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dimanche, 14 juin 2015

Inde, comprendre le système des castes

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INDE, COMPRENDRE LA CULTURE DES CASTES
 
La cohésion sociale dans le respect des valeurs

Rémy Valat
Ex: http://metamag.fr
 
Sandrine Prévot, anthropologue, spécialiste des sociétés du sous-continent indien et directrice d’études, est l’auteure d’une remarquable synthèse sur la société indienne contemporaine, abordée du point de vue des castes : Inde, comprendre la culture des castes
 
Le terme « caste », hérité du colonisateur portugais (« casta ») reflète imparfaitement la réalité des groupes sociaux indiens et leurs substructures hétérogènes se retrouvant au sein d’une même caste. Le jati est le groupe social d’un individu dont l’appartenance est, dans la culture brahmanique, conditionnée par la naissance. La « caste » est une notion socio-religieuse traditionnelle : les jatis sont des « espèces » sociales, héritées d’un ordre naturel, immuable et cosmique.  Leur nombre est incalculable et sujet à des variables régionales ; bien que les jatis régissent et conditionnent les rapports entre les individus, ceux-ci ne déterminent ni leur destin ni leur statut économique.
 
indesp.jpgInscrite dans le sacré, l’organisation sociale indienne se fonde sur une stricte idéologie de l’inégalité des hommes, reflet d’une réalité naturelle. Le statut des êtres à leur naissance est le reflet de leurs actions pendant leurs vies antérieures et de leur karma. La société indienne est quadripartite :  les brahmanes (prêtres) occupent le haut de la société, suivis par les kshatriyas (guerriers) puis les vaishyas (force productrice) et enfin au bas de l’échelle sociale les sudras, les dalits ou les tribus (plus connus sous l’appellation d’intouchables). Ces derniers sont estimés être particulièrement impurs, parce qu’exerçant des métiers dégradants, souvent en relation avec la mort et le sang (métiers du cuir, bouchers, chasseurs, pêcheurs, etc.). Les jatis sont des compartimentations quasi-étanches, les mariages sont endogamiques : l’infraction à cette règle est motif à des violences physiques et d’exclusion : une quasi-mort sociale dans une société où le poids de la famille, source de protection affective et de soutien et d’entraide matériels, est prépondérant.
 
Si la reproduction sociale reste forte en Inde, il n’existe plus comme jadis d’adéquation radicale entre le métier et le jati. Toutefois, l’inégalité est source de tensions, d’humiliations et de violences : une forte compétition oppose les castes entre-elles : l’Inde est, comme le définit Jackie Assayag (directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) à l'École des Hautes études en sciences sociales de Paris), un « immense chantier de lutte de classements, de déclassements, de reclassements. » Le colonisateur britannique inaugura une politique de discrimination positive en faveur des basses castes en instaurant des quotas de postes réservés dans les écoles et dans les administration : ce geste contribua à l’éveil des castes défavorisées de prendre conscience de leur force politique.
 
Même si la discrimination fondée sur l’appartenance à une caste est inconstitutionnelle depuis 1950, violences symboliques et agressions physiques perdurent. La justice amnistie les auteurs de viols perpétrés par des hommes des hautes castes sur des femmes des castes inférieures au motif qu’un homme de haut rang « ne peut violer une femme de basse caste en raison de l’impureté statutaire et de sa crainte d’être souillé » (p. 28). Pour échapper à leur sort, des dalits se radicalisèrent  au sein d’un mouvement inspiré de la doctrine des Blacks Panthers (les Dalits Panthers) ou embrassèrent l’islam, le christianisme ou le bouddhisme. D’autres préfèrent adopter l’idéologie brahmanique avec un espoir d’élévation sociale en adoptant les pratiques, des coutumes et des valeurs des hautes castes, acculturation qui passe notamment par l’éducation et l’apprentissage du sanskrit. Les rejetons des hautes castes apprennent aussi et surtout l’anglais : les English Brahmin affichent un attachement à la modernité, au progrès par son adhésion aux valeurs de marché et de libéralisme, mais restent hermétiques à l’idée de réformer une société qui remettrait en question leur supériorité... Les médias, et en particulier le marketing et la publicité, ne cessent de valoriser les principes brahamiques et le monde de vie occidentalisé des élites.  Comme quoi Mickey et Brahma peuvent faire bon ménage !
  
Si la société indienne est tolérante et non-violente, la violence contenue fait surface régulièrement pour contre-balancer les cruautés de la vie quotidienne. En Inde, celle-ci est légitimée par la nécessité de préserver l’ordre social et cosmique : une personne identifiée comme « sorcière » peut être battue à mort, une intouchable violée, etc.  Cette violence affecte la vie politique et attise les tensions religieuses. Si les tensions entre Musulmans et Hindous sont consubstantielle de la naissance de la nation indienne, Sandrine Prévot attire également l’attention du lecteur sur les actions commises par les extrémistes hindous contre les Chrétiens :  « Les violences envers les missionnaires, les destructions d’églises ou les profanations de tombes sont en hausse depuis 1997. Les actions de prosélytisme des missionnaires chrétiens auprès des tribaux et des basses castes sont mal perçus par les fondamentalistes. Même s’il s’agit d’améliorer leur dignité et d’offrir un meilleur accès à l’éducation et aux soins, les nationalistes hindous, considèrent que les chrétiens profitent de cette population vulnérable et démunie pour porter atteinte à l’hindouisme, à l’intégrité de la nation » (p. 90). 

En somme, la modernisation de l’Inde et le maintien de sa cohésion sociale se font dans le respect des valeurs indiennes, centrées sur la caste, la famille et la religion. L’uniformisation culturelle à l’américaine n’a pas de prise dans ce pays. Toutefois, c’est la persistance des inégalités, amplifiée par les méfaits de la globalisation économique, qui est source de conflits, de revendications identitaires de caste et de rejet des élites indiennes, dont nous avons relevé ci-dessus les flagrantes contradictions. 

Sandrine Prévot, Inde, comprendre la culture des castes. éditions de l’Aube.

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mardi, 02 juin 2015

Julius Evola’s Influence on Jobbik and Gabor Vona

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Julius Evola’s Influence on Jobbik and Gabor Vona

Ex: http://islam-freemasonry.com

The Budapest Times has just published an article on the “esoteric” influence on Gabor Vona, the leader of Hungary’s controversial Jobbik Party, and Tibor Imre Baranyi, Vona’s advisor. Of particular importance to the journalist is the influence of the founder of the school of Traditionalism, Rene Guenon, and, more especially, Julius Evola, one of the more popular yet more frequently criticized of Traditionalist thinkers.

According to the Budapest Times, Baranyi is Vona’s official advisor, and receives a monthly gross salary of HUF 189.878 (if this is correct, that’s about $0.67 USD according to various online currency exchange sites). He is also the owner of Kvintesszencia, a publishing house in Debrecen, which has published some of Evola’s work. The Budapest Times say that,

Evola was in close contact with the SS during World War II and worked for the Study Society for Primordial Intellectual History, German Ancestral Heritage founded by Heinrich Himmler.
By the way, Vona wrote a passionate introduction for the Evola compilation published by Kvintesszencia..

This seems to be an oversimplification. Evola was close to elements in Italy’s Fascist party, and lectured to the SS, though his views were seen as incompatible with Nazi racialism, and his activities in Germany were effectively stopped. Evola saw “race” in spiritual terms, or terms of character and inclination. This may seem unsavory to us today, and while many of Evola’s opinions — such as they were influenced by the Protocols of the Elders of Zion, etc. — may have been wrong, these not unusual for his time, either on the Left or Right.

What’s important, when considering Evola’s influence, is the broad range of material he produced, some of it bad, some of it interesting. Evola’s books have been largely published by Inner Traditions, an occult/New Age publisher, since most of his work concerns spirituality, from Buddhism and Islam to Hermeticism, all of which he speaks about positively.

Without understanding this — and the Budapest Times certainly doesn’t seem to — it is difficult to understand what Evola’s impact may be on Vona. Speaking about Traditionalism, the newspaper says:

The doctrine likes to take examples from Buddhism, Hinduism, Islamic tradition and other directions of religion in order to compare the dilapidation of the Western world against something. The person who combined many different spiritual movements in such a way and is considered as the icon of traditionalists today is the Frenchman René Guénon (1886-1951). Guénon spent his late years as a Muslim Sufi mystic under the name Abdel Wahid Yahia in Cairo, the Egyptian capital becoming the final destination of his spiritual movement.

Vona does not seem to really mind that the traditional school based on the global synthesis of different religious directions and spiritual-cultural tradition contradicts the official Jobbik image of being “Christian and Hungarian”. He himself follows the “metaphysical tradition”. A couple of months ago this is what he told weekly newspaper Heti Válasz: “Every larger global religion has a core truth which is the same as in the other ones and in most cases it’s called God. Everyone has the task to get as close to God as possible in his own cultural circle and within his own faith. As a Hungarian, European and Roman Catholic person I have the same task. However, at the same time I pay attention to, study and understand other cultures and religions too.”

This again mischaracterizes Guenon and Traditionalism. Guenon — who was at one time involved with esoteric Freemasonry, and who later “moved into” Islam — did not “combine” different religions, but perceived that they were all reflections of a spiritual “primordial Tradition,” and thus all contained elements of Truth. Although concerned with both gnosis and how to live authentically rather than with society, we see something similar in anthropology, where aspects of the various religions may be compared.

Moreover, though once an obscure and academic approach, it is now a common belief in the West that all religions are in some way true. Usually this opinion is seen on the Left, as an endorsement of multiculturalism — often in a political sense, of seeing the religions as clients to be represented by a political class that is above believing in a single religion. Vona takes a Traditionalist, or more Right-wing approach, believing that though one can get close to God through any of the major religions, each person has a duty to do this through the culture of their heritage.

Personally, since I grew up in a nominally Christian country, but do not consider myself Christian, I don’t agree with Vona. But I also think these things are worth talking about seriously. Though it’s always interesting to see Traditionalism discussed in the mainstream, it’s a pity the Budapest Times got it so wrong.

 

lundi, 01 juin 2015

Iraqi Kurds revive ancient Kurdish Zoroastrianism religion

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Thanks to Islamic extremism, Iraqi Kurds revive ancient Kurdish Zoroastrianism religion

by Alaa Latif

Ex: http://ekurd.net

The One, True Kurdish Prophet

SLEMANI, Kurdistan region ‘Iraq’,— The small, ancient religion of Zoroastrianism is being revived in Iraqi Kurdistan. Followers say locals should join because it’s a truly Kurdish belief. Others say the revival is a reaction to extremist Islam.

One of the smallest and oldest religions in the world is experiencing a revival in the semi-autonomous region of Iraqi Kurdistan. The religion has deep Kurdish roots – it was founded by Zoroaster, also known as Zarathustra, who was born in Iranian Kurdistan (the Kurdish part of Iran) and the religion’s sacred book, the Avesta, was written in an ancient language from which the Kurdish language derives. However this century it is estimated that there are only around 190,000 believers in the world – as Islam became the dominant religion in the region during the 7th century, Zoroastrianism more or less disappeared.

Until – quite possibly – now. For the first time in over a thousand years, locals in a rural part of Slemani (Sulaymaniyah) province conducted an ancient ceremony on May 1, whereby followers put on a special belt that signifies they are ready to serve the religion and observe its tenets. It would be akin to a baptism in the Christian faith.

The newly pledged Zoroastrians have said that they will organise similar ceremonies elsewhere in Iraqi Kurdistan and they have also asked permission to build up to 12 temples inside the region, which has its own borders, military and Parliament. Zoroastrians are also visiting government departments in Iraqi Kurdistan and they have asked that Zoroastrianism be acknowledged as a religion officially. They even have their own anthem and many locals are attending Zoroastrian events and responding to Zoroastrian organisations and pages on social media.

Although as yet there are no official numbers as to how many Kurdish locals are actually turning to this religion, there is certainly a lot of discussion about it. And those who are already Zoroastrians believe that as soon as locals learn more about the religion, their numbers will increase. They also seem to selling the idea of Zoroastrianism by saying that it is somehow “more Kurdish” then other religions – certainly an attractive idea in an area where many locals care more about their ethnic identity than religious divisions.

As one believer, Dara Aziz, told Niqash: “I really hope our temples will open soon so that we can return to our authentic religion”.

“This religion will restore the real culture and religion of the Kurdish people,” says Luqman al-Haj Karim, a senior representative of Zoroastrianism and head of the Zoroastrian organisation, Zand, who believes that his belief system is more “Kurdish” than most. “The revival is a part of a cultural revolution, that gives people new ways to explore peace of mind, harmony and love,” he insists.

In fact, Zoroastrians believe that the forces of good and evil are continually struggling in the world – this is why many locals also suspect that this religious revival has more to do with the security crisis caused by the extremist group known as the Islamic State, as well as deepening sectarian and ethnic divides in Iraq, than any needs expressed by locals for something to believe in.

“The people of Kurdistan no longer know which Islamic movement, which doctrine or which fatwa, they should be believing in,” Mariwan Naqshbandi, the spokesperson for Iraqi Kurdistan’s Ministry of Religious Affairs, told Niqash. He says that the interest in Zoroastrianism is a symptom of the disagreements within Islam and religious instability in the Iraqi Kurdish region, as well as in the country as a whole.

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“For many more liberal or more nationalist Kurds, the mottos used by the Zoroastrians seem moderate and realistic,” Naqshbandi explains. “There are many people here who are very angry with the Islamic State group and it’s inhumanity.”

Naqshbandi also confirmed that his Ministry would help the Zoroastrians achieve their goals. The right to freedom of religion and worship was enshrined in Kurdish law and Naqshbandi said that the Zoroastrians would be represented in his offices.

Zoroastrian leader al-Karim isn’t so sure whether it is the Islamic State, or IS, group’s extremism that is changing how locals think about religion. “The people of Kurdistan are suffering from a collapsing culture that actually hinders change,” he argues. “It’s illogical to connect Zoroastrianism with the IS group. We are simply encouraging a new way of thinking about how to live a better life, the way that Zoroaster told us to.”

On local social media there has been much discussion on this subject. One of the most prevalent questions is this: Will the Kurdish abandon Islam altogether in favour of other beliefs?

“We don’t want to be a substitute for any other religion,” al-Karim replies. “We simply want to respond to society’s needs.”

However, even if al-Karim doesn’t admit it, it is clear to everyone else. Committing to Zoroastrianism would mean abandoning Islam. But even those who want to take on the Zoroastrian “belt” are staying well away from denigrating any other belief system. This may be one reason why, so far, Islamic clergy and Islamic politicians haven’t criticised the Zoroastrians openly.

As one local politician, Haji Karwan, an MP for the Islamic Union in Iraqi Kurdistan, tells Niqash, he doesn’t think that so many people have actually converted to Zoroastrianism anyway. He also thinks that those promoting the religion are few and far between. “But of course, people are free to choose whatever religion they want to practise,” Karwan told Niqash. “Islam says there’s no compulsion in religion.”

On the other hand, Karwan disagrees with the idea that any religion – let alone Zoroastrianism – is specifically “Kurdish” in nature. Religion came to humanity as a whole, not to any one specific ethnic group, he argues.

By Alaa Latif
Regions and cities names in Kurdish may have been changed or added to the article by Ekurd.net.

dimanche, 24 mai 2015

Le dieu cornu des Indo-Européens

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Le dieu cornu des Indo-Européens

par Thomas Ferrier

Ex: http://thomasferrier.hautetfort.com

De toutes les figures divines du panthéon proto-indo-européen, celle du dieu « cornu » est la plus complexe et la moins analysée. Elle est pourtant essentielle, même si son importance n’est pas comparable à celle du dieu de l’orage, dont il est souvent le compagnon de lutte mais parfois aussi l’adversaire. On le retrouve chez presque tous les peuples indo-européens, à l’exception notable des Germains même si, on le verra, il est possible d’y retrouver sa trace. Son nom originel était sans doute *Pauson, « celui qui guide ». Représenté avec deux cornes, il fut alors surnommé chez certains peuples le dieu « cornu ».

Chez les Grecs, l’équivalent en toutes choses de *Pauson était le dieu Pan. Son nom, qui ne signifiait pas « tout », comme une étymologie populaire le proposait, dérive directement de son ancêtre indo-européen. Pan est justement représenté cornu avec des pieds de bouc. Il était le dieu des troupeaux, qu’il protégeait contre les loups. C’est là un de ses rôles les plus anciens. On le dit natif d’Arcadie, une région de collines où il était très sollicité par les bergers du Péloponnèse. Son nom a également donné celui de « panique », car on dotait Pan de la capacité d’effrayer les ennemis.

Pan n’était pas le fils de n’importe quel dieu. Il était celui d’Hermès avec lequel il se confond. Comme souvent chez les Grecs, un même dieu indo-européen pouvait prendre plusieurs formes. On confondait ainsi Eôs et Aphrodite ou encore Hélios et Apollon. Le premier portait le nom originel, le second celui d’une épiclèse devenue indépendante. Pan et Hermès étaient dans le même cas de figure. Hermès disposait de la plupart des rôles auparavant dévolus à celui dont les Grecs feront paradoxalement le fils. Il était le dieu des chemins et lui aussi conducteur des troupeaux. On raconte que dans ses premières années il déroba le troupeau dont Apollon avait la garde. C’était le dieu des voleurs et le dieu qui protégeait en même temps contre le vol. Il était aussi le gardien des frontières, d’où sa représentation sous forme d’une borne, tout comme le dieu latin Terminus. Il était également le dieu du commerce et de l’échange, le protecteur des marchands. Enfin, Hermès était un dieu psychopompe, conduisant les âmes des morts aux Champs Elyséens ou dans le sombre royaume d’Hadès.

En Inde, l’homologue de Pan était le dieu Pusan. A la différence de Pan, Pusan avait conservé l’intégralité de ses prérogatives. Il était dieu psychopompe, emmenant les âmes chez Yama. Il protégeait les voyageurs contre les brigands et les animaux sauvages. Ce dieu offrait à ceux qu’il appréciait sa protection et la richesse symbolisée par la possession de troupeaux. Son chariot était conduit par des boucs, là encore un animal associé au Pan grec.

Le dieu latin Faunus, qui fut associé par la suite non sans raison avec Pan, se limitait à protéger les troupeaux contre les loups, d’où son surnom de Lupercus (sans doute « tueur de loup »), alors que Mars était au contraire le protecteur de ces prédateurs. Son rôle était donc mineur. Le dieu des chemins était Terminus et le dieu du commerce, lorsque les Romains s’y adonnèrent, fut Mercure, un néologisme à base de la racine *merk-. Faunus était également le dieu des animaux sauvages auprès de Silvanus, dieu des forêts.

Enfin, le dieu lituanien Pus(k)aitis était le dieu protecteur du pays et le roi des créatures souterraines, avatar déchu d’une grande divinité indo-européenne mais qui avait conservé son rôle de gardien des routes et donc des frontières.

cernunnos-1.jpgLes autres peuples indo-européens, tout en conservant la fonction de ce dieu, oublièrent en revanche son nom. Les Celtes ne le désignèrent plus que par le nom de Cernunnos, le dieu « cornu ». En tant que tel, il était le dieu de la richesse de la nature, le maître des animaux sauvages comme d’élevage, le dieu conducteur des morts et un dieu magicien. Il avait enseigné aux druides son art sacré, d’où son abondante représentation en Gaule notamment. Sous le nom d’Hernè, il a pu s’imposer également chez les Germains voisins. Représenté avec des bois de cerf et non des cornes au sens strict, il était le dieu le plus important après Taranis et Lugus. En revanche, en Bretagne et en Irlande, il était absent. Son culte n’a pas pu traverser la Manche. Chez les Hittites, le dieu cornu Kahruhas était son strict équivalent mais notre connaissance à son sujet est des plus limités.

Dans le panthéon slave, les deux divinités les plus fondamentales était Perun, maître de l’orage et dieu de la guerre, et Volos, dieu des troupeaux. Même si Volos est absent du panthéon officiel de Kiev établi par Vladimir en 980, son rôle demeura sous les traits de Saint Basile (Vlasios) lorsque la Rous passa au christianisme. Il était notamment le dieu honoré sur les marchés, un lieu central de la vie collective, d’où le fait que la Place Rouge de Moscou est jusqu’à nos jours dédiée à Basile. Volos n’était pas que le dieu des troupeaux. Il était le dieu des morts, ne se contentant pas de les conduire en Nav, le royaume des morts, même si la tradition slave évoque éventuellement un dieu infernal du nom de Viy. Il apportait la richesse et la prospérité en même temps que la fertilité aux femmes. Dieu magicien, il était le dieu spécifique des prêtres slaves, les Volkhvy, même si ces derniers avaient charge d’honorer tous les dieux. Perun et Volos s’opposaient souvent, le dieu du tonnerre n’hésitant pas à le foudroyer car Volos n’était pas nécessairement un dieu bon, et la tradition l’accusait d’avoir volé le troupeau de Perun. Une certaine confusion fit qu’on vit en lui un avatar du serpent maléfique retenant les eaux célestes, qui était Zmiya dans le monde slave, un dragon vaincu par la hache de Perun, tout comme Jormungandr fut terrassé par Thor dans la mythologie scandinave.

Dans le monde germanique, aucun dieu ne correspond vraiment au *Pauson indo-européen. La société germano-scandinave n’était pas une civilisation de l’élevage, et les fonctions commerciales relevaient du dieu Odin. Wotan-Odhinn, le grand dieu germanique, s’était en effet emparé de fonctions relevant de Tiu-Tyr (en tant que dieu du ciel et roi des dieux), de Donar-Thor (en tant que dieu de la guerre). Il existait certes un Hermod, dont le nom est à rapprocher de celui d’Hermès, mais qui avait comme seul et unique rôle celui de messager des dieux. Mais c’est sans doute Freyr, dont l’animal sacré était le sanglier, qui peut être considéré comme le moins éloigné de *Pauson. Frère jumeau de Freyja, la déesse de l’amour, il incarnait la fertilité sous toutes ses formes mais était aussi un dieu magicien. On ne le connaît néanmoins pas psychopompe, pas spécialement dédié non plus au commerce, ni à conduire des troupeaux. Wotan-Odhinn là encore était sans doute le conducteur des morts, soit en Helheimr, pour les hommes du commun, soit au Valhöll, pour les héros morts au combat. Le *Pauson proto-germanique a probablement disparu de bonne date, remplacé dans tous ses rôles par plusieurs divinités.

*Pauson était donc un dieu polyvalent. En tant que dieu des chemins, dieu « guide », ce que son nom semble signifier, il patronnait toutes les formes de déplacement, les routes mais aussi les frontières et les échanges. Il était en outre le dieu des animaux sauvages et des troupeaux, qu’il conduisait dans les verts pâturages. Il conduisait même les âmes morts aux Enfers et délivrait aux hommes les messages des dieux, même si ce rôle de dieu messager était partagé avec la déesse de l’arc-en-ciel *Wiris (lituanienne Vaivora, grecque Iris). C’était un dieu qui maîtrisait parfaitement les chemins de la pensée humaine. Les Grecs firent ainsi d’Hermès un dieu créateur et même celui de l’intelligence théorique aux côtés d’Athéna et d’Héphaïstos. Ils lui attribuèrent l’invention de l’écriture et même de la musique. Il est logique d’en avoir fait un magicien, capable de tous les tours et de tous les plans, y compris de s’introduire chez Typhon pour récupérer les chevilles divines de Zeus ou de libérer Arès, prisonnier d’un tonneau gardé par les deux géants Aloades. Sous les traits du romain Mercure, main dans la main avec Mars, il finit par incarner la puissance générée par le commerce, facteur de paix et de prospérité pour la cité autant que les légions à ses frontières.

Son importance était telle que les chrétiens annoncèrent sa mort, « le grand Pan est mort », pour signifier que le temps du paganisme était révolu. Pourtant il ne disparut pas, alors ils en firent leur Diable cornu et aux pieds de bouc. Il conserva ainsi son rôle de dieu des morts mais uniquement pour les pêcheurs, les vertueux accédant au paradis de Dieu.

Thomas FERRIER (PSUNE/LBTF)

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samedi, 23 mai 2015

Archives de Julius Evola en français (1971)

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Archives de Julius Evola en français (1971)

Unique interview en intégralité de Julius Evola en français, vieilli, paralysé mais toujours alerte, quelque temps avant sa mort. Sorte de testament biographique, on y trouvera entre autres les thèmes de l'essence de ses ouvrages, sa période artistique dadaïste, ses rapports avec René Guénon, ainsi qu'avec les régimes politiques de l'époque, et bien d'autres explorations métaphysiques.

(Le bruit sourd s'estompera après les premières vingt minutes)

vendredi, 22 mai 2015

A Vedic Examination of Abrahamism

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A Vedic Examination of Abrahamism

The following article is from chapter 3 of the groundbreaking new work The Dharma Manifesto“, by Sri Dharma Pravartaka Acharya.

By Sri Dharma Pravartaka Acharya

The Abrahamic worldview is today represented by five closely aligned ideological tendencies: 1) Judaism, 2) Pauline Christianity, 3) Islam, 4) Marxism, and to a less significant extent 5) the Baha’i movement. Of these Abrahamic tendencies, Marxism is the only self-stated atheistic one, the others being religious in nature. The greatest real-world challenge and exact philosophical juxtaposition to the entire Dharmic worldview has historically been, and continues to this day to be, the Abrahamic mentality and worldview.

While some very important theological and ritual distinctions can be seen between them all, nonetheless the specifically religious-oriented aspects of Abrahamism – Judaism, Christianity and Islam – share a common worldview, psychological make-up, and guiding ethos. Judaism, Christianity and Islam are historically referred to as the “Abrahamic” religions because all three religions trace their origins to the prophet Abraham, and can thus be seen to be quite similar in many aspects of their respective outlooks. The following are only a few of the similarities that they all share.

1. All three religions have a shared acceptance of the teachings of the Old Testament prophets (Christianity, in addition to the accepting the Old Testament prophets, also accepts Jesus. Islam, in addition to the Old Testament prophets and Jesus, also accepts Muhammad).

2. Anthropomorphic monotheism. The supreme god of Abrahamism is seen in very human terms, including in his exhibition of such very human emotions as anger, jealousy, prejudice and vengeance.

3. A profound sense of religious exclusivity, creating two strictly delineated camps of “believers” in opposition to everyone else.

4. The belief that there is only the sole true faith, and that any other form of religious expression external to the “one true faith” is necessarily wrong.

5. The acceptance of terrorism, violence, mob action, looting and aggressive missionary tactics to spread their religion.

6. A common sense of being at a war to the death with the Dharmic (“Pagan”) world that preceded Abrahamic ascendency.

7. The centrality of unidirectional prayer to commune with their god, with systematic meditation practice playing either little or no part in the practice of their respective religions.

8. A belief in the existence of angels, the devil, demonic spirits, etc.

9. All three teach the bodily resurrection, the Final Judgment, the creation of the soul at the time of conception or birth (as opposed to the soul’s pre-existence, which all Dharmic spiritual traditions teach), the binding effects of sin, etc.

10. The importance of a specific holy day of the week set aside for prayer and rest: For Jews – Saturday. For most Christians – Sunday. For Muslims – Friday.

These are only a few of the elements of the Abrahamic worldview, of which mainstream Christianity is an integral part.

Up until 2000 years ago, the Dharmic worldview was by far the predominant worldview for most of humanity – from Ireland in the West to the Philippines in the East. Though there were thousands of diverse individual cultures, languages, foods, customs and traditions among the ancient Indo-European peoples, most of these ethnically varied cultures were united in their deep respect for, and attempted adherence to, the Natural Way (Dharma).

This ancient uniformity in adherence to Dharma was the case for tens of thousands of years until the radically anti-human and anti-nature Abrahamic ideology suddenly burst upon the world scene 4000 years ago with an evangelical fury, religiously-inspired violence, and zealous civilization-destroying vengeance the likes of which the civilized world had never seen previously. Never before had the multiple ancient and noble pre-Christian cultures of the world ever experienced such massive destruction, death, persecution, forced conversion, and cultural annihilation performed in the name of an artificially expansive religion as it witnessed at the hands of the new Abrahamic ideology that had arrived, seemingly out of nowhere, onto the world stage. It was in the wake of this never before experienced juggernaut of Biblically inspired destruction that the light of Dharma began to swiftly wane, and that Reality as it was known up till then was turned literally on its head.

Religiously inspired imperialism began with the more localized expansion of the Israelites in the Levant region two thousand years before the birth of Christianity.[1] However, it was soon after the appropriation of the original teachings and spiritual movement of Jesus, and the massive expanse of this later, corrupt form of post-Constantine Christianity, that the expansion of the Abrahamic ideology began to take on truly global proportions. As the French thinker Alain de Benoist explains this catastrophe in the context of European history,

“. . . the conversion of Europe to Christianity and the more or less complete integration of the European mind into the Christian mentality, was one of the most catastrophic events in world history – a catastrophe in the proper sense of the word…”[2]

With the ascent of the Abrahamic onslaught came the counter-proportional descent of the Indo-European world’s traditional Dharmic civilizations.

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Christianity, in retrospect, was but one of several artificially constructed, new movements that all fall under the general term “Abrahamic”, named after the infamous founder of fanatical religious exclusivity, Abraham (1812 BC – 1637 BC).  These four anti-nature ideologies are 1) Judaism, 2) Christianity, 3) Islam, and 4) Marxism.  Whether we speak of Judeo-Christian “holy wars” and Inquisitions, or the bloody and unending Islamic jihads against “infidels”, or the genocide of over 100 million people in the name of Marxist revolution, all four of these Abrahamic movements have been responsible for more destruction, loss of life, and social mayhem than all other ideas, religions, and ideologies in world history combined.

The Abrahamic onslaught has been an unparalleled juggernaut of death. More, while all four ideologies have remained seemingly divided by dogmatic, sectarian concerns, all Abrahamic movements have been fanatically united in both their common origin, and in their shared aim of annihilating their perceived enemy of Dharma from the earth, and seeking sole domination of world power for themselves alone. While Judaism, Christianity and Islam have been at war with each other for millennia, they are all united in their insistence that Dharma is their principal hated enemy. The essential driving principle of Abrahamism is to bring about the immediate death of Dharma.

Dharma and Abrahamism are exact opposites in every way.  Dharma and Abrahamism stand for two radically opposed visions for humanity’s future. Dharma stands for nature, peace, diversity, and reason. Abrahamism stands for artificiality, war, uniformity, and fanaticism. They are the only two real ideological poles of any true significance in the last two-thousand years. There has been an ongoing Two-Thousand Year War between these two opposing worldviews that has shaped the course of much of human history since this conflict’s start. Every philosophical construct, religious denomination, political ideology and general worldview of the past two millennia falls squarely into one camp or the other. Every human being living today falls squarely into one camp or the other. Dharma and Abrahamism are the only two meaningful ideological choices for humanity today. And for all too much of the duration of this Two-Thousand Year War, Dharma has been on the losing end as Abrahamism has continuously succeeded in its unrivalled ascendancy.

The destructive ascendancy of Abrahamism is, however, about to come to an end. We are now about to witness a period of Dharmodaya – of Dharma ascending – in this very generation. As is explained in thorough detail in the two books “The Dharma Manifesto” and “Sanatana Dharma: The Eternal Natural Way”, we are about to experience the rebirth of Dharmic and Vedic civilization throughout the totality of our world.

The Dharma world-view represents a positive moral and philosophical alternative to the many ills and cultural distortions of Abrahamic modernity. Vedic culture is human culture, because Vedic culture is the model of spiritual civilization. Our world is not without meaning. Our future is not without hope. Though the darkness of the Kali Yuga (our current “Age of Conflict”) and a civilizational crisis has now descended upon us, the Sun of Dharma will soon be seen again. No cloud can obscure our vision of the Sun forever. We will live to see Dharma triumphant again, and to see a Golden Age of compassion, true culture, and the Natural Way be firmly established.



[1] One of the prime example of such Abrahamist expansion was the conquest of Canaan (circa 1400-1350 BC), described in the Book of Joshua and the first chapter of Judges.

[2] Alain de Benoist, On Being a Pagan, ed. Greg Johnson, trans. Jon Graham (Atlanta: Ultra, 2004), p. 5.

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This article is from chapter 3 of the groundbreaking new political work “The Dharma Manifesto“, by Sri Dharma Pravartaka Acharya.

The Dharma Manifesto serves as the first ever systematic revolutionary blueprint for the nascent global Vedic movement that will, in the very near future, arise to change the course of world history for the betterment of all living beings. The Dharma Manifesto signals the beginning of a wholly new era in humanity’s eternal yearning for meaningful freedom and happiness.

About the Author

Sri Dharma Pravartaka Acharya has been acknowledged by many Hindu leaders throughout the world to be one of the most revolutionary and visionary Vedic spiritual masters on the Earth today.

With a forty year history of intensely practicing the spiritual disciplines of Yoga, and with a Ph.D. in Religious Studies, Sri Acharyaji is one of the most eminently qualified authorities on Vedic philosophy, culture and spirituality. He is the Director of the Center for the Study of Dharma and Civilization.

His most historically groundbreaking politico-philosophical work, “The Dharma Manifesto“, is now offered to the world at a time when its people are most desperately crying out for fundamental change.

samedi, 16 mai 2015

Brocéliande ou la filiation celtique des Européens

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Brocéliande ou la filiation celtique des Européens

par Marie Monvoisin
Ex: http://www.breizh-info.com

Lors du 2ème  colloque de l’Institut Iliade qui s’est tenu à la Maison de la Chimie, à Paris, le 25 avril dernier, Marie Monvoisin a évoqué Brocéliande, haut-lieu de l’univers celtique européen.

En termes de haut-lieu, nous aurions pu évoquer bien des sites de l’hexagone. Mais Brocéliande présente un atout particulier en ce sens que le fonds culturel des Celtes y est toujours présent et qu’il suffit d’y puiser pour retrouver un certain état d’esprit.

Certes, des historiens objectifs vous expliqueront à juste titre que les Celtes sont les vaincus de l’histoire et qu’ils n’ont pu nous transmettre l’essence de ce que l’on subodore de l’âme celte. Il n’empêche que nous en avons connaissance aujourd’hui, et nous pouvons nous la réapproprier, en ces temps troublés de perte d’identité, de perte de sens, et de vagabondage culturel.

N’est-il pas étrange, si l’on y réfléchit, qu’un Européen cultivé n’ignore rien de l’histoire, de la littérature, de la mythologie des anciens Grecs et Romains, mais n’éprouve aucune honte à ne rien connaître des Celtes, alors que les deux tiers de l’Europe ont été celtiques. L’incroyable ignorance de leurs propres ancêtres par les gens cultivés trouve son excuse dans les manuels d’histoire : nos ancêtres les Gaulois étaient des barbares sauvages, et ce sont les Romains qui sont venus leur apporter les lumières de la civilisation, alors que ces conquérants n’ont atteint un haut niveau qu’en copiant leurs voisins, Etrusques, Grecs ou Celtes.

Brocéliande, légendes et mythes

Venons-en à Brocéliande, en quoi est-ce un haut-lieu pour nous autres Européens, et en quoi nous inspire-t-il ? En effet, si on parle d’histoire, concernant Brocéliande, on peut sans exagérer parler d’histoire inventée par des mythes, car les grands événements du monde ne se sont pas déroulés en forêt de Paimpont, mais plutôt du côté de ceux qu’on appelle les Gaulois. L’histoire médiévale a réinscrit cette contrée dans l’histoire européenne avec notre bonne duchesse Anne, mais c’est déjà un autre monde.

En revanche, ce qui forge aussi une âme en matière d’histoire, ce sont les légendes d’un côté et les mythes de l’autre.

Pour autant, à défaut d’histoire, c’est d’abord un haut-lieu en ceci qu’il nous relie à notre filiation celte.

La forêt de Paimpont, puisque c’est son nom administratif, fut toujours habitée par les Celtes. Celtes qui sont un rameau de la famille indo-européenne, et sont passés en Europe en étendant leurs colonies sur le vaste territoire qui deviendra la Gaule, jusqu’à l’Armorique, sylve sauvage impénétrable de l’extrême occident.

Habitée ensuite au sens noble par les druides qui, lors des grandes migrations des Ve et VIe siècles, sous la poussée des hordes anglo-saxonnes, bien que christianisés, n’ont pas rompu avec la tradition celtique druidique, et sont des anachorètes sanctifiés et révérés par le peuple. Ce sont ces druides qui fondent la principauté BroWaroch, qui donnera la Bretagne. Plus tard, au Moyen Age, le massif acquiert sa réputation de forêt légendaire et c’est au XIIe siècle que Brocéliande prend rang dans « les mythiques forêts enchantées » grâce à Chrétien de Troyes, notamment. Les légendes arthuriennes païennes réinvestissent ce lieu en pleine période médiévale chrétienne.

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Le décor est planté pour toujours

Brocéliande est un haut-lieu qui nous inspire également parce que les légendes qui y sont attachées trouvent à la fois un écho au tréfonds de notre esprit européen pour les valeurs qu’elles véhiculent et une certaine esthétique de l’âme.

Nous examinerons le sens du sacré dans la société celtique, la quête du Graal, la place de la femme, l’esprit de clan, l’organisation trifonctionnelle, la forêt.

Une société qui a le sens du sacré

La société celtique ne vit que dans et par le sacré. La classe sacerdotale est prééminente, très hiérarchisée et d’une autorité indiscutée. Les druides sont des initiés qui ont le sacré dans leurs attributions, mais il n’existe pas de différence entre le sacré et le profane : à la fois prêtres et savants, les druides cumulent les fonctions de ministres du culte, devins, conseillers politiques, juges, médecins, penseurs et universitaires. Les études pour parvenir à cet état sont ouvertes à tous, y compris les femmes, et durent 20 ans.

Dans la mythologie instinctive initiale, les Forces de la Nature sont déifiées ainsi que les rythmes cycliques, solaire, lunaire et stellaire. Ce sont les druides qui accompliront l’évolution spirituelle ultérieure.

Une société qui donne naissance à la quête du Graal

Au centre de la cour arthurienne, la Table Ronde rassemble les meilleurs chevaliers, venus du monde entier briguer l’honneur de servir. Alors commencent les expéditions, entreprises sur un signe, une requête, un récit marqué d’étrangeté. Lorsqu’il prend la route, chaque chevalier devient à lui seul l’honneur de la Table Ronde et la gloire du roi. Il forme l’essence même de la chevalerie arthurienne, affirmant la nécessité de l’errance, le dédain des communes terreurs, la solitude qui ne s’accompagne que d’un cheval et d’une épée. Il ne sait ni le chemin à suivre, ni les épreuves qui l’attendent. Une seule règle, absolue, lui dicte de « prendre les aventures comme elles arrivent, bonnes ou mauvaises ». Il ne se perd pas tant qu’il suit la droite voie, celle de l’honneur, du code de la chevalerie.

La nécessité de la Quête est partie intégrante du monde arthurien. Au hasard de sa route, le chevalier vient à bout des forces hostiles. Il fait naître l’harmonie, l’âge d’or de la paix arthurienne dans son permanent va-et-vient entre ce monde-ci et l’Autre Monde, car l’aventure où il éprouve sa valeur ne vaut que si elle croise le chemin des Merveilles. Sinon, elle n’est qu’exploit guerrier, bravoure utilitaire. Seul le monde surnaturel qui attend derrière le voile du réel l’attire, et lui seul est qualifiant.

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Les poètes recueillent la Matière de Bretagne vers le XIIe siècle. La société cultivée européenne découvre les légendes des Celtes, un univers culturel d’une étrangeté absolue. Ce roman, nourri de mythes anciens, donne naissance à des mythes nouveaux, Table ronde, Graal, Merlin, etc. Parmi les référents culturels de l’Europe en train de naître, elle s’impose en quelques dizaines d’années, du Portugal à l’Islande, de la Sicile à l’Ecosse. La légende celtique, mêlée d’influences romanes ou germaniques, constitue en effet une composante fondamentale pour l’Europe en quête d’une identité qui transcende les nécessités économiques et politiques. Mais le thème de la quête représente plus fondamentalement un itinéraire proprement spirituel, initiatique ou mystique même. Elle manifeste un besoin d’enracinement, la recherche de valeurs anciennes – prouesse, courtoisie, fidélité, largesse… -, l’aspiration à l’image idéale de ce que nous pourrions être.

Le roman arthurien n’a pas inventé la quête, mais il lui a donné une couleur et une dimension renouvelées. La quête chevaleresque n’est ni la descente aux enfers d’Orphée ou de Virgile, la fuite d’Enée ou la dérive volontaire d’Ulysse. A travers d’innombrables épreuves, dont on ne sait dans quelle réalité elles se déroulent, elle unit à un voyage qui porte ordre et lumière là où règne le chaos, un cheminement d’abord intérieur, une recherche de perfection et d’absolu.

Une société qui honore la femme

Dans les sociétés européennes anciennes, il faut toujours rappeler que la femme tient une place originale, réelle et influente en tant que muse, inspiratrice, créatrice, sans négliger sa mission de mère, d’éducatrice, et de gardienne du foyer. Dans la société celtique en particulier, les femmes jouent un rôle qui n’est ni effacé ni subalterne : libres, maitresses d’elles-mêmes et de leurs biens, entraînées au combat, elles peuvent prétendre à l’égalité avec les hommes.

Le merveilleux participant pleinement au monde, la femme en est à la fois la médiatrice et l’incarnation. Elle tient une place prépondérante dans les cycles initiatiques. Le but de la fée n’est pas de dominer l’homme, mais de le révéler, de le réveiller. Le partenaire est jaugé pour ses qualités tripartites : ni jalousie, ni crainte, ni avarice. La femme celtique n’est ni intouchable, ni adultérine. Elle reste souveraine. Et force est de constater que la souveraineté celtique vient et tient des femmes.

La Dame est triple : visionnaire, reine et productrice. Son sacerdoce n’est pas limité à la prophétie et à la médecine.

Le mystère qui entoure les cultes féminins témoigne plus d’un secret initiatique que d’une absence. Rappelons enfin qu’Epona, déesse des cavaliers et de la prospérité, est la seule divinité celtique que les Romains incluront à leur calendrier.

Une société qui pratique l’esprit de clan

L’unité sociale des Celtes n’est ni la nation, cette invention de la Révolution, ni la famille comme dans le monde antique. C’est la tribu ou le clan. Dans ce cadre s’épanouit la personnalité, qui est donc collective et non pas individuelle. Le Celte pense « nous » plus que « je ». Et le « nous » est restrictif. Chez les Celtes, leur respect inconditionnel de la coutume est le contrepoids de leurs foucades anarchiques, leur unité culturelle et leurs rassemblements cycliques, le remède à leur dispersion sur le terrain.

Que la forme de vie celtique, essentiellement spirituelle et pratique, ait disparu avec les premières ambitions de « faire nombre » montre combien la celticité est peu compatible avec la modernité. Elle est d’un temps où la notion moderne de sujet n’existait pas, pas plus que la ville avec ses populations hétérogènes, et où la fusion de tout individu avec une réalité spirituelle englobante avait encore une signification pratique et intellectuelle, autant que sociale.

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Une société qui repose sur le modèle trifonctionnel indo-européen

Cette tripartition possède chez les Celtes des traits originaux. Le druide qui est à la fois prêtre, juriste, historien, poète, devin, médecin, représente la première fonction. Le roi, de deuxième fonction, ne peut régner sans les conseils d’un druide qui le guide dans toutes ses actions, même dans la guerre. Le druide ne peut ni ne doit exercer le pouvoir lui-même. Le roi est élu par les hommes libres des tribus, parmi ceux que les druides choisissent ou suscitent. Le druide préside à la cérémonie religieuse qui doit ratifier cette élection. Le druide et le roi ont donc deux obligations fondamentales et conjointes : le druide doit dire la vérité, et le roi doit dispenser les richesses.

Une société qui vit en harmonie avec la nature, dont la forêt est l’archétype

Brocéliande, c’est avant tout une Forêt avec tout ce que ce mot emporte de symboles et de sens.

« D’autres peuples ont élevé à leurs dieux des temples et leurs mythologies mêmes sont des temples. C’est dans la solitude sauvage du Nemeton, du bois sacré, que la tribu celtique rencontre ses dieux, et son monde mythique est une forêt sacrée, sans routes et sans limites. » En Brocéliande, « pays de l’Autre Monde », nous sommes dans l’Argoat, le pays du bois. A Brocéliande, on vient en pèlerinage, pas en balade ; on n’y pénètre pas, c’est la forêt qui entre en nous.

Pour vous aider à plonger dans cette atmosphère singulière, un poème d’Hervé Glot :

« Echine de roc / émergeant du couvert / au-dessus du val des ombres / labyrinthique chemin noir vers la source des orages, Brocéliande n’existe pas / sans un aveuglement spirituel / une mise en état de l’âme. »

Et pour Gilbert Durand : « La forêt est centre d’intimité comme peut l’être la maison, la grotte ou la cathédrale. Le paysage clos de la sylve est constitutif du lieu sacré. Tout lieu sacré commence par le ‘bois sacré’ ».

C’est pourquoi l’atmosphère particulière qui règne sur cette forêt druidique convient au personnage de Merlin. Peu importe l’authenticité de celui-ci, l’essentiel est qu’il soit l’âme traditionnelle celtique. Merlin, à l’image du druide primitif, est à la charnière de deux mondes. Il joue le rôle d’un druide auprès du roi Arthur qu’il conseille. Il envoie les compagnons de la Table Ronde à la quête du mystérieux Saint Graal. Il pratique la divination ; il a pour compagnon un prêtre, l’ermite Blaise, dont le nom se réfère au breton Bleizh qui signifie loup. Or Merlin commande aux animaux sauvages, et est accompagné d’un loup gris. Dans la légende de Merlin, ce qui importe c’est un retour à un ille tempus des origines, à l’âge d’or.

Deux étapes à Brocéliande…

Pénétrons dans la forêt pour deux étapes.

La Fontaine de Barenton d’abord. C’est une fontaine « qui bout bien qu’elle soit plus froide que le marbre », une fontaine qui fait pleuvoir, et qui guérit de la folie. Elle se trouve aux lisières de la forêt, dans une clairière où règne un étonnant silence. Endroit protégé, donc, en dehors du monde, de l’espace et du temps. Et le nom de Barenton incite à la réflexion, abréviation de Belenos, qualificatif donné à une divinité lumineuse telle que Lug, le Multiple-Artisan.

Cette clairière est un Nemeton, un sanctuaire non bâti, isolé au milieu des forêts, endroit symbolique où s’opèrent les subtiles fusions entre le Ciel et la Terre, entre la Lumière et l’Ombre, entre le Masculin et le Féminin. Dans le mot Nemeton, il y a nemed qui veut dire « sacré ». Et donc il est normal que Merlin hante cette clairière, lui qui est au milieu, sous l’arbre qu’on appelle Axis Mundi, et c’est de là qu’il répercute le message qu’il reçoit de Dieu et dont il est le dépositaire sacerdotal.

Le persifleur qu’il représente est la mauvaise conscience d’une société occidentale, comme l’était Diogène le Cynique chez les Athéniens, chargé de provoquer son seigneur en le mettant en face de ses faiblesses.

Une étape s’impose aussi à l’église de Tréhorenteuc, qui par la grâce de l’Abbé Gillard a donné un sanctuaire bâti à la Nemeton celtique : en effet, Jésus y côtoie Merlin et il y est rendu un vibrant hommage au cycle arthurien. Sur le mur de l’église, est gravé « la porte est en dedans », c’est-à-dire en nous. Il faut donc franchir cette porte avant que d’aller en forêt.

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En conclusion

Il s’agissait donc d’évoquer un lieu en rapport avec l’univers esthétique et mental qui est propre aux Européens, où souffle l’esprit, un lieu porteur de sens et de valeurs qui nous sont proches. Brocéliande et le monde celte remplissaient cet office.

Cette intervention veut aussi être un hommage à tous ceux des nôtres qui ont si bien su appréhender la poésie, la magie, l’essence du monde de la forêt, attentifs à cet infinitésimal qui renvoie à l’ordre cosmique. Difficile pour nous, hommes des villes entourés de verre et d’acier, où l’on porte le masque et perd le sens du sacré.

Pour terminer, dans cette enceinte où les acteurs anciens et modernes du monde celte sont évoqués, non seulement pour l’esthétique, mais pour leur rôle dans la formation et l’approfondissement de notre âme européenne, je citerai Bruno de Cessole, évoquant la façon dont Dominique Venner a choisi de partir, et le replaçant à sa manière dans le Panthéon celtique :

« En des temps de basses eaux comme les nôtres, où les valeurs d’héroïsme et de sacrifice sont tenues pour de vieilles idoles dévaluées, voilà qui est incompréhensible aux yeux des petits hommes anesthésiés de cette époque, qui ne sauraient admettre qu’un intellectuel choisisse de se tuer pour prouver que la plus haute liberté consiste à ne pas être esclave de la vie, et inciter ses contemporains à renouer avec le destin ».

Une fois de plus, le Roi Arthur revient. Non pas la figure royale, mais l’univers de liberté et d’imaginaire qu’il convoie. A qui s’interroge sur ces postérités tenaces et ces résurrections insistantes, on peut trouver des raisons diverses et multiples mais la principale, c’est que c’est la plus belle histoire du monde et qu’il suffit de revenir aux récits, à ces mots qui voyagent vers nous depuis plus de huit siècles pour comprendre, comme le souligne Hervé Glot, que les enchantements de Bretagne ne sont pas près de prendre fin. Si avec le mythe de l’éternel retour, le monde médiéval chrétien a connu la résurgence du mythe celte, nul doute qu’à Brocéliande, tôt ou tard, le Roi Arthur reviendra, et pour toujours !

Marie Monvoisin

 Source

dimanche, 10 mai 2015

Lafcadio Hearn and Japanese Buddhism

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Lafcadio Hearn and Japanese Buddhism

by Kenneth Rexroth

Ex: http://www.bobsecrets.org

“In attempting a book upon a country so well trodden as Japan, I could not hope — nor would I consider it prudent attempting — to discover totally new things, but only to consider things in a totally new way. . . . The studied aim would be to create, in the minds of the readers, a vivid impression of living in Japan — not simply as an observer but as one taking part in the daily existence of the common people, and thinking with their thoughts.”

So Lafcadio Hearn wrote to Harper’s Magazine in 1889 just prior to leaving for Japan. He kept this promise so well that by his death in 1904 (as Koizumi Yakumo, a Japanese citizen) he was acclaimed as one of America’s greatest prose stylists and the most influential authority of his generation on Japanese culture. That reputation has dimmed somewhat since then. Changing tastes in literary styles have made Hearn’s work seem old-fashioned, and Japan’s astonishing absorption of Western industrial methods and industrial values have made him for a time irrelevant.

Now interest in ancient Japanese culture and religion is again on the rise, and Hearn’s work, devoted as it is to what he perceived as lasting and essential in Japanese life, is experiencing a revival. From his essays and stories emerges a sensitive and durable vision of how Buddhism was and still is lived in Japan — the ancient Buddhist traditions, rituals, myths, and stories that are still preserved, and their effects upon the beliefs and daily life of ordinary Japanese people.

lafcadio-hearn-1406.jpgLafcadio Hearn was born on the Ionian island of Santa Maura in either June or August 1850 and died in Okubo, Japan in 1904. His father was an Irish surgeon major stationed in Greece and his mother a Greek woman, famous for her beauty. It was she who named him Lafcadio, after Leudakia, the ancient name of Santa Maura, one of the islands connected with the legend of Sappho. In a relatively short lifespan of fifty-four years he managed to live several different literary lives.

From Greece, at two years of age, he went to Ireland, where his father soon obtained a dissolution of marriage from his mother. She was sent back to Greece. His father quickly remarried and went off to India. That is the last Hearn saw of either of them.

His formal education consisted of one year at a Catholic school in France (he just missed Guy de Maupassant, who entered the school a year later and who later became one of his literary idols), and four years at St. Cuthbert’s in England, where he lost one eye in a playing field accident. The disfigurement (the blinded eye was whitened, the good eye protruded from overuse) helped to make Hearn a painfully sensitive and shy person for the rest of his life. At seventeen, as a result of financial and personal misfortunes in the family, he was withdrawn from school. A year later, his uncle gave him passage money to America and advised him to look up a distant relative in Cincinnati. From then on Hearn had to make his own way in the world.

After a year of homelessness and near-starvation in Cincinnati, Hearn got a job as an editor for a trade journal and then as a reporter for the daily Enquirer. His assignment was the night watch, his specialty sensational crimes and gory murders. He had good contacts in the coroner’s office, and his small, shy figure and one-eyed face did not arouse suspicion among the street people. His stories, with their ghastly descriptions, were frequent features that titillated the Enquirer’s readers. The editor reluctantly fired Hearn when rumors began to circulate that he was living with a mulatto woman whom he insisted he had married. (He had, but Ohio law refused to recognize mixed marriages.)

Another daily newspaper, the Cincinnati Commercial, hired him immediately. Here Hearn was allowed to contribute brief scholarly essays, local color stories, and prose poems, as well as the sensational stories that had got him his reputation. But he was restless with this kind of newspaper work, and sick of Cincinnati. In 1877 he quit the Commercial and left for New Orleans.

There he found work as a reporter for the struggling Item, though what he reported was anything he fancied, most often sketches of Creole and Cajun life. His Item essays were eccentric, flamboyant, and often self-indulgent, but they caught the eye of New Orleans’ literary establishment. When the city’s two largest newspapers merged to form the Times-Democrat, Hearn was invited to be its literary editor. He translated and adapted French stories (principally Gautier, Maupassant, Flaubert, and Loti — none of whom yet had a reputation in America); he wrote original stories in the lavish prose style he was perfecting at that time; and he collected local legends and factual narratives. His subjects ranged from Buddhism to Russian literature, from popularizations of science to European anti-Semitism. Altogether he offered the people of New Orleans such unpredictable and exotic fare that his reputation soon spread throughout the South. By this time he had become a disciple of his contemporary, Robert Louis Stevenson (or perhaps vice versa: they developed similarly mellifluous prose styles and shared a fondness for fantastic and exotic subject matter). Hearn was enormously popular. From these years in New Orleans date Stray Leaves from Strange Literatures, 1884, Some Chinese Ghosts, 1887, and a novel, Chita, 1889.

In 1887 Hearn went to the West Indies for Harper’s Magazine and produced Two Years in the French West Indies, 1890, and his last novel, Youma, 1890, an unprecedented story about a slave rebellion.

In 1890 he went to Japan for Harper’s but soon became a school teacher in Izumo, in a northern region then little influenced by Westernization. There he married Koizumi Setsuko, the daughter of a Samurai. In 1891 he moved to Kumamoto Government College.

Hearn was by now well known in America as an impressionistic prose painter of odd peoples and places. For this he was at first celebrated and later deprecated. Yet much of his Japanese work is of an entirely different quality and intention. He wrote to his friend Chamberlin in 1893, “After for years studying poetical prose, I am forced now to study simplicity. After attempting my utmost at ornamentation, I am converted by my own mistakes. The great point is to touch with simple words.” The Atlantic Monthly printed his articles on Japan and syndicated them to a number of newspapers. They were enormously popular when they appeared and became even more so when they were published in two volumes as Glimpses of Unfamiliar Japan, 1894.

In 1895 Hearn became a Japanese citizen and took the name of Koizumi Yakumo. In 1896 he became professor of literature at Tokyo Imperial University, a most prestigious academic position in the most prestigious school in Japan. From then until his death he produced his finest books: Exotics and Retrospectives, 1898, In Ghostly Japan, 1899, Shadowings, 1900, A Japanese Miscellany, 1901, Kwaidan, 1904, Japan, An Attempt at Interpretation, 1904. These were translated into Japanese and became at least as popular in Japan as they did in America.

During the last two years of his life, failing health forced Hearn to give up his position at Tokyo Imperial University. On September 26, 1904, he died of heart failure. He had instructed his eldest son to put his ashes in an ordinary jar and to bury it on a forested hillside. Instead, he was given a Buddhist funeral with full ceremony, and his grave is to this day a place of pilgrimage perpetually decorated with flowers.

At the turn of the century, Hearn was considered one of the finest, if not the finest, of American prose stylists. He was certainly one of the masters of the Stevensonian style. As literary tastes changed, he was thought of more as a writer of pretty but dated essays about Japanese tame crickets and of sentimental ghost stories. After his death, his literary reputation was further damaged by the publication of several collections of his florid earlier work. His all-but-final reputation was as a lush, frothy stylist whose essays and stories were about as important as the pressed flowers likely to be found between their pages.

In fact, Hearn’s Japanese writings demonstrate economy, concentration, and great control of language, with little stylistic exhibitionism. Their attitude of uncritical appreciation for the exotic and the mysterious is as unmistakably nineteenth century as the fine prose idiom with which it is consistent.

lafc2.jpgIn spite of the incredible changes that have taken place in Japan since Hearn’s death in 1904, as an informant of Japanese life, literature, and religion he is still amazingly reliable, because beneath the effects of industrialization, war, population explosion, and prosperity much of Japanese life remains unchanged. For Hearn the old Japan — the art, traditions, and myths that had persisted for centuries — was the only Japan worth paying attention to. Two world wars and Japan’s astonishing emergence as a modern nation temporarily extinguished the credibility of Hearn’s vision of traditional Japanese culture. But both in the West and in Japan interest in the old forms of Japanese culture is increasing. In Tokyo there are still thousands of people living the old life by the traditional values alongside the most extreme effects of Westernization. Pet crickets, for example, still command high prices, and more people apply their new prosperity to learning tea ceremony, calligraphy, flower arrangement and sumi-e painting than ever before. Ghost stories like those told by Hearn are popular on television; three of his own were recently combined to make a successful movie that preserves his title, Kwaidan.

One of the foreigners’ (and Westernized, secularized Japanese intellectuals’) myths of Japan is that the Japanese are a fundamentally secular, irreligious people. Nothing could be less true. The great temples swarm with pilgrims and are packed during their major festivals. Buddhism is more popular than ever. Shinto and Shingon and Tendai Buddhism perpetuate rites that began long before the dawn of Japanese history.

Although it is no longer true, if it ever was, that Japan is totally “Westernized,” it is certainly the most Post-Modern of all the major nations today. With an economy which has ceased to be based on the mechanical, industrial methods of the nineteenth century (really because the old industrial capital structure was destroyed and everything dates from 1946), Japan has moved into the electronic age more completely than any other nation. Yet any Japanese who wishes can still make immediate contact with the Stone Age.

Hearn foresaw the industrialization of Japan and her development of imperialist ambitions. As much as possible he avoided the atmosphere of modernization, spending his summers away from Tokyo at Yaizu, a small fishing village where today there is a Hearn monument. His happiest period in Japan was the early years he spent as a country school teacher in Matsue on the southwest coast. His house and garden there are still preserved, and a Hearn museum is located next door. The essay “In a Japanese Garden” in his book Glimpses of Unfamiliar Japan describes his home and Matsue.

Beginning with Charles Eliot’s Japanese Buddhism, there has grown up an immense bibliography of Buddhological works in Western languages. Since World War II, there is an ever greater store in the United States of books on Zen, which has become a popular form of Existentialism. There is no interpreter of Japanese Buddhism quite like Hearn, but he is not a Buddhologist. Far from it. Hearn was not a scholar, nor was he in the Western sense a religious believer. What distinguishes him is an emotional identification with the Buddhist way of life and with Buddhist cults. Hearn is as good as anyone at providing an elementary grounding in Buddhist doctrine. But what he does incomparably is to give his reader a feeling for how Buddhism is lived in Japan, its persistent influence upon folklore, burial customs, children’s riddles, toys for sale in the marketplace, and even upon the farmer’s ruminations in the field. For Hearn, Buddhism is a way of life, and he is interested in the effects of its doctrine upon the daily actions and common beliefs of ordinary people. Like the Japanese themselves, he thinks of religion as something one does, not merely as something one believes, unlike the orthodox Christian whose Athanasian Creed declares: “Whosoever would be saved, it is necessary before all things that he believe . . .”

One of the things Hearn admires about Buddhism is its adaptability to the spiritual and historic needs of a people. If they need a pantheon of gods, Buddhism makes room for them. If they need to fix upon a savior, Buddhism provides one. But the Buddhist elite, the more learned monks, never lose sight of the true doctrine. I will never forget a symposium in which I once took part along with a number of Buddhist clergy. A Westerner asked the leading Shinshu abbot, “Do you really believe in the existence of supernatural beings like Amida and Kannon, and in a life after death in the True Land Paradise of Amida?” The abbot answered very quietly, “These are conceptual entities.” In fact the Diamond and Womb Mandalas with their hundreds of figures (sometimes represented by quasi-Sanskrit letters) are tools for meditation. The monk moves from the guardian gods at the outer edge, in to the central Buddha — the Vairocana — and at last beyond him to the Adi Buddha — the Pure, unqualified Void.

Yet, popular rather than “higher” Buddhism is Hearn’s main subject, and he always is careful to distinguish between the metaphysically complex Buddhism of the educated monks and the simpler, more colorful Buddhism of the ordinary people.

The only peculiarity in Hearn’s Buddhism is his habit of equating it with the philosophy of Herbert Spencer, now so out of date. However, this presents few difficulties for the modern reader, as his Spencerianism can be said to resemble Buddhism more than his Buddhism resembles Herbert Spencer. Also, it is not Spencer’s Darwinism, “red in tooth and claw,” but Spencer’s metaphysical and spiritual speculations that have influenced Hearn’s interpretation of Buddhism. We must not forget that Teilhard de Chardin, who certainly is not out of date, is, in the philosophical sense, only Herbert Spencer sprinkled with holy water. Philosophies and theologies come and go, but the group experience of transcendence is embedded in human nature, and when it is abandoned, theology, philosophy, and eventually culture, perish.

It is difficult to think of a better guide to Japanese Buddhism for the completely uninformed than Hearn, though there are others who may be his equals. Certainly the popularizers of Zen are not. Zen, after all, is a very special sect, in many ways more Vedantist or Taoist than Buddhist. And of course as the religion of the Japanese officer caste and of the great rich it plays in Japan a decidedly reactionary role. Hearn’s Buddhism is far less specialized than Zen. It is the Buddhism of the ordinary Japanese Buddhist of whatever sect.

The first distinction to be made in any consideration of Buddhism itself is that Christianity is the only major religion whose adherents live lives and hold beliefs diametrically opposed to those of its founder. Nothing could be less like the life of Jesus than that of the typical Christian, clerical or lay. Imagine thirteen men with long beards, matted hair, and probably lice, in ragged clothes and dusty bare feet, taking over the high altar at St. Peter’s in Rome or the pulpit of a fashionable Fifth Avenue sanctuary. The Apostolic life survives in only odd branches of Christianity: the Hutterites, some Quakers, even Jehovah’s Witnesses, but not, as everyone knows, in official and orthodox denominations. Catholicism carefully quarantines such people in monasteries and nunneries where a life patterned on that of the historic Jesus is not wholly impossible to achieve. The opposite is true of Buddhism. No matter how far the sect — Lamaism, Zen, or Shingon — may have moved from the Buddhologically postulated original Buddhist Order, all sects of Buddhism are pervaded by the personality of the historic Siddhartha Gautama.

The historicity of almost all the details of what are generally considered to be the earliest Buddhist documents is subject to dispute and in many instances is improbable. The earliest surviving Life of Buddha was written hundreds of years after his death. The prevailing form of Buddhism in Japan, Mahayana, seems to Westerners more like a group of competing, highly speculative philosophies than a religion. The complete collection of Hinayana, Mahayana and Tantric Buddhist texts makes up a very large library. In addition, there are many thousands of pages of noncanonical commentary and speculation. Yet out of it all emerges, with extraordinary clarity, a man, a personality, a way of life and a basic moral code.

lafc.jpgBuddha was born in Kapilavastu, now Rummimdei, Nepal, sometime around 563 BC and died about 483 BC in Kusimara, now Kasia, India. His personal name was Siddhartha Gautama. Buddha, The Enlightened One, is a title, not a name, as is Shakyamuni, the saint of the Shaka clan. In Japan, the historic Buddha is commonly known as Shakya. He was a member of the Kshatriya warrior caste, the son of the ruler of a small principality.

For six years Buddha lived with five other ascetics in a grove at Uruvela practicing the most extreme forms of self-mortification and the most advanced techniques of Hatha Yoga, until he almost died of starvation. He gave up ascetic life, left his companions, and traveled on. At Bodh Gaya he seated himself under a Bo tree (ficus religiosa) and resolved not to get up until he had achieved true enlightenment. Maya, the personification of the world’s illusion, with his daughters and all the attendant incarnate sins and illusions, attacked him without success. Gautama Siddhartha achieved final illumination, entered Nirvana and arose a Buddha: an Enlightened One. He returned to his five companions at Uruvela and preached to them the Middle Way between self-indulgence and extreme asceticism. They were shocked and repudiated him, but after he had preached to them the Noble Eightfold Way and the Four Truths, they became the first Buddhist monks.

The first Truth is the Truth of suffering: birth is pain, old age is pain, sickness is pain, death is pain, the endless round of rebirths is pain, the five aggregates of grasping are pain. The second Truth is the cause of pain: the craving that holds the human being to endless rebirth, the craving of the passions, the craving for continued existence, the craving for nonexistence. The third Noble Truth is the ending of pain: the extirpation of craving. The fourth Noble Truth is the means of arriving at the cessation of pain: the Noble Eightfold Path, which is right views, right intentions, right speech, right action, right livelihood, right effort, right mindfulness, right concentration (or contemplation). This doctrine is the essence of Buddhism, common to all of its otherwise divergent sects. It is always there, underlying the most extreme forms of Tantrism or Amidism. It produces in the personality of the devout Buddhist what the Japanese would call the iro, the essential color of the Buddha-life.

As Hinduism was taking form in the Upanishads, it began to teach the doctrine of the identity of the individual self, the Atman, and of the universal self, Brahman as Atman. Buddha attacked the Atman doctrine head-on, denying the existence of the individual or absolute self. He taught that the self is simply a bundle of skandhas, the five aggregates of grasping: body, feeling, perception, mental elements, and consciousness. The skandhas that comprise the self are momentary and illusory in the flux of Being — but they do cause and accumulate karma, the moral residue of their acts in this life and in past lives. It is karma which holds the aggregates embedded in the bonds of craving and consequence until the skandhas disintegrate in the face of Ultimate Enlightenment. In the most philosophical teaching of Buddhism, it is the karma and the skandhas which reincarnate. The individual consciousness or soul, as we think of it, disappears. But the universal belief in the reincarnation of the individual person has always overridden this notion. The ordinary Buddhist in fact believes in the rebirth of the self, the atman.

It is these doctrines which distinguish Buddhism. Many ideas which we think of as especially Buddhist are actually shared by Hinduism, by Jainism, and in fact by many completely secular modern Indians — transmigration, Yogic practices (some modern Buddhologists have held that Buddhism is only a special form of Yoga, anticipating its final synthesis in the Yoga Sutras of Patanjali). Vedic gods appear at all the crucial moments in Buddha’s life, from his conception to his entry into final Nirvana. Some time after its inception, Buddhism developed the practice of bhakti, personal devotion to a Savior, parallel to that of Hinduism. But always what distinguishes Buddhism is the Buddha Way, the Buddha-life, the all-pervasive personality of its founder, as the personality of Krishna in the Bhagavad Gita does not.

The fifty years after his illumination Buddha spent traveling and preaching, usually with a large entourage of monks. In his eightieth year he stopped at the home of Cunda the smith, where he and his followers were given a meal of something to do with pigs. The language is obscure — pork, pigs’ food, or something that had been trampled by pigs. Buddha became ill and later stopped in the gardens of Ambhapala, where he announced to his monks that he was about to enter Parinirvana, the final bliss. He lay down under the flowering trees and died, mourned by all creation, monks, laymen, gods, and the lowest animals. His last words were, “The combinations of the world are unstable by nature. Monks, strive without ceasing.”

This is the account preserved by the Pali texts, the sacred books of the Theravada Buddhists, of the religion of Ceylon, Burma, and the countries of the Indo-Chinese peninsula. Pali is a dialect of a small principality in Northern India, now forgotten in its homeland. The Pali texts are earlier than all but fragments of Buddhist Sanskrit documents, but this does not necessarily mean that the Hinayana (“The Lesser Vehicle”) Buddhism which they embody is the most primitive form of the religion. Theirs is simply the religion of the Theravada, “The religion of the Elders,” one of the early sects. However, up until the reign of Ashoka, the saintly Buddhist emperor who ruled more of the Indian subcontinent than anyone before him, Buddhism seems to have been a more or less unified religion resembling the later Hinayana. From the reign of Ashoka to the beginning of the Christian era two currents in Buddhism began to draw more and more apart until Mahayana, “The Greater Vehicle,” became dominant in the North and in Java. All the forms of Japanese Buddhism with which Hearn came into contact are rooted in the Mahayana tradition.

The many Mahayana texts are differentiated from the postulated Buddha Word as it appears in Pali by several radically different, indeed contradictory, beliefs and practices. In Hinayana man achieves Nirvana, or advances towards it in a future life, solely by his own efforts to overcome the accumulated evil karma of thousands of incarnations. There is devotion to the Founder as the Leader of the Way, but no worship, because there is nothing to worship. The difference is the same as that which the Roman Catholic Church calls dulia, adoration of the saints, and latria, adoration of God. Mahayana introduced the idea of saviors, Bodhisattvas, who have achieved Buddhahood but who have taken a vow not to enter Nirvana until they can take all sentient creatures with them. As saviors they are worshipped with a kind of hyper-dulia, as is the Blessed Virgin in Roman Catholicism. Buddhism was influenced by the great wave of personal worship that swept through India, bhakti, the adoration of Krishna, the incarnation of Vishnu, or of Kali, the female embodiment of the power of Shiva. At least theoretically above the Bodhisattvas arose a pantheon of Buddhas of whom Vairocana was primary. Later, an Adi-Buddha was added above him. It is disputable if either properly can be called the Absolute. If there is any absolute in Buddhism, it is Nirvana, which in fact means the religious experience itself. From Vairocana emanate the four Dhyana Buddhas, the Buddhas of Contemplation, of whom Amida is the best known, and of whom the historic Shakyamuni is only one of four, although in his most transcendental form he can be equated with Vairocana or the Adi Buddha.

lafc4.jpgThe story of the development of Mahayana as it spread from what is now Afghanistan and Russian Turkestan to Mongolia and Indonesia to Tibet, China and Japan, while it died out in India, would take many thousands of words to tell. There are traces of Buddhism in China two hundred years or more before the Christian era. Its official introduction is supposed to have occurred in the first century AD. From then until the Muslim conquest of India, Chinese pilgrims visited India and brought back caravan loads of statuaries and sutras (sacred texts) which were translated into Chinese.

Indian missionaries emigrated to China and taught and translated. Buddhism was introduced into Korea in the fourth century and had thoroughly established itself in the three countries of the peninsula by the seventh. From there it passed to Japan in the sixth century.

The first missionaries converted the Soga Clan, which was then the power behind the Japanese throne. For the greater part of a century Buddhism was almost exclusively the religion of a faction of the nobility, and its fortune varied with the factional struggles of the court. In 593 AD Prince Shôtoku became the effective head of state. His knowledge of Buddhism and of the more profound meanings of Mahayana was extraordinary. He not only saved Buddhism from rapidly becoming a cult of magic and superstition, but like Ashoka in India before him, he went far to make it a religion of the people. He copied sutras in characters of gold on purple paper. He preached the doctrines of Mahayana to the common people as well as to the court. He established hundreds of monasteries, nunneries and temples. Not least, he promulgated a kind of charter which modern Japanese called The Seventeen Article Constitution, in which Buddhist ethics and, to a lesser degree, Confucianism were established as the moral foundations of Japan. To this day he is regarded by many as an avatar of Avalokiteshvara, Kuan Yin in Chinese and Kannon or Kwannon in Japanese — the so-called Goddess of Mercy and the most popular of all Bodhisattvas.

By the eighth century Buddhism had become Japan’s official state religion, a feat Hearn credits to Buddhism’s absorption and expansion of the older Shinto worship of many gods, ghosts, and goblins (the gods, Buddhas or Bodhisattvas, the ghosts beings in transit from one incarnation to another, and the goblins, gakis, beings suffering in a lower state of existence). By the thirteenth century most of the major forms of Japanese Buddhism — a religion quite distinct from Buddhism elsewhere in the world — had been established, though minor sects continued to proliferate.

Ten large sects dominate Japanese Buddhism. The oldest of these are Tendai and Shingon. First was Tendai, established by the monk Saichô in 804 on Mt. Hiei northeast of Kyoto (Heian kyo), facing the most inauspicious direction. Not long afterwards the monk Kukai returned from China and introduced Shingon, which became the Japanese form of Tantric Buddhism. In China, Tendai attempted a synthesis of the various schools and cults in the great complex of monasteries on Mt. T’ien Tai. The similar monastic city on Mt. Hiei sheltered a wide variety of cults, doctrines, and philosophies. Basically, however, Japanese Tendai modified what in India was known as “right-handed” Tantrism, which we see today in the Yellow Hat sect of Tibetan Lamaism in exile. All the great Buddhist sutras were studied, the doctrine of the Void, the doctrine of Mind Only, the vision of reality as the interpenetration of compound infinitives of Buddha natures of the Avatamsaka Sutra, and the complex panpsychism of the Lankavatara Sutra. Most popular, however, was the Lotus Sutra (Hokkekyo in Japanese), the Saddharma Pundarika Sutra, the only major Buddhist document a Japanese lay person is at all likely to have read. Tendai is a ceremonial religion, and only in recent years has it done much for the laity except to permit them to participate in pilgrimages and to watch public ceremonies.

Shingon is even more esoteric than Tendai and is in fact Japanese Lamaism. Its doctrines are occult, its mysteries are not divulged to the people, and many of its rites are kept secret. The worship of Buddhas and Bodhisattvas as sexual dualities or as terrifying wrathful figures is not as common in Japan as in Tibet, though in both cultures the emphasis on magic formulas, gestures, spells and special methods of inducing trance remains essential. It is not known how many Tantric shastras (scriptures secondary to sutras) survive and are studied in Shingon monasteries, but recent discoveries and paintings of this literature are read by the more learned Japanese monks. “Left-handed” Tantrism, with its cult of erotic mysticism, survives underground in Tachigawa Shingon.

The worship of Amida which began in India around the advent of the Christian era, almost certainly under the influence of Persian religion, effected a complete revolution in Japanese Buddhism when it was introduced in the ninth century. Originally sheltered within the Tendai sect, Amidism grew to be the most popular form of Buddhism in Japan — and the one with which Hearn was most familiar. Amida is the Buddha of Endless Light whose paradise, The Pure Land, is in the west. He has promised that any who believe in him and call on his name will be saved and at death will be reborn in his Pure Land. Buddha, of course, insisted that by oneself one is saved and thus achieves, not paradise, but Nirvana, which far transcends any imaginable paradise. Hearn, however, observed that few Japanese even knew of the concept of Nirvana. For them Amida’s Pure Land was the highest heaven imaginable. Buddha also forbade worship of himself or others and considered the gods inferior to human beings because they could not escape the round of rebirths and enter Nirvana. Amidism, as a gesture to orthodoxy, teaches that the older Buddhism is too hard for this corrupt age and that the Pure Land, unlike other paradises, provides a direct stepping stone to Nirvana. As the Amidist sects developed in Japan, the doctrine of salvation by faith became more and more extreme. At first, it was necessary to invoke the name of Amida many times a day and especially with one’s last words, but finally one had only to invoke it once in a lifetime. This was enough to erase the karma, the consequences, of a life of ignorance and sin.

The Japanese monk Nichiren, who played a role not unlike that of the Hebrew Prophets, taught that salvation could be won by reciting the words “Namu Myohorengekyo,” “Hail to the Lotus Sutra!” The Lotus Sutra is a sort of compendium of Mahayana Buddhism, lavishly embroidered with miraculous visions, with thousands upon thousands of Buddhas, Bodhisattvas, gods, demigods and lesser supernatural beings. But its important chapter is the Kannon (Avalokiteshvara), which raises the Bodhisattva to a position similar to that of Amida, The Savior of the World, “He Who Hears The World’s Cry.” The earliest Kannon statues and paintings seem to have reached Japan from the oasis cities of Central Asia. Their peculiar sexlessness led the Japanese, as it did the Chinese, to think of the Bodhisattva as a woman. Not just Westerners, but most Japanese, refer to him as the Goddess of Mercy, and cheap modern statues which depict him holding a baby bear a striking resemblance to popular representations of the Virgin Mary.

The secret of the tremendous success of Amidism and Nichirenism is that they are congregational religions. The largest of all Buddhist sects, the Amidist Jodo-Shinshu, is in this sense much like a modern Christian denomination. But in other respects, and despite its tremendous pilgrimages, Buddhism seems inaccessible to the common Japanese. Very few people know anything about the profound and complex metaphysics of the Mahayana speculation. A surprising number do know the life of Buddha as it is told in Hinayana, which scarcely exists in Japan, and do try to model their lives on the Buddha-life — with remarkable success. But for most secular Japanese, a Buddhist monk is just a kind of undertaker, to be called upon only when somebody dies.

Zen Buddhism cultivated a special sensibility that many Japanese people think of as Japanese. The tea ceremony, sumi-e ink painting, the martial arts (archery, sword play, jiu-jitsu, judo, aikido, wrestling), flower arrangement, pottery, and haiku survive as creative expressions of the Zen sensibility in pursuit of perfection. But this sensibility has weakened in most modern Japanese.

Zen is often translated as Enlightenment (Ch’an or Dhyana), but it means something like illumination, specifically illumination achieved by systematic religious meditation of the kind we identify as yoga. It is supposed to have been introduced to China by a missionary Indian monk, Bodhidharma, probably in the sixth century. It spread to Japan in the thirteenth as the long civil wars were beginning, became popular with the military castes and the great rich, and for a long time dominated the intellectual and artistic life of the country. Zen owed its powerful influence to the fact that it began as a revolt against the Buddhist cults of its time and reverted to what the nineteenth century was to call “Primitive” Buddhism. It rejected the salvation by faith and the devotional worship of Amidism, the cults of Kannon and the Lotus Sutra (“By yourself alone shall you be saved,” says Gautama). It reinstated yogic meditation with a view to final enlightenment as the central and essential practice of the Buddhist religious life. Finally, it reinstated Shakyamuni himself, Shaka, as he is known in Japanese: its special interpretation of the Buddha-life is modeled on his.

Since World War II, Zen Buddhism has become enormously popular in the West, and largely in response to its reception here it has seen an intellectual revival in Japan. Although Hearn was familiar with Zen theories and practices, and had Zen Buddhist friends, he wrote little about the sect that was to become the most influential in the West. Neither Zen as a manifestation of aristocratic traditions nor Zen as a popular fad interested him. Instead, he kept his eye on what had persisted in Japanese Buddhism through the centuries among the farmers, fishermen, and other poor folk. Many of their beliefs inform their stories, and many of their customs in turn have stories behind them. It was the survival of Buddhism in such forms that above all else engaged Hearn.

Hearn’s role in the spread of Buddhism to the West was a preparatory one. He was the first important American writer to live in Japan and to commit his imagination and considerable literary powers to what he found there. Like the “popular” expressions of Buddhist faith that were his favorite subject, Hearn popularized the Buddhist way of life for his Western readers. And he was widely read, both in his articles for Harper’s Magazine and the Atlantic Monthly, and in his numerous books on Japan. Hearn’s essays, with their rich descriptions and queer details, almost never generalizing but staying with a particular subject, always backed by the likeable and enthusiastic personality of Hearn himself, and always factually reliable, satisfied the vague and growing curiosity of his American readers about the mysterious East.

At St. Cuthbert’s school, at age fifteen, Hearn had discovered that he was a pantheist. That is not unusual for a fifteen-year-old, and the fact that pantheism is unaccepted in Christian doctrine or in Western philosophical thought normally suffices to extinguish the common adolescent philosophy or to transmute it to something less vulnerable. But the idea stuck with Hearn, and when finally, at forty, he arrived in Japan, he was delighted to find that he could now exercise and explore his intuition of God-in-All. If Hearn entered Japanese culture and achieved understanding of Japanese Buddhist (and Shinto) thought with unprecedented rapidity for a Westerner, it is because his own spirit had always longed for an atmosphere in which his belief in the sentience and blessedness of all Nature could flourish.

Hearn never became a Buddhist, and he remained skeptical about certain of Buddhism’s key doctrines — such as the relationship of karma and rebirth — but he passionately believed that Buddhism promoted a far better attitude toward daily life than did Christianity. It would be up to more scholarly and less imaginative writers to begin to translate and preach specific Buddhist doctrines, but Hearn has done much to translate the spirit of Japanese Buddhism and to prepare Western society for it.

KENNETH REXROTH
1977

 

This essay was originally published as the Introduction to The Buddhist Writings of Lafcadio Hearn (1977). It was reprinted in World Outside the Window: Selected Essays of Kenneth Rexroth (1987). The Buddhist Writings collection is out of print, but dozens of other Hearn books are still available.

Copyright 1987 Kenneth Rexroth Trust. Reproduced by permission of New Directions Publishing Corp.

 

jeudi, 19 mars 2015

Norooz, Persian New Year

Shakila Norouz Eid Persian New Year Song

 

Norooz, The Persian New Year

 

jeudi, 05 mars 2015

Island baut erste nordische Kultstätte seit Wikingerzeit

Island baut erste nordische Kultstätte seit Wikingerzeit

Ex: http://www.der-dritte-weg.info

Nachdem die Zahl der Anhänger der nordischen Glaubensrichtung sich auf Island seit dem Jahr 2000 verfünffacht hat, soll in der isländischen Hauptstadt Reykjavík erstmals seit der Wikingerzeit wiedereine heidnische Kultstätte entstehen.Nach der Christianisierung Islands im Jahre 1000 durfte das Heidentum nicht mehr praktiziert werden.

Die Insel-Zeitung "The Independent" berichtet, daß die Glaubensgemeinschaft Ásatrúarfélagið, auf Deutsch „Gemeinschaft der Asen-Gläubigen“, ein Kultgebäude für die Götter mitten in Reykjavík auf einem Hügel, der die Stadt überblickt, errichten will. Die heidnische Kultstätte soll aus einem Gebäude mit einer Kuppel bestehen, so der "Indepent" weiter. In dem neuen Gebäude werde man heiraten können, Begräbnisse begehen, Lebensleiten feiern sowie das traditionelle Blót-Fest feiern können, bei dem mit Horn-Bechern auf die Götter angestoßen und zusammen gespeist wird.

Auch in Deutschland finden sich Ableger des Asen-Glaubens. Die Artgemeinschaft – Germanische Glaubens-Gemeinschaft wesensgemäßer Lebensgestaltung wurde 1951 gegründet. Die Artgemeinschaft versteht sich als Glaubensgemeinschaft von Menschen, die von nordisch-germanischer Art sind. Sie orientiert sich nicht am germanischen Polytheismus, sondern pflegt wie andere Deutschgläubige eher einen arteigenen Monotheismus und bezeichnet ihr „nordisch-germanisches Heidentum“ als Artbekenntnis und beruft sich auf die germanischen Sittengesetze.

dimanche, 15 février 2015

David Herbert Lawrence: vers un paganisme solaire

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David Herbert Lawrence: vers un paganisme solaire

Un auteur maudit?

par Jean-Christophe Mathelin

Ex: http://www.archiveseroe.eu

L’écrivain — et peintre — britannique David Herbert Lawrence (1885-1930), que l’on ne confondra pas avec son compatriote et contemporain T.E. Lawrence, alias Lawrence d’Arabie, est essentiellement connu des lecteurs de langue française pour deux romans : L’Amant de Lady Chatterley et Le Serpent à plumes. Le premier participa aux émois de quelques générations d’adolescents (j’en suis !) qui l’empruntaient clandestinement dans la bibliothèque de leurs parents. Ajoutons que le film de J. Jaeckin (1981) avec Sylvia Christel (Emmanuelle) dans le rôle de lady Chatterley renforçait l’impression du grand public selon laquelle D.H. Lawrence n’était qu’un auteur érotique (1). Pourtant le public cultivé savait que cet écrivain “osé”, dont certaines œuvres furent interdites dans son pays, avait aussi écrit Le Serpent à plumes, du nom de la divinité aztèque Quetzalcoatl. Ce roman d’aventures mexicaines connut un grand succès de librairie dans les années 50, et passa même en épisodes quotidiens radiodiffusés sur France Culture, à l’occasion du cinquantenaire de sa publication, en 1976. D.H. Lawrence a écrit, outre une douzaine de romans, à peu près autant d’essais, 70 nouvelles, quatre pièces de théâtre et quatre recueils de poèmes.

Compte tenu de sa mort relativement précoce — il avait 45 ans —, l’œuvre est donc considérable. Lorsque l’on s’y plonge, on découvre que l’aspect sensuel de Lawrence n’est qu’une des composantes de sa conception philosophico-religieuse, beaucoup plus vaste, “païenne”, c’est-à-dire traditionnelle et cosmique.

En effet, Lawrence ne renoue-t-il pas avec l’idéal grec antique lorsqu’il affirme : « la vie n’est supportable que quand le corps et l’esprit sont en harmonie, qu’un équilibre naturel s’établit entre eux et que chacun des deux a pour l’autre un respect naturel ». Selon lui, « l’amour physique (…) permet de renouer avec les forces instinctives et naturelles de l’existence », forces éteintes dans l’homme occidental par le mode de vie moderne. De même, il reproche au Christianisme (dans lequel il a été élevé) d’être dépourvu du sens vital, d’être, comme l’avait vu Nietzsche, une religion du ressentiment collectif. À l’inverse, la sacralisation de la sexualité par le Paganisme permettait, en reconnaissant à l’homme et à la femme leur complémentarité, par-delà leurs différences, de participer à l’Ordre du Monde (2). Lawrence, pour qui la sexualité n’est pas synonyme d’orgies, écrit : « La communion des deux fleuves de sang de l’homme et de la femme, dans le sacrement du mariage, parachève la création : elle complète le rayonnement du Soleil et le rutilement des étoiles ».

Dans le présent article, nous nous intéresserons particulièrement à l’aspect païen et surtout solaire de l’écrivain car dans la conception cosmique flamboyante de Lawrence, le Soleil occupe une place centrale, comme nous le verrons à travers quelques-uns de ses ouvrages.

Un roman païen : “Le Serpent à plumes”

dhl2268068633.jpgCette fresque mystico-politique a été écrite dans un village du Nouveau-Mexique en 1925. L’action se passe au Mexique, riche de son passé, mais usé, décadent, vidé de sa substance par les trois grands maux apportés par l’homme blanc, qui sont (selon Lawrence) le Christianisme, l’américanisme, le socialisme. Un homme est particulièrement conscient de cette déchéance, c’est l’archéologue-historien Don Ramon. Cet aristocrate de l’esprit sait pourtant qu’une chose pourra sauver son pays : le retour, aux anciennes valeurs, incarnées par le Dieu Quetzalcoatl, fils du Soleil, Seigneur de la Sagesse et de l’étoile du matin. Don Ramon ne se dissimule pas les difficultés de l’entreprise : pour amener le Mexique à renouer avec ses traditions glorieuses, il lui faudra combattre à la fois l’amour universel de la religion trompeuse, le culte du dollar et la classe politique corrompue. Tâche immense dans laquelle il sera aidé par Don Cipriano, un général auquel ses hommes ont voué leur vie pour rétablir le culte de Huitzilopochtli, Dieu du Soleil et de la guerre. Unis par un idéal commun et une amitié sans faille, « l’homme de Quetzalcoatl » (Ramon l’Européen) et « l’homme de Huirzilopochtli » (Cipriano l’indien) mènent une sorte de croisade païenne, qui connaît un succès croissant auprès du peuple. Celui-ci est en effet sensible aux beaux hymnes de Ramon, qui annoncent que Jésus ayant fait son temps, les anciens Dieux vont renaître. Une Irlandaise, Kate, se joint à eux. Fascinée par ce retour d’un pays à sa culture ancestrale, déçue par la société moderne, elle ira jusqu’à épouser Cipriano (bien qu’il lui reste toujours étranger) et devenir ainsi Malitzi, la Déesse de la végétation. Mais le jour où la religion de Quetzalcoatl sera déclarée religion officielle du Mexique, Kate repartira vers l’Europe. Don Ramon la charge d’une mission : « Dites aux gens de votre Irlande de faire comme nous ici ». C’est là que le livre de Lawrence prend tour son sens. À travers Ramon, c’est aux Européens que Lawrence s’adresse, car, malgré ses errances aux quatre bouts du monde (motivées par les persécutions subies en Angleterre), il n’a jamais cessé de penser au salut de l’Europe. Ramon, bâtisseur d’une nouvelle histoire, jette un pont entre le plus lointain passé et le plus lointain futur, là où l’homme atteindra à la plus grande vie. À l’opposé du cosmopolitisme uniformisant, il souhaite que chaque peuple retrouve ses racines spirituelles, chacun invoquant son Hermès, son Wotan ou son Mithra.

La solarité au féminin : “L’Amazone fugitive”

Deux ans après Le Serpent à plumes, paraissait ce recueil de nouvelles, du titre de la plus longue et de la plus connue d’entre les nouvelles. L’Amazone fugitive est inspirée, elle aussi, du séjour de Lawrence au Nouveau-Mexique, et de son admiration pour ces Indiens Pueblos, adeptes du culte solaire (3). Lawrence met à nouveau en scène une femme blanche au Mexique. Comme Kate, elle est désillusionnée par une vie terne. Elle décide un jour d’abandonner le ranch de son mari et ses enfants pour rejoindre une mystérieuse tribu indienne, censée avoir conservé l’antique religion aztèque. Au terme de son périple, l’amazone fugitive rencontre trois Indiens qui la conduisent enfin dans la fameuse tribu.

« Il dit : Pourquoi a-t-elle quitté sa maison et les hommes blancs ? Veut-elle apporter le Dieu de l’homme blanc aux Chilchuis ? Non, répliqua-t-elle avec témérité. J’ai quitté moi-même le Dieu de l’homme blanc. Je suis venue chercher le Dieu des Chilchuis. (…) Il demande si vous avez apporté votre cœur aux Dieux des Chilchuis, traduisit le Jeune Indien. Dites-lui que oui, répondit-elle automatiquement. »

Traitée avec égard par ses hôtes, dont elle est néanmoins prisonnière, elle découvre peu à peu l’importance fondamentale du culte solaire pour ces Indiens. Elle réalise ainsi le sens inconscient de sa fuite : venir s’offrir en sacrifice au Dieu-Soleil. Même si cette idée lui fait parfois horreur, elle comprend qu’elle doit aller jusqu’au bout de sa quête, sans regrets :

«  Faut-il que je meure et que je sois livrée au Soleil ? demanda-t-elle.

- Un jour, dit-il avec un sourire évasif. Un jour ou l’autre nous mourrons tous. »

Nous trouvons ici un autre thème lawrencien : plutôt une mort glorieuse et volontairement choisie (on pense ici aux kamikaze) que de vivre en mort-vivant , comme la société moderne nous l’impose. Pendant les mois précédant le solstice d’hiver, où elle sera sacrifiée, elle sentira se développer en elle les mille liens la reliant à l’Univers. Lawrence est un animiste et un panthéiste convaincu ; il décrit admirablement « ce sentiment exquis (…) de se fondre dans la beauté et l’harmonie des choses » : 

« Alors elle entendit les grandes étoiles, qu’elle voyait au ciel dans l’encadrement de sa porte ouverte, parler par leur mouvement et leur éclat, faire des confidences au Cosmos tandis qu’elles dansaient en formant de parfaites figures pareilles à des clochettes au firmament et se croisaient et se groupaient dans la danse éternelle, séparées par des espaces sombres. Et, les jours froids et nuageux, elle entendait les flocons de neige qui gazouillaient et sifflaient timidement dans le ciel comme des oiseaux qui s’assemblent et s’envolent en automne, puis brusquement poussaient un cri d’adieu vers la lune invisible et s’esquivaient des plaines de l’air en dégageant une douce chaleur. Elle-même criait à la Lune invisible de ne plus être en colère, de refaire la paix avec le Soleil invisible comme une femme qui cesse d’être irritée dans sa maison. Et elle sentait que la Lune se radoucissait pour le Soleil dans le ciel hivernal quand la neige tombait avec un abandon languissant et glacé, tandis que la paix du Soleil se mêlait dans une sorte d’unisson à la paix de la Lune ».

dhl214.jpgEt le jour venu, c’est sans état d’âme qu’elle accomplira son destin. Une autre nouvelle du même recueil, intitulée Soleil, reprend encore ce thème de la femme mûre insatisfaite de son existence, mais il est traité de manière beaucoup plus pacifique, comme un conte naturiste. Juliette quitte les États-Unis, où elle dépérit, pour le Soleil de la Méditerranée. Là commencera pour elle une nouvelle existence à travers un face à face quotidien avec l’Astre divin (évoquant l’expérience d’Anna de Noailles [4]). Elle s’épanouira enfin sous ses rayons qui harmonisent à la fois le corps et l’âme :

« À sa connaissance du Soleil, à la certitude que le Soleil la connaissait dans le sens cosmique et charnel du mot, s’ajoutait une impression de détachement et un certain mépris pour tous les êtres humains. Ils étaient si loin des éléments primordiaux, si privés de Soleil. Ils étaient pareils aux vers des cimetières. »

Le jugement très dur de Lawrence sur ses contemporains résulte de sa conception selon laquelle « la seule raison de vivre est d’être pleinement vivant ». Or Lawrence reproche à la civilisation moderne de tuer l’étincelle divine dans l’individu, qui apparaît, dès lors, comme incomplet, endormi. Seul l’homme “primitif”, qu’il a rencontré notamment chez les Indiens, est pleinement humain car il se fie à son instinct. Cet homme a de plus à ses yeux l’immense avantage « d’avoir conservé avec l’Univers des liens mystérieux ».

Le nouveau Discours sur Hélios-Roi : “Apocalypse”

dhl19613.jpgCette pensée, que Lawrence exprime de manière allégorique dans ses romans et nouvelles, sera explicite dans son dernier ouvrage, paru un an après sa mort, et qui représente son testament spirituel. Apocalypse est l’étude fouillée du texte de Jean de Patmos, qui clôt le Nouveau Testament. Si la notion même d’apocalypse lui répugne, à cause de cet « ignoble désir de fin du monde », Lawrence s’intéresse à cet écrit car il y découvre deux influences opposées. Tout d’abord, le message de ceux qui « ne peuvent même pas supporter l’existence de la Lune et du Soleil », mais par-delà la strate judéo-chrétienne, il y trouve une strate païenne. Car pour faire passer de manière frappante cette vision apocalyptique, le ou les auteurs ont eu recours à un langage, à une symbolique cosmiques, donc païens (5). L’étude de l’Apocalypse est ainsi pour Lawrence prétexte à comparer entre elles ces deux conceptions du monde antagonistes :

« Ne nous figurons pas que nous voyons le Soleil comme le voyaient les civilisations anciennes. Nous ne voyons qu’un petit luminaire scientifique, réduit à un ballon de gaz enflammé. Dans les siècles précédant Ézéchiel et Jean, le Soleil était encore une réalité magnifique. Les hommes en tiraient force et splendeur, et lui rendaient hommage, lustre et remerciements. À l’époque de Jésus, les hommes ont fait du ciel une machine de destin et de fatalité, une prison. Les chrétiens s’évadaient de cette prison en reniant radicalement le corps. Mais hélas, quelles petites évasions, ces évasions par reniement ! — ce sont les plus fatales des évasions. La chrétienté et notre civilisation idéaliste n’ont été qu’une longue évasion, cause de stagnation infinie et de misère — la misère que les gens connaissent aujourd’hui, qui ne vient pas d’un manque physique, mais d’une façon plus mortifère, d’un manque de désir vital. Mieux vaut manquer de pain que manquer de vie — grande évasion dont le seul fruit est la machine ! »

Lawrence développe sa vision d’un Paganisme solaire, qui rejoint l’expérience des grands mystiques et anticipe l’inconscient jungien :

« Et certaines des grandes images de l’Apocalypse remuent en nous d’étranges profondeurs, nous procurent une étrange et sauvage vibration pour la liberté, la vraie liberté : fuite vers quelque chose et non fuite vers nulle part. Fuir la petite cage exiguë de notre univers, exiguë car elle n’est qu’une extension à sens unique, une suite morne sans aucune signification ; la fuite vers le Cosmos vital, vers un Soleil à la vie grande et sauvage, qui abaisse ses regards pour nous raffermir, ou bien, foudroyant, merveilleux, passe son chemin. Qui dit que le Soleil ne peut pas me parler ! Le Soleil a une vaste conscience flamboyante, moi j’en ai une petite. Quand j’arrive à me débarrasser de mon fatras d’idées et de sentiments personnels, et à descendre jusqu’à mon être solaire dépouillé (6), alors le Soleil et moi pouvons nous entretenir sur l’heure, échange flamboyant, il me donne vie, Soleil de vie, et je lui envoie un peu d’une vivacité nouvelle venue d’un monde au sang vif — le grand Soleil (…) aime le sang rouge et vif de la vie, et peut l’enrichir à l’infini si nous savons comment le recevoir.  »

Ce Paganisme solaire est naturellement complémentaire d’un Paganisme lunaire :

« Et nous avons perdu la Lune, la Lune fraîche, brillante et changeante. C’est elle qui peut toucher nos nerfs, les polir de son rayonnement soyeux et les policer par sa fraîche présence. Car la Lune est la maîtresse et la mère de nos corps aquatiques, le corps pâle de notre conscience nerveuse et de notre chair moite. La Lune pourrait nous apaiser et nous guérir entre ses bras comme une grande et fraîche Artémis. Mais nous l’avons perdue, nous l’ignorons dans notre stupidité, et rageuse, elle nous fixe et nous cingle de coups de fouet nerveux. Oh ! prenons garde à la coléreuse Artémis des cieux nocturnes, prenons garde à la rancune et au croissant d’Astarté.  »

Mais attention, prévient Lawrence, le culte solaire n’a rien à voir avec la moderne “bronzette” :

«  Nous ne pouvons nous assimiler le Soleil en nous couchant tout nus comme des cochons sur une plage. Le Soleil lui-même qui nous bronze nous désagrège du dedans (…) il ne peur que fondre sur nous et nous détruire (…) dragon de destruction et non plus faiseur de vie. (…) Nous ne pouvons nous assimiler le Soleil que par une sorte de culte, de même avec la Lune — en décrétant un culte au Soleil ».

Il s’agit d’un état de conscience et d’un vitalisme (7) :

« Il y a une éternelle correspondance vitale entre notre sang et le Soleil : il y a éternelle correspondance vitale entre nos nerfs et la Lune. Si nous perdons le contact et l’harmonie avec la Lune et le Soleil, tous deux se retournent contre nous comme deux grands dragons de destruction. Le Soleil est une source de vitalité sanguine, il rayonne de force à notre égard. Mais si une fois nous lui résistons en disant : ce n’est qu’un ballon de gaz ! — alors la vraie vitalité rayonnante de sa lumière se change en subtile force désagrégeante et nous défait. Même chose pour la Lune, les planètes, les grandes étoiles. Ce sont nos producteurs ou nos destructeurs, il n’y a pas d’échappatoire. »

Ce Paganisme est aussi un panthéisme (8) :

« Le Cosmos et nous-mêmes ne faisons qu’un. Le Cosmos est un grand organisme vivant dont nous faisons toujours partie. Le Soleil est un grand cœur dont les pulsations parcourent jusqu’à nos veines les plus fines. La Lune est un grand centre nerveux étincelant d’où nous vibrons sans cesse. Qui peut dire le pouvoir que Saturne a sur nous, ou Vénus ? C’est un pouvoir vital, ondoiement extrême qui nous traverse sans interruption. Et si nous renions Aldébaran, Aldébaran nous transperce d’infinis coups de poignards. Celui qui n’est pas avec nous est contre moi ! — c’est la loi cosmique. Et tout ceci est vrai à la lettre, comme le savaient les hommes du temps passé, et comme ils le sauront à nouveau ».

Malheureusement, le lien cosmique s’est dégradé depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours :

« Or la connexion en nous est rompue, les centres sont morts. Notre Soleil, tellement plus banal, est tout autre chose que le Soleil cosmique des Anciens. Nous pouvons voir ce que nous appelons Soleil, mais nous avons perdu Hélios pour toujours, et plus encore le grand globe des Chaldéens. Nous avons perdu le Cosmos, nous en avons déconnecté notre sensibilité, c’est notre principale tragédie. Qu’est-ce que notre minable petit amour de la nature — la Nature — comparé à une ancienne et magnifique vie commune avec le Cosmos, honorée du Cosmos ! (…) Le Soleil ne nous nourrit plus, ni la Lune. En langage mystique, la Lune s’est obscurcie et le Soleil est devenu noir. Quand j’entends des gens modernes se plaindre d’être seuls, je sais ce qui est arrivé. Ils ont perdu le Cosmos ».

Il nous faut donc retrouver une sensibilité, une conscience cosmiques :

«  Nous ne manquons ni d’humanité ni de subjectivité ; ce dont nous manquons, c’est de vie cosmique, du Soleil en nous et de la Lune en nous. (…) Maintenant, il nous faut retrouver le Cosmos, et ça ne s’obtient pas par un tour de passe-passe mental. Il nous faut revivre tous les réflexes de réponse qui sont morts en nous. Les tuer nous a pris deux mille ans. Qui sait combien de temps il faudra pour les ranimer ?  »

Nous avons ici l’ouvrage capital de la pensée lawrentienne, qui expose dans un style éblouissant son Paganisme panthéiste et solaire. Un des plus beaux discours sur Hélios-Roi depuis celui de l’Empereur Julien ! On peut considérer cet écrit inclassable (9), mais sublime, comme le successeur du Zarathoustra de Nietzsche, auquel il s’apparente par le style et la recherche de valeurs supérieures (10).

Les poèmes solaires de Pensées

Parues également à titre posthume, quelques années après Apocalypse, on retrouve dans ce recueil les différentes facettes de l’auteur. Le Soleil y est omniprésent, comme dans le charmant poème « Femmes solaires  », qui rejoint totalement le personnage de Juliette :

« Comme ce serait étrange si des femmes s’avançaient et disaient :

Nous sommes les femmes solaires !
Nous n’appartenons ni aux hommes ni à nos enfants ni à nous-mêmes
Mais au Soleil.
Ah ! quel délice de sentir le Soleil sur moi !
Quel délice de s’ouvrir comme une fleur
Lorsqu’un homme vient et vous regarde
Le visage plein de lumière, de sorte qu’une femme
Ne peut que s’ouvrir comme une fleur
Percée par les rayons étincelants ».

Les préoccupations sociales de Lawrence apparaissent dans le poème « Les classes moyennes », où il proclame son mépris pour la bourgeoisie :

« Les classes moyennes
Sont sans Soleil.
Elles n’ont que deux étalons,
L’homme et l’argent,
Elles n’ont absolument aucune parenté avec le Soleil. »

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En politique, sa conception aristocratique l’amène à se situer en dehors des partis classiques. Il s’en exprime dans « Démocratie » :

« Je suis démocrate dans la mesure où j’aime dans l’homme sa liberté solaire.
Je suis aristocrate dans la mesure où je hais l’étroit esprit de possession.
J’adore le Soleil en tous les hommes
Lorsque je vois briller sur un front
Clair et sans peur, si petit soit-il.
Mais lorsque je vois ces ternes hommes qui arrivent à la puissance
Si laids, pareils à des cadavres, absolument privés de Soleil
Et qui se dandinent machinalement
Comme de gros esclaves victorieux,
Alors je suis plus que radical,
J’ai envie d’amener la guillotine.
Et lorsque je vois des travailleurs
Pâles, vils, semblables à des insectes
Machinalement affairés
Qui vivent comme des poux sur une maigre pitance
Et ne regardent jamais plus haut,
Alors je voudrais, comme Tibère, que la foule n’eût qu’une tête
Pour que je pusse la trancher.
Lorsque les êtres sont totalement dépourvus de Soleil
Ils ne devraient pas exister »

Dans « l’Espace » reparaissent les conceptions panthéistes d’Apocalypse :

« L’espace, bien sûr, est vivant,
C’est pourquoi il bouge ;
Et c’est ce qui le rend éternellement spacieux et aéré.
Quelque part en lui est un cœur sauvage
Dont les battements me transpercent
Et je l’appelle le Soleil ;
Et je me sens aristocrate, plein de noblesse,
Lorsqu’un battement me traverse
Venant du cœur sauvage de l’espace, que je nomme Soleil suprême. »

Pour Lawrence comme pour Nietzsche, la morale chrétienne n’est qu’une morale d’esclaves, avec sa comptabilité anxieuse du péché. La vraie immoralité est pour lui très différente, ainsi qu’il l’a exprimée dans le poème du même nom :

« Il est immoral
D’être mort-vivant,
Éteindre en soi le Soleil
Et l’éteindre dans les autres »

Lawrence, héraut du Soleil

Initié, visionnaire, Lawrence l’a certes été. Comme tous les prophètes, il fut d’abord incompris, à commencer dans son propre pays. Précurseur de la révolution sexuelle, il avait aussi dénoncé les dangereux mirages de la société industrielle. En cette fin de millénaire, où l’homme occidental met toute la planète en danger, où nos systèmes sans âme génèrent toutes sortes de pathologies abjectes, combien les faits ont abondé dans son sens ! Sa vie illustre parfaitement les mots de Teilhard de Chardin : « Ceux qui ont raison trop tôt s’exposent à finir en hérétiques ». Lawrence avait aussi prévu la renaissance du Paganisme, ce qui lui fut reproché. Cette renaissance païenne, aujourd’hui évidente, est pour nous indissociable d’un réveil de la solarité, auquel nous travaillons. Lawrence, chantre du Soleil, nous montre la voie : par la hauteur de ses visions, par la force de son art, il doit être considéré comme l’un des grands représentants de la solarité du XXe siècle.

► Jean-Christophe Mathelin, Antaios n°14, 1999.

Docteur en géologie, JC Mathelin est professeur. Depuis 1992, il anime la revue Solaria et le Cercle de Recherches sur les Cultes Solaires. Il prépare une anthologie des hymnes et prières au Soleil.

Notes :

  • (1) Le génie littéraire de D.H. Lawrence est aujourd’hui largement reconnu et ses audaces érotiques ont été dépassées depuis, par des auteurs qui n’ont pas son talent.
  • (2) A. Maupertuis, Le sexe et le plaisir avant le christianisme : L’érotisme sacré, Retz, Paris 1977.
  • 3) Voir à ce sujet C.G. Jung, Ma vie, Gallimard, 1962.
  • 4) Notamment les poèmes « La Prière au Soleil » et « L’Accueil au Soleil » : cf. Solaria n°7.
  • 5) Le succès historique de la Bible auprès des populations européennes, a priori peu réceptives aux religions du désert, pourrait entre autres s’expliquer par le fait qu’elles y auraient reconnu des éléments indo-européens : un message apollinien dans l’Évangile de Jean (le Prologue par ex.), une eschatologie iranienne dans l’Apocalypse, etc.
  • 6) Pour Jung, lorsque le mystique descend au fond de son âme, il y trouve le « Soleil de l’au-delà ». Voir C.G. Jung, Métamorphoses de l’âme et ses symboles, Librairie de l’Université - Georg et Cie, Genève, 1983.
  • 7) La théorie du vitalisme solaire fut soutenue notamment par le stoïcien Posidonius. Voir F. Cumont, La Théologie solaire du paganisme romain, Mémoires présentés à l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres de l’Institut de France, II, 2, Paris, 1913.
  • 8) Vieille théorie stoïcienne. Voir l’article « Panthéisme » dans l’Encyclopaedia Universalis.
  • 9) Osons une comparaison avec Citadelle de Saint-Exupéry, livre posthume et philosophique, un peu décousu, mais profond et poétique.
  • (10) Notamment le très solaire Prologue.


A lire :

  • Le Serpent à plumes, Stock, 1957, (Londres, 1926).
  • L’Amazone fugitive, Stock, 1976, (Londres 1928).
  • Apocalypse, Balland, 1978, (Londres 1931).
  • Matinées mexicaines - Pensées, Stock, 1986 (Londres 1935).

mardi, 10 février 2015

Esquilino in maschera!

mercredi, 28 janvier 2015

To celebrate Imbolc

Song: Imbolc (Candlemas)
Artist: Lisa Thiel
Album: Circle Of The Seasons
# song: 03

Lyrics

Blessed Bridget comest thou in
Bless this house and all of our kin
Bless this house, and all of our kin
Protect this house and all within

Blessed Bridget come into thy bed
With a gem at thy heart and a crown on thy head
Awaken the fire within our souls
Awaken the fire that makes us whole

Blessed Bridget, queen of the fire
Help us to manifest our desire
May we bring forth all thats good and fine
May we give birth to our dreams in time

Blessed Bridget comest thou in
Bless this house and all of our kin
From the source of Infinite Light
Kindle the flame of our spirits tonight

Blessed Bridget come into thy bed
With a gem at thy heart and a crown on thy head
Awaken the fire within our souls
Awaken the fire that makes us whole

Blessed Bridget, queen of the fire
Help us to manifest our desire
May we bring forth all thats good and fine
May we give birth to our dreams in time

Blessed Bridget comest thou in
Bless this house and all of our kin
From the source of Infinite Light
Kindle the flame of our spirits tonight

Lisa Thiel - Imbolc (Candlemas)

 

Reclaiming - Welcome Brigid - sung by Beverly Frederick

 

 

mardi, 20 janvier 2015

Sinterklaasfeest wordt nationaal beschermde traditie

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Sinterklaasfeest wordt nationaal beschermde traditie

door
Ex: http://www.rechtsactueel.com

Het Sinterklaasfeest is op de Nationale Inventaris Immaterieel Cultureel Erfgoed in Nederland geplaatst. Dat heeft het Nederlands Centrum voor Volkscultuur en Immaterieel Erfgoed (VIE) deze week laten weten. Het is zover gekomen door de voordracht van de Sint & Pietengilde, een organisatie die zich eerder al hard maakte voor het behoud van Zwarte Piet binnen het eeuwenoude kinderfeest dat ons Sinterklaasfeest is.

Dit heugelijke gegeven is formeel geworden door het gezamenlijk ondertekenen van een certificaat en heeft als gevolg de plaatsing op de Nationale Inventaris. Wat dan weer inhoud dat er een actieve gemeenschap achter staat die deze traditie levensvatbaar wil houden en wil werken aan een duurzame toekomst voor deze traditie, die in de maatschappij breed wordt gedragen. Het ligt dus bij de Sint & Pietengilde, voor het maken van een erfgoedzorgplan, dat hoort bij de voordracht, een zware taak dus, om de traditie te borgen en te ontwikkelen.

De landelijke inventarisatie is het gevolg van de Nederlandse ondertekening van het Unesco-verdrag in het jaar 2012. Dit verdrag geeft aan dat de eerste stap dat een land moet zetten als nieuwe partij bij het bewuste verdrag, is het in kaart brengen welk immaterieel erfgoed op het eigen grondgebied aanwezig is. Hier is het VIE aldus voor verantwoordelijk. Een plek op de nationale lijst is de eerste stap naar een mogelijke plaats op de lijst van immaterieel erfgoed van Unesco.

Onder immaterieel erfgoed verstaat Unesco tradities en gebruiken – maar ook ambachten – die door gemeenschappen erkend worden als onderdeel van hun culturele erfgoed. Over de daadwerkelijke plaatsing van een erfgoed op deze lijst beslist dan weer een internationaal comité van Unesco -lidstaten.

De plaatsing op de inventarislijst lijkt een verdere stap vooruit in de bescherming van ons erfgoed, na de positieve uitspraak van de Raad van State op 16 oktober 2014, die toen een eerder vonnis van de Amsterdamse rechtbank vernietigde waarin werd gesteld dat Zwarte Piet een negatieve stereotypering van de zwarte medemens zou zijn. Deze procesgang werd mede ondersteund door de Pietengilde.

mercredi, 24 décembre 2014

From Pagan Spirituality to Christian Consumerism

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Winter Solstice

From Pagan Spirituality to Christian Consumerism

by RUEL F. PEPA
Ex: http://www.counterpunch.org

Solstice: the sun stands still. In temperate countries of the northern and southern hemispheres, every year there are two: summer and winter. The northern hemisphere’s summer solstice, which occurs on a day in the middle of the year (June 20 to 22, depending on the year), is the southern hemisphere’s winter solstice. Conversely, the southern hemisphere’s summer solstice, which occurs on a day in the third week of December (December 20 to 23, depending on the year), just prior to the New Year, is the northern hemisphere’s winter solstice. In the tropics, these astronomical events are not physically felt, except for the holiday celebration called Christmas that is associated with the northern’s hemisphere winter solstice and was brought by European Christian religions to countries like the Philippines, where I was born.

Dies natalis Solis invicti: Birthday of the unconquered Sun

Though we are more familiar now with the so-called Christmas season, connected with the winter solstice, there has always been something religious or spiritual about this time of year that antedates the Christian era. The traditions of caroling and midnight service, and common symbols in the celebration of Christmas, like mistletoes, decorated trees, candles and lights, wreaths and hollies, among others, were present in European paganism long before the advent of Christianity. Christmas is therefore the “Christianization” of the winter solstice celebration, whose institutionalization over time has led to the theft of most, if not all, of the major highlights from the pagan world.

yulee096f.jpgIn the Hebrew scriptures of the Jewish religion, known as the Old Testament in the Christian Bible, there occurs a single instance of the word “solstice” that is not in any way associated with the annual summer and winter astronomical events. In the book of Joshua, chapter 10 and verses 12 to 14, it is reported that the tribal deity of ancient Israel, called YHWH, caused the sun to stand still in Gibeon to give the Israelites, known to be the people of the said tribal deity, the best opportunity to slaughter and annihilate, in broad daylight, an enemy tribe called the Amorites.

“Then Joshua spoke to the Lord in the day when the Lord delivered up the Amorites before the sons of Israel, and he said in the sight of Israel, ‘O sun, stand still at Gibeon, And O moon in the valley of Aijalon.’ So the sun stood still, and the moon stopped, Until the nation avenged themselves of their enemies. Is it not written in the book of Jashar? And the sun stopped in the middle of the sky and did not hasten to go down for about a whole day. There was no day like that before it or after it, when the Lord listened to the voice of a man; for the Lord fought for Israel.…”

This Lord, the sadistic tribal deity of ancient Israel, is a far cry from the god of love whose son, Jesus, is mythically believed by Christians to have been born sometime during the winter solstice and in whose honor Christians celebrate Christmas. By contrast to the murderous solstice of the Jewish story, the pagan winter solstice has always symbolized renewed hope, faith in the restorative cosmic forces and most of all, a love of life.

“In the depths of winter I finally learned there was in me an invincible summer.” – Albert Camus

The pagan winter solstice is an exaltation of the human spirit’s rebirth and revitalization, from “the dark nights of the soul” (“la noche oscura del alma”, with apologies to St. John of the Cross) into the energizing warmth of a radiant morning. It is the grandeur of this splendid background that the Christian religion stole for its prevailing celebration called Christmas, to the point of claiming: “It is not the birth of the Sun but rather that of the Son.”

Christianity, whose key figure, Jesus Christ, is a paragon of humility, should be humble enough not to monopolize the significance of the annual December 25 celebration. Deities from other religions whose births, in different periods, have been celebrated on the same date include: Attis and Dionysus, both of Greece; Mithra of Persia; Salivahana of Bermuda; Odin of Scandinavia; Crite of Chaldez; Thammuz of Syria; Addad of Assyria, and Beddru of Japan.

The winter solstice has influenced the lives of many generations of humanity, through the passing of different civilizations. Therefore the universalizing slogan “Jesus is the reason for the season,” is inaccurate. A more logically acceptable statement for Christians is: “Jesus is our reason for the season.” An all-encompassing claim that articulates ownership of the winter solstice celebration, by claiming that Jesus Christ is the season’s only source of meaning, is a blatant audacity of narrow-minded fundamentalist and evangelical Christians. Christians should be more sensitive not to monopolize the winter solstice celebration and should acknowledge the fact that most—if not all—material symbolisms in Christmas originate from the pagan realm. The legacy of the ancient pagans is still carried on by modern pagans who continue to use the ancient material symbolisms inherited from their precursors with comparable spiritual intensity and pomp.

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It is tragic that the originally spiritual celebration of the pagan winter solstice has been ruined by the materialism of modern nominal Christianity. The modern winter solstice celebration has become commercialized and has lost, not only the graciousness originally associated with ancient pagan spirituality, but also the magnanimity of Christian virtues exemplified by the teachings of Jesus Christ.

“The black moment is the moment when the real message of transformation is going to come. At the darkest moment comes the light.” – Joseph Campbell

Even Christianity has been made seasonal by Christmas, which has become the only time of the year when nominal Christians affirm their shallow Christianity through their superficial adoration of their so-called Lord. I think that Christians, to be true to their commitment, should draw their inspiration and get moved to action not only during the Christmas season but also on a daily basis by the words of wisdom and example of Jesus. A truer spirit of Christianity might well reside in the pagan spirituality that has animated the ancient winter solstice celebration with its promise of renewed hope, faith in the restorative cosmic forces and love of life.

Merry Yuletide Season to All!

RUEL F. PEPA writes for News Junkie Post.

samedi, 20 décembre 2014

La renaissance orientale

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LA RENAISSANCE ORIENTALE
 
Son apport à la philosophie et la spiritualité occidentale

Rémy Valat
Ex: http://metamag.fr

schw9782228910569.jpgLes éditions Payot viennent de rééditer La Renaissance Orientale de Raymond Schwab, le livre de référence sur les débuts et l’impact des études indiennes et orientales sur les sociétés européennes aux XVIIIe et XIXe siècles. Raymond  Schawb (1884-1956) était un authentique humaniste aux multiples facettes : il était traducteur (il pratiquait l'hébreu, le hongrois et l'anglais), romancier et poète. L’Orientalisme a été précédé par un mouvement précurseur, dit pré-indianiste, mouvement animé par des missionnaires ou des fonctionnaires portugais, italiens ou français (en particulier, Anquetil-Duperron, 1731-1805) puis par le pouvoir colonial britannique établi dans la péninsule indienne. Pour ce dernier, l’intérêt linguistique était considéré comme une arme politique pour asseoir sa domination sur le pays.

La société de Calcutta, créée par William Jones en 1784 rassemblait des hauts-fonctionnaires du pouvoir colonial, souvent des juristes, épris de culture indigènes. On leur doit les premières traductions des textes sacrés indiens, en particulier la Bhagavad-Gîtâ par Charles Wilkins (1784), mais aussi les premières parutions scientifiques sur la culture indienne et les premiers pas de l’archéologie, de la numismatique et de l’épigraphie dans le sous-continent. Guidés par des intérêts politiques, l’Angleterre se désintéresse rapidement des études orientales, l’Orientalisme sera essentiellement un mouvement français et allemand (en particulier le mouvement indo-germanique). 

En France, le Directoire fonde l’École des Langues Orientales Vivantes (actuel Institut National des Langues et Civilisations Orientales – INALCO) en 1795 ; cette création précéde de peu l’expédition de Bonaparte en Égypte qui donnera une impulsion significative aux études orientales et en particulier l’égyptologie. L’Orientalisme est en quelque sorte un avatar des guerres napoléoniennes puisque Alexandre Hamilton (1762-1824), officier de la Royal Navy et ancien membre de la Société Asiatique de Calcutta, s’est trouvé assigné à résidence à Paris au moment de la rupture de la paix d’Amiens. Cet officier, qui étudiait des textes indiens conservés au département des manuscrits bénéficia de la bienveillance et de la solidarité scientifique d’érudits de la Bibliothèque Nationale. Reconnaissant, Hamilton leur enseigna la langue sanskrite.

Parmi ces passionnés et privilégiés se trouvait le philosophe et écrivain allemand Friedrisch Schlegel, qui sera l’un des animateurs du « Cercle d'Iéna » et du romantisme allemand. La première chaire de sanskrit sera créée quelques années plus tard au Collège de France en 1814 : Eugène Burnouf, qui a fondé la Société asiatique en 1822, y professera à partir de 1832. Eugène Burnouf a contribué au développement des études bouddhiques en Occident, il a notamment traduit l’un des plus beau texte du bouddhisme : le Sutra du Lotus (1852). Des bancs des universités, l’orientalisme se répand dans les mouvements littéraires et philosophiques, les plus grands auteurs français y ont été sensibles (Alphonse de Lamartine, Victor Hugo, Honoré de Balzac, Edmond Michelet, Saint-Simon, Gérard de Nerval, Gustave Flaubert, les Parnassiens, les symbolistes....).


La Renaissance Orientale : un ouvrage capital pour saisir les représentations et les interprétations des cultures asiatiques par les Européens et leur apport à la philosophie et la spiritualité occidentale.
La Renaissance Orientale , de Raymond Schwab, Editions Payot ( réedition) , 688 pages, 32€.

jeudi, 18 décembre 2014

La crèche et les petits dieux du peuple

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La crèche et les petits dieux du peuple

par Claude BOURRINET

Jean-Paul Brighelli, récemment (1), rappelait que l’institution des crèches, n’avait que peu de liens historiques et religieux avec le christianisme authentique. Le terme « institution » est employé ici pour évoquer le mortier des siècles, la lente et merveilleuse fabrication d’une coutume populaire, qui se sert des pierres laissées par les traditions ancestrales, de cette mémoire longue qui plonge parfois dans les temps proto-historiques, pour ériger des « monuments » (du latin monumentum, dérivé du verbe moneo « se remémorer »). Les crèches appartiennent à cet « art » de tous, œuvre artisanale dont on ne connaît pas l’auteur, car elle jaillit du génie communautaire, comme les contes, les légendes, les chansons de village et des danses dit « folkloriques », dont les volutes manifestent quelques chose des mythes éternels.

 

Les crèches, dont la création est redevable de récits bibliques apocryphes, signifient, d’une façon bon enfant, la revanche du paganisme sur une religion allogène, judaïque, violemment hostile aux « idoles ». Le christianisme primitif a eu du mal à se défaire de ces a priori anthropologiques, au point que sa réappropriation de l’art « païen » n’est devenue évidente que dans le temps même de sa résistible victoire sur les antiques croyances. L’art dit « chrétien », qui doit beaucoup à l’art impérial du IIIe siècle (2), s’est affirmé quand la nouvelle religion du Christ a senti qu’il n’existait plus guère de danger provenant de l’ancienne religion, c’est-à-dire après le putsch de Constantin, dit « le Grand », au début du IVe siècle.

 

Ce que l’on examine, de l’« art chrétien » du Moyen Âge, appartient à ce genre d’équivoques qui ne cessent d’agiter les spécialistes, l’équivalent des interrogations qui se posent lorsqu’on se demande s’il peut exister une philosophie chrétienne. De la même façon, on peut appréhender la foi galiléenne comme une acculturation du judaïsme, qui s’est fondu dans la Weltanschauung, la vision du monde hellénistique, avec, cependant, un noyaux monothéiste et iconoclaste persistant, qui se réactive par intermittence. D’autres apories peuvent aussi naître d’une analyse poussée des légendes issues de la « Matière de Bretagne ».

 

La République – du moins celle qui s’est illustrée en France – a eu pour ambition de restituer l’État romain, sa vertu, son sens de l’État, bref, la res publica. Or cette « chose publique » peut se confondre aisément avec la laïcité telle qu’elle s’est traduite lors des lois de séparation de l’Église et l’État, en 1905. C’est évidemment, si l’on cherche des sources référentielles à cette brisure entre le sceptre et le goupillon, une illusion de trouver des justifications dans l’Histoire, car jamais, dans les temps anciens, même à l’époque de la querelle entre l’Empire romain-germanique et la papauté, on a conçu une société qui ne fût pas façonnée de ces deux pans indissociables que sont le temporel et le spirituel, ce qu’exprime très bien le terme de « religion », qui induit un rapport de dépendance entre le haut et le bas, entre le terrestre et le supra-humain. Même saint Augustin, dans La Cité de Dieu, ne sépare pas, de facto, la cité des hommes de la cité de Dieu, qui sont inextricablement mêlées, dans la vie civique, et dans les cœurs. Le point nodal, où s’incarne cette rencontre entre les deux ordres, est, bien sûr, la morale, ou, plus précisément, la charité.

 

La décision de l’État de couper les deux réalités de l’être humain, entre, d’un côté, la chose publique, et, de l’autre, la chose privée, ne visait pas, au début du XXe siècle, à empêcher la seconde de s’exprimer librement. La République a, au demeurant, eu besoin de l’appui de l’Église durant la Guerre de 14-18, comme, plus tard, le bolchevique Staline a eu recours à l’Orthodoxie durant la Grande Guerre patriotique qu’a menée l’empire soviétique contre l’empire nazi. Les hommes n’aiment pas mourir pour des idées, il leur faut la chair et le sang de leur mémoire pour se sacrifier.

 

L’agressivité dont font preuve, actuellement, les tenant d’une laïcité « pure » délivrée de tout signe religieux, lorsqu’ils revendiquent une sorte d’épuration civique, de nettoyage des rues, des édifices officiels, des corps et des écrans virtuels, et, bientôt, pourquoi pas, comme dans les meilleurs récits contre-utopiques, rectifiant passé et futur, ne manque pas d’être assez singulière, si l’on s’en tient à la longue chaîne des siècles.

 

Il est certain que la volonté, récurrente, existe de niveler le catholicisme au rang de sensibilité religieuse comme une autre, niant de cette façon son rôle constituant de notre civilisation européenne et française. Penser, pour autant, que cette acrimonie éradicatrice relève d’un complot visant à substituer l’islam au christianisme pèche par excès. En effet, les « princes qui nous gouvernent », comme disait feu Michel Debré, n’usent des musulmans qu’en ce que ceux-ci servent d’instruments de démolition. Le multiculturalisme n’est pas, dans notre espace historique, l’expression d’une civilisation, mais une arme contre la civilisation. La présence de religions allogènes, dans la Rome antique, n’a été tolérée, voire encadrée, comme le judaïsme, qu’en tant qu’elles de constituaient pas un péril pour la sauvegarde  de l’« empire ». La notion de « tolérance », au sens que lui ont donné les Lumière, est, en ce qui concerne cette époque, tout à fait anachronique. Le passage du paganisme au christianisme n’a pas été un changement radical dans l’octroi plus ou moins grand de la « liberté d’opinion, ou d’expression » qui, là aussi, rapporté à l’ère contemporaine, risque de se révéler tout autant anachronique que la notion de tolérance. Car non seulement les débats philosophiques ne concernaient qu’une élite très réduite, mais on sait combien cyniques, stoïciens, épicuriens, ont pu être l’objet de désagréments de la part du pouvoir, et, surtout, quel a été la lente dérive structurelle, qui a formaté l’appréhension de l’univers, et, de syncrétismes en confusions, d’hénothéisme fondé sur un usage métaphorique des divinités, en synthèse entre aristotélisme, stoïcisme et platonisme, jusqu’au triomphe, dans les cercles cultivés de l’aristocratie, du néo-platonisme, et a préparé l’avènement de la théologie chrétienne et sa propension à caréner une orthodoxie pérenne (3).

 

Aussi bien serait-on avisé de ne pas interpréter l’évolution de ce que d’aucuns nomment « le système » comme un mode opératoire unique, reposant sur une vision stratégique homogène, d’où seraient tirées les ficelles qui manipulent des marionnettes. Non qu’il n’existe pas des officines plus ou moins occultes, mais les visées semblent parfois contradictoires. Comment concilier, en effet, la volonté de balayer tout signe ostentatoire de la religiosité – dont le fameux voile intégral – , et de promouvoir, dans le même temps, l’islam, en finançant, par exemple, des mosquées ? S’appuyer sur des populations étrangères, par leurs cultes, leur religion, leurs symboles civilisationnels, voire leurs mœurs, pour diminuer l’importance de la mémoire de l’Europe, et, parallèlement, se hérisser frénétiquement dès qu’apparaît toute allusion à la religion, voilà ce qu’on appelle un paradoxe. En vérité, le tableau est pour le moins complexe.

 

D’autant plus que le monde musulman s’inscrit dans le monde « traditionnel », conservateur (au sens propre : « qui conserve »). Toutefois, le processus libéral mondial le fait passer progressivement et sûrement, comme toute chose, dans une logique postmoderne; il se métamorphose, de réalité archaïque (de « archê », fondements originels) fortement ancrée, en expression d’une « opinion » comme une autre. Le vocable « religion » recouvre, sinon des acceptions différentes, du moins des degrés de pertes du sens inégaux. Car il s’en faut de beaucoup que toutes les sacralités se vaillent, tant synchroniquement que synchroniquement. Le christianisme de l’homme contemporain, si l’on prend la peine de sonder les cœurs et les intelligences, est sans commune mesure avec celui des temps anciens, et il est fort probable que le premier partagerait malaisément le sort du deuxième, qu’il appréhenderait à l’horreur pour les contraintes religieuses qu’éprouve tout hédoniste contemporain. De même, qu’y a-t-il de semblable entre la conception du sacré d’un paysan du Bengale, par exemple, et celle d’un évangéliste américain ?

 

La question essentielle est, non de ravaler toute sacralité à une dénominateur commun, par exemple la foi (aussi peu discernable que l’amour), ou bien, plus identifiable, les rites ou les bâtiments confessionnels, mais de savoir quel type de religiosité sied parfaitement au « système » libéral. Or, la logique de la « main invisible », du marché, est de déminer, de dédramatiser, de folkloriser, de dysneylandiser les patrimoines, les traditions, les appartenances, les identités. On se satisferait d’une multitude de communautés, à condition qu’elles se parent des attributs d’une mode, certes, un peu spéciale (comme les « identités sexuelles »), mais compatibles avec cet arc-en-ciel qu’on arbore comme le drapeau de la diversité. Autrement dit, pour la gloire et l’intérêt du doux commerce, il est nécessaire que se multiplient les appartenances, si possible interchangeables, mais sans les inconvénients ataviques de ces engagements, l’exclusivité, l’intolérance, la guerre, les bûchers, ou bien la permanence, la discipline, la règle, la rigueur de la doctrine.

 

La seule entité viable (si l’on ose dire) de l’ère postmoderne est une bulle vide, flexible, polycompatible, éthérée, irresponsable, vaguant à tous vents, surtout aux caprices du marché. La religion est un marché comme un autre. La gravité de la tradition authentique, comme celle de l’ensemble des sociétés qui ont disparu, diluées par les flux corrosifs de l’argent, cette pesanteur solennelle, digne, noble, que les Romains considéraient comme la marque de l’honnête homme, n’a pas sa place dans un monde liquéfié, qui n’est, aux dires de la « Dame de Fer », pas une société (4). Ne resterait in fine qu’un être évaporé, déraciné de la terre, sans laquelle aucune civilisation ne peut vivre d’une vraie vie, ne peut devenir la demeure du monde.

 

Faut-il parler, alors, de religion, de projet religieux conquérant, dominateur, tel que le serait l’islam, comme nous l’assurent les Identitaires ? Il semblerait plutôt que l’on assistât à l’un des derniers assauts contre l’esprit religieux. Les musulmans devraient porter attention aux effets dévastateurs de la modernité : on ne peut être véritablement adepte d’une tradition spirituelle, et drogué aux poisons de la société de consommation, de la sous-civilisation matérialiste, américanisée, bafouant toutes les valeurs qui ont été vénérées pendant des millénaires.

 

À cette aune, la censure des crèches apparaît comme l’aboutissement d’un processus de désenchantement commencé avec les religions judaïsantes. La société marchande est la fin et le triomphe d’un monothéisme délivré de ses oripeaux païens. L’Empire romano-chrétien a tenté, par la violence ou la propagande, l’intimidation ou la persuasion, d’extirper des cœurs, des consciences, et des paysages, les reliquats d’une religion haïe, que l’on dénonçait comme le suppôt du diable, comme le témoignage de la déchéance humaine (5). Le christianisme fut une religion nouvelle, une révolution. Son projet de nouvel homme se voulait radical. La nouvelle foi plongeait jusqu’au fond des êtres, et les sommait d’adhérer, d’aimer, de se sacrifier pour elle, ce que les traditions sacrales ancestrales n’exigeaient pas. Il fallait arracher les racines du mal, jusqu’au tréfonds de la terre humaine. La traque des derniers païens, la destruction ou la récupération des vestiges anciens, des chênes sacrés, des sources, des temples, des hauts lieux, furent, au Moyen Âge, un combat incessant. Et vain, comme l’on sait, puisque des legs païens restèrent vivaces, comme Noël, et, justement, nos fameuses crèches, avec leurs animaux sentant l’humus.

 

Pour la première fois, le libéralisme est en voie de réaliser ce qui avait été entrepris il y a deux mille ans : soustraire à la joie humaine la chair et la saveur des petits dieux populaires, ceux qui accompagnaient, jadis, les tribulations des humbles. Et l’on retrouve, dans cette volonté dévastatrice, cette rage rabbinique, ecclésiastique, qui s’en prenait autrefois aux héritages païens, même si cette haine est maintenant dirigée par des laïcistes, contre le christianisme même, comme chose du passé.

 

Claude Bourrinet

 

Notes

 

1 : Jean-Paul Brighelli, « Ce que cache l’interdiction des crèches de Noël », dans Le Point, le 10 décembre 2014.

 

2 : Bernard Andrae, L’art de l’ancienne Rome, Paris, Éditions Mazenod, 1988.

 

3 : Polymnia Athanassiadi, La lutte pour l’orthodoxie dans le platonisme tardif, Paris, Les Belles Lettres, 2006.

 

4 : Margaret Thatcher, « There is no such thing as society : there are individual men and women, and there are families », 1987.

 

5 : Ramsay MacMullen, Christianisme et paganisme du IVe au VIIIe siècle, Paris, Les Belles Lettres, 1998.

 


 

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samedi, 13 décembre 2014

Rites païens du berceau à la tombe

 

Sortie aux Editions de la Fôret du premier tome d’une série de trois consacrée aux rites païens du berceau à la tombe.

Ce premier tome aborde les thèmes de la naissance et de l’enfance. Nombre de jeunes couples et parents identitaires pourront se reporter à ce livre, véritable bréviaire en la matière.

Prix: 16€ + frais de ports (2,10 € France uniquement et 4,15 € Europe)

Terre et Peuple - BP 38 - 04300 Forcalquier

lundi, 01 décembre 2014

Feronia e i culti femminili legati alle acque

Intervento di Renato Del Ponte al convegno "Feronia e i culti femminili legati alle acque" organizzato a Verona il 4 Maggio 2012

lundi, 24 novembre 2014

Zwarte Piet….in Iran en whiteface in Afrika

Zwarte Piet….in Iran en whiteface in Afrika

door

Volgens extremisten die het nodig vinden om een robbertje te gaan vechten met de politie terwijl zij zich eerst strategisch opgesteld hebben tussen kinderen van leeftijden 2 tot 10 jaar is Zwarte Piet racistisch. We krijgen een slechte kopie van de burgerrechtenbeweging uit de VSA die ons wenst te vertellen dat Zwarte Piet racistisch is. Over krak dezelfde traditie in Iran, daar zwijgt men uiteraard zedelijk over.

Net als in Europa stamt het Iraanse feest Hadji Firoez uit een heidense traditie. Net als in Europa is zijn huid zwart gebrand door kool en roet. Niet van door de schoorsteen te kruipen, maar omdat hij de oude dingen van mensen verbrandt die ze niet meer nodig hebben. Dit om het nieuwe jaar te symboliseren. Is hij dan zoveel politiek correcter dan Zwarte Piet? Beoordeel zelf even:

haji firoz 2

haji firoz 3

haji firoz

Zwarte Piet zou racistisch zijn vanwege het “blackface” waarbij een blanke man zich zwart schminkt en veel lippenstift gebruikt . Kijken we echter naar de ceremonie van de Xhosa in Afrika wanneer zij de volwassen leeftijd bereiken. Zij worden hierbij besneden, waarna zij met modder wit worden geverfd. In het wit lopen zij dan rond als wilden (ze zijn immers volwassen mannen die naar niets meer moeten omzien). Moet dit ook onderzocht worden door de VN? Het beeldt immers uit dat een blanke huidskleur daar wordt bezien als iets wild.

whiteface

whiteface2

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Sinterklaas en Zwarte Piet verschillend, maar vullen elkaar perfect aan

'Sinterklaas en Zwarte Piet verschillend, maar vullen elkaar perfect aan'

Een gesprek met literatuurwetenschapper Rita Ghesquiere

door Harry De Paepe
Ex: http://www.doorbraak.be

sintpiet.jpgIn 1989 verscheen bij het Davidsfonds het boek 'Van Nicolaas van Myra tot Sinterklaas. De kracht van een verhaal.' Het was een uitgebreide studie naar de oorsprong van het kinderfeest. Doorbraak vond het tijd - gezien het heersende debat over Zwarte Piet - om even met de auteur, professor Rita Ghesquiere, te praten.

Doorbraak: Sinds kort laait het in Nederland al oudere debat over het vermeende racistische karakter van Zwarte Piet ook in Vlaanderen op. Houdt het argument dat Zwarte Piet een veruiterlijking is van een koloniaal denken volgens u steek?

Rita Ghesquiere: 'Sinterklaas en Zwarte Piet zijn complexe figuren. Hun ontstaansgeschiedenis reikt veel verder dan de periode van de kolonisatie. Er zijn bovendien verschillende interpretaties en duidingen.  Allebei de figuren hebben een ambigu karakter waarin positieve en negatieve elementen verwerkt zijn. Reeds in de oudste legende 'Het verhaal van de drie veldheren' spreekt een toornige Nicolaas dreigende taal tegen de keizer. In de legende van Crux gebruikt Nicolaas de roede. Verschillende oude legenden voeren Nicolaas ook op als 'duivelbezweerder'.  Die gedachte wordt nog versterkt in het inculturatieproces waarbij het christendom oude bestaande mythen en rituelen opneemt. Nicolaas als winterheilige krijgt dan aspecten van de Germaanse god Wodan die zowel beschermend als bedreigend is. Guido Gezelle spreekt van 'Klaai den duvele' en verwijst naar de Engelse uitdrukking Old Nick een synoniem voor de duivel. Zwarte Piet is vanuit dat oogpunt de verslagen en bekeerde 'demon' die op zijn beurt positieve en negatieve elementen in zich draagt. De roede of gard is oorspronkelijk een positief symbool. Wie er door aangeraakt wordt, krijgt levenskracht en geluk. Die invulling van Sinterklaas als winterheilige en gever met schaduwfiguur of knecht vinden we alleen in Noord-Europa.

In de Nederlandse kinderliteratuur vanaf de negentiende eeuw worden beide figuren meer als tegenpolen voorgesteld, al vraagt ook dat nuancering. In het bekende boek van Schenkman Sint Nicolaas en zijn knecht zien we dat Sint Nicolaas zelf de zak in zijn hand houdt en de kinderen streng vermanend aankijkt. De tekst luidt:

Ei, ei die Sint Niklaas is lang toch niet mak!

Daar stopt hij twee knaapjes pardoes in zijn zak.

't is loon vast naar werken en rijklijk verdiend.

Hij straft niet graag kinderen, maar is hun vriend.

O bisschop, vergeef hun deez' enkele keer.

Schenk, schenk hun genade, zij doen het nooit meer!

In de uitgave van Bom van hetzelfde boek, rijden zowel de Sint als Piet op een paard over het dak. Ook toen al was er dus een vorm van gelijkwaardigheid. Beide figuren evolueren mee met de tijdgeest. Pedagogische bezwaren zorgden ervoor dat het bestraffende aspect verdween. De secularisatie ontnam Nicolaas zijn heiligheid, de knecht zijn duister verleden. De laatste decennia is de Sint eerder een lieve oude opa. 'Er zijn geen stoute kinderen' wordt jaar na jaar herhaald. Dat geldt evenzeer voor Zwarte Piet. Hij is niet langer de dreigende helper, maar de medeorganisator van het feest. Vaak krijgt hij zelfs de leidende rol, omdat de Sint als oud, ziek en moe voorgesteld wordt.

Zwarte Piet reduceren tot een veruiterlijking van het koloniale denken is dus een sterke vereenvoudiging, die ook na analyse niet helemaal klopt. De religieuze duiding biedt meer en beter houvast. maar er duiken nog andere denkpistes op. Arno Langeler verbindt in zijn boek Zwarte Piet uit 1994 de figuur van Zwarte Piet met Cristoforo Moro, een historische figuur uit een illustere familie die een dubbelzinnige rol speelde tijdens de strijd om Cyprus  in 1570-'71. Helemaal geen slaaf dus maar een machtige man met Afrikaanse roots van wie de stamboom teruggaat tot de Romeinse tijd.

Opvallend is ook dat dit duo Sinterklaas en Piet niet bekend is in de Zuiderse Europese landen zoals Spanje en Portugal, twee van oorsprong katholieke landen met een sterk koloniaal verleden. We vinden ze wel terug in ondermeer Nederland, Duitsland, Luxemburg, het Noorden van Frankrijk, Oostenrijk, Zwitserland en Tsjechië. Dat wijst erop dat elementen uit de Germaanse cultuur in de beeldvorming een belangrijke rol gespeeld hebben.'

Is Zwarte Piet dan niet ‘racistisch’?

'Racistisch staat voor de opvatting dat het ene ras superieur is aan het andere en uit de discriminatie die daarvan het gevolg is. Sinterklaas en Zwarte Piet zijn verschillend, maar vullen elkaar perfect aan.

Bovendien horen Sinterklaas en Zwarte Piet op de eerste plaats thuis in een mythisch denken, niet in het rationele zintuiglijke denken. Het rationele denken maakt immers een einde aan het geloof in sinterklaas. Het mythisch denken confronteert ons met een andere onzichtbare, transcendente werkelijkheid. Het onzichtbare, de nacht en het andere spelen daarin een rol omdat juist de Unheimlichkeit de grens tussen de werkelijkheid en de onwerkelijkheid opheft. Natuurlijk hebben verhalen ook een maatschappelijke relevantie omdat ze bijvoorbeeld morele waarden en pedagogische opvattingen bevatten.

Op zoek naar de wortels van beide figuren zien we hoe er op een bepaald moment een zekere polarisatie ontstaat, maar nauwkeurige analyse van teksten en prenten toont meer dubbelzinnigheid.

Tot in de jaren zestig werd Piet als de ondergeschikte van de Sint voorgesteld soms met negatieve trekken of dreigend. Analyse van de recente kinderliteratuur laat zeer duidelijk zien dat Zwarte Piet is geëvolueerd tot een uitgesproken positief personage, een spilfiguur die het feest mee draagt. Een grootschalig onderzoek in Nederland van Gábor Kozijn in 2014 toont aan dat meer dan 90 procent van de volwassenen en de kinderen Zwarte Piet niet als racistisch ervaart, maar de figuur inderdaad een positief imago toekent 'leuk', grappig' en 'slim'. Het oordeel van Amsterdammers verschilt in die zin dat daar een grote minderheid de figuur als discriminerend ervaart. Bij de tegenstanders zetten vooral Surinamers en Ghanezen  de toon. Opvallend is dat zij Zwarte Piet niet discriminerend vinden voor zichzelf maar voor andere. Het gaat dus veeleer om een principiële houding die niet steunt op kennis van de verhalen. Maar de confrontatie met de perceptie en/of de gevoelens is geen gemakkelijke zaak.

Geregeld duikt er ook kritiek op vanuit feministische hoek. Feministen vinden het discriminerend dat de wereld van Sinterklaas vooral een mannenzaak is. Dat soort ongenoegen wekt doorgaans weinig sympathie. Positiever is het pleidooi om alert te zijn bijvoorbeeld voor de stereotiepen in het speelgoed; Dat geldt ook voor racisme. Racistische voorstellingen van Zwarte Piet, zoals lui of dom, moeten terecht geweerd worden uit de kinderliteratuur en andere cultuurproducten.'

Staat de ‘roetveegpiet’ dichter bij het origineel dan onze huidige Zwarte Piet met de rode lippen en de zwarte krullen?

'De roetveegpiet die alleen maar zwart wordt door zijn werk in de schoorsteen sluit inderdaad nauwer aan bij wat we terugvinden in de Germaanse cultuur waar de schoorsteen als verbinding met de godenwereld een belangrijke rol speelt. In de haard laat men de gaven achter - de laatste schoof, de laatste vruchten van het veld - om de goden goed te stemmen.

In Nederland duikt de Zwarte Piet in pagekledij met zwarte krullen, rode lippen en soms oorbellen en witte kraag veel vroeger op dan in Vlaanderen. Felix Timmermans tekent Zwarte Piet bijvoorbeeld als een arme zwerver. Uitwisseling van kinderboeken en televisieprogramma's zorgden er echter voor dat de Nederlandse invulling van de knecht steeds dominanter werd ook in Vlaanderen. 'De kleren maken de man', geldt voor sinterklaas  - mijter, staf, rode mantel enz. -  en dat geldt ook steeds vaker voor Piet. Hier past evenwel een belangrijke kanttekening. In de recente kinderliteratuur is het beeld van Piet of de pieten overwegend positief, welk pak hij ook draagt.'

Heeft u weet van hoe men in Franstalig België omgaat met de knecht van de Sint?

'Niet echt; Ik merk op internet dat père fouettard zoals hij in Franstalig België genoemd wordt, veel minder prominent aanwezig is. Er is ook geen spoor van discussie of debat, met uitzondering van een krantenartikel over de rellen in Gouda. Sinterklaas woont volgens het postadres dat via internet verspreid wordt - Rue du Paradis, 0612 Ciel - nog steeds in de hemel en hij rijdt ook op een ezel. Vlaanderen leunt dus onder invloed van sinterklaasliedjes, -boeken en -films dichter aan bij Nederland.   

Wel herinner ik mij wel hoe de Franstalige studenten aan het einde van de jaren zestig in Leuven uitbundig het sinterklaasfeest vierden. Ze waren verkleed als Sint met lange witte labojassen, nepbaarden en papieren mijters, terwijl ze rondgereden werden op carnavalwagens en zich bezondigden aan overmatig drankgebruik. Een weinig verheffend beeld van de 'goedheiligman' vooral voor de kinderen die dit schouwspel moesten gadeslaan. Die vorm van Sinterklaasfeest is totaal onbekend in Vlaanderen. Later ontdekte ik dat deze invulling eveneens diepe wortels heeft. Vanaf de middeleeuwen was Nicolaas immers de patroon van de studenten en dat patroonsfeest werd en wordt nog steeds luidruchtig en op studentikoze wijze gevierd.'

Sommige gemeenten in Nederland schaffen hun intochten af uit schrik voor geweld. Heeft het sinterklaasfeest zoals we dat nu kennen nog een toekomst?

'Het grootschalig onderzoek in Nederland van Gábor Kozijn in 2014 laat zien dat er wel degelijk een toekomst is voor het feest. Toch vind ik persoonlijk dat een zekere soberheid het sinterklaasgebeuren ten goede zou komen. Als de geschenken wat bescheidener worden, dan kan de Sint misschien ook met minder helpers aan de slag, met minder grote sinthuizen, met minder op- en intochten... Een bescheidener feest zal minder aanstoot geven aan wie niet wil meevieren.'

U schreef uw boek in 1989, voor het televisieprogramma ‘Dag Sinterklaas’, dat toch wel betekenend is geweest voor het sinterklaasfeest in Vlaanderen. Merkt u vandaag een andere manier van Sinterklaas vieren op dan dertig jaar geleden?

'Mijn eerste indruk is dat er inderdaad wat meer luister en vertoon is in de publieke ruimte met bijvoorbeeld in verschillende steden intochten of een 'huis van de Sint'. In de gezinnen en de scholen is er niet zo veel veranderd. Het geloof is eerder toegenomen. Bij mijn kinderen, vooral jaren 1980, hield het slechts stand tot de eerste of tweede klas. In de volgende generatie zie ik oprecht en soms hardnekkig geloof ook bij oudere kinderen. De televisieserie Dag Sinterklaas enfilms als Het paard van Sinterklaas of hyperrealistische prentenboeken geven voeding aan dat geloof. De gezinnen vieren het sinterklaasfeest met dezelfde rituelen, bijvoorbeeld schoenzetten, samen de trap af, zingen.'

Klopt de stelling dat de Vlaamse Sint ‘katholieker’ is dan zijn Nederlandse versie?

'Dat was zeker zo tot in de jaren zestig en wellicht kleurt het ook nu nog onbewust de voorstelling. In Franstalig België is de Sint nog duidelijk 'katholieker'. Het protestantisme en de secularisatie hebben in Nederland veel eerder de religieuze aspecten van de sinterklaasfiguur uitgegomd. In Engeland verdween het sinterklaasfeest volledig.'

Is de tijd nu rijp voor een herwerkte versie van uw boek? Het lijkt actueler dan ooit.

'Misschien wel. Ik blijf de studies en de kinderliteratuur over Sint-Nicolaas aandachtig volgen. Een nieuwe uitgave is echter vooral een zaak van de uitgever en daar zie ik voorlopig geen belangstelling.'

Ten slotte: staat uw schoen al klaar?

'Mijn schoen staat niet klaar, maar ik verwacht de Sint en Piet wel voor een bezoek aan huis waar we samen met onze kinderen en kleinkinderen naar uitkijken.'

Mevrouw Ghesquiere gaf nog volgende bronnen mee:

Gábor Kozijn, Verkennend Onderzoek naar een toekomstbestendig Sinterklaasfeest. Den Haag, 2014.

Pieter van der Ree, Sinterklaas en het geheim van de nacht. Zeist, 2012.

Louis Janssen, Nicolaas, de duivel en de doden. Utrecht, 1993.

Arno Langeler, Zwarte Piet. Amsterdam, 1994.

Rita Ghesquiere, Van Nicolaas van Myra tot Sinterklaas. Leuven, 1989

samedi, 22 novembre 2014

Nicodemus, de Pakkeman, Zwarte Piet: een boeiende geschiedenis

Nicodemus, de Pakkeman, Zwarte Piet: een boeiende geschiedenis

door Harry De Paepe

Ex: http://www.doorbraak.be

'Hij komt! Hij komt!' De pietendiscussie kwam blijkbaar mee. 'Zwarte Piet is een kolonialistisch cliché en een symbool voor slavernij!' Een mens krabt dan eens in zijn haar. Maar in plaats van me boos te maken, neem ik er een boek bij.

Dat de discussie zoveel emotie losmaakt is misschien op het eerste gezicht vreemd. Want, kom zeg, een fantastisch kinderfiguur, moet je je daar nu druk om maken? Het feest van de heilige Nicolaas is een voorbeeldproduct van de Europese cultuur, het is een Germaans gebruik overgoten met een christelijke saus. Het feest legt de ziel van onze voorouders bloot en is dus niet zomaar een verzonnen traditie uit de 19de eeuw.

Zwarte wortels

1989, in nog onverdachte tijden verscheen bij het Davidsfonds een wetenschappelijk boek ‘Van Nicolaas van Myra tot Sinterklaas’. Rita Ghesquiere, doctor in de Germaanse filologie en oud-professor aan de KU Leuven, schreef een nuchter en uitgebreid onderzoek naar de sinterklaaslegende. Het verhaal van Zwarte Piet wordt er ook klaar en duidelijk in uitgelegd en de auteur biedt ook inzicht in de Vlaamse variant van het volksfeest. Hugo Matthysen moest toen nog de prachtige kinderreeks ‘Dag Sinterklaas’ bedenken.

Ondertussen is het gemeenzaam bekend dat Sint en Piet Germaanse wortels hebben. Ghesquiere meldt: ‘Sommige mythologen verwijzen voor de interpretatie van de knecht naar Balder, de zoon van Wodan die met zijn vader meerijdt tijdens de nacht en kijkt of de oogstgaven bij de haard liggen. Van het gluren door het rookgat wordt hij zwart als roet.’  Met andere woorden de Germanen kenden al een roetzwarte begeleider van een vaderfiguur. Echter, andere wetenschappers zijn er niet zomaar van overtuigd dat dit klopt. ‘Voorlopers van de zwarte knecht zijn misschien Hoder (Hother) de wintergod, of nog de grimmige knecht van Thor: Loki. Hoder is de god van de duisternis en de tegenstrever van Balder. Loki heeft als attribuut een mispel- of maretak, terwijl Piet een roede draagt.’ Anderen zien dan weer Nörwi als voorloper, de winterreus en vader van de nacht, die Wodan op zijn tochten vergezeld. ‘Ook hij draagt de gard of levensroede en zou een voorloper van onze zwarte Piet kunnen zijn.’

Duivelse Nicodemus

Interessant is de uiteenzetting over de Duitse benaming Knecht Ruprecht. ‘Sommigen hebben (…) een verbastering gezien van Hruod Perath, een epitheton van Wodan, de roem stralende. Deze interpretatie steunt op het demoniseringsbeginsel en werpt een scherp licht op de ambiguïteit van de sinterklaasfiguur.’ Ghesquiere legt uit dat deze theorie ervan uitgaat dat de Sint en Piet eigenlijk dezelfde figuur zijn. ‘Nicolaas de ‘gekerstende’ geïntegreerde Wodan; de knecht: de gedemoniseerde, verworpen en geknechte Wodan’.  Dit sluit aan bij de Vlaamse variant van Zwarte Piet die, nog bekend bij heel wat vijftigers en zestigers, ook (Sinte) Nicodemus werd genoemd. Nicodemus is eigenlijk een verbastering van Nicolaas. Het betekent dus hetzelfde en in die zin zijn twee figuren dezelfde persoon. Die Nicodemus kon blank of zwart zijn en joeg vele kinderen angst aan met zijn roede en kettingen

Volgens de meer christelijke gerichte versies van het ontstaan van het feest zou Zwarte Piet oorspronkelijk gewoon de duivel geweest zijn. De andere Duitse benaming  Peltzenpock of Pelzenbock zou dan een verbastering zijn van Beëlzebub waardoor hij in Duitsland ook der Schwarze werd genoemd.

De reformatie heeft in vele landen  een einde betekend van de verering van Nicolaas. Nederland is een uitzondering, maar in de andere landen kwam de focus op Kerstmis te liggen, zo verschoof de dennenboom als symbool voor Nicolaas naar een boom voor het kerstekind (overigens, de Kerstman - Santa Claus - bracht in de VS zwart geblakerde kolen bij stoute kinderen). ‘De rekeningen van het gezin Luther vermelden anno 1535/36 nog uitgaven voor het sinterklaasfeest, maar tien jaar later is er sprake van het Kerstkind.’  In Nederland probeerde men tevergeefs het feest met allerlei 16de- en 17de-eeuwse varianten van GAS-boetes uit te roeien.

De variant van het rijke roomse leven

Velen vergeten, of ontkennen, dat Vlaanderen tot niet zo lang geleden een door en door rooms-katholiek land was. Het sinterklaasfeest had daarom veel langer dan in Nederland een religieuze connotatie. Niet zelden namen pastoors de rol op zich van de Sint, die in Vlaanderen in de Hemel woonde.  Een bekend geestelijke uit de 19de eeuw, Guido Gezelle, boog zich in zijn weekblad Rond den heerd  in 1868 over het sinterklaasfenomeen. Rita Ghesquiere citeert: ‘De oude Woensommegang wierd Sint Niklaais nachtprocessie; men zette den Bisschop te peerde, men gaf hem eenen zwarten knecht, met roede en asschenzak, en zei daartegen Sint Niklaai met den duivel.’  

In het Nederlandse boek ‘Het hele jaar rond’ uit 1973 wordt er een hoofdstuk besteed aan ‘Sinterklaas in Vlaanderen’. De knecht wordt hier ‘Croque-Mitaine’ genoemd, ook wel bekend als de ‘Pakkeman’. Wanneer in het geciteerde verhaal  de Pakkeman een kindje in de zak stopt, maant een nonnetje het kind aan ‘rap een kruiske’ te slaan. ‘Au nom du père et du Fils et du Saint-Ésprit’. Croque-Mitaine vlucht. Het doet denken aan de verhalen van mijn grootouders waarbij ze als kind in bed hoorden hoe vader vocht met Nicodemus die Frans sprak. Een zegenende sinterklaas was overigens voor onze niet zo verre voorouders geen vreemd fenomeen, wat mooi wordt uitgebeeld in een fragment uit de televisiereeks ‘De Paradijsvogels’ van begin jaren 1980.

Een goede ziel, geen slaaf

De Sint als hemelbewoner schijnt nog door in de briefjes van de kinderen gericht aan de ‘Hemelstraat’ in Spanje of de Hemel zelf. Felix Timmermans laat in 'De nood van Sinterklaas' uit 1942 Sint en Zwarte Piet uit de Hemel komen. Ernest Claes beschreef in 1947 in ‘Sinter-Klaas in de Hemel en op Aarde’ Zwarte Piet als een schoorsteenvegertje dat het eerste zwarte martelaartje was. Geen slaaf, maar een overtuigd christen die door Sint-Pieter toegewezen wordt aan 'Sinter-Klaas'. Een bron die verwijst naar het slavendom van Zwarte Piet is een theorie uit 1871 van de Nederlander Jan ter Gouw. Ghesquiere noteert: ‘Misschien, zo stelt Ter Gouw, waren er wel moren die werkten als matrozen op de Spaanse galeien en werd de heilige Nicolaas op die manier verbonden met een Spaanse knecht, die in elk geval een donkerder huid kreeg.’ Het is een veronderstelling, geen zekerheid. Het huidige Spaanse uiterlijk samen met de oorringen en het krulhaar zijn een vrij recent Nederlands bedenksel dat in Vlaanderen geleidelijk aan na de Tweede Wereldoorlog aanvaard geraakte.

Je kan dus besluiten dat over de ontstaansgeschiedenis discussie bestaat en ook dat het Spaanse uiterlijk niet echt oud is in ons land. Dat geldt ook voor zijn kindvriendelijkheid, een karaktertrek die hij pas vanaf de zestiger jaren ontwikkelde. Maar over één ding zijn de bronnen het volgens de studie van doctor Ghesquiere het quasi eens: Pieter, Nicodemus, Ruprecht,... hoe je hem ook noemt, is voornamelijk zwart. De verklaring van Matthysen en Bart Peeters dat Piet zwart is door het roet staat dichterbij de historische Germaans-christelijke verklaring dan de bewering dat de knecht een reminiscentie is aan het koloniale verleden.

Meer info? Rita Ghesquiere, Van Nicolaas van Myra tot Sinterklaas: de kracht van een verhaal (Keurreeks van het Davidsfonds, 180), Leuven: Davidsfonds, 1989, 240 p.

 

 

Foto kop: in Oostenrijk gaat de Sint op pad met Krampus, een duivel die stoute kinderen meeneemt en bestraft met de roe.

Foto slot: blz. 80 - 81 uit 'Van Nicolaas van Myra tot Sinterklaas'

mercredi, 12 novembre 2014

Éloge de la généalogie

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Éloge de la généalogie

Quelle autre discipline, mieux que la généalogie, enchante pareillement les diverses curiosités qui traversent, tôt ou tard, un homme curieux de savoir qui il est et d’où il vient ?

Les précieux manuscrits, comme on les trouve en mairie ou aux Archives, renferment les témoignages écrits, signatures et autres actes d’une existence filiale qui nous a précédé et permis. Des générations de nos anciens qu’officiers d’État civil ou prêtres paroissiaux ont immortalisé en déposant sur le papier, d’une pointe de plume, les noms et les quelques autres renseignements qui les autorisent à prendre leur place dans le grand livre qui mêle la grande Histoire à toutes celles, familiales et individuelles, qui nous concernent plus spécifiquement au double titre de la filiation directe et de la conscience que celle-ci a participé, au travers des siècles, à construire la grande Histoire. La généalogie est l’antidote aux prétentions universalistes des dirigeants politiques et intellectuels qui travaillent à construire un Homme déraciné qui ignore d’où il vient et se faisant, ne s’intéresse pas à défendre qui il est.

L’imperturbable écoulement du temps nous sépare chaque seconde un peu plus de chacun de nos ancêtres, mais l’intérêt sentimental et moral que nous leur portons après que nos recherches les aient définis plus précisément à notre conscience ; c’est-à-dire maintenant que nous savons quels prénoms ils portaient, quels métiers ils exerçaient, quelles villes ils habitaient, quels âges ont-ils eu aux différentes étapes de leurs vies – mariages, enfants, morts – entrave et brise même la tragique mécanique de l’oubli qui est la suprême condition du déracinement.

Savoir, par simple déduction logique, que nous sommes l’aboutissement actuel d’une lignée est une chose, mais hélas cette connaissance froidement mathématique ne constitue qu’un incertain combustible des émotions qui lorsqu’elles nous gagnent nous soustrait à la seule qualité statistique pour nous transformer en héritier. Héritier d’une histoire, d’une famille, porteur d’un nom qui, pour arriver jusqu’à nous, aura traversé bien des épreuves, bien des rudesses et bien des efforts. En sachant nommer et situer un aïeul, on apprend à le penser, à l’imaginer, à se le figurer. En sachant qu’il a passé sa vie dans tel village, c’est le cœur ému et les jambes fragiles que l’on se rend, comme en pèlerinage, sur les terres qui jadis sont apparues à ses yeux comme elles apparaissent aujourd’hui aux nôtres.

Fouler un sol qu’un Ancien a foulé cent, deux cents ou trois cents plus tôt, c’est prendre le merveilleux risque de mettre ses pas dans les siens – littéralement ! –, et, dans une ignorance qui ajoute ce mystère qui anime l’imagination, passer devant chacune des plus anciennes demeures de l’endroit en se disant que, peut-être, c’est dans celle-ci ou dans celle-là qu’il a vécu. L’apprenti généalogiste qui n’ignore rien de l’implication de la religion du Christ dans la formation de l’Histoire s’attendrira devant l’église du village où ce lointain ancêtre a reçu le baptême et s’en est allé, d’innombrables fois dans sa vie, ressourcer les forces de son esprit.

Quelle saine et revigorante pratique que la généalogie ! Avec la récente numérisation et mise en ligne des archives, notamment départementales, celles et ceux que ce patrimoine intéressent peuvent, depuis chez eux, remonter le temps et faire connaissance avec ces inconnus familiers. En ces temps troubles où nos sociétés ne proposent à notre soif de repères que des marques et des logos ; où le paradigme idéologique dominant prétend que nous ne sommes rien d’autre que ce que nous faisons ; où chacun, du fait de n’être qu’un individu prisonnier des impératifs de son temps, est défait de toute singularité personnelle, familiale et historique ; où pour faire l’Homme nouveau nous sommes invités à « faire table rase du passé », il est urgent de nous réapproprier ce que nous sommes.

Partir à la rencontre de ses ancêtres, c’est remonter l’histoire de sa propre existence, c’est créer un lien entre ce que nous sommes et ce qui a permis que nous soyons. Ne boudons pas la chance que nous avons de pratiquer cette discipline qui fait mentir les promoteurs d’un monde sans racine : la généalogie.

Jonathan Sturel

A propos de Jonathan Sturel

 
Jonathan Sturel, observateur critique du monde moderne, est l'auteur du livre « La Contre-histoire de Michel Onfray » paru aux Editions Tatamis en août 2014. Par ailleurs, il anime une chaîne vidéos à caractère philosophique sur YouTube.

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mercredi, 15 octobre 2014

*Tiwaz, His Antiquity as a Germanic and Aryan Deity

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*Tiwaz, His Antiquity as a Germanic and Aryan Deity

Ex: http://aryan-myth-and-metahistory.blogspot.com


If there is one deity present in Germanic mythology which can be traced back to Proto-Indo-European times, not just in type as with *Thunaraz but in name then it is *Tiwaz. Although He does not feature prominently in the Eddas we must remember that by the time of the close of the Viking age He had been pushed very much into the background by both *Thunaraz and *Wodanaz who took over many of His original functions. If it were not for etymology we would be much more in the dark about this enigmatic God than we currently are.

"Tyr (ON). The Old Scandinavian name for the Germanic god of the sky, war and council >*Tiwaz (OHG Ziu), who is the only Germanic god who was already important in Indo-European times: Old Indian Dyaus, Greek Zeus, Latin Jupiter, as well as Old Indian deva, Old Irish dia, Latin dei, ON tivar (plural to Tyr) 'gods' are all closely related etymologically to each other." (Dictionary of Northern Mythology, Rudolf Simek)

 

"But the name of Zeus is not confined to Greeks and Hindus. The Zeus Pater of the former and the Dyaus-pitar of the latter represent the Jupiter of the Latins, and the Tuisco, Zio, Tyr and Tiw of the German nations. The etymological changes of the word are indeed almost numberless. The brightness of the heaven reappears in the Latin dies, the Sanskrit dyu, and our day: and from the same root spring the Greek Theos, the Latin Deus, and the Lithuanian Diewas." (The Mythology of the Aryan Nations Volume 1, George William Cox)


To the Anglo-Saxons *Tiwaz was Tiw or Tig and He is remembered in the 3rd day of the week, Tuesday from the Anglo-Saxon tiwesdaeg or tiswesdag. Each time we say this day we invoke His name. The ON equivalent for Tuesday is tysdagr and the OHG dingesdag, a variant of His name as Thingsus.

"Some of the variations of the names of the various Germanic languages are also of interest. German Dienstag and Dutch dinsdag, 'Tuesday', are based on an adjective thingsus, 'protector of the thing or assembly', used to describe the war god, and this suggests that the predecessor of Tyr had a connection with lawful assembly that is hardly to be seen in the god as we know him." (Handbook of Norse Mythology, John Lindow)


 He was equated with the Roman God Mars as He became relegated to being a war God from His once lofty position as supreme deity of both the Germanic and Aryan peoples. *Thunaraz and *Tiwaz are in fact older deities than *Wodanaz but the Eddas relegate both of these Gods to being sons of Odin. Thus the role and nature of *Wodanaz may have been much different from the Odin that is left to us in the rather late Eddas.

"We see that Tyr has lost most of the glory implied by the etymology of his name, which derives from the same Indo-European root as the names of Zeus and Jupiter and of our word 'deity' (compare Latis deus), his predecessor may once have been a far greater warrior than Tyr seems to be in the extant mythology.We surmise that the original Odin is seen in his fickle and cunning aspects, not in his role as lord of hosts and ruler of the pantheon. Similarly, we surmise that the predecessor of Thor might possibly once have been the head of the pantheon, and that the predecessor of Frigg may once have been inspired love the way Freyja does in the texts that have come down to us." (Lindow)


The eclipse of the glory of this ancient God is emphasised in Jaan Puhvel's Comparative Mythology:

"In Scandinavia he is a sunken god in the heyday of the Odinic death cult, but his intrinsic eminence is not in question; witness the lingering importance of the Continental Tiw-Saxnot (in a ninth century Old Saxon baptismal vow the convert renounces allegiance to Thunaer, Woden, and Saxnote).


Puhvel draws a comparison with the Irish Nuada who like *Tiwaz was once the leader of the Celtic family of Gods until eclipsed by Lugh, the equivalent of *Wodanaz:

"The ascendancy of Lug over Nuada parallels the eclipsing of Tyr by Odin in Norse tradition."


Like Tyr, Nuada also lost His arm but it was later replaced by a false silver one:

"Their king was Nuada, who lost his arm in the battle against the Fir Bolg." (Puhvel)


After the fitting of His silver arm He became known as Nuada Argatlam (Nuada of the Silver Hand). Shortly after this Nuada loses his sovereignity over the Tuatha De Danann to Lugh. It is conjectured that the reason for this is that He became blemished due to His physical maiming.

In previous articles I have speculated that the God who the Semnones worshipped in their sacred central grove was none other than *Tiwaz. They were also called Ziuwari. Ziu is remembered in many place names and mountain names in Germany and Switzerland. Even plants were named after Him:

"The names of plants also confess the god: ON. Tysfiola, I dare say after the Lat. viola Martis, march-violet; Tyrhialm (aconitum), otherwise Thorhialm, Thorhat (helmet, hat), conf. Germ. sturmhut, eisenhut, Dan. troldhat, a herb endowed with magic power, whose helmet-like shape might suggest either of those warlike gods Tyr and Thorr; Tyvidr, Ty's wood, Dan. Tyved, Tysved (daphne mezereum), in the Helsing. dial. tis, tistbast, the mezereon, a beautiful poison flower." ( Teutonic Mythology Volume 1, Jacob Grimm)


Grimm also points out that the rune Tiwaz is the only rune which specifically names a Germanic deity:

"How comes it that no rune has taken its name from Wuotan or Odinn, the inventor of writing itself? 'R=reid, rad, ' i.e., waggon, may indirectly at least be referred to the god of the Thunder-car; and F according to one interpretation signifies Freyr. Anyhow, T=Tyr appears to have been a supremely honoured symbol, and the name of this god to have been specially sacred: in scratching the runes of victory on the sword, the name of Tyr had to be twice inserted, Saem. 194b. The shape of the rune ᛏ has an obvious resemblance to the old-established symbol of the planet Mars when set upright ♂ , and an AS. poem on the runes expressly says: tir bid tacna sum (tir is one of the tokens, is a certain sign); where again the derivative form tir is employed to explain the simple Tiw or Ti."


Interestingly Grimm goes on to analyse the Anglo-Saxon Ear rune which does resemble the Tir rune. This rune is the final rune of the Anglo-Saxon Futhork but the 29th rune of the 33 rune Northumbrian Futhork. It is taken to signify the grave, dust. However Gimm associates this rune with Tyr/Tiw/Zio and discusses how its name Ear is linked to the Irminsul:

"Evidence as regards Low Germany is found both in the rune Ear occurring in Anglo-Saxon, and in the remarkable name of Eresburg, Aeresburg being given to a notable seat of pagan worship in a district of Westphalia, in the immediate neighbourhood of the Irminsul (v. supra, p 116). That it was strictly Eresberg (as Siegburg was originally Sigberg, p. 198), follows both from the Latin rendering mons Martis, and from its later name Mersberg, whose initial M could be explained by the contraction of the words 'in dem Eresberge, Aresberge', or it may be an imitation of the Latin name. There was a downright Marsberg in another district of Westphalia. This Eresberc then is a Ziesberc, a Sig-tiwes-berg, and yet more closely an Arreopagus, Mars' hill."


This association between *Tiwaz and Irmin (the high God of the Arya, know also as Eremon, Aryaman, Airyaman and Ariomanus amongst the various Aryan peoples) is further demonstrated in the names of the days of the week amongst High German tribes:

"Still more plainly are High German races, especially the Bavarian (Marcomannic) pointed to by that singular name for the third day of the week, Ertag, Iertag, Irtag, Eritag, Erchtag, Erichtag, which answers to the rune Eor, and up to this moment lives to part off the Bavarians, Austrians and Tyrolese from the Swabians and Swiss (who, as former Ziowari, stick to Ziestag); along the boundary line of these races must also have run formerly the frontier between Eor-worship and Zio-worship.


Grimm then goes on to make the bold claim that Eor, who is presumably Irmin is to be regarded as the son of Zio:

" As Zio is identical with Zeus as director of wars, we see at a glance that Eor, Er, Ear, is one with Ares the son of Zeus; and as the Germans had given the rank of Zeus to their Wotan, Tyr and consequently Eor appears as the son of the highest god."


In a previous article I have discussed how the Cheruscans were named after a God Cheru or Heru, a sword God who is none other than Saxnot. http://celto-germanic.blogspot.co.uk/2014/02/heru-god-of-cherusci.html

"Another naked sword flashes on the wooded heights  in the land of the Cherusci; it is the weapon of the sword-god Heru, Cheru or Saxnot, who some think is no other than Tyr. Of this weapon Saga tells us that it causes the destruction of its possessor, should he be unworthy of owning it; but that in the hand of a hero  it brings victory and sovereignty."(Asgard and the Gods, Wilhelm Waegner, 1886)


The great legendary hero of the Cherusci was Arminius or Hermann who although historical was in my opinion an Avatar of Irmin sent to rescue and to unite the German Volk. Grimm makes the same connection between the Cherusci and Cheru/Heru:

"The AS. genealogies preserve the name of Saxneat as the son of Woden, and it is in perfect accordance with it, that Tyr was the son of Odinn, and Ares the son of Zeus (see Suppl.). But further, as the Saxons were so called, either because they wielded the sword of stone (saxum), or placed this god at the head of their race, so I think the Cheruscans of Tacitus, a people synonymous, nay identical with them, were named Cheru, Heru=Eor, from whom their name can be derived."


He even draws  a connection with the Gallic deity Esus:

"After this weighty consonance of facts, which open to us the meaning of the old national name, and at the same time teaches us that 'heru' was first of all pronounced 'cheru', and last of all 'eru, er', I think we may also bring in the Gallic war-god Hesus or Esus (Lucan 1 ,440), and state, that the metal iron is indicated by the planetary sign of Mars, the AS. 'tires tacen', and consequently that the name Zio and Eor may be the picture of a sword with its handle, or of a spear. The Scythian and Alanic legends dwell still more emphatically on the god's sword, and their agreement with Teutonic ways of thinking may safely be assumed, as Mars was equally prominent in the faith of the Scythians and that of the Goths.

 

"The impressive personification of the sword matches well with that of the hammer, and to my way of thinking each confirms the other. Both idea and name of two of the greatest gods pass over into the instrument by which they display their might.

 

"Herodotis 4, 62 informs us, that the Scythians worshipped Ares under the semblance or symbol of an ancient iron sword, which was elevated on an enormous stack of brushwood ['three furlongs in length and breadth, but less in height'].


Tyr has become a general name for God and examples such as Hangatyr (God of the Hanged) and Hertyr (God of Armies) exist as Odinsheiti or bynames for Odin.  This is just another example of how ancient and revered the name of Tyr is.

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mardi, 07 octobre 2014

Pour un paganisme cosmique

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Pour un paganisme cosmique

140 pages. Papier glacé 130gr/m2

Véritable compendium, cet ouvrage n’a pas pour objectif de décider à la place du lecteur mais a été conçu dans le but de l’orienter vers divers concepts inhérents à l’idée d’un paganisme cosmique, où tout est mouvement, cette impermanence du Devenir.

Construit à partir de citations rigoureusement classées par thèmes et commentées humblement par Amaury Petitloup, ce compendium regroupe autant la sagesse et le savoir des textes sacrés de l’Antiquité que la pensée d’auteurs plus contemporains dont certains n’étaient jusqu’à présent pas accessibles en langue française.

Un livre unique en son genre que le lecteur aura plaisir à consulter tout au long des différentes étapes de son existence.

Voici quelques-uns des thèmes abordés :

Palimpeste - Religions-racines - Ecriture primordiale - Mémoire ancestrale - Lieu sacrés et Omphalos - L’intuition surhumaniste - Réaction anti-dualiste - Panenthéisme - Monisme - Hiérarchie divine - La Grande Synthèse - Rites - Chaos primordial - Principe créateur - Vers un nouveau paganisme : erreurs à éviter...

Pour commander auprès des Editions du Lore:

http://www.ladiffusiondulore.fr/editions-du-lore/572-orientations-pour-un-paganisme-cosmique.html

 

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