Bulletin célinien n°408 (juin 2018)
Sommaire :
En marge des “Lettres familières”
Céline, le négatif et le trait d’union
Enquête sur le procès Céline [1950]
Lettres d’Alphonse Juilland à Éric Mazet (2)
Antoine Gallimard et Pierre Assouline parlent.
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.
Bulletin célinien n°408 (juin 2018)
Sommaire :
En marge des “Lettres familières”
Céline, le négatif et le trait d’union
Enquête sur le procès Céline [1950]
Lettres d’Alphonse Juilland à Éric Mazet (2)
Antoine Gallimard et Pierre Assouline parlent.

Angie David
En revanche, une part de son œuvre est assurément maudite au point qu’un projet de réédition a suscité de vives réactions que la plus haute autorité de l’État a estimé légitimes. La plupart des célinistes, eux, ressassent la même antienne : certes ces écrits sont intolérables mais certains passages peuvent en être sauvés. Et de citer invariablement la description de Leningrad dans Bagatelles et l’épilogue des Beaux draps. C’est perdre de vue que Céline ne perd nullement son talent dans l’invective même lorsqu’il est outrancier. Si l’on se reporte au dossier de presse de Bagatelles, on voit, au-delà des clivages idéologiques, à quel point les critiques littéraires pouvaient alors le reconnaître. « La frénésie, l’éloquence, les trouvailles de mots, le lyrisme enfin sont très souvent étonnants », relevait Marcel Arland dans La Nouvelle Revue Française. Charles Plisnier, peu suspect de complaisance envers l’antisémitisme, évoquait « un chef-d’œuvre de la plus haute classe » ². Dans une récente émission télévisée, un célinien en lut plusieurs extraits qu’il jugeait littérairement réussis, notamment l’un daubant la Russie soviétique. Passage coupé au montage. Seule la description de Leningrad a précisément été retenue.
Autre réflexion: si Céline est reconnu comme un écrivain important, il n’en demeure pas moins qu’il est tenu à l’écart par l’école et l’université. Hormis Voyage au bout de la nuit et, dans une moindre mesure Mort à crédit, ses romans sont absents des programmes scolaires. Quant à l’université, on doit bien constater qu’elle organise très peu de séminaires sur son œuvre et que, parmi les universitaires habilités à diriger des recherches, rares sont ceux qui acceptent de diriger un travail sur Céline. Conséquence : le nombre de thèses à lui consacrées est en nette baisse par rapport au siècle précédent. On se croirait revenu aux années où Frédéric Vitoux puis Henri Godard rencontrèrent tous deux des difficultés à trouver un directeur de thèse. Et cela ne risque pas de s’arranger dans les années à venir.
• Angie DAVID (éd.), Réprouvés, bannis, infréquentables, Éditions Léo Scheer, 2018, 275 p. (20 €).
00:31 Publié dans Littérature, Revue | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : céline, angie david, littérature, lettres, lettres françaises, littérature française, revue |
|
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook

Politologue d’origine bulgare, Ivan Krastev est un des fondateurs du Conseil européen des relations étrangères et le directeur de l’édition bulgare de Foreign Policy, la revue étatsunienne proche des cénacles interventionnistes mondialistes. Il appartient pleinement à cette caste cosmopolite. Les crises simultanées ou quasi-consécutives de l’euro, des migrants, de l’Ukraine, du Brexit, de la Catalogne, etc., qui ébranlent la construction européenne lui donnent une sensation de déjà vu. L’étudiant qu’il était en Bulgarie en 1989 – 1990 a vécu l’effondrement rapide du système soviétique. Il craint maintenant de connaître un nouvel effondrement, celui des structures eurocratiques. Son essai s’ouvre d’ailleurs sur les derniers instants de l’Empire austro-hongrois. « Vivons-nous aujourd’hui, en Europe, un “ moment de désintégration ” similaire (p. 9) » à la chute des Habsbourg ?
Le destin de l’Europe a été écrit au lendemain du Brexit et de l’élection de Donald Trump. Krastev se félicite bien sûr des échecs répétés du « populisme » en Autriche, aux Pays-Bas et en France. Il ne pouvait néanmoins pas prévoir que cet arrêt ne serait que momentané. Depuis la parution de son ouvrage en France, l’Autriche est gouvernée par une coalition entre les conservateurs et le FPÖ, la Hongrie a triomphalement réélu Viktor Orban et une entente entre le Mouvement Cinq Étoiles et la Ligue dirige désormais l’Italie. On peut imaginer que l’auteur développera ces derniers événements dans un prochain essai.
L’Europe, destination de Cocagne…
Peut-être y approfondira-t-il aussi son analyse de « géopolitique psychologique » qu’il émet au sujet des États-Unis ? « De nombreuses cartes électorales dessinées après la victoire de Trump aux dernières présidentielles américaines montrent très bien que, si les régions acquises à Trump correspondent à peu près à 85 % du territoire total des États-Unis, les régions acquises, elles, à Clinton représentent en gros 54 % de la population américaine. Si nous imaginons que ces régions constituent deux pays différents, nous notons immédiatement que le “ pays de Clinton ”, composé des régions côtières et d’îles urbaines, évoquent l’Angleterre du XIXe siècle; tandis que le “ pays de Trump ” ressemble quant à lui bien plus aux grandes étendues de l’Eurasie régentées par la Russie et l’Allemagne. Le combat politique qui a opposé Clinton et Trump fut un combat entre dimension maritime et dimension terrestre, entre des personnes pensant en termes d’espace et des personnes pensant en termes de lieux (pp. 49 – 50). » Subtile insinuation pour rapprocher Trump de la Russie de Vladimir Poutine…
Pour Ivan Krastev, le destin de l’Europe ne concerne pas l’avenir de l’euro, le devenir des relations euro-atlantiques ou le sort de l’Ukraine et des minorités russophones, mais le traitement des immigrés clandestins. « Au XXIe siècle, la migration est la nouvelle révolution – non pas une révolution des masses comme au XXe siècle, mais une révolution menée contre leur gré par des individus et des familles chassés de chez eux (p. 24). » Il ne s’interroge jamais sur ses causes. Les immigrés quittent leur foyer parce qu’ils fuient l’impitoyable domination économique néo-coloniale de Wall Street, de Chicago et de la City, ainsi que les opérations déstabilisatrices menées par l’Occident au Sahel, en Libye, en Syrie et au Yémen.
Véritable submersion démographique, la présente immigration de peuplement engendre une aporie. « Afin d’assurer leur prospérité, les Européens ont besoin d’ouvrir leurs frontières; pourtant, une telle ouverture menace d’annihiler ce qui fait leur spécificité culturelle (p. 61). » Cette crainte réelle que minimise l’auteur suscite la confrontation entre « ceux du n’importe où » et « ceux du quelque part (p. 49) ». Les immigrés viennent en Europe attirés par les images désormais diffusées par tout type d’écran qui leur présentent des pays de Cocagne. « La globalisation a fait du monde un village, mais celui-ci vit sous une sorte de dictature : la dictature des comparaisons globales (p. 45). » Films, séries télévisées et réclame publicitaire influencent les futurs clandestins qui se prennent à rêver de vivre comme des Occidentaux tout en conservant leurs coutumes d’origine. Ce désir, purement matérialiste, hédoniste et eudémoniste, serait rarement politique. « Un simple franchissement de frontière – celle de l’Union européenne en l’occurrence – est ici plus attirant que toute utopie. Pour tant de damnés de la Terre d’aujourd’hui, l’idée de changement est synonyme de changement de pays, de départ, et non pas de changement de gouvernement (pp. 44 – 45). »
Les immigrés ne comprennent pas qu’en tentant leur chance en Europe, ils perturbent des modes de vie ancestraux déjà bien fragilisés. « Seule crise authentiquement paneuropéenne, [la crise des “ migrants ”] remet en cause le modèle politique, économique et social de l’Europe (p. 29) », de l’Union soi-disant européenne faudrait-il plutôt écrire. Cette remise en cause est en soi salutaire puisque « l’Union européenne est désormais prônée, du moins par bon nombre de ses partisans, comme le dernier espoir d’un continent devenu forteresse (p. 54) ». Longtemps, l’Union dite européenne s’est ouverte à tous les vents de la concurrence planétaire et a condamné Budapest pour son intransigeance à appliquer les Accords de Schengen. Or, la roue de l’Histoire tourne. Le Danemark, l’Autriche et l’Italie approuvent en partie l’argumentation du Groupe de Visegrad animé par la Hongrie et la Pologne afin de contenir la submersion migratoire. Délaissant la question « souverainiste » de l’euro pour l’enjeu « identitaire » des migrations extra-européennes, le nouveau gouvernement « anti-Système » italien comprend instinctivement qu’une autre Europe pourrait résoudre avec fermeté ce défi majeur à la condition toutefois qu’elle entérine enfin un « post-libéralisme ».
En effet, pour l’auteur, « les migrants sont ces acteurs de l’Histoire qui décideront du sort du libéralisme européen (p. 33) ». Soucieux de l’avenir de cette pensée obsolète, il se préoccupe de la floraison rapide des régimes illibéraux en Europe centrale, orientale et maintenant occidentale. Ainsi nomme-t-il le « paradoxe centre-européen (p. 97) » qui complète un autre paradoxe, « ouest-européen (p. 111) » celui-là, à savoir des générations connectées et mondialisées, les enfants du programme Erasmus, qui se détournent dorénavant du projet européen « bruxellois » et qui adhèrent au « populisme »…
Contre l’internationalisme financier
Ivan Krastev oublie dans sa démonstration que la Pologne accueille déjà des miliers de réfugiés ukrainiens sans que cette présence massive n’entraîne d’insurmontables problèmes de cohabitation. La proximité anthropologique, culturelle et historique joue ici à plein, ce que Bruxelles persiste à ne pas vouloir comprendre. Résultat, « les nouvelles majorités populistes perçoivent les élections comme une occasion non pas de choisir entre différentes options politiques mais de se révolter contre des minorités privilégiées – dans le cas de l’Europe, de se révolter contre ses élites mais aussi contre un “ autre ” collectif clé : les migrants (p. 100). » il ajoute toutefois que « les visages de Janus de la globalisation sont ceux du touriste et du réfugié. Le touriste, protagoniste de la globalisation, est apprécié et accueilli à bras ouverts. Il est l’étranger bienveillant. […] Le réfugié […] incarne la nature menaçante de la globalisation. […] Il est parmi nous mais sans être des nôtres (pp. 28 – 29) ». En réalité, le tourisme lui-même est une nuisance, un fléau pour les sociétés qui ne tablent que sur cette forme unique de développement.

Approchent donc les temps des affrontements entre colons et autochtones en terres d’Europe. « Des outsiders arrivent de toutes parts, les natifs, eux, n’ayant aucune possibilité de prendre la tangente. En ce sens, les électeurs des formations droitières perçoivent leur destin comme étant bien plus tragique que celui des pieds-noirs français, parce qu’ils n’ont, eux, pas d’endroit où retourner (p. 41). » C’est la raison pour laquelle la crise migratoire peut soit précipiter la décadence de l’Europe, soit faciliter la fondation d’une véritable renaissance civilisationnelle identitaire. Alors que « l’Europe est intégrée comme elle ne l’a jamais été auparavant (p. 10) », la construction européenne continue à se dépolitiser, à neutraliser tout élément de puissance, à demeurer une entité purement technique, administrative et fonctionnelle. « Il nous faut reconnaître que le projet européen actuel est intellectuellement enraciné dans l’idée de “ fin de l’Histoire ” (p. 31). » Pis, « l’Union européenne a toujours été une idée en quête de réalité (p. 13) ».
La brutalité de la crise migratoire pourrait redonner à un projet continental refondé les moyens d’aboutir sur de nouvelles assises novatrices hors du champ électoral politicien bien décati. « La ligne de partage gauche – droite, qui avait été sévèrement tracé et qui avait structuré la politique européenne depuis la Révolution française, s’en voit progressivement brouillée (p. 109). » Mieux, « le clivage gauche – droite se voit […] remplacé par un conflit opposant internationalistes et nativistes (p. 99) ». Les « nativistes » peuvent et doivent construire une alter Europe puissante et viable, une Europe d’après. « Parler d’une Europe d’après signifie que le Vieux Continent a à la fois perdu la position centrale qui était la sienne dans la politique internationale, à l’échelle du globe, et la confiance des Européens eux-mêmes – leur confiance en la capacité de ses choix politiques à façonner l’avenir du monde. Parler d’une Europe d’après, c’est dire que le projet européen a perdu de son attrait téléologique et que l’idée d’« États-Unis d’Europe » est bien moins source d’inspiration qu’auparavant – jamais sans doute le fut-elle aussi peu au cours de ces cinquante dernières années. Parler d’une Europe d’après, c’est signifier que l’Europe souffre d’une crise d’identité, que son héritage chrétien ainsi que le legs des Lumières ne sont plus pour elle des piliers de soutènement sûrs (p. 18). » Excellente nouvelle ! L’Europe n’est plus le phare du monde ! « Le postmodernisme de l’Europe, son postnationalisme et sa culture laïque la distinguent du reste du monde et n’en font pas nécessairement le modèle d’une éventuelle évolution future de ce monde (p. 17). » L’Europe de demain sera peut-être une Europe archaïque enfin délestée des fétides droits de l’homme.
Illibéralisme pro-européen ?
Ivan Krastev avance en outre un fait méconnu. « Alors que l’Union européenne est fondée à la fois sur l’idée française de nation (pour laquelle l’appartenance nationale est synonyme de loyauté aux institutions de la République) et sur la conception allemande de l’État (de puissants Länder et un centre fédéral relativement faible), les États d’Europe centrale, eux, ont été construits à l’inverse : ils combinent une admiration très française pour un État centralisé et tout-puissant avec une conception de la citoyenneté comme ascendance commune et culture partagée (pp. 68 – 69). » D’où le succès de l’illibéralisme à Bratislava, à Varsovie et à Budapest. L’illibéralisme serait au fond la fusion de Colbert et de Bismarck. L’auteur n’a pas tort, mais il se focalise trop sur les immigrés, quitte à mésestimer l’impact de l’euro dans la vie quotidienne et l’égoïsme sournois allemand. Contrairement à ce que pensent les nationaux-républicains et autres souverainistes nationaux de France et de Navarre, l’Allemagne n’est nullement européiste. Sous tutelle étatsunienne depuis 73 ans, elle refuse toute véritable unité européenne susceptible de s’affranchir du giron atlantiste. À diverses reprises, le Tribunal constitutionnel de Karlsruhe a réaffirmé une pseudo-souveraineté par rapport aux mécanismes institutionnels européens. Ayant renoncé à l’orée des années 2000 au modèle rhénan, les gouvernements d’outre-Rhin ont perverti l’ordo-libéralisme et imposé d’abord aux Allemands, puis aux peuples du « Club Med » ou aux PIGS (acronyme anglais signifiant « Cochons » pour désigner le Portugal, l’Italie, la Grèce et l’Espagne) des cures toujours plus sévères d’austérité si bien que témoins de cet asservissement financier qui bafoue le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, Hongrois, Slovaques, Tchèques, Polonais ont commencé à se révolter « contre les principes et les institutions du libéralisme constitutionnel, qui vont les piliers de soutènement même de l’Union européenne (p. 110) ».
Cependant, « si la désintégration devait se produire, ce ne serait pas en raison d’une désertion de la périphérie mais d’une révolte du centre (p. 19) ». Il n’est pas impossible que l’Allemagne se retire finalement de la Zone euro en compagnie de la Finlande, des États baltes, de l’Autriche, des Pays-Bas et de la Flandre (ou de la Belgique si elle n’explose pas sous la pression conjuguée des revendications nationales flamandes et communautaristes musulmanes) pour former une Zone euromark. Les membres restants de l’Eurolande constitueraient alors autour de la France une Zone eurofranc (hypothèse de l’économiste Christian Saint-Étienne dans La fin de l’euro en 2009). La guerre commerciale lancée par Donald Trump risque d’affecter en priorité l’industrie allemande. Berlin pourrait dès lors dévisser en terme de compétitivité économique et envisager un « Germanexit » qui avantagerait les collusions transatlantiques et empêcherait la constitution de tout axe grand-continental Madrid – Rome – Paris – Berlin – Moscou – Téhéran – Delhi – Pékin. Cet axe se concrétise par les nouvelles « Routes de la soie » à travers les premières liaisons ferroviaires sino-européennes. Si cette prévision se réalisait, la finalité de la construction européenne s’en trouverait totalement bouleversée.
Extorsions bancaires
La défiance des peuples d’Europe à l’égard des instances supranationales ne cesse de croître. En effet, « au lieu de redistribuer les produits de l’imposition, des classes fortunées vers les classes pauvres, les gouvernements européens maintiennent désormais leur santé financière précaire en empruntant au nom des générations futures sous la forme du financement par le crédit. Par conséquent, les populations ont perdu le pouvoir démocratique de réguler le marché à travers leur participation aux élections (p. 15) ». Ivan Krastev estime que « si l’Union devait s’effondrer, la logique de sa fragmentation serait celle d’un retrait massif de dépôts bancaires et non celle d’une révolution (p. 19) », d’où plusieurs mesures adoptées depuis une décennie par la Commission afin de déposséder légalement les détenteurs de compte bancaire à l’exemple de Chypre et de la Grèce. Une directive européenne prise en 2013 et effective depuis le 1er janvier 2016 stipule que les dépôts bancaires des particuliers et des entreprises s’élevant à plus de 100 000 € pourraient être mis autoritairement à contribution afin de renflouer les banques en faillite. Ce montant pourrait bien évidemment baisser pour mieux spolier l’ensemble de la population dont les plus fragiles. La saisie prochaine des biens immobiliers (et uniquement immobiliers), en particulier des retraités, des chômeurs et des travailleurs précaires, est programmée par les mafias bancaires liées à l’Oligarchie mondiale. L’emploi de plus en plus fréquent de la monnaie électronique en Occident, mais aussi en Inde et en Corée du Sud, prépare cette future expropriation insidieuse pour le seul profit des banksters et des marchés. Déjà, en novembre 2011, « la chute de Berlusconi […] symbolisa plutôt le triomphe sans équivoque du pouvoir des marchés financiers (p. 93) ». Dernièrement, le 29 mai 2018, le commissaire « européen » au Budget, l’Allemand Günther Oettinger, déclarait au sujet de l’entente gouvernementale conclue entre le Mouvement Cinq Étoiles et la Ligue que « les marchés vont apprendre aux Italiens à bien voter ». Il a ensuite démenti ses propos tout en maintenant le fond de sa pensée.
Les « marchés » ne sont pas éthérés. Ce sont des algorithmes fort complexes et des individus qui recherchent avant tout leur seul intérêt personnel. « En Europe, note Ivan Krastev, l’élite méritocratique est une élite mercenaire dont les membres ne se comportent pas différemment de ces stars de football que s’arrachent les plus grands clubs à coups de chéquiers. […] Les banquiers néerlandais à la carrière fulgurante partent à Londres. Les hauts fonctionnaires allemands de talent rejoignent Bruxelles (p. 120). » Capables de faire défection dès le premier contretemps survenu, « les élites méritocratiques de notre temps, de cette époque de globalisation et d’intégration européenne, sont des élites de la “ no loyalty ”, pour laquelle l’idée d’allégeance nationale n’a pas de sens (p. 122) ». Serait-ce le rôle d’autres élites pas encore advenues d’orienter le projet européen vers une autre direction : la survie ethnique des peuples albo-européens ? Face au tsunamimigratoire, « les Européens pourraient bien sûr opter pour l’autre possibilité et fermer leurs frontières; mais alors il leur faudrait se préparer à un déclin brutal de leur niveau de vie général ainsi qu’à un futur où tout le monde aurait besoin de travailler jusqu’à ce que le corps ne puisse plus suivre (p. 61) ». Cette hypothèse ne se vérifierait que si les Européens commettaient l’erreur de garder leur modèle moderne, libéral, individualiste et bourgeois dépassé. Leur révolution est d’abord spirituelle et morale. Ils doivent par conséquent écarter certains arguments immigrationnistes fallacieux. Les immigrés représenteraient une nouvelle main-d’œuvre bon marché suppléant le vieillissement de l’Europe. Or, le progrès technique annule cette justification. « La peur d’une invasion barbare cœxiste […] avec une autre peur, prévient encore Krastev : celle de voir le lieu de travail bouleversé par les transformations liées à la robotique. Dans la dystopie technologique que nous voyons naître, il n’y aura tout simplement plus de travail pour les êtres humains (p. 60). » Dans une trentaine d’années, 43 % des postes de travail actuels seraient automatisés, robotisés et informatisés. Le travail ne sera plus un droit ou un devoir, mais un simple privilège. Que faire des masses inemployées ?
Dans ces conditions, les Européens peuvent fort bien prendre la voie de la décroissance, de la frugalité et de la pauvreté volontaire couplée à une implacable préférence européenne. L’Europe cesserait dès lors d’être attractive. Si l’Europe veut vraiment conserver un destin, elle devra accepter un avenir spartiate.
Georges Feltin-Tracol
• Ivan Krastev, Le destin de l’Europe. Une sensation de déjà vu, Éditions Premier Parallèle, 2017, 155 p., 16 €.
01:23 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : europe, affaires européennes, destin européen, ivan krastev, livre, géopolitique |
|
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
Ex: https://orthosphere.wordpress.com
My long-term ongoing project involves reading backwards into the critique of modernity, resurrecting from the archive writers who fifty, seventy-five, or even one hundred years ago, intuited prophetically where such trends as democracy, utilitarianism, and the technocratic conception of science were taking mankind – and who foresaw accurately just how deformed morally and socially Western civilization was likely to become. The writers in question, with a few exceptions, are today largely forgotten or are remembered under a false image or for spurious reasons. The names of Karen Blixen, Gustave Le Bon, Jorge Luis Borges, Julius Evola, René Guénon, Hermann Keyserling, Peter Ouspensky, Oswald Spengler, T. Lothrop Stoddard, and Sigrid Undset, among others, have appeared in a series of articles, most of them at The Brussels Journal. I wish, however, to devote the present occasion to a renewed discussion of the Russian writer-philosopher Nicolas Berdyaev (1874 – 1948), whom the encyclopedias of ideas classify variously, not to say confusingly, as a Christian Existentialist, a Russian Nietzschean, a Neo-Platonist, a follower of Vladimir Solovyev, or an out-and-out mystic and subjectivist. Berdyaev is perhaps a bit of each of these, while being also much more than any of them. Academic philosophers have either never heard of Berdyaev or, knowing of him at second hand, perhaps from an encyclopedia article, and being unable to fit him into any Positivist or Postmodern framework, dismiss him summarily.
One might fairly assert that Berdyaev did himself little good publicity-wise by cultivating a style of presentation which, while often resolving its thought-processes in a brilliant, aphoristic utterance, nevertheless takes its time, looks at phenomena from every aspect, analyzes every proposition to its last comma and period, and tends to assert its findings bluntly rather than to argue them politely in the proper syllogistic manner. In Berdyaev’s defense, a sensitive reader might justifiably interpret his leisurely examination of the modern agony as a deliberate and quite appropriate response to the upheavals that harried him from the time of the 1905 Revolution to the German occupation of France during World War II. If the Twentieth Century insisted on being precipitate and eruptive in everything, without regard to the lethal mayhem it wreaked, then, by God, Berdyaev, regarding his agenda, would take his sweet time. Not for him the constant mobilized agitation, the sloganeering hysteria, the goose-stepping and dive-bombing spasms of modernity in full self-apocalypse. That is another characteristic of Berdyaev – he is all at once leisurely in style and apocalyptic in content. Berdyaev was quite as apocalyptic in his expository prose as his idol Fyodor Dostoevsky was in his ethical narrative, and being a voice of revelation he expressed himself, again like Dostoevsky, in profoundly religious and indelibly Christian terms. Berdyaev follows Dostoevsky and anticipates Alexander Solzhenitsyn in his conviction that no society can murder God, as Western secular society has gleefully done, and then go its insouciant way, without consequence.
The titles of Berdyaev’s numerous books, especially when taken in chronological order, tell a story all by themselves: The Meaning of the Creative Act (1916), The Meaning of History (1923), The End of Our Time (1924), Christianity and Class War (1931), The Destiny of Man (1931), The Fate of Man in the Modern World (1934), Christianity and Anti-Semitism (1938), Slavery and Freedom (1939), Spirit and Reality (1946), and The Beginning and the End (1947), among many others. There is also a posthumous Truth and Revelation (1954). I call attention to the earliest of the listed titles, The Meaning of the Creative Act. Berdyaev began his career as a philosophical writer (he never completed his doctorate) with an ambitious study of aesthetics, his theory of which locates the purest manifestation of the highest value of his worldview, freedom, in the labor that generates the work of art and beyond that in all the highest effects of the artwork in its context. At the end of Berdyaev’s life, he wrote the essays that constitute Truth and Revelation,one of his several ventures into the philosophical-theological sub-genre of theodicy, in which he invokes a “creative response to the appeal of God.” Whereas in the Catholic and even more so in the Lutheran and Calvinist variants of Christianity there is, according to Berdyaev, a strong “sociomorphic” or “legalistic” distortion of Christian doctrine; in Russian Orthodox commentary, by contrast, “the coming of the Christ has been understood not as a reparation for sin, nor as the offering of a ransom, but as the continuation of the creation of the world and the appearance of the New Adam.” In Berdyaev’s view, “What God expects from man is not servile submission, not obedience, not the fear of condemnation, but free creative acts.” Berdyaev adds in an aside that, “I wrote on this subject some while ago in The Meaning of Creativeness,” that is, The Meaning of the Creative Act. Thus Berdyaev’s work exhibits a remarkable closure, returning at the end to its beginnings, linking as it were its omega with its alpha.
By the mid-1930s, in the extended aftermaths of World War I and the Bolshevik Revolution, and in the context of the ideological dictatorships, the conviction had impressed itself on Berdyaev that the existing Western arrangement, pathologically disordered, betokened the dissolution of civilization, not its continuance. In The Fate of Man in the Modern World, Berdyaev summarizes his discovery. In modernity, a brutal phase of history, the human collectivity must endure the effects of ancestral decisions, which subsequent generations might have altered but chose instead to endorse, and live miserably or perhaps die according to them. Modernity is thus history passing judgment on history, as Berdyaev sees it; and modernity’s brutality, its nastiness, and its inhumanity all stem from the same cause – the repudiation of God and the substitution in His place of a necessarily degraded “natural-social realm.” Berdyaev writes, “We are witnessing the socialization and nationalization of human souls, of man himself.” Some causes of this degeneracy lie proximate to their effects. “Modern bestialism and its attendant dehumanization are based upon idolatry, the worship of technics, race or class or production, and upon the adaptation of atavistic instincts to worship.” Again, “Dehumanization is… the mechanization of human life.” With mechanization comes also the “dissolution of man into… functions.”
But what of the radical cause, or causes, that conceals itself, or that conceal themselves, behind these immediate ones? Towards the end of The Fate, Berdyaev divulges, almost in passing, his sense that “the end of the Renaissance is approaching.” The formula might strike a person as odd. Have not several distinguishable phases passed since the Renaissance? And was not the Renaissance precisely an era of those “free creative acts” that Berdyaev so values? For Berdyaev, however, the prevailing disorder of the contemporary world would stem from that selfsame conscious reorientation in existence that modernity delights in celebrating, in the most fulsome and effusive terms, as its own bright dawn after the supposed long darkness of the Middle Ages. The tragic despiritualization of the West began, in Berdyaev’s historical analysis, with the bold proclamation of emancipatory humanism in the artistic and philosophical audacity of Fourteenth Century Italian city-states, whose hubris only now smashes headlong into its proper nemesis. Berdyaev omits to detail this claim in The Fate, but readers might access his full argument in two of his other titles, The Meaning of the Creative Act and The Meaning of History.
One of the pleasures of reading backwards into the dissentient discussion of modernity is the discovery of contrarian judgments, such as Berdyaev’s concerning the Florentine revival of classicism, that stand in refreshing variance with existing conformist opinion. Will Durant sums up the standing textbook view of the Renaissance in Volume 5 (1953) of his Story of Civilization. When “the humanists captured the mind of Italy,” as Durant writes, they “turned it from religion to philosophy, from heaven to earth, and revealed to an astonished generation the riches of pagan thought and art.” Having accomplished all that, according once again to Durant, the umanisti reorganized education on the premise that “the proper study of man was now to be man, in all the potential strength and beauty of his body, in all the joy and pain of his senses and feelings, [and] in all the frail majesty of his reason.” Durant’s tone implies something beyond mere description; it implies laudatory approval. Before turning back to Berdyaev, it is worth remarking how obviously wrongheaded Durant is in so few words. Insofar as the umanisti adopted Platonism – or rather late Neo-Platonism – they cannot exactly be said exclusively to have “turned” the general attention “from heaven to earth.” Rather, they refocused that attention from the transcendent God of the Bible and the Church Doctors to the celestial powers of Porphryian cosmology, the ones who might be manipulated by magical formulas to serve their earthly masters. Now in adopting Protagoras’ maxim that, man is the measure, the umanisti did, in fact, “terrestrialize” thinking. They achieved their end, however, only at the cost of swapping a cosmic-teleological perspective for an egocentric-instrumental one. It was an act of self-demotion. Had Berdyaev lived to read Durant’s Renaissance, he himself would inevitably have remarked these easy-to-spot misconceptions.
“There is a profound contrast,” Berdyaev writes in The Meaning of the Creative Act, “between pagan art and Christian art,” or at any rate “the art of the Christian epoch.” Pagan art, in Berdyaev’s judgment, is “canonic art”; it remains “immanent in this world, rather than transcendent.” Like the sociomorphic-legalistic forms of religion, canonic art “is still in the law” and still adheres to “obedience.” Classicism, another word for the canonical, “leaves one in this world, giving only hints of another.” In Berdyaev’s summary: “The heavens are closed above pagan art and the ideals of perfection are of the here and now, rather than of the beyond.” Finally, Christian art “is of another spirit.” Where paganism conceived the world under the form of “a complete and closed dome, beyond which there was nothing,” for Christianity “Heaven opened above the… world and revealed the beyond.” It follows for Berdyaev that because the essence of the Christian world-orientation is “a transcendental intention towards another world,” a “romantic longing,” as he puts it; then “romantic incompleteness and imperfection of form characterize Christian art.” Of course, both the pagan and the Christian impulses in art contain within themselves the possibility of self-stultification. Thus, “Antique classicism,” as Berdyaev writes, despite its attestation of “a structure of this world,” is subject to deformation into “dead academicism.” Thus, too, Christian art is prone to be “romantically ailing,” making a theme of its yearning, which degenerates into alienation and melancholy, while going blind to the lodestar that makes it to yearn in the first place. Nevertheless, the Christian consciousness and Christian art represent a revelation of being well beyond what Antiquity could conceive. Infinity, lying at the heart of Christian sensibility and provoking it into motion, remained unimaginable to the ancients.
If a reader were to guess, respecting the artistic legacy, that Berdyaev preferred the period stretching from St. Francis of Assisi and Dante Alighieri to Cimabue and Giotto (say) to (say) the period stretching from Filippo Brunelleschi and Marsilio Ficino to Michelangelo Buonarroti and Pico Della Mirandola, he would have guessed correctly. I would caution, however, that Berdyaev’s comparative judgment never constitutes anything like a blanket-condemnation of the yoked Quattrocento and Cinquecento. Far from it – his appreciation runs high, but it runs to the critical. Berdyaev sees what these latter two centuries, in their creativity, portended, and he regards them as a derailment of the Western spirit antecedent to his own century’s deepened plight: “The world crisis of creativity is the crisis of canonic art.” When Berdyaev writes that “canonic art is the adaptation of the creative artist’s energy to the conditions of this world,” his construction superficially resembles Durant’s while at the same time diametrically contradicting it. An art that had remained Christian would have continued to concern itself with the problem how the spirit might “break out through ‘this world’ to another world, out of the chaotic, heavy, and deformed world into the free and beautiful cosmos.” In this way it can be so, portentously, that “the end of the Renaissance is approaching.” What about actual cases? What does Berdyaev say in respect of this or that poet, painter, sculptor, musician, or philosopher?
In The Meaning of the Creative Act, Berdyaev takes Benvenuto Cellini – a much-romanticized figure, using the adjective “romanticized” in its populist connotation – for one signal specimen of the “Renaissance Man.” Berdyaev is fully aware that describing the Renaissance simply as a revival of paganism amounts to inexcusable naïvety. “The great Italian Renaissance,” he writes, “is vastly more complex than is usually thought.” Berdyaev sees the so-called rebirth of classical letters and art as a botched experiment in dialectics, during which “there occurred such a powerful clash between pagan and Christian elements in human nature as had never occurred before.” The tragedy of the Renaissance consists in the fact, as Berdyaev insists, that, “the Christian transcendental sense of being had so profoundly possessed men’s nature that the integral and final confession of the immanent ideals of life became impossible.” Cellini embodies the conflict. In his life, no matter how declaredly “pagan,” “there is still too much of Christianity.” Cellini could never have been “an integral man,” as his moral degeneracy and spasmodic repentance attested. In Berdyaev’s argument, Christianity has effectuated, however imperfectly, a theurgic alteration in being towards a higher level. Cellini’s life illustrates the point. The attempt to return to being at a lower level must fail, as it failed for Cellini; it can bring only suffering to the subject and in the milieu that attempts it.
Even in the case of another, earlier specimen of the “Renaissance Man,” Sandro Botticelli, the artistic creativity betokens something, as Berdyaev says, “beautiful but painfully divided.” Berdyaev regards Botticelli, that essential nature of the Quattrocento, as “the most beautiful, the most deeply moved, the most poetic artist of the Renaissance, and as the most divided and unsound.” The division in Botticelli manifests itself in the crosswise ambiguity of his Venuses and Madonnas: “His Venuses always resembled his Madonnas, just as his Madonnas resembled his Venuses.” The crossing implies a disaster because for the Venus to be raised up from the elements the Madonna must be brought down from infinity. The gesture flatters Venus but it contradicts the essence of the Madonna. Botticelli can create a vernal image of surpassing grace and yet fail to break through to the other world because “classic immanent perfection can no longer be the portion of the Christian soul which has been touched by transcendent longing.” Botticelli’s career ends in a paroxysm of self-denial under the puritanical influence of Savonarola. The “secret of the Renaissance,” as Berdyaev writes, “is that it did not succeed.” The rebirth of pagan innocence implied in Botticelli’s Primaverapromised much but reached a terminus short of patency in Botticelli’s own “renunciation” and thereafter in the “dead academicism” of later artists – most notably for Berdyaev Raphael and Michelangelo. Berdyaev writes: “Raphael’s classicism in the Christian world produces an impression of deadly rigidity, almost as though it were superfluous, a failure more complete and fatal than the imperfection and division of men in the Quattrocento.” After Raphael and Michelangelo comes the Baroque.
Berdyaev emphasizes the drastic diremption of the Quattrocento by reminding his readers of the earliest, purely Christian phase of the Renaissance. “It was in mystic Italy, in Joachim de Floris, that the prophetic hope of a new world-epoch of Christianity was born, an epoch of love, and epoch of spirit.” The pre-perspective painters also loom large in Berdyaev’s appreciation: “Giotto and all the early religious painting of Italy, Arnolfi and others, followed St. Francis and Dante.” Where Raphael and Leonardo, as Berdyaev intimates, worked in a realm of literalism – copying from nature in a mechanical way – these earlier figures exercised their genius on the level of “symbolism.” In Berdyaev’s view, “mystic Italy” prefigures late-Nineteenth Century Symbolism, a movement that he found rich in meaning and hopeful in implication. Joachim, Dante, and St. Francis all violated what Berdyaev calls “the bounds of the average, ordered, canonic way”; their “revolt” precludes “any sort of compromise with the bourgeois spirit,” as did the later revolt of Charles Baudelaire, Henrik Ibsen, and Joris-Karl Huysmans. Whether it is Giotto or Baudelaire, the theurgic impulse aims, not to “create culture,” but to create “new being.”
A parallel discussion, revisiting some of the purely aesthetic topics, occurs in The Meaning of History, where however Berdyaev, twenty years on from The Meaning of the Creative Act,sharpens his argument. He now recognizes in the latter phases of the Renaissance not merely a misguided attempt to reinstate classicism as a kind of corrective supplement to Christian civilization but rather a distinctly “anti-Christian” animus. Berdyaev now discovers in the pagan and Christian anti-dialectic – in their agon – “the theme of man’s destiny” and “the fundamental theme of the philosophy of history.” Always critical, Berdyaev never blankly praises the Middle Ages. On the contrary, he allows that, “the defects of the mediaeval consciousness lay in that it did not allow for the free play of man’s energies.” The Christian-Gothic world emphasized discipline, the suppression of natural urges, and the glorification of purely spiritual striving through the cultivation of prayer in hopes of angelic apparition. When the Renaissance staged its revolt against religious “ascetism,” however, it took an impossible counter-model in the classical world, which also suffered limitation although of another kind whose significance its immediate post-medieval subscribers tragically failed to see. The men of the Renaissance rightly sought to explore and realize “man’s potentialities,” but they wrongly put themselves in a polemical relation with Christianity by seeing in classicism the liberating opposite of Christianity.
Gothic Christianity, Berdyaev argues, “held man in subjection to a spiritual authority and thus centralized all human culture.” Modernity, beginning in the Renaissance, would be centrifugal – a dispersion from the abandoned and partially suppressed spiritual center. On the positive side, as Berdyaev remarks, “spiritual de-centralization” brought about “the differentiation of all the spheres of social and cultural life,” so that men might now develop them separately, as specialized endeavors. Yet that same “differentiation,” however necessary, was nevertheless “synonymous with [a transition] from the divine to the human aspects of the world, from the divine depths, interior concentration and the inner core, to an exterior cultural manifestation,” in which predictably over the centuries “the spiritual bond with the center of life grows gradually weaker.” Other impulses of the Renaissance exacerbate this trend of spiritual attenuation. Where the Middle Ages had suppressed natural man, the Renaissance rediscovered and exalted him. Humanism thus “released man’s natural forces and at the same time severed his connection with spiritual authority, divorcing the natural from the spiritual man.” Shakespeare’s figure of Caliban in The Tempest comes to mind as illustrative, in an observant and knowing way, of one part of Berdyaev’s assertion. So of another part and in a less observant and knowing way does Francis Bacon’s technocratic utopia in The New Atlantis(1628), where the differentiated sciences come under methodical development with the aim of practical application.
Caliban and emergent mechanical mastery taken together might well form an image to make one skip a breath. For once the “ebullience” of liberation-from-religion neutralizes “spiritual authority” and stimulates the “differentiation,” natural man, ego-driven and undisciplined, is bound to end up in possession of the Neo-Atlantean instrumentality, whereupon the prospect opens out on no end of mischief. Berdyaev’s historical diagnosis indeed runs in this direction. He even formulates the law of what he calls “the strange paradox”: “Man’s self-affirmation leads to his perdition; the free play of human forces unconnected with any higher aim brings about the exhaustion of man’s creative powers.” The Protestant Reformation of the German North and the so-called Enlightenment of the Eighteenth Century in France and the German states represent, in Berdyaev’s scheme, ever-lower stages of this descent into dissolution rather than the steps-upward of the ready version of Progress. The paradox of humanism consists in its having “affirmed man’s self-confidence” while also having “debased [man] by ceasing to regard him as a being of a higher and divine origin.”
Whereas the Renaissance began with a quest for “perfect natural forms” and a plan “to regenerate and naturalize man’s social life,” it eventuated having “separated man still more irrevocably from nature than had been done by the Middle Ages.” Man would become doubly alienated – from spirit and nature. Berdyaev traces this process through the theoretical work of da Vinci to the practical work of the early Industrial Revolution (foreshadowed by Bacon) and then again through the final stages of cosmic alienation in the renewed theorizing of Marx and Nietzsche. Omitting Berdyaev’s details and coming to his conclusion, “humanist disintegration” leaves all institutions damaged and can itself generate no replacement-idea that might salvage them. Berdyaev feels the disaster most especially in modern moral life: “There can be no shadow of doubt that we are living in an epoch marked by the bankruptcy of that humanist morality which had been the guiding light of modern history.” Modern man faces a “volcanic eruption of historical forces” with “his sensibility… disrupted” and while enduring a state of “divorce and isolation from natural life.”
It is against this rich genealogical background to the modern condition that Berdyaev’s harrowing description of Twentieth-Century contemporaneity in his otherwise-abstract Fate of Man in the Modern World begins to take on its full meaning. Speaking for none other than myself, while expecting that some few might nevertheless agree with me, it strikes me as even more true today than it was in 1936, when Berdyaev wrote it, that “Man,” in the depth of his spirit, “has lost his worth,” not metaphysically (that would be impossible), but from the point of view of a prevailing drastically restricted and entirely utilitarian consciousness. Man indeed, as Berdyaev writes, “has been torn to tatters.” In the European Union, for example, and in the Federal Imperial dispensation in the United States, as it seems to me, “masses of men,” quite as Berdyaev put it, “have dropped out of the organized order and harmony of life”; they have “lost the religious sanction for their lives” and “they now demand obligatory organization as the sole means of avoiding final chaos and degeneration.” And again: “It is noteworthy that at a time when every religious sanction of authority has vanished, we live in a very authoritarian epoch.”
What are the characteristics of this “bestial” world, in which “inhumanity has begun to be presented as something noble, surrounded with an aureole of heroism” and in which also “man, in making himself God, has unmanned himself”? It is first of all a world dominated, not by “the human personality, or the value of truth,” but rather by “such values as power, technics, race-purity, nationality, the state, the class, the collective” and in which also “the will to justice is overcome by the will to power.” Berdyaev sees in these phenomena something other than “the triumph of base instincts,” those having been always present, because they are elements of human nature, without exercising the same extreme distortion in the overlapping social, cultural, and political environments. He sees them rather as the outcome of fatally attractive errors made five hundred years ago and steadily compounded over time. If there were a return of “idolatry,” for example, that would be precisely what one would expect in a society almost totally visually mediated whose orientation to simulacra of reality began with the obliteration of symbolism in the dominance of perspective in painting. If there were a destruction of politics and law in an upheaval of “instincts of revenge,” that would be precisely what one would expect in a society that has consummated the rejection of the Biblical morality that began in Humanist skepticism. Berdyaev sees, in sum, “a return of the human mass to the ancient collective with which its history began.”
Berdyaev certainly never stood alone in his diagnosis of modern despiritualization. Similar if not identical insights occur under the scrutiny not only of the other writers mentioned at the outset (from Blixen to Undset) but more recently in the work of Jacques Barzun (especially in his great late-career book, From Dawn to Decadence), Roberto Calasso, Jacques Ellul, René Girard, Paul Gottfried, Kenneth Minogue, Roger Scruton, and Eric Voegelin, to name but a few more or less at random. Yet however many names one crowds together in a sentence, the shared judgment remains in the minority and under exclusion. In the prevailing liberal-progressive view, the world is monistic and one-dimensional: Everything is race, class, gender, or the state. In Berdyaev’s dissenting view, the world is dualistic and three-dimensional: “Christianity reveals and confirms man’s belonging to two planes of being, to the spiritual and to the natural-social, to the Kingdom of God and the Kingdom of Caesar.” It is the first dimension – actually a double dimension – of height and depth that guarantees freedom in the second dimension. The denial of the realm of height and depth is therefore the essence, a totally negative essence, of the Kingdom of Caesar intransigent. Berdyaev values man over society because he values spirit over matter,” the sole concern of men on the “natural-social” plane. The existing society indeed values matter exclusively, to the extent of having fixated itself on the finished product – the latest cell phone or handheld electronic game-player or that contradiction-in-the-adjective, the smart car – while deputizing foreign nations to produce these things. This same society, a kind of super cargo-cult, deracinated, demoralized, despiritualized, badly educated, deluged in pornography and ideology, and as conformist as any primitive tribe, vigorously denies the spirit, where not explicitly as articulate theory then in behavior.
Hope, as Berdyaev saw it, lay in a pending reversal – that at the nadir of “de-Christianization” the core of Christianity might once again stand forth as “revealed in its pure form.” That such a revelation will happen, I say with Berdyaev is inevitable; but when it will happen and how much misery it will entail in order to happen, I confess even now at a date more than sixty years after Berdyaev’s death to lie beyond my small power of discernment.
01:18 Publié dans Philosophie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nicolas berfdiaev, russie, philosophie |
|
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook

par Nicolas Bonnal
Ex: http://www.dedefensa.org
Dans ce livre étonnant écrit il y a presque cent ans Guénon faisait le lien entre la constatation de notre abrutissement et la situation de l’après-guerre mondiale (crise culturelle, sociale, communisme, tiers-mondisme, etc.). Il reconnaissait aussi la montée de l’occidentalisme en orient.
Il évoquait déjà notre abrutissement qui est très grand, qui est même hallucinant. Michael Hoffman évoque les trois « A » : apathie, aboulie, amnésie. Guénon souligne que comme le chien Ran-Tan-Plan de Lucky Luke l’avant-garde modeste des occidentaux « sent confusément » la crise :
« Que l’on puisse parler d’une crise du monde moderne, en prenant ce mot de « crise » dans son acception la plus ordinaire, c’est une chose que beaucoup ne mettent déjà plus en doute, et, à cet égard tout au moins, il s’est produit un changement assez sensible : sous l’action même des événements, certaines illusions commencent à se dissiper, et nous ne pouvons, pour notre part, que nous en féliciter, car il y a là, malgré tout, un symptôme assez favorable, l’indice d’une possibilité de redressement de la mentalité contemporaine, quelque chose qui apparaît comme une faible lueur au milieu du chaos actuel. »
Le progrès ne serait donc pas ce qu’on avait promis au cycliste Virenque : notre civilisation serait mortelle… Or comme on sait grâce à Philippe Grasset elle est surtout mortifère car c’est une anti-civilisation ; mais en étant mortifère elle en devient immortelle. Je me souviens de ce documentaire US consacré à l’adoration des méduses, seule « bête » survivante du pauvre golfe du Mexique. Le commentaire satanique en était enthousiaste, comme ces foules qui vont voir le dernier produit Marvel sur leur extermination prochaine. Guénon :
« C’est ainsi que la croyance à un « progrès » indéfini, qui était tenue naguère encore pour une sorte de dogme intangible et indiscutable, n’est plus aussi généralement admise ; certains entrevoient plus ou moins vaguement, plus ou moins confusément, que la civilisation occidentale, au lieu d’aller toujours en continuant à se développer dans le même sens, pourrait bien arriver un jour à un point d’arrêt, ou même sombrer entièrement dans quelque cataclysme. Peut-être ceux-là ne voient-ils pas nettement où est le danger, et les craintes chimériques ou puériles qu’ils manifestent parfois prouvent suffisamment la persistance de bien des erreurs dans leur esprit ; mais enfin c’est déjà quelque chose qu’ils se rendent compte qu’il y a un danger, même s’ils le sentent plus qu’ils ne le comprennent vraiment, et qu’ils parviennent à concevoir que cette civilisation dont les modernes sont si infatués n’occupe pas une place privilégiée dans l’histoire du monde, qu’elle peut avoir le même sort que tant d’autres qui ont déjà disparu à des époques plus ou moins lointaines, et dont certaines n’ont laissé derrière elles que des traces infimes, des vestiges à peine perceptibles ou difficilement reconnaissables. »
Une civilisation peut être crevée et durer encore. Relisez la Charogne de Baudelaire…
La crise suppose un point critique qu’on n’a toujours pas passé un siècle plus tard (on y revient) :
« Donc, si l’on dit que le monde moderne subit une crise, ce que l’on entend par là le plus habituellement, c’est qu’il est parvenu à un point critique, ou, en d’autres termes, qu’une transformation plus ou moins profonde est imminente, qu’un changement d’orientation devra inévitablement se produire à brève échéance, de gré ou de force, d’une façon plus ou moins brusque, avec ou sans catastrophe. »
Guénon évoque le kali-yuga, notion fourre-tout, bas de gamme aujourd’hui :
« Le monde moderne ira-t-il jusqu’au bas de cette pente fatale, ou bien, comme il est arrivé à la décadence du monde gréco-latin, un nouveau redressement se produira-t-il, cette fois encore, avant qu’il n’ait atteint le fond de l’abîme où il est entraîné ? Il semble bien qu’un arrêt à mi-chemin ne soit plus guère possible, et que, d’après toutes les indications fournies par les doctrines traditionnelles, nous soyons entrés vraiment dans la phase finale du Kali-Yuga, dans la période la plus sombre de cet « âge sombre », dans cet état de dissolution dont il n’est plus possible de sortir que par un cataclysme, car ce n’est plus un simple redressement qui est alors nécessaire, mais une rénovation totale. »
Tragique il rappelle que le désordre règne partout et se répand comme les méduses :
« Le désordre et la confusion règnent dans tous les domaines ; ils ont été portés à un point qui dépasse de loin tout ce qu’on avait vu précédemment, et, partis de l’Occident, ils menacent maintenant d’envahir le monde tout entier ; nous savons bien que leur triomphe ne peut jamais être qu’apparent et passager, mais, à un tel degré, il paraît être le signe de la plus grave de toutes les crises que l’humanité ait traversées au cours de son cycle actuel. Ne sommes-nous pas arrivés à cette époque redoutable annoncée par les Livres sacrés de l’Inde, « où les castes seront mêlées, où la famille même n’existera plus » ?
La famille tout le monde s’en fout maintenant, y compris la distraite Eglise de Rome. Guénon conclut en termes évangéliques :
« Il suffit de regarder autour de soi pour se convaincre que cet état est bien réellement celui du monde actuel, et pour constater partout cette déchéance profonde que l’Évangile appelle « l’abomination de la désolation ».
Plus important pour moi et la thématique de la Fin de l’histoire, du temps immobile depuis des siècles, cette notation sur la France de Louis XIV, déjà aride et moderne, et même anti-traditionnelle (pensez aux bourgeois de Molière) :
« Ce qui est tout à fait extraordinaire, c’est la rapidité avec laquelle la civilisation du moyen âge tomba dans le plus complet oubli ; les hommes du XVIIe siècle n’en avaient plus la moindre notion, et les monuments qui en subsistaient ne représentaient plus rien à leurs yeux, ni dans l’ordre intellectuel, ni même dans l’ordre esthétique ; on peut juger par-là combien la mentalité avait été changée dans l’intervalle. »
Le jeune bourgeois qui douterait des ténèbres du moyen âge ne trouverait pas à se marier, disait Léon Bloy (Exégèse, CXXVII)…
Guénon :
« Il est bien invraisemblable aussi que la légende qui fit du moyen âge une époque de « ténèbres », d’ignorance et de barbarie, ait pris naissance et se soit accréditée d’elle-même, et que la véritable falsification de l’histoire à laquelle les modernes se sont livrés ait été entreprise sans aucune idée préconçue… »
J’ai déjà parlé de Michelet pour qui le moyen âge avait disparu depuis longtemps. Il s’était conservé comme hystérésie (un peu comme la France qui n’est plus rien qu’un sac à stupre, il est temps de le reconnaître en arrêtant d’y pleurnicher) :
« Le vrai moyen âge, pour nous, s’étend du règne de Charlemagne au début du XIVe siècle ; à cette dernière date commence une nouvelle décadence qui, à travers des étapes diverses, ira en s’accentuant jusqu’à nous. C’est là qu’est le véritable point de départ de la crise moderne : c’est le commencement de la désagrégation de la « Chrétienté », à laquelle s’identifiait essentiellement la civilisation occidentale du moyen âge ; c’est, en même temps que la fin du régime féodal, assez étroitement solidaire de cette même « Chrétienté », l’origine de la constitution des « nationalités ». Il faut donc faire remonter l’époque moderne près de deux siècles plus tôt qu’on ne le fait d’ordinaire ; la Renaissance et la Réforme sont surtout des résultantes, et elles n’ont été rendues possibles que par la décadence préalable… »
Les Illuminati dont on nous gave aujourd’hui ne sont en effet que les reproductions des kabbalistes et des sorciers, des alchimistes et des escrocs de tout poil de la Renaissance, espions britanniques y compris. Mais poursuivons car le problème suivant nous importe aussi : l’orient est devenu aussi nul que l’occident. Et si l’occident est crevé, l’orient est en phase terminale de décadence (regardez la numérisation de son humanité à cet orient, que ce soit en Chine ou en Inde – sans parler du monde musulman devenu un zombie comme le christianisme occidental :
« Le désordre moderne, nous l’avons dit, a pris naissance en Occident, et, jusqu’à ces dernières années, il y était toujours demeuré strictement localisé ; mais maintenant il se produit un fait dont la gravité ne doit pas être dissimulée : c’est que ce désordre s’étend partout et semble gagner jusqu’à l’Orient. Certes, l’envahissement occidental n’est pas une chose toute récente, mais il se bornait jusqu’ici à une domination plus ou moins brutale exercée sur les autres peuples, et dont les effets étaient limités au domaine politique et économique ; en dépit de tous les efforts d’une propagande revêtant des formes multiples, l’esprit oriental était impénétrable à toutes les déviations, et les anciennes civilisations traditionnelles subsistaient intactes. »
L’occidentalisation (voyez le ridicule Kim, un sosie CIA selon certains) est donc totale :
« Aujourd’hui, au contraire, il est des Orientaux qui se sont plus ou moins complètement « occidentalisés », qui ont abandonné leur tradition pour adopter toutes les aberrations de l’esprit moderne, et ces éléments dévoyés, grâce à l’enseignement des Universités européennes et américaines, deviennent dans leur propre pays une cause de trouble et d’agitation. »
Guénon nous rassure sans nous rassurer :
« L’esprit traditionnel ne peut mourir, parce qu’il est, dans son essence, supérieur à la mort et au changement ; mais il peut se retirer entièrement du monde extérieur, et alors ce sera véritablement la « fin d’un monde ». D’après tout ce que nous avons dit, la réalisation de cette éventualité dans un avenir relativement peu éloigné n’aurait rien d’invraisemblable ; et, dans la confusion qui, partie de l’Occident, gagne présentement l’Orient, nous pourrions voir le « commencement de la fin », le signe précurseur du moment où, suivant la tradition hindoue, la doctrine sacrée doit être enfermée tout entière dans une conque, pour en sortir intacte à l’aube du monde nouveau. »
L’occident reste un virus en fait :
« Mais laissons là encore une fois les anticipations, et ne regardons que les événements actuels : ce qui est incontestable, c’est que l’Occident envahit tout ; son action s’est d’abord exercée dans le domaine matériel, celui qui était immédiatement à sa portée, soit par la conquête violente, soit par le commerce et l’accaparement des ressources de tous les peuples ; mais maintenant les choses vont encore plus loin. »
Guénon évoque aussi ce besoin démoniaque de prosélytisme humanitaire que j’ai évoqué dans mon texte sur la théosophie et le mondialisme :
« Les Occidentaux, toujours animés par ce besoin de prosélytisme qui leur est si particulier, sont arrivés à faire pénétrer chez les autres, dans une certaine mesure, leur esprit antitraditionnel et matérialiste ; et, tandis que la première forme d’invasion n’atteignait en somme que les corps, celle-ci empoisonne les intelligences et tue la spiritualité ; l’une a d’ailleurs préparé l’autre et l’a rendue possible, de sorte que ce n’est en définitive que par la force brutale que l’Occident est parvenu à s’imposer partout, et il ne pouvait en être autrement, car c’est en cela que réside l’unique supériorité réelle de sa civilisation, si inférieure à tout autre point de vue. »
Rappel des déguisements humanitaires :
« L’envahissement occidental, c’est l’envahissement du matérialisme sous toutes ses formes, et ce ne peut être que cela ; tous les déguisements plus ou moins hypocrites, tous les prétextes « moralistes », toutes les déclamations « humanitaires », toutes les habiletés d’une propagande qui sait à l’occasion se faire insinuante pour mieux atteindre son but de destruction, ne peuvent rien contre cette vérité, qui ne saurait être contestée que par des naïfs ou par ceux qui ont un intérêt quelconque à cette œuvre vraiment « satanique», au sens le plus rigoureux du mot. »
Guénon a tenté et échoué. Comme beaucoup. Cette société est satanique et crèvera après avoir tout souillé et corrompu. Le salut sera personnel.
« Et les folles dirent aux prudentes: Donnez-nous de votre huile, car nos lampes s’éteignent.
Mais les prudentes répondirent, disant: [Non], de peur qu’il n’y en ait pas assez pour nous et pour vous; allez plutôt vers ceux qui en vendent, et achetez‑en pour vous-mêmes. »
Or en grec phronéo veut dire penser et concevoir, pas être prudent ! Etre lucide c’est être - surtout avec des fêtes de la musique comme celle que nous venons de vivre.
Et comme on citait Baudelaire et sa charogne vivante et mélomane qui évoque notre « chienlit » cadavérique et increvable :
« Le soleil rayonnait sur cette pourriture,
Comme afin de la cuire à point,
Et de rendre au centuple à la grande Nature
Tout ce qu’ensemble elle avait joint ;
Et le ciel regardait la carcasse superbe
Comme une fleur s’épanouir (…) »
Cette forme de vie cadavérique exprime bien la vie occidentale contemporaine.
« On eût dit que le corps, enflé d’un souffle vague,
Vivait en se multipliant.
Et ce monde rendait une étrange musique,
Comme l’eau courante et le vent,
Ou le grain qu’un vanneur d’un mouvement rythmique
Agite et tourne dans son van. »
René Guénon – La crise du monde moderne
Bonnal – La culture comme arme de destruction massive
Léon Bloy – Exégèse…
Baudelaire – Les Fleurs du mal
00:13 Publié dans Philosophie, Traditions | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philosophie, tradiiton, traditionalisme, rené guénon |
|
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook

Marcello Veneziani
Ex: http://www.marcelloveneziani.com
“Ho dovuto aprirmi da solo la via…Quasi come un disperso ho dovuto cercare di riconnettermi con i miei propri mezzi ad un esercito allontanatosi, spesso attraversando terre infide e perigliose”. Così Julius Evola descrive nella sua autobiografia la solitudine siderale del suo cammino. Mezzo secolo fa Evola scese dal cavallo altero dell’impersonalità e si raccontò in un’autobiografia intellettuale che intitolò con spirito alchemico Il cammino del cinabro.
Evola racconta la sua vita attraverso le sue opere e i suoi snodi fondamentali: l’esperienza della Grande Guerra, poi il periodo di pittore dada, quindi la fase filosofica, poi il suo percorso esoterico, infine il suo cammino nella Tradizione. E sullo sfondo, i suoi rapporti con gli artisti e gli iniziati, gli scrittori e i filosofi del suo tempo, le trasgressioni, il suo controverso rapporto col fascismo tra sostegno e dissenso, superfascismo e antifascismo, e poi con i giovani della destra postbellica.
C’è anche il capitolo scabroso del razzismo. Evola fu teorico di un razzismo spirituale che non piacque ai razzisti doc e ai nazisti ma gli restò addosso come il suo peccato originale. Non c’è in lui odio antisemita né alcun fanatismo, c’è perfino una dignitosa coerenza, riconobbe Renzo De Felice. Ma Evola prescinde totalmente dai fatti e dalla tragedia dello sterminio e si attesta solo sui principi; ciò infonde un tono astratto alle farneticazioni della razza, qui ridotte peraltro da lui a “una parentesi” nella sua vita e nella sua opera.
Evola confessa di aver rasentato da giovane “l’area delle allucinazioni visionarie e fors’anche della pazzia” e “una specie di cupio dissolvi, un impulso a disperdersi e a perdersi”. Nelle pagine del Cinabro, a fianco del pensiero e delle opere, scorre la vita, la storia – arricchita dalle note dei curatori – gli ambienti a lui vicini e a lui avversi, le note ostili della questura ai tempi del fascismo, perfino la vicenda di un duello rifiutato da Evola per non abbassarsi al rango dello sfidante che però gli costò la rimozione del grado di ufficiale e gli impedì di partire volontario nella seconda guerra mondiale.
Ci sono gli scontri con alcuni fascisti, c’è la sua fama di mago e c’è perfino l’accenno di Evola al Mussolini superstizioso: “aveva un’autentica paura per gli iettatori di cui vietava che si pronunciasse il nome in suo cospetto”. C’è la storia assurda del processo nel dopoguerra a un gruppo di giovani neofascisti in cui fu coinvolto un Evola del tutto ignaro e ormai paralizzato, vittima di un bombardamento a Vienna. C’è la sua scelta antiborghese e anticonservatrice rivendicata in Cavalcare la tigre ma c’è poi la critica di stampo conservatore al ’68 e alla dissoluzione in atto.
E ci sono gli ultimi capodanni di Evola nella sua casa romana, la sua tazza di brodo di tartaruga, un sorso di champagne e il concerto di Capodanno in tv.
E la cronaca della sua morte, l’11 giugno di 40 anni fa, quando si fece portare davanti alla finestra e morì in piedi, guardando al Gianicolo; e poi i funerali con la sua bara senza croce e senza corteo funebre, secondo le sue volontà, e le sue ceneri disperse dopo vicissitudini tra le cime delle Alpi, che aveva amato e scalato. Evola fu un mito già da vivente, avvolto in un alone di magia.
In queste pagine aleggia un paradosso: un pensatore isolato e in disparte che incrocia nella sua vita e nella sua opera, gli autori, le correnti, gli eventi più salienti del Novecento. A questo paradosso ne corrisponde uno inverso sul piano del pensiero: Evola, fautore della Tradizione e del Sacro, fonda la sua opera su un Individualismo Trascendentale, non solo teorico e psichico ma pratico e magico. Per Evola la verità è solo “un riflesso della potenza: la verità è un errore potente, l’errore è una verità debole”. Un relativismo imperniato sulla potenza, che ne decide il rango e il valore. “Essere, verità, certezza non stanno dietro ma avanti, sono dei compiti”, non dei fondamenti.
Grandiosi piani metastorici in nome della Tradizione, templi sacri, civiltà millenarie dell’Essere ma in piedi resta solo la solitudine stellare dell’Io. Solipsismo eroico. “Debbo pochissimo all’ambiente, all’educazione, alla linea del mio sangue – scrive Evola in queste pagine, sottolineando la sua assoluta estraneità alla tradizione cristiana, famigliare e patriottica – il mio impulso alla trascendenza è centrato sull’affermazione libera dell’Io”. Anzi, avverte Evola, “non vi è avvenimento rilevante dell’esistenza che non sia stato da noi stessi voluto in sede prenatale”. Siamo quasi all’autocreazione, al “self made man” metafisico. Resta sospesa nei cieli la domanda che qui si pone Evola: “Che cosa può venire dopo il nichilismo europeo?… Dove si può trovare un appoggio, un senso dell’esistenza, senza tornare indietro?” Evola rispose che l’unica soluzione era “essere se stessi, seguire solo la propria legge, facendone un assoluto”. Ma non è proprio questa incondizionata libertà la punta più avanzata del nichilismo europeo, non è di questo individualismo assoluto che sta morendo la nostra civiltà? E se fosse l’Individuo Assoluto l’ostacolo estremo alla rivelazione dell’Essere?
Un titanico e aristocratico disdegno del mondo accompagna il racconto biografico di Evola. Ma ogni tanto si apre uno squarcio nel suo severo stile impersonale. Ad esempio quando riporta in queste pagine i giudizi lusinghieri sulle sue opere. Fa tenerezza notare che per lenire il suo isolamento Evola citi queste sporadiche e spesso modeste attenzioni alla sua opera. O quando sfugge al suo stoicismo imperturbabile qualche umanissima amarezza per la scarsa risonanza delle sue opere e per il mancato riconoscimento del suo pensiero: “La grande stampa e la cultura ufficiale rimasero, e anche in seguito dovevano rimanere, sorde”.
Lo stesso Cammino del Cinabro, confessa nella nota d’esordio, fu scritto “nell’eventualità che un giorno l’opera da me svolta in otto lustri sia fatta oggetto di un’attenzione diversa da quella che finora le è stata concessa”. Altri lustri sono passati dalla sua morte ma non sembrano ancora bastati. La solitudine di Evola sfida i secoli.
MV, relazione al convegno su Evola nel 2014, poi pubblicato dalla Fondazione Evola con le edizioni de Il Borghese
00:05 Publié dans Traditions | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : julius evola, marcello veneziani, tradition, traditionalisme |
|
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook

Il montre en cela qu'il est toujours, malgré certaines décisions jugées étranges, totalement sous le contrôle du complexe scientifico-militaro-industriel américain. Dès le début de la guerre froide, Washington et le Pentagone ont toujours considéré qu'il s'agissait d'un élément essentiel à la lutte, sinon à la destruction, de la Russie. Le débarquement sur la Lune, décidée par J.F. Kennedy, n'avait pas d'autre but, sous l'apparence d'une intention scientifique.
Cette domination du spatial a d'abord pris la forme d'une exploitation militaire de l'Espace. Les satellites militaires américains ne se comptent plus, de même que leurs applications stratégiques multiples. Mais tout ce qui est considéré comme relevant du spatial scientifique, au delà d'un intérêt propre pour la connaissance de l'espace et de l'univers, est également largement financé par l'Etat profond américain au regard de ses implications en faveur de l'industrie de défense.
A cet égard, la Nasa, malgré son petit budget de $2 milliards, en a toujours constitué un élément essentiel – ceci d'autant plus que sous couvert de coopération spatiale, elle permet un espionnage scientifique sans égal. Il en est de même des réalisations de l'industrie spatiale américaine. Eon Musk ne s'en cache pas, au contraire. Il utilise l'argument pour obtenir des aides considérables de l'Etat.
On ne doit pas oublier non plus que les Grands de l'Internet américain, qui fonctionnent principalement avec l'aide du spatial américain, sont un élément essentiel pour formater les consciences mondiales au profit de la puissance américaine.
A terme enfin, la course pour un retour sur la Lune, puis un débarquement sur Mars, vise à faire de ces planètes de nouvelles colonies américaines. Si à la suite d'une série de catastrophes, en partie d'ailleurs provoquées par eux, ne survivaient dans le système solaire que quelques dizaines de milliers d'humains éventuellement « augmentés », ils porteraient tous la bannière étoilée.
La Russie puis la Chine l'ont bien compris. Mais les moyens qu'elles peuvent dégager au profit de leurs projets spatiaux restent bien inférieurs à ceux des Etats-Unis. De plus, le retard qu'elles ont pris ne se rattrapera pas, compte tenu des délais nécessaires à la réalisation de nouveaux programmes.
Une « force armée spatiale » américaine
La création d'une sixième branche des forces armées américaines, qualifie de « Space Force », que vient d'annoncer Donald Trump, met en évidence la volonté américaine de militariser complètement et définitivement l'espace. Ceci signifie nécessairement en éliminer progressivement Russie et Chine, sans mentionner d'autres puissances qui auraient la volonté d'y jouer un rôle. Rappelons à cet égard que l'Agence spatiale européenne avait dès le début refusé de s'impliquer dans des objectifs militaires. Ceci aurait fortement déplu au Pentagone, qui veut rester maître du jeu. La France s'est dotée de quelques petits satellites militaires, mais aux ambitions très limitées.
Trump n'a pas caché l'objectif de Washington et du Pentagone de maintenir et renforcer la pleine domination spatiale américaine. Que se passerait-il si celle-ci entrait en conflit direct, éventuellement au plan militaire, avec la Russie et la Chine ?
Compte tenu de l'importance de l'Espace, celles-ci ne pourraient pas ne pas riposter. Il en résulterait inévitablement une guerre mondiale. Mais le risque n'est pas plus grand, diront les optimistes, que ceux découlant des affrontements dans le domaine nucléaire.
1) https://www.bbc.com/news/world-us-canada-44527672
Note au 21/06. La Russie réagit.
Le président du Conseil de défense et de sécurité russe, Viktor Bondarev, cité par l'agence de presse Ria le 19 juin, a réagi à l'annonce de Donald Trump de vouloir créer une force armée de l'espace : «La militarisation de l'espace mènera au désastre». Il a également fait référence à la possible volonté de Washington de mettre des armes de destruction massive en orbite. «Si les Etats-Unis se retirent des accords de 1967 qui proscrivent le déploiement d'armes nucléaires dans l'espace, ceci appellera « une réponse forte de la part de notre pays, mais également d'autres Etats, il en irait de la préservation de la sécurité internationale »
Rappelons que le traité de l'espace de 1967 (également appelé «traité sur les principes régissant les activités des Etats en matière d'exploration et d'utilisation de l'espace extra-atmosphérique, y compris la Lune et les autres corps célestes») interdit le déploiement d'armes nucléaires et de destruction massive dans l'espace. Le traité interdit aussi de pratiquer des essais d'armement dans l'espace et d'établir des bases militaires sur tout corps céleste, dont la Lune.
Au delà des mots de Victor Bondarev, il faut se demander ce que serait « la réponse forte » russe, de même qu'une réponse chinoise à laquelle il a fait allusion. S'agira-t-il de détruire, selon des moyens à préciser, les satellites militaires américains, voire de détruire une base militaire sur la Lune. On ne voit pas comment cela ne déclencherait pas une guerre mondiale, au moins dans l'espace.
14:12 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, états-unis, espace, militarisation de l'espace, actualité, géostratégie, stratégie |
|
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook

Valérie Bugault, docteur en droit, France.
Message de soutien à Iurie Rosca
"La plume étant ma meilleure arme, la plus efficace, c’est par elle que je viendrai te soutenir. Jusqu’à il y a peu, j’ignorais et ton nom et le lieu de situation exact de ton pays, la Moldavie ; petit pays par sa superficie mais grand pays par sa position géographique et par sa culture, à la croisée des chemins de l’Est et de l’Ouest, avec le christianisme comme point de jonction.
Je t’ai découvert, dans le même temps que je découvrais la Moldavie et son courageux président Igor Dodon à l’occasion de ton invitation au 2ème colloque de Chisinau à l’hiver dernier. Ce fut un moment inoubliable où des intervenants, issus d’une grande variété de pays européens, a pu, collectivement, évoquer des pistes intellectuelles de refondation de la civilisation occidentale, elle-même en voie de disparition rapide autant que radicale. Disparition due au reniement par ses dirigeants politiques des valeurs qui avaient fait la grandeur des différents pays européens. Ces valeurs étaient la résultante directe de la longue histoire de ce continent, des aléas de l’organisation politique de ses différents pays et de son arme politique ultime qu’était le droit continental. Les différents pays d’Europe n’ont à vrai dire guère plus en commun qu’une culture fondée sur le christianisme et qu’un système juridique, dit continental, lui-même extrêmement imprégné de droit romain, droit dont la philosophie profonde consiste à organiser la vie en commun. Si cet héritage peut sembler modeste, il est en réalité unique et immense par la promesse de renouveau civilisationnel qu’il contient.
Ton accueil, mon cher Iurie, à l’occasion du second colloque de Chisinau consacré aux questions économiques, fut incroyablement chaleureux, à la hauteur, à vrai dire de ton enthousiasme pour sortir la Moldavie du mauvais pas dans lequel son adhésion à l’Union Européenne et à l’OTAN l’entrainerait inéluctablement, en créant de grandes difficultés relationnelles avec la Russie, son voisin géographique immédiat, son partenaire commercial naturel incontournable et son cousin spirituel.
C’est avec une grande tristesse que j’ai appris les ennuis judiciaires qui t’accablent aujourd’hui. Sans connaître réellement les tenants et aboutissants juridiques de ton dossier, on ne peut que s’étonner du rebondissement judiciaire, presque dix ans après les faits reprochés, d’une affaire qui, si j’ai bien compris, ne semble pas réellement étayée quant aux faits reprochés. L’étonnement est d’autant plus légitime que la peine encourue est extrêmement sévère (plusieurs années de prison) et que cette menace judiciaire intervient quelques mois avant les élections législatives en Moldavie. Sans anticiper les résultats de cette élection, il semble que le parti pro Union Européenne au pouvoir en Moldavie, que tu combats avec acharnement et détermination, pourrait se trouver en situation de perdre la majorité qu’il détient actuellement.
Ces élections sont-elles la réelle cause de tes ennuis judiciaires ou y sont-elles étrangères ? S’il ne m’est pas possible de répondre à cette question, il reste que ton incarcération porterait un coup très dur à toute voix dissidente en Moldavie, dans le même temps qu’il porterait un coup très dur à la liberté d’opinion et d’expression indispensables au pluralisme qui a fait la grandeur du continent européen. C’est au titre de la liberté d’expression que je prends donc ma plume pour défendre ta cause, mon cher Iurie.
Puissent le, ou les, procureur(s) qui s’occupe(nt) de ton dossier judiciaire, entendre la voix de la raison et permettre à la liberté d’expression d’exister, c’est-à-dire de rester libre…"
14:00 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : persécution politique, valérie bugault, iurie rosca, moldavie, europe, affaires européennes |
|
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook

Le Président Dodon, Alexandre Douguine et Emmanuel Leroy
Lettre ouverte à
Son Excellence,
Monsieur Igor Dodon
Président de la République Chisinau, MD 2073
154 Stefan cel Mare bd.
République de Moldavie
Paris, le 19 juin 2018
Monsieur le Président,
Au cours de l’année passée, vous nous avez fait l’honneur de nous accueillir à deux reprises dans votre capitale pour la tenue des deux colloques que nous avons organisés avec mon ami Iurie Rosca. Le symposium du mois de décembre à Chisinau où vous avez fait une intervention remarquable pour introduire nos travaux, a été repris sur des dizaines de médias européens pour souligner le caractère historique de cette manifestation.
L’importance de ce colloque a été remarquée par des ONG internationales, notamment celles qui visent à faire disparaître l’Europe sous des vagues migratoires, et qui n’ont pas manqué de critiquer ce colloque qu’elles ont perçu comme un réel danger visant à la libération des peuples européens contre les dérives de la mondialisation financière, comme vous l’avez parfaitement souligné dans votre discours.
Aujourd’hui, mon ami Iurie Rosca, homme intègre et honnête s’il en fut, est accusé ignominieusement de trafic d’influence. Vous comme moi, nous connaissons Iurie Rosca et nous savons qu’il est incapable d’une telle bassesse. Nous savons qu’il est tout comme vous, un vrai patriote, profondément attaché à la liberté de la Moldavie — ce dont témoigne tout son passé de dissident, d’homme politique et de journaliste.
C’est pourquoi Monsieur le Président, je me rendrai à Chisinau le mois prochain avec une délégation d’amis français afin de solliciter une audience auprès de vous et en vous demandant de tout mettre en oeuvre pour protéger notre ami de ces manoeuvres de basse politique qui ne visent qu’à un seul but: éliminer un homme qui est écouté dans votre pays et cela afin de tenter d’influencer le résultat des élections législatives de l’automne prochain.
Partout en Europe aujourd’hui, les peuples commencent lentement à se libérer des chaines de la mondialisation financière, il serait paradoxal et vraiment dommageable que la Moldavie soit le seul pays européen qui régresse en soutenant la cause d’une Union européenne à bout de souffle qui montre à travers la crise des migrants qu’elle n’est plus capable d’apporter des réponses aux peuples qui veulent une autre politique. Cette autre politique, Monsieur le Président, c’est vous qui l’incarnez aujourd’hui avec le Président hongrois, le Premier Ministre italien, le Chancelier autrichien et demain encore d’autres, portés par l’immense vague des peuples européens qui ne veulent pas mourir.
lurie Rosca est un de ces grands patriotes qui lutte non seulement pour la Moldavie mais aussi pour tous les peuples du continent eurasiatique afin qu’ils échappent à la spirale mortifère dans laquelle l’Occident est tombé.
Je compte sur votre appui Monsieur le Président pour nous aider dans cette démarche qui honorera votre pays.
Je vous prie d’agréer Monsieur le Président, l’expression de ma très haute consideration.
Emmanuel Leroy
Co-organisateur du Forum de Chisinau
13:56 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : iurie rosca, moldavie, europe, affaires européennes, persécution politique |
|
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook

Chers amis,
J’ai de mauvaises nouvelles. Je risque de faire au moins 7 ans de prison. À cause, bien sûr, de mes activités. Le dossier pénal a été ouvert le 21 mars 2017. Le prétexte : trafic d’influence. Le 28 février, j’ai subi une inspection à mon domicile, les procureurs m’ont pris de l’argent, mon téléphone et mon ordinateur portable, mes manuscrits, etc. Le dossier a été remis au bureau du procureur anti-corruption et un groupe de 15 procureurs et enquêteurs a été constitué. Pendant un an, j’ai été suivi par les services et mon téléphone mis sur écoute. Depuis le 28 février, le procureur maintient mon interdiction de quitter le pays.
Le procureur a également décidé de saisir la maison où je vis temporairement et qui sert de lieu de vie et de travail pour plusieurs de mes collègues. Bien qu’il s’agisse d’un bien appartenant à une fondation, il fait toujours l’objet d’une saisie et d’une mise en vente aux enchères. Ainsi le régime ne se contente pas de me priver de liberté en m’emprisonnant, il entend détruire toute capacité de notre groupe à maintenir les conditions pour continuer notre travail journalistique et éditorial.
Mercredi 30 mai, à 14 h, le procureur m’inculpera officiellement et le dossier sera envoyé au tribunal.
Évidemment, cette inculpation a été montée de toutes pièces dans le but de me neutraliser, du fait de mes critiques envers le régime. Le pouvoir en Moldavie a été usurpé, le pays est sous le contrôle des oligarques. D’où aucun espoir d’être jugé dans le respect de la loi. Mon équipe et moi-même sommes bien connus en tant que fervents critiques des politiques occidentales. Les establishment américains et européens sont les véritables sponsors et les vrais dirigeants de mon pays. Dans ces conditions, il est très difficile de garder le moindre espoir d’échapper à la prison.
C’est pourquoi j’ai besoin de votre aide. Notre équipe internationale doit mobiliser les décideurs politiques, les activistes, les médias etc., afin d’organiser autant de manifestations, de pétitions et d’articles que possible. Par cette action, nous pourrons obliger les gens au pouvoir à cesser leurs abus.
Tous les articles et documents sont à envoyer par mail à roscaiurieppcd@gmail.com. Je suis joignable sur mobile au 00 373 79 77 44 44.
Je voudrais rappeler que j’ai plus de 20 ans de carrière politique, j’ai été député à quatre reprises (1994-2009), je suis journaliste, auteur de plusieurs livres, traducteur et éditeur. Je dirige les sites www.flux.md et http://www.altermedia.md mais aussi mon projet universitaire "People”s University". Je suis conservateur, orthodoxe, traditionaliste.
Merci pour votre aide.
Dieu vous bénisse !
Je souhaite, par la présente déclaration, informer l’opinion publique du fait que je fais l’objet de poursuites pénales à l’initiative du Parquet Anti-corruption, en vertu d’une dénonciation forgée sur commande de ceux que je dérange, par le délateur de service auprès des organes de répression.
Ainsi, le 28 février au matin, la maison où se trouve le siège de mon activité a fait l’objet d’une descente de neufs procureurs et officiers du Parquet Anti-corruption, nantis d’un mandat de perquisition. On a porté à ma connaissance le fait que je suis soupçonné de trafic d’influence. J’ai d’abord cru qu’il s’agissait d’un malentendu. Il s’ensuivit une perquisition digne des meilleurs films du genre. Je leur ai demandé ce qu’ils cherchaient, dans l’espoir de réussir à les aider. On m’a répondu : « l’argent, les écrits, les ordinateurs et tout autre support électronique de stockage d’information. » Quinze articles ont été confisqués : les ordinateurs (y compris les ordinateurs de mes collègues), ma mémoire externe contenant ma bibliothèque électronique, mon téléphone portable, mes carnets, manuscrits, feuillets avec prises de notes, etc.
Au cours de la même matinée, on m’a fait savoir que j’étais mis en examen, et, l’après-midi venue, le procureur Mihail Ivanov a porté à ma connaissance le fait que j’étais déjà inculpé, et m’a signifié une interdiction de quitter le territoire moldave valable pour une durée de 30 jours.
En consultant les documents mis à disposition par l’organe en charge des poursuites pénales, j’ai appris que le dossier me concernant a été ouvert le 21 mars 2017. Cependant, la procédure obligerait normalement le parquet à informer la personne mise en examen du lancement de poursuites pénales dans un délai de 30 jours à compter de l’ouverture du dossier ; c’est probablement pour se soustraire à cette obligation que les enquêteurs ont choisi de lancer les poursuites « suite à délit », c’est-à-dire en conséquence d’une infraction commise. C’est ce qui a permis de justifier – aussi étrange que cela paraisse pour un dossier dans lequel il existe un seul coupable putatif et un dénonciateur, donc deux personnages en tout et pour tout – la mise en œuvre de mesures supplémentaires d’enquête opérative en vue d’identifier l’auteur du délit. Dans ces conditions, je suppose que « la justice » a eu tout loisir de m’observer à son gré tout au long d’une période de huit mois, en mettant tout son arsenal d’instruments de surveillance au service de cette mission.
Et ce n’est que le 28 novembre 2017 que le procureur-chef du Parquet Anticorruption, Viorel Morari, a émis une ordonnance m’assignant le statut de suspect (mis en examen), et formant une équipe d’enquête composée de 15 (quinze !) procureurs et officiers de police judiciaire chargés de mon cas. S’ensuivirent des actions de filage, d’écoute de mes conversations téléphoniques et d’interception de ma correspondance. Pour obtenir des prolongations de leur droit d’utilisation de procédés d’enquête spéciaux (utilisation que la loi ne permet que pour une durée maximale de 30 jours), les procureurs ont à deux reprises obtenu l’aval des juges d’instruction, qui leur ont accordé deux renouvellements successifs de leur autorisation de poursuivre leurs filages leurs interceptions. C’est ainsi qu’ils ont atteint le terme de la durée d’enquête maximale autorisée sans notification du suspect. C’est ce qui explique la descente de l’équipe d’enquête qui a eu lieu le 28 février 2018, soit exactement trois mois après l’ouverture de l’enquête pénale portant sur le soussigné en sa qualité de suspect.
S’ensuivirent encore trois mois d’enquête pénale, ponctués de visites à répétition au Parquet Anticorruption.
Sur le fond, on m’accuse d’avoir demandé et obtenu « à des fins délictueuses » une somme d’argent « d’un montant particulièrement élevé », versée par un individu dont le but aurait été d’influencer une décision de justice en 2009. Je n’entrerai pas ici dans les détails, qui seront exposés lors des audiences du procès, dont j’espère qu’elles seront publiques. Mais j’affirme d’ores et déjà, sans aucun risque de péché contre la vérité, que ce dossier est cousu de fil blanc, et que l’intention qu’on y renifle est celle de faire taire un homme qui gêne le gouvernement actuel.
Vendredi dernier, 25 mai, j’ai été convoqué chez le procureur Mihail Ivanov, pour y contresigner une quatrième interdiction de quitter le territoire.
Aujourd’hui, le 31 mai, le procureur a terminé l’enquête et a présenté l’accusation. Dans quelques semaines la première audience du tribunal aura lieu.
Les faits qu’on me reproche auraient eu lieu en 2009, à une époque où j’avais déjà perdu mon mandat électif et toute fonction officielle, n’étant plus ni député, ni vice-premier ministre, mais un simple demandeur d’emploi sans aucune influence sur la marche de l’Etat. Le gouvernement était déjà dans les mains de ceux que j’avais sévèrement critiqués pour leur tentative de coup d’Etat du 7 avril 2009. Pourquoi cette plainte au pénal a-t-elle attendu 2017 pour remonter à la surface ? Pourquoi l’individu en question n’a-t-il pas cherché plutôt à ce que justice lui soit rendue ? Les points d’interrogation s’ajoutent aux points d’interrogation.
Je rappelle à tous ceux qui me lisent que j’ai été et reste un critique inflexible du régime actuel, que j’estime illégitime, abusif et dangereux pour nos intérêts nationaux. Il est de notoriété publique que notre pays se trouve en situation d’usurpation du pouvoir de l’Etat.
J’ai publié, et continue à publier en permanence des articles en roumain, en russe, en anglais et en français, dans notre presse comme dans la presse étrangère, contenant de dures critiques à l’encontre du gouvernement actuel. J’organise des émissions télévisées et publie sur Internet des podcasts qui ne plaisent pas au pouvoir actuel. J’ai publié et continue à publier des livres qui ne correspondent pas à l’idéologie officielle des milieux au sommet de l’Etat. J’ai été l’initiateur et l’organisateur principal du Forum de Chișinău, une plateforme de débat dotée d’une visibilité internationale, à laquelle participent des dizaines d’intellectuels venus de toutes les régions du continent. Je suis journaliste, éditeur et traducteur, et milite pour les valeurs du conservatisme, de la tradition et de l’orthodoxie. J’ai derrière moi une longue carrière politique. Je n’ai jamais cherché à éviter les confrontations publiques avec les grands du moment. Cette fois non plus, je n’ai aucune intention de renoncer à ma verticalité, et je ne vais pas abandonner mes convictions.
Je précise que pendant la période de l’enquête au cours de laquelle j’ai été soumis à interdiction de quitter le territoire, le procureur Mihail Ivanov m’a empêché de participer à un certain nombre de conférences internationales où j’aurais dû prendre la parole. Je pourrais donc en conclure que cette mesure a été prise dans le but de neutraliser le volet international de mon activité.
Si je devais, cependant, être condamné et incarcéré, je n’ai aucune intention de renoncer à mes convictions, ni de courber l’échine devant les potentats actuels, qui jubilent probablement en ce moment, à l’idée qu’ils se sont débarrassé d’un incommode de plus.
Ce que j’ai dit jusqu’à présent, je continuerai à le dire et à l’écrire en toutes circonstances. Réjouissez-vous, vous qui voulez ma perte et qui comptez mes jours ! Celui que vous détestez est conduit vers une exécution publique, vers l’humiliation, les sarcasmes et les huées de tous les valets et de tous les imposteurs. Mais veillez à ne pas vous réjouir trop tôt. Il y a loin de la coupe aux lèvres. Et rira bien qui rira le dernier.
Iurie Roșca,
Source : Flux

Lettre ouverte à Son Excellence,
le Président de la République de Moldova,
Monsieur Igor Dodon
Monsieur le Président,
Le Comité Jean Parvulesco, réunissant autour de l’œuvre philosophique, littéraire et politique de Jean Parvulesco, des intellectuels d’Europe occidentale et des anciens pays du bloc communiste, est profondément préoccupé par la persécution déchaînée contre le journaliste, traducteur et éditeur Iurie Rosca. Les accusations fondées sur une présomption de trafic d’influence portée par le Parquet, contre cet intellectuel de renom, semblent être inspirés par des raisons d’ordre essentiellement politique visant à la suppression d’une personnalité particulièrement incommode pour le gouvernement actuel.
Nous connaissons Iurie Rosca en tant qu’organisateur principal du Forum de Chisinau, une plate-forme qui réunit des penseurs, des géopolitologues, des économistes, des écrivains et des journalistes de toute l’Europe tant occidentale qu’orientale et même d’autres continents. Son activité au niveau international et ses interventions brillantes lors de conférences académiques l’ont distingué comme un digne représentant de son peuple et son prestige intellectuel est reconnu et apprécié dans toutes les grandes capitales européennes.
Pour cette raison, et par grand respect de sa valeur intellectuelle et morale, les représentants d’élite intellectuelle de différents pays expriment par cette lettre ouverte leur solidarité ferme et entière avec lui et demande avec insistance aux autorités moldaves du cesser toute persécution contre Iurie Rosca.
L’année dernière, notre forum a été honoré de votre présence comme invité d’honneur, et votre discours axé sur l’idée de l’indépendance économique de la Moldavie a été chaleureusement accueilli. Les délégués et les membres associées de notre comité vous respectent et vous apprécient en tant que vrai patriote et leader national.
Monsieur le Président, pour toutes ces raisons, nous vous demandons instamment d’intervenir auprès des autorités politiques et judiciaires de la Moldova pour qu’elles renoncent à la répression de notre ami Iurie Rosca. Votre autorité peut avoir une influence décisive dans cette affaire. Sans commettre d’ingérence dans la justice, vous avez le droit de demander aux autorités judiciaires de ne pas admettre des abus ou des illégalités, et se laisser guider uniquement par les principes de l’état de droit dans le respect de la légalité et de l’intégrité professionnelle.
Veuillez agréer votre Excellence nos salutations les plus distinguées.
Source : Flux
13:46 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : persécution politique, iurie rosca, moldavie, europe, affaires européennes, comité jean parvulesco |
|
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook

Géopolitique de la Belgique, géopolitique en Belgique
Par Robert Steuckers
Depuis de nombreuses années, j’ai consacré articles et causeries à la géopolitique, le plus souvent celle des points chauds de la planète, puisque ce sont évidemment ces thèmes-là qui intéressent le public, friand de découvrir des explications aux événements dramatiques qui animent la scène internationale.
En marge de ces conférences, dans des conversations privées avec des collègues ou des amis qui ne souhaitent pas fréquenter des cercles métapolitiques ou politisés, une question revient très souvent : qu’en est-il de la géopolitique en Belgique ? Qu’en est-il d’une pensée et d’une stratégie géopolitiques proprement belges, du moins si l’extrême petitesse du territoire permet d’en élaborer une sans susciter des sourires de commisération ?
Le travail du Prof. David Criekemans
Pendant longtemps, le thème d'une géopolitique proprement belge n’intéressait personne. Cette discipline, mixte de sciences concrètes comme la géologie, l’hydrographie ou l’économie politique et de spéculations stratégiques, a été la grande absente de l’espace universitaire et des débats (où l’on répétait stupidement les axiomes d’une géopolitique américaine, britannique ou française, dans tous les cas « occidentale »). Si les Français ont pu bénéficier d’ouvrages généraux majeurs et incontournables comme ceux d’Yves Lacoste, d’Ayméric Chauprade ou de Pascal Gauchon, les Belges, soit la population vivant sur le dernier lambeau de la Lotharingie historique non conquis par les héritiers de la Francie occidentale de Charles le Chauve, n’avaient pas un ouvrage majeur de référence à leur disposition. C’est chose faite, cependant, depuis la parution de l’énorme pavé dû à la plume du Professeur David Criekemans, intitulé Geopolitiek – « geografisch geweten » van de buitenlandse politiek ?, composé de trois parties :
A ces trois parties s’ajoutent deux longues annexes :
Le travail de Criekemans est gigantesque, est source d’informations incontournables, d’autant plus que ce professeur flamand maîtrise à coup sûr les six langues acceptées par l’Académie Royale de Belgique, soit le français, le néerlandais, l’allemand, l’anglais, l’italien et l’espagnol, modèle d’ouverture que j’ai essayé de concrétiser au sein de l’association « Synergies européennes » que j’animais avec Gilbert Sincyr et Robert Keil, tous deux décédés en 2014.
Tropisme anglo-saxon et spaakisme atlantiste
Depuis la seconde guerre mondiale, la Belgique officielle, réceptacle d’ignorance et d’opportunisme, est entièrement alignée sur le monde anglo-saxon. A Londres, contre l’avis du roi Léopold III, le gouvernement en exil Spaak/Pierlot envisage même l’annexion déguisée de la Belgique et du Congo à la couronne britannique ou, au moins, songe à une inféodation quasi complète qui ne garderait que les formes les plus superficielles de l’indépendance. Rien de cela n’arrivera mais l’adhésion précoce à l’OTAN, dont Spaak fut le premier secrétaire général, introduira le « suivisme » atlantiste dans la pratique des relations internationales. Ce suivisme sera contesté, en surface, par l’idée d’« Europe totale », lancée dans les années 1960 par le ministre Pierre Harmel. Le Professeur Rik Coolsaet, de l’université de Gand, dressera, il y a plus d’une vingtaine d’années, un bilan de toutes les tentatives de sortir de l’étau otanesque et « spaakiste ». En fait, seules les marges politiques, sans espoir d’asseoir ne fût-ce qu’une minorité parlementaire, ont élaboré des esquisses de politique étrangère intéressantes parce que non alignées sur les Etats-Unis : c’est pourquoi l’étude de leurs projets ou de leurs espoirs est plus intéressante à parfaire aujourd’hui, à l’heure où le leadership américain est contesté, au vu des désastres que le bellicisme atlantiste a provoqué en Afghanistan, en Irak, en Syrie, en Ukraine et dans les Balkans.
Cependant, le projet d’« Europe totale » du catholique Pierre Harmel, admiré par le socialiste alternatif Coolsaet, n’est possible que si tous les pays européens, à l’unisson, décidait, en un espace-temps très court, de suivre le même ordre du jour. Dans le contexte actuel, c’est évidemment impossible, l’idéal d’un Axe Paris-Berlin-Moscou, explicité en son temps par Henri de Grossouvre, n’ayant été qu’éphémère. Les dirigeants post-gaulliens que sont Sarközy, Hollande et Macron ne peuvent imaginer enclencher une audace innovante qui adhèrerait spontanément et très rapidement à l’idée harmélienne d’« Europe totale » (et à celle, tout aussi totale, d’un Jean Thiriart…). Cette absence de réalisme politique, métapolitique et géopolitique interdit de sortir de ce qu’il faut bien appeler une impasse, à l’heure où Washington appelle à une guerre contre la Russie de Poutine, à refouler toute présence chinoise en Mer de Chine du Sud et à un boycott général contre l’Iran, excellent client des industries européennes. Une impasse où nous ne pourrons connaître rien d’autre que le marasme et le déclin.
Venons-en maintenant à la géopolitique de la Belgique.
Avant-guerre, Jacques Crokaert, père de Monique Crokaert, épouse de Marc Eemans, avait écrit, pour l’éditeur Payot, un ouvrage remarqué sur la « Méditerranée américaine », soit les Caraïbes, sécurisées au bénéfice de Washington suite à l’éviction de l’Espagne hors de Cuba en 1898. Cet ouvrage de géopolitique important ne concernait pas l’espace réduit de la Belgique dans le Nord-Ouest européen. Pendant la seconde guerre mondiale, la collaboration germanophile opte évidemment pour une réorientation complète des stratégies en politique internationale. Le modèle centre-européen, préconisé par les Allemands, est alors interprété en Belgique comme un retour à Charles-Quint. Dans le chef des rexistes, autour de Léon Degrelle, s’ajoute, à ce tropisme germanisant (théorisé par Léon Van Huffel dès juin 1940), un universalisme camouflé, d’inspiration catholique et hispanisant où l’on cultivait sans doute l’espoir de « re-catholiciser » l’espace germanique, non pas en modifiant les cultes mais en absorbant les énergies allemandes pour un projet européen et global, né aux temps de la Grande Alliance entre les Habsbourgs/Bourgogne et les Aragonnais/Castillans. L’option pour le drapeau à Croix de Bourgogne (ou Croix de Saint André) symbolise ce choix absolument non allemand et non national-socialiste, à peine dissimulé.
Matière bourguignonne
Pendant la seconde guerre mondiale, nous avions donc un engouement néo-bourguignon, dont le théoricien premier n’était pas un rexiste mais un de leurs adversaires, en l’occurrence Luc Hommel, historien ardennais de la matière de Bourgogne et auteur d’un ouvrage sur la formation de la « Grande Alliance » hispano-bourguignonne. Hommel avait été le secrétaire du principal adversaire politique de Degrelle, le catholique technocratique Paul Van Zeeland.
En dehors de cet engouement « bourguignon » des rexistes, engouement vite abandonné par leurs adversaires qui ne voulaient plus être comparés à eux, il y avait une petite brochure, totalement oubliée et signée « J. Mercier » et intitulée « Géopolitique du Nord-Ouest ». Cette brochure, probablement tirée à compte d’auteur et non liée à une quelconque officine politique, collaborationniste ou non, est remarquable à plus d’un titre : en effet, elle ne développe pas une théorie géopolitique où l’espace belge ferait partie d’un plus vaste ensemble, comme le Saint-Empire ou la « Grande Alliance », mais prend acte de la réduction territoriale subie depuis le 17ième siècle, avec la perte des territoires qui forment aujourd’hui les départements français du Nord et du Pas-de-Calais, avec la disparition graduelle de l’espace lorrain contigu, arraché au Saint-Empire par lambeaux de François I à Louis XV, et, enfin, avec la perte du glacis franc-comtois, projection vers l’espace rhodanien et méditerranéen.
Le petit opuscule de J. Mercier
L’opuscule de Mercier définit l’espace belge actuel comme situé dans un « Nord-Ouest » englobant évidemment le Grand-Duché du Luxembourg, le cours de la Moselle, une partie de l’espace rhénan et les parties des Pays-Bas au sud des grandes rivières (Meuse, Rhin, Waal). C’est l’espace où se sont déroulées toutes les grandes batailles de l’histoire de ce « Nord-Ouest » depuis le haut moyen-âge et que les Anglais appellent la « fatal avenue ». Pour ce Mercier, demeuré inconnu, cet espace se subdivise en trois parties :

Mercier montre que l’ennemi principal, qui fut français pendant près d’un millénaire et fit de notre espace un espace exposé frontalement à ses coups réguliers, concentrera ses poussées vers le Nord en exploitant la « trouée de l’Oise » (die Oisepforte dans le langage des géopolitologues allemands), là où l’Oise prend sa source au sud de la petite ville de Chimay.

La fameuse bataille de Rocroy (Rocroi), dans la zone de la « trouée de l’Oise », illustre très bien cette volonté de prendre Bruxelles et Anvers : sous les ordres du vieux Colonel Fontaine (‘de la Fuente’ dans les sources en castillan), qui mourra au combat à 80 ans, les tercios espagnols se battront aux côtés de leurs homologues allemands, luxembourgeois, wallons, alsaciens, francs-comtois et croates pour barrer la route de Bruxelles aux troupes françaises. Ils seront vaincus mais l’ennemi, assez durement éprouvé, n’exploitera pas sa victoire car les Luxembourgeois du Colonel espagnol von Beck approchaient avec des troupes fraîches. Jourdan aura plus de chance en 1794 et sera vainqueur à Fleurus. Napoléon passe par la « trouée de l’Oise » lors de la campagne des Cent Jours. La leçon, tirée du choc de Rocroi (1643), amène le Vauban espagnol, Monterrey, à construire sur le territoire du petit village de Charmoy, la forteresse de Charleroi, appelée à défendre, sur la Sambre, le Brabant, cœur de l’espace scaldien. Il en fait bâtir une autre, à Bruxelles, face à la Porte de Hal, sur le territoire de la commune de Saint-Gilles, si prisée par les bobos français qui s’installent de nos jours dans la capitale belge. De cette forteresse de Monterrey, il ne reste d’autres souvenirs que le nom de deux rues : la rue du Fort et la rue des Fortifications.
Flandre poldérienne et « trouée de l’Oise »
A l’ouest de l’espace scaldien, s’étendant des rives orientales de l’Escaut aux rives occidentales de la Meuse, se trouve l’ancien comté de Flandre, qui s’était étendu vers le sud au haut moyen-âge, s’était détaché de la tutelle française au fil des siècles pour y échapper de jure suite à la bataille de Pavie, gagnée par les armées de Charles-Quint en 1525. Il a été le théâtre de combats entre protestants néerlandais et catholiques, sujets du roi d’Espagne, à Nieuport lors de la bataille des plages en 1600, où les tercios espagnols étaient majoritairement composés de Wallons et de Britanniques catholiques (Anglais et Irlandais), et les troupes hollandaises de Wallons et de Britanniques protestants (Anglais et Ecossais). Louis XVI annexa Nieuport et Furnes à l’ouest de l’Escaut pendant ses campagnes militaires contre les Pays-Bas espagnols mais dut rendre finalement ces villes aux Habsbourgs. En 1794, le Général révolutionnaire Moreau prend la ville de Nieuport aux Autrichiens et y fait massacrer tous les émigrés royalistes français qui s’y trouvaient. La basse Flandre poldérienne a donc également été un axe de pénétration pour les armées françaises. En 1600, l’objectif de l’archiduc Albert, commandant des troupes du roi d’Espagne, était de protéger Dunkerque, encore espagnole à l’époque, contre un envahisseur venu du Nord.

En 1690, le Duc de Luxembourg, commandant des armées françaises, pénètre, à son tour, par la « trouée de l’Oise et s’avance vers Fleurus où il livre victorieusement bataille au général zu Waldeck, commandant des troupes impériales et espagnoles : il ne prend pas Charleroi et ne peut exploiter sa victoire, pourtant retentissante. Les Impériaux et les Espagnols rameutent leurs troupes de réserve et les Brandebourgeois et les Liégeois compensent les pertes en mobilisant des troupes dans toute la région. En 1794, l’axe de pénétration des sans-culottes en Flandre poldérienne est un axe secondaire puisque c’est juste au-delà de la « trouée de l’Oise » que Jourdan emporte la décision finale et conquiert définitivement les Pays-Bas autrichiens, qui seront annexés à la République l’année suivante, en 1795, suite au Traité de Campoformio. Les révolutionnaires avaient pris Charleroi, assurant leur victoire qui, elle, sera bien exploitée. En 1815, Napoléon emporte une nouvelle victoire française à Fleurus/Ligny contre les Prussiens mais ne l’exploite pas, oublieux, peut-être, de la leçon de 1690 : des troupes fraiches attendaient aussi au-delà de la Meuse, où les Prussiens avaient une brigade intacte, qui allait épauler les trois autres brigades, étrillées durement à Ligny mais qui s’étaient regroupées et réorganisées, n’ayant pas été poursuivies. De plus, une armée russe était stationnée à Cologne et les Suédois campaient dans le Brabant septentrional. Cette négligence napoléonienne permit la victoire anglo-prussienne à Waterloo, le 18 juin 1815.
Fleurus, 1794
Ces attaques par la « trouée de l’Oise » visent à prendre le cœur de l’espace scaldien, situé autour de Bruxelles et de Malines, et à s’emparer d’Anvers, port de guerre potentiel au fond de l’estuaire de l’Escaut. La victoire de Jourdan en 1794 amène les Britanniques à rejeter toute alliance avec la France révolutionnaire puis bonapartiste, tant que celle-ci se trouve à Anvers et libère le port du blocus imposé par les Pays-Bas protestants. La victoire française de Fleurus est à l’origine de la détermination des Anglais qui finiront par l’emporter à Waterloo, onze ans plus tard. Les manœuvres par la « trouée de l’Oise » sont aussi des manœuvres dans l’Entre-Sambre-et-Meuse, glacis devant le cœur de l’espace scaldien et face à la vallée mosane. Toute conquête de l’Entre-Sambre-et-Meuse permet d’anticiper la conquête de tout l’espace scaldien et d’arriver dans la vallée mosane.
La portion du cours de la Meuse, qui appartint jadis aux Pays-Bas espagnols puis autrichiens et qui est sous souveraineté belge aujourd’hui, part de Givet (actuellement ville française) pour arriver à Dinant, Namur, Huy, Liège et Maastricht, autant de villes dotées de forteresses destinées à empêcher toute pénétration française en direction de Cologne et des plaines westphaliennes. A l’est du fleuve se trouve le massif ardennais, jugé difficilement pénétrable jusqu’en 1914 et même jusqu’en 1940. L’espace transmosan, exclusivement wallon, alors que l’espace scaldien est bilingue roman/germanique, a généralement été contourné par les envahisseurs du sud qui préféraient l’axe mosan à l’ouest du massif ardennais et l’axe mosellan à l’est de celui-ci, dont la continuation géologique en Allemagne s’appelle l’Eifel.
Raisonner en termes hydrographiques et hydropolitiques
Comprendre la géopolitique de l’espace belge implique de raisonner en termes hydrographiques et hydropolitiques. L’Oise, l’Escaut, la Sambre, la Meuse et la Moselle sont des axes fluviaux et stratégiques dont il faut impérativement saisir l’importance pour comprendre les dynamiques historiques qui ont tout à la fois façonné et disloqué le territoire aujourd’hui belge. L’Oise avait été, à l’aurore de l’histoire française, l’axe de pénétration pacifique des tribus franques/germaniques vers le bassin parisien. On nous donnait à méditer un chromo avec de grands guerriers débonnaires, barbus, qui accompagnait leurs riantes marmailles et leurs plantureuses épouses à tresses, paisiblement assises sur des chars à bœufs tandis que chevaux et bétail buvaient l’eau de l’Oise. Ils allaient, nous disait-on, régénérer un pays ravagé par l’effondrement de l’empire romain et en proie à une population autochtone et bigarrée (les bagaudes) retournée à une anarchie féroce et improductive, que Jean-François Kahn fait mine de prendre pour une panacée. Elle deviendra, après bien des vicissitudes historiques et a contrario, la voie de pénétration des armées françaises vers l’axe mosan et l’espace scaldien, d’où les Francs étaient venus.
L’Escaut, curieusement, n’a guère été, sur ses rives et dans les environs immédiats de son cours, le théâtre de batailles aussi mémorables que celles de Rocroi, Fleurus ou Ligny, à l’exception peut-être de celle d’Audenarde (Oudenaarde), convoitée par les Français à plusieurs reprises au 17ième siècle, sous Louis XIV. En 1708, la coalition regroupant Autrichiens, Impériaux et Anglais, sous la conduite du Prince Eugène de Savoie-Carignan, du Duc de Marlborough (le «Malbrouck » de la chanson) et d’Henri de Nassau battent les troupes du Duc de Vendôme qui avaient fait de cette place flamande un redoutable bastion français.
La Meuse, axe de pénétration français en direction de la capitale symbolique du Saint-Empire, Aix-la-Chapelle, a été fortifiée en tous ses points, à Givet, où un régiment de zouaves est stationné aujourd’hui, à Dinant, Namur, Huy, Liège et Maastricht. Les Prussiens surtout entendaient sécuriser cet axe mosan pour tenir les Français éloignés du Rhin. Les Hollandais refuseront, avec l’appui prussien et russe, de rétrocéder à la nouvelle Belgique, la place de Maastricht (Mosae trajectum en latin, soit « le passage au-dessus de la Meuse », à une grosse vingtaine de kilomètres d’Aix-la-Chapelle). Sur un plan diplomatique, les Français, au 17ième siècle, chercheront à s’assurer de la neutralité des Princes-Evêques de Liège, maîtres de toute la vallée mosane qui, elle, rappelons-le, n’appartenait pas aux Pays-Bas espagnols puis autrichiens, contrairement à l’espace scaldien et aux Ardennes luxembourgeoises.
L’axe mosellan
La Moselle, formant une partie importante des frontières de l’ancien duché impérial du Luxembourg, est l’axe de pénétration français en direction du Palatinat et de la ville rhénane de Coblence, au confluent de cette rivière avec le Rhin. L’axe stratégique mosellan donne à la forteresse de la ville de Luxembourg une importance stratégique majeure, disputée depuis 1815, où les Prussiens ne voulaient pas la laisser aux mains des Français, les Hollandais aux mains des Belges après 1830, les Belges à la portée des Français immédiatement après la première guerre mondiale. L’importance de cet axe est notamment souligné dans un pamphlet signé par l’Abbé Norbert Wallez, le mentor d’Hergé : il ne fallait pas laisser à la République, qui voulait détacher la Rhénanie du Reich et autonomiser une république fantoche de Rhénanie, l’occasion d’occuper indirectement la vallée de la Moselle.
Enfin, pour trouver des positions géopolitiques et géostratégiques directement liées à l’espace aujourd’hui belge, nous devons nous référer à un ouvrage absolument fondamental, toujours exploité par les puissances thalassocratiques anglo-saxonnes de nos jours : celui d’Homer Lea, intitulé The Day of the Saxons. Cet ouvrage de 1912, réédité immédiatement après l’entrée des troupes soviétiques en Afghanistan en 1979 et pourvu d’une remarquable préface du stratégiste suisse Jean-Jacques Langendorf, explique, à la suite de Halford John Mackinder, comment sécuriser les « rimlands » persan et indien contre les poussées russes dans le cadre du fameux « Great Game ». C’est là l’essentiel du livre mais rien n’a pris une ride : Lea préconise une politique de fermeté extrême voire prévoit un casus belli si l’influence russe dépasse la ligne Téhéran-Kaboul. En 1979, Brejnev a franchi délibérément cette ligne. La guerre afghane et toutes les guerres connexes dans l’espace entre Méditerranée et Indus sont le résultat d’un refus américain et britannique de voir s’étendre une influence russe ou soviétique au-delà de la ligne Téhéran-Kaboul.
Lea et la géopolitique anglaise en Mer du Nord
Mais Lea développe également une géostratégie visant à protéger les abords de la métropole anglaise. Les craintes anglaises ne remontent pas tellement à l’aventure tragique de la Grande Armada espagnole, battue par la marine et les pirates d’Elizabeth I. Elles se justifient plutôt par le souvenir cuisant des expéditions de l’Amiral hollandais De Ruyter au 17ième siècle. Les vaisseaux de De Ruyter mettaient une nuit à franchir la Mer du Nord depuis le « Hoek van Holland », à pénétrer dans l’estuaire de la Tamise et à incendier Londres. Il faut dès lors sécuriser les côtes et l’arrière-pays qui fait face aux Iles Britanniques. Ceux-ci doivent avoir une politique étrangère neutre et bienveillante à l’égard de l’Angleterre et ne jamais tomber aux mains d’une puissance disposant d’un hinterland de grandes dimensions, comme la France ou l’Allemagne réunifiée sous la férule de Bismarck. Lea a donc énoncé les règles qui ont justifié l’intervention immédiate des Britanniques aux côtés des Français dès que l’Allemagne de Guillaume II a fait valoir son « droit historique » à sécuriser la vallée de la Meuse et à l’interdire aux Français. Parce que les Allemands, en août 1914, pour faire face aux armées de la IIIème République, devaient non seulement sécuriser les axes mosan et mosellan, ce dont pouvait s’accommoder les Anglais, mais simultanément occuper tout l’espace scaldien et la côte de la Flandre poldérienne. L’Allemagne aurait alors disposé d’une façade maritime en Mer du Nord, ce qu’elle consolidera en effet pendant la première guerre mondiale : les ports de Zeebrugge et d’Ostende ont été développés par les ingénieurs de la Kriegsmarine, ont été sortis de l’insignifiance où ils avaient été plongés depuis plusieurs siècles. Les Allemands pouvaient dès lors rééditer les exploits de l’Amiral De Ruyter. L’historien flamand Ryheul, spécialiste de cette politique allemande pendant la première guerre mondiale et auteur d’un ouvrage de référence sur le « Marinekorps Flandern », montre comment le Canal maritime de Bruges grouillait de sous-marins sans protection antiaérienne à une époque où l’aviation militaire en était encore à ses premiers balbutiements : les Britanniques couleront un vieux navire en face de ce canal afin de barrer la route aux redoutables sous-marins du Kaiser.
Pour les Allemands, l’espace scaldien et la zone transmosane sont donc des tremplins pour arriver à Paris. Comme le firent les Francs à l’aurore de l’histoire de France. L’histoire prouve toutefois que l’espace change de qualité et de dimensions entre l’ancienne frontière méridionale des Pays-Bas espagnols et le bassin parisien. L’espace s’y étire, l’habitat s’y raréfie, rendant la logistique plus compliquée voire ingérable avec un charroi précaire et exclusivement hippomobile. Les armées de Philippe II d’Espagne, commandées par le Comte d’Egmont et par Emmanuel-Philibert de Savoie, ne dépasseront pas Saint-Quentin malgré leur belle victoire. Les lansquenets de Götz von Berlichingen s’arrêteront à Saint-Dizier en Haute-Marne. En 1914, les troupes du Kaiser arriveront jusqu’à la Marne mais ne pourront pousser plus loin.
Le destin géopolitique de tous les Européens est désormais lié !
Pour vaincre l’espace entre les Flandres et le Bassin parisien, il faut un élément motorisé et suffisamment de pétrole. Gallieni parvient à sauver Paris en mobilisant les taxis de la capitale qui amèneront les renforts nécessaires. Pétain introduit une logistique motorisée sur la Voie Sacrée qui mène à Verdun. Fort des pétroles livrés par les Soviétiques de Staline, Hitler franchit allègrement l’espace que les armées du Kaiser n’avaient pas pu franchir. La mise en place de l’alimentation en carburant ralentit pendant plusieurs semaines la progression des Alliés anglo-américains vers le Nord, après le débarquement du 6 juin 1944 dans le Calvados. Les Allemands, malgré leurs carences en pétrole, peuvent gagner encore la bataille d’Arnhem en octobre 1944 parce que la logistique alliée reste encore lente. L’Europe, après la seconde guerre mondiale, est devenue un petit espace stratégique gérable : elle nous apprend que le destin géopolitique de tous les Européens est désormais indissolublement lié. La Mitteleuropa est accessible facilement depuis tous les littoraux de la péninsule eurasienne qu’est la Vieille Europe. On prend Hambourg au départ des plages normandes, Stuttgart à partir d’un débarquement réalisé en Provence, Berlin ou Vienne suite à une victoire à Koursk dans l’espace steppique russe.
Il reste sans doute beaucoup à écrire sur tous les aspects que j’ai évoqués dans cette modeste réponse aux questions qui me sont habituellement posées lors d’agapes entre amis ou de débats avec des collègues historiens. Certains sont férus de géopolitique, d’autres sont des historiens éminents, tantôt spécialistes de la diplomatie belge suite à des lectures sur Harmel ou émanant de la plume du Prof. Coolsaet, de l’histoire de la neutralité belge entre le Traité de Londres de 1839 et l’invasion allemande d’août 1914, de la Flamenpolitik des Allemands pendant la première guerre mondiale, des relations belgo-russes au fil de l’histoire, de la Principauté de Liège aux 17ième et 18ième siècles, de la gestion des Pays-Bas méridionaux sous les règnes de Marie-Thérèse et de Joseph II, etc.
Pluriversum et grands espaces
Je pense notamment à une analyse des travaux de Drion du Chapois, qui dirigea jadis le journal Le Rappel à Charleroi, où oeuvrait aussi Pol Vandromme. Ses travaux sur la « mission européenne des Belges » sont remarquables et expliquent pourquoi le « petit nationalisme » ne fait guère recette chez les esprits lucides de nos régions, où l’on préfère alors le repli sur le vernaculaire flamand ou wallon ou l’engouement pour l’Europe, dans une perspective rupturaliste dans les cénacles nationaux-révolutionnaires (héritiers du militantisme de « Jeune Europe ») ou, chez les alignés par opportunisme ou par souci d’œuvrer dans un cadre institutionnel établi, dans une perspective européiste mais eurocratique donc a-historique et purement technocratique. Au-delà, il y a les universalistes qui émettent de lassants vœux pieux et imaginent un « universum » homogénéisable, alors que le monde restera toujours un « pluriversum » de variétés et de bigarrures. Si l’on veut dépasser le vernaculaire ou les nationalismes trop étroits, il faut penser, avec Carl Schmitt, en termes de « grands espaces », de Grossräume.
Robert Steuckers,
Forest-Flotzenberg, juin 2018.
18:55 Publié dans Belgicana, Géopolitique, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : belgique, escaut, meuse, moselle, oise, trouée de l'oise, géopolitique, histoire, belgicana, robert steuckers |
|
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook

Presseschau
Juni 2018
AUßENPOLITISCHES
Größte Summe seit Kaltem Krieg
Staaten investieren massiv in Aufrüstung
https://www.t-online.de/nachrichten/ausland/international...
Warum wir alles verlieren werden – Banken-Insider verrät die Gründe // Mission Money
https://www.youtube.com/watch?v=zXPEPzg3eSg&feature=y...
„Epochale Krise ungefähr 2020“ (JF-TV-Interview mit Markus Krall)
https://www.youtube.com/watch?v=GjofVO7aqK8
EU-Haushalt
Die Spaltung vertiefen
von Andreas Unterberger
https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/die-spalt...
Bundesregierung will neue Prozenthürde bei EU-Wahl
https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/bundesr...
Italien: Angstregierung für Berlin und Brüssel wird Wirklichkeit
https://www.heise.de/tp/features/Italien-Angstregierung-f...
Europa in der Krise
Der sechste Schlag gegen die Fundamente der EU könnte tödlich sein
https://www.welt.de/debatte/kommentare/article176357927/E...
Gegen Italiens Erpressermethode ist Europa machtlos
https://www.welt.de/wirtschaft/article176360010/Italien-N...
250 Milliarden Euro
Italien schockiert mit Forderung nach Schuldenerlass
https://www.welt.de/finanzen/geldanlage/article176416762/...
Italien läutet das Ende des Euro ein
http://www.manager-magazin.de/politik/weltwirtschaft/ital...
Massive Steuersenkungen, verkappte Parallelwährung
Unbezahlbarer Wunschzettel: Italien kann uns in die nächste Euro-Krise stürzen
https://www.focus.de/finanzen/boerse/unbezahlbarer-wunsch...
Staatspräsident verhindert neue Regierung
Mattarella stürzt Italien ins Chaos
von Marco F. Gallina
https://jungefreiheit.de/allgemein/2018/mattarella-stuerz...
Spanien
Separatistengruppe ETA gibt Auflösung bekannt
https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2018/separatiste...
Täter war Tschetschene
IS bekennt sich zu Terroranschlag in Paris
https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2018/is-bekennt-...
Islamischer Terror
Die Gebete sind verstummt
https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/die-gebet...
(Stimmungsbild in Irland und Großbritannien)
Sonntagsheld (62) – #FreeTommy!
https://sezession.de/58593/sonntagsheld-62-freetommy
Gekündigtes Iran-Abkommen
Ein unerträglicher Affront
von Bruno Bandulet
https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/ein-unert...
Hyperinflation in Venezuela
Sozialismus ohne Bargeld
http://www.spiegel.de/wirtschaft/soziales/venezuela-und-d...
Tourismus-Werbung
Entwicklungshilfeempfänger Ruanda sponsert FC Arsenal
https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2018/entwicklung...

INNENPOLITISCHES / GESELLSCHAFT / VERGANGENHEITSPOLITIK
Betriebsrenten
Jede dritte Pensionskasse in Schwierigkeiten
https://www.stuttgarter-nachrichten.de/inhalt.betriebsren...
Kriminalität
Das Dunkelfeld expandiert
von Michael Paulwitz
https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/das-dunke...
Bundeswehr
Zeitgeistselige Mätzchen
von Matthias Bäkermann
https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/zeitgeist...
„Neues Hambacher Fest“
Wo die schweigende Mehrheit „Bravo“ in die Menge brüllt
https://www.welt.de/politik/deutschland/article176099912/...
Spenden von Daimler: AfD und Linke gehen leer aus
https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/spenden...
Schleswig-Holstein
Kommunalwahl: Starke Verluste für SPD und CDU
https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/kommuna...
Gesetzesentwurf
Sachsens Grüne fordern Wahlrecht für Nicht-EU-Ausländer
https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/sachsen...
(Wichtigtuerei bzw. der nächste Sturm im Wasserglas)
Gerechtigkeit
"Das ist übelster Alltagsrassismus": FDP-Mitglied tritt nach Lindners Parteitag-Rede aus
http://www.bento.de/politik/christian-lindner-und-der-all...
Wegen CSU-Attacke gegen AfD
Steinbach gibt Bayerischen Verdienstorden zurück
https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/steinba...
(Zur Rede von Alice Weidel im Bundestag)
Das Knirschen wird lauter
von Jörg Kürschner
https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/das-knirs...
AfD-Großdemonstration in Berlin
Tausende fordern: Merkel muß weg!
https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/tausend...
Tausende gegen AfD-Demonstration - mit Techno und auf Booten
https://www.gmx.net/magazine/politik/tausende-afd-demonst...
(Bizarre Wirklichkeitsverdrehung)
Interview
CDU-Generalsekretärin nennt AfD „Bedrohung für jüdisches Leben“
https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/cdu-gen...
Ruhrgebiet
Erhöhte Sicherheitsauflagen: Fronleichnamsprozession abgesagt
https://jungefreiheit.de/kultur/gesellschaft/2018/erhoeht...
„Lampe des Friedens“ für Angela Merkel
Im Elfenbeinturm brennt noch Licht
von Boris T. Kaiser
https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/im-elfenb...
Der Vater des Wirtschaftswunders im Mittelpunkt
Mit viel politischer Prominenz wurde das Ludwig-Erhard-Zentrum in Fürth offiziell eingeweiht. Das Ausstellungs-, Begegnungs- und Forschungszentrum steht in der Tradition des ersten Bundeswirtschaftsministers und Vaters der Sozialen Marktwirtschaft.
https://www.bayernkurier.de/inland/33092-der-vater-des-wi...

LINKE / KAMPF GEGEN RECHTS / ANTIFASCHISMUS / RECHTE
Neue Rechte: Bis in den letzten, rechten Winkel
Die AfD steht im Zentrum eines Netzwerks neurechter Denkfabriken, Medien und Spender. Sie alle kämpfen gegen die offene Gesellschaft. Eine Deutschlandkarte
https://www.zeit.de/politik/deutschland/2018-05/neue-rech...
(Subtile Medien-Konditionierung mit negativen Klischeebildern)
"Kampf gegen Rechts" im Öffentlich-Rechtlichen
Plumpe ARD-Propaganda: „Betreuter Tatort“ mit Öko-Nazis
http://www.pi-news.net/2018/05/plumpe-ard-propaganda-betr...
(Ulla Jelpke verteidigt mal wieder ihre Schützlinge…)
Bei staatlicher Förderung
Verfassungsschutz überprüft Anti-Rechts-Projekte
https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/verfass...
Legale Waffen
Grüne fordern Entwaffnung von Rechtsextremen
https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/gruene-...
Robert Habeck
„Es gibt kein Volk“: AfD empört über Äußerung von Grünen-Chef
https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/es-gibt...
Grünen-Chef Habeck und das Volk
Zorniger Ausdruck staatsbürgerlicher Emanzipation
von Thorsten Hinz
https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/zorniger-...
Explosion bei Bombenentschärfung
Ditfurth sorgt mit Haß-Tweet gegen Dresden für Empörung
https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/ditfurt...
„Wir können nicht alle bei uns aufnehmen“
Streit um Flüchtlingspolitik: Juso-Chef kritsiert Nahles
https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/streit-...
(Zu Identitären)
Klimawandel auf der Straße
Die APO ist jetzt rechts
von Kurt Zach
https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/die-apo...
Bonn
Identitäre Aktivistin aus Uni Veranstaltung geworfen #speakup
https://www.youtube.com/watch?v=6SyO0tgN_ZQ
„Aufruf zur Denunziation“
Lehrerverband kritisiert geplante Meldeplattform für Anti-AfD-Äußerungen
https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/lehrerv...
AfD-Chef beleidigt und bedrängt
Verrohtes Land
von Michael Paulwitz
https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/verrohtes...
Pokal-Party in Frankfurt: AfD-Vorsitzender Gauland „erfolgreich aus Altstadt vertrieben“
http://www.faz.net/aktuell/rhein-main/afd-vorsitzender-ga...
Grüne Menschenjagd in Deutschland
Von Vera Lengsfeld
https://vera-lengsfeld.de/2018/05/27/gruene-menschenjagd-...
("Autonome" Zentren)
AfD-Anfrage
Schaltstellen der linksextremen Szene
https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/schalts...
Linksextremismus
„Rote Flora“: SPD und Grüne verteidigen Kuschelkurs
https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/rote-fl...
Linksradikalismus
Immer mehr unangemeldete Demonstrationen in Berlin
https://jungefreiheit.de/politik/2018/immer-mehr-unangeme...
("Antirassistische" Grabenkämpfe in der Linkspartei)
Oskar Lafontaine: „Man kann nicht Parteifreunde als AfD-nah beschimpfen“
https://www.welt.de/politik/deutschland/article176479885/...
(Freie, offene Gesellschaft…)
Wegen AStA-Beschwerde
Uni Köln verbietet Bauarbeitern „Thor Steinar“-Kleidung
https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/uni-koe...
Essen - 1.Mail-Demo -Verhaftung von Guido Reil
https://www.youtube.com/watch?v=_I7G2e6PAO0
Lehrer wegen umstrittener Internetvideos fristlos gekündigt
https://www.gmx.net/magazine/panorama/lehrer-umstrittener...
Österreich
Anklage gegen zehn führende Vertreter der „Identitären“
https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2018/anklage-geg...
(Unterstützerseite fordert Freiheit für die inhaftierte Ursula Haverbeck)
https://freiheit-fuer-ursula.de/wir-fordern-freiheit/
Martin Sellner
Wie man uns ruinieren will & das "Robin Hood Prinzip"
https://www.youtube.com/watch?v=9oIvFtLSBVU
Linke Gewalt
Vermummte bedrohen Familie eines Polizisten
https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/vermumm...
Berlin
AfD-Kundgebung: Polizei erwartet gewaltbereite Gegendemonstranten
https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/afd-kun...
(Zur Berliner AfD-Kundgebung)
Linker Haß und bunter Wahnsinn (JF-TV Reportage)
https://www.youtube.com/watch?v=mA8AjAbZSmg
Twitter-Stellungnahme
Berliner AfD erwägt rechtliche Schritte gegen Bürgermeister Müller
https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/berline...
Bundesparteitag in Augsburg
Mit Brandsätzen und Nagelbrettern gegen die AfD
https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/mit-bra...
Thüringer Bundestagsabgeordneter
Lockere Radmuttern: Polizei prüft möglichen Anschlag auf AfD-Politiker
https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/lockere...
Grünen-Politiker ruft nach Verfassungsschutz gegen PI News
https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/gruenen...

EINWANDERUNG / MULTIKULTURELLE GESELLSCHAFT
Grenzöffnung
Pech für uns
von Thorsten Hinz
https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/pech-fuer...
New Yorker Erklärung: Unbegrenzte Zuwanderung wird verankert
https://www.journalistenwatch.com/2018/05/22/new-yorker-e...
Migration und UNO Agenda
Martina Böswald AfD "Meine Damen und Herren kämpfen sie gegen diesen Globalen Pakt"
https://www.youtube.com/watch?v=iYdJwQjuQds
Wofür stehen Gündogan und Özil?
http://www.faz.net/aktuell/sport/fussball-wm/deutsches-te...
Weidel: Gündogan und Özil sollen für Türkei spielen
https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/weidel-...
(Zu Gündogan und Özil…)
Treffen mit Erdogan
Vom Mißbrauch befreit
von Thorsten Hinz
https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/vom-missb...
Debatte um Özil und Gündogan : Höflich zu Erdogan
http://www.faz.net/aktuell/politik/berthold-kohler-zu-oez...
Nationalspieler huldigt Gemälde von Mehmet II. in seiner Londoner Villa
Özil verehrt Christenschlächter und brutalen Eroberer Konstantinopels
http://www.pi-news.net/2018/05/oezil-verehrt-christenschl...
(SPD-Stadtrat…)
Stadtrat beleidigt Mesut Özil und Ilkay Gündogan heftig - und entschuldigt sich
https://www.gmx.net/magazine/politik/stadtrat-beleidigt-o...
Islam-Schwärmerei
Ramadan-Mania
https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/ramadan-m...
(Verbreitung von Geschichtsmythen ohne Nachweis…)
Beginn des Fastenmonats Ramadan – ein alter deutscher Brauch
Von Eren Güvercin
http://www.deutschlandfunkkultur.de/beginn-des-fastenmona...
Erlaß der Staatsregierung
Thüringen: Ausländische Opfer rechter Gewalt erhalten Bleiberecht
https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/thuerin...
Bayern
Geplante Abschiebung scheitert am Mutterschutz
https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/geplant...
Flüchtlingskrise: Bund gibt fast 21 Milliarden Euro aus
https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/fluecht...
Kosten für Flüchtlinge
Hamburg gibt 800 Millionen Euro für Asylbewerber aus
https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/hamburg...
Niedersachsen
Tatverdächtiger Guineer: 120.000 Euro Kosten für Unterbringung
https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/tatverd...
100 Euro für „Fünf-Minuten-Attest“
Asylskandal: Ärzte, Dolmetscher und Vermittler geraten ins Visier
https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/asylska...
Chefsache Flüchtlingspolitik
Der Bamf-Skandal ist auch Merkels Skandal
https://www.n-tv.de/politik/politik_kommentare/Der-Bamf-S...
Asyl
Linke gegen Untersuchungsausschuß zum BAMF-Skandal
https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/linke-g...
Asyl-Mißbrauch
Der Merkel-Skandal
von Michael Paulwitz
https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/der-merke...
Nigerianer
Berliner Ausländerbehörde soll jahrelangen Asylbetrug zugelassen haben
https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/berline...
Ellwangen
Afrikaner-Mob verhindert Abschiebung
https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/afrikan...
Ellwangen
Polizei fasst gesuchten Togoer – Flüchtlinge springen aus dem Fenster
https://www.welt.de/politik/deutschland/article176012361/...
Ellwangen: Eine katastrophale Kapitulation des Rechtsstaats
https://philosophia-perennis.com/2018/05/02/ellwangen-rec...
Ellwangen und der staatlich gewollte Rechtsbruch…
https://www.godmode-trader.de/artikel/ellwangen-und-der-s...
Asylbewerber-Randale in Ellwangen
Weidel: Wer Polizisten angreift, hat sein Gastrecht verwirkt
https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/weidel-...
Bundespolizei muss Togoer aus Ellwangen wieder einreisen lassen
https://www.gmx.net/magazine/politik/bundespolizei-togoer...
Togoer von Ellwangen
Der Staat gerät zur Lachnummer
https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/der-staat...
Nach gescheiterter Verfassungsbeschwerde
Togolese von Ellwangen abgeschoben
https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/togoles...
https://www.welt.de/politik/deutschland/article176366280/...
Donauwörth
30 Festnahmen nach Großeinsatz in Donauwörth
https://www.augsburger-allgemeine.de/donauwoerth/Widersta...
Erstes Quartal 2018
Fast jede zweite Abschiebung wird abgebrochen
https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/fast-je...
Ungewöhnlicher Polizeieinsatz
Zwölf Schafe im Volkspark Friedrichshain gegrillt
https://www.bz-berlin.de/berlin/friedrichshain-kreuzberg/...
Jüterbog
Bürgermeister sammelt Spenden für Opfer von nacktem Asylbewerber
https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/buerger...
Sachbeschädigung
Wollte der Kirchen-Randalierer von Bamberg Antiquitäten zu Geld machen?
Die Bamberger Staatsanwaltschaft sieht einen möglichen Zusammenhang zwischen der Sachbeschädigung in Kirchen und Diebstählen.
https://www.infranken.de/regional/bamberg/wollte-der-kirc...
Hamburg
Nordafrikaner überfallen Frau mit Kinderwagen
https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/nordafr...
Dresden und Rathenow: Straßenkämpfe zwischen Einheimischen und Flüchtlingen + Videos
Heftige Szenen zeigen Videofilme aus Dresden und Rathenow, die an Christi Himmelfahrt aufgenommen wurden. Sind hier Ausnahme-Szenen zu sehen oder wird eine neue Realität in Deutschland zum Normalfall?
https://www.epochtimes.de/politik/deutschland/dresden-und...
Streit auf Luisenplatz eskaliert
Schlägerei und Messerstiche in Darmstadt - mehrere Verletzte
https://www.hessenschau.de/panorama/schlaegerei-und-messe...
Sachsen
Flüchtlings-Mob greift Polizisten in Asylunterkunft an
https://jungefreiheit.de/kultur/gesellschaft/2018/fluecht...
Berlin
Vorbestrafter, illegaler Asylbewerber soll Rentnerin getötet haben
https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/vorbest...
Flensburg
Von Polizei erschossen
Bahn-Messerstecher war Flüchtling
https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/bahn-me...

KULTUR / UMWELT / ZEITGEIST / SONSTIGES
Heimat bauen. Für eine menschliche Architektur
https://clauswolfschlag.wordpress.com/2018/05/11/heimat-b...
Trüby, Oswalt, Sauerbrei und Arch+ – eine weitere Antwort zur modernistischen Seilschaft
https://clauswolfschlag.wordpress.com/2018/05/11/trueby-o...
(Zur neuen Frankfurter Altstadt)
Alt statt neu - dem Wahren Schönen Guten! (JF-TV Dokumentation)
https://www.youtube.com/watch?v=lIlLF3yX5ak
Trier: Umstrittene Karl-Marx-Statue enthüllt
https://www.zeit.de/gesellschaft/zeitgeschehen/2018-05/tr...
(Dazu…)
Marx - antisemitisch, rassistisch und herzlos
http://www.achgut.com/artikel/marx_antisemitisch_rassisti...
Das Museum als volkspädagogische Anstalt
https://sezession.de/58618/das-museum-als-volkspaedagogis...
(Bundesdeutsche Medien-Realität)
Nach Interview mit AfD-Politiker
RT kritisiert MDR-Studioboykott
https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2018/rt-kritisie...
(Bezahlter TV-Hofnarr)
EZ-finanzierter linker Hass und Bürgerverfolgung
Jan Böhmermann säubert das Internet von „Rechten“
http://www.pi-news.net/2018/05/jan-boehmermann-saeubert-d...
Kritik wird nicht geäußert
NDR: Hauen und Stechen um die Posten im Verwaltungsrat
https://jungefreiheit.de/kultur/medien/2018/ndr-hauen-und...
Facebook-Urteil
Ein Sieg für die Meinungsfreiheit
https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/ein-sieg-...
Wikipedia unterschlägt bewusst Informationen
http://unser-mitteleuropa.com/2018/05/30/wikipedia-unters...
The Cleaners
Die Netzputzer von Manila
von Sebastian Hennig
https://jungefreiheit.de/kultur/2018/die-netzputzer-von-m...
Anne Will zum Bamf-Skandal
Viele gute Gäste und „Herr Gauland“
von Boris T. Kaiser
https://jungefreiheit.de/kultur/medien/2018/viele-gute-ga...
„Support Gay Marriage“
Homo-Kuchen abgelehnt: Bäcker landet vor oberstem Gericht
https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2018/homo-kuchen...
Niederlande Cowboy- und Indianerspiel ist nicht strafbar
In den Niederlanden sind Ermittlungen gegen ein Veranstaltungszentrum eingestellt worden. Dieses hatte Kinder zu einem Cowboy- und Indianerfest eingeladen - und wurde deshalb wegen Rassismus angezeigt.
http://www.spiegel.de/panorama/gesellschaft/niederlande-c...
SPD-Initiative
Münchner Stadtrat entscheidet über gendergerechte Spielplätze
https://jungefreiheit.de/kultur/2018/muenchner-stadtrat-e...
(Unterstützer der #MeToo-Bewegung wird Opfer der eigenen Hysterie)
Nach Vorwürfen der Misshandlung
New Yorks Attorney General tritt zurück
Er soll seine Partnerinnen geschlagen, gewürgt und bedroht haben: Vier Frauen haben schwere Vorwürfe gegen den Generalstaatsanwalt für den Staat New York erhoben. Nun kündigt Eric Schneiderman seinen Rücktritt an.
http://www.spiegel.de/panorama/justiz/eric-schneiderman-n...
Protest gegen AfD-Politikerin Weidel
Bischof distanziert sich von Kopftuch-Pfarrer
https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/bischof...
Michael Ley/Martin Lichtmesz: Nationalmasochismus
https://sezession.de/58326/michael-ley-martin-lichtmesz-n...
Nachtgedanken (3): Anwendungsvorrang
Von Götz Kubitschek
https://sezession.de/58589/nachtgedanken-3-anwendungsvorr...
(Zum deutschen Stumpfsinn…)
Was für ein Hurensohn muß man eigentlich sein?
https://sezession.de/57440/was-fur-ein-hurensohn-muss-man...
(Vor allem scheint er sich über 100 AfD-"Neonazis" zu erregen… Beginnende Altersdebilität?)
Karl Lagerfeld "hasst" Angela Merkel - Kritik an Flüchtlingspolitik der Kanzlerin
https://www.gmx.net/magazine/politik/karl-lagerfeld-hasst...
("Wiener Festwochen" als Teil des pubertären Kunstbetriebs)
Souverän ist, wer die eigene Souveränität untergraben läßt
https://sezession.de/58550/souveraen-ist-wer-die-eigene-s...
Kapitaldelikte (5): Wirtschaft oder Politik?
https://sezession.de/58528/kapitaldelikte-5-wirtschaft-od...
Ramadan als Wehrübung
https://sezession.de/58523/ramadan-als-wehruebung
Fiume kommt wieder
Unzusammenhängende Gedanken am Rande, notiert von Raskolnikow.
Prolog: Als Martin Sellner in seinem Beitrag „Fiume kommt nicht wieder“ von „Raskolnikows Black Pill“ schrieb, mußte ich eine Internet-Suchmaschine bemühen, um zu erfahren, was er damit meinte. Scheinbar giebt es mehrere Pillen (rote, blaue, schwarze). Die Art des Unfugs, die sich mir bei dieser Suche entblätterte, bewog mich, eine kleine Entgegnung zu entbinden. Eine Entgegnung nicht nur auf Sellners Beitrag, sondern auch eine sehr allgemeine Skizze zur Großlage, wie sie sich mir darstellt.
https://sezession.de/58560/fiume-kommt-wieder
Universität Michigan
Studie: Klimawandel-Skeptiker handeln ökologischer
https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2018/studie-klim...
Bundesverdienstkreuz für Campino? Antisemitismusbeauftragter fordert Ehrung für Echo-Rede
https://www.gmx.net/magazine/politik/bundesverdienstkreuz...
(Zu Campino und Co.)
Kulturbertrieb
Spätpubertäre Staatskünstler
von Thorsten Hinz
https://jungefreiheit.de/kultur/2018/spaetpubertaere-staa...
(Nun sind die des Antisemitismus verdächtigten Rapper zu wahren "Antifaschisten" geläutert…)
Nach „Echo“-Skandal
Rapper Farid Bang droht Alice Weidel mit Nasenbeinbruch
https://jungefreiheit.de/kultur/gesellschaft/2018/rapper-...
(Auch ein "Antifaschist")
Ein Wiederholungstäter
Das ist der Störer vom Eurovision Song Contest 2018
https://www.t-online.de/unterhaltung/eurovision-song-cont...
Interview mit Thor Kunkel zum neuen Oskar Roehler-Film
„Das war so schäbig“
https://jungefreiheit.de/kultur/2018/das-war-so-schaebig/
Minderheitenförderung
London will mehr Vielfalt im Fahrradverkehr
https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2018/london-will...
Götz Aly über 1968
Verleugnete Konsequenzen
von Karlheinz Weißmann
https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/verleugne...
„Eltern, Geschwister und Heimat: Ich hatte alles verloren“
von Manfred W. von Glehn
https://jungefreiheit.de/wissen/geschichte/2018/eltern-ge...
Dreißigjähriger Krieg
Unser großes Trauma
von Dieter Stein
https://jungefreiheit.de/debatte/streiflicht/2018/unser-g...
Svenja Flaßpöhler: Die potente Frau. Ein Debattenbeitrag
Von Ellen Kositza
https://sezession.de/58614/sneja-flasspoehler-die-potente...
16:46 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, allemagne, presse, journaux, médias, europe, affaires européennes |
|
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
17:35 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : hervé juvin, actualité, france, europe, affaires européennes |
|
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
16:56 Publié dans Actualité, Livre, Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, livre, programmation mentale, manipulation |
|
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
16:47 Publié dans Histoire, Révolution conservatrice | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire, allemane, révolution conservatrice, weimar, république de weimar, livre |
|
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook

Entretien avec le prof. Marco Tarchi, politologue
Marco Tarchi est politologue, professeur d’université à Florence et écrivain. Il a publié plusieurs ouvrages sur la politique italienne. Lionel Baland l’a interrogé pour Eurolibertés à l’occasion de l’entrée en fonction du nouveau gouvernement regroupant le mouvement anti-système M5S et la Ligue.
Le M5S et la Ligue forment ensemble un gouvernement. Les idées des deux partis sont-elles compatibles ou s’agit-il d’une alliance contre nature ? Quelle est la matrice politique du M5S ?
En tant que partis qui expriment, d’une manière différente, la mentalité populiste, leurs vues ne sont pas, sur le fond, incompatibles, donc une alliance est possible et, peut-être, viable. Cependant, comme les priorités des programmes respectifs ne coïncident pas – la Ligue mise sur la lutte contre l’immigration et contre l’insécurité, le M5S prend pour cible principale la « caste » des politiciens, leurs privilèges et leur haut niveau de corruption –, l’élaboration d’un agenda commun n’est sans doute pas une tâche simple. Et il ne faut pas non plus oublier que, se situant sur le même terrain de la contestation de l’establishment et touchant en partie le même électorat, les alliés de gouvernement sont en concurrence directe, ce qui ne peut entraîner, en perspective, qu’une série de distinguo et/ou de frictions.

Quant à la matrice politique du M5S, il n’y en pas une : c’est l’action de Beppe Grillo, avec ses spectaculaires mises en question de la classe politique et ses dénonciations de ses malfaisances, qui a donné naissance à ce mouvement hétérogène.
Où situez-vous ce mouvement sur l’axe politique gauche-droite ?
Comme tous les mouvements qui se rattachent plus ou moins de près à la mentalité populiste, il est impossible de le situer sur cet axe. Et même ses électeurs, pour l’essentiel, montrent des connotations politiques très variées: lors de la première percée électorale du M5S, en 2013, un tiers d’entre eux avait voté, auparavant, pour des listes de droite ou du centre-droit, pour un tiers pour la gauche ou le centre-gauche, un tiers était composé d’abstentionnistes.
Le M5S, la Ligue et Frères d’Italie portent-ils l’héritage politique du « qualunquismo », une sorte de poujadisme avant la lettre qui s’est développé en Italie au sortir de la IIe Guerre mondiale ?
En ce qui concerne le M5S et la Ligue, oui : il y a des assonances assez significatives avec ce mouvement proto-populiste : dans les idées, dans le style, dans le vocabulaire. Fratelli d’Italia appartient à un autre courant, néo-fasciste à l’origine, et qu’on désigne désormais comme post-fasciste (eux, ils préfèrent se dire patriotes).
La Ligue du Nord avait pour matrice politique les idées autonomistes et fédéralistes du théoricien de l’Union valdôtaine Bruno Salvadori. Le fait que la Ligue du Nord a changé de nom et est devenue la Ligue et se présente désormais dans l’ensemble du pays, modifie-t-il ses fondements idéologiques ? Peut-on considérer que la Ligue se situe désormais sur une ligne politique qui découle des idées nationalistes italiennes portées autrefois par l’écrivain Enrico Corradini ?
La généalogie de la Ligue est bien plus compliquée : Umberto Bossi a toujours souligné sa (très courte, d’ailleurs) fréquentation de Salvadori, mais parmi les fondateurs du mouvement il y avait aussi les responsables de la Liga Veneta, qui avaient été, par contre, assez actifs à l’extrême droite (surtout Franco Rocchetta, leur leader ; un autre responsable piémontais, Borghezio, aujourd’hui encore eurodéputé, avait été membre de Giovane Europa et d’Ordine nuovo), et d’autres militants qui venaient de l’extrême gauche (Maroni, Gremmo, Farassino). Mais dans son essence, je le répète, la Ligue a toujours été un mouvement populiste. Aujourd’hui, elle a renoncé à ses attitudes séparatistes et, au moins partiellement, mis de côté ses instances ultra-fédéralistes, mais je ne lui attribuerais pas l’étiquette nationaliste.
La Ligue et Frères d’Italie ne sont-ils pas devenus deux partis situés sur la même ligne politique ? Pourquoi la Ligue obtient-elle, sans implantation, des voix dans le sud du pays, alors que Frères d’Italie y est actif depuis longtemps et y dispose de cadres formés à l’époque du MSI ou de l’Alliance Nationale ?
Frères d’Italie est coincé entre la position libérale et (pas toujours) conservatrice de Forza Italia et le national-populisme de la Ligue et hésite à se démarquer de ses deux alliés. Ce qui fait qu’une large partie de ses électeurs potentiels penchent vers l’un ou l’autre de ses partenaires. L’implantation du parti de Giorgia Meloni est assez relative et son image de marque est limitée à une exaltation assez acritique de l’identité nationale. Même sur un sujet-clé comme la lutte contre l’immigration, sur lequel sa position est assez proche de celle de la Ligue, Frères d’Italie n’adopte pas le ton outrancier de Matteo Salvini, ce qui déplaît aux opposants les plus fermes aux vagues migratoires sans pour autant lui attirer le vote des fidèles de Silvio Berlusconi, qui, sur les questions sociétales, se situent plutôt, sinon dans le camp progressiste, à proximité de celui-ci. L’avenir de Fratelli d’Italia est donc assez incertain et les sondages lui attribuent actuellement 3,4-3,6 % des intentions de vote.
14:22 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : italie, europe, actualité, affaires européennes, politique, élections italiennes, m5s, lega |
|
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook

14:07 Publié dans Actualité, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, géopolitique, politique internationale |
|
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook

13:41 Publié dans Philosophie, Révolution conservatrice | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : troy southgate, oswald spengler, révolution conservatrice, allemagne, philosophie, philosophie de l'histoire |
|
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook

Byzanz dürfte 660 v. Chr. durch griechische Dorier als Byzantion gegründet worden sein. Der römische Kaiser Konstantin liess nach sechs Jahren Bau über dem ursprünglichen Byzantion seine Stadt am 11. Mai 330 n.Chr., die später als Konstantinopel seinen Namen erhielt, als Hauptstadt des römischen Reichs konsekrieren. Zu diesem Zeitpunkt war der Kaiser 58 Jahre alt. Konstantin hatte eine neue Metropolis an der Meeresenge, die Asien von Europa trennt, errichten lassen. Nach der Aufteilung des Römischen Reiches 395 n.Chr. wurde die Stadt zur Hauptstadt des oströmischen Reiches. Später wurde dieses Teilreich als byzantinisches Reich bezeichnet.[1] Obwohl ab dem 7. Jahrhundert in Byzanz das Griechische das Latein als Hof- und Verwaltungssprache immer mehr verdrängte, bezeichneten sich die Bewohner der Stadt bis zu ihrer Eroberung durch die Osmanen 1453 immer noch als Römer (Rhomäer).
Immer wieder wurde Konstantinopel während Jahrhunderten durch fremde Völker belagert. Nur zweimal gelang eine Eroberung der Stadt. Die ersten, die eine Eroberung dieser geostrategischen Drehscheibe versuchten, waren die Goten 378 n. Chr.[2]. Es folgte 626 die Belagerung von Konstantinopel durch den Sassaniden Chosro II., dem Herrscher über das neupersische Reich.[3]. Als Folge dieses «letzten grossen Krieges der Antike» waren am Ende beide Reiche ausgeblutet. 636 konnten die arabischen Heere nach der Schlacht von Yarmuk Syrien erobern.[4] 640 folgte die arabische Eroberung von Ägypten und 647 von Nordafrika.[5] Byzanz konnte noch Anatolien, sowie Gebiete auf dem Balkan und in Italien bewahren. 674-78 belagerten die Araber zum ersten Mal Konstantinopel. Durch den Einsatz des griechischen Feuerswurden die arabischen Seestreitkräfte vernichtet.[6] Zu dieser Zeit war das Sassanidenreich bereits durch die Arabererobert worden. 717 folgte die zweite Belagerung Konstantinopels durch die Araber. Wiederum wurde das griechische Feuer eingesetzt. Die Provinzarmeen der Themen waren bei der Abwehr der Araber sehr erfolgreich.[7] Nach dem Sturz der Dynastie der Omayyaden 750 war das Reich durch Angriffe der Araber nicht mehr gefährdet.[8]
Nach der Schlacht von Mantzikert, 1071, verlor Byzanz beinahe ganz Anatolien an die türkischen Seldschuken.[9]Gleichzeitig wurde das Reich durch normannische Abenteurer aus Sizilien und Italien verdrängt. Diese eroberten unter ihrem Anführer Robert Guiscard 1081 auch Illyrien. Nach verlustreichen Kämpfen mussten sich die Normannen unter dem Sohn von Guiscard, Bohemund, nach Italien zurückziehen. Als das Ritterheer des ersten Kreuzzuges 1096 in Byzanz eintraf, war einer der Anführer der Kreuzfahrer der Normanne Bohemund.[10] Sehr bald kam es zu Spannungen zwischen den Kreuzfahrern und Byzanz. 1204 hetzte Venedig, ein früherer Alliierte von Byzanz, die Teilnehmer am vierten Kreuzzug gegen Konstantinopel auf. Im April dieses Jahres wurde die grösste Stadt der Christenheit nach ihrer Eroberung durch die Kreuzfahrer während drei Tagen geplündert und gebrandschatzt.[11] Venedig und seine Alliierten gründeten das kurzlebige Lateinische Kaiserreich. Gleichzeitig entstanden drei byzantinische Nachfolgestaaten, die den Kreuzfahrern Widerstand leisteten.
1261 konnte Michael VIII. Palaiologos (1259-82), Herrscher über das byzantinische Nachfolgereich Nikäa, Konstantinopel zurückerobern.[12] Seine Dynastie konnte während zwei Jahrhunderten über ein Reich herrschen, zu dem Griechenland, Teile von Kleinasien und des Balkans gehörten.[13] Durch dieses kleine Territorium konnten aber nicht genügend Ressourcen für den Unterhalt einer wirkungsvollen Streitmacht generiert werden. Der Sieg von Timur in der Schlacht von Ankara von 1402 verhalf Konstantinopel zu einer Atempause. Schlussendlich eroberte der osmanische Sultan Mehmet II. (1444-46/1451-81) am 29. Mai 1453 dank seinen genuesischen Geschützen und seiner Übermacht von 80’000 Muslimen gegenüber den 7’000 Verteidigern die Stadt. Während 1’000 Jahren hatte Byzanz eine hohe militärische Professionalität bewiesen[14] und während Jahrhunderten Europa vor einer islamischen Eroberung geschützt und bewahrt. Als Dank dafür wurde das Reich der Rhomäer in seinem Abwehrkampf gegen die Osmanen am Ende durch das christliche Abendland im Stich gelassen.
Eines der wichtigsten Ereignisse in der Geschichte von Byzanz war die Taufe des Grossfürsten von Kiew, Wladimir I. der Grosse (980-1015), Nachkomme des Waräger Rjurik (als Rus bezeichnet) 987 nach dem orthodoxen Ritus.[15] Ein Grund für diese Taufe war die Hilfe von Wladimir bei der Rekrutierung von Skandinaviern für die Waräger-Garde des byzantinischen Kaisers. Diese Taufe wurde durch den Vertrag von 1046 und die Heiraten zwischen den beiden Herrschaftshäusern besiegelt.[16] Nachdem die Rus früher mehrmals versucht hatten Byzanz zu erobern, wurden die Beziehungen zwischen den beiden Reichen immer freundschaftlicher. Die heutigen Gebiete von Russland, Serbien, die Ukraine, Belarus, Rumänien und Bulgarien übernahmen Tradition, Kultur und den orthodoxen Glauben von Byzanz.[17]
Nach dem Fall von Konstantinopel bezeichnete der russische Mönch Filofei (Filotheos) in einer Schrift an die russischen Grossfürsten Moskau als das dritte Rom.[18] Im ersten Rom würden Häretiker herrschen und das zweite Rom, Konstantinopel, sei durch die Ungläubigen erobert worden. Dieses Konzept übernahm der Herrscher über Moskau, Grossfürst Ivan IV. (1534-1584). Ivan IV. liess sich 1547 als Nachfolger der byzantinischen Kaiser zum Zar krönen.[19] Die Legimitation dazu konnte er auch mit seinem Grossvater, Ivan III. (1462-1505), begründen, der mit Zoë Palaiologos, Nichte des letzten byzantinischen Kaisers, verheiratet gewesen war.[20] Ivan IV. war nun der einzige freie orthodoxe Herrscher. Seine Religion bestimmte die Kreuzzüge Russlands gegen das katholische Königreich Polen-Litauen, der Feind im Westen, Schweden, das Tartaren-Kanat von Kazan und das osmanische Reich. Ziel der Kriege gegen das osmanische Reich war die Befreiung der Balkan-Völker und Konstantinopels vom türkischen Joch.[21]
Ab dem 16.Jahrhundert wurde Russland in den orthodoxen Kirchen als Erbe von Konstantinopel und der Zar von Russland als Wächter über die gesamte orthodoxe Welt anerkannt.[22] Die russische Kirche war von einer siegreichen Mission gegen die muslimischen Ungläubigen und über die katholische Gegnerschaft überzeugt.[23] Russland hatte den byzantinischen Thron zu bewahren. Von dieser Mission und dem Kreuzzug waren alle Zaren bis und mit der Romanow-Dynastie überzeugt. Die verschiedenen Kriege des russischen Imperiums gegen das osmanische Reich, die vom 18. Jahrhundert bis zum ersten Weltkrieg dauerten, belegen dies.[24] Diese Mission dürfte grundsätzlich auch die Aussenpolitik von Wladimir Putin bestimmen.
Zur Durchsetzung ihrer Interessen in Syrien verfolgen Russland und die Türkei seit 2017 eine Art «Allianz». Syrien soll durch diese gemeinsame «Allianz», zusammen mit der Islamischen Republik Iran, befriedet werden. Wladimir Putin dürfte dabei auch das Ziel verfolgen, die Türkei aus dem westlichen Bündnis NATO herauszubrechen. Der türkische Machthaber Erdogan dürfte seinem Machtstreben im Mittleren Osten frönen und von der Wiedererrichtung des osmanischen Reichs träumen. Auf dem Hintergrund der während Jahrhunderten verfolgten russischen Machtansprüche und der Kriege gegen die Osmanen erscheint diese «Allianz» als widernatürlich. Das Endziel von Russland könnte nach wie vor die «Befreiung» von Konstantinopel von den muslimischen Ungläubigen sein.
[1] Decker, M.J., The Byzantine Art of War, Westholme Publishing, Yardley, Pennsylvania, 2013, P,1.
[2] Decker, M.J., P. 13.
[3] Decker, M.J., P. 15-18.
[4] Decker, M.J., P. 21.
[5] Decker, M.J., P. 21.
[6] Decker, M.J., P. 22.
[7] Decker, M.J., P. 24.
[8] Decker, M.J., P. 24.
[9] Decker, M.J., P. 32/33.
[10] Decker, M.J., P. 36.
[11] Decker, M.J. P. 37.
[12] Decker, M.J., P. 37.
[13] Decker, M.J., P. 40.
[14] Decker, M.J., P. 40.
[15] Decker, M.J., P. 30.
[16] Obolensky, D., The Relations between Byzantium and Russia (11th-15th Century), Oxford University, Updated 02 July 2001, P. 2.
[17] Obolensky, D., P. 4ff.
[18] Laats, A., The Concept of the Third Rome and its Political Implications, P. 98.
[19] Laats, A., P. 104.
[20] Laats, A., P. 104.
[21] Laats, A. P. 105.
[22] Laats, A., P. 106.
[23] Laats, A., P. 108.
[24] Laats, A., P. 112.
12:54 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Eurasisme, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, europe, russie, affaires européennes, géopolitique, turquie, proche orient, asie mineure, politique internationale, eurasisme |
|
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
Ex: http://www.zeit-fragen.ch/fr
«Après la lecture de ce livre, on comprend mieux les crises actuelles de notre monde, on considère les articles exigeants de la presse quotidienne de manière moins fragmentaire, ce qui mène à une meilleure compréhension. La mutation de la seule puissance mondiale, les Etats-Unis, vers un monde multipolaire est déjà accomplie. Pourquoi il en est ainsi est bien décrit dans ce livre captivant et intéressant à lire.»
Au début de l’année 20151, lors d’une intervention au sein du Chicago Council on Foreign Relations, George Friedman de la société de renseignement américaine Stratfor a insisté sur l’intention des Etats-Unis de continuer à faire la guerre et comment, depuis un siècle, la politique américaine avait défini, de façon primordiale et doctrinale, l’empêchement d’une quelconque réconciliation entre l’Allemagne et la Russie. Cela concorde entièrement avec politique de guerre et la politique étrangère des Britanniques pour l’Europe, menées depuis plusieurs siècles conformément à la tradition et connue sous le nom d’«équilibre des forces». Actuellement cela correspond au déplacement dans le cadre de l’OTAN des Rapid Forces internationales vers l’Est jusqu’à la frontière russe.
La transformation de l’OTAN d’une alliance défensive en une alliance offensive sous la direction des Etats-Unis, les guerres au Proche-Orient, les alliances opaques dans le conflit syrien, la sécession armée en Ukraine orientale et une ministre de la Défense allemande semblant être prête à tout, nous rappelle fatalement la situation à la veille de la Première Guerre mondiale. A cette époque, il ne manquait plus que l’étincelle serbe pour faire sauter l’Europe. Le les poudrières sont en place. Selon George Friedman, l’Allemagne ne s’est pas encore décidée d’assumer le rôle de chef en Europe que ses alliés veulent lui imposer. Rappelons-nous: le mensonge de l’ancien ministre allemand de la Défense M. Scharping, a fourni la raison pour l’intervention militaire illégale au Kosovo. Jusqu’aujourd’hui, il est préférable de ne pas parler ouvertement sur l’horrible souffrance humaine provoquée par l’emploi des armes à l’uranium appauvri utilisées par les forces alliées dans cette région.
Il est difficile de ne pas voir les signes d’une nouvelle guerre, et les citoyens européens réalisent de plus en plus qu’un nouveau conflit est en préparation. Quiconque ne veut pas fermer les yeux, désire comprendre l’histoire récente de l’Europe et décèle des parallèles avec la Première et la Seconde Guerre mondiale dans les activités bellicistes contemporaines, ferait bien de s’approfondir dans la lecture du livre de Tim Marshall intitulé «Die Macht der Geographie – Wie sich Weltpolitik anhand von 10 Karten erklären lässt» (DTV-Paperback 34917) [La force de la géographie. Comment expliquer la politique mondiale à l’aide de dix cartes]. (Version originale en anglais: «Prisoners of Geography. Ten Maps That Explain Everything About the World»).
Le livre met l’accent sur le mot «géo» et entend par là simplement ceci: «La géopolitique démontre comment on peut comprendre des affaires internationales dans le contexte de facteurs géographiques.» En fonction de l’histoire, l’auteur britannique Tim Marshall sensibilise l’œil du lecteur à la situation actuelle de dix régions choisies de notre monde. Il le fait de façon cohérente sur la base de la géographie et de la topographie.
Le premier chapitre déjà clarifie pourquoi Staline, n’avait guère l’intention, après la Seconde Guerre mondiale, d’étendre l’ancienne Union soviétique jusqu’à l’Atlantique, comme l’ont appris des générations d’élèves mais également des stratèges miliaires pendant leur formation.
Les attaques contre la Russie et la sécurisation du ravitaillement nécessaire venant de l’Ouest ont toujours eu lieu par la plaine nord-européenne. Toutes les autres voies sont bloquées par des chaînes de montagnes. Cette voie fut choisie par Napoléon tout comme les armées allemandes pendant les deux guerres mondiales. Actuellement, la Pologne et l’Ukraine servent à nouveau de têtes de pont stratégique et sont ainsi essentiel pour les militaires occidentaux. En même temps cela représente d’autre part une énorme menace pour la Russie. Nous apprenons aussi pourquoi le contrôle et la fermeture de la «ligne GIUK»2 ont à plusieurs reprises barré le chemin de la marine russe vers les océans. Et lorsqu’on peut lire dans la presse quotidienne que toutes les transactions financières de l’Europe vers les Etats-Unis et retour passent par des faisceaux de câbles sous-marins transatlantiques, parallèles à la «ligne GIUK», et comment les Russes seraient capables de couper ces liaisons à l’aide de leur sous-marins, le lecteur attentif se rend compte du fait qu’il s’agit ici éventuellement d’une préparation d’un casus belli.
Le projet chinois du réseau des Routes de la soie, peu considéré par les Etats-Unis, est vu comme une réponse aux questions urgentes de la communauté mondiale. L’Eurasie se rapproche et collabore dans ce programme d’infrastructure (One Belt One Road – OBOR). Des transports ferroviaires de Pékin à Duisbourg ont déjà lieu plusieurs fois par semaine. La Russie soutient ce projet. La Chine désire davantage de coopération non seulement sur le contient eurasiatique, mais dans tous les domaines et au bénéfice mutuel de tous les participants. Par le port de Gwadar, la Chine atteint l’océan Indien et inclut le Pakistan et l’Iran dans ce projet eurasiatique.
D’autres chapitres importants déchiffrent la géopolitique actuelle des Etats-Unis, de l’Europe occidentale, du Moyen-Orient, de l’Inde et du Pakistan, de la Corée et du Japon aussi bien que de l’Amérique latine.
Le livre fort inspirant de M. Marshall se termine par un chapitre sur l’Arctique. Dans cette région, le soi-disant «changement climatique» travaille en faveur de la Russie. Nulle part, les Etats-Unis et la Russie ne sont si proches l’un de l’autre. Toutefois, le dégel ouvre des possibilités de nouveaux passages entre l’Atlantique et le Pacifique. Là aussi, sur son propre plateau continental, il semble que la Russie tienne la corde, relativement inaperçue et tranquille.
Après la lecture de ce livre, on comprend mieux les crises actuelles de notre monde, on considère les articles exigeants de la presse quotidienne de manière moins fragmentaire, ce qui mène à une meilleure compréhension. La mutation de la seule puissance mondiale, les Etats-Unis, vers un monde multipolaire est déjà accomplie. Les raisons pour lesquelles il en est ainsi sont bien décrites dans ce livre captivant et intéressant à lire. •
1 https://www.youtube.com/watch?v=ablI1v9PXpI newscan du 17/3/2015
2 Le GIUK est une ligne imaginaire de l’Atlantique nord formant un passage stratégique pour les navires militaires. Ce nom est l’acronyme de l’anglais «Greenland, Iceland, United Kingdom». En cas de conflit, la ligne sera bloquée par les Etats-Unis ou plutôt par l’OTAN. (cf. aussi la NZZ du 13/2/18, p. 7)
11:41 Publié dans Actualité, Géopolitique, Histoire, Livre, Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : géopolitique, cartographie, tim marshall, histoire, livre |
|
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook

par Dimitri Orlov
Ex: http://www.dedefensa.org
Notre concept de réussite change avec l’âge. Quand nous sommes jeunes mais pas tout à fait mûrs, nous sommes capables de nous engager dans toutes sortes d’exploits ridicules. Plus tard, quand nous ne sommes plus jeunes du tout, un passage réussi aux toilettes se révèle une cause de célébration. La même chose vaut pour les empires vieillissants. Quand ils sont jeunes, ils détruisent les grands pays importants, mais aident ensuite à les reconstruire. Plus tard, ils se bornent à les détruire. Plus tard encore, ils tentent de détruire des petits pays faibles mais échouent même à faire cela. Finalement, de tels échecs deviennent trop petits pour être même remarqués. Avez-vous remarqué ce qui vient de se passer en Arménie ? Vraiment ?
Au cas où vous ne le sauriez pas, les Arméniens sont l’une des nations les plus anciennes de la Terre. Le pays d’Arménie a commencé comme le royaume d’Urartu autour de 9000 AVANT JÉSUS-CHRIST, et persiste à ce jour, bien que la plupart des Arméniens forment maintenant une nation diasporique, comme les juifs. Jusqu’aux années 1990, l’Arménie faisait partie de l’URSS et a grandement bénéficié de cette inclusion, mais après la dissolution de l’URSS, elle est entrée dans un état de langueur. La quasi-totalité de l’industrie que les Soviétiques avaient construite en Arménie a cessé ses activités et les spécialistes qui y travaillaient se sont dirigés vers des cieux plus cléments et plus pollués. L’Arménie s’est désindustrialisée et elle est devenue en grande partie agraire, avec une économie axée sur des produits tels que les abricots, le vin et l’eau-de-vie, ainsi qu’un peu de tourisme.
Les difficultés de l’Arménie sont liées à certains problèmes causés par son emplacement. L’Arménie est enfermée, sans accès aux routes commerciales principales. Elle est bordée de pays qui sont pour elle inutile ou hostile : la Géorgie est plus ou moins hostile et aussi économiquement inutile ; la Turquie est utile mais hostile ; l’Azerbaïdjan aussi (habité par des Turcs azéris) ; l’Iran est inutile (et le nord est également habité par des Turcs azéris). Ajoutez à cette composition de base quelques ingrédients épicés telle que cette région disputée entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan (Le Haut-Karabagh), qui est habitée par des Arméniens mais revendiquée par l’Azerbaïdjan, et qui nécessite la présence de Casques bleus russes pour le maintien du statu quo, et vous avez une recette pour des limbes économiques et politiques.
Les choses semblaient un peu tristes en Arménie, mais ensuite elle a rejoint l’Union économique eurasienne, qui est une zone de libre-échange qui comprend la Russie et d’autres anciennes républiques soviétiques. Elle offre une très large zone de libre circulation des capitaux, des biens et de la main-d’œuvre et prévoit des garanties de sécurité. Grâce en grande partie à son adhésion à l’UEE, l’économie arménienne a connu une croissance fulgurante de 7,5% l’année dernière et les gens de Washington DC et de Langley (siège de la CIA) se sont assis et en ont pris note. L’establishment américain considère ces réussites centrées sur la Russie comme des plus troublantes. Il était temps de prendre l’Arménie au lasso.
Le fait qu’Erevan, la capitale de l’Arménie, abrite la deuxième plus grande ambassade des États-Unis au monde a été très utile à cet égard. Ajoutez à cela la présence d’ONG occidentales, richement financées par George Soros et d’autres, pour aider à élaborer un projet constructif. Tous, pour le dire sans ambages, ont poussé en direction du démantèlement de l’Arménie et de sa transformation en un autre territoire dénaturé géré à la perfection par des bureaucrates et des banquiers internationaux. En particulier, ils ont poussé une réforme constitutionnelle qui aurait fait passer le pays d’une république présidentielle à une république parlementaire (un pas vers le gouffre pour un pays qui est dans un état permanent de quasi guerre à cause de voisins hostiles et de territoires contestés).
Ajoutez à cela le fait que l’Arménie est dirigée par des tendres. C’est le fléau des nations diasporiques dont le pays d’origine finit à peu près entièrement rempli d’imbéciles. Prenez une population de rats. (Attention, je ne compare pas les Arméniens aux rats, je compare l’Arménie à une expérience de laboratoire.) Laissez s’échapper tous les rats assez intelligents pour traverser un labyrinthe ou, dans le cas de l’Arménie, apprendre une langue étrangère, obtenir un passeport et un visa, et trouver un emploi dans un pays étranger. Quelques générations plus tard, la plupart des rats qui ne se sont pas échappés sont cons comme la lune.
Aussi le Syndicat de la révolution de couleurs s’est mis au travail. Après quelques jours de manifestations dans la rue qui ont paralysé la capitale, le Parlement a été suffisamment intimidé pour élire un Premier ministre, Nikol Pashinyan, un politicien dont la fraction parlementaire pèse moins de 10%. L’effort a été soutenu par le fait que l’ancien Premier ministre était plutôt fou et ne semblait pas aimer son travail, de toute façon. Le Premier ministre nouvellement élu serait un réformateur pro-occidental.
Je pensais que le Syndicat de la révolution de couleurs était à peu près mort. En effet, toutes les grandes nations ont développé une immunité contre lui. Sa dernière victime a été l’Ukraine, qui traverse encore les différentes étapes de son effondrement. La Russie est maintenant clairement immunisée. Le champion des Occidentaux, Alexeï Navalny, qui avait été endoctriné par la technologie politique de la Révolution de couleurs à Yale et qui devait un jour renverser Poutine avec l’aide d’une foule d’adeptes idiots, est maintenant un joueur de pipeau utilisé par le Kremlin pour débarrasser les villes de ces idiots adolescents. La Hongrie vient d’interdire Soros avec tous ceux qui fricotent trop près de ses “ONG”. Mais les révolutionnaires colorés refusent de mourir. Après tout, ils ont encore de l’argent à dépenser pour déstabiliser des régimes qui deviennent trop confortables avec Moscou ou refusent de jouer au ballon avec Washington. Et ainsi, ils ont décidé de choisir une petite cible bien molle : l’Arménie.
Mais même en Arménie, les choses n’ont pas vraiment fonctionné comme prévu. Les planificateurs de la Révolution colorée ont négligé de prendre en compte certains paramètres de l’équation politique arménienne. Premièrement, l’Arménie tire une grande partie de ses revenus des Arméniens qui vivent et travaillent en Russie. Deuxièmement, environ la moitié de la population arménienne, pour le dire d’une manière politiquement incorrecte mais précise, est russe : elle parle russe, elle est adaptée culturellement à la Russie, et c’est encore une autre nation qui fait partie de la grande famille de plus de 100 nations distinctes qui se disent russes. Troisièmement, Nikol Pashinyan est un homme inconstant. Il a commencé en tant que nationaliste, puis est devenu pro-occidental, et demain il deviendra ce qu’il faut en fonction de la direction du vent. Il a du charisme, mais il est globalement un poids léger : un étudiant inconstant sans expérience de gouvernement ou dans les affaires, mais qui a un opportunisme certain.
La nature malléable de Pashinyan est devenue évidente car il a bien vendu sa candidature devant le Parlement arménien. Au début, il n’avait pas du tout de plate-forme. Il a juste fait de vagues bruits pro-occidentaux. Réalisant que cela ne marcherait pas, il a changé de vitesse et il est devenu résolument pro-russe. Assurément, après avoir pris ses fonctions de Premier ministre, sa première rencontre en tant que chef d’État fut avec Vladimir Poutine, et les déclarations publiques ont porté sur les liens qui unissaient les grande et moins grande nations que sont la Russie et l’Arménie. Il a ensuite assisté au sommet de l’UEEA à Sotchi, semblant un peu tendre à côté de tous les hommes d’État chevronnés rassemblés là-bas. Mais il a obtenu des claques rassurantes sur les épaules de la part des divers dignitaires eurasiens. Le message de base semblait être « ne merdez pas, et vous obtiendrez une croissance annuelle du PIB de 7,5% et vous aurez l’air d’un héros ».
Alors, qu’est-ce que Washington, Langley, Soros et le reste du syndicat des Révolution de couleurs ont obtenu après tous ces efforts et les dizaines, peut-être centaines de millions de dollars qu’ils ont dépensés pour transformer l’Arménie en une nation vassale occidentale ou, à défaut, en un État failli à moyen terme ? Je suis proche d’être persuadé qu’eux-mêmes ne connaissent pas la réponse à cette question. Les brillants géopoliticiens occidentaux ont regardé une carte et, voyant un petit pays vulnérable et faible positionné stratégiquement entre la Russie et l’Iran, ils ont pensé: « Nous devrions y aller et mettre le bordel. » Ils l’ont fait. En observant les résultats, on se dit qu’ils auraient tout aussi bien pu rester à la maison, faire un bon passage aux toilettes et célébrer leur victoire.
(Le 15 mai 2018, Club Orlov– Traduction Le Sakerfrancophone.)
11:30 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : révolution de couleur, arménie, caucase, europe, affaires européennes, politique internationale, actualité |
|
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook

Les Etats-Unis veulent l’escalade : Pompeo annonce « les sanctions les plus dures de toute l’histoire » !
Washington : Téhéran et même les Européens usent de la diplomatie dans le conflit du nucléaire iranien. Les Etats-Unis, en revanche, ne cessent de chercher la confrontation e l’escalade. Le ministre américain des affaires étrangères, Mike Pompeo, a annoncé, sans circonlocutions, “les sanctions les plus dures de toute l’histoire” contre l’Iran. La pression financière sera plus forte que jamais, a-t-il déclaré à Washington dans un discours révélant ses principes d’action. Lorsque toutes les mesures punitives entreront en action, l’Iran devra se battre pour maintenir son économie en vie.
Pompeo a soumis douze exigences aux dirigeants iraniens, ce qui équivaut à du chantage car certaines d’entre elles sont irréalisables en pratique, comme, par exemple, le retrait des troupes iraniennes hors de Syrie. Dans ce pays, les Iraniens sont aux côtés des Russes depuis plusieurs années pour battre et éliminer les milices terroristes de l’Etat dit islamique. Les sanctions ne seront levées que si l’Iran change de politique sur le long terme, a ajouté Pompeo expressis verbis. Il a déclaré : « Nous exercerons une pression financière sans exemple sur le régime iranien. Les dirigeants de Téhéran ne pourront jamais douter de notre détermination ».
Mais les chantages américains affectent désormais les Européens aussi. Pompeo s’est adressé à l’Union Européenne pour dire que les entreprises qui feront des « affaires interdites » avec l’Iran, devront faire face à leurs responsabilités. Pompeo a présenté la nouvelle stratégie iranienne du gouvernement américain lors d’un événement organisé par le think tank néoconservateur Heritage Foundation.
(Ex : http://www.zuerst.de ).
18:43 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : états-unis, mike pompeo, politique internationale, iran, sanctions contre l'iran |
|
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook

Des sources dans les agences militaires et de renseignement russes, disent que la préparation d’une opération offensive à grande échelle contre la Russie à travers le Tadjikistan et l’Ouzbékistan est dans la phase finale. Citant des données provenant de canaux de communication avec les ministères de la Défense de la Chine, du Pakistan et de l’Afghanistan, ils disent que l’Afghanistan est la pierre angulaire de ce plan.
Des messages similaires ont déjà été reçus, en particulier lors d’une récente conférence sur la sécurité qui s’est tenue à Tachkent, la capitale ouzbèke. Puis le ministre tadjik des Affaires étrangères Sirodzhiddin Aslov a annoncé publiquement l’activation des terroristes dans la région :
« Nous voyons l’activation de groupes terroristes, leur progression dans les régions du nord de l’Afghanistan, en particulier dans les territoires limitrophes du Tadjikistan, l’augmentation du nombre de partisans de l’EI et la participation d’un certain nombre de citoyens des républiques post-soviétiques aux groupes et mouvements terroristes présents en Afghanistan…. cela nous préoccupe sérieusement ».
Selon les agences de renseignement russes, le nombre de terroristes de l’EI opérant en Afghanistan varie de 2500 à 4000 personnes. Ces données ont été confirmées par le ministère de la Défense de la Chine. Les sources de la RPC affirment qu’au moins 3800 combattants opèrent dans 160 cellules terroristes mobiles. Ils sont concentrés dans la province de Nangarhar, à la frontière avec le Pakistan, où l’État islamique a augmenté la production et le trafic de drogue, ainsi que la création d’infrastructures pour la formation de combattants et de kamikazes.
Comment ça va se passer
Selon des sources militaires russes, des terroristes se retirent actuellement de Syrie et d’Irak par voie maritime jusqu’au port de Karachi, dans le sud du Pakistan. Après cela, ils arrivent à Peshawar près de la frontière afghane et s’installent dans la province de Nangarhar. Le nouveau siège de l’EI dans la région est situé dans le district d’Achin.
À partir de la fin de l’année 2017, les terroristes ont réussi à rassembler jusqu’à 500 combattants syriens et irakiens, dont plusieurs dizaines de femmes. Des sources disent que la plupart d’entre eux sont des citoyens de la France, du Soudan, du Kazakhstan, de la République tchèque, de l’Ouzbékistan, etc.
L’objectif principal de l’EI en Afghanistan est non seulement la déstabilisation du pays, mais aussi une invasion à grande échelle des républiques post-soviétiques d’Asie centrale : le Turkménistan, l’Ouzbékistan et le Tadjikistan afin d’attiser les tensions aux frontières sud de la Russie.
Les sources de renseignement russes disent qu’il y aura deux voies pour l’offensive de l’EI. L’une mènera au Tadjikistan à travers les provinces du Nuristan et du Badakhshan, l’autre passera par Farakh, Ghor, Sari-Pul et Faryab au Turkménistan.

Mohammed Gulab Mangal.
Le principal responsable des opérations de l’EI est le gouverneur de la province de Nangarhar, Mohammad Gulab Mangal. Il utilise la structure des radicaux pour renforcer son influence dans les régions voisines. De plus, Mangal est bien connu pour sa participation aux opérations financières de l’EI. Des sources affirment que toute tentative de protestation des populations locales est violemment réprimée par les autorités, y compris par des opérations punitives contre les zones peuplées.
Mangal a été connecté aux services spéciaux américains pendant une longue période. La page Wikipédia à son propos dit que le gouverneur actuel de Nangarhar a pris part à une guerre contre les troupes soviétiques dans les années 80. Juste après l’invasion américaine en 2001, il a été nommé à la tête de l’autorité locale. Les médias occidentaux le considèrent comme un homme d’État efficace et juste. La BBC a même qualifié Mangal de « nouvel espoir pour Helmand », une province qu’il gouvernait.
Selon le ministère de la Défense afghan, l’EI prévoit d’augmenter son effectif à 5000 soldats dont la plupart seront cantonnés dans la province de Mangals.
Il est à noter que les deux plus grandes bases militaires américaines dans le pays sont situées près de la région de NAngarhar contrôlée par l’EI et un gouvernement corrompu.
Traduction : Avic – Réseau International
17:07 Publié dans Actualité, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : isis, état islamique, terrorisme, asie centrale, asie, affaires asiatiques, guerres indirectes, fondamentalisme islamique |
|
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
12:22 Publié dans Actualité, Entretiens, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, entretien, france, histoire, mai 68, jean-michel vernochet |
|
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook

A l’évidence, la notion de « droit de mémoire » que nous évoquons est une réplique au « devoir de mémoire » que l’on nous impose. Une réplique mais pas seulement, car ce droit à une mémoire saine et non polluée par des récits incapacitants est à la source de l’estime de soi, sans laquelle ni les peuples ni les gens ne peuvent épanouir librement leur facultés. « Qu’appelles-tu mauvais ? », demandait Nietzche dans le Gai Savoir. Et il répondait : « celui qui veut toujours faire honte ». Le « devoir de mémoire » est mauvais en soi, car il vise toujours à faire honte et à rabaisser pour mieux dominer. Le droit de mémoire, au contraire, réhabilite et libère par la fierté d’être ce que furent les aïeux.
Qu’est-ce que le « devoir de mémoire » ? Le devoir de mémoire serait « une obligation morale de se souvenir d'un événement historique tragique et de ses victimes afin de faire en sorte qu'un événement de ce type ne se reproduise pas » (Wikipedia).
Le « devoir de mémoire » est un concept apparu dans les années 1990. Personne ne croit vraiment, sauf peut-être quelques naïfs, que la raison profonde de ce « devoir » serait d’éviter la « reproduction d’évènements historiques tragiques » : ceux qui le soutiennent ont généralement une mémoire très sélective et s’abstiennent souvent de condamner les tragédies actuelles, pour peu que la cause soit « juste », c’est-à-dire aille dans le sens de leurs intérêts ou de leurs conceptions géostratégiques, politiques, économiques ou sociétales. Madeleine Allbright, secrétaire d’Etat des Etats-Unis entre 1997 et 2001, soutient le devoir de mémoire. Mais quand une journaliste lui fait observer que les sanctions américaines contre l’Irak (embargo sur les produits alimentaires et pharmaceutiques notamment) avait tué plus de 500 000 enfants, sa réponse est : « le prix en valait la peine ». Bernard Kouchner, lui aussi très engagé en faveur du devoir de mémoire (mais aussi pousse en guerre contre la Serbie, la Lybie, la Syrie, l’Iran…) part dans un grand éclat de rire (forcé) quand un journaliste serbe l’accuse d’avoir couvert les trafics d’organes organisés par ses alliés de l’UCK au Kosovo (trafic avéré et documenté que tout le monde connaissait et que seul Kouchner, pourtant administrateur du Kosovo en tant que Haut représentant de l’ONU, semble ignorer). Notons-le : les guerres et les massacres de l’Empire en Irak, en Yougoslavie, en Afghanistan, en Serbie, en Libye, en Syrie… ont tous été déclenchés et soutenus par des partisans du « devoir de mémoire ». Cela donne la valeur du concept.
Pour comprendre les objectifs de ce « devoir » mémoriel, il faut savoir qui donne le « devoir » et qui est sensé le remplir. Dans tous les pays occidentaux, le « devoir de mémoire » est une obligation fixée par l’Etat en direction des peuples. Le point commun de ces Etats est qu’ils sont, dans le sillage de la Révolution « française », des Etats qui définissent le « peuple » comme un « corps d’associés » sans distinction d’origine, de race ou de religion. Ce sont des Etats apatrides et supranationaux, au sens où ils sont au-dessus du peuple réel, hors du terreau national. Ils sont au service de la « société ouverte » et de l’universel et appliquent consciencieusement les directives oligarchiques qui, progressivement, déstructurent les nations enracinées et atomisent les peuples historiques. Etat supranational et corps national : même si le premier se dit au service du second, il ne faut pas confondre le bourreau et sa victime. Le « devoir de mémoire » n’est qu’une arme parmi d’autres de la panoplie qui sert au crime.
Ce « devoir » a, en effet, pour seul objectif de provoquer le mépris du peuple envers lui-même et de paralyser ainsi toute velléité de résistance face aux politiques antinationales conduites par l’Etat apatride. Ce « devoir » va donc mettre l’accent sur des épisodes susceptibles d’engendrer un fort sentiment de culpabilité dans le peuple souche qu’il s’agit ainsi de neutraliser :
Le « devoir de mémoire » a pour seul but de neutraliser les peuples par la honte et de les ramener aux « pages sombres de leur histoire » sitôt que renaît un sentiment identitaire. Le « devoir de mémoire » est donc un outil de domestication des peuples au service d’Etats dominés par une oligarchie apatride. Ces Etats-larbins n’ont donc aucune légitimité, les lois mémorielles qu’ils imposent ou tentent d’imposer n’en n’ont pas d’avantage. Les peuples n’ont aucun devoir autre que ceux qu’ils se donnent en toute liberté.
Les peuples ont par contre des droits. Parmi ceux-ci le droit de mémoire. Tous les peuples ont le droit de se souvenir des pages glorieuses de leur histoire. Ils ont le droit de mettre l’accent sur ce qui les honore et d’oublier leurs défaillances.
Il ne faut pas confondre histoire et mémoire. Aux historiens la recherche historique et l’écriture brute des faits : encore faut-il qu’ils soient libres de le faire et qu’ils ne soient pas entravés par le politiquement correct ou les lois mémorielles. Aux peuples un enseignement qui « reflètent fidèlement la dignité […] de leur histoire » (Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, art 15). Le droit de mémoire est un droit à une histoire digne, une histoire dont on peut être fier : « Le premier devoir d’un grand peuple, écrivait Fustel de Coulanges, est de s’aimer et de s’honorer dans ses morts. Le véritable patriotisme n’est pas l’amour du sol, c’est l’amour du passé, c’est le respect de ceux qui nous ont précédés » (Questions historiques, 1893)
La mémoire est certes une construction artificielle : on privilégie certains épisodes, on en refoule certains autres. Les individus comme les peuples ne se construisent pas autrement. Et alors ? Notre peuple vit les années les plus dramatiques de son histoire. En pleine régression démographique sur des terres ancestrales qu’on lui dispute, il doute de lui, de son droit et même de sa légitimité à exister. Ceux qui lui font devoir de ressasser à l’infini les « heures les plus sombres de son histoire » veulent sa mort. Ils veulent accélérer une disparition qui est sans doute trop lente à leurs yeux.
Seuls des psychopathes pouvaient inventer le « devoir de mémoire ». Qui d’autre pourrait vouloir imposer à un peuple cultivant déjà la haine de soi le « devoir » de se souvenir constamment de ses moments les plus « sombres » ? Ferait-on cela à un individu sans être un scélérat ? Le « devoir de mémoire » est un crime contre l’humanité : il ne respecte pas la dignité des peuples et contribue à leur effacement.
A l’inverse le droit de mémoire ne se discute pas. Les peuples comme les individus sont libres de se souvenir de ce qui les renforce et de ce qui les aide dans l’existence. Personne ne doit interférer dans cette démarche. La mémoire du peuple autochtone appartient au peuple autochtone. Aucun historien républicain, aucun politicien républicain, quelle que soit sa nationalité réelle, n’a le droit de manipuler cette mémoire, de la salir, de la dévaloriser et de lui enlever sa dignité.
Le peuple autochtone est en danger de mort. Son droit le plus strict est de contrôler le récit qui est fait de lui. Son droit le plus strict, conformément à ce qu’énonce la Déclaration des Nations unies citée plus haut, est que l’enseignement reflète la dignité de son histoire. Bientôt, le peuple autochtone va s’organiser. Cela est inéluctable. Un Etat parallèle autochtone va apparaître. Cet Etat aura probablement une sorte de « ministère de l’Enseignement » regroupant des historiens autochtones. Il reviendra à ces historiens de fixer le contenu de l’histoire autochtone enseignée à nos enfants. Il reviendra au mouvement autochtone, par une multitude d’actions non violentes, d’imposer cette histoire dans les écoles de la République. Le droit de mémoire est un droit fondamental : en disposant de notre passé, la République dispose de notre futur. Au nom du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, cela doit maintenant cesser.
Antonin Campana
17:31 Publié dans Actualité, Droit / Constitutions | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : mémoire, droit, droit de mémoire |
|
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook

What Would Evola Do?
11:59 Publié dans Traditions | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : julius evola, traditionalisme, tradition, john morgan |
|
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook