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lundi, 08 février 2016

Des munitions plein la tête

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Des munitions plein la tête

par Bastien VALORGUES

 

Feltin-0.jpgPour l’ami Georges Feltin-Tracol, l’année 2015 fut une vraie année blanche si cette expression ne tombe pas encore sous le coup de la loi proscrivant toutes distinctions colorées… Le rédacteur en chef d’Europe Maxima ne publia aucun ouvrage. Certes, à la Rentrée 2014, il avait sorti à quelques semaines d’intervalle un essai prémonitoire sur l’extension du domaine liberticide, En liberté surveillée aux Bouquins de Synthèse nationale, et une belle introduction bibliographique sur Thierry Maulnier. Un parcours singulier (Auda Isarn). Il mit à profit 2015 pour regrouper des textes de combat, d’imparables munitions métapolitiques, dont des inédits, qui paraissent dans un nouveau recueil intitulé Éléments pour une pensée extrême, aux Éditions du Lore. Ce livre constitue le troisième volume (et dernier ?) d’une série inaugurée par Orientations rebelles (Les Éditions d’Héligoland, 2009) et poursuivie avec L’Esprit européen entre mémoires locales et volonté continentale (Les Éditions d’Héligoland, 2011).

 

Sciemment provocateur, le titre étonne. Georges Feltin-Tracol l’explique en avant-propos. Laissons donc au lecteur la primeur ! Il a écrit une grosse soixantaine de contributions non pas au FAMAS, mais à la mythique Sturmgewehr. Dans son viseur, une constante, un ennemi principal : la République française qu’il vomit de tout son être. D’ailleurs, l’une des parties du livre s’appelle « La tyrannie républicaine ». « Dans l’Hexagone de François Hollande, remarque-t-il, il ne fait pas bon être opposant. Ce triste constat se vérifiait déjà au temps de l’atlantiste Nicolas Sarközy. »

 

Il accuse « la République hexagonale » (l’une de ses expressions favorites) d’assassiner la France et ses peuples indigènes. Pour étayer cette terrifiante assertion, cet insatiable lecteur mentionne un curieux roman à clé écrit en 2005 par Sophie Coignard et Alexandre Wickham, Mafia chic qui décrit une classe politico-médiatique prête à tout pour s’enrichir au plus vite. Or, pour museler toutes les oppositions, le Système – auxiliaire zélé ou impeccable domestique du « bankstérisme » – suscite un véritable « désordre sécuritaire ». Ce terme oxymorique désigne le renforcement incroyable d’un État répressif, laquais d’une clique ploutocratique aux buts mondialisés. « Si la protection conjointe de la société et de l’enfance masque la sujétion totalitaire des corps et des âmes, note-t-il, l’insécurité largement répandue par les médias participe à la mise au pas des sociétés post-industrielles rendues plus fragiles par une hétérogénéité ethno-culturelle croissante. Il ne faut pas s’en étonner; c’est l’effet recherché : le “ multiculturalisme ” participe aussi à l’éradication des traditions populaires perçues comme des inerties, des freins et des résistances au Nouvel Ordre marchand planétaire. Plus le corps social sera “ multiculturel ”, plus il sera instable et mieux la coercition se révélera indispensable. Est-ce au fond si étonnant ? Pensons aux Grecs de l’Antiquité qui opposaient leurs cités homogènes, gages de démocratie, au caractère hétérogène des empires orientaux foncièrement despotiques. »

 

Esprit_europeen.jpgÀ l’étiolement des libertés civiques et publiques déjà avancé par le philosophe suisse Éric Werner, Georges Feltin-Tracol réclame dans une logique de « citoyen-combattant » un « droit des armes » pour les Européens libres de pratiquer une légitime défense plus étendue. Il ne se prive pas de répondre aux âneries habituelles professées par des journalistes sans courage. « Les médiats n’expliquent jamais que les fréquentes tueries qui ensanglantent les États-Unis seraient survenues quand bien même la détention de n’importe quelle arme aurait été proscrite, affirme-t-il avec raison. Le problème de ce pays n’est pas le nombre d’armes en circulation, mais leur usage qui témoigne de la profonde névrose de la société. Modèle planétaire de la modernité tardive, les États-Unis pressurent ses habitants au nom d’une quête à la rentabilité effrénée au point que certains voient leur psychisme flanché. La pratique dès le plus jeune âge de jeux vidéos ultra-violents, la sortie de milliers de films parsemés de scènes sanglantes et la consommation de plus en plus répandue de drogues et de produits pharmaceutiques éclairent le passage à l’acte. Entre aussi en ligne de compte la cohabitation toujours plus difficile d’une société en voie de métissage avancé fondée sur le génocide amérindien et les vagues successives d’immigration de peuplement. Enfin, le mode de vie totalitaire doux avec sa technolâtrie, son vide existentiel, son individualisme outrancier et sa compétition féroce de tous contre tous cher au libéralisme perturbe le cerveau de millions d’individus fragiles. »

 

On retrouve cette fragilité mentale chez les « z’élus ripoublicains » qu’il attaque violemment. « Les psychiatres devraient examiner le choix des députés qui, au regard des textes votés, témoignent d’une inquiétante aliénation ou d’un manque évident de discernement. Vivant dans une bulle dorée d’où ils ne perçoivent que les faibles clameurs de la vie réelle, les soi-disant “ élus du peuple ” se prennent régulièrement pour des Zorro de pacotille. » Il serait néanmoins erroné d’imaginer que tout le recueil porte uniquement sur l’affligeante vie politique française. Si certains textes sont polémiques, d’autres sont plutôt sociologiques. Favorable au port du voile par les musulmanes en France au nom d’un ethno-différencialisme sainement réfléchi, Georges Feltin-Tracol condamne « cette aspiration à légiférer [qui] contribue à pénaliser l’ensemble de la vie quotidienne. Après l’adoption de lois indignes qui censurent les libertés d’opinion et d’expression historiques, l’interdiction de fumer dans les bars (et bientôt sur les trottoirs) et la répression implacable sur les routes envers les automobilistes, va-t-on vers l’emprisonnement des musulmanes qui enfreindraient les lois de la sacro-sainte République hexagonale ? Pourquoi ne pas interdire le port du jeans, symbole de l’américanisation du pays, des piercings au visage, fort inesthétiques, des baladeurs qui enferment tout un chacun dans son propre monde ? Faut-il enfin envisager de sanctionner le port de la barbe ou d’en réglementer la taille ? Le Régime ne cesse de brailler en faveur de la fameuse “ diversité ”, mais il en rejette les inévitables conséquences. Il rêve d’individus exotiques à l’âme occidentalisée, c’est-à-dire déracinée. Sa chimère se transforme déjà en cauchemar grâce au niqab ». Des réflexions prophétiques rédigées dès 2009…

 

orientations-rebelles-de-georges-feltin-tracol.jpgOutre d’impertinentes interrogations sur la question des langues (on s’aperçoit que Georges Feltin-Tracol défendit un temps l’espéranto avant de récuser cette solution pour finalement approuver l’europo, une langue artificielle destinée aux seuls Européens conçue par le penseur identitaire, écologiste et païen Robert Dun), il ouvre des perspectives originales. Il annonce ainsi comment le Front national (ou son successeur) échouera nécessairement s’il accède au pouvoir sur un malentendu électoral. Il rend aussi hommage à quelques figures de la Grande Dissidence française et européenne : Saint-Loup, Dominique Venner, Maurice Bardèche (dont la recension de la biographie écrite par Francis Bergeron l’incitera plus tard à rédiger Bardèche et l’Europe) et deux personnalités qu’il côtoya : le chancelier du GRECE, Maurice Rollet (1933 – 2014), et le président de cette école de pensée de 1987 à 1991, Jacques Marlaud (1944 – 2014).

 

Cette proximité amicale avec ces personnes confirme une vision certaine du monde autour de deux points déterminants. Le premier développe un anti-libéralisme viscéral. « On ne doit pas imputer à l’immigration la responsabilité unilatérale de la décadence démographique européenne. Elle résulte surtout du triomphe indéniable sur nos mentalités de l’idéologie libérale-libertaire. Vouloir la combattre implique un rejet complet et conséquent de toute forme de libéralisme qu’elle soit économique, sociale, individuelle, religieuse, culturelle et politique. La fin du communisme a eu l’immense mérite de mettre en lumière la malfaisance intrinsèque de la doctrine libérale. » Le second résulte d’une forte méfiance à l’égard du souverainisme, c’est une hostilité à la construction européenne au nom d’une autre Europe. « Soumise au féminisme, au multiculturalisme et à l’économisme, la présente Union européenne des traités de Maastricht, d’Amsterdam, de Nice et de Lisbonne demeure le meilleur exemple de cette société ouverte dans laquelle toutes les différences culturelles, linguistiques, sexuelles, religieuses, ethniques sont effacées pour des différenciations construites par le fric. ». En authentique « Français d’Europe (Pierre Drieu la Rochelle) », en « ultra-Européen », Georges Feltin-Tracol exige une Europe impériale, identitaire et enracinée ! « Ce n’est pas parce que la forme présente de l’Europe est néfaste à nos peuples autochtones qu’il faut rejeter toute idée européenne : l’Europe, patrie de nos nations, l’Europe de toutes nos identités, l’Europe de toutes nos racines ne doit pas se dissoudre dans la résurgence virulente des sentiments nationaux et/ou régionaux. Il faut au contraire soutenir un intégrisme albo-européen, une Europe intègre, une Europe totale, une Europe comprise comme mythe mobilisateur au sens que l’entendait Georges Sorel ! L’Europe est notre ultime vecteur de survie et de renaissance contre l’Occident mondialiste et bankstèriste. » C’est au nom de cet ambitieux idéal continental qu’il propose une révolution pour un ordre nouveau qui impliquerait entre autres la décroissance économique, l’autarcie des grands espaces et une réduction massive du temps de travail. Cette dernière suggestion surprend. Ces mesures s’inscrivent « Non dans une perspective fallacieuse de société de loisirs, mais pour un retour aux principes européens d’identités, de puissance et de spiritualités. Redonner aux Européens une intense densité intérieure, une sensibilité nouvelle au tragique et une sociabilité civique effective, très loin du chant des sirènes de la marchandise, tel est finalement le but philosophique de l’autarcie des grands espaces. »

 

Cet idéalisme activiste n’empêche pas un remarquable pragmatisme politique. Dès juillet 2012 dans un texte visionnaire, Georges Feltin-Tracol récusait presque par avance toutes ébauches d’union nationale et, en révolutionnaire d’Ordre, s’écarte des conservatismes éculés. Il déplore l’échec total de la « Manif pour Tous », modèle parfait à ne pas reproduire par son refus permanent de se confronter par la force aux organes sécuritaires du Régime. Il regrette la faiblesse intellectuelle des mouvances anti-« mariage gay » qui « prendraient une tout autre consistance si elles s’élargissaient à des préoccupations écologiques et socio-économiques et si elles adoptaient une cohérence anti-libérale résolue ». En effet, l’auteur constate que « la césure droite – gauche s’estompe au profit de nouveaux clivages qui se cristallisent autour du conflit entre les tenants de toutes les identités, les défenseurs de la cause des peuples, et les chantres de l’uniformité, de l’arasement culturel, de la mondialisation globalitaire dont le système Sarkozy est en France une variante locale ».

 

Contre les idoles éphémères du Système tels l’Iranienne Sakineh, le Chinois Liu Xiaobo, Prix Nobel de la Paix 2010, les fameuses Femen (qu’il écrit plaisamment FemHaine) et le célèbre Charlie, Georges Feltin-Tracol oppose de véritables victimes de la République comme le retraité condamné René Galinier ou l’historien indépendant Vincent Reynouard. C’est un époustouflant manuel de lèse-République jubilatoires, un formidable livre d’assaut, une mèche allumée prête à embraser un prochain Printemps grand-européen des peuples en révolte !

 

Bastien Valorgues

 

• Georges Feltin-Tracol, Éléments pour une pensée extrême, Les Éditions du Lore, 2016, 440 p., 30 € (+ 5 € de port), à commander sur le site <http://www.ladiffusiondulore.fr>.


Article printed from Europe Maxima: http://www.europemaxima.com

URL to article: http://www.europemaxima.com/?p=4722

 

jeudi, 28 janvier 2016

Georges Feltin-Tracol: Eléments pour une pensée extrême

 

mercredi, 27 janvier 2016

Der Ernstfall der Politik

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Der Ernstfall der Politik

von Gereon Breuer

Ex: http://blauenarzisse.de

Der Theologe Wolfgang Spindler erklärt in einer aktuellen Schrift sehr erhellend die politische Theologie Carl Schmitts, die man nur durch seine Frühschriften verstehen könne.

Wer begreifen will, welcher Zusammenhang für den „umstrittenen“ Carl Schmitt zwischen Theologie und Politik bestand, der muss tief in dessen Werk eintauchen. Gerade in seinen Frühschriften finden sich viele Spuren dessen, was er für theologisch in der Politik hielt. Ernstfall sei sie immer, denn nur, wo sie konkret werde, da könne sie stattfinden. Eine reine Idee der Politik lehnte Schmitt ab. Wolfgang Spindler, Dominikanerpater und intimer Kenner der Werke Schmitts, leistet mit seiner Schrift „Die Politische Theologie Carl Schmitts“ hier einen produktiven Zugang. Die politische Theologie erkennt er in Schmitts Werk in mindestens zwei Dimensionen. Zum einen gibt es dort die Schrift mit dem gleichen Namen aus dem Jahr 1922 – das ist die erste Dimension. Ohne den Kontext der anderen Frühschriften bleibt sie aber unverstanden – das ist die zweite Dimension.

Souveränität existiert nur in der konkreten Anwendung

Als zentralen Begriff in der „Politischen Theologie“ macht Spindler die Souveränität aus. Bereits im ersten Satz der Schrift ist sie als bedeutendes Thema benannt: „Souverän ist, wer über den Ausnahmezustand entscheidet.“ Eine derart verstandene Souveränität kann ebenfalls nicht Idee bleiben. Sie kann nicht als Schema der Theorie existieren, sondern nur in ihrer konkreten Anwendung. Diese Anwendung, so legt Schmitt dar, hat sich bis zu ihrer politischen Praxis in der Demokratie wesentlich verändert. So sei der Fürst vor der Französischen Revolution der auf die politische Welt übertragene cartesianische Gott gewesen.

In der Demokratie der Moderne habe sich die Menschheit aber nicht nur an die Stelle des Fürsten, sondern an die Stelle Gottes gesetzt. Hierin erkennt Spindler einen wesentlichen Punkt, der die politische Theologie Schmitts als Kritik an der Demokratie lesbar macht: „Gott und Staat sind nicht an sich selbst gebunden, sondern beweisen in der Ausnahme ihre Überlegenheit über ihre eigenen Gesetze.“

Auch Gott ist Demokrat

Diese Überlegenheit wird dann problematisch, wenn sie demokratisch und damit durch Mehrheitsverhältnisse verhandelbar ist. Schmitt sieht aber noch ein weiteres Problem: „Das metaphysische Bild, das sich ein bestimmtes Zeitalter von der Welt macht, hat dieselbe Struktur wie das, was ihr als Form ihrer politischen Organisation ohne Weiteres einleuchtet.“ Das bedeutet nicht nur, dass in der Moderne Gott zum Demokraten geworden ist, sondern das bedeutet auch, dass der Mensch als so außerordentlich gut angenommen wird, dass niemand erwartet, dass er die Möglichkeiten der Demokratie nutzen wird, um die ihm dadurch gegebene Überlegenheit über eigene Gesetze zum Nachteil anderer auszunutzen. Wie Spindler – als Theologe mit der Erbsünde gut vertraut – richtigerweise feststellt, ist das nicht nur falsch, sondern extrem gefährlich. Er sieht darin die Legalität als Mythos begründet: „Sie ist die Politische Theologie der Moderne, insofern sie beansprucht, den Geltungsanspruch der politischen Ordnung allein rational-​argumentativ zu rechtfertigen.“

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Der Mensch als Ernstfall

Wie für den Theologen Spindler war auch für den Juristen Schmitt die Ratio nie die allein ausschlaggebende Kraft. Der „katholische Impuls“ war und ist Spindlers Meinung nach bei den Schriften Schmitts immer spürbar. Das gilt nicht nur für „Römischer Katholizismus und politische Form“, in der Schmitt deutlich macht, dass die Kirche immer auch eine politische Machtform besitzt, die sie grundsätzlich als „complexio oppositorum“ ausübt. Zu ihrem Wesen gehöre es, über „eine spezifisch formale Überlegenheit über die Materie des menschlichen Lebens“ zu verfügen.

Der Ausnahmezustand der Kirche ist also quasi der Mensch. Er ist ihr Ernstfall. Eine entsprechende Überlegenheit kann und will Schmitt in der Politik nicht erkennen, obwohl auch dort der Mensch im Zentrum des Handelns steht. Trotzdem werde dort im Ausnahmefall die Norm durch die Entscheidung vernichtet und der Staat habe so immer ein Instrument in der Hand, das Recht zurückzudrängen. Schmitt sieht darin die problematischste Eigenschaft der Legitimität.

Der schädliche Glaube an die Diskussion

Wie Spindler an vielen Stellen seines Werkes deutlich macht, ging es Schmitt niemals darum, in den beiden Dimensionen der „Politischen Theologie“ die Politik zu theologisieren oder die Kirche zu politisieren. Vielmehr sei es sein Anliegen gewesen, in der Gegenüberstellung beider Ordnungssysteme die Defizite der Politik herauszustellen. Das zeige sich besonders deutlich in Schmitts kritischer Haltung gegenüber dem Parlamentarismus, wie sie sich prägnant in „Die geistesgeschichtliche Lage des heutigen Parlamentarismus“ von 1923 äußere. In dieser Schrift macht Schmitt deutlich, dass Parlamentarismus und Demokratie nicht notwendigerweise zwei Seiten einer Medaille sein müssen, wie sich das nach 1945 durchgesetzt hat.

Der „Glaube an die Diskussion“, wie er für den Parlamentarismus prägend sei, habe seinen Ursprung keineswegs in der Demokratie, sondern im Liberalismus. Denn die Demokratie sei immer ohne politischen Inhalt und lediglich eine Organisationsform. Die Ursache für Schmitts Liberalismuskritik resultiert Spindler zufolge vor allem aus der Abneigung gegenüber dem „ewigen Gespräch“, das der Liberalismus im Parlament als Institution der Demokratie installiert habe, wodurch die Wahrheit zur „bloßen Funktion eines ewigen Wettbewerbs der Meinungen“ degradiert worden sei. Alles und wirklich alles habe der Liberalismus so für die parlamentarische Diskussion frei gegeben.

Politik als diskursive Kraft

Schmitt konstatiere schließlich im historischen Zusammenhang „eine Abwärtsentwicklung der politischen Theologie: von der Transzendenz zur Immanenz, von der Person zur Mehrheit, von der Dezision zur Diskussion“. Angesichts dessen, wie sich der Versuch der Ernstfallbewältigung durch die Politik derzeit darstellt, ist diese Feststellung aktueller denn je. Ob Flüchtlingskrise, Eurokrise oder ein beliebiger kriegerischer Konflikt – überall zeigt sich die Politik als diskursive und nicht als dezisionistische Kraft. Es erscheint fast so, als wolle die Politik eine tätige Auseinandersetzung mit dem Ernstfall bewusst verhindern. Ihre Vertreter meiden die Entscheidung, weil ihr Glaube selbst politisch geworden ist: „Sie ‚glauben’ jetzt eben an das legalistische System, an den parlamentarischen Geist oder eine andere Ersatzmetaphysik. Hierin kommt ein irrationales Element zum Vorschein.“ Carl Schmitt empfiehlt sich hier trotz aller Widersprüche in seinem Werk als geeignetes Gegengift, das Spindler mit seiner Schrift ausdrücklich empfiehlt.

Wolfgang Spindler (2015): Die Politische Theologie Carl Schmitts, Kontext – Interpretation – Kritik. disserta Verlag, Hamburg, 124 Seiten, 44,99 Euro.

jeudi, 14 janvier 2016

Etat islamique et retour de l'histoire

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Etat islamique et retour de l'histoire

Chronique de livre : Pierre-Jean Luizard, Le piège Daech, l'Etat islamique ou le retour de l'histoire, La Découverte, Paris, 2015

Ex: http://cerclenonconforme.hautetfort.com

Pierre-Jean Luizard est directeur de recherche au CNRS, historien spécialiste du Moyen-Orient, en particulier de l'Irak, de la Syrie et du Liban. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages sur cette région du monde comme La Formation de l’Irak contemporain (CNRS Éditions, 2002) ; La Question irakienne (Fayard, 2002 ; nouvelle édition augmentée 2004) ; La Vie de l’ayatollah Mahdî al-Khâlisî par son fils (La Martinière, 2005) que pour ma part je n'ai pas consulté. Il publie avec Le piège Daech, l'Etat islamique ou le retour de l'histoire, un ouvrage éclairant sur la question de l'Etat islamique, ce nouveau califat qui agite l'actualité nationale et internationale, particulièrement depuis les attentats du vendredi 13 novembre.

L'ouvrage de 178 pages, agrémenté d'une chronologie et de trois cartes, se lit rapidement et permet de se faire une idée assez claire du sujet traité. Nous regretterons simplement l'absence d'un lexique répertoriant tous les termes spécifiques – en arabe – employés par l'auteur, et l'absence, plus embêtante encore, d'une bibliographie permettant au lecteur intéressé de poursuivre ses investigations. Je ne traiterai par ailleurs ici que de quelques aspects de l'ouvrage, faisant volontaire l'impasse sur Al Qaeda, Al Nosra, l'émergence concrète de l'Etat islamique, entre autres thèmes abordés dans celui-ci.

piege7186102.JPGAchevé le 28 décembre 2014 et paru en février 2015, il ne concerne donc pas des événements de l'année 2015. Ne cherchez pas ici une quelconque analyse des évolutions géopolitiques de l'année écoulée, ni des événements qui ont secoué notre pays. En revanche il permet de se faire une idée beaucoup plus claire de l'histoire et de la situation de la région, l'auteur s'attaquant d'abord à expliquer la formation de l'Etat islamique, avant de faire un retour en arrière vers le découpage de la région par les puissances coloniales britanniques et françaises. Il analyse aussi la faillite des états irakiens et syriens, apporte des réflexions sur un bouleversement total et durable du Moyen-Orient et tente de justifier le titre de son ouvrage dans la dernière partie éponyme. Le moins que l'on puisse dire c'est que cet ouvrage est une réussite. Je suis toujours précautionneux face aux différentes publications en lien avec l'actualité, où certains universitaires veulent surtout se faire mousser. Point de tout cela chez Pierre-Jean Luizard qui ne fait un livre à charge contre personne, pas même l'Etat islamique, et cherche à nous livrer des clefs pour comprendre ce phénomène. Je n'ai tiqué qu'à deux reprises, la première par l'emploi systématique de l'expression « régime de Bachar al-Assad », qui certes correspond sûrement à la réalité d'un Etat qui a perdu le contrôle sur une bonne partie de son territoire, mais ne traduit pas que jusqu'à preuve du contraire, il s'agit du régime légitime reconnu par la communauté internationale. La seconde lorsque l'auteur nous livre une phrase élogieuse au sujet de l'Armée Syrienne Libre qui serait « pétrie de nationalisme arabe » alors qu'il me semble pourtant que des éléments salafistes y ont joué un rôle dès l'origine, comme ce fut le cas dans de nombreux mouvements de protestations issus du « printemps arabe » de 2011. A cette occasion l'auteur n'étaye d'ailleurs pas son propos par des déclarations ou toute autre forme de démonstration, nous devrions donc le croire sur parole, et en toute bonne foi.

Hormis ces détails, l'ouvrage vous en apprendra beaucoup sur la région et il adopte une grille de lecture qui nous semble tout à fait valable : temps long historique et prise en compte du fait ethno-confessionnel.

Pour le temps long historique, à l'instar de ce que j'écrivais d'ailleurs dans un article publié le 23 juin 2015,  nous pouvons prendre comme une des clefs de lecture la chute de l'empire ottoman et le redécoupage du Moyen-Orient par les puissances coloniales, et mandataires, françaises et britanniques qui n'a pas tenu compte des anciennes velayets (ou wilayas) de l'empire Ottoman, ni des aspirations des populations. La décennie 1915-1925 semble être un tournant majeur dans l'histoire régionale. En effet en 1916, Français et Britanniques concluent un accord secret nommé Sykes-Picot, du nom des deux personnages en charge de cet accord, qui prévoit le redécoupage du Moyen-Orient. Après moultes tribulations et trahisons expliquées dans l'ouvrage, on assiste à la définition des frontières des états que nous connaissons : Liban, Syrie, Irak, (Trans)Jordanie et Palestine (plus tard Israël) qui sont fixées en 1925. L'auteur mentionne également les accords de Balfour entre britanniques et sionistes qui prévoient, dès 1917, l'installation d'un foyer national juif en Palestine. Les britanniques auront comme à leur habitude (l'Afrique du sud en est un autre exemple patent) semé les graines de la discorde. Ils iront jusqu'à mener en bateau le chérif de La Mecque, lui promettant une grande union pan-arabe qui ne verra jamais le jour. Les Britanniques appuieront ensuite en Irak la minorité sunnite face à la majorité chiite. Les Etats-Unis en feront d'ailleurs de même après la révolution islamique d'Iran. Alors que le régime irakien n'aurait jamais dû survivre aux années 80, il profita de l'appui de Washington qui y voyait un allié contre l'Iran et un territoire intéressant pour le pétrole.

En Syrie, où l'influence européenne était encore plus importante du fait de la situation géographique méditerranéenne du pays et de l'importance des communautés chrétiennes, c'est un phénomène assez similaire qui se produit mais en faveur des chiites et des chrétiens. Les fondateurs du baassisme syrien sont pour la plupart des chrétiens voulant échapper au statut de minorités face à la majorité sunnite. L'arabité y est perçu comme un facteur unitaire permettant de dépasser les clivages confessionnels. En cela les baassistes importent les éléments issus de l'histoire politique européenne dont ils ont été nourris dans les universités françaises (nationalisme, ethnicisme, laïcité, état de droit, etc...). L'auteur explique que pour les minorités de la région, ce qui importe c'est d'accéder à une égalité de droit. Partout les minorités veulent s'extraire de leur statut. Le fait donc qu'en Irak des chiites, qui traitent aujourd'hui les sunnites comme ils furent eux-mêmes traités par ces derniers, passent de l'islam confessionnel au communisme avant de retourner à l'islam confessionnel, ou que des sunnites passent du baassisme irakien à l'Etat islamique n'est donc pas étonnant si l'on prend en compte la clef de lecture ethno-confessionnelle, c'est à dire la mosaïque identitaire de cette région. Hussein lui-même joua cette carte contre l'Iran persan et chiite en opposant une identité arabe et sunnite. L'Etat islamique est donc une réponse à la fois pan-arabe et islamique, fonctionnant sur un enracinement territorial et une arabité culturelle d'une part et sur un universalisme islamique salafiste (wahhabite) d'autre part, permettant l'intégration de populations diverses (tchétchènes, néo-convertis occidentaux, maghrébins, etc...). L'auteur rappelle également que la Syrie est un foyer historique du hanbalisme dont est issu le wahhabisme. Le terreau y était donc fertile, surtout si la majorité sunnite est exclue des sphères du pouvoir... A cela il faut rajouter toutes les questions tribales, claniques, la parenté, la descendance du prophète, les différentes sectes religieuses, etc... faisant de ces régions un authentique sac de nœud communautaire (18 communautés au Liban, par exemple). Si La Yougoslavie, formée en 1919-1920, a explosée dans les années 1990, il semblerait que le Moyen-Orient suive le même chemin et que l'Etat islamique ne soit - entre autre - qu'une manifestation de ce phénomène. Ces derniers ne s'y sont pas trompés en détruisant symboliquement la frontière syro-irakienne avec un tractopelle en faisant référence aux accords Sykes-Picot. Car si l'unité des arabes n'apparaît au final que rhétorique en Syrie et en Irak, et a surtout permis à des clans de s'assurer le pouvoir, cet élément de propagande est repris par l'Etat islamique. Ce que les Etats syriens et irakiens n'ont jamais fait - car ils étaient créés et (en partie) inféodés aux occidentaux -, alors l'Etat islamique le fera. Voila dans les grandes lignes ce qu'on peut comprendre. A cela s'ajoute la dimension islamique salafiste « takfiri » qui considère que les autres branches de l'islam se sont compromises avec l'Occident.

L'auteur s'attaque également à la position difficile des Etats voisins, qu'ils soient modestes comme le Liban ou beaucoup plus influents comme la Turquie et l'Arabie Saoudite. Au Liban, c'est le Hezbollah qui apparaît comme le principal ennemi de l'Etat islamique, l'armée libanaise se retrouvant coincée entre des sunnites assez hostiles au Hezbollah et à la Syrie et des chiites et des chrétiens plutôt favorables. Pour la Turquie il considère que l'AKP n'a effectué que des mauvais choix qui se sont retournés contre-lui. Erdogan, en refusant de désigner un ennemi principal et en mettant dos à dos en terme de menaces les minorités alévis et kurdes avec l'Etat islamique, semble perdre le contrôle de la situation. Il rappelle cependant que la frontière passoire entre l'EI et la Turquie n'est pas une nouveauté et que déjà avec Saddam Hussein les trafics de pétrole y étaient nombreux. En Arabie Saoudite, le pouvoir qui a joué le grand écart entre son rigorisme salafiste et son alliance avec les Etats-Unis semble aujourd’hui dans une situation complexe. L'auteur titre même « le roi est nu ». La plupart des officines salafistes ou liées au Frères musulmans, qui profitèrent jadis du régime, se retournent depuis quelques années contre lui. Les chiites qui eurent l'espoir de s'intégrer il y a dix ans vivent aujourd'hui un redoutable retour au réel avec les répression de leurs congénères à Bahrein et au Yémen où sont impliqués les Saoudiens. L'exécution récente d'un responsable chiite saoudien ne peut que donner raison aux intuitions de l'auteur sur la fuite en avant du régime saoudien. Les Saoudiens s’attellent donc à protéger leurs frontières en surveillant les 800 km qu'elle a en commun avec les Etats en pleine déconfiture et, élément que ne mentionnent pas l'auteur, ils ont augmenté leur budget militaire depuis deux ans (4eme en 2014 derrière les Etats-Unis, la Chine et la Russie). Avec l'effondrement des rentes pétrolières, la dissidence d'une partie des élites saoudiennes favorables à l'EI et le soutien de grandes familles qataris aux Frères musulmans et à l'EI, la situation semble tendue pour ce pays qui se veut un gardien des lieux saints. Bémol de cette partie de l'ouvrage, l'auteur ne s’attaque pas à la pérennité de l'Etat d'Israël ni à son implication dans la région. Je fus par contre très agréablement surpris de voir que l'auteur mentionne l'effet miroir entre Occidentaux et salafistes de l'EI, rappelant par là le conflit mimétique cher à feu René Girard. Jean-Pierre Luizard indique par exemple que l'EI emploie à son profit des expressions qu'on retrouve dans Le Choc des civilisations d'Hutington. L'auteur n'hésite pas à pointer du doigt l'échec de la politique américaine depuis 2003, politique dont d'ailleurs il ne comprend pas la logique pour les intérêts des Etats-Unis eux-mêmes. Ceux-ci ont cru qu'en redonnant le pouvoir aux chiites et en valorisant les Kurdes, ils régleraient les difficultés de l'Irak sunnite de Saddam Hussein ; ils n'auront au contraire fait que détricoter le Moyen-Orient créé par les Européens, et libérés les conflits ethno-confessionnels. Fabius n'est pas en reste, l'auteur estimant qu'il n'a toujours pas pris la mesure de la réalité du terrain et que les appels à la souveraineté de l'Irak ne risquaient pas de trouver un écho chez des sunnites en conflit larvé avec les chiites.

L'auteur considère donc que l'EI a très bien manœuvré en provoquant les différents acteurs sur un terrain qui les conduiraient à s'impliquer, nous les premiers. Avec les attaques sur les minorités ou les femmes et en diffusant des vidéos scénarisées destinées à faire réagir notre opinion publique, et donc nos politiciens sur le mode émotionnel, l'EI a marqué des points contre nous. Il modère en revanche la question chrétienne en rappelant qu'en tant que « Gens du Livre » ils peuvent profiter du statut de dhimmis, comme à Raqqa. Dans d'autres territoires contrôlés par l'EI, ce sont les chrétiens qui ont refusé la conversion ou le statut de dhimmis et les différentes conditions de l'EI prévues par la charia, et se sont exilés, comme c'est le cas à Mossoul. Il ne traite pas en revanche la question des réfugiés/migrants/clandestins qui arrivent en Europe. Il faut dire que le phénomène s'est amplifié depuis la parution du livre. En revanche il n'hésite pas à mentionner que les nombreux réfugiés sont des foyers de déstabilisation dans leurs pays d'accueils : Liban ou Jordanie. Et nombreux sont les pays qui y voient de potentiels djihadistes infiltrés. Les européens, qui méconnaissent totalement le champs des conflits inter-ethnique et interconfessionnel depuis longtemps, ne sont donc pas encore préparés à appréhender le phénomène des réfugiés avec le regard des pays moyen-orientaux qui en ont l'habitude. Les bagarres qui éclatent dans les camps de clandestins en Europe sont pourtant une illustration de ce phénomène de tension inter-ethnique. Il ne serait pas étonnant que cela arrange bien les différents Etats de la région de nous envoyer leurs réfugiés, s'épargnant des émeutes et troubles potentiels dans un contexte déjà très tendu.

Au final, tous les pays sont donc tombés dans le « piège Daech » et on devine d'où Alain de Benoist tire sa réflexion lorsqu'il écrit « Il ne sert à rien de supprimer l’État Islamique si l’on ne sait pas par quoi le remplacer ». L'auteur conclue en effet son ouvrage, entre autre, par ces mots : « Une longue période historique s'achève : on ne reviendra pas au Moyen-Orient que nous avons connu depuis près d'un siècle. Une guerre lancée sans perspectives politiques n'est-elle pas perdue d'avance ? C'est le piège que l'Etat islamique tend aux démocraties occidentales pour lesquelles il représente certainement un danger mortel. Les leçons de l'Histoire doivent aussi servir à le combattre. »

L'avenir qui se dessine ressemble en tout cas étonnamment au projet de « Grand Moyen-Orient ». Il est de toute façon clair que cette mosaïque ethnique, aux frontières dessinées par les Européens, ne pouvait pas durer, comme c'est aussi le cas en Afrique, du reste. Le retour de l'histoire, c'est le retour des grandes aires de civilisation, c'est le retour du temps long et des revendications ethno-confessionnelles. Un coup de surin dans le monde hérité des Lumières.

Jean / C.N.C.

Note du C.N.C.: Toute reproduction éventuelle de ce contenu doit mentionner la source.

vendredi, 08 janvier 2016

Review: The Glass Bees by Ernst Jünger

Review: The Glass Bees by Ernst Jünger

Ex: http://the-electric-philosopher.blogspot.com

Thanks to Rowan Lock for the biographical details, and general assistance with writing.

You can get hold of the copy of The Glass Bees I read here.
 
glassbees.jpgErnst Jünger was one of the true luminaries of the intellectual Right in the 20th century. A popular hero of the First World War, famous for his memoir of the conflict entitled The Storm of Steel, he became aligned with the German conservative revolutionary movement in the interbellum years, and as such advocated a radical, authoritarian, militarist nationalism. This being said, he never made the fatal gesture Heidegger made, and was never associated with National Socialism; his relationship with Nazism began as coolly ambivalent, progressing into antipathy and finally open hostility (he was even peripherally involved with 20 July Plot to assassinate Hitler). This being said, his contribution to political theory outside his initial context was, essentially, minimal. However, he was regarded as a figure of great literary stature in post-war Europe. He was a prolific novelist, and his incredibly long lifespan (over a century) gave him an enviable vantage point to comment from: he was a grown man when the German Empire collapsed, he was present during the rise and fall of the Third Reich, and lived to see the reunification of Germany (comfortably outliving the German Democratic Republic). His fans included a variety of contradictory figures, including Hitler, Goebbels, Francois Mitterand, Thomas Mann and Bertolt Brecht. As well as writing, he was also a well-educated botanist and entomologist. He was even one of the very earliest experimenters with LSD. He was a man who embodied the very paradoxes and contradictions of recent European existence.
 
The Glass Bees is a novel about Captain Richard, a retired cavalryman-turned-tank-inspector. He's been offered an interview for a job working for Zapparoni, a technology magnate who embodies the Zeitgeist of modernity perfectly, and is depicted almost as a synthesis of Walt Disney and Steve Jobs, only infinitely cooler. Zapparoni's company makes the finest automata in the land, but these aren't the clunky mechanoids you might expect, they're rather more like the kind of tech that we have here-and-now. They are modest, ubiquitous, labour saving devices, tiny robots performing a host of domestic and industrial tasks. That isn't the limit to Zapparoni's vision though, he is also a purveyor of cinematic products, his automata bringing characters from myth and legend to all-too convincing life (in other words, animatronics). The vividness of the distractions he produces is, however, somewhat disquieting: 
 
Children, in particular, were held spellbound [by his films]. Zapparoni had dethroned the old stock figures of the fairy tales...Parents even complained that their children were too preoccupied with him.  
 
Richard is not a man of his time, arguably like Jünger himself. He harks back to the glory days of warfare and conflict that still felt human, battles fought with flesh and steel, and not simply with mechanisms and calculations. He feels a particular disgust at the kind of dismemberment produced by the technics of modern warfare, remarking that one doesn't find any stories of amputated limbs in the Iliad. That statement in particular becomes eerily prescient of the image of today's soldier wounded by an IED in one of our misadventures in the Middle East, missing an arm or a leg, but still alive: Richard mourns the loss of wars that killed you cleanly. Richard's world is one that has been plunging into chaos and uncertainty since his youth, when his country, Asturia, was plunged repeatedly into war, including civil war. He is a man whose principles were formed in a world now lost, and the one he finds himself in does not feel like an improvement.
 
[My father] had led a quiet life, but at the end he hadn't been too happy either. Lying sick in bed, he said to me: "My boy, I am dying at just the right moment." Saying this, he gave me a sad, worried look. He had certainly foreseen many things.
 
glassbees222.jpgThis is a deeply reactionary novel, and doesn't make for easy reading. Jünger's writing meanders, straying into lengthy digressions into his narrator's memory; his pace is languid, virtually glacial in fact. Although his prose is beautiful, even poetic, it feels incredibly indulgent and is often, frankly, dull. Very little happens as such in the novel, the bulk of it simply being Richard's recollections. And yet, what is curious is how this achingly slow piece of writing is able to convey the sheer speed with which modernity did away with the old world. The narrator, like Jünger, grew up in a world were the horse was still yet to be rendered obsolete by the automobile. 
 
Jünger's clear concern is that technological progress will injure humanity very, very deeply.
 
Human perfection and technical perfection are incompatible. If we strive for one, we must sacrifice the other...Technical perfection strives toward the calculable, human perfection toward the incalculable. Perfect mechanisms...evoke both fear and a titanic pride which will be humbled not by insight but only by catastrophe.

What is curious here is that before the Second World War, Jünger advocated Germany's complete embracing of the technological age as the only way it could find victory in the next war. He felt that it was Germany and Austria-Hungary's traditional, aristocratic hierarchy that prevented it from being able to properly mobilise itself in the total way the more levelled, egalitarian societies of the democracies were capable of doing (he discusses this in his work Total Mobilisation), and only by accepting the levelling effects of technological modernity could Germany once again find itself triumphant. Perhaps by the time of writing The Glass Bees Jünger had simply become disenchanted with the fury of warfare.

Elsewhere Richard, and maybe Jünger, speaks of the loss of the simple 'joy' of labour, of working the earth, of harvesting crops, of the well-deserved rest at the end of the long day, and how this has been traded in for labour that is certainly easier, and leisure time that is longer, but doesn't carry the same weight of satisfaction. The fear that we have lost much and gained little except damnation in return is the central theme of this book.

Zapparoni himself, in fact, has utilised his vast wealth and power to create a private world at first seemingly devoid of the artefacts that have made his name. He has a residence located within the grounds of his plant (which Bruce Sterling, in his introduction, remarks is not dissimilar to the campus feeling of Silicon Valley) in the form of a converted abbey. Richard explores its private library, finding books on Rosicrucianism and other occult sciences, and is later sent down the path to a cottage that comes close to the very Platonic Form of idyllic country residences. What is curious here is that this retreat from modernity has only been made possible by Zapparoni's very success at the practices and theories that Richard feels have destroyed the simple authenticity of the old world. How might this be read? Perhaps Jünger is suggesting that the only way back into the world that has been lost is to pass through the modern one, presuming we are capable of surviving it, and to use its mechanisms and ingenuity to recreate a new version of the old.

There's a feeling of resignation in this novel. Jünger isn't really calling on us to take up arms against the machines. His constant allusions to astrology suggest that he feels that what we now find ourselves in was, somehow, inevitable. It is our bad luck to find ourselves in the midst of it, but a way out might be found if we can weather the storm of the new. This being said, Richard repeatedly describes his attitude as 'defeatist'. Perhaps the more subtle suggestion Jünger is making here is that things only became inevitable when we decided we can't stop them.

I'm left feeling torn by this book. I share Jünger's concerns about the insidious nature of these devices we're now surrounded by, and yet the past he (or Richard) is seemingly appealing to is one that is forever out of reach, and if we were to find ourselves in it, it wouldn't be what we wanted. Consider the above statement about how now modern war doesn't kill one cleanly, that we now have the mutilated, dismembered wounded: we can equally well read this as 'Human technical ingenuity is now such that it can protect us, admittedly only limitedly, from the extremities of human malice.'

The question posed by modernity is one that has not yet had a satisfactory answer. Indeed, the question itself has yet to be fully formulated. Jünger's contribution to understanding the condition that we find ourselves in is an important one. If nothing else, he can remind us how incredibly recent all of this still is. Up until only very recently, there were people alive who'd fought in the war of Kings, Kaisers and Tsars, witnessed the rise of all the great and terrible varieties of attempted Utopia the last century produced, saw a human being walk upon the surface of the Moon (an image which disturbed Heidegger no end), and died in the age of Facebook.

It really is anyone's guess where this will all lead.

2016 Reading List Progress

List 1:
 
1. The Glass Bees by Ernst Jünger
2. Sacred Drift: Essays on the Margins of Islam by Peter Lamborn Wilson
3. Notes from the Underground by Fyodor Dostoyevsky
4. United States of Paranoia by Jesse Walker
5. Axiomatic by Greg Egan 

lundi, 28 décembre 2015

Breiz Atao! Mordrel, Delaporte, Lainé, Fouéré: une mystique nationale

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Breiz Atao! Mordrel, Delaporte, Lainé, Fouéré: une mystique nationale (1901-1948)

Interview de Sébastien Carney

Ex: http://www.leblancetlenoir.com

Rennes (Breizh-info.com) – Les Presses Universitaires de Rennes ont publié, fin novembre, un ouvrage intitulé « Breiz atao », écrit par Sébastien Carney. Maître de conférences en histoire contemporaine à l’UBO (Brest), il s’est spécialisé depuis plusieurs années dans l’étude des mouvements non-conformiste de Bretagne, ainsi que dans le régionalisme et le séparatisme. Le propos de son ouvrage ? Il est de dire que l’on ne comprendra rien à Mordrel, Delaporte, Lainé ou Fouéré, tant qu’on s’obstinera à n’en faire que des « collabos».

L’histoire du mouvement breton ne se réduit pas à des épisodes spectaculaires et dramatiques de la Seconde Guerre mondiale : ceux-ci ne furent que la mise en application d’idées énoncées bien avant, partout en Europe, et adaptées à la Bretagne par quelques personnalités hors norme.

Pour faire le point sur le livre, nous avons interrogé son auteur.

Breizh-info.com : Pouvez-vous présenter votre ouvrage et vos travaux. Qu’est ce qui ne fait pas de ce livre » une étude de plus sur Breiz atao « ?

breiz-atao.jpgSébastien Carney : Le titre de mon ouvrage évoque à la fois la revue, le cri de ralliement et le surnom dont se sont eux-mêmes affublés les militants d’avant 1944. Aussi ne porte-t-il pas uniquement sur Breiz Atao, qui fut publiée entre 1919 et 1939, puis reprise momentanément en 1944, mais sur le parcours de quatre personnes, quatre ténors du mouvement breton du début du XXe siècle, que j’ai souhaité suivre de leur naissance à leur exil en Irlande ou en Argentine. Tout ce qui se passe après ne relève pas de mes recherches. Mon propos était de sortir d’une vision monolithique de l’histoire du mouvement breton considéré comme un tout original, auto-engendré, qui aurait connu une dérive dans l’entre-deux-guerres.

Aussi fallait-il le comparer à d’autres mouvements de pensée – les « non-conformistes » – actifs au même moment dans le reste de la France et dans d’autres pays d’Europe, notamment en Allemagne. Je ne voulais pas en rester non plus à la Seconde Guerre mondiale, qui n’est finalement que la mise en œuvre d’idées et de projets maturés bien avant et pas seulement en Bretagne. De plus, jusqu’à présent les chercheurs se sont surtout demandé pourquoi ce mouvement d’avant 1944 n’avait pas percé. Il me semblait important de renverser cette problématique et tâcher de comprendre pourquoi une poignée de personnes s’était acharnée dans un militantisme qui les menait d’échecs en échecs, qui par ailleurs impactait fortement leur entourage, à commencer par leurs familles. Aussi ai-je essayé de suivre ces personnages au plus près, pour comprendre leur engagement.

Breizh-info.com : Comment avez-vous mené votre étude ? A quelles archives avez-vous eu accès ? Avez-vous fait de nouvelles découvertes ?

Sébastien Carney : Pour mener à bien ce travail j’ai dépouillé toute la presse militante bretonne de l’époque, qui a été très prolifique, mais aussi quelques revues de mouvements « non-conformistes » parisiens qu’on appelle aujourd’hui les « relèves » : L’Ordre Nouveau, Esprit, Mouvements, essentiellement. Les archives publiques sont aujourd’hui largement accessibles, parfois sur dérogation, que l’on obtient sans problème. Les archives départementales sont évidemment une source primordiale, mais il y a aussi des choses dans certaines archives municipales, aux archives nationales. J’ai également pu accéder à certains fonds privés : celui de Yann Fouéré à l’Institut de Document Bretonne et Européenne de Guingamp, qui est énorme, très riche et très varié ; celui d’Olier Mordrel, qui est également très important. Quant aux papiers de Raymond Delaporte et de Célestin Lainé, ils ont été versés au Centre de Recherche Bretonne et Celtique, à Brest. Un second fonds Lainé existe aux archives nationales galloises, à Aberystwyth, où je me suis rendu. J’ai également accédé à d’autres fonds en Irlande, en Angleterre, aux États-Unis et aussi en Allemagne, où on trouve par exemple de la correspondance entre des militants bretons et Friedrich Hielscher, gourou de Gerard von Tevenar, qui eut lui-même une grosse influence sur Lainé et Mordrel, entre autres.

Cela m’a permis de mettre en évidence le rôle de la Grande Guerre dans l’édification de cette génération très tôt confrontée au politique, à la violence. Quand l’armistice a été signé, ces jeunes gens promis à la guerre se sont retrouvés privés du sens que l’on avait donné à leur vie, et de l’expérience irremplaçable et vite mythifiée que fut le front. « C’est au feu que l’on voit les hommes », disait en substance son père à Mordrel. Il leur a fallu trouver une autre mission dans laquelle se dépasser. Ce fut la politique, toujours aux marges. En cela ils ont rejoint d’autres de leur génération, qui à Paris, mais aussi ailleurs en Europe, animaient les mouvements « non-conformistes ». Ainsi le modèle qu’ils ont suivi est bien moins l’Irlande que les relèves « réalistes » des années 1920, « spiritualistes » du début des années 30, et la « révolution conservatrice » allemande par la suite. Tous ces mouvements visaient à réformer l’État, l’économie, la société, rénover l’homme, restaurer la personne en dehors des cadres établis. Tous se disaient ni à droite, ni à gauche. En Bretagne, les militants se disaient « na ruz, na gwenn, breizad hepken » et leur personnalisme s’étendait du combat pour la langue bretonne à la théorisation d’un racisme breton. Le mouvement breton de l’entre-deux-guerres est une version locale du personnalisme que défendaient ailleurs les gens de L’Ordre Nouveau ou d’Esprit, et des idées de la « révolution conservatrice » allemande. La Seconde Guerre mondiale a donc été perçue comme l’occasion unique de mettre ces principes en application.

Breizh-info.com : Mordrel, Delaporte, Lainé, Fouéré, sont, pour la plupart des Bretons, de purs inconnus. La faute à qui ? Pour d’autres, ils sont des « collabos » , des « traîtres ». Ne faut-il pas relativiser cela et replacer toute leur action dans un contexte bien particulier de l’époque ? Qui étaient-ils vraiment ?

Sébastien Carney : L’histoire est une méthode mais aussi un processus assez long. La Seconde Guerre mondiale étant une période symboliquement très chargée dans l’histoire du mouvement breton, il s’est produit pour cette dernière ce qu’on a constaté pour l’histoire de Vichy. Il existe un syndrome de Vichy, qui a vu se succéder plusieurs attitudes face à l’Occupation, après la Libération. Une période de deuil et de règlements de compte a été suivie d’une seconde période, de refoulement celle-là, puis, dans la fin des années 1960, début des années 1970, des chercheurs ont commencé à faire leur travail, et on assiste depuis à un retour du refoulé. Dans le même temps, les archives publiques se sont ouvertes, de même que les archives privées. Tout cela est très humain, ce n’est la faute de personne. Pour que les gens entrent dans l’histoire, il faut laisser faire les historiens, chaque chose vient en son temps.

Il n’appartient pas à l’historien d’identifier les traîtres, ni de relativiser, au risque de diluer les responsabilités des uns et des autres. La collaboration de nombre de membres du mouvement breton ne fait aucun doute. Certains d’entre eux ont pu refuser cette qualification ensuite, pour se disculper, ou tout simplement parce qu’ils se considéraient davantage comme des alliés de l’Allemagne.

Qui étaient-ils vraiment ? Tenter de les résumer en quelques mots reviendrait à penser que Mordrel a toujours été Mordrel, ce qui est absurde. Chacun d’entre eux a été une succession, et parfois une accumulation de personnages, variant au gré de leur éducation, de leurs lectures, de leurs rencontres, de leurs conflits, des événements. C’est ce que j’ai voulu montrer sur 600 pages, et je laisse le soin au lecteur de le découvrir.

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Breizh-info.com : Quid de la destinée de Célestin Lainé ?

Sébastien Carney : Exilé en Irlande et naturalisé irlandais, Lainé a passé la reste de sa vie à ressasser et consigner par écrit ses ressentiments à l’égard de Mordrel et Delaporte, ainsi qu’à justifier l’action de l’Unité Perrot. Atteint d’un cancer, il a cherché dans la macrobiotique des remèdes à même de le guérir et a publié un article sur ce sujet dans un ouvrage de George Ohsawa, dont il s’est rapproché un moment. Assez pour faire évoluer sa foi celtique en une version qu’il voulait celtique du Yin-Yang. Reclus, il vivait chichement des légumes qu’il parvenait à faire pousser autour de sa caravane. Dans les années 1970, quelques jeunes activistes lui ont rendu visite, mais il ne prenait déjà plus part au combat breton.

Breizh-info.com : Quelles étaient les relations entre les différentes factions politiques régionalistes ?

Sébastien Carney : Le mouvement breton de l’entre-deux-guerres était traversé de nombreuses fractures. Entre les « vieux » et les « jeunes » par exemple, c’est-à-dire entre les régionalistes d’avant 1914 et les nationalistes d’après 1918. Quelques passerelles ponctuelles se sont établies entre ces deux tendances, mais pas de quoi les unir. Yann Fouéré a dépensé une énergie folle à tenter d’unifier le mouvement breton mais en vain : les personnalités et les prétentions des uns et des autres étaient bien trop fortes et clivantes pour arriver à quelque consensus que ce soit. Même l’abbé Perrot n’a pas fédéré tout le monde. Il était l’ami de chacun individuellement, mais pas assez pour que tous soient liés entre eux.

Breizh-info.com : Pourquoi ne pas s’être attardé plus que cela sur le personnage de Debeauvais ?

Sébastien Carney : Je n’ai pu aborder Debauvais dans la mesure où je n’avais pas ses archives. Sans matériaux, je me suis résigné à le laisser de côté, temporairement j’espère.

Breizh-info.com : Depuis Breiz atao, il ne semble pas que l’Emsav ait connu un mouvement d’une telle ampleur. Comment a-t-il pu être anéanti à ce point selon vous ? Etait-il vraiment en phase avec la population bretonne ?

Sébastien Carney : Breiz Atao, si l’on parle de la revue, s’est éteinte en 1939 lorsque Debauvais et Mordrel ont décidé de partir en Allemagne. Là, ils ont animé d’autres publications – Ouest Informations et Lizer Brezel – avant de revenir en Bretagne où ils ont créé L’Heure bretonne. Quand Lainé a relancé Breiz Atao en 1944, c’était essentiellement pour s’adresser à un groupe restreint. Ce sont donc ses animateurs qui ont décidé de la destinée de leur revue.

Si l’on évoque la nébuleuse nationaliste qui gravitait autour de Breiz Atao ou du souvenir lié à cette revue dans les années 40, il est clair qu’elle n’était pas du tout en phase avec la population bretonne. Aussi on ne peut pas dire qu’elle ait été anéantie, dans la mesure où elle n’avait auparavant aucun écho réel.

Breiz Atao ! Mordrel, Delaporte, Lainé, Fouéré : une mystique nationale (1901-1948) – PUR – Sébastien Carney – 25€

Photo : Archives Breizh-info.com
[cc] Breizh-info.com, 2015, dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine.

http://www.breizh-info.com/36301/actualite-historique-pat...

Breiz Atao ! Mordrel, Delaporte, Lainé, Fouéré : une mystique nationale (1901-1948). Interview de Sébastien Carney

dimanche, 27 décembre 2015

Philippe Baillet: Des portraits drapés de blanc

Archives 2011

Philippe Baillet: Des portraits drapés de blanc

par Louis Montarnal

Ex: http://www.actionfrancaise.net

Rassemblant des articles publiés dans Le Choc du mois, La Nouvelle Revue d'histoire ou La Nef, Philippe Baillet brosse autant de portraits nourrissant l'étude de la radicalisation du conservatisme américain. Aperçu.

C'est un ami alors directeur de collection aux éditions de l'Âge d'Homme qui, voilà quelques années, m'a présenté Philippe Baillet. Nous nous étions rencontrés dans un café près de la cathédrale de Rodez avant d'aller dîner dans un petit restaurant situé dans une venelle de la vieille ville. Nous avions parlé de cet immense écrivain occitan qu'est Jean Boudou mais, aussi, de la revue Totalité dont Baillet avait été l'un des fondateurs en 1977 ainsi que des Deux Étendards, Documents et acteurs de l'antimodernité, autre revue au titre "rebatien" qu'il animait naguère. Traducteur de l'italien, spécialiste de Julius Evola et d'Augusto Del Noce, collaborateur de Nouvelle École comme de Catholica, Baillet connaît bien la plupart des mouvances de la "droite radicale" – dont il est d'ailleurs lui-même l'une des figures intellectuelles les plus emblématiques.

artaudarton1070.jpgAntonin Artaud
En l'occurrence, les lecteurs auraient tort d'être déconcertés par le titre de son dernier essai récemment paru aux éditions Akribeia, Pour la contre-révolution blanche, lequel renvoie moins à une vision "racialiste" du monde qu'à l'étude centrale qui le constitue et qui est consacrée à la radicalisation du conservatisme américain. Ce recueil d'articles reprend donc des textes publiés dans les années quatre-vingt dix essentiellement dans Le Choc du mois mais, également, au cours de la décennie suivante, dans La Nouvelle Revue d'histoire ou La Nef. Dédiées à Augustin Barruel, Donoso Cortès, Henri Rollin, Boris Souvarine, Samuel Huntington, Ernst Kantorowicz, Nietzsche, Del Noce ou Artaud, ils témoignent non seulement d'une lecture probe des œuvres et des pensées mais ils sont exemplaires de cette limpidité stylistique caractéristique du classicisme le plus français et des esprits clairs.

C'est ainsi qu'il démontre, par exemple, qu'un esprit qui lui ne l'était guère (clair), Antonin Artaud, n'en demeure pas moins – contre ses exégètes pressés et intéressés – l'un des plus admirables « contempteur de la modernité » au XXe siècle. Ainsi le Mômo rejette-t-il le « répugnant » théâtre moderne et écrit-il le 21 février 1925 à l'administrateur de la Comédie-Française : « Vous êtes nommément des cons. Votre existence même est un défi à l'esprit. [...] Pas de levée en masse de la crétinisation nationale qui ne trouve chez vous un exutoire ou un tremplin. [...] Théâtre française, dites-vous ? Vous n'êtes pas plus de France que de la terre des Cafres, vous êtes tout au plus du 14 juillet. Le théâtre, c'est la Terre de Feu, les langues du Ciel, la bataille des Rêves. Le théâtre, c'est la Solennité. Au pied de la Solennité, vous déposez vos cacas comme l'Arabe au pied des pyramides. »

Proche, un temps, des surréalistes et de leur pape, Artaud s'en éloigne lorsque le mouvement se met au service de la révolution. Dans la veine scatologique qui lui est familière, il interpelle ainsi Breton : « Dis-leur que je chie sur la république, la démocratie, le socialisme, le communisme, le marxisme, l'idéalisme, le matérialisme, dialectique ou non, car je chie aussi sur la dialectique. » Finalement, en défense de René Guénon, le traditionaliste assure : « Je crois, moi, au Surnaturel. »

Donoso Cortès
Tel était également le cas de Donoso Cortès, hélas moins connu que Joseph de Maistre ou Louis de Bonald mais dont l'influence n'en fut pas moins déterminante au sein de l'école contre-révolutionnaire. L'homme des négations radicales et des affirmations souveraines, le pourfendeur de la classe discutante, le héraut de la dictature salué par Carl Schmitt – avec René Girard, l'un de ses rares lecteurs modernes – avait perçu dès 1848, en visionnaire, l'effondrement de l'Europe et insisté sur « la dépendance dans laquelle se trouvent toutes les erreurs politiques et sociales vis-à-vis des erreurs religieuses » dont, en particulier, la négation du péché originel ainsi que de la Providence divine. Guetteur de l'Apocalypse, il avait pressenti la nécessité d'un pouvoir fort afin d'éviter ou de retarder (la notion paulinienne et schmittienne de katechon relève de la même logique) la chute vers les abîmes de la démagogie et de la tyrannie.

Deux civilisations
Après avoir opposé les civilisations catholique et philosophique, Donoso Cortès écrivait à Montalembert le 26 mai 1849 : « De ces deux civilisations, laquelle remportera la victoire dans le cours du temps ? Je réponds, sans que ma plume hésite : la victoire appartiendra incontestablement à la civilisation philosophique. [...] Quant à moi, je tiens pour prouvé et évident qu'ici-bas le mal finit toujours par triompher du bien, et que le triomphe sur le mal est réservé, si l'on peut s'exprimer ainsi, à Dieu personnellement. »
Les vainqueurs temporels et temporaires ont donc leur récompense. Les arrhes de la nôtre consisteront à déguster ces « portraits fidèles et lectures sans entraves » proposés par Philippe Baillet en attendant les Cosaques et le Saint-Esprit.

Louis Montarnal - AF 2000
Philippe Baillet : Pour la contre-révolution blanche, éditions Akribeia, 191 p., 18 euros.

Lectures de droite: autour d’un livre de Philippe Baillet

Archives 2012

Lectures de droite: autour d’un livre de Philippe Baillet

Bailletrevbl.jpg« Portraits fidèles et lectures sans entraves »: le sous-titre de l’ouvrage décrit le propos de Philippe Baillet, qui a rassemblé en un volume des articles parus, pour la plupart, dans des magazines ou revues. Plusieurs de ces articles sont des portraits d’auteurs « de droite » ou des réflexions sur leur apport. Le livre s’affiche comme engagé: « L’érudition et la rigueur dans l’étude des sources sont ici une arme au service d’une conception intégrale de la culture » (p. 12), pour se « préparer au combat, non au débat » (p. 13).

Je connais de longue date son auteur. Je sais tant ses convictions fortes que sa curiosité intellectuelle. Bien qu’étranger au système universitaire (et au « système » en général), car « inadapté profond à la modernité, qu’il exècre », mais ayant « pourtant miraculeusement survécu », nous avertit la quatrième page de couverture, il connaît les méthodes et suit les règles de l’analyse de textes et d’idées. Son style est clair et précis: il le met également au service de ses activités de traducteur à partir de l’italien. Ce livre m’a donc intrigué. Paru il y a deux ans déjà, son contenu n’est pas lié à l’actualité immédiate: il n’est pas trop tard pour en parler et évoquer fugacement des milieux intellectuels de droite.

Le titre m’a surpris, et probablement l’effet était-il voulu: Pour la Contre-Révolution blanche. Cela pourrait  faire penser à un pamphlet, surtout publié chez un éditeur qui ne cultive pas la tiédeur dans le domaine politique. Le sous-titre cité plus haut paraît mieux en adéquation avec le contenu, à vrai dire, et plus encore le cabinet de lecture qui sert d’arrière-plan à la page de couverture. Le titre soulève cependant une question, sur laquelle je reviendrai en fin de compte rendu.

La préface explique le cadre dans lequel les différents chapitres ont été rédigés. Elle justifie aussi le choix de l’étiquette de « contre-révolution »:

« À l’âge de quinze, vingt ou trente ans, même quand on est viscéralement de droite, quand on déteste sans moyen terme le monde né avec la Révolution française, on succombe presque toujours à la magie des mots et l’on se dit ‘révolutionnaire’, en croyant que l’emploi d’un mot plutôt que d’un autre est parfaitement anodin. J’ai moi-même connu cette ivresse, mais il y a longtemps que je suis dégrisé. Quand on mûrit, on comprend que les mots ont une âme, que la guerre sémantique est importante et qu’il est préférable qu’il y ait adéquation du signifiant au signifié, en dehors de tout phénomène de mode et sans souci de ce qui est ‘ringard’ et de ce qui ne l’est pas. » (p. 15)

En raison de leur destination d’origine, la plupart des chapitres sont courts ou de longueur moyenne. Nous y voyons défiler le jésuite Augustin Barruel (1741-1820), auteur des Mémoires pour servir à l’histoire du Jacobinisme – dont le rôle fut crucial dans la formulation des thèses sur les complots préparant la Révolution française – à l’occasion de la biographie que lui consacra le P. Michel Riquet, s.j. (1898-1993); Donoso Cortès (1809-1853), passé d’un libéralisme conservateur à un catholicisme intransigeant, qui a droit à deux chapitres; Henri Rollin (1885-1955), auteur de L’Apocalypse de notre temps (1939), « étude consacrée au plus célèbre faux de l’histoire moderne et contemporaine, les Protocoles des Sages de Sion » (p. 43); Boris Souvarine (1895-1984), qui « avait magistralement démonté les mécanismes du système stalinien » (p. 53); le médiéviste Ernst Kantorowicz (1895-1963), « né dans une famille juive mais devenu un ardent nationaliste allemand », avant de se résoudre finalement à l’exil en 1938; le philosophe Augusto del Noce (1910-1989), catholique grand connaisseur du marxisme, qui a étudié l’expansion de l’athéisme dans l’histoire de l’Occident. Pour chaque auteur, Baillet brosse une esquisse de biographie tout en commentant certains traits de l’œuvre.

D’autres textes encore, par exemple l’un sur Nietzsche comme « sujet dangereux » et – de façon plus inattendue – trois chapitres sur des « esprits libres d’outre-Atlantique ». Cela nous vaut une analyse élogieuse des thèses de Samuel Huntington (1927-2008): Baillet perçoit souvent chez lui « des accents spengleriens » (p. 85), mais doute que la plupart des acheteurs français de ses ouvrages l’aient lu attentivement – ce qui est probable. Il y a aussi un chapitre particulièrement intéressant sur la radicalisation du conservatisme américain: Baillet pense avant tout ici au « courant traditionaliste » du paléoconservatisme américain, en contraste avec le libertarianisme et le populisme. Il prête particulièrement attention à la mouvance « racialiste » américaine de milieux conservateurs intellectuels, qu’il prend soin de distinguer « de la lunatic fringe, d’une extrême-droite underground » (du type Ku Klux Klan ou milices) (p. 101).

dubant6392FS.gifJe dois dire qu’un chapitre m’a particulièrement intéressé, même s’il n’attirera pas prioritairement l’attention de la plupart des lecteurs: celui que Baillet a consacré à un personnage quasiment inconnu, mais que j’avais rencontré en sa compagnie il y a longtemps. Il s’agit de Bernard Dubant, probablement né entre 1945 et 1947, qui « serait mort d’une crise cardiaque en 2006 » (p. 157). Dubant était un catholique traditionaliste intéressé par l’œuvre de René Guénon (1886-1951), qui participa à l’éphémère Narthex (1974-1978), publication de l’Association pour l’étude et la défense de la culture traditionnelle, « toute petite revue consacrée à la symbolique chrétienne et ouverte à la perspective ‘traditionnelle' » (p. 158), dont je lui achetai d’ailleurs la série. Dubant était un personnage original et cultivé, hors normes et que l’on écoutait avec plaisir. Je ne résiste pas à la tentation de citer la description de son mode de vie:

« Quand je fis sa connaissance, Dubant logeait dans une chambre de bonne, qui était en quelque sorte sa base arrière parisienne. Dans la capitale, il travaillait occasionnellement comme veilleur de nuit. Et quand il n’était pas à Paris, il allait se mettre au vert dans des châteaux ou manoirs, propriétés de ces descendants encore nombreux que l’on trouvait alors dans les milieux catholiques traditionalistes. Il était engagé par eux comme homme à tout faire, gardant la propriété, tondant la pelouse et s’occupant de petites réparations. Ce mode de vie lui convenait, même s’il ne lui rapportait pas grand-chose.

« Son activité de veilleur de nuit connut un prolongement inattendu et bénévole lorsque, le 27 février 1977, des catholiques traditionalistes occupèrent par la force l’église Saint-Nicolas-du-Chardonnet. En effet, dans les jours et semaines qui suivirent, il fit partie de ceux qui, se relayant jour et nuit, préservèrent l’église de toute intrusion étrangère et hostile. » (p. 159)

Comme Baillet qui en esquisse la biographie, un personnage indépendant et réticent à tout embrigadement:

« Bernard Dubant réunissait en sa personne un tempérament lyrique et un goût prononcé du sarcasme, l’amour de la poésie élégiaque et un sens aigu de la dérision. […] Il détestait la pose et les poseurs, estimant avec raison que les milieux dits d’extrême droite en comptaient beaucoup trop. Il évitait les niais et la niaiserie, qui lui étaient proprement insupportables. » (p. 160)

Il connut par la suite une étonnante évolution: « Ce fut vers la fin des années 1980 que s’opéra chez Bernard Dubant le grand changement qui devait le conduire des rangs catholiques traditionalistes à l’engouement pour le chamanisme des Indiens d’Amérique et à la défense des ‘religions naturelles’. Son intérêt pour les doctrines traditionnelles extrême-orientales, qui ne datait pas de la veille, lui avait ouvert des perspectives extra-chrétiennes. » (pp. 165-166) Il devint « un ‘païen’ défendant farouchement les ‘religions ethniques' » (p. 163). Il est surprenant de voir comment, même pour des hommes qui se veulent enracinés dans une vision traditionnelle du monde, notre époque encourage des réorientations individuelles en quête de réponses, d’expériences ou de repères: car les vieilles frontières ne sont plus gardées. Le cas de Dubant est loin d’être unique, bien qu’atypique et frappant par l’originalité du parcours et la radicalité du tournant.

Cette figure marginale et originale serait tombée dans l’oubli le plus complet sans l’hommage posthume et en même temps lucide que lui rend Baillet.

J’en viens, finalement, à ce titre, qui aura probablement attiré aussi vers le livre des lecteurs qui n’y auront pas trouvé ce qu’ils attendaient. Baillet présente, dans sa préface, Pour la Contre-Révolution blanche comme « un livre de combat »: il l’est, mais pas dans le sens que l’on entend habituellement. La fin de la préface explique le titre. C’est d’abord une manière pour Baillet de refuser « la guerre sémantique appliquée au ‘racisme' », écrit-il, mais aussi ce qu’il perçoit, à la suite du sociologue Jules Monnerot (1908-1995), comme un « projet funeste » de « modifier la teneur de la population française » (p. 15). Face à cette perspective, Baillet entrevoit que « notre seule chance de survie est liée à l’apparition d’un nouveau type humain de race blanche dans les guerres civilisationnelles et ethniques qui s’annoncent » (p. 16). Il ne développe pas ce point, même si le thème surgit dans l’un ou l’autre chapitre (notamment celui sur le conservatisme américain) et si la remarque permet de mieux comprendre l’attention accordée à Huntington.

Plus confusément que sous la plume de Baillet, ce sont des préoccupations ou sentiments exprimés aujourd’hui plus largement qu’on ne le soupçonne, si l’on tend un peu l’oreille. Ce n’est pas sans quelques arguments que Huntington avait développé sa thèse sur le « choc des civilisations », malgré des aspects de l’analyse qui prêtent à discussion. Dans certaines circonstances, comme nous l’ont montré des conflits « ethniques » ou l’histoire des nationalismes, les signes de ralliement sont finalement des marqueurs « clairs », essentialisés: la race, l’ethnie, la religion. Cela peut atteindre la forme extrême de guerres, comme celles que Baillet entrevoit à l’horizon, dans un avenir encore indéterminé; mais ces attitudes peuvent également se manifester sous des formes moins virulentes, en reprenant ces identités élémentaires comme autant d’étendards permettant de se démarquer d’autres groupes et de tenter de préserver une identité que l’on sent menacée.

Observateur pessimiste du monde contemporain tout en essayant de discerner ici et là des raisons d’espérer, esprit curieux mais sans goût pour le compromis ou la tiédeur dans le monde des idées et de la politique, Baillet est un bon exemple de ces auteurs résolument de droite, mais indépendants de toutes les chapelles.

Philippe Baillet, Pour la Contre-Révolution blanche. Portraits fidèles et lectures sans entraves, Saint-Genis-Laval, Éd. Akribeia, 2010, 188 p.

samedi, 26 décembre 2015

«Le progrès? Point final» de Robert Redeker

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«Le progrès? Point final» de Robert Redeker

par Pierre Le Vigan,

écrivain, essayiste

Ex: http://www.polemia.com

De quoi le progrès est-il le nom ?

Repenser le progrès (et l’utopie) avec Robert Redeker

Le progrès est une idéologie au double sens d’une âme collective mais aussi d’un masque. Mais c’est aussi un médium, un dispositif intermédiaire entre soi et le monde, et aucun médium n’est neutre : c’est une représentation du réel qui transforme le réel. Où en sommes-nous avec le progrès ?

Le thème a été traité par Pierre-André Taguieff (1), par Alain de Benoist (2) et quelques autres philosophes. L’immensité du sujet laisse toutefois des choses à dire. Ou à redire pour mieux les penser et comprendre.


Le progrès est une religion de l‘avenir – et même du temps. L’avenir, en effet, donne son sens au temps et permet de rejeter un passé toujours « moins bien » que « ce qui vient ». Le progrès est aussi une religion de la science, la science qui a besoin du temps pour se déployer dans le sens d’une nature et de la matière toujours plus et mieux maîtrisée par l’homme. Le progrès est aussi en ce sens une religion de l’homme, comme le voit bien de son côté Rémi Brague (3).

On trouve dans l’idée du progrès un messianisme (bien vu par Jean Grenier le père spirituel d’Albert Camus), une religion du salut par l’homme et par la science. Mythe créé par l’homme, le progrès est donc – et c’est ce qu’examine Robert Redeker – à la fois un scientisme et un hyperhumanisme. Le progrès, religion du salut matériel par l’homme, est aussi une religion de la sortie de toutes les autres religions, notamment celles d’un salut immatériel. Depuis Descartes, nous savons que la médecine, la mécanique et la morale doivent nous apporter le bonheur dans ce monde, « dans cette vie », comme dit encore Descartes. Tout est question de volonté, car celle-ci vaut plus que toute croyance. Elle est, en d’autres termes, la seule chose en laquelle nous devons croire : la puissance de notre volonté.

Poser l’hypothèse Dieu comme « chiquenaude » initiale (Pascal) permet ensuite à l’homme de passer aux choses sérieuses : son bien terrestre. Telle est l’hypothèse de la modernité : ce n’est pas tant de nier Dieu que de considérer que c’est une question qui ne doit pas empêcher – que l’on réponde oui ou non à la question de son existence – de passer aux choses sérieuses, c’est-à-dire « strictement » humaines, comme si l’homme pouvait être abstrait du fond sur lequel il apparaît, à savoir le monde, créé ou incréé (4). Le monde : ce qui fait lien et ouvre au sens des choses. Or, en affirmant le caractère infini de la volonté humaine, Descartes offre au pouvoir humain un champ de déploiement sans limites. Il permet la « souveraineté du sujet dans les temps modernes » (Heidegger, Nietzsche II). L’homme tend alors à s’émanciper du monde.

A partir de ce schéma, Robert Redeker enquête sur les différents aspects du culte du progrès. Nous voyons comment notre croyance a refaçonné le monde et nous-mêmes. Un des chapitres les plus novateurs met en parallèle la création du sujet comme individu et comme intériorité, cette véritable « découverte métaphysique du sujet » (Ferdinand Alquié) chez Descartes, et, moins attendu, chez Thérèse d’Avila. Dans les deux cas, il y a la négation de « cet assemblage que l’on appelle le corps humain » (Descartes). A la suite de Martin Heidegger, Robert Redeker voit dans le creusement de cette intériorité hors corps, chez Thérèse et chez Descartes, appelée cogito (mouvement de reconnaissance de soi par soi) ou « âme », la matrice du subjectivisme moderne.

Si le progrès n’a par définition pas de fin, l’utopie apparaît comme le contraire du progrès. L’utopie se veut point d’équilibre durable; elle est « remède et prévention contre la démesure ». En effet, l’utopie est, en un sens, contre l’histoire; elle arrête l’histoire. Elle arrête donc le progrès. L’idéal atteint ne requiert plus aucun progrès. Il est frappant de voir qu’une certaine droite, qui critique le progrès, critique aussi les utopies, alors qu’elles peuvent être une solution autre que le progrès et le progressisme sans fin. L’utopie s’oppose au programme. Mais l’usage du programme n’exclut pas celui de l’utopie.

redeker782213655000.jpgPrenons un exemple allemand dans les années vingt et trente. Il y avait un programme du NSDAP. Il y avait une utopie nationale-socialiste, admirablement étudiée par Frédéric Rouvillois (5). Idem pour le marxisme léniniste. Il y avait le programme de Lénine et l’utopie d’une société où chacun s’épanouirait totalement et librement. Robert Redeker rappelle à ce sujet le lien entre marxisme et millénarisme, relevé avant lui par Ernst Bloch. Avec l’utopie c’en est fini de l’histoire et de l’avenir. L’utopie en termine avec l’avenir. Elle ex-termine l’avenir, dit, dans une formule très heureuse, Robert Redeker. Elle fait sortir l’avenir du jeu. Que voulait l’utopie nationale-socialiste ? En finir avec toute faillibilité de l’homme allemand. L’utopie, note encore Redeker, est une anti-chronie. Elle suppose l’arrêt du temps. Elle n’est, au contraire, pas sans lieu. Elle suppose au contraire un lieu définitivement limité. Elle suppose un lieu sans temps. Un pays sans histoire. Kant juge nécessaire l’idée d’une société idéale tout comme Rousseau juge nécessaire l’hypothèse de l’état originel de nature. L’utopie est moins un progressisme qu’un millénarisme qui met fin à tous les progressismes.

C’est un « arrachement au temps » qui suppose lui-même un espace arraché à l’histoire. Cette dernière devient une simple momie. L’utopie relève de la puissance du rêve, et non de la conviction par les preuves. Redeker souligne l’ambivalence de l’utopie : par son goût de la géométrie, de l’ordre parfait elle ressemble aux traits de la modernité, mais par son exposition d’un monde clos sur lui-même, où le bien est déjà et définitivement réalisé, l’utopie est antimoderne.

En même temps une certaine utopie est importée dans le système actuel, que Redeker se refuse à appeler « totalitarisme soft et gélatineux » (et c’est sans doute notre seul point de divergence avec lui). Cette utopie importée c’est celle de la santé et du bonheur. Les questions privées deviennent des questions publiques. L’Etat n’est pas seulement le grand assureur du bon collectif, ce qui est sa fonction, il devient le grand consolateur des malheurs privés, ce qui ne l’est plus. Redeker remarque que le sport, qui suppose la santé et fabrique l’euphorie, est au centre de cette utopie importée dans le monde hypermoderne.

L’utopie moderne s’y niche aussi ailleurs. Le progressisme encastrait la mort de chacun dans un rachat collectif : la nation pour Barrès et en fait toute la IIIe République, la classe des exploités pour le marxisme. Le post-progressisme, qui se veut en même temps un progressisme supérieur, veut abolir la mort en la fondant dans l’homme prothèse (on ne meurt que par petits bouts donc pas vraiment) et dans l’euthanasie qui fait de la mort, non point l’événement terminal, mais une procédure, indolore de surcroît et cool. Il s’agit toujours de modifier la condition humaine – en fait, de la nier. C’est pourquoi l’auteur a amplement raison de voir dans l’idée de perfectibilité, issue des Lumières, y compris de l’atypique Rousseau, une machine de guerre contre l’idée de péché originel, et contre le christianisme, qui s’est historiquement construit sur cette idée depuis la défaite de Pélage.

Avec le progrès les hommes se sont voulus comme « maîtres et possesseurs » de l’histoire – pas seulement de la nature. En même temps, le progrès a évidé l’homme de son propre. C’est l’ère du vide. Sauf pour ceux qui n’ont jamais cru au progrès : les hommes et les peuples mentalement hors Occident.

Pierre Le Vigan
23/12/2015

Robert Redeker, Le Progrès ? Point final, Les Carrefours d’Ariane (28 mai 2015), Editions d’Ovadia, 216 pages.

Ce texte est paru dans la revue Perspectives Libres n°15 – 2015 publiée par le Cercle Aristote http://cerclearistote.com/

Notes :

(1) Du progrès, Librio, 2001 ; Le sens du progrès, Flammarion, 2004.
(2) «  Une brève histoire de l’idée de progrès » in alaindebenoist.com. Voir aussi TVLibertés, émission « Les idées à l’endroit » n°3, 2015 ; Radio Courtoisie avec Frédéric Rouvillois, mai 2014.
(3) Le règne de l’homme, Gallimard, 2015.
(4) Certes, Markus Gabriel (à la suite d’autres) croit expliquer Pourquoi le monde n’existe pas, JC Lattes, 2015. Cela vaut comme stimulant sophisme mais pas plus.
(5) Crime et Utopie, Flammarion, 2014.

Correspondance Polémia – 23/12/2015

mardi, 15 décembre 2015

L’œuvre d’Hergé: un parcours cyclique

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L’œuvre d’Hergé: un parcours cyclique

par Daniel COLOGNE

Scénariste de bande dessinée, déjà biographe d’Hergé dans la collection « Qui suis-je ? » des éditions Pardès, Francis Bergeron retrace à nouveau le parcours du créateur de Tintin dans un excellent ouvrage, Hergé, le voyageur immobile. Géopolitique et voyages de Tin, de son père Hergé, et de son confesseur l’abbé Wallez.

 

« Voyageur immobile », Hergé ne précède pas son héros dans les lieux où il l’envoie. Il se fonde sur une documentation parfois approximative. Par exemple, le Maroc du Crabe aux pinces d’or est fortement « algérianisé » (Louis Blin).

 

Hergé s’inspire de divers contextes géopolitiques : les tensions du Moyen-Orient (Tintin au pays de l’or noir), le conflit sino-japonais (Le Lotus bleu), l’Anschluss (Le Sceptre d’Ottokar), la guerre entre la Bolivie et le Paraguay rebaptisé San Theodoros et Nuevo Rico (L’Oreille cassée).

 

Parmi les 25 « prêtres, curés et moines » mentionnés par Francis Bergeron et gravitant dans l’entourage d’Hergé, l’abbé Norbert Wallez est le plus important. Ainsi sont justifiés le titre et le sous-titre d’un livre qui recueille ma totale adhésion dans le récit des phases ascendantes et descendantes du cycle créatif hergéen.

 

Georges Rémi naît à Bruxelles le 22 mai 1907. Dès l’âge de 15 ans, il publie ses premiers dessins dans des revues proches du scoutisme. Il fait ses études secondaires au Collège Saint-Boniface (banlieue Sud de Bruxelles). À l’époque, on désigne encore ce cycle d’enseignement par l’expression « les humanités ». Il prend très vite pour pseudonyme l’inversion phonétique de ses initiales. Il entre comme employé au quotidien Le Vingtième Siècle, que dirige l’abbé Wallez.

 

Le prêtre crée un supplément destiné à la jeunesse. Tintin apparaît en 1929 dans Le Petit Vingtième. Ses premières aventures l’entraînent « au pays des Soviets » et au Congo belge, colonie 80 fois plus étendue que sa métropole. Ce sont des albums commandés par l’abbé Wallez, anticommuniste virulent et chaud partisan de la présence belge en Afrique subsaharienne.

 

Le milieu d’où Hergé est issu cultive une vision où l’Occident catholique, l’Europe coloniale et la race blanche sont au centre du monde. Mais l’artiste s’émancipe peu à peu de cette tutelle et, dans Tintin en Amérique, il défend les Peaux-Rouges victimes des compagnies pétrolières.

 

Un des principaux mérites de Francis Bergeron est la mise en lumière des sources littéraires d’Hergé : en l’occurrence, l’indianiste Paul Coze.

 

Tintin s’embarque ensuite pour un périple à travers l’Égypte, l’Arabie, l’Inde et la Chine, à la façon d’un Albert Londres ou d’un Joseph Kessel, dans ces années 1930 qui constituent l’âge d’or de la profession de grand reporter.

 

Une autre inspiration d’Hergé, Henry de Montfreid, apparaît dans Les Cigales du Pharaon. Francis Bergeron rappelle opportunément l’influence d’un livre comme Les Secrets de la Mer Rouge sur l’imagination de plus en plus féconde d’Hergé.

 

L’auteur souligne aussi combien les intrigues demeurent peu structurées jusqu’au Lotus bleu, premier d’une série de chefs-d’œuvre. Le rôle de l’ami Tchang est bien connu et il convient plutôt d’épingler le magistère moins notoire du Père Neret, qui met Hergé en garde contre les idées fausses qui courent sur les Chinois.

 

Le scénario des albums suivants devient de plus en plus élaboré tandis que, dans L’Oreille cassée, Tintin rencontre l’ethnologue Ridgewell, qui a décidé de finir ses jours parmi les Arumbayas, tribu fétichiste perdue au fin fond de la jungle amazonienne.

 

Dans L’Étoile mystérieuse, Tintin entreprend une expédition polaire avec son nouvel ami le capitaine Haddock (rencontré dans Le Crabe aux pinces d’or) et une brochette de savants.

 

Ceux-ci ne composent qu’une infime partie de l’impressionnante quantité d’hommes de science que Tintin côtoie, qui pratiquent les disciplines les plus diverses et dont on peut regretter que Francis Bergeron ne les énumère pas dans l’une de ses intéressantes  annexes : Siclone, Fan Se Yang, Halambique, Ridgewell, Topolino, le brave professeur Tournesol et le méchant docteur Müller, les sept profanateurs du tombeau inca, Baxter et Wolff.

 

Sur ce dernier personnage, je m’autorise un désaccord avec l’auteur, mais je ne m’y attarde pas plus que sur l’erreur d’appellation du sosie sioniste de Tintin (Goldstein, et non Finkelstein, dans Tintin au pays de l’or noir).

 

Car ces points de détail sont dérisoires en comparaison du brio avec lequel Francis Bergeron nous amène à la période des « chefs-d’œuvre absolus » : les deux diptyques s’achevant par la découverte de deux trésors, celui de Rackham le Rouge et celui des Incas.

 

Vient ensuite pour Hergé le temps des épreuves : le ridicule harcèlement des épurateurs, la dépression nerveuse, la cure psychanalytique, les fissures de son couple, la rencontre d’une seconde épouse de 27 ans sa cadette et un sentiment de culpabilité, voire une obsession de la pureté perdue que d’aucuns décryptent dans Tintin au Tibet, « l’œuvre au blanc ».

 

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Les intrigues perdent de leur force. Benoît Peeters a beau avoir écrit un livre entier sur Les Bijoux de la Castafiore, force est d’admettre que le scénario est quasi inexistant. Au hasard d’une promenade, Tintin découvre un camp tzigane établi près du château de Moulinsart. Il se laisse bercer par les violons nostalgiques de ces nomades, qui ne sont pas « tous des voleurs », comme le prétendent stupidement les Dupondt. Hergé confirme que son itinéraire singulier est un plaidoyer pour une humanité plurielle. Tintin explore les diverses couches culturelles de l’Amérique précolombienne, se fait un excellent ami dans un émirat arabe, rend hommage à son adversaire japonais Mitsuhiroto qui préfère le suicide au déshonneur, laisse à toute une famille chinoise un souvenir gravé dans les cœurs « comme dans le cristal le plus pur ».

 

À partir de L’Affaire Tournesol, Hergé se laisse gagner par un désenchantement parallèle à un tarissement progressif de son inspiration. Tintin renvoie dos à dos les « bons » Syldaves d’autrefois et les « mauvais » Bordures de toujours, car les uns et les autres veulent s’approprier une invention du brave Tryphon à des fins guerrières. Il ne reconnaît plus son vieil ami Alcazar devenu, dans le très faible Tintin et les Picaros, aussi cupide que son sempiternel rival Tapioca.

 

Je suis moins indulgent que Francis Bergeron envers le diptyque lunaire de 1952 – 1953. Le rythme du récit et l’effort de « suspense » ne reposent que sur deux éléments : le chantage exercé sur Wolff (pour des dettes de jeu, et non pour un passé nazi) et l’intrusion d’un passager clandestin dans la fusée (Jorgen, alias Boris, malfaiteur récurrent déjà actif dans Le Sceptre d’Ottokar).

 

Mais je partage avec Francis Bergeron la perception des années 1943 – 1948 comme l’apogée du cycle créatif d’Hergé. L’artiste a 38 ans en 1945. Il est au milieu de son existence. Il mourra le 4 mars 1983. Le Secret de la Licorne et Le Trésor de Rackham le Rouge sont les onzième et douzième albums d’une œuvre qui en totalise 23.

 

Vainement cherché au large des Caraïbes, le trésor se trouve dans une mappemonde qui surmonte une statue de saint Jean. La découverte a lieu dans la crypte du château de Moulinsart. Loin de l’Église de Pierre chère à l’abbé Wallez, nous sommes aux portes de l’Église de Jean et de son ésotérisme qui évoquent plutôt certaines obédiences maçonniques.

 

Aux antipodes des préjugés catholiques, colonialistes et racistes de sa sphère d’origine, le message d’Hergé se résume en une scène d’anthologie extraite du Temple du Soleil.

 

Tintin vole au secours du petit Indien Zorrino brutalisé par d’odieux descendants des conquistadores. Huascar, grand prêtre inca, observe discrètement la scène. Il comprend que Tintin n’est pas un ennemi de sa race. Il lui donne un talisman protecteur avant de fomenter contre lui un attentat ferroviaire. La confrontation des cultures ne se fait pas sans violence, mais la fraternisation finale s’opère dans le climat chevaleresque du culte de la parole donnée. Le grand Inca fait cesser les souffrances des sept savants victimes de magie noire pour avoir violé la sépulture de Rascar Capac. De leur côté, Tintin, Haddock et Tournesol jurent de ne jamais dévoiler en Europe l’emplacement du Tempe du Soleil. Grâce soit rendue à Francis Bergeron de nous avoir fait revivre les aventures qui ont enchanté notre jeunesse.

 

Daniel Cologne

 

• Francis Bergeron, Hergé, le voyageur immobile. Géopolitique et voyages de Tin, de son père Hergé, et de son confesseur l’abbé Wallez, Atelier Fol’Fer (BP 20047, F – 28260 La Chaussée d’Ivry), 2015, 180 p., 16 € (+ 3,70 € de frais de port).


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dimanche, 13 décembre 2015

A l’école de la nuit

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A l’école de la nuit

« Cette année-là, je cessai de dormir » : roman hommage à la faune nocturne du Paris des années 50, Les gens de la nuit, que Michel Déon publia une première fois en 1958 chez Plon, vient de reparaître à la Table Ronde.

Un ami avec lequel je m’entretenais des Gens de la nuit de Michel Déon que les éditions de la Table Ronde viennent de faire reparaître, m’éclaira par une heureuse formule sur le sentiment que j’éprouvai lors de sa lecture, et sur lequel je ne parvenais pas à mettre de mots : « c’est son livre le plus raté, mais c’est aussi celui que je préfère »

Il est en effet de ces livres – au rang desquels je placerai par exemple L’humeur vagabonde d’Antoine Blondin, ou dans une autre veine Ecrits sur de l’eau de Francis de Miomandre – dont on ne peut nier les lacunes de style, le déséquilibre de certaines phrases, ou encore le désordre de la trame narrative, et qui pourtant nous touchent au point de ne jamais les prêter, même à nos plus chers amis, sans une pointe d’inquiétude, et qui pourtant sont ceux dont on aime à relire les plus belles pages pour se consoler d’un chagrin ou d’une mélancolie, et dont pourtant nous savons par cœur des passages entiers ; et c’est parmi cette sorte de livres si rares et que leurs défauts rendent si précieux, que je rangerai, bien en évidence dans ma bibliothèque, Les gens de la nuit de Michel Déon.

Le monde appartient à ceux qui se couchent tard

Cela fait des semaines, des mois peut-être, que Jean Dumont, fils d’académicien et naufragé de l’amour, décida de troquer son sommeil contre le Paris de l’aube et des rencontres nocturnes, les bars de Corses de la place Pigalle et les boîtes de nuit « pour sexualité indéterminée », les pieds de cochons rue Montmartre à l’aurore, et les nuits d’amour avec Gisèle, une belle noctambule vaporeuse et toxicomane.

Ombre errante parmi les ombres de la nuit, Jean, cœur déchiré par un amour défunt (nous sommes dans un roman de Michel Déon), déambule dans le Paris des années 50, celui des « phonos et des disques, des séminaristes ‘’indochinois’’ et des voitures décapotables », en quête de ses semblables, qu’il reconnaîtra derrière les traits de Michel, ancien SS reconverti en peintre à succès puis en cracheur de feu, et en Lella, amante de Michel et militante communiste recherchée par la police.

A la dérive

micheldéongdln.jpg« Le difficile est de faire le gris » estimait Aragon à propos du travail du romancier : ne pas grossir les traits mais ramener les individus à des proportions qui sont celles de la vie du lecteur. Il semble bien que Michel Déon fasse sien dans Les gens de la nuit l’art poétique de l’auteur des Beaux quartiers, tant son narrateur, fantôme perdu dans les brumes mélancoliques du Paris de l’après-guerre, tient du personnage d’Aurelien, cet ancien combattant de la guerre de 14 écrasé par le « nouveau mal du siècle » que diagnostiqua Antoine Blondin dans son article « Cent ans de Mal du Siècle ».

Ainsi, si un même incurable mal de vivre relie nos deux personnages qu’une guerre sépare, le personnage de Jean Dumont nous remémore également le Michel de Clair de femme (Romain Gary), ou l’Olivier Malentraide des Enfants tristes (Roger Nimier), ces anti-héros boiteux et tendres, ravagés par une grande blessure d’amour ou par une grande blessure de l’Histoire, et que la nuit sauve et démolit.

Mais c’est surtout de salut dont il est question dans Les gens de la nuit : et c’est bien au fil des improbables rencontres qui rythment désormais son quotidien nocturne, et dans les regards cernés des noctambules fraternels et désemparés de Montparnasse et de Montmartre, que Jean, à l’instar du narrateur tâtonnant d’Un taxi mauve, parvient à peu-à-peu retrouver le chemin qui conduit à la lumière du jour, et à l’oubli définitif de celle qui le jeta dans les bras de l’obscurité.

« A ma fenêtre, comme la veille, je me suis attardé encore un moment à épier la nuit de Paris que j’allais bientôt quitter. Des vies ténébreuses et des vies claires s’y heurtaient. Si grande que fut, à cette heure, ma tristesse, rien ne pouvait m’empêcher de penser que nulle part ailleurs je ne trouverais cette minute de vérité, cette seconde d’exaltation qui vous empoignent quand la ville se secoue et rejette son manteau d’ombres : façades grises et boulevards jalonnés de poubelles, mais aussi Notre-Dame et la Sainte-Chapelle profilées sur un ciel cotonneux »

Ici c’est Paris

Roman de la mélancolie de vivre et roman de la guérison, Les gens de la nuit n’échappe pas, malgré quelques négligences d’écriture, au charme désuet et insistant du style et de l’univers du dernier des Hussards

Roman-hommage à la faune nocturne d’un Paris aujourd’hui disparu, roman de la mélancolie de vivre et roman de la guérison, Les gens de la nuit n’échappe pas, malgré quelques négligences d’écriture, au charme désuet et insistant du style et de l’univers du dernier des Hussards. On se souvient du mot d’Eric Neuhoff au sujet de l’académicien : « Les livres de Déon furent notre cour de récréation. Nous y avons appris à jouer, à vivre, à aimer. » Puisse donc cette formule s’appliquer aussi à notre génération, tant il est plaisant d’apprendre à vivre et d’apprendre à jouer au fil de la plume de l’auteur d’Un taxi mauve, dans les petits villages du Connemara hantés par des princesses allemandes et dans les bistrots auvergnats des Halles où l’on sert après minuit des saucisses chaudes et de la bière, à l’école de la mélancolie, de l’amour et de la nuit :

« Et c’est l’essentielle attirance de la vie nocturne que ces amitiés soudaines qui naissent, brûlent et se consument en quelques jours. Paris venait de s’en montrer merveilleusement prodigue pour moi. Ses ténèbres recelaient quantité de personnages blafards et farfelus, débordant de confidences. L’aube les effaçait à jamais, et plus d’une fois, j’avais cru atterrir dans une ville nouvelle, différente de celle qui servait de décor à des fantômes aux voix enrouées. Cette sensation était très lassante et très réconfortante, lassante parce que je ne savais déjà que trop combien étaient éphémères les magies du noctambulisme, réconfortante parce que retrouver le vrai Paris, c’est encore me reconnaître au nombre des vivants. »

  • Les gens de la nuit, Michel Déon, La Table Ronde, 186 pages, 17 euros, mai 2015
  • micheldeongdln22.jpg

samedi, 12 décembre 2015

Hervé Juvin: Le retour des nations ?

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Le retour des nations ?

Ex: http://zone-critique.com

Dans son essai intitulé Le Mur de l’Ouest n’est pas tombé, Hervé Juvin analyse l’impérialisme américain et tente de rétablir l’idée de nation comme seule unité politique stable.

La crise financière de 2008 n’a rien changé. L’argent roi n’a pas été déchu de son trône. Hervé Juvin montre comment l’économie et la finance dictent les mouvements de nos sociétés aujourd’hui. L’impératif de croissance entraîne la destruction des fonds marins, l’explosion des ressources alimentaires et le mal-être social en Europe.

Il pointe un paradoxe : alors que nous vivons dans des pays développés parmi les premières richesses mondiales, où la production de biens est abondante, les individus vont bientôt être obligés de travailler jusqu’à 70 ans et disposent de moins en moins de libertés.

De quelle liberté d’expression un salarié dispose-t-il face aux riches actionnaires d’une entreprise, quand il a contracté un crédit sur trente ans et une famille à nourrir ? Aucune.

L’économie contrôle les cerveaux et les estomacs

La financiarisation de l’économie, l’augmentation des revenus du capital face à ceux du travail (les dividendes augmentent nettement plus vite que les salaires depuis trente ans) ont eu raison de la libertés des citoyens.

Pour Hervé Juvin, l’économie et le capital décident de tout et ont même jeté leur dévolu sur le vivant. Des milliards de dollars sont investis dans les matières premières alimentaires, font grimper les prix et peuvent provoquer des famines dans les pays pauvres qui ne peuvent pas suivre cette inflation.

Plus dangereux pour l’avenir de nos sociétés, les intérêts financiers contrôlent les savoirs. La connaissance est devenue une marchandise. Le web, créé pour offrir un accès universel au savoir, est en train de se privatiser, de se monétiser, comme Google qui vend le référencement des mots comme des espaces publicitaires aux entreprises, dégradant ainsi la diversité du langage. Seuls les plus riches peuvent accéder aux savoirs les plus évolués et se payer des inscriptions dans les grandes écoles (100 000 dollars l’année pour Harvard, 60 000 dollars l’année dans les meilleures écoles primaires chinoises.)

La libido sciendi (le plaisir désintéressé du savoir), qui a rendu possible les grandes inventions du XIXe siècle, a laissé la place à une recherche et une innovation totalement soumises aux intérêts financiers et industriels.

La libido sciendi (le plaisir désintéressé du savoir), qui a rendu possible les grandes inventions du XIXe siècle, a laissé la place à une recherche et une innovation totalement soumises aux intérêts financiers et industriels.

Les chercheurs, s’ils ne veulent se faire éjecter du milieu scientifique, n’ont pas intérêt approfondir leur travail sur les dangers des OGM pour la santé. Ces recherches seraient un frein à la croissance.

Les droits de l’individu, couverture du marché

Pour Hervé Juvin, ce modèle de société où l’argent et le marché sont rois a été imposé par les Etats-Unis et sont une forme de leur impérialisme. Le pays de la conquête de l’Ouest (rendue possible avec le génocide des Indiens, précise l’auteur) promeut des valeurs universelles de libertés individuelles et des droits de l’homme, pour inonder le marché mondial de ses produits et tenter de continuer à dominer le monde, via ses grandes entreprises multinationales.

juvin2.jpgC’est notamment l’objectif du traité de libre-échange entre l’Union européenne et le pays de l’Oncle Sam, actuellement en cours de négociation, qui vise à créer un grand marché transatlantique. Hervé Juvin explique que sous un voile de liberté et d’ouverture, se joue une grande guerre économique. Les Etats-Unis défendent avant tout l’intérêt de leur nation et n’hésitent pas à faire payer de lourdes amendes aux entreprises étrangères sur leur sol comme la banque française BNP Paribas, condamnée à payer 9 milliards d’euros, pour avoir violé certains embargos américains.

L’impérialisme américain se réalise aussi dans le domaine culturel en inondant les marchés des produits US et en faisant barrage à certains produits étrangers, comme les fromages français, lors de confilts commerciaux ou diplomatiques.

On peut répondre à Hervé Juvin que les Etats-Unis ne sont pas le seul pays à exercer ce type de pression pour préserver ses intérêts et que la Russie de Vladimir Poutine use aussi de l’embargo sur les produits alimentaires pour asseoir ses positions dans le conflit ukrainien et favoriser sa production agricole nationale dans les supermarchés russes.

La nation, seule unité politique ?

Impérialisme rimerait aussi avec protectionnisme. Hervé Juvin prend même la Russie comme exemple d’une nation qui défend ses intérêts économiques en protégeant ce qui est aujourd’hui le nerf de la guerre économique : sa dette souveraine. Il explique qu’à son arrivée au Kremlin, Vladimir Poutine a nationalisé la dette russe, pour la retirer des marchés financiers, ce qui expliquerait son taux actuel très bas : 17% du PIB.

Pour faire tomber le “mur de l’Ouest” et sortir de la crise de l’économie mondialisée, Hervé Juvin propose le retour des nations sur l’échiquier, et notamment en Europe.

Selon lui, une nation plus unie mettrait fin à la crise des identités qu’entraîne le multiculturalisme occidental. Il prône avec enthousiasme le modèle du royaume du Bhoutan, classé comme l’un des pays les plus heureux au monde. Son bonheur, il le doit à son unité culturelle et religieuse et à sa fermeture à l’intégration de toute diversité dans sa culture. L’unité d’une nation offre au monde une diversité de cultures stables, plus riches que la culture mondiale uniforme que les Etats-Unis diffusent depuis le siècle dernier. Mais on peut se demander pourquoi la seule diversité à protéger serait celle des différentes nations dans le monde, et non pas une diversité de cultures, de religions et d’individus à l’intérieur de la nation.  

Sur le plan économique, Hervé Juvin montre que l’Etat nation permettrait de soumettre l’économie à un projet de société. Le marché devrait obéir à des règles basées sur des valeurs sociales, environnementales et culturelles de l’Etat qui contrôle ce marché. Elle rendrait possible le passage de l’économie de marché à l’économie politique, au service des intérêts de la société. Mais il étonnant d’observer qu’Hervé Juvin imagine dans son livre une économie politique de l’Union européenne (qui pourrait réguler le marché sur le plan environnemental) et non de la France. Un Etat transnational pourrait donc être bénéfique aux peuples sans être impérialiste ?

Les Etats-Unis, épouvantail et modèle

Une contradiction essentielle réside dans le Mur de l’Ouest n’est pas tombé. Il pointe du doigt avec pertinence l’impérialisme américain dans l’économie de marché mondialisée. Mais dans le retour des nations qu’il imagine en Europe pour se protéger de tout impérialisme, il s’appuie sur le sentiment national très fort aux Etats-Unis. Si l’aigle américain sort souvent vainqueur d’une bataille économique, c’est parce qu’il sait mettre l’ouverture au marché au service de l’intérêt national. Les Etats-Unis ne défendent pas la liberté pour la liberté mais pour garder leur position dominante dans le village mondial.

Pour Hervé Juvin, l’Europe et la France devraient donc s’inspirer de ce sentiment national américain pour s’imposer davantage sur la scène économique.

Même si l’essayiste affirme que la nation est gage de stabilité face aux ambitions impérialistes, il montre implicitement que le sentiment national n’est pas dénué d’ambition colonisatrice pour se conserver. Et que le marché est un moyen de renforcer la nation.

  • Le Mur de l’Ouest n’est pas tombé, Hervé Juvin, éditions PGDR, 271 pages, mai 2015

vendredi, 11 décembre 2015

Mathilde Gibelin présente son ouvrage "Tour d'Europe"

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Mathilde Gibelin présente son ouvrage "Tour d'Europe"

00:46 - CINEMA - Anne Brassié et Maxime Gabriel vous emmènent voir "L'Hermine", "L'homme irrationnel", "21 nuits avec Pattie", "Seul sur Mars", "Hunger Games"

mathgib.jpg20:21 - JE LIS - Mathilde Gibelin présente son oubrage "Tour d'Europe, 6000 km à pieds"

39:19 - ART - Louis Monier, photographe et Olivier Bosc, conservateur de la bibliothèque de Chantilly, présentent leur ouvrage "Création j'écris ton nom, Figures du XXème siècle".

59:34 - PATRIMOINE - Jérôme Arnauld des Lions présente son ouvrage "Sauvegarde et restauration des églises et des chapelles", un guide juridique et pratique à l'usage des personnes souhaitant sauver leur patrimoine religieux.

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mercredi, 09 décembre 2015

Daniel Friberg: Sweden & the Real Right

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Daniel Friberg:
Sweden & the Real Right

Review:

Daniel Friberg
The Real Right Returns: A Handbook for the True Opposition [2]
London: Arktos, 2015

As with any revealed religion, you have to be skeptical when a political text promises to show you the Way. Ah, so you know a secret about power relations in society that isn’t apparent to the naked eye? Where have we heard that before, Comrade?

Daniel Friberg’s recent mini-hit The Real Right Returns [3]billed as “A Handbook for the True Opposition”—sounds, at first glance, a bit too historically inevitable.

But (disclosure) I’ve been working with Friberg at his new website Right On [4] for a couple of months, and he seems down-to-Earth. He told me The Real Right focuses on European cultural preservation from a Swedish viewpoint, a subject about which I know far too little, so I figured at least I would learn something if I gave it a chance. (Also, I will dip into anything if you send it to me free of charge.)

As it turns out—though the Swedish mainstream will tell you that every native Swede who questions the Left is a kerosene-breathing Nazi sideshow freak—this is one of the most well-moderated, least ideologically shrill books I’ve read about politics. Though it is charming, with a clear and wry wit, there’s precious little of the messianic; in fact, it works hard to debunk the more mystical facets of contemporary politics—including White exceptionalism—in favor of common sense and paying attention to the facts on the ground.

For instance: even as millions of people who do not speak European languages pour into their continent, why is it still unthinkable to suggest that European peoples defend themselves, as we concede everyone else the moral right to do? As humorous podcaster The Bechtloff [5] likes to say: I know people hate it when you say that Liberals are “the real racists,” but . . . they kind of are.

What besides racism would lead you to assert that White people are especially powerful and evil? Why would you assume that White countries, in their infinite might, are immune to hostile invasion and colonization—and that all other groups are packs of lambs to be led dopily off to slaughter? Sub specie aeternitatis, these ideas will seem as goofy a few decades hence as thinking Black people have magic voodoo powers—especially if native Europeans are thoroughly overrun, as per the most dire predictions, and reduced to living on reservations and dancing polkas in Lederhosen for Chinese tourists between downing bottles of rubbing alcohol. Won’t we feel silly then?

As a White American, perhaps I failed to grow up on the magical dirt of the homeland and absorb its juju, but my experience is this: I don’t have any evil wizard powers, or any other supernatural attributes; I seem to be as vulnerable as anyone to death, domination, and especially taxes. Only a strange and noxious combination of white supremacy and white guilt would make me try to claim otherwise (as much as I enjoy those dreams where you can fly and shoot fire out of your eyes).

As Bill Burr said at Thanksgiving about the Native Americans: they really screwed up when they didn’t let the Pilgrims starve. And European White Leftists, in their smug belief in their own all-powerfulness, seem to have failed to learn anything from the Indians’ mistake. “You can’t be racist against White people, because we are as gods!”

Friberg, on the other hand, despite being an irrational bigot himself in the eyes of the Left, tends to think of White Europeans as just another ethnic group. This group faces, has faced, and will continue to face the same dangers and pressures as any other in history, with the same right to defend itself, but with no guarantee that it will go on existing; Friberg happens to love it because it is his. Which is pretty ordinary for a primate, like it or not.

In fact, in the educational glossary of metapolitics included in the book, Friberg shares Alain de Benoist’s term for the New Right’s version of anti-racism: differential anti-racism, as opposed to the Left’s universalist version.

Differential anti-racism is the answer of the New Right . . . to what is viewed as a lack of respect for differences which is characteristic of universal anti-racism. . . . Benoist proposes a differential anti-racism that opposes racial hierarchies and respects the differences between different peoples. He rejects all attempts to assign value judgments such as ‘better’ or ‘worse’ to races.

Such a wild idea: that peoples should respect each other’s differences without having to crawl up inside each other’s infidel fundaments. Friberg argues for the preservation of European culture, but not at the expense of everyone else; his prescription for avoiding external entanglements, for example, should fit any sane person’s politics, both pragmatically and morally:

The fanatical group of warmongers who, while mouthing platitudes about human rights and democracy, kill millions throughout the world . . . must be deprived of any influence on the foreign policy of the West. Opinions on the way other peoples handle their affairs should be expressed solely through diplomacy and example, not through the wars of aggression and attempts at subversion which time and again in recent decades have come back to haunt us.

On the other hand:

Mass immigration to Europe must cease. The Americanisation and the importation of stupid political ideas and an infantilizing popular culture must be limited.

My fellow Americans: we’re right up there with the jihad.

(I’m not entirely joking; for more in this vein, check out the chapters on Americanization in Éric Zemmour’s Le Suicide français [6].)

The main strategic thrust of the book is metapolitics, which Friberg defines as “a war of social transformation, at the level of worldview, thought, and culture”; metapolitics must be dealt with before anyone can tinker with political power.

Friberg cites Gramsci’s Prison Notebooks as a crucial source for the Left’s success on this turf—and also as a source from which the Right can learn. Till now the Left has painted anything outside its accepted range of thought as nefastus: hateful, filthy, and most important, unholy. The concepts of fastus (holy) and nefastus [7] have been primal to human social behavior for a very long time; without them we would have died from rolling in our own feces. But when they’re attached to political ideas, then even where there is nominal free speech, they choke the debate. Thus the Right must work to remove the stigma of nefastus from any and all political ideas within the culture—preferably in order to transfer the stigma to those who would gag their enemies with it.

Though the volume is a lean 117 pages, Friberg crams in a primer on the history and prehistory of the contemporary European Alt-Right, and the slow rise of oppositional metapolitics in Sweden. But he also offers two separate and refreshing guides to reclaiming your power as a man or as a woman. In the name of freeing us from gender roles, postmodernity has crammed us into a unisex mold that fits nobody, and an invitation to escape it is a relief.

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There’s a gem of observation on nearly every page; I don’t stick my neck out and say such things lightly (or out of cronyism). Friberg is even moderate when it comes to everyone’s favorite false dichotomy: Laissez-faire or socialism? Instead of harping on the glories of untrammeled market jungle-craft or the evils of unequal outcomes, he echoes de Benoist’s affection for economic pragmatism:

Economics is not the absolute fundament of society, and a dogmatic approach to its functions is never prudent. Alain de Benoist’s words are ours as well: we’ll gladly welcome a society with a market, but not a market society. Conversely, demands for economic equality for the people of Europe for its own sake must not be allowed to limit the positive, wealth-generating effects of market forces.

He points out the failure of Marxist income redistribution in no uncertain terms, however. Instead of taking from the rich and giving to the poor, modern socialism has taken from the middle, working classes to dole out booty to the poor and the rich alike. Despite the Left’s stranglehold on discourse, it “achieves little more than to fill the role of global capitalism’s court jester.”

He goes on to note that the Right here has a tactical advantage in that its ideas are more in tune with regular people’s experience, by contrast with the airy-fairy, top-down Utopias of the Left. (The fact that the Left has parted ways with free speech in Europe doesn’t help their cause either.) 

What he hints at but doesn’t spell out is the fact that, in vital ways, the Left has swung further right than the Right, if by right you mean Libertarian—for example, in its merciless cheerleading for globalized economic liberalism and the devastation of the Western working livestock.

In a healthy social order, genuine and sincere Left and Right partisans work to balance each other’s more extreme tendencies. In a hellscape such as ours, opportunists wave the “Left” and “Right” team flags, shouting platitudes. They cobble together whatever bits of each ideology will score them the most points with the super-wealthy while drawing enough voters to the booths to make the eerie puppet of democracy jerk its legs about.

The Left appears to be so detached from reality that they’re beyond hope. But Friberg offers a prescription for a healthy and vital Right. I’m no optimist, but there’s a slim chance this may succeed.

Article printed from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com

URL to article: http://www.counter-currents.com/2015/12/daniel-friberg-sweden-the-real-right/

URLs in this post:

[1] Image: https://secure.counter-currents.com/wp-content/uploads/2015/12/RealRightReturns.jpg

[2] The Real Right Returns: A Handbook for the True Opposition: http://www.amazon.com/gp/product/1910524492/ref=as_li_tl?ie=UTF8&camp=1789&creative=390957&creativeASIN=1910524492&linkCode=as2&tag=thesavdevarc-20&linkId=2JCEDOWXTKS4KM75

[3] The Real Right Returns: http://www.amazon.com/The-Real-Right-Returns-Opposition-ebook/dp/B016J12NR6

[4] Right On: https://www.righton.net/

[5] The Bechtloff: https://www.youtube.com/user/TheBechtloff

[6] Le Suicide français: http://takimag.com/article/a_kinder_gentler_colonialism_ann_sterzinger/print#axzz3tJHy8O3n

[7] fastus (holy) and nefastus: https://books.google.com/books?id=RYwAAAAAYAAJ&pg=PA324&dq=fastus+vs+nefastus+unholy&hl=en&sa=X&ved=0ahUKEwiKzK747MDJAhUERyYKHbjxCPMQ6AEIJDAB#v=onepage&q=fastus%20vs%20nefastus%20unholy&f=false

samedi, 05 décembre 2015

1914-1918 : LES FAITS TÊTUS DE LA GRANDE GUERRE

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1914-1918 : LES FAITS TÊTUS DE LA GRANDE GUERRE

Par Louis-Christian Gautier aux Éditions Dualpha

Fabrice Dutilleul
Ex: http://metamag.fr
 
1418.jpgFabrice Dutilleul : En cette période de « centenaire » ne peut-on considérer 1914-1918 comme un sujet aujourd’hui rebattu ?
Louis-Christian Gauthier : Ce n’est pas parce qu’un sujet à suscité une masse de publications, généralement à but commercial et qui répètent souvent la même chose, qu’il est épuisé. Je n’ai pas prétendu refaire une histoire de la « Grande Guerre », mais à en éclairer certains aspects méconnus ou jusqu’ici traités de manière conventionnelle.

Par exemple ?
Qui a entendu parler de la défaite anglaise de Kut-el-Amara, où une division renforcée à capitulé en 1916 devant les Turcs, malgré l’envoi d’un corps d’armée en secours ? Moi-même – malgré deux années de cours préparatoires à l’École Spéciale Militaire en option « Histoire et géographie », suivis de l’obtention d’un Certificat d’Études Supérieures d’Histoire Militaire Moderne et Contemporaine – l’ignorais jusqu’à ces dernières années.

Deux sur les cinq de vos « coups de projecteur » traitent particulièrement de la Belgique, qui a l’époque constituait un État-nation depuis moins d’un siècle (1831)…
Pour la « petite histoire », je tiens à préciser que je ne règle pas là des comptes conjugaux (je suis marié avec une bi-nationale)… Mais le cas du Royaume de Belgique est assez emblématique des manipulations de la propagande de l’époque. Ainsi son roi d’ascendance allemande a été « héroïsé » plus ou moins malgré lui par les Alliés pour l’attacher à leur cause, ce qui comme on le voit en lisant mon texte n’était pas gagné. Et sur le plan intérieur, c’était l’occasion de conforter une unité nationale qui n’était pas évidente non plus (comme on peut le constater de nos jours). En outre, la dénonciation des prétendues « atrocités allemandes » servait aussi de ciment interne et externe.

C’est loin tout ça…
Le passé explique le présent. Ainsi, comme je le rappelle dans le premier chapitre, l’Europe état alors au faîte de sa puissance. En s’entredéchirant – et par deux fois, le premier conflit ayant généré le second surtout via les différents « Diktats » imposés aux vaincus – on voit où elle est aujourd’hui tombée.

"1914-1918 : les faits têtus de la Grande Guerre" de Louis-Christian Gautier, 262 pages, 29 euros, éditions Dualpha, collection « Vérités pour l’Histoire », dirigée par Philippe Randa.

vendredi, 04 décembre 2015

Prof. P. Gottfried: Die deutsche Nation

Die deutsche Nation

von Prof. Dr. Paul Gottfried
Ex: http://www.blauenarzisse.de

Prof. Paul Gottfried stellt in diesem Beitrag das Denken von Bernard Willms und insbesondere sein Buch „Die deutsche Nation“ vor.

willms.pngDer den Freitod wählende Staatsdenker und weltbekannte Hobbes-​Sachkenner Bernard Willms (19311991) zählte zu den eigenständigsten Promovierten von Joachim Ritter. Wie Ritter, der eine beträchtliche Reihe von namhaften konservativ ausgerichteten Gelehrten promoviert hat, wurde Willms von Hegels Rechtsphilosophie stark angetan. In einem beweisbaren Sinn versinnbildlicht Hegel einen Fixpunkt für Willms’ politische und weltanschauliche Orientierung. Gewiss wurde Willms von anderen Staatsdenkern, insbesondere Fichte, Hobbes und Carl Schmitt und nicht zuletzt von Heideggers Seinsphilosophie unauslöschlich geprägt.

Besät ist sein Band Die deutsche Nation mit weitgehenden Hinweisen auf Fichte und Hobbes (ganz von Heideggers Vorstellung der „Seinsvergessenheit“ zu schweigen). Diese Vordenker sind in Hülle und Fülle herangezogen, als es versucht wird, eine „politisch organisierte“ Lebensform und eine zum Selbstbewußtsein wachgerufene deutsche Volksnation in Verbindung zu bringen. Zusätzlich wartet Willms mit Auszügen aus Fichtes „Reden an die deutsche Nation“ auf. Ebenso wie im frühen neunzehnten Jahrhundert, als gegen Napoleon mobilisierte Patrioten auf eine deutsche Erweckung abzielten, bedürfen bis heute die Deutschen eines Programms der Nationalerziehung, damit sie es dazu bringen können, eine „Fremdherrschaft“ loszuschütteln.

Der Vernunftstaat

Die unübersehbaren Hegelschen Begrifflichkeiten bei Willms treten aus seinem Ansatz hervor, die Gründung oder Bewahrung einer nationalen Allgemeinheit auf das Werden und Wirken eines Staates zu beziehen. Nach seiner aus Hegel entlehnten Formulierung hängt die Beschützung einer „Kulturnation“ vom geeigneten Staatsgefüge ab. Beides macht ein „wirklichkeitsbezogenes“ Gespann. Willms borgt Hegels Wendung des „Vernunftstaates”, um die erwünschte Zusammenfügung von Denken und Geschichtsnotwendigkeit zu kennzeichnen. Er verweist auf eine in Nachkriegsdeutschland in Schwung gekommene Absicht, eine wiederhergestellte Nation der Dichter und Denker anzustreben. Diesen Idealisten fehlte es allerdings an einem geübten Verhältnis zur Geschichte. Ohne eine staatliche und staatserzieherische Unterstützung verlief der Plan, Deutschland als eine reine Kulturnation zurückzubringen, im Sande.

Gemeinsame Selbstbehauptung

Auch zu beachten ist, dass Willms dem Hegelschen Gedankengang folgend eine „verwirklichte Nation” als eine ausgeprägt „begriffene Allgemeinheit” erfasst. Egal auf welche Weise sie urzeitig oder urwüchsig sich zusammenfaßte, ist die neuzeitliche Nationalgemeinschaft nur als eine ausgedachte Volksidentität zu verwirklichen. Und die Zeit fordert dringlich, dass eine Staatsregierung, die die dazugehörige Nationalität gewährleistet, ins Leben gerufen wird. Willms richtet sich an deutsche Patrioten, die eine aus der Vergangenheit entstandene und auf die Zukunft hinausgreifende kollektive Existenz geistig sowie emotional behaupten. Nicht ein dumpfes Gefühl der Zusammengehörigkeit sondern eine gemeinsame Selbstbehauptung, der sich alle einzelnen Mitglieder anschließen, und die eine vereinigende Staatsform annimmt, prägt die zum Nationalstaat gehobene Volksgemeinschaft der Neuzeit aus.

Ein Schwerpunkt, der bei Willms kaum zu übersehen ist, stellt seine Thematisierung der Neuzeit dar. Von den medialen Seitenhieben auf ihn als einen abstoßenden Reaktionär absehend, erachtet sich Willms als Vollblutvertreter der Moderne. Immer wieder streitet er den Linken ihre Vereinnahmung der Moderne ab. Er konstatiert, dass die Moderne dem Wesen nach nicht in erster Linie mit einer Konsumgesellschaft oder mit dem Kultus der sogenannten Menschenrechte gleichzustellen ist. Die „Neuzeit“ habe vielmehr Erscheinungen hervorgebracht wie die protestantische Reformation, der Aufstieg einer gebildeten, selbstbewussten Bürgerschaft, das Schaffen des Nationalstaates und eines überall im Westen geltend gemachten Völkerrechts.

Liberale Demokratie und deutscher Idealismus

Ebenso hervorstechend bei seiner Zeitanalyse ist ein anderer von Willms vorgetragener Gegensatz, zwischen den nach dem Zweiten Weltkrieg den Geschlagenen aufgezwungenen „liberaldemokratischen“ Leitsätzen und dem zur gegenwärtigen Stunde in Mißkredit geratenen „deutschen Idealismus“. Beide Weltanschauungen nehmen für sich in Anspruch, die Neuzeit zu vollführen, aber Willms stellt fest, dass nur die letztere das Gütesiegel trägt. Die zur Staatsreligion aufgewertete liberaldemokratische Grundlehre führt dazu, einer einstigen Nation sowohl ihre Selbstverwirklichungsmöglichkeit wie ihre Selbstachtung abzunehmen. Statt ein Durchdenken ihres Nationsdefizits zu erwecken, hat die liberaldemokratische Gängelführung zur Folge, die Deutschen sich selbst zu entfremden und ihren Siegern unterzuordnen. Die Sache erschwerend gibt diese Einstellung einer genießerischen Lebensweise Nahrung, als sie darauf gerichtet ist, die Deutschen von der Wiedererlangung einer Nationalidentität dauernd abzulenken.

Willms bezeichnet gezielt die „deutsche Philosophie“, den Idealismus von Kant bis Heidegger, als den Weg für seine selbstentfremdete Nation ins Freie. Dadurch versteht er die Wiederaneignung einer Selbstidentität über einen punktuellen Denkprozess. Ein Grundzug der Moderne, betrachtet von der Sichtweise der deutschen Idealisten her, war die Vorpräparierung eines bedachten nationalen Eigenwesens, deren Ergebnis auf eine Allgemeinheit übertragbar war. Eine Idee von dieser Ausprägung entsprang der Zukunftsvision und dem Geschichtssinn der Philosophen, die für die Deutschen eine Nationalgemeinschaft vorgreifend umrissen. Das Ergebnis war nur insoweit möglich, als das betreffende Denken eine historische Notwendigkeit philosophisch widerspiegelt.

willms35.JPGWer national ist, wird als Antidemokrat beschimpft

Die liberaldemokratische Herrschaft, die mit der französischen Besatzung während der napoleonischen Zeitepoche verglichen wird, verweigert den Deutschen ein wahres Recht, die „Nationalfrage“ zur Diskussion zu stellen. Diesem Denkverbot zuwiderzuhandeln, tut jeder Freidenker auf die Gefahr hin, sich als „Antidemokrat“ stempeln zu lassen. Dennoch riet Willms seinen Mitbürgern einen „demokratischen“ Kurs nicht kategorisch ab.

In Die deutsche Nation nimmt Willms eine Reihe von antinationalen Strömungen ins Visier, einschließlich der moralisierenden antideutschen Geschichtsschreibung, des Kollektivschuldfimmels und der Anstrengungen der Eliten den Deutschen ein erfundenes „weltgemeinschaftliches“ Eigenwesen unterzuschieben. Unter seinen Zielscheiben befindet sich ebenso eine auf die Spitze getriebene Konsumgesellschaft. Hier beruft sich Willms auf Rousseau und Fichte, die von der Zucht der gesetzten Staatsbürger als ausgesprochenes Charakteristikum der wohlgeordneten Gemeinschaft sprachen.

Die Jugend und die Mobilisierung der Nationalidentität

Auch klagt Willms die jüngere Generation an, die samt und sonders „gehäufte irrationalistische Ausbrüche aus dem Zirkel der Sinnlosigkeit” zum Schaden der deutschen Nation entladen. Zu einer „Mobilisierung der Nationalidentität” würden diese Gestrauchelten nicht im entferntesten taugen.

Meine beliebtesten Stellen aus dem Buch Die deutsche Nation beinhalten jedoch Willms’ Ansatz, gestützt auf die Wertkritik von Max Weber und Carl Schmitt, die liberaldemokratische Höchstwertsetzung auseinanderzunehmen. Ohne mit demokratischen Spielregeln vorliebzunehmen, drängen die „Gesinnungsdemokraten“ dazu, ihrem Verfahren eine unbestreitbare Heiligkeit zu verleihen. Mit einer nüchternen Wertung der jeweiligen Existenzlage hat das nichts zu tun. Die Zeitwirklichkeit kann so aufgefasst werden, dass wegen zweier verlorener Kriege eine von ihren Eroberern vorgeschriebene Staatsform den Deutschen aufgedrängt wurde, zusammen mit einem geschmälerten außenpolitischen Spielraum.

Der Höchstmaßstab für politisches Handeln

Statt eine verhaltene Haltung dem Unausweichlichen gegenüber anzunehmen, münzen die Gesinnungsdemokraten den Willensakt ihrer Besieger in eine Staatskirche um. Willms macht uns klar, dass diese Anbetung keinem philosophisch oder geschichtlich begründeten Standpunkt entspricht. Wie Weber stellt er fest, dass weder Menschenrechte noch wechselnde Parteiregierungen, sondern das Weiterbestehen einer Nation den „Höchstmaßstab” für politisches Handeln bildet. Willms weist darauf hin, dass Weber, der altliberal ausgerichtet war, nicht von einem ausufernden Deutschnationalismus angetrieben war. Der berühmte Soziologe war bestrebt, die von ihm begriffenen politischen Verhältnisse der Neuzeit darzulegen.

Durch seine akademische Laufbahn hindurch besetzte Willms eine Professur an der Universität Bochum. Dort konnte er sich seinem freimütigen Schreiben und scharfsinnigen Referaten unbehelligt hingeben. Ebenso augenfällig war sein Erfolg beim Platzieren seiner Buchtexte bei ansehnlichen Verlagshäusern, wie Suhrkamp, Kohlhammer und Bertelsmann. Seit seinem Tod werden Willms’ vielfältige Schriften totgeschwiegen, wenn nicht verunglimpft. Wenn Willms nicht seine Lebensjahre verkürzt hätte, dann hätte er schon erkannt, dass ihm der Zeitgeist unverkennbar abgewandt ist. Als geschichtlich orientierter Denker musste er aber wissen, dass der Zeitgeist nicht von selbst her handelt. Die sachbezogene Frage heißt nicht, wer über den Ausnahmefall entscheidet, sondern wer die „liberaldemokratische” Deutungshöhe zur Ausschließung der Nichtangepassten besetzt.

lundi, 30 novembre 2015

Histoire vraie de l'homme qui cherchait le yéti

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A la fin des années 1980, Jordi Magraner, zoologue franco-espagnol, monte une expédition. Toute scientifique qu'elle soit, elle paraît incroyable : Magraner part à la recherche du « barmanou », aussi appelé yéti dans d'autres régions du monde, au coeur des montagnes d'Afghanistan.

Gabi Martinez a enquêté sur cet explorateur hors du commun et nous livre le récit palpitant et hautement romanesque de cette histoire vraie. Pendant des années, Jordi Magraner arpente les montagnes du nord du Pakistan et d'Afghanistan. Il est convaincu que la théorie de l'évolution de Darwin n'explique pas pourquoi l'être humain parle et a une conscience. Il se dit qu'il existe bien un chaînon manquant, qu'il pourrait s'agir du barmanou. Il est un fervent apôtre de la cryptozoologie, ce courant qui étudie les animaux dont l'existence est sujette à caution. En partant à sa recherche, il découvre la fascinante communauté kalash, ces hommes blonds aux yeux bleus, de tradition païenne. Il devient l'un des leurs. En lutte constante avec les institutions françaises et pakistanaises, il travaille pour le Musée d'Histoire Naturelle de Paris, rencontre Massoud, dirige l'Alliance Française de Peshawar…

Mais quand les États-Unis envahissent l'Afghanistan, l'atmosphère devient irrespirable. Il est accusé de pédophilie et d'espionnage. Assassiné en 2004 au Pakistan, le crime n'a pas été élucidé et son corps n'a pas été rapatrié. Jordi Magraner est un personnage issu d'un autre monde, pareil à ces écrivains explorateurs du XIXe siècle. Un personnage anachronique, résolument romanesque, qui rappelle par moments le Limonov d'Emmanuel Carrère. 

Source: http://www.zentropa.info

dimanche, 29 novembre 2015

CLIMAT INVESTIGATION: l'Information contre l'investigation

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CLIMAT INVESTIGATION: l'Information contre l'investigation

Alain Walenne
Ex: http://metamag.fr 

Philippe Verdier, chef de service météo de France Télévisions et présentateur météo à France2, est l’auteur d’un ouvrage* qui, depuis quelques mois, provoque le débat sur le réchauffement climatique, et surtout sur la façon dont ce sujet est maltraité et détourné par les États.

Philippe Verdier n’est pas le premier venu. Il a été accrédité par les Nations Unies pour couvrir les Conférences sur le Climat (Bali 2007, Copenhague 2009, Cancun 2010…). Il n’est pas du tout un « climatosceptique », comme quelques malveillants ont pu le dire, qui n’ont pas lu son livre. Il est convaincu que la terre se réchauffe et que le climat se dérègle. Alors, en quoi dérange-t-il ?

Il affirme que le discours sur le climat est monopolisé par un organisme ultra-politisé, le Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC) dont les dirigeants cooptés sont très liés aux milieux économiques transnationaux, et où les scientifiques, nombreux dans les débats, ont bien du mal à se faire entendre.

L’ONU organise chaque année en décembre une COP (COnférence des Parties), à Paris pour la 21e, les  « parties » en question étant les 190 pays reconnus à l’ONU. Lors de ces COP, chaque pays fait état de tout ce qui « cloche » chez lui ; l’ONU décrète alors que la catastrophe arrive, chaque pays exprime sa conscience du danger, relaie abondamment l’information auprès de ses citoyens, puis continue allègrement la course au « développement »… qui est la cause de la catastrophe annoncée !

Chacun décide qu’il faut réduire la consommation d’énergie… et fait l’inverse. « Derrière les engagements écologiques, à peu près tous viennent pour faire fructifier leurs affaires (…) La Conférence s’apparente à une Foire Internationale. Finalement, les participants parlent assez peu de l’avenir de la planète. Les scientifiques y sont discrets, quand ils ne sont pas absents. Le temps de la Conférence est un moment de diplomatie et de commerce (…) La négociation apparait comme un monopoly environnemental. »

Le fonctionnement original du GIEC

Les travaux sont rédigés et corrigés par des scientifiques, mais le résumé de synthèse est approuvé ligne par ligne par les gouvernements, qui financent et contrôlent l’édition des rapports. Ce sont les Etats qui décident des informations climatiques qu’il convient de présenter au public. La liberté de parole du GIEC est étroitement contrôlée.

Le discours onusien est toujours univoque ; il n’y a pas vraiment de débat entre les thèses divergentes des climatologues. Philippe Verdier tire la sonnette d’alarme sur les sujets climatiques sensibles mais écartés par le GIEC : le ralentissement du Gulf Stream par exemple, qui entraînera un refroidissement de la façade atlantique de l’Europe, ou la fonte du permafrost de Sibérie, qui libère de grandes quantités de méthane et augmente le stock de gaz à effet de serre.

Bien des thèmes (pourtant passionnants) sont bâclés, comme l’élévation du niveau des mers, les effets des éruptions volcaniques, ou l’importance des cycles solaires sur les changements climatiques. Personne n’est capable de vérifier les scenarii catastrophistes du GIEC pour 2050 et, depuis 20 ans, bien des prévisions du GIEC se sont avérées fausses. De fait, aucune prévision fiable ne peut déterminer le climat de la France et de l’Europe entre 2016 et 2050 (comme l’affirme le GIEC), pas plus que pour 6 mois, sinon, la météo prévoirait le temps sur 6 mois et non sur une semaine !

Les scientifiques qui s’écartent des postulats du GIEC (l’effet de serre serait du à l’activité humaine) ont de grandes difficultés à faire reconnaître leurs travaux ; ils risquent leur avenir professionnel. Ils dénoncent les utilisations mensongères que le GIEC fait de leurs travaux, ou l’occultation des conséquences positives qu’a le réchauffement climatique (+0,8° sur 50 ans).

Les apports de la dendrochronologie (analyse des cercles de croissance des arbres) sont écartés, alors qu’ils permettent de montrer que, depuis 2500 ans, les périodes de stabilité sociale et de prospérité surviennent lors des réchauffements, et qu’a contrario les périodes d’instabilité et de troubles politiques sont associés à des refroidissements. Mais aucun historien ne siège au GIEC, qui refuse les conclusions des scientifiques qui ne leur conviennent pas.

Sous couvert du climat, les fonctionnaires de l’ONU aident surtout les multinationales à placer leurs produits. Le climat justifie par exemple l’arrivée massive de céréales génétiquement modifiées en Asie, dans les Amériques et en Afrique, ça, c’est du concret !

La climatologie est une science

La climatologie et la météorologie sont des sciences, et il est dangereux de les soumettre aux pouvoirs politiques et économiques. Or les météorologues sont sommés par les gouvernements de « vendre » le réchauffement climatique… qui n’est pas de leur ressort, mais celui de la climatologie !

Les Nations Unies, soumises aux groupes de pression politiques et économiques, manipulent la climatologie, la météorologie, et indirectement l’écologie, et pourtant, depuis 20 ans, elles ne sont jamais parvenues à faire appliquer le moindre accord sur le climat, car la volonté de faire peur conduit davantage à l’apathie qu’à l’action. « Aucun changement de politique énergétique n’interviendra après la Conférence de Paris » (Manuel Valls).

Si l’ONU voulait vraiment s’attaquer au réchauffement, il ferait la chasse au méthane, et au protoxyde d’azote, 300 fois plus toxique que le CO2 pour le réchauffement de la planète.

Philippe Verdier pense que le GIEC doit nous informer et non nous terroriser. Disciple de Pierre Rabhi, il préconise les solutions fractales, petites actions personnelles ou locales (Agenda 21, Plan Climat, Vélib, covoiturage, transports en commun gratuits), plus efficaces que le projet surréaliste de « changer le climat ».

Le réchauffement est une donnée, pas un ennemi et il ne nécessite aucun « combat ». Ce n’est pas l’avis de la COP21, qui a fait une première victime : Philippe Verdier, l’agent perturbateur, a été licencié par France Télévisions, dont la ligne politiquement conforme ne souffre pas de contestation.                                                                                                             

Climat investigation, de Philippe Verdier, Editions Ring, 18 €. Le livre est dédié à Walden, de Henri D. Thoreau.

jeudi, 26 novembre 2015

"1984" revisitado (otra vez y las que hagan falta)

 

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"1984" revisitado (otra vez y las que hagan falta)
 
 

Orwell no ideó un mundo terrorífico. Ya existía en la Unión Soviética, dirigida con puño de acero por Stalin, y se reproduciría como una pesadilla interminable en los países que cayeron bajo influencia de la URSS después de la Segunda Guerra Mundial. El valor de ´1984´ es haber penetrado en el fondo, la esencial naturaleza de dominación psicológica sobre la que fundamenta su poder el Gran Hermano.

JOSÉ VICENTE PASCUAL

Ex: http://www.elmanifiesto.com

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no ideó un mundo terrorífico. Ya existía en la Unión Soviética, dirigida con puño de acero por Stalin, y se reproduciría como una pesadilla interminable en los países que cayeron bajo influencia de la URSS después de la Segunda Guerra Mundial. El valor de ‘1984’ es haber penetrado en el fondo, la esencial naturaleza de dominación psicológica sobre la que fundamenta su poder el Gran Hermano. Lo horrendo de ‘1984’ no es el temor constante a la vigilancia y la delación, la represión, las torturas y la evaporación de los disidentes (aun cuando su descreencia del sistema fuese mínima, irrelevante e incluso ingenua). Lo espantoso de ese mundo descrito por Orwell es la claudicación del espíritu, la eutanasia mental que supone adherirse al sistema para librarse de sus horrores. El final de la novela es un puro escalofrío: “… él amaba al Gran Hermano”. Ese es el mal perfecto de todas las dictaduras perfectas: conseguir no sólo aplastar la disidencia sino concitar la complicidad del conjunto de la población, arrebatar el espíritu, el alma de los pueblos y los individuos, y convertirlos en míseros engranajes de un sistema que funciona porque todos sus componentes funcionan, desde el más insignificante al más poderoso.

Tanto el mundo orwelliano como su referente real stalinista, así como nuestra contemporaneidad, muestran elementos comunes de hostigamiento, dominación y sumisión de los individuos ante las estructuras incontestables del sistema, tanto las de carácter coercitivo como ideológico. El método para alcanzar ese consenso social acrítico, el acuerdo de las masas en ser expoliadas de su trascendencia espiritual a cambio de la frágil estabilidad cotidiana, se fundamenta siempre en los mismos resortes: creación de un ideario colectivo disparatado que responde a los intereses estratégicos del lo establecido; desautorización (cuando no criminalización) de quienes disienten de dicho ideario; manipulación de la conciencia de las masas mediante el control de los medios de comunicación, tanto en lo que concierne a la información como a la propaganda sobre el supuesto bien común; aniquilamiento de la capacidad individual de oposición al discurso dominante; reescritura de la Historia conforme a un relato que se acomode a la ideología oficial.

De todo lo anterior hemos tenido sobradas muestras e inquietantes ejemplos en España, durante los últimos años. Desde los poderes del Estado se ha alimentado la hegemonía, obligatoriedad del pensamiento único, el cual, en nuestro entorno, se sostiene sobre los postulados del denominado “buenismo”, la doctrina de la llamada “izquierda angélica” y lo “políticamente correcto”. Denunciar ahora la clamorosa entrega de los medios de comunicación a los intereses partidistas (cada cual en su trinchera), y al sistema en general (en el fondo y en la práctica no hay diferencias esenciales entre las sedicentes posiciones de “izquierda” y “derecha”), sería tan inútil como reiterativo. La prensa, TV y demás medios, incluido Internet, son herramientas incansables de adocenamiento y adoctrinamiento, el referente ideológico inmediato que necesitan las masas desprovistas de identidad y criterio para reconocerse “buenos ciudadanos”. Sobre la reescritura de la Historia, entre la absurdidad de la Ley de Memoria Histórica y las fechorías doctrinarias de los nacionalismos que se perpetran en las escuelas, tenemos bastante muestra.

Hay diferencias, sin embargo, entre el stalinismo, el horror aplastante que imaginó Orwell y nuestra inmediata fenomenología social. La Unión Soviética era un país dirigido por el PCUS, autoproclamado “vanguardia del proletariado”, en tanto las sociedades occidentales contemporáneas se encuentran gobernadas y moralmente dirigidas por la pequeña burguesía, quien cumple perfectamente su función de elemento amortiguador entre las contradicciones y conflictos inherentes al modo de producción capitalista. La burguesía financiera/especulativa ha suplantado el papel dirigente de la burguesía productiva, de tal manera que los intereses de aquella pueden ser fielmente representados por la pequeña burguesía (urbana sobre todo), bajo la pretensión candorosa y bastante mojigata de que es posible construir “un mundo mejor” sobre el acuerdo en principios democráticos, solidarios y bienintencionados. El sueño pequeño burgués de una sociedad cuasiperfecta se fundamenta en la caritativa presunción de que es posible una economía capitalista como motor económico, por tanto básico, de una sociedad que no padezca los inconvenientes del capitalismo (desempleo, precariedad laboral, pobreza, injusticia distributiva…); todo ello dirigido y gestionado por políticos “honestos” y bendecidos por una ejemplar sensibilidad social. En suma: una patraña agradable para mentes dóciles y conciencias aletargadas en el limbo progre-cristianoide donde habitan la mayoría de nuestros conciudadanos.

El proletariado es (más bien era) una clase social con unos intereses históricos objetivos y concretos, al igual que la burguesía. Por tanto, su compendio doctrinal se expresaba en “ideologías fuertes”, cosmovisiones totalizadoras que implicaban alternativas estratégicas y tácticas orientadas a la toma del poder y la transformación radical de la sociedad, lo que equivaldría a una inversión absoluta del sentido de la Historia. Por el contrario, la pequeña burguesía es una excrecencia social desubicada, sin un referente estable en los vaivenes coyunturales de la lucha de clases, sin “ideología propia” por así decirlo. De tal forma, el cuerpo teórico del pensamiento único (la forma de dominación más eficaz ideada por el sistema a lo largo de los siglos), es un largo, tedioso, a menudo aberrante inventario de buenas intenciones obligatorias, así como de comportamientos reprobables que están prohibidos o deberían estarlo. El ‘1984’ actual, paradójicamente, no hunde sus raíces teóricas en una visión del mundo “fuerte”, radical y asentada tanto en la hegemonía ideológica como en el poder que nace “de la boca del fusil”; el occidente contemporáneo se encuentra dominado y se muestra sumiso a una ficción lábil, esquematizante por lo pueril, a menudo ridícula y tenaz como suelen mostrarse obstinados los pazguatos de este mundo, empeñados en sostener ideas descabelladamente candorosas que consideran brillantes “valores propios”. No cabe discusión con este pensamiento único porque debatir con los necios es tarea vana. No cabe oposición eficiente porque los mismos necios y sus gestores estratégicos se muestran admirablemente hábiles para imponer la “muerte civil” a quien manifieste disidencia.

La simpleza y la fealdad, la histeria feminoide de los pequeño burgueses horrorizados por las fechorías del capitalismo, la ideología grosera de las masas embrutecidas y sus agentes propagandísticos, en alianza ultimista con un sistema que condena a la explotación y extinción de su conciencia a millones de ciudadanos, constituyen el moderno ‘1984’.

Contra ello, no cabe más posición crítica que la enunciada a mediados del siglo XX por un venerable teórico, pedagogo argentino: “Al viejo mundo no se le discute: se le combate”. Cómo hacerlo es parte de otra asignatura, por así decirlo, que va mucho más allá de las pretensiones de este breve artículo.

 

Editorial EAS

Orwell, viviendo el futuro y recordando el pasado

dimanche, 22 novembre 2015

Malika Sorel-Sutter: «Un rouleau compresseur idéologique»

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Malika Sorel-Sutter: «Un rouleau compresseur idéologique»

Ex: http://www.je-suis-stupide-j-ai-vote-hollande.fr

La gauche porte une énorme responsabilité dans les événements dramatiques que nous venons de vivre. Depuis des décennies, par une attitude confinant au terrorisme intellectuel, elle a empêché toute forme de débat sur les thèmes de l’immigration et de l’intégration. Même encore aujourd’hui, l’argument misérable et dérisoire de la gauche reste:

« Vous faites le jeu du Front national ! »

Le magazine Le Point a consacré un article à Malika Sorel-Sutter, essayiste, à l’occasion de la parution de son livre : « Décomposition française – Comment en est-on arrivé là ? » Son livre dénonce l’hégémonie de la gauche et les conséquences de son irresponsabilité dans le domaine de l’immigration. Voici cet article qui comprend des extraits du livre de l’auteur :

Brûlot : Dans « décomposition française, l’essayiste ne ménage pas une gauche « sectaire et hégémonique« 

Le titre se veut volontairement anxiogène: « Décomposition française ». Et il faut le prendre au sérieux. Car Malika Sorel n’est pas dans l’analyse froide, distante et chiffrée d’une société française multifracturée. Non, cette ex-membre du Haut Conseil à l’intégration a vu « le réel ». Elle le raconte, ou plutôt le hurle, égrenant ces vérités constatées au coeur même de notre système administratif et du monde politique. En étant constamment dans le déni des réalités, notamment concernant l’immigration, le communautarisme et l’intégration, la gauche ne sort pas indemne de ce brûlot salutaire.

Extraits

decomposition-couv-ombre.jpgLa droite avance souvent ses pions à découvert, et il est alors possible de l’affronter lorsque cela s’avère nécessaire pour défendre la république. La gauche préfère emprunter une tout autre approche. Les gens de gauche, pendant longtemps, ont eu plutôt tendance à avancer leurs pions en douce, le sourire aux lèvres, le catéchisme des belles valeurs en bandoulière, des valeurs nobles …

… celles qui ne coûtent pas grand-chose sur le plan personnel,
mais peuvent rapporter gros quand elles sont brandies, affichées, mises en scène.

Notre société de l’image est avide de bons sentiments et de belles histoires, il faut produire de la légende. La difficulté à déjouer les attaques menées contre la république se trouve augmentée du fait que les gens de gauche, qui se présentent comme républicains depuis quelques années et sont d’ailleurs identifiés comme tels par l’opinion publique – quand bien même ils oeuvrent contre les principes républicains – , sont en réalité d’abord de gauche, c’est-à-dire qu’ils adhèrent d’abord et avant tout à un ensemble d’idées, avant d’être républicains. Ils préféraient se dire démocrates auparavant.

C’est pourquoi il a été si difficile de lutter contre l’avancée de leur rouleau compresseur idéologique, qui a abouti à la mise à terre, l’un après l’autre, des principes républicains. (… ) Ils se protègent entre eux, en toutes circonstances, y compris sur le dos de la république, qu’ils jurent pourtant maintenant défendre, la main sur le coeur. Nous l’avons vu, entre autres, avec le principe d’égalité, qui a été laminé par l’introduction de la discrimination positive par les socialistes – circulaire du 1 er juillet 1981 portant création des zones d’éducation prioritaires – , ainsi que pour tout ce qui concerne la laïcité, et ce depuis la première affaire du voile (Creil, 1989) ( … ).

Le problème, et il est de taille, c’est que les gens de gauche se trouvent très fortement représentés dans les milieux artistiques, créatifs, intellectuels, enseignants, de la recherche, qui exercent une influence sur l’opinion publique,

y compris par le biais de la formation des jeunes, et dans la haute administration, sans même que les citoyens puissent s’en douter; c’est un tropisme politique ancien: les gens qui se sentent plutôt de droite s’orientent davantage vers le monde des entreprises privées. ( … )

Cet esprit sectaire, complètement intériorisé, de la gauche, je l’ai maintes fois vu à l’oeuvre, y compris lors de la rédaction de rapports au sein du Haut Conseil à l’intégration. Un jour, alors que nous planchions sur des cas de déstabilisation d’établissements scolaires par le port de l’abaya – robe longue couvrant tout le corps – , un membre de la direction d’un établissement qui réfléchissait avec nous sur les réponses appropriées à donner à ces provocations exprima sa crainte que les médias ne soient informés de ce type d’affaire, que le gouvernement s’en saisisse (en l’occurrence, le ministre de l’Intérieur, Claude Guéant, d’autant que des menaces de mort avaient été proférées à l’encontre d’enseignants qui s’étaient dressés pour défendre la laïcité alors même qu’ils étaient abandonnés à leur sort par leur hiérarchie). In fine, cela ferait gagner des points à Nicolas Sarkozy, pensait-il. Et il ne le voulait vraiment pas … Il aurait préféré que personne ne sache rien des immenses difficultés auxquelles il était confronté. (… )

L’hégémonie culturelle de gauche se manifeste depuis au moins trois décennies dans les médias comme dans les milieux politiques.

Les idées de gauche sont partout. Soutenue par un bataillon de personnalités dans le monde du spectacle, dans les milieux de l’éducation, de la justice, des médias, ainsi que dans le monde universitaire et associatif …

… la gauche a rendu impossible tout traitement des questions de l’immigration et de l’intégration.

Dans tout ce qui a été fait ou n’a pas pu se faire, et ce depuis quarante ans, la gauche a exercé une influence considérable. C’est elle qui occupe, grâce à nombre de médias qui orientent et manipulent l’opinion publique, le sommet de la hiérarchie des responsabilités dans la crise majeure qui secoue la France. Elle qui règne, quasi sans partage, sur le plan des idées et de la morale.

Malika Sorel-Sutter dans Le Point

Et bien dites-moi, elle décoiffe madame Malika Sorel-Sutter ! Quel réquisitoire !

J’avais d’ailleurs déjà publié un texte de cette essayiste dans cet article : « Immigration : ces vérités si difficiles à dire« .


En savoir plus sur http://www.je-suis-stupide-j-ai-vote-hollande.fr/blog/malika-sorel-sutter-un-rouleau-compresseur-ideologique/#r51kJ2z8uHGxj8EL.99

mercredi, 18 novembre 2015

IL A ÉCRIT LA BIBLE DES DJIHADISTES: Le " Troisième djihad "

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Abou Moussab al-Souri a rencontré pour la première fois Ben Laden au début des années 1990. Il est aujourd’hui considéré comme l’«architecte du djihad global», selon les mots du chercheur norvégien Brynjar Lia.
 
IL A ÉCRIT LA BIBLE DES DJIHADISTES: Le "Troisième djihad"

Cléa Favre
Ex: http://www.lematin.ch & http://metamag.fr
 
Les attentats de vendredi soir appliquent les méthodes prônées par Abou Moussab al-Souri, idéologue du «troisième djihad». Abou Moussab al-Souri a rencontré pour la première fois Ben Laden au début des années 1990. Il est aujourd’hui considéré comme l’« architecte du djihad global », selon les mots du chercheur norvégien Brynjar Lia. Abou Moussab al-Souri s’est beaucoup documenté pour écrire son « Appel à la résistance islamique mondiale». Il aurait notamment étudié de près les guérillas de gauche, comme celle menée par Fidel Castro.

souri.jpgPersonne ne sait où il est. Et pourtant, son influence est grande. Les attentats de Paris perpétrés vendredi soir portent sa marque. Mustafa Setmariam Nassar, 58 ans, s’est choisi pour nom de guerre Abou Moussab al-Souri (le Syrien). Né à Alep, il a obtenu la nationalité espagnole par mariage. Il a notamment participé avec les Frères musulmans au soulèvement de Hama en 1982 et assisté à l’écrasement du mouvement par les forces de Hafez el-Assad. Appartenant à la garde rapprochée d’Oussama ben Laden, il a fui l’Afghanistan en raison de l’offensive américaine lancée après le 11 septembre 2001. Il a été arrêté par les services secrets pakistanais en 2005, avant d’être remis aux Etats-Unis qui, à leur tour, l’ont livré à Damas en 2011. Bachar el-Assad le relâchera en 2011 afin de propager les idées djihadistes parmi les manifestants qui s’opposent à lui dans la rue.

La notoriété d’Abou Moussab al-Souri a surtout grandi avec la publication sur Internet en décembre 2004 d’un pavé de 1600 pages. «Appel à la résistance islamique mondiale» est devenu le livre de chevet des apprentis djihadistes. Il prône l’avènement d’un troisième djihad. Celui-là même qui a inspiré Mohammed Merah en 2012 à Toulouse, les frères Tsarnaev en 2013 à Boston, Medhi Nemmouche en 2014 à Bruxelles, Amedy Coulibaly en janvier dernier à Paris ou encore les auteurs des attentats de vendredi soir. Dans ce manuel, Abou Moussab al-Souri expose sa théorie qui va à l’encontre d’un terrorisme spectaculaire et des attentats du World Trade Center, dont les conséquences ont été catastrophiques à ses yeux (augmentation des crédits militaires aux Etats-Unis, invasion de l’Afghanistan et de l’Irak, démantèlement d’une partie d’Al-Qaida). Critique à l’égard de Ben Laden, il milite pour de nouvelles cibles. Pour lui, les Etats-Unis sont trop puissants et éloignés. Il faut frapper l’Europe, «ventre mou» de l’Occident.

Pas de commandement central

Autre tournant stratégique: il soutient des attentats commis par de petites cellules indépendantes d’un commandement central, difficilement repérables par les services de renseignement. Il s’agit donc d’un djihad horizontal, sans structure pyramidale, qu’il nomme «nizam la tanzim» (un système et non une organisation). Cela revient à privilégier l’autoradicalisation et un endoctrinement via les réseaux sociaux. Et non via des personnes physiques, comme des imams, car elles sont surveillées.

souribouquin.jpgIl veut enfin monter les groupes les uns contre les autres au sein des sociétés occidentales pour obtenir à terme une guerre civile. Pour cela, il mise sur la xénophobie et les discriminations dont sont victimes les communautés musulmanes vivant en Europe. Abou Moussab al-Souri aimerait mobiliser ces personnes pour qu’elles détruisent l’Occident directement de l’intérieur. En multipliant attaques et provocations, il prévoit que l’islamophobie se renforcera, poussant davantage de musulmans à s’engager du côté des plus radicaux. Mais selon le politologue Gilles Kepel, cité par Le Monde, la faille de cette stratégie pourrait se situer dans ces attentats aveugles car les djihadistes touchent aussi « leurs coreligionnaires qu’ils veulent enrôler dans leurs rangs ». Difficile d’obtenir leur appui s’ils figurent parmi les victimes.

Mahmoud Mohamedoud, directeur-adjoint au Geneva Center for Security Policy et professeur associé à l’Institut des hautes études internationales et du développement (IHEID), relativise tout de même cette influence d’Abou Moussab al-Souri sur les attentats de vendredi. « Elle est indéniable, mais de manière indirecte, diffuse sur la galaxie Al-Qaida, et ensuite sur l’Etat islamique. Al-Baghdadi (ndlr: le leader de l’organisation) a mis à jour ces écrits qui datent tout de même de 11 ans. Aujourd’hui, l’impact d’Abou Moussab al-Souri est surtout visible dans l’importance accordée à une stratégie inscrite dans la durée.»

Le chercheur remarque que si l’Etat islamique ne s’est pas encore attaqué aux États-Unis, c’est qu’il n’en a peut-être pas eu l’opportunité. Il rappelle d’ailleurs la fusillade qui a échoué au Texas en mai dernier lors d’un concours de caricatures de Mahomet. Pour lui, les attentats de Paris font partie d’une stratégie beaucoup plus vaste de l’État islamique qui s’organise sur trois volets. Premièrement, la gestion des villes qu’il tient en Syrie et en Irak. Deuxièmement, des opérations régionales, comme les attaques survenues en Arabie saoudite, au Yémen, en Tunisie ou en Libye. Enfin, et c’est la nouveauté: un troisième cercle de résonance internationale, avec l’avion russe touché le 31 octobre et maintenant la capitale française.
 

vendredi, 13 novembre 2015

Chantal Delsol: l'âge du renoncement

L’âge du renoncement

Chantal Delsol aux éditions du Cerf

Ex: http://metamag.fr
Lage-du-renoncement.gifLe renoncement, on le comprend vite, concerne en fait un ensemble de paradigmes, dont l’auteur constate que, dans nos sociétés, ils ne sont plus opérants (constate, et non souhaite) et ont fait place à d’autres. A l’âge de la foi succéderait ainsi celui de la sagesse, mais il s’agit en fait d’un retour à ce qui a précédé l’ère judéo chrétienne.

Cette sagesse est portée par une conception du temps circulaire, et non plus fléchée, et par un ensemble de mythes aux contours flous, qui ont la force opérante de la vérité qu’ils ont remplacée. La quête de la vérité, constate l’auteur, n’est d’ailleurs absolument plus l’affaire de nos contemporains, dont le moteur du bien-vivre est l’utile.
 
Le temps de la chrétienté n’est plus, nous dit Chantal Delsol d’entrée de jeu et «quand un monde culturel se dérobe, toujours ses fils et ses adeptes ont l’impression qu’il ne pourra être remplacé que par le chaos» (p. 7). A ceux de ses lecteurs qui se sentent ainsi cernés par des menaces nihilistes et relativistes, l’auteur explique que le nihilisme n’aura été qu’une brève adolescence, entre l’âge de la vérité et celui de la sagesse.
 
Elle nous montre que la recherche de la vérité qui caractérise la civilisation chrétienne, et même, sous une forme différente, les Lumières, et les totalitarismes du XXe siècle, n’est en réalité qu’une parenthèse dans l’histoire des civilisations. « Le fanatisme de la raison a profané non pas seulement la Raison comme vérité mais l’idée même de vérité » (p. 70), et les Occidentaux d’aujourd’hui, comme les sages des civilisations antiques préchrétiennes ou comme ceux des cultures asiatiques de tout temps, n’aspireraient plus qu’à vivre en fonction de quelques mythes jugés fondateurs.

Ces mythes sont intouchables, mais néanmoins variables, et l’on ne cherche pas à savoir s’ils sont vrais mais s’ils permettent de vivre bien. De nombreux exemples viennent étayer cette thèse et l’on est saisi par la pertinence de l’analyse que nous offre l’auteur et par l’extrême rigueur de sa démonstration.

Tant de choses qui nous révoltent par leur incohérence acquièrent soudain une logique et l’on comprend pourquoi l’enseignement de l’histoire est aujourd’hui scandaleusement partisan et sélectif, pourquoi l’on condamne les massacres du nazisme en refusant résolument d’évoquer ceux du communisme, pourquoi les droits de l’homme sont et restent sacrés alors qu’ils ont radicalement changé en cinquante ans.

On prend définitivement la mesure du fait que  «la pensée post métaphysique, dotée d’une morale flottante, conserve peu ou prou les formes fanatiques de l’ancienne pensée, sans en avancer pour autant les atouts de certitude» (p. 97).

Le chapitre intitulé  «Consensus, l’autre de la démocratie », est tout bonnement éblouissant, notamment du fait de la description de la «gouvernance» de la communauté européenne, qui sous le «manteau débonnaire et consensuel» de l’analyse technique agit en véritable «despote éclairé» (p. 215) imposant à tous son idéologie dissimulée.

L’immense qualité de cet essai est de mettre de mettre des mots sur ce que l’on ressent confusément, et de nous offrir à la fois une description limpide de ce que vit aujourd’hui notre société mais aussi la vision lucide de ce vers quoi elle tend. Le ton de l’ouvrage semble étrangement serein mais il vrai qu’il n’est pas besoin de pousser des cris hystériques pour prendre la mesure des bouleversements radicaux que connaissent nos modes de vie et de pensée.

chantal_delsol_petite_s_d_seances21.03.11_01.jpgChantal Delsol ne cherche pas à nous indiquer quel est son positionnement sur l’échelle qui va du pessimisme à l’optimisme ; son propos est de décrire et constater, et non de se réjouir ou de déplorer. Et l’on sait combien cette lucidité est importante pour ne pas s’indigner stérilement, ni se lancer dans des combats désordonnés.

De son catholicisme l’auteur n’a jamais fait mystère, mais il n’en est pas question dans cet ouvrage. Elle précise bien d’ailleurs que, dans son livre, elle ne s’interroge pas sur le devenir des chrétiens, mais sur celui des sociétés. Il est important de bien garder à l’esprit que l’auteur ici ne se veut pas théologienne, notamment lorsque l’on s’interroge sur la vision de la nature humaine qu’elle nous offre, qui apparaît parfois bien loin de l’homme image de Dieu créé pour chercher la vérité.

On peut bien sûr se demander si Chantal Delsol a «renoncé», si elle se résigne sereinement à vivre dans l’âge de la sagesse. Il nous semble plus important de chercher à connaître quels sont nos propres renoncements et de nous demander ce que nous pouvons faire des lumières qu’elle nous offre, en commençant par laisser longtemps résonner en nous les dernières phrases de son ouvrage. «On a envie de comprendre avec indulgence les sociétés fatiguées par les excès de la vérité. Pourtant, les fous de la vérité sont peut-être les dépositaires d’une autre âme du monde, dont ils veillent la lueur captive» (p. 295).

Chantal Delsol, L'Âge du renoncement, Ed. du Cerf, Collection La Nuit surveillée, 304 pages, 22€

 

jeudi, 12 novembre 2015

Les raisons d'écrire de Jacques Perret

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1915-2015, LE CENTENAIRE DE 14-18

Les raisons d'écrire de Jacques Perret

Michel Lhomme
Ex: http://metamag.fr
raisons-de-famille-vr.jpgLes Editions Via Romana viennent de publier "Raisons de famille" , le deuxième livre de souvenirs de Jacques Perret tandis que l'excellente revue littéraire Livr'arbitres y consacre son numéro 18 de l'automne 2015. Le choix de Raisons de famille est judicieux car on y célèbre avec un an d'avance le centième anniversaire de la disparition en 1916 de Louis Perret, le grand frère du Caporal épinglé. Le récit raconte à la première personne le premier août 1914, veille de la mobilisation générale avec l'apposition des affiches dans tous les villages de France. Tout se passe dans la maison familiale des Perret, la maison de Galluis en Seine-et-Oise (aujourd'hui département des Yvelines) et l'on y décrit une famille unie que vient secouer le devoir patriotique et l'histoire mondiale. Jacques Perret qui a douze ans voit cette année-là partir son père mais aussi son grand frère à la guerre. Ce dernier ne reviendra jamais, tombant au champ d'honneur sur la Somme, à Bouchavesnes, le 25 septembre 1916. Le papa qui s'était engagé puisqu'ayant passé l'âge de la conscription, fut, lui, grièvement blessé dans les Flandres puis fait prisonnier mais il revint sauf de la première guerre mondiale.
 
Les souvenirs de Jacques Perret rappellent que les années 1912 et 1913 furent particulièrement heureuses, ce furent de beaux étés normands et de belles moissons gauloises comme le fut d'ailleurs l'été 14, du moins en province et à la campagne. Pourtant, comme aujourd'hui, la France ne sentait-elle pas déjà le rance ? Sans doute puisque la France était profondément marquée par la défaite de 1870, la guerre des Balkans, le scandale de Panama, les ralliements ratés au Général Boulanger, l'affaire Dreyfus, la corruption des politicards, le pacifisme démobilisateur de Jaurès, la germanophobie de Maurras, la trahison des socialistes. 14-18 sera la première guerre du mondialisme mais dans les tranchées, dans les discussions de bivouac, on ne le saura pas et on s'étripera pour en chercher des causes diverses dans le nationalisme revanchard ou dans une guerre du capitalisme et de la finance avec en toile de fond, la révolution bolchévique et ses trains suisses remplis de lingots d'or. Pourtant, c'est souvent en regardant passer les vaches comme aujourd'hui que les grandes catastrophes surgissent. La France de 2015 sait-elle vraiment ce qui lui arrive ? N'a-t-elle pas été aussi volontairement démilitarisée par des hommes politiques pleutres et lâches depuis plus de trois décennies pour les ''préparer'' à une autre boucherie, à les asservir à la finance et les adapter au grand remplacement, les monter contre l'eurasisme. 

L'intérêt du livre de Jacques Perret est là, nous narrer l'avant-guerre, « la paix des familles, l'état d'innocence, l'harmonie universelle » ou « la cueillette des prunes », les devoirs de classe, les jeux en plein air, au Jardin du Luxembourg des distractions enfantines, les cabanes et les courses à vélo, agrémentées de pénibles leçons de piano. Dès lors, en lisant le livre, on ne peut pas commémorer la grande guerre sans faire des parallèles avec le repli familial des années 90 qui anticipe ce que sera le choc historique des années 2015-2025. Certes en 1912 pas de grand remplacement ni de théorie du genre obligatoire, de totalitarisme de l'édredon, rien de tout cela dans le portrait d'une famille plutôt traditionnelle d'avant-guerre avec le camembert et le pinard à la sortie de la Messe, ou les enfants montés de force à l'étage quand les grands finissaient d'arroser la soirée au calvados dans le salon : « De fumants éclats montaient jusqu'aux chambres des enfants et nous comprenions alors vaguement dans le demi-sommeil, quelle institution difficile et miraculeuse était la famille où sans être d'accord sur tout on peut s'embrasser à propos de rien ». En réalité, aujourd'hui, les enfants ne dorment plus très tôt, ne montent dans leurs chambres que pour les jeux vidéos tandis que leurs parents pianotent sur leurs portables sans même se parler ou se poser des questions. Mais n'est-ce pas aussi un climat d'avant-guerre, le climat insouciant d'une guerre mondiale qui sera hybride et civile mais dont on veut dénie la probable réalité barbaresque ou nucléaire ? En fait, ce paradis familial que narre Jacques Perret avant la grande catastrophe de 14 existe encore même s'il n'y a plus d'éden républicain capable de fomenter la fierté grandiloquente de l'humble devoir patriotique. Il n'y a plus de nation mais des rapatriements d'exilés ou d'immigrés dans des drapeaux brûlés, déchirés ou remplacés sur les places publiques par les bannières ennemies de républiques islamiques.
 
La mort du grand frère Louis a de toute évidence marqué le petit Jacquot, le futur écrivain rebelle. Nous pensons que l'écrivain français ne s'est jamais remis de la mort de son grand frère et que c'est même pour cela qu'il écrira toute sa vie d'autant que Louis était un brillant élève de l'Ecole des Chartres appelé à une grande carrière. Nous soupçonnons que Jacques Perret après le décès de son aîné ne croira plus jamais à la carrière et aux grands discours des donneurs de leçon républicains. « Je suis pour le Trône et l'Autel » lâche-t-il âgé en une position suicidaire en 1975 sur le plateau d'Apostrophes devant un Bernard Pivot médusé.

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Comme le remarque Jean-Baptiste Chaumeil, le passeur moderne de Perret, dans un article du numéro de Livr'arbitres à propos de la réédition opportune des Raisons de famille : « C'est aussi le grand intérêt de ce livre : tout est là qui permet de comprendre Jacques Perret. Comprendre son engagement au Maroc en 1922, son incorporation dans les corps-francs en 1940, ses évasions, son départ au Maquis, sa détermination dans la défense de l'Algérie française, et tant d'autres combats. ». La mort d'un grand frère aux combats de 14-18, devoir de famille de toute une époque, obligations patriotiques, traumatisme crânien, douleur des gueules cassées et solitude pour ceux qui restent. Nous pensons instinctivement à ces femmes comme la mère du poète britannique Rupert Brooke qui perdit toute sa progéniture à la guerre , ou à ces pères de 14-18 comme celui de Jacques Perret qui survécurent malades aux combats des tranchées mais qui pleurèrent leurs fils qu'ils avaient abandonnés sur ces champs de bataille où ils avaient paternellement guerroyés à leurs côtés en connaissant toute la merde des tranchées. 

La guerre rend fou mais la guerre rend aussi irrécupérable. Jacques Perret est un irrécupérable. Cela nous change de la crasse des Modiano, Echenoz ou Enard qui nous font miroiter avec des guerres reconstruites des tableaux de douceur avant la tempête pour en réalité mieux nous anesthésier pour l'avenir troublé qui nous attend. 


Jacques Perret, "Raisons de famille" , Septembre 2015, 328 pages, Éditions Via Romana, 25€

Livr'Arbitres, n°18, automne 2015, 7€
 

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mardi, 10 novembre 2015

Un entretien entre Franck Abed et Georges Feltin-Tracol sur Maurice Bardèche

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Un entretien entre Franck Abed et Georges Feltin-Tracol sur Maurice Bardèche

Ex: http://synthesenationale.hautetfort.com

Roland Hélie, directeur de Synthèse Nationale, avait eu l’amabilité de m’adresser le livre intitulé Bardèche et l’Europe de Georges Feltin-Tracol, publié en 2013. Pour différentes raisons, je ne l’avais pas encore lu et étudié. C’est chose faite maintenant.

Je dois dire que la pensée de Bardèche, en tant que catholique et royaliste, m’est assez éloignée. Pourtant, cela ne m’empêcha point de lire et de grandement apprécier l’excellent Sparte et les Sudistes. En tant que défenseur de l’héritage capétien, partisan de la monarchie universelle et admirateur de l’Europe Impériale, toutes les questions doctrinales et intellectuelles sur l’Europe m’attirent et m’intéressent grandement. Une fois le livre lu, je voulais en savoir plus. J’ai donc demandé à mon ami Roland de me mettre en relation avec l’auteur. Quelques jours après, je recevais un appel téléphonique de Georges Feltin-Tracol. Une longue et sympathique discussion s’en suivit au cours de laquelle nous abordions à battons rompus, Bardèche, l’Europe, l’Empire, le solidarisme, la théocratie, la « droite » en France et les raisons de son échec, les monarchies etc. Ne voulant pas en rester là, je proposais à mon interlocuteur de poursuivre notre échange. Voilà la raison de cet entretien...

Franck ABED

Franck Abed : Maurice Bardèche le jacobin, l’admirateur de la Grande Révolution et des soldats de 1793, a toujours défendu l’idée européenne. N’est-ce pas contradictoire ?

Georges Feltin-Tracol : Avant de répondre à cette question, il faut prévenir le lecteur que Maurice Bardèche est d’abord connu pour avoir défendu toute sa vie son meilleur ami et beau-frère Robert Brasillach dont l’exécution, le 6 février 1945, le traumatisa et transforma un paisible universitaire spécialiste de la littérature française du XIXe siècle en un ardent polémiste et farouche contempteur de l’ordre du monde surgi à la fin de la Seconde Guerre mondiale.

L’idée européenne chez Maurice Bardèche est surtout développée dans sa conférence, « L’Europe entre Washington et Moscou » (disponible dans « Maurice Bardèche l’insoumis 1998 - 2013 », dans les Cahiers des Amis de Robert Brasillach, n° 51 - 52), à Anvers en avril 1951, dans L’œuf de Christophe Colomb (1952) et, plus succinctement, dans Les temps modernes (1956), et le fameux Sparte et les Sudistes (1969). Il faut se souvenir qu’en pleine Guerre froide, le succès notable de la CECA (Communauté européenne du charbon et de l’acier) en 1951 incite les responsables européistes à envisager deux autres communautés européennes complémentaires, la première pour la défense — sous-entendue contre l’URSS — : la CED (Communauté européenne de défense) et la seconde, politique, la CEP (Communauté européenne politique). Le violent débat sur la CED porte sur le caractère supranational de l’armée européenne, son degré d’intégration de cette armée dans l’OTAN, créée en 1950, et la remilitarisation de l’Allemagne occidentale.

La CED divise toute la classe politique, hormis le PCF et le RPF gaulliste qui lui sont hostiles. Par ses interventions fréquentes, Maurice Bardèche entend contribuer aux discussions publiques en soutenant le projet. Parallèlement, Rivarol se montre lui aussi favorable à ce projet, au contraire de Jeune Nation.

Quand on retrace la généalogie contemporaine de l’idée européenne, on relève l’absence de contradictions avec l’héritage révolutionnaire française dans lequel a grandi le jeune Bardèche. Dans l’opposition jusqu’en 1875, les républicains français sont bellicistes, expansionnistes, nationalitaires, c’est-à-dire favorables à une Europe des nationalités libres qui exista un temps lors du « Printemps des peuples » de 1848. Nonobstant son (néo)fascisme assumé, Maurice Bardèche s’inscrit dans cette tradition politique. Le paradoxe n’est d’ailleurs qu’apparent puisque l’historien italien Renzo de Felice a bien démontré que les principales racines idéologiques du fascisme provenaient du nationalitarisme mazzinien. En admirateur de Metternich et de la Sainte-Alliance, Julius Evola le reconnaissait volontiers.

FA : Pourriez-vous préciser ses grandes inclinations intellectuelles sur l’Europe ?

bardèche.jpgGF-T : Maurice Bardèche ne fait pas œuvre d’historien. Il puise dans l’histoire des exemples marquants. Quand il rédige L’œuf de Christophe Colomb, il a en tête deux visions d’Europe inachevées ou avortées : l’Europe de la Grande Nation de Napoléon Ier et celle des volontaires européens sur le front de l’Est de 1941 à 1945, la première étant plus prégnante dans son esprit que la seconde.

En 1993, dans ses Souvenirs, des mémoires qui s’arrêtent volontairement à 1958, Maurice Bardèche revient sur son européisme et, dépité par la construction technocratique et marchande de l’Union pseudo-européenne, exprime toute son admiration pour les thèses de Thatcher sur une simple organisation intergouvernementale. En creux s’affirme l’acceptation d’une « France seule » chère à Charles Maurras, constat d’une immense déception et d’une occasion manquée.

FA : L’idée européenne promue par Bardèche est-elle encore défendue par des acteurs politiques contemporains ? Si oui lesquels ? Si non, pourquoi ?

GF-T : Quand on lit avec attention les positions de Maurice Bardèche sur l’Europe, on remarque tout de suite qu’il n’imagine pas un super-État continental centralisé. Mieux que l’économie (Jean Monnet) ou la culture (Denis de Rougemont), il a compris que les meilleurs facteurs d’une réelle cohésion européenne passeraient par la diplomatie et la défense.

« Babar » comme le surnommaient affectueusement les rédacteurs de sa revue, la très mal-nommée Défense de l’Occident, n’est pas un théoricien, ni un constitutionnaliste et encore moins un juriste de profession ; il se veut pragmatique. Il conçoit ainsi une Confédération européenne des États nationaux qui ne concentrerait que quelques attributs, mais des attributs régaliens primordiaux : le domaine militaire et les relations internationales. Cette idée de confédération limitée à ses seules fonctions n’est pour l’heure défendue par personne. Dans les années 1980, l’ancien ministre Michel Jobert exposait cette vision dans le cadre de son Mouvement des démocrates (cf. Vive l’Europe libre ! Réflexions sur l’Europe, Ramsay, 1984). Dans la même période, le solidariste et nationaliste-révolutionnaire Jean-Gilles Malliarakis proposait lui aussi dans Ni trusts, ni soviets (Éditions du Trident, 1985) une semblable solution. Plus récemment, mon vieux camarade Rodolphe Badinand, co-fondateur d’Europe Maxima, exigeait dans Requiem pour la Contre-Révolution (Alexipharmaque, 2008) un noyau confédéral en lieu et place de l’Union soi-disant européenne.

Aujourd’hui, l’idée européenne chère à Maurice Bardèche est en sommeil, oubliée et/ou ignorée des minables politicards. Mais le choc du réel provoquera son surgissement tôt ou tard !

FA : Dans votre livre, une expression de Maurice Bardèche m’a frappé, à la fois par sa pertinence, sa rigueur et sa permanence. Il s’agit de « l’Europe cuirassée ». Pourriez-vous l’expliquer et l’approfondir en quelques mots ?

GF-T : Par la métaphore de l’« Europe cuirassée », Maurice Bardèche veut donner un sens politique à l’Europe qu’il esquisse. En 1951, celle-ci, divisée et amoindrie par deux conflits mondiaux consécutifs et récents, se retrouve en proie à trois menaces considérables : le réveil des peuples de couleur (la décolonisation commence), la menace soviétique qui n’est alors qu’à « deux étapes du tour de France » de Paris et l’occupation étatsunienne. Maurice Bardèche aurait souhaité assister à l’émancipation des Européens. Il aurait aimé que l’Europe nationale proclame sa neutralité et, pourquoi pas ?, prenne ensuite la tête du non-alignement contre le condominium soviético-yankee.

Maurice Bardèche voulait probablement faire de l’Europe nationaliste, voire néo-fasciste, une très grande Suisse, un État neutre et inattaquable du fait d’une redoutable cuirasse : son service militaire de milice civique. On peut même s’avancer à croire que la Confédération européenne fût été le décalque continental de sa consœur helvétique.

Avec l’actualité, il va de soi que l’« Europe cuirassée » prend une autre tournure. Avec l’invasion afro-asiatique en cours orchestrée, payée et encouragée par la Turquie, l’Arabie Saoudite et les États-Unis, l’« Europe cuirassée » impliquerait le rétablissement de frontières strictes tant du point de vue juridique que politique parce que les frontières ne sont pas que territoriales. La préférence nationale, au minimum, est une autre forme de frontière salutaire. À mon avis, toutes les frontières, matérielles et immatérielles, concourent à l’édification salutaire d’une société fermée, autocentrique et autarcique. Bref, l’« Europe cuirassée » signifie « les Européens maîtres chez eux en Europe et prêts pour cela à se battre ».

FA : Quel fut l’impact réel du Mouvement social européen, dont Bardèche fut membre, sur la vie politique ?

GF-T : Dès 1951 et le lancement de la CECA, il est prévu d’instituer un Parlement européen élu au suffrage universel direct, mais le rejet de la CED en 1954 par l’Assemblée nationale française écarta cette option jusqu’en 1979 quand les députés européens remplaceront les parlementaires désignés par les Parlements nationaux. Pour une fois en avance, des formations de droite nationale ont cherché à se regrouper afin d’atteindre un seuil électoral pertinent à l’instar des premiers résultats électoraux prometteurs du jeune MSI (Mouvement social italien).

Reconnu par toute l’Europe des réprouvés grâce à son Nuremberg ou La terre promise (1948), Maurice Bardèche est sollicité pour conduire la délégation française à Malmö en Suède. De cette réunion sort le Mouvement social européen (MSE) dont Bardèche devient l’un des vice-présidents et le responsable du MSE pour la France, d’où la création d’un bulletin de liaison : la future revue Défense de l’Occident.

Si une certaine presse versa dans le sensationnalisme et cria à la renaissance du fascisme ou d’une nouvelle « Internationale noire (ou brune) », l’impact du MSE sur la vie politique française et européenne fut plus qu’insignifiant. Outre le report sine die du scrutin européen, le MSE subit très tôt une scission de la part des racialistes réunis dans le Nouvel ordre européen. Cet échec fut néanmoins profitable puisque une décennie plus tard, le Belge Jean Thiriart lança Jeune Europe avec le MSE en contre-exemple parfait.

FA : Dans votre essai vous ne mentionnez pas la religion en général, ni la religion catholique en particulier. Pourtant, la religion catholique romaine reste un pilier de notre civilisation européenne. Quel était le rapport de Bardèche à la religion catholique ?

GF-T : Maurice Bardèche évoque rarement le catholicisme dans ses écrits. Élevé par l’école des hussards noirs de la IIIe République laïque et ayant grandi dans une famille patriote, anticléricale et radicale-socialiste, c’est un catholique de culture.

La religion catholique romaine reste-t-elle encore un pilier de notre civilisation européenne? J’en doute. Certes, les basiliques des premiers chrétiens, les églises romanes, gothiques, baroques et classiques appartiennent à notre héritage, mais ce n’en est qu’une partie. L’Orthodoxie et même un certain protestantisme en sont d’autres. Avec le concile Vatican II, conséquence catastrophique des conciles antérieurs (Vatican I et Trente), le catholicisme romain a renié sa part européenne, ces syncrétismes singuliers avec les paganismes ancestraux qui en faisaient son originalité.

L’Église de Rome trahit maintenant les peuples autochtones de notre continent au profit d’intrus surnommés « migrants ». Bien que sympathique par certains côtés (son hostilité au règne de l’argent ou son approche de l’écologie malgré son tropisme cosmopolite), l’actuel « pape » conciliaire Bergoglio comme ses prédécesseurs immédiats ne me convainc pas. Pour soutenir un véritable catholicisme de combat, il eut fallu que Mgr. Jean de Mayol de Lupé (1873 - 1955) devînt le souverain pontife, cela aurait eu tout de suite une toute autre tenue !

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FA : D’une manière générale, le projet politique de civilisation européenne défendu par Bardèche ou d’autres peut-il se faire sans le catholicisme ?

GF-T : La civilisation européenne ne se réduit pas au seul catholicisme qui lui-même change et se modifie au fil des âges. Les racines spirituelles de l’Europe ne se trouvent pas qu’à Athènes, Rome et Jérusalem; elles plongent aussi dans les traditions germaniques, celtiques, scandinaves, slaves, balkaniques, caucasiennes et même basques et laponnes ! Comme l’affirmait Dominique Venner dans Histoire et tradition des Européens (Éditions du Rocher, 2002), l’étymon européen a au moins plus de 30 000 ans d’histoire. Le christianisme n’est qu’un moment de sa longue histoire. Cette phase historique est d’ailleurs en train de s’achever quand bien même l’abjecte idéologie des droits de l’homme en est la forme sécularisée (pour faire simple).

Une Europe catholique serait un non-sens, sauf si un Prince, Capétien ou Habsbourg, en prenait la direction comme le soutient la sympathique équipe anarcho-royaliste et écolo-décroissante du Lys Noir. Cette Europe-là demeurerait toutefois une portion d’Europe.

La question religieuse n’est pas le meilleur moyen de favoriser la prise de conscience des Européens. Celle-ci ne se cristallisera que face à des périls immédiats, que face à l’irruption d’une altérité menaçante et conquérante. Au-delà des contentieux territoriaux, historiques et confessionnels, les Européens comprendront grâce à l’ethnologie, la généalogie et l’anthropologie qu’ils procèdent d’une substance commune et initiale. Quant à la religion, il est vraisemblable que les techniques les plus sophistiquées favorisent la résurgence et la réactivation des structures anthropologiques de l’imaginaire archaïque européen.

Propos recueillis par Franck Abed.

Le site de Franck Abed cliquez ici

  • Georges Feltin-Tracol, Bardèche et l’Europe. Son combat pour une Europe « nationale, libérée et indépendante », Éditions Les Bouquins de Synthèse nationale, Paris, 2013, 130 p., 18 €, à commander sur www.synthese- editions.com ou à (+ 3 € de port), chèque à l’ordre de Synthèse nationale, 116, rue de Charenton, 75012 Paris, (+ 3 € de port), chèque à l’ordre de Synthèse nationale. L'acheter en ligne cliquez là
  • « Maurice Bardèche l’insoumis 1998 - 2013 », Cahiers des Amis de Robert Brasillach, n° 51 - 52, 2013 - 2014, 275 p., 40 €, à commander aux Amis de Robert Brasillach (ARB), Case postale 3763, CH - 1211 Genève 3, Suisse, chèque à l’ordre de l’ARB.

Michael Klare: Are Resource Wars Our Future?

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Tomgram:
Michael Klare: Are Resource Wars Our Future?
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These days, all you have to do is look around if you want your hair to stand on end on the subject of our future on this planet.  Here’s just a little relatively random list of recent news on climate-change-related happenings.

Mexico was recently hit by the most powerful hurricane ever recorded in the Western Hemisphere.  According to the National Oceanic and Atmospheric Administration, average global temperatures for September ran off the rails.  (“This marks the fifth consecutive month a monthly high temperature record has been set and is the highest departure from average for any month among all 1,629 months in the record that began in January 1880.”)  It was the seventh month of 2015 to be “record shattering” and the year itself looks as if it might cumulatively be the same.  (By now, this story is considered so humdrum and expectable that it didn’t even make the front page of my hometown newspaper!)  The cataclysmic civil war, terror war, and international conflict in Syria is being reclassified as the first climate-change war based on the staggering drought that preceded it.  That, in fact, has been called “the worst long-term drought and most severe set of crop failures since agricultural civilizations began in the Fertile Crescent many millennia ago.”  Turning to colder climes, ice in Antarctica is melting so unexpectedly quickly that, according to the latest research, the continent’s ice shelves might be heading for collapse by 2100, guaranteeing a future rise in sea levels of potentially staggering proportions.  Meanwhile, last week you could go online and watch dramatic video evidence of the melting of Greenland -- rivers of water raging across a dissolving ice shelf that, one of these decades, will raise sea levels by an estimated 20 feet globally.  And oh yes, for those of you curious about the hotter regions, a new study indicates that heat waves in the Persian Gulf may be so fierce before or by the end of this century that, in some of parts of the oil heartlands of the planet, they might quite literally endanger human survival.

Need I go on?  Need I mention why the upcoming climate change confab in Paris in a few weeks matters big time? Need I add that, whatever agreements may be reached there, they are essentially guaranteed not to be enough to bring global warming truly under control.  And in that context, if you think that a Greater Middle East with five failed states in it since 2001 is already a nightmare, consider TomDispatch regular Michael Klare’s vision of a resource-war-torn planet in a “record-shattering” future of abysmal heat and climate tipping points.  If you want to know what’s at stake for our grandchildren and great-grandchildren, read this article. Tom

Why the Paris Climate Summit Will Be a Peace Conference
Averting a World of Failed States and Resource Wars

By Michael T. Klare

At the end of November, delegations from nearly 200 countries will convene in Paris for what is billed as the most important climate meeting ever held.  Officially known as the 21st Conference of the Parties (COP-21) of the United Nations Framework Convention on Climate Change (the 1992 treaty that designated that phenomenon a threat to planetary health and human survival), the Paris summit will be focused on the adoption of measures that would limit global warming to less than catastrophic levels. If it fails, world temperatures in the coming decades are likely to exceed 2 degrees Celsius (3.5 degrees Fahrenheit), the maximum amount most scientists believe the Earth can endure without experiencing irreversible climate shocks, including soaring temperatures and a substantial rise in global sea levels.

A failure to cap carbon emissions guarantees another result as well, though one far less discussed.  It will, in the long run, bring on not just climate shocks, but also worldwide instability, insurrection, and warfare.  In this sense, COP-21 should be considered not just a climate summit but a peace conference -- perhaps the most significant peace convocation in history.

To grasp why, consider the latest scientific findings on the likely impacts of global warming, especially the 2014 report of the Intergovernmental Panel on Climate Change (IPCC).  When first published, that report attracted worldwide media coverage for predicting that unchecked climate change will result in severe droughts, intense storms, oppressive heat waves, recurring crop failures, and coastal flooding, all leading to widespread death and deprivation.  Recent events, including a punishing drought in California and crippling heat waves in Europe and Asia, have focused more attention on just such impacts.  The IPCC report, however, suggested that global warming would have devastating impacts of a social and political nature as well, including economic decline, state collapse, civil strife, mass migrations, and sooner or later resource wars.

These predictions have received far less attention, and yet the possibility of such a future should be obvious enough since human institutions, like natural systems, are vulnerable to climate change.  Economies are going to suffer when key commodities -- crops, timber, fish, livestock -- grow scarcer, are destroyed, or fail.  Societies will begin to buckle under the strain of economic decline and massive refugee flows. Armed conflict may not be the most immediate consequence of these developments, the IPCC notes, but combine the effects of climate change with already existing poverty, hunger, resource scarcity, incompetent and corrupt governance, and ethnic, religious, or national resentments, and you’re likely to end up with bitter conflicts over access to food, water, land, and other necessities of life.

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The Coming of Climate Civil Wars

Such wars would not arise in a vacuum.  Already existing stresses and grievances would be heightened, enflamed undoubtedly by provocative acts and the exhortations of demagogic leaders.  Think of the current outbreak of violence in Israel and the Palestinian territories, touched off by clashes over access to the Temple Mount in Jerusalem (also known as the Noble Sanctuary) and the inflammatory rhetoric of assorted leaders. Combine economic and resource deprivation with such situations and you have a perfect recipe for war.

The necessities of life are already unevenly distributed across the planet. Often the divide between those with access to adequate supplies of vital resources and those lacking them coincides with long-term schisms along racial, ethnic, religious, or linguistic lines.  The Israelis and Palestinians, for example, harbor deep-seated ethnic and religious hostilities but also experience vastly different possibilities when it comes to access to land and water.  Add the stresses of climate change to such situations and you can naturally expect passions to boil over.

Climate change will degrade or destroy many natural systems, often already under stress, on which humans rely for their survival.  Some areas that now support agriculture or animal husbandry may become uninhabitable or capable only of providing for greatly diminished populations.  Under the pressure of rising temperatures and increasingly fierce droughts, the southern fringe of the Sahara desert, for example, is now being transformed from grasslands capable of sustaining nomadic herders into an empty wasteland, forcing local nomads off their ancestral lands. Many existing farmlands in Africa, Asia, and the Middle East will suffer a similar fate.  Rivers that once supplied water year-round will run only sporadically or dry up altogether, again leaving populations with unpalatable choices.

As the IPCC report points out, enormous pressure will be put upon often weak state institutions to adjust to climate change and aid those in desperate need of emergency food, shelter, and other necessities. “Increased human insecurity,” the report says, “may coincide with a decline in the capacity of states to conduct effective adaptation efforts, thus creating the circumstances in which there is greater potential for violent conflict.”

A good example of this peril is provided by the outbreak of civil war in Syria and the subsequent collapse of that country in a welter of fighting and a wave of refugees of a sort that hasn’t been seen since World War II.  Between 2006 and 2010, Syria experienced a devastating drought in which climate change is believed to have been a factor, turning nearly 60% of the country into desert.  Crops failed and most of the country’s livestock perished, forcing millions of farmers into penury.  Desperate and unable to live on their land any longer, they moved into Syria’s major cities in search of work, often facing extreme hardship as well as hostility from well-connected urban elites.

Had Syrian autocrat Bashar al-Assad responded with an emergency program of jobs and housing for those displaced, perhaps conflict could have been averted.  Instead, he cut food and fuel subsidies, adding to the misery of the migrants and fanning the flames of revolt.  In the view of several prominent scholars, “the rapidly growing urban peripheries of Syria, marked by illegal settlements, overcrowding, poor infrastructure, unemployment, and crime, were neglected by the Assad government and became the heart of the developing unrest.”

A similar picture has unfolded in the Sahel region of Africa, the southern fringe of the Sahara, where severe drought has combined with habitat decline and government neglect to provoke armed violence.  The area has faced many such periods in the past, but now, thanks to climate change, there is less time between the droughts.  “Instead of 10 years apart, they became five years apart, and now only a couple years apart,” observes Robert Piper, the United Nations regional humanitarian coordinator for the Sahel.  “And that, in turn, is putting enormous stresses on what is already an incredibly fragile environment and a highly vulnerable population.”

In Mali, one of several nations straddling this region, the nomadic Tuaregs have been particularly hard hit, as the grasslands they rely on to feed their cattle are turning into desert.  A Berber-speaking Muslim population, the Tuaregs have long faced hostility from the central government in Bamako, once controlled by the French and now by black Africans of Christian or animist faith.  With their traditional livelihoods in peril and little assistance forthcoming from the capital, the Tuaregs revolted in January 2012, capturing half of Mali before being driven back into the Sahara by French and other foreign forces (with U.S. logistical and intelligence support).

Consider the events in Syria and Mali previews of what is likely to come later in this century on a far larger scale.  As climate change intensifies, bringing not just desertification but rising sea levels in low-lying coastal areas and increasingly devastating heat waves in regions that are already hot, ever more parts of the planet will be rendered less habitable, pushing millions of people into desperate flight.

While the strongest and wealthiest governments, especially in more temperate regions, will be better able to cope with these stresses, expect to see the number of failed states grow dramatically, leading to violence and open warfare over what food, arable land, and shelter remains.  In other words, imagine significant parts of the planet in the kind of state that Libya, Syria, and Yemen are in today.  Some people will stay and fight to survive; others will migrate, almost assuredly encountering a far more violent version of the hostility we already see toward immigrants and refugees in the lands they head for.  The result, inevitably, will be a global epidemic of resource civil wars and resource violence of every sort.

Water Wars

Most of these conflicts will be of an internal, civil character: clan against clan, tribe against tribe, sect against sect.  On a climate-changed planet, however, don’t rule out struggles among nations for diminished vital resources -- especially access to water.  It’s already clear that climate change will reduce the supply of water in many tropical and subtropical regions, jeopardizing the continued pursuit of agriculture, the health and functioning of major cities, and possibly the very sinews of society.

The risk of “water wars” will arise when two or more countries depend on the same key water source -- the Nile, the Jordan, the Euphrates, the Indus, the Mekong, or other trans-boundary river systems -- and one or more of them seek to appropriate a disproportionate share of the ever-shrinking supply of its water.  Attempts by countries to build dams and divert the water flow of such riverine systems have already provoked skirmishes and threats of war, as when Turkey and Syria erected dams on the Euphrates, constraining the downstream flow.

One system that has attracted particular concern in this regard is the Brahmaputra River, which originates in China (where it is known as the Yarlung Tsangpo) and passes through India and Bangladesh before emptying into the Indian Ocean.  China has already erected one dam on the river and has plans for more, producing considerable unease in India, where the Brahmaputra’s water is vital for agriculture.  But what has provoked the most alarm is a Chinese plan to channel water from that river to water-scarce areas in the northern part of that country. 

dr320873_orig.jpgThe Chinese insist that no such action is imminent, but intensified warming and increased drought could, in the future, prompt such a move, jeopardizing India’s water supply and possibly provoking a conflict.  “China’s construction of dams and the proposed diversion of the Brahmaputra’s waters is not only expected to have repercussions for water flow, agriculture, ecology, and lives and livelihoods downstream,” Sudha Ramachandran writes in The Diplomat, “it could also become another contentious issue undermining Sino-Indian relations.”

Of course, even in a future of far greater water stresses, such situations are not guaranteed to provoke armed combat.  Perhaps the states involved will figure out how to share whatever limited resources remain and seek alternative means of survival.  Nonetheless, the temptation to employ force is bound to grow as supplies dwindle and millions of people face thirst and starvation.  In such circumstances, the survival of the state itself will be at risk, inviting desperate measures.

Lowering the Temperature

There is much that undoubtedly could be done to reduce the risk of water wars, including the adoption of cooperative water-management schemes and the introduction of the wholesale use of drip irrigation and related processes that use water far more efficiently. However, the best way to avoid future climate-related strife is, of course, to reduce the pace of global warming.  Every fraction of a degree less warming achieved in Paris and thereafter will mean that much less blood spilled in future climate-driven resource wars.

This is why the Paris climate summit should be viewed as a kind of preemptive peace conference, one that is taking place before the wars truly begin.  If delegates to COP-21 succeed in sending us down a path that limits global warming to 2 degrees Celsius, the risk of future violence will be diminished accordingly.  Needless to say, even 2 degrees of warming guarantees substantial damage to vital natural systems, potentially severe resource scarcities, and attendant civil strife.  As a result, a lower ceiling for temperature rise would be preferable and should be the goal of future conferences.  Still, given the carbon emissions pouring into the atmosphere, even a 2-degree cap would be a significant accomplishment.

To achieve such an outcome, delegates will undoubtedly have to begin dealing with conflicts of the present moment as well, including those in Syria, Iraq, Yemen, and Ukraine, in order to collaborate in devising common, mutually binding climate measures.  In this sense, too, the Paris summit will be a peace conference.  For the first time, the nations of the world will have to step beyond national thinking and embrace a higher goal: the safety of the ecosphere and all its human inhabitants, no matter their national, ethnic, religious, racial, or linguistic identities.  Nothing like this has ever been attempted, which means that it will be an exercise in peacemaking of the most essential sort -- and, for once, before the wars truly begin.

Michael T. Klare, a TomDispatch regular, is a professor of peace and world security studies at Hampshire College and the author, most recently, of The Race for What’s Left. A documentary movie version of his book Blood and Oil is available from the Media Education Foundation. Follow him on Twitter at @mklare1.

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Copyright 2015 Michael T. Klare