Entretien de Lucien Cerise avec Le Harfang, magazine de la fédération des Québécois de souche
Le monde change, semblant s’orienter vers le chaos le plus complet et pourtant, au-dessus de ce chaos, une oligarchie semble plus stable que jamais, intouchable et inébranlable. Elle ne gouverne pas par la force des armes, mais pourtant son pouvoir est réel. Aux défilés militaires et à la répression ouverte des dictatures du passé, elle s’impose doucement, via des techniques plus subtiles, liées à l’ingénierie sociale, la nouvelle façon de gouverner. Pour comprendre les dessous de cette politique et de ce nouveau pouvoir, l’écrivain Lucien Cerise, romancier et essayiste, nous explique ce qu’est l’ingénierie sociale.
Harfang – Pourriez-vous nous définir ce qu’est selon vous l’ingénierie sociale ? Qui en furent les précurseurs ?
Lucien Cerise – L’ingénierie sociale est le nom donné au XXe siècle à une approche interventionniste et mécaniste des phénomènes sociaux. Il s’agit de travailler à transformer la société comme s’il s’agissait d’un bâtiment, d’une architecture, en faisant de la « démolition contrôlée » par exemple, d’où l’usage d’une forme de « chaos contrôlé » pour provoquer des changements qui, sinon, ne se produiraient pas d’eux-mêmes. La différence avec la politique, qui travaille également à changer la société, réside dans le fait qu’on ne s’adresse pas à un ensemble de sujets en essayant de les convaincre par de beaux discours mais qu’on traite cet ensemble de sujets comme un gros objet à reformater, d’où une tendance forte à la chosification et à la réification. Le milieu du piratage informatique s’est également approprié la notion en ajoutant la composante de furtivité et de contournement des dispositifs de sécurité. Pour ma part, arrivant après les autres, je propose la définition suivante : l’ingénierie sociale est la transformation furtive et méthodique des sujets sociaux (individus ou groupes).
Les vrais précurseurs de l’ingénierie sociale – les premiers neuro-pirates – sont les prêtres, sorciers et magiciens des sociétés ancestrales, qui connaissaient les mécanismes de l’âme humaine et de la dynamique des groupes, et savaient parfaitement les exploiter. Cette expertise a donné naissance à une tradition ésotérique transmise au fil des siècles, dont les figures mythiques sont le golem et le zombie, et qui n’est rien d’autre que du proto-hacking cognitif. À l’époque contemporaine, on voit le « social engineering » apparaître sous la plume de l’épistémologue Karl Popper (1902-1994), que j’avais lu quand j’étais étudiant. Une dizaine d’années plus tard, je suis entré en contact de plusieurs façons avec l’univers professionnel des consultants en management, marketing et sécurité des systèmes, et je suis retombé sur cette idée d’une ingénierie des faits sociaux, c’est-à-dire d’une construction artificielle des événements et des idées, additionnée d’une certaine dose de furtivité pour donner les apparences de la spontanéité. J’ai commencé à comprendre dans quel monde nous vivions, un monde de production du fait social comme d’un artefact. Deleuze et Guattari parlaient déjà dans les années 70 de « production de subjectivité », donc de production d’identité. Aujourd’hui, le petit monde du consulting envisage de façonner l’intimité humaine dans tous ses aspects – psychologique, sociologique, génétique, etc. – de manière industrielle, standardisée, stéréotypée, mais en effaçant les traces du processus de production pour donner l’illusion que c’est une évolution normale et naturelle. Ma formation m’a donné les outils pour étudier ces questions, auxquelles j’avais été un peu préparé par ma fréquentation du courant situationniste (Debord, Baudrillard, Stuart Ewen, Tiqqun, etc.) qui met en avant le rôle fondateur de l’artifice, du trucage et de la simulation du réel dans nos sociétés postmodernes. En cherchant encore d’autres sources académiques, je suis remonté aux années 1920 – la période originaire des sciences du comportement – avec une nébuleuse d’institutions et d’individus gravitant jusqu’à aujourd’hui autour de la cybernétique et des cellules d’action psychologique des services secrets : Institut Tavistock, Conférences Macy, école de Francfort, école de Palo Alto, Kurt Lewin, Edward Bernays, Norbert Wiener, Gregory Bateson, Paul Watzlawick, etc.
H – Concrètement, quelles sont les techniques employées ?
LC – Les techniques se subdivisent en « dures » et « douces » mais procèdent toutes d’un tronc commun : la psychologie du conditionnement, qui s’est affinée avec le temps pour aller vers les techniques de suggestion subliminale et d’influence comportementale comme le « coup de pouce », le cadrage indirect, en anglais le Nudge. Dans le management, on parle de conduite du changement, ou changement dirigé, qui est une méthode douce consistant à s’imprégner de la culture d’une entreprise pour la modéliser et dégager ainsi son cœur identitaire – son ADN par métaphore – et la modifier ensuite par petites touches insensibles. Par transfert de compétences, on peut faire la même chose avec n’importe quelle culture ou identité. D’autres techniques plus brutales existent aussi, comme le Mind Control, qui procède par le choc et le traumatisme, mais cela réclame un dispositif assez lourd que seules des institutions richement dotées peuvent se permettre. Certaines notions sont transversales aux techniques dures et douces, et déclinées de diverses façons, tels que les couples stimulus/réponse et récompense/punition.
Les techniques douces m’intéressent davantage car je peux les pratiquer au quotidien sur mon entourage. Globalement, on discerne deux grandes étapes. La première consiste à prendre le contrôle du champ de l’attention du sujet cible – son champ attentionnel de conscience lucide – comme le font les mentalistes et prestidigitateurs, pour exploiter ses angles morts et ses failles, contourner sa vigilance, passer sous le radar de son système de sécurité de sorte à pouvoir réécrire le logiciel de ce sujet sans même qu’il en soit conscient. Ce premier moment méthodologique doit assurer de rester furtif, inaperçu, par simulation du naturel (astroturfing) et hameçonnage (phishing), c’est-à-dire une promesse de récompense qui permet d’abuser de la confiance d’autrui en usurpant soit l’identité de la victime, « Je suis incapable de faire du mal », soit du sauveur, « J’ai la solution à votre problème », application stratégique du fameux triangle de Karpman. Quand on a gagné la confiance du sujet cible – ou au moins qu’on n’éveille pas sa méfiance – et qu’il nous ouvre sa porte, la deuxième étape est la réécriture du programme comportemental du sujet cible pour faire monter la méfiance entre lui et un autre sujet cible afin de provoquer à terme un conflit triangulé. Ceci suppose de calculer le choc en retour pour ne pas être impacté soi-même par le conflit que l’on orchestre pour les autres et entre les autres. En effet, l’ingénierie sociale doit permettre d’augmenter la zone d’incertitude d’autrui pour diminuer la mienne, principe du double standard selon lequel ce qui vaut pour vous – ouverture et instabilité – ne vaut pas pour moi car je conserve le droit de me fermer et de rester stable. C’est à cela que sert l’idée de « société ouverte », véritable virus mental formulé par Karl Popper et repris par son disciple George Soros, qui permet de culpabiliser les autres de rester fermés, de sorte à les pousser à s’ouvrir, tout en restant soi-même fermé mais en bénéficiant de l’image généreuse de celui qui appelle à l’ouverture. Une chanson du groupe Les Brigandes, « Jakadi des millions », résume parfaitement et avec humour cette éthique croisée à deux vitesses. Le refrain dit en substance : « Jacques Attali a dit on veut des millions d’immigrés, mais pas dans ma maison ! »
H – Qui sont les acteurs derrière l’ingénierie sociale ? Dans Oliganarchy, vous nous parlez de leurs motivations qui seraient fondées selon vous sur de bons sentiments. Qu’est-ce qui les motive selon vous ?
LC – Dans Oliganarchy, je brosse le portrait d’un conseiller du président des États-Unis, un spin-doctor dont la philosophie est une sorte d’hyper-rationalisme utopiste. Il pense sincèrement que le monde doit être réduit à une mécanique scientifique parfaitement huilée et prévisible pour que les gens soient heureux. En fait, il ne pense même plus aux « gens », il ne poursuit qu’un seul but : réduire l’incertitude à zéro pour mieux gérer les « choses ». Or, abolir toute incertitude est impossible, sauf à pouvoir prédire l’avenir dans des proportions telles que l’avenir est aboli. C’est le mythe de la fin de l’Histoire, quand il n’y a plus de contradictions, donc plus de tensions, donc plus de mouvement, théorisé par Hegel au début du XIXe siècle et qui anime ses descendants spirituels de gauche (marxistes) comme de droite (libéraux), qui tous rêvent à une société sans classes et/ou sans frontières. Le paradoxe que j’ai essayé de mettre en scène est que pour arriver à ce « paradis sur Terre », il faut détruire la Terre, ou au minimum en faire un enfer. Pour parvenir à ce monde parfaitement rationnel, il faut détruire le monde, le stériliser, en retirer la vie biologique pour la remplacer par une forme de vie plus prévisible, cybernétique, numérique, transhumaniste, etc. Pour certains individus comme mon personnage, cette extermination de l’espèce humaine et de tout le vivant n’est qu’un dommage collatéral. « On ne fait pas d’omelette sans casser des œufs. » À mon avis, ce ne sont donc pas vraiment des bons sentiments qui motivent les principaux acteurs de l’ingénierie sociale mais plutôt une volonté de puissance exacerbée, un fantasme d’abolition complète de l’incertitude et de contrôle total sur tout.
H – Partagez-vous l’idée de Michel Drac voulant qu’il faut se « sortir » du système pour éviter d’être piégé ?
LC – Oui et non. Attention à ne pas s’auto-piéger en croyant se libérer. Il faut au minimum avoir un pied dedans et un pied dehors. En effet, la sortie du système conduit souvent à l’impuissance. Certes, il ne faut pas « penser » dans le cadre imposé par le système, mais il faut « agir » dans le cadre imposé par le système. Pourquoi ? Parce que le pouvoir est dans le système, le pouvoir est le système, et que le but est de prendre le pouvoir, donc de prendre le système. Pour sécuriser sa position et nous empêcher de le renverser, le pouvoir en place essaye de nous expulser du système. Un stratagème qu’il a inventé est de nous faire croire que le pouvoir est en dehors du système. Il n’y a rien de plus faux et on le comprend en analysant les rapports de forces de façon purement tactique et réaliste. Tout est question de chiffres. La force de l’ennemi est son capital économique. Impossible de rivaliser à ce niveau-là. En revanche, nous pouvons lui opposer le nombre démographique. À ce sujet, j’ai un slogan : « Face aux millions de dollars, il faut être des millions de gens. » Quand je vois les moyens déployés pour nous piéger, moyens illimités qui se comptent en fait en milliards d’euros ou de dollars, il m’apparaît donc évident que seule une organisation de masse et travaillant à l’intérieur du système est en mesure de rivaliser et de pouvoir s’opposer au pouvoir du capital. Le seul bouclier à opposer à l’oligarchie est donc le parti de masse. C’est la foule qui nous protège quand on ne peut pas se payer les moyens individuels de la sécurité. Face au prédateur, certaines espèces animales opposent un troupeau compact. Ce côté grégaire et solidaire ne doit en aucun cas être méprisé car c’est un outil survivaliste très puissant. L’élitisme n’est pas pour les pauvres du point de vue tactique et stratégique. En effet, dès que je sors du système, je me retrouve seul ou en petits groupes faciles à écraser. Le prédateur s’en prend toujours aux individus isolés, qui sortent du troupeau et se retrouvent exposés. Évidemment, le troupeau doit être organisé intelligemment et de façon souveraine, c’est-à-dire par son avant-garde et non par le prédateur lui-même, avançant derrière le masque de la victime ou du sauveur. L’organisation des masses dans des structures politiques anticapitalistes repose sur ce que les communistes appelaient « l’avant-garde du prolétariat ». Ce qui ne veut pas dire qu’il faille faire vœu de pauvreté, bien au contraire. Gagner beaucoup d’argent est même très utile pour mieux lutter de l’intérieur contre le culte de l’argent. La sortie du système est donc à proscrire même si dans certains cas elle est de bonne pédagogie car on apprend des choses. Parfois, elle est involontaire ou obligatoire, mais dans tous les cas elle ne permettra jamais de prendre le pouvoir. Se complaire dans une posture hors système conduit à se marginaliser soi-même, donc à se désarmer tout seul et à se livrer au pouvoir sur un plateau. En résumé, je pense qu’il faut infiltrer le système, c’est-à-dire faire carrière à l’intérieur du système, manipuler le capital mais tout en conservant un projet alternatif sur le plan idéologique.
H – Dans les années 80 et 90 plusieurs conspirationnistes tel Serge Monast au Québec parlaient d’une implantation éventuelle d’une micro-puce visant à nous monitorer. S’agit-il d’un délire paranoïaque ?
LC – Ce qui pouvait paraître comme un délire paranoïaque il y a dix ans est devenue une réalité aujourd’hui. Pour ma part, j’ai commencé à m’informer sur les projets de puçage de la population en 2005. J’ai découvert les écrits et interventions filmées de Serge Monast à cette époque sur des sites internet qui le citaient comme base documentaire. De nos jours, plusieurs pays comme la Suède sont en pointe dans ce programme transhumaniste. En 2015 à Paris a eu lieu une soirée de présentation des technologies RFID (Radio Frequency Identification) et NFC (Near Field Communication), avec des implants sous-cutanés de puces électroniques réalisés sur des cobayes humains en direct et en public. Un gros travail de persuasion médiatique est en cours pour essayer de normaliser cette pratique, qui avance avec les monnaies virtuelles, la suppression de l’argent liquide et la dématérialisation des moyens de paiement. La suppression des titres de transport physiques dans le bus ou le métro est également prévue. Cela a été annoncé pour la région parisienne. Quand nous n’aurons plus d’argent liquide et que tous nos paiements et déplacements pourront être tracés, nous serons alors réduits à un statut pire que celui de l’esclavage : nous serons devenus de simples « objets communicants ».
H – Outre l’ingénierie sociale et la gouvernance par le chaos abordé avec Michel Drac, quelles autres techniques de gouvernance nos élites utilisent-elles ?
LC – Je vois deux autres techniques, qui marchent le plus souvent ensemble mais pas toujours : la discrimination positive et l’israélo-formation, c’est-à-dire le façonnage du monde sur le modèle israélien. La discrimination positive consiste à accorder plus de droits aux minorités qu’à la majorité, ce qui permet d’instaurer une vraie dictature d’apartheid sous prétexte de réparation morale. L’israélo-formation, soit le façonnage d’un pays sur le modèle israélien, consiste pour le gouvernement à entretenir une « menace terroriste » de diverses façons, notamment au moyen d’attentats sous faux drapeau commis directement par les services d’action clandestine de l’État. Cet usage politique du terrorisme est nommé également « stratégie de la tension » quand il est rapporté à l’OTAN. En France, nous sommes rentrés de plein pied dans cette israélo-formation avec les deux séries d’attentats de 2015 et les déclarations du premier ministre Manuel Valls (« lié de manière éternelle à Israël » selon ses termes), qui nous a assuré qu’il fallait s’habituer à vivre avec la « menace terroriste » – preuve qu’il souhaite vraiment qu’on y pense tout le temps ! Or, cette « menace terroriste » qui permet de peser sur les décisions politiques est évidemment parfaitement sous contrôle puisqu’elle disparaît comme par miracle quand le gouvernement n’en a plus besoin, par exemple quand il organise des manifestations « Je suis Charlie » ou contre un projet de loi pour donner l’illusion que l’opposition est dans la rue [contre la loi Travail, par exemple].
L’israélo-formation, en d’autres termes le terrorisme d’État, est d’abord testée sur les Palestiniens et les Israéliens puis transposée en Amérique du Nord, en Europe et au monde entier comme le montre le documentaire The Lab de Yotam Feldman. Le complexe militaro-industriel israélien enregistre des bénéfices importants et n’a donc aucun intérêt à la paix, que ce soit sur son territoire ou au niveau mondial, d’autant plus qu’il se rend ainsi propriétaire des grands axes du système de surveillance occidental, fondé sur la traçabilité électronique et vidéo, le contrôle des entrées et des sorties avec des check-points partout et l’extraction de données (data mining) pour anticiper nos comportements. La « sécurité » de plusieurs aéroports concernés dans divers attentats islamistes était entre les mains de l’entreprise ICTS (International Consultant on Targeted Security), fondée en 1982 par des membres des services secrets israéliens. Gouverner par le chaos, conformément à la doctrine Ordo ab Chao, consiste à plonger volontairement la société dans l’insécurité, à organiser ou à laisser faire des attentats, donc à orchestrer des tensions entre les composantes du système, ce qui revient à faire monter la méfiance entre les sous-ensembles de tel ensemble pour que ce dernier dysfonctionne et se disloque. À ce moment-là, quand on a créé le problème, on apporte la solution. Si l’on prend comme échelle d’observation le monde entier, cela donne le fameux « choc des civilisations », dont on voit l’application en France, où le pouvoir d’obédience judéo-maçonnique déploie de gros efforts pour lancer une guerre de basse intensité islamo-chrétienne. Tous les concepts de l’ingénierie sociale seront appliqués puisque ce sera un conflit triangulé, entretenu artificiellement mais simulant la spontanéité, fondé sur l’usurpation de l’identité de la victime permettant d’abuser de la confiance des chrétiens et des musulmans pour les dresser les uns contre les autres en bourreaux mutuels et avec comme hameçon la promesse d’une hégémonie identitaire conquise ou reconquise. Les attentats que nous avons connus jusqu’à présent ne sont que des préparations. Ce chaos doit cependant rester contrôlé : la violence doit être omniprésente mais jamais trop déclarée, avec une ambiance de « menace terroriste » permanente mais qui n’empêche pas la Gay Pride de défiler dans les rues, comme à Tel-Aviv. Nous y sommes déjà en France et un peu partout en Occident, mais ce n’est pas encore assez. Les services spéciaux doivent donc organiser un événement encore plus violent que le 13 novembre 2015. Dans mes pires cauchemars, j’imagine une mise en scène du Mossad pour solidariser la population avec les juifs contre les musulmans : par exemple, une prise d’otages dans une école où les djihadistes décapiteraient les enfants juifs et chrétiens mais épargneraient les enfants musulmans. Les familles chrétiennes se rapprocheraient dans la douleur des familles juives et de la cause sioniste, et la haine envers les musulmans deviendrait telle qu’il faudrait militariser le territoire et surveiller la population encore plus pour éviter tout débordement, évidemment sans jamais envisager une seconde d’arrêter l’immigration musulmane en France, car « pas d’amalgames ». La prise en tenaille serait complète et le piège complètement refermé. Après un tel attentat, l’essentiel serait acquis : la population chrétienne serait définitivement arrimée au lobby sioniste et accepterait tout de sa part pour qu’il la protège des musulmans, mais n’oserait plus s’élever contre l’immigration par peur d’être accusée de « racisme et d’antisémitisme ».
H – Dans un monde où le pouvoir est essentiellement entre les mains des lobbies et des hommes d’affaires, les élections ont-elles encore un sens ou doivent-elles être considérées comme un leurre ?
LC – La preuve que les élections ont encore un sens et ne sont pas un leurre, c’est l’argent et le temps que les lobbies et les hommes d’affaires investissent pour influencer les résultats ou pour les truquer carrément quand ils ne sont pas conformes à leurs souhaits. La propagande médiatique pour pirater le cerveau des gens coûte des milliards tous les ans. D’autre part, on sait que les élections présidentielles ont été truquées dans trois pays occidentaux : aux États-Unis pour les deux mandats de Bush fils ; en France, par le vote électronique, pour le mandat de Sarkozy ; en Autriche, cette année, et on attend le nouveau scrutin. Une autre façon plus économique d’essayer de peser sur les élections, c’est de passer des ordres pour interdire aux banques d’accorder les crédits permettant de mener des campagnes électorales, afin de tuer économiquement les candidats et partis jugés indésirables. Par exemple, en France, aussi longtemps que le Front National ne représentait aucun danger pour les lobbies et les hommes d’affaires, les banques acceptaient de lui accorder des prêts pour mener ses campagnes. Mais depuis que le FN est devenu le premier parti de France en arrivant en tête des élections européennes de 2014, les banques dites françaises sont unanimes à refuser de lui prêter un centime et ce parti est contraint de se tourner vers des soutiens financiers russes.
H – Finalement, votre livre Oliganarchy se termine avec la promesse d’un second tome, à quand la livraison ?
LC – En fait, Oliganarchy est lui-même le tome 2 d’un ouvrage que j’ai projeté en cinq tomes (quatre romans avec des personnages récurrents, plus le recueil de poèmes écrit par le personnage « Lucien »). En principe, les éditions Le retour aux sources republieront en 2017 ou 2018 les deux premiers tomes reliés ensemble dans un même volume, dans une nouvelle édition revue et corrigée. Le recueil de poèmes, quant à lui, est déjà achevé et je vais essayer de le publier l’an prochain, mais sans doute chez un éditeur spécialisé en poésie. Il me restera à écrire les deux derniers romans pour mener à terme le cycle complet. Le troisième roman, qui suit immédiatement Oliganarchy, est à l’état de brouillon et devrait pouvoir sortir en 2018 ou 2019 au plus tard. Il y aura un quatrième roman car c’est nécessaire pour développer toute l’histoire, mais il n’en est pour l’instant qu’au stade de l’idée. En attendant, je vous invite à découvrir Gouverner par le chaos (Max Milo, 2014), Neuro-Pirates (Kontre Kulture, 2016) et ce que je fais aux éditions Le retour aux sources.
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Pour en savoir plus sur Le Harfang : éditorial par Rémi Tremblay et sommaire en ligne du vol.5, no.3, « Ingénierie sociale ».