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dimanche, 29 janvier 2017

L'Eurasie et ses racines spirituelles

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L'Eurasie et ses racines spirituelles

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Conférence au Cercle de l'Aréopage:
L'Eurasie et ses racines spirituelles
Par Emmanuel Leroy

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Le Populisme ou la véritable démocratie

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Le Populisme ou la véritable démocratie

Le Populisme ou la véritable démocratie

par Bernard Plouvier

Editeur: Les Bouquins de Synthèse nationale

Sortie Janvier 2017

292 pages

22 €

Un entretien avec Bernard Plouvier à l'occasion de la sortie de son livre "Le Populisme ou la véritable démocratie"

populisme-la-vraie-democratie.jpgQ.  Dans ce livre, vous présentez ce que les bien-pensants et bien-disants interpréteraient comme un non-sens : l’assimilation du populisme à la démocratie. Est-ce une provocation à but commercial ou l’expression d’une intime conviction ?

R. Vous m’avez mal lu : je n’ai pas écrit du populisme qu’il était une forme de démocratie. Je prétends qu’il s’agit de la SEULE véritable démocratie, soit le gouvernement POUR le peuple. Le but de tout gouvernement est d’administrer au mieux le Bien commun. C’est ce que, durant l’Antiquité gréco-romaine – qui est notre racine fondamentale, avec celles moins bien connues des civilisations celto-germano-scandinaves -, l’on nommait la Chose publique.

Q. Pourtant les démocraties grecques antiques n’ont pas été des régimes populistes.      

R. Effectivement, ce que nos brillants universitaires (les historiens allemands sont généralement moins naïfs) nomment la « Démocratie athénienne » n’était qu’une ploutocratie. Pour faire simple, une ploutocratie est un gouvernement de riches qui n’agissent que pour donner à leur caste – héréditaire ou matrimoniale - et à leur classe – liée à la surface sociale – les moyens d’assurer la pérennité de leur domination.

Certes, un peu partout en Grèce, à partir du 6e siècle avant notre ère, on a introduit la notion d’égalité devant la Loi, mais cela ne touchait que les seuls citoyens, nullement les étrangers et moins encore les esclaves qui n’étaient que des biens mobiliers, des choses. En outre, les citoyens pauvres n’avaient que le droit d’élire des riches pour administrer l’État. En gros, cela n’a guère changé en 25 siècles !

Et très vite, les peuples se sont révoltés. D’authentiques populistes ont dominé de nombreuses cités grecques antiques, puis Rome. Ces « tyrans » ont tous été élus, acclamés par le peuple, mais agonis par la classe des lettrés, issus de la caste nobiliaire. La mauvaise réputation du populisme est une affaire de règlement de comptes entre les riches et les chefs des pauvres… car les ploutocrates reviennent toujours et partout au Pouvoir, les pauvres étant trop souvent victimes de leur irréflexion et les gens des media – de l’aède antique au présentateur d’actualités télévisées – étant fort vénaux.

Q. Ce livre est donc une promenade historique, une visite guidée dans le Musée du populisme. Cela signifie-t-il qu’il existe des causes et des effets récurrents dans l’histoire humaine qui mènent au populisme ?

Bien évidemment et cela revient à dire qu’il existe des critères qui permettent à l’observateur de différentier un véritable populiste – être rare – d’un banal démagogue. Il faut être très critique à l’égard de ce qu’affirment les journalistes et les « politologues », cette curiosité contemporaine, lorsqu’ils balancent, un peu au hasard, l’appellation de populiste, ce qui est souvent, pour ces ignorants, une accusation, alors que de nombreux exemples prouvent le bénéfice que certaines Nations ont retiré des gouvernements populistes… et l’étude des échecs est également instructive.

Un chapitre entier du livre est consacré aux valeurs populistes et un autre aux critères, universels et diachroniques, d’un gouvernement authentiquement populiste. Et l’on étudie les différences qui existent entre le régime populiste et le despotisme éclairé.

Q. Comment survient ce type de régime ?

Comme toujours en histoire, il faut, pour observer un phénomène hors du commun, la communion d’un chef charismatique et d’un groupe de compagnons résolus, unis par le même idéal… mais, hélas, pas toujours par des idées communes. Trop de théoriciens tuent un mouvement d’essence populiste avant qu’il puisse prétendre au Pouvoir. C’est ce que l’on a vu en France ou en Espagne durant l’entre-deux-guerres.

Q. Ma question était mal posée : pourquoi un mouvement populiste réussit-il une percée ?

Ce type de mouvement résulte toujours d’un mal-être profond de la Nation, dans ses couches laborieuses et honnêtes… ce qui suffit à différentier le populisme des partis marxistes, dirigés par de très ambitieux intellectuels déclassés et composés de sous-doués hargneux, envieux et fort peu motivés par le travail.

Dès qu’une ploutocratie cesse de proposer au peuple une ambition pour la génération active ou, de façon plus grave encore, une promesse d’avenir pour les descendants, elle devient insupportable. La situation devient intolérable, explosive, lorsque la Nation – soit la fraction autochtone du peuple – est menacée dans sa survie.

L’insurrection devient alors légitime, à moins qu’un mouvement, prenant en compte les besoins et les aspirations du peuple – singulièrement ces valeurs qui font l’identité d’une Nation –, rassemble une majorité électorale qui lui permette de parvenir démocratiquement au Pouvoir, ce qui évite l’insurrection, ses crimes et ses destructions… là encore, on mesure bien la différence entre le populisme et l’ignominie marxiste, où la Révolution est le bien suprême, nécessaire aux chefs et aux petits chefs pour se saisir du Pouvoir et des sinécures.  

Q. Finalement, le populisme, ce serait la réaction saine d’un peuple qui souffre, qui est écœuré de ses soi-disant élites et qui aspire à une vie plus digne, faite de travail et d’honnêteté dans la gestion des affaires publiques, permettant d’espérer un avenir meilleur pour les enfants et les petits-enfants ? 

Vous avez tout compris.

L'auteur : Bernard Plouvier est né en 1949. Il a été interne des hôpitaux puis chef de clinique au CHU de Lille. Depuis 1979, il est chef de service hospitalier, spécialisé en Médecine interne. Il a été élu membre de l’Académie des Sciences de New York en mai 1980. Il collabore régulière­ment à la revue Synthèse nationale ainsi qu'au site EuroLibertés.

samedi, 28 janvier 2017

La véritable nature de la démocratie moderne

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La véritable nature de la démocratie moderne

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Conférence au Cercle de l'Aréopage:
La véritable nature de la démocratie moderne
Par Maxence Hecquard et Pierre Magnard

Ouvrage présenté:
https://www.amazon.fr/fondements-phil...

La démocratie est aujourd'hui une valeur sacrée, une véritable religion. Dans un ouvrage passionné, passionnant [...] où toute l'histoire de la pensée politique moderne et contemporaine est citée à comparaître " (P. Magnard), Maxence Hecquard revisite les fondements et la genèse de cette religion séculière. L'antique ordre du monde s'est écroulé. La mort de Dieu, définitive depuis Darwin, fait place à un Etat de droit fondé sur une.. vérité scientifique : le progrès. Oui contesterait un tel régime ? La cohérence remarquable du système apparaît ainsi à l'énoncé de la métaphysique sous-jacente : celle d'un univers en évolution peint par Condorcet et Teilhard de Chardin, mais véritablement pensé par Kant, Hegel et Darwin. La démocratie est le moment politique de ce progrès. Hasard et liberté, droit et morale, intérêt et bien commun forment désormais autant de couples indissolubles. Le lien social devient essentiellement économique...

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théorie politique,politologie,sciences politiques,philosophie politique

Parviz Amoghli: Ernst Jünger und wir - Der Waldgang heute

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Parviz Amoghli: Ernst Jünger und wir - Der Waldgang heute

Der Berliner Publizist und Filmemacher Parviz Amoghli formulierte am 25. Februar 2016 seine Sicht von Ernst Jüngers Buch „Der Waldgang“ für die heutige Zeit: „Der Waldgang weist dem freien Einzelnen einen Weg aus dem Dilemma. Und der führt ihn immer weiter zurück in Richtung Ursprung, also genau entgegengesetzt zum Zug der Zeit.“

vendredi, 27 janvier 2017

The Eight Traditional European Celebrations of the Seasons

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The Eight Traditional European Celebrations of the Seasons

The Wheel of the Year: A look into Europe's ancient traditions and myths, that illuminate her time-honored values.

Indigenous Europeans traditionally celebrate eight holidays whose dates are set by significant positions of the Earth as it revolves around the Sun. These positions are the two Solstices, the two Equinoxes, and the four cross-quarter points in between them. These positions of the Earth signify points in the cycle of the seasons, which in turn were linked with the agricultural lives of our ancestors. Before they created modern technology, the lives of our ancestors literally hung in the balance each year according to the fortunes of the weather and their crops. When your food stores have dwindled down to the corner of your cellar and there are no grocery stores, the rising of the Sun and blossoming of life in the Spring is truly a cause for celebration.

Several themes, reflecting European values, are interwoven throughout these celebrations. The need to promote cooperation and unity in the community. The need for careful reflection, assessment, and planning. The need to periodically clean up our refuse and bring order to our lives. The need for frugality, to "save up for a rainy day". And the need to occasionally let go and have fun, to explore, to enjoy the beauty of the Earth, the pleasures of life, and pride in our work and accomplishment. Lost in the madness of the modern world, we would do well to consider the lessons garnered by our forebears.

Imbolc.
Vernal Equinox (Ostara)
Beltane.
Midsummer (Litha)
Lammas/Lughnasadh.
Autumnal equinox (Mabon)
Samhain.
Midwinter (Yule)

http://fjamger.blogspot.al/2016/08/et...

Gael Brustier : A demain, Gramsci

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Gael Brustier : A demain, Gramsci

Docteur en science politique, collaborateur scientifique du CEVIPOL de l’université de Bruxelles, chroniqueur dans plusieurs médias écrits et audiovisuels, GAËL BRUSTIER s’est affirmé comme un intellectuel dérangeant avec Voyage au bout de la droite (2011). Après Le mai 68 conservateur, il signe ici un nouvel essai percutant et novateur.

« Le dernier Congrès du Parti socialiste l’a reconnu : “La gauche n’est plus en situation d’hégémonie culturelle.” Diagnostic lucide, quoique tardif. Le patient a cependant de quoi être rassuré : il mourra en connaissant les causes de son mal. »

Russian Conservative Thinker Vladimir Karpets has Passed Away Today

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Russian Conservative Thinker Vladimir Karpets has Passed Away Today

Ex: http://www.katehon.com

Today on 27 January 2017, at the age of 62 years a great thinker, a Russian philosopher, an expert on jurisprudence and law, a member of the Union of Russian Writers, poet and film director Vladimir I. Karpets has passed away.

Karpets was born December 12, 1954 in Leningrad in the family of a Russian officer.

In 1962 the family moved to Moscow.

Vladimir Karpets graduated from the Moscow State Institute of Law Faculty, specializing in "International law".

Vladimir Karpets was a well known Russian Thinker and Philosopher, author of many books, poems. He directed three films, among which there is the movie «Third Rome» He read lectures at the Moscow State University.

Among the most important contributions of Vladimir Karpets was the development of Fourth-Political theory, which was introduced to the reader by philosopher Alexander Dugin. Karpets developed an idea of Social-Monarchism as a development of the fourth political-theory.

This idea is based on Eurasian-Empire and Byzantine’s symphony of church and state as well as socialism. However it is not marxist socialism, but socialism based on Orthodox Christian Ideas, rooted deeply in Russian and Eurasian identity. Karpets belived that the state is to be goverened by a Russian Orthodox Monarch. In a way this school of thought is a continuation of such Russian conservative thinkers such as Konstantin Leontiev, Lev Tihomirov, Ivan Solonevitch and the Eurasian school of thought.

Vladimir Karpets was a mentor of the Eurasian Youth Union.

The legacy of Vladimir Karpets will live on in his books, films, but most of all in his ideas.

Hans-Dietrich Sander ist tot

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Hans-Dietrich Sander ist tot

von Martin Lichtmesz

Ex: http://www.sezession.de 

Hans-Dietrich Sander, Schüler Brechts, Herausgeber der Zeitschrift Staatsbriefe und unermüdlicher Publizist für die deutsche »Reichsrenaissance«, ist in der Nacht vom 24. zum 25. Januar 2017 verstorben. Aus diesem Anlaß folgt nun die Würdigung Sanders aus dem Staatspolitischen Handbuch, Bd. 3, die Martin Lichtmesz verfaßte.

Martin Lichtmesz ist freier Publizist und Übersetzer.

(Text aus dem Band Vordenker des Staatspolitischen Handbuchs, Schnellroda 2012.)

HDS-3.jpg»Konsequent, hochmütig und rücksichtslos « sei der Tonfall, den der »nationale Dissident« Hans-Dietrich Sander in seinen Schriften anstimme, voller Verachtung für die »feigen fetten Fritzen der Wohlstandsgesellschaft «, was ihn »Gott sei Dank in einen unversöhnlichen Gegensatz zur großen Mehrheit der Bürger der Bundesrepublik Deutschland« bringe. Dennoch müsse verhütet werden, daß »diese stilisierte Einsamkeit, diese ›Kleistsche Radikalität‹ wieder Anhänger findet«.

Denn: »Schon ein paar Tausend wären zu viel für die zivile, parlamentarische Bundesrepublik.« So furcht- wie respektvoll urteilte 1989 der Sozialdemokrat Peter Glotz über den Mann, den Armin Mohler »den unbequemsten Vertreter der Neuen Rechten« nannte und der sich selbst stets jeder Kategorisierung dieser Art entzog. Sander wuchs in einem kleinen mecklenburgischen Dorf auf und besuchte ab 1939 das Gymnasium in Parchim. In Kiel erlebte er als junger Marinehelfer den Krieg in Form von massiven Luftangriffen. Er betonte später, daß diese Erfahrung keinen Platz für »Schuldgefühle« ließ und er den gegen Deutschland erhobenen Anschuldigungen von Anfang an skeptisch gegenüberstand. Er sah sich schon früh als »Reichsdeutscher, der in der Stunde Null nur angeritzt wurde«.

Ab 1949 studierte er Theaterwissenschaften und Germanistik in West-Berlin. Herbert Ihering vermittelte ihm eine Hospitanz bei den Proben des Berliner Ensembles. Die Faszination durch Bertolt Brecht infizierte Sander mit dem Kommunismus. Er brach mit dem politischen und wirtschaftlichen System Westdeutschlands und zog 1952 nach Ost-Berlin, wo er als Dramaturg und Theaterkritiker tätig war. Sein kommunistisches Engagement erlosch am 17. Juni 1953, und im Dezember 1957 ging er wieder zurück in den Westen, dem er allerdings weiterhin kritisch gegenüberstand. 1958 bis 1962 arbeitete Sander unter der Schirmherrschaft Hans Zehrers als Redakteur für die Welt. Seine Arbeit dieser Jahre konzentrierte sich auf das Feuilleton und war nur indirekt politisch geprägt.

HDS-2.jpg1963/64 ging er für ein Forschungsprojekt über revolutionstheoretische Schriften nach Zürich. Im Rahmen dieses Projekts nahm er Kontakt zu bedeutenden Sozialisten, Kommunisten und Ex-Kommunisten wie Boris Souvarine, Giangiacomo Feltrinelli oder Oskar Lange auf. 1965 holte Hans Zehrer Sander zur Welt zurück. Zehrer starb 1966, Ende 1967 wurde Sander entlassen. Die raschen Siege der Studentenrevolte entlarvten in seinen Augen die Brüchigkeit des politischen Systems. Zwischen»liberaler Restauration wie ihrer linken Unterwanderung« führte der Weg zu dezidiert nationalen Positionen, die sich im Laufe der Jahre radikal zuspitzen sollten. 1969 promovierte Sander bei Hans-Joachim Schoeps mit der dogmengeschichtlichen Studie Marxistische Ideologie und allgemeine Kunsttheorie.

Eine Fußnote der 1970 in Buchform erschienenen Dissertation reproduzierte erstmalig den inzwischen berühmten Brief Walter Benjamins an Carl Schmitt, den Theodor W. Adorno in seiner Benjamin-Edition unterschlagen hatte. Mit Schmitt pflegte Sander seit 1967 einen intensiven Briefwechsel, der bis 1981 anhielt. Sanders Geschichte der Schönen Literatur in der DDR (1972), zum Teil aus der Warte eines Augenzeugen geschrieben, löste eine heftige Kampagne aus, in deren Folge der Verlag das Buch aus dem Vertrieb zog. Sander verlor nun zunehmend an publizistischem Spielraum. Asyl fand er in Caspar von Schrenck-Notzings Criticón und in William S. Schlamms Zeitbühne.

1975/76 war er kurzzeitig Lehrbeauftragter an der TU Hannover und auf Einladung Jacob Taubes 1978/79 Gastdozent an der Freien Universität Berlin. Der nationale Imperativ (1980), sein erstes dezidiert politisches Buch, versammelte »Ideengänge und Werkstücke zur Wiederherstellung Deutschlands« und stellte dabei gar »propädeutische Überlegungen zum Vierten Reich« an. 1983–86 übernahm er die Chefredaktion der Deutschen Monatshefte.

Die Auflösung aller Dinge (1988), eine meisterhafte polemische Studie »zur geschichtlichen Lage des Judentums in den Metamorphosen der Moderne «, überschritt als erstes Buch nach 1945 den »Rubikon« (Habermas) einer kritischen Neusichtung der »deutsch-jüdischen Frage« »unter dem Gesichtspunkt der politischen Eschatologie«. Den Hintergrund bildete der Begriff der »Entortung« als zentrales Kennzeichen der Auflösungsprozesse der Moderne. Von Bedeutung sind auch die darin enthaltenen »Thesen zum Dritten Reich«.

Pünktlich zur Wende verwirklichte Sander 1990 das langgehegte Projekt einer eigenen Zeitschrift, der Staatsbriefe, die er als »Freistatt für das offene Wort« im Dienste der »Renaissance des nationalen Denkens« konzipierte. Als Emblem diente der Grundriß des Castel del Monte, entsprechend dem kühnen Programm einer Wiederbelebung einer ghibellinischen Reichsidee, an der Sander mit provozierender Unbeirrtheit festhielt. Zu den Mitarbeitern der ersten Stunde zählten u. a. Armin Mohler, Günter Zehm, Hans-Joachim Arndt, Günter Maschke, Robert Hepp, Salcia Landmann, Reinhold Oberlercher und Wolfgang Strauss.

Die Hoffnungen, mit den Staatsbriefen ein wirkungsvolles Pendant zu Hans Zehrers Tat und ein weltanschaulich weitgespanntes Forum auf nationaler Basis zu lancieren, zerstreuten sich allerdings ebenso schnell wie die Erdrutschstimmung der Wendezeit. Die hochkarätige Mitarbeiterschaft dünnte sich bereits nach dem ersten Jahrgang merklich aus; im Jahre 2000 wurde die Zeitschrift schließlich eingestellt. Viermal im Jahr schreibt der streitbare Autor noch für die österreichische Zeitschrift Neue Ordnung, sein Hauptaugenmerk gilt dabei weiterhin der laufenden Selbstzersetzung des liberalen Systems.

Lieferbare Literatur

Hans-Dietrich Sander: Der ghibellinische Kuß, 208 S., geb., 22 €, Band 1/10 der Gesamtausgabe – hier bestellen

Hans-Dietrich Sander: Politik und Polis, 271 S., geb., 26 €, Band 2/10 der Gesamtausgabe – hier bestellen

(Herausgegeben von Heiko Luge sind diese beiden Titel die ersten Bände der Gesamtausgabe, deren einzelne zehn Werke von 2016 bis 2019 ediert werden. Alle Titel sind nach Erscheinen über antaios.de zu beziehen.)

Außerdem lieferbar ist folgende Festschrift für Sander, die von Schülern, Zeitgenossen und Weggefährten verfaßt wurde:

Heiko Luge (Hrsg.): Grenzgänge. Liber amicorum für den nationalen Dissidenten Hans-Dietrich Sander, 354 Seiten, geb., 29,90 € – hier bestellen

jeudi, 26 janvier 2017

Etats-Unis : qu’est-ce que l’ « Alt-Right » ?

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Georg Immanuel Nagel :

Etats-Unis : qu’est-ce que l’ « Alt-Right » ?

On sait que l’élection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis a été un séisme politique d’ampleur globale. Mais le changement serait encore plus radical et plus profond si nous assistions, dans un futur proche, à un renforcement continu du mouvement dit de « Alt-Right ». Cette dénomination recouvre un courant intellectuel de droite aux facettes multiples, dont les adhérents constituent le seul groupe perceptible sur l’échiquier politique américain à avoir soutenu ouvertement Trump et à l’avoir ovationné.

Il faut cependant préciser qu’il n’y a aucun lien organique entre cette « Alt-Right » et Donald Trump, dont la rhétorique et les exigences sont bien plus inoffensives et bien moins idéologisées que celles de cette droite alternative. Cependant, Hillary Clinton, la candidate battue de ces élections présidentielles, n’a pas pu s’empêcher d’essayer d’identifier Trump à la « Alt-Right ». Ce genre de calomnies se nomme la « culpabilisation par association » dans le langage politique anglo-saxon. Mais cette tentative a eu des effets contraires à ceux espérés. Hillary Clinton a tenu un très long discours où elle a cité longuement tous les « méchants » qui soutenaient son adversaire. Elle faisait usage, dans ce discours, des injures politiques habituelles de la gauche et de l’extrême-gauche (« raciste », « homophobe », « sexiste », etc.).

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Hillary Clinton n’a pas obtenu la réaction qu’elle escomptait. Donald Trump n’a nullement été freiné dans son élan, sans doute parce qu’il n’y avait pas moyen de prouver qu’il avait un lien quelconque avec les animateurs des cercles qualifiables de « Alt-Right ». Du coup, grâce à la maladresse d’Hillary Clinton, le mouvement de la droite alternative a été connu dans toute l’Amérique et est devenue l’objet de vastes débats. Les pages de la grande toile de ces groupes alternatifs très peu connus ont été visitées à grande échelle : elles ont battu tous leurs records de fréquentation et les médias « mainstream » se sont mis à parler des initiatives, colloques et conférences de la « Alt-Right » et ont invité leurs représentants à répondre à des entretiens. Métapolitiquement parlant, on peut parler d’un tournant historique et peut-être même décisif.

L’Alt-Right ne se borne pas à fustiger le Zeitgeist, l’esprit du temps, marqué par le gauchisme. Elle brocarde aussi l’établissement conservateur conventionnel et les vieux Républicains. Elle considère que ces derniers se soumettent trop facilement aux diktats du politiquement correct, ce qui a pour corollaire qu’ils n’osent pas aborder les vrais problèmes de la société américaine, qu’ils ne se hasardent pas à adopter un « race realism », un « réalisme racialiste ». Cette réticence fait du mouvement conservateur conventionnel un « tigre de papier », condamné à échouer à tout bout de champ, parce qu’il abandonne continuellement ses propres positions et ses propres intérêts pour ne pas devoir subir les pressions habituelles, lesquelles ont évidemment recours à l’insulte classique de « racisme ».

Le philosophe et politologue Paul Gottfried avait naguère, bien avant le buzz déclenché par le discours anti-Alt Right d’Hillary Clinton, réclamé l’avènement d’une « droite alternative », différente du « conservatism mainstream ». Son appel à une « droite alternative » a été entendu : plusieurs publicistes l’ont repris, dont Richard Spencer, le fondateur de la boîte-à-penser « National Policy Institute ». Aussitôt Spencer baptise « Alternative Right » le magazine en ligne qu’il crée dans le sillage du discours de Gottfried, lui conférant aussi le diminutif de « Alt Right ». Tout le mouvement contestataire de l’idéologie libérale-gauchiste dominante et du conservatisme timoré reçoit alors le terme générique de « Alt Right ».

La droite alternative voulue par Gottfried au départ, lancée par Spencer dans la foulée, reproche, pour l’essentiel, aux conservateurs traditionnels de ne pas se poser comme les défenseurs des Américains de souche européenne, alors que ceux-ci constituent leur unique base électorale potentielle. C’est en fait le cas dans tous les Etats européens aliénés par le multiculturalisme où les minorités ethniques étrangères votent presque toujours pour les partis de gauche.

ramz-6UkAAvi9e.pngL’Alt Right américaine est constituée d’une variété de groupes très différents les uns des autres. D’une part, nous avons des revues et des maisons d’édition qui ne se distinguent guère des nouvelles droites française ou germanophones, dans la mesure où elles entendent se poser comme des initiatives sérieuses et intellectuelles. D’autre part, nous avons des personnalités qui s’adonnent à la moquerie et à la satire. Citons, en ce domaine, le comique « RamZPaul » (photo), les séries de caricatures « Murdoch Murdoch ». L’humour que répandent ces initiatives-là est, bien sûr, politiquement incorrect, et de manière explicite ! Parfois, il est espiègle et seulement accessible aux « initiés ». Les tenants de gauche de la « religion civile » américaine y sont fustigés à qui mieux-mieux, sans la moindre pitié. Personne n’oserait un humour pareil sous nos latitudes européennes.

Cette audace est possible grâce à la constitution américaine qui interdit explicitement de punir, par le truchement de lois régissant les opinions, l’expression libre et sans entrave de celles-ci, alors qu’en Europe les législations liberticides sont acceptées sans sourciller. Ainsi, les publications scientifiques des milieux de l’Alt Right sont autorisées, même si elles abordent des sujets brûlants comme l’anthropologie biologique. Sur ce chapitre, les productions du groupe « American Renaissance » sont particulièrement intéressantes pour nous, Européens, qui ne bénéficions plus d’une liberté de recherche en ce domaine spécifique du savoir.

Georg Immanuel Nagel,

Article paru dans zur Zeit, Vienne, n°3/2017, http://www.zurzeit.at .

Jansénisme: Conférence de Marion Sigaut à Amiens

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Les origines du jansénisme

Conférence de Marion Sigaut à Amiens

E&R Picardie recevra Marion Sigaut le samedi 28 janvier 2017 à 15h à Amiens pour une conférence intitulée « Les origines du jansénisme ».

Réservations : conference.picardie@hotmail.com

Entrée : 5 euros.

Retrouvez Marion Sigaut chez Kontre Kulture :

 

Pourquoi l'ont-ils tué?

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Bob Woodward:

Ex: http://www.decryptnewsonline.com 

Mouammar Kadhafi voit le jour en 1942. C’est un jeune Bédouin – aux origines anecdotiques - issu d’une famille si pauvre qu’il avait à peine de quoi se nourrir. Il est toutefois décrit comme brillant à l’école. Il réussit à étudier en quatre années seulement le programme de six années du cycle primaire. Il apprend avec une facilité qui étonne ses camarades et ses enseignants. Très vite, il dégage autour de lui une sorte d'autorité naturelle et une fierté qui contraste avec son cadre de vie très modeste. Féru de lecture, il fait la connaissance des grands personnages qui ont fait l'histoire du monde et de l’Afrique : Abraham Lincoln, le général de Gaulle, Mao Zedong, Patrice Lumumba et surtout Gamal Abdel Nasser le leader égyptien dont il s’inspire particulièrement. L'environnement politique de l'époque est marqué par une série d'évènements dans le monde arabe : la guerre d'Algérie, l'agression de l'Égypte, la bataille du Liban, la question palestinienne, la révolution au Yémen, la présence sur le sol libyen des bases militaires américaines et britanniques, l'état misérable du peuple libyen, victime d’un règne monarchique gangrené par la corruption et le népotisme. Autant de facteurs qui amènent Kadhafi à se sentir « investi d’une mission » celle de libérer son pays de la domination étrangère, de la pauvreté et des inégalités.

En 1963, Kadhafi obtient son baccalauréat de philosophie, mais refuse de travailler dans les compagnies pétrolières. Il a autre chose en tête. Il crée un groupe de jeunes pour entrer à l’école militaire de Benghazi, pas pour devenir des soldats de métier, mais pour infiltrer l’institution et s’en servir pour mener la révolution. Six ans plus tard, il prend le pouvoir avec ses compagnons d’armes, le 1er septembre 1969, à l’occasion d’un coup d’Etat sans effusion de sang. Mouammar Kadhafi n’est alors qu’un jeune officier de 27 ans. Son rêve de transformer la Libye peut commencer. Il durera tout le temps de son action aux commandes de son pays : 42 ans, et s’étendra sur l’Afrique.

Mouammar Kadhafi se révèle rapidement être un nationaliste souverainiste habité par l’idée de protéger son pays et de faire bénéficier à son peuple les revenus tirés des ressources pétrolières et gazières, jusqu’alors détournés et dilapidés par un régime corrompu, celui du Roi Idriss et les compagnies pétrolières. Le jeune pilote est particulièrement choqué face à la luxure et l’indécence déployée au cours des festins organisés dans son pays par les compagnies pétrolières et les autorités à côté d’une population qui manque pratiquement de tout. Kadhafi est un souverainiste. Il rejette tous les impérialismes, aussi bien l’impérialisme américain que l’impérialisme soviétique dont le côté athée » choque sa conscience de « croyant ». Ce refus du communisme, en pleine période de Guerre froide, va d’ailleurs l’épargner des ennuis avec les Occidentaux qui ne voyaient pas en lui une menace là où les leaders ouvertement communistes d’Amérique latine et d’Afrique étaient des cibles à abattre. Il parvient à contrôler les ressources de son pays et à renégocier les contrats là où les pays alignés derrière l’une ou l’autre des superpuissances disposaient des marges de manœuvres assez limitées. Il nationalise les principaux secteurs de la vie économique libyenne, moyennant compassassions. Dans le secteur pétrolier, les négociations sont ardues, mais en 1971, Kadhafi réussit ce qu’aucun autre pays pétrolier n’avait réussi auparavant : imposer aux compagnies pétrolières une augmentation des prix du brut. Le mouvement va faire des émules dans les pays de l’OPEP.

19799.jpgPour la première fois, le peuple libyen se réapproprie les richesses de son pays. Le revenu annuel qui était de 2 milliards 223 millions de dollars en 1973 passe à 6 milliards en 1974, pour atteindre 8,87 milliards de dollars en 1977. Des centaines de milliers de familles libyennes voient leur condition de vie s'améliorer considérablement. Sous le roi Idriss, la Libye était parmi les pays les plus pauvres de la planète. 94% de la population était analphabète. La mortalité infantile était parfois de 40%. Kadhafi va transformer un pays et un peuple tout entier. Et pas seulement la Libye. L’argent du pétrole libyen va financer plusieurs causes à travers le monde, notamment la cause du peuple palestinien et la lutte des Noirs en Afrique du Sud. La Libye est ainsi le premier pays que visite le leader de la lutte contre l’Apartheid, Nelson Mandela, dès sa sortie de prison en 1994. Kadhafi permet à l’Afrique de connaître sa première révolution technologique en finançant le premier satellite de télécommunication RASCOM-QAF1 permettant aux pays africains de se rendre indépendants des réseaux satellitaires occidentaux et d’économiser plus de 500 millions de dollars (ou de les faire perdre aux compagnies occidentales).

La Libye investit plusieurs milliards de dollars dans les secteurs variés des économies des pays africains. Contrairement aux Occidentaux qui investissent principalement dans l’industrie extractive, Tripoli investit dans les secteurs primaires (agriculture, élevage) et tertiaire (banques, hôtels, services), principalement dans les pays les plus pauvres du Continent. La Libye lance le chantier de trois organismes financiers qui devraient contribuer à asseoir l'émancipation monétaire et financière de l'Afrique : la Banque africaine d'investissement (BAI), le Fonds monétaire africain (FMA) avec un capital de 42 milliards de dollars et la Banque centrale africaine (BCA). Outre le rachat des dettes et engagements contractés auprès des Institutions financières internationales, le développement de ces trois organismes devait permettre aux pays africains d'échapper aux diktats de la Banque mondiale et du FMI et marquer la fin du franc CFA. Une émancipation que l’Occident voit de très mauvais œil.

Trois attentats terroristes ont valu à Kadhafi d’être présenté comme la figure emblématique du terrorisme international : l’attentat contre la discothèque La Belle, à Berlin, en 1986, l’attentat contre un avion de la Pan Am au-dessus du village écossais de Lockerbie en 1988 et l’attentat contre le DC10 d’UTA en 1989 au-dessus du Niger. Tant d' évènements tragiques pour lesquels ils avaient été injustement imputés à l’Etat libyen !

L’attentat de Berlin est le premier de la série. Il a failli coûter la vie à Kadhafi suite à la réaction du président américain Ronald Reagan. Ce dernier, dès son arrivée à la Maison Blanche, en 1981, s’était mis en tête l’idée d’éliminer le Guide libyen qu’il qualifiait en pleine Guerre froide, d’« agent de Moscou », « l’homme le plus dangereux du monde » ou encore « le chien enragé du Moyen-Orient ». L’attentat, non revendiqué, servit de justification aux bombardements américains sur Benghazi et Tripoli, dans la nuit du 15 avril 1986. Kadhafi en sortit indemne, mais une de ses filles fut tuée tandis que sa femme et ses sept enfants furent blessés. Qui a commandité cet attentat ? En tout cas, le procès ouvert en Allemagne a abouti au verdict selon lequel aucun élément probant ne permettait d’établir la responsabilité de Kadhafi dans cette affaire.

Vient ensuite l’attentat de Lockerbie. L'attentat du vol Pan Am 103 a eu lieu le 21 décembre 1988 contre un Boeing 747-100 de l'ancienne compagnie américaine Pan American World Airways, qui assurait la liaison Londres – New York. Il explosa au-dessus du village de Lockerbie en Écosse et causa la mort de 270 personnes. Patrick Mbeko revient sur l’historique des enquêtes et fait remarquer que les éléments recueillis par les enquêteurs américains, Britanniques et Allemands s’orientaient vers la piste des services secrets syriens et iraniens. L’enquête va connaitre un tournant dans les années 1990 suite à l’implication de l’enquêteur du FBI Tom Thurman laissant tous les observateurs ébahis. La piste libyenne fit, depuis, privilégiée. Pourquoi ? L’abandon de la piste syro-iranienne s’imposait au vu d’un gros embarras en perspective. Il existe un monde ténébreux où barbouzes et grand banditisme s’entremêlent si dangereusement que même la justice préfère ne pas voir « ce qu’il ne faut pas voir ». La Libye devint ainsi le coupable idéal, et tout fut mis en œuvre pour lui faire endosser la responsabilité d’un crime qu’elle n’avait pas commis. Tripoli subissait à peine les conséquences de l’affaire de Lockerbie qu’une autre affaire, celle du DC10 d’UTA, était mise à sa charge. Pour rappel, le 19 septembre 1989, soit neuf mois après la tragédie de Lockerbie, le DC-10 du vol UT 772 de la compagnie UTA assurant le trajet Brazzaville-Paris via N'Djamena, explose au-dessus du désert du Ténéré, au Niger. Tous les passagers et membres d’équipage sont tués. Parmi les victimes, des Français et l’épouse de l'ambassadeur des États-Unis au Tchad. La Libye n’avait aucune raison de s’en prendre à la France puisque la guerre du Tchad dans laquelle les deux pays étaient directement impliqués était en voie de règlement. L’auteur attribue l’abandon de la piste syro-iranienne à une alliance de circonstance entre les puissances occidentales et la Syrie durant la Guerre du Golfe et la volonté de ne pas exposer des alliés impliqués dans le dossier des otages au Liban.

kadhafi-jeune.jpgSur les accusations de terrorisme, des années plus tard, les langues se sont déliées et plusieurs preuves sont que la Libye fut injustement accusée des deux attentats. Mais le pays fut contraint de payer : 200 millions de francs d’indemnités aux familles des victimes françaises de l’UTA et 2,7 milliards de dollars aux familles des victimes de Lockerbie. Un acte souvent brandi comme un aveu de culpabilité. En réalité, la Libye perdait beaucoup de revenus suite aux sanctions qui lui avaient été imposées : 24 milliards de dollars. En payant 2,7 milliards de dollars et en reprenant sa place dans le concert des nations, Tripoli s’inscrivait dans la logique froide de la realpolitik : privilégier ses intérêts. Ce geste de décrispation permit à la Libye de redevenir un Etat fréquentable à une époque où il valait mieux ne pas figurer sur la liste des Etat de l’axe du mal. Parallèlement, ce geste de décrispation permit à la Libye d’attirer massivement des investisseurs étrangers dans son secteur pétrolier et même les dirigeants occidentaux. La lune de miel fut néanmoins de courte durée. En cause : le printemps arabe.

Il est nécessaire de remonter à l’épicentre du mouvement des contestations populaires : la petite ville tunisienne de Sidi Bouzid et son héros malheureux Mohamed Bouazizi, le jeune marchand des quatre-saisons immolé le 17 décembre 2010 après avoir été frappé et humilié par une policière, Fayda Hamdi, selon la version véhiculée. Il fait remarquer que les récits ne collent pas à la réalité. Le jeune homme immolé ne s’appelait pas Mohamed Bouazizi, mais Tarek Bouazizi. Il n’était pas diplômé d’université, il n’avait même pas passé son bac. Sur place, à Sidi Bouzid, la population a déjà fait disparaître les traces d’un jeune homme qui aurait pourtant dû être célébré comme une fierté nationale. Pourquoi ? On peut s’interroger sur la spontanéité des révoltes et l’attitude indolente des forces de sécurités pourtant habituées à réprimer violemment les contestataires du régime. De fil en aiguille,il est important de déconstruire l’histoire convenue du « printemps arabe ». On peut remarquer que, si l’étincelle est partie de la Tunisie profonde, sans que personne ne comprenne vraiment qui étaient les tireurs de ficelles en arrière fond, c’est en Libye et en Syrie que le vrai visage des instigateurs du « printemps arabe » est apparu au grand jour, balayant au passage l’invective de la « théorie du complot ». Ce qui s’est passé en Tunisie et en Egypte non pas d’une colère spontanée des masses populaires, mais l’exécution des plans préparés à l’avance.

Dès 2007, les jeunes tunisiens et Egyptiens avaient reçu une série de formations initiées par le CANVAS (Centre for Applied Non Violence), une organisation basée sur les principes tactiques de Gene Sharp. Il s’agissait d’étendre aux pays du monde arabe les expériences réussies dans les anciens pays communistes où les Etats-Unis avaient fait renverser des présidents alliés de Moscou, derrière les révolutions colorées. Les autorités tunisiennes, égyptiennes et libyennes n’avaient ainsi rien vu venir. Le rôle joué par les Etats-Unis en arrière-plan est si déterminant que l’auteur décide de renommer ces évènements : « PRINTEMPS AMÉRICAIN DANS LE MONDE ARABE » et non « printemps arabe ».

Arrive le tour de la Libye, un pays qui, contrairement à la Tunisie et à l’Egypte, n’entretient pas de coopération militaire avec les Etats-Unis. Kadhafi avait fait fermer les bases militaires américaines et britanniques sur le sol libyen dès 1970. Les hauts gradés libyens ne pouvaient donc pas obtempérer aux consignes de l’extérieur. Par conséquent, contrairement à la Tunisie et à l’Egypte, où les manifestations étaient globalement pacifiques et maîtrisées, en Libye, les manifestations pacifiques sont accompagnées de graves violences armées. Les casernes et les commissariats sont attaqués par des unités commandos particulièrement efficaces au combat. Des canons anti-aériens apparaissent. D’où viennent toutes ces armes et ces combattants particulièrement aguerri ? Dans un premier temps Kadhafi donne l’ordre de ne pas réagir et de laisser s’exprimer la colère populaire. Il adopte des mesures sociales et fait même libérer des prisonniers politiques. Mais, rapidement, il perd le contrôle de vastes régions qui passent sous contrôle des groupes islamistes, alors alliés de circonstance de l’OTAN. Lorsqu’il tente de reprendre le contrôle de la situation, il se heurte à la résolution 1973 du Conseil de sécurité de l'ONU autorisant la mise en place d'une une zone d'exclusion aérienne. Cette résolution, qui ne concernait que Benghazi, sera rapidement violée puisque c’est un déluge de bombes et de missiles qui s’abat sur toute la Libye, ainsi qu’une offensive au sol, jusqu’au renversement du gouvernement libyen, ce que l’ONU n’avait pas autorisé. L’auteur décrit les dernières heures de Kadhafi comme un moment de trahison ultime, une traque. Alors qu’il avait obtenu l’aval de l’OTAN pour quitter le pays et s’installer en Afrique du Sud, son convoi fut saccagé par un missile Hellfire tiré par un drone américain et deux bombes de 200 kg larguées par un mirage français. Il parvint à survivre avec une poignée de fidèles mais tomba entre les mains des miliciens de Misrata. La suite, ce sont les images de lynchage qui feront le tour du monde. C’est aussi le discrédit du principe de « responsabilité de protéger » comme le fut celui de « l’intervention humanitaire en Somalie ».

En effet, « protéger la population libyenne » fut la raison brandie au Conseil de sécurité de l’ONU pour justifier l’intervention des pays de l’OTAN en Libye. Lorsqu’on regarde ce qu’est devenue la Libye, difficile d’obtenir un consensus international en évoquant, à nouveau, « la responsabilité de protéger ». Depuis, à l’ONU, Russes et Chinois bloquent les projets de résolution initiés par les Occidentaux, notamment sur la Syrie, en rappelant le précédent libyen. Barack Obama a reconnu que la Libye est le plus grand regret de sa présidence tandis que les parlementaires britanniques ont étrillé l’ancien président français Nicolas Sarkozy et l’ancien Premier ministre britannique David Cameron dans un rapport sur la guerre en Libye.

« Vous avez voulu la paix, vous avez voulu la liberté, vous voulez le progrès économique. La France, la Grande-Bretagne, l'Europe seront toujours aux côtés du peuple libyen », avait promis le 15 septembre 2011 le président Nicolas Sarkozy à Benghazi devant l'euphorie d’une foule acquise à l’avènement d'une « nouvelle Libye ». Cinq ans plus tard, la Libye s’est littéralement décomposée. Pire, les Libyens qui ont survécu aux bombardements de l’OTAN seront des milliers à mourir lentement pour avoir respiré sans le savoir les microparticules d'uranium volatilisées dans l'air, tandis que nombreux vont donner naissance à des enfants mal formés, sans bras, sans jambes… conséquence des bombes à uranium appauvri larguées sur le pays. L’occasion de rappeler ce qu’était la Libye avant la guerre.

Lorsque débute la crise, le niveau de vie de la population libyenne n'a rien à envier à celui des populations occidentales. C'est le pays qui avait l'indice de développement humain le plus élevé du continent africain. Le PIB/hab était de 13.300 $, soit loin devant l'Argentine, l'Afrique du Sud et le Brésil. La croissance dépassait les 10% et le PIB/hab augmentait de 8,5%. La Jamahiriya était un Etat social où des biens publics étaient mis à la disposition de la population : l'électricité et l'eau à usage domestique étaient gratuites ; tout le monde avait accès à l'eau potable. Les banques libyennes accordaient des prêts sans intérêts ; les libyens ne payaient pratiquement pas d'impôts. La TVA n'existait pas. La dette publique représentait 3,3 % du PIB contre 84,5 % pour un pays comme la France, 88,9 % pour les États-Unis et 225,8 % pour le Japon. Le système public de santé, gratuit, était aux normes européennes, tout comme le système éducatif (le taux d'alphabétisation moyen était de 82,6 %). Les meilleurs étudiants libyens poursuivaient leurs études supérieures à l'étranger en bénéficiant d'une bourse du gouvernement. Les produits d'alimentation pour les familles nombreuses étaient vendus moitié prix sur présentation du livret de famille. Les voitures importées d'Asie et des États-Unis étaient vendues à prix d'usine. Le prix d'un litre d'essence coûtait à peine 8 centimes d'euros. Le pays, en dépit des sanctions qui lui avaient été imposées, avait tout de même réussi à constituer des fonds souverains à hauteur de 200 milliards de dollars placés dans des banques étrangères, occidentales notamment, et gérés par un organisme public, la Libyan Investment Authority (LIA), contrairement aux accusations faisant état d’enrichissement personnel. Peu de dirigeants au monde peuvent revendiquer un bilan pareil.

Par ailleurs, la Libye de Kadhafi fut un solide bouclier contre les vagues migratoires puisque de nombreux migrants sub-sahariens, notamment, choisissaient de s’installer en Libye au lieu de tenter la traversée de la Méditerranée. Et non seulement. Kadhafi fut un bouclier contre la circulation des terroristes islamistes qu’il combattait, bien avant les attentats du 11 septembre 2001. La Libye est le premier pays à avoir lancé, dès 1998, un mandat d'arrêt international contre Ben Laden pour un double assassinat perpétré, en 1994, contre deux fonctionnaires allemands sur le sol libyen. Mais tout au long de la campagne de l’OTAN contre la Libye, et même après, aucune des réalisations susmentionnées n'a été relevée et les populations occidentales n'en savent presque rien. Elles ne sauront jamais que celui qui leur a été présenté par leurs dirigeants et médias comme un méchant dictateur dilapidant les deniers publics de son pays, était en réalité un homme qui a énormément investi dans le bien-être de son peuple et protégé l’Europe des vagues migratoires et des mouvements terroristes.

La Libye est aujourd’hui un pays complètement ruiné. Trois gouvernements et une multitude de groupes terroristes se disputent le contrôle du pays. L'enlèvement du premier ministre Ali Zeidan à Tripoli, le 10 octobre 2013, est un triste exemple du climat chaotique qui règne dans le pays. Les dirigeants de la première heure du CNT ont fui le pays pour se réfugier à l’étranger. Les meurtres et les attentats sont devenus monnaie courante, contraignant des centaines de milliers de Libyens à trouver refuge dans d'autres villes ou dans les pays voisins. Les attentats ainsi que l'escalade des combats se succèdent dans tout le pays. Même le consulat des Etats-Unis à Benghazi a été la cible d'une attaque à l'arme lourde qui a coûté la vie à l'ambassadeur Christopher Stevens, torturé, sodomisé puis assassiné. Les violences et l'insécurité persistante ont poussé la plupart des pays occidentaux à évacuer leurs ressortissants et à fermer leurs représentations diplomatiques.

Tout le monde s'en va, y compris l'ONU et bon nombre d'ONG, relève l’auteur. Plus d'un million de migrants sont arrivés en Europe en 2015, au terme de périples périlleux. L'opération de sauvetage à grande échelle de l'UE a secouru près de 100 000 embarcations de fortune en Méditerranée. Malgré les efforts déployés, au moins 3 000 migrants libyens ont péri en mer. Le trafic de drogue a explosé, faisant de l'ex-Jamahiriya un pays de transit de la drogue, essentiellement à destination d'Europe... Le pays est devenu le nouvel eldorado des groupes intégristes islamistes. Dès le lendemain de la chute de Kadhafi, Al-Qaïda en a profité pour hisser son drapeau au-dessus du palais de justice de Benghazi. AQMI se promène dans le grand sud. Les islamistes d'Ansar al-Sharia se sont implantés à Benghazi et Derna, tandis que l’État islamique / Daesh a profité de l'insécurité permanente dans le pays pour s'y implanter.

Se pose naturellement la question de savoir si la guerre et l’élimination physique de Kadhafi valaient vraiment la peine. L’auteur estime que dans la logique des stratèges occidentaux, la destruction de la Libye et l’élimination de Kadhafi sont, paradoxalement, « une bonne opération ». Les efforts de Kadhafi pour sortir l’Afrique de l’extrême dépendance vis-à-vis de l’Occident constituaient une menace pour des puissances qui prospère sur le sous-développement et la misère des Africains. Une indépendance économique de l’Afrique et quelque chose d’inacceptable comme le rappelle le professeur Maximilian Forte cité par l’auteur : « L'intervention en Libye est aussi une façon d'envoyer un message aux autres États-nations africains (…) qu'il y a des limites dans lesquelles ils doivent opérer ». S'ils se lancent dans un processus de défiance nationaliste et anti-impérialiste, il pourrait y avoir des conséquences qui ne sont plus de l'ordre de l'hypothèse.

Un message glaçant dont on apprécie la froideur en repensant à la menace du président Sarkozy aux chefs d’Etat africains qui envisageaient de se rendre à Tripoli pour proposer une médiation de l’UA[48] : leur avion sera « flingué » !

mercredi, 25 janvier 2017

Le Japon se prépare-t-il à la guerre ?

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Bob Woodward:

Ex: http://www.decryptnewsonline.com 

A partir d'aujourd'hui, les forces d'autodéfense nippones se livrent à des exercices pour anticiper un conflit militaire entre les deux rives du détroit de Formose. L’armée japonaise va effectuer un exercice de simulation d’affrontement militaire entre la Chine et Taïwan, avec la participation en tant qu’observateur de l’armée américaine, a selon l’agence de presse Kyodo.

« Aucun déploiement de troupe n’aura lieu et le scénario est celui d’une réponse des Etats-Unis et du Japon à un conflit militaire« , a indiqué Kyodo.

Selon une source du gouvernement japonais, le but de l’exercice est de vérifier comment les membres de l’armée devraient s’acquitter de nouvelles tâches autorisées en vertu de la nouvelle loi japonaise sur la sécurité dans le déclenchement d’une situation considérée comme menaçant sérieusement la paix et la sécurité du pays, a précisé l’agence de presse japonaise.

De son côté, le ministère chinois des affaires étrangères a rappelé à Tokyo que « la question de Taïwan est une affaire interne de la Chine et nous espérons que le Japon sera très prudent dans ses paroles et ses actes (…) et ne fera rien qui compromettrait la paix régionale et la stabilité« .

« Je pense que cela montre qu’un monde stable est la dernière chose que certains veulent au Japon », a considéré la porte-parole du ministère Hua Chunying. Cette annonce vient compliquer un peu plus la situation.

L’armée taïwanaise a également réalisé des exercices militaires en vue d’une guerre contre la Chine continentale, alors que les relations entre les deux rives de Taïwan restent difficile.

Cet exercice japonais, en présence d’observateur américain, n’apaise en rien les craintes de Beijing, qui doit composer avec une nouvelle administration américaine, ayant déjà rompu avec quatre décennies de relations diplomatique, en prenant un appel téléphonique de la dirigeante taïwanaise Tsaï Ing-wen. Or selon la a source du gouvernement japonais, l’exercice était prévu avant que Donald Trump ne prenne ses fonctions, le 20 janvier.

D’après le reportage de l’agence japonaise, les forces d’autodéfense du Japon (l’armée) feront cet exercice simulé du lundi 23 au vendredi 27 janvier 2017, en présence de militaires américains y participant en tant qu’observateur.

C’est un scénario qui depuis quelques semaines s’invite dans les discussions d’experts et de diplomates : un affrontement militaire entre la Chine et Taïwan. Le Japon vient mettre son grain de sel dans le débat en menant, à partir d’aujourd’hui et jusqu’à la fin de la semaine, des exercices de simulation en cas de conflit entre les deux rives du détroit de Formose. Aucun déploiement de troupes n’aura lieu. Tokyo entend vérifier comment, en cas de clash, les forces d’autodéfense nippones (SDF) effectueraient leurs nouvelles tâches autorisées par la loi de sécurité entrée en vigueur en mars dernier.

Jusqu’à présent, les SDF japonaises n’avaient pas pour mission d’intervenir en dehors des frontières de l’archipel. Si elles l’ont fait par le passé, à de très rares exceptions, c’était uniquement pour des motifs humanitaires. Dorénavant, au nom du principe de «l’autodéfense collective», Tokyo peut fournir un soutien logistique à d’autres forces armées, même si le Japon n’est pas directement menacé.
Coup de fil et coup de sang

En novembre, les SDF et les GI’s de la marine américaine ont d’ailleurs effectué leurs premiers exercices conjoints. Cette semaine, des observateurs américains assisteront aux simulations japonaises qui sonnent comme une nouveauté. Jusqu’à présent, ces entraînements concernaient essentiellement le Japon.

Ainsi, il était fréquent que le ministère de la Défense communique sur des opérations visant à reconquérir une île ou à la défendre contre un agresseur. Le nom était rarement mentionné mais tout le monde comprenait que le Japon surveillait de très près l’évolution autour de l’archipel des Senkaku, nationalisé par Tokyo en 2012, que la Chine revendique en l’appelant «les îlots Diaoyu». Cette fois, les Japonais quittent donc leurs eaux territoriales pour croiser dans des mers chargées en revendications.

L’exercice simulé intervient au moment où les relations entre la Chine et Taiwan connaissent un nouveau pic de tensions. L’échange téléphonique en décembre du président élu Donald Trump avec la présidente taïwanaise Tsai Ing-wen a alarmé Pékin. En prenant l’appel de Tsai Ing-wen, Trump a rompu avec près de quatre décennies de politique américaine qui respectait le principe de la «Chine unique» selon lequel tout Etat entretenant des relations diplomatiques avec Pékin ne peut en avoir simultanément avec Taïpei.

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Depuis 1949 et l’installation sur l’île des nationalistes de Tchang Kaï-chek, les Chinois considèrent Taiwan – indépendante de facto – comme une province renégate qui doit repasser, selon eux, sous le contrôle du continent. Depuis l’élection de Tsai Ing-wen l’année dernière, la Chine n’a cessé les mises en garde et les pressions sur la première présidente élue dans la seule démocratie du monde chinois. Depuis sa victoire, Tsai Ing-wen a appelé le régime chinois à «respecter l’intégrité de l’île». En septembre 1954, alors même que l'acte final de la conférence de Genève allait régler la guerre d'Indochine, Mao Zedong intimait à Zhou Enlai l'ordre de mettre au premier plan la «libération» de Taiwan: «Nous avons eu tort de ne pas nous consacrer à la tâche de libérer Taiwan juste après le cessez-le-feu en Corée; si nous tergiversons encore, nous commettrons une sérieuse erreur politique.» De novembre 1954 à mai 1955, un déluge d'obus s'abattit sur les petites îles tenues par le régime nationaliste, et l'armée populaire de libération s'empara des îles Dachen au nez et à la barbe de l'armada américaine dépêchée dans le détroit de Taiwan. Les Etats-Unis finirent toutefois, en mars 1955, par menacer publiquement d'employer des armes nucléaires tactiques contre la Chine en cas d'agression ultérieure, et notamment contre les îles de Quemoy et de Matsu, beaucoup mieux défendues. En avril 1955, la Chine mit fin à la crise quand Zhou Enlai, depuis le sommet afro-asiatique de Bandung, proclama son désir de paix avec les Etats-Unis.

En août 1958, vingt-quatre heures après que le président Eisenhower eut proposé à Nikita Khrouchtchev le premier sommet soviéto-américain de la guerre froide, et une réduction des armements nucléaires, Mao Zedong déclenchait une deuxième crise dans le détroit de Formose: à nouveau, une pluie d'obus s'abattit contre les petites îles fortifiées détenues par les nationalistes, provoquant la mobilisation de la VIIe Flotte dans le détroit. Après quelques semaines critiques pendant lesquelles les îles furent en danger sérieux, les Américains réussirent à établir une ligne de ravitaillement à Quemoy, y débarquant publiquement, entre autres, des mortiers susceptibles de lancer des charges nucléaires tactiques. Dès lors, l'offensive chinoise perdait toute chance de réussir: mais les bombardements continuèrent de façon intermittente pendant plus d'une décennie.

Ces précédents doivent aujourd'hui être examinés avec soin. D'abord, dans les deux cas, c'est à cause d'une détente internationale que la Chine populaire passa à l'offensive contre la Chine nationaliste, et le monde extérieur fut totalement surpris. En 1954, Mao ne pouvait supporter de voir la question de Taiwan sombrer dans l'oubli, alors que d'autres conflits asiatiques de la guerre froide trouvaient une solution. En 1958, la crise de Quemoy et de Matsu lui permettait de s'opposer à la coexistence pacifique qui s'amorçait entre les deux Grands.

Au début du mois, la Chine a dépêché son unique porte-avions, le Liaoning, dans le détroit de Taiwan, déclenchant l’envoi d’avions de reconnaissance par Taiwan. Il y a vingt ans, les deux rives du détroit avaient traversé une grave crise. Pékin avait tiré plusieurs salves de missiles dans les eaux territoriales taïwanaises au moment où le gouvernement de Lee Teng-hui multipliait les déclarations pro-démocratiques et que le pays s’apprêtait à voter. Alliés de Taïwan, les Etats-Unis avaient alors expédié une partie de leur flotte dans les eaux de la mer de Chine.

Aujourd’hui la Chine de Xi Jinping affirme de plus en plus son hégémonie sur les mers de la région. Et elle entend «défendre ses intérêts fondamentaux dans le cadre des affaires intérieures de la Chine», comme l’a rappelé vendredi Hua Chunying, la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères qui réagissait à l’annonce des exercices simulés japonais. «Pour certaines personnes au Japon, il semble que la paix est la dernière chose qu’elles souhaitent. […] Nous espérons que le Japon pourra mesurer ses paroles et ses actes sur les questions liées à Taïwan […] et éviter d’envoyer un signal erroné aux forces indépendantes de Taiwan.»

De son côté, l’archipel du nationaliste Shinzo Abe a musclé sa diplomatie et armé sa défense depuis quatre ans. Tout en se posant en «contributeur proactif pour la paix», le Japon s’est montré plus présent dans le Pacifique, multipliant les discours ainsi que les aides techniques et financières aux pays de la région en butte à l’hégémonie chinoise. Avec Taiwan, quatrième partenaire commercial du Japon, Tokyo a renforcé ses relations.

Avant même son élection, Tsai Ing-wen s’était rendue en visite dans l’archipel au grand dam de Pékin. Fin décembre, un parlementaire japonais membre du parti libéral démocrate, Keisuke Suzuki, défendait des liens plus forts entre les deux archipels et l’idée d’une coopération militaire plus étroite. «L’existence d’un Taiwan libre est fondamentale pour la sécurité du Japon. A partir du moment où Taiwan subit trop de fortes pressions de la Chine continentale, c’est aussi un problème pour la sécurité nationale du Japon lui-même.»

Taiwan s’est lancé dans un programme de développement de son arsenal militaire, notamment de sous-marin. Les Etats-Unis suggèrent dorénavant à Taïpei d’augmenter ses budgets de défense. Il y a quelques jours, les troupes taïwanaises ont organisé, elles aussi, des exercices grandeur nature pour se préparer à une attaque chinoise.

Mogelijk eerste internationale crisis voor Trump: Oorlog tussen Servië en Kosovo

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Mogelijk eerste internationale crisis voor Trump: Oorlog tussen Servië en Kosovo

Illegale NAVO oorlog tegen Servië zorgden voor creatie moslimstaten in Bosnië en Kosovo, die grote rol spelen bij migranteninvasie van Europa 

De burgeroorlog in Joegoslavië in de jaren ’90 werd destijds beëindigd door illegale NAVO bombardementen op het orthodox christelijke Servië. Onder leiding van president Bill Clinton werd het land opgesplitst en werden twee grote moslim enclaves gecreëerd, in Bosnië-Herzegovina en in Kosovo, dat altijd bij Servië had gehoord. De Serven hebben de feitelijke bezetting van een deel van hun grondgebied nooit geaccepteerd. Een week voordat de Verenigde Staten een nieuwe president kregen, die als eerste ooit in zijn inauguratie toespraak het islamitische terrorisme bij de naam noemde –en beloofde dit compleet te zullen vernietigen-, stuurde het land een trein met daarop de levensgrote teksten ‘Kosovo is Servisch’ geschilderd richting de grens. Zo’n 60.000 Servische troepen staan klaar Kosovo te bevrijden.

De trein staat al sinds vorige week vrijdag stil, omdat de autoriteiten in Kosovo de reis over de spoorlijn tussen Belgrado en Mitrovica, een Servisch stadje in Kosovo, blokkeren. 60.000 Servische troepen, inclusief pantserwagens, artillerie en luchtmachteenheden, zijn gereed om in te grijpen. Kosovo kan daar slechts zo’n 6000 man tegenover stellen.

De Servische president Tomislav Nikolic dreigde afgelopen week dat ‘als er Serviërs worden gedood, wij ons leger naar Kosovo sturen.’ 19 jaar geleden werd Servië door Amerikaanse bombardementen op Belgrado gedwongen te capituleren, en een overeenkomst te tekenen om de oorlog met de opstandelingen in Kosovo te beëindigen. Het Westen erkende vervolgens de onafhankelijkheid van Kosovo, dat al snel berucht werd als een moslim maffiastaat. Rusland en China beschouwen Kosovo echter nog steeds als een integraal deel van Servië.

Door NAVO gecreëerde moslimstaten geven ruimte voor migranteninvasie

De Kosovo oorlog was het gevolg van het conflict tussen aan de ene kant het christelijke Servië en Kroatië, en aan de andere kant het overwegend islamitische Bosnië. Die oorlog duurde van 1992 tot 1995, en werd door Amerikaanse/NAVO interventie beëindigd. President Clinton dwong de Serven de Dayton akkoorden te ondertekenen, en Bosnië over te geven aan moslim heerschappij. Daarmee werden de eerste onafhankelijke islamitische enclaves in het zuidoosten van Europa gecreëerd, ten koste van orthodox-christelijk gebied, dat beschermd werd (en wordt) door Rusland.

Het pro-islamitische, anti-christelijke beleid op de Balkan werd later voortgezet door president Obama en de Duitse bondskanselier Angela Merkel, en wordt beschouwd als één van de doorslaggevende factoren die de moslim migranteninvasie van Europa mogelijk hebben gemaakt. Vier islamitische staten, te weten Turkije, Bosnië, Kosovo en Albanië, zetten gewillig hun poorten open voor enorme aantallen moslims uit het Midden Oosten en Afrika, en stuurden deze vervolgens linea recta door naar centraal Europa.

Servische troepen klaar om in te grijpen

De Servische trein markeerde het einde van het Obama tijdperk, en onderstreepte het feit dat de Serven het illegaal afpakken van Kosovo nooit hebben geaccepteerd. De Serven zouden van plan zijn de trein een dezer dagen verder te laten rijden. Als deze dan wordt aangevallen door Kosovaarse troepen, zal het Servische leger ingrijpen. Maar zelfs als zo’n aanval er niet komt, dan is de kans nog steeds aanzienlijk dat Servië één van president Clintons ‘trotse’ prestaties ongedaan gaat maken, en Kosovo bevrijdt van de islamitische bezetting.

In het centrum van Pristina staat een standbeeld van Bill Clinton, als dank voor het feit dat hij de moslims een eigen staat in Kosovo heeft gegeven. De gisteren ingezworen president Donald Trump staat en echter totaal anders tegenover de islam, en bezwoer als eerste president ooit in zijn inauguratietoespraak het islamitische terrorisme totaal ze zullen vernietigen.

Russische bijstand voor Servië?

Op zijn eerste werkdag vindt Trump op zijn bureau in de Oval Office een urgente brief van de Kosovaarse minister van Buitenlandse Zaken Enver Hoxhaj, waarin deze vraagt om assistentie tegen Servische ‘agressie’. Een vergelijkbaar SOS in 1998 leverde de interventie van een NAVO elitemacht op, die overigens voornamelijk uit Britse eenheden bestond.

In 2017 kan Kosovo de hulp van Europese regeringen echter vergeten, ook van Frankrijk en Duitsland, landen die zich altijd hard hebben gemaakt voor de islamitische zaak op de Balkan. Dat heeft niet alleen met de komst van Trump te maken, maar ook met mogelijke Russische bijstand voor Servië. Op 12 juni 1999 stuurde de toenmalige president Boris Yeltsin al eens een Russisch contingent naar het vliegveld van Pristina, om te proberen de overname van Kosovo door het Westen te stoppen.

Trumps antwoord aan ministerie Hoxhaj zal volgens Israëlische inlichtingenspecialisten ‘een belangrijk inzicht geven in de geheime overeenkomsten die Trump en Putin met elkaar sloten voor samenwerking in de oorlog tegen islamistische terreur, en het voorkomen van verdere moslim expansie in Europa.’


Xander

(1) DEBKA

mardi, 24 janvier 2017

Zbiegniew Brzezinsky brise son échiquier et prône un rapprochement US-Russie-Chine

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Zbiegniew Brzezinsky brise son échiquier et prône un rapprochement US-Russie-Chine

Ex: http://electrosphere.blogspot.com 

Dans la fureur des duels électoraux, un article publié au printemps 2016 par Zbiegniew Brzezinski est passé complètement inaperçu. Dans « Toward a Global Realignment » (The American Interest), le plus influent artisan de la politique étrangère américaine recommande vivement aux Etats-Unis d'assumer leur repli et de se réconcilier avec la Russie et la Chine afin de « redéfinir une architecture mondiale du pouvoir »... et de gérer conjointement les futurs risques et crises sécuritaires dans le monde arabo/musulman en particulier, et dans le tiers-monde en général. 
 
Zbigniew Kazimierz Brzezinski est né en 1928 à Varsovie (Pologne). Son père diplomate était en poste au Canada lorsque le pacte germano-soviétique fut signé et ne put donc rentrer avec sa famille au bercail. Plus tard, « Zbieg Brzez » épousa  Emilie-Anne Benes, nièce de l'ancien président tchécoslovaque Edvard Benes. Ce parcours personnel expliquerait-il, parmi d'autres facteurs, son aversion profonde pour l'URSS et/ou la Russie ?
 
Après avoir consacré sa carrière académique à étudier le totalitarisme soviétique et à forger une vision géostratégique sur le rôle prépondérant de l'Amérique dans le monde, Brezinski gravit les échelons au département d'Etat et en devint le secrétaire sous l'administration Jimmy Carter (1977-1981). Il fut également membre du Council of Foreign Relations (CFR), du National Endowment for Democracy (NED), de divers think tanks et organismes spécialisés dans la défense et/ou la politique étrangère, eut l'oreille du président George Bush père au plus fort de la chute de l'URSS, et conseilla le futur président Barack Obama en affaires étrangères au cours de sa campagne électorale.
 
Son très fameux ouvrage « Le Grand Echiquier. L'Amérique et le reste du monde » figure parmi les livres de chevet des présidents américains, secrétaires d'Etat et chefs du Pentagone, et imprègne fortement la politique étrangère et de défense des Etats-Unis. 
 
Ces extraits ont été volontairement sélectionnés pour leur clarté et leur percussion mais ne sauraient résumer à eux seuls cette œuvre très dense :
 
strategic-vision-book-cover.jpg« Il est indispensable que l’Amérique contre toute tentative de restauration impériale au centre de l’Eurasie […] Le choix européen est la seule perspective géostratégique réaliste qui permettra à la Russie de retrouver un rôle international et les ressources nécessaires pour engager sa modernisation. Par Europe, nous entendons l'ensemble géopolitique uni par le lien transatlantique et engagé dans l'élargissement de l'Union européenne et de l'OTAN [...] Telle est l'alliance qui profitera à la Russie et lui évitera de s'enfoncer dans un isolement géopolitique néfaste [...] Du point de vue américain. la Russie paraît vouée à devenir un problème : si sa faiblesse exclut de la considérer comme un partenaire, les forces qu'elle conserve ne nécessitent pas l'application de soins d'urgence. [...] Même si une alliance stratégique solide de la Russie avec la Chine ou avec l'Iran a peu de chances de se concrétiser, l'Amérique doit éviter de détourner Moscou de son meilleur choix géopolitique [...] Par ailleurs, les Chinois se montrent sensibles aux réserves doctrinales que les États-Unis émettent à l'égard de leur régime national. La Chine considère donc les Etats-Unis comme le principal obstacle à sa quête d'une prééminence mondiale, mais égaIement à l'affirmation de sa prédominance globale. Dans ces conditions, la collision entre la Chine et les Etats-Unis est-elle inévitable? [...] Quelle forme concrète et acceptable du point de vue américain doit revêtir la montée de la Chine en tant que puissance régionale dominante et quelles limites doit-on fixer à ses aspirations au statut de puissance globale? [...] En réalité, si la Chine s'oppose aux États-Unis, ce n'est pas tant à cause des actions de ces derniers qu'en raison de la position qu'ils occupent aujourd'hui. La Chine considère que les Etats-Unis exercent une hégémonie sur le monde et que leur présence même dans la région, qui repose sur la domination du Japon, contribue à restreindre l'influence chinoise [...] Aussi, en raison de ce qu'ils sont et de leur simple présence, les Etats-Unis deviennent involontairement l'adversaire de la Chine au lieu d'être leur allié naturel. »
 
Néanmoins, tout semble indiquer que l'Europe ne constitue plus le meilleur choix géopolitique pour la Russie en pleine résurgence stratégique malgré une économie stagnante... et qui se rapproche d'une Chine devenue aussi incontournable qu'ambitieuse dans la zone Asie-Pacifique et détenant désormais le premier PIB mondial.
 
L'alliance stratégique en formation accélérée de ces deux puissances, sous la pression d'une « quasi guerre froide 2.0 » les opposant aux Etats-Unis, laissent présager un condominium ou hinterland eurasien tant appréhendé par Zbieg.
 
En outre, l'annexion de velours de la Crimée - opération menée "en-dessous du niveau de la guerre" (cf. Michel Goya), le naufrage de l'Ukraine et la guerre en Syrie ont considérablement redoré le blason de la Russie, qui renforce de surcroît ses liens avec la Turquie, l'Iran et les pétromonarchies du Golfe arabe. Les visées territoriales de Pékin en Mer de Chine méridionale et le retrait des Etats-Unis du Traité Trans-Pacifique (également conçu pour un encerclement commercial du « Dragon Rouge ») offrent à la Chine d'immenses marges de manoeuvre pour consolider son influence et sa puissance dans l'espace asiatique.
 
Last but not least, les Etats-Unis ont sévèrement pâti des errements stratégiques des administrations W.Bush et Obama (Afghanistan, Irak, Libye, Ukraine, Syrie) et grandement entamé leur crédibilité sur la scène internationale.
 
Ce tableau général a certainement incité Zbieg à réviser ses fondamentaux : « l'ère de leur domination mondiale prenant fin, les Etats-Unis doivent prendre la main pour redéfinir l’architecture du pouvoir mondial. » | Vers un réalignement mondial (The American Interest)
 
zbig2ndCH-0_SR212,320_.jpgMuni d'une grille de lecture américano-centrée et donc quelque peu hérétique pour l'observateur extérieur, le théoricien de 88 ans dresse ses cinq vérités essentielles :

- Les Etats-Unis resteront une superpuissance tous azimuts mais compte tenu de la complexité des évolutions géopolitiques et des équilibres régionaux, ne sont plus « une puissance impériale globale. »

 - La Russie vit la douloureuse phase finale de son empire post-soviétique mais, pour peu qu'elle fasse preuve de sagesse, deviendra probablement un état-nation européen de premier plan. 

- La Chine émerge en future rivale de l'Amérique, renforce lentement mais sûrement sa puissance technologique, militaire et navale, se garde de toute confrontation trop coûteuse et trop risquée avec l'Amérique, mais doit finement manoeuvrer sur sa scène intérieure afin de ne pas entraver son succès économique. 

- L'Europe ne comptera pas parmi les poids lourds de la scène internationale mais jouera un « rôle constructif » en faveur du bien-être commun, contre les menaces transnationales, au sein de l'OTAN, et dans la résolution de la crise Russie-Ukraine. 

- Le monde musulman demeure violemment tourmenté par un traumatisme post-colonial et mu par des motivations religieuses à la fois fédératrices et très clivantes, du fait notamment des schismes séculaires au sein de l'islam.
 
Qu'entend Zbieg par "architecture mondiale du pouvoir" ? Serait-ce plutôt une architecture trilatérale de sécurité supervisée par les Etats-Unis, la Russie et la Chine ? S'agit-il d'une future gestion conjointe des crises & risques sécuritaires dans le monde ? Impliquera-t-elle une reconnaissance implicite des zones d'influence propres à chaque grande puissance assortie d'une entente mutuelle de non-ingérence ? Que deviennent l'OTAN, l'OCS et les Nations-Unies dans ces perspectives ?
 
« Considérées ensemble comme un cadre unifié, ces cinq vérités nous disent que les États-Unis doivent prendre la tête du réalignement de l'architecture mondiale du pouvoir afin que la violence qui éclate au cœur ou au-delà du monde musulman – et, éventuellement, dans le tiers-Monde - soit contenue sans détruire l'ordre global […] Les souvenirs politiques longtemps réprimés alimentent en grande partie l'éveil soudain et explosif provoqué par les extrémistes islamiques au Moyen-Orient. Mais ce qui se passe au Moyen-Orient aujourd'hui peut être le début d'un phénomène plus vaste à venir en Afrique, en Asie... »
 
Dans ce contexte impossible, les Etats-Unis, la Russie et la Chine (qui devra être plus audible et plus active face aux futures crises) feraient mieux s'accommoder de leurs zones d'influences respectives, de développer une solide coopération triangulaire, et entreprendre la même démarche avec des puissances régionales du monde arabo/musulman, et ce, afin d'élaborer un cadre élargi de stabilité internationale.
 
Zbieg insiste sur la nécessité d'extirper l'Arabie Saoudite du wahhabisme et propose d'inclure dans ce vaste programme « les alliés européens […] qui peuvent encore être très utiles à cet égard. »
 
Pour couronner cette drastique réinvention de ses classiques, il émet une mise en garde sur l'usage obsessionnel de la force, probablement à l'intention de ses cadets et de leurs homologues russes et chinois :
 
zbig-BOOOOL320_SR208,320_.jpg« L’alternative à une vision constructive, et spécialement la recherche d’une issue militaire et idéologique imposée unilatéralement ne peut que prolonger inanité et autodestruction. Pour l’Amérique, la conséquence peut être un conflit durable, de la lassitude et même possiblement un retrait démoralisant sur un isolationnisme pré-XXème siècle. Pour la Russie, cela pourrait signifier une défaite majeure, augmentant la probabilité d’une subordination, d’une manière ou d’une autre, à la prédominance chinoise. Pour la Chine, cela peut annoncer une guerre, non seulement avec les Etats-Unis mais aussi, peut-être séparément, avec le Japon ou l’Inde, ou les deux. Et, dans tous les cas, une phase longue de guerres ethniques, quasi religieuses, au travers de tout le Moyen-Orient avec un fanatisme auto-justifié qui engendrerait des effusions de sang dans et hors de la région, et une cruauté croissante partout. »
 
Henry Kissinger, autre gourou de la politique étrangère américaine et ancien secrétaire d'Etat (sous les administrations Richard Nixon et Gerald Ford), avait précédé Zbiegniew Brezinski dans « Do We Achieve World Order Through Chaos or Insight? » (Der Spiegel) et remettait sérieusement en question la politique étrangère de l'administration Obama. Depuis peu, il conseille le président Trump en vue d'un rapprochement graduel avec la Russie. 
 
Quels regards portent les chancelleries européennes sur ces futurs conditionnels ? Que deviendraient le destin, l'influence et les intérêts de l'Europe si cette architecture trilatérale de sécurité (Etats-Unis, Russie, Chine) prenait forme ?
 
En savoir + :
1.    Zbiegniew Brzezinski : Toward a Global Realignment (The American Interest)
2. Zbiegniew Brzezinski : Le Grand Echiquier. L'Amérique et le reste du monde (Fayard/Pluriel)
3.    Trump signe l’acte de retrait des Etats-Unis du Partenariat transpacifique (Le Monde)
4.  Henry Kissinger : 'Do We Achieve World Order Through Chaos or Insight?' (Der Spiegel)
5.    Kissinger, a longtime Putin confidant, sidles up to Trump (Politico)
 
 
 

lundi, 23 janvier 2017

Trump et les prochaines élections européennes

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Trump et les prochaines élections européennes

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu 

Cette année, d'importantes élections auront lieu en Hollande, en Allemagne et en France. En France, il s'agira de choisir le prochain président de la République. Les élections dans ces Etats seront attentivement observées par d'autres Etats importants, l'Italie et l'Espagne notamment. La place de l'Europe dans le monde, très diminuée aujourd'hui, en dépendra.
Or les campagnes électorales relatives à ces élections se dérouleront dans des conjonctures internationales inimaginables jusqu'à ce jour. Si tout se passe comme actuellement prévisibles, l'on verra le nouveau Président américain, Donald Trump, faire triompher une politique de l'America first qui ne tiendra aucun compte des politiques adoptées par les actuels gouvernements européens et par l'Union européenne. Or celles-ci ont été jusqu'à ce jour marquées par une docilité sans pareil aux injonctions de l'ancien pouvoir américain, symbolisé par Barack Obama. Celles-ci imposaient au plan diplomatique la quasi-préparation d'une guerre avec la Russie, et l'abandon de toute volonté d'indépendance et d'investissement au plan intérieur, ceci pour ne pas concurrencer la domination des intérêts financiers américains.

Trump, dès son discours d'investiture, a confirmé qu'il rechercherait une détente avec Moscou. La perspective de celle-ci obligera les gouvernements européens à faire un choix crucial: suivre à nouveau l'exemple de Washington et se rapprocher de Moscou, alors que la diabolisation de la Russie, et plus récemment de Vladimir Poutine était le fondement même de leur action internationale - ou poursuivre seuls, avec des moyens de défense quasi inexistants, une opposition à la Russie qui pourrait déboucher sur des conflits militaires locaux, notamment à la frontière euro-russe.

Dans le domaine économique, il en sera de même. Les Européens ne pourront plus compter sur l'aide des dollars américains et des multinationales basées à Wall Street, pour satisfaire à leur place et à crédit les besoins des populations. Ils devront reprendre une politique d'investissement en propre, qu'ils devront nécessairement financer par d'importants sacrifices, notamment au plan fiscal. Dans le cadre de l'America First, toutes les possibilités industrielles et financières américaines seront consacrées au développement de l'Amérique.

Mais l'opinion publique et les partis politiques européens seront-ils capables en quelques mois d'effectuer ce changement de cap radical?  Manifestement, l'exemple français n'est pas encourageant. La grande majorité des candidats dits de gouvernement n'ont rien compris à ce qui se passe. Les débats au sein des primaires socialistes ont été particulièrement scandaleux. Tous n'avaient qu'à la bouche le respect des consignes de Bruxelles en ce qui concerte la limitation de la dette et de la fiscalité. Tous par ailleurs mentionnaient la nécessité de durcir militairement le ton à l'égard de Poutine.

Dans la droite de gouvernement, il en a été à peu près de même, le candidat Fillon ayant à peine osé parler d'un rapprochement avec Poutine. En ce qui concerne l'extrême-droite du Front National, Marine Le Pen n'a toujours pas précisé de quelle façon elle tiendrait compte de la nouvelle politique américaine. On peut craindre que la peur d'être accusée de « populisme » l'empêche de prendre clairement position.

Il en sera très probablement de même en Hollande et en Allemagne. Ainsi l'Europe, face au tourbillon Trump, se prépare-t-elle plus que jamais au rôle peu glorieux de feuille morte emportée par le vent.

Pour une armée européenne, pilier d’une défense européenne

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Pour une armée européenne, pilier d’une défense européenne

par Thomas Ferrier

Ex: http://thomasferrier.hautetfort.com 

L’élection de l’isolationniste revendiqué Donald Trump à la présidence des USA est une excellente nouvelle pour tous les vrais défenseurs de l’Europe. La pérennité de l’OTAN, organisation atlantiste destinée à empêcher toute émergence d’une Europe de la défense, toute diplomatie européenne indépendante et notamment en faveur d’un rapprochement avec la Russie, est en question. C’est l’occasion de pouvoir s’en émanciper en œuvrant pour bâtir enfin l’armée européenne. Voici quelques propositions en ce sens du Parti des Européens.

1- Dénoncer le traité fondateur de l’OTAN (1949), ce qui implique le départ de tous les pays européens de cette organisation.

2- Construire une armée européenne regroupant sous un commandement intégré (unique) l’ensemble des armées des 28 états membres de l’Union Européenne, en supposant que le Royaume-Uni renoncera en définitive à mettre réellement en œuvre le brexit.

3- Créer un budget militaire européen, correspondant à 3% du budget de chaque état membre de l’Union Européenne, afin de la doter des crédits nécessaires à sa mise en place et d’investir dans du matériel nouveau ainsi que dans la recherche et le développement de nouvelles technologies dans le domaine de l’armement de pointe. Soulignons que le budget allemand consacré à la défense n’est actuellement que de 1,16%, ce qui est dérisoire, et que le budget cumulé pour toute l’Europe, Russie comprise, correspond à 30% environ du budget américain dédié.

4- Établir une alliance stratégique entre l’Union Européenne et la Russie, un partenariat qui présuppose de notre part des gestes forts à l’égard d’une puissance européenne, qu’est la Russie, qui s’estime menacée à ses frontières. Cela passe par l’abandon des sanctions économiques à l’égard de la Russie, la reconnaissance de l’annexion de la Crimée par la Russie et la suppression des visas de l’Union Européenne pour les citoyens russes. En échange, Kaliningrad serait considéré comme un espace ouvert, démilitarisé. En outre, afin de rassurer les pays baltes en préservant leur identité, la Russie inciterait la minorité russe installée en Lettonie et Estonie à privilégier une réinstallation en Russie même.

La création d’une armée européenne, qui reprendrait là où a été arrêtée en 1954 la CED (Communauté européenne de défense), serait une avancée significative en faveur d’une Europe unie. Mais il est évident que dans le cadre de l’Union Européenne actuelle, rien ne pourra être fait. En outre, il n’a rien de plus souverain que la défense. L’idée même d’armée européenne implique celle d’Etat européen unitaire, que nous prônons par ailleurs. Ceux qui, comme Angela Merkel, annoncent des avancées en matière de défense, mentent outrageusement.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

Les mythes souverainistes en France [2017]

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Les mythes souverainistes en France [2017]

par Thomas Ferrier

Ex: http://thomasferrier.hautetfort.com 

Précisons en premier lieu que les principaux responsables du succès du souverainisme et surtout du populisme en Europe sont à la fois les chefs d’état et de gouvernement, à l’exception de certains de ceux composant le groupe de Visegrad dont Viktor Orban, et les dirigeants officiels de l’actuelle Union Européenne, à l’instar de Juncker et de Schulz, choisis par consensus par les 28 gouvernements pour incarner l’organisation, choisis généralement parce qu’ils ne leur feront aucune ombre. C’est ainsi que François Hollande a imposé Pierre Moscovici à la commission de Bruxelles. Prétendre que les commissaires européens décideraient de notre avenir, alors qu’ils ne sont que des « missi dominici », ou même qu’ils seraient à la tête d’une Europe fédérale, alors qu’ils sont nommés par les Etats, serait mentir. Mais leur médiocrité, qui cache leur impuissance, insupporte à juste titre les Européens.

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Le brexit, une non solution.

Le référendum organisé par David Cameron sur le brexit, pari insensé pour rassurer son aile droite, logique absurde puisqu’il prônait le non à la question qu’il proposait, a abouti à la décision d’une majorité de Britanniques de quitter l’Union Européenne. Il est étonnant de voir les dirigeants de l’Union Européenne, qui avaient pourtant contraint les Irlandais à voter à nouveau après leur premier refus du traité de Lisbonne, accepter sans discuter ce résultat. Alors même qu’au Royaume-Uni certaines voix s’élèvent pour exiger un nouveau vote, aucun responsable de l’UE n’a fait de même.

Or le brexit est le résultat d’une conjonction de mensonges et d’opportunisme. Même si les anti-brexit ont menti en annonçant un véritable chaos si le oui au brexit l’emportait, ce qui n’est manifestement pas le cas, mais il est vrai que le brexit réel n’aura pas lieu avant plusieurs années, les promoteurs du brexit ont également menti, et l’ont même reconnu, à l’instar de Nigel Farage qui désormais a des ambitions américaines. Boris Johnson, qu’on découvre désormais en promoteur zélé d’une régularisation massive des immigrés clandestins, n’a défendu le brexit que pour s’opposer à Cameron. Son ralliement opportuniste aura sans doute été décisif quant au résultat final.

Les pro-brexit ont surtout exploité à fond le refus de l’immigration des Britanniques, mais là encore en cachant la vérité. Ils ont oublié de dire que le Royaume-Uni n’était pas dans Schengen, ne faisait pas partie non plus de la zone euro, et que si l’immigration européenne notamment polonaise existe, elle n’est en rien un problème, à la différence de l’immigration post-coloniale, notamment musulmane, que les Britanniques ne doivent qu’à leur seul gouvernement « souverain ». En permanence, Farage et les autres ont entretenu l’ambiguïté entre immigration européenne et immigration non-européenne. En réalité, la seconde que les Britanniques refusent va continuer avec Theresa May alors que la première risque bien de se tarir. Au final, le brexit aggravera les flux migratoires issus du Commonwealth.

Quant à Theresa May, dont Marine Le Pen a fait récemment encore l’éloge, elle était connue pour des déclarations ambiguës sur la sharia qui serait selon elle compatible avec le droit britannique, et avait annoncé être opposée au brexit. Devenue premier ministre, elle est désormais en faveur d’un brexit dur (hard brexit). Ce retournement de veste montre le peu de sincérité dont elle témoigne.

Le Royaume-Uni quittera peut-être l’Union Européenne mais aucun de ses problèmes n’en sera résolu, bien au contraire. Son alignement sur les USA sera complet. Au nom d’une souveraineté fantasmée et d’une indépendance factice, le Royaume-Uni restera le 51ème état américain et la « substitution de peuplement » contre laquelle les Britanniques ont voté continuera.

Marine Le Pen présidente en 2017.

Incontestablement le Front National a progressé depuis l’arrivée à la direction du FN de Marine Le Pen. Il est passé en quelques années de 15 à 25% des voix. Le plafond de verre a donc été relevé de dix points, mais on est très loin du compte pour espérer gagner une élection présidentielle. La stratégie de dédiabolisation a globalement échoué puisque le FN reste infréquentable aux yeux d’une majorité de Français. Les dernières élections régionales, qui auraient dû logiquement amener le FN à diriger au moins deux régions, ont fini par un fiasco, même dans le Nord et en Provence.

Marine Le Pen sera sans doute, sauf surprise, au second tour des présidentielles, malgré une campagne maladroite, répétant les mêmes erreurs que son père en 2007 en pire. Mais elle n’a aucune chance au second tour de gagner, contre tous les candidats importants, sans doute même contre Mélenchon, qui saurait alors rappeler qu’il avait été sénateur socialiste.

Et quand bien même par je ne sais quel miracle elle gagnerait, elle serait incapable d’avoir une majorité parlementaire à l’assemblée, ce qui serait aussi d’ailleurs un problème pour Macron. Ses candidats ne sont pas implantés, sauf exceptions, et son entêtement à respecter la parité l’amène à proposer des candidates féminines inexpérimentées. Elle a perdu beaucoup de militants suite aux épurations successives et à la main mise politique de l’appareil par Florian Philippot et ses partisans souverainistes et donc anti-identitaires.

Si elle était élue présidente, ce qui est hautement invraisemblable, et sans majorité à l’assemblée, elle serait donc contrainte à la démission ou à servir de potiche pendant cinq ans. Quant à son chantage consistant à exiger que l’Union Européenne « rende sa liberté à la France » sous peine d’un référendum sur le « frexit » qui en cas de victoire reviendrait au même, là encore il faudrait une majorité. En effet, le président ne peut convoquer de référendum qu’à l’issue d’une proposition du premier ministre. Si celui-ci n’est pas de sa couleur politique, et il ne le serait pas, alors elle ne pourrait même pas le proposer.

En clair, 2017 démontrera sans doute une progression du Front National, et un second tour moins déshonorant que celui de son père en 2002, mais ne sera pas l’année de sa victoire. Elle ne sera pas élue. Et l’élection de Trump, qui était candidat quand même du parti républicain, ou la victoire du brexit, annoncé gagnant des semaines avant le vote, sont sans rapport avec l’élection présidentielle française. Après tout, même Norbert Hofer (FPÖ) en Autriche n’a pas été élu. Or le programme anti-européen de Marine Le Pen est anxiogène pour beaucoup d’électeurs. Le vote FN reste fondamentalement protestataire, et si la protestation est très élevée, c’est parce que la situation de notre pays est très grave.

De l’article 50 du traité de Lisbonne.

C’est le point phare du candidat François Asselineau (UPR). Il accuse Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan de proposer une autre Europe, alors que lui ne veut d’aucune Europe. Pour lui, la France doit invoquer l’article 50 du traité de Lisbonne pour quitter l’Union Européenne. Il lui faudrait déjà obtenir les 500 parrainages de maires, alors que le système a été renforcé. En effet, c’est le maire qui désormais envoie son dossier de parrainage directement au conseil constitutionnel, de manière publique, et non l’élu qui apporte ces 500 signatures. Cela change tout. Les candidats « baroques » n’ont donc aucune chance d’être réellement présents au premier tour. Asselineau lui-même est absent de tous les sondages. Ses chances d’être candidat sont très faibles, ses chances d’être élus sont nulles.

Quant à l’article 50 lui-même, il démontre que l’Union Européenne n’est pas une structure politique digne de ce nom, et encore moins un Etat. L’existence de cet article est d’ailleurs étonnante. Il n’y a pas d’article dans la constitution française qui autoriserait la Bretagne ou la Corse à devenir indépendantes. Mais on peut quitter l’Union Européenne. Difficile alors de la qualifier de totalitaire.

Autres mythes contradictoires.

Enfin, l’Union Européenne est qualifiée et par les mêmes aussi bien de nouvelle URSS, accusation surprenante venant de ceux qui par ailleurs la dénoncent comme ultra-libérale, en sachant que les communistes sont d’ailleurs plutôt hostiles à l’UE, que de IVème Reich, l’Union Européenne étant alors qualifiée de raciste par ceux-là même qui lui reprochent son laxisme migratoire.

Quant à l’euro, les souverainistes exigent de lui ce qu’ils n’exigent d’aucune autre monnaie. Ils veulent qu’il corresponde à une mythique « zone monétaire optimale » comme si le dollar ou le rouble, sans parler du yuan, disposaient eux aussi d’une telle zone, et comme si l’ancien franc en disposait aussi. Que par souverainisme ils soient opposés par principe à l’idée de monnaie européenne, on peut le concevoir. Mais alors pourquoi user d’arguments pseudo-économiques ? Il suffit de dire qu’ils veulent une monnaie nationale, car à chaque nation sa monnaie.

En réalité, c’est parce qu’ils doutent que le peuple les suive qu’ils se sentent obligés d’en rajouter. Ils sentent bien que leur souverainisme intégral, s’il était assumé comme tel, les marginaliserait. Marine Le Pen affirme que sa position est majoritaire en Europe. Je ne le crois pas. La preuve en est que Norbert Hofer en Autriche avait dû abandonner tout discours anti-€ et anti-UE. L’europhobie est marginale. L’euroscepticisme en revanche, qui exprime la déception légitime de nombreux Européens quant à l’actuelle construction européenne, est bien réel. Seule une réorientation radicale de l’Union Européenne, assumant alors une logique identitaire, pourrait convaincre les eurosceptiques de croire à nouveau en l’idée européenne.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

dimanche, 22 janvier 2017

A Field Day for the Titanic Pessimist: A Review of Guillaume Faye’s Archeofuturism 2.0 By Robert Lind

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A Field Day for the Titanic Pessimist:
A Review of Guillaume Faye’s Archeofuturism 2.0

archeo2-0.jpgReview:

Guillaume Faye
Archeofuturism 2.0 [2]
Arktos Media, 2016

Renowned Right-wing author Guillaume Faye has written his first novel, Archeofuturism 2.0. So you might ask: is it a good one? Has he delivered? Is this something for Faye fans, maybe even science fiction fans, to buy?

We’d answer “yes” to all these questions. Previously, Faye has been persuasive as a stylish writer in books like Archeofuturism [3] and Why We Fight [4]; he has a way with words, he has made an impression, and now, in this novel, he takes the reader for a prophetically grim but linguistically smooth ride. He tells his story with efficiency and charm, and he has managed to make a novel of it. It might be episodic, and the chapters might be called “episodes” (not “chapters”) to emphasise this, but with a certain symbolic flair he connects all the chapters. Hats off; this puts it on par with, say, Clifford D. Simak’s City [5](1952). It’s a future history with a broad gallery of scenes, intrigues, and developments. Millennia pass, but it all comes together rather well at the end.

The first chapter in particular is top notch: efficient, displaying narrative ease and charm, and with a lot of concepts and opinions in the mix. A group of young aristocrats is planning to go to the Riviera in the summer of 1914 – and, before heading south, they go on a whim to consult a soothsayer in a Paris suburb. She then gives the group visions of the future, successively three, fifteen, twenty-five, and a hundred years hence. The fine men and women are aghast at hearing of war and disaster, mass immigration, and the fall of civilization. Then the group goes south, and their festive spirit is soon destroyed by rumors of war, and then by actual war. Austria-Hungary attacks Serbia, and soon all of Europe is at war.

Faye takes us through the war in quick and yet enticing scenes, and then just as effectively portrays development up until the mid-twenty-first century, which is when the fall of the West happens. And that’s merely what’s contained in the first episode. Then, things continue into a dismal future, where things get “archaic” coupled with some “futurism,” and voilà, archeofuturism: a future cleansed with archaic perspectives, just as in the original book. Civilization breaks down, but then science regroups and comes to the fore again; not that it leads to any shiny, technotronic paradise. Rather, it is a field day for the titanic pessimist. This reviewer didn’t quite enjoy this part of the book, or virtually the rest of it as regards the conceptual side of it or the ideas peddled, but as such, Faye is faithful to his views and this is his suggestion for a future scenario.

archeofuturisme-v2-0-nouvelles-cataclysmiques.net.jpgThe book’s vision of a non-spiritual, titanic, and only partially scientifically developed (and also part degenerate) future leads you into a not-so-uncommon “feel bad” territory, as is not unknown in contemporary science fiction. Dystopia, the fall of civilization, doom and gloom. So what is there to say about it all? We’d say: Faye is a debutant of fiction. (Okay, the first Archeofuturism book indeed had an appendix that was a kind of short story, so already there the author had signaled the viability of fiction for his purposes.) Nevertheless, he tells his well-crafted story with confidence and wit, so we shouldn’t complain too much. We’d even like to read more Faye fiction, perhaps stories set in twentieth-century France or some such theme, given the allure of the setting of the first episode in this book.

In Archeofuturism 2.0 we get a Right-wing, radical conservative view of our times and beyond, and it’s fine as such. There aren’t that many such novels written today. It develops into a pessimistic tale of science as the lodestar. Natural science and technology become the focus of man’s striving – not spirituality and not esotericism. Let’s just say that we’d prefer a future with a modicum of mindfulness to keep us eminently awake.

The novel is convincing – as science fiction. Faye adds an epilogue – and there, he’s stating his creed in no uncertain terms – evolution rules, stick to the program, and forget everything else. And science predicts that someday, our planet will almost certainly be hit by a near-Earth Object. And after that, the cockroaches will rule . . . ?

Faye doesn’t say the latter. Instead, he delivers his payoff as a kind of afterthought, a line intimating a reasonable approach: “What do you think?” This indeed has the character of afterthought, and it would sit fine in an essay – but, when writing fiction, you have to obey its unwritten rules. A writer of fiction shapes his reality, he enacts the world he has in mind, and therefore he mustn’t throw in caveats and footnotes. There are indeed some lengthy notes to the tenth episode, showing that the author has done his homework in terms of space technology and so on, but they too are out of place in a fictional setting.

Essentially, writing fiction is myth-making. It’s revelation. It has to aim at mythic poignancy. In fiction, you can’t take the easy way out that is permitted in an essay, where the format allows you to discuss this and that.

The fiction author should be ruthless. “The spirit of song is war,” as Edith Södergran said. You have to artistically stand by your creation and not support it with extra-artistic means.

That said, and going back to the novel at hand, let’s remember what we said above, namely that it’s convincing. In most respects – its narrative skill, the conceiving of its science, history, sociology, and so on in a fictional setting, and as a radical conservative statement in novelistic form – Archeofuturism 2.0 is more than satisfactory. From an artistic point of view, we don’t mind that the novel is a bit weird and strange in its visions of the future – no, not at all, since the vision is mostly conveyed with skill. As well as charm, that has got to be underlined; the reader is swept along, and he generally has a good time. Overall, it’s a rather excellent effort.

Above, we mentioned Simak’s City as a similar science fiction opus, similar in that it is a chronicle of the future in separate yet connected episodes. In terms of its general atmosphere, Archeofuturism 2.0 can also make you think of the graphic novel Blake and Mortimer [6], Belgian E. P. Jacobs’ stories which often had a science fictional setting, such as The Time Trap [7] (1962), a story with a rather elaborate-but-dismal future. (And for the record, in one chapter of his novel, Faye has a character named “Grossgrabenstein,” a name that also appears in Jacobs’ The Mystery of the Great Pyramid [8] from 1954.) You might even mention Jules Verne, who (in his later works) had this “belief in science, yet also pessimistic” mindset that Faye displays.

We get the urge to equate Faye’s narrative skills with those of the graphic novel writer Pierre Christin, the creator of Valérian [9]. In this opus, Christin has made the Laureline character rather memorable, and in equal measure Faye has a way with his female characters. They are rather prominent in this future history. Discreetly, they carry a lot of the action without the gender-related fuss they are embellished with in Left-leaning novels.

Article printed from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com

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[2] Archeofuturism 2.0: http://amzn.to/2jppu9b

[3] Archeofuturism: http://amzn.to/2k5zLdQ

[4] Why We Fight: http://amzn.to/2jyTO40

[5] City : http://amzn.to/2jAHMXq

[6] Blake and Mortimer: http://amzn.to/2iDiZmj

[7] The Time Trap: http://amzn.to/2k1SyTn

[8] The Mystery of the Great Pyramid: http://amzn.to/2jADwqK

[9] Valérian: http://amzn.to/2k5w3Bc

 

Come ha perso la Russia un intero continente

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Come ha perso la Russia un intero continente

 

Pochi sanno che circa trecento anni fa, la Russia, aveva la possibilità di diventare l'unica potenza del mondo, estendendosi su due continenti.


Diverse spedizioni lungo tutto l'Impero avevano portato a conquistare vari possedimenti in un altro continente: erano l'Alaska, le isole Aleutine, l'arcipelago Alexander, la fortezza di Elisabetta alle Hawaii ed il famoso Fort Ross della California. Perché la Russia ha perso queste ricchezze?

Nel 1648 Semen Dedznev organizzò una spedizione per l'esplorazione di nuove rotte marittime. Un gruppo di coraggiosi marinai, che presero il largo dalle coste della Siberia, dopo breve tempo, incapparono letteralmente nelle coste americane. A causa della costa rocciosa, una delle scialuppe naufragò, ma fu proprio lì che Dedznev decise di fondare il primo insediamento russo, Kingovej.

Dopo un secolo, il mercante di Irkutsk Gregorij Shelichov decise di ritentare l'impresa di Dedznev, ponendo come obiettivo finale della spedizione, la creazione di un saldo fortino, da cui sarebbe stato possibile partire per esplorare tutta la zona circostante. Il 14 agosto 1784 la flotta delle tre navi, chiamate "i Tre santi", "San Simeone" e "San Michael", raggiunse l'Alaska. Dopo quattro anni di insediamento sull'isola Kodiak, il luogo ricevette ufficialmente il nome di Porto Pavlovskij.

Nel 1799 lì fu fondata la prima città destinata a diventare la Capitale russa d'America. Il primo gruppo di coloni era costituito da 200 russi e 1000 aleuti, che dopo poco si abituarono a chiamare Novo Archangelsk casa.

Nel 1810 in California i possedimenti erano vari e ne approfittò il visionario ricercatore russo Ivan Kuskov. Comprò parte della terra formalmente spagnola dagli abitanti indiani. L'11 settembre del 1812 Kuskov pose la prima pietra della famosa fortezza di Ross, primo avamposto russo più meridionale in Nord America. I primi inquilini del suo insediamento fortificato furono 95 russi e 80 indiani. Con una convenzione anglo-russa del 1825 furono regolati i confini britannici e russi sul continente. Per comodità fu scelta la dorsale delle Montagne Rocciose, che si estendeva per vaste aree deserte. Per ragioni ancora sconosciute, i russi non hanno mai rischiato di attraversare l'altra parte delle montagne, dove per mezzo secolo le vaste pianure non furono attraversate da alcun colono.

Nel gennaio 1841 la fortezza di Ross fu acquistata da John Sutter, intelligente e lungimirante imprenditore americano, successivamente soprannominato "imperatore della California". Allora la resa è stata incondizionata e la Russia ha ufficialmente dichiarato la perdita di interesse per una zona così importante geopoliticamente. Gli storici ancora oggi dibattono strenuamente sulle cause di vendita dell'Alaska. In un modo o nell'altro, nel 1867 il Governo americano acquistò tutta l'Alaska per 7 200 000 dollari. Ed è così che è finita la storia dei russi che hanno perso la loro occasione di estendersi su due o tre continenti.
 

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Un air de guerre, d'Eric Werner

 
par Francis Richard
Ex: http://www.francisrichard.net 
 

air-de-guerre-werner.jpgLa guerre actuelle en Europe s'est imposée à nous sans nous demander notre avis. Elle remonte au début de 2015 avec les attentats contre Charlie Hebdo et contre l'Hyper Casher. Elle s'est poursuivie en France, en Belgique, en Allemagne. C'est une guerre qui n'est pas une guerre classique. 

La guerre actuelle nous cherche. Si elle nous cherche, il faut nous interroger sur notre participation possible à cette guerre, participation possible, mais pas sûre. Nous pouvons en effet: 

- soit ne pas vouloir la faire, choisir la résilience, c'est-à-dire accepter de vivre avec le terrorisme, comme on nous y invite

- soit ne pas faire que la subir, choisir la révolte, c'est-à-dire refuser de vivre avec lui.

Dans son essai, Un air de guerre, Eric Werner se propose de nous demander ce qui pourrait nous amener à un tel refus.

Pour ce faire, Eric Werner constate d'abord que:

- La société est atomisée: il n'y a plus de lien entre les générations, ni entre les individus

- L'État protège de moins en moins les biens et les personnes: l'insécurité augmente

- L'écart est croissant entre ce que versent les individus à l'État et ce qu'ils reçoivent en contrepartie au titre de la protection sociale

- L'État contrôle de plus en plus les individus grâce aux nouvelles technologies.

En l'absence de sécurité étatique, on peut donc dire qu'il y a état de nature; en présence de contrôle étatique, on peut donc dire qu'il y a état civil, pour reprendre les termes de Hobbes.

Dans ces conditions, selon Eric Werner , la guerre ne peut être que moléculaire, parce que cela découle de l'effondrement de la citoyenneté:

- Il n'y a plus de peuple

- Il n'y a plus que des ensembles désarticulés.

Et la conséquence en est que les individus sont [...] amenés à se prendre eux-mêmes en charge, en particulier à assurer eux-mêmes leur sécurité.

Eric Werner distingue trois sortes de guerres moléculaires:

- La résistance à un éventuel envahisseur

- La résistance à l'État total

- Le recours individuel à l'autodéfense.

Qu'est-ce qui va motiver l'individu (ou le petit nombre) à résister? La peur, si l'ennemi nous convainc de ses volontés exterminatrices (sinon, à quoi bon résister?). La guerre, toute moléculaire qu'elle soit devenue, a alors pour résultat de transformer les individus en un ensemble soudé et solidaire: la guerre éduque à la guerre.

La vraie question quand on fait la guerre n'est pas comment mais pourquoi: La guerre ne vaut d'être engagée que si la cause que l'on défend est bonne et juste. Et la victoire ne s'obtient que si l'on est motivé par autre chose que simplement la victoire: une juste cause, en fait.

(Eric Werner prend même le risque d'écrire que quand on dit: un seul but, la victoire, la défaite est à peu près assurée.)

Qu'est-ce que la juste cause d'une guerre? La défense de la terre natale et de l'héritage culturel, qui recèle toutes sortes de choses et qu'un mot résume: liberté, un mot qui remonte aux Grecs et qui se retrouve dans le christianisme.

Dans la guerre moléculaire, le sujet de la guerre c'est l'individu et c'est lui qui peut être amené par la guerre elle-même à donner du prix à la liberté: la liberté éduque à la liberté. A ce moment-là l'individu en vient à ne pas se battre seulement par instinct de survie, mais pour défendre une cause.

Le mot liberté recouvre en fait deux acceptions, qui, au contraire de s'opposer, forment un tout: les libertés individuelles, mais aussi la liberté du pays. Si toute guerre, y compris la guerre moléculaire, est un mal, un très grand mal, est-il possible pour autant de se résigner à l'anéantissement de la liberté, droit inaliénable, et de ne pas résister à l'oppression?

Dans la situation de guerre actuelle, il y a donc deux attitudes individuelles possibles:

- être dans le déni de la réalité, mais c'est coûteux à terme

- faire face, mais cela signifie bien interpréter les signes, tels que les attentats perpétrés en Europe depuis 2015.

Pour bien interpréter les signes, il faut veiller à ce que rien ne vienne faire écran entre eux et nous, pour être complètement soi-même: C'est ainsi qu'on accède à la force du regard, qui est souveraine.

Francis Richard

Un air de guerre, Eric Werner, 96 pages Xenia

Livres précédents chez le même éditeur:

Portrait d'Eric (2011)

De l'extermination (2013)

Une heure avec Proust (2013)

L'avant-guerre civile (2015)

Le temps d'Antigone (2015)

11:31 Publié dans Livre, Livre, Philosophie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philosophie, eric werner, livre | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

samedi, 21 janvier 2017

Christophe Levalois : comprendre la royauté pour comprendre nos princes contemporains

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Christophe Levalois : comprendre la royauté pour comprendre nos princes contemporains

La fonction royale a marqué les sociétés humaines traditionnelles à travers le monde et son lien avec le sacré était son trait premier. Cette figure peut-elle éclairer l’échec actuel du politique ?

Entretien avec Christophe Levalois, historien, prêtre orthodoxe et auteur de l'ouvrage 'La royauté et le sacré' (Le cerf, 2016) : https://www.editionsducerf.fr/librair...

vendredi, 20 janvier 2017

Drieu, petit cousin de Werther

 
par Dominique Borde
 
Ex: http://www.oragesdacier.info
 
     « Il n’y a pas d’arts sans société et sans assez vaste société », écrivait Drieu La Rochelle dans « le Français d’Europe ». Dire que cette petite phrase lapidaire résume les ambiguïtés de l’écrivain pris dans le mouvement de son temps serait hâtif. Mais elle image assez nettement l’une des dualités qui habitèrent Drieu pendant toute sa vie.
 
     Ecrivain, penseur politique ou dandy ? Chercher à définir Drieu à travers son œuvre, riche et éparse, n’est déjà pas si aisé, mais essayer de le saisir et de le retenir dans son action politique découragerait plus d’un dogmatique. C’est que Drieu fut toute sa vie une pensée pure perdue parmi son siècle. Un regard lucide sur le monde et l’humanité qui l’entourait mais aussi un acteur aveuglé des mouvements de son époque dont il ne se privait pourtant pas de dénoncer les erreurs et d’annoncer les espérances.
 
 pdlr70298457-fr.jpg    Ce vieux jeune homme au physique fragile et nonchalant, à l’allure d’éternel adolescent, long et mince, impose déjà une séduction qui échappe à tous les âges. Il a le front haut et bosselé des intellectuels où des cheveux rares forment comme une couronne ou un halo tandis que ses yeux clairs tour à tour moqueurs ou perdus semblent regarder au-delà de ce qu’on leur montre. L’homme est élégant sans recherche, à l’aise sans forfanterie, aristocrate sans avoir les titres. C’est un hobereau des lettres descendu de sa tour d’ivoire pour regarder le monde de plus près. Engagé très jeune dans la guerre de 1914, il a trouvé dans les combats un terrain exceptionnel à ce dépassement du moi qui l’obsédera toute sa vie : « Tout d’un coup je me connaissais, je connaissais ma vie. C’était donc moi, ce fort, ce libre, ce héros » écrit-il dans « La comédie de Charleroi ». Etre un héros, voilà ce qui manquera à Drieu revenu à la vie civile. Les femmes occuperont l’intellectuel en recherche de sensations fortes qui passera des unes aux autres, avec vertige ; mais l’homme d’action restera les mains vides.
 
La tentation du néant
 
     Heureusement, une grande idée va se faire jour : l’Europe que Drieu prend à bras le corps. Ce visionnaire y voit l’unique solution pour enrayer l’hégémonie des peuples. L’idéaliste y décèle le remède aux déchirements qu’il a connus. Mais cette vision globale ne l’empêche pas de ressentir et de traduire les malaises intimes. A la suite du suicide de son Jacques Rigaut, il écrit comme dans un souffle « Le feu follet » (sa première œuvre à avoir été portée à l’écran par Louis Malle en 1964). Ce roman d’un suicide ressemble autant à l’écrivain qu’à son modèle. L’homme en quête d’action – l’homme à cheval – y nie l’essence même de celle-ci et sa lucidité débouche sur le néant. Une tentation qui le fascine qui l’effraie. Il lui faut tuer la mort par l’action et s’engager. Le Congrès de Nuremberg fournit au penseur la réponse du concret qui le rassure. Drieu se donne au fascisme comme seule force de progrès puis confirme son engagement en s’inscrivant au PPF de Doriot. Plus tard, il en démissionnera puis y reviendra, toujours acteur d’un dernier combat. Son retour avec Doriot en 1942 il l’explique sans détour à Pierre Andreu : « Alors qu’il y a tant de gens qui me haïssent, j’ai voulu leur donner une raison bien claire de me haïr et de me tuer ». Sans plus y croire il ira au bout de son choix alors que son regard se dirige vers Moscou et un totalitarisme que cet impénitent croit plus parfait. Mais il est trop tard, l’intellectuel doit payer pour le politique. Drieu choisit de s’en aller sans se livrer à ses ennemis. Mort par trop forte dose de véronal et de gaz ou par excès d’idéalisme ?

     Il est très symbolique que l’œuvre de Drieu soit restée sur un roman inachevé (« Mémoire de Dirk Raspe ») et tout aussi révélateur que son action politique soit demeurée à l’état de projet avorté.
 
Mal à l’aise dans le siècle, trop à l’étroit dans les règles littéraires, Drieu, prophète de l’impossible et poète des profondeurs, est le contraire d’un carriériste ou d’un militant. Comme l’a noté Pol Vandromme : « Il s’est appliqué à être Fabrice, c’était un petit cousin de Werther ».
 
     Drieu s’est inventé un champ de bataille pour y livrer sa propre guerre. Vaincu par le doute, il a péri des certitudes du monde. Mais cet homme de l’échec a laissé des traces profondes, car ce sont ses hésitations et son malaise qui nous remuent encore. Aujourd’hui, on se replonge dans « Gilles », « Rêveuse bourgeoisie », « Une femme à sa fenêtre » ou « Feu follet » pour y retrouver une empreinte de l’écrivain en oubliant les errances du politique. Le temps a effacé ce dernier pour ne révéler qu’un homme en quête de lui-même et des autres.
 
     Sa grande victoire est d’être entré dans l’éternité par la porte du doute.
 
Dominique Borde 

jeudi, 19 janvier 2017

Les Visages pâles, roman de cire et de types

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Les Visages pâles, roman de cire et de types

Après Enjoy en 2012, Nous sommes jeunes et fiers en 2014, Solange Bied-Charreton a fait paraître en 2016, toujours chez Stock, Les Visages pâles. Dans ce troisième roman, l’auteur conserve sa volonté de dépeindre la société avec un regard attentionné, rappelant ainsi le dessein qu’avait Balzac dans La Comédie humaine, d’écrire « l’histoire oubliée par tant d’historiens, celle des mœurs ». Zone Critique revient pour vous sur le troisième livre de cette jeune romancière.

sbc-vp.jpegDans Les Visages pâles, il s’agit de mœurs précis, ceux de la famille Estienne implantée à Paris, composée de Jean-Michel et Chantal, divorcés, ainsi que de leurs enfants, Hortense, Alexandre et Lucile, ayant chacun son propre mode de vie, son travail et son appartement. Il s’agit en fait d’une famille sans toit, où chaque membre est exilé de la nation primaire désormais vide et abandonnée. Dès le début du roman est présentée une scansion fondamentale entre la ville, lieu d’un « exil permanent » et la Banèra, espace des liens originels et maison du père de Jean-Michel, Raoul. La mort de ce dernier déclenche une lutte pour la conservation du « bastion à défendre ». La famille, dont les valeurs sont en perdition, étouffées sous le poids d’une vie moderne, est représentée par deux entités : Jean-Michel voulant vendre la maison pour faire table rase d’un passé inutile, et la loi Taubira en faveur du mariage homosexuel. Le roman suit donc chacun de ces modes de vie selon une tension entre deux valeurs : l’intimité et la communauté, l’individu et la famille, l’enjeu étant de comprendre comment le personnage se dégage du déterminisme qui lui est assigné pour mieux le transgresser, le modifier, lui donner une renaissance, c’est-à-dire pour mettre au monde une histoire.

Le scepticisme, vide fictionnel

Solange Bied-Charreton présente l’histoire commune d’une bourgeoisie anti-mariage homosexuel, qui cultive la religion du confort et de l’utilité et qui, s’inquiétant pour l’avenir de ses valeurs, opte davantage en faveur de la suspension de jugement que de l’héroïsme.

L’histoire d’un roman trouve son épaisseur dans ses personnages et leur psychologie. Une psychologie stéréotypée produit une histoire banale. Au contraire, une psychologie dense et subtile donne une histoire singulière, aussi commune soit-elle. Solange Bied-Charreton présente une histoire commune, celle d’une bourgeoisie de 2013, anti-mariage homosexuel, prônant l’importance du travail, de la famille et de l’argent, cultivant la religion du confort et de l’utilité et qui, s’inquiétant pour l’avenir de ses valeurs, opte davantage en faveur de la suspension de jugement que de l’héroïsme. Hortense, par exemple, « femme d’ordre [qui] ne laissait jamais aucune place au hasard», n’est occupée qu’à éviter toute interférence possible avec sa carrière trop précieuse ; Hubert, son mari et père de ses deux enfants, affirme que « la suspension de jugement […] est notre bien le plus précieux » ; Chantal, à l’idée de se faire entendre dans la rue, est rongée par le « scepticisme » et Jean-Michel, lui, « vieux soixante-huitard de merde », a déjà réussi, il a déjà vécu dans un « monde libre » et prépare sa retraite loin de racines trop encombrantes. Seuls deux personnages pourraient être porteurs d’histoire et de fiction : Alexandre et Lucile, tous deux se distinguant par le rapport, en eux, de l’intimité et de la communauté, c’est-à-dire de l’intérieur et de l’extérieur.

Lucile, ou la possibilité d’une histoire

En effet, Alexandre, « plus lucide, mais plus incontrôlable, croyait à la violence » comme unique moyen de défendre la famille et plus généralement les valeurs qui sont au fondement d’une France puissante. Il serait alors possible de l’imaginer futur terroriste, transgressant les valeurs qu’il soutient au nom de leur conservation, si seulement il n’était pas trop éduqué. Pour Alexandre, qui « avait été pensé », la communauté se positionne à la source de l’intimité, si bien qu’elle prend le rôle d’une substance divine à la fois cause et effet de l’individu : si sa lucidité l’encourage à croire en la violence, le jeune homme n’en est pas moins un bourgeois, pour qui l’engagement ne va pas plus loin que « sous un porche rue Monsieur-le-Prince, pour finalement échouer dans un bar à sangria à l’ambiance amicale et aux prix imbattables, et qui autorisait ses clients à fumer malgré la législation en vigueur ». En somme et malgré tout, pour Alexandre, digne héritier de la famille Estienne, « une importance toute particulière était accordée au confort ».

Ni déchirure ni humour chez Alexandre, aussi sérieux que l’auteur qui le met en page. Ceci n’est pas un personnage mais une trajectoire sociale.

Un personnage est avant tout construit par la rencontre, en lui, de l’intérieur et de l’extérieur, si bien qu’il ne peut devenir ce qu’il est qu’en étant « déporté au-delà des frontières du monde connu ». Si cela est le cas des romans de Balzac, où Lucien Chardon par exemple, quitte sa ville natale pour Paris où l’attendent ses « destinées », ça ne l’est pas d’Alexandre qui défend son confort domestique au nom d’une idéologie de trottoir, déterminée par un traumatisme lié à l’enfance. Il pourrait donc être rapproché de Frédéric dans L’Éducation sentimentale ou de Lucien dans L’Enfance d’un chef, si seulement il ne lui manquait pas la verticalité de l’ironie, la nuance de la mauvaise foi ou la sensualité d’un style : ni déchirure ni humour chez Alexandre, aussi sérieux que l’auteur qui le met en page. Ceci n’est pas un personnage mais une trajectoire sociale.

Lucile, au contraire, dont « la personne était en désordre, sa cohérence tenait du hasard », est amenée à rompre avec le reflet de l’extérieur dans l’intérieur grâce à sa rencontre avec Charles Valérien, jeune homme rentier, nihiliste fragile et désabusé qui, sans famille ni origine, jouit d’une souffrance toute particulière : la liberté. Lucile est finalement le seul personnage du roman qui ne vit ni dans le passé ni dans l’avenir mais dans un présent absolu et charnel, un maintenant infini appelé à grossir jusqu’à mettre au monde une histoire. Avortée malheureusement. La rupture de Lucile et de Charles est consommée, et Lucile, désespérée quant à la possibilité de l’Amour, retrouve « l’indifférence généralisée » comme refuge à une douleur trop réaliste ; elle retrouve l’espace familial en somme, qui, ne pouvant préserver son homogénéité sans une forte dose de scepticisme, se doit de douter de tout, de la politique et de l’amour, de sacrifier l’intimité au nom d’une communauté pâle, et surtout de s’en tenir au doute. Avec Hortense et Alexandre, Lucile enferme sa jeunesse dans les méandres de la Banèra pour mieux fermer les yeux devant un monde « morne et démesuré ». « Morne et démesuré », deux mots qui pourraient proposer un résumé de ce qu’est la modernité s’ils ne leur manquaient pas deux lettres, le « i » et le « t », pivots d’une absence qui rend boiteux le roman : celle de l’intimité.

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Sociologie du pessimisme

Roman de l’enfermement et de l’incarcération de l’individuel par la communauté, Les Visages pâles présente des personnages qui n’abritent aucune déchirure, aucune complexité intérieure, aucune suggestion à la possibilité d’un devenir fictionnel, aucune vie en somme.

Effectivement, Solange Bied-Charreton met sur papier des entités sociales qui préexistent au roman et pour qui chaque nouvelle page n’est pas une nouveauté qui s’agrège soudainement à un ensemble en construction, mais bien plutôt la confirmation de stéréotypes que tout le monde connaît. Son roman pourrait passer pour pessimiste ou cynique, si seulement il ne réutilisait pas la vision que chacun se fait de ces deux modes de pensée : Charles Valérien fait presque rire, Alexandre n’est même pas ridicule, Hortense finit logiquement par coucher avec son patron et Lucile se confond avec cette fille ratée parce que sensible, que chacun imagine. Alors que le premier disparaît du roman sans manière, les autres personnages se retrouvent pour recomposer ce qu’ils croient être une famille, à la manière d’automates qui cultivent un « mode de vie », mais non pas une « vie ». Ici est présente la contradiction dans le discours de l’auteur, qui, voulant porter un regard attentionné sur ces individus, ne trouve pas d’autre moyen que de les peindre, non pas tels qu’ils sont, mais tels qu’ils sont conçus par l’opinion commune : si lisant le roman, le lecteur y retrouve les préjugés dont il essaye de se débarrasser, ne serait-il pas davantage bénéfique pour lui de le refermer et d’aller marcher dans les rues ?

Roman de l’enfermement et de l’incarcération de l’individuel par la communauté, Les Visages pâles présente des personnages construits par une histoire sociale et qui, lorsqu’ils s’en émancipent, n’abritent aucune déchirure, signe de l’intimité, aucune complexité intérieure, aucun espace cryptique dissimulé derrière les apparences, aucune suggestion à la possibilité d’un devenir fictionnel, aucune vie en somme : ils sont morts-nés et nous regardons leur trajectoire comme nous lisons un livre de sociologie. On n’y croit pas.

Lucas Dusserre

L’Alsace est une fête

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L’Alsace est une fête

par Lucien Rabouille

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Animateur du Cercle Cosaque aux côtés de l’ébouriffé Romaric Sangars, franc-buveur à la hussarde, anar’ de droite comme Marcel Aymé et satiriste comme Scarron : Olivier Maulin, auteur – entre autres – de Gueule de bois ou des Lumières du ciel, faisait paraître en juin dernier La Fête est finie aux éditions Denoël. L’un de nos chroniqueurs vous entretient avec gouaille de ce roman truculent, politique et alsacien.

Relevant le nez de la tambouille politicienne, une grande âme s’étonnait de voir que parmi les nombreux postulants à la prochaine élection présidentielle, aucun ne propose de transformer la France en : «  un puy du fou géant ». L’argument serait pourtant porteur. Imaginons : au doux pays de France, le bon peuple festoie au milieu des troubadours et des cathares. Moines soldats, dames de cour, bas clergé alcoolique, renégats et guérisseuses rivalisent de fantaisie au cœur d’une mise en scène son et lumière honorant les temps de jadis. Embaumer le pays réel en un sanctuaire protecteur, le peupler de jean-foutres et de nobles édentés redoutant les jacqueries paysannes comme les adorateurs de fées… Le projet n’a encore séduit que les touristes, si l’on compare le succès commercial du Puy du Fou aux anorexiques résultats électoraux de son fondateur. La Grande âme n’a donc pas tord : on ne trouve cette mesure dans aucun programme d’aucun postulant à la primaire d’aucun parti. Mais le projet aura un autre (et meilleur) destin qu’électoral. On rencontre encore des cerveaux malades pour songer à transformer la France en un gigantesque Puy du Fou. Parmi eux : un romancier. Olivier Maulin livre avec son dernier exploit, La fête est finie, un hilarant cri de guerre contre les barbaries éclairées au gaz et ses thuriféraires progressistes.

Fable foutraque du pays réel

Totor, jean-foutre génialement con, n’aime rien tant qu’écouter Bach en se grattant la galle ; son comparse survit de petits boulots, fort d’un CV en peau de lapin et d’une expérience pluriannuelle de chômeur longue durée.

Ses personnages traînent leur existence misérable aux marges des marges de la société. Surnageant dans la nasse, un duo de choc se débat. Totor, jean-foutre génialement con, n’aime rien tant qu’écouter Bach en se grattant la galle ; son comparse survit de petits boulots, fort d’un CV en peau de lapin et d’une expérience pluriannuelle de chômeur longue durée. L’échec professionnel est un emploi à temps plein dans lequel ils excellent, sans RTT, congés payés ou arrêts maladie. Par nécessité alimentaire, ils s’improvisent la nuit gardiens de camping-cars haut de gamme et après quelques combines, embauchent comme pit-bull des chiens domestiques rencontrés la veille à la SPA ou chez la voisine sénile. Sans traîner, la première nuit de travail est interrompue par un cambriolage. Moins ambitieux que les voleurs mais plus négligents, les compères avaient dérobé l’alcool du patron pour s’endormir avec dans l’engin.

Le malfaiteur est un ridicule parvenu d’Europe de l’Est répondant au nom de « Sarközi ». Il file à la roumaine vers la mère patrie pour tirer un bon prix du véhicule. Les personnages obtiennent leur salut par quelques péripéties branquignolesques qui les entraînent dans une cavale policière imprévue. Poursuivant leur route nulle part, c’est à dire en Alsace, ils découvrent un pays où l’Ubu-Renne, souverain des forêts, est un cerf alcoolique et vulgaire alors que des batailles rangées opposent gendarmes et résistants autonomistes.

Quoique bienvenus en Maulinie, les personnages ne s’y sentent pas immédiatement chez eux. Et si elle se passe de brochures promotionnelles, la destination tient toutes ses promesses de dépaysement. Habitués à la routine et à la galère, ils ne voient que folie, démence, excès et réjouissances bucoliques. Le dernier des clochards célestes sera premier chez les anthropologues : virtuose de grands concepts et de bonnes bouteilles, le personnage maulinien est sujet à la radicalisation éthylique. Passé le digestif, il cause clandestinité, attentat et stratégie de la tension. Leur créateur a tout d’un terroriste paralysé par le style. Passé la blague, il s’enflamme et obligatoirement dérape. L’intrigue lui en donne le prétexte ; une décharge s’installe dans la vallée. Casus belli pour les protagonistes, déterminés à ne pas laisser entrer ici le monstrueux « progrès », ni son funeste cortège.

Politique d’abord

La theoria maulinienne a l’odeur d’une potée alsacienne où s’harmonisent les ingrédients d’une soupe bien à droite.

Politique d’abord, le roman est le prétexte pour une typologie (inédite en histoire des idées) de programmes baroques et fatigants. La theoria maulinienne a l’odeur d’une potée alsacienne où s’harmonisent les ingrédients d’une soupe bien à droite. Talent oblige, cette droite se révèle dans ses variétés les plus anarchisantes. On rencontre très vite la plus triviale, qui est aussi la plus populaire : un anarchisme de vauriens et de demi-crapules, se foutant de tout ou presque et surtout de l’Ordre. Cet anarchisme sert d’éthique sommaire au gugusse maulinien de base. Indifférent à tout souci politique, il se contente de rejouer l’éternel duel entre gendarmes et voleurs. Il rappelle Audiard ou les entrepreneurs en activisme révolutionnaire de L’aventure c’est l’aventure. Larcins malgré eux, Totor et son comparse ont autant de conscience politique qu’un vers de terre moyen.

Probablement anarchiste de naissance, l’auteur sait aussi raffiner. Refuser une autorité ne revient pas toujours à ignorer la nécessité d’un ordre. Régionalisme, traditionalisme, localisme, décroissance… l’Alsace maulinienne formule une proposition originale d’organisation politique et sociale. Nostalgiques d’une harmonie originelle, ses habitants rêvent de libérer leur province de l’administration centrale pour la remplacer par une association libre de cellules sociales protectrices. Ils idéalisent un royaume franc du XIIIe siècle, hérissé de libertés, dans lequel pays, provinces, communes pouvaient se nantir de privilèges libérateurs. Rêvant d’un grand bordel providentiellement ordonné, ils vomissent l’État et aspirent à se passer de lois, protocoles, ordonnances, normes ou administration. Résurgence du légitimisme libertaire de Chateaubriand et de l’organicisme réfractaire de Barbey d’Aurevilly, ils sont les ultimes héritiers d’une intemporelle fronde contre la légalité, ne respectant un droit que surnaturel et désobéissant au reste.

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L’État est toujours désigné comme l’ennemi. Empêcheur de tourner en bourrique, il envoie sa police courser les renégats et surtout, crime de lèse-ébriété, entend réglementer la distillation de l’eau de vie. On entend donc bien se passer de lui et de son autorisation pour être bourré du matin au soir. Alors on chouanne, zade et résiste par tous les moyens, même légaux. Les personnages brûlent de consumer le plus froid des monstres froids et pour ce fait, discourent eux aussi sur la méthode. Abattre l’État certes, mais comment s’y prendre ? D’une Theoria, le maulinisme déduit une Praxis. Proudhon et Sorel ne sont pas loin. Pour ne pas se laisser duper par la fable démocratique, le roman glose les Réflexions sur la violence entre deux caravanes de camping et légitime la violence prolétaire comme mythe mobilisateur après trois apéritifs. Vivre et s’achever à l’alcool dans une caravane n’empêche pas de maîtriser l’exercice de la dissertation philosophique. L’ouvrage fourmille d’énoncés théoriques : l’auteur s’y révèle très habile et manie la dialectique comme le tire-bouchon. Introduisant la thèse démocratique par sa réfutation marxiste, il offre alors un supplément d’âme au traditionalisme et conclue sur l’appel à une grève majestueuse, instituant le peuple en nouvelle aristocratie.

Quand le patriarche disserte sur la grande stratégie révolutionnaire, sa fille veille à sa mise en œuvre tactique. Le roman annonce le Grand Soir, le point de non retour. Les personnages s’y préparent et s’improvisent Lysandre ou Hannibal. Être armé est une garantie d’indépendance ; l’assurance de pouvoir résister au Léviathan. Là encore, l’auteur innove et enrichit son avant-garde réactionnaire d’une mention allusive à l’idéal libertarien américain, souvent mal compris et caricaturé en France.

Quête ontologique

Le langage maulinien est l’expression d’un être désinhibé qui aspire à vivre une existence libre et affranchie. Il malmène tous les poncifs linguistiques et idéologiques ; comme l’ont fait avant lui Rabelais, Céline, Frédéric Dard ou ADG.

S’il est accidentellement théorique et praxiologique, le roman ne se prend pas non plus trop au sérieux. Jünger, Sorel, Spengler, Maurras ou Heidegger peuvent se faire comprendre d’alcooliques incultes. La trivialité des personnages résume en deux ou trois grossièretés, des pensées ardues et bien souvent soporifiques. On les en remercie. Au cœur de l’intrigue maulinienne, Heidegger nous révélait la technique moderne comme « mode de dévoilement de l’étant »,  Maulin la décrit comme mode de dévoiement de l’étang. La rhétorique se déploie en quelques cris de guerre bien sentis : « merde au progrès qui pue ». On goûte à cette âpreté conceptuelle comme à ses coups de massue, à peine plus délicats qu’une hallebarde de lansquenet généreusement enfoncée dans le crâne.

Comme rançon du génie, ces gauloiseries éloignent nos héros des gens de bonne compagnie. Démesurés dans leur courage, leur imbécillité, leur facétie, leur ivrognerie ou même ponctuellement leur érudition ; ils se voient opposés à la faune de tous les cuistres demi-habiles, intelligents sans être géniaux, courageux mais pas téméraires, diplomatiquement ordinaires pour ne pas dire simplement médiocres. Seuls comptent les caractères extrêmes. Mais il faut encore en être pourvu, cette qualité n’est pas universelle.

Le grand remplacement des fous par les demi-habiles permet l’invasion d’une langue étrangère. Sans qu’elle n’ait été vraiment conviée, la phraséologie s’invite ponctuellement en Pays d’Alsace où la barbarie douce a de nouveau franchi le limes du Rhin. Un séminaire d’entreprise parle « de relever les défis à venir ». Presque aussitôt, tout discours sincère se dilue dans un magma pseudo-métaphorique. L’auteur ne fait que citer les brochures d’une parole qui n’a même pas besoin d’être caricaturée pour apparaître vide. Par son expression la plus réaliste, le lecteur comprend immédiatement qu’elle ne vaut rien.

Le langage maulinien acquiert alors une plus haute dignité et devient autre chose qu’un amas de gugusseries pour la poilade. Il est l’expression d’un être désinhibé qui aspire à vivre une existence libre et affranchie. Il malmène tous les poncifs linguistiques et idéologiques ; comme l’ont fait avant lui Rabelais, Céline, Frédéric Dard ou ADG. Mais les thèmes de la banlieue des années 1930 comme du conformisme gaullien de la France industrielle ont vécu. Il est difficile d’entretenir aujourd’hui une familiarité avec ces proses, sauf à posséder une très bonne connaissance du contexte historique. Moderne, absolument moderne, le langage maulinien en est spontanément drôle.

Une farce mélancolique

Témoin brutal et nostalgique d’un passé qui ne sera jamais plus,  Maulin pourrait être à l’Alsace un Faulkner ou un Barbey d’Aurevilly.

Farce mélancolique d’un univers qui se défait, le roman nous offre bien des rires  et aussi un peu de tristesse. Tel Alsacien a connu « les fromageries au bourg, les charcuteries, des confiseries, des merceries, une chapelle même ! Et des tanneurs, des cordonniers, des bourreliers, un tonnelier, un ferblantier, un forgeron, et un cordier ». « Une épicerie, une pizzeria et un moloch en tôle, horrible hypermarché à l’entrée de la vallée » les ont remplacés. On songe à l’âge d’or, au paradis perdu et on a soudain envie de dire avec le vieux fermier « merde au petit con de sociologue qui viendra m’expliquer que ce n’était pas mieux avant ».

Passé le coup de gueule, le roman pose un sévère diagnostic : la société a vécu sur le rêve sinistre d’un progrès indéfini et d’un mouvement linéaire de l’histoire, ce dernier devait renvoyer aux vieilles lunes moyenâgeuses tous les sceptiques qui chercheraient à lui faire obstacle. On entend sa complainte : « Le progrès est passé par là ». Le présent n’est qu’un inépuisable sujet de déploration quand le passé est toujours objet de regrets. Libres artisans, érudits locaux, aspirants renégats, clochards célestes… tout le peuple maulinien regrette l’intimité des sociétés villageoises en employant le verbe généreux et trivial des parlers de jadis.

Témoin brutal et nostalgique d’un passé qui ne sera jamais plus,  Maulin pourrait être à l’Alsace un Faulkner ou un Barbey d’Aurevilly. Après les premiers chapitres, sa prose se localise à la manière d’un honnête récit pastoral. Un hobereau normand ou un patricien dixie en pleine vallée du Rhin, remplaçant le coton et le cidre par le schnaps ? Le roman est un peu plus fin que cela. Le pathos à foin a vécu… Chez Maulin, la nostalgie n’a pas fondamentalement divorcé de l’espoir. Sans péage mais sans déviation, le camping-car maulinien emprunte l’autoroute de l’héroïsme chevaleresque. « Elevé en Mythe, le temps d’avant n’est jamais très éloigné du rêve ». Atteints des vertiges d’un âge d’or imaginaire, les personnages s’intéressent pourtant moins à sa forme qu’à son principe. L’intimité sociale, l’autorité de la coutume, les baises gauloises sont plus qu’une fresque mythologique. Elles existent de manières bien réelles, bien charnelles, dans ce que les sociologues appellent la postmodernité. Celle-ci devient involontairement passéiste et se retourne contre l’édifice moderne quand son infrastructure étatique et sa superstructure idéologique s’enfoncent dans une muabilité incertaine. Quand il discourt, le roman détaille le mouvement cyclique de l’histoire et se plonge, quoiqu’un peu sommairement, dans la mythologie des siècles. Aucun « progrès » n’est inéluctable, aucune décadence non plus. Comme tout ce qui est humain, elle porte en elle les racines de sa propre critique. Son kitsch consumériste devient prophétique. Même en camping-car, le temps des chevaliers peut renaître, mais seulement de manière moderne, baroque et bien sûr inattendue. Les camping-cars resteront et avec eux la poudre, les armes à feu et les machines à distiller. Nul individu, sensé ou insensé, ne songera à y renoncer et probablement pas l’auteur. Mais cet apparent futurisme ne suffit pas à en faire un moderne.

Son dieu cerf alcoolique empereur de la forêt a fière allure et ressemble fort peu à celui de  Princesse Monokoké. Dans la fable de Myiazaki, le majestueux protecteur de la Physis se révèle être l’ultime obstacle à « l’exploitation totale de ce qui se trouve entre le ciel et la terre ». Dominer, exploiter, arraisonner semble être, chez le nippon comme chez l’alsacien, le projet même de la modernité. Myiazaki décrit un monde en train de se défaire quand Maulin voit un monde déjà défait. Le myiazakisme comme le maulinisme ne sont guère des optimismes ; mais leur mélancolie sait être consolante. Même quand l’homme semble menacé en son humanité, elle éveille des émotions libératrices. L’art sait encore dire certaines choses, de celles qui ne peuvent demeurer enfouies trop longtemps. Par-delà le dieu cerf, elles sont immortelles et leur « principe ne peut pas mourir car il est le mouvement même de la vie », sauf peut-être après que le dieu cerf ait déménagé en Alsace maulinienne pour succomber à une cirrhose du foie. En attendant, que la fête recommence.

Lucien Rabouille

  • La fête est finie, Olivier Maulin, Denoël, 240 p., juin 2016, 18,90 euros.

Dominique de Roux, Rouergat intégral

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Dominique de Roux, Rouergat intégral

par Georges FELTIN-TRACOL

En 1983 paraissait un ouvrage posthume d’Alexandre Vialatte, L’Auvergne absolue. Le comte Dominique de Roux (1935 – 1977) ne serait-il pas, pour sa part, un Rouergat intégral ? C’est la question qu’on se pose une fois refermé Les châteaux de glace de Dominique de Roux écrit par Rémi Soulié en 1999. À cette date, l’auteur n’avait publié qu’un seul ouvrage, deux ans plus tôt (De la promenade), et ne traitait pas encore de Nietzsche, de Boutang, d’Aragon, de Péguy, du Curé d’Ars et de Benny Lévy. Rédigé entre juin et juillet 1998 au moment où l’Hexagone s’entichait pour une équipe de footeux bariolés aidée par quelques substances exceptionnelles et des services très secrets afin de remporter une compétition de paillettes et de pognon, ce court essai revient sur l’écrivain – éditeur – journaliste – baroudeur Dominique de Roux.

Rémi Soulié vient du Rouergue où se trouvait l’un des châteaux de glace de Dominique de Roux, « la propriété de [son] arrière-grand-mère […] ! Le lieu même, où, enfant, il passait les vacances (p. 21) » : les Bourines. Antique ferme fortifiée héritée par Madame Antoine Aubaret, le lieu jouxte l’Aubrac qui, « sur le plan ontologique, est l’espace des burons… (p. 67) ». Les Bourines se situent donc en Aveyron, ces terres toutes proches du Cantal, ce département – volcan endormi dont la forme géo-administrative ressemble à s’y méprendre à la Toison d’Or bourguignonne.

SouliéDdR.jpegDans un monde littéraire et éditorial déjà bien chloroformé par la bien-pensance, Dominique de Roux tranchait par son dynamisme, ses fulgurances et – surtout – son incroyable impertinence. Son style acéré et altier ne pouvait (devait ?) que cliver. Tout le contraire de ses sinistres contemporains. « Du plat, du mou, du fade, du terne, du neutre, le triomphe du Marché est à ce prix. Qu’un écrivain pointe le bout de la mine, les chiens de garde de l’antifascisme se chargent de le broyer sous leurs vigilantes mâchoires morales (p. 47). » Il faut préciser que, ceci expliquant cela, « Chirac est au pouvoir; il gagne un à un, patiemment, ses galons de guignol cosmo-planétaire (p. 50) » et, sous ce déplorable septennat, le palais de l’Élysée devint « le Salon de l’agriculture mâtiné de Grand Stadium (p. 76) ».

Une chape de plomb s’abattait sur la spécieuse « République des Lettres », une expression grotesque qui masque un bagne intellectuel. « Les idiots du village planétaire sont en effet aux commandes, la Censure veille à ne désespérer la Banque en fourguant aux gogos les héros positifs du réalisme démocratique (p. 12). » Dans ce contexte éprouvant, « malheur aux hérétiques ! Malheur aux dissidents ! Les anathèmes laïques prospèrent, les bûchers progressistes ne manquent pas de fagots, les nouveaux cagots inquisitionnent (p. 14) ». Rémanence d’outre-tombe, l’incisive œuvre de Dominique de Roux n’en finit pas d’être décriée, pourchassée, vilipendée par d’insignifiants cloportes dénonciateurs de salon germanopratin. Sous le binôme Chirac – Jospin, « le hideux libéralisme reprend vie grâce à la social-trahison, en vertu d’une constante historique, celle de l’éternelle imposture – au sens bernanosien du mot – ontologiquement véhiculée par les chapons réformistes (p. 60) ». Rien de neuf sous l’astre de feu ! Certes, « comme tous les grands écrivains, le comte n’avait pas la tête politique (p. 27) ». Quoique… Dominique de Roux « résiste, dans son fortin assiégé par les démocrateux calamistrés (p. 66) ». Mieux, il y manifeste un idéal plus que littéraire, ontologique : « Tout écrivain est un chevalier errant en quête d’absolu; son combat pour la Dame Beauté prend toutes les formes extrêmes, politiques, religieuses, physiques. La laideur, c’est la tiédeur (p. 74) ». Et Roux n’est ni tiède, ni fade !

Rémi Soulié souligne avec justesse que « Dominique de Roux était un ultra historique – étymologique : ultra gauche et ultra droite à la fois, au-delà, de l’autre côté, plus loin, en avant, ailleurs (p. 80) ». Il sait, lui aussi, que « la tragédie repose sur la terreur et la piété donc le sacré; la parodie que nous vivons sur le comique troupier (p. 83) ». Certains y excellent : Chirac, Sarközy, Hollande… Le phénomène depuis s’aggrave : voyons les prestations lamentables des nouveaux « humoristes » de France Inter ou des chaînes de télévision. Ces histrions qui ne font rire personne sont de véritables propagateurs d’obscénités, de suffisance et de conformisme bêlant. Inévitable mutation, car « en régime de dictature libérale, la liberté se filtre. Vous pouvez tout dire, tout écrire, à condition de ne pas contrevenir aux articles fondamentaux de la Médiocratie (p. 75) ».

Par l’intermédiaire de l’auteur d’Ouverture de la chasse, « rêvons un peu à une France vomissant ses tièdes et ses mous ! Plus de sociaux-démocrates ni de démocrates-chrétiens, plus de libéraux sociaux ni de sociaux libéraux ! La politique enfin restaurée en mystique par quelques royalistes, des gaullistes métaphysiques aussi et des révolutionnaires intacts à la Fajardie ! (p. 11) ». « Dominique de Roux […] préparait l’avènement du Surhomme dans la démesure et l’excès (p. 29). » Était-ce seulement de l’excès ? Très certainement en littérature, dans l’édition et par son style ciselé. Probablement aussi avec ses passions et cette « certitude de l’aventurier : les destinations n’oblitèrent pas la destinée (p. 23) ».

Dominique de Roux et Rémi Soulié sont deux reîtres en cavalcade contre l’immonde modernité. L’auteur n’hésite pas à s’enflammer et à faire part d’une intense conviction, apte à effrayer tous les vigilants du consensus. « Mon credo : la littérature comme Weltanschauung. […] À l’inverse des vertueux, je n’hésite pas à dire que j’aurais été stalinien sous Staline, mussolinien sous Mussolini, franquiste sous Franco, salazariste sous Salazar, pétainiste sous Pétain, castriste sous Castro; j’aurais été de tous les totalitarismes et je préviens, je serai du prochain (p. 77). » Faut-il comprendre qu’il serait susceptible de se rallier au libéral-mondialisme bankstériste 2.0 de ce début de XXIe siècle ? Les titres qui suivront après Les châteaux de glace de Dominique de Roux démontreront au contraire que Rémi Soulié appartient à une autre race, celle immarcescible des bretteurs de haute tenue.

Georges Feltin-Tracol

• Rémi Soulié, Les châteaux de glace de Dominique de Roux, Les Provinciales – L’Âge d’Homme, 1999, Saint-Victor-de-Morestel – Lausanne, 93 p., livre épuisé, sauf chez quelques bouquinistes.