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mercredi, 14 juillet 2021

Demain la guerre civile, vraiment ?

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Demain la guerre civile, vraiment?

par Georges FELTIN-TRACOL

51jpRSNvcEL.jpgIl y a trente ans, en 1991, l’ancien policier Charles Pellegrini répondait aux interrogations de Serge Ferrand dans un ouvrage au titre inquiétant : Demain la guerre civile ? Le thème fait depuis florès tant en librairie que dans les débats audio-visuels et sur les réseaux sociaux numériques. Suite à la fameuse tribune des militaires mise en ligne sur Place d’armes et reprise par Valeurs actuelles, un sondage de l’Institut Harris montre que 45 % des Français estiment que nous allons vers une guerre civile. La France connaîtrait dans les prochaines décennies, dans les prochaines années, voire dans les prochains mois, de terribles déchirements internes. L’hypothèse la plus envisagée opposerait les Français d’origine européenne aux descendants des populations allogènes venues d’Afrique et d’Orient, souvent de foi mahométane, à l’instar des deux tomes du surfait Guérilla de Laurent Obertone. Le concept de guerre civile à venir est-il cependant crédible ?

Si la Guerre d’Algérie a conduit au début des années 1960 l’Hexagone au bord de la guerre civile, la dernière en date remonte à 1944 – 1945 avec la sanglante « Épuration ». Les commentateurs qui parient sur cette éventualité gardent en mémoire la longue guerre du Liban (1975 – 1990) et s’imaginent des scènes semblables au conflit syrien dans des paysages berrichons, marseillais ou bretons familiers. Ils se trompent !

Des événements comparables n’affecteraient pas l’Hexagone, car les tensions supposées pourraient être d’ordre moléculaire, c’est-à-dire de basse intensité. Certes, les heurts pourraient être violents, mais ils se limiteraient à des zones géographiques précises. En outre, la France n’est ni le Liban, ni la Syrie ou l’Irak. On voit mal en effet un membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, détenteur de l’arme atomique, qui dispose de plusieurs centrales nucléaires et des centres de retraitement radio-actif, première puissance militaire de l’Union pseudo-européenne, plonger sans la moindre réaction dans un conflit intérieur. Sait-on par ailleurs que plus de soixante-dix chefs d’État et de gouvernement y possèdent une résidence secondaire ? Par exemple, le roi du Maroc séjourne longuement dans un château d’Île-de-France; la dynastie royale belge passe ses vacances sur l’île d’Oléron; la famille grand-ducale de Luxembourg est mitoyenne du fort présidentiel de Brégançon au bord de la Méditerranée.

Il est donc difficile de croire que le voisinage de la France, les institutions de l’Union dite européenne et l’Alliance Atlantique assisteraient au délitement socio-politique français. En cas d’effondrement des institutions républicaines et de vacance complète du pouvoir, l’OTAN et la Commission de Bruxelles interviendraient certainement dans le cadre d’une résolution onusienne avec l’intervention de forces armées restauratrices de l’« ordre » marchand – progressiste. Verrait-on alors l’entrée en fonction d’une AMGOT (gouvernement militaire américain des territoires occupés) nouvelle mouture prévue à la veille de l’invasion anglo-saxonne du 6 juin 1944 et jamais appliquée en raison de l’hostilité virulente du général De Gaulle et de la Résistance intérieure ?

En cas de guerre civile « perlée » ou totale, qui profiterait finalement de la situation anxiogène ? Gageons que le Bloc occidental atlantiste (BOA) serait ravi d’étouffer la voie spécifique française, de la contraindre à rentrer définitivement dans la nasse mondialiste et de lui retirer sa précieuse dissuasion nucléaire à l’avantage de Washington, de Bruxelles et de Berlin, deux fidèles larbins du Capitole, de Wall Street et d’Hollywood. Ce n’est pas anodin si depuis la présidence de Bill Clinton (1993 – 2001), l’ambassade étatsunienne installée à un jet de pierre de l’Élysée investit massivement dans les banlieues de l’immigration. Les officines yankees se retrouvent avec leurs concurrentes britanniques, turques, israéliennes, algériennes et marocaines.

Si un conflit identique aux tragédies survenues au Yémen ou en Afghanistan est assez improbable, une stratégie de la tension proche des « années de plomb » 1970 – 1980 en Italie ou de la « crise d’octobre » 1970 au Québec s’envisage réellement. Il est en tout cas évident que l’hyper-caste cosmopolite a décidé d’accélérer et d’amplifier le populicide programmé des Albo-Européens.

Georges Feltin-Tracol

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 222, mise en ligne sur TVLibertés, le 6 juillet 2021. Il s’agit de l’ultime « Chronique du Village planétaire » destinée à TVLibertés.

La place de l'Europe dans un monde multipolaire - éléments pour une pensée populiste révolutionnaire

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La place de l'Europe dans un monde multipolaire - éléments pour une pensée populiste révolutionnaire

Alexander Markovics

Ex: https://theradicaloutlook.com/europes-place-in-a-multipolar-world-elements-for-a-revolutionary-populist-thought/

Un avenir alternatif pour l'Europe

Le monde multipolaire émergent est une révolution géopolitique. Il ne marque pas seulement un changement de paradigme par rapport au court moment unipolaire établi par les États-Unis après 1991, mais aussi la fin de l'hégémonie occidentale. Le processus de multipolarité en cours est en faveur des différentes civilisations et contre le projet libéral de mondialisation. Alors que la mondialisation tente d'unifier le monde sous un seul système politique, une seule idéologie et une seule civilisation, la multipolarité proclame la diversité des différents systèmes politiques, des différentes idéologies et des différentes civilisations. 

La multipolarité et le moment populiste

La question se pose donc : Quelle est la place de l'Europe dans ce monde multipolaire ? La position actuelle de l'Europe est incrustée dans l'orbite des Etats-Unis. Après 70 ans d'atlantisme, l'Europe ne semble pas capable d'exprimer ses propres intérêts géopolitiques. Mais comme le disait Hölderlin : "Mais là où il y a danger, les puissances salvatrices grandissent elles aussi". Le moment populiste a donné naissance à des mouvements comme les Gilets jaunes et des partis contestataires dans toute l'Europe, qui ont déclaré la guerre aux élites libérales. Mais même les mouvements et partis populistes manquent d'une stratégie conséquente contre le mondialisme et le libéralisme. Les attaques des mondialistes sont dirigées contre le cœur de la civilisation européenne. Le christianisme et ses églises sont profanés, les peuples se dissolvent dans les "eaux glacées du calcul égoïste" (comme le disait Karl Marx), la famille est contestée en tant qu'instrument d'oppression, et aussi l'existence même des deux sexes est attaquée parce qu'ils représenteraient le patriarcat pour le gender mainstreaming, alors que le transhumanisme est même prêt à abolir l'humain lui-même pour, dit-on, libérer l'individu. Pour résumer ce danger, le libéralisme attaque sur plusieurs fronts. Mais les populistes ne décident de se battre que sur quelques-uns d'entre eux, notamment parce qu'ils ne comprennent pas l'importance de ces combats. Jusqu'à présent, ils n'ont remis en cause que certains aspects de l'hégémonie libérale et ne saisissent pas toute la panoplie subversive qu'ils forment tous ensemble. Ils appellent à la fin des migrations de masse mais ne remettent pas en question l'OTAN qui détruit la souveraineté des nations partout dans le monde. Ils gardent le silence sur le problème du capitalisme qui détruit leur propre culture et leur religion chrétienne, alors qu'ils crient "N'islamisez pas notre américanisation !".

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Les deux pères fondateurs de la pensée populiste révolutionnaire : Gramsci et Schmitt

Tous ces aspects de la guerre intellectuelle qui fait actuellement rage en Occident nous montrent la gravité apocalyptique du moment historique que nous vivons. Il est donc plus important que jamais de s'armer, de se blinder intellectuellement et de choisir d'être résolument à l'écart du pandémonium à l'oeuvre dans le monde occidental. Dans le cas de l'Europe, nous pouvons choisir entre les élites actuelles et leur vision perverse d'une fin de l'histoire ou la cause des peuples et la continuation de l'histoire. Ce qui manque actuellement aux populistes de toute l'Europe, c'est une théorie révolutionnaire. Mais où peuvent-ils la trouver ? Tout d'abord, nous devons regarder la période de l'entre-deux-guerres où nous trouvons, d'une part, l'intellectuel communiste Antonio Gramsci et, d'autre part, le révolutionnaire conservateur allemand Carl Schmitt. Dans la pensée de Gramsci, nous pouvons trouver sa théorie de l'hégémonie afin de mieux saisir le fonctionnement du régime libéral actuel. Si nous adoptons correctement les idées d'Antonio Gramsci, nous nous rendons compte que nous pouvons trouver l'idéologie libérale non seulement dans des phénomènes comme la migration de masse et la détérioration de la sécurité intérieure, ou l'économie capitaliste, mais aussi dans l'unipolarité géopolitique et surtout dans l'homogénéisation délétère de l'espace culturel. Par conséquent, une résistance contre l'hégémonie libérale sur l'Europe doit finir par s'avérer futile si elle n'est dirigée que contre un seul de ses aspects. Si le populisme n'est dirigé que contre un ou deux aspects de l'hégémonie, il doit nécessairement devenir un autre exemple de "modernisation défensive" et échouera finalement à long terme, comme l'a déclaré la théoricienne politique belge Chantal Mouffe. L'émergence du populisme signifie que le politique est revenu en Europe et que nous, Européens, pouvons choisir entre différents projets hégémoniques. Le libéralisme n'est qu'une possibilité - un populisme révolutionnaire orienté autour des principes de la Quatrième théorie politique, formulée en Russie par Alexandre Douguine, est l'autre possibilité. Ce sont les conditions intellectuelles préalables à une Europe souveraine dans un monde multipolaire. 

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Le land power (le puissance tellurique), le Katechon d'Europe et l'État-nation

Dans le domaine de la géopolitique, les populistes doivent redécouvrir l'opposition, théorisée par Carl Schmitt, entre la terre et la mer. Dans cette opposition, Schmitt démontre le lien entre la puissance maritime et les idées progressistes, alors qu'il met en évidence le lien entre la puissance terrestre et le conservatisme. Comme l'a formulé Alain de Benoist en se référant à Zygmunt Baumann, la puissance maritime tente de tout rendre liquide, elle "liquide" le capital et les migrants pour les laisser couler comme les eaux de la mer (ndt: cette "liquidité" de la pensée politique maritime anglo-saxonne, Carl Schmitt la formule dans son Glossarium, volume dense qu'il ne voulait pas publier de son vivant, volume qui n'a pas encore été traduit en une autre langue). Pour résister à la mondialisation, l'Europe doit devenir une "Europe katéchonique", selon l'expression de Carl Schmitt, un grand espace européen uni, afin de pouvoir s'opposer à l'Antéchrist. À bien des égards, cela signifie que l'Europe doit revenir à ses racines géopolitiques. Premièrement, elle doit reconnaître que l'État-nation, en tant que rejeton de la modernité, a) n'est plus en mesure d'exercer sa souveraineté et b) n'est pas un protecteur du peuple mais un agent des intérêts bourgeois. 

Le sujet de la pensée populiste : le peuple

Pour développer une pensée populiste révolutionnaire, il est nécessaire de mettre l'accent sur le sujet même du populisme, c'est-à-dire le peuple. Contrairement à la nation, le peuple n'est pas une communauté artificielle, mais un organisme né d'une histoire charnelle. Il n'est pas constitué d'individus isolés, mais de personnes qui trouvent leur place dans la communauté. Alors que les nations ne connaissent au-dessus d'elles qu'une humanité politiquement homogénéisée et trouvent leur aboutissement logique dans l'État mondial, les différents peuples sont autant de pensées de Dieu, comme le concluait Herder. Au-dessus des peuples, on ne trouve que les civilisations, composées de différents peuples partageant entre eux la même religion, la même histoire, l'espace commun. Chaque peuple pour lui-même est condamné à être liquidé par l'Occident, mais uni au sein d'une civilisation, il peut résister à la tempête. 

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La multipolarité et le "coeur du monde distribué"

Il est donc impératif qu'une civilisation européenne unie forme un empire commun au sens traditionaliste du terme afin de garantir la paix sur le plan intérieur et de défendre sa souveraineté face à l'assaut mondialiste. Par ailleurs, l'essor des civilisations russo-eurasienne, chinoise et irano-chiite a prouvé ce qu'Alexandre Douguine appelle le heartland distribué. Il n'y a pas qu'un seul cœur, comme l'envisageait Halford Mackinder, mais plusieurs. En tant qu'Européens, nous représentons l'un d'entre eux, notre cœur européen spécifique. Cela signifie que nous devons laisser derrière nous le "fardeau de l'homme blanc", le messianisme libéral des droits de l'homme, la (post-)modernité, le progrès et les Lumières. Nous devons faire face à la xénophobie. Ce n'est que lorsque nous abandonnerons notre arrogance et nos superstitions que nous pourrons prendre place parmi les civilisations égales et revenir à notre héritage chrétien traditionnel. Si les populistes en Europe tirent les leçons de ces événements, en laissant derrière eux les différences stériles entre la gauche et la droite, et formulent un programme révolutionnaire dirigé contre la mondialisation et le libéralisme dans toutes ses dimensions, ils peuvent gagner. La multipolarité dans sa dimension intellectuelle et géopolitique est la clé pour rendre à l'Europe son propre destin. Mais comme dans toute lutte de libération, les Européens eux-mêmes doivent faire le premier pas pour sortir de l'hégémonie occidentale. 

La fin du césarisme : réflexion et autocritique comme clés de la multipolarité européenne

Une théorie révolutionnaire permet non seulement aux populistes de toute l'Europe de différencier l'ami, l'ennemi et l'ennemi principal, mais aussi de créer une stratégie afin qu'ils puissent parvenir à libérer l'Europe du libéralisme. Une théorie sophistiquée permet également l'autocritique et met fin au césarisme irréfléchi au sein des mouvements et partis populistes. Les exemples tragiques de gouvernements populistes ayant échoué à cause du césarisme, comme en Italie et en Autriche, appartiendraient au passé. 

La multipolarité : Les civilisations unies contre le globalisme

Comme nous pouvons le voir, la multipolarité offre de grandes chances de lutter contre les forces de la mondialisation et de mettre fin à leur progression. Nous en avons été témoins sur les champs de bataille en Syrie, où la Russie et l'Iran ont empêché la chute du président Bachar-al Assad et la montée d'ISIS. Au Venezuela, la Russie et la Chine ont réussi à aider le président Maduro à résister à la déstabilisation et au changement de régime orchestrés par les États-Unis. Si nous voyons ce potentiel d'un front anti-impérialiste composé de différentes civilisations unies contre la mondialisation, il serait logique que l'Europe le rejoigne également à long terme. Il est donc impératif que l'Europe laisse derrière elle l'Occident et forme un pôle propre dans l'ordre mondial multipolaire à venir.

Alexander Markovic est un historien, expert en politique internationale et en géopolitique (Autriche).

Source - Alexander Markovics : La place de l'Europe dans un monde multipolaire - éléments pour une pensée populiste révolutionnaire (VIDEO)

mardi, 13 juillet 2021

La dictature de Macron comme à la parade

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La dictature de Macron comme à la parade

par Nicolas Bonnal

Voici où nous en sommes : vaccination avant incarcération et extermination (mais avec assentiment populaire). Et cela gagnera toute l’Europe. Voyez la Grèce, l’Allemagne ou la Belgique…

Macron établit sa dictature avec l’assentiment de la ploutocratie totalitaire : voyez mon livre de 2017, quand j’ai évoqué la fin des libertés. J’annonçais aussi de nouvelles résistances, mais de ce côté, au pays de Louis XIV, de Napoléon, de Napoléon III, de la Vendée, des Massacres de septembre, des guerres mondiales et coloniales, des droits du citoyen et du politiquement correct remixé Mai 68, on a été moins entreprenant que prévu – à part la protestation pétrolière et vite calmée (et encadrée) des gilets dits jaunes.

Tout cela je l’avais exposé dans mon universitaire pamphlet intitulé le Coq hérétique : la France n’était pas la terre de la liberté. Point. Les plus grands écrivains du dix-neuvième siècle l’avaient dit, et ils avaient fini par inspirer le dernier grand esprit français François Furet (Penser la révolution française). Jouvenel dans son Du pouvoir eut le courage de mettre les pendules à l’heure après 1945 quand il inventa la fastueuse expression « démocratie totalitaire » depuis rebaptisée « société ouverte ».

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De la même manière on assiste depuis quelques semaines à une disparition des antisystèmes ; le front se fracture et je l’avais dit aussi en me basant sur le film de Don Siegel L’invasion des profanateurs de sépulture. A la fin le héros (excellent Kevin McCarthy – sic) se retrouve seul face aux extraterrestres ou comme dirait Philippot aux rhinocéros. La fin-vaseline a été rajoutée sur ordre des studios, alors que Siegel (l’évadé d’Alcatraz…) voulait montrer une seule chose : nous devenions des légumes face à l’Etat et à la télé ; rappel, le héros résistant est médecin aussi, et c’est un beau clin d’œil. A la même époque on réalise aussi à Hollywood l’Homme qui rétrécit, qui rétrécit face à la science, face au médecin, face au chat, face à la femme libérée. Rien de neuf là aussi : lisez le livre VIII de Platon et le compte-rendu que j’en ai fait.

Les antisystèmes et les rebelles se volatilisent donc comme l’Eglise. Des gusses comme le Saker insultent, le vieux catho Castelnau ronchonne, Raoult rétropédale, le Tandonnet évoque une panique, les pépères comme Sannat résistent passivement, les Ménard et les Marianne veulent vacciner à tour de bras. En réalité ce n’est pas qu’il y avait fausse opposition ou opposition contrôlée, c’est qu’il n’y avait pas d’opposition du tout. Les types aboient, prennent leur coup de pied et partent la queue entre les pattes. C’est très bien expliqué dans Point Break.

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Tandonnet, ex-conseiller de Sarkozy et biographe de Tardieu (il faut le faire), ose écrire que le pouvoir panique. C’est comme si on disait que Louis-Napoléon Bonaparte paniquait le 2 décembre 1851 ou que Hitler tremblait de peur avant l’incendie du Reichstag. Il devrait lire Jouvenel ou Tocqueville au lieu de les citer ; le pouvoir ne fait que se renforcer. Il le fait car il a affaire à un peuple de semi-esclaves qui a cru se libérer en 1789 ou en 1870. On en revient à l’hallucination collective dont j’ai parlé maintes fois et qui dure en occident depuis la Renaissance et la machine à imprimer (Gutenberg, Faust, la planche à billets…).

La liberté occidentale est un mythe absolu : les gouvernements occidentaux sont toujours enragés, bolchéviques, oligarchiques, fascistes, ce qu’on voudra. Le populo continuera de se coucher, comme le remarquaient en leur temps Céline, Drumont et Bernanos.

Les bourreaux volontaires vont charger, et le troupeau s’incliner.

On conseillera aux résistants de se faire une raison avec leurs paquets. Ce n’est pas la Résistance qui a libéré la France, contrairement à l’énième mythe reçu.

Liens:

https://reseauinternational.net/celine-et-la-soumission-i...

https://reseauinternational.net/ecrabouillement-de-trump-...

https://reseauinternational.net/le-nouvel-ordre-mondial-e...

https://www.dedefensa.org/article/platon-nous-decrivait-i...

http://www.dedefensa.org/article/de-platon-a-cnn-lenchain...

Dix réflexions sur la terre et la mer

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Dix réflexions sur la terre et la mer

Adriano Scianca

Ex: https://www.centrostudilaruna.it/terraemare.html

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"L'histoire du monde est l'histoire de la lutte des puissances maritimes contre les puissances terrestres et des puissances terrestres contre les puissances maritimes". Ainsi Carl Schmitt, dans son petit chef-d'œuvre Terre et Mer (Adelphi, Milan 2002). Le Schmitt que nous rencontrons ici n'est pas le penseur scientifique et rigoureux que connaissent tous ceux qui ont lu ses textes juridiques, mais plutôt le lecteur de Guénon et le connaisseur expert du symbolisme ésotérique, engagé de manière quasi obsessionnelle dans la recherche de la clé symbolique de l'histoire de l'humanité. Or, cette clé symbolique, pour Schmitt, c'est le conflit des éléments. Sillonnant le globe "avec la roue et la rame" - pour reprendre une expression de Carlo Terracciano - l'homme a toujours perçu son propre être au monde à travers l'expérience du choc séculaire entre la Terre et la Mer.

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Que représentent la Terre et la Mer sur le plan géophilosophique ? La Mer est d'abord la négation de la différence, elle ne connaît que l'uniformité, alors que dans la Terre il y a toujours variation, dissemblance. La mer n'a pas de frontières, à l'exception des masses continentales à ses extrémités, c'est quelque chose qui lui est antithétique, l'anti-mer. La Terre est toujours sillonnée par des frontières tracées par l'homme, au-delà de celles qu'elle donne elle-même comme barrières naturelles. La mer, c'est la mobilité permanente, le flux sans centre stable, le "progrès". C'est le chaos et la dissolution. La Terre est la constance, la stabilité, la gravité. C'est la hiérarchie et l'ordre. La mer est le capital, la terre est le travail. Le travail est tellurique dans la mesure où il est fixe, c'est la production concrète ; le Capital est au contraire liquide, c'est l'exploitation et l'aliénation. Le travail crée, le capital détruit. La Terre-Travail est donc incarnée par l'Est métaphysique, la terre de ce qui naît (sol orient, soleil levant ; " orient " en vieux russe est vostok, " se lever ", tandis qu'en allemand c'est Morgenland, terre du matin), tandis que le Capital-Mer est l'Ouest métaphysique, ce qui meurt (sol occidens, soleil déclinant ; " Ouest " est zapad, " tomber ", en russe et en allemand Abendland, la terre du soir, du déclin). Concrètement et historiquement, la Mer est incarnée par les thalassocraties anglo-saxonnes, la Terre par la tellurocratie continentale eurasienne.

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Le conflit entre la terre et la mer acquiert ainsi un caractère concret, historique et politique. Oswald Spengler (Prussianisme et socialisme, Edizioni di Ar, Padoue 1994) a illustré ce choc par l'opposition entre l'esprit communautaire prussien et l'individualisme anglais. Pour l'auteur du Crépuscule de l'Occident, les âmes anglaise et prussienne s'opposent comme deux instincts, deux "on ne peut pas faire autrement" : d'une part, l'esprit authentiquement socialiste, l'essence de l'État, la subordination à la totalité communautaire ; d'autre part, l'esprit individualiste, la négation de l'État, la révolte de l'individu contre toute autorité. Le type anglais et le type prussien "révèlent la différence entre un peuple dont l'âme s'est formée dans la conscience d'une existence insulaire, et un peuple gardien d'une marque, dépourvu de frontières naturelles et par conséquent exposé à l'ennemi de tous côtés. En Angleterre, l'île a remplacé l'État organisé." D'où aussi la perception différente de ce que doit être l'économie et de ses finalités : " de la manière de percevoir la réalité qui distingue le véritable colon de la marque frontière et l'Ordre chargé de la colonisation, découle nécessairement le principe de l'autorité économique de l'Etat. [...] Le but n'est pas l'enrichissement de quelques individus ou de chaque individu, mais le renforcement maximal de la Totalité. [...] L'instinct de maraudeur sur les mers qui caractérise le peuple insulaire comprend la vie économique d'une manière entièrement différente. Ici, c'est une question de lutte et de butin".

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L'existence insulaire - donc non-historique et non-politique - typique de l'Angleterre se retrouve multipliée à la puissance n dans la théologie occidentaliste américaine. L'Amérique - l'éternelle Carthage, l'anti-Eurasie par excellence - est à tous égards l'héritière géopolitique et géophilosophique de l'Angleterre. L'esprit mercantile, l'instinct de prédation et l'individualisme bourgeois y atteignent des niveaux délirants. La conscience de l'insularité conduira les Américains à se considérer comme les habitants d'une forteresse inattaquable, ce qui renforcera également leur certitude de représenter les élus du Seigneur. L'Amérique se conçoit comme la terre promise séparée des nations corrompues (Thomas Jefferson : "heureusement pour nous [nous sommes] séparés par la nature et un vaste océan des ravages exterminateurs d'un quart du globe") et comme l'île imprenable. Cette illusion de sécurité prend fin le 11 septembre 2001. Ce jour-là, l'Amérique rencontre son propre jumeau : le terrorisme. L'action des pirates de l'air rappelle inévitablement le caractère fluide, mobile, indéfinissable de l'essence de l'Amérique. Le terrorisme, en effet, est quelque chose d'insaisissable, d'introuvable : il n'a pas d'uniformes, pas de règles, pas de limites ; il n'a pas d'État, pas de centre fixe, pas de Terre. Le terrorisme est le miroir de l'Amérique.

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Le titanisme prédateur, pirate et mercantile typique des thalassocraties est animé par une soif de domination inextinguible qui ne peut être limitée par aucune règle. La règle, en effet, distingue, discrimine, sépare ; la mer, au contraire, ne connaît pas de distinctions ni de différences, pas même entre la guerre et la paix, les combattants et les civils. La guerre devient une continuation du marché par d'autres moyens, elle n'est plus ontologiquement différente de la paix. Dans la guerre terrestre, observe Schmitt dans l'ouvrage cité ci-dessus, "les armées s'affrontent dans des batailles ouvertes et rangées ; en tant qu'ennemis, seules les troupes engagées dans l'affrontement se font face, tandis que la population civile non combattante reste en dehors des hostilités. Tant qu'ils ne prennent pas part aux combats, ils ne sont pas des ennemis et ne sont pas traités comme tels. La guerre maritime, quant à elle, repose sur l'idée que le commerce et l'économie de l'ennemi doivent être affectés. Dans une telle guerre, l'"ennemi" n'est pas seulement l'adversaire qui se bat, mais tout citoyen ennemi, et enfin aussi le neutre qui commerce et entretient des relations économiques avec l'ennemi." La guerre terrestre est une guerre de guerriers. La guerre maritime est une guerre de maraude.

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Sur l'île, donc, le capitaliste remplace le politicien et le corsaire prend la place du soldat ; ce n'est que sur la Terre que l'existence de l'homme est immédiatement politique : en elle, l'homme trace des frontières, répétant l'acte archétypal de Romulus. N'étant pas protégé par des barrières naturelles, l'homme est obligé de devenir authentiquement lui-même, de sortir d'une existence purement biologique, animale, naturaliste. Il doit créer son propre monde. L'existence politique, en effet, a un caractère purement tellurique ; le droit existe parce qu'il y a la Terre. La mer, en revanche, échappe à toute tentative de codification. Elle est an-œcuménique, comme le disait le grand géopoliticien Friedrich Ratzel. Dans L'origine dell'opera d'arte (in Sentieri interrotti, La Nuova Italia, Milan 2000), Heidegger a montré avec une profondeur extraordinaire cette caractéristique de la Terre comme condition de possibilité du monde humain. La Terre et le Monde, pour Heidegger, prennent une signification qui peut être ramenée, respectivement, à la nature et à la culture, ou à la sphère de l'enracinement dans le sol natal et à la sphère de la décision pour un projet. La Terre est le fond abyssal qui donne un sens à tout ce qui s'en détache comme produit de l'activité humaine ; "sur elle et en elle l'homme historique fonde sa vie dans le monde". Entre les deux aspects, il existe une tension dialectique dans laquelle "le Monde est fondé sur la Terre et la Terre surgit à travers le Monde". Le Monde, sphère de ce qui dérive de la libre activité humaine, "ne peut se détacher de la Terre s'il doit, comme région et voie de tout destin essentiel, être fondé sur quelque chose de certain". Sinon, si le Monde prévaut sur la Terre, nous avons la rationalité technologique qui détruit et viole la nature dans son projet de domination totale. Si, par contre, la Terre l'emporte sur le Monde, alors nous avons l'œuvre de l'homme qui se résorbe dans les profondeurs obscures de la nature, comme l'herbe qui pousse sur les ruines des maisons abandonnées. Il est bon, au contraire, que la Terre et le Monde soient toujours dans une confrontation/affrontement continu qui les exalte tous les deux sans les annuler. L'homme a toujours tendance à aller au-delà de la nature, mais il doit toujours se souvenir du caractère dévastateur d'une culture livrée à elle-même. On ne peut jamais s'échapper de la Terre sans douleur.

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Le "surhumanisme horizontal" (Gabriele Adinolfi) qui caractérise la prévalence du monde humain sur la Terre conduit à la réduction à zéro de la diversité. Or, l'absence de variété et de différence caractérise précisément l'essence de la Mer. Géophilosophiquement, c'est le jumeau du désert. Le désert est l'élément par excellence de la désolation, de l'absence de changement, de l'uniformité. Ce n'est pas un hasard si le monothéisme religieux est l'enfant du désert. Et ce n'est pas un hasard si le monothéisme économique est l'enfant de la mer. Dans le désert, il n'y a pas de dieu qui puisse se manifester à travers la nature, il n'y a pas de cosmos destiné à être le corps vivant des dieux ; il n'y a qu'une plate monotonie qui engendre par réflexion un Dieu qui est le Totalement Autre par rapport au monde. La désolation du désert renvoie à la solitude métaphysique d'un Dieu qui est avant tout et au-delà de tout, qui ne peut être saisi conceptuellement ni représenté figurativement, dont le nom ne peut même pas être prononcé. Un Dieu bien trop semblable au Néant. De même, l'uniformité maritime fluide génère la monnaie divine, celle par laquelle toute marchandise peut être échangée mais qui n'est pas elle-même une marchandise, l'équivalent universel de toute entité, qui doit donc nécessairement être rien. Si l'argent était quelque chose, il serait incarné dans une marchandise particulière et ne pourrait pas remplir sa fonction. L'argent est la catégorie abstraite qui égalise tous les biens concrets, tout comme le Dieu unique est l'abstrait par rapport auquel les hommes concrets sont rendus égaux. Nivellement, égalité, uniformité : c'est le paysage physique et spirituel déterminé par l'élément mer/désert.

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Le monothéisme du marché découle donc de la mer. Après tout, la nature particulière de l'économie actuelle va particulièrement bien avec l'élément liquide. L'ère moderne est en effet l'ère des flux : flux d'informations, flux de capitaux, flux de marchandises, flux d'individus. Même le pouvoir devient un flux, il se dématérialise, il devient une réalité subtile, qui traverse les corps et les esprits sans être "solidifié" dans un Palais d'Hiver. L'homme lui-même perd sa solidité, il devient flexible, il doit sans cesse se réajuster au flux du marché, abandonnant pour toujours tout enracinement, toute identité stable, tout fondement sûr. C'est le monde de la nouvelle économie, fondé - observe Alexandre Douguine - sur l'"évaporation" des concepts fondamentaux de l'économie, sur une dématérialisation de la réalité. Le montant des capitaux employés dans les secteurs classiques de l'économie, ceux de la production "réelle", est effroyablement inférieur à celui des marchés boursiers et de la finance virtuelle. La masse monétaire dans le monde d'aujourd'hui est égale à près de quinze fois la valeur de la production. En fait, le capitalisme s'affranchit aujourd'hui des marchandises pour se concentrer directement sur l'autoproduction tourbillonnante de l'argent, dans un système totalement autoréférentiel où l'argent ne sert qu'à générer plus d'argent. La valeur d'usage des biens tend vers zéro, tandis que leur valeur d'échange tend vers l'infini. L'économie perd toute référence physique, l'internet dépasse les limites de l'espace et du temps, le fondamentalisme libéral brise les règles et ainsi le marché mondial devient une marée inarrêtable qui efface tout résidu d'humanité sur son passage. La Mer/Marché déborde, la Terre est totalement submergée.

9

En effet, l'assaut de la Mer sur la Terre entraîne la disparition de cette dernière. C'est la mise à mort des territoires. Face à la marée montante, il n'y a plus de terre émergée, c'est-à-dire qu'il ne reste rien de la Terre telle qu'elle est parce qu'elle a été historiquement habitée par l'homme. Les territoires deviennent de simples zones, des espaces déshumanisés dont l'essence est purement mercantile. Les frontières entre les zones sont comme les frontières dessinées sur l'eau : ce sont de pures conventions valables sur le papier à des fins commerciales, et non des limites de division d'un espace humain. "Entre les zones, cependant, des liens doivent passer : passages d'argent, de marchandises, de signes. Ces liens sont indispensables et marquent le passage de la géographie au réseau" (Simone Paliaga, L'uomo senza meraviglia, Edizioni di Ar, Padoue 2002). Le réseau "exonère" le territoire de son essence physique, le dématérialise, le rend fluide. Le réseau égalise et remet à zéro la différence des lieux qui sont en eux-mêmes différents, incomparables et irréductibles les uns aux autres. L'opacité du différent s'efface au profit de la transparence du réseau, dans lequel chaque lieu est égal à l'autre. Comme en pleine mer, où personne ne peut établir sans autres indications où l'on se trouve sur la planète.

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Si la Mer déborde et fait son dernier assaut sur la Terre, les gardiens de la Terre doivent faire face au danger avec une fermeté qui ne peut cependant pas se transformer en immobilisme. Si tout est Mer, alors, à la manière de D'Annunzio, navigare necesse est. Dans le monde des flux, des réseaux, de la mobilité inépuisable, nous ne pouvons pas rester dans l'attente d'un choc frontal que nous ne gagnerons jamais, parce que l'ennemi nous surpasse en force et en organisation et surtout parce qu'il n'est pas seulement "devant" mais aussi à côté de nous, au-dessus, au-dessous et à l'intérieur de nous. " Pour chevaucher le tigre, c'est-à-dire pour ne pas se noyer dans la crue du fleuve, il faut [...] ne jamais essayer, de la manière la plus absolue, d'aller à contre-courant mais il faut exploiter les vents, suivre les dynamiques, émergeant soudain sur la crête de la vague pour offrir des interprétations actualisées, correctes, en ordre et non en conformité " (Gabriele Adinolfi, Nuovo Ordine Mondiale, S.E.B. Milan 2002). L'avenir sera fait de réseaux agiles et solidaires, et non de paroisses monolithiques et divisées. Il faut assumer l'attitude "liquide" de l'époque tout en restant ancré à la Terre et enraciné dans une Communauté de destin qui incarne encore des valeurs en net contraste avec l'éthos contemporain. Ce n'est qu'ainsi que nous pourrons nous placer de manière constructive au cœur de l'affrontement qui nous voit - pour toujours et à jamais - face à l'Aeterna Carthago.

* * *

Tiré d'Orion 235 (2004).

Carl Schmitt, Terre et Mer, Adelphi, Milan 2002.

Sur Evola en anglais

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Sur Evola en anglais

par Bastien VALORGUES

Ex: http://www.europemaxima.com

Le Londonien Troy Southgate est un infatigable militant des radicalités albo-européennes. Dans le cadre des éditions Black Front Press (clin d’œil plaisant au Front noir des frères Strasser), il offre au public anglophone les textes traduits des penseurs du renouveau européen (Nietzsche, Codreanu, Spengler, Jünger, etc.). Le fondateur, responsable et théoricien du « national-anarchisme » leur fait ainsi découvrir des thèses dissidentes variées. Avec Protector of the Sacred Flame. Essays on the life and Thought of Julius Evola (« Protecteur de la Flamme sacrée. Essais sur la vie et la pensée de Julius Evola »), c’est la vie et l’œuvre du Baron romain qui traverse la Manche, l’Atlantique et le Pacifique sous la forme d’un recueil rassemblant les contributions de neuf auteurs réparties en quatorze chapitres.

On y trouve cinq écrits de Troy Southgate, deux de Robert Steuckers sans oublier les analyses de João Franco, d’Alberto Lombardo, de K.R. Bolton, de Primo Siena, de Sean Jobst et de Von Sanngetall. On y relève la version anglaise de « La voie herculéenne de la Tradition. Spiritualité, puissance et identité chez Julius Evola » de Georges Feltin-Tracol déjà disponible en espagnol.

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Dans l’un de ses articles, Troy Southgate confronte les analyses évoliennes avec celles de Georges Bataille. Il constate que « Evola se distingue clairement de Bataille en ce qu’il privilégie les principes masculin, solaire et apollinien au-delà de ceux du féminin, de la Lune et du dionysiaque, ce que Bataille aurait considéré comme une aveuglement utopique bon marché que l’on pourrait même trouver parmi les marxistes sous la forme d’une lumière de rédemption s’élevant au-dessus du monde, au-dessus des classes, le débordement de l’élévation spirituelle ».

Cette comparaison rappelle l’étude de Charles Champetier sur « Georges Bataille et le fascisme » dans le numéro 50 de Nouvelle École (1998). Malgré les dénégations véhémentes et vaines des universitaires en Cour, le sociologue de droite Jules Monnerot fréquenta avant-guerre Georges Bataille et le Collège de Sociologie. Von Sanngetall propose « Une méditation sur le Souverain » dans laquelle il n’hésite pas là encore à se référer à Georges Bataille.

Concluant son travail par une « transcendance post-évolienne dans l’anarque païen », Sean Tobst y examine les liens et autres réciprocités entre l’initiation traditionnelle et la transcendance à l’aune d’Evola, mais aussi d’une « anarchie » (« a-cratie » ?) à venir. Quant au Portugais João Franco, il évoque « Le Prophète de l’Empire endormi ». Il souligne qu’« à une époque de dévastation et de désertification, [Julius Evola] est resté fidèle à l’Idée à laquelle il a consacré sa vie et a contribué à entretenir une flamme ».

Les éclairages toujours pertinents de Robert Steuckers portent, d’une part, sur « L’influence de J.J. Bachofen sur Julius Evola » et, d’autre part, sur la « Lecture évolienne des thèmes de H.F.K. Günther ». L’Italien Alberto Lombardo aborde « L’anti-américanisme “ traditionnel ” de Julius Evola ». K.R. Bolton traite d’« Evola sur l’État organique et la caractère du travail ».

On ne peut que se féliciter de l’existence dans le monde anglo-saxon d’une si belle introduction à la vue du monde du penseur traditionaliste radical européen d’expression italienne. Il complète fort utilement Evola : Thougths & Perspectives (2011) (« Evola : Réflexions & Perspectives ») et The World Through a Monocled Eye. A Detailed Exposition of Julius Evola’s Men Among the Ruins (2017) (« Le monde à travers le monocle. Une exposition détaillée des hommes de Julius Evola parmi les ruines ») déjà édités aux Black Front Press.

Mentionnons afin la couverture, originale et superbe, dessinée par l’artiste sud-africain Sean Verster. Les anglophones ont bien de la chance d’avoir un tel ouvrage.

Bastien Valorgues

• Troy Southgate (edited by), Protector of the Sacred Flame. Essays on the life and Thought of Julius Evola, Black Front Press, 2021, 180 p., 22 €.

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Monde moderne et sagesse ancienne selon Arnaud Desjardins

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Monde moderne et sagesse ancienne selon Arnaud Desjardins

Joan Montcau

Ex: https://septentrionis.wordpress.com/2021/07/11/mundo-moderno-y-sabiduria-antigua-arnaud-desjardins/

"L'homme moderne a rompu avec les deux religions ; celle qui l'unissait au haut, parce qu'il a fait l'expérience qu'il est possible de vivre sans DIEU, et celle qui le reliait au bas, parce qu'il s'est éloigné de la terre... s'installant dans l'utopie (idéologies modernes et postmodernes). La meilleure illustration de cet homme est sans doute la plante artificielle. Il manque de racines. Pas vers le haut, puisqu'il ignore la lumière du soleil. Pas vers le bas, puisqu'il ne reçoit pas l'humidité de la terre". (ALFREDO SÁENZ)

TITRE ET AUTEUR : 

MONDE MODERNE ET SAGESSE ANCIENNE, Arnaud Desjardins.

1 Quel genre de livre est-ce ? 

   Fondamentalement un livre de critique de la civilisation actuelle (plutôt une parodie grotesque de celle-ci) que l'auteur commence avec la montée de l'Humanisme, camouflé en "Renaissance" (pas précisément en termes spirituels celle-ci, comme Evola dirait d'un point de vue traditionnel la vraie RENAISSANCE était le haut médiéval gibelin). Plusieurs auteurs traditionnels ont déjà signalé quelque chose de très caractéristique de la subversion moderne, qui est aujourd'hui si actuelle mais qui remonte à des siècles, comme la manipulation du langage, l'inversion diabolique du sens des mots... 

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Sur la base de la Sagesse antique et de la Tradition sapientielle, l'auteur énumère et analyse les contradictions intrinsèques de cette civilisation, les menaces qu'elle fait naître elle-même et qui sont de plus en plus nombreuses, les graves dangers matériels et psychologiques (pour ne pas dire spirituels) que court l'humanité, l'insatisfaction, l'agitation et l'opposition croissante, le niveau de folie, de bêtise, d'imbécillité et de mal généralisé, tous "signes de ces temps" (où de plus en plus "le désert croît et avance..."), "autorisez-nous à mettre les "signes de ces temps" (où de plus en plus "le désert croît et avance..."), "autorisez-nous à mettre les "signes de ces temps" (où de plus en plus "le désert croît et avance..."). ), "nous autorisent à nous interroger sur la solidité et la valeur des fondements sur lesquels nous, les hommes, avons construit le monde moderne" (A. Desjardins) ; bien qu'il serait plus juste de dire CONSTRUITS par ceux qui ont réellement conspiré contre la Tradition pour préparer l'avènement d'un "monde gouverné par des personnages qui ne peuvent même pas être imaginés par ceux dont les yeux ne pénètrent pas dans les coulisses", comme le disait Benjamin Disraeli (un Juif, soit dit en passant...), personnage infâme et ouvertement anti-traditionnel... 

   En simplifiant un peu, une des caractéristiques fondamentales de la Modernité en général et de cette ère crépusculaire en particulier - et très typique des systèmes démoplutocratiques actuels -, est celle du charlatanisme grossier, vide et insubstantiel, de la haine, de la saleté, du bruit, d'un activisme contre nature, écœurant et avilissant, la répugnance pour la stabilité, la beauté, l'ordre, le culte du simple ÊTRE sur l'ÊTRE, la prédominance du PATHOS sur l'ETHOS, la pseudo-civilisation du Moi égotique sur la vraie civilisation du Moi intérieur, le manque absolu de valeurs et de référents vraiment élevés dans un monde détestable où tout est relatif, sujet au doute et discutable ; comme l'a dit José Antonio, nous sommes déjà immergés dans un monde où les entités de valeur permanente n'existent plus. Antonio Medrano lui-même distingue ceux dont la "vie" se limite à un simple EXISTANT, c'est-à-dire ceux qui vivent complètement décentrés, sans principes ni valeurs ni référents vraiment élevés ; puis il y a ceux dont la vie -féroce, ardente et authentiquement vivante-, est un INSISTANT continu, c'est-à-dire qui vivent à l'intérieur de soi, autour d'un Centre spirituel et métaphysique, avec une Norme et un Guide existentiel. C'est la différence fondamentale entre le sous-homme moderne et démocratique par rapport à l'Homme de la Tradition, c'est la différence essentielle entre une civilisation de l'être et une civilisation de l'être : alors que la première vit sur des sables mouvants et sur le Mensonge, la seconde vit sur la Vérité, sur ce qui est Eternel et Immuable. LE MONDE MODERNE OU LA SAGESSE ANCIENNE. L'homme de la subversion ou l'homme de la tradition, il n'y a pas plus... 

   "Être" est le mot clé, et encore plus à notre époque où l'on a implanté dans les sociétés un système infernal de vie purement végétative, ou tout au plus, animaliste. Un monde qui renonce à l'Être et à la Sagesse est fatalement condamné à périr sous des souffrances et des destructions indescriptibles, c'est un monde déjà spirituellement mort et bientôt les vers et les rats dévoreront ce cadavre : "Les hommes, dans le monde moderne, tournent dans l'angoisse, comme des rats dans un labyrinthe de laboratoire" (N. G. Dávila). Les sociétés traditionnelles étaient fondées sur la certitude que le véritable sens de la vie humaine "en ce monde" reposait sur l'Être et non sur l'Avoir, voie préparatoire à l'accès à la Patrie céleste ou, dans d'autres cas, à la conquête de la véritable Immortalité. 

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   Il est évidemment vrai qu'il faut un minimum d'avoir pour être. Cet avoir peut être matériel, intellectuel ou affectif : des vêtements, une maison, de la nourriture, des amis, des camarades, un conjoint, des enfants, des connaissances, etc. Mais nous ne devons pas confondre ce qui est nécessaire pour pouvoir fonctionner dans ce monde avec ce qui est vraiment fondamental et essentiel. La vraie Libération (avec une majuscule), contrairement à ce que proclame la populace démocratique et démo-bourgeoise, ce n'est pas quand on "a plus" mais quand on "est plus", quand on parvient à forger une véritable personnalité autour d'une Vision sacrée du Monde. " Le monde moderne ne reconnaît aucun fondement métaphysique ; il se vante, au contraire, d'avoir fait de la réalité apparente, celle de l'homme et de l'univers, le sol ferme sur lequel il a construit sa civilisation, aujourd'hui chancelante " (A. Desjardins). La LOI DE L'AVOIR et la LOI DE L'ÊTRE sont les deux formes existentielles catégoriques et paradigmatiques qui séparent spirituellement la sous-humanité de la véritable humanité ; les "Deux Races" - comprises d'un point de vue ontologique et métaphysique -, comme l'a exposé un intéressant groupe de caractère néo-fasciste et évolutionniste en Italie (Groupe des Dioscures) dans l'un de ses manifestes dans les années 60 du siècle dernier. 

   L'entraînement, la lecture constante, la méditation et la prière, la Sagesse active contre l'activisme débridé et diabolique de la Modernité, la montagne, le sport, l'union de l'Action et de la Contemplation dans une synthèse supérieure, telles sont les formes d'héroïsme que nous invitons d'ici à embrasser tous ceux qui, existentiellement et spirituellement, se considèrent comme des ennemis ou sont en marge "d'un monde où l'idéal est de devenir grégaire" (Henry de Montherlant). SAVOIR C'EST ÊTRE... 

   "Dès l'instant où l'Homme est apparu sur terre sous sa forme actuelle, deux instincts profonds, deux âmes, deux races s'affrontent en permanence dans une guerre unique dont les objectifs opposés s'appellent ESPRIT et MATIÈRE, INTEGRATION et DISSOLUTION. 

   "Deux instincts profonds, mais signifiant, en réalité, une vocation spirituelle claire et lumineuse opposée à une sombre perte de forme et de sensations ; deux âmes, mais l'une d'origine divine et l'autre tendant à devenir sous-humaine ; deux races, mais l'une est la race par excellence puisque l'Esprit tend à s'unir à la Matière dans une parfaite harmonie, et l'autre, la race de la horde et du chaos qui rugit anxieusement pour se perdre dans les dimensions illusoires du temps et de l'espace".

Les Dioscures. Les Deux Races, 1969 ( ?)

2.- Résume son sujet 

   En termes généraux, une négation totale de la Modernité et de toutes les pseudo-valeurs qui en ont émané. Au contraire, la Tradition sapientielle est la Norme et l'Axe, le germe impérissable de tout ce qui est sacré, de tout l'Univers manifesté -Macrocosme et Microcosme-, le fondement de toutes les traditions secondaires, le dépôt éternel de la Doctrine et de la Connaissance divine, en un mot, le Temple de la Vérité éternelle et impérissable, l'IDEE toujours fraîche et jeune (notre vraie Patrie comme disait Evola). " Le printemps attendu par le Ciel, la Terre et la Mer " dans un monde qui se consume, pleure et gémit dévoré par le Mal et les Ténèbres. 

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3.- Qui en est l'auteur ? 

   Arnaud Desjardins (18 juin 1925 - 10 août 2011) est l'un des premiers Occidentaux à découvrir et faire découvrir, à travers des documentaires télévisés, les grandes traditions spirituelles ignorées des Européens : l'hindouisme, le bouddhisme (tibétain et zen) et le soufisme en Afghanistan. Né en France dans l'hérésie protestante, sa forte spiritualité l'a fait s'en éloigner et il est entré dans un monastère cistercien catholique. Plus tard, il s'est intéressé à l'hindouisme et au bouddhisme. 

4 Est-il partial ou impartial dans son sujet ?

   Totalement biaisé. 

5.- Détails de l'édition 

  EDITIONS DE LA TABLE RONDE, Editorial Sirio, 1987. 

6.- Désaccords, anecdotes sur lui et relation personnelle avec lui. 

   Je ne le connaissais pas avant de lire ce livre. Certains désaccords avec l'orientalisme excessif de l'auteur, très dans la lignée de René Guénon. À cet égard, Julius Evola, dans son "Riding the Tiger", critiquait ceux qui, dans cette phase finale du Kali-Yuga, recherchaient de prétendus "paradis spirituels" en Orient : "le désert avance", et de surcroît à une vitesse de plus en plus écrasante et globale. Evola précise également qu'en ce qui concerne les doctrines spirituelles et sapientielles, l'Occident n'a rien à envier à l'Orient non plus. D'autre part, il souligne que si l'aberration moderne a d'abord conquis l'Occident pour ensuite répandre ses erreurs dans le monde entier, cela ne signifie pas que dans un avenir plus ou moins proche nous serons les premiers à nous débarrasser de cette monstruosité (bien qu'il soit difficile de le voir aujourd'hui à notre époque...). 

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7.- Pourquoi avez-vous choisi de le lire ? 

   Le titre du livre est en soi très suggestif, et son sujet l'est encore plus. 

8.- Quelle est votre évaluation du livre en tant que tel, et de son sujet ? 

   Les deux sont très positifs.

9.- A qui s'adresse ce livre ? 

   Pour tous ceux qui considèrent la Modernité comme une authentique anomalie et subversion, une calamité qui nous a conduits à l'actuelle "Grande Parodie" (René Guénon), c'est-à-dire à la rupture avec la Tradition et à l'établissement de la civilisation la plus entièrement matérialiste et titanesque de l'Histoire. 

10.- A qui le recommanderiez-vous ? 

   A tout homme de tradition.

Joan Montcau

  

 

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lundi, 12 juillet 2021

Le symbolisme du serpent dans la mythologie grecque

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Le symbolisme du serpent dans la mythologie grecque

Ex: https://animasmundi.wordpress.com/2021/07/09/el-simbolismo-serpentino-en-la-mitologia-griega/

Dans la mythologie et la religion, et notamment dans la mythologie grecque, le terme chthonique (du grec ancien χθόνιος khthónios, " qui appartient à la terre ", " de la terre ") désigne ou fait référence aux dieux ou esprits des enfers, par opposition aux divinités célestes, notamment Hadès et Perséphone. Toutes ces divinités étaient simultanément liées aux notions de vie et de mort dans la mesure où les végétaux, source et symbole de la vie, plongent leurs racines et puisent leur nourriture dans les profondeurs de la terre.

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L'animal chthonique par excellence était le serpent, et en tant que tel, il figurait sur le caducée d'Asclépios, dieu de la médecine. Dans la mythologie grecque, Asclépios ou Asclépios (en grec Ἀσκληπιός), Esculape pour les Romains, était le dieu de la Médecine et de la guérison, vénéré en Grèce dans divers sanctuaires. Asclépios devient le centre du culte populaire. Des temples ont été construits en son honneur dans toutes les villes de Grèce. Des foules de gens passaient la nuit dans des pièces spéciales où ils dormaient. Ils y espéraient que le dieu les guérisse directement par le biais d'une apparition en rêve ou que leurs rêves indiquent une guérison ou des signes que le prêtre du temple pouvait interpréter.  Le pouvoir de ressusciter les morts était le motif qui a incité le dieu Zeus à mettre fin à la vie d'Asclépios. Le dieu Zeus n'était pas très heureux de la résurrection des mortels car il craignait que cela ne complique l'ordre du monde. Asclepius est monté dans les cieux et est devenu la constellation Serpentarium.

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Il faut noter que le serpent était un animal très accepté dans la Grèce antique. En tant qu'animal de l'âme, le serpent était particulièrement lié à la tombe et notamment à celle du héros, représenté comme un symbole de fertilité et de survie. Cette fonction particulière du serpent s'est développée à partir de sa position d'animal protecteur de la maison, bien que les Grecs eux-mêmes aient parfois suggéré que la moelle des os d'un cadavre devenait un serpent. Le serpent représente également une icône religieuse, un véhicule du sacré à travers lequel la réalité métaphysique et les vérités primordiales se manifestent dans l'imaginaire grec. Il suffit de regarder les principaux mythes grecs : le combat cosmogonique entre Zeus et Typhon, la lutte d'Apollon avec le serpent Python pour la possession du sanctuaire de Delphes, le combat de Cadmos avec le serpent thébain et les voyages initiatiques de Jason en Colchide, d'Héraclès au Jardin des Hespérides, de Méduse et de Persée, entre autres.

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Au sein du mythe, le serpent joue un rôle prépondérant avec de multiples significations et interprétations telles que le fait que le serpent est dépouillé de la vieillesse en renaissant, la relation avec la guérison et la capacité de restaurer la vie, sa relation avec le phallus masculin et la fertilité féminine, avec l'éternité et sa configuration tardive comme symbole du temps qui revient à lui-même, son rôle de gardien des sources de vie et de l'immortalité ; les croyances concernant son androgynie, son omniscience, son agressivité, son insomnie, son éveil, ainsi que son union avec les forces obscures et sa considération comme un être qui effectue, facilite ou entrave la transition entre les niveaux, brisant ainsi l'espace même de la réalité actuelle. En bref, la croyance en une force spéciale, résidente, émanée, inhérente ou symbolisée dans le serpent, une force, une énergie alignée du côté du primordial, de la force pure et seule : en somme, la vie, avec tous ses paradoxes et ses complexités.

D'autre part, le thème du serpent compris comme âme des morts n'est pas trop objectif, puisque le terme "âme" est utilisé sans réflexion sur la relation entre la psyché comme âme des morts et le serpent. Hésiode a décrit la mue d'un serpent par les mots "seule la psyché demeure". Il est possible que l'attribution du psychisme à un serpent soit liée au rare pouvoir de muer la peau que possède cet animal.

L'analyse de ce symbole dans la culture grecque montre que le mythe du serpent n'est jamais vraiment mort, puisque sa morphologie versatile, sa capacité d'adaptation et la longue liste de mythes et de situations religieuses auxquels il était lié, lui ont garanti une longue survie, dont le message est de rapprocher l'homme de l'inintelligible.

Dans la mythologie grecque, nous pouvons citer Typhon, fils de Gaïa, de la terre et du Tartare, l'abîme du sous-sol, c'est-à-dire un monstre d'origine chthonique. Hésiode, dans la Théogonie, écrit :

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" De ses épaules naquirent cent têtes de serpents, terribles dragons, piquant de leurs langues sombres. Des yeux de leurs têtes ineffables, sous leurs sourcils, brillait le feu. De toutes leurs têtes, le feu jaillissait quand ils regardaient.

Dans toutes, il y avait des voix qui lançaient une rumeur variée et indicible ; parfois elles émettaient des articulations, comme pour comprendre les dieux ; (...) d'autres, les riguidos d'un lion sans pitié (...) d'autres encore sifflaient et les énormes montagnes lui faisaient écho. (Théogonie 836-68)

L'écrivain José Carlos Fernandez souligne le symbolisme du serpent sur les points suivants :

    - Sagesse, de la perfection et du dynamisme du Réel ; elle représentait aussi la régénération psychique et l'immortalité.
    - C'est l'image de l'âme qui se réincarne et "revêt une nouvelle peau". Il fait également référence au premier rayon de lumière émanant du Mystère Divin.
    - C'est un symbole de l'Éternité, de ce qui s'est produit sans interruption.
    - En outre, pour compléter la signification précédente, il est un symbole du temps et de ses cycles.
    - Comme presque tous les premiers symboles, il s'agit d'un double symbole : il est la lumière, à la fois physique et spirituelle, mais aussi le symbole de son ombre, de l'obscurité de la matière, du mal, de la substance spirale qui emprisonne l'âme dans son tourbillon.
    - Le serpent est le symbole du Soleil Spirituel (le Soleil Central des traditions occultes) et de son "corps", le Soleil visible ; symbole, donc, du Logos Créateur comme de l'Intelligence glissant dans l'Eternité. Mais aussi, par exemple, en Égypte, il était lié, astronomiquement, aux éclipses, comme un serpent qui veut dévorer le Soleil, par exemple, Apap en Égypte.
    - Avec plusieurs têtes en mouvements spasmodiques, il est le symbole des passions humaines, mais aussi des pouvoirs psychiques.
    - C'est un symbole de la grande Vie Unique, le Jiva-Prana des hindous, et de son mouvement, qui appelle les mondes à l'existence.
    - Mais aussi de la mort et du guide qui accompagne le défunt, dans le royaume invisible.
    - Il fait référence aux sages, aux éternels vivants, mais aussi aux âmes désincarnées.
    - Le serpent est un symbole de l'énergie sexuelle, des corps qui tentent de perpétuer leurs formes, et des âmes qui tentent de se perpétuer dans leurs essences inaltérables.
    - Il est le symbole de la Terre, de ses énergies et de ses potentialités, la "mère de tout ce qui bouge" des textes sacrés hindous.

Source : Bremmer, J. N :

Bremmer, J. N. "Le concept de l'âme dans la Grèce antique". Ediciones Siruelas.

Entretien avec "Ego Non" par The Conservative Enthusiast

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Entretien avec "Ego Non"

par The Conservative Enthusiast

Ex: https://conservativeenthusiast.com/interview-tce-23-ego-non/

1- Pour nos lecteurs qui ne vous connaissent pas encore, présentez-vous.

“Je suis belge, j’ai 24 ans et je termine des études de philosophie cette année. Il y a quelques mois maintenant, j’ai lancé une chaîne de philosophie politique sur YouTube.”

2-: Quel est votre parcours ? Votre jeunesse, vos études, vos projets déjà réalisés et vos succès passés ?

“J’ai grandi dans la ville de Liège, dans la région wallonne et francophone de Belgique. Ayant découvert le monde antique enfant, sur les genoux de ma mère, à travers les grands récits de la mythologie grecque, l’amour de la beauté et de la grandeur est profondément ancré en moi. La culture grecque n’est en effet pas anodine, elle vous communique pour toujours, et à jamais, le sens d’une hiérarchie des valeurs face auxquelles les slogans modernes apparaissent comme ce qu’ils sont vraiment : des simulacres de valeurs.

Passionné par la culture européenne, j’ai appris l’anglais, l’allemand et le russe quand j’étais adolescent. A l’âge de 18 ans, avant de commencer l’université, j’ai décidé de passer plusieurs mois en Allemagne et en Russie pour perfectionner la connaissance de ces langues et pour découvrir la mentalité de ces pays. Cette expérience a sans nul doute contribué à consolider en moi un profond européanisme. A mon retour, j’ai commencé des études de philosophie en Belgique – ainsi qu’à Fribourg, en Suisse, pour une année. Même si je m’étais déjà intéressé à la pensée politique auparavant, c’est pendant ces années universitaires que je me suis véritablement formé intellectuellement de mon côté, en lisant tout ce que je pouvais trouver comme vieux livres dans les bouquineries de la capitale. C’est aussi à cette époque, il y a trois ans maintenant, que j’ai été baptisé et que je me suis converti au catholicisme.”

3-: Qu’est-ce qui vous a amené à lancer votre projet ? Quelles sont les étapes qui vous y ont menées ?

“A vrai dire, l’idée de faire des vidéos ne m’est venue que très récemment, je n’y avais guère vraiment songé auparavant. Elle m’est venue d’un regret de voir que certains concepts ou idées majeures de la pensée politique de droite n’étaient pas assez connus ni mobilisés. Cela m’avait particulièrement frappé avec certains concepts de Guillaume Faye, tels que « l’archéofuturisme » (auquel j’ai consacré ma première vidéo), qui méritent, à mon sens, d’être plus largement diffusés.”

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4-: Pouvez-vous nous expliquer plus en détail en quoi consiste vos projets, votre démarche et pourquoi vous faites ce que vous faites ?

“Dans chacune de mes vidéos, j’essaie donc d’exposer un concept ou une idée majeure d’un auteur, en essayant à chaque fois de le relier, d’une façon ou d’une autre, à une problématique politique contemporaine. Je ne prétends nullement à la neutralité, bien au contraire.

Le choix des idées que je présente reflète naturellement une orientation politique, même si je ne partage pas forcément toutes les pensées de l’auteur dont je parle. Je poursuis donc un double but :

1) Susciter la curiosité intellectuelle des spectateurs en faisant découvrir certains auteurs ou certaines idées

2) Offrir un nouvel angle pour repenser ou recentrer une problématique politique contemporaine

L’on critique en effet bien souvent les délires et les dérives de la pensée de gauche, progressiste et égalitaire. La critique est saine et même bien souvent salutaire, mais il me semble qu’il faut aussi savoir dépasser ces dérives par « le haut », si je puis dire. Face à la conception du monde propre des hommes de gauche, qui est totale, il faut savoir aussi offrir une conception du monde totale. Prenons un exemple précis : la gauche est égalitaire par essence. Devons-nous nous contenter de dénoncer les dérives de l’égalitarisme tout en conservant l’Égalité comme valeur intouchable ? Ou bien plutôt montrer que la beauté du monde et que le développement de la personne humaine ne vont pas sans l’Inégalité ? C’est ce que j’ai essayé de faire avec ma vidéo sur la « philosophie de l’Inégalité » de Nicolas Berdiaev notamment.”

5-: Quelles sont vos principales sources d’inspiration, vos influences et vos références ?

“Elles sont nombreuses et diverses. Depuis que je suis en âge de m’intéresser à la philosophie, j’ai toujours cherché à prélever le meilleur parmi les auteurs que je lisais, indépendamment de tout esprit de chapelle. Néanmoins, pour ce qui est de la pensée politique à proprement parler, les courants qui m’ont le plus marqué sont la Révolution Conservatrice allemande, l’Action Française historique, les penseurs russes des XIXe et XXe siècles (C. Leontiev, Dostoïevski, Berdiaev, Soljenitsyne, etc.) et des philosophes de la théorie politique pure, comme Machiavel, Vilfredo Pareto ou Carl Schmitt. A cela s’ajouteraient évidemment bien d’autres penseurs, différents les uns des autres comme Proudhon ou Joseph de Maistre par exemple, mais je voudrais surtout mentionner Guillaume Faye dont la découverte récente de l’œuvre fut à bien des égards déterminante pour moi.”

6-: Qu’est-ce que le conservatisme selon vous ? Et pensez-vous qu’il est important aujourd’hui ?

« Conservateur, voilà un mot qui commence bien mal », disait plaisamment Thierry Maulnier. En fait, comme pour toute étiquette, tout dépend de la définition qu’on en donne. Le conservatisme, comme simple volonté de préserver le statut quo, de ralentir la marche du progrès, est condamné à être à la remorque de ceux qui écrivent l’histoire. Cette forme de conservatisme, tiède et frileux, n’a pas grand intérêt et je comprends même qu’il suscite une forme de répulsion chez tous ceux qui aspirent à la grandeur.

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En revanche, il existe une définition plus noble et radicale du conservatisme dans laquelle je me reconnais tout à fait. Pour cela, je voudrais citer Arthur Moeller van den Bruck : « Nous vivons pour léguer un héritage. Celui qui ne croit pas que nous remplissons le but de notre existence dans le court laps de temps, durant la minute qui s’écoule, celui-là est conservateur ». Si, pour l’homme de gauche, la vie est un but en soi, le conservateur estime au contraire qu’une vie ne suffit pas pour créer les choses que veulent atteindre l’esprit et la volonté d’un homme. Reconnaissant la puissance médiatrice du présent qui transmet le passé à l’avenir, il voit la suite des générations occupées à construire leur histoire et leur nation. À cet égard, aucune pensée politique véritable ne peut faire l’économie de ce conservatisme : il faut se considérer comme un point de passage, comme un point reliant le passé au futur, se sentir touché par l’esprit de son peuple à travers les âges pour être appelé à faire de la politique. De plus, le conservatisme tel que l’envisage Moeller van den Bruck est une force dynamique et créatrice, nécessairement active face aux destructions engendrées par les pensées égalitaristes et libérales. C’est pourquoi il écrivait avec une grande justesse : « Auparavant, les conservateurs tentaient d’arrêter la révolution, maintenant, nous devons en prendre la tête ». L’enjeu du conservatisme actuel n’est donc pas, à mon sens, d’adopter une posture purement défensive, mais de reprendre les rênes de notre destinée historique en lui insufflant un esprit nouveau.”

7-: Que pensez-vous du contexte actuel de la société en France, en Europe ? Et à l’échelle du monde ?

” Parlons sans détour, l’Europe est en péril mortel, cernée par d’innombrables menaces : un grand remplacement de population accompagné d’une « grande déculturation » qui empêche de voir ce qui crève les yeux, un vieillissement dramatique ainsi qu’un déclin démographique de la population européenne, une disparition des instincts vitaux les plus évidents au profit de comportements collectifs suicidaires, un implacable « déclin du courage », etc. Cette « convergence des catastrophes », selon l’expression de Guillaume Faye, indique a priori un avenir bien sombre à l’Europe (et ce même constat s’applique peu ou prou à tous les pays occidentaux).  

Néanmoins, malgré toutes ces raisons objectives de craindre le pire, cette époque de crise me paraît également une période de refondation, une opportunité que nous avons de reprendre sur de nouvelles bases. Notre civilisation pourrait très bien disparaître, certes, mais elle pourrait aussi se réaffirmer sur des bases plus fortes qu’autrefois. C’est pourquoi l’enjeu en vaut la chandelle et qu’il faut, plus que jamais, se lancer dans la bataille.”

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8-: Si vous deviez donner 5 éléments sur lesquels tout français devrait sérieusement travailler au niveau individuel, lesquels seraient-ils ?

1- Fonder une famille ou la consolider : d’un point de vue collectif comme individuel, cette tâche est capitale. Au niveau collectif, il faut impérativement inverser la tendance démographique que connaît l’Europe. Mais un tel raisonnement peut sembler très abstrait. Au niveau individuel, fonder une famille est aussi, et même en premier lieu, une façon de se réaliser comme personne. Si nous vivons pour léguer un héritage, comme je l’ai dit plus haut, il faut bien avoir des héritiers pour qui se battre. Beaucoup de gens, gagnés par le désespoir et le pessimisme, se demandent si cela vaut encore la peine d’agir. Ils ne se poseraient sûrement pas cette question s’ils avaient des enfants.

2- Renouer avec la Beauté : un des traits de l’époque contemporaine qui me frappe le plus est le culte de la laideur. La laideur s’est infiltrée partout, dans l’architecture, dans la mode, dans l’art, dans la langue, dans la musique, etc. Or, notre combat est autant éthique qu’esthétique. Nous devons incarner une voie aussi rationnelle que belle ; le fond ne va pas sans la forme adéquate.

3- Apprendre au moins une langue étrangère : en plus de l’utilité évidente que cela comporte, la connaissance des langues étrangères permet de s’évader mentalement et de relativiser les discours qu’on entend dans notre pays. De plus, s’il s’agit d’autres langues européennes, cela permet justement de nouer des liens de fraternité avec des Européens d’autres horizons.

4- Se regrouper en communautés : face au déclin démographique que nous connaissons, il faut se préparer à vivre en minorité dans de larges portions de nos territoires et être, de ce fait, prêts à nous entraider. De plus, la société étant largement baignée d’idées de gauche insupportables au sens strict, la solitude et l’isolement peuvent rendre fous ceux qui partagent nos idées sans pouvoir les exprimer. Un dicton bien connu disait jadis : « Un chrétien seul est un chrétien en danger ». Or, cela s’applique également aujourd’hui à tous ceux qui ne pensent pas selon le moule conformiste de l’époque.

5- Se réinsérer dans la longue mémoire européenne : contre les ethnomasochismes de tout poil, de gauche comme de droite, il s’agit de se réapproprier notre histoire, notre identité et notre culture. Les diverses mythologies indo-européennes, la philosophie classique, la religion chrétienne et la science occidentale sont constitutives de l’âme européenne et de sa grandeur. Les simplifications outrancières qui cherchent à faire l’impasse sur telle ou telle dimension de notre histoire sont l’effet d’une cécité intellectuelle qu’il faut dépasser

9-: Pouvez-vous nous partager votre ressenti sur la jeunesse d’aujourd’hui ?

“Il est double et paradoxal. D’un côté, la rupture dans la chaîne de transmission a produit une jeunesse complètement inculte, apathique, conformiste et profondément imprégnée par la haine de soi. Mais, d’un autre côté, ce grand vide culturel suscite également, dans une part non négligeable de cette même jeunesse, un désir ardent et sincère de se redresser et de retrouver l’héritage dont on les a privés. Il y donc, désormais, plus de gens désireux de défendre leur civilisation dans la nouvelle génération que dans l’ancienne. Et ce fait est très encourageant.

10-: Beaucoup de jeunes français cherchent à renouer avec leur héritage, quel est le meilleur moyen selon vous d’y parvenir ?

“En puisant directement dans ce que notre civilisation a produit de meilleur : la musique de Vivaldi, de Schubert et de Wagner, la littérature de Shakespeare, de Racine, de Schiller et de Pouchkine, ou encore la grande peinture flamande par exemple. Ce ne sont que quelques exemples parmi tant d’autres, la civilisation européenne étant si riche rien que dans le domaine artistique qu’une vie entière ne suffirait pas pour en faire le tour !”

11-: Quels sont les principaux dangers qui menacent la civilisation européenne selon vous ?

” Le danger le plus urgent est sans conteste le changement de peuple. De même que la Chine ne serait plus la Chine si les Chinois étaient remplacés par des Péruviens, une Europe sans Européens ne serait plus européenne. Je me sens gêné de devoir énoncer une telle évidence, mais, contrairement à ce que dit l’adage cartésien, le bon sens n’est plus la chose du monde la mieux partagée. Tel n’est évidemment pas le seul danger qui guette notre civilisation, mais c’est celui qui nous commande de réagir le plus rapidement et le plus efficacement avant qu’il ne soit trop tard.

Toutefois, en plus de cette menace première, concrète et tangible, il y un problème majeur en amont qui empêche sa résolution. C’est ce que Soljenitsyne avait nommé « le déclin du courage ». Les Européens semblent en effet être entrés dans une forme de léthargie, comme si plus rien ne les affectait. Si l’expression de « décadence occidentale » a un sens, selon moi, c’est dans cette perte de toute énergie vitale qu’il faut le chercher.”

12-: Quels sont les principaux espoirs et leviers qui permettraient de surpasser ces menaces ?

“En dépassant le stade de l’analyse pour passer à celui de la croyance et du mythe, au sens sorélien du terme. Il faut être capable de proposer une vision du monde suffisamment forte pour s’emparer du cœur et de l’imagination de tous ceux qui ne veulent pas mourir et les inciter à se redresser. On ne surmontera le manque de courage et l’apathie générale qui consiste à « se laisser vivre » où le courant nous emporte que lorsque nous aurons à nouveau des raisons de vivre et de mourir. Pour cela, il faudra être capable de constituer, dans les années à venir, une élite en mesure de montrer la voie à suivre.”

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13-: Quels sont les personnalités, auteurs, initiatives ou organisations qui paraissent dignes d’intérêts aujourd’hui selon vous ?

“Elles sont trop nombreuses pour que je me montre exhaustif. Par principe, je regarde avec sympathie tous ceux qui défendent, d’une façon ou d’une autre, la civilisation européenne. Je ne comprends pas et je déplore même les querelles de chapelle qui opposent stérilement les divers camps de la droite, surtout quand on voit l’incroyable capacité qu’a la gauche de se mobiliser – ne fût-ce que provisoirement – contre nous. C’est un comble en effet que la gauche arrive à nous désigner comme son ennemi principal, alors que nous autres, lecteurs de Carl Schmitt, n’arrivons pas à le faire avec elle.

Je voudrais néanmoins citer quelques personnalités ou initiatives qui m’intéressent tout particulièrement :

Dans le contexte francophone, il y a d’abord l’Institut Iliade dont le combat « pour la longue mémoire européenne » me semble incarner une ligne juste et cohérente, ainsi que la Nouvelle Librairie, que le lecteur passionné que je suis regarde avec gratitude. Alexandre Cormier-Denis du Québec est également une figure que je suis avec intérêt, à qui s’ajoute ensuite Daniel Conversano, qui a le grand mérite de proposer pragmatiquement un communautarisme européen intelligent et qui s’efforce de dépoussiérer les idées de droite de façon souvent tonique et truculente. Et enfin, je voudrais mentionner le nom de Robert Steuckers, pour qui j’ai beaucoup d’estime, et dont les réflexions géopolitiques mériteraient d’être plus connues par la jeune génération.

A l’étranger, voici seulement quelques personnalités ou organisations parmi d’autres qui suscitent mon attention :

Götz Kubitschek en Allemagne, un des fondateurs de l’Institut für Staatspolitik, un think-tank de la Neue Recht allemande, ainsi que du journal Sezession et des « éditions Antaios », qui republient des auteurs comme C. Schmitt, les frères Jünger, O. Spengler mais aussi des auteurs français récents comme Renaud Camus, Jean Raspail ou Dominique Venner.  En Russie, je m’intéresse aux travaux de Pavel Tulaev et à sa revue Atheneum (Атеней). Je regarde ensuite avec enthousiasme et curiosité le rapide développement de la chaîne de télévision conservatrice et nationaliste Tsargrad TV (Царьград ТВ) de Konstantin Malofeev ainsi que celui du groupe de réflexion Katehon (Катехон).”

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14-: Y a t-il un sujet qui vous paraît délaissé aujourd’hui ou que vous considérez ne pas voir suffisamment dans les médias ou le débat public ?

” A peu près tous les sujets dignes d’intérêt sont mis de côté dans le débat public, et plus encore dans les universitaires occidentales où l’insignifiance semble être devenue la règle d’or.

15-: Pouvez-vous nous donner un livre, un film et une musique qui selon vous vous représente, ou auxquels vous tenez ?

  • Le « Tannhäuser » de Richard Wagner, dont la musique a changé ma vision du monde à jamais.
  • « L’idiot » de Dostoïevski
  • « Autant en emporte le vent » de Victor Fleming

16-: Que pensez-vous pouvoir apporter à quelqu’un qui vous découvre ?

“Fidèle au mot de Bergson, selon lequel il faut s’efforcer d’agir en homme de pensée et de penser en homme d’action, j’espère offrir aux spectateurs une pensée non pas abstraite, mais qui a pour finalité de reconduire à l’action. Toute pensée véritable et féconde, en effet, naît de l’action pour y retourner. Une pensée qui n’agit pas ne compte pas pour grand-chose, mais, de même, une action qui ne pense pas ne mène à rien non plus. Telle est en tout cas mon ambition. Aux spectateurs de me dire si je suis sur la bonne voie.”

17-: Quels sont vos projets à l’avenir ? Dans les prochaines semaines et mois, à court terme, mais également votre vision à long terme.

“Je vais continuer ma lancée avec le même genre de vidéos que j’ai déjà réalisées. Toutefois, dès que j’aurai un peu plus de temps, je compte diversifier le contenu de ma chaîne en proposant d’autres sortes de vidéos ainsi que des entretiens avec certains intellectuels qui me semblent dignes d’intérêt.

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18-: Où peut-on vous suivre ? Sur quel média ou réseau êtes-vous le plus actif?

19-: Un mot pour la fin ?

Dans la mesure de nos moyens, essayons de rester toujours fidèles à nos principes et de ne jamais, à l’instar de Soljenitsyne, faire de concession sur ce que nous estimons être la vérité. La force des idéologies égalitaires contemporaines repose principalement sur l’inertie et le conformisme de la masse. Le combat commence donc au quotidien, en chacun de nous. Sachons dire avec fierté : « Etiam si omnes, ego non ; même si tous, moi pas ! »

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Le mondialisme et le nationalisme suite aux élections présidentielles américaines

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Le mondialisme et le nationalisme suite aux élections présidentielles américaines

Adrian Severin (19 janvier 2021)

Ex: https://www.estica.ro/article/globalism-si-nationalism-in-alegerile-americane/

Le déroulement rapide d'événements spectaculaires et particulièrement colorés, aux États-Unis et dans le monde, nous fait - pour la énième fois - perdre de vue la vue d'ensemble et ne plus distinguer ce qui est inévitable, légal, objectif, de ce qui est accidentel, hasardeux, subjectif.

DU POST-BIPOLARISME AU POST-AMERICANISME

Au-delà des détails, des personnages histrioniques ou séniles, des exaltations et des dépressions, des gestes et des bruits, aux États-Unis, une ère historique se termine et une autre commence.

L'ordre mondial bipolaire touche enfin à sa fin. Ne s'est-elle pas terminée en 1989, avec les accords soviéto-américains de Malte, ou au moins en 1991 avec la disparition de l'URSS ? Le bloc capitaliste n'a-t-il pas été vainqueur de la guerre froide, et la fin de la guerre froide n'a-t-elle pas fait place à l'ordre unipolaire américain, consacrant la pax Americana comme modèle d'ordre mondial ? Non !

L'ordre bipolaire était un ordre anational (il était structuré sur des critères idéologiques plutôt qu'ethnoculturels, l'idéologie transcendant l'ethnie/nation) et sa logique essentielle était celle de la lutte et de l'unité des opposés en équilibre ; un équilibre qui, bien que précaire, maintenait la paix mondiale, même relative. À l'époque de cet ordre, les conflits nationaux, qui avaient entraîné l'humanité dans deux guerres mondiales au cours du seul XXe siècle, étaient gelés, pour ne renaître qu'avec sa fin. Ajoutons que cet ordre était global, même si deux systèmes d'organisation de la société coexistaient en son sein, car ses lois de mouvement, sa dynamique, sa stabilité et sa sécurité étaient le résultat de ce pluralisme (plus précisément de ce dualisme)... global. En paraphrasant la formulation ultérieure de Deng Xiaoping, se référant à la Chine, nous pouvons parler d'"un ordre avec deux systèmes" ; en fait, un système mondial avec deux sous-systèmes.

Lorsque l'un des opposés qui, en s'appuyant l'un sur l'autre, assurent le fonctionnement de tels systèmes, s'effondre, l'autre s'effondre nécessairement aussi. À la place des deux, un autre ordre s'élève. Les illusions, ou l'entêtement aléatoire de certains, peuvent retarder cette issue, mais ils ne peuvent l'éviter.

Après 1990 et la dissolution du bloc soviétique, ce que beaucoup pensaient être un ordre unipolaire n'était rien d'autre qu'une période de transition dont le principal héritage était la disparition progressive du bloc capitaliste et de la puissance américaine en tant que puissance mondiale. Au fur et à mesure de la progression du processus, la place de ce qui apparaissait comme l'unipolarisme américain a été prise par le désordre d'un multipolarisme asymétrique spontané, avec et par lequel le bipolarisme a pris fin.

Les signes d'émancipation de l'Europe occidentale de la tutelle américaine étaient déjà apparus en 1991-1992. Les signes du déclin des États-Unis en tant que superpuissance mondiale survivante étaient apparus avec la mise en place de l'administration Bush Jr., également dans le cadre d'une grande fraude électorale qui ne pouvait plus être cachée. L'un des plus importants a été le refus du Conseil de sécurité des Nations unies, présidé par hasard par l'Allemagne, d'autoriser l'intervention militaire en Irak, qui, selon la thèse officielle de Washington, visait à confisquer les armes de destruction massive du dictateur Saddam Hussein, qui en réalité n'existaient pas (ce qui a facilité l'entrée de la Roumanie dans l'OTAN, de sorte que, selon les termes de Donald Rumsfeld, la "nouvelle Europe", toujours pro-américaine, prendrait la place de la "vieille Europe", de plus en plus américano-sceptique).

Ce que l'oligarchie américaine a voulu avec l'élection de Barak Obama, le premier président noir des États-Unis, est une question de hasard. Ce qui est sorti est une question de droit. La puissance américaine en déclin a évolué de manière schizophrénique, oscillant entre l'abandon de son rôle de gardien du monde et le maintien de son rôle de primus inter pares dans le processus de normalisation de cet ordre, qui devait être une version réinitialisée du "monde construit par l'Amérique" - comme le titre d'un célèbre livre de Robert Kagan (le mari néoconservateur de la terrible Victoria Nuland, sur le point de revenir dans l'administration transitoire de Joe Biden).

L'échec de l'administration Obama à mobiliser toutes les ressources intérieures de l'Amérique par la paix et l'intégration raciale, maintenant ainsi un ordre mondial sinon gardé par l'Amérique, du moins inspiré par elle, a porté Donald Trump au pouvoir. Après un néo-conservatisme de gauche et mondialiste, on a fait appel à un néo-conservatisme de droite et nationaliste. Au-delà de ses traits personnels, très critiquables, qui restent du domaine de l'accidentel, le président Trump, consciemment ou poussé par l'instinct, a cessé d'opposer le globalisme impérial à l'histoire, et s'est placé sur sa ligne, peut-être aussi dans l'intention de sauver l'impérialisme sous forme nationale. Il a ainsi effacé les dernières traces du bipolarisme et mis fin à l'histoire du post-bipolarisme.

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DE LA CRISE DE LA DÉMOCRATIE À LA DISPARITION DE LA DÉMOCRATIE

La crise de la démocratie dure depuis longtemps. Ses principales caractéristiques sont de deux ordres.

D'une part, l'incapacité des électeurs à produire des dirigeants de qualité intellectuelle et morale. Les élections sont devenues un simple spectacle et une compétition entre experts en marketing commercial, ciblant les sections de la population les plus vulnérables à la désinformation et à la manipulation, et ont porté à la tête des États (y compris les États-Unis) des escrocs ou des "oligophrènes". La superstructure politique de l'État ne reflète pas entièrement sa base sociale, mais seulement les majorités composées de personnes ayant un faible niveau de culture (politique, mais pas seulement), ayant une compréhension déformée du fonctionnement de l'État, grands producteurs et dépositaires de problèmes mais auteurs insignifiants de solutions. Les dirigeants de ces électeurs n'ont aucun moyen de répondre à leurs attentes.

La conséquence est l'autre dimension de la crise, à savoir la rupture irrémédiable du lien de confiance entre élus et électeurs, entre dirigeants et dirigés. Même lorsque les dirigeants recommandent ou prennent de bonnes mesures, elles se heurtent au rejet populaire, qui découle de la méfiance de la société à l'égard de tout ce qui vient de la sphère politique.

Ce qui est "bon" dans cet électorat majoritaire, c'est qu'il est prêt à renoncer à ses droits (y compris ceux du système démocratique) dès qu'il est confronté à une menace venant apparemment de l'extérieur de la politique. C'est ce qui s'est passé avec le virus SARS-Cov2 et la pandémie de Covid 19.

En l'absence de réforme appropriée, la crise s'est transformée en mort: l'une subtile et provoquée, lorsque, par peur du virus, on a accepté, voire exigé, la désocialisation de la communauté humaine (en vue de la déstructuration des nations) et l'abolition des libertés pour lesquelles les peuples ont lutté jusqu'à la mort pendant des siècles, et l'autre brutale et spontanée, consistant à utiliser la force et la terreur (y compris la terreur d'État) pour faire taire les consciences ou les forces anarchiques encore vivantes. C'est ce qui se passe actuellement aux États-Unis.

Lorsque l'État a du mal à compter les voix, et que les résultats des élections sont déterminés sans un décompte complet et indiscutable, on ne peut plus parler de démocratie. Lorsque les élections ne sont pas seulement contestées sur le plan rhétorique, mais génèrent des émeutes de rue, la démocratie, dont l'essence est la correction des erreurs politiques sans violence dans les urnes, a cessé d'exister. Lorsque les élections sont précédées d'actes de vandalisme, entraînant, dans de nombreux centres urbains, le retrait des forces de l'ordre et l'émergence d'un pouvoir populaire anarchique, légitimé uniquement par sa capacité à semer la terreur autour de lui, c'est non seulement l'ordre démocratique qui s'est effondré, mais aussi l'État-nation (quelle que soit la définition qu'on lui donne). Lorsque les élections se déroulent dans une atmosphère caractéristique d'un état de siège, avec des institutions publiques et des magasins barricadés comme pour les protéger des ouragans, qui peut appeler cela de la démocratie ? Lorsque le corps législatif est pris d'assaut et occupé par des hordes de hooligans, que les unités de sécurité ne parviennent pas à arrêter, et que les législateurs sont mis en fuite ou contraints de tirer au revolver sur des citoyens en émeute, peut-on prétendre que le bâton n'a pas été voté ? Lorsque le relais du pouvoir, au lieu de passer tranquillement d'une administration à l'autre, dans l'esprit de l'unité nationale et de la réconciliation de la continuité et de la discontinuité, est remis aux militaires, qui sont appelés à "assurer la défense de la Constitution", quelle que soit la retenue et la sagesse dont les militaires peuvent faire preuve, on dit que la démocratie a disparu. La démocratie signifie, entre autres, le contrôle civil des militaires et non la défense de l'ordre civil par les militaires. Lorsque les forces politiques ne peuvent plus être le garant de l'ordre constitutionnel et que la fonction de garant est transférée aux forces armées, la démocratie n'est même plus virtuelle.

La démocratie se caractérise toujours par la transparence, et la transparence, qui fournit le contexte permettant de demander des comptes au pouvoir, est indissolublement liée à la liberté d'expression. Quel genre de démocratie peut-il y avoir lorsque même les messages du président sont censurés et bloqués, et qu'une véritable police de la pensée élimine les opinions "politiquement incorrectes" du discours public et des médias sociaux ?

La violence, les élections de substitution, la censure, le manque de transparence, les forces cachées qui dirigent le gouvernement, l'anarchie locale et la militarisation de l'action politique au niveau central, sans oublier l'annulation de nombreuses autres libertés individuelles (notamment la liberté de mouvement, la liberté d'association, la liberté de réunion et la liberté de manifester) sous le prétexte d'une pandémie : ce ne sont plus les signes d'une crise, mais de la mort de la démocratie.

Cette mort n'est pas accidentelle, mais légale. La démocratie a atteint ses limites historiques et est condamnée à se retirer dans une réserve stratégique dont on ignore quand, comment et où elle reviendra. En attendant, l'autoritarisme se réinstalle avec ses versions d'extrême-gauche et d'extrême-droite. La plus grande et la plus importante démocratie du monde, l'américaine, s'éteint. La seule chose urgente qui reste à faire est d'organiser nos propres vies dans un ordre étatique (je ne dis pas "national" car la démocratie meurt avec l'État-nation dans lequel elle est née) qui n'est pas seulement illibéral mais tout simplement antidémocratique.

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LA DICTATURE TECHNOLOGIQUE ET LA RÉ-IDÉOLOGISATION DES RELATIONS HUMAINES

On a pu observer avec beaucoup de perspicacité que les grandes entreprises commerciales qui possèdent les technologies permettant la communication mondiale, malgré leur course notoire au profit, ont perdu des sommes énormes en bloquant les messages adressés par le président Donald Trump à ses compatriotes au motif qu'ils ne sont pas corrects et appropriés. Qui juge qu'ils ne sont pas justes? Des décideurs anonymes au service d'un pouvoir occulte et illégitime. Qui décide qu'ils sont inadéquats? Les particuliers qui se montrent plus puissants que le dépositaire de la puissance publique.

Qu'est-ce qui en découle? D'une part, que le pouvoir privé se substitue au pouvoir public, que la légitimité et l'autorité sont séparées, la première restant dans le domaine public et la seconde passant dans le domaine privé. D'autre part, le pouvoir privé abandonne, au moins en partie, la logique du profit pour celle de la discipline de l'action sociale dans son ensemble.

Comment expliquer une telle fusion du public et du privé? Par la privatisation de l'idéologie et la fanatisation de la sphère privée. Les entreprises ne se battent plus pour forcer le politique à ouvrir des voies législatives et administratives à leur profit, au besoin en maîtrisant le mécontentement de la population, mais elles veulent s'emparer carrément de la population, en croyant que la technologie peut soit la remplacer, soit la soumettre, y compris et surtout par le lavage de cerveau.

La technologie est ainsi devenue, ou est sur le point de devenir, une idéologie, et de se transformer d'un outil au service de l'homme en un instrument de domination de l'homme; en fait, de transformer l'homme en un outil de la technologie. Une pensée mondialisée, une identité annulée, une société déshumanisée: telle est l'utopie vers laquelle tendent les fanatiques de la haute technologie, fondateurs de véritables sectes; où? Dans le pays le plus technologiquement avancé: les États-Unis (Si, selon Marx, le communisme pouvait prendre racine dans les pays les plus industrialisés, on pourrait dire aujourd'hui que le "technocratisme" émerge dans les pays les plus technologiquement avancés).

Depuis des années déjà, on parle de la manipulation de l'internet et de l'empoisonnement par les fake news de la communication numérique. J'ai moi-même proposé la conclusion d'accords internationaux visant à contrôler la prolifération de la désinformation et à protéger le droit des citoyens à une information correcte; tout comme on a tenté de contrôler la prolifération d'une autre arme de destruction massive ayant une force de destruction encore moindre, à savoir les armes nucléaires. Pas un seul pas n'a été fait dans cette direction.

Et maintenant, tout d'un coup, non seulement les nouvelles sont filtrées, mais aussi les opinions véhiculées sur Internet, mais non pas sur la base de réglementations transparentes et prévisibles adoptées par le pouvoir public démocratiquement légitimé, mais en contrôlant la conformité idéologique aux ambitions non déclarées d'un pouvoir privé caché, non légitimé par le peuple. Car toutes les informations ne sont pas bloquées, mais seulement celles qui contredisent les croyances de toute une pléthore de corporatistes autistes élevés dans les milieux décadents des universités américaines, avec la conviction qu'ils incarnent le progrès et qu'ils doivent donc contrôler et dominer l'humanité, voir Dieu, égaré. Un tel contrôle n'est pas seulement antidémocratique, il est impopulaire.

Comme d'autres dictatures mues par des utopies diverses, celle-ci aussi disparaîtra. Très probablement, il s'agira également d'une réponse légale au chaos post-bipolaire. La question est de savoir combien de temps durera cette transition vers un autre ordre humain, quels coûts devront être payés sur la route qui y mène et, surtout, si l'hybride de la technologie et de l'idéologie ne détruira pas complètement la capacité de l'humanité à se réinventer.

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MONDIALISATION ET NATIONALISME

Il y a trente ans, la disparition de l'ordre mondial bipolaire annonçait la transition vers un nouvel ordre mondial. La disparition du bipolarisme a été ressentie comme une revitalisation du nationalisme, et l'idée du nationalisme a été diabolisée et traitée comme un phénomène secondaire et transitoire.

La tentative ratée de monopolarisme et le désordre mondial qui s'en est suivi ont donné un élan au nationalisme, la mondialisation étant à son tour diabolisée.

Aujourd'hui, partout dans le monde, nous assistons à la confrontation entre le mondialisme et le nationalisme, avec un soutien relativement égal, sans remarquer que la mondialisation est non seulement inévitable mais aussi profitable, à condition que l'édifice politique mondial soit construit à partir de briques nationales, et qu'en l'absence d'un ordre mondial consensuel, le nationalisme nous repoussera vers la guerre. Elle ignore également le fait que tant le nationalisme des grandes puissances que l'absence de structure nationale des unions politiques supranationales conduisent à l'oppression impériale.

Sur la scène mondiale, des puissances qui n'ont plus les ressources nécessaires pour dominer le monde, comme la Russie, soutiennent la prééminence de l'ordre national. A l'inverse, les puissances qui disposent de telles ressources, comme la Chine, promeuvent l'idée d'un (nouvel) ordre mondial post-américain.

Lors de l'élection américaine, l'affrontement entre le camp Trump et le camp Biden/Harris a surtout opposé la vision nationaliste à la vision mondialiste. Les deux ont divisé la société américaine et la classe politique américaine. Et, peut-être pas tout à fait par hasard, les démocrates ont accusé Trump de collusion avec la Russie et les républicains Biden de bénéficier d'un soutien chinois.

La première confrontation entre la Russie et la Chine à avoir lieu sur le sol américain aurait-elle pu se dérouler sous nos yeux, aveuglés par le spectacle des faits ? On pourrait dire que, au moins au niveau des symboles et des idéologies, c'est ainsi que les choses se sont passées, préfigurant les développements futurs de la réalité politique. A cet égard, il n'est pas non plus étonnant que l'équipe Biden ait reçu le soutien de l'Europe allemande, de plus en plus proche de la Chine, qui souhaite non pas tant le retour de l'Amérique au premier plan du monde occidental, comme le promet Joe Biden, mais l'éradication du nationalisme américain, et à titre subsidiaire la disparition de l'ordre mondial américain, au profit d'un ordre lui aussi global, mais post-américain.

Dans la mesure où la vision mondialiste intrinsèque au mandat de l'administration Biden/Harris l'emporte, nous pouvons nous attendre à ce que l'idée nationale soit soumise à une pression accrue et, avec elle, à un rejet de la démocratie, en même temps qu'à l'installation d'une dictature culturelle et politique de la numérisation; la numérisation passant d'un moyen à une fin et d'un facilitateur de la vie sociale à un mode de vie sociale.

À quoi ressemblera ce nouveau monde ? Regardez autour de vous ! Les signes de cette évolution apparaissent. Il sera, pour autant que l'on puisse en juger, austère, frugal, uniforme, collectiviste (pas communautaire) mais désocialisé, agnostique, illibéral, avec beaucoup d'obligations individuelles et très peu de droits, et bien sûr numérisé. Et comme la direction est objective, il ne sert à rien de paniquer ou de se révolter. Nous devons optimiser et nous adapter. Le monde tel que nous le connaissons est en train de mourir. Un nouveau monde est né. Ce n'est pas à notre goût. Mais il semble que le pendule de l'histoire ne puisse être arrêté.

source : dcnews.ro

Un empire colonial oublié...

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Un empire colonial oublié...

par Georges Feltin-Tracol

Ex: http://www.europemaxima.com

Les vacances estivales approchent. L’instant est favorable pour suggérer quelques lectures agréables et instructives. Certes, le livre présenté aujourd’hui va mécontenter Assa Traoré et tous les universitaires de l’Hexagone qui ne jurent plus que par l’islamo-gauchisme intersectionnel décolonial inclusif à fort tropisme suprémaciste féministe – trans – saphique.

À la suite de Bernard Lugan qui rédige d’ailleurs la postface et de Rémy Porte, rédacteur de l’avant-propos, Sylvain Roussillon vient de publier chez Via Romana L’épopée coloniale allemande (272 p., 25 €). Les curieux de l’histoire non conformiste le connaissent bien puisqu’il a signé en 2012 chez le même éditeur Les Brigades internationales de Franco et a republié ces derniers temps aux Éditions du Toucan – L’Artilleur L’autre guerre d’indépendance américaine : 1812, le conflit méconnu.

Les Français ignorent qu’à la fin du XIXe et au début du XXe siècle, le tout jeune État allemand détient des possessions ultra-marines en Afrique avec le Togoland, le Kamerun, le Ruanda–Urundi, le Tanganyika, le Sud-Ouest africain, en Asie avec la ville chinoise de Kiao-Tchéou, et en Océanie avecla partie septentrionale de la Papouasie – Nouvelle-Guinée, les îles Mariannes, Marshall, Carolines ainsi que Nauru.

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Longtemps hostile à l’aventure coloniale, le chancelier Bismarck comprend l’insistance des commerçants à trouver des débouchés divers et devine l’avantage géopolitique de maîtriser des territoires extra-européens. Cependant, cet élan ne date pas de la décennie 1870 ! L’auteur revientsur la « préhistoire » de la colonisation germanique outre-mer. Au XVIe siècle, une famille de banquiers, les Welser, cherche à s’implanter à l’Ouest du Venezuela. Le duché de Courlande tente d’investir l’île antillaise de Tobago. Entre 1669 et 1680 existent entre les Guyanes et le Brésil les « Indes hanauriennes » de langue allemande. On trouve aussi le long du littoral africain des comptoirs liés aux entités du Saint-Empire romain germanique.

Si L’épopée coloniale allemande évoque les différentes manières de s’emparer de nouveaux territoires, l’ouvrage mentionne aussi leur perte au cours de la Première Guerre mondiale. Les cas ne sont jamais uniformes. Malgré l’isolement, le manque certain de ravitaillement et la supériorité numérique croissante de leurs ennemis anglo-saxons, portugais et japonais, les colons allemands du Kamerun, du Sud-Ouest africain et de l’Afrique orientale résistent avec une rare ténacité. Ainsi Sylvain Roussillon rapporte-t-il les exploits de Paul Emil von Lettow – Vorbeck qui tient tête à l’Empire britannique jusqu’au 29 novembre 1918. Dans le Pacifique s’activent des équipages « corsaires » sous l’étendard à croix de fer !

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Le 26 mai 2021, le gouvernement allemand a reconnu la responsabilité de l’Allemagne dans les massacres de masse en Namibie au moment de la révolte des Héréros et des Namas entre 1904 et1908. L’auteur aborde cette tragédie en l’inscrivant dans son contexte et sans verser dans l’anachronisme tendancieux en vogue chez les incultes. Dommage que l’Australie, la Nouvelle-Zélande et la Grande-Bretagne ne s’excusent pas auprès des descendants des colons allemands détenus dansdes conditions d’internement effroyables. Londres ne se repent pas de la persécution des Acadiens, des Irlandais et des Boers. Quant à la République française – et non la France, nuance ! -, peut-être responsable du génocide au Ruanda en 1994, elle devrait se préoccuper en priorité du génocide vendéen et enfin indemniser les héritiers, directs ou non, des victimes par une allocation mensuelle versée sur sept générations de 1793 euros.

Rédigée avec brio dans une langue claire, vivante et précise, L’épopée coloniale allemande synthétise et dépasse les travaux de Bernard Lugan et de Rémy Porte. Cet ouvrage en appelle d’autres explorant la colonisation belge, espagnole, italienne, néerlandaise, voire danoise. Il mériterait de recevoir un prix tant son sujet va à contre-courant de l’étouffante narration officielle historiquement correcte.

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n°221, mise en ligne sur TVLibertés, le 1er juillet 2021.

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dimanche, 11 juillet 2021

Afghanistan: les États-Unis partent, la Turquie arrive?

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Afghanistan: les États-Unis partent, la Turquie arrive?

Ex: https://katehon.com/ru/node/78007

On ne sait pas encore si Ankara sera en mesure de conclure un accord avec les talibans et de poursuivre la mission de l'OTAN.

Récemment, plusieurs médias ont diffusé des informations selon lesquelles, après le retrait définitif de l'armée américaine d'Afghanistan, l'armée turque pourrait prendre sa place. Au moins, pour assurer la sécurité de l'aéroport international de Kaboul, car il existe un risque élevé que les Talibans (organisation interdite en Russie) - pour des raisons objectives et des particularités de leur politique - puissent plonger la capitale du pays dans le chaos.

Ces déclarations ont donné lieu à plusieurs interprétations principales :

1) La Turquie remplacera les États-Unis parce qu'elle est membre de l'OTAN. L'accord aurait en fait été conclu lors du dernier sommet de l'Alliance de l'Atlantique Nord - et Joe Biden aurait trouvé un terrain d'entente avec Recep Tayyip Erdogan. Ainsi, Washington confie la sécurité (probablement partielle) de l'Afghanistan à la Turquie, tandis qu'Ankara obtient ses dividendes, y compris la possibilité de promouvoir une stratégie de pan-turquisme dans la région.

2) La Turquie a pris sa propre décision et a négocié avec les Talibans sur cette question. En outre, le Pakistan, qui est le partenaire stratégique de la Turquie et qui a une certaine influence sur les talibans, aidera Ankara de toutes les manières possibles. Tout cela se fait contre la volonté des États-Unis, et la Turquie se considère comme un nouveau centre géopolitique suffisamment fort en Eurasie pour mener sa propre politique.

3) L'explosion de nouvelles était délibérée afin de sonder les attitudes à l'intérieur et à l'extérieur de la Turquie, de faire des évaluations appropriées, d'identifier les faiblesses de cette approche, et d'identifier les forces qui ont activement critiqué ou soutenu le concept.

Cependant, il est difficile de dire avec quel sérieux ces forces particulières en Turquie s'attendaient à entrer en Afghanistan - et comment elles représentaient exactement leur présence. Il est possible que l'expérience de l'utilisation des Frères musulmans en Libye ait incité la Turquie à appliquer la même méthodologie de force par procuration (sous la direction directe des supérieurs turcs) en Afghanistan également. Mais le développement de cette histoire a montré certaines inadéquations entre le désir et la capacité.

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Mohammad Naeem, président du Politburo des Talibans, a accordé une interview à la chaîne de télévision kurde Rudav le 3 juillet 2021. A la question "Que pensez-vous de la nouvelle selon laquelle la Turquie aurait hérité des bases américaines et d'un aéroport en Afghanistan ? Comme vous le savez, il y a des pourparlers entre les États-Unis et la Turquie sur cette question", il a répondu comme suit :

"La question des troupes étrangères et de leur retrait a déjà été finalisée. Selon notre traité, toutes les forces doivent être retirées, sauf les missions diplomatiques. Cette question a été finalisée. Tous ceux qui veulent rester dans notre pays, nous les considérerons définitivement comme des envahisseurs. Ils ne devraient pas rester ici avec la force militaire. Cependant, nous aurons de bonnes relations avec chacun d'entre eux... Nous attendons un soutien international des pays voisins et régionaux. Nos relations avec les autres pays seront bonnes, mais la présence de forces étrangères est totalement rejetée."

Le porte-parole des talibans a donné une réponse évasive. D'une part, il a rejeté la présence militaire de quiconque, mais d'autre part, il n'a ni confirmé ni nié l'éventuelle participation future de la Turquie à la sécurisation de divers sites en Afghanistan. La présence militaire peut être différente de la mise en œuvre de mesures de sécurité, y compris celles dans lesquelles les talibans eux-mêmes ont un intérêt. Puisque, théoriquement, les Talibans peuvent faire appel à des forces extérieures pour n'importe quelle tâche.

Mais la position américaine sur le retrait et la poursuite de la coopération avec les autorités afghanes officielles donne une image plus claire.

Lors d'une conférence de presse du 2 juillet 2021, le porte-parole du Pentagone, John Kirby, a déclaré :

"Dans le cadre de notre processus de retrait en cours, le secrétaire à la défense a approuvé un plan visant à transférer le commandement de notre mission en Afghanistan du général Scott Miller au général Frank McKenzie. Ce transfert devrait prendre effet à la fin de ce mois.

Le général McKenzie conservera toute son autorité en tant que commandant des forces américaines en Afghanistan. Il continuera d'exercer son autorité pour mener toute opération antiterroriste nécessaire à la protection du territoire national contre les menaces émanant de l'Afghanistan.

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Et il dirigera les efforts des États-Unis pour développer des options de soutien logistique, financier et technique pour les forces afghanes une fois que notre retrait sera terminé. Dans le cadre de ce nouvel accord, le secrétaire d'État a également approuvé la création de la force avancée américaine en Afghanistan, qui sera dirigée par le contre-amiral de la marine Peter Waisley. Le commandement du contre-amiral Waisley sera basé à Kaboul et sera soutenu par le brigadier général Curtis Buzzard, qui dirigera la Direction de la sécurité de la défense en Afghanistan.

Ce bureau sera basé au Qatar et fournira un soutien financier aux forces de défense et de sécurité nationales afghanes, y compris, à terme, un soutien pour la maintenance des avions. Ce changement de structure et de direction et le transfert aujourd'hui de la base aérienne de Bagram aux forces de défense et de sécurité nationales afghanes sont des étapes clés de notre processus de retrait, qui reflètent une présence militaire américaine plus réduite en Afghanistan.

Cette présence continuera à se concentrer sur quatre points au cours de la période à venir. Premièrement, protéger notre présence diplomatique dans le pays. Deuxièmement, le soutien aux exigences de sécurité à l'aéroport international Hamid Karzai. Troisièmement, des conseils et une assistance permanente aux forces de défense et de sécurité nationales afghanes, selon les besoins. Et quatrièmement, le soutien à nos efforts de lutte contre le terrorisme."

La décision de créer ce commandement supplémentaire a été prise par le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, le même jour, le 2 juillet. Il convient de noter que la semaine dernière, le chef du Pentagone s'est rendu au Tadjikistan et en Ouzbékistan, où il a discuté des questions de sécurité régionale et de la coopération avec l'armée américaine.

Nous constatons donc que le contingent américain limité restera en Afghanistan après tout. On ignore si cela s'inscrit dans le cadre des accords conclus avec les talibans (par exemple, autoriser la présence de missions diplomatiques pourrait automatiquement signifier disposer de personnel spécialisé pour assurer la sécurité de ces missions).

L'équipe du contre-amiral Weasley serait au moins à Kaboul, comme indiqué officiellement. Il est possible que les États-Unis et les autorités officielles qu'ils soutiennent tentent de créer une ceinture de sécurité stable autour de Kaboul et des zones spéciales supplémentaires à l'intérieur de la capitale, comme cela a été fait lors de l'occupation de Bagdad en Irak.

La chef de la Mission d'assistance des Nations unies en Afghanistan (MANUA), Deborah Lyons, a rencontré l'équipe de négociation des Talibans à Doha le 6 juillet. Les deux parties ont convenu que les pourparlers de paix devaient être la seule solution pour un règlement politique en Afghanistan. Cependant, la veille, les Talibans avaient pris le contrôle de la frontière nord du pays en combattant, montrant ainsi exactement le type de politique qu'ils poursuivaient. La situation reste tendue, et si la violence s'intensifie, des milliers de nouveaux réfugiés sont prêts à se déverser dans les pays voisins, à savoir l'Iran, le Pakistan, le Tadjikistan, le Turkménistan et l'Ouzbékistan.

Autarcie des économies

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Autarcie des économies

Germán Gorráiz López

Ex: https://katehon.com/en/article/autarky-economies

Le phénomène de la mondialisation économique a fait en sorte que tous les éléments rationnels de l'économie sont désormais  liés les uns aux autres en raison de la consolidation des oligopoles, de la convergence technologique et des accords tacites des entreprises, de sorte que la troisième vague de récession économique qui s'annonce sera mondiale et contraignante et aura pour effet collatéral le déclin irréversible de l'économie mondiale. Pour atteindre ce déclin, dont les premières ébauches sont déjà esquissées et qui sera achevé dans les cinq prochaines années, les éléments suivants ont contribué :

- Substitution de la doctrine économique de l'Equilibre Budgétaire des Etats par celle du Déficit Endémique, une pratique qui par mimétisme sera adoptée par les économies et les entreprises nationales et les organisations publiques et privées, contribuant à la disparition de la culture de l'épargne, à l'endettement chronique et à la dépendance excessive du Financement Extérieur.

- Instauration d'un consumérisme compulsif dans les pays développés, favorisé par le bombardement incessant de la publicité, l'utilisation irrationnelle des cartes plastiques, l'octroi de crédits instantanés avec des taux d'intérêt mirobolants et l'invasion d'une marée de produits manufacturés de qualité douteuse et de prix non rentables. concurrence des pays émergents.

- Obsession paranoïaque des multinationales ou sociétés transnationales apatrides de maximiser les profits en raison de l'appétit insatiable de leurs actionnaires en exigeant des augmentations constantes des dividendes, en n'hésitant pas à s'endetter dangereusement au nom du gigantisme par des introductions en bourse hostiles et en intensifiant la politique de délocalisation des entreprises vers les pays émergents afin de réduire les coûts de production.

- Augmentation brutale de la consommation de matières premières et de produits manufacturés par la Chine et d'autres pays émergents en raison de la croissance spectaculaire de leur PIB, ce qui, avec l'intervention des courtiers spéculatifs, a entraîné une spirale d'augmentations impossibles des prix des matières premières à assumer par les économies du premier monde car elles ne peuvent être inversées dans le prix final du produit étant donné leurs coûts de production élevés et comme conséquence de tout ce qui précède, il y a eu une perte significative de leur compétitivité, une stagnation de leurs exportations, une augmentation des déficits de la balance courante et de la dette extérieure et une instabilité économique mondiale.

Par conséquent, un scénario à cinq ans sera dessiné dans lequel le protectionnisme économique et la contraction subséquente du commerce mondial reviendraient à l'avant-plan, ce qui signifiera de facto la fin de la mondialisation économique et le retour subséquent à des "compartimentements" économiques étanches, ce qui aura pour effets collatéraux la fin du tourisme de masse, le retour des entreprises délocalisées et l'intronisation de l'économie circulaire et des produits ECO label qui finiront par façonner l'autarcie des économies mondiales.

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Karl Haushofer et la tradition perdue de la géopolitique

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Karl Haushofer et la tradition perdue de la géopolitique

Shahzada Rahim

Ex: https://katehon.com/en/article/karl-haushofer-and-lost-tradition-geopolitics

Le célèbre géographe politique et théoricien américain Nicholas J. Spykman a dit un jour : "Les ministres peuvent aller et venir, même les dictateurs meurent, mais les chaînes de montagnes restent imperturbables". C'est un fait établi que les conditions géographiques, qui font référence au territoire physique de l'État, sont restées le véritable déterminant de la politique internationale. Pendant des siècles, la géographie a joué un rôle central dans la détermination du pouvoir et de l'influence des États en politique internationale. Par exemple, la Rome antique a héroïquement détruit Carthage en raison de son immense géographie stratégique. De même, la défaite du grand guerrier européen Napoléon en Russie est due à son manque de compréhension des conditions géographiques russes.

À cet égard, l'un des plus anciens témoignages concernant le rôle stratégique de la géographie remonte aux écrits du célèbre historien grec Thucydide, dont le livre "L'histoire de la guerre du Péloponnèse" décrit brièvement le rôle de la géographie dans la victoire. Le célèbre historien américain et expert en géopolitique Robert D. Kaplan, nous rappelle l'importance capitale de "l'environnement extérieur auquel chaque État est confronté lorsqu'il détermine sa propre stratégie". Ce fut certainement le cas lors de la tentative d'invasion de la Russie par Napoléon.

Tout au long de l'histoire, la réalité physique de l'État a toujours été la pierre angulaire de la politique d'État et de la grande stratégie. Néanmoins, il faut garder à l'esprit que la condition géographique de l'État est un destin irréversible. L'expression "destin irréversible" est la véritable essence de la géopolitique, qui est le véritable visage de la politique internationale aujourd'hui.

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La tradition de la pensée géopolitique remonte à la Grèce antique et ce n'est qu'après la renaissance européenne de la fin du XVIe siècle que le discours de la géopolitique s'est imposé. C'est le célèbre géographe et géopoliticien allemand Friedrich Ratzel qui a conceptualisé les États comme un organisme en croissance dans son chef-d'œuvre "La géographie politique". Selon Ratzel, les États tirent leur pouvoir réel et projettent leur influence sur la scène internationale grâce aux terres qu'ils possèdent.

Plus tard, c'est le célèbre géographe suédois Rudolf Kjellén qui a ouvert la voie au concept de géopolitique en déclarant celle-ci comme étant la véritable "science des États". Pour Kjellen, le domaine de la géopolitique englobe la taille économique, les modèles démographiques, la configuration politique, la structure sociale et les paramètres géographiques. Après la fin de la Première Guerre mondiale, le discours de la géopolitique est devenu un contenu majeur de débat et de discussion parmi les géographes européens.

Par la suite, c'est le célèbre géographe allemand Karl Haushofer qui a élargi et fait progresser le discours de la géopolitique au début du vingtième siècle en lui donnant une nouvelle direction. Dans la navigation géographique radicale de Haushofer, l'Allemagne, l'Italie et le Japon ne possèdent pas de territoires suffisamment vastes et seraient donc incapables de survivre s'ils ne s'étendaient pas. À cet égard, pour les États géographiquement plus petits, Karl Haushofer préconise la régionalisation géopolitique afin d'accumuler la sphère naturelle nécessaire à leur survie.

Il s'agissait en effet d'un changement radical dans le discours de la géopolitique, qui est un contenu majeur de débat et de discussion aujourd'hui. D'autre part, on ne peut nier le fait que le concept de géopolitique est un phénomène purement discursif; il établit la réalité à travers le langage. A cet égard, la contribution de Karl Haushofer ne peut être méprisée car ses écrits ont joué un rôle majeur dans la purification de la "géopolitique" en tant que discipline.

Cependant, selon les critiques, à travers ses écrits discursifs, Karl Haushofer a tenté d'établir la forme "Pseudo-Western-Teutonic" de la géopolitique. De plus, l'idée de Haushofer des pan-régions visait à souligner l'importance de la géopolitique régionale au niveau continental. Néanmoins, on ne peut nier que c'est le célèbre ouvrage de Ratzel "La géographie politique" qui a jeté les bases de la nouvelle pensée et du nouveau discours géopolitique en Europe.

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Le concept de géographie politique de Ratzel était similaire à la construction d'une nation par Herder, qui a également été immensément influencé par le concept de géographie climatique. Auparavant, c'est Carl Ritter qui avait élargi le discours de la géographie politique et de la géopolitique autour du concept d'espace et de nature. C'est peut-être la raison pour laquelle, dans son travail, Ritter a mis l'accent sur l'espace et la nature en les considérant comme les déterminants clés de la géographie politique. Il en va de même pour Ratzel et Karl Haushofer, qui ont employé avec succès le concept darwinien de sélection naturelle dans le discours géopolitique.

Aujourd'hui, la nature complexe de la politique internationale exige une nouvelle pensée et une nouvelle approche géopolitique radicale. Depuis le début de la mondialisation néolibérale dans les années 1980 et la fin de la bipolarité, les États ont perdu leur signification géographique. À cet égard, la nature complexe actuelle des États et du système international exige la réincarnation de la tradition perdue de la géopolitique radicale, qui était inhérente à la pensée géographique de Karl Haushofer.

La revue de presse de CD - 11 juillet 2021

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La revue de presse de CD

11 juillet 2021

AFRIQUE

Afrique de l’Ouest. La violence (parfois) terroriste dans la « zone des trois frontières »

La cartographie de la violence dans la « zone des trois frontières » permet non seulement de comprendre le déplacement de celle-ci mais également de faire des prévisions pour l’avenir. La cartographie est ici essentielle pour matérialiser les phénomènes criminels.

Conflits

https://www.revueconflits.com/terrorisme-burkina-faso-her...

EDUCATION

Grandes écoles et climat : la fabrique du conformisme

Nos grandes écoles fabriquent-elles du conformisme ? La question n’est pas nouvelle, mais elle m’est apparue avec une singulière acuité la semaine dernière après avoir reçu soixante candidats en oral d’admission. À part quelques heureuses exceptions, j’ai été frappé de l’uniformité de leurs centres d’intérêt autour de la question climatique. Cette uniformité, soit qu’elle représente une simple façade pour les candidats, soit qu’elle soit sincère, pose un véritable risque économique et sociétal.

Contrepoints

https://www.contrepoints.org/2021/07/07/401107-grandes-ec...

Enseignants et laïcité, le péril jeune 

Les enseignants, de moins en moins attachés à la laïcité ? Dans son étude « Les enseignants, la laïcité et la place des religions à l’école », l’Ifop fait le constat d’une mutation inquiétante chez les moins de 30 ans, de plus en plus attirés par un multiculturalisme à l’anglo-saxonne.

Front populaire

https://frontpopulaire.fr/o/Content/co571540/enseignants-...

ETATS-UNIS

Ingérence et droit international : l’exemple des États-Unis et de l’Ukraine 

En théorie, le droit international interdit de s’immiscer dans les affaires des autres. Mais comme l’illustre le cas des États-Unis et de l’Ukraine, certains États ont une conception toute singulière du principe de non-ingérence.

Front Populaire

https://frontpopulaire.fr/o/Content/co566675/ingerence-et...=

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FRANCE

Jean-Luc Mélenchon ou le « law fare » à géométrie variable

Jean-Luc Mélenchon est un critique acerbe de ce que l’on appelle le « Law fare » en Amérique latine. Ce terme désigne ce que les intellectuels latino-américains appellent la « guerre judiciaire du néolibéralisme en Amérique latine ». C’est ni plus ni moins que l’instrumentalisation de la justice, qu’elle soit pénale, civile, administrative ou financière afin de se débarrasser des politiques pourtant régulièrement élus, mais qui s’opposent à la mainmise des intérêts américains et financiers sur le sous-continent. Pour les remplacer par des politiciens plus accommodants.

Vu du Droit

https://www.vududroit.com/2021/07/jean-luc-melenchon-ou-l...

Vaccination obligatoire contre le covid : la force pour masquer l’échec

Comme pour l’état d’urgence sanitaire, on envisage d’emblée de restreindre et supprimer des libertés par anticipation du risque, le tout avec l’approbation d’une majorité sidérée par la comm’ de l’exécutif.

Contrepoints

https://www.contrepoints.org/2021/07/06/401081-vaccinatio...

Le sort actuel de Mila est une honte pour la France

La condamnation de onze harceleurs de la jeune femme ne suffira pas à lui assurer une vie acceptable, ni à nous racheter une dignité, à nous, les Français, qui permettons qu'elle reste emmurée dans notre indifférence.

Slate

http://www.slate.fr/story/212070/comment-proteger-mila-ad...

GEOPOLITIQUE

Nord Stream 2 : comment interpréter la fin des sanctions américaines ?

Le 19 mai 2021, pendant les préparatifs du sommet entre Vladimir Poutine et Joe Biden à Genève dans le cadre du G7, le secrétaire d’État américain Anthony Blinken annonce que les États-Unis renoncent aux sanctions qu’ils avaient imposées au projet du gazoduc Nord Stream 2. Pourquoi ce revirement ?

The Conversation

https://theconversation.com/nord-stream-2-comment-interpr...

Brise de mer ou avis de tempête ?

Le 28 juin dernier a commencé un exercice d’envergure de l’OTAN impliquant 5000 hommes, 40 avions, 32 navires en provenance de 32 pays et des 6 continents. Baptisé Sea Breeze 2021, il a pour théâtre le nord ouest de la Mer Noire ainsi que trois régions ukrainiennes et doit se prolonger jusqu’au 10 juillet. Son objectif, d’après le commandant en chef de la flotte ukrainienne, est de relever le degré de sécurité dans la région de la Mer Noire, et faire en sorte que cette mer soit « une zone de stabilité et de paix et puisse être utilisée par des ressortissants de tous les continents ». Pour la seule année 2021, l’OTAN aura organisé 7 exercices militaires sur le territoire ukrainien et que l’incident impliquant un navire britannique au large de la Crimée le 23 juin a été très peu apprécié à Moscou.

Geopragma

https://geopragma.fr/brise-de-mer-ou-avis-de-tempete/

vendredi, 09 juillet 2021

Afghanistan, Pakistan : l’échec américain...

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Afghanistan, Pakistan : l’échec américain...

Général Jean-Bernard Pinatel

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com/

Nous reproduisons ci-dessous un point de vue du général Jean-Bernard Pinatel, cueilli sur Geopragma et consacré à l'échec américain en Asie centrale... Officier général en retraite et docteur en sciences politiques, Jean-Bernard Pinatel a déjà publié plusieurs essais dont Russie, alliance vitale (Choiseul, 2011) et Carnet de guerres et de crises 2011-2013 (Lavauzelle, 2014).

Afghanistan, Pakistan : l’échec américain

Le 4 juillet 2021, jour de  l'« independance day », les Etats-Unis achèveront leur retrait d’Afghanistan mettant un terme à 20 ans de guerre, la plus longue de leur histoire au cours de laquelle au 13 avril 2021  ils avaient perdu 2 349 soldats et avaient déploré 20 149 blessés.

Pour effectuer un retrait de leurs troupes d’une façon honorable, le 12 septembre 2020, les Américains ont lancé la nième négociation intra afghane avec les Talibans. Mais pas un seul observateur de bonne foi peut croire que les Talibans voudront les poursuivre après le 4 juillet. Pourquoi ? Parce qu’en Afghanistan les Etats-Unis ont fait face à une guerre révolutionnaire dans laquelle les objectifs religieux des talibans « instaurer un ordre islamique et vertueux pour remplacer l’ordre païen et corrompu » se sont entremêlés avec les objectifs mafieux des trafiquants de pavot. En effet, devant la nécessité de financer leur guerre et de s’attacher la complicité des campagnes, les Talibans ont décidé de faire des producteurs et des trafiquants de pavot, leurs compagnons de route alors qu’avant l’invasion américaine ils les exécutaient. Cette interdépendance nous la retrouvons dans nos banlieues. Elle est la cause des échecs de la politique de réconciliation que le Président Kasaï a tenté plusieurs fois de négocier. Pour les Talibans il n’est pas question de composer avec un pouvoir corrompu, pour les trafiquants, la paix est synonyme de développement économique et donc de fin de leur business alors qu’en temps de guerre, la culture du pavot et leur trafic sont une condition de survie pour la population rurale.

Même la représentante spéciale de l’ONU Mme Lyons n’y croit pas. Tout en saluant diplomatiquement les avancées dans les pourparlers de paix entre l’Afghanistan et les Talibans, puisque les deux parties ont annoncé le 2 décembre 2020 « qu’elles avaient formé un comité de travail chargé de discuter de l’ordre du jour », elle s’est inquiétée d’une violence incessante qui reste « un obstacle sérieux à la paix ». 

En effet, entre le 13 juillet et le 12 novembre 2020, 9600 atteintes à la sécurité attribuées aux Talibans à Al Qaida ou à Daech ont été recensées dans tout le pays. En octobre et novembre 2020, les engins explosifs improvisés ont ainsi causé 60% de victimes civiles de plus qu’à la même période en 2019. Et au dernier trimestre 2020, le nombre d’enfants victimes de violences a augmenté de 25% par rapport au trimestre précédent.  Les attaques contre les écoles ont été multipliées par quatre.

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Même à Kaboul, les Américains et les forces gouvernementales n’arrivent pas à assurer la sécurité.  Le 8 mai 2021, deux mois avant le retrait total des forces américaines, une explosion devant une école pour filles à Kaboul fait au moins 85 morts et des centaines de blessés ; 8 jours plus tard le 15 mai 2021, un attentat revendiqué par Daech dans une mosquée soufi, a occasionné plus de 60 morts et plusieurs centaines de blessés.  

Comment expliquer cet échec de la première puissance militaire et économique du monde.

La première cause de cet échec est l’inadaptation totale de la politique de défense, de la stratégie opérationnelle et de l’armée américaine à la menace.

La première erreur stratégique des conseillers de Bush junior a été de croire que l’on pouvait gagner cette guerre sans modifier la doctrine d’emploi de leurs forces classiques prévue pour des combats de haute intensité. Conformément à la doctrine militaire américaine, ils ont mené comme en Irak jusqu’en 2009 une guerre à distance sans mobiliser et entrainer des troupes locales et en causant des pertes considérables à la population.

L’inadaptation de cette stratégie opérationnelle est résumée par le colonel Michel Goya dans ses « impressions de Kaboul », je cite : « une mission moyenne de deux heures de vol, sans tir, d’un chasseur bombardier américain équivaut presque à la solde mensuelle d’un bataillon Afghan ».

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Bien plus, Michel Goya dans « les armées du chaos » donne un exemple édifiant de l’inefficacité de cette guerre à distance, je cite : « des statistiques montrent qu’il faut aux américains une moyenne de 300 000 cartouches pour tuer un rebelle en Irak ou en Afghanistan ». Le chef de bataillon d’Hassonville du 2ème REP écrivait en écho dans le Figaro du 20 avril 2010 : « L’une des clés du succès du contingent français dans sa zone de responsabilité est d’être parvenu à contrôler nos ripostes et de ne tirer que pour tuer des cibles parfaitement identifiées ».

Ce choix initial a entrainé des pertes considérables dans la population tant en Afghanistan qu’au Pakistan. L’étude « Body count » menée par des médecins légistes anglo-saxons, que l’on peut télécharger sur le web, chiffre entre 2003 et 2011 à au moins de 150 000 civils tués par les frappes américaines en Afghanistan et de l’ordre de 50 000 au Pakistan.

Cette analyse est confirmée par le Général Stanley Cristal qui, prenant le commandement du théâtre d’opérations en juin 2009, déclare dans son premier discours aux troupes américaines « je crois que la perception causée par les pertes civiles est un des plus dangereux ennemis auquel nous devons faire face ».

La seconde raison de cet échec est que Washington a cru qu’il pourrait gagner ce conflit local sans adapter sa stratégie diplomatique et militaire mondiale qui considérait la Chine et la Russie comme les deux menaces principales. C’est une erreur récurrente des Américains, ils croient toujours qu’ils peuvent ménager la chèvre et le chou.

Ainsi depuis le début du XXIème, les Etats-Unis confrontés à la montée en puissance de la Chine, ont initié un partenariat stratégique avec l’Inde. En 2005, les deux pays ont signé un accord-cadre de défense de dix ans, dans le but d’étendre la coopération bilatérale en matière de sécurité. Ils se sont engagés dans de nombreux exercices militaires combinés et l’Inde a acheté d’importantes quantités d’armes américaines ce qui fait des États-Unis l’un des trois principaux fournisseurs d’armement de l’Inde après la Russie et Israël.

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Ce partenariat stratégique avec leur ennemi héréditaire, a inquiété les stratèges pakistanais qui ont revu à la baisse leur engagement aux côtés des Etats-Unis au moment même où les Américains avaient besoin d’une collaboration sans faille du Pakistan pour gagner la guerre en Afghanistan.  En effet, les Talibans sont majoritairement des Pachtounes qui représentent 40% de la population afghane et leur ethnie est présente de part et d’autre de la frontière avec le Pakistan. Ainsi les Américains n’ont jamais pu obtenir une coopération efficace pour éviter que le Pakistan ne constitue une base arrière pour les Talibans. En effet les dirigeants pakistanais, obnubilés par leur conflit avec l’Inde, doivent prendre en compte la possibilité que les Talibans puissent revenir un jour au pouvoir à Kaboul. Or l’Afghanistan est pour eux un allié vital car il leur offre la profondeur stratégique qui leur manque face à l’Inde.

De même, en se rapprochant de l’Inde, les Américains ouvraient la porte à la Chine qui s’est empressée de nouer un partenariat stratégique avec le Pakistan.  Il s’est rapidement concrétisé par une très importante coopération militaire et économique. Le New-York Times du 19 décembre 2018 écrit je cite : « depuis 2013, année de lancement des routes de la Soie le Pakistan est le site phare de ce programme : le corridor industriel actuellement en travaux à travers le Pakistan – environ 3 000 kilomètres de routes, de voies ferrées, d’oléoducs et de gazoducs – représente à lui seul un investissement de quelque 62 milliards de dollars ». 

Pour la partie chinoise, un double impératif stratégique a guidé sa signature : la sécurisation de ses voies d’approvisionnement en pétrole et en gaz en bâtissant une voie terrestre d’acheminement évitant le détroit de Malacca et pouvant à terme aller jusqu’à l’Iran et la lutte « contre les trois fléaux » qui menacent le Xinjiang chinois : terrorisme, extrémisme, séparatisme. Trois mois après cette signature Ben Laden était exécuté par des navy seals américains ; coïncidence troublante quand on sait qu’il était l’instigateur de nombreux attentats islamistes en Chine.

Depuis cette coopération stratégique n’a fait que se renforcer. En mai 2019, le vice-président chinois Monsieur Wang a effectué une visite au Pakistan au cours de laquelle il s’est entretenu avec le président et le Premier ministre pakistanais du renforcement des relations bilatérales. M. Wang a déclaré que la Chine et le Pakistan étaient des “amis de fer”.

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Par ailleurs les Américains ont rejeté avec dédain l’aide des Russes que Poutine a proposée juste après le 9/11. Le 2 octobre Poutine avait rencontré le secrétaire général de l’OTAN à Bruxelles et lui a proposé l’aide de la Russie contre Al-Qaida notamment au Tadjikistan où stationnait la 201 division de fusiliers motorisés russe ; en Ouzbékistan où ils possèdent une base aérienne à Ghissar. Mais pour le complexe militaro-industriel américain l’opposition avec la Russie était à l’époque vitale car elle leur permettait de justifier un budget militaire qui était pourtant dix fois supérieur à celui de la Russie alors que la menace militaire chinoise était alors insignifiante.

20 ans plus tard pour Biden et ses conseillers, il est temps de tourner la page et d’éviter une alliance stratégique de la Russie avec la Chine et je partage l’analyse de Renaud Girard qui dans Figaro vox met la rencontre Biden-Poutine du 16 juin 2021 à Genève sous la raison de leur intérêt commun : freiner l’ascension de la Chine. Certes cela ne se fera pas en un jour mais cela permet d’identifier que l’absence de vision stratégique à long terme des hommes politiques occidentaux et par conséquence l’absence de prise en compte des conséquences des stratégies mondiales des grands acteurs internationaux sur les théâtres d’opération régionaux ne permet pas de gagner les guerres régionales.

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Macron devrait s’en inspirer et, plus que l’appui significatif des européens que nous recherchons désespérément sans succès depuis 10 ans, c’est de celui de la Russie dont nous avons besoin au Sahel. J’ai publié en 2011 un livre intitulé « Russie alliance vitale » où je montrai que ce pays était notre meilleur allié face à l’islamisme et à la montée en puissance de la Chine. Malheureusement Sarkozy, Hollande et Macron, vassaux zélés de Washington, se sont lancés en Libye, Syrie et Sahel dans des opérations extérieures sans mettre en place le contexte diplomatique qui aurait permis de transformer nos victoires militaires en succès politiques.

En conclusion :

Le retrait américain marque la fin de la domination anglo-saxonne sur l’Asie centrale que les britanniques avaient établis depuis le milieu du XIXème siècle et une preuve de plus de la montée en puissance de l’Asie face à l’Occident. La France qui se prépare à modifier sa stratégie dans le Sahel devrait tirer les leçons de cet échec américain en Afghanistan et au Pakistan.

Jean-Bernard Pinatel (Geopragma, 28 juin 2021)

Le futur entre Huxley et Orwell

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Le futur entre Huxley et Orwell

par Carlo Desideri

Source : InStoria & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/il-futuro-tra-huxley-e-orwell

En 1932, l'écrivain Aldous Huxley a publié l'un de ses plus célèbres romans, Le meilleur des mondes, qui est devenu à terme l'un des textes les plus représentatifs du genre dystopique dans la littérature du XXe siècle. Le monde imaginé par Huxley est un monde régi par un gouvernement mondial, où les principes éthiques et moraux tels que nous les connaissons sont complètement annulés et oubliés au profit d'une société divisée en castes, qui indiquent de véritables classes sociales, dédiée à l'idéologie progressiste et maintenue fermement par un véritable culte religieux appelé "culte de Ford", en l'honneur de l'entrepreneur américain dont la figure est adorée comme une sorte de divinité.

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Le monde est dirigé par un groupe oligarchique appelé "alpha plus", qui jouit de privilèges supérieurs à la moyenne, mais qui doit maintenir un code de conduite blindé, basé sur une socialisation poussée, un temps de solitude réduit au minimum, des relations centrées principalement sur la polygamie, et l'expression constante de louanges et d'appréciation de la société du nouveau monde ; la répudiation de ce système social n'est en aucun cas autorisée ou envisagée.

En fait, dans la deuxième partie du récit, Huxley nous montre comment une forme de l'ancienne société a survécu, dans une réserve contrôlée et gérée par le gouvernement du nouveau monde comme un véritable lieu touristique, où il est possible de rencontrer des sujets, appelés "les sauvages", qui vivent selon des règles totalement opposées au nouveau monde, dans une structure sociale monogame, qui croit fermement aux idéaux du mariage et qui est fortement liée à une croyance religieuse - au point de conduire à un véritable fanatisme - largement basée sur le christianisme, mais avec quelques éléments rituels rappelant le paganisme.

Il est important de noter que les membres du nouveau monde entrent en contact avec les habitants de la réserve en tant que simples touristes, mais ils les considèrent comme fortement inférieurs et n'ont aucunement l'intention de laisser ces individus influencer leur mode de vie. Ce ressentiment est toutefois également ressenti par les sauvages, qui considèrent le nouveau monde comme un fléau et méprisent les idéaux qu'il représente.

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Deux structures sociales, donc, liées par des idéaux extrêmes et opposés, qui ne peuvent en aucun cas envisager une coexistence autre que celle décrite par Huxley qui prévoit le pouvoir et le contrôle de l'une sur l'autre. Dans les deux cas, l'invincibilité de la structure sociale présentée dans le récit est démontrée par l'évolution de l'histoire de ce qui peut être présenté comme les deux protagonistes.

Le premier est Bernard Marx, un représentant de la classe alpha plus qui ne se reconnaît pas du tout dans les impositions sociales, tendant vers l'isolement, des sentiments profonds envers une fille unique qui suggèrent une tendance à la monogamie et cherchant toujours à se rebeller et à agir selon ses propres désirs et non ceux des autres, mais lorsqu'il est menacé d'être transféré dans un endroit isolé, loin de chez lui, précisément à cause de sa conduite négative, perdant ainsi les privilèges que lui confère sa position sociale, il décide d'embrasser complètement le style de vie du nouveau monde, devenant peut-être l'une des principales figures représentatives de l'alpha plus.

Le second est John, un personnage qui vit dans la réserve et qui est reconnu comme appartenant au groupe des sauvages, mais qui est en fait le fils du principal représentant du plus alpha, qui a abandonné une de ses nombreuses compagnes dans la réserve qui, neuf mois plus tard, donnera naissance à John. Le garçon se trouve donc être un enfant de deux mondes; il a grandi dans la réserve, mais sa famille vient du nouveau monde. Cela l'amène à développer un teint de peau différent de celui des sauvages, c'est pourquoi il est traité avec une forte distanciation au sein de la réserve. Malgré cela, il est très conditionné par le mode de vie et les principes des sauvages et, suite à son transfert dans le nouveau monde, il développe un grand sentiment de malaise et de dégoût envers cette société qui lui offre tant, en réalité beaucoup trop pour lui, et d'une manière trop différente et contre toute logique telle qu'il la comprend, un malaise qui le conduira bientôt au suicide, ayant alors réalisé qu'il ne peut pas changer le monde dans lequel il se trouve vivre.

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En 1949, un autre texte dystopique important, symbole du XXe siècle, est publié : 1984 de George Orwell, pour l'élaboration duquel il s'est inspiré du Nouveau Monde de Huxley, dans lequel il s'en prend amèrement à l'idéologie qui sous-tend les systèmes de pouvoir totalitaires, d'une manière en partie liée à l'analyse qu'il a développée dans ses travaux précédents, dont La Ferme des animaux, mais, alors que, dans ce texte, il analysait et critiquait principalement le système stalinien, dans 1984 nous pouvons trouver des éléments qui, en plus de nous ramener au stalinisme toujours fortement présent - comme la figure de Big Brother - peuvent être associés à toute forme de pouvoir totalitaire.

L'univers décrit par Orwell voit un monde divisé en trois macro-continents, constamment en guerre les uns contre les autres, formés à la suite d'une dernière grande guerre. L'histoire se déroule à Londres, qui se trouve sur le continent océanien, contrôlé par un parti totalitaire et oppressif, le Socing, dirigé par le personnage de Big Brother, dont on ne sait même pas s'il existe réellement.

Dans l'État d'Océanie, la vie de tout individu est extrêmement axée sur l'adoration et le respect du parti et de Big Brother et sur la haine des subversifs et des autres États. La société entière vit un quotidien programmé minute par minute et constamment surveillé par une série de caméras et de microphones situés partout, de la rue aux lieux de travail, et même dans les maisons; la vie privée n'est pas envisagée dans le cadre de 1984. Toute forme de subversion, même la plus minime et insignifiante, est sévèrement punie en prenant les sujets subversifs et en les transférant dans le lieu appelé le Ministère de l'Amour, où ils sont interrogés, analysés et finalement torturés jusqu'à ce que leur esprit devienne la proie du conditionnement du parti, les amenant à ressentir de la terreur, mais aussi de l'amour pour Big Brother; la vie de ces sujets, une fois soumise à la torture devient si vide et conditionnée qu'elle perd complètement son importance.

Le protagoniste de l'histoire est Winston, un homme qui travaille au ministère de la Vérité, le lieu où toutes les informations relatives à la situation interne et externe de l'État d'Océanie sont retravaillées puis rediffusées au profit de l'image du Parti, afin que la société puisse le percevoir comme parfait, supérieur à ses ennemis, internes et externes.

Winston n'est pas à l'aise avec les politiques du Parti, il déteste toute la situation qu'il est forcé de vivre, mais, en même temps, il doit faire attention à ne pas extérioriser de telles pensées. Dans l'Etat d'Océanie, en effet, il existe un organisme de surveillance appelé la psychopolice, qui a pour mission de trouver toute personne présentant des signes de pensées subversives à l'égard du parti, afin de la récupérer et de l'amener au ministère de l'amour.

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Winston cultive donc secrètement des pensées et des désirs non conformes aux principes totalitaires du parti et de Big Brother, jusqu'à ce qu'il rencontre Julia, une fille qui partage entièrement les visions de Winston. Winston et Julia entament une histoire d'amour en secret et prennent plaisir à enfreindre les règles imposées par le parti, qui incluent les relations amoureuses qui ne visent pas exclusivement la procréation et l'idolâtrie de Big Brother; toute pratique susceptible de véhiculer un plaisir personnel non lié à la figure du parti, qu'elle soit sexuelle ou ludique, est rigoureusement interdite.

Winston et Julia, dans la deuxième partie du roman, sont découverts et arrêtés. Une fois séparés, ils sont emmenés au ministère de l'Amour, où ils subissent des tortures physiques et psychologiques qui les amènent à s'abandonner totalement à une foi aveugle dans le parti, en le respectant, en le craignant et en l'aimant en même temps, ce qui rendra leur vie insignifiante et soumise au point d'éliminer totalement ce qu'ils étaient auparavant. À la fin, nous ne comprenons même pas complètement si Winston est réellement tué ou non, mais après tout ce qu'il a traversé et qui l'a façonné, cette information perd même de son importance.

L'histoire de Huxley et celle d'Orwell sont deux histoires apparemment aux antipodes l'une de l'autre, avec deux systèmes de contrôle basés sur des principes opposés, mais menant au même résultat. Les deux sociétés décrites sont complètement assujetties, liées par une idéologie unique qui ne permet aucune forme de subversion et qui punit lourdement toute forme de désobéissance.

Dans Le Nouveau Monde, le pouvoir est entre les mains d'un petit groupe d'individus ; dans 1984, au contraire, il est apparemment entre les mains d'un seul homme, mais dans les deux cas, il y a une forme de contrôle de fer, avec des moyens différents, mais menant au même résultat. Le libre arbitre est dans les deux cas complètement éteint et les systèmes décrits par les auteurs sont tous deux invincibles, les protagonistes n'ont finalement qu'une seule option: la soumission totale aux principes et au mode de vie imposés par le système, ce qui peut conduire à plus d'une conclusion, de la mort à la perte totale de la conscience de soi, mais dans tous les cas, toute forme de rébellion, qu'elle soit matériellement visible ou seulement sous forme psychologique ou spirituelle, est inévitablement éradiquée.

En 1958, Huxley publie un essai, d'une importance fondamentale pour ce qui concerne sa pensée politique et philosophique, reprenant son récit Le Nouveau Monde et associant ses éléments à la réalité géopolitique et sociale que vit la société mondiale et aux principaux événements qui, au cours des vingt-cinq dernières années, ont entraîné des crises et des changements.

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Dans son essai, Huxley n'oublie pas de considérer le texte d'Orwell, en le louant d'un point de vue qualitatif et analytique, mais en observant que, si en 1949 l'univers décrit par Orwell pouvait être fortement crédible et refléter une réalité qui, selon toute vraisemblance, pouvait se retrouver au sein d'un système totalitaire comme celui présenté dans 1984, près de dix ans plus tard, les choses semblent avoir changé. En fait, Huxley observe que la société mondiale, qu'elle soit dans un système totalitaire ou démocratique, va lentement mais sûrement dans la direction qu'il a décrite dans Le Nouveau Monde. Même en Union soviétique, explique Huxley, les gens commencent à préférer le conditionnement transmis par un système de privilèges et pas seulement le conditionnement par la peur et la répression, même si, bien sûr, les formes de répression envers les subversifs, ou les sujets considérés comme tels, continuent d'exister.

Huxley explique que certaines formes de centralisation du pouvoir, économique et politique, peuvent se produire à la suite de certaines crises qui, si elles sont mal gérées, peuvent conduire à un point de rupture qui aboutit à la centralisation du pouvoir sur un seul sujet ou un petit groupe d'élite. En effet, dans les récits de Huxley et d'Orwell, ces centralisations du pouvoir se sont produites à la suite d'une sorte de crise mondiale apparemment liée à un contexte de guerre. En particulier, Huxley affirme que l'une des principales causes susceptibles de provoquer une crise qui rendrait inévitable une telle prise de pouvoir est le danger de surpopulation, qui entraînerait un déséquilibre entre la consommation et la disponibilité des ressources.

Toutefois, de nombreux éléments peuvent conduire à un point de rupture, ou point de non-retour, qui entraînerait à son tour les conséquences décrites ci-dessus. Il suffit d'un mauvais choix, d'une confiance mal placée dans un sujet, ou un groupe restreint de sujets, qui se révèlent alors incapables de gérer certaines situations, ou qui profitent de leur position pour instaurer une forme de régime doucement ou durement coercitif.

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De nombreux exemples similaires peuvent être trouvés dans l'histoire politique, mais ils sont aussi fortement présents dans la littérature. On trouve un scénario similaire, par exemple, dans le roman Lord of the Flies de William Golding, publié en 1954. Golding imagine en effet un groupe d'enfants qui, à la suite d'un accident d'avion, se retrouvent à vivre sur une île déserte, sans guide adulte. Dans ce contexte, les enfants sont obligés de chercher un moyen de survivre par eux-mêmes et de former une société organisée.

Ils essaient donc de s'organiser dans une société semi-démocratique, mais, à la fin, la direction passera entièrement sous la responsabilité de l'un d'entre eux, celui qui s'avère être le plus fort et le plus charismatique et donc, apparemment, transmet la sécurité et la sérénité, même s'il était clair que le plus apte en réalité à assumer le rôle de guide était un autre personnage, un garçon prudent, sage et toujours dubitatif, inquiet pour l'avenir du groupe, mais constamment marginalisé et traité violemment par tous à cause de son peu de charisme et de sa piètre forme physique.

Au fur et à mesure que le leadership passe sous la coupe du mauvais sujet, ou des mauvais sujets (puisque vers la fin de l'histoire, il y aura un transfert de pouvoir), les garçons s'embarquent dans un voyage qui les amènera à faire des choix de plus en plus mauvais qui mettront en danger la structure même de la société et sa survie et qui les amèneront progressivement mais sûrement à régresser vers un état animal, abandonnant de plus en plus leur humanité.

Ces narrations romanesques, et bien d'autres encore, ont en commun la représentation d'une société d'un point de vue dystopique qui, à la suite d'une crise provoquée par diverses raisons, a atteint un point de non-retour et s'est enfoncée dans une voie qui mène inexorablement à la perte totale de ce que l'on considère aujourd'hui comme des valeurs et des droits humains. C'est pourquoi il est fondamental de pouvoir éviter d'atteindre ce point de rupture et de réagir judicieusement à certaines crises, sous quelque forme que ce soit, avant de commettre des erreurs dont il est difficile de revenir en arrière.

Carlo Desideri, In Storia.it N° 162 / Juin 2021 (CXCIII)

BIBLIOGRAPHIE

Golding W., Le Seigneur des mouches, Mondadori, Milan 2014.

Huxley A., Il Mondo Nuovo e Ritorno al Mondo Nuovo, Mondadori, Milan 2015.

Orwell G., 1984, Mondadori, Milan 2015.

Orwell G., La Fattoria degli animali, Mondadori, Milan 2014.

Multilatéralisme américain et capitulation inconditionnelle de l'Europe

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Multilatéralisme américain et capitulation inconditionnelle de l'Europe

par Luigi Tedeschi

Source : https://www.ariannaeditrice.it/articoli/multilateralismo-americano-e-resa-europea-senza-condizioni

Le multilatéralisme américain ne débouchera pas sur un nouvel accord entre les deux côtés de l'Atlantique, mais se révélera une reddition inconditionnelle de l'Europe aux États-Unis.

Nouveau multilatéralisme et vieil impérialisme

L'Amérique est-elle de retour ? En réalité, sa présence en Europe, avec ses bases militaires et son leadership politique et culturel, n'a jamais faibli. Biden, avec le G7 et le sommet de l'OTAN à Bruxelles, a voulu redéfinir les relations avec les alliés en fonction des nouveaux équilibres politiques qui se dessinent après la crise de la pandémie. Le retour de l'engagement américain direct, qui constitue un tournant par rapport à la politique d'unilatéralisme de Trump, vise à recomposer le front européen dans le contexte d'un leadership américain renouvelé. La relance des relations atlantiques s'est donc faite dans un climat d'enthousiasme de la part des pays européens, déjà orphelins du protectorat américain en raison de la politique de désengagement de Trump vis-à-vis de l'OTAN.

L'UE a en effet été conçue comme un organe économique et monétaire supranational au sein d'une alliance atlantique, qui s'est étendue à l'Europe de l'Est après la fin de l'URSS. L'UE est une puissance économique qui a délégué sa sécurité à l'OTAN et est donc devenue une entité géopolitique subordonnée et homologuée à la puissance américaine.

Toutefois, l'enthousiasme des alliés européens a vite été déçu, car le tournant géopolitique de Biden, outre un multilatéralisme renouvelé de l'alliance atlantique, prévoit également une redéfinition du rôle de l'OTAN en fonction de l'endiguement de la Chine et de la Russie, ce qui impliquerait également les alliés européens. Biden, en effet, a préfiguré une coopération avec les puissances militaires européennes, qui impliquerait le transfert des flottes européennes vers le Pacifique, dans le but de contenir l'expansion économique, politique et militaire de la Chine.

La politique d'hostilité antagoniste de Biden envers la Chine et la Russie par rapport à Trump reste inchangée. Toutefois, la stratégie a changé, puisque Biden a inauguré une nouvelle politique multilatérale à l'égard des alliés européens, avec une implication directe relative de l'Europe dans la géopolitique américaine. Nous pourrions définir la politique de Biden par un slogan : nouveau multilatéralisme et vieil impérialisme.

Il ne s'agit pas d'une nouvelle guerre froide

En réalité, le multilatéralisme de Biden prend la forme d'une "ligue des démocraties" où le leadership américain s'oppose à la Russie et à la Chine en tant que puissances autoritaires. On peut donc se demander si cette opposition entre les puissances mondiales ne représente pas un renouveau de la "guerre froide", celle née de la bipolarité USA-URSS après la Seconde Guerre mondiale. Cette hypothèse ne semble pas crédible. En effet, après le déclin de l'unilatéralisme américain suite à l'effondrement de l'URSS, avec l'émergence de nouvelles puissances continentales comme la Russie, la Chine, l'Inde, l'Iran et l'Afrique du Sud, un nouveau multilatéralisme géopolitique a vu le jour, caractérisé par une interdépendance économique et financière mondiale et par des conflits et des alliances très précaires et diversifiés.

De plus, avec la guerre froide, un contraste a été établi entre l'Occident libéral et démocratique et les pays du socialisme réel, comme un affrontement entre deux systèmes politiques et idéologiques alternatifs. Aujourd'hui, dans la confrontation des Etats-Unis contre la Russie et la Chine, les motivations idéologiques apparaissent beaucoup plus floues, dans la mesure où le modèle néo-libéral s'est imposé, même si c'est avec des différences marquées, au niveau mondial. L'affrontement est donc essentiellement de nature géopolitique, marqué, s'il en est, par un cadre idéologique entièrement américain : démocraties contre autocraties.

La même rencontre entre Biden et Poutine, prélude à une politique américaine d'endiguement de la Russie beaucoup plus douce que celle envers la Chine. Lors du sommet Biden-Poutine, la volonté de réduire les dépenses d'armement, de conclure une trêve dans la cyberguerre et de s'entendre sur un engagement commun dans la lutte contre le terrorisme a émergé. Il en ressort clairement la volonté américaine d'adopter une politique moins hostile envers la Russie, afin d'éviter la formation d'un bloc unitaire Moscou-Pékin opposé à l'Occident.

L'Amérique est de retour

Il semble évident que la stratégie de Biden ne peut être conciliée avec les intérêts européens. La Russie, à l'exception des pays d'Europe orientale, ne représente pas une menace pour la France, l'Allemagne et l'Italie. Une opposition européenne claire et nette, alignée sur les États-Unis, n'est pas non plus envisageable en ce qui concerne la Chine. La menace chinoise se fait sentir en Europe en termes de sauvegarde des industries stratégiques, de pénétration commerciale et de protection des données sensibles, mais il est impensable que l'Europe se prive de la technologie chinoise, ou qu'elle fasse disparaître les relations d'import-export vers et depuis la Chine. La Grande-Bretagne post-Brexit elle-même, bien qu'alignée sur les stratégies américaines dans le Pacifique, n'a certainement pas l'intention de se priver de l'afflux de capitaux chinois à la Bourse de Londres.

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Mais surtout, cette extension de la présence de l'OTAN à la zone Pacifique, dans une fonction anti-chinoise, conduirait à une nouvelle implication européenne dans de nouveaux conflits potentiels suscités par les Américains. L'histoire récente aurait dû faire prendre conscience aux Européens que les guerres expansionnistes américaines en Irak, en Afghanistan (conclues par le récent retrait unilatéral des États-Unis), en Libye, en Syrie, en Ukraine, en plus de provoquer des dévastations et des massacres aveugles parmi la population et de nouveaux conflits irrémédiables dans diverses régions du monde, se sont toujours terminées par des défaites périodiques de l'Occident sur le plan géopolitique et ont augmenté de façon spectaculaire la propagation du terrorisme islamique, dont l'Europe a été la principale cible.

En outre, les investissements européens ont subi des pertes importantes en raison des sanctions imposées unilatéralement par les États-Unis à la Russie, à l'Iran et au Venezuela. A ce sujet, Massimo Fini s'exprime dans son article "Assez de suivre le maître américain" : "La leçon de l'Afghanistan ne nous a-t-elle pas suffi ? De toute évidence, non. Au G7, on n'a parlé que de multilatéralisme, d'une alliance étroite entre "les deux rives de l'Atlantique". Le "multilatéralisme" n'est rien d'autre que la confirmation de la soumission de l'Europe aux Etats-Unis. Une soumission dont l'OTAN a été un instrument essentiel pour maintenir l'Europe dans un état de minorité, militaire, politique, économique et finalement aussi culturelle".

En ce qui concerne le multilatéralisme américain, que Biden a annoncé au sommet de l'OTAN à Bruxelles avec le slogan "America is back", Lucio Caracciolo a voulu préciser dans "La Stampa" du 16/06/2021, qu'il serait erroné de le traduire pour les Italiens par "Mother America is back", car le sens de ce slogan serait : "Sur les choses qui comptent, nous décidons, vous les appliquez". Pour le reste, vous apprendrez à vous débrouiller seuls. Nous ne faisons pas de la chirurgie ordinaire, seulement de la chirurgie pour sauver des vies". Il existe une continuité sous-jacente entre les politiques de Biden et de Trump: celle de Biden est un "America first" par d'autres moyens.

En effet, les espoirs des vassaux européens quant à un engagement militaire américain renouvelé pour la sécurité de l'Europe ont été déçus.

Pour les États-Unis, la priorité stratégique est l'endiguement de la Chine, mais l'endiguement de la Russie est beaucoup moins important et, par conséquent, il n'est pas prévu de renforcer l'OTAN en Europe. Il faut également noter que l'engagement des pays européens pris sous Trump et jamais démenti par Biden, d'allouer 2% du PIB national aux dépenses militaires a été complètement ignoré. L'Europe n'a jamais été consciente du changement des stratégies américaines et n'a pas non plus considéré que dans la géopolitique mondiale actuelle, cette Europe, militairement et politiquement soumise aux USA, ne représente qu'une plateforme géostratégique américaine pour l'expansion de l'OTAN en Eurasie (un projet actuellement reporté). Ce rôle géopolitique subordonné de l'Europe a été confirmé par les propos de Draghi lors du sommet de l'OTAN à Bruxelles : "Une UE plus forte signifie une OTAN plus forte". L'Union européenne ne serait donc concevable que dans le cadre d'un dispositif atlantique avec un leadership américain.

Alberto Negri déclare à ce propos dans un article du "Manifesto" du 13/06/2021 intitulé "Le menu est seulement américain, l'Europe n'y est pas" : "Ce que l'Europe gagne dans cette "perspective" des relations avec la Russie et la Chine n'est pas du tout clair. Étant donné qu'entre autres choses, l'Alliance atlantique provient du retrait en Afghanistan qui n'a pas été sanctionné par les pays de l'OTAN mais par les négociations des Américains au Qatar avec les Talibans. Les Européens n'ont rien décidé, sauf le jour de la cérémonie de descente du drapeau. Cela signifie que les États-Unis, lorsqu'il y a quelque chose à établir, le font par eux-mêmes et le communiquent ensuite aux autres qui doivent engloutir leur menu, qu'ils le veuillent ou non".

Quelle contrepartie pour l'Europe ?

Dans le contexte de ce multilatéralisme américain renouvelé, qui impliquerait l'implication de l'Europe dans les stratégies globales américaines, il est légitime de s'interroger sur les contreparties que les Etats-Unis entendent payer à l'Europe en échange du partage des objectifs géopolitiques américains.

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En ce qui concerne la suppression souhaitable de la politique protectionniste promue par Trump, Biden a conclu un accord de trêve avec l'Europe concernant le différend Airbus - Boeing, tandis qu'en ce qui concerne la guerre des droits sur les importations d'acier et d'aluminium, la situation reste inchangée. De même, des divergences subsistent entre les États-Unis et l'UE au sujet des brevets sur les vaccins, que les Américains voudraient abolir et que les Européens (principalement l'Allemagne) voudraient maintenir.

En ce qui concerne l'opposition américaine à la construction du gazoduc Nord Stream 2 (qui, selon les Américains, rendrait l'Europe dépendante de la Russie en matière d'énergie), grâce auquel le gaz russe arriverait directement en Europe, les sanctions n'ont été suspendues que pour le moment, mais l'hostilité américaine reste inchangée. L'UE veut imposer des droits sur les produits à forte intensité de carbone, mais l'opposition américaine à cette volonté est bien connue.

Mais les désaccords les plus importants concernent les relations économiques entre l'Europe et la Chine. L'économie européenne est liée à la Chine dans les domaines de l'innovation technologique, des télécommunications, des technologies pour la révolution verte et des puces nécessaires aux produits à haute valeur ajoutée tels que la téléphonie et les voitures. Par conséquent, si les États-Unis poursuivent une stratégie visant à découpler l'Europe de la Chine et de la Russie, ils doivent proposer des alternatives crédibles.

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Toutefois, les États-Unis restent opposés à une intervention au nom de l'Europe dans la crise libyenne afin de contrer les visées expansionnistes d'Erdogan sur la Libye.

Ils devraient également promouvoir les plans d'investissement en Europe.

Cependant, lors du G7, seul un accord a été conclu pour le versement de 40.000 milliards de dollars aux pays les plus en retard. La manière dont cet argent sera collecté n'est toutefois pas claire, car les États américains et européens se sont engagés à utiliser leurs ressources pour la relance économique post-pandémie. M. Biden a également annoncé la possibilité de nouveaux accords commerciaux entre l'Europe et les États-Unis pour remplacer la route de la soie, mais pour l'instant, cela reste entièrement théorique. Ces accords pourraient être une nouvelle proposition du traité transatlantique déjà promu à l'époque d'Obama, qui prévoyait la suppression des barrières commerciales entre les États-Unis et l'Europe, avec l'abrogation relative des lois des États considérées comme incompatibles avec le libre marché, y compris les réglementations en matière de santé et de sécurité alimentaire. Au grand soulagement des Européens, ce traité n'a jamais vu le jour et il est toujours impensable de passer des accords avec les États-Unis qui permettraient l'importation en Europe de produits pharmaceutiques et agro-industriels ne répondant pas aux normes de santé et de sécurité alimentaire fixées par la réglementation européenne.

Les réactions européennes et le pro-américanisme de Draghi

Les réactions européennes à la stratégie de multilatéralisme de Biden ne se sont pas fait attendre.

Mme Merkel a exprimé son désaccord, déclarant que les États-Unis et l'Allemagne ont une perception différente du danger de la pénétration chinoise et de l'agressivité de la Russie.

Macron, tout en réitérant la loyauté de la France envers l'OTAN, a déclaré que la Chine n'est pas dans l'Atlantique et s'est donc déclaré opposé à une extension de la zone d'influence de l'OTAN dans le Pacifique.

En ce qui concerne l'Italie, Draghi a plutôt déclaré son assentiment à la politique d'opposition à la Chine suggérée par Biden. Cette prise de position pourrait donc entraîner des changements substantiels dans la politique étrangère italienne, ce qui conduirait à l'abrogation du mémorandum signé par l'Italie avec la Chine, concernant la route de la soie.

La position pro-américaine adoptée par Draghi, pourrait avoir pour but d'obtenir le soutien américain dans la crise libyenne, qui implique de manière décisive les intérêts italiens. La Russie et la Turquie, bien que dans des camps opposés, se sont installées en Libye, suite au désengagement américain en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. Mais les États-Unis n'ont pas l'intention de s'engager pour contrer les visées expansionnistes turques en Méditerranée et l'UE ne veut pas et n'est pas en mesure de s'opposer aux visées néo-ottomanes d'Erdogan. Bien qu'il soit prévisible dans un avenir proche une escalade de la pénétration politique, militaire et religieuse de la Turquie en Europe, une Turquie qui pourrait s'élever au rôle de pays leader de l'Islam sunnite, comme l'était l'Empire ottoman.

La Turquie est cependant membre de l'OTAN, dont la position stratégique est essentielle dans la politique d'opposition américaine à la Russie. La construction du "canal d'Istanbul", une infrastructure de liaison entre la mer Noire et la mer de Marmara, a récemment été approuvée par le parlement turc.

Un canal parallèle au Bosphore pour l'accès à la mer Noire

Le transit par le Bosphore est régi par la Convention de Montreux de 1936. Ce traité garantit le libre transit des navires marchands par le Bosphore, mais celui des navires militaires des pays non riverains de la mer Noire est soumis à des restrictions. Il est stipulé que les navires de guerre des pays tiers ne doivent pas dépasser 15.000 tonnes individuellement et 45.000 tonnes en tant que flotte. En outre, ces navires de guerre ne peuvent pas être stationnés en mer Noire pendant plus de 21 jours.

Toutefois, le "canal d'Istanbul" ne serait pas soumis à ce traité.

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Erdogan pourrait donc autoriser le stationnement de la flotte de l'OTAN en mer Noire dans un but anti-russe. Erdogan pourrait alors accorder aux États-Unis l'accès à la mer Noire pour le bénéfice de l'OTAN en échange de l'assentiment américain à une politique turque hégémonique en Méditerranée.

Face à une telle perspective, il est tout à fait absurde d'espérer un soutien américain anti-turc en Libye en faveur de l'Italie.

Le multilatéralisme américain ne débouchera pas sur un nouvel accord entre les deux côtés de l'Atlantique, mais se révélera être une reddition inconditionnelle de l'Europe aux diktats des États-Unis.

L'Occident n'est pas un modèle de valeurs universelles

La confrontation entre les États-Unis et le bloc Russie-Chine revêt également une signification idéologique, en tant que défense des valeurs de l'Occident démocratique face à l'agressivité des autocraties russe et chinoise.

Tout d'abord, il convient de noter que l'Occident n'est pas un bloc unitaire et que le nouveau multilatéralisme de Biden ne fera qu'accroître les fractures au sein des États européens et entre eux. De plus, il existe un déséquilibre macroscopique entre la puissance américaine et ses alliés européens qui a pour conséquence que ce multilatéralisme n'existe que dans la mesure où les alliés se conforment aux diktats du leadership américain, sinon c'est l'unilatéralisme américain qui prévaudrait. Les dirigeants américains sont, par nature, hostiles à l'implication des intérêts des alliés dans la géopolitique américaine.

De plus, les Etats de l'Occident démocratique sont déchirés par des querelles internes irrémédiables (en premier lieu les Etats-Unis) qui pourraient à l'avenir affecter l'unité et la subsistance même de ces Etats.

Par conséquent, l'unité et la continuité de la politique étrangère des États de l'Occident sont devenues incertaines et problématiques. L'imposition du modèle néolibéral a progressivement privé les institutions politiques de leurs prérogatives premières, avec la dévolution dans l'UE de la souveraineté des États à des organes supranationaux technocratiques et oligarchiques non électifs. Les élites financières l'emportent sur les institutions, générant des inégalités sociales et des conflits incurables au sein des États et entre eux. La représentativité démocratique ainsi que la souveraineté populaire ont été perdues, la gouvernabilité des Etats est exercée par des majorités faibles et hétérogènes ou par des gouvernements d'union nationale: le modèle économique et politique de la démocratie libérale occidentale est en crise structurelle irréversible.

La décadence des institutions démocratiques a également provoqué la dissolution progressive des valeurs éthiques et culturelles de l'Occident.

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La démocratie ne peut exister dans une société dominée par des pouvoirs oligarchiques étrangers à la volonté du peuple. Au sujet de la dissolution des valeurs démocratiques de l'Occident, Andrea Zhok s'exprime ainsi dans un article intitulé "La défense de nos valeurs" :

"De quelles "valeurs occidentales" devrions-nous en fait parler ? La démocratie ? L'égalité ? La liberté de pensée ? Revendiquer les valeurs de la démocratie dans des pays où la moitié de la population ne va plus voter, où l'homogénéité indifférente du choix politique ne permet pas d'imaginer d'alternative, et où l'influence directe du capital privé sur la politique est effrontée, semble embarrassant. Revendiquer les valeurs d'égalité dans des pays où des dynasties héréditaires de super-riches passent à la télévision pour expliquer à la plèbe qu'elle doit affronter avec courage les défis du marché ressemble plus à un gag comique qu'à un véritable défi. Revendiquer les valeurs de la liberté de pensée dans des pays où les médias sont militairement occupés par les détenteurs du capital, agissant comme leur porte-parole, et où pour s'exprimer sans censure les gens se déplacent vers les médias sociaux russes (sic !), cela ressemble aussi plus à une blague qu'à un argument sérieux.

La vérité simple est que "nos valeurs", celles que nous serions tous courageusement appelés à défendre, sont en fait les valeurs déposées en banque par les principaux acteurs des pays occidentaux, une élite transnationale, domiciliée dans les paradis fiscaux, prête à mettre en pièces et à vendre au plus offrant n'importe quoi : histoire, culture, affections, dignité, territoires, personnes, santé. Et nous, les plébéiens dépossédés et les petits-bourgeois harassés, sommes préparés à un futur appel aux armes pour les défendre".

L'Occident ne constitue pas un modèle démocratique universel, ni un système crédible de valeurs éthiques. Chacun connaît les conséquences désastreuses de 20 ans d'exportation armée des droits de l'homme et des valeurs de la démocratie libérale occidentale contre les dits "Etats voyous", coupables de ne pas se soumettre à la domination américaine.

Au contraire, une dérive autoritaire de l'Occident est prévisible, comme le laisse présager la planification néolibérale mondiale du "Great Reset". En fait, l'objectif est d'établir en Occident une structure économique et politique autoritaire capable de s'opposer à l'efficacité et à la fonctionnalité du capitalisme autoritaire chinois, qui s'est révélé tellement plus efficace que l'Occident qu'il est en train de saper la primauté de la puissance américaine.

Le néolibéralisme de la quatrième révolution industrielle ne rendra pas démocratique l'Est de la Chine, mais il rendra totalitaire l'Ouest lui-même.

Sergej Lavrov sur l'Occident : "Son ère est terminée"

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Sergej Lavrov sur l'Occident : "Son ère est terminée"

par Rodolfo Casadei

Ex: https://www.ariannaeditrice.it/articoli/sergej-lavrov-sull-occidente-finita-la-sua-era

Si les Américains pensent, après le sommet Biden-Poutine à Genève, qu'ils ont neutralisé la Russie et peuvent maintenant se consacrer à contenir la Chine afin de préserver leur hégémonie mondiale, ils se trompent. Moscou continuera à agir de concert avec les puissances révisionnistes pour accélérer la transition de l'ordre hégémonique occidental en déclin vers un ordre international multipolaire.

C'est la conclusion la plus importante en termes géopolitiques que l'on tire de la lecture de l'article du ministre russe des Affaires étrangères Sergej Lavrov intitulé "Le droit, les droits et les règles" paru sur le site de son ministère le 28 juin dernier.

Un long texte de près de 30 000 frappes qui repropose les positions traditionnelles de la Russie de Poutine en matière de relations internationales, mais aussi des soulignements relativement nouveaux et au moins une bourde de propagande qui en a fait sourire plus d'un : à un certain moment, Lavrov affirme, on ne sait pas sur la base de quelles informations, que "dans certains pays occidentaux, les élèves apprennent à l'école que Jésus-Christ était bisexuel".

Deux poids, deux mesures

Le fait que Biden ait utilisé le sommet de Genève pour jeter les bases d'une sorte de pacte de non-agression avec Moscou afin de pouvoir concentrer toutes les ressources stratégiques américaines dans le bras de fer avec Pékin, est apparu clairement lorsque lui et Poutine ont publié une déclaration commune axée sur la nécessité d'un "dialogue pour la stabilité stratégique" afin de "réduire le risque de conflits armés et la menace de guerre nucléaire", car "une guerre nucléaire ne peut être gagnée et ne doit jamais être menée".

M. Lavrov a clairement indiqué que la Russie considère l'attitude de l'Occident comme agressive et qu'elle ne se soumettra pas aux diktats des Américains et des Européens justifiés par les exigences de la "démocratie" et des "droits de l'homme", car l'Occident a l'intention d'imposer à tous ses règles, qui diffèrent de celles établies par les traités internationaux et l'ONU.

    "Ces réunions", a écrit M. Lavrov dans la première partie de son discours, en faisant référence au sommet du G7 en Cornouailles, au sommet de l'OTAN et à la réunion de M. Biden avec les dirigeants de l'UE, "ont été soigneusement préparées de manière à ne laisser aucun doute sur le fait que l'Occident voulait envoyer un message clair : "nous sommes unis comme jamais auparavant et nous ferons ce que nous pensons être juste dans les affaires internationales, en forçant les autres, en premier lieu la Russie et la Chine, à suivre notre exemple". Les documents adoptés lors des sommets de Cornouailles et de Bruxelles ont cimenté le concept d'un ordre mondial fondé sur des règles, par opposition aux principes universels du droit international qui ont pour source première la Charte des Nations unies".

Ce sera le leitmotiv de tout le discours de M. Lavrov : l'Occident promeut un multilatéralisme à son usage et à sa consommation, fondé sur des règles qu'il fixe lui-même de temps à autre, et rejette le multilatéralisme fondé sur la Charte des Nations unies et sur le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures des autres pays. L'exemple classique du double standard occidental se répète : dans la crise du Kosovo, l'Occident applique le principe d'autodétermination de la population locale parce que cela lui convient, alors que dans le cas du référendum en Crimée, il le rejette parce qu'il ne répond pas à ses intérêts.

La Russie et la Chine dans une même phrase

Lorsque M. Lavrov veut souligner l'arrogance de l'Occident à l'égard des autres pays, il mentionne toujours la Russie et la Chine dans la même phrase :

    "Qualifiées de "puissances autoritaires", la Russie et la Chine ont été désignées comme les principaux obstacles à la mise en œuvre du programme décidé lors des sommets de juin."

    "L'Occident a réservé les termes les plus élevés au fonctionnement interne des pays "non démocratiques" et à ses efforts pour les remodeler afin qu'ils correspondent au cliché occidental. C'est pourquoi on exige que Moscou et Pékin, ainsi que d'autres, suivent les prescriptions occidentales en matière de droits de l'homme, de société civile, de traitement de l'opposition, de médias, de gouvernance et d'interaction entre les pouvoirs de l'État."

    "Les politiciens éclairés d'Europe et d'Amérique reconnaissent que cette politique extrémiste ne mène nulle part, et ils commencent à penser de manière pragmatique, en reconnaissant qu'il n'existe pas de civilisation unique dans le monde. Ils commencent à reconnaître que la Russie, la Chine et les autres puissances régionales ont des milliers d'années d'histoire, leurs propres traditions, leurs propres valeurs et leur propre mode de vie. Les tentatives visant à déterminer quelles valeurs sont meilleures et quelles valeurs sont pires n'ont aucun sens. L'Occident doit simplement reconnaître qu'il existe des façons de gouverner qui peuvent être différentes de l'approche occidentale, et accepter et respecter cela comme un fait."

Contre Macron, pour Orban

Malgré la référence aux politiciens européens éclairés, le texte de Lavrov est plein de ressentiment à l'égard de l'Union européenne, qu'il accuse d'être totalement alignée sur les intérêts de Washington et arrogante dans sa prétention à imposer son idée du multilatéralisme aux autres pays par la force des sanctions économiques contre les récalcitrants. La cible des critiques du ministre russe des Affaires étrangères sont notamment la France en la personne d'Emmanuel Macron, l'Allemagne, la Pologne et les pays baltes.

Alors qu'au moins deux clins d'œil sont réservés à Viktor Orban, qui n'est pas cité nommément. La première est lorsque Lavrov écrit qu'"il est significatif que le terme "démocratie autocratique" ait été évoqué, bien que timidement. Ce sont des considérations utiles, et les politiciens les plus réfléchis qui sont actuellement au pouvoir devraient les prendre en considération."

Dans un autre passage, il déclare : "Les tentatives des politiciens sensés de protéger la jeune génération de la propagande agressive des LGBT se heurtent aux protestations belliqueuses de l'Europe 'éclairée'".

La fin de l'Occident

Le texte prend parfois le ton de l'invective ou celui de la prophétie :

    "En étendant les sanctions et autres mesures coercitives illégitimes à l'encontre d'États souverains, l'Occident promeut un gouvernement totalitaire des affaires mondiales, adoptant une posture impériale et néocoloniale dans ses relations avec les pays tiers."

    "Pris dans son ensemble, historiquement, l'Occident a dominé le monde pendant 500 ans. Or, on assiste aujourd'hui à la fin de cette époque; l'Occident s'accroche au statut dont il jouissait en freinant artificiellement les processus objectifs qui déterminent l'émergence d'un monde polycentrique."

    "Les anciennes puissances coloniales cherchent à effacer cette mémoire en la remplaçant par des rituels conçus à la hâte, tels que l'agenouillement avant une compétition sportive, afin de détourner l'attention de leur responsabilité historique dans les crimes de l'ère coloniale."

    "Avec son attitude méprisante envers les autres membres de la communauté internationale, l'Occident se retrouve du mauvais côté de l'histoire."

Enfin, il annonce les intentions de la Russie à l'ONU :

    "Les efforts visant à apporter plus de démocratie dans les relations internationales et à affirmer un monde polycentrique comprennent une réforme du Conseil de sécurité de l'ONU qui renforcerait la présence des pays d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine, et mettrait fin à l'anomalie de la surreprésentation de l'Occident dans le principal organe de l'ONU."

Le rameau d'olivier dans la dernière phrase de l'article contient une référence moqueuse à ce qui est considéré comme la prétention de l'Occident à dicter les règles :

    "Nous serons toujours ouverts à un dialogue honnête avec toute personne qui démontre une volonté de trouver un équilibre des intérêts mutuels, fermement ancré dans le droit international. Ce sont les règles auxquelles nous adhérons".  

 

jeudi, 08 juillet 2021

Pandémie et Nécrodémocratie

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Francisco Tomás González Cabañas

Pandémie, Nécropolitique et Nécrodémocratie

Ex: http://novaresistencia.org/2021/07/04/pandemia-e-necrodemocracia/

La pandémie a mis en évidence l'échec des démocraties occidentales qui, au nom de leurs "grands" idéaux abstraits, n'ont pas fait grand-chose pour arrêter la propagation du virus ou pour prévenir les décès. Dans un contexte d'austérité néolibérale qui désigne une partie de la population, notamment les personnes âgées, comme "indésirable", nous sommes confrontés à l'émergence de "nécrodémocraties", le genre de régime occidental qui travaille activement à la mort d'une partie de ses propres citoyens.

Les décès que l'administration de la pandémie aurait pu éviter

    "La nécropolitique permet de problématiser les logiques politiques contemporaines, où s'entremêlent violence, droit, exception et souveraineté. C'est-à-dire que la nécropolitique conjugue les éléments nécessaires au contrôle de la population à partir de la construction de discours sur la guerre, sur l'ennemi et sur la terreur pour justifier l'exception comme seule alternative pour le retour à une normalité sociale" (Brito-Alvarado X., Capito Alvarado, J. 2020. Le néolibéralisme comme nécropolitique des zombies. Arguments : journal de critique sociale, 22, 252-279).

    " La prolifération des armes et l'existence de mondes de la mort - des lieux où les gens sont tellement marginalisés où ils vivent réellement comme des morts vivants - sont un indicateur qu'il existe une politique de la mort (une nécropolitique) plutôt qu'une politique de la vie (une biopolitique) telle que l'entend Foucault " (Mbembe, A. 2011. Nécropolitique. Santa Cruz de Tenerife : Melusina.).

Les auteurs de l'article cité, ont projeté avec une maîtrise théorique ce qui s'est passé quelque temps après l'avoir écrit: "Pour que la nécropolitique soit mise en œuvre, il doit y avoir un état d'exception, comme le propose Agamben, qui justifie la mise en œuvre de mesures politiques permettant au pouvoir souverain d'éliminer les sujets inutiles à ses intérêts" (Ibidem, 15).

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Bien que l'axe conceptuel qu'ils proposent passe par la réaffirmation du néologisme "nécropolitique", ils glissent un chapitre en relation avec ce que nous considérons en fait plus central, la nécrodémocratie, qui a été clairement démontrée, à travers la pandémie, par la gouvernance désastreuse en termes humanitaires de tant de gouvernements démocratiques ou de ceux qui s'en vantent, comme celui de l'Argentine :

    " Giorgio Agamben (en 2006), dénonce dans Homo Sacer I, Pouvoir souverain et vie nue, que les dispositifs juridiques capturent la vie de ces sujets. Par conséquent, pour Agamben, le meilleur contrôle de la population est la démocratie. Le pouvoir démocratique implique qu'il est nécessaire de rendre invisible une série d'actions qui visent à dissimuler certaines violations des droits de l'homme" (ibid., 19).

Enfin, au moins pour re-signifier l'article, pour reconnaître sa valeur théorique, qui a vu plus loin ce qui s'est passé quelque temps plus tard sous l'apparence sanitaire, nous citerons encore un passage d'Agamben, qui soutient ce que nous proposons, la constitution du concept postérieur à celui de " nécropolitique ", celui de " nécrodémocratie ".

    " S'il y a une caractéristique qui peut définir les démocraties et les totalitarismes actuels, c'est que chaque fois leurs complexités politiques alambiquées sont rendues visibles pour parvenir à l'exercice du pouvoir de l'État à travers la mise en œuvre de discours et de politiques, pour parvenir à la domination de la population ; ainsi, le pouvoir qui revient au "souverain est celui qui décide de la valeur et de la dévaluation de la vie en tant que telle" (Agamben, G. Homo Sacer. Pouvoir souverain et vie nue. Valence : PreTextos).

La responsabilité concrète, effective et irréfutable des gouvernements et, avec elle, des gouvernants, qui se perçoivent comme démocratiques, doit être découverte ou démasquée. Dans le clivage du signifiant maître dans lequel les outrages gouvernementaux sont soutenus, par des clins d'œil démocratiques, nous ne pouvons manquer de signaler le manque, la carence, le trou, cette pandémie par le biais delaquelle, il y a, ni plus ni moins, les milliers de morts qui ont avancé (volontairement) leur finitude, par le travail et la grâce des administrations qui au nom du sacré et du totem de la démocratie.... ont vaccinés tardivement et à tort, sautant les "démocratiques" et les "démocrates", vaccinés tardivement et mal, coupant la ligne pour consacrer leurs privilèges et ceux des leurs et condamnant à plus de pauvreté et de marginalité ceux qui survivent encore à une tragédie, clairement évitable dans ses chiffres énormes et douloureux dont sont responsables certaines nécrodémocraties dans lesquelles nous vivons.

Source : Geopolitica.ru

La défense des préjugés contre l’universalisme abstrait (Joseph de Maistre)

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La défense des préjugés contre l’universalisme abstrait (Joseph de Maistre)

Dans cette vidéo, nous nous intéresserons à la défense, paradoxale au premier abord, des préjugés par le comte Joseph de Maistre. Loin de n’être qu’un point de détail philosophique en effet, le rejet systématique des préjugés indique en réalité une certaine conception du monde, de la société et de la politique faisant fi de l’histoire et de l’expérience des siècles passés. Or, c’est justement pour rappeler l’importance de l’histoire et de l’expérience des peuples cristallisée dans ce qu’on appelle « les préjugés », qu’il est essentiel d’aborder la pensée de Joseph de Maistre.
 

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Musiques utilisées dans la vidéo :
- Vivaldi : ‘‘La stravaganza’’ Concerto in E minor, op. 4, No. 2 RV279
- Christoph Wilibald Gluck : Orphée et Eurydice, Danse des ombres heureuses (interprété à la harpe par Xavier de Maistre)
- Anton Dvorak : Romance in F major, Op.11
- Vivaldi : Nisi Dominus, IV. « Cum dederit » (Andrea Scholl)
 
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Pour lire la constitution hongroise (Loi fondamentale) : https://mjp.univ-perp.fr/constit/hu20...

La politique iranienne de Biden est déjà dans une impasse

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La politique iranienne de Biden est déjà dans une impasse

Par Moon of Alabama

Très récemment, les États-Unis ont bombardé trois positions de la Force de mobilisation populaire (FMP) irakienne à la frontière syro-irakienne.

Les États-Unis n’avaient aucun droit de le faire. Le raisonnement juridique fourni par l’administration Biden pour justifier cette attaque est absurde. Tout comme le prétendu raisonnement consistant à établir une « dissuasion » contre d’autres attaques contre les troupes américaines par tel ou tel groupe de miliciens irakiens. La dernière frappe dans cette zone en février était censée remplir le même objectif, mais il est évident qu’elle n’a pas eu d’effet dissuasif. La frappe de dimanche a été immédiatement suivie de tirs de missiles contre une position américaine en Syrie. D’autres incidents de ce type suivront.

L’attaque a mis dans l’embarras le Premier ministre irakien Mustafa al-Kadhimi. L’aspect le plus déroutant de cette frappe aérienne est toutefois son timing, puisqu’elle a eu lieu un jour seulement après que le Premier ministre irakien Moustafa al-Kadhimi a assisté à la célébration du septième anniversaire de la création de la FMP, au camp Ashraf, l’ancien quartier général du groupe terroriste anti-iranien Mujahedeen-e-Khalq, situé à environ 100 kilomètres (62 miles) au nord-est de Bagdad. La FMP a fait défiler des milliers de ses combattants, ainsi que des chars, des lance-roquettes et des drones, devant une tribune où se trouvaient, outre Kadhimi, le ministre de la Défense Juma Inad, le ministre de l’Intérieur Othman Ghanmi, le chef d’état-major de l’armée irakienne, le lieutenant-général Abdul Amir Yarallah, et le chef d’état-major du FMP, Abdul Aziz al-Mohammadawi.

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Plus important que la liste des participants, cependant, est ce que Kadhimi a dit à propos de la FMP. Dans un tweet publié pendant le défilé, le Premier ministre a noté que « nous avons assisté au défilé de notre armée héroïque le 6 décembre (2020), ainsi qu’au défilé de la courageuse police, et aujourd’hui nous assistons au défilé de nos fils dans la Force de mobilisation populaire. Nous affirmons que notre travail est sous la bannière de l’Irak, et que protéger sa terre et son peuple est notre devoir. Oui à l’Irak ! Oui à l’Irak, le pays fort et capable ». M. Kadhimi a ensuite souligné le fait que la FMP étaient un service d’État et a fait l’éloge de son rôle dans la lutte actuelle contre État islamique.

Pour rappel, un jour après que le Premier ministre irakien, en compagnie de son équipe militaire et de sécurité nationale, a déclaré que la FMP étaient un élément essentiel de la sécurité de l’État de son pays, les États-Unis bombardaient ces mêmes forces sur des sites en Syrie et en Irak, sites à partir desquelles la FMP mènent les opérations de lutte contre État islamique tant vantées par le Premier ministre irakien, et ce sans en informer le gouvernement irakien au préalable ni lui demander son autorisation. En réponse, M. Kadhimi a convoqué une réunion d’urgence de son état-major de sécurité nationale et a condamné avec force les frappes américaines, les qualifiant de violation manifeste de la souveraineté irakienne, ce qui incitera son gouvernement à étudier toutes les options légales en réponse.

L’attaque a affaibli la position des États-Unis en Irak et a renforcé celle de l’Iran.

Certains analystes affirment que l’attaque était un message adressé à l’Iran dans le contexte des discussions en cours sur l’accord nucléaire. Mais que dit ce message ? Que les États-Unis peuvent bombarder des cibles mineures ? Qu’est-ce que cela apporte de nouveau ?

Revenons à la situation dans son ensemble.

Un objectif primordial de l’administration Biden est de concentrer toutes ses forces dans la compétition avec la Chine. À cette fin, elle a prévu d’abandonner en grande partie le Moyen-Orient – l’endroit où les États-Unis ont gaspillé leurs ressources pendant plus de deux décennies.

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Pour quitter le Moyen-Orient, les États-Unis doivent trouver une forme de paix avec l’Iran. L’administration Biden a donc entrepris de réintégrer l’accord nucléaire. Pour y parvenir, elle doit lever les sanctions que Trump a imposées à l’Iran. Mais la dérive de la mission s’est installée. Au lieu de simplement lever les sanctions en échange de l’adhésion de l’Iran aux limites de l’accord nucléaire, l’administration Biden a cherché à obtenir davantage de concessions de la part de l’Iran tout en offrant moins d’allègement des sanctions.

L’Iran a clairement exprimé sa position. Si les États-Unis lèvent TOUTES les sanctions imposées par Trump, ils soumettront à nouveau leur programme nucléaire aux limites de l’accord. Si les États-Unis ne lèvent pas TOUTES les sanctions, l’Iran continuera à dépasser ces limites avec des marges petit à petit plus importantes.

Le secrétaire d’État Anthony « Pompeo le deuxième » Blinken a l’illusion qu’il peut ramener l’Iran dans le cadre de l’accord nucléaire et maintenir des sanctions importantes. Il veut les utiliser pour faire pression sur l’Iran afin que ce pays limite sa puissance en missiles et qu’il cesse de soutenir ses alliés au Moyen-Orient :

Les hauts responsables de l'administration Biden, de M. Blinken jusqu'au plus bas, 
ont admis qu’il y avait des défauts dans l'ancien accord nucléaire, il fallait
qu'il soit "plus long et plus fort" et qu'il traite du programme de développement
de missiles et du soutien au terrorisme de l'Iran. Aujourd'hui, l'exigence semble s'élargir encore davantage : Il est de plus en
plus évident que tout accord global qui répond aux nombreuses plaintes de l'Amérique
concernant le comportement de l'Iran doit également couvrir un large éventail de
nouvelles armes que les forces iraniennes ne faisaient que bricoler il y a six ans.

L’Iran ne se désarmera pas. Ces objectifs sont impossibles à atteindre :

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Blinken a déjà déclaré que certaines sanctions américaines seraient maintenues 
et qu'elles seraient levées lorsque - et seulement lorsque - Téhéran "changera
de comportement"
. Notez le discret changement. Blinken ne parle pas ici de cadre

nucléaire réglementaire, il devient "manichéen". Ainsi, selon cette mesure
(corriger un comportement malveillant), la question n'est pas de savoir combien
de sanctions individuelles restent en place, mais la nature de celles qui restent.
De toute évidence, la nature de celles qui restent doit impliquer une grande
douleur, si elles doivent vraiment contraindre un Iran irrémédiablement "malfaisant"
à changer de cap stratégique. (C'est un autre exemple de la façon dont le paradigme
bien/mal fige la politique). L'équipe Biden sait, et admet librement, que les pressions maximales de Trump n'ont
pas modifié le comportement iranien. Pourtant, Blinken préconise que les États-Unis
répètent ce qui vient d'échouer. En fait, ce que Trump a fait, c'est persuader

l'Iran de développer sa dissuasion par missiles de précisions et drones, ce qui
a rendu les "armes MAGA" non pertinentes et donné à l'Iran un avantage stratégique.

Pourtant, Blinken flirte désormais avec l’idée de ne pas revenir à l’accord nucléaire :

"Si cela continue, s'ils continuent à faire tourner des centrifugeuses plus 
sophistiquées à des niveaux de plus en plus élevés, nous arriverons à un point
où il sera très difficile, d'un point de vue pratique"
de revenir aux paramètres

de l'accord nucléaire initial, a-t-il déclaré. "Je ne peux pas donner de date", a déclaré M. Blinken à propos du jour où
l'administration Biden pourrait se retirer des négociations nucléaires, mais
"cela se rapproche".

Et puis quoi ?

Si les États-Unis ne reviennent pas bientôt sur l’accord nucléaire, l’Iran le quittera complètement. A mon avis, d’ici la fin de l’année. Il sera alors libre de faire tout ce qu’il veut en matière de nucléaire. L’Iran augmentera également son soutien aux forces mandataires capables de nuire aux forces américaines et aux alliés des États-Unis au Moyen-Orient. Un certain nombre de piqûres d’aiguilles qui ne cessent de s’intensifier – incendies de pétroliers saoudiens, explosions de raffineries, attaques de drones contre des bases américaines – obligeront les États-Unis à rester engagés.

Les États-Unis ne peuvent pas entrer en guerre contre l’Iran. Le pays ne peut pas être occupé et tout bombardement serait suivi d’attaques de missiles et de drones contre toutes les bases américaines et tous les alliés dans la région, y compris Israël.

Un statu quo ou un conflit de faible intensité pourrait donc se poursuivre pendant longtemps. Il consommerait davantage de ressources américaines et de temps de gestion. Du temps que la Chine peut utiliser, sans être dérangée, pour continuer à développer ses capacités. En ajoutant de plus en plus de demandes de levée des sanctions contre l’Iran, l’administration Biden sabote son objectif stratégique global de concurrence contre la Chine.

C’est une politique à très courte vue. L’Iran ne fléchira pas. Les tentatives de faire pression sur lui en tuant quelques miliciens irakiens sont tout simplement ridicules. Le fait que l’administration Biden tente de le faire montre qu’elle s’est engagée dans une impasse et qu’elle ne veut pas faire marche arrière.

Quelle sera donc son prochain acte ?

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone

Entretien avec le philosophe et politologue argentin Marcelo Gullo Omodeo

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Entretien avec le philosophe et politologue argentin Marcelo Gullo Omodeo

Propos recueillis par Carlos Javier Blanco

(source : La Tribuna del País Vasco)

"La gauche a transformé l'Espagne en une nation autruche qui cache sa tête face aux deux grands problèmes qui menacent son existence."

Docteur Gullo Omodeo, dites-nous : le titre de votre dernier livre, "Madre Patria", de quoi parle-t-il ?

Le titre du livre est en soi une déclaration de principe. C'est-à-dire qu'il s'agit de l'expression des croyances essentielles de Marcelo Gullo Omodeo en tant qu'individu, mais aussi de l'expression des croyances essentielles que le peuple argentin et hispano-américain dans son ensemble avait avant que la falsification de l'histoire n'obscurcisse la conscience du peuple. Tous les grands leaders populaires, de Juan Manuel de Rosas à Juan Domingo Perón en passant par Hipólito Yrigoyen, aimaient l'Espagne et la considéraient comme notre Mère Patrie, tandis que les représentants de l'oligarchie pro-britannique, certains à voix basse, comme Bartolomé Mitre, et d'autres à voix haute, comme Domingo Faustino Sarmiento, détestaient l'Espagne. D'autre part, le titre du livre est inspiré d'un tango de Carlos Gardel où il appelle l'Espagne "Madre Patria querida de mi amor" (Chère patrie de mon amour). C'était le sentiment de la majorité de la population argentine et hispano-américaine avant que le poison de la "légende noire", à travers la propagande culturelle de la "gauche cipaya" - dont l'expression politique la plus importante aujourd'hui en Argentine est le kirchnerisme - ne pénètre l'esprit de la jeunesse.

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L'Espagne est-elle la patrie commune de tous les Hispano-Américains, ou une simple référence aux origines, aux racines ?

Comment ne pas appeler l'Espagne "Patrie" si - comme l'affirmait le triple président constitutionnel de l'Argentine Juan Domingo Perón - son œuvre civilisatrice est sans équivalent dans l'histoire de l'humanité et constitue un chapelet d'héroïsme, de sacrifices et de renoncements. "L'Espagne a érigé des temples, construit des universités, répandu la culture, éduqué les hommes et fait bien plus encore ; elle a fusionné et confondu son sang avec l'Amérique et marqué ses filles d'un sceau qui les rend, bien que différentes de leur mère par la forme et l'apparence, égales à elle par l'essence et la nature". Cette phrase de Perón dit tout.  Notons que Fidel Castro lui-même, lors de sa visite en Galice en 1992, manifestement ému, dans un élan de sincérité qui jaillissait de son cœur, a déclaré "nous faisons partie de l'âme de l'Espagne". Même le mythique commandant Che Guevara considérait l'Espagne comme notre patrie. La légendaire Evita ne se lassait pas de répéter que nous, les Hispano-Américains, indépendamment de la couleur de notre peau, sommes ".... non seulement les enfants légitimes des conquérants, mais les héritiers directs de leurs actes et de la flamme de l'éternité qu'ils ont portée au-delà des mers" et ce, parce que l'Espagne, dit Eva Perón, "...nous a donné son être et nous a légué sa spiritualité".

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Vous parlez souvent des "Espagnols d'Amérique" et des "Espagnols d'Europe". Cependant, il existe une résistance à cette façon de parler. Selon vous, qui résiste le plus et pourquoi?

Le plus grand triomphe politique des ennemis historiques de l'Espagne et de l'Amérique hispanique- comme l'impérialisme français et l'impérialisme anglo-saxon, dirigé d'abord par l'Angleterre et ensuite par les États-Unis - est que nous, Hispano-Américains, ne nous considérons pas comme des Espagnols et que les Espagnols ne considèrent pas les Vénézuéliens, les Équatoriens ou les Argentins comme de véritables Espagnols. Y a-t-il un Égyptien qui ne se considère pas comme un Arabe ? Y a-t-il un Syrien qui ne se considère pas comme un Arabe ? Y a-t-il un Tunisien qui ne se considère pas comme un Arabe ? Du Maroc à l'Irak, en passant par le Soudan et l'Arabie saoudite, indépendamment de la couleur de la peau et des différentes origines ethniques, tous ceux qui parlent arabe se considèrent comme des Arabes et comme les membres d'une grande nation arabe inachevée, artificiellement divisée en différents États. La réunifier était le rêve politique du dirigeant égyptien Gamal Abdel Nasser et du penseur syrien Michel Aflaq. Alors, pourquoi nous, les Argentins, les Chiliens, les Mexicains... ne nous considérons pas comme espagnols ?  Alors, pourquoi les Espagnols de la péninsule ne considèrent-ils pas les Équatoriens, les Uruguayens et les Colombiens, indépendamment de la couleur de leur peau et de leurs différentes origines ethniques, comme des Espagnols ? Tout simplement parce que nous avons cru l'histoire élaborée par les propagateurs rémunérés de la "légende noire" qui a été la première fake news de l'histoire et le plus brillant travail de marketing politique britannique.  Ensuite, pour avoir cru à cette fausse histoire de la conquête espagnole de l'Amérique, les Américains espagnols ont exécré l'Espagne et les Espagnols ont renié l'Amérique espagnole. Eva Perón a crié aux quatre vents que "la légende noire avec laquelle la Réforme s'est ingéniée à dénigrer la plus grande et la plus noble entreprise connue au cours des siècles, comme la découverte et la conquête, n'était valable que sur le marché des imbéciles ou des intéressés" et le problème est que beaucoup de privilèges et beaucoup d'argent ont été distribués pour que beaucoup de professeurs, d'écrivains et de journalistes intéressés stupéfient beaucoup d'étudiants et de lecteurs.

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J'ai récemment pu consulter le professeur J. Barraycoa, président de Unidad Hispanista, au sujet de la continuité entre les processus indépendantistes américains du XIXe siècle et les séparatismes péninsulaires d'aujourd'hui. Croyez-vous qu'il s'agit du même processus étalé sur tant de décennies, ou simplement d'une analogie ? L'unité des Hispaniques a-t-elle encore des ennemis ?

Par sympathie politique, le "séparatisme catalan" promeut aujourd'hui, en Amérique hispanique, avec l'argent de tous les contribuables espagnols et en comptant sur la sympathie de l'impérialisme international, c'est de l'argent pour le "fondamentalisme indigéniste fragmentant."  Les séparatistes catalans - imprégnés de la haine de l'Espagne - aimeraient, par exemple, que dans la jungle équatorienne toute trace d'espagnol soit perdue, qu'au Pérou, dans la région de Cuzco, l'usage de l'espagnol soit abandonné et que seul le quechua soit parlé, qu'à Puno, l'usage exclusif de l'aymara soit imposé et que l'espagnol soit oublié, que dans le sud du Chili et en Patagonie argentine, les Mapuches soient imposés à feu et à sang et que les hispanophones soient persécutés. Le nationalisme séparatiste catalan et l'indigénisme fondamentaliste balkanisant sont des frères jumeaux, car tous deux partagent une volonté d'effacer tout ce qui est espagnol, servant ainsi les intérêts de ceux qui veulent déconstruire l'Espagne et fragmenter les républiques hispano-américaines.

Il me semble que si en Amérique s'est répandu le mythe indigéniste, qui se languit d'un passé de cannibalisme atroce et de l'impérialisme aztèque et inca le plus cruel, nous subissons ici, dans la Péninsule, quelque chose de semblable avec le mythe d'al-Andalus. Les gens ont la nostalgie de l'empire musulman (de l'émirat, du califat) qui a réduit en esclavage, castré, pratiqué la pédérastie et traité les juifs et les chrétiens comme des êtres de seconde zone... La légende noire que vous analysez dans "Madre Patria" est toujours complétée par des "légendes roses" ?

Les chroniques arabes de la conquête de l'ancienne Mésopotamie nous racontent que le bain de sang causé par les envahisseurs musulmans était si important que l'Euphrate et le Tigre étaient teints en rouge. Pour célébrer la conquête de l'Espagne, les musulmans ont emmené à Damas, par la force, trente mille vierges espagnoles pour les garder comme esclaves sexuelles. Pour comprendre l'ampleur d'un tel enlèvement - en gardant à l'esprit qu'il est fort probable qu'au début du VIIIe siècle, à la veille de l'invasion musulmane, la population de la péninsule ibérique n'atteignait même pas le niveau de la population du début de l'ère romaine - il est nécessaire de souligner que prendre trente mille femmes espagnoles pour les soumettre à l'esclavage sexuel en Syrie équivaudrait aujourd'hui à sortir quatre millions de femmes d'Espagne. Il convient de rappeler qu'ils ont également emporté à Damas vingt-six couronnes d'or provenant de la cathédrale de Tolède et plusieurs jarres remplies à ras bord de perles, de rubis et de topazes.

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D'autre part, en Amérique du Nord, les "pieux protestants anglais", pendant l'un des hivers les plus rigoureux de mémoire d'homme, ont distribué "charitablement" des couvertures infectées par la variole aux Indiens d'Amérique du Nord. Lorsque les Anglais ont commencé la colonisation de l'Australie, ils l'ont déclarée "terra nullius", c'est-à-dire sans habitants humains, malgré le fait qu'ils avaient recensé quelque neuf cent mille aborigènes qui vivaient en Australie depuis environ soixante-dix mille ans. Cela vaut la peine de le répéter car cela semble incroyable : pour l'Angleterre "humanitaire", il n'y avait pas d'êtres humains en Australie. Les Aborigènes australiens étaient, pour les "gentlemen" anglais, des animaux rares comme l'ornithorynque ou le kangourou ; des animaux qui marchaient sur deux jambes et semblaient avoir le don de parler comme des perroquets. Cependant, la seule conquête que le monde critique est la conquête espagnole de l'Amérique. Sans doute la légende noire de la conquête espagnole de l'Amérique est-elle toujours complétée par la légende rose de la conquête arabe de l'Espagne et la légende rose de la conquête anglaise de l'Amérique du Nord et de l'Australie. 

Enfin, comment voyez-vous la situation en Espagne ?

J'ose affirmer, sans tourner autour du pot, que l'Espagne est aujourd'hui en danger de mort. Cependant, la grande majorité des Espagnols sont totalement inconscients de ce danger. La plupart des Espagnols dansent nonchalamment sur le pont du bateau qui coule, ignorant que la Nation a heurté un iceberg. La gauche espagnole actuelle, et non la gauche de Felipe González et d'Alfonso Guerra, est la principale responsable de cette situation car elle a transformé l'Espagne en une nation autruche qui se cache la tête face aux deux grands problèmes qui menacent l'existence même de l'Espagne. D'une part, l'émergence de nationalismes périphériques fous qui, prenant le pouvoir, endoctrinent dans les écoles les enfants dans la haine de l'Espagne et de sa langue commune. Ce fait axial fait que l'Espagne roule, presque inexorablement, vers sa fragmentation territoriale. Ils sèment la haine de la nationalité commune et, sans aucun doute, ils sèment la haine, car ils récolteront des tempêtes. D'autre part, l'Espagne, qui possède une pyramide des âges "funéraire", est en passe de cesser d'être l'Espagne car, comme l'affirme le philosophe Alfonso López Quintas, les nouveaux arrivants se promènent dans les rues de Grenade, Cordoue et Séville en pensant et en disant à voix basse : "...ces villes ont été les nôtres et elles le seront à nouveau". Le monde musulman - comme l'affirme Charles Simond dans sa célèbre introduction au livre d'Armand Kahn, L'Arabie sacrée - ne rêve pas de Ceuta, il rêve de Grenade. L'Espagne, après avoir atteint le bien-être économique tant désiré, séparée de sa "foi fondatrice" et endormie par le relativisme, le consumérisme et l'hédonisme, a reçu un coup de poignard métaphysique mortel. Seul un miracle aujourd'hui pourrait fermer la blessure ouverte et profonde et arrêter l'hémorragie.

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L'histoire peut-elle être "redressée" ?

Seule une "immigration massive" d'hispano-américains pourra sauver l'Espagne, qui, je le répète encore une fois, présente déjà une "pyramide funéraire", celle d'une tragique "fin annoncée" et faire en sorte que l'Espagne continue à être l'Espagne. Mais cela nécessite une profonde réconciliation entre les Espagnols d'Amérique et les Espagnols d'Europe. Pour cela, il faut en finir avec le mythe de la Légende noire, avec la "zoncera" [stupidité] du génocide des peuples indigènes, avec la "zoncera" que Cortés a "conquis" le Mexique alors qu'en réalité, il a libéré la majorité de la population - qui habitait alors le Mexique - de l'impérialisme le plus atroce que l'histoire de l'humanité ait jamais connu: l'impérialisme anthropophage des Aztèques. Au Mexique, il y avait une nation oppressive et des centaines de nations opprimées, auxquelles les Aztèques n'ont pas arraché leurs matières premières - comme l'ont fait tous les impérialismes au cours de l'histoire - mais ils ont arraché leurs enfants, leurs frères... pour les sacrifier dans leurs temples et distribuer ensuite les corps démembrés des victimes dans leurs boucheries, comme s'il s'agissait de porcs, pour servir de nourriture substantielle à la population aztèque.  Le miracle est encore possible si les Espagnols européens comprennent qu'aucun hispano-américain, riche ou pauvre, éduqué ou non, blanc ou indien, n'est un étranger sur les terres d'Isabelle et de Ferdinand. Aujourd'hui, la légende noire, c'est-à-dire la fausse histoire de la conquête espagnole de l'Amérique écrite par les ennemis historiques de l'Espagne et de l'Amérique latine, semble avoir gagné la bataille culturelle, déterminant les consciences, les coutumes et les préjugés. Mais les temps sont mûrs pour le rétablissement de la vérité.

Source :

https://latribunadelpaisvasco.com/art/15224/marcelo-gullo...

 

mercredi, 07 juillet 2021

Anatomie du Japon moderne

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Anatomie du Japon moderne

Alexandre Douguine

Ex: https://www.geopolitica.ru/it/article/anatomia-del-giappone-moderno

Les métamorphoses trompeuses de la Grande Mère : l'archétype de Mishima

L'archétype de Mishima dans la culture japonaise d'après-guerre est le plus haut exemple de dialectique subtile, dans laquelle la combinaison particulière du libéralisme moderniste incorporé à un certain nombre d'aspects matriarcaux du shintoïsme est devenue clairement évidente. Ainsi, une nouvelle culture japonaise a été construite, dans laquelle tout ce qui était proprement japonais, lié à l'identité japonaise authentique, était interdit, perverti ou remplacé. Cette culture, qui a donné des noms brillants dans la littérature, le cinéma, la musique, etc., était fondée sur la dégradation rapide de l'esprit traditionnel japonais, sur la désintégration profonde des symboles célestes, dissipant tout de manière entropique en particules infiniment petites. C'était une culture en déclin qui fascinait l'Occident en grande partie pour son exotisme, sa rapidité et son originalité. Les intellectuels japonais de l'après-guerre qui ont décidé d'"attendre un peu plus longtemps..." ont rendu cette situation d'autant plus douloureuse et perverse.

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En ce sens, le célèbre réalisateur japonais Takashi Miike peut être considéré comme un exemple vivant de la culture japonaise moderne, reflétant la structure de son état actuel, quelqu'un qui a réalisé de nombreux films de genres différents, mais qui, dans beaucoup d'entre eux, a réussi à refléter les principales lignes de force qui traversent le Japon moderne. Un européanisme méfiant à l'égard de l'ethnologie et de l'écologie d'Akira Kurasawa, et même le paradoxe tragique de Takeshi Kitano chez Miike est dépassé par les formes les plus extrêmes d'expression de l'absurdité, de la cruauté et de la dégénérescence. La société japonaise de Miike n'est pas seulement une société extrêmement dégénérée, c'est une société qui n'existe pratiquement pas, qui est devenue son propre simulacre, une illustration du postmodernisme japonais. L'Occident a pénétré au cœur de la culture japonaise, a détruit tous ses liens organiques, a coupé toutes ses chaînes sémantiques, et les "déchets de Nipponcity" sont apparus au grand jour sous forme de sadisme, de cruauté, d'effondrement de la famille, de dégénérescence, de mafia, de perversion, de corruption, de pathologie et, en même temps, d'ethnocentrisme, dont tous les films de Miike sont empreints.

Le méchant yakuza

Chacun des films de Miike reflète les deux faces de la morbidité de la société japonaise. Toute la série de films Yakuza est une représentation grotesque de groupes pseudo-samouraïs, militants, extrêmement masculins, qui se distinguent par une cruauté excessive, une indifférence morale absolue et, en même temps, sont profondément engagés dans la décomposition du système social japonais, où la corruption, l'immoralité et la folie sont devenues une norme universellement reconnue.

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Miike dépeint ses héros la plupart du temps dans un contexte surréaliste, où l'absurde atteint son paroxysme, où les yakuzas, la police, les gens ordinaires et les héros aléatoires se confondent dans une continuité de démembrements sanglants, de perversions de toutes sortes, de cruauté injustifiée, complètement dépourvue de motivation, dans le contexte de laquelle la voie du samouraï et l'éthique militaire deviennent une parodie totalement dénuée de sens.

Un exemple impressionnant de la façon dont le genre populaire du film japonais Yakuza de Miike (dans une version beaucoup plus sobre, représentée par une série d'œuvres d'un autre célèbre réalisateur japonais Takashi Kitano) se transforme en une illusion surréaliste peut être le film Yakuza Horror Theatre : Gozu (2003) et le feuilleton Multiple Personality Detective Psycho (2000), où les thèmes classiques de Miike deviennent un mélange de pathologie délirante et de découvertes postmodernes absurdes.

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La cruauté très douloureuse et sanglante, ainsi que l'intrigue intelligible qui peut en rationaliser au moins une partie, deviennent des contenus indépendants dans des films comme Ichi the Murderer (2001) ou Izo (2004). Dans le film Ichi l'assassin, Ichi, un jeune homme souffrant d'un retard mental et dépourvu d'émotions, tue inutilement, par ordre ou par accident, tous ceux qui l'approchent à l'aide de lames tranchantes ; le film Izo offre une version surréaliste d'un personnage historique réel, le samouraï Izo Okada (1832-1865), qui devient un esprit immortel de destruction selon Miike, et qui renaît périodiquement avec un seul objectif : l'extermination totale de tous ceux qui se trouvent sur son chemin. En même temps, la position de Miike dans l'interprétation des personnages dépeints et de ses actions reste strictement neutre : il décrit tout ce qui se passe avec précision et exactitude documentaire, sans se soucier le moins du monde de la façon dont le public l'évaluera. En règle générale, les spectateurs le considèrent comme tout à fait approprié : dans la postmodernité, le sens a été aboli, et la seule forme d'interprétation reste le fait même de la contemplation et du suivi assidu de chaque rebondissement, sans signification, pour tout rejeter de la tête au moment de quitter la salle de cinéma ou du déroulement du générique de fin du spectacle.

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Zebraman : un vol vers nulle part

Avec la même neutralité et la même ponctualité soulignées, Miike interprète d'autres thèmes : en particulier, la désintégration complète de la famille japonaise et la disparition des saisons et des relations sociales classiques, avec le film Visitor Q (2001) ou Le bonheur des Katakuris (2001) ; la criminalisation radicale des écoles japonaises et l'autonomisation de l'archétype de l'adolescent, privé des procédures pour grandir dans les conditions de l'individualisme libéral, avec Crows Zero (2007) et Crows Zero 2 (2009) ; la transformation du Japon en décharge industrielle et des Japonais en ses habitants dans Shangrila (2002), etc.

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Il est particulièrement nécessaire de souligner l'attrait de Miike pour les intrigues mythologiques et archétypales, parfois présentées de manière délibérément enfantine à l'aide d'une stratégie postmoderne réflexive.  Dans la série de films Dead or Alive, il s'agit donc de la réincarnation de deux anges punisseurs qui détruisent le capitalisme corrompu.

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Les films Zebraman (2004) et Zebraman 2 (2010) dépeignent le mythe de Kirin, la version japonaise de Qilin, la licorne jaune, symbole des logos chinois, qui incarne la figure grotesque d'un enseignant pathétique qui croit aux bandes dessinées et tente de voler dans le ciel comme des surhommes et des héros qui sauvent l'humanité.

La Grande Mère

Le très subtil film Audition (1999), qui est devenu l'un des films les plus célèbres de Miike, est consacré à l'horreur primitive associée à l'élément sombre du féminin, où sous le masque d'une jeune fille fragile se cache une essence sadique au sang profond qui recherche la tromperie, le meurtre, la torture, le démembrement et la mort de tout ce qui croise son chemin.

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Ces métamorphoses trompeuses de la Grande Mère, présentées de manière saisissante dans Audition, reflètent le diagnostic le plus précis de l'état moderne de la civilisation japonaise : sous l'innocence et la précision technologique présentées par le type d'adolescent japonais, se cache un abîme de décadence, de vice, de dégénérescence et de destruction, à la contemplation duquel la conscience collective de la société japonaise tente d'échapper par tous les moyens possibles, mais qui la dépasse dans l'art et les instincts psychologiques, les recouvrant également d'une vague d'horreur totale. Dans Audition, vous pouvez lire la version contemporaine postmoderne de l'histoire de la visite d'Izanagi dans le pays de Yomi et de sa rencontre fatale avec Izanami en enfer.

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Les Chinois volants

L'attitude de Takashi Miike à l'égard du monde qu'il représente est assez difficile à comprendre, car il a réalisé de nombreux films, parfois très différents et avec des attitudes idéologiques différentes, unis uniquement par l'indéniable postmodernisme stylistique du réalisateur ; mais la clé de sa position se trouve dans le film Le peuple oiseau en Chine (1998) (Tugoku no tojin - 中人 のコ), dans lequel, plus franchement que dans d'autres films, il révèle une idéologie personnelle soigneusement cachée. Dans ce film, deux mondes, le Japon et la Chine, s'opposent de manière très transparente, mais pas en tant que phénomènes sociaux, mais en tant que deux espaces symboliques. Le Japon est représenté par le fonctionnaire naïf et impuissant Wada et un Yakuza d'âge mûr envoyé à la recherche d'un trésor dans les montagnes abandonnées de Chine. Tous deux sont présentés comme les représentants d'une civilisation complètement décadente, sans valeurs morales ou religieuses, sans vision du monde, sans identité personnelle positive, agissant en vertu de l'individualisme et de l'inertie dictés par l'influence des circonstances matérielles. C'est le Japon typique de Miike, une sorte d'anti-Japon, son double-noir moderne d'après-guerre.

Une fois en Chine, les héros n'arrivent pas dans une société socialiste, mais se retrouvent dans un environnement naturel habité par un groupe ethnique totalement épargné par la modernité et vivant dans des conditions de valeurs simples, claires et transparentes, de mythes, de tradition céleste et de sincérité. Le noyau principal des mythes de ces habitants d'un petit village perdu, où les Japonais arrivent avec beaucoup de difficultés sur les tortues d'eau, se trouve dans la légende du "peuple volant".

Miike donne une explication rationnelle dans l'esprit du matérialisme sceptique : il s'agit des souvenirs des événements de la Seconde Guerre mondiale, lorsqu'un pilote américain s'est écrasé près du village ; les villageois, après avoir vu l'avion pour la première fois, ont décidé qu'il s'agissait d'un homme volant, d'autant plus que le pilote tombé a survécu et a laissé des descendants parmi les habitants, une fille d'apparence européenne qui est considérée, néanmoins, comme une parfaite femme chinoise. Peu à peu, les Japonais tombent sous le charme direct des habitants, oublient les objectifs pragmatiques pour lesquels ils ont été envoyés et commencent à croire aux "Chinois volants". Les habitants eux-mêmes n'abandonnent pas leurs tentatives de décoller du sol, portant toujours des ailes artificielles et sautant depuis les pentes des montagnes. À un moment donné, les Japonais se joignent à eux : d'abord le directeur Wada, puis les yakuzas, plus sceptiques, mais naïfs et animés. Le film culmine dans des scènes de sauts désespérés par les Japonais eux-mêmes, et dans les dernières scènes, nous voyons une figure humaine volant haut dans le ciel avec des ailes artificielles.

L'ontologie chinoise est un être flottant fondé sur la "magie du souffle" (M. Granet).  Le film de Miike représente cela littéralement et visuellement. Dans le contexte de l'après-guerre, le Japon est perçu comme un royaume de la mort et de la terre, de la gravité et de la décadence. Une telle topologie comparative s'inscrit parfaitement dans notre cadre noologique : le logos chinois, avec le Tao et le bouddhisme Mahayana, surtout dans la tradition Ch'an, est devenu la composante la plus importante de la culture japonaise à travers la " fascination pour la Chine ", qui est le début le plus important de toute l'histoire du Japon (selon L. Frobenius, la culture/pideuma commence par " l'obsession ", la " fascination ", l'Ergriffenheit).

L'émergence de la synthèse nippo-chinoise, correspondant au dialogue actif et significatif du bouddhisme et du confucianisme avec le shintoïsme, les traditions locales et la dynastie impériale japonaise qui a conduit à l'incarnation finale du logos japonais, où dans la structure de l'ellipse japonaise l'attention zen a activement soutenu et renforcé l'approche shintoïste, tandis que tout ce qui est chinois a fondé et éclairé tout ce qui est japonais. C'est la deuxième phase du paideuma japonais, toujours selon L. Frobenius, la phase d'"expression" (Ausdruck). La troisième phase a été la division des Japonais et des Chinois pendant l'ère Meiji, et après la dernière tentative de renaissance et la révolution conservatrice pendant le "zen impérial" (l'école de Kyoto, certaines formes de nationalisme japonais dans la première moitié du 20e siècle), la défaite dans la Seconde Guerre mondiale, l'effondrement du Logos, dont seuls les moments techniques appliqués et restés (Anwendung).

Par conséquent, le voyage des Japonais en Chine chez Miike devient un moyen de retourner à leur patrie spirituelle, aux origines de la fascination. Le Chinois volant pour le Japon est une indication clé de l'époque où existait le Japonais volant, dont l'écho tragiquement douloureux et ironique, son double/simulacre, est le héros zebraman ; mais cette idéologie, qui est le code principal de Miike, contraste trop avec la réalité - métaphysique, sociale, politique, culturelle et stylistique, c'est pourquoi, apparemment, le réalisateur n'a pas osé développer ce thème tragique et dangereux, qui a le potentiel de répéter le chemin de Yukio Mishima - avec la même fin, prévisiblement triste et, pire, simulée. L'ombre de Mishima plane sur tous les vrais artistes japonais, et même les meilleurs ne peuvent pas dépasser les limites de cet archétype, et les libéraux conformistes ne veulent même pas essayer.

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Cela prédétermine le postmodernisme amer et ironique de Miike et d'autres réalisateurs proches de lui, comme Shinya Tsukamoto, auteur de films extrêmement absurdes sur la fusion d'un homme avec une machine (développement postmoderne du thème de Mishima - "le corps et l'acier") Tetsuo - L'homme de fer (1989) et même Les aventures de Electric Rod Boy (1987), Tokyo Fist (1995) ou Takashi Shimitsu, qui a réalisé Marebito (2004) et Ju-On (2002) avec plusieurs suites. Le Japon se déplace progressivement dans l'espace d'un autre monde, où la frontière entre le mécanisme et l'homme, entre les vivants et les fantômes, entre la raison et la chute en cascade dans l'irrationnel, s'éloigne.

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Le port du shintoïsme

Toutes ces peintures dépeignent les plans inférieurs du cosmos shinto, où la saturation du sacré est encore clairement ressentie (et c'est là la différence fondamentale avec le postmodernisme américain ou européen, dont le sacré a été expulsé au début de l'euro-modernisme), mais toute cohérence, aisance, ordre, contrainte et spiritualité sont irrémédiablement perdus. C'est la double ombre du Japon, de son peuple et de sa civilisation, immergés dans le pays des racines, Yomi, jusqu'au fond de l'univers shintoïste au stade de son dernier refroidissement. Le surréalisme postmoderne japonais n'est donc rien d'autre qu'un réalisme "photographique" fiable, une réplique exacte de l'état du logos japonais, qui se trouve au stade final de sa décomposition et de son naufrage.

Napoléon, entre opportunisme et messianisme républicain

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Napoléon, entre opportunisme et messianisme républicain

par Frédéric Andreu-Véricel

La commémoration du bicentenaire de la mort de Napoléon ne nous apprend rien ou presque sur Napoléon que nous ne sachions déjà. Bonaparte est avant tout un général de la Révolution, despotique, opportuniste et peu soucieux de la vie des hommes.
En revanche, cette commémoration en demi-teinte nous en dit beaucoup sur notre époque. Devons-nous commémorer ou non le «grand homme»? Lui faire un procès pour racisme? Raser les Invalides? Déboulonner ses statues?

L'Histoire nous apprend qu'une période de chaos dressé contre la Loi Naturelle est presque toujours accompagnée d'un messianisme. Minés par la corruption et totalement dépassés par les événements, le clan Sieyes et les politiciens du « centre droit » de l’époque qui forment le gouvernement du Directoire cherchent un homme à poigne pour sauver leur sacro-sainte République. Le consensus de l’époque est pour l’idée de Mirabeau, une monarchie républicaine.

Le plan est de se servir de Bonaparte puis de l’écarter du pouvoir. Cela aurait dû être Joubert mais celui-ci trouva la mort en Italie; Lafayette est pour sa part discrédité. Il ne reste que Napoléon devenu célèbre depuis la campagne d’Italie. Plutôt que de parler de destin, parlons plutôt de contexte.

Retenons que le règne de idées finit en général très mal et la Révolution Française n'a d'ailleurs même pas bien commencé. Une décennie de guerre civile quasi-permanente, de nuit sociale laisse place à la banqueroute économique et la corruption généralisée. Le régime ne pouvait conduire qu'à un régime militaire. La situation que nous connaissons aujourd'hui, malmenée par des idéologues ultra libéraux, pourrait nous conduire, elle aussi, à un coup d'Etat militaire. L'Histoire ne se répète pas mais recycle en revanche ses scénarios.

En deux années, Bonaparte redresse un pays ruiné. Nous pouvons lui rendre grâce d'avoir mis un terme à la Révolution, même si ses réformes serviront de marche-pieds à l’invasion de l'Europe. Le logiciel de Napoléon n’est pas l’ordre organiciste mais messianiste, le soft power des droits de l'Homme.

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Mais comparaison n’est pas raison. En ce début de XIXème siècle, l'heure de la France avait sonné grâce à la convergence de plusieurs paramètres. Tout d'abord, elle était, avec 27 millions d'habitants (contre à peine 9 pour le Royaume-Uni), la Chine de l'Europe. En outre, la langue diplomatique de l'Europe était le Français. Cependant, il manquait à la France un atout essentiel pour assoir son hégémonie, la maîtrise des routes maritimes. La flotte d'Ancien Régime était loin d'être négligeable, mais c'est la Révolution Française qui a entrainé la chute de la Marine car les amiraux français, en majorité nobles, refusèrent de servir la Révolution et l'Empire.

La juxtaposition de ces atouts et faiblesses françaises forme une solution explosive qui n'attendait qu'une étincelle. Cette explosion s'appelle Bonaparte, un militaire corse promu général à 24 ans. Il mit son talent militaire à lutter contre l'hégémonie anglaise mais sans marine, il n'eut d'autre choix que de livrer bataille indéfiniment sur terre contre des coalitions financées en sous main par la Couronne anglaise. Cela fit les affaires de la Perfide Albion qui pu annexer les îles hollandaises et françaises (dont la Martinique) pendant que les Européens étaient occupés à se faire la guerre. Pour financer les armées de toute l'Europe contre Napoléon, les Britanniques empruntent l'équivalent de 7 fois la masse monétaire du monde qu'ils rembourseront dès les années 1830.

Se faisant, Napoléon est aussi un héritier. Il poursuit à bien des égards la politique d'expansion de la France de ses prédécesseurs. Louis XIV avait annexé l'Alsace, Louis XV la Corse, mais les Bourbons se limitaient à repousser les frontières du domaine royal et non à annexer tout le continent. Les ardeurs des Bourbons étaient par ailleurs tempérées et encadrées par une politique d'alliance. Ce sont les diplomates qui étaient souvent issus du clergé qui dirigeaient en fait. Le régime napoléonien, autocratique, ne connaissait pour sa part pas la tempérance; il ne cessa jamais son expansion parfois en dépit du bon sens.

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Il fit passer la conquête de l'Europe sous couvert de messianisme révolutionnaire. Bien sûr, la personnalité de Napoléon compte mais compte aussi la dynamique de la Révolution et son logiciel universaliste. Napoléon dira : " je suis le messie de la Révolution". On a retrouvé des médailles « miraculeuses » de la Campagne d’Italie en plusieurs régions d’Europe. C’est dire le sentiment religieux que l’on prête à Napoléon.

La personnalité de Napoléon est complexe. Je situerais la personnalité de Napoléon quelque part entre celle de Robespierre et celle de Talleyrand.  Robespierre fut un idéologue incorruptible (Napoléon fut d'ailleurs un proche du frère de Robespierre) et Talleyrand était tout le contraire. Napoléon agit guidé moins par principe que par pragmatisme servit d'un génie militaire hors du commun.

I : Napoléon, grand stratège en communication

Afin d'implanter son pouvoir, Napoléon ne peut s'appuyer sur aucune légitimité du pouvoir. Il n'est pas un Bourbon, ni un Romanov, mais est issu d'une petite aristocratie foncière d'Ajaccio, grande rivale des Paoli. Depuis son mariage avec Marie-Louise, il ne cesse de rappeler qu'il.est le "neveu" de Louis XVI. Le sacre va lui permette d'asseoir sa légitimité; les prouesses militaires vont faire le reste.

Je parlerais moins de "propagande" à son endroit que du "mentir vrai" de son roman politique. Quelques exemples. Après la bataille d'Eylau, Il organise un concours de peinture afin de montrer qu'il en est le vainqueur. Les toiles devaient le montrer en monture de cheval, magnanime envers les vaincus.

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En fait, le jour de la bataille, la tempête de neige empêcha toute visibilité. Le lendemain, personne ne savait qui était vraiment le vainqueur de ce qui apparu comme un carnage. La propagande picturale permit de compter Eylau au nombre des 77 victoires gravées sur l'Arc de Triomphe. Les Russes qui revendiquent eux aussi la victoire, ne font point allusion aux charges de cavalerie de Murat, pourtant légendaires côté français.

On pourrait multiplier les exemples de récupération idéologique. À Sainte Hélène, Napoléon fait vendre son argenterie afin de répandre dans l'opinion l'idée que les Anglais le maltraitent…

N'oublions pas que Napoléon a été toujours obsédé par la légitimité comme celle des révolutionnaires sans cesse divisés en factions. Comme eux, il était perçu comme un usurpateur par l'ensemble des cours d'Europe et par les royalistes français. C'est en jouant un double jeu que la maison d'Autriche accepte le mariage de Napoléon et de Marie-Louise.

S'il nous apparaît aujourd'hui comme un "héros" c'est parce qu'il a sut jouer sur les schèmes de l'imagerie chrétienne, revêtir les habits de la gloire ou ceux du martyr. Il vécu par ailleurs avant l'invention de la photographie. Il se fit le journaliste de sa propre légende et utilisant la peinture et l'architecture à son profit.

II : Napoléon est aussi un héritier…

Il faudra un jour appréhender les événements de la Révolution moins comme une simple révolte spontanée que comme une sorte de messianisme politique importé des Etats-Unis.

Napoléon hérite de ce contexte historique et de ce principe, de l'idéologie de l'Homme Nouveau et des méthodes brutales des premiers évangélisateurs (ces "Bolcheviques de l'Antiquité"). Napoléon, héritier de la Révolution, est pour une part un messianiste. Les exactions de Napoléon (comme en Palestine où il fait égorger 5000 prisonniers albanais) ressemblent d'ailleurs à celles des croisés en Terres Saintes; toujours le même prétexte de la foi et du messianisme pour justifier des conquêtes matérielles. Il fallait envahir l'Europe pour la libérer de l'"obscurantisme".

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Mais toutes les hagiographies réécrites a posteriori ne sauraient effacer la loi d'airain de la politique qui est la géopolitique. Sous cet angle, on s'aperçoit que Napoléon ne fait que poursuivre -  en l'accélérant jusqu'à son paroxysme - la politique de la France depuis plusieurs siècles: assurer la prééminence française en Europe et lutter contre sa grande rivale des mers, l'Angleterre.

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La vente de la Louisiane par Napoléon (illégale car faite sans l'accord de l'Espagne et sans l'aval du Sénat) est a mettre au profit de cette politique. En effet, Napoléon ayant échoué à déloger les Anglais par la campagne d'Égypte, a cherché à affaiblir l'Angleterre par la vente de la Louisiane aux États-Unis, après l'aide aux indépendantistes fourni par Louis XVI.

Rétrospectivement, ce fut finalement une bonne affaire car la France n'aurait de toute façon pas pu développer ce vaste territoire situé à 8000 km que les États-Unis auraient de toute façon absorber un jour ou l'autre.

En Europe, Napoléon n'a fait que poursuivre la politique des Bourbons notamment par son mariage avec une princesse Habsbourg d'Autriche et la recherche d'une alliance avec la Russie, axes de la politique ingénieuse de Louis XVI. Mais, après la défaite de la flotte à Trafalgar, il réalise cette politique sur le champs de bataille terrestre et non sur les mers. Napoléon est avant tout un militaire de culture antique, un nouveau César et non un diplomate d'Ancien Régime.

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Talleyrand, un esprit de l'Ancien Régime,  surnommé le "prince des diplomates", a en réalité instrumentalisé Napoléon tout d'abord dans le but de mettre un terme à dix années de guerre civile engendrée par la Révolution mais cherchera à le destituer lorsque celui-ci se révéla incontrôlable. Galvanisé par ses conquêtes militaires, il mis à mal le principe d'Equilibre Européen. Bien que tout puissant sur les champs de bataille, Napoléon ne fut pas entièrement maître de son destin sur le terrain politique et fut plus utilisé par Talleyrand que le contraire. Ce point n'est guère mis en exergue par les historiens subjugués par la légende napoléonienne, mais c'est pourtant un fait objectif. À Erfurt, Talleyrand va déclarer au Tsar que Napoléon est "fou" et qu'il ne faut pas l'écouter. En 1808, lorsque Napoléon s'embourbe en Espagne, Talleyrand et Fouchet tentent de la remplacer par Murat. Enfin, Talleyrand pousse Napoléon à abdiquer après ses échecs militaires de Leipzig. Alors que les troupes russes défilent dans Paris, le Tsar réside dans l'hôtel particulier de Talleyrand. C'est Talleyrand en conversation  avec le Tsar qui décide du retour de Louis XVIII.

Les revenus de Talleyrand équivalent à 10 % du budget de l'Etat. On a dit en outre qu'il aurait détourné 20 % de la vente de la Louisiane, ce qui fait du "diable boiteux", en plus du diplomate le plus prestigieux de l'Empire, une banque de France à lui tout seul.

III : Le Congrès de Vienne dans l'ombre de Napoléon.

Lorsque Napoléon revient de l'île d'Elbe, les puissances européennes sont déjà réunies à Vienne pour tourner la page napoléonienne. Il s'agit de réorganiser le continent selon le principe britannique de l'"Equilibre Européen".

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Pour se faire, le Congrès va se muer en un gigantesque salon où toutes les questions de droits nationales, régionales et même locales, vont être mis sur la table. Le Congrès invente les bases du droit international. Mais bien peu d'historiens ne voient que les grandes avancées du Congrès recyclent en réalité une grande partie du droit napoléonien. Un exemple emblématique : la liberté de circulation des fleuves et rivières de toute l'Europe reprend les lois de circulation sur le Rhin signées par Napoléon. (Même le fleuve Congo établira la même législation). Napoléon abolit la Traite des noirs pendant les Cent Jours. Les congressistes le font aussi. Les constitutions des pays s'inspirent de la législation napoléonienne et de la centralisation pyramidale de l'administration.
Par conséquent, la coalition reprend l'essentiel des visées napoléoniennes mais sans Napoleon. Quant au royaume de Pologne, le Congrès impose un compromis entre l'annexion totale par la Russie et l'indépendance. C'est Talleyrand qui impose un vice-roi à la Pologne sous tutelle du Tsar Alexandre premier. Ce vice-roi est un frère du Tsar marié à une princesse polonaise. Finalement, le Congrès parvient à une solution qui n'est pas loin du "Duché de Varsovie" instauré par Napoléon. Quant aux délégations juives, toutes revendiquent le Consistoire de Napoléon, gage de citoyenneté.

Bref, le Congrès de Vienne, sensé liquider l'héritage napoléonien en reprends les bases tout en encerclant le territoire français par des États tampons, Pays-Bas, Suisse neutre, Rhénanie rattachée à la Prusse par un corridor. Le vainqueur continental du Congrès est sans doute la Russie mais la France, vaincue, limite les pots cassés grâce aux habiles manœuvres de Talleyrand.

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En France, Louis XVIII entérine toutes les avancées de Napoléon et y ajoute la liberté de la presse. Bref, Napoléon n'est plus utile à la France. Contraint à l'exil, il parviendra a gagner la bataille de l'image.

D'un certain point de vue, c'est Napoléon qui a sauvé le Congrès de Vienne en 1815 car son retour à électriser le Congrès alors en proie à la sécession. Une guerre contre la Russie aurait pu éclater quand survint le retour rocambolesque de l'Empereur. Ce retour a entraîné un consensus salvateur contre Napoléon, déclaré hors la loi. Les lettres qu'ils fient parvenir à Vienne ne seront même pas ouvertes. Il ne restait plus à Napoléon, proscrit par tout le monde y compris par certains de ses maréchaux, de s'imposer par la guerre.

IV: Napoléon est le miroir de notre présent :

Napoléon - figure française la plus connue dans le monde - qui aurait inspiré plus de 110.000 livres ! - est aujourd'hui l'objet d'attaque en règle de la Cancel Culture importée des campus universitaires américains. Stratégie folle mais efficace qui impose des stratégies de pouvoir pour commémorer a minima le grand homme.

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Un projet de film sur Bonaparte est en cours, émanant d'un réalisateur heureusement pas Français mais britannique. Ridlley Scott aurait choisi Joachim Phoenix, connu pour son interprétation magistrale d'empereur romain, pour incarner Napoléon. Un réalisateur français aurait sans doute choisi Omar Sy pour incarner l'Empereur. Problème, il aurait aussi fallu montrer Napoléon en despote assoiffé de sang, un fouet d'esclavagiste à la main.

Bref, Napoléon rend difficile son appropriation idéologique. Mais les culpabilisateurs professionnels ne cesseront de voir en lui un despote tandis que les patriotes voient en lui un "professeur d'énergie" (Maurice Barrès). 

Ce qui insupporte la gauche sociétale, c'est que Napoléon représente, au-delà de sa personne, une décennie où la France fut, par sa démographie et ses conquêtes, la maîtresse de l'Europe et donc du monde, n'en déplaise aux gagne-petits et aux médiocres. Il représente la "fenêtre d'opportunité française" de l'Histoire, une partie de poker historique où la France pouvait tout gagner ou tout perdre. Face à une époque sous anesthésie idéologique, il reste un modèle de dépassement : face aux soldats de Louis XVIII le tenant en joue, il s'avance, seul, sans arme, s'écriant :  "Soldats, ne reconnaissez-vous pas votre empereur. Si quelqu'un veut tuer son empereur, qu'il tire"" ? Croyez-vous qu'un François Hollande ou un Macron aurait été capable d'une telle geste?

Il est permis d'imaginer quel serait aujourd'hui le monde si Napoléon n'avait pas lancé son armée supersonique en Russie ? Instruit par Caulaincourt, il savait que le Tsar n'attaquerait jamais l'armée française. Ensuite, Napoléon refuse de passer l'hiver en Russie.  Bref, si Napoléon avait recherché un compromis avec l'Angleterre et envisager la création d'un empire bicéphale avec le Tsar Alexandre, le monde serait aujourd'hui tout autre. Il aurait ainsi crée les bases d'une confédération eurasienne.

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A minima, si Napoléon n'avait pas perdu à Waterloo, pas de Congrès de Vienne, pas d'exil à Sainte Hélène. Conséquence : l'Allemagne n'aurait sans doute jamais été unifiée par la Prusse. Les États du nord allemands auraient sans doute rejoint un.jour ou l'autre la Prusse pour former un Etat protestant tandis que la Bavière alliée au Duché de Bade, aurait fini par former un État catholique. Deux Allemagne de confessions différentes n'auraient jamais pu devenir la grande rivale de la France, surtout si Napoléon avait choisi une princesse bavaroise à lieu d'une Habsbourg d'Autriche.

On peut considérer Waterloo comme la première guerre franco-allemande dans la mesure où c'est Blücher (le vieux général prussien farouchement anti-français) et non l'anglais Wellington, le grand vainqueur de Waterloo.

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Soyons réaliste même ds l'uchronie : l'Empire n'aurait sans doute pas survécu à Napoléon, mort des suites de son cancer à l'estomac, mais la France aurait conservé ses 134 départements une décennie de plus et aurait sans doute consolider sa politique d'alliance avec l'Autriche et la Russie, créant une confédération eurasienne puissante qui aurait maintenu les États-Unis à l'écart de l'échiquier politique mondial. Au lieu de cela, c'est l'Europe, exsangue par les conflits franco-allemands et deux guerres mondiales, qui est aujourd'hui le nain politique du monde au profit des États-Unis…

C'est bien la division entre l'Europe et la Russie (puissances de la terre) qui permet l'hégémonie de l'Amérique (puissance de la mer).

Au lieu de cela, la France ne cesse de décliner depuis 1815, reléguée au niveau d'une puissance subalterne jusqu'à voir aujourd'hui sa population régresser sur son propre sol et transformée en consommateurs. Pire, le bradage de son talent et de son âme se fait avec la complicité de ses propres élites ; le dénigrement de son Histoire est conduite par eux. Récemment une ministricule du gouvernement Macron a qualifié Napoléon de "misogyne" ;  un autre d'"esclavagiste", un autre encore d'antisémite. On a peine à croire que des personnages aussi traitres à leur patrie, ignares et cupides, puissent occuper des places de ministres ! Malgré tous ses défauts, Napoléon incarna le primas de la politique, du volontarisme, sur la logique froide du commerce. Son ennemi, l'Angleterre, incarnait l'exacte contraire. Le peuple anglais à toujours conserver une affection particulière pour Napoléon puisque le bateau de Napoléon, en escale en Angleterre précédent l'exil à Sainte Hélène, fut entouré par des petites embarcations et des admirateurs anglais de Napoléon. Il faut dire que le peuple anglais était considéré par les Lords comme des serfs. Accablé d'impôt, surexploité, il aurait sûrement aimé connaître le Code Civil et la propriété privée comme les paysans français.

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L'esclavagisme, voici une autre accusation de cour d'école. Quelle piteuse image, ces ministricules traîtres à leur patrie et autres journalistes miteux qui se vautrent aujourd' hui dans le politiquement correct ! Ces derniers reprochent à Napoléon de ne pas avoir promu l'antiracisme comme religion d'Etat et l'équipe Black Blanc Beur comme Garde Impériale ? En réalité, Napoléon s'est battu toute sa vie contre une empire qui a répandu l'exploitation commercial des peuples du monde entier. L'Angleterre, par l'intermédiaire de Pitt, n'a cessé de financer tous les rivaux de la France avec l'or extorqué aux Indes. Il faut donc toute la haine et l'imbécilité d'un Jean-Michel Appatie, véritable Louis de Funès sans humour du PAF, pour reprocher à Napoléon son esclavagisme, alors que celui-ci n'a jamais manifesté un quelconque racisme à titre personnel, bien au contraire.

Simplement, l'antiracisme institutionnel de notre époque voile la raison. La promotion du métissage ne faisait pas partie du logiciel de cette époque. Et le rétablissement de l'esclavage à Saint Domingue fut motivé par opportunisme économique. Napoléon avait pour projet de faire des Caraïbes une mer française pour contrecarrer la domination anglaise. Saint Domingue en était l'île centrale, riche en sucre et en café, il fallait pour cela ne pas se mettre à dos le lobby sucrier très puissant. Il envoya l'époux de sa sœur Pauline afin de réprimer l'insurrection du gouverneur Désaline qui fit égorger tous les blancs de l'île et instaura le travail forcé à la place de l'esclavage. Voici pour les faits bruts curieusement laissés sous silence. Comme est l'abolition de la traite signée par Napoléon en 1815 et qui sera élargi pendant le Congrès de Vienne. En réalité, le cas de Saint Domingue démontre que l'on ne pouvait pas passer de l'esclavage à l'abolition du jour au lendemain sauf à vivre dans les abstractions idéologiques, mais par graduations. Saint Domingue, devenue indépendante (aujourd'hui Haïti), est l'un des pays le plus pauvre au monde…

Bref, Napoléon est aujourd'hui conspué, caricaturé par des cerveaux hors sol qui ne voient en lui que le miroir de leur propre lubie, mais vénèrent par ailleurs la Révolution Française, c'est-à-dire les colonnes infernales de Turreau et le règne de l'abstraction. Nous mesurons la contradiction dans les termes ! Il semble que le pays légal (que l'on pourrait appeler aujourd'hui la "technocratie parvenue au pouvoir") à besoin de serviles commissaires pour détruire ce qui reste du pays réel, tel l'agent médiatique Aphatie, ou l'agent politique Macron. Les idéologues qui conspuent aujourd' hui Napoléon ne voit pas que ce que l'on peut en effet lui reprocher provient précisément de la Révolution qu'ils vénèrent. Ils conspuent en revanche Napoléon pour tout ce qui, en lui, relève du génie français et européen.

Frédéric Andreu-Véricel.

Contact : fredericandreu@yahoo.fr

 

 

14:21 Publié dans Actualité, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, histoire, napoléon, france | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Comprendre la Magie Sociale - Entretien avec Lucien Cerise

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Comprendre la Magie Sociale

Entretien avec Lucien Cerise

Alors que la planète est en hypnose, empêchant ses habitants de réagir face à l’évidente supercherie, nous avons demandé à Lucien Cerise, spécialiste de l’ingénierie sociale, si et comment celle-ci pouvait intégrer une dimension occulte.

1. Bonjour Lucien Cerise, un an et demi après le premier COVID, comment s’annonce le prochain ?

Il faudrait dire « Comment s’annonce l’avenir ? » En effet, comme nous l’a annoncé Klaus Schwab, nous ne sommes pas censés sortir un jour de la crise dite sanitaire, qui est en fait purement politique. D’un point de vue sanitaire, la covid-19 n’est pas un problème, mais elle sert de prétexte à faire entrer le monde entier dans une « nouvelle normalité » – du moins, c’est ce que veut le biopouvoir transhumaniste. Son projet est la société « sans contact », c’est-à-dire sans contacts humains, programme soutenu entre autres par le gouvernement sud-coréen, où les interactions sociales directes disparaîtront et seront encadrées, médiatisées et si possible remplacées par la techno-science, l’informatique et les écrans 1. Pour y parvenir par étapes, le pouvoir accumule les mesures de contrôle social sans qu’aucune n’annule les autres et en espérant les rendre irréversibles. Le confinement et le couvre-feu doivent devenir perpétuels, le port du masque doit être permanent, la distanciation physique aussi, il faudra nous revacciner tous les six mois pour mettre à jour notre « passe sanitaire », nouvelle mouture du passeport intérieur des régimes totalitaires, etc. J’ai pris le train et l’avion récemment : il y a des annonces écrites et vocales qui nous parlent de biosécurité, de port du masque obligatoire et de distanciation sociale même pour les personnes déjà vaccinées ou testées négatives au coronavirus. Pour éviter de tomber malade, nous devons donc tous vivre désormais comme des malades. Tout le monde – y compris les bien-portants – doit régler son comportement sur les malades et adopter un style de vie calqué sur celui des malades en acceptant de se soumettre quotidiennement à des mesures destinées en temps normal seulement aux malades.

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La frontière entre maladie et santé s’efface : nous sommes tous potentiellement malades, comme chez le Docteur Knock, et nous devons donc tous accepter d’être tous traités comme des malades. Cette « nouvelle réalité » de la maladie permanente et omniprésente doit permettre de remettre votre santé entre les mains du biopouvoir cybernétique. Comment ? En implantant dans les esprits un parallèle entre les risques encourus par nos ordinateurs et par nos corps. La cybernétique ne distingue pas le vivant et la machine. Ainsi, le biopouvoir pose plusieurs équations : homme = ordinateur ; virus biologique = virus informatique ; anti-virus biologique = anti-virus informatique. Bill Gates est l’homme qui incarne cette fusion de l’informatique et de la santé publique. D’où vient l’intérêt du fondateur de Microsoft pour les virus biologiques et les vaccins, au travers notamment de sa fondation GAVI – Global Alliance for Vaccines and Immunization ? Cela pose question. Lui et d’autres transhumanistes essayent de nous transformer en névrosés hypocondriaques volontairement intégrés dans un système fusionnant le corps humain et les machines par la transposition dans le biologique de ce qui existe en informatique : la peur permanente des virus – phénomène purement psychologique car, en réalité, il y a très peu de virus dangereux – et l’obligation de vivre avec un antivirus fabriqué, un pare-feu dans le langage informatique, équivalent du masque et du vaccin. Pourtant, l’antivirus biologique naturel existe déjà – il s’appelle le système immunitaire – mais justement, le projet est de remplacer l’immunité naturelle, gratuite et universelle, par une immunité artificielle, qui sera facturée et dépendante d’un fabricant d’antivirus. Comme disait quelqu’un sur Twitter 2 :

« Privatisation du système immunitaire des êtres humains en cours : là où avant ton corps faisait le job tout seul pour chaque infection, la réponse immunitaire perdurait à vie, tu auras désormais besoin d’injections à répétition pour chaque variant de chaque virus. » (Anonyme, Twitter)

2. Alan Moore, auteur des BD V for Vendetta et Watchmen – accessoirement sorcier – déclarait que les publicitaires sont les nouveaux chamans…

Ce type est un génie. Il a compris les constantes universelles de l’occultisme, qui en montrent la brûlante actualité, au-delà des variables culturelles et folkloriques, qui peuvent produire un sentiment d’éloignement ou d’exotisme. L’occultisme est un rapport proactif et interventionniste à la perception de la réalité pour modifier la réalité. On ne touche pas directement la réalité matérielle, on touche sa perception, et surtout sa perception narrée, inscrite dans un récit. On peut donc transformer indirectement la réalité en agissant sur l’esprit des gens qui la perçoivent. Et agir sur l’esprit signifie agir sur la narration qui raconte la réalité, principe du Storytelling. Il n’y a pas d’esprit en dehors d’une narration, d’un langage, d’un code. L’esprit humain est langagier, structuré par une grammaire et une syntaxe – les phénomènes psychiques n’arrivent pas au hasard – et constitué physiquement de signes linguistiques, qui sont les « unités discrètes », les briques élémentaires, les atomes de l’esprit. Pour agir sur l’esprit d’autrui comme un occultiste, il faut donc agir sur la narration qui structure son esprit, devenir un maître linguiste, un maître du langage – plus simplement, un bon écrivain, un bon scénariste – ce qui explique le rôle des « formules magiques », ce que l’on appelle aujourd’hui des slogans, et qui sont omniprésents dans l’espace médiatique et publicitaire.

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« À l’origine toutes les facettes de notre culture, que ce soit des arts ou des sciences, appartenaient aux shamans. Le fait qu’à notre époque ce pouvoir magique ait dégénéré et soit devenu un simple divertissement et une manipulation est à mon avis une tragédie. En ce moment les gens qui utilisent le shamanisme et la magie pour influencer notre culture sont des publicitaires. Plutôt que d’essayer d’éveiller la conscience des gens, leur shamanisme est utilisé comme opium pour les tranquilliser et les rendre plus malléables. Avec leur boîte magique, la télévision, et leurs mots magiques, leurs slogans, ils arrivent à ce que tout le pays pense aux mêmes mots et aux mêmes choses banales, exactement au même moment. » – Alan Moore 3

Un bon slogan transforme votre perception de la réalité et déclenche un comportement, ou du moins pèse sur votre comportement en reformulant votre description de la réalité, ou narration de la réalité, donc votre perception de la réalité. Il y a deux façons de peser sur le comportement d’autrui : directement par la pression physique, ou indirectement par la magie, ce qu’on appelle aujourd’hui la psychologie, c’est-à-dire en passant par le système de représentation et de perception d’autrui, ce qu’il a dans la tête, la manière dont il se raconte le monde, et dont il se raconte à lui-même. Le rapport du langage et de l’esprit est encore plus étroit qu’un filtre au travers duquel on percevrait la réalité depuis un esprit possédant son intégrité. En effet, l’esprit est intrinsèquement une structure langagière et linguistique, dépendante d’un récit. On entre dans l’esprit, c’est-à-dire dans l’intériorité, depuis l’extérieur du langage et des signifiants, entendus phonétiquement ou lus sur un support. Si l’on retire le langage, il n’y a plus d’esprit au sens humain du terme. Il y a du vécu hors langage, c’est-à-dire du vécu en dehors du sens, mais pas d’esprit au sens humain. Faites l’expérience : essayez de penser quelque chose en dehors du langage, et vous allez comprendre rapidement à quel point votre esprit est – et à quel point vous êtes – totalement dépendant du langage, et en particulier de votre langue maternelle. Il n’y a pas de langage privé, ou intérieur. Le solipsisme est une fiction théorique.

«  Il n’y a pas de science occulte, il n’y a que des sciences occultées. »  – Alexandre de Saint-Yves d’Alveydre

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Dans Le mythe de l’intériorité, Jacques Bouveresse s’appuie sur Wittgenstein et ses jeux de langage publics pour montrer que nous sommes des êtres intrinsèquement communicants, traversés par du code appris et reçu de l’extérieur. Même les gens qui croient à une intériorité pré-langagière (antéprédicative) sont obligés de passer par le langage, donc par l’extérieur, pour la penser et en parler. La structure de l’esprit est la structure du signe linguistique. L’esprit a donc une partie extérieure, constituée par le signifiant, et une partie intérieure, constituée par le signifié. Les deux parties sont dans un continuum, on passe de l’une à l’autre sans s’en rendre compte la plupart du temps. L’occultisme n’est rien d’autre que l’exploration de ce ruban de Möbius – pour reprendre une figure de topologie lacanienne – qui définit la continuité sémantique entre l’extériorité environnementale et l’intériorité mentale, et dont il faut prendre le contrôle si l’on souhaite peser sur le comportement d’autrui. C’est de la Programmation neuro-linguistique avant l’heure, tout le monde en fait sans le savoir et intuitivement quand on essaye d’influencer autrui, c’est-à-dire quand on essaye de pénétrer discrètement dans l’intériorité d’autrui pour le retourner en notre faveur, consciemment ou non. La psychologie du conditionnement, en particulier du conditionnement furtif, c’est-à-dire du piratage mental, autre nom de l’ingénierie sociale, c’est-à-dire le passage furtif de l’extérieur à l’intérieur de l’esprit, est la forme scientifique de l’occultisme, en tant qu’effort pour influencer autrui.

3. Dès lors, au-delà de la PsyOp, est-il possible de considérer le « covidisme » comme un rituel surdimensionné via une amplification médiatique sans précédent ?

Techniquement, le « covidisme » – la croyance en la narration politico-médiatique sur la covid-19 – est effectivement un égrégore, un facteur de convergence et d’uniformisation des comportements, qui doit synchroniser un maximum d’individus pour les faire agir comme un seul homme. Les médias de masse procèdent à une séance d’hypnose collective en continu, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, que l’on peut décrire à la suite de Tchakhotine comme un « viol des foules », mais un viol consenti, une pénétration furtive de l’intériorité d’autrui, pour téléguider autrui, agir sur lui depuis son extériorité sans qu’il en soit pleinement conscient. Tout ceci évoque le concept d’Inception, comme dans le film de Christopher Nolan, consistant à pénétrer dans l’inconscient d’autrui pour y déposer une idée, un mot-clé, un signifiant déclencheur (trigger) qui sera activé à un moment donné, pas toujours immédiatement, comme une bombe à retardement. Tel est le rôle du symbole de l’arc-en-ciel et de tous les signes de ralliement, hashtags, graffitis, slogans, et de la pratique d’ingénierie sociale d’hameçonnage (phishing), fondée sur le double sens, l’ambivalence sémantique, qui fait passer une signification sous couvert d’une autre signification, avec un sens caché dans un autre sens, principe de la stéganographie.

Autrefois utilisé par les causes mondialistes écologique et LGBT, l’arc-en-ciel du slogan #ToutIraBien a inondé les fenêtres du monde entier au premier confinement. PsyOp ou égrégore noachide ?

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En fait, nous baignons tous dans un environnement sémantique partagé et nous pratiquons tous naturellement cette influence subliminale sur autrui, pour le programmer, le déprogrammer ou nous déprogrammer et reprogrammer nous-mêmes quand nous sommes mal à l’aise avec une influence psycho-sociale que nous ressentons comme nuisible. L’occultisme et ses versions scientifiques comme l’ingénierie sociale consistent donc à faire consciemment et de manière rationnelle, méthodique et planifiée ce que l’on fait déjà spontanément, comme Monsieur Jourdain prenant conscience qu’il parle en prose depuis toujours. La méthode des Nudges, qui consiste à envelopper autrui en tapissant son environnement d’incitations douces ou indirectes, commence à être bien connue du grand public. Poussé à son terme, cet effort pour influencer autrui culmine dans la « zombification », c’est-à-dire l’abolition de la conscience réflexive pour réduire autrui à devenir un esclave mental, une marionnette qui obéit au doigt et à l’œil. Pour revenir au coronavirus, le résultat concret de cette opération de Mind Control de masse est ce bal des zombies que nous voyons se déployer autour de nous quotidiennement. Tous ces êtres qui portent des masques dans la rue ou qui vont se faire inoculer avec des produits génétiques expérimentaux sont sous l’effet d’un envoûtement, véritable opération psychologique d’ingénierie sociale, c’est-à-dire de piratage mental ou de rituel occultiste de masse, au sens d’Alan Moore.

4. Si le lien entre ingénierie et magie se résume à la furtivité, la Kabbale, adepte des petits calculs et grands secrets, en est-elle la quintessence ?

Les magiciens, les illusionnistes, prestidigitateurs et autres mentalistes exploitent les angles morts de la perception et de l’attention du public, ces zones écrans derrière lesquelles on peut se cacher et qui sont générées par les biais psychologiques et cognitifs du fonctionnement normal du cerveau. Il en va de même pour l’ingénierie sociale dans son volet du piratage informatique, qui n’est autre que du piratage psychologique et cognitif car on s’attaque non pas à la machine mais à son utilisateur selon deux axes, l’usurpation d’identité et l’abus de confiance – en jouant avec la sensibilité d’autrui selon la trilogie de Karpman sauveur/bourreau/victime. Dans tous les cas, une dose de furtivité est nécessaire pour agir. Le réel, c’est-à-dire le geste réel de l’ingénierie magique, c’est-à-dire la modification intentionnelle du lien social, doit devenir invisible et être remplacé par une illusion de transformation spontanée. Par exemple : si les médias ne parlaient pas de la covid-19, les gens ne sauraient même pas que ça existe. La réalité serait différente : les symptômes de la covid-19 seraient interprétés comme une grippe ou une pneumonie banale, et personne n’accepterait les mesures totalitaires dites sanitaires. La nomination, le fait de nommer une chose, la fait exister, soit en la soulignant et en l’extrayant du bruit de fond, soit en la faisant être à partir de rien, création ex nihilo. Dans la controverse entre Réalisme et Nominalisme, le langage a choisi : il est nominaliste. La magie kabbalistique exploite les ressources nominalistes du langage mais a besoin de vous faire croire au Réalisme pour produire une illusion d’objectivité incontestable en dissimulant le geste subjectif de construction langagière de la réalité. Je me suis amusé à angliciser ce constructivisme en inventant le concept de « reality-building ». L’ingénierie sociale, comme la kabbale, consiste à nommer les choses pour les faire exister, en effaçant le geste de la nomination créatrice, le geste de la fonction performative du langage, pour donner l’illusion que cela arrive tout seul. Le pouvoir politique en général consiste à appliquer toutes les ressources de ce nominalisme furtif, pour laisser entendre que les choses nommées par le pouvoir ne dépendent pas de sa volonté mais existent objectivement, ce qui permet d’asseoir la domination symbolique du récit du pouvoir dans les esprits.

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5. Dans cette perspective, le panopticon de Jeremy Bentham n’est que l’application de l’En To Pan cher à la Gnose…

On doit à Michel Foucault d’avoir montré l’actualité du concept de panoptique de Bentham, ce modèle de prison où les prisonniers ne savent pas s’ils sont surveillés ou non par les gardiens, ce qui les conduit à intérioriser la surveillance comme un risque permanent et à auto-discipliner leur comportement. On trouve ici le point de départ d’une réflexion sur l’exercice du pouvoir dans le champ subtil. Les corps n’ont plus besoin d’être disciplinés par d’autres corps ou par de la matière. La domination des corps est psychologique et intériorisée, c’est-à-dire qu’il s’agit d’une auto-soumission des corps par l’esprit, sous la forme d’une parole venant de l’extérieur et assimilée, à laquelle on s’identifie. La noosphère, la « sphère de la pensée humaine » 4 chez Teilhard de Chardin, notion proche du grand Autre de Lacan ou de l’inconscient collectif jungien, exerce une force de contrainte sur les individus et de façonnage du réel. On en voit les résultats avec ces gens qui portent encore le masque même quand ce n’est plus obligatoire. L’esprit, c’est-à-dire l’information diffusée par le pouvoir, surveille et discipline les corps sans besoin d’un policier ou d’un gardien de prison.

Chez l’être humain, l’information est plus forte que la matière brute, plus forte que l’instinct de conservation, et peut façonner le comportement jusqu’au suicide collectif. C’est ce que la psychologie appelle les pulsions de mort, qui sont un effet du langage humain, absent chez les animaux. Essayez de faire porter volontairement des masques qui empêchent de respirer à des animaux. Leur instinct vital se révoltera rapidement, sauf s’ils sont en voie d’hominisation, sensibilisés au langage humain et à ses effets de déréalisation, c’est-à-dire dressés comme des chiens sous influence de la parole d’un maître. Tout le domaine du sens, de la sémantique, de l’information langagière est lui-même de la matière, mais organisé de manière néguentropique pour réduire l’incertitude. Son caractère morbide et entropique advient quand il essaye d’encadrer totalement le réel et son caractère toujours imprévisible. L’utopie d’en finir totalement avec l’incertitude est d’ailleurs le fil conducteur du biopouvoir, autre concept tiré de l’œuvre de Foucault et retravaillé par Giorgio Agamben. Le sommet du pouvoir est le contrôle scientifique de la vie dans ses moindres aspects, et l’artificialisation du monde naturel dans la mesure du possible. La recherche sur les interfaces cerveau/machine ou corps/machine, c’est-à-dire le couplage direct du cerveau ou du corps sur un dispositif informatique fermé ou ouvert comme internet, est déjà ancienne. Un exemple bien connu est le développement des implants électroniques sous-cutanés, puces RFID ou autres, ainsi que la recherche sur les moyens de les faire accepter à la population de manière souriante et détendue. On se souvient des Implant Parties qui ont eu lieu dans divers pays, dont la France 5.

6. Selon les gnostiques, le diable serait sans limite 6. Toute spéculation est-elle donc d’essence diabolique ? Cela évoque la dialectique de la carte et du territoire, et la tentative du symbole, ou de la pensée, de modéliser le réel. Hystérie, paranoïa, schizophrénie sont des noms savants aux symptômes identifiés en démonologie. Seuls les signifiants changent-ils ?

Pour l’occultisme, la pensée ne doit pas se contenter de modéliser le réel, la carte ne doit pas se limiter à représenter le territoire : la pensée doit être le réel, la carte doit remplacer complètement le territoire. Pour qualifier ce moment où l’image du réel supplante le réel, Jean Baudrillard parlait d’hyper-réalité. Pour y parvenir, il faut reléguer définitivement le réel dans les oubliettes, de sorte que le réel ne soit plus la référence de la pensée, afin qu’il ne pose plus de limite au libre jeu de la pensée spéculative. Il faut parvenir à reconnaître sans sourciller et sans dissonance cognitive que 2 + 2 = 5, ou qu’une femme qui dit être un homme est un homme.

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Pour l’occultiste, la pensée, la représentation du réel, doit être libre par rapport au réel : libre de le déformer, mais surtout libre de ne plus être indexée sur du réel extérieur à elle-même, donc libre d’être autoréférentielle. En économie, la spéculation infinie, sans limite, apparaît quand la valeur d’usage disparaît au profit de la valeur d’échange, quand la monnaie se réduit à un signe. La perte de contact avec un référent réel et la préférence accordée aux signes, c’est-à-dire aux idées, est symptomatique de l’entrée dans la folie, qui est une sorte d’ivresse du langage, une ivresse des idées, une ivresse sémantique, car la pensée ne veut plus tenir compte des limites du sens, limites matérielles, objectives qui viennent dégriser la dérive interprétative. Pour le paranoïaque, tout fait sens, tout est interprétable, il n’y a pas de limites à son interprétation du réel et à son système d’idées. La transgression de toutes les limites, la démesure, l’hubris, le déni de réalité et le délire de toute-puissance caractérisent de nombreuses pathologies mentales et comportementales que l’on décrivait jadis comme des états de possession démoniaque. Les signifiants ont changé, ce qui a eu aussi un impact sur la formulation des symptômes et leur signifié. Aujourd’hui, une hystérique ne dira pas qu’elle est possédée par le diable mais qu’elle a envie de s’amuser et de s’éclater, ou qu’elle mène une lutte féministe contre le patriarcat.

7. L’harmonie jacobine égalisant, tout y est pesé, voire aseptisé, et qui après avoir tenté de mettre la France en damiers, fait maintenant fleurir les cubes à travers un monde digne de l’ordinateur de 2001, l’Odyssée de l’espace. Programmation génocidaire en vue ?

L’esprit jacobin de la révolution française, c’est l’esprit du progressisme maçonnique, c’est-à-dire l’esprit scientiste, mathématique, géométrique. Bien sûr, cette approche entièrement quantitative du monde, qui réduit tout aux nombres, est assez répandue au-delà de la pensée maçonnique et se rencontre à diverses époques et en divers lieux. Les cultures juive et arabo-musulmane attribuent une valeur numérique aux lettres de leurs alphabets, ce qui a donné la numérologie mystique, ou guématrie, qui se développe aussi en Grèce antique à l’époque de Pythagore, se poursuit avec Platon et la fameuse phrase gravée à l’entrée de son école – « Nul n’entre ici s’il n’est géomètre » – et s’épanouit dans la techno-science occidentale. On en trouve une expression politique dans le projet de quadrillage administratif de la France en départements dessinés en carrés, enfermant la vie dans des formes à angles droits, programme élaboré sous l’Ancien régime et qui sera repris par les premiers révolutionnaires en 1790 avant de l’abandonner sous la pression du réel. Le cube est la projection tridimensionnelle du carré, c’est-à-dire de l’angle droit, qui n’existe pas dans la nature. Trouver une forme à angles droits dans la nature signifie qu’une intelligence est forcément passée par là pour la fabriquer.

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C’est toute la signification du monolithe noir, en tant que cube allongé, dans le célèbre film de Stanley Kubrick que vous mentionnez. Il est totalement noir et vide de sens, ce qui signifie qu’il peut recevoir toutes les significations car il n’en porte aucune par lui-même. Pourquoi ? Parce que, comme dirait Marshall McLuan : « Le média est le message ». Parce que c’est la forme matérielle à angles droits qui compte, qui est significative, en ce sens qu’elle tranche avec tout ce que la nature peut produire naturellement, et qu’elle se signale ainsi comme étant nécessairement un produit culturel, un artefact, donc la trace d’une intelligence. Le monolithe noir de 2001 symbolise l’émergence de l’intellect et de la culture supranaturelle à l’état pur : il apparaît chez les primates quand ils inventent le premier outil, la première prothèse ; il apparaît sur la Lune en tant que symbole du passage d’une intelligence extra-terrestre, que l’équipe d’astronautes humains découvre avec stupeur ; il réapparaît à la fin, en miroir de l’intelligence artificielle Hal, l’ordinateur tueur d’humains, pour suggérer au spectateur quel est le sens de l’Histoire, qui tient en quelques mots : « La culture doit remplacer la nature. » Remplacer veut dire tuer. La culture doit tuer la nature, l’esprit doit tuer le corps, tel est le cœur conceptuel de la pensée gnostique, progressiste, utopiste, prométhéenne, transhumaniste et maçonnique. Ce qui était impossible naturellement deviendra possible culturellement, par la techno-science, et rendra la nature obsolète. L’esprit vaincra la matière. L’âme vaincra le corps. L’utopie vaincra le réel.

8. La franc-maçonnerie bâtissant la cité tel un tableau de loge pour acclimater la population, sortir de cette idéologie n’implique t’il pas de détruire ses landmarks 7 urbains rythmant la vie et donc la pensée ?

Le principe progressiste « La culture doit tuer la nature » transposé dans le domaine esthétique signifie que l’angle droit doit remplacer, ou tuer, la forme naturelle, plutôt arrondie. L’architecture contemporaine diffuse ce nouvel ordre visuel maçonnique dans le monde entier avec l’émergence de ce qu’on appelle le « style international » au XXe siècle, c’est-à-dire la généralisation des tours rectangulaires, froides et sans âme. Ces formes géométriques pures et impersonnelles s’opposent à toutes les architectures traditionnelles et ancestrales, qui imitent la nature et sont souvent anthropomorphiques, conçues à l’image du corps humain, ou en cercles concentriques, en voutes, en ogives, parfois ornées de statues, ce qui explique pourquoi on s’y reconnaît. En revanche, l’architecture moderne, de même que la peinture abstraite, ne ressemble à rien de ce qu’il y a dans la nature et n’est pas faite pour les humains.

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Le bâtiment de la nouvelle Bibliothèque nationale de France radicalise l’anti-naturalisme avec sa végétation totalement encadrée, littéralement cernée et encerclée par une construction minérale entièrement à angles droits, et où les arbres du jardin intérieur ont besoin d’être soutenus par des câbles métalliques pour ne pas tomber. Le message est fort : la nature ne doit plus être auto-suffisante, indépendante, autonome, elle doit être réécrite, redessinée, recomposée, restructurée, placée sous la dépendance de la culture. L’esprit maçonnique, c’est la haine de la nature et le projet de la rééduquer, de la transformer, de la tuer en la plaçant sous tutelle de la culture. Appliqué à la nature humaine, c’est le programme transhumaniste, le Great Reset, etc. Pour faire accepter ce projet global, on utilisera des termes aux connotations positives et on parlera de civiliser la nature, comme on parle aussi d’augmenter l’humain avec de nouvelles capacités et de nouvelles prothèses. Mais il ne faut pas se leurrer : au prétexte de civiliser, d’augmenter ou de réparer le monde naturel, le but est bien de le détruire, comme le veut la kabbale avec la notion de Tikkoun Olam. Pour détruire la nature et la remplacer entièrement par de la culture, il faut commencer par stériliser la nature. Le remplacement de fruits et légumes fertiles, avec des pépins et noyaux, par des fruits et légumes stériles, sans pépins ni noyaux, est l’objectif du développement des Organismes Génétiquement Modifiés (OGM), introduits également dans les thérapies génétiques inoculées au prétexte de la covid-19, et qui vont stériliser l’espèce humaine. Les semences végétales et animales doivent devenir l’objet d’un marché, mais surtout d’un contrôle. Transposé aux êtres humains, la procréation doit devenir entièrement assistée – médicalement et scientifiquement – au moyen d’utérus artificiels ou d’autres artifices de laboratoires. Si l’on pousse cette logique à son terme, le monde réel est réduit à un désert stérile, et entièrement reproduit dans un simulacre virtuel sous contrôle total, comme dans le film Matrix. La stérilisation du vivant est le fil conducteur du capitalisme mondialiste. C’est aussi, malheureusement, ce qui définit notre environnement socio-économique global, attaquant notre espèce avec le LGBT, vaste opération de normalisation et de promotion d’une sexualité stérile, et qui est passé à la vitesse encore supérieure depuis 2020 avec la dictature sanitaire. Face à ce désastre, les penseurs naturalistes et écologistes sont effectivement des sources d’inspiration.

9. Pour y parvenir, ne faut-il pas viser ces landmarks, car même plus nombreux, il n’existe aucune chance d’en réchapper, la domination bi-séculaire l’atteste?

Il faut viser qualitativement pour ce qui concerne la métapolitique, mais pour ce qui concerne la politique concrète de terrain, il faut viser la quantité, c’est-à-dire la moyenne, et ne pas craindre une forme de nivellement par le bas car c’est ainsi que fonctionnent les sociétés humaines. On dit que la démocratie commence en Grèce antique mais en fait elle est consubstantielle à toute forme d’organisation humaine puisque c’est le règne de la moyenne et du consensus. Même les dictateurs se préoccupent de ce pensent les masses, au moins pour façonner ce qu’elles pensent et essayer de tuer dans l’œuf toute contestation émergente. N’importe quelle tribu préhistorique ou isolée au fond de la forêt amazonienne doit élaborer un consensus entre ses membres, avec des négociations, des compromis, des compromissions et des stratégies de persuasion, qui tirent l’intelligence collective vers une moyenne. C’est d’ailleurs ce qui embête le pouvoir mondialiste actuel, qui a décidé de remplacer le peuple par des machines pour ne plus avoir à travailler sur la construction de ce consensus en permanence. La fabrique du consentement et de l’opinion publique présente un coût, et le pouvoir en a marre. Ça tombe bien pour lui, on peut pratiquement tout automatiser de nos jours. Ensuite, pour s’en sortir quand on fait partie du petit peuple, c’est-à-dire pour échapper à la stérilisation, à la dépopulation, au génocide, il faut comprendre que le problème n’est pas réductible à la kabbale ou à la franc-maçonnerie. La déconstruction intégrale de tous leurs symboles architecturaux permettrait, certes, de purger l’environnement visuel, mais ne mettrait pas fin à la dialectique de la nature et de la culture, qui est universelle. À titre personnel, je considère même que c’est le sens problématique de l’Histoire. Comment gérer le progrès technique pour qu’il ne devienne pas une menace contre la vie ? La première réponse est anti-progressiste, ou « luddite » : refuser le progrès technique. La deuxième réponse est maçonnique : la culture tuera la nature inévitablement, donc autant y aller à fond. Guillaume Faye a proposé une solution intermédiaire avec l’archéo-futurisme, mais elle pose un problème de cohérence interne. Aucune de ces trois réponses n’est satisfaisante. En tant que cette problématique est universelle, elle est aussi présente dans la kabbale et la franc-maçonnerie, évidemment. Mais si l’on fait le compte du nombre de gens qui sont d’accord pour tuer la nature – pour tuer leur nature – au nom du progrès culturel, il faut admettre que cela dépasse largement les effectifs de la kabbale et de la franc-maçonnerie. Ces forces occultes et occultistes disposent de nombreux relais complaisants dans le peuple. Leur domination bi-séculaire se réalise avec une vraie complicité populaire, il suffit de sortir dans la rue et de compter les masques pour s’en rendre compte. Aujourd’hui, pour ma part, je pense qu’il faut arrêter de tout mettre sur le compte des minorités actives et se demander si, finalement, la majorité silencieuse n’a pas plus de responsabilités dans ce qui se passe. Ce discours qui consiste à exonérer de la situation le bon peuple, ou les individus qui en sont issus dans les « forces de l’ordre », pour n’accuser que les oligarques, ce discours est contre-productif. J’affirme que l’agent de police ordinaire, venant des classes moyennes comme moi mais qui me colle malgré tout une amende pour non-port du masque dans la rue, a plus de responsabilité dans la situation que Jacques Attali, Bill Gates ou Klaus Schwab. Ces trois figures du Great Reset estiment avoir un intérêt à tout détruire, et elles font leur job avec beaucoup d’application et de conscience professionnelle, mais où est l’intérêt du flic de base, qui sera lui-même sacrifié à la fin, et remplacé par un drone de surveillance ? Quel sera l’intérêt des agents de police qui viendront nous chercher chez nous pour nous emmener au centre de vaccination obligatoire ? Ce fossé entre l’intérêt bien compris de l’individu et son comportement rend ce comportement encore plus inexcusable quand l’individu n’en bénéficie pas. 

10. Merci pour vos réponses, à noter la parution de votre dernier ouvrage sur le suprémacisme blanc et ses origines – occultes aussi – et le Great Reset

Depuis quelques années, le discours politico-médiatique s’est emparé de la question du suprémacisme blanc et le présente comme une menace universelle…

Qu’en est-il réellement ? Le suprémacisme racial en général est la doctrine qui affirme l’existence d’une hiérarchie entre les races et la supériorité de certaines races sur d’autres. Son expression la mieux documentée est le suprémacisme blanc, qui a connu quatre tentatives historiques de trouver une forme institutionnelle dans des régimes politiques : la Confédération sudiste, prolongée dans le Ku Klux Klan ; l’apartheid en Afrique du Sud ; le Troisième Reich ; l’Ukraine post-soviétique. Quatre tentatives, mais aussi quatre échecs.

Avant de porter un jugement sur le suprémacisme blanc en tant que tel, cette étude vise surtout à répondre à la question : « Pourquoi ces échecs ? » S’agit-il de causes internes ou externes ? De facteurs endogènes ou exogènes ? Ces échecs répétés viennent-ils d’un défaut de conception ou d’ennemis trop puissants ? Peut-être les deux à la fois dans la mesure où le suprémacisme blanc pourrait bien être en fait son meilleur ennemi.

Il est pourtant bien vrai que les « Blancs » sont menacés de disparition à moyen terme par la globalisation des échanges et des techniques, mais ils ne sont pas les seuls. Les nationalismes autochtones de tous horizons peuvent et doivent s’allier pour revendiquer leurs droits et lutter ensemble contre leurs ennemis communs en s’appuyant juridiquement sur la Déclaration de l’Organisation des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.

81A+B+6GANS._AC_UL320_.jpgLes nationalistes blancs, enfin débarrassés de la tentation du suprémacisme, et leurs homologues – nationalistes arabes, nationalistes africains, etc. – ont donc du travail car la tâche est immense. Elle déterminera si l’espèce humaine survivra ou non à la biopolitique mondialiste et à la Grande réinitialisation (Great Reset), c’est-à-dire au Grand remplacement par l’intelligence artificielle, la robotisation et les chimères génétiques homme/animal.

Dans ce dernier livre, Lucien Cerise nous fait part de sa réflexion sur les dangers mortels qui menacent les peuples indigènes de la planète, et plus particulièrement les peuples indigènes d’Europe. Pris en tenaille par la Grande réinitialisation mondialiste, d’une part, et la tentation suprémaciste, d’autre part, et sachant que ces options apparemment antagonistes se rejoignent finalement sur le transhumanisme, les peuples autochtones n’ont d’autre choix que de renvoyer les deux dos à dos. Alors, quelle solution pour en sortir vivants ? Le nationalisme autochtone.

Notes:

1 – Cf. « Connaissez-vous la stratégie « untact »? Le projet de la Corée du Sud pour une vie sans contact » https://www.rtbf.be/info/monde/detail_connaissez-vous-la-...

2 – Cf. https://twitter.com/Justindoigt2/status/1403282243427131398

3 – Cf. The Mindscape of Alan Moore, 2003. https://www.youtube.com/watch?v=MFHn-HzacxY

4 – Cf. https://noach.es/category/ordo-ab-chao/ordo-ab-chao-tome-...

5 – Cf. « Première « Implant Party » en France : les images d’ERTV ». https://www.egaliteetreconciliation.fr/Premiere-Implant-P...

6« Nous venons de dire que le mot « exister » ne peut pas s’appliquer proprement
au non-manifesté, c’est-à-dire en somme à l’état principiel ; en effet, pris dans son
sens strictement étymologique (du latin ex-stare), ce mot indique l’être dépendant à
l’égard d’un principe autre que lui-même, ou, en d’autres termes, celui qui n’a pas en
lui-même sa raison suffisante, c’est-à-dire l’être contingent, qui est la même chose
que l’être manifesté. »
(Chapitre I – Le symbolisme de la Croix – René Guénon)

7 – Repères utilisés en maçonnerie pour désigner les points inaltérables. Bien que les maçons parlent souvent de Parole créatrice, les landmarks concernent autant le posisme (magie gestuelle).