Pierre-Guillaume de Roux a dirigé de nombreuses maisons d’édition (éditions de la Table Ronde, éditions du Rocher) avant de créer la sienne en 2010, qui porte son nom. Il est le fils de l’écrivain et éditeur Dominique de Roux, fondateur des Cahiers de l’Herne et défenseur d’une conception de la littérature en voie de disparition.
PHILITT : Pouvez-vous nous parler de la fondation des éditions et des Cahiers de L’Herne ?
Pierre-Guillaume de Roux : Les Cahiers de L’Herne ont été créés en 1961, avec un premier cahier René Guy Cadou. Mais l’histoire commence en 1956 avec une revue un peu potache tirée à 300 exemplaires qui s’appellait L’Herne, dans laquelle mon père et ses amis vont publier leurs premiers textes. Cette période va réunir autour de lui des gens aussi différents que Jean Ricardou, qui passera ensuite à Tel Quel, Jean Thibaudeau, Georges Londeix et quelques autres. C’est la première cellule.
L’Herne représente pour mon père une forme de littérature comparée : on coupe une tête, elle repousse toujours. À Lerne de la mythologie, il a ajouté sa lettre fétiche, le H, qu’on retrouve dans les Dossiers H ou dans la revue Exil(H). Cette lettre va l’accompagner toute sa vie. Cette première période va se terminer en 1958. Il va y avoir un moment de rupture, de réflexion. Entre 1958 et 1960 va mûrir l’idée de cahiers livrés deux fois par an dans le but de réévaluer la littérature, c’est-à-dire de changer la bibliothèque. Les surréalistes l’avaient fait quelques décennies plus tôt.
 Cadou était un coup d’essai, un pur fruit du hasard. C’est grâce au peintre Jean Jégoudez qu’on a pu accéder à des archives et constituer ce premier cahier. Cadou est un poète marginal qu’on ne lit pas à Paris : c’est l’une des raisons pour lesquelles mon père s’y est intéressé. Mais c’est Bernanos qui donnera le coup d’envoi effectif aux Cahiers. Mon père avait une forte passion pour Bernanos. Il l’avait découvert adolescent. Et par ma mère, nous avons des liens forts avec Bernanos car mon arrière-grand-père, Robert Vallery-Radot, qui fut l’un de ses intimes, est à l’origine de la publication de Sous le soleil de Satan chez Plon. Le livre lui est d’ailleurs dédié. C’est ainsi que mon père aura accès aux archives de l’écrivain et se liera d’amitié avec l’un de ses fils : Michel Bernanos. Ce cahier, plus volumineux que le précédent, constitue un titre emblématique de ce que va devenir L’Herne.
Cadou était un coup d’essai, un pur fruit du hasard. C’est grâce au peintre Jean Jégoudez qu’on a pu accéder à des archives et constituer ce premier cahier. Cadou est un poète marginal qu’on ne lit pas à Paris : c’est l’une des raisons pour lesquelles mon père s’y est intéressé. Mais c’est Bernanos qui donnera le coup d’envoi effectif aux Cahiers. Mon père avait une forte passion pour Bernanos. Il l’avait découvert adolescent. Et par ma mère, nous avons des liens forts avec Bernanos car mon arrière-grand-père, Robert Vallery-Radot, qui fut l’un de ses intimes, est à l’origine de la publication de Sous le soleil de Satan chez Plon. Le livre lui est d’ailleurs dédié. C’est ainsi que mon père aura accès aux archives de l’écrivain et se liera d’amitié avec l’un de ses fils : Michel Bernanos. Ce cahier, plus volumineux que le précédent, constitue un titre emblématique de ce que va devenir L’Herne.
Ce qui impose L’Herne, ce sont les deux cahiers Céline en 1963 et 1965 — et, entre les deux, un cahier Borgès. Il y avait une volonté de casser les formes et une façon très neuve d’aborder un auteur : par le biais de l’œuvre et celui de sa vie. Une volonté non hagiographique. Il ne faut pas aborder l’auteur avec frilosité mais de manière transversale, éclatée et sans hésiter à être critique. L’Herne aujourd’hui a été rattrapée par l’académisme. L’Herne n’a plus rien à voir avec la conception qu’en avait mon père. La maison d’édition a été depuis longtemps trahie à tous les niveaux. On y débusque trop souvent de gros pavés qui ressemblent à d’insipides et assommantes thèses universitaires lancées à la poursuite de gloires établies.
PHILITT : Quelle était la conception de la littérature de Dominique de Roux ? Voulait-il réhabiliter les auteurs dits « maudits » ?
 Pierre-Guillaume de Roux : Il suffit de voir les auteurs qui surgissent dans les années 60. Céline est encore un proscrit qu’on lit sous le manteau. Il n’est pas encore le classique qu’il est devenu aujourd’hui. Parler de Céline est plus que suspect. Ce qui explique que mon père sera traité de fasciste dès qu’il lancera des publications à propos de l’écrivain. C’est la preuve qu’il avait raison : qu’il y avait un vrai travail à accomplir autour de Céline pour lui donner une place à part entière dans la littérature. C’est de la même manière qu’il va s’intéresser à Pound. Pound, un des plus grands poètes du XXe siècle. Il a totalement révolutionné la poésie américaine mais, pour des raisons politiques, il est complètement marginalisé. Mon père va procéder à la réévaluation de son œuvre et à sa complète réhabilitation. Pound est avant tout un très grand écrivain qu’il faut reconnaître comme tel. Tous ces auteurs sont tenus dans une forme d’illégitimité politique mais pas seulement. Pour Gombrowicz c’est différent : c’est l’exil, c’est une œuvre difficile que l’on a pas su acclimater en France. Il va tout faire pour qu’elle le soit.
Pierre-Guillaume de Roux : Il suffit de voir les auteurs qui surgissent dans les années 60. Céline est encore un proscrit qu’on lit sous le manteau. Il n’est pas encore le classique qu’il est devenu aujourd’hui. Parler de Céline est plus que suspect. Ce qui explique que mon père sera traité de fasciste dès qu’il lancera des publications à propos de l’écrivain. C’est la preuve qu’il avait raison : qu’il y avait un vrai travail à accomplir autour de Céline pour lui donner une place à part entière dans la littérature. C’est de la même manière qu’il va s’intéresser à Pound. Pound, un des plus grands poètes du XXe siècle. Il a totalement révolutionné la poésie américaine mais, pour des raisons politiques, il est complètement marginalisé. Mon père va procéder à la réévaluation de son œuvre et à sa complète réhabilitation. Pound est avant tout un très grand écrivain qu’il faut reconnaître comme tel. Tous ces auteurs sont tenus dans une forme d’illégitimité politique mais pas seulement. Pour Gombrowicz c’est différent : c’est l’exil, c’est une œuvre difficile que l’on a pas su acclimater en France. Il va tout faire pour qu’elle le soit.
Il y a chez mon père une volonté de briser les idoles, de rompre avec une forme d’académisme qui était très prégnante dans cette France des années 60. D’où son intérêt pour Céline, pour Pound, pour Wyndham Lewis qui sont tous des révolutionnaires, en tout cas de prodigieux rénovateurs des formes existantes.
PHILITT : Quelle relation entretenait-il avec les Hussards ?
 Pierre-Guillaume de Roux : C’est compliqué. Dans un livre que j’ai publié il y a deux ans avec Philippe Barthelet, Roger Nimier, Antoine Blondin, Jacques Laurent et l’esprit hussard, il y a un extrait du journal de mon père de l’année 1962 où il se montre très critique à leur égard. Il est injuste, n’oublions pas l’âge qu’il a à ce moment-là (26 ans).  Il rencontre néanmoins Nimier à propos du Cahier Céline. Malheureusement, la relation n’a pu s’épanouir avec Nimier puisqu’il est mort trop tôt. Pourtant, je pense qu’ils avaient beaucoup de choses en commun : ce goût impeccable en littérature, cette manière de reconnaître immédiatement un véritable écrivain, cette curiosité d’esprit panoramique, ce goût pour la littérature comparée…
Pierre-Guillaume de Roux : C’est compliqué. Dans un livre que j’ai publié il y a deux ans avec Philippe Barthelet, Roger Nimier, Antoine Blondin, Jacques Laurent et l’esprit hussard, il y a un extrait du journal de mon père de l’année 1962 où il se montre très critique à leur égard. Il est injuste, n’oublions pas l’âge qu’il a à ce moment-là (26 ans).  Il rencontre néanmoins Nimier à propos du Cahier Céline. Malheureusement, la relation n’a pu s’épanouir avec Nimier puisqu’il est mort trop tôt. Pourtant, je pense qu’ils avaient beaucoup de choses en commun : ce goût impeccable en littérature, cette manière de reconnaître immédiatement un véritable écrivain, cette curiosité d’esprit panoramique, ce goût pour la littérature comparée…
PHILITT : Dominique de Roux dénonçait le conformisme et le règne de l’argent. Était-il animé par une esthétique antimoderne ?
Pierre-Guillaume de Roux : À cet égard, je pense que oui. N’oubliez pas que mon père est nourri de Léon Bloy et de sa critique de l’usure. Mais aussi de Pound qui s’est penché sur toutes ces questions économiques. C’est à la fois quelqu’un qui a su sentir la modernité littéraire – d’où son adoration pour Burroughs, Ginsberg, Kerouac – et qui a une approche antimoderne vis-à-vis de la société. Il était aussi lecteur de Péguy. Le Cahier dirigé par Jean Bastaire a beaucoup compté pour mon père.
PHILITT : Quelles sont les rencontres qui l’ont le plus marqué ?
Pierre-Guillaume de Roux : Pound, Gombrowicz, Abellio, Pierre Jean Jouve font partie des rencontres les plus importantes de sa vie. Avec Abellio, il y a eu une amitié très forte. Abellio m’a écrit un jour que mon père était son meilleur ami. Ils se rencontrent en 1962 et ils vont se voir jusqu’à la mort de mon père en 1977 sans discontinuité. Il lui a évidemment consacré un Cahier de L’Herne.
PHILITT : Pound et Borgés, ce sont plutôt des rencontres…
Pierre-Guillaume de Roux : Oui, Pound est déjà un homme très âgé mais il va quand même beaucoup le voir. Entre 1962 et sa mort, il le voit très régulièrement. La rencontre avec Gombrowicz se fait entre 1967 et 1969 et pendant cette courte période ils se voient très souvent. Mon père passe son temps à Vence où vit aussi le grand traducteur Maurice-Edgar Coindreau qu’il fréquente beaucoup à cette époque. Je détiens d’ailleurs leur superbe correspondance.
PHILITT : Il n’a jamais rencontré Céline ?
Pierre-Guillaume de Roux : Ils n’ont fait que se croiser. Au moment où mon père initie les Cahiers Céline en 1960, tout va très vite et Céline meurt en juillet 1961. Il n’a pas eu le temps de le rencontrer.
 PHILITT : Quelle est sa relation avec Jean-Edern Hallier ?
PHILITT : Quelle est sa relation avec Jean-Edern Hallier ?
Pierre-Guillaume de Roux : Très compliquée. Ils ont été très amis. Ils se sont beaucoup vus au début des années 1960. C’est une relation passionnelle avec beaucoup de brouilles plus ou moins longues jusqu’à une rupture décisive après mai 68. Jean-Edern le traîne dans la boue, le calomnie, en fait un agent de la CIA. On retrouve là toutes les affabulations habituelles de Jean-Edern qui était tout sauf un être fiable, tout sauf un ami fidèle. C’est un personnage qui ne pensait qu’à lui, une espèce d’ogre qui voulait tout ramener à sa personne. Rien ne pouvait être durable avec un être comme ça.
PHILITT : Pouvez-nous parler de ses engagements politiques, de son rôle lors de la révolution des Œillets au Portugal et de son soutien à Jonas Savimbi en Angola ? La philosophie de Dominique de Roux était-elle une philosophie de l’action ? Peut-on le rapprocher des écrivains aventuriers que furent Conrad ou Rimbaud ?
Pierre-Guillaume de Roux : Pour ce qui est de son engagement au Portugal, il se fait un peu par le fruit du hasard, sous le coup d’une double rupture dans sa vie. Il y a d’abord son éviction des Presses de la Cité. Il dirigeait avec Christian Bourgois la maison d’édition éponyme ainsi que la collection de poche 10/18. En 1972, mon père publie Immédiatement, un livre qui tient à la fois du recueil d’aphorismes et du journal. L’ouvrage provoque un énorme scandale puisque Barthes, Pompidou et Genevoix sont mis en cause. La page 186-187 du livre est censurée. On voit débarquer en librairie des représentants du groupe des Presses de la Cité pour couper la page en question. Mon père a perdu du jour au lendemain toutes ses fonctions éditoriales. Un an et demi plus tard, il est dépossédé de sa propre maison d’édition à la suite de basses manœuvres d’actionnaires qui le trahissent. C’est un moment très difficile dans sa vie. Il se trouve qu’il connaît bien Pierre-André Boutang – grand homme de télévision, fils du philosophe Pierre Boutang – et le producteur et journaliste Jean-François Chauvel qui anime Magazine 52, une émission pour la troisième chaîne. Fort de ces appuis, il part tourner un reportage au Portugal. Il se passe alors quelque chose.
 Cette découverte du Portugal est un coup de foudre. Il est ensuite amené à poursuivre son travail de journaliste en se rendant dans l’empire colonial portugais (Mozambique, Guinée, Angola). Il va y rencontrer les principaux protagonistes de ce qui va devenir bientôt la révolution des Œillets avec des figures comme le général Spinola ou Othello de Carvalho. Lors de ses voyages, il entend parler de Jonas Savimbi. Il est très intrigué par cet homme. Il atterrit à Luanda et n’a de cesse de vouloir le rencontrer. Cela finit par se faire. Se noue ensuite une amitié qui va décider d’un engagement capital, puisqu’il sera jusqu’à sa mort le proche conseiller de Savimbi et aussi, en quelque sorte, son ambassadeur. Savimbi me dira plus tard que grâce à ces informations très sûres et à ses nombreux appuis, mon père a littéralement sauvé son mouvement l’Unita au moins sur le plan politique quand a éclaté la révolution du 25 avril 1974 à Lisbonne. Mon père consacre la plus grande partie de son temps à ses nouvelles fonctions. Elles le dévorent. N’oubliez pas que nous sommes en pleine Guerre Froide. L’Union Soviétique est extrêmement puissante et l’Afrique est un enjeu important, l’Angola tout particulièrement. Les enjeux géopolitiques sont considérables. Mon père est un anticommuniste de toujours et il y a pour lui un combat essentiel à mener. Cela va nourrir sa vie d’écrivain, son œuvre. Son roman Le Cinquième empire est là pour en témoigner. Il avait une trilogie africaine en tête. Concernant son côté aventurier, je rappelle qu’il était fasciné par Malraux même s’il pouvait se montrer également très critique à son égard. Il rêvait de le faire venir à Lisbonne pour en faire le « Borodine de la révolution portugaise ». Il a été le voir plusieurs fois à Verrières. Il dresse un beau portrait de lui dans son ouvrage posthume Le Livre nègre. L’engagement littéraire de Malraux est quelque chose qui l’a profondément marqué.
Cette découverte du Portugal est un coup de foudre. Il est ensuite amené à poursuivre son travail de journaliste en se rendant dans l’empire colonial portugais (Mozambique, Guinée, Angola). Il va y rencontrer les principaux protagonistes de ce qui va devenir bientôt la révolution des Œillets avec des figures comme le général Spinola ou Othello de Carvalho. Lors de ses voyages, il entend parler de Jonas Savimbi. Il est très intrigué par cet homme. Il atterrit à Luanda et n’a de cesse de vouloir le rencontrer. Cela finit par se faire. Se noue ensuite une amitié qui va décider d’un engagement capital, puisqu’il sera jusqu’à sa mort le proche conseiller de Savimbi et aussi, en quelque sorte, son ambassadeur. Savimbi me dira plus tard que grâce à ces informations très sûres et à ses nombreux appuis, mon père a littéralement sauvé son mouvement l’Unita au moins sur le plan politique quand a éclaté la révolution du 25 avril 1974 à Lisbonne. Mon père consacre la plus grande partie de son temps à ses nouvelles fonctions. Elles le dévorent. N’oubliez pas que nous sommes en pleine Guerre Froide. L’Union Soviétique est extrêmement puissante et l’Afrique est un enjeu important, l’Angola tout particulièrement. Les enjeux géopolitiques sont considérables. Mon père est un anticommuniste de toujours et il y a pour lui un combat essentiel à mener. Cela va nourrir sa vie d’écrivain, son œuvre. Son roman Le Cinquième empire est là pour en témoigner. Il avait une trilogie africaine en tête. Concernant son côté aventurier, je rappelle qu’il était fasciné par Malraux même s’il pouvait se montrer également très critique à son égard. Il rêvait de le faire venir à Lisbonne pour en faire le « Borodine de la révolution portugaise ». Il a été le voir plusieurs fois à Verrières. Il dresse un beau portrait de lui dans son ouvrage posthume Le Livre nègre. L’engagement littéraire de Malraux est quelque chose qui l’a profondément marqué.
PHILITT : Vous éditez vous aussi des écrivains controversés (Richard Millet, Alain de Benoist…). Quel regard jetez-vous sur le milieu de l’édition d’aujourd’hui ? Êtes-vous plus ou moins sévère que ne l’était votre père vis-à-vis des éditeurs de son temps ?
 Pierre-Guillaume de Roux : Pas moins. Si j’ai décidé d’ouvrir cette maison d’édition, c’est parce que je pense que pour faire des choix significatifs, il faut être complètement indépendant. Un certain travail n’est plus envisageable dans les grandes maisons où règne un conformisme qui déteint sur tout. En faisant peser sur nous comme une chape de plomb idéologique. Cependant, nous sommes parvenus à un tournant… Il se passe quelque chose. Ceux qui détiennent le pouvoir médiatique – pour aller vite la gauche idéologique – sentent qu’ils sont en train de le perdre. Ils s’accrochent à la rampe de manière d’autant plus agressive. C’est un virage extrêmement délicat et dangereux à négocier. L’édition aujourd’hui se caractérise par une forme de conformisme où, au fond, tout le monde pense la même chose, tout le monde publie la même chose. Il y a bien sûr quelques exceptions : L’Âge d’homme, Le Bruit du temps par exemple font un travail formidable. Tout se joue dans les petites maisons parfaitement indépendantes. Ailleurs, il y a une absence de risque qui me frappe. L’argent a déteint sur tout, on est dans une approche purement quantitative. On parle de tirage, de best-seller mais plus de texte. C’est tout de même un paradoxe quand on fait ce métier. Le cœur du métier d’éditeur consiste à aller à la découverte et à imposer de nouveaux auteurs avec une exigence qu’il faut maintenir à tout prix.
Pierre-Guillaume de Roux : Pas moins. Si j’ai décidé d’ouvrir cette maison d’édition, c’est parce que je pense que pour faire des choix significatifs, il faut être complètement indépendant. Un certain travail n’est plus envisageable dans les grandes maisons où règne un conformisme qui déteint sur tout. En faisant peser sur nous comme une chape de plomb idéologique. Cependant, nous sommes parvenus à un tournant… Il se passe quelque chose. Ceux qui détiennent le pouvoir médiatique – pour aller vite la gauche idéologique – sentent qu’ils sont en train de le perdre. Ils s’accrochent à la rampe de manière d’autant plus agressive. C’est un virage extrêmement délicat et dangereux à négocier. L’édition aujourd’hui se caractérise par une forme de conformisme où, au fond, tout le monde pense la même chose, tout le monde publie la même chose. Il y a bien sûr quelques exceptions : L’Âge d’homme, Le Bruit du temps par exemple font un travail formidable. Tout se joue dans les petites maisons parfaitement indépendantes. Ailleurs, il y a une absence de risque qui me frappe. L’argent a déteint sur tout, on est dans une approche purement quantitative. On parle de tirage, de best-seller mais plus de texte. C’est tout de même un paradoxe quand on fait ce métier. Le cœur du métier d’éditeur consiste à aller à la découverte et à imposer de nouveaux auteurs avec une exigence qu’il faut maintenir à tout prix.
PHILITT : Pensez-vous que Houellebecq fasse exception ?
Pierre-Guillaume de Roux : Oui, Je pense que c’est un écrivain important. Je l’avais repéré à la sortie de L’Extension du domaine de la lutte. J’avais été frappé par ce ton neuf. On le tolère parce qu’il est devenu un best-seller international et qu’il rapporte beaucoup d’argent. Ce qui n’est pas le cas de Richard Millet. S’il avait été un best-seller, on ne l’aurait certainement pas ostracisé comme on l’a fait honteusement.
PHILITT : La prestigieuse maison d’édition Gallimard a manqué les deux grands écrivains français du XXe siècle (Proust et Céline). Qu’est-ce que cela nous dit du milieu de l’édition ?
Pierre-Guillaume de Roux : Gallimard est, comme le dit Philippe Sollers, le laboratoire central. Quand on voit ce que cette maison a publié en cent ans, il y a de quoi être admiratif. Il y a eu en effet le raté de Proust mais ils se sont rattrapés d’une certaine manière. Gide a raté Proust mais Jacques Rivière et Gaston Gallimard finissent par le récupérer. Pour Céline, c’est un peu le même topo. Mais à côté de ça… que de sommets ! Gide, Claudel, Malraux… Gaston Gallimard a été un éditeur prodigieux parce qu’il a su s’entourer, parce qu’il avait une curiosité extraordinaire et parce qu’il a su aussi être un chef d’entreprise. Il a toujours joué de cet équilibre entre les écrivains dont il savait qu’ils n’allaient pas rencontrer un grand succès mais qu’il soutenait à tout prix et des livres plus faciles. Ce que je regrette aujourd’hui, c’est que cette pratique ait quasiment disparu. On se fout de l’écrivain, on ne pense qu’à la rentabilité. On finit par promouvoir des auteurs qui n’ont pas grand intérêt. Et contrairement à ce que disent les pessimistes, il y a de grands écrivains en France. Mais encore faut-il les lire et les reconnaître. Et la critique littéraire ne joue plus son rôle. Les journaux font de moins en moins de place aux suppléments littéraires. Tout ce qui relève véritablement de la littérature est nié.
Crédit photo : www.lerideau.fr


 
 
 Jill Dawson est une romancière britannique qui a grandi à Durham, en Angleterre dans un milieu modeste et qui a commencé à publier ses poèmes dans des brochures et magazines. Puis elle s'est mise à écrire des romans régulièrement primés en Angleterre et qui apparaissent dans la liste du Goncourt anglais britannique (le British Academy Book Prize). En France, a été traduit aux Editions du Rocher, "L'enfant sauvage de l'Aveyron" sur le jeune garçon du Docteur Itard dont Truffaut avait tiré un film étudié dans toutes les classes de terminales, "L'enfant sauvage" et "Fred et Edie" (Editions Joëlle Losfeld) qui raconte l'histoire d'un long procès qui passionna l'Angleterre de 1922 celui d'Edith Thompson, une jeune Anglaise émancipée, mariée à un homme rustre et violent et de son amant de sept ans son cadet, Frederic Bywaters. Il assassina le mari et ils furent tous deux condamnés à la peine capitale. Comme toujours, Jill Dawson brode dans ce roman une fiction à partir d'éléments biographiques patiemment récoltés en choisissant à chaque fois de nous faire épouser un point de vue différent. Dans "The Great Lover", la vie du jeune poète anglais Rupert Brooke est décrite dans ses moindres détails et même ses turpitudes bisexuelles par la servante de la pension d'étudiant où il loge. A chaque fois, l'intérêt de l'œuvre de Jill Dawson tient à la description vivante de la société anglaise des années vingt ou des années 1900-1910 dans le cas de Brooke. C'est bien sûr le centenaire de la mort de Rupert Brooke qui nous a réunis très chaleureusement au buffet-bar d'un aéroport. Michel Lhomme.
Jill Dawson est une romancière britannique qui a grandi à Durham, en Angleterre dans un milieu modeste et qui a commencé à publier ses poèmes dans des brochures et magazines. Puis elle s'est mise à écrire des romans régulièrement primés en Angleterre et qui apparaissent dans la liste du Goncourt anglais britannique (le British Academy Book Prize). En France, a été traduit aux Editions du Rocher, "L'enfant sauvage de l'Aveyron" sur le jeune garçon du Docteur Itard dont Truffaut avait tiré un film étudié dans toutes les classes de terminales, "L'enfant sauvage" et "Fred et Edie" (Editions Joëlle Losfeld) qui raconte l'histoire d'un long procès qui passionna l'Angleterre de 1922 celui d'Edith Thompson, une jeune Anglaise émancipée, mariée à un homme rustre et violent et de son amant de sept ans son cadet, Frederic Bywaters. Il assassina le mari et ils furent tous deux condamnés à la peine capitale. Comme toujours, Jill Dawson brode dans ce roman une fiction à partir d'éléments biographiques patiemment récoltés en choisissant à chaque fois de nous faire épouser un point de vue différent. Dans "The Great Lover", la vie du jeune poète anglais Rupert Brooke est décrite dans ses moindres détails et même ses turpitudes bisexuelles par la servante de la pension d'étudiant où il loge. A chaque fois, l'intérêt de l'œuvre de Jill Dawson tient à la description vivante de la société anglaise des années vingt ou des années 1900-1910 dans le cas de Brooke. C'est bien sûr le centenaire de la mort de Rupert Brooke qui nous a réunis très chaleureusement au buffet-bar d'un aéroport. Michel Lhomme.   Jill Dawson : The Tell-Tale Heart est l’histoire de trois hommes : Patrick, un universitaire de 50 ans à qui on transplante un cœur tout neuf ; le donneur, Drew, un adolescent des Fens amoureux de sa prof, et Willie Beamiss, l’un des émeutiers de Littleport au XIXe siècle, ancêtre de Drew. J’ai toujours voulu écrire l’histoire des émeutiers de Littleport, et j’avais le reste du roman dans la tête depuis longtemps. J’avais, il y a longtemps, vu un documentaire qui m’est resté à l’esprit, à propos de la mémoire cellulaire (l’idée que d’autres organes du corps autres que le cerveau puissent être porteurs de souvenirs et d’empreintes de la personnalité). Ce qui m’était resté en particulier, c’est la scène où le « transplanté » rencontre la mère de son donneur, laquelle lui demande d’écouter le battement du cœur de son fils dans sa poitrine. C’était une scène extraordinaire, très émouvante. Il est facile (en tant que mère) de comprendre cette demande lorsqu'on sait que le battement de son cœur est le premier signe du fait que vous portez un bébé en vous – c’est la prise de conscience de votre enfant, si vous voulez – et puis on met tellement l’accent sur le cœur durant la grossesse, le « travail » et la naissance.
Jill Dawson : The Tell-Tale Heart est l’histoire de trois hommes : Patrick, un universitaire de 50 ans à qui on transplante un cœur tout neuf ; le donneur, Drew, un adolescent des Fens amoureux de sa prof, et Willie Beamiss, l’un des émeutiers de Littleport au XIXe siècle, ancêtre de Drew. J’ai toujours voulu écrire l’histoire des émeutiers de Littleport, et j’avais le reste du roman dans la tête depuis longtemps. J’avais, il y a longtemps, vu un documentaire qui m’est resté à l’esprit, à propos de la mémoire cellulaire (l’idée que d’autres organes du corps autres que le cerveau puissent être porteurs de souvenirs et d’empreintes de la personnalité). Ce qui m’était resté en particulier, c’est la scène où le « transplanté » rencontre la mère de son donneur, laquelle lui demande d’écouter le battement du cœur de son fils dans sa poitrine. C’était une scène extraordinaire, très émouvante. Il est facile (en tant que mère) de comprendre cette demande lorsqu'on sait que le battement de son cœur est le premier signe du fait que vous portez un bébé en vous – c’est la prise de conscience de votre enfant, si vous voulez – et puis on met tellement l’accent sur le cœur durant la grossesse, le « travail » et la naissance. Ce concept d’une seconde chance dont on pourrait bénéficier dans la vie, je l’ai exploré en effet dans Lucky Bunny et aussi dans L'enfant sauvage. Queenie Dove naît dans une grande pauvreté, dans l’East End (les quartiers “prolétaires” de Londres) et elle grandit dans un monde de criminels. Il semble que sa vie sera assez comparable à celle de ses parents, mais elle utilise des moyens malicieux et peu orthodoxes pour en changer. Je n’ai jamais été une grande admiratrice des gens (ni des enfants) obéissants et Queenie met un point d’honneur à désobéir et à briser les règles. J’ai adoré Moll Flanders de Daniel Defoe, et Lucky Bunny est en dialogue avec ce roman-là.
Ce concept d’une seconde chance dont on pourrait bénéficier dans la vie, je l’ai exploré en effet dans Lucky Bunny et aussi dans L'enfant sauvage. Queenie Dove naît dans une grande pauvreté, dans l’East End (les quartiers “prolétaires” de Londres) et elle grandit dans un monde de criminels. Il semble que sa vie sera assez comparable à celle de ses parents, mais elle utilise des moyens malicieux et peu orthodoxes pour en changer. Je n’ai jamais été une grande admiratrice des gens (ni des enfants) obéissants et Queenie met un point d’honneur à désobéir et à briser les règles. J’ai adoré Moll Flanders de Daniel Defoe, et Lucky Bunny est en dialogue avec ce roman-là.
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 C'est en 2013 que j'ai envoyé à Alexandrine Duhin, dirigeant la collection Mille et une nuits chez Fayard, un petit dossier exposant, en termes simples, percutants, bref, en novlangue publicitaire et en maigres éléments de langage comme il se doit, les excellentes raisons de publier à nouveaux frais l'un des meilleurs textes d'Arthur Machen,
C'est en 2013 que j'ai envoyé à Alexandrine Duhin, dirigeant la collection Mille et une nuits chez Fayard, un petit dossier exposant, en termes simples, percutants, bref, en novlangue publicitaire et en maigres éléments de langage comme il se doit, les excellentes raisons de publier à nouveaux frais l'un des meilleurs textes d'Arthur Machen,  Nous approchons de la source de la corruption, une jeune femme appelée Hélène Vaughan, qui causera plusieurs suicides et brusques chutes d'hommes dans la folie mais, une fois encore, le thème du regard interdit compte moins que celui d'une entité chaotique (si je puis dire) et originelle, «quelque chose qui [n'est] ni l'homme ni la bête, ni la vie ni la mort, mais toutes choses mêlées, l'apparence mouvante de toutes choses» (pp. 44-5) qui constitue le soubassement infernal sur lequel l'ordre s'est érigé, comme la présence de vase, à la surface d'une rivière, indique son origine profonde (3).
Nous approchons de la source de la corruption, une jeune femme appelée Hélène Vaughan, qui causera plusieurs suicides et brusques chutes d'hommes dans la folie mais, une fois encore, le thème du regard interdit compte moins que celui d'une entité chaotique (si je puis dire) et originelle, «quelque chose qui [n'est] ni l'homme ni la bête, ni la vie ni la mort, mais toutes choses mêlées, l'apparence mouvante de toutes choses» (pp. 44-5) qui constitue le soubassement infernal sur lequel l'ordre s'est érigé, comme la présence de vase, à la surface d'une rivière, indique son origine profonde (3).
 C'est à la date du 9 janvier 1900 que Léon Bloy recopie dans son Journal Le Siècle des Charognes, paru le 4 février de la même année dans le cinquième, et dernier, numéro de Par le scandale. Le texte est dédié à «quelqu'un» sur lequel Bloy ne souffle mot, puisqu'il a dû cesser à cette date d'être l'ami du mendiant ingrat, en fait un certain Édouard Bernaert, poète belge qui fut ami de Léon Bloy, et créateur de l'éphémère revue en question.
C'est à la date du 9 janvier 1900 que Léon Bloy recopie dans son Journal Le Siècle des Charognes, paru le 4 février de la même année dans le cinquième, et dernier, numéro de Par le scandale. Le texte est dédié à «quelqu'un» sur lequel Bloy ne souffle mot, puisqu'il a dû cesser à cette date d'être l'ami du mendiant ingrat, en fait un certain Édouard Bernaert, poète belge qui fut ami de Léon Bloy, et créateur de l'éphémère revue en question. Comme il serait réjouissant, tout de même, qu'un moderne contempteur de baudruches pieuses, crevant de honte à l'idée que, lui-même catholique et pourtant «forcé d'obéir au même pasteur» (p. 18) que les ouailles dégoulinantes de mansuétude, devrait bien finir par reconnaître que les catholiques français, ces cochons, sont bel et bien ses frères ou, du moins, précise immédiatement Léon Bloy, ses «cousins germains» (p. 17), comme il serait drôle et intéressant qu'un tel butor évangélique ose affirmer que les ouvrages publicitaires de Fabrice Hadjadj ne sont rien de plus qu'une amélioration toute superficielle du catéchisme délavé qu'il a pieusement écouté (d'une seule oreille) lorsqu'il était petit, ou bien que
Comme il serait réjouissant, tout de même, qu'un moderne contempteur de baudruches pieuses, crevant de honte à l'idée que, lui-même catholique et pourtant «forcé d'obéir au même pasteur» (p. 18) que les ouailles dégoulinantes de mansuétude, devrait bien finir par reconnaître que les catholiques français, ces cochons, sont bel et bien ses frères ou, du moins, précise immédiatement Léon Bloy, ses «cousins germains» (p. 17), comme il serait drôle et intéressant qu'un tel butor évangélique ose affirmer que les ouvrages publicitaires de Fabrice Hadjadj ne sont rien de plus qu'une amélioration toute superficielle du catéchisme délavé qu'il a pieusement écouté (d'une seule oreille) lorsqu'il était petit, ou bien que 
 Dans Le songe d'Empédocle, Christopher Gérard fait revivre le paganisme naturel et originel européen à la faveur d'un voyage initiatique et romanesque entrepris par un jeune homme de sa génération.
Dans Le songe d'Empédocle, Christopher Gérard fait revivre le paganisme naturel et originel européen à la faveur d'un voyage initiatique et romanesque entrepris par un jeune homme de sa génération. 
 In november 1969 vergadert de jury van de Driejaarlijkse Staatsprijs – op dat ogenblik de belangrijkste literaire onderscheiding in Vlaanderen. Een van de vijf juryleden, romanschrijver Piet Van Aken, weigert mee te stemmen. Dat uitgerekend de vrijzinnige en linkse Van Aken zich ergert aan Gangreen 1 is merkwaardig. Koestert hij bezwaren tegen het beeld wat Geeraerts van de Congolezen ophangt of tegen de expliciete seks? Misschien. Maar de kans is groter dat Van Aken, die de Amerikaanse literatuur goed kent, meent wat hij zegt, namelijk dat hij zich stoort aan Geeraerts’ navolging van de lange zinnen zonder punten of komma’s van de Amerikaan Henry Miller – Miller die trouwens ook bekendstaat om zijn bedscènes. Wat er ook van zij, Geeraerts krijgt zijn Staatsprijs. Groot is dan ook de verontwaardiging wanneer de Brusselse politie medio december 1969 binnenvalt bij de bekende boekhandel Corman en er een exemplaar van Gangreen 1 meeneemt. Dat gebeurt op donderdag. De dag daarop verneemt de uitgever het nieuws. Hij brengt meteen een Nederlands weekblad op de hoogte.
In november 1969 vergadert de jury van de Driejaarlijkse Staatsprijs – op dat ogenblik de belangrijkste literaire onderscheiding in Vlaanderen. Een van de vijf juryleden, romanschrijver Piet Van Aken, weigert mee te stemmen. Dat uitgerekend de vrijzinnige en linkse Van Aken zich ergert aan Gangreen 1 is merkwaardig. Koestert hij bezwaren tegen het beeld wat Geeraerts van de Congolezen ophangt of tegen de expliciete seks? Misschien. Maar de kans is groter dat Van Aken, die de Amerikaanse literatuur goed kent, meent wat hij zegt, namelijk dat hij zich stoort aan Geeraerts’ navolging van de lange zinnen zonder punten of komma’s van de Amerikaan Henry Miller – Miller die trouwens ook bekendstaat om zijn bedscènes. Wat er ook van zij, Geeraerts krijgt zijn Staatsprijs. Groot is dan ook de verontwaardiging wanneer de Brusselse politie medio december 1969 binnenvalt bij de bekende boekhandel Corman en er een exemplaar van Gangreen 1 meeneemt. Dat gebeurt op donderdag. De dag daarop verneemt de uitgever het nieuws. Hij brengt meteen een Nederlands weekblad op de hoogte.

 En toevallig was daar Jef Geeraerts, met Black Venus. We hadden ons schandaal. In het begin had Jef wat last met de censuur, maar alles went, en vooral: het is maar literatuur. Want dat hadden de machthebbers snel begrepen: vuile boekjes, broekjes en doekjes zijn beter dan echte subversiviteit. Laat ze spuiten, die schrijvers, ondertussen doen ze geen groter kwaad.
En toevallig was daar Jef Geeraerts, met Black Venus. We hadden ons schandaal. In het begin had Jef wat last met de censuur, maar alles went, en vooral: het is maar literatuur. Want dat hadden de machthebbers snel begrepen: vuile boekjes, broekjes en doekjes zijn beter dan echte subversiviteit. Laat ze spuiten, die schrijvers, ondertussen doen ze geen groter kwaad.

 Pour ceux qui connaissent l'histoire de la Deuxième Guerre mondiale, Mers el-Kébir est le nom tragique des attaques menées par la marine anglaise,
Pour ceux qui connaissent l'histoire de la Deuxième Guerre mondiale, Mers el-Kébir est le nom tragique des attaques menées par la marine anglaise,  La implantación del comunismo en China en 1949, después de una prolongada guerra civil, en cuyo desenlace jugó un importante papel la incomprensión del problema por parte del gobierno de los Estados Unidos miembros de la Secretaría de Estado veían en Mao Tse tung, no un marxista leninista, sino a un «reformador agrario»-, supuso la realización de los experimentos sociales de consecuencias más desoladoras en la historia de la humanidad. Ante la magnitud de los datos que se conocen hoy, es muy posible que, en número de víctimas, se superase incluso las terribles cifras del estalinismo. Sobre dichas consecuencias trágicas existen numerosísimos testimonios no sólo de estudiosos occidentales, sino originales chinos.
La implantación del comunismo en China en 1949, después de una prolongada guerra civil, en cuyo desenlace jugó un importante papel la incomprensión del problema por parte del gobierno de los Estados Unidos miembros de la Secretaría de Estado veían en Mao Tse tung, no un marxista leninista, sino a un «reformador agrario»-, supuso la realización de los experimentos sociales de consecuencias más desoladoras en la historia de la humanidad. Ante la magnitud de los datos que se conocen hoy, es muy posible que, en número de víctimas, se superase incluso las terribles cifras del estalinismo. Sobre dichas consecuencias trágicas existen numerosísimos testimonios no sólo de estudiosos occidentales, sino originales chinos.

 But therein lies their charm. Consider this collection, to continue the pop culture metaphor, a kind of Lovecraft Unplugged.
But therein lies their charm. Consider this collection, to continue the pop culture metaphor, a kind of Lovecraft Unplugged.
 Richard Millet est classé à l'extrême-droite par ceux qui ne l'ont pas lu et se permettent de le juger. C'est le
Richard Millet est classé à l'extrême-droite par ceux qui ne l'ont pas lu et se permettent de le juger. C'est le 
 En estos artículos, que muestran la obsesiva actividad proselitista del autor, no nos encontramos con el Jünger elogiado por Hermann Hesse o H. G. Gadamer, con el ensayista profundo, el novelista imaginativo o el observador preciso, sino con el agitador político que lanza sin ambages su mensaje subversivo. No obstante, en estos escritos también se puede comprobar cierta evolución temática e intelectual. En los primeros textos se ocupa principalmente de la experiencia guerrera, del valor del sacrificio y de la sangre como cemento de una nueva sociedad, a lo que se une un profundo odio a la burguesía y a la República de Weimar. Jünger consideraba que en su generación había surgido un nuevo 'tipo humano', forjado en la guerra de material y de trincheras, a quien, a su vez, correspondía forjar un nuevo mundo: 'Como somos los auténticos, verdaderos e implacables enemigos del burgués, nos divierte su descomposición. Pero nosotros no somos burgueses, somos hijos de guerras y de enfrentamientos civiles...'. Inspirándose en Nietzsche, Spengler y Sorel, y haciendo suyo el pathos del futurismo italiano, Jünger ensalza el odio y la destrucción como elementos creativos: 'La verdadera voluntad de lucha, sin embargo, el odio verdadero, se alegra de todo lo que destruye a su contrario. La destrucción es el único instrumento que parece adecuado en las actuales circunstancias'. En estos pasajes, el escritor adopta un nihilismo heroico que convierte la violencia en un fin en sí mismo, en una experiencia mística del combatiente que debe continuar su lucha en la sociedad civil. En ellos desarrolla una estética pura de la violencia que se mueve en un vacío ético y que, supuestamente, según el autor, debería generar nuevos valores.
En estos artículos, que muestran la obsesiva actividad proselitista del autor, no nos encontramos con el Jünger elogiado por Hermann Hesse o H. G. Gadamer, con el ensayista profundo, el novelista imaginativo o el observador preciso, sino con el agitador político que lanza sin ambages su mensaje subversivo. No obstante, en estos escritos también se puede comprobar cierta evolución temática e intelectual. En los primeros textos se ocupa principalmente de la experiencia guerrera, del valor del sacrificio y de la sangre como cemento de una nueva sociedad, a lo que se une un profundo odio a la burguesía y a la República de Weimar. Jünger consideraba que en su generación había surgido un nuevo 'tipo humano', forjado en la guerra de material y de trincheras, a quien, a su vez, correspondía forjar un nuevo mundo: 'Como somos los auténticos, verdaderos e implacables enemigos del burgués, nos divierte su descomposición. Pero nosotros no somos burgueses, somos hijos de guerras y de enfrentamientos civiles...'. Inspirándose en Nietzsche, Spengler y Sorel, y haciendo suyo el pathos del futurismo italiano, Jünger ensalza el odio y la destrucción como elementos creativos: 'La verdadera voluntad de lucha, sin embargo, el odio verdadero, se alegra de todo lo que destruye a su contrario. La destrucción es el único instrumento que parece adecuado en las actuales circunstancias'. En estos pasajes, el escritor adopta un nihilismo heroico que convierte la violencia en un fin en sí mismo, en una experiencia mística del combatiente que debe continuar su lucha en la sociedad civil. En ellos desarrolla una estética pura de la violencia que se mueve en un vacío ético y que, supuestamente, según el autor, debería generar nuevos valores.  En el terreno ideológico, los artículos reflejan una visión particular y nebulosa que no llega a identificarse con ninguna de las ideologías dominantes. Sus rasgos principales son, en su vertiente negativa, un profundo sentimiento antidemocrático y antipacifista, así como un fuerte rechazo de las instituciones, excluyendo al ejército como encarnación de la idea prusiana. Su odio a la República de Weimar es manifiesto; una República, si bien es cierto, que se ha definido con frecuencia como la 'democracia sin demócratas' y que era el blanco favorito del desprecio de la mayoría de los intelectuales. Aunque Jünger se confiesa nacionalista, en concreto 'nacionalista de la acción', no asocia el concepto con una forma política concreta, más bien se limita a describir vagamente modelos utópicos o retóricos que encontrarán un desarrollo más maduro en su libro El trabajador. Armin Mohler empleó el término 'revolución conservadora' para explicar esta posición política, pero Jünger también se acercó al nacionalismo de izquierdas de un Niekisch e incluso colaboró en su revista Der Widerstand, prohibida con posterioridad por los nacionalsocialistas. La impresión que recibimos es que Jünger estaba obsesionado con una revolución, viniese de donde viniese, siempre que fuese nacional. En sus escritos solía dirigirse a 'los nacionalistas, los soldados del frente y los trabajadores'. Este empeño revolucionario fue el que le acercó al nacionalsocialismo en los primeros años del movimiento: 'La verdadera revolución aún no se ha producido, pero se aproxima irresistiblemente. No es ninguna reacción, sino una revolución auténtica con todos sus rasgos y sus manifestaciones; su idea es la popular, afilada hasta un extremo desconocido; su bandera es la cruz gamada; su forma de expresión, la concentración de la voluntad en un único punto: la dictadura. Sustituirá la palabra por la acción, la tinta por la sangre, la frase por el sacrificio, la pluma por la espada'.
En el terreno ideológico, los artículos reflejan una visión particular y nebulosa que no llega a identificarse con ninguna de las ideologías dominantes. Sus rasgos principales son, en su vertiente negativa, un profundo sentimiento antidemocrático y antipacifista, así como un fuerte rechazo de las instituciones, excluyendo al ejército como encarnación de la idea prusiana. Su odio a la República de Weimar es manifiesto; una República, si bien es cierto, que se ha definido con frecuencia como la 'democracia sin demócratas' y que era el blanco favorito del desprecio de la mayoría de los intelectuales. Aunque Jünger se confiesa nacionalista, en concreto 'nacionalista de la acción', no asocia el concepto con una forma política concreta, más bien se limita a describir vagamente modelos utópicos o retóricos que encontrarán un desarrollo más maduro en su libro El trabajador. Armin Mohler empleó el término 'revolución conservadora' para explicar esta posición política, pero Jünger también se acercó al nacionalismo de izquierdas de un Niekisch e incluso colaboró en su revista Der Widerstand, prohibida con posterioridad por los nacionalsocialistas. La impresión que recibimos es que Jünger estaba obsesionado con una revolución, viniese de donde viniese, siempre que fuese nacional. En sus escritos solía dirigirse a 'los nacionalistas, los soldados del frente y los trabajadores'. Este empeño revolucionario fue el que le acercó al nacionalsocialismo en los primeros años del movimiento: 'La verdadera revolución aún no se ha producido, pero se aproxima irresistiblemente. No es ninguna reacción, sino una revolución auténtica con todos sus rasgos y sus manifestaciones; su idea es la popular, afilada hasta un extremo desconocido; su bandera es la cruz gamada; su forma de expresión, la concentración de la voluntad en un único punto: la dictadura. Sustituirá la palabra por la acción, la tinta por la sangre, la frase por el sacrificio, la pluma por la espada'.

 Il y a cent ans mourait en Méditerranée sur le chemin des Dardanelles, le 23 avril 1915, le « plus beau jeune homme de l'Angleterre » selon les propos de Yeats, l'un de ses plus grands poètes, Rupert Brooke. Tout écolier anglais a récité à l'école ou le 11 novembre, devant le monument aux morts de son village les célèbres vers du
Il y a cent ans mourait en Méditerranée sur le chemin des Dardanelles, le 23 avril 1915, le « plus beau jeune homme de l'Angleterre » selon les propos de Yeats, l'un de ses plus grands poètes, Rupert Brooke. Tout écolier anglais a récité à l'école ou le 11 novembre, devant le monument aux morts de son village les célèbres vers du  Contrairement aux écrivains de Bloomsbury qui opteront pour l'objection de conscience, Brooke entre sur recommandation de Churchill en personne dans une division de la Marine britannique et comme officier, il prendra part à l'expédition catastrophique d'Anvers d'octobre 1914 en Belgique. En Février 1915, après une courte permission en Angleterre où il écrira ses cinq sonnets de guerre qui le rendront célèbre pour l'éternité, il s'embarque pour les Dardanelles mais
Contrairement aux écrivains de Bloomsbury qui opteront pour l'objection de conscience, Brooke entre sur recommandation de Churchill en personne dans une division de la Marine britannique et comme officier, il prendra part à l'expédition catastrophique d'Anvers d'octobre 1914 en Belgique. En Février 1915, après une courte permission en Angleterre où il écrira ses cinq sonnets de guerre qui le rendront célèbre pour l'éternité, il s'embarque pour les Dardanelles mais 
 La première étape traversée par le personnage principal revient donc à s’en affranchir. On apprend doucement à prendre du recul, à concevoir l’apparente réalité comme une extrême relativité, une illusion dont Sigismond en traduirait ainsi les contours en tant que « […] nous sommes dans un monde si étrange que vivre ce n’est que rêver, et que l’expérience m’enseigne que l’homme qui vit rêve ce qu’il est, jusqu’au moment où il s’éveille. […] Dans ce monde, en conclusion, chacun rêve ce qu’il est, sans que personne s’en rende compte ». Pedro Caldéron, « La vie est un songe ».
La première étape traversée par le personnage principal revient donc à s’en affranchir. On apprend doucement à prendre du recul, à concevoir l’apparente réalité comme une extrême relativité, une illusion dont Sigismond en traduirait ainsi les contours en tant que « […] nous sommes dans un monde si étrange que vivre ce n’est que rêver, et que l’expérience m’enseigne que l’homme qui vit rêve ce qu’il est, jusqu’au moment où il s’éveille. […] Dans ce monde, en conclusion, chacun rêve ce qu’il est, sans que personne s’en rende compte ». Pedro Caldéron, « La vie est un songe ».








 B
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 Knut Hamsun
Knut Hamsun Hamsun
Hamsun Ce n’era abbastanza perché, alla maniera con cui gli americani e i sovietici usavano trattare i loro oppositori intellettuali, nel 1945 venisse giudicato pazzo e rinchiuso in manicomio, ripetendo la medesima via di passione imposta a Ezra Pound. Nel suo libro
Ce n’era abbastanza perché, alla maniera con cui gli americani e i sovietici usavano trattare i loro oppositori intellettuali, nel 1945 venisse giudicato pazzo e rinchiuso in manicomio, ripetendo la medesima via di passione imposta a Ezra Pound. Nel suo libro 






 On n’en finit pas de revivre les « années de plomb » en Italie. Là-bas, entre 1968 et 1975, au lieu de mastiquer des marguerites comme tout le monde, jeunes fascistes et jeunes gauchistes se sont livrés à une guerre acharnée. Rien à voir avec les révolutionnaires parisiens de l’époque dont le bla-bla sentencieux endormait jusqu’aux fleurs. Chez nous, on jouait à la révolution. Chez eux, c’était la guerre. De Lotta nazionale, jusqu’aux Brigades rouges, on avalait chaque matin du chien-loup en brochette sur des barbelés. Les vieux de chaque bord étaient maudits. La nostalgie geignarde du passé impérial, des Chemises noires et du salut romain exaspéraient les jeunes fascistes qui vouaient, en revanche, un culte à Mussolini. Même chose en face : les dinosaures du Parti communiste étaient maudits, tandis que Staline, Lénine ou Mao, les vrais monstres, restaient d’indéboulonnables idoles.
On n’en finit pas de revivre les « années de plomb » en Italie. Là-bas, entre 1968 et 1975, au lieu de mastiquer des marguerites comme tout le monde, jeunes fascistes et jeunes gauchistes se sont livrés à une guerre acharnée. Rien à voir avec les révolutionnaires parisiens de l’époque dont le bla-bla sentencieux endormait jusqu’aux fleurs. Chez nous, on jouait à la révolution. Chez eux, c’était la guerre. De Lotta nazionale, jusqu’aux Brigades rouges, on avalait chaque matin du chien-loup en brochette sur des barbelés. Les vieux de chaque bord étaient maudits. La nostalgie geignarde du passé impérial, des Chemises noires et du salut romain exaspéraient les jeunes fascistes qui vouaient, en revanche, un culte à Mussolini. Même chose en face : les dinosaures du Parti communiste étaient maudits, tandis que Staline, Lénine ou Mao, les vrais monstres, restaient d’indéboulonnables idoles.
 Bij me thuis hangt een litho van Günter Grass met een zelfportret als Dummer August, een domme nar of triestige ‘rode’ clown met een zotskap gemaakt van het krantenpapier waarop de Duitse ‘weldenkende’ pers hem als nazi had besmeurd. Gij domme august, zegt het gedicht dat rond zijn kop gekrabbeld staat, komisch toch zoals ge hier nu muilen staat te trekken onder het snelrecht van de rechtvaardigen: Schnellgericht der Gerechten. Had beter kunnen weten.
Bij me thuis hangt een litho van Günter Grass met een zelfportret als Dummer August, een domme nar of triestige ‘rode’ clown met een zotskap gemaakt van het krantenpapier waarop de Duitse ‘weldenkende’ pers hem als nazi had besmeurd. Gij domme august, zegt het gedicht dat rond zijn kop gekrabbeld staat, komisch toch zoals ge hier nu muilen staat te trekken onder het snelrecht van de rechtvaardigen: Schnellgericht der Gerechten. Had beter kunnen weten. Grass was wel wat tegenstand gewoon, en als meester-spelmaker van de publieke opinie kon hij zijn belagers ook gemakkelijk uiteenspelen. Memorabel is die kaft van Der Spiegel waarop de gevreesde criticus Marcel Reich-Ranicki een roman van Grass letterlijk in tweeën scheurt – hopelijk was het boekwerk al een beetje ‘voorgescheurd’ want in een twee drie kon je de turven van Grass niet zomaar kleinkrijgen: De bot, De rattin, Een gebied zonder eind, De blikken trommel – ik vermeld enkel de ‘dikste’. En telkens won Günter Grass. De bitterheid in de correcte pers werd er niet minder om. Tot ze hem tot prulschrijver degradeerden – precies zoals ze nu doen met de filosoof Peter Sloterdijk.
Grass was wel wat tegenstand gewoon, en als meester-spelmaker van de publieke opinie kon hij zijn belagers ook gemakkelijk uiteenspelen. Memorabel is die kaft van Der Spiegel waarop de gevreesde criticus Marcel Reich-Ranicki een roman van Grass letterlijk in tweeën scheurt – hopelijk was het boekwerk al een beetje ‘voorgescheurd’ want in een twee drie kon je de turven van Grass niet zomaar kleinkrijgen: De bot, De rattin, Een gebied zonder eind, De blikken trommel – ik vermeld enkel de ‘dikste’. En telkens won Günter Grass. De bitterheid in de correcte pers werd er niet minder om. Tot ze hem tot prulschrijver degradeerden – precies zoals ze nu doen met de filosoof Peter Sloterdijk. En dan, natuurlijk, zijn ‘echte’, grote, originele, onnavolgbare debuut: De blikken trommel. Die Blechtrommel is evident een oorlogsroman. Het is juist dat de immer klein blijvende Oskar Matzerath op den duur als ‘pseudo-dwerg’ bij een variétégroep belandt die de soldaten aan het front en aan de Atlantikwall wat amusement moest brengen. Maar de beschreven gebeurtenissen en oorlogshandelingen kunnen niet verder staan van wat bijvoorbeeld een Jonathan Littell evoceert in De welwillenden. Daarin komen slechts gruwelen voor, begeleid door de analyse van de psyche van hen die de gruwelen beramen. Met De blikken trommel konden de Duitsers leven: geschreven van binnenuit, en dus met als stof datgene wat de mensen toentertijd redelijkerwijze konden weten – mensen die immers over geen ooievaarsblik beschikken maar slechts over de beperkte blik van de spelers op de kleine rechthoek waar ze handelen. In vergelijking met wat Reemtsma’s Wehrmacht-tentoonstellingen te zien gaven gebeurt er in De blikken trommel niets. Precies daardoor heeft deze roman bijgedragen tot Auseinandersetzung en Vergangenheitsbewältigung.
En dan, natuurlijk, zijn ‘echte’, grote, originele, onnavolgbare debuut: De blikken trommel. Die Blechtrommel is evident een oorlogsroman. Het is juist dat de immer klein blijvende Oskar Matzerath op den duur als ‘pseudo-dwerg’ bij een variétégroep belandt die de soldaten aan het front en aan de Atlantikwall wat amusement moest brengen. Maar de beschreven gebeurtenissen en oorlogshandelingen kunnen niet verder staan van wat bijvoorbeeld een Jonathan Littell evoceert in De welwillenden. Daarin komen slechts gruwelen voor, begeleid door de analyse van de psyche van hen die de gruwelen beramen. Met De blikken trommel konden de Duitsers leven: geschreven van binnenuit, en dus met als stof datgene wat de mensen toentertijd redelijkerwijze konden weten – mensen die immers over geen ooievaarsblik beschikken maar slechts over de beperkte blik van de spelers op de kleine rechthoek waar ze handelen. In vergelijking met wat Reemtsma’s Wehrmacht-tentoonstellingen te zien gaven gebeurt er in De blikken trommel niets. Precies daardoor heeft deze roman bijgedragen tot Auseinandersetzung en Vergangenheitsbewältigung. 