¿Buscamos realmente vínculos entre nuestro entorno y nuestra propia identidad?
¿Existe un hilo conductor entre lo escrito y nuestro Yo?
¿Qué hay de trascendente en “El viejo arte de morir”?
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This practical and poetic survival manual" is the first English translation of the French masterpiece of living wild in the world and creating a permaculture. Back to the Wild is your source for everything from cartography to hunting and dressing wild game to cooking without a kitchen.
Its author, the late Alain Saury, was a respected author, poet, actor, activist, and artist who created the first vegetarian organization in France. His concerns about human survival in dangerous times inspired him to create this remarkable guidebook.
Beautifully designed and organized, the material in this book illustrates the importance in having an intimate relationship with nature, and it leads the reader back to wild, whether the journey is taken by choice or by necessity.
Source: http://zentropa.info
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Publicatie datum
13.10.2015
ISBN
978-94-6310-021-2
Prijs
€ 24.95
In de maanden juli en oktober 1917 vocht de Duitse officier Ernst Jünger (1895-1998) mee in de Derde Slag om Ieper. Aan de hand van de originele dagboeken, brieven, militaire documenten, nieuw fotomateriaal en unieke kaarten reconstrueert Een oorlog kan ook mooi zijnde belevenissen van deze met de hoogste Pruisische ordes gedecoreerde oorlogsheld.
Daarnaast schetsen Hans Verboven en Joris Verbeurgt een beeld van Jüngers controversiële oorlogsfilosofie en ze beschrijven het bewogen leven van een van de meest omstreden Duitse schrijvers van de twintigste eeuw. Jüngers literaire oorlogsdagboeken, bekend geworden onder de titel In Stahlgewittern, brachten hem roem en aanzien. Ze bezorgden cultuuraristocraat Jünger ook de naam van onderkoelde en zakelijke ‘estheticus van de gruwel’. De ervaringen van deze overtuigde militarist brengen de Eerste Wereldoorlog heel dichtbij.
(1978) promoveerde op het werk van Ernst Jünger in Heidelberg. Hij vertaalde werk van hem en is in ons taalgebied de grootste kenner van het werk van de Duitse schrijver. Hij is professor aan de faculteit TEW van de Universiteit Antwerpen.
(1975) is militair historicus. Als beroepsofficier studeerde hij aan de NATO School in Duitsland, aan JFK Special Warfare Center and School in Fort Bragg en aan het Defensiecollege van de Koninklijke Militaire School. Hij diende in het Midden-Oosten en in Afrika.
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¿Buscamos realmente vínculos entre nuestro entorno y nuestra propia identidad?
¿Existe un hilo conductor entre lo escrito y nuestro Yo?
¿Qué hay de trascendente en “El viejo arte de morir”?
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¿Qué buscamos exactamente en la poesía?
Me atrevo a afirmar que el lector trata de encontrar primero, en los libros de poemas, algo con lo que identificarse: una experiencia común, un malestar general, un vínculo que pueda establecer la conexión entre quien lee y su entorno mediante los hilos que traza el poeta en forma de versos. Ésa es la razón por la que algunas composiciones se convierten en emblemas: en palabras pintadas en una camiseta, en un tweet, en un grafiti, incluso en la puerta de un baño público o en la carpeta de una adolescente.
David Vázquez, en su nuevo poemario, logra eso tan difícil: que hagamos nuestras sus emociones. Que nos sintamos afectados por lo que al poeta le va pasando y notifica en estas páginas: desamores, pérdidas, días de luto, nostalgias y esa antigua herida del pasado que sigue sin cerrarse. El viejo arte de morir es en realidad el viejo arte de vivir, porque uno se va muriendo mientras vive, porque David Vázquez sabe que hay una línea demasiado delgada entre los miedos y los compromisos, en cómo necesitamos, a diario, una gran dosis de lucha y un esfuerzo inconmensurable para afrontar lo que nos arrastra al pozo. Lo sabe, y lo ha transmitido en estos poemas.
José Ángel Barrueco
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L'affaire Michel Onfray déchaîne les journalistes, c'est normal. Michel Onfray s'est sans doute depuis trop longtemps prêté aux jeux mais qu'elle enrage les métaphysiciens du silence est beaucoup plus surprenant pour ne pas dire proprement indécent.
L'éloge du « silence des intellectuels » vantés par un des plus bavards - pour ne pas dire le plus baveux - d'entre eux prête à rire. Si Jean-Luc Nancy ne fréquente pas les plateaux de la télévision, il ne s'est en réalité jamais tu. La masse importante de ses publications, sans grande signification d'avenir et qui se vendent d'ailleurs déjà au kilo, en atteste largement. Effectivement, il est peu intervenu dans le débat public mais c'est que si Jean-Luc Nancy s'est tu depuis des années sur les affaires du monde, c'est qu'il a toujours consenti. Il a beau nous la jouer grand intellectuel dans son bureau au-dessus de la mêlée avec le leitmotiv d'Adorno au plafond, "plus de poésie après Auschwitz", il a en réalité toujours trouvé le temps d'écrire pour soutenir les pouvoirs en place.
Jean-Luc Nancy n'est pas tout à fait l'ascète ou le vieux sage qu'il voudrait nous faire croire. Mais imbu de son travail pour ne pas dire de sa personne, il se croit occupé à des choses plus sérieuses, en effet il déconstruit, il arrache la tradition et c'est en ce sens là que précisément il n'a cessé de collaborer à ce qui nous arrive, ce désastre que lui-même pressent. Incapable de la moindre analyse géopolitique autre que celle des maîtres - c'est-à-dire en gros le journal de 20 heures ou le 20 minutes de Canal Plus -, sans courage par carriérisme, il a toujours suivi le courant, il est donc dans le vent compassionnel et il adhère à toutes les manipulations. Jean-Luc Nancy, c'est en quelque sorte le summum de la pensée adhérente, de la pensée qui colle au manche mais qui est fière d'elle-même puisqu'elle a la certitude d'être dans le bien. .Il nous sert donc politiquement un brouet relativiste et cosmopolite, un humanisme de pacotille fondé sur l'émotion directe et la dialectique du fluide ou du nomade. Il joue la pleureuse philosophique, qui a d'ailleurs le toupet de déclarer que les mots, surtout les mots du politique, n'ont plus de sens intelligible. Justement, les mots conservent leur sens intelligible à mesure que croît le décalage entre ce que les Français voient ou lisent et la réalité qu’ils perçoivent et vivent au quotidien. Il n'empêche selon cette grande âme du Bien par procuration, il s'agit évidemment d’accueillir avec enthousiasme l’Autre, celui venu d’ailleurs, nimbé de toutes les vertus et paré de toutes les supériorités dont pourraient et même devraient se réjouir des peuples vieillissants et fatigués qu’ils auraient peut-être - mais Nancy n'ose le dire, cela aurait été trop « osé » - pour mission de régénérer. Avouons que le conte philosophique est très mièvre et qu'il ne ferait même pas sourire Voltaire mais il est destiné aux esprits les plus fragiles. Il flatte surtout le Prince qui vous paie. C'est sa fonction première, ce « sens qui fait sens », « cet horizon », cette « ligne de fuite » pour paraphraser les inepties du style post moderniste de la fin de la métaphysique. Avec Nancy, nous n'aurons donc pas un autre son de cloche que celui des « petites chances » Mais encore, il va plus loin. Lui qui déconseillait sûrement à ses élèves de lire Spengler, devient en quelque sorte un décadentiste, un converti néo darwinien à la Jared Diamond, un apocalyptique mais sans Katechon, cédant aux sirènes de la disparition et voyant dans les réfugiés les « messagers de la fin ».
L’épisode migratoire intensif subi par la France et un certain nombre de nations européennes et son aggravation subite depuis le mois d’août dernier ne doivent évidemment rien au hasard, pas plus que le glissement sémantique de « clandestins » à « réfugiés ». Déjà, nous sommes biens pantois devant un philosophe grand manitou du silence, qui cède sans sourciller, à la novlangue sans avoir l'honnêteté de relever la dérive sémantique du terme « migrants » en « réfugiés » ou de reconnaître au moins qu'il assume ce détournement politique qui n’a rien à voir avec un tic langagier mais qui est imposé par les médias relevant de la propagande. En fait, Jean-Luc Nancy s'est fait ici le porte-parole de la classe philosophique universitaire et des professeurs de philosophie du secondaire. Ce sont des milieux libéraux particulièrement aliénés qui entonnent en chœur les refrains connus du déficit démographique qu’il convient de combler au plus vite, d’un système social qu’il nous faudrait consolider en accueillant la misère du monde, de la nécessaire solidarité à mettre en œuvre et du grand cœur qu’il convient de porter en bandoulière tout en affichant une exaltation bienveillante devant un fléau de grande ampleur qu’il faudrait feindre de prendre pour une inégalable opportunité. C’est un festival de bons sentiments, de passions désordonnées avec pour fond d'écran la paix universelle de Kant ou un regain de spinozisme anachronique. La philosophie universitaire, fidèle et docile à ses commanditaires aura ici une fois de plus joué son rôle, collaborant, pilonnant sans répit les valeurs, confondant éthique personnelle et éthique politique, serment d'Hippocrate et raison d'Etat sans le moindre sens de la nuance et surtout du bien commun mais aussi encore plus grave sans la moindre parcelle de rationalité. Jean-Luc Nancy qui en bon masochiste aura passé toute sa vie à cracher sur la Raison se mobilise donc pour le lavage de cerveau et le bourrage de crâne avant le grand conflit. On saura le retenir comme le fait que quelles que soient les approximations de Michel Onfray, ce dernier se sera tenu au contraire debout et non couché. « Accueillez-les », « Le grand défi de l’Europe », les silences bavards de l'intellectuel Nancy sont peut-être les silences de l'attendrissement mais c'est un attendrissement qui, en pleine cavale et inquisition intellectuelle contre Onfray, a choisi son camp. Déjà, cela ne se fait pas entre collègues.
Quant à soutenir l'accueil inconditionnel des immigrés illégaux, Nancy qui a travaillé toute sa vie à la mort de la métaphysique finit pourtant en parfait métaphysicien par occulter délibérément la réalité tangible du politique. C'est bien le bon laquais, déférent du cosmopolitisme philosophique et qui ne peut s'empêcher aussi de nous mettre en demeure d’ouvrir grandes les frontières et de profiter de cet horizon indépassable de félicité que représentent la submersion migratoire et la disparition de nos peuples autochtones mais néanmoins dans une vision décadentiste de la fin. L'apôtre du suicide collectif semble ainsi tout émoustillé et ragaillardi par le déferlement massif de la misère du monde aux quatre coins de l’Europe parce qu'il y voit la fin d'un monde.
On croirait lire du Cioran pour les nuls mais c'est très tristement ce qu'il appelle « penser au présent », sur fond de messagers itinérants qui hélas, ne seront pas des extraterrestres. La pensée a des devoirs et des droits. En tout domaine étudié, la pensée doit se faire l'humble auxiliaire des conditions qu'elle rassemble, pour être libre juge des conséquences qu'elle tire. La pensée fait et défait nos idées. Si les idées exercent l'intelligence, il reste pour chaque vie, à n'être pas intelligent pour rien.
(*) Philosophe. A paraître: "L'Equivalence des catastrophes. Après Fukushima" (Galilée).
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00:06 Publié dans Affaires européennes, Livre, Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pierre manent, livre, france, europe, affaires européennes | |
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Coming on October 1st from Telos Press Publishing: Ernst Jünger’s Sturm. Pre-order your copy today, and we will ship it as soon as it is available.
Publication Date: October 1, 2015
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Translated by Alexis P. Walker
With an Introduction by David Pan
Set in 1916 in the days before the Somme offensive, Ernst Jünger’s Sturm provides a vivid portrait of the front-line experiences of four German infantry officers and their company. A highly cultivated man and an acute observer of his era, the eponymous Lieutenant Sturm entertains his friends during lulls in the action with readings from his literary sketches. The text’s forays into philosophical and social commentary address many of the themes of Jünger’s early work, such as the nature of war, death, heroism, the phenomenon of Rausch, and mass society.
Originally published in installments in the Hannoverscher Kurier in 1923, Sturm fell into obscurity until 1960, when it was re-discovered and subsequently re-published by Hans Peter des Coudres, a scholar of Jünger’s work. This translation—the first to be published in English—brings to the English-speaking world a work of literature of interest not only to students of Jünger’s work and of World War I, but to any reader in search of a powerful story of war and its effects on the lives of the men who endure it.
Praise for Ernst Jünger’s Sturm
“The rediscovery of Ernst Jünger’s Sturm, abandoned by its author after its first publication in 1923, significantly alters our understanding of Jünger’s place in modern European literature. The literary and aesthetic moments, frequently seen as secondary in Jünger’s early work, turn out to be constitutive from the very beginning. While the plot deals with the experience of war in 1916, Sturm‘s ultimate concern is the possibility of radical modern art under conditions of extreme violence.”
—Peter Uwe Hohendahl, Jacob Gould Schurman Professor Emeritus of German Studies and Comparative Literature, Cornell University
“This translation of Sturm fills a long missing gap in the German war literature of the 1920s available to English readers. The translation by Alexis Walker is vibrant and precise while also reflecting the nuances and tone of the original German text. David Pan’s introduction sets the stage with a masterful overview of the context in which Sturm was written and pays particular attention to the debates since then on the aestheticization of the war experience.”
—Elliot Neaman, Professor of History, University of San Francisco
“An unblinking account of a culture in twilight, this novella recasts central themes of Ernst Jünger’s chronicles of the Great War: the unrelenting test of human perdurance under new technologies of annihilation; the naturalist’s precise aesthetic of life teeming amid martial insanity; and, a new note, the harrowing free fall of civilian life into erotic aimlessness and inebriated despair, for which only art serves for an antidote. In Alexis Walker’s carefully wrought translation, Sturm will be a welcome surprise to Jünger’s veteran readers, and an ideal introduction for those who are curious to know more than his name.”
—Thomas Nevin, author of Ernst Jünger and Germany: Into the Abyss, 1914–1945
“Had Stephen Crane’s Henry Fleming been born in 1895 Germany, his story might very well have read like the eponymous protagonist’s of Ernst Jünger’s Sturm. In a fascinating novella in turn meditative and wrenchingly physical, Jünger stages a drama of one man’s ideas about himself, as told through a narration conflicted about its own subject.”
—Alex Vernon, James and Emily Bost Odyssey Professor of English, Hendrix College
“Sturm is a subtle novella about an intellectual in the trenches who sees the age of industrial-scale war as deeply dehumanizing, yet recognizes that this war has given him a sense of identity, and of community with others, that no peacetime experience could match. . . . Jünger is a remarkable writer. In this novella he comes across as a romantic with a loathing of modernity, especially as characterized by the overbearing state. The book is grim, and deeply pessimistic—but exceptionally interesting, and well worth reading.”
—George Simmers, Great War Fiction blog
About the Author
Ernst Jünger (1895–1998) was one of the most complex and controversial writers of twentieth-century Germany. Born in Heidelberg, he fought in the German Army during World War I, an experience that he would later recount in his gripping war memoir, Storm of Steel. Though Jünger would serve as a German officer during World War II, his 1939 novel On the Marble Cliffs daringly advanced an allegorical critique of Hitler’s regime. Over the course of his long literary career, Jünger would author more than fifty books, some of which are now available in English translation from Telos Press, including On Pain, The Adventurous Heart, The Forest Passage, and the brilliant dystopian novel Eumeswil.
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“ On croyait tout connaître de Louis-Ferdinand Céline un peu plus de cinquante ans après sa disparition, en 1961. L'enquête ici réalisée démontre le contraire. Elle prend pour hypothèse le rôle matriciel de la Grande Guerre dans l'émergence d'une personnalité et d'une oeuvre qui n'ont cessé de questionner le sens de l'événement guerrier et sa résurgence pendant les années 1939-1945.
Elle montre l'ampleur de la déformation ou de la reconstruction de l'expérience personnelle de la guerre des années 1914-1915 dans Voyage au bout de la nuit (1932) mais aussi dans l'ensemble des entretiens et témoignages accordés ou lettres adressées par le docteur Destouches à partir du moment où il est devenu célèbre en 1932 sous le pseudonyme de Louis-Ferdinand Céline. Le brouillage de la réalité vécue de la guerre et la construction d'une mythologie personnelle ont jusqu'à nos jours été largement avalisés par les biographes. L'enjeu est ici celui de la démythologisation de la biographie.
L'ouvrage s'interroge sur les multiples raisons de cette reconstruction biographique en avançant que la dimension officiellement héroïque de l'expérience célinienne de la première guerre est d'autant plus nécessaire à l'identité du combattant que celle-ci sera après 1944 constamment revendiquée et présentée comme une pièce à décharge dans le procès intenté à Céline par la justice de l'Epuration pour ses pamphlets antisémites des années 1937-1941 (republiés jusqu'en 1944) et ses prises de position publiques dans la presse collaboratrice entre 1940 et 1944. En d'autres termes, l'expérience subie d'une première guerre se prolonge sous forme d'argument juridique à l'issue du deuxième conflit mondial. Est aussi en exergue toute la question du pacifisme de Céline comme justification donnée de l'entrée en écriture pamphlétaire à partir de 1937. La connaissance historienne de l'expérience de la guerre est d'autant plus importante que la guerre est elle-même l'origine traumatique revendiquée de l'écriture, du choix de la langue argotique mais aussi et plus fondamentalement de la construction du temps et de l'histoire communes que les romans de Céline construisent. ”
Source: http://zentropa.info
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Alexander Markovics interviewt Martin Lichtmesz zur Neuübersetzung des Buches "Das Heerlager der Heiligen" von Jean Raspail ins Deutsche. Warum das Heerlager das Schlüsselbuch zur Asylkrise darstellt, was Raspail unter dem "Tier" bzw. dem "Big Other" versteht und warum unsere Politiker ein gespaltenes Bewusstsein in Bezug auf den Großen Austausch haben sowie vieles mehr in knapp 50 Minuten.
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La Cavale du Docteur Destouches, récit de Christophe Malavoy, dessins de Paul et Gaëtan Brizzi, d’après l’œuvre de Louis-Ferdinand Céline1944 : Louis-Ferdinand Céline, son épouse, le comédien Robert le Vigan et le chat Bébert quittent la France pour rejoindre la communauté française collaborationniste à Sigmaringen.
Christophe Malavoy adapte l’oeuvre de Céline et signe, avec la complicité des frères Brizzi, une véritable farce burlesque, hallucinante et drôle, sur un épisode pourtant sombre de notre histoire.1944, Montmartre ploie sous les bombardements de la RAF. Le vent tourne pour les Allemands et les collaborateurs. Le docteur Destouches, plus connu sous son nom de plume, Louis-Ferdinand Céline, muni de faux-papiers, quitte la France en compagnie de Lucette son épouse et Bébert le chat. Direction l’hôtel Brenner à Baden-Baden, où il retrouve Robert Le Vigan, comédien et collabo, qui vient de quitter le tournage des Enfants du paradis.
Ensemble, traversant une Allemagne en ruine, ils se rendent à Sigmaringen, rejoindre le gouvernement en exil de la France Vichyste. Cerné par des personnages hauts en couleur, pitoyables, voire caricaturaux, le drame tourne à la farce burlesque. De cet épisode historique authentique, Céline a tiré une oeuvre incontournable, D’un château l’autre, Nord et Rigodon. Il fallait un sacré culot pour oser s’y attaquer. Christophe Malavoy et Paul & Gaëtan Brizzi se sont lancés ici avec maestria dans leur première bande dessinée.
Source: http://zentropa.info
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Lucien Rebatet est l'auteur d'un livre maudit qui fut le best-seller de l'Occupation : Les Décombres, livre qui lui a valu, entre autres raisons, d'être condamné à mort en 1946 avant qu'il voie sa peine commuée en détention à perpétuité. Ce texte est réédité dans son intégralité pour la première fois depuis 1942, après avoir reparu dans les années 1970 amputé de ses chapitres les plus délirants, notamment celui intitulé “ Le ghetto ”.
Pour la première fois aussi, alors que l'ouvrage est en libre accès sur le Net, il est accompagné d'un appareil critique conséquent, qui permet de le lire en connaissance de cause, de le resituer dans le climat de l'époque, avec ses outrances, ses haines et ses préjugés dont Rebatet fut l'un des plus véhéments porte-parole. Annoté par l'une des meilleures spécialistes de l'Occupation, Bénédicte Vergez-Chaignon, ce livre, empreint d'un antisémitisme viscéral et obsessionnel, apparaît aujourd'hui comme un document historique édifiant sur l'état d'esprit, les phobies et les dérives de toute une génération d'intellectuels se réclamant du fascisme.
L'auteur n'étant pas dénué de talent d'écriture, comme l'ont prouvé ses romans, notamment Les Deux Étendards, publiés par la NRF, et son Histoire de la musique, qui figure au catalogue “ Bouquins ”, Les Décombres constituent également une œuvre littéraire à part entière, reconnue comme telle, y compris par ses détracteurs les plus résolus. Ce Dossier ne manquera pas de susciter réactions et commentaires quant à l'opportunité de sa publication. Pascal Ory, qui a soutenu dès l'origine l'idée d'une réédition intégrale, mais encadrée et commentée, fournit dans une préface très éclairante les explications qui la justifient aujourd'hui.
À paraître le 15 octobre 2015.
Source: http://zentropa.info
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http://editionstatamis.com/2015/09/18...
05:41 L'islamisme véritable nature de l'Islam ?
08:40 Possibilité d'islamisation massive de la France et de l'Europe dans l'avenir ?
10:50 l'invasion des Francs et Wisigoths est-elle comparable à celle des musulmans ?
14:54 L'idéologie égalitariste est-elle responsable ?
19:16 Quelle est l'origine de DAESH et peuvent t-ils avoir des combattants sur le sol français dans l'avenir ?
00:08 Publié dans Actualité, Livre, Livre, Nouvelle Droite | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, livre, nouvelle droite, guilaume faye, immigration, islam, migrants, réfugiés | |
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Le Sentier, la Voie « n’est rien d’autre que le méridien central sis au cœur de la moelle épinière à travers lequel le pratiquant au cours de sa vie cherche à s’élever de l’obscurité (l’ego) vers la lumière (le Soi). » Michel Coquet, "Le Kyûdô".
L’histoire des guerriers japonais, leurs techniques de combat et leur éthique fascinent le public occidental. Études, romans, films, animations et mangas nous offrent une image souvent trompeuse sur ces hommes dépeints comme des fanatiques, des serviteurs zélés, fidèles jusqu’à la mort, le drame de la Grande Guerre en Asie, venant pour beaucoup, confirmer cette interprétation des guerriers japonais. La guerre terminée, le Japon pacifié et placé sous tutelle nord-américaine, s’efforce d’oublier ce passé violent et militariste et de forger une nouvelle image, que l’on appelle depuis peu, le Cool Japan. La soif du public européen et nord-américain pour une spiritualité exotique, et par conséquent plus vrai, plus authentique, a favorisé le développement en Occident des arts martiaux modernes, exportés du Japon.
Le budô, apparu au début de l’ère Meiji, représente aujourd’hui l’image que le Japon et les Japonais souhaiteraient se donner d’eux-mêmes au monde. Un grand écart donc entre le Hagakure de Yamamoto Tsunetomo (et son apologie contemporaine, Le Japon moderne et l’éthique samouraï de Mishima Yukio) et les publications contemporaines sur les arts martiaux mettant en avant le développement personnel masquant en réalité, dans le cas du kendô par exemple, une activité sportive occidentalisée. Le livre de Michel Coquet, « Le kyûdô, art sacré de l’éveil », paru cette année aux éditions du Chariot d’Or (groupe éditorial Piktos) apporte un éclairage « objectif », reposant sur une longue et sincère "expérience" de la méditation, des arts martiaux en général et du kyûdô en particulier. Il existe une multitude d’ouvrages sur un sujet vendeur qui fait le bonheur des auteurs et éditeurs spécialisés, dont il ne faut pas diminuer l’importance et le rôle dans la connaissance- et bien souvent la méconnaissance - de la culture martiale japonaise. Il est préférable de jeter un voile pudique sur le manque de fondement (et de profondeur) de certains de leur propos (tel ce grand maître de ïaïdô japonais au « keikogi » bariolé, qui nous laisse découvrir non seulement des techniques prétendument avancées, apprises dès la première année au Japon avec un professeur digne de ce nom, mais aussi son beau caleçon bleu...).
Loin du tape-à-l’oeil, Michel Coquet, né en 1944, a sincèrement voué sa vie à l’apprentissage des arts martiaux japonais (karaté, kenjutsu, ïaïdô, kyûdô, aïkidô, etc.), un apprentissage spirituel, car le budô, la voie du guerrier, ne peut être assimilée à un sport ou à une discipline olympique (tel le judô, et comme une partie de la fédération internationale de kendô le souhaiterait). Au Japon, une grande compagnie de sécurité sponsorise des lutteurs, des kendôkas, et les "matches de sumo" flairent bon le business... Actuellement le budô inclut de multiples disciplines, comme le judô, le kyudô, sumô, l’aïkidô, shôrinji kempô, naginata, jukendô : le guerrier de jadis est aujourd’hui éclaté en de multiples disciplines édulcorées. En somme, « budô » désigne les « arts martiaux » depuis l’ère Meiji (1868-1912). Avant cette date, on employait les termes de « bugei » et de « bujutsu », et même « l’ancienne voie du guerrier », ou « kobudô » est un néologisme. Bugei, ou l’ « art du guerrier » est une appellation caractéristique de la période d’Edô, où l’art militaire s’inspirait des autres domaines artistiques, comme le noh (pour les déplacements et les postures) ou la cérémonie du thé (les katas), ce qui manifestait une volonté d’esthétiser les techniques de combat.
Les auteurs contemporains rappellent non sans raison que l’idéophonogramme désignant le guerrier « bu » (武) se décompose en « hoko », partie supérieure du tracé ressemblant à deux lances entrecroisées signifiant « lance, hallebarde » et, dans sa partie inférieure « tomeru » (止arrêter), soit une idée défensive, proche de l’idéal de la shinkage-ryu, le « sabre de vie ». L’interprétation la plus satisfaisante, car la plus ancienne, rappelle que le radical « tomeru » serait dérivé d’un idéogramme d’une graphie proche signifiant « pied » ce qui désignerait l’homme portant les armes pour la bataille ou le fantassin. Une autre, toute aussi pertinente et en relation avec l’objet du livre de Michel Coquet, serait que l’ensemble du kanji « bu » serait un dérivé d’un autre idéogramme homophone désignant la « danse », en particulier dans sa dimension religieuse, ce qui souligne la place de la spiritualité dans les arts martiaux depuis leur origine.
La « Voie » (道) est un terme polysémantique signifiant prosaïquement « point de passage », « voie », « distance », un terme qui se réfère aussi à des concepts philosophico-religieux, comme une manière d’agir, un domaine de la connaissance, une discipline, un état, une essence, un secret... Dans la Chine antique, et en particulier le taoïsme, il était employé en référence aux grands principes de l’univers. Dans son acception contemporaine, « dô » insiste sur l’importance spirituelle, et non uniquement sportive ou physique, de l’individu. La « Voie » est un moyen de développement et d’accomplissement personnels. Le kyûdô est celle de l’arc, un chemin comme tant autre susceptible de conduire à l’éveil (au sens bouddhique du terme).
Après l’invention du propulseur, l’arc est la première machine issue de l’imagination humaine, une machine autonome permettant de dépasser les limites de l’anatomie, une machine permettant de tuer aussi bien pour se nourrir que pour assurer la défense du groupe. Elle était l’arme de prédilection des communautés de chasseurs-cueilleurs, et pour tous ces motifs cette arme faisait l’objet de vénération (lire Michel Otte, À l’aube spirituelle de l’humanité, Odile Jacob, 2012). Dans son ouvrage, Michel Coquet se concentre sur l’aire culturelle asiatique, et en particulier l’antiquité du sous-continent indien, la Chine et le Japon. L’arc tient une place importante dans les mythologies et les traditions asiatiques (et indo-européennes, il suffit de se rappeler les épreuves infligées par Pénélope à ses prétendants...): l’auteur consacre un beau chapitre à la lecture et à la compréhension du « joyau spirituel » qu’est la Bhagavad Gîtâ", mythe mettant en scène l’archer Arjuna, engagé dans une bataille plus spirituelle que militaire, la bataille pour la réalisation de soi.
D’un point de vue historique et technique, les premières écoles d’archerie nippones seraient, selon la tradition, apparues au tournant des VIe et VIIe siècles au moment de l’introduction du bouddhisme dans l’archipel nippon. L’arc était utilisé monté et il était primordial pour un guerrier de savoir tirer à cheval, et diverses formes d’entraînement ont été mises au point : le tir sur un cheval lancé au galop, une chasse à courre ayant pour cible des chiens, ou bien encore le tir à longue distance à l’aide d’un arc spécifique, le tôya. L’arc était la pierre-angulaire des stratégies développées sur le champ de bataille, et les archers les plus habiles, capturés par l’ennemi, étaient parfois mutilés pour les empêcher de reprendre du service (pendant la Guerre de Cent Ans en Europe, on amputait un ou plusieurs doigts des archers faits prisonniers (souvent l’index et-ou- le majeur, pratique à l’origine du doigt d’honneur).
L’introduction des armes à feu par des marins portugais, en 1543, changera la donne, comme en Europe l’archerie est alors condamnée : d’habiles forgerons parvinrent à imiter et à améliorer les prototypes originaux et bon nombre de fusils de fabrication japonaise seront exportés de par l’Asie. Toutefois, le fusil restera une arme sans valeur spirituelle, car dans le fond, les Japonais appréciaient les duels ou les moyens de mettre en valeur leur habileté et leur courage, ce qui était le cas des tireurs à l’arc monté et des fantassins combattant à l’arme blanche. Lors de son séjour au Japon (1969-1973), Michel Coquet s’initia au kyûdô, et son dernier livre revient sur cette expérience, car dans les arts martiaux, la seule réalité c’est l’Expérience. Les katas que l’on répète inlassablement et avec sincérité pour maîtriser une technique martiale font partie de l’enseignement traditionnel, comme jadis l’apprentissage par la répétition et les moyens mnémotechniques ( il suffit de relire l’Odyssée ou l’Illiade pour s’en rendre compte). La posture du corps, la manière de marcher, la respiration, participent à cette quête de la « non-pensée » ou du « temps éclaté » (le terme est de Kenji Tokitsu), toutes ces petites choses « oubliées », broyées par la conscience (et la modernité) et pourtant fondamentale et caractéristiques de notre espèce. À l’exception de quelques erreurs historiques mineures (concernant surtout la protohistoire), qui tiennent à mon avis à la difficulté d’accès à une documentation récente, le livre de Michel Coquet pose les bases de la philosophie et de la pratique de l’arc traditionnel japonais ; même si ce livre complète (et est sur bien des points plus accessible) le livre de Eugen Herrigel, « le zen dans l’art chevaleresque du tir à l’arc », rien ne vaut, comme le souligne Michel Coquet, la pratique avec un bon « sensei »... Une pratique sans esprit de compétition ou de recherche de résultat : au kendô deux adversaires qui se frappent en même temps marquent des points, dans la réalité brute, ils seraient morts... Ici, l’ennemi s’est surtout soi-même...
La pratique des arts martiaux contient intrinsèquement un rapport avec la mort, et cette relation aide au détachement et à mieux vivre... Le kyûdô répond à ce besoin d’union avec le réel, ce paradis perdu, peut-être le « Sacré éladien » tapi au fond de chacun d’entre-nous. Cette quête du paradis perdu, que d’aucuns compensent, une bière à la main, en regardant Games of the Trone, c’est aussi un phénomène de société : le grand malheur de l’Occident est d’avoir « oublié », d’avoir dénigré notre culture et nos valeurs martiales et spirituelles : il y a quelque chose à puiser dans l’esprit de la chevalerie et les valeurs martiales, sans pour autant y voir l’ombre du fascisme. Les arts martiaux traditionnels créent du sens et sont vraiment un moyen de réenchanter le monde.
Michel Coquet, «Le KYÛDÔ - Art sacré de l’éveil» aux éditions Chariot d'Or, Format : 15,5 x 24, pages : 320, 25 €
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By James J. O'Meara
Carlos Lozano and Clifford Thurlow
Sex, Surrealism, Dali and Me: The Memoirs of Carlos Lozano [2]
2nd ed.
YellowBay.co.uk, 2011
“In the next century, when children ask ‘Who was Franco? They will answer: he was a dictator in the time of Dalí.” — Don Salvador Dalí
“The only difference between Dalí and a mad man is that Dalí is not mad.” — Don Salvador Dalí
Having just published a book[1] that makes extensive use of the “paranoiac-critical method [3]” of Don Salvatore Dalí,[2] I was pleased as Punch[3] when this item appeared on my Kindle radar.
Surely the only contribution made by that insufferable poseur, André Breton, with his “surrealist” movement[4] was as what we used to call in grad school a “reliable anti-authority;” anyone deemed by this self-proclaimed Pope of Surrealism as traitor and purged was, ipso facto, worthy of interest — most notably, Artaud[5] and Dalí.[6]
Our memoirist is in some ways a typical child of the ’60s, at least the way the ’60s are supposed to have been; hitchhiking around like Kerouac, reading Hermann Hesse. Born in Colombia, the family moves to America, he loses his father (of course) and eventually makes his way to San Francisco. After a plentiful course of drugs, he’s taken up by the Living Theatre — and in particular an older woman calling herself Gypsy — and brought to Europe, where he is abandoned by the troop. A reading of the Tarot (a legacy of Gypsy) leaves him “resolved to shed all fears and doubts and be myself.” He “had been left, not to starve, I realized, not to fail, not to fall beneath the wheel,[7] but to flow with the turning of the wheel.”[8]
San Francisco was fading from my memory. America was an alien planet floating in the void of wild uncharted waters.
Europe was different. Europeans seemed to have been born with a feeling for art and literature, poetry and beauty. Old men in bars read Camus.[9]
As we have often pointed out before, one needs to carefully distinguish the wheel, or circle, from the spiral; the former is the pattern of futile repetition (such as the Wheel of Fortuna or the Wheel of Rebirth) while the latter is the pattern of escape from the wheel and rising to a higher level (the Turn of the Screw). Carlos does not return to America, or Colombia, nor does he merely take up residence in Europe, like so many “artistic” Americans. Rather, he undergoes a metamorphosis, an archeofuturistic return of the Pagan to modern day Europe.
My earliest desire as a young adult had been to work as a teacher, to be a pillar of society. But LSD had allowed me to decode my DNA and, through its foggy mysterious influence, I had reprogrammed myself.
I had arrived home. Five days in Paris and the pagan darkness of the New World[10] was melting from my genes.
It comes as no surprise that Carlos is a dancer, “Isadora Duncan relived.”[11] As such, he understands and responds as he “moved in the spiraling patterns of savage nature.”
But to be complete, more than just drugs are needed.[12]
But then, the inexplicable happens, and he meets, and is taken up by Salvatore Dalí. The relationship is formally pederastic, of course, but that shouldn’t put you off, as Dalí is old enough to be more interested in pedagogy, so little here would shock, say, Jerry Falwell.[13] Besides,
Dalí, I would learn, was only a voyeur, the great masturbator, but his inclination was decidedly pederast. He liked inexperienced boys, androgynes particularly, transsexuals explicitly.[14] He bathed in the bizarre, the unnatural, the surreal; he had orgasms over the outrageous, the lascivious and lewd. He was enthralled by Le Pétomane, the French music hall performer whose act consisted of nothing but farting and he loved farting himself. “The French live to eat. I eat to fart.”
The reader, of course, is less interested in Carlos’s schooling than in Dali’s antics. Dali sits at a café casually twisting tin foil and wax into sculptures he will sell for thousands; “I was a sheet of tinfoil ready to be turned and twisted. Soft wax in the hands of the perverter.”[15]
It was a continuous show. You were with an unconventional, singular personality. A star. Anything could happen. And it always did. I never tired of being with Dalí. Even when he was nasty I still adored him. He was like a lobster: masses of shell, tough on the outside, hard on the inside, and just a morsel of soft sweet meat.[16]
Dali’s acts and words seem illogical, absurd, unmotivated, only because we, unlike Dali, cannot follow the subliminal, sublime, surrealistic chord that unites them all.
“We spend one third of our lives on an oneiric treasure island. You must build bridges to the mainland and follow me through the invisible passages that join the waking and dream states and lead to the realm where all contradictions reach a hyper-lucidity of irrationality.”
What we said was forgettably brilliant, all nonsense and all so meaningful I knew intuitively it was far better talking foolishly with a genius than talking seriously with a fool.
A good example of Dali’s paranoiac mode of living and discoursing (to the extent that they can be distinguished) occurs when Carlos debuts in the Paris production of Hair. Dali of course arrives to congratulate him, and immediately the discourse becomes pagan:
“Hermes is the God of riches and good fortune. He is the messenger, a dancer, a trickster and the Patron Saint of Thieves, something Jesus the Fish acknowledged on the Cross. He was the son of Zeus, you know.”
Par for the course, just some mythological fluff for flattering his protégé, right? Later, at dinner, a guest makes the mistake of asking Carlos “his sign,” and Dalí is set off:
“What is the sign of Jesus?’ he roared. Dado shrugged like a good Italian. “Capricorn,” he said. “The early Christians changed the birthdate of Jesus to comply with the mid-winter celebrations they discovered among the savages of northern Europe. The Christian era and the Age of Pisces are contemporaneous. The very name, Jesus, transliterates as the word fish in Aramaic, his own tongue. As man or myth, he chose fishermen as disciples. Not goats.”
I sat there amazed by his theme [dancing, Hermes, thief, Jesus], amazed that it had begun before our arrival at Maxims’s.[17]
“He was a fisher of men,” he continued. “He performed miracles on the sea and with the fishes. The Gnostics sketched a fish in the dust, not a cross, to identify themselves. Jesus possessed all the qualities of Pisces, the last sign of the Zodiac and its completion of all human potentials. He was humble, emotional, unworldly and vague, unlike those who arrive in December under the sign of Capricorn, with their money worries and dreams of ruling the world. Jesus was born in the spring, a Pisces for the Age of Pisces. Violetera [Carlos] is a Scorpion, the same as Amanda [Lear, Dali’s transsexual favorite]. They will both sting me in the balls . . .” He paused.
Paused, indeed.
Dali’s main teaching is to inculcate the traditional, and Traditional, virtues of patience and repetition: “Dalí was dedicating his life to the battle against unrelenting time and decay.” The company of Hair gets an earful:
“All success comes from hard work. Hard work and patience and more hard work,” he roared, menacing the company with his walking stick. “Never trust in inspiration. You must work every day, every day, every day. Inspiration arrives through your work. It arrives through your involvement. I am a worker. A peasant. I work seventeen hours a day.”
As does Carlos:
“A Hindu once told me you find God by digging in the same hole. He was mad.[18] The substance of success is scandal and patience. Are you patient, Carlitos?”
“It is the obsession of repetition the Gods take note of.”[19]
Despite his “far-out” art and aberrant — but very public — lifestyle, Dalí, like most of the Great Artists of the 20th century, was at least temperamentally a man of the Right.[20] Thus, even if you have no interest, or an active dislike, of “modern art”[21] or weirdoes, you will likely enjoy this tour through this little-known world of post-War anti-Leftists, a sort of avant-garde version of the circles of the Windsors or Mosleys.[22]
Take this chap, “The Spanish Ambassador to France, a famous fascist,” who
was one of the richest men in Spain, . . . had helped to finance Franco’s uprising in the Spanish Civil War, El Caudillo had rewarded him with a diplomatic post, [and] was setting up a meeting between Don Salvador and the Conde de Barcelona, Spain’s exiled monarch and father of King Juan Carlos.
The famous fascist is confused by Carlos’ waist-length hair and patchouli scent:
[He] kissed my hand as he left the gathering. “Au revoir, Mademoiselle,” he said with a bow and Dalí was delighted. “Angels are androgynes,” he explained. “I will inspect your back. You will have scars where they cut off your wings. You have the most glorious navel. It is the privilege of princes to show their navel. I will decorate it with a ruby . . .”
Dali, of course, is dangerous to know, as the Ambassador discovers:
“They will think I’m a pederast . . .” he had said in confidence and Dalí had announced these noble doubts to the ears of the world . . .
And You-Know-Who is a distinct presence; as Dalí accepts some French literary award,
He threw out his chest, gripped his hands behind his back and only those who had sat watching old newsreels of Hitler knew who had inspired his act.
Even the waiters are fascistically suggestive:
[A] waiter . . . bore a distinct resemblance to Hitler. He had one of those awful moustaches and a wave of hair plastered to his forehead. “C’est colossal,” Dalí said. “I will put him in a film. I will show him as a kind man, a music lover, a marvelous painter. Hitler had the most wonderful sense of humour.”[23]
Parisian students, searching for a Third Way, recognize an ally:
The previous year during the Paris riots, Dalí had been driven to the Sorbonne to give a lecture on the relationship between DNA and the spiral stalks in vegetables in a Cadillac filled to the roof with cauliflowers. The students had been overturning expensive cars but when they saw Dalí they cheered.
It’s also a chance to revisit that Mad Men era of free smoking:[24]
The smoke had become thicker, hanging like dense clouds around the chandeliers.
He lit a Gauloise and the smell mingled with the street smells and Paris was everything I had imagined it was going to be.
Can you imagine the smell inside a French police station? All those Gauloises.[25]
Is it any surprise that Sterling Cooper’s art director is a closeted homosexual named . . . Salvatore?[26]
It’s unfortunate that Dalí is here well into his ’60s, so there’s no opportunity to really see genius at work. On the plus side, the book benefits from being written not by the memoirist nor by some art “expert” but by what would seem to be an old school journalist, one Clifford Thurlow, (not, fortunately, Clifford Irving[27]) who gives us a colorful and straightforward text that is a pleasure to read and, when combined with the paranoiac-surrealist acts and utterances of Dalí, produces a unique mixture, a kind of Magical New Journalist style.[28]
Highly recommended for anyone interested in that most fascinating and (deliberately) obscure area, the post-War avant-garde Right, though tolerance for a certain amount of nonsense is required.
Notes
1. End of an Era: Mad Men and the Ordeal of Civility (San Francisco: Counter-Currents, 2015). An Amazon reviewer of the text under discussion here notes that “like the keenest FaceBook digital networkers of today, [Dalí] knew how to promote himself, an innate skill practised long before the Mad Men of Madison Avenue.”
2. “The paranoiac critical method of Dalí is an attempt to systematize irrational thought. . . . When asked why the centaurs in his painting, Marsupial Centaurs [5], were riddled with holes, he replied, ‘The holes are like parachutes, only safer.’ This response is often used as an example of Dalí being Dalí, purposefully obscure, self-absorbed, and downright snotty. The reader might interpret this comment as a nose thumbing, coupled with an ‘If you don’t know why the holes are there, you Philistine, I will never tell you.’ The fact is, however, that Dalí is simply stating the reason for the holes, which upon examination, becomes unmistakable, true to its Paranoiac Critical ancestry.” “THE PARANOIAC CRITICAL METHOD” by Josh Sonnier, here [6]. As an example of the transition from irrational to inevitable, consider my discussion of Clifton Webb’s Mr. Belvedere as an incarnation of Krishna in “The Babysitting Bachelor as Aryan Avatar: Clifton Webb in Sitting Pretty,” here [7]. For more on parachutes, holes, and safety, see The Skydivers by Bad Filmmaker and accidental Traditionalist Coleman Francis, as discussed in my upcoming essay “Flag on the Moon — How’d IT Get There?” Both essays will appear in the forthcoming collection Passing the Buck: A Traditionalist Goes to The Movies (San Francisco: Counter-Currents, 2016).
3. See Jonathan Bowden, “The Real Meaning of Punch and Judy,” here [8]. For another view, see Count Eric Stenbock, The Myth of Punch, edited by David Tibet (London: Durtro Press, 1999).
4. “Surrealism is not a movement. It is a latent state of mind perceivable through the powers of dream and nightmare. It is a human predisposition. People ask me: What is the difference between the irrational and the surreal and I tell them: the Divine Dalí.” — Dalí.
5. See Stephen Barber, Antoine Artuad: Blows and Bombs (London: Faber, 1993) and Jeremy Reed, Chasing Black Rainbows: A Novel About Antonin Artaud (London: Peter Owen, 1994).
6. See Dalí by J. G. Ballard, with an Introduction by Dalí (New York: Ballantine, 1974), and Diary of a Genius by Dalí, with an Introduction by J. G. Ballard (London: Solar Books, 2007). Ballard discusses surrealism on YouTube here [9].
7. A reference to Hesse’s novel of schoolboys, their crushes, and their being crushed by the System, Beneath the Wheel. The ’60s figure of Hesse crops up from time to time; Carlos meets a actor (not Max von Sydow) who will supposedly star in a (I guess never produced) film of Steppenwolf, and will talk of making a “journey to the east.”
8. Not impressed? Neither was Dalí. As for astrology: “People are no different from wine. We are born at a given moment, in a given place. There are good years and bad, from good valleys and inauspicious ones. Some bottles are shaken and the sediment fouls the taste. Some are dropped and smash into a thousand million pieces. That is astrology. Never, never speak of it again. . . . God despises astrology and prefers a well told lie to a tedious truth.”
9. Of course, some are more European than others. “I once knew an Englishman I also liked.” “Never trust the English.”
10. Unlike the repetitive circle, in the spiral things reverse, and America is “dark” and “pagan.” Burroughs also perceived the so-called “New World” as old and evil, “groveling worship of the food source” (Naked Lunch).
11. Like Krishna, or Mr. Belvedere, or indeed Clifton Webb himself; see note 2 above.
12. “He never touched drugs and barely took more than a sip of wine. ‘I am already in that place where you all want to be. Satori is in here,’ he bragged, rubbing his temples.” Elsewhere, Dali’s coterie “hopped around the room like devotees in a heathen temple.”
13. “‘Is it Hermes or Aphrodite? Is Dalí a pederast or a dirty old man? Let their tongues wag, Violetera [Carlos].”
14. As for women, “He liked the form not the touch. But there were exceptions.” Dalí would have been revolted by today’s negroid fashion in femininity: “Big breasts are the base element of the bovine principle. Women with small breasts are for pleasure. Women with big breasts are cows and cows are bred to eat and procreate.” Dalí’s inclinations seem to recall the Persian Sufi method of inducing poetic inspiration or mystical reverie by the contemplation (only) of the Beautiful Boy; see Peter Lamborn Wilson’s Scandal: Studies in Islamic Heresy (Brooklyn: Autonomedia, 1988). Need I cite Plato’s Symposium?
15. As Alan Watts pointed out, to be perverse means to move by poetry.
16. Frederic Rolfe (“Baron Corvo”) liked to compare himself to a crab. See his roman a clef Nicolas Crabbe.
17. Using Dalí’s methods, we can see that the embezzling little weasel Pryce (thief!) is really Wotan, and the Irish Catholic ad men of McCann Erikson are revealed as Judaic interlopers by their shirtsleeves; see End of an Era, op. cit.
18. Dalí has no reverence for the non-European: “It was divine wisdom to place them [Virgin and Mother] in one being. We do not need a pantheon like the Hindus and Aztecs.”
19. “If one does what God does enough times, one becomes as God is.” — Dr. Hannibal Lecter. On the other hand, Dalí is not himself insane (“I am not mad”). On his second trip to New York he smashes out of a window display, raining shards on startled Fifth Avenue passersby, just as Will Graham stops the Tooth Fairy by smashing into his kitchen via a plate glass window. Dalí is let go only when he promises “to never do it again.”
20. See Kerry Bolton’s Artists of the Right (San Francisco: Counter-Currents, 2012). Dalí shares with Dada-ist painter Julius Evola a grand contempt for the bourgeoisie: when Dalí’s favorite hotel replaces the wooden toilet seat he believes was used by King Alphonso with modern, plastic seat, he goes ballistic and forces them to find and re-install the original. Even this inspires an epic rant: “We are surrounded by moralists, hygienists and philistines. I have no confidence in my class. You can trust the aristocracy to be charming. You can trust the peasants to be vulgar. You can trust the true artist to be a madman. The bourgeois you can trust to steal the toilet from under you . . .’” This is the toilet set, over the admiration of which Dalí and Carlos bond.
21. “All art is political,” Dalí instructs his ward. “Once it is understood, it loses its power and becomes aesthetic, decorative, pedagogic.”
22. One can’t help but recall Hunter S. Thompson’s description of the Circus Circus hotel as “What the whole ‘hep’ world would be doing if the Nazis had won the war” (Fear and Loathing in Las Vegas [New York: Random House, 1972]).
23. Again, one recalls or the subtitle of Franz Liebkind’s manuscript for Springtime for Hitler: “A Gay Romp with Adolf and Eva.”
24. I discuss the Right’s obsession with tobacco in “Mad Manspreading?” here [10] and reprinted in End of An Era, op. cit.
25. The police station crops up when Carlos’ female companion doffs her blouse as they walk along a Paris street and are promptly arrested. The police, however, are easily bought off with offers of free tickets to Hair. One can’t help but think of how this genial corruption contrasts with the Nanny State howls of New York’s de Blasio and Cuomo over the “scandal” of topless women in Times Square (yes, even Times Square! Is nothing sacred?)
26. I discuss the “gay liberationist” fantasy that art directors on Madison Avenue were unknown or closeted in End of an Era, which Margo Metroland picked up on in her excellent review, here [11]. On the contrary, ad agency art departments were exactly where young men from the provinces would flock to; for example, Andy Warhol, whose career seems a kind of Americanized (i.e., trivialized) version of Dalí’s art-as-commodity.
27. Howard Hughes’ faux-biographer apparently lived among a similar colony of Spanish artists, divas and oddballs; see his contributions to Orson Welles’ F is For Fake (1975; Criterion, 2014)
28. There are a lot of odd spellings throughout, some perhaps British, some Colombian, some misprints; I have let Microsoft silently “correct” them in my quotations here.
Article printed from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com
URL to article: http://www.counter-currents.com/2015/09/smoke-and-surrealism/
URLs in this post:
[1] Image: https://secure.counter-currents.com/wp-content/uploads/2015/09/Dalisbook.jpg
[2] Sex, Surrealism, Dali and Me: The Memoirs of Carlos Lozano: http://www.amazon.com/gp/product/1491038209/ref=as_li_tl?ie=UTF8&camp=1789&creative=390957&creativeASIN=1491038209&linkCode=as2&tag=countecurrenp-20&linkId=X3NV2UTHBVZGHMJ7
[3] paranoiac-critical method: https://en.wikipedia.org/wiki/Paranoiac-critical_method
[4] Image: https://secure.counter-currents.com/wp-content/uploads/2015/04/dali_joseantonio.jpg
[5] Marsupial Centaurs: http://brain-meat.com/josh/dali/11.jpg
[6] here: http://brain-meat.com/josh/dali/dali5.htm
[7] here: http://www.counter-currents.com/2013/02/the-babysitting-bachelor-as-aryan-avatarclifton-webb-in-sitting-pretty-part-2/
[8] here: http://www.counter-currents.com/2013/03/the-real-meaning-of-punch-and-judy/
[9] here: https://www.youtube.com/watch?v=uhNE5xd_0wE
[10] here: http://www.counter-currents.com/2015/06/mad-manspreading/
[11] here: http://www.counter-currents.com/2015/09/the-ordeal-of-superficiality/
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Cartographie de l'anti-américanisme
par Georges FELTIN-TRACOL
L’édition française sort à rythme régulier des ouvrages sur l’anti-américanisme tels L’Ennemi américain. Généalogie de l’anti-américanisme français (Le Seuil, 2002) de Philippe Roger ou L’Anti-américanisme. Critique d’un prêt-à-penser (Robert Laffont, 2004) du libéral et atlantiste Pierre Rigoulot. Si ces titres étaient réédités, ils évoqueraient probablement le nouvel essai du journaliste Martin Peltier qui donne 20 bonnes raisons d’être anti-américain.
La curiosité pour la grande puissance d’outre-Atlantique n’est pas neuve puisque dès 1991, le philosophe catholique de tradition d’origine hongroise et exilé aux États-Unis, Thomas Molnar, rédigea L’Américanologie. Triomphe d’un modèle planétaire ? (L’Âge d’Homme). Avec Martin Peltier, cette nouvelle discipline – l’américanologie – trouve enfin son vulgarisateur. En effet, à un moment où le virus de l’américanisme contamine tous les continents et colonise les esprits, en particulier l’imaginaire européen, Martin Peltier recense avec brio tous les méfaits de la Barbarie yankee. À la fois très informé et parfois polémique, l’essai explique que les États-Unis – qu’il ne faut surtout pas confondre avec les peuples du continent américain (Boliviens, Costaricains, Argentins, etc.) -, nuisent à l’avenir de l’Europe.
Le péril yankee se décline en menaces multiformes. L’une des plus redoutables concerne l’enjeu linguistique. « En tendant à détruire le français ou à le corrompre, elle amène un affaiblissement de la culture et de la pensée (p. 80). » Certes, des peuples francophones résistent à ce flot dévastateur. Si les Québécois se montrent sourcilleux sur la préservation de leur patrimoine linguistique, cela ne les empêche pas de se soumettre au Diktat du politiquement correct et de l’extrême féminisme en violant leur langue par de grotesques féminisations telles « sapeuses pompières »…
Défendre sa langue n’est pas un acte anodin; c’est le combat essentiel. Primordial même parce qu’« avec la langue anglaise, les États-Unis répandent leur manière de penser, ce qui leur donne un avantage en tout, dans le commerce comme dans les sciences, et ils accompagnent ce mouvement par le “ social learning ”, c’est-à-dire l’imposition de leurs normes éducatives, sociales, morales, politiques – en quelque sorte le progrès comme ils le voient, leur Weltanschauung (p. 83) ». Les sots anglicismes qui prolifèrent dans nos phrases témoignent d’une invasion mille fois plus préoccupante qu’une occupation militaire classique. La présente invasion migratoire de notre sol ancestral n’impacte pas notre civilisation, elle l’affecte prodigieusement. Il est d’ailleurs caractéristique que les groupuscules antifa et les mouvements socio-politiques issus d’une immigration extra-européenne adoptent la langue de l’envahisseur atlantiste anglo-saxon.
Didactique, 20 bonnes raisons d’être anti-américain expose des faits indéniables. L’auteur n’évoque pas les ignominies prévues par le détestable Traité transatlantique. Il préfère ausculter les fondements théologiques des USA et en dresse leur généalogie intellectuelle. Comme le relevait déjà notre ami Tomislav Sunic dans son excellent Homo americanus. Rejeton de l’ère postmoderne (Éditions Akribeia, 2010), les États-Unis possèdent un puissant arrière-plan religieux. Construits par les descendants de protestants dissidents qui ont fui un Vieux Monde qu’ils exècrent et maudissent, les États-Unis bénéficièrent de la bénédiction du puritanisme réformé, de la franc-maçonnerie et, un peu plus tard, du judaïsme politique. Le « messianisme était commun aux sectes protestantes, au judaïsme et à la maçonnerie (p. 145) ». Cette vocation délirante continue à imprégner tout le spectre politico-intellectuel, y compris chez les adversaires conservateurs des tarés néo-conservateurs. Outre les Noirs et les juifs, sait-on que le Ku Klux Klan vomit les catholiques ? Ainsi, le catholique J.F. Kennedy fut-il mal perçu par maints de ses compatriotes. Dans la même veine existaient les Know Nothing, une société secrète nativiste anglo-saxonne au milieu du XIXe siècle, hostiles aux arrivants irlandais de confession romaine. Ce nativisme WASP demeure toutefois paradoxal de la part d’une population d’origine européenne qui a volé les terres de peuples indigènes génocidés.
Il est très dommage que Martin Peltier n’évoque point le sort horrible des autochtones américains exterminés, chassés de chez eux et trahis par des traités jamais appliqués par la Maison Blanche (sinistres précédents pour les pseudo-traités euro-ricains à venir…). Il aurait pu signaler que les États-Unis détiennent aujourd’hui le plus vieux prisonnier politique du monde, l’activiste amérindien âgé de 70 ans, Leonard Peltier (sans rapport de parenté avec l’auteur !) condamné à la perpétuité en 1976, suite à une machination orchestrée par le FBI, cette véritable police politique secrète d’État.
Le destin tragique des vrais Américains préfigure celui des Européens et du monde. Les Étatsuniens sont imbus de la « destinée manifeste » (décennie 1840) qui leur assurerait le devoir moral d’imposer partout leur funeste mode de vie et de penser. Tous les moyens sont dès lors mobilisés pour réussir cette injonction quasi-mystique. Co-responsable du tribunal de Nuremberg vilipendé en son temps par le courageux Maurice Bardèche, Washington devient le berceau « de la religion de la Shoah (p. 133) » et en fait « la mère et la garantie ultime du politiquement correct occidental à vocation mondiale (p. 138) ».
L’auteur dénonce bien sûr ce pitoyable moralisme en des termes forts et incisifs : « La religion de la Shoah ne fonde pas seulement la solidarité de l’empire du bien, elle vise plus gravement encore à habituer tous les esprits du monde à la bêtise. Elle tue l’esprit critique, l’histoire, la vraie mémoire, elle déshabitue de la réflexion, elle détache de l’identité. La religion de la Shoah est la pire vérole et le meilleur instrument de la mondialisation, elle fait du cerveau qu’elle a lavé un numéro prêt à tout gober, et c’est une raison de plus de combattre, sans relâche, les États-Unis (p. 140). » Ce lavage de cerveau collectif made in USA arase l’ethno-diversité propre aux races humaines.
Déplorons que le malheureux roi Louis XVI ait commis la mortelle erreur de soutenir la racaille américaine en sédition contre son souverain George III de Hanovre, par ailleurs usurpateur du trône légitime des Stuarts. Loin des sempiternelles odes à la soi-disant amitié franco-américaine, Martin Peltier cite un conflit naval guère connu dans l’Hexagone : la Quasi-Guerre (1798 – 1800) qui vit l’affrontement des marines française et US. Il insiste aussi sur les milliers de Français qui périrent en 1944 – 45 sous les bombes yankees (bombes qu’on découvre encore en masse non explosées sept décennies plus tard) censées les libérer… Quant au crétin de Roosevelt, il « voulait placer la France après la guerre sous mandat de l’AMGOT, c’est-à-dire un gouvernorat direct de l’occupant américain (p. 29) ». En 1870, un autre président, Ulysse Grant, poivrot étoilé et expert notoire dans le pot-de-vin, télégraphia ses plus vives félicitations à Bismarck pour sa victoire sur le Second Empire français.
Ces exemples historiques avérés sont occultés par le déversement dans le monde d’images produites par Hollywood qui promeut des États-Unis oniriques et virtuels… La réalité est plus cauchemardesque avec les horreurs quotidiennes d’une société multiraciale, pluri-ethnique et multiconflictuelle en cours de fragmentation. « On se représente souvent le choc des civilisations comme un conflit international, avec une ligne de front, mais dans cet État-monde que sont les États-Unis, le choc des civilisations a lieu tous les jours au bout de la rue et à la télé, dans les concours de beauté et les réclames pour pop corn, c’est un choc de civilisation intérieure, domestique, comme on dit là-bas (p. 77). » Le Système étatsunien – ou plus exactement son puissant et redoutable « État profond » – tend à y palier en célébrant sur tous les médiats massificateurs un mirifique « vivre ensemble » alors que, libéralisme aidant, on constate l’impitoyable guerre de tous contre tous… Connaît-on en Europe l’incroyable sujétion des classes moyennes au crédit bancaire qui les enchaîne durablement ? L’endettement élevé des ménages et son corollaire – le manque d’épargne – empêche toute éventuelle rébellion préjudiciable à la bonne marche des affaires. L’auteur prévient cependant que « le marché n’est pas le maître, mais juste un contremaître, pas un dieu, juste une marionnette dans la main des prêtres mondialistes (p. 70) ».
Martin Peltier dénonce enfin le gouvernement des juges propre au misérable régime présidentiel adopté en 1787, le rôle dévastateur des multinationales et l’action subversive des « ONG, mains sales du mondialisme US (p. 113) ». Stipendiées par des fondations yankees, les ONG constituent une véritable cinquième colonne prête à fomenter la moindre « révolution colorée ». Certaines d’entre elles traquent la corruption dans les États tout en négligeant les États-Unis qui demeurent l’État au monde le plus corrompu avec une classe politicienne totalement achetée. Sur la colline du Capitole de Washington, les mœurs y sont bananiers… L’appui résolu des ONG à l’actuel déferlement migratoire sur notre continent apporte la preuve supplémentaire patente d’une volonté de déstabiliser nos vieilles nations blanches.
Martin Peltier rapporte, démonte, examine dans cet ouvrage remarquable toutes les manœuvres sordides du « Moloch à la bannière étoilée ». Il aurait peut-être pu conclure son réquisitoire par le vif intérêt qu’éprouvent maintenant quelques cénacles US pour le transhumanisme et l’idéologie du genre. De salubrité intellectuelle publique, cet ouvrage décrit un abcès de dimension mondiale. Qui aura le courage de le crever : l’État islamique, Al-Qaïda, la Chine, la Russie, l’insurrection des peuples albo-européens ? En tout cas, plus que jamais, America delenda est !
Georges Feltin-Tracol
• Martin Peltier, 20 bonnes raisons d’être anti-américain, Éditions D.I.E., 2015, 210 p., 26 € (« La Sarrazine », La Fosse Marceline, F – 10 140 Jessains, France)
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Dominique Venner
The Shock of History: Religion, Memory, Identity
London: Arktos, 2015
156 pages
hardcover: $37.50
paperback: $21.45
Kindle e-book: $4.50
The shock of history: we live it, neither knowing or comprehending it. France, Europe, and the world have entered into a new era of thought, attitudes, and powers. This shock of history makes clear the fact that there is no such thing as an insurmountable destiny. The time will come for Europe to awaken, to respond to the challenges of immigration, toxic ideologies, the perils of globalism, and the confusion that assails her. But under what conditions? That is the question to which this book responds. Conceived in the form of a lively and dynamic interview with a historian who, after taking part in history himself, never ceased to study and reflect upon it. In this text, the first of his major works to appear in English, Dominique Venner recounts the great movements of European history, the origin of its thought, and its tragedies. He proposes new paths and offers powerful examples to ward off decadence, and to understand the history in which we are immersed and in which we lead our lives.
Contents
Foreword
Editor’s Note
1. Introduction
2. From Action to Reflection
3. Decline or Rebirth?
4. Hidden and Heroic Europe
5. In the Face of Death
6. An Adventurous Heart
7. Where We Came From
8. Europe’s Shattered Memory
9. The Shock of History and Ideas
10. Homer: Remembering Our Origins
11. Mysticism and Politics
Epilogue: History and Memory
About the Author
Index
About the Author
Dominique Venner (1935-2013) was a French writer and historian. He wrote over fifty books about history, specialising in the history of weapons and hunting. He served as a paratrooper during the Algerian War, and was jailed for 18 months for his involvement with the Organisation of the Secret Army, which sought to retain French Algeria through armed insurrection. He was subsequently involved in a decade of intense political activism, and also worked with Alain de Benoist’s ‘New Right’ organisation, GRECE. Before his decision to publicly end his life in 2013, the goal of which was to awaken the minds of his European compatriots, he was in charge of the Nouvelle Revue de l’Histoire. His last book, Un Samouraï d’Occident, was published shortly after his death.
hardcover: $37.50
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Kindle e-book: $4.50
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Eine Flotte aus hundert rostigen Schiffen, beladen mit einer Million not- und hungerleidender Inder, darunter viele Frauen, Kinder und Greise, bricht von den Ufern des Ganges Richtung Europa auf, um das wohlstandsverfettete „Paradies im Westen“ zu stürmen. Dessen Medien und Politiker sind unfähig, den Ansturm, der nur die Vorhut unzähliger weiterer Einwanderermassen aus der Dritten Welt bildet, als das zu erkennen, was er ist: eine Invasion, die anders als in früheren Zeiten auf „friedliche“, waffenlose Weise vonstatten geht. Stattdessen werden in salbungsvollen, gebügelten Reden Menschlichkeit und Brüderlichkeit beschworen und die Öffnung der Grenzen im Namen der Menschenrechte gefordert, wobei Heuchelei, Opportunismus, Kalkül und Massenwahn eine nicht unerhebliche Rolle spielen. Die humanitären Illusionen zerplatzen, als die „Armada der letzten Chance“ an der Küste der Côte d'Azur landet, deren Einwohner inzwischen die Flucht ergriffen haben. Die weißen Europäer werden durch einen unblutigen, aber unerbittlichen Rassen- und Klassenkampf beiseite gefegt, die Institutionen brechen zusammen, die Machtverhältnisse verschieben sich, und dies ist der Anfang vom Ende des einst so stolzen wie selbstherrlichen Abendlandes.
Das Heerlager der Heiligen: Ein „gefährliches“ Werk von Raspail
Dies ist in groben Zügen die Handlung des legendären Kultromans „Das Heerlager der Heiligen“ des französischen Schriftstellers Jean Raspail, der 1973 erstmals erschienen ist. Im Sommer 2015, in dem die seit Jahrzehnten anschwellende Einwanderungskrise einen vorläufigen Höhepunkt erreicht hat, ist der lange vergriffene Roman wieder in einer neuen deutschen Übersetzung lieferbar.
Ohne Zweifel eine der wichtigsten Bucherscheinungen des Jahres, hat dieses hochkontroverse, „gefährliche“ Werk – so formulierte es Raspail selbst – allerdings nur wenig Chancen, in den etablierten Medien rezensiert, geschweige denn auch nur erwähnt zu werden: Dieses Eisen ist zu heiß, und es hat gerade erst zu glühen begonnen.
Unzensuriert.at sprach mit dem Übersetzer
Solange „Das Heerlager der Heiligen“ nicht greifbar war, sah die Sache anders aus: Bereits 2005 wies Lorenz Jäger in der FAZ auf die „visionäre Kraft“ dieses prophetischen Romans hin, der bereits vor über vierzig Jahren die Überschwemmung Europas durch Einwanderermassen aus der Dritten Welt voraussah – wobei die „Inder“ des Buches die Rolle von symbolischen Platzhaltern erfüllen. 2011 würdigte Jürg Altwegg, ebenfalls in der FAZ, Raspails Leistung, allerdings nicht ohne dessen Absichten und seinen Entstehungskontext verzerrt darzustellen und die politische Dimension des Romans zu relativieren. Unzensuriert.at sprach mit dem Übersetzer Martin Lichtmesz.
Sehr geehrter Herr Lichtmesz, das Heerlager der Heiligen ist vor mittlerweile 42 Jahren erschienen; eine deutsche Ausgabe gibt es seit 1985. Wie kann ein Roman beinahe ein halbes Jahrhundert nach seiner Entstehung aktuell genug für eine Neuauflage sein?
Lichtmesz: Nun, gute Romane sind immer „aktuell“, ob sie nun vierzig oder vierhundert Jahre alt sind. Aber das „Das Heerlager der Heiligen“ ist heute durch seine Hellsichtigkeit eine besonders verblüffende, erschreckende und oft auch beklemmende Lektüre. Im Jahr 2015 bedarf sein vielgepriesener „prophetischer“ Charakter eigentlich keiner Erläuterung mehr. Die Zahl der Einwanderer, die über das Mittelmeer nach Europa strömen, hat in diesem Jahr einen neuen Höhepunkt erreicht, wobei ein Ende nicht abzusehen ist. Anders als bei Raspail sind die Invasoren jedoch in der Mehrzahl junge, kräftige Männer. Der Chor der humanitären Stimmen, der wie im Roman diese Entwicklung und ihre Konsequenzen verklärt, verschleiert und verniedlicht, wird wohl in wenigen Jahren in Heulen und Zähneklappern übergehen. Den stetig wachsenden Menschenreservoirs Afrikas und Asiens steht ein demographisch schrumpfender Kontinent gegenüber, der, wie Raspail betont, seine „Seele“ verloren hat: seine Selbstachtung und seinen Glauben – sei es an Gott, sei es an sich selbst. Diese Dynamik mündet in einen „großen Austausch“ (Renaud Camus) der europäischen Stammvölker, der in Frankreich inzwischen mit dem bloßen Auge wahrnehmbar ist.
Das „Heerlager“ gehört zur Familie der dystopischen Satiren, ist verwandt mit Büchern wie „Der Herr der Welt“ von Robert Hugh Benson, „Schöne neue Welt“ von Aldous Huxley und natürlich „1984“ von George Orwell. Alle diese Autoren wurden erst nach Jahrzehnten richtig verstanden, da sie eindringlich vor Fehlentwicklungen der Moderne gewarnt haben, die erst viel später Wirklichkeit wurden. Die Themen des „Heerlagers“ wurden anno 1973 nur von wenigen Leuten wirklich ernst genommen; man spottete über warnende Stimmen wie jene des britischen Politikers Enoch Powell, der bereits 1968 prophezeite, dass der Multikulturalismus in Blutvergießen, Bürgerkrieg und den Zusammenbruch der europäischen Kultur münden würde. Der inzwischen neunzigjährige Raspail, der wie Powell aus einer Nation stammt, die nach dem 2. Weltkrieg ein ganzes Kolonialreich einbüßte, sah gewissermaßen vier „apokalyptische Reiter“ am Horizont auftauchen: Die demographische Explosion der Dritten Welt; das ungleiche globale Anwachsen von Armut und Reichtum; die innere Schwäche und Dekadenz Europas und des Westens, die zu einem tödlichen Gemisch aus Selbsthass, Hedonismus, Geburtenschwund, Realitätsverlust und damit rapide schwindendem Selbstbehauptungswillen führt; schließlich die flächendeckende Manipulation und Gehirnwäsche der Massen durch die Medien, die sie unfähig macht, ihre eigene Lage zu begreifen. Diese Dinge werden in den nächsten Jahrzehnten über Leben und Tod unseres Kontinents, seiner Völker und seiner Kultur entscheiden.
Die von Ihnen verantwortete Neuausgabe wird damit beworben, „in einer neuen, erstmals vollständigen Übersetzung“ vorzuliegen. Wie umfangreich sind die Unterschiede zur älteren Übersetzung, und welcher Art sind sie? Können Sie uns ein Beispiel geben?
Lichtmesz: Die Neuausgabe im Verlag Antaios entspricht dem letzten „Director's Cut“ des Autors. Anlässlich der dritten Auflage (1985) hat Raspail den Text aus dem Jahr 1973 teils gekürzt, teils erweitert, sowie an verschiedenen Stellen modifiziert. Gestrichen wurden dabei vor allem Stellen, die sich als allzu zeitgebunden erwiesen hatten, etwa ein Kapitel, das in der Sowjetunion spielt, die von einer „gelben Flut“ aus China bedroht wird. Der Übersetzer der im Hohenrain-Verlag erschienenen Ausgabe hat jedoch die Fassung von 1973 als Vorlage benutzt und dabei eigenmächtige Kürzungen vorgenommen, die vor allem im ersten Viertel des Buches ins Gewicht fallen und so manchen interessanten Aspekt unterschlagen. So fehlt etwa ein langer Dialog zwischen einem belgischen Konsul und einem indischen Minister, in dem Raspail zeigt, dass es aus der Perspektive der Dritten Welt genug Gründe gibt, den Westen zu hassen und anzuklagen. Der wesentliche Unterschied zu der alten deutschen Übersetzung ist allerdings, dass diese sprachlich sehr dürftig ist, und zudem randvoll mit unsinnigen und zum Teil stark sinnentstellenden Passagen und oft skurrilen Fehlern.
Typische Abwehrreaktionen
Im April dieses Jahres warf Ulrich Ladurner im Blog der ZEIT Raspail vor, ein „übles Machwerk“ geschrieben zu haben. Der Roman bediene sich „der Ängste der Europäer auf grobschlächtige Weise, um eine brachiale Untergangsvision zu rechtfertigen“. Sind diese Anwürfe gerechtfertigt? Spielt der Autor lediglich auf der Klaviatur des Ressentiments?
Lichtmesz: Vielen Dank an Herr Ladurner, dass er an diesen wichtigen Roman erinnert hat, der besonders die Leser der ZEIT erfreuen wird, wobei mir scheint, dass er nicht viel nachgedacht hat, als er dieses den üblichen Stanzen folgende Urteil formulierte. Man muss sich schon sehr blind, taub, dumm und stumm stellen, um Raspails Visionen als bloße subjektive „Ängste“ einschachteln zu können. Dergleichen ist wohl nichts weiter als Pfeifen im dunklen Walde und eine Form von Selbsthypnose. Solche Abwehrreaktionen auf „Das Heerlager der Heiligen“ sind freilich typisch und zeigen, wie sehr dieses Buch so manchen Nerv trifft und dabei die Hunde zum Bellen bringt. Als Erzähler bedient sich Raspail gewiss einer „Klaviatur“ der Gefühle. Er thematisiert Ressentiments, „Ängste“, Xenophobie oder Rassenhass, zeigt dabei aber auf, dass diese Dinge im Menschen nicht auszurotten und keine Einbahnstraßen sind, was von unseren „Gutmenschen“ und „Antirassisten“, befangen in ihrer eigenen negativ-ethnozentrischen Perspektive, immer wieder vergessen wird. Das „Heerlager“ ist in der Tat - nicht anders als die Offenbarung des Johannes, aus der sein Titel stammt - ein „brachiales“ Buch, oft makaber, grotesk, überzeichnet, zugespitzt, stellenweise sogar obszön, und es ist maximalst politisch unkorrekt, sogar gemessen an den Standards seiner Entstehungszeit. Es ist aber auch, wie Raspail immer wieder betont hat, ein grimmig-komisches Buch, voll mit Sarkasmus und schwarzem Humor, viel subtiler und komplexer, als es auf den ersten Blick erscheinen mag. Der eigentliche Horror für Raspail ist dabei allerdings nicht die Rasse, sondern die Masse: als physische Überzahl ebenso wie als totalitäre Gleichschaltung aller Köpfe und als kollektive Regression und Hysterie.
Vor Ihrer Arbeit an der Neuübersetzung des Heerlagers der Heiligen haben Sie das Buch „Kann nur ein Gott uns retten?“ veröffentlicht. Im „Heerlager“ spielen traditionelle christliche Motive eine große Rolle, wobei man bisweilen den Eindruck bekommt, dass Raspail dem Christentum sehr negativ gegenübersteht. Was hat die Religion mit der Einwanderungsfrage zu tun?
Lichtmesz: Nun, zum Geniestreich wird „Das Heerlager der Heiligen“ vor allem durch den Entschluss des Autors, seine europäische Apokalypse als eine Art böse Persiflage auf die christliche Heilsgeschichte zu erzählen, komplett mit dämonischen, antichristlichen Figuren, während die Einwanderer in den Augen des Westens zu einem vermeintlichen „Messias mit einer Million Köpfen“ mutieren, der just am Ostersonntag an der französischen Küste landet. In der Verblendung des Westens sieht er also eine Art „politische Religion“ frei nach Eric Voegelin am Werk, die zentrale Werte des Christentums pervertiert. Der Autor ist wohlgemerkt gläubiger, traditionalistischer Katholik. Trotzdem (oder gerade deswegen) kommt die zeitgenössische protestantische wie katholische Christenheit in dem Roman äußerst schlecht weg, vor allem die nachkonziliare römisch-katholische Kirche, die er des Verrats am Abendland und ihrer eigenen Prinzipien sowie der Verbreitung einer absurden Hypermoral und eines übersteigerten Mitleidsbegriffs beschuldigt. Und das leider zu Recht: die Kirche tut sich in Westeuropa mächtig dabei hervor, die Schleusen den Einwanderermassen zu öffnen und dabei die autochthonen Europäer mit einem schlechten Gewissen zu erpressen, um jeden Widerstand und Widerspruch zu entmutigen. Ihre Vertreter sind heute kaum mehr von Raspails böse karikierten Romanfiguren zu unterscheiden, allen voran Papst Franziskus, der dem Papst Benedikt XVI. des Buches, einem linkskatholischen Südamerikaner, mehr ähnelt als sein Vorgänger. Der wesentliche Gedanke Raspails ist von enormer Bedeutung: Dass nämlich die Krise und Krankheit des Abendlandes eine metaphysische, eine im weitesten Sinne religiöse ist, und dass hier das im „Heerlager“ refrainartig angesprochene Geheimnis seines Verfalls zu suchen ist.
Raspail hat keine Hoffnung mehr für Europa
Raspails Vision aus der Perspektive des Jahres 1973 ist düster. Nun, 2015, sieht sich Europa in der Tat einer Überschwemmung mit sogenannten "Flüchtlinge" ausgesetzt, die jedoch tröpfchenweise und nicht in Gestalt einer "Armada der letzten Chance" den Kontinent kapern. Hat der französische Bestsellerautor irgendeinen Rat für die Völker Europas parat, wie mit der aktuellen Bedrohung umgegangen werden sollte?
Lichtmesz: Raspail hat in Interviews wiederholt zu erkennen gegeben, dass er im Grunde keine Hoffnung mehr für Frankreich wie Europa sieht; sein althergebrachtes Gesicht wird sich aufgrund der demographischen Entwicklung in wenigen Jahrzehnten radikal geändert haben, wenn nämlich, wie Raspail formulierte die „Stammfranzosen“ nur mehr „die am meisten gealterte Hälfte der Bevölkerung des Landes ausmachen werden, während der Rest aus schwarzen oder maghrebinischen Afrikanern und Asiaten aus allen unerschöpflichen Winkeln der Dritten Welt bestehen wird, unter der Vorherrschaft des Islams in seiner fundamentalistischen und dschihadistischen Ausprägung.“ Den Resten der europäischen Völker werden allenfalls ein paar Enklaven, Reservate und Rückzugsgebiete übrig bleiben, von denen aus vielleicht eines Tages eine „Reconquista“ ausgehen kann. Raspail hat aber auch immer wieder betont, dass er in erster Linie ein Romanautor sei, ein Erzähler, der für Rezepte und Konzepte nicht zuständig ist. Immerhin: sein Buch hat die Macht, viele Schläfer aufzuwecken und ihnen die „rote Pille“ zu verabreichen. Manchen wird es gar wie eine Roßkur vorkommen. Wer dafür reif ist, wird nach der Lektüre endgültig von allen Illusionen und vom Zuckerschleim der gängigen, verlogenen und fahrlässigen „Refugee“-Propaganda geheilt sein. Je mehr Menschen aus diesem fatalen Massenwahn erwachen, umso mehr Hoffnung dürfen wir vielleicht schöpfen, dass das Schlimmste vermieden werden kann. Aber schon jetzt steht fest, dass Europa sich grundlegend und irreversibel verändern wird, und dies, allem Gesäusel und allen Beschönigungen zum Trotz, zum Negativen. Die Samthandschuhe sind schon längst ausgezogen. Jetzt wird Ernst gemacht: die Tore sind offen, und die Länder werden geflutet wie blöd, Staaten, NGOs, Kirchen und zivile Aktivisten machen sich zu Komplizen der Schlepper und zu Invasionshelfern, wodurch der „große Austausch“ der Stammbevölkerung massiv beschleunigt wird. Die Explosivität der Lage verschärft sich, und darum ist es kein Wunder, wenn die üblichen Verdächtigen versuchen werden, ein Buch wie „Das Heerlager der Heiligen“ totzuschweigen.
„Das Heerlager der Heiligen“ kann zum Preis von 22,70 Euro hier bestellt werden.
00:05 Publié dans Actualité, Entretiens, Littérature, Livre, Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : camp des saints, jean raspail, littérature, lettres, littérature française, lettres françaises, livre, actualité | |
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« Son regard ayant tué,
Elle réanime par la parole
Comme si Jésus elle était
Quand elle rappelle à la vie.
Sa Thora, telle une lumière
Est la face brillante de ses jambes
Thora que je lis et que j’étudie
Comme si j’étais Moïse.
Prêtresse sans ornement
Parmi les filles des Grecs,
Sur elle tu contemples
Les lumières du pur bien. »
09:12 Publié dans Littérature, Livre, Livre, Philosophie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : dandy, dandysme, littérature, livre, philosophie | |
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By Margot Metroland
Ex: http://www.counter-currents.com
Standardbearers: British Roots of the New Right [2]
Edited by Jonathan Bowden, Eddy Butler, and Adrian Davies.
With a Foreword by Professor Anthony Flew
Beckenham, Kent: The Bloomsbury Forum, 1999
Somewhere between the “hug-a-hoodie” Toryism of David Cameron’s Conservatives, and those far-right parties considered beyond the pale, is believed to lie a broad “respectable” middle ground of British nationalist politics. Whether or not it really exists, contenders keep trying to fill it.
The most recent is Nigel Farage’s UKIP, which officially backs a program of ultra-Tory economic nationalism (anti-EU) but now finds that its main appeal is really to regional anti-immigration Labour voters.[1] Sir Oswald Mosley tried to strike a middle way with his Union Movement in the 1950s and ’60s, but that venture was doomed (of course) because Mosley means not-mainstream.
The Monday Club in the Conservative Party seemed to fill the gap well for a good long while in the 1960s-’80s: it opposed Kenyan independence, supported Rhodesia, opposed nonwhite immigration, and generally took a staunchly nationalist, anti-Left stance on the things that mattered. However, the experience of Thatcherism and Political Correctness in the ’80s and ’90s pushed the Monday faction into a kind of dotty irrelevance (“I really cannot bear the Monday Club. They are all mad . . .” wrote Alan Clark in his diary)[2], until the Party finally cut ties to the Monday Club in a “purge of rightwing extremists.”[3][4]
The volume at hand, Standardbearers, seems to have been assembled in the late 1990s to help forge a new middle-way Rightism. It was the early Tony Blair years. The Conservatives were in the wilderness, in thrall to Political Correctness, and the respectable Right had lost its way. Tony Blair had a way of dismissing his opponents’ arguments by describing them as “the past.” As Antony Flew describes in the Foreword:
[A]t the Commonwealth Heads of Government meeting in Edinburgh in 1997 everything traditionally Scottish was out. No Scottish regiment marched up the Royal Mile with its band playing. Instead the visiting ministers were shown a video announcing: “There is a new British identity,” and displaying pop stars and fashion designers.[5]
Picture: Enoch Powell
This corrective to national amnesia and Cool Britannia is not a collection of political tracts. It doesn’t assail broad issues of race and culture, or ride obscurantist hobbyhorses about IQ standard-deviations or Austrian Economics, or explain how Free Markets are the backbone of a Free Society. It has no specific axe to grind. It is merely an old-fashioned collection of profiles of eminent men, in the manner of Plutarch or Strachey or JFK. If it has any overarching objective, it that of moral rearmament by finding a usable past. The writers look at discarded national aspirations, and take a keen look at half-forgotten or misremembered Englishmen from the 18th century onward.
G. A. Henty
We begin by rehabilitating the spirit of national and imperial greatness, and this is done with studies on G. A. Henty and John Buchan (by Eddy Butler and William King, respectively). The first was the originator of the “ripping yarns” genre of derring-do and imperial adventure that filled Boys’ Own type of magazines in the latter 19th century and had enormous influence on popular and serious literature. Kipling’s fiction, and Buchan’s, and even some of Hemingway’s and Orwell’s, derive in part from Henty.
John Buchan
John Buchan’s influence in turn is even more marked today because Buchan (journalist, speechwriter, and at one point Governor-General of Canada) wrote The Thirty-Nine Steps, which was the ur-espionage thriller, giving rise both to the novels of both John LeCarré and Ian Fleming. Thus, George Smiley and James Bond both have their roots in the high noon of the late 19th century British Empire. Though the memory of that Empire has been derided as something embarrassing for the past 60 or 70 years, its ultimate product, Mr. Bond, still stands, exciting and new.
The book’s authors find nationalism flowering in odd places. There is a short, fascinating essay called “Bax” by Peter Gibbs, and while it initially appears to be a tribute to the 20th century orchestral composer Sir Arnold Bax, it quickly moves on to a kind of rhapsody to exemplars of English (or “British”) national culture. Two whom Gibbs prizes the most are the composer Ralph Vaughn Williams, whose “folk-song settings and arrangements certainly reveal a nationalist outlook”; and the wildly romantic and mystical cinema of filmmaker Michael Powell (The Life and Death of Colonel Blimp, A Canterbury Tale).
Some of the book’s portraits are very predictable for a rightist anthology (Samuel Johnson, Edmund Burke, Hilaire Belloc, G. K. Chesterton), while others are unexpected and appear to reflect an author’s expertise or passion (Benjamin Disraeli, John Maynard Keynes). One curious cultural figure well known to Counter-Currents readers but otherwise obscure, is the final portrait in the book, Bill Hopkins, here profiled and interviewed by the late Jonathan Bowden. Bill Hopkins was perhaps the most obscure of the Angry Young Men of 1955-59. As he recounts here, he was a working journalist who was given a contact for a novel, The Divine and the Decay, which was eventually withdrawn and pulped, because someone at the publishing house bad-mouthed him as a subversive of the fascistic tendency. Thereafter Hopkins lay low, wrote under pseudonyms, edited the very first issue of Penthouse in the mid-1960s, and slowly amassed a fortune. The one true rebel and bohemian in the book, he is also the only character who was alive in the 1990s and able to tell his story in his own querulous voice.
On the political side, I was glad to see the almost entirely neglected Bonar Law here (in a brief biography by Adrian Davies). Law was perhaps the last Conservative PM to be truly conservative. The main reason we hardly ever hear of him today is that there were so many sparkly and opportunistic Liberal politicians on the scene (Winston Churchill, Lloyd George, H. H. Asquith) when he was in opposition; and when Law finally succeeded to the premiership in 1922, he served only a short time before succumbing to throat cancer. Here and in his treatment of Field Marshal Sir Henry Wilson, Adrian Davies spends a good deal of space describing the Home Rule crisis on the eve of the Great War: how Army officers were threatening to mutiny if asked to put down rebellions in Ulster, and how Asquith and the Liberals exploited the whole Home Rule issue for political gain. (A portrait of Sir Edward Carson, by Ralph Harrison, covers parallel ground.)
Bonar Law
As this is partisan history, these retellings are sometimes tendentious. Bonar Law, Edward Carson, and the Unionists/Conservatives were at least as pragmatic and opportunistic as the Liberals. After all, their opposition to enactment of Irish Home Rule 1912-1914 rested upon the odd position that the little patch of Ireland around Belfast was a sanctuary, a special spot, which must never be ruled by a Dublin parliament, unless and until Belfasters give their collective permission. (Presumably Ulstermen had not made such special pleading back in 1800, when the Act of Union was passed and the Dublin parliament abolished.) The writers’ reference to the northeast corner of Ireland as “North” and the remainder of the island as “South,” is a quaint example of political cant, but a useful and enduring one.
Another Englishman whose career got snagged on the Irish problem was the classics scholar Enoch Powell, here profiled by Sam Swerling. For most of his long tenure as MP, 1950-1987—first for the Conservatives, then for the Ulster Unionists—Powell was a steady, unswerving champion of national integrity and self-reliance. “He regarded the Commonwealth as a farcical institution and the United Nations as a vehicle for American aggrandisement and sabre rattling.”[6] Powell was perennially suspicious of America and even more so of the EEC, Britain’s membership in which he considered to be a political question, not an economic one.
Today he is largely remembered for his April 1968 “Rivers of Blood” speech, decrying nonwhite immigration. Although this made screaming headlines and caused Edward Heath to dismiss Powell from his shadow cabinet, the speech was not the watershed it is usually made out to be. Powell was not the first Conservative to speak out on the Caribbean black problem, and his concern was not race per se but rather preservation of national integrity. Nevertheless, with his oratorical verve and his mustache, Enoch Powell excited some nationalist hearts longing for a new Mosley.
But that role was quite inapposite to this poet/classicist’s tastes and abilities. “Powell never quite saw himself as a latter-day Mussolini marching on London with nationalist legions in his wake.”[7] Moreover, any racial-nationalist movement that might have been aborning in 1968, was effectively smothered in its crib. As though on cue, civil-rights marchers began agitating in Belfast, and by accident or design, these new developments so distracted Powell and the Conservatives that nothing more was heard from them on the New Immigration issue.
One useful figure I wish had been in here and is not, is Alan Clark MP, the arch-Tory historian, diarist, animal-lover, and cabinet secretary who never let political expediency get in the way of his wit, and died the same year this was published.[8]
I highly recommend this book [2] to all who search for foundations for a New Right.
Notes
1. Financial Times, 30 August 2015 [7].
2. Alan Clark, Diaries: Into Politics. London: Weidenfeld & Nicolson. 2000. p. 337.
3. Conservative leader Iain Duncan Smith broke ties with the Monday Club in October 2001 because of its “inflammatory views on race, such as the voluntary repatriation of ethnic minorities.” http://www.theguardian.com/politics/2001/oct/19/uk.race [8]
4. A few months later, in May 2002, IDS publicly sacked a minor shadow minister, Ann Winterton, for telling attendees at a rugby dinner a mild joke about a Cuban, a Japanese, and a Pakistani. http://www.theguardian.com/uk/2002/may/06/race.conservatives [9]
5. Standardbearers, p. V.
6. ibid., p. 128
7. ibid., p. 126.
8. When someone called Clark a fascist in the Guardian, he is supposed to have written the editor: “I am not a fascist. Fascists are shopkeepers. I am a Nazi.” (Alas, I have been unable to locate the letter.)
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[6] Image: https://secure.counter-currents.com/wp-content/uploads/2015/09/bonarlaw2.jpg
[7] Financial Times, 30 August 2015: http://www.ft.com/cms/s/0/e789b666-4b44-11e5-b558-8a9722977189.html#axzz3kRpTtJLj
[8] http://www.theguardian.com/politics/2001/oct/19/uk.race: http://www.theguardian.com/politics/2001/oct/19/uk.race
[9] http://www.theguardian.com/uk/2002/may/06/race.conservatives: http://www.theguardian.com/uk/2002/may/06/race.conservatives
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J’avoue avoir manqué de prudence lorsque j’ai promis à MÉTAMAG de rédiger une note de lecture sur cet ouvrage. Car je n’avais encore rien lu de l’auteur et je ne m’attendais pas à recevoir un pavé de 650 pages constituées de commentaires sur l’oeuvre de Nietzsche.
Certes, je salue bien bas la performance. Noircir 650 pages de considérations d’une utilité très contestable, il faut le faire ! Pourtant j’ai un préjugé favorable envers tous les écrivains qui se passionnent pour Nietzsche, le plus grand philosophe et psychologue de l’ère contemporaine, mais j’attends d’eux qu’ils apportent un éclairage original et des réflexions pertinentes sur les écrits flamboyants du prophète de la surhumanité.
A mon grand regret, je n’ai rien trouvé de ce genre dans aucune de toutes les pages que j’ai lues, soit environ le quart du total en différents endroits, car je n’ai pas pu m’astreindre à lire la totalité de ce pensum, indigeste au plus haut point. L’avant-propos déjà m’avait laissé perplexe. D’abord parce que l’auteur y abuse des mots «moderne», «modernité» et «post-modernité» qui sont pour moi des termes dépourvus de sens, du moins sur le plan philosophique. Car la philosophie s’attache à l’essentiel qui, par nature, est intemporel. Ensuite parce qu’une phrase de ce texte m’a fait bondir. Dorian Astor nous affirme en effet : «Il ne fait aucun doute que la lecture de Nietzsche est douloureuse». J’en suis resté pantois ! Car mes premières lectures de Nietzsche me plongèrent immédiatement dans un bain de joie et d’enthousiasme sans pareil. Enfin quelqu’un qui avait tout compris ! (Et je ne peux imaginer de douleur à cette lecture que dans les esprits congelés par une religion ou idéologie quelconque). Si bien que je n’ai eu de cesse d’avoir absorbé les oeuvres complètes de ce magnifique trublion, sans oublier les Fragments posthumes, ni, bien entendu, la correspondance. C’est dans cette dernière que Nietzsche renie sans équivoque sa vision de l‘Éternel Retour (dont les petits professeurs de philosophie se gargarisent encore à qui mieux mieux), dans une note relevée par son excellent biographe Daniel Halévy dans une lettre à Peter Gast du 10 juin 1887.
Le biographe écrit et cite : «Sans doute Nietzsche a-t-il voulu, une fois de plus, mettre sa pensée au clair». Quelques mots, deux lignes à peine, jetés comme un cri, interrompent cet exposé. Les voici : «Le Retour éternel est la forme la plus extrême du nihilisme : le néant (l’absurde) éternel !». Quel soulagement ce fut pour moi de voir Nietzsche reconnaître à ce propos son erreur, laquelle ne cessait de me tarabuster. Tant il me paraissait évident que l’idée d’un éternel retour de toutes choses est absolument incompatible avec un univers éternel et infini (ce qu’il est inexorablement), donc indéfiniment renouvelé. (Nous abandonnerons à leurs rêveries pseudo-scientifiques et crypto-théocratiques les ridicules adorateurs du Big-Bang). À vrai dire, Nietzsche avait déjà quasiment tordu le cou à l’Éternel Retour dans l’aphorisme 335 du Gai savoir, dans lequel il écrit : «Qui juge encore: «dans tel cas tout le monde devrait agir ainsi», n’a pas encore fait trois pas dans la connaissance de soi-même; sans quoi il n’ignorerait pas qu’il n’y a pas, qu’il ne saurait y avoir d’acte semblable, que tout acte qui a été fait le fut d’une façon unique et irréproductible, qu’il en sera ainsi de tout acte futur...».
Dorian Astor s’est fort empêtré lui-même dans l’Éternel Retour, mais je porterai à son crédit ce paragraphe de la page 518 de son livre, dans lequel il écrit : «... Il me semble que dans l’Éternel retour, c’est la question de l’Éternel qui est centrale, et qui forme le point où se nouent le problème de la connaissance et celui de la vie. Le Retour n’est «que» l’une des formes hypothétiques ou expérimentales d’un exercice ou ascèse de la pensée et de la vie philosophiques en vue de répondre au problème de l’éternité.» (Soit dit en passant, je ne vois pas en quoi l’éternité est un problème. C’est au contraire son impossible absence qui en serait un). Cette tentative de «justification» intéressante et astucieuse de l’absurdité fondamentale de l’Éternel Retour ne saurait pourtant remplacer la vérité toute nue : Nietzsche a lui-même donné congé à sa vision première de ce Retour sempiternel et illogique. A la décharge de tous ceux qui l’ignorent (et qui sont trop pauvres en intuition philosophique pour découvrir cela par eux-mêmes), il est vrai qu’il ne l’a fait qu’en une seule courte phrase, alors qu’il avait consacré des pages et des pages à vanter sa «vision» de 1880.
Toutefois je m’étonne que Dorian Astor, qui a manifestement lu et relu toute l’oeuvre de Nietzsche avec grande vigilance, autant que moi-même s’il se peut, n’ait pas relevé la dénégation nietzschéenne de l’Éternel Retour. Aurait-il négligé la correspondance avec Peter Gast, le grand ami et confident de Nietzsche ? J’ai peine à le croire. A moins qu’il n’ait pas osé diffuser cette révélation capitale ? Car l’on a tant glosé sur cet impossible Retour depuis un siècle et sur toute la planète que cette révélation tardive causerait une véritable secousse sismique dans le landerneau universitaire, où l’éternel retour de l’Éternel Retour constitue en quelque sorte la rente viagère des cerveaux dévitaminés. Il n’y a donc probablement qu’un chien fou de mon espèce qui soit capable de jeter un tel brûlot dans les cimetières de la culture.
Dorian Astor, Nietzsche. La détresse du présent, Collection Folio essais (n° 591), Gallimard 10,20 € .
Pierre Lance fut en 1969 le fondateur de la «Société Nietzsche», qui publia jusqu’en 1977 la revue «Engadine». Il est l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages, dont notamment «Charles de Gaulle, ce chrétien nietzschéen» (1965, épuisé), «Au-delà de Nietzsche» (1976, réédité en 1992, épuisé), «En compagnie de Nietzsche» (recueil d’articles, 1991) et «Le Fils de Zarathoustra» (Editions Véga-Trédaniel, 2006). Il publie actuellement un billet quotidien abordant tous les sujets sur le site www.nice-provence.info.
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Pour réfléchir, il convient de prendre du recul. En France, le recul remonte aux Grecs, à l’aurore de la pensée, lorsque la question fondamentale fut exprimée ainsi : Pourquoi y-a-t-il quelque chose plutôt que rien? La superstition, la croyance, laissèrent peu à peu la place à la connaissance et la pensée politique émergea pour réfléchir sur l’organisation communautaire lorsque les niaiseries concernant les dieux, la caste sacerdotale qui parle en leur nom, etc. fut abandonnée en faveur de questionnements plus honnêtes, plus rationnels et plus humains.
Éduquer le peuple
Pour faire participer des personnes à un débat sur le bien commun d’un groupe, il est important que les égoïsmes personnels s’effacent en faveur d’une ouverture sur ce qui sera meilleur pour tous. Il faut convaincre, séduire, ouvrir les esprits à ces nécessités car, par nature, rien ne prédispose à sortir de son groupe, de sa secte, pour faire société avec d’autres, mais pas n’importe quel autre justement. Le débat, la discussion ne fonctionnent qu’à l’intérieur d’enceintes qui reconnaissent les règles du discours argumenté. Une culture préalable est sous-jacente à la fonction politique démocratique, qui s’appuie sur des personnes, dont les meilleures cherchent à convaincre les autres de résister à la tentation de ne penser qu’en fonction de leur intérêt personnel et immédiat.
L’éducation politique en Grèce était d’une grande importance, de même que le débat réglé et la formation d’une élite sortie du peuple pour guider, éclairer les choix collectifs, ceux qui paraissent déboucher sur un rayonnement de la Cité, ou parfois simplement sa survivance. Dans ce cadre général, Chantal DELSOL explique que l’idiotés de l’époque, qui donnera naissance au mot actuel idiot, désignait alors celui qui restait soucieux de sa particularité, plus que du bien commun.
Assimilation de l’idiotés au populisme
Le peuple, lorsqu’il s’agit d’une communauté qui dispose d’un instinct social fondé sur une hiérarchie acceptée et des idéaux partagés, se préoccupe essentiellement de son bien-être matériel et de la continuité de ses traditions car elles donnent sens à sa vie. Aujourd’hui, l’auteur cherche à comprendre les continuités et dérapages des quatre acteurs concernés par un régime dit “démocratique” : le peuple et l’élite - l’idiotés et les meilleurs - la culture et l’éducation (les valeurs partagées et l’amélioration de chacun). Or, force lui est de constatée que rien ne va plus dans le meilleur des mondes globalitaires.
D’abord, le dédain à l’égard du peuple, les idiotes, s’est transformé en haine car l’élite n’est plus la même. Aux aristocrates, mot qui signifiait les meilleurs, ont succédé « les riches ». Dès lors, comment prendre au sérieux ceux qui veulent faire la morale ?
Puis, l’élite contemporaine a un fil à la patte. Dans un monde obsédé par l’économique, mis à part les actionnaires et ceux qui gèrent les fonds, chacun est un employé, donc un esclave selon la tradition Aristotélicienne. Il ne s’appartient pas, mais obéit aux ordres. Cela est vrai dans les médias, dans l’enseignement, dans les universités car l’auteur est bien placée pour savoir que la police de la pensée règne partout depuis que les centres autonomes, qui permettaient une formation sans préjugés ont disparu, entraînant la fin des élites européennes, remplacées par des « élites » formatées au sein d’écoles de commerce où l’on apprend rien de ce qui concerne la fonction politique, l’esthétique, l’éthique, mais où l’on devient un fanatique appliquant partout les mêmes dogmes, affirmant que la fiction doit soumettre le réel. Le contraire d’une élite éclairée dirige aujourd’hui des peuples qui ont conservé la lanterne de Diogène. La haine des gérants est donc sans limites envers ceux qui rient de leur médiocrité.
Le temps de la mafia
Un véritable membre de l’élite intellectuelle comme Mme Chantal Delsol a bien compris que “le partage mafieux du pouvoir se fait au nom de la démocratie” (p.168). L’honnêteté de sa recherche sur le populisme la conduit à consacrer un chapitre à la différence entre démagogie et populisme, car c’est une facilité des médias que de disqualifier depuis qu’ils ne sont plus capables d’argumenter. Ils ne possèdent ni formation intellectuelle suffisante ni liberté d’agir, depuis que la globalisation les a transformé en affidés des patrons de médias. Peu à peu, l'auteur a pu noter la montée aux extrêmes de la haine des riches, qui ne sont plus que des oligarques, contre le peuple, qui souhaite suivre ses traditions, manifestant en cela l'essence de l’éternité. Elle en déduit que l´”élite” actuelle dans les pays européens préfère tout détruire afin de continuer son business en toute tranquillité. Ils en sont d'ailleurs à l'ultime phase, le changement de peuple par l’immigration brutale et massive.
Conclusion : le temps de l’inhumanité
La connaissance parfaite des origines grecques, la compréhension de cette ouverture au monde à partir d’un lieu, permet à l’auteur de conclure que les maîtres actuels, formatés à l’économie irréelle, débouchent obligatoirement sur le despotisme de la pensée pieuse, la leur étant proclamée représentative de l’humanité. En réalité donc, nous laisse entendre Chantal Delsol, nous avons régressé à la pensée religieuse primitive, dogmatique, pré-politique, pré-scientifique voire pré-logique. les médias surveillent tout le monde afin de dénoncer les infidèles, les hérétiques. Il n’y a plus d’un côté des élites ouvertes au monde et des peuples un peu trop préoccupés de leur singularité de l’autre, mais des trafiquants qui hurlent des slogans prétentieux mais vides car leur seule expérience de l’universel est finalement le bilan des entreprises et la même chambre d’hôtel où ils s’abrutissent, quelque soit le lieu, en calculant les gains de leurs maîtres. Ceux-ci leur paient ici ou là quelques réjouissances car leurs esclaves doivent avoir accès à la seule chose vraiment universelle dont parlait Nietzsche, le cul.
Chantal DELSOL : Populisme. Les demeurés de l’histoire. Ed. du Rocher, 268 p., 2015, 17.90€.
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Ex: http://cerclenonconforme.hautetfort.com
Fanny Truilhé et Mathilde Gibelin, Tour d'Europe
(Les Amis du Livre Européen, 2015)
Enfin nous pouvons lire le récit de ce fameux tour d'Europe à pied! La question sera donc : à quelle place insérerons-nous ce livre, à côté de quels autres ? Je crois que sa place serait dans la catégorie des "livres qui poussent à l'action". Ces derniers sont rares et précieux, et ont donc une place de choix. Dans sa longue formation, tout militant devra digérer les doctrines des uns et des autres, de la philosophie, des réflexions diverses, mais viendra parfois le moment où il recherchera des témoignages pratiques, plus proches de ses réalités quotidiennes, des ouvrages militants.
Si je me suis tout de suite plongé dans la lecture de ce journal de bord, c'est que j'étais intrigué par la démarche en elle-même. Ayant entendu leur témoignage sur l'émission de radio Méridien Zéro, je trouvais que la réappropriation de sa terre par la marche était une idée audacieuse et tout à fait cohérente. Cela me rappela un passage marquant du roman Ravage de René Barjavel : "En une seconde, l'Amérique, tout à l'heure si proche, venait de reprendre sa place ancienne, à l'autre bout du monde. [...] Chacun allait se retrouver dans un univers à la mesure de l'acuité de ses sens naturels, de la longueur de ses membres, de la force de ses muscles."
Car l'Homme en effet, est "la mesure de toute chose" et lire ce journal c'est un peu prendre la mesure de l'Europe grâce à nos deux vagabondes enracinées (le grand paradoxe indo-européen).
Vous verrez qu'au bout de quelques pages, vous aurez peut-être envie de cesser la lecture ou de fermer le livre, non pas parce que la lecture est ennuyeuse, mais poussé(e) par l'envie de vous chausser solidement et d'aller découvrir la nature inexplorée qui vous entoure. Mais attention, on voit ici que nos aventurières sont formées (scouts depuis l'âge de 8 ans) et une telle marche n'est pas envisageable pour tout le monde. Le moindre désagrément peut vite devenir un cauchemar, loin de chez soi, lorsqu'il fait froid, humide, et que la nuit tombe sur le paysage désertique d'un pays inconnu. Chaussures trop petites, individus louches, toutes sortes de choses renversées dans son sac, froid, chaleur, neige, barrière de la langue, agacement vis à vis de l'autre, moustiques (!!!) on n'imagine pas toujours les difficultés qu'une telle aventure peut entraîner. L'écriture sous forme de journal permet de décrire et de transmettre parfaitement le stress et les inquiétudes de ces petits désagréments, mais aussi les joies des bonnes rencontres et des heureuses surprises. Tout au long du récit, vous découvrirez que nos jeunes filles ne se contentent pas d'un simple exploit sportif. Bien entendu, je parle de "simple exploit sportif", car des tours du monde, d'Europe, de France, à pied, à vélo, en stop, des traversés à la nage, ce n'est pas ce qui manque. Ces prouesses sont honorables, et bien que plutôt sportif je m'en sens parfaitement incapable. Ce que je veux dire par là, c'est qu'en plus d'un exploit physique et sportif, les filles ont réalisé un véritable acte politique et spirituel. C'est en cela que la démarche est cohérente et qu'elle n'entre pas du tout dans le cadre de cette société du spectacle et de la performance où l'on voit fleurir toutes sortes de records absurdes.
Au-delà de la marche et des péripéties, le livre nous offre un tas de réflexions, parfois contemplatives, parfois personnelles, ou d'autres liées à notre identité européenne, accompagnées d'un certain nombre de références littéraires. C'est ce qui rend la lecture enrichissante car il m'aurait semblé rébarbatif de lire plus de 200 pages sur comment mettre un pied devant l'autre... Je vous rassure, ici ce n'est pas le cas!
Autre chose, on pourrait se demander, en mauvaise langue, si "elles l'ont vraiment fait". Et bien oui, je crois qu'on peut dire qu'il s'agit d'un vrai tour d'Europe à pied. Même s'il y a quelques étapes en train ou en stop, cela se justifie toujours dans le récit. Donc non, si vous vous posiez la question, elles n'ont pas triché! Alors si 6000 kilomètres à pied vous paraissent encore insurmontables, du moins dans l'avenir proche, vous pourrez toujours lire ce Tour d'Europe préalablement paru en version numérique il y a quelques mois. En plus, les filles (je deviens familier avec elles mais pourtant je ne les connais pas vraiment), nous offrent la liste du matériel utilisé (très pratique si l'idée germe en vous) et un cahier photo très sympathique qui permet une immersion encore plus forte dans cette aventure.
Franck / C.N.C.
Note du C.N.C.: Toute reproduction éventuelle de ce contenu doit mentionner la source
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par Georges Feltin-Tracol
Ex: http://www.polemia.com
Les auteurs s’intéressent à la genèse récente du projet hégémonique des États-Unis. Ils rappellent que, sous la présidence de Bill « Tacheur de robe » Clinton (1993 – 2001), des intellectuels préparaient la domination mondiale de leur pays à travers le Project for a New American Century. Ce programme ambitieux parvint à regrouper « conservateurs réalistes », mondialistes patentés et néo-conservateurs malgré des tensions inhérentes incessantes. Au sein du néo-conservatisme même, le collectif relève que « la base militante […] était à l’origine composée de trois groupes dont les valeurs ne sont pas totalement compatibles, et dont les intérêts divergent largement : le “ big business ”, les milieux pro-Israël, la “ moral majority ” (p. 26) ».
Sommes-nous en présence d’une « entente idéologique » factuelle qui œuvre à la suprématie planétaire de Washington ? Oui, mais sans chef d’orchestre patenté puisqu’il s’y concurrence et s’y affronte divers clivages, d’où les ambiguïtés intrinsèques du « conservatisme étatsunien » au début du XXIe siècle. Le collectif prend pour preuve les études de Samuel Huntington. Son « choc des civilisations » était au départ un article répondant à la thèse de Francis Fukuyama sur la fin de l’histoire et le triomphe final du libéralisme. Certes, Huntington y exprimait une vision étatsunienne du monde en distinguant l’Occident euro-atlantique d’une civilisation européenne orthodoxe et en niant toute particularité à l’Europe. Pourtant, même si son thème du « choc des civilisations » va être instrumentalisé au profit du mondialisme yanqui conquérant, Huntington comprit ensuite, dans son dernier essai, Qui sommes-nous ?, que le « choc des civilisations » atteignait les fondements des États-Unis avec une lente « latino-américanisation » de sa patrie…
Les méandres du pouvoir réel à Washington
Les interventions militaires en Afghanistan (2002) et en Irak (2003) marquent l’apogée du néo-conservatisme et donc le début de son déclin à l’intérieur de la « coalition » dominante. « La fracture entre néo-conservateurs d’une part, mondialistes et conservateurs réalistes d’autre part, continue à perdurer, mais désormais, ce sont à nouveau les conservateurs réalistes qui mènent la danse, ayant récupéré le soutien clair et fort des milieux mondialistes (p. 63). » Par ailleurs, le plan « néo-con » a échoué auprès de la population U.S. qui réagit maintenant par le phénomène du Tea Party. Cette nébuleuse mouvementiste présente de fortes inclinations libertariennes et isolationnistes (mais pas toujours !).
Avec ce retour au réel géopolitique, on assiste au regain d’influence de Zbigniew Kazimierz Brzezinski – que les auteurs désignent par ses initiales Z.K.B. -, qui est probablement le plus talentueux penseur géopolitique des États-Unis vivant. Bien que démocrate, ce conservateur réaliste s’active en faveur d’« un ordre mondial aussi unifié que possible, au sein duquel les élites anglo-saxonnes sont prédominantes (p. 47) ». Z.K.B. réactualise de la sorte les vieux desseins de Cecil Rhodes, de la Fabian Society et de l’« Anglosphère » en partie matérialisée par le système Échelon. Ainsi, « l’objectif de la conquête de l’Asie centrale doit être, selon Z.K.B., d’assurer la victoire non de l’Amérique proprement dite, mais plutôt celle d’un Nouvel Ordre Mondial entièrement dominé par les grandes entreprises multinationales (occidentales principalement). Le Grand Échiquier se présente d’ailleurs comme un véritable hymne aux instances gouvernantes du mondialisme économique (Banque mondiale, F.M.I.). Z.K.B. est le premier patriote du Richistan – un pays en surplomb de tous les autres, où ne vivent que les très, très riches (p. 49) ».
Faut-il ensuite s’étonner d’y rencontrer le chantre des « sociétés ouvertes », le co-directeur de la célèbre O.N.G. bien-pensante Human Rights Watch et l’instigateur occulte des révolutions colorées, Georges Soros ? Il soutient de ses deniers « l’Open Society Fund […qui] est destiné officiellement à “ ouvrir des sociétés fermées ” (en clair : empêcher les États de réguler l’activité des grands prédateurs financiers mondialisés) (p. 55) ». Le collectif évoque une « méthode Soros » qui consiste à « semer le chaos souterrainement pour proposer ensuite la médiation qui rétablit l’ordre (p. 82) ». Il n’y a pourtant ni complot, ni conspiration de la part d’un nouveau S.P.E.C.T.R.E. cher à Ian Fleming et à son héros James Bond…
En analysant la production éditoriale d’outre-Atlantique, les auteurs observent néanmoins une nette « difficulté de la coordination entre le tendances de l’oligarchie fédérée U.S. – une oligarchie qui ne parvient à surmonter son incohérence que par la fuite en avant (p. 77) ». En effet, les différentes tendances de la « coalition hégémoniste » veulent d’abord défendre leurs propres intérêts. Ils rappellent en outre l’importance du lobby israélien aux États-Unis, groupe d’influence qui ne se recoupe pas avec l’emprise de la communauté juive sur le pays. Ils signalent aussi les liens très étroits tissés entre le Mossad et la C.I.A. au point que « la coopération entre les deux appareils de renseignement va si loin qu’on peut parler d’intégration mutuelle (p. 70) ». Via l’A.I.P.A.C. (American Israel Public Affairs Committee) et d’autres cénacles spécialisés dont l’Anti Defamation League, « spécialisée dans le harcèlement des opposants. Elle utilise très largement l’accusation d’antisémitisme et, d’une manière générale, promeut un “ souvenir ” de la Shoah qui ressemble à s’y méprendre à une stratégie d’ingénierie des perceptions visant à développer, dans la population juive, le syndrome de Massada (p. 67) », Israël est bien défendu outre-Atlantique. Or la diplomatie de la canonnière néo-conservatrice des années 2000, en chassant du pouvoir les Talibans et Saddam Hussein, a favorisé l’Iran et affaibli les soutiens arabes traditionnels des États-Unis (Égypte, Arabie Saoudite, Jordanie). Prenant acte de cette nouvelle donne non souhaitée, « il y aurait donc renversement d’alliance latent entre W.A.S.P. conservateurs réalistes de l’appareil d’État U.S., mondialistes financés par la haute finance londonienne et lobby pro-israélien néoconservateur, avec Z.K.B., le mondialiste réaliste, en médiateur (pp. 64 – 65).»
L’heure du « médiaterrorisme »
Il ne faut surtout pas se méprendre : ces conflits internes, inévitables, n’empêchent pas l’unité en cas de nécessité ou de but commun. Par ailleurs, cette « entente » emploie avec aisance le mensonge, la désinformation, l’intox et le truquage qui « est l’imprégnation progressive de la cible (p. 17) ». L’hyper-classe étatsunienne pratique une nouvelle forme de guerre : la guerre de quatrième génération (G4G). « Faisant suite à la guerre des masses en armes, à celle de la puissance de feu et à la Blitzkrieg, cette quatrième génération est définie comme la guerre de l’information, impliquant des populations entières dans tous les domaines (politique, économique, social et culturel). L’objectif de cette guerre est le système mental collectif de l’adversaire. Et par conséquent, le mental des individus qui composent sa collectivité (pp. 13 – 14). »
Selon les circonstances et les modalités d’emploi, cette G4G s’utilise diversement. « Le terrorisme est un moyen, pour un pouvoir occulte, de conserver le contrôle soit en éliminant un adversaire (instrumentalisation de l’assassin politique), soit en perturbant un processus sociopolitique (stratégie de la tension), soit en poussant un groupe assimilable à l’ennemi à commettre un acte odieux (stratégie du renversement des rôles, l’agresseur réel se faisant passer pour l’agressé – cas le plus célèbre : la conspiration des poudres, dès le XVIIe siècle, en Angleterre) (p. 106). » Les États-Unis ne sont pas en reste dans l’application régulière de cette tactique, de l’explosion de leur navire, U.S.S. Maine, dans la rade du port espagnol de La Havane en 1898 au 11 septembre 2001 en passant par le transport clandestin d’armes pour les Britanniques dans les soutes des navires neutres – dont le Lusitania – coulés entre 1915 et 1917 et l’attaque de Pearl Harbor, le 7 décembre 1941, après avoir imposé un blocus pétrolier contre le Japon et décrypter dès 1936 les codes secrets nippons… Cessons d’être naïfs ! Comme l’avait déjà bien perçu le situationniste italien Censor (1), « la manipulation du terrorisme, voire sa fabrication, est une vieille stratégie de l’oligarchie américano-britannique. Quelques exemples : Giuseppe Mazzini, au service de l’Empire britannique, pour déstabiliser l’Autriche; ou encore l’instrumentalisation notoire de la Rote Armee Fraktion par les services anglo-américains; ou encore l’instrumentalisation des Brigades Rouges par les services U.S. pour se débarrasser d’Aldo Moro, qui voulait associer le P.C. italien au gouvernement démocrate-chrétien (p. 105) ». N’oublions pas le financement et l’entraînement d’Oussama Ben Laden et d’Al-Qaïda par la C.I.A. ou bien le téléguidage de certains éléments des Groupes islamiques armés algériens par quelques agents anglo-saxons en mission commandée contre les intérêts français en Afrique du Nord, au Sahara et au Sahel…
Le terrorisme se voit compléter par l’arme médiatique. « Aux U.S.A., le storytelling est en train de devenir non seulement une méthode de gouvernement (ce qu’il était depuis longtemps), mais le gouvernement lui-même, l’acte de gouverner. La révolution amorcée pendant le Watergate vient de s’achever : désormais, la gestion de la communication est au centre de l’acte de gouverner, elle n’est plus chargée d’accompagner l’action politique, elle est l’action politique. Désormais, la politique est l’art de parler non du pays réel, mais de l’imaginaire (pp. 99 – 100, souligné par les auteurs). » Le collectif expose ensuite des cas flagrants de « médiaterrorisme » à partir des exemples irakien, afghan et iranien.
Et là encore, les auteurs apportent un tiers point de vue. Pour eux, « que l’Irak ait possédé des armes de destruction massive ne fait aucun doute, et les Anglo-Américains étaient bien placés pour le savoir : pour l’essentiel, c’est eux qui avaient fourni ces armes à Saddam Hussein. […] Il est possible qu’en franchissant la ligne séparant armes chimiques et armes bactériologiques, Saddam ait outrepassé les autorisations de ses soutiens occidentaux (pp. 91 – 92) », d’où les rétorsions financières, l’incitation suggérée par Washington de s’emparer du Koweït, la guerre du Golfe, le blocus et l’invasion de l’Irak par les gars de Bush fils.
Quant à la situation iranienne, il est clair que « l’Iran inquiète les Américains précisément parce qu’il est en train de réussir ce que les payas arabes sunnites échouent à accomplir : définir une voie musulmane vers la modernité. Les Iraniens sont en train d’entrer dans l’ère du progrès technologique sans pour autant s’occidentaliser en profondeur. La société iranienne se libère, mais pas pour s’américaniser. Téhéran menace de briser l’alternative piégée où l’Occident a jusqu’ici enfermé le monde musulman : s’occidentaliser ou végéter dans l’arriération (p. 121) ». Bref, « l’Iran est un pays musulman qui a des ambitions… et les moyens de ses ambitions (p. 123) ».
Les auteurs dénoncent le détournement médiatique par les Occidentaux des propos du président Ahmadinejad qui n’a jamais parlé de rayer Israël de la carte ! On nuancera en revanche leur appréciation convenue quand ils estiment que « l’Iran n’est pas une démocratie au sens où les pays occidentaux sont démocratiques [sic ! Nos États occidentaux sont-ils vraiment démocratiques ?], mais c’est un État de droit, où le peuple est consulté régulièrement, à défaut d’être reconnu comme pleinement souverain (p. 131) ». Comme si les électeurs français, britanniques, allemands ou espagnols étaient, eux, pleinement souverains ! La Grasse Presse a orchestré un formidable tintamarre autour de la magnifique réélection en juin 2009 d’Ahmadinejad comme elle déplore l’extraordinaire succès populaire du président Loukachenko au Bélarus le 19 décembre 2010. En fait, les premiers tours des présidentielles iranienne et bélarussienne sont plus justes, conformes et légitimes que l’élection de Bush fils en 2000 ou le second tour de la présidentielle française de 2002 ! Ce n’était pas en Iran ou au Bélarus que se déchaînèrent télés serviles et radios soumises aux ordres contre le candidat-surprise du 21 avril !
On aura compris que, dans cette perspective, « avec la G4G, l’armée des U.S.A. avoue donc qu’elle est l’armée du capitalisme globalisé, et que son arme principale est le marketing. Fondamentalement, dans l’esprit de ses promoteurs, la G4G est la guerre de contre-insurrection d’une armée d’occupation planétaire à la solde du capital (p. 14) ».
Un champ de bataille parmi d’autres…
Et la France ? Craignant « le conflit métalocal, c’est-à-dire à la fois totalement local et totalement mondial (p. 8, souligné par les auteurs) » et pensant que « le retour des nations n’est donc pas forcément celui des États-nations : seuls les États-nations cohérents sous l’angle culturel seront cohérents sous l’angle national (p. 37) ». L’État-nation est-il encore un concept pertinent avec une population de plus en plus hétérogène sur les plans ethnique, religieux et cognitif ? Le sort de France préoccupent les auteurs qui insistent fortement sur l’acuité de la question sociale. Ils notent que les fractures françaises deviennent de très larges béances. Ils décèlent dans ce contexte d’angoisse sociale les premières manœuvres de la G4G. « La guerre civile visible, entre groupes au sein de la population, constitue un terrain propice à la conduite souterraine d’une autre guerre, qui l’encourage et l’instrumentalise, c’est-à-dire la guerre des classes dirigeantes contre les peuples. Par ailleurs, avec le trafic de drogues, on a précisément un exemple de contrôle exercé par des forces supérieures sur les quartiers “ ethniques ”. D’où l’inévitable question ? : et où, derrière la constitution en France de “ zones de non-droit ”, il y avait, plus généralement, une stratégie de déstabilisation latente, constitutive du pouvoir de ceux qui peuvent déstabiliser ? (p. 145, souligné par les auteurs). » La G4G emploie des leurres et des simulacres. « Le simulacre, c’est le choc des “ civilisations ”, c’est-à-dire l’affrontement des peuples et familles de peuples. La réalité, c’est le conflit entre le haut et le bas de la structure sociale, et parfois la recherche d’une entente horizontale entre les composantes du haut de cette structure. Le simulacre, c’est presque exactement l’inverse : conflit obligé entre les structures sur une base civilisationnelle, recherche de l’entente verticale au sein de chacune d’elle (p. 152). » Attention toutefois à ne pas tomber dans le piège réductionniste et à se focaliser sur un seul problème comme l’islamisation par exemple. Les auteurs prennent bien soin de ne pas nier les chocs de civilisations qui parcourent l’histoire. Ils se refusent en revanche d’entériner tant sa version néo-conservatrice que dans sa variante angélique. « Énoncer, par exemple, qu’il n’existerait pas d’antagonisme entre populations d’origine européenne et populations d’origine extra-européenne en France serait non seulement dire une contre-vérité manifeste (et se décrédibiliser), mais encore s’inscrire dans la grille de lecture de l’adversaire, qui veut que la question de l’antagonisme soit placé au centre du débat (p. 153). »
Au bord de l’explosion générale, l’Hexagone se retrouve au centre d’une imbrication de luttes d’influence variées. « Les tensions observées en France ne peuvent se comprendre indépendamment de l’action des réseaux d’influence géopolitiques. On citera en particulier l’action des réseaux F.L.N. au sein de la population d’origine algérienne, le poids de l’islam marocain au sein de l’islam “ de France ”, l’influence certaine des services israéliens (Mossad) au sein de la population juive, à quoi il faut sans doute ajouter des influences construites par les services U.S. (pp. 141 – 142) (2) ». Écrit avant la publication des documents diplomatiques par WikiLeaks, les rapports secrets du département d’État des États-Unis prouvent l’incroyable sape des services yankees auprès des médias hexagonaux, du microcosme germano-pratin et dans les banlieues. Sur ce dernier point, Luc Bronner rapporte que « les Américains rappellent la nécessité de “ discrétion ” et de “ tact ” pour mettre en œuvre leur politique de soutien en faveur des minorités (3) ». L’objectif de Washington demeure d’éliminer une puissance gênante… Loin d’être des combattants de l’islam radical, la racaille des périphéries urbaines est plutôt l’auxiliaire zélé de l’américanisme globalitaire ! Ils en ignorent ses richesses métaphysiques et les expériences soufies et singent plutôt les Gangasta Rap yankees : on peut les qualifier sans erreur d’« Islaméricains ».
Que faire alors ? « La réponse adaptée à la guerre de quatrième génération, c’est la guerre de cinquième génération : la guerre faite pour préserver la structure générale du sens (p. 154) », soit élaborer une métapolitique liée au militantisme de terrain sans portée électorale immédiate. Et puis, ajoutent-ils, « fondamentalement, il faut faire un travail de formation (p. 154) ». Que fleurissent mille séminaires discrets d’où écloront les rébellions française et européenne ! Que se développe un ordonnancement réticulaire, polymorphe et viral des milieux de la dissidence régionale, nationale et continentale ! L’heure des hommes providentiels et des sauveurs suprêmes est révolu ! Dorénavant, l’impersonalité active doit être un impératif pour tous les militants ! Choc et Simulacre nous aide dans la juste compréhension des enjeux actuels.
Georges Feltin-Tracol
Europe maxima
Notes :
Correspondance Polémia – 30/01/2011
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Le divin Chesterton, de François Rivière
par Francis Richard
Ex: http://www.francisrichard.net
Le divin Chesterton est la première biographie écrite en français de Gilbert Keith Chesterton (1874-1936), G.K.S., universellement connu des amateurs de romans policiers à énigme. Ce fanatique de littérature policière est en effet le créateur du célèbre père Brown, un curé détective qui mène l'enquête...
G.K.S. n'est évidemment pas seulement l'auteur des aventures du père Brown, même si ce sont les aventures de ce détective en soutane qui l'ont définitivement rendu célèbre. Il a en effet une centaine d'ouvrages à son compteur et parle même du n°999 des livres qu'il n'a jamais écrits dans son... Autobiographie.
Cette biographie en français, qui ne correspond à la commémoration d'aucun anniversaire, est la bienvenue pour découvrir ou redécouvrir l'oeuvre de ce polygraphe hyper-actif et dessinateur précoce et talentueux: le livre de François Rivière reproduit d'ailleurs des illustrations originales de l'Anglais.
Enfant, Gilbert aime la fiction merveilleuse. Elle "sert d'antidote aux monstres cauchemardesques qui l'empêchent souvent de dormir mais qu'il tente d'exorciser avec ses dessins." Aussi, avant de lire Walter Scott, Thackeray et Dickens, aura-t-il lu MacDonald, Charles Kingsley et Barrie.
A ses qualités précoces de lecteur impénitent et de dessinateur - c'est surtout un excellent caricaturiste -, il faut ajouter celles, tout aussi précoces, de poète et de débatteur - il aime les joutes verbales où, avec sa voix haut perchée, il fait preuve d'humour, manie l'ironie, cultive le paradoxe et exerce son sens de la répartie.
Jeune homme, il est journaliste. Dans la presse, il pourfend les idées reçues et s'en prend notamment à celles de George Bernard Shaw et de H.G. Wells, membres très actifs de la "Société fabienne, dont naîtra un jour le Parti travailliste", incompatibles avec son "sens de l'émerveillement qui sert de socle à la spiritualité et au nonsense".
Pour Chesterton, Shaw, Wells, ou encore Kipling, sont des hérétiques. "Un hérétique est un homme dont la vision des choses a l'impudence de différer de la mienne", définit-il, avec humour. Le fait est que leur vision diffère de la sienne: le premier est un socialiste athée, le deuxième un utopiste immodeste et le troisième un cosmopolite portant l'uniforme.
Une rencontre va être déterminante, celle avec le père John O'Connor: il va faire de lui le "confident de ses préoccupations les plus intimes" et ce prêtre ne sera pas pour rien dans sa conversion au catholicisme. Lequel correspond davantage que l'anglicanisme à son rejet du déterminisme, qu'il oppose à la vérité transcendante.
Chesterton va, à l'évidence, s'inspirer du père O'Connor pour créer son personnage du père Brown, "un détective d'un genre nouveau, héros d'une fiction associant passion littéraire déplorable au regard de la gent cultivée (ou supposée telle) à l'essence même de sa réflexion métaphysique".
Certes Chesterton peut paraître excentrique, et il l'est, mais il est aussi très cultivé, très brillant. Son physique de géant, binoclard et obèse, grand buveur de vin et de bière devant l'Eternel, est un démenti apporté à la subtilité de ses raisonnements et de son style.
Comme nobody is perfect, Chesterton sera adepte de l'utopique troisième voie du distributisme, "un système s'opposant à la fois au capitalisme et au socialisme et prônant une économie fondée sur la petite propriété, avec un retour à la paysannerie et à l'artisanat", dont cet anti-moderne, hostile au progrès technique, a la nostalgie.
Kafka ne sera pas le seul à lire et à louer Chesterton. Citons parmi ses contemporains, Shaw et Wells, qu'il a pourtant souvent pris pour cibles, et, parmi des auteurs de romans policiers plus jeunes que lui, Agatha Christie, Dorothy Sayers ou John Dickson Carr.
Jorge Luis Borges dresse ce portrait perspicace de Chesterton, qu'il appelle son maître:
"Il aurait pu être Kafka ou Poe mais, courageusement, il opta pour le bonheur, du moins feignit-il de l'avoir trouvé. De la foi anglicane, il passa à la foi catholique, fondée, selon lui, sur le bon sens. Il avança que la singularité de cette foi s'ajuste à celle de l'univers comme la forme étrange d'une clé s'ajuste exactement à la forme étrange de la serrure."
Francis Richard
Le divin Chesterton, François Rivière, 224 pages, Rivages
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Le temps d’Antigone, d’Eric Werner
"Certaines grandes oeuvres de la littérature occidentale ont pénétré l'inconscient collectif au point de s'y imprimer durablement, au point d'y prendre racine, contribuant par là même à faire de nous ce que nous sommes." écrit Eric Werner dans son essai, Le temps d'Antigone.
Au nombre de ces oeuvres, il y a justement l'Antigone de Sophocle: "Tout le monde, naturellement, n'est pas amené à devenir Antigone. Mais cette possibilité-là (devenir Antigone) est inscrite en nous, nous n'avons donc pas à l'inventer, tout au plus, peut-être, à la (re)découvrir, à l'exhumer."
Alors Eric Werner (re)découvre, exhume cette oeuvre mythique. Et il faut reconnaître que sa (re)découverte, son exhumation, la fait apparaître sous un jour on ne peut plus moderne. Quoi de neuf? Sophocle, vingt-cinq siècles plus tard...
On sait (ou on ne sait pas) que, dans cette pièce Créon s'oppose à ce que soit donnée une sépulture à Polynice qui s'est mis du côté des envahisseurs de Thèbes: celui qui contreviendra à cette loi sera puni de mort.
Antigone brave l'interdit de Créon, parce que cette loi personnelle s'oppose aux lois non écrites et inébranlables des dieux, lois qui "ne datent ni d'aujourd'hui, ni d'hier", qui sont "éternelles". Ce qui fait penser inévitablement à ces innombrables lois humaines fabriquées au gré des circonstances, et qui s'opposent aux droits naturels...
Selon Eric Werner la phrase peut-être la plus importante de la pièce est celle que dit le choeur au tout début: "Les combats d'hier sont finis; il faut les oublier." Ce que, justement, Créon ne veut pas. Il veut aller jusqu'au bout de sa vengeance, quitte à offenser les dieux, quitte à en assumer les conséquences funestes.
Antigone est une pièce sur la guerre et sur les limites à lui donner: Créon ne veut pas admettre qu'il y ait des limites à la guerre et il refuse cette première limite à la guerre qu'est le respect dû aux morts, que les dieux commandent, fussent-ils des ennemis. Cette absence de limites est caractéristique de sa démesure, de
De prime abord Créon et Antigone semblent, l'un comme l'autre, n'écouter qu'eux-mêmes, mais, en réalité, Antigone se distingue de Créon, parce qu'elle écoute en elle quelqu'un d'autre que les autres. Ce quelqu'un d'autre, Eric Werner l'appelle Dieu, et ce "n'est pas une instance externe, mais bien interne", contrairement à la représentation usuelle.
Pour Eric Werner, Sophocle appartient au camp humaniste - "il croit en l'homme, il a confiance en l'homme" -, mais "il est nécessaire, dans l'intérêt même de l'humain, que l'humain s'articule au divin, car, à défaut, l'humain a toute chance de virer à l'inhumain". Antigone personnifie ce dépassement de l'opposition entre raison et religion.
Pour Sophocle, qui doit beaucoup à Héraclite, l'homme est un être en mouvement, ce qui est bien. Ce qui le met en mouvement, ce sont ses affects, "l'amour, l'espoir, le plaisir pris à l'audace", mais pour que cette autonomie conduise à choisir le bon chemin, comme Antigone, il faut qu'elle adhère aux lois non écrites, sinon elle conduit à errer, comme Créon.
Dans Antigone, trois personnages sont des archétypes: Créon, ou l'autonomie sans Dieu, Tirésias, ou Dieu sans l'autonomie, et . Ce sont des archétypes qui se retrouveront plus tard dans la parabole évangélique du fils prodigue, où les deux fils représentent deux extrêmes, Dieu sans l'autonomie pour l'aîné et
Une autre façon de décrire ces trois possibilités d'autonomie est de dire que le progressiste est l'impie qui recherche le mouvement pour le mouvement, le traditionaliste le pieux qui s'oppose à tout mouvement, et le défenseur du mouvement respectueux des lois non écrites celui qui, de fait, défend la civilisation, où se réconcilie deinotès et justice des dieux.
Ces grandes lignes de l'essai d'Eric Werner sont bien sûr réductrices des raisonnements qui le sous-tendent, dont certains lui sont propres et dont d'autres s'appuient, de manière critique, par exemple sur l'autre pièce de Sophocle, où ne subsistent plus que les deux premiers archétypes; ou sur les réflexions de Georges Steiner dans son livre Les Antigones; ou sur les points de vue opposés d'Ernst Jünger et de Martin Heidegger.
Selon Eric Werner, au XXe siècle, nous serions entrés dans la post-civilisation, dans une ère de démesure. Les hommes auraient fini par succomber à leur tentation innée de la démesure, qui serait devenue idéologique et avancerait masquée. Et les Antigones - "il y a bien des manières d'être Antigone" - seraient "le petit nombre"...
Eric Werner fait sienne la vision de Naomi Klein qui, "dans le contexte de l'après-guerre froide et du redéploiement néolibéral consécutif à la chute du mur de Berlin" parle de "capitalisme du désastre" - "qu'on pourrait aussi qualifier de jusqu'au-boutiste", qui se caractériserait par l'élimination "de tout ce qui ferait obstacle aux lois du marché", et où le mouvement pour le mouvement prendrait "la forme de la croissance pour la croissance".
Il est dommage qu'Eric Werner fasse sienne une telle vision caricaturale, idéologique. Car peut-on encore parler de libéralisme dans ce qu'il décrit, et même de capitalisme? Quand il reproche à Heidegger d'avoir "un problème de noms" - pour Heidegger, "la dikè [la Justice] n'est que l'autre nom de l'hybris [la démesure]" - ne peut-on pas lui faire un reproche analogue?
Le libéralisme authentique ne repose-t-il pas sur les postulats fondateurs que sont:
- la liberté des échanges, de la concurrence et du travail (ce qui suppose le respect des contrats);
- la non-intervention de l'État limité dans l'activité économique (tout le contraire de ce qui se passe aujourd'hui où l'État démesuré ne connaît plus de limites);
- la primauté de la propriété privée (y compris la propriété de soi, ce qui suppose la non-agression physique et matérielle) et de la responsabilité individuelle (ce qui suppose de réparer les dommages commis à autrui);
c'est-à-dire sur autant de limites, de règles de bonne conduite pour reprendre l'expression de Friedrich Hayek?
Mario Vargas Llosa ne dit-il pas que le terme de néolibéralisme a été "conçu pour dévaluer sémantiquement la doctrine du libéralisme"?
Francis Richard
Le temps d'Antigone, Eric Werner, 160 pages, Xenia (à paraître)
Publication commune Lesobservateurs.ch et Le blog de Francis Richard
Livres précédents chez le même éditeur:
Portrait d'Eric (2011)
De l'extermination (2013)
Une heure avec Proust (2013)
L'avant-guerre civile (2015)
00:08 Publié dans Livre, Livre, Philosophie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : livre, philosophie, mythe d'antigone, antigone, eric werner | |
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¿Quienes fueron Ayn Rand y Leo Strauss?
¿Qué relaciones existen entre estos dos filósofos, el sionismo y el Nuevo Orden Mundial?
¿Quienes son los dioses y los tiranos en el capitalimo?
¿Conoces la teoría de la 'guerra permanente'?
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En esta obra se analiza un aspecto puntual del asalto a la cultura occidental realizado desde el capitalismo a lo largo del pasado siglo, como es el de las corrientes ideológicas que mueven el sistema norteamericano, que ha puesto de manifiesto que esta concepción de la existencia representa el mayor desafío que se ha planteado nunca a la supervivencia de Europa como civilización. El estudio de esta ofensiva cultural contra el alma europea, nos conduce directamente, una vez más, a la caja torácica que contiene el corazón del capitalismo: los Estados Unidos.
El pensamiento anarcocapitalista de Ayn Rand junto con el pensamiento neoconservador de Leo Strauss y los herederos políticos de ambos, han intentado en la recta final del siglo pasado y lo transcurrido del presente, afrontar la crisis histórica de la nación ‘elegida por Dios’, como campeones intelectuales del capitalismo, luchando por mantener a cualquier precio su hegemonía mundial. Y lo han hecho, una, como la mano izquierda, y el otro, como la mano derecha del Leviatán capitalista.
P.V.P.: 14,50 €
(gastos de envío incluidos para España peninsular)
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Contacto: info@editorialeas.com
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