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mardi, 13 novembre 2012

Le golfe Persique : entre histoire millénaire et conflits actuels

Le golfe Persique : entre histoire millénaire et conflits actuels

par Sarah Mirdâmâdi

Ex: http://mediabenews.wordpress.com/  

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1) Le golfe Persique : entre histoire millénaire et conflits actuels

Le Golfe Persique (khalidje fârs en persan) a une riche histoire datant de plus de cinq millénaires. Carrefour commercial et lieu d’échange permanent entre Orient et Occident, il est devenu, à la suite de la découverte des premiers gisements de pétrole il y a à peine plus d’un siècle, une zone stratégique au centre de tensions et d’enjeux économiques et géopolitiques sans précédent au niveau régional et international. Plus récemment, le nom même de ce golfe a été l’objet d’une importante controverse ayant entraîné des réactions en chaîne et des tensions politiques entre certains pays arabes et pro arabes l’ayant rebaptisé « Golfe Arabique » ou plus simplement « le Golfe », et les Iraniens faisant valoir la dimension historique irréfutable de l’appellation de « Golfe Persique ».

Cette étendue maritime s’étend sur une surface d’environ 233 000 km². Sa limite occidentale est marquée par le Shatt el-Arab ou « Arvand Roud » en persan, et par le détroit d’Ormoz et le Golfe d’Oman à l’est. Le Golfe Persique borde les côtes de l’Iran, de l’Irak, de l’Arabie Saoudite, de Bahreïn, du Koweït, des Emirats Arabes Unis ainsi que du Qatar. Il mesure environ 1000 km de long et 200 à 350 km de large, avec une profondeur moyenne d’environ 50 m, la profondeur maximale ne dépassant pas 100 mètres. Il est en partie alimenté par divers fleuves iraniens et irakiens, ainsi que par les eaux de l’Océan indien poussées par les courants et pénétrant dans le Golfe par le détroit d’Ormuz.

Historique

Le Golfe Persique a été sous l’influence de nombreuses cultures antiques dont les cultures sumérienne, babylonienne et perse. Les premières traces de civilisation datent de plus de cinq millénaires, lors de l’émergence du royaume de Sumer dans la basse Mésopotamie antique (Sud de l’Irak actuel) puis, au 3e millénaire av. J.-C., du royaume d’Elam situé en bordure du Golfe Persique, au sud-ouest de l’Iran actuel. La conquête du royaume de Babylone par les Perses au VIe siècle av. J.-C. et l’extension considérable de l’empire achéménide qu’elle entraîna consacra l’influence perse dans la zone. Cette prédominance fut ensuite maintenue par les Séleucides, les Parthes et les Sassanides, qui étendirent l’influence perse sur les régions côtières arabes de l’ouest, notamment au travers de nombreux flux de migrations perses. Ceci participa notamment au renforcement des échanges et des liens entre les côtes est et ouest du Golfe Persique.

Cependant, le Golfe Persique semble ainsi avoir été le cœur d’importants échanges commerciaux dès l’époque des Assyriens et des Babyloniens. Après avoir connu un certain déclin sous l’Empire romain, notamment du fait de l’importance accrue de la Mer Rouge, il acquit de nouveau une importance commerciale durant le règne des Sassanides, ainsi que sous le califat Abbaside de Bagdad, au milieu du VIIIe siècle. Ainsi, le port de Sirâf en Iran fut l’une des principales plaques tournantes commerciales régionales aux IXe et Xe siècle. Si la chute du califat abbaside et l’influence mongole qui se développa dans la zone au XIIIe siècle marquèrent un certain déclin de la zone, et une réduction considérable du volume des échanges, une certaine « renaissance commerciale » eut lieu à partir du XVIe siècle, avec la hausse de la demande européenne pour les produits d’orient – notamment les épices – et l’extension considérable de l’influence du Portugal dans la zone. Celle-ci qui se traduisit notamment par le contrôle de nombreux ports dont plusieurs situés au sud de l’Iran, des îles de Qeshm et d’Ormuz – où l’on peut d’ailleurs encore visiter les ruines des citadelles portugaises d’antan – ainsi que, sur la côte Ouest, le contrôle de Bahreïn, Mascate, et du Qatar actuels. Leur domination fut par la suite remise en cause par les Safavides sur la côte est, et quelque peu fragilisée par le développement de l’influence ottomane sur la côte ouest à la suite de la conquête de l’Irak, qui ne parvint pas pour autant à s’emparer des places fortes portugaises de la zone. Aux XVIIIe et XIXe siècles, sous prétexte d’endiguer le développement de la piraterie dans la zone, l’Angleterre parvint à asseoir sa domination sur la majorité des places commerciales de la zone ainsi qu’à contrôler l’exportation des marchandises de ses colonies vers l’Europe. Au début du XXe siècle, elle renforça sa présence notamment en s’assurant une véritable mainmise sur l’exploitation des gisements pétroliers, récemment découverts dans la zone [1], au travers de l’Anglo-Iranian Oil Company, convertissant le Golfe Persique en un enjeu géostratégique sans précédent. D’autres gisements furent ensuite découverts du côté ouest, et leur exploitation connut une croissance exponentielle après la Seconde Guerre mondiale, ces derniers étant pour la majorité contrôlés par les Etats-Unis. L’influence anglaise connut une fin brutale en Iran avec la tentative, avortée, de nationalisation de l’industrie pétrolière par Mossadegh, même si elle fut maintenue au sein de nombreux Etats bordant la zone, notamment les Emirats Arabes Unis actuels, le Koweït, Oman ou encore le Qatar.

Ressources naturelles et enjeux stratégiques

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Œuvres naturelles réalisées à partir de sable et de pierres à l’occasion d’un festival artistique environnemental sur le Golfe Persique

De par sa position stratégique et ses nombreuses ressources naturelles, la région fut constamment au centre d’enjeux et de conflits d’intérêts divers. Dès le 3e millénaire avant J.-C., outre son rôle de lieu de transit des marchandises, tout un commerce s’organisa autour de la vente des perles présentes dans les eaux du Golfe Persique, qui concentre sans doute les lits d’huîtres perlières les plus anciens de l’humanité. A titre d’anecdote, le plus ancien collier de perles ou « collier de Suse » jamais retrouvé aurait ainsi appartenu à une reine de la Perse Antique et daterait d’environ 2400 ans. Ce fut néanmoins la découverte des premiers gisements de pétrole qui provoqua une véritable révolution économique et commerciale dans la zone, et conféra au Golfe Persique l’importance stratégique majeure dont il jouit aujourd’hui. Outre Al-Safaniya, le plus grand champ pétrolier du monde, cette zone détient également d’importantes réserves de gaz.

En outre, le Golfe Persique recèle une faune et une flore très riches, notamment de nombreux récifs de coraux et des huîtres. Cependant, ces dernières ont considérablement été endommagées par l’exploitation excessive du pétrole ainsi que par les récentes guerres ayant affecté la région, que ce soit la guerre Iran-Irak (1980-1988) ou, plus récemment, la deuxième guerre du Golfe (1990-1991), ou encore l’invasion américaine en Irak en 2003.

En 1985, un Conseil de Coopération du Golfe a été créé à Abu Dhabi, sous la pression des Etats-Unis, et dont les membres sont composés de six pays arabes de la zone. Outre son objectif de maintenir une certaine stabilité économique et politique dans la zone, le but ultime de cet organisme, qui était de créer un marché commun dans la zone, a été atteint en janvier 2008 avec la mise en place du Marché Commun du Golfe. Plus officieusement, cette structure vise également à contrer l’influence iranienne dans la région et avait également pour but, avant sa chute, de limiter celle du régime baasiste de Saddam.

Golfe Persique ou Golfe Arabique ? Les raisons d’un conflit

L’influence perse millénaire dans la région a conduit depuis des siècles l’ensemble des géographes, historiens, archéologues et voyageurs de tous horizons à qualifier de « Persique » cette étendue maritime, comme l’attestent les documents historiques et cartographiques des époques passées. Si des documents historiques datant de l’époque achéménide évoquant un « Golfe Persique » n’ont pas été retrouvés, ce nom semble avoir été d’usage dès cette époque. Certains récits consacrés à la narration des voyages de Pythagore évoquent également que le roi achéménide Darius Ier aurait nommé l’ensemble de cette étendue maritime la « Mer de Pars ».

Si, comme nous l’avons évoqué, l’appellation de « Golfe Persique » fit l’objet d’un vaste consensus durant des siècles, dans les années 1960, l’émergence du panarabisme et le renforcement des rivalités arabo-persanes ont incité certains pays arabes, notamment l’Arabie Saoudite et les pays situés en bordure du Golfe Persique, avec le soutien de la Grande-Bretagne, à adopter le terme de « Golfe Arabique » pour désigner cette zone. Cette tendance fut renforcée et encouragée par l’anti-iranisme de l’Occident à la suite de la Révolution islamique, ainsi que pour des motivations économiques et diplomatiques. A titre d’exemple, dans les questions de politique régionale et liées au pétrole, l’usage de l’expression « Golfe Arabique » a eu tendance à se répandre dans certains milieux officiels pro-arabes et occidentaux. Si le Bureau des Etats-Unis pour le nommage géographique (United States Board on Geographic Names) a officiellement consacré l’usage de « Golfe Persique » en 1917, l’évolution de la conjoncture internationale et certains intérêts stratégiques ont parfois rendu cet emploi flexible : ainsi, au cours des dernières décennies, les autorités américaines ont autorisé l’emploi de « Golfe Arabique » lors de la réalisation de transaction avec certains Etats arabes pétroliers, tout en proscrivant l’utilisation de l’expression de « Golfe Persique » aux Emirats Arabes Unis, après que ces derniers aient officiellement revendiqué l’appellation de « Golfe Arabique ».

Cependant, ce fut l’emploi par la National Geographic Society de l’expression « Golfe Arabique », inscrite entre parenthèses comme version alternative sous « Golfe Persique », dans la nouvelle édition de son Atlas géographique mondial en 2004 qui déclencha véritablement l’ire des Iraniens, qui se manifesta notamment par la création de nombreux sites internet et de pétitions en ligne. Ces protestations conduisirent également le gouvernement iranien à prohiber la diffusion des publications de la Société dans le pays jusqu’à la publication, à la fin de l’année 2004, d’une note de mise à jour de l’Atlas spécifiant qu’ « historiquement et plus communément connu sous le nom de Golfe Persique, cette étendue d’eau est appelée par certains « Golfe Arabique« .

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Carte de H.Bunting, 1620, Hanovre
Carte extraite de l’ouvrage Description du Golfe Persique par des Cartes Historiques, Bonyâd-e Irân shenâsi, 2007.

A la suite de cette affaire, un numéro de la revue The Economist ayant évoqué le Golfe Persique sous le simple qualificatif de « Golfe » dans l’une de ses cartes, fut également interdit de distribution en Iran. Suite à cette affaire, le gouvernement iranien a également mis en place un comité technique chargé d’examiner les conditions permettant d’interdire l’importation de marchandises diverses, – notamment des vêtements sur lesquels figure une carte de la région -, portant l’inscription de « Golfe Arabique », en Iran.

Faisant l’objet de nombreuses controverses et pétitions, l’affaire a été portée au niveau des Nations Unies qui, lors de sa 33e session en 2006, a confirmé l’appellation de « Golfe Persique » comme étant la seule appellation officielle acceptée pour cette zone et employée par l’ensemble des membres des Nations-Unies. Cette décision fut notamment appuyée par de nombreux documents historiques et cartes anciennes : ainsi, les cartes des historiens de la Grèce antique évoquent le « Limen Persikos », les Latins le nommant quant à eux le « Sinus Persicus ». Durant les premiers siècles de l’Islam, les plus éminentes figures intellectuelles de cette période tels que Aboureyhân Birouni, Massoudi, Balkhi, Khwârizmi… font tous référence au « Golfe du Fars », ou encore à la « Mer du Fars » (al-Bahr al-Farsi) ou « de Pars » pour désigner le Golfe Persique actuel. En outre, selon plusieurs documents historiques, il semble que l’expression de « Golfe Arabique » servait auparavant à désigner la mer Rouge actuelle. On retrouve notamment cet emploi dans les écrits d’Hécatée de Milet, historien grec du Ve siècle av. J.-C., ainsi que dans l’un des écrits d’Hérodote qui évoque la mer rouge en parlant du « Golfe Arabique ». D’un point de vue historique, l’appellation de Golfe Arabique ferait donc référence à une toute autre zone que celle qu’elle prétend actuellement désigner.

Le conflit n’est pas éteint pour autant, les deux expressions continuant à être utilisées abondamment de façon informelle. La majorité des pays arabes emploient ainsi l’expression « Golfe Arabique » et certains, tel que les Emirats Arabes Unis, ont même été jusqu’à interdire l’emploi de « Golfe Persique ». De nombreuses propositions de noms alternatifs ont été évoquées, comme celles de « Golfe Arabo-persique » ou tout simplement de « Golfe » qui ont été cependant loin de faire l’unanimité, particulièrement du côté iranien, qui a vu dans la dernière expression une tentative à peine déguisée, conduisant peu à peu à l’abandon du nom historique du lieu. Le « Golfe islamique » n’a également pas été retenu.

Dans le but de faire valoir les droits du nom historique du site, de nombreuses publications de cartes ou croquis anciens de grands géographes ou réalisés par des voyageurs plus ou moins connus, sur lesquelles figurent le nom de « Golfe Persique » et ses dérivations issues de différents musées, instituts géographiques, archives historiques et ouvrages anciens ont été édités en Iran au cours des dernières années. Le plus connu demeure l’ouvrage magistral intitulé Description du Golfe Persique dans les cartes historiques [2] publié en 2007 par l’Institut d’Iranologie et rassemblant de nombreuses cartes historiques d’Orient et d’Occident qui, outre leur dimension esthétique, révèlent les racines historiques indéniables de cette appellation.

 

2) Du « Sinus Persicus » au « golfe Persique »

Représentation occidentale du golfe Persique de l’Antiquité au XVIIIe siècle

L’Atlas historique du Golfe Persique a été publié en novembre 2006 en Belgique par l’édition Brepols, dans la prestigieuse collection de « Terrarum Orbis ». Cet atlas est le résultat d’une collaboration fructueuse entre l’Ecole pratique des Hautes études de Paris, l’Université de Téhéran et le Centre de documentation du ministère iranien des Affaires étrangères, dans un projet de recherche scientifique et académique qui a duré deux ans. La publication d’un atlas de cartes historiques du Golfe Persique se justifie par de nombreux motifs. La raison principale, pour les auteurs, était qu’un tel travail n’avait jamais été entrepris dans une démarche savante, malgré le grand intérêt que les historiens et les géographes ont toujours éprouvé pour cette région du monde.

L’Atlas historique du Golfe Persique contient des reproductions d’une centaine de cartes occidentales ayant contribué de manière significative à l’évolution de la cartographie du Golfe Persique aux XVIe , XVIIe et début du XVIIIe siècle.

La cartographie occidentale du Golfe Persique révèle une vérité historique importante : depuis l’antiquité gréco-romaine, cette région maritime a toujours été connue par sa nomination d’origine : le « Sinus Persicus » des Latins qui devient le « Golfe Persique » dans les langues modernes européennes.

Les Grecs

Bien qu’Hérodote n’en fasse pas mention, le Golfe Persique était sans doute connu des Grecs depuis le VIe siècle avant J.-C., principalement grâce au périple de Scylax [1] sur ordre de Darius Ier. Mais c’est l’expédition de Néarque [2], depuis les bouches de l’Indus jusqu’à l’Euphrate, qui fit véritablement entrer le Golfe Persique dans la connaissance grecque à la fin du IVe siècle. Aux IIIe et IIe siècles, Eratosthène [3] construisit par raisonnement la première carte du monde à l’échelle, en distribuant selon un réseau de méridiens et de parallèles les données empiriques recueillies auprès des voyageurs grecs. Le Golfe Persique jouait un rôle important dans cette structuration mentale de l’œcoumène fondée sur la symétrie, car il était placé sur le même méridien que la mer Caspienne considérée par les Grecs comme un golfe de l’Océan extérieur et non pas comme une mer fermée.

Les Romains

Les conditions politiques et économiques dominant au temps de l’empire romain ne furent pas favorables à la collecte de données très précises et à la formation d’un tableau beaucoup plus détaillé sur le Golfe Persique. Rome n’atteignit l’Euphrate que de façon exceptionnelle. Le commerce romain avec l’Orient passait davantage par la mer Rouge. La découverte et l’usage de la mousson, à une date indéterminée entre le Ier avant et le Ier siècle après J.-C., favorisèrent des liaisons directes entre l’Egypte et l’Inde. On retrouve donc essentiellement, chez les auteurs latins, les données recueillies par Néarque. Pour les Latins, le Golfe Persique était, tout comme la mer d’Oman, une division de l’Océan indien. Dans la représentation cartographique des Romains, après une entrée qui ressemble à un cou, le Golfe Persique se développe en prenant la forme d’une tête humaine ; la mesure de sa circonférence est indiquée dans les cartes dessinées à l’époque. Les alluvions du Tigre et de l’Euphrate ont provoqué, dans ces cartes, une avancée du littoral : les îles les mieux connues sont celles d’Icare (île de Faylakah, en face des côtes du Koweït) et de Tylos (Bahreïn) ; les huîtres perlières et le corail abondent. Cette richesse en marchandises précieuses est accompagnée d’une profusion de légendes merveilleuses : les régions voisines sont aussi celles où habitent des êtres étranges. Des monstres marins, baleines et serpents de mers, des îles dangereuses ou fantastiques complètent le tableau dressé par l’imaginaire romain.

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Carte réalisée par Yodows Hondius et Petrus Bertius, Amsterdam, 1616

Dans toutes ces descriptions, en conséquence d’une erreur remontant à Néarque, le Sinus Persicus (Golfe Persique) n’apparaît guère distinct de la mer Erythrée (mer Rouge, en grec), expression qui peut désigner aussi bien la mer Rouge que l’ensemble de l’Océan indien. D’autre part, durant le haut Moyen آge, la mare Rubrum (mer Rouge, en latin), du fait de la couleur qui la caractérisait, avait un contenu de réalité beaucoup plus riche que celui de Sinus Persicus (Golfe Persique), dont le nom renvoyait au peuple perse qui habitait ses rivages.

Le Moyen Âge

Nombre de textes médiévaux reproduisent la même structure d’ensemble des régions allant de l’Egypte à l’Inde. La mer Rouge (c’est-à-dire l’Océan indien, pour les géographes européens de l’époque) y est divisée en deux golfes : Mare Rubrum (la mer Rouge) qui sépare l’Egypte de l’Arabie, et le Golfe Persique qui sépare l’Arabie de l’ensemble formé par la Mésopotamie, la Susiane (Suse), la Perse, et la contrée de Carmanie (Kermân). En réalité, les cartes médiévales les plus anciennes, par delà leurs différences formelles, montrent la persistance des conceptions antiques dans la pensée des cartographes du Moyen آge. C’est la raison pour laquelle l’alignement Caspienne/Golfe Persique de la carte antique d’Eratosthène se repère sur beaucoup de cartes médiévales.

Au XVIe siècle : la cartographie portugaise du Golfe Persique

La cartographie occidentale du XVIe siècle est fortement influencée par les explorations d’une petite nation de marins qui est devenue, à l’époque, un acteur important de manière assez inattendue : le Portugal. Bien que d’autres voyageurs européens, et principalement italiens, aient exploré certaines régions d’Asie à la fin du Moyen آge, ce sont les expéditions portugaises qui ont transformé l’image de l’Eurasie et de l’Afrique de manière si radicale que, rapidement, celle-ci a fini par s’approcher de ce qu’elle est aujourd’hui.

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                                                                                                                                                                      Carte de Gerardus Mercator, Duisbourg, 1578

L’un des tournants les plus significatifs dans le processus d’apprentissage cartographique orchestré par les Portugais a eu lieu en 1502, lorsque la carte « Cantino » a été dessinée à Lisbonne. En réalité, cette carte était une copie illégale d’un document secret appartenant au bureau royal des affaires étrangères de la couronne portugaise.

En ce qui concerne le Golfe Persique, la carte « Cantino » est intéressante car elle montre le peu d’informations dont disposaient les Portugais sur cette région avant d’y accoster finalement eux-mêmes. Au début, les Portugais n’ont pas trouvé de cartes arabes ou perses du Golfe Persique, et ils ont donc dû s’en remettre à l’ancien modèle ptoléméen. Les voyageurs portugais avaient entendu parler des fabuleuses richesses de Hormuz, mais ils n’ont atteint le Golfe d’Oman et l’entrée du Golfe Persique qu’en 1507, quand Alfonso de Albuquerque4 a gagné la région pour la première fois. L’occupation portugaise d’Hormuz était considérée comme une étape essentielle vers le contrôle total du commerce du Moyen-Orient qui passait par la mer Rouge et le Golfe Persique.

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Carte d’Abraham Ortelius, Anvers, 1577

Les voyages et les expéditions militaires des Portugais dans le Golfe Persique ont eu un impact important sur la cartographie du Golfe Persique. Jusqu’à la fin du XVIe siècle, les Portugais étaient les seuls marins occidentaux qui naviguaient dans les eaux du Golfe Persique. Il est important de mentionner que les cartographes portugais ont continué à travailler sur de nouvelles cartes du Golfe Persique à la fin du XVIe siècle et pendant tout le XVIIe siècle. Mais les innovations les plus importantes du XVIIe siècle concernent la cartographie néerlandaise.

Au XVIIe siècle : la cartographie néerlandaise du Golfe Persique

Les Pays-Bas sont devenus le centre de la cartographie européenne, bien avant que les navires néerlandais aient accosté en Orient. Des cartographes éminents tels que Gerardus Mercator [4] et Abraham Ortelius [5] étaient originaires des ports commerciaux de Louvain et Anvers. Or, Anvers entretenait des relations anciennes avec le Portugal. Les relations étaient particulièrement solides parce que les Pays-Bas faisaient partie des territoires des Habsbourg et étaient donc liés politiquement à la péninsule Ibérique. Mercator, qui est principalement connu pour être l’inventeur de l’atlas moderne, a conçu plusieurs globes et cartes pour Charles Quint. A la même époque, cet empereur, qui était également le roi d’Espagne, a subventionné le travail de ce cartographe néerlandais.

Dans leur connaissance de l’Asie, les cartographes flamands et hollandais, tout comme les autres cartographes européens, dépendaient des Portugais qui étaient les premiers européens à obtenir des informations directes sur le terrain. Cet état de fait a persisté durant plusieurs décennies, pendant lesquelles les marchants flamands et hollandais achetaient les produits asiatiques presque exclusivement à Lisbonne et laissaient aux Portugais un monopole incontesté sur l’Océan indien. Cependant, le port d’Amsterdam était alors en train de devenir le nouveau centre du commerce européen et la cartographie fit bientôt son apparition dans cette ville prospère.

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                                                                                                                                                                                      Carte de Guillaume de L’isle, Paris, 1742

La Compagnie hollandaise des Indes orientales a été fondée en 1602. Les fonctionnaires hollandais qui voyageaient sur les navires de la Compagnie dessinaient de plus en plus de cartes. Toutefois, les données sur le Golfe Persique étaient encore presque exclusivement d’origine portugaise. Cela ne devait changer que dans les années 1640. En 1622, face à l’assaut des troupes perses, les Portugais subirent une défaite et perdirent le contrôle de l’île perse d’Hormuz. L’année suivante, la Compagnie hollandaise des Indes orientales établit un comptoir à Ispahan, capitale des Safavides, et conclut un traité commercial avec l’empereur perse Shah Abbas Ier. Les décennies suivantes sont marquées par des contacts croissants entre la Perse et les Pays-Bas. Les relations se sont détériorées en 1637 et la Compagnie hollandaise des Indes orientales a adopté une stratégie agressive à partir de 1645, imposant un blocus sur Bandar Abbas et bombardant la forteresse des Safavides sur l’île de Qeshm.

La cartographie néerlandaise du Golfe Persique a ainsi subi, au milieu du XVIIe siècle, un changement fondamental. Alors que cette activité se résumait à ses débuts à la reproduction de cartes portugaises et italiennes, elle est devenue une pratique de plus en plus innovante centrée sur le regroupement méthodique des données sur le terrain par les capitaines et les topographes.

Malgré beaucoup de hauts et de bas, le commerce et la navigation néerlandais dans le Golfe Persique ont prospéré durant le XVIIe siècle, soutenus par plusieurs missions diplomatiques réussies auprès des souverains safavides. Le commerce des Pays-Bas avec la Perse safavide n’a décliné que lors de la dernière décennie du XVIIe siècle, et ce, du fait de la crise économique générale en Perse : l’invasion afghane et la crise de la dynastie safavide en 1722 ont fini par dégrader les relations, même si les Afghans n’ont pris Bandar Abbas qu’en 1727. La Compagnie hollandaise des Indes orientales a néanmoins ouvert en 1738 un nouveau comptoir à Bushehr, et un autre en 1752 sur l’île de Kharg. Mais les Néerlandais ont dû quitter la région en 1758. Globalement, les relations entre les Pays-Bas et la Perse sont demeurées tendues pendant la plus grande partie du XVIIIe siècle.

Aux XVIIe et XVIIe siècles : la cartographie française du Golfe Persique

La France a été le premier pays à essayer de défier la domination hollandaise sur le champ de la cartographie maritime au XVIIe siècle. La cartographie des territoires d’outre-mer et des océans devenait ainsi une priorité dans le processus de la centralisation mené par Louis XIV et son ministre Colbert.

Il est cependant important de noter que la cartographie française était aussi profondément enracinée dans des traditions étrangères que celles des autres nations. En 1666, Louis XIV fonda l’Académie royale des sciences, l’équivalent français de la Royal Society anglaise. Dans la même année fut créé le corps mixte, militaire et civil, des Ingénieurs du Roi. Les cartes produites par les Ingénieurs du Roi furent publiées en 1693 dans Le Neptune Français. Le dépouillement visuel et la grande clarté et lisibilité en étaient les caractéristiques importantes. Il est intéressant de savoir que Le Neptune Français fut publié la même année à Amsterdam en trois langues différentes (français, néerlandais et anglais). Le projet avait visiblement un grand potentiel commercial.

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Carte de Pieter Van der Keere, Amsterdam, 1610

En ce qui concerne le Golfe Persique, il paraît que l’impact réel de ces développements de la cartographie française sur les cartes du Golfe Persique n’est pas tout à fait clair. En effet, la présence française dans le Golfe Persique fut fragile pendant cette période historique. Contrairement aux Portugais et aux Hollandais, les Français ne réussirent jamais à imposer une présence commerciale ou militaire permanente dans cette région. Même les contacts diplomatiques avec la Perse ne permirent jamais aux Français d’obtenir une présence importante dans la région du Golfe Persique. La première initiative diplomatique sérieuse fut prise sous le règne de Shah Abbas II, dans les années 1660. Les ambassadeurs français à Ispahan informèrent Colbert des possibilités commerciales et politiques qui s’offraient alors en Perse. Louis XIV envoya alors une ambassade en Perse, et en 1665, Shah Abbas II fit sortir un ordre concédant à la Compagnie française des Indes orientales le privilège d’ouvrir un comptoir à Bandar Abbas. Ce ne fut cependant qu’en 1669 qu’une petite flotte de trois vaisseaux français arriva à Bandar Abbas. L’un d’eux fit escale au comptoir français, tandis que les deux autres avancèrent jusqu’à Bassora.

Bien que Shah Abbas II rénova les privilèges en 1671, la Compagnie française ne fit pas de progrès sur le terrain car elle se débattait avec de sérieux problèmes financiers. Peu après, le comptoir de Bandar Abbas était abandonné. Par ailleurs, la dynastie safavide était sur le point de succomber, et sa politique commerciale décadente empêcha l’établissement de relations commerciales permanentes entre la France et la Perse jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. Il faut cependant noter que depuis le milieu du siècle les cartes françaises du Golfe Persique s’améliorèrent de façon très considérable même si les navigations étaient occasionnelles dans la région. Ceci s’explique peut-être par une sensibilité cartographique croissante en France, plutôt que par une remontée de l’activité navale sur le terrain.

 

1) Le golfe Persique : entre histoire millénaire et conflits actuels par Sarah Mirdâmâdi pour la Revue de Téhéran

Notes

[1] Le premier gisement pétrolier fut découvert à Soleymanieh en 1908.

2) Du « Sinus Persicus » au « golfe Persique » par Babak Ershadi pour la Revue de Téhéran

Notes

[1] Scylax (VIe siècle av. J.-C.), navigateur et géographe grec, originaire du Caire. Engagé par Darius Ier, il explora les côtes du golfe Persique et de la mer Erythrée (la mer Rouge).

[2] Néarque (IVe siècle av. J.-C.), navigateur grec et lieutenant d’Alexandre, originaire de Crète. Ayant reçu le commandement de la flotte d’Alexandre, il descendit l’Indus avec l’armée, puis il entreprit une exploration des côtes de la mer Erythrée (la mer Rouge) et du golfe Persique jusqu’à l’embouchure de l’Euphrate.

[3] Ratosthène (v. 276-v. 194 av. J.-C.), mathématicien, astronome, géographe et poète grec qui mesura la circonférence de la Terre avec une surprenante précision en déterminant astronomiquement la différence de latitude entre les cités de Syène (aujourd’hui Assouan) et d’Alexandrie, en Égypte.

[4] Mercator, Gerardus (1512-1594), qui fut géographe, cartographe et mathématicien flamand. En 1568, il conçut et réalisa un système de projection de cartes qui porte maintenant son nom. Dans ce système, des lignes parallèles représentent les méridiens, et les parallèles sont des lignes droites qui coupent les méridiens à angle droit. Très utilisée en navigation, la projection de Mercator permet de tracer une route en ligne droite entre deux points sur la carte et de la suivre sans modifier la direction de la boussole.

[5] Ortelius, Abraham (1527-1598), cartographe et géographe flamand qui produisit le premier atlas moderne, intitulé Theatrum Orbis Terrarum (1570). Cet atlas contenait 70 cartes, qui constituaient la plus grande collection de l’époque. Elles représentaient ce qui se faisait de mieux à l’époque, même si beaucoup de ces cartes étaient des copies et que certaines contenaient des erreurs.

lundi, 12 novembre 2012

Kaiserin Adelheid

Kaiserin Adelheid

Die mächtigste Frau der Ottonen

 

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samedi, 10 novembre 2012

Histoire : le Kurdistan et les Kurdes

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Histoire : le Kurdistan et les Kurdes

Ex: http://mediabenews.wordpress.com/

1) Heurts et malheurs de l’Histoire kurde

Avant le 16ème siècle, le Kurdistan tel qu’il est connu et reconnu aujourd’hui, avec son découpage en quatre parties, était une des régions de l’Iran. Il fut abandonné par les rois safavides à l’empire Ottoman en 1514, lors de la bataille de Tchâldorân, avant d’être partagé entre l’Iran, la Syrie, la Turquie et l’Iran à la fin de la Première Guerre Mondiale. Malgré les hauts et les bas de leur histoire, les Kurdes continuent cependant à pratiquer une langue commune qui témoigne de leur unité culturelle. Jusqu’à présent, et malgré l’adversité, ces derniers sont parvenus à conserver leur union, leur solidarité, et leur identité transnationale. Durant l’Antiquité, les Kurdes habitaient les régions orientales de la Mésopotamie et l’Iran-vitch. Leur territoire n’a jamais cessé de changer d’appellation au cours de l’histoire. Il fut nommé Kura Gutium par les Sumériens, Kurdasu par les Elamites, Qardu par les Babyloniens et Carduchoi par les Grecs. Sous les Seldjoukides, à l’époque du Sultân Sandjar, le nom de Kurdistan fut définitivement choisi pour cette région.

Au 7ème siècle av. J.-C le Kurdistan irakien d’aujourd’hui constituait une partie de l’empire assyrien. Lorsqu’Assurbanipal, l’empereur assyrien, mourut en 633 av. J.-C, Cyaxare le roi mède s’allia aux Babyloniens contre les Assyriens. En 614 av. J.-C, Cyaxare traversa les chaînes montagneuses du Zagros et assiégea la capitale assyrienne, Assur, en 614 av. J.-C. Après s’être emparé des autres villes assyriennes (dont Ninive, en 613 av. J.-C. où s’était caché le dernier roi assyrien), Cyaxare accepta le pacte de paix babylonien et parvint de la sorte à asseoir fermement son royaume. Désormais, cette région occupée allait devenir partie intégrante de la Perse, sous les Achéménides, les Séleucides, les Arsacides et les Sassanides. D’après Xénophon [1], les habitants kurdes de Zagros furent recrutés par l’armée achéménide pour soutenir le conflit engagé contre Alexandre le macédonien. Strabon [2] et Eratosthène [3] ont également évoqué la troupe kurde de Xerxès III qui fut en lutte contre l’armée d’Alexandre.


Certaines sources comme Noldke (1897) considèrent que les tribus kurdes du sud et du centre de l’Iran, nommés les Martis, ont émigré à la suite des conquêtes sassanides vers le nord-ouest de l’actuel Iran, dans la région de Kurdu, et qu’ils ont assimilé la culture et les noms des habitants kurdes de cette région. Ce furent eux qui participèrent aux guerres, aux côtés des Sassanides et les Arsacides contre les Romains byzantins. Pendant cette période, les Romains appelaient les Kurdes iraniens Kardukh ou Kardikh en rappelant ainsi le nom de leur région. Sous les Sassanides, l’actuel Irak se nommait Assurestân ou Irânchahr (« la ville d’Iran »). Ce pays était partagé en douze provinces et la région kurde d’Irak formait la province de Châd-pirouz. Les villes kurdes les plus importantes de l’époque étaient Garmiân (l’actuelle Karkouk) et Achap (actuellement Emâdieh).

Avec les invasions arabes (dirigée par le calife Omar) entre les années 634 et 642, les régions kurdes de l’Iran, et notamment Arbil, Mosel et Nassibine, tombèrent aux mains des Arabes. Après la mort d’Omar, son successeur Osman envahit de nouveau les régions kurdes du nord. Mais les Iraniens, et bien entendu les Kurdes, s’insurgèrent à plusieurs reprises contre le gouvernement arabe pour libérer leur région et regagner leur autonomie. Mohammad-ibn-e Tabari [4] se souvient de l’une de ces rebellions : « …le même jour on entendit dire qu’à Mosel, les kurdes s’étaient révoltés. Mossayebn-e Zohaïr, le gouverneur de Koufa, proposa à Mansour, calife abbasside, d’y envoyer son ami Khaled pour réprimer les insurgés. Mansour accepta et Khaled devint le gouverneur de Mosel. » (Histoire de Tabari, 11ème tome, p. 4977) En 1910, lors des fouilles archéologiques dans la province de Souleymanieh, les archéologues ont trouvé une peau de bête sur laquelle on pouvait lire en langue kurde et en écriture pehlevi un poème constitué de quatre vers. Ce poème qui fut plus tard nommé « Hormozgân », rappelle l’invasion arabe et le triste souvenir des destructions commises à cette époque. Selon les archéologues, ce poème fut composé aux premiers jours de l’occupation arabe. La traduction qui suit est tout d’abord issue du pehlevi, avant d’être traduit du persan vers le français (par l’auteure de ces lignes) :

Les temples sont détruits et les feux sont éteints
Les grand mo’bed [5] se sont cachés
Le cruel arabe a ruiné
Les villages ouvriers, jusqu’à la ville de Sour
Ils ont capturé les femmes et les enfants pour l’esclavage
Les hommes braves s’éteignent dans leur sang
Le culte de Zarathoustra resta sans tuteur
Ahoura-Mazda n’a plus de pitié pour personne

Sous les Abbassides, le pouvoir du gouvernement central ne cessa de diminuer, offrant ainsi une bonne occasion aux gouvernements non-alignés de se révolter et de réclamer leur autonomie à l’est et à l’ouest de l’Iran. Les Tâhirides, les Samanides et les Saffârides s’emparèrent de l’est de l’Iran tandis que les Hassanouyehs, les Bani-Ayyârâns, les Buyides, les Hézâr-Aspiâns, les Mavânides et les Ayyubides occupèrent l’ouest du pays. Durant cette période, le terme « kurde » s’appliquait à une tribu iranienne sous l’emprise arabe.

Au 11ème siècle, avec l’arrivée au pouvoir des turcomans Seldjoukides, sous le règne du Sultân Sandjar en 1090, les Kurdes fondèrent pour la première fois de leur histoire, un Etat à proprement parler kurde, qui prit le nom de Kurdistan. Hamdollâh Mostowfi fut le premier, en 1319, à mentionner dans son livre Nezha-t ol-Gholoub le nom du Kurdistan et de ses seize régions : « …le Kurdistan et ses seize régions, Alâni, Alichtar, Bahâr, Khaftiân, Darband, Tâj-khâtoun, Darband-Rangi, Dezbil, Dinvar, Soltân-Abâd, Tchamtchamâl, Cahrouz, Kermânchâh, Hersin, Vastâm sont limités aux Etats arabes, au Khûzistân, à l’Irak et à l’Azerbaïdjan… ». Les atabegs turcomans gouvernèrent également le territoire kurde pendant une très longue période. Les descendants de Saboktakin prirent en main les affaires de la ville et de la région d’Arbil entre 1144 et 1232, et les Ourtukides régnèrent à Halab et à Mardine entre 1101 et 1312.

Pendant l’invasion mongole et suite à sa défaite, le roi Jalâl-eddin Khârezmchah, poursuivi par les mongols, s’enfuit vers les territoires kurdes. Ces derniers détruisirent toutes les provinces kurdes afin de débusquer le roi iranien. Ce qui ne l’empêcha pas de régner pendant un certain temps à l’ouest de l’Iran, mais aussi, d’être finalement assassiné en 1213. Houlâkou-khân le Mongol, après avoir conquis les régions centrales de l’Iran, prit le chemin de Hamedân et de Kermânchâh à destination de Baghdâd. Une fois de plus en 1259, en chemin pour conquérir l’Arménie, les Mongols assiégèrent les régions kurdes de l’Iran. Sous le règne des Ilkhanides (branche mongole constituée de convertis à l’Islam) les Kurdes s’emparèrent d’Arbil en 1297. Progressivement, après la mort du roi mongol Mohammad Khodâbandeh, le pouvoir des Kurdes s’intensifia, et ce, jusqu’à la chute des Mongols en 1349. Malgré leurs efforts, les Kurdes ne parvinrent pas à former un gouvernement autonome. A peine libérés de l’emprise mongole, ils se retrouvèrent sous la coupe des Turcomans Gharâ-ghoyunlous qui cédèrent leur place aux Agh-ghoyunlous. Avec l’arrivée de Tamerlan en Iran, les régions kurdes ne tardèrent pas à tomber, et cette fois, en obligeant les Kurdes à s’enfuirent à travers monts et vaux, simplement pour préserver leur vie.

Sous les Safavides, le roi Chah Ismaël propagea le chiisme partout en Iran. Les Kurdes, sunnites, devinrent méfiants envers le roi et adhérèrent à l’empire Ottoman, ennemi sunnite des Safavides. Après la défaite de Chah Ismaël face au Sultan Selim au cours de la bataille de Tchâldorân en 1514, vingt-cinq gouverneurs kurdes rallièrent l’empire Ottoman en ouvrant ainsi un nouveau chapitre de l’histoire des Kurdes. L’Iran perdit de ce fait, l’essentiel de ses régions kurdes. Désormais, le problème territorial rendait les Kurdes conscients de leur importance politique dans la région. Pendant de longues années, l’empire Ottoman gouverna la majorité des contrées kurdes (jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale et jusqu’à la chute des Ottomans en 1918, qui rendit l’autonomie et la liberté à la région de Kurdistan, aux territoires arabes, à l’Asie mineure et aux Balkans).

Quant à la région du Kurdistan, bien qu’un jour elle ait appartenue à l’Iran dans sa totalité, elle se retrouva partagée entre quatre pays, l’Iran, la Syrie, la Turquie et l’Irak mais, également, entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie.

Le Kurdistan n’est jamais parvenu à proclamer son autonomie, et jusqu’à présent, le peuple kurde reste aux prises avec les problèmes politiques. Aujourd’hui, le nombre des habitants kurdes dans les quatre pays est de vingt-cinq millions, dont sept millions sont de nationalité iranienne. En Iran, les régions où l’on communique en langue kurde comprennent les provinces de l’Azerbaïdjan de l’est, l’Ilâm, le Kurdistan, Kermânchâh et le Khorâssân du nord. Pourtant, d’autres provinces de l’Iran comprennent des populations kurdes qui ne constituent cependant qu’une minorité, à l’exemple des provinces du Guilân, des villes de Ghazvin et de Qom, de la région de Fars, du Mazandarân, de Hamedân et du Baloutchistan.

2) Géographie historique du Kurdistan

Les tribus kurdes sont parmi les tribus aryennes ayant émigré sur le plateau iranien il y a quelques millénaires. L’histoire pré islamique de ce peuple n’est pas connue avec précision. Le poète Ferdowsi les considérait comme les descendants des jeunes hommes ayant échappé au mythologique roi Zahâk, qui s’étant réfugiés dans la montagne, n’en étaient jamais redescendus. La langue persane moderne des premiers siècles de l’Hégire quant à elle, donne le sens pasteur et montagnard au mot « kurde ». On a retrouvé dans des documents sumériens, akkadiens, babéliens et assyriens, des noms de peuples qui rappellent les noms kurdes. Le plus proche d’entre ces noms de peuples, dont la situation géographique et la description justifient également l’origine kurde, est le nom des « Kordoukhoy », nom que l’on croise également dans l’ouvrage de Xénophon. Ce peuple vivait dans les montagnes situées entre l’Irak et l’Arménie, en particulier en un lieu aujourd’hui appelé « Zekhou », situé à soixante kilomètres au nord-ouest de Mossoul en Irak.

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Montagnes du Kurdistan situées en Irak

Polybius (200-120 av. J.-C.) parle également de peuples vivant dans le sud de l’actuel Azerbaïdjan, nommés les « Kourtivi » ou « Kortii ». Strabon et Tite-Live précisaient que certaines tribus appartenant à ce peuple vivaient également dans la province du Fars. Effectivement, depuis l’époque antique jusqu’à aujourd’hui, des nomades kurdes vivent dans les Fârs.

L’histoire kurde préislamique n’est pas connue avec précision mais après l’islam, les géographes et historiens musulmans qui ont compilé l’histoire du monde islamique n’ont pas manqué de citer les Kurdes. Cela dit, les Kurdes étant considéré comme un peuple parmi d’autres, les détails historiques ou une histoire uniquement focalisée sur ce peuple n’existent pas. Et c’est uniquement à l’époque safavide qu’un premier livre historique, de langue persane, le Sharaf nâmeh de Badlisi, se concentre uniquement sur le peuple kurde.

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Pont safavide, Sanandadj

Au moment de l’invasion arabe, c’est en l’an 637 ou 641 que les Arabes occupèrent les fortifications kurdes. En l’an 643, au moment de la conquête du Fârs, les Kurdes de cette province participèrent à la défense des villes de Fasâ et de Dârâbjerd. La conquête des villes de Zour et de Dârâbâd, villes kurdes de la région, se fit en l’an 642. Abou Moussa Ash’ari vainquit les Kurdes en l’an 645, et en l’an 658, les Kurdes de la région d’Ahwâz dans le sud participèrent à la révolte de Khariat Ibn Râshed contre l’Imâm Ali et après la mort de Khariat, nombre d’entre eux furent également tués.

En l’an 708, les Kurdes du Fârs se soulevèrent et cette révolte fut réprimée dans le sang par le cruel gouverneur Hojjâj Ibn Youssef. En l’an 765, les Kurdes de Mossoul se soulevèrent à leur tour et le calife abbasside Mansour envoya Khâled Barmaki les réprimer encore une fois durement. En l’an 838, l’un des chefs kurdes des alentours de Mossoul, Ja’far Ibn Fahrjis se révolta contre le calife abbasside Mu’tasim et le calife envoya son célèbre chef de guerre Aytâkh pour l’écraser. Aytâkh, après une violente guerre, tua Ja’far, ainsi que beaucoup de ses hommes et prit en esclavage de nombreux Kurdes, emportant avec lui les chefs tribaux et les femmes. L’un de capitaines turcs du calife, au nom de Vassif qui avait participé à cette guerre, se réserva à lui seul pour tribut 500 Kurdes. En l’an 894, sous la direction du chef Hamdan Ibn Hamdoun, les bédouins arabes passèrent une alliance avec les Kurdes des régions de Mossoul et Mardin et déclarèrent la guerre à Mu’tadid, le calife abbasside de l’époque, ce qui conduisit à la mort et à la défaite de nombre d’entre eux.

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Pont de Gheshlâgh, Sanandadj

En l’an 926, sous le califat d’Al-Muqtadir bi-llah et l’émirat de Nâsser-o-Dowleh Hamdâni, les Kurdes de Mossoul se révoltèrent de nouveau. Entre les années 938 et 956, un dénommé Deyssâm, membre des kharijites, de père arabe et de mère kurde, rassembla sous son égide les Kurdes de l’Azerbaïdjan et déclara la guerre aux Al-e Mosâfer et autres émirs locaux de la région. Sa révolte fut réprimée et il mourut en prison. Aux Xe, XIe et XIIe siècles, les Shaddâdian, dynastie kurde, régnèrent en tant que suzerains locaux sur la plupart des régions kurdes. Cette dynastie appartenait à la grande tribu kurde des Ravardi, également tribu d’origine des dynasties ayyoubides, fondée par Saladin, lui-même kurde, qui régnèrent en Syrie, dans le Croissant fertile et en Egypte.

En l’an 1004, Azed-o-Dowleh Deylami, fatigué des raids kurdes sur son territoire, déclara la guerre aux Kurdes de Mossoul et après les avoir vaincus, ordonna la destruction de leurs fortifications et l’exécution de la majorité des chefs kurdes. En l’an 983, dans la région de Ghom, Mohammad Ibn Ghânem se rallia aux Kurdes Barzakani et se révolta contre le roi Fakhr-o-Dowleh Deylami. Ce dernier envoya d’abord Badr Ibn Hosnouyeh en mission de paix, mais les négociations traînèrent en longueur et la révolte fut finalement réprimée. Mohammad Ibn Ghânem mourut donc en captivité. L’un des importants événements du règne de Sharaf-o-Dowleh Deylami (982-989) fut sa bataille contre Badr Ibn Hosnouyeh à Kermânshâh qui se termina par la victoire de Badr, qui prit alors le contrôle d’une grande partie de l’ouest iranien. Il fut tué en 1014 par la tribu kurde des Jowraghân. Shams-o-Dowleh, le fils de Sharaf-o-Dowleh profita de cette occasion pour annexer l’ensemble des territoires que son père avait perdu. Il y avait les régions Shâpourkhâst (actuelle ville de Khorramâbâd), Dinvar, Boroujerd, Nahâvand, Asad Abâd et une partie d’Ahwâz.

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Vue générale de la ville de Bâneh

Il semble que l’expression Kurdistan fut pour la première fois utilisée par les Seldjoukides pour distinguer les régions kurdes de la région du Jebâl qui comprenait l’Azerbaïdjan, le Lorestân, et une partie des montagnes du Zagros dont le centre était à l’époque la région de Bahâr, situé à dix huit kilomètres au nord-ouest de Hamedân, puis Tchamtchamâl, près de l’actuelle ville de Kermânshâh. Le Kurdistan n’échappa pas non plus aux massacres et aux ravages de l’invasion mongole. Cette région fut ravagée une autre fois à l’époque des Tatars et de Tamerlan.

Shâh Esmâïl, premier roi de la dynastie chiite safavide, n’essaya guère de se rapprocher des Kurdes, sunnites. Les Ottomans sunnites tentèrent ainsi de s’allier aux Kurdes. Sous le règne safavide, la majorité des territoires kurdes appartenaient à l’Iran.

Après les Safavides, avec la prise de pouvoir par les Zend, famille aux racines kurdes, pour la première fois les Kurdes devinrent les dirigeants de l’Iran. Vers la fin du règne des Zend, la tribu des Donbali, grande tribu kurde, régnait sur une bonne partie de l’Azerbaïdjan de l’Ouest. Leur capitale était la ville de Khoy. Au XIXe siècle, les Kurdes vivant sur le territoire ottoman exprimèrent plusieurs fois leur désir d’indépendance au travers la création des gouvernements locaux kurdes. En 1878, le Sheikh Obbeydollâh Naghshbandi eut l’idée de créer un Etat indépendant kurde sous l’égide de l’Empire ottoman. En 1880, ses partisans occupèrent les régions des alentours d’Oroumieh, Sâvojbolâgh, Marâgheh et Miândoâb et l’armée iranienne eut à les repousser hors des frontières. En 1946, Ghâzi Mohammad profita de l’occupation alliée en Iran et avec l’appui de l’armée soviétique, – qui occupait la moitié nord de l’Iran -, annonça la création de la République Populaire du Kurdistan, avec pour capitale Mahâbâd. Cette république éphémère tomba après le retrait des Forces Alliées.

 Afsâneh Pourmazâheri (1) Heurts et malheurs de l’Histoire kurde

et Arefeh Hedjazi 2) Géographie historique du Kurdistan

Bibliographie :
- MINORSKII Vladimir Fedorovich, trad. TABANI Habibollâh, le Kurde, Kord, ed. Gostareh, Téhéran, 2000
- MOHAMMADI, Ayat, Survol de l’histoire politique kurde, Seyri dar târikh-e siâsi kord, ed. Porsémân, Téhéran, 2007
- RINGGENBERG Patrick, Guide culturel de l’Iran, Iran, ed. Rozaneh, Téhéran, 2005

Notes

[1] Historien, essayiste et chef militaire grec (430-352 av. J.C.) il naquit dans une famille riche et reçut les enseignements d’Isocrate et de Socrate.

[2] Géographe grec (58- 25 av. J.-C.) ses mémoires historiques ne nous sont guère parvenues, mais sa géographie fut en grande partie conservée. Il y pose certaines questions relatives à l’origine des peuples, à leurs migrations, à la fondation des empires et aux relations de l’homme et de son milieu naturel.

[3] Astronome, mathématicien et géographe grec (276-196 av. J.-C) auteur de travaux en littérature, en philosophie, en grammaire et en chronologie, directeur de la bibliothèque d’Alexandrie, il est surtout connu par son « crible » une méthode pour trouver les nombres premiers et par l’invention d’un instrument de calcul, le « mésolabe ».

[4] Historien et théologien arabe (838-923) il passa l’essentiel de sa vie à Baghdâd et fut ensuite professeur de droit et de Hadith. Il écrivit une histoire universelle de la Création jusqu’à 915. Sa deuxième grande œuvre est son commentaire du Coran.

[5] Prêtre zoroastrien.

Bolland, Verviers en Wichman

Bolland, Verviers en Wichman

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VERVIERS.jpgWil men een geboortejaar voor de conservatieve revolutie in Nederland vaststellen, dan kan men niet anders dan het jaar 1921 noemen, waarin twee grote persoonlijkheden op de voorgrond traden: Prof. Bolland en Emile Verviers (foto). Verviers wendde zich in 1921 met een open brief tot H.M. de Koningin, waarin o.a. werd aangedrongen op de vorming van een nationaal kabinet. De sympathiebetuigingen, die hij naar aanleiding van deze open brief uit het gehele·land ontving, waren voor Dr. Verviers aanleiding om over te gaan tot de oprichting van het tijdschrift “Katholieke Staatkunde”, later veranderd in “Opbouwende Staatkunde”, waarin hij gelegenheid vond zijn ideëen nader uiteen te zetten. Tot het einde van het jaar 1924 is dit blad regelmatig verschenen; daarna werd de uitgave plotseling stopgezet. Van zijn hand verscheen o.a. een studie over “De kentering in het materialistisch denken” (Oisterwijk 1927). Dr. Verviers doceerde economische politiek aan de Universiteit te Leiden. Hoewel het “Genootschap voor Opbouwende Staatkunde”, waarin o.m. priester Wouter Lutkie een belangrijke rol vervulde, formeel bleef voortbestaan, gold het tijdschrift Opbouwende Staatkunde als te zijn opgenomen in het orgaan van het Verbond voor, Actualisten, De Vaderlander, dat in de zomer van 1924 verscheen. De ware reden voor de opheffing van het tijdschrift en de daaraan voorafgegane naamsverandering, was de zware druk, die van de zijde van de kerkelijke overheid op Dr. Verviers werd uitgeoefend. Eerst tien jaar later verscheen hij weer in de openbaarheid, nu als hoofdredacteur van het maandblad Nieuw Nederland, dat zich aankondigde als een onafhankelijk orgaan ter bestudering en bevordering van de nieuwe gedachte. Daaraan werd toegevoegd dat de Nationaal Socialistische Beweging in Nederland met belangstelling kennis nam van de vrije uitingen der medewerkers, om zich op den duur het beste daaruit tot het hare te maken. Dr. Verviers open de het eerste nummer (Juni 1934) met een artikel. getiteld “Orde”, eindigend met de woorden: “Laten wij, nu alles onder onze voeten wegzinkt, elkaar in de aangegeven geest eendrachtig de hand reiken tot nationale wederopstanding van ons volk. En er groeie een herboren, een Nieuw Nederland, uit de wijsheid en het sterk geloof van onze mannen, uit de toewijding en de liefde van onze vrouwen, uit de moed en de fierheid van onze jongelingschap, uit de schone en scheppende hope van onze jonge meisjes. Hou Zee!” In de loop van de tweede jaargang (1935) trad hij – andermaal als gevolg van de druk, die op hem uitgeoefend werd – als hoofdredacteur af; otn door Dr. R. van Genechten en E. J. Roskam te worden opgevolgd. Dr. Verviers trad daarna niet meer op de voorgrond.

Geheel los van het initiatief van Dr. Verviers stond de bekende rede van Prof. Bolland, “Tekenen des Tijds”, uitgesproken op 28 September 1921 ter gelegenheid van de opening der colleges aan de Leidse Universiteit en herhaald te Amsterdam, Den Haag en Rotterdam; deze rede verscheen bij de uitgeverij Adriani te Leiden in druk, terwijl in 1940 bij de uitgeverij Versluys te Amsterdam een fotografische herdruk verscheen. Hierin werd o.a. gezegd: “Hegel heeft eens de vraag afgewezen, of monarchie dan wel democratie beter was. En op zichzelve, dat is als eenzijdigheden, zijn zij dan ook beide verkeerd, wat ik U verzoek als mijn oordeel te bedenken, in geval gij straks in verzoeking mocht komen om te wanen, dat ik onvoorwaardelijk voorstander ben van de monarchie. Een partijganger van vorstelijke willekeur ben ik nooit geweest en ben ik ook nu niet. Maar ik besef. dat bijvoorbeeld in Duitsland de vorsten middelpunten zijn geweest van organische samenwerking, en de mogendheden, die tegen het hart van Europa, hun eigen hart. hadden samengespannen, hebben in 1918 geweten wat zij eisten, toen zij aftreding der vorsten eisten. Zij wilden Duitsland zwakker zien. Sedert dien is Duitsland gedesorganiseerd en zijn ongeluk zal het ongeluk blijken ook van zijn overwinnaars. Wijzelf zijn met onze vermolmde, oppervlakkige en verkankerde beschaving sedert 1918 vooruitgegaan naar beneden, naar ontwrichting en staatsbankroet, naar ontreddering en ontbinding, natuurlijk ten gevolge van het zogenaamde volksgezinde, in werkelijkheid gewetenloze drijven der communisten, socialisten en overige democraten, maar voorgegaan ook, ja voortgestuwd en voortgedreven, door de verdwaasde regering zelf, een zogenaamd rechts ministerie, dat ten believe der op geldelijk voordeel azende medestanders en democratisch veeleisende tegenstanders een voorbeeldeloze geldverkwisting en revolutionaire wetten op zijn geweten heeft, wetten en maatregelen, die ten verderve leiden”. Deze rede droeg overigens ook een sterk anti-semietisch karakter.

In zijn hoofdwerk “Zuivere Rede en Hare Werkelijkheid” heeft Prof. Bolland zijn politieke philosophie neergelegd, speciaal in de hoofdstukken “De geest der samenleving”, “Het maatschappelijke vraagstuk”, “Boek der Spreuken” en “Nieuwe Spreuken”, waarin hij een vernietigend oordeel uitsprak over de democratie: “Democraten zijn ezeldrijvers, die om de ezel te regeren, des ezels achterdeel vereren”. Indien in het Nederland van deze tijd een Mussolini was opgestaan, zou Bolland hier zonder enige twijfel de rol van Gentile in Italië, als wijsgerige grondlegger van het fascisme, hebben vervuld. De rode gemeenteraad van Amsterdam weigerde dan ook enkele jaren geleden een straat naar deze “fascistische voorman” te noemen. De invloed, die Bolland met zijn werken op een groot deel van de Nederlandse intellectuelen heeft uitgeoefend, is zeer zeker groot geweest. Hoewel de meest uiteenlopende stromingen zich op Hegel kunnen beroepen, tot het Marxisme toe, heeft men toch niet zonder reden de Neo-Hegelianen in Nederland en vele vertegenwoordigers van andere wijsgerige scholen, die de invloed van Hegel hebben ondergaan, wei crypto-fascisten genoemd, voorzover zij al geen volbloed fascisten of nationaal-socialisten waren. Een fervent tegenstander als Prof. Telders mag onder de “rechtse” Hegelianen bijna als een uitzondering op de regel worden beschouwd. Van de vele Hegelianen, die medewerken aan de talloze nationaal-socialistische en fascistische periodieken, die in de nu volgende jaren het licht zien, mogen hier genoemd worden: Prof. Dr. T. Goedewaagen, Prof. J. Hessing, Ir. B. Wigersma, maar ook Dr. Van Lunteren, Ir. Staargaard en J. Flentge. Men begreep in deze kring, dat een politieke stroming niet alleen op een gevoelsmatig beleden “mythe”. maar ook op een min of meer wijsgerige wereldbeschouwing dient te berusten; alle publicaties in een tijdschrift als “De Waag” en van de zogenaamde “Waagkringen” tonen duidelijk deze strekking. Zo hebben dan de Neo-Hegelianen in hoge mate tot een ideologische fundering van de conservatieve revolutie in Nederland bijgedragen. Maar reeds enkele jaren voor deze intellectuele beweging in Nederland groeide, was hier een “man van de daad” opgetreden, die de eerste conservatief-revolutionaire volksbeweging in het leven riep. Het was de uitzonderlijke en natuurlijk veel omstreden figuur van Erich Wichman (foto), die in 1918 de groep der Rebelse Patriotten formeerde.

wichman.jpgZijn brochures (o.a. “Lenin stinkt” en “Hieronymus de Momper”) waren revolutionair van stijl; hij schreef niet alleen een pamflet tegen het Belgische verdrag, maar joeg ook met een pistool in de hand – geassisteerd door een veldwachter met getrokken sabel – een groep Belgische demonstranten in zeeuws-Vlaanderen op de vlucht. Zijn geschriften en zijn actief optreden, o.a. op de verjaardag van Prinses Juliana, toen Wichman de VARA-microfoon stuksloeg, waarvoor Teun de Klepperman een schimprede zou houden, en als gevolg daarvan een vechtpartij met de socialist Meyer Sluizer, waarbij hij een paar gebroken ribben opliep, bezorgden Wichman een grote populariteit . Hij was ook de eerste die een bezem als symbool gebruikte, een voorbeeld dat druk navolging gevonden heeft. De vele kunstenaars onder zijn volgelingen – ook Wichman zelf was schilder – kregen bij de acties van “De Anderen”, zoals Wichman en de zijnen zich veelal noemden, gelegenheid genoeg hun artistieke neigingen bot te vieren: straten en muren en verkiezingsborden van tegenstanders werden met de meest pakkende leuzen voorzien.

Een van zijn volgelingen, Dr. H. Bruch, beschrijft in “Dietbrand” (jrg. 1, nr. 3, Dec. 1933) zijn optreden in de volgende jaren als volgt: “Als wij een voorgeschiedenis van de volkse beweging in Noord-Nederland zouden willen schrijven, dan zouden wij zeker de Rapaljepartij moeten noemen. Er was in Nederland toen kiesdwang ingevoerd, omdat in een democratische staat iedereen verstand van kiezen schijnt te hebben, zelfs als hij het kennelijk niet wil. Anarchisten en anderen ( “De Anderen”, gelijk ze zich noemden) dreven deze beweging, maar eigenlijk was Wichman de drijvende kracht. Een “partij” was er niet, maar de democraten schrokken geweldig en maakten na het succes een noodwetje, waardoor herhaling onmogelijk werd. Toen als nu was de democratie verdraagzaam voor zichzelf, maar onverdraagzaam jegens “de anderen”. In Amsterdam werd in 1921 bij de gemeenteraadsverkiezingen een tweemanslijst ingediend met aan het hoofd een bekend straattype, bijgenaamd Had-je-me-maar. Het christelijk-historische dagblad stilde honend voor, de nieuwe partij Rapalje-partij te noemen, waarop het antwoord was: gelijk jullie zelf eens de scheldnaam Geuzen tot een erenaam maakten, zo aanvaarden wij nu deze naam als een erenaam. Onder de weinigen die begrepen dat er iets meer aan de hand was dan een doodgewoon relletje, was Bolland, die in zijn rede “De Tekenen des Tijds” opmerkte: “De veertienduizend inwoners van Amsterdam, die bij de gemeenteraadsverkiezingen van dit jaar (1921) op twee straatzwervers hebben gestemd, hebben het klassieke blijk geleverd van het plichtsgevoel allereerst, en voorts van het staatkundige in- en doorzicht, dat men in zaken van hogere gemeenschap bij de gemene man heeft aan te nemen; zij hebben duidelijk en zuiver de strekking van de democratische staatsinrichting aan het licht gebracht”. Na de verkiezing van Had-je-me-maar heeft de politie er voor gezorgd, dat hij zich terugtrok: een verklaring met een kruisje ondertekend (hoewel de man schrijven kon, maar de democratie is alleen in theorie precies in zulke ding en) of anders: opzending naar de strafkolonie Veenhuizen.

Behalve bij enkelen, ontbrak het begrip van wat er aan de Hollandse samenleving schortte zozeer, dat de “overwinning” door Wichman als een nederlaag beschouwd werd. Hij verliet het land, niet hoewel. Maar omdat hij het liefhad.”

In 1924 keert Wichman in Nederland terug, na een driejarig verblijf in Duitsland en Italië; tevoren had hij in een brief, gepubliceerd in “Opbouwende Staatkunde” (10 Jan. 1924) Dr. Verviers zijn diensten aangeboden… Hij kwam als soldaat, maar vond geen generaal. geen luitenant en zelfs geen korporaal om hem aan te voeren”. Als enkeling, samenwerkend met een paar “Anderen” zoals Sinclair de Rochemont en Dr. Labouchere, zet hij zijn strijd voort. In een brochure .. Het Fascisme in Nederland” in de serie “Pro en Contra” ( Baarn 1925) vat hij zijn streven nog eenmaal samen: “Alles is heden bedacht en berekend. Er is geen plaats meer in deze wereld voor avontuur, imprevu, elasticite, phantasie en “daemonie”. Het allerdomste verstand geldt alleen. God is “stil gaan leven”. Het is een dode tijd, een tijd zonder ziel, zonder geloof, zonder kunst, zonder liefde (haar draagster, de zeer irrationele vrouw, is tot een uiteraard minderwaardige man geworden, ja zelfs begiftigd en vergiftigd met het erbarmelijke “kiesrecht”). Dit is geen tijd meer, een overgang, wie weet waarheen? – Als alles anders wordt dan wij willen – en waarom zou het niet anders worden? – dan kan men ons weer “dwazen” noemen. Elke daad kan een dwaasheid heten, is in zekere zin een dwaasheid. En wie bang is een “dwaas” te heten, ja te zijn: wie bang is het levend deel van een levend geheel te zijn: wie niet “dienen” wij: wie ter wille van zijn kostelijke “persoonlijkheid” geen “factor” wil zijn en misschien het omgekeerde bewerken van wat hij dacht: wie schuwt een “melaatse des geestes” te worden: wie geen “stukje” kan zijn, geen blad in de wind, geen dier in nood, geen soldaat in een loopgraaf, geen man met knuppel en revolver op de Piazza del Duomo (of op de Dam); wie niets begint, als hij het einde niet ziet, wie niets doet, om geen domheid te doen die alleen is de ware ezel! Men bezit niets, wat men niet weg kan smijten, ook zichzelf en eigen leven niet. – En daarom kunnen wij nu misschien deze “Republique des Camerades”. dete stal der “mauvais bergers”, uitmesten. Ja, met geweld. ja, met “onwettige middelen”! “Door frazen is ‘t volk bedorven, ‘t zal door frazen niet genezen worden” (Multatuli). Nogmaals dan: “te wapen!”

In de Oudejaarsnacht van het jaar 1928 stierf Erich Wichman tengevolge van een longontsteking, die hij tijdens het graafwerk bij de doorbraak van de Vecht in Utrecht, waarvoor hij in een lezing op de studentensocieteit te Utrecht vrijwilligers had gevraagd, had opgelopen. De 4e Januari 1929 werd hij, gevolgd door een stoet van de meest uiteenlopende volgelingen, ter aarde besteld; zijn kist was gedekt door de Prinsevlag. De herinnering aan hem is door verschillende schrijvers (naast de reeds genoemde Dr. Bruch o.a. Dr. A. A. Haighton, George Kettmann Jr. en Prof. Dr. T. Goedewaagen; zie Voorrede Gedenkboek Amsterdamse Keurkamer) vastgehouden. In het boek “Erich Wichman tot 1920″, ingeleid door Dr. W. Vogelsang, zijn ook vele van zijn beste qrtikelen en schetsen samengevat. De bijgaande foto werd genomen na de plaatsing van een steen op zijn graf; bekende figuren zijn o.a. (van rechts naar links): Gerard Knuvelder (4), Jan Baars Sr. (6), Larsen van Neerland (7), Jan Baars (8), Alfred Haighton (9) en Dr. Laboue. Zij allen hebben het werk van Erich Wichman voortgezet – en groeperingen, waarin zij later zijn opgetreden, hebben zich dan ook op Erich Wichman als hun pionier beroepen! – enerzijds in het Verbond Actualisten en de daaruit voortgekomen groepen, anderzijds ook in minder uitgesproken politieke bewegingen, waaraan wij thans aandacht willen wijden.

wich002witt01_01_tpg.gifIn Mei 1924 herleefde de activiteit van de groep Opbouwende Staatkunde onder een nieuw bestuur. Spreekbuis van deze groep was het vanaf April 1925 verschijnende maandblad Politiek Herstel. “tijdschrift uitgegeven door een groep Katholieken ter bevordering der anti-democratische herstel-gedachte”. In het eerste nummer citeert de redactie, bestaande uit Mr. Jos. Gillissen, J. J. M. Haslinghuis, Mr. L. van Heyst, Mr. O. Baron van Howell tot Westerflier en P. de Kuyper, baar uitspraak van 1924: “Wij zouden in dit inleidingswoord niet volledig zijn, wanneer we niet wezen op de lichtpunten voor de toekomst. Ten eerste is sinds de oprichting van het tijdschrift (Opbouwende Staatkunde) reeds een belangrijk deel van het gestelde doel (een nationale. anti- democratische, ommekeer in de geesten) verwezenlijkt. We willen niet zeggen dat dit uiterlijk, formeel, door de officieële organen en personen erkend wordt, maar toch, voor degeen die wat dieper schouwt achter de schijn der dingen en der personen, zijn er talrijke onbedriegelijke tekenen in ons nationale leven, die wijzen op een (zij ‘t grotendeels halfbewuste) evolutie in onze richting. Het zaad door Verviers en Lutkie uitgestrooid, beeft wortel geschoten.” En de redactie kon daar nu aan toevoegen, dat deze ontwikkeling sindsdien nog duidelijker aan het daglicht getreden was. Duidelijk werd de hier gepropageerde Nederlandse Herstel-beweging geplaatst in het kader van een reeds lang groeiende, diep gefundeerde Europese cultuurstroming.

jeudi, 08 novembre 2012

Lycurgus & the Spartan State

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Lycurgus & the Spartan State

By Mark Dyal

Ex: http://www.counter-currents.com/

“And Theompopus, when a stranger kept saying, as he showed him kindness, that in his own city he was called a lover of Sparta, remarked: ‘My good sir, it were better for thee to be called a lover of thine own city.’” – Plutarch[1]

Lycurgus-9389581-1-402.jpgJust as Mussolini looked to Ancient Rome for the model of a healthy, organic society, the Ancient Romans looked to Sparta. In the first century (A.D.), as Rome continued its imperial ascent to near-hemispheric domination, the distance between the virtuous Republican nobility and the garish imperial nobility began to alert many to the potential for social degeneration. One of these was Plutarch, a Roman scholar of Greek birth.

Plutarch is best known for his series of parallel lives of the most virtuous Greeks and Romans, written to explain the particular virtues and vices that either elevate or subordinate a people. His “Life of Lycurgus,” then, is less a celebratory tale of the legendary king who transformed Sparta from typical Greek polis into the greatest warrior state in Western history than a description of that state. Its lessons are no less astounding to contemporary Americans than they were for Imperial Romans. And, while many Greek, Roman, and contemporary writers have explored the origins of warrior Sparta, Plutarch’s “Life of Lycurgus” remains the only necessary source on the subject.

Lycurgan Sparta was born of decadence. As the mentor of the young Spartan king Charilaus, his nephew, Lycurgus played a Cato-esque role. He imparted conservative and austere virtues to the young king, seeking to stem the love of money and ostentatious displays among the city’s nobility. When this tactic ran afoul of the Spartan elite, Lycurgus left the city and traveled around Greece and Asia. He discovered the Homeric epics and visited the Oracle at Delphi. There, Apollo’s priests told him that under his guidance a state would become the most powerful in Greece. So, with Apollo’s backing, he returned to Sparta and was given legal command of the city.[2] He immediately established a social system in which decadence would be impossible.

Lycurgus sought above all to end the vanity, weakness, and extravagance of the Spartan people. Politically, he devised a dually senatorial and monarchical governmental system that governed for the good of the state, not just its wealthiest citizens. Before Lycurgus, the kings of two royal families ruled Sparta, a model already designed to limit tyranny. In adding the senate, Lycurgus sought only further political stability,[3] understanding that democracy was only as valuable as its subjects were noble.[4]

So whereas the Athenians made democracy the reason of the state, Lycurgus made nobility the rationality of Spartan life. Individual Spartan lives were subordinated to that one ideal.[5] But what made Lycurgan nobility so extraordinary was, one, that it was attainable only by the bravest, strongest, and most accomplished warriors – and their women; and two, the lengths to which the state went in breeding this type of nobility.

Just as we have seen in Italian Fascist thought,[6] Lycurgus was interested in human instincts. Contextually speaking, however, we do not give the latter as much credit as the former. For Lycurgus was living at a time far removed from modern assumptions about the separation of mind and body. The Greek ideal, then, was possible precisely because the body was understood to be an outward manifestation of the mind. What is remarkable in Lycurgan Sparta, though, is the understanding of the link between instinct and conception; and it is this understanding that made warriors the most noble of nobles. In other words, Spartan training was not designed to create warrior bodies and concepts, but warrior instincts, of which the bodies were mere symptoms. Thus the importance placed on ethics and environment, as we will see below.

Lycurgus took one ideal and made it the aim of the state and its subjects. But while Greek nobility had become associated with hereditary wealth, creating a self-perpetuating system of luxury and quality (to which moderns owe much of the value of the Hellenic legacy, in particular) Lycurgus transvaluated nobility, making it instead something attainable only in violent service (and the preparation thereof) to the state. He felt more profoundly than other Greeks the relationship between nobility and the human form – conceptually and physiologically – and the idea of training these in concert. And, he reformed the Spartan state to become a factory of bodily nobility. It was his social and physiological reforms to this end that were critical to Sparta’s transformation, establishing, as they did, the messes, agōgē (meaning abduction but also leading and training), and eugenics that gave content to Sparta’s warriors.

Lycurgus’ first tasks, like establishing the senate, were designed to change the immediate political and social climate of the city. He redistributed all the land in Sparta so that each citizen family had a small plot of land to cultivate. He also banned coined money, instituting instead the trade in vinegar-soaked iron bars, thus making it virtually impossible to amass wealth.[7] Almost all forms of iniquity vanished from Sparta, Plutarch writes, “for who would steal or receive as a bribe, or rob or plunder that which could neither be concealed, nor possessed with satisfaction, nay, nor even cut to pieces with any profit?”[8] Elsewhere, Plutarch explains that wealth “awakened no envy, and brought no honor” to its Spartan bearer.[9]

Although most artisans left Sparta when there was no longer a way to trade their goods, Lycurgus compounded their misery by banishing any “unnecessary and superfluous” arts.[10] When not on campaign, Spartan men spent their time in festivals, hunting, exercising, and instructing the youth.[11] Within months of the Lycurgan monetary reforms, it was impossible to buy foreign wares, receive foreign freight, hire teachers of rhetoric, or visit soothsayers and prostitutes in Sparta. Although such restrictions were not motivated by the desire to protect or develop Spartan artisan crafts, locally produced housewares soon became sought after throughout the Greek world.[12] After establishing the limits of what would be permitted in Sparta, Lycurgus set his sights on educating toward nobility.

To ensure the unity and gastronomical fitness of Spartan men, Lycurgus created a mess system wherein men and youthful warriors dined together. Scholars have pointed to the messes as a crucial element of the Lycurgan reforms, and one that only made sense by Lycurgus’ understanding of the close relationship between mind and body. As Plutarch explains, the mess ensured more than social cohesion, providing a forum for the maintenance of the warrior himself:

With a view to attack luxury, [Lycurgus] . . . introduced the common messes so that they might eat with one another in companies, of common and specified foods, and not take their meals at home, reclining on costly couches at costly tables, delivering themselves into the hands of servants and cooks to be fattened in the dark, like voracious animals, and ruining not only their characters but also their bodies.[13]

The infamous agōgē operated with similar motivations. Breaking with Greek tradition – Xenophon explains that Lycurgus literally transvalued all Greek child rearing and education practices[14] – no private tutors or education were allowed in Sparta. The Spartan state, instead, educated all boys from age seven, regardless of his family’s status. In the agōgē boys were trained for discipline, courage, and fighting. They learned just enough reading and writing to serve their purpose as warriors, with their education “calculated to make them obey commands well, endure hardships, and conquer in battle.”[15] Likewise, the boys went barefoot and largely unclothed so that they may function better in rough terrain and in inclement weather. Clothes, Xenophon explains, were thought to encourage effeminacy and an inability to handle variations in temperature.[16]

As well as being scantily clad, boys in the agōgē were underfed and encouraged to steal food. This taught them to solve the problem of hunger by their own hands with cunning and boldness[17] and encouraged the development of warlike instincts.[18] To further this development, the boys were forced to live for a period in the mountain wilderness, without weapons, and unseen.[19] If boys were caught stealing, their agōgē superiors beat them. Kennell debates the legend that these beatings had fatal consequences. After all, a Spartan boy/young man was the focus of the entire social rationale, and would not be killed prematurely. Another part of the legend is not debatable, however: the boys were not beaten for having stolen, but for having been mediocre enough at it to be caught.[20]

Returning to the mess, the boys, as common responsibility of all male citizens of Sparta, were constantly surrounded by “fathers, tutors, and governors.”[21] At dinner, the boys were quizzed on virtues and vices, commanded to answer in a simple and honest style now called laconic (after Lacedaemon). Often these questions demanded that they pass judgment on the conduct of the citizenry. Those without response were deemed deficient in the “will to excellence,” as if any lack of response, whether out of respect or ignorance, was product of an insufficiently critical mind.[22]

In Lycurgan Sparta, the warriors governed because war, and the preparation for war, had made them the most virtuous. Lycurgus is credited with codifying the value of a life cleansed of all superfluous trappings. The life so essentialized not only became the perfect hoplite warrior, moving in concert with his cohorts, but also the most virtuous and reliable citizen. This is because Spartan war training was designed primarily to toughen the mind against fear, adversity, and pain, leaving clarity and the confidence of conquering any foe in any situation.[23]

Steven Pressfield’s Polynikes explains this conception of model citizen:

War, not peace, produces virtue. War, not peace, purges vice. War, and preparation for war calls forth all that is noble and honorable in a man. It unites him with his brothers and binds them in selfless love, eradicating in the crucible of necessity all that is base and ignoble.[24]

But what of Spartan men who did not meet these noble and honorable ideals? Xenophon explains that, in Sparta, the cowardly man was, in fact, a man without a city. He was shunned in all areas of public life, including the messes, ball games, gymnasia, and assemblies. This fact of life can be discerned in the “official” Spartan belief that honorable death was more valuable than ignoble life.[25] Xenophon sums the entire Lycurgan social system thus: to ensure “that the brave should have happiness, and the coward misery.”[26] Whereas in Fascist Italy, cowardly men might have been encouraged to “be courageous” in one’s own context, in Sparta, men had only one avenue to courage – war and training for war.

The agōgē has been central to academic and popular visions of Sparta from antiquity to modernity, and justifiably so. The Romans were so enchanted with the agōgē that Roman tourists traveled to Sparta just to visit its sites and temples (Artemis and the Dioscuri each played important roles in the boys’ religious instruction). Indeed, by 100 (A.D.) Rome had re-established the agōgē in Sparta and used it as a finishing school for noble Roman boys. It is only thanks to this period of the agōgē that we know anything about its Classical glory.[27]

And, even though we have been forced to speculate from the few anecdotes provided by Plutarch and Xenophon as to the content of agōgē training, we have a clear delineation of its purpose. As Plutarch explains it, the agōgē was a systematic training regimen in which boys and young men learned warring skills (including the discipline, sense of duty, and leadership already discussed) as well as “the most important and binding principles which conduce to the prosperity and virtue of a city.” These were not merely taught through lecture and regurgitation, but “implanted in the habits and training of [the boys],” through which “they would remain unchanged and secure, having a stronger bond than compulsion”.[28] As Lycurgus is thought to have summarized the agōgē’s rationale: “A city will be well-fortified which is surrounded by brave men and not by bricks.”[29]

Just as the content of the agōgē is speculative, it seems that so to is Lycurgus’ understanding of the links between conceptual and bodily vitality. For up to now, it has only been demonstrated that Lycurgus sought to defeat weakness and vice with strength and nobility. However, Lycurgus’ understanding of the body and mind is best demonstrated by the fate of Spartan women and infants.

As suggested above, sons were not the property of the father in Lycurgan Sparta, but the common property of the state. Unlike other Greek and Roman states, in Sparta the decision to raise a child rested with a council of elders who checked babies for health and stamina. If one was ill born and deformed it was discarded, as life “which nature had not well equipped at the very beginning for health and strength was of no advantage either for itself or the state.”[30]

In many cases, Spartan children were not even the product of random parentage, “but designed to spring from the best there was.” Eugenics. During his time of exile, Lycurgus noticed something peculiar about Greek men. In Athens, Plutarch explains, he saw men arguing over the particular breeding stock of certain dogs and horses. And yet, these same men sired children even though “foolish, infirm, or diseased, as though children of bad stock did not owe their badness to their parents.”[31] Marriages and births were carefully regulated, then, always with an eye to the physical and political wellbeing of the city.

Because of the Lycurgan exaggeration of the Greek educational ideal, Plutarch exclaimed that the education of Spartan children began before birth – an extraordinary concept, considering the 7th Century (B.C.) context. In reality it began prior to conception. Which brings us to Spartan women as mothers. Uniquely in the Classical Greek world, Spartan women exercised alongside men. They ran, wrestled, and threw the discuss and javelin, so that they might struggle successfully and easily with childbirth, and that their offspring would have a “vigorous root in vigorous bodies.”[32]

Lycurgus had a well-conceived eugenic rationale, believing that the human body would grow taller when unburdened by too much nutrition. Things that are well fed, he noticed, tend to grow thick and wide, both of which went against ideals of beauty and divinity. Thus, while leanness marked the human form as most beautiful, it also gave it a kinship with the divine. However, for mothers and their offspring, the benefits were also mundane, as mothers who exercised were thought to have lean children because the lightness of the parent matter made the offspring more susceptible to molding.[33]

After birth, infants were reared without swaddling so that their limbs would develop freely and robustly.[34] Boys in the agōgē wore a simple loin wrap, and men little more. The scores of near-naked men, boys, and unswaddled babies were joined by scores of near-naked women and girls. Perhaps Lycurgus’ most delicious transvaluation of decadent values is his command that in Sparta, the healthy condition of one’s body was to be more esteemed than the costliness of one’s clothes.[35] Nakedness and a strict code of physical beauty – that equated beauty with nobility – seem like potent stimuli to health; to say nothing of the belief that one’s commitment to beauty and nobility was of great benefit to oneself, one’s offspring, and one’s people.

Lycurgus believed that scant dress encouraged in women the habit of living with simplicity. More so, however, he wanted Spartan women to have an ardent desire for a healthy and beautiful body. And because the path to health and beauty led to the gymnasia and sports field, a beautiful female body ensured that the bearer of such possessed “bravery, ambition, and a taste of lofty sentiment.”[36]

Nowhere in the ancient world were women so integrated in the social and political rationale of a people. As a result of the Lycurgan reforms, Spartan girls were educated to similar principles and standards of courage, discipline, and honor, as the boys. They were literate. They performed public rituals to Artemis and Apollo. They were athletic enough to win medals at the Olympic games – even when competing against men. And they were known for their “vitality, grace, and vigor.”[37]

Meanwhile in Athens, girls received no education beyond the domestic duties of a wife and mother. And they lived sequestered lives, with no thought of how their physical degeneration might adversely affect Athens.[38] Thus the scandalous response provoked by Spartan women. For it is the state of women that provoked the idea that Spartan men were mere slaves to women.[39] But it is also the source of the sentiment, expressed so succinctly by Zack Snyder’s Gorgo, that “Only Spartan women give birth to real men.” Incidentally, the line comes from Plutarch and not Frank Miller.[40]

Lycurgus used political philosophy and physiology to fight degeneration. And while Sparta may seem a frightening place to modern men, this is precisely its value. For Sparta stands apart as the singular place that valued the bodily and conceptual nobility of its citizens above all else.

Plutarch described the legacy of Lycurgan Sparta as an example of what is possible when an entire people lives and behaves in the fashion of a single wise man training himself for war.[41] Wisdom, training, and war: three of the Classical traits most damned by modernity – at least as they were understood and practiced by Classical peoples. Above it was suggested that the lessons of Sparta would be read equally as shocking to a Roman as to an American. Yet, this is perhaps not quite true; and the reason is in the nature of Plutarch’s statement about Sparta acting as a single wise man. For, in effect, this was Plutarch’s explanation of the efficacy of the Lycurgan reforms. Just as his portrayal of Lycurgus’ seizure of power focused on Apollo’s blessing and the will of a handful of men, so here Plutarch sees no modern systemic rationale at work; but instead a natural path of choice for truly noble men.

For, according to Plutarch, what Lycurgus did was to establish a divinely sanctioned ethical aristocracy at the expense of a monetary aristocracy. This was an aristocracy into which one must be born, but also for which one must be born. Lycurgus incorporated each living Spartan into the aristocracy, by virtue of being alive. A Spartan boy would know himself worthy of the nobility being demanded of him simply because he had been selected at birth and progressed through the training of the agōgē. One can imagine that the harshness and forcefulness of Spartan life would have been accepted far more readily by one given a hereditary and ethical rationale for inclusion and acceptance than by liberated and atomized modern men.[42]

There is another aspect of Sparta that discomforts modern men even more than the equation of wisdom and war training, however: purity. In the 300 years of strict adherence to the Lycurgan reforms, no Spartan was allowed to live beyond Spartan territory. What’s more, no foreigners without a useful purpose were allowed to stay in Sparta overnight. None of them were allowed to teach vices.

For along with strange people, strange doctrines must come in; and novel doctrines bring novel decisions, from which must arise [disharmony within] the existing political order. Therefore [Lycurgus] thought it more necessary to keep bad manners and customs from invading and filling the city than it was to keep out infectious diseases.[43]

This desire for social purity also works as part of Lycurgus’ system of ethical and physiological transformation. For there is no reason to believe that noble men and women are made less so in an environment that provides only for their nobility. Imagine, instead, that the body becomes what its environment expects and demands of it. Harshness is the only thing productive of bodily vitality. Lycurgus believed that similar bodily harshness was also productive of conceptual nobility. So, instead of teaching such values in a cesspool and hoping that nature would provide a few prime examples each generation, Lycurgus took on nature, providing an environment that afforded Sparta the “good” in every citizen. This meets the definition of utopia, but unlike unnatural, modern, egalitarian utopia, Lycurgus’ Spartan utopia was hyper-natural. As was his ethical aristocracy.

The attainment of a high standard of noble living was a public duty. Youth were often the products of selective breeding, and it was demanded that all people be fit and vital. The greatest and most noble sentiments and characteristics available to man were attainable only through physical exertion and warlike action. Beauty was reserved for the worthy and actively denied the unworthy. In sum, it was demanded that men and women be as noble as was physically and conceptually possible.[44] And, while Fascist Italy did not go as far to promote the “eugenic improvement” of fascists, it too understood the relationship between ethics, behavior, and environment. Oddly enough, postmodern science agrees, even if it would use this knowledge to promote a global bourgeois community devoid of strife. Nonetheless, the next paper in this series will explain how the chemistry of the body is influenced by environment, opening great possibilities for placing the body directly at the center of a war against bourgeois modernity; and further, at the mercy of Nietzsche’s understanding of instincts, the body, and conceptual vitality.

Notes

[1] Plutarch, Lives (Volume One), trans. Bernadotte Perrin (Cambridge: Harvard University Press, 1914), 269.

[2] Plutarch 205–17.

[3] Plutarch 219–21.

[4] Xenophon, Scripta Minora, trans. E.C. Marchant (Cambridge: Harvard University Press, 1968), 169.

[5] Friedrich Nietzsche, Unpublished Writings from the Period of Unfashionable Observations, trans. Richard T. Gray (Stanford: Stanford University Press, 1995), 293.

[6] Giuseppe Bottai, “Twenty Years of Critica Fascista,” in A Primer of Italian Fascism, ed. Jeffrey T. Schnapp, trans. Schnapp, Sears, and Stampino (Lincoln: University of Nebraska Press, 2000), 192.

[7] Plutarch 227–29.

[8] Plutarch 231.

[9] Plutarch 279.

[10] Plutarch 231.

[11] Plutarch 281.

[12] Plutarch 231.

[13] Plutarch 233.

[14] Xenophon 141.

[15] Plutarch 257.

[16] Xenophon 143.

[17] Plutarch 261.

[18] Xenophon 145.

[19] Nigel M. Kennell, The Gymnasium of Virtue: Education and Culture in Ancient Sparta (Chapel Hill: The University of North Carolina Press, 1995), 131.

[20] Kennel 179.

[21] Plutarch 259.

[22] Plutarch 263.

[23] Plutarch 267.

[24] Steven Pressfield, Gates of Fire (New York: Doubleday, 1998), 137.

[25] Xenophon 167.

[26] Xenophon 165.

[27] Kennell 117–39.

[28] Plutarch 241.

[29] Plutarch 267.

[30] Plutarch 255.

[31] Plutarch 253.

[32] Plutarch 245–47.

[33] Plutarch 261.

[34] Plutarch 255.

[35] Xenophon 161.

[36] Plutarch 247.

[37] Paul Cartledge, The Spartans: The World of the Warrior-Heroes of Ancient Greece (New York: The Overlook Press, 2003), 36–37.

[38] Cartledge 36.

[39] Xenophon 163.

[40] Plutarch 247.

[41] Plutarch 297.

[42] Nietzsche 363.

[43] Plutarch 289.

[44] Xenophon 169.

 


Article printed from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com

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mercredi, 07 novembre 2012

Ezra Pound: Protector of the West

Ezra Pound: Protector of the West

By Ursus Major

Ex: http://www.counter-currents.com/

Ezra Pound was arguably the finest American-born poet and a first rate Classical scholar. He happened to be born in Idaho, a state not noted for either its poets or Classicists. It was, however, a center of the American Populist Movement, which pitted the (usually family) farmer against the banks and railroads. The Populists called themselves “National-Socialists,” long before that term was heard in Europe.

Pound was born in 1885, making him less than two-years younger than his later hero, Benito Mussolini. This was at the apex of the Populist movement. The Populist Party’s platform for the 1886 election was almost entirely written by Edward Bellamy. Bellamy was a novelist-journalist, whose utopian work, Looking Backward had sold over 1 million copies in the U.S. alone.

Looking Backward is set in the year 2000, and recounts the victory of National-Socialism: the nationalization of the banks and railroads, along with a host of reforms to alleviate the lot of the working-man without invoking Marxism. The syndicalism of Georges Sorel was a major influence upon the Populists, as it was upon the one-time Socialist, Benito Mussolini.

(Mussolini had been named “Benito,” which is not an Italian name, by his anarchist father, in honor of Benito Juárez, the Mexican revolutionary responsible for the execution of Maximilian. Actually, Juárez didn’t last that long: he was disposed of by his lieutenant Díaz, who proceeded to set up a dictatorship, which was 100-times more repressive than anything envisioned by the liberal Austrian Arch-Duke, who had been tricked by Napoleon III into accepting a “crown,” which was created by the French, the Catholic Church, and the Mexican latifundiastas: huge landowners. One should remember that the Spanish Habsburgs had ruled Mexico for centuries. The Habsburg arms — the Roman Double Eagle — are to be found on the Governor’s House in Santa Fe, New Mexico, which was founded during the Habsburg era. So Maximilian, being offered the crown as Emperor of Mexico wasn’t off-the-wall.)

What happened with the Populists? Basically, William Jennings Bryan stole their rhetoric; and Theodore Roosevelt along with Taft gave support to the trade-union movement. Bryan’s “Cross of Gold” speech, in support of the free-silver movement, caused the Populists to support Bryan, and they shared in Bryan’s defeat. Imperialism was the impetus of the hour, as the U.S. attacked and defeated Spain, taking what remained of the Spanish Empire (and sending the Marines to the Philippines, to show them that it was merely a “change of title,” by shooting half-a-million of the “liberated”).

Oscar Wilde once commented, “When a good American dies, he goes to Paris.” Pound didn’t wait until he was dead before leaving the Land of the Free and Hopelessly Vulgar. By 1908, he was living in London. In 1920, he moved to Paris (which was less expensive); and in 1924, he moved to Italy, where he was to remain until the U.S. Army brought him back to the Land of the Victorious and Hopelessly Vulgar — in a cage! Pound was an ardent Fascist and remained one until the day of his death, well over 30 years after the Duce and his mistress, Clara Petacchi, were hung like sides of beef from the rafters of a bombed-out gas station in Milan.

Pound found in Fascist Italy both the “National-Socialism” of the Populists plus a reawakening of the “civilizing” mission of Ancient Rome, of which Pound (the Classicist) was so fond. Pound referred to his poems as “Cantos” — lyrics! — which drew upon the greatest Euro-poets, from Homer on, as their inspiration; and, in his Pisan Cantos (written while confined to a cage in Pisa after WWII, and for which he was awarded the 1949 Bollingen Prize in Poetry) incorporating inspiration from that other great High Culture: the Culture of Confusian China. What was Pound doing in a U.S. Army cage? Awaiting some decision by the U.S. government as to what to do with its most famous poet — who had regularly broadcast pro-Axis speeches from 1941 on!

In the Plutocratic-Marxist alliance of WWII, he found all he had despised since his youth: the joint determination of Bankers and Barbarians to destroy Western Civilization (which, in Pound’s view was personified in Fascist Italy, with Germany a distant second). His slim prose work Jefferson and/or Mussolini drew attention to Jefferson loathing of banks and compared the tyranny of International Finance with British Mercantilism, finding the former worse than the latter. His anti-Semitic speeches were directed solely against Jewish financial control. (Unlike most anti-Semites, he was rabid in his loathing of Jewish financial interests, but totally indifferent toward the Jews qua Jews and was quite disturbed when Mussolini sanctioned the deportation of Italian Jews, who were obviously not financiers.) He described Italian Fascism as “paternally authoritarian” and subscribed to the view that freedom was for those who’d earned it. He described the American concept of free speech as merely “license”: “Free speech, without radio free speech is zero!” was a comment he made in one of his own broadcasts.

Although manifestly guilty of treason under U.S. law, the government felt embarrassed at the prospect of trying him, so they had some medical hacks from the military certify he was insane, and committed him to St. Elizabeths, the federal asylum in Washington from 1946 until 1958, when he was allowed to leave, providing he immediately left the country. That he did, returning to Italy; his last act in the U.S. being to accord the Statue of Liberty the Roman/Fascist salute!

The first of the “Cantos” had appeared in 1917. The last (96-109: Thronos) in 1959. The Whole he considered one vast epic poem, on a Homeric scale; however, it is more an epic reflecting the maturity of an artist and Classicist, in an age which marked the decline of both. One can see in influence of Yeats (who was also markedly pro-Fascist, but died before that could produce a crisis [1939]), Ford Maddox Ford and James Joyce were “cross pollinators” with Pound. T. S. Eliot and Ernest Hemingway [. . .] died before him; therefore, Ezra Pound became the last of the expatriate artists, a tradition that began with Henry James. Certainly some brief excerpt of his work is called for. The following is taken from one of the Pisan Cantos, written in the cage:

this breath wholly covers the mountains
it shines and divides
it nourishes by its rectitude
does no injury
overstanding the earth it fills the nine fields
to heaven

Boon companion to equity
it joins with the process
lacking it, there is inanition
When the equities are gathered together
as birds alighting
it springeth up vital

If deeds be not ensheaved and garnered in the heart
there is inanition.

I selected this example, because it draws upon the High Culture of China for inspiration, and incorporates within this a Classical maxim, which even those who know no Latin should be aware of. The final phrase (“if deeds be not ensheaved and garnered in the heart / there is inanition”) is a restatement of ACTA NON VERBA! (For those denied access to a dictionary of sufficient scope, “inanition” means “emptiness, a need – like a need for food or drink.”)

So Pound combines the essence of Mandarian art with the essence of the West, affirming the Spenglerian premise that all High Cultures are “transportable.” How many full-time Western symphony orchestras does Tokyo support? EIGHT! (Pound,by the way, was a excellent bassoonist.)

Leaving aside all other considerations, Ezra Pound — Poet and Traitor — PROVES the essential unity of all Euros. From Hailey, Idaho to London, Paris, Rapallo, Rome, an asylum in Washington,  D.C. back to die in his beloved Rapallo (where the aging Gore Vidal now spends most of his time), Pound showed that no part of Magna Europa is alien to any Euro. Art, like an orchid, requires a special soil, a special climate to blossom in. A poet was born in the prairies of Idaho, but his genius could not thrive in the same soil as potatoes. Even as thousands of years before, the genius of Ovid atrophied in Tomis, where Augustus had banished him (Ovid had a great influence on Pound), so the genius of Ezra (what a horrid name!) Pound, Classicist, Poet-Supreme, would have atrophied in that backwater of Magna Europa. And so the Euro had to return to the primal soil, that his genius might bloom — yes, and be driven into treason, lest greed and barbarism destroy Magna Europa. “If this be treason, let us make the most of it!” Patrick Henry admonished his colleagues. Pound made as much of it as he could.

That what he saw as a deadly threat to his Race-Culture, he put ahead of the color of his passport may be heinous or not. That is not the issue. The issue is that Hailey, Idaho could give Magna Europa one of Her greatest poets, whose greatness ensued in the main from his ability to absorb all that had gone before and say it anew — even deploying adoptive forms!

 


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lundi, 05 novembre 2012

Mégalithisme et tradition indo-européenne

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Mégalithisme et tradition indo-européenne

par

Ex: http://www.centrostudilaruna.it/

1. L’espace, le temps, la mesure dans le monde indo-européen

L’expression des notions d’espace et de temps est manifestement récente dans les langues indo-européennes, mais les notions elles-mêmes, et celle de leur mesure conjointe — base de l’architecture sacrée — certainement anciennes.

  • 1.1. Les noms de l’espace et du temps dans les langues indo-européennes

L’expression des notions d’espace et de temps diffère d’une langue à l’autre, sauf quand elle a été empruntée, et surtout les termes qui les désignent présentent initialement une autre signification. C’est le cas pour le français temps. Il se retrouve certes dans l’ensemble des langues romanes, mais le latin tempus auquel il remonte est isolé en indo-européen. D’autre part, comme le montrent les formes tempête, tempérer, température, intempéries, le “temps qui passe” est initialement lié au “temps qu’il fait”, que distinguent les langues germaniques.

Il n’y a pas non plus d’ancien nom de l’espace, souvent désigné à partir d’une forme qui signifie “espace libre” comme le latin spatium ou la forme germanique d’où est issu l’allemand Raum. Certaines de ces formes peuvent s’appliquer au temps, comme le latin spatium et le français espace. Les seules désignations anciennes sont celles de l’espace libre, notamment la base sur laquelle reposent le latin rûs (campagne) et l’allemand Raum.

  • 1.2 Espace et temps dans le système grammatical

Espace et temps ont une expression grammaticale. L’espace dans les compléments de lieu (lieu où l’on est, où l’on va, d’où l’on vient, par où l’on passe), dont certains sont à l’origine de cas grammaticaux comme l’accusatif d’objet, le temps dans les compléments de temps (instant ou durée), et les propositions subordonnées correspondantes. De plus, le temps s’exprime dans la conjugaison: le verbe indo-européen a un présent, *esti «il est» (grec esti, latin est), un prétérit ou imparfait *êst (grec ê), un futur, dit aussi “subjonctif” *eseti (latin erit). Au futur correspondent, dans le nom, le datif “prospectif” et les adjectifs correspondants, qui expriment la destination, la possibilité, l’obligation. Les 3 temps sont également à la base d’énoncés formulaires du Véda (le géant cosmique Prajâpati est aussi «ce qui fut» et «ce qui sera»), de l’Avesta (qui joue sur les temps du verbe être pour évoquer le présent, le passé et l’avenir, ou les vivants, les morts et les enfants à naître); selon l’Illiade, le devin Chalcas connaît «le présent, le passé et l’avenir»; et, à en juger par leurs noms, les 3 Nornes scandinaves Yrd, Verdandi, Skuld ont été mises en rapport avec les 3 temps. Le verbe indo-européen a de plus un “intemporel” *est (il est) employé pour les procès qui ne se situent pas dans le temps, comme les vérités générales.

  • 1.3 La mesure de l’espace et du temps

Il existe une racine qui désigne la mesure de l’espace, “arpenter”, et du temps, “viser”, 2 procès dont la réalité physique diffère, mais dont le but est identique, et, par extension, diverses activités et diverses situations homologues comme “être en mesure de”, “prendre des mesures”. Elle possède 3 formes liées entre elles par des formes intermédiaires: *meH-, d’où *mê-, *met-, mêt-, *med-, *mêd-. Cette morphologie singulière indique une haute antiquité.

La première forme *meH-, conservée dans le nom hittite du “temps” (mehur) mais qui a évolué en *mê- dans les autres langues indo-européennes, est à la base du nom de la lune (conservé dans les langues germaniques, mais remplacé en latin par lûna) et du mois, que le français conserve aussi dans ses formes “savantes” (empruntées au latin) mensuel, trimestre, semestre. Elle l’est aussi dans le nom des mœurs, issu du latin môrês, pluriel de môs.

La deuxième forme *met-, mêt- est représentée en français par l’emprunt savant au grec mètre avec ses dérivés métrique, métrer, et ses composés diamètre, symétrie, géomètre, et certains composés en métro-: métrologie, métronome. Elle l’est également dans le nom de la mesure, et dans les formes savantes en mens- — immense, dimension, (in)commensurable, mensuration — qui se rattachent au participe passé mênsus du verbe latin mêtîrî: “mesurer” et “parcourir”. On note que cette forme comporte un n comme le nom de la lune (anglais moon, allemand Mond) et du mois (anglais month, allemand Monat).

Dans les langues baltiques, cette forme réunit les notions: “mesurer, en général” (lituanien matas: “mesure”), “mesurer le temps” (lituanien metas: temps, année), mais aussi “viser”, d’où “lancer” (lituanien mesti: “lancer”, d’où “jeter”) et “regarder” (lituanien matyti). Nous reviendrons ci-dessous § 2 sur cette indication significative.

La troisième forme *med-, *mêd-, est représentée en français par divers substantifs qui se rattachent directement ou non au latin modius (boisseau) comme muid, moyeu, trémie, moule ainsi que les invariants comme, comment, combien, qui se rattachent au latin quômodô, et les formes savantes en med-, médecin, remède, méditer, et en mod-, mode, modèle, module, modérer, modeste, moderne, modique. Cette troisième forme est également à la base du verbe “mesurer” des langues germaniques, allemand messen. Dans plusieurs langues, l’un de ses dérivés désigne le destin et, en vieil-anglais, le Dieu chrétien. S’y rattache aussi le perfecto- présent *môt (allemand müssen, anglais must) qui signifie initialement “avoir la place”, d’où “pouvoir”, puis “devoir”.

On voit par là que l’arpentage et la mesure du temps par visée, qui s’expriment par cette même racine, sont dans le monde indo-européen des activités à la fois anciennes et exemplaires. Or la mesure du temps est spatiale. Avant l’invention du sablier et de la clepsydre, qui permettent de mesurer directement une durée, on a mesuré le temps à partir des cycles temporels. Le cycle quotidien et le cycle mensuel s’observent directement, l’un par la place du soleil dans le ciel du jour, l’autre par l’aspect de la lune, et leurs extrémités sont directement saisissables. Mais la mesure du cycle annuel est moins aisée. On emploie à cet effet un instrument nommé gnomon.

2 – Le gnomon

La mythologie védique rend compte de la création de l’espace, ou plus précisément des 3 mondes, par les 3 pas de Vishnou, dieu mineur, mais qui deviendra l’un des 3 grands dieux des temps ultérieurs: son premier pas crée l’espace terrestre, son deuxième pas l’espace intermédiaire (ce que nous nommons l’atmosphère), son troisième pas le ciel. De la provient la fréquente identification de Vishnou au soleil. Mais comme le montre clairement le mythe de la décapitation de Vishnou, c’est la tête du dieu que l’Inde védique identifie au soleil, non le dieu lui-même. Reprenant une hypothèse antérieure, Falk (1987) a identifié Vishnou au gnomon. Le gnomon est l’artefact qui, dès l’époque védique, remplace l’arbre du soleil du stade antérieur de la mesure du temps. Avant de diviser le jour en sous-unités, les peuples primitifs ont cherché à déterminer les solstices. À cet effet, ils ont pris comme points de repère (que l’on vise, *met-) des sommets de montagnes ou des arbres: d’où par ex. l’arbre du Soleil (féminin) Saule, des Chansons mythologiques lettonnes (Jonval 1929 : 65 et suiv.). Ainsi la strophe 227:

Un tilleul touffu aux branches d’or
Pousse au bord de la mer, dans le sable;
Sur la cime est assise la Fille de Saule
Saule elle-même sur les branches d’en bas.

Un passage de la Taittirîya Samhitâ conserve le souvenir de cette notion. Après avoir indiqué que celui qui désire la splendeur doit offrir une vache blanche à Sûryâ (Soleil féminin, comme Saule, dont le nom est apparenté), et que le poteau sacrificiel doit être en bois de l’arbre bilva, le texte poursuit: «l’endroit d’où le soleil d’en haut naquit, c’est là que s’éleva l’arbre bilva. Le sacrifiant gagne la splendeur grâce au lieu d’origine du soleil». Ce “lieu d’origine” du soleil est manifestement l’arbre qui servait à déterminer le terme de sa course annuelle, comme l’arbre du soleil des chansons mythologiques lettonnes. Mais l’arbre du soleil a pu servir ultérieurement à subdiviser le jour, d’abord par la mesure de l’ombre portée, puis par sa place sur un cadran. Or c’est à partir de l’arbre que s’interprète l’image de la décapitation. Le soleil rouge du soir ou du matin qui s’éloigne de l’arbre pris comme repère peut être assimilé à une tête coupée qui se détache du tronc. Le gnomon en conserve parfois le souvenir: ainsi celui que décrit Pline l’Ancien, Histoire Naturelle, 36, 72-73: sa pointe était surmontée d’une boule dorée assimilée à une tête humaine.

À partir de ces considérations, j’ai proposé une nouvelle interprétation de la comparaison effectuée antérieurement par G. Dumézil entre la décapitation de Vishnou et celle du géant Mimir de la légende scandinave, ainsi qu’une étymologie du nom de Vishnou (Haudry 2001).

3 – Mégalithes et cycle annuel

Nombre de constructions mégalithiques d’Europe ont été édifiées sur la base du cycle annuel, comme le rappelle Vadé (2008 : 9 et suiv.):

«On sait depuis longtemps que Stonehenge n’est pas un monument isolé. Ce n’est que l’exemple le plus considérable d’une série de constructions circulaires de l’époque néolithique, soit en pierres, soit en bois, dont on trouve des vestiges depuis l’Europe du Nord jusqu’au Proche-Orient. En France, les enclos circulaires de plus de 100 m. de diamètre découverts à Étaples (Pas-de-Calais) et dépourvus de toute trace liée aux fonctions d’habitat présentent de fortes similarités avec les henges d’outre-Manche. Leur destination cultuelle, notent prudemment les archéologues, “ne semble pas totalement exclue”.

Mais c’est surtout en Allemagne qu’on a retrouvé de semblables constructions. La plus notable est le cercle de Goseck en Saxe-Anhalt, énorme ensemble tumulaire de 75 m. de diamètre, daté du début du Ve millénaire. Il comporte 3 cercles concentriques de terre et d’épieux et s’ouvre par 3 portails, dont l’un est orienté au nord et les 2 autres, au sud-est et au sud-ouest, correspondant au lever et au coucher du soleil au solstice d’hiver. Ensembles analogues au Portugal, avec les cercles de pierres de l’Alentejo également datés du Ve millénaire. Sensiblement à la même époque, en Nubie, l’important champ mégalithique de Nabta Playa, à une centaine de kilomètres à l’ouest d’Abou Simbel, comporte des alignements marquant le nord, l’est et le lever du soleil au solstice d’été ainsi qu’un petit cercle de pierres dont les couvertures correspondent également à l’axe nord-sud et à l’axe solsticial».

Il conclut :

«On est loin d’avoir fini d’établir la liste des lieux d’Europe comportant des “portes solsticiales” dûment aménagées. Une exposition récente [hiver 2006] sur L’Or des Thraces au Musée Jacquemart-André donnait l’occasion d’en découvrir plusieurs. Le plus spectaculaire est peut-être le monument mégalithique de Slantcheva Vrata dominant la “Vallée des rois thraces” près de Kazanlak. Plusieurs blocs empilés de main d’homme figurent une véritable porte, d’où l’on embrasse du regard tout le territoire sacré des rois odryses. Au moment du solstice d’été, le soleil passe par l’ouverture.

Il faudrait parler encore du site de Kokino en Macédoine (à 75 km environ de Skopje). L’archéologue Jovica Stankovski y a découvert en 2002, au sommet d’une colline de plus de 1.000 m. d’altitude, “un observatoire” daté d’environ 1800 avant notre ère. Selon l’astronome Gjorgii Cenev, de l’observatoire de Skopje, on y observait les solstices et les équinoxes, ainsi que la constellation des Pléiades, depuis d’énormes “trônes” de pierre face à l’horizon de l’est, où des repères marquaient les directions remarquables».

Mohen (2008 : 48 et suiv.) en cite quelques autres:

Newgrange (co. Meath, Irlanda).

Newgrange (co. Meath, Irlanda).

«L’un des plus beaux exemples de cette intention précise est constituée par le couloir du grand tumulus dolménique de Newgrange (Co. Meath) en Irlande. Le fouilleur, M. Herity, constata en1963 qu’un linteau décoré, placé au-dessus et en arrière de la dalle de couverture de l’entrée du couloir, était en réalité le sommet d’une ouverture qui permaittait à un rayon du soleil levant de parcourir le couloir jusque dans la chambre. L’angle de cette ouverture, appelé roof-box, laissant passer le rayon lumineux rectiligne du soleil levant, le jour du solstice d’hiver, illuminait le fond du dolmen de plan cruciforme. Ainsi, comme le niveau du sol à l’entrée du couloir était à 2 m., en-dessous du sol de la chambre, lieu funéraire sacré, l’ouverture de la lucarne située au-dessus des 2 m., à l’entrée du couloir, permettait au rayon d’éclaircir la chambre. Impressionnés par cette précision, et le rôle du soleil solsticial, les archéologues ont pensé que les motifs spiralés ornant les grandes dalles disposés devant et à l’arrière du tumulus ou encore au pourtour de nombreux tumulus irlandais, dont ceux de Knowth ou de Dowth dans la même région irlandaise orientale, étaient peut-être en relation avec le mouvement perpétuel du soleil.

L’autre exemple qui prouve que l’observation des constructeurs préhistoriques de mégaliques pouvait être d’une précision extrême est celui de la dernière phase du monument de Stonehenge, système de fossés circulaires et de pierres dressées, délibérément orienté à partir d’un aménagement des trilithes disposés en U, entourant l’observateur situé au centre du dispositif en cercle, et visant à travers 2 pierres rapprochées l’endroit exact où le soleil apparaît à l’horizon, le jour du solstice d’été. Si cet axe de la phase 1, antérieure aux trilithes, reste approximatif en cadrant un angle entre 27°N et 24°N, le nouvel aménagement est très précis et juste; il est celui de la quatrième et dernière phase, contemporaine de l’implantation de 2 nouveaux menhirs laissant passer exactement la ligne d’observation allant du centre du site au point d’apparition du solstice d’été, selon l’axe principal de 24°N. Cette troisième phase est datée de 2250 à 1900 avant notre ère. C’est elle qui est encore, de nos jours, le cadre des célébrations contemporaines du solstice d’été».

Il mentionne également les alignements de Carnac, dont l’étude a permis à Alexandre Thom de déterminer l’unité de mesure utilisé, le “yard mégalithique” valant 0,829 m., et observe à ce propos:

«Il semble bien que le fait de dresser des monolithes réponde à un besoin de concrétiser un repère spatial que la lumière révèle, d’où l’attention particulière à l’emplacement topographique de la pierre dressée, d’où aussi les déplacements fréquents des pierres depuis les gîtes géologiques. L’endroit choisi pour l’implantation de la pierre est donc sans doute minutieusement choisi. La notion d’espace est de la même manière minutieusement calculée et se retrouve dans l’aménagement du territoire que les recherches archéologiques peuvent, dans le meilleur des cas, révéler. La place des mégalithes y est essentielle» (p. 51).

4 – Interprétations

Les mégalithes font l’objet de multiples interprétations, dont la conclusion de Mohen (p. 53) donne un aperçu: «Ces mégalithes et monuments sont des indicateurs pour ceux qui les mettent en œuvre. Ils reflètent des visions cosmiques de ces premiers agriculteurs mais aussi des préoccupations ancestrales et topographiques, liées sans doute à la légitimité du terroir et à la protection des aïeuls». Une précédente étude parue dans cette même revue (Haudry 2007-2008) fait écho à la théorie récente de Mahlstedt (2004), qui permet de donner un contenu à l’image indo-européenne du “ciel dans la pierre”, mais on s’en tiendra ici à leurs rapports avec le cycle annuel.

Le fait que les mégalithes apparaissent au Néolithique a suggéré une interprétation des rapports de leur disposition avec cycle annuel [cf. Culture mégalithique et archéoastronomie, Y. Verheyden, in Nouvelle École n°42, 1985]: ils auraient constitué un premier calendrier agricole. Cette utilisation est une possibilité qui ne peut être écartée. Elle est confirmée à l’âge du bronze par la présence, sur le disque de Nebra et à Kokino (Macédoine), comme on l’a vu ci-dessus, des Pléiades, dont Hésiode rappelle que leur lever et leur coucher constituait des signaux pour l’agriculteur:

«Au lever des Pléiades, filles d’Atlas, commencez la moisson, les semailles à leur coucher. Elles restent, on le sait, quarante nuits et quarante jours invisibles ; mais, l’année poursuivant sa course, elles se mettent à reparaître quand on aiguise le fer. Voilà la loi des champs» (trad. Paul Mazon).

Mais elle ne constitue sûrement pas la motivation initiale, comme l’observe Vadé (2008 : 12) :

«A-t-il fallu attendre l’agriculture, comme on le pense généralement, pour repérer les bornes de la course du soleil et en tirer parti pour le choix de certains lieux? Autrement dit, à défaut de structures d’observations construites, des orientations solaires privilégiées ne pourraient-elles être repérées dès le Paléolithique supérieur, à l’époque du grand art pariétal? Il semble bien, grâce aux recherches de Chantal Jègues-Wolkiewiez, que l’on puisse répondre par l’affirmative. On sait que cette chercheuse indépendante a provoqué une certaine sensation au cours de l’année 2000 en présentant au Symposium d’art préhistorique en Italie une communication sur la vision du ciel des Magdaléniens de Lascaux. On continue à discuter sur les interprétations qu’elle a proposées des peintures de la grotte.

Retrouver des constellations définies beaucoup plus tard et parler de zodiaque primitif ne va pas de soi. Mais ce qui n’est guère contestable, c’est la coïncidence de l’orientation de l’ancienne entrée de la grotte et de la direction du soleil couchant au solstice d’été. Il s’ensuit qu’à cette date le fond de la grande salle se trouve éclairé comme à aucun autre moment de l’année par les rayons du soleil vespéral. À partir de cette constatation, la chercheuse s’est demandé si d’autres grottes à peintures présentaient des particularités analogues. Elle a ainsi engrangé une moisson de résultats dont elle nous donne ici un échantillon concernant la grotte de Commarque — avec une étude parallèle sur la chapelle du château, où des fenêtres dissymétriques répondent au même souci de faire entrer la lumière solsticiale, tant cette préoccupation semble permanente dans les cultures restées traditionnelles».

Cette interprétation “traditionnelle” postule une continuité ininterrompue du Paléolithique au Moyen Âge comme l’indique Jègues-Wolkiewiez (2008 : 25) dans le résumé de son étude:

«Dans le sanctuaire magdalénien de Commarque, comme à Lascaux, le coucher solsticial d’été pénètre la grotte ornée par des artistes paléolithiques. À 50 mètres de distance dans l’espace, mais à douze millénaires de distance dans le temps, au Moyen Âge, les bâtisseurs de la chapelle Saint Jean du château de Commarque ont non seulement mis en valeur le coucher solsticial d’été, mais aussi le lever de l’hiver. Les rayons solaires pénètrent par les fenêtres situées de part et d’autre de l’autel et éclairent celui-ci.

Ces deux temps forts de l’année sont mis en valeur sur le territoire français par l’ornementation préférentielle des grottes ornées paléolithiques. Ce phénomène cyclique partageant l’année en deux temps avait non seulement été remarqué mais aussi exploité par les Paléolithiques. On peut se demander si la mise en scène des rayons de lumière du “roi du ciel”, lors de ces deux moments clefs de calcul du temps par les constructeurs catholiques du Moyen Âge ne relève pas du même concept que celui des païens du Paléolithique? »

Les conceptions sur lesquelles se fonde cette pratique remontant au Paléolithique supérieur ne sont pas attestées directement, faute de textes. Mais la continuité matérielle constatée rend admissible une continuité de la signification qui toutefois ne peut être précisée, et qui n’exclut pas la possibilité d’utilisations et de réinterprétations. La probabilité de la continuité est renforcée par ce que nous savons des courants traditionnels au sein du christianisme tels que les a mis en évidence Paul-Georges Sansonetti dans le numéro précédent de cette revue.

5 Mégalithisme et tradition indo-européenne

  • 5.1 Conception et réinterprétation

Il n’est évidemment pas envisageable d’interpréter l’ensemble des données mentionnées ci-dessus par la tradition indo-européenne: certains lui sont extérieurs, notamment ceux du Proche-Orient et d’Afrique du nord, d’autres, comme l’orientation des grottes paléolithiques, lui sont antérieurs. Mais on peut déterminer les significations qui leur ont été attribuées, même s’il s’agit de la réinterprétation d’édifices conçus et mis en place par une population antérieure qui lui attribuait une autre signification.

  • 5.2 Le symbolisme social de la “concordance”

La proximité formelle entre le nom indo-iranien du “moment propice”, du “temps fixé pour une activité” — *r(a)tu-, terme qui désigne par ailleurs le “modèle”, le “représentant idéal” —, et celui de la “vérité”, (a)rta-, suggère un rapport entre les 2 notions. Ce rapport est confirmé et précisé par le troisième représentant de la base *(a)rt-, l’adverbe grec arti, qui signifie à la fois “justement”, “récemment” et en premier terme de composés “convenablement”, “correctement”. Cet emploi est à la base d’une concordance formulaire que j’ai signalée jadis (en dernier lieu: Haudry 2009 : 84, 119, renvoyant à un travail antérieur) entre 3 composés grecs et leurs correspondants indo-iraniens, reflétant la triade héritée pensée, parole, action. Il semble que les Indo-Européens aient considéré la régularité des cycles temporels comme l’image cosmique de leur valeur suprême, la vérité, c’est-à-dire essentiellement de la “fidélité”, concordance entre ce que l’on dit (notamment ce que l’on promet) et ce que l’on fait. Les Yârya avestiques, génies des 6 saisons de l’année, sont des “modèles de vérité”, ashahe ratavô.

  • 5.3 Concordance et retour annuel de la lumière

L’interprétation à partir de l’image cosmique de la vérité vaut pour la période récente de la période commune, celle dans laquelle les rapports sociaux se sont diversifiés et complexifiés, exigeant loyauté mutuelle entre les clans potentiellement rivaux, voire ennemis. Mais dans la phase la plus ancienne, on est encore loin de cette conception. La “concordance” entre l’événement humain, rassemblement, fête, sacrifice, et la manifestation cosmique, l’arrivée de la lumière solsticiale dans l’ouverture de l’enclos (initialement de la grotte), est l’essentiel. La concordance entre l’événement humain et l’événement cosmique avait sa signification en elle-même, et non par référence aux rapports sociaux. Dans la part de la tradition qui prend son origine dans le Grand Nord (Haudry 2006), le but du rite était d’assurer la régularité du cycle des saisons, et notamment le retour annuel de la lumière.

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De: Hyperborée magazine n°10/11, 2011.

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Bibliographie

FALK Harry, 1987: Vishnu im Veda, Festschrift für Ulrich Schneider: 112 et suiv.
JEGUES-WOLKIEWIEZ Chantal, 2008: Paléoastronomie à Commarque, VADÉ 2008: 23-45.
JONVAL Michel, trad., 1929: Les chansons mythologiques lettonnes, Paris: Picart.
HAUDRY Jean, 2001: Mimir, Mimingus et Vishnu, Festschrift für Anders Hultgård: 296-325.
HAUDRY Jean, 2006: Les Indo-Européens et le Grand Nord, Hyperborée, 3: 5-10.
HAUDRY Jean, 2007-2008: Du ciel de pierre au ciel dans la pierre, Hyperborée, 5 (2007): 18-24; 6 (mai 2008): 37-42; 7 (nov. 2008): 9-15.
HAUDRY Jean, 2009: Pensée, parole, action dans la tradition indo-européenne, Milan: Archè.
MAHLSTEDT Ina, 2004: Die religiöse Welt der Jungsteinzeit, Darmstadt: Wissenschaftliche Buchgesellschaft.
MOHEN Jean-Pierre, 2008: Mégalithes européens de la préhistoire et orientations remarquables, in VADÉ 2008: 46-54.
VADÉ Yves (éd.), 2008: Étoiles dans la nuit des temps, L’Harmattan.


Horseback Riding and Bronze Age Pastoralism in the Eurasian Steppes

Horseback Riding and Bronze Age Pastoralism in the Eurasian Steppes

dimanche, 04 novembre 2012

The Last Emperor of China

The Last Emperor of China

Nouvelle revue d'Histoire: le conflit du trône et de l'autel

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Nouvelle revue d'Histoire: le conflit du trône et de l'autel

Le conflit du Trône et de l’Autel”, par Dominique Venner

Editorial de La Nouvelle Revue d’Histoire

N°63, novembre-décembre 2012

Tout grand évènement religieux a des causes politiques et historiques. Cette observation se vérifie particulièrement en Europe dans l’histoire du christianisme, en raison des liens étroits et conflictuels établis entre l’Église et l’État, le Sacerdoce et l’Empire, le Trône et l’Autel. Tel est le sujet du dossier de la NRH de novembre 2012 (n° 63). Si vous prenez le temps de le lire, vous découvrirez certainement une face des choses qui vous paraîtra neuve. L’étude historique comme nous la pratiquons n’a pas pour but de rabâcher les clichés entretenus par une transmission paresseuse des savoirs scolaires. Elle à pour but de nous donner des instruments pour comprendre les mystères du passé et ceux du présent afin de construire notre avenir.

Il existe bien d’autres religions (ou de sagesses religieuses) à travers le monde et d’origine vénérable, mais aucune n’a eu un destin comparable au christianisme, en ce sens où aucune n’a édifié sur la longue durée une telle institution de pouvoir se posant à la fois en rivale ou en appui du Trône ou de l’État. Analyser cette particularité excède naturellement les limites de cet éditorial (1). Je me limiterai donc à rappeler deux particularités historiques majeures.

À la suite d’une série d’imprévus historiques majeurs, à la fin du IVe siècle de notre ère, un culte d’origine orientale et en constants changements fut adopté comme religion d’État obligatoire d’un Empire romain devenu largement cosmopolite. Pour faire bref, je ne crois pas du tout à la vieille thèse selon laquelle la nouvelle religion aurait provoqué la décadence de l’Empire. En revanche, c’est évidemment parce que « Rome n’était plus dans Rome » depuis longtemps, que les empereurs, à la suite de Constantin et de Théodose (malgré l’opposition de Julien), décidèrent, pour des raisons hautement politiques, d’adopter cette religion.

En trois gros siècles (l’espace de temps qui nous sépare de Louis XIV), la petite secte juive des origine était devenue une institution sacerdotale frottée de philosophie grecque que saint Paul avait ouverte à tous les non-circoncis (Galates, 3-28), une religion qui se voulait désormais celle de tous les hommes.

Ce projet d’universalité chrétienne coïncidait avec l’ambition universelle de l’Empire. Il en était même le décalque, ce qui favorisa son adoption après des périodes de conflits (sans parler des nombreuses hérésies). Pour un empire à vocation universelle, une religion qui se voulait celle de tous les hommes convenait mieux que la religion des dieux autochtones de l’ancienne cité romaine. On pense rarement à cette réalité capitale. Tout plaidait politiquement en faveur de cette adoption, et les apologistes chrétiens n’ont pas manqué de le souligner. À la différence de l’ancienne religion civique, la nouvelle était individuelle et personnelle. Par la prière, chaque fidèle était en relation implorante avec le nouveau Dieu. Celui-ci ne s’opposait pas au pouvoir impérial : « Rendons à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ». Les difficultés surgiront ultérieurement sur la délimitation du territoire accordé à César (le Trône) et à Dieu (l’Autel).

Par la voix de saint Paul, l’Église naissante avait justifié l’autorité des Césars : « Tout pouvoir vient de Dieu » (Romains, 13). À la condition toutefois que les Césars lui reconnaissent le monopole de la religion et de la parole sacrée. À cet égard, l’Empire multiethnique de l’époque ne pouvait souhaiter mieux qu’une religion prête à le servir en unifiant tous les peuples et toutes les races dans l’adoration d’un même Dieu sans attache ethnique.

L’empereur Constantin, imité en cela par ses successeurs en Orient (Byzance) était bien décidé à intervenir dans les affaires d’une Église qu’il voulait soumise, et à mettre de l’ordre dans les disputes théologiques grosses de désordres. Son autorité s’imposa ainsi au Concile de Nicée (326) qui établit les fondements de l’orthodoxie catholique en donnant une assise au mystère de la trinité divine. Devenue obligatoire, ce qui impliquait la conversion de tout titulaire d’autorité, l’Église naissante devint une formidable machine de pouvoir, épousant les structures de cette non moins formidable institution qu’était l’Empire.

Un siècle après Constantin et Théodose, surgit un nouvel imprévu historique aux conséquences colossales. Depuis longtemps, le gigantisme de l’Empire avait conduit à le diviser en deux : empire d’Occident (capitale Rome en attendant Ravenne) et empire d’Orient (capitale Constantinople). Une primature était accordée à Constantinople en raison du déplacement oriental du centre géométrique, ethnique et économique, de l’Empire. Cela d’autant que la présence toujours accrue à l’Ouest de populations germaniques, dites « barbares », créait une instabilité mal maîtrisée.

C’est ainsi qu’en 476, le dernier empereur fantoche d’Occident (Augustule) fut déposé par un chef hérule nommé Odoacre qui renvoya les insignes impériaux à Constantinople. Cet évènement signait la fin discrète de l’empire d’Occident (2). Ne subsistaient à l’Ouest que deux pouvoirs issus partiellement de l’ancienne Rome. Celui d’abord des rois et chefs germaniques adoubés par l’Empire, qui sont à l’origine de tous les royaumes européens. Celui, ensuite, plus ou moins concurrent d’une Église, riche et puissante, représentée par ses évêques, héritiers de l’administration diocésaine romaine.

Ce serait trop simplifier les choses que de distinguer alors pouvoir politique et pouvoir religieux, tant ce dernier disposait d’une part notable de la richesse et de la puissance publique. Mais dans ce monde neuf d’un Occident en ébullition, vont apparaître bientôt deux autres pouvoirs juxtaposés aux précédents, celui du pape, évêque de Rome, et celui des empereurs d’Occident et de rois qui, à la façon de Philippe le Bel, se voudront « empereur en leur royaume ». Ainsi se dessine le cadre historique d’équilibres et de conflits qui se sont prolongés jusqu’à nous (2).

Dominique Venner

Notes

(1) J’ai développé les observations de cet éditorial dans mon livre Le Choc de l’Histoire (Via Romana, 2011). Notamment p. 108 et suivantes, que complètent les réflexions du chapitre Mystique et politique(p. 155).

(2) L’Empire d’Occident fut relevé en l’an 800 par Charlemagne, ce qui suscita l’irritation de l’empereur byzantin.

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samedi, 03 novembre 2012

1421: The Year China Discovered America?

1421: The Year China Discovered America?

Part 1:

Part 2:

vendredi, 02 novembre 2012

Les brigades internationales de Franco

Les brigades internationales de Franco

Méridien Zéro vous propose un éclairage sur l'engagement méconnu de dizaines de milliers de jeunes nationalistes d'Europe et du Monde dans les rangs nationalistes durant la guerre Civile Espagnole. L'invité est Sylvain Roussillon, auteur de l'ouvrage "Les Brigades Internationales de Franco" aux éditions Via ROMANA.

PGL à la barre, lord Tesla à la technique.

guerre d'Espagne, Franco, brigade Jeanne d'Arc, Viriatos, nationalistes, légion condor,

Pour écouter:

http://www.meridien-zero.com/archive/2012/09/29/emission-n-112-les-brigades-internationales-de-franco.html

Kampf um Germanien - Die Varusschlacht

Kampf um Germanien - Die Varusschlacht

 

jeudi, 01 novembre 2012

Indo-European Dispersals and the Eurasian Steppe with J.P. Mallory

Indo-European Dispersals and the Eurasian Steppe with J.P. Mallory

mercredi, 31 octobre 2012

Die Deutschen Ordensritter

Die Deutschen Ordensritter

mardi, 30 octobre 2012

La Batalla de Lepanto

La Batalla de Lepanto

lundi, 29 octobre 2012

Die wirklichen Gründe für den amerikanischen Abwurf der Atombomben über Japan

Die wirklichen Gründe für den amerikanischen Abwurf der Atombomben über Japan

Redaktion

Wie allen Amerikanern wurde auch mir beigebracht, dass die USA die Atombomben über Hiroshima und Nagasaki abwarfen, um den Zweiten Weltkrieg zu beenden und sowohl amerikanische wie japanische Menschenleben zu retten.

Aber die meisten führenden amerikanischen Militärs vertraten damals eine andere Auffassung.

 

Die amerikanische Untersuchungsgruppe Strategic Bombing Survey (USSBS), die im August 1945 von Präsident Truman beauftragt worden war, die Auswirkungen der Luftangriffe auf Japan zu untersuchen, kam in ihrem Bericht vom Juli 1946 zu dem Schluss:

»Auf der Grundlage einer ausführlichen Untersuchung aller Tatsachen und unter Berücksichtigung der Aussagen der überlebenden beteiligten japanischen Führer, vertritt die Untersuchungsgruppe die Auffassung, Japan hätte auch ohne den Abwurf der Atombomben, mit Sicherheit vor dem 31. Dezember 1945 und aller Wahrscheinlichkeit nach schon vor dem 1. November 1945 kapituliert. [Dies gilt auch dann,] wenn Russland nicht in den Krieg eingetreten und eine Invasion weder geplant noch angedacht worden wäre.« (United States Strategic Bombing Survey: »Japans’s Struggle to End the War«, 1. Juli 1946, Harry S. Truman Administration, Elsey Papers, S. 50

Der spätere Präsident General Dwight Eisenhower war zum damaligen Zeitpunkt »Oberbefehlshaber der alliierten Streitkräfte« in Nordwesteuropa (»Supreme Commander of Allied Expeditionary Forces«, SHAEF) und für einen Großteil der amerikanischen militärischen Planungen des Zweiten Weltkriegs für Europa und Japan zuständig. Er erklärte damals: »Die Japaner waren zur Kapitulation bereit, und es war unnötig, sie noch mit diesen furchtbaren [Waffen] anzugreifen.« (Newsweek, 11.11.63, »Ike on Ike«.)

Mehr: http://info.kopp-verlag.de/drucken.html?id=10318/

vendredi, 26 octobre 2012

Parade 1885

Parade 1885

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jeudi, 25 octobre 2012

Leonidas & the Spartan Ethos

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Leonidas & the Spartan Ethos

By Theodore J. O'Keefe

Ex: http://www.counter-currents.com/

The Persian rider edged his horse cautiously forward. Just ahead the coastal plain dwindled to a narrow passage between the mountains and the sea, scarcely wider than a carriage track. Somewhere within the pass, the Greeks had massed to deny the Persians entry. It was the duty of the horseman to determine the size and disposition of their forces. Xerxes, his lord, the emperor of the Persians, knew that if his troops could force the pass, which the Greeks called Thermopylae, his armies could then stream unchecked into the heart of Greece.

The scout caught his breath as he sighted the Greeks in the western end of the pass. His trepidation gave way to surprise as he looked more closely. There were only about 300 of them, arrayed before a wall which blocked further access to the pass, and they were behaving most oddly. Some, stripped naked, performed exercises, like athletes before a contest. Others combed their long, fair hair. They gave their observer no notice.

Were these the vaunted Spartans? The Persian turned his horse and rode back to the imperial camp.

Xerxes received the scout’s report with undisguised amazement. The behavior of the Greeks seemed impossible to account for. Until now his advance down the northern coast of Greece had resembled a triumphal procession. City after city had submitted with the symbolic offering of earth and water. When at last the Greeks seemed disposed to stand and fight, their most gallant soldiers, the Spartans, were conducting themselves more like madmen than warriors.

The emperor summoned Demaratus, who had been a king of the Spartans until his involvement in political intrigues had forced him to flee to the Persian court. While Xerxes listened from his golden throne, Demaratus spoke of the Spartans:

“Once before, when we began our march against Greece, you heard me speak of these men. I told you then how this enterprise would work out, and you laughed at me. I strive for nothing, my lord, more earnestly than to observe the truth in your presence; so hear me once more. These men have come to fight us for possession of the pass, and for that struggle they are preparing. It is the common practice for the Spartans to pay careful attention to their hair when they are about to risk their lives. But I assure you that if you can defeat these men and the rest of the Spartans who are still at home, there is no other people in the world who will dare to stand firm or lift a hand against you. You have now to deal with the finest kingdom in Greece, and with the bravest men.”

The year was 480 B.C. During the previous three years Xerxes had assembled what promised to be the mightiest military force the world had ever seen, drawn from every corner of his far-flung realms. Modern historians are properly skeptical of the millions of soldiers and sailors meticulously enumerated by the great historian Herodotus, and of his endless catalogs of camel-riding Arabs, trousered Scythians, and frizzy-haired Ethiopians. Nevertheless, Herodotus’ account gives dramatic expression to the feeling of the Greeks that all the numberless, swarthy hordes of Africa and Asia were advancing on them.

Ten years before, the Athenians, who had aroused the wrath of Xerxes’ father and predecessor, Darius, by aiding their Ionian Greek cousins of Asia Minor in an unsuccessful revolt against their Persian overlords, had all but annihilated a Persian punitive expedition at Marathon, a few miles from Athens. It was Xerxes’ purpose to avenge that defeat and to crush the power of the impudent Hellenes, as the Greeks called themselves, once and for all.

There was more to it than that. Xerxes was a Persian, an Aryan, of the noble Achaemenid line, descended ultimately from the same race as the Hellenes. His ancestors had ranged the mountains and steppes of Iran and Central Asia, proud and free.

But as the Persians had increased their power and then wrested the great empire of the Near East from the Babylonians, their kings had fallen prey to the power and the regalia and the idea of empire. Once the Iranian leaders had regarded themselves, and been regarded, as first among Aryan equals. Now his fellow Persians, like all his other subjects, abased themselves at Xerxes’ feet. And like his imperial predecessors, Xerxes intended to make the remainder of the known world do the same.

As the Persian army moved ponderously across the great bridges with which the emperor had joined Europe and Asia at the Dardanelles, the Hellenes hesitated. Xerxes had accompanied the exertions of his engineers with a diplomatic campaign. While his engineers built the Dardanelles bridges and dug a canal across the Acte peninsula in Thrace by which his fleet could circumvent the stormy cape, his diplomats worked to promote defeatism in Greece. Argos and Crete promised to stay neutral, and the priestess of Delphi muttered gloomy oracles of Persian conquest.

The delegates from the Hellenic city-states who gathered at the Corinthian Isthmus in the spring of 480 were at first divided as to their course of action. The Peloponnesians were for guarding only their southern peninsula, while the Athenians and their allies on the neighboring island of Euboea pressed for an expedition to the north of Greece. Eventually the congress of diplomatic representatives agreed to dispatch a joint force of Athenians and Peloponnesians to the Vale of Tempe, in northern Thessaly, which seemed a fit place to bar the Persians’ way from Macedonia into Greece.

At Tempe, to their dismay, the Hellenes found that other passes afforded the invader entry into Hellas from the north. As the Greek contingent retreated to the south, the northern Greeks abandoned their determination to resist and submitted to the Persian emperor.

As Xerxes’ forces began to advance south from Macedonia into Greece, the Greeks were thrown into something of a panic. Following their first contact with the numerically superior Persian fleet, the Greek navy fled down the straits between Euboea and the Greek mainland. Only the loss of a considerable number of the Persian ships in a storm off the Artemisian cape at the northern tip of Euboea emboldened the Hellenic fleet to sail northward to face the enemy once more. In the meantime the Athenians made plans to evacuate their population to the islands of Salamis and Aegina to the southwest.

One force remained in the field to confront the Persians with determined opposition: Leonidas, king of the Spartans, had occupied the crucial pass at Thermopylae.

The gateway from northern to central Greece, Thermopylae stretched more than four miles between the towering wall of Mt. Oeta and the waves of the Malian Gulf. At both its eastern and western extremities, the pass contracted to a narrow, easily defended pathway. For much of the intervening distance, the pass billowed out into a broader expanse. Here there were a number of thermal springs, both salt and sulfur, from which Thermopylae derived its name, which means “hot gates.”

The garrison which held Thermopylae was at first considerably larger than the 300 Spartans whom the Persian scout had glimpsed at the western entrance to the pass. Behind the wall, which the Greeks had hastily rebuilt after occupying the pass, and along the ridge of Mt. Oeta, Leonidas had stationed nearly 7000 troops. About half of them were men from Sparta’s neighbor cities in the Peloponnesus. The rest were Boeotians from Thebes and Thespiae in central Greece, or hailed from nearby Phocis and Locris.

Although their Greek allies were many times more numerous, Leonidas and his Spartan guard formed the backbone of the Hellenic defense force. In recognition of the peril attending their mission, the 300 consisted exclusively of men with living male heirs, so that names and bloodlines would be carried on if they fell. Leonidas and his men were the elite of an elite, and on their example would depend the conduct of the other Greeks at Thermopylae.

What manner of men were the Spartans, that Xerxes hesitated to pit his myriads against their hundreds?

The origins of Sparta are shrouded in the mists of Greek antiquity, but it is certain that Sparta was founded by the Dorians. The last wave of Hellenic migrants from the north, the Dorians swept their Greek predecessors, the Achaeans, westward into Attica and Asia Minor. From the time of the Dorian migrations, the traditional division of the Hellenes into Dorians, Ionians, and Aeolians begins to take shape.

The Dorians were probably more Nordic in type than the other Greek tribes. As the great classicist Werner Jaeger wrote, “The Dorian race gave Pindar [the great poet of Thebes] his ideal of the fair-haired warrior of proud descent.” As Jaeger implies, the Dorians—above all those in Sparta—placed a premium on the preservation and improvement of their native stock.

One branch of the Dorians invaded the district of Laconia in the southeastern Peloponnesus. In the words of the great historian J. B. Bury, “The Dorians took possession of the rich vale of the Eurotas, and keeping their own Dorian stock pure from the admixture of alien blood reduced all the inhabitants to the condition of subjects. . . . The eminent quality which distinguished the Dorians from the other branches of the Greek race was that which we call ‘character’; and it was in Laconia that this quality most fully displayed and developed itself, for here the Dorian seems to have remained more purely Dorian.”

The city of Sparta arose from the amalgamation of several neighboring villages along the Eurotas. The Spartans gradually came to wield political power over the other Dorians in Laconia, the so-called perioeci, who nevertheless retained some degree of self-government and ranked as Laconian, or Lacedaimonian, citizens.

Not so the racially alien helots, the pre-Dorian inhabitants of Laconia, whom the Spartans reduced to serfdom and denied all political rights. The helots bore their servitude grudgingly and threatened constantly to revolt and overthrow their masters. To contain the helots’ revolutionary inclinations, the Spartans organized periodic campaigns, containing something of the spirit of both the fox hunt and the pogrom, in which their young men were given free rein to wreak havoc and eliminate the more truculent and dangerous of their serfs.

During the eighth century, the Dorians conquered the Messenians, who had occupied the remainder of the southern Peloponnesus. A century later, they suppressed a Messenian uprising only after a long and difficult war. From that time on, constrained to manage their own helots and the unruly Messenians as well, the Spartans evolved a unique ethos involving both the preservation of their racial integrity and a comprehensive system of military education and organization.

To a greater extent than any state before or since, the Spartans safeguarded and improved their biological heritage with an uncompromising eugenics program. Marriage outside the Spartan racial community was forbidden, nor was immigration tolerated. There were penalties for celibacy and late marriage, while men who fathered several children could be exempted from standing watch at night, and even from paying taxes.

The Spartans required that the newborn be presented for inspection by officers of the state. Sickly or deformed offspring were left to die.

According to the ancient biographer Plutarch, Lycurgus, the legendary lawgiver of Sparta, made even further provisions for healthy progeny, which continued to be adhered to in classical times. After describing the chaste upbringing of young Spartans of both sexes, Plutarch continues:

After guarding marriage with this modesty and reserve, he [Lycurgus] was equally careful to banish empty and womanish jealousy. For this object, excluding all licentious disorders, he made it, nevertheless, honorable for men to give the use of their wives to those whom they should think fit, so that they might have children by them. . . . Lycurgus allowed a man who was advanced in years and had a young wife to recommend some virtuous and approved young man, that she might have a child by him, who might inherit the good qualities of the father, and be a son to himself. On the other side, an honest man who had love for a married woman upon account of her modesty and the well-favoredness of her children, might, without formality, beg her company of her husband, that he might raise, as it were, from this plot of good ground, worthy and well-allied children for himself. And indeed, Lycurgus was of a persuasion that children were not so much the property of their parents as of the whole commonwealth, and, therefore, would not have his citizens begot by the first-comers, but by the best men that could be found; the laws of other nations seemed to him very absurd and inconsistent, where people would be so solicitous for their dogs and horses as to exert interest and to pay money to procure fine breeding, and yet kept their wives shut up, to be made mothers only by themselves, who might be foolish, infirm, or diseased; as if it were not apparent that children of a bad breed would prove their bad qualities first upon those who kept and were rearing them, and well-born children, in like manner, their good qualities.

As might be gathered, the women of Sparta were regarded, first of all, as the mothers of Spartan children. The young women were educated for childbearing. They engaged in vigorous gymnastic exercises and dances, often while nude, to the scandal of the other Greeks, although the Spartan women were proverbial for their chastity. Doubtless in consequence of heredity as well as a carefully cultivated physical fitness, the women of Sparta were accounted the most beautiful in Hellas.

Despite the emphasis on their role as mothers, Sparta’s women were the freest in Greece. Indeed, they were accused of dominating the Spartan men. When Gorgo, the wife of Leonidas, was so taunted, she summed up the situation of the Spartan women succinctly: “We rule men with good reason, for we are the only women who bring forth men.”

The men of Sparta were raised to be soldiers. They left the management of commercial affairs and the trades to the perioeci and devoted themselves exclusively to the business of government and war. Each Spartan citizen supported himself from a hereditary plot of land, farmed by the helots, which could not be alienated by sale or division.

Between the ages of seven and twenty the Spartans received their soldierly training. They acquired far more than a mechanical mastery of military skills. Their instructors strove to inculcate in their cadets an absolute devotion to Sparta, the ability to endure any hardship, and an unwavering courage on the battlefield.

To keep the young men on their mettle, the Spartan training system played off the exigencies of discipline against the defiant and adventurous spirit of youth. Young Spartans were compelled to steal their food, yet subjected to severe punishment if they were caught, a seeming paradox epitomized in the story of the Spartan boy who let the fox he concealed under his cloak tear at his vitals rather than give himself away. The Spartan school was a cruel but effective one, for it caught its students up in the enthusiasm of constant challenge and danger.

When he reached the age of 20 the young Spartan became a full-fledged soldier. For the next ten years he lived the barracks life with his comrades. Allowed to take a wife, he saw her only during brief and furtive visits. In times of peace, the young men were instructors to the Spartan boys.

On his thirtieth birthday the Spartan was invested with the remainder of his civic rights and duties. Thenceforth he attended the apella, the assembly of the people, and could vote on measures proposed by the two kings or by the ephoroi, Sparta’s five-man judiciary. The Spartan could at last establish his own household, although still bound to dine in common with his peers.

The principal fare at these communal messes was a black broth much favored by the Spartans, although the other Hellenes found it hard to stomach. (After sampling it a visitor from opulent Sybarisis supposed to have exclaimed, “Now I know why Spartans have no fear of death!”)

The Spartans spiced their meals with a dry and pithy wit renowned through Hellas as much for its substance as for its sting. As Plutarch tells it, Lycurgus replied to a Spartan who had advocated democracy, “Begin, friend, and set it up in your family.” Or, as the Spartan women are supposed to have said when handing their sons their shields before they marched to battle, “With it or on it.”

Spartan law reinforced its citizens’ contempt for luxury by banning private ownership of gold and silver. The result, according to Plutarch, was that “merchants sent no shiploads into Laconian ports; no rhetoric-master, no itinerant fortune-teller, no harlot-monger, or gold- or silver-smith, engraver, or jeweler, set foot in a country that had no money; so that luxury, deprived little by little of that which fed and fomented it, wasted to nothing and died away of itself.” Like the Spartans’ wills, their coins were made of iron.

Sparta’s military life did not stifle the minds and spirits of its citizens. Early in its history Sparta was a leading center of poetry and music. Terpander and Alcman brought the lyre and lyric from Asia Minor to the banks of the Eurotas. Lame Tyrtaeus, Lacedaimon’s native son, shaped his country’s ethos with his martial songs. Choral songs and dances carried on, in which the Spartan men melodically affirmed their patriotism, and the Spartan maidens urged them on to future deeds of valor. Rightly Pindar sang of Sparta:

“Councils of wise elders here, /And the young men’s conquering spear, / And dance, and song, and joy appear.”

It was not so much the Spartans’ works of art as the Spartan ideal which won the admiration of great Hellenic thinkers such as Plato. There was something noble in the stem simplicity of the Spartan way of life. Sparta’s fundamental laws, the rhetroi, which Lycurgus was said to have received direct from “golden-haired Apollo,” were few, unwritten, and to the point. Their purpose, to mold men of character in the service of the common good, struck a responsive chord through allHellas.

It is not difficult to detect in the wistful praise the Hellenes paid to Sparta a longing for the values and uses of their Indo-European forebears. Outside of Sparta these had all too often been forgotten amid the lures of Oriental luxury, or lost forever due to mixing of Hellenic blood. The Spartans, just as they transformed the rough-hewn, wooden longhouses of their northern ancestors into gleaming Doric temples, developed from their innate, racial outlook a guide and bulwark for their state.

And, of course, it was on the battlefield that the Spartan arete, or manly excellence, found its chief expression. The Spartans asked not how many the enemy were, but only where they were. They were ignorant of surrender, but knew well how to die.

But let Plutarch speak once more: “It was at once a magnificent and a terrible sight to see them march on to the tune of their flutes, without any disorder in their ranks, any discomposure in their minds, or change in their countenances, calmly and cheerfully moving with the music to the deadly fight. Men in this temper were not likely to be possessed by fear or any transport of fury, but with the deliberate valor of hope and assurance, as if some divinity were attending and conducting them.”

Such were the men who faced Xerxes and his host atThermopylae.

Xerxes waited for four days, in the hope that the Greeks would abandon their position, as they had in Thessaly. His attempt at psychological warfare was lost on the Spartans. When a fearful Greek from the surrounding countryside informed the Spartan Dieneces that “so many are the Persian archers their arrows blot out the sun,” Dieneces was unperturbed: “If the Persians hide the sun, we shall have our battle in the shade.”

On the fifth day, seething with anger at the Greeks’ impertinence, Xerxes sent forth an assault force of Medes and Cissians, Iranian kindred to his own Persians.

Xerxes’ troops stormed the western gate to Thermopylae with a valor exceeding their skill in combat. The Spartans met and overwhelmed them in the narrow space between the rocks and the water. Well armored, wielding their long spears expertly, the Spartan heavy infantry was more than a match for the Iranians with their short swords and wicker shields. The Spartans cut them down by the hundreds at close quarters.

From a neighboring hill, seated on his throne of gold, Xerxes watched the fighting, fuming at what he deemed his soldiers’ incompetence. To bring the matter to a quick end, he ordered his elite guard, the King’s Immortals, forward to the deadly pass. Again the Spartans outfought the emperor’s men.

All at once the Spartans turned and fled, seemingly in panicky confusion. With a shout, the Immortals rushed forward in disarray. But the Spartans were all around them in an instant, and they cut the emperor’s picked troops to pieces. According to Herodotus, Xerxes, watching from his hill, “leapt to his feet three times, in terror for his army.”

The next day’s fighting went no better for the Persians. The Greek allies took turns spelling the Spartans at the western approach, and once again the Hellenes reaped a bloody harvest. As the sun set over the western mountains, the waters of the gulf lapped crimson at the heaps of Persians on the shore.

That night, as Xerxes puzzled bitterly how to break the death grip of the Greeks on Thermopylae, a traitor came forth from a local district, looking for a rich reward. The information he gave the emperor was the doom of the men of Thermopylae.

Ephialtes the Malian revealed to Xerxes the existence of a path over the hills and along the crest of Mt. Oetato the rear of Thermopylae. The path was not unknown to Thermopylae’s defenders, and Leonidas had stationed the Phocian troops along Mt.Oela’s ridge to ward off enemy attempts to flank his forces in the pass.

At dawn the next morning, the Phocians heard the sound of marching feet advancing through the fallen leaves which carpeted the floor of the oak forest below the summit of Mt. Oeta. As the Greeks sprang to arm themselves, the Immortals, their ranks reinforced, rushed up the mountainside. The Phocians retreated to the highest point on Mt. Oetaunder a hail of Persian arrows, but the emperor’s picked troops disdained to close with them. Swerving to the left, they made their way down the mountain to a point east of Thermopylae’s rear approach. The Hellenes in the pass were trapped between two Persian forces.

Leonidas learned of the threat from his lookouts along Mt. Oeta and stragglers from the Phocian contingent. He quickly took stock of the changed circumstances. It was evident to the Spartan king that the pass could not be held much longer. The Greeks to the south had need of the troops engaged in Thermopylae’s defense.

But there were other considerations. Leonidas and his 300 men were first of all Spartans. The laws and customs of their native city bade them to conquer or die at the posts assigned them, whatever the superiority of the enemy’s numbers. And there was an oracle, made known at the outset of the Persian invasion, which prophesied that Sparta or a Spartan king must fall in the coming conflict.

Leonidas dismissed the allied troops, all but the men of Thebes and Thespiae. The remainder of the Peloponnesians, as well as the Phocians and Locrians, made their way across the hills between the Persian armies, to fight again another day.

The next morning, after Xerxes had poured a libation to the rising sun, his men stormed Thermopylae from both sides. Scornful of their own lives, Leonidas and his men surged out to meet the Persians on the open ground before the narrow entrance to the pass. Godlike the Spartans swept forward, cutting a swath through the enemies’ ranks. Again they exacted a fearful toll, as the Persian officers drove their men on from the rear, making liberal use of their whips.

The Hellenes fought with reckless courage and with grim determination. When their spears splintered and broke, they fought on with their swords. Leonidas fell, and a fierce struggle raged over the body of the Spartan king. Four times the Persians were repulsed, and many of their leaders, including two of Xerxes’ brothers, were slain.

Gradually the remaining Spartans, bearing the fallen Leonidas, fell back to a small elevation within the pass. There they made a last stand. Beside them fought the brave citizens of Thespiae. The Thebans covered themselves with disgrace by throwing down their arms and submitting abjectly to Xerxes.

After a short but furious resistance, the Spartans and the Thespians were annihilated by the swarming Persian infantry. When all was still, and Xerxes walked among the dead on the battleground he had until then avoided, the Persian emperor was stricken with anger at the tenacity which Leonidas had displayed in thwarting his imperious will. He ordered the Spartan king beheaded, and his head fixed on a stake.

Once more Xerxes summoned Demaratus.

“Demaratus,” he began, “you are a good man. All you said has turned out true. Now tell me, how many men of Lacedaimon remain, and are they all such warriors as these fallen men?”

“Sire,” Demaratus replied, “there are many men and towns in Lacedaimon. But I will tell you what you really want to know: Sparta alone boasts eight thousand men. All of them are the equals of the men who fought here.”

When Xerxes heard this he paled. The memory of Demaratus’s words must have been much with him during the next few months, until Leonidas’ Spartan comrades avenged him at the climactic battle of Plataea and drove the Persian horde forever from Hellenic soil.

The Greeks erected several monuments at Thermopylae, bearing suitable inscriptions. A lion marked the spot where Leonidas perished. But it was the marker the Spartans raised to the memory of their 300 countrymen which best evokes the spirit of their people. With laconic brevity it read:

“Wanderer, if you come to Sparta, tell them there / You have seen us lying here, obedient to their laws.”

Source: Kevin Alfred Strom, ed., The Best of Attack! and National Vanguard Tabloid (Arlington, Va.: National Vanguard Books, 1984), pp. 127-130.

 


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vendredi, 19 octobre 2012

The Aryan Christian Religion & Politics of Richard Wagner

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The Aryan Christian Religion & Politics of Richard Wagner

By Alexander Jacob 

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“I am the most German being. I am the German spirit.” [1] — Richard Wagner

Richard Wagner (1813–1883) is today universally celebrated as the consummate exponent of nineteenth century German opera, whose developed Romantic idiom helped to usher in the musical innovations of Modernism in the early twentieth century. Most people, besides, have a general notion that he was a controversial figure on account of his pronounced anti-Semitic views. Few, however, take care to peruse his several prose works to understand the consistent ethical system, based on Schopenhauer and Proudhon, which accompanied the great musical dramas of Wagner.

Since it is impossible to divorce the musician’s mind from his music, especially when it is the exceptionally developed one of a genius such as Wagner, it would benefit us to have a clear idea of Wagner’s racial-Christian doctrines of social and political regeneration alongside our easier appreciation of his overwhelmingly powerful music. Although there have been a few serious studies of Wagner’s political thought in recent years, these are, understandably, of varying quality.[2]

It would, in general, be advisable to avoid classifying Wagner — as well as the more rhapsodic and unsystematic Nietzsche — under any of the modern “isms,” and so I shall endeavor here to elucidate Wagner’s philosophy by merely pointing to pivotal passages in his major prose works that illuminate the religious and political dimensions of his thought.

It may at the outset be stated that Wagner considers in his work only the history and culture of the Indo-European race since he considers it to be the most highly developed spiritually. Wagner tends to relate the strength of this spiritual faculty to the dietary habits of the original stock, that is, to what he believed to have been its original vegetarianism.

In his late essay, “Religion and Art,” written in 1880 under the influence of his reading of Arthur, Comte de Gobineau’s Essai sur l’inégalité des races humaines (1853), Wagner traces the history of the Aryans from what he considers to have been their original home in India and posits a gradual migration westwards through Iran, Greece, and Rome. In the course of these migrations, Wagner observes that the race has undergone a weakening of its spiritual force through a gradual conversion from vegetarianism to meat-eating, which latter custom has made the western peoples increasingly more violent in their social and historical conduct.

Christianity is considered by Wagner to be a reversal of this trend in that Christ enjoined the peaceful cohabitation of peoples devoted to the cultivation of inner spirituality. Unfortunately, its intimate connection to Judaism has transformed original Christianity into a creed of belligerent rapacity and conquest which does not reflect the teachings of Christ so much as the exhortations of the old Israelite prophets to annihilate the enemies of Jehovah.

Wagner’s account of the progress of the Aryans is perhaps not entirely accurate since there is no certainty that the Aryans were first settled in India rather than in the regions around the Black Sea, along with the other branches of the Indo-Europeans.[3]

Also, he tends to interpret the peculiarities of Zoroastrian religion and Greek as being due to the sociological conditions in which the Iranians and Greeks found themselves in antiquity. For example, he explains the dualism of the Zoroastrian religion as being due to the fact that the Aryans who had moved into Iran as conquerors after having become meat-eaters on the way from the gentler climate of India, “could still express their consternation at the depths to which they had sunk” and thus developed a religion based on a vivid conscience of “sin,” which forced an opposition between “Good and Evil, Light and Darkness, Ormuzd and Ahriman.”[4] This is of course false, since all the ancient religions, including Zoroastrianism, were based on cosmological insight and were not developed to explain the historical conditions of any particular nation.

Only Judaism may be explained in such sociological terms since it represents a revolt of one particular ancient Near Eastern ethnic group – the Arameans and Hebrews — against the cosmological religion of their neighbors in Mesopotamia. This is indeed made clear in the passages in Josephus’ Jewish Antiquities I, 157, and Philo the Jew’s De mutatione nominum, 72-6, which expose the mundane materialistic and nationalistic ambitions of the Hebrew, Abraham, who instituted the tribal cult of Jehovah.

According to Wagner, the first manifestation of a recognition of the deterioration of racial strength among the western Indo-Europeans was among the Pythagoreans who founded “silent fellowships . . . remote from the turmoil of the world . . . as a sanctification from sin and misery.” The fullest exemplification of the need for world-renunciation, however, was that offered by Christ, who gave his own flesh and blood “as last and highest expiation for all the sin of outpoured blood and slaughtered flesh.”

Again, Wagner seems unaware of the fact that the Christian story itself borrows heavily from Babylonian and Dionysiac prototypes (Marduk, Dionysus) whose death and resurrection were mere mythological representations of the primal drama of the cosmic solar force that was forced into the underworld before it could be revived in our universe as the sun.[5]

Wagner understands the Christian story literally and maintains that the problems of Christianity stem from the appropriation of the administration of the rites of Communion by the priests, so that the people in general failed to understand the injunction to abstinence from all flesh contained in Christ’s offering of his own flesh and blood to his disciples. Besides, the Church as an institution could maintain itself and propagate itself politically only by supporting the violence and rapine of the emperors which contributed to the eventual ruin of the race’s inner strength. In these international adventures the Church was gradually forced to revert to its Judaic roots since

wherever Christian hosts fared forth to robbery and bloodshed, even beneath the banner of the Cross, it was not the All-Sufferer whose name was invoked, but Moses, Joshua, Gideon, and all the other captains of Jehova who fought for the people of Israel, were the names in request to fire the heart of slaughter; whereof the history of England at the time of the Puritan wars supplies a plain example, throwing a light on the Old Testament evolution of the Church.

With the adoption of this quasi-Judaic aggression, the Christian Church began to act as the herald of Judaism itself, which, though characterised by a fanatic desire to rule the world, had hitherto been forced to live an oppressed life among the other nations in which it found itself during the Diaspora:

Despised and hated equally by every race . . . without inherent productivity and only battening on the general downfall, in course of violent revolutions this folk would very probably have been extinguished as completely as the greatest and noblest stems before them; Islam in particular seemed called to carry out the act of extirpation, for it took to itself the Jewish god, as creator of heaven and earth, to raise him by fire and sword as one and only god of all that breathes. But the Jews, so it seems, could fling away all share in this world-rulership of their Jehovah, for they had won a share in a development of the Christian religion well fitted to deliver it itself into their hands in time, with all its increments of culture, sovereignty and civilization.

In Europe, the Jews as money-lenders viewed all European civilization as a mere instrument of their own gradual rise to power: “To the Jew who works the sum out, the outcome of this culture is simply the necessity of waging wars, together with greater one–of having money for them” (“Know Thyself,” supplement to Religion and Art). The undue power that the Jews have achieved as a result of this clever procedure, as well as due to their emancipation in the middle of the nineteenth century, is thus based on what Wagner considers the basis of all wars, namely “property.” Internationally, the protection of property entails the maintenance of “the weaponed host” and “the astounding success of our resident Jews in the gaining and amassing of huge store of money has always filled our Military State authorities with nothing but respect and joyful admiration.”

The socialist and democratic revolutions mounted in Germany were also inadequate solutions of the problems resulting from property since they were totally un-German imitations of Franco-Judaic upheavals. Indeed, “democracy” itself is in Germany “purely a translated thing” which exists merely in “the press” (“What is German?,” 1865). Party politics is altogether a vicious circle that obscures the real conflict between Germans and Jews under a confusion of names that are themselves wholly un-German, such as “Liberal,” “Conservative,” “Social Democrat,” and “Liberal Conservative.” Only when the “fiend who keeps those ravers in the mania of their party-strife no more can find a where or when to lurk among us, will there also be no longer — any Jews.”

What is worse is that the Jewish agitators used German nationalist catch-words such as “Deutschtum” and “German freedom” to deceive the German folk and lull it into a false sense of superiority:

Whilst Goethe and Schiller had shed the German spirit on the world without so much as talking of the ‘German’ spirit, these democratic speculators fill every book- and print-shop, every so-called joint-stock theater, with vulgar, utterly vapid dummies, forever plastered with the puff of ‘deutsch’ and ‘deutsch’ again, to decoy the easygoing crowd.

In developing the German spirit therefore one should take care to avoid the temptation of self-complacency, of believing that every German is “quite of oneself . . . something great and needs to take no sort of pains to first become it.” Indeed the fact that

Goethe and Schiller, Mozart and Beethoven have issued from the German people’s womb far too easily tempts the bulk of middling talents to consider the great minds their own by right of birth, to persuade the mass with demagogic flatulence that they themselves are Goethes and Schillers.

Wagner’s remedy to the problem of international conflicts based on Jewish finance, or rather credit — which has indeed replaced religion as “a spiritual, nay, a moral power” (“Know Thyself”) — is the reawakening of the genuinely German character. The proof of the racial strength of the Germans is the “pride of race” which, in the Middle Ages, supplied princes, kings and emperors throughout Europe and which can still be encountered in the old nobility of Germanic origin. One obvious sign of the truly German is the language itself:[6]

Do we feel our breath fast quitting us beneath the pressure of an alien civilization; do we fall into uncertainty about ourselves: we have only to dig to the roots in the true father-soil of our language to reap at once a reassuring answer on ourselves, nay on the truly human. And this possibility of always drawing from the pristine fount of our own nature that makes us feel ourselves no more a race, no mere variety of man, but one of manhood’s primal branches — tis this that ever has bestowed on us great men and spiritual heroes.

This strength of character is indeed the only defense that the Germans have against the wiles of the Jewish race, which manages to preserve its own racial character easily on account of the unique nature of its “religion,” which is indeed not a religion at all but “merely the belief in certain promises of [the Jewish god] which in nowise extend beyond this temporal life . . . , as in every true religion, but simply to this present life on earth, whereon [the Jewish] race is certainly ensured dominion over all that lives and lives not.” This inhuman ambition of the Jew is embodied in Wagner’s Parsifal by the character of Klingsor, who cuts himself off from all human love by castrating himself in order to acquire power over others. As Wagner put it, trapped in “an instinct shut against all ideality,” the Jew remains always “the plastic demon of man’s downfall.”

The liberation from the constrictions of Judaism can begin only with an effort to understand the nature of the instinctive repugnance that one feels towards the Jew’s “prime essence” in spite of his emancipation (“Jewry in Music,” 1850): “with all our speaking and writing in favour of the Jews’ emancipation, we always felt instinctively repelled by any, actual operative conduct with them.” Unlike the true poet, who gains his inspiration “from nothing but a faithful, loving contemplation of instinctive life, of that life which greets his sight amid the Folk,” the educated Jew stands “alien and apathetic . . . in the midst of a society he does not understand, with whose tastes and aspirations he does not sympathize, whose history and evolution have always been indifferent to him.”

The Jew “stands in correlation with none but those who need his money: and never yet has money thriven to the point of knitting a goodly bond ’twixt man and man.” Thus the Jew only considers art-works as so many objects to be bought and sold: “What the heroes of the arts, with untold strain consuming lief and life, have wrested from the art-fiend of two millennia of misery, today the Jew converts into an art-bazaar.” The tolerance of Jews in German society would thus mean the substitution of genuine German culture with a simulacrum.

In the “‘Appendix’ to ‘Jewry in Music’” published in 1869, Wagner adds, “Whether the downfall of our culture can be arrested by a violent ejection of the destructive foreign element, I am unable to decide, since that would require forces with whose existence I am unacquainted.” And all attempts to assimilate the Jews into German society should take care to fully appreciate the real difficulties of such an assimilation before any measures are passed that recommend it.

To those who may think that Wagner is just a Hitler in sheep’s clothing, it may indeed be surprising that he was in fact a deeply philosophical Christian, whose Christianity was infused with the spirit of Schopenhauer’s philosophy, which he first read in 1852.[7] The first requisite for a true Christian, according to Wagner, is to divorce his conception of Christ from the Jehovah of the Jews. Indeed, if Jesus is proclaimed the son of Jehovah, “then every Jewish rabbi can triumphantly confute all Christian theology, as has happened indeed in every age” (“Public and Popularity,” 1878). Thus it is not surprising that most of the population have become atheistic:

That the God of our Savior should have been identified with the tribal god of Israel is one of the most terrible confusions in all world-history . . . We have seen the Christian God condemned to empty churches while ever more imposing temples are reared among us to Jehovah.

The reason the Jews remain Jewish, the people of Jehovah, in spite of every change, is that, as we have noted above, Judaism is not a religion but a financial political ambition.

Wagner’s Schopenhauerian Christianity, on the other hand, demands the recognition of the “moral meaning of the world,” the recognition of the root of all human suffering, namely the will and its concomitant passions. “Only the love that springs from pity, and carries its compassion to the utmost breaking of the self-will, is the redeeming Christian Love, in which Faith and Hope are both included of themselves” (“What boots this Knowledge?,” supplement to Religion and Art, 1880). Here again Wagner harks back to the natural constitution of the Indo-Europeans, who alone possess “the faculty of conscious suffering” in a highly developed form.

In another supplement to Religion and Art, ‘Hero-dom and Christendom’ (1881), Wagner maintained that the superiority of the white race is proven by the very fact while “the yellow races have viewed themselves as sprung from monkeys, the white traced back their origin to gods, and deemed themselves marked out for rulership.” Although Wagner believed that the substitution of animal food for vegetable was one of the prime causes of man’s degeneration (“a change in the fundamental substance of our body”), his reading of Gobineau’s Essai led him to consider racial mixture, especially with Jews, as another cause of the corruption of the blood:

It certainly may be right to charge this purblind dullness of our public spirit to a vitiation of our blood – not only by departure from the natural food of man, but above all by the tainting of the hero-blood of noblest races with that of former cannibals now trained to be the business-agents of society.

Although the highly developed psychic constitution of the Indo-Europeans is their distinguishing feature, the excellence of Christ as an individual is due to the fact that he alone represents “the quintessence of free-willed suffering itself, that godlike Pity which streams through all the human species, its font and origin.” Wagner even pauses to consider whether Christ could have been of the white race at all since the blood of the latter was in the process of “paling and congealing.” Uncertain as to the answer, Wagner goes on to suggest that the blood of the Redeemer may have been “the divine sublimate of the species itself” springing from “the redemptive Will’s supreme endeavor to save mankind at death-throes in its noblest races.” We recognize in this statement the message of Wagner’s last and most intensely religious music drama, Parsifal.

However, Wagner also takes care to stress that, although the blood of the Savior was shed to redeem all of humanity, the latter is not destined to achieve a universal equality as a result, since racial differences will persist. And if the system of world rulership by the white race was marked by immoral exploitation, the uniting of mankind can be achieved only through “a universal moral concord, such as we can but deem true Christianity elect to bring about.”

In addition to these insights into the redemptive grace of Christ to be found in this 1881 essay, Wagner had already outlined the ethics of his own version of Christianity earlier, in his 1849 sketch to the projected opera “Jesus of Nazareth.” According to this work, the first solution of the problem of evil in the world had been the institution of the Law. However, this static Law, when incorporated as the State, stood in opposition to the ever-changing rhythm of Nature, and man came invariably into conflict with the artificial Law. The faults of the Law were indeed principally due to man’s original selfishness, which sought to protect his personal property, including his wife and family, through man-made laws. Wagner, in a Proudhonian manner,[8] rejects these laws and insists on Love as the basis of all familial as well as social relationships.

Man can achieve a oneness with God only through a oneness with Nature and this oneness is possible only through the substitution of the Law with Love. In expounding his version of the Christian doctrine of Love, Wagner has recourse to a quasi-Schopenhauerian theory of the Will and its egoistic striving:

the process of putting off my Me in favor of the universal is Love, is active Life itself; the non-active life, in which I abide by myself is egoism. This becoming conscious of ourselves through self-abnegation results in a creative life, because by abandoning our self we enrich the generality, as well as ourselves.

The opposite, or “non-becoming conscious of ourselves in the universal brings forth sin.” An egoist who does not give anything to the universal will be robbed in the end of all by the latter against his will and he will die without finding himself again in the universal.

In this context, Wagner pauses to identify the nature of women and children as being essentially egoistic. A woman can get rid of her natural egoism only through the travail of birth and the love imparted to her children. Thus the woman can find salvation only through her love for a man, though a man too is enriched by his love for a woman since it is the most basic selfless act that he is capable of. Indeed, for a man, the sexual act itself entails a shedding of his life-substance.

Beyond this love for a woman, however, a man can divest his ego also through love of a greater fellowship than the merely personal and sexual. This is the love for one’s fatherland, which impels men to sacrifice their life for the “weal of the community.”

However, Christ pointed a higher path than even patriotic self-sacrifice, and that is the giving up of oneself for the sake of humanity at large. Every sacrifice is at the same time a creative act, that of sexual love as well as patriotic, since the former results in the multiplication of oneself in children and the latter in the preservation of the many lives that constitute one’s nation. The sacrifice of oneself for all mankind, however, is the most complete “parting with the emptied casket of that generative force, and thus a last creation in itself, to wit the upheaval of all unproductive egoism, a making place for life.” Such a death is the “most perfect deed of love.” Wagner thus identifies the transfiguration achieved through death as the “enthralling power of the Christian myth” (Opera and Drama, 1850). But we may note that this is equally the import of all classical tragedy, and that Wagner was merely interpreting the Christian story in traditional Indo-European terms.

Although the redemption that one achieves through self-sacrifice is a personal one, Wagner had also considered the government of nations from the point of view of Schopenhauerian ethics. In his essay, “On State and Religion” (1864-5), dedicated to his patron Ludwig II of Bavaria, Wagner expounded his religio-political ideal of the philosopher-king using the categories of Schopenhauer’s philosophical system. He begins by admitting the folly of his earlier participation in the Socialist revolutions of 1848 and recognises the state as the guarantor of the stability of the nation. However, the state is most authentically and fully represented not by constitutional democratic or socialist governments but rather by the monarch. For the monarch

has naught in common with the interests of parties, but his sole concern is that the conflict of these interests should be adjusted precisely for the safety of the whole . . . Thus, as against the party interests, he is the representative of purely human interests, and in the eyes of the party-seeking citizen he therefore occupies in truth a position well-nigh superhuman.

In the monarch thus the ideal of the state is finally achieved, an ideal which is neither perceived nor cultivated by the egoistic intellect but only by the supra-egoistic “Wahn,” or irrational “vision.” Wagner associates this Wahn with the “spirit of the race” and of the species that Schopenhauer had pointed to in his analysis of the group behavior of insects, such as bees and ants, which build societies with an apparently unconscious concern for the welfare of the whole regardless of the individuals within it. In human societies this altruistic instinct is indeed manifest as patriotism. However, the self-sacrifice that patriotism demands is often so strenuous that it cannot hold out indefinitely and is, further, likely to be contaminated by the natural egoism of the individual, who may see in the state too only a safeguard of his own interests along with those of his fellow men. In order to sustain the patriotic Wahn therefore is required a lasting symbol and this symbol is indeed the monarch.

A monarch has “no personal choice, may allow no sanction to his purely human leanings, and needs must fill a great position for which nothing but great natural parts can qualify.” If his vision of his own patriotic duty is marked by ambition and passion, he will be a warrior and conqueror. On the other hand, if he is high-minded and compassionate by nature, he will realize that patriotism itself is inadequate for the purpose of satisfying the highest aspirations of mankind which indeed require the vehicle not of the state but of religion. Patriotism cannot be the final human political goal since it turns too easily into violence and injustice against other states.

The particular instrument whereby the patriotic Wahn is distorted into international strife is the so-called “public opinion” which is created and maintained by the press. Unlike the king, who is the genuinely disinterested representative of the welfare of the state, the public opinion created by the press is a travesty of the king in that it fosters patriotism through the flattery of the “vulgar egoism of the mass.” Thus the press is “the most implacable tyrant” from whose despotism the king, who is preoccupied with “purely human considerations lying far above mere patriotism,” suffers most. Thus it is that “in the fortunes and the fate of kings the tragic import of the world can first be brought completely to our knowledge.”

Since perfect justice can never be attainable in this world, the religious person naturally finds the patriotic Wahn inadequate and follows instead a religious or divine one which demands of him “voluntary suffering and renunciation” of this entire world to which egoistic man clings. The inward happiness, or revelation, which fills a man (or “saint”) who undertakes such renunciation cannot be transmitted to the ordinary people except through religious dogma and the cultivation of “sincere, undoubting and unconditional” faith. True religion is preserved only in the individual who perceives beyond the diversity of sense-perception “the basic oneness of all being.” This inner beatific vision can be transmitted to ordinary men not by the exhortations of a vain clergy but only through the edifying example of saintly figures:

Hence there lies a deep and pregnant meaning behind the folk’s addressing itself to God through the medium of its heart-loved saints; and it says little for the vaunted enlightenment of our era that every English shopkeeper for instance, so soon as he has donned his Sunday coat and taken the right book with him, opines that he is entering into immediate personal intercourse with God.

Once religion turned to the state for its maintenance and propagation, it too was forced to become an institution of the state and serve the imperfect justice of the state. Hence the abhorrent religious strifes which have marked the political conduct of modern nations.

Since true religiosity can never be conveyed through religious disputation or even by philosophical sophistry, only the king can, if he be endowed with a particularly elevated spiritual nature, or Wahn, unite the two essentially different realms of state and religion into a harmonious whole. The mark of a truly noble mind is that “to it every, often the seemingly most trivial, incident of life and world intercourse is capable of swiftly displaying its widest correlation with the essential root of all existence, thus of showing life and the world themselves in their true, their terribly earnest meaning.” And only the king’s “exalted, well-nigh superhuman situation” allows him also the superior vantage point from which to view the tragedy of “mundane passions” and grants him the “grace” which marks the exercise of perfect equity.

We see therefore that Wagner’s philosophical ideals revive Platonic, Schopenhauerian and Proudhonian Socialistic ones in a message of Christian Love that is as exalted as his music. To those who object today to Christianity as a Judaic monotheistic religion that must be abjured in favour of nebulous neo-pagan revivals, Wagner’s writings reveal the true Indo-European virtue of a religion that was certainly Indo-European in its origins and has, when divorced from its later immersion into the history of the Jewish people, continued to possess a deep spiritual value for the elevation of mankind. As for Wagner’s criticisms of the Jews for their domination of states through credit and their degradation of the populace through the press, these have indeed become more compelling today than they must have been in his own day, since the Jewish forms of “Socialism” and “Communism” and “Democracy” that have dominated the post-war era have indeed succeeded in robbing the world not only of monarchy but also of all true philosophy and religion.

Notes

1. Diary of Richard Wagner 1865–1888: The Brown Book, ed. J. Bergfeld, tr. G. Bird (London: Gollancz, 1980), p. 73.

2. After M. Boucher’s Les idées politiques de Richard Wagner (Paris: Aubier, 1947), the recent studies of Wagner’s political thought include E. Eugène, Les idées politiques de Richard Wagner et leur influence sur l’idéologie allemande (1870–1845) (Paris: Les Publications Universitaires, 1978), F. B. Josserand, Richard Wagner: Patriot and Politician (Washington, D.C.: University Press of America, 1981), A. D. Aberbach, The Ideas of Richard Wagner: An Examination and Analysis of his Major Aesthetic, Political, Economic, Social and Religious Thought (Washington, D.C.: University Press of America, 1984). P. L. Rose, Wagner: Race and Revolution (London: Faber, 1992), and H. Salmi, Imagined Germany: Richard Wagner’s National Utopia (New York: Peter Lang, 1999).

3. See A. Jacob, Ātman: A Reconstruction of the Solar Cosmology of the Indo-Europeans (Hildesheim: G. Olms, 2005), “Introduction – Historical.” I distinguish the Aryans as one branch of Indo-Europeans, the Japhetic, whereas the generic Indo-European stock includes the Semites and Hamites as well.

4. All translations from Wagner are from W. A. Ellis, Richard Wagner’s Prose Works (London, 1897).

5. See A. Jacob, op. cit.

6.  Wagner’s focus on language as the essential expression of the racial-national spirit is borrowed from Fichte’s Reden an die deutsche Nation (1807).

7. See M. Boucher, op. cit., p. 18. Schopenhauer’s Die Welt als Wille und Vorstellung was first published in 1818.

8. For the various similarities between the philosophy of Proudhon and that of Wagner, especially their veneration of Christ, their denunciation of the Jews, and their anti-Communist socialism based on the genius of “le peuple” (or “-”), see M. Boucher, op. cit., p. 160ff). Proudhon’s abhorrence of Communism is evident in his description of this system as “l’exaltation de l’Etat, la glorification de la police” (ibid., p. 161).

 


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La république a menti

La république a menti

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jeudi, 18 octobre 2012

Le lieu de l'assassinat de Jules César localisé

Le lieu de l'assassinat de Jules César localisé

par Marc Mennessier (Le Figaro)

INFOGRAPHIE - Des chercheurs ont découvert la dalle érigée sur la scène du crime par l'empereur Octave Auguste.

«Tu quoque mi fili!» («Toi aussi, mon fils!»)Tels furent les derniers mots prononcés par Jules César le 15 mars de l'an 44 avant Jésus-Christ, en découvrant que son fils, Marcus Brutus, faisait partie du groupe d'assassins qui le poignardèrent à 23 reprises.
La scène, décrite un siècle plus tard par Suétone (v. 69-v. 126) dans son célèbre ouvrage Vies des douze Césars, s'est déroulée à Rome, dans la Curie de Pompée, alors que le célèbre général romain présidait une séance du Sénat.
Mercredi soir, des chercheurs du Centre supérieur de recherche scientifique espagnol (CSIC) ont apporté des précisions inédites sur cet événement, tant de fois représenté par la peinture historique, la littérature ou le cinéma, et qui se solda par la chute de la République romaine et l'avènement de l'Empire.


L'équipe dirigée par Antonio Monterroso annonce avoir découvert une structure de ciment d'environ trois mètres de large sur deux mètres de haut, qui aurait été mise en place sur le lieu exact du crime sur ordre d'Octave Auguste, fils adoptif de César à qui il succédera en devenant le premier empereur romain.

«Nous avons toujours su que Jules César a été assassiné dans la Curie de Pompée parce que c'est ce que nous transmettent les textes classiques, mais jusqu'à présent nous n'avions récupéré aucun témoignage matériel», explique Antonio Monterroso.
Selon le centre de recherche espagnol, Auguste aurait érigé cette construction monumentale, «une structure rectangulaire formée de quatre murs qui délimitent une dalle de ciment», afin de condamner l'emplacement précis où son grand-oncle et père adoptif fut victime de la conspiration de ses ennemis. À savoir, «juste au centre du fond de la Curie de Pompée, alors que Jules César présidait, assis sur une chaise, la réunion du Sénat».
Selon le Pr Jean-Michel David, historien à l'université Paris-I-Sorbonne et spécialiste de cette période, le conquérant de la Gaule se trouvait non loin de la célèbre statue de Pompée, représenté nu en vainqueur du monde, mais les travaux de ses collègues espagnols, s'ils sont confirmés, permettent de localiser la scène du crime «au mètre près». «Il convient maintenant d'expertiser le ciment de la dalle afin de s'assurer que ce matériau est bien contemporain d'Auguste», précise-t-il au Figaro.

Cette découverte s'inscrit dans le ­cadre des travaux menés par le CSIC dans la zone archéologique de Torre Argentina, dans le centre historique de Rome, où se trouve la Curie de Pompée. Avec le portique aux Cent Colonnes (Hécatostylon), ce monument fait partie de l'immense complexe (d'environ 54.000 mètres carrés) construit par Pompée en 55 avant Jésus-Christ pour commémorer ses nombreuses victoires militaires. Chaque jour, des milliers de Romains et de touristes prennent le bus ou le tram en passant, souvent sans le savoir, tout près de l'endroit où César fut assassiné, il y a très exactement 2056 ans…
 

mercredi, 17 octobre 2012

La République de Weimar : pourquoi l’effondrement ?

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La République de Weimar : pourquoi l’effondrement ?

par Pierre LE VIGAN

La brève histoire de la République de Weimar (1919 – 1933) reste une leçon de choses politiques. Comment un régime a-t-il pu courir à sa fin sans pouvoir se réformer ? Comment un régime a-t-il pu se rendre assez détestable pour que le peuple confie le pouvoir à des ennemis de la République ?

L’historien Horst Möller s’attache avant tout dans son livre sur Weimar qui vient d’être traduit, aux aspects politiques de l’histoire de cette République au destin tragique. Née d’une défaite, la République de Weimar a porté le poids d’une paix humiliante, le Diktat, conséquence d’une guerre voulue et menée par d’autres. Et en conséquence perdue par d’autres. Ce fut sa première tare, que ne lui pardonnera pas l’opposition nationaliste. Elle fut aussi confrontée à l’hostilité des communistes allemands et à leur isolement politique, hors de toute possible coalition de gauche, qui eut pu défendre la République.

Les raisons proprement politiques et institutionnelles de l’échec de Weimar tiennent en quelques points. Le premier est que la proportionnelle intégrale ne permettait pas que se dégage une majorité. D’où une combinaison d’équilibre instable autour du S.P.D. social-démocrate, ou du Zentrum catholique. Contrairement à certains idées reçues, le régime n’était pas réellement parlementaire, et encore moins primo-ministériel (le chancelier étant en Allemagne l’équivalent de notre Premier ministre). Le Président de la République avait beaucoup de pouvoirs, notamment celui de dissoudre le Reichstag, mais ces pouvoirs étaient plus des pouvoirs d’empêcher que des pouvoirs d’agir. En outre, la personnalité des présidents n’était sans doute pas celle qu’auraient nécessité les circonstances. Friedrich Ebert, président de 1918 à 1925, était un social-démocrate légaliste et assurément honnête homme mais réservé. Paul von Hindenburg, tiré de sa retraite en 1925 par une coalition hétéroclite de nationalistes, y compris le N.S.D.A.P., et de conservateurs, n’était qu’un garant par défaut de la République. C’était un nostalgique de la monarchie qui s’accommodera de la République sans capacité de la réformer pour la sauver. Il sera réélu en 1932. Ni l’un ni l’autre des présidents n’étaient des hommes aptes à trancher et à décider des grandes questions.

L’impossibilité de dégager des majorités aboutit les dernières années de Weimar, en pleine crise économique et extension du chômage de masse, a accentué le présidentialisme des pratiques constitutionnelles, d’où la création de « cabinets présidentiels ». Il s’agissait là de ministères dépendant d’un chancelier nommé par le président, sans appui par une majorité parlementaire.

Une des leçons de Weimar est qu’un régime présidentiel n’a de sens que si le président est une personnalité exceptionnelle qui réussit à être directement soutenu par une franche majorité du peuple. Une autre leçon est qu’un régime parlementaire nécessite pour fonctionner correctement une loi électorale permettant la gouvernabilité : prime majoritaire ou scrutin uninominal à un tour (système anglais) ou à deux tours (système français). Mais plus profondément il n’y a pas de régime qui puisse se maintenir sans répondre aux aspirations essentielles du peuple : du travail, de la dignité, l’indépendance du pays.

Pierre Le Vigan

• Rappelons que l’un des grands juristes critiques de Weimar fut Carl Schmitt. Vient de paraître de lui un ouvrage fondamental Guerre discriminatoire et logique des grands espaces, Krisis, 2011, 288 p., 25 €.

• Horst Möller, La République de Weimar, 1919-1933, Tallandier, coll. « Texto », 368 p., 2011, 10 €.


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lundi, 15 octobre 2012

Conférence de Jean Sévilla sur l'historiquement correct

Toulouse, 17 octobre

Conférence de Jean Sévilla sur l'historiquement correct

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Henry Bauchau: un témoin s’en est allé...

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Robert STEUCKERS:

Henry Bauchau: un témoin s’en est allé...

 

La disparition récente d’Henry Bauchau, en ce mois de septembre 2012, atteste surtout, dans les circonstances présentes, de la disparition d’un des derniers témoins importants de la vie politique et intellectuelle de nos années 30 et du “non-conformisme” idéologique de Belgique francophone, un non-conformisme que l’on mettra en parallèle avec celui de ses homologues français, décrits par Jean-Louis Loubet-del Bayle ou par Paul Sérant.

 

Pour Henry Bauchau, et son ancien compagnon Raymond De Becker, comme pour bien d’autres acteurs contemporains issus du monde catholique belge, l’engagement des années 30 est un engagement qui revendique la survie d’abord, la consolidation et la victoire ensuite, d’une rigueur éthique (traditionnelle) qui ployait alors sous les coups des diverses idéologies modernes, libérales, socialistes ou totalitaires, qui toutes voulaient s’en débarrasser comme d’une “vieille lune”; cette rigueur éthique avait tendance à s’estomper sous les effets du doute induit par ce que d’aucuns nommaient “les pensées ou les idéologies du soupçon”, notamment Monseigneur Van Camp, ancien Recteur des Facultés Universitaires Saint Louis, un ecclésiastique philosophe et professeur jusqu’à la fin de sa vie. Cette exigence d’éthique, formulée par Bauchau et De Becker sur fond de crise des années 30, sera bien entendu vilipendée comme “fasciste”, ou au moins comme “fascisante”, par quelques terribles simplificateurs du journalisme écrit et télévisé actuel. Formuler de telles accusations revient à énoncer des tirades à bon marché, bien évidemment hors de tout contexte. Quel fut ce contexte? D’abord, la crise sociale de 1932 et la crise financière de 1934 (où des banques font faillite, plument ceux qui leur ont fait confiance et réclament ensuite l’aide de l’Etat...) amènent au pouvoir des cabinets mixtes, catholiques et socialistes. L’historien et journaliste flamand Rolf Falter, dans “België, een geschiedenis zonder land” (2012) montre bien que c’était là, dans le cadre belge d’alors, une nouveauté politique inédite, auparavant impensable car personne n’imaginait qu’aurait été possible, un jour, une alliance entre le pôle clérical, bien ancré dans la vie associative des paroisses, et le parti socialiste, athée et censé débarrasser le peuple de l’opium religieux.

 

Un bloc catholiques/socialistes?

 

Les premiers gouvernements catholiques/socialistes ont fait lever l’espoir, dans toute la génération née entre 1905 et 1920, de voir se constituer un bloc uni du peuple derrière un projet de société généreux, alliant éthique rigoureuse, sens du travail (et de l’ascèse) et justice sociale. Face à un tel bloc, les libéraux, posés comme l’incarnation politique des égoïsmes délétères de la bourgeoisie, allaient être définitivement marginalisés. Catholiques et socialistes venaient cependant d’horizons bien différents, de mondes spécifiques et bien cloisonnés: la foi des uns et le matérialisme doctrinaire des autres étaient alors comme l’eau et le feu, antagonistes et inconciliables. La génération de Bauchau et de De Becker, surtout la fraction de celle-ci qui suit l’itinéraire de l’Abbé Jacques Leclerq, va vouloir résoudre cette sorte de quadrature du cercle, oeuvrer pour que la soudure s’opère et amène les nouvelles et les futures générations vers une Cité harmonieuse, reflet dans l’en-deça de la Cité céleste d’augustinienne mémoire, où la vie politique serait entièrement déterminée par le bloc uni, appellé à devenir rapidement majoritaire, par la force des choses, par la loi des urnes, pour le rester toujours, ou du moins fort longtemps. Henri De Man, leader des socialistes et intellectuel de grande prestance, avait fustigé le matérialisme étroit des socialistes allemands et belges, d’une sociale-démocratie germanique qui avait abandonné, dès la première décennie du siècle, ses aspects ludiques, nietzschéo-révolutionnaires, néo-religieux, pour les abandonner d’abord aux marges de la “droite” sociologique ou du mouvement de jeunesse ou des cénacles d’artistes “Art Nouveau”, “Jugendstil”. De Man avait introduit dans le corpus doctrinal socialiste l’idée de dignité (Würde) de l’ouvrier (et du travail), avait réclamé une justice sociale axée sur une bonne prise en compte de la psychologie ouvrière et populaire. Les paramètres rigides du matérialisme marxiste s’étaient estompés dans la pensée de De Man: bon nombre de catholiques, dont Bauchau et De Becker, chercheront à s’engouffrer dans cette brèche, qui, à leurs yeux, rendait le socialisme fréquentable, et à servir un régime belge entièrement rénové par le nouveau binôme socialistes/catholiques. Sur le très long terme, ce régime “jeune et nouveau” reposerait sur ces deux piliers idéologiques, cette fois ravalés de fond en comble, et partageant des postulats idéologiques ou religieux non individualistes, en attendant peut-être la fusion en un parti unique, apte à effacer les tares de la partitocratie parlementaire, à l’époque fustigées dans toute l’Europe. Pour De Becker, la réponse aux dysfonctionnements du passé résidait en la promotion d’une éthique “communautaire”, inspirée par le réseau “Esprit” d’Emmanuel Mounier et par certaines traditions ouvrières, notamment proudhoniennes; c’est cette éthique-là qui devait structurer le nouvel envol socialo-catholique de la Belgique.

 

Les jeunes esprits recherchaient donc une philosophie, et surtout une éthique, qui aurait fusionné, d’une part, l’attitude morale irréprochable qu’une certaine pensée catholique, bien inspirée par Léon Bloy, prétendait, à tort ou à raison, être la sienne et, d’autre part, un socialisme sans corsets étouffants, ouvert à la notion immatérielle de dignité. Les “daensistes” démocrates-chrétiens et les résidus de la “Jeune Droite” de Carton de Wiart, qui avaient réclamé des mesures pragmatiques de justice sociale, auraient peut-être servi de passerelles voire de ciment. Toute l’action politique de Bauchau et de De Becker dans des revues comme “La Cité chrétienne” (du Chanoine Jacques Leclercq) ou “L’Esprit nouveau” (de De Becker lui-même) viseront à créer un “régime nouveau” qu’on ne saurait confondre avec ce que d’aucuns, plus tard, et voulant aussi oeuvrer à une régénération de la Cité, ont appelé l’“ordre nouveau”. Cette attitude explique la proximité du tandem Bauchau/De Becker avec les socialistes De Man, jouant son rôle de théoricien, et Spaak, représentant le nouvel espoir juvénile et populaire du POB (“Parti Ouvrier Belge”). Et elle explique aussi que le courant n’est jamais passé entre ce milieu, qui souhaitait asseoir la régénération de la Cité sur un bloc catholiques/socialistes, inspiré par des auteurs aussi divers que Bloy, Maritain, Maurras, Péguy, De Man, Mounier, etc., et les rexistes de Léon Degrelle, non pas parce que l’attitude morale des rexistes était jugée négative, mais parce que la naissance de leur parti empêchait l’envol d’un binôme catholiques/socialistes, appelé à devenir le bloc uni, soudé et organique du peuple tout entier. Selon les termes mêmes employés par De Becker: “un nouveau sentiment national sur base organique”.

 

Guerre civile espagnole et rexisme

 

Pour Léo Moulin, venu du laïcisme le plus caricatural d’Arlon, il fallait jeter les bases “d’une révolution spirituelle”, basée sur le regroupement national de toutes les forces démocratiques mais “en dehors des partis existants” (Moulin veut donc la création d’un nouveau parti dont les membres seraient issus des piliers catholiques et socialistes mais ne seraient plus les vieux briscards du parlement), en dehors des gouvernements dits “d’union nationale” (c’est-à-dire des trois principaux partis belges, y compris les libéraux) et sans se référer au modèle des “fronts populaires” (c’est-à-dire avec les marxistes dogmatiques, les communistes ou les bellicistes anti-fascistes). L’option choisie fin 1936 par Emmanuel Mounier de soutenir le front populaire français, puis son homologue espagnol jeté dans la guerre civile suite à l’alzamiento militaire, consacrera la rupture entre les personnalistes belges autour de De Becker et Bauchau et les personnalistes français, remorques lamentables des intrigues communistes et staliniennes. Les pôles personnalistes belges ont fait davantage preuve de lucidité et de caractère que leurs tristes homologues parisiens; dans “L’enfant rieur”, dernier ouvrage autobiographique de Bauchau (2011), ce dernier narre le désarroi qui règnait parmi les jeunes plumes de la “Cité chrétienne” et du groupe “Communauté” lorsque l’épiscopat prend fait et cause pour Franco, suite aux persécutions religieuses du “frente popular”. Contrairement à Mounier (ou, de manière moins retorse, à Bernanos), il ne sera pas question, pour les disciples du Chanoine Leclercq, de soutenir, de quelque façon que ce soit, les républicains espagnols.

 

La naissance du parti rexiste dès l’automne 1935 et sa victoire électorale de mai 1936, qui sera toutefois sans lendemain vu les ressacs ultérieurs, freinent provisoirement l’avènement de cette fusion entre catholiques/socialistes d’”esprit nouveau”, ardemment espérée par la nouvelle génération. Le bloc socialistes/catholiques ne parvient pas à se débarrasser des vieux exposants de la social-démocratie: De Man déçoit parce qu’il doit composer. Avec le départ des rexistes hors de la vieille “maison commune” des catholiques, ceux-ci sont déforcés et risquent de ne pas garder la majorité au sein du binôme... De Becker avait aussi entraîné dans son sillage quelques communistes originaux et “non dogmatiques” comme War Van Overstraeten (artiste-peintre qui réalisara un superbe portrait de Bauchau), qui considérait que l’anti-fascisme des “comités”, nés dans l’émigration socialiste et communiste allemande (autour de Willy Münzenberg) et suite à la guerre civile espagnole, était lardé de “discours creux”, qui, ajoutait le communiste-artiste flamand, faisaient le jeu des “puissances impérialistes” (France + Angleterre) et empêchaient les dialogues sereins entre les autres peuples (dont le peuple allemand d’Allemagne et non de l’émigration); De Becker entraîne également des anarchistes sympathiques comme le libertaire Ernestan (alias Ernest Tanrez), qui s’activait dans le réseau de la revue et des meetings du “Rouge et Noir”, dont on commence seulement à étudier l’histoire, pourtant emblématique des débats d’idées qui animaient Bruxelles à l’époque.

 

On le voit, l’effervescence des années de jeunesse de Bauchau est époustouflante: elle dépasse même la simple volonté de créer une “troisième voie” comme on a pu l’écrire par ailleurs; elle exprime plutôt la volonté d’unir ce qui existe déjà, en ordre dispersé dans les formations existantes, pour aboutir à une unité nationale, organique, spirituelle et non totalitaire. L’espoir d’une nouvelle union nationale autour de De Man, Spaak et Van Zeeland aurait pu, s’il s’était réalisé, créer une alternative au “vieux monde”, soustraite aux tentations totalitaires de gauche ou de droite et à toute influence libérale. Si l’espoir de fusionner catholiques et socialistes sincères dans une nouvelle Cité —où “croyants” et “incroyants” dialogueraient, où les catholiques intransigeants sur le plan éthique quitteraient les “ghettos catholiques” confis dans leurs bondieuseries et leurs pharisaïsmes— interdisait d’opter pour le rexisme degrellien, il n’interdisait cependant pas l’espoir, clairement formulé par De Becker, de ramener des rexistes, dont Pierre Daye (issu de la “Jeune Droite” d’Henry Carton de Wiart), dans le giron de la Cité nouvelle si ardemment espérée, justement parce que ces rexistes alliaient en eux l’âpre vigueur anti-bourgeoise de Bloy et la profondeur de Péguy, défenseur des “petites et honnêtes gens”. C’est cet espoir de ramener les rexistes égarés hors du bercail catholique qui explique les contacts gardés avec José Streel, idéologue rexiste, jusqu’en 1943. Streel, rappelons-le, était l’auteur de deux thèses universitaires: l’une sur Bergson, l’autre sur Péguy, deux penseurs fondamentaux pour dépasser effectivement ce monde vermoulu que la nouvelle Cité spiritualisée devait mettre définitivement au rencart.

 

bau9782871064756.jpgLes tâtonnements de cette génération “non-conformiste” des années 30 ont parfois débouché sur le rexisme, sur un socialisme pragmatique (celui d’Achille Van Acker après 1945), sur une sorte de catho-communisme à la belge (auquel adhérera le Chanoine Leclercq, appliquant avec une dizaine d’années de retard l’ouverture de Maritain et Mounier aux forces socialo-marxistes), sur une option belge, partagée par Bauchau, dans le cadre d’une Europe tombée, bon gré mal gré, sous la férule de l’Axe Rome/Berlin, etc. Après les espoirs d’unité, nous avons eu la dispersion... et le désespoir de ceux qui voulaient porter remède à la déchéance du royaume et de sa sphère politique. Logique: toute politicaillerie, même honnête, finit par déboucher dans le vaudeville, dans un “monde de lémuriens” (dixit Ernst Jünger). Mais c’est faire bien basse injure à ces merveilleux animaux malgaches que sont les lémuriens, en osant les comparer au personnel politique belge d’après-guerre (où émergeaient encore quelques nobles figures comme Pierre Harmel, lié d’amitié à Bauchau) pour ne pas parler du cortège de pitres, de médiocres et de veules qui se présenteront aux prochaines élections... Plutôt que le terme “lémurien”, prisé par Jünger, il aurait mieux valu user du vocable de “bandarlog”, forgé par Kipling dans son “Livre de la Jungle”.

 

De la défaite aux “Volontaires du Travail”

 

Après l’effondrement belge et français de mai-juin 1940, Bauchau voudra créer le “Service des Volontaires du Travail de Wallonie” et le maintenir dans l’option belge, “fidelles au Roy jusques à porter la besace”. Cette fidélité à Léopold III, dans l’adversité, dans la défaite, est l’indice que les hommes d’”esprit nouveau”, dont Bauchau, conservaient l’espoir de faire revivre la monarchie et l’entité belges, toutefois débarrassée de ses corruptions partisanes, dans le cadre territorial inaltéré qui avait été le sien depuis 1831, sans partition aucune du royaume et en respectant leurs serments d’officier (Léopold III avait déclaré après la défaite: “Demain nous nous mettrons au travail avec la ferme volonté de relever la patrie de ses ruines”). Animés par la volonté de concrétiser cette injonction royale, les “Volontaires du travail” (VT) portaient un uniforme belge et un béret de chasseur ardennais et avaient adopté les traditions festives, les veillées chantées, du scoutisme catholique belge, dont beaucoup étaient issus. Les VT accompliront des actions nécessaires dans le pays, des actions humbles, des opérations de déblaiement dans la zone fortifiée entre Namur et Louvain dont les ouvrages défensifs étaient devenus inutiles, des actions de secours aux sinistrés suite à l’explosion d’une usine chimique à Tessenderloo, suite aussi au violent bombardement américain du quartier de l’Avenue de la Couronne à Etterbeek (dont on perçoit encore les traces dans le tissu urbain). Le “Front du Travail” allemand ne tolèrait pourtant aucune “déviance” par rapport à ses propres options nationales-socialistes dans les parties de l’Europe occupée, surtout celles qui sont géographiquement si proches du Reich. Les autorités allemandes comptaient donc bien intervenir dans l’espace belge en dictant leur propre politique, marquée par les impératifs ingrats de la guerre. Par l’intermédiaire de l’officier rexiste Léon Closset, qui reçoit “carte blanche” des Allemands, l’institution fondée par Bauchau et Teddy d’Oultremont est très rapidement “absorbée” par le tandem germano-rexiste. Bauchau démissionne, rejoint les mouvements de résistance royalistes, tandis que De Becker, un peu plus tard, abandonne volontairement son poste de rédacteur en chef du “Soir” de Bruxelles, puis est aussitôt relégué dans un village bavarois, où il attendra la fin de la guerre, avec l’arrivée des troupes africaines de Leclerc. L’option “belge” a échoué (Bauchau: “si cela [= les VT] fut une erreur, ce fut une erreur généreuse”). La belle Cité éthique, tant espérée, n’est pas advenue: des intellectuels inégalés comme Leclercq ou Marcel de Corte tenteront d’organiser l’UDB catho-communisante puis d’en sortir pour jeter les bases du futur PSC. En dépit de son engagement dans la résistance, où il avait tout simplement rejoint les cadres de l’armée, de l’AS (“Armée Secrète”) de la région de Brumagne, Bauchau est convoqué par l’auditorat militaire qui, imperméable à toutes nuances, ose lui demander des comptes pour sa présence active au sein du directorat des “Volontaires”. Il n’est pas jugé mais, en bout de course, à la fin d’un parcours kafkaïen, il est rétrogradé —de lieutenant, il redevient sergent— car, apparemment, on ne veut pas garder des officiers trop farouchement léopoldistes. Dégoûté, Bauchau s’exile. Une nouvelle vie commence. C’est la “déchirure”.

 

Comme De Becker, croupissant en prison, comme Hergé, comme d’autres parmi les “Volontaires”, dont un juriste à cheval entre l’option Bauchau et l’option rexiste, dont curieusement aucune source ne parle, notre écrivain en devenir, notre ancien animateur de la “Cité chrétienne”, notre ancien maritainiste qui avait fait le pèlerinage à Meudon chez le couple Raïssa et Jacques Maritain, va abandonner l’aire intellectuelle catholique, littéralement “explosée” après la seconde guerre mondiale et vautrée depuis dans des compromissions et des tripotages sordides. Cela vaut pour la frange politique, totalement “lémurisée” (“bandarloguisée”!), comme pour la direction “théologienne”, cherchant absolument l’adéquation aux turpitudes des temps modernes, sous le fallacieux prétexte qu’il faut sans cesse procéder à des “aggiornamenti” ou, pour faire amerloque, à des “updatings”. L’éparpillement et les ruines qui résultaient de cette explosion interdisait à tous les rigoureux de revenir dans l’un ou l’autre de ces “aréopages”: d’où la déchristianisation post bellum de ceux qui avaient été de fougueux mousquetaires d’une foi sans conformismes ni conventions étouffantes.

 

De la “déchirure” à la thérapie jungienne

 

L’itinéraire du Bauchau progressivement auto-déchristianisé est difficile à cerner, exige une exégèse constante de son oeuvre poétique et romanesque à laquelle s’emploient Myriam Watthée-Delmotte à Louvain-la-Neuve et Anne Neuschäfer auprès des chaires de philologie romane à Aix-la-Chapelle. Le décryptage de cet itinéraire exige aussi de plonger dans les méandres, parfois fort complexes, de la psychanalyse jungienne des années 50 et 60. Les deux philologues analysent l’oeuvre sans escamoter le passé politique de l’auteur, sans quoi son rejet de la politique, de toute politique (à l’exception d’une sorte de retour bref et éphémère par le biais d’un certain maoïsme plus littéraire que militant) ne pourrait se comprendre: c’est la “déchirure”, qu’il partage assurément, mutatis mutandis, avec De Becker et Hergé, “meurtrissure” profonde et déstabilisante qu’ils chercheront tous trois à guérir via une certaine interprétation et une praxis psychanalytiques jungiennes, une “déchirure” qui fait démarrer l’oeuvre romanesque de Bauchau, d’abord timidement, dès la fin des années 40, sur un terreau suisse d’abord, où une figure comme Gonzague de Reynold, non épurée et non démonisée vu la neutralité helvétique pendant la seconde guerre mondiale, n’est pas sans liens intellectuels avec le duo De Becker/Bauchau et, surtout, évolue dans un milieu non hostile, mais dont la réceptivité, sous les coups de bélier du Zeitgeist, s’amoindrira sans cesse.

 

Bauchau va donc rompre, mais difficilement, avec son milieu d’origine, celui d’une certaine bourgeoisie catholique, où l’on forçait les garçons à refouler leurs aspirations artistiques ou poétiques: ce n’était pas “viril” d’écrire des poèmes ou de devenir “artiste-peintre”. Bauchau constate donc, en s’analysant, avec l’aide des thérapeutes jungiens, qu’il s’est joué une comédie, qu’il a été en somme un “autre que lui-même”. Ce n’était pas le cas d’Hergé; celui-ci a bel et bien été lui-même dans la confection de ses bandes dessinées —tâche quotidienne, modeste et harassante— mais sa première épouse, Germaine Kiekens, ne prenait pas le métier de son mari au sérieux car, d’après elle, il manquait de panache: selon Philippe Goddin, le biographe le plus autorisé d’Hergé, elle préférait les hommes d’action au verbe haut, tranché et gouailleur, comme l’Abbé Wallez ou même Léon Degrelle, à son “manneken” de dessinateur, timide et discret. Ce n’est effectivement pas “viril”, dans la logique viriliste du bourgeoisisme (catholique comme libéral), de dessiner des personnages pour enfants.

 

L’exil, volontaire chez Bauchau, se résume par une parole d’Oedipe dans son roman “Oedipe sur la route”: “N’importe où, hors de Thèbes!”, explique la philologue louvaniste Myriam Watthée-Delmotte. La Belgique était devenue pour Bauchau ce que Thèbes était pour Oedipe. Myriam Watthée-Delmotte: “Il choisit donc de s’éloigner de ses cadres d’origine, qui ne lui ont valu que le malheur”. Le monde transparent qu’il a voulu avant-guerre, tout de propreté, ou de “blancheur” dira l’analyste jungien d’Hergé, n’existe pas: il n’y a dans la Cité que traîtrises, lâchetés, veuleries, hypocrisies ... Les postures héroïsantes, mâles, altières, religieuses, servantes, de ceux qui veulent y remédier envers et contre tout, et qu’il a voulu prendre lui-même parce qu’il était dans l’air de son temps, ne se diffusent plus dans une société gangrénée: elles sont vues comme un scandale, comme ennemies, comme liées à un ennemi haï et vaincu, même si l’attitude ultime de Bauchau a été de combattre cet ennemi. En d’autres termes, l’idéal d’un engagement de type scout, au nom d’un christianisme modernisé par Maritain et Mounier (que l’ennemi voulait pourtant combattre et abolir), est considéré dans la “Thèbes nouvelle” comme consubstantiel à l’ennemi, parce que non réductible aux postures officielles, imposées par les vainqueurs américains et soviétiques: le scout pense clair et marche droit, ne mâche pas de gomme aromatisée, ne fume pas de clopes made in USA, ne s’engage pas pour satisfaire ses intérêts matériels, n’est pas animé par la rage stérile de vouloir, en tous lieux, faire “table rase” du passé. “Thèbes”, une fois débarrassée de ces scouts, entre dans le processus fatidique où l’idéal ne sera plus Tintin mais où le modèle à suivre et à imiter, sera celui de Séraphin Lampion. La vulgarité et la médiocrité triomphent dans une Cité qui ne veut plus d’élites mais des égaux à l’américaine ou à la soviétique (Séraphin Lampion: “La musique, c’est bien... mais moi, dans la journée, je préfère un bon demi!”).

 

L’“enfant rieur” souffre toujours...

 

Dans les années d’immédiat après-guerre, Bauchau se débat contre l’adversité, encaisse mal le fait d’être rétrogradé sergent mais reste fidèle à ses amis d’avant 1940, surtout à celui qui l’avait amené, un jour, à Paris, voir le couple Maritain: il accueille la mère de Raymond De Becker, embastillé et voué aux gémonies, d’abord condamné à mort puis à la détention perpétuelle. Il ne laisse pas à l’abandon la vieille maman désemparée, qui avait accueilli chez elle, à Louvain, les amis de son fils dans le cadre du groupe “Communauté” (dont le futur Félicien Marceau). En 1950, il écrit une lettre bien balancée et poignante à Jacques Maritain pour lui demander de signer une pétition en faveur de la libération anticipée de De Becker. La souffrance d’avoir été littéralement “lourdé” par la Belgique officielle ne s’est jamais éteinte; Jean Dubois, ancien des VT, le rappelle dans un entretien accordé à Myriam Watthée-Delmotte, en évoquant un courrier personnel adressé à Bauchau en 1999: “Cela me fait mal de savoir que tu souffres toujours. Il faut se débarrasser de ce sentiment”. Une fois de plus, c’est par l’écriture que Bauchau tentera d’en sortir, en publiant d’abord “Le boulevard périphérique” (2008), où l’officier SS Shadow (L’ombre) est une sorte de “Grand Inquisiteur” à la Dostoïevski, pour qui le mal est inhérent à la condition humaine et qui se sert sans vergogne des forces de ce mal pour arriver à ses fins. Mieux: c’est en combattant ce mal, même s’il est indéracinable, que l’on s’accomplit comme le héros Stéphane, mort noyé alors que Shadow le poursuivait lors d’une opération commando. Et Shadow de ricaner: “c’est moi qui en a fait un héros, tout en poursuivant mes fins, qui ne sont point naïves”. Dans “L’Enfant rieur” (2011), les personnages des années 30 reviennent à la surface: “Raymond” n’est autre que De Becker, l’“Abbé Leclair” est bien sûr l’Abbé Leclercq et “André Moly” n’est sans doute nul autre qu’André Molitor.

 

Dans la littérature d’exégèse de l’oeuvre de Bauchau, on n’explicite pas suffisamment la nature de la thérapie qu’il a suivie chez Blanche Reverchon-Jouve, puis chez Conrad Stein. Quelle était cette thérapie dans le cadre général de la psychanalyse en Suisse (avec la double influence de Freud et de Jung)? Quelle méthode (jungienne ou autre) a-t-on employé pour faire revenir Bauchau à ce qu’il était vraiment au fond de lui-même? Quelle est la pensée psychanalytique de ce Babinski qui fut le maître de Blanche la “Sybille”, fille d’un condisciple français de Freud quand celui-ci étudait auprès de Charcot? Le résultat est effectivement que Bauchau, guéri pour une part de ses tourments, va désormais vivre ce qu’il a toujours voulu vivre au fond de soi, comme De Becker va accepter, grâce à ses lectures de prison, son homosexualité qu’il avait été obligé d’occulter dans les milieux qu’il avait fréquentés. Hergé, pour sa part, va refouler le “blanc” qui le structurait, qui envahissait son intériorité, au point, justement, de ne pas voir ou de ne pas accepter comme faits de monde, les travers infects de l’espèce humaine. Hergé, toutefois, va extraire de lui-même le “diamant pur” (dixit De Becker) et chanter l’indéfectible amitié entre les hommes, entre son Tintin et le personnage de Tchang, au-delà des césures et déchirures qu’imposent les vicissitudes politiques qui ravagent la planète et empêchent les hommes d’être eux-mêmes, de se compléter via leurs affinités électives, comme Tchang l’artiste-sculpteur, disciple chinois de Rodin, avait communiqué à Hergé quelques brillantes techniques de dessin. Bauchau constatera que la trahison, inscrite dans l’âme noire de l’humanité, domine les événements et qu’il est donc impossible de vivre l’éthique pure, “blanche” (l’âme pure, symbolisée par le cheval blanc de Platon), car elle se heurtera toujours à cet esprit malin tissé de trahisons, de méchancetés, de calculs sordides, à l’axiomatique (libérale) des intérêts bassement personnels (axiomatique que l’on considère désormais comme la seule assise possible de la démocratie, comme la seule anti-éthique autorisée, sous peine de basculer dans le “politiquement incorrect” et de subir les foudres des inquisiteurs). Tous les discours sur l’éthique, comme il en a été tenus dans les milieux fréquentés par Bauchau et De Becker avant-guerre, sont condamnés à n’être plus que des discours de façade, tenus par des professeurs hypocrites, des discours entachés de tous les miasmes générés par les mésinterprétations des “droits de l’homme”: ceux qui refusent les abjections de l’âme noire n’ont alors plus qu’une chose à faire, se tourner vers les arts, la poésie, les belles-lettres. Et ne doivent donc plus suivre l’Abbé Leclercq et ses avatars politiciens ou les clercs “aggiornamentisés”, qui déçoivent Bauchau et d’autres de ses anciens adeptes en tentant d’articuler un catho-communisme maritaino-mouniériste dans les années 45-50 puis en montant un PSC social-chrétien, appelé à gouverner de préférence avec les socialistes, quitte à perdre, au fil du temps et au fur et à mesure que les églises se vidaient, son aile droite, qui rejoindra en bonne partie les libéraux, quitte à sacrifier à tous les pragmatismes de piètre envergure pour terminer dans la “plomberie” d’un De Haene ou dans le festivisme délirant d’une Joëlle Milquet.

 

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Après son analyse sous la houlette thérapeutique de Blanche Reverchon-Jouve, de 1947 à 1949, après ses débuts en poésie, après ses premiers romans, Bauchau se révèle, comme Ernst Jünger, à qui il adresse de temps en temps un salut amical, un mémorialiste de très bonne compagnie littéraire: ses “Journaux” sont captivants, on y glane, sereinement, calmement, une belle quantité de “vertus” qui renforcent l’âme. Personnellement, j’ai beaucoup apprécié “La Grande Muraille – Journal de la Déchirure (1960-1965)” et “Passage de la Bonne-Graine – Journal (1997-2001)”. Dans “La Grande Muraille”, en date du 18 novembre 1961, on peut lire: “Dans mon horizon jusqu’ici la mort, si elle existe, n’a pas eu tant de place. Pourquoi? Peut-être parce que j’ai vécu autrement la guerre, qui, à côté de l’horreur, a été pour moi une époque d’espérance. J’étais soutenu par une force vitale puissante qui ne me permettait pas de croire vraiment à ma mort. Après la guerre c’est le désir de réussite, puis l’échec, qui ont été mes sentiments dominants. L’échec m’a paru pire que la mort”. Résumé poignant, sans explications inutiles, du destin de Bauchau. Le 23 novembre de la même année, on lit cette phrase de Lao-Tseu: “Celui qui connaît sa clarté se voile en son obscur”. Puis celle de Heidegger: “Ce qui ne veut que luire n’éclaire pas”. Toute la démarche post bellum de Bauchau s’y trouve: l’attitude altière du chef des VT est toute de clarté mais ignore sa part obscure (celle aussi de Shadow et du dictateur tudesque que ce personnage du “Boulevard périphérique” servait), une part obscure que l’analyse révèlera. En 1962, Bauchau fait la découverte d’Alain (une découverte qu’il partageait d’ailleurs avec Henri Fenet, sans connaître ce dernier, bien évidemment). Pour notre ancien des VT, Alain est le philosophe qui ne démontre pas, qui ne réfute pas ses homologues, mais “qui les suit, les croit sur parole, apprend d’eux jusque dans leurs erreurs” (6 janvier 1962). Alain incite Bauchau à abandonner toute posture expliquante, toute volonté de démontrer quoi que ce soit. Bauchau: “Alain me montre que je me suis trop occupé de moi, et pas assez du monde” (27 février 1962). Et le même jour: “La définition que donne Alain du bourgeois, l’homme qui doit convaincre, et du prolétaire, l’homme qui produit et qui a la sagesse et les limites de l’outil, est saisissante”. Bauchau dit adieu à sa classe bourgeoise qui, dans le Namurois de ses origines, dans le Bruxelles qui deviendra la “tache grise” de son existence, avait opté pour des postures catholiques, non républicaines au sens français du terme, toutes postures étrangères au réel concret, tissées qu’elles étaient de dérives donquichottesques ou matamoresques. “Le goût de l’explication est le grand obstacle. Se rapprocher de la nudité, de l’image et du fait intérieur, lui laisser son abrupt” (4 mars 1962). “... de dix-huit à trente-quatre ans j’ai vécu ma vie comme une grande aventure. Je juge aujourd’hui qu’elle fut mal fondée et sans issue. N’empêche qu’il y avait une vérité dans ce flux qui me soulevait et que parfois je retrouve dans les moments de création. J’étais aveugle, ligoté par le milieu et mes propres erreurs, mais j’ai vécu une aventure dont je dois retrouver le sens obscur pour accomplir ce que je suis. Il y a une justice que je ne puis encore me rendre car ma vue est encore offusquée par mes erreurs et leurs suites” (9 mars 1962).

 

Le 11 septembre 2001 et Francis Fukuyama

 

On le voit, la lecture des journaux de Bauchau est le complément idéal, et, pour les Wallons ou les Belges francophones, “national”, de la lecture des “Strahlungen” et des volumes intitulés “Siebzig verweht” d’Ernst Jünger. Il y a d’ailleurs un parallèle évident dans la démarche des deux hommes, l’un plongé dans les polémiques politiques de la République de Weimar, l’autre dans celles de la Belgique des années 30; ensuite, tous deux opèrent un repli sur les profondeurs de l’âme ou de la spiritualité, sur fond d’exil, avec les voyages de l’Allemand (au Brésil, en Méditerranée...) et l’éloignement volontaire de “Thèbes” du Wallon, en Suisse puis à Paris. Dans “Passage de la Bonne-Graine”, Bauchau, à la date du 11 septembre 2001, écrit, à chaud, quelques instants après avoir appris les attentats contre les tours jumelles de Manhattan: “L’état du monde sera sans doute changé par cette catastrophe. La guerre ne sera plus faite par des soldats mais par n’importe qui, maniant sans vraie direction politique des armes toujours plus puissantes. Ce ne sera plus l’armée adverse mais les fragiles structures des grandes villes mal protégées qui deviendront les objectifs des terroristes ou résistants. Comme Ernst Jünger l’a prévu, nous risquons d’aller vers la guerre de tous contre tous, dans un nihilisme croissant que cherchent à nous masquer le progrès foudroyant mais immaîtrisé des techniques et la dictature de la Bourse sur des chimères de chiffres, de peurs et d’engouements”. Le 19 septembre 2001, Bauchau note: “... la tristesse des événements d’Amérique et des redoutables lendemains qui s’annoncent si les dirigeants américains s’engagent dans le cycle fatal des vengeances”.

 

Le 4 octobre 2001: “Dans le dangereux glissement du monde vers l’assouvissement des désirs, la consommation, la technique, je puis à ma petite place rester fidèle à la vie intérieure et à la vérité artisanale de l’art vécu comme un chemin”. Puis, le 19 octobre, ce message politique que nous pouvons faire nôtre et qui renoue paisiblement, subrepticement, avec l’engagement non-conformiste des années 30: “Dans le ‘Monde’ du 18, un article de Francis Fukijama (sic) qui a annoncé il y a quelque années dans un livre la fin de l’histoire. Il soutient malgré les événements la même thèse, pour lui ‘le progrès de l’humanité au cours des siècles va vers la modernité que caractérisent des institutions telles que la démocratie libérale et le capitalisme (...). Car au-delà de la démocratie libérale et des marchés, il n’existe rien d’autre vers quoi aspirer, évoluer, d’où la fin de l’histoire’. La confusion entre la démocratie et le capitalisme est pour lui totale, alors qu’on peut se demander s’ils ne sont pas en réalité opposés. Considérer qu’il n’y a pas d’autre espérance que l’économie libérale et le marché me semble précisément tuer l’espérance, ce qui caractérise bien notre monde. Ce dont nous avons besoin, c’est d’une ou plusieurs nouvelles espérances, mais pas de celles qu’on tente —en excitant nos désirs— de nous vendre”. En dépit de son constat, fin des années 40, de l’impossibilité d’articuler un quelconque espoir par une revendication tout à la fois politique et éthique, Bauchau, à 88 ans, garde finalement un certain espoir, l’espoir en un retour d’une éventuelle nouvelle vague éthique, en un retour du sacré (bien que non chrétien désormais), en l’avènement d’une synthèse alliant peut-être Confucius, Bouddha et Maître Eckhart, une synthèse portant sur ses ailes un projet politique non démocrato-capitaliste. En formulant furtivement cet espoir, Bauchau cesse-t-il de penser dans la “déchirure”, cesse-t-il, fût-ce pour un très bref instant, fût-ce pour l’instant fugace d’un souvenir, fût-ce pour quelques secondes de nostalgie, de placer ses efforts d’écrivains dans l’espace béant de la “déchirure” permanente, comme le lui avait demandé Blanche Reverchon-Jouve, et renoue-t-il ainsi, pendant quelques minuscules fragments de temps, avec l’idéal de la “réconciliation”, entre catholiques et socialistes, entre “croyants” et “incroyants”? Retour à la case départ? Indice d’un non reniement? Assurément, mais cette fois dans la quiétude.

 

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Programme du colloque  

 

Mission accomplie!

 

Reste à inciter un chacun à lire le dernier beau recueil de poèmes de Bauchau, “Tentatives de louange” (octobre 2011). La boucle est désormais bouclée: le dernier grand personnage de notre non-conformisme des années 30 vient de franchir la ligne entre notre en-deça et un hypothétique au-delà. Il a réussi sa vie, malgré ses hésitations, malgré ses doutes et, mieux, ceux-ci l’ont aidé à accéder à l’immortalité du poète et de l’écrivain: l’université le célèbre, on l’étudie, il s’est taillé, comme Jünger, une niche dans notre espace culturel. Mieux, il est resté admirablement fidèle à son ami maudit, à Raymond De Becker, qu’il n’a jamais laché, comme il le lui avait promis avant-guerre, lors d’une retraite à Tamié en Savoie. L’Université a organisé enfin un colloque, en avril dernier, sur les multiples facettes de ce personnage hors du commun que fut De Becker, ce “passeur”, cet homme qui s’ingéniait à créer des “passerelles” pour faire advenir une meilleure politique et sortir de la cacocratie, ce proscrit mort dans la solitude et le dénuement en 1969. Le Lieutenant Bauchau a accompli sa principale mission, celle d’être fidèle à son serment de Tamié. Nous ne le dégraderons donc pas, pour notre part, car, sur ce chapitre, court et modeste mais intense et poignant, il n’a pas démérité. Il a sûrement appris la tenue de ce colloque sur De Becker aux Facultés universitaires Saint-Louis à Bruxelles, il a donc su, dans les quatre ou cinq derniers mois de sa vie, que son ami avait été quelque peu “réhabilité”: Henry Bauchau peut dormir en paix et les deux amis, jadis en retraite à Tamié, ne seront pas oubliés car ils auront planté l’arbre de leur espoirs (éthico-politiques) et de leurs aspirations à la quiétude, à une certaine harmonie taoïste, dans le jardin de l’avenir, celui auquel les forces catamorphiques du présentisme t du “bougisme” (Taguieff) n’ont pas accès, ne veulent avoir accès, tant elles mettent l’accent sur les frénésies activistes ou acquisitives. Pour l’avenir, nous nous mettrons humblement à la remorque du Lieutenant Bauchau car la politicaillerie a aussi laissé en nous des traces d’amertume sinon des “déchirures”, certes bien moins tragiques et qui ont suscité plutôt notre verve caustique ou notre morgue hautaine que notre désespoir, zwanze bruxelloise et souvenir d’ “Alidor” obligent. Passons à l’écriture. Passons à la méditation, notamment par le biais de ses “journaux” comme nous le faisons depuis tant d’années en lisant et relisant ceux d’Ernst Jünger.

 

Robert STEUCKERS.

(Forest-Flotzenberg, septembre/octobre 2012).

 

Bibliographie:

 

Oeuvres d’Henry Bauchau:

 

-          Tentatives de louange, Actes Sud, Paris, 2011.

-          Le Boulevard périphérique, Actes Sud, Paris, 2008.

-          La Grande Muraille – Journal de la ‘Déchirure’ (1960-1965), Actes Sud, 2005.

-          Oedipe sur la route, Actes Sud, Paris, 1990.

-          Passage de la Bonne-Graine – Journal (1997-2001), Actes Sud, Paris, 2002.

-          Diotime et les lions, Actes Sud, Paris, 1991.

-          Antigone, Actes Sud, Paris, 1997.

-          Poésie, Actes Sud, Paris, 1986.

-          L’enfant rieur, Actes Sud, Paris, 2011.

 

Sur Henry Bauchau:

 

-          Myriam WATTHEE-DELMOTTE, Bauchau avant Bauchau – En amont de l’oeuvre littéraire, Academia/Bruylant, Louvain-la-Neuve, 2002.

-          Geneviève DUCHENNE, Vincent DUJARDIN, Myriam WATTHEE-DELMOTTE, Henry Bauchau dans la tourmente du XX° siècle – Configurations historiques et imaginaires, Le Cri, Bruxelles, 2008.

-          Marc QUAGHEBEUR (éd.), Les constellations impérieuses d’Henry Bauchau, Actes du Colloque de Cerisy (21-31 juillet 2001), AML-Editions/Editions Labor, Bruxelles, 2003. Dans ces actes lire surtout:

-          A) Anne NEUSCHÄFER, “De la ‘Cité chrétienne’ au ‘Journal d’un mobilisé’”, p. 47-77.

-          B) Marc QUAGHEBEUR, “Le tournant de la ‘Déchirure’”, pp. 86-141.

 

Sur le contexte politique:

 

-          Eva SCHANDEVYL, Tussen revolutie en conformisme – Het engagement en de netwerken van linkse intellectuelen in België – 1918-1956, ASP, Brussel, 2011.