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jeudi, 01 mars 2018

La stratégie américaine du gaz liquide contre l’Europe

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La stratégie américaine du gaz liquide contre l’Europe: la Pologne devient l’allié continental des Etats-Unis contre son propre environnement historique et politique !

Bruxelles/Varsovie: Les Etats-Unis ne laissent rien en plan pour torpiller le projet germano-russe du gazoduc “Nordstream 2” et parient de plus en plus nettement pour un partenariat gazier avec la Pologne.

Grâce à une augmentation des livraisons américaines de gaz liquide (lequel nuit à l’environnement et provient de la technique d’exploitation dite du “fracking” ou de la fracturation, interdite dans l’UE), la Pologne est sur la bonne voie pour devenir le carrefour d’acheminement du gaz américain en Europe centrale et orientale, en se débarrassant ainsi des acheminement traditionnels, qui suivent un axe Est/Ouest.

Entretemps, 12% du volume total des importations polonaises arrivent via un terminal installé à Swinemünde (Swinoujscie) en Poméranie ex-allemande. Un volume croissant de ce gaz provient des Etats-Unis. Ce glissement observable dans la politique énergétique polonaise vise bien évidemment la Russie. Maciej Wozniak, vice-président de l’entreprise PGNiG, appartenant pour moitié à l’Etat polonais, a expliqué récemment et sans circonlocutions inutiles aux médias : « Nous envisageons d’arrêter toute importation de gaz russe d’ici 2022 ».

Par ailleurs, PGNiG a pu, au cours de ces derniers mois, fournir un milliard de mètres cubes de gaz naturel à l’Ukraine. Outre cette livraison de gaz à l’Ukraine, on observe l’émergence, en Pologne, d’un réseau de gazoducs qui, dans l’avenir, acheminera du gaz importé d’outre-mer vers les pays de l’Europe de l’Est et du Sud-Est. Le ministre américain des affaires étrangères, Rex Tillerson, a déclaré que les Etats-Unis soutiendraient le projet. On devine aisément que c'est pour des raisons géostratégiques évidentes!

L’eurocratie bruxelloise, elle aussi, soutient, avec l’argent des contribuables européens et avec le soutien américain, la construction et le développement de sites d’arrivée et de débarquement de gaz naturel ou liquide ainsi que de gazoducs venant de Scandinavie pour aboutir en Europe orientale voire en Azerbaïdjan et au Turkménistan, pour faire concurrence au projet germano-russe « Nordstream 2 » et pour limiter l’influence dominante de Gazprom, le consortium russe du gaz naturel. Le programme « Connecting Europe Facility » (CEF) installe des ports d’importation de gaz liquide en provenance de la Mer du Nord en Baltique et en Méditerranée. Le système des gazoducs, qui y est lié, forme un demi-cercle parfait autour du territoire de la Fédération de Russie. Le gaz qui est importé via ce système provient de plus en plus de pays où les gisements sont exploités par la méthode de « fracking » (de « fracturation »), laquelle est préjudiciable à l’environnement : ces pays sont le Canada, les Etats-Unis et l’Autstralie.

Dans ce contexte, les Etats-Unis, la Pologne et les Pays baltes poursuivent des intérêts économiques et politiques particuliers : ils veulent imposer un bloc anti-russe, d’inspiration transatlantique, aux pays de l’Europe orientale membres de l’UE et à tous leurs voisins d’Europe de l’Est, au détriment de la coopération entre Européens et Russes, déjà mise à mal par les sanctions que l’Occident impose à la Russie.

Articld paru sur : http://www.zuerst.de  

La réintégration du Donbass décidée par l'Ukraine: une guerre sans fin

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La réintégration du Donbass décidée par l'Ukraine: une guerre sans fin

par Jean Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Le Parlement ukrainien avait voté le 18 janvier 20I8 dernier une loi sur la réintégration du Donbass dans la République d'Ukraine. Il en a été peu parlé à ce jour en Europe. Il s'agit en fait d'une bombe à retardement.

La loi vise à restaurer « l'intégrité territoriale » du pays, et désigne les territoires de Donetsk et de Louhansk, dans la région du Donbass, comme «occupés» par la Russie. Elle dénonce nommément une «agression russe». L'évènement a été peu commenté, notamment en Allemagne et en France, pourtant signataires de l'accord dit de Minsk 2 https://fr.wikipedia.org/wiki/Minsk_II  visant à établir un cessez-le feu. L'accord n'avait jamais été respecté par Kiev qui a multiplié les agressions contre les russophones du Donbass, entrainant plus de 10.000 de morts chez les civils, sans mentionner la destruction de quartiers urbains entiers.

Avec la nouvelle loi les opérations dites « anti-terroristes » de Kiev n'auront plus lieu d'être puisque c'est l'armée régulière ukrainienne qui réprimera tous les mouvements séparatistes. Le président ukrainien Petro Porochenko a vu également ses pouvoirs considérablement élargis. Il lui revient notamment de déterminer la limite des territoires occupés, ainsi que des zones de sécurité près des lieux de combats.

La loi sur la réintégration du Donbass ne comporte aucune mention des accords de Minsk, signés en 2015 avec la médiation de la Russie, de la France et de l'Allemagne, visant à une désescalade de la tension et à une démilitarisation dans la région disputée par les autonomes pro-russes et les forces loyalistes.

La "main de Washington" 

En décembre 2017, Washington avait annoncé renforcer son soutien à Kiev en fournissant des armes létales. La porte-parole de la diplomatie américaine, Heather Nauert, avait expliqué le renforcement comme une aide visant à «bâtir sa défense sur le long terme, défendre sa souveraineté, son intégrité territoriale et se prémunir de toute agression à venir».

Il est évident que le Pentagone souhaite pousser les Russes à intervenir militairement, ce qui lui donnerait un prétexte, au nom notamment de l'Otan, de répondre par les mêmes moyens militaires. Mais jusqu'ici Vladimir Poutine s'en était gardé, sachant bien que ceci pourrait dégénérer rapidement en guerre mondiale. Mais son opposition lui avait reproché sa passivité. On peut penser qu'il continuera à s'abstenir, malgré les appels au secours que ne cessent de lui adresser les Républiques auto-proclamées de Lougansk  et de Donetsk .

Tout laisse craindre une intensification des attaques de Kiev contre ces deux républiques, utilisant les nombreux armements lourds procurés par les Etats-Unis. Il est peu probable cependant que les russophones, directement menacés désormais de déportations et de fusillades, se soumettent.

Il faut donc s'attendre dans les prochaines semaines à une intensification des combats et un accroissement important des morts parmi les civils du Donbass. Beaucoup de bruit est fait actuellement sur les morts de la région de la Ghutta en Syrie que cherche à réoccuper Bashar el Assad, mais curieusement un silence épais s'est fait sur ce qui se passe et sur ce qui se prépare dans le Donbass.

La moindre des choses que l'on attendrait de l'Allemagne et de la France signataires de Minsk 2, seraient qu'elles interviennent, au moins diplomatiquement, en accord avec la Russie, pour prévenir les massacres qui se préparent.

Pour plus de détails, on pourra lire l'article Ukraine passes Donbass 'reintegration' law, effectively terminating Minsk peace accord http://russiafeed.com/and-so-it-begins-donbass-reintegrat... Bien qu'il émane d'une source proche des Russes, nous n'avons pour notre part rien trouvé de fondamental à en redire.

mercredi, 28 février 2018

Vous êtes tous sous surveillance : les boîtes noires contrôlées par les services de renseignement sont actives !

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Vous êtes tous sous surveillance : les boîtes noires contrôlées par les services de renseignement sont actives !

Ex: http://echelledejacob.blogspot.com
 
Le président de la CNCTR, qui doit contrôler l'usage des boîtes noires par les services de renseignement, a déclaré que celles-ci étaient actives depuis un mois maintenant.

L’information a été lâchée ce mardi 14 novembre par Francis Delon, le président de la Commission nationale de contrôle des techniques de renseignement (CNCTR) : depuis maintenant un mois, les fameuses boîtes noires nées dans le cadre de la loi relative au renseignement, et qui sont censées repérer des "comportements suspects" en se basant sur les données de connexion, sont actives.

Cette annonce, faite lors d’une journée d’étude à Grenoble sur le thème « contrôle du renseignement : comment concilier surveillance et respect des droits de l’homme ? », a été rapportée par des journalistes présents sur place, comme Pierre Alonso de Libération et Elsa Trujillo du Figaro, ainsi que par Serge Slama, professeur de droit public à Grenoble.

Jusqu’à présent, il était considéré que ce dispositif prévu à l’article 851-3 du code la sécurité intérieure n’était pas actif. Mais à la suite d’un certain nombre de navettes entre le gouvernement et la CNCTR, cette dernière a fini par « valider l’algorithme [au cœur des boîtes noires, ndlr] début octobre », indique Pierre Alonso. Donc dans la plus grande discrétion. La matière est, il est vrai, très sensible.

Les boîtes noires doivent en effet servir à observer en temps réel les métadonnées, sans regarder le contenu des communications :

« Pour les seuls besoins de la prévention du terrorisme, il peut être imposé aux opérateurs la mise en œuvre sur leurs réseaux de traitements automatisés destinés, en fonction de paramètres précisés dans l’autorisation, à détecter des connexions susceptibles de révéler une menace terroriste », lit-on dans la loi. Pour cela, un algorithme est employé mais sa conception est classifiée.

Il peut être imposé aux opérateurs la mise en œuvre de traitements automatisés pour détecter des connexions susceptibles de révéler une menace terroriste

« Ces traitements automatisés utilisent exclusivement les informations ou documents mentionnés à l’article L. 851-1, sans recueillir d’autres données que celles qui répondent à leurs paramètres de conception et sans permettre l’identification des personnes auxquelles les informations ou documents se rapportent », poursuit le texte Les éléments dont il est question sont :

Les informations ou documents traités ou conservés par les réseaux ou services de communications électroniques des opérateurs et des hébergeurs, les données techniques relatives à l’identification des numéros d’abonnement ou de connexion à des services de communications électroniques, le recensement de l’ensemble des numéros d’abonnement ou de connexion d’une personne désignée, la localisation des équipements terminaux utilisés ainsi qu’aux communications d’un abonné portant sur la liste des numéros appelés et appelants, la durée et la date des communications.

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Mais à en croire le président de la CNCTR, dont les propos ont été repris par Serge Slama, il y a eu un « travail long » avec le gouvernement pour examiner l’algorithme, évaluer sa finalité, la lutte contre le terrorisme, et vérifier sa proportionnalité. Sur l’algorithme lui-même, il est fait état, sans plus de précision, d’un « contrôle technique très poussé » et de modifications avant l’autorisation. Deux ans plus tôt, le même président de la CNCTR avait jugé que le contrôle des algorithmes sera très difficile à effectuer.

Par contre, ajoute pour sa part Pierre Alonso, la CNCTR « n’a pas encore été saisie de demande de désanonymisation de données collectées ». « Les données récoltées sont des données de connexion anonymisées, recueillies de façon non ciblée pour être mises dans une sorte de grande marmite étanche », cite de son côté Elsa Trujillo.

Gare toutefois à l’abus de langage : comme l’a pointé Daniel Le Métayer, le directeur de recherche de l’Inria à Lyon et membre de la Commission de réflexion de l’Assemblée nationale sur le droit et les libertés à l’âge du numérique, il est plus juste de parler de « dépseudonymisation » que de désanonymisation, puisque ces boîtes noires visent justement à pouvoir remonter à un utilisateur final.

2015, année de la loi Renseignement

C’est en juillet 2015 que le Conseil constitutionnel a validé la loi relative au renseignement, en ne censurant que quelques dispositions relativement anecdotiques du texte. Les boîtes noires sont pourtant très vite apparues comme la disposition la plus controversée et la plus inquiétante sur le plan des libertés publiques, avec le risque que le dispositif conduise à d’inévitables violations des droits de l’homme.

Pour valider les boîtes noires, le Conseil se contente de rappeler le dispositif prévu et d’estimer sans argumenter davantage qu’en raison de l’encadrement des algorithmes, « ces dispositions ne portent pas une atteinte manifestement disproportionnée au droit au respect de la vie privée ». C’est d’ailleurs peu ou prou le seul commentaire qu’a fait le Conseil, contrairement à la coutume.

Cette disposition et le texte en général avaient pourtant réuni contre eux un front inédit de la société civile, incluant des avocats, des magistrats, des associations de protection des droits de l’homme, des institutions (le Conseil national du numérique, Commission nationale consultative des droits de l’homme, la CNIL, le Défenseur des droits…) et des organisations professionnelles.

Même l’association des victimes du terrorisme avait jugé que le texte allait trop loin dans l’atteinte à la vie privée.
 
 
Les vrais terroristes sont à la tête de l'Etat et des multinationales... 

http://echelledejacob.blogspot.fr/2017/12/anonymiser-votr...

Je plaide pour un protectionnisme rationnel et pour la préservation des valeurs traditionnelles

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Je plaide pour un protectionnisme rationnel et pour la préservation des valeurs traditionnelles

Entretien accordé en exclusivité au site flux.md par le Président de la République Moldave, Igor Dodon
 
Propos recueillis par Ghenadie Vaculovschi
 
Ex: http://echelledejacob.blogspot.com

FLUX : – Monsieur le Président, plus d’un an s’est déjà écoulé depuis les élections présidentielles, lors desquelles vous avez remporté une victoire écrasante. Depuis lors, le monde découvre en vous un chef d’État adepte du courant souverainiste. Ce courant prend aussi de plus en plus d’ampleur en Europe occidentale où la souveraineté des États est de jour en jour plus précaire. Quels sont, à votre avis, les facteurs qui mettent en péril la souveraineté de notre pays ?

Igor Dodon : – C’est une question très complexe ; il y de très nombreux éléments, tant internes qu’externes, et, tandis que certains dépendent de nous, d’autres relèvent de la géopolitique régionale et mondiale. Et puisque nous parlons de souveraineté, comme vous l’avez fort justement dit, je donne ma préférence à des politiques visant, d’une part, à conserver les valeurs et les traditions nationales, à l’encontre du courant mondialiste qui devient actuellement de jour en jour plus agressif à l’échelle mondiale. D’autre part, je suis un adepte du protectionnisme économique en ce qui concerne le marché interne. Au moins ces deux éléments de base – les valeurs nationales, notre spécificité nationale, qui nous caractérise en tant que nation civique, en tant qu’État, en tant que citoyens – nous devons tout faire pour les conserver. En même temps, nous avons besoin d’un protectionnisme rationnel, qui nous permette de régler nos problèmes économiques internes : la création d’emplois, etc.

FLUX : – Dans le contexte créé par la mondialisation, comment la République moldave peut-elle se soustraire à la condition d’une colonie des grandes puissances ?

Igor Dodon : – Les petits pays sont toujours en danger. Les grands n’ont de cesse de vouloir les transformer en subalternes. C’est arrivé de nombreuses fois, à de nombreux pays. Dès que les dirigeants de petits pays se laissent attendrir par certaines faveurs – y compris de nature économique – que leur proposent les grandes puissances géopolitiques, ils sacrifient leur peuple tout entier, et nous devenons les otages d’une politique pro-occidentale ou pro-orientale. Il est très difficile de garder l’équilibre. Pour être sincères, nous devons reconnaître que, pendant diverses étapes de son histoire, la République moldave n’a pas été capable de maintenir l’équilibre. Au cours des années 1990, par désir de nous rapprocher de l’Occident, nous avons laissé l’Ouest nous donner de nombreux conseils et nous l’avons imité dans bien des domaines, détruisant tout ce que nous avait laissé l’Union soviétique – ou du moins, ce qu’elle nous avait laissé de bien. Je pense notamment aux infrastructures. Ces derniers temps, on constate à nouveau une volonté de complaire aux Européens ou aux Américains, et cette volonté nous met en danger. La République moldave ne peut survivre qu’à condition de conserver de bonnes relations avec l’Est comme avec l’Ouest. Cela reste-t-il possible, surtout dans le contexte de la mondialisation ? C’est difficile, mais pour ma part, j’estime que c’est possible. Bien entendu, pour s’assurer un tel statut, outre le désir de le faire, nous avons besoin à l’interne d’une volonté politique des dirigeants et de la société, or c’est là qu’apparaît le problème : notre société est divisée – entre pro-occidentaux et pro-orientaux.

Le premier pas pour nous consisterait à comprendre que nous ne devons pas être pro-quoi que ce soit, mais pro-Moldavie. Le pas suivant serait d’obtenir un consensus des forces géopolitiques. Lorsque la Suisse a été créée comme État neutre entre plusieurs grands empires de l’époque – la France, l’Allemagne, l’Italie – les grands empires ont donné leur accord à l’existence d’un pays où une partie des habitants parle le français, une autre partie une langue ressemblant plutôt à l’italien, tandis qu’une troisième partie parle un dialecte allemand. Les grands du continent, d’un commun accord, ont décidé que cet État, dont le nom signifiait à l’origine « pays limitrophe » aurait le droit de vivre neutre en leur milieu. Sans subir d’annexion. Eh bien, la République moldave aurait de bonnes chances de devenir une nouvelle Suisse, à condition de disposer préalablement d’un consensus social interne dans ce sens, à l’échelle de la nation. La seconde condition importante, c’est que les grandes puissances réussissent à résister à la tentation de nous annexer.

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L’Union européenne peut très bien vivre sans nous, tout comme la Russie ; or, soumis à une force d’attraction, les pays comme la Moldavie tombent en morceaux. C’est ce qui s’est passé en Ukraine. La grande erreur des puissances géopolitiques a été d’adopter une approche « si, si » – avec nous ou contre nous. Pour des États comme la République moldave, l’Ukraine et autres, on ne peut pas accepter une telle approche de la part de nos partenaires géopolitiques. Car si on le fait, tant va la cruche à l’eau qu’elle casse. Vous voyez bien ce qui se passe en Ukraine. La Moldavie est exposée au même risque. C’est du moins mon opinion, dont j’ai eu l’occasion de discuter aussi bien à l’Ouest qu’à l’Est, avec M. Poutine à plusieurs reprises au cours de l’année écoulée, mais aussi avec les autorités de Bruxelles, comme Mme Mogherini et d’autres – et j’ai l’impression que, de plus en plus souvent, mon approche suscite la compréhension de nos partenaires externes.

FLUX : – La Moldavie peut-elle amener les acteurs principaux de l’échiquier à adopter un tel consensus ? Il nous est, bien entendu, impossible de les contrôler, mais peut-on jouer un rôle dans ce processus ? Et quelle serait la nature de ce rôle ?

Igor Dodon : – Nous devons tout faire pour les convaincre. Il s’agit de quelques grandes puissances : la Fédération de Russie, l’Union européenne, mais aussi l’Allemagne qui joue un rôle important dans l’UE, et les États-Unis d’Amérique, qui se trouvent à une plus grande distance, mais ont une grande influence dans la région, et notamment sur ce qui se passe en Roumanie, qui est un pays de première importance à l’échelle régionale. J’estime que notre but stratégique doit être que la Moldavie figure à l’ordre du jour de ces grandes puissances comme l’endroit où il est possible de parvenir à un compromis géopolitique régional. À mon avis, la nécessité d’un compromis régional est évidente et va devenir encore plus évidente au cours des prochains temps. Une fois les élections russes terminées, je suis convaincu que la Fédération de Russie et les États-Unis vont partir à la recherche de points d’accord dans cette région. Après tout, ils ont aussi des programmes communs dans d’autres parties du monde. Or dans cette région-ci, ils vont avoir besoin d’un ordre du jour commun et d’un exemple positif dont les deux parties puissent se réclamer. Voilà ce que je me suis efforcé de faire comprendre en Allemagne, dans la Fédération russe, à Bruxelles, aux États-Unis : tel a été mon but tout au long de cette première année de mandat – de démontrer que l’endroit où nous nous trouvons est le point où chacun d’entre vous pourrait s’enorgueillir d’une réussite. Vous pouvez envisager de venir ici sous les auspices d’une réussite qui soit celle de tous, et non d’un seul ; et cette réussite pourrait, à l’avenir, servir de modèle pour résoudre d’autres problèmes. Sincèrement, j’attends avec optimisme la période qui s’ouvrira après la finalisation de tous les processus électoraux de l’année en cours : chez nous, en Russie, aux États-Unis (élections de mi-mandat au Congrès). J’espère qu’après cela, 2019 sera l’année des compromis, et que la Moldavie figurera à l’ordre du jour des grandes puissances. Ces derniers temps, nous n’étions pas à l’ordre du jour. Ou du moins, pas en première page.

FLUX : – Les promoteurs du discours pro-occidental vous présentent comme étant pro-russe. En revanche, j’ai suivi avec beaucoup d’attention votre intervention du 15 décembre 2017 lors de la conférence internationale organisée autour du thème des Alternatives au capitalisme financier ; or, dans le cadre de cette intervention, vous vous êtes positionné comme adepte du concept de Grande Europe, « de Lisbonne à Vladivostok » que certains auteurs appellent aussi « l’axe Paris-Berlin-Moscou ». Quel est le rôle que peut jouer la République moldave dans ce concept, dont nous savons qu’il est en proie au sabotage constant d’autres forces, qui ne relèvent pas forcément du continent eurasiatique ?

Igor Dodon : – La Moldavie est un petit pays, mais qui est appelé à jouer un rôle décisif. À condition d’en avoir l’intelligence, nous pouvons devenir le pont par lequel cette route peut s’ouvrir. Au lieu d’être ignorés par le monde entier, nous pourrions servir d’exemple, de point d’entente entre les grandes puissances, comme je le disais à l’instant. Si nous ne réussissons pas à avoir l’intelligence et la compétence nécessaires, alors ce pays va être déchiré et tomber en morceaux. Ceux qui s’efforcent de me faire passer pour un politicien pro-russe sont précisément ceux qui ne veulent pas que nous arrivions à ce consensus. Parce qu’il est beaucoup plus facile de dire qu’il y a les pro-russes d’un côté, les pro-européens de l’autre, et de continuer à diviser la société. Je vous le dis sincèrement : c’est une réalité dont, moi-même, je prends de plus en plus conscience ; j’admets que par le passé, j’ai pu, moi aussi, être trop catégorique sur certains points, mais de plus en plus, je me rends compte que la Moldavie a besoin d’équilibre dans sa politique étrangère. Et, pourvu que nous fassions preuve d’assez de compétence, de maturité politique et d’intelligence pour en assurer les conditions internes, la Moldavie aura un rôle décisif dans la création de cet axe [Paris-Berlin-Moscou – n.d.l.r.].

FLUX : – Ces derniers temps, les États du Groupe de Visegrad promeuvent une politique commune face à Bruxelles, qui, pour sa part, s’efforce, à travers sa bureaucratie, de saper leur souveraineté. C’est du moins ce qu’affirment les politiciens du V4. Ils arrivent à le faire ! En tant que chef d’État, ne pensez-vous pas qu’il conviendrait d’intensifier votre dialogue avec les dirigeants de ces pays ?

Igor Dodon : – Je suis de votre avis ; l’année dernière, déjà, nous avons établi quelques contacts dans ce sens : j’ai rencontré le premier ministre hongrois, M. Viktor Orbán ; au terme d’une discussion des plus cordiales, nous avons conclu sur des positions communes à propos de très nombreux aspects de la politique régionale. Ce qui m’a hautement réjoui. M. Orbán appartient à la famille européenne des partis de droite, tandis que je suis un homme politique de gauche, mais sur une grande majorité de thèmes – par exemple les migrants, le besoin d’un équilibre entre Russie et Occident – nous nous sommes trouvés des atomes crochus. Cette année, j’ai bon espoir de rencontrer le président tchèque. Je lui ai adressé mes vœux à l’occasion de son anniversaire. Nous devrions prochainement décider de l’endroit où cela aura lieu : à Chișinău ou en République tchèque. L’année dernière, j’ai eu des contacts avec les autorités bulgares. La vice-présidente de la Bulgarie s’est rendue à Chișinău et cette année j’espère m’entretenir avec le président bulgare, qui est comme moi socialiste. Et nous tâcherons aussi d’intensifier nos contacts avec les autres.

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FLUX : – Pour revenir à la politique intérieure, au protectionnisme économique et à la souveraineté économique, j’ai une question concernant les terrains agricoles. En Hongrie, un référendum a entériné le droit exclusif des citoyens hongrois à la propriété des terrains cultivables. Peut-être conviendrait-il que la République moldave en fasse de même ?

Igor Dodon : – Sur ce point, ma position est tout aussi catégorique. Regardez donc ce qui est arrivé en Roumanie, et dans d’autres pays qui ont opté pour une approche libérale de cette question : en pratique, les terrains agricoles y constituent désormais pour la plupart la propriété de personnes physiques ou morales étrangères, à qui leur intérêt ne dicte pas toujours qu’il faudrait développer l’agriculture. Dans certains cas, ils trouvent plus simple de ruiner l’agriculture, pour faire entrer sur ces marchés leur propre marchandise, produite dans d’autres pays. Et cela, c’est une tragédie pour le pays concerné, pour l’État : les terrains sont dans des mains étrangères, l’agriculture est ruinée, les emplois ont disparu et le marché interne est inondé de produits agricoles venus d’ailleurs. J’ai lu récemment une analyse portant sur la Roumanie, qui calculait les milliards d’euros que les Roumains paient pour importer des produits agro-alimentaires qu’ils produisaient jadis. Regardez ce qui s’est passé en Bulgarie : l’adhésion à l’UE et la libéralisation totale s’est soldée par la faillite d’au moins 50% des capacités de production autochtones. De ce point de vue, la Hongrie est un exemple à suivre. Bien évidemment, il convient de contenir ce phénomène en République moldave. Car pour l’instant, par divers moyens, les citoyens étrangers parviennent à acheter des terrains agricoles. Ce qui est très dangereux.

FLUX : – Vous avez récemment rencontré le président de l’Organisation mondiale des familles, l’Américain Brian Brown. D’un commun accord, vous avez décidé d’organiser le prochain congrès de cette organisation en septembre à Chișinău. Qu’est-ce qui vous a amené à prendre cette initiative ? Pensez-vous, vous aussi, qu’à l’heure actuelle la famille fait l’objet d’attaques sans précédent dans l’histoire ?

Igor Dodon : – Qu’est-ce qui fait la puissance d’un État ? C’est par cette question que commence la réponse à votre question. Il existe diverses réponses philosophiques et rhétoriques. Certains vous diront que l’État est puissant quand il dispose d’une armée puissante. Mais il existe des États puissants sans armée, ou avec une petite armée, et qui ne disposent pas non plus de l’arme nucléaire. L’État est puissant, en premier lieu, quand il repose sur une histoire, une nation consolidée, une société qui tient à ses valeurs. Voilà l’État puissant. Voilà l’État qu’il est difficile de détruire de l’extérieur. En République moldave, nous autres chrétiens orthodoxes représentons plus de 98% de la population. En République moldave, la tradition et la normalité dictent qu’il existe de bonnes relations familiales. On nous a d’ailleurs appris que la famille est la cellule de base de la société. Or regardez ce qui se passe : à quoi s’en prennent le plus souvent nos opposants – les ennemis du caractère étatique de notre pays – ces dernières années ? À notre histoire, à notre religion et à nos traditions – et à notre famille. Ils nous proposent d’adopter l’histoire d’autres États, ils tentent de dénigrer l’Église en Moldavie, et promeuvent l’officialisation des minorités sexuelles. Si nous les laissons faire, à mon avis, ils vont détruire l’État, en sapant les piliers qui le soutiennent. Voilà les raisons pour lesquelles, depuis plusieurs années, je me prononce catégoriquement contre toute tentative de mettre à mal ces valeurs. J’ai pris plusieurs initiatives, débouchant sur des actions de protection desdites valeurs. Cette année, quand l’occasion s’est présentée de convaincre nos partenaires étrangers d’organiser à Chișinău le Congrès mondial des familles, j’en ai profité. Il y a deux ans, en 2016, j’ai assisté au même événement à Tbilissi. L’année dernière, il a eu lieu à Budapest. J’ai réussi à convaincre Brian Brown de le faire venir chez nous. Et, à n’en pas douter, en septembre, nous accueillerons les représentants de dizaines de pays, non seulement orthodoxes, mais aussi catholiques, qui soutiennent les mêmes valeurs. Je pense que c’est un énorme succès pour notre pays.

D’ici à septembre, bien évidemment, nous organiserons divers événements. En mai, je tiens absolument à l’organisation d’un festival de la famille sur la place du Grand Rassemblement national ; nous y arriverons. L’événement aura lieu sous le patronage de la présidence de la République moldave. Nous prévoyons aussi certains événements à l’étranger : M. Brown m’a invité aux États-Unis en vue de l’organisation de tables rondes consacrées à cette question et je prévois d’accepter son invitation.

Nous, citoyens de la République moldave, devons comprendre que, même sans armée puissante, nous sommes puissants par nos traditions, par notre culture, par nos familles. Et que nous devons donc les défendre.

FLUX : – Vous vous positionnez comme un défenseur de l’orthodoxie. Ne pensez-vous pas que cela risque de nuire à votre image ? Sachant que notre société s’est convertie à la mode des attaques anticléricales permanentes…

Igor Dodon : – Nous devons régler notre conduite sur ce que nous ressentons et sur ce en quoi nous croyons, et non sur les campagnes de presse et de communication organisées par nos adversaires dans le but de nous imposer un ordre du jour choisi par eux et d’induire la société en erreur. Tout ce dont vous parlez comme d’une mode, ce sont en réalité des campagnes payées à prix d’or, une agitation artificiellement créée dans l’espoir qu’une partie de la société finisse par y croire. C’est là, bien évidemment, une chose extrêmement dangereuse. En ce qui me concerne, je ne compte pas céder sous prétexte que quelqu’un, à la télé, dit qu’il vaudrait mieux faire ceci ou cela, ou parce que tels ou tels jeunes gens – à mon grand regret – se laissent piéger par ce genre de spéculations. Je suis fermement convaincu que cette position jouit du soutien de la majorité de nos concitoyens, à qui je ne ferai pas défaut.

FLUX : – Votre conception d’une Grande Europe, ainsi que vos convictions en faveur de la préservation des valeurs traditionnelles, auront-elles un impact plus marqué après les élections législatives qui vont prochainement être tenues en République moldave ? Quelles sont les chances de les voir déboucher sur la formation d’une majorité parlementaire favorable à un tel programme ?

Igor Dodon : – Cela dépend beaucoup de nous, en premier lieu, mais aussi du contexte géopolitique. Si les grandes puissances, une fois leur ordre du jour commun établi – ce qui sera certainement le cas d’ici à la fin de l’année – s’accordent pour ne pas tirailler la Moldavie dans un sens et dans l’autre, et la laissent rester un État neutre, en relations amicales tant avec les uns qu’avec les autres, ce sera plus simple. Car pour une bonne part, ce qui va arriver l’année prochaine dépend aussi de l’ordre du jour des acteurs géopolitiques majeurs de la région. Pour ma part, je ne songe pas un instant à céder. Bien sûr, ce n’est pas simple. Les attaques sont très violentes. Vous voyez bien toutes ces campagnes de presses sur moi – orchestrées par l’Occident –, qui ne s’arrêtent plus. Ceux qui se cachent derrière de telles campagnes doivent bien voir en moi un danger : le danger d’un leader opposé au mondialisme. Je l’ai dit ouvertement, dès l’année dernière, au forum économique à Saint-Pétersbourg : je suis pour la protection de nos valeurs et pour que nous nous axions en permanence sur notre intérêt national. Ce n’est pas à Washington, ni à Bruxelles, ni à Moscou de nous dicter notre programme. Dans tout ce que nous faisons, nous devons nous baser sur notre intérêt national. S’il est souhaitable pour la République moldave d’avoir un régime d’entrée sans visa en Europe pour nos concitoyens, faisons en sorte de l’avoir. Appartenir au marché eurasiatique est souhaitable et nous y avons déjà un statut d’observateur, il existe un mémorandum dans ce sens, donc ce mémorandum doit être signé.

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Nous devons toujours avoir notre propre ordre du jour, de façon à ne laisser personne nous en dicter un de l’extérieur, en nous expliquant que « ce serait dans votre intérêt ». Ces dernières années, à mon grand regret, c’est ce qui est arrivé à la République moldave: l’ordre du jour nous était imposé depuis l’étranger, et nos gouvernants n’ont pas été en mesure d’exprimer leur propre position. D’une part parce qu’ils avaient peur, étant soumis à des chantages liés à leurs avoirs en Occident, d’autre part, par manque de compétence, de fermeté, de verticalité. Quoi que leur dise le Fond monétaire international : « Augmentez l’âge de départ à la retraite ! » ou autre consigne – elle était exécutée. « Ouvrez votre marché aux produits agro-alimentaires européens ! » – et nous voici important de la viande d’Europe, tandis que presque tous nos produits laitiers viennent d’Ukraine… À la longue, une telle attitude nous mènerait où ? C’est pourquoi, pour répondre à la question, j’estime que c’est une possibilité réelle. Cela dépendra beaucoup de nous. Pour ma part, je ne songe pas un instant à céder, mais tout va aussi dépendre de la conjoncture géopolitique de la fin de cette année et tout particulièrement du début de l’année prochaine.

FLUX : – Cet entretien va être publié simultanément en quatre langues sur le portail FLUX.MD, de façon à pouvoir être repris par nos partenaires media d’Europe occidentale et de Russie. Comme l’occasion s’en présente donc, quel message souhaitez-vous adresser à nos lecteurs étrangers ?

Igor Dodon : – En premier lieu, je les invite à venir en République moldave. En dépit des affrontements géopolitiques de la région, la République moldave est un pays d’une grande beauté. Je veux aussi les remercier pour leur soutien. Ces derniers temps, je reçois de très nombreux messages d’encouragement, y compris sur les réseaux sociaux. On m’écrit par exemple : « Monsieur Dodon, nous voyons que vous vous battez et, bien qu’étant citoyens de la Grande-Bretagne, de l’Allemagne, de la France, des États-Unis, nous sommes de votre côté. Nous considérons que vous avez raison quand vous parlez de la protection de la famille, des valeurs traditionnelles, de la religion, ou du protectionnisme économique. »

Je tiens à les remercier pour ces messages et à leur dire que nous ne céderons pas. La position que j’ai exposée, dont nous avons discuté aujourd’hui, jouit du soutien de la grande majorité des citoyens de la République moldave. Quand il est question de neutralité et de rester en-dehors de l’OTAN, c’est une option en faveur de laquelle se prononcent de 65% à 70% de la population moldave. Quand nous parlons de notre foi orthodoxe, en Moldavie elle est partagée par plus de 90% des citoyens. S’il s’agit de conserver les valeurs familiales traditionnelles, c’est une option qui, là aussi, rassemble plus de 90% des Moldaves. C’est pourquoi en République moldave, en dépit de toutes les pressions et tentatives de nous imposer des normes et des valeurs qui ne nous ressemblent pas, nous sommes un pays ouvert à tous, mais très patriotique. Et je vous invite à venir nous rendre visite pour vous en convaincre.

FLUX : – Monsieur le Président, merci de nous avoir accordé cet entretien.
 

Le Viet Nam et la Russie

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Le Viet Nam et la Russie

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Le Viet Nam est un État communiste à parti unique, dirigé par le Parti communiste vietnamien. Cependant, à partir de la seconde moitié des années 1980, et après la mort du dirigeant conservateur Lê Duan, il a entrepris sa propre perestroïka. Il a libéralisé son économie, et s'affirme progressivement comme un pays émergent dynamique.

On a même parlé d'un nouveau Tigre Asiatique. Le système politique demeure cependant autoritaire, le Parti communiste vietnamien gouvernant seul.  Voir https://fr.wikipedia.org/wiki/Vi%C3%AAt_Nam

Rappelons qu'après la guerre dite d'Indochine, perdue en fait par les Français lors de la bataille de Diên Biên Phu, la France a renoncé à poursuivre un conflit trop éloigné d'elle pour être gagnable. Lors des accords de Genève de 1954, négocié par Pierre Mendès-France pour le compte de la France, celle-ci a reconnu l'indépendance du pays.

Mais ce faisant elle a ouvert grand la porte aux Américains, qui ne voulaient pas que la Chine et derrière elle la Russie, ne fasse du Viet Nam un pays communiste. Une seconde guerre du Viet Nam en a résulté. Elle a opposé, de 1955 à 1975, d'une part la République démocratique du Viet Nam dit aussi Nord Viet Nam dont l'armée, dite Populaire vietnamienne a été soutenue matériellement et militairement par la Chine et la Russie soviétique - et d'autre part la République du Viet Nam (ou Sud Viet Nam), massivement représentée militairement par les États-Unis appuyés par plusieurs alliés (Australie, Corée du Sud, Thaïlande, Philippine). Un mouvement insurrectionnel d'inspiration communiste, le Front national de libération du Sud Viet Nam (dit Viet Cong) a par ailleurs combattu de l'intérieur le Sud-Viet Nam.

En 1964, la résolution dite du golfe du Tonkin a donné au président des États-Unis la mission de prendre en mains militairement le Viet Nam. L'intervention américaine a ravagé les infrastructures et l'environnement du Viet Nam, avec notamment des moyens chimiques constituant de véritables crimes de guerre . Mais malgré les moyens militaires considérables engagés, l'Amérique a échoué à mettre un terme à l'insurrection.

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A la fin des années 1960, la guerre était devenue de plus en plus impopulaire aux États-Unis. Des mouvements d'opposition de plus en plus violents – les seuls qu'aient jamais connu et que connaitront jamais sans doute les Etats-Unis - ont obligé le gouvernement américain à reconnaître son incapacité à gagner la guerre. De longues négociations ont abouti en 1973 aux accords de paix de Paris et au retrait américain. Deux ans plus tard, le Nord Viet Nam a mené une offensive victorieuse contre le Sud. Le Viet Nam, désormais entièrement sous contrôle communiste, a été réunifié en 1976.

À partir de la seconde moitié des années 1980, et après la mort du dirigeant conservateur Lê Duan, le Viet Nam a entamé une sorte de perestroïka sur le modèle russe. Il a libéralisé son économie, s'affirmant progressivement comme un pays émergent dynamique. Le système politique demeure cependant autoritaire, le Parti communiste vietnamien gouvernant en tant que parti unique.

Le Viet Nam entre la Russie et les Etats-Unis

Aujourd'hui, un point important en termes de politique internationale est le poids que peut avoir le Viet Nam dans les rapports de plus en plus conflictuels entre la Russie et les Etats-Unis, du fait d'ailleurs essentiellement de ce dernier pays.

Dans les dernières décennies, le Viet Nam, considéré initialement comme un des pays les plus pauvres d'Asie, s'est rapproché économiquement de Hong Kong, de Singapour, de Taiwan et dans une certaine mesure de la Corée du Sud. Les éléments de marché que le gouvernement avait introduit à la fin des années 1980, sans abandonner le principe d'une économie socialiste partiellement dirigée, lui ont procuré une base industrielle, énergétique, scientifique et agricole lui permettant de subvenir à ses propres besoins et de se donner une balance commerciale et touristique favorable. Il a encouragé également les investissements étrangers, inévitablement américains mais aussi chinois.

Le Viet Nam est désormais un membre influent de l'ASEAN ou Association des nations de l'Asie du Sud-Est https://fr.wikipedia.org/wiki/Association_des_nations_de_... . Celle-ci était censée à sa fondation s'opposer aux pays dits communistes, mais la Chine y joue désormais un rôle important. Face au déclin de l'influence américaines surtout au poids que prennent désormais dans la région les grands programmes chinois tels que l'OBOR (One Belt, One Road). Le Viet Nam est intéressé par certains des projets de l'OBOR, notamment la voie ferrée Kunming Singapour qui devrait traverser l'ensemble de la péninsule.

Cependant, Hanoï n'entend pas devenir une sorte de satellite de la Chine dont il se distingue par ailleurs sur de nombreux plans, notamment culturel et ethnique. Il entretient des rapports fructueux avec le Laos son voisin où son armée avait joué un rôle important dans la guerre civile laotienne de 1968-1973. De même, il coopère étroitement avec son autre voisin le Cambodge. Il existe deux organisations en ce sens, le Committee of the Vietnam-Laos Solidarity and Friendship et le Vietnam-Cambodia Solidarity and Friendship.

Mais pour équilibrer le poids de la Chine, c'est surtout sur la Russie que le Viet Nam compte désormais. La Russie a bien compris le poids du Viet Nam et de ses voisins et compte de son côté en profiter. La Russie communiste avait, tout autant sinon plus que la Chine, soutenu le Viet Nam dans la seconde guerre d'Indochine avec l'Amérique. Après la chute de l'URSS, les deux pays avaient signé en 1994 un Traité d'Amitié. Depuis, ils ont développé leur coopération dans les domaines économique, politique et militaire. En 2012, ils ont publié une Déclaration Commune de Partenariat Stratégique.

Aujourd'hui la Russie fournit des armements modernes à l'armée et à la marine Vietnamiennes dont elle entraine des contingents sur son territoire. Tout aussi important est le travail en commun sur les questions financières, d'extraction pétrolière et gazière comme dans des projets de centrales nucléaires. En 2015, leurs échanges ont atteint une valeur de 4 milliards de dollars. Ce niveau s'est accru de 25% en 2016. Il est positif en faveur de la Russie d'environ 1 milliard.

Par ailleurs, en 2015, un accord de Libre-Echange a été signé entre le Viet Nam et l'organisme dit Union Economique Eurasiatique https://fr.wikipedia.org/wiki/Union_%C3%A9conomique_euras... où la Russie joue un rôle dominant.

Ceci ne veut pas dire que le Viet Nam ne tienne pas à conserver de bonnes relations diplomatiques et économiques avec les Etats-Unis. Mais manifestement, il donnera si cela s'imposait la préférence à la Russie. Vladimir Poutine le sait mais n'en abuse pas. 

mardi, 27 février 2018

Méditerranée Orientale. La guerre du gaz aura-elle lieu?

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Méditerranée Orientale. La guerre du gaz aura-elle lieu?

par Jean Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Dans un article précédent du 01/02/2018, nous avions relaté les possibles affrontements, éventuellement militaires, entre le Liban et Israël pour le contrôle des champs de gaz naturel s'étendant à la frontière de leurs eaux économiques exclusives.

http://www.europesolidaire.eu/article.php?article_id=2892...=,

Aujourd'hui la Turquie a décidé d'entrer dans le jeu. Elle est le seul pays à reconnaitre l'autoproclamée République Turque de Chypre du Nord qui revendique une partie de l'ile, face à la République de Chypre, seule à être admise à l'ONU. Les deux républiques se partagent la capitale, Nicosie https://fr.wikipedia.org/wiki/Chypre_(%C3%AEle)

La Turquie affirme dorénavant que les activités relatives à l'exploration des champs de gaz situés dans la zone maritime de l'ile de Chypre relèvent en fait de la souveraineté de République Turque de Chypre du Nord, autrement dit de son influence. Elle n'avait pas précédemment reconnu la validité des accords entre la République de Chypre et d'autres pays, notamment l'Italie, pour l'exploration des eux relevant de sa zone économique exclusive.

Ankara y défend les intérêts de la Turkish Petroleum Corporation (TPAO) qui se veut seule en droit d'explorer cette zone, au nom d'accords avec la République Turque de Chypre du Nord. Le président Erdogan vient de prévenir la République de Chypre (du Sud) et divers compagnies pétrolières, dont l'ENI italienne, que la violation des intérêts turcs auraient de « graves conséquences ». Sans attendre, mi-février 2018, des unités turques ont bloqué un navire d'exploration le Saipem, explorant pour le compte de l'ENI. Par ailleurs, peu après, un garde-côte turc a abordé délibérément un aviso grec en Mer Egée. L'Italie en réponse n'a pas tardé à envoyer un navire militaire dans la zone.

Il y a tout lieu de penser que si un arbitrage international s'organisait, les Etats européens soutiendraient Chypre, la Russie soutenant la Turquie, malgré leurs différents actuels à Afrin

Le projet de gazoduc EastMed

La position respective des protagonistes sera également fonction du développement du projet de gazoduc EastMed ou  Eastern Mediterranean Gas Pipeline  https://ec.europa.eu/inea/en/connecting-europe-facility/c.... Celui-ci, visant à apporter du gaz de la Méditerranée à la Grèce via Chypre et la Crète, affaiblirait le rôle de transit de la Turquie prévu dans le projet de pipe TANAP, dit aussi pipeline Transanatolien http://www.tanap.com/tanap-project/why-tanap/ Il devra transporter du gaz de la Caspienne produit en Azerbaidjan vers la Turquie et ensuite l'Europe.

Ajoutons qu'un autre conflit se prépare, celui-ci entre la Turquie et l'Egypte, a propos du riche champ gazier dit Zohr découvert en 2015. Ankara ne reconnait pas les accords signés entre Chypre et l'Egypte en 2003 qui attribuaient au Caire une souveraineté exclusive sur les eaux frontières entre le Caire et Nicosie. En fonction de cet accord, l'Egypte a prévenu la Turquie en février 2018 qu'elle n'accepterait pas de prétentions turques relative au gisement du Zohr. Mais que signifie « ne pas accepter » ?

Cependant, comme l'indiquait notre article précité du 01/02, les futurs conflits envisagés ci-dessus n'auront pas l'intensité de ceux actuellement craints entre Israël et le Liban à propos de l'exploration des zones dites Blocks 8, 9 et 10 dont Israël refuse la concession par le Liban à l'ENI, à Total et au russe Novatek. Or quand Israël défend des intérêts de cette nature, il ne le fait pas seulement par la voie de négociations. Il menace d'interventions militaires dont chacun le sait parfaitement capable.

Comme quoi, il apparaît que les gisements gaziers de la Méditerranée orientale, loin d'apporter la prospérité aux pays concernés, risquent de provoquer des confrontations militaires entre les Etats Européens, la Turquie, Israël et en arrière plan la Russie, les Etats-Unis et l'Iran. Le contraire, il est vrai, aurait surpris.

Iran and India: Belt and Road by Another Name

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Iran and India: Belt and Road by Another Name

Don’t tell the Iran hawks in D.C., isolating Iran won’t work.  Iranian President Hassan Rouhani met with his Indian counterpart Narendra Modi this week and the two signed a multitude of agreements.

The most important of which is India’s leasing of part of the Iranian port of Chabahar on the Gulf of Oman.  This deal further strengthens India’s ability to access central Asian markets while bypassing the Pakistani port at Gwadar, now under renovation by China as part of CPEC – China Pakistan Economic Corridor.

CPEC is part of China’s far bigger One Belt, One Road Initiative (OBOR), its ambitious plan to link the Far East with Western Europe and everyone else in between.  OBOR has dozens of moving parts with its current focus on upgrading the transport infrastructure of India’s rival Pakistan while Russia works with Iran on upgrading its rail lines across its vast central plateaus as well as those moving south into Iran.

India is investing in Iran’s rails starting at Chabahar and moving north.

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Just Part of the Much-Needed Rail Upgrade Iran Needs to Connect it to India

Chabahar has long been a development goal for Russia, Iran and India.  The North-South Transport Corridor (NSTC) was put on paper way back when Putin first took office (2002). And various parts of it have been completed.  The full rail route linking Chabahar into the rest of Iran’s rail network, however, has not been completed.

The first leg, to the eastern city of Zahedan is complete and the next leg will take it to Mashhad, near the Turkmenistan border.  These two cities are crucial to India finding ways into Central Asia while not looking like they are partaking in OBOR.

Also, from Zahedan, work can now start on the 160+ mile line to Zaranj, Afghanistan.

The recent deal between Iran and India for engines and railcars to run on this line underscores these developments.  So, today’s announcements are the next logical step.

The U.S. Spectre

As these rail projects get completed the geopolitical imperatives for the U.S. and it’s anti-Iranian echo chamber become more actute.  India, especially under Modi, has been trying to walk a fine line between doing what is obviously in its long-term best interest, deepening its ties with Iran, while doing so without incurring the wrath of Washington D.C.

India is trapped between Iran to the west and China to the east when it comes to the U.S.’s central Asian policy of sowing chaos to keep everyone down, otherwise known as the Brzezinski Doctrine.

India has to choose its own path towards central Asian integration while nominally rejecting OBOR. It was one of the few countries to not send a high-ranking government official to last year’s massive OBOR Conference along with the U.S.

So, it virtue signals that it won’t work with China and Pakistan.  It’s easy to do since these are both open wounds on a number of fronts.  While at the same time making multi-billion investments into Iran’s infrastructure to open up freight trade and energy supply for itself.

All of which, by the way, materially helps both China’s and Pakistan’s ambitions int the region.

So much of the NTSC’s slow development can be traced to the patchwork of economic sanctions placed on both Russia and Iran by the U.S. over the past ten years.  These have forced countries and companies to invest capital inefficiently to avoid running afoul of the U.S.

The current deals signed by Rouhani and Modi will be paid for directly in Indian rupees.  This is to ensure that the money can actually be used in case President Trump decertifies the JCPOA and slaps new sanctions on Iran, kicking it, again, out of the SWIFT international payment system.

Given the currency instability in Iran, getting hold of rupees is a win.  But, looking at the rupee as a relatively ‘hard’ currency should tell you just how difficult it was for Iran to function without access to SWIFT from 2012 to 2015.

Remember, that without India paying for Iranian oil in everything from washing machines to gold (laundered through Turkish banks), Iran would not have survived that period.

Don’t kid yourself.  The U.S. doesn’t want to see these projects move forward.  Any completed infrastructure linking Iran more fully into the fabric of central Asia is another step towards an economy independent of Western banking influences.

This is the real reason that Israel and Trump want to decertify the Iran nuclear deal.  An economically untethered Iran is something no one in Washington and Tel Aviv wants.

The Fallacy of Control

The reason(s) for this stem from the mistaken belief that the way to ensure Iran’s society evolves the right way, i.e. how we want them to, is to destabilize the theocracy and allow a new government which we have more control over to flourish.

It doesn’t matter that this never works. Punishment of enemies is a dominant neoconservative trait.

When the truth is that the opposite approach is far more likely to produce an Iran less hostile to both Israel and the U.S.  Rouhani is the closest thing to a free-market reformer Iran has produced since the 1979 revolution.  Putting the country on a stronger economic footing is what will loosen the strings of the theocracy.

We’re already seeing that.  Rouhani’s re-election came against record voter turnout and gave him a 57% mandate over a candidate explicitly backed by the mullahs.

That said, there is no magic bullet for solving Iran’s economic problems, which are legion, after years of war both physical and economic.  Inflation is down to just 10%, but unemployment is at depression levels.  It will simply take time.

The recent protests started as purely economic in nature as the people’s patience with Rouhani’s reforms are wearing thin, not because they aren’t for the most part moving things in the right direction, but because they aren’t happening fast enough.

And you can thank U.S. and Israeli policy for that.  Trump’s ‘will-he/won’t-he’ approach to the JCPOA, the open hostility of his administration has the intended effect of retarding investment.

The country’s current economic problems come from a woeful lack of infrastructure thanks to the U.S.’s starving it of outside investment capital for the past seven years alongside a currency collapse.

With the JCPOA in place the investment capital is now just beginning to make its way into the country.  It’s taken nearly three years for the fear of U.S. reprisal to wear off sufficiently to allow significant deals to be reached, like these.

Last summer President Trump began making noise over the JCPOA and John McCain pushed through the sanctions bill that nominally targeted Russia, but actually targeted impending European investment into Iran’s oil and gas sectors.

It didn’t and France’s Total still signed a $4+ billion exploration deal with Iran.  European majors are lined up to do business with Iran but the sanctions bill is stopping them.  And Trump is too much of a mercantilist to see the effects.  Iran is evil and blocking them is good for our oil companies.

Full Stop.

Don’t forget last year’s announcement of a new Iran to India gas pipeline, in a deal facilitated by Russia’s Gazprom to ensure a part of India’s future energy needs.  This was a pipeline project delayed for nearly two decades as the U.S. (and Hillary Clinton) tried to bring gas down from Turkmenistan, the TAPI pipeline, and cut Iran out of the picture.

Both countries have not benefitted from this mutually-beneficial energy trade for more than fifteen years because of U.S. meddling.

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India’s Future Is Iran’s

What this summit between Modi and Rouhani ultimately means is that despite all attempts at intimidation and control, self-interest always wins.  There are too many good reasons for India and Iran to be allies economically.

And despite our increased military presence in both Afghanistan and Syria beyond all rationality, designed to surround and pressure Iran into submission, in the end it won’t work.  India imports 60% of its energy needs.

And while the two countries have been sparring over particulars in developing the important Farzad-B gas field in the Persian Gulf, Rouhani and Modi seem to have created a framework where the two can get a deal done.

On Farzad-B, [Indian Oil Minister] Pradhan said both sides agreed to reove “all the bottlenecks on capex, return (on indina investments) and timeline. We have decided today to reopen and re-engage on all three issues again.”

The oil deal appears to be the most crucial breakthrough since India had reduced Iranian crude imports by a quarter in retaliation for, what officials described as, Iran’s flip-flop over sealing a deal over Farzad-B.

Those words came after Iran cut a better deal for oil exports to India, up to 500,000 more barrels per day, more than doubling 2017’s 370,000 barrels per day.

If Rouhani’s visit can nail down these deals and build further trust between the two countries, he will have moved the ball way down the field for Iran as it pertains to its improving regional relationships with Russia, Turkey and even China.

Because, by getting India to help stabilize Iran’s energy industry and build its transport infrastructure in the east it’s assisting Russia and China’s goals of opening up the former Soviet ‘Stans as well as give them more leverage to craft a security deal in Afghanistan between the Kabul government and the amenable parts of the Taliban.

lundi, 26 février 2018

India and its Strategic Culture

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India and its Strategic Culture
 
Ex: http://www.katehon.com

More often than not, rules of conduct in the international field are formed by historical, cultural, religious and philosophical principles of the people (the elite), rooted in a certain geographical area. The persistence with which the mistress of the seas can boast creating new colonies far away from the Albion coasts can be seen even today: Gibraltar, the Falkland Islands (Islas Malvinas in Argentina), the Commonwealth member-states; the American Frontier Spirit transformed into a relentless desire to conduct democratic reforms in the world, and keenness on the Leo Strauss’s ideas (the scientist himself claiming the need to use double standards) helped several American neoconservatives to fulfill their ideas; Jewish messianism allowed not only the creation of the State of Israel, but also to place the country on the international level.

India also has its own national strategy which, perhaps, is not quite clear to us because of the Hindu world view, although this huge country has a significant number of not only followers of ancient polytheistic tradition and its branch, but also representatives of other cultures and religions: Muslims, Sikhs, Buddhists, all kind of Christians and Jews (six different religious Judaic groups live in different parts of India, some of them are autochthonous and adopted it in the second half of the XX century).

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With the use of new analysis of the various doctrinal positions, it is possible to understand India's geopolitical strategy through the prism of the strategic culture of the subcontinent, which affects the entire South East of Asia in some way. Why is it important? The British theorist of international relations Professor Ken Booth gave the answer on the issue in the 1970s: “When thinking about the rational behavior of others, strategists tend to project their own cultural values ​​... but it should be apparent that one can only predict the behavior of a ‘rational man’ if both observer and the observed share the similar logical powers. Ethnocentric perception interferes in this process: they may mean that’s one own values and sense of priorities are projected onto others. By this process, ethnocentricity undermines the central act in the strategy of estimating how others will see and then will see and act.”[i]

For Hindus, the ethnocentric worldview is quite acceptable, as Hinduism is a “closed” religion, only Hindus can profess it, so the adoption of tradition is not possible. The Sikhs, having prominent positions in the government, are natives of Hindustan; the monotheistic religion began from the Islam and Hinduism contact as the response to the conflict issue. The special case is the Parsees, concentrating in the Mumbai, but, it’s interesting that the Zoroastrianism is a closed religion too; the proselytism is not recognized by the Indian Parsees. Indian Muslims and Christians are interesting in a particular way, even for external forces, because the general political strategy of the current Indian leadership is still based on the Hindu worldview in its various forms (epos, philosophy, religion, culture).

Another British geopolitical theorist, Colin Gray, involved in the connection of the cultural layers and the State strategy said: “No one and no institution can operate beyond culture”, and then added that "the nature and function of the strategy are unchanging and universal, and dynamic historical form and content are inescapably cultural".[ii]

It is necessary to try to look at the political culture of the country to understand its actions in the international arena, not only in terms of pragmatism, which mainly focuses on the supply and security of energy resources, but also in terms of the worldview.

Mahatma-Gandhi-2.jpgAfter India became independence in 1947, the country was mainly regarded as pacifist, because of the Mahatma Gandhi strategy toward the British colonialists. A non-resistance to evil with violence was popular in the various anti-war movements in Western Europe and particularly in the USA during the Vietnam War. However, Gandhi used the concept of Satyagraha (insistence on truth) as an instrument of political struggle that was not based on national and popular Hindu tradition, but on the eclectic mixture of reformist Hinduism, the Upanishads and Jainism philosophy, promoting prohibition of the living creature’s murder, including harmful insects. The post-colonial heritage is important too. In the 1980s, А. К. Коul of the University of Delhi said that the whole concept of international law was based on the rationale and justification of the lawfulness of the Third World enslavement and plunder, which has been declared uncivilized.[iii] Such a critical approach sought for new ways to solve problems, and Koul introduced the concept of international law, which aimed at solving the problems of underdeveloped countries. He was supported by the international affairs lawyer R. P Anand, noting that "since international law is now supposed to be applicable to the world-wide community of states, including the new Asian-African states, it needs their consent no less. It must be modified to suit new interests and a new community."[iv] Despite the quite reasonable thoughts, ideas of these scientists were not relevant for the era. But now these concepts may well be applied within framework of BRICS.

If you look at India's political transformation, the Constitutional model was borrowed from the USA, and it was developed considering the cultural characteristics of each region (India has 28 states, 21 official languages, and more than 1,600 dialects). The traditional caste system is preserved in fact, but legally all Indians have equal rights and possibilities, the lower castes representatives in the southern states even formed the Dalit Panthers political movement and gathered foreign assistance (incl. Soros foundation and US organizations) for the promotion of their rights.

vajpayee.jpgThroughout the independent state’s history, within Indian political circles, the fluctuation from secularism to traditionalism was also noticeable. Despite this fact, as Stephen Cohen noted, since Nehru to Rajiv Gandhi’s term and then under the Vajpayee’s Indian People's Party there was antagonism in local cultural issues (the previous ruling Congress was secular, whilst Vajpayee’s Party was culturally nationalistic – Hindutva), the international and defense policy remained the same strategic policy[v]. It is worth noting that the Indian People Party (Bharatiya Janata Party), founded in 1980, received special attention from the American analysts, as, during the Atal Bihari Vajpayee term, the relations with the US were improved. The governing of Jawaharlal Nehru, representing the left wing of the Indian National Congress, called the course to achieve a society based on the principle of continuity and the balance of change, its political program was even named the Neruvianism. It consists of supporting national entrepreneurship, protecting it from foreign competition, private sector state regulation, hard control of financial transactions, and, in the public sector, primary development of main heavy industry sectors.[vi]

However, if we are talking about strategic culture, we need to address the historical heritage of the heroic character whose images attract mass consciousness and the national leader’s thought. Therefore, it is necessary to note the central Indian epos, Mahabharata and Ramayana. The first is the story of the struggle between two clans and an eternal cycle of events where many things are already predetermined, and the second one is about the fight of the gods and their assistants against the demons. It is natural that, as the monuments of national literature, through folklore, celebrations and customs, these imperatives entered the life of the population and the elite. Moreover, the strategy development, especially in state governance and war waging, was affected by the famous work Arthashastra written by a famous Indian thinker Kautilya (IV-III c. BC), which served the interests of the Maurya dynasty. Many Indians and even foreign lawyers quote the book and as a model of pre-Roman legal norms code, the traditional law. According to US analyst Rodney Jones, who wrote a lot of works on the Indian strategy, trying to find out the Hindu code to the international relations lock, Kautilya’s advice to the governors consists of the detailed description of the correct usage of power, espionage and poisons (in modern time, it can be regarded as chemical, bacterial or nuclear weapons)[vii]. According to Kautilya, the region is to face military conflicts, therefore, it needs to be prepared for a plot twist and maybe create military alliances with other states. Naturally, in the XX century, Indian politicians took into account this factor too.

Jones himself is the president of the Policy Architects International Company, and before that he spent a lot of time visiting India, Pakistan and Sri Lanka, as he was the son of Christian missionaries sent to the countries. In the USA, before establishing his company, Jones graduated from the Columbia University, and he worked as a professor at Kansas State University, and, in the mid-1970s, he carried out research at the Council on Foreign Relations and worked on the security issues in the Carter’s administration. In addition, he worked on arms control at Georgetown University Center for Strategic and International studies. So, in spite of its Western origin, it has in a sense taken his opinion into account.

Jones identifies a number of items that are in fact philosophical and mythological, but are the fundamentals for the strategic culture of India:

1. Sacred things are a part of the Indian identity

2. Objectives are endless and have no deadlines

3. India gained its status, and did not earn it

4. Knowing the truth is the key to action and power

5. World Order is hierarchical, not egalitarian

6. Instrumental meaning

7. Indian appearance is mysterious

8. Personal interest, expressed externally, is impersonal and absolute

9. The contradictions in real life are natural and confirmed

10. Power has its place, but trick can exceed force

11. Actions have consequences; good intention does not justify offense

12. Standards of law prohibit conventional compromise (it is difficult to find the difference, though not mitigated with the quid pro quo)

13. Compromise can be easily mistaken for an internal loss (ephemeral, truth deformation, lack of sovereignty)

14. Confidence is correct knowledge and actions; it is impersonal and difficult to build or to fill in

15. Security is a sit-down (it covers the geographical situation or way of life)

16. Strategy is assimilating (external is changing, reality is constant).

Based on these provisions, Jones proposes to include such categories as war and peace when considering Indian policies. The conflict is directly related to the strategic culture, according to one of the authors of this concept, Alistair Johnston, and the answers on three important questions is at the center of it: war’s role in international relations, the enemies nature and the threats they may pose, and the use of force.[viii] Jones writes that since the 1960’s, India was preparing a defense on two fronts: against Pakistan and China.[ix] The author also notes that until January 2003, the Indian official policy on the use of nuclear weapons stated it is acceptable only if India does not fire first, it must be a response to an attack. This policy was based on India's nuclear doctrine, published in August 1999. However, in 2003, the “Implementation of the Indian nuclear doctrine” stated that nuclear weapons would be used if chemical or biological weapons are used against Indian troops, and, most importantly, even its troops are located outside the Indian territories.[x] The incident in Mumbai, when Islamic Terrorists had successfully crossed the Pakistan border and made a small "jihad" in the economic capital of India, forced the authorities to think about other measures of deterrence and control, including informational systems.

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However, the Pakistan issue is more or less clear. The enemy image fits in this scheme: the Indian conquerors (I do not mean the mythical Aryan invasion, but a particular Muslim army that built in the the Mughal Empire north of India) came from the current northwest territories of Afghanistan and Pakistan. They had to fight and subdue not only the followers of Hinduism, but also by the adherents of the new syncretic monotheistic religion of the Sikhism, who have their sanctuary in the Golden temple dozens kilometers from the Pakistani border, in Amritsar. If the Muslims invaded Indian lands, the “white colonizers” arrived by sea: the Portuguese, the Dutch and the British controlled the south of Hindustan one after the other, exploiting its natural resources. The China issue is more complicated. Historically, Chinese emperors did not disturb the Indians because of the natural border, the Himalayan mountain range and the impenetrable jungle in the south. Although now India has several territorial disputes with China, or rather China has more claims on India, including the Tibetan Dalai Lama, whose headquarters where we takes shelter is located in the border region, Himachal Pradesh. India is more concerned about water resources: the sources of the Brahmaputra and the Ganga starts in Chinese Tibet.

However, in India there are different points of view on the problematic relations with its neighbors. Kanti Bajpai noted that after the end of the Cold War, India had three branches of possible strategic development. He calls them Nehruvianism, hyperrealism, and neo-liberalism. Bajpai insists that the hyperrealists have the most pessimistic view of international relations: “Where Nehruvians and neoliberals believe that international relations can be transformed either by means of communication and contact, or by free market economic reforms and the logic of comparative advantage, hyperrealists see an endless cycle of repetition in interstate interactions. In fact Hinduism regards time as an eternal cycle of sequences, human souls endures these too, continually reincarnating from one essence to another, thus Westerners - with their linear understanding of time - do not understand Indian sluggishness. Conflict and rivalry between states cannot be transformed into peace and friendship, except temporarily as in an alliance against a common foe, rather they can only be managed by the threat and use of violence.”[xi] In addition, hyperrealists reject their opponents’ objections to the unrestrained spending on weapons, and expressed doubt on the roles of institutions, laws and agreements. The IR-hyperrealists take into account only power and the strength; everything else is an illusion. Accordingly, the Nehruvianists and the neoliberalist regard war as one of the possibilities that can take place between sovereign states. For Nehruvianists, a natural state of anarchy can be reduced by agreements between states, so that war preparations to the point where the balance of power becomes a central factor of security and foreign policy are wasteful and useless. The neoliberals find that competitive arming, or arms races themselves, are a conditioning factor in the natural state of anarchy among the states, in particular, since they are interdependent. Therefore, they consider that economic strength is the primary goal for a state to be vital, which should be achieved through free markets and free trade abroad.[xii] The hyperrealists have quite a different point of view. Brahma Chellaney notes that war starts when adversaries determine that the other side has become too strong or too weak.[xiii] Therefore, war preparation is a responsible and wise perspicacity, not an instigation. Therefore, aggression against neighbors, if the issue is about a territorial dispute or any other contradictions, are considered not only acceptable, but even necessary by the hyperrealists.

nehru-gandhi.jpgSo, you can extract some conclusions which are quite clear: the Indian hyperrealists can use external forces to justify the escalation of a conflict, while the Nehruvianists would try to reach a consensus, and the neoliberals would resolve issues from the pragmatic (economic) point of view. Russia has a significant advantage. It doesn’t have common borders with India, it has quite a good attitude toward it, that is based on historical experience. India, along with Russia, is part of BRICS, and is ready to participate in the development of new international rules. Russia can interact wisely with the representatives of all three branches of India's strategic culture. The hyperrealists will be extremely interested in Russian weapons, modernization programs and, generally, a wide range of military cooperation. In some cases, Russia can use smart power and send certain signals to countries like Pakistan and China, through the Indian hyperrealists. Parenthetically, Bangladesh and Nepal should not be taken into account, as they don’t have any effect on the regional balance of power. The neoliberal approach can be used from a purely pragmatic point of view: trade, economic, and industrial cooperation. Nuclear energy, as well as research and high-tech, including the aerospace industry, may be quite promising to Russia, and these interests are included in the Nehruvianists’ agenda.

In addition, India's strategic culture can give us another important lesson, which is their economic and market system. These are conducted in such a way that the majority of products and services are oriented towards the domestic consumer, so any financial catastrophe occurring in the external environment, and having a domino effect elsewhere, will not be disastrous for India. If Russia can use a reasonable approach to this issue, such a market model based on the autarky principle (self-sufficiency) may be used in a number of regions of the Russian Federation. On the other hand, external capital flows to India from migrant workers, who settled in other countries: the US, the UK, the Gulf, etc, creates an additional source of revenue for the state.

It should be noted that India is inclined to reconsider its strategies. We are not only talking about the military doctrine of the “Cold Start”, which was recently modified, but also about its strategic culture in general. The National Security Adviser, Shivshankar Menon, believes that it is important to develop a new “vocabulary” and concepts to resolve 19th century issues. According to him, due to the opportunities provided by growth in India, it needs to interact more with the Western world, but the main line of strategic culture of the country will remain unchanged, as it is “'an indigenous construct of over a millennium, modified considerably by our experiences over the last two centuries … Fortunately for us, there is no isolationist stream in our strategy”.[xiv]

Footnotes:

[i] Ken Booth, Strategy and Ethnocentrism. New York: Homes & Meier Publishers, 1979, р 65.

[ii] Colin Gray, Modern Strategy, New York: Oxford University Press, 1999, р 129.

[iii]КоulА. К. The North-South Dialogue and the NIEO//New horizons of international law and developing countries. NewDelhi, 1983. P. 171.

[iv]Anand R. P. International law and the developing countries. NewDelhi, 1986. P. 107.

[v] Stephen P. Cohen. India: Emerging Power. Washington, D.C.: The Brookings Institution, 2001.

[vi]Mukhaev R.T. Geopolitics, Moscow, 2007, p. 553

[vii] Rodney W. Jones. India’s Strategic Culture. Defense Threat Reduction Agency Advanced Systems and Concepts Office. 31 October 2006, р.5.

[viii]Alastair Iain Johnston, Cultural Realism: Strategic Culture and Grand Strategy in Chinese History, Princeton: Princeton University Press, 1995.

[ix]Rodney W. Jones. Conventional Military Imbalance and Strategic Stability in South Asia. SASSU ResearchPaperNo. 1, March 2005, р. 9.

[x]Ibid. p. 13.

[xi] Kanti Bajpai. Indian Strategic Culture. — South Asia in 2020: Future Strategic Balances and Alliances, Strategic Studies Institute, November 2002, P. 245 — 305.// http://www.stramod. ru/SP_001.html

[xii] Shiv Shankar Menon. K. Subrahmanyam and India’s Strategic Culture. National Maritime

Foundation, 19 January 2012 http://www.maritimeindia.org/article/k-subrahmanyam-andin...

[xiii] On the importance of national power or strength, См. Brahma Chellaney, .Preface,. in idem, ed., Securing India’s Future in the New Millennium, p. xviii

[xiv] India needs to modernise strategic culture. Sify News. Jan 20, 2012. http://www.sify.com/ news/india-needs-to-modernise-strategic-culture-news-national-mbus4jccahb.html

 

dimanche, 25 février 2018

Que fera Macron?

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Que fera Macron?

par Georges FELTIN-TRACOL

Le nouvel ouvrage de Michel Drac intrigue autant par son titre que par sa couverture. Conçue par Manu DeLille, elle s’inspire de l’artiste contemporain Andy Warhol : on y voit cinq portraits multicolorés du jeune et sémillant président de l’Hexagone. Quant au titre, Voir Macron, il s’agit d’une interrogation sur les actions à venir du nouveau dirigeant français.

MacronQF2.jpgBien que ce livre soit dédié « aux fainéants, aux cyniques, aux extrêmes » – il aurait pu l’être aussi à tous ceux qui dans les gares « ne sont rien », ce n’est pas le premier pamphlet contre l’ancien secrétaire général adjoint de l’Élysée aux temps de « Flamby». Michel Drac prévient qu’il « n’a rien contre Macron en tant que personne. En fait, c’est le contraire : le nouveau Président ne nous fait pas honte. Il n’a pas l’attitude d’un agité (Sarkozy), et ses discours ne rassemblent pas à de mauvaises rédactions de troisième (Hollande). Le problème, ce n’est pas Macron. C’est le système derrière lui (p. 140) ».

L’État a retrouvé une tenue certaine. Contrairement à ces deux prédécesseurs immédiats, la communication est maîtrisée, les journalistes mis à l’écart, les ministres ne se tirent pas – pour l’instant ! – dans les pattes, les entourages sont professionnels et assez compétents, et la fameuse rivalité Élysée – Matignon se trouve atténuée par l’existence de conseillers communs. Il faut reconnaître qu’Emmanuel Macron a bien observé François Hollande afin de ne répéter le même comportement. Constater le professionnalisme de Macron et de son équipe ne signifie pas approuver son comportement, ses propos et son action politique. « Macron a un côté violent. Ce type a qualifié son opposition de “ foyer infectieux ”, imposé un mandat impératif à ses députés, engueulé le chef d’état-major des armées, expliqué que “ la politique c’est mystique ”, prôné une présidence “ jupitérienne ”, jugé que la France était “ en deuil d’un roi ” (p. 78). » Quel serait son dessein ? « Rendre le monde intégré, donc hyper-complexe. Le rendre incontournable en étant le seul capable de gérer cette hyper-complexité (p. 194). »

Deviner les prochaines lignes de fractures

De quoi traite Voir Macron ? Le sous-titre aide à comprendre : « Huit scénarios pour un quinquennat ». Tout en laissant ouvert le vaste champ des possibles, Michel Drac émet huit hypothèses de crises variées entre 2018 et 2022, voire au-delà. Il part de « trois incertitudes majeures : – Vers un resserrement monétaire brutal ? – La zone euro va-t-elle exploser ? – Vers une ou plusieurs grandes guerres avant 2022 ? (p. 93) ». Inimaginable à l’heure actuelle, ce dernier point semble toutefois le plus probable, sinon pourquoi Macron se démènerait-il autant auprès de l’opinion avec son stupide projet de « Service national universel », un substitut de mobilisation générale de la population non pas contre l’islamisme, mais plutôt contre la Russie, la Syrie et leurs alliés ?

La présidence soi-disant « jupitérienne » cache une « débâcle de la pensée (p. 12) ». Exemple de cet effondrement intellectuel, le débat de l’entre-deux-tours du 3 mai 2017 fut « le choc des néants. Macron, c’est le vide dans la continuité. Le Pen, c’est la rupture qui ne va nulle part. Le vide dans la continuité est plus rassurant : il gagne (p. 10) ». Élu président, Macron hérite de pesanteurs dont il ne peut ni ne veut se défaire. « Notre monde est totalement intégré. Des enchaînements de causalités impossibles à anticiper peuvent répercuter une onde de choc d’un bout à l’autre de la structure globale (p. 173). » Par conséquent, « les crises financières sont le mode de régulation ultime d’un système financier structurellement déséquilibré (p. 37) ». C’est au cours des années 1980 que « les marchés financiers renforcent leur capacité à peser sur la politique économique des États-nations (p. 35) ». Le premier scénario, le plus plausible, celui de la « mort douce », « est un scénario de stabilité planétaire. […] Les élites mondialisées sont relativement intégrées, elles font collectivement le choix de la paix (p. 108) ». Si c’est le cas, Michel Drac pense que « Paris n’a […] pas besoin de choisir entre Washington et Berlin (p. 109) ». Michel Drac soulève un dilemme pour nos gouvernants. « Depuis 2010, la France a resserré son alliance avec la Grande-Bretagne. Mais dans le même temps, Paris suit l’Allemagne dans l’Euroland. Macron devra peut-être choisir entre Londres et Berlin (p. 56). » Ce choix éventuel n’est pas binaire. Il faut rappeler que « la politique étrangère française est sous influence des États-Unis et de leurs associés, Grande-Bretagne et Israël. Mais seulement dans une certaine mesure (p. 52) ». La réalité est encore plus complexe. À la Conférence annuelle sur la sécurité de Munich, la ministresse allemande de la Défense a déclaré, le 16 février dernier, que « nous voulons rester transatlantiques et en même temps devenir plus européens (dans Le Figaro des 17 – 18 février 2018) ». Ces propos ambigus témoignent de l’atlantisme de la CDU – CSU et leur rejet implicite de toute véritable coopération politique européenne qui pourrait se révéler à terme capable de s’émanciper de la tutelle étatsunienne.

MacronQF1.PNGUn pessimisme certain imprègne les scénari diplomatiques pour la Gâteuse républicaine hexagonale. Dans l’un d’eux, « la politique euro-salafiste se conclut par un désastre complet. La France a cessé d’être une puissance mondiale aux yeux des classes dirigeantes de la planète. C’est maintenant une puissance régionale dont le rayonnement ne dépasse pas l’Europe, la Méditerranée occidentale et l’Afrique occidentale. Et cela malgré l’étendue de son domaine maritime et des armes nucléaires. Hors de sa zone d’influence restreinte, Paris n’existe plus que comme supplétif des États-Unis (p. 106) ». Michel Drac insiste sur la souveraineté très limitée de l’Hexagone qui « n’est plus un pays indépendant. Sa politique étrangère est définie entre Washington, Londres, Bruxelles – OTAN et tel-Aviv. Sa politique économique est décidée à Berlin. Sa législation est dictée par la Commission européenne (p. 86) ». Que fera Macron s’il doit choisir entre un pôle atlantique et un autre continental, entre Washington (et plus secondairement Londres) et Berlin ? Nul ne le sait. Devant la montée en puissance irrésistible des États extrême-orientaux (Chine, Inde, Singapour, Corée du Nord) qui contrarie la domination planétaire des États-Unis, la France « doit choisir entre la neutralité et la vassalité. Si elle se reconnaît vassale des États-Unis, elle sauvera peut-être ses intérêts impérialistes en Afrique. Mais elle risque d’être entraînée dans des combats périlleux au service d’un suzerain déloyal. Si elle choisit la neutralité, elle devra le faire en lien avec les autres Européens (p. 49) ».

L’Europe sous emprise atlantiste

Or l’ensemble européen est bien mal en point. Très tôt, « les Anglo-Saxons ont choisi de soutenir la construction européenne pour la détourner (p. 180) ». N’oublions jamais qu’« en profondeur, c’est l’emprise étatsunienne qui explique l’incapacité des États européens à reconquérir leur souveraineté (p. 150) ». Certes, « Madrid se méfie des États-Unis depuis que le rôle de la CIA dans l’indépendantisme catalan a été mis en lumière (p. 170) ». Il pourrait aussi mentionner le jeu fort trouble des agences de Sa Gracieuse Majesté. Néanmoins, avec Donald Trump à la Maison Blanche, de nombreuses rivalités internes minent le « bloc anglo-saxon ». Aux États-Unis, « les milieux d’affaires se déchirent entre capitalisme industriel, capitalisme financier et acteurs de la nouvelle économie (p. 131). » Mieux encore, Michel Drac pronostique que la politique de Trump « sera déterminée par l’évolution erratique des rapports de force à l’intérieur des oligarchies étatsuniennes. L’opposition frontale entre capitalisme bancaire mondialisé et capitalisme industriel américain se complique de nombreuses lignes de fractures. Il y a des bureaucraties rivales, des groupes ethniques rivaux, des réseaux financiers et entrepreneuriaux en compétition (p. 83) ». Quant à l’actuelle Union pseudo-européenne, elle est surtout « pilotée en vue des enjeux de court terme et pour la protection des situations acquises (p. 24) ». Il est vrai que l’entité de Bruxelles « a tendance à se réduire à sa technostructure. Comme projet politique, elle est évanescente. Deux pôles de puissance se sont constitués. D’un côté, des institutions bureaucratiques centralisatrices, Commission et Banque centrale. De l’autre, des institutions interétatiques, Eurogroupe et Conseil européen. Le premier pôle donne l’illusion de la primauté. En réalité, les États-nations lui confient le rôle de père Fouettard. Les décisions économiques sont prises par l’Eurogroupe : renégociation permanente entre États égoïstes (p. 81) ».

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Pour qui suit Michel Drac à travers ses ouvrages, ses conférences et ses interventions sur sa chaîne YouTube, sa critique de l’euro prime sur d’autres considérations plus politiques. Il faut néanmoins lui reconnaître son pragmatisme puisqu’il conclut l’une de ses prévisions de manière optimiste. « Dix ans plus tard, la Confédération européenne fait ratifier sa Constitution par des référendums simultanés dans les dix-sept États-membres (p. 158). » Dans « Euro 2.0 », l’auteur imagine l’Italie émettre une nouvelle monnaie nationale, l’« eurolire » en réponse au Diktat de la monnaie unique. Répliquant à cette décision, la Lombardie, puis la Vénétie fondent le ducat pendant que la Sicile revendique son auto-détermination. C’est une possibilité, difficilement compréhensible pour les Français, en raison de l’unité récente de la péninsule. « L’Italie, explique Luigi Di Maio, chef parlementaire du Mouvement Cinq Étoiles, c’est en réalité une vingtaine de pays très différents, et peut-être même plus (dans Le Monde du 16 février 2018). »

Dans ce contexte volatile, à l’hiver 2019, la conférence du Mont-Tremblant au Québec des grands argentiers du monde décide que « ces monnaies seront entièrement dématérialisées, les paiements s’effectuant par téléphone portable (p. 125) », mesures que proposait l’économiste gréco-australien Yanis Varoufakis quand il était ministre des Finances d’Athènes et cherchait à s’opposer aux créanciers de la Grèce par dès règlements novateurs. Résultat, « l’euro sera la monnaie des échanges extérieurs et inter-régionaux. Les monnaies régionales seront réservées aux échanges intra-régions. Elles pourront être dévaluées par rapport à l’euro (p. 121) ».

macronqf4.jpgLa « stratégie de la tension » et les autres manipulations terroristes plus ou moins sous faux-drapeau contribuent aux moments de crise majeure. Celles-ci se préparent au cœur de divers cénacles intérieurs (les services secrets français) ou extérieurs (les officines anglo-saxonnes, mais pas seulement…). Michel Drac envisage par exemple la CIA inciter son vieux complice, Cosa Nostra, à soutenir l’indépendantisme sicilien tandis que le gouvernement italien très anti-euro obtient le soutien, direct ou non, de la City de Londres, ce qui attise les tensions financières (et même politiques) entre Londres et Berlin. Londres et Washington choisissent finalement l’explosion de la monnaie unique européenne afin de briser nette toute puissance européenne émergente. Comment dans ces circonstances peut se positionner Macron qui se veut en même temps proche des protagonistes ? De son choix dépendra l’avenir du projet européen. « Le point de rupture est proche. De trois choses l’une. Ou bien l’euro engendre un super-État européen. Ou bien la zone explose. Ou bien une combinaison des deux : le super-État naît, mais restreint à certains membres de la zone. Allemagne et périphérie, peut-être avec la France. Mais pas avec l’Europe du Sud (p. 46). » Cette dernière correspond assez bien aux thèses de Laurent Wauquiez avancées dans son essai de 2014, Europe : il faut tout changer. Laurent Wauquiez devient d’ailleurs le Premier ministre de Macron dans une nouvelle cohabitation dans l’une des hypothèses envisagées.

Quels enjeux politico-sociaux ?

Dans une autre, Michel Drac parie sur le retour en politique de Marion Maréchal – Le Pen qui réunit autour d’elle l’aile droite des Républicains, les souverainistes et les frontistes, avant d’accéder à Matignon, toujours dans le cadre d’une cohabitation. L’égérie de la droite en loden reviendra-t-elle ? Pas certain après cinq années d’engagement difficile et exténuant… Cette incroyable cohabitation serait la conséquence du déferlement massif de populations extra-européennes sur le Vieux Continent et aux sanglantes troubles qui en découleraient. On s’approche du gouffre. Déjà, « la République devient grotesque. Elle reconnaît le Conseil représentatif des associations noires, mais interdit l’usage juridique du mot race. Le Blanc et le Noir n’existent pas, sauf le Noir. Absurde. L’antiracisme rend fou (p. 69) ». Cela ne l’empêche pas de se méfier d’« une nouvelle droite européiste anti-immigration (p. 90) » animé par le détonnant maire de Béziers, Robert Ménard. Regrettons que Michel Drac traite à plusieurs reprises des groupes dissidents en France, en Italie et en Ukraine d’« extrême droite ». C’est dommageable et inutile. C’est à se demander s’il ne chercherait pas à obtenir une invitation au prochain dîner du CRIF sous la Pyramide du Louvres en mars 2018.

L’auteur s’arc-boute aussi sur le fétichisme démocratique. La démocratie, qu’il faudrait plutôt parler de « Laosarchie », n’est possible que dans des cadres géographiques restreints et si le politique n’est pas neutralisé par le droit positiviste, la technocratie inféodée aux groupes d’influence et de pression et les médiats. L’abstention massive révèle un je-m’en-foutisme, conscient ou non, des citoyens hexagonaux. Les deux tours des législatives françaises de juin 2017 ont été marqués par une abstention élevée (51,29 et 57,36 %). Dans une démocratie traitée d’« illibérale » comme la Hongrie, elles auraient été tout bonnement annulées. La présente Assemblée nationale dominée par les macronistes, le MoDem, les « Constructifs » et autres radicaux unifiés est peut-être légale, mais elle n’est pas légitime.

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Les saines réactions contre les « migrants » ne sont pas qu’identitaires. Elles comportent un aspect socio-économique indéniable. « La quatrième révolution industrielle détruit plus d’emplois qu’elle n’en crée (p. 27). » Parce que « le e-commerce détruit à peu près trois emplois chaque fois qu’il en crée un (p. 27) », « l’immigration contemporaine s’insère mal dans la société postindustrielle (p. 23) ». Pourquoi recourir à une main-d’œuvre non qualifiée alors que de maintes tâches sont bientôt assumées par des robots ? C’est un autre « grand remplacement »… Dans cette perspective, Michel Drac imagine l’avènement d’une « Europe-forteresse » parce qu’elle « a enfin trouvé une définition. Une définition simple, directe, compréhensible par tous : l’Europe est le sanctuaire de l’homme blanc (p. 190) ». Pour y arriver, il faudra bien sûr défier la clique anglo-saxonne, en particulier les chantres du pandémonium métissé étatsunien. Ces derniers pourraient favoriser en 2022 l’arrivée d’un « président qu’il faut à une nation d’ados attardés (p. 169) », à savoir « un geek sociopathe (p. 166) », « un individu d’une agressivité exceptionnel (p. 162) », le dénommé Mark Zuckerberg. Pas sûr que Michel Drac ait raison, car ce serait une première : la Maison Blanche occupée par un non-chrétien marié à une Asiatique ! Tronche des Texans surarmés… Le combat à venir risque d’être ardu. Michel Drac devine en outre de nouvelles configurations politiques. « En Grèce, d’ex-paramilitaires russes du Donbass se retrouvent du même côté de la barricade que des nationalistes ukrainiens. Dans le camp d’en face, des militants anarchistes formés au Rojava combattent aux côtés d’anciens djihadistes de Daesh (p. 187). »

Ambigu populisme européen…

Beppe-Grillo.jpgSi l’auteur décrit de manière convenable le « système russe : oligarchie hyper-centralisée tempérée d’anarchie provinciale (p. 54) » malgré une erreur vénielle sur le titre du premier ministre russe – celui-ci n’est pas président du Conseil des ministres, mais Président du gouvernement -, certaines de ses conjectures n’emportent pas l’adhésion. Prenons la plus optimiste d’entre elles, « Le printemps italien », qui voit la victoire du Mouvement Cinq Étoiles (M5S) aux législatives italiennes de mars prochain. Il prévoit un gouvernement de coalition entre la Lega de Matteo Salvini et le M5S, puis, dans la foulée, l’émergence d’une force semblable en France, d’abord apparue sur Facebook, Clair et Net, qui s’impose à la surprise aux élections anticipées et cohabite avec Macron. Or ce mouvement dégagiste exige déjà avec la seule différence de taille qu’il est « contre-populiste » : La République en Marche. En outre, Michel Drac ignore la réalité du mouvement fondé par le comique anti-berlusconien Beppe Grillo. Celui-ci se met désormais en retrait de sa création qui cumule les contradictions. Rapporté aux candidatures présidentielles françaises de 2017, le programme « grilliniste » emprunterait à Benoît Hamon, à Jean-Luc Mélenchon, à Marine Le Pen, à Jean Lassalle et à Jacques Cheminade. Grillo est hostile à l’euro et au droit du sol. Depuis quelques mois, le premier-ministrable du mouvement, Luigi Di Maio, s’est exprimé devant les cénacles atlantistes, a autorisé la liberté de vote sur le droit du sol, et ne souhaite plus quitter l’OTAN. En plus, « nous voulons rester dans l’Union européenne, exprime-t-il, et bien sûr, nous voulons rester dans l’euro (dans Le Monde, art. cit.) ». Le véritable danger pour l’Euroland surgirait probablement d’un gouvernement néo-berlusconien avec Forza Italia, la Lega et Frères d’Italie. En revanche, la situation rêvée des oligarques serait une entente surprise entre Forza Italia et le Parti démocrate au pouvoir actuellement, ce qu’envisage Berlusconi si la Lega passe devant lui en nombre de suffrages.

wauquiez-preservatif-21-janv.jpgDans un autre scénario, plus terrifiant intitulé « La grande spolation », Michel Drac postule la destitution de Trump, l’assassinat de son successeur, Mike Pence, un 4 juillet 2019, la proclamation de la loi martiale par le gouvernement de continuité institutionnelle et l’instauration d’un État policier proche des intérêts israéliens. En prenant exemple sur les événements survenus outre-Atlantique, les grands États membres de l’Union soi-disant européenne (Allemagne, Espagne, France) renforcent leur législation anti-terroriste et l’étendent à des domaines inattendus tels les grèves, les manifestations et l’opposition verbale aux dirigeants. Dans ce scénario en partie tiré des rapports de la Trilatérale et du Club Bilderberg, Jean-Luc Mélanchon se trouve assigné à résidence et interdit de communication Internet et Marine Le Pen « internée en hôpital psychiatrique comme “ conspirationniste ” (p. 141) ». Suite à de fortes pressions gouvernementales, Laurent Wauquiez démissionne au profit de Valérie Pécresse. Toute opposition est assimilée à du terrorisme, ce qui facilite les « ajustements financiers […] opérés dans tous les pays de la zone par confiscation pure et simple des propriétés, via le plus souvent des moyens insidieux et indirects. En France par exemple, l’État est maintenant copropriétaire de toutes les propriétés immobilières. Il perçoit donc une redevance de copropriété (p. 144) ». Remplaçant l’ISF, le nouvel impôt sur la fortune immobilière (IFI) qui exonère au passage les plus-values colossales de la Finance anonyme et vagabonde, internationale préfigure des mesures semblables au champ d’expérience réelle grec (blocage des comptes bancaires des particuliers, contrôle des changes, prélèvement autorité de l’épargne par des gouvernements corrompus).

Michel Drac ne sombre pas totalement dans le pessimisme. Au moment où les grands États d’Europe occidentale sont gouvernés par des coalitions plus ou moins bancales, grâce à la robustesse des institutions toujours polémogènes de la Ve République, « la France reste l’État le plus solide de l’Europe occidentale, malgré sa déliquescence économique. Elle n’est pas confrontée à des séparatismes problématiques, comme la Grande-Bretagne, l’Italie et l’Espagne. La Corse ? Une petite île. Paris n’a pas non plus le problème que devient pour Berlin son industrie exportatrice, une fois la mondialisation libre-échangiste remise en cause par la montée des protectionnismes. Soudain, la petite France retrouve une liberté de mouvement depuis longtemps perdue (p. 154) ». Que ce soit Macron ou un(e) autre (?), sera-t-il capable de redonner à l’Hexagone éclatée sociologiquement, géographiquement et ethniquement une revendication de puissance ? Et si Emmanuel Macron n’était pas moins que le Poutine tricolore, celui qui établira une « verticale du pouvoir » ? On en frémit d’avance…

Georges Feltin-Tracol

• Michel Drac, Voir Macron. 8 scénarios pour un quinquennat, Le Retour aux Sources, 2017, 197 p., 17 €.

Afrin: Moscou maître du jeu?

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Afrin: Moscou maître du jeu?

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

L'enclave kurde d'Afrin, district du gouvernorat d'Alep, dans le nord-ouest de la Syrie, se retrouve actuellement l'enjeu et la victime d'un affrontement indirect entre les Etats-Unis et la Russie. Celui-ci se traduit sur le terrain par une confrontation militaire directe entre la Turquie et des milices soutenues par la Syrie de Bashar al Assad.

La Turquie, dans le cadre d'une suite de l'opération Rameau d'olivier lui ayant permis d'entrer en Syrie, veut prendre le contrôle d'Afrin afin d'en éliminer les milices kurdes qu'elle considère comme terroristes et dont la présence selon elle encourage les opérations menées sur son territoire par des combattants kurdes favorables aux revendications indépendantistes des Kurdes turcs.

La Syrie veut empêcher tout démembrement ou fédéralisation de son territoire national. Elle se battra, dans la limite de ses forces, contre toute puissance étrangère susceptible d'encourager des régions potentiellement autonomistes. C'est ce qu'à tort ou à raison elle accuse aujourd'hui la Turquie d'être.

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La Russie considère dorénavant la Turquie, pourtant encore membre de l'Otan, comme un élément essentiel d'une alliance chiite irano-irako-syrienne visant à contrer l'axe sunnite de l'Arabie saoudite et des monarchies pétrolières, qui joue globalement le jeu américain. Si la Syrie s'opposait ouvertement à la Turquie, elle ne pourrait pas compter sur l'appui russe. Sa situation se compliquerait radicalement. Mais Bashar al Assad le veut-il vraiment?

Quant aux Etats-Unis, leur politique déjà ancienne visant à abattre Bashar allié des Russes, pour éliminer ceux-ci de Syrie, se confirme. Loin de se retirer ils veulent maintenir un fort contingent de l'US Army en Syrie, notamment pour:

- imposer une partition de celle-ci en prenant le contrôle de son territoire à l'est de l'Euphrate;

- mettre la main sur les champs gaziers situés au nord-est de la Syrie;

- créer une zone de transit contrôlée à partir de laquelle les opérations des Kurdes et des milices terroristes contre la Russie et ses alliés pourraient être planifiées et exécutées. Ils visent par ailleurs à soutenir les opérations israéliennes contre les forces iraniennes et du Hezbollah au Liban et en Syrie.

Le point d'interrogation posé par les Kurdes

L'enjeu essentiel aujourd'hui est représenté par les Kurdes. Vont-ils jouer le jeu américain? Vont-ils au contraire se rapprocher des Russes, notamment dans le cadre des prochaines négociations de paix prévues par Moscou, pour bénéficier de leur protection? C'est manifestement ce que les Kurdes de Syrie, et plus particulièrement ceux d'Afrin, envisagent aujourd'hui. Dans ce cas, ils attendront de Moscou qu'il tempère les ardeurs de Bashar al Assad. En échange de quoi, ils cesseraient de faire le jeu des Américains.

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Les milices assyriennes se battent désormais aux côtés des Kurdes dans le gouvernorat d'Afrin

Or c'est ce qui se passera probablement. Les Russes rassureront Bashar en lui confirmant qu'ils n'accepteront jamais une partition de la Syrie et qu'en conséquence, il n'a pas intérêt à s'affronter militairement tant avec les Kurdes qu'avec les Turcs. Bashar qui est réaliste le comprendra.

Les Kurdes, à commencer par ceux d'Afrin, comme bientôt ceux d'Iblid, en grand péril actuellement, se tourneront vers Moscou comme vers un sauveur. Les Américains en seront pour leurs frais. Et Vladimir Poutine, déjà considéré comme le seul arbitre désormais dans la région, verra son influence encore renforcée.

Certains observateurs suggèrent même que les Russes ont poussé Bashar à s'en prendre aux Turcs pour que ce soit lui que les Kurdes considèrent comme un sauveur. En ce cas, ils se rallieront à lui et refuseront les manipulations américaines. Quant aux Turcs, qui ne veulent pas vraiment attaquer Damas, mais se protéger des Kurdes, ils devraient comprendre le jeu.

Nous verrons dans les prochains jours si la présente analyse se trouve vérifiée par les évènements. Qu'il en soit, le sujet est loin d'être clos.

samedi, 24 février 2018

La Turquie menace d’envahir des îles grecques

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La Turquie menace d’envahir des îles grecques

Ex : http://xandernieuws.punt.nl

L’Empire ottoman en voie d’être reconstitué suite aux conquêtes militaires turques

Le retour des années 30 : l’Europe ne fait rien contre les menées d’un dictateur toujours plus agressif

Les chars turcs entrent en Syrie, suite à une opération cyniquement nommée “Rameau d’Olivier”. Si tout dépendait d’Erdogan, d’autres pays voisins de la Turquie connaîtraient le même sort que la région d’Afrin.

Comme ils l’ont dit et répété au cours des dernières années écoulées, le dictateur turc Recep Tayyip Erdogan, son parti l’AKP et aussi une bonne part de l’opposition sont obsédés par la restauration de l’Empire ottoman, s’il le faut par des conquêtes militaires. La campagne contre les Kurdes dans le Nord de la Syrie se poursuit. La Turquie erdoganienne n’a pas cessé de chercher la confrontation avec la Grèce au cours de ces dernières semaines : l’espace aérien grec a été violé 138 fois et un navire patrouilleur turc a éperonné un bateau des garde-côtes grecs. « Ceux qui pensent que nous avons oublié les pays dont nous nous sommes retirés il y a cent ans, se trompent », a dit Erdogan le 12 février. Ces territoires comprennent non seulement la            Grèce mais aussi de larges portions de l’Europe sud-orientale, de l’Afrique du Nord et du Proche- et Moyen-Orient, y compris Israël. « Ce que nous avons réalisé jusqu’ici n’est que pâle esquisse par rapport aux attaques de grande envergure que nous planifions pour les temps à venir, Inch’Allah ».

Les îles touristiques grecques convoitées dans la Mer Egée se trouvent certes devant les côtes turques mais appartiennent légalement et historiquement à la Grèce. Malgré cela, le monde politique turc, dans sa majorité, réclame ouvertement  la reconquête de ces îles. Ainsi, Kemal Kilicdaroglu, chef du plus grand parti d’opposition, le CHP, a promis en décembre dernier que, s’il gagne les élections de l’an prochain, il « envahira et annexera dix-huit îles grecques, exactement comme l’ancien premier ministre Bülent Ecevit le fit en 1974 avec Chypre ». Meral Aksener, chef du nouveau « Bon Parti », lui aussi, a appelé à l’invasion : « Ce qui doit arriver, arrivera ».

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Erdogan menace ouvertement les pays voisins d’une invasion militaire

Le dictateur Erdogan a refait usage le 12 février dernier d’un langage martial, renforcé suite à son invasion de la région d’Afrin en Syrie septentrionale, sous prétexte d’attaquer les Kurdes, invasion qui n’a quasiment reçu aucune réprobation de l’Amérique, de l’Europe et de l’OTAN. « Nous avertissons ceux qui, dans la Mer Egée et à Chypre, ont dépassé les bornes. Ils n’ont du courage que tant qu’ils ne voient pas notre armée, nos navires de guerre et nos avions de combat… Ce que représente Afrin pour nous, vaut aussi pour nos droits en Mer Egée et à Chypre. Ne croyez jamais que l’exploitation des gisements de gaz dans les eaux chypriotes et les actes opportunistes en Mer Egée échappent à nos radars ».

“Tout comme nous avons mis fin aux intrigues par les opérations ‘Bouclier de l’Euphrate’ et ‘Rameau d’Olivier’ (en Syrie), et bientôt à Manbij et dans d’autres régions, nous pourrions mettre un terme aux intrigues de ceux qui se fourvoient le long de notre frontière méridionale… Nos navires de guerre et notre force aérienne surveillent étroitement la région pour intervenir de toutes les manières possibles, si nécessaire ».

“Et ceux qui croient que nous avons oublié les territoires dont nous nous sommes retirés, les larmes au coeur, il y a cent ans, sont dans l’erreur”, a poursuivi Erdogan. « Nous ne cessons de répéter que la Syrie, l’Irak et d’autres territoires sont incrits dans nos cœurs et ne sont pas différents, pour nous, de notre territoire national turc. Nous luttons pour que, partout où l’on entend l’adhan (l’appel islamique à la prière), aucun drapeau étranger ne flottera. Les actions que nous avons menées jusqu’ici ne sont que de pâles esquisses par rapport aux attaques de plus grande envergure que nous planifions pour les temps à venir, Inch’Allah ».

La Turquie exalte des siècles de pure brutalité et d’oppression

Durant les 600 années d’existence du Califat islamique, jusqu’à la première guerre mondiale environ, celui-ci prit la forme de l’Empire ottoman. Pendant ces six siècles, bon nombre de guerres saintes ont été lancées, de nombreux pays ont été occupés, des massacres de grande envergure y ont été perpétrés, des peuples ont été chassés de leurs terres ou partiellement exterminés et tous les ‘kafirs ‘, c’est-à-dire les non-musulmans, ont subi des discriminations et ont été rudement oppressés, tant les juifs que les chrétiens. Ce passé impérialiste, extrêmement violent où se sont succédé de manière ininterrompue des assassinats, des enlèvements, des viols et des conversions forcées, est exalté aujourd’hui par le monde politique turc, où Erdogan semble jouer le rôle du nouveau calife du monde musulman tout entier.

La plus grande attaque turque contre des populations non-musulmanes (chrétiennes en l’occurrence) a eu lieu entre 1914 et 1923, lorsque les Turcs ont exterminé près d’un million et demi d’Arméniens, de Grecs et d’Assyriens et en ont déporté ou chassé des millions d’autres. Malgré ce lourd passé, la Turquie a pu devenir membre de l’OTAN en 1952. Cette adhésion n’a pas empêché les Turcs de commettre, trois ans plus tard, un pogrom anti-grec d’une violence inouïe à Istanbul et d’expulser en 1964 tous les Grecs qui étaient restés dans le pays (alors que la Grèce, elle aussi, était membre de l’OTAN, et l’est toujours. De plus, les Turcs occupent illégalement le Nord de l’île de Chypre depuis 1974.

« La Turquie doit être rendue responsable de ses crimes »

Il faut se rendre compte que, pour Ankara, ces actes relèvent d’une guerre de religion. Le chef du « Directorat d’Etat » pour les affaires religieuses, le « Diyanet », a littéralement décrit l’invasion turque d’Afrin comme un « djihad ». Le Diyanet est également responsable d’un prêche particulièrement agressif, appelant au djihad et au martyr, tenu à Hoorn aux Pays-Bas et que le quotidien néerlandais De Telegraaf a évoqué. Le ministre néerlandais des affaires sociales Koolmees a promis d’enquêter sur cette affaire mais nous ne devons pas nous attendre à une action substantielle de la part des autorités de La Haye puisque nous avons affaire, une fois de plus, à un « islam bénéficiant d’une protection spéciale » dans notre pays.

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“C’est justement parce que les Turcs n’ont jamais été tenus pour responsables de leurs actes criminels et de leurs agressions qu’ils continuent à menacer la sécurité et la souveraineté de leurs voisins », nous avertit le journaliste turc Uzay Bülüt. « Il est grand temps que l’Occident s’éveille et s’occupe d’Ankara » (1).

La question demeure ouverte: ce réveil aura-t-il lieu…? Au cours de ces dernières années, nous avons pu observer qu’à la moindre critique que les Européens leur adressent, les Turcs répondent par des menaces, notamment en promettant de « lâcher » encore quelques millions de « réfugiés syriens ».

Un retour aux années 1930 – Y aura-til une troisième guerre mondiale ?

Les temps que nous vivons aujourd’hui nous rappellent cruellement  les années 1930, lorsqu’un autre dictateur ne fut jamais contrecarré et pouvait utiliser le même langage agressif, avant de commencer, comme les Turcs aujourd’hui, à perpétrer des conquêtes à « petite échelle » comme, par exemple, au Pays des Sudètes. Les historiens sont d’accord entre eux pour dire que l’Allemagne nationale-socialiste n’a pu devenir puissante que grâce à la politique d’apaisement occidentale, avant de déclencher le pire cataclysme guerrier que fut la seconde guerre mondiale.

Cette seconde guerre mondiale pourra toutefois être dépassée en horreur et en victimes par un cataclysme équivalent ou pire que serait un troisième conflit global si on laisse la bride sur le cou d’Erdogan et de ses séides qui commencent aujourd’hui à grignoter le territoire syrien puis grignoteront le territoire grec pour ensuite conquérir quelques territoires balkaniques voire l’Egypte, la Libye et même Israël. L’Europe sera tenue en échec parce que les Turcs la menaceront de lui envoyer quelques millions de réfugiés et d’organiser en son sein une « cinquième colonne », recrutée dans l’immigration d’origine turque, jusqu’au jour où les conquérants turcs se sentiront assez forts pour nous affronter militairement afin de nous inclure dans le califat. 

Xander

(1) Gatestone Institute

Reseña del libro “¡Identitarios de Europa, uníos!”

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Reseña del libro “¡Identitarios de Europa, uníos!”

Ex: http://www.posmodernia.com

identitarioslibro00012.jpgTítulo: ¡Identitarios de Europa, uníos!

Autores: Mathilde Forestier, Stéphane François, Robert Steuckers, Emmanuel Casajus, Yannick Cahuzac, Jesús Sebastián Lorente, Eric Dupin.

Editorial: Fides, 2017.

Se trata del primer libro en español que trata monográficamente el tema de los “Identitarios” con el provocativo título “¡Identitarios de Europa, uníos!” (Ediciones Fides), abordándolo de forma multidisciplinar: orígenes, organización, pensamiento, práctica política, simbología, acciones en la calle y en las redes, etc. El libro reúne textos de Mathilde Forestier, Stéphane François, Robert Steuckers, Emmanuel Casajus, Yannick Cahuzac, Jesús Sebastián Lorente, una entrevista a Eric Dupin, así como varios textos internos de los Identitarios suscritos por sus principales dirigentes.

¿Qué significa ser identitario? ¿Qué visión del mundo quieren transmitir? ¿Cómo están organizados? Estas son las cuestiones que intenta responder el libro.

Mathilde Forestier nos ofrece una introducción muy ilustrativa sobre los rasgos generales de este movimiento identitario. El gran especialista en las corrientes alternativas, Stéphane François, describe el ámbito ideológico del movimiento y sus tendencias etnopolíticas y geopolíticas, así como, junto a Yannick Cahuzac, las estrategias comunicativas y propagandísticas de los Identitarios en la prensa, en la calle y en las redes sociales. Robert Steuckers traza un dibujo filosófico del movimiento, situándolo como heredero de la Nouvelle Droite, pero subrayando sus diferencias. Emmanuel Casajus describe su forma de expresarse, de vestirse, en fin, de “distinguirse” como cualquier otra “tribu urbana”. Al final, dos de sus dirigentes, Fabrice Robert y Philippe Vardon, presentan las “algunas cuestiones para conocer mejor a los Identitarios”, en lo que bien podría ser su “programa” frente a la opinión pública.

El Bloc Identitaire (ID), parte integrante del más amplio movimiento identitario surgido en Francia a comienzos del nuevo siglo, se crea en abril 2003. Los medios liberal-libertarios no dudan en calificarlo como un lobby del FN, una estrategia lepenista de “entrismo” en las tupidas redes identitarias europeas. En su seno nació también Génération Identitaire, sección de la juventud identitaria que actúa con autonomía del grupo fundacional. Sus principios, actividades y reflexiones se difunden a través de boletines del grupo como IDentitaires, actualmente ID Magazine.

Con su presidente Fabrice Robert y otros dirigentes como Jean-David Cattin, Philippe Vardon y Guillaume Luyt, los Identitaires, como ahora se denominan oficialmente, se dirigen principalmente a la lucha contra el crecimiento del islam en Europa y contra el multiculturalismo y el inmigracionismo, que consideran desintegradores de la identidad de los pueblos europeos. Favorables a una Francia de las regiones integrada en una Europa de las naciones, una Europa antioccidentalista, no-atlantista, etnista y eurasiática, ponen el acento sobre la constitución de una red de acción social (“ayudar a los nuestros antes que a los otros”) y de activismo militante de agitación ideológica y mediática.

Fundamental en este combate es la inspiración de la tesis del libro Le grand Remplacement (la gran sustitución o gran reemplazo) de Renaud Camus en relación con la “inmigración de repoblación” de los invasores africanos en Europa, motivo por el cual abogan por la “remigración” de las minorías extraeuropeas, cuestión en la que coinciden precisamente con otro conocido, Laurent Ozon, antiguo militante de una Nouvelle Écologie muy próxima a las tesis conservatistas de la Nouvelle Droite, y fundador del Mouvement pour la Remigration (Ozon abandonó la actividad política en mayo de 2016).

identitairesafficheEUR.jpgLos “Identitarios” son herederos de la reflexión sobre la identidad efectuada por los autores de la Nouvelle Droite hasta mediados de los años 80. No así de la reflexión sobre la identidad protagonizada posteriormente por Alain de Benoist, el cual rechaza estas derivas identitarias: este autor ha pasado de «una defensa de la identidad de los “nuestros” a un reconocimiento de la identidad de los “otros”». El propio Benoist toma distancias con la “afirmación étnica” de los Identitarios: «La reivindicación identitaria deviene en pretexto para legitimar la indiferencia, la marginación o la supresión de los “otros”. […] En tal perspectiva, la distinción entre “nosotros” y los “otros”, que es la base de toda identidad colectiva, se plantea en términos de desigualdad y de hostilidad por principio». En definitiva, se trata de una nueva generación identitaria que no ha combatido cultural ni políticamente en las filas de la Nouvelle Droite pero que, sin duda alguna, ha bebido en sus fuentes y ha leído sus publicaciones. Los propios Identitaires incluyen entre sus filiaciones ideológicas a la Nueva Derecha. Stéphane François, incluso, considera que la ideología identitaria es más antigua que la propia ND y que entroncaría con los grupúsculos organizados en torno a Europe-Action.

Robert Steuckers, sin embargo, establece una neta distinción entre la tradición neoderechista y la posmodernidad identitaria: aunque establece un paralelismo entre la cosmovisión antioccidental, antiamericana, filorrusa y proeuropea (en sus niveles imperial, nacional y étnico) de ambas tendencias, como una reacción frente a los “grandes relatos” de la modernidad, Steuckers traza una nítida división entre la “identidad” concebida por los “neoderechistas” (una identidad de reconocimiento de las diferencias, de comunidad, de convivencia hacia el interior), y la “identidad” preconizada por los “Identitarios” (una identidad de civilización, de arraigo, de defensa frente a lo exterior), esto es, una identidad inclusiva frente a una identidad exclusiva.

identitaireslogo.jpgLos militantes de Generación Identiraria se visten de colores amarillo y negro y han tomado como símbolo la letra griega “lambda” (^), que es también una referencia a los espartanos (spartiatas), especialmente a la película “300” realizada por Zack Snyder. El film 300, que es la adaptación del cómic de Frank Miller del mismo nombre, no es sólo una película popular que relata las guerras médicas entre griegos y persas. Este film está cargado de simbolismo para los militantes identitarios: los espartanos (representantes de la civilización europea) repelen la invasión de los persas (civilización no europea, originaria de Oriente Medio, hoy tierra musulmana). La analogía con los objetivos de los Identitarios es total: los europeos rechazan la invasión musulmana. Pero la representación simbólica va todavía más lejos: los espartanos son representados como filósofos y defensores de la democracia frente a los persas, representados como hordas de bárbaros. El hecho de que los espartanos combatieran la invasión de los persas les dotaría de una mayor legitimidad: como el recurso a la fuerza y a la violencia sólo estaría hoy moralmente legitimado para repeler una agresión, los Identitarios se situarían en la escena como víctimas de una invasión islámica –facilitada por la complaciente clase política– frente a la cual ellos deberían defender a su pueblo. Los militantes de GI forman parte plenamente de la llamada “generación 2.0”, lo cual es bastante apreciado por los dirigentes más adultos, porque la generación 2.0 controla las herramientas de internet, el marketing viral y el trabajo en redes.

Ya se trate de jóvenes militantes o de sus mayores veteranos, la idea de base está clara: “alzar el estandarte de la identidad frente a la uniformidad”. Atacan tanto la “americanización” como la “islamización” de Francia, aunque sus acciones están dirigidas principalmente contra la comunidad musulmana. La uniformidad (impuesta por el exterior) pondría, según ellos, la identidad francesa en peligro. Esta noción de identidad reagrupa “las tradiciones populares y orales (el lenguaje), las costumbres y la moral, la aceptación de un pasado común (la historia) y la voluntad de vivir juntos en el futuro”.

La identidad jugaría en tres niveles: la identidad “carnal” que es una identidad regional, la identidad “histórica”, es decir, la identidad francesa, y la identidad “civilizacional”, es decir, la identidad europea.

La noción de identidad a la que se refieren los militantes identitarios es tan problemática como esencialista: según los Identitarios, la identidad se adquiere y se transmite a través de la filiación. Así, nuestra identidad nos sería dada por el nacimiento y no podría cambiar en el curso de una vida. Sería casi parte de nuestra genética. Sin embargo, en las ciencias sociales, la identidad es frecuentemente definida como un proceso que se construye a lo largo del desarrollo individual. No puede ser, entonces, remitida al nacimiento.

Mientras los “pensadores de la tolerancia” pueden imaginar que la aceptación de un pasado común y la voluntad de vivir juntos en el futuro podrían llegar a representar el cimiento de una sociedad multicultural y la superación de las rivalidades étnicas o religiosas, ello parece ser diferente para los Identitarios. La comprensión de la historia por los Identitarios puede resumirse a través de su eslogan, “una tierra, un pueblo” (prestado de Terre et Peuple de Pierre Vial). En la concepción identitaria existen pueblos bien definidos, separados los unos de los otros, de tal forma que no deberían entrar en interacción.

identitrassismus.jpgLos Identitarios reniegan de un Estado jacobino y unitario que viola las identidades locales tanto como los valores de la revolución francesa. En su comprensión de la identidad, los Identitarios se refieren a personajes prerrevolucionarios tales como los espartanos o incluso Charles Martel. Sus referencias hacen abstracción de los últimos siglos de historia de Francia para no recordar sino las referencias guerreras o romantizadas y edulcoradas de los campesinos trabajando la tierra (como puede comprobarse en los motivos medievales y caballerescos de sus carteles de propaganda).

Con el eslogan “100% identidad, 0% racismo”, el movimiento identitario intenta distanciarse de una imagen racista o xenófoba: dado que el movimiento identitario no habla nunca de razas sino de culturas e identidades y que no explicita claramente una jerarquía entre esas culturas, no se puede, desde nuestra definición del racismo, calificar de racista.

Uno de los grandes temores de los Identitarios se llama “uniformización”. «Nosotros diríamos que el enemigo principal es la ideología de lo Mismo, según la cual la igualdad y la uniformidad son las claves del paraíso en la tierra». En este esquema, cualquier movimiento o idea con ambición universal se convierte en una amenaza para los Identitarios. Ellos distinguen cinco grandes amenazas: 1. El jacobinismo y el centralismo, que ha unificado Francia e intenta unificar Europa. 2. El complejo “antirracista” y “etnomasoquista”, que engendra la uniformización por la promoción del mestizaje. 3. El capitalismo ultraliberal, que conduce a la uniformización mundial mediante la promoción del modelo ciudadano-consumidor. 4. La política expansionista de los Estados Unidos, que intenta imponer el “american way of life” por todo el planeta. 5. El Islam que, con una vocación universal, es una “religión conquistadora” que quiere uniformar el mundo “sometiendo a los no-musulmanes a la Sharía”.

De esta forma, los Identitarios abogan por la homogeneidad de los pueblos y la heterogeneidad entre los pueblos. Son adversarios de una uniformización por el exterior, imponiendo en una sociedad multicultural la uniformización por el interior. Rechazan todo lo que puede venir del exterior, sea en la lengua, la alimentación (“ni MacDonald, ni Kebab”), los gustos musicales y todo lo que atraviesa la vida cotidiana. La lucha de los Identitarios contra la “hegemonía islámica” y contra la “islamización de la sociedad francesa” justifica para ellos cualquier acción contra el islam.

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Por otra parte, el programa de los Identitarios tiene una tendencia regionalista, bastante anclada en lo local y en la lucha contra la globalización. Cuatro líneas políticas deben discernirse: 1. Reforzamiento de las identidades locales mediante el paso de un Estado central a un Estado federal. 2. Una construcción social más fuerte, que se dirigiría a los franceses “de origen” (de pura cepa). 3. Reflexiones sobre la protección del medioambiente. 4. Europa: “Una Francia de las regiones en una Europa de las naciones”.

En términos de inmigración, los Identitarios estiman que “la integración no funciona”. La integración habría fracasado y “una buena parte de las poblaciones de origen inmigrante jamás podría integrarse en Francia”. Esta es la razón por la que los Identitarios desearían ver a los inmigrantes retornar a sus países de origen. Contra la lógica integracionista, los Identitarios proponen una política de expulsión en dos tiempos. A corto plazo, los Identitarios desean simplemente expulsar a los clandestinos y a los delincuentes. A medio plazo quieren firmar acuerdos de colaboración con los países de origen para facilitar el retorno de los extranjeros a su país en un plazo de quince años. Según los Identitarios resulta insuficiente impedir la instalación de inmigrantes en Francia, habría que lograr también que los inmigrantes que ya viven en Francia regresen a sus países de origen. Desearían que los inmigrantes recobren un “estatuto de extranjero”, es decir, que ellos vinieran a Europa para formarse y trabajar, retornando posteriormente a su país de origen para hacer fructificar la experiencia adquirida”.

Iurie Rosca : Chisinau, capitale des "anti-système"

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Iurie Rosca : Chisinau, capitale des "anti-système"

 
Ancien vice-premier ministre de Moldavie, Iurie Rosca, a organisé une série de conférences sur l’Eurasie et sur les alternatives au capitalisme financier. Il a choisi la capitale de son pays, Chișinău, pour installer une forme d’anti-Davos. Une ambition qui prend forme dans ce pays neutre “bloqué” entre la Roumanie et la Russie. L’Europe de l’Est bouge et envoie des messages à l’Europe de l’Ouest. Iurie Rosca les évoque comme observateur et acteur.
- Colloque de Chisinau 2017 : https://www.tvlibertes.com/2017/12/18...
- Colloque de Chisinau 2016 : https://www.youtube.com/watch?v=3mplk...
- Entretien avec Igor Dodon : https://www.tvlibertes.com/2018/01/03...
 
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jeudi, 22 février 2018

Michel Drac sur Fire and Fury (de Michael Wolff)

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Michel Drac sur Fire and Fury (de Michael Wolff)

 
Une note de lecture sur la chronique écrite par un journaliste américain sur la Maison Blanche pendant la première année de la présidence Trump.
 

Diriger dans l’ombre: comment l’unipolarité s’adapte à la multipolarité

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Diriger dans l’ombre: comment l’unipolarité s’adapte à la multipolarité

Auteur : Andrew Korybko

Ex: http://zejournal.mobi

Les États-Unis sont en train de construire un système mondial d’alliances bilatérales et multilatérales pour les aider à projeter plus efficacement leur pouvoir tout au long de ce XXIe siècle. Alors que le monde se dirige vers la multipolarité, les États-Unis sont prêts à exploiter cette tendance à leur avantage géopolitique.

Au lieu de « faire cavalier seul » comme Bush était enclin à le faire, les États-Unis trouvent maintenant des moyens d’amener les autres à faire leur sale boulot en convainquant leurs « partenaires » qu’ils ont un intérêt commun à le faire. Au cours de la guerre de Libye de 2011, la France et le Royaume-Uni ont pris l’initiative tandis que les États-Unis, comme il a été décrit, « dirigeait dans l’ombre ». Un éditorial du New York Times de l’époque définissait cela comme « une assistance militaire américaine discrète avec [les autres] sonnant du clairon ». Quatre ans plus tard, ce concept s’est développé à partir du tube à essai libyen et il est devenu mondial, les États-Unis mettant en place des systèmes d’alliance similaires dans le monde entier afin de projeter indirectement leur volonté de puissance dans des régions clés. Comme le dit le dicton cynique, « Pourquoi faire par vous-même ce que les autres peuvent faire pour vous ? ».

« Amis » à travers le monde

Jetons un coup d’œil aux partenaires américains « dirigés dans l’ombre » (DDO), en commençant par l’hémisphère occidental et en allant vers l’Est :

Amérique latine

Les États-Unis travaillent en étroite collaboration avec l’Alliance du Pacifique, un groupe de négociation économique néolibéral composé de proches alliés comme le Mexique, le Costa Rica, Panama, la Colombie, le Pérou et le Chili. Leur objectif commun est de contrer la vision économique de gauche émanant du Venezuela et de démanteler son réseau de résistance géopolitique au Nicaragua, à Cuba, en Équateur et en Bolivie. Le résultat final est de cerner et de contenir le Brésil au cas où il déciderait de contrer sérieusement l’influence des États-Unis.

Europe

L’Allemagne, moteur économique de l’UE, est le principal État DDO pour les affaires inter-européennes, mais les États-Unis ont également désigné des partenaires secondaires DDO pour trois régions stratégiques.

Les pays baltes : La Suède est tout sauf un membre officiel de l’OTAN mais elle est occupée à une militarisation croissante basée sur une menace sous-marine russe fantôme. Son objectif est d’amener formellement la Finlande, neutre, avec sa frontière longue et exposée avec la Russie, à provoquer une nouvelle crise dans les relations Est-Ouest.

Europe de l’Est : La Pologne a toujours nourri l’ambition de restaurer son ancien Commonwealth polono-lituanien sur la version moderne de la Biélorussie et de l’Ukraine, et elle s’est associée aux États-Unis pour déstabiliser l’Ukraine et fortifier les forces de Kiev afin d’étendre sa sphère d’influence convoitée.

Croisée des chemins entre les Balkans et le Moyen-Orient : La Turquie, membre de l’OTAN, était censée « tenir le fort » pour les États-Unis à ce moment géopolitique crucial, mais après que Washington eut commencé à utiliser l’outil du nationalisme kurde comme moyen de pression sur Ankara, la Turquie a rapidement redirigé une partie de sa loyauté vers le monde multipolaire.

Afrique

En général, la France est le bras armé des États-Unis pour le continent, vu qu’elle compte quelques milliers de soldats disséminés dans une douzaine de pays, mais comme en Europe, les États-Unis ont aussi quelques partenaires secondaires DDO en Afrique :

Afrique de l’Ouest/Afrique centrale : L’organisation d’intégration régionale de la CEDEAO a dernièrement déployé ses forces militaires au Mali (quelle que soit la durée de son déploiement), tandis que l’armée tchadienne au centre du continent a projeté son pouvoir là-bas, au Cameroun et en République centrafricaine. Bien que le Nigeria fasse partie de la CEDEAO, les États-Unis ne lui font pas confiance en tant que proxy unipolaire loyal et cherchent donc à renforcer les États qui l’entourent (en fermant les yeux sur Boko Haram) en tant qu’influence tampon.

Afrique de l’Est : L’Ouganda et le Rwanda avaient précédemment fait équipe sous la direction des États-Unis pour occuper la plus grande partie de l’est de la République démocratique du Congo (RDC) et piller les vastes ressources minérales du pays. Après avoir connu quelques turbulences au cours de la dernière décennie, l’Ouganda tient maintenant la barre et a suivi les « suggestions » américaines en envoyant ses troupes en République centrafricaine, au Soudan du Sud et en Somalie, tout en continuant à administrer une grande partie de la RDC.

Golfe Persique

L’Arabie saoudite est l’évident DDO désigné ici, et à travers le CCG, elle contrôle une moindre constellation de proxy qui ont tous été armés jusqu’aux dents par des expéditions d’armes américaines et occidentales dirigées contre l’Iran.

Asie du sud

Les États-Unis n’ont encore couronné officiellement aucun État en tant que partenaire DDO, mais si le récent voyage d’Obama en Inde s’avère être une indication, alors il a certainement jeté son dévolu sur l’Inde pour ce rôle important. La question est : l’Inde va-t-elle mordre l’appât et risquer la confrontation avec la Chine ? [Depuis 2015, cette idée s’est renforcée même si l’Inde continue de souffler le chaud et le froid, NdT].

Asie du sud-est

Les choses sont un peu plus délicates dans cette région, mais les États-Unis aimeraient que le Vietnam et les Philippines s’associent dans une alliance politico-militaire pour contrer les revendications de la Chine dans la mer de Chine méridionale. Le Vietnam, une puissance terrestre, servirait de complément aux Philippines, qui pourraient devenir un « porte-avions insubmersible ». Les États-Unis encouragent également une coopération indo-japonaise plus profonde dans cette région, en particulier sur le front naval, en tant que forme de confinement chinois. Plus au sud, l’économie énorme de l’Indonésie pourrait devenir un hybride sino-occidental, formant ainsi un rempart partiel contre une région entièrement influencée par la Chine. [La situation s’est ici renversée avec un président philippin atypique qui a plutôt fait pivoter son pays vers la Chine, NdT].

Asie de l’Est

Le Japon est la pierre angulaire de la stratégie des États-Unis en Asie de l’Est, mais il y a une tentative d’intégrer la Corée du Sud (traditionnellement pragmatique et économiquement proche de la Chine) dans un cadre de sécurité pro-américain plus large. La première étape a déjà été franchie, puisque les trois États partagent désormais des renseignements sur la Corée du Nord, créant ainsi des mécanismes stratégiques qui pourraient être rapidement redirigés vers la Chine dans le futur.

Tromperie par la diplomatie

Les États-Unis ont récemment tenté de « renverser » certains États multipolaires et de les inclure dans leur giron, leur offrant des accords et de la « diplomatie » pour leur faire baisser la garde (comme ce fut le cas pour la Libye avant la guerre de 2011). Les deux exemples actuels sont Cuba et l’Iran, le premier ayant dangereusement accepté la carotte alors que le second semble bien comprendre le bâton qui l’accompagne silencieusement. Les intentions des États-Unis dans ces manifestations «pacifiques » hautement médiatisées doivent être remises en question, car le rejet immédiat de l’offre de la Corée du Nord d’arrêter son programme nucléaire en échange de la cessation des exercices militaires conjoints américano-sud-coréens montre qu’il s’agit d’« accords » unilatéraux en faveur d’un seul camp. En définitive, si les États-Unis ne peuvent pas indirectement contrôler un État par le biais du DDO ou l’amener à réduire ses défenses stratégiques, la tromperie cède la place à la destruction, comme le savent malheureusement trop bien les habitants de Syrie et d’Ukraine orientale.

Traduit par Hervé, relu par Cat pour le Saker Francophone

L'auteur, Andrew Korybko, est le commentateur politique américain qui travaille actuellement pour l’agence Sputnik. Il est en troisième cycle de l’Université MGIMO et auteur de la monographie « Guerres hybrides : l’approche adaptative indirecte pour un changement de régime » (2015). Ce texte sera inclus dans son prochain livre sur la théorie de la guerre hybride. Le livre est disponible en PDF gratuitement et à télécharger ici.

mercredi, 21 février 2018

Aveu de l’ancien directeur de la CIA: les Etats-Unis se mêlent des élections à l’étranger

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Aveu de l’ancien directeur de la CIA: les Etats-Unis se mêlent des élections à l’étranger

Bernhard Tomaschitz

Ce n’était pas un secret ce que James Woolsey a dévoilé sur la chaîne de télévision américaine Fox. Quand on lui a posé la question pour savoir si les Etats-Unis s’immisçaient dans les élections des pays étrangers, cet ancien directeur de la CIA a répondu : « Ben, oui, mais uniquement dans un but très positif, celui de l’intérêt de la démocratie ». Ce « bon but qui va dans l’intérêt de la démocratie » consiste, selon Woolsey, à « éviter que des communistes prennent le pouvoir ».

Apparemment, Woolsey, qui était directeur de la CIA sous la présidence de Bill Clinton, faisait référence aux élections présidentielles russes de 1996, où les Etats-Unis ont mis tout en œuvre pour aider Eltsine, miné par l’alcoolisme, à se faire réélire. Le 15 juillet 1996, la couverture du magazine Time présentait une caricature d’Eltsine, qui tenait en main un drapeau américain. La narration principale du magazine portait pour titre «Histoire secrète : comment des conseillers américains ont aidé Eltsine à gagner ».

On sait donc désormais que les Etats-Unis s’arrogent le droit de manipuler les élections à l’étranger, tout en s’insurgeant, sans preuves, du fait que les Russes se seraient mêler des élections présidentielles américaines de 2016. Le 17 février 2018, le New York Times confirme cette tradition américaine à influencer les élections ailleurs dans le monde. « Il n’y a pas que la Russie qui s’immisce dans les élections », titrait ce journal. Et il poursuit : « Des sacs plein d’argent liquide ont été donnés à Rome dans un hôtel pour un candidat italien qui plaisait à Washington. Pour influencer des élections au Nicaragua, des scandales ont été révélés par une presse étrangère au pays. Des millions de dépliants, d’affiches et d’autocollants ont été imprimés pour vaincre un élu en Serbie ».

Article paru sur le site : http://www.zurzeit.at  

L’Autriche se branche sur la “nouvelle route de la Soie”: la voie ferrée russe à large écartement arrivera jusqu’à Vienne

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L’Autriche se branche sur la “nouvelle route de la Soie”: la voie ferrée russe à large écartement arrivera jusqu’à Vienne

Vienne/Moscou – A l’ombre des sanctions de l’UE contre la Russie, le nouveau gouvernement autrichien opte pour une politique originale et prouve par là sa vision à long terme. Le ministre autrichien des communications, Hofer (FPÖ) négocie avec son homologue russe Sokolov la prolongation d’une voie ferrée à large écartement. Celle-ci permettra de relier l’Autriche au Transibérien et, via celui-ci, à la Chine. La petite république alpine aura ainsi accès à la « nouvelle route de la Soie », pour l’essentiel promue par la Chine.

Les négociations entre Hofer et Sokolov indiquent qu’il y a désormais un rapprochement politique entre Vienne et Moscou, en dépit des sanctions systématiques qu’impose l’UE à la Russie, sanctions que l’on critique avec véhémence en Autriche depuis quelques années déjà.

Concrètement, il s’agit de réaliser des plans qui sont dans les tiroirs depuis plusieurs années, notamment celui visant à prolonger jusqu’à Vienne la voie à large écartement du Transibérien qui arrive en Europe dans l’Est de la Slovaquie. Le projet envisage la construction d’une gare à conteneurs pour les frets arrivant d’Asie en Europe. Elle se situerait soit à Parndorf ou près du Kittsee dans le Burgenland.

Le ministère autrichien des communications prépare d’ores et déjà l’étape suivante : calculer et choisir le modèle économique et financier approprié pour ce projet estimé à 6,5 milliards d’euros. Après cette mise au point, les consultations commenceront avec les pays partenaires ; ensuite, on mettra cette politique au diapason avec la Commission européenne et on entamera tous les processus nécessaires pour obtenir les autorisations requises.

Article paru sur: http://www.zuerst.de  

mardi, 20 février 2018

Comment Internet et l'informatique ont créé notre dystopie

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Comment Internet et l'informatique ont créé notre dystopie

par Nicolas Bonnal

Ex: http://www.dedefensa.org

Pendant que nous avons le nez plongé dans nos portables ou nos écrans d’ordinateur, le monde s’endette, s’enlaidit et s’appauvrit. Les huit hommes les plus riches du monde ont autant que les quatre ou cinq milliards les plus pauvres, et cent millions de gamines pas forcément idiotes s’extasient tous les jours de la page Instagram de la fille Jenner. On peut continuer pendant des pages…

Les hommes les plus riches du monde sont souvent jeunes et sortis de la nouvelle économie. Ils hypnotisent ou contrôlent des milliards d’hommes (Alfred Hitchcock parle d’une orgue dont les touches sont l’humanité, et que les malins font résonner à volonté), emploient des milliers ou des millions de personnes en Inde ou ailleurs, et payés au lance-pièces. La globalisation est néo-féodale et divise le monde en deux castes principales : les brainlords, les manipulateurs de symboles, qui ont détruit les classes moyennes en occident par le « progrès technologique » (défense d’exploser de rire) et les techno-serfs. On va tout expliquer.

Voici comment j’annonçais la situation présente à la fin de mon livre sur Internet nouvelle voie initiatique (les Belles lettres, 2000), traduit en portugais et recensé par Roger-Pol Droit dans le Monde.

« Si le programme de la nouvelle économie est la richesse et l'information pour tout le monde, la réalité est tout autre. Robert Reich avait déjà remarqué en 1990 que l'informatique ne nourrissait pas du tout son homme. Il distingue une élite, des cadres et des mainteneurs, chargés de vider ou de recharger les machines. L'assemblage des ordinateurs ne coûte guère non plus, quand il est fait au Mexique ou en Malaisie.

L'externalisation vers les pays les plus pauvres est contemporaine de cette explosion de richesses soudaines concentrée entre les mains de quelques-uns. 85 % de la croissance boursière américaine est restée entre les mains de 10 % de la population. En France même, paradis autoproclamé du socialisme, les richesses boursières ont décuplé en dix ans ; et pendant que les médias célèbrent les stock-options et les richesses en papier des créateurs de start-up, ils passent sous silence les difficultés de dix millions de personnes.

Drucker-portrait-bkt_1014.jpgL'émergence d'une nouvelle économie techno-féodale qui distingue les information rich et les information-poor (et certes il ne suffit pas de se connecter sur le réseau pour être information rich) fait les délices des polémistes. Le gourou du management moderne Peter Drucker (photo) dénonce cette société qui fonctionne non plus à deux mais à dix vitesses : « Il y a aujourd'hui une attention démesurée portée aux revenus et à la richesse. Cela détruit l'esprit d'équipe. » Drucker comme le stupide Toffler, qui devraient se rappeler que Dante les mettrait au purgatoire en tant que faux devins, font mine de découvrir que la pure compétition intellectuelle génère encore plus d'inégalités que la compétition physique. C'est bien pour cela que les peuples dont les cultures symboliques sont les plus anciennes se retrouvent leaders de la Nouvelle Économie.

C'est encore un artiste, un écrivain de science-fiction, qui a le mieux décrit le monde féodal en train d'émerger, et qui disloque les schémas keynésiens archaïques.

neuromancer_by_davidsimpson2112-d4ft3sr.jpgWilliam Gibson, l'inventeur du cyberspace, imaginait en 1983 une société duale gouvernée par l'aristocratie des cyber-cowboys naviguant dans les sphères virtuelles. La plèbe des non-connectés était désignée comme la viande. Elle relève de l'ancienne économie et de la vie ordinaire dénoncée par les ésotéristes. La nouvelle élite vit entre deux jets et deux espaces virtuels, elle décide de la consommation de tous, ayant une fois pour toutes assuré le consommateur qu'il n'a jamais été aussi libre ou si responsable. Dans une interview diffusée sur le Net, Gibson, qui est engagé à gauche et se bat pour un Internet libertaire, dénonce d'ailleurs la transformation de l'Amérique en dystopie (deux millions de prisonniers, quarante millions de travailleurs non assurés...).

Lui-même souffre d'agoraphobie cyber-spatiale et ne se connecte jamais ; mais il encourage les pauvres, I’underclass, à le faire pour oublier ou dépasser le cauchemar social américain. Et de regretter que pendant les émeutes de Los Angeles les pauvres ne volaient pas d'ordinateurs, seulement des appareils hi-fi ... Comme nos progressistes, Gibson n'admet pas que les pauvres ne veuillent pas leur bien. Une classe de cyber-shérifs obligera sans doute un jour les pauvres et les autres à se connecter pour leur bien.

Pour Michael Vlahos, dans la Byte City de l'an 2020 qu'il décrit sur le Web, les castes dirigeantes regrouperont les gens les mieux informés. Ce sont les brainlords. Viennent ensuite les cyber-yuppies puis les cyber-serfs, le peuple perdu (on retrouve cette division chez Reich, Huxley, et mon ami Raymond Abellio avait recyclé les castes hindoues dans ses romans du huitième jour). L'inégalité n'est ici pas dénoncée avec des larmes de crocodiles, elle est au contraire encouragée et célébrée avec cynisme. Pendant longtemps – avant la révolution industrielle - les forts en thème et en maths n'ont pas été riches ; ils le deviennent avec le réseau, la technologie et le néocapitalisme qui ne récompense plus seulement les meilleurs, mais les plus intelligents. C'est à une domination néo-cléricale qu'il faut s'attendre maintenant. Abellio me parlait du retour de la caste sacerdotale ; lui-même écrivit deux livres sur la bible comme document chiffré (voyez mon chapitre sur la technognose).

lessard1.pngLes rois de l'algorithme vont détrôner les rois du pétrole. Les malchanceux ont un internaute fameux, Bill Lessard (photo), qui dénonce cette nouvelle pauvreté de la nouvelle économie. Lessard évoque cinq millions de techno-serfs dans la Nouvelle Économie, qui sont à Steve Case ce que le nettoyeur de pare-brise de Bogota est au patron de la General Motors. Dans la pyramide sociale de Lessard, qui rappelle celle du film Blade Runner (le roi de la biomécanique trône au sommet pendant que les miséreux s'entassent dans les rues), on retrouve les « éboueurs » qui entretiennent les machines, les travailleurs sociaux ou webmasters, les « codeurs » ou chauffeurs de taxi, les cow-boys ou truands de casino, les chercheurs d'or ou gigolos, les chefs de projet ou cuisiniers, les prêtres ou fous inspirés, les robots ou ingénieurs, enfin les requins des affaires. Seuls les quatre derniers groupes sont privilégiés. Le rêve futuriste de la science-fiction est plus archaïque que jamais. Et il est en train de se réaliser, à coups de bulle financière et de fusions ...

Gibson reprend dans son roman le thème gnostique du rejet du corps. Case « taille des ouvertures dans de riches banques de données », il est donc un hacker. Puni, il voit son système nerveux endommagé par une myxotonine russe (toujours ces Russes ! Sont-ils utiles tout de même !), et c’est « la Chute. Dans les bars qu'il fréquentait du temps de sa gloire, l'attitude élitiste exigeait un certain mépris pour la chair. Le corps, c'était de la viande. Case était tombé dans la prison de sa propre chair. »

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Gibson a popularisé le cyberspace. Le héros Case, un cow-boy donc, avait « projeté sa conscience désincarnée au sein de l'hallucination consensuelle qu'était la matrice ». L'expression « hallucination consensuelle » évoque les univers conditionnés de Philip K. Dick, elle évoque surtout le réseau des réseaux, paramétré pour nous faire vivre une seconde et meilleure vie. « La matrice tire ses origines des jeux vidéo, explique Gibson, des tout premiers programmes holographiques et des expérimentations militaires ... une guerre spatiale en deux dimensions s'évanouit derrière une forêt de fougères générées de manière mathématique, démontrant les possibilités spatiales de spirales logarithmiques ... le cyberspace est une représentation graphique extraite des mémoires de tous les ordinateurs du système humain ... des traits de lumière disposés dans le non-espace de l'esprit. »

Cet univers algorithmique et non-spatial est dominé par des Modernes, « version contemporaine des grands savants du temps de ses vingt ans ... des mercenaires, des rigolos, des techno-fétichistes nihilistes ». Gibson nous fait comprendre de qui ces Modernes sont les héritiers : « Pendant des milliers d'années, les hommes ont rêvé de pactes avec les démons. »

Sur ces questions lisez Erik Davies.

Le monde techno-paranoïaque de Gibson, où l'on est identifié par son code de Turing, est dirigé par des multinationales à qui il donne le fameux nom nippon de zaibatsu. Ces derniers, « qui modèlent le cours de l'histoire humaine, avaient transcendé les vieilles barrières. Vus comme des organismes, ils étaient parvenus à une sorte d'immortalité ». Le Neuromancien s'achève par la vision d'une araignée cybernétique qui tisse sa toile pendant le sommeil de tous (…).

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Les brainlords nous laissent miroiter la noosphère, et accaparent la bonne terre. Ils sont les dignes héritiers des évêques médiévaux. Evoquons la résistance maintenant.

L'injustice moderne génère alors ses hérétiques et ses rebelles, les hackers. Les hackers, ou pirates du Web, sont les nouveaux brigands de la société techno-féodale. Sans scrupules et surdoués, ils reproduisent les archétypes des voleurs de Bagdad et des Mandrins d'antan. C'est sans doute pour cela qu'ils sont rarement condamnés sévèrement: ils suscitent trop d'admiration. Ils sont susceptibles d'autre part de pirater les puissants, sociétés, administrations, portails importants, et donc de venger l'internaute moyen. Ils font peur, comme le dieu Loki de la mythologie scandinave qui passe des farces et attrapes au Ragnarök ; car ils peuvent déclencher l'apocalypse virtuelle qui fascine tout le monde et justifient les stocks d'or ou les garde-manger des milices et des paranoïaques.

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Le hacker représente le dernier bandit de l'histoire, et le premier criminel du cyberspace. Il y a une mystique du hacker qui recoupe celle du Graal. C'est le très professionnel Mark Pesce qui l'affirme dans un texte baptisé Ignition et adressé aux world movers, aux cyber-nomades du Grand Esprit. L'inventeur du langage virtuel énonce les vérités suivantes : « Commençons par l'objet de notre désir. Il existe, il a existé de tout temps, et il continuera éternellement. Il a retenu l'attention des mystiques, des sorcières et des hackers de toutes les époques. C'est le Graal. La mythologie du Sangraal - du Saint-Graal - est l'archétype de l'illumination retirée.

La révélation du Graal est toujours une expérience personnelle et unique ... Je sais – parce que je l'ai entendu d'innombrables fois de beaucoup de gens dans le monde - que le moment de la révélation est l'élément commun de notre expérience en tant que communauté. Le Graal est notre ferme fondation. »

(…)

Le cyberspace de Pesce correspond à l'espace sacré antérieur décrit par Mircea Eliade. Dans un monde pollué et réifié par la consommation touristique, le cyberspace devient le nec plus ultra du pèlerinage mystique.

Pesce présente ici le hacker comme un mystique hérétique en quête du Graal. Le Graal est lié au centre sacré, Montsalvat ou le château du roi-pêcheur. Il est père nourricier, donne vie éternelle et santé, et la connaissance absolue du monde : tout ce qui est attendu par les prêtres du cyberspace et du Net, censés résoudre toutes les contradictions de l'humanité. Le hacker dans ce cadre fait figure de chevalier sauvage. L'expression chevalier sauvage désigne le guerrier initié, soumis à la solitude et à l'effroi des lieux les plus sinistres, mais également à la volonté du Bien, celui qui comme Lancelot n'a pas un sillon de terre et qui sillonne toute la terre pour quérir les aventures les plus étranges et merveilleuses. Comme le jongleur (joker de Batman, homme qui rit de Hugo), initié mué en bouffon, l'extraordinaire Lancelot se déplace sans cesse dans un espace-temps où rien ne le retient, si ce n'est ce lien particulier qui le relie à l'Esprit, et qui est figuré par sa Dame la Reine, source de de vie et de sagesse pour tout chevalier sauvage, tout Fidèle d' Amour. Montsalvat est un lieu où l'espace rejoint le temps, comme dit Wagner. L'ère numérique répond ainsi à des aspirations immémoriales.

Bibliographie

Nicolas Bonnal – Perceval et la reine (alchimie et ésotérisme dans la littérature arthurienne, préface de Nicolas Richer, professeur à l’EN.S., Amazon.fr) – Internet nouvelle voie initiatique (Amazon.fr, Avatar éditions) – Comment les peuples sont devenus jetables (Amazon.fr)

William Gibson – Le neuromancien (Editions j’ai lu)

Erik Davies – Techgnosis

Roger-Pol-Droit-.jpgRoger-Pol Droit, "Les démons du web" (29.09.2000). Je cite un extrait de son article :

« Nicolas Bonnal brosse le portrait de cette résurgence de vieilles terreurs sur les réseaux nouveaux. D'après lui, nous serions en pleine croissance de la technognose. Ainsi, le « w » correspondant en hébreu au chiffre 6, beaucoup se préoccuperaient aujourd'hui que le World Wide Web (www) équivale à 666, soit le chiffre de la Bête dans l'Apocalypse de Jean. Le Net, ce serait le filet contre lequel Job se battait déjà. Dans la kabbale, il n'est question, comme sur Internet, que de portails, de codes, de nœuds. Comme dans la gnose, la vieille lutte contre le corps, ses pesanteurs et ses incohérences, est à l'ordre du jour : certains rêvent d'entrer dans le réseau, de devenir téléchargeables, de survivre comme pure information. Pour ces anges New Age, évidemment, notre viande est une gêne. Ils rêvent de n'être que lumière, instantanément diffusée dans un monde sans pesanteur ni animalité.

Les hackers, ces pirates qui contournent les barrières et les mesures de sécurité des systèmes informatiques, sont les chevaliers d'Internet, selon Nicolas Bonnal. Déjouer les plus retorses défenses est leur quête du Graal, aussi interminable que celle des compagnons du roi Arthur. Ce ne serait donc pas un hasard si les jeux de rôles - donjons, dragons et autres occasions de mortels combats - se sont développés sur la Toile de manière spectaculaire. Les ordinateurs se délectent d'anciennes légendes. Ils brassent allégrement Pythagore et la Kabbale, des secrets chiffrés et des mœurs médiévales. On les croyait postmodernes. Ils risquent de se révéler préclassiques.

…Nicolas Bonnal, en dépit de certaines imperfections, met le doigt sur une question importante : le monde hypertechnique est aussi un univers mythologique, régressif, crédule, traversé éventuellement de toutes les hantises et les phobies des âges les plus anciens, celles que l'on avait cru trop vite révolues. Sans doute ne faut-il pas noircir aussitôt le tableau. Il n'est pas vrai que nos disques durs soient truffés de signes maléfiques et nos modems peuplés de gremlins prêts à bondir. Mais il y a une tendance. Une sorte de boucle possible entre l'avenir et le passé. Le futur risque d'être archaïque. On pense à ce mot attribué à Einstein : “Je ne sais pas comment la troisième guerre mondiale sera menée, mais je sais comment le sera la quatrième : avec des bâtons et des pierres.” » 

Revoir l’Europe: la construction européenne selon Laurent Wauquiez

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Revoir l’Europe: la construction européenne selon Laurent Wauquiez

par Georges FELTIN-TRACOL

LW-livbre.jpg« La force de l’Europe est sans doute d’avoir été perpétuellement traversée par une envie d’ailleurs, une forme de doute existentiel qui nous a poussés à aller toujours plus loin, à nous questionner et à nous remettre sans cesse en cause. Ce besoin de dépassement est pour moi la plus belle forme de l’esprit européen (p. 290). » C’est à tort qu’on attribuerait ces deux phrases à Guillaume Faye. Leur véritable auteur n’est autre que Laurent Wauquiez, le nouveau président du parti libéral-conservateur de droite Les Républicains. Il avait publié au printemps 2014 Europe : il faut tout changer. Cet essai provoqua le mécontentement des centristes de son propre mouvement, en particulier celui de son mentor en politique, Jacques Barrot, longtemps député-maire démocrate-chrétien d’Yssingeaux en Haute-Loire. Après sa sortie sur le « cancer de l’assistanat » en 2011, ce livre constitue pour l’ancien maire du Puy-en-Velay (2008 – 2016) et l’actuel président du conseil régional Auvergne – Rhône-Alpes une indéniable tunique de Nessus. Il convient cependant de le lire avec attention puisqu’il passe de l’européisme béat à un euro-réalisme plus acceptable auprès des catégories populaires.

Laurent Wauquiez avoue volontiers avoir cru à 16 ans que « nous serions cette génération qui accoucherait du fédéralisme européen (p. 9) ». Le projet européen conduit par François Mitterrand, Helmut Kohl et Jacques Delors stimulait son imagination juvénile. « La cause était entendue : les limites nationales étant trop étroites pour enfermer nos rêves de grands espaces, c’est résolument vers l’Europe que nos regards rêveurs se tournaient (p. 9). » Il ne s’agit pas d’une allusion aux grands espaces schmittiens : l’auteur ignore tout de ce penseur majeur du XXe siècle… Ce n’est pas son seul manque. Bien que major à l’agrégation d’histoire, il avoue volontiers ignorer la vie et l’action de Grundtvig (p. 256). Preuve qu’il n’a jamais lu les ouvrages de Jean Mabire. Trois décennies plus tard et après ses expériences d’élu local et de secrétaire d’État porte-parole du gouvernement (2007 – 2008), de secrétaire d’État chargé de l’Emploi (2008 – 2010), de ministre des Affaires européennes (2010 – 2011), et de ministre de l’Enseignement supérieure et de la Recherche (2011 – 2012), son enthousiasme s’étiole et se tiédit. Certes, « les grands desseins politiques ont besoin d’incarnation (p. 27) ». Or, il remarque à juste titre que « l’Europe manque cruellement de grands projets mobilisateurs et fédérateurs (p. 27) ».

Ses critiques font mouche quand il ironise respectivement sur la Commission européenne qualifiée de « tapir qui se regarde le nombril (p. 112) », le Conseil européen de « tribu des Lémuriens (p. 119) » dont « les grandes manœuvres [… en font un] pays des grands fauves (p. 123) », le Parlement européen de « grenouille et […] bœuf (p. 128) » et la Banque centrale européenne de « dernier rempart fédéral (p. 213) ». Il prévient que les bâtiments à Bruxelles – Strasbourg – Francfort – Luxembourg sont cernés par « la meute des lobbies (p. 135) ». À qui la faute ? À la sempiternelle coalition libérale – sociale-démocrate-chrétienne qui monopolise l’eurocratie ?

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Refonder politiquement l’Europe ?

Cet ouvrage s’inscrit dans la continuité des essais signés naguère par Michel Poniatowski, Philippe de Villiers, voire Bruno Mégret (1), avec cette sous-estimation notable des enjeux de puissance. Les manques y sont notables ! Laurent Wauquiez agrémente sa démonstration de nombreuses et parfois savoureuses anecdotes ministérielles. Ainsi, dès qu’il faut aborder les questions européennes, les députés français quittent-ils en masse l’hémicycle… Il déplore « la démission du politique face à l’expertise administrative (p. 121) » et constate que « c’est le politique qui a abandonné Bruxelles et non le fonctionnaire qui a pris la place (p. 123) ». Comment alors redonner aux institutions européennes un sens politique quand celles-ci persévèrent à neutraliser toute action du politique ?

Si les plumitifs le poursuivent de leur vindicte, c’est probablement parce que Laurent Wauquiez défend un « choc des civilisations » et les racines spirituelles de l’Europe. Outre l’humanisme et les Lumières, il se rabat sur l’habituel et paresseux triangle Athènes – Rome – Jérusalem bien qu’il reconnaisse que l’« apport barbare constituera la matrice des futurs États-nations (p. 287) ». À ses yeux, les billets en euro témoignent de l’absence d’identité concrète. « L’identité européenne vue par les institutions actuelles s’y trouve toute entière résumée : une construction artificielle, sans frontière, sans début, sans fin, sans contenu (p. 276). » Il assume pour sa part que « l’Europe a été chrétienne et on se condamne à ne rien comprendre si l’on cherche à tout prix à nier ce pan de notre histoire (p. 284). » En revanche, il ne voit pas Charlemagne en père de l’Europe. « Le véritable enfantement historique de l’Europe est le Moyen Âge. Cette naissance […] est la résultante de deux tendances : l’action du christianisme et l’opposition à l’islam (p. 279). » Il souligne que « notre histoire est une histoire commune, mais c’est l’histoire d’un affrontement entre la civilisation européenne et la civilisation ottomane (p. 168) ». Par conséquent, « historiquement, la Turquie n’a jamais été un pays européen. […] Le combat entre la Sublime Porte et les puissances européennes était un combat à mort pour la suprématie d’une puissance sur l’autre (p. 167) ». Cette logique d’affrontement est plus qu’actuelle avec la nouvelle Turquie du Reis Erdogan qui maintient son inacceptable occupation du Nord de Chypre et son blocus scandaleux envers la vaillante Arménie.

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La Turquie ne devrait pas rejoindre l’Union européenne comme d’autres États candidats à l’adhésion tels que « l’Ukraine a vocation à être un pays charnière entre Europe et Russie et doit le rester (p. 88) ». Il rappelle qu’à l’instar d’Emmanuel Macron, Nicolas Sarközy défendait l’élargissement aux États des Balkans, ce que ne veut pas Wauquiez qui rejette, quant à lui, les élargissements récents. Il considère même que « c’est l’élargissement qui a tué l’Europe (p. 293) ».

Pour ce livre, l’auteur entreprend un vibrant « plaidoyer pour une rupture (p. 171) ». Il existe une particularité européenne par rapport à d’autres continents eux aussi européens. « Il y a en Europe une combinaison de facteurs que l’on ne trouve pas en Amérique : l’enracinement dans un paysage (l’architecture, la nature travaillée par l’homme, les frontières); l’enracinement dans des langues et, au final, une recherche permanente d’équilibre (pp. 289 – 290). » C’est quand même à demi-mot que Laurent Wauquiez s’insurge contre une certaine forme du politique correct. « Tétanisés par Maastricht, les pro-européens n’osent plus émettre la moindre critique. Ils ont abdiqué toute forme d’esprit critique (p. 16). » D’après lui, « dénoncer les défaillances de l’Union européenne ne revient pas à se classer automatiquement dans le camp des anti-européens (p. 22) ». Les pro-européens manquent de lucidité critique, ce qui favorise la perdition certaine des institutions de l’Union pseudo-européenne. Il condamne l’idéologie mortifère de la Direction générale de la concurrence sise à Bruxelles. Ses lubies idéologiques ultra-libérales nuisent aux intérêts européens. « La concurrence devrait être un moyen et non une fin en soi (p. 47). » Quant aux normes de plus en plus intrusives et dispendieuses, elles « ne sont pas une dérive, elles sont le mal profond d’une Europe qui faute de faire des grands projets s’ennuie dans des sujets accessoires (p. 34) ». Les instances soi-disant européennes ne sont pas les seuls responsables de cet ennui existentiel. « Les États membres contribuent à cette dérive (p. 33). » Qu’on ne s’étonne pas ensuite que « l’Europe n’arrive plus à dépasser les lobbies et les querelles d’intérêts entre États membres (p. 34) ». En effet, « dans les négociations européennes, chacun met toute sa pugnacité à faire reconnaître tel ou tel particularisme local, qui alimente encore plus le luxe de détail des directives européennes (p. 33) ». L’absence de coordination effective incite les participants à jouer leur propre carte sans s’aviser de la dimension continentale des défis. Par ailleurs, bien qu’impolitique, « l’Europe a une capacité étonnante à se faire des ennemis. L’accès aux aides européennes est ainsi un épouvantable parcours du combattant (p. 25) ». Il regrette par exemple la lenteur d’application du programme Galileo du fait de la nonchalance du commissaire italien de l’époque, Antonio Tajani, « un homme sympathique mais qui a manqué de rigueur et de détermination (p. 29) ». Aujourd’hui, Antonio Tajani préside le Parlement européen et serait le probable candidat Forza Italia de Silvio Berlusconi à la fonction de président du Conseil en cas de victoire aux législatives de mars prochain de la Coalition des droites.

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Pour l’euro

Laurent Wauquiez se veut pragmatique. S’il s’oppose à « notre folie libre-échangiste (p. 226) », il aimerait que « l’Europe doit nous permettre de bâtir un patriotisme industriel européen à même de faire face à la Chine et aux États-Unis (p. 53) ». Cela ne l’empêche pas d’approuver la logique libre-échangiste globalitaire de l’OMC. Il paraît ne pas connaître les travaux d’Emmanuel Todd, ni même les écrits du Prix Nobel d’économie Maurice Allais qui était un libéral atypique. Wauquiez aurait tout intérêt à s’en inspirer. Mais il ne le fera pas de crainte de déplaire aux médiats officiels de désinformation.

L’entité soi-disant européenne est une bureaucratie. Soit ! Mais « quand la technocratie prend le pouvoir, ce n’est pas la technocratie qu’il faut blâmer mais le politique (p. 214) ». Comment politiser l’Europe alors que celle-ci est foncièrement impuissante ? La question se fait pressante. Par « un réarmement intellectuel à un moment où l’Europe doit faire face aux défis venus des continents qui se réveillent (p. 279) », écrit-il. Il se doute que « le danger est tout simplement que l’Europe sorte de l’histoire et s’enfonce dans une molle décadence (p. 21) ». Pour Laurent Wauquiez, l’Europe est une nécessité, sinon « ce rendez-vous est sans doute le dernier. […] Différer, attendre, revient à choisir de sortir de l’histoire. Nous sommes dans la position des empires décadents. Nous avons encore la possibilité de choisir notre destin, mais demain il sera trop tard et l’avenir se fera alors sans nous (p. 297) ». Il réclame un changement profond des structures institutionnelles européennes. La France devrait sortir de l’Espace Schengen, retrouver la maîtrise complète de ses frontières, exiger que l’immigration revienne aux États membres et que Paris pratique une politique migratoire fondée sur des quotas ! Dans le même temps, l’Union dite européenne devrait établir des limites géographiques précises à son extension. « Oui, il faut des frontières, oui, il faut des protections et des règles : cela vaut pour l’immigration comme pour l’économie. L’Europe, si elle renonce à défendre son limes, se condamne (p. 252). »

Hostile au sans-frontièrisme, il conspue l’action délétère de la Cour européenne des droits de l’homme et invite les fonctionnaires européens à travailler pour de courtes périodes dans les administrations nationales. Là où son discours ne surprend plus concerne la monnaie unique. Laurent Wauquiez « reste convaincu que renoncer à l’euro serait une folie (p. 195) ». Parlant des États membres de l’Eurolande, il a bien compris que « l’euro les oblige à être ensemble mais la réalité est que leurs divergences restent fortes et ne permettent pas de constituer un véritable affectio societatis européen (p. 181) ». En fait, « la crise de l’euro n’est pas une crise de la dette ou des déficits excessifs. […] La crise de l’euro est avant tout la crise de pays dont les chemins économiques divergeaient de plus en plus et qui n’avaient plus du tout la même compétitivité. Les marchés se sont tout simplement pris à douter qu’il soit possible de tenir la même monnaie entre une Allemagne forte et une Grèce ou une Espagne exsangues sur le plan économique (p. 199) ». Il ignore là encore l’influence néfaste de la Haute Finance cosmopolite. Donc, conclut-il, « l’euro a besoin d’un exécutif fort (p. 217) ». Oui, mais comment ?

euro-373008_640.jpgIl reste sur ce point d’une grande ambiguïté. « Toute tentation fédéraliste, tout renforcement quel qu’il soit des institutions européennes dans le cadre actuel doit être systématiquement rejeté (pp. 293 – 294). » Il est révélateur qu’il n’évoque qu’une seule fois à la page 187 la notion de subsidiarité. Il pense en outre qu’« il n’y a pas un peuple européen, et croire qu’une démocratie européenne peut naître dans le seul creuset du Parlement européen est une erreur. Il faut européaniser les débats nationaux (p. 139) ». Dommage que les Indo-Européens ne lui disent rien. Il reprend l’antienne de Michel Debré qui craignait que le Parlement européen s’érigeât en assemblée constituante continentale. « Construire l’Europe avec la volonté de tuer la nation est une profonde erreur (p. 285). » À quelle définition de la nation se rapporte-t-il ? La nation au sens de communauté de peuple ethnique ou bien l’État-nation, modèle politique de l’âge moderne ? En se référant ouvertement à la « Confédération européenne » lancée en 1989 – 1990 par François Mitterrand et à une « Europe en cercles concentriques » pensée après d’autres par Édouard Balladur tout en oubliant que celui-ci ne l’envisageait qu’en prélude à une intégration pro-occidentale atlantiste avec l’Amérique du Nord, Laurent Wauquiez soutient une politogenèse européenne à géométrie variable. Dans un scénario de politique-fiction qui envisage avec deux ans d’avance la victoire du Brexit, il relève que « le Royaume-Uni a quitté l’Union européenne suite à son référendum, mais a contribué à faire évoluer les 27 autres États membres pour qu’ils acceptent une forme plus souple de coopération autour d’un marché commun moins contraignant (p. 191) ». D’où une rupture radicale institutionnelle.

Un noyau dur « néo-carolingien »

EUR6.pngLa configuration actuelle à 28 ou 27 laisserait la place à une entente de six États (Allemagne, Belgique, Espagne, France, Italie et Pays-Bas) qui en exclurait volontairement le Luxembourg, ce paradis fiscal au cœur de l’Union. « Le noyau dur à 6 viserait une intégration économique et sociale forte (p. 185). » Il « pourrait s’accompagner d’un budget européen, poursuit encore Wauquiez, qui aurait comme vocation de financer de grands projets en matière de recherche, d’environnement et de développement industriel (p. 186). » On est très loin d’une approche décroissante, ce qui ne surprend pas venant d’un tenant du productivisme débridé. Cette « Union à 6 » serait supervisée par « une Commission restreinte à un petit nombre de personnalités très politiques qui fonctionnerait comme un gouvernement élu par le Parlement (pp. 187 – 188) ». S’il ne s’agit pas là d’une intégration fédéraliste, les mots n’ont aucun sens ! Laurent Wauquiez explique même que « la politique étrangère et la défense sont d’ailleurs toujours parmi les premières politiques mises en commun dans une fédération ou une confédération d’États (p. 92) ». Il n’a pas tort de penser que ce véritable cœur « néo-carolingien » (2) serait plus apte à peser sur les décisions du monde et surtout d’empêcher le déclin de la civilisation européenne. Faut-il pour le moins en diagnostiquer les maux ? « La première défaite, observe-t-il, c’est d’abord une Europe qui a renoncé à être une puissance mondiale. Elle accepte d’être un ventre mou sans énergie et sans muscle. Elle a abandonné toute stratégie et ne cherche plus à faire émerger des champions industriels (pp. 250 – 251) ». L’effacement de l’Europe a été possible par l’influence trouble des Britanniques. Londres imposa la candidature de l’insignifiante Catherine Ashton au poste de haut-représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité « a méthodiquement planifié par son inaction l’enlisement de la politique étrangère de sécurité et de défense (p. 90) ». Un jour, Laurent Wauquiez discute avec son homologue britannique. Quand il lui demande pourquoi avoir choisi cette calamité, le Britannique lui répond qu’« elle est déjà trop compétente pour ce qu’on attend d’elle et de la politique étrangère européenne, c’est-à-dire rien (p. 90) ». Résultat, le projet européen verse dans l’irénisme. « L’Europe a pensé que sa vertu seule lui permettrait de peser alors qu’il lui manquait la force, la menace, les outils d’une diplomatie moins morale mais plus efficace (p. 93). » L’essence de la morale diverge néanmoins de l’essence du politique (3).

Map_of_Visegrad_Group.pngAutour de ce Noyau dur européen s’organiseraient en espaces concentriques une Zone euro à dix-huit membres, puis un marché commun de libre-échange avec la Grande-Bretagne, la Pologne et les Balkans, et, enfin, une coopération étroite avec la Turquie, le Proche-Orient et l’Afrique du Nord. Cette vision reste très mondialiste. L’auteur n’envisage aucune alternative crédible. L’une d’elles serait une Union continentale d’ensembles régionaux infra-européens. Au « Noyau néo-carolingien » ou « rhénan » s’associeraient le « Groupe de Visegrad » formellement constitué de la Pologne, de la Hongrie, de la Tchéquie, de la Slovaquie, de l’Autriche, de la Croatie et de la Slovénie, un « Bloc balkanique » (Grèce, Chypre, Bulgarie, Roumanie), un « Ensemble nordico-scandinave » (États baltes, Finlande, Suède, Danemark) et un « Axe » Lisbonne – Dublin, voire Édimbourg ? C’est à partir de ces regroupements régionaux que pourrait ensuite surgir des institutions communes restreintes à quelques domaines fondamentaux comme la politique étrangère, la macro-économie et la défense à condition, bien sûr, que ce dernier domaine ne soit plus à la remorque de l’Alliance Atlantique. Il est très révélateur que Laurent Wauquiez n’évoque jamais l’OTAN. Son Europe ne s’affranchit pas de l’emprise atlantiste quand on se souvient qu’il fut Young Leader de la French-American Foundation.

Dès lors, il a beau proclamé que « l’Europe c’est […] faire ensemble des projets que l’on ne peut faire seul, aborder fièrement la concurrence et montrer à la face du monde qu’unis, les Européens ont de l’énergie à revendre, qu’ils forment un continent d’ingénieurs et d’industriels capables de relever tous les défis (p. 39) ». Cela reste de pieuses intentions. Tout son exposé se fonde sur les méthodes viciées de la démocratie bourgeoise libérale représentative et de la sinistre partitocratie.

Étonnante synthèse

JMon-Time.jpgLaurent Wauquiez méconnaît les thèses fédéralistes intégrales et non-conformistes. Il semble principalement tirailler entre Jean Monnet et Philippe Seguin. « Les deux sont morts aujourd’hui, et c’est la synthèse de Monnet et Séguin qu’il faut trouver si l’on veut sauver l’Europe (p. 18). » Cette improbable synthèse ne ferait qu’aggraver le mal. Wauquiez affirme que « Monnet et Séguin avaient raison et il faut en quelque sorte les réconcilier (p. 17) ». À la fin de l’ouvrage, il insiste une nouvelle fois sur ces deux sinistres personnages. « La vision de Monnet n’a sans doute jamais été aussi juste ni d’autant d’actualité (p. 293) » tandis que « définitivement, Philippe Séguin avait raison et le chemin suivi depuis maintenant vingt ans est en mauvais chemin (p. 291) ». Se placer sous le patronage à première vue contradictoire de Monnet et de Séguin est osé ! Jean Monnet le mondialiste agissait en faveur de ses amis financiers anglo-saxons. Quant à Philippe Séguin qui prend dorénavant la posture du Commandeur posthume pour une droite libérale-conservatrice bousculée par le « bougisme » macronien, cet ennemi acharné de la Droite de conviction représentait toute la suffisance, l’illusion et l’ineptie de l’État-nation dépassé. Sa prestation pitoyable lors du débat avec François Mitterrand au moment du référendum sur Maastricht en 1992 fut l’un des deux facteurs décisifs (le second était la révélation officielle du cancer de la prostate de Mitterrand) qui firent perdre le « Non » de justesse le camp du non. François Mitterrand n’aurait jamais débattu avec Marie-France Garaud, Philippe de Villiers ou Jean-Marie Le Pen…

Europe : il faut tout changer est un essai qui tente de trouver une voie médiane entre une Union actuelle en dysfonctionnement total et l’option souverainiste. Certaines suggestions paraissent intéressantes, mais Laurent Wauquiez demeure malgré tout un modéré. S’il a les mêmes convictions que Séguin, voire du Chirac de l’« appel de Cochin » (décembre 1978), les droitards sans cesse cocufiés risquent de voir leurs cornes encore plus poussées… Wauquiez devine l’enjeu européen sans s’extraire du train-train politicien. Pas sûr que cet entre-deux de pondération mitigé incite les électeurs de la « France périphérique » à voter pour la liste que soutiendra Wauquiez aux élections européennes de 2019.

Georges Feltin-Tracol

Notes

1 : cf. de Michel Poniatowski, l’excellent L’avenir n’est écrit nulle part, Albin Michel, 1978, et L’Europe ou la mort, Albin Michel, 1984; de Philippe de Villiers, Notre Europe sans Maastricht, Albin Michel, 1992, La Machination d’Amsterdam, Albin Michel, 1998, etc., de Bruno Mégret, La Nouvelle Europe. Pour la France et l’Europe des nations, Éditions nationales, 1998, L’Autre Scénario pour la France et l’Europe, Éditions Cité Liberté, 2006, ou Le Temps du phénix. Récit d’anticipation, Éditions Cité liberté, 2016.

2 : Ce cœur « néo-carolingien » ou « rhénan » s’apparente aux thèses de Marc Rousset développées dans La nouvelle Europe de Charlemagne. Le pari du XXIe siècle (Économica, 1995), préface d’Alain Peyrefitte.

3 : cf. Julien Freund, L’essence du politique, Dalloz, 2003.

• Laurent Wauquiez, Europe : il faut tout changer, Odile Jacob, 2014, 302 p.

Future intégration économique entre la Russie et le Japon?

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Future intégration économique entre la Russie et le Japon?

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Poser la question ne paraît pas sérieux. D'une part les deux pays faute d'un traité de paix sont encore juridiquement en guerre. D'autre part et surtout, beaucoup de différences séparent leurs économies.

Le Japon est bien intégré dans l'économie libérale américaine et européenne. La Russie cherche sa voie dans une alliance avec la Chine, en perspective d'une future Eurasie. Même si son économie s'ouvre de plus en plus à des relations technologiques et financières avec le monde dit « occidental », à l'exclusion des Etats-Unis, elle reste très fermée et difficile à pénétrer par des intérêts étrangers. Ne mentionnons pas le fait que le Japon demeure politiquement une sorte de satellite de Washington. Les choses pourront changer si les Japonais y trouvaient de l'intérêt. D'ailleurs la récente rencontre Shinzo Abe-Vladimir Poutine au forum économique de Vladivostok a été d'un bon présage à cet égard.

sakhhokk.pngIl ne faut pas sous-estimer les points sur lesquels les deux économies pourraient dès maintenant coopérer, si les circonstances politiques le permettaient. La Russie représente un vaste marché de consommation, que les industries russes peineront à satisfaire, faute de financements et de produits adaptés. Son vaste continent, notamment au delà du cercle polaire, est assez grand pour accueillir des investisseurs japonais. Ceux-ci diminueraient la dépendance actuelle à l'égard de la Chine. En contrepartie, la Russie pourrait fournir des matières premières et de l'énergie dont le Japon manque cruellement. Ses industries militaires qui sont extrêmement compétitives et modernes, pourraient intéresser Tokyo au cas où celui-ci déciderait de se constituer une défense indépendante des forces américaines et de leurs matériels.

Si l'on ne peut envisager, malgré leurs aspects complémentaires, une future intégration des deux économies, de très importants rapprochements pourraient se faire rapidement. Mais il faudrait pour cela un grand programme géopolitique qui permettrait aux populations et aux décideurs des deux pays de visualiser concrètement les avantages qu'en tireraient les deux partenaires.

Un futur pont-tunnel

C'est le rôle que pourrait jouer le projet de pont-tunnel à l'étude entre les deux pays. Nous avons déjà mentionné ce projet et marqué son intérêt dans un article de janvier 2018 Un projet de pont entre la Russie et le Japon https://blogs.mediapart.fr/jean-paul-baquiast/blog/140118.... Dans le présent article, il n'est pas inutile d'y revenir.

Ce projet, dans l'esprit de l'OBOR chinois, impliquerait de massifs investissements d'infrastructures. Or c'est un domaine dans lequel les Chemins de fer russes (http://eng.rzd.ru/) excellent, ceci dès le temps du Transsibérien. Quant aux financements, ils pourraient provenir, non seulement de la Russie et du Japon, mais de la Chine et de la Corée du Sud, qui souhaitent des relations économiques plus faciles que par mer avec le Japon.

Le projet une fois décidé pourrait provoquer une vague d'investissements dans les iles Sakhalin et Hokkaido, sans mentionner la région de Vladivostok. Le chemin de fer faciliterait l'accès du Japon aux matières premières et produits primaires russes, dont il manque et qu'il est obligé d'importer de plus loin. Comme indiqué ci-dessus, les consommateurs russes seront preneurs des produits sophistiqués de l'économie japonaise. Il s'agirait d'échanges gagnant-gagnant , ce qui n'est pas le cas dans les relations du Japon avec les Etats-Unis et l'Europe, qui voient un lui un concurrent n'offrant pas de contreparties.

Reste à savoir si l'ogre américain laissera son porte-avion japonais en mer du Japon et dans le Pacifique lui échapper. Peut-être qu'affaibli  il ne pourra pas faire autrement.

TERRE & PEUPLE Magazine n°74: Jacobinisme liberticide

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Communiqué de "Terre & Peuple-Wallonie"

TERRE & PEUPLE Magazine n°74: Jacobinisme liberticide

Le numéro 74 de TERRE & PEUPLE Magazine est centré autour du thème du 'Jacobinisme liberticide'.

Dans son éditorial, Pierre Vial croise ses projecteurs sur les dénis du réel que proclament sans pudeur les saltimbanques obscènes de la comédie politicienne européenne, avec en tête le micro-Macron.  Président des riches, il affecte de ne pas voir la pauvreté de neuf millions de ses compatriotes, ou de pouvoir l'imputer à leur paresse.  Et de n'apercevoir, dans la crise démographique et le grand remplacement, qu'une hypothèse complotiste, et dans la menace djihadiste et la radicalisation qu'un problème de rééducation de déséquilibrés.  Il serait, cela mis à part, l'homme de l'avenir.  Quel avenir ?

indo-europeens_jean_haudry_F_B.jpgC'est Robert Dragan qui recueille la pensée de Jean Haudry, prélat de la confession indo-européaniste, sur son livre 'La religion des Indo-Européens' et en particulier sur 'Le feu dans la tradition indo-européenne'.  Le feu est primordial dans la tradition préhistorique, central dans le foyer qu'il illumine et réchauffe.  Il éclaire des métaphores, telle le feu de la parole qualifiante, le feu des eaux, qui désigne l'or.  Si, à l'époque classique, il est présenté sous les formes d'une profusion de divinités diverses, d'Hestia-Vesta à Prométhée, en passant par Apollon, Héphaïstos et Artémis, avec leurs correspondants celtiques, germaniques, indiens, slave ou baltes, cette prolifération exprime l'importance de la notion : le feu est omniprésent dans la nature et dans l'homme.  L'idée que la fortune est liée au feu apparaît à la fois très ancienne, à en juger sur les correspondances sur lesquelles elle se fonde, et très durable.  Pour Héraclite, le feu constitue la substance même de l'univers.  Aristote fait remonter cette conception à Pythagore.  De fait, pour Philolaos, le « foyer de l'univers, maison de Zeus, principe de cohésion et mesure de la nature » est situé au milieu du monde.  Or, comme l'a montré Schuhl, à partir d'un passage du Phèdre, la Nécessité s'identifie à la fois à Hestia « qui siège au centre du monde comme au coeur des cités, sur l'omphalos, au foyer des prytanées » et à l'idée du Bien : « Ce n'est pas un Atlas qui supporte le monde, mais le bien et l'obligation qui supportent toute chose. »  Conception proche de celle de l'hymne védique à Mitra, « Mitra (contrat d'amitié) soutient terre et ciel», elle repose sur une homologie traditionnelle entre le respect des obligations, la cohérence du monde qui en dépend et le feu qui est l'élément lié à Mitra. 

Jean-Patrick Arteault dresse avec une grande pénétration un état de l'opinion avant, pendant et après les dernières élections présidentielles.  De nombreux Français étant attachés, par peur du changement, à l'euro et à l'Union européenne, il aurait mieux valu n'en point parler, d'autant plus que la souveraineté n'est qu'un moyen pour faire respecter l'identité.  Et mener plutôt des actions discrètes, pour restaurer d'abord les souverainetés nationales, sans lesquelles on ne peut appliquer de politiques identitaires.  Et faire le choix d'alliances avec des nations européennes souveraines, dont la Russie, pour en faire, à très long terme, naître une synthèse impériale, et non impérialiste.  L'incapacité patente de la gauche intellectuelle à renouveler ses idées, le désarroi de ses plumitifs devant la défiance grandissante du public, son asservissement à l'oligarchie libérale, dont elle reprend tous les éléments de langage, tout cela a pu faire croire que la bataille métapolitique était gagnée.  Cette victoire ne sera toutefois acquise que lorsque la grande majorité des écrivains et artistes exprimera consciemment (ou encore mieux inconsciemment) notre vision, lorsque la majorité des journalistes valorisera nos idées sans y être contraints.  Lorsque la majorité des histrions qui façonnent la culture populaire travailleront spontanément dans notre sensibilité.  Lorsqu'une grande majorité des enseignants transmettront nos concepts et valeurs, y ayant adhéré profondément.  Lorsque pour une grande majorité de chercheurs notre vision du monde sera devenue le paradigme de leurs travaux.  Dès lors, plus que jamais, c'est l'impératif métapolitique qui est à l'ordre du jour, l'investissement politique n'étant qu'une affiche de propagande.  En matière électorale, à propos de la 'Ligne Buisson' qui vise à exploiter autant que la veine ouvriériste celle des conservateurs, l'auteur relève pas mal d'ambiguité : des conservateurs, mais de quoi ?  D'une forme politique qui, à défaut de fond, permet la survie tant que le capitalisme financier n'a pas détruit les cadres sociaux et culturels ?  Quand ce n'est pas un conservatisme réactionnaire de nostalgiques, ou tout simplement de nantis, voire de colbertiens raisonnables qu'inquiètent les partageux.  L'ambiguïté de leur conservatisme est encore aggravée pour les catholiques, par leur vocation universaliste, quand ce n'est pas par leur 'anti-fascisme'.  On est loin de la fidélité à la tradition culturelle populaire et ses fondamentaux moraux.  Jean-Patrick Arteault veut croire à la sincérité de Patrick Buisson quand celui-ci veut joindre aux conservateurs intégraux la couche populaire instinctivement identitaire.  Il avertit contre le risque de servir de Harkis à une bourgeoisie apatride.  On ne peut blâmer le FN de tenir à distance des éléments compromis dans des structures largements infiltrées d'indicateurs, de provocateurs et de policiers, qui sont utilisés pour lui nuire.  Mais bien de négliger les enjeux actuels qui préoccupent la majorité de la population.  La dédiabolisation est un échec pour le FN, qui a rallié l'idéologie d'un ennemi que cela ne retiendra pas pour autant de le disqualifier médiatiquement et de l'incapaciter politiquement.  Il en va de même de sa pudibonde bouderie à l'égard des catholiques de tradition, trop faibles pour faire la différence, mais assez forts pour qu'on ne puisse les ignorer, même s'il est vrai que certaines références culturelles des traditionnels sont à peu près aussi ouvertes que celles des salafistes.  La Nouvelle Droite a bien démontré que l'occidentalisme est la phase terminale de la laïcisation du christianisme.  Mais elle a contribué à déchristianiser une frange identitaire, la coupant d'une pratique native du sacré religieux qu'un néo-paganisme intellectualisé ne remplace pas.

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Introduisant le dossier central, Pierre Vial qualifie le jacobinisme d'utérus d'où est sorti le système à broyer les peuples et les individus.  Pour confisquer les libertés concrètes que ceux-ci s'étaient conquises, il a coupé les têtes au nom de la Liberté.  Pour les isoler et anéantir leur conscience identitaire, il a coupé les racines qui rattachent les individus à leur terre et à leurs ancêtres.

Alain Cagnat rappelle que Louis XVI, ayant commis la faiblesse de convoquer les Etats Généraux, a activé les doléances de nombreuses sociétés de pensée, dont le Club Breton.  Les députés du tiers état se proclament Assemblée constituante et le club breton Société des amis de la Constitution, qui rédige la Déclaration des droits de l'Homme et du Citoyen et va s'installer au couvent des Jacobins.  Il va connaître un développement rapide, notamment en province, sans cesser de se radicaliser.  Allégeant ses conditions d'adhésion, il gonfle ses effectifs, qui basculent bientôt dans l'extrémisme.  Peu après, Paris se soulève et ramène de force Louis XVI à Paris.  D'abord réservé, Robespierre rallie la ligne dure et, le 29 juillet 1792, propose la destitution du roi et l'élection au suffrage universel d'une Convention.  Le 9 août, la Commune insurrectionnelle de Paris est créée et le 17 août siège le premier tribunal révolutionnaire.  Le massacre se déchaîne.  La monarchie est abolie.  Le 21 janvier, le roi est guillotiné.  Certaines provinces se rebellent.  La France, qui est dans le même temps en guerre avec tous ses voisins, lève 300.000 hommes.  La patrie étant en danger,  pour sauver la Révolution, un Comité de salut Public de douze députés cumule tous les pouvoirs.  Les tribunaux révolutionnaires champignonnent et les têtes roulent, tandis que se consomme le génocide vendéen.  Succès au plan international, les alliés se replient derrière le Rhin.  Les Jacobins liquident tous leurs adversaires politiques.  Robespierre, qui croit triompher, entame la brève période de la Grande Terreur, mais se laisse maladroitement arrêter.  Il est décapité deux jours plus tard.  Le jacobinisme est bien autre chose que le parisianisme centralisateur, qui a régné en France depuis Philippe le Bel jusque Louis XV.  C'est une dictature qui justifie sa violence par la vertu : le peuple souverain est constitué des hommes vertueux.  Robespierre est 'Incorruptible'.  La loi est le lien social et le délinquant se retranche du peuple.  La loi jacobine est infaillible et sa justice est éternelle.  L'objectif est une loi naturelle universelle.  Celui qui y contrevient est impur, il doit être éliminé.  Elue par le peuple, la Convention se considère son image parfaite et elle décide la mort du roi, plutôt que par un referendum dont l'issue aurait été incertaine.  Le peuple lui-même peut être corrompu et c'est le cas de la gangrène vendéenne.  Justice prompte et inflexible, la Terreur est une émanation de la vertu.  Dans les influences à la source du jacobinisme, l'auteur voit l'usure de la piété au XVIIIe siècle, les réticences du clergé à l'égard du progrès scientifique, la contestation de l'autorité papale par les protestants, les philosophes des Lumières.  Ceux-ci mettent à mal la Révélation, mais se partagent entre ceux qui osent se déclarer athées et les déistes, dont Voltaire que l'univers embarrasse et qui ne peut « songer que cette horloge existe et n'ait point d'horloger».  La conclusion est à Michel Onfray : « De Marine Le Pen à Philippe Poutou en passant par Macron et Mélenchon, Hamon ou Fillon, tous communient dans une même religion jacobine.  C'est ce logiciel qu'il faut jeter à la poubelle. »

GuerreVendée_1.jpgLe tableau émouvant des Guerres de Vendée que brosse Pierre Morilleau constitue une grande fresque, monumentale jusque dans ses détails, dont il est pratiquement impossible d'extraire la synthèse.  Des horreurs abominables des guerres de Vendée (auxquelles n'ont mis fin qu'en janvier 1800 les Paix de Montfaucon et de Candé), on pourrait dire que, quelque fournie qu'en soit l'information que nous en avions réunie, le présent rappel démontre que nous étions encore loin du compte.  Il démontre surtout que ces horreurs ont été générées par la roide logique jacobine, comme en témoignent les citations dont l'auteur émaille son texte.  Notamment « Les forêts seront abbatues, les récoltes seront coupées pour être portées sur les derrières de l'armée, les bestiaux seront saisis. » - « Soldats de la Liberté, il faut que les brigands de la Vendée soient exterminés.  Le salut de la patrie l'exige, l'impatience du peuple français le réclame, son courage l'accomplira. » - « On emploira tous les moyens pour découvrir les rebelles ; tous seront passés au fil de la baïonnette ; les villages métairies, bois, landes, genêts et tout ce qui peut être brûlé sera livré aux flammes. »  On ne saurait oublier les Colonnes infernales, ni celles des fuyards dans la Virée de Galerne, ni l'armée des 'puants'  rongés de dyssenterie, ni les noyades de masse dans la Loire.

Robert Dragan rappelle que, dans la Bretagne de 1789 que l'impôt régionalisé favorisait, le petit peuple avait fait corps avec la noblesse contre la centralisation et s'opposait dans la rue à la bourgeoisie que soutenaient les étudiants.  Aux Etats-Généraux, les députés de Bretagne formèrent alors un Club breton, qui fédère bientôt nombre de sociétés révolutionnaires, jusqu'à dépasser le millier en 1791.  Installant ses assises au couvent des Jacobins, il se rebaptise Société des amis de la Constitution.  Quand éclatent les guerres de Vendée, les mêmes opposition villes-campagnes se marquent.  Nantes, ville de négociants et d'armateurs, est révolutionnaire.  Le coup d'état d'extrême gauche de 1794 balaye les Feuillants et Girondains modérés et régionalistes, les amis de la Constitution le cédant aux amis de la Révolution.  Des aventuriers, agissant comme commissaires du Comité révolutionnaires commettent des monstruosités.  Les prisons débordant, des camps de concentration, des pontons, des manufactures sont ouverts.  La famine et le typhus y règnent.  A la guillotine trop lente on substitue des exécutions collectives.  

adb-bret.jpgLes Bretons, insulaires délogés de Grande-Bretagne, n'ont jamais su trouver leur centre.  Constitués en royaume à la faveur des incursions des Vikings, ils redeviennent bientôt un duché, disputé entre les Plantagenets et les Capétiens, lesquels l'emporteront.  L'annexion sera consacrée par le double mariage de la duchesse Anne avec Louis XII et ensuite Charles VIII et par celui de leur fille Claude avec François Ier.  Depuis, la France leur promet l'unité et l'indépendance et, en fait, elle les divise. Dès 1781, les persécutions religieuses et les levées de soldats provoquent résistance et révoltes, dont celle de Jean Cottereau, dit Jean Chouan.  En 1796, malgré le génocide de la Vendée, on estime à 50.000 le nombre des Chouans. Ils forment des compagnies, avec des capitaines élus, parfois des généraux comme Cadoudal.  Les discordes sont fréquentes.  Les républicains les qualifient de Brigands, ce qui n'est pas toujours immérité, car le général Rossignol a l'idée de créer des faux Chouans chargés de discréditer les vrais en commettant les pires exactions.  Après la chute de Robespierre, des contacts sont pris pour conclure une paix qu'une minorité seulement signe.  Les autres proclaméés en état d'arrestation, le conflit reprend.  Hoche, qui a succédé à Rossignol, obtient une reddition. Les Chouans, jouant le jeu, gagnent les élections de 1797, qui sont alors confisquées : la République ne survit que par les armes, la forfaiture et la dictature.  En 1799, la Loi des otages; qui présume les parents complices, relance l'insurrection.  Nantes et Le Mans sont prises et les prisonniers libérés.  Mais, en novembre, Bonaparte prend le pouvoir et propose l'amnistie contre la reddition.  Certains chefs l'acceptent, d'autres refusent, dont Cadoudal qui bat les armées d'Harty, mais se résigne à signer la paix.  Son entrevue avec Bonaparte ayant été un échec, il projette de l'enlever pour le livrer aux Anglais.  Trahi, il est arrêté par Fouché et exécuté.  En 1830, quand la révolution bourgeoise met Louis-Philippe à la place de Charles X, la bru de celui-ci, la duchesse de Berry, tente de réveiller la chouannerie et est arrêtée.  En 1892, l'encyclique de Léon XIII, qui prône le ralliement à la République, désarme le clergé et les monarchistes.  A l'imitation des Gallois, les Bretons créent en 1900 le Gorsedd ou assemblée des druides. 

BAtao-ti.jpgAprès la Grande Guerre, une jeune garde identitaire, qui se définit 'na ru na gwen' (ni rouge ni blanc), se constitue autour du journal Breizh Atao.  Un parti autonomiste fédéraliste ayant été lancé sans succès, le Parti National Breton, plus radical, est créé en 1931.  En 1932, Célestin Laîné dynamite la statue de la Reine Anne (représentée à genoux aux pieds de Charles VIII).  Le PNB est dissous et Laîné et Mordrel sont condamnés.  En 1939, ils s'opposent à ce que la France apporte une aide à la Pologne.  Laîné s'évade et Mordrel et Debauvais (qui défend « un national-socialisme breton ») sont condamnés à mort.  Bien que s'évanouisse le rêve d'une indépendance concédée par l'Allemagne victorieuse, Laîné crée les groupes de combat Bagadou Stourm, qui deviendront le Brezen Perrot, après l'assassinat par les communistes de l'Abbé Perrot.  Après la guerre, le combat prend une forme culturelle, avec des réussites, comme celle de la musique, et des échecs, comme celui de la langue.  L'épuration consacre la domination de la gauche et fera de la Bretagne une terre d'élection du PS.

Fils de la Catalogne française, notre camarade Llorenç Perrié Albanell a pris part à Gérone (85.000 habitants) à l'ennivrant combat du 1er octobre pour la protection des urnes du referendum.  Celles du collège Santa Eulalia étaient protégées par 2.500 personnes, celles de l'école Eiximenis par 2.000.  Les Mossos d'Escuadra de la police catalane s'interposent alors entre la foule et la Guardia Civil espagnole.  C'est une authentique révolution populaire qui, malgré les provocations policières, reste non-violente.  La question que tout le monde se pose est celle de la stratégie de Puigdemont.  Alors qu'il avait la main, au lieu de chercher un soutien international au moment où se répandaient les images scandaleuses des violences policières contre des électeurs pacifiques, il attend un dialogue avec Rajoy qui n'en veut pas.  Et ce n'est que le 27 octobre que, soutenu par sa coalition et par des centaines de maires, il proclame la République catalane.  Mais il ne pose aucun acte d'indépendance : il ne place pas de Mossos aux frontières, il n'imprime aucun papier d'identité de la république, aucune milice citoyenne n'est constituée, aucune constitution provisoire n'est promulguée.  Il laisse partir son monde en weekend, sous la légalité espagnole, alors que Rajoy met en application l'article 155 de la Constitution.  Et il se prépare à participer, à partir de Bruxelles, aux élections, acceptant de se batre sur le terrain choisi par l'adversaire !

Alsace-Lorraine_Dialects.pngPour l'Alsacien Robert Spieler, révolutionnaire identitaire s'il en est, il est incroyable que Puigdemont et ses ministres ne se soient pas laissé emprisonner en Espagne : on ne peut faire de révolution qu'avec des révolutionnaires !  Annexée à la France en 1648, l'Alsace a pu conserver son dialecte allemand tant sous la monarchie française que sous l'empire allemand de 1870 à 1918, lorsqu'il existait un parlement alsacien et des députés alsaciens au Reichstag.  Les Strabourgeois francophiles célébraient alors chaque 14 juillet devant la statue du général Kléber.  En 1918, les troupes françaises furent bien accueillies.  Mais 110.000 personnes furent aussitôt expulsées, avec confiscation de leurs biens.  Le français fut imposé dans les écoles et le statut concordataire abrogé.  La révolte est générale et les autonomistes sont ovationnés.  Paris fait marche arrière.  Les journaux paraissent alors en allemand, y compris l'Action Française, mais les autonomistes sont persécutés.  Les fonctionnaires compromis sont mis à pied et un procès en haute trahison, le 'Procès du complot', est intenté aux chefs de l'opposition.  De violentes campagnes de presse fustigent les traîtres à la solde de l'Allemagne.  Le PC exige des exécutions.  A l'approche de la guerre, les leaders sont emprisonnées et Karl Roos est fusillé pour trahison.  Hermann Bickler ne survécut que grâce à la débâcle.  Mais le jacobinisme national-socialiste n'avait rien à envier à celui des Français et l'Alsace fut rattachée au Gau Oberrhein.  Après la guerre, l'éradication de la langue alsacienne fut féroce.

Pierre Vial rappelle que la société féodale avait mis en place une mosaïque de sphères d'autonomie, contre-pouvoirs au pouvoir royal, lequel se reconnaissait ainsi des limites.  Les libertés et franchises qu'il accordait ont facilité un esprit communautaire qui a débouché sur l'institution communale.  Par les avantages obtenus, les villes étaient des pôles d'attraction propices à l'activité économique.  L'absolutisme royal s'appliquait plutôt à soumettre l'aristocratie guerrière, brutalement (Richelieu) ou subtilement (Louis XIV).  La France comptait un certain nommbre de 'pays d'Etats', provinces qui disposaient d'assemblées de représentants des trois ordres (noblesse-clergé-tiers état) qui négociaient les impôts dus au roi avec ses intendants et les répartissaient ensuite entre diocèses et paroisses, en contrôlant la collecte. 

pontcallec-livre.jpgA la mort de Louis XIV, les guerres à répétition ayant mis les finances à sec, les Etats de Bretagne se sont estimés injustement pressurés et le parlement a refusé d'enregistrer l'édit de perception.  Le Régent fait alors exiler 73 délégués rebelles et accroît certains droits au mépris du Traité d'union.  Le Parlement de Bretagne interdit la levée et vote des remontrances.  Une Association patriotique bretonne mobilise plusieurs centaines de personnes et le marquis de Pontcallec réunit une petite troupe armée qui met en fuite les soldats chargés de la collecte.  Le Régent répond par une armée de 15.000 hommes.  Pontcallec, arrêté et promptement décapité, devient très populaire.  Le jacobinisme ne fera que reprendre, avec une violence inouie, l'éradication des identités et libertés des provinces.  Il les découpe en départements et, pour uniformiser les pensées, épouse la thèse de l'abbé Grégoire d'universaliser la langue française.  Contre ce système à tuer les peuples, des hommes se sont levés.  Francis Arzalier (Les régions du déshonneur, 2014) s'en désole: "La Corse, l'Alsace, la Bretagne prétendent exister: on n'en a jamais fini avec les volontés identitaires toujours renouvelées."  Les Corses, avec Pascal Paoli, chassèrent les Génois en 1755 et établirent une république démocratique.  La brutale conquête française verra dans les résistants des 'brigands' et, quand l'insurrection renaît avec la révolution, la République française ignorera la volonté populaire.  Avant la guerre, l'identité corse s'exprimait dans la revue A Muvra, très lue jusque dans les villages.  Saisie en 1938 et objet de poursuites, elle cesse de paraître en 1939.  En 1946, les procès intentés aux autonomistes se traduisent par de lourdes peines, malgré l'inanité des accusations de collaboration.  Les Alsaciens ont connu des sorts similaires, eux dont l'identité se trouve écartelée entre la France et l'Allemagne, ils sont pour la plupart attaché au bilinguisme que la France refuse.  C'est le cas de Karl Roos, un médecin, qui fonde le Parti de l'indépendance et qui, accusé d'intelligence avec l'ennemi, sera fusillé en février 1940.  Chez les Bretons, Olier Mordrel et Morvan Marchal animent le Parti autonomiste breton, lequel en 1927 invite à son congrès des délégations alsacienne, corse et flamands.  Cela déclenche la répression, en particulier contre les Alsaciens: quinze condamnés dont  deux viennent d'être élus député.  En réaction, le courant séparatiste va s'affirmer d'élection en élection: ce n'est qu'un début, continuons le combat.   

 

dimanche, 18 février 2018

Le crépuscule de Merkel

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Le crépuscule de Merkel

« Vide sidéral » et « négociations désastreuses »

Par Bernard Tomaschitz

Après que les accords pour former une « Grosse Koalition » (GroKo) ont été conclus avec la SPD socialiste, on commence à râler et à jaser dans les rangs de la CDU. Pourquoi ? Parce que les sociaux-démocrates ont obtenu deux ministères importants : celui des affaires étrangères et celui des finances. Ce qui donne deplus en plus le ton dans ce mécontentement généralisé, ce sont les critiques adressées à la présidente du parti, la Chancelière Angela Merkel. « Jamais encore dans toute l’histoire de la CDU », il n’y a eu une telle perte de confiance, tant sur le plan émotionnel que sur le plan politique, a déclaré Norbert Röttgen aux journalistes du Tagesspiegel. Röttgen n’est pas n’importe quel permanent du parti, un anonyme sans relief, mais le président de la Commission des affaires étrangères du Bundestag. Cet homme politique, âgé aujourd’hui de 52 ans, constate de « vide sidéral » que représente son parti : il avait pourtant été ministre de l’environnement dans le deuxième cabinet dirigé par Angela Merkel.

Volker-Ruehe-DW-Politik-Berlin-jpg.jpgUn autre grand format du parti de Merkel a pris la parole: Volker Rühe. Répondant aux questions du magazine Stern, cet ancien secrétaire général de la CDU et ancien ministre de la défense ne ménage pas ses critiques à l’endroit des talents de négociatrice de la Chancelière ; sans mâcher ses mots, Rühe déclare : « Pour l’avenir de la CDU, la manière dont Merkel a négocié est un vrai désastre, alors que le salut du parti aurait dû davantage la préoccuper que sa propre situation présente ».

Rühe appelle les chrétiens-démocrates à trouver les bonnes directives pour l’après-Merkel. L’ancien vice-président de la CDU exige de la cheffesse du parti qu’elle place « auxprincipales positions du cabinet et de la direction de la fraction des candidats potentiels au poste de Chancelier mais qui ont encore besoin d’acquérir de l’expérience ». Il est intéressant de noter que Rühe estime, aujourd’hui, que les sociaux-démocrates, malgré le chaos qui règne actuellement dans leurs rangs, sont dans une meilleure position stratégique, à moyen ou à long terme, que la CDU. En effet, la SPD dispose, avec la future dirigeante du parti Andrea Nahles et le nouveau ministre des finances Olaf Scholz de deux candidats potentiels à la chancellerie qui ont du poids. Et Rühe ajoute, sarcastique : « En d’autres mots, ils ont deux as pour l’avenir. Nous n’en avons même pas un seul ! ».

(article issu du site http://www.zurzeit.at ).

L’armée allemande en Ukraine ?

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L’armée allemande en Ukraine ?

Jan Nolte, expert ès-questions militaires de l’AfD : « Ne pas suivre automatiquement les intérêts américains, ne tenir compte que des nôtres : voilà la recette idéale en politique étrangère ! ».

Berlin/Kiev : En envoyant récemment des « Tornados » d’observation au Proche-Orient, la gouvernement fédéral allemand s’était immiscé dans un conflit international. Par ce précédent, des soldats de la Bundeswehr pourraient désormais être engagés dans un conflit à l’étranger, comme l’évoquait Hans-peter Bartels, chargé d’affaires en matières de défense auprès du Bundestag.

Aux questions  de “RedaktionsNetzwerk Deutschland” (RND), cet affilié à la SPD socialiste déclarait : «  Dans le cas d’une mission de casques bleus dans l’Est de l’Ukraine, l’Allemagne participera activement d’une manière ou d’une autre. Cela pourra aussi concerner la Bundeswehr ».

Il se référait aux accords récemment conclus entre la CDU, la CSU et la SPD pour former une coalition gouvernementale : dans ces accords, les partis signataires admettaient qu’il fallait résoudre dans l’avenir la crise en Ukraine orientale. Outre l’élargissement de la mission déjà existante de l’OCDE, on envisage aussi un mandat des Nations Unies. Ce mandat pourrait avoir pour objectif de maintenir en vigueur les accords de Minsk, prévoyant la paix en Ukraine orientale..

Un frein existe toutefois pour le plan envisagé par Bartels : un mandat des Nations Unies devra être avalisé par le conseil de sécurité de l’ONU, où siège également la Russie, qui pourrait exercer son droit de veto et empêcher ainsi la manœuvre.

Les Verts ont déjà marqué leur accord pour y engager éventuellement la Bundeswehr, tandis, dans les rangs de l’AfD, on rejette catégoriquement le projet. Jan Nolte, qui siège pour ce nouveau parti à la commission de la défense au parlement fédéral allemand, a déclaré au journal Zuerst: “Sans l’accord de la Russie, aucune mission des Nations Unies ne peut avoir lieu. Bien que Poutine ait bel et bien signé les accords de Minsk, il est très peu probable qu’il donne son accord pour ce nouveau mandat. Malheureusement, nous constatons, en nous rappelant l’engagement en Syrie de la Bundeswehr, que le droit international n’intéresse pas une majorité des parlementaires du Bundestag, tant que la volonté politique d’agir est là. J’espère dès lors que l’Allemagne, à l’avenir, ne suivra pas la voie indiquée par les intérêts américains mais ne suivra que la sienne propre en politique étrangère ».

Dans l’Est de l’Ukraine, depuis 2014, nous assistons à des affrontements très violents entre, d’une part, les forces de sécurités des républiques populaires de Lougansk et du Donetzk, et, d’autre part, les troupes ukrainiennes. Les deux régions autonomistes et russophiles s’étaient proclamées indépendantes suite à un putsch commis à Kiev, afin de s’orienter vers la Russie, tandis que le nouveau gouvernement ukrainien cherche à s’aligner sur l’Occident et sur l’OTAN. Les deux camps s’accusent mutuellement de saboter les accords jadis conclus à Minsk.

 (article paru sur : https://www.zuerst.de )

jeudi, 15 février 2018

Villages à vendre

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Villages à vendre

par Pierre-Emile Blairon

Le maire d’Ollolai, un petit bourg au centre de la Sardaigne, brade deux cents maisons à un euro chacune pour repeupler son village. Quantité de « ruraux », dans toute l’Europe, quittent leur village natal pour la grande ville la plus proche ou, pire, vers la mégapole de la région ou du pays.

Bien sûr, la désertification de nos campagnes ne date pas d’hier. La Révolution bourgeoise de 1789 a amorcé le déclin (les « Républicains » étaient essentiellement des citadins) puis la révolution industrielle l’a accentué et la Première guerre mondiale a achevé le travail causant la mort effective de millions de paysans européens, dans un camp comme dans l’autre (à qui profite le crime ? Aux marchands d’armes d’abord).

Le visionnaire Oswald Spengler avait décrit cette dramatique involution : « Le paysannat a enfanté un jour le marché, la ville rurale, et les a nourris du meilleur de son sang. Maintenant, la ville géante, insatiable, suce la campagne, lui réclame sans cesse de nouveaux flots d’hommes qu’elle dévore, jusqu’à mourir elle-même exsangue dans un désert inhabité. »

La mondialisation pousse sans cesse les structures économiques au gigantisme. Selon le mondialisme, qui est la traduction politique et utopique de la mondialisation, un concept auquel adhère la quasi-totalité des dirigeants de la planète, les peuples attachés à leur terre ne devraient plus exister pour laisser place à un magma uniforme et informe, malléable et corvéable à merci. Les terroirs, à les entendre, ne seront bientôt plus que des « zones » dont la vocation industrielle ou agricole sera planifiée au niveau planétaire ; les « habitants » de ces lieux rendus anonymes, sans distinction de race ou d’origine, seront invités fermement à souscrire au nouveau paradigme. Cette uniformisation à marche forcée a déjà commencé en France avec l’initiative (concertée ?) des présidents de régions qui croient de bon aloi de renommer nos régions dans ce sens : Hauts de France, Grand Est, ou même Sud, pour le dernier avatar de cette infamie.

Peu importe donc à nos gouvernants la qualité de vie de leurs populations pourvu qu’ils y trouvent leur content (ou leur « comptant », terme qui serait plus adéquat). Il apparaît pourtant de plus en plus évident que ce gigantisme planétaire n’est pas viable. Toutes les régions du monde (y compris les déserts) possèdent un sol, un sous-sol, ou des peuples qui possèdent ce que les autres n’ont pas et qui peuvent échanger dans de saines relations avec ces autres leur génie ou leur savoir-faire local sans perdre leur identité et leurs moyens de subsistance. Au contraire de cette propagande uniformisatrice qui tend à nous faire croire que le fait d’être soi-même et de le revendiquer relève d’un quelconque « repli sur soi », il semble qu’une nouvelle génération ait envie de renouer avec les traditions ancestrales et de se réenraciner, loin des pratiques artificielles et trépidantes de leurs congénères des villes. Le monde qui vient ne pourra survivre que grâce à ces pionniers de la Tradition.

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La nouvelle politique militaire des États-Unis – attention – danger !

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La nouvelle politique militaire des États-Unis – attention – danger !