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lundi, 07 janvier 2019

René Guénon sur notre société festive

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René Guénon sur notre société festive
 
par Nicolas Bonnal
 
Ex: https://echelledejacob.blogspot.com
 
Comme prévu la société festive est de plus en plus sinistre, et comme prévu elle est de plus en plus autoritaire et orwellienne, avec un arrière-fond imbibé de satanisme. Voyez Vigilantcitizen.com qui recense le bal illuminé de l’UNICEF. Ici, on passe de la fête de la musique à l’arrestation de Drouet et à l’épuration du web parce qu’on est cool, ludique État-de-droit dans ses bottes....

Philippe Muray a brillamment « tonné contre » la société festive. On l’a rappelé ici-même. Mais on va remonter plus haut et examiner le corps du délit avec notre René Guénon. Qu’était une fête dans le monde traditionnel ? Une subversion momentanée de l’ordre. Guénon, dans ses admirables Symboles de la science sacrée :

« Il n’est pas inutile de citer ici quelques exemples précis, et nous mentionnerons tout d’abord, à cet égard, certaines fêtes d’un caractère vraiment étrange qui se célébraient au moyen âge : la « fête de l’âne », où cet animal, dont le symbolisme proprement « satanique » est bien connu dans toutes les traditions, était introduit jusque dans le chœur même de l’église, où il occupait la place d’honneur et recevait les plus extraordinaires marques de vénération ; et la « fête des fous », où le bas clergé se livrait aux pires inconvenances, parodiant à la fois la hiérarchie ecclésiastique et la liturgie elle-même. Comment est-il possible d’expliquer que de pareilles choses, dont le caractère le plus évident est incontestablement un caractère de parodie et même de sacrilège, aient pu, à une époque comme celle-là, être non seulement tolérées, mais même admise en quelque sorte officiellement ? »

Guénon évoque aussi les saturnales :

« Nous mentionnerons aussi les saturnales des anciens Romains dont le carnaval moderne paraît d’ailleurs être dérivé directement, bien qu’il n’en soit plus, à vrai dire, qu’un vestige très amoindri : pendant ces fêtes, les esclaves commandaient aux maîtres et ceux-ci les servaient ; on avait alors l’image d’un véritable « monde renversé », où tout se faisait au rebours de l’ordre normal… »

La fête a donc pour but de canaliser (aujourd’hui on dirait défouler) les forces inférieures de l’homme déchu. Guénon rappelle :

« …c’est là, en effet, quelque chose qui est très propre, et plus même que quoi que ce soit d’autre, à donner satisfaction aux tendances de l’« homme déchu », en tant que ces tendances le poussent à développer surtout les possibilités les plus inférieures de son être. Or, c’est justement en cela que réside la véritable raison d’être des fêtes en question : il s’agit en somme de « canaliser » en quelque sorte ces tendances et de les rendre aussi inoffensives qu’il se peut, en leur donnant l’occasion de se manifester, mais seulement pendant des périodes très brèves et dans des circonstances bien déterminées, et en assignant ainsi à cette manifestation des limites étroites qu’il ne lui est pas permis de dépasser. S’il n’en était pas ainsi, ces mêmes tendances, faute de recevoir le minimum de satisfaction exigé par l’état actuel de l’humanité, risqueraient de faire explosion, si l’on peut dire et d’étendre leurs effets à l’existence… »

Guénon conclut : « le fait qu’il n’y a là rien d’imprévu « normalise » en quelque sorte le désordre lui-même et l’intègre dans l’ordre total. »

Guénon parle alors des masques (voyez mon livre sur Kubrick et mes analyses symboliques sur les masques dans Eyes Wide Shut calqué de l’admirable Sarabande de Dearden, avec Stewart Granger)). Le masque ne masque pas, il révèle :

« En effet, les masques de carnaval sont généralement hideux et évoquent le plus souvent des formes animales ou démoniaques, de sorte qu’ils sont comme une sorte de « matérialisation » figurative de ces tendances inférieures, voire même

« infernales », auxquelles il est alors permis de s’extérioriser. Du reste, chacun choisira tout naturellement parmi ces masques, sans même en avoir clairement conscience, celui qui lui convient le mieux, c’est-à-dire celui qui représente ce qui est le plus conforme à ses propres tendances de cet ordre, si bien qu’on pourrait dire que le masque, qui est censé cacher le véritable visage de l’individu, fait au contraire apparaître aux yeux de tous ce que celui-ci porte réellement en lui-même, mais qu’il doit habituellement dissimuler. »

Guénon ajoute sur le retournement parodique : « Il est bon de noter, car cela en précise davantage encore le caractère, qu’il y a là comme une parodie du « retournement » qui, ainsi que nous l’avons expliqué ailleurs, se produit à un certain degré du développement initiatique ; parodie, disons-nous, et contrefaçon vraiment « satanique », car ici ce « retournement » est une extériorisation, non plus de la spiritualité, mais, tout au contraire des possibilités inférieures de l’être. »

Ce retournement parodique momentané servait certainement à détourner les attaques du Malin.

Tout se retourne comme toujours au dix-septième qui marque le déclin ou la sanction/récupération des carnavals. Et dans le monde moderne la fête devient permanente pour pousser la consommation-consumation des âmes et des forces : Halloween, Black Friday, Noël, Pride machin, Saint-Valentin toutes les fêtes sont là qui se succèdent et puent. Comme dit Tocqueville, en démocratie on laisse le corps pour aller droit à l’âme (on dira au croyant que la mission est de remplir les enfers).

Guénon sur cette extension du domaine du mal :

« Si les fêtes ne semblent même plus éveiller qu’à peine l’intérêt de la foule, c’est que, dans une époque comme la nôtre, elles ont véritablement perdu leur raison

d’être : comment, en effet, pourrait-il être encore question de « circonscrire » le désordre et de l’enfermer dans des limites rigoureusement définies, alors qu’il est répandu partout et se manifeste constamment dans tous les domaines où s’exerce l’activité humaine ? »


Et le coup de massue final :

« Ainsi, la disparition presque complète de ces fêtes, dont on pourrait, si l’on s’en tenait aux apparences extérieures et à un point de vue simplement « esthétique », être tenté de se féliciter en raison de l’aspect de « laideur » qu’elles revêtent inévitablement, cette disparition, disons-nous, constitue au contraire, quand on va au fond des choses, un symptôme fort peu rassurant, puisqu’elle témoigne que le désordre a fait irruption dans tout le cours de l’existence et s’est généralisé à un tel point que nous vivons en réalité, pourrait-on dire, dans un sinistre « carnaval perpétuel ».
 
Nicolas Bonnal
 

Sources

René Guénon, Symboles de la science sacrée. Chapitre XXI. Sur la signification des fêtes «carnavalesques»

http://classiques.uqac.ca/classiques/guenon_rene/Symboles_science_sacree/symboles_sc_sacree.html

Nicolas Bonnal – Stanley Kubrick, génie du cinéma (Amazon.fr)

http://www.dedefensa.org/article/philippe-muray-face-au-d...

https://en.wikipedia.org/wiki/Saraband_for_Dead_Lovers

https://vigilantcitizen.com/vigilantreport/inside-unicefs...

Le Système et l’enjeu populiste

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Le Système et l’enjeu populiste

Ex: http://www.dedefensa.org

Le ministre de l’Intérieur et vice-Premier ministre italien, Matteo Salvini, doit effectuer un voyage en Pologne le 9 janvier, pour envisager une alliance avec le parti PiS au pouvoir, de tendance populiste et eurosceptique comme l’est Salvini. (Tout de même, le PiS est plus de type traditionnaliste-conservateur que de pur populisme, mais ils se retrouvent sur une ligne approchante.) Breitbart-UK donne des indications sur cette visite, et également sur les opérations de rassemblement populiste déjà réalisées par Salvini avant les européennes.

« Le ministre populiste italien de l'Intérieur, Matteo Salvini, doit s'entretenir avec le chef du parti du droit et de la justice polonais, Jarosław Kaczynski... [...] Salvini et Kaczynski se rencontreront le 9 janvier à Varsovie pour discuter de la possibilité de l’alliance entre la Liga et le PiS en vue des élections au Parlement européen de mai, a rapporté la chaîne de télévision polonaise TVN24. La porte-parole de PiS, Beata Mazurek, a déclaré aux médias italiens : “Les sujets des discussions intéressent les deux parties, polonaises et italiennes.”

» Cette visite constitue la première visite officielle de Salvini en Pologne depuis son arrivée au pouvoir l'an dernier. Le vice-Premier ministre devrait également discuter de questions économiques pendant son séjour dans le pays.

» Au cours des derniers mois, M. Salvini a noué des liens avec plusieurs autres dirigeants conservateurs et populistes de premier plan en vue de constituer une grande alliance avant les élections au Parlement européen, notamment le Premier ministre hongrois Viktor Orbán, qui a qualifié Salvini de “mon héros” et lui a promis de travailler avec lui. En octobre, Salvini a annoncé que la dirigeante populiste française Marine Le Pen rejoindrait également son alliance aux élections européennes, le couple annonçant la création d'un "front de la liberté" réunissant les autres partis pro-souverainetés opposés à la domination de l'UE. Salvini a également rencontré le dirigeant du Parti de la liberté autrichien, Heinz-Christian Strache, et aurait cherché à obtenir le soutien du leader des démocrates suédois, Jimmie Åkesson. »

Cette visite de Salvini en Pologne est très intéressante parce qu’il s’agit d’un éventuel partenaire puissant dans le rassemblement populiste que veut mettre en place Salvini, mais surtout d’un partenaire qui a des vues diamétralement opposées à celles de Salvini (et de la plupart des autres populistes) sur quelques points très importants de politique étrangère et de sécurité : les Polonais sont hyper-antirusses et hyper-atlantistes, fortement au contraire de Salvini.

La question qui se pose est de savoir si cette divergence très sérieuse et très exacerbée essentiellement de la part des Polonais sera écartée pour permettre l’alliance populiste. Selon la logique de l’essentiel et de l’accessoire, cela devrait être aisément surmontée parce que le caractère essentiel, significatif, fondamental qui est jeu ici est le populisme, tandis que les positions vis-à-vis de la Russie sont complètement, essentiellement du côté polonais, corrodées, toxiques, sinon complètement inverties par une passion déchaînée ; la position polonaise vis-à-vis de la Russie est injustifiée, déraisonnable, et fait le jeu du Système.

(Les rapports avec les USA constituent un aspect plus complexe, puisque les USA, aujourd’hui, suscitent effectivement une sujétion transatlantique des pays européens qui est difficilement acceptable surtout d’ailleurs par rapport aux ambitions du populisme ; mais les USA, c’est aussi un Trump et son trumpisme qui ont tendance à appuyer la poussée populiste et qui sont anti-UE. Ainsi Trump peut-il dire« Je me fiche de l’Europe » lorsqu’il parle des pouvoirs en place et des Européens-UE et -OTAN ; et il peut dire également, comme il l’a fait, « Je pourrais être la personne la plus populaire en Europe », si l’on considère sa position sur les questions du populisme.)

Il s’agit d’un test intéressant, qui donnera une bonne mesure de la puissance et de la diversité possible du mouvement populiste. C’est en effet la problématique qui est aujourd’hui développée, de la capacité et de la signification de la dynamique populiste si forte en Europe, considérée d’un point de vue transnational. 

Sur le site Spiked, Frank Furedi donne une analyse générale du mouvement populiste en Europe, estimant qu’il est arrivé à un degré de maturation où ce mouvement commence à distinguer les véritables enjeux de son propre développement. Il s’agit du remplacement, – une autre sorte de “Grand Remplacement”, – des traditionnelles questions socio-économiques par les questions désormais brûlantes de type sociétal-culturel dans le sens le plus large. Dans son article, Furedi estime que le courant populistes est arrivé à un point où il doit rechercher une expression politique opérationnelle efficace, – ce à quoi, nous semble-t-il, Salvini, qui a certainement la plus forte personnalité et un très fort soutien populaires, est en train de travailler :

« À moins que le populisme puisse développer une plus grande clarté politique et développer une vision inspirante de la citoyenneté démocratique, il aura du mal à progresser. Face au pouvoir considérable des institutions politiques et culturelles, il ne peut progresser que s'il développe une alternative cohérente aux valeurs de l'ordre dominant. Il y a beaucoup en jeu dans les années à venir. Nous avons besoin d’une version éclairée et démocratiquement informée de la politique populiste. »

Pour nous, il s’agit d’une évolution décisive de la question de ces “valeurs” qui dépendent des enjeux socio-économiques auxquels elles doivent donner après coup une dimension pseudo-morales qui fait le jeu des élitesSystème ; vers la question des “principes” qui doivent être dans le sens contraire les déterminants des questions sociétales-culturelles (identité, souveraineté, etc.) et présupposent une dimension structurante au-dessus de la morale déterminant le cadre de ces questions, selon un processus rejeté par les élitesSystème parce que hors de leur contrôle et de leur orientation idéologique. Les “valeurs” sont déduites des enjeux socio-économiques et dépendent donc de domaines maîtrisés par le Système ; les “principes” induisent à partir d'une logique hors-Système les enjeux sociétaux-culturels et échappent par conséquent à la maîtrise du Système.

L’irruption massive des enjeux sociétaux-culturels depuis trois à quatre décennies, avec une accélération pressante et très grande ces dernières années, s’est faite jusqu’ici sans se référer aux “principes” dont ils devraient dépendre. L’enjeu suprême est donc de réaliser effectivement cette connexion, ce qui devrait être le rôle d’une véritable “politique-populiste”. Les élitesSystème s’y opposent de toutes leurs forces en imposant une morale correspondantes à leurs propres privilèges socio-économiques. C’est à ce point que se noue l’affrontement. Les “principes” constituant des valeurs structurantes échappant au Système (hors-Système), doivent s’imposer naturellement dans l'affrontement comme antiSystème, par leur forme même, quel que soit leur contenu (mais ce contenu ne pouvant être que structurant).

C’est pour cette raison qu’à notre sens, toutes les poussées populistes, et notamment celle des GJ (Gilets-Jaunes) qui est nécessairement populiste, se définissent nécessairement en termes d’affrontement contre le Système puisque poussées par des principes structurants. Les GJ ont tant de mal à formuler leurs revendications parce que ces revendications mettant en cause le Système ne prennent corps qu’à partir d’une position permettant d'embrasser le Système dans sa globalité pour conclure à l'impossibilité absolue de sa réforme. De ce point de vue et selon les moyens disponibles et les arguments débattus, on en déduit que le mouvement des GJ, comme le populisme lui-même, ne peut être ni satisfait, ni apaisé, ni étouffé. Il s’agit d’une lutte à mort.

dimanche, 06 janvier 2019

Le Saint Empire Romain peut aider à inspirer une Union Européenne différente

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Le Saint Empire Romain peut aider à inspirer une Union Européenne différente

Peter Wilson

Traduction française par Chlodomir

Le passé de l’Allemagne projette encore son ombre. L’été dernier, les Grecs protestant contre les termes rigoureux du renflouement de l’UE brandissaient des portraits d’Angela Merkel portant une moustache à la Hitler et un brassard nazi avec la croix gammée à la place du symbole de l’euro.

De telles images restent puissantes mais elles empêchent de poser les vraies questions concernant la manière dont l’Allemagne utilisera son actuelle influence économique et politique et dans quelle mesure l’UE peut ou doit endiguer cette puissance. Pour répondre à cela, nous devons regarder dans le passé, à l’époque où l’Allemagne faisait partie du Saint Empire Romain.

L’empire semble à peine digne de discussion aujourd’hui. S’il conserve une résonance minime, c’est généralement grâce à la formule de Voltaire selon qui l’empire n’était « ni saint, ni romain, ni un empire ». Fondé par Charlemagne le jour de Noël de l’an 800, l’empire sembla se diriger vers le déclin presque immédiatement jusqu’à ce qu’il soit balayé comme une chose obsolète et inutile par Napoléon en 1806. Selon les mots de James Madison, quatrième président des Etats-Unis, l’empire était « un corps sans nerfs, incapable de réguler ses propres membres, sans défense contre les dangers extérieurs et agité de fermentations incessantes dans ses propres entrailles ».

Savoir pourquoi l’empire a été interprété de cette manière peut nous aider à comprendre la position de l’Allemagne actuelle en Europe, en particulier son rôle dirigeant dans l’UE.

L’héritage des deux guerres mondiales a encouragé les voisins de l’Allemagne à craindre son leadership comme une hégémonie potentielle, mais l’histoire du Saint Empire Romain révèle une époque où l’Allemagne faisait partie d’un ordre plus large et pacifique.

L’interprétation négative de l’empire vient du fait qu’on le voit comme une série de tentatives manquées pour créer un Etat-nation allemand. Dans cette version de l’histoire, une succession de monarques tenta de créer des institutions centrales capables d’imposer un système uniforme de gouvernement, et n’en fut empêchée que par les ambitions égoïstes des petits princes allemands.

En fait, l’empire ne fut jamais seulement l’« Allemagne ». Il recouvrait ce qui est maintenant l’Autriche, la Suisse, la Belgique, le Luxembourg, les Pays-Bas, la République Tchèque, une bonne partie de l’Italie, et certaines parties de la France et de la Pologne.

empireotto.jpgDans tous ces pays, les historiens ne trouvèrent pas d’intérêt à l’empire lorsqu’ils entreprirent d’écrire leurs histoires nationales au XIXe siècle. Pour eux, comme les manifestants grecs, « empire » signifiait domination étrangère.

L’aspect impérial de l’empire est peut-être le plus difficile à comprendre pour nous aujourd’hui, en grande partie parce que nous tendons à concevoir l’empire à travers l’expérience de la puissance coloniale européenne.

Nous nous attendons à ce que les empires aient un noyau clair et stable habité par un peuple impérial imposant sa volonté aux régions périphériques. Mais le Saint Empire Romain n’avait pas de noyau central, parce qu’il ne posséda jamais un clair centre de gouvernement, ni même de capitale officielle. Au contraire, le pouvoir fut toujours multiple et pluriel. L’organisation de la vie quotidienne était laissée à des pouvoirs plus locaux.

Le changement le plus important au cours des siècles ne fut pas une fragmentation progressive d’un pouvoir originellement centralisé, comme le crurent les précédentes générations d’historiens.

Ce fut plutôt un renforcement graduel des pouvoirs locaux qui tiraient leur légitimité de leur relation avec l’empire dans son ensemble. Les chartes et les lois impériales reconnaissaient les droits locaux et les libertés locales.

Des couches additionnelles furent ajoutées avec le temps en réponse aux circonstances, plus particulièrement durant les XVIe et XVIIe siècles, quand les protestants obtinrent les mêmes droits juridiques que les catholiques romains.

Cependant, longtemps avant cela les Juifs avaient reçu des droits protecteurs qui fonctionnaient généralement mieux que ceux garantis par les monarques dans les royaumes plus centralisés d’Europe.

Et c’est ici que nous voyons le plus clairement ce que l’empire peut nous dire sur l’avenir possible de l’Europe. Ses habitants s’identifiaient généralement positivement avec lui, parce qu’il préservait leurs autonomies et leurs modes de vie.

Cela ne peut pas être un plan pour l’UE d’aujourd’hui, parce que l’ordre social qui étayait cette autonomie locale était aussi criblé d’inégalités que nous trouverions inacceptables.

Pourtant cela suggère une alternative au difficile choix entre l’UE conçue comme un super-Etat unique et homogène et un affaiblissement fatal de la position mondiale de l’Europe par sa fragmentation en une mosaïque d’Etats nationaux.

FT

Bogdan Herzog : sortez le pétrole du pétrodollar, sortez le dollar du narcodollar

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Bogdan Herzog : sortez le pétrole du pétrodollar, sortez le dollar du narcodollar

Bogdan Herzog

Traduction française par Chlodomir

Conférence Internationale “Financial capitalism and its alternatives for the 21st century. Contributions to the 4th Economic Theory” (Le capitalisme financier et ses alternatives pour le XXIe siècle. Contributions à la 4e Théorie économique).

Chișinău, 15 décembre 2017

J’ai récemment lu l’interview du Pr. Douguine dans le magazine The Economist. C’est une interview très intéressante qui permet d’exprimer notre vision-du-monde à une audience non-eurasiste plus grande. J’ai moi-même distribué le matériel à un certain nombre de gens et il a été apprécié même par des personnes qui n’ont pas forcément la même perception de la réalité que nous. Le professeur s’avère être un intellectuel hautement distingué, un digne adversaire du libéralisme et cela peut être apprécié par des gens neutres et même par des ennemis.

Cependant, je prends l’exemple d’une question posée par l’interviewer et de la réponse du Pr. Douguine, où je proposerais une approche différente. La question posée était : « Pourquoi pensez-vous que l’autre civilisation, l’anglo-saxonne, réussit économiquement mieux que la civilisation eurasienne ? », et la réponse fut la suivante : « Précisément parce que l’économie est, pour vous, le destin. Pour nous, c’est l’esprit qui est le destin. Si vous placez une valeur matérielle comme la plus haute valeur, alors vous avez mieux réussi en cela ».

Bien que je comprenne le raisonnement philosophique et religieux qui se trouve derrière la réponse, incluant que l’on ne peut pas servir deux maîtres, Dieu et Mammon, je préférerais une approche plus directe et économiquement orientée à une telle question. Etonnamment ou pas, Marx, du moins dans ses premiers écrits, avait une approche similaire à celle du Pr.  Douguine sur cette question.

En ce qui me concerne, je voudrais d’abord noter la manière dont la question est structurée. C’est une affirmation : « L’Occident est meilleur pour développer des systèmes économiques », déguisée en une question. Répondre à la question en tentant de donner une explication revient à accepter la supposition de l’interviewer. C’était un piège. A mon avis, la réponse aurait dû être la suivante : « La civilisation anglo-saxonne n’est pas meilleure pour développer des systèmes économiques. Sa prospérité actuelle est due au fait qu’elle peut imprimer une quantité illimitée d’argent à partir de rien et qu’elle a la capacité militaire et politique à obliger les autres à l’accepter comme moyen de paiement ». C’est un vol déguisé. Obliger les autres à abandonner leurs valeurs pour rien est une forme de vol. C’est la source de leur prospérité, pas seulement leur obsession pour les biens matériels. En d’autres mots, l’Occident est meilleur pour imposer son point de vue dans le monde entier, pas pour développer des systèmes économiques supérieurs.

Et ils sont très bons pour quelque chose d’autre aussi, pour présenter leur propre intérêt comme étant, d’une manière ou d’une autre, dans l’intérêt général de l’humanité, de l’humanité en général. Ils sont les maîtres du culot ! C’est comme si un dealer de drogue, ou un voleur, demandait à un enseignant ou à un ouvrier : « Pourquoi pensez-vous que je suis plus riche que vous ? ». La réponse peut être philosophique : « Vous êtes préoccupé par l’argent », mais elle peut aussi être plus directe : « Parce que vous êtes un voleur ».

C’est un aspect important, ce n’est pas quelque chose à négliger. Puisque nous sommes en guerre, du moins dans le domaine des idées, ne laissons pas l’ennemi tenir le haut du pavé. Stratégiquement nous ne voulons pas mener une bataille pénible. Nous avons l’avantage moral même dans le monde de l’économie, et il faut rappeler cela à l’ennemi et au grand public. Nous avons affaire à un empire bâti par des voleurs, des pirates et des dealers audacieux, qui arrivent toujours au nom d’idées généreuses, comme la « liberté » et le « libre-échange », et qui repartent les poches pleines d’argent. Ce sont les gens qui nous font la leçon aujourd’hui !

Donc, mon premier message est : ne laissez pas l’ennemi prendre l’avantage moral. J’étayerai mes affirmations plus tard, avec quelques cours d’histoire, plus précisément sur les guerres de l’Opium.

Mais nous allons faire une très brève récapitulation de la nature de l’actuel système économique, et des manières possibles de le rendre plus juste.

Comme je l’ai dit avant, la prospérité de l’Occident est basée sur deux facteurs : l’impression de monnaie et la capacité d’obliger les autres à l’accepter. Puisque n’importe qui, n’importe quelle nation ou même des non-nations peut émettre de la monnaie (à Hong-Kong par exemple les billets de banque sont imprimés par des banques commerciales), il est évident que dans cette équation le facteur important est la capacité à imposer son usage. L’actuel système monétaire a un nom, le pétrodollar. Ce n’est pas par hasard. Cela vient du fait qu’en 1971, quand les Américains mirent fin à la convertibilité du dollar en or, ils la remplacèrent par la convertibilité en matières premières, et spécialement, mais pas exclusivement, en pétrole. La capacité militaire et politique des Américains à imposer leurs vues aux producteurs de pétrole, et à les obliger à vendre leurs produits en dollars, est la clé du système. La même logique peut être étendue à toutes les matières premières et au commerce international en général. La présence de troupes américaines au Moyen-Orient assure la domination du dollar sur le marché pétrolier, leur présence en Europe assure une certaine parité entre l’euro et le dollar, et ainsi de suite. Je n’entrerai pas dans les détails, mais je voulais souligner qu’en fin de compte tout se ramène au pouvoir. Ce pouvoir n’est pas limité à la capacité d’imposer un certain accord commercial à une troisième nation, mais aussi à sécuriser les voies d’approvisionnement ainsi que certaines régions.

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Pour créer un système économique meilleur et plus juste, il ne suffit pas de signer des accords de commerce bilatéraux exprimés dans d’autres monnaies. Des corridors de transit et de protection pour les pays désireux de commercer en utilisant d’autres monnaies devront être assurés. Bien sûr ce sont des réalités bien connues. L’initiative chinoise de la Nouvelle Route de la Soie et les événements du Moyen-Orient sont la preuve du fait que ces idées de base ont été comprises et que des pas sont faits dans la bonne direction. Nous devons sortir le pétrole du pétrodollar. C’est le second message du jour.

Enfin, je voudrais attirer votre attention sur une zone plus cachée, opaque, que je considère comme importante. Il y a un précédent historique au pétrodollar, en tant que monnaie fiduciaire basée sur la projection de pouvoir. Je parle de la narco-livre (britannique). Au début du XIXe siècle, les Britanniques enregistrèrent des déficits considérables dans leur commerce avec la Chine. A ce propos, c’est la Chine, et non l’Occident comme l’affirme erronément le reporter de The Economist, qui, sauf pendant 150 ans, fut le centre de l’activité économique de la planète.

Au début du XIXe siècle, exactement comme aujourd’hui, la Chine n’était pas intéressée par les produits que les Britanniques pouvaient lui offrir en échange et demandait que les dettes commerciales soient réglées par le paiement d’argent réel sous la forme de lingots d’argent. Quelle fut la solution découverte par les Britanniques pour stopper l’écoulement du « fleuve » d’argent ? Ils obligèrent les Chinois à s’adonner à la drogue, et quand ces derniers tentèrent de s’y opposer, ils déclarèrent la guerre à la Chine. Deux fois. Tout cela au nom du libre-échange et de la paix, bien sûr. Je voudrais ajouter que certaines des plus grandes banques et sociétés commerciales d’aujourd’hui ont leurs racines dans cette affaire infâme : HSBC, Jardine Matheson, Swire, etc. On peut dire la même chose de nombreuses familles « nobles », qui devinrent des lords, des pairs et des chevaliers de l’Empire britannique. Mais nous ne les nommerons pas aujourd’hui.

Pourquoi cela est-il important aujourd’hui ? Parce qu’aujourd’hui, tout comme 200 ans auparavant, le trafic de drogue est entre les mains des mêmes réseaux. L’opium est produit en Afghanistan à des niveaux record, même selon les statistiques officielles de l’ONU. Même chose pour la cocaïne de Colombie, un autre protectorat. Pourquoi cela a-t-il lieu ?

Certains disent que c’est parce que l’argent généré par les drogues est nécessaire pour financer les opérations clandestines, les dénommées « black-ops ». Peut-être, mais pour moi cette réponse est insuffisante. Ce genre d’argent est requis pour des pays de second ordre. Le système qu’utilisent la CIA et le Pentagone dispose déjà de la machine à imprimer l’argent ! Il peut envoyer tout l’argent qu’il veut, partout où il le désire. Il peut créer des sociétés fictives et leurs comptes peuvent être remplis à volonté. Donc pourquoi ont-ils besoin de contrôler le marché de la drogue et en quoi cela est-il relié au pétrodollar ?

Le système monétaire lui-même est dirigé exactement comme un cartel de la drogue. La FED américaine est l’équivalent du producteur, les banques nationales représentent les réseaux de distribution, et les banques commerciales représentent les dealers de rue. Un système de blanchiment assure la distribution des fonds et des profits. Le produit fini, l’argent, génère bien sûr sa propre addiction.

Crude-Oil-268x300.pngL’argent qui provient des drogues a deux caractéristiques : il est en grandes quantités et il est généré en cash. Le problème pour le syndicat de l’argent est de s’assurer que cet argent est réintégré dans le système bancaire, sinon il pourrait finir dans de mauvaises mains, qui pourraient demander des avoirs réels en retour. Cela pourrait bien sûr générer des déséquilibres majeurs et des fluctuations de la monnaie. Alors que dans le système bancaire, l’argent sera blanchi et distribué à travers le mécanisme du blanchiment.

Vous souvenez-vous de Pablo Escobar qui cachait des milliards de dollars en cash dans la jungle colombienne ? Je suis certain que c’est l’une des principales raisons de son élimination. Ce n’était sûrement pas pour éliminer le trafic de drogue, qui a explosé depuis. Nous devons sortir le dollar du narcodollar. C’est le troisième et dernier message pour aujourd’hui.  Pourquoi ?

Pour l’instant le système n’a pas besoin du trafic de drogue pour financer les opérations clandestines « black-ops », mais il a besoin de s’assurer que ce trafic, comme tout trafic, soit effectué dans sa monnaie et que l’argent cash revienne dans le système. De même que le pétrole, l’énergie, le cuivre ou le zinc, l’héroïne et la cocaïne doivent être payés en argent généré à partir de rien, en dollars.

Il est aussi important d’avoir la capacité de cibler avec des drogues la population des Etats rivaux. De ce point de vue, l’Afghanistan est idéalement situé à la frontière des deux principaux rivaux du système, la Chine et la Russie. En même temps, ce pays présente l’avantage que les réseaux de distribution qui en proviennent traverseront les pays musulmans d’Asie Centrale, et donc des réseaux de distribution de drogue à base ethnique peuvent être développés, créant des prémisses pour de futurs conflits interethniques.

L’annihilation des centres de production de drogue n’est pas seulement nécessaire pour le bien de la population. Leur sortie hors du système du dollar créera d’importants déséquilibres monétaires. La monnaie sortira du système et ne reviendra plus jamais, ajoutant une pression supplémentaire aux déficits commerciaux existants. Les bénéficiaires secondaires dans les pays secondaires devront être financés directement et cela requerra la redistribution des ressources.

C’est une ironie du destin, ou une justice karmique peut-être, qu’en sortant le dollar du narcodollar, l’Eurasie pourra rendre au monde anglo-saxon le cadeau empoisonné que ce dernier lui a donné il y a 200 ans. Nous ne parlons pas d’encourager la consommation de drogue de la manière dont l’ont fait les Anglo-Saxons, parce que ce serait une infamie, mais la neutralisation de cette arme, aujourd’hui encore entre les mains du système, tout en concurrençant le pétrodollar, fera renaître le « fleuve d’argent » qui sortait de l’Occident et entrait en Eurasie au XVIIIe siècle. Cela signifierait le retour à l’économie réelle.

Bogdan Herzog.

 

 

Une magnifique trilogie pour l'Europe !

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Une magnifique trilogie pour l'Europe !

par Georges FELTIN-TRACOL

Après avoir publié un excellent livre d’entretiens de Laurent Ozon et les souvenirs de Frédéric Lynn au Donbass, les éditions Bios ont fait paraître, il y a un an, trois recueils d’articles, d’entretiens et de conférences de Robert Steuckers consacrés à l’histoire, à la géopolitique et à l’avenir de l’Europe. Quelle prodigieuse triple somme ! Certes, un esprit chagrin pourrait regretter de lire ici ou là quelques répétitions, mais c’est la loi du genre; ces inévitables répétitions demeurent didactiques.

Bruxellois parlant depuis l’enfance le français, le néerlandais flamand et l’allemand, Robert Steuckers enseigne l’anglais et connaît l’italien et l’espagnol. C’est un « bon Européen » au sens que l’entendait le Grand Frédéric. Infatigable militant métapolitique et culturel de la cause identitaire européenne, il se considère pleinement comme un sujet de l’Âme sacro-impériale romaine germanique et de ses déclinaisons historiques, bourguignonne, habsbourgeoise et hispanique. Ce n’est pas un hasard si Robert Steuckers apprécie la Franche-Comté, cette terre bourguignonne puis espagnole annexée sous Louis XIV et dont maintes familles paysannes se faisaient enterrer pendant plus d’un siècle en tournant le dos à Paris pour signifier leur allégeance véritable à la Couronne espagnole.

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Fidélité à l’Empire

Robert Steuckers estime que l’idée impériale a une histoire et donc un avenir qu’il importe de forcer. Cependant, « toute notion d’empire aujourd’hui doit reposer sur les quatre vertus de Frédéric II Hohenstaufen : justice, vérité, miséricorde et constance. L’idée de justice doit se concrétiser aujourd’hui par la notion de subsidiarité, donnant à chaque catégorie de citoyens, à chaque communauté religieuse ou culturelle, professionnelle ou autre, le droit à l’autonomie, afin de ne pas mutiler un pan du réel. La notion de vérité passe par une revalorisation de la “ connaissance ”, de la “ sapience ” et d’un respect des lois naturelles. La miséricorde passe par une charte sociale exemplaire pour le reste de la planète. La notion de constance doit nous conduire vers une fusion du savoir scientifique et de la vision politique, de la connaissance et de la pratique politicienne quotidienne (I, p. 138) ». Il regrette bien sûr les tentatives impériales avortées à la fin du Moyen Âge et à la Renaissance. Le décès de la reine Mary Tudor a des « conséquences […] catastrophiques pour l’Espagne, les Pays-Bas, le Saint-Empire et, finalement, l’Europe entière (I, p. 102) ». Avant que l’Espagne et le Portugal ne forment pour six courtes décennies l’Union ibérique (1580 – 1640), on oublie qu’« en 1554, l’héritier de la couronne d’Espagne et du Cercle de Bourgogne (les Pays-Bas), Philippe II, épouse Mary Tudor, reine d’Angleterre. […] Pendant quatre ans donc, les Pays-Bas, l’Angleterre, l’Espagne, le Milanais et le Royaume de Naples et des Deux-Siciles connaîtront une direction unique, celle de Philippe II, allié aux Habsbourg d’Autriche, qui détiennent la titulature impériale (I, p. 101) ».

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Outre la Sainte-Alliance post-napoléonienne imaginée par le chancelier Metternich, Robert Steuckers se félicite à rebours de Mélancolie française d’Éric Zemmour (Fayard – Denoël, 2010) du « renversement des alliances » de 1756 validé par Louis XV et poursuivi par son petit-fils Louis XVI. « Nous avons une alliance tacite, eurasienne avant la lettre […], entre la France de Louis XVI (réconcilié avec l’Autriche par son mariage avec Marie-Antoinette de Habsbourg-Lorraine), l’Autriche de Marie-Thérèse puis de Joseph II et la Russie de Catherine II la Grande. Cette alliance tacite […] offrait un espace stratégique de la Bretagne atlantique, voire de l’Espagne des Bourbons éclairés notamment sous le règne de Carlos III, jusqu’aux confins pacifiques de la Sibérie orientale. Cette alliance eurasienne a permis, entre l’avènement de Louis XVI en 1774 et la révolution française, d’esquisser une unité géostratégique entre les trois principales puissances continentales européenne (où la France avait acquis une supériorité navale dans l’Atlantique Nord suite à la guerre d’indépendance des États-Unis) (II, p. 4). »

Judicieux rappels historiques pour quiconque souhaite la libération et l’affirmation de la civilisation européenne ! « L’Europe-croupion, que nous avons devant les yeux, est une victime consentante de la globalisation voulue par l’hegemon américain (II, p. 17). » En effet, pour la puissance thalassocratique étatsunienne, « l’ennemi, c’est l’Europe qu’il faut ré-enclaver et qu’il faut faire imploser de l’intérieur en la livrant en permanence à des politiciens écervelés et en y déversant constamment des populations hétérogènes et inassimilables, débarquant à Lampedusa et sur les îles de l’Égée grecque (II, p. 63) ». Dans ces conditions, il importe d’éliminer impitoyablement ses trois ennemis prioritaires : « L’intégrisme religieux / terroriste de pure fabrication, le banditisme organisé et les cénacles manipulateurs et pervers d’économistes néo-libéraux (II, p. 150). » Ce n’est hélas ! pas gagné…

L’influence hydrologique

N’y aurait-il donc plus aucun espoir ? Non, si l’on accepte enfin de renouer avec l’héritage du Grand-Duché d’Occident. « Comme Philippe le Bon entendait reconstituer la dorsale lotharingienne pour mieux unir l’Europe et comme l’Ordre de la Toison d’Or était destiné à devenir l’instrument de cette politique, l’épine dorsale spirituelle et militaire d’une future Europe unifiée, la “ matière bourguignonne ”, dans sa rutilante diversité, recèle in toto les linéaments de notre “ mission nationale et impériale ”. Il n’y en a pas d’autre (II, p. 170). » Robert Steuckers fait sien ce projet grandiose « repris par Maximilien Ier, dès son mariage avec Marie de Bourgogne; le projet bourguignon fusionne, dès la fin du XVe siècle, avec l’impérialité romaine – germanique; il y a donc continuité entre ce projet bourguignon et les actions du binôme austro-hongrois d’une part, et avec celles de l’Espagne et de l’Ordre de Malte en Méditerranée, d’autre part (II, p. 168) ».

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Outre la dimension historique, il s’attarde en outre sur les aspects religieux et culturels ainsi qu’aux données géographiques au point qu’il recourt au concept perspicace d’« hydropolitique ». Les cours d’eau principaux et leurs affluents expliquent en dernière analyse la configuration des espaces politiques. « La dynamique de l’histoire romaine […] ou la logique de l’expansion territoriale romaine, repose in fine sur la bonne maîtrise de ces trois bassins fluviaux d’Europe (I, pp. 151 – 152) » : le Rhône, le Rhin et le Danube. D’antiques logiques stratégiques continuent leur œuvre aujourd’hui.

L’autre précision qu’apporte Robert Steuckers concerne le caractère forcément bigarré des empires européens. Il souligne le côté polyculturaliste de tout cadre impérial conséquent et réel. Polyculturalisme et non multiculturalisme, nuance de taille ! Le polyculturalisme est l’agencement politique des cultures autochtones européennes tandis que le multiculturalisme fait cœxister sur le même sol des peuples à l’esprit divergent. « Dans un empire cohabitent diverses communautés et, partant, vu l’extension territoriale importante de tout empire, divers peuples, que l’on ne songe pas à fusionner dans un magma insipide et indifférencié. Les empires sont généralement pluri-ethniques. C’était le cas de la monarchie austro-hongroise, dernière détentrice de l’impérialité romaine-germanique, où des hommes de toutes origines ethniques ont servi (I, pp. 157 – 158). » S’il ne croit pas au cadre stato-national réductionniste normativiste forcené et négateur des différences ethno-culturelles vivantes, il n’en est pas moins favorable au concept d’État. En lecteur attentif et assidu de Carl Schmitt et de Julien Freund, il estime que l’État s’adapte aux manifestations géographiques du politique, qu’il se fonde en cité, en région, en nation ou en empire. Là encore intervient l’influence des aires hydrologiques. « La dynamique de l’histoire allemande est centrifuge parce que les bassins fluviaux qui innervent le territoire germanique sont parallèles les uns aux autres et ne permettent pas une dynamique centripète comme en Russie d’Europe et en France. Un pays dont les fleuves sont parallèles ne peut être aisément centralisé. Les bassins fluviaux restent bien séparés les uns des autres, ce qui sépare également les populations qui se fixent dans les zones très œcuméniques que sont les vallées (III, p. 2). »

Une vision originale

Tout étudiant en histoire, en géographie et en sciences politiques devrait se procurer cette trilogie Europa de Robert Steuckers ou, pour le moins, demander aux fonds universitaires d’acquérir cette somme magistrale mille fois plus profitable qu’une énième étude quelconque sur le prétendu genre. On pourrait toutefois être dérouté par l’ampleur du champ de vision de l’auteur. Très mobilisé par le sort de notre grande patrie européenne, Robert Steuckers n’hésite pas à aborder d’autres champs sur d’autres continents. Dès le tome II, il se prononce « pour une “ grande alliance ” eurasienne et ibéro-américaine (p. 133) », se manifestant entre autres par un « soutien total à l’Arménie (II, p. 143) », la rupture de « l’alliance entre Washington et Ankara (II, p. 141) » et un « soutien total à Chavez (II, p. 144) ». Certes, cette prise de position paraît maintenant dépassée avec le naufrage, en partie prémédité par Washington, du Venezuela de Maduro et au moment où l’Amérique du Sud retrouve des dirigeants de droite libérale-conservatrice atlantiste (Chili, Argentine, Colombie, Brésil). La démarche demeure néanmoins actuelle en s’appuyant sur le justicialisme argentin et l’indigénisme andin présent au Bolivie, en Équateur et au Pérou.

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Dans les trois volumes se trouvent aussi ses notes sur l’Afghanistan, l’Iran, le monde arabe, le Tibet, le Japon ou le Pakistan. À chaque fois, une vision historique de la très longue durée se combine aux interprétations psychologiques des peuples, aux faits géopolitiques les plus complets possibles et à l’arrière-plan – primordial – de la spiritualité et de la culture. Il s’agit de saisir à un instant précis la vigueur des civilisations, des peuples, des États et des nations face au « monothéisme globaliste » d’essence marchande. Le réveil et l’affirmation des peuples constituent d’excellentes nouvelles pour tous ceux qui estiment que « le monde est un “ pluriversum ” (II, p. 104) ». Il revient par conséquent aux Européens les plus éveillés la délicate mission d’obtenir une « synthèse nouvelle entre ouverture et fermeture, pour reprendre la terminologie inaugurée par Popper, [qui] postule un rejet de l’extrémisme néo-libéral, un planisme souple de gaullienne mémoire, une volonté de provoquer la “ dédollarisation ” de l’économie planétaire et de créer une alternative solide au système anglo-saxon, manchestérien et néo-libéral (II, p. 104) ». Tel est donc le combat engagé par Robert Steuckers depuis plus de quarante ans. Gageons que les nombreux jalons qu’il a dès à présent posés indiqueront aux peuples albo-européens et à leurs véritables élites organiques la juste direction à suivre.

Georges Feltin-Tracol

• Robert Steuckers, Europa. Valeurs et racines profondes de l’Europe, Éditions Bios, 2017, 338 p., 25 €; Europa. De l’Eurasie aux périphéries, une géopolitique continentale, Éditions Bios, 2017, 316 p., 25 €, et Europa. L’Europe, un balcon sur le monde, Éditions Bios, 2017, 342 p., 25 €, les trois volumes à 80 € (75 € + 5 € de frais de port).

Pour toute commande directe chez l'éditeur: https://editionsbios.fr

lundi, 31 décembre 2018

Peur des élites

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Peur des élites

par François Bernard Huyghe

Ex: http://www.huyghe.fr


Derrière toute force politique, il y a toujours une passion dominante. Dans le cas des Gilets jaunes, il s’agit du mépris (ou plutôt du sentiment d’être méprisés). D’où sa quête de reconnaissance (nous sommes le peuple) et sa méfiance envers l’autorité, surtout médiatique. Mais les élites ? La réponse semble de plus en plus évidente : la peur.

Après la promesse de la mondialisation heureuse, la fierté d’avoir éliminé le communisme, ou la confiance en la technologie libératrice, après le multiculturalisme, et, chez les Européens, après l’avènement d’une UE universaliste, protectrice, post-politique, pacifique… Ne reste plus que la peur, d’où l’impératif de repousser l’inacceptable (c’est-à-dire l’illibéral). Ou bien nous, les ouverts, les raisonnables, les véridiques ou bien le chaos populiste. Ce n’est plus le triomphalisme des années 90 (la soft-idéologie, ni celui plus tempéré des années 2000 (mondialisation heureuse après élimination du radicalisme)-. C’est la grande panique d’un système qui ne veut plus être jugé que sur dangers qu’il nous épargne. Le problème de la panique est qu’elle abrutit.

Des gens très brillants se mettent à penser en termes de causalité diabolique : tous les ennuis du monde viennent de la méchanceté de méchantes gens. Leur système mental semble incapable de concevoir que des attitudes politiques soient dictées par des intérêts nationaux (Russie) ou de classe (Gilets jaunes), ou que des gens ne partagent pas les valeurs occidentales libérales (il y en a pourtant des milliards à travers le monde). Confrontées à une monstrueuse panne de soft-power, les dirigeants, les membres de l’hyperclasse, les couches urbaines diplômées, les responsables du pouvoir symbolique, les experts, commentateurs et éditorialistes, bref tous les détenteurs du pouvoir économique, politique et culturel réduisent la question du conflit à celle de l’anomalie. Anomalie géopolitique : les puissances « révisionnistes » que sont la Russie et la Chine refusent de se soumettre à l’ordre international universel et exercent une influence suspecte. Anomalie électorale : votes Trump, Brexit, italien, brésilien, etc. Anomalie sociologique de cette France périphérique qui se révolte contre l’impôt et pour la démocratie directe. Anomalie intellectuelle : ces gens s’imaginent qu’il y a un complot des riches et des puissants.. Anomalie cognitive : nous sommes à l’ère de la post-vérité où, au lieu de se fier aux médias et aux sachants, toute une partie de la population se gave de fake news et de rumeurs. Anomalie psychologique : les masses semblent en proie à d’incompréhensibles contagions (peur de l’Autre, crispation identitaire). Anomalie éthique : le discours de haine et l’autoritarismes, inconnus des catégories supérieures, nous menace et nous renvoie aux heures sombres... Pensecomplexepadamalgam.

Bien entendu notre thèse n’est pas que Xi Jinping soit cool, Poutine libertaire ou qu’il n’y ait pas d’abrutis racistes et castagneurs parmi les populistes du monde entier. Notre thèse est que le discours qu’on aurait dit en d’autres temps dominant est dépolitisant : il réduit les conflits collectifs pour le pouvoir à des bizarreries individuelles ou à des conspirations de services et d’officines (tout en proclamant le ridicule du complotisme). Le registre des puissants est devenu celui de l’indignation. Leur analyse un réquisitoire. Leur solution : plus de contrôle et de rééducation.

Défendre son hégémonie en expliquant que ceux qui la menacent sont très méchants et très dangereux, c’est la meilleure façon de rappeler que c’est une hégémonie.

Donald Trump va-t-il remplacer l'armée américaine par Blackwater

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Donald Trump va-t-il remplacer l'armée américaine par Blackwater

par Jean Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

La société privée de sécurité, véritable armée privée, nommée précédemment Blackwater a changé de nom depuis. Elle s'était renommée Constellis, mais aujourd'hui, il est difficile de l'identifier clairement sous ses différentes identités. Elle avait été créée par un certain Erik Prince, qui officiellement n'aurait pas de responsabilité dans les nouvelles sociétés.

En Irak, où les précédents présidents américains avaient officiellement fait appel à Blackwater, celle-ci s'était fait connaître par les crimes multiples, des massacres de civils notamment, qu'il l'avaient quelque peu discréditée. Mais les mercenaires formant ses effectifs sont restés sur place, lourdement armées. Ils sont toujours également très actifs en Afghanistan. Aujourd'hui, il semble qu'ils soient toujours présents en Syrie et dans les différents conflits régionaux où l'armée américaine n'intervient pas officiellement. Leur présence semble très appréciée par Israël. Qui les finance ? Mystère. Sans doute en partie des fonds secrets de la Présidence.

Or aujourd'hui Blackwater ferait un grand retour 1). Elle s'en vante 2). James Mattis a bruyamment démissionné de son poste de secrétaire à la défense, au prétexte du retrait de l'armée américaine de Syrie et bientôt sans doute d'Afghanistan. Mais selon les informations qui filtrent et dont nous ne pouvons évidemment pas garantir la fiabilité , Donald Trump aurait décidé de maintenir les mercenaires de l'ex-Blackwater dans ces territoires. Ils sont quelques milliers et pourraient fort bien remplacer les 2.000 à 4.000 militaires américains qui seront progressivement retirés. Erik Prince a toujours été un conseiller privé de Donald Trump. Il l'est encore. C'est sans doute lui qui a inspiré à Trump ces récentes décisions.

Donald Trump aurait une telle confiance dans Prince et dans ses mercenaires qu'il envisagerait par ailleurs de leur confier le rôle de garde de sécurité privée à la Maison Blanche, en doublure de première ligne des militaires jouant encore ce rôle. Il craindrait en effet à la suite des menaces actuellement formulées contre lui d'être enlevé ou assassiné avec la complicité des militaires.

Il faut cependant se demander quel rôle auraient joué les militaires dans la décision de Donald Trump de faire appel à Blackwater. A lire l'article de Military Times, Blackwater est fort mal vu par les généraux, ces mêmes généraux qui avaient jusqu'ici inspiré à Trump ses précédentes interventions militaires. Mais l'on pourrait supposer que ce serait avec l'accord de ces généraux que Trump avait décidé le retrait de Syrie. La condition qu'ils auraient mise serait que Blackwater reste sur place et continue à faire le travail de « containment » de l'Iran et de la Russie. La société de sécurité, convenablement financée, en serait tout a fait capable.

Ceci voudrait dire qu'il ne faudrait pas se fier en apparence. Les généraux verraient d'un très bon œil Blackwater se substituer à l'US Army en Syrie et en Afghanistan. Cela éviterait à cette dernière de futures pertes humaines toujours fort mal vues par l'opinion. Ils garderaient celle-ci disponible pour intervenir sur d'autres théâtres, dans le Pacifique, mais aussi en Ukraine, dans la perspective d'un affrontement direct avec l'armée russe.  3)

On pourra relire à ce sujet notre article du 25/12. 4)

Références

1) https://www.militarytimes.com/news/your-military/2018/12/...

2) Blackwater USA took out a full page ad in the January/February 2019 issue of "Recoil" magazine with the company's logo and a message: "We are coming."

3) http://www.atimes.com/recent-us-moves-reflect-its-shiftin...

4)  http://www.europesolidaire.eu/article.php?article_id=3404...?

Note au 28/12

En fait, la visite surprise de Trump en Irak la veille de Noël montre bien qu'il ne veut pas se désengager de la guerre au Moyen Orient. Il s'est seulement débarassé de Mattis, sans doute pour incompatibilité d'humeur

https://www.wsws.org/en/articles/2018/12/28/pers-d28.html

10:55 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, états-unis, blackwater, mercenariat, donald trump | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Un nouvel ordre mondial vu de Russie

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Un nouvel ordre mondial vu de Russie

A new world order: A view from Russia

par Jean Paul Baquiast

Ex: http://europesolidaire.eu

RGAff.jpgCet article, référencé ci-dessous, écrit par deux spécialistes russes de science politique internationales, Sergey Karagonov et Dmitry Suslov, est à lire d'urgence. Il présente, loin de la façon dont en France, sous l'influence des « think tanks » américains, l'on se représente la diplomatie russe, un point de vue très balancé de ce que pourrait être le rôle de la Russie dans la construction de ce que l'on commence à nommer une grande puissance eurasiatique.
Celle-ci pourrait constituer, face à un ensemble dit euro-atlantique dominé par les intérêts politiques et économiques américains, un contrepoids essentiel permettant d'éviter une guerre mondiale. Une puissance eurasiatique comprendrait, comme le nom l'indique, la Russie et certains grands pays européens ouverts au monde, comme devrait être la France. Il permettrait aussi d'associer à la Russie et à l'Europe la puissance chinoise en voie de devenir un facteur autour duquel se construira le monde de cette fin de siècle.
Mais la lecture de cet article s'impose aussi parce que celui-ci pourra faire connaître en France une revue russe de politique internationale, Russia in Global Affairs, dont on peut penser que s'inspirent Vladimir Poutine et Sergei Lavrov dans leur effort pour jouer un rôle modérateur au sein des actuels conflits militaires au Moyen-Orient.

Bref résumé de la première partie de l'article.
Nos commentaires en caractères italiques 

1. Un nouvel ordre du monde

L'ordre du monde international qui s'était imposé depuis plus d'un siècle s'est trouvé remis en cause depuis 2017-2018. une cause en a été l'élection de Donald Trump et la volonté américaine d'éliminer la Russie et la Chine des institutions en charge de le définir et le protéger. Mais plus en profondeur cet ordre du monde s'est heurté aux conflits grandissants entre puissance qui jusqu'ici s'était accordés sur la nécessité d'un tel ordre du monde. Tout laisse penser que l'ordre du monde ancien est en cours d'effondrement et qu'un nouvel ordre pourrait s'imposer. La Russie a de bonnes chances de pouvoir être un des principaux moteurs de cette transformation. Sous son influence, le nouvel ordre du monde pourrait plus équitable, stable et pacifique.

Les auteurs de l'article sont russes. On pourra objecter qu'ils défendent une thèse favorable à la Russie. Mais dans la suite de l'article ils apportent des arguments très sérieux en faveur de leur point de vue. Nous pensons que la plupart de ceux-ci mériteraient d'être pris en considération.

Malheureusement, ce nouvel ordre du monde demandera beaucoup de temps pour s'imposer. En attendant, l'état actuel des relations entre les Etats-Unis et la Russie ne contribue pas à prévenir le risque d'une 3e Guerre Mondiale qui verrait la disparition de ces deux puissance, comme sans doute de toutes les autres.

Dans ce domaine, la Russie s'efforce d'agir comme un facteur de sécurité à travers ses politiques internationales et de défense. Les réalisations actuelles de la Russie dans le domaine de nouvelles armes, exposées par Vladimir Poutine dans son discours de 2018, devraient jouer un rôle essentiel. Il s'agira d'une force de dissuasion visant à décourager les politiques d'agression des Etats-Unis.

Ceci paraîtra peu crédible au lecteur mal informé, car de nouvelles armes, aussi efficaces soient-elles en termes dissuasif, peuvent également être mises au service de politiques d'agression. Mais nous avons nous-même à l'époque indiqué que cela ne devrait pas être le cas. Un simple missile hypersonique du type de celui mis au point par la Russie, qui pourrait à lui seul détruire un porte-avions, ne pourrait jamais, à moins d'être doté d'une charge nucléaire – ce que Moscou refuse - soutenir une politique d'agression, au contraire de la flotte de porte-avions dont s'est dotée l'Amérique . Ceci étant la Russie dispose en Europe de forces terrestres largement supérieures à celles de l'Otan. Là encore il sera essentiel que la Russie continue, comme elle l'a fait jusqu'à présent, à maintenir une politique de non-agression, essentielle pour un éventuel dialogue constructif avec Washington.

Le « pivot » vers l'Asie de la Russie, se traduisant par un rapprochement avec la Chine, contribuera à créer une « Grande Eurasie ». Vu l'étendue des territoires et l'importance des forces concernées, cet ensemble pourra être un élément essentiel pour le futur ordre du monde, contrairement à ce que serait une Chine livrée à ses propres forces pour se faire respecter. De plus, la Russie s'efforcera de développer un partenariat étendu avec l'Inde et une coopération avec des alliés de l'Amérique, notamment le Japon, la Corée du sud et si possible les Etats européens. Ces différents pays cherchent à atténuer les confrontations entre l'occident et la Russie, comme entre les Etats-Unis et la Russie. Aucun n'a à y gagner.

Ceci dit, notamment pour des raisons de politique intérieure, aucun des Etats occidentaux ne paraît prêt dans les 10 prochaines années à accepter un nouvel ordre international incluant la Russie. Lorsque les élites actuellement au pouvoir auront été remplacées dans les 10 ou 20 ans prochains par d'autres plus ouvertes, c'est-à-dire vers 2030-2040, le nouvel ordre devrait devenir possible.

2) Pourquoi l'ordre du monde international actuel est-il en voie d'effondrement ?
3) La situation de l'Occident
4) Une Russie victorieuse, mais non sans problèmes
5) Les enjeux de sécurité
6) Le rôle de la Russie pour créer autour de l'Eurasie de futures politiques internationales plus ouvertes


Notes et sources

 

Référence de l'article
 https://eng.globalaffairs.ru/pubcol/A-new-world-order-A-v...

dimanche, 30 décembre 2018

Grégoire Canlorbe interviewe Jared Taylor

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Grégoire Canlorbe interviewe Jared Taylor

Jared Taylor

(traduction français par Chlodomir)

Samuel Jared Taylor est un défenseur américain de la race blanche, né au Japon. Il est le fondateur et le rédacteur du magazine online American Renaissance. Taylor est aussi le  président de l’organisation parente d’American RenaissanceNew Century Foundation.

Grégoire Canlorbe : Avec le bénéfice de la vision rétrospective, quel fut l’Age d’Or des relations raciales aux USA ? Cela aurait-il pu être la ségrégation ?

Jared Taylor : Il n’y a jamais eu d’Age d’Or des relations raciales. Je pense que c’est impossible d’avoir un Age d’Or des relations raciales, parce que les relations raciales sont intrinsèquement conflictuelles.

La ségrégation était meilleure au sens où quand les Noirs et les Blancs n’entrent pas en  contact, il y a moins de conflits. Elle était aussi meilleure à certain égards pour les Noirs parce qu’aujourd’hui, un Noir intelligent et travailleur peut sortir d’un quartier noir et vivre dans un quartier blanc. Pendant la ségrégation, les Noirs compétents et intelligents vivaient dans les quartiers noirs et ils pouvaient être des modèles. Pour cette raison, beaucoup de Noirs disent que la ségrégation était meilleure pour les Noirs parce qu’ils avaient une série complète de gens riches et pauvres, travailleurs et non-travailleurs, mariés et célibataires, alors qu’aujourd’hui les quartiers noirs ont souvent seulement les pires des Noirs. Beaucoup sont devenus des zones de grande dégénérescence, qui sont très mauvaises pour les Noirs et très mauvaises pour le pays.

Beaucoup de lecteurs ne le croiront pas, mais du moins dans le Sud, lorsqu’il y avait une claire hiérarchie avec les Blancs en haut et les Noirs en bas, il était plus facile d’avoir des relations d’affection authentiques. Personne n’ose en parler aujourd’hui, mais il y avait souvent un sentiment qui ne peut être décrit que comme de l’amour entre les Blancs et les Noirs qui travaillaient pour eux. Je crois que c’était possible seulement parce que la hiérarchie était claire – les gens des deux races savaient à quoi s’attendre les uns des autres. La description de Huck et Jim dans Huckleberry Finn donne une idée de ce genre d’affection. Il est beaucoup plus difficile d’avoir une amitié authentique qui traverse les lignes raciales dans notre actuelle ère d’égalité par décret en dépit de l’inégalité biologique et à une époque de politique identitaire noire insistante.

Grégoire Canlorbe : Thomas Jefferson dit qu’il était en faveur de l’affranchissement et de la déportation [= rapatriement] des esclaves afro-américains. Au vu de cela, pensez-vous qu’il serait en faveur de la remigration des colonisateurs congoïdes et arabes hors d’Europe ?

Jared Taylor : Certainement. Il aurait fortement soutenu cela. Thomas Jefferson n’était pas du tout le seul à vouloir rapatrier les Africains noirs. Beaucoup d’Américains éminents voulaient la même chose. Le président James Monroe fut très étroitement impliqué dans l’établissement du pays du Liberia. La capitale Monrovia est nommée d’après James Monroe parce qu’il aida à établir le Liberia. Même Abraham Lincoln – bien qu’il soit révéré aux Etats-Unis comme le Grand Emancipateur – voulait envoyer les Noirs affranchis en-dehors des Etats-Unis. Il ne voulait pas que les Etats-Unis soient composés de Noirs libres et de Blancs libres vivant ensemble. Il voulait que tous les Noirs quittent les Etats-Unis.

Ces gens n’auraient jamais pu imaginer une Europe où il y aurait beaucoup de Noirs, beaucoup d’Arabes, beaucoup d’Asiatiques. Ils auraient considéré cela comme une terrible  forme de suicide national, racial et culturel. 

Grégoire Canlorbe : Comparée à celle des Pères Fondateurs, la conscience de race est-elle une question politique importante pour le président Trump ?

Jared Taylor : Je ne pense pas que Donald Trump pense sérieusement à la race. Il est toujours accusé d’être raciste, mais, bien qu’il comprenne, par exemple, que les musulmans ne s’intègrent pas très bien aux Etats-Unis et qu’il n’aime pas les immigrants illégaux entrant aux Etats-Unis et bénéficiant de l’aide sociale, je ne pense pas que Donald Trump comprenne que pour que les Etats-Unis continuent de faire partie de la civilisation occidentale, ils doivent avoir une majorité blanche. Il comprend peut-être cela et il est peut-être simplement effrayé de le dire tout haut, mais je pense qu’il est plus probable qu’il ne le comprenne simplement pas.

Grégoire Canlorbe : On pense souvent à l’Amérique comme au pays calviniste par excellence. Pourtant les Pères Fondateurs étaient imprégnés de la culture païenne du vieux monde gréco-latin. De nos jours, que reste-t-il de cela dans le mode de vie américain ?

Jared Taylor : Il est vrai que les Etats-Unis furent fondés par des gens qui étaient nominalement protestants. Je ne suis pas sûr qu’on doive les appeler calvinistes. Ils étaient anglicans, ils étaient presbytériens, et ils étaient catholiques, même au début. L’Etat du  Maryland fut fondé par des catholiques, par exemple. Mais des parties de la Scandinavie et de l’Allemagne étaient aussi protestantes. Je ne suis pas sûr qu’il serait correct de dire que les Etats-Unis ont été davantage formés par ce genre de protestantisme que l’Allemagne ou la Scandinavie. Les Etats-Unis deviennent de moins en moins religieux.

Il serait incorrect, je pense, de dire que les Etats-Unis, culturellement ou politiquement, reflètent le calvinisme. Cela aurait pu être le cas dans certaines zones, certaines parties du pays. Quelqu’un comme le général Stonewall Jackson croyait en une forme sévère et punitive du presbytérisme. Donc, ce courant de pensée était certainement présent aux Etats-Unis jusqu’à une certaine période. Mais aujourd’hui, je ne dirais pas que les Etats-Unis soient calvinistes. Les Etats-Unis sont même de moins en moins chrétiens. Et beaucoup des gens qui prétendent être chrétiens sont tout aussi libéraux ou multiculturalistes, ou tout aussi pro-immigrants que les athées.

L’Américain ordinaire, je pense, est complètement détaché de tout ce qui pourrait être appelé gréco-latin. Bien sûr, les monuments de l’architecture américaine – le bâtiment du Capitole, ou le bâtiment des archives, ou même la Maison Blanche : tous reflètent l’architecture gréco-latine. Notre chambre haute est appelée le Sénat ; la littérature et la loi sont parsemées de phrases latines. Mais en termes d’appréciation de l’Iliade et de l’Odyssée, et des classiques de la littérature romaine, de la tragédie grecque, la plupart des Américains ont très peu de contact avec cela. Et s’ils ont un contact avec, c’est pendant une brève période à l’université. Je pense que si vous demandiez aux étudiants d’université : « Avez-vous déjà lu une pièce grecque ? » ou « Avez-vous déjà lu l’Iliade ou l’Odyssée ? », la plupart répondraient probablement non.

Grégoire Canlorbe : « Une autre chose qui m’a frappé [chez l’Américain] », écrivit le psychiatre et philosophe Carl Gustav Jung, « fut la grande influence du Nègre, une influence  psychologique naturellement, non due au mélange de sang. La manière émotionnelle dont un  Américain s’exprime, spécialement la manière dont il rit, peut être étudiée le mieux dans les suppléments illustrés des journaux américains ; l’inimitable rire de Teddy Roosevelt se trouve dans sa forme primordiale chez le Nègre américain. La démarche particulière décontractée, ou le déhanchement si fréquemment observé chez les Américains, vient aussi du Nègre. La musique américaine tire sa principale inspiration du Nègre, et la danse aussi. L’expression du  sentiment religieux, les meetings du revival, les Holy Rollers et autres anormalités sont fortement influencés par le Nègre. La vivacité de l’Américain moyen, qui apparaît non seulement dans les parties de base-ball mais tout particulièrement dans son extraordinaire amour du bavardage – l’incessant baratin des journaux américains en est un exemple éloquent – peut difficilement être attribué à ses ancêtres germaniques, mais ressemble bien plus au bavardage d’un village nègre. Le manque presque total d’intimité et la sociabilité de masse dévorant tout me rappellent la vie primitive dans des huttes, où il y a une identité complète avec tous les membres de la tribu ».

Comment évaluez-vous l’analyse de Jung, d’après laquelle les Américains blancs sont  psychologiquement mélanisés ?

Jared Taylor : Je pense que concernant la musique américaine, il y a une certaine vérité là-dedans. Et il y a une chose que Jung ne mentionne pas, c’est la cuisine américaine. Les Noirs ont contribué à une certaine sorte de cuisine sudiste. Mais l’idée que le comportement des Blancs – leur manière de rire ou de parler – est influencé par les Noirs, je ne suis pas d’accord avec cela. Je pense qu’en-dehors de la musique et de la cuisine – je ne sais pas quand cette citation a été écrite –, il y a certainement très peu de choses dans les habitudes et les activités quotidiennes des Américains qui doivent beaucoup à une influence africaine, à mon avis. Il y a un certain nombre de jeunes Blancs qui sont influencés par la musique rap, par exemple. Il y a des gens qui souhaitent agir comme des Noirs, mais ils ont un nom particulier : ils sont appelés « wiggers ». C’est une abréviation pour « white Niggers » [Nègres blancs]. Ce sont des Blancs qui pensent que c’est cool de parler et d’agir et de s’habiller d’une manière qui imite les Noirs. Mais ils forment un groupe distinct – un groupe très distinct – et ils ne sont pas représentatifs de la plupart des Américains.

Grégoire Canlorbe : On dit parfois qu’un individu est d’abord défini par sa caste (soi-disant naturelle), et seulement secondairement par sa race. En d’autres mots, un aristocrate guerrier blanc est – au niveau psychologique aussi bien que physiologique – plus proche d’un samouraï japonais et d’un kshatriya indien que d’un marchand blanc ou d’un travailleur blanc.  Un exemple souvent évoqué est celui de Jules Brunet, un officier de l’armée française qui vint au Japon pour aider l’empereur et qui finalement rejoignit la rébellion des samouraïs contre lui. Cet homme, qui devint un samouraï, fut accepté par les Japonais comme l’un des leurs. Le film avec Tom Cruise, bien qu’étant une fiction complète, a été basé sur cette histoire. Etes-vous d’accord avec cette vision des choses ?

Jared Taylor : C’est une question intéressante. Je ne suis pas sûr qu’on trouve toutes les mêmes castes dans toutes les différentes races. Je ne suis pas sûr qu’un pays africain ait produit le genre d’aristocratie – un genre d’aristocratie « noblesse oblige » – que nous pouvons trouver en Europe. Les Etats-Unis n’ont pas non plus produit tout à fait ce même genre d’aristocrate. Je suppose que si vous parlez d’un aristocrate européen médiéval, et que vous tentez de comparer cet état d’esprit à celui d’un samouraï japonais, vous trouverez certaines similarités, c’est vrai, mais ils seraient séparés par certaines choses très profondes. Ils seraient séparés par la religion. Ils seraient divisés par la culture. Ils pourraient avoir un sentiment similaire de supériorité inhérente. Ils pourraient avoir aussi un sentiment d’être responsables du gouvernement de leur pays. Mais je crois que le gouffre entre de tels groupes serait très grand. Auraient-ils assez de choses en commun pour les rendre plus similaires entre eux que vis-à-vis de la paysannerie environnante ? C’est une question à laquelle il est difficile de répondre.

Il est de plus en plus difficile de tracer des distinctions entre un aristocrate occidental et un Occidental ordinaire. Un sentiment de caste, d’être destiné par naissance à régner, a presque complètement disparu d’Occident. Nous avons : une classe ouvrière, une classe moyenne, une classe supérieure. Nous avons des intellectuels. Maintenant, diriez-vous qu’un intellectuel européen a beaucoup plus en commun avec un intellectuel asiatique au point que l’Européen serait plus à l’aise avec l’Asiatique qu’avec un Européen de la classe ouvrière ou même de la classe moyenne ? Selon les individus, cela pourrait être le cas. Des gens pourraient trouver une certaine communauté du fait de leurs intérêts particuliers, mais en fin de compte, sur le long terme, des gens qui partagent la même race, la même religion, la même culture auront probablement plus en commun que vis-à-vis de gens qui sont d’une race différente, d’une religion différente, et d’une culture différente, même si leur rôle dans la société est similaire.

Je n’ai jamais entendu parler de ce Français, Jules Brunet. Peut-être a-t-il existé. A-t-il vécu assez longtemps au Japon pour vraiment maîtriser la langue japonaise ? S’est-il converti au shintoïsme ou au bouddhisme ? A-t-il épousé une femme japonaise ? A quel point s’est-il vraiment immergé dans la culture japonaise ? Parce que, même aujourd’hui, à une époque où il est plus facile de traverser les frontières et les barrières, et où les gens acceptent beaucoup mieux les différences, il est très difficile pour un Européen, même s’il a maîtrisé le japonais, même s’il est marié à une femme japonaise, d’être accepté comme authentiquement japonais. Je connais un certain nombre d’Américains qui sont allés au Japon, et qui sont finalement tombés amoureux du Japon, mais qui à la fin ont compris que le Japon n’est pas tombé amoureux d’eux. Ils peuvent être ici pendant de nombreuses années, et ils comprennent l’étiquette, les manières, la culture, l’histoire et la langue japonaises, mais ils ne sont pas acceptés parce qu’ils ne sont pas biologiquement japonais. Donc, je soupçonne que l’expérience de ce Français, même s’il était techniquement parlant un samouraï – je serais très surpris s’il était considéré comme Japonais d’une manière fondamentale, parce que les Japonais ne considèrent pas les non-Japonais comme faisant vraiment partie de leur peuple.

Grégoire Canlorbe : Il n’est pas rare de mettre sur le même plan l’Empire du Japon (qui dura depuis la Restauration Meiji en 1868 jusqu’à la mise en œuvre de la Constitution du Japon moderne en 1947) et les entreprises impérialistes des régimes nazi et fasciste. Ayant passé votre enfance au Japon, et connaissant intimement la culture japonaise, pensez-vous que cette affirmation soit une comparaison honnête ?

Jared Taylor : Ils étaient alliés, mais seulement dans un sens minimal. Il n’y eut jamais de coopération ou de planification stratégique entre le Japon et l’Allemagne nazie, et l’impérialisme du Japon existait bien avant l’impérialisme national-socialiste. L’idée de l’Empire japonais était basée sur les empires européens. Les Japonais étaient furieux d’avoir été tenus à l’écart de la Chine, par exemple, ou d’Afrique. Ils n’avaient pas d’intérêt particulier pour l’Afrique, mais ils basaient leur empire colonial sur le modèle européen. Le Japon annexa Taiwan et la Corée après les guerres sino-japonaise et russo-japonaise en 1895 et 1905. C’était bien avant les débuts des nazis. Les annexions et la colonisation de la  Mandchourie, par exemple – cela fut fait au nom de l’expansion de l’empire japonais, pour s’assurer des matières premières. C’était bien plus une imitation des empires européens en Afrique que quelque chose de similaire à la conquête nazie.

Et durant ces périodes, les Japonais firent de gros efforts pour transformer les Coréens et les Taïwanais en locuteurs du japonais – pour les rendre culturellement japonais. Je ne pense pas que les Allemands aient eu l’idée de transformer les Russes ou les Polonais en germanophones. Ainsi, la mentalité des Japonais et de l’empire japonais ressemblait beaucoup plus à celle des Européens qui apprenaient aux Africains à parler leurs langues. Les Britanniques ne pensaient pas que les Indiens deviendraient un jour comme les Britanniques, mais ils leur enseignaient l’anglais. Ils leur enseignaient certaines coutumes britanniques. Mon impression est que la conquête allemande de l’Est fut, franchement, plus exploiteuse que la construction de l’empire japonais.

Grégoire Canlorbe : Concernant la quête de l’Amérique pour l’hégémonie, voyez-vous la politique étrangère de Trump comme une continuation de la stratégie classique visant à assurer une présence guerrière en Europe et à isoler la Russie ?

Jared Taylor : Je ne pense pas que Trump lui-même ait une grande vision stratégique. Je ne pense pas qu’il ait sérieusement réfléchi à ces questions. Il y a des gens autour de lui qui ont divers plans plus stratégiques et plus élaborés. Mon impression est certainement que quelqu’un comme John Bolton n’est pas favorable à un rapprochement avec la Russie. Steve Bannon était plus intéressé à rétablir des relations amicales avec la Russie, mais Bolton ne l’est pas. Et je ne pense pas que Donald Trump ait un contrôle suffisamment cohérent sur la politique étrangère américaine et une vision suffisamment cohérente pour établir le genre de rapprochement qui serait à mon avis souhaitable pour les Etats-Unis et la Russie. Instinctivement, il semble penser que la Russie pourrait être une amie, que Vladimir Poutine n’est pas un mauvais homme. Mais il y a beaucoup, beaucoup de gens dans l’establishment de la politique étrangère des Etats-Unis qui sont profondément soupçonneux envers la Russie, et à mon avis pour des raisons superficielles et erronées. Donald Trump a un sentiment instinctif que les Russes peuvent être et devraient être nos amis. Mais je ne pense pas qu’il ait la cohérence ou une personnalité assez forte pour imposer à lui seul une politique étrangère à un establishment qui est profondément soupçonneux envers la Russie.

Photo: Jared Taylor en compagnie de Grégoire Canlorbe, Paris, septembre 2018.

taylorcanblorbesept18.jpgGrégoire Canlorbe : Comment résumez-vous les conséquences à long terme de la tristement célèbre Guerre Civile américaine – décrite dans Autant en emporte le vent – sur le destin des Américains blancs et sur le visage de la société américaine ?

Jared Taylor : Eh bien, imaginons ce qui serait arrivé si les Etats Confédérés d’Amérique avaient réussi à devenir indépendants. Imaginons qu’Abraham Lincoln ait été incapable de vaincre la Confédération et qu’elle soit devenue indépendante. Il est clair que cela aurait réduit la puissance globale des Etats-Unis d’Amérique. L’Amérique serait loin d’être aussi dominante qu’aujourd’hui. Imaginons-la sans les 13 Etats confédérés. Elle serait une puissance importante, incontestablement, mais pas aussi dominante.

L’un des objectifs de la Confédération était d’importer encore plus d’esclaves noirs. La traite des esclaves avait pris fin en 1808. Les Etats Confédérés d’Amérique, s’ils avaient réussi, auraient importé encore plus de Noirs d’Afrique. Je pense que cela aurait été une catastrophe. L’esclavage n’aurait pas pu continuer, même dans le Sud. Il est impossible d’imaginer l’esclavage se poursuivre au XXe siècle. Et finalement il y aurait probablement eu une sorte de pression égalitaire sur le Sud. La Confédération serait-elle devenue comme l’Afrique du Sud d’aujourd’hui, avec une majorité noire aujourd’hui dominante et discriminant les Blancs ? Je ne sais pas. J’aimerais penser que la Confédération n’aurait pas été réduite à un tel Etat.

Il devient très difficile d’imaginer un futur pour une Confédération indépendante avec un grand nombre de Noirs. Combien de temps aurait survécu l’esclavage ? Quelle sorte d’organisation sociale y aurait-il eu entre les races après l’abolition de l’esclavage ? Y aurait-il une ségrégation ? Y aurait-il une sorte d’apartheid ? Combien de temps cela aurait-il duré ? Nous pouvons imaginer un futur – un présent – où la Confédération tenterait encore de maintenir une population hiérarchiquement ségrégée. Elle serait mise à l’écart. Elle serait expulsée des Nations Unies. Elle serait soumise à toutes sortes de sanctions commerciales. C’est une idée fascinante, si vous imaginez une Confédération victorieuse, mais il est impossible d’imaginer les détails.

Mais il n’y a pas de doute que s’il y avait eu deux nations anglophones en Amérique du Nord, la force combinée des Etats-Unis aurait été loin d’être aussi grande. Et si vous imaginez des Etats-Unis divisés, les Etats-Unis seraient-ils entrés en guerre – la Première Guerre mondiale – aux cotés de la France et de la Grande-Bretagne ? Peut-être pas. S’il y avait eu deux Etats-Unis, y aurait-il eu une grande puissance anglophone pour entrer en guerre contre l’Allemagne nazie ? Le Japon aurait-il attaqué les Etats-Unis ? Il est impossible de le savoir. Mais, si la Confédération avait été victorieuse, il est possible d’imaginer un futur où l’Allemagne aurait pu gagner la Première Guerre mondiale, ou bien où elle aurait pu gagner la Seconde Guerre mondiale. Il aurait pu y avoir d’immenses conséquences de ce genre. Maintenant, quelles auraient été les relations avec la Russie, il est impossible de le dire.

Grégoire Canlorbe : Merci pour votre temps. Y a-t-il quelque chose que vous aimeriez ajouter ?

Jared Taylor : Si les Européens doivent être remplacés, je préférerais de loin que nous soyons remplacés par des Asiatiques plutôt que par des Africains ou des Moyen-Orientaux et,  certainement, par des musulmans. J’espère bien sûr que la civilisation occidentale survivra,  que les Blancs conserveront leur civilisation et leur substrat biologique pour toujours dans le futur. J’espère que c’est ce qui arrivera. Mais si nous devons nous éteindre – si nous nous éteignons vraiment –, ou si nous ne nous reproduisons pas, si le continent de l’Europe devient non-blanc, si l’Amérique du Nord devient de plus en plus non-blanche, je préférerais qu’ils deviennent asiatiques plutôt qu’africains, moyen-orientaux, ou latinos.  Les Asiatiques sont un groupe à haut QI, et ils organiseraient des sociétés supérieures, alors que si les Etats-Unis devenaient peuplés par des gens comme les Guatémaltèques, les Haïtiens, les Syriens, alors les Etats-Unis deviendraient un fouillis du Tiers-Monde.

Cette conversation entre Jared Taylor et Grégoire Canlorbe, vice-président du Parti National-Libéral (nationaliste, archéofuturiste, et libre-échangiste) a eu lieu à Paris, en septembre 2018.

 

 

L’abbé Wallez, l’éminence noire de Degrelle et Hergé

Marcel Wilmet, écrivain et ancien journaliste, publie un ouvrage consacré à ce personnage et intitulé : L’abbé Wallez, l’éminence noire de Degrelle et Hergé.

Ce livre, qui émane d’un spécialiste de Tintin et de la bande dessinée, s’adresse également aux personnes qui s’intéressent au nationalisme belge et à son histoire. En effet, les deux pères du héros à la houppe – l’abbé Wallez et Hergé –, ainsi que Léon Degrelle, évoluent, pendant l’entre-deux-guerres, au sein du milieu qui véhicule ces idées politiques. Durant la IIe Guerre mondiale, ils appartiendront à la minorité des nationalistes belges qui navigueront dans les eaux de la Collaboration.

Sous la coupe de l’abbé Wallez

L’auteur décrit l’abbé : « Avec son mètre quatre-vingt-dix et ses plus de cent kilos, le nouveau patron du XXe Siècle en imposait et il en était parfaitement conscient. Dans sa soutane noire, Norbert Wallez, à l’époque âgé de 45 ans, déboulait dans les couloirs du journal, sa voix tonitruante résonnant dans l’ensemble du bâtiment situé au numéro 11 du boulevard Bischoffheim, près du jardin botanique à Bruxelles ».

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« D’emblée, Hergé peut aussi faire montre de sa maîtrise de la calligraphie lorsque Wallez lui demande de créer un nouveau logo pour le journal. Sous sa plume, Le XXe Siècle devient alors Le Vingtième Siècle, écrit en toutes lettres, titre nettement plus gracieux et dynamique ».

petit20.jpg« Les premières années de sa carrière de dessinateur, Hergé doit tout à son patron, sauf son talent bien entendu. Le directeur Wallez lui offrit des opportunités et le mentor Wallez lui prodigua de précieux conseils et d’indispensables encouragements. L’abbé le prit sous son aile et lui apprit qu’il devait être plus exigeant envers lui-même, qu’il devait davantage travailler à son développement spirituel, tenter de répondre à des normes morales toujours plus rigoureuses, mettre la barre toujours plus haut. C’est lui qui incita Hergé à inventer lui-même une histoire et à ne plus illustrer les idées des autres. Il l’encouragea à créer un petit personnage qui serait un exemple pour les jeunes lecteurs du journal. On peut dire que Wallez a été, avec Hergé, à l’origine de Tintin. Il est de notoriété publique que c’est lui, et non le dessinateur, qui a décidé d’envoyer le sympathique petit reporter successivement au pays des Soviets et au Congo, tout d’abord pour mettre les jeunes en garde contre les dangers du bolchévisme et ensuite pour leur montrer le formidable travail accompli par les missionnaires belges dans la colonie. Mais Wallez fit encore bien plus. Il fut le premier “agent littéraire” de Hergé et parvint à vendre les aventures de Tintin à l’étranger, plus précisément à l’hebdomadaire français Cœurs Vaillants dirigé par l’abbé Gaston Courtois, avec qui il était lié d’amitié et partageait les mêmes opinions conservatrices ».

WallezPqpas.jpgLe jeune Léon Degrelle publie des articles au sein du Vingtième Siècle sur les taudis, puis sur la situation des Cristeros, les paysans catholiques mexicains se soulevant contre le gouvernement anticatholique. Degrelle est appelé ensuite à exercer des fonctions ailleurs.

Wallez, ayant dénoncé des affaires qui touchent des membres de la mouvance politique catholique, est évincé de l’organe de presse qui appartient à ce milieu politique. Il devient prêtre à Aulne, un petit village, et ne fait plus parler de lui.

La germanité des Wallons

Si l’ouvrage a le mérite de réunir des connaissances accumulées sur la vie de Norbert Wallez, il présente aussi l’intérêt d’apporter un éclaircissement sur l’influence exercée par ce dernier sur le concept de germanité des Wallons, idée éminemment importante pendant la IIe Guerre mondiale au cours de laquelle la Belgique est occupée par un régime qui prône la supériorité des Germains. (Notons par ailleurs que la question de la germanité des Wallons sous-entend que les Wallons sont un peuple et que la Wallonie existe, ce qui est discutable).

Marcel Wilmet soumet au sein du livre l’hypothèse que l’abbé Wallez a insufflé l’idée de la germanité des Wallons à Léon Degrelle, qui l’a utilisée à des fins politiques en vue de séduire les dirigeants nationaux-socialistes. Il explique aussi comment l’abbé Wallez a influencé l’attaché culturel au sein de l’administration militaire allemande pour la Belgique occupée et le nord de la France, Franz Petri, auteur, avant-guerre, de l’ouvrage Germanisches Volkserbe in Wallonien u. Nord- frankreich (Patrimoine ethnique germanique en Wallonie et dans le nord de la France) (1), lu par Adolf Hitler le 5 mai 1942 (2).

Wilmet écrit que, durant la guerre, l’abbé Wallez revient sur le devant de la scène en prenant part en tant qu’orateur à cinq conférences sous l’égide de la Communauté Culturelle Wallonne (CCW), une organisation dont l’objectif est de resserrer les liens culturels entre la Wallonie et l’Allemagne :

« Le lundi 30 mars 1942, Norbert Wallez se retrouve sous les feux de la rampe à Liège où il est le dernier conférencier à prendre la parole lors du congrès de trois jours organisé par la Communauté Culturelle Wallonne (CCW), une organisation nationaliste ayant pour but de resserrer les liens culturels entre la Wallonie et l’Allemagne. La CCW avait été fondée par la Propaganda Abteilung allemande et était contrôlée par Franz Petri, un des principaux responsables de la politique culturelle allemande dans notre pays. Il reçut le nom de “pape culturel” du national-socialisme en Belgique. Lors du congrès, ce professeur allemand et officier siégeant au conseil de guerre de la Militärvervaltung (l’administration militaire) fit un exposé fort remarqué, avançant notamment que si la Belgique avait, entre le nord et le sud, une frontière linguistique précise, elle ne possédait pas “une frontière raciale clairement circonscrite”, en tout cas pas selon les dernières études raciales pas encore confirmées. Deux jours plus tard, sur le même podium, l’abbé Wallez bravera sans vergogne la prudence de Petri en déclarant sans détour « […] Wallons et Flamands ont des origines ethniques communes : ils sont, les uns et les autres, de race germanique ».

Le curé d’Aulne clôture ainsi les journées culturelles wallonnes de Liège par un sérieux coup de théâtre. Les Allemands dans la salle n’en croient pas leurs oreilles, le reste de l’auditoire est abasourdi. Wallez est néanmoins longuement et chaleureusement ovationné par le millier de personnes présent dans la salle. Ce jour-là, il déclenche quelque chose qui sera lourd de conséquences au sein de la collaboration wallonne. Quelle mouche l’a donc piqué ? ».

petri.jpgLe professeur Petri (photo), qui a assisté au discours de l’abbé Wallez, attend ce dernier à la sortie de la salle et le félicite pour « […] son élévation, sa vigueur et la nouveauté de plusieurs de ses aperçus ».

Après Liège, l’abbé Wallez prend la parole à Namur, Charleroi, Bruxelles et La Louvière.

Emprisonné à la fin de la guerre

À la Libération, Norbert Wallez passe seize mois en prison puis est libéré pour raison de santé. Il séjourne dans une maison de repos. Son procès débute le 28 mai 1947. Il lui est reproché d’avoir pris part aux conférences et d’avoir frayé avec des rexistes.

« Le vendredi 13 juin 1947, le conseil de guerre de Tournai condamne, en vertu de l’article 118 bis du Code pénal, Norbert Wallez à quatre ans de prison et une amende de 200 000 francs pour collaboration politique (propagande en faveur de l’ennemi). Pour avoir commis ce crime contre la sécurité extérieure de l’État, il est également déchu à vie de ses droits civiques et politiques. La cour précise avoir toutefois tenu compte des circonstances atténuantes – il n’a pas agi par appât du gain – et de son comportement méritoire durant la Première Guerre mondiale. L’abbé n’est pas non plus poursuivi pour le cas présumé de délation ».

petrilivre.jpgLe 28 février 1948, Wallez comparaît en appel. La peine est alourdie d’un an de prison supplémentaire. Il retourne à la maison de repos. Le dimanche 25 avril, il y est arrêté et ensuite emprisonné. Il est finalement relâché pour raison de santé, admis dans un hôpital et opéré.

« Mais l’abbé est tellement affaibli qu’il ne pourra retourner chez les sœurs de Charité du Beau-Vallon qu’en septembre 1948. Il y séjournera encore un peu plus de trois ans, mais assigné à résidence, avec interdiction d’aller se promener au-delà des murs du jardin de la maison de repos. Heureusement pour lui, l’abbé y recevra régulièrement la visite du couple Remi, toujours aussi prévenant envers leur ancien directeur ».

Ci-contre, une édition récente d'un ouvrage de Petri sur la frontière linguistique romano-germanique. Aujourd'hui, l'ex-Communauté française, devenue "Communauté Wallonie-Bruxelles, accepte les thèses de Petri (et, partant, de Wallez) dans un ouvrage de référence, très fouillé, sur l'histoire de la langue française en Wallonie.

« L’abbé ne profita pas longtemps de sa liberté retrouvée. Ses plus beaux moments de l’année 1952, il les passa à Céroux-Mousty, un petit village du Brabant wallon, où Georges et Germaine Remi venaient d’acheter une villa spacieuse, entourée d’un grand jardin. Le couple l’invita à séjourner chez eux et le vieux mentor accepta avec grande joie l’hospitalité de ses anciens protégés. Mais après environ trois mois, l’abbé se vit obligé de retourner au Beau-Vallon car il avait besoin de soins médicaux intensifs. Les dernières lettres qu’il envoya par la suite à Georges et Germaine – missives signées “votre vieux parrain” – témoignèrent de son immense gratitude et de l’affection qu’il ressentait pour ce couple.

Le mercredi 24 septembre, l’abbé Wallez décédera à l’âge de 70 ans à la maison de repos de Beau-Vallon près de Namur, au terme d’une longe maladie. Quelques jours plus tard, il fut enterré dans son village natal de Hacquegnies près de Tournai. Les rues étaient désertes, seuls des membres de sa famille l’accompagnaient, un étranger toutefois tint à aider les employés des pompes funèbres à porter le cercueil, c’était le père de Tintin et Milou » (Citation du témoignage écrit de Georges Mariage, ami de Norbert Wallez, qui, lui aussi, aida à porter le cercueil de l’abbé).

ugeux.jpgHergé, recyclé par la Résistance

Au sein des notes de fin de chapitre, Marcel Wilmet met en avant le rôle joué par les frères Ugueux dans le recyclage de Hergé après la guerre (3) : « En fait, le père spirituel de Tintin avait bel et bien deux bonnes connaissances – si pas amis – qui n’avaient pas trempé dans la collaboration : les deux frères Ugeux ! William, le dernier directeur du Vingtième Siècle que nous avons déjà souvent cité dans cet ouvrage, et son frère Pierre, qui, lui aussi, avait travaillé à la rédaction de ce quotidien et plus particulièrement dans l’équipe du Petit “Vingtième”. Les deux hommes avaient sympathisé avec Hergé et lui étaient restés très attachés, même lorsqu’il avait choisi de dessiner pour Le Soir volé, alors qu’eux avaient décidé de rejoindre la Résistance. Après la libération, William Ugeux fut nommé secrétaire général du tout nouveau ministère de l’Information. Sa tâche consistait à faire en sorte que la presse belge puisse redémarrer comme avant la guerre et que tous ceux qui avaient mis leur plume au service de l’occupant ne fassent plus partie des nouvelles rédactions. C’était donc un homme de grande influence dans le monde de la presse et il eut accès au dossier judiciaire que la Sécurité de l’État avait constitué contre les journalistes du Soir volé et contre Hergé. En ce qui concernait ce dernier, Ugeux déclara après lecture du dossier “Rien de grave”. Cet avis favorable suivi de sa recommandation en faveur de Georges Remi auprès de son ancien grand patron à Londres, Walter Ganshof Van der Meersch, l’auditeur général à la Cour militaire, et auprès du bras droit de ce dernier, le substitut Vinçotte (également un copain de Londres), qui était en charge du dossier Le Soir, fut sans aucun doute à l’origine du classement sans suite du dossier Hergé. William Ugeux ne s’en est d’ailleurs pas caché. Des années plus tard il déclara qu’il était intervenu personnellement en 1944 pour que “l’on n’embête plus Hergé pour sa collaboration au Soir” ».

L’ouvrage est publié sous une couverture cartonnée et vendu au prix de 20 euros + les frais de port. Infos : m.wilmet@ART9experts.com

Notes

(1) https://www.persee.fr/doc/rbph_0035-0818_1938_num_17_1_12...

(2) https://www.persee.fr/doc/socco_1150-1944_2000_num_39_1_1...

(3) http://eurolibertes.com/histoire/herge-obtint-certificat-...

Source : WILMET Marcel, L’abbé Wallez, l’éminence noire de Degrelle et Hergé, Art9experts, Dilbeek, 2018.

 

samedi, 29 décembre 2018

L’Idée d’« Europe »

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L’Idée d’« Europe »

par Kerry Bolton

Traduction français de Chlodomir

L’Europe est plus qu’une région économique d’où des bureaucrates gavés et des non-entités politiques tirent des salaires et des avantages divers. Avant la connivence du comte Kalergi et de ses amis banquiers, et avant les cabales comme le Groupe de Bilderberg, il y avait l’Europe comme un organisme vivant et dynamique, dont la culture, la foi et les héros ont été étouffés dans un marais de sous-culture américaine, dans la dette des banquiers, et la possibilité pour n’importe qui de s’appeler « Européen ». L’Europe a été détournée et souillée par des ennemis extérieurs et des traîtres intérieurs. Paradoxalement, les Européens qui ont les instincts les plus sains sont parmi ceux qui rejettent et s’opposent à l’entité aujourd’hui appelée « Europe », comme un récent sondage sur le Brexit l’a indiqué. Cependant, le dégoût envers le projet européen mis en œuvre par les humanistes laïcs, les francs-maçons, les banquiers, les bureaucrates et les stratèges géopolitiques américains est si puissant que la noble Idée de la Nation Europe, qui s’était développée au cours des siècles, a été remplacée par ceux qui devraient la promouvoir le plus ardemment par l’étatisme-étroit qui fut inauguré par la Révolution Française et les forces de désintégration libérales ultérieures. L’Europe a été transformée en une parodie d’elle-même, et rejetée par ceux qui devraient être ses champions parce qu’ils ne voient pas au-delà de plusieurs siècles de trahison, de corruption et de maladie-de-la-culture.

La naissance de l’« Europe »

Généralement une nation, une ethnicité, ou un peuple n’est pas conscient d’elle-même ou de lui-même tant qu’il ne fait pas face à un ennemi ou à quelque chose qui est complètement différent d’elle ou de lui. Le Romain savait qui il était vis-à-vis du « barbare », et le Grec aussi avant lui. Il n’y avait « pas de Maori sur le continent qui devint la Nouvelle-Zélande tant qu’il n’y eut pas de ‘Pakeha’ », d’étranger. De même, des ethnicités disparates peuvent se coaguler en un plus grand groupement ethnique lorsqu’elles font face à un danger commun. Les Etats-nations se sont formés de cette manière, mais l’Etat-nation moderne n’est pas plus sacro-saint que les Etats précédents basés sur les mariages dynastiques et les alliances, et pourraient tout aussi bien se disloquer. Ainsi quand le nationaliste étatiste-étroit voit sa nation comme une finalité, et craint d’être « submergé » par une Europe unie, il n’y a pas de base historique pour la persistance de son « Etat-nation » sous sa présente forme, ni pour que l’Europe ne puisse pas renaître si elle a la volonté de le faire.

La conscience d’être un « Européen » et celle de l’« Europe » se développa vis-à-vis des païens, des Mongols, des Juifs et des Maures, et définit ce qu’on était par rapport à l’étranger. L’impulsion en faveur de l’Europe vint de la reconnaissance d’un « ennemi extérieur ».

En décrivant la bataille de Poitiers contre les Arabes en 732, la Chronique espagnole d'isidore parle des armées chrétiennes de Charles Martel comme composées d' « Européens ». L’empire de Charlemagne (768-814) est nommé « Europe » par les chroniqueurs contemporains. En 755, le prêtre Cathwulf loua Charlemagne comme régnant sur « la gloire de l’empire d’Europe ». En 799 Angilbert, gendre de Charlemagne et poète de la cour, décrivit l’Empereur comme « le père de l’Europe » : Rex, pater Europae. Le « Royaume de Charles » fut appelé « Europa » dans les Annales de Fulda. Alcuin (735-804), maître de l’école du palais, théologien et rhétoricien de la cour, l’appela « le continent de la foi ». Durant l’ère de Charlemagne, son empire était l’« Europe ».

belloceurope.jpgL’auteur franco-anglais Hilaire Belloc dans L’Europe et la Foi décrivit la conscience-de-soi qui animait la Haute Culture de l’Age Médiéval avec son style distinctement « européen », gothique :

« Dans la période suivante – les Ages Sombres – le Catholique commence à voir l’Europe sauvée de l’attaque universelle du Mahométan, du Hun, du Scandinave : il remarque que la férocité de l’attaque était telle que quelque chose qui n’aurait pas été divinement institué aurait été anéanti. Le Mahométan parvint à trois jours de marche de Tours, le Mongol fut aperçu depuis les murs de Tournus sur la Saône, au milieu de la France. Le sauvage scandinave s’engouffra dans les embouchures de tous les fleuves de la Gaule, et submergea presque la Grande-Bretagne. Il ne restait rien de l’Europe à part un noyau central. Néanmoins l’Europe survécut. »

Dans la nouvelle floraison qui suivit cette époque sombre – le Moyen-Age –, le Catholique ne note pas des hypothèses mais des documents et des faits ; il voit les Parlements naître non d’un modèle « teutonique » imaginaire – un produit de l’imagination des académies – mais des très réels et présents grands ordres monastiques, en Espagne, en Grande-Bretagne, en Gaule, jamais en-dehors des anciennes limites de la Chrétienté. Il voit l’architecture gothique jaillir, spontanée et autochtone, d’abord dans le territoire de Paris et ensuite se répandant vers l’extérieur dans un anneau vers les Highlands écossais et vers le Rhin. Il voit les nouvelles universités, un produit de l’âme de l’Europe, réveillées – il voit la merveilleuse civilisation nouvelle du Moyen-Age surgir comme une transformation de la vieille société romaine, une transformation entièrement interne, et motivée par la Foi.

Il y avait un style architectural commun, le gothique, qui ne devait rien à des influences extérieures à l’Europe, rien au Mongol, ni à l’Arabe. Le style gothique, avec ses arches et ses flèches particulières, était unique : il reflétait la vision-du-monde gothique occidentale de l’envol vers l’infini, complètement différente de celle de la mosquée arabe ou du caractère sinueux de l’architecture orientale. Il y avait une science, des mathématiques et une technique occidentales, comme Lawrence Brown l’a remarqué il y a des décennies dans son livre aujourd’hui oublié, The Might of the West. Là encore, celles-ci ne devaient pas leur existence à l’Arabe, à l’Hindou, au Chinois, ni même au Grec. Il y avait un art spécifiquement occidental, culminant dans la perspective de la peinture à l’huile des « vieux maîtres », et une musique gothique, qui donnait le même sentiment d’atteindre le ciel. Ce n’était pas italien, anglais, allemand, français ou espagnol… C’était occidental, gothique, européen ; cela faisait partie d’une Haute Culture commune qui ne fut pas enseignée par les Chinois ou les Arabes, mais grandit organiquement à partir du sol de l’Europe.

Il y avait une économie régulée par une éthique sociale et religieuse, qui favorisait le « juste prix », regardait l’usure comme un « péché » et l’artisanat comme une vocation divine, et qui était encadrée par des guildes. La Chevalerie était l’idéal pour les affaires de la guerre et de la paix entre les guerriers et les dirigeants honorables. Le dernier vestige de plusieurs siècles de chevalerie disparut durant la Première Guerre mondiale, avec la pratique des aviateurs enterrant avec les honneurs leurs ennemis abattus. L’ordre social et économique basé sur les guildes fut décrit par l’historien américain, le Rév. Dr. W. D. P. Bliss :

« Ces guildes d’une sorte ou d’une autre s’étendirent sur toute l’Europe germanique et durèrent dans la plupart des pays jusqu’à l’époque de la Réforme et dans certains cas jusqu’au XIXe siècle. Le Moyen-Age fut une période de prix coutumiers et non compétitifs, et l’idée de laisser des accords être décidés par le ‘hasard du marché’ était une impossibilité, parce que d’autres lois du marché n’étaient pas laissées au libre arbitrage des parties contractantes. » (W. D. P. Bliss, New Encyclopaedia of Social Reform, New York: Funk and Wagnalls, 1908, pp. 544-545)

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Bliss disait que c’était une ère où l’artisanat dominait le capital et où « le maître travaillait à coté de l’artisan » (Ibid., p. 546). Il n’y avait pas de « lutte des classes », puisque chaque individu et chaque famille fonctionnait comme une cellule dans un organe (guilde et état) et chaque organe était une partie nécessaire de l’organisme social dans sa totalité. Bliss décrivit la nature sociale organique de l’Europe en prenant comme exemple la cité allemande de Nuremberg :

« Aucun habitant de Nuremberg ne pensait même sérieusement à laisser le commerce ou l’art ou la manufacture, ou en fait la moindre portion de la vie, au hasard et à l’incident de la compétition illimitée. L’habitant de Nuremberg aurait dit : ‘La compétition est la mort du commerce, la destructrice de la liberté, et surtout la destructrice de la qualité’. Chaque habitant de Nuremberg, comme tout homme médiéval, se considérait non pas comme une unité indépendante, mais comme une partie dépendante, bien que composante, d’un plus grand organisme, église ou empire ou cité ou guilde. C’était l’essence même de la vie médiévale. » (Ibid., p. 842p)

« La guilde déterminait quelles matières premières seraient utilisées dans une manufacture, combien il fallait en acheter, le nombre d’apprentis qu’un maître pouvait employer, les salaires, les méthodes de production, et les prix fixés. » (Ibid.)

« La guilde ne permettait pas au travailleur non-formé ou au commerçant à l’esprit mauvais de casser les prix pour dépouiller ou voler le marché. Les guildes mesuraient et pesaient et testaient tous les matériels, et déterminaient combien chaque producteur pouvait avoir. (…) Elles mesuraient aussi ou comptaient, pesaient et testaient le produit fini. (…) En 1456 encore, deux hommes furent brûlés vifs à Nuremberg pour avoir vendu des vins frelatés (…). Nuremberg voyait donc très bien que la compétition ne servait que le riche et le fort. Ce commerce collectif était l’espérance des pauvres et des gens simples. (…) L’argent ne devait pas être prêté avec usure (intérêt). (…) L’extorsion, les fausses mesures, l’adulation des biens, étaient des abominations dans une cité commerciale et généralement punies de mort. » (Ibid.)

Désintégration

Qu’est-ce qui n’a pas marché ? Il semble que selon une loi générale de l’histoire, les révolutions entreprises au nom du « peuple » sont une façade pour la prise du pouvoir par des intérêts financiers contre les souverains et les règles traditionnels. Remontant même jusqu’à la civilisation romaine, l’historien Oswald Spengler dans son monumental Déclin de l’Occident nota que Tiberius Gracchus commença sa révolte au nom du « peuple », mais avec le soutien de la riche classe des chevaliers (Equites) ; Spengler étant d’avis que même à notre époque il n’y a pas de mouvement révolutionnaire des travailleurs, incluant le communisme, qui ne serve pas les intérêts et la direction de l’« argent ». Aujourd’hui, voyez Soros, le National Endowment for Democracy, les « révolutions de couleur », etc. Chaque révolte, au nom de la liberté, signifie une liberté plus grande pour les classes émergeantes de la nouvelle richesse. La Réforme d’Henry VIII détruisit l’ordre social qui avait été maintenu par l’Eglise, le monastère, le prêtre de village, et qui fut remplacé par les oligarques. La Révolution puritaine de Cromwell ouvrit la voie à la Banque d’Angleterre.

SCRF.jpgLa Révolution française, d’où sortirent le libéral-capitalisme et le socialisme, détruisit les derniers vestiges des guildes, abolies par la loi au nom du « marché libre ». Le syndicalisme fut une réaction à l’industrialisme, par laquelle les travailleurs tentaient de tirer autant de rémunération que possible des propriétaires d’usines, pendant qu’ils étaient eux-mêmes exploités par l’usure des banques, dont Marx et d’autres socialistes ne parlèrent presque pas. Disparu était l’organisme social qui, en dépit de ses défauts et tribulations, avait été la norme de l’Europe précapitaliste, organisé autour de la guilde et du village et regardé comme l’ordre divinement ordonné.

L’Europe divisée

L’unité organique spirituelle et culturelle appelée « Europe » se brisa en royaumes et en fédérations princières après Charlemagne. L’unité temporelle fut sapée ; cependant l’unité spirituelle était encore maintenue par la Papauté. Cependant au XIe siècle le manteau de (saint) Henri II pouvait encore être décoré de la légende : « Ô béni César Henri, honneur de l’Europe, puisse le Roi qui règne dans l’éternité accroître ton empire ». Après la mort d’Henri un chant funéraire eut pour refrain : « L’Europe, aujourd’hui décapitée, pleure » (Denis de Rougemont, The Idea of Europe, New York: Macmillan Co., 1966, pp. 47-49).

Un autre schisme fut causé par Philippe le Bel de France durant le XIVe siècle, lorsqu’il défia à la fois le pouvoir temporel du Saint-Empire et le pouvoir spirituel du pape Boniface VIII. Ce fut la première manifestation des « droits souverains » qui devait finalement provoquer l’émergence des petits Etats-nations et la désintégration de l’unité spirituelle-culturelle-politique de l’Europe. L’Age des Grandes Découvertes conduisant aux empires coloniaux mit l’accent sur l’Atlantique et sur la rivalité commerciale entre les Etats. La Réforme sapa l’unité spirituelle, et les instigateurs comme Luther et Calvin ne parlaient pas de l’Europe (Ibid., p. 76). Le protestantisme cherchait à remplacer le Saint-Empire et la Papauté par des Etats fédérés (Ibid., p. 90), donnant finalement naissance à ce que nous connaissons aujourd’hui comme des plans pour des combinaisons fédérées et régionales dans l’intérêt du commerce et d’autres facteurs économiques. Les partisans de la fédération européenne commencèrent à parler de cela au XVIIe siècle comme du prélude à l’unité mondiale (Ibid.).

La Réforme apporta non seulement le schisme à l’Europe dont celle-ci ne s’est jamais remise, mais inaugura aussi la présente ère du capitalisme. L’auteur franco-anglais Hilaire Belloc écrivit :

« Quand nous en arrivons à l’histoire de la Réforme en Grande-Bretagne, nous verrons comment la forte résistance populaire à la Réforme triompha presque de cette petite classe fortunée qui utilisa l’excitation religieuse d’une minorité active comme un moteur pour obtenir un avantage matériel pour elle-même. Mais en fait en Grande-Bretagne la résistance populaire à la Réforme échoua. Une persécution violente et presque générale dirigée, dans l’ensemble par les classes plus riches, contre la religion de la populace anglaise, et la fortune qui la finançait finit par réussir. En un peu plus d’un siècle, les nouveaux riches avaient gagné la bataille. » (Belloc, Europe and the Faith, Londres, 2012, chapitre 5).

Victoire de l’Argent

En Angleterre avant Henry VIII il n’y avait pas de propriétaires terriens rapaces. Les monastères et les couvents étaient basés sur les œuvres de charité et sur les vœux de pauvreté personnelle. Du VIe au XVe siècle, c’était une société qui assurait la liberté contre le besoin et la tyrannie. L’ordre social traditionnel fut détruit par Henry VIII avec le pillage et la fermeture des Maisons religieuses, qui avaient fourni une éducation gratuite à la jeunesse du voisinage, et la nourriture et un abri à ceux qui étaient dans le besoin. En 1536 par un Acte du Parlement, les monastères et les couvents furent fermés et leurs biens confisqués au bénéfice d’Henry et de ses favoris. Le commentateur social William Cobbett (1763-1835) dit qu’avec cet Acte, frappant la base même de la vie sociale et économique locale du peuple :

cobbetterural.jpg« …commença la ruine et la dégradation du corps du peuple d’Angleterre et d’Irlande ; car ce fut la première mesure prise, sous forme légale, pour voler les gens sous prétexte de réformer leur religion ; car ce fut le précédent sur lequel les futurs pillards s’appuyèrent, jusqu’à ce qu’ils aient complètement appauvri le pays ; car ce fut le premier de cette série d’actes de rapine, par laquelle ce peuple autrefois bien nourri et bien habillé a finalement été réduit à des guenilles et à une pitance pire que celle des prisons ; je citerai son préambule menteur et infâme dans sa totalité. Les Anglais supposent en général qu’il y a toujours eu des lois pour les pauvres et des indigents en Angleterre. Ils devraient se souvenir que, pendant neuf cent ans (…), il n’y en eut pas. » (William Cobbett, The History of the Protestant Reformation in England and Ireland, 1824, p. 166 ; online at: http://www.wattpad.com/171334-History-of-the-protestant-Reformation-by-William-Cobbett)

Cobbett, un auteur plus perspicace que Karl Marx, connaissant intimement le pays anglais, écrivit :

« La Réforme dépouilla les classes ouvrières de leur patrimoine, elle leur arracha ce que la nature leur avait attribué ; elle leur vola cette aide pour les nécessiteux qui était la leur par un droit imprescriptible, et qui leur avait été confirmée par la Loi de Dieu et la Loi de la Terre. Elle leur apporta un mode artificiel d’aide obligatoire et rancunière, calculée pour que le pauvre et le riche se haïssent, au lieu de les lier par les liens de la charité chrétienne. » (Ibid.)

Belloc écrivit, parlant du processus historique conduisant au système économique mondial aujourd’hui contrôlé par l’usure :

« Finalement, parmi les conséquences majeures de la Réforme il y eut ce phénomène que nous avons fini par appeler ‘capitalisme’, et que beaucoup, reconnaissant sa malignité universelle, considèrent à tort comme le principal obstacle au juste règlement de la société humaine et à la solution de nos tensions modernes aujourd’hui intolérables. Ce qui est appelé ‘capitalisme’ naquit directement dans toutes ses branches de l’isolement de l’âme. Cet isolement permit une compétition illimitée. Il donna à la ruse supérieure et même au talent supérieur une carrière sans limite. Il donna toute licence à l’avidité. Et d’un autre coté il brisa les liens collectifs par lesquels les hommes se maintiennent dans une stabilité économique. Par celui-ci surgit en Angleterre d’abord, plus tard dans toutes les nations protestantes plus actives, et plus tard encore à divers degrés dans tout le reste de la Chrétienté, un système sous lequel un petit nombre possédait la terre et la machinerie de production, et le grand nombre fut graduellement dépossédé. Le grand nombre ainsi dépossédé ne pouvait exister que par des allocations accordées par les possédants, et la vie humaine n’était pas un souci pour ces derniers. » (Belloc, chapter X).

bellocheresy.jpgLes libéraux, les Jacobins et leurs sponsors maçonniques commencèrent à appeler à la création d’une Europe fédérée, mais comme un prélude à un monde fédéré. Pour cette raison, de nombreux membres de la Droite Nationaliste supposent qu’ils doivent soutenir l’étatisme étroit [= les Etats-nations] et s’opposer à la Nation Europe pour pouvoir résister au « nouvel ordre mondial ». L’Europe jacobine du type que nous avons aujourd’hui est l’anti-Europe par rapport à l’Europe, comme l’Antéchrist par rapport au Christ. L’Antéchrist est décrit dans la Bible comme possédant beaucoup des traits du Christ, et comme pouvant tromper même les purs.

Jean Baptiste déclara à l’Assemblée Nationale française le 13 juin 1790 que les « Droits de l’Homme », la nouvelle loi devant remplacer les Dix Commandements, devaient être adoptés par toute l’humanité, et qu’il ne devait plus exister de nations souveraines. Ce fut le précurseur des « Quatorze Points » du président Woodrow Wilson et de la Charte de l’Atlantique du président Franklin Roosevelt, et de la Déclaration des Nations Unies sur les Droits de l’Homme. Le 2 avril 1792, à la Convention, Baptiste appela à la création de « La République Universelle ».

La Nation Europe n’est pas un prélude à un « nouvel ordre mondial », c’est la seule manière de résister au globalisme ; avec l’espace géographique, la population, et les ressources pour former un bloc souverain, où les différences régionales et ethniques seraient encouragées et non oblitérées, parce que la Nation Europe serait un développement organique, reprenant la croissance qui a été retardée et avortée il y a des siècles [= avec la naissance des Etats-nations] ; pas une construction artificielle conçue dans des salles de réunion et des loges comme une étape vers le globalisme.

Les mesures initiales d’après-guerre commençant par des accords économiques entre nations européennes, jusqu’à la CEE et finalement jusqu’à l’actuelle Union Européenne faisaient partie d’un processus graduel. C’est à partir de ces manœuvres des ploutocrates et des membres de sociétés secrètes que l’actuelle fausse « Europe » a été constituée. Comment cette anti-Europe peut-elle être prise pour l’Europe qui est notre héritage ? L’Europe n’est pas et ne doit pas être la création d’oligarques, de bureaucrates et d’initiés ténébreux des loges. Rejeter l’Europe parce qu’elle a été transformée en prostituée malade par des pathogènes-de-la-culture au service des ennemis extérieurs et des traîtres intérieurs, c’est nier ce que l’Europe pourrait redevenir. N’est-ce pas plutôt le devoir de ceux qui résistent à la décadence de l’ère moderne de travailler à la restauration de la santé de l’Europe, au lieu de maintenir sa division par l’étatisme-étroit ?

 

[Caractères gras/vert clair (sauf intertitres) ajoutés par le traducteur.]

 

jeudi, 27 décembre 2018

Tarmo Kunnas: The Fascination of an Illusion

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Tarmo Kunnas: The Fascination of an Illusion

Tarmo Kunnas
Faszination eines Trugbildes: Die europäische Intelligenz und die faschistischeVersuchung 1919­-1945
Brienna Verlag, 2017

TK-fasc.jpgFaszination eines Trugbildes (The Fascination of an Illusion) by Tarmo Kunnas is an unusual book in several respects. It sets out to examine what in the subtitle to the book is described as “the European intellectual and the fascist temptation, 1919-1945.” “Here,” Kunnas explains, “the tragedy of fascism is seen through the opera glasses of the person it has captivated, and my book for its part is intended to complete a picture of the fascist movements.” (p. 9) In his Foreword, Kunnas tells us that his book deals with the relationship of more than seventy European intellectuals from fifteen nations who were “tempted” by fascism.

The writer is Finnish, and this lengthy work of over seven hundred pages was first published in Finnish as Fasismin Lumous (The Enchantment of Fascism) in 2013, translated into German, and published by Brienna Verlag, a small, Right-wing German language publishing house, in 2017. Two works on Friedrich Nietzsche by Kunnas have previously been published by the same imprint. Indeed, Kunnas has had several of his works published in French and German, and yet there has been nothing to date in English. Is the potential interest in the subject reckoned to be so low among the potentially much larger Anglophone readership?

The translation under review was subsidized by a body called the Finnish Literature Exchange, a non-profit organization which helps Finnish writers by bearing some of the costs of translating, printing, and publishing their works in other languages. It is interesting that this book has so far found no English-language publishing house willing to take on the commercial risk of issuing such a wide-ranging study of fascist thinkers.

Kunnas does not take the reader through the customary knee-jerk procedure almost mandatory when writing about fascist writers and intellectuals, which is to say that he refrains from intimating that the writers studied here are not intellectuals or thinkers in the true sense of the word by using the supercilious quotation marks around those terms that are dear to the professional mainstream critic, indicating that the said critic is impervious to the blandishments of the fascist beast. This book is mercifully free of this and other anti-fascist “health warnings.”

The German title of Kunnas’ book raises a question. The word Trugbild has a mainly negative connotation in German. A more obvious translation, assuming the online dictionary translations of lumous are correct and correspond to the Latin root, might be “illusion,” or Täuschung in German; lumous can apparently also mean something like “chimera,” “illusionary dream,” or “delusion”; likewise “charm,” “spell,” or “dream.” There is a considerable difference between the fascination of a charm and the fascination of an illusion. This is not quibbling, for while Kunnas is well-focussed when he examines and quotes the political statements of the many writers he considers here, he is (deliberately?) ambiguous when it comes to his own approbation or otherwise of “fascist temptation.” Calling this work Trugbild tilts it in the direction of a negative interpretation.

In this book, Kunnas seeks to provide a wide-ranging overview of the writings of creative writers and philosophers in the inter-war years who felt attracted in at least some respects to fascism. They include Gottfried Benn, Robert Brasillach, Louis-Ferdinand Céline, Hanns Johst, José Antonio Primo de Rivera, Alphonse de Chateaubriant, Emil Cioran, Wyndham Lewis, Filippo Marinetti, Örnulf Tigerstedt, Knut Hamsun, Martin Heidegger, and many more. There are, perhaps inevitably, omissions likely to surprise: D. H. Lawrence, T. S. Eliot, and Evelyn Waugh receive hardly a mention. While Scandinavian countries are well-covered, as is to be expected, with the exception of Romania, Central European writers hardly feature at all. This is probably owing to Kunnas’ personal familiarity with Scandinavian writers and his ignorance of Central European languages, but it creates doubt as to whether this work constitutes a balanced assessment. Did Hungary and Bulgaria have no intellectuals of note to merit inclusion?

brasillach-4008-bis.jpgIn his Foreword, Kunnas says his objective is to examine “why fascism in the inter-war years held such attraction for the European intelligentsia and on the people of the time.” In fact, this study does not look at the attraction fascism held for people in general; it focuses exclusively on writers. The organization of the book is unusual. Instead of covering his ground with chapters devoted to specific writers or nations, Kunnas works through chapters which revolve around given themes, and then scrutinizes in each an array of writers in relation to its theme. Here are the titles of a few of the many chapters: “Exactness is not Truth,” “Mistrust of the Good in People,” “Social Darwinism,” “Puritanism,” “The Weakness of Parliamentarianism,” and “Against Faith in Progress.” For each of these, Kunnas provides the reader with an abundance of examples of how, within the perspective of the given theme, many intellectuals inclined towards fascism and a fascist solution, or towards an interpretation of the theme. This unusual approach has the advantage that it shifts focus from a biographical account to a philosophical and theoretical one so that the reader is compelled to think about the matter at hand firstly, and about the writers and thinkers drawn to it secondly; that is to say, he looks at the subject in respect of the theme itself and how fascist thinkers and fascist thought approached and evaluated each given theme. This is an original alternative to the standard presentation in critical assessments of the relation of writers to certain themes, as in potted biographies and the organization of such books into the intellectual, political, and literary career of one writer per chapter.

However, there is a significant downside to this approach. Because the writer is necessarily drawing attention to individuals by pointing to their writing, and the books abound with quotations from primary texts, in each chapter Kunnas is compelled to switch abruptly from one writer to the next in the context of the theme. Thus, the reader has the experience of being constantly “jolted” from one writer to the next, thrown from the quotations of one writer into quotations from the next. Kunnas is like a conjurer, pulling one writer out of his hat after the other, not giving the reader time to consider one writer’s relation to a theme before the next writer is presented for consideration. The book more closely resembles a collection of examples and quotations than a balanced thesis or study. This reviewer felt mentally seasick after being constantly driven from one writer to the next. Here is a brief example of Kunnas’ style:

Jünger’s thought was free from the race-mysticism of the National Socialists, and even as a nationalist, he was open to outside influences. In this respect, he was closer to young Italian Fascists than to his National Socialist compatriots. It is a historical paradox that those very young Italians had lifted their battle cry against Jünger’s fatherland. There was no question of inter-fascist solidarity then.

Hans Grimm displayed social Darwinism in his essays and in his novel Volk ohne Raum. Any nation has a right which it can seize by force. Strong nations respect one another, but weak peoples earn no respect. (p. 266)

The last remark in this example is provided with a reference to Hans Grimm’s work. This brings me to another unusual feature of this book, one in which I see no advantage. Instead of reference numbers taking the reader to the name of the work and page number cited as is customary, the reader is taken to a name and date – in this case not Grimm, but someone called Gümbel, and from there to another number, which is the page number from which the quotation is taken in Gümbel’s work, listed under another index of writers. Finally, the patient reader will discover that the quotation is from page 115 of a work by Annette Gümbel that was published in Darmstadt in 2003 by the Hesse Historical Commission. Every reference in the book involves a “redirection” of this kind from page reference to source.

Faszination eines Trugbildes lies uneasily between an academic study and a handbook, but fails to convince as either. There are too many references and abrupt changes of theme and writer for this long essay to remain cogent, yet there is too much lengthy philosophical discourse for it to serve as a handy, practical reference work. It is nevertheless a mine of new information about different writers, especially Scandinavian writers who suffer from that obscurity which is liable to be the fate of those whose mother tongue is not known by many people. Not only does Kunnas write at length on Knut Hamsun, but also on much less-known writers from the North such as Sven Hedin, Loavi Paavolainen, Örnulf Tigerstedt, and Maila Talvio. The philosophical discourses in this book, as for example on Martin Heidegger, are intelligent and informative and largely free of retrospective value judgements.

Nevertheless, the book fails to clearly define who qualifies for inclusion in the work and who does not. It seems that any reasonably well-known European author or philosopher whose most famous writing (practitioners of other arts, such as architecture or music, are not covered) appeared between 1918 and 1945, and who was in at least one respect sympathetic to either Italian Fascism or German National Socialism, qualifies. This ambitious study thus centers on the relationship between fascism, philosophy, and literature, and the attraction the fascist movements held for intellectuals, in the inter-war years. Its assessment of literature falls short, however, when compared to its assessment of political theory. Kunnas seems much more comfortable in the role of political commentator than literary critic. While he ably describes the manner in which particularly irrational or anti-rational thought easily morphs into fascism (and there are times when Leftists would approve of his analysis), he is not very convincing in showing the extent to which this is reflected in literature.

Kunnas collects information like a magpie, and he offers a vast collection of quotations which he liberally scatters throughout the book. But while his assertions concerning views expressed didactically by writers in his study are supported by quotations from original texts, Kunnas much more rarely quotes from poetry or fictional works. He quotes at length from political statements by such writers as Pierre Drieu La Rochelle, Luigi Pirandello, and Henry de Montherlant, but hardly ventures into the world of their plays, poems, or novels. But isn’t it their creative work and not their political theses for which these writers are justly revered and remembered? Most of the writers studied here were firstly creative writers, although from reading this book one might be forgiven for supposing that they were mainly political theorists who used creative writing only as a welcome vehicle for their political ideas.

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The novelists and poets covered by Kunnas overlap with many writers who are frequently mentioned – typically with brief approval – in the publications of the European New Right. The European New Right is more inclined to praise writers for their political engagement than for their merits as writers. Indeed, their publications tend to highlight creative writers who happen to be broadly in the same political orbit without feeling it incumbent upon them to argue for their literary merits. But why should a Right-winger presume that D. H. Lawrence, for instance, is a “better” or less “decadent” writer than E. M. Forster only because Lawrence’s ideas are more in accord with his own? This is merely the usual Leftist bias in reverse. It is no different from the obtuseness of the novelist Patrick O’Brian, who once told this reviewer that he did not consider Drieu La Rochelle a serious writer because he had been a fascist, and that “nobody with anti-humanist views is capable of writing a good novel.” This attitude prevails in schools and university literature courses. Jean-Paul Sartre and Albert Camus are standard syllabus fare for French literature courses; Robert Brasillach and Drieu La Rochelle are not. Thus, the objective assessment of literary merit is sacrificed on the altar of political bias.

Anyone looking in Faszination eines Trugbildes for praise or even a defense of the writers studied in it, either as exponents of a specific political point of view or as highly talented creative writers, will be disappointed. What Kunnas does is to go primarily to neglected writers and examine the specifically “fascist” aspects of their writing while ignoring the rest – not with a view toward condemning or praising them, but to examine the correspondence between their own beliefs and the tenets of fascism. It can even be argued that by doing so, Kunnas is providing supportive evidence to those who wish to keep the likes of Brasillach and Drieu La Rochelle off the academic syllabi. Some of the quotations provided make the intellectuals cited sound very extravagant. Their words have not been taken out of context in an obvious sense, but the quotations mainly come from writings penned with a sense of urgency spurred by the approaching war, in which intellectuals felt compelled to take sides. But most of the writers presented are remembered primarily for their literary achievements, not for their political statements of faith. If Kunnas wrote a comparable study of intellectuals and the “Communist temptation,” would he comment at length on J. B. Priestley’s statements in praise of Stalin while ignoring Time and the Conways? Would he raise his critical eyebrows at George Bernard Shaw’s suggestion that certain criminals be put to sleep in their beds at a time of the state’s choosing, in a study in which he hardly mentioned St. Joan or Pygmalion?

Here is Kunnas writing on Pirandello in a chapter revealingly entitled “Mistrust of the Good in People”:

The image of man which the Nobel Prizewinner Luigi Pirandello presents in his novels and plays is frequently described with negative attributes. His figures are recognized as impressionistic, tragic, even nihilistic, and he has been alleged to despise humanity. The protagonists in Pirandello’s novels and plays are often close to grotesque . . . (p. 179)

Here, in contrast to all references to what artists and intellectuals wrote in the form of opinion or broadsheet, no quotation is offered, either from Pirandello’s own works or from those critics who Kunnas claims regarded the characters in Pirandello’s drama as “close to grotesque.”

What is common in the “fascist temptation” which links the many European intellectuals and writers studied in this book? In a chapter entitled “Compensating for the Versailles Treaty of Disgrace,” Kunnas refers (pp. 73-74) to Armin Mohler’s well-known Die Konservative Revolution in Deutschland, which Mohler himself described as a “handbook of German conservatism between 1918 and 1933,” a work which may have given Kunnas the idea for writing Faszination eines Trugbildes. Mohler identified five groups or tendencies in German conservatism, which embraced lovers of nature and futurists, Christians and pagans, staunch conservatives and “National Bolsheviks” in their entirety. Mohler identified characteristics common to what were in many respects contradictory and rival currents: a positive notion of homeland, a dismissal (or at the very least distrust) of parliamentarianism, and a rejection of the rule of lucre; and he might have added what I would take to be a key element for any writer remotely sympathetic to fascism: a denunciation of decadence. These (including a sense that society is in decline or has become decadent) are the points of departure in Kunnas’ work, and to these may be added many subjects treated chapter by chapter, among which the tendencies which Kunnas views as being the most important for disposing an intellectual toward fascism are puritanism, aesthetics, and a willingness to sacrifice oneself for a higher end beyond oneself.

TK-drieubras.gifKunnas is good at highlighting contradictions and paradoxes which abound in fascist theory. How does an avowed Roman Catholic like Giovanni Papini, for example, reconcile his religious faith with the evident amoralism and ruthlessness of the militaristic foreign policy enacted by the Fascist government which he so ardently supported? By way of answer, according to Kunnas (p. 358), Papini’s early work Il tragico quotidiano (The Daily Tragic) accepts the notion that evil is a necessary part of God’s creation, and that without sin, there could be no poets, artists, or philosophers; indeed, no leaders of a people and no heroes. Vice may be the necessary condition of virtue, and evil may need to exist in order for good to do so likewise. Kunnas does not go far down the thorny and well-trodden theological path of speculation which he opens here. However, he is well aware of this and other conundra and contradictions within fascist thought, including in the writings of those intellectuals who were attracted by fascism, especially the notion that the warring poles of good and evil, war and peace, and pain and pleasure constitute the very fabric of life.

Kunnas quotes many passages from these writers in which they proclaim their distrust or even outright rejection of rationalism. The lodestar here is Nietzsche, whose rejection of God and declaration of an ethic “beyond good and evil” provides the fertile ground out of which various projections of anti-rational faith have sprung. Another glaring contradiction here is between the anti-rationalist justification of emotions such as patriotism and the positivism which is at the heart of the case for racial differences, which humanist thought all over the world dismisses out of the deeply irrational rejection of the possibility that races are fundamentally different.

On the whole, however, Kunnas does not spend much time or effort on differences within fascist thought, and this is a major weakness of his study. He hardly examines at all the gulf which separates those who believe in God from those who seek a return to the pagan gods, as well as those who believe in no gods at all but who hold that life is absurd, or else that force is proof of worthiness. All these aspects are examined in this work, but they are not positioned against one another. Kunnas does not seem interested in doing more than noting the wide-ranging views on such subjects among those he studies. For example, there is no discussion or contrasting of intellectuals who were drawn to fascism for conservative or Christian rationales such as Alphonse de Chateaubriant, who welcomed Fascism as the means to restore the old order, and those like Marinetti, who were sympathetic to Fascism for the exact opposite reason: Fascism as the means to destroy the old order. In scarcely one of the scores of examples and citations Kunnas provides would I take specific issue with what is stated, but I do wonder if Kunnas can see the ideological wood for all the thematic trees he painstakingly examines.

Faszination eines Trugbildes abounds with observations which are undoubtedly true about the writers examined, and which are often supported by excerpts from their works. At the same, there are many observations and remarks which at the very least need to be properly explained and not, as they are often here, thrown in as one more accumulative fact. In writing about Céline, for instance, Kunnas makes the entirely valid point that there is a contrast between the amorality, fanatical callousness of Céline’s support for the National Socialist attacks on Poland and the Soviet Union and the human empathy which is evident throughout his novels. Kunnas leans in favor of the more diabolical Céline, however, by concentrating on his polemical writing and hardly quoting from his literary work at all. Apparently not seeing anything further to discuss here, Kunnas moves on to make a more general statement about Drieu La Rochelle, and then moves on again to make a general comment on Nietzsche. Here is the passage (another example of the kind of abrupt style of writing characteristic of this work):

Sporadically, another Céline appears to the hard and amoral one, a Céline mellow and humane, even when he conceals this behind caricature, exaggeration, and mask. Drieu did not have any such compensatory personality, but he did have aristocratic magnanimity and pride, which can also be found in another form in Henry de Montherlant.

By the time of Nietzsche at the latest, humanitarian rhetoric in the European literary tradition had been put in a bad light. Alongside the inflated moralizing, we see an aesthetic of hardness, one which virtually all of fascism’s fellow travellers drew upon. (p. 370)

This study casts its net too wide. It seeks to be a reference work, a collection of essays on fascist writers providing a broad outline of the relation of fascism to certain strands of artistic and intellectual thought. It partially succeeds in all these aims, but wholly succeeds in none of them.

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Exhaustively, and at least for this reviewer exhaustingly, Kunnas examines writer after writer in order to throw up evidence of key elements of fascism, including among other things a notion that life is perpetual struggle, leading to a willingness to accept the inevitability of war, an identification of liberalism with decadence, a rejection of materialism accompanied by some kind of religious notion of a “higher sense” to life, a welcoming of austerity in life, a love of discipline and what might be crudely summarized as the belief that there if there is “no pain” there is “no gain,” a rejection of the belief that all men are equal, and a deep distrust or rejection of democracy. What does Kunnas himself think of all this? While there seems to be some lingering sympathy with Fascism in him, there seems to be little or none for National Socialism. Writing about the German playwright Hanns Johst, Kunnas has this to say:

Here, Johst’s rejection of liberalism and intellectualism is evident. Johst was fired with the belief that he stood in the middle of a permanent social Darwinian struggle . . . Johst’s attitude had taken him into the dead-end of National Socialism. (p. 324)

In a later comment on Johst, Kunnas notes that he:

. . . seems to have all too readily believed in the existence of various self-sufficient races, even when he described these in terms of cultural, and not biological, entities. (p. 461)

This implicitly critical assessment of Johst’s position on race (a position which can hardly be characterized as exclusively National Socialist) strongly suggest that Kunnas himself does not believe in the existence of biologically distinct human races. Who can say? Since his work is conceived as an objective academic examination of a trend, Kunnas is able to evade the responsibility of taking a position on the subject himself. But at least we can be grateful that this work is no hatchet job. Any writer undertaking this task who works for a living in the halls of academia, or who enjoys power and prestige in the West, would have been obliged to issue intermittent anathema throughout the book upon these naïve victims of the fascist Comus in order to ensure readers and publishers that he was not for a moment seduced by the subjects of his study. Had Faszination eines Trugbildes been published by a mainstream or academic publisher, it would have required drastic “revising” in order to slant the entire work to read as a cautionary exercise. Fortunately, it is free of sermonizing.

By noting many contradictions and differences among his writers, Kunnas implicitly accepts that the term “fascist” defies adequate definition. Although most fascist thinkers share most points of view on a given array of topics, no fascists share the same point of view on any one topic. Most fascists accept the necessity of struggle, and by extension, that war is an inherent facet of life, and on this basis they will accuse pacifists of “naïvety,” but even here there is not unanimity: Henry Williamson was undoubtedly a pacifist, as Sir Oswald Mosley professed to be on the basis of his experiences in the trenches; and Céline’s Journey to the End of the Night famously ridicules war.

There is a paradox, if not hypocrisy, here: While fascist writers criticize war when carried out by democracies or in the name of democracy, most of them praise what they see as the sacrifice and creative nobility of war. Dulce et decorum est pro patriae mori? Wilfried Owen did not think so, and Ezra Pound echoed anti-war sentiments in his own poetry, although Pound, unlike Owen, had never risked his life in combat.

Kunnas is painstaking in pointing out the differences and quoting from numerous primary sources to make his points. He is able to uncover many other contradictions, as for example between Ezra Pound’s contempt for utilitarianism and hyper-efficiency in contrast to the economic rationality of National Socialist Germany, for which Pound never expressed, so far as I know, great enthusiasm. However, two writers who might be – and, indeed, frequently have been – brought into association with “fascist tendencies,” or who were, to use Kunnas’ words, “tempted by fascism,” namely Ludwig Klages and D. H. Lawrence, were both anti-militarist. Nevertheless, they receive hardly a mention in this book. They are only drawn indirectly into this study to be briefly mentioned in an account by Kunnas of the Jewish and Marxist writer Ernst Bloch’s assessment of C. G. Jung. The comment is used more to underline a recurring stress which Kunnas puts on the fact that fascist views lean strongly towards a negative rejection of eighteenth- and nineteenth-century optimism regarding progress than to offer any insight into the thought-processes of either Klages or Lawrence themselves:

The aborigine’s primitive subconscious, as understood by Jung, Klages, and D. H. Lawrence, had apparently unsettled Bloch’s optimistic faith in the development and future of humanity. (p. 187)

There is also a cryptic remark regarding the modern reader, with a peculiar reference to his “ideological determinism,” which presumably means, “Don’t think that just because someone loves their country, they are fascist”:

It may be hard for the modern reader, subjected to ideological determinism, to grasp that it was possible to stress a sense of kinship with homeland, family, and tribe, without being a National Socialist. (p. 464)

This comment provides a clue as to the writer’s own views, which seem to be that many of the sentiments felt by the many writers examined are praiseworthy, but when taken too far, or if caricatured and divested of moderating elements, might tempt the person having such sentiments into fascism or, even worse, the “dead-end” of National Socialism:

. . . National Socialism was a fraudulent, unscientific, overweening doctrine of race, not to be compared with the mystical yearning which, for example, could be felt in the art, poetry, and music which emerged at the end of the nineteenth century. (p. 187)

All the failings of this book notwithstanding, it would be ungracious not to acknowledge the huge amount of work which Kunnas has put into this sweeping account of the views of scores of writers. I know of no other single work which comes near to capturing and quoting so many fascist or fascist-inclined writers. However, I was nevertheless dissatisfied. I found myself all the time wanting to return to primary sources as opposed to being presented with “bleeding chunks” of essays, novels, and poems. Besides, I find the creative writing of a Drieu La Rochelle or Henry de Montherlant more interesting than their political essays, and as I have mentioned, this book is weighted heavily in favor of theoretical over fictional writing, particularly so far as quotations are concerned. Of course, it is considerably easier to measure theoretical or even philosophical writings against fascist preoccupations than it is to measure creative works against them. In the case of fiction or poetry, it is easy to overlook that what may have been fascist preoccupations were common themes and preoccupations of the time as a whole. For example, the ideal of Blut und Boden (blood and soil), which is so strongly associated with National Socialism, was in fact coined in Oswald Spengler’s The Decline of the West as an ideological rallying cry in opposition to Blut und Eisen (blood and iron). It was a strong theme in much European fiction, and not necessarily of writers “tempted by fascism” at all.

There is also the case of the French novelists Jean Giono and Henri Bosco, who were very much alike, both having Italian roots, and the setting of their novels in both cases having been Provence (many people willingly confess to confusing these Rosencrantz and Guildensterns of French literature!). Their novels are characteristic expressions of the virtues of, if not blood, very definitely soil. Neither writer could be described as “fascist.” Henri Bosco is not mentioned once by Kunnas (either because he never expressed a political opinion in writing which could be construed as sympathetic to fascism, or presumably because Kunnas detects no tendencies worthy of note in Bosco’s novels), and Giono only briefly, being given a “get out of jail” ticket with these words:

The National Socialist Blut und Boden idea had never been absorbed by Giono in a racialist form, as little as Heidegger on the other side of the frontier had done. Giono displayed a loyalty to the province [Treue gegenüber der Provinz], which had nothing to do with racism. (p. 91)

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This attempt to exonerate Giono recalls the efforts made by most commentators and critics to exculpate writers who they acknowledge to be good writers, but who they know were for a time implicitly sympathetic to fascism (as, for example, D. H. Lawrence, T. S. Eliot, and Henry de Montherlant). Where such sympathies are explicit and cannot be ignored, as in the case of Ezra Pound, Knut Hamsun, Martin Heidegger, or Gottfried Benn, then effort is made to stress words such as “temptation,” “error,” “poor judgement,” and “naïvety” to exculpate the writer in question from the most serious charge of having been earnestly committed to an ideology which is now condemned without appeal by all “civilized opinion” as “the face of barbarism.”

Although scrupulously fair in allowing the subjects of his study to have their say (one reason that this book is so long is that Kunnas quotes his writers frequently and at length), Kunnas is so focussed on the individual assertions and pieces of writing which confirm the pattern which unfolds that he ignores the wider contexts of a writer’s total opus, as well as the movements of the time. Neither E. M. Forster nor Alain Fournier receive a mention here, but Howard’s End is arguably a plea for the essential values of Blut und Boden, while Alphonse de Chateaubriant’s La Réponse du Seigneur (The Lord’s Answer) -“tout est rêve dans la jeunesse, sauf la faim” (“all of youth is a dream save hunger”) calls to my mind, at least, Alain-Fournier’s Le Grand Meaulnes (The Lost Domain). Yeats’ “Second Coming” (p. 218) is quoted, but not his “Prayer for My Daughter,” which has lines warning against the preachers of hatred:

If there’s no hatred in a mind
Assault and battery of the wind
Can never tear the linnet from the leaf.

An intellectual hatred is the worst,
So let her think opinions are accursed.

Kunnas’ book is certainly not an “anti-fascist” work, but it shares with resolute “anti-fascist” writing the determination to highlight all aspects of each writer’s work which can be put in a fascist light and ignores all those elements, such as Romanticism and existentialism, which cannot. For example, Kunnas writes at great length on Pierre Drieu La Rochelle, the French novelist and German collaborator who committed suicide in 1945. He quotes from the end of Drieu’s novel, Gilles. The final scene of this novel is set during a battle in the Spanish Civil War, where the neutral but nationalist sympathizer Gilles is in the company of a Spanish nationalist garrison when it falls under attack from the Republicans. These are the final lines of the novel, quoted in full by Kunnas:

He turned on the stairwell. A wounded man on the steps moaned, “Santa Maria.”

Yes, the Mother of God, the Mother of God who made Man. God who created, who suffered in his creation, who dies and is reborn. I shall always be heretical. The gods who die and are reborn: Dionysus, Christ. Nothing is created but through blood. There must be ceaseless dying for ceaseless rebirth. The Christ of the cathedrals, the great god white and virile. A king son of a king.

He found a rifle, went to the loophole, and began to shoot, with application.

In this closing scene of the novel, according to Kunnas, “Drieu’s anti-Christian and Nietzschean religiousness becomes apparent” (p. 326). What is equally apparent to me is that Drieu is writing not only in full acceptance of the notion of sacrifice, and the sacrifice in this case may indeed be seen as willingly and consciously pro-nationalist, religiously mystical, and fascist, but he is also writing – and this Kunnas ignores – in the existentialist tradition. Gilles, it should be noted, was published in 1939, before For Whom the Bell Tolls (1940) and Sartre’s Chemins de la Liberté (The Roads to Freedom, 1945), and all three novels have strikingly similar endings. They end with the hero or anti-hero finding fulfilment, even the meaning of life, in action – action which will in each case almost certainly end in death. Gilles is an existentialist novel as much as it is a fascist one, a novel in which the central figure makes sense of his life through action, the action which is a commitment to life and at the same time to death, because life and death depend on one another for meaning. To accept the necessity of death is to embrace the meaning of life. While Kunnas is not wrong in his many, albeit sometimes dogmatic, judgements (the call to Santa Maria from a dying man in the quoted passage “goes unanswered,” Kunnas assures his readers), here as elsewhere he omits all those aspects of these writers – all their activities and style – which mitigate against his thesis of their “temptation by an illusion.”

Kunnas’ work will hopefully serve as an inspiration to his readers to find or return to the primary sources and read them, or reread them, better equipped with the knowledge of the extent of the writer’s dallying or commitment to those movements whose shattering defeat in 1945 continues to cast a shadow over the politics of the entire world.

 

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Les Gilets Jaunes, une révolte de la dignité…

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Les Gilets Jaunes, une révolte de la dignité…

par Pierre LE VIGAN

Révolte de la dignité. C‘est le mot qui convient pour désigner les Gilets Jaunes. On parle de pouvoir d’achat. Le mot est faible et le mot est faux. Bien entendu, les Gilets Jaunes veulent vivre dignement de leur travail. Ils ne veulent pas être des assistés. Pour cela même, leur révolte est bien autre chose qu’une question de pouvoir d’achat. Leur revendication ? C’est de voir leur travail reconnu et estimé. C’est de pouvoir se déplacer sans quémander un bon d’essence à une administration.

Mais cette révolte de la dignité, c’est aussi un écœurement devant l’indignité de nos gouvernants. Car qu’est-ce que la macronie ? C’est d’abord, bien sûr, un regroupement autour de Macron. Mais ce dernier est un simple exécutant du capitalisme le plus financier. La macronie, c’est aussi et surtout une branche « de gauche », et une branche « de droite ». C’est une pince qui étrangle le peuple. La branche de droite est constituée d’un Juppé ou d’un Raffarin, et de l’habile Édouard Philippe, qui s’avère beaucoup plus solide que Macron (mais pas mieux orienté pour autant). N’ayant jamais été gaullistes, ces macroniens « de droite » se sont ralliés depuis bien longtemps à la mondialisation capitaliste et à l’interventionnisme occidental qui a déstabilisé l’Afrique et l’Orient et a permis d’accélérer l’immigration.

La branche « de gauche » de la macronie, ce sont en partie les réseaux de feu Richard Descoings, qui était à lui seul une préfiguration de la macronie. Leur credo est l’immigrationnisme alimentaire, consistant à capter des fonds publics au nom du social, la culture d’entreprise à l’américaine tendance Bill Gates, l’apologie de la « diversité » permettant la promotion éclair d’hommes de main, et la création d’une clientèle de bons-à-rien mais prêts-à-tout qui finissent par trouver leur utilité dans des opérations glauques dont un pouvoir discrédité a de plus en plus besoin (infiltrations, manipulations, diversions, opérations sous faux drapeaux, etc. C’est aussi vieux que l’Okhrana).

C’est le contraire de l’entrepreneuriat industriel et c’est une économie de prédation, parfaitement parasitaire que celle qui vit de la macronie et qui a voulu la macronie. Ainsi, la protestation du peuple des Gilets Jaunes vise-t-elle, très justement, voyous d’en haut, la fraction la plus putride, corrompue et corruptrice, du capitalisme financier, parasitaire et prédateur, et voyous d’en bas – du type de ceux que Macron approche de très près à Saint-Martin –, petits trafiquants qui pourront devenir grands et pourrissent la vie des honnêtes gens, y compris les dignes travailleurs immigrés (ceux que Macron ne rencontre jamais).

Les voyous d’en bas, c’est le Lumpenprolétariat que dénonçait Marx, « ce produit passif de la pourriture des couches inférieures de la vieille société » et dont il disait : « Il peut se trouver, çà et là, entraîné dans le mouvement par une révolution prolétarienne; cependant, ses conditions de vie le disposeront plutôt à se vendre à la réaction. »

C’est le mélange de casseurs de banlieue et de groupes, se disant « antifa » avec 75 ans de retard, qui cassent, volent, et font le jeu du pouvoir – ce pour quoi ils sont généralement protégés. Les voyous d’en haut, ce sont les hommes du Capital et leurs idéologues prônant toujours plus de « libération des énergies », c’est-à-dire de dérégulation, de déréglementation, de casse du Code du travail et des acquis sociaux.

Voyous d’en haut et voyous d’en bas sont ainsi les deux bornes témoins de l’horizon anthropologique de la macronie. Ce sont ceux-là qui soulèvent le cœur des Gilets Jaunes. Ils ont compris que le pouvoir se radicalise. La radicalisation qui vient, c’est celle, menaçante, cynique d’un pouvoir qui est celui de l’extrême-capitalisme, face à la poussée populaire imprévue, libre et venue du pays profond. La macronie ploutocratique devient plus que jamais un pouvoir de classe, celui des très riches, qui détruit les classes moyennes et appauvrit les classes populaires. C’est une guerre de classe qu’a engagée le pouvoir macronien. C’est pourquoi la révolte des Gilets Jaunes est sociale, ouvrière, populaire et patriotique. Le mouvement des Gilets Jaunes a amené Macron à se contredire. Il lui a imposé un recul symbolique déjà énorme. Or, tout recul de Macron est un recul du Capital. C’est ce que le Capital ne lui pardonnera d’ailleurs sans doute pas.

Pierre Le Vigan

• D’abord mis en ligne sur Eurolibertés, le 18 décembre 2018.

Presseschau - Dezember 2018

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Presseschau

Dezember 2018

 

AUßENPOLITISCHES

 

Top 10 Country GDP Ranking History (1960-2017)

https://www.youtube.com/watch?v=wykaDgXoajc

 

Future Top 10 Country Projected GDP Ranking (2018-2100)

https://www.youtube.com/channel/UCy0dKy89rZFR8OCbAT69wcQ

 

Das europäische Ich

von Götz Kubitschek

https://sezession.de/59596/das-europaeische-ich

 

EU in der Krise

Der europäische Patient

von Bruno Bandulet

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/der-europaeische-patient-2/

 

„Großer Soldat“

Macron ehrt Nazi-Kollaborateur Pétain

Philippe Pétain war für die Deportation von Juden verantwortlich, nach 1945 wurde er zum Tode verurteilt. Trotzdem hat Frankreichs Staatschef Macron den Soldaten nun geehrt – als Held des Ersten Weltkriegs.

http://www.spiegel.de/politik/ausland/emmanuel-macron-ehr...

 

Emmanuel Macron

Die Grande Nation trägt gelbe Westen

von Jürgen Liminski

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/die-grande-nation-traegt-gelbe-westen/

 

Die Gelben Westen und das periphere Frankreich

https://sezession.de/59917/die-gelben-westen-und-das-periphere-frankreich

 

Macron entscheidet : Elsass-Atomkraftwerk Fessenheim wird 2020 geschlossen

http://www.faz.net/aktuell/wirtschaft/elsass-atomkraftwerk-fessenheim-wird-2020-geschlossen-15911778.html

 

Frankreich beschließt Gesetz gegen Fake-News

https://www.zeit.de/politik/ausland/2018-11/frankreich-pressefreiheit-fake-news

 

Sonntagsheld (83) – Nie wieder Verdun!

https://sezession.de/59868/sonntagsheld-83-nie-wieder-verdun

 

Notizen zum polnischen Unabhängigkeitstag

https://sezession.de/59884/notizen-zum-polnischen-unabhaengigkeitstag

 

(Österreich)

HC Strache: „Eine Festung Europa wird notwendig sein“ (JF-TV Interview)

https://www.youtube.com/watch?v=eAnZfqJbjx0

 

Ein amerikanischer Alptraum (2) – Auf dem Weg zum Bürgerkrieg? Von Martin Lichtmesz

https://sezession.de/59640/ein-amerikanischer-alptraum-2-...

 

(Diener der globalen Geldelite)

Musik im Wahlkampf

US-Künstler wehren sich gegen Trump

https://www.deutschlandfunkkultur.de/musik-im-wahlkampf-u...

 

Zwischenwahlen in den USA

Ein Unentschieden, mit dem Trump leben kann

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/ein-unent...

 

USA: Die Rolle der ethnischen Wahl

Martin Lichtmesz

https://sezession.de/59815/usa-die-rolle-der-ethnischen-wahl

 

Jim Acosta

Eine Schande für den Journalismus

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/eine-scha...

 

Grenzstadt Tijuana

1600 Migranten erreichen US-Grenze

https://www.tagesschau.de/ausland/migranten-us-grenze-101.html

 

Karawane nach Nordamerika

Grenze zu USA: Migranten und Mexikaner liefern sich Ausschreitungen

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2018/grenze-zu-usa-migranten-und-mexikaner-liefern-sich-ausschreitungen/

 

Hunderte Mexikaner protestieren in Tijuana gegen Ankunft von Flüchtlingen

https://www.tagesschau.de/multimedia/video/video-473121.html

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2018/mexiko-einheimische-demonstrieren-gegen-migrantenkarawane/

 

Mittelamerikanische Migranten versuchen in die USA einzudringen

https://www.gmx.net/magazine/politik/mittelamerikanische-migranten-versuchen-usa-einzudringen-33434634

 

Mit dem Tod von George Bush endet eine Ära

https://www.handelsblatt.com/politik/international/nachruf-mit-dem-tod-von-george-bush-endet-eine-aera/23706108.html?ticket=ST-5877957-XnrsbP5Do3rqn6tLgJ6m-ap1

 

Das Mittelmass

George Bush: Nachruf auf den Mann der Mitte

https://www.tichyseinblick.de/meinungen/george-bush-nachruf-auf-den-mann-der-mitte/

 

(Rassen-Politik)

Namibia‘s president wants to expropriate land from whites

https://www.dw.com/en/namibias-president-wants-to-expropr...

 

„Taxi-Queens“ in Südafrika : Sexuelle Ausbeutung auf dem Schulweg http://www.faz.net/aktuell/politik/ausland/taxi-queens-in...

 

Grüne fordern Intervention

Chinas Uiguren-Problem ist jetzt auch ein deutsches

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/chinas-...

 

(unbeirrbar...)

Von Ureinwohnern umgebrachter US-Missionar Tod auf North Sentinel

Ein junger US-Amerikaner versucht, Einwohner einer isolierten Insel zu missionieren. Die reagieren feindselig, er lässt sich nicht beirren - und trifft eine tödliche Entscheidung.

http://www.spiegel.de/panorama/justiz/andamanen-insel-north-sentinel-tod-eines-missionars-a-1240172.html

 

(dazu...)

Andamanen: Polizei beobachtet Ureinwohner nach Tötung von US-Bürger

https://www.sn.at/panorama/international/andamanen-polizei-beobachtet-ureinwohner-nach-toetung-von-us-buerger-61326568

 

(dazu...)

Sonntagsheld (85) – Schießbefehl

https://sezession.de/59914/sonntagsheld-85-schiessbefehl

 

Ergebnis des Referendums

Frankreich darf Neukaledonien behalten

https://www.tagesschau.de/ausland/neukaledonien-referendu...

 

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INNENPOLITISCHES /

GESELLSCHAFT / VERGANGENHEITSPOLITIK

 

Wer arm ist, bleibt arm

Deutschland: mehr Arme, Mittelschicht schrumpft, Aufstiegschancen schwinden Neue Studien belegen erneut, wie sich Armut und Reichtum in Deutschland verfestigen. Die Mittelschicht in Deutschland schrumpft im Zeitraffer.

https://www.freiewelt.net/nachricht/deutschland-mehr-arme...

 

Deutschlands Infrastruktur

Steinmeiers streikendes Flugzeug als Symbol für den Niedergang

von Ronald Berthold

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/steinmeiers-streikendes-flugzeug-als-symbol-fuer-den-niedergang/

 

Rede Alexander Gauland: "Merkel hat keine Ahnung von Europa!"

https://www.youtube.com/watch?v=Oj1hRJU4byM

 

Rede Jörg Meuthen, Spitzenkandidat EU-Wahl 2019

https://www.youtube.com/watch?v=qdjDBsNitIQ

 

Machtkampf in der CDU

Reanimationsversuch für den Kanzlerwahlverein von Karlheinz Weißmann

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/reanimati...

 

Laschet warnt CDU vor Rechtsruck

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/laschet...

 

CDU-Parteivorsitz

Aufgegeben ohne Abwehr

von Karlheinz Weißmann

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/aufgegebe...

 

CDU-Koalitionen

Merz: Grüne „partnerfähig“, AfD „offen nationalsozialistisch“

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/merz-gruene-partnerfaehig-afd-offen-nationalsozialistisch/

 

Cum-Ex-Ermittlungen bei Blackrock

Wie die Vergangenheit Merz schaden könnte

https://www.sueddeutsche.de/wirtschaft/merz-blackrock-erm...

 

Nahles-Kritiker: Bülow tritt wegen "desaströser Situation" aus SPD aus

https://www.youtube.com/watch?v=WlmGsLVIWWM

 

SPD-Aussteiger Marco Bülow

Der Einsame

Marco Bülow ist aus der SPD ausgetreten. Eigentlich muss einen das nicht wundern, er galt schon immer als Quertreiber. Doch der Zeitpunkt verblüfft dann doch.

http://www.spiegel.de/politik/deutschland/marco-buelow-verlaesst-die-spd-der-einsame-a-1240680.html

 

Abschied des Verfassungsschutzchefs

Die Maaßen-Rede im Wortlaut

https://www.tagesschau.de/inland/maassen-abschied-101.htm...

 

Bundesamt für Verfassungsschutz

Wegen Abschiedsrede: Maaßen droht Entlassung

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/wegen-a...

 

Maaßen endgültig gefeuert – Eine politische Eiszeit kommt!

https://www.youtube.com/watch?v=mO08t2Si320

 

Kommentar

Wo Maassen recht behält

https://www.nzz.ch/meinung/wo-maassen-recht-behaelt-ld.14...

 

Armin Schuster

Bericht: Merkel verhinderte Kritiker als Verfassungsschutzpräsident

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/bericht-merkel-verhinderte-kritiker-als-verfassungsschutzpraesident/

 

(Der gewünschte stromlinienförmige Amtsleiter als Nachfolger von Maaßen)

Geheimdienstchefs sprechen über Pläne

Neuer Blick nach rechts

Der neue Verfassungsschutzchef Thomas Haldenwang will eine Neuausrichtung seines Dienstes: Rechtsextreme sollen genauer beobachtet werden.

http://www.taz.de/Geheimdienstchefs-sprechen-ueber-Plaene/!5551239/

 

(Altersstarrsinn?)

Steinmeier in Chemnitz: „Wir müssen reden!“

https://www.welt.de/politik/deutschland/article183140576/...

 

(Die Quelle der Chemnitzer Menschenjagd-Lüge)

Von WhatsApp in die Welt

Tichys Einblick fand die Herkunft des Chemnitz-Videos heraus

https://www.tichyseinblick.de/meinungen/tichys-einblick-fand-die-herkunft-des-chemnitz-videos-heraus/

 

(Ergänzend dazu)

https://www.tichyseinblick.de/video/kommentar/das-chemnitz-video-hase-spricht/

 

(Ergänzend dazu)

Sonntagsheld (84) – Die den langen Atem haben

Auf Spurensuche in Düsterdeutschland

https://sezession.de/59886/sonntagsheld-84-die-den-langen-atem-haben

 

Deutschland und EU

Merkel plädiert für Abgabe nationaler Souveränität

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/merkel-plaediert-fuer-abgabe-nationaler-souveraenitaet/

 

Christoph Heusgen

Der stumme Diener

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/der-stumme-diener/

 

Bayerischer Landtag

AfD-Kandidat Henkel will doch nicht Landtagsvize werden

https://www.sueddeutsche.de/bayern/afd-bayern-henkel-landtag-1.4197260

 

Bundesagentur für Arbeit

Hartz IV: Kriminelle Banden betrügen Staat um 50 Millionen Euro

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/freibur...

 

Bundesregierung gibt immer mehr Geld für humanitäre Hilfe aus

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/bundesr...

 

Steuerzahlerbund prangert Verschwendungen in Millionenhöhe an

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/steuerz...

 

Sprachdefizite

Berliner Polizeischüler sollen Deutsch statt Englisch lernen

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/berliner-polizeischueler-sollen-deutsch-statt-englisch-lernen/

 

Bundeswehr-Uni-Präsidentin Niehuss

„Bei Diversity-Fragen ist die Bundeswehr der Gesellschaft voraus“

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/bei-diversity-fragen-ist-die-bundeswehr-der-gesellschaft-voraus/

 

Frauenquote in der Politik

Wählen, was wir sollen

von Birgit Kelle

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/waehlen-was-wir-sollen/

 

Umfrage: Frauen wählen vor allem linke Parteien

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/umfrage-frauen-waehlen-vor-allem-linke-parteien/

 

AfD und Linke – Wähler, Krisen, Höhenflüge

https://sezession.de/59870/afd-und-linke-waehler-krisen-hohenfluege

 

Kandidaten für Europawahl

AfD-Parteitag: Spendenaffäre überschattet ersten Tag

https://jungefreiheit.de/allgemein/2018/afd-parteitag-spendenaffaere-ueberschattet-ersten-tag/

 

Haushaltsdebatte

Parteispenden: Weidel setzt auf Vorwärtsverteidigung

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/parteispenden-weidel-setzt-auf-vorwaertsverteidigung/

 

Ein Diskussionsbeitrag zur aktuellen Lage der AfD

Bewegung oder Parlamentarismus? Beides, aber bitte getrennt

http://www.pi-news.net/2018/11/bewegung-oder-parlamentarismus-beides-aber-bitte-getrennt/

 

Energieversorgung

Bundesamt warnt vor "katastrophalen" Folgen bei Blackout

https://www.morgenpost.de/politik/article215880497/Bundesamt-warnt-vor-Versorgungsmaengeln-bei-Blackout.html

 

Rechnungshof fordert bessere Überwachung

Studentenvertreter fast ohne Kontrolle: Wofür gibt AStA das Geld aus?

https://www.op-online.de/hessen/studentenvertreter-fast-ohne-kontrolle-10645522.html

 

Farbaktion an Berliner Siegessäule im Juni

Polizei durchsucht Immobilien von Greenpeace

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/polizei...

 

Sicherheitsvorkehrungen im öffentlichen Raum

Winterlicher Festungsbau: Weihnachtsmärkte rüsten auf

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/winterlicher-festungsbau-weihnachtsmaerkte-ruesten-auf/

https://twitter.com/YoungGermanBlog/status/1065242197925216256/photo/1

 

Erster Weltkrieg

Die Urkatastrophe

von Thorsten Hinz

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/die-urkat...

 

Volkstrauertag

Gedenken in der Anstalt

von Fritz Zwicknagl

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/gedenken-in-der-anstalt/

 

(Steinmeiers Versöhnungs-Vergebungs-Ideologie)

„Zusammenleben in Vielfalt“

Steinmeier lobt „Regenbogennation“ Südafrika

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/steinmeier-lobt-regenbogennation-suedafrika/

 

AfD-Politiker Bystron: Steinmeier beschönigt Situation in Südafrika

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/afd-politiker-bystron-steinmeier-beschoenigt-situation-in-suedafrika/

 

Grütters: Leipzig sollte endlich Einheitsdenkmal bekommen

https://www.rtl.de/cms/gruetters-leipzig-sollte-endlich-einheitsdenkmal-bekommen-4246781.html

 

zldez18-3.jpg

LINKE / KAMPF GEGEN RECHTS / ANTIFASCHISMUS / RECHTE

 

AfD-Anfrage

Fördermillionen für antideutsche Medienmacher

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/foerder...

 

Öffentlich-rechtlicher Rundfunk

Antifa-Werbung im „Polizeiruf 110“ – AfD kündigt Beschwerde an

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/antifa-werbung-im-polizeiruf-110-afd-kuendigt-beschwerde-an/

 

(SPD. Ein Fall für den Verfassungsschutz...)

SPD und Linksradikalismus

Ist Maaßen wirklich „irre“?

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/ist-maa...

 

Sachsen-Anhalt

Innenminister wollen „rechtsextreme Strukturen“ aufdecken

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/innenminister-wollen-rechtsextreme-strukturen-aufdecken/

 

Diskursverweigerung

Wehret den rechten Büchern

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/wehret-de...

 

Wissenschaftliche Buchgesellschaft

Hitler, Sarrazin und Harry Potter

von Felix Krautkrämer

https://jungefreiheit.de/kultur/2018/hitler-sarrazin-und-harry-potter/

 

Der Moralismus der „Vielen“ – Ein Offener Brief von Uwe Tellkamp

https://sezession.de/59871/der-moralismus-der-vielen-ein-offener-brief-von-uwe-tellkamp

 

Duschgel mit Haltung

St. Pauli will Antifa reinwaschen

https://jungefreiheit.de/kultur/gesellschaft/2018/st-pauli-will-antifa-reinwaschen/

https://www.fcsp-shop.com/de_DE/zubehoer/schlafen-waschen/anti-fa-duschgel-sp201717

 

Grüne: Europa nicht Orbans, Le Pens und Salvinis überlassen

https://www.zeit.de/news/2018-11/09/gruene-europa-nicht-o...

 

(Die Herzschmerz-Story. Guter SPD-Migrant rettet bösem biodeutschem Fascho das Leben...) SPD-Abgeordneter Serdar Yüksel rettet AfD-Mitarbeiter im NRW-Landtag das Leben

https://www.gmx.net/magazine/panorama/spd-abgeordneter-se...

 

Gedenkstunde zur Reichspogromnacht

Steinmeier: Nationalisten haben kein Recht auf Schwarz-Rot-Gold https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/steinme...

 

Das Migrationsabkommen als letzter Sargnagel für die linken Parteien

http://norberthaering.de/de/27-german/news/1049-migrationsabkommen-sargnagel

 

Linke, die gern Erfüllungsgehilfen des Kapitals sein wollen - aber bitte mit Haltung (mit Nachtrag zu Telepolis)

http://norberthaering.de/de/27-german/news/1066-sargnagel

 

Unvereinbarkeitsbeschluß

Verdi Mittelfranken erklärt AfD-Mitglieder für unerwünscht

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/verdi-mittelfranken-erklaert-afd-mitglieder-fuer-unerwuenscht/

 

„Reichspogromnacht“

AfD bei Gedenken für ermordete Juden unerwünscht https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/afd-bei...

 

(dazu...)

Schnappatmung wegen blauer Blume

https://clauswolfschlag.wordpress.com/2018/11/27/schnappatmung-wegen-blauer-blume/

 

(und es geht weiter...)

Nazi-Symbol am Revers: Erneut Eklat um AfD-Politiker Andreas Wild

https://www.gmx.net/magazine/politik/nazi-symbol-revers-eklat-afd-politiker-andreas-wild-33441820

 

IST SO! Meuthen: „Altparteien treten Grundgesetz mit Füßen!“ | PK zur geplanten VS-AfD-Beobachtung

https://www.youtube.com/watch?v=j2Pw4Hg7xsk

 

Kommentar zur Pressekonferenz mit Meuthen, Gauland und Hartwig „Verfassungsschutzbeobachtung“: AfD auf dem richtigen Weg

http://www.pi-news.net/2018/11/verfassungsschutzbeobachtu...

 

AfD-Nachwuchsorganisation

Junge Alternative löst Landesverband Niedersachsen auf

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/junge-a...

 

Drohende Beobachtung

AfD uneins über Umgang mit Verfassungsschutz

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/afd-une...

 

Niedersachsen

Nach Verfassungsschutzpanne: Linksextreme enttarnen V-Mann

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/nach-verfassungsschutzpanne-linksextreme-enttarnen-v-mann/

 

AfD fordert Verbot der Interventionistischen Linken

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/afd-fordert-verbot-der-interventionistischen-linken/

 

Niedersachsens Bildungsminister Tonne übt Kritik an AfD-Meldeportal, aber:

Schulleiter vergleicht AfD mit Pogromnacht

http://www.pi-news.net/2018/11/schulleiter-vergleicht-afd-mit-pogromnacht/

 

Publikation der Amadeu-Antonio-Stiftung

Union fordert Anti-Rechts-Broschüre einzustampfen

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/union-fordert-anti-rechts-broschuere-einzustampfen/

 

Amadeu-Antonio-Kahane-Stasi schnüffelt in Kitas nach „völkischen Familien“

http://www.pi-news.net/2018/11/amadeu-antonio-kahane-stasi-schnueffelt-in-kitas-nach-voelkischen-familien/

 

„Ene, mene, muh – und raus bist du!“

Anti-Rechts-Broschüre: Amadeu-Antonio-Stiftung wehrt sich gegen Kritik

https://jungefreiheit.de/kultur/2018/anti-rechts-broschuere-amadeu-antonio-stiftung-wehrt-sich-gegen-kritik/

 

Deutsche Bank kündigt AfD-Politiker Fest sämtliche Konten

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/deutsche-bank-kuendigt-afd-politiker-fest-saemtliche-konten/

 

"Team Umvolkung?" Das T-Shirt des Schlepperkapitäns

https://www.youtube.com/watch?v=uxjbTPS3F2Y

 

(Vorgehen gegen linke Mafia)

Razzien in Berlin

Hunderte Polizisten gehen gegen linksextreme Tatverdächtige vor

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/hunderte-polizisten-gehen-gegen-linksextreme-tatverdaechtige-vor/

 

Rigaer Straße 94

Nach Razzien: Linksextreme kündigen Attacken auf Polizisten an

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/nach-razzien-linksextreme-kuendigen-attacken-auf-polizisten-an/

 

Medienbericht

Seehofer plant Verbot der Roten Hilfe

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/seehofer-plant-verbot-der-roten-hilfe/

 

DGB vermietet keine Räume mehr an Antifa

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/dgb-vermietet-keine-raeume-mehr-an-antifa/

 

Frankfurt

SPD, Grüne und die Pestpocken

Fehlende Distanz der Römer-Koalition zur linksradikalen Szene

http://www.bff-frankfurt.de/artikel/index.php?id=1357

 

(Gleiches Problem in den USA)

Linksextremismus in den USA

Trump droht der Antifa

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2018/trump-droht-der-antifa/

 

AfD-Gruppe an der Uni Düsseldorf

Nur noch mit Pfefferspray auf den Campus

Vor zwei Jahren gründete David Eckert eine AfD-Hochschulgruppe an der Uni Düsseldorf. Seitdem fühlt der 24-Jährige sich verfolgt, Flugblätter warnen vor dem "Brandstifter".

http://www.spiegel.de/lebenundlernen/uni/afd-gruppe-an-der-uni-duesseldorf-nur-noch-mit-pfefferspray-auf-den-campus-a-1105782.html

 

Antifa-Aktion

Mit Steckbriefen gegen den „Rassisten“

Vermummte Gestalten haben in Bockenheim Flugblätter und Plakate verteilt. Sie rufen darin zur Jagd auf ein AfD-Mitglied auf: mit Foto, vollem Namen und Wohnadresse. Doch der junge Mann will sich nicht aus dem Stadtteil vertreiben lassen.

http://www.fnp.de/lokales/frankfurt/Mit-Steckbriefen-gege...

 

Freiburger Polizei ermittelt nach Angriff auf Teilnehmer von AfD-Demo https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/freibur...

 

Blaue Narzisse

Büro-Kündigung nach Antifa-Attacken

https://www.blauenarzisse.de/buero-kuendigung-nach-antifa...

 

Leipzig

FDP vergleicht Anschlag auf AfD-Parteitag mit Reichspogromnacht

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/fdp-vergleicht-anschlag-auf-afd-parteitag-mit-reichspogromnacht/

 

Kassel Protest gegen rechten Redner

Vor dem Haus der Kasseler Burschenschaft haben rund 60 Menschen gegen den Auftritt des rechtsextremen Publizisten Björn Clemens protestiert.

http://www.fr.de/rhein-main/kassel-protest-gegen-rechten-redner-a-1623259

 

Vizekanzler und Finanzminister

Anschlag auf Haus von Olaf Scholz verübt

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/anschlag-auf-der-haus-von-olaf-scholz-veruebt/

 

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EINWANDERUNG / MULTIKULTURELLE GESELLSCHAFT

 

UN-Migrationspakt

Die Gefahr des weichen Rechts

von Dieter Stein

https://jungefreiheit.de/debatte/streiflicht/2018/die-gef...

 

Uno-Dokument

Auswärtiges Amt beklagt Stimmungsmache gegen Migrationspakt

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/auswaer...

 

Widerstand gegen UN-Migrationspakt

Drum prüfe, wer sich ewig bindet

von Moritz Schwarz

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/drum-prue...

 

Bautzen: Identitäre setzen Zeichen gegen Migrationspakt

https://www.tagesstimme.com/2018/11/05/migrationspakt-sto...

 

(Gleiches Faktum, andere Tonlage des Berichtes)

Rechte stören Romantica

Während der Einkaufsnacht in Bautzen starteten acht Männer eine unangemeldete Protestaktion. Jetzt ermittelt die Polizei aus mehreren Gründen.

https://www.sz-online.de/nachrichten/rechte-stoeren-roman...

 

Germany Bautzen: Stoppt den Migrationspakt!!!

https://www.youtube.com/watch?v=lAY8owi1aV0

 

Video: Demo gegen Migrationspakt in Berlin

http://www.pi-news.net/2018/12/heute-14-uhr-gelbe-westen-demo-gegen-migrationspakt-in-berlin/

 

Grüne fordern deutsche Vorreiterrolle bei UN-Migrationspakt

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/gruene-...

 

Einwanderung

Städte- und Gemeindebund unterstützt UN-Migrationspakt

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/staedte...

 

Bundestag

Migrationspakt: Ausschuß blockiert kritische Petitionen https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/migrati...

 

SVP und Teile der FDP opponieren

Schweiz: Immer mehr Widerstand gegen UN-Migrationspakt

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2018/schweiz-imm...

 

Auch Tschechien steigt aus dem Migrationspakt aus

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2018/auch-tschechien-steigt-aus-dem-migrationspakt-aus/

 

Israel und Polen stellen sich gegen UN-Migrationspakt

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2018/israel-stellt-sich-gegen-un-migrationspakt/

 

Geheimdiplomatie statt Demokratie

Auch Israel sagt nein zum UN-Migrationspakt, der ein Pakt aus Berlin ist

https://www.tichyseinblick.de/daili-es-sentials/auch-israel-sagt-nein-zum-un-migrationspakt-der-ein-pakt-aus-berlin-ist/

 

Australien lehnt UN-Migrationspakt ab

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2018/australien-lehnt-un-migrationspakt-ab/

 

JF-TV Reportage

Migrationspakt der Eliten

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/migrationspakt-der-eliten/

 

Dokumentation

Der UN-Migrationspakt und seine Gefahren

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/der-un-migrationspakt-und-seine-gefahren1/

 

Fantastische Neuigkeiten! Bald 10 Millionen neue Mitbürger?

https://www.youtube.com/watch?v=LMiB78nhEIE

 

ARD-Chefredakteur zum Migrationspakt

Gniffke: Wir haben angemessen berichtet

von Felix Krautkrämer

https://jungefreiheit.de/debatte/interview/2018/gniffke-wir-haben-angemessen-berichtet/

 

Union streitet über UN-Migrationspakt

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/union-streitet-ueber-un-migrationspakt/

 

Klage über „Fake News“

Maas bestreitet unzureichende Informationen über UN-Migrationspakt

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/maas-bestreitet-unzureichende-informationen-ueber-un-migrationspakt/

 

Server abgestürzt

Riesiges Interesse an Petition gegen UN-Migrationspakt

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/riesiges-interesse-an-petition-gegen-un-migrationspakt/

 

Zur Legitimierung ihrer Grenzöffnung für die Massen-Invasion

Merkel hat vermutlich den UN-Migrationspakt in Auftrag gegeben

http://www.pi-news.net/2018/11/merkel-hat-vermutlich-den-un-migrationspakt-in-auftrag-gegeben/

 

Person der Woche: Louise Arbour

Die Mutter des Migrationspaktes

https://www.n-tv.de/politik/politik_person_der_woche/Die-Mutter-des-Migrationspaktes-article20730614.html

 

Die Flüchtlingsmacher

Dem Rat derjenigen, die für die Flüchtlinge verantwortlich sind, ist nicht zu trauen.

https://www.rubikon.news/artikel/die-fluchtlingsmacher

 

Mißtrauen

von Johannes Poensgen

https://sezession.de/59909/misstrauen

 

Migration und wirtschaftliche Interessen

http://antides.de/migration-und-wirtschaftliche-interessen

 

Ohne AfD

Pistorius wünscht sich Migrationsfrieden

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/pistorius-wuenscht-sich-migrationsfrieden/

 

(Angst vor Einfluss-Verlust...)

Interview

Clinton: Europa muß Masseneinwanderung stoppen

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2018/clinton-europa-muss-masseneinwanderung-stoppen/

 

„Vor dem Hintergrund der deutschen Geschichte“

Merz rudert in Asyl-Frage zurück

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/merz-rudert-in-asyl-frage-zurueck/

 

Streit um Grenzöffnung

Flüchtlingspolitik: Stegner wirft Merz rechte Schauermärchen vor

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/fluechtlingspolitik-stegner-wirft-merz-rechte-schauermaerchen-vor/

 

Geheimpapier

Grenze hätte 2015 geschlossen werden können

https://www.welt.de/politik/deutschland/article183625538/...

 

Kramp-Karrenbauer zur Flüchtlingspolitik

„Was 2015 passiert ist, ist Realität und kann nicht rückabgewickelt werden“

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/was-201...

 

Baden-Württemberg

Abgelehnte Asylbewerber: Wer Pflegeberuf erlernt, darf bleiben

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/abgelehnte-asylbewerber-wer-pflegeberuf-erlernt-darf-bleiben/

 

„Zynische Aktion“

Grüne verurteilen Werbung für Heimkehrkampagne

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/gruene-verurteilen-werbung-fuer-heimkehrkampagne/

 

Grüne und Klimaflüchtlinge

Claudia Roth für großzügigeres Asylrecht

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/claudia...

 

Holm: Greifswalder Asta unterstützt Schlepper im Mittelmeer

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/holm-gr...

 

Musiker

Grönemeyer hält Flüchtlingsandrang für „Glücksfall“

https://jungefreiheit.de/kultur/2018/groenemeier-haelt-di...

 

Grenzsturm droht

Experten zu „Krone“: „Jetzt kommen ganz andere“ An Kroatiens Grenze, nur 224 Kilometer von Österreich entfernt, hoffen mehr als 20.000 Migranten auf die Chance eines Durchbruchs nach Mitteleuropa - die Exekutive ist besorgt. Alarmismus? Hysterie? Wird die Gefahr der illegalen Zuwanderung zu oft, zu laut von der Bundesregierung thematisiert? Die „Krone“ fragte bei Experten der Exekutive mit besten Beziehungen am Balkan nach.

https://www.krone.at/1801367

 

Scheinehen zur illegalen Einwanderung

Bundespolizei verhaftet Drahtzieher einer Schleuserbande

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/bundesp...

 

Berlin: Abschiebungen scheitern, weil Asylbewerber untertauchen

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/berlin-...

 

Bayern

Abschiebung verhindert: Afrikaner zu Geldstrafen verurteilt

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/abschie...

 

Christenverfolgung

AfD- und CDU-Politiker fordern Asyl für Asia Bibi

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/afd-und...

 

Urteil des Landesarbeitsgerichts

Berlin muß Kopftuchträgerin entschädigen

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/berlin-muss-kopftuchtraegerin-entschaedigen/

 

Islamismus im Sport

Bonner Fußballverein wirbt für Salafisten und Gangster-Rapper

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/bonner-fussballverein-wirbt-fuer-salafisten-und-gangster-rapper/

 

(Zitat: "...von 2016 auf 2017 einen sprunghaften Anstieg"... Über mögliche Ursachen wird selbstverständlich geschwiegen.)

Quälender Juckreiz

Krätze bei Offenbacher Schülern

https://www.op-online.de/offenbach/kraetzefaelle-offenbacher-schulen-10653644.html

 

Neuköllner Schulleiterin

Fünf erste Klassen, nur ein Kind spricht zu Hause deutsch

https://www.bz-berlin.de/berlin/neukoelln/wir-sind-arabisiert-muttersprache-deutsch-fehlanzeige

 

(Und die Bürokraten meinen, mit ein bisschen Pädagogik und Sprachförderung das noch in den Griff bekommen zu können...)

B.Z.-Bericht über „arabisierte“ Klassen

Integrationsbeauftragte nennt Bericht der Schulleiterin einen „Hilferuf“

https://www.bz-berlin.de/deutschland/integrationsbeauftragte-nennt-bericht-der-schulleiterin-einen-hilferuf

 

(Zu Medienhelden mit Migratonshintergrund)

Sonntagsheld (82) – Can’t touch this

https://sezession.de/59799/sonntagsheld-82-cant-touch-this

 

Günstige Mieten und Arbeitslosigkeit

Wie sich kriminelle Clans in NRW ausbreiten

http://www.general-anzeiger-bonn.de/news/politik/deutschland/Wie-sich-kriminelle-Clans-in-NRW-ausbreiten-article3981085.html

 

Kriminelle Familien: Polizei beobachtet 50 Clans in NRW

https://rp-online.de/nrw/panorama/clans-in-nrw-polizei-beobachtet-50-kriminelle-familien_aid-34490381

 

Freiburg und die Dimension sexueller Gewalt

Wehrlose Beute

von Thorsten Hinz

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/wehrlose-...

 

Grabscher, Exhibitionisten, Vergewaltiger: Sextäter schlagen wieder zu

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/grabsch...

 

Schweden

Grab der ermordeten Ebba (11) schon über 30 Mal von Flüchtlingen geschändet

http://unser-mitteleuropa.com/2018/11/06/grab-der-ermorde...

 

Vandalismus

Reinbek: 540.000 Euro für demolierte Wohnungen

https://www.abendblatt.de/region/stormarn/article21569165...

 

Reinbek

Renovierungskosten etwa 540.000 Euro

»Flüchtlinge« zerlegen bereitgestellte Wohnungen

https://www.freiewelt.net/nachricht/fluechtlinge-zerlegen...

 

Chemnitz: Syrischer Asylbewerber soll behinderte Frau vergewaltigt haben

https://jungefreiheit.de/kultur/gesellschaft/2018/chemnitz-syrischer-asylbewerber-soll-behinderte-frau-vergewaltigt-haben/

 

(Tochter ist Flüchtlingshelferin...)

Mecklenburg-Vorpommern

Caffier warnt nach Rentner-Mord vor Instrumentalisierung der Tat

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/caffier-warnt-nach-rentner-mord-vor-instrumentalisierung-der-tat/

http://www.pi-news.net/2018/11/wittenburg-geduldeter-afghane-schneidet-rentner-die-kehle-durch/

 

Sie wurde massiv bedroht

Mädchen (15) von sechs Männern in Münchner Wohnungen vergewaltigt: Martyrium dauerte vier Tage lang

https://www.tz.de/muenchen/stadt/muenchen-ort29098/muenchen-maedchen-von-sechs-maennern-missbraucht-verdacht-erhaertet-sich-10411636.html

 

Königs Wusterhausen

Afghanen sollen 15jährige vergewaltigt haben

https://jungefreiheit.de/kultur/gesellschaft/2018/afghanen-sollen-15jaehrige-vergewaltigt-haben/

 

Klartext-Richter mit Hang zum Prinzip Hoffnung

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/klartext-richter-mit-hang-zum-prinzip-hoffnung/

 

Donauwörth

Streit um Brötchen: Asylbewerber randalieren in Unterkunft

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/streit-um-broetchen-asylbewerber-randalieren-in-unterkunft/

 

(Hintergründe "unklar"...)

Berlin 100 Personen prügeln sich bei Massenschlägerei in U-Bahn-Station

In Berlin ist es in der Nacht zu Samstag zu einer heftigen Auseinandersetzung zwischen fast 100 Beteiligten gekommen. Die Polizei rätselt über die Hintergründe.

http://www.kn-online.de/Nachrichten/Panorama/100-Personen-pruegeln-sich-Massenschlaegerei-U-Bahn-Station

 

zldez18-5.Jpeg

KULTUR / UMWELT / ZEITGEIST / SONSTIGES

 

(Das nächste Berliner Bau-Desaster)

Wasser dringt ein

Diesem Bundestagsneubau droht der Abriss

https://www.welt.de/politik/deutschland/article183650856/...

 

Bauten des Bundes Fast alle Projekte laufen aus dem Ruder

https://www.tagesspiegel.de/politik/bauten-des-bundes-fast-alle-projekte-laufen-aus-dem-ruder/22986458.html

 

Damanhur - Tempel der Menschheit

http://www.damanhur.org/de/kunst-und-kreativitat/tempel-der-menschheit

http://www.damanhur.org/de/was-ist-damanhur

 

Potsdam

Wiederaufbau Garnisonkirche

Thesen-Anschlag mit Turm-Kritik

http://www.maz-online.de/Lokales/Potsdam/Thesen-Anschlag-...

 

(Gesprengte Garnisonkirche auch in Hannover)

Ausstellung erinnert an Garnisonkirche

http://www.haz.de/Hannover/Aus-den-Stadtteilen/Nord/Ausstellung-erinnert-an-Garnisonkirche

 

Amberg

„Es gibt zu viele Kirchen für zu wenige Gläubige“

https://www.sueddeutsche.de/bayern/verfall-katholische-ki...

 

Hessen

Evangelische Kirche: mehr Steuern trotz Mitgliederverlust

https://www.welt.de/regionales/hessen/article184374032/Evangelische-Kirche-mehr-Steuern-trotz-Mitgliederverlust.html

 

Investorenfeindliche Stimmung

Google-Rückzug läutet Ende des Berlin-Booms ein

https://www.welt.de/wirtschaft/article182942374/Google-Rueckzug-Berlin-als-Standort-fuer-Start-ups-weniger-attraktiv.html

 

Mittelfreigabe durch den Bundestag

"House of One" erhält zehn Millionen Euro vom Bund

https://www.rbb24.de/politik/beitrag/2018/11/berlin-bund-house-of-one-synagoge-kirche-moschee-zehn-millionen-euro-vom-bund.html

 

Reichenberger Straße in Berlin-Kreuzberg

Google ist weg, Gentrifizierung geht weiter

https://www.tagesspiegel.de/berlin/reichenberger-strasse-in-berlin-kreuzberg-google-ist-weg-gentrifizierung-geht-weiter/23649746.html

 

(Deutsche Medien-Unternehmer und -Milliardäre)

Spieglein, Spieglein an der Wand … Friede ist trotzdem die Reichste im Medien-Land!

http://www.pi-news.net/2018/12/spieglein-spieglein-an-der-wand-friede-ist-trotzdem-die-reichste-im-medien-land/

 

(Pro Einwanderungs-Propaganda im öffentlich-rechtlichen Fernsehen)

Die Tagesthemen im Dienst des Bundespresseamtes

https://www.achgut.com/artikel/die_tagesthemen_im_dienst_des_bundespresseamtes

 

Peinliche Unterlassungserklärung wegen frei erfundener Bordellbesuche

Spiegel knickt vor AfD-Fraktion ein

http://www.pi-news.net/2018/11/spiegel-knickt-vor-afd-fra...

 

Gesetz gegen Fake News

Die verkappte Zensur

von Nicolaus Fest

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/die-verkappte-zensur/

 

"Lindenstraße"-Erfinder Geißendörfer kann Absetzung nicht verstehen

Den Erfinder der "Lindenstraße" hat die Absetzung der Serie ebenso kalt erwischt wie die Fans des Dauerbrenners. Nun hat sich Hans W. Geißendörfer per Twitter zu der Entscheidung geäußert.

http://www.spiegel.de/kultur/tv/lindenstrasse-erfinder-hans-w-geissendoerfer-kann-absetzung-nicht-verstehen-a-1238886.html

 

„Lindenstraße“

Ende einer Staats-Seifenoper

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/ende-einer-staats-seifenoper/

 

Kinder in gleichgeschlechtlichen Partnerschaften

Erklärbär versus Empörung

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/erklaerbaer-versus-empoerung/

 

Politische Korrektheit

Victoria Secret entschuldigt sich für Anti-Transgender-Äußerung

https://jungefreiheit.de/kultur/2018/victoria-secret-entschuldigt-sich-fuer-anti-transgender-aeusserung/

 

Debatte in der Landeshauptstadt: Sexismus-Vorwurf - Plakate für Düsseldorfer Leichtathletik-Meeting sollen verschwinden

https://rp-online.de/nrw/staedte/duesseldorf/duesseldorf-sexismus-debatte-um-plakate-fuer-duesseldorfer-leichtathletik-meeting_aid-34747087

 

Wirbel um Hallenweltmeisterin

Werbeplakat sorgt für Sexismus-Debatte

https://www.rga.de/rhein-wupper/sexismus-debatte-werbeplakat-10762867.html

 

Feminismus

Schauspielerin Pamela Anderson kritisiert die #metoo-Bewegung

https://jungefreiheit.de/kultur/2018/schauspielerin-pamel... https://www.vip.de/cms/pamela-anderson-feminismus-kann-zu...

 

„Genialer Mechanismus“

Historiker Münkler lobt EU als gelungene Antwort auf die Weltkriege

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/histori...

 

Götz Aly erhält Geschwister-Scholl-Preis

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/goetz-aly-erhaelt-geschwister-scholl-preis/

 

Gerechtigkeit für Hubertus Knabe

https://www.gerechtigkeitfuerhubertusknabe.de/

 

Nach Bekehrung zum Islam

Sängerin O’Connor: Weiße sind ekelerregend

https://jungefreiheit.de/kultur/2018/saengerin-oconnor-we...

 

(Es gibt ja noch Edeka, Aldi und Co.)

Rewe-Aktion

500 Gramm Vielfalt und Toleranz

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/500-gramm...

 

Weniger bei REWE kaufen

https://clauswolfschlag.wordpress.com/2018/11/27/weniger-bei-rewe-kaufen/

 

(Grusel, Grusel, Skandal...)

Mitglieder der Junge Union singen Wehrmachtslied

https://www.gmx.net/magazine/politik/mitglieder-junge-union-wehrmachtslied-33290686

 

(Grusel, Grusel...)

Digitalisierter Hass

Nazi-Sticker bei WhatsApp sorgen für Skandal!

Seit mehreren Wochen können WhatsApp-User eigene Sticker erstellen und nutzen. Eigentlich eine tolle Idee. Jetzt aber der Schock: Neonazis nutzen diese Funktion, um antisemitische Symbole zu verbreiten.

https://www.op-online.de/leben/digital/video-digitale-hakenkreuze-per-whatsapp-zr-10621772.html

 

China und Dolce & Gabbana

Ein Rassismusskandal zeigt, wie die Modewelt heute funktioniert

https://www.welt.de/icon/mode/article184467244/China-und-Dolce-Gabbana-Ein-Rassismusskandal-zeigt-wie-die-Modewelt-heute-funktioniert.html

 

(Zitat: "Die Leere ist Symbol", sagt Direktor Leopold. "Sie erinnert uns daran, dass Anne nicht mehr da ist...")

Annes Botschaft ist laut im stillen Hinterhaus

Das Amsterdamer Haus an der Prinsengracht ist weltberühmt. Dort schrieb das jüdische Mädchen Anne Frank im Versteck vor den Nazis ihr Tagebuch. Wie erzählt man Annes Geschichte heute?

https://www.welt.de/newsticker/dpa_nt/infoline_nt/boulevard_nt/article184306308/Annes-Botschaft-ist-laut-im-stillen-Hinterhaus.html

 

(Neuer Totalitarismus)

Moralistische Selbstverzauberung

von Götz Kubitschek

https://sezession.de/59874/moralistische-selbstverzauberung

 

Peter Sloterdijks „Neue Zeilen und Tage, Notizen 2011-2013“

In Björn Höckes Gesprächsband Nie zweimal in denselben Fluß findet sich eine Äußerung , aus der seine Gegner einen Skandal konstruieren wollten...

von Götz Kubitschek

https://sezession.de/59919/peter-sloterdijks-neue-zeilen-und-tage-notizen-2011-2013

 

Film über Debattenkultur

Das Paradogma der politischen Korrektheit

von Victoria van Delft

https://jungefreiheit.de/kultur/medien/2018/das-paradogma-der-politischen-korrektheit/

 

Ja, es gibt nationale Kulturen. Der echte Kosmopolit leugnet sie nicht, sondern weiss sie zu schätzen

Das Nationale zeigt sich nicht in verkündeten Leitkulturen, sondern im Alltag der Bürger. Wie gross die Unterschiede selbst zwischen zwei benachbarten Diktaturen sein können, habe ich in den 1960er Jahren in Portugal gelernt.

https://www.nzz.ch/feuilleton/nationale-kulturen-gibt-es-der-kosmopolit-weiss-und-schaetzt-dies-ld.1440204

 

Neue Technologie

Britische Angestellte sollen Mikrochips implantiert bekommen

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2018/britische-angestellte-sollen-mikrochips-implantiert-bekommen/

 

Digitaler Konsum und Konsensmeinung

https://sezession.de/59890/digitaler-konsum-und-konsensmeinung

 

(Stichwort: Zunehmende Gewalt gegen Rettungskräfte)

Wiesbaden

Unbekannte lösen Radmuttern von parkendem Rettungswagen

http://www.spiegel.de/panorama/justiz/wiesbaden-unbekannte-loesen-radmuttern-von-parkendem-rettungswagen-a-1240470.html

 

Experiment in China

Angeblich genmanipulierte Zwillinge geboren

Ein chinesischer Forscher behauptet, zwei kürzlich geborene Mädchen während der Embryonalentwicklung genetisch verändert zu haben. Die internationale Forschergemeinde ist entsetzt.

http://www.spiegel.de/gesundheit/diagnose/china-angeblich-genmanipulierte-zwillinge-geboren-a-1240404.html

 

(Dekadenter Nervenkitzel?)

Pub-Besuch mit besonderem Kick Diese Bar lockt mit Gefängniswärtern und Zellen

https://www.kleinezeitung.at/international/5532325/PubBesuch-mit-besonderem-Kick_Diese-Bar-lockt-mit

 

Wal strandet mit sechs Kilogramm Plastik im Bauch

In Indonesien ist ein Pottwal mit kiloweise Plastik im Magen gestrandet. Das Tier hatte Holz, Sandalen und Plastikflaschen in Bauch.

https://www.morgenpost.de/vermischtes/article215837777/Wal-strandet-mit-sechs-Kilogramm-Plastik-im-Bauch.html

 

Polens Ambitionen und Polens Weg zum Krieg 1939

Dr. Stefan Scheil

https://www.youtube.com/watch?v=mb4WrtVCBgs

 

Michael Köhlmeier: Bruder und Schwester Lenobel

https://sezession.de/59851/michael-koehlmeier-bruder-und-schwester-lenobel

 

jeudi, 20 décembre 2018

Lumière allemande : sur le peintre symboliste Fidus, cofondateur du mouvement de « réforme de la vie »

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Lumière allemande : sur le peintre symboliste Fidus, cofondateur du mouvement de « réforme de la vie »

Par Thomas Wyrwoll

En créant son œuvre intitulée « Prière à la Lumière », Fidus a donné au mouvement de jeunesse allemand l’image par excellence à laquelle celui-ci s’identifiait. Fidus était, en son temps, un illustrateur de livres parmi les plus connus.

De son vrai nom Hugo Höppener, ce peintre et ce réformateur de la vie, est né le 8 octobre 1869 à Lübeck. A l’âge de seize ans, ses parents l’envoient suivre les cours préliminaires de l’Académie de Munich. Il n’y resta pas longtemps. Après seulement trois mois, le futur Fidus rejoint Karl Wilhelm Diefenbach, peintre de son état et père fondateur du mouvement de « réforme de la vie ». Diefenbach venait de quitter la capitale bavaroise pour s’installer à Höllriegelskreuth. Dans cette petite localité bavaroise, il cherchait à échapper à l’étroitesse étouffante de la ville et à fonder une « communauté ». Les Munichois se moquaient de lui et le surnommaient « l’apôtre du chou-rave » (Kohlrabi-Apostel). Il prêchait le végétarisme et une vie proche de la nature, la culture nudiste et un rejet des rigidités exigées par les églises et la société. Höppener devint son principal disciple. Après avoir purgé une brève peine de prison pour nudité sur la voie publique, à la place de son maître-à-penser, celui-ci lui décerna le titre honorifique de « Fidus », le Fidèle.

fidusportrait.jpgEn 1889, Fidus reprend les cours réguliers qu’il s’était promis de suivre à Munich. Il y fait la connaissance de Wilhelm Hübbe-Schleiden, originaire, lui aussi, d’Allemagne du Nord, converti à la théosophie de l’occultiste Madame Blavatsky et partisan d’une politique coloniale allemande. Ce nati de Hambourg était un ami intime de Madame Blavatsky et de son adepte américain Henry Steel Olcott, qui avait fondé aux Etats-Unis une secte théosophique. La religiosité théosophique de Steel Olcott était un mélange obscur de bribes hétéroclites tirées des religions d’Asie et de trucs de prestigiditateur, qui avait pourtant acquis une notoriété internationale. Il faut aussi rappeler que ce cher Henry travaillait accessoirement pour le gouvernement américain. Pour rassembler leurs adeptes allemands, Hübbe-Schleiden édita une revue mensuelle, intitulée Sphinx, dont le graphiste principal fut évidemment le jeune Fidus. Cette collaboration dura trois ans. Influencé par les idées glanées dans la revue, Fidus fit siennes celles d’un « cercle de vie » et d’une « thérapie par la lumière ».

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Il ne cessa d’entretenir des relations avec son vieux maître Diefenbach, pour lequel il élabora une frise monumentale « Per Aspera ad Astra », musique pour enfants. Cette grande œuvre enthousiasma les critiques à Vienne, suite à une exposition des travaux de Diefenbach, mais le grand public se montra beaucoup plus réticent. Diefenbach était quasi ruiné et s’enfuit en Egypte avant de revenir en 1897 à Vienne pour y fonder la communauté d’artistes « Humanitas » à Himmelhof.

Fidusjugend.jpgFidus, lui, quitta Munich pour Berlin, où il travailla pour des revues telles Jugend, Pan et Simplicissimus. Plus tard, il collabora à Kraft und Schönheit et à Die Schönheit. Le regard de Fidus sur la beauté naturelle du corps humain et son style « Art Nouveau », quelque peu édulcoré, firent de lui le graphiste le plus connu d’Allemagne au tournant du siècle.

Dans les premières années du 20ème siècle, Fidus crée son œuvre picturale la plus connue, « la prière à la Lumière », dont l’artiste élabora, successivement, plus de dix versions différentes ainsi que de nombreuses œuvres connexes.

La peinture nous présente un homme jeune, très abstrait, debout sur un sommet de montagne, devant un ciel de lumière, tendant les bras, euphoriquement, vers le Soleil. Le motif devint immensément populaire après la « Fête de la jeunesse » tenue sur le mont Hoher Meissner en 1913. Ce fut l’image à laquelle le mouvement de jeunesse s’identifia spontanément. Le personnage de la peinture adopte, de fait, une posture spéciale, ressemblant  -et ce n’est pas un hasard- à la rune Algiz ou Ehlaz, que l’écrivain viennois Guido « von » List, un ésotériste de la veine folciste (völkische) considérait, au début du 20ème siècle, comme la « rune de la vie ».

Le jeune homme, joyeux et plein de vie, qui se tourne vers la lumière, a fait vibrer l’époque : un nombre incalculable de reproductions de cette œuvre ont été imprimées, depuis la petite carte postale jusqu’aux impressions de qualité et de grand format.

Dans les années 1920, l’art de présenter les corps, propre à Fidus, devient quelque peu répétitif : sa créativité en souffre, son aura d’artiste en pâtit. Une partie de son œuvre sera interdite d’exposition par Hitler. Plus tard, les Soviétiques ne l’apprécieront pas davantage, même s’il peignit quelques portraits de Staline, pour survivre. Dans l’Allemagne en ruine de 1948, il est frappé d’une thrombose. Son œuvre sombra alors dans l’oubli pour longtemps.

Thomas Wyrwoll.

(article tiré de « zur Zeit », Vienne, n°45/2018, http://www.zurzeit.at ).

Edward Bernays : la fabrique du consentement ou comment passer du citoyen au consommateur

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Edward Bernays : la fabrique du consentement ou comment passer du citoyen au consommateur

Ex: https://echelledejacob.blogspot.com

Edward Bernays est né en 1891 à Vienne et il est mort en 1995 à Boston. 103 années d’une vie fructueuse. Une vie consacrée à l’une des tâches majeures de notre siècle : celle qui consista à pervertir les démocraties pour faire plier les volontés des masses aux desseins des élites, en toute non-violence. Edward Bernays était le neveu de sigmund Freud et il a su exploiter les avancées apportées par son oncle, ainsi que le rayonnement scientifique de ce dernier dans le domaine de la connaissance de l’irrationalité, à des fins économiques idéologiques et politiques.


Sa discrétion dans notre paysage culturel actuel est inversement proportionnelle à l’ampleur de sa tâche. Même dans les agences de pub ou dans les services de relations publiques, son nom est presque inconnu, tout du moins en France. Il faut dire qu’il était un fervent partisan d’une « gouvernance de l’ombre » et ses écrits ne tarissent pas sur ce sujet. « créer du besoin, du désir et créer du dégoût pour tout ce qui est vieux et démodé » fut un de ses leitmotiv. « Fabriquer du consentement », « cristalliser les opinions publiques » furent les titres de 2 de ses œuvres écrites (une quinzaine en tout). « Dompter cette grande bête hagarde qui s’appelle le peuple ; qui ne veut ni ne peut se mêler des affaires publiques et à laquelle il faut fournir une illusion » en furent d’autres.

Ayant étudié la science de son tonton (la psychanalyse), et ayant été en contact régulier avec ce dernier, puis avec sa fille, Bernays va, par la mise en pratique de tels enseignements, passer maître dans l’art de manipuler l’opinion dans un environnement démocratique et « libre », que ce soit à des fins politiques ou publicitaires. Bernays est considéré à ce jour comme l’un des pères de l’industrie des relations publiques et comme le père de ce que les Américains nomment le « spin », c’est-à-dire la manipulation - des nouvelles, des médias, de l’opinion - ainsi que la pratique systématique et à large échelle de l’interprétation et de la présentation partisane des faits. Bernays va faire fumer les femmes américaines, Bernays va démultiplier les ventes de pianos ou de savons, Bernays va contribuer à faire basculer l’opinion publique américaine vers la guerre en 1917, et bien d’autres choses encore que je vais vous conter dans cet article.
Le titre de son livre le plus célèbre ? « Propaganda, comment manipuler l’opinion en démocratie ». Tout un programme. Toute une idéeologie qui va d’abord être accueillie avec scepticisme par les oligarques et les politiques, puis utilisée à tort et à travers, dès les premiers succès, et ce jusqu’à notre époque contemporaine qui en fait l’apologie.
À l’heure ou les débats pro et anti « conspiration » font rage sur les événements majeurs de notre période contemporaine, une petite mise au point historique sur la naissance et l’évolution de ce que nous appelons en France les « relations publiques » ou encore la « com » s’impose.

LA PUCE À L’OREILLE

Au début du siècle, étudiant en agriculture, fils d’un marchand de grains très prospère, Bernays s’ennuie et décide de se lancer dans le journalisme. Il rencontre à New York un ami qui a hérité de 2 revues scientifiques et qui a des difficultés dans ses prises de décisions quant à l’orientation de ces revues.
Au même moment, en ville, une pièce de théâtre dont le sujet est très tabou est en train de se mettre sur pied. Cette pièce décrit l’histoire d’un homme qui a la syphilis et qui le cache à sa future femme. Ils ont un enfant qui naît malade. Bref, une sujet très délicat pour l’époque.
Bernays teste alors une méthode qui sera le fondement de sa méthodologie : il met sur pied un comité pour la propagation d’idée en médecine, chapeauté par l’une de ces revues. Ce comité, à droits d’entrée payants, et dont les membres sont d’éminents médecins et professeurs en médecine, parraine la pièce de théâtre en question. Et c’est le succès pour la pièce... tout en donnant un coup de boost à l’une des revues de l’ami de Bernays.
 
Edward a 21 ans... Il transforme un scandale potentiel en succès et il vient de trouver sa voie : une nouvelle manière de faire la promotion de produits ou d’idées.
Technique classique me direz-vous... oui, en effet, c’est une technique classique aujourd’hui. Mais à l’époque, c’est révolutionnaire.
Car, à l’époque ce genre de technique de communication qui procède de biais est totalement inconnue.
En effet, au début du siècle, les messages publicitaires sont simples : il s’agit de vanter un produit en le décrivant, tout simplement, pour ce qu’il est.
Bernays procède par biais, il utilise des figures d’autorité et, via elles, rend le produit intéressant voir incontournable.

LA PREMIERE EXPERIENCE D’ENVERGURE : LA COMMISSION CREEL

Mais n’allons pas trop vite... nous sommes en 1917, et Bernays fort de cette première expérience est à mi-chemin entre le journalisme, l’impresario, le conseiller en communication (bien que cette dernière appellation n’existe pas encore)...
tout va se précipiter avec la constitution de l’« U.S. Committee on Public Information », plus communément appelé la « commission Creel » à laquelle notre ami Edward Bernays va contribuer de manière très active. Qu’est-ce que cette commission ? Une image suffit pour la rappeler à votre mémoire : « I want you for us army ». Vous vous rappelez ? l’oncle Sam qui pointe un doigt accusateur.

Car, en 1917, la population américaine est largement pacifique et n’a aucunement l’intention d’entrer en guerre, alors que le gouvernement est fermement décidé à s’engager dans le conflit, pour des raisons industrielles. Pour la première fois dans l’histoire, une commission va être créée par un gouvernement pour changer une opinion publique. Et c’est précisément au sein de cette commission que Bernays va gagner ses premiers galons aux yeux des grands décideurs. La commission Creel va mobiliser un grand nombre d’intellectuels, de journalistes, de penseurs qui vont tenter un coup d’éclat. Ils vont mettre en place tout un ensemble d’outils et de méthodes destinés à gérer les foules et finalement à faire basculer rapidement l’opinion. Et ils vont réussir avec panache. Les bases de la propagande moderne vont être jetées.

De nombreux concepts aujourd’hui connus et banalisés seront testés : distribution massive de communiqués, appel à l’émotion dans des campagnes ciblées de publicité, recours au cinéma, recrutement ciblé de leaders d’opinion locaux, mise sur pied de groupes bidon (par exemple des groupes de citoyens) et ainsi de suite.
Walter Lippmann, un de ses membres influents, souvent donné comme le journaliste américain le plus écouté au monde après 1930, a décrit le travail de cette Commission comme étant « une révolution dans la pratique de la démocratie », où une « minorité intelligente », chargée du domaine politique, est responsable de « fabriquer le consentement » du peuple, lorsque la minorité des « hommes responsables » ne l’avaient pas d’office.

Cette « formation d’une opinion publique saine » servirait à se protéger « du piétinement et des hurlements du troupeau dérouté » (autrement dit : le peuple), cet « intrus ignorant qui se mêle de tout », dont le rôle est d’être un « spectateur » et non un « participant ». Car, en effet, l’idée qui a présidé à la naissance de l’industrie des relations publiques était explicite : l’opinion publique devait être « scientifiquement » fabriquée et contrôlée à partir d’en haut, de manière à assurer le contrôle de la dangereuse populace.

Petite aparté : le trollage payé et certaines formes de marketing viral sur internet ne sont que l’application moderne du « standing man » technique qui consistait à utiliser une personne reconnue dans une communauté pour se lever soudainement lors d’un événement local et scander une opinion afin de détourner un débat calme et rationnel et de transformer une ambiance de dialogue serein en discussion émotionnelle. Car l’émotion est le premier pas vers l’irrationnel, qui est la porte entrouverte vers l’inconscient, ce domaine que nos publicitaires exploitent au maximum.

Bref, lors de la commission Creel, Bernays a brillé dans ces milieux qui ébauchaient les techniques de propagande moderne en imposant les travaux de son oncle, et de personnes comme Gustav Lebon notamment en expliquant que la psychologie de foule est différente de la psychologie individuelle.

La masse des gens ne peut penser rationnellement, et c’est donc à la minorité intelligente de façonner le destin de cette masse... Ce constat mis noir sur blanc de façon scientifique par Freud, et qui est en adéquation parfaite avec les courants de pensée qui sévissent dans les éltes de l’époque, va permettre à Bernays, en tirant les leçons de la commission Creel, d’inventer littéralement le « public relation ».

L’ŒUVRE DE BERNAYS : L’INSTITUTIONNALISATION DES RELATIONS PUBLIQUES

Pourquoi les relations publiques ?
Après la Première Guerre mondiale, la machine industrielle dont les capacités ont été démultipliées doit trouver des marchés afin de continuer à fonctionner (ce sera le même problème après la Seconde Guerre mondiale). Il faut donc créer des besoins car à l’époque le citoyen occidental de base consomme en fonction de besoins vitaux, et n’accorde que des exceptions à la frivolité. Il faut donc exacerber le désir de consommer et rendre les frivolité obligatoires, incontournables et intimement liées aux gains de liberté apportés par les progrès sociaux...

Par ailleurs,les entreprises au début du XXe siecle aux États-Unis font face à une situation difficilement gérable (grèves, conflit sociaux...) elles oscillent entre répressions dures et punitions par tribunaux interposés, elles font appel à des juristes, à des journalistes sans grand succès, et la fuidité de son fonctionnement est fortement compromise. Grace au succès de la commission Creel, quand Bernays monte son bureau et propose ses services, il est pris au sérieux par les entreprises privées et surtout les trusts.
Dans une époque ou les lois antitrust sont contournées et ou ce que les citoyens américains appellent alors les « barons voleurs » accumulent des fortunes colossales, la démocratie qui porte en blason la liberté individuelle et la liberté d’expression se doit d’apparaître en façade car elle est l’un des fondements de la motivation du travailleur, en Occident.

Bernays crée donc son bureau des relations publiques et invente le métier de conseiller en relations publiques, l’un de ses premiers clients fut l’« american tobacco corporation ».

Entre les guerres Berneys va littéralement inventer des concepts :
- le petit déjeuner américain « eggs and bacon » en mettant sur pied un comité de médecins qui vont prôner les valeurs d’un fort apport calorique au lever. Car il faut le savoir, au début du siècle, les Américains sont plutôt adeptes d’un petit déjeuner frugal, ce qui ne colle pas avec l’industrie du porc qui croît plus vite que la demande... Or, le comité de médecin ne va pas seulement prôner un apport calorique important... il va bien spécifier « bacon ».
- Il va persuader les Américains d’acheter des pianos. Encore une fois, il biaise en infiltrant les milieux d’architectes qui vont influencer leurs clients dans l’adjonction d’une salle de musique dans les maison.
Et que faire quand il y a une pièce dédiée à la musique dans une maison ? La remplir. Et quel est l’objet qui va le mieux la remplir tout en donnant du cachet ? Un piano. Encore un succès.
- Il fera de même pour les maisons d’éditions en « forçant » l’insertion des bibliothèques incrustées aux murs des maisons.
- Le petit déjeuner du président des États-Unis avec des vedettes du show-biz afin de transformer l’image austère et distante de ce dernier, et ça existe encore aujourd’hui.

Il va par la suite affiner ses méthodes et commencer à se lancer dans des opérations de très grande envergure.

Voici 4 missions « Bernaysiennes » qui, j’en suis sûr, vont vous laisser pantois.

LE FÉMINISME UTILISÉ À DES FINS MARKETING

Dans les années 20, Bernays est employé à l’année par l’American tobacco en échange de ne pas travailler pour la concurrence, suite à une première expérience couronnée de succès.

Il faut dire qu’à cette époque le marché de la cigarette stagne, suite à une progression fulgurante durant la Première guerre mondiale et dans les premières années d’après-guerre. En vendant des milliards de cigarettes à l’armée américaine qui les intégrait au paquetage du soldat, les compagnies de tabac avait franchi une étape décisive, en transformant l’image de la cigarette qui avant la guerre était dénigrée au profit du cigare ou de la chique jugés plus « virils ». Au début des année 20, donc, la cigarette est passée de « tabac pour mauviettes » à « symbole de l’Amérique fraternelle et virile ».

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Maintenant les cigarettiers veulent que les femmes fument. Ils confient donc la mission à Bernays.

Ce dernier analyse la situation, soumet ses observations à un psychiatre de New York qui confirme ses soupçons : la cigarette constitue pour les femmes un symbole phallique qui représente le pouvoir de l’homme. Pour faire fumer les femmes il faut d’abord leur faire conquérir de manière symbolique des positions occupées par la gent masculine. Bernays vient de trouver ses leaders d’opinion et il orchestre un des grands coups de marketing de l’histoire en détournant une marche catholique (la procession de Pâques) pour en faire un événement politique au profit des suffragettes. Une dizaine de jeunes premières, invitées par lui et soigneusement instruites du plan de bataille, se présentent au-devant de la procession, exhibent leurs cigarettes, et s’allument devant les photographes des journaux. Bernays lance le slogan aux journalistes présents : « elles allument des flambeaux pour la liberté ».

Du véritable petit lait, et d’ailleurs je ne résiste pas à un petit copier-coller d’un commentaire sur cet événement que j’ai lu sur un blog : « ça coule de source. Les journaux accordent la première page à la nouvelle. Les conservateurs vendent de la copie grâce à l’aspect scandaleux. Les progressistes sont charmés. Les féministes exultent, jubilent de l’ampleur du phénomène médiatique. Toute la société états-unienne est flattée sur la muqueuse par l’imparable évocation de la sacro-sainte liberté. La femme éprise d’émancipation devra simplement fumer. Fumer c’est voter ! Tout le monde profite des photos sexy de ces jolies jeunes femmes. Tous y gagnent ! C’est fantastique. Bernays avait compris que la femme de l’après-guerre avait bossé dans les usines pendant que les hommes étaient au front et il lui offrait un symbole phallique digne de l’ampleur de ses revendications, la clope. » Tout est dit.

Et Bernays d’enchaîner dans les années qui suivent en recrutant et créant des associations et autres collectifs médicaux et en faisant dire aux experts que la santé de la femme, c’est la minceur... et que le meilleur moyen d’y parvenir, c’est la clope.
Des publicités dans les journaux et les magazines, présentées par des regroupements de docteurs, de médecins de famille, de dentistes et d’instituts plus ou moins bidons (tous fondés par Bernays avec des fonds de American Tobacco) proposent ensuite carrément à la femme de tendre la main vers une cigarette plutôt que vers un bonbon, ce qui est tellement meilleur pour la santé. La campagne connaît un tel succès que les grands confiseurs et les producteurs de sucre attaquent American Tobacco en justice et réclament des dommages et intérêts. C’est un triomphe, la femme est maigre, elle est libre, elle respire la santé !

L’EXPLOSION DE L’AUTOMOBILE

Bernays va jouer un rôle lors de l’exposition mondiale de New York de 1939, dominée par General Motors qui comptait parmi ses clients de l’époque. General Motors y présente sa vision de l’Amérique du futur, avec son pavillon très couru, le Futurama, dans lequel on peut voir les dessins et maquettes de ce qui deviendra l’Étendue, la Suburbia, un monde futuriste guidé par la puissance de la corporation.

Il faut dire que les cartels banquiers, qui avaient fait main basse via des procédures d’expropriation sur d’immenses terres du Midle West durant la récession qui suivit le krach de 1929, devaient bien décider de ce qu’elles allaient en faire.

Le plan pour le développement de ces étendues arrivait à maturité, et les maquettes criantes de réalité présentant le monde des années 60, restent à ce jour un incroyable témoignage des capacités de projections des décideurs de l’époque. Certaines personnes croient que ce modèle de civilisation est le fruit du hasard, ou encore un avènement naturel inhérent à l’expansion économique. Pourtant force est de constater qu’au contraire ce modèle est le fruit d’une planification dont la rapidité d’exécution a été planifiée, ce qui est tout de meme curieux quand on sait que seule la machine industrielle boostée par le conflit mondial a pu mettre en œuvre cet agenda et que cette exposition a eu lieu de 1929 à 1941.

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Mais pour en revenir à notre homme, en 1949 il travaille toujours pour General Motors, dont on sait bien qu’elle est le fruit du démantellement sur le papier de la tentaculaire standart oil, et un nouveau client vient garnir son carnet : il s’agit de la compagnie Mack trucks. Leur problème : ils ne peuvent pas vendre plus de camions. Ils ont saturé le marché. Bernays réalise que la concurrence ne vient pas des autres fabricants, mais bien du chemin de fer. Il parvient à imposer à son client une idée totalement folle, s’attaquer aux trains en faisant une promotion rageuse de l’autoroute. Une fortune colossale dont les contributeurs seront multiples sera engloutie dans le projet, car désormais, notre ami Edward a un carnet d’adresses bien rempli, et il a la confiance de plusieurs partenaires d’envergure. On forme des comités de citoyens bidons, de faux experts écrivent de vrais articles qui paraissent un peu partout, la pression populaire pèse sur des autorités déjà corrompues par des contributions non négligeables, c’est un véritable raz-de-marée qui prend d’assaut la campagne américaine ! Vous aurez compris que je n’ai pas cité par hasard la standart oil... euh pardon, je veux dire sa version démantelée par les lois anti-trust, à savoir entre autres BP, Exxon Mobil, Chevron et une trentaine d’autres entités.
De même, le fameux futurama de l’expo de New York d’« avant guerre » comme vous pourrez le constater sur ces vidéos se faisait l’apôtre d’une agriculture fortement industrialisée avec gros apport d’engrais (industrie chimique). De ce côté, on peut dire que la boucle a été bouclée et que les affaires ont prospéré.

RÉPUBLIQUE BANANIERES

La fameuse « république bananière »... expression que nous utilisons tous, revenue très à la mode vu l’air du temps... Mais au fait d’où vient cette expression ?
Edwaaard ? c’est encore toi ? non ? Si. Et c’est le Guatemala au début des années 50 qui va faire les frais de la méthode Bernays,et qui va imprimer dans nos consciences, l’expression « république bananière ».

Cette fois le client de notre brave homme est la united fruit une multinationale qui, comme sont nom l’indique, fait dans les fruits et ses dérivés. Une multinationale bien connue en Amériqe centrale et en Amérique du Sud. Multinationale qui porte parmi ses principaux actionnaires les frères Dulles (je laisse ici un vide que les lecteurs d’agoravox sauront remplir concernant les frères Dulles qui mériteraient un article à eux tout seuls). Ces frères Dulles que Bernays a rencontrés durant la Seconde Guerre mondiale, période durant laquelle il travaillait pour le gouvernement américain, période opaque de sa carrière.
En 1951 donc, au Guatemala après une élection libre, Jacobo Arbenz Guzmán est élu et il entame un processus de saisi de terres que la United Fruits n’utilisait pas (en fait apparemment il ne les saisit pas vraiment : il oblige la United Fruits de vendre les terres non utilisées). Bref, coup dur pour cette noble entreprise américaine habituée à faire ce qu’elle veut en Amérique du Sud, et qui prévoyait un vaste plan de monoculture de bananes dans cette région.

Bernays est alors engagé pour mener une campagne de relations publiques destinée à discréditer le pouvoir nouvellement et démocratiquement mis en place.
En quelques semaines, ce gouvernement socialiste qui n’a même pas de contact avec Moscou va être dépeint comme un dangereux groupuscule de communistes à la solde du bloc russe, destiné à mettre en place un poste avancé proche des frontières américaines. Cette campagne sera longue et active.

Ce détournement d’informations va permettre de justifier une opération de la CIA sous la forme, entre autres d’un bombardement de la capitale. Une junte militaire (Castillo Armas), aussitôt reconnue par les États-Unis, prendra le pouvoir, entraînant la naissance de mouvements de guérilla. Le poète Pablo Neruda dénoncera les « republicas bananas », républiques d’Amérique centrale soumises aux compagnies américaines, et créera ainsi une expression toujours et plus que jamais d’actualité.
Et on dit merci qui ces messieurs de la united fruits ? Merci Edwaaaaaard..

LE FLUOR... c’est bon pour les dents.... mmmmmouais.

Le mythe des bienfaits du fluorure pour la dentition est né aux États-Unis en 1939. Pourquoi ? La Compagnie d’aluminium ALCOA, qui faisait l’objet de poursuites pour déversement toxique de... fluorure, commanda, sur les conseils de qui vous savez, à des scientifiques dépéchés par qui vous savez, une étude faisant l’éloge de ce déchet industriel dérivé de la production de l’aluminium, des fabriques de munitions (et plus tard des centrales nucléaires). L’étude allait jusqu’à proposer qu’on ajoute la substance à l’eau des villes. En 1947, ALCOA, réussit à placer un de ses propres avocats à la tête de l’Agence fédérale de sécurité, ce qui lui donnait ainsi le contrôle des Services de santé publique. Sous la gouverne de celui-ci, 87 villes américaines établirent un programme de fluoridation de l’eau, c’est-à-dire que les fonds publics servaient (et servent encore) à ACHETER un déchet toxique dont l’élimination était très coûteuse et à l’inclure dans l’eau potable consommée par la population.

Combien de municipalité encore aujourd’hui pratiquent encore cette méthode de fluoration de l’eau, y compris en France ? Je n’ose faire des recherches tellement je crains les résultats.

Une fois encore merci qui ?

LA DOCTRINE, sa justification, et ses contradictions majeures :

Bernays, tout au long de sa vie, va user d’une doctrine froide et assez cynique doublée d’une justification idéologique basée sur le long terme, afin de justifier ses agissements.
Il considère sa tâche comme un effort à long terme destiné à l’avènement doucement forcé (mais à peine, hein ?) d’une démocratie basée sur l’économie et le commerce dirigé par une élite.

Il pose assez honnêtement et naïvement d’ailleurs, comme postulat, le fait que la masse est incapable de parvenir à un état de paix collective et de bonheur par elle-même, et que donc cette masse a besoin d’une élite qui la contrôle et qui la dirige à son insu en ce qui concerne les décisions importantes.

Pour lui le bon sens commun n’existe pas, et s’il existe, il ne peut porter l’appellation « bon sens » car il induit un mode de consommation trop lent pour les capacités industrielles et leur besoin de croissance... Il doit donc être refondu par des élites.
Pour lui, la foule n’a pas besoin d’esprit car elle est avant tout gouvernée par sa moelle épinière irrationnelle, et il ne sert à rien d’élever les foules, puisqu’elles sont plus facilement contrôlables en jouant sur cette irrationalité.

Pourtant, fait curieux, Bernays se réclamait d’une certaine éthique. Il faut savoir que cet homme a aussi joué un rôle fondamental dans le congrès pour l’intégration des hommes de couleurs... un événement (tout de même assez isolé au milieu des autres cyniques campagnes dont il a été le chef d’orchestre) dont il se servira pour justifier sa position de mercenaire au services de nombreuses causes qui, mises ensemble, constituent notre monde moderne « libre » à l’occidental.

Car Bernays s’efforce dans ses mémoires de justifier son œuvre. Il n’a jamais été membre de l’« association des relations publiques américaines » car il jugeait ses membres sans éthique et il s’offusqua à la nouvelle que Goebbels possédait toutes ses œuvres et se serait largement inspiré de son travail pour ériger la propagande qui mena les nazis au pouvoir dans l’Allemagne des années 30.

En effet, Bernays voulait que ses méthodes soient présentées en toute « honnêteté » afin d’ouvrir une route à 2 voies à la communication publique : une voie de contrôle et une voix de réaction du peuple à ce contrôle. C’est tout du moins ce qu’il essaie de faire passer lors d’interviews ou dans ces écrits, dans de rares moments. Hélas ces quelques moments d’ouverture sont assez rapidement recouverts par le volume d’écrits et d’actes professionnels qui vont à l’encontre de ce pseudo-principe d’interactivité.

Bernays fut un véritable champion en matière de double langage et il eut énormément de mal à se confronter à ses contradictions, totalement obnubilé par la vision malsaine de la condition humaine induite par son oncle.

On est a mille lieux de ce que Kant par exemple réclamait en disait qu’il faut un espace public de libre discussion où les gens puissent débattre et échanger des idées, se placer du point de vue de la raison et de l’universel, justifier devant les autres les conclusions et affirmations auxquelles ils parviennent et rendre disponible les faits qui nourrissent une conclusion.

Pourquoi ? parce qu’on est dans l’idée d’une minorité intelligente au service de ceux qui ont les moyens de s’adresser à elle pour obtenir de la foule un consentement à des conclusions déterminées à l’avance. Tous les comités, agences de relations publiques et campagnes instiguées par Bernays offriront une illusion de débat, où tous les outils nécessaires à la perversion de ce débat sont prêts à intervenir à tout moment.
Le coup fomenté au Guatemala et justifié par la campagne médiatique qu’il avait orchestré aurait dû lui faire ouvrir les yeux...

Pourtant, avec le recul, il faut constater qu’il ne le fit pas et que ces justifications teintées de naïveté ne tiennent pas une analyse approfondie, surtout vu le caractère opaque de ses missions durant la Seconde Guerre mondiale, et ses liens avec des sbires tels que les frères Dulles.

La « machine » Bernays s’est emballée dès ses débuts et ne cessera jamais ses méfaits au profit de la croissance économique non pas au service de peuples, mais bien dans son asservissement à la consommation.

La deuxième voie proposée par Bernays, celle de l’inter-réaction des hommes fut étouffée par le volume des campagnes de spins.

Bernays va tellement piocher dans les théories de son oncle qu’il va finalement croire lui-même que l’homme n’est dirigé que par des forces irrationnelles.

Il va mettre en pratique des méthodes qui vont à l’encontre même de ce que le siècle des Lumières avait exigé pour sublimer le bon sens humain.

L’humanité moderne va tellement être martelée par ce cynisme qu’elle va en devenir cynique elle-même et épouser l’idée selon laquelle l’homme est un être tiraillé par sa bassesse et piloté par ses instincts les plus enfouis.

Dès le début du siècle, il est évident que la synergie entre les médias de masse et les progrès de la psychologie scientifique vont assurer un pouvoir irrésistible aux minorités « éclairées ». Bernays fut l’un des architectes majeurs de cette synergie qui sévira dans les démocraties comme dans les systèmes totalitaires et qui, n’ayons pas peur des mots, sévit encore plus que jamais, n’en déplaise à ceux qui ironisent sur les "théorie de la conspiration" alors même qu’en France nous évoluons dans une inculture totale en ce qui concerne les relations publiques, les spins doctors et les think tanks, contrairement aux pays anglo-saxons.

Sur ce, je vous laisse avec une citation de notre homme, à titre de fin d’article et d’ouverture de débat.

"Notre démocratie ayant pour vocation de tracer la voie, elle doit être pilotée par la minorité intelligente qui sait enrégimenter les masses pour mieux les guider."

Sources : Livre : Stuart Ewen : a social history of spin.
Livre : Edward Bernays : propaganda édité en 1928 (téléchargeable gratuitement sur le net).
Radio : émission "là-bas si j’y suis" France Inter diffusion 26 novembre 2007
Net : http://en.wikipedia.org/wiki/Fluoride
Net : http://fr.wikipedia.org/wiki/Edward_Bernays
 

mercredi, 19 décembre 2018

1941 : le viol de la neutralité iranienne

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1941 : le viol de la neutralité iranienne

Les Britanniques et les Soviétiques ont envahi l’Iran pour s’emparer des champs pétrolifères

Par Klaus Gröbig

Les frontières de l’Iran actuel ont une importance géostratégique remarquable. Leur tracé barrait hier la route de l’Union Soviétique vers tout accès direct à l’Océan Indien ; il empêchait également la liaison territoriale que les Britanniques voulaient établir entre l’Inde, leur principale colonie, et les émirats du Golfe arabique, qu’ils dominaient.

L’Iran, contrairement aux Arabes, avec qui il partage la religion islamique, abrita un très vieux peuple de culture. Déjà en 600 avant J.C., existait un vaste empire persan, qui cherchait à s’étendre. Lors des guerres contre les Perses, les Européens, en l’occurrence les Grecs, firent pour la première fois connaissance avec cette puissance asiatique montante. A Salamis, en 480 avant J.C., les Perses sont battus sur mer par Thémistocle ; un an plus tard, Pausanias les bat sur terre à Platée. Les Perses ne reviendront plus jamais en Europe. La caractéristique la plus remarquable de cet empire antique fut sa tolérance. Lorsque Thémistocle fut chassé d’Athènes, les Perses lui offrirent l’asile, à lui, leur vainqueur.

Le Shah Reza Pahlavi, père du dernier empereur d’Iran, avait compris que seule une armée puissance pouvait garantir la souveraineté de l’Iran. Sous son règne, l’Iran a orienté sa politique sur les réformes préconisées par Mustafa Kemal Atatürk en Turquie. Comme l’ « Anglo-Persian Oil Company » (l’APOC), pillait sans vergogne les richesses minières de l’Iran et ne payait que de bien chiches dividendes, les moyens financiers du Shah étaient réduits. Il a fallu attendre le 15 mars 1951 pour que l’APOC soit nationalisé.

En 1925, l’Iran était quasiment en faillite parce que les recettes fiscales s’étaient avérées insuffisantes. En 1926, le Shah décrète que le service militaire sera une obligation pour tous les Iraniens. En 1927, le Shah Reza ordonne la création d’une marine de guerre. Le 20 mars 1928, le Parlement approuve ce plan. Dès 1928, des firmes allemandes participent à la construction du chemin de fer transiranien. Les relations entre l’Allemagne et l’Iran étaient bonnes, même cordiales.

Sans avoir été provoqués d’aucune façon, les Britanniques et les Soviétiques envahissent l’Iran en août 1941. Quelques temps auparavant, les Britanniques et les Français avaient déjà envisagé de violer la neutralité iranienne pour pouvoir attaquer l’Union Soviétique ou lui nuire. En effet, l’Union Soviétique s’était de facto alliée à l’Allemagne nationale-socialiste en août 1939. Mais suite à des discussions orageuses avec le ministre soviétique des affaires étrangères, Molotov, le 12 novembre 1940 à Berlin, les protagonistes de l’alliance germano-soviétique entrent virtuellement en conflit, ce qui amènera les Allemands à attaquer l’Union Soviétique le 22 juin 1941.

Jusqu’à ce moment-là, l’intégrité territoriale et la neutralité de l’Iran reposait sur le simple fait que les deux agresseurs d’août 1941 étaient des adversaires : ce facteur disparaît en juin 1941.

Lorsque le Shah Reza Pahlavi s’est rendu compte que les Britanniques préparaient l’invasion de l’Iran, il s’est adressé par écrit, le 25 août 1941 au Président américain Franklin D. Roosevelt. On y trouve ces mots : « …. En concordance avec la déclaration de Votre Excellence quant à la nécessité de défendre les principes du droit international et du droit des peuples à la liberté, je demande à Votre Excellence d’entreprendre incessamment et en urgence les mesures d’ordre humanitaires qui s’imposent, pour mettre un terme à cet acte d’agression. Le cas qui nous préoccupe entraîne un pays pacifique et neutre dans une guerre alors que ce pays ne veut pas autre chose que le maintien de la paix pour pouvoir poursuivre les réformes entamées ».

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Roosevelt répondit avec un cynisme consommé : « Si l’on examine la problématique dans son ensemble, on ne peut pas seulement tenir compte des question qu’évoque Votre Majesté impériale, il faut aussi poser des questions quant aux ambitions de Hitler, lesquelles entendent conquérir le monde. Il faut donc partir du principe que l’Allemagne voudra poursuivre ses campagnes conquérantes, au-delà même des frontières européennes, en Asie, en Afrique et même en Amérique, sauf si on l’empêche par la force des armes. Il est certain aussi que les pays, qui entendent conserver leur indépendance, devraient unir leurs forces dans un effort commun, s’ils ne veulent pas tomber les uns après les autres, comme cela s’est déjà passé pour un grand nombre de pays en Europe. Au vu de tous ces faits, le gouvernement et la population des Etats-Unis d’Amérique intensifient, comme cela est notoirement connu, non seulement les efforts défensifs voulus de leur propre pays mais participent également à des programmes d’aide de grande ampleur, destinés aux pays qui s’opposent activement aux orgueilleux buts de guerre des Allemands qui veulent dominer le monde ».

Et Roosevelt ajoutait que l’attaque contre l’Iran ne visait pas son indépendance ou son intégrité territoriale. Les réticences à l’égard des Etats-Unis, qui sont vivaces en Iran aujourd’hui, s’expliquent pour partie par l’attitude qu’adopta jadis Roosevelt. De tels faits ont un impact sur le très long terme. Les peuples ont la mémoire parfois très longue.

Le même jour, le 25 août 1941, les armées rouge et britannique entrent en Iran. Il n’y eu qu’une résistance sporadique. L’objectif avéré des alliés, dans ce viol de la neutralité iranienne, était de sécuriser une voie non exposée aux coups des Allemands ou des Italiens pour livrer des armes et du matériel américains à l’Union Soviétique.

La Royal Navy n’a pu aligner que des unités de seconde classe, très faibles sur le plan militaires, lorsqu’elle attaqua les ports iraniens d’Abadan et Khorramshar. La guerre en Méditerranée contre les Italiens et dans l’Atlantique contre les Allemands ne lui laissait, à ce moment-là, qu’une marge de manœuvre très réduite.

Le Premier Ministre britannique Winston Churchill voulait, immédiatement après l’occupation du territoire iranien, exciter le mécontentement populaire et le tourner contre le Shah. Il a noté dans son journal : « Comme nous l’avons fait à l’époque, nous pouvons aujourd’hui le chasser ». Le 17 septembre 1941, les Britanniques obligent le Shah à abdiquer en faveur de son fils.

Klaus Gröbig.

(article paru dans « zur Zeit », Vienne, n°36/2018, http://www.zurzeit.at ).

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L’Axe anglo-soviétique

L’invasion de l’Iran par les forces armées soviétiques et britanniques conjointes lors de la seconde guerre mondiale a duré du 25 août au 17 septembre 1941. Elle se déroula sous le nom de code « Operation Coutenance ». L’objectif de l’invasion était de sécuriser les champs pétrolifères iraniens et de créer une ligne d’approvisionnement logistique au bénéfice de l’Union Soviétique, qui était en guerre avec l’Allemagne depuis le 22 juin 1941. L’état-major britannique, cependant, a concocté son plan d’invasion de l’Iran dès le 11 juin 1941, onze jours avant l’Opération Barbarossa. Le général iranien Haj Ali Razmara voulaient défendre toute la partie septentrionale de l’Iran dans les régions frontalières et bloquer les troupes soviétiques à la frontière.

 

mardi, 18 décembre 2018

Sur Louis Pauwels

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Sur Louis Pauwels

par Georges FELTIN-TRACOL

Ex: http://www.europemaxima.com

Né le 2 août 1920 à Paris et décédé un 28 janvier 1997 à Suresnes, Louis Pauwels fut sinon une personnalité paradoxale, pour le moins un personnage aux multiples facettes. Cet enfant de grand bourgeois flamand élevé par le second mari de sa mère, un ouvrier tailleur, Gustave Bouju, fut romancier, adaptateur de pièces et de romans pour la télévision, rédacteur en chef de Combat, puis d’Arts, et responsable de presse, créateur en 1977 du Figaro Magazine. C’était aussi un polémiste remarqué. Pensons à cet éditorial ravageur de décembre 1986 qui critiquait les manifestants contre le projet de loi d’Alain Devaquet sur la réforme de l’université. Il diagnostiquait que « c’est une jeunesse atteinte d’un SIDA mental. Elle a perdu ses immunités naturelles : tous les virus décomposants l’atteignent ». Bien vu ! Hélas, c’est tout l’Hexagone qui est maintenant frappé par cette horrible pandémie…

LPblumroch.jpgCertains de ses romans sont passés à la postérité. Une chanson de Serge Gainsbourg mentionne L’amour monstre. Louis Pauwels doit aussi sa renommée à deux essais coécrits avec Jacques Bergier, Le matin des magiciens (1960), et sa suite moins connue, L’homme éternel (1970). Le succès du Matin des magiciens lui permit de lancer, dès 1961, la revue Planète versée dans le réalisme fantastique (l’Atlantide, les extra-terrestres dans l’histoire, le Tibet mystérieux, les expériences parapsychologiques, etc.).

Longtemps anti-chrétien, Louis Pauwels retrouve la foi catholique à la suite d’un étrange accident au bord d’une piscine d’Acapulco au Mexique en 1982. Il se rallie alors au reaganisme, à la désastreuse politique de Margaret Thatcher, à l’Occident américanocentré et à la « révolution néo-libérale ». C’est son tournant libéral-conservateur ! Ainsi délaisse-t-il ses douze années précédentes de compagnonnage avec la « Nouvelle Droite » gréciste dans sa phase nominaliste, faustienne et scientiste. Il avait dédié sa pièce Président Faust (Albin Michel, 1974) à Alain de Benoist. Il gardera cependant la nostalgie des années 70 qu’il restitue dans son roman, Les Orphelins (Éditions de Fallois, 1994). Dans Les Dernières Chaînes (Éditions du Rocher, 1997), on retrouve de vieilles opinions défendues à ce moment-là. Il y constate que « l’uniformisation est le pendant de l’égalitarisme (p. 222) » et recritique implicitement le christianisme.

Dans son excellent Blumroch l’admirable ou le déjeuner du surhomme (Gallimard, coll. « Folio », 1976), il fait dire à Joseph Blumroch, l’étonnante hybridation entre Jacques Bergier et Alain de Benoist, être « pour une méritocratie. C’est le seul régime juste. Il n’existe nulle part (p. 33) ». Anticipant le transhumanisme, Blumroch attend avec une évidente impatience le Surhomme nietzschéen non sans avoir au préalable prévenu que « l’idée de surhomme que se font les sous-hommes est […] fasciste (p. 31) ». Déjà, dans sa Lettre ouverte aux gens heureux et qui ont bien raison de l’être (Albin Michel, coll. « Lettre ouverte », 1971), Louis Pauwels avouait miser « sur des minorités d’hommes exceptionnels. Pas du tout sur des minorités d’hommes exceptionnellement colériques. […] Pour moi, les seules élites vraies et respectables sont celles qui trouvent leur justification et leur récompense dans le bonheur d’autrui, ici et maintenant (pp. 152 – 153) ».

droit-de-parler-chroniques.jpgCe zélateur anti-écologiste du progrès technicien s’intéressait à l’Europe. Dans son maître-livre, Le droit de parler (Albin Michel, 1981), le recueil de ses premières chroniques « révolutionnaires – conservatrices » du Figaro Magazine préfacé par Jean-Édern Hallier, il revient régulièrement sur l’avenir de notre continent. « Pour que l’Europe trouve son indépendance et assure sa sécurité, elle n’a pas d’autre voie que la volonté de puissance. Nous devons avoir le dessein de devenir l’une des grandes puissances mondiales, y compris dans le domaine militaire. Nous en avons les moyens. Nous avons le nombre. […] Nous avons à nous affirmer et à nous manifester comme union des nations du vieux monde central, communauté vivante de peuples historiques concrets, forgeant concrètement leur sécurité, conscients de leur originalité, soucieux de leur rayonnement (p. 219). »

Trois ans plus tôt, dans Comment devient-on ce que l’on est ? (Stock, coll. « Les grands auteurs »), il affirmait que « l’Europe a besoin de croire en elle-même. Elle a besoin de traditions ancestrales réanimées, de volonté de puissance et d’intelligence froide. Elle a besoin d’énergie, de richesse et de force (p. 195) ». Il avançait même que « la monarchie est une idée nouvelle en Europe. La nouveauté est de redécouvrir ce que nous sommes (idem) ». En 1979, au sein du collectif Maiastra, rédacteur de Renaissance de l’Occident ? (Plon), on pouvait lire que « la grande différence entre l’Europe et l’Occident, c’est que l’Europe demeure la source des valeurs et des facultés créatrices dont l’Occident ne porte que les applications. L’Europe détient les sources de la culture, là où les blocs qui sont nés et se sont détachés d’elle, ne possèdent que la civilisation née de cette culture (p. 312) ».

Dans son extraordinaire « Adresse aux Européens sans Europe » présent dans Le droit de parler, Louis Pauwels souligne que les racines des États européens « plongent dans un modèle culturel initial qui met la souveraineté dans le spirituel, l’esthétique et les vertus chevaleresques (pp. 166 – 167) » avant de conclure « Qui s’étonnerait, à y bien regarder, du peu de patriotisme de la jeunesse française ? Trop peu d’Europe éloigne de la patrie. Beaucoup d’Europe y ramène. Ils seront patriotes quand nous serons européens (p. 167) ». Trente-sept ans après, cette réflexion demeure toujours d’actualité !

Georges Feltin-Tracol

• Chronique n° 21, « Les grandes figures identitaires européennes », lue le 6 novembre 2018 à Radio-Courtoisie au « Libre-Journal des Européens » de Thomas Ferrier.

Le Royaume-Uni et le dernier Empire - Sur la souveraineté, l'intérêt nation et l'ordre libéral des nations

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Le Royaume-Uni et le dernier Empire
 
Sur la souveraineté, l'intérêt nation et l'ordre libéral des nations
 
par Irnerio Seminatore
Le Royaume Uni et le dernier Empire 

Le 25 Novembre 2018, après 18 mois d'âpres négociations, un projet d'accord a été signé par les Chefs d’États et de Gouvernement des 27 Pays-membres de l'Union Européenne et par la Première Ministre du Royaume-Uni, M.me Theresa May, pour mettre fin à la membership de la Grande Bretagne aux institutions européennes, après 45 ans d'adhésion(1973).

S'ensuivit une courte allocution, puis le retour amer de la Première Ministre à Londres, afin de  soumettre le texte (de 585 pages) et une déclaration politique d'accompagnement (de 26 pages), au débat et à la ratification parlementaires de Westminster.

La journée, historique et peu jubilatoire, a marqué un échec du projet européen et un tournant grave de son évolution, que certains (Macron) préconisent de "refondation".

En effet, les dangers internes du consensus de masse, exprimés par référendum et libérés des freins et des contrepoids traditionnels, ont pris le poids sur la définition de l'avenir.

Voulu par un choix populaire, ce retour à l'exercice intégrale de la "souveraineté nationale" de la part de la deuxième puissance économique du continent s'est fait dans l'amertume et dans l'incertitude.

Trois arguments ont pesés sur le vote populaire: l'immigration, la zone euro et le fossé culturel et politique entre l'Est et l'Ouest.

Confronté à un compromis insatisfaisant et au dilemme de se soumettre ou de sortir sans accord (no deal), certains ministres du gouvernement de Theresa May ont réconforté le débat,en indiquant au pays, comme objectif ambitieux, un nouveau destin planétaire, le seul à la hauteur de son passé.

Enfin, l'U.E et la Grande Bretagne sont revenues, chacune, à leurs traditions et pratiques. Les continentaux à l'utopie bureaucratique des institutions européennes avec, en corrélat, l'opposition pré-moderne du "peuple" et des"élites" (France) et le Royaume-Uni à ses fondamentaux, de liberté et de démocratie politiques, avec, en corrélat, le droit de dissidence, de sécession et de résistance à la contrainte  normative de l'Union.

Contre ce tyran (l'empire oppressif de l'U.E) on a pu invoquer ainsi le droit moyenâgeux de sédition et de mort, le tyrannicide.

La volonté de quitter l'hydre européenne  a été la première exigence à satisfaire, en parfaite conformité avec le référendum et avec les demandes des "brexiters" (les tories) de mener une politique d'austérité et, des remainers, de souhaiter une plus grande présence de l’État dans la vie économique.

Le vote en faveur du Brexit a représenté pour tous, continentaux et britanniques, une victoire du populisme, du nationalisme et du souverainisme, comme "longue usurpation du pouvoir", ou, en d'autres termes, comme fondement d'une légitimité ancienne.

Face au dernier empire (l'U.E) et à l'extrémisme normatif de la "raison", tous les avatars de l'anti-souverainisme n'ont pu éviter une crise de confiance envers les institutions et contre les "élites globalistes" de la mondialisation.

En France et en Italie, l'impuissance de l'ordo-libéralisme et des traités de l'U.E, à proposer une offre politique par le biais d'un dépassement des partis politiques,de la représentation bi-partisane (justifiant l'appel "ni droite, ni gauche"), et de l'usure des corps intermédiaires , a mis en lumière, grâce au référendum britannique, le clivage qui existe désormais entre deux visions de la société, nationale et international, à l'ère d'internet.

Il a poussé à une radicalisation des termes de l'accord, arraché par Theresa May, qui a dramatisé à l'excès le choix final, "Ou moi,ou le chaos (identifié à un "no deal", ou à une négation de l'intérêt national).

Le Royaume Uni, l'intérêt national et la "Balance of Power"

En effet et par le passé, c'est au nom de "l'intérêt national" que le Royaume Uni a toujours défini ses choix, en politique interne, prônant pour l'unité du royaume et en politique européenne et mondiale, penchant  pour l'adoption  du vieux principe de "divide et impera!"

A titre d'impact psychologique, la crise de la Grande Bretagne avec l'Union européenne, a été comparée, par les médias et par une partie de la classe gouvernementale britannique à la "crise de Suez" de 1956, qui tourna politiquement au fiasco, malgré la victoire militaire.

Cette comparaison a rappelé à l'opinion la première prise de conscience, encore circonscrite, du déclin de l'Empire.

Son déclassement géopolitique et historique confina depuis et pour l'essentiel, les deux puissances coloniales de l'époque, la France et la Grande Bretagne, à peser sur le seul continent européen.

La "limite", qu'imposait désormais au Royaume -Uni  la "surextention impériale"(P. Kennedy), n'était rien d'autre que l'adaptation de l'intérêt national à la politique de "l'équilibre de puissance" de David Hume, comportant  une surveillance permanente sur les intentions et les manœuvres des acteurs continentaux concurrents, afin que "ne soit pas tenue en une seule main une force supérieure à toutes les autres coalisées"!

Une image efficace pour définir l'opposition résolue de l'Angleterre aux ambitions continentales et montantes de toute puissance hégémonique, dont témoignèrent la première et la deuxième guerre mondiales.

Cependant, la conscience du déclin de l'Empire fut ressentie pour la première fois et de manière plus aiguë par Churchill, vis à vis de l'Amérique et de l'Union Soviétique, à la "Conférence de Téhéran, des trois Grands, Roosevelt, Staline et Churchill", en 1943, organisée pour définir la coordination militaire et politique de la dernière phase du conflit, par l'ouverture d'un deuxième front et le débarquement en Normandie, ainsi que pour redessiner la carte de la Pologne et de l'Allemagne dans l'organisation de l'ordre mondial et dans la recherche de la sécurité collective sur le théâtre européen.

Rien de comparable avec l'amertume de Theresa May, de retour à Westminster, après la conférence extraordinaire des Chefs d’État et de Gouvernement des Pays-membres de l'Union. Ni l'enjeu, ni la taille des protagonistes semble justifier une telle comparaison.

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Perspectives et équilibres planétaires

Toutefois, sur la toile de fond de l'histoire européenne la réappropriation du passé acquière désormais une valeur symbolique différente pour les diverses classes d'acteurs et mobilise différemment les deux camps, face à l'avenir et aux projets de"reforme" des institutions qui avaient été jusqu'ici communes.

Si les deux impératifs de l'intérêt national et de l'équilibre de puissance ont été les deux fils conducteurs du Royaume Uni depuis le traité de Utrecht (en 1713, reconfirmé par le Congrès de Vienne en 1805), se résumant à l'unité des îles britanniques autour de la couronne et à la division des joueurs sur le continent, rien de tel pour les 27 pays membres, irréductibles à un principe d'action commun.

Vers quelle direction tournera-t-il le vent de l'histoire du XXIème siècle et qui en saisira la force et les opportunités?

Il semble désormais acquis que l'entrée de la Grande Bretagne dans la Communauté européenne en 1973 n'a été rien d'autre que l'adaptation du principe directeur de la politique britannique traditionnelle, visant à empêcher de l'intérieur toute transformation de l'Union en puissance politique susceptible de devenir une menace et à privilégier l'élargissement, au détriment de l'approfondissement institutionnel, lors de la demande d'adhésion des pays de l'Est, en faisant accepter son pouvoir de regard et de veto, qui lui permirent de bloquer toute avancée significative du bloc concurrent et de rester libre d'agir, sans les contraintes économiques de la zone euro.

Or, l'identification claire de son intérêt de sécurité et de sa survie et l' insertion de cet intérêt vital dans les nouveaux équilibres planétaires, portera-t-elle la Grande-Bretagne à oublier son encrage insulaire entre l'Europe et l'Amérique?

Par ailleurs le Royaume-Uni vise-t-il désormais l'Océan Pacifique et l'Océan Indien, dont le contrôle représente l'enjeu majeur du XXIème siècle, comme nouveau centre de gravité du monde, où pulsera le cœur du capitalisme universel de la finance et de la grande manufacture.

A-t-il oublié que l'enjeu d'une accession à cette zone pivot est un défi et un pari disputés, impliquant simultanément le visage bifront de la paix et de la guerre, au marges extérieures d'une Asie, multiple et conflictuelle?

En est-il de même des préoccupations et des clés de lecture du système international de la part de l'Union Européenne?

Grande Bretagne, France et Allemagne face au renouveau diplomatique de l'Europe

Dans la foulée d'un renouveau diplomatique, consécutif au Brexit, concernant les relations de puissance à l'échelle mondiale et  face à une France qui demande à l'Allemagne de surmonter ses tabous économiques pour faire avancer l'Union, le Ministre des Finances et Vice-Chancelier allemand Olaf Scholz (SPD), a invité la France à consentir de transformer son siège au Conseil de Sécurité  des Nations Unies, pour permettre à l'Europe de parler d'une seule voix.

En effet le "droit de veto" au sein du Conseil de Sécurité, consent aux membres permanents de disposer d'un instrument diplomatique, permettant de traiter d'égal à égal avec les Grands de la planète.

Ainsi le retour au premier plan de la scène internationale et le risque de démantèlement de l'Union Européenne dans la lutte ouverte entre les différents principes de légitimité, visant à débarrasser le débat des vieux carcans idéologiques, impose une polarisation des idées et des positions, soit en ce qui concerne  la rétrospective historique que pour la définition de l'avenir.

Quant aux pronostics d'avenir sur la réussite du Brexit ou  sur son éventuel rejet par la Chambre des Communes, deux analystes du divorce anglo-unioniste, Kevin  O' Rourke et Marc Roche, ont formulé deux idées opposées.

Selon le premier, après le rejet quasi certain de l'accord convenu entre les négociateurs des deux parties, s'ouvrirait une crise politique majeure au Royaume Uni.  Un vrai purgatoire pour M.me Theresa May, prise dans un conflit sans fin, opposant une coalition de contraires (composée de brexiters et de remainers), pour qui l'échec du Leadership, ferait du Royaume Uni, "un pays hors d'Europe, mais encore dirigé par l'Europe et tenu de respecter des règles, qu'il n'aurait pas écrites" (Financial Times).

D'après le deuxième, non seulement Westminter votera l'accord, mais la ferveur de cette option sera telle que le Royaume Uni, deviendra plus dur, plus inégalitaire, mais beaucoup fort économiquement, de telle sorte qu'un nouveaux  destin planétaire s'ouvrira au Royaume, délibérément projeté vers le contrôle de l'Océan Indien et du Pacifique, pivots maritimes de l'Asie.

Un "Partenariat ambitieux"entre le Royaume Uni et l'U.E?

Face à une Union Européenne, à qui a fait défaut une capacité de conception et d'action géopolitique et stratégique globales et une impuissance singulière en matière monétaire, de politique étrangère et de sécurité, mais aussi de frontières et d'immigration, et encore de R&D, de technologies avancées et d'environnement, l'attractivité de jadis s'est commuée en une délégitimation, en une prise de distance et en diffractions internes multiples, qui rendent douteuses ses propositions de "partenariat ambitieux après le Brexit"(Michel Barnier/ Le Figaro du 2 août 2018).

En effet M.Barnier, se penchant sur les modalités de retrait du Royaume Uni, membre du G7 et du Conseil de sécurité des Nations Unies, après avoir passé en revue les points litigieux et les résultats positifs de la difficile négociation, précise que les fondations économiques sur lesquelles s'est construite l'U.E, ne peuvent être affaiblies.

Puis et en conclusion, il met en exergue l'essentiel de la dispute, son caractère politique, axé sur le concept de souveraineté et il précise "le Royaume Uni souhaite reprendre la souveraineté et le contrôle de sa propre législation...mais il ne peut pas demander à l'U.E de perdre le contrôle de ses frontières et de ses lois."

S'opposent, dans ce passage et dans les aspects sous-jacents de ces formulations, deux interprétations du concept de souveraineté et de sa "summa potestas".

Du côté britannique, une conception unitaire  et cohérente du pouvoir et de la légitimité, ancienne et absolue en son principe, en son étendue et en sa liberté de manifestations historiques, qui s'exprime sous forme de "balance".

Du côté de l'Union une définition relative et partagée du pouvoir souverain, inessentielle du point de vue historique, artificielle du point de vue institutionnel et circonstancielle du point de vue décisionnel, sécuritaire et stratégique.

Or, quelles histoires sont en train d'écrire aujourd'hui, ces deux acteurs de la vie contemporaine, le Royaume Uni et l'Union Européenne?

Une histoire de capitulation et de vassalisation du Royaume Uni à l'entreprise déclinante du projet européen, ou, en revanche, une nouvelle histoire de la liberté des peuples et du retour des nations?

Assistons nous, dans une période de turbulences internationales aiguës, à une recrudescence de revendications ingérables et, simultanément, à un appel à la souveraineté incontestée?

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Jo Johnson et Mike Pompeo

La souveraineté, le multilatéralisme et l'ordre libéral des États-Nations

A l'échelle européenne, la fronde de Jo Johnson, ex secrétaire d’État pro-européen aux transports, menée contre l'accord obtenu par Mme May lors des longues négociations avec l'U.E, porte sur la limitation de la souveraineté britannique, non compensée par la liberté promise, de mener une politique commerciale autonome.

Il prône ainsi pour un nouveau référendum, en donnant au peuple le dernier mot.

A l'échelle mondiale, le secrétaire d’État, MIke Pompeo, a décrété au même moment,  à Bruxelles, au German Marshall Fund, la fin du multilatéralisme, au nom de la priorité de la souveraineté américaine sur la logique du système international.

Après avoir rappelé que le vieux système de la coopération internationale ne fonctionne plus et qu'il profite à des acteurs de l'ombre (la Chine), lui permettant d'avancer ses pions, au sein des institutions supra-nationales ou de creuser un clivage entre les intérêts d'une bureaucratie non élue et leurs peuples et pays (U.E), il a rappelé que les intérêts  de l'Europe et des États Unis précèdent ceux des institutions supra-nationales (ONU, UE, FMI, BM, OMC etc), puisque seuls les États-Nations peuvent garantir les libertés démocratiques et ont pour assise le peuple libre.

En effet, seuls les États-Nations sont l'expression de la souveraineté, à l'instar des organisations multilatérales, porteuses de compétences dépourvues de contraintes et de sanctions.

Le multilatéralisme, défendu par les européens, n'est pas seulement une méthode, ou mieux, un choix de régime politique (démocratie ou autocratie), mais une question de stratégie et d'intérêt à long terme, bref de polarisation des forces et des cultures.

L'effacement des vieilles administrations américaines (Obama, Clinton, etc), et l'alignement de certains gouvernements européens (A.Merkel, F.Hollande/ E.Macron, Gentiloni, etc..), ont conduit l'Occident à la paralysie ou à l'impuissance. Or, conclut-t-il les États-Unis, qui revendiquent un rôle central dans le nouvel ordre libéral, mènent le monde vers le recouvrement des souverainetés nationales, comme le font les britanniques avec le Brexit.

Un monde libre est un monde d’États-Nations et ne peut être un univers de bureaucraties supra-nationales.

Ce nouvel ordre libéral ne peut jaillir que d'une profonde reforme des esprits et des institutions et ne peut aspirer à la stabilité que par l'affirmation d'un principe de cohérence, fondé sur le soubassement de trois notions, le Leadership, pourvu du sentiment instinctif de l'histoire, la capacité de décision et d'action et l'ordre contraignant du monde, bannissant l'inaction, les compromis sans fin et les déclarations illusoires.

Il ne s'agit pas de rééquilibrer mais de refonder!

Pas d'inclure l'ennemi ou la menace, mais de les combattre!

Lorsque la liberté et la démocratie se dissocient et la foi dans la raison disparaît ou s'affaiblit, la "guerre civile"mondiale est proche!

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La souveraineté et le "Pacte mondial pour les migrations"

Les bases normatives d'un droit futur aux migrations élaborées par les Nations Unies dans un "Pacte mondial", signé à Marrakech les 11 décembre 2018, vident les souverainetés nationales de leur substance et prétendent apporter une réponse globale à un phénomène d'ordre planétaire.

Elles poursuivent le long chemin de la proclamation des droits de l'homme et du citoyen, débuté avec les révolutions américaine et française et poursuivi après la IIème G.M, sans enfreindre la tutelle juridictionnelle des États.

L'humanité multiculturelle qui se dessine à Marrakech est destinée, dans sa rhétorique, à mettre fin à toutes les discriminations accumulées au fil des siècles.

Les États y sont réduits à des outils de gestion des flux forcés de populations, dénaturant leur fonction essentielle, mais circonscrite dans l'espace terrestre, de protection et de sécurité.

Il en découle que la marche vers le communautarisme, par l'acceptation de la part des États signataires, de la diversité, ethnique et religieuse, n'est rien d'autre que la rupture de toute cohésion et de toute solidarité nationale et, de ce fait, la dissolution des États-Nations, nés de l'idée de "raison", de liberté et d'ordre.

Par ailleurs la recommandation du "Pacte", adressée aux États de "priver de subventions...tous les médias qui promeuvent des formes de discriminations à l'égard des migrants", est un encouragement totalitaire pour tous les dictateurs de la planète, réels ou virtuels, à censurer la presse et à instaurer la"pensée unique".

En perspective la signature d'un tel "Pacte", marque l'alliance des gauches tiers-mondistes et des lobbies post-colonialistes  de la répentence et cache le coût annuel des migrants qui est évalué pour la seule France, à 12,2 milliards d'euros, sans coûts annexes.

Cette signature, au sein de l'Union européenne, n'est que le prélude à d'autres Bréxit et à d'autres litiges entre États Membres, concernant le fardeau des flux migratoires et ne peut être interprétée que comme un recul du concept de souveraineté, d’intérêt national et de frontières, bref comme un recul du cadre juridique au sein duquel la progression des droits s'accompagnait jadis,de la progression des mœurs et des sociétés.

Or, ce cadre a été celui de la civilisation occidentale moderne!

Par ailleurs, du point de vue idéologique, ce pacte, s'il consacre comme acteur culturel naissant la société civile trans-nationale, constitue néanmoins un  danger  de submersion démographique pour les sociétés européennes  et pour leur rempart identitaire, la chrétienneté.

En subordre, et dans le concret du phénomène migratoire, il demeure difficile dans le marasme des arrivées de masse, d'opérer un tri de légalité, entre émigrants économiques et émigrants politiques et d'ignorer ,dans l'accueil, le malaise profond des musulmans de vivre dans des "sociétés ouvertes", sauf à oublier, dans un univers de conflits, le rôle de la "ruse" historique  du "cheval de Troie".

La souveraineté et la géopolitique globale

Or, si "la souveraineté" est la "summa potestas" ou  l'auctoritas, superiorem non recognoscens", qui décide du cas d'exception, le Brexit est né d'un conflit entre deux principes de souveraineté et de légitimité ,millénaire pour l'empire britannique et circonstanciel pour l'empire des normes. 

En son pur concept, la souveraineté reste le nœud incontournable du maintien ou de la  déconstruction de tout ordre social, interne ou international et  permet  d'inscrire un pouvoir  dans la  géopolitique des grandes espaces, constitués, au XXIème siècle, par le Pacifique et l'Océan indien, comme pivots maritimes de l'Eurasie.

Dans le contexte d'aujourd'hui,le retrait américain du pacte de libre-échange trans-pacifique rend aléatoires les garanties de sécurité de l'immense zone maritime jadis recouverte par l'empire britannique, l'Australie et la Nouvelle Zélande, mais aussi la Malaisie et l'Indochine, où l'exacerbation de l'affrontement, pour l'heure commercial, entre la Chine et les États-Unis, conduit à la constitution d'un front commun entre le Japon et la Chine.

Ainsi, il est à parier que l'après Brexit sera marqué, moins par l'accroissement de la rivalité entre le Royaume Uni et l'Union Européenne, que par la recherche d'un nouveau destin, planétaire et multipolaire, pour les deux ensembles

De la vieille architecture euro-continentale de la sécurité, le Royaume-Uni héritera l'objectif historique d'une opposition permanente à la Russie et à toute organisation eurasienne à caractère militaire, dans le but d’empêcher un rapprochement euro-russe et, encore davantage germano-russe, qui en ferait un ensemble dominant et menaçant.

Au delà de l'espace européen, il partagera avec les États-Unis ou l'Inde, l'objectif d'une compétition sans merci, dans les domaines clés de l'espace, des big-data,de la  cyber-war et de l'intelligence artificielle. La réappropriation de la souveraineté et d'un réalisme retrouvé lui permettront  une alliance sans états d'âme avec des États autoritaires, à capitalisme publique, débarrassée du chantage encombrante du modèle démocratique et des droits de l'homme.

A l'image de son passé, il pourra actualiser à l'échelle du monde,  les principes unifiants de la cohérence stratégique, qui ont fait grande à toute époque la notion d'empire.

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La souveraineté européenne et son impasse stratégique

Le dossier nucléaire et celui des deux traités INF (interdiction des armes nucléaires à portée intermédiaire - de 500 à  5500 km, de 1987, susceptible de péremption), et START (sur le plafonnement des missiles nucléaires intercontinentaux ou sol-sol), constituent les domaines, sur lequel l'Europe montre la plus grande atonie et manque de suggestions et d'idées.

Sauver l'INF et prévoir le renouvellement de START, implique, pour les Européens, de favoriser le dialogue stratégique entre les États-Unis et la Russie et proposer l'inclusion de la Chine dans ces pourparlers et dans leurs issues, dans le but de la contraindre aux mêmes règles.

L'espace diplomatique pour de telles propositions existe, mais l'Europe, pourtant déclassée de rang et menacée en sa force vive par des systèmes d'armes placés (Pologne) ou pointés contre elle (Volgograd), n'y exprime ni des projets ni des avis.

L'Europe voudra-t-elle rester une Europe des normes et des règles budgétaires, plutôt qu'une Europe de la sécurité ou une Europe identitaire et de civilisation?

Pour l'heure elle semble préférer les disciplines de l'euthanasie et l'abandon à l'irréparable destin du "Fatum", soudé autour du nœud menaçant d'"Islam-migrations-terrorisme-démographie", plutôt que secouer la paresse intellectuelle de ses élites et s'éveiller politiquement.

La souveraineté et l'ordre libéral du monde

Le Brexit, comme beaucoup d'autres moments des relations euro-britanniques a été une victime du consensus de masse des démocraties et des tentations des classes dirigeantes, divisées, de satisfaire simultanément aux revendications populaires et aux objectifs à long terme de leurs pays.

C'est pourquoi il apparaît si difficile à Mme May de définir un nouveau rapport entre les retournements presque quotidiens des députés de Westminster et les arrangements obtenus avec les négociateurs des trois institutions de l'Union européenne.

En effet le défi est de taille et concerne l'art de gouverner, bref la capacité de conjuguer les impératifs immédiats des passions populaires et les objectifs à long terme de l'avenir.

Il ne s'agit pas d'agir pour toute l'humanité, mais  de se frayer un chemin dans la voie ardue de la complexité, autrement dit d'accorder les objectifs émotionnels de la nouvelle diplomatie avec les calculs à long termes de la diplomatie du passé.

Un difficile équilibre, consistant à ne pas se plier à la loi du nombre du consensus de masse, sans que l'ordre transcendant d'une mission publique puisse prévaloir sur la liberté et celle-ci se plier aux humeurs variables des foules, négligeant la définition de la perspective et celle de la grande stratégie.

Ainsi le Brexit marque la fin du sentiment d'appartenir à une même communauté humaine de peuples et de nations, distincte de toutes les autres, la communauté européenne, qui avait réussi à modérer par la raison et à atténuer par le calcul et par l'équilibre des forces, les rivalités de position et de principe entre ambitions concurrentes.

Ce qu'on a appelé le même système de valeurs (ou même parenté spirituelle), n'était rien d'autre que l'adaptation aux temps modernes du vieux système de Westphalie, d'apparente neutralité idéologique ou de non intervention dans les affaires intérieures d' autres pays.

Or ce sentiment, autrefois fortifiant, s'affaiblit ou disparaît, face à la submersion démographique des migrants extra-européens et à la différente perméabilité de leur acceptation dans les pays d’accueil, ce qui prouve la difficulté de traduire des cultures différentes en un système unique de civilisation.

Par ailleurs la différente appréciation de l'ordre mondial, implique une réévaluation de la notion d'équilibre des forces, à l'intérieur des différents régions et dans leurs relations d'interdépendance.

Ceci impose un réexamen philosophique du concept de "limite" dans le rapprochement de ce qui est distinct, au sein d' un système socio-politique régional ou global.

Pour conclure, le Brexit pousse à une reconsidération sur la transcendance de l’État et de la souveraineté étatique, reposant, dans la conception post-moderne du projet européen, sur le soft power, dépourvu de l'expérience millénaire du conflit, de la tragédie et de la volonté de puissance.

Ou, pour le rappeler avec David Hume, dénoué du principe-clé de l'art britannique de gouverner, le principe de "l'équilibre des forces" qui, au dessous de apparences, suppose "l'unité équilibrée des contraires" (Héraclyte).
 
Bruxelles le 12 décembre 2018
 
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lundi, 17 décembre 2018

Les Allemands appartiendront-ils encore à l’Allemagne dans un avenir proche ?

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Les Allemands appartiendront-ils encore à l’Allemagne dans un avenir proche ?

Article original publié le 26 mars 2018 sur le site Gefira
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr

La vitesse à laquelle la population allemande diminue semble être trop forte même pour les statisticiens de Destatis, le bureau officiel allemand des statistiques, qui partent du principe que d’ici 2060, avec un niveau zéro d’immigration nette, la population allemande aura diminué à 60,2 millions d’habitants. Cependant, notre équipe de recherche a découvert que ce chiffre est beaucoup trop optimiste : dans 40 ans, l’Allemagne comptera 52,6 millions d’habitants, soit une baisse considérable de 34% par rapport aux 81 millions d’habitants actuels, et d’ici la fin du siècle, la population autochtone allemande, les indigènes sans origine étrangère, aura diminué encore plus et approchera 21,6 millions. L’explication que Destatis nous a envoyée par mail équivaut à admettre que leurs projections sont irréalistes.

Si les élites allemandes parviennent à maintenir leur population à 80 millions d’habitants, en 2060, la majorité des Allemands naturalisés n’auront aucun lien historique avec les ancêtres de la nation qui furent autrefois de fiers sujets du Saint Empire romain. De plus, ils auront la même relation avec Albert Schweitzer, Johann Sebastian Bach, Karl Benz et Friedrich Nietzsche que Recep Tayyip Erdoğan avec les empereurs byzantins. Le nombre excessif de migrants aura à jamais modifié la nation allemande.
 

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Il n’y aura aucune relation entre les futurs Allemands et le passé allemand


D’ici 2050, de nombreuses personnalités historiques allemandes, comme Albert Schweitzer [à ce détail près que le bon Dr Schweitzer est alsacien, donc français – même si à sa naissance l’Alsace faisait encore partie de l’Empire allemand, NdT] mentionné plus haut, seront démasquées en tant que racistes et par conséquent retirées des noms de rue et des livres d’histoire pour être remplacées par de nouveaux héros, un processus qui se déroule déjà aux États-Unis et aux Pays-Bas. Parmi les premiers, les monuments en hommage aux généraux du Sud sont attaqués, tandis que dans les seconds, les partis pro-migrants font pression pour que des personnalités historiques néerlandaises soient éradiquées des espaces publics, que les rues soient renommées et que leurs traditions les plus importantes, qui ne seraient pas inclusives, oppressives ou insultantes pour les minorités nationales, raciales ou religieuses soient interdites. L’histoire d’un pays devrait porter sur les actions passées de son peuple, mais lorsque les gens sont remplacés, il n’y a aucun lien avec le passé et il peut arriver qu’avant la fin de ce siècle, la majorité des citoyens allemands aient leurs racines culturelles et leurs ancêtres hors d’Allemagne ou même d’Europe.

Bien que l’on puisse qualifier ces prédictions d’alarmistes, cela ne les rend pas moins fiables. Les prévisions démographiques, à condition qu’il n’y ait pas de changements imprévisibles comme des épidémies ou des famines, sont remarquablement exactes. Considérons la comparaison des résultats obtenus par Destatis et nous pour le modèle de migration zéro.

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En Allemagne, une femme donne en moyenne naissance à 1,4 enfant, ce qui est inférieur au taux de fécondité de remplacement et n’a pas beaucoup changé depuis les années 1970. C’est pourquoi la population allemande a commencé à diminuer. La tendance s’est inversée en raison de l’arrivée de 1,3 million d’immigrants venant de pays hors UE dans le pays depuis 2015.

Cerberus 2.0 calcule l’avenir de la population allemande


L’équipe Gefira a développé Cerberus 2.0, un logiciel pour calculer comment une population augmente ou diminue en l’absence de migration. En utilisant uniquement les taux de mortalité et de natalité, Cerberus 2.0 peut calculer la taille de la société allemande sans l’afflux des étrangers et de leurs progénitures. L’application commence par faire les calculs sur la base du recensement de 1965 effectué par Destatis. Nous avons commencé en 1965 parce que nous voulions mesurer la croissance de la population allemande sans immigration, et nous avons supposé qu’il n’y avait pas beaucoup d’immigrants cette année-là. Nous n’avons pas utilisé les données officielles détaillées de Destatis pour les années suivantes, car elles incluaient les immigrants, c’est-à-dire le facteur que nous voulions exclure. Alors que Destatis donne le nombre total de migrants vivant actuellement en Allemagne, Cerberus 2.0 calcule indépendamment le développement de chaque groupe d’âge de la population autochtone allemande de 1965 à 2100, et pour toutes les années intermédiaires.

Nous sommes conscients qu’il y a des relations mixtes et qu’il y a aussi des Allemands qui ont quitté le pays. Comme certains parents mixtes germanisent leurs enfants, alors que d’autres font le contraire, nous supposons que cela n’affectera pas nos résultats. Ainsi, avec l’aide de Cerberus 2.0, nous avons calculé que s’il n’y avait pas eu de migration, la population allemande de 1965 aurait été de 64,99 millions de personnes en 2013. Ceci est confirmé par Destatis, qui estime à 64,29 millions le nombre d’Allemands sans origine migratoire pour la même année. Cela montre que nos calculs sont extrêmement précis, mais aussi qu’il n’y a pratiquement pas de migrants de troisième génération en Allemagne qui soient considérés comme des Allemands de naissance.

Le modèle démographique Destatis n’est qu’un fantasme


Nous avons également effectué le calcul pour les années 2013-2060, en prenant comme point de départ la population de 2013, et comparé nos résultats avec ceux prévus par Destatis pour la même période. Selon Destatis, en 2060, la population sera de 60,2 habitants, tandis que Cerberus 2.0 ne prévoit que 52,6 millions d’habitants en Allemagne. L’énorme différence de près de 8 millions entre les deux prévisions ne peut s’expliquer que si l’on suppose que Destatis est très créatif dans ses prévisions démographiques, comme nous l’expliquerons plus loin.

Pour l’Allemagne, Cerberus 2.0 a traité les taux de mortalité et de natalité fournis par Destatis. Les données démographiques – le pourcentage de mères qui ont donné naissance, c’est-à-dire le taux de fécondité par âge, et le pourcentage de personnes qui sont décédées – ont été ventilées par groupe d’âge. Le taux de fécondité par âge de 1965 a permis à Cerberus 2.0 de calculer le nombre d’enfants nés l’année suivante, c’est-à-dire le nombre de femmes d’un groupe d’âge particulier multiplié par ledit taux pour le groupe d’âge concerné. Le taux de mortalité de la même année a également été pris en compte. Après avoir calculé les naissances et les décès, l’application a augmenté l’âge de chaque groupe d’âge d’un an pour créer la population entière de 1966 sans l’influence de l’immigration. Ensuite, le programme a recommencé tout le processus pour calculer les données pour l’année 1967, l’année consécutive, et ainsi de suite. Pour les calculs au-delà de 2015, Cerberus 2.0 a utilisé les taux de mortalité et de fécondité par âge pour 2015.

Nous avons ensuite comparé les projections de Cerberus 2.0 avec celles de Destatis. Destatis et son équipe de recherche ont commencé avec une population initiale de 81 millions d’habitants en 2013, et nous avons tous deux utilisé le même taux de fécondité de 1,4. Ni l’un ni l’autre ne tenait compte des 1,3 million d’immigrants non occidentaux qui sont entrés en Allemagne après 2014. Les résultats obtenus sont très différents : Cerberus 2.0 prévoyait 52,6 alors que Destatis avance 60,2 millions d’habitants en Allemagne en 2060.

Les populations augmentent et diminuent en raison de seulement quatre facteurs : les naissances, les décès, l’immigration et l’émigration. Le modèle de migration zéro de Cerberus 2.0 n’utilise que les taux de mortalité et de natalité, tandis que Destatis ajoute 600.000 jeunes immigrants et retire chaque année 600.000 anciens émigrants de son modèle. Cela signifie que chaque année 600.000 jeunes hommes et femmes arrivent en Allemagne, portent des enfants et quand ces enfants atteignent l’âge adulte, les parents quittent le pays comme des coucous, une hypothèse assez étrange. Il en résulte que les immigrants eux-mêmes n’augmentent pas la population, mais ce n’est pas le cas de leurs enfants. Dans le modèle Destatis, le solde d’immigration et d’émigration est maintenu à zéro.

Comment Destatis parvient-il à ces chiffres ? En 2014, 331 000 femmes sont nées. Après sept ans, ce même groupe de femmes devrait, selon Destatis, atteindre 333 000, et après 27 ans, en 2041, il devrait atteindre un sommet de 350 000, c’est-à-dire qu’en 2021 il y aura moins de femmes nées qu’en 2041 ! Comment est-ce possible ? Seulement si les femmes immigrantes sont incluses dans les statistiques.

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Étant donné que dans ce modèle, il y a autant de migrants qui entrent dans le pays qu’il n’en sort, les migrants de la première génération ne s’ajoutent pas à la population totale. Cependant, ces migrants ont en moyenne 170 000 enfants par an. Ces enfants élargissent la population allemande, mais Destatis ne les considère pas comme des étrangers. Le pronostic d’immigration zéro de Destatis est donc fallacieux et donne une projection beaucoup trop « neutre » pour l’avenir de l’Allemagne. La réponse de Destatis sur la différence entre nos résultats et les leurs est que leur projection est formellement exacte et que la différence est le résultat du fait que nous avons supposé un modèle de migration zéro – aucune migration du tout, alors qu’ils ont supposé un modèle de migration zéro à l’« équilibre ».

L’Allemagne, comme la majeure partie de l’Occident, est soumise à une immigration massive d’une ampleur sans précédent et, selon le nouveau gouvernement allemand, le processus va se poursuivre dans un avenir prévisible.

En raison de la réinstallation des réfugiés, le nombre de personnes n’appartenant pas à l’UE a augmenté de 1,3 million entre janvier 2015 et juin 2017. Le nouveau gouvernement a décidé que le pays devrait croître de 200 000 demandeurs d’asile par an. Pour comprendre l’effet de cette politique sur la société allemande, il faut comparer ce nombre avec le nombre de nouveau-nés allemands. Selon Cerberus 2.0, le nombre d’Allemands natifs qui naissent passera d’environ 450 000 en 2020 à 315 000 dans les vingt prochaines années. L’arrivée, année après année, de 200 000 demandeurs d’asile relativement jeunes et de leurs progénitures va profondément modifier la société allemande d’ici 40 à 60 ans et l’Allemagne va cesser d’être un pays allemand.

D’ici la fin du siècle, il restera 22 millions d’Allemands


La population allemande de 1965 passera à 37,8 millions d’habitants au cours des quarante prochaines années et à 21,6 millions à la fin du siècle. En 2060, le nombre d’Allemands autochtones représentera la moitié de celui de l’Allemagne de l’Est et de l’Ouest réunies en 1945. Compte tenu du taux de natalité inférieur au taux de remplacement chez les autochtones, les gouvernements allemands ne peuvent maintenir le nombre actuel d’habitants à 80 millions qu’en important des immigrants, donc à long terme, à toutes fins utiles, en remplaçant les Allemands autochtones.

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L’idée que les nouveaux arrivants s’intègrent ou s’assimilent est complètement absurde, c’est-à-dire que les nouveaux Allemands ne seront pas allemands. La principale raison pour laquelle les gens s’installent en Allemagne est le bien-être personnel plutôt que la culture allemande. Les immigrants conservent leur religion et leur patrimoine, forment des partis politiques, construisent des institutions religieuses, ont leurs propres magasins et veulent même avoir leur propre système juridique. Étant donné le nombre de personnes qui affluent en Allemagne, il est impossible que les Allemands puissent maintenir leur structure politique, leur langue et leur identité culturelle.

Il faut beaucoup de temps pour qu’un super tanker change de cap. De même, les changements démographiques ne sont visibles qu’après au moins 15 à 30 ans. L’accueil de 1,3 million d’étrangers en deux ans et l’ajout de 200 000 migrants non européens par an à la population allemande qui diminue rapidement auront déjà eu un effet dévastateur sur la population allemande en 2030.

Les résultats de Cerberus 2.0 nous montrent que la discussion sur la migration ne porte pas sur l’acceptation et la protection des droits des minorités, mais plutôt sur une question existentielle, sur la préservation des Allemands. Quand les élites dirigeantes allemandes commenceront à comprendre leurs politiques défaillantes, il sera trop tard. Il n’y a pas d’exemples dans l’histoire où ce genre de changements massifs se soient bien terminé.

Manipulation et confiscation de l'or

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Manipulation et confiscation de l'or

Ex: https://echelledejacob.blogspot.com

L'or est une assurance et permet de protéger la richesse. Ceux qui ont vécu des périodes d'hyperinflation dans la République de Weimar, au Zimbabwe, en Argentine ou au Venezuela connaissent l'importance de l'or. Mais il ne suffit pas d'acheter de l'or ou de l'argent. Il est également important de savoir comment le détenir et où le stocker. Nous venons d'avoir un nouvel exemple de la façon dont les gouvernements "confisquent" unilatéralement l'or.

Le Venezuela ne peut pas récupérer son or

L'or du gouvernement vénézuélien conservé à la Banque d'Angleterre (BoE) est le dernier exemple en date démontrant l'importance de choisir le bon endroit pour stocker ses métaux précieux. Le Venezuela détient 14 tonnes d’or à la BoE, à Londres, d’une valeur de 545 millions $. C'est un montant relativement faible pour de l'or souverain. Le Venezuela demande depuis un certain temps de le récupérer, mais la BoE a trouvé toutes sortes d'excuses, comme la difficulté d'obtenir une assurance pour un montant aussi élevé, ce qui aurait retardé le transfert de l'or de plusieurs semaines. C'est, bien sûr, une excuse ridicule.

Notre société envoie de grandes quantités d'or et d'argent vers des coffres privés en Suisse et à Singapour. Nous n'avons jamais eu de problème pour livrer immédiatement ou pour obtenir une couverture d'assurance. La raison du retard n'est donc évidemment pas l'assurance ou le transport. Le Royaume-Uni, qui fait toujours partie de l'UE, coopère avec les États-Unis dans les sanctions contre le Venezuela. La question est donc maintenant de savoir si le Venezuela récupérera un jour son or. Il semblerait que les États-Unis se soient "occupés" de l'or de la Libye et de l'Ukraine. Peut-être que l'or vénézuélien finira au même endroit.

Pénurie d'or physique sur le marché interbancaire

La plupart des banques centrales détiennent de l'or auprès de la Banque d'Angleterre et de la Fed à New York. Une grande partie de cet or est soit vendue à découvert, soit prêtée sur le marché. Quand une banque centrale veut récupérer son or, il n'est plus à Londres ni à New York. Une banque d'investissement a vendu l'or prêté, à la Chine ou à l'Inde, et tout ce que la banque centrale possède est une reconnaissance de dette indiquant que cette banque lui doit de l'or. Il n’y a donc pas d’or physique à livrer contre la reconnaissance de dette.

À un moment donné, le marché réalisera qu'il y a une grave pénurie d'or physique sur le marché interbancaire. À ce moment-là, ce sera la panique et le prix de l'or montera en flèche. Dans le même temps, les détenteurs d'or-papier sur le marché à terme demanderont également la livraison. Dans la mesure où il existe au moins 100 réclamations papier pour chaque once physique disponible, il y aura aussi une forte pression sur ce marché.

Les investisseurs allemands s'inquiètent de la confiscation de l'or

La semaine dernière, j'étais à Munich pour prononcer un discours à l'International Precious Metals & Commodities Show. L'ambiance du salon reflétait évidemment la baisse des prix des titres miniers et des métaux précieux. Il y avait environ 4 000 visiteurs cette année, contre 14 000 lors de ma participation en 2012. Après six ans de correction, les investisseurs sont déçus. De nombreux Allemands possèdent des actions minières, où les pertes sont beaucoup plus importantes que pour le physique. Cela dit, cette baisse de l'intérêt est le signe que nous arrivons à la fin de la correction.

L’Allemagne a déjà interdit la détention personnelle d’or des années 1920 aux années 1950. Nous avons discuté avec plusieurs investisseurs qui craignent une confiscation en Allemagne, ou dans l'UE, et qui étaient donc intéressés par le transfert de leurs avoirs en Suisse et à Singapour.

La Suisse n'a jamais confisqué l'or

La Suisse n'a jamais interdit ou confisqué l'or. La détention d'or est une longue tradition en Suisse. Les raffineurs d'or suisses sont leaders dans leur domaine et produisent 70% de l'or mondial.

En outre, l'or représente 29% des exportations suisses, ce qui en fait une industrie stratégique. Ces facteurs combinés font qu'il est très peu probable que la Suisse confisque un jour l'or. Il serait ridicule et improbable que le gouvernement suisse tue sa poule aux œufs d'or.

Protégez votre or

Les principes suivants sont impératifs pour les investisseurs dans l'or (et l'argent):
  • Détenir des métaux physiques
  • Stocker l’or en nom propre, avec un accès direct au coffre-fort
  • Il ne doit y avoir aucune contrepartie entre l'investisseur et le coffre
  • Le coffre-fort doit se trouver dans un pays sûr où règne l'état de droit, comme en Suisse
  • Le pays ne doit pas avoir d'antécédents de confiscation d'or
  • Le coffre-fort doit être privé. Pas dans une banque, ni une institution financière, ni une Monnaie.
  • Les références de la société de stockage doivent être excellentes
  • L'or doit être assuré par une compagnie internationale de première catégorie
  • Le prestataire de services doit offrir une liquidité instantanée
  • Jour de l'armistice
Cent ans se sont écoulés depuis l'armistice du 11 novembre 1918, qui marqua la fin de l'une des guerres les plus horribles de tous les temps, au cours de laquelle 17 millions de personnes ont péri et 23 millions ont été blessées. La bataille de la Somme a fait, a elle seule, plus d'un million de victimes. La Grande-Bretagne en comptait 57 000 le premier jour. La Première Guerre mondiale, totalement dévastatrice, prit fin en 1918. La paix qui s'ensuivit ne dura que jusqu'en 1939, lorsque la Seconde Guerre mondiale éclata.

Le traité de paix de Versailles de 1919 a jeté les bases de la Seconde Guerre mondiale. Les Alliés ont sanctionné l’Allemagne avec des réparations de guerre fixées à 132 milliards de marks-or. Un montant impossible à rembourser pour un pays dévasté par quatre années de guerre. L’incapacité de l’Allemagne à payer ses dettes de guerre a entraîné la dépression hyperinflationniste dans la République de Weimar de 1919 à 1923. Cela a également provoqué la montée du Parti national-socialiste (nazi) d'Hitler et de la Seconde Guerre mondiale. Tout juste 21 ans après le traité de paix de Versailles, la Seconde Guerre mondiale a fait entre 60 et 80 millions de morts.

Hyperinflation allemande de 1919 à 1923

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Macron contrarie Trump et Poutine

Il n'y a pas eu de guerre majeure en Europe depuis 1945 et, heureusement, on n'entend pas encore les roulements de tambours dans cette région. Mais le président français Emmanuel Macron a réussi à faire des commémorations du 11 novembre un événement sous tension. Il a l'ambition d'être un grand leader international et un homme d'État - comme de Gaulle - et souhaite une armée européenne pour se protéger contre les risques d'attaques de la Chine, de la Russie et des États-Unis. Cette proposition a été plutôt mal accueillie, alors que le timing, juste avant la visite de Poutine et de Trump, était très mal choisi. Mais Macron nourrit l'illusion d'un super-État européen. Angela Merkel affaiblie, il s'imagine diriger cet super-État européen, avec sa propre armée, pour créer les "États-Unis d'Europe". Mais comme sa popularité chute également en France, il ne réussira probablement pas.

Comme beaucoup de dirigeants, Macron est déconnecté de la réalité. Il est insensible à la montée du sentiment anti-européen dans de nombreux pays. Le mécontentement à l'égard de Bruxelles ne cesse de grandir. Cela n'est pas seulement dû aux problèmes migratoires, mais aussi à la volonté de Bruxelles de s'immiscer dans les affaires de tous les pays de l'UE.

Le projet d'un "super-État européen" mené par Macron et l'élite non élue de Bruxelles risque plutôt de déboucher sur des guerres civiles et, éventuellement, à des conflits entre certains pays d'Europe.
 
La banque de France et JP Morgan se lancent dans le trading la manipulation de l'or

Macron tente également de se lancer dans le trading de l'or. Alors que c'est l'apanage de Londres depuis 1750, JP Morgan s’est récemment associée à la Banque de France pour offrir des services de swap, de prêts et de dépôts rémunérés d'or aux banques centrales. De toute évidence, l'objectif est d'attaquer davantage le Royaume-Uni par rapport à Brexit. S'ils y parviennent, un nouveau pays manipulera le marché de l'or avec l'aide de JP Morgan. Ce qui voudrait dire plus d'or-papier et un prix de l'or encore plus manipulé, en attendant que l'édifice artificiel s'effondre pour laisser place au physique, qui sera encore une fois le seul à survivre.

"Plus ça change, plus c’est la même chose"!

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Christianity & Nationalism: A Cautionary Tale

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Christianity & Nationalism: 
A Cautionary Tale

The arguments over identitarians should embrace or abandon Christianity is a question that still remains unresolved within the broader movement.

Last week, Quintilian entered the fray [2] and offered a reasoned argument for why white nationalists should embrace Christianity. The writer believes that white nationalists have fallen prey to the corrupted image of modern Christianity and fail to see the glory of the traditional faith. 

According to Quintilian, Christianity is essential to the creation of an ethnostate and nationalists must strive to restore it to its traditional state. But identitarians should be wary of the possibility that a restored and conservative Christianity would be amenable to our cause.

In fact, this resurgent Christianity may be more inclined to fight against our movement, regardless of however much we profess our devotion to the faith. Quintilian deplores Vatican II as the event that destroyed the historical religion, but the Church was hostile to our beliefs many long before the bishops met in Rome in 1962. Take for instance the tragic tale of the Action Française.[1] [3]

Charles Maurras’s reactionary nationalist movement wanted to restore the monarchy, end the separation of church and state, and uphold France’s traditional Catholic identity. It was firmly opposed to liberalism and many of its economic and political beliefs were firmly in line with Catholic social teaching. Maurras himself was an agnostic, but he argued for the necessity of the Catholic faith and was extremely careful in allaying clerical fears about his irreligion. This should have been a movement the Church fully supported, and in its early years, many clerics did. The movement provided most of the militant activists in Catholic battles against the forces of secularism and liberalism in the first decades of the 20th century.

Yet, many Church intellectuals began to suspect the Action Française of being too militant, too political, too nationalist, and too, hilariously enough, pagan. Clerics began to suspect the nationalists were drawing young Catholics to an ideology not controlled by the Church. Church leaders preferred a safer political outlet that directed the youth to follow the instructions of priests, not pro-Catholic agnostics.

In 1926, the Vatican issued a formal condemnation against the Action Française, put their publications on the index liborum prohibitorum, denied communion to anyone associated with the movement, and purged sympathizers from the clergy.

This was the pre-Vatican II church led by a conservative pope. Unlike any Right-wing movement today, Action Française had plenty of bishops who were willing to vouch for the proper Christianity of Maurras’s newspaper and politics. Right before the condemnation, the movement’s leaders pleaded with Catholic authorities that they were true to the faith. All of this was for naught as the Church happily kneecapped an allied movement that it could not control.

This condemnation was not enacted by liberal modernists who wanted the Church to be more tolerant and heterodox. Maurras was attacked for failing to adhere to traditional dogma and his lack of genuine piety. His movement was seen as dangerous because it made the youth too nationalist and too enamored with classical ideals. Catholic leaders did not oppose the movement because of its anti-liberalism–it was simply because Action wasn’t directly controlled by the Church and its unorthodox ideas were more popular than Church-sanctioned ones.

The Church was also hostile to the Falange for the same reasons it condemned the Action Française, along with the accusation [4] José Antonio Primo de Rivera was a “Bolshevik” for wanting sensible social reforms. Even though the Falange was firmly opposed to liberalism, defended the Church from Left-wing attacks, and emphasized Spain’s traditional Catholic identity, Church authorities did not like the movement because of its ultra-nationalism, alleged crypto-paganism, and masculine values.[2] [5]

This hostility was par for the course for the conservative Pope Pius XI, who served as the vicar of Christ for much of this time period. Pius XI is considered a man who upheld traditional church teachings against the modernists Pope Pius X despised and is altogether a representative of the era Quintilian wishes the West to return to. However, Pius XI’s Christianity was strongly opposed [6] to racialism and nationalism. He spoke out several times against racial thinking, emphasizing that “catholic meant universal” and to divide the world by nationality and race is “contrary to the faith of Christ.” He ordered the drafting of an encyclical that would aggressively condemn racialism and anti-Semitism shortly before he died in 1939. The encyclical was never published, but many of its ideas found their way in the first encyclical of Pius XI’s successor, Pius XII. That work, Summi Pontifactus, [7]claimed there were no real racial differences as we are all part of one human race.

Quintilian blames modernism for the ultimate corruption of the Church, and this may be true when it comes to the god-awful liturgy of modern masses. But modernism is not what made the Church racially egalitarian and hostile toward nationalist movements. It is a feature that has been found in Christianity since the beginning and has only been tempered by the needs of secular society.

We can see this secular temperance in Poland and Hungary, the two exemplars of the Christian nationalism Quintilian envisions. The relationship between the Church and Eastern European nationalists isn’t as harmonious as one would imagine, but the Church restrains itself on their disagreements due to the demands of secular society. Poland’s leading Catholic bishops have long urged [8] the country to take in non-white migrants and to cease its efforts to purge communists from the judiciary. Some Catholic leaders in the country have gone as far as to deride [9] the immigration policies of the ruling government as “un-Christian.”

The Church hierarchy in Hungary is slightly better as they have argued [10] with Pope Francis over the pontiff’s aggressively pro-migrant stance. But even there, prominent Church leaders still urge [11] for more liberal immigration policies, albeit in more mild tones than that of their western colleagues.

The reason the Church is more muted in its criticism of nationalism in Poland and Hungary has less to do with them finding identitarian arguments in Thomas Aquinas than in their fear of alienating the flock. The vast majority of Poles and Hungarians want to keep their countries white, regardless of whether that desire comports to church teaching. Throughout the centuries, the Church has adapted its teachings and tone to reach the widest audience. Secular liberalism’s domination of Western Europe and America makes the Church try to sound nicer on LGBT issues and pitch God as your personal therapist.

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In a society where nationalists control the discourse, the Church would similarly adapt to those circumstances, as Greg Johnson has pointed out [12]. But you first must gain power and dramatically change the culture to see this effect. A white nationalist-driven “restoration” of Christianity outside of a seizure of power is not going to happen. Institutional Christianity will continue to oppose us until that day comes, regardless of how Christian we appear today. Just ask Italy’s Lega, which seeks to put crucifixes back in classrooms and claims the Gospel as its foundation. The nationalist party receives only hostility [13] from the Church.

The resurgence of a more traditionalist Christianity wouldn’t necessarily help our cause. It would see us as an enemy and likely be as hostile to us as the corrupt institutions we face right now. As seen in the example of the Action Française, when you define yourself as a Christian movement, you become beholden to the opinions of priests and pastors. The clergy would want strict adherence to Christian dogma and would not broker “innovative” racialist readings of scripture and tradition. It would prefer we focus on side issues like banning contraceptives rather than protecting our people from demographic replacement. It would tells us African and Latin American Christians are our brothers and that there is no good reason to bar them from our countries.

To oppose these measures would risk condemnation and the deflation of our movement.

Identitarians must appeal to Christians in order to gain victory, but we mustn’t let ourselves be defined by Christianity. Our best arguments are secular and should appeal to Europeans regardless of whether they are Christian, pagan, or atheist. There is only so much energy and political capital we have and we must choose our battles wisely. To waste our limited energy on restoring Christianity to its pre-20th century state would be a serious error with no real rewards.

Notes

[1] [14] Eugen Weber, Action Francaise: Royalism and Reaction in Twentieth Century France.

[2] [15] Stanley G. Payne, Fascism in Spain: 1923-1977.

Article printed from Counter-Currents Publishing: https://www.counter-currents.com

URL to article: https://www.counter-currents.com/2018/12/christianity-and-nationalism-a-cautionary-tale/

URLs in this post:

[1] Image: https://www.counter-currents.com/wp-content/uploads/2015/10/Charles_Maurras.jpg

[2] entered the fray: https://www.counter-currents.com/2018/11/christianity-white-nationalism/

[3] [1]#_ftn1

[4] accusation: https://www.newenglishreview.org/Norman_Berdichevsky/Franco,_Fascism_and_the_Falange_-_Not_One_and_the_Same_Thing/

[5] [2]#_ftn2

[6] strongly opposed: https://www.ewtn.com/library/CHISTORY/racialaws.htm

[7] Summi Pontifactus,: http://w2.vatican.va/content/pius-xii/en/encyclicals/documents/hf_p-xii_enc_20101939_summi-pontificatus.html

[8] urged: https://cruxnow.com/global-church/2017/09/15/catholic-leaders-trying-correct-sins-polands-leaders/

[9] deride: https://www.ncronline.org/news/world/polands-catholic-church-takes-its-critics

[10] argued: http://hungarianspectrum.org/2017/12/27/they-dont-see-eye-to-eye-pope-francis-and-the-hungarian-bishops/

[11] urge: https://www.reuters.com/article/europe-migrants-hungary-bishop/catholic-bishop-gives-shelter-to-migrants-in-rare-voice-of-support-in-hungary-idUSKBN16L1MX

[12] as Greg Johnson has pointed out: https://www.counter-currents.com/2017/12/the-christian-question-in-white-nationalism-2/

[13] receives only hostility: https://www.theguardian.com/world/2018/jul/09/italian-catholic-priests-go-to-war-with-salvini-over-immigration

[14] [1]#_ftnref1

[15] [2]#_ftnref2

 

dimanche, 16 décembre 2018

Edmund Burke & the French Revolutionaries

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Edmund Burke & the French Revolutionaries

Ex: http://www.theimaginativeconservative.com 

The French Revolutionaries, Edmund Burke rightly understood, sought not just the overturning of the old, but, critically, they also desired the destruction of the true, the good, and the beautiful. Only by lying about the nature of the human person could they accomplish their goals…

One of the most important duties of any good person, Edmund Burke argued, was to study, to understand, and to meditate upon the meaning of human nature, its consistencies as well as its gothic deviations from the norm across history. Granted, not everyone had the leisure to ponder this question as often as necessary or as deeply as possible, but this did not lessen the duty. For the vast majority of humanity, they would have to rest content with the vision of human nature as seen in themselves and in their neighbors, as observed in the market and the pub, and as heard from the pulpit.

For those who had the leisure, however, they should spend much of their time considering the nature, follies, and dignity of humanity as a whole as well as in its particulars. This was the first duty of a man of letters, a scholar, an aristocrat, and a priest. In the last decade of his own life, Burke admitted with some satisfaction, he had devoted a significant part of his own thought to the questions of humanity and its nature. “I should be unfit to take even my humble part in the service of mankind,” he wrote, had he neglected this first and highest duty of the good person. Such a study anchored one in humility as well as wisdom, noting that while there would always be those who lived at the margins, they were, while not marginalia, exceptions that proved the norm. Exceptions would always exist in nature, but to focus on them was to miss the essence and dignity of a thing. When studying only the margins, one would be apt to exaggerate the good or the evil, mistaking a particular truth to be a universal one.

When Burke examined the French Revolutionary arguments against the French aristocracy, he found, not surprisingly, that while the Revolutionaries had acquainted themselves very well with the particular evils as practiced by particular aristocrats, they had missed the norm, the essence of the aristocratic class.

Certainly, the Anglo-Irish statesman and philosopher agreed, one could find mistakes, some of which might be horrendous. Of those French aristocrats who lived at the end of the eighteenth century, Burke observed three general failings. First, French aristocrats behaved as children long after they had attained adulthood. They took from their families more than they gave, well past the years of irresponsibility. Second, too many French aristocrats had absorbed and manifested the ignobility of enlightenment philosophy, themselves disgusted with the past and ready thoughtlessly to revolutionize society. They had come to see the past, tradition, mores, norms, and association as means by which to shackle rather than to promote human dignity and freedom. They had, in other words, Burke worried, read way too much Locke and Rousseau and not enough Socrates and Cicero. Third, he claimed, the old aristocracy has held onto its privileges too long and too tenaciously, not allowing the many who had earned it in the eighteenth century into their own ranks. Thus, Burke noted with regret, by being both ignorant in philosophy and selfish in position, they had failed to see the creation of their own enemy class, those who had worked and given, but had not received the titles and honors so richly bestowed. Nowhere in French society did this prove more blatant than in the military orders. There, the old aristocracy remained obnoxiously over-represented, endangering the internal as well as the external order of French society.

Despite these failings, though, Burke noted with much satisfaction that when the French Revolution began in 1789, the monarch as well as the majority of aristocrats apologized for their selfish errors and had been the first to admit that their own orders needed reform for the good and benefit of the whole of society.

Read their instructions to their representatives. They breathe the spirit of liberty as warmly, and they recommend reformation as strongly, as any other order. Their privileges relative to contribution were voluntarily surrendered; as the king, from the beginning, surrendered all pretence to a right of taxation. Upon a free constitution there was but one opinion in France. The absolute monarchy was at an end. It breathed its last, without a groan, without struggle, without convulsion.

S9-B23-02.jpgSuch an apology and a reform (or series of reforms) the real revolutionaries mightily feared. Never had they actually sought reform of French society, whatever their claims and protestations. Instead, from the moment they began the revolution in 1789, they wanted to destroy and overturn all that opposed them and to do so utterly and completely, leaving no remnant and no possible opposition. To destroy as violently and wholly as possible, they needed to make a caricature of the aristocrat and the monarch. They needed to take the particular evils of each and make the average person believe them the universal and norm of each. Rather than examining the human condition, the true revolutionaries exaggerated its faults as manifested in the elites of society. They, Burke claimed in true Aristotelian and Thomistic fashion, redefined the thing, claiming its accidents to be its essence. Being revolutionaries, they could not create, they could only mock and pervert. Though the revolutionaries claimed to hate the violence and errors of the aristocracy, they submitted themselves to the very same evils, creating excuses for their own sins, as if necessary to expiate all of those of the past.

Thus, by attacking the best as the worst, the revolutionaries sought to kill the very heart of France, those who gave it its fame. Were they flawed? Of course, what human being is not? Did they sin? Of course, what human being is without? But, they had done much good, as well, as most humans do. “All this violent cry against the nobility I take to be a mere work of art,” Burke sagaciously noted. In their cries, the revolutionaries proved that they hated not just the nobility but all nobility. Properly understood, “nobility is a graceful ornament to the civil order. It is the Corinthian capital of polished society,” Burke argued, and “Omnes boni nobilitati semper favemus, was the saying of a wise and good man. It is indeed one sign of a liberal and benevolent mind to incline to it with some sort of partial propensity.”

The French Revolutionaries, Burke rightly understood, sought not just the overturning of the old, but, critically, they also desired the destruction of the true, the good, and the beautiful. Only by lying about the nature of the human person could they accomplish their goals. In fighting evil (or, at least as they claimed), they not only absorbed and perpetuated evil, but they mocked the good.

This essay is the twelfth essay in a series.

The Imaginative Conservative applies the principle of appreciation to the discussion of culture and politics—we approach dialogue with magnanimity rather than with mere civility. Will you help us remain a refreshing oasis in the increasingly contentious arena of modern discourse? Please consider donating now

samedi, 15 décembre 2018

La séquence d’auto-destruction

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La séquence d’auto-destruction

par Dmitry Orlov
Ex: https://echelledejacob.blogspot.com 
 
Nous approchons de la fin 2018 avec un rythme accéléré d’articles et d’analyses annonçant la disparition des États-Unis en tant que superpuissance mondiale, leurs énormes problèmes politiques, économiques et sociaux et leur liste toujours plus longue d’échecs stratégiques et géopolitiques, trop évidents pour être ignorés. Il peut y avoir de nombreux points de vue possibles sur la suite, d’une descente graduelle ou progressive vers la dépression, le dysfonctionnement et l’insignifiance jusqu’à la catastrophe mondiale par le biais d’un anéantissement nucléaire, et il existe à peu près autant de façons de raisonner à ce sujet, sur la base de modèles macroéconomiques, de méthodes d’évaluation des risques, de croyances ardentes en la seconde venue du Christ ou sur de bonnes vieilles méthodes démodées de boules de cristal. Je voudrais proposer une autre méthode : le raisonnement par analogie. Cela m’a déjà été très utile. 

Je l’ai utilisé pour la première fois il y a 13 ans – le 1er juin 2005 à 9h du matin, pour être trop précis – lorsque j’ai publié mon tout premier article sur le sujet (partie 2partie 3 et le tout en français), dans lequel je considérais sérieusement l’idée que les États-Unis allaient suivre le chemin de l’URSS, qui s’était écroulée 14 ans auparavant, le 25 décembre 1991. Je l’ai suivi d’une présentation qui expliquait en détail comment la population de l’URSS était par inadvertance, à cause de ses nombreux déficits et inefficacités, beaucoup mieux préparée à survivre à un effondrement que ne le sera jamais celle des États-Unis. 

Si vous acceptez cette prémisse de base, alors mon analyse initiale est toujours tout à fait valable. Le seul grand oubli, c’est que j’ai négligé l’effet du phénomène de fracturation hydraulique aux États-Unis et le report du pic mondial de production d’hydrocarbures, mais ce n’est que cela, un léger retard. Et étant donné le rythme constant et croissant des nouvelles et des analyses qui annoncent la disparition de l’Amérique, la prémisse de mon analyse semble de moins en moins farfelue.

Le 25 décembre 1991 reste gravé dans la mémoire de millions de personnes comme le début d’un cataclysme majeur qui a détruit le pays où ils ont grandi et qu’ils aimaient. Ce serait bien de pouvoir indiquer une date tout aussi précise pour la disparition des États-Unis, disons le mardi 20 octobre 2020, mais aucune boule de cristal ne peut justifier une telle précision. Disons simplement que des événements de cette ampleur ont tendance à surprendre tout le monde. Ce qui a été particulièrement surprenant dans l’effondrement de l’URSS, c’est la rapidité avec laquelle il s’est déroulé. 

L’URSS est passée de parfaitement stable à inexistante en cinq ans environ. Les politiciens américains ont été particulièrement décontenancés : un moment ils la voyaient comme un monolithe politique et militaire, et l’instant d’après ils furent forcés de considérer les conséquences horribles de l’effondrement économique et politique de trois entités nucléaires – la Russie, l’Ukraine et le Kazakhstan – et durent réduire considérablement les arsenaux stratégiques américains afin de se positionner pour exercer une pression contre une prolifération nucléaire incontrôlée. 

Bien que certains politiciens américains, en particulier George H.W. Bush, fraîchement décédé, aient voulu s’attribuer le mérite de l’effondrement de l’Union soviétique, le qualifiant de « victoire de la guerre froide », il ne s’agissait de la victoire de personne. La guerre froide n’a jamais été chaude, et c’est pourquoi la Russie et les États-Unis existent toujours. Au lieu de cela, l’Union soviétique s’est autodétruite, ce qu’elle n’aurait probablement pas fait si elle s’était mobilisée pour lutter contre une menace extérieure. La situation n’est pas différente maintenant. Les guerres entre puissances nucléaires sont suicidaires et donc impensables, et les États-Unis ne sont confrontés à aucune menace extérieure d’aucune importance. 

Si l’analogie avec l’URSS tient toujours (comme cela devrait l’être), la période entre le moment où la séquence d’autodestruction est lancée et celui où les États-Unis cessent d’exister sera également de l’ordre de cinq ans. Nous pouvons garder ma date proposée du mardi 20 octobre 2020 pour se revoir afin de vérifier si la séquence d’autodestruction a été initiée. Bien sûr, si les États-Unis s’effondrent avant, je m’attends à ce que tout le monde me paye à boire, et si ce pays s’effondre à cette date précise, je serai sans doute insupportablement suffisant pendant un bon moment après cela. 

Comment savoir si la séquence d’autodestruction a été déclenchée ? Il y a deux signes révélateurs. La première est qu’il existe une reconnaissance et une acceptation communes du fait qu’il faut faire quelque chose pour éviter l’effondrement. La perestroïka de Gorbatchev et « Make America Great Again » de Trump sont deux signes de désespoir. La seconde est que chaque tentative de prévenir ou de retarder l’effondrement le rapproche, chaque perturbation augmente le désordre et la portée de l’action productive se réduit à presque rien. Les tentatives de Gorbatchev de libéraliser l’économie soviétique centralement planifiée ont fait chuter la production, tandis que les tentatives actuelles de Trump de renégocier les relations commerciales font augmenter le déficit commercial, le déficit budgétaire et les coûts d’emprunt en même temps. 

Ce ne sont là que quelques-uns des signaux que nous pouvons déjà déceler, mais pour voir la séquence d’autodestruction soviétique en action et l’appliquer aux États-Unis, je devrai établir des parallèles supplémentaires entre les deux, notamment : l’échec du leadership ; l’échec de l’idéologie ; la perte de compétitivité internationale ; la fin de la croissance et l’impasse finale et inévitable vers une faillite nationale. Je m’en occupe dès maintenant.

Dmitry Orlov 

Traduit par Hervé, vérifié par Wayan, relu par Cat pour le Saker Francophone

Myth, Satire, and Lucian’s “True History”

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Myth, Satire, and Lucian’s “True History”

Ex: http://www.theimaginativeconservative.org

For the ancient myth-maker, there is something at the heart of all of human events that is worth preserving, something marvelous and worthy of renown, even if the account is not entirely true to life…

The second-century satirist, Lucian of Samosata, makes the following inflammatory statement in his True History:

[Historical accounts] are intended to have an attraction independent of any originality of subject, any happiness of general design, any verisimilitude in the piling up of fictions.…I fall back on falsehood — but falsehood of a more consistent variety; for I now make the only true statement you are to expect — that I am a liar. This confession is, I consider, a full defence against all imputations. My subject is, then, what I have neither seen, experienced, nor been told, what neither exists nor could conceivably do so.

For Lucian, the end of his own peculiar history is to “loosen the mind so that it is in better form for hard study.” While he mentions several “lying” authors by name, and spends a majority of his time in A True History lampooning their accounts; his main argument against these ancient poets, historians, and philosophers is that they “have written many monstrous myths,”[1] following in the tradition of Odysseus, and meant to deceive and overawe the uneducated. Meanwhile, he presents his own narrative as a “new subject, in pleasing style,” with clever references to these same ancient poets, philosophers and historians, “in order that I would not alone lack in the of share myth-making”[2].

Lucianus.jpgLucian, in response to the poet’s fancy, intends to compose an account in which there is no pretense at truth, and which will surpass the work of the poets because he, at least, has openly declared himself a liar. His goal is to provide a pleasant literary spectacle for the entertainment of his highly educated audience, not unlike the various gladiatorial matches that took place in his own day. But, by describing “myth-making” (mythologeo) in this way, he has misunderstood and therefore, unjustly butchered the goal of the poet, the historian, and the philosopher. For the goal of the ancient myth-maker is not to create an entertaining story or a perfectly accurate description, but to explore and explain aspects of the human experience.

Myth in the Ancient World

 

However, before we condemn Lucian too harshly, let us try to understand what he means by “myth.” The troublesome word mythos within its various classical contexts includes definitions ranging from simply “word” (close to the meaning of logos), to the more modern connotation of myth as purely false. Monica Gale, in her work on Myth and Poetry in Lucretius, describes this progression throughout Greek literature: “[Mythos] is frequently employed as a blanket term for anything about which the author is skeptical. Thus Herodotus criticizes the [muthoi] of Homer and the poets only to be reprimanded by Thucydides and Aristotle for his acceptance of [to mythodes] (‘that which resembles mythos’).” Lucian himself follows in this critical tradition, equating the historians’ mythical accounts with those of the ancient rhetoricians, who are concerned with the persuasive power of their accounts, rather than their veracity (puxagogiai). This distinct dilemma, as presented by Lucian and other critics regarding the complete truth or falsity of an account is, according to Gale, misleading at best.

While the term “myth” itself falls into the category of mere falsehood (pseudees) in Lucian’s case, a classical understanding of mythos as its own distinct genre remains. There are two main criticisms that follow the genre as such: that myth is either impious or irrational. These are the basis of Plato’s objection to myth his Republic, saying that it causes confusion within the soul because of its misrepresentation of reality and that it ought not to be recited to any “listeners who do not possess, as an antidote, a knowledge of its real nature,” (Plato X.605c, 595b). However, while Plato and Lucian condemn the myths of Homer, these same myths nevertheless continued to function as the basic source of truth in the education of the Greek world, and even serve to inspire Socrates himself in his allegorical creation of the City in his Republic dialogue.

The Philosopher’s Art of Myth-making

If the purpose of myth-making lies outside of its accuracy, then it must serve some other purpose. We have already seen how Plato condemns the poets in his Republic; however, in excluding the poets from the ideal City, he “put[s] himself to shame and condemn[s] himself when he condemns by word, those who are indeed his fellow-workers and models,” as Carleton L. Brownson argues. Indeed, Strabo, a Roman historian who wrote concerning the study of geography about one hundred years before Lucian, describes the poets themselves as “creative philosopher[s]” (philosophian teen poieetikeen). Strabo goes on to make the distinction between the “fable-making old wife” who invents “whatever she deems suitable for the purposes of entertainment,” and the poet who “’invests’ the hearer with special knowledge.” To illustrate this, he describes Odysseus as a man whose wiliness came not from his skillful rhetoric but from the substance of past experience. In Strabo’s mind, the substance of a poet is not his rhetorical abilities, but the combination of both wisdom and rhetoric; to quote Homer, “’But when he uttered his great voice from his chest, and words like unto snowflakes in winter, then could no mortal man contend with Odysseus.’” Odysseus is so persuasive because he understands a deeper truth that exists in reality and cannot be adequately expressed except in fables.

On the other hand, Lucian views Odysseus as a charlatan,[3] who merely uses his rhetoric to enchant the Phaeacians and gain their favor. His argument is that Odysseus could not have had any experience that would support or add substance to his story and that he was intentionally trying to deceive his audience. Lucian takes this more secular view of myth throughout his works, often referring to it as a pleasing kind of rhetoric, rather than a mode of conveying abstract or abstruse realities. In Lucian’s Lover of Lies, he says that the common people “prefer a lie to the truth simply for its own merits… now what good can they get out of it?” Lucian, again, berates the historians and poets as he did in his introduction to his True History, blaming them for not only deceiving their listeners but using the power of rhetoric to perpetuate ignorance in the people. He offers some defense of the poets, saying that these myths capture the attention of the audience and add luster to the mundane; however, this is the only defense that he gives, and he does not admit any additional substance outside of this rhetorical appeal.

Historians Following in the Poetic Tradition

Herodotus, the historian that Lucian mocks the most in his narrative, begins his own accounts by stating two basic goals: first, “that neither the deeds of men may be forgotten by lapse of time”; and second, that “the works great and marvelous, which have been produced some by Hellenes and some by Barbarians, may [not] lose their renown.” As Lucian and other later historians are so eager to point out, if Herodotus, as a historian, meant to preserve the accuracy of the stories, then he has sadly failed in this respect, because his accounts are either completely fantastic or sadly misinformed. However, that is not what he has told us in the proem. Marc Bloch, in his book on the historical method, describes the element of humanity that is necessary in any historical narrative: “There must be a permanent foundation in human nature and in human society or the very names of man or society become meaningless.” While a perfectly scientific account of any historical event is often considered impossible—even Herodotus admits this in his investigations, quoting the accounts of a variety of sources—he, Herodotus, seems to believe that there is something at the heart of all these human events that is worth preserving, something marvelous and worthy of renown, even if the account is not entirely true to life. Herodotus’ idea of the central meaning of the human existence or the human essence is something that cannot be explained through facts; it is explained in the “great deeds of men.” David Grene elaborates on this point in his introduction to his translation of The Histories: “Herodotus certainly believed in the universal characteristics of the human imagination… He is interested in the eccentricities of men’s beliefs and practices, [for] he is sure of a common core where men think and feel alike.” As Marc Bloch says: “The historian’s job is to make sense of the nearly infinite expanse of historical evidence, just as the poet’s is to make sense of the equally infinite expanse of human experience.”

In that sense, Herodotus, follows the same literary tradition as Homer and Hesiod. The chief difference lies in who controls the actions of history: While Homer and Hesiod focus on the actions of gods, and invoke their aid as they begin their works, Herodotus seeks to understand mankind and his deeds, as we saw in his proem. He, therefore, does not invoke the gods for inspiration but rather calls on his sources for aid in narrating his account, jumping straight from his proem to the varied accounts given by the Persians as to the cause of the Persian war with the Assyrians. Truesdell S. Brown, in his work on The Greek Historians, describes Herodotus’ approach, to history in much the same terms: “Herodotus’ methods cannot be easily reduced to a stylistic formula…[and] he lived well ahead of the formulation of specific rules for prose composition.” The reason why his style is so notoriously hard to track, as many classical critics of Herodotus have observed, is that he is not concerned with the accuracy of his account; indeed, he often casts doubts on his own narrative. His goal is to meditate on and make sense of the “works great and marvelous, which have been produced some by Hellenes and some by Barbarians, [so that they] may [not] lose their renown.” He never makes the pretense at a truly aleethee account, rather, he intends to “publish his findings.”

Modern Defenses of Myth

Within any iteration of truth, the limitations of language, time, and space act as rigorous editors. However, to merely convey accurate factual information is not the same as understanding what it means. The responsibility of the poet, the philosopher, or the historian is to understand and convey a meaning that draws from and explains the significance of the facts. Lucian’s True History serves neither of these ends, for he neither presents anything constructive “[having] nothing true to tell,” nor does he have any experience, “not having any adventures of significance.” In his narrative, he is only critiquing that which is already obvious to his readers, and fostering a kind intellectual pride and chronological snobbery by rejecting the accounts of the ancients. Alexander Pope, a Neo-Classical poet, describes this type of critic in his Essay on Literary Criticism:

The bookful blockhead, ignorantly read,
With loads of learnéd lumber in his head,
With his own tongue still edifies his ears,
and always list’ning to himself appears.

In Pope’s mind, the critic must possess “a knowledge both of books and human kind,” as well as “a soul exempt from pride.” This is in keeping with the classical understanding of education as “encompass[ing] upbringing and cultural training in the widest sense,” with poetry and the poets at the center. The poets in the ancient world not only served as a style guide for other authors but as the foundation for the entire culture, providing an understanding of how to find the answers from the variety of human experience.

C.S. Lewis, another illustrious student in the classical vein, offers a defense of myth along much the same line in his essay “On Stories.” Here Lewis describes the goal of “story” as similar to that of art, by which “we are trying to catch in our net of successive moments something that is not successive…. I think it is sometimes done—or very nearly done—in stories.” Additionally, J.R.R. Tolkien offers his own defense of myth in his essay, “The Monsters and the Critics”“The significance of a myth is not easily to be pinned on paper by analytical reasoning. It is at its best when it is presented by a poet who feels rather than makes explicit what his theme portends; who presents it incarnate in the world of history and geography, as our poet as done.” This idea is in no way limited to the religious sphere, for both Friedrich Nietzsche in his Birth of Tragedy and Albert Camus in his essay “On Sisyphus” have attested to the inimitable power of myth to express that which is inexplicable about the nature of the universe: “Whatever is profound loves masks,” Nietzsche writes. “Every profound spirit needs a mask.”

Conclusion

By reducing these storytellers to this false dichotomy of pure truth and pure falsehood, Lucian has eviscerated philosophy and history, and left mankind with a meaningless string of facts, dates, abstractions, and reflections. In daring to suppose himself above the gods, he has, intentionally or unintentionally, pitched himself from the height of learning into the void of meaningless abstraction. He does not foster an attitude of learning, but rather a callous existentialism that will cauterize the natural affections of the human heart, rotting the core from the center of a society, and leave the human race, in the end, utterly blind, deaf, and dumb.

Lucian has a full understanding of what he was doing when he uses the terms muthos and mythologeomai to describe the efforts of philosophers, poets, and historians. His concern is for those who have taken the mythos for aleethees (accurate truth), and is speaking up on their behalf. However, this does not justify his dismissal of myth as a genre, nor does his satire constructively contribute to the discussion of meaning in poetry, philosophy, or history. Not only that, but Lucian’s criticism is a sign of a deeper and more troubling problem: that is, the great divorce of the intellectuals from a simple understanding of the world and human nature. Lucian thinks that he has seen through the poets to something greater when, in reality, he has destroyed any hope of finding meaning in the culture that surrounds him.

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Notes:

[1 ] “πολλὰ τεράστια καὶ μυθώδη συγγεγραφότωv” (“putting these many lies and myths to paper”)

[2] “ἵνα μὴ μόνος ἄμοιρος ὦ τῆς ἐν τῷ μυθολογεῖν ἐλευθερίας” (“in order that I myself am not left out of this

myth-making”)

[3] “διδάσκαλος τῆς τοιαύτης βωμολοχίας” (“the teacher of these mendicants”)

Works Cited:

Bloch, Marc. The Historian’s Craft. Vintage Book, 1953.

Brown, Truesdell S. Greek Historians. D.C. Heath and Co, 1973.

Gale, Monica. Myth and Poetry in Lucretius. Cambridge University Press, 2007.

Grene, David. “Introduction,” History of Herodotus. University of Chicago Press, 1987.

Herodotus. The History of Herodotus, trans. G. C. Macaulay. 1890 edition.

Lewis, C.S. On Stories and other Essays on Literature. ed. Walter Hooper. Harcourt Brace Jovanovich, Publishers, 1983.

Lucian. A True History. Trans. A.M. Harmon. Loeb Classical Library: Harvard University Press, 1913.

Lucian. “A True History”. The Complete Works of Lucian. Vol III. trans. H.W. Fowler and F.G. Fowler. Oxford University Press, 1949.

Lucian. “The Liar (ΦΙΛΟΨΕΥΔΗΣ Η ΑΠΙΣΤΩΝ)”. The Complete Works of Lucian. Vol III. trans. H.W. Fowler and F.G. Fowler. Oxford University Press, 1949.

The Oxford Classical Dictionary. Eds. Hornblower, Simon, and Antony Spawforth.

Nietzsche, Fredrich. Beyond Good and Evil. trans. Walter Kaufmann. Vintage Books. 1989.

Plato. Republic. Plato, Complete Works. ed. Cooper. Hackett, 1997.

Strabo. The Geography of Strabo. trans. Horace Leonard Jones. Loeb Classical Library: Havard University Press, 1913.

Tolkien, J.R.R. “Beowulf: On the Monsters and The Critics.” On The Monsters and The Critics and Other Essays. ed. Christopher Tolkien. Harper Collins, 2007. pp 103-120.

Twain, Mark. The Adventures of Huckleberry Finn. Penguin Classics, 2005.

Renehan, Robert, and Henry George Liddell. Greek Lexicographical Notes: A Critical Supplement to the Greek-English Lexicon of Liddell-Scott-Jones. Göttingen: Vandenhoeck und Ruprecht. 1975.

Editor’s Note: The featured image is “Sapho embrassant sa lyre” by Jules Elie Delaunay (1828-1891), courtesy of Wikimedia Commons. The image of Lucian is a speculative portrayal taken from a seventeenth-century engraving by William Faithorneis, courtesy of Wikipedia.