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mardi, 29 novembre 2011

Leben in der Stauferzeit

Leben in der Stauferzeit

00:05 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire, allemagne, moyen âge, staufer, empereurs, saint empire | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

lundi, 28 novembre 2011

Koltchack le héros blanc de Sibérie

Koltchack le héros blanc de Sibérie

par Jean Bourdier

Ex: http://anti-mythes.blogspot.com

 

kolchak.jpgCertaines familles semblent vouées dès l'abord - on pourrait presque dire « abonnées » - à des destins exceptionnels. Tel fut le cas de la famille Koltchak.

Les ancêtres de l'amiral Alexandre Vassilievitch Koltchak, commandant en chef des Armées blanches de Sibérie durant la guerre civile qui suivit la révolution rouge de 1917, étaient, en fait, bosniaques. L'un d'eux, pacha de l'Empire turc, fut fait prisonnier par les Russes en 1739, alors qu'il combattait en Moldavie, et décida de devenir Cosaque et de se fixer en Russie. Toute une lignée de militaires valeureux était ainsi inaugurée.

C'est au cours de la guerre de Crimée que Vassili Koltchak, père de l'amiral et lui-même brillant officier du génie, connut une aventure hors du commun. Comme, après la prise du fort de Malakoff, des soldats français s'employaient à dégager un monceau de cadavres russes, ils s'aperçurent que l'un des « morts » respirait encore.

Vassili Koltchak se rétablit et termina sa carrière comme général, après avoir écrit un livre à succès « en captivité », sur son expérience de prisonnier de guerre.

Son fils Alexandre, né en 1872, a choisi, quant à lui, la marine et, d'emblée, sa carrière s'annonce fort brillante à plus d'un égard. Il s'est spécialisé dans les rercherches hydrographiques et océanographiques, sujets sur lesquels il publia des articles qui commencent à faire autorité.

En 1899, à l'âge de vingt-sept ans, il accompagne dans l'Arctique un célèbre explorateur polaire, le baron Toll. Il revient au bout de deux ans, Mais, en 1903, repart à la recherche du baron dont on est sans nouvelles.

Un mariage mouvementé

Cette fois, deux événements vont marquer son retour, en 1904 : le déclenchement de la guerre russo-japonaise et un mariage qui va se dérouler dans d'assez étranges conditions. S'étant rendu compte qu'il n'aurait pas le temps matériel de se rendre à Saint-Pétersbourg, où habite sa fiancée, avant de rejoindre son poste à Port-Arthur, le lieutenant de vaisseau Koltchak télégraphie à son père de lui amener la jeune fille à Irkoutsk, en Sibérie orientale. Là, la cérémonie a lieu, et, le jour même, les jeunes époux regagnent l'un Saint-Pétersbourg et l'autre Port-Arthur.

Après une congestion pulmonaire qui l'immobilise quelque temps, Koltchak prend le commandement d'un mouilleur de mines et se distingue rapidement par sa compétence et sa bravoure. Blessé, il est fait prisonnier et détenu au Japon, avant de pouvoir regagner la Russie par le Canada.
En 1906, à trente-quatre ans, il se voit confier la responsabilité de l'organisation tactique au sein de la nouvelle Amirauté impériale. En 1910, il prendra le commandement du « Vladivostok », un brise-glace dont il a lui-même imposé la construction.

Le sabre à la mer

En 1911, il revient à l'état-major comme responsable du secteur-clé de la Baltique, poste où le trouvera la Première Guerre mondiale.

Il se distingue - en particulier par son utilisation des mines, - au point qu'il sera nommé contre-amiral dès 1915, à l'âge de quarante-trois ans, vice-amiral et commandant en chef de la flotte de la mer Noire en 1916.


Il occupe encore ce poste lorsque éclatent les troubles de 1917. Les marins mutinés envahissent la passerelle du navire amiral, cernent Koltchak et le somment de rendre le sabre d'honneur gagné durant la guerre russo-japonaise, qu'il porte à la ceinture. Calme, méprisant, le regard lointain, l'amiral détache le sabre de son ceinturon et le jette par-dessus bord.

- Ce qui est venu de la mer retourne à la mer, dit-il seulement.

Les mutins reculent, impressionnés. Néanmoins, l'amiral doit se mettre à la disposition du gouvernement provisoire de Kerenski, qui, se méfiant de cet officier par trop intransigeant, le charge, pour l'éloigner, d'une mission technique auprès du Secrétariat à la Marine des Etats-Unis.

Il reste plusieurs mois aux Etats-Unis, puis, au mois de novembre, le gouvernement Kerenski étant tombé, il décide de regagner la Russie en passant par le Japon. A Tokyo, il apprend l'ouverture par les Bolcheviks des pourparlers de Brest-Litovsk en fin d'un armistice avec les Allemands. Il n'est pas question pour lui de servir un gouvernement qui déserte ses alliés en pleine guerre.

Il va donc trouver l'ambassadeur de Grande-Bretagne à Tokyo, sir Conyngham Greene, et lui propose, conformément à son devoir d'officier russe, d'aller combattre « si possible sur le front occidental, dans les troupes terrestres et, si nécessaire, comme simple soldat. »

De Kharbine à Orusk

L'ambassadeur britannique considère, à juste titre, que l'emploi d'un personnage de cette qualité à un rang obscur serait un incroyable gaspillage. Il télégraphie en ce sens à Londres, et, en janvier 1918, Koltchak est invité à rejoindre en Mésopotamie la mission militaire spéciale commandée par l'étonnant général Dunsterville - celui-là même qui servit de modèle à Kipling dans « Stalky and Co ».

Mais, faisant escale à Singapour, l'amiral y reçoit un message des Britanniques lui demandant de se mettre en rapport de toute urgence avec le prince Koudatchev, ambassadeur de Russie à Pékin, afin de se joindre aux dirigeants du Chemin de Fer de l'Est chinois, en Mandchourie. Il accepte avec beaucoup de réticence, pensant qu'on veut le mettre ainsi sur la touche en tant que combattant, mais se rend à Pékin pour être finalement expédié à Kharbine, au mois de mai, avec mission de réorganiser les troupes russes quelque 3.000 hommes - du Chemin de Fer.

Le climat d'intrigue, de chaos et de corruption qu'il trouve à Kharbine ne fait rien pour dissiper la méfiance initiale de l'amiral. Les Japonais, dirigés par le général Nakajima, le chef de leur mission militaire, contrôlent le territoire et tirent les ficelles. Koltchak ne l'admet pas, pas plus qu'il n'admet les prétentions du chef cosaque Semenov à se tailler un royaume personnel en Mandchourie.

Finalement, au mois de juillet, l'amiral se rend personnellement à Tokyo pour tirer la situation au clair avec le haut commandement japonais. Il n'obtient que des réponses dilatoires qui achèvent de l'exaspérer. Ce seront les Britanniques, une fois de plus, qui feront appel à lui. Afin qu'il se rende en Sibérie, où s'est installé un directoire politique pour le moins mélangé, et où une remise en ordre serait, de toute évidence, nécessaire. C'est le 13 octobre que l'amiral arrive par le Transsibérien à Omsk, où siège le gouvernement provisoire en question. On le nomme aussitôt ministre de la Guerre et de la Marine, mais il ne tarde pas à se rendre compte qu'un gigantesque coup de balai est nécessaire dans cet endroit où règnent en maîtres le marché noir et la gabegie, et où les troupes, mal encadrées et encore plus mal commandées, ont tendance à plier devant les offensives des Rouges.

Le dit coup de balai aura lieu dans la nuit du 17 au 18 novembre 1918.
En cette nuit, un détachement militaire, comprenant notamment de jeunes officiers, vient arrêter trois membres socialistes du directoire, dont le président Avksentiev, pour les conduire à la frontière. Le reste du directoire se réunit à l'aube et prononce sa propre dissolution, en demandant à Koltchak d'assumer le pouvoir suprême.

L'amiral met plusieurs heures à se laisser convaincre, mais accepte finalement en protestant de son absence totale d'esprit partisan dans le domaine politique.

« Je me fixe comme objectifs essentiels, proclame-t-il, la création d'une armée efficace, la victoire sur le bolchevisme et le rétablissement de l'ordre et de la légalité afin que le peuple puisse choisir librement et sans aucune entrave la forme de gouvernement répondant à ses vœux. »

Par moins 45 degrés

Le coup d'Etat est, dans l'ensemble, fort bien accueilli par la population, lasse de la corruption et de l'incapacité du défunt directoire. Il est également vu d'un œil très favorable par les Britanniques de la mission militaire du général Knox. Mais, du coup, il se heurte immédiatement à la méfiance et à l'hostilité du calamiteux général Janin, chef de la mission militaire française. Atteint du délire de la conspiration, cet officier général, dont la seule blessure de guerre répertoriée est une luxation de l'épaule gauche sur un quai de gare, veut à toutes forces voir « la main de la perfide Albion » derrière l'intervention de Koltchak, qu'il prend aussitôt en grippe. Il ne veut pas en démordre et son obstination maladive aboutira à livrer la Sibérie aux Rouges.

En revanche, l'accession au pouvoir de l'amiral rallie tous les suffrages du général Dénikine et de l'Armée blanche du sud de la Russie.

Dès le mois de décembre 1918, Koltchak fait reprendre l'offensive contre les Bolcheviques, avec d'appréciables succès. La jeune armée sibérienne, malgré les carences de son équipement, se bat avec brio, réussissant sur certains points du front de huit cents kilomètres sur lequel elle est engagée, à avancer de trente-cinq kilomètres par jour, par un froid de -45°. Des chefs militaires de haute valeur s'y révèlent, comme le jeune colonel Kappel, bientôt nommé général.

Mais l'amiral doit faire face à bien des problèmes. Le premier est celui de sa santé ; atteint d'une affection pulmonaire presque chronique, il est miné par la fièvre, sans, pour autant, ralentir son activité. De plus, à Omak, le désordre et le marché noir ont recommencé à sévir. Le 21 décembre, une tentative de soulèvement socialiste a été aisément jugulée par l'armée, mais les intrigues se poursuivent.

Le plus inquiétant de tout est l'attitude de la Légion tchèque, qui avait assuré, au début, une partie de l'effort militaire contre les Rouges. Cette légion avait toute une histoire. Elle avait été constituée à l'origine par Kerensky avec des Tchèques ayant servi, contraints et forcés, dans l'armée austro-hongroise et, faits prisonniers par les Russes, ayant accepté de reprendre les armes dans l'autre camp.

En mars 1918, les Bolcheviques avaient signé un accord les remettant à la disposition des Alliés. Ils devaient être acheminés avec leurs armes vers Vladivostok pour y être embarqués à destination du front occidental. Mais, en mai, alors que les trains les transportant se dirigeaient vers l'Oural, les Rouges avaient tenté de les désarmer, et de violents incidents avaient éclaté dans plusieurs gares, et notamment dans celle de Tcheliabinsk. Sur quoi, ayant mis les gardes rouges en déroute, les Tchèques avaient rejoint les forces antibolcheviques de Sibérie.

Mais ces soldats tchèques sont - à de remarquables exceptions près, comme le capitaine Rudolf Gaïda, devenu général russe à moins de trente ans - des « corps étrangers » dans les armées blanches. Beaucoup se réclament du gouvernement en exil social-démocrate fondé sous la protection des Alliés par Masaryk, qui considère Koltchak et les siens comme « réactionnaires ». Et, surtout, ils sont placés sous le commandement théorique du général Janin.

Lénine découragé

Dès le mois de décembre, ils doivent être relevés sur le front occidental et sont affectés à la garde du chemin de fer transsibérien entre Tcheliabinsk et le lac Baïkal.


Pourtant, au mois de mars 1919, l'offensive de l'armée sibérienne se poursuit avec un plein succès. Elle menace Kazan, et son objectif principal est bel et bien devenu Moscou. En avril, les troupes de Koltchak, qui progressent sur un front de trois cents kilomètres, sont à moins de six cents kilomètres de la capitale.

Le 14 mai, les Alliés adressent à l'amiral un télégramme où ils se déclarent prêts, contre certaines garanties politiques, à tenir le gouvernement d'Omsk comme représentant l'ensemble de la Russie, une assemblée constituante devant être convoquée« dès l'arrivée à Moscou ».

Koltchak répond favorablement, en faisant tenir un double de sa correspondance à Dénikine, qui, le 30 mai, dans un ordre du jour daté d'Eksterinoder, reconnaît spontanément l'autorité de l'amiral « comme le chef suprême du gouvernement russe et le commandant en chef de toutes les armées russes ».

Malgré les tergiversations des Alliés - et, en particulier, il faut bien le dire, des Français la partie semble presque gagnée pour les Blancs. D'autant qu'au Sud, les troupes de Dénikine ; passées, le 2 mars, à une offensive ayant connu, deux mois durant, un sort incertain, ont fini par s'imposer - à quarante-cinq mille contre cent cinquante mille Rouges - et avancent de telle manière qu'une jonction avec Koltchak est envisagée.

C'est au point qu'à Moscou, Lénine se laisse aller à une déclaration pieusement tue, maintenant, par les historiographes marxistes :
« C'est entendu, nous avons raté notre coup. Mais notre grande réussite peut se résumer par une comparaison capitale : à Paris, la Commune avait tenu quelques jours. En Russie, elle aura tenu quelques mois... »

Il est vrai qu'à la différence de son compère Trotski, toujours tenace, combatif et courageux, Lénine était facilement lâche devant l'événement comme il le montra aussi bien à Pétrograd en 1917 que lors de l'offensive du général Ioudénitch, commandant l'Armée blanche du nord-ouest, en octobre 1919. Mais sa réaction n'en demeure pas moins significative.

Malheureusement, la situation ne tarde pas à se dégrader sur le front tenu par les troupes sibériennes. A la fin du mois de mai 1919, alors que la victoire semblait en vue, la progression est stoppée. Puis on commence à reculer devant des forces bolcheviques considérablement renforcées et, surtout, mieux équipées et mieux ravitaillées.

L'Armée blanche de Sibérie a, en effet, des lignes de communication dangereusement étirées. Et si, depuis quelque temps, des navires alliés ont commencé à débarquer du matériel à Vladivostok, son acheminement jusqu'à la zone du front est extrêmement difficile, long et hasardeux.

En juin, l'armée sibérienne du centre doit se replier, et l'armée du nord, commandée par Gaïda, est contrainte de suivre le mouvement pour n'être pas prise à revers sur son flanc gauche. Durant tout l'été, la retraite se poursuit.

Face aux intrigues

A Omsk aussi, le temps se gâte. Les revers militaires n'ont fait qu'attiser les intrigues diverses, menées aussi bien par les politiciens locaux que par certains représentants des Alliés. Koltchak, de plus en plus miné par la maladie, continue néanmoins à se battre sur tous les fronts.

La corruption qui continue à régner parmi les fonctionnaires et même certains officiers indigne l'amiral.

Il mène une existence austère, sort peu, ne reçoit pas, n'assiste qu'aux dîners officiels et ne participe en rien à cette « dolce vita » fin de siècle qui fait tant de ravages parmi les cadres anciens et nouveaux du Gouvernement local.

Certes, il a une maîtresse, mais, bien qu'étant de notoriété publique, cette liaison unique, visiblement fondée sur des sentiments profonds, décourage les amateurs de scandales.

De plus, Anna Timireva, femme séparée d'un amiral, ancien subordonné de Koltchak, n'est pas de celles qui suscitent l'esclandre.

Le dernier convoi

Au mois d'octobre, l'offensive rouge est devenue carrément impossible à enrayer. Du côté sibérien, on ne compte plus guère que sur l'hiver pour ralentir la progression des Bolcheviques, mais l'hiver, précisément, tarde à venir cette année-là.

Le 10 novembre, les avantgardes rouges ne se trouvent plus qu'à une soixantaine de kilomètres d'Omsk, déjà abandonnée par les missions militaires alliées. Et le 14, la 27e Division rouge s'emparera de la capitale après quelques brèves escarmouches.

Le Gouvernement s'est embarqué quatre jours plus tôt en direction d'Irkoutsk. Koltchak, lui, attend le dernier moment et ne part que quelques heures avant l'entrée des troupes rouges dans les faubourgs d'Omsk.

Il a pris place avec Anna Timireva, son état-major, sa garde personnelle et quelques civils, à bord d'un extraordinaire convoi de sept trains, dont l'un, comportant, vingt-neuf fourgons clos, transporte la réserve d'or du Gouvernement russe, stockée en Sibérie. Il sera rejoint le 7 décembre, à la gare de Taïga, par le président du conseil, Victor Pepelaïev.

Ce dernier voyage de l'amiral va prendre rapidement les allures d'un véritable chemin de croix. Autour de lui, tout s'effrite et tout s'effondre. Les Tchèques, soutenus par l'éternel général Janin, sont passés de la neutralité hargneuse à un véritable sabotage.

Et, le 13 décembre, à la gare de Marinsk, ils n'hésitent pas à faire passer le convoi de Koltchak sur la voie annexe - où l'on n'avance qu'à vitesse réduite en raison de l'encombrement. Toutes les protestations envoyées par l'amiral, tant au général Janin qu'au général Syrovy, commandant les troupes tchèques, restent vaines. La trahison est en train de se consommer.

La situation est telle que, le 16 décembre, le jeune général Kappel, devenu commandant en chef des troupes sibériennes, envoie à Syrovy un télégramme furibond où il exige du général tchèque réparation immédiate. C'est en vain.

Cependant, à Irkoutsk, une organisation regroupant les socialistes révolutionnaires et les mencheviks tente un putsch. Bientôt, la ville se trouve partagée entre elle et les troupes fidèles à Koltchak...

L'amiral trahi

Le 5 janvier 1920, Janin fait transmettre à l'amiral, toujours bloqué par les Tchèques, la proposition suivante : il sera escorté jusqu'à Irkoutsk par les Alliés, mais à la condition qu'il abandonne son convoi et voyage dans un seul wagon. Après quelques hésitations, Koltchak accepte, et, le 8 janvier au soir, l'unique wagon, accroché à une locomotive, s'ébranle, avec, à son bord, l'amiral, Anna Timireva et Victor Pepelaïev. des sentinelles tchèques armées stationnent dans les couloirs. Et lorsque, le 15, le train arrive à lrkoutsk, ce sont des miliciens socialistes à brassards rouges qui occupent les quais de la gare : l'amiral Koltchak vient d'être livré à ses ennemis...

D'ailleurs, deux officiers tchèques montent à bord du train et précisent : sur ordre du général Janin, l'amiral et ses compagnons vont être remis aux « autorités politiques locales ».

Koltchak conserve son calme glacial.

- Ainsi, c'est vrai, dit-il simplement, les Alliés m'ont trahi...

Le 20 janvier, les dirigeants socialistes cèdent officiellement la place à un « Comité révolutionnaire » bolchevique, et le lendemain, 21, Koltchak est appelé à comparaître devant une « Commission d'enquête extraordinaire » de cinq membres, présidée par les commissaires politiques rouges Tchoudnovsky et Popov. Coïncidence : l'aimable général Janin est parti pour un long et mystérieux voyage...

Une double exêcution

Mais un homme n'abandonne pas la partie : Kappel.

Avec son adjoint Voitzek-Hovsky et les maigres troupes qui lui restent, il est décidé à sauver l'amiral à tout prix. Il fonce vers Irkoutsk, et, le 20 janvier, s'empare de Nijneoudinsk. Mais le jeune général a les deux jambes gelées et les poumons atteints. Il refuse de se faire évacuer et continue sa route sur un simple traîneau, sur la neige. Le 27 janvier, il expire, en passant son commandement à Voitzekhovsky.

Celui-ci est son digne successeur. Enlevant à un train d'enfer ses troupes, pourtant épuisées, il arrive le 5 février aux portes d'Irkoutsk en ayant tout balayé sur son passage.

Le jour même, la « Commission d'enquête extraordinaire », muée en tribunal avec l'approbation du soviet de Tomsk, a décidé de faire fusiller Koltchak et Victor Pepelaïev. Les deux condamnés sont amenés au bord de la rivière Outchakovka, entièrement gelée. On a creusé un trou dans la glace. Ayant récité leurs prières, les deux hommes viennent se mettre devant, le dos à la rivière. Koltchak a refusé qu'on lui bande les yeux.

Une salve, puis une seconde.

Frappés à mort, les deux corps ont basculé dans l'eau immobile. Au-dessus d'eux, la glace commence à se reformer.


Jean Bourdier, National Hebdo février 1988.
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dimanche, 27 novembre 2011

27 novembre 1431 : LA TOISON D'OR

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27 novembre 1431 : LA TOISON D'OR

Ex: http://anti-mythes.blogspot.com/

La première réunion du chapitre de l'ordre de la Toison d'or, tenue à Lille le 27 novembre 1431, fut un moment fort du '"règne" de Philippe le Bon, ce duc de Bourgogne qui voulut reconstituer la vieille Lotharingie fut surnommé le « Grand duc d'Occident » et aimait dire « Je veux qu'on sache que si je l'eusse voulu, j'eusse été roi. » A vrai dire, sans porter le titre royal, le Bourguignon pouvait se permettre de traiter d'égal à égal avec tous les souverains, tant était grande sa puissance.
Son troisième mariage le démontra puisqu'il obtint sans peine la main de l'infante Isabelle de Portugal, fille du roi Jean 1er d'Avis et de Philippa de Lancastre, princesse de la Maison royale d'Angleterre. Le mariage fut fastueux, dans des décors mis en place pour la circonstance afin d'accueillir les réjouissances où les franches ripailles à la flamande et les joutes entretenaient cette ambiance de « fougueuse kermesse, joyeuse et brutale » que décrit Michelet. Philippe le Bon choisit ce moment, peut-être afin de rehausser les fastes du mariage princier, pour annoncer solennellement la foudation du « Très noble Ordre de la Toison d'Or », destiné à réunir les preux d'entre les preux de tous les Etats bourguignons, sur le modèle évident de cette chevalerie de la Table Ronde qui faisait flamber, à la fin du Moyen Age, l'imaginaire de toute l'aristocratie européenne. Philippe le Bon avait pris soin de faire savoir, par la voix du « roi d'armes de Flandre » (le premier des hérauts flamands du prince), qu'il s'agissait d'exhorter les membres du nouvel ordre à se hisser au niveau de vaillance des anciens preux.
Au début de son principat, Philippe le Bon s'était vu proposer, par le duc de Bedford, Régent d'Angleterre, d'entrer dans l'ordre de la Jarretière. Il avait décliné l'offre. Il ne se voyait qu'en Grand Maître d'un ordre créé par lui. Il ne faisait en cela qu'imiter nombre d'autres princes. Charles VI n'avait-il pas créé en 1410 la « Chevalerie du Roi du Soleil d'Or » ? Et Amédée de Savoie, en 1362, l'« Ordre du Collier », qui devait devenir plus tard l'''Annonciade'' ? Le roi René, mais également les ducs de Bourbon, avaient leur ordre bien à eux.
Le duc de Bourgogne, mécène de sculpteurs et de peintres de génie, était homme de culture mais aussi et surtout grand politique. En un temps où les mythes antiques retrouvaient, par le biais de l'Italie, une place d'honneur dans la culture européenne, la force symbolique de l'histoire de la Toison d'Or lui semblait bien digne d'exalter son pouvoir. Et Jason, parti vivre avec ses Argonautes une aventure surhumaine en Colchide pour en rapporter cette Toison si chargée de sens mythique, n'avait-il pas naturellement, comme héritier spirituel, le « Grand Duc d'Occident », qui avait vocation à réanimer l'idéal de croisade ?
C'est dans les rues de Bruxelles, où se trouvait le duc Philippe à la Toussaint 1431, que fut annoncée par le « roi d'armes » de Brabant et ses hérauts la tenue du premier chapitre de la Toison d'or : « Oyez, princes, seigneurs, chevaliers et écuyers. De par très haut et très excellent, très puissant prince de mon redouté seigneur Philippe, par la grâce de Dieu duc de Bourgogne, de Lothier, de Brabant et de Limbourg, comte de Flandre, d'Artois et de Bourgogne, palatin, est à savoir à tous les nobles seigneurs et compagnons de l'Ordre de la Toison, et à tous les autres princes, seigneurs, chevaliers et écuyers, que vous soyez en la bonne ville de Lille en Flandre, la nuit de Saint-André prochainement, pour accompagner le duc, lequel a intention et volonté de commencer la fête du noble Ordre de la Toison d'Or. Si fera très bonne chère à ceux qui y voudront venir ! »
Les premiers statuts du nouvel Ordre furent transcrits en « langue bourguignonne », non en latin. Au cours d'un office, le chancelier de la Toison d'Or, l'évêque Jean Germain, profita de l'occasion pour dénoncer, au cours de son homélie, le caractère franchement trop païen du héros grec Jason, qui devait donc être remplacé par le juge biblique - Gédéon. Le duc l'écouta bien sûr poliment... et, comme on le voit à Dijon et à Anvers sur son beau portrait réalisé par Van der Weyden, n'en garda pas moins Jason comme référence, en portant autour du cou, comme tous les membres de l'Ordre, le collier d'or marqué de l'emblème bourguignon (les "fusils" ou briquets entrecroisés et la « pierre à feu » lançant des étincelles) auquel était suspendue la toison du bélier divin.
Après la mort du dernier duc de Bourgogne, Charles le Téméraire, le mariage de sa fille Marie fit passer l'Ordre de la Toison d'or dans la maison de Habsbourg. Mais la Toison fit rêver, jusqu'en plein xxe siècle, ceux qui voulurent faire revivre une Grande Bourgogne.
P. V. Rivarol 2008

Der Ordensstaat - Geheimnisse des Baltischen Meeres

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mercredi, 23 novembre 2011

1930, strategie Usa contro l’Inghilterra

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1930, strategie Usa contro l’Inghilterra

“Piano Rosso” era un nome in codice per una guerra apocalittica con la Gran Bretagna e tutte le sue colonie, con bombardamenti aerei ed armi chimiche

di David Gerrie*

Ex: http://rinascita.eu/

I dettagli riguardanti un sorprendente piano militare americano per spazzare via gran parte dell’esercito britannico vengono oggi rivelati per la prima volta.
Nel 1930, ben 9 anni prima dello scoppio della Seconda Guerra Mondiale, l’America allestì dei piani miranti specificatamente ad eliminare tutte le truppe di terra britanniche in Canada e nel Nord Atlantico, distruggendo così la forza commerciale inglese e mettere in ginocchio il paese.
Movimenti di truppe senza precedenti furono messe in campo per i preparativi di un invasione del Canada, il che prevedeva massicce incursioni aeree su obiettivi industriali primari e l’uso di armi chimiche, quest’ultimo avallato al più alto livello nientemeno che dal leggendario generale Douglas MacArthur.
I piani, rivelati in un documentario di Channel 5, erano soltanto alcuni di un numero di possibili piani militari preparati contro un numero di potenziali nemici, incluse le isole caraibiche e la Cina. Ce ne era uno addirittura previsto per combattere un sollevamento interno nel territorio statunitense.
Alla fine non ci fu alcuna approvazione da parte del presidente Franklin Delano Roosevelt per ciò che era conosciuto come Piano di Guerra Rosso. Anzi, i due paesi divennero gli alleati più uniti durante il secondo conflitto, un alleanza occasionalmente difficile che continua ancora oggi.
Tuttavia è interessante che ci fossero persone all’interno dell’apparato politico e militare americano che pensavano che una tale guerra fosse fattibile.
Mentre all’esterno dell’America sia Churchill che Hitler pensavano che fosse una possibilità durante gli anni 30, un periodo di profonda incertezza politica ed economica.
I documenti con classificazione di alta segretezza rivelano che si dovevano fare grossi sforzi nei Caraibi e nella Costa Occidentale per bloccare qualsiasi controffensiva britannica dall’Europa, India o Australia.
Nel 1931, il governo americano autorizzò perfino l’eroe del volo transatlantico conquistatore di record e noto simpatizzante nazista Charles A. Lindbergh ad essere inviato sotto copertura come spia sulla sponda occidentale della Baia di Hudson per valutare la possibilità di usare aerei idrovolanti e individuare punti di bassa resistenza come potenziali teste di ponte. Quattro anni dopo, il Congresso Americano autorizzò la spesa di 57 milioni di dollari per la costruzione di tre piste di volo segrete nella parte americana del confine canadese, ricoprendo le piste di strisce erbose per nascondere il loro intento.
Tutti i governi ipotizzano piani prevedendo la “peggiore delle ipotesi” che vengono tenuti nascosti al pubblico.
Questi documenti sono stati scoperti nel profondo dell’American National Archives di Washington, D.C., una documentazione top-secret considerata un tempo la più delicata del mondo.
Era nel 1930 che l’America preparò un piano di guerra con “L’Impero Rosso”, quello più pericoloso. Ma l’avversario americano in questa guerra non era la Russia o il Giappone e nemmeno la Germania Nazista che stava per germogliare.
Piano Rosso era un nome in codice per una guerra apocalittica con la Gran Bretagna e tutte le sue colonie. Dopo l’Armistizio del 1918 e per tutti gli anni 20, lo storico sentimento anti-britannico americano, ereditato dal XIX secolo, stava pericolosamente aumentando a causa del 9 milioni di sterline che l’Inghilterra doveva agli Stati Uniti per il loro intervento nella Grande Guerra.
Il sentimento britannico verso l’America era reciproco.
Agli inizi degli anni ‘30 l’America vide con inquietudine l’aumentare dei simpatizzanti nei confronti del Nazismo che marciavano, inneggiando a Hitler, a New York da Park Avenue al Madison Square Garden.
Oltre l’Atlantico la Gran Bretagna aveva il più grande impero al mondo, per non parlare della più potente forza navale.
Con questa panoramica, alcuni americani vedevano il loro paese emergere come una potenza mondiale di spicco e sapevano fin troppo bene come l’Inghilterra aveva spento in passato tali velleità: con la guerra e schiacciandole. In questo scenario l’America si vedeva perdente.
Nel 1935 l’America allestì le sue più grandi manovre mai effettuate prima, movimentando truppe e installando depositi di munizioni a Fort Drum, a mezzora di strada dal confine orientale canadese.
Da qui sarebbe stato lanciato il primo attacco su cittadini britannici, con la città di Halifax in Nuova Scozia come primo obiettivo.
“Questo avrebbe significato sei milioni di soldati che combattevano sul confine marittimo orientale americano”, dice Peter Carlson, editore della rivista American History.
 
Piano di guerra rosso, verde, viola…

Durante gli anni 20 e 30 gli Stati Uniti usarono vari codici di colore per identificare i piani bellici con i potenziali avversari.
Molti di questi giochi di guerra furono sottoposti alla Divisione informativa dell’esercito da ufficiali di stanza all’epoca.
Molte di queste erano esercitazioni ipotetiche e fornirono soltanto ampi profili strategici. Comunque il progetto era considerato dall’esercito un buon addestramento per il personale.
“Sarebbe stato come a Verdun” alludendo al feroce conflitto fra le truppe tedesche e quelle francesi nel 1916 che lasciò sul campo 306.000 morti.
Mentre la gente considerava una guerra con gli Stati Uniti inconcepibile, perfino Winston Churchill pensava che non lo fosse.
“L’America si sentiva come se l’Inghilterra l’avesse spinta sotto l’autobus per poter rimanere la protagonista principale” dice il prof. Mike Vlahos della scuola navale di guerra statunitense.
“Gli Stati Uniti furono costretti a prendere in considerazione ogni misura per tenere a bada la Gran Bretagna”.
Perfino Hitler riteneva che una tale guerra fosse inevitabile ma sorprendentemente voleva che a vincere fosse l’Inghilterra, credendo che questo sarebbe stato il miglior risultato per la Germania poiché la Gran Bretagna avrebbe potuto allearsi con lui per attaccare gli Stati Uniti.
Usando modelli disponibili per questa guerra, i moderni esperti navali e dell’esercito oggi ritengono che la conseguenza più probabile di un simile conflitto sarebbe stata una massiccia battaglia navale nel Nord Atlantico, con poche reali vittime ma con l’esito che la Gran Bretagna avrebbe ceduto il Canada agli Stati Uniti in modo da conservare le proprie vitali rotte commerciali.
Comunque, il 15 giugno 1939, lo stesso anno dell’invasione tedesca della Polonia, una comunicazione di servizio interna americana ritiene che questi piani di invasione siano “totalmente inapplicabili”, ma che tuttavia “devono essere tenuti in considerazione” per il futuro. Questo viene ora visto come l’inizio e la ragione principale che stanno dietro alle “speciali relazioni” fra i due paesi.
 
Isolazionismo, prosperità e declino: l’America dopo la Prima Guerra Mondiale

Come succede a varie nazioni strettamente alleate, la Gran Bretagna e l’America hanno a lungo condiviso un “rapporto speciale”.
Iniziando da Churchill e Roosevelt, si passò poi alla Thatcher e Reagan, Clinton e Blair, la Regina e Obama.
Ora sappiamo che Roosevelt alla fine bocciò il piano di invasione dell’Inghilterra come “totalmente inapplicabile”. Ma quanto era speciale quel rapporto nel decennio precedente alla Seconda Guerra Mondiale?
All’inizio degli anni 20 l’economia americana attraversava il suo boom. I “Ruggenti Anni Venti” furono un periodo di una sempre maggior spesa al consumo e produzione di massa; ma dopo la Prima Guerra Mondiale, l’opinione pubblica americana diventava sempre più isolazionista. Ciò venne evidenziato col suo rifiuto di far parte della Lega delle Nazioni, la cui missione principale era quella di mantenere la pace mondiale.
La politica estera americana continuava a tagliarsi fuori dal resto del mondo durante quel periodo imponendo dazi sulle importazioni per proteggere i produttori nazionali.
Milioni di persone, per lo più dall’Europa, in precedenza furono le benvenute in America alla ricerca di una vita migliore. Ma nel 1921 furono introdotte le quote e nel 1929 soltanto 150.000 immigrati all’anno potevano entrare negli Usa.
Dopo un decennio di prosperità ed ottimismo, l’America cadde nella disperazione quando la Borsa affondò nell’ottobre del 1929, dando inizio così alla Grande Depressione.
Le conseguenti durezze economiche e la disoccupazione di massa segnarono il destino nella rielezione del presidente Herbert Hoover e così Franklin Delano Roosevelt conquistò la vittoria elettorale nel Marzo del 1933.
Di fronte a lui c’era un’economia sull’orlo del collasso: erano state chiuse banche in 32 stati e circa 17 milioni di persone erano state licenziate, quasi un terzo della forza lavorativa.
Mentre le tensioni in Europa salivano per la presa del potere dei Nazionalsocialisti, il Congresso introdusse una serie di Atti di Neutralità per impedire all’America di venire coinvolta in conflitti esterni.
Nonostante Roosevelt non fosse d’accordo con questa politica, l’accettò perché aveva ancora bisogno dell’appoggio del Congresso per i suoi programmi del New Deal, progettati per trascinare il paese fuori dalla Depressione.
Nel 1937 la situazione in Europa peggiorava ed iniziò in Asia la seconda guerra fra Cina e Giappone.
Un leggero cambiamento nell’opinione pubblica permise limitati aiuti americani agli Alleati.
L’attacco giapponese a Pearl Harbor nel dicembre del 1941 cambio però tutto.
 
 
Traduzione dal Daily Mail a cura di: Gian Franco Spotti
 


20 Ottobre 2011 12:00:00 - http://rinascita.eu/index.php?action=news&id=11022

samedi, 19 novembre 2011

Ernst Nolte: Späte Reflexionen

 

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Ernst Nolte
SPÄTE REFLEXIONEN
Über den Weltbürgerkrieg des 20. Jahrhunderts

320 Seiten, brosch.
ISBN 978 3 85418 142 3
EUR 24,-- / CHF 36,--

… Wissenschaft entsteht nur aus der Kenntnisnahme der einen so gut wie der anderen Sache(n) und aus dem unvoreingenommenen Abwägen und Erörtern. Wissenschaft kann es nur geben, wenn Tatbestände und Umstände auch dort, wo sie zunächst aus sehr verständlichen, ja edlen Gründen ins Dunkel gerückt wurden, endlich in die Offenheit der wissenschaftlichen Diskussion gestellt werden. Das setzt voraus, daß das „politisch Korrekte“ zwar nicht verworfen oder als solches bekämpft, aber durch Bezugnahmen auf das „Unkorrekte“ wissenschaftsgerecht gemacht wird. Darin besteht das Ziel dieser „späten Reflexionen“, die mein „letztes Wort“ sind … (Ernst Nolte)

Der bekannte Doyen der deutschen Geschichtswissenschaft führt in unsystematisch gefügten Aphorismen und Kurz- Essays durch die Felder seiner Forschungen, in Überlegungen, die auch Entlegeneres streifen, auch Philosophisches und Meta-Historisches. Strittigem geht der Autor nicht aus dem Weg, klärend, nicht polemisch.

Aus dem Inhalt:
Ideologische Hauptmächte des 20. Jahrhunderts – Gedankenexperimente – Weltzivilisation und Nachgeschichte – Annäherungen an die Philosophie – Sexualität – Anthropologie – Aphorismen …

 

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mercredi, 16 novembre 2011

Jean-Claude Rolinat nous parlera du Sud et des Sudistes au Local...

 Jean-Claude Rolinat nous parlera du Sud et des Sudistes au Local...

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Terre & Peuple n°49 - Histoire et métapolitique

Communiqué de Terre & Peuple/Wallonie

Terre & Peuple n°49

 Histoire et métapolitique

Le numéro 49 de TERRE & PEUPLE Magazine est axé sur le thème de l’Histoire en tant qu’arme métapolitique.

Pierre Vial, dans son éditorial, souligne le retard qu’a pris notre conscience ethnique sur les Maghrebins et les Sub-sahariens qui nous entourent, lesquels s’appellent « Frères ». Il revendique pour sa part d’être le frère des martyrs, le frère d’Hypathie, le frère des Saxons, le frère des loups.

Joseph-Macé Scaron, journaliste-écrivain dans le vent fait l’objet d’une exécution en règle pour ses impudents plagiats répétés.

Robert Blanc invite non seulement à recenser ses ascendants, mais à compléter sa généalogie avec les étapes essentielles de leur vie (date et lieu de naissance, de mariage, de décès) et leurs activités professionnelles ou autres. Et surtout à recueillir les témoignages des survivants.

Alain Cagnat remarque que, au lieu du peace and love promis, le XXIe siècle n’apporte que violences et turpitudes. Profitant de l’effondrement de l’URSS pour mettre la main sur les ressources de la planète, le lobby militaro-industriel et les major pétrolières ont soutenu les stratèges du PNAC (Project for a new american century), lesquels ont appelé de leurs vœux (voir ‘Joint Vision 2020’ du Pentagone) un ‘coup au cœur’, seul en mesure de gagner le peuple américain à ce projet conquérant.  Ils ont été entendus du ciel américain, d’où ont été frappée les Twin Rowers, par un Axe du Mal incarné par Al-Qaida. Sur les multiples incohérences de la version officielle, de nombreuses questions ont été soulevées. Les autorités se sont malencontreusement précipitées pour évacuer un maximum d’indices. Il en est resté une quantité que l’auteur passe en revue. Ceux qui ont des doutes (46% des Américains) sont traités de ‘conspirationnistes’.

Entre temps, la seconde guerre d’Irak  a été déclenchée sur des ‘preuves’ d’armes de destruction massive qui se sont révélées grossièrement mensongères. Entre temps ensuite, les alliés de la ‘communauté internationale’ ont arraché une partie de la Serbie à son peuple, mais elles ont subi un cuisant échec en Ossétie du sud, où elle ont bien dû laisser Poutine humilier leur allié Saakachvili. Entre temps enfin, on a procédé à la désintégration de Ben Laden, patient prodigieusement coriace (sous dialyse rénale) devenu inutilement encombrant, afin de pouvoir claironner « The job is done » (alors que sur le terrain les Talibans ont gagné la guerre) !

En juillet 2008, les banksters américains en ont été réduits à faire la manche. Ils avaient incité les petites gens à acquérir leur habitation en s’endettant bien au-delà de leurs moyens. Ils ont revendu aux investisseurs institutionnels (banques, assurances, fonds de pension) ces créances pourries, que les prophètes de malheur estimaient à 100 milliards de dollars en 2007, alors que l’encours s’est révélé en 2008 cinquante fois supérieur, quand la bulle a explosé ! To big to fail, Lehmann Brother a quand même fait faillite. Pour restaurer une confiance abusée, les Etats ont injecté des milliards qu’ils ne possédaient pas. L’endettement global américain atteint 170.000 dollar par habitant, lequel n’a même pas les moyens d’en assumer les intérêts ! Comment en est-on arrivé là ? D’abord par la suspension par Nixon de la convertibilité du dollar en or. Ensuite par le capitalisme de plus en plus sauvage du tandem Reagan-Tatcher, qui autorise les banques à ne plus posséder que 2% de couverture pour les fonds qu’elles prêtent ! Elles prêtent aux particuliers pour stimuler la consommation, aux entreprises pour financer la production et aux Etats pour soutenir leur politique démocratique. Les Américains ont imprimé tant de dollars et placé tant de Bons du Trésor qu’ils dépendent de plus en plus de leurs créanciers. L’or qui valait 35$ sous Nixon dépasse les 1.900 $. Pour Alain Minc, conseiller de Sarkozy, il n’y a que trois solutions possibles à la crise : la guerre, l’inflation ou l’austérité.

La guerre raciale menace l’Europe : En France en 2005, il y a eu dix mille voitures incendiées, 200 millions d’euros de dégâts, 4 morts et 126 policiers blessés, 2.900 arrestations et deux douzaines de condamnations. Le calme n’est revenu qu’à l’intervention d’imams influents et de parrains inquiets pour leurs business. En 2011, on remet cela en Grande-Bretagne.

Les révolutions arabes ont regonflé les maniaques de la démocratie à tout crin, qui ont rêvé d’une transition dans le style des révolutions de couleur d’Europe orientale, néo-libérales et mondialistes. Alors que, pour les peuples arabes, démocratie ne signifie rien d’autre que niveau de vie européen. En Egypte et en Syrie, ce sont l’armée et les Frères Musulmans qui se disputent l’influence. En Libye, en Jordanie, au Yémen, vient s’y mêler l’influence des tribus. L’affaire libyenne ne s’est réglée qu’avec l’intervention des unités spéciales françaises et anglaises. Ce chaos est pain béni pour Israël pour qui, son crédit international faiblissant, la situation devenait critique.

Le système pourrissant est aux mains d’une hyper-classe caractérisée par l’immoralité et l’immunité. En passe de profiter de l’incurie des Américains, pour qui les guerres d’Irak et d’Aghanistan sont des désastres, il y a leurs deux bêtes noires : le Pakistan et l’Iran. Des prochaines échéances électorales, il n’y a de signifiante que le duel Medvédev-Poutine. Poutine est notre favori.

Jean-Patrick Arteault, interrogé par Pierre Vial, poursuit sont étude des origines du mondialisme occidental. L’occident est d’abord une trajectoire historique (des sources gréco-romaines et judéo-chrétiennes aux révolutions libérales en passant par la synthèse de la renaissance et de la réforme calviniste avec ses élus messianiques), ensuite la réalisation militante d’un projet par des alliés, enfin une perception externe par des non-occidentaux. La sphère occidentale (Europe de l’ouest-Amérique du nord-Australie-Nouvelle Zélande-Japon), certaine de sa supériorité, se croit la mission d’englober le monde. C’est le décalque exact de l’idée anglophone (des Ruskin-Rhodes-Milner Kindergarten) d’une vocation des démocraties à libérer le monde des démons du dirigisme autoritaire, fût-ce par des ingérences musclées, justifiées par leurs bienfaits passés, notamment leur victoire sur le nazisme. Cette alliance de militants se structure entre 1890 et 1940, à travers des institutions privées (la revue et les groupes de la Table Ronde), semi-privées (le CFR ou Council on Foreign Relations) et publiques (les Conférences impériales des dominions, qui débouchent sur le Commonwealth, et la Charte atlantique anglo-américaine de 1941. Ensuite, grâce à la guerre froide, les groupes anciens sont doublés par des nouveaux (Bilderberg, Trilatérale) et par les institutions publiques mondiales ou régionales (Bretton Woods, ONU, OTAN). Avec la crise se dessine une relève des puissances occidentales par les puissance émergentes (BRICS), mais toujours dans la mise en conformité du monde à l’ordre occidental par les IDE (investissements directs à l’étranger) sous la direction d’une élite mondialiste. Ce qui peut sembler une conjuration n’est qu’une ‘conspiration à ciel ouvert’, mais dont seule une élite est consciente, la masse se laissant leurrer par la démocratie. Le réseau des organisations mondialistes entretient en son sein une certaine contestation entre libéraux et dirigistes, ce qui lui permet une alternance d’oppositions intégrées.  Entre l’oligarchie anglo-saxonne et l’oligarchie financière juive, la relation est soit d’amitié ou d’affaires, soit liée aux questions du Proche et Moyen-Orient (autour de la route des Indes et du pétrole), soit enfin liée à la relation anglo-américaine autour des deux conflits mondiaux et de la décolonisation. L’auteur passe en revue les cas personnels de Philip Kerr, Robert H. Brand, William Waldorf Astor, Léo Amery, l’auteur de la Déclaration Balfour. Il note qu’à l’origine le sionisme, qui a eu son siège à Berlin jusqu’en 1914, est favorable à l’Allemagne, jusqu’en 1909, quand l’allié turc de celle-ci passe sous l’influence des Jeunes Turcs, lesquels sont des jacobins réfractaires, à la différence de l’Empire ottoman, à toute entité autonome, juive ou autre.

Le combat méta-politique étant celui des idées, l’histoire y est une arme déterminante. Indépendamment de la vocation scientifique de l’Histoire,PierreVial en souligne le rôle à la fois thérapeutique et militant. Elle fait l’objet de manipulations de la part des idéologies qui y puisent une imagerie qui vient justifier leurs projets. Pour ne pas contrarier le projet mondialiste, il s’agit à présent d’effacer de la mémoire identitaire les événements significatifs pour les remplacer par des chiffres et des statistiques. Pour la rendre correcte conformément au projet mondialiste, il faut notamment faire passer les Indo-Européens pour un mythe.

Suit le témoignage vivant d’un professeur d’histoire, pour qui il s’agit de susciter chez l’élève une attitude critique de recul face à l’actualité. Il lui faut pour cela combattre l’idéologie ambiante libérale-libertaire, qui dévalorise le savoir au profit d’une philosophie consumériste, utilitariste et ludique : les élèves aspirent à du clé-sur-porte (l’écologie c’est bien, Hitler c’est mauvais), utile en termes de notes, la vraie vie étant le jeu. La matière du programme, déconnectée des personnages et des événements historiques et de la chronologie au profit des statistiques, leur parait inintéressante. Il en est ainsi au moins pour les néo-barbares issus des classes sociales sans capital culturel familial, ce qui consacre les inégalités. Là où il s’agirait pour l’élève d’élargir l’histoire de son peuple à celle du monde. Mais existe-t-il encore une histoire commune à une population multiraciale ?

Dominique Venner, avec son livre ‘Le choc de l’Histoire’, donne à Pierre Vial l’occasion de souligner qu’il importe pour nous de découvrir l’Histoire en y prenant notre part. La civilisation européenne, expression de l’identité des peuples d’Europe, est menacée de mort par le mondialisme économique, au profit des requins de la finance. Leur réveil viendra de notre combat contre cette religion de l’humanité : les hommes n’existent que par ce qui les distingue. Pour Dominique Venner, il s’agit de prendre pied sur la tradition, notre boussole intérieure, et de revenir au message d’Homère. Inspiré par les dieux et la poésie, il nous a légué la source de notre tradition, avec une triade où arrimer nos âmes et nos conduites : la nature comme socle, l’excellence comme but, la beauté comme horizon.

Roberto Fiorini s’inquiète qu’ébranlés par la crise les banquiers régnants s’apprêtent à abattre leur dernière carte : le gouvernement mondial que le Pape juge d’une urgente nécessité. Les états sont déjà neutralisés par les institutions supranationales et ils sont les esclaves de leurs dettes. Ayant abandonné leur souveraineté monétaire, ils n’ont pas la possibilité, comme les USA, l’Angleterre, la Chine et même la Suisse, de jouer sur les changes. Le Prix Nobel Maurice Allais comparait les banques centrales à des faux monnayeurs. Seule l’Europe fait peser la charge des intérêts énormes qu’elle paie au marché sur ses contribuables les plus faibles (car taxer les riches les fait fuir !). Il faut une révolution pour sortir des pièges dans lesquels on nous a fait tomber.

Lionel Franc sort la fiche de santé de l’économie américaine : métastases dans leur phase terminale. La dette de l’Etat fédéral dépasse 100% du PIB (14.700 milliards $) et celle des Etats et des municipalités 2.375 milliards $. Quand on y ajoute l’endettement des ménages et des entreprises, on atteint 370% du PIB. Nombre d’Etats et de villes sont en cessation de paiement, notamment des traitements et des pensions ne sont plus payés que partiellement ou plus du tout. L’infrastructure routière n’est plus entretenue. Des services publics sont arrêtés. La poste licencie 138.000 employés et la Bank of America 30.000. Les bénéficiaires de l’aide alimentaire, qui étaient déjà 27 millions en 2007 sont à présent 44 millions et on estime que 14,7% des Américains sont sous-alimentés. Les campements de SDF se multiplient dans les villes. Et Obama, Bernanke (Fed. Res.) et Geithner (Secr. Trésor) s’évertuent à rassurer leur public. Pays le plus inégalitaire de la planète, aux USA les riches sont de plus en plus riches.

 

SOLID est une association sympathique de solidarité active avec tous les identitaires qui, par le monde, sont persécuté à cause de leur identité, que ce soit par l’effet de la globalisation marchande ou par un régime autoritaire qui leur refuse le droit de vivre leur identité sur la terre de leurs ancêtres. Solid appuie notamment l’action de Solidarité-Kosovo en faveur des enclaves serbes. Solid soutient la lutte du peuple des Karens contre la junte birmane et est préoccupée par le sort des communautés boers et afrikaans.

 

Jules Scipio recommande la lecture de ‘Complot mondial contre la santé’, le livre de Claire Séverac, fruit d’un long travail d’investigation sur les quatre grands cartels planétaires que sont la chimie, l’agro-alimentaire, la bio-technologie et le médico-pharmaceutique. Et sur la raison et le but ultime de ceux qui manipulent le nouvel ordre mondial. Elle implique notamment François Sarkozy et l’EMEA, l’agence européenne du médicament, de même que le véritable objectif des campagnes de vaccination de la Fondation Rockefeller.

Jean Haudry a découvert, dans le ‘Hergé et l’énigme du pôle’ de Paul-Georges Sansonetti, le conflit éternel entre les puissances de la tradition (Tintin, Milou, le capitaine Haddock, Tournesol) et les puissance de l’anti-tradition (liées par leurs initiales Roberto Rastapopoulos et Rackham le Rouge). Pour mettre en évidence le Pôle centre primordial de la tradition, Sansonetti fait appel à la guématrie, un système qui associe un nombre à chaque lettre selon sa place dans l’alphabet. Dans ‘Voyage sur la Lune’, la fusée, valeur 56, se pose au centre d’Hipparque, valeur 111, exprimant ainsi la centralité, car 56 est le mitant de 111 ! Comme valent également 111 la marque Loch Lomond du whisky du capitaine Haddock et sapristi, l’exclamation favorite de Tintin !

 

lundi, 07 novembre 2011

La double monarchie, une solution pour la Belgique et l’Europe ?

La double monarchie, une solution pour la Belgique et l’Europe ?

par Georges FELTIN-TRACOL

En 1991, le germaniste et géopoliticien Pierre Béhar écrivait L’Autriche-Hongrie, une idée d’avenir. Vingt ans plus tard, le prince Sixte-Henri de Bourbon-Parme relance cette idée au sujet de la Belgique. D’une famille à la fois européenne (Espagne, Parme, Écosse, Autriche…) et française, l’auteur donne, avec cet essai rédigé après de nombreux mois d’enlisement politique, son avis sur la crise institutionnelle belge.

Le Prince se sent des affinités avec la Belgique. Il n’oublie pas qu’au cours de la Grande Guerre civile européenne de 1914 – 1918, son père et son oncle, les princes Xavier et Sixte, participèrent au conflit sous l’uniforme de ce pays. En 1917, quand ils tentèrent de négocier une paix séparée avec leur beau-frère, l’empereur Charles d’Autriche-Hongrie, le roi des Belges Albert Ier, soutint leur initiative sabotée par cette crapule de Clemenceau.

Le prince Sixte-Henri de Bourbon-Parme souffre du blocage politique outre-Quiévrain et déplore par anticipation tout risque éventuel d’éclatement ou d’« évaporation ». « La Belgique vaut certainement mieux que ce qui se prépare à la remplacer : une république provisoire de Wallonie travaillant pour le retour des sans-culottes et de la France; et une république flamande immédiatement confrontée à la difficulté de se faire reconnaître par la gendarmerie belge… (p. 12) » Certes, le  système politique en place est parvenu à ses limites et la paralysie est largement dépassée ! Que faire alors ? « Si tout le monde politique belge est donc d’accord pour envisager le divorce, aucune solution de séparation ne fait l’unanimité; tout projet de sortie de crise trouve au contraire un insatisfait, un opposant irrésistible. Une république flamande serait forcément amputée de Bruxelles et la Belgique maintenue entre francophones ne ressemblerait plus qu’à un trognon d’État. Cette double impossibilité semble exclure l’idée de deux États souverains séparés et ramener vers le confédéralisme actuel… qui, lui, ne fonctionne pas (p. 13). » Le Prince condamne par avance l’annexion possible de la Wallonie (avec ou sans Bruxelles) par la France, car c’est le « projet […] des jacobins français les plus débridés (p. 73) ». Ce n’est pas faux : Jean-Luc Mélanchon y est favorable.

S’inspirant du précédent austro-hongrois, mais aussi d’autres exemples historiques qu’on retrouve en annexe du livre (la Finlande et la Russie, les Îles anglo-normandes et la Couronne britannique, la Suède et la Norvège, la République des Deux-Nations de Pologne et de Lituanie…), l’auteur propose « une solution de compromis [qui] n’a jamais été réellement imaginée en Belgique : c’est celle d’une double monarchie construite, à partir de la souveraineté reconnue de deux États (p. 14) ». La Belgique pourrait devenir une « Union Belgique » composée d’un État flamand et d’un État wallon et dont le lien personnel s’incarnerait dans la dynastie régnante des Saxe – Cobourg – Gotha.

Actualité de la double monarchie

Ce « double État – Belgique » serait une union personnelle qui « établit une relation entre deux ou plusieurs États souverains considérés auparavant comme séparés, mais qui ont une même personne comme chef d’État (p. 17) ». Par cette suggestion originale que défendent le socialiste francophone José Happart et le démocrate-chrétien flamand Hendrick Bogaert avec une terminologie différente, il s’agit clairement de sauver la Belgique. En effet, le Prince considère que « la Belgique existe […] depuis dix siècles d’abord sous la forme d’un réseau cohérent et relativement solidaire de principautés et de républiques urbaines établies au Moyen Âge. Sous l’appellation de Pays-Bas du Sud, Pays-Bas espagnols ou Pays-Bas autrichiens, la “ Belgique ” forma un État dès 1581 après la scission des Pays-Bas entre la partie Sud catholique et la partie Nord calviniste (p. 46) ». Le Prince prend néanmoins acte du multilinguisme belge. Outre les États flamand et wallon, il envisage que les cantons germanophones puissent soit former un territoire autonome en union personnelle héréditaire avec le roi des Belges, soit devenir le district européen suggéré par le fédéraliste Maurice Allais. Pour Bruxelles, il penche pour un condominium flamand – wallon ou pour une entité autonome titulaire d’une « nationalité co-belge (p. 59) ». Bruxelles serait alors la capitale de l’Union européenne, de l’« Union Belgique » et des États wallon et flamand. En revanche, il balaie toute perspective de district européen bruxellois dissocié du reste du territoire belge.

Comment s’agenceraient les pouvoirs publics de cette double monarchie belge ? Même si l’auteur est prêt à entériner une forme de « suédisation » de la monarchie (à Stockholm, le roi n’a qu’un rôle protocolaire, honorifique sans aucune influence politique), il défend pourtant que « le pouvoir exécutif est directement assuré par le Roi. Sans aucune ambiguïté, ni réserve (p. 66) ». Son autorité s’exercerait en Flandre et en Wallonie par des lieutenants-représentants, membres de sa famille, qui n’auraient qu’une fonction honorifique. Le roi des Belges nommerait un « Chancelier de Belgique » et des ministres pour la défense et les affaires étrangères. Régulièrement, le souverain présiderait un « Conseil belge » constitué du Chancelier et des Premiers ministres flamand et wallon. Par ailleurs, le Prince juge que « la “ double monarchie ”, sur le modèle austro-hongrois, est également un outil institutionnel de décentralisation sans pareil (p. 14) ».

Sixte-Henri de Bourbon-Parme apporte une série d’arguments historiques en faveur de sa thèse. Il rappelle que le Commonwealth est une union personnelle pluricontinentale puisque la reine d’Angleterre, Elisabeth II, est aussi souveraine du Canada, de l’Australie, de la Nouvelle-Zélande, etc., mais pas de l’Inde qui est une république ! Les Bourbons assumèrent une union personnelle tout théorique entre la France et la Navarre. Si le Prince signale l’occasion manquée au début des années 1990 d’une association entre la Roumanie et la Moldavie, il ne mentionne pas en revanche l’Union très virtuelle Russie – Bélarus… Il ne cache pas non plus que certaines unions personnelles n’ont guère duré : le royaume franco-anglaise issu du traité de Troyes de 1420 pendant la Guerre de Cent Ans, les quatre-vingt ans d’union ibérique entre l’Espagne et le Portugal ou l’Union de Kalmar de 1397 entre le Danemark, la Norvège et la Suède. Il aurait pu aussi évoquer le projet Monnet d’Union franco-britannique du 15 juin 1940 afin de maintenir la France dans le conflit. Il lui arrive aussi de se méprendre quand il déclare que la Communauté française voulue par le général de Gaulle en 1958 est morte-née. Cette Communauté accompagna les colonies africaines de l’Hexagone à l’indépendance dans les années 1960 et fonctionna deux – trois ans…

À partir de tous ces exemples, Sixte-Henri de Bourbon-Parme postule que la double monarchie doit être « une union entre deux ou plusieurs monarchies (p. 30) », « une union entre deux nations d’une importance sensiblement égale (p. 31) », ce qui suppose une association précise d’au moins deux souverainetés et non le phagocytage de l’une par l’autre ainsi qu’une vision géopolitique et des intérêts communs ou complémentaires. Il y ajoute en outre la nécessité d’une dynastie « sacralisée par l’histoire (p. 32) ».

L’héritage bourguignon des Habsbourg

Pour l’auteur, « la plus puissante union personnelle connue fut celle construite sous Charles Quint (p. 132) » pour qui la « Bourgogne [était] sa véritable patrie de cœur (p. 135) » si bien que l’Empereur-Roi « restera un prince bourguignon (p. 134) ». L’esprit bourguignon devenu habsbourgeois  s’adaptera ensuite à l’Europe danubienne au point que, malgré d’indéniables difficultés, l’Autriche-Hongrie paraît de nos jours comme d’une « parfaite modernité “ post-nationale ” (p. 152) ». « Le strict équilibre de puissance entre l’Autriche et la Hongrie et la parfaite parité de statut qui en découla naturellement sont une autre explication au succès métapolitique et sentimental de la double monarchie dans les nostalgies actuelles. Non seulement, la double monarchie préfigure l’Europe telle qu’elle devrait être, c’est-à-dire un ensemble construit au détriment d’aucune de ses nations constitutives, mais elle offre la quintessence de l’utilité de l’institution monarchique, puisqu’il paraît évident […] que la double monarchie est le plus sûr moyen de profiter aujourd’hui d’une dynastie réellement investie de poids et de responsabilités affectives sur les affaires politiques majeures (p. 30). » Oui, la double monarchie ne s’appliquerait pas qu’à la seule Belgique. D’autres pays européens pourraient en profiter. Le Prince en vient à évoquer l’Espagne et ses tensions nationalitaires au Pays basque et en Catalogne. Une union personnelle entre les royaumes d’Espagne, d’Euskadie et de Catalogne serait-elle souhaitable ? Héraut de l’idée carliste traditionnelle, Sixte-Henri de Bourbon-Parme juge que « le carlisme est le digne héritier de l’antique conception anti-centraliste d’un “ Royaume des Espagnes ”. […] À mi-chemin entre l’Espagne uniformisée et l’implosion, il y a donc la voie carliste préconisant une Espagne certes unie, mais sachant se faire suffisamment aimer afin de pouvoir décentraliser largement dans l’esprit des anciens fueros (p. 37) ».

Son approche originale peut même s’appliquer à l’Union européenne. Il constate que la désignation du président du Conseil européen par les chefs d’État et/ou de gouvernement des États-membres reproduit la procédure d’élection de l’empereur du Saint-Empire romain germanique. « L’idée prit subitement une nouvelle vigueur lorsque le 19 novembre 2009, suite au traité de Lisbonne, l’Union des 27 États européens se choisit un président en la personne du politicien belge Herman van Rompuy (p. 25). » Van Rompuy « est un chef d’État aux pouvoirs très limités, mais un chef d’État quand même (p. 42) ». Bref, « la nomination d’Herman van Rompuy à ce nouveau poste ouvre une nouvelle ère en Europe, en créant une fonction point encore optimisée, mais si franchement taillée pour un représentant d’une des grandes dynasties européennes ! (p. 26) » Le Prince insiste beaucoup sur le fait qu’« une union personnelle européenne – au moins pour l’Europe centrale – serait LA solution à la problématique jamais résolue des besoins contradictoires de souveraineté et d’union qui s’opposent en Europe, entre aspirations légitimes à l’État-nation et mouvement de raison vers une Confédération intégrée… (p. 43) » Et si l’Union européenne était couronnée ? Pendant longtemps, Otto de Habsbourg-Lorraine aurait pu prétendre à cette fonction. Qui depuis sa disparition ? Et pourquoi pas un Bourbon-Parme ? Hélas, les dirigeants du « Machin de Bruxelles » ne voudront jamais placer à leur tête un prince de sang de France…

Regrettons cependant que le Prince n’aborde pas une autre union personnelle éventuelle qui touche au premier chef sa famille : l’union dynastique entre la France et l’Espagne avec les Bourbons. Le traité d’Utrecht de 1713 interdit aux Bourbons d’Espagne et de leurs ramifications italiennes de prétendre au trône de France. Sous la pression militaire de l’Angleterre et du Régent, son aïeul, Philippe V d’Espagne, petit-fils de Louis XIV, renonça pour lui et ses descendants à ses droits sur la Couronne de France. Or cette renonciation est invalide pour les Lois fondamentales du Royaume des Lys comme l’a prouvé l’oncle du Prince, Sixte de Bourbon-Parme, dans sa thèse de droit en 1914.

Censé arrêter la Guerre de Succession d’Espagne (1701 – 1715), le traité d’Utrecht marque en fait le début de la domination thalassocratique anglaise sur l’Europe. Soutenue par les Provinces-Unies, l’Angleterre tenait à éviter la formation à terme d’un royaume franco-espagnol qui aurait été un solide rempart continental aux menées subversives de la Mer, du Marché et du calvinisme puritain. Conscient de cette nouvelle donne géopolitique, Louis XV conduisit à la fin de son long règne une adroite politique tellurocratique. Il conclut en 1761 un « Pacte de Famille » entre les Bourbons de France, d’Espagne et de Parme, mais sans le roi Bourbon des Deux-Siciles soumis à une forte coterie anglomane, qui instaure une solidarité entre les trois États bourboniens. Complété par le relèvement de la marine de guerre et adossé à la puissance autrichienne grâce au renversement des alliances de 1756, cet accord politico-familial prépare une « alliance latine » et esquisse les contours d’un bloc continental et naval catholique tourné contre l’Angleterre, la Prusse et les Provinces-Unies. Malheureusement, la genèse de cet ensemble continental est avorté à Paris par les agissements incessants du « parti de l’étranger » anglophile, parlementaire et orléaniste. N’en déplaise aux ultimes dinosaures orléanistes partisans d’une famille connue pour sa duplicité héréditaire, il serait bien de déchirer le traité d’Utrecht et de sa mentalité anglomorphe préjudiciable aux intérêts français et européen.

Par cet essai intéressant, Sixte-Henri de Bourbon-Parme énonce une solution baroque et décalée. Une double monarchie au moins pour la Belgique, pourquoi pas finalement ? Ses réflexions témoignent pleinement que ce fils de France est un véritable Français d’Europe.

Georges Feltin-Tracol

Sixte-Henri de Bourbon-Parme, Une double monarchie sauverait la Belgique. Observations d’un ami du Royaume. Essai politique, Paris, Éditions Godefroy de Bouillon, 2011, 163 p., 17 €.


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vendredi, 28 octobre 2011

The Shock of History

The Shock of History

By Michael O"Meara

Ex: http://www.alternativeright.com/

A propos:
Dominique Venner.
Le choc de l’Histoire. Religion, mémoire, identité.
Versailles: Via Romana, September 2011.

 

“The future belongs to those with the longest memory.” –Nietzsche

Conservative thinking, Karl Mannheim notes, is essentially historical thinking—in that it orients to the concrete, to ‘what is’ and ‘what has been’, instead of to ‘what ought to be’ or ‘what can be’. ‘Properly understood’, historical thinking (as créatrice de sens) reveals the ‘Providential’ design evident in the course and test of time.

Some anti-liberals are wont thus to situate their ‘conservative’ project within the frame of Europe’s historical destiny and the higher design informing it.

The most renowned of such historical thinkers (representing what Carolina Armenteros calls the ‘the French idea of history’) was the father of European anti-liberalism, Joseph de Maistre—though he is not our subject.  Rather, it is the foremost contemporary avatar of anti-liberal historical thought: Dominique Venner.

The 75-year-old, French-speaking European of Celt and German descent, father of five, Venner is a historical scholar, a writer of popular histories and of various works on firearms and hunting, as well as the editor of two successful, artfully illustrated historical journals.

But whatever his genre, Venner bears the knightly (or legionnaire) standard of Europe’s multi-millennial heritage—the heritage, he claims, that took form with the blind poet, who is the father of us all—the heritage whose Homeric spirit knows to honor the brave, bare-foot soldiers of the Confederacy and the social banditry of Jesse James—and, most insistently, the heritage that expects a future commensurate with Europe’s incomparable past.

Venner is not your average academic historians; indeed, he’s not an academic at all. His life has been lived out on the last of France’s imperial battlefields; in Parisian street politics, in the outlawed OAS, in prison, and in laying the conceptual foundations of the European New Right; and finally, since his early thirties, in the various libraries, archives, and communal memories he’s searched to produce the 50 books he’s written on the key historical upheavals of the last century or so.

Unsurprisingly, his historical sense is ‘over-determined’—not solely by an  intelligence steeped in the life of the mind, but also by disciplines acquired in those schools of initiands known only to the political soldier.

His latest book—Le Choc de l’Histoire—is not a work of history per se, but a series of meditations, in the form of a book-long interview (conducted by the historian Pauline Lecomte) on the historical situation presently facing Europeans. These meditations approach their subject in parallel but opposite ways: 1) one approach surveys the contours of Europe’s longue durée—those centuries of growth that made the great oak so venerable—and, in the spirit of the Annales School, reveals her ‘secret permanences’, and, 2) a very different but complementary approach that silhouettes the heroic individuals and individual events (Achilles and the Iliad foremost) exemplifying the Homeric spirit of European man—disclosing his possibilities, and offering him thus an alternative to his programmed extinction.

Venner’s thesis is that: Europeans, after having been militarily, politically, and morally crushed by events largely of their own making, have been lost in sleep (‘in dormition’) for the last half-century and are now—however slowly—beginning to experience a ‘shock of history’ that promises to wake them, as they are forced to defend an identity of which they had previously been almost unconscious.

Like the effect of cascading catastrophes (the accelerating decomposition of America’s world empire, Europe’s Islamic colonization, the chaos-creating nihilism of global capitalism, etc.), the shock of history today is becoming more violent and destructive, making it harder for Europeans to stay lulled in the deep, oblivious sleep that follows a grievous wound to the soul itself—the deep curative sleep prescribed by their horrendous civil wars (1914-1918 and 1939-1945), by the ensuing impositions of the Soviet/American occupation and of the occupation’s collaborationist regimes, and, finally, today, by a demographic tsunami promising to sweep away their kind.

The Sleep

 

The Second European Civil War of 1939-1945, however it is interpreted, resulted in a cataclysmic defeat not just for Hitler’s Germany, but for Europe, much of which, quite literally, was reduced to mounds of smoldering rumble. Then, at Yalta, adding insult to injury, the two extra-European super-powers partitioned the Continent, deprived her states of sovereignty, and proceeded to Americanize or Sovietize the ‘systems’ organizing and managing the new postwar European order.

As Europe’s lands and institutions were assumed by alien interests, her ancient roots severed, and her destiny forgotten, Europeans fell into dormition, losing consciousness of who they were as a people and a civilization—believing, as they were encouraged, that they were simply one people, equal among the world’s many peoples.

Worse, for their unpardonable sins—for what Europeans did to Jews in the war, to Blacks in the slave trade, to non-White peoples in general over the course of the last 500 years—for all the terrible sins Europeans have committed, they are henceforth denied the ‘right’ to be a ‘people’. In the Messianic spirit of Communism and Americanism, the Orwellian occupiers and collaborators have since refused them a common origin (roots), a shared history, a tradition, a destiny. This reduces them to a faceless economic-administrative collectivity, which is expected, in the end, to negate the organic basis of its own existence.

The postwar assault on European identity entailed, however, more than a zombifying campaign of guilt-inducement—though this campaign was massive in scale. Europe after Jahre Null was re-organized according to extra-European models and then overwhelmed with imported forms of mass consumerism and entertainment. At the same time and with perhaps greater severity, she was subject to an unprecedented ‘brain-washing’ (in schools, media, the so-called arts, public institutions, and private corporations)—as all Europe’s family of nations, not just the defeated Germans, were collectively made to bear a crushing guilt—under the pretext of the Shoah or the legacy of colonialism/imperialism/slavery—for sins requiring the most extreme penance. Thus tainted, her memory and identity are now publicly stigmatized,

Venner’s Europe is not, of course, the Soviet/New Class-inspired EU, just as she is not the geographical entity labeled ‘Europe’. Rather than a market, a political/administrative structure, a geographic category—rather even than a race (though in a certain sense it is all about race in the end)—Europe for him is a multi-millennial community of closely-related national families made up of Germans, Celts, Slavs, and others, having the same ancient (Indo-European, Borean, Cro-Magnon) roots of blood and spirit: that is, having the same Thirty-thousand Years of European History and Identity.

This makes his Europe a community with a common civilizational heritage that stretches back to the depths of prehistoric time. Historically, the tradition and identity of this heritage has informed Europe’s representations and values in ways distinguishing/identifying her and her peoples from other civilizations and peoples.

Tradition, though, is not  for Venner the metaphysical abstraction of the perennialists or the historical repository of the Burkeans: it is not something outside history nor is it something forged once and for all in the night of time.

Tradition for him is precisely that which does not pass.  It is the perpetual spirit that makes Europeans who they are and lends meaning to their existence, as they change and grow yet remain always the same. It is the source thus of the ‘secret permanences’ upon which their history is worked out.

Tradition may originate in Prehistory, but Venner claims it is preeminently contemporary—just as every origin represents a novel outburst of being. It serves thus as a people’s inner compass. It directs them to what and whom they are. It renders what was formed and inspired in the past into a continually informed present. It is always new and youthful, something very much before rather than behind them. It embodies the longest memory, integral to their identity, and it anticipates a future true to its origin. Life lived in reference to tradition, Venner insists, is life lived in accordance with the ideal it embodies—the ideal of ‘who we are’.

In one sense, Venner’s Europe is the opposite of the America that has distorted Europe’s fate for the last half-century. But he is no knee-jerk anti-American (though the French, in my view, have good cause to be anti-US). He’s also written several books on the US War of Secession, in which much of America’s Cavalier heritage is admired. Knowing something of the opposed tendencies shaping American ‘national’ life, he’s well aware of the moral abyss separating, say, Jesse James from Jay Gould—and what makes one an exemplar of the European spirit and the other its opposite.

Modeled on the Old Testament, not the Old World, Venner claims America’s New World (both as a prolongation and rejection of Europe) was born of New England Calvinism and secularized in John O’Sullivan’s ‘Manifest Destiny’.

Emboldened by the vast, virgin land of their wilderness enterprise and the absence of traditional authority, America’s Seventeenth-century Anglo-Puritan settlers set out, in the spirit of their radical-democratic Low Church crusade, to disown the colony’s Anglo-European parents—which meant disowning the idea (old as Herodotus) that Europe is ‘the home of liberty and true government’.

Believing herself God’s favorite, this New Zion aspired—as a Promised Land of liberty, equality, fraternity—to jettison Europe’s aesthetic and aristocratic standards for the sake of its religiously-inspired materialism. Hence, the bustling, wealth-accumulating, tradition-opposing character of the American project, which offends every former conception of the Cosmos.

New England, to be sure, is not the whole of America, for the South, among another sections, has a quite different narrative, but it was the Yankee version of the ‘American epic’ that became dominant, and it is thus the Yankee version that everywhere wars on Americans of European descent.

Citing Huntington’s Who Are We?, Venner says US elites (‘cosmocrats’, he calls them) pursue a transnational/universalist vision (privileging global markets and human rights) that opposes every ‘nativist’ sense of nation or culture—a transnational/universalist vision the cosmocrats hope to impose on the whole world. For like Russian Bolsheviks and ‘the Bolsheviks of the Seventeenth century’, these money-worshipping liberal elites hate the Old World and seek a new man, Homo Oeconomicus—unencumbered by roots, nature, or culture—and motivated solely by a quantitative sense of purpose.

As a union whose ‘connections’ are essentially horizontal, contractual, self-serving, and self-centered, America’s cosmocratic system comes, as such, to oppose all resistant forms of historic or organic identity—for the sake of a totalitarian agenda intent on running roughshod over everything that might obstruct the scorch-earth economic logic of its Protestant Ethic and Capitalist Spirit. (In this sense, Europe’s resurgence implies America’s demise).

The Shock

What will awaken Europeans from their sleep? Venner says it will be the shock of history—the shock re-awakening the tradition that made them (and makes them) who they are. Such shocks have, in fact, long shaped their history. Think of the Greeks in their Persian Wars; of Charles Martel’s outnumbered knights against the Caliphate’s vanguard; or of the Christian forces under Starhemberg and Sobieski before the gates of Vienna. Whenever Europe approaches Höderlin’s ‘midnight of the world’, such shocks, it seems, serve historically to mobilize the redeeming memory and will to power inscribed in her tradition.

More than a half-century after the trauma of 1945—and the ensuing Americanization, financialization, and third-worldization of continental life—Europeans are once again experiencing another great life-changing, history-altering shock promising to shake them from dormition.

The present economic crisis and its attending catastrophes (in discrediting the collaborators managing the EU, as well as de-legitimatizing the continent’s various national political systems), combined with the unrelenting, disconcerting Islamization of European life (integral to US strategic interests) are—together—forcing Europeans to re-evaluate a system that destroys the national economy, eliminates borders, ravages the culture, makes community impossible, and programs their extinction as a people. The illusions of prosperity and progress, along with the system’s fun, sex, and money (justifying the prevailing de-Europeanization) are becoming increasingly difficult to entertain. Glimmers of a changing consciousness have, indeed, already been glimpsed on the horizon.

The various nationalist-populist parties stirring everywhere in Europe—parties which are preparing the counter-hegemony that one day will replace Europe’s present American-centric leadership—represent one conspicuous sign of this awakening. A mounting number of identitarian, Christian, secular, and political forces resisting Islam’s, America’s, and the EU’s totalitarian impositions at the local level are another sign.

Europeans, as a consequence, are increasingly posing the question: ‘Who are we?’, as they become more and more conscious—especially in the face of the dietary, vestimentary, familial, sexual, religious, and other differences separating them from Muslims—of what is distinct to their civilization and their people, and why such distinctions are worth defending. Historical revivals, Venner notes, are slow in the making, but once awakened there is usually no going back. This is the point, Venner believes, that Europe is approaching today.

The Unexpected

History is the realm of the unexpected. Venner does not subscribe to notions of historical determinism or necessity. In contrast to Marxists and economic determinists, anti-Semites and Spenglerians, he believes there are no monocausal explanations of history, and unlike liberals such as Fukuyama, he believes there’s no escape from (no ‘end’ to) history.

In history, the future is always unknown. Who would have thought in 1980 that Soviet Russia, which seemed to be overtaking the United States in the ‘70s, would collapse within a decade? Historical fatalities are the fatalities of men’s minds, not those of history.

History, moreover, is the confluence of the given, the circumstantial, and the willful. This makes it always open and hence potentially always a realm of the unexpected. And the unexpected (that instance when great possibilities are momentarily posed) is mastered, Venner councils, only in terms of who we are, which means in terms of the tradition and identity defining our project and informing our encounter with the world.

Hence, the significance now of husbanding our roots, our memory, our tradition, for from them will come our will to power and any possibility of transcendence. It’s not for nothing, Dominique Venner concludes, that we are the sons and daughters of Homer, Ulysses, and Penelope.

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lundi, 24 octobre 2011

La seconde invasion de l'Italie par Alaric (408-410)

 

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La seconde invasion de l'Italie par Alaric (408-410)

Ex: http://anti-mythes.blogspot.com/

Les invasions des anciens fédérés Wisigoths furent très différentes de la grande migration des peuples de Radagaise et des Vandales-Alains-Suèves, tous gentes externae, car les anciens fédérés wisigoths étaient dans l'Empire et ils eurent un but plus précis que la grande migration de 406, celui non seulement de redevenir fédérés, mais aussi d'obtenir une intégration plus étroite dans l'Empire, obstinément poursuivie par leurs rois, tant par l'ancien général romain Alaric que par son successeur Athaulf.

 
 
alarich-1-koenig-der-westgoten.jpgAinsi les Wisigoths envahirent-ils dans ce but, peu après la grande migration de 406, d'abord l'Italie complètement, puis une partie de la Gaule méridionale et une partie de l'Espagne méditerranéenne. Mais, si la grande migration de 406 les servit, en épuisant les moyens militaires de l'empereur Honorius contraint, en plus, d'affronter un usurpateur en Gaule dès 407 et un autre encore en 411, elle les desservit tout autant, en suscitant une virulente réaction des Romains antigermains qui les assimilèrent aux barbares de Radagaise ou de l'invasion des Vandales-Alains-Suèves et qui, même, redoutèrent plus ces anciens fédérés que les autres envahisseurs barbares. La seconde invasion de l'Italie par Alaric et la prise de Rome, le 24 août 410, firent des Wisigoths des ennemis intolérables de l'Empire, de sorte que leur établissement dans des provinces gauloises en 418, après leur retour au statut de fédérés en 416, réalisa en partie seulement les buts de leurs sept années d'invasions.
 
La rupture du gouvernement impérial avec Alaric détermina l'invasion de l'Italie par un roi des Wisigoths, ancien magister militum per Illyricum de l'empereur d'Occident. Au printemps 407, l'arrêt des préparatifs de la guerre contre l'Empire d'Orient n'entraîna pas cependant le retrait de sa dignité romaine au roi wisigoth qui, probablement, crut que la guerre projetée était différée à cause de l'usurpation de Constantin en Gaule. Vers la fin de 407 ou le début de 408, sans doute après l'échec de l'expédition de Sarus contre Constantin, Alaric, inquiet de ne plus recevoir les annones de ses soldats fédérés, quitta ses cantonnements d'Épire, gagna par la Savie et Emona le Norique méditerranéen, où il s'installa à Virunum (près de Klagenfurt), à l'entrée de la route des Alpes Juliennes menant en Italie, donc dans la même région qu'en 406 Radagaise. De là, il envoya des légats réclamer au généralissime de Ravenne une indemnité de 4 000 livres d'or, somme considérable que Stilicon, accouru à Rome où se trouvait Honorius, fit difficilement accepter par le Sénat. En outre l'empereur, allant à Ravenne pour inspecter lui-même l'armée italienne, y fut accueilli par une mutinerie que suscita Sarus, antistiliconien depuis son échec en Gaule.
 
La chute de Stilicon fut, peu après, hâtée par la mort inattendue de l'empereur Arcadius, le 1er mai 408, mort qui rendit inutiles la guerre déjà retardée contre l'Orient et les services d'Alaric, précisément nommé général pour occuper l'Illyricum oriental revendiqué par l'Occident : Honorius devint le tuteur du jeune fils d'Arcadius, Théodose II. Alors Stilicon, sans doute pour garder Alaric au service de l'Empire en évitant d'apparaître à ses côtés comme un complice, décida Honorius, lors d'un conseil tenu à Bologne vers juillet, à lui confier quelques troupes pour aller veiller sur Théodose II à Constantinople, tandis que l'armée italienne, de plus en plus travaillée par les antistiliconiens, irait en Gaule combattre l'usurpateur avec les Wisigoths du magister militum Alaric sous le commandement personnel de l'empereur. Quand Honorius vint à Pavie, où étaient réunis les soldats italiens, ceux-ci se mutinèrent à l'incitation des antistiliconiens dont faisait partie un très influent fonctionnaire palatin d'origine orientale, Olympius : ils massacrèrent le magister equitum Galliarum et le préfet du prétoire des Gaules qui venaient d'être nommés, ainsi que le préfet du prétoire d'Italie et tous les dignitaires stiliconiens. Stilicon, resté à Bologne avec quelques troupes, ne tenta pas un autre coup d'État militaire pour évincer Olympius et le parti antigermanique : il partit à Ravenne et, quand ses gardes du corps huns furent égorgés par Sarus, il se laissa arrêter sous la promesse d'avoir la vie sauve, mais il fut exécuté.

 
Aussitôt se déchaîna la persécution non seulement de la famille et des partisans de Stilicon, mais aussi des soldats barbares, déjà expulsés des villes italiennes sur l'ordre du généralissime, peu avant son exécution : on tua tous ceux qu'on put rattraper ainsi que leurs familles laissées en otages dans les cités et, selon Zosime, les rescapés, au nombre de 30.000, s'enfuirent auprès d'Alaric. Olympius, devenu tout-puissant auprès d'Honorius, installa des ministres antigermains, donna de nouveaux généraux à l'armée italienne et utilisa l'Ostrogoth Sarus en le nommant aussi général, selon Philostorge, soit pour le récompenser de l'arrestation de Stilicon, soit pour garder le groupe de fédérés pannoniens qui l'avaient suivi en Italie. Or, Sarus était l'ennemi personnel d'Alaric, inimitié qui joua un grand rôle dans les rapports du nouveau gouvernement de Ravenne et du roi wisigoth, parce qu'il s'agissait de haines tribales implacables. Probablement ces haines anciennes s'étaient-elles avivées quand les Wisigoths, allant envahir l'Italie à la fin de 401, passèrent en Pannonie II-Savie et s'allièrent aux fédérés ostrogoths en les incitant à se donner pour roi, à la place de Sarus, le beau-frère d'Alaric, Athaulf, d'origine gothico-sarmate, sans doute d'une famille loyale envers Hermanaric, lors du complot de la gens infida des Rosomons, et restée fidèle aux Amales quand elle se réfugia chez les Wisigoths après 375 : Athaulf exploita-t-il le fait que Sarus était le frère de Sunilda, l'épouse d'Hermanaric suppliciée pour avoir trahi au profit des Rosomons ? Après la défaite d'Alaric en Italie et sa retraite en Illyricum oriental, les fédérés ostrogoths, pardonnés par Stilicon, avaient eu pour roi Sarus, avec qui une partie d'entre eux était partie, en 406, dans la plaine du Pô pour y participer aux opérations de Stilicon contre Radagaise. Mais, à l'automne de 408, quand Alaric quitta l'Épire, il revint en Pannonie II-Savie et de nouveau donna pour roi Athaulf aux fédérés ostrogoths qui n'avaient pas suivi Sarus en Italie, peut-être surtout parce que, venant de rompre avec le gouvernement impérial, il ne pouvait gagner le Norique méditerranéen sans être sûr de l'alliance des Ostrogoths de Pannonie.
 
Vers septembre 408 en effet, Alaric semble avoir tenté d'éviter la guerre contre le nouveau gouvernement impérial, parce qu'il redoutait d'affronter la grande armée italienne de Pavie avec des troupes insuffisantes, réduites à ses Wisigoths, sans être assuré que les fédérés ostrogoths et huns de Pannonie viendraient, dirigés par Athaulf, participer à l'invasion de l'Italie. Selon Zosime, il envoya des légats porter à l'empereur des propositions de paix plus "modérées" que son ultimatum du printemps : une somme d'argent "non excessive", l'autorisation de transférer ses soldats du Norique « en Pannonie », vraisemblablement pour obtenir qu'Athaulf y eût le statut de roi fédéré, et l'envoi réciproque d'otages qui seraient, du côté romain, Aetius et le fils de Jovius.
 
L'ouverture de la guerre fut précipitée, dès octobre, tant par le refus d'Olympius de négocier avec Alaric que par la prompte désorganisation de l'armée italienne, non seulement amputée de ses soldats barbares dont la plupart allèrent rejoindre le roi wisigoth, mais aussi par l'incompétence et les rancunes de ses nouveaux généraux qui avaient fini par obtenir la mise à l'écart de Sarus. Aussi peut-on conjecturer qu'Alaric décida d'intimider l'influençable Honorius qui avait gardé au palais d'anciens stiliconiens, tel l'ex-préfet du prétoire d'Illyricum Jovius, et n'avait même pas encore quitté Milan le 24 septembre. Dans le courant d'octobre 408, sans attendre les renforts pannoniens "huns et goths" qu'il avait demandés à son beau-frère Athaulf, il passa les cols du Norique avec ses seuls guerriers et envahit la Vénétie. Par la route de Concordia et d'Altinum il atteignit le Pô et s'empara de Crémone, sans rencontrer de soldats italiens, car, entre-temps, Honorius avait quitté Milan et était revenu à Ravenne.
 
Alaric eut donc à faire le siège de Ravenne, puissamment fortifiée et défendue par une armée impériale, pour imposer à l'empereur une paix moins "modérée" que celle proposée en septembre. S'il renonça aux longs et coûteux travaux qu'aurait exigés le siège de Ravenne, il alla, en suivant la voie Flaminienne, assiéger Rome. L'Urbs avait certes une enceinte réparée à la fin de 401, mais pas de garnison. De plus, la présence dans ses murs du sénat et des grandes familles sénatoriales, ainsi que de l'évêque romain, faisait de Rome assiégée une menace qui pouvait contraindre Honorius à négocier, tout autant que le siège de Ravenne. C'était aussi à l'automne qu'arrivait à Portus, le port de Rome sur la rive nord de l'embouchure du Tibre, l'annone d'Afrique qui pouvait assurer le ravitaillement des Wisigoths, restés sans vivres au début de l'hiver, à cause de leur offensive rapide, après Crémone, vers Bologne et Rimini qu'ils n'avaient pas pris le temps d'assiéger. Dès novembre, Alaric s'empara de Portus et du blé africain, qui, enlevé ainsi aux Romains, contribua à ébranler la résistance d'assiégés menacés par la famine.
 
Le siège de Rome devint pour le roi wisigoth le moyen d'exercer une pression puissante sur le gouvernement impérial, afin d'en obtenir l'octroi de cantonnements pour ses sujets redevenus fédérés et de commandements romains pour lui et Athaulf. En revanche Honorius, resté sauf dans Ravenne avec une armée qui servait de garnison à sa capitale réelle, résista aux exigences des Wisigoths retenus par le siège de Rome. Si Alaric crut pouvoir dicter les conditions de la paix, le gouvernement de Ravenne crut pouvoir refuser de subordonner au sort de Rome la paix avec un ennemi qui ne le menaçait pas directement. Mais le siège de l'Urbs, que l'armée d'Alaric ne pouvait emporter, ni l'armée de Ravenne délivrer, dura longtemps et il imposa aux deux adversaires, au roi wisigoth comme à l'empereur, une remise en question, par trois fois au moins, des moyens susceptibles d'aboutir à une paix nécessairement dépendante de leur réconciliation ou de la soumission de l'un des deux.
 
De novembre 408 à février 409, la politique antigermanique d'Olympius s'effrita sous le choc des maux endurés par les Romains assiégés : après la prise de Portus, les rations de blé diminuèrent d'un tiers, puis de moitié, et la famine, puis la peste apparurent, tandis qu'on faisait la chasse aux stiliconiens ; hors les murs, les Wisigoths furent rejoints par les esclaves fugitifs, 40.000 selon Zosime, et Alaric exigea de la première ambassade romaine qui vint le trouver tout ce que l'Urbs contenait d'or, d'argent et d'esclaves germains. Mais, quand l'énorme contribution fut livrée par une seconde ambassade, Alaric demanda l'envoi à Ravenne du préfet de la Ville et de deux sénateurs pour proposer à l'empereur la paix dans l'alliance avec les Wisigoths. En janvier 409, l'intransigeance d'Olympius, qui avait convaincu Honorius de ne pas céder aux prières des représentants des Romains, fit déjà scandale à la cour, d'autant plus que cinq escadrons de Dalmates, rappelés de Pannonie pour aller au secours de l'Urbs furent détruits par Alaric. En février, le blocus de Rome fut resserré par le roi wisigoth, irrité par les refus du gouvernement impérial, et une nouvelle ambassade romaine partit, avec l'évêque de Rome Innocent I', demander une fois de plus à l'empereur de consentir à la paix. À ce moment, les renforts pannoniens amenés par Athaulf arrivèrent enfin sur la route de Rome, mais ils étaient si peu nombreux qu'un corps de trois cents fédérés huns, probablement rappelés de Pannonie par Olympius en même temps que les Equites dalmates, put les attaquer à Pise et les vaincre, sans réussir cependant à empêcher la jonction d'Athaulf et d'Alaric. Alors, à Ravenne, les soldats du comte Jovius exigèrent de l'empereur la disgrâce d'Olympius et du parti antigermanique. Jovius devint préfet du prétoire et reprit les négociations.
De mars à novembre 409, la politique d'entente avec les Wisigoths s'effrita à son tour, mais progressivement, à mesure qu'évoluèrent les exigences d'Alaric. Vers mai-juin, Honorius se réconcilia avec l'usurpateur gaulois Constantin qui promit d'intervenir en Italie "avec toute l'armée de Bretagne, de Gaule et d'Espagne". Fut-ce à cause de cela ou d'une intrigue du parti antigermanique demeuré influent au palais qu'Honorius décida de refuser les propositions d'Alaric, présentées à Rimini, lors de la rencontre du roi wisigoth et du préfet du prétoire Jovius ? Alaric présenta, semble-t-il, à Rimini non pas un ultimatum, mais une base de discussion, en exigeant, outre de l'or et des vivres, des cantonnements situés non seulement dans les Noriques et les Pannonies, comme il l'avait réclamé en septembre 408, mais aussi dans la Dalmatie et la province italienne de Vénétie. Avait-il l'intention de réduire ces exigences s'il obtenait pour lui et Athaulf des commandements romains, que d'ailleurs Jovius avait conseillé à l'empereur d'accorder? De toute façon, Honorius ordonna de rompre les négociations. Jovius non seulement obtempéra, mais encore, craignant d'être disgracié, se convertit sur-le-champ à la politique antigermanique d'Olympius. Alaric, violemment déçu, partit reprendre le siège de Rome, "vigoureusement" dit Zosime, tandis que Jovius faisait engager 10.000 Huns extérieurs aux frontières pannoniennes, mercenaires pour lesquels il fit venir du blé et du bétail de Dalmatie.
 
Mais, vers la fin de l'été 409, les pourparlers reprirent entre les Romains assiégés et Alaric, car le ravitaillement des Wisigoths dépendait, comme à l'automne 408, de l'arrivée du blé annonaire d'Afrique. Une nouvelle ambassade des Romains, conduits par le préfet de la Ville Attale et l'évêque Innocent 1er, alla porter à Ravenne des propositions de paix du roi wisigoth beaucoup plus conciliantes que celles du printemps précédent : Alaric se bornait, selon Zosime, à demander non plus de l'or, mais seulement des vivres, dont l'empereur fixerait lui-même la quantité, et des cantonnements dans les Noriques, "provinces éloignées de l'Italie et qui rapportaient peu au fisc". Jovius, soit parce qu'il attendait ses nouveaux soldats huns, soit parce qu'il n'osait pas renier le parti antigermanique, fit éconduire l'ambassade et rejeter les offres d'Alaric par Honorius. Le roi wisigoth, excédé par cette politique de refus, resserra le blocus de Rome, d'autant plus qu'en novembre le blé africain n'arriva pas à Portus, car le comte d'Afrique Heraclianus retint à Carthage la flotte annonaire et même, plus tard, au printemps 410, l'expédia à Ravenne.
De décembre 409 à juillet 410, Alaric tenta de s'entendre avec les Romains contre l'intraitable gouvernement de Ravenne. Résolu à rompre enfin avec Honorius, mais non avec l'autorité impériale, il fit proclamer empereur par ses Wisigoths le préfet de la Ville Attale, au vif soulagement du sénat et de la population de Rome. Ainsi obtint-il de son empereur, assez docile pour se laisser baptiser par l'évêque arien des Wisigoths, ce qu'il avait demandé vainement au représentant d'Honorius à Rimini, c'est-à-dire non pas des cantonnements en Italie, mais un grand commandement : Alaric fut nommé magister militum et Athaulf comte de la cavalerie des domestiques. Attale put cependant désigner un Romain, Constant, plutôt que le Wisigoth Druma, comme chef des soldats expédiés promptement en Afrique pour obliger le comte Heraclianus à livrer l'annone.
 
Jusqu'au printemps 410, Attale donna satisfaction au roi wisigoth. Dès janvier, tous deux marchèrent contre Ravenne, d'où Honorius, inquiet de cette entente, envoya des ambassadeurs conduits par le préfet du prétoire Jovius qui offrirent à Attale de partager le pouvoir impérial avec l'empereur légitime. Peut-être Alaric y aurait-il consenti, si, à la cour d'Honorius, les haines n'avaient explosé contre le parti antigermanique et l'empereur qui, en le cautionnant, était responsable du siège de Ravenne. Jovius s'empressa de faire à nouveau volte-face et de se rallier à l'empereur d'Alaric : il devint le préfet du prétoire d'Attale qu'il pressa de déposer Honorius et même de le mutiler, après l'avoir capturé. Quant au général germain des soldats de Ravenne, Allobic, il projeta de remplacer Honorius par Constantin III dont on attendait la venue en Italie.
Honorius semblait perdu et s'apprêtait à fuir Ravenne, lorsque soudainement débarquèrent quatre mille soldats envoyés d'Orient par Théodose II, qui le décidèrent à rester. Ensuite, peut-être vers avril, arriva de Carthage la flotte annonaire apportant aussi les impôts en argent des Africains, qu'avait retardée les opérations du comte Heraclianus contre les soldats de Constant, expédiés par Attale en Afrique sans doute vers février, mais battus promptement. Honorius eut donc de quoi payer ses soldats huns et nourrir la garnison ainsi que la population de Ravenne assiégée, tandis que le blocus des ports africains par Heraclianus faisait réapparaître la famine à Rome.
 
Alaric hésita cependant à se séparer d'Attale, quand celui-ci refusa de faire partir en Afrique des soldats wisigoths qui, mieux que ceux de Constant, pouvaient vaincre Heraclianus. Il alla même guerroyer contre les villes italiennes qui, telle Bologne, refusaient de reconnaître son empereur et peut-être contribua-t-il à hâter la retraite de Constantin III que la mort d'Allobic et les nouveaux moyens dont disposait Honorius décidèrent à rentrer en Gaule. Ce fut Jovius qui, selon Zosime "acheté par Honorius", convainquit Alaric de se débarrasser d'Attale et de se réconcilier avec l'empereur légitime. Attale ayant abandonné le siège de Ravenne pour accourir à Rome, afin sans doute de recourir au sénat, Alaric le convoqua à son camp de Rimini et, là, vers la fin juillet, le dépouilla des insignes impériaux qu'il fit porter à Honorius.
 
L'empereur de Ravenne accepta la paix offerte, amnistia tous ceux qui avaient servi Attale et, peu après, fit lever le blocus des ports africains pour assurer le ravitaillement de Rome et, en conséquence, celui des Wisigoths. On ignore les concessions qu'obtinrent Alaric et Athaulf, car celles-ci restaient sans doute à préciser.
 
On ignore aussi pourquoi et à quel moment, avant ou après une entrevue entre Honorius et Alaric, l'escorte du roi wisigoth fut, sur la route de Ravenne, attaquée par Sarus, resté à l'écart depuis l'automne 408, mais rentré avec un haut grade au service de l'empereur ou plutôt du nouveau généralissime, Constantius. L'incident était-il dû à une initiative de Sarus ou à un ordre de Constantius, soucieux d'intimider Alaric qui gardait encore comme otage la demi-soeur d'Honorius, Galla Placidia ? Alaric s'indigna-t-il seulement d'être attaqué par son ennemi promu à un grade que ni lui-même, ni Athaulf n'avaient encore reçu de l'empereur ? Persuadé qu'Honorius s'apprêtait à le trahir, le roi wisigoth revint assiéger Rome et prouver sa puissance, soit pour se venger, soit pour faire céder l'empereur.
 
La prise de Rome fut précédée par un blocus qui menaçait de durer, car les Wisigoths n'avaient pas de matériel de siège et la solide enceinte de l'Urbs avait peu souffert des sièges précédents de 408 et 409. Mais, depuis 18 mois, il y avait eu tant de pourparlers et de trêves, tant d'échanges d'ambassades entre assiégés et assiégeants, tant de partisans d'Attale à Rome, que beaucoup de familles romaines, notamment sénatoriales, avaient des relations dans l'entourage d'Alaric et d'Athaulf. En outre, la famine, qui sévissait déjà au temps d'Attale, était devenue intolérable après les espoirs d'amélioration apportés par la paix. Aussi est-il probable que des Romains tentèrent un accommodement avec le roi wisigoth pour ne pas prolonger une vaine résistance et, tout au moins, limiter les dégâts d'une reddition inconditionnée.
Le sac de Rome, du 24 au 27 août, fut apparemment réglé avant l'entrée des Wisigoths, par la Porte Salaria, trop mal défendue pour qu'il n'y ait pas eu des complicités dans ce quartier de l'Urbs. La limitation à trois jours de la mise à sac d'une ville aussi vaste et riche que Rome suggère que le roi wisigoth s'y était engagé, avant. Alaric, d'ailleurs respecta cet engagement préalable, y compris le droit d'asile consenti à la basilique Saint-Pierre et à ses alentours, malgré la difficulté de plier à cette discipline ses Wisigoths exaltés par le pillage de tant d'opulentes demeures et l'incendie de tant de monuments. Enfin, il y eut tant de nobles réfugiés en Afrique et en Orient, où ils arrivèrent dépourvus de ressources, que la fuite de la plupart d'entre eux avait été, vraisemblablement, tolérée et payée par l'abandon de leurs biens. Ceux, plus pauvres ou plus imprudents, qui restèrent eurent le sort des autres Romains, soit tués, soit surtout asservis par les Wisigoths jusqu'au paiement de rançons sommairement calculées, d'après les classes sociales ou les circonstances.
Il ne subsiste pas et sans doute n'y eut-il pas de description de la prise de Rome, événement civil, non pas défaite ou victoire militaire. Brièvement mentionnée par les chroniques, elle n'apparaît dans les textes d'auteurs presque tous ecclésiastiques, dont l'historien des Goths Jordanes, qu'à travers des épisodes sélectionnés et altérés pour montrer la modération de barbares chrétiens ou à travers des allusions aux malheurs de victimes romaines connues, enfin à travers des reproches adressés au gouvernement impérial, mais surtout au "traître" Stilicon. De tous ces témoignages il ressort que le sac de Rome fut ressenti comme un bouleversement prodigieux, un signe fatidique, moins à décrire qu'à interpréter pour dénoncer ses causes et conjurer l'arrêt du Destin. Rome n'avait pu tomber que parce qu'elle avait été trahie ou coupable. Seule importait la cause morale de ce malheur : abandon des anciens dieux tutélaires pour l'opinion des païens, plus nombreux dans les milieux populaires romains que dans les cercles des sénateurs lettrés ; justice de Dieu qui frappe, mais laisse survivre, pour l'opinion des clercs chrétiens plus que de leurs fidèles.
 
Les conséquences de la prise de Rome montrèrent l'importance réelle de cet événement. Apparemment, ni Honorius, assuré que Ravenne, sa capitale d'empereur légitime, était le cœur de l'Empire, ni Alaric, aveuglé par ses rancunes, ni même les sénateurs romains obsédés par le souci d'échapper au pire, n'avaient tenu compte de la puissante charge émotionnelle qui s'était investie, au cours des siècles, dans la vieille Rome, "mère du monde assassinée" pour Rutilius Namatianus, beaucoup plus que dans la nouvelle, Constantinople, prise par les Goths de Gainas en 400 avec un moindre retentissement. S'il y eut autour d'Honorius, qui n'était pas un Théodose, et autour d'Alaric, qui n'était pas un Radagaise, des partisans d'un compromis entre l'intransigeance du parti antigermanique et les buts d'anciens fédérés révoltés pour obtenir d'être intégrés dans l'Empire, cette politique fut ruinée par le sac de Rome. La lutte entre Honorius et Alaric, transférée sur le plan du Salut de la Respublica Romana, devint celle de l'empereur identifié à la souveraineté de Rome et du représentant le plus dangereux de la furie barbare.
Effectivement, après la prise de l'Urbs, il n'y eut plus de négociations entre le gouvernement de Ravenne et le roi wisigoth. Alaric put continuer ses ravages : quittant la ville, avec son énorme butin et ses nombreux captifs, dont Galla et Attale, il emmena ses Wisigoths à la recherche de vivres en Campanie d'abord, puis vers le sud, où, pour conquérir le blé d'Afrique, il prépara une expédition navale en direction de la Sicile et de Carthage. Mais, fin septembre, les tempêtes d'équinoxe détruisirent sa flotte improvisée et il revint vers l'opulente Campanie pas encore épuisée. Dès octobre, sa mort subite lui épargna la peine inévitable de négocier avec Honorius, tâche qui échut à son successeur, Athaulf, et ses Wisigoths lui firent des funérailles dignes d'un héros, à Cosenza, près du fleuve Busentus dont ils auraient détourné le cours pour ensevelir leur roi, selon Jordanes.
 
Après la mort d'Alaric, le gouvernement de Ravenne continua d'ignorer le roi wisigoth. Honorius fit d'abord un bref séjour à Rome, où il célébra en janvier 411 ses vicennalia et promit aux sénateurs des exemptions d'impôts, puis, "voyant qu'il ne pouvait agir contre les barbares à cause des usurpateurs" dit Orose, il envoya, au printemps, contre Constantin III l'armée italienne commandée par Constantius, "un général enfin romain". Pendant l'hiver 410-411, Athaulf ravitailla ses Wisigoths en pillant les régions riveraines de l'Adriatique, moins épuisées que le Latium et les alentours de Rome dont il se détourna. Se rapprochant ainsi de Ravenne, il arriva en Émilie, d'où il tenta de faire la paix avec l'empereur, soit vers la fin du printemps, soit au cours de l'été, c'est-à-dire après le départ en Gaule de l'armée commandée par le magister peditum Constantius et le magister equitum Ulphila, départ qui priva le roi wisigoth de l'occasion d'offrir ses soldats en demandant un commandement romain. Fut-ce pour s'imposer à Honorius qu'il épousa Galla, à Forli, en Émilie, selon Jordanes ? Il y eut sûrement des pourparlers au sujet de ce mariage, car Honorius voulait faire libérer sa demi-sœur et Athaulf savait que Constantius, vainqueur de Constantin III devant Arles en août, ne pouvait vaincre sans renforts le nouvel usurpateur gaulois, Jovinus, proclamé Auguste à Mayence, où se formait une grande armée de barbares rhénans.
 
Mais Honorius ne céda pas. Alors, selon Jordanes, Athaulf quitta l'Italie, "en y laissant l'empereur comme un parent traité avec bienveillance, bien qu'il l'eût dépouillé de ses richesses, après avoir pillé dans les provinces italiennes les biens des particuliers, ainsi que surtout ceux de l'État", et il se dirigea vers les Gaules. Au printemps 412, dès que les cols des Alpes occidentales furent ouverts, Athaulf passa en Gaule, emmenant son butin, Galla et l'ex-empereur Attale qu'il projetait de donner pour collègue à l'usurpateur Jovinus, auquel il avait décidé de se rallier. Les Wisigoths évacuèrent donc l'Italie avec le même statut qu'à l'automne 408, quand ils l'avaient envahie.
 
Émilienne DEMOUGEOT 

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dimanche, 23 octobre 2011

Les rites d'initiation germaniques

 

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Les rites d'initiation germaniques

L'une des pratiques créatrices de société, les rites d'initiation destinés à faire entrer les jeunes dans la société des adultes, eut une très longue postérité en Europe : la chevalerie.
Le Beowulf donne des exemples de jeunes guerriers, porte-main du héros, de jeunes garçons livrés au seigneur par leurs parents. Les garçons sont nourris au sein jusqu'à l'âge de 3 ans, puis sevrés et laissés aux soins des femmes jusqu'à l'âge de 7 ans. Ils sont alors confiés à un père adoptif (fosterfaeder, “père efforceur”). En général, il est de la parenté de la mère, souvent son frère aîné, donc l'oncle maternel comme nous l'avons dit. Le fosterage consiste à éduquer un jeune de 7 à 14 ans, ce qui ne devait pas aller sans peine ; sinon, pourquoi le père adoptif eût-il été qualifié d'efforceur ? Parfois le jeune part en voyage. Sa formation achevée, a lieu la cérémonie de la taille de la première barbe ou de la chevelure. Pépin le Bref se vit ainsi couper les cheveux par le roi Liutprand vers 730 (Paul Diacre, HL, I, 23-24 et VI, 53). Reste l'affrontement avec le père adoubeur pour être un guerrier parfait. Là aussi, à 14 ans, âge de la majorité chez tous les rois francs et leurs successeurs, le passage vers l'homme accompli, le guerrier, est capital.
 
Le cérémonial existait dès l'époque mérovingienne, mais nous n'en avons de preuve certaine qu'avec Louis le Pieux. En 792, âgé de 14 ans, il est “ceint par l'épée” à Ratisbonne par son père Charlemagne, car il est “devenu adolescent”. En septembre 838, Charles le Chauve, âgé de 15 ans, reçoit arma et corona, c'est-à-dire l'épée avec le ceinturon et le baudrier, insignes de sa fonction (militia). En 841, le samedi Saint, Charles, après avoir pris un bain avec ses compagnons, voit arriver ses émissaires venus d'Aquitaine avec des vêtements neufs, une couronne, etc. C'est le plus ancien exemple d'adoubement chevaleresque que nous connaissions. Il eut lieu symboliquement le jour de pâques. D'ailleurs, à partir de 850, le mot latin caballarius ne signifie pas seulement “homme à cheval”, mais désigne un homme de la suite de tel ou tel grand personnage et prend le sens de “chevalier”.
 
 
Raban Maur précise : “On peut faire un cavalier avec un jeune garçon mais rarement avec un plus âgé.” La cavalerie a pris alors une importance décisive. “Aujourd'hui, les jeunes sont élevés dans les maisons des grands, écrit-il encore. Sauter sur le dos d'un cheval est un exercice qui fleurit spécialement chez les peuples francs.” Cela est vrai aussi dans le Midi romain, puisque Géraud d'Aurillac fait de même dans sa jeunesse. Nithard, fils illégitime d'une fille de Charlemagne, Berthe, historien laïc de grande précision, introduit dans ses écrits des années 841-843 des allusions continuelles aux armes et aux chevaux, aux jeux d'entraînement entre cavaliers expérimentés de haute noblesse saxons, gascons, austrasiens et bretons. Il insiste sur l'enracinement régional de la noblesse et sur ses idéaux : mourir dignement plutôt que trahir, rester solidaires entre frères et fidèle au seigneur jusqu'à la mort. Notker de Saint-Gall raconte, vers 885, l'histoire d'un jeune évêque récemment ordonné qui, au lieu de monter à cheval avec des étriers, un progrès récent qui donnait plus de dignité au cavalier, préféra sauter sur la croupe du destrier… ce dont Charlemagne, heureux d'avoir dans sa suite un homme que n'embarrassait pas son statut clérical, le félicita.
 
 
Initiation laïque et germanique, l'adoubement allait dans la perspective d'une violence guerrière déchaînée. Dubban, en vieil-haut-allemand, qui a donné “adoubement”, signifie “frapper”. En effet, le “vieux”, parrain du pied tendre, le faisait mettre à genoux et lui flanquait un grand coup de poing dans l'épaule pour voir s'il tiendrait le choc. Mais la christianisation du rite était déjà en route. En droit canon, le coupable d'un meurtre est privé de ses armes et ne peut plus monter à cheval. Halitgaire, évêque de Cambrai, introduit une distinction entre tuer à la guerre, ce qui est un péché nécessitant trois semaines de jeûne, et tuer dans une bataille soit pour se défendre, soit pour défendre sa parentèle ; dans ce cas, tuer est un péché sans pénitence. Après la bataille de Fontenay en 841, les évêques se réunirent et proclamèrent un jeûne de trois jours pour expier les morts de ce terrible combat dû à une guerre fratricide. En sens inverse, des chevaliers deviennent des soldats du Christ contre les Sarrasins et les païens (chapitre VIII). L'épopée du Ludwigslied, rédigée à chaud en vieil-haut-allemand le soir de la victoire de Louis III à Saucourt-en-Vimeu, confirme cet idéal et contient une oratio super militantes, prière pour les soldats, qui constitue la première manifestation d'une liturgie chevaleresque. Ainsi, à la fin du IXe siècle, la chevalerie était déjà un statut social. Le guerrier à cheval faisait preuve d'un entraînement professionnel d'adulte confirmé et chrétiennement légitimé.
 
 
Michel ROUCHE

samedi, 22 octobre 2011

Dominique Venner, électrochoc des esprits pour un choc de l'histoire

 

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Dominique Venner, électrochoc des esprits pour un choc de l'histoire

Par Olrik

Ex: La Droite strasbourgeoise (cliquez ici)

choc-histoire.jpgDans un livre d’entretien conduit par la journaliste Pauline Lecomte, « Le choc de l’histoire » publié aux éditions « Via Romana », Venner se penche une nouvelle fois sur notre époque en crise. On retrouvera en filigrane la grille d’analyse affûtée qu’il avait déjà exposée dans son ouvrage « Le siècle de 1914 », mais cette fois pour en dépasser le cadre restreint de la discipline historique. 

Selon lui, la grave crise actuelle clos un cycle historique amorcé en 1914 et qui aura secoué tout le XXème siècle. Après avoir favorisé un lent processus de déchristianisation, les idéaux des Lumières ont vu, au cours du dernier siècle,  les grands récits idéologiques qu’ils avaient enfantés s’effondrer les uns après les autres. Après avoir tordu le cou aux aventures fascistes en Europe, le communisme et le capitalisme mondialiste, qui se sont imposés à une Europe réduite à la sujétion, se sont révélés finalement incapables de surmonter les contradictions systémiques internes qui les taraudaient.

Le communisme s’affaissera brutalement sur lui-même sans prévenir, en 1989, laissant le mondialisme des droits de l’homme porté par les Etats-Unis bien seul face à ses propres apories. Passée une brève période d’euphorie, la faillite de Lehmann Brother en 2008 est venue signifier à une planète incrédule la mort par KO technique de la dernière illusion issue des ruines du XXème siècle et partant, le début du déclin de l’empire américain. 

Pour Dominique Venner, la grande faute qui caractérisa toutes ces expériences idéologiques fut de ne s’inscrire qu’exclusivement dans le champ trop temporel du politique ou de l’économique. Malgré les prétentions eschatologiques et les abords religieux que ces aventures n’ont jamais manqué d’emprunter, toutes se révélèrent in fine bien incapables de bâtir des modèles durables de société, comme su par exemple le faire en son temps le christianisme. Les mythes du progressisme égalitaire, de l’homme nouveau ou encore de la fin de l’histoire auront finalement buté sur l’amère réalité de leur impossible avènement. Leurs échecs successifs laissent donc aujourd’hui les Européens à la fois exsangues et durement désemparés devant un sérieux questionnement identitaire.

Même le christianisme, passablement épuisé, ne présente plus la moindre possibilité d’un recours. Son universalisme - qui put être un atout lorsqu’il s’agissait de légitimer l’hégémonie de l’Europe sur le monde - se révèle désormais totalement inopérant à offrir des solutions pour des Européens ramenés à un monde multipolaire et violemment chaviré par un rééquilibrage des puissances entre ex-dominés et ex-dominants. Pire encore ! Ce résidu d’universalisme, qui nimbe encore tout l’Occident, les handicape aujourd’hui dans leur capacité à répondre au réveil identitaire, et souvent revanchard, des civilisations concurrentes.

L’état des lieux est clair : l’Europe, assommée par le traumatisme de deux guerres mondiales, est entrée en dormition depuis plus de 50 ans. Mais l’effondrement annoncé de l’empire américain provoquera inévitablement le retour souverain des nations du vieux continent dans le jeu de l’histoire. Inutile de s’illusionner ! Ce réveil ne se fera pas sans de déchirantes et profondes révisions. La grande démonstration de ce livre tient précisément dans l’évidence que la solution dépasse largement le champ des contingences du politique stricto sensu.

Dépourvue de religion identitaire, à la différence de l’Inde, du Japon ou de la Chine, l’Europe va devoir retrouver ce qui la singularise en renouant avec sa plus longue mémoire. Une mémoire amenée à former les bases d’une mystique identitaire apte à produire un imaginaire collectif opérant face aux nouveaux enjeux de la modernité. Les Européens vont devoir se réarmer moralement s’ils ne veulent pas tomber en servitude. A cet égard, il nous donne l’exemple du renouveau hindouiste actuel en Inde, amorcé grâce à la création par Nagpur en 1925 d’un mouvement identitaire à vocation plus culturelle et spirituelle que politique.

Sur ce chemin qui remonte dans notre plus longue mémoire, Dominique Venner nous indique des pistes. Il nous renvoie d’abord à son ouvrage « Histoire et Tradition des Européens : 30 000 ans d'identité » et évoque ensuite une « histoire européenne des comportements [pouvant] être décrite comme le cours d’une rivière souterraine invisible et pourtant réelle. » Pour lui, cette rivière qui coule en nous, souvent à notre insu, prend sa source dans la Grèce antique en général et dans l’œuvre fondatrice d’Homère en particulier. Dans l’Iliade et l’Odyssée, qu’il qualifie de « mémoire des origines », il est possible de retrouver tout l’imaginaire européen dans sa substance la plus parfaite. Notre vision du monde, notre rapport à la nature, au vivant, à la mort, notre cœur aventureux, notre façon d’enchanter les éléments et de sublimer nos sentiments, cette relation entre les hommes et les femmes sur un pied d’égalité, tout est là sous nos yeux, écrit il y a presque 3 000 ans déjà.

Venner nous avise toutefois à ne pas confondre tradition et folklore. La vraie tradition consiste à entreprendre des choses neuves dans le même esprit que celui des anciens. Alors que le folklore, c’est justement l’inverse. En exemple, il nous donne des figures contemporaines d’Européens, sur lesquelles, selon lui,  l’esprit de la tradition a indéniablement soufflé. Parmi ceux-ci, il s’attarde longuement sur le cas du colonel Claus von Stauffenberg. Cet officier qui incarna la fidélité à la tradition aristocratique allemande fut l’instigateur décisif de l’attentat manqué contre Hitler.

En conclusion, nous citerons cette phrase de Dominique Venner : « ce n’est pas rien de se savoir fils et filles d’Homère, d’Ulysse  et de Pénélope. »

 

Livres de Dominique Venner (NDLR) :

Le Choc de l'Histoire, Dominique Venner, Editions Via Romana, 185 pages, 2011, 20,00 € (cliquez ici)

Le Siècle de 1914, Dominique Venner, Editions Pygmalion, 408 pages, 2006, 22,50 € (cliquez là)

Histoire et tradition des Européens : 30 000 ans d'identité, Éditions du Rocher, Monaco et Paris, 2002, 273 pages, 17,50 € (cliquez là)

 

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vendredi, 21 octobre 2011

Nos ancêtres à la conquête de la Méditerranée, il y a 130.000 ans

Nos ancêtres à la conquête de la Méditerranée, il y a 130.000 ans

Ex: http://tpprovence.wordpress.com/

Une découverte archéologique au sud de la Crète bouleverse l’histoire de la conquête des mers et des peuplements des îles méditerranéennes. La nouvelle, annoncée à l’origine par Hesperia

, bulletin de l’Ecole américaine d’archéologie d’Athènes, a été saluée par le magazine Archeology comme l’un des dix événements de l’année 2010.

 

 

3 janvier 2011. Le ministère grec de la culture annonce que des recherches archéologiques menées en Crète, dans le sud de la Grèce, ont livré la première preuve au monde que les ancêtres de l’homme prirent la mer il y a plus de 130 000 mille ans. A l’issue de deux ans de fouilles autour de la localité de Plakias, dans le sud de l’île de Crète, une équipe gréco-américaine a mis au jour des pierres taillées paléolithiques, remontant à 130 000 ans au moins. Ces trouvailles, qui attestent pour la première fois d’une installation d’hominidés sur l’île avant le néolithique (7000 – 3000 avant notre ère), apportent aussi « la plus ancienne preuve de navigation au monde », précise encore le communiqué officiel. Les outils, des « haches », ont été trouvés près de vestiges de « plate-formes marines remontant à au moins 130 000 ans, ce qui apporte la preuve de voyages marins en Méditerranée des dizaines de milliers d’années plus tôt que ce que nos connaissances établissaient jusque là » relève le ministère. Et de conclure : ces découvertes, faites près de la très touristique plage de Prévéli, « modifient aussi l’estimation des capacités cognitives des premières espèces humaines », les outils retrouvés renvoyant à des populations d’ « Homo erectus et Homo heidelbergensis ».

La découverte d’outils de pierre taillée

Cette formidable aventure scientifique commence sur la côte sud de la Crète, près du site de Plakias, où existe aujourd’hui une station balnéaire dont la baie, très ventée, attire – clin d’œil de l’histoire – de nombreux véliplanchistes. On trouve là de hauts reliefs de calcaire forgés par la tectonique des plaques, des terrasses laissées par la baisse du niveau de la mer qu’elles surplombent d’une centaine de mètres, des grottes et des abris rocheux. Ce n’est pas par hasard si l’Américain Thomas Strasser, professeur au Providence College de Rhode Island, aux Etats-Unis, et la Grecque Eleni Panagopoulou, de la direction de la paléoanthropologie et de la spéléologie de la Grèce du sud, ont engagé des fouilles précisément à cet endroit. L’équipe a été guidée par des critères simples, comme la présence d’eau potable et de cavités habitables, critères qui ont déjà permis de localiser des implantations préhistoriques en Grèce continentale.

La baie de Plakias

Au cours de campagnes de fouilles réalisées en 2008 et 2009, les chercheurs découvrent un véritable trésor. Plus de 2000 pierres taillées, façonnées dans du quartz blanc, du quartzite et du chert – une roche siliceuse – dont la taille varie de vingt centimètres pour les plus grands, à moins de un centimètre pour les plus petits éclats. On y trouve des bifaces, des hachereaux, des racloirs, des grattoirs, des perforateurs, des burins. « Notre première réaction a été l’incrédulité, a déclaré Eleni Panagopoulou. Nous étions tout à la fois heureux, stupéfaits et troublés. Puis nous avons dû nous rendre à l’évidence. Car ces outils sont très caractéristiques ».

Restes de haches retrouvés sur le site

L’œuvre d’Homo erectus ou d’Homo sapiens ?

Les pièces mises à jour sont impossibles à dater directement. Mais les couches sédimentaires et les terrasses marines où ils ont été retrouvés laissent présager deux vagues de peuplement. La plus récente, au début de l’holocène, voilà 9000 à 11000 ans, et la plus ancienne au pléistocène, il y a 130 000 ans au moins. Cette phase d’occupation, pense la chercheuse grecque, a même sans doute été « beaucoup plus précoce ». Pascal Depaepe, directeur scientifique de l’INRAP (1) et spécialiste du paléolithique, qui a examiné la facture plutôt grossière de ces vestiges, pense, lui, que les plus anciens pourraient avoir en réalité plusieurs centaines de milliers d’années. Toutefois, précise-t-il, « pour les dater avec certitude, il faudrait pouvoir les associer à des ossements humains qui font défaut ».

Un biface qui daterait de plus de 130 000 ans !

Cette découverte extraordinaire pose bien des questions. Premier mystère : quels représentants du genre humain en furent les artisans ? Si les plus vieux objets lithiques remontent « seulement » à 130 000 ans, ils pourraient bien avoir été façonnés par des néandertaliens ou des hommes modernes, les Homo sapiens. Certes, si l’on en croit la doxa imposée par la science officielle, ceux-ci sont censés n’avoir quitté leur supposé berceau est-africain, où ils seraient nés voici 200 000 ans, il n’y a qu’environ 60 000 ans, pour « conquérir » l’Asie et l’Europe. Dogme quasi religieux, remis en question par nombre de découvertes, ainsi par exemple, ces dents datant de 400 000 ans, trouvées récemment par des chercheurs israéliens, qui auraient appartenu à des Sapiens archaïques. Si, en revanche, les outils ont plusieurs centaines de milliers d’années, ils seraient alors l’œuvre de très anciens cousins, Homo erectus ou Homo heidelbergensis

Les premiers navigateurs !

Un second mystère, plus insondable encore, se pose aux scientifiques. Effectivement, la Crète est séparée du continent depuis plus de cinq millions d’années, sans qu’aucune glaciation ou baisse de niveau n’aient jamais permis de la rejoindre à pied. Les tailleurs de pierre du pléistocène y sont donc obligatoirement arrivés sur une embarcation. Il suffit de lire une carte pour mesurer l’exploit accompli. Même en imaginant des eaux plus basses d’une centaine de mètres, comme lors du dernier maximum glaciaire, il y a 21 000 ans, la bathymétrie (2) montre qu’il leur a fallu parcourir plusieurs dizaines de kilomètres en haute mer, en partant soit de la Grèce continentale, soit de la Turquie, en tenant compte d’éventuelles escales sur les îles de Cythère et d’Anticythère dans le premier cas, de Karpathos et de Kasos dans le second. Depuis la côte libyenne, ils auraient dû voguer sur 200 km, ce qui rend cette troisième hypothèse peu probable.

Le plus vraisemblable, suppose le linguiste Christophe Coupé (3), qui travaille sur les liens entre langue et navigation, est que les premiers marins hauturiers furent « des peuples familiers de la mer, habitués à voyager le long des rivages », qui se sont ensuite enhardis et aventurés plus loin. Evacuons le scénario selon lequel quelques naufragés, emportés par les courants, auraient échoué à Plakias. « Le très grand nombre d’outils trouvés, comme le seuil de population nécessaire à sa survie et à sa reproduction, laisse penser que la colonie devait compter au moins une cinquantaine d’individus » évalue Eleni Panagopoulou. Et qu’il y a donc eu, sans doute, « plusieurs voyages ».

Jusqu’à présent, les paléoanthropologues tenaient pour établi que les premières implantations humaines sur les îles méditérranéennes (Sicile, Sardaigne, Corse) remontaient à une période plus récente. Les colons de Plakias font reculer de plus de cent mille ans, et probablement bien davantage, les débuts de la navigation en Méditerranée, devançant largement les Sapiens qui, il y a 60 000 ans, accostèrent en Australie, où leur présence est attestée par des outils de pierre, mais également des ossements et un bouleversement de l’écosystème fatal à de gros marsupiaux. Ils restent cependant battus par les premiers occupants de l’île de Florès, en Indonésie, où a été mis au jour un outillage lithique datant, lui, de 700 000 à 800 000 ans. Mais le chapelet formé par les îles indonésiennes permettait, lors des pics glaciaires, de passer de l’une à l’autre en franchissant des bras de mer d’une dizaine de kilomètres au maximum.

Pour les professeurs Strasser et Panagopoulou, ces fouilles jettent une nouvelle lumière sur l’histoire « de la colonisation de l’Europe par des hominidés venus d’Afrique ». Dans un article publié par Hesperia, ils écrivent : « L’approche d’un peuplement de l’Europe seulement par la terre doit clairement être repensée (…) il y a peut-être eu des routes maritimes empruntées par des navigateurs sur de longues distances ». Par contre, ils relèvent ne pas pouvoir, en l’état, déterminer d’où venaient les navigateurs paléolithiques de Crète, « une origine africaine ou proche-orientale étant aussi probable qu’une provenance d’Anatolie ou de Grèce continentale ». Encore un effort, Messieurs les chercheurs, pour vous affranchir du dogme de l’out of Africa, et conclure qu’une provenance d’Anatolie ou de Grèce continentale est aussi probable qu’une origine africaine ou proche-orientale !

Jean-François Vilhet, Hyperborée, automne-hiver 2011, n°12.

Notes

(1) Institut national de recherches archéologiques préventives.

(2) Mesure des profondeurs marines.

(3) Chargé de recherche au Laboratoire dynamique du langage, CNRS-Université de Lyon.

Références :

Thomas Strasser, Eleni Panagopoulou, Curtis Runnels, Priscilla Murray, Nicholas Thompson, Panayiotis Karkanas, Floyd McCoy, et Karl Wegmann, « Stone Age Seafaring in the Mediterranean: Evidence from the Plakias Region for Lower Palaeolithic and Mesolithic Habitation of Crete », Hesperia, 79.2, pp. 145-190.

jeudi, 20 octobre 2011

Petites réflexions éparses sur la découverte de l’Amérique par les Scandinaves

 

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Robert STEUCKERS:

Petites réflexions éparses sur la découverte de l’Amérique par les Scandinaves

En me demandant d’écrire un petit article sur la découverte de l’Amérique par les Scandinaves, Bernard Levaux, sans aucune intention maligne, ouvre, une fois de plus, ma secrète boîte de souvenirs d’adolescent. C’est une fois de plus parce que l’article qu’Yves Debay a écrit récemment dans les colonnes de ce bulletin, avait déjà ravivé quelques bons et solides souvenirs car ce sacré Yves Debay était un camarade d’école, forcément inoubliable vu sa personnalité, et un compagnon de voyage en Grèce en 1973. Enfin, parce que le thème que Bernard Levaux me demande d’aborder me ramène en fait à la même année: The Vinland Saga – The Norse Discovery of America est le tout premier livre sérieux, le tout premier classique, que j’ai acheté en anglais, sans vraiment connaître encore tous les secrets de la langue de Shakespeare. Généralement, en anglais, j’achetais en temps-là des livres ou des revues sur les maquettes d’avions ou de chars, comportant profils ou guides de peinture. A cette époque, j’avais la même habitude que le Professeur Piet Tommissen, dont on vient de déplorer la disparition à Bruxelles en août 2011, celle d’inscrire la date d’achat de chaque livre sur un coin de la première page. C’est donc avec émotion que j’ai repris entre mes mains de quinquagénaire ce premier bon livre anglais de ma bibliothèque et que j’ai retrouvé la mention “20 Jan. 1973”.

Ce petit livre de la collection “Penguin Classics”, à dos noir, voulait compléter l’exposé, fait un an auparavant, d’un camarade de classe, Eric Volant, passionné par la saga des Vikings. Si Debay a connu une brillante carrière de soldat puis de journaliste militaire à “Raids” ou à “Assaut”, Eric Volant, lui, a connu un destin tragique et n’a vécu que vingt ans: ce garçon, au sourire toujours doux et franc, les joues constellées de taches de rousseur, désirait ardemment devenir historien. Et se préparait à un tel avenir. Mais rapidement, le couperet est tombé: son paternel refusait de lui financer des études. A 18 ans, au boulot! Et hors de la maison! Eric est devenu sombre: son éternel sourire s’est effacé. Son ressort intérieur était brisé. Du jour au lendemain, il est devenu communiste! Nous ne pensions pas que le père allait mettre son projet à exécution et flanquer son aîné à la porte du foyer parental au lendemain même de la proclamation de fin de secondaires. Mais, hélas, il l’a bel et bien fait et Eric est venu sonner chez moi début juillet: il avait trouvé un cagibi absolument sordide, au fond d’une cours, où habiter. Il n’avait pas de meubles, juste un sac avec ses hardes et quelques livres: mon père, bouleversé, lui a aussitôt donné une table, une bibliothèque, deux chaises et quelques autres babioles, que nous avons amenées aussitôt dans la triste annexe qui devait lui servir de logis. On l’a ensuite vu errer dans les rues, de plus en plus sombre et rancuneux. Et, deux ou trois ans plus tard, nous avons appris sa mort tragique: il s’était porté volontaire pour servir de passeur à l’ETA basque, que les Républicains espagnols, fort nombreux dans son quartier et quasi les seuls militants communistes dans le Bruxelles du début des années 70, estimaient être la seule force politique capable de ramener une mouture modernisée du “Frente Popular” au pouvoir dans les premières années du post-franquisme. Eric a été descendu par des tireurs embusqués, au moment où il franchissait un ruisseau dans les Pyrénées. On a retrouvé son corps quelques jours plus tard. Il a été enterré à la sauvette, paraît-il, dans un petit village basque. Personne n’a voulu rapatrier le corps. Nous avions perdu un garçon qui avait été un très bon camarade. Il avait marché jusqu’au bout de la passion qu’avait généré son immense déception.

Voilà, je viens de payer mes dettes à mon passé, à ceux qui ont disparu.

Revenons au thème du modeste exposé scolaire d’Eric Volant, c’est-à-dire à la conquête de l’Atlantique Nord par les Scandinaves. Aujourd’hui, on devine qu’ils ne furent pas les premiers Européens à avoir abordé le continent de l’hémisphère occidentale. Déjà Louis Kervran, dans son “Brandan, le grand navigateur celte du VI° siècle” (Laffont, 1977), posait la thèse que les Scandinaves, lancés à l’aventure sur les flots glacés de l’Atlantique Nord et tous probablement proscrits ou en fuite, ont suivi des routes maritimes découvertes antérieurement par des ermites irlandais ou bretons, qui s’en allaient méditer aux Orcades, aux Féroé, en Islande et, pourquoi pas, plus loin, au Labrador, ou sur les terres que les Vikings nommeront “Helluland”, “Markland” ou “Vinland”. On retrouve leur nom sur une carte des “terres hyperboréennes”, dressée vers 1590 par un géographe, Sigurdur Stefansson. Louis Kervran rappelait fort opportunément que les peuples de la façade atlantique des Gaules et de la “Britannia” romaine possédaient une solide tradition maritime et que les multiples récits des voyages de Saint Brandan ont constitué une thématique littéraire très répandue et très appréciée tout au long du moyen âge européen. Kervran conclut que Brandan a très problablement suivi un itinéraire de Saint Malo ou de l’Irlande vers les Orcades et les Féroé, l’Islande, les côtes canadiennes pour aboutir probablement aux Antilles: certains textes de la matière “Brandan” décrivent des îles luxuriantes et des animaux exotiques. La légende rappelle, très précisément, que Brandan est parti avec douze compagnons pour entreprendre un voyage de neuf ans sur l’Atlantique. Par ailleurs les pêcheurs de morue poussaient très vraisemblablement jusqu’au large du Labrador, qu’ils aient été scandinaves, flamands, bretons, galiciens ou portugais. Colomb connaissait-il les secrets de ces pêcheurs ou de ces itinéraires scandinaves? La question demeure ouverte.

Pour les deux spécialistes allemands de l’ère mégalithique, Gert Meier et Hermann Zschweigert, Ulysse, dont la légende remonterait à la proto-histoire mégalithique de la vieille Europe, aurait déjà testé les flots atlantiques: en cinglant de Gibraltar vers les Açores (l’île Ogygie) et, poussé par le Gulf Stream de celles-ci vers Heligoland, il aurait abouti en face des côtes aujourd’hui danoises qui recelaient l’ambre, matière très prisée par les peuples méditerranéens. L’histoire marine de l’Europe, pour nos deux savants allemands, est bien plus ancienne qu’on ne l’a cru jusqu’ici. Les embarcations faites de peaux pourraient bien remonter à 10.000 ans. En 1976, l’historien anglais Tim Severin traverse l’Atlantique sur une copie du bateau attribué à Brandan, démontrant que de telles embarcations étaient parfaitement capables de tenir l’océan, exactement comme le Norvégien Thor Heyerdahl avait traversé le Pacifique sur le Kon-Tiki en 1947, pour démontrer la véracité des récits traditionnels polynésiens et prouver que des peuples marins de l’aire pacifique avaient été capables de cingler jusqu’à l’île de Pâques. Les Maoris néo-zélandais construisaient des embarcations capables de transporter de 60 à 100 guerriers, couvrant parfois des distances de 4000 km en l’espace de plusieurs semaines. Ces embarcations étaient mues par rames et/ou par voiles. L’aventurier allemand Hannes Lindemann a réussi à traverser l’Atlantique au départ des Canaries en 65 puis en 72 jours, sur un petit bateau africain, en se guidant par les étoiles: la navigation en haute mer étant plus aisée de nuit que de jour, du moins à hauteur des tropiques et de l’Equateur (au nord, vu la nébulosité permanente, elle est plus “empirique” donc plus hasardeuse et plus aventureuse, plus risquée). Nos ancêtres avaient un atout complémentaire par rapport à nous, dégénérés par la civilisation et par ce que le sociologue Arnold Gehlen nommait les “expériences de seconde main”: celui de pouvoir correctement s’orienter en connaissant à fond la carte du ciel. Le lien de l’homme à la mer n’est pas récent mais quasi consubstantiel à toute forme de culture depuis la préhistoire. Mais ce lien à la mer n’est pas pensable sans connaissances astronomiques précises, fruit d’une observation minutieuse du ciel.

Meier et Zschweigert évoquent aussi la voie “terrestre” vers l’Amérique, qu’il était possible d’emprunter, il y a environ 16.000 ans. La calotte glaciaire pesait à l’époque sur l’ensemble de la Scandinavie, sur une bonne partie des Iles Britanniques et sur tout le pourtour de la Baltique et sur l’Allemagne du Nord. L’actuel Canada et une bonne frange du territoire des Etats-Unis se trouvaient aussi sous une épaisse calotte. Mais la côte orientale de la Mer Blanche et l’Alaska étaient dégagés de l’emprise des glaces. Il y avait possibilité, en longeant la banquise arctique et en passant de la Sibérie occidentale à la péninsule de Kola, d’aller vers les Spitzbergen et, de là, au Groenland. Au nord de cette grande île atlanto-arctique se trouvait le “Pont Blanc” qui menait au Canada puis à la terre ferme et dégagée des glaces que constituait alors l’Alaska. On pouvait suivre ensuite la côte pacifique jusqu’en Californie et au Mexique actuels. De la Mer Blanche à l’Alaska, la distance est de 2500 km. Elle devait s’effectuer en 60 jours environ. Selon cette hypothèse, désormais dûment étayée, l’Amérique n’a pas seulement été peuplée par des ethnies sibériennes venues du nord de l’Asie par le Détroit de Bering mais aussi par des éléments venus d’Europe, encore difficilement identifiables au regard des critères de l’archéologie scientifique. Comment cette migration par le “Pont Blanc” s’est-elle opérée avant les nombreuses submersions qui eurent lieu vers 8500 avant notre ère et qui détruisirent notamment la barrière Tanger/Trafalgar et la bande territoriale qui liait l’Italie et la Sicile au continent africain, faisant du lac méditerranéen initial une mer salée? Ces voyages s’effectuaient par traineaux à traction canine, à la mode lapone, le chien étant l’animal domestique par excellence, la première conquête de l’homme; ou ne devrait-on pas plutôt parler d’une fusion “amicale” entre deux espèces morphologiquement très différentes pour que toutes deux puissent survivre en harmonie? Le chien est effectivement un allié dans la chasse, un chauffage central qui chauffe en hiver (les Aborigènes australiens parlent de “five-dogs-nights”, de nuits où il faut cinq chiens pour chauffer un homme; l’expression est passée dans l’anglais moderne), un pharmacien qui lèche les plaies et les guérit vu l’acidité de sa salive, un gardien et un compagnon, qui, en guise de récompense, reçoit les reliefs des repas.

Magnus Magnusson et Hermann Pàlsson ont rédigé une brillante introduction pour mon petit livre de 1973, qui n’est autre que le texte même de la “Vinland Saga”, de la saga du voyage vers le Vinland américain. Cette introduction relate l’histoire de la colonisation scandinave de l’Islande et du Groenland et retrace l’épopée nord-atlantique des marins norvégiens et islandais. La colonisation de l’Islande s’est déroulée à la suite de l’émigration de proscrits norvégiens, chassés pour “avoir provoqué mort d’homme”, à la suite de méchantes manigances ou pour raisons d’honneur voire pour refus d’être christianisés. Celle du Groenland procède de la même logique: Eirik le Rouge est banni d’Islande au 10ème siècle. Il fonde les premières colonies scandinaves du Groenland. Un marin prudent, Bjarni Herjolfsson, dévié par les vents et les éléments déchaînés de sa route entre l’Islande et le Groenland, aperçoit les côtes de terres inconnues vers 985 ou 986. Leif Eirikson, dit Leif l’Heureux, achète le dernier bateau survivant de l’expédition incomplète et chamboulée de Bjarni et décide de partir à la découverte des terres aperçues au loin par son prédécesseur. C’est ainsi que fut découvert le “Vinland”, terre sur la rive méridionale du Saint-Laurent, où les explorateurs nordiques ne découvrent pas seulement une baie qui ressemble au raisin mais surtout la principale matière première dont ils ont besoin, le bois, ainsi que du gibier en abondance, du saumon à profusion et du blé sauvage prêt à être récolté. Leif ne restera pas en Amérique: c’est son beau-frère Thorfinn Karlsefni qui tentera d’installer une première colonie permanente sur le sol américain. Thorfinn fait le voyage accompagné de sa femme. Elle met un bébé au monde sur la terre américaine. Mais elle meurt peu après l’accouchement. Thorfinn passe l’hiver avec l’enfant qu’il parvient à sauver de la mort. Ce petit Snorri Thorfinnson a probablement été le premier Européen attesté et non mêlé d’Amérindien ou d’Esquimau à avoir vu le jour dans l’hémisphère occidental. Quant à Thorvald, fils d’Eirik, il est un des premiers Européens tombés au combat face aux natifs du continent américain: il a été frappé d’une flèche en défendant une implantation dans l’actuel Labrador canadien.

L’âge viking, l’ère en laquelle les Normands se répandirent en Europe, en Russie jusqu’au comptoir de Bolgar sur la Volga et dans l’espace nord-atlantique, est une époque où l’Europe ne connaît plus la gloire de l’Empire romain: en ce temps-là, nous explique le Prof. Roger Grand, le trop-plein démographique scandinave descendait calmement la Weser germanique, jusqu’à hauteur du premier grand affluent du Rhin, la Lippe, pour aller se présenter dans les castra des légions de l’Urbs et trouver une affectation militaire ou civile dans l’Empire. La chute de l’Empire romain interdit cette transhumance: la masse démographique germanique-continentale s’est déplacée à l’intérieur de l’Empire, dans les provinciae de Germania Inferior et Germania Superior et dans le nord de la Gallia Belgica, voire dans la vallée du Rhône pour les Burgondes, installés principalement dans la “Sapaudia” (la terre des sapins) jurassienne, entre Besançon et le lac de Neuchâtel selon l’axe Ouest-Est, et entre Belfort et Grenoble, selon l’axe nord-est/sud-ouest. L’Europe est trop pleine et, en plus, elle est désorganisée. Les Germains continentaux n’ont plus d’affectations à offrir à leurs cousins du Nord. L’Europe est dangereusement ouverte sur la steppe qui s’étend de la Puszta hongroise jusqu’à la Mandchourie. Entre le Danube à hauteur de Vienne et l’Atlantique, les populations romanisées et germanisées sont acculées, dos à l’Océan, d’où les Nordiques viennent pour remonter leur fleuves et piller leurs villes et abbayes. En Méditerranée, elles sont harcelées par le débordement démographique sarrazin, c’est-à-dire hamito-sémitique.

La recherche d’échappatoires est donc une nécessité vitale: la Russie offre un tremplin vers la Mer Noire et l’espace byzantin et, via la Volga, vers la Caspienne et l’Empire perse. Mais, là aussi, l’élément scandinave, finalement trop ténu, ne pourra pas, comme avaient partiellement pu le faire avant eux les tribus gothiques, maîtriser le cours des grands fleuves russes et ukrainiens pour avancer les pions des populations européennes vers l’espace persan. La seule route pour trouver terres, matières premières et espaces apaisés est celle de l’Atlantique septentrional. Cette donnée stratégique est une constante de l’histoire européenne: elle sera reprise par Henri le Navigateur, roi du Portugal, désireux de contourner la masse continentale africaine pour éviter la Méditerranée contrôlée par les puissances musulmanes et atteindre l’Inde par voie maritime et non plus terrestre. Elle sera reprise par Ivan le Terrible quand il descendera la Volga pour l’arracher au joug tatar, sous les conseils d’un marchand anglais, qui n’avait pas oublié la route varègue (suédoise) vers le comptoir de Bolgar, vers la Caspienne et l’espace persan. Les recettes norroises et varègues ont donc servi de source d’inspiration aux tentatives européennes, en l’occurence portugaises et russes, de désenclaver l’Europe.

La première tentative de désenclavement par l’Ouest atlantique a donc été celui du quatuor Bjarni, Eirik, Leif et Thorsinn. Elle est importante dans la mesure où les marins scandinaves, paysans sans terre à la recherche d’un patrimoine, cherchent non plus à fusionner avec d’autres sur une terre étrangère, comme le fut peut-être la Normandie, mais à créer des communautés scandinaves homogènes sur des sols nouveaux. Ce sera le cas en Islande, où les colonies se sont maintenues. Ce sera le cas au Groenland, du moins tant que durera l’optimum climatique médiéval. L’installation en Amérique, dans “l’Anse aux Meadows” sera, elle, éphémère: elle se heurtera à la résistance des indigènes d’Amérique du Nord, les “Skraelinger” des sagas, que les Scandinaves ne pourront vaincre, en dépit de la supériorité de leurs armes en fer. Les “Skraelinger” disposaient d’armes de jet, des arcs mais aussi une sorte de catapulte ou de balliste, qui leur permettaient de tenir tête à des guerriers dotés d’armes de fer mais qui ne disposaient plus, au Groenland, de forges et de mines capables d’en produire à bonne cadence. Tout devait être importé d’Europe. La logistique scandinave en Atlantique nord était trop rudimentaire pour permettre de se tailler une tête de pont, comme le firent plus tard les Espagnols ou les Anglais, pourvus d’armes à feu.

Le trop-plein démographique scandinave, à la suite de mauvaises récoltes, ne s’est plus déversé en Europe, à partir d’un certain moment quand l’espace impérial carolingien s’organise et s’hermétise, mais dans les îles de l’Atlantique (Shetlands, Féroé, Orcades, Hébrides) et en Islande. Cet exode d’audacieux répond aussi à une nouvelle donne politique: le pouvoir royal, imité du pouvoir impérial carolingien et armé de la nouvelle idéologie chrétienne, marque des points dans les vieilles terres scandinaves et déplait car jugé trop autoritaire et irrespecteux tant de la liberté personnelle que de la liberté des communautés d’hommes libres. L’Islande sera ainsi le laboratoire d’une démocratie populaire et originale: le pouvoir sera d’emblée limité par des lois; le chef, élu temporairement, devra respecter un contrat avec les représentants du peuple siégeant au “Thing” (= Assemblée, parlement); le médiateur au sein de ces assemblées de paysans libres, les “bondi” ou les “godhar” (“les chefs”, désignés par leurs propres communautés) joue un rôle capital. L’île de Thulé, que mentionnent les sources de l’antiquité et du haut moyen âge telles celles d’Orose, de Boèce (“à six jours de navigation” du continent) et de Bède le Vénérable, est indubitablement l’Islande.

En 825, le moine irlandais Dicuil, actif à la Cour de Charlemagne, écrit un traité de géographie (“Liber de mensura orbis terrae”), où, pour la première fois, on peut lire une description détaillée de cette “Thulé” de l’Atlantique nord, grâce à des renseignements transmis par trois ermites irlandais qui l’avaient abordée en 795, au moment où les Vikings lançaient leurs premiers assauts contre l’Irlande et ses monastères. Quand les premiers colons norrois abordent l’Islande vers 860, l’île est déjà occupée par quelques moines irlandais, comme le mentionnent d’ailleurs les sources scandinaves et l’attestent des noms de lieux comme “Papey” (“L’île aux moines”) et “Papyli” (“Aux moines”). En 870, Ingolf Arnarson doit quitter la Norvège, car “il y a commis mort d’homme”, et fonde la première colonie permanente et non monacale en Islande, sur le site même de l’actuelle capitale Reykjavik. C’est au départ de l’installation d’Ingolf et des siens qu’un système politique démocratique original, alliant pouvoir temporel et religieux, s’implante dans le pays et que celui-ci devient la base de départ de nouvelles découvertes: non seulement le Groenland et le Vinland, mais des îles stratégiques à la jonction des eaux de l’Atlantique et de l’Arctique, telles les Spitzbergen (vers 1170) et l’île Jan Mayen en 1194.

L’Islande médiévale fut donc à coup sûr la société la plus originale d’Europe, en marge du continent soumis aux assauts sarrazins et mongols ou disloqués par les querelles intestines. Elle développe un commerce intense, surtout avec la Norvège et l’Angleterre; elle exporte de la laine, du tweed, des peaux de mouton ou de phoque, du fromage, du suif (pour les chandelles), des faucons et du soufre en échange de bois (rare sous ces latitudes boréales), de goudron, de métaux, de farine, de malt, de miel, de vin, de bière et de lin. Mais, rappellent Magnusson et Pàlsson, l’exportation majeure, la plus étonnante et forcément la plus originale de cette Islande en apparence isolée et géographiquement marginale, ce sont les productions littéraires; en effet, les Islandais, lettrés et producteurs de sagas qui sont les premières manifestations d’une littérature achevée en Europe, produisent une poésie courtisane, des chants et des éloges pour les rois et les princes, qu’affectionnaient tout particulièrement les “earls” des Orcades, les grands féodaux anglais et les riches habitants de Dublin (colonie norvégienne). Ces récits, poèmes ou chants se payaient au prix fort. Ensuite, les contextes géographiques dans lesquels se déroulaient les récits des sagas sont minutieusement décrits et échappent à toute exagération ou falsification d’ordre mythique ou légendaire. La saga du Vinland ou le “Landnàmabök” (le livre de la colonisation de l’Islande) confirment parfaitement cette objectivité narrative. La première littérature “moderne” (pour autant que ce mot soit adéquat) en Europe a été islandaise. Né en Islande en 1067, Ari Thorgilsson peut être considéré comme le premier historien d’Europe en langue vernaculaire, alliant précision, érudition et volonté d’inscrire l’histoire islandaise dans un cadre général européen. C’est lui qui nous a transmis la plus grande partie du savoir dont nous disposons sur l’âge dit des sagas (930-1030). Il y a dix siècles, l’Islande fournissait à l’Europe un historien qui relatait des faits sans les embellir de légendes, de merveilleux ou de paraboles hagiographiques.

L’Islande a donc été le centre d’un monde thalassocentré, aux institutions politiques originales et uniques, que décrit remarquablement l’historien américain Jesse L. Byock, de l’université de Californie (UCLA). Quand les deux colonies du Groenland se sont mises à péricliter, l’Islande est redevenue marginale, une simple excroissance occidentale du monde scandinave. Mais elle n’a certainement pas exclu de sa mémoire l’épopée aventureuse, commerciale et colonisatrice vers le Groenland et les terres situées plus à l’Ouest. Une carte controversée, probablement une falsification car elle fait du Groenland une île à part entière (ce que l’on ne savait pas avant 1890), montre les trois terres (Helluland, Markland et Vinland) découvertes par Leif. Les falsificateurs dataient cette carte de 1440, cinquante-deux ans avant le voyage de Colomb. Falsification ou non, les terres extrême-occidentales devaient être toujours présentes dans la mémoire des Islandais, comme devaient au moins les deviner les pêcheurs normands, bretons, flamands, anglais, galiciens, portugais ou norvégiens qui cherchaient les bancs de morues. Vers 1020, les tentatives d’installation au Vinland ont dû définitivement cesser, du moins dans le sillage immédiat de Leif et de ses proches. L’évêque Eirik du Groenland a toutefois tenté une nouvelle expédition en 1121, pour “aller voir s’il y avait là-bas des chrétiens survivants”. Il aurait constaté le contraire. En 1347, des Annales mentionnent le retour d’une petite embarcation qui avait été au “Markland”, avec dix-huit hommes à son bord. On sait que les résidents des deux colonies groenlandaises ont évacué leurs installations, sans que l’on puisse dire avec toute la certitude voulue s’ils sont revenus en Islande ou en Norvège ou s’ils ont cinglé vers l’Ouest, pour disparaître sans laisser de traces.

L’universitaire britannique Gwyn Jones, dans une étude consacrée aux Vikings et à l’Amérique, relève deux hypothèses convergentes, non étayées mais plausibles, et qui mériteraient d’être vérifiées: celle de l’Islandais Jon Dùason et celle du Canadien Tryggve Oleson. L’une date des années 1941-1948, l’autre de 1963. Ces deux hypothèses postulent que, vu la détérioration du climat et les difficultés logistiques à vivre à l’européenne (ou du moins à la mode norvégienne) en terre groenlandaise, bon nombre de Scandinaves de ces deux colonies extrême-occidentales ont fini par adopter le mode de vie esquimau, non seulement au Groenland mais aussi au Canada, c’est-à-dire au moins au Helluland et au Markland. Réduit à la précarité, les colons islando-norvégiens auraient traversé la mer entre le Groenland et le Canada pour s’y fixer et finir par se mêler aux populations autochtones de la culture dite du Dorset et former ainsi une nouvelle population, voire une nouvelle ethnie, celle de la culture dite de Thulé, qui aurait repris pour son propre compte l’ensemble du territoire groenlandais, après le recul ou la disparition de la population scandinave homogène qui y avait résidé depuis l’arrivée d’Eirik. Duason et Oleson pensent dès lors qu’une fusion entre Scandinaves résiduaires et chasseurs-trappeurs de la culture dite de Dorset a eu lieu, ce qui a donné à terme la nouvelle culture dite de Thulé. Ensuite, les ressortissants métis de la culture de Thulé seraient entrés en conflit avec les derniers Islando-Norvégiens du Groenland qui auraient alors plié bagages et se seraient installés, très peu nombreux et fort affaiblis, dans l’île actuellement canadienne de Baffin, en se mêlant à la population locale et en disparaissant par l’effet de ce métissage en tant que communauté scandinave homogène. La seule source qui pourrait étayer cette thèse est importante et fiable, c’est un écrit tiré des annales de l’évêque Gisli Oddsson, écrite en latin en 1637, probablement inspirée par une source antérieure disparue et évoquant les événements en “Extrême-Occident” scandinave (ou atlanto-arctique) de 1342: “Les habitants du Groenland ont abandonné la vraie foi et la religion chrétienne de leur propre volonté, ayant déjà rejeté toutes les bonnes manières et les véritables vertus, et se sont tournés vers les peuples d’Amérique (“et ad Americae populos se converterunt”)”.

Si les ermites irlandais ou celtiques cherchaient des terres, c’était pour aller y pratiquer la méditation en solitaire et non pour la colonisation. Pour le celtisant anglais Geoffrey Ashe, comme d’ailleurs pour Louis Kervran, les moines irlandais cherchaient le “Paradis terrestre”, qui, à leurs yeux, n’était nullement un “au-delà” mais une contrée bien terrestre quoiqu’inconnue. Les sources de diverses “matières celtiques” évoquent tantôt la Terre d’Avalon (ou “Avallach” ou encore “Ablach”) tantôt la Terre de “Tir na nOg”, un pays de jouvence éternelle située loin à l’Ouest, au bout de l’Océan. Religion biblique, mythes celtiques et fonds factuel se mêlent de manière trop inextricable dans les récits de la matière de Brandan, qui ne recèlent par conséquent aucune fiabilité scientifique, sauf peut-être si on les lit avec l’acribie dont fit montre Kervran, dans son livre paru en 1977. La colonisation scandinave est rationnelle et les récits qu’elle suscite sont réalistes. Les Irlandais ont toutefois été les premiers à aborder l’Islande et probablement le continent américain. Mais rien n’atteste objectivement de leurs voyages, sauf en Islande, où Dicuil mentionne la présence d’ermites voyageurs. Cette volonté de fuite vers l’Ouest, au-delà de l’Océan Atlantique, indique pourtant que l’humanité de souche européenne a été, pendant quasi tout le moyen âge, depuis la chute de l’Empire romain, un ensemble de populations assiégées et contenues dans l’espace étroit de la péninsule européenne, ce promontoire au Ponant de l’immense masse continentale eurasienne. Les assiégeants, comme l’indique d’ailleurs l’auteur anglais du 12ème siècle Guillaume de Malmesbury après l’invasion seldjoukide des “thermes” orientaux de l’Empire byzantin, sont les peuplades turques, mongoles, hunniques, berbères et arabes. Pour bon nombre d’Européens du haut moyen âge, et pour les Scandinaves qui ne trouvent plus d’affectations suffisantes dans l’espace euro-méditerranéen suite à l’effondrement de la civilisation romaine, l’Europe est une terre que l’on cherche à fuir: en effet, les Nordiques ne sont plus des barbares intégrables de la périphérie (Altheim, Toynbee, Grand) ni dans l’espace catholique-romain ni dans l’espace byzantin (en dépit de l’aventure de la “Garde varègue”); l’Europe leur est devenue un espace fermé tant à cause de la détresse provoquée par les siècles de gabegie mérovingienne et par les assauts sarrazins et hongrois qu’à cause de la fermeture qu’instaure le système carolingien pour procéder à une réorganisation interne du continent. La seule exception, c’est-à-dire la seule colonisation réussie dans l’espace jadis romanisé, est la Normandie et probablement l’aire réduite que constitue l’embouchure du Rhin et de la Meuse en Hollande actuelle, sans compter le Yorkshire anglais (le “Danelaw”). A l’Est, la Russie de Novgorod est une autre terre de colonisation possible pour les Varègues de l’actuelle Suède. Mais ces terres sont bien étroites et soumises à des institutions féodales qui déplaisent aux hommes libres du Nord. La tentative de contrôler l’espace scaldien (de l’Escaut), en établissant un vaste camp militaire dans l’actuelle ville de Louvain sur la petite rivière qu’est la Dyle, a été réduite à néant par les armées d’Arnold de Carinthie, un général pugnace du clan carolingien.

La tragédie scandinave est une tragédie européenne: la volonté de conserver une autonomie politique aussi complète que possible, dans des espaces ethniquement homogènes, sans le moindre compromis sur ce chapitre, se heurte à la nécessité d’une organisation impériale, seul moyen de verrouiller en Méditerranée et sur la steppe les voies d’accès potentielles au coeur du continent. L’Europe a besoin de la liberté scandinave comme elle a besoin de l’organisation impériale: quand trouvera-t-on le juste milieu, le mode politique qui parviendra à réconcilier ces deux aspirations essentielles?

Robert STEUCKERS.

Fait à Forest-Flotzenberg, septembre 2011.

Bibliographie:

-          Geoffrey ASHE, Kelten, Druiden und König Arthur – Mythologie der Britischen Inseln, Walter-Verlag, Olten, 1992.

-          Régis BOYER, Le Livre de la colonisation de l’Islande (Landnàmabök), Mouton, Paris, 1973.

-          Jesse BYOCK, L’Islande des Vikings, Aubier, Paris, 2007-2011.

-          James GRAHAM-CAMPBELL, Das Leben der Wikinger – Krieger, Händler und Entdecker, Kristall-Verlag, Hamburg, 1980.

-          Gwyn JONES, “The Vikings and North America”, in R. T. FARRELL, The Vikings, Phillimore, London, 1982.

-          Louis KERVRAN, Brandan, le grand navigateur celte du VI° siècle, Laffont, Paris, 1977.

-          Jean MABIRE, Les Vikings à travers le monde, Ed. de l’Ancre de Marine, Saint-Malo, 1992.,

-          Magnus MAGNUSSON / Hermann PALSSON, “Introduction”, in The Vinland Saga – The Norse Discovery of America, Penguin, Harmondsworth, 1965-1971.

-          Gert MEIER / Hermann ZSCHWEIGERT, Die Hochkultur der Megalithzeit – Verschwiegene Zeugnisse aus Europas grosser Vergangenheit, Grabert, Tübingen, 1997.

 

jeudi, 13 octobre 2011

Pericles & the Athenian Ideal

Pericles & the Athenian Ideal

By Troy Southgate

Ex: http://www.toqonline.com/

Bust of Pericles bearing the inscription “Pericles, son of Xanthippus, Athenian”. Marble, Roman copy after a Greek original by Cresilas, ca. 430 BC (Museo Pio-Clementino)

Bust of Pericles bearing the inscription “Pericles, son of Xanthippus, Athenian”. Marble, Roman copy after a Greek original by Cresilas, ca. 430 BC (Museo Pio-Clementino)

There is already much discussion in our circles about the example of Sparta, not least as a result of the recent Hollywood blockbuster 300 [1] which was rather loosely based on the exploits of King Leonidas, but in this article I intend to examine Sparta’s chief rival Athens.

The Athenian statesman, Pericles (495 – 429 BCE) once claimed that his city was an educational role model for the whole of Greece, but how far was this really true?

Pericles’ boast is part of his funeral oration recorded by Thucydides (460 – 395 BCE) in his The Peloponnesian War [2]. The aim of Pericles’ oration is to establish that Athens was a society worth dying for. Thus the speech is designed to exploit in his listeners deep-seated feelings of local pride and identity, inviting them to recall the glory of Athenian growth and prosperity. His verbal tapestry begins by lauding Athenian ancestry, emphasizing the fact that the people’s “courage and virtues have handed on to us, a free country.”

He mentions “the constitution and the way of life that has made us great” and points to certain social improvements such as power being democratically channeled into the hands “of the whole people,” the fairness and “equality before the law” and the fact that, in terms of social classification, status is not determined by “membership of a particular class, but the actual ability which the man possesses.” Pericles was also careful to mention the prevailing moral ethos which underpinned fifth-century Athenian society, that of sovereign, “unwritten laws which it is an acknowledged shame to break.”

Then Pericles lists what he considered to be the noblest attributes of his native city, with particular reference to the cultural activities that provided “recreation for our spirits.” This tactic was designed to pave the way for a contrasting description of the traditional enemy, Sparta.

Pericles then polemically denounced Spartan militarism and the rigorous training to which it “submitted” its youth, lauding the Athenian educational system by contrast. He also praised Athens for apparently maintaining a confident superiority above and beyond all other Greek states, emphasizing the importance of thought before action.

When Pericles finally describes Athens as “an education to Greece,” he explains precisely why he considers this to be the case. Athens stands for the freedom of the citizen, who is “rightful lord and owner of his own person.” Because of its constitution, Athens has waxed powerful: “Athens, alone of the states we know, comes to her testing time in a greatness that surpasses what was imagined of her . . . future ages will wonder at us, as the present age wonders at us now.” But with greatness comes peril: “it is clear that for us there is more at stake than there is for others who lack our advantages.”

Pericles then offers an inspiring account of the necessity of personal sacrifice. The slain warriors, in whose honor the funeral had been held, were depicted as heroes who had lain down their very lives for the continuation of Athenian culture, heritage and tradition, itself “a risk most glorious.” Pericles then challenges the living to emulate the honored dead, making “up your minds that happiness depends on being free, and freedom depends on being courageous .  .  . for men to end their lives with honor, as these have done, and for you honorably to lament them: their life was set to a measure where death and happiness went hand in hand.”

But can Athens really can be considered to have been a role model for the whole of Greece, or was Pericles merely deluding  himself and his contemporaries? Let us examine the historical record.

Pericles is renowned for the prominent role he played in the democratization of the Athenian political system, which itself had “been fixed by Cleisthenes (570 – 507 BCE) and further reformed after the battle of Marathon” (J. B. Bury, A History of Greece to the Death of Alexander the Great [3] [Macmillan, 1951], 346).

After overthrowing Thucydides and assuming the leadership of the people, Pericles and Ethialtes (d. 461 BCE) set about reducing the power of the judiciary in the Areopagus. At this time, the archons or chief magistrates were appointed by lot, but only from a select number of pre-elected candidates. Pericles abolished this system with the result that the archons themselves became “appointed by lot from all the eligible citizens [who now] had an equal chance of holding political office, and taking part in the conduct of political affairs” (Bury, 349). This system was also extended to the Boule, or Council of the Five Hundred.

In addition, Pericles effectively dismantled the hereditary powers of the traditionally oligarchic Areopagus completely, restricting its activities in order to redefine its role as little more than a “supreme court for charges of murder” (A. R. Burn, Pericles and Athens [4] [English Universities Press, 1964], 46). In 462 BCE, Pericles also initiated a scheme whereby jurors and those holding offices of state received payment for their services to the city, “a feature which naturally won him popularity with the masses” (Bury, 349).

This very popularity, in fact, had been deliberately engineered by Pericles himself in order to counteract the large support that Cimon (510 – 450 BCE), an accomplished naval hero, was able to command from the Athenian nobility. Although Pericles was himself an aristocrat, he “decided to attach himself to the people’s party and to take up the cause of the poor and the many instead of that of the rich and the few, in spite of the fact that this was quite contrary to his own temperament”(Plutarch, The Rise and Fall of Athens: Nine Greek Lives [5] [Penguin, 1960], 171).

Indeed, Thucydides attacked Periclean reforms and labeled them “democracy in name, but in practice government by the first citizen” (Plutarch, 173). So what began as Greek democracy under Cleisthenes around 500 BCE had become a dictatorship under Pericles by 430 BCE.

Despite all the speculation surrounding Pericles motives for initiating democratic reforms, in terms of her constitution and statecraft Athens undoubtedly stood far ahead of her rivals.

One measure of the seriousness of Athenian democratization was the introduction of new political technologies, such as allotment-machines, water-clocks, juror’s ballots, and juror’s tickets.

Another sign of Athenian political acumen is the transfer of the headquarters and treasure of the Delian league from Delos to Athens in 454 BCE. The Delian League was a crucial alliance of 150 Greek city-states established prior to the Peloponnesian wars to defend Hellas from the Persians. The transfer of its headquarters to Athens gave the Athenians enormous political and economic influence over the member states.

Sparta had an entirely different political structure. In Bury’s words, Sparta was imbued with a “conservative spirit.” The Spartan constitution, unlike its continually revised and reformed counterpart in Athens, had remained virtually the same since its inception.

Sparta had a mixed constitution with monarchical, aristocratic, and democratic elements. Sparta was ruled nominally by kings, an order going back to the times of Homer. The aristocratic element was the Council of Elders, or Gerusia, which consisted of thirty men who were elected for life and chosen by acclamation in the general assembly of citizens. Membership was described as a prize for virtue. However, the Spartan Assembly of the People, or Apella, contained only males over thirty years of age who decided matters of state purely on the basis of a particular speaker receiving the loudest cheers from those in attendance. Theoretically, the Spartan constitution was democratic, but if the elders and magistrates did not approve of the decision of the majority, they could annul the proceedings by refusing to proclaim the decision.

The Athenians were always very keen to stress the political differences between themselves and their Peloponnesian rivals. Many island states — often artificially created by colonial means — usually followed the example of Athens rather than Sparta. Athenian democracy, unlike the American variety, was not spread around the world at gunpoint. Instead, the states that adopted the Athenian system seemed genuinely inspired by her example.

Sparta, on the other hand, had few imitators, and the states that did resemble Sparta did not appear to imitate her. So as far as Athenian politics was concerned, at least, Pericles was right to claim that Athens was the educator of Greece.

Athens was an example to Greece in politics. But what about the economic and cultural realms?

According to Plutarch, Athens became fantastically wealthy after Themistocles (524 – 459 BCE) had directed the revenue of the city’s lucrative silver mines at Laurium towards the construction of a strong navy, including a new fleet of triremes, which made possible the reconquest of Athens after its inhabitants had been forced to flee from the invading Persians.

When Athens became host to the treasury of the Delian League in 454 BCE, Pericles used its funds for the rebuilding of Athenian temples, claiming they had been destroyed by the Persians in the common cause of Greece, thus it was appropriate that they be rebuilt from the common funds.

In 449 BCE, a pan-Hellenic Congress was proposed to raise funds for further projects. This plan met with fierce opposition from Thucydides among others. According to Plutarch, Pericles answered his critics by declaring that “the Athenians were not obliged to give the allies an account of how their money was spent, provided that they carried on the war for them and kept the Persians away.” Pericles had effectively plundered the common treasure of Greece and turned it into the adornment of Athens.

Athenian trade also began to flourish during the rule of Pericles, and Themistocles’ fortification of the Piraeus made Athens one of the greatest ports in Greece. The decline of merchant cities in Ionia also contributed greatly to the Athenian economy.

But the most striking developments in fifth-century Athens took place in the cultural sphere.

Although Greek philosophy began in Ionia, it flourished in Athens. Because of her wealth, political power, and cultural refinement, she attracted the best minds from all over Greece. The Sophists, in particular, contributed much to the development of political theory, rhetoric, and logic and stimulated the thought of Athens’ native geniuses Socrates and Plato.

Athens is also renowned for her great architecture, a matter in which Pericles himself played a prominent role. Pericles enlisted Pheidias (480 – 430 BCE) to be the director of his building program, assisted by such skilled architects as Callicrates, Ictinus, Coroebus, and Metagenes. Among their projects were the Parthenon, the Temple of Athena, the adornment of the Acropolis, the Odeon, the Concert Hall, and the temples of Eleusis and Hephaistos.

When Pericles was attacked for his lavish use of public funds, he offered to pay for the construction work himself, if he could take all the glory. This did the trick. Even Pericles’ most zealous critics wished to share in his renown, so they insisted that he complete the buildings at public expense.

Pericles’ construction projects were remarkable not merely for their expense, but also for their artistry, craftsmanship, and good taste, which no other Greek states were able to match, least of all Sparta. In fact, C. M. Bowra wrote that the “remains of Sparta are so humble that it is hard to believe that this was the power which for many years challenged and finally conquered Athens” (Periclean Athens [Wiedenfeld and Nicolson, 1971], p. 180). But although Pericles’ construction program clearly was an “education” to the rest of Greece, it was no safeguard against eventual Spartan conquest.

What we call ancient Greek drama is better deemed ancient Athenian drama. The great tragedians Aeschylus, Sophocles, and Euripedes were Athenians, as were the comic playwrights Aristophanes and Menander. Sparta had its share of talented poets — among them Tyrtaeus during the mid-seventh century BCE — but they could not compete with the new trends being set in Athens. As Bury put it, when a stranger visited Sparta he must have experienced “a feeling of being transported into an age long past, when men were braver, better, and simpler, unspoiled by wealth, undeveloped by ideas” (p. 134).

The social status of women in Athens was far lower than it was in Sparta. Athenian women took no part in public life and were instructed solely in domestic arts. In his Funeral Oration, Pericles said that women should merely aim “to be least talked about by men, whether they are praising you or criticising you.” In Sparta, however, women were permitted to engage in gymnastic training and “enjoyed a freedom which was in marked contrast with the seclusion of women in other Greek states” (Bury, p. 133). So as far as respect for women was concerned, Athens could not really claim to have exported an policy worthy of emulation, although Ionia also shared the fundamental Athenian weakness of excluding women from education.

Religious and sporting festivals were much the same throughout Greece and, although it is always the Athenians who are remembered for their gods and sporting heroes, most other Greek states were equally advanced.

Thus when Pericles declared that Athens was “an education to Greece.” he was, on the whole, making an accurate observation. This is not to say that Athens was superior to Sparta in every respect, of course, and her democratic system left much to be desired.

Although other Greek states shared some Athenian political, social and economic principles, it remains the case that Athens gave birth to some of the finest Greek accomplishments. These accomplishments, moreover, provided key elements for the development of European art, architecture, drama, philosophy, rhetoric, and politics for 2500 years. Thus Athens continues to serve not only as an “education” for Greece, but for the world.


Troy Southgate is from Crystal Palace in South London and has been a Revolutionary Nationalist activist and writer for almost 25 years. He has also been involved with more than twenty music projects. He is a founder of National Anarchism and author of Tradition and Revolution (Aarhus, Denmark: Integral Tradition).

vendredi, 07 octobre 2011

Die Reconquista

Die Reconquista

00:11 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : moyen âge, histoire, espagne, reconquista | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

jeudi, 06 octobre 2011

The Fascists of Peru

The Fascists of Peru

 
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One of the most prominent Peruvian leaders, often regarded as a fascist whether justly or not, was Raúl Ferrero Rebagliati. He was born on September 20, 1911 to an Italian father and Peruvian mother in Lima; Alfredo (a native of Turin, Italy) and Amelia (Rebagliati) Ferrero and was the fourth of six children. An academic and lawyer by trade he served as Dean of the Faculty of Law at the Catholic University of Peru, Dean of the College of Abogados de Lima and as a member of the Permanent Court of Arbitration of la Haya. He became known as an admirer of European fascism, not surprising considering his half-Italian roots and a supporter of Peruvian nationalism and broader national mobilization. Rebagliati was an early member of the ‘Revolutionary Union’ which was a political party founded in 1931 by Luis Miguel Sánchez Cerro to support his presidential dictatorship.

When Sánchez Cerro was assassinated in 1933 Rebagliati took over leadership of the Revolutionary Union and began to move it in a more recognizably fascist direction. He worked to mobilize mass support for the movement, adopting populist nationalist oratory, the Roman salute and even organized a paramilitary force of Blackshirts such as had brought Mussolini to power in Italy. However, electoral defeat in 1936 caused public confidence in the Revolutionary Union to drop and the movement soon faded away though Rebagliati himself remained a political presence of some note, serving as Prime Minister from 1966 to 1967, during the presidency of Fernando Belaúnde Terry and later as Minister of Foreign Affairs. Shortly after his movement began to dissolve he married Yolanda Costa, daughter of Carlo and Livia (Elice) Costa, in 1937 and by whom he had three children; Maria Elena, Raul Enrique and Augusto Ferrero. He died in Lima on April 22, 1977.

The only other Peruvian fascist of note was José de la Riva-Agüero y Osma who was born on February 26, 1885. He was the descendant of one of the early revolutionary leaders of Peru who, after seizing power, was the first to use the title of “President”. He studied at the National University of San Marcos and the University of Lima where he earned a PhD and then worked as Professor of History at San Marcos. History had always fascinated him, particularly the stories of dynamic national leaders like the Holy Roman Emperors and Napoleon Bonaparte. His entry into politics came in 1915 when he helped to found the moderate Democratic National Party. In 1919 he went to Europe for a time where he met many members of the rising Catholic radical right and read the works of right-wing Catholic nationalists like Jacques Bainville and Charles Maurras. He became convinced that their ideas where the proper basis on which the country should be organized and when he returned to his homeland he endeavored to put them into effect.

In 1930 Riva-Agüero returned to Peru and in 1933 was appointed Prime Minister, Minister of Justice and Minister of Public Education during the presidency of General Oscar R. Benavides; a former Peruvian field marshal, moderate conservative and enemy of communism. This gave him some political credentials but it was still insufficiently right-wing for Riva-Agüero and so he organized his own hard-line, far-right Catholic national movement called ‘Patriotic Action’ in imitation of the movement of Charles Maurras, ‘French Action’. Delving deeper into the social-political roots of Catholic corporatism he soon changed the name of his organization to the Peruvian Fascist Brotherhood. He probably had a more broadly recognized national image than any other figure advocating for the Catholic far-right and voicing support for the fascist regimes in Europe, namely Mussolini in Italy and General Franco in Spain. Although not as imitative of these regimes as some, his was a more traditionally based fascism suited to the place of Peru in the world.

For example, Riva-Agüero was a strong supporter of Hispanidad or the community of Spanish-speaking nations that had once made up the Spanish colonial empire. The inspiring success of General Franco and the Falange in Spain had caused a new vision to arise across Latin America which imagined the formation of strong, Catholic, nationalist (call it fascist/falangist as you like) across the nations of the former Spanish Empire to form a powerful economic and political Hispanic bloc that could be a major force in the world. It was a grand and praiseworthy vision but one, alas, not destined to get very far in the realm of reality. Riva-Agüero himself, after reaching a considerable degree of support and public notoriety began, like so many other fascists, to follow more the rising star of Nazi Germany and adopt strange and extreme ideas that seemed to have nothing to do with the situation in Peru which naturally began to turn people off.

In due time Riva-Agüero became increasingly anti-Semitic in his speeches and writings, something that had never been much of an issue in Peru where most people had never seen a Jew and had no idea who or what they were; as well as becoming an outspoken supporter and defender of Adolf Hitler. Not surprisingly, most of what Peru heard about Hitler they were not inclined to like. His exaltation of Germany meant nothing to them and his praise of racial purity was not likely to attract widespread support in a country dominated by a racially mixed population. Yet, Riva-Agüero was never a real Nazi and differed with Hitler on a number of points. For instance, whereas Hitler had stated his wish to abolish all class distinctions, Riva-Agüero supported the idea of the aristocracy and revived the use of the title of Marquis de Aulestia for himself, an old Spanish title of nobility that had long since fallen into disuse in his family. Rumors of increasingly odd behavior also put people off and his support soon faded away. The fascist career of Riva-Agüero officially came to an end in 1942 when Peru nominally entered World War II on the side of the Allies though he continued to defend his support for Hitler and the Axis nations until his death on October 26, 1944.

Charles Lindbergh's September 11, 1941 Des Moines Speech

Charles Lindbergh's

September 11, 1941 Des Moines Speech

mercredi, 05 octobre 2011

U.S. Plan to Invade Brazil

 

U.S. Plan to Invade Brazil

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Not many people know how close the United States came to invading, of all places, Brazil during World War II. Most know that Brazil did finally enter the war as one of the Allied nations and the Brazilian expeditionary force saw action in the later phase of the conflict in Italy against the forces of Nazi Germany and the Italian Social Republic. However, how Brazil came to that point is a sordid tale of diplomatic pressure and military threats against the Brazilian dictator President Getulio Vargas. Today, as with so many others, Vargas is labeled by historians as an example of a far-right dictator but actually moved from right to left and back again in terms of his policies. However, he did finally adopt elements of syndicalism and the “New State” idea first enacted in Portugal by their last great leader Prime Minister Antonio Salazar. President Vargas doubtlessly admired some of the principles of the fascist trend that was sweeping Europe but, more than that, he really had no desire to enter World War II and, as far as Brazilian national security went, was more concerned with Argentina than Germany or Italy. Vargas also had to be wary of taking sides since his army tended to favor the fascist powers while his air force and navy tended to favor the Allies.


The Roosevelt administration was very concerned about Brazil, mostly due to the wealth of natural resources available in the country. They claimed, naturally, that they were worried about Axis aggression against Brazil and South America -famously putting out a forged Axis “war plan” that, among other ludicrous lies, called for Axis forces, having conquered Africa, to jump the Atlantic gap over to Brazil. President Vargas, of course, knew that there was no more danger of Germany and Italy invading Brazil than of them invading Mars. However, he knew he had to keep on friendly terms with the United States which was a much more immediate threat and which, through the Monroe Doctrine, had long claimed all of the Americas as their exclusive sphere of influence. Vargas did such a good job at this that the State Department diplomats in Brazil reported to Washington that they really had no idea which side he was really on. FDR had his State Department strongly “suggest” that Vargas request U.S. military support to strengthen his defenses against possible German and Italian aggression.

Naturally, Vargas turned down this suggestion but later did request simply U.S. weapons and war materials, not for fear of Germany or Italy but for the real threat posed by Argentina. However, FDR’s War Department was hesitant to fulfill that request because they feared that FDR would invade Brazil and American forces would then have Brazilian troops using their own weapons against them. Still, despite the diplomatic pressure from FDR, President Vargas refused to let FDR dictate his foreign policy and he still wanted no part in FDR’s aggressive war to save the Soviet Union. Just this hesitation was deemed as being so outrageous by FDR that he had his military staff come up with the “Joint Basic Plan for the Occupation of Northeastern Brazil”. Keep in mind that this was the same President who had criticized Mussolini for invading Ethiopia (after being provoked), who had criticized Hitler for invading Scandinavia (after the British had mined Norwegian waters) and who had criticized the Japanese for occupying Manchuria even though the Republic of China did not even resist the incursion. Now, FDR was coming up with plans for an invasion of neutral Brazil which had no ties with the Axis and posed absolutely no threat to the United States simply because they refused to fall in behind him.


There is absolutely no doubt about this as, in addition to that contingency plan, an actual plan of attack was drawn up with specific military units assigned to the invasion. FDR approved “Operation Rubber Plan” on December 21, 1940 (before the Japanese attack on Pearl Harbor and before the U.S. was even at war herself with Germany, Italy and Japan) which called for -without a declaration of war mind you- a naval bombardment of Brazilian coastal facilities to soften up shore defenses for an amphibious attack by the U.S. Marines. This would be followed by a formal invasion by the 1st and 3rd Marine Battalions from the 5th Marine Division, launched from a naval task force including the battleship USS Texas, the aircraft carrier USS Ranger, 12 troop transports and supporting vessels. The 9th Division, US Army, would then relieve the Marines and press forward the invasion to seize key Brazilian ports and airfields for American use. The 45th Army Infantry Division would be held in reserve in case unexpected resistance was met. All of these forces were in training for this operation and put on the alert to be ready to launch the attack within 10 days of President Roosevelt giving the “go” order.


President Vargas found out about this invasion plan in January of 1942 and, of course, had no choice but to immediately break off diplomatic relations with the Axis and he allowed 150 US Marines to occupy certain Brazilian airfields. Still, however, FDR was not satisfied and his plan for the invasion and occupation of Brazil was not officially set aside until May when Vargas signed the Brazilian-American Defense Agreement. Nonetheless, it was clear that Vargas was acting under extreme duress as he delayed as long as possible committing Brazilian forces to combat in a war which had nothing to do with his country at all. Nonetheless, eventually he was forced to declare war on the Axis and Brazilian troops were dispatched to the bitter fighting in northern Italy where they fought with great courage but were badly mauled by the Italian Monterosa Division. This was the victory which allowed Mussolini to return to Milan where the march to power of his Blackshirts had first begun. But, as far as Brazil was concerned, it was President Roosevelt rather than Mussolini who was the real aggressor and the real threat to their independence and national sovereignty.

dimanche, 02 octobre 2011

Il collasso delle colonie norvegesi in Groenlandia

Il collasso delle colonie norvegesi in Groenlandia

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Una pagina di storia particolarmente interessante dal punto di vista dell’equilibrio fra società umane e ambiente naturale è quella relativa alla fallita colonizzazione scandinava della Groenlandia, terminata con l’abbandono dei due insediamenti, occidentale (Vestribyggd) e orientale (Eystribyggd), posti, in realtà, entramibi sulla costa occidentale della grande isola, l’uno più a nord, l’altro più a sud, presso il Capo Farewell. A metà strada fra i due esisteva un terzo insediamento, molto più piccolo, che si può chiamare Insediamento medio.

Le fonti storiche scandinave sono incerte e confuse, per cui la fine di queste tre colonie europee, poste letteralmente all’estremità del mondo allora conosciuto, rimane a tutt’oggi avvolta nel mistero. Non sappiamo se vennero distrutte dagli Eschimesi, chiamati Skraeling dai coloni norreni, o se scomparvero per una serie di cause legate ai mutamenti climatici che, fra il 1200 e il 1600, videro in tutto l’emisfero boreale il ritorno di una ‘piccola età dei ghiacci’, come è stata chiamata da alcuni scienziati. Oltre ad impoverire ulteriormente le già magre risorse ambientali, dalle quali dipendeva la sopravvivenza dei coloni, l’espansione dei ghiacci rese assai più difficili le rotte marittime nei mari settentrionali e fece sì, che a poco a poco, cessarono di partire dalla Norvegia le navi che avrebbero dovuto assicurare i collegamenti con quell’estremo avamposto europeo.

Certo è che, abbandonati a se stessi, i coloni norvegesi scomparvero.

Le testimonianze letterarie dicono che gli abitanti dell’insediamento occidentale finirono per abbandonare la religione cristiana, probabilmente per adottare quella degli Eschimesi, con i quali, evidentemente, dovette esservi una fusione, o, quanto meno, un tentativo di convivenza pacifica, dopo una fase certamente cruenta, in cui i due popoli vennero a contatto per la prima volta. Va ricordato, infatti, che il peggioramento delle condizioni climatiche indusse gli Eschimesi a spingersi verso sud, inseguendo la loro preda preferita, la foca, dalla quale dipendevano totalmente (un po’ come gli Indiani del Nord America dipendevano dal bisonte).

Mappa della Groenlandia del XVII secolo

Mappa della Groenlandia del XVII secolo

Quanto all’insediamento orientale, che sopravvisse più a lungo – anche perché era assai più consistente -, le testimonianze archeologiche indicano che gli ultimi norvegesi vennero seppelliti secondo il rito cristiano, indossando i loro migliori abiti; per cui si sarebbe portati a credere che, in quel caso, non vi fu alcuna assimilazione da parte dell’elemento indigeno; della quale, del resto, non v’è traccia neanche dal punto di vista antropologico fra gli Eschimesi o Inuit attuali. Nulla, infatti, indica che le due stirpi si siano mescolate: nessun carattere fisico degli Scandinavi, per quanto sporadico, è osservabile negli Eschimesi odierni.

Sempre le testimonianze archeologiche attestano che l’insediamento occidentale fu occupato dagli Eschimesi a partire dal 1341, per cui la fine della colonia norvegese dovette precedere di pochissimo tale data. Nell’insediamento medio, la presenza eschimese sostituisce quella scandinava dal 1380 circa; e per quello orientale, ciò dovette avvenire nei primissimi anni del 1500. Ma, ripetiamo, non è dato sapere, allo stato attuale delle nostre conoscenze, se gli Eschimesi occuparono i fiordi già abbandonati dai norvegesi, o già spopolati dalla ‘morte bianca’; oppure se li occuparono con la forza, uccidendo gli abitanti fino all’ultimo uomo e, magari, facendo prigionieri un certo numero di ragazzi e ragazze, come è documentato che accadde in alcuni scontri di minore entità, verificatisi nei decenni che precedettero la fine della colonia occidentale.

Sappiamo soltanto che sono stati identificati i resti di numerose fattorie norrene nonché di alcune chiese, a testimonianza del fatto che, ai loro tempi d’oro (se mai ve ne furono), i colonizzatori avevano spiegato notevoli mezzi per creare condizioni di vita che fossero quanto più simili possibile a quelle che avevano lasciato nella loro lontana madrepatria, in Norvegia – e, in minor misura, in Islanda.

Scrive il saggista e scrittore gallese Gwyn Jones, nel suo importante studio Antichi viaggi di scoperta in Islanda, Groenlandia e America, ripubblicato alcuni anni fa dalla Casa editrice Newton Compton (titolo originale: The Norse Atlantic saga. Being the Norse Voyages of Discovery and Settlement to Iceland, Greenland, America, 1964, Oxford University Press; traduzione italiana Giorgio Romano, Milano, Bompiani Editore, 1966, pp. 82-110):

“La colonia di Groenlandia, che va tenuta distinta dallo stato o nazione di Groenlandia, sopravvisse fino all’inizio del secolo XVI, e il modo in cui avvenne la sua fine ha interessato a lungo gli studiosi. La Colonia di Groenlandia era il più remoto avamposto della civiltà europea e la sua fine – su un lontano lido, in un paese quasi dimenticato, in condizioni climatiche che peggioravano e in circostanze assai tetre – è stata considerata da molti la più impressionante tragedia vissuta da un popolo nordico. Essa rimane uno dei problemi insoluti della storia.

“Vediamo oggi, col senno di poi, come tutto, nella colonizzazione norrena in Groenlandia, fosse giocato al suo limite. I colonizzatori sarebbero potuti sopravvivere soltanto se non fosse intervenuto nessun mutamento in peggio. In Islanda l’Europeo del Medioevo aveva rischiato le sue ultime possibilità per vivere al nord, e aveva potuto osar questo senza rinunziare a un sistema di vita scandinavo. L’Islanda si trova all’estremo limite del mondo abitabile; la Groenlandia oltre quel limite. Papa Alessandro VI scriveva nel 1492: «La Chiesa di Gardar è situata alla fine del mondo» e la strada per raggiungerla era infaustamente nota: per mare non minus tempestosissimum quam longissimum. Era pertanto un prerequisito per i groenlandesi – se volevano dominare il destino – possedere un naviglio loro capace di solcare i mari. Ben presto invece non ebbero non ebbero a disposizione né i capitali né il materiale per costruirlo; dopo essersi sottomessi alla Norvegia fu loro esplicitamente vietato di usare navi proprie: e, da allora in poi, le condizioni per la sopravvivenza non dipesero più dalla loro volontà. I cambiamenti politici ed economici all’estero, senza loro colpa né offesa, potevano ormai distruggerli, e la loro negligenza doveva mostrarsi altrettanto letale di un attacco. Secondariamente il loro numero era pericolosamente esiguo: probabilmente non raggiunsero mai le tremila anime. La popolazione dell’Islanda dell’anno 1100 era pressappoco di 80.000 persone. Il fuoco, i ghiacci, le pestilenze e l’abbandono da parte dei norvegesi ridussero questo numero a 47.000 nel 1800: uno sciupio omicida per una razza molto prolifica. La Groenlandia non possedeva una siffatta riserva di umani sacrifici. In terzo luogo: di tutte le comunità europee essa era la più vulnerabile ai cambiamenti climatici. Per gli altri uomini dell’Europa una serie di inverni freddi e di cattive estati è una seccatura e un fastidio; per i groenlandesi rappresentava il suono di una campana a morte. (…)

“Con tutta probabilità il freddo crescente e la maggior aridità dopo il 1200 contribuirono gli eschimesi a recarsi verso sud. Man mano che il ghiaccio andava estendendosi lungo le coste ovest della Groenlandia, anche le foche si diffusero; a loro volta gli Skraeling seguirono le foche, perché ogni aspetto della loro vita dipendeva da questi animali. Trichechi e balene, caribù e orsi, pernici bianche e piccoli pesci erano tutti bene accolti dagli eschimesi, ma alle foche essi erano legati in modo particolare. I norreni si spingevano a nord, alla ricerca di territori di caccia e di legname trasportato dalle correnti; gli eschimesi scendevano a sud inseguendo le foche: il loro incontro era inevitabile. Non sappiamo quanti di questi incontri abbiano lasciato tracce di sangue sulla neve, poiché tanto per i norreni quanto per gli eschimesi la posta era alta, ed essi dovevano ben saperlo. Il futuro sarebbe stato favorevole a quel popolo che sarebbe riuscito ad adattarsi meglio al mutamento del clima. Gli eschimesi, resi autosufficienti dalle foche, ben impellicciati e protetti contro il freddo, con le loro tende per l’estate, le case per l’inverno e i velocissimi caicchi, erano invero mirabilmente attrezzati. I norreni, legati alle abitudini europee sino alla fine, della colonizzazione, attaccati ai greggi, alle mandrie e ai pascoli che andavano scomparendo, non potevano sopravvivere al loro fimbulvetr, a quel lungo, spietato, terribile inverno, il cui avvicinarsi annunciava la fine del loro mondo. (…)

“L’insediamento occidentale ebbe termine nel 1342. Abbiamo scarse prove di come ciò sia avvenuto, e sono inoltre prove discutibili. Gli Annali del vescovo Gisli Oddsson precisano sotto la data di quell’anno che: «Gli abitanti della Groenlandia, di loro spontanea volontà, abbandonarono la vera fede e la religione cristiana, avendo abbandonato il retto sentiero e le virtù fondamentali, e si unirono coi popoli dell’America (ad Americae populos se converterunt). Alcuni considerano anche che la Groenlandia si trova molto vicina alle regioni occidentali del mondo. E da questo derivò che i cristiani rinunciassero ai loro viaggi in Groenlandia». Per il vescovo i ‘popoli dell’America’ erano quasi certamente gli eschimesi, cioè quegli stessi Skraeling che i groenlandesi avevano incontrato molto tempo prima in Marclandia e in Vinlandia; e la sua asserzione dev’essere interpretata come un’indicazione che già nel 1342 si riteneva che i groenlandesi fossero divenuti indigeni per costume e religione. Fu probabilmente per esaminare il carattere e l’estensione di quest’apostasia che un anno prima, nel 1341, il vescovo Hakon di Bergen aveva inviato il prete Ivar Bardarson in una spedizione divenuta poi famosa. (…)

“Si sparse la voce che i norreni stavano ‘convertendosi’ alla fede egli eschimesi e abbandonavano la religione cristiana; si disse che bisognava fare qualcosa a questo proposito. Ma allorché Ivar Bardarson arrivò in Groenlandia, una di queste due cose doveva essere accaduta: o gli ultimi sopravvissuti dell’insediamento occidentale si erano ritirati verso il sud per cercare scampo, o erano stati vinti e sterminati dagli Skraeling. Comunque, la spedizione di Ivar non servì che a confermare questo fatto: «attualmente gli Skraeling occupano tutta la Colonia occidentale». La cultura tipicamente scandinava scomparve ovunque al di là della latitudine 62° nord. Dopo il 1350 circa l’esistenza di colonie norrene in Groenlandia era limitata a Eystridyggd.

“I documenti storici e archeologici dimostrano che l’insediamento orientale combatté tenacemente per la propria esistenza. Lì viveva gran parte della popolazione norrena, e lì si trovavano anche le terre migliori. Ciononostante la perdita dell’Insediamento occidentale rappresentò per quello orientale un’irreparabile calamità. Da un lato portò alla perdita del Nordseta, il miglior terreno di caccia della Groenlandia, che si trovava più a nord dell’insediamento perduto e, sebbene la richiesta di prodotti del Norseta fosse in declino, ciò costituì una drastica riduzione delle risorse dei coloni. Ma ancora più grave fu la sensazione che un destino analogo minacciasse anche l’insediamento rimasto. Certamente gli eschimesi stavano reagendo duramente alla presenza dei bianchi nel sud; e noi apprendiamo dagli Annali islandesi (Gottskalksannal) che intorno al 1379 «gli Skaraeling attaccarono i groenlandesi, ne uccisero diciotto e rapirono due ragazzi che fecero schiavi». (…)

“Le testimonianze relative alle comunicazioni tra la Groenlandia e il mondo esterno, dopo la metà del secolo XIV, si possono così sintetizzare: nei primi decenni una nave, protetta dal monopolio regale, compì, a intervalli frequenti se non proprio ogni anno, il tragitto Norvegia Groenlandia. Era questo il Groenlands knörr, il Corriere della Groenlandia; ma non sembra che sia stato sostituito dopo che andò perduto nel 1367 o ’69. In seguito le comunicazioni furono scarse. Tutte le prove che possediamo di viaggi in Groenlandia riguardano una strana serie di uomini: Bjorn Einarsson Jorsalafari, detto il Pellegrino di Gerusalemme, fece naufragio in Groenlandia e vi rimase per due anni; un gruppo d’islandesi, smarrita la rotta, vi arrivò nel 1406 e vi rimase quattro anni; una coppia alquanto misteriosa, Pining e Pothorst, fece un viaggio piuttosto chimerico in Groenlandia, e pare anche oltre, nell’oceano occidentale, forse anche fino al Labrador, poco dopo il 1470, aggiungendo così nuove sfumature fantastiche alla cartografia del Rinascimento e qualche luce, ma anche molte ombre, alle vaghe conoscenze che il XVI secolo ebbe del più remoto settentrione. (…)

“Quando e come si sia estinto l’Insediamento orientale non sapremo mai. Con ogni probabilità il fenomeno si verificò subito dopo la fine del 1500. Deve esserci stato un progressivo indebolimento della Colonia. A Herjolfsnes, e ancor più probabilmente a Unartoq, ci sono prove di sepolture collettive che possono far pensare a una morte per epidemia, forse per peste, sebbene non se ne trovi conferma nelle fonti storiche. Come per Vestribyggd, dobbiamo immaginare che la Colonia si sia andata ritirando sotto la pressione eschimese, mentre le famiglie che vivevano ai confini indietreggiavano verso le zone centrali, e alcuni (non necessariamente gli spiriti più deboli) coglievano l’occasione per far ritorno in Islanda o in Norvegia. Altri furono rapiti da violenti predoni europei, tra i quali par che predominassero gli inglesi; ed è logico ritenere che l’isolamento, profondamente sentito, unito alle altre sciagure, abbia alimentato una debolezza fisica e morale che ridusse la volontà di sopravvivenza. Nel complesso la vecchia teoria che la Colonia groenlandese sia andata morendo tra l’indifferenza del resto del mondo rimane sostanzialmente valida. (…)

“Quando nel 1586 l’inglese John Davis riuscì a sfuggire all’atroce desolazione delle coste sud-orientali della Groenlandia e contemplò con sollievo «semplice paesaggio campestre con terra ed erba», all’interno dei fiordi occidentali, non trovò nessuna traccia di bianchi, «né vide alcuna cosa a eccezione di avvoltoi, corvi e piccoli uccelli, come allodole e fanelli». Questi erano i fiordi dell’antico Insediamento occidentale, ma la stessa cosa era di quello orientale. La terra, l’acqua e tutto ciò che esse potevano offrire appartenevano ormai agli esuberanti e tenaci eschimesi. La vicenda norrena in Groenlandia era giunta alla fine”.

La Groenlandia era stata visitata da arditi navigatori vichinghi già al principio del X secolo e colonizzata a partire dal 982 per opera di Erik il Rosso, che la chiamò “Terra Verde” perché tale, in estate, è l’aspetto di alcuni fiordi riparati, ove fioriscono alcuni verdi prati e si concentra buona parte della fauna dell’isola.

Grazie alla presenza di correnti marine calde, era la costa più lontana dall’Europa, ossia quella occidentale, a presentare le condizioni più favorevoli per un insediamento; e fu lì che si concentrarono gli sforzi di quei primi coloni, provenienti tutti dall’Islanda. Il loro numero si stabilizzò intorno alle tremila unità; la loro economia, oltre che su di una limitata attività silvo-pastorale, era basata essenzialmente sul commercio delle pelli di foca e sulle ossa di balena (cfr. Enzo Collotti, La storia della Groenlandia, in Enciclopedia Geografica Il Milione, Novara, De Agostini, 1970, vol. X, p. 135).

Anche il cristianesimo si organizzò presso quelle comunità scandinave, tanto che nel 1126 fu insediato in Groenlandia, per la prima volta, un vescovo norvegese.

Scrive il Collotti (loc. cit.):

“Seppure per breve tempo, i legami con la Norvegia erano destinati a divenire ancora più stretti ed istituzionali, allorché nel 1261 fu riconosciuta sull’isola la sovranità del re di Norvegia. Successivamente, il progressivo allentamento dei rapporti con la penisola scandinava fu conseguenza della creazione di un nuovo equilibrio di forze politiche e di nuove correnti di traffico, che dirottarono il commercio norvegese verso gli interessi dei mercanti tedeschi, che avevano finito con l’assumere di fatto il controllo dei traffici della Norvegia”.

Anche se si tratta di una pagina di storia generalmente poco conosciuta, il collasso della colonizzazione norvegese in Groenlandia offre un esempio, che si potrebbe definire paradigmatico, di come una società umana non possa reggersi indefinitamente in un ambiente in cui essa non è in grado di adattarsi in maniera adeguata.

Non vi sono prove del fatto che i Norvegesi abusarono delle risorse locali offerte dalla magra vegetazione e dalla fauna artica; è certo, invece, che non furono in grado di fronteggiare il peggioramento climatico con gli scarsi mezzi di cui disponevano. Il colpo di grazia venne poi da una serie di circostanze concomitanti: il disinteresse del re di Norvegia, che di fatto li abbandonò al loro destino, dopo averli obbligati a rinunciare, per legge, all’esercizio di una propria marineria; le migrazioni verso sud di gruppi, relativamente numerosi, di Eschimesi, assai meglio adattati alla sopravvivenza in quell’ambiente ostile; alcune probabili pestilenze, testimoniate da un certo numero di sepolture comuni; e, infine, le incursioni di alcuni pirati europei, specialmente inglesi, che rapirono gli abitanti e devastarono le loro fattorie.

Ad ogni modo, la lezione che possiamo trarre da quella lontana vicenda è chiara: un gruppo umano non può mantenersi su un determinato territorio, a meno che sappia integrarsi con l’ambiente, usufruire adeguatamente delle sue risorse, adattarsi ai cambiamenti climatici ed ecologici e introdurre quelle innovazioni, nei suoi metodi di lavoro e nella sua psicologia, che gli consentano di attenuare l’impatto dovuto ai mutamenti stessi.

Il risultato della incapacità dei coloni norvegesi in Groenlandia di adattarsi a condizioni di vita sensibilmente diverse da quelle esistenti in Scandinavia fu la decadenza della loro società, il suo progressivo restringimento, che dovette essere anche morale e spirituale oltre che materiale, e infine la loro scomparsa totale e irreversibile.

Il loro principale errore, se così possiamo chiamarlo, fu, in altre parole, quello di aver cercato di colonizzare la Groenlandia come se fosse stata la Norvegia o magari l’Islanda: non si resero conto che le condizioni del clima e del suolo erano sostanzialmente diverse e che solo sforzandosi di elaborare nuove forme di caccia, di pesca, di architettura e di riscaldamento, avrebbero potuto sopravvivere e, forse, prosperare. Il loro fu un vero e proprio collasso tecnico e morale: ed è impressionante pensare che dei coraggiosi e valentissimi marinai, quali essi erano stati, alla fine, quando ciò sarebbe stato questione di vita o di morte, non seppero mettere in mare neppure una nave per ristabilire il collegamento con l’Europa o, almeno, per evacuare ordinatamente i loro sfortunati insediamenti.

Per trovare un esempio altrettanto drammatico di come la decadenza dell’arte della navigazione possa segnare il destino di una importante società umana, bisogna spostarsi di molte decine di migliaia di chilometri, fino nel cuore dell’Oceano Pacifico meridionale, sull’isola di Pasqua (Rapa-Nui in polinesiano). Gli studi più recenti hanno ormai ampiamente dimostrato che la civiltà che aveva saputo costruire gli sbalorditivi monumenti di pietra, i Moai, che tanto colpirono i primi coloni europei, dopo la scoperta dell’isola da parte di Roggeveen nel 1722, subì un collasso irreversibile a causa del dissennato disboscamento praticato dagli indigeni. L’isola di Pasqua, allorché vi giunsero i colonizzatori polinesiani provenienti da occidente – probabilmente da Tahiti – era ammantata da una straordinaria, lussureggiante foresta primigenia. Ma, nel corso di alcuni secoli, essa venne ridotta a una landa sassosa battuta dai venti, a causa della deforestazione incontrollata, il cui scopo era mettere a coltura nuovi terreni fertili, procurare legname per le imbarcazioni da pesca, per le abitazioni, e per il riscaldamento, nonché la stessa tecnica di trasporto delle statue colossali, dalle pendici del vulcano centrale fino alle coste dell’isola, che richiedeva l’uso dei tronchi degli alberi in funzione di rulli.

Allorché l’ultimo albero venne abbattuto, la pratica della navigazione d’alto mare andò irrimediabilmente perduta e quei fieri navigatori, regrediti a coltivatori sedentari del tutto isolati dal resto del mondo, precipitarono in una serie di guerre intestine che cancellarono perfino il ricordo della passata grandezza.

Al giorno d’oggi, gli uomini fanno totalmente affidamento sui continui progressi della tecnica per imporre un controllo sempre più forte sull’ambiente in cui vivono; sono convinti, infatti, di poter padroneggiare qualsiasi ambiente naturale, tanto è vero che sono allo studio persino dei progetti di colonizzazione spaziale.

Ma, in questo modo, ci sembra che la lezione della fallita colonizzazione norvegese in Groenlandia (e del collasso della civiltà dell’isola di Pasqua, di cui ci occuperemo in un prossimo lavoro), sia andata interamente perduta. Non bisognerebbe puntare, infatti, su una radicale trasformazione dell’ambiente ai fini delle esigenze umane, bensì puntare al raggiungimento dell’equilibrio fra le esigenze della società umana – economiche, culturali e spirituali – e l’ambiente medesimo. In altre parole, l’uomo dovrebbe cercare di vivere in armonia con la natura, e non di imporre ad essa, in tutto e per tutto, le sue necessità, cercando di creare quasi una seconda natura “artificiale”. Procedendo in quest’ultima direzione, infatti, egli crea con le sue stesse mani le premesse per una degenerazione degli equilibri ambientali, che prima o poi gli si ritorcerà contro; senza contare che la tecnologia, quanto più è sofisticata, tanto più è settoriale e non adeguata a fronteggiare situazioni impreviste, quali un rapido cambiamento climatico.

I piccoli Eschimesi, ben coperti nelle loro calde pellicce e ben attrezzati per la caccia alla foca, sia per mare che a terra, sopravvissero all’avvento della ‘piccola età glaciale’, che si abbatté sulla Groenlandia a partire dal XIII secolo; mentre gli alti e forti Norvegesi si estinsero miseramente, senza lasciar di sé alcuna traccia, tranne alcune fattorie in rovina e poche chiese abbandonate, con i loro malinconici cimiteri.

La lezione, ripetiamo, è piuttosto chiara.

Qualora le circostanze climatiche e ambientali dovessero mutare, anche a livello globale, non sarebbe una tecnologia sempre più invasiva a salvarci, ma, al contrario, la capacità di elaborare una tecnologia a misura di ambiente, ossia la capacità di creare condizioni di adattamento eco-compatibili che, rispettando le altre specie viventi animali e vegetali, offrirebbero anche a noi maggiori possibilità di sopravvivenza.

È evidente che, in una simile prospettiva, dovremmo rinunciare alla funesta ideologia dello sviluppo illimitato e al delirio di onnipotenza che le filosofie scientiste hanno veicolato, dal 1600 ad oggi; per ritrovare, invece, le ragioni di una presenza umana sul pianeta Terra che non sia più vista in termini di ‘crescita’ e di sfruttamento indiscriminato delle risorse, ma di armonioso inserimento nell’ambiente naturale.

samedi, 01 octobre 2011

L’histoire de l’Afrique doit-elle être enseignée dans le secondaire aux dépens des fondamentaux de l’histoire de France ?

L’histoire de l’Afrique doit-elle être enseignée dans le secondaire aux dépens des fondamentaux de l’histoire de France ?

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par Bernard Lugan

Ex: http://synthesenationale.hautetfort.com/

L’histoire des mondes non européens a toujours figuré dans les programmes scolaires, cependant, elle n’était pas enseignée aux dépens de l’histoire de France. De plus, cette nécessaire ouverture ne se faisait qu’à partir du moment où les fondamentaux de notre histoire étaient acquis par les élèves. Aujourd’hui, il en va tout autrement avec la réforme Darcos qui prépare le délitement de l’imaginaire historique national, ce précieux socle auquel les Français sont encore arrimés.

Les ravages commencent désormais dès la classe de 5° qui a subi des amputations insensées et même proprement « ubuesques » de son programme d’histoire. Or, ces amputations ont été rendues nécessaires afin de dégager autant de plages horaires destinées à l’étude des civilisations non européennes, qu’elles soient africaines, asiatiques ou autres. Pour ce qui concerne l’Afrique, seront ainsi étudiés plusieurs royaumes avec un point central, celui du Mali. Pour leur « faire de la place », Louis XIV a donc été relégué en toute fin de programme et il ne sera donc « survolé » que si le Monomotapa (!!!) a été vu. De même que les crédits de l’armée constituent la variable d’ajustement des déficits de l’Etat, l’histoire de France devient quant à elle la variable d’ajustement des apprentis sorciers du ministère de l’Education nationale

Toute éducation supposant l’acquisition de fondamentaux et de connaissances de base sans lesquelles il est impossible ou vain de vouloir aller plus loin, il est donc insensé de vouloir faire apprendre l’histoire du Mali à des enfants qui ne savent pas si Napoléon a vécu avant ou après Louis XIV…Les « docteurs Folamour » du pédagogisme ne l’ignorent pas. Ils en sont même parfaitement conscients, mais ce sont d’abord des militants dont le but est de casser tous les enracinements européens considérés par eux comme susceptibles de déclencher des réactions identitaires.

Ne nous cachons pas derrière notre pouce et disons les choses clairement : le premier but de cette aberrante réforme de l’enseignement de l’histoire est de toucher le public de ces établissements mosaïques dans lesquels 30 à 40% d’élèves possédant moins de 350 mots de vocabulaire, ne sachant ni lire, ni écrire, ni même raisonner et encore moins comparer, pourrissent littéralement l’apprentissage de classes entières. Les assassins de notre mémoire espèrent, grâce à cette réforme, capter l’attention de ces auditoires « difficiles » et avant tout peu intéressés par l’histoire de France, en leur proposant une histoire sur mesure, une histoire à la carte, une histoire ethno sectorielle en quelque sorte.

Les élèves d’origine mandé-malinké de Tremblay en France seront peut-être attentifs à l’histoire de l’empire du Mali qui fut constitué par leurs ancêtres, mais il risque de ne pas en être de même avec les petits soninké de Garges les Gonesse, héritiers, eux, du royaume de Ghana qui fut détruit par les premiers…De plus, comment vont réagir les rejetons des nombreux autres peuples africains ? N’y a-t-il pas une forme de discrimination à leur égard ? En effet, pourquoi privilégier le Mali ou le Ghana et passer sous silence l’empire Luba et le royaume zulu ?

Un autre but de ce programme qui fait naturellement de continuelles références à la traite des esclaves vue comme une sorte de fil conducteur de la matière, est de tenter de faire croire aux élèves que l’histoire du monde est d’abord celle de la confrontation entre les méchants, lire les Européens, et les bons, lire les autres. L’ethno culpabilité est décidément sans limites !

De plus, et là est peut-être le plus important, l’histoire de l’Afrique a son propre temps long qui n’est pas celui de l’Europe. Elle s’appréhende avec une méthodologie particulière impliquant une maîtrise de la critique des sources orales, une connaissance approfondie de l’anthropologie, de l’archéologie, de la linguistique, etc., Or, les professeurs qui vont devoir enseigner cette histoire à leurs jeunes élèves n’ont pas été formés pour cela.

Un exemple : la connaissance que nous avons de Philippe le Bel repose sur des dizaines de milliers d’études, de thèses, de documents d’archives, de mémoires, de correspondances, de traités etc. Son contemporain, Abu Bakr II empereur du Mali (+- 1310-1312), dont l’existence n’est même pas certaine, n’est connu que par des traditions orales tronquées, des sources arabes de seconde ou même de troisième main et par une chronologie totalement erronée établie par Maurice Delafosse en 1912. L’histoire de son bref règne, s’il a véritablement eu lieu, est pourtant largement enseignée en Afrique où ce souverain est présenté comme une sorte d’explorateur conquistador parti à la tête de 2000 ou même 3000 pirogues pour découvrir les Amériques.  

Les professeurs des classes de 5° qui vont devoir parler du Mali, cœur du nouveau programme, devront évidemment étudier cet empereur. Or, sont-ils formés pour expliquer à leurs élèves que l’histoire scientifique ne se construit pas sur des légendes? De plus, le seul fait, dans un cours, de consacrer le même temps d’étude à un personnage historique attesté d’une part, et à un autre, largement légendaire d’autre part, conduira automatiquement les élèves à prendre le virtuel pour la réalité, ce qu’ils sont déjà largement enclins à faire avec les jeux électroniques.   

Mais allons encore au-delà et abordons l’essence même de la question. Face à ces élèves « en difficulté» (traduction en langage politiquement incorrect : enfants dont la langue maternelle n’est pas le français), les enseignants oseront-ils, sans risquer un hourvari, expliquer qu’un tel voyage n’a jamais eu lieu?  En effet, si tout est faux dans cette légende c’est parce que les Africains de l’Ouest -à la différence de ceux de l’Est-, ne pouvaient affronter la haute mer car ils ignoraient l’usage de la voile ainsi que celui de la rame et parce que leurs pirogues étaient sans quille. 

Les mêmes enseignants sont-ils armés pour faire comprendre à leurs classes que pour atteindre l’Amérique, les hommes d’Abu Bakr II auraient été contraints de pagayer durant plus de mille kilomètres à travers l’océan atlantique avant de rencontrer enfin le courant des Canaries, seul susceptible de leur permettre de dériver ensuite vers l’Ouest… et cela sur 6 000 km ? Enfin, seront-ils en mesure de mettre en évidence l’incohérence majeure de cette légende que certains considèrent comme une histoire vraie, à travers un exemple clair : comment l’expédition de l’empereur malien aurait-elle pu atteindre l’Amérique alors que les Africains ignoraient l’existence de l’archipel du Cap-Vert situé à 500 km « à peine » de la péninsule du Cap-Vert, point le plus occidental du littoral ouest africain contrôlé par l’Empire du Mali et qui leur barrait la voie du grand large ? En effet, cet archipel était vierge et vide d’habitants en 1450,  au moment de sa découverte par le Génois Antonio Noli qui était au service du Portugal...L’enseignement de l’histoire africaine ne s’improvise pas !

Hier la méthode d’apprentissage de la lecture dite « globale » fabriqua des générations d’illettrés et de dyslexiques; la réforme des programmes d’histoire donnera quant à elle naissance à des générations de zombies incapables de rattacher des évènements ou des personnages à une chronologie et ayant pour toute culture historique celle du volapük mondialisé.

 

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« Rouges » et « fascistes » sans haine ni rancune

« Rouges » et « fascistes » sans haine ni rancune : le témoignage édifiant d'un enfant de la Guerre d'Espagne

par Arnaud IMATZ

Ex: http://www.polemia.com/

Polémia a reçu récemment de l’historien espagnol, Arnaud Imatz, (*) contributeur occasionnel du site, un message émouvant, accompagné d’un article, écrit en novembre 2006, qui donne un éclairage peu connu de certains des événements qui se sont déroulés en Espagne durant la Guerre civile de 1936 à 1939.
L’heure est à la « diabolisation » et à la réécriture de l’histoire. L’Espagne de Zapatero n’y échappe pas. La bien-pensance y oppose les « bons » (les « Républicains ») et les « méchants » (les « Fascistes »).


La réalité fut plus complexe. Des Rouges furent victimes des Franquistes. Et des Franquistes furent victimes des Rouges. Sans parler des Rouges nombreux à être victimes d’autres… Rouges. Des familles furent partagées. Et s’il y eut des horreurs, il y eut aussi beaucoup de noblesse chez certains combattants, des deux camps. Arnaud Imatz apporte ici le témoignage de José Ataz Hernández : un fils de rouge devenu responsable phalangiste qui vient de disparaître. Un texte à lire pour ceux qui ne croient pas à l’histoire en noir et blanc et qui préfèrent la mémoire historique à la mémoire hystérique. On trouvera ici le message de l’historien et son article.

Polémia

« Je viens d'apprendre avec infiniment de tristesse le décès de José Ataz Hernández survenu le 11 septembre 2011. Ses qualités humaines, son extrême générosité, sa profonde intelligence et sa force de caractère faisaient de lui l'archétype de l'aristocrate de l'esprit, un authentique hidalgo espagnol. Merci de trouver, ci-joint, l'article que j'avais consacré à sa terrible jeunesse, il y a quelques années. Amicalement. Arnaud Imatz »

Comprendre la guerre civile espagnole c'est savoir qu'elle fut « un mélange de vanité et de sacrifice, de clownerie et d'héroïsme », écrit Arthur Koestler dans son autobiographie The Invisible Writing. Guerre totale, devrait-on dire, guerre totale entre totalitaristes de gauche et autoritaristes de droite. Dans l’Espagne de 1936, il n’y a plus de démocrates. La haine et le sectarisme s’emparent des deux camps. Mais le respect de l'autre, la noblesse et la générosité transcendent parfois les divisions. Voici le témoignage émouvant de José Ataz, un jeune « hijo de rojo » (fils de rouge), qui a connu les horreurs d’une guerre fratricide et les terribles privations de l’immédiat après-guerre. Une histoire humaine, vraie, qui à elle seule permet de comprendre la complexité de ce terrible événement historique qui a été commémoré en 2006. Une histoire qui ne juge pas, qui ne dit pas le bien, qui ne poursuit pas la diabolisation, la discrimination entre purs et impurs mais qui contribue honnêtement et modestement à la recherche de la vérité et à la sincère réconciliation.

Au mois d'août 1936, José, petit garçon de huit ans, est le témoin d'une scène atroce qui le marque à jamais. Son père, Joaquín Ataz Hernández, secrétaire du Syndicat des cheminots de l'UGT de Murcie et dirigeant provincial du PSOE, vient d'être désigné par son parti pour siéger dans le Tribunal Spécial Populaire de Murcie. Les tribunaux populaires ont été crées, fin août 1936, par décret du gouvernement. Ils sont composés de 17 juges dont 14 sont nommés d'office par les partis et syndicats du Front Populaire (libéraux-jacobins de gauche, socialistes, communistes, trotskistes et anarchistes). Le 11 septembre, le TP de Murcie siège pour la première fois : sur 27 personnes jugées, 10 sont condamnées à mort, 8 à la réclusion perpétuelle, les autres à de lourdes peines de détention. Parmi les condamnés à la peine capitale, figurent le curé de paroisse Don Sotero González Lerma et le chef provincial de la Phalange de Murcie, Federico Servet Clemencín.

Joaquín Ataz Hernández a voté la peine de mort pour le jeune chef phalangiste. L'ordre qu'il a reçu de son parti ne peut être discuté : le « fasciste » doit être exécuté. « Mon père connaissait Federico depuis son enfance, témoigne José. Ils n'étaient pas amis, mais ils s'appréciaient et se respectaient. Aussi, juste après la sentence, il s'approcha pour lui dire: "Federico, je regrette vraiment..“. » mais avant qu'il n'ait pu ajouter un mot, Federico l'interrompit : « Ne t'en fais pas pour ça, j'aurais fait la même chose avec toi, donne moi donc une cigarette! ».

Deux jours plus tard, de très bonne heure, dans la matinée du dimanche 13 septembre, plusieurs camions bourrés d'hommes et de femmes réveillent José. Le bruit court que le Gouvernement veut gracier les condamnés et la foule en ébullition, exige de faire « justice » elle même. Affolé, le gouverneur civil ordonne de procéder en hâte aux exécutions. La foule furieuse pénètre bientôt dans le patio de la prison. Elle s'acharne sur les cadavres : les corps sont profanés et mutilés sans pitié. Au milieu de la matinée, le petit José, qui joue dans la rue, voit et entend la populace vociférer. Des hommes et des femmes surexcités semblent tirer un étrange fardeau à l'aide de cordes. Avec toute la curiosité et l'agilité de son âge, José s'approche... il est saisi d'effroi. Devant lui gît un corps ensanglanté, que les chocs sur les pavés de la chaussée ont converti en lambeaux. Aucune des viragos présentes sur les lieux ne l'empêchent de voir la scène. Personne ne lui vient en aide lorsqu'il vomit et tombe inconscient sur le sol. À peine remis, il court chez ses parents en pleurant. Sa mère le console. Comment de tels actes de sauvagerie peuvent-ils être tolérés, demande-t-elle écœurée à son mari ? Le père ne répond pas tant sa honte est grande. A cet instant, ils ignorent qu'il s'agit du cadavre du curé Don Sotero Gonzalez Lerma, qui a été horriblement mutilé, trainé dans les rues et pendu à un réverbère de la façade de son église, après qu'un milicien lui a triomphalement coupé une oreille et exigé d'un tavernier qu'il la lui serve bien grillée avec un verre de vin...

Dès que possible, Joaquín Ataz Hernández, renonce à sa charge de membre du Tribunal Populaire. Fin avril 1937, il est nommé chef de service du corps des Prisons. Il dirige bientôt le camp de travail de Totana (Murcie) ou près de 2000 prisonniers politiques, condamnés à la réclusion perpétuelle ou à 30 ans de détention, vont purger leurs peines dans des conditions très difficiles mais néanmoins humaines. Le 1er avril 1939, les cloches sonnent et les pétards éclatent. José et ses deux frères observent leur père : imperturbable, il se peigne calmement pendant que leur mère sanglote : « Ne vous inquiétez pas les enfants, la guerre est terminée mais je dois partir quelques jours en voyage ». Les quelques jours vont se convertir en années.

Sous le sceau du secret, José apprend par sa mère que son père a réussi à s'embarquer vers le Mexique. Pour survivre, le petit garçon doit travailler. Il est tour à tour marmiton, apprenti charpentier, magasinier et boulanger. Il retourne enfin avec enthousiasme à l'école. Dans sa classe, tous les enfants connaissent les antécédents politiques de chaque famille mais personne ne dit mot. En octobre 1942, à l'occasion d'un cours d'instruction civique, José entend par hasard son maître expliquer que José Antonio Primo de Rivera, le leader de la Phalange, condamné à mort par un Tribunal Populaire et exécuté en novembre 1936, « considérait que la naissance du socialisme était juste ». Ces mots, dans la bouche d'un adversaire, lui paraissent si insolites qu'il se plonge dans la lecture des Oeuvres Complètes du fondateur de la Phalange. Il en ressort enthousiasmé et convaincu.

José affronte une grave crise intérieure. Serait-il en train de trahir les idéaux pour lesquels son père a lutté si honnêtement durant toute sa vie? Par chance, il peut en débattre avec lui. Depuis quelque temps, il sait que son père n'est pas exilé au Mexique mais qu'il vit caché chez ses grands-parents. Sans plus attendre, il lui rend visite et lui fait lire les discours et le testament de José Antonio. « Je lui posais franchement mon problème de conscience, dit-il, et il me répondit avec toute la générosité et la noblesse que j'attendais de lui: "Écoute mon fils, je n'ai aucune autorité morale pour te conseiller dans un domaine ou, parce que je me suis engagé à tort ou à raison, vous devez maintenant souffrir toute sorte de privations et connaître la faim. Une personne seule peut aller jusqu'au bout de ses idéaux, sans limites, mais un homme qui a une femme et des enfants n'a pas le droit de compromettre la survie de sa famille. Fais ce que ton cœur te dicte, mais fais toujours en sorte de ne pas compromettre les autres par tes décisions. Tu m'entends bien Pepe, agis toujours avec honnêteté et cohérence “. La conscience enfin libre, "ayant obtenu l'autorisation du seul homme dont je reconnaissais l'autorité sur ma personne, ajoute José, j'adhérais au Front de la Jeunesse et je pouvais enfin porter ma première chemise bleue" ». Chef de centurie du Front de la Jeunesse, il entreprend alors des études de droit et est nommé chef du SEU (syndicat officiel des étudiants) du district universitaire de Murcie.

A la fin de l'année 1948, le père de José, qui vit cloîtré depuis plus de neuf ans, décide de sortir de sa cachette. Il prend le premier train pour Madrid. Grâce à l'amitié reconnaissante de gens qu'il a aidés pendant la guerre, il trouve du travail. Pendant deux ans et demi, il est employé dans un magasin de lampes électriques de la Puerta del Sol, puis dans une fabrique de conserves, sans jamais être inquiété. Mais un jour d'octobre 1951, son fils José, alors aspirant dans un régiment de Séville, apprend qu'il a été arrêté, victime de la dénonciation d'un employé renvoyé pour malversation.

José décide de tout mettre en œuvre pour aider son père. Au printemps 1952, un Conseil de Guerre est réuni. De nombreux témoins à décharge se succèdent à la barre. Tous expliquent que la conduite de l'accusé pendant la guerre a été irréprochable. Parmi eux, certains lui doivent même la vie. C’est le cas du professeur de droit commercial de l'université de Murcie, Salvador Martinez-Moya, qui a été sous-secrétaire à la Justice dans le gouvernement du radical Alejandro Lerroux. Inflexible, le procureur demande la peine de mort. Le jury se retire et délibère de longues minutes. Enfin de retour, la sentence tombe de la bouche du président: l'accusé est condamné à 30 ans de prison... mais, en raison des diverses remises de peine et des grâces accordées, il est immédiatement libéré.

Une fois ses études terminées, José intègre le cabinet juridique de Don Salvador Martinez-Moya, qui était un témoin capital dans le procès de son père. Les hasards de la vie font qu’il y est bientôt rejoint par le fils ainé de Federico Servet, le chef provincial de la Phalange dont son père avait voté la mort. « Je m'entendais très bien avec Ramón, écrit José. Nous ne parlions jamais de nos pères, mais nous savions la tragique relation qu'ils avaient eue. Ramón était très déçu de voir que l'Espagne s'éloignait de ce que son père avait rêvé. Finalement, il partit au Mexique et nous nous perdîmes de vue ». Intelligent et travailleur, José présente plusieurs concours de l’administration. C'est le début d'une fulgurante ascension. En 1964, le sous-secrétaire d'Etat aux finances fait appel à lui. Dix ans plus tard, il est sous-directeur général du ministère des finances.

A près de quatre-vingts ans, José Ataz Hernández, veut avant tout témoigner: « Ni moi, ni mes frères (dont un est aujourd’hui socialiste), n'avons jamais eu à nous réconcilier avec personne parce que personne ne nous a jamais dressés contre les autres. Au contraire, nous avons connu de très nombreux cas, discrets et anonymes, de générosité et de grandeur d'âme, qui seraient inconcevables aujourd'hui. Un exemple : lors de l'enterrement de mon père, Manolo Servet était présent. Manolo était un de mes amis du Front de la Jeunesse et le compagnon de travail de mon frère Joaquín. C'était le second fils de Federico, le jeune chef provincial de la Phalange de Murcie qui avait été condamné à mort avec la participation de mon père. Lorsqu'il s'approcha de moi pour me présenter ses condoléances et me donner une accolade, je dus faire un effort surhumain pour ne pas me mettre à pleurer »...

Témoignage de José Ataz
recueilli par Arnaud Imatz [Madrid, novembre 2006]
20/09/2011

Note de la rédaction:

(*) Arnaud Imatz, docteur d’état ès sciences politiques, diplômé d’études supérieures en droit, ancien fonctionnaire international à l’OCDE ; historien de la Guerre d’Espagne, il a publié de nombreux livres et articles sur ce thème.

Voir notamment :

Guerre d'Espagne : mémoire historique ou mémoire hystérique ?
Retour sur l'affaire des fosses du franquisme : Garzón, juge intègre ou prévaricateur ?

Correspondance Polémia – 25/09/2011

jeudi, 29 septembre 2011

Ti-Breizh: Templiers en Bretagne

templiersbretons

mercredi, 28 septembre 2011

Die Schlacht auf dem Lechfeld

Die Schlacht auf dem Lechfeld