pays individuels ont tenté de sortir de l’assujettissement par endettement imposé par l’empire du dollar afin d’engager leurs ressources en faveur du bien-être national plutôt que pour le syndicat financier mondial. Pour contrecarrer de tels efforts, l’empire mène en permanence des guerres économiques et financières sous diverses formes:

  • Les agences de notation du syndicat financier monopolisent l’évaluation de la solvabilité des Etats. Un pays mal noté doit payer des taux d’intérêt plus élevés sur les prêts.
  • Les blocus financiers, par exemple contre le Venezuela ou l’Iran, empêchent toute transaction financière avec les pays concernés, les excluant ainsi pratiquement du système monétaire mondial afin de le rendre insolvable.
  • Les sanctions économiques bloquent les importations ou exportations du pays visé.
  • Les accords sur les prix (dépression artificielle des prix à l’importation) réduisent la solvabilité des Etats rétifs jusqu’à ce qu’ils abandonnent.
  • Les actions judiciaires contre les concurrents des banques ou entreprises anglo-saxonnes visent à réduire leur compétitivité (actions américaines en justice contre VW (23 milliards de dollars) ou la Deutsche Bank (12 milliards de dollars).
  • En même temps, un système d’espionnage américain opérant à l’échelle mondiale garantit que tous les systèmes numériques dans le monde soient contrôlés, évalués, écrémés au profit des Etats-Unis et soumis au régiment numérique américain.
  • Une idéologie de la globalisation lutte pour les «quatre libertés» (libre circulation du capital, des produits, des services et des travailleurs) afin de briser les structures nationales, les systèmes sociaux et les démocraties, tout cela en faveur de l’empire du dollar.

La domination mondiale du dollar est assurée militairement. «Le cartel bancaire envoie l’armée américaine, qui dévore plus de la moitié de l’ensemble des budgets militaires du monde entier, partout où elle voit ses intérêts menacés.»5 Partout où l’hégémonie du dollar américain est remise en cause, les moyens de guerre financière ou économique mentionnés ci-dessus s’emploient dans le but de rétablir la soumission. Mais si les pays ou les gouvernements se montrent têtus, s’ils ne veulent plus vendre leurs matières premières pour des dollars ou même ne plus accepter le dollar lui-même, le syndicat financier exige l’intervention de l’armée américaine:

  • En novembre 2000, Saddam Hussein refusa d’accepter le dollar en échange du pétrole irakien; il accepta néanmoins l’euro, ce qui fit dévaluer le dollar.
  • En 2003, l’Irak fut attaqué parce qu’il rejetait la dictature du dollar. Ainsi la menace pour le dollar fut éliminée.
  • De même, le dirigeant libyen Kadhafi tenta de ne plus utiliser le dollar dans son commerce pétrolier. Aussitôt son régime fut exposé à des soulèvements et à une intervention militaire contre lui. Après l’assassinat de Kadhafi et la destruction de son système, la Libye fut réintégrée dans l’empire du dollar.
  • La Russie, elle non plus, n’était plus dispose à accepter l’avantage du dollar américain par rapport aux autres devises. Elle a mis en place son propre système de paiement (PRO100) qui se trouvait en dehors de la portée du cartel bancaire international. Poutine a, en outre, privé le cartel pétrolier de se servir des réserves russes de pétrole et de gaz. Depuis lors, Poutine et la Russie se trouvent être les principaux ennemis de l’empire du dollar. Ils se font donc encercler militairement et sont combattus par tous les moyens dans une guerre financière et commerciale.
  • Depuis plus de cinq ans, l’Iran est la cible des attaques monétaires, commerciales et juridiques du syndicat américain, car le pays se montrait décidé à vendre son pétrole non seulement en échange de dollars, mais également de toutes les autres devises. Des sanctions brutales à l’encontre de tous les potentiels acheteurs et partenaires commerciaux ont abouti à son exclusion totale du système financier mondial ainsi que de l’économie mondiale. Comme cet Etat ne fléchit toujours pas, la menace d’une action militaire est de plus en plus imminente.
  • La Chine se démarque aussi du dollar en se dotant d’un système monétaire concurrent (Banque asiatique de développement) qui ne tolère plus la domination du dollar et évolue donc, de plus en plus, en Etat ennemi du Syndicat financier atlantique.

Lors de la campagne électorale, Hillary Clinton avait promis «de commencer la guerre contre la Russie en Ukraine et en Syrie d’ici le mois de mars», mais elle s’est ensuite corrigée, en disant qu’on n’y parviendrait pas avant mai 2018. Par bonheur, elle n’a pas été élue.

Le dos contre le mur, l’Amérique est pourtant toujours sous double pression:

  • L’effet de la pression effrénée sur le dollar a conduit à une quantité de dettes uniques dans l’histoire des Etats-Unis (32 billions de dollars) qui peuvent s’effondrer à tout moment si d’autres pays importants n’acceptent plus le dollar, si les banques du système financier tombent en faillites ou si les pays surendettés deviennent insolvables. L’empire du dollar a jusqu’à présent tenté de corriger ces dangers avec des prêts à intérêt zéro, ce qui devient de plus en plus difficile à maintenir. La dévaluation d’une monnaie de référence (dollar) en hausse incontrôlée est finalement certaine. La confiance diminue. Le syndicat financier prépare donc déjà l’interdiction des espèces et le remplacement de l’argent-monnaie par de l’argent numérique.
  • L’empire du dollar ne peut être soutenu qu’avec un boom constant. Cela présuppose une exploitation élevée de la capacité de l’économie. Cependant, l’économie américaine produit pour 70% des armes, de sorte que l’économie américaine n’est florissante que lorsque l’industrie de l’armement est en plein essor. Celle-ci ne peut se développer que si elle peut vendre ses produits, c’est-à-dire s’il y a suffisamment de guerres dans le monde. La production américaine d’équipements militaires dépasse les 600 milliards d’euros, soit dix fois plus que celle de la Russie et plus de la moitié de la production mondiale d’équipements militaires. Le président américain exige des pays satellites d’acheter davantage d’armement (en provenance des USA), et il vend sans vergogne des armements à des dictatures (Arabie saoudite).
  • Après le réarmement de l’OTAN et de l’Ukraine et après la fin de la guerre en Syrie, l’industrie américaine de la défense a besoin d’un nouveau coup de pouce pour relancer l’économie aux Etats-Unis au moyen d’une nouvelle guerre.

La politique américaine prétend toujours que la Russie, la Chine, l’Iran ou d’autres pays sont belliqueux et dangereux. Comme le montrent les dépenses militaires et les actes d’agression (sanctions, châtiments, etc.) des Etats-Unis dans le monde entier, ce sont avant tout les USA qui sont belliqueux et prêts à la guerre. A plusieurs reprises, ils ont mis en avant le Secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, et des hommes politiques des pays satellites (Heiko Maas, Ursula von der Leyen) pour diaboliser la Russie et exprimer des menaces de guerre.
Comme avant la Première Guerre mondiale, nous sommes donc dans une situation, où un petit événement pourrait déclencher un nouvel incendie mondial. Les dictatures et les empires ont toujours utilisé la guerre comme dernier recours quand ils ne savaient plus que faire. Si l’économie américaine s’effondre en raison d’un manque de demande d’armes ou de l’éclatement de la bulle d’endettement de l’empire du dollar, l’hégémonie du syndicat financier mondial et de la puissance mondiale des Etats-Unis devraient disparaître. Ainsi on arriverait à un point, où les politiciens ne savent plus quoi faire et ils pourraient éventuellement avoir recours au dernier ressort.
Aux Etats-Unis, des voix s’élèvent déjà pour dire que la guerre contre l’Iran doit commencer cet été. Les préparatifs sont terminés.
Il n’est donc guère compréhensible que le monde ne prenne pas conscience du danger de guerre, que les marches pour la paix n’exigent pas la paix dans tous les pays comme par le passé et que les médias dirigés par le syndicat financier (par exemple la presse Springer) puissent s’attaquer à la Russie et à l’Iran, sans aucune opposition, au lieu d’exiger la paix. Nous avons besoin d’une «révolte de tous les amoureux de la paix» pour faire prendre conscience du danger de la guerre et de l’exigence de paix pour tous les peuples. Si nous restons inactifs et que nous ne la dénonçons pas à temps, la politique irresponsable des Etats-Unis et de l’OTAN pourrait nous replonger dans l’impasse de la guerre contre notre volonté.
Non seulement il est grand temps de mettre en garde contre cela, mais nous devons le faire à voix haute.    •

(Traduction Horizons et débats)

1     JP Morgen Chase, City Group, Wells Fargo, Deutsche Bank, BNP, Barclays
2     Goldman Sachs, Rockefeller, Lehmann, Rothschild, Warburg, Lazard et Seifs
3     Orzechowski, Peter. Durch globales Chaos in die Neue Weltordnung, Rottenburg 2016
4     ibid, p. 61
5     ibid, p. 62

mardi, 02 avril 2019

Washington cherche l’escalade : y aura-t-il de nouvelles sanctions contre la Russie à cause du soutien de Moscou à Maduro ?

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Washington cherche l’escalade : y aura-t-il de nouvelles sanctions contre la Russie à cause du soutien de Moscou à Maduro ?

Washington / Caracas : Le gouvernement américain entend infliger de nouvelles sanctions à la Russie, cette fois à cause du soutien que celle-ci apporte au régime de Maduro au Vénézuela. John Bolton, conseiller ès-sécurité du Président Trump, a condamné ce soutien et a averti d’autres Etats de n’envoyer ni forces militaires ni équipements. « Nous considérerons de tels actes provocateurs comme une menace directe contre la paix internationale et contre la sécurité dans la région » a lancé Bolton.

Elliott Abrams, plénipotentiaire américain pour le Venezuela, a déclaré que les Etats-Unis disposaient de toute une série d’options pour s’opposer à l’engagement russe au pays de Maduro. Quand on lui a posé la question de savoir ce que le gouvernement américain entendait faire pour barrer la route aux projets russes en Amérique latine, Abrams a répondu : « Nous avons une liste d’options ». Il y aurait ainsi des possibilités au niveau diplomatique mais aussi au niveau économique, c’est-à-dire des sanctions. Il n’a pas été plus explicite. Mais il a toutefois souligné : « Ce serait une erreur, pour les Russes, de croire qu’ils ont les mains libres en cette région. Ils ne les ont pas ! ». Et il a ajouté que le nombre de soldats russes au Venezuela n’est pas très grand mais leur influence potentielle est néanmoins considérable. Leur présence ne va pas dans l’intérêt de la population du pays.

Les Russes ont toutefois contesté les accusations des Américains, ces derniers jours, et leur ont reproché d’organiser un coup d’Etat pour favoriser un changement de régime au Venezuela, ce qui revient à s’immiscer de manière inacceptable dans les affaires intérieures de l’Etat sud-américain. Moscou se réfère à un accord existant de coopération militaire et technique avec le Venezuela. Vendredi dernier, la Russie a demandé une nouvelle fois que les Etats-Unis ne se mêlent pas des affaires intérieures du Venezuela. Washington n’a pas le droit, ajoutent-ils, de dicter à d’autres Etats avec quels pays ils peuvent collaborer, pensent les principaux acteurs de la politique étrangères à Moscou.

(article paru sur http://www.zuerst.de – 01 avril 2019).

Nouvelle alliance stratégique Turquie-Iran-Etats arabes

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Nouvelle alliance stratégique Turquie-Iran-Etats arabes

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Au Moyen-Orient, l'alliance stratégique qui a fait la loi depuis des années est celle de l'Arabie saoudite, de divers Etats sunnites et des Etats-Unis. Aujourd'hui, du fait des catastrophiques erreurs stratégiques américaines dans la région, une nouvelle alliance ou Entente est en train de se former.

Celle-ci unira la Turquie, l'Iran, le Qatar, avec le soutien de l'Iran, de la Syrie, du Liban et de la Jordanie, Inutile de préciser que Moscou s'intéresse à ce projet et l'appuiera de différentes façons.

C'est en été 2017 et à Doha au Qatar que les bases de cette alliance ont été jetées. On se souvient que Riyad avait décrété une offensive militaire puis un siège du Qatar, présenté à l'époque et à la grande surprise de beaucoup comme un ennemi de l'Arabie saoudite. Ceci visait à éliminer le Qatar en tant que rival de celle-ci. Malheureusement pour les Saoudiens, l'offensive qui devait aboutir en quelques jours s'est enlisée face à la résistance des Qataris. Ceci avait laissé le temps à Doha, Téhéran et Ankara d s'entendre pour la mise en place de ce qui avait été nommé un bloc stratégique cohérent. Il s'agissait de contrer le poids de l'Arabie saoudite et des Américains, ses alliés.

Initialement le bloc avait pour but de mettre en place des accords économiques, concernant non seulement le pétrole mais d'autres domaine importants, comme les transports.

Très vite cependant le bloc a compris que pour survivre face à une Arabie surarmée et bénéficiant en permanence du soutien américain, il devait se transformer en alliance militaire, Il s'est alors progressivement tourné vers la Russie, disposant déjà de deux petites bases militaires en Syrie. Vladimir Poutine a initialement manifesté une prudente réserve face à un appui militaire russe éventuel. Néanmoins, face aux offensives arabo-américaines contre son allié Bashar al Assad, il a laissé entendre qu'en tant que de besoin il appuierait l'alliance. Les combats victorieux récents, appuyés par la Russie, contre l'Etat Islamique au nord de la Syrie ont considérablement favorisé le rapprochement militaire de la Turquie avec la nouvelle alliance stratégique.

Dans le même temps, l'Irak, le Liban et la Jordanie, bien qu'encore très soumises politiquement aux Etats-Unis, ont vite compris que leur intérêt était de rejoindre la nouvelle alliance stratégique. Le 18 mars 2019, les commandants militaires de l'Iran, de la Syrie et de l'Iraq ont posé les bases d'une coopération de long terme, non seulement contre le terrorisme, mais pour mener des projets économiques communs. Le gouvernement turc n'a pas hésité depuis le début à s'associer à ces projets. Une des raisons qu'il y voient est de contrer l'influence des séparatistes kurdes qui jusqu'à présent bénéficiaient d'un appui important des Américains. Au plan économique, l'alliance devrait permettre à ses membres de coopérer à la reconstruction des villes syriennes détruite par la guerre. Un autre objectif sera évidemment de remettre en état l'exploitation des gisement pétroliers et gaziers de Deir Ezzor, dans l'est de la Syrie.

Mais comme les Américains ont depuis longtemps visé à prendre le contrôle de ces derniers, aujourd'hui notamment par l'intermédiaire de leurs alliés kurdes, il est prévisible qu'ils ne se laisseront pas sans combattre empêchés de le faire par la nouvelle alliance stratégique Turquie, Iran, Qatar.

Référence

Voir entre autres https://oilprice.com/Geopolitics/Middle-East/New-Middle-E...

Note

Il faut rappeler qu'Erdogan continuera à encourager le transit  de caravanes de migrants vers l'Europe, si l'on en croit l'article ci-dessous
https://ripostelaique.com/erdogan-va-lacher-des-dizaines-...

lundi, 01 avril 2019

La Géorgie deviendra-t-elle une base militaire américaine permanente?

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La Géorgie deviendra-t-elle une base militaire américaine permanente? 

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Chaque semaine ou presque, les Etats-Unis, qui dominent l'Otan depuis sa création, montrent qu'ils persistent à faire de cette organisation un outil destiné à porter la guerre sur le territoire russe. Certains membres de l'Otan voudraient calmer le jeu, mais d'autres, tels que la Pologne, soutiennent en permanence les visées du Pentagone à cet égard.

C'est totalement irresponsable de leur part car en cas de guerre, fut-elle seulement conventionnelle, avec la Russie, ils seraient détruits les premiers. Les Américains, à l'abri de l'autre côté de l'Atlantique, ne risquent évidemment rien.

L'attention se porte aujourd'hui sur la Géorgie ancienne république socialiste soviétique et devenue un adversaire résolu de Moscou, bien que celui-ci ait depuis longtemps renoncé à y exercer une influence autre que marginale, linguistique et culturelle. C'est ainsi que le 25 mars 2019, le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg, norvégien tout dévoué aux américains qui l'ont fait nommer à ce poste, a réaffirmé la volonté de l'Otan de donner satisfaction aux demandes de la Géorgie visant à devenir un membre permanent de l'Organisation.

Il se trouvait dans la capitale géorgienne Tbilisi, en compagnie du premier ministre Mamuka Bakhtadze. pour assister à des manœuvre militaires conjointes de 12 jours Otan-Géorgie. Inutile de dire que celles-ci représentent déjà une provocation pour la Russie. Il y a déclaré que l'Otan n'accepte pas que la Russie, ou tout autre Etat extérieur, puisse décider qui doit être ou non membre. Les manouvres se tenaient à la base militaire conjointe Otan-Géorgie de Krtsanisi. Elles impliquaient un contingent de 350 hommes fournis par les membres de l'Otan, avec une participation de l'Azerbaidjan, de la Finlande et de la Suède.

Il faut rappeler que les tensions entre la Russie et une Géorgie décidée à rejoindre le bloc occidental avait abouti à une guerre courte mais sanglante entre les deux pays. Moscou avait appuyé la volonté séparatiste des deux provinces de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhasie. En 15 jours les militaires russes avait mis en déroute l'armée de la Géorgie, puis reconnu l'indépendance de ces deux provinces.

En 2018, le premier ministre russe Dmitri Medvedev avait prévenu que l'entrée éventuelle de la Géorgie dans l'Otan « pourrait provoquer un terrible conflit ». Est-ce que cherche Washington aujourd'hui ?

Insurrection contre la canaille mondaine

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Insurrection contre la canaille mondaine

par Michel Maffesoli

Ex: https://echelledejacob.blogspot.com

 
Michel Maffesoli ne manque pas de préciser que l’expression de « canaille mondaine » est de Joseph de Maistre. Signe sympathique et profondément significatif pour nous qui considérons depuis longtemps Maistre comme une de nos grandes références, le nom de cet immense métaphysicien revient très souvent dans les écrits de Maffesoli. Ici, dans le texte que nous présentons, il (Maistre) est donc présent bien que, – ou parce que le sujet est d’une intense actualité : il s’agit des insurrections en cours dont les Gilets-Jaunes est le plus brûlant exemple, bien entendu insurrection contre la « canaille mondaine » (“les élites” dans le langage facile et ambigu de la postmodernité).

Maffesoli est professeur émérite à la Sorbonne, directeur du Centre d’études sur l’actuel et le quotidien, fondateur des revues Sociétés et Les cahiers européens de l’imaginaire, et aussi auteur de nombreux livres dont le dernier, de février 2019 (éditions Liber), La Force de l’imagination – contre les bien-pensants. Cela dit, Maffesoli sent le souffre et il est régulièrement dénoncé par les susdits bien-pensants et autres chiens de garde du Système.

... Il sent le soufre parce que, parmi les plus de 200 thèses qu’il a fait soutenir au début des années 1980, trois concernent l’astrologie, dont une de la vedette médiatique d’alors du domaine, Elisabeth Tessier. « S’ensuivit, écrit-il dans ‘La force de l’imaginaire’, une levée de boucliers d’une rare intensité (ce qui a fait bien sourire mes collègues étrangers, n’ayant pas, eux, ces pudeurs de jeunes filles !), m’accusant d’avoir fait “entrer l’astrologie à la Sorbonne”. Rien de moins ! »

Maffesoli fut donc l’objet d’une attaque en règle de la bienpensance du domaine, dont on retrouve des traces indélébiles dans les références auxquelles nous renvoie notre moteur de recherche universel et bien-pensant. (Une note dans son livre dit qu’en 1984, parce qu’il avait créé dans son centre une section de recherche sur l’homosexualité, Maffesoli avait été l’objet d’une semblable réprobation, et selon un collègue d’alors : « Michel, vous faites rentrer l’homosexualité à la Sorbonne ! » Tous les espoirs lui sont perelmis pour l'astrologie.) Finalement, on conclura l’épisode par cette citation : « Dans ce tintamarre médiatique, j’ai encore à l’esprit l’intervention de Jean Baudrillard qui, avec l’acuité qu’on lui connaît, teintée de malice, soulignait que, si les sociologues de base et leurs associations “professionnelles” (sic) protestaient avec tant de vigueur contre cette thèse [d’Elisabeth Tessier], n’était-ce pas parce qu’elle leur faisait concurrence en leur ôtant le monopole de la prédiction ? »

Cette mauvaise réputation dans les milieux de surveillance, quoiqu’on pense de l’astrologie, est une bonne introduction pour le texte ci-dessous qui traite des Gilets-Jaunes et des nouvelles conditions d’insurrection contre le Système (selon notre terminologie). Maffesoli juge que ces insurrections sont de caractère tribal à cause de l’éclatement des références permettant le reductio ad unum, notamment l’État-nation, sous la poussée de l’individualisme et du capitalisme-globaliste totalement déstructurant. Dans ce cas, le caractère “tribal” n’a aucun aspect péjoratif, il peut être le pire comme le meilleur et ce n’est qu’un moyen, en l’absence d’autres structures, par lequel se fait l’insurrection. Au reste, Maffesoli définit l’insurrection “tribale” des GJ de cette façon d’où la hauteur n’est certainement pas absente : « Nous assistons à un soulèvement quasi-mystique qui, dans l'absolu, reflète la fin d'une époque. »

Cette approche mystique d’une crise (celle des GJ) qui n’est, qui ne peut être qu’un signe parmi cent et mille de l’immense Grande Crise d’Effondrement du Système en cours nous convient parfaitement, comme nos lecteurs s’en doutent évidemment à la lecture de tant et tant de textes de ce site. Nulle timidité ni faux-fuyant dans cette appréciation générale, parce que la cause fondamentale ainsi décrite ne supporte pas de ces mégottages. La violence, par exemple... S’il le faut, et souvent il le faut pour contrebattre l’enfermement concentrationnaire et les garde-chiourmes efficaces et zélés du Système, qui entretiennent une violence constante faite de pression et d’oppression de l’esprit et des psychologies, – et, ces derniers temps, un peu plus directement, de la part des flics et d’une magistrature couchée, la même magistrature française qui successivement et à six ans de distance délégua ses mêmes juges condamner à mort, même élan de justice adaptée aux circonstances et variations atmosphériques, de Gaulle et Pétain.

« Il s’agit d’un ‘impératif atmosphérique’ auquel personne ne peut échapper. N’est-ce point cela que rappelle Victor Hugo : “et l’oiseau le plus libre a pour cage un climat”. Le climat est à l’effervescence. À la révolte des masses. Et rien ni personne n’en sera indemne. Tout au plus faut-il savoir l’accompagner, savoir la dire, le plus justement possible afin qu’elle ne s’aigrisse pas en une forme perverse, immaîtrisable et sanguinaire à souhait ! On retrouve cette idée dans le chemin de pensée de Martin Heidegger :“c’est le refus de l’animalité qui conduit à la bestialité” »

Et certes : « J’ai dit quête mystique. C’est à partir de la destruction qu’il y a une inéluctable renaissance. Contre tous les pouvoirs établis, seule la puissance populaire est le vecteur des métamorphoses. »

Dans cette longue liste des responsabilités et des culpabilités des sous-fifres, le commentateur met en bonne place pour notre plus grande approbation ceci que nous appelons presseSystème, qui ne cesse de déchoir à des profondeurs qu’on aurait pu penser impossible à atteindre tant la puanteur qui y règne est insupportable... Puisqu’il est question de puanteur, effectivement : « En la matière d’incompréhension, le summum est atteint par la Caste des journalistes. On se souvient de la formule assassine que Nietzsche prononçait en 1882 : “Encore un siècle de journalisme et les mots pueront”. Les mots puent quand, oubliant la soumission aux faits, fondement de la sagesse populaire, on se contente de s’inféoder à cette logique d’un “devoir être” dogmatique... »

Ce qui nous conduit au constat que nous-mêmes ne cessons de proclamer, bien entendu puisque nous sommes partie prenante, avec une conscience aigüe de ce qu’il nous est assigné de faire. C’est une idée qui traîne depuis 1999 pour notre compte, et cela réchauffe le cœur de voir que chaque événement d’importance la conforte, et qu’il se trouve d’aussi fortes phrases pour le confirmer :

« C’est sur les réseaux sociaux, les forums de discussion, les sites et autres plateformes du ‘Netactivisme’ qu’il faut suivre l’émergence de la socialité en cours de gestation. C’est cette presse alternative qui rend mieux compte des échanges, partages, entraides faisant des ronds-points un véritable Aventin postmoderne. »

Le texte de Maffesoli ci-dessous a été publié le 25 mars 2019 sur le site Atlantico.fr, auquel nous l’empruntons. On peut le compléter utilement par un entretien de Maffesoli avec Edouard Chanot, sur Spoutnik-français, le même 25 mars 2019.
dedefensa.org
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Bandits de grand chemin
L’ère médiatique de la canaille mondaine

Une intelligentsia déphasée se partage les débats médiatiques en croyant que le réel se pliera à ses apriori théoriques que telles des incantations d’un autre âge elle serine ad nauseam : valeurs républicaines, démocratie, citoyenneté, laïcité et autres fariboles du même acabit, n’intéressant plus personne, sinon les divers privilégiés se partageant les pouvoirs.

Les esprits libres le savent, tout comme, les amateurs de bonne chère : il faut de l’impertinence dans les analyses comme du poivre dans les ragoûts. Et ce, dans le souci de surprendre et non de choquer. C’est ainsi que l’on peut dire que l’anarchie n’a rien d’anarchique. N’est-ce point la définition proposée par Élisée Reclus : « l’anarchie, c’est l’ordre sans l’État ».

Voilà qui nous conduit fort loin de tous ces “a-priorismes” étant le fourriers des divers totalitarismes et attitudes dogmatiques qui ponctuèrent le siècle précédent. Totalitarismes , plus ou moins doux, contre lesquels les peuples, contemporainement, se révoltent.

Soulèvement qui n’est pas sans inquiéter ce que Joseph de Maistre nommait : la « canaille mondaine ». De nos jours c’est cette intelligentsia déphasée qui outre les chaines tv en continu se partage les débats de ces divers bulletins paroissiaux que sont les organes de presse “mainstream” : Le Monde, Le Figaro, Libération. Chaînes et journaux n’étant plus qualifiés de “référence” que dans les EPHAD et divers clubs du 4ème âge où l’on papote , entre soi, de l’avenir du monde. C’est dire !

Un avenir que les divers experts consultés par les politiques ont du mal à saisir, obnubilés qu’ils sont par ce que j’ai nommé “a-priorisme ”. C’est-à-dire une idéosophie on ne peut plus crédule, croyant, car c’est bien de croyance qu’il s’agit, que le réel doit se plier à ces a-priori théoriques que telles des incantations d’un autre âge on serine ad nauseam : valeurs républicaines, démocratie, citoyenneté, laïcité et autres fariboles du même acabit, n’intéressant plus personne, sinon les divers privilégiés se partageant les pouvoirs institutionnels d’une technocratie en déshérence.

En la matière d’incompréhension, le summum est atteint par la Caste des journalistes. On se souvient de la formule assassine que Nietzsche prononçait en 1882 : « encore un siècle de journalisme et les mots pueront ». Prophétie on ne peut plus d’actualité.

Les mots puent quand, oubliant la soumission aux faits, fondement de la sagesse populaire, on se contente de s’inféoder à cette logique d’un “devoir être” dogmatique on ne peut plus désuet.

C’est le dogmatisme d’un rationalisme abstrait, d’un utilitarisme à courte vue et d’un soi-disant individualisme dominant. Le tout confortant l’ économicisme dans la société officielle. Toutes choses ne faisant plus recette dans les rassemblements populaires. Ce peuple que les élites, toutes tendances confondues méprisent, ce peuple que l’on affuble du qualificatif de populisme, n’a que faire des aumônes que le pouvoir condescendant consent à lui jeter à la figure.

La perdurance de ces rassemblements, les multiples fortes des révoltes des peuples, la méfiance forcenée vis-à-vis de ces élites ayant le pouvoir de faire et de dire, tout cela est l’expression d’un réel souci du qualitatif. « L’homme du désir » qu’ont prophétisé certains philosophes retrouve une indéniable force et vigueur. L’ère d’un Je” égotiste est en train de céder la place à l’ère d’un Nous bien plus généreux. Voilà ce que le “vomitus matutinus” de la presse dominante ne veut pas, ne peut pas surtout admettre.

Restons dans le poivre du ragoût dont il a été question. C’est bien d’une quête mystique dont il est question dans les insurrections populaires. Mais comme toute réalité trouve son fondement dans l’ordre des choses sensibles, il faut bien passer, pour dire et vivre ce désir fondamental, par les expériences irréfragables de la vie de tous les jours : taxes, retraites, impôts divers.

Mais ce qui est essentiel, c’est bien cette “ère du Nous”. Créer un monde harmonieux, à partir du monde tel qu’il est, et non plus à partir de ce que des théories abstraites auraient aimé qu’il soit. Au-delà de ceux qui, avec une mentalité de vieillard, continuent de faire la leçon, de ceux qui enfermés dans les étroites limites d’un savoir appris dans les grandes écoles, de ceux qui se complaisent dans les “Grands Débats”, où sans écouter les questions on a déjà les réponses, en bref, au-delà des lieux communs dogmatiques, la révolte gronde et elle continuera à gronder.

C’est dans les plateformes libertaires qu’il faut chercher la reviviscence de la vie. C’est dans la hardiesse de vues qui est y est proposée que s’élabore en son sens fort une éthique nouvelle. “Ethos” étant tout simplement, le ciment confortant la vie de toute société. Ce ciment consistant à conforter les cœurs et les esprits dans un être-ensemble où ce qui est primordial, c’est être-avec. Réalisation effective d’un centre de l’union, préoccupation essentielle d’une dynamique sociétale digne de ce nom.

Ce ciment, quand il y a une rénovation culturelle, ce qui est en cours actuellement, ne peut pas faire l’économie de la force. La puissance populaire rappelle, régulièrement, que la force prime le droit. Voilà qui est difficile à dire. Voilà pourtant ce dont on ne peut pas faire l’économie. Dans le long déroulé des histoires humaines l’insurrection reste un élément essentiel.

N’est-ce pas cela que résume l’adage de Goethe : « Meurs et deviens » ? J’ai dit quête mystique. C’est à partir de la destruction qu’il y a une inéluctable renaissance. Contre tous les pouvoirs établis, seule la puissance populaire est le vecteur des métamorphoses. Fluidité de la vie, se vivant certes dans la crainte et le tremblement, mais n’en étant pas moins nécessaire.

Cela nous force à nous souvenir que tout homme est poussière. L’humanisme intégral nous forçant à admettre que l’humain est fait aussi d’humus. C’est dans une telle optique qu’il faut reconnaître que la violence peut être tout à la fois banale et fondatrice. Elle est au fondement de toute vie individuelle et sociale. C’est même le cœur battant de ce que le philosophe Max Scheler nommait : « Ordo amoris ». L’ordre de l’amour n’étant en rien celui des “bénis oui oui”, mais bien celui de l’effervescence.

Voilà ce que la canaille mondaine n’ose pas dire. L’esprit du temps est à l’effervescence. Les diverses élections, un peu partout de par le monde en sont les expressions on ne peut plus éloquentes. Il s’agit d’un “impératif atmosphérique” auquel personne ne peut échapper. N’est-ce point cela que rappelle Victor Hugo : « et l’oiseau le plus libre a pour cage un climat ». Le climat est à l’effervescence. À la révolte des masses. Et rien ni personne n’en sera indemne. Tout au plus faut-il savoir l’accompagner, savoir la dire, le plus justement possible afin qu’elle ne s’aigrisse pas en une forme perverse, immaîtrisable et sanguinaire à souhait ! On retrouve cette idée dans le chemin de pensée de Martin Heidegger : « c’est le refus de l’animalité qui conduit à la bestialité » et le 20ème siècle n’est pas avare d’expressions en ce sens. Ainsi plutôt que la dénier, ainsi qu’il est convenu de le faire, il faut savoir la ritualiser, l’homéopathiser, sans pour autant en méconnaître la redoutable efficacité.

En effet dans notre monde aseptisé, on ne le dit pas assez, la violence, en son sens étymologique, c’est le vouloir (volere ). C’est le vouloir essentiel, et c’est aussi la force en action (Vis). Pour les Grecs même, elle se rattachait à la force vitale (Bia) qui était l’apanage des dieux.

Mais d’une telle compréhension on est fort loin, lorsqu’on lit les articles publiés dans la presse officielle ou que l’on entend les débats propres au conformisme dominant. À côté de ceux-ci les discussions du café du commerce paraissent être de l’Académie Française. Et ce tant l’ennui prévaut, tant les lieux communs sont tirés en rafales. Pensée convenue édictée, comme il convient pour les “sachants” avec l’arrogance, la suffisance et la jactance que l’on sait. Toutes choses ne faisant plus grande illusion. Mais, dès lors, s’affichant avec une assurance redoublée.

C’est sur les réseaux sociaux, les forums de discussion, les sites et autres plateformes du Netactivismequ’il faut suivre l’émergence de la socialité en cours de gestation. C’est cette presse alternative qui rend mieux compte des échanges, partages, entraides faisant des ronds-points un véritable Aventin postmoderne.

Voilà ce que les bien-pensants ne comprennent pas. Mais ne peut-on pas les comparer à ceux que Platon nommait les « montreurs de marionnettes ». C’est-à-dire des sophistes qui, au nom d’une rhétorique éculée et d’un prétendu savoir scientifique ( les “experts”), s’emploient à manipuler le tout-venant n’en pouvant mais. C’est ainsi, d’ailleurs, que le philosophe conclut : « La perversion de la cité commence par la fraude aux mots ». Voilà qui est on ne peut plus d’actualité.

Michel Maffesoli

07:48 Publié dans Actualité, Sociologie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, michel maffesoli, sociologie | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

samedi, 30 mars 2019

Les États-Unis perdent le contrôle de l’Europe…

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Les États-Unis perdent le contrôle de l’Europe…

 
… alors que le pipeline Nordstream 2 est sur le point d’être achevé 
 
par Tom Luongo
 
Ex: https://echelledejacob.blogspot.com
 
Le pipeline Nordstream 2 représente le dernier avatar de l’influence américaine sur les affaires intérieures de l’Europe. Une fois terminé, il témoignera de la scission fondamentale entre l’Union européenne et les États-Unis. 
 
L’Europe sera la première à défendre avec succès son indépendance nouvellement proclamée. Et les États-Unis devront accepter de ne plus avoir le contrôle sur l’étranger. C’est un schéma qui se répète partout dans le monde en ce moment. Votre vision de Nordstream 2 dépend de qui vous êtes.

Si vous êtes les États-Unis, il s’agit d’une rebuffade massive de l’ordre institutionnel de l’après-Seconde guerre mondiale, principalement financé par les États-Unis pour reconstruire l’Europe et la protéger du fléau de l’URSS.

Du point de vue de l’Europe, c’est : « Bien joué, mais la Russie n’est plus une menace et il est temps de nous débarrasser de la tutelle des États-Unis. »

Et si vous êtes Russe, Nordstream 2, c’est la fissure qui sépare les deux adversaires tout en améliorant la sécurité nationale à votre frontière occidentale.

L’Europe a ses propres ambitions impériales et Nordstream 2 en est une partie très importante. Ces ambitions, toutefois, ne sont pas conformes à celles des États-Unis, en particulier sous la houlette de Donald Trump.

Trump a cette étrange idée que les États-Unis n’ont rien reçu en retour pour avoir pris la direction du monde « libre » ces soixante-dix dernières années. Dans l’esprit simpliste de Trump, le déficit commercial massif du pays est une richesse volée par ses partenaires commerciaux.

Il refuse de voir la richesse gaspillée que nous avons « perdue » par des décennies de corruption, de paresse, d’atteinte aux réglementations, etc.

Ainsi, Nordstream 2 est une abomination pour Trump car celui-ci finance l’OTAN pour protéger l’Europe de la Russie, mais celle-la augmente ensuite la quantité de gaz acheté à ce même ennemi.

Et cela devrait vous indiquer où tout cela se dirige à long terme : à la dissolution de l’OTAN rendue inutile par la Russie et l’UE.

Aussi, peu importent les efforts des États-Unis et des forces anti-russes des sociétés européenne et britannique pour arrêter ce pipeline, comme en témoigne le vote non contraignant de cette semaine au Parlement européen, l’appétit américain n’existe plus réellement.

Le Sénat américain n’a aucun intérêt à demander au Président de sanctionner les sociétés qui construisent Nordstream 2. Cela n’empêcherait pas Trump de sanctionner de toute façon s’il le voulait.
 

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La vraie raison pour laquelle Trump ne sanctionnera pas Nordstream 2 est la même que celle qui le pousse à se tourner vers la Chine pour le commerce : liquidité du dollar dans le commerce mondial.

Il a déjà fait assez de dégâts. Il cherche maintenant à se faire réélire face à une réserve fédérale hostile.

S’il devait sanctionner Nordstream 2, il l’aurait fait. En vérité, ce vote au Parlement européen marque le dernier faible souffle pour tenter d’arrêter le pipeline et non le coup rusé d’un type qui détient des as dans ses poches.

C’est précisément parce que les États-Unis n’ont pas imposé de sanctions, qu’il ne reste que des incantations vertueuses pathétiques.

Pour que cela se produise, il faudrait que ce soit avant les élections au Parlement européen de mai, au cours desquelles nous pouvons nous attendre à voir au moins doubler le nombre de représentants eurosceptiques élus.

Si la situation continue de dégénérer en France, si l’Italie se durcit encore contre l’UE et si le Brexit est reporté, les eurosceptiques pourraient devenir le bloc le plus important du Parlement européen en juillet.

À ce stade, nous assisterons à une dégringolade en flèche de l’influence de la tristement célèbre liste Soros dans le parlement européen et peut-être même au sein de la Commission européenne. Et, le cas échéant, davantage de contrats de pipeline et d’investissements dans l’énergie russe.

En fait, un Parlement eurosceptique pourrait lever complètement les sanctions contre la Russie. De plus, les prochaines élections en Ukraine vont probablement amener au pouvoir une personne qui n’est pas pleinement soumise à la stratégie américaine.

Avec tout cela et les élections législatives ukrainiennes qui auront lieu plus tard cette année, nous verrons probablement l’Ukraine et Gazprom renégocier le contrat de transport de gaz, apportant encore plus de gaz russe sur le continent.

Et cela ne fera que rendre Trump encore plus furieux qu’il ne l’est maintenant, car il a énormément misé sur la stratégie globale de faire des États-Unis un puissant exportateur de gaz, et il a besoin de clients. L’Europe et la Chine sont deux clients évidents, mais la Russie a maintenant surclassé Trump chez les deux.

La fin de cette expansion interminable et superficielle met les États-Unis face à la dette insoutenable provoquée par le boom de la fracturation hydraulique (gaz de schiste), alors que le service de cette dette fait monter en flèche la demande de dollars, entraînant une forte hausse des taux d’intérêt.

Le marché du schiste va se fracasser à nouveau.

Tout cela confirme pour moi que le sommet des Jardins, l’été dernier, entre Poutine et la chancelière allemande Angela Merkel a accouché d’une stratégie visant à battre Trump sur Nordstream 2 et à entamer la prochaine phase des relations entre la Russie et l’Allemagne.

L’image est importante, et cette celle-ci capture bien ce que les deux parties ont voulu transmettre. Cette réunion marque le début d’un changement positif des relations entre l’Allemagne et la Russie.

La question est pourquoi ?

La réponse évidente est la nécessité résultant de la pression exercée sur les deux pays par Donald Trump, par le biais des sanctions et des droits de douane, ainsi que de leurs intérêts communs représentés par le gazoduc Nordstream 2.

Et tout ce que cela implique.

Tom Luongo Traduit par jj, relu par Cat pour le Saker Francophone

Mondialisation et prolifération de l'hostilité...

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Mondialisation et prolifération de l'hostilité...
par François-Bernard Huyghe
Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de François-Bernard Huyghe, cueilli sur son site Huyghe.fr et consacré aux changements de forme de la guerre provoqués par la mondialisation. Spécialiste de la stratégie et de la guerre de l'information, François-Bernard Huyghe enseigne à la Sorbonne et est l'auteur de nombreux essais sur le sujet, dont, récemment, La désinformation - Les armes du faux (Armand Colin, 2015) et Fake news - La grande peur (VA Press, 2018). Avec Xavier Desmaison et Damien Liccia, François-Bernard Huyghe vient de publier Dans la tête des Gilets jaunes (VA Press, 2019).

Pas d'idée de paix sans définition de la guerre

Comment sait-on que l'on est en guerre ? Il y a quelques années, la question aurait été absurde. La guerre était l’affaire des États (ou de groupes armés qui voulaient s’emparer de l’État, donc du monopole de la violence légitime, et il était alors convenu de parler de «guerre civile»).

- La guerre entraînait certains actes de langage : on la proclamait pour mobiliser son camp, au moins moralement, on la déclarait à l’autre, on l’exaltait par des discours, on la concluait par un écrit, tel un traité, on l’inscrivait dans les livres d’histoire ou sur des monuments. Le but était d’imposer le silence : silence des armes, silence du vaincu qui renoncerait à s’adresser à la postérité et à énoncer sa prétention politique

- L’état de guerre – une période avec un début et une fin- supposait des codes spécifiques : elle était ou bien juste ou bien injuste au regard du droit des gens ; des professionnels, les militaires (et eux seuls), avaient en fonction des circonstances le droit de tuer ou pas Chacun savait s’il était combattant (éventuellement « sans uniforme ») ou civil. La distinction ennemi privé / ennemi public était indépassable (extros contre polemos en grec, hostis contre innimicus en latin, etc..)

numerique.jpg- La guerre se déroulait en un lieu connu : front, champs de bataille, zones occupées ou libérées. Un coup d’œil sur la carte montrait quelles troupes progressaient et lesquelles se repliaient.

- La guerre s’accompagnait de destruction à commencer par un taux de mortalité anormal. : cette expérience du sacrifice revenait à chaque génération par cycles et apparaissait comme inhérente à la condition humaine. La belligérance, catégorie anthropologique fondamentale, stimulait les plus fortes passions de notre espèce.

- Les belligérants savaient qu’ils participaient à un conflit armé collectif ayant des fins politiques. Ils continuaient à s’infliger des dommages ou à occuper leur territoire respectif, jusqu’à la victoire ou au compromis (traité). Victoire ou compromis devaient modifier un rapport de souveraineté ou de pouvoir et s’inscrire dans l’Histoire. Le vaincu reconnaissait sa défaite ou disparaissait comme acteur (massacré, par exemple).


En termes de communication, de normes, de temps, d’espace, de forces, de conscience et de finalité, la distinction entre guerre et paix était aussi fondatrice qu’incontestable.
Tout ce que nous venons de rappeler correspond à une vision « classique » européenne ; celle de penseurs aussi divers que Clausewitz, Hegel, Weber, Schmitt, Freud, Caillois, Bouthoul, Aron, … et qui paraît aujourd’hui si désuète.

Les nouvelles violences

Sans même parler de la guerre froide dont la principale caractéristique fut de ne pas éclater à partir de la seconde moitié du XX° siècle, apparurent des formes de conflits inédites, certaines virtuelles ou fantasmées :

- Affrontements entre acteur étatique et combattants qui se considèrent comme armée de libération ou se réfèrent à une notion similaire. Reste à savoir à partir de quel degré d’organisation, permanence, visibilité (une « guerre clandestine » est-elle une vraie guerre ?), suivant quels critères politiques relatifs à la noblesse ou au sérieux de sa cause, un belligérant mène une vraie guerre de partisan. Sinon, il s’agit d’émeutes, d’incidents, de raids de groupes armés… relevant plus ou moins de la police et du maintien de l’ordre. Pour ne prendre qu’un exemple, dans les années 50, il n’y avait pas une guerre mais des « événements d’Algérie ». Quarante ans plus tard, l’État algérien se demandait s’il faisait la guerre aux maquis islamistes ou s’il s’agissait de maintien de l’ordre.

- La question devient cruciale soit lorsqu’il y a pluralité d’acteurs armés, comme la prolifération des milices au Liban dans les années 80, soit quand la distinction entre politique et criminalité devient presque indiscernable. En Amérique latine ou dans des le « triangle d’or » proche de la Birmanie, bien subtil qui sait distinguer une bande armée de trafiquants de drogue d’une guérilla.

- La distinction militaire/civil est remise en cause par la tendance à mobiliser des combattants sans uniforme, et la propension croissante des conflits à tuer bien davantage de civils que de militaires. Au moins d’un côté (voir le fantasme du « zéro mort »). Quand des milices massacrent des civils qui ne se défendent guère, comme au Darfour, faut-il continuer à parler de guerre ? Dans un tout autre genre : quand un membre d’une société militaire privée accomplit-il une mission de sécurité, est-il un assistant d’un « vrai » militaire et quand commence-t-il à « faire » la guerre ? Où passe la frontière entre terrorisme, guerre secrète, guerre du pauvre, guérilla ?

- Inversement, le système international - pour ne pas dire l’Occident – a inventé des interventions armées inédites des représailles sanctions jusqu’aux interventions humanitaires. Elles doivent séparer des protagonistes ou protéger des populations. Le discours des puissances intervenantes souligne qu’elles mènent une guerre « altruiste » censées ne leur apporter aucun avantage. Elles disent lutter contre des criminels ou ennemis du genre humain, contre des dirigeants et non des peuples qu’elles sont au contraire venues sauver. De là le droit d’ingérence qui autorise le recours à la force armée pour empêcher des violences inacceptables. Les opérations militaires, que nous nommerions « de contrôle », se multiplient, pour maintenir la violence armée des pauvres et des archaïques (conflits ethniques par exemple) à un degré supportable .

- Les situations intermédiaires -pas vraiment la paix, pas encore la guerre - se multiplient. Ainsi, en Afghanistan, la guerre contre les talibans est censée être finie, et pourtant les troupes de la coalition doivent utiliser des armes lourdes. Corollairement, des citoyens de pays industrialisés peuvent ignorer dans combien de conflits ou d’opérations de « maintien de la paix » sont engagés leurs troupes et ne pas ressentir l’état de belligérance. Pour reprendre le même cas, la perte de quelques soldats d’élite français en Afghanistan en 2007 a soulevé moins d’émotion que certains accidents de la route. Le sentiment de sécurité qu’éprouvaient la plupart des Européens (mais moins d’Américains depuis 2001), l’idée que la guerre est une vieillerie dont le droit, la démocratie et la prospérité nous ont délivrés, tout cela serait apparu proprement stupéfiant il y a quelques décennies.

Daesh.jpg- Les stratèges ne cessent d’imaginer des formes de conflit où les armes prendrait une forme inédite ; ils intègrent dans leurs panoplies des outils informationnels au sens large qui agissent plus sur les esprits que sur les corps. Qu’il s’agisse de priver l’adversaire de ses moyens de communiquer, de le désorganiser ou de le désinformer, de percer tous ses secrets, de le sidérer psychologiquement, de rendre la force plus intelligente et mieux ciblée…, les spécialistes de la Revolution in Military Affairs et des diverses cyberwar et autres information warfare, n’ont jamais manqué d’imagination. Parallèlement, les notions de guerre de quatrième génération, de faible intensité, guerre continue ou celle, chère aux stratèges chinois, de guerre sans limite, reflètent les formes inédites du conflit technologiques, psychologiques, économiques, et devient de moins en moins évident que la guerre se pratique avec ces outils reconnaissables que sont les armes.

- Parmi les catégories utilisées pour décrire les nouvelles formes de l’affrontement armé, celle de guerre asymétrique est particulièrement révélatrice. Elle porte sur les moyens employés (guerre du pauvre contre guerre du riche high tech et surarmé), sur la stratégie (attrition contre contrôle), mais elle porte aussi sur les objectifs. Pour le fort la règle est : annuler ou limiter l’action du faible. Pour le faible : durer, infliger une perte sur le terrain moral ou de l’opinion, démoraliser celui que l’on ne peut désarmer, lui rendre le prolongement du conflit insupportable. La guerre asymétrique repose plus sur l’utilisation de l’information que sur celle de la puissance et partant contredit toutes les conceptions classiques. Elle postule que la victoire stratégique n’est pas une addition de victoires tactiques ; elle déplace la question de la légitimité de la guerre (donc de la croyance qui la soutient) non pas en amont de la guerre mais comme son objectif même.

Ces tensions et contradictions trouvent leur point culminant le jour où les États-Unis proclamèrent une « Guerre globale au terrorisme ». Elle appelle la notion complémentaire de « guerre préemptive » autorisant une intervention armée à l’étranger contre des groupes terroristes ou contre des tyrans susceptibles de les aider et/ou de posséder des armes de destruction massive.

Guerre des absolus

La plus grande puissance de tous les temps ( qui, a priori devrait avoir le moins à craindre) considère que l’état de guerre existe est susceptible de durer plus d’une génération. Et ce jusqu’à la disparition de tout acteur hostile (État Voyou, groupe terroriste), de toute intention hostile (le terrorisme, ceux qui haïssent la liberté, l’extrémisme violent, pour reprendre diverses formulation des dirigeants américains) et de tout instrument hostile (les Armes de Destruction Massive). Il est tentant d’en déduire qu’il s’agit d’une guerre perpétuelle pour une paix perpétuelle. On n’y nomme ni son adversaire, ni sa limite, ni les conditions de sa victoire. Faire du monde « un lieu plus sûr pour la démocratie » est un programme politique pour Sisyphe. Six ans de Guerre Globale au Terrorisme semblent indiquer que, loin d’éliminer les régimes hostiles, les groupes armés (y compris avec l’arme de l’attentat suicide) et les ADM (en Iran ou en Corée), elle semble les encourager.

Symétriquement, la guerre comme jihad défensif voire offensif (Daech voulait rien moins qu’étendre le califat à la planète) telle que la prônent les groupes islamistes n’est pas moins surprenante : elle est licite aux yeux de ses acteurs (elle est commandée par Dieu et constitue une obligation). Non seulement elle ne connaît pas de limites dans son extension territoriale ni dans le choix de ses victimes (pratiquement n’importe qui sauf un jihadiste est « éligible »). Il n’est pas certain qu’elle vise à une victoire (sauf à supposer la conversion de l’humanité entière à la variante salafiste du sunnisme). Au contraire,le jihad trouve sa propre justification non dans la réalisation de fins politiques, mais en lui-même, comme occasion de sanctification par le martyre ou comme compensation mimétique (ben Laden parle même de « talion ») des souffrances et humiliations subies par l’Oumma.

Et dans les deux cas, la dimension symbolique du conflit prédomine. D’un côté montrer la résolution des États Unis et démentir qu’ils soient un « tigre en papier ». De l’autre, infliger une humiliation à l’Occident orgueilleux et idolâtre. Et, si l’on remonte plus haut, ce sont deux guerres de conversion : il s’agit de faire disparaître une croyance qui offense le droit universel dans le premier cas (la haine de la liberté des terroristes), qui contredit loi divine dans le second (la haine de Dieu des juifs, des croisés et des apostats).

Chacun est libre de penser que « guerre » n’est qu’une catégorie juridico-philosophique particulièrement héritée de la pensée classique voire une très longue parenthèse historique (pour certains commençant au néolithique) et dont ni l’universalité, ni la perpétuité ne sont démontrées. Ou peut aussi la considérer comme degré dans les violences que les hommes s’infligent sans trop se soucier des catégories.

Notre propos n’est pas une quelconque forme de nostalgie envers les bonnes guerres d’autrefois qui se faisait au moins dans l’ordre et la discipline et que nous n’avons pas connues. Simplement il faudra apprendre à vivre avec ce paradoxe : mondialisation et affaiblissement du principe de souveraineté politique, autrefois considéré comme belligène, n’impliquent pas la fin de l’hostilité mais sa prolifération et sa privatisation.

François-Bernard Huyghe (Huyghe.fr, 22 mars 2019)

Bernard-Henri Lévy Is The Comic Romance Of Liberal Technocracy

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Bernard-Henri Lévy Is The Comic Romance Of Liberal Technocracy

Ben Sixsmith

Ex: https://palladiummag.com

Mauro Rico/Buenos Aires.

“The idea of Europe is in peril,” claims a group of leading intellectuals led by Bernard-Henri Lévy. Malevolent populists have seized control by appealing to ideas of a “national soul” and “lost identity.”

“Never mind that abstractions such as “soul” and “identity” often exist only in the imagination of demagogues,” the authors write. Are we to conclude that the “idea of Europe” is not an abstraction and is shared, in a coherent form, across the continent?

From the letter, one would think that European institutions were innocent victims of a hostile takeover. There are vague references to mistakes and lapses, but there is no mention of the Eurozone crisis, the migration crisis, or the sclerotic behavior of the European Union. There is rhapsodizing about the intellectuals’ “faith…in the great idea that we inherited,” but no sense that the idea might have enabled hubris and recklessness.

What the idea even is remains mysterious. One presumes that it is Enlightenment liberalism promoted through the European Union, but its substance is vague. There is a reference to “the legacy of Erasmus, Dante, Goethe and Comenius.” But how, for example, the Catholic Dante and the anti-Catholic Comenius can be synthesized is unexplored. All that is left are exhortations about the need to “rediscover the spirit of activism,” without any sign of who these activists will be and what their campaigns will demand and deliver.

The letter has sunk beneath the pages of The Guardian​​. After years of hopping round the world, from cause to cause, Bernard-Henri Lévy has returned home to find himself a ​vieux philosophe​ without an audience.

***

In a speech in Bangladesh, Lévy spoke of hearing, in his youth, “the ardent, raspy voice of an old writer speaking to the young people of France about a country not yet born but already dying.” The country was Bangladesh; the writer was André Malraux. “As in Spain in 1936,“ Lévy went on, “the voice was urging the formation of International Brigades.” “A handful of us answered that call,” Lévy mused. “In me that call has abided all my life, resurfacing in every commitment I have made since then.”

bhl_caricature6.jpgCalling Lévy a philosopher is like calling David Icke a sports personality. It might have been true once, but that was another life for the aging provocateur. BHL, as he is known, has spent the last few decades gallivanting around the globe in search of causes. He began his career in Bangladesh, covering the Liberation War, and after a few years of intellectualizing in France, he bounded his way between Bosnia, Pakistan, Darfur, Georgia, Libya, Syria, and Kurdistan, demanding, more often than not, international intervention to end some conflict or unseat some dictator.

One can trace BHL’s intellectual lineage through Malraux to T.E. Lawrence. “Lawrence of Arabia,” despite his Francophobic reputation, was, in Denis Roak’s words in “Malraux and T.E. Lawrence,” an “exemplary figure” for Malraux, who provided not only “the model of the man of action” but the model of the self-mythologizer.

Lawrence was an intellectual, with a First Class history degree from Oxford, a passion for translating French literature, and an able grasp of seven languages. His insights into Arab politics were keen, such as when he predicted that if the Wahhabist sect prevailed it would lead to “fanaticism…intensified and swollen by success.” He was a brave, capable soldier, who was more at home in the midst of the Arab Revolt than in peacetime London. He was also a failure, at least on his own terms, who promised his Arab comrades independence if they fought beside him in the First World War and had his fond hopes for them demolished when he was informed of the Sykes-Picot Agreement. Staying silent, lest he compromise the war effort, he grew so depressed he contemplated suicide. “We are calling them to fight for us on a lie,” he said in 1917, “and I can’t stand it.”

Lawrence’s life was full of courage and struggle. But he was nonetheless fond of embellishments. In ​Seven Pillars of Life​, for example, he fictionalized a story about crossing the Sinai Peninsula without sleep. André Malraux was a far more energetic fabulist. In​ The Halls of Uselessness​, Pierre Ryckmans pointed out that while Malraux had all but “pretended to the French public that he had been a people’s commissar in the Chinese revolution,” he had in fact been little more than “a mere tourist in transit.” His work on the Spanish Civil War, meanwhile, has the “hollow ring of café eloquence” compared to Orwell’s unsentimental writings.

Malraux’s admiration for Nietzsche preceded his admiration for Lawrence. Both the German and the Frenchman, Ronald Batchelor wrote,​ ​held​ ​that “the only redemptive act for the individual lies in the projection of self upon the world, so that it will be shaped in his own likeness.” Nietzsche had done so from his home, but Lawrence’s influence drove Malraux abroad. He went to Cambodia, where he was arrested by colonial authorities for trying to remove artifacts from a temple.

Malraux’s experiences turned him against colonialism and towards communism. In France, he built his reputation on a series of novels that drew on his Indochinese experiences, but he still scratched his itch for ​engagement​. An unsystematic thinker, his attitude was summed up in the words with which he described a character in his novel ​The Conquerors​:

Systems were nothing to him. He was ready to adopt any that circumstances might impose on him. It was an atmosphere more than anything else, and the hopes that a general upheaval held out, that attracted him…

lentarté1.jpgIn the Spanish Civil War, he led a quixotic air campaign on behalf of the Republicans. Unlike Orwell, he sided with the Soviet-backed communists. Somehow, he had convinced himself that the Soviet Union represented the breeding grounds for individual talent. “The enormous strength of the Soviet force,” he said, according to his biographer Olivier Todd, “is that it is the type of civilization from which Shakespeares emerge.”

After the war, in which he belatedly joined the French resistance, he became an apostate from communism and gravitated towards De Gaulle. The General made him the Minister of Culture. “Malraux encouraged de Gaulle to think that he was penning the national epic; de Gaulle encouraged Malraux to believe that he was an actor on the world stage,” Stefan Collini wrote. Still hungry for action, Malraux interviewed Chairman Mao a year before the Cultural Revolution was unleashed. Despite clear signals of the dictator’s intentions, Malraux remained blissfully unaware of the scale of his radicalism.

Bangladesh was Malraux’s last act of ​engagement​ and Lévy’s first. For all that he has earned his reputation for attention-seeking, this was a rather brave act of solidarity. When the young philosopher returned to France, however, he sought the limelight. Like Andre Glucksmann and Alain Finkelkraut, Lévy was welcomed as a “new philosopher,” with his passionate defense of liberalism against leftist power worship. There was nothing very new about French anti-communism, but the ​nouveaux philosophes ​garnered significant attention, not least because of how much they annoyed French leftists.

With his Byronic appearance and urgent style, Lévy became especially famous. French leftist historian Pierre Vidal-Naquet complained that Lévy was “sculpting, with the help of the media, his own statue.” His next book,​ The French Ideology​, was a dark account of French history that saw Pétainism behind every cupboard and in every corner. Raymond Aron, the grandfather of French anti-totalitarians, was unimpressed. “An author who readily employs infamous or obscene adjectives to describe men and ideas,” he began, “invites a critic to reciprocate.” He accused the young philosopher of exaggerating the fascistic trends in French culture, and of encouraging paranoia among French Jews. “What does this book say to them?” he asked:

That the peril is everywhere, that the French ideology condemns them to a fight of every moment against an enemy installed in the unconscious of millions of their fellow citizens.

Antisemitism did return to French in earnest—from the comedian Dieudonné M’bala M’bala, to the guns of jihadists who have massacred Jews in Toulouse, Montauban, and Porte de Vincennes. But this trend has not had much to do with French ideology.

France could not contain Lévy for long. During the Bosnian War, Lévy traveled to Sarajevo, and wrote and filmed to attract international attention to the Bosnians’ plight. For Lévy, the conflict represented not just a war of aggression against the Bosnians, but a campaign of genocidal terror on the part of the Serbs, inflicted on a nation that epitomized moderate, liberal Islam and harmonious multiculturalism. His efforts, though arguably valuable in promoting peace, established his grandiose Manicheanism and his talent for romanticizing his role in events. As Stephen Chan wrote in “Regarding the pain of Susan Sontag,” some doubted that Lévy was quite as immersed in the action as it appeared:

When Bernard-Henri Levy flew in for one of his visits of solidarity, fleeting but photographed, and feigned the need for taking cover, as if bullets had been aimed at home—while just out of camera-shot UN troops were casually smoking cigarettes—this was a traducing of solidarity.

Lévy’s Malrauxian tendencies emerged more than a decade later when he traveled to Georgia during the Georgian-Ossetian conflict. “It is not too difficult to spot [him],” said a fellow guest at the hotel he stayed in. “[He is] lounging around in the foyer puffing out clouds of smoke and gesticulating meaningfully.” Some raised questions about the veracity of the reports Lévy filed from Georgia. He wrote of seeing the city of Gori “burned” and “pillaged,” despite the​ ​fact​ ​that it still stood and he had never even been there.

bhlsyrie.jpgOn Lévy went. Buoyed by the Arab Spring, he campaigned for intervention in Libya, which, after the fall of Gaddafi’s regime, became a home for warlords and jihadis and a conduit for migrants traveling to Europe. Undeterred, Lévy took up the cause of the Kurds, whose fight for independence he praises not just on its own terms but as signifying the promise of a liberal Islam. Much of Lévy’s new book, ​The Empire and the Five Kings​, is devoted to championing the cause of the embattled Kurds.

Lévy is easy to mock, with his flowing hair, his unbuttoned shirt, his numerous wives, and his airy pronouncements. He is easy to dismiss as a narcissist, and as a fabricator. All of this is true. Yet there is a certain seriousness to him, as well.

First, he is not without self-awareness. Reflecting, once, on philosophy and commitment, he identified temptations in the public intellectual: the temptation to see conflict as “a big theatre in order to deploy or unravel literature, concepts, ideas and so on” and the temptation to see it as “a sort of aesthetic show.”

“If I am sincere with myself,” Lévy wrote, “I probably have a little of each of these attitudes in myself.” He has more than a little, but at least he knows it. Second, he is not without some loyalty to his causes. As well as the Kurds, he still takes a keen interest in the affairs of the Bosnians and the Bangladeshis.

Lévy is a liberal vitalist. He is not the kind of utopian who believes that liberalism can prevail across the world. Rather, he locates a certain ​élan vital ​in the struggle for human rights: an energizing force of quasi-spiritual significance. Like the young Malraux, his status as an intellectual depends less on ideas than on ​engagement​, on being at the center of the hopes that any general upheaval might hold out.

Lévy’s vital and romantic image is key to his prominence and acceptance. “Great Man” figures are generally held in deep suspicion by liberal democratic institutions. Right-wing populist candidates like Donald Trump, Marine Le Pen, or Jair Bolsonaro are seen as demagogic, militaristic, and authoritarian. Left-wing outsiders such as Hugo Chavez, Jeremy Corbyn, Bernie Sanders, or Lula da Silva, have their own critics. They rely on charisma, legends, and personal loyalty to win, and they don’t share the interests of the institutions they take over. When individual leaders have been valued by political and media elites, from John F. Kennedy to Barack Obama, it has not been as bold orators and decision-makers, but as smooth, articulate conveyors of information.

This follows from liberalism’s stance towards the individual. Rule of law, checks and balances, and constitutions are all established precisely to limit the role of any given individual over political life. In liberalism, the natural mode of engagement is to create value on the margin, from behind the curtain, and as an atom in mass movements, rather than carrying out large, daring plans as a public individual.

This can be a strength, to an extent. If political life is not about agentic and visionary individuals, then political life is not left in turmoil by individual failings, or by the vacuum left by a hyper-competent visionary founder. But it also becomes a stifling limit. When personal advancement depends on operating on the margin, talented individuals don’t have the freedom to experiment. High-risk, high-reward advances usually depend on ​facilitating​ that risk-taking. This bureaucratic mode then bakes in roughly the current system, as systemic change requires coordinated multi-step plans, which can only be the domain of individual judgement.

More broadly, the human desire for narrative and meaning is generally not satisfied with managerial technocracy. Cults of personality work because they take abstract ideals and embody them in a living, breathing, and acting human being. Instead of dreary policy proposals and philosophical criticisms, it generates an adventure shared in by the whole society and a sense of destiny. When an established political structure offers no fulfillment for this need, then rivals and outsiders will naturally take up the banner. The current populist wave owes at least as much to the ​death of mythos​ in neoliberal technocracy as to economic and social clashes.

When liberalism was a revolutionary creed, it was itself able to tap into these narratives. From American independence, to the French Revolution and the Italian Risorgimento, the slogans of liberation and dashing figures like Washington and Garibaldi were integral to the liberal mythos. Indeed, they remain so. But with liberalism having long-since established itself as an institutional order with global hegemony, their modern equivalents would represent a dire threat to the stability of that order—particularly to the all-too-human individuals who staff its institutions.

bhl_chez-picouly_bd.jpgLawrence and Malraux’s names have outlived those of the political elites that they served, despite having little or no influence on their decisions. Similarly, Lévy’s name will outlive those of the sad parade of politicians on whose service he has often called, but his actual values are those of the liberal establishment, and neither is he any threat to institutional interests. His work is as a private individual with a media platform. He cannot order troops, cut budgets, pass programs, or press charges against corruption. A cult of personality restrained to magazine columns, interviews, documentaries, and petitions is an ideal one for liberal politics. He drums up interest in peripheral conflicts without challenging the broad interests of finance and of statecraft.

Christopher Hitchens was another case. What a man of action he was, charging around the Middle East in opposition to theocrats and dictators as energetically as he charged around the Deep South debating God. What a character. What a contrarian. Yet no one can sensibly claim he challenged the establishment when his death was greeted with as much mourning from presidents and prime ministers as that of George H.W. Bush. Sure, he sniped from the sidelines, but no royal court is complete without a jester to voice the criticisms which might otherwise boil into plots. But the jester makes no decisions, bears no responsibility, and holds no power.

The romance of Lévy’s exaggerated war-hopping exploits has helped to lend a certain cinematic quality to liberal managerialism. He served as, in the words of Herman Lebovics describing Malraux, a “dashing model of the fighter-thinker” for desk-bound technocrats. He has lent his undeniable charisma and overblown imprimatur to a paradigm that depends, for the most part, on spiritually arid processes of global finance, technology, and diplomacy. The “man of action” has less of a place in a world where the man is being outstripped by the machine, and the institution has supplanted the individual.

Ben Sixsmith is an English writer living in Poland. He is the author of Kings and Comedians: A Brief History of British-Polish Affairs.

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vendredi, 29 mars 2019

The Rise of Unfreedom in the West

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The Rise of Unfreedom in the West

Our tradition of free debate, the sine qua non of democratic life, is increasingly under attack in academia, the media, and politics.

 
Andrew A. Michta is the dean of the College of International and Security Studies at the George C. Marshall European Center for Security Studies. Views expressed here are his own.

Europe: la Chine attaque l'Amérique!

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Europe: la Chine attaque l'Amérique!

 
 

Parallèlement à la Russie qui accueille en ce moment même le président libanais, quitte à inquiéter très sérieusement Américains et Israéliens qui ont peur de voir de riches réserves gazières quitter la côte israélienne de la Méditerranée pour se diriger vers la côte libanaise, la Chine a lancé cette semaine une terrifiante offensive contre les États-Unis en plein cœur de l’Europe « américanisée ».

Cette Europe qui s’accroche toujours au modèle américain, à l’OTAN ne voyant plus que le géant aux pieds d’argile qu’est l’Amérique, s’effondre comme un château de cartes.

En Italie, le président Xi Jinping a réussi un coup de maître. Faisant miroiter d’énormes intérêts que l’Italie, parent pauvre de l’Europe de l’Ouest a à gagner, il a mis la main sur les ports et les aéroports italiens et a fini par convaincre les Italiens d’adhérer à la route de la soie. Ce concept qui terrorise les Américains, ne devait pas trop plaire à Emmanuel Macron, représentant pur et dur de l’atlantisme moribond. Et pourtant, arrivé à Nice, en fin stratège militaire qu’il est, Jinping a su trouver les mots et les « sommes » pour séduire Jupiter qu’accompagnait l’Allemande Merkel et l’européiste, Junker.

Bien que la Macronie ait apposé une fin de non-recevoir catégorique au méga-projet « l’Initiative route et ceinture (BRI) », son président avait convié à Paris la chancelière allemande, Angela Merkel, et le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, rien que pour avoir un sommet tripartite avec Xi. Cette rencontre a réuni les trois plus puissants personnages de l’Union Européenne face au numéro un chinois.

Des sources proches des pourparlers, citées par Sputnik, affirment que la partie chinoise a tenté de dissuader l’Europe de recourir à des sanctions et que la dynamique sanctionnelle déclenchée par Washington vise avant tout les intérêts européens. Le président chinois a aussi encouragé la France à emboîter le pas à l’Italie dans le cadre de la BRI. Et cet encouragement est passé par d’alléchants contrats auxquels même la Macronie n’a pas pu dire non.

«La Chine et la France ont signé un contrat de 30 milliards d’euros pour la livraison à Pékin de 300 avions Airbus. C’est sans doute le résultat le plus tangible de la visite de Xi Jinping à Paris. Il témoigne de la confiance de la Chine envers Airbus, ce qui est particulièrement important sur fond de problèmes avec les appareils de Boeing et alors que les États-Unis multiplient leurs offensives contre l’industrie aéronautique française en imposant aux pays européens leurs F-14, leurs F-16 ou encore leurs F-35 …

 » Qu’a-t-elle la France à s’obstiner à refuser la perspective particulièrement prometteuse que lui offre la BRI ? La semaine dernière, le président US a porté un nouveau coup dur à l’OTAN en ouvrant grand ses portes au Brésil, un pays qui ne fait pas partie de l’axe transatlantique. La décision a été prise sans consultation avec les membres de l’Alliance dont la France qui s’est toutefois soumise aux exigences militaires des États-Unis. Dans presque tous les dossiers militairo-sécuritaires, de la Syrie au Yémen en passant par l’Irak voire l’Iran, la France de Macron s’est totalement alignée sur Washington pour n’avoir in fine que le mépris et l’irrespect de l’administration US, se demande Hanif Ghafari, interrogé par Press TV.

« Une chose est néanmoins sûre : le départ du Brésil de BRICS se fera rudement ressentir par les puissances qui en font partie. La Chine prépare sa revanche : elle vise le cœur même de l’alliance atlantiste et anticipe la perspective d’un BRICS sans le Brésil. Pékin travaille à remplacer l’Union Européenne par une Union eurasiatique et la France finira, elle aussi par comprendre que ses intérêts résident en Asie et non pas à l’autre côté de l’Atlantique ».


- Source : Pars Today (Iran)

jeudi, 28 mars 2019

Le populisme ou la véritable démocratie

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Le populisme ou la véritable démocratie

Entretien avec Bernard Plouvier, auteur de Le populisme ou la véritable démocratie (éditions Les Bouquins de Synthèse nationale)
Ex: https://www.lesobservateurs.ch
« Finalement, le populisme, ce serait la réaction saine
d’un peuple qui souffre, qui est écœuré de ses soi-disant élites
et qui aspire à une vie plus digne,
faite de travail et d’honnêteté
dans la gestion des affaires publiques,
permettant d’espérer un avenir meilleur
pour les enfants et les petits-enfants… »
Dans ce livre, vous présentez ce que les bien-pensants et bien-disants interpréteraient comme un non-sens : l’assimilation du populisme à la démocratie. Est-ce une provocation à but commercial ou l’expression d’une intime conviction ?
Vous m’avez mal lu : je n’ai pas écrit du populisme qu’il était une forme de démocratie. Je prétends qu’il s’agit de la SEULE véritable démocratie, soit le gouvernement POUR le peuple. Le but de tout gouvernement est d’administrer au mieux le Bien commun, que, durant l’Antiquité gréco-romaine – qui est notre racine fondamentale, avec celles moins bien connues des civilisations celto-germano-scandinaves –, l’on nommait la Chose publique.
livreplouvier.jpgPourtant les démocraties grecques antiques n’ont pas été des régimes populistes.
Effectivement, ce que nos brillants universitaires (les historiens allemands sont généralement moins naïfs) nomment la « Démocratie athénienne » n’était qu’une ploutocratie. Pour faire simple, une ploutocratie est un gouvernement de riches qui n’agissent que pour donner à leur caste – héréditaire ou matrimoniale – et à leur classe – liée à la surface sociale – les moyens d’assurer la pérennité de leur domination.
Certes, un peu partout en Grèce, à partir du VIe siècle avant notre ère, on a introduit la notion d’égalité devant la Loi (ou Isonomia), mais cela ne touchait que les seuls citoyens, nullement les étrangers et moins encore les esclaves qui n’étaient que des biens mobiliers, assimilés aux choses. En outre, les citoyens pauvres n’avaient que le droit d’élire des riches pour administrer l’État. Soyons honnêtes, cela n’a guère changé en vingt-cinq siècles, en dépit du suffrage universel, détourné de sa finalité par d’énormes sommes d’argent dépensées avant chaque élection à des fins de propagande.
Or très rapidement, les peuples se sont révoltés. D’authentiques populistes ont dominé de nombreuses cités grecques antiques, puis Rome. Ces « tyrans » ont tous été élus, acclamés par le peuple, mais agonis par la classe des lettrés, issus de la caste nobiliaire. La mauvaise réputation du populisme est une affaire de règlement de comptes entre les riches et les chefs des pauvres.
Car, après une expérience populiste exaltante, les ploutocrates reviennent toujours et partout au Pouvoir, les pauvres étant trop souvent victimes de leur irréflexion et les gens des médias – de l’aède antique au présentateur d’actualités télévisées – sont fort vénaux et d’autant plus payés qu’ils sont plus efficaces dans la démagogie, soit l’art du pipeau… nous vivons, en France macronienne, une période de démagogie médiatique particulièrement efficace, où un agent des super-riches tente de persuader la classe moyenne qu’elle doit mépriser les pauvres.
Ce livre est donc une promenade historique, une visite guidée dans le Musée du populisme. Cela signifie-t-il qu’il existe des causes et des effets récurrents dans l’histoire humaine qui mènent au populisme ?
Bien évidemment et cela revient à dire qu’il existe des critères qui permettent à l’observateur de différentier un véritable populiste – être rare – d’un banal démagogue. Il faut être très critique à l’égard de ce qu’affirment les journalistes et les « politologues », cette curiosité contemporaine, lorsqu’ils balancent, un peu au hasard, l’appellation de populiste, qui est souvent, pour ces ignorants et ces malveillants, une accusation, alors que de nombreux exemples prouvent le bénéfice que certaines Nations ont retiré des gouvernements populistes. Et l’étude des échecs du populisme est également instructive.
Un chapitre entier du livre est consacré aux valeurs populistes et un autre aux critères, universels et diachroniques, d’un gouvernement authentiquement populiste. Et l’on étudie les différences qui existent entre le régime populiste et le despotisme éclairé.
Comment survient ce type de régime ?
Comme toujours en histoire, il faut, pour observer un phénomène hors du commun, la communion d’un chef charismatique et d’un groupe de compagnons résolus, unis par le même idéal… mais, hélas, pas toujours par des idées communes. Trop de théoriciens tuent un mouvement d’essence populiste avant qu’il puisse prétendre au Pouvoir. C’est ce que l’on a vu en France, en Belgique ou en Espagne durant l’entre-deux-guerres.
Ma question était mal posée : pourquoi un mouvement populiste réussit-il une percée ?
Ce type de mouvement résulte toujours d’un mal-être profond de la Nation, dans ses couches laborieuses et honnêtes. C’est ce qui suffit à différencier le populisme des partis marxistes, dirigés par de très ambitieux intellectuels déclassés et composés de sous-doués hargneux, envieux, très ambitieux et fort peu motivés par le travail effectif.
Dès qu’une ploutocratie cesse de proposer au peuple une ambition pour la génération active ou, de façon plus grave encore, une promesse d’avenir pour les descendants, elle devient insupportable. La situation devient intolérable, explosive, lorsque la Nation – soit la fraction autochtone du peuple – est menacée dans sa survie.
L’insurrection devient alors légitime, à moins qu’un mouvement, prenant en compte les besoins et les aspirations du peuple – singulièrement ces valeurs qui font l’identité d’une Nation –, rassemble une majorité électorale qui lui permette de parvenir démocratiquement au Pouvoir, ce qui évite l’insurrection, ses crimes et ses destructions.
Là encore, on mesure bien la différence entre le populisme et l’ignominie marxiste, où la Révolution est considérée comme le bien suprême, alors qu’elle est simplement nécessaire aux chefs et aux petits chefs pour se saisir des sinécures procurées par l’exercice du pouvoir.
Finalement, le populisme, ce serait la réaction saine d’un peuple qui souffre, qui est écœuré de ses soi-disant élites et qui aspire à une vie plus digne, faite de travail et d’honnêteté dans la gestion des affaires publiques, permettant d’espérer un avenir meilleur pour les enfants et les petits-enfants ?
Vous avez tout compris.
Le populisme ou la véritable démocratie, de Bernard Plouvier, éditions Les Bouquins de Synthèse nationale, 278 pages, 22 euros. Pour commander ce livre, cliquez ici.
Le populisme ou la véritable démocratie de Bernard Plouvier (Éd. Synthèse, 278 pages, 22 €)