vendredi, 28 février 2014
Esquilino in maschera!
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Ukraine- Crimée : de l’insurrection à la guerre
Jean Bonnevey
Ex: http://metamag.fr
L’insurrection l’a emporté. Comme partout, quand un régime autoritaire cède, il s’effondre et il est dévoré par sa propre meute. Rien n’est plus répugnant que le résistant de la 13ème heure se transformant en vengeur.
Certains saluent la victoire de la démocratie et de la liberté. En fait il y a bien, pour le moment un, échec de Poutine. Mais cet échec ne peut changer l’essentiel. L’Ukraine est liée au monde russe plus qu’à l’Europe de Bruxelles. Une Europe qui va devoir payer le prix fort pour éviter un effondrement de ceux qu’elle a soutenu pour chasser le pouvoir pro-russe.
Un pays lourdement endetté
L'Ukraine a besoin de 35 milliards de dollars d'aide internationale sur deux ans et a souhaité obtenir un premier versement dans les jours ou les semaines qui viennent, annonce lundi le ministère des Finances dans un communiqué dont l'agence Reuters a eu copie. « La représentante de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, va discuter des mesures nécessaires à prendre pour stabiliser l'économie du pays », a indiqué la Commission européenne. Cet appui reste cependant conditionné à la conclusion d'un accord avec le Fonds monétaire international.
Les Ukrainiens vont vite déchanter et comprendre que la pseudo liberté politique passe par une vraie servilité économique. En décembre dernier, le président russe Vladimir Poutine avait promis de fournir une aide de 15 milliards de dollars (11 milliards d'euros) et de réduire les tarifs du gaz vendu à l'Ukraine après la décision de son homologue ukrainien Viktor Ianoukovitch de ne pas signer un accord d'association avec l'Union européenne. Une première tranche d'aide a été débloquée, mais suite aux récents évènements, la Russie a suspendu l'octroi d'un second versement. « En cas d'accord avec le FMI, d'autres aides internationales pourraient se mettre en place et aider l'Ukraine à se redresser », a souligné un haut fonctionnaire américain. Le nouveau pouvoir sera donc totalement dépendant non plus de Moscou mais de Washington et Bruxelles.
Plus encore que de la banqueroute, la communauté internationale redoute, dans l'immédiat, que la crise creuse le fossé entre l'Est russophone et russophile, majoritaire, et l'Ouest nationaliste et ukrainophone. Sous le règne de l'Union soviétique, les russes ont immigré en masse dans l'est du pays, qui a fait l'objet d'une rapide industrialisation. L’Ouest est historiquement plus tourné vers la Pologne. Le Premier ministre polonais Donald Tusk, en première ligne, estimait d'ailleurs, samedi soir, qu'il existait des forces menaçant l'intégrité territoriale de l'Ukraine.
Alarmés, la chancelière allemande Angela Merkel et le président russe Vladimir Poutine ont d'ailleurs souligné l'importance pour l'Ukraine de préserver son intégrité territoriale, lors d'un entretien téléphonique, a indiqué le porte-parole du gouvernement allemand. « Une partition de l'Ukraine ou le « retour de la violence » ne sont dans l'intérêt ni de l'Ukraine, ni de la Russie, ni de l'Union européenne, ni des Etats-Unis », a assuré une proche conseillère de Barack Obama, Susan Rice. Certes mais, les JO terminés, Poutine va retrouver tous ses moyens.
Le conflit pourrait rebondir en Crimée
Région peuplée principalement de russophones, la Crimée a été rattachée en 1954 à l'Ukraine qui faisait alors partie de l'Union soviétique. Il s'agissait d'une décision purement formelle, car le transfert de ce territoire a été effectué à l'intérieur du même Etat. Après la chute de l'URSS en 1991, la Crimée est restée au sein de l'Ukraine, mais a reçu le statut de région autonome. « La Crimée demandera à se séparer de l’Ukraine en cas de renversement du pouvoir légitime dans le pays », a déclaré le président du parlement régional de la Crimée Vladimir Konstantinov, ajoutant que cette question ne se posait pas pour le moment.
« Nous n'avons qu'une seule voie à suivre: dénoncer la décision du Comité central du PCUS concernant le rattachement de la Crimée [à l'Ukraine]. Un pays a transmis la Crimée à un autre pays, nommé Ukraine, en signe d'amitié éternelle. Nous voyons bien ce qui est advenu à cette amitié. Et si un pays cesse d'exister, les actes juridiques le concernant sont déclarés nuls et non avenus », a affirmé M. Konstantinov à Moscou lors d'une réunion de la fraction libérale-démocrate au parlement russe. Les représentants de la communauté russe et du parti communiste de l’Ukraine se sont exprimé lors de l'événement. Les orateurs se sont opposés à l’entrée de l'Ukraine dans l'Union européenne, et ont appelé à la sortie de la Crimée du pays.
La crise n’est pas finie.
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Eurasianism
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Aux armes pour l’Europe?
Aux armes pour l’Europe ?
Compte-rendu de la conférence-débat du 8 février 2014 à Paris
par LA LIGUE FRANCILIENNE
Dans une brasserie au cœur de Lutèce s’est déroulé un dîner-débat de fort belle facture organisé par la Ligue Francilienne et le Réseau-Identités autour d’un thème qui est cher à nombre d’entre nous, l’Europe. Pour évoquer notre continent-civilisation, deux acteurs de la mouvance européiste identitaire ont accepté de prêcher l’Europe à un public attentif, soucieux de son avenir, mais déçu par une construction « européenne », l’Union européenne actuelle, qui n’a pas été à la hauteur des enjeux.
Pour les deux intervenants, la première gageure n’était pas de réveiller des consciences, qui l’étaient déjà, mais de réveiller en eux l’espoir d’une Europe unie et puissante, d’une Europe qui préservera les identités nationales sans que ces dernières ne la divisent, mais au contraire la forgent.
Jacques Cordonnier, président d’Alsace d’Abord, et Thomas Ferrier, secrétaire général du P.S.U.N.E. (Parti socialiste pour l’union de la nation européenne), le « Parti des Européens », ont ainsi éclairé de leur expérience ce que devait être l’Europe, ce qu’elle était pour eux et la forme qu’elle devait prendre.
Jacques Cordonnier a remarquablement expliqué l’échec de l’Union européenne mais a montré aussi l’impasse que constituaient le « repli national » et l’usurpation représentée par les partis souverainistes. Il a déploré que parmi les amis du mouvement identitaire certains avaient préféré écouter les sirènes de l’euroscepticisme plutôt que de continuer le combat pour une Europe européenne. Sincère fédéraliste, il a regretté le manque d’approfondissement de la construction européenne en raison d’une ouverture hâtive à des pays qui n’étaient pas prêts.
Thomas Ferrier s’est davantage employé à susciter l’espoir d’une Europe renaissante et conquérante, mais par le biais d’une révolution européenne, dont il a tracé la prospective, révolution qui permettrait de rendre l’impossible possible sans passer par une phase de rétractation mais au contraire par une expansion maximale du continent européen jusqu’à ses frontières définitives.
Face à un vent contraire qui prône la fin de l’euro et la ruine de l’Union européenne, ils ont expliqué l’Europe authentique, celle des Européens, non l’Europe des gouvernements, des États, des oligarchies nationales et internationales.
Le public a été très réactif et a participé de manière soutenue à la série de questions, évoquant des interrogations pertinentes et sincères. A ainsi été clarifiée la position qu’on pouvait avoir sur le Front national, troquant la lutte contre l’immigration pour une croisade contre l’Union européenne, façon tactique de renoncer à ce qui est pourtant le principal motif de vote de son électorat. Jadis, en effet, le F.N. expliquait la crise économique et le chômage par l’afflux migratoire. Aujourd’hui, tout serait de la faute de l’euro, ce qui n’a pas empêché pourtant la ruine de l’Islande, la remontée de l’Irlande et la politique d’extrême rigueur budgétaire du Royaume-Uni.
La question de l’appartenance ou de la non-appartenance des D.O.M.-T.O.M. à la « communauté nationale » a également été évoquée. Jacques Cordonnier a dénoncé le rattachement de Mayotte à la France. Thomas Ferrier a prolongé cette réflexion en souhaitant l’indépendance de tous les D.O.M.-T.O.M.
En une belle complémentarité, les deux intervenants ont évoqué pour l’un l’importance de l’identité régionale et pour l’autre celle de l’identité européenne. Le public se sera chargé d’ajouter l’identité nationale dans l’équation à trois niveaux.
À certains partisans d’une Europe unie mais sous la forme d’une doctrine plus ancienne, Jacques Cordonnier et Thomas Ferrier ont insisté sur la terminologie moderne qu’il serait bon d’employer pour défendre le combat pour cette Europe véritable sans prendre le risque d’accusations faciles que des adversaires pourraient opposer.
L’euro a été défendu en expliquant l’extrême dangerosité de son abandon, en raison des interdépendances engendrées par l’adhésion passée. L’euro a évidemment amené à des réactions plus tendues de certaines personnes du public, qui sous-estimaient la difficulté et associaient le discours tenu à celui des « euro-mondialistes ». Des précisions ont été apportées et ont fait réfléchir, notamment la nécessité de s’approprier les symboles européens pour mieux les retourner contre les promoteurs d’une « Europe » libérale et mondialiste qui n’est qu’une Anti-Europe.
Une personnalité bien connue de la « mouvance nationale » a réagi aux propos tenus en manifestant son scepticisme quant au projet européiste évoqué, préférant une Europe restreinte à quelques pays et dans laquelle on procéderait à des convergences, et a aussi déploré l’absence d’une définition géographique claire de l’Europe. Sur ce point, Thomas Ferrier a surpris la salle en évoquant l’européanité des Albanais ou des Tchétchènes, malgré l’islamité qu’on leur associe généralement, ne réduisant pas l’Europe à une définition par trop religieuse, et insistant sur la profonde parenté entre Européens.
Thomas Ferrier a rappelé ainsi la définition de la nation, « ceux nés du même sang », et ce pourquoi il existait une nation bretonne, une nation française et une nation européenne. Il a aussi insisté sur la distinction entre la nation et l’État. Jacques Cordonnier a insisté sur le fait de désigner l’ennemi de tous, et a ciblé notamment Martin Schulz, « socialiste » allemand et futur probable président de la commission, dont la profonde nocivité a été révélée aux invités.
Il faut remercier fortement le public de sa participation, de son respect du temps de parole de chacun, et de l’esprit constructif qui a animé chaque personne présente. Elles ont fait preuve d’ouverture pour un discours nouveau qu’elles n’ont pas l’habitude d’entendre. Et ce discours a convaincu chacun de l’importance d’adopter une vision européenne du combat politique, dans le respect des particularismes et des identités, de toutes les identités.
La Ligue Francilienne
• D’abord mis en ligne sur Réseau-Identités, le 10 février 2014, puis repris par Synthèse nationale le jour même.
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Extension du système mondialiste
Extension du système mondialiste
Auran DerienEx: http://metamag.fr
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Project PHEME
Project PHEME : l'Europe finance un projet informatique de censure globale
C’est un article du Parisien intitulé « Des chercheurs veulent passer les réseaux sociaux au détecteur de mensonges » qui vend la mèche du dernier gros projet informatique financé par l’Union Européenne, la plus belle invention démocratique du siècle et comparable à terme à l’Union soviétique.
« Des chercheurs universitaires travaillent à l’élaboration d’un système capable d’identifier automatiquement les fausses informations qui se répandent comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux. »
« Les réseaux sociaux sont une mine d’or en termes d’informations et d’expressions citoyennes pertinentes mais peuvent aussi être utilisés pour répandre des rumeurs. Pour faire le tri, des chercheurs planchent sur une sorte de «détecteur de mensonges» actif sur Twitter ou encore Facebook. Un projet ambitieux qui, selon le New York Times, pourrait se concrétiser dans dix-huit mois. »
« Ce programme de «fact cheking» (vérification des faits en direct) automatique, baptisé «Pheme», devrait pouvoir identifier la fiabilité des sources des informations communiquées grâce à un algorithme complexe. Un travail titanesque que coordonne la faculté de Sheffield, dans le nord de l’Angleterre, avec quatre autres universités et quatre entreprises. Financé par l’Union européenne, ce projet est mené sur trois ans. »
« Selon la directrice de l’étude, Kalina Bontcheva, l’objectif est de vérifier en temps réel les informations pour permettre aux gouvernements, services de secours, médias et entreprises de répondre plus efficacement à des rumeurs infondées.
Le projet doit identifier quatre types d’informations peu fiables : les spéculations, la controverse, la fausse information et la désinformation. Les chercheurs comptent utiliser trois facteurs pour établir la véracité des données : l’information en tant que telle, un système de vérification via des sources fiables et la diffusion de l’information. Le résultat de cette recherche pourra apparaître sur l’écran de l’utilisateur. »
Alors le côté « attention l’information que vous consultez est une rumeur » pourrait presque sembler assez inoffensif et je suis persuadé que l’on nous vend toute cette affaire comme étant un immense progrès pour la « véritable » information sur Internet, ce qui permettra de sécuriser les positions dominantes des médias traditionnels de plus en plus remis en cause par la blogosphère.
Rien n’empêchera après d’utiliser ce type de système pour bloquer des informations, bloquer des sites Web, bloquer des informations gênantes.
Ce type d’outil par son ampleur (tout le Web) et son fonctionnement en temps réel n’est rien de moins que le plus important logiciel de censure mondial. Même la Chine n’y a pas pensé. Seule l’Europe a l’esprit assez tordu pour penser et financer ce genre de projet.
Retenez bien. Projet Pheme. Internet ne sera bientôt plus libre, et lorsque vous lirez le Contrarien (si c’est encore autorisé) apparaîtra sur votre navigateur le message : « Attention ce site présent des contenus subversifs. Votre adresse IP ainsi que votre ADN ont été transmis à la police de la pensée »… signé le ministère de l’Amour.
Précisions: la liste des participants.
Universités et entreprise: les partenaires du projet sont les cinq universités Sheffield, King’s Collège London, Warwick en Angleterre, Saarland en Allemagne et l’Université MODUL à Vienne avec quatre entreprises ATOS en Espagne, ihub au Kenya et Ontotext en Bulgarie sans oublier le site suisse swissinfo .ch.
- Source : Le contrarien Matin
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jeudi, 27 février 2014
Guerre des monnaies
Méridien Zéro
EMISSION N° 178 : "LA GUERRE DES MONNAIES"
Pour écouter:
http://www.meridien-zero.com
Ce vendredi 28 février, Méridien Zéro reçoit François Sainz gérant des éditions "Le retour aux sources" accompagné de l'équipe du livre "Le guerre des monnaies - la Chine & le nouvel ordre mondial" :
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Méridien Zéro, émission francophone et française de Radio Bandiera Nera et du Réseau MAS est la voix des dissidents, des hommes libres, des pirates. A l'abordage et pas de quartier ! |
10:15 Publié dans Economie, Evénement | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : guerre des monnaies, économie | | del.icio.us | | Digg | Facebook
I Cadetti dell'Alcazar
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An Indirect Offensive Strategy against the Obama – Cameron – Harper Doctrine
An Indirect Offensive Strategy against the Obama – Cameron – Harper Doctrine
Ex: http://www.strategic-culture.org |
The policy employed by U.S. President Barack Obama, British Prime Minister David Cameron, and Canadian Prime Minister Stephen Harper, the primary agitators behind the violent overthrow of democratically-elected governments around the world, can best be referred to as the OCH (Obama-Cameron-Harper) doctrine. The first country to feel the effect of the OCH doctrine is Ukraine, where mob violence, stoked by provocateurs on the payroll of global hedge fund vulture George Soros and the Central Intelligence Agency, brought about the overthrow of the government of democratically-elected President Viktor Yanukovych.
The CIA- and Soros-financed and inspired violent overthrow of the Ukrainian government, which defended Ukrainian interests against the European Union and its European Central Bank masters, thus feeling the full wrath of the capitalist contrivances of the Western corporate media, the European Union, and NATO, has given impetus to the neo-conservatives for further adventurism against Belarus, Iran, Cuba, and even Russia and China. The fall of Ukraine to neo-Nazis backed by western Ukrainian nationalists and Zionists who rally around the convicted fraudster and former Prime Minister Yulia Tymoshenko provided immediate impetus to Venezuelan rightists who began a campaign of violence to force democratically-elected President Nicolas Maduro from office… Venezuela’s «Tymoshenko» is Leopoldo Lopez, «talent spotted» and recruited by the CIA while he attended Kenyon College in Ohio and the elitist Harvard University in Cambridge, Massachusetts – the home of Gene Sharp’s themed revolution philosophy of coup d’etat-making. Lopez, who maintains links with the International Republican Institute (IRI) a CIA front that is officially part of the U.S. Republican Party, was part of the CIA-funded cabal that temporarily toppled Hugo Chavez in a coup in April 2002. Kenyon College is a favorite CIA recruitment campus, having counted the editor of the prestigious Kenyon Review, John Crowe Ransom, among its agents of influence for over two decades. In 1959, Robie Macauley, one of Ransom’s students, succeeded his mentor as editor of the journal. Macauley was known to be on the CIA’s payroll when he succeeded Ransom as editor. Buoyed by the events in Ukraine and Venezuela, Thailand’s CIA-supported Yellow Shirts of royalists and senior military officers prepared for the ouster from power, through sometimes violent street demonstrations, of democratically-elected Prime Minister Yingluck Shinawatra from power. Yingluck’s base of support is from the Red Shirts, a largely farmer-based movement opposed to the wealthy elites that have governed Thailand with the support of the CIA since the end of World War II. With the fall of Ukraine to reactionary forces of the right and the socialist government of Venezuela and the pro-farmer government of Thailand on the political ropes – all the result of a neo-conservative counter-offensive against anti-imperialist populist governments – the Shanghai Cooperation Organization (SCO) -- should make plans to deliver a defensive body blow in retaliation to the OCH doctrine and its major supporters. In fact, one of the leading neo-conservative pressure groups in Washington that has been at the forefront of supporting the violent provocateurs in Ukraine, Venezuela, and Thailand is the Zionist-financed «Foundation for the Defense of Democracies,» a spin-off from the defunct neo-imperialist «Project for the New American Century» (PNAC). The upcoming referendum on Scotland’s independence provides a rare opportunity to bring to the streets of Britain what was recently visited upon the streets of Kiev and other Ukrainian cities. There is little doubt that the London government will stop at nothing to ensure that a «No» vote on independence of Scotland carries the day in the September 18 vote and that the «Yes» forces rallying around the Scottish National Party government are vanquished. While the West is fond of stoking secessionist movements and rebellions in the Caucasus region of Russia, western China, and Tibet, there are real opportunities by Moscow and Beijing to «return the favor» in places like Scotland. There should be coordinated activities by labor, student, and cultural groups in Scotland to immediately reject as invalid and tainted any «No» vote on the independence referendum. Before London can react with force, patriotic Scottish forces, backed by sympathetic Celtic nationalists from the Republic of Ireland, Ulster, and Wales, should erect barricades in Edinburgh, Glasgow, Aberdeen, and other Scottish cities and towns. British military bases in Scotland should be blockaded and, if possible, occupied, along with studios of the British Broadcasting Corporation (BBC). Russian and Chinese media should highlight the efforts of the brave people of Scotland against brutal English occupiers when British security forces finally crack down. Communiques and statements from Scottish independence fighters should be carried live on Russian and Chinese television, radio, and news web sites. When British forces arrive in Scotland, they should be met with burning barricades and mobs of protesters. As many armed Scottish police sympathizers should be sought as allies by Scottish independence fighters in order to confront English force with Scottish force. Ultimately, Scottish freedom fighters should seize control of the Scottish parliament and unilaterally declare independence and invite recognition from populist governments around the world. Russia, China, and the other SCO countries should grant Scotland recognition and establish diplomatic relations with Edinburgh’s revolutionary nationalist authorities. Political, security, and military officials on London’s payroll found to be responsible for crimes against the Scottish people should be arrested and put on trial under Scottish tribunals. Efforts should be made by Scotland to forcefully repel, with possible help from friendly foreign navies, any British or American Naval and/or Marine attempts to seize Scotland’s offshore oil platforms. If this scenario sounds extreme, it is meant to be. However, it is the same strategy employed by Obama, Cameron, and Harper against the sovereign government of Ukraine under the color of Western support for «legitimate democratic opposition» forces fighting against an elected government. But two can play at this neo-conservative game and a Scotland in flames would bring home to the West that its policies of disruption and violence can be delivered to its own doorstep. In Canada, the weak point is French-speaking Quebec, now governed by the secessionist Parti Quebecois. With financing from the SCO nations, Quebec nationalists should begin marching against the policies of Harper’s oil industry-financed Tory government in Ottawa. Quebecois already have their martyrs, the people of the town of Lac-Megantic who were incinerated when, on July 6, 2013, an American-owned train carrying oil from North Dakota to Maine exploded and incinerated scores of Quebecois who were either asleep in their beds or out on the town an hour after midnight. Harper toured the town, where 30 buildings had been totally destroyed, and called it a «war zone». But a «war zone» should be delivered to Harper on the steps of Parliament Hill in Ottawa. It is Harper’s coziness with his oil industry backers in Alberta that resulted in Canada’s oil lobby to take full advantage of the Lac-Megantic disaster in calling for the immediate building of the Keystone XL pipeline because pipelines are allegedly «safer» than rail cars carrying crude oil. It was Harper’s brand of unbridled capitalism and his policy of reducing government regulations across the board, including regulation of private nursing homes, that led to this past January’s deadly fire at a elder care facility in L'Isle-Verten, Quebec, a preventable tragedy that killed 32 of Quebec’s senior citizens. In the event of offensive indirect action in Scotland against Cameron’s government in London, a simultaneous uprising by Quebecois against Ottawa should be backed by SCO. The rallying cry «We will never forget Lac-Megantic and L’Isle Verten» (Nous n'oublierons jamais Lac Mégantic et L'Isle Verten) should be emblazoned on banners and placards throughout Canada. Federal authorities in Quebec should be met with blocked road and rail lines. The smell of fresh-baked French bread in Montreal and Quebec City should be replaced with the pungent fumes of burning tires. Royal Canadian Mounted Police stations should be stormed and occupied throughout Quebec. Demonstrators should demand the Quebec government declare independence from the Harper regime in Ottawa and seek international recognition and support. From Scotland and Quebec, there is no end to the possibilities of delivering an equitable response by SCO to the OCH doctrine employed against Russia and China. In Mexico, the parties of the left, which have seen presidential election after election stolen by global corporate interests, could pull off a rebellion on the model of that utilized by the West in Ukraine. The presidency of conservative Enrique Pena Nieto is totally illegitimate, made more so after revelations that he bought his election by distributing supermarket cash cards to voters. Chiapas, Oaxaca, and other poor Mexican states serve as potential points of a national rebellion against and overthrow of Pena Nieto, a puppet of Wall Street bankers and privatization «experts». With the fall of Quebec and Pena Nieto, Washington and Obama would be dealt a body blow, one that might hasten secessionist movements springing up around the United States from California and Alaska to northern Colorado and eastern Maryland. This is all fertile ground for an indirect offensive strategy by SCO against the forces of imperialism and capitalist corruption. The book of Galatians in the New Testament states the following: «for whatever one sows, that will he also reap». This Biblical phrase should be visited upon Messrs. Obama, Cameron, and Harper by delegitimizing their own so-called «democratic» elections and rendering their claim of authority impotent. |
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Ukraine: L’UE a soutenu un putsch contre un gouvernement démocratiquement élu
Ukraine: L’UE a soutenu un putsch contre un gouvernement démocratiquement élu
Par Aymeric Chauprade
Le coup de force organisé par les États-Unis et l’Union européenne soutenant Tiagnibok (seul leader qui contrôlait les émeutiers) pendant les Jeux de Sotchi (les Russes ayant alors les mains liées) a donc fonctionné et débouché à l’effondrement du pouvoir légal la veille de la fin des Jeux (le 23 février).
Quelles leçons pouvons-nous tirer ?
1) Les récents événements dramatiques démontrent qu’il n’existe aucune solution politique viable et durable pour l’Ukraine dans les frontières actuelles car l’Ukraine est divisée géopolitiquement.
2) Le président Ianoukovitch qui a quitté le pouvoir de lui-même, et afin que le bain de sang cesse, avait certes des torts sérieux (corruption, incapacité à agir dès le début de la crise) mais il avait été élu démocratiquement (aucune contestation de l’OSCE) et était le président légal. C’est donc un coup de force, un coup d’État même, qui l’a poussé vers la sortie et ce coup d’État a bel et bien été soutenu par l’Union européenne.
3) Le sang a coulé parce que l’opposition a tiré la première à balles réelles sur les forces de l’ordre. Les premiers morts ont été des policiers. Qu’aurait fait un gouvernement occidental si des manifestants avaient tiré à balles réelles sur ses forces de l’ordre? On se souvient que l’autoritaire M. Valls aura quand même fait jeter en prison des petits jeunes de la Manif pour tous ou de Jour de Colère pour un simple jet de canette !
4) Dans cette situation dramatique, l’Union européenne et les États-Unis portent une très lourde responsabilité. Ils ont encouragé la rébellion qui a débouché sur la violence ; ils ont cautionné un coup d’État contre un gouvernement démocratiquement élu.
5) La trame de fond de cette affaire, ne l’oublions pas, est, premièrement l’affrontement entre les États-Unis et la Russie, les premiers voulant otaniser l’Ukraine, les seconds voulant y conserver leur influence stratégique.
C’est, deuxièmement, un affrontement historique entre l’Allemagne qui a toujours voulu contrôler (Hitler) l’ouest de l’Ukraine (ce qui explique les néo-nazis de Svoboda) et la Russie qui tente de refouler cette influence (ce qui explique les slogans anti-nazis des ouvriers de Donetsk).
6) L’affaire ukrainienne, après la Syrie, la Libye et tant d’autres depuis 1990, apporte la démonstration que l’antifascisme et l’antisémitisme sont une posture pour les partis dominants en France et non un combat réel, posture qui ne vise qu’à diaboliser les forces politiques réellement alternatives. Ce n’est en effet pas une conviction puisque, au nom de l’Union européenne, ces partis inféodés aux oligarchies pro-américaines ont soutenu les néo-nazis ségrégationnistes et antisémites de Svoboda, le fer de lance du coup de force contre le gouvernement légal d’Ukraine.
Une fois de plus, l’Union européenne prouve qu’elle n’est rien devant les tendances lourdes de l’Histoire et les enjeux de puissance. Sa rhétorique sur la démocratie et les droits de l’Homme est instrumentalisée. Les gesticulations bellicistes de BHL en sont l’illustration pathétique.
L’Ukraine face au réel
L’opposition est divisée : que peut-il y avoir de commun en effet entre Ioulia Timochenko et les néo-nazis de Svoboda ?
Les différents clans d’opposants vont devoir faire face à la réalité économique et géopolitique :
- banqueroute de Naftogaz, la compagnie gazière
- plus de service public, fonctionnaires non payés, caisses vides. L’UE ne donnera pas suffisamment. Donc Iatsenouk va devoir aller mendier l’argent russe et on imagine comment il sera accueilli.
- chaos dans l’Ouest de l’Ukraine où des bandes ont pris le contrôle.
- qui fera partir les extrémistes qui tiennent Maïdan ?
Le retour à la Constitution de 2004 n’arrangera rien. Bien au contraire. Leonid Kuchma sentant le vent tourner en sa défaveur pendant la Révolution orange, avait imaginé une constitution perverse qui diluait tout les pouvoirs si bien que personne ne dirigeait vraiment l’Ukraine.
Revenir à cette Constitution sera une catastrophe quand on connaît la fragilité géopolitique intérieure de l’Ukraine et ses difficultés économiques. Selon Standard&Poors, l’Ukraine fera défaut sur sa dette (elle doit rembourser 13 milliards de dollars cette année) si la Russie arrête son aide, ce qui est désormais probable.
Que peut-on souhaiter ?
Pour ramener la paix, il ne reste qu’une solution viable. Diviser l’Ukraine en deux États. Une Ukraine de l’Ouest tournée vers l’Allemagne, la Pologne et donc l’Union européenne. Ce sera l’Ukraine pauvre, nous serons perdants, sauf les Allemands qui vont y trouver une main d’oeuvre à bas coût pour continuer à maintenir leur avantage compétitif sur nous.
Une Ukraine de l’Est, indépendante ou rattachée à la Russie (après tout les habitants y sont russes) avec la Crimée bien sûr, éminemment stratégique pour Moscou.
Conclusion
Nous ne sommes qu’au début du chaos ukrainien et l’Union européenne porte une très lourde responsabilité. Manipulée par les États-Unis, l’Union a voulu exclure la Russie, acteur essentiel dans la zone, du règlement. Rappelons qu’après le Sommet de Vilnius de novembre 2013, le Kremlin a proposé de régler la question de l’Ukraine lors d’une conférence qui aurait rassemblé les Ukrainiens, les Russes et les Occidentaux.
La crise ukrainienne est donc une nouvelle preuve de l’échec de l’Union européenne. L’Union européenne n’est pas un facteur de paix, elle est un facteur de guerre.
- Source : Realpolitik.tv
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Une monarchie populaire dans les Alpes
Une monarchie populaire dans les Alpes
par Georges FELTIN-TRACOL
Le Saint-Empire romain germanique existe encore en 2013 ! Plus exactement, son ultime vestige situé au cœur des Alpes, coincé entre la Suisse et l’Autriche : la principauté du Liechtenstein. D’une superficie de 160 km2 et peuplé d’environ 35 000 habitants, le Liechtenstein dont la capitale est Vaduz, est le cinquième État germanophone après l’Allemagne, l’Autriche, la Suisse et la Belgique.
Considéré comme un paradis fiscal, le Liechtenstein figure en tête des pays les plus riches de la planète. Alternant les unions économiques ou douanières avec l’Autriche et la Suisse (le franc suisse est d’ailleurs sa monnaie officielle), il dispose de ressources agricoles, bénéficie du tourisme, s’est enrichi grâce à la philatélie et a développé une industrie diversifiée (métallurgie, textile, pharmaceutique, agro-alimentaire). Le chômage s’élève à 1,1 % de la population active. Mais c’est le secteur bancaire qui assure sa prospérité économique. La principauté accueille une vingtaine de banques et plus de 80 000 fondations fiduciaires protégées par un secret bancaire et de nombreux avantages fiscaux adoptés entre 1924 et 1928 avant même la Confédération helvétique.
En 1999, un rapport rendu public du B.N.D. (les services secrets allemands) accusait la principauté d’être un centre du blanchiment de l’argent des mafias russe, italienne et albanaise. En 2008, l’Allemagne exigea du Liechtenstein une liste complète des ressortissants allemands détenteurs d’un compte en banque dans la principauté. Très sourcilleux en matière de souveraineté politique, le gouvernement liechtensteinois tint tête aux pressions allemandes et refusa la moindre divulgation. En revanche, il accepta de modifier graduellement les règles du secret bancaire. L’animosité fut donc vive entre Berlin et Vaduz. Ce n’était pas la première fois.
Historiquement, la famille princière de Liechtenstein est vassale des Habsbourg. Jusqu’au prince souverain François-Joseph II (1906 – 1938 – 1989), les Liechtenstein vivaient à Vienne et ignoraient tout de leur territoire. Satellite de l’Autriche, le Liechtenstein n’entre pas en 1871 dans l’Empire allemand de Bismarck. Si, dès 1914, la principauté proclame sa neutralité, elle suscite néanmoins le grand intérêt de l’Allemagne qui projette en 1917 d’en chasser la famille princière, d’y installer le pape et de la transformer en État pontifical ! La ferme intervention diplomatique de l’Autriche-Hongrie et le refus conjugué de la dynastie liechtensteinoise et du souverain pontife font avorter le plan.
En 1938, l’Anschluss de l’Autriche par l’Allemagne relance les spéculations sur le devenir du Liechtenstein qui n’a plus d’armée depuis 1866 et qui ne peut pas se prévaloir d’une éventuelle assistance militaire helvétique. En 1939, le jeune prince souverain François-Joseph II rencontre Hitler à Berlin. Le Führer garantit son indépendance. De nouveau neutre pendant la Seconde Guerre mondiale, le Liechtenstein voit certains de ses habitants s’engager du côté allemand. Soucieux d’empêcher l’élection au Landtag (Parlement) de nationaux-socialistes locaux, le prince proroge d’autorité le mandat des députés avec l’assentiment de ses sujets.
En mai 1945, la principauté résiste à l’U.R.S.S. de Staline. En effet, près de cinq cents combattants russes de l’Armée Vlassov, alliée de l’Allemagne, viennent de se réfugier au Liechtenstein. Moscou exige leur rapatriement forcé alors que ni la Suisse, ni les États-Unis ne souhaitent mécontenter l’Union Soviétique. Or Vaduz refuse de les livrer et n’accepte que des retours volontaires. À la surprise générale, l’U.R.S.S. cède… Cet épisode historique méconnu, salué en son temps par Alexandre Soljénitsyne, a fait l’objet en 1993 d’un beau film de Robert Enrico, Vent d’Est.
L’après-guerre permet à la petite principauté de retrouver une sérénité certaine. En 1978, elle rejoint le Conseil de l’Europe. En 1981, la peine de mort, jamais appliquée depuis 1785, est abolie. En 1984, le droit de vote est accordé aux Liechtensteinoises. Contrairement à sa voisine suisse longtemps méfiante à l’égard des institutions internationales, le Liechtenstein accepte de les intégrer : 1990 pour l’O.N.U., 1991 pour l’A.E.L.E. (Association européenne de libre-échange qui réunit aujourd’hui l’Islande, la Norvège et la Suisse) et 1992 pour l’Espace économique européen à la suite d’un référendum marqué par un oui à l’adhésion de 55,81 %.
Si le Liechtenstein a pour hymne officiel une composition de l’abbé Jauch sur l’air britannique du God save the Queen, cette monarchie princière dont le catholicisme fut la religion d’État jusqu’en 2012 et qui a pour devise « Dieu, prince et patrie », diffère de ses homologues monégasque et andorrane puisqu’elle combine le droit divin et le pouvoir populaire.
Principal propriétaire foncier de la principauté, le prince souverain est « par la grâce de Dieu, seigneur de et à Liechtenstein, duc de Troppau et Jägerndorf, comte à Rietberg », mais c’est une constitution révisée en 2003 qui définit sa fonction. Il incarne l’exécutif. Le prince souverain nomme et peut révoquer sans se justifier le chef du gouvernement et les ministres. Composé de 25 membres élus au suffrage universel direct et au scrutin proportionnel pour 4 ans dans deux circonscriptions, le Landtag vote les lois et le budget. Outre des élus indépendants, la Chambre se compose de trois forces politiques : le Parti des citoyens progressistes (1918) d’orientation conservatrice, les démocrates-chrétiens de l’Union patriotique (1936) et les écologistes de gauche de la Liste libre (1985). La vie politique tourne surtout autour du dialogue permanent entre le prince souverain, Hans-Adam II, fils de François-Joseph II (ou son représentant, le régent, son fils et futur dirigeant, Alois) et ses sujets.
À l’instar de la Confédération helvétique, le Liechtenstein applique le référendum d’initiative populaire. L’opposition républicaine a à plusieurs reprises utilisé cette procédure afin de réduire les prérogatives princières à savoir le droit de dissolution du Parlement et le droit de veto sur les lois votées par le Landtag ou acceptées par référendum. Ainsi, en 2011, le prince Hans-Adam II annonce à l’avance qu’il s’opposera à la légalisation de l’avortement même si celle-ci est acceptée. 52,3 % des électeurs se rallient au choix du prince. Un an plus tard, une initiative populaire propose la suppression du veto princier sur une décision référendaire. Le prince souverain prévient ses sujets que son approbation le conduira à s’installer en Autriche. Il interdira aussi l’usage du nom de Liechtenstein à l’État de facto républicain. Finalement, 76,1 % des électeurs votent non, montrant leur grand attachement pour leur dynastie. Les Liechtensteinois ne souhaitent pas devenir le canton helvète du Haut-Rhin ou un nouveau Land autrichien.
Les penseurs politiques français du XIXe siècle (certains légitimistes, des orléanistes atypiques ou des bonapartistes) rêvaient de concilier le pouvoir héréditaire et le suffrage populaire. La principauté du Liechtenstein a réussi cette combinaison, ce qui en fait une démocratie semi-référendaire de droit divin.
Georges Feltin-Tracol
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5° Cérémonie des "Bobards d'Or"
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mercredi, 26 février 2014
Retour sur la question communautariste
Retour sur la question communautariste
par Laurent Bouvet Ex: http://philippedelbauvre.blogspot.com |
Comme le remarque Pierre-André Taguieff, « Dans ses usages hexagonaux contemporains dominants, ce terme en ‘isme’ ne désigne pas une idéologie politique (comme le nationalisme), ni une configuration idéologique (comme le racisme), ni un style politique (comme le populisme), ni une école de pensée (comme la philosophie politique des ‘communautariens’ américains ou canadiens) : il dénomme un ennemi abstrait, il désigne une menace, il signale un danger, il exprime une inquiétude et indique en conséquence une tendance inquiétante, il dévoile une tentation supposée croissante, il dénonce une ‘dérive’ (dont on sait que, conformément à l’idée reçue, elle ne peut mener qu’au ‘pire’). »[2] Personne en effet ne se déclare – ou ne défend en tant que telle une position – « communautariste ». Si le terme avait figuré dans le Dictionnaire des idées reçues de Flaubert, on aurait sans doute pu y lire : « Communautarisme : toujours le dénoncer. »
Si l’on s’en tient à une définition neutre, le communautarisme peut se résumer à un système social et politique dans lequel la communauté subjugue l’individu. Mais alors qu’est-ce qu’une communauté ? La sociologie allemande de la fin du XIXe siècle, à travers les travaux de Max Weber reprenant en cela ceux de Ferdinand Tönnies, avance une distinction entre la communauté (Gemeinschaft) et la société (Gesellschaft).[3] La communauté est une forme d’organisation sociale qui suppose un lien organique entre ses membres, qui s’ancre, par exemple, dans la vénération des ancêtres, la valorisation du passé, les liens de sang, ethniques ou religieux. Dans une communauté, ces liens nous unissent malgré nous, avant même que nous soyons considérés comme des personnes autonomes – l’individu ne peut donc exister en tant que tel. Dans cette perspective sociologique, ces formes communautaires appartiennent au passé, c’est-à-dire avant la naissance de la modernité philosophique à partir des XVIIe et XVIIIe siècles, celle qui débouchera sur notre conception de l’individu moderne comme sujet autonome de raison. La « société » procède de cette conception individualiste du sujet, d’un individu préexistant à toute appartenance sociale, titulaire de droits avant même de « faire société ». Ainsi, dans la société au sens moderne du terme, l’individu l’emporte-t-il sur la communauté, sur ses appartenances multiples, grâce à sa capacité de choix, d’utilisation libre de sa raison autonome. Le lien social devient dès lors un lien volontaire d’association avec les autres, déterminé par un choix rationnel fait par des égaux, autour d’intérêts communs. Il existe donc une différence essentielle entre une forme ancienne et une forme moderne de sociabilité des individus : la communauté étant celle des Anciens, la société celle des Modernes.
Pour autant, renvoyer la forme communautaire de la vie sociale au passé n’est pas nécessairement perçu comme une condamnation. Les communautés traditionnelles peuvent très bien apparaître, à l’âge moderne, et de manière positive, comme des lieux de préservation, de refuge et de qualité du lien entre les membres que la « société des individus », selon la formule de Norbert Elias, n’est pas ou plus en mesure d’offrir.[4] Les communautés villageoises, de proximité (la famille, le quartier…) voire religieuses peuvent en effet se révéler pour les individus, au-delà d’un frein à leur continuelle et légitime émancipation, comme la possibilité d’un « entre soi » protecteur, contre l’anonymat et le manque de chaleur des relations dans les grandes sociétés impersonnelles par exemple, dont la « grande ville » serait la quintessence.
Si cette approche, classique, permet de poser un premier repère utile dans le débat, elle n’épuise donc pas l’usage du terme « communauté » même en français. Le mot et la chose ont en effet subsisté à l’âge moderne et pas seulement dans le sens induit par Tönnies et Weber de l’invocation d’un passé révolu. La « communauté » au singulier fait même, depuis longtemps, partie du vocabulaire politique dans une version noble, adoubée par le républicanisme français : qu’il s’agisse de la communauté des citoyens ou de la communauté nationale. Toutes deux valorisent le caractère exceptionnel du lien social français et, au-delà, la construction moderne d’un Etat-nation berceau de la souveraineté d’un peuple un et invisible, uni dans la communion solidaire permise par l’appartenance nationale.[5] Cette communauté au singulier correspond ainsi parfaitement à l’idée rousseauiste d’unanimité du corps social dès lors qu’il exprime sa volonté (générale) politique.
Le « tournant identitaire »
Pour comprendre le communautarisme aujourd’hui, il est nécessaire de remonter aux années 1960-70, au moment de ce que l’on a appelé le « tournant identitaire ».[6] A ce moment-là, aux Etats-Unis d’abord puis de manière plus générale dans les sociétés occidentales, de nouvelles aspirations ont émergé qui avaient pour trait commun la mise en exergue d’identités de nature ethnique, raciale, sexuelle (mouvement des femmes, mouvement homosexuel…) ou régionaliste. Cette survenance identitaire a pu être analysée comme une revendication posée contre la société des individus libres, sujets autonomes de raison et titulaires de droits égaux, celle de la modernité libérale et démocratique, et de sa contestation marxiste par exemple, dans laquelle les enjeux étaient essentiellement liés aux rapports de forces socio-économiques ou à la lutte des classes. C’est à une véritable redéfinition du pluralisme que l’on a assisté, au passage du pluralisme « classique », celui de la diversité des intérêts, à un pluralisme nouveau, celui de la différence des identités. L’identité et ses critères multiples venant se substituer ou du moins compléter les intérêts classiques dans la détermination du comportement des individus et des groupes sociaux.[7]
Des demandes identitaires nouvelles qui n’ont été épuisées historiquement ni par la question sociale ni par dans la question nationale au XIXe sont ainsi apparues et devenues structurantes dans les débats de société contemporains à partir de cette période charnière de la fin des années 1960. Des groupes, que l’on a appelés « minorités » en raison des critères d’(auto)identification de leurs membres, décalés par rapport à ceux qui « dominent » la société, sont les porteurs de ces identités et souhaitent les voir reconnues dans l’espace public.
Aujourd’hui, les « communautés » qui sont en cause lorsque l’on évoque, en France tout particulièrement, le communautarisme relèvent précisément de ces catégories identitaires et sont donc avant tout des minorités fondées sur des critères d’identification dits « culturels » – qu’il s’agisse de critères plus ou moins prescrits (ou volontaires) : le sexe (ou plus exactement le genre), la couleur de la peau (la « race », l’ethnie…), l’orientation sexuelle, la religion, etc. Cette crainte d’une exaltation des identités « culturelles » qui viendraient remplacer les critères traditionnels d’identification de l’individu dans la modernité – le territoire et la classe sociale – renvoie donc à un contexte socio-historique particulier, celui du vaste mouvement qui traverse les sociétés occidentales depuis les années 1960. Un mouvement qui lie politique et culture d’une manière inédite, en faisant de l’appartenance identitaire la source principale sinon exclusive de l’être individuel et social de chacun.[8]
Des communautarismes
Si le communautarisme fait peur, c’est donc d’abord en raison du contenu identitaire qu’il véhicule, parce qu’il met en jeu des formes non modernes voire antimodernes de prédétermination de l’individu (genre, race, ethnie, religion…) et qu’il met en scène des groupes sociaux spécifiques minoritaires mais dont les revendications de reconnaissance renvoient les sociétés auxquelles elles s’adressent à des pages sombres de leur histoire : esclavagisme, ségrégation, colonialisme, domination, exploitation, humiliation, persécution… comme dans le cas archétypal en la matière des Noirs américains. Si le communautarisme fait peur c’est aussi parce qu’il implique des types de mobilisation qui échappent très souvent – ne fût-ce que parce que ces groupes n’ont pas de place sur la scène politique classique – aux formes et aux répertoires conventionnels de l’action politique dans les démocraties, et se situent hors des partis politiques et des institutions de représentation et de médiation, elles-mêmes fondées sur des critères de « territoire » et de « classe » bien davantage que sur des critères de race, de genre, d’ethnie ou de préférence sexuelle. Enfin, si le communautarisme fait peur c’est parce qu’il annonce une société dans laquelle l’individu moderne verrait ses choix remplacés ou dictés par ses appartenances identitaires.
On voit ainsi se dessiner, en creux, une triple approche du communautarisme : philosophico-anthropologique, socio-historique et politico-institutionnelle.
Le communautarisme philosophique et anthropologique a été théorisé notamment par les auteurs « communautariens[9] » aux Etats-Unis dans les années 1980, autour de la critique du libéralisme de John Rawls, de l’atomisme individuel et de la nécessité d’une réhabilitation de la communauté face à l’individu dans la société moderne. Ils ont ainsi fourni de nouveaux arguments au débat identitaire américain autour de l’idée d’une revalorisation de l’appartenance communautaire de l’individu, qui ne peut être considéré sans ses différentes attaches sociales, culturelles, historiques… Différents points de vue communautaristes ont ainsi été développés de la part d’auteurs comme Alasdair MacIntyre, Michael Sandel, Charles Taylor et Michael Walzer[10], qui soulignent la diversité des questions abordées et des niveaux d’interrogation, de la philosophie à la sociologie en passant par l’anthropologie ou la théorie politique. Toutefois, un certain nombre de thèmes communs permettent de dégager une unité de la critique adressée par ce courant à la théorie sociale libérale. Cette critique communautarienne a influencé à son tour la théorie politique et sociale libérale et conduit à une meilleure prise en compte de l’appartenance communautaire dans l’évolution de la demande identitaire formulée par les minorités qui ont animé le tournant identitaire. Mais la communauté est également apparue, à travers ces travaux, comme une entité sociale limitative voire dangereuse pour l’individu moderne – une entité ne répondant pas à de nombreuses questions sur l’articulation avec le niveau communautaire politique légitime dans l’Etat-nation moderne, sur l’ouverture à la différenciation à l’intérieur même des communautés, sur l’articulation entre les différentes communautés d’appartenance de l’individu, etc.
Il existe par ailleurs un communautarisme sociologique et historique, qui s’est développé essentiellement et sous de multiples formes, à travers le multiculturalisme, à partir des revendications identitaires des minorités culturelles contre l’oppression ou la domination qu’elles ont subies historiquement. Dans cette logique, l’appartenance à une culture ou à un « groupe » culturel fait figure de dimension essentielle de l’autonomie de l’individu. Dans la modernité vue selon la perspective du multiculturalisme, la culture à laquelle on appartient est le contexte qui permet à l’individu de faire des choix autonomes. Si cette culture est faiblement reconnue, alors la marge d’autonomie dont dispose l’individu est réduite. D’où l’importance du thème de la reconnaissance identitaire, développé notamment par des auteurs canadiens tels que Charles Taylor ou Will Kymlicka.[11] Si l’on ne se place plus seulement du point de vue de l’individu mais aussi de celui de la société dans son ensemble, la culture comme élément constitutif de l’identité devient incontournable : ignorée, elle peut devenir source de conflit ; reconnue et intégrée, elle enrichit l’ensemble social. Si l’on veut vraiment comprendre ce qu’est l’identité culturelle pour l’individu comme pour la société, il est pourtant nécessaire de dépasser cette approche simpliste, ne serait-ce que pour prendre en compte les situations moins nettes que constituent les appartenances culturelles multiples ou la mise en avant de volontés de rupture avec une affiliation culturelle, autant de situations courantes dans les sociétés multiculturelles contemporaines.
Ainsi, les présupposés multiculturalistes, pertinents lorsqu’ils établissent la coexistence de cultures différentes et insistent sur la nécessité de reconnaître les aspirations des différents groupes présents au sein d’une société dans l’espace public, se trouvent-ils malmenés lorsqu’il s’agit de prendre en compte ce qui apparaît comme un phénomène intimement lié à cette « considération » pour la différence : à savoir la possibilité pour certains individus ou pour certains groupes de ne pas se reconnaître dans leur culture d’origine – celle à laquelle la société les rattache spontanément en raison de leur origine nationale, religieuse, ethnique, etc. –, soit qu’ils ne le désirent pas, soit qu’ils ne le peuvent pas, soit que leur culture d’appartenance n’offre pas de ressources suffisantes pour qu’ils puissent s’identifier pleinement à elle, soit qu’ils soient contraints par quelque événement d’abandonner tout ou partie de leur identité, soit encore qu’ils désirent devenir « quelqu’un d’autre », membre d’une autre culture ou d’autres cultures. Un conflit se dessine alors entre la « liberté de choix » de son appartenance – ou, concrètement, de l’affichage de tel ou tel critère de sa propre identité dans l’espace public – et les contraintes incontournables d’une appartenance marquée dans la société : couleur de peau, pratique religieuse visible, sexe, etc. Ce conflit témoigne pleinement de la modernité et des difficultés de l’individu à se « situer » dans son environnement : à la fois semblable, parce qu’égal, aux autres hommes et radicalement différent d’eux, il a besoin d’indications pour s’orienter dans l’espace identitaire de la société et des communautés d’appartenance au sein desquelles il vit.
On peut repérer, enfin, un communautarisme politique et institutionnel, qui renvoie à la déclinaison dans le discours, les programmes et l’action politique des deux premières formes précitées – quand ce n’est pas au simple rafraîchissement de pratiques traditionnelles[12]. On se contentera de l’illustrer ici par l’exemple de la « troisième voie » telle qu’elle a été proposée par Tony Blair au Royaume-Uni[13]. Le communautarisme tel qu’il a été utilisé par les nouveaux travaillistes au milieu des années 1990 a notamment permis de toucher une large partie de l’électorat conservateur, soucieux avant tout de l’unité sociale du pays, en renvoyant à la philosophie qui animait l’action de Benjamin Disraeli, par exemple[14], tout en répondant à la préoccupation traditionnelle de l’électorat travailliste d’une solidarité communautaire, héritage de l’ouvriérisme organisé du xixe siècle. Toutefois, le communautarisme comme valeur-clef de la troisième voie dépasse largement la référence électorale opportuniste. Celui-ci puise ses racines dans la tradition sociale-chrétienne – dont Tony Blair s’est constamment revendiqué – sans trop apparaître comme un archaïsme en raison de son articulation avec le respect de l’individu et de ses droits – on retrouve là d’ailleurs un des traits du communautarisme « à la française » que fut le personnalisme des années 1930-1940[15]. La politique apparaît dans ce cadre communautariste comme une préoccupation morale autant que technique – d’autant plus, aujourd’hui, que la technique s’avère de moins en moins efficace pour influer sur la réalité, notamment économique. Plus concrètement, le communautarisme de la troisième voie concerne toutes les communautés auxquelles l’individu peut s’identifier : la nation, l’école et la famille, en particulier. Le regain d’intérêt pour la famille est d’ailleurs significatif du renouveau doctrinal du Parti travailliste qui a recommencé à prendre en compte avec Tony Blair un phénomène à ses yeux oublié ou occulté jusqu’ici par la gauche : le fait que la désintégration de la famille sous l’effet de l’individualisme, de la libéralisation des mœurs et de la crise sociale, conduit à une montée de l’insécurité et de l’exclusion.
République versus communautarisme : l’exception française
Dans le cas français, un débat caricatural masque souvent la réalité des enjeux. Ce débat oppose les tenants d’un républicanisme idéal – où la République une et indivisible ne veut rien voir des différences entre les individus parce que ceux-ci s’en dépouillent lorsqu’ils entrent dans l’espace public – à ceux du « communautarisme » qui renvoient chacun au critère dominant de son identité, un critère qui nous est imposé par « l’arrière-plan » culturel, religieux, ethnique, racial, sexuel… dans lequel on vient au monde et évolue. Chacun ne pouvant finalement prétendre à autre chose qu’à la reconnaissance par les autres de ce critère d’identification dirimant dans l’espace social réduit à une juxtaposition de communautés identitaires. Les républicains accusent les communautaristes d’une dérive tribaliste, différentialiste, essentialiste et séparatiste[16], tandis que les « communautaristes » accusent les républicains d’une hégémonie culturelle, politique et sociale dominatrice, colonisatrice, esclavagiste et sexiste[17].
Le républicanisme à la française[18], forgé à partir de la Révolution, s’est, de fait, toujours adapté, dans sa pratique étatique en particulier, aux nécessités de la démultiplication culturelle du pays et de la société. Il l’a fait notamment pour compenser l’existence de discriminations qui ont toujours existé malgré la pétition universaliste et le caractère « aveugle » aux différences de l’idéal républicain. Symétriquement, le communautarisme tel qu’il a été décrit ici n’est souhaité par personne et n’inspire aucune revendication sérieuse – si ce n’est de la part de quelques groupuscules très vite circonscrits[19]. Ce qui veut dire que le républicanisme français, s’il fait sans doute exception, se révèle surtout paradoxal dans le rapport de ses principes à la réalité. Et ce, suivant un triple mouvement : il est à la fois plus flottant sur la garantie pour tous de l’égalité et de la neutralité de l’Etat, plus souple dans sa manière de répondre aux différences et plus fort dans sa capacité d’intégrer les différences qu’on ne peut le lire dans sa philosophie et dans ses textes – et, surtout, qu’on ne le dit habituellement lorsqu’on évoque son inadaptation à l’époque, sa crise ou encore son déclin.
Le républicanisme français est plus flottant que ses principes ne le laissent supposer quant à la réalité de l’égalité entre citoyens – ou dans l’accès à la citoyenneté, sésame de l’égalité républicaine, de certaines catégories de la population. Son aveuglement aux différences, revendiqué et institutionnalisé[20], a en effet produit toute une série de « discriminations[21] » dont la société porte aujourd’hui les stigmates profondes et qui sont autant de « démentis apportés à l’idéal républicain[22] ». Ainsi en va-t-il du lien étroit entre république et colonialisme à la fin du xixe et au début du xxe siècle[23] ; ou du statut des femmes dans la vie politique, économique et sociale – ainsi du refus du suffrage féminin, accordé tardivement par la République renaissante, en 1944, alors que, dans la plupart des autres pays démocratiques, l’affaire était entendue depuis la fin de la Première Guerre mondiale.
Mais le républicanisme français est également beaucoup plus souple sur ces mêmes principes face à des situations contrastées d’inégalités de traitement. Ainsi existe-t-il depuis longtemps une « discrimination positive » à la française. Sa caractéristique principale, contrairement aux dispositifs d’autres pays, notamment aux Etats-Unis, est de ne pas s’appuyer sur des critères identitaires tels que « l’origine » ou la « race », conformément à l’article 1er de la Constitution, qui dispose que la République « assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion » mais sur le « territoire ». Cette discrimination positive à la française concerne des domaines aussi variés que la politique de l’emploi (handicapés, jeunes, femmes, fonction publique…), les règles électorales (parité) ou l’aménagement du territoire (ZEP, ZUS, ZRU, ZFU, statuts territoriaux particuliers en Corse et outre-mer…) selon des modalités et un développement récent variés[24]. Si l’on observe la situation dans la durée, on peut donc avoir le sentiment que cette souplesse dans l’adaptation des principes à des demandes spécifiques d’intégration ou de revendication de droits s’est peu à peu substituée au caractère flottant évoqué précédemment comme modalité principale du rapport entre les valeurs républicaines et les exigences de la société.
On remarquera, enfin, que le républicanisme à la française se révèle aussi, à l’usage, et au-delà de ses principes affichés, plus fort, c’est-à-dire à la fois efficace et attractif quant à l’intégration des différences, et ce malgré les discriminations et grâce aux accommodements avec les principes républicains que l’on vient d’évoquer. On peut ainsi citer l’exemple bien connu mais toujours significatif des mariages « mixtes » entre un national et un conjoint étranger, mais aussi entre conjoints nationaux d’origines ou de confessions différentes, qui distingue la France d’autres pays européens tels que l’Allemagne ou le Royaume-Uni[25]. Plus généralement, l’une des spécificités françaises, observée tant sur le plan des pratiques culturelles que du point de vue des « violences urbaines », tient à la mixité ethno-raciale constatée aussi bien dans les groupes musicaux (de rap notamment) que dans les groupes d’émeutiers (ce fut le cas en novembre 2005) qui s’assemblent par quartier ou par « cité » plutôt que par origine identitaire et n’hésitent pas à s’en prendre à leurs « semblables ». Mais c’est surtout d’efficacité juridique et politique qu’il faut gratifier le républicanisme en matière de maintien de l’intégration des différences, qu’il s’agisse, comme en témoigne des exemples récents, du refus de voir des parties du corps des citoyens (Corse, Charte des langues régionales…) se distinguer sur une base identitaire toujours incertaine (langue, coutumes, religion, ethnie…) ou de la mobilisation en faveur de valeurs telles que la laïcité (loi sur le port des signes religieux à l’école, par exemple).
Enjeux communautaristes
Au-delà des questions principielles, c’est au travers d’enjeux politiques et sociaux concrets que s’articule désormais le débat public sur ces questions. Il n’est pas anodin d’ailleurs que ce soient des « communautés » ou bien encore des « minorités » apparaissant ou se définissant comme telles dans le débat qui en prescrivent les contours et en fixent l’agenda. On prendra ici, à titre d’illustration, trois exemples de ce qui forme aujourd’hui le quotidien d’un questionnement identitaire suivant les lignes du communautarisme.
La première question de ce type qui se pose aujourd’hui en France, comme on l’a encore vu récemment à la lumière des débats sur l’identité nationale ou sur la burqa lancés par le gouvernement, est celle de l’islam. Le double caractère minoritaire de la religion et de l’origine ethno-raciale dominante de ceux qui s’en réclament crée en effet une situation très particulière. A la fois parce que l’islam en France est très varié (il réunit des populations originaires, qu’elles soient de nationalité française ou étrangères, de pays arabes du Maghreb comprenant eux-mêmes des minorités, berbérophones par exemple, mais aussi d’Afrique noire et de pays d’Asie, de la Turquie à l’Asie du Sud), et parce qu’il pose « un » problème à une société issue d’un compromis longuement mûri entre vieille tradition chrétienne (à forte dominante catholique) et forte exigence laïque fondatrice de l’identité républicaine – comme en témoigne l’exemple du financement des mosquées. L’une des occasions de mise en jeu d’une forme de communautarisme musulman s’est dessinée ces dernières années à partir de la question dite du voile (ou du foulard). Cette question désormais bien connue, depuis son surgissement dans l’actualité, en 1989, jusqu’au vote de la loi sur l’interdiction du port de signes religieux ostentatoires à l’école en mars 2004 et aujourd’hui à propos de la burqa, renvoie bien au registre de la peur du communautarisme, vu à la fois comme un repli identitaire en dissidence de la société et comme une violation des droits de l’individu (ici les jeunes filles portant le voile ou les femmes portant le voile intégral).
Les tentations communautaristes peuvent bel et bien exister au sein de certaines composantes de l’islam (comme chez Tariq Ramadan ou à l’OUIF), qui n’hésitent pas, dans leur propagande la plus radicale, à prôner la priorité de la loi de Dieu sur celle de la République, mais elles restent marginales, notamment si l’on mesure leur influence non pas aux éclats médiatiques mais aux statistiques relevées de telle ou telle pratique – comme celles qui confirment le tassement des « affaires » de voile dans les écoles de la République depuis la loi de 2004. Ce n’est d’ailleurs pas seulement leur identité musulmane que réclament de voir reconnaître la plupart des musulmans en France, mais à la fois, et pour certains plus encore, leur identité d’Arabe ou de « Noir », celle de leur origine ethno-raciale. C’est pourquoi, notamment, la tentative de traitement politique de cette question par l’instauration d’un Conseil français du culte musulman en mai 2003, outre les nombreuses questions de méthode qu’elle soulève (représentativité des organisations, rôle des pays étrangers…), ne règle pas les aspirations à la reconnaissance identitaire et sociale de populations que l’on suppose majoritairement musulmanes. Seule une intégration républicaine pleinement assumée (« loi sur le voile ») mais aussi pleinement inclusive (lutte active contre les discriminations, politiques actives de rattrapage social…) peut répondre à une telle demande.
Une deuxième question, surgie plus récemment dans le débat public, est celle des « Noirs » en France. Les données sont assez différentes de celles de l’islam, même si, comme on l’a souligné, elles se recoupent en partie chez certains individus qui se revendiquent à la fois comme Noirs et comme musulmans. La catégorie identitaire « noir » existe depuis longtemps déjà. Elle s’est construite au croisement de l’héritage colonial et de l’esclavage dès le xvie siècle, notamment aux Antilles, et de la montée en puissance de nouvelles revendications identitaires à la suite du « tournant » des années 1960-70 (en France, ces revendications ont pris la forme du régionalisme corse, breton ou catalan par exemple, et dans les DOM-TOM, de manière plus radicale, d’une identité exaltée précisément pour mettre en avant cette négritude longtemps honteuse, en passant d’une identité prescrite par les colonisateurs et les maîtres blancs à une identité revendiquée comme « belle » : retour à la langue créole, « culture » caribéenne, etc.). Les mouvements identitaires de cette époque, à l’image de leurs homologues américains, ont rapidement contesté la simple lutte contre les discriminations par le droit pour revendiquer la reconnaissance de leur spécificité et de leur autonomie. Dans les années 1980, c’est la lutte antiraciste qui a pris le relais de ces revendications à travers une politisation (lutte contre le Front national) oublieuse des enjeux de la lutte contre la discrimination – stigmatisation du racisme au lieu de tenter de repérer les situations dans lesquelles des individus étaient écartés, en raison d’un critère identitaire prescrit, de l’accès à certains biens « rares » (logement, emploi, loisirs…). Les Noirs comme les « Beurs » ont dès lors été pris dans cette double spirale de l’antiracisme et de la revendication identitaire sans que la lutte contre les discriminations ne progresse jusqu’aux mesures prises par le gouvernement Jospin en 1999. Le passage à l’objectivation d’une identité dans l’espace public, c’est-à-dire par la revendication d’une représentation en tant que « minorité visible », s’est faite ces dernières années seulement pour les Noirs en France. Cette revendication a abouti à la volonté d’être « vus » dans l’espace public sans être discriminés par ailleurs. D’où la formation, par exemple, du CRAN (Conseil représentatif des associations noires), en 2005, et la médiatisation d’un certain nombre de « représentations » de cette nouvelle revendication identitaire : depuis la campagne médiatique autour de la dénonciation par certaines associations et certaines « personnalités » noires du livre de Olivier Pétré-Grenouilleau[26] jusqu’à la désignation de journalistes noirs pour présenter des journaux télévisés.
Ainsi, pour les Noirs en France, le cadrage identitaire intervient-il à plusieurs niveaux, non sans ambiguïté. D’abord dans la perception d’un racisme, au sens propre, dont ils peuvent être les victimes par le biais de la discrimination, mais sans qu’il soit possible de dire si la différence, déterminante sur le plan de l’intégration à la communauté nationale, par exemple, entre Noirs français des DOM-TOM et immigrants d’Afrique noire, français ou non, joue ici un rôle[27]. Ensuite dans la volonté collective, même si elle prend des formes plus ou moins radicales, de voir reconnaître une spécificité historique (colonisation et esclavage), au travers de l’enseignement plus large de l’histoire des Noirs par exemple, même si là encore le fait de ne pas distinguer entre Noirs des Antilles (esclaves) et Noirs d’Afrique (colonisés) pose des problèmes historiques importants. Enfin, la volonté d’une meilleure représentation dans l’espace public est soumise aux mêmes difficultés de méthode que pour d’autres groupes minoritaires « visibles », celle de la stigmatisation à rebours notamment et celle d’une différenciation d’autant plus perçue qu’elle s’appuie sur un critère d’identité parmi d’autres, et qu’elle risque précisément de masquer des critères dépliables quasiment à l’infini mais non moins légitimes : Noirs musulmans, femmes noires, Noirs homosexuels, etc.
Une troisième « question communautariste », encore différente dans sa formulation et ses implications, se pose à propos de l’homosexualité. On aborde là un critère d’identification des individus qui n’est plus ni prescrit – rien ne distingue en effet a priori dans son apparence physique un homosexuel d’un hétérosexuel sauf s’il le souhaite – ni de nature ethno-racial. Pourtant, la question identitaire se pose tout autant, et en particulier celle du rapport à une « communauté » qui peut être revendiqué pour affirmer et montrer son appartenance, particulièrement dans une société où, si l’homosexualité n’est plus le tabou d’il y a vingt ans, elle reste encore l’occasion d’une possible discrimination, d’une altérité difficile à vivre pour certains et le vecteur d’une identification voire d’une action collective – ainsi, par exemple, des associations de lutte contre le SIDA qui se sont développées en même temps que la maladie, à partir des années 1980. Outre la « vie communautaire » et les pratiques (économiques, sociales, culturelles) qui peuvent être considérées comme propres à une partie des homosexuels (milieu urbain, choix assumés), par exemple lorsqu’elles sont localisées dans certains quartiers des grandes villes devenus emblématiques (Castro à San Francisco, le Marais à Paris ou Greenwich Village à New York…), la question qui se pose surtout aujourd’hui est celle d’un processus plus large, à la suite des revendications qui ont commencé dans les années 1970, d’une « égalisation des conditions ». D’abord par la reconnaissance de l’égalité des droits comme citoyens (dépénalisation de l’homosexualité au début des années 1980, droit au respect de la vie privée, non-discrimination à l’emploi, etc.), puis par la reconnaissance d’une égalité de représentation institutionnelle, à travers le PAC puis dans la perspective de l’extension du mariage aux homosexuels ; enfin, dans une forme de « fusion » totale de l’homosexualité dans le droit commun, avec la revendication de la reconnaissance de l’homoparentalité et de l’ouverture aux couples homosexuels des techniques de procréation médicale assistée. Mariage et homoparentalité apparaissent ici comme les frontières ultimes d’une lutte identitaire commencée récemment, à l’échelle historique, et dont on peut constater l’influence très nette sur la transformation des mentalités dans la plupart des sociétés modernes[28].
* * *
Le communautarisme existe, à l’état de tentation et de menace, dans toutes les grandes sociétés multiculturelles. Non tant en raison de l’obscurantisme réel ou supposé de tel ou tel groupe ou minorité – le phénomène est toujours très marginal – qu’en raison de la facilité avec laquelle la thématique identitaire titille l’individu moderne : refuge ou repli, reconnaissance ou affirmation de soi, les motivations sont nombreuses. Il est en effet souvent plus facile d’aller chercher les raisons de son mal-être, de ses échecs ou de ses désirs inassouvis dans les défauts de la société plutôt qu’en soi-même. Mais de manière plus profonde encore, c’est, au-delà des faiblesses individuelles toujours déjà présentes, les faiblesses de la volonté collective et de l’esprit public qui pavent la route des tentations communautaristes et des renoncements qui leur permettent d’émerger. Le seul exemple contemporain des usages et mésusages du mot « diversité » en dit long en la matière. En investissant celui-ci d’une valeur principielle, nombre d’acteurs et d’observateurs de la société française d’aujourd’hui – politiques, medias, entreprises, associations… – ont conduit à ce qu’il devienne une sorte d’objectif politique et social en soi. Sans plus de lien ni avec la réalité d’une société qui n’a pas attendu le feu vert de ses élites pour se diversifier que ce soit par nécessité ou par goût ni avec l’exigence d’une réelle diversification de ces mêmes élites précisément. Car lorsque le discours de la diversité est avancé comme il l’est aujourd’hui, à coup de « minorités visibles » et autre « discrimination positive », on sent bien qu’au-delà des nécessités sociales légitimes perçues par les uns et les autres, il y a, outre une absence de réflexion en profondeur sur celles-ci, une volonté de ces mêmes élites de préserver ce qui peut encore l’être de leur pouvoir en abdiquant toute perspective d’égalité au profit d’une molle et très réduite – dans ses objectifs comme ses objets – diversité.
Notes
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[2] P.-A. Taguieff, La République enlisée. Pluralisme, communautarisme et citoyenneté, Paris, Editions des Syrtes, 2005, p. 131.
[3] La Gemeinschaft renvoie à une unité morale, à l’enracinement, à l’intimité et à la parenté. Il s’agit d’un type d’organisation sociale qui réalise pleinement les valeurs d’historicité et de mutualité entre ses membres, et qui ne laisse qu’une faible place à l’autonomie individuelle. Les croyances et les institutions ne sont pas choisies ou délibérées, elles sont données, elles ont une valeur légitime intrinsèque. Tönnies utilise pour décrire la communauté l’image du corps (sur le modèle de la « solidarité organique » de Herbert Spencer que reprend Émile Durkheim pour l’opposer à la solidarité mécanique, De la division du travail social, Paris, PUF, 1973 [1893], p. 98-101 notamment) vivant par opposition à la machine que serait la société moderne, associée à la déshumanisation des grandes villes notamment. Dans ces conditions, les gens restent unis malgré tous les facteurs de division, alors que dans la Gesellschaft, ils restent divisés malgré tous les facteurs d’unification. Tönnies décèle dans ces deux modèles une manière spécifique de penser, de ressentir et d’agir : la Wesenwille pour la Gemeinschaft et la Kürwille pour la Gesellschaft. La première est issue d’une volonté naturelle ou spontanée (littéralement une « volonté issue de l’essence »), elle s’inscrit dans l’évolution historique et culturelle du groupe, elle insiste sur la continuité et sur la conformité de la personne à l’intérieur du groupe. La seconde est un choix arbitraire et rationnel qui vient d’une volonté réfléchie (littéralement une « volonté fondée sur un choix »). Les buts dans la Gesellschaft ne sont pas imposés par la tradition, ils sont adaptés aux circonstances et aux changements constatés par l’individu ainsi qu’à ses désirs. La Gesellschaft, c’est la société moderne, celle de l’âge de la domination « légale-rationnelle » décrite par Max Weber qui approfondit et perfectionne la distinction de Tönnies. Celle aussi d’une division en classes conformément à l’industrialisation de la production (voir notamment M. Weber, Économie et société, Paris, Pocket « Agora », 1995 [1921], vol. I, chap. 1er, B-9, p. 78-79, tr. fr. J. Chavy & E. de Dampierre).
[4] N. Elias, La Société des individus, tr. fr., Paris, Fayard, 1991 [1987].
[5] Voir Benedict Anderson, L’Imaginaire national. Réflexions sur l’origine et l’essor du nationalisme, tr. fr., Paris, La Découverte, 1992 [1983].
[6] Laurent Bouvet, « Le tournant identitaire américain. Du ‘pluralisme-diversité’ au ‘pluralisme-différence’ », in Denis Lacorne, dir., Les Etats-Unis, Paris, Fayard, 2006, p. 233-244 (chapitre XIII).
[7] Ibid.
[8] Cette évolution en forme de « révolution » a reçu plusieurs appellations dans les sciences sociales contemporaines, dont nous ne retiendrons ici que quelques-unes parmi les plus connues : passage « d’une économie de la distribution à une grammaire des formes de vie » pour Jürgen Habermas (« Dialectics of Rationalization: An Interview », Telos, 49, automne 1981, p. 5-33) ; passage d’une société « matérialiste » à un monde de valeurs « postmatérialistes » pour Ronald Inglehart (Culture Shift in Advanced Industrial Society, Princeton, Princeton University Press, 1990. Trad. fr. (B. Frumer et A.-R. Maisonneuve) : La Transition industrielle dans les sociétés avancées, Paris, La Découverte, 1993) ; « démodernisation » pour Alain Touraine (Pourrons-nous vivre ensemble ? Égaux et différents, Paris, Fayard, 1997).
[9] On les nommera ainsi, à partir du terme qui leur a été attribué en anglais, « communitarian », pour ne pas entraîner de confusion avec d’autres aspects du communautarisme. Pour une présentation utile de ces questions lexicographiques, voir P.-A. Taguieff, La République enlisée, op. cit., p. 129 et 143-144.
[10] Alasdair McIntyre, Whose Justice ? Which Rationality ?, Notre-Dame, Univ. of Notre-Dame Press, 1988 (tr. fr. P.U.F., 1993) ; Michael Sandel, Liberalism and the Limits of Justice, Cambridge, Cambridge UP, 1982 (tr. fr. Seuil, 1999) ; Charles Taylor, The Sources of the Self, Cambridge, Mass., Harvard UP, 1989 (tr. fr. Seuil, 1998) ; Charles Taylor & A. Gutmann, Multiculturalism and the Politics of Recognition, Princeton, Princeton UP, 1992 (tr. fr. Aubier, 1992) ; Michael Walzer, Spheres of Justice, New York, Basic Books, 1983 (tr. fr. Seuil, 1997).
[11] Voir notamment Charles Taylor, Multiculturalisme. Différence et démocratie, tr. fr., Paris, Aubier, 1994 [1992] et Les Sources du moi. La formation de l’identité moderne, tr. fr., Paris, Le Seuil, 1998 [1989], et Will Kymlicka, La Citoyenneté multiculturelle, tr. fr., Montréal, Boréal, 2001 [1995].
[12] A partir des années 1970, aux Etats-Unis, puis dans de nombreux pays anglophones notamment, des programmes de politique publique étiquetés « communauté » ont été abondamment développés (« community policing », « care in the community »…).
[13] On renverra, pour une explication plus détaillée, à notre article : L. Bouvet, « Qu’est-ce que la troisième voie ? Retour sur un objet politique mal identifié », Le Débat, n° 124, mars-avril 2003, p. 33-52. Cette thématique au cœur du renouveau des gauches anglo-saxonnes dans les années 1990 – les « nouveaux démocrates » de Bill Clinton ont donné le signal du départ de ce mouvement qui a culminé au Royaume-Uni avec le New Labour – doit beaucoup à Amitaï Etzioni, professeur de sociologie à l’Université Georgetown à Washington, directeur du Communitarian Network et la revue Responsive Community. Voir en particulier ses ouvrages The Spirit of Community. Rights, Responsibilities, and the Communitarian Agenda, New York, Crown, 1993, et, sous sa direction, New Communitarian Thinking. Persons, Virtues, Institutions, and Communities, Charlottesville, University Press of Virginia, 1995.
[14] Ce thème, lié à celui du renouveau national et de la nouvelle grandeur du pays, joue sur les mêmes ressorts à destination de l’électorat traditionnellement conservateur, adepte de la doctrine tory de la « One Nation ». Sur les tentatives « blairistes » de ramener les travaillistes vers la question du sens de l’identité britannique, voir Mark Leonard, BritainTM. Renewing our identity, Londres, Demos, 1997.
[15] Nous pensons en effet, avec Pierre-André Taguieff, que « la réception de la philosophie ‘communautarienne’ anglo-saxonne a en outre été infléchie par l’existence d’une tradition de pensée ‘communautariste’ portée par les différentes écoles personnalistes des années 1930, parmi lesquelles brille singulièrement celle que représentèrent Emmanuel Mounier et la revue Esprit (lancée en octobre 1932) », in P.-A. Taguieff, La République enlisée, op. cit., p. 144.
[16] Des auteurs comme Max Gallo (notamment dans son récent essai Fier d’être français, Paris, Fayard, 2006), Christian Jelen, aujourd’hui décédé (notamment dans La France éclatée ou les reculades de la République, Paris, Nil Editions, 1996 ou dans Les Casseurs de la République, Paris, Plon, 1997), ou Alain-Gérard Slama (notamment dans La Régression démocratique, Paris, Fayard, 1995, 2e édition revue et augmentée chez Perrin, 2002, ou dans Chroniques des peurs ordinaires, Paris, Le Seuil, 2003), peuvent être cités comme les tenants de ce type d’analyse.
[17] On trouve sur le site du mouvement « Les Indigènes de la République » (www.indigenes-republique.fr) un bon exemple de pensée communautariste assumée dans le contexte français.
[18] La France n’a certes pas inventé le républicanisme, mais l’a fait entrer dans la modernité en le liant étroitement avec la notion, moderne, de souveraineté du peuple. Sur ce point voir notamment Laurent Bouvet et Thierry Chopin, Le Fédéraliste. La Démocratie apprivoisée, Paris, Michalon, 1997 (1re partie).
[19] On peut citer le dernier exemple en date, celui de la dissolution de la « Tribu Ka » (groupe afrocentriste ayant tenu, notamment, des propos antisémites et provoqué à plusieurs reprises des troubles à l’ordre public) par le décret du 26 juillet 2006 (voir le J.O. du 28 juillet), pris en vertu de loi de 1936 relative aux groupes de combat et aux milices privées.
[20] Outre l’affirmation dans l’article 1er de la Constitution de 1958 indiquant que celle-ci « assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens, sans distinction d’origine de race ou de religion », on en trouve des exemples réguliers, notamment dans les décisions du Conseil constitutionnel : Statut de la Corse (9 mai 1991), Charte européenne des langues régionales ou minoritaires (15 juin 1999), Autonomie de la Polynésie française (12 février 2004).
[21] On utilisera ici le terme « discriminations » dans un sens large, puisque l’on peut y lire à la fois l’exploitation coloniale et les crimes qu’elle a pu susciter, le refus du suffrage féminin et de l’égalité des droits entre hommes et femmes, la pénalisation des comportements homosexuels, etc. Eléments qui ont fait, souvent jusqu’à très tard dans l’histoire récente, partie de la définition « de fait » du républicanisme en raison de leur présence dans le droit français.
[22] Expression de Jacqueline Costa-Lacoux dans son avant-propos à Républicanisme et particularismes, Paris, La Documentation française, Problèmes politiques et sociaux, n° 909, février 2005, p. 5-12.
[23] On ne citera ici, à titre d’exemple de cette histoire désormais bien connue, que l’épisode de la mise en place du « code de l’indigénat » par la IIIe république, en 1881, en Algérie d’abord puis dans l’ensemble des colonies. Voir sur ce point Olivier Le Cour-Grandmaison, Coloniser, Exterminer. Sur la guerre et l’Etat colonial, Paris, Fayard, 2005.
[24] Voir Gwénaële Calvès, La Discrimination positive, Paris, PUF, « Que sais-je ? », n° 3712, 2004, p. 59 sq.
[25] Voir en particulier Emmanuel Todd, Le Destin des immigrés. Assimilation et ségrégation dans les démocraties occidentales, Paris, Le Seuil, 1994.
[26] L’ouvrage d’Olivier Pétré-Grenouilleau, Les Traites négrières. Essai d’histoire globale, Paris, Gallimard, 2005, reconnu par la communauté scientifique des historiens comme un travail sérieux et objectif, expose simplement l’idée que la traite esclavagiste des Noirs n’est pas le simple fait des Occidentaux mais aussi des Arabes et des Africains eux-mêmes – ceux qui vendaient les esclaves noirs aux Occidentaux sur les côtes africaines. Il a été accusé de « révisionnisme » et une plainte (retirée depuis) a été déposée par des associations « noires », notamment le Collectif des Antillais, Guyanais et Réunionnais, dont l’un des porte-parole est Claude Ribbe – cf. supra.
[27] Voir à ce propos Laurent Bouvet et Pap Ndiaye (débat), « Discriminations, identités, République », La Revue socialiste, n° 23, avril 2006, p. 16-33 et, de ce dernier, La Condition noire. Essai sur une minorité française, Paris, Calmann-Lévy, 2007.
[28] Pour une histoire documentée des homosexuels en France et une interprétation du communautarisme qui a animé une partie du milieu homosexuel français, voir l’ouvrage très complet de Frédéric Martel, Le Rose et le noir. Les homosexuels en France depuis 1968, Paris, Le Seuil, 1996 (2e édition revue et augmentée, Points-Seuil 2000, intégrant notamment l’épisode du PACS).
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Sur la liberté d'expression...
Sur la liberté d'expression...
par Robert Redeker
Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com
Nous reproduisons ci-dessous un texte de Robert Redeker, cueilli sur le blog de cet auteur et consacré à la liberté d'expression...
La liberté d'expression implique le droit de déranger les associations, les corporations, les communautés, les Etats et les personnes. Mieux, la liberté d'expression s'accompagne du devoir de déranger. Or, la croyance contraire s'est répandue : la liberté d'expression se ramènerait au droit de dire et d’écrire des choses qui ne dérangent, ne choquent, ni ne blessent personne. Elle ne se conçoit que sur un mode insipide. On la veut dormitive, comme les journaux télévisés qui ne parlent que de sport et du temps qu’il fait ! Mille associations — celles qui attaquèrent Charlie Hebdo, par exemple, lorsque cet hebdomadaire a repris les caricatures danoises de Mahomet, celles qui aujourd’hui s’en prennent à Renaud Camus, à Alain Finkielkraut, à Nicolas Canteloup, à cent autres — voient dans la liberté d'expression le droit de dire ce qui ne les dérange pas. Il est recommandé — par l'idéologie ambiante, l'air du temps — de ne point s'en servir jusqu'au bout. Adhérer à cette moitié d'idée, c'est postuler que la liberté d'expression doit demeurer une liberté simplement formelle, muséifiée, ne bousculant rien ni personne. Qu’elle doit demeurer une liberté exposée dans une vitrine fermée à clef. L'essence de la liberté d'expression repose dans le devoir de déranger.Il suffit de se mettre à l’écoute des nouvelles de notre pays pour se rendre compte que nous vivons un néo-maccarthysme délirant, qu’aucune force ne paraît plus en mesure d'arrêter. Qu’il sera bientôt un ouragan ravageur auquel rien ne sera en mesure de résister. Nous vivons désormais dans le pays de la surveillance et de la dénonciation généralisées, clone postmoderne de la RDA de jadis. Le politiquement correct, confondu avec la morale dont il usurpe la place, y tient le rôle de la ligne du parti. Demain sans doute, les enfants devront-ils dénoncer leurs parents à leurs maîtres d'école pour des propos et des attitudes politiquement incorrects (sur l'homme et sur la femme, sur les races humaines, sur le mariage, sur les homosexuels)! Les enfants seront les policiers du Bien, à l'intérieur des familles. L'origine de cette situation pathologique est à chercher dans le suicide de la gauche, dans ce moment des années quatre-vingts où celle-ci décida de substituer la moraline des bons sentiments à la lutte des classes, de remplacer l'ouvrier par l'immigré, le peuple par la mosaïque des identités.Nous vivons une étrange et inattendue dictature : celle des associations. Beaucoup d’esprits paresseux s’inquiètent de la répétition des années trente, se laissent aller à comparer les époques. Tant de bêtise, il est vrai, n’étonne pas ! C’est l’intelligence qui est une exception, non la bêtise, partagée par tous, surtout en démocratie. Mais comme l’a dit Nietzsche, l’histoire n’avance pas comme les écrevisses à reculons. Le mal ne se répètera pas, il prendra d’autres formes ; plus : il partira peut-être de ceux dont la raison d’être est de le combattre, de ceux qui se donnent pour les vigiles et les sentinelles ennemis d’un mal dont ils veulent préserver le corps social; il croîtra peut-être en leur sein comme un cancer malicieux. Il n’est pas impossible qu’il vienne des défenseurs des droits de l’homme, des gardiens des mémoires, de ceux qui se croient « les bons », « les humains », qui se tiennent pour « les vrais hommes », tout en se regroupant dans de nouvelles ligues, différentes de celles de l'entre-deux-guerres, les ligues de vertus et les associations. Comme un voleur dans la nuit, le criminel arrive par où nul ne s’attend à l’y voir. Existèrent la tyrannie de la majorité, le totalitarisme d’Etat ; existera: l’impitoyable dictature des associations. Le crime nous reviendra en entrant par cette porte. L’actualité nous en offre chaque jour le triste augure.Robert Redeker (Journal en ligne de Robert Redeker, 8 février 2014)
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Enige echte anti-Europeanen zitten in Brussel
'Schizofrene, kwaadaardige EU brengt vrijheid, democratie en welvaart in groot gevaar'
Barroso en Van Rompuy, twee Brusselse kopstukken die mede de EUSSR hebben helpen creëren.
Sven Kesch, voormalig topmanager van een groot Duits beursgenoteerd bedrijf, schrijft in zijn nieuwe boek 'Koers houden, tot de ondergang van Europa - Ongelooflijke verhalen uit het Brusselse gekkenhuis' dat niet de anti-EU partijen en hun stemmers anti-Europees zijn, maar dat de echte anti-Europeanen achter de spiegelende ramen en glimmende bureaus van de EU-gebouwen in Brussel zitten. Volgens hem toont de reactie van Brussel op het Zwitserse referendum tegen immigratie opnieuw aan dat de EU een schijndemocratie is, een zichzelf in stand houdend imperium dat geen enkele kritiek en tegenspraak duldt.
2013 werd door de EU uitgeroepen tot het 'jaar van de burger', niet geheel toevallig pal voor het verkiezingsjaar 2014. Zo eens in de vijf jaar bedenkt men in Brussel een nieuwe propagandacampagne, om de burgers het idee te geven dat ze mogen stemmen en enige invloed hebben.
Kesch schrijft dat dit alles slechts schijn is. In tegenstelling tot Zwitserland, waar de burgers écht mogen meebeslissen, 'heeft de EU slechts een pseudoparlement zonder wetgevende macht en zonder echte oppositie. Dat is geen democratie, maar een eigengereid imperium.'
Unie voor lobbyisten van banken en multinationals
Volgens de voormalige topmanager was 2013 niet het jaar van de burger, maar zoals ieder ander jaar het jaar van de lobbyisten van banken en multinationals. De EU nam opnieuw talloze besluiten die vooral gunstig voor hen zijn, en negatief uitpakken voor de gewone man. Dat alles wordt valselijk verpakt met inhoudsloze termen als 'bescherming van de welvaart, vrede en het klimaat'. Tegelijkertijd wordt er gedreigd dat als we niet nóg meer macht aan Brussel geven, de democratie, vrijheid en onze welvaart in groot gevaar komen.
Parlementsvoorzitter Martin Schulz beweerde vorige maand dat '90% van de burgers het fascinerende idee van gemeenschappelijke EU-instellingen delen'. De grote vraag is waar hij dit cijfer vandaan haalt. Is dit niet eenzelfde soort '90%' steun van de bevolking waar het voormalige DDR-regime op wees, als daar weer eens 'verkiezingen' waren geweest?
Gevaarlijkste anti-Europeanen zitten in Brussel
Maar waag het niet het 'succesvolle' EU-model te bekritiseren of je tegen het Brusselse beleid te verzetten, want dan wordt je meteen een populist, nationalist, rechts-extremist, Europahater, demagoog, egoïst of zelfs een racist genoemd. Het echte gevaar voor de democratie komt echter niet van eurosceptici en anti-EU partijen, maar juist van de mensen die achter de knoppen van de macht zitten, en daarmee het eurosysteem in stand houden.
Onder gewone burgers zul je amper anti-Europeanen vinden, maar wel steeds meer anti-EU-Europeanen, zelfs in niet-EU land Zwitserland. Toen de Zwitsers vorige week op geheel democratische wijze een volksbesluit namen, kreeg het land een lawine aan kritiek van EU-politici over zich heen. Brussel, waar ideologie veel belangrijker is dan democratie, dreigde zelfs met sancties, en zei dat de Zwitsers een kapitale fout hadden gemaakt.
Die fout werd echter niet vorige week gemaakt, maar al veel eerder, toen de Zwitsers zo dom waren om verdragen met de EU te sluiten - verdragen 'met de duivel', zoals Kesch het letterlijk noemt, 'met een EU-club die zijn eigen verdragen breekt.'
Stem van het volk genegeerd
De enige keer dat we in Nederland een referendum hebben gehad staat nog vers in ons geheugen gegrift. Nadat de bevolking met een ruime meerderheid de EU-grondwet en daarmee verdere Europese integratie afwees, werd de grondwet alsnog via een achterdeur ingevoerd middels het verdrag van Lissabon, en ging men op volle stoom verder richting het grote einddoel: de Verenigde Staten van Europa.
In Brussel en Den Haag is het woord 'referendum' dan ook volstrekt taboe geworden, aangezien het vrijwel zeker is dat als men het volk aan het woord laat, de plannen voor die Europese politieke eenwording worden gedwarsboomd. Daarom wees 'onze' premier Mark Rutte onlangs het voorstel van de PVV voor een referendum over de EU resoluut van de hand. Overigens zeiden ook de Fransen en Ieren duidelijk 'NEE', en ook naar hen werd niet geluisterd.
Dus wordt de vrijheid van de Europeaan stap voor stap steeds verder ingeperkt. De Oostenrijkse Kronenzeitung schreef in september vorig jaar dat 'de burgers hun neus vol hebben van EU-commissarissen, die slechts één Europa zien: een Europa van sancties' tegen iedereen die weigert te buigen voor de wil van Brussel. Philippe Meunier, afgevaardigde van de conservatieve oppositiepartij UMP, zei zelfs dat 'de Fransen zich in 1945 niet van de Nazibezetting hebben bevrijd, om nu een dictaat van de EU-commissie te moeten dulden.'
'EU zou zichzelf nooit als lidstaat accepteren'
'De EU is zo ondemocratisch, dat ze zichzelf niet als lidstaat zou accepteren. Ze voldoet niet eens aan de minimale standaarden van een moderne democratie,' bekritiseerde het 'Bündnis: Mehr Democratie'. Uit een onafhankelijke peiling bleek dat slechts 2% van de EU-burgers van mening is dat ze enige invloed op de politiek hebben. Niet voor niets is de opkomst bij Europese verkiezingen doorgaans laag.
Kesch: 'De democratie wordt stap voor stap geofferd voor een bijna religieus getinte Europese ideologie, die feitelijk niet kan functioneren en niet eens een Grondwet heeft. Het 'democratietekort'... is eigenlijk een zachte omschrijving van een dictatuur, want bij een levendige democratie hoort onder andere een oppositie, die je in Brussel en Straatsburg tevergeefs zult zoeken.'
De EU is dan wellicht op democratische wijze ontstaan, maar regeert ondertussen als een rasechte dictatuur. Het enige wat de twee grote machtsblokken in het Europarlement -de socialisten en (christendemocratische) volkspartijen- mogen doen is 'jaknikken' tegen de plannen van de EU-Commissie. Brussel beweert weliswaar dat de verschillende EU-instituten als controlemechanisme functioneren, maar de spaarzame kritiek van bijvoorbeeld de corrupte Europese Rekenkamer, die de begroting al 17 jaar afwijst, wordt geen seconde serieus genomen.
Gebrek aan democratie bedreigt veiligheid
Bij de opstelling van het nieuwe 'Masterplan' voor de EU in augustus 2012 was de voorzitter van het Europese Parlement niet eens welkom. Het waren Van Rompuy, Draghi en Junker die met z'n drietjes de toekomst van 500 miljoen Europeanen bepaalden. Kortom: de EU is overduidelijk een pseudodemocratie met een pseudoparlement, dat niet eens eigen wetsvoorstellen mag indienen. Alleen de EU-commissie mag dat doen, een clubje ongekozen commissarissen dat exact zo functioneert als het Politbureau van de voormalige Sovjet Unie.
Ook het 'one man one vote' basisprincipe van een democratie is geheel afwezig. Zo hebben landen zoals Malta, Cyprus en Luxemburg bovengemiddeld veel invloed. De stem van Luxemburg telt bijvoorbeeld 11 x zwaarder dan de stem van Duitsland. In de ministerraad is dat zelfs 24 x hoger, en in de EU-Commissie en het Europese gerechtshof maar liefst 164 x.
Het schrijnende gebrek aan democratie in de EU is door de huidige schuldencrisis een grote bedreiging voor de veiligheid en toekomst van ons continent. Toch laten veel burgers zich nog altijd in de luren leggen door de propaganda dat het met de EU weer de goede kant op zou gaan. De uiteindelijk onvermijdelijke instorting van de Europese economie zal hen echter op ruwe wijze wakker schudden.
'Schizofreen bouwwerk, kwaadaardige huichelarij'
Het Europese Parlement wordt dan wel gekozen door de burgers, maar komt volgens Kesch op geen enkele wijze op voor de belangen van de kiezers. De extreem royaal betaalde parlementariërs bedrijven achterdeurtjespolitiek, en laten zich gewillig influisteren, manipuleren en omkopen door lobbyisten van banken en multinationals. Met name Zuid Europese parlementariërs streven vooral de belangen van hun eigen landen na - geheel tegen de Europese gedachte in dat ze nu juist onafhankelijk van hun nationaliteit zouden moeten opereren.
Daarnaast wordt nauwkeurig bijgehouden of de parlementariërs wel 'goed' stemmen. Met procenten wordt aangegeven hoe loyaal ze zijn naar hun eigen fracties. Er is nauwelijks een parlementariër te vinden die onder de 95% scoort. Ook in dit opzicht zijn het dus jaknikkers pur sang, die zoet gehouden worden met buitengewoon hoge salarissen, toeslagen, uitkeringen, bonussen en pensioenen.
'In zijn geheel is de EU een totaal schizofreen en zielloos bouwwerk, een kwaadaardige huichelarij,' constateert Kesch dan ook. Bovendien werkt dit bouwwerk snel toe naar een totale-controlestaat, waarin de burgers 24/7 nauwgezet zullen worden gevolgd, en waarin steeds harder zal worden opgetreden tegen kritische, 'niet loyale' stemmen.
Reguliere media gecontroleerd door politieke elite
De reguliere media zouden in theorie een tegengeluid kunnen laten horen, maar feit is dat de meesten van hen net als hun Amerikaanse collega's in de tas zitten van de heersende gevestigde orde. Anti-EU politici, zoals in Nederland Geert Wilders, worden dan ook vrijwel uitsluitend zwartgemaakt, veelal met verdraaide en leugenachtige 'feiten'.
Dat is geen complottheorie. In Duitsland worden de leiders van de drie grootste mediaconcerns een paar keer per jaar bij de bondskanselier uitgenodigd. Wat zij met elkaar bespreken blijft geheim, maar de Duitse politieke elite zal in Europa beslist niet de enige zijn die de media inschakelt om de bevolking met misleidende, krampachtig positieve berichtgeving rustig en zoveel mogelijk pro-EU en pro-euro te houden.
De almaar toenemende macht van deze grote mediabedrijven, die hoofdzakelijk aan de leiband van de politiek lopen, is eveneens een groot gevaar voor het laatste restje democratie in Europa. Aan de vorig jaar georganiseerde campagne 'Ik wil Europa / Wij willen Europa' namen zo'n 80 mediabedrijven deel, waardoor er nauwelijks meer van een onafhankelijke Europese pers kan worden gesproken.
Dat zien we bevestigd in de feitelijke censuur die er wordt uitgeoefend op alle kritische berichtgeving over het in de maak zijnde TTIP vrijhandelsverdrag met Noord Amerika. Zoals we eerder berichtten wordt de grote concerns met dit verdrag ten koste van de burgers nog meer macht gegeven, maar de reguliere media verspreiden steevast alleen de veronderstelde positieve gevolgen voor de economie en werkgelegenheid.
Socialistische heilstaat
'Een verbond van soevereine staten is slechter te controleren als een zak vol vlooien,' waarschuwde de bekende Duitse filosoof Carl von Weizsäcker ooit. 'Daar helpt alleen de stapsgewijze ontmanteling van de democratie tegen.' En dat is dan ook precies wat de EU heeft gedaan: de democratie stap voor stap afbreken, zodat er anno 2014 weinig anders meer over is dan een lege huls.
Het fiscale pact, de centrale economische planning, de talloze gebroken verdragen, de achterkamertjes- en vriendjespolitiek, de ongekende graaicultuur, het bestrijden en verketteren van afwijkende meningen, het EU 'Politburo' en de eindeloze stroom bemoeizuchtige technocratische regeltjes en wetjes zijn allemaal signalen van een nieuw soort socialistische heilstaat zoals de Sovjets die probeerden te realiseren. Dat mislukte niet alleen jammerlijk, maar kostte ook nog eens miljoenen mensen het leven. Terwijl de top zich tegoed deed en alle macht en rijkdom naar zich toe trok, moest de monddood gemaakte rest tientallen jaren lang in armoede en angst leven.
Echte democraten zeggen NEE tegen de EU
Echte democratieën zoals Zwitserland en Noorwegen zeiden daarom terecht NEE tegen het EU-imperium. Niemand in Brussel, de hoofdstad van het 'Vierde Rijk', verdient om bovengenoemde redenen ook maar een seconde het vertrouwen van de burgers. Sterker nog: als wij hen hun gang laten gaan, dan zal er uiteindelijk zowel economische, financiële als maatschappelijke chaos ontstaan, en dreigt ons continent opnieuw te exploderen in een orgie van geweld.
Laat bij de komende Europese verkiezingen daarom weten dat het u menens is, dat de toekomst, vrijheid, welvaart en democratie van ons land en ons continent ons ter harte gaan. Een stem op de meeste gevestigde partijen betekent echter instemming met de eurofiele gevestigde orde. Dat is uw goed recht, maar dan moet u over enkele jaren niet klagen als de EU inderdaad als een totalitair blok onze welvaart door de in gang gezette 'herverdeling' heeft verpletterd, en met ijzeren hand de orde zal proberen te handhaven. Immers:
'Wie in een democratie slaapt, maakt de dictatuur wakker', en 'Niemand is hopelozer verslaafd als degene, die valselijk gelooft vrij te zijn'(Goethe). (1)
Maar misschien is echte vrijheid voor de meesten inmiddels niets anders meer dan 's avonds op de liefst zo groot mogelijke flatscreen van het ene naar het andere hersenloze programma te kunnen zappen, en wekelijks de koelkast te kunnen vullen. 'Brood en spelen' hielden eerder de Romeinen zoet, totdat het eens zo machtige imperium onder schaamteloos machtsmisbruik en onbegrensde decadentie ineen stortte. Uiteindelijk was het dus het volk dat dit liet gebeuren. Gaat Europa eenzelfde lot tegemoet? Aan u in mei de keus.
Xander
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La deriva pedofila dell’Occidente
La deriva pedofila dell’Occidente
Marcello Pamio
Ex: http://www.disinformazione.it
Prendendo spunto dall’ultimo interessante libro “Unisex”, scritto da Enrica Perucchietti e Gianluca Marletta per Arianna edizioni, vorrei sottolineare la pericolosissima deriva culturale, sociale e spirituale, che sta interessando l’Occidente e che contempla, tra le altre cose, la legittimazione della pedofilia. Una deriva che ha l’obiettivo di distruggere in tutti i suoi aspetti, l’uomo e la concezione che noi abbiamo di esso, per creare un Uomo Nuovo, un uomo privo di identità.
Ideologia di genere
I media come sempre non ne parlano, ma i cosiddetti Poteri Forti stanno spingendo e promuovendo a suon di dollaroni l’idea di genere (gender).
Potremo dire addio all’identità dell’essere umano, nel suo naturale dimorfismo maschile e femminile, perché per l’ideologia gender, le differenze sessuali tra maschio e femmina non avrebbero alcuna importanza, se non dal punto di vista culturale. Quindi non hanno senso di esistere!
L’obiettivo è rimodellare l’immagine stessa dell’uomo, imponendo a tutti, partendo dai più piccoli, una nuova concezione di sessualità ideologica.
Tra il maschio e la femmina vi sarebbero un numero indefinito di altri “generi” o “orientamenti sessuali”, tra cui l’omosessualità, il lesbismo, la bisessualità e la pedofilia; generi che sarebbero normalissimi né più ne meno come per l’eterosessualità.
Queste pericolosa ideologia viene sovvenzionata, foraggiata e promossa in tutto l’Occidente da una vastissima e immensa operazione socio-culturale.
Il braccio militante di questo processo culturale sono i movimenti gay e omosessualisti.
Questi gruppi, una volta minoritari e soprattutto squattrinati, negli ultimi anni hanno acquisito un potere enorme e visto affluire fiumi di finanziamenti pubblici e privati, da parte di lobbies di altissimo livello. Come mai?
L’ideologia di genere e quindi tutti i movimenti appena visti e quelli che vedremo, fungono da “cavallo di Troia” nelle mani dei Poteri Forti per manipolare e sradicare la natura stessa dell’uomo.
Qual è il motivo? Forse creare un Uomo Nuovo, completamente diverso dall’attuale e assolutamente innaturale e privo di ogni identità, sessuale, ma non solo…
Il padre ufficiale dell’ideologia di genere è lo psichiatra sessuologo della John Hopkins University, John William Money (1921-2006, foto a sinistra).
Secondo lui “l’identità sessuale è sostanzialmente un prodotto della società e pertanto, duttile e malleabile alla nascita”. Il suo sogno era una sorta di democrazia sessuale in cui ogni tipo di rapporto sessuale, compresa la pedofilia, sarebbe stato promosso e legalizzato!
Money scrive: “la pedofilia e la efebofilia (amore per gli adolescenti) non sono una scelta volontaria più di quanto lo sia il fatto di essere mancini o daltonici”.
La pazzia di questo psichiatra ha raggiunto l’apoteosi quando interveniva chirurgicamente nei bambini che avevano dei peni di dimensione ridotta: li operava trasformandoli in “bambine”.
Lo scopo era dimostrare che l’identità sessuale è una “sovrastruttura culturale”.
Nonostante il fallimento su tutta la linea, pagato sulla pelle di migliaia di bambini passati sotto il suo bisturi, vedremo che ancora oggi qualcuno azzarda a tirare fuori le sue teorie.
La perversa visione di Money sta diventando tristemente reale, perché dopo 50 anni in cui la pedofilia è sempre stata considerata dalla psichiatria una “malattia”, oggi sembra essere un “orientamento sessuale”.
Lo denuncia in America l’AFA, l’American Family Association, una organizzazione no-profit fondata da un pastore metodista nel 1977.
Secondo l’Associazione famiglia americana, la potentissima casta degli psichiatri americani, l’APA, distingue per la prima volta tra pedofilia e atto pedofilo: solo l’atto sessuale viene considerato “disordinato” per le conseguenze che ha sui bambini.
Nell’ultima edizione del manuale (DSM-V uscito a giugno 2013) ci sarebbe scritto che «il desiderio sessuale verso i bambini è un orientamento» come gli altri.
Sono riusciti gli psichiatri a sdoganare e rendere l’atto più tremendo e miserabile che si possa commettere ai danni di un bambino, un orientamento, una scelta sessuale?
Se non è oggi è domani, ma purtroppo anche questo rientra nel progetto…e le pressioni sono enormi.
La stampa di Regime, cioè il cane da guardia che invece di controllare la politica e il potere, controlla il popolo, ovviamente è stato aizzato.
Casualmente il 9 febbraio scorso il quotidiano "La Repubblica" pubblica una indagine Ipsos, commissionata da "Save the children" il cui risultato sarebbe agghiacciante, se fosse vero: 1 italiano su 3 considera "accettabile" il sesso con minori.
Tale propaganda cerca di far credere alle masse, al "gregge disorientato" che la maggior parte degli italiani in fin dei conti "accetta" la pedofilia. Quindi tu, da che parte stai? Con noi, cioè la massa o no?
I Poteri Forti
I loro nomi li abbiamo già elencati innumerevoli volte.
Si sa che il filantropismo dell’ebreo ungaro-statunitense George Soros non ha limiti.
Questo individuo, e la sua Open Society Institute, oltre a elargire quantità industriali di soldi in tutte le primavere arabe, le rivoluzioni colorate e quelle antirusse, da un po’ di anni si è rivolto, chissà come mai, anche alle organizzazioni gay.
Non potevano mancare i colleghi filantropi Bill Gates, patron della Microsoft e Jeff Bezos patron di Amazon; il Goldman Fund, della banca ebraica privata più potente al mondo; la Rockefeller Foundation e la Fondazione Ford.
Poi vi sono alcune società molto quotate come Kodak, Chevron, JP Morgan, Toyota, Pepsi, Ubs, Ibm, Johnson&Johnson, Merril Lynch, Microsoft, Apple, AT&T, Nike, Chrysler, Xerox, ecc.
Per quali reconditi motivi tutte queste società donano a fondo perduto moltissimi soldi alla causa omosessuale, ai matrimonio tra gay?
Lo fanno per un ritorno di immagine o economico? O magari c’è dell’altro?
Non solo l’industria, ma anche la politica che conta è iperattiva in questo progetto.
Personaggi politici di “destra” (neoconservatori) come l’ex Segretario di Stato Colin Powell e l’ex vice presidente Dick Cheney, e personaggi di “sinistra” come il presidente USA Obama e il premier Hollande in Francia, si sono pubblicamente espressi a favore dei matrimoni gay.
Addirittura l’ex presidente americano, il potente massone repubblicano George H. W. Bush senior (padre del poveretto Bush junior), ha fatto da testimone ad un matrimonio gay nello Stato del Maine.
Perché tutti coloro che contano stanno spingendo la barca dell’ideologia di genere?
Prossimo passaggio: distruzione famiglia e scuola
Lo scopo è l’omologazione globale: cancellare le differenze, le diversità per renderci tutti uguali. Demolire tutte le identità sociali, religiose, politiche, culturali e ovviamente anche sessuali.
Il prossimo passaggio, che sta già avvenendo, sarà la distruzione del concetto di famiglia, perché questa strana e antiquata istituzione è un ostacolo enorme.
Un uomo privo di valori e senza punti di riferimento è un uomo in balia degli eventi e quindi malleabile e manipolabile a proprio (loro) piacimento.
Una raccomandazione del 2010 del “Comitato dei Ministri Europeo” invita ad introdurre nelle scuole appositi momenti di “sensibilizzazione” degli studenti sulle tematiche della “discriminazione” verso i gay e le lesbiche.
In Francia addirittura nell’anno accademico 2013/2014 sarà reso obbligatorio in tutte le scuole di ogni ordine e grado un corso di insegnamento basato sull’ideologia di genere, con lo scopo esplicito di “trasformare la mentalità dei giovani”. Trasformarla in che senso e in che direzione?
Qui da noi le cose non sono tanto migliori.
A Venezia gli insegnanti saranno affiancati da controllori chiamati a correggere le espressioni ritenute “discriminatorie”.
Tale progetto, organizzato dall’Ufficio scolastico territoriale della città lagunare in collaborazione con la Commissione provinciale delle Pari opportunità, ha lo scopo di “promuovere un’educazione oltre gli stereotipi di genere, acquisendo la capacità di coglierli e saper andare oltre”.
In Veneto, se qualche insegnante vorrà parlare di gay e generi sessuali, potrà farlo soltanto con l’assistenza di un tutor deputato a valutarne le parole onde correggere quelle eventualmente considerate non conformi alla linea di principio antidiscriminatoria.
Gli organizzatori hanno previsto, per i docenti, un percorso formativo articolato in sei incontri durante i quali “i maestri proveranno a liberarsi dei pregiudizi legati all’identità sessuale e a garantire una migliore offerta didattica ai loro studenti”.
I maestri delle scuole materne ed elementari di Venezia dovranno quindi abituarsi alla presenza, nelle loro aule, di ben due tutor che dovranno sovrintendere alla loro avvenuta “rieducazione” in tema di “identità di genere, ruolo di genere, identità sessuale e orientamento sessuale” (1).
Hanno pure iniziato a modificare i termini della lingua italiana, sempre nella direzione del (loro) politicamente corretto. In alcuni comuni italiani nei moduli sono misteriosamente sparite le parole “padre” e madre” per far posto alle parole molto più corrette: “genitore 1”, “genitore 2” o “coppie di fatto”. Il tutto per non discriminare, ovviamente.
Il ruolo dell’Organizzazione Mondiale della Sanità
L’Organizzazione Mondiale della Sanità (OMS o WHO) da un po’ di anni ha iniziato ad occuparsi dello sviluppo sessuale dei bambini europei. Chissà come mai…
In un documento ufficiale, a cura dell’Ufficio Regionale per l’Europa dell’OMS e BZgA (Federal Centre for Health Education, Centro Federale per l’Educazione e la Salute, Germania) intitolato “Standard per l’Educazione Sessuale in Europa”, l’ente sovranazionale prescrive alcune cose a dir poco aberranti.
Il documento in italiano, scaricabile in formato pdf, è stato curato della Federazione Italiana di Sessuologia Scientifica.
Da 0 a 4 anni l’OMS prescrive l’apprendimento del “godimento e piacere quando giochiamo con il nostro corpo: la masturbazione della prima infanzia”.
Da 0 a 4 anni è l’età ideale per “la scoperta del corpo e dei genitali”.
Da 0 a 4 anni è l’età ideale per “esprimere i bisogni, i desideri e i limiti, ad esempio nel gioco del dottore”.
Da 0 a 4 anni è l’età ideale, secondo l’Organizzazione Mondiale della Sanità, per “consolidare l’identità di genere”.
Da 4 a 6 anni è l’età ideale per la “masturbazione” e si può tranquillamente: “parlare di argomenti inerenti alla sessualità”.
Da 4 a 6 anni è l’età ideale per le amicizia e amore “verso persone dello stesso sesso”.
Da 6 a 9 anni è l’età ideale per conoscere e difendere i “diritti sessuali di bambini e bambine”.
Da 6 a 9 anni è l’età ideale l’“amicizia e amore verso persone dello stesso sesso”.
Da 9 a 12 anni è l’età ideale per sapere tutto sulla “riproduzione e pianificazione familiare”, oltreché ai “diversi tipi di contraccettivi” e sui “rischi e conseguenze del sesso non protetto (gravidanze indesiderate)”.
Cambiamento di sesso on demand
Sembra fantascienza, ma non lo è.
Cambio di sesso, proposta choc: “Blocchiamo la pubertà e indirizziamola”.
Chiesto il via libera alla Regione Toscana per aprire il fronte della diagnosi precoce nei bimbi che manifestano i disturbi.
“Nei bimbi si tratta di capire se giocano ad esempio con le bambole o indossano i vestiti della sorella”.
Con questa diagnosi si potrebbe seguire la crescita prima dello sviluppo di tutti gli organi sessuali: “Ci sono farmaci che bloccano la pubertà precoce e abbiamo chiesto di estenderli anche sulla pubertà inadeguata, in modo da indirizzare subito la pubertà verso il sesso che veramente sente il paziente”.
John Money è morto da 8 anni, ma il suo spirito disincarnato non ha ancora abbandonato la terra e continua a fare danni.
Hollywood & Entertainment
Tutta la macchina industriale dell’intrattenimento gioca un ruolo fondamentale per modificare e creare culturalmente l’Uomo Nuovo.
I mass media (cinema, televisione, radio e carta stampata), sono lo strumento principe della propaganda e lo fanno da oltre un secolo molto egregiamente.
In tivù sempre più spettacoli, reality, fiction, soap-opere affrontano la tematica dell’ideologia di genere, senza che noi passivi osservatori che ne accorgiamo. Mentre noi stiamo anestetizzati loro penetrano...
Per non parlare delle numerosissime pellicole sfornate dalla cricca massonica di Hollywood.
Non si salvano nemmeno i cartoni animati, dedicati ai più piccini: da Peppa Pig in giù.
D’altronde è semplice il discorso: prima ci condizionano, inculcandoci nel cervello il messaggio corretto, e meglio è tutti (loro).
Infine un po' di gossip: sembra che a Sanremo 2014 l’ospite straniero sarà il cantante gay blasfemo (in odor di satanismo per qualcuno) Rufus Wainwright, fervente detrattore della chiesa cattolica e difensore dei diritti degli omosessuali e del commercio di bambini tramite l’utero in affitto.
E' felicemente sposato (da quando la Defense of Marriage Act è stata abolita da Obama), con il suo amico e manager Jorn Weisbrodt.
La notizia è che Rufus ha avuto una bambina dalla sua cara amica Lorca Cohen! E' sposato con un uomo, ma ha messo incinta l'amica.
Nelle sue esibizioni è solito vestire i panni di Gesù Cristo in croce, cantando: “Il messia gay”.
Questo losco individuo è stato invitato (a spese di coloro che pagano ancora il canone Rai), per innescare polemiche funzionali all’audience, o ci sono altri motivi?
Conclusioni
E’ bene precisare per non incappare in assurde (o volute) incomprensioni che qui non si sta discutendo dei sacrosanti diritti delle persone, di tutte le persone, comprese quelle che hanno scelto di vivere la propria sessualità, ovviamente nel rispetto delle altre persone.
Nessuno è contrario ai diritti delle persone dello stesso sesso che vivono una vita insieme.
Una unione, intesa come famiglia, può essere tranquillamente costituita da persone dello stesso sesso, con tutti i diritti di qualsiasi altra unione, ma quando di mezzo ci sono dei bambini le cose hanno un altro risvolto. Un bambino per crescere e diventare uomo sano e libero, ha bisogno di due figure ben precise: la madre (l’uovo) e il padre (il seme). Questi due ruoli, con tutte le difficoltà dei casi, con tutte le discordanze e i condizionamenti religiosi, si possono criticare all’infinito, ma da che mondo e mondo sono sempre state le due figure basilari, il modello da trasmettere e che verrà emulato a sua volta dai bambini.
In natura, tranne rarissime eccezioni, la prole viene partorita e nutrita da una madre e protetta da un padre. La dicotomia maschile/femminile è sempre esistita e sempre esisterà: Luna (madre) / Sole (padre); Terra (madre) / Cielo (padre), ecc.
In Natura non è facile osservare due animali dello stesso sesso che prendono in affitto un utero per aumentare il focolare domestico.
Ecco perché nel Disordine Organizzato che stanno instaurando, sarebbe più corretto parlare di antinatura, di antiuomo e di anticristo.
Stanno instaurando passo dopo passo la distruzione completa dell’essere uomo, partendo dalle fondamenta della famiglia stessa, ma arrivando a tutti gli altri ambiti (spirituale, culturale, economico, ecc.).
Un uomo privo di storia, cultura è un uomo che non conosce il passato e non sa cosa aspettarsi nel futuro, quindi vive male il presente.
Un uomo scollegato dalla propria vera e unica origine: i mondi spirituali, è un uomo che vive una falsa esistenza proiettata nella materia e per la materia, gestito e manipolato da forze molto basse (qui attecchisce benissimo la pornografia; la corruzione delle anime grazie all’illusione sfavillante del successo e del denaro).
Un uomo sradicato dalla famiglia e privo di identità sessuale è un uomo facilmente controllabile.
Questo Uomo in sintesi è il suddito ideale.
Questo mondo è la fotocopia di quello descritto nel romanzo fantascientifico “Il Mondo Nuovo” del 1932, dal visionario Aldous Huxley*.
L’essere umano privato di tutta l’eredità del passato, in cui ogni aspetto della vita è omologato fino alla nascita, perfino la riproduzione viene separata dal sesso; ogni creatività e ogni spiritualità viene annegata nella droga (chiamata il soma) o nel mero piacere sessuale, sia etero che dello stesso sesso, e dulcis in fundo, praticato senza limiti di età (pedofilia).
Ecco quello che accadrà al nostro mondo se non interverremo quanto prima.
* Aldous Huxley (1894-1963), futorologo britannico, professore al M.I.T. (Massachussetts Institute of Tecnology) di Boston. Uomo della Sinarchia globale.
Nipote di Thomas Huxley (uno dei fondatori della "Round Table", la Tavola Rotonda), fratello di Sir Julian Sorell Huxley (primo direttore dell'UNESCO, e presidente della "Eugenetics Society", la Società Eugenetica britannica).
Aldous fu membro della Fabian Society e della Golden Dawn, sperimentò in prima persona l'uso di droghe allucinogene e descrisse le sue "visioni" in due opere apologetiche: "Le porte della percezione" (1954) e "Paradiso e inferno" (1956).
L’opera più famosa rimane "Il Mondo Nuovo" (1932)
** “Unisex: la creazione dell’uomo senza identità”, Enrica Perucchietti e Gianluca Marletta, Arianna editrice
[1] http://www.ilgiornaleditalia.org/news/cronaca/849798/La-lobby-gay-anche-nelle-scuole.html, “La lobby gay anche nelle scuole: maestri controllati”, Cristina Di Giorgi
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Frank Böckelmann: Jargon der Weltoffenheit
Frank Böckelmann: Jargon der Weltoffenheit
Was sind unsere Werte noch wert?
Ellen Kositza
Ex: http://www.sezession.de
[1]Rezension aus Sezession 58 / Februar 2014
Selbst jemand, der die in Spanien erschienene Festschrift zu des Großdenkers und Carl-Schmitt-Exegeten Günter Maschke 65. Geburtstag gründlich las, könnte einen der Aufsätze aus deutscher Feder darin übersehen haben. Ein Glücksfall, daß der Essay des einst »revolutionären Linken« Frank Böckelmann fünf Jahre später, versehen mit zwei aktuellen Kapiteln, nun eine eigene Auflage erfahren hat.
Falls es etwas zu bemängeln gäbe an Böckelmanns luzider Analyse, dann wäre es der Untertitel. »Was sind unsere Werte noch wert?« Das suggeriert nämlich einen gestrigen, rechte-Flanke-der-CDU-affinen Klageton, der nicht im mindesten passen mag auf dieses illusionslos ernüchternde, weltkluge Büchlein, das man nachgerade zur Pflichtlektüre erklären möchte.
Wenn man nun (durchaus wahrheitsgemäß) schriebe, Böckelmann – der selbst Frontmann der Subversiven Aktion um Dieter Kunzelmann, Bernd Rabehl und Rudi Dutschke war – setze sich damit auseinander, daß die Achtundsechziger (als strikte Individualisten) nie genuin Linke waren; daß der Habitus und Jargon der Studentenrevolte bereits in den frühen Fünfzigern seinen Ursprung gehabt habe und kraft seiner »unwiderstehlichen Ideen« bis heute fortwirke; daß es zudem einige stillschweigende Einverständnisse zwischen Linken und Rechten gebe – nämlich den Glauben an die moralische Entscheidung des Einzelnen und die Kraft politischer Aufklärung: man ginge an der superben Qualität dieser Essays vorbei.
Böckelmann ist ein gedankenstarker, wortgewaltiger Originärdenker, ein Empiriker, der seine Befunde als funkelnde Merksätze zu bündeln versteht. Dieses Bändchen formuliert in nuce Böckelmanns großes Werk Die Welt als Ort (2007). Empfand man jenes Buch bereits als Verdichtung dessen, was ist, so finden sich die skeptischen, auch scharfen, nie aber in einen Polterton fallenden Einlassungen des Autors zur »Entgrenzungsproblematik« hier abermals komprimiert. Man kann dies in Kürze nur in Beispielen verdeutlichen: Böckelmann sieht ein »Emanzipationsprotokoll« walten und gebieten, das »Selbstbestimmung«, »Vielfalt« und »Gleichberechtigung« zu Universalmaximen aufsteigen ließ.
Der ortlose Slogan von der »Weltoffenheit« tut ein Übriges: Die Anderen (etwa im arabischen Frühling, in Indien), »interessieren uns nicht als Andere, sondern als mögliche Ähnliche, die dem Dickicht unverhandelbarer Werte (Ehrwürdigkeit, Respekt gegenüber den Ahnen, Schicklichkeit, Gefolgschaftstreue) entlaufen, um auf den Straßen und auf Facebook unsere Parolen zu rufen«.
Das ursprünglich Linke als Kampfansage werde längst »als gefälliges, humanitäres Gütesiegel« verramscht: »Wer sich als ›links‹ tauft, kündigt an, noch hartnäckiger fordern zu wollen, was alle anderen ebenfalls fordern.« Böckelmann konstatiert eine weltgeschichtlich einzigartige gefühlte Ungezwungenheit, jedoch: »Beim Horchen auf den Ton des Tages geht es zu wie bei Hofe.« Wer wagt es schon, sich außerhalb der Diskursgebote namens »Selbstbestimmtheit«, »Vielfalt«, »Toleranz« und »Emanzipation« zu stellen? Jene Leitideen mit ihrer »entwaffnenden Wucht« hätten zwar eine lange europäische Tradtion, neu sei ihre Potenz, Gehalte zu erübrigen.
Die Richtungsangabe rechts hingegen werde aus diesen Gründen nicht vereinnahmt, sondern denunziert. Deshalb ginge der fehl, der den »kulturellen Vakuumpumpe« mit mit einem gegenläufigen, also rechten Aktivismus abhelfen wolle. »Ihm wäre zu raten, zunächst den konservativen Grundsatz ›Erkenne die Lage‹« zu beherzigen und sich gegenüber einem Größeren, unserem epochalen Geschick, in Geduld zu üben. Erst eine Erschütterung der Lebensgrundlagen, gefolgt von einem »großen Enthusiasmus« (Carl Schmitt), würde die »Masse der Verstreuten zu ihrem gemeinsamen Ort und in ihre Geschichte zurückrufen«. Außerordentlich auch Böckelmanns Passagen zum Feminismus.
Anhand dieser Ideologie werde der Kompetenzgewinn der Medien deutlich, eigenmächtig per Kontrastierung eines vorgeblichen »Vorher« und eines »Nachher« das »Geschehen mit der Berichterstattung gleichzusetzen. Daß die sexuelle Liberalisierung eine ›wirkliche Revolution‹ war, ist ein Dekret der Medien, dem zu widersprechen Unverständnis auslöst. So ist es gesendet und geschrieben worden, und die Frauen haben ihre Wahrnehmung daran abzugleichen. Vorher war ›verdüstertes Geschlechtsleben‹, nachher war die Freiheit. Basta«. Die neue »starke Frau« ist das Weib mit Marktwert, das sein »Handeln strikt nach den Regeln des Wettbewerbs um Gage und Beachtung« ausrichtet.
Der Stoff für die Einübung des »therapierten Menschenverstandes« ist unermeßlich. Schade nur, daß wirklich originelle Denker wie Böckelmann rar sind.
Frank Böckelmann: Jargon der Weltoffenheit. Was sind unsere Werte noch wert? [2] Waltrop und Leipzig: Manuscriptum (= Edition Sonderwege) 2013. 131 S., 9.80 €
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[2] Jargon der Weltoffenheit. Was sind unsere Werte noch wert?: http://antaios.de/buecher-anderer-verlage/aus-dem-aktuellen-prospekt/1468/jargon-der-weltoffenheit
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mardi, 25 février 2014
Ukraine: coup d'Etat ou début du "grand coup"?
Michel Lhomme
Ex: http://metamag.fr
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Martin Mosebach: Das Blutbuchenfest
Martin Mosebach: Das Blutbuchenfest
Ellen Kositza
Ex: http://www.sezession.de
[1]Martin Mosebachs Roman Das Blutbuchenfest ist für den Preis der Leipziger Buchmesse nominiert worden. Daß Mosebach sein Publikum radikal spaltet, wie oft behauptet wird, ist nicht ganz wahr. Mit wenigen Ausnahmen ist man sich über den hohen Rang dieses Schriftstellers einig. Neben vielerlei Lorbeerkränzen, die Leitmedien wie die SZ, der Deutschlandfunk und gar Frankfurter Rundschau und taz dem Buch gewunden haben, hat man Mosebach nun aber auch Dornenkronen aufgesetzt:
Ausgerechnet die FAZ, die man bislang für stark mosebachaffin halten konnte, hat den Daumen über dem Roman gesenkt [2], von „grotesker erzählerischer Willkür“ ist die Rede. Was ist dran am „Realismusstreit“ um diesen großen Roman?
Der Lyriker Paul Valéry hatte die Romanschreiberei einmal damit lächerlich gemacht, es sei für ihn unvorstellbar, einen trivialen Satz zu schreiben wie »Die Marquise ging um fünf Uhr aus«. Es war die Zeit, als die Rede von der »Krise des Romans« populär war. Die Wirklichkeit sei zu komplex geworden, hieß es. Neue Medien seien besser geeignet, die Realität einzufangen. Auch könne die Sprache, derer ein Roman bedürfe, kaum mithalten in einer Welt transzendentaler Obdachlosigkeit.
Vor fünfzig Jahren hat Claude Mauriac dem Valéryschen Diktum zum Trotze einen Roman verfaßt, der Die Marquise ging um fünf Uhr aus titelte, eine Art Sekundenstil-Versuch, das Detail zu mikroskopieren, im Kleinen das Große sichtbar zu machen.
Martin Mosebachs Roman Das Blutbuchenfest hebt mit diesen Worten an: »Die Markies verließ um fünf Uhr das Haus«, und schnell wird deutlich, daß sie keineswegs zufällig bereits um fünf – »morgens wohlgemerkt« – das Haus verläßt, obwohl ihr Flug viel später geht. Die Markies, keine Markgräfin, sondern Geschäftsführerin einer Marketingagentur, »war eine überlegene Planerin ihres Lebens und bezog auch eigene Schwächen in ihre Planung ein«. Die Büromädchen wissen, daß sie zurückkehren würde, um noch Wichtiges zu erledigen. Auch sie wissen zu planen und den Zeitpunkt abzuschätzen, ab dem die Agenturgemeinde ihr Tempo herunterfahren kann. »Der Galeerentakt der gemeinsamen Ruderschläge wurde nicht mehr vorgegeben«, führungslos driftet man, Einzelinteressen verfolgend, auseinander.
Eine der Angestellten ist Winnie, ein zartes Mädchen, das seine Herzschwäche durch das Tragen von Kampfstiefeln und Armeekluft konterkariert. Eine weitere Lohnkraft der Inge Markies ist Ivana. Die Bosnierin hält die Markiesschen Privaträume sauber, und bald auch die wüsten, büchergefluteten Zimmer des Ich-Erzählers. Dieser Berichterstatter ist ein Kunsthistoriker ohne Anstellung jenes Alters, das Mosebachs Angelfiguren meist haben, Mitte dreißig, habituell beeindruckbar, ungebunden, doch nicht bindungsunwillig. Mosebachs Erzähler nimmt, auch dies erneut, eine in denkbar höchstem Maße auktoriale Perspektive ein. Er hat nicht nur die Außensicht auf das Romanpersonal, er macht sie kernhaft kenntlich, kennt ihre Gedanken, blickt in abgeschlossene Räume. Daß das funktioniert, ohne Irritationen zu hinterlassen, darf man der Zauberkraft des Autors zurechnen.
Frankfurt, weithin Ort der Handlung, ähnelt als Handlungsraum dem St. Petersburg Dostojewskis. Hier wie dort kreuzen sich die Wege des Romanpersonals, als wäre die Stadt ein Dorf. Ivana putzt auch bei den Breegens. Der feiste Breegen ist ein Immobilienhai, gestern noch berüchtigter Pleitier, heute wieder obenauf. Ivana wischt und wienert in der Wohnung der betörenden Maruscha, die zugleich Breegen und dem melancholischen Multiplikator Wereschnikow (mit »Kontakten zu Henry Kissinger und Boutros Ghali«, dies seine bedeutsamen Referenzen) als Gespielin dient. Sie hält den Haushalt des lebensuntüchtigen Doktor Glück mit seiner mehr zufällig akkumulierten Napoleonica-Sammlung rein und den der Beate Collisée, jener betagten Couturistin, deren Nichte und Mitbewohnerin ausgerechnet die zwirnsfadendünne Winnie ist. Während der Ich-Erzähler den Auftrag Wereschnikows annimmt, eine Ausstellung des wenig bekannten Bildhauers Mestrovic zu kuratieren (die Schau soll eine von humanistischem Geist getragene Balkankonferenz flankieren) und zugleich eine Affäre mit Winnie aufnimmt; während Breegen im Kleiderschrank der heimlichen Geliebten festsitzt; während ein zwielichtiger Rotzoff eine Promiparty in Glücks Großstadtgarten plant (das Blutbuchenfest, das revolutionär enden wird), braut sich in Ivanas Heimat ein ungleich größeres Unglück zusammen: Wir schreiben 1992, Jugoslawien bricht auf. Krieg und Fest treffen in eins. So viel gestorben wurde nie in Mosebachs Romanen.
Daneben gilt wie immer bei diesem Schriftsteller: Unter dem glänzenden, in mustergültiger Kunstfertigkeit aufgetragenen Firnis wuchert das Holz. Es folgt seiner Wuchsrichtung, als wäre es nie abgesägt, verarbeitet und glattpoliert worden. Mosebach ist ein begnadeter, scharfsichtiger Menschenkenner, das beweist erneut dieser Roman. Ein Naseweis mag fragen, weshalb in einer Geschichte, die vor über zwanzig Jahren spielt, bereits Klingeltöne, SMS und schmale Klapprechner für die Nachrichtenübertragung sorgen. Mosebach wagt es, das Realismuskonzept des bürgerlichen Romans augenzwinkernd zu übertreten. Was, wenn nicht das unüberhörbare Stampfen der dräuenden Kriegsmaschinerie, bezeugt die »Antiquiertheit des Menschen« (Günther Anders) gegenüber der Macht der Großtechnik? Nach Anders obsiegt der technische Apparat mit seiner Fähigkeit, »auf Knopfdruck« den »weltlosen« Menschen zu bezwingen.
Die handelnden Subjekte bei Mosebach denken »mit den Fingerspitzen, fixe Gedanken, die sich den Fakten anschmiegen wie ein Handschuh«. Der Krieg, das Fest: sie wirken am Ende nicht als zuverlässige Läuterungsinstanz. Die Reinigungskraft? »Sie streifte den Jogginganzug über. Dann begann sie aufzuräumen.« Trivial: nicht dieser Roman.
Martin Mosebach: Das Blutbuchenfest. Roman, München: Hanser 2014. 448 S., 24.90 €
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[2] gesenkt: http://www.faz.net/aktuell/feuilleton/buecher/buecher-der-woche/fragen-an-mosebachs-neuen-roman-schriftsteller-ans-telefon-12777364.html
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L’“école Hillary” (Clinton): du féminisme au Système
L’“école Hillary” (Clinton): du féminisme au Système
Ex: http://www.dedefensa.org
Dans un article sur PressTV.ir (le 9 novembre 2014), Finian Cunningham, scientifique britannique devenu journaliste et commentateur de combat, et antisystème certes, aborde un thème intéressant : celui des femmes en position de pouvoir (exécutif) dans l’ensemble de sécurité nationale du système de l’américanisme, singulièrement rassemblées ces dernières années au sein du département d’État. Ces femmes se révèlent d’un extrémisme extraordinairement agressif et impudent, un extrémisme exprimé furieusement et sans frein, un extrémisme illégal par les actions qu’il engendre mais présenté avec ce qui peut paraître une sorte de “bonne conscience” et de certitude de la légitimité de leur action qui laissent loin derrière celle de leurs pairs masculins.
Cette présence de femmes dans des postes de responsabilité à la tête de la diplomatie US est évidemment une nouveauté, due aussi bien jusqu'il y a peu à l’aspect “machiste” et unisexe de cette grande démocratie moderne, particulièrement dans les affaires diplomatique et de sécurité nationale, qu’aux exigences “sociétale” désormais impératives du féminisme avec sa philosophie des quotas et du politically correct. Cunningham prend comme argument de départ l’intervention extraordinaire de Victoria Nuland (ou Nuland-Fuck : voir le 7 février 2014) dans une conversation avec l’ambassadeur Pyatt à Kiev, interceptée par des moyens techniques qui n’ont pas fini d’étonner et de préoccuper les spécialistes du genre du bloc BAO ; il ajoute celui de Wendy Sherman, n°3 du département d’État, dans la même veine de l’extrémisme, cette fois contre l’Iran.
«What is it about America's women diplomats? They seem so hard and cloned – bereft of any humanity or intelligence. Presumably, these women are supposed to represent social advance for the female gender. But, far from displaying female independence, they are just a pathetic copy of the worst traits in American male politicians – aggressive, arrogant and completely arrant in their views.
»Take Victoria Nuland … […]
»Next up is Wendy Sherman, the Under Secretary for Political Affairs, who is also Washington's top negotiator in the P5+1 nuclear talks with Iran. Sherman is another flinty-eyed female specimen of the American political class, who, like Nuland, seems to have a block of ice for a heart and a frozen Popsicle for a brain. Again, like Nuland, Sherman aims to excel in her political career by sounding even more macho, morose and moronic than her male American peers.
»Last week, Sherman was giving testimony before the US Senate foreign affairs committee on the upcoming negotiations with Iran over the interim nuclear agreement. The panel was chaired by the warmongering Democrat Senator Robert Menendez, who wants to immediately ramp up more sanctions on Iran, as well as back the Israeli regime in any preemptive military strike on the Islamic Republic.
»Sherman's performance was a craven display of someone who has been brainwashed to mouth a mantra of falsehoods with no apparent ability to think for herself. It's scary that such people comprise the government of the most nuclear-armed-and-dangerous state in the world…»
Le cas de Nuland est suffisamment documenté. Celui de Wendy Sherman peut être largement renforcé par un rappel d’un article récent sur les USA et l’Iran, où nous introduisions comme exemple de l’argument développé, une intervention de Sherman particulièrement extraordinaire par son aspect suprématiste (plutôt que raciste), exposée devant une commission sénatoriale impavide, ès qualité dans son importante fonction de n°3 du département d’État. Nous écrivions le 25 novembre 2014 :
«On peut rappeler à cet égard le cas éclairant, y compris pour la façon dont sera traité cet accord avec l’Iran, de Wendy Sherman, sous-Secrétaire d’État et représentante permanente des USA aux négociations P5+1, qui se trouvait au côté de Kerry lors des négociations qui ont conduit à l’accord. Les époux Leverett, ces excellents commentateurs des questions iraniennes, avaient relevé, le 3 novembre 2013 sur leur site, l’intervention de Wendy Sherman, en octobre, au Congrès, parlant des Iraniens, “Nous savons que la tromperie fait partie de leur ADN” (“We know that deception is part of the DNA.”). Enchaînant sur cette très-édifiante illustration à la fois de notre haut niveau civilisationnel et de l’état d’esprit présidant aux relations avec l’Iran, les Leverett observaient ceci : “This statement goes beyond orientalist stereotyping; it is, in the most literal sense, racist. And it evidently was not a mere ‘slip of the tongue’: a former Obama administration senior official told us that Sherman has used such language before about Iranians.»
»If a senior U.S. government official made public statements about “deception” or some other negative character trait being “part of the DNA” of Jews, people of African origin, or most other ethnic groups, that official would—rightly—be fired or forced to resign, and would probably not be allowed back into “polite society” until after multiple groveling apologies and a long period of penance. But a senior U.S. official can make such a statement about Iranians—or almost certainly about any other ethnic group a majority of whose members are Muslim—and that’s just fine...»
Il s’agit bien, ici, de mettre en évidence l’extrémisme affiché, déclaré et développé officiellement par ces hauts fonctionnaire du genre féminin dans l’appareil de la diplomatie/de la sécurité nationale US. Les exemples sont nombreux depuis la fin de la guerre froide : Madeleine Albright, secrétaire d’État lors du deuxième mandat de l’administration Clinton, avait ouvert la voie, et de cette présence féminine, et de cet extrémisme cruel dont on parle en répondant quelque chose comme “le jeu en vaut la chandelle” à un journaliste qui l’interrogeait sur les évaluations de 500.000 enfants et nourrissons morts en Irak des suites de l’embargo de l’ONU initié par les USA. Condoleeza Rice, directrice du NSC puis secrétaire d’État montra plus de retenue entre 2001 et 2009, – on reviendra sur la signification de la chose, – mais c’est vraiment avec Hillary Clinton devenue secrétaire d’État en 2009 que s’établit la situation qu’on décrit ici. (Cela, au point qu’on peut parler d’une véritable “école Hillary” à cet égard.) Les femmes maximalistes, extrémistes, occupant des postes important au département d’État (ou au NSC, qui est dans ce cas une organisation similaire), sont en nombre respectable aujourd’hui : Susan Rice (ambassadrice à l’ONU puis directrice du NSC), Samantha Powers (ambassadrice à l’ONU), Nuland passant de la position de porte-parole à celle d’adjointe au secrétaire d’Etat pour les affaires européennes et caucasiennes, Wendy Sherman… Il s’agit de postes à haute visibilité, disposant de pouvoirs considérables, traitant d’affaires extrêmement importantes et agitées par des crises de première importance.
Un point remarquable est le mélange des genre : le féminisme, qui est d’inspiration de gauche et surtout développée chez les démocrates comme affichage de leur prétendue option progressiste et humanitaire, et l’extrémisme de tendance à la fois belliciste et humanitariste. (L’“humanitaire” désigne une forme conceptuelle vertueuse dans ce cas, l’humanitarisme devient une doctrine d’interventionnisme armée au nom de l’humanitaire que des esprits soupçonneux verraient comme un faux-nez pour l’interventionnisme pathologique et illégal, et complètement déstructurant, du bloc BAO.) Le cas Condoleeza Rice, qui était loin d’être la plus extrémiste dans l’administration Bush et qui avait été choisie essentiellement pour sa proximité avec le président, échappe au schéma général. De même ne peut-on guère la placer dans le courant “belliciste-humanitaire” (ou liberal hawks), qui est absolument la marque d’Hillary Clinton et de l’“école Hillary”. Même une Nuland, cataloguée comme neocon, et donc en théorie proche (tactiquement) du courant de l’administration Bush, ne l’est pas vraiment et doit plutôt entrer dans ce moule “belliciste-humanitaire” qui prétend absolument afficher sa philosophie “sociétale” renvoyant au féminisme et à une opinion “libérale” (“progressiste”). (Cela rejoint parfaitement le jugement de William S. Lind sur les USA (voir le 12 février 2014 : «The world has turned upside down. America, condemning and even attacking other countries to push “democracy” and Jacobinical definitions of human rights, is becoming the leader of the international Left.»)
Cette “école Hillary” est donc cantonnée à la “diplomatie” et à la nébuleuse du département d’État, mais contribuant à faire de ce département d’État un foyer extrémiste et belliciste absolument remarquable. Au contraire, il n’y a pas eu et il n’y a pas de femmes aux vrais postes de responsabilité au Pentagone, – secrétaire à la défense, adjoint au secrétaire et sous-secrétaire, les n°1, 2 et 3 – les plus hautes fonctions atteintes par des femmes étant les sous-ministères des trois armes, USAF, Army et Navy, sans réel pouvoir et aucun pouvoir politique, ou celui de sous-secrétaire pour la politique qu'occupa Michèle Flournoy, de 2009 à 2012. (Il y eut aussi le cas de Darleen A. Druyun, occupant dans les années 1990 un poste très important de direction de l’attribution des contrats, mais celui-ci restant très technique quoique d'un pouvoir important, et l’aventure de la pauvre Druyun se terminant dans la corruption et une condamnation à la prison, – comme un vulgaire “mec” [voir le 25 novembre 2004].) On a parlé un temps de Hillary Clinton comme secrétaire à la défense, mais cela n’alla pas loin ; le Pentagone est beaucoup trop soft pour ces dames, beaucoup trop prudent et réticent vis-à-vis des interventions extérieures...
En Europe, il y a quelques équivalents aux positions US dans le domaine de la sécurité nationale, mais les cas montrent un comportement d’une certaine modération, – comme Bonnano en Italie, aux affaires étrangères, – traduisant un reste de comportement traditionnel des genres, quand ceux-ci étaient encore victimes des différenciations de “sexes”. Le cas le plus remarquable à cet égard est la française Alliot-Marie (MAM pour Michelle) à la défense, qui fut une “première française” en la matière d’une femme à la tête d’un ministère régalien ayant dans son inventaire des forces nucléaires. Elle se montra excellente administratrice des forces, imposant son autorité, mais surtout elle montra une maestria diplomatique dans un sens opposé à ses consœurs US : c’est elle qui mata Rumsfeld le belliciste lors d’un échange fameux à la Wehrkunde de Munich en février 2003 (voir le 9 septembre 2003) et c’est pourtant elle qui réussit à raccommoder en bonne partie les relations France-US en allant voir au Pentagone, en 2005, le même Rumsfeld, qu’elle avait manifestement subjugué sinon charmé, ce qui est un exploit qu’il est juste de saluer. MAM n’est guère aimée des féministes et n’est nullement brandie comme un fanion de l’émancipation du genre.
Ces développements montrent une différence entre les cas US et ceux qu’on rencontre en Europe. (Mais nous dirions aussi bien que la tendance en Europe, si elle a le temps de s’affirmer, devrait se “durcir” selon les canons du féminisme pour cause d’américanisation-Système et de radicalisation sociétale, – deux expressions qui désignent d’ailleurs une même évolution.) La tradition occidentale, exclusivement européenne, qui existe et qui est solide malgré l’absence désespérante du féminisme dans ces temps reculés et affreusement rétrogrades, était liée au système de succession ou de régence allant avec le régime monarchique, montra le plus souvent des dirigeantes du genre féminin habiles, maniant le compromis et la fermeté d’une façon équilibrée, bâtissant une autorité et une légitimité remarquables en usant des caractères féminins, sans jamais dédaigner ni le cynisme ni l’arbitraire quand cela s’imposait ; en mettant à part le cas de Jeanne, qui est si singulier et hors des normes, on cite les deux Médicis et Anne d’Autriche en France, la Grande Elisabeth d’Angleterre, la Grande Catherine de Russie, Christine du Suède, etc., qui déployaient des qualités d’affirmation d’autorité sans qu’il soit nécessaire du soutien du féminisme dans sa dimension idéologique liée à la phase terminale du postmodernisme démocratique. Aujourd’hui, c’est manifestement cette force d’origine “sociétale” mais en réalité complètement idéologisée qui est le moteur de cette affirmation du genre féminin. S’il a pris la tournure qu’on voit aux USA, belliciste sans le moindre frein, furieuse sinon hystérique, etc., – alors que le féminisme en politique était d’abord annoncé comme l’apport d’une sagesse réaliste et d’une retenue pacificatrice qu’on attribuait aux femmes dans les temps anciens, – c’est parce qu’il se marie complètement avec l’américanisme, d’une part avec ses tendances matriarcales revues par la modernité, d’autre part par sa psychologie si particulière que nous rappelions dans le texte du 7 février 2014 sur Victoria Nuland-Fuck, mais sans utiliser pour ce cas l’argument pour le féminisme et dont on découvre qu’il lui va si parfaitement :
«Cette attitude relève moins d’une sorte d’hypocrisie ou d’une tactique délibérée, ou d'une arrogance suprématiste, ou de l’hybris enfin, – même si tout cela est présent à doses diverses, – que d’une conviction absolue, comme le suggère Malic. Nous avons depuis longtemps identifié ce qui, selon nous, constitue le moteur de l’attitude des USA dans ce sens, c’est-à-dire une psychologie spécifique qui oriente absolument la pensée, le jugement, l ‘orientation de l’action, etc., en recouvrant tout cela d’un onguent d’une moralité absolument impeccable et indestructible –dito l’inculpabilité et l’indéfectibilité (voir aussi le 7 mai 2011), comme fondements de cette psychologie. Il s’agit de l’incapacité absolue pour la psychologie américaniste de concevoir qu’elle puisse faire quelque chose de mauvais (de moralement mauvais), et l’impossibilité pour la même de concevoir que l’américanisme ne puisse pas être victorieux. (D'autre part, on peut aussi considérer que ces traits divers s'opérationnalisant dans la “conviction absolue” mentionnée plus haut n'est rien d'autre que l’hybris devenue partie intégrante de la psychologie. Cela n'étonnerait en rien, en offrant une interprétation complètement satisfaisante de l'essence même de l'américanisme et de tout ce qui en découle.)»
Cette description correspond encore plus pour les dames dont nous parlons, ce qui montre leur parfaite adéquation aux exigences du Système, avec le mariage du fait sociétal du féminisme et de la psychologie américaniste, comme si l’un était complètement accompli avec l’autre. Par ailleurs, on sait que, pour nous, cette psychologie américaniste est en fait la psychologie-Système par définition (voir le 28 janvier 2013). Certains craignent avec le féminisme une “féminisation” de la politique (c’est la thèse d’Eric Zemmour), mais nous aurions une autre analyse. Quelles qu’aient été au départ les bonnes intentions du féminisme et une certaine justification objective, ce n’est pas à une “féminisation” de la politique qu’on assiste avec son application mais à un degré de plus de l'intégration de ses adeptes dans le Système. Cette fréquentation intégrée ôte à celles qui en usent toute réflexion de doute, toute mesure du monde et des possibilités d’actions harmonieuses et équilibrées (ce qui était le cas pour les grandes souveraines du passé), au profit d’une assurance aveugle et d’une arrogance impérative qui ne peuvent s’expliquer que par le caractère de surpuissance, également aveugle et impératif, du Système. On ajoutera, pour le genre en question, une capacité remarquable d’adaptation à l’affectivité et à l’infraresponsabilité.
Ainsi la démonstration est-elle faite que l’évolution sociétale, qui pourrait revendiquer le titre de “révolution sociétale” est devenue, presto subito, une arme du Système (voir le 30 avril 2013), – si elle ne le fut dès le départ, pour mieux soumettre les sapiens en employés-Système, et dans ce cas en employées-Système. Piètre situation de l’émancipation des femmes, – vraiment, l’épaisse Victoria Nuland (elle a pris du poids, à l’image de son époux Robert Kagan) n’est même pas en-dessous de la cheville de la massive et considérable Catherine de Médicis dans l’exercice et la finesse de l’art de la politique. Notre chance est que le Système rend stupide, à l’image de sa propre stupidité. (Référence obligée à René Guénon, déjà cité : «On dit même que le diable, quand il veut, est fort bon théologien ; il est vrai, pourtant, qu’il ne peut s’empêcher de laisser échapper toujours quelque sottise, qui est comme sa signature…»)
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Connaissez-vous le Tittytainment?
Connaissez-vous le Tittytainment?
Connaissez-vous Vance Packard ? Il fut le premier, avec son ouvrage The Hidden Persuaders1, à attirer dès 1957 l’attention du public sur les techniques de manipulation mentale. Vous savez, ces techniques que la loi antisecte a finalement renoncé à interdire… peut-être parce qu’elles sont plus souvent utilisées par les publicitaires que par les sectes.
En 1964, il publie un autre ouvrage, Une société sans défense, sur la surveillance et le fichage de la population par la police, mais surtout par les entreprises, où cette fois il n’hésite pas à comparer la société dans laquelle il vit, l’Amérique des années 1960, aux œuvres d’anticipation de George Orwell et d’Aldous Huxley : 1984 et Le Meilleur des mondes.
Le temps a passé depuis mais les livres de Vance Packard, de George Orwell et d’Aldous Huxley n’ont rien perdu de leur actualité. Le monde dans lequel nous vivons correspond à peu de choses près à ce qui était à l’époque imaginé comme un cauchemar.
Pourtant une fausse note subsiste : la dictature que redoutaient Orwell et Huxley était d’inspiration soviétique, mais le “ totalitarisme tranquille ” (2) que nous connaissons aujourd’hui est capitaliste. Hormis cela, tout correspond : l’œil des caméras de vidéosurveillance épie chacun de nos gestes, nous sommes au seuil d’une normalisation génétique, la voix des médias nous berce du lever au coucher dans la douce anesthésie d’un divertissement médiocre et nous assure que notre monde serait parfait sans la petite délinquance et la contestation politique. Ce divertissement insipide comme un sucre d’orge porte même un nom : le tittytainment. Ce terme inventé par Zbigniew Brzezinski, qui fut conseiller pour la sécurité nationale auprès de Jimmy Carter, est une contraction de entertainment (divertissement) et de tits (seins en argot américain). L’évocation des seins se réfère ici plus à leur fonction nourricière qu’érotique. L’idée de Zbigniew est que, dans un monde où 20 % de la population mondiale suffira à faire tourner l’économie, le problème des nantis consistera à doser le pain et les jeux qu’il leur sera nécessaire d’accorder à la majorité démunie afin qu’elle se tienne tranquille:
Un cocktail de divertissement abrutissant et d’alimentation suffisante permettrait selon lui de maintenir de bonne humeur la population frustrée de la planète (3).
C’est là que réside la différence entre le totalitarisme communiste et celui de nos “ démocraties-marchés (4) ” : l’ultralibéralisme a compris qu’il pouvait contenir par la douceur ses populations dans une aliénation passive que Staline cherchait à imposer par la force. Sylvio Berlusconi n’a menacé personne pour arriver au pouvoir, il a acheté des chaînes de télévision. Dans le roman de George Orwell, la population ne peut pas éteindre la télévision dans les appartements individuels. Dans l’Italie capitaliste, elle le peut, mais elle ne le fait pas. Et l’auteur du Meilleur des mondes l’avait déjà compris :
Aldous Huxley n’a-t-il pas écrit que le mot d’ordre devenu classique de Patrick Henry – la liberté ou la mort – paraîtrait aujourd’hui mélodramatique ? Nous l’avons remplacé, soutient-il, par des exigences d’un tout autre ordre : “ Donnez-nous des télévisions et des hamburgers, mais débarrassez-nous des responsabilités de la liberté (5). ”
Ce nouveau mot d’ordre sonne le glas de nos démocraties. Un exemple ? La disparition du commerce de proximité au profit de la grande distribution. Les grandes surfaces se sont imposées par la douceur et la séduction à nos habitudes de consommation. Des prix bas, une gamme étendue de produits et de services : le consommateur ne résiste pas. Pourquoi résisterait-il ? Il ne veut pas comprendre que, quand la grande distribution aura totalement éliminé le commerce de proximité et quand les fusions entre groupes auront abouti à un partage stable du territoire, les distributeurs n’auront plus aucune raison de se gêner pour augmenter subrepticement leurs marges commerciales… mais ils n’auront pas davantage de raisons de revenir contrepartie de cette augmentation au choix et à la qualité autrefois assurés par le commerce de proximité ! Ils auront imposé une implacable dégradation du service rendu aux consommateurs en éliminant la production artisanale et en exigeant de leur fournisseurs rapidité d’approvisionnement et quantités industrielles au détriment de toute qualité. Lorsqu’on est parvenu à s’assurer le monopole d’un marché et que tout boycottage est devenu impossible, on peut tout à coup démasquer ses longues dents et tirer une grosse marge bénéficiaire de mauvais produits.
Le choix de la grande distribution aura été effectué “ démocratiquement ”, comme celui de la télévision de Berlusconi. Les réactions des consommateurs ne sont pas difficiles à prévoir, elles font l’objet de tant d’investigations, d’études et de sondages que les pièges tendus par les experts du marketing font mouche à tous les coups. C’est pour cela que la démocratie est si facile à acheter.
L’ultralibéralisme a parfaitement compris que les méthodes staliniennes tant redoutées par Huxley et Orwell étaient aussi maladroites qu’inutiles : pourquoi contraindre brutalement les citoyens à une béate passivité alors qu’une connaissance plus approfondie de leurs comportements démontre qu’ils ne demandent que cela ? La population n’a nul besoin que l’aliénation soit obligatoire pour s’y adonner. Personne n’oblige encore les Italiens à regarder les chaînes de télévision de Berlusconi. Ce n’est que dans un second temps, quand tous les autres médias auront été éliminés, que celui-là deviendra obligatoire. Parce que la population préfère le divertissement à l’analyse, les grands groupes de presse et de télévision qui proposent un divertissement facile plutôt que des analyses sérieuses éliminent le journalisme d’investigation honnête et s’assurent progressivement un monopole de fait. Une fois ce monopole installé par le “ choix démocratique du marché ”, les informations indispensables à la vie quotidienne ne passeront plus que par ce vecteur unique et le rendront obligatoire. Après que nous lui aurons nous-mêmes souhaité la bienvenue, la dictature sera entrée par nos portes grandes ouvertes et se sera installée à notre table .
Notes:
(1) En traduction française : La Persuasion clandestine, Calmann-Lévy, 1958.
(2) André Bellon, Anne-Cécile Robert, Un totalitarisme tranquille, Syllepse, 2001.
(3) Hans-Peter Martin et Harald Schumann, Le Piège de la mondialisation, Solin – Actes Sud, 1997, page 13.
(4) Gilles Châtelet, Vivre et penser comme des porcs, Folio, 1999.
(5) Vance Packard, Une société sans défense, Calmann-Lévy, 1965, page 22.
- Source : Casseurs de Pub
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Le Miel de Slobodan Despot
Ex: http://metamag.fr
« Il est des pays où les autobus ont la vie plus longue que les frontières » et aussi « Chacun de nos gestes compte ». Première et dernière phrases du premier roman de Slobodan Despot publié chez Gallimard dans la prestigieuse collection blanche. Embarquement immédiat pour un grand livre.
Dès les premiers mots nous rentrons en écriture comme on rentre dans une forêt ou comme on aborde un paysage de montagne. Une écriture souple, douce comme celle du chat qui avance à pas comptés ; une écriture dense aussi, et le chat se fait félin de grande taille, non pas agressif mais interrogateur et d’abord sur lui-même. Par le bercement des mots (mais pas de pathos, toujours au plus près de l’histoire) l’auteur nous fait cheminer à ses côtés comme des amis devenus proches. Cheminer en territoire dangereux car la Krajina serbe occupée par les croates après les guerres yougoslaves n’est pas un endroit recommandé pour un apiculteur serbe et son fils. Un apiculteur oublié par sa famille dont le cadet devra le retrouver.
Nous croiserons des russes, des hongrois, des croates, des serbes. Presque tous sont à l’aune de ce moment de l’histoire, compliqués, vénaux, pillards, parfois amicaux voire franchement comiques « des forces de la nature et des êtres tourmentés » comme la famille de l’apiculteur oublié. Sortant de la guerre « dans l’odeur de boucherie et de désinfectant », les adultes ont été contaminés, « le malheur de cette terre était contagieux ».
Mais pas tous. L’apiculteur est une nature contemplative (comme l’auteur lui-même auteur d’un Valais Mystique dont le titre indique la tonalité). Il « passait tout son temps à ausculter les essaims et à contempler leur danse chargée de sens ». Les insectes ont plus de bon sens que les humains dans leurs guerres fratricides. Sans dévoiler l’intrigue, le lecteur rencontrera la magnifique Véra, la guérisseuse, l’herboriste traditionnelle, figure de la Grande Mère et de la magicienne. C’est elle qui sauvera le vieil apiculteur. Elle aussi, la consolatrice qui saura soigner le témoin (l’auteur) auquel elle raconte l’histoire. Le miel est aussi ce qui guérit, cicatrise, soigne. Dans ce premier roman Slobodan Despot soigne peut-être aussi ses propres blessures, parvient à une sorte de rédemption personnelle et littéraire. Oui, chacun de nos gestes compte, chacun des mots de ce roman compte. Un premier roman qui oblige Slobodan Despot à son devoir d’écrivain. Montez dans l’autobus, le voyage commence.
Le Miel, de Slobodan Despot, décembre 2013, Gallimard, 13,90€.
ENTRETIEN REALISE PAR CLAUDE LENORMAND POUR METAMAG
Le miel a t-il une signification mythique ou mythologique pour vous?
Pour qui n'en aurait-il pas? Depuis la "terre du lait et du miel" de la Bible, il est symbole d'abondance, de santé, voire d'éternité. Cela dit, dans le corps de mon récit, le miel exerce une fonction tout à fait concrète, entre baume, monnaie d'échange et pierre d'achoppement.
Quelle est la part de souvenirs personnels dans le livre?
Comme dans tout roman, on investit beaucoup de soi-même dans un récit. Par-delà les faits et les personnages évoqués, l'interprétation, la tonalité, l'atmosphère sont souvent profondément influencées par le vécu personnel. Cela dit, la trame de cette parabole qu'est le «Miel» est essentiellement fondée sur une histoire vraie que j'ai recueillie auprès d'une personne qui m'a soigné.
Comment concilier son métier d'éditeur et celui d'écrivain?
Comment? Je suis en train de le découvrir. Nombre d'écrivains sont aussi éditeurs — au sens où ils lisent, sélectionnent et accompagnent les textes des autres. Qu'on songe, en particulier, aux grands éditeurs de la NRF. Ma position est toutefois différente. Dans ma petite structure, je suis à la fois l'«editor» et le «publisher», l'entrepreneur. Les obligations pratiques et les soucis d'un patron de PME ont tendance à envahir tout son temps et à peupler en permanence sa conscience. Il faudra bien cloisonner tout cela...
Quelles sont vos références littéraires? Vos grands auteurs?
Vaste question! Je me rends compte sur le tard que le cours de ma vie a été influencé de manière prépondérante par mes lectures littéraires, et non par les idées ou les situations sociales. Et que j'ai été stupide de croire que d'autres choses pouvaient avoir plus d'importance.J'ai toujours préféré les grandes gestes à la littérature nombriliste, les sentiments généreux à l'encre de fiel et les histoires bien narrées aux exercices de style et à l'écriture pour l'écriture. Les auteurs de ma jeunesse m'ont accompagné jusqu'à ce jour, de Melville à Hugo et de Tolstoï à Hardy. La tradition littéraire serbe, très riche et fondée sur des valeurs épiques, a toujours occupé dans ma bibliothèque une place éminente. En particulier Milos Tsernanski (Miloš Crnjanski), l’аuteur de «Migrations», à la prose incroyablement musicale, évocatrice et poétique, que j'ai eu le bonheur de traduire, ou Andrić à l'austère et sage élégance.
A cela j'ajouterai, comme un trait un peu excentrique, une passion pour les créateurs d'atmosphères, quel que soit le genre où ils s'ébattent. Je pense par exemple à Modiano, Proust ou Simenon. Et pour les démonologues comme Huysmans, les sœurs Brontë ou Léonid Andréiev. Et pour les visionnaires qui ont cartographié le suicide de l'humanité, comme Philip K. Dick ou le C. S. Lewis de la «Trilogie cosmique». Et pour les fantastiques, explicites comme Lovecraft et Jean Ray ou sous-entendus comme Henry James. D'une manière générale, le haut du panier, dans ma bibliothèque idéale, est tenu par les ouvrages parcourus de part en part par une passion ardente et totale. Si je pouvais déployer, même dans une nouvelle, l'énergie titanesque qu'Emily a insufflée aux cinq cents pages des «Hauts de Hurlevent», je considérerais mon destin comme accompli. Le sien l'a du reste été, pour l'éternité, grâce à ce seul livre.
Vos projets littéraires maintenant?
Trois romans, une biographie, une pièce burlesco-philosophique et un essai curieux et éclectique sur la Serbie. L'entrée en littérature m'a enjoint, pour la première fois, de ménager ma santé.
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lundi, 24 février 2014
LA CHARTE DES LANGUES REGIONALES
Michel Lhomme
http://metamag.fr
L’Assemblée Nationale a débattu le 22 janvier 2014 d’une proposition de loi constitutionnelle du groupe socialiste portant modification de la Constitution afin de permettre la ratification de la Charte Européenne des langues régionales ou minoritaires. De nouvelles questions se posent.
La reconnaissance officielle de langues régionales ou minoritaires ne participe-t-elle pas de la déconstruction de l'Europe et ne vise-t-elle pas à accroître les fractures hexagonales déjà si nombreuses ? Le régionalisme européen n'est-il pas le serpent de mer de l'américanisation de l'Europe, de son « l'Otanisation » , de sa fédéralisation souhaitée par les Atlantistes ? La question est plus qu'embarrassante pour les partisans d’une Europe des régions, du particularisme régional contre l'Europe des nations ou des patries. Et si nous n'avions pas pressenti l'instrumentalisation des régions au sein de la construction européenne ? L’Assemblée nationale a voté le principe de la ratification de la Charte européenne des langues régionales qui a vu le jour en 1992 sur les bancs du Conseil de l’Europe. Elle vise à protéger et à promouvoir l’usage des langues dites régionales et minoritaires en Europe en leur conférant un statut officiel, et des moyens financiers pour renforcer leur usage notamment dans la sphère publique. La ratification avait buté sur l’article deux de notre Constitution selon lequel « la langue de la République est le français ». Si le Sénat suit demain l’Assemblée, ce qui devrait être le cas, eu égard aux postures politiciennes des différentes formations qui le composent, la voie à un changement de la Constitution sera ouvert. Et rapidement quelque 78 langues régionales auront un statut officiel en France.
L’éloignement et les particularismes locaux bien réels de l'Outre-mer, que l'on songe par exemple au Tahitien ou au Mahorais, justifient que les langues et cultures locales d’outre-mer soient protégées, y compris constitutionnellement mais en métropole, la situation n'est-elle pas tout autre ? Donner des droits linguistiques nouveaux, n'est-ce pas conforter les séparatismes et les communautarismes comme en Espagne ou en Flandre ? La question sous-jacente est-elle d'ailleurs vraiment celle à proprement parler des langues régionales ou celle de la langue arabe dialectale pratiquée dans certaines régions de France ?
Personne n’empêche aujourd'hui les Français d’échanger dans une langue régionale s’ils le souhaitent. Pôle emploi recourt régulièrement au créole pour faciliter la bonne compréhension des usagers aux Antilles mais faut-il aussi instaurer le multilinguisme pour tenir compte des langues de migrants (arabe dialectal, berbère, romani, wolof, swahili …), qui n’ont rien de régional mais sont parfois si importantes en certaines parties du territoire français qu'on n'entend plus que cela ? Est-ce là un moyen efficace pour renforcer l’intégration et permettre à chaque jeune Français de trouver sa place dans la société française ?
Ces débats de fond ont été esquivés. Pourtant, il semblerait que loin de l'actualité immédiate, il y ait eu un volontarisme et un empressement du gouvernement socialiste à faire passer la loi au plus vite. Pourquoi ? Certes, la ratification de la Charte constituait le 56e des 60 engagements du candidat François Hollande. De fait, le texte sur les langues régionales paraît aussi un cadeau qui ne mange pas de pain pour la Bretagne révoltée des bonnets rouges. Mais est-ce si innocent que cela ? Comment ne pas voir aussi que la reconnaissance officielle des langues régionales ou minoritaires participe de la déconstruction nationale programmée par les élites? Le texte ne va-t-il pas échapper à la logique régionaliste de 1992 pour servir d'autres intérêts, la dynamique d'une politique « remplaciste » ?
Revenons, sur ce point, sur quelques détails du texte de loi voté. Il précise à l’article 7-e que la notion de « groupe pratiquant une langue régionale » renvoie à la notion d’un peuple minoritaire enclavé dans un autre peuple. La proposition du groupe socialiste a donné une interprétation de la notion de « groupe » quasiment balkanique qui est contraire à ce que voulait la Charte de 1992 elle-même. De plus, les articles 9 et 10 de la Charte stipulent que « les langues régionales peuvent être utilisées en justice comme langue de procédure, l’accusé pouvant s’exprimer dans sa langue régionale' » et que « les autorités administratives utilisent les langues régionales, mettent à disposition des formulaires dans les langues régionales, et répondent dans cette langue »'. Ces dispositions sont bien évidemment contraires au bien connu article 2 de la Constitution de 1958.
En réalité, les députés socialistes ont fait diversion. Ils ont flatté les tenants des langues régionales ou minoritaires, et, en même temps, ils ont essayé de couper les ailes d’un texte qu’ils savent dangereux pour l’unité linguistique de la République. Bref, ils ont servi leurs intérêts électoralistes futurs auprès de la population immigrée. Ils ont en quelque sorte préparé le terrain de la division civile. Rappelons aussi que le Ministre de l'Education nationale a souhaité récemment généraliser, dans une feuille de route adressée aux éducateurs, l'enseignement de l'arabe ou d'une langue africaine mère dans les collèges et lycées pour favoriser, dit-il, sa chimère laïque de l'intégration. On voit bien que la charte des langues régionales sert maintenant de tout autre intérêt que ceux du royaume de Bretagne, du Comté de Nice ou du pidgin de la petite île de Saint-Martin dans les Caraïbes.
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Ante Pavelić dans la clandestinité
Ante Pavelić dans la clandestinité, 1945-1959
par Christophe Dolbeau
En mai 1945, l’État Indépendant Croate (NDH), que les Oustachis ont fondé le 10 avril 1941, disparaît sous les assauts conjugués des Partisans communistes de Tito et de l’Armée Rouge. Le 6 mai, le gouvernement nationaliste quitte Zagreb et prend le chemin de l’Autriche, accompagné par l’ensemble de l’armée croate et par des dizaines de milliers de civils. Ce tragique exode s’achèvera à Bleiburg où débute, à compter du 15 mai et sous les yeux des Anglo-Saxons, un gigantesque massacre (1).
Ante Pavelić, le chef de l’État croate, a lui aussi pris la route de l’exil car il est fermement décidé à poursuivre le combat. Désigné par la propagande adverse comme l’un des pires criminels de la Seconde Guerre mondiale et couramment dépeint (depuis 1934) comme l’un des plus féroces terroristes du XXe siècle, le Poglavnik est désormais un homme traqué dont la tête est mise à prix et dont le sort ne fait guère de doute s’il tombe aux mains des gens de Tito. L’homme n’est toutefois pas un néophyte en matière de clandestinité ; chef d’une organisation révolutionnaire qui a fait ses preuves et déjà contraint à l’exil entre 1929 et 1941, il connaît parfaitement les ficelles et les règles du jeu, ce qui va lui permettre, contre toute attente, de sortir indemne de la nasse.
Les tribulations de ce fugitif un peu particulier n’ont, bien sûr, pas manqué d’exciter l’imagination des journalistes et les affabulations les plus rocambolesques n’ont cessé de circuler, à son sujet, dans les media du monde entier. À plus d’un demi siècle de son décès – dans une clinique madrilène – le temps semble enfin venu de faire litière de toutes ces sornettes pour retracer ce que fut réellement cette extraordinaire « cavale ».
Par monts et par vaux
C’est accompagné de son fils Velimir (2) et de quelques proches collaborateurs [dont Ico Kirin (3) et Erih Lisak (4)] et escorté par un détachement de la Garde que Ante Pavelić quitte Zagreb, le 6 mai, pour gagner d’abord Novi Dvori puis Rogaška Slatina où il arrive le 7 en début de soirée. Le lendemain, 8 mai, le Poglavnik est avisé par les Allemands de leur capitulation immédiate ; le général Löhr, qui refuse de s’entretenir directement avec lui, abandonne sèchement ses alliés croates à leur sort. Après avoir une dernière fois conféré avec ses généraux, Ante Pavelić prend alors la route de l’Autriche. À Spielfeld (ou Leibnitz – les témoignages divergent), le chef de l’État et ses compagnons troquent leurs uniformes pour des vêtements civils et le petit convoi procède en direction de Klagenfurt puis de Judenburg. Bombardés par des avions soviétiques à Zeltweg, les fuyards atteignent Judenburg le 10 mai à l’aube ; ils poursuivent jusqu’à Trieben où on les avertit de l’imminente arrivée des Russes. Compte tenu des risques qu’il y aurait à rester en convoi sur la route, la petite troupe abandonne alors les voitures et se scinde en deux groupes. Les militaires s’en vont d’un côté avec le général Begić (5), tandis que le Poglavnik et quelques fidèles (6) s’enfoncent à pied dans la forêt avoisinante.
Commence dès lors une laborieuse pérégrination qui va conduire Ante Pavelić à Donnersbach (13 mai), Bad Aussee (14 mai), Hallstatt (15 mai), Russbach (16 mai) et Langreith (18 mai). Le petit groupe ne dispose que d’un minimum de ravitaillement (un peu de sucre et quelques œufs) et il passe les nuits à la belle étoile ou dans des granges et bergeries ; quelques haltes chez des paysans locaux permettent cependant d’améliorer un peu l’ordinaire. Entrés en zone américaine, le Poglavnik et ses compagnons passent sans encombre au moins deux points de contrôle avant d’atteindre Langreith. Si Ante Pavelić s’est fixé cette localité comme objectif, c’est que c’est là que se sont réfugiées son épouse Marija et ses deux filles, Višnja et Mirjana, qu’il retrouve donc le 18 mai.
[D’abord évacuée le 12 décembre 1944 vers le Semmering, la famille Pavelić a ensuite gagné Langreith où elle réside dans un pavillon de chasse, sur les terres du Comte Nostiz. Cet abri héberge également l’épouse et le neveu du ministre Balen (7), Dora Werner (8), Merica Pavelić (9), les deux domestiques italiennes de la famille Pavelić, Giuseppina et Angelina, le chauffeur Štef Babić, le capitaine de marine Crisomali et l’ancien magistrat Vladimir Vranjković]
À Langreith, le Poglavnik vit discrètement mais il ne se cache pas vraiment. Le 20 mai, il reçoit d’ailleurs la visite du général Moškov (10) et du major Šarić, et le 1er juin, il signale même sa présence aux autorités américaines. Ce n’est que le 6 juin que les choses prennent une tournure plus inquiétante car la radio annonce l’extradition du gouvernement croate (11). Dès le 7 juin au matin, Ante Pavelić quitte donc le pavillon de Langreith en compagnie d’un ami autrichien et de la domestique Angelina. Improvisé à la hâte, ce départ est plutôt risqué : les voyageurs sont d’ailleurs arrêtés et contrôlés par la police militaire US qui leur confisque leur véhicule. Laissés libres, ils poursuivent néanmoins jusqu’à Tiefbrunnau où Ante Pavelić va demeurer jusqu’en septembre. Cette fois, le secret est de rigueur et seules la famille et Dolorès Bracanović (12) connaissent l’adresse du Poglavnik. Ce dernier a visiblement été bien inspiré de s’éloigner puisque deux jours après son départ, des militaires américains (dont un Serbe) viennent le chercher à Langreith…
Un paisible paysan autrichien
Hébergé par un agriculteur et entouré de nombreux réfugiés volksdeutsche en provenance de Roumanie, Ante Pavelić passe tout à fait inaperçu. Cependant, au bout de quelques mois, l’État autrichien commence à se réorganiser et les campagnes voient apparaître des gendarmes. Un jour, l’un d’eux passe à la ferme, pose des questions à son sujet et émet même le vœu de le voir se présenter à la caserne de Faistenau. Pour le fugitif, il est grand temps de changer d’air. Muni d’un sac à dos et après avoir averti son logeur qu’il se rend à la convocation, le Poglavnik prend bien le chemin de Faistenau mais il bifurque rapidement et s’enfonce dans les bois. Il gagne d’abord Sankt Gilgen, passe tranquillement devant le siège du CIC (13) et chemine ensuite jusqu’à Aich où il sait trouver une famille amie. Il s’agit des Zilev, des patriotes macédoniens chez qui il va séjourner quelques semaines, le temps de se procurer de nouveaux papiers et un nouveau point de chute. Ce sera cette fois Obertrum, près du lac de Mattsee, où le Poglavnik va résider jusqu’en avril 1946. Logé à nouveau dans une ferme, à un kilomètre du centre du village, Ante Pavelić sympathise vite avec son hôte, Sepp, pour lequel il effectue quelques petits travaux d’atelier (menuiserie, forge). Contrairement à ce que prétendront ultérieurement certains chroniqueurs malveillants, il ne se terre pas au fond d’un monastère et ne porte pas la bure mais participe activement à la vie du village : à la demande de son logeur, il prend même part à une réunion électorale du Volkspartei et pose quelques questions, en présence des gendarmes locaux et de plusieurs observateurs américains…
Malgré ces déménagements successifs, Ante Pavelić garde toujours le contact avec sa famille qui réside désormais à Sankt Gilgen, à la « Villa Helena ». À cette époque, certains pensent que le Poglavnik a été arrêté par les Soviétiques, tandis que d’autres, notamment les Yougoslaves, sont certains qu’il se cache en zone d’occupation britannique. Si les Américains ne semblent pas mettre un zèle excessif à le rechercher et à l’appréhender (si tant est que la plupart d’entre eux sachent même de qui il s’agit), les Britanniques se montrent un peu plus actifs car ils sont littéralement harcelés par Belgrade. De leur côté, les Yougoslaves – dont France Hočevar et l’espionne Heda Stern – déploient de grands efforts pour tenter, en vain, de localiser leur ennemi N°1.
La dernière étape autrichienne du Poglavnik se situe à Wölfnitz, en zone britannique, où il arrive en avril 1946 et où il loge, en compagnie du colonel Jakov Džal (14), chez un paysan nommé Kanik (15). Durant les six mois que va durer son séjour dans ce village de Carinthie, Ante Pavelić prépare son passage en Italie. Son fils Velimir se rend clandestinement à Rome (16) d’où il ramène des faux papiers italiens et paragayens, puis il effectue un second voyage afin d’escorter sa mère jusqu’à Florence. À l’automne, l’exfiltration de l’ancien chef d’État semble enfin possible et Ante Pavelić prend le chemin de l’Italie, accompagné de Jakov Džal, Dinko Šakić (17), Ljubo Miloš (18) et Božo Kavran (19). Il se rend d’abord, par le train, de Klagenfurt à Lienz, traverse ensuite à pied la zone interdite (« Sperrzone ») et entre en Italie aux environs de Versciaco. De là, il rejoint Pieve di Cadore, Belluno, Trévise, Mestre et Bologne d’où il repart aussitôt pour Florence, flanqué du seul Božo Kavran.
Péripéties italiennes
Arrivé (en train) à Florence, Ante Pavelić y retrouve Olga Zannoni qui n’est ni un agent de l’OSS ni un émissaire du Vatican mais son ancienne logeuse d’avant-guerre. Dans un premier temps, cette dame conduit le Poglavnik et Božo Kavran chez Adolfo Morozzi, dans une maison de la Viale dei Mille, où les deux voyageurs peuvent prendre quelque repos. Plus tard, Ante Pavelić trouvera asile chez un certain Renato Picchi où il va passer un mois.
Mis en relation avec un avocat florentin, Me Bruno Piero Puccioni (20), qui apporte son aide aux réfugiés et aux proscrits politiques, Ante Pavelić ne reste pas longtemps en Toscane et il ne tarde pas à partir pour Rome où il s’installe d’abord dans le quartier de Monte Mario, chez un fonctionnaire de police à la retraite. Pas plus qu’en Autriche, le Poglavnik ne bénéficie de l’assistance d’agents secrets alliés ni d’une quelconque « filière catholique » (21) et ses seuls anges gardiens sont les amis de l’avocat Puccioni. Au bout de quelque temps, ce dernier propose à Pavelić une nouvelle résidence, dans un bâtiment du Trastevere jouissant de l’extraterritorialité. Outre l’ancien chef d’État, l’édifice abrite aussi trois autres fugitifs de marque, les anciens ministres italiens Cianetti (22) et Moroni (23) et l’ex-secrétaire du Parti Fasciste Turati (24), avec lesquels le Poglavnik prend l’habitude de s’entretenir tous les soirs. Dans cet immeuble (où le loyer est de 1000 lire par jour), les fugitifs sont en sécurité mais leur (relative) tranquillité est, hélas, de courte durée car au nom de la chasse aux prétendus « criminels de guerre », les bailleurs se voient bientôt interdire de louer leurs locaux. Ante Pavelić doit donc, une fois de plus, changer de cachette et c’est chez un artisan maçon du voisinage qu’il prend dès lors pension. Bien que situé dans le même secteur de la ville, ce logement ne jouit d’aucun privilège d’extraterritorialité.
Comme toujours, Ante Pavelić reste en contact avec les siens qui sont également arrivés à Rome où ils se sont établis dans le quartier de Nomentano, au N° 22 de la Via Sabratha. La liaison est assurée, très prudemment, par sa fille aînée Višnja et par le jeune lieutenant Ivica Krilić (25).
[Durant son séjour à Rome, la famille Pavelić réside chez Mme Mazzieri, dans la Via Sabratha, puis chez l’ingénieur Riccardo Girardelli, au N° 12 de la Via Gradisca. C’est par ses propres moyens et avec l’aide de ses seuls amis personnels que la famille a trouvé ces deux logements : aucun service secret n’est intervenu dans ces démarches et aucune officine vaticane n’y a été associée]
Toujours grâce au même groupe d’amis, le Poglavnik quitte ensuite Rome pour la petite cité de Castel Gandolfo où il loge cette fois dans la maison de la Comtesse Giustina Campello qui accueille aussi l’ancien ministre roumain Grigore Manoïlescu (26). Sur les conseils d’un célèbre journaliste italien, Ante Pavelić met alors à profit ses loisirs forcés pour commencer à rédiger ses mémoires (Doživljaji), en italien et en croate, lorsqu’il est soudain victime d’une crise d’appendicite aiguë. Toute hospitalisation étant exclue mais une opération s’avérant néanmoins indispensable, celle-ci aura lieu sur une simple table, au domicile de la Comtesse Campello. Discrètement amené sur place, c’est le professeur Egidio Tosatti (27) qui opère le malade, assisté par une infirmière et par Mirjana, la fille cadette du Poglavnik. L’intervention se déroule bien mais une pneumonie vient compliquer la situation, obligeant le praticien à demeurer au chevet de son patient jusqu’à ce que tout danger soit écarté. Au final, tout rentre dans l’ordre et le Poglavnik se rétablit rapidement.
Préparatifs de départ
Les règles de sécurité imposant de changer fréquemment de résidence, Ante Pavelić abandonne bientôt Castel Gandolfo pour les environs de Naples où le conduit, en voiture, le fils d’un médecin de ses amis (A. Alilei). Désormais, le Poglavnik bénéficie de l’hospitalité des pères jésuites (28), dans un couvent de Posillipo. Comme pour ses résidences précédentes, l’adresse n’est connue que de ses proches et ceux-ci ne s’y rendent qu’à tour de rôle et en prenant un maximum de précautions (la famille pourra toutefois se réunir pour fêter la Noël 1947). À compter de cette époque, Ante Pavelić et les siens se préparent à quitter l’Europe pour l’Argentine, l’un des très rares pays susceptibles de leur accorder l’asile.
Compte tenu des menaces qui pèsent sur le Poglavnik et de la surveillance qui s’exerce sur les candidats au départ (29), l’affaire est aussi complexe que risquée. Les premières difficultés à surmonter sont de se procurer un titre de voyage du Comité International de la Croix-Rouge, ainsi qu’un visa d’entrée en Argentine. À cet effet, la famille Pavelić prend donc contact, par le biais du lieutenant Krilić, avec le père Krunoslav Draganović (30), un ecclésiastique qui s’occupe depuis 1943 des expatriés croates en Italie. Secrétaire de l’Institut Saint-Jérôme, qui est un peu le séminaire croate de Rome, ce prêtre est en relation, de par son rôle au sein de l’organisation Caritas, avec la Croix-Rouge et avec de nombreuses légations étrangères dont la « Delegación Argentina de Inmigración – en Europa » qui délivre les documents d’émigration. Un autre personnage, Čiro Križanec, est également sollicité car il s’occupe lui aussi de résoudre les problèmes administratifs des expatriés. Ces deux hommes sont les seules personnes liées à l’Institut Saint-Jérôme avec lesquelles la famille Pavelić est en contact, et contrairement à ce qu’on a dit ici ou là, jamais le Poglavnik ne franchira le porche de cet institut.
Bien conscient de la détestation que lui vouent certains membres du clergé croate (31) et averti des accointances du père Draganović avec toutes sortes de services secrets (32), le Poglavnik veille sagement à ne jamais révéler son lieu de résidence à l’ecclésiastique. Les pères jésuites qui l’hébergent en font d’ailleurs une exigence. L’ancien chef d’État et le prêtre se rencontrent néanmoins à deux reprises, mais dans un collège de Naples où comme par hasard, la police italienne ne tarde pas à frapper à la porte…
Quoi qu’il en soit, le prêtre finit (moyennant finances) par faire parvenir à Ante Pavelić un passeport de la Croix-Rouge au nom de Pal Aranyoš, passeport qu’il tentera vainement de récupérer plus tard, au prétexte qu’il serait inutilisable. Il fait également part au Poglavnik de deux plans de départ un peu extravagants, l’un par avion et l’autre à l’aide d’un navire privé. Peu de temps après, un autre passeport sera établi pour l’épouse de l’ancien chef d’État.
Vers le Rio de la Plata
Le départ vers l’Amérique du Sud de la famille Pavelić s’effectue en trois phases. Dans un premier temps, ce sont le fils et la fille cadette du Poglavnik qui prennent le chemin de Buenos Aires. Embarqués le 13 avril 1948 à bord du Ugolino Vivaldi, ils arrivent sans encombres le 3 mai. Puis c’est au tour d’Ante Pavelić de prendre le large. Délaissant prudemment les projets du père Draganović, le Poglavnik fait lui-même l’acquisition d’un billet et c’est muni du fameux passeport prétendument caduc qu’il embarque, sans aucun problème, le 13 octobre 1948, à bord du Sestriere. De ce départ, Ante Pavelić n’a avisé personne, pas même les siens qui n’en seront informés que deux jours plus tard par un émissaire de confiance. Contrairement à la légende, le Poglavnik n’est pas parti de Gênes mais de Naples, son épouse ne l’accompagnait pas et il n’a pas rejoint le navire en pleine mer : c’est très banalement et en compagnie de tous les autres passagers qu’il est monté à bord après avoir passé les contrôles d’usage. Quelques jours plus tard, une carte postale des Canaries confirme que la traversée s’effectue normalement.
Reste à son épouse et à sa fille aînée à le rejoindre, ce qu’elles feront dans les semaines qui suivent, après avoir réglé leurs affaires et laissé leur appartement romain à des amis macédoniens. Quant au père Draganović qui continue à vouloir rencontrer le Poglavnik et récupérer son passeport, il apprendra le succès de l’opération lorsque celle-ci sera terminée…
Chez Juan Perón
Le 6 novembre 1948, le Sestriere accoste enfin à Buenos Aires où Ante Pavelić est attendu par ses enfants. Le passeport de la Croix-Rouge ne suscite aucun problème et il n’en coûte au voyageur que 23 pesos et 50 centavos pour régler la question du visa d’entrée. Mettant à profit l’amnistie que Juan Perón accorde l’année suivante aux immigrants illégaux, le Poglavnik régularisera dès lors sa situation et le 13 septembre 1949, les autorités lui délivreront officiellement une carte d’identité (N° 4.304.761) au nom d’Antonio Serdar (33).
Loin de disposer d’une gigantesque hacienda comme l’écrit le romancier Frederick Forsyth ou de sillonner le monde en avion comme l’affirme l’ancien journaliste fasciste Ermanno Amicucci (34), Ante Pavelić mène à Buenos Aires une existence fort modeste. Installé dans le quartier de Belgrano puis à Lomas del Palomar, l’ancien chef d’État quitte chaque jour son domicile aux alentours de 6 heures du matin pour se rendre sur des chantiers où il travaille comme simple maçon. Avec un compatriote, Mišo, et un collègue argentin, il ne tardera pas à fonder une petite entreprise de construction mais cette affaire, établie au N° 281 de la rue Reconquista, ne rapportera jamais des millions à ses initiateurs.
Sur le plan politique, le Poglavnik trouve en Argentine une solide organisation, le Hrvatski Domobran, dont il avait ordonné la création en 1931 et à laquelle viennent s’agréger quelques centaines de nouveaux exilés. Cette association lui permet de poser les bases d’un nouveau parti, le Hrvatska državotvorna stranka, et de lancer le journal Hrvatska. Le 8 juin 1956, le HDS, qui n’a pas eu le succès escompté, se transformera en Mouvement de Libération Croate ou Hrvatski Oslobodilački Pokret, une structure qui possède des ramifications aux USA, en Europe et en Australie.
Bien entendu, le Poglavnik recommande à ses partisans de s’abstenir de toute immixtion dans les affaires intérieures des pays qui leur donnent asile. Lui-même, et quoi qu’on en ait dit, n’entretient aucun lien particulier avec le régime péroniste (35). On tentera pourtant, en 1955, lors du renversement de Perón, de l’impliquer dans un mythique complot de l’Alianza Libertadora (36), ce qu’il devra catégoriquement démentir dans une interview à l’agence United Press (37). Comme un fait exprès, l’affaire éclate au moment précis où la Yougoslavie réclame avec force son extradition auprès du nouveau gouvernement…
Victime d’un attentat
Compte tenu de ses allées et venues professionnelles et de ses activités politiques, il n’est pas très difficile de localiser l’ancien chef d’État croate, ce que ses ennemis vont mettre à profit pour attenter à sa vie. Le 10 avril 1957, le Poglavnik préside aux festivités de la fête nationale croate avant de regagner son domicile à la nuit tombante. C’est alors qu’il approche de la rue de l’aviateur Mermoz, un peu après 21 heures, qu’un individu tire six fois sur lui et le touche à deux reprises. Atteint dans le dos et à la poitrine, le Poglavnik parvient tout de même à regagner son logement où son épouse appelle tout de suite le docteur Milivoj Marušić, un célèbre médecin et chirurgien croate de Buenos Aires, qui accourt aussitôt. Le blessé est transporté d’urgence à l’hôpital mais il n’y reste que deux heures, le temps de recevoir les premiers soins et d’effectuer quelques examens, avant de rentrer chez lui. Sérieuses, les blessures subies ne sont cependant pas létales et les ennemis du Poglavnik déclenchent alors la seconde phase de leur offensive : la nouvelle de l’attentat ayant paru dans la presse, le gouvernement yougoslave s’empresse à nouveau d’exiger à cor et à cri son extradition. Le tueur à gages s’est, quant à lui, évanoui dans la nature et il ne sera jamais interpellé (38). Étrange coïncidence : on apprendra ultérieurement que le mystérieux père Draganović se trouvait lui aussi à Buenos Aires à cette date…
Tandis que l’ambassade yougoslave alimente une virulente campagne de dénigrement contre lui, le Poglavnik récupère lentement ses forces. Affaibli et nécessitant un environnement sécurisé, il quitte le 18 avril son domicile de la Cité Jardin pour un endroit plus sûr, en l’occurrence la maison de son ami Edo Grosel chez qui il va demeurer jusqu’au 16 juillet, constamment veillé par le Dr Marušić. Les risques étant grands de voir les autorités argentines finir par céder à la pression internationale, Ante Pavelić envisage désormais de quitter le pays et c’est Josip Marković (39) qu’il charge d’organiser sa sortie.
Celle-ci a lieu le 16 juillet 1957 car le Poglavnik est maintenant sur pied. Parti par la route en compagnie de deux chauffeurs et à bord d’un combi fourni par des amis flamands, Ante Pavelić entame un périple de près de 5000 km. Le voyage le conduit d’abord à Río Colorado puis à San Antonio Oeste, Puerto Madryn, Comodoro Rivadavia, Comandante Luis Piedrabuena et enfin Río Gallegos qu’il atteint le 22 juillet. De là, il prend un avion (23 juillet) qui l’emmène au Chili, à Punta Arenas, où l’attend Mirko Sulić, un homme de confiance. Les deux hommes repartent aussitôt en avion pour Santiago où le Poglavnik va passer quatre mois chez Mirko Sulić et achever tranquillement sa convalescence (40).
Chez Francisco Franco
Pour Ante Pavelić, ce séjour au Chili n’est toutefois qu’une escale de plus puisque l’automne venu, il va encore se déplacer et même regagner l’Europe. C’est, en effet, au mois de novembre que le Poglavnik quitte définitivement l’Amérique du Sud pour l’Espagne. Accompagné du fidèle Mirko Sulić et voyageant sur une ligne aérienne régulière (via Asunción, São Paulo, Rio de Janeiro, Recife, Dakar et Lisbonne), il arrive le 30 novembre 1957 à Madrid où il descend dans un hôtel de la rue Carretas et retrouve un vieil ami, le frère Branko Marić (41), de l’ordre des franciscains, qui va lui être d’une aide précieuse.
Dans la capitale espagnole où le rejoignent son épouse (en décembre) et sa fille aînée (en octobre 1958), le Poglavnik ne se cache pas, ainsi que d’aucuns le prétendent, derrière les hauts murs du monastère de San Francisco el Grande. En réalité, il réside successivement au N° 98-100 puis au N° 201 de la rue de Alcalá, et enfin au N° 53/4 de la rue Lope de Rueda, dans de très classiques appartements de location.
Bien que toujours menacé, il poursuit son travail à la tête du Mouvement de Libération Croate (HOP) tout en continuant la rédaction de ses mémoires. Menant une vie discrète, il reçoit quelques visiteurs mais prend soigneusement ses distances avec certains éléments controversés de l’émigration (le général V. Luburić notamment). En 1959, l’un de ses derniers déplacements le conduit durant l’été jusqu’à Santa Pola, au bord de la Méditerranée, où il passe trois mois de détente en famille (42). L’âge aidant (70 ans), la santé de l’ancien chef d’État n’est pourtant plus aussi solide qu’autrefois et la fin de l’année voit le Poglavnik entrer à l’hôpital pour y subir une opération de la vésicule biliaire (sans aucun rapport avec les blessures subies en 1957). Affaibli et usé, le patient supporte mal l’intervention, son état se détériore et le 27 décembre, vers 20 heures, il reçoit les derniers sacrements que lui administre le frère Branko Marić. Sa Sainteté le Pape Jean XXIII lui adresse également une bénédiction particulière. L’agonie du Poglavnik ne sera pas bien longue et c’est au petit matin du 28 décembre 1959, à 3 h 55, qu’il rend son dernier soupir. Jusqu’au bout, sa fille Višnja et le frère Branko Marić ont veillé à son chevet.
Dernier adieu
Dès le 28 décembre au soir, le corps du défunt est transporté dans la chapelle du cimetière San Isidro où il va demeurer jusqu’au 31 décembre. Pour son dernier voyage, le Poglavnik tient dans ses mains le crucifix que lui a offert Sa Sainteté Pie XII en 1941.
Le 31 décembre, en début d’après midi, le frère Branko Marić célèbre la messe des morts à laquelle assistent, outre la proche famille, les frères Miguel Oltra (43) et Rafael Medić (44), le Dr Andrija Ilić, membre du gouvernement croate en exil, les anciens ministres roumains Horia Sima (45) et Vasile Iasinschi (46), le représentant de l’ABN (47) et de l’Organisation des Nationalistes Ukrainiens, Vladimir Pastouchtchouk, ainsi que de nombreux amis croates et espagnols. Plus de trente couronnes mortuaires entourent le catafalque. Peu après, le Dr Ilić et M. Pastouchtchouk prononcent quelques dernières paroles sur la tombe et la cérémonie s’achève : Ante Pavelić a désormais rejoint Ante Starčević et Stjepan Radić au panthéon des grands défenseurs de la patrie croate.
Christophe Dolbeau
Notes
(1) Voir C. Dolbeau, « Bleiburg, démocide yougoslave », in Tabou, vol. 17, 2010.
(2) Velimir Pavelić (1925-1998) est le second enfant du Poglavnik. Lieutenant dans l’artillerie anti-aérienne à la fin de la guerre, il sera traducteur au ministère des Postes en Argentine puis codirigera (avec sa sœur Višnja) les éditions « Domovina » à Madrid.
(3) Ico Kirin (1911-1947), officier d’infanterie et chef du service de sécurité du Poglavnik. Extradé par les Britanniques, il sera exécuté le 24 janvier 1947 par les communistes yougoslaves.
(4) Erih Lisak (1912-1946), aide de camp du Poglavnik, ancien préfet de Gora-Prigorje et secrétaire d’État à l’Intérieur. Rentré en Croatie en septembre 1945 pour y rejoindre la résistance nationaliste, il est arrêté une dizaine de jours plus tard et sera condamné à mort.
(5) Vilko Begić (1874- ?), ancien lieutenant-colonel de l’armée austro-hongroise et général de l’armée croate, il a également occupé le poste de secrétaire d’État à la Défense. Interné par les Britanniques, il aurait été livré aux Yougoslaves et exécuté.
(6) À savoir Velimir Pavelić, Erih Lisak, Ico Kirin, Viktor Rebernišak, Dolores Bracanović et Klaudio Fiedler.
(7) Josip Balen (1890-1963), ancien camarade de lycée du Poglavnik, professeur de sylviculture et ministre des forêts et des mines (1942-1945).
(8) Dora Werner est la fille de Ivan Werner (1887-1944) qui fut maire de Zagreb entre 1941 et 1944.
(9) Merica Pavelić est la fille de l’ingénieur Ante Pavelić (sans lien de parenté avec le Poglavnik).
(10) Ante Moškov (1911- ?), général de l’armée croate, chef de la 1ère Division de Choc puis de la Division de la Garde. Arrêté en Vénétie par les Britanniques (octobre 1946), il tente de se suicider avant d’être extradé en Yougoslavie où il sera condamné à mort en 1947 ou 1948.
(11) Arrêtés à Tamsweg, le 14 mai 1945, les membres du gouvernement croate (dont le Premier ministre Nikola Mandić) et leurs familles sont internés par les Britanniques à Spittal puis à Rosenbach, avant d’être remis aux Yougoslaves qui les emmènent à Škofia Loka où plusieurs d’entre eux sont aussitôt passés par les armes.
(12) Dolores Bracanović (1916-1997) est la fille du maire de Dubrovnik et l’ancienne directrice de la branche féminine des Jeunesses Oustachies.
(13) Counter Intelligence Corps (CIC) ou service de renseignements de l’armée de terre américaine.
(14) Jakov Džal (1910- ?), colonel oustachi, membre des services de police puis de la direction des camps d’internement ; beau-frère du général V. Luburić.
(15) Cet agriculteur avait auparavant hébergé l’ancien ministre Lovro Sušić.
(16) À Rome, Velimir Pavelić réside en compagnie du général Ivo Herenčić (1910-1978), de son épouse, ainsi que de la veuve et du jeune fils de Jure Francetić.
(17) Dinko Šakić (1921-2008), membre de l’administration des camps d’internement et beau-frère du général V. Luburić.
(18) Ljubo Miloš (1919- ?), proche collaborateur du général V. Luburić et membre de l’administration des camps d’internement. Rentré en Croatie pour y rejoindre la résistance nationaliste, il est arrêté le 20 juillet 1947 et sera condamné à mort l’année suivante.
(19) Božo Kavran (1913-1948), pharmacien de formation et haut fonctionnaire du mouvement oustachi. En juillet 1948, il rentre en Croatie avec 95 cadres oustachis pour y rejoindre les maquis nationalistes : trahi, le groupe est arrêté, Kavran est condamné à mort (27 août 1948) et exécuté peu après.
(20) Bruno Piero Puccioni (1903-1990) a été député fasciste (1939-1943) et membre de la Chambre des Corporations ; officier en Afrique (décoré par le maréchal Rommel), il entretient des contacts avec quelques Partisans modérés et essaie, en vain, de tirer Mussolini des mains des communistes pour le placer sous la garde des Américains. Il est également de ceux qui tentent de récupérer la fameuse correspondance Churchill-Mussolini. En 1946, il participe à la création du Mouvement Social Italien (MSI).
(21) À l’issue de l’étude qu’il a consacrée au séjour de Pavelić en Autriche, l’historien Ante Delić fait le commentaire suivant : « Grâce à la solide expérience de la clandestinité qu’il avait acquise durant son exil en Italie dans l’entre-deux-guerres, Pavelić a su exploiter le chaos qui régnait à la fin du conflit et il a réussi à se cacher en Autriche sans aucune aide particulière de l’Église Catholique ou des services de renseignements occidentaux » – voir « On the concealment of Ante Pavelic in Austria in 1945-1946 », in Review of Croatian History, N° 1/2011, vol. VIII, p. 312.
(22) Tullio Cianetti (1899-1976), syndicaliste et député fasciste, il fut sous-secrétaire d’État aux corporations ; condamné à 30 ans de prison au procès de Vérone, il s’exile après guerre au Mozambique.
(23) Edoardo Moroni (1902-1975), ministre de l’agriculture et des forêts de la République Sociale Italienne, il s’exilera en Argentine et au Brésil.
(24) Augusto Turati (1888-1955), journaliste et champion d’escrime, il a été secrétaire national du Parti Fasciste ; radié du parti en 1933 mais néanmoins condamné à la fin de la guerre, il sera amnistié en 1946.
(25) Ivan Krilić (1921- ?), lieutenant dans la Garde du Poglavnik et officier d’ordonnance d’Ante Pavelić.
(26) Grigore Manoïlescu (1898-1963), membre de la Garde de Fer roumaine et ministre de la propagande dans le gouvernement roumain en exil (1944).
(27) Egidio Tosatti (1913-1990), ancien pilote civil, décoré de la médaille de bronze de la valeur militaire et de la Verdienst Kreuz von Deutsche Adler mit Schwerten. Professeur de chirurgie à Cagliari, Sienne et Gênes, E. Tosatti était un spécialiste du pancréas et de l’intestin et un lymphologiste de renommée internationale.
(28) Notamment les pères De Marco, Migliorati, Lehner et Fiore.
(29) C’est à Naples et sur la passerelle du navire qui devait l’emmener en Argentine que fut arrêté l’ancien officier des Waffen SS français Jean Bassompierre. Extradé vers la France, il sera fusillé en 1948.
(30) Krunoslav Draganović (1903-1983), secrétaire de l’archevêque de Sarajevo puis professeur à la faculté de théologie de Zagreb. Délégué de Caritas et de la Croix-Rouge croate en Italie (1943), le père Draganović est l’auteur de nombreux ouvrages consacrés à l’histoire du catholicisme en Croatie et à l’histoire de la Bosnie-Herzégovine.
(31) dont un membre éminent, Mgr Svetozar Rittig (1873-1961) siège même au sein du gouvernement de Tito.
(32) Soupçonné d’avoir travaillé avec ou pour les services secrets britanniques et américains, le père Draganović a été accusé d’avoir facilité la fuite en Amérique du Sud de nombreux « criminels de guerre » dont Klaus Barbie. Malgré ces accusations, il est rentré, en 1967, en Yougoslavie où il n’a fait l’objet d’aucune condamnation et où il a pu reprendre son activité d’enseignant. Il est permis de s’interroger sur l’étrange mansuétude dont lui a témoigné un régime qui n’a pas hésité par ailleurs à assassiner des dizaines de simples curés de campagne…
(33) Le patronyme de « Serdar » fut longtemps utilisé par les ancêtres d’Ante Pavelić.
(34) Au début de l’année 1950, Ermanno Amicucci (1890-1955) publie dans Il Tempo une interview d’Ante Pavelić qu’il prétend avoir rencontré dans un avion « au-dessus de l’Altantique ». Si tant est que cette rencontre ait vraiment eu lieu, il est probable que le journaliste en a « arrangé » les circonstances. À peine arrivé en Argentine depuis un an et régularisé depuis quelques semaines seulement, il est peu vraisemblable que le Poglavnik ait couru, à cette époque, le risque de se rendre en Europe par avion. [Cette interview sera reprise par Der Spiegel dans son numéro du 23 février 1950 ; elle est également mentionnée par le communiste Alain Guérin, dans Les commandos de la guerre froide, Paris, Julliard, 1969, p. 100].
(35) Sous le pseudonyme de A. S. Merzlodolski, il collabore même à la revue « nationale-catholique » Dinámica Social qui n’est pas spécialement favorable au péronisme.
(36) Créée en 1943, l’Alianza Libertadora Nacionalista est un mouvement nationaliste qui soutient Juan Perón. En 1955, il sera soupçonné de vouloir défendre le régime péroniste par les armes et son siège social sera pris d’assaut par les forces armées.
(37) Interview datée du 14 décembre 1955.
(38) Le 13 mai 1974, le journal Vjesnik a publié une interview de l’ancien espion yougoslave Dalibor Jakaš qui revendiquait être l’auteur de l’attentat. En 2009, certains media ont affirmé que le tireur se nommait Blagoje Jovović et qu’il s’agissait d’un ancien tchetnik passé au service des services secrets yougoslaves. D’autres noms ont encore été avancés et au final, l’affaire n’a toujours pas été véritablement éclaircie.
(39) Ancien directeur des chemins de fer de l’État Indépendant Croate.
(40) À cette époque, certains journaux affirment qu’il réside à Saint-Domingue et d’autres à Tolède ou aux Canaries…
(41) Branko Marić (1896-1974), franciscain et musicologue réputé, originaire d’Herzégovine.
(42) Un peu auparavant (15 février 1959), l’agence United Press a annoncé très sérieusement que le Poglavnik se trouvait au Paraguay où le général Strœssner l’avait placé à la tête de sa police secrète…
(43) Miguel Oltra (1911-1982), franciscain et directeur d’école. Créateur et collaborateur de la revue Verdad y Vida, le frère Oltra fut également le fondateur de la Fraternité Sacerdotale Espagnole et l’aumônier des vétérans de la Division Azul.
(44) Rafael Medić (1914-1973), franciscain originaire d’Herzégovine. Durant la guerre, le frère Medić était le chapelain de la famille Pavelić. Accusé en 1964 d’avoir organisé un attentat contre la mission yougoslave de Bad Godesberg, il sera condamné par la justice allemande et brièvement incarcéré.
(45) Horia Sima (1907-1993), successeur de Corneliu Zelea Codreanu à la tête de la Garde de Fer roumaine. Horia Sima fut brièvement vice-Premier ministre de Roumanie (1940) puis il présida le gouvernement roumain en exil (1944-1945).
(46) Vasile Iasinschi (1892-1978), pharmacien de profession, membre de la Garde de Fer et ministre de l’Intérieur dans le gouvernement roumain en exil.
(47) Créé en 1943 par des nationalistes ukrainiens, l’ABN ou Anti-Bolshevik Bloc of Nations est une coalition de divers mouvements anticommunistes d’Europe de l’Est.
Bibliographie
– Collectif, Tko je tko u NDH, Zagreb, Minerva, 1997.
– M. E. Majić, Svevišnji čuva pravednika, Rooty Hill, Australsko hrvatsko literarno družtvo « Dr Mile Budak », 2013.
– V. Pavelić, Poglavnikov boravak u Italiji i odlazak u Argentinu, texte polycopié, sans lieu ni date.
– D. Bracanović, « S poglavnikom na povlačenju », Ustaša N° 1 (1971), 23-25.
– « Križni put poglavnika Dra Ante Pavelića », Ustaša N° 1 (1971), 40-42.
– D. Pavlina, « 37-godišnjica smrti Dra Ante Pavelica », NDH N° 12 (1996), 3.
– A. Delić, « On the concealment of Ante Pavelic in Austria in 1945-1946 », Review of Croatian History N° 1/2011, vol. VIII, 293-313.
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Marx y Gentile: idealismo es revolución
por Valerio Benedetti
Ex: http://paginatransversal.wordpress.com
El mundo no tenemos que aceptarlo necesariamente tal y como es. El hombre siempre tiene la posibilidad, gracias a su voluntad creadora, de transformarlo. Es este, en sustancia, el mensaje que nos viene de la tradición filosófica del idealismo. Y es siempre este el hilo conductor a lo largo del cual se desenvuelve el interesante volumen de Diego Fusaro, Idealismo e prasssi: Fichte, Marx e Gentile (Il melangolo, pp. 414, € 35), aparecido hace algunos meses en las librerías italianas.
El autor, joven filósofo turinés e investigador en la Universidad San Raffaele de Milán, es, entre otras cosas, el fundador de filosófico.net, el sitio de Internet en el que, se quiera o no, han recalado casi todos los estudiantes de filosofía. Además, Fusaro, a pesar de su edad, ya ha publicado diversas e interesantes obras, como Bentornato Marx!, Rinascita di un pensiero rivoluzionario (2009) y Minima mercatalia: filosofia e capitalismo (2012). Más en particular, Fusaro pertenece a esa izquierda, lamentablemente minoritaria, que tiene como exponentes de punta al llorado Costanzo Preve y a Gianfranco La Grassa. Es decir, esa izquierda que, en la época del creciente transformismo de la izquierda «institucional», no ha renunciado a los padres nobles de su tradición cultural y a una crítica afilada del actual capitalismo, es decir, del capitalismo financiero (o «finanzcapitalismo», según la definición de Luciano Gallino).
En definitiva, el postcomunista Pd (Partido democrático), renegando de su historia, ha cedido en todo a las lógicas del capital, constituyendo más bien una de sus «superestructuras» ideológicas (para usar el lenguaje marxiano) con su espantosa retórica de la corrección política y la paradójica defensa de la legalidad y de las reglas (capitalistas). Como diría Fusaro, se ha pasado de Karl Marx a Roberto Saviano, de Antonio Gramsci a Serena Dandini. De aquí la revuelta del joven filósofo que, releyendo a Marx, ofrece una clara interpretación del pensador de Tréveris como enemigo de toda supina aceptación de lo existente, poniendo de relieve los aspectos idealistas de su pensamiento. De ahí también el rechazo de todo pensamiento débil postmoderno y la asunción por parte de la filosofía de una función intervencionista y activista. La filosofía, por tanto, no vista ya como mera erudición estetizante o como perro de guardia del «mejor de los mundos posibles» sino como instrumento para transformar la realidad. Una filosofía, en suma, que readquiera por fin su dimensión épica y heroica, como la entendía Giovanni Gentile.
Y precisamente al filósofo de Castelvetrano y a su relación con Marx dedica Fusaro páginas importantes de su nuevo libro, proponiendo una interpretación ciertamente unilateral del pensamiento marxista, pero en absoluto ilegítima. Es en particular el Marx de las Tesis sobre Feuerbach el que emerge con fuerza de la obra de Fusaro: aquel Marx que criticaba el materialismo «vulgar» del propio Feuerbach y que se concentraba mayormente en el concepto de praxis –la praxis que, contra todo determinismo, estaba siempre en condiciones de refutar una realidad sentida como extraña para fundar un nuevo mundo. La praxis, por tanto, como fuente inagotable de revolución.
Por lo demás, no es casualidad que sea precisamente Gentile quien valore al Marx filósofo de la praxis en aquel famoso volumen (La filosofia di Marx, 1899) que Augusto del Noce indicó, no sin alguna evidente exageración, como el acto de nacimiento del fascismo. Pese a una obtusa damnatio memoriae que todavía hoy pesa sobre Gentile, pero que ya ha sido puesta en crisis por muchos filósofos autorizados (Marramao, Natoli, Severino, etc.), Fusaro reafirma la indiscutible grandeza filosófica del padre del actualismo. Más bien, lo define justamente como el más grande filósofo italiano del Novecientos. No por una mera cuestión de gusto o de partidismo, naturalmente, sino por un hecho muy simple: todos los filósofos italianos del siglo XX, en el desarrollo más variado de su pensamiento, se han tenido que confrontar necesariamente con Gentile. «Gentile –escribe el autor –es para el Novecientos italiano lo que Hegel –según la conocida tesis de Karl Löwith –es para el Ochocientos alemán».
Fusaro, por tanto, reconstruye todo aquel recorrido intelectual que de Fichte, pasando por Hegel y Marx, llega hasta Gentile que, no por casualidad definido Fichte redivivus por H.S. Harris, cierra el círculo. De aquí la interpretación del acto puro de Gentile a la luz de la praxis marxiana, así como, inversamente, la lectura de Gramsci como «gentiliano» que conoció a Marx filtrado por el filósofo siciliano. Tesis, esta última, que no es en absoluto nueva (pensemos aunque sólo sea en los recientes trabajos de Bedeschi y Rapone) pero que todavía no se ha abierto camino en los ambientes semi-cultos de la «clase media reflexiva» que lee Repubblica, repudia a Gramsci y tiene por gurú a Eugenio Scalfari.
De todos modos, no faltarían las objeciones a algunas tesis de Fusaro sobre la relación de Gentile con Marx, desde el momento en que el autor no tiene mínimamente en cuenta los elementos mazzinianos y nietzscheanos del pensamiento del filósofo actualista, así como falta cualquier referencia a las corrientes culturales del fascismo que procedían del socialismo no marxista y que no dejaron de influir a Gentile. Me refiero en particular al sindicalismo revolucionario (A.O. Olivetti, S. Panunzio) y al socialismo idealista del propio Mussolini: el socialismo que había descubierto que revolucionaria no era la clase sino la nación. Me refiero, además, a las jóvenes levas de los años treinta que querían edificar la «civilización del trabajo», glorificada por el fascismo con el llamado «coliseo cuadrado» que campea entre las imponentes construcciones del Eur.
Sin Mazzini y los otros «profetas» del Resurgimiento, por lo demás, no se podrían comprender los elementos nacionales del pensamiento gentiliano, así como el significado que Gentile daba al término «humanidad». Hacer que el «humanismo del trabajo» de Genesi e struttura della società (1946, póstumo) descienda de un «retorno» de Gentile a una confrontación con Marx, como hace Fusaro, es posible sólo si se prescinde deliberadamente de todo el debate que la cultura fascista desarrolló en los años treinta, con Ugo Spirito, Berto Ricci y Niccolò Giani. Y en este sentido, entonces sería también posible interpretar el humanismo gentiliano en clave igualitarista. Pero el propio Gentile, en algunas intervenciones importantes, aclaró cómo entendía la universalidad (y no el universalismo), que debía basarse en el concepto romano de imperium y en una misión civilizadora de Italia (y aquí vuelve Mazzini), como bien lo evidenció Gentile en el fundamental artículo Roma eterna (1940). Una universalidad vertical, por tanto, entendida como ascenso, y no un universalismo horizontal y anulador de las diferencias en nombre de una abstracta concepción del hombre, alejada de cualquier contexto histórico y cultural concreto. En este sentido, por tanto, el humanismo gentiliano es fundamentalmente sobrehumanismo, como lo describió magistralmente Giorgio Locchi.
También sobre el concepto de «apertura de la historia», sobre el que justamente insiste Fusaro, habría que entenderse. Por otra parte, ya Karl Löwith subrayó en la inmediata postguerra el mesianismo inherente a la filosofía de la historia marxista. Según la teoría científica, de hecho, el proletariado, obtenida la conciencia de clase gracias a la explotación capitalista, habría debido, a través de la acción del partido comunista, abolir las clases y el Estado, restableciendo las condiciones del Urkommunismus, aunque de una forma «enriquecida», es decir, con todas las ventajas de la tecnología moderna. En este sentido, también el marxismo trabajaba a favor de la salida de la historia que, en vez de coincidir con la planetaria democracia liberal de Francis Fukuyama, habría instituido la anhelada sociedad comunista y el fin de toda voluntad «historificante» del hombre.
De todos modos, estas breves y sintéticas objeciones no quieren de ninguna forma disminuir la excelente obra de Fusaro, que, por el contrario, es de lo mejor que se puede leer en un desolador contexto político y cultural totalmente bovinizado según las lógicas demoliberales, mundialistas y finanzcapitalistas. Al contrario, la relectura de Marx en sentido idealista tiene un innegable mérito: volver a situar en el centro de la acción política la voluntad creadora del hombre, que brota de su libertad histórica. En otros términos, es el retorno de la filosofía a una aproximación revolucionaria a la realidad. Filosofía ya no entendida como glorificación de lo existente, sino como motor de la historia, lo cual, se convendrá, si no es todo, ciertamente es mucho.
Fuente: AUGUSTO MOVIMENTO
(Traducción de Javier Estrada)
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