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dimanche, 08 février 2009

Nae Ionescu: Abriss seines Lebens und Werkes

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Dora Mezdrea
NAE IONESCU
Abriß seines Lebens und Werkes

Mit einem Beitrag von Mircea Eliade
ca. 300 Seiten, Br.
zahlreiche Fotos
ISBN 978 3 85418 120 0
EUR 26,-- / CHF 45,--

Nae Ionescu (gest. 1940) war einer der einflußreichsten rumänischen Intellektuellen der Zwischenkriegszeit des vorigen Jahrhundert. Nach einem Studium der Mathematik und Philosophie in Bukarest und München war er Professor an der Bukarester Universität und Herausgeber der zeitweilig verbotenen Tageszeitung Cuvantul. Er war Logiker, Philosoph, orthodoxer Theologe und charismatischer Universitätslehrer. Auch durch seine Schüler Eliade, Cioran, Ionesco und Sebastian übte er nicht nur einen dominanten Einfluß auf das gesamte rumänische Geistesleben, sondern auch indirekt auf die westliche Kultur aus. Als Nationalist beeinflußte er auch die Eiserne Garde, der er, wie die Autorin nachweist, aber niemals angehörte. Das Buch ist für das Verständnis der ostmitteleuropäischen Geistesgeschichte und ihrer politischen Implikationen unentbehrlich.

Dora Mezdrea hat sich durch ihre vierbändige Ionescu-Biographie als Spezialistin ausgewiesen. Das vorliegende Werk, von Erwin Hellmann ins Deutsche übertragen, wurde eigens für unseren Verlag verfaßt. Frau Mezdrea arbeitet am Literaturmuseum Bukarest.

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jeudi, 22 janvier 2009

Klassische Antike und amerikanische Identitätskonstruktion

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Dennis Hannemann
Klassische Antike und amerikanische Identitätskonstruktion
Untersuchungen zu Festreden der Revolutionszeit und der frühen Republik 1770-1815
2008, 263 Seiten, kart., EUR 34.90 / CHF 49.90
ISBN: 978-3-506-76491-1

Für die Konstitution des amerikanischen Selbstverständnisses im späten 18. und frühen 19. Jahrhundert spielten Griechenland und Rom eine bedeutsame Rolle. Inwieweit sich die junge Nation vor dem Horizont antiker Modelle politisch wie historisch zu verorten versuchte, offenbart gerade das Genre der Festreden (u. a. Fourth of July- und Washington-Gedenkreden), denen aufgrund ihrer Einbettung in eine kollektive Festkultur eine zentrale Funktion für die Identitätsstiftung zufällt. Dieses Genre wird hier erstmals systematisch aus rhetorischer und rezeptionsgeschichtlicher Perspektive untersucht.

 

Dabei treten zwei Verfahren der Vereinnahmung antiker Wissensbestände zutage. Während der exemplarische Antikerekurs genutzt wird, ein republikanisches Wertesystem zu vermitteln, dient der typologische Antikerekurs dazu, Amerika zur Erbin einer von der Antike kommenden Ziviltradition zu stilisieren. Die Festreden reflektieren zugleich zeitgenössische Geschichtsauffassungen, insofern sie das historia magistra vitae-Konzept und die progressive Geschichtsdeutung miteinander verknüpfen.

 

vendredi, 12 décembre 2008

L'Age de Caïn

L’Age de Caïn
JEAN-PIERRE ABEL
342 pages  ; 14,5 x 20.

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L’AGE DE CAÏN

Premier témoignage sur les dessous
De la libération à Paris.

UN AUTRE SON DE CLOCHE. Oui, c’est un autre son de cloche que nous vous proposons avec cet ouvrage, un autre son de cloche sur « la libération » qui a suivi la seconde guerre mondiale, et toutes les festivités et les joyeusetés qui l’accompagnèrent. Car il paraît que le peuple de France ne peut s’émouvoir et ne célébrer dans son histoire  – d’après ceux qui la rédigent et qui l’imposent aujourd’hui – que les grands massacres, les grands massacres fondés sur la haine de quelque chose qu’il faut faire disparaître pour pouvoir exister. Mais si les tueries de la « révolution » sont encore chantées, celles qui ont accompagné et suivi «  la libération » sont savamment occultées – n’ont pas que l’on en ait honte, mais plutôt que l’on ait honte qu’il y eut de tels Français qu’il fallut éliminer, la bonne excuse. Précieux témoignage que cet ouvrage, donc. Il faut signaler qu’il n’a jamais été contesté, et que les noms et les événements qui y sont décrits le sont d’une manière très précise qui ne prête pas à confusion. Signalons toutefois que l’encyclopédie trotskyste en ligne « wikipedia » se permet d’informer  ceux  qui  la  consultent  de  la façon suivante : En 1948, Abel rédige le récit de sa détention (L'Âge de Caïn) où il critique sévèrement les méthodes employées par la les forces de la libération envers les détenus. Il s'attaque à ce qu'il juge être de l'épuration "sauvage". Cet ouvrage est toutefois suspect de révisionnisme et compte parmi le répertoire des textes dont se revendiquent aujourd'hui les négationnistes  La belle affaire !

Car ce sont bien des dizaines de milliers de Français qui, à travers la France, furent sommairement exécutés, la plupart parfaitement innocents de ce qu’on leur reprochait, ou, plus directement, victimes de règlements de compte ; sans parler de tous ceux qui furent plus simplement incarcérés et torturés (…, car le ministère de l'intérieur, officieusement, donne des chiffres qui varient entre 80.000 et 100.000 exécutions sommaires. Citation d’une note de l’ouvrage).

Quant à l’auteur de l’ouvrage, qui est-il ? Le livre est signé Jean-Pierre Abel, mais ce n’est là qu’un pseudonyme qui fait référence au titre L’âge de Caïn.  Lisons à son sujet ce qu’en dit le site internet de bibliothèque en ligne « Aaargh » : Quelques précisions : Jean-Pierre Abel est en fait René Château. Elève d'Alain, Proche de Gaston Bergery, radical-socialiste et fondateur de la Ligue de la Pensée Française en 1940, directeur jusqu'en 1943 de La France Socialiste, quotidien de Déat. Il a été arrêté le 30 août 1944 comme collaborateur notoire et détenu à l'Institut d'hygiène dentaire et de stomatologie 158, avenue de la Choisy, pendant soixante seize jours. Cet immeuble fut réquisitionné dès la libération et transformé en centre de détention de collaborateurs par des FFI qui s'étaient arrogé le droit de rendre leur propre justice. Robert Aron, dans son Histoire de l'épuration, raconte que cent cinquante personnes, environ, y ont été emprisonnées (dont l'ancien député socialiste L'Hévéder dont il est question dans le texte) en dehors de toute légalité. Certaines furent fusillées dans l'enceinte de l'institut, d'autres furent repêchées dans la Seine. La Préfecture de police, avertie de ces faits, tenta d'y pénétrer mais accueillis à coups de mitraillette, les policiers reculèrent pour éviter un massacre. Le préfet de police Charles Luizet chargea le colonel FFI Aron-Brunetière, chef du 2ème bureau, de faire procéder à la fermeture de l'institut et des autres centres de détention (le lycée Janson de Sailly, la caserne de Reuilly, la mairie du 18ème arrondissement, l'hôtel du Dôme rue Léopold Robert ...). Les détenus, au nombre de 1500 environ, furent transférés à la prison de Fresnes où après un premier interrogatoire, 800 d'entre eux furent immédiatement libérés.

 

26 euros + 5 euros de port.

mercredi, 03 décembre 2008

La double pensée

La double pensée

ex: http://metapoinfos.hautetfort.com/

Un inédit de Jean-Claude Michéa, intitulé La double pensée et composé par plusieurs entretiens et textes indépendants, sort dans la collection Champs Flammarion au mois d'octobre.

On notera que la "nouvelle droite" est citée dès la première du livre comme l'"inventeur" de l'expression "la pensée unique" !

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"Le libéralisme est, fondamentalement, une pensée double: apologie de l'économie de marché, d'un côté, de l'Etat de droit et de la "libération des mœurs" de l'autre. Mais, depuis George Orwell, la double pressée désigne aussi ce mode de fonctionnement psychologique singulier, fondé sur le mensonge à soi-même, qui permet à l'intellectuel totalitaire de soutenir simultanément deux thèses incompatibles. Un tel concept s'applique à merveille au régime mental de la nouvelle intelligentsia de gauche. Son ralliement au libéralisme politique et culturel la soumet, en effet, à un double bina affolant. Pour sauver l'illusion d'une fidélité aux luttes de l'ancienne gauche, elle doit forger un mythe délirant: l'idéologie naturelle de la société du spectacle serait le "néoconservatisme", soit un mélange d'austérité religieuse, de contrôle éducatif impitoyable, et de renforcement incessant des institutions patriarcales, racistes et militaires. Ce n'est qu'à cette condition que la nouvelle gauche peut continuer à vivre son appel à transgresser toutes les frontières morales et culturelles comme un combat "anticapitaliste". La double pensée offre la clé de cette étrange contradiction. Et donc aussi celle de la bonne conscience inoxydable de l'intellectuel de gauche moderne. "

vendredi, 28 novembre 2008

Le national-socialisme et l'antiquité

Le national-socialisme et l'antiquité

Le national-socialisme et l'Antiquité , par Johann Chapoutot (Presses Universitaires de France, 2008)

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"Le rapport du national-socialisme à l'Antiquité n'a guère suscité l'intérêt des historiens. Si on conçoit volontiers que les nazis aient pu mobiliser une authentique et indubitable germanité, on répugne à associer nationalsocialisme et Antiquité gréco-romai|ne. On rencontre partout cette association : dans les nus néo-grecs de Breker et de Thorak, dans l'architecture néo-dorique de Troost, dans les édifices néo-romains de Speer et dans les manuels scolaires qui présentent une vision surprenante de l'Antiquité méditerranéenne. L'auteur s'étonne d'une part de ce peu d'intérêt de la part des historiens, d'autre part s'interroge sur cette référence constante du régime nazi à l'Antiquité gréco-romaine. Quel besoin vient dicter le recours à l'Antiquité gréco-romaine alors qu'un racisme aussi obsessionnel que le nazisme semblerait exclure a priori toute référence autre qu'à une germanité strictement définie et circonscrite ? Or le but répété d'Hitler était de reconstruire la fierté d'une nation humiliée par le diktat de Versailles. Cette thérapie nationale ne passait pas seulement par une politique de réarmement et de mégalomanie territoriale, elle se devait de reconstruire une histoire prestigieuse en annexant le passé antique pour rehausser une fierté nationale humiliée en 1918 et 1919. On assiste alors à une réécriture de l'Histoire et de la race (construction d'un homme nouveau, le sujet nazi) qui annexe les Grecs et les Romains à la race nordique. Cet ouvrage fait ainsi pénétrer au coeur du projet totalitaire nazi : il s'agit de dominer non seulement le présent et l'avenir mais aussi un passé réécrit et instrumentalisé."

mercredi, 19 novembre 2008

Eurasia, vol. II, n°3

Eurasia Vol. II n° 3 : Karl Haushofer, l’Eurasisme, le Tibet et le Japon
Sommaire 06/2008

Eurasia : Présentation

Dossier

Karl Haushofer, l’Eurasisme, le Tibet et le Japon

Tiberio Graziani : La leçon de Karl Haushofer et la présence discrète de Giuseppe Tucci dans le débat géopolitique des années trente

Carlo Terracciano : Des destins parallèles

Karl Haushofer : L’analogie du développement politique et culturel en Italie, en Allemagne et au Japon

Robert Steuckers : Qui était Karl Haushofer ?

Robert Steuckers : Les thèmes de la géopolitique et de l’espace russe dans la vie culturelle berlinoise de 1918 à 1945 : Karl Haushofer, Oskar von Niedermayer et Otto Hoetzsch

Claudio Mutti : Le bodhisattva hongrois

Giuseppe Tucci : Alexandre Csoma de Körös

Texte retrouvé

Alexandre Douguine : L’Empire soviétique et les nationalismes à l’époque de la perestroïka

Eurasia : Lectures eurasiennes
Eurasia Vol. II n° 3 : Karl Haushofer, l’Eurasisme, le Tibet et le Japon
 
Eurasia Vol. II n° 3 :: Karl Haushofer, l’Eurasisme, le Tibet et le Japon Prix : 15,00€
Éditeur :
Avatar Editions
Date : 06/2008
Format (cm) : 14,85 x 21
Pages : 120

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dimanche, 02 novembre 2008

Une biographie de Bertrand de Jouvenel

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Bertrand de Jouvenel 

de Olivier Dard (Auteur)
Présentation de l'éditeur
 
Homme du monde, journaliste brillant, essayiste à succès, théoricien politique, pionnier de l'écologie, républicain militant tenté par le fascisme, Bertrand de Jouvenel (1903-1987) a eu tant de facettes qu'il semble défier l'analyse. C'est dire tout l'intérêt de cette première biographie, pour laquelle Olivier Dard a pu bénéficier - outre ses livres, ses articles et sa correspondance - des 250 Cahiers tenus par Jouvenel tout au long de sa vie. Cette source inédite, qui tient à la fois du document de travail, d'une chronique du siècle et d'un journal intime, permet de démêler l'écheveau d'une vie où se croisent Colette, Emmanuel Berl, Drieu la Rochelle, Otto Abetz, Pierre Mendès France, Jacques Doriot, Adolf Hitler, Raymond Aron et Friedrich von Hayek.

Biographie de l'auteur

Olivier Dard, professeur à l'université Paul-Verlaine de Metz, est un spécialiste reconnu des années 1920-1960 ; il a notamment publié chez Perrin La Synarchie, le mythe du complot permanent et Voyage au cœur de l'OAS.


 

  • Broché: 526 pages
  • Editeur : Librairie Académique Perrin (28 août 2008)
  • Langue : Français
  • ISBN-10: 2262029164
  • ISBN-13: 978-2262029166

mercredi, 22 octobre 2008

L. F. Céline et Karl Epting

A paraître : Louis-Ferdinand Céline et Karl Epting

Présentation de l'éditeur
Karl Epting (1905-1979) fut l’un des représentants les plus influents de la culture allemande dans le Paris des années 30 et 40. En 1932, après la parution de Voyage au bout de la nuit, il se proposa de faire connaître Céline en Allemagne. Leur première rencontre eut lieu en 1937, et leurs rapports durèrent jusqu’à la mort de l’écrivain. Frank-Rutger Hausmann fait le point sur les relations entre les deux hommes et propose, pour la première fois, l’intégralité de la correspondance adressée par Céline à Karl Epting. Englobant la période située entre 1941 et 1960, ces lettres offrent des renseignements précieux à la fois sur la biographie de Céline et sur les relations franco-allemandes sous l’Occupation. On trouvera également dans cet ouvrage plusieurs textes de Karl Epting, dont tous ceux qu’il a écrits sur Céline, et une bibliographie exhaustive.

L'auteur
Professeur de langues et littératures françaises et italiennes à l’Université de Fribourg-en-Brisgau, Frank-Rutger Hausmann a notamment publié des éditions commentées de Dante, Villon et Rabelais. Il a également écrit des introductions aux études médiévales et humanistes, ainsi que plusieurs monographies sur les universités allemandes durant la période nationale-socialiste.


Frank-Rutger Hausmann, L-F Céline et Karl Epting, Ed. Le Bulletin célinien, 2008.

Commande possible auprès du Bulletin célinien:
Le Bulletin célinien
B P 70
1000 Bruxelles 22
Belgique

celinebc@skynet.be

samedi, 11 octobre 2008

Renaud Camus: la grande déculturation

Trouvé sur: http://ettuttiquanti.blogspot.com

Renaud Camus - La grande déculturation

Présentation de l'éditeur

Amis du Désastre et Niveau-montistes sont formels : la culture s'est répandue dans toutes les couches de la population. Ce livre soutient le contraire. Si la culture s'est répandue, selon lui, c'est comme le lait de Perette : plus la culture est diffusée, moins il y en a pour chacun et moins elle a de consistance. Lorsque les trois-quarts d'une génération accèdent au baccalauréat, le niveau de connaissance et de maturité qu'implique ce diplôme est à peu près celui qu'atteignaient au même âge les trois-quarts d'une autre génération, quand personne ne songeait à nommer cela baccalauréat, à peine certificat d'études. L'université fait le travail des lycées, les lycées celui des écoles primaires, les classes maternelles celui que les parents ne font pas, ayant eux-mêmes été élevés par l'école de masse, qui a formé la plupart des nouveaux enseignants. Arte, France Culture ou France Musique se consacrent aux tâches jadis dévolues aux chaînes généralistes, celles-ci imitent les postes et stations de divertissement.

Tout a baissé d'un cran. C'est la grande déculturation. Et si les journaux n'ont plus de lecteurs, c'est en grande partie parce que leur public potentiel ne sait plus lire, même des phrases de plus en plus simples et de plus en plus fautives, avec de moins en moins de mots. Le paradoxe est que l'objectif quantitatif, qui est au cœur de l'ambition démocratique en sa transposition culturelle, fait partout le lit de l'argent, par le biais de la publicité, des taux d'audience et des lois du marché. C'est ainsi que le Louvre devient une marque, etc.

Renaud Camus,
La grande déculturation, Fayard, 2008.

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samedi, 04 octobre 2008

Der Beutewert des Staates

Der Beutewert des Staates

Autor: Thor v. Waldstein
ISBN: 978-3-902475-33-6
Verlag: ARES

 

Die vermeintlichen Vorzüge des Pluralismus werden in der öffentlichen Diskussion häufig betont; allerdings wissen die wenigsten, welcher konkrete politische Begriff sich hinter dieser Vokabel verbirgt. Tatsächlich geht es nicht um die – richtige – philosophische Feststellung, daß die Welt vielfältig, also plural ist und dies auch bleiben sollte. Im politikwissenschaftlichen Kontext ist vielmehr ein Staat pluralistisch, wenn seine Willensbildung beeinflußt – wenn nicht dirigiert – wird von dem Kampf und dem Kompromiß von wirtschaftlich-sozialen, im nichtstaatlichen Raum angesiedelten Mächten. Dieser verdeckte Kampf der Pressuregroups, denen eine demokratische Legitimation fehlt, läßt sich heute für den aufmerksamen Zeitgenossen auf nahezu allen Politikfeldern beobachten, so daß das Thema von hoher Aktualität ist.


Es war Carl Schmitt, die paradigmatische Gestalt im deutschen Staatsrecht des 20. Jahrhunderts, der die von Harold Laski in England nach dem Ersten Weltkrieg entwickelte Pluralismustheorie in den Jahren 1926–1934 einer ebenso gründlichen wie schillernden Kritik unterzog. In seiner Pluralismuskritik spiegeln sich die zentralen Schmitt’schen Positionen und Begriffe der 1920er und 1930er Jahre. Im Fortgang der Untersuchung schält sich die Analyse Carl Schmitts an der unsichtbaren Herrschaft der Verbände als ein zentrales Element seines Antiliberalismus heraus.


Die vorliegende Arbeit, eine bei dem Hobbes-Forscher Bernard Willms („Die Deutsche Nation“) entstandene Dissertation, arbeitet Begriff und Gestalt des Laski’schen Pluralismus heraus, um anschließend die Kritik Schmitts im einzelnen darzustellen und zu analysieren.

 

Der Autor: Thor v. Waldstein wurde 1959 in Mannheim geboren. Von 1978 bis 1985 Studium der Rechtswissenschaft, Geschichte, Philosophie, Politikwissenschaft und Soziologie an den Universitäten München, Mannheim und Heidelberg. 1989 Promotion zum Dr. rer. soc. an der Ruhr-Universität Bochum mit der vorliegenden Arbeit. 1992 Promotion zum Dr. iur an der Universität Mannheim mit einer Arbeit aus dem Binnenschiffahrtsrecht. Seit 1989 als Rechtsanwalt in Mannheim tätig.

www.ares-verlag.com


vendredi, 03 octobre 2008

"Ich wollte nicht danebenstehen..."

Bräuninger, "Ich wollte nicht danebenstehen ..."

Werner Bräuninger ist unter den zahllosen Autoren, die sich auch Jahrezehnte nach dessen Untergang mit dem Nationalsozialismus beschäftigen. Er will in seinem Buch Männer und Frauen vorstellen, "deren Namen schon fast ausgelöscht schienen". Seine Darstellungen helfen, jene Zeit zu verstehen, die uns offenbar nicht losläßt.

"Preußische Allgemeine Zeitung 19. Mai 2007"

 

Werner Bräuninger ist unter den zahllosen Autoren, die sich auch Jahrzehnte nach dessen Untergang mit dem Nationalsozialismus beschäftigen, einer der originellsten. Jetzt legt er mit seinem Buch "Ich wollte nicht daneben stehen ..." eine Sammlung von Essays vor, die sich mit Lebensentwürfen von bemerkenswerten Persönlichkeiten befassen, die von vielen Aspekten des Nationalsozialismus wie der Person Adolf Hitlers fasziniert waren, auch wohl in großen Zügen den von ihm verkündeten Zielen zustimmten, wie etwa Deutschland aus seiner tiefen Erniedrigung nach dem Ersten Weltkrieg herauszuführen und die deutsche Parteizwietracht zu überwinden, die sich aber meist der nationalsozialistischen Bewegung nicht anschlossen. Manche verwendeten sich nach den ersten Jahren der NS-Machtausübung enttäuscht ab, keiner war an der praktischen Politik beteiligt.

Da stößt man auf Namen wie dem des politischen Pädagogen und führenden nationalsozialistischen Philosophen Alfred Baeumler, der sich weigerte, Berlin zu verlassen und als Volkssturmmann an der Verteidigung teilnahm; auf Arno Breker, der bis 1945 und dann auch wieder nach Jahrzehnten der Diffamierung als einer der großen Bildhauer des 20. Jahrhunderts anerkannt wurde; auf Ernst Bertram, der in den 20er und 30er Jahren als einer der führenden Gelehrten der Zeit galt, befreundet mit Thomas Mann, dem Stefan-George-Kreis angehörend, der seine ganze Hoffnung auf Hitler setzte, aber nie NSDAP-Mitglied wurde; auf die Engländerin Winifred Wagner, Ehefrau des Richard-Wagner-Sohns Siegfried, die auch nach 1945 zu ihrer Freundschaft zu Adolf Hitler stand. Berichtet wird über den erstaunlichen Gelehrten Ernst Kontorowicz, 1895 in Posen geboren, deutscher Jude, Offizier, im Ersten Weltkrieg hoch dekoriert, Freikorpskämpfer, dessen Hauptwerk über den Staufen-Kaiser Friedrich II. auch heute noch von hoher Bedeutung ist.

Auch er gehörte zum Kreis von Stefan George. Sein Ziel war eine deutsch-jüdische Symbiose. Als er als Professor den Amtseid auf Hitler ablegen mußte, verweigerte er ihn und emigrierte, blieb aber stets Deutschland verbunden.

Ernst Jünger ist ein langes Kapitel gewidmet, Wandervogel, Offizier, Pour-le-Merite-Träger, Autor. Seine Bücher fanden in der intellektuellen Welt höchste Beachtung. Den nationalen Aufbruch hatte er zunächst freudig begrüßt, zog sich aber später enttäuscht zurück. "Krieger und Träumer, Autor und Soldat, radikaler Nationalist und Künder einer neuen Zeit, Dandy und Einzelgänger" apostrophiert ihn Bräuninger.

Leni Riefenstahl ist ein verständnisvolles Kapitel gewidmet, jener genialen deutschen Filmregisseurin, die international mit höchsten Preisen geehrt wurde. Ihr Film über die Olympischen Spiele 1936 wurde als "bester Film der Welt" 1938 in Paris prämiert. Ihr ging es um nichts anderes, als in ihren Filmen "das Schöne, Starke, Gesunde" darzustellen, kurz: "Ich suchen die Harmonie." 1945 wurde auch sie verfemt und boykottiert, bis ihr vor einigen Jahrzehnten eine Renaissance zuerst im Ausland, dann auch in Deutschland Gerechtigkeit widerfahren ließ.

Bereichert werden die Essays durch ein Personenverzeichnis, in dem man intellektuell wichtige Persönlichkeiten aus dem Deutschland des 20. Jahrhunderts findet, deren Leben und Bedeutung kurz skizziert wird.

Bräuninger will in seinem Buch Männer und Frauen vorstellen, "deren Namen schon fast ausgelöscht schienen". Seine Darstellungen helfen, jene Zeit zu vertehen, die uns offenbar nicht losläßt.

"Preußische Allgemeine Zeitung 19. Mai 2007"

lundi, 14 avril 2008

Transparence: outil du totalitarisme

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La transparence : un outil du totalitarisme

Les médias, la presse et toute une mode exigent toujours plus de transparence dans la vie politique. Si le but est d’éviter la malhonnêteté, personne ne peut y trouver à redire. Mais l’exercice a ses limites : si le vote n’était pas secret, beaucoup d’électeurs voteraient différemment en raison de la pression sociale pesant sur eux.

L’individu n’est pas une monade autonome. Il est plongé dans le milieu social et en interaction d’influence avec lui. L’exigence de transparence est celle de tout pouvoir totalitaire. George Orwell avait imaginé une telle société où le pouvoir vous disait : « Big Brother vous regarde ! ».

La propriété privée est un espace de liberté précisément parce que les tiers en sont exclus. Si les médias peuvent pénétrer dans votre propriété et commenter tout ce que vous faites, il est évident que c’est une atteinte à vos libertés.

Tocqueville a bien montré la puissance de l’opinion publique qui contraint tous les citoyens à afficher un grand conformisme.

Dans toute société, quatre obstacles peuvent entraver la liberté d’expression :

– la cause matérielle, pour reprendre la terminologie d’Aristote, est le manque de moyens financiers ;
– la cause formelle est l’interdiction légale, le régime légal de la censure ;
– la cause motrice, ce sont les hommes, pas seulement les censeurs professionnels mais l’opinion publique, plus ou moins conditionnée par le pouvoir dominant ;
– la cause finale de l’absence de liberté peut être l’idéologie officielle du régime.

Les deux dernières « causes » de l’absence de liberté peuvent utiliser l’exigence de transparence pour étouffer une pensée non conformiste. Ainsi, le « politiquement correct » dans certaines universités américaines restreint la liberté de parole sur beaucoup de sujets. Selon le système social, chaque cause pèsera d’un poids différent.

En démocratie, c’est l’opinion et l’idéologie dominantes qui peuvent faire obstacle à la liberté d’expression. La loi de censure et les moyens financiers peuvent jouer un rôle mais il est second. Il est difficile d’échapper à cette contrainte. Soljenitsyne s’en est aperçu : en Russie, on lui disait « Tais toi » ! En Occident, on lui dit « Cause toujours » !

Des organisations qui ont pu craindre dans le passé des persécutions comme la franc-maçonnerie ne pratiquent pas la transparence. Car l’opacité est source de pouvoir et d’influence et protège ceux qui agissent. Certains estiment cette pratique critiquable : les magistrats en Grande-Bretagne sont obligés de déclarer leur appartenance à la franc-maçonnerie.

En fait, l’exigence de transparence ne frappe pas tout le monde de la même manière. Elle touche les hommes politiques beaucoup plus que les journalistes ou les chefs d’entreprise, ou la haute administration. C’est sans doute un signe que le pouvoir réel n’est sans doute pas chez les hommes politiques. Exiger la transparence de quelqu’un, c’est réduire ses pouvoirs. Beaucoup de « lobbies » qui influencent le pouvoir politique ne pratiquent pas la transparence mais l’exigent de la part des hommes politiques.

On sait bien que le domaine de la défense nationale est aussi celui du secret légal, sinon l’ennemi pourrait affaiblir le dispositif de défense. Dans ce domaine, la transparence totale de l’Etat pourrait entraîner sa destruction ! Il en est de même pour les secrets technologiques des entreprises. Le secret ne peut pas être exclu de la vie sociale. Le secret de votre code de carte de crédit vous protège des voleurs. Il faut donc un équilibre entre secret et transparence pour qu’une société de liberté puisse réellement exister. Quand tout est secret, le citoyen n’a plus de pouvoirs pour contrôler les dirigeants politiques. Mais si tout est transparent, le citoyen transparent perd alors lui aussi sa liberté. Réclamer toujours plus de transparence peut être une façon de détruire la liberté au nom de la liberté.

Un film a bien montré ce paradoxe. Il s’agit du film allemand « La vie des autres » qui montre comment la police politique de l’Allemagne de l’Est communiste espionnait les citoyens afin d’empêcher toute critique du régime. Lorsque l’Etat veut tout connaître de la vie des autres, il réduit les autres à un statut d’esclave.

Bien entendu, il ne faut pas faire d’angélisme et il est normal qu’un Etat écoute et espionne les grands criminels ou ceux qui préparent des attentats terroristes. Comme dans beaucoup de domaines, la vertu réside dans le juste milieu, comme les philosophes grecs l’ont toujours affirmé. C’est pourquoi la pensée manichéenne est toujours à proscrire. C’est celle des fanatiques. Il y a aussi des fanatiques de la transparence : qu’ils le sachent ou non, comme disait Sartre, qu’ils soient salauds ou naïfs, ils préparent toujours une forme de destruction des libertés.

Yvan BLOT
© Polémia
19/03/08

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dimanche, 13 avril 2008

La culture du refus de l'ennemi

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Trouvé sur: http://www.polemia.com/contenu.php?cat_id=43&iddoc=1641

« La culture du refus de l’ennemi / Modérantisme et religion au seuil du XXIe siècle »
Sous la direction de Bernard Dumont, Gilles Dumont et Christophe Réveillard

Un ouvrage important est paru à la fin de l’année 2007.
Important par son thème et son contenu, à savoir l’étude du paradoxe qui voit la démocratie actuelle s’incarner dans l’invocation toujours plus rituelle du consensus tout en continuant à se fabriquer des « ennemis », de l’intérieur le plus souvent (« extrémistes », pollueurs, fumeurs, chasseurs, chauffards et autres déviants). Le reflet, sinon l’origine de ce paradoxe est analysé au prisme du « modérantisme », ce courant politique si particulier qui semble innerver l’ensemble des systèmes de représentation démocratiques malgré la vacuité électorale de la seule « démocratie chrétienne ».

Important également parce que cette étude riche, à la fois sérieuse et courageuse, est publiée avec les concours des Universités de Paris IV-Sorbonne et de Limoges, et inscrit donc le débat dans un cadre des plus institutionnels.

L’ouvrage se voulant un stimulant à l’acceptation d’une vision schmittienne de la vie, au-delà même de la sphère politique, un chroniqueur de Polémia s’en est saisi pour ouvrir… la polémique. Les internautes sont incités à réagir ! La Fondation sera toujours ouverte à la libre et fructueuse confrontation des idées.

« On peut préférer la servitude à la liberté mais il est ontologiquement impossible qu’un ennemi se manifeste. […] La modération est une vertu que les Grecs mettaient au sommet de la prudence politique. Elle exprime la recherche de la juste mesure et relève à ce titre de l’exercice de la prudence. Elle n’a pas de rapport avec ce qu’on appelle le juste milieu, encore moins avec une option systématique pour le compromis. Tandis que la “modération” des “Modérés” est tout autre : soit elle coïncide avec l’abstention de tout engagement résolu, par peur d’être entraîné trop loin, soit elle accepte le fait accompli mais dans l’espoir d’en calmer le cours ou de sauver quelques privilèges. » Dès sa très lumineuse et pénétrante présentation, Jean-Paul Bled fixe le cap et donne le ton de cet ouvrage hors norme et pose la seule question qui vaille : « L’attitude modérée dans le paysage contemporain de l’Europe du XXIe siècle est-elle une politique ou l’absence du politique ? ». Les lecteurs de Carl Schmitt et de Julien Freud ont bien évidemment la réponse. Mais cette très utile étude s’adresse aux autres, à tous les autres, et notamment aux catholiques qui pensent encore que ce qui les caractérise est, en soi, une résistance, alors que c’est l’Eglise, bien avant Vatican II, qui a permis et accéléré la castration de nos sociétés.

Retour aux sources

Inutile de puiser jusque dans les édits de Milan (313, sous l’empereur Constantin, puis 391 avec Théodose), qui annoncent celui de Constantinople (392) par lequel les cultes païens sont définitivement interdits au profit de la nouvelle religion galiléenne, hissée au rang de religion d’Etat : l’histoire médiévale et moderne nous enseigne que, des siècles durant, aimer son ennemi n’empêchait pas de le connaître, donc de le désigner et de le combattre. La profonde utilité de cette étude cautionnée par les Universités de Limoges et de Paris-IV (Sorbonne et CNRS réunis) est de s’attacher à l’un des nombreux tournants, mais aussi à l’un des courants philosophiques et politiques les plus méconnus de l’histoire contemporaine, qui font aujourd’hui le charme émollient de nos institutions et systèmes de représentations.

Si la généalogie des causes renvoie aux « iréniques » du XVIe siècle français, le « Modérantisme » est le fruit direct de la politique de Ralliement décrétée par Léon XIII en 1892, qui entendait mettre un terme aux rapports conflictuels issus du choc déchristianisateur de la Révolution. Dès lors, malgré de nombreux soubresauts (Affaire Dreyfus 1896-1899, Affaire des Fiches 1902-1904, loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat en 1905…), l’acceptation des institutions de la République ouvrait la voie, au-delà de la compromission évidente des catholiques, à la sécularisation du christianisme et au dévoiement du Politique qui en résulte. Les politiques menées n’ont en effet que très peu souffert de ce mouvement d’acceptation ; en revanche, l’essence du politique, passés les traumatismes de la nouvelle « Guerre de Trente Ans » européenne (1914-1945), s’en est trouvé intrinsèquement bouleversé. Avec l’aide, il est vrai, et justement rappelée par Jean-Paul Bled, des principes anglo-saxons inspirant la Société des nations (illustrés par les accords de Munich en 1938) puis l’ONU et la construction européenne : le conflit n’est plus une épreuve salutaire, ni même un mal nécessaire, c’est tout simplement un mal absolu, une tâche à effacer, un péché à absoudre.

Courant modérantiste et « ordre politique »

Au-delà de la question catholique qui fournit l’ossature de cet ouvrage, au prisme de l’étude du courant modérantiste, c’est bien évidemment l’essence des régimes libéraux qui est mise en question et leur « capacité institutionnelle quasi illimitée d’absorption » (Gilles Dumont) : absorption de ses opposants, bien sûr, au premier rang desquels les partis communistes, utilisés (comme le FN d’ailleurs) comme un moyen d’intégrer les différents groupes se trouvant aux frontières extrêmes de l’ordre démocratique ; mais également, moins cyniquement mais plus efficacement encore, neutralisation de toute pensée alternative par l’impossibilité ontologique de se projeter dans un autre possible, jusque dans la sphère privée. Ce qui, lorsque l’injonction devient la norme, est le propre des régimes totalitaires.

Pour Gilles Dumont, « le modérantisme, plus qu’une compromission à proprement parler, est donc le fait de se rendre disponible à la transaction et parfois même de la devancer ». Et le professeur de droit public de disséquer les trois méthodes ou « types de comportement » qui le définissent : le « collaborationnisme » (par conviction – cf. le progressisme catholique – ou par vain souci d’efficacité – l’entrisme basé par nature sur un rapport de forces défavorables ayant bien évidemment toujours échoué) ; l’ « optimisme invétéré » (la dérive consolatrice rejoignant le déni de réalité) ; l’ « intransigeantisme », ou « intégralisme », comme figure paradoxale du modérantisme (conduisant à une forme de quiétisme, ou de « communautarisme » individuel : « La capacité des “structures de péché” est dans ce cas identifiée et rejetée mais elle conduit à un retrait dans son jardin intérieur ; on a fait ce qu’on a pu contre elles et, pour le reste, Dieu y pourvoira »).

La « culture du refus de l’ennemi » est bien celle de la négation du politique. Chaque jour, chaque fait – même et surtout dans le cadre convenu de la « démocratie de marché » – le démontre. Mais les postures autres ne sont pas faciles à définir, et encore moins à tenir. C’est sans doute le mérite essentiel de cet ouvrage de nous le rappeler. Au-delà des exemples de Péguy et Abel Bonnard, il est bon que les « chrétiens », y compris par la critique de leur appareil théologique, participent de la remise en cause des « valeurs » totémiques de sociétés qu’ils ont grandement contribué à fabriquer. « Heureux les invités au repas du Seigneur » (Luc 14,15-24) !

Henri Herriot
© Polémia
08/03/08

« La Culture du refus de l’ennemi / Modérantisme et religion au seuil du XXIe siècle », sous la direction de Bernard Dumont, Gilles Dumont et Christophe Réveillard, Presses Universitaires de Limoges (Pulim) 2007, Collection Bibliothèque européenne des idées, 150 p., 20 €.

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samedi, 15 mars 2008

G. Nivat: Vers la fin du mythe russe

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A lire:

Georges NIVAT : Vers la fin du mythe russe. Essais sur la culture russe de Gogol à nos jours, L'Age d'Homme, Lausanne, 1988, 22,87 Euro, (pas d'ISBN mentionné dans l'ouvrage).

 

Oblitéré par une soviétologie généralement insuffisante, le savoir sur la Russie, en Occident, est réduit à des cli­chés inopérants. Le grand souffle de l'histoire russe ne trouve aucun écho dans nos médias, si ce n'est pour le dé­nigrer et le criminaliser. Cette lacune du savoir historique a des conséquences très graves aujourd'hui: les Eu­ropéens de l'Ouest ne se rendent absolument pas compte que toutes les attaques concentrées contre le ter­ri­toi­re russe aujourd'hui sont des attaques contre l'Europe dans son ensemble. Des notions géographiques aussi es­sentielles que les Balkans, le Caucase, l'Asie centrale, la Mer Noire ne font rien vibrer chez nos concitoyens. Geor­ges Nivat, philologue slave de nationalité française, comble évidemment cette lacune, du moins po­ten­tiel­le­ment, car les médias n'évoquent guère son œuvre titanesque. Vers la fin du mythe russe est un ouvrage de 403 pages, très dense, mais dans lequel nous conseillons plus particulièrement le chapitre 9, intitulé "'Du pan­mon­golisme au mouvement eurasien", afin de bien connaître les tentatives russes de théoriser cet espace no­yau, que le géographe britannique McKinder nommait le "Heartland". L'idéal du "mobilisme" mongol a effec­ti­ve­ment hanté les esprits, et pas seulement celui de ce baron germano-balte, Fiodor von Ungern-Sternberg, Com­man­deur d'une "division de cavalerie asiatique", lancée aux trousses des bolcheviques de Trotski dans les im­men­sités sibériennes. A signaler également, les chapitres 16 et 17, où Nivat évoque deux figures importantes, Pierre Pascal, traducteur d'Evola, auteur d'un ouvrage sublime sur les martyres japonais après 1945, qui est un rus­­sophile, mais un russophile réprouvé, auquel on ne donnait aucun accès aux grands médias. Ensuite, il nous parle d'Alain Besançon, ponte de la lourdeur "sovié­to­lo­gique" aux temps de la Guerre Froide, qui a oblitéré par des vérités propagandistes, made in USA, la dy­na­mi­que de l'histoire russe, si bien que nous ne sommes plus en me­sure de comprendre l'actualité tragique qui se dé­roule aujourd'hui sous nos yeux. Le chapitre 21 traite de la notion de "fratrie russo-européenne", chère à Vla­dimir Volkoff. Le chapitre 29 analyse le fondement de la pen­sée de Soljénitsyne : les fortifications du moi, qu'il s'agit pour nous d'intégrer en nos fors intérieurs, pour lutter con­tre la dictature médiatique, exactement com­me les "chevaliers du Goulag" avaient lutté contre leurs tour­menteurs. Enfin, à lire éga­le­ment, le chapitre 35, con­sacré à Zinoviev, féroce analyste d'un réel, devenu irréel sous les coups répétés d'une idéologie sché­ma­tique, qui réduit tout à ses tristes dimensions. S'abstraire de ce mon­de inique passe par la satire la plus féroce, une satire bien perceptible dans l'histoire littéraire russe.

 

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jeudi, 13 mars 2008

F. Thual: Géopolitique du bouddhisme

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A lire:

François THUAL : Géopolitique du Bouddhisme, Editions des Syrtes, Paris, 2002, 10 Euro, ISBN 2-84545-048-6.

 

Généralement, ceux qui manifestent leur enthousiasme pour le bouddhisme dans nos pays, imaginent que cette re­ligion asiatique est une religion de paix et de sérénité, proche de l'idéal hippy. Thual dissipe cette illusion et mon­tre que "cette religion millénaire a participé à l'Histoire et à sa violence". Il étaye son argumentation en ana­­lysant notamment le cas thaïlandais, où le nationalisme siamois, fondé sur un bouddhisme proprement thaï, a servi de moteur à une politique visant à restituer le royaume thaï dans ses dimensions pré-coloniales, avant que les Anglais n'aient grignoté son territoire au profit de la Birmanie, inféodée au British Empire, et de la Ma­laisie et que les Français n'aient annexé au Laos ou au Cambodge des territoires auparavant thaïlandais. De mê­me, le bouddhisme japonais, dans sa version Zen, a également participé à l'idéologie nationaliste nipponne (à ce propos lire : Brian Victoria, Le Zen en guerre - 1868-1945, Seuil, Paris, 2001, 21,04 Euro, ISBN 2-02-041258-6). Thual dépouille donc le regard occidental sur le bouddhisme de ses naïvetés.

 

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mardi, 11 mars 2008

A. Rashid : L'ombre des talibans

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A lire:

Ahmed RASHID : L'ombre des taliban, Editions Autrement, Paris, 2001, 19,95 Euro, ISBN 2-7467-0173-1.

 

Ahmed Rashid est un journaliste pakistanais, correspondant de la BBC et de CNN. Il n'empêche que son ouvrage nous révèle des aspects intéressants du phénomène taliban. D'abord, Rashid croque une histoire de ce mou­ve­ment dans l'Afghanistan en proie à des dissensions civiles graves, consécutives de l'évacuation du pays par les troupes soviétiques. Cette histoire commence en 1994 et se termine à la suite de l'intervention américaine en oc­­­tobre 2001. Pour Rashid, le mouvement taliban est un défi à l'islam, car il interdit absolument toute forme de compromissions avec des idéologies musulmanes moins rigides ou, a fortiori, avec l'Occident. Mais ce mou­ve­­ment a été "dopé" à l'héroïne, sans le trafic de cette substance, jamais il n'aurait tenu le coup. Rashid nous ex­­plique d'un point de vue pakistanais quels sont les nouveaux éléments dans le "Grand Jeu", montre que l'af­fai­re des oléoducs trans-afghans a été déterminante dans l'évolution des rapports entre les Etats-Unis et les Ta­li­­bans. Dans un chapitre 15, Ahmed Rashid analyse un conflit au sein de l'Islam, entre Chiites et Sunnites, soit en­­­tre deux puissances antagonistes, l'Iran et l'Arabie Saoudite, cette dernière, plus fondamentaliste et plus ri­go­­riste, étant un allié privilégié des Etats-Unis. L'intérêt de cet ouvrage est de montrer que drogues et pétrole sont les enjeux majeurs du conflit en cours, que les unes et l'autre vont servir à asseoir la puissance financière des Etats-Unis (comme les guerres de l'opium contre la Chine avaient permis de remplir les caisses de certaines ban­ques londoniennes au 19ième siècle) et leur donner la maîtrise du commerce des hydrocarbures, au dé­tri­ment des puissances énergétiquement faibles et pauvres, en dépit de leurs immenses potentialités industrielles et commerciales: l'Europe et le Japon.

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vendredi, 29 février 2008

60 nationalistische figuren

60 nationalistische figuren

Dat het nationalisme in de Lage Landen, het natiegevoel en de wil om hiervoor een politieke ruimte te scheppen, géén eendagsvlieg is, zoals sommigen ons wel eens willen voor houden, bewijst de jongste uitgave van Uitgeverij Egmont, “60 nationalistische figuren”. Trouwens de auteur zelf van het werkje, dr. Roeland Raes, kan eigenlijk best beschouwd worden als een emanatie van de diepe wortels van deze identitaire stroming in de Nederlanden. Hij is hoofdredacteur van het Heel-Nederlandse vormingstijdschrift Revolte.

In 1934 in Gent geboren was hij al in de jaren 50 en 60 van vorige eeuw actief – op alle mogelijke bestuursniveaus trouwens – in de Volksunie, en later, vanaf de jaren 70 en 80, in het Vlaams Blok en tenslotte in het Vlaams Belang. Hij geraakte in de politieke actualiteit met uitspraken voor de Nederlandse televisie, die vervolgd worden omwille van een zogenaamd negationistische strekking. Maar Roeland Raes is meer dan dat. Er zijn met moeite naoorlogse tijdschriften in de radicaal nationalistische beweging te vinden, waar deze auteur niet aan heeft meegewerkt. Met bijzondere interesse steeds voor de nonconformistische en tegelijk goed onderbouwde (heel- of groot-) Nederlandse strekkingen binnen de Vlaamse Beweging. En mét een zeer open oog voor wat in Europa gebeurde. Kan het iemand verwonderen dat Roeland Raes een regelmatige redacteur werd van Dietsland-Europa (van de organisatie Were Di) of van Revolte (van de actiegroep Voorpost) en dat hij jarenlang de Vlaamse spil was waarop het bannelingentijdschrift De Schakel draaide?

Het is voor de nationalistische jongeren, van Voorpost, van de N.S.V. of het K.V.H.V. dat hij de verschillende teksten schreef, vanuit de vaststelling dat men toch heel weinig weet van de Vlaamse Beweging van de 19de of de 20ste eeuw. Met de vraag in hoeverre “(…) de namen van Vlaams-nationale leiders en militanten, hoe verdienstelijk ook, nog een echo oproepen bij jongeren vandaag”.

Of zoals inleider Johan Vanslambrouck terecht opmerkt: “Wij leven en werken vandaag, maar als nationalisten beseffen we dat we niet uit het niets komen. Ons collectief verleden bepaald mede wie we vandaag zijn, hoe we leven en werken. Daarom blijft een basiskennis van dat verleden voor ons zo belangrijk. Geschiedenis wordt gemaakt door mensen en dus is het van belang om de hoofdrolspelers goed in hun context te kunnen situeren. Daartoe levert dit boek een bijdrage”.

Hierin veel bekende, maar ook minder bekende Vlamingen en Nederlanders (Buls, Willem de Vreese, Jacob Heremans, Lucien Jottrand). Veel op het eerste gezicht bekende namen ook, waarop de auteur door ongekende typeringen toe te voegen, een nieuw licht werpt (Wouter Lutkie, Remi Piryns, René De Clercq, Kamiel Van Damme, Jaak Moerman, Karel Dillen).

Deze uitgave, die in de lijn ligt van hetgeen Jean Mabire in Frankrijk presteerde met zijn reeks “Que Lire”, schreeuwt gewoon om een voortzetting in een deel 2. Het zou trouwens voor de auteur een (ondankbare?) opgave moeten zijn om nog meer min of meer vergeten figuren uit de jaren 50 en 60 van de vorige eeuw terug voor het voetlicht te brengen. De moeilijke heropbouw van de nationalistische beweging in die jaren is eigenlijk maar mogelijk gebleken door de inzet van deze tientallen onbaatzuchtige werkers, en die nu in de vergetelheid verzeild dreigen te geraken. Kinderen van ons volk.

Voor jongeren is dit boekje hopelijk een aanzet naar méér. Daarom is het spijtig te noemen dat een (min of meer uitgebreide) bibliografie of lijst met verwijzingen helemaal achterwege is gebleven. Misschien wordt dit euvel in deel 2 uit de wereld geholpen? Maar laat u hierdoor niet tegenhouden om deze uitgave te kopen en aan jongeren door te geven.

60 nationalistische figuren
Raes Roeland
ISBN  978–78898–07–8
2008, Uitgeverij Egmont, Brussel,
222 pagina
Richtprijs: 12,50 euro

(P.L.)

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vendredi, 15 février 2008

"Uranus" de notre aimable Aymé

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“Uranus” de notre aimable Aymé

Un metteur en scène français a adapté à l'écran le roman de Mar­cel Aymé, Uranus, qui fit l'effet d'une bombe quand il pa­rut, en 1948, en pleine dictature résistantialiste. Mais il est é­vident que M. Claude Berri, le cinéaste en question, n'a pas pu traduire en images "l'insoutenable" vérité.

Ce pavé iconoclaste doit figurer, dans toute bibliothèque bien constituée, à côté du Pauvre Bitos et des Fables d'A­nouilh, du Confort intellectuel de ce même Aymé, des Fran­çais de la décadence d'André Lavacourt... La lecture de tels bouquins nous console d'autres lectures accablantes.

Nous pouvons, à loisir, savourer cet Uranus  aux pages si ven­geresses, cette chronique impitoyable des lendemains de la "libération".  L'action  —c'est le cas de le dire—  se dé­roule à Blémont. Il s'agit d'une petite ville au nom imaginaire, mais aux mœurs bien réelles.

Seul l'aimable écrivain au masque de Buster Keaton pouvait écrire une telle œuvre. Ecrivain "dégagé" bien avant que le mot existât. Beaucoup plus goûté par la droite jeune et fron­deuse que par les religionnaires de gauche. Ami de Céline, de Brasillach et de Rebatet, mais néanmoins sans attache d'idéologie ni de parti (ses Billets de Marianne en fournissent l'illustration). L'homme vraiment libre, sans illusions sur ses congénères, ennemi du mensonge et de l'hypocrisie. Un vé­ri­table non-conformiste. Son Travelingue (paru en 1937) était déjà un tableau resté unique des ridicules, tant nationaux que progressistes, bourgeois que prolétariens, du front po­pu­laire.

“Je vais le dire au comité d'épuration…”

Mais revenons à Uranus, à ce sujet d'une terrible noirceur mais à la prose succulente. Nous sommes donc à Blémont. La petite ville tend l'échine sous la loi de quelques malfrats à mitraillettes et de la cellule communiste. L'ingénieur Archam­baud a obéi à un réflexe charitable en hébergeant Loin, le "collaborateur " traqué. Mais il se reprochera amèrement cet­te "idiotie". A la table familiale, il fait un massacre des préju­gés bourgeois, mais il opine aux sottises d'un nouveau col­lègue dont l'agitation syndicaliste, teintée de stalinisme à la mo­de, risque de détraquer leur usine. Les prolos ne s'élè­vent au-dessus de la plus haineuse jalousie que pour deve­nir des instruments aveugles du "Parti". Lequel PC s'entend fort bien avec Monglat, le trafiquant milliardaire, seul pro­fi­teur des malheurs de la Patrie, morne canaille prête à n'im­porte quelle ignominie pour sauver sa fortune.

A Blémont —comme ailleurs— tout n'est que dénonciations en­tre gens qui voisinent et se tutoient depuis l'enfance, bas­ses­ses, lâchetés, sournois sadisme: "Je vais le dire au Co­mi­té d'épuration". Les mouchards prospèrent, en véritables "pa­triotes".

Loin, l'infortuné, aurait pu être blanchi, avec l'assentiment pu­blic s'il eût été riche, bien installé dans l'échelle sociale. Ou, à la rigueur, s'il eût fait acte de contrition. "Mais ce n'é­tait en somme qu'un petit employé, un de ces hommes de peu dont le supplice et l'ignominie procurent presque autant de plaisir aux bourgeois qu'aux prolétaires. Qu'une action d'en haut s'exerçat en sa faveur, il y avait là de quoi choquer et décevoir ses concitoyens. Les gosses eux-mêmes sont con­taminés par la cruauté et la bêtise ambiantes.

Il n'est que deux personnages pour racheter cette tourbe: Wa­trin, le professeur de math, et Léopold, l'une des plus étonnantes créations de Marcel Aymé, cabaretier herculéen, à crâne de brute, aviné, et que Racine émeut aux larmes, le suprême représentant de la poésie à Blémont. Mais Léopold, pur de tout méfait, respecté d'abord pour sa force énorme, sera abattu comme un criminel par les gendarmes, rouages stupides des machinations de Monglat. Mais Watrin, que tou­tes les formes de la vie émerveillent, en comparaison a­vec Uranus, l'astre mort, n'est qu'un rêveur, l'impuissant spec­ta­teur de la férocité humaine. Il n'y manque qu'un cu­re­ton bolchévisant pour que le panorama de la France, en 1945, soit complet avec tout son personnel.

Le chapitre le plus terrifiant d'Uranus, est celui du retour des soldats prisonniers. La population entière est allée les ac­cueil­lir à la gare, sous-préfet, municipalité et clergé en tête. Les F.F.I. rendent les honneurs. Garde-à-vous, Marseillaise, dis­cours. Mais cinq civils, posément, écartent le service d'ordre. Ils s'avancent vers les prisonniers libérés, se sai­sissent  de l'un d'eux, le jettent à terre et le rouent de coups de poings et de pieds. Ce sont des F.T.P. qui tabassent et "pu­nissent" un ancien pétainiste du Stalag. Cependant la foule, la police restent inertes, de même que les camarades de la victime ensanglantée. Et, tandis que les exécuteurs s'a­charnent, le maire, décidé à ne rien voir, poursuit son dis­cours: «Votre sacrifice, votre admirable résistance morale... la grandeur de la France... Une France jeune, ardente, gui­dée par une élite dont l'intelligence, la hauteur de vues et l'hu­manité font l'admiration du monde entier...». Et Watrin, le seul qui ose se porter au secours du blessé  —le médecin n'a pas bougé— est embarqué par la flicaille.

Cercle Prométhée.

 

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jeudi, 14 février 2008

Henri Michaux ou le corps halluciné

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Henri Michaux ou le corps halluciné

 

Réécriture d'une thèse de doctorat, Henri Michaux ou le corps halluciné, d'Anne Brun est un splendide ouvrage. En voici la présentation: «L'œuvre hallucinogène d'Henri Mi­chaux s'inscrit dans l'histoire de la drogue et de la psychia­trie, en tant que "psychose expérimentale", et mêle étroi­te­ment poétique du texte et références scientifiques. Anne Brun propose une lecture psychanalytique de ce corpus, saturé par les commentaires psychiatriques: il s'agit de le lire comme un document passionnant sur les processus de créa­tion et d'éclaircir la genèse de cette œuvre poétique et pictu­ra­le, enracinée dans un vécu corporel médiatisé par le toxi­que. L'expérience hallucinogène invite à une exploration de l'originaire, en réactivant la part la plus archaïque de la psy­ché, à la source des processus de symbolisation. Elle que­stion­ne la psychanalyse et la clinique, en renouvelant l'ap­pro­­che des toxicomanies comme de la schizophrénie. L'au­teur réinterroge particulièrement le concept de pulsion sco­pi­que, pour éclairer la spécificité des visions suscitées par la mes­caline et la nature du savoir dévoilé par la drogue. C'est à un véritable corps à corps avec ses doubles que se livre Mi­chaux, révélant un fantasme de bisexualité dans le com­bat avec la mescaline. L'œuvre hallucinogène d'Henri Mi­chaux , singulière s'il en est, ouvre la voie à une métapsy­cho­logie des processus de création» (JdB).

 

Anne BRUN, Henri Michaux ou le corps halluciné, Institut d'édition Sanofi-Synthélabo (174 avenue de France, F-75.635 Paris cedex 13), 1999, 322 pages format 240 x 280, avec de très nombreuses reproductions de l'œuvre picturale d'Henri Michaux. 250 FF.

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Friedrich Sieburg

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Friedrich Sieburg

 

Célèbre par son Dieu est-il français? (1929), Friedrich Sie­burg fait l'objet d'une excellente biographie de Cecilia von Bud­denbrock. Correspondant de presse à Paris de 1926 à 1933, pilote dans l'escadrille von Richthofen durant la Gran­de Guerre, Friedrich Sieburg reviendra à Paris de 1940 à 1943, détaché au service culturel de l'ambassade d'Allema­gne. Dominique Venner écrit dans sa préface: «Mieux que son rôle effacé entre 1940 et 1943, ce qui associe Sieburg à la France, c'est son essai Dieu est-il français?, célèbre dès sa parution. Le fait que Raymond Poincaré se soit risqué à ré­futer la livre dans une communication de l'Institut fit son suc­cès. Pourtant, la critique se montra assez peu réceptive. Ro­bert Brasillach, tout jeune encore, étrilla l'ouvrage dans L'action française du 4 décembre 1930, à l'occasion d'une chro­nique intitulée "Contrebande germanique". Relisant au­jourd'hui l'essai de Sieburg, on comprend difficilement ce re­jet, tant son auteur fait des efforts louables de compré­hen­sion. Ses censeurs lui reprochèrent de montrer la France des années 30 comme une sorte de charmant anachronisme adonné au bonheur de vivre à l'heure de son clocher, mé­prisant l'industrialisation forcenée d'une Allemagne pauvre et spartiate. Ce portrait-là était vrai, on l'a bien vu un peu plus tard. Il a même aujourd'hui valeur de document ethnologique pour une France disparue» (PM).

 

Cecilia von BUDDENBROCK, Friedrich Sieburg 1893-1964, Editions de Paris (7 rue de la Comète, F-75.007 Pa­ris), 306 pages, 159 FF.

 

lundi, 04 février 2008

En canot sur les chemins d'eau du roi

En canot sur les chemins d’eau du roi

par Ivan de Duve

(Article paru dans Le Libre Journal de la France Courtoise du 17 novembre 2005 et, sur le Web, dans le site Les manants du roi)

(Ivan de Duve, 11 nov 05) - Un nouveau Raspail est toujours un événement qui nous ravit, nous Patagons. Celui-ci est un grand Raspail et Raspail étant un véritable terroir de la doulce France, l’on peut dire sans exagérer qu’il s’agit d’un cru fameux. Jean Raspail se souvient à 79 ans du Jean qu’il était à 24 ans, en 1949, lorsque, avec trois autres scouts, formant l’équipe Marquette, lui et Philippe Andrieu à bord du canot Huard, Jacques Boucharlat et Yves Kerbendeau à bord du canot Griffon, il réalise le rêve de descendre en canots du Québec à La Nouvelle-Orléans. Des Français les ont précédés sur ces chemins d’eau du roi connu sous le nom de Louis XIV, Roi-Soleil d’un siècle exceptionnel comme l’a nommé si joliment notre ami Jean-Jacques Henri de Bourbon-Parme, roi au nom duquel Cavelier de La Salle prend possession (…) de ce pays de Louisiane (…) acte de naissance de l’Amérique française. L’acte de décès suivra vite. Il ne s’en faudra que de quatre-vingt-dix ans.

C’est le Suisse Nicolas Bouvier (1929-1998) qui m’a ouvert le monde des écrivains-voyageurs qui écrivait Si on ne laisse pas au voyage le droit de nous détruire un peu, autant rester chez soi et, quelques mois avant son décès, Désormais c’est dans un autre ailleurs / qui ne dit pas son nom / dans d’autres souffles et d’autres plaines / qu’il te faudra / plus léger que boule de charbon / disparaître en silence.

Après lui, le Jean Raspail de Secouons le cocotier et de Punch Caraïbe avait suivi la voie qui n’était pas encore royale.

Aujourd’hui Jean Raspail, au sommet de son art, nous fait revivre non seulement son aventure en Amérique mais l’aventure de l’Amérique française. Au long de ces pages, nous passons avec ravissement du 17ème siècle, à l’année 1949 et aux temps présents. Le père Marquette et Louis Joliet ont ouvert la voie, Jean Raspail l’a refermée.

Il annonce la couleur : J’en conviens, c’était un jeu, mais tout jeu de symbole, à l’exemple des enfants, se doit d’être joué sérieusement. J’ai souvent joué à ces jeux au cours de mon existence, du Pérou des Incas à la Patagonie. Je me demande si ce n’est pas, justement, en jouant de cette façon-là que le 21 janvier 1993, bicentenaire de la mort de Louis XVI, j’avais rameuté trente mille personnes à l’emplacement de l’échafaud, devant le Crillon, place de la Concorde, à dix heures vingt-trois, heure précise où tomba la tête du roi, les prières de la foule s’envolant au-dessus d’un océan de voitures bloquées, la chaussée jonchée de bouquets de lys blancs. Quand les convictions tournent à vide parce qu’on est débordé de toutes parts et qu’on ne distingue plus aucun moyen de les voir un jour s’imposer, il faut les habiller d’attitudes tranchées. Cela est un jeu… (…) Il en est des rites comme des jeux, on s’y applique sérieusement ou pas du tout, faute de quoi cela n’a pas de sens et on a salopé quelque chose, un rêve d’enfant, une étincelle de sacré.

L’abbé Tessier lui avait dit : C’est égal, mais en vous regardant vous débattre comme des mangeurs de lard avec vos canots le jour où vous êtes partis, je n’aurais pas misé une piastre sur vous. J’avoue que j’aurais quant à moi volontiers misé un peso patagon, oh, oui !

Raspail connaît l’histoire :
Et le canot, donc !
Les brigades des compagnies de la Fourrure, de Montréal et de Trois-Rivières, les embarcations des missionnaires, des marchands, des colons, naviguèrent sur les chemins d’eau jusqu’à la moitié de XIXe siècle, jusqu’à ce qu’un autre chemin, celui du Canadian Pacific Railway, souvent parallèle aux fleuves et rivières, n’envoie définitivement les canots, la « civilisation du canot », au pourrissement et à l’oubli. L’épopée avait tout de même duré deux cent et trente années.

Quant aux Français, sous le commandement de Cavelier de La Salle, Isolés à des milliers de kilomètres de leur base et de plus loin encore de leur patrie, ils ont conquis l’immensité.

Nos quatre scouts de France continuent leur périple : Souvent, nous scrutions l’eau, silencieux, mais rien n’apparaissait jamais, seulement le reflet de notre imagination. Nous avions cent cinquante ans de retard, et ce retard ne pouvait se combler. (…) La rivière nous appartenait. Depuis les voyageurs elle n’avait pas changé. « Griffon » et « Huard » naviguaient de conserve : une petite brigade attardée qui prenait le courant en plein dans le nez mais qui s’en sortait fort bien. (…) Il y fallait une certaine ambiance rare, la plénitude, l’isolement, l’élan religieux jubilatoire qui se dégage d’un environnement naturel et vrai, comme si le monde venait d’être crée, le sentiment presque monastique de s’échapper de l’univers réel et d’être mis en la présence de Dieu. (…) à la poursuite d’un royaume qu’en fait ils portaient en eux. (…) Sur le moment, nous n’avons pas pensé à sainte Anne. Sans doute veillait-elle en permanence(…) Sainte Anne, ma patronne ! Émouvant !

Comme est émouvant le père Allouez quand il évoque Louis XIV devant les sauvages d’Amérique Le grand capitaine, que nous nommons notre roi, vit par-delà les mers. C’est le capitaine de tous les capitaines et il n’a pas son égal dans le monde.

Mais Raspail revient à sa randonnée : Nous avironnions furieusement, les dents serrées, sans un mot, sans une pensée, l’œil rivé à l’île Mackinac qui grossissait peu à peu, mais si lentement, au-dessus de l’horizon.

Quant aux descendants de tant de peuples européens en Amérique, des Français, ils n’avaient rien hérité, ni la langue, ni l’histoire, ni les façons, ni l’élégant détachement des biens matériels et encore moins leur inclination fraternelle à l’égard des populations indiennes.

Et parlant de sa petite équipe : j’ai dit que nous étions des messagers, des passeurs sur les chemins d’eau du roi de France entre autrefois et aujourd’hui…
Et revenant à Cavelier de La Salle : Il s’était retiré dans sa cabine pour méditer furieusement sur la médiocrité humaine. Que d’affinités électives ! Un siècle plus tard, Goethe écrivait à Schiller : Il ne m’est jamais arrivé, dans le cours de mon existence, de rencontrer… un bonheur inespéré, un bien que je n’aie dû conquérir de haute lutte. Raspail aurait pu écrire cette lettre. Quand je vous disais qu’il est au sommet de son art. Je ne peux qu’ajouter qu’il est aussi au sommet de sa race… Nous étions des messagers, des passeurs de mémoire sur les chemins d’eau… Le père Jacques Marquette et Louis Joliet ? Ils avaient ouvert la route. Nous la fermions. (…) J’étais l’un d’entre eux. Je veillais aux frontières oubliées. Et, plus loin : Un nombre infini de Français se sentent sudistes. Ils savent qu’en réalité, ce n’était pas pour maintenir l’esclavage que tout le Sud se battait, mais pour défendre, face aux Yankees, une patrie charnelle qui tenait à l’âme autant qu’à la terre, un style de vie, une façon d’être et d’envisager le bonheur, des usages, une certaine urbanité partagée par toutes les classes de la société. Nous étions sudistes, nous aussi. On ne peut être plus clair et ce ne sont ni Maurice Bardèche (Sparte et les sudistes) ni Dominique Venner (Gettysburg) qui diraient autrement.

La conclusion de Jean Raspail est criante de vérité : On a passé là d’excellents moments, flottant entre le XVIIe et le XXe siècle. C’est exactement cela que son aventure d’Amérique nous offre : d’excellents moments, flottant entre le XVIIe et le XXe siècle.

Un merveilleux livre d’aventure où se rejoignent passé et présent. Un monument de mémoire. Merci Jean Raspail d’avoir su si bien exprimer ce que nous ressentons.

Jean Raspail, En canot sur les chemins d’eau du roi, Albin Michel, 352 p., novembre 2005.
ISBN 2-226-16824-9

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dimanche, 06 janvier 2008

Nietzsche: affirmation et religion

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Princeton University Press : Tyler T. Roberts, professeur assis­tant en études religieuses au Grinnell College, vient de publier un ou­vra­ge intitulé « Contesting Spirit. Nietzsche, Affirmation, Religion » [Esprit contestataire : Nietzsche, Affirmation, Religion]. Roberts con­tes­te la vision courante qui pose Nietzsche comme un penseur farou­che­ment anti-religieux. Au contraire, le caractère résolument affirmatif de la pensée de Nietzsche fait de sa pensée une pensée fondamen­talement religieuse, qui conteste seulement l’ambiguïté des positions as­cétiques et parfois mystiques. De ce fait, Nietzsche transfigure les tro­pismes et les pratiques religieuses en rejetant la haine du corps et du monde. Nietzsche n’appartient pas à cette catégorie des philo­so­phes du soupçon qui réduisent tout discours aux platitudes modernes et positivistes, mais un maître qui nous force à aller bien loin au-delà de celles-ci.

Tyler T. ROBERTS, Contesting Spirit. Nietzsche, Affir­ma­tion, Religion, O-691-00127-8, 1998, £13.95. Pour l’Europe com­mander à : John Wiley @ Sons, 1 Oldlands Way, Bognor Regis, West Sus­sex PO22 9SA. Customer@Wiley.co.uk

 

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mardi, 01 janvier 2008

Sur Sir Oswald Mosley

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Sur Sir Oswald Mosley

 

Richard Thurlow, pour le compte de l’éditeur londonien I. B. Tauris, vient de publier une nouvelle histoire du mouvement fasciste britan­nique, centré autour des « Black Shirts » de Sir Oswald Mosley. Ou­tre une histoire générale de ce mouvement, né de la grande crise éco­nomique qui a secoué l’Angleterre à la fin des années 20 et au début des années 30, le livre de Thurlow aborde l’histoire personnelle de Mosley après 1940-45. Interné en 1940 pour raisons de sécurité, Mosley, écrit Thurlow, a utilisé son repos forcé en prison ou en résidence surveillée, pour lire énormément. Thurlow signale ainsi qu’il a appris la langue allemande et s’est intéressé à l’histoire de la Grèce antique. Cet intérêt a notamment renforcé son classicisme, son en­gouement pour les formes dites « classiques » de notre civilisation. La correspondance avec son fils Nicholas témoigne de son intérêt pour l’évolutionnisme non matérialiste, s’enracinant dans la psycho­lo­gie de Jung et la nouvelle physique de Jeans et Eddington. De ces lec­tures éparses, Mosley déduit une théorie de l’homme de « pensée et d’action » (« Thought-Deed Man »), opposé à cette « volonté de con­fort », qui prévalait dans l’ethos puritain du capitalisme britan­nique et de sa classe dominante.

Pendant ces quelques années de ré­clusion forcée, Mosley a cessé d’être un nationaliste britannique pour se muer en Européen. La figure du Faust de Goethe, le wag­né­risme revu par George Bernard Shaw et la philosophie de Nietzsche se sont combinés dans l’esprit de Mosley. Celui-ci estimait que, chez Faust, la quête de beauté et d’achèvement, ne pouvait se réaliser que par un effort constant, sans repos, et que si une sorte de satis­faction béate remplaçait cette quête, l’évolution personnelle de l’hom­me arrêtait sa marche, et qu’alors, l’extinction et la mort survenaient. La fébrilité incessante, propre de l’homme (surtout de l’homme fau­stien), devait être canalisée vers des objectifs positifs, socialement et po­litiquement utiles et féconds. Les travers de l’homme pouvaient dès lors être mobilisés pour atteindre un « Bien », surtout par le truchement de l’art et de l’action. Mosley a donc développé une vision faustienne de l’homme européen, qui s’est superposée à la vision nietz­schéenne du surhomme. Son « Thought-Deed-Man » devait ser­vir d’anthropologie fondamentale à l’Europe unie du futur. Thurlow montre que Mosley s’est efforcé de concevoir une vision positive de l’hom­me, de communiquer une éthique constructive à ses militants, tan­dis qu’une bonne part des rescapés du fascisme britannique bas­cu­lait dans les théories de la conspiration et du complot (géné­ra­lement « judéo-maçonnique »).  

Autre volet intéressant dans l’étude de Thurlow : le débat sur l’in­ter­nement et la libération de Mosley pendant la seconde guerre mon­diale en Grande-Bretagne. Le principe de liberté de conscience, d’o­pi­nion et de parole est sacré en droit britannique. De ce fait, l’inter­ne­ment des fascistes en 1940 a suscité des réactions variées et somme toute assez mitigées. Mosley, citoyen britannique issu de la classe dominante, ne pouvait juridiquement pas être interné pour ses opi­nions, mais uniquement, le cas échéant, pour des actes concrets de sa­botage ou de trahison, mais il n’en avait pas commis… En no­vem­bre 1943, le monde politique britannique connaît une crise sérieuse quand on parle de relâcher Mosley. Les communistes, à l’époque as­sez puissants et forts de l’alliance qui lie Londres à Moscou, tentent de provoquer une crise, excitent les émotions, ce qui menace la pro­duction de guerre. Thurlow rappelle que, généralement, la gauche s’in­surgeait avant la guerre avec véhémence contre toute action gou­ver­nementale visant à restreindre les libertés civiles. En novembre 43, en revanche, dans le cas de Mosley et de ses compagnons, les communistes et le « Council for Civil Liberties » (qu’ils contrôlaient partiellement), militaient pour maintenir l’ex-chef du BUF (British U­nion of Fascists) en détention. Harold Nicholson, membre du « Coun­cil for Civil Liberties », démissionne, car il n’accepte pas la position de la majorité de ce conseil dans l’affaire Mosley : pour Nicholson, il était illogique qu’un tel organisme, visant à défendre les libertés ci­viles des citoyens, appuyât le maintien en détention d’un citoyen sans jugement. Trente-huit autres membres du Council suivirent Nichol­son. Ils estimaient qu’en 1940, on pouvait comprendre l’internement de Mosley et des fascistes, vu les menaces allemandes pesant dir­ec­te­ment sur le territoire britannique, mais qu’en 1943, la fortune de guerre avait changé de camp et les Allemands ne menaçaient plus l’Angleterre d’une invasion. Ensuite, Nicholson et ses amis jugeaient la position des communistes particulièrement hypocrite, dans la me­su­re où ils avaient, eux aussi, milité contre la guerre en même temps que Mosley. Ils étaient donc tout aussi coupables que lui, et cela, jusqu’en juin 1941, où, du jour au lendemain, ils s’étaient mués en su­per-patriotes !  

Chez les socialistes, les attitudes furent variées. Dès 1940, le député travailliste Richard Stokes, d’Ipswich, réclame la libération de Mosley et de ses amis parce que leur détention enfreint le principe de res­pect absolu des libertés civiles. Aux yeux de ces travaillistes, Mosley devait soit être jugé comme traître soit immédiatement libéré. Mais, la base des syndicats, travaillée par les communistes, adresse deux lett­res à Herbert Morrison, président des « trade unions », lui préci­sant que la libération de Mosley porterait un coup au moral des civils, parce que le leader de la BUF avait fini par symboliser le fascisme et le nazisme contre lesquels les ouvriers britanniques avaient été in­ci­tés à combattre par un travail accru, des sacrifices sociaux et des ca­den­ces infernales. Quant au gouvernement conservateur de Chur­chill, son souci était de ne pas apporter d’eau au moulin des neu­tra­listes américains, fortement représentés dans l’opinion d’Outre-Atlan­ti­que. En effet, il pouvait paraître incongru de faire officiellement la guerre à la tyrannie fasciste ou nazie, alors que des citoyens britan­ni­ques croupissaient en prison sans avoir été jugés. L’artifice juridique pour libérer Mosley et bon nombre de ses compagnons a été de rap­pe­ler que l’article DR18b, qui permettait temporairement l’isolement de personnes dangereuses pour la sécurité de l’Etat en temps de guer­re, stipulait que la santé des prisonniers ne pouvait jamais être mi­se en danger. Mosley, atteint d’une phlébite, pouvant avoir des con­séquences graves, devait donc être relaxé. De plus, il avait con­si­dé­rablement maigri, ce qui suscitait l’inquiétude des médecins. Les com­munistes organisèrent des manifestations dans Londres et aill­eurs, mais les grèves dont ils avaient menacé le gouvernement n’eu­rent pas lieu. L’Union Soviétique avait besoin de matériel américain et britannique pour faire face aux troupes allemandes.  

Benoît DUCARME.  

Richard THURLOW, Fascism in Britain. From Oswald Mosley’s Blackshirts to the National Front, I. B. Tauris, London, 1998, 298 pa­ges, ISBN 1-86064-337-X.

samedi, 29 décembre 2007

M. Maffesoli et "La violence totalitaire"

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Laurent SCHANG :

Un classique à relire: Michel Maffesoli et "La violence totalitaire"

 

Conférence tenue à l'Université d'été de "Synergies Européennes", 1999, Pérouse/Ombrie

 

«L’Etat qui se veut le propriétaire de la société en vient à exercer une violence pouvant prendre des formes diverses, mais dont le résultat est identique. En effet, que ce soit à la manière douce de la tech­no­structure, ou brutalement sous les diverses tyrannies, ce qui se veut totalisant tend à devenir  totalitaire».

 

Ces propos, introduction à l’essai d’anthropologie politique La vio­lence totalitaire ,  illustrent le projet panoramique de sociologie politi­que du politologue Michel Maffesoli. C’est une œuvre puissante, vo­lon­tariste, touffue également, qui trouve sa place au côté de son pen­dant philosophique, Michel Onfray.

 

Le lecteur y retrouve en filigrane les trois thèmes centraux de sa ré­flexion protéiforme et engagée, que sont:

-l’opposition ontologique entre puissance et pouvoir;

-la nature fondamentalement totalitaire de toute structure étatique;  et

-l’immanence «ouroubore», ou cyclique de tout processus révolution­nai­re.

Trois axes d’une pensée vivifiante directement située dans la conti­nuité de ses lectures, à savoir Spengler, Tönnies, Weber, Freund, Schmitt et Durkheim. Des classiques de l’hétérodoxie politique dont  Maffesoli  s’est non seulement imprégné mais qu’il se réapproprie et réactualise dans une logique de contestation, pondérée par ce qu’on appellera génériquement un conservatisme cynique qui doit plus aux le­çons de la sociologie qu’à des convictions personnelles néces­saire­ment idéologiques.

 

Logique de contestation et conservatisme cynique

 

Chez Maffesoli, c’est la démarche «para-scientifique» qui fonde la qua­lité de sa réflexion, plus encore que la pertinence de ses déve­lop­pe­ments et conclusions. «Une démarche proche du poétique pour la­quelle il est moins important de changer le monde que daller au plus profond dans l’investigation et la monstration». Selon la formule de l’Ec­clésiaste: «Quid  novi  sub sole? Nihil». Plus précisément, cela con­siste, «comme le dit Rainer Maria Rilke, à affronter, à vivre ce problème essentiel qu’est l’existence, dans une "saisie du présent" qui récuse l’historicisme et revendique le droit à l’inutilité. Un exis­ten­tia­lisme vitaliste qui puise à la source de Nietzsche et ne craint pas de recourir autant, sinon plus, aux enseignements des grandes plu­mes littéraires qu’aux cours magistraux des pères de la science politi­que. Qu’on juge plutôt: Raymond Aron est quasi-absent de La vio­len­ce totalitaire, bel exploit pour un politologue français.

 

A l’inverse, ses influences «pirates» témoignent d’une absence d’a prio­ri et d’une aspiration à la connaissance la plus large, qui tra­dui­sent un art de penser le monde et les hommes tout de souplesse et de circonvolutions. Livrées en vrac, les références qui parsèment La violence totalitaire, artistiques pour la plupart, parlent d’elles-mêmes: Artaud, Bloch, Breton, Céline, De Man, Hoffmansthal, Jouvenel, Klos­sow­ski, Krauss, Lukacs, Maistre, Michels, Orwell, Pareto, Vico,  etc. La liste n’est pas exhaustive.

 

Et de fait, on ne peut rien comprendre au cheminement intellectuel de Michel Maffesoli si l’on n’a pas en tête, page après page, sa lumi­neu­se formule: «Il y a toujours de la vie, et c’est cela qui véritablement po­se problème».

 

Polythéisme des valeurs et néo-tribalisme

 

Sa réflexion va du nominalisme à l’empathie, et prône le dépasse­ment des frontières dressées entre les divers aspects de la vie so­cia­le et de la vie naturelle. Une nécessité dictée par les signes avant-cou­reurs d’une mutation de notre civilisation: achèvement du pro­gres­sisme historique, accentuation a contrario du concept de temps pré­sent, relativisation de la maîtrise bourgeoise du temps et de l’es­pa­ce, remise en cause de l’exploitation de la nature, de la domination ra­tionalisée de la société.

 

Une critique des Lumières donc, prémisse d’une révolution dans la­quelle Maffesoli discerne le retour au polythéisme des valeurs et l’é­mer­gence d’un «néo-tribalisme diffus ne se reconnaissant plus dans les valeurs rationnelles, universelles, mécaniques qui ont marqué la mo­dernité».

 

Le réveil de la communauté contre la réduction au même, la Spaltung

 

«En gros le [pouvoir] est l’apanage de l’Etat sous ses diverses mo­du­lations. Le pouvoir est de l’ordre de l’institué. Par contre la puissance (...) vient du bas, elle est le fondement même de l’être-ensemble»; elle est force spirituelle «indépendante des facteurs matériels, nom­bre et ressource» (H. Arendt).

 

Maffesoli récupère la Freund-Feind-Theorie  de Carl Schmitt: il y a pou­voir là où il y a affaiblissement de la puissance (collective), deux fac­teurs indissociables et antagonistes qui composent toute constitu­tion politique. Il reprend dans la foulée la distinction opérée par Vil­fredo Pareto entre la puissance «résidus», constantes de l’activité hu­maine, et le pouvoir «dérivations», conceptions variables, pôle dyna­mique. «L’entrecroisement (des deux) constitue la trame sociale» dans un rapport de forces en équilibre toujours instable.

 

Parler de l’Etat, après Nietzsche, c’est «parler de la mort des peu­ples», tant sa logique élémentaire consiste à mettre en application l’é­quation «moi l’Etat, je suis le peuple».

 

Pour autant, le fantasme totalitaire n’est pas réductible «aux seuls fas­cisme et stalinisme, mais (...) il a tendance à se capillariser  dans l’en­semble du monde par le biais du contrôle, de la sécurisation de l’exis­tence ou du bonheur planifié», tel que l’exprime également l’a­merican way of life.

 

Le propre du pouvoir réside dans le projet social idéalisé qu’il entend im­poser, déniant «la réalité ou l’efficace des différences, des cultures, des mutations» sur la base de son idéologie positiviste.

 

«Une autre de ses facettes est (...) la laïcisation (...) de l’unicité salva­trice chargée d’assurer des promesses futures», dans une logique mi­se en évidence par Hobbes d’utilisation «du droit naturel comme sub­stitut de la loi divine.»

 

Solidarité mécanique contre solidarité organique

 

L’unicité factice ainsi créée nie la solidarité d’ordre organique pour lui substituer une «solidarité mécanique» dont les rouages ont été mis en avant par les travaux de Durkheim. Pour asseoir sa domination, le pouvoir dispose de multiples ressorts: la lutte contre la faim, le besoin de sécurité, l’organisation du travail; autant de facteurs de déstruc­tu­ration sociale qui jouent un rôle médiateur entre pouvoir et puissance.

 

Détenteur de la technique, le pouvoir méconnaît les limitations libé­ra­les du pouvoir par le pouvoir, du pouvoir par le savoir. La liberté ab­straite véhiculée par l’égalité nie la pluralité de l’action sociale. L’ano­mie généralisée qu’elle suscite entraîne automatiquement le relâ­che­ment du lien communautaire. Son fondement individualiste néglige le fait que la vie individuelle découle de la vie collective, et non l’inverse. L’égalisation par l’économique achève de diluer le sens tragique du rap­port désir individuel-nécessité sociétale dans ce que Maffesoli ap­pelle «l’ennui de la sécurisation (...) ce qu’il est convenu d’appeler le progrès de la société.»

 

Héritage des Lumières et de l’Europe du XIXe siècle, l’idéologie tech­ni­cienne amorce l’ère de la rationalité totalitaire. «La technique orien­tée vers une fin» selon les propos de Jürgen Habermas, qui ne man­que pas de dénoncer la dérive sacralisante de la technique moderne, in­carnée dans sa bureaucratie.

 

Mais, par bureaucratie, Maffesoli n’entend pas le poids de l’admi­nis­tra­tion sur la société; il nomme «bureaucratie» le jeu démocratique mê­me.

 

Idéologie technicienne et société du spectacle

 

«La bureaucratie de l’Etat moderne se reflète dans les partis». La pri­se de parole contestataire entretient «un état de tension qui lui as­su­re dynamisme et perdurance». C’est d’ailleurs l’étymologie du verbe con­tester: con-tester, aller avec et non pas contre. L’opposition est a­vor­tée dans l’œuf, elle devient adjuvant de l’institution. Un consensus qui mime seulement la socialité participative. La bureaucratie n’écou­te pas l’opinion atomisée, elle la met en scène périodiquement par le biais des élections, des sondages médiatisés, des enquêtes journa­listi­ques.

 

On entre dans la société du spectacle de Guy Debord, qui dit que «Don­ner la parole, la concéder c’est déjà en empêcher l’irruption vio­len­te, c’est la châtrer de sa vertu subversive».

 

La Gesellschaft a vaincu la Gemeinschaft.

 

La révolution : «mythe européen» et «catharisme moderne»

 

A ce stade de son analyse, Michel Maffesoli convient que «tout pou­voir politique est conservateur», parce qu’il incarne une immanence que la circulation des élites ne fait que redynamiser. Ceci au besoin par l’action révolutionnaire, dont il désamorce la charge subversive. Sa définition de la révolution est la suivante:  «La révolution est la ma­nifestation d’une archaïque pulsion d’espérance ou d’un irrépres­sible désir de collectif, et en même temps le moyen par lequel s’ex­pri­ment la "circulation des élites", le perfectionnement de l’idéologie pro­duc­tiviste et l’affermissement d’un contrôle social généralisé», «le rem­placement d’un pouvoir faible par un pouvoir fort, purification so­ciale qui ne change rien à la structure réelle du pouvoir».

 

La révolution est un «mythe européen», dont «le monothéisme so­cial» pour reprendre l’expression de Maffesoli est un projet totalitaire, est intégré au projet totalitaire intrinsèque au pouvoir. C’est le mythe pro­méthéen d’une société parfaite, utopique, un «catharisme moder­ne» dont le souci est la purification du monde. Sans ironie, on peut con­sidérer la Compagnie de Jésus comme sa représentation la plus aboutie.

 

Le progressisme linéaire qui prévaut dans l’esprit révolutionnaire mo­derne rompt avec la présupposition d’un ordre éternel et d’une défini­tion de la révolution comme restauration de cet ordre. Aujourd’hui, la révolution est conçue comme «un renversement violent du pouvoir éta­bli avec l’appui des masses ou du peuple sous l’autorité de grou­pes animés par un programme idéologique». Cependant il est frap­pant de constater que, de 1789 à 1968, ce sont les mêmes référen­ces issues du passé qui ont mobilisé les énergies révolutionnaires. Chez Rousseau comme chez Marx se dessine la même rémanence d’une restauration d’une nature vraie, et perdue, de l’homme. Il n’y a pas d’épistémé, mais, dixit Bachelard, un «profil», une épaisseur é­pistémologique, où l’on retrouve dans des arguments divers des élé­ments semblables supérieurs au messianisme épiphénoménal de cha­que période révolutionnaire. En ce sens, Maffesoli rejoint Freund, quand celui-ci dit que «le ré­vo­lutionnaire authentique est un conser­va­teur». «Une fois [la] fonction [révolutionnaire] accomplie [translatio imperii] sétablit un nouveau pou­voir dont le principal souci sera de juguler la révolte qui lui a don­né naissance».

 

La révolution permanente prônée par les Robespierre, Saint-Just, Trot­sky, et aussi d’une certaine manière Ernst Röhm, est une scorie phraséologique qu’il faut dépasser. Le calcul et le quantitatif doivent succéder au charisme et au qualitatif. Ce qui permet à Maffesoli de qua­lifier la révolution d’invariance du pouvoir et de reproduction du même. «Le révolutionnaire aime vivre dans l’ordre (...) . L’idée n’a rien de pa­ra­doxal. «La perspective révolutionnaire est réaction contre un ordre anarchique (...) elle fonctionne sur la nostalgie d’une totalité parfaite (...) où l’égalisation (...) serait le garant du bonheur total.»

 

La révolution annexe de l’ordre capitaliste industriel  

 

Science, technique, raison et égalité forment autant la colonne verté­brale de la révolution que de la société de domination.

 

Avec Baechler, il faut mettre en exergue le fait que «le peuple ne fait ja­mais de révolution, mais participe à une révolution (...) le peuple ne prend jamais le pouvoir, mais aide une élite à le faire». La révolution n’est qu’une «circulation accélérée des élites», pour reprendre les ter­mes de Jules Monnerot, un changement de vitesse et jamais un chan­gement de structure.

 

On peut dire ainsi tant que l’homme sera homme, qu’à une révolution succédera une autre révolution, elle-même poursuivie par une révo­lu­tion boutée par une autre révolution, dans un mouvement cyclique in­fi­ni, puisqu’en finalité chaque révolution se rigidifie au contact du pou­voir, et se grippe.

 

La révolution est devenue l’annexe de l’ordre capitaliste industriel des XIXe et XXe siècles. Fondées sur l’idéal de «l’activité économique séparée et systématisée, et de l’individu comme personnalité auto­no­mi­sée et référée comme telle», la révolution et le pouvoir sont les deux actes d’une même pièce, une tragédie appelée totalitarisme.

 

Le serpent «dont il faut venir à bout»

 

Pour conclure, et parce que, malgré tout, après la pluie revient le beau temps, je vous soumettrai en note d’espoir les quelques anti­do­tes proposés par Michel Maffesoli pour contrer La violence totalitaire. Lesquels antidotes rejoignent par bien des aspects les positions dé­fen­dues par Synergies Européennes:

 

-en premier, un devoir pour nous tous: «désamorcer, ainsi que le dé­mon­trait Durkheim, cette superstition d’après laquelle le législateur, doué d’un pouvoir à peu près illimité, serait capable de créer, mo­di­fier, supprimer les lois selon son bon plaisir (...) [et redécouvrir que] le droit est issu de nous, c’est-à-dire de la vie elle-même (...)»

 

-ensuite, restaurer l’authenticité de la question nationale dans son ex­pres­sion communautaire, seule formule historique qui ne cède pas à la «crispation particulariste» mais tend vers un «ailleurs universel».

 

-enfin, étendre l’idée incarnée dans la germanité nietzschéenne aux niveaux européen puis mondial. Briser la rationalité étriquée du cen­tra­lisme étatique et bureaucratique par la dynamique de l’enracine­ment. Une manière d’exprimer le plus harmonieusement le dévelop­pe­ment individuel et social, et leur rapport à la nature comme néces­sité.

 

Et puisque la révolution et le progrès sont tous deux d’essence mythi­que, je soulignerai que si l’Ouroubouros est le «gardien de la péren­ni­té ancestrale» du pouvoir dans sa continuité, c’est aussi le serpent «dont il faut venir à bout». Peut-être parmi nous se trouvent déjà, ici mê­me, les Saint-Michel, Saint-Georges, Jason ou Héraklès qui ac­com­pliront cette tâche civilisatrice.

 

Pour que cesse La violence totalitaire.

 

Laurent SCHANG.

 

Achevé décrire en 1979, publié chez Klincksieck depuis 1992, La vio­lence totalitaire. Essai d’anthropologie politique de Michel Maffesoli est aussi disponible chez Desclée de Brouwer depuis cette année 1999.

vendredi, 02 novembre 2007

G. Dumistresco: l'holocauste des âmes

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Grégoire Dumitresco: l'holocauste des âmes

Grégoire Dumitresco, né à Cepale (Valachie) en 1923, fut emprisonné par la Securitate à Pitesti de 1948 à 1951. Il se réfugia en Allemagne en 1953 où il vécut jusqu'à sa mort en 1983. La Librairie roumaine antitotalitaire publie son témoignage (première parution en 1978) sous le titre "L'Holocauste des âmes". G. Dumitresco écrit: «Les pages qui suivent dévoilent la terreur déclenchée par le régime communiste en Roumanie, dans les années 1949-1951, notamment à la prison de Pitesti, ainsi que mes pensées et mes sentiments durant la période où j'y fus détenu. A Pitesti, il était question de “se démasquer” car, selon les dirigeants du parti, tous les prisonniers politiques portaient “un masque”, qu'ils devaient, coûte que coûte, arracher. Le lecteur jugera peut-être certains faits incroyables. Mais, si jamais lumière est faite sur le crime contre l'humanité perpétré à Pitesti, on devra convenir que mes paroles sont loin d'exprimer toute la torture physique et morale à laquelle furent soumis les quelque mille détenus politiques de ce pénitencier. Il a bien fallu que la terreur décrite au long de ces pages, et sa méthode diabolique, eussent un commencement; les mystérieuses prisons communistes de la premiere vague de terreur n'y sont évidemment pas étrangères. La “rééducation” pratiquée au pénitencier de Pitesti constitue sans nul doute une nouvelle édition, trente ans après, de la première rééducation soviétique par le fer et par le feu, une nouvelle version encore plus élaborée de crime contre l'humanité: un crime dont le mobile était l'anéantissement de la personnalité humaine» (P. MONTHÉLIE).

Grégoire DUMITRESCO, L'Holocauste des âmes, Librairie antitotalitaire roumaine (5 rue Malebranche, F-75.005 Paris), 1997, 262 pages.

 

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