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dimanche, 11 février 2018

Over Leo Strauss en het cultuurmarxisme; Sid Lukkassen en Eric C. Hendriks

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Over Leo Strauss en het cultuurmarxisme

Sid Lukkassen

en Eric C. Hendriks

 
"Het woord cultuurmarxisme zou volgens de media fout zijn omdat
het verwijst naar een complottheorie. Ongetwijfeld zijn er dubieuze
figuren die dat woord gebruiken, maar de stelligheid en de haast
waarmee een hele inhoudelijke discussie opzij werd geschoven
was eigenlijk aanstootgevend. Men viel uitsluitend over het woord."
De term ‘cultuurmarxisme’ is de afgelopen periode doorgedrongen
tot het mainstream debat.
 
Thierry Baudet, vindt de Europese Unie een ‘cultuurmarxistisch
project’, Paul Cliteur zegt in zijn column op de ThePostOnline
dat de cultureel marxisten geen rust hebben ‘voordat u
onderworpen bent’.
 
Wat is cultuurmarxisme en wie zijn het?
 
Eric C. Hendriks (1985) studeerde onder meer in Berkeley
en op de Universiteit van Chicago, promoveerde in Duitsland
en werkt momenteel als postdoc onderzoeker sociologie
op de Peking Universiteit. Hij schrijft vanuit vergelijkend
perspectief over democratische en autoritaire regimes.
 
Leo Strauss (1899 – 1973) was een politiek filosoof, die in
Duitsland werd geboren en naar de Verenigde Staten
emigreerde. Hij wordt gezien als één van de inspiratiebronnen
voor de neoconservatieve beweging die sinds de jaren
zeventig belangrijk is in de Amerikaanse politiek. Van hem
komt de vaak geciteerde slagzin: "Als alle culturen
gelijkwaardig zijn, dan is kannibalisme slechts een
kwestie van smaak".
 
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Chypre : un lieu de tensions en Méditerranée orientale

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Chypre : un lieu de tensions en Méditerranée orientale

Par Patrice GOURDIN

Ex: https://www.diploweb.com

Docteur en histoire, professeur agrégé de l’Université, Patrice Gourdin enseigne à l’École de l’Air. Il intervient également à l’Institut d’Études Politiques d’Aix-en-Provence. Membre du Conseil scientifique du Centre géopolitique.

Alors que nous assistons à la mise en scène des « Jeux de la Paix » entre la Corée du Sud et la Corée du Nord, l’Union européenne compte depuis 2004 un pays membre – Chypre - occupé en partie par un pays supposé candidat depuis 2005 – la Turquie. Patrice Gourdin offre ici une analyse géopolitique de ce lieu de tensions en mer Méditerranée. Un texte de référence sur une question souvent méconnue.

FIN janvier 2018, à Lefkosia (nom turc de Nicosie), à l’instigation du président turc Recep Tayyip Erdogan, des nationalistes ont attaqué le journal Afrika qui avait critiqué l’offensive contre les Kurdes de Syrie (opération Rameau d’olivier) et établi un parallèle avec l’intervention à Chypre en 1974. Cette violence illustre les rivalités qui affligent l’île. Sur le territoire de Chypre, la répartition du pouvoir est complexe : au nord, la République turque de Chypre du Nord-RTCN, une zone peuplée de Chypriotes turcs, occupée par l’armée turque depuis 1974 ; au sud, un espace contrôlé par la République de Chypre, où le pouvoir est exercé par des Chypriotes grecs. Issues d’un conflit, ces deux entités sont séparées par une zone tampon où se trouve stationnée depuis 1974 une force d’interposition de l’ONU, la Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix à Chypre (UNFICYP). Ajoutons qu’après l’indépendance de Chypre en 1960, la Grande-Bretagne a conservé deux bases militaires (Dhekelia, Akrotiri), sur la côte sud. La proximité de cet espace insulaire avec le Proche-Orient contribue à expliquer cet état de fait. Le poids de l’histoire est considérable et plusieurs acteurs extérieurs ont influé ou continuent d’influer sur l’évolution de l’île.

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Carte de Chypre en 2017.
Source de cette carte de Chypre en 2017 : Mathieu Petithomme « Chypre : l’impasse des pourparlers de réunification », Questions internationales n°87 - septembre-octobre 2017, La documentation Française.

I. Un carrefour insulaire

L’île de Chypre se situe en Méditerranée orientale, très près des côtes de Turquie, de Syrie, du Liban, d’Israël et d’Égypte. Cela la place au contact direct d’une zone particulièrement instable : le Proche-Orient. La tumultueuse histoire de cette région pesa constamment sur les Chypriotes. L’île connut différents centres de pouvoir, aujourd’hui disparus ou délaissés. En 1192, la maison des Lusignan prit la direction du royaume et en fixa la capitale à Nicosie. La ville se trouvait idéalement située : sur la rivière Pedieos, pour l’approvisionnement en eau ; au cœur de l’île, donc équidistante des différentes régions ; dans la plaine de la Mésorée, principale zone agricole, pour l’alimentation des citadins. Nicosie est l’épicentre de tous les événements importants qui marquèrent l’évolution de l’île depuis près d’un millénaire. Moins connu que celui qui traversait Berlin entre 1961 et 1989, un mur de séparation matérialise, au cœur de la capitale, la coupure du pays en deux. La division politique de l’île, la zone tampon instituée en 1964 à Nicosie puis généralisée en 1974 et l’emprise des bases britanniques (Dhekelia, Akrotiri) fragmentent le territoire de Chypre. La découverte récente d’hydrocarbures offshore suscite des tensions autour de la délimitation des zones économiques exclusives des États riverains.

Chypre est peu étendue : 9 251 km², ce qui la place derrière la Sicile, la Sardaigne ou la Crète, à peu près à égalité avec la Corse. Ce territoire est marqué par les caractéristiques de l’insularité, plus ou moins pesantes selon les périodes de son histoire : un relatif isolement, des particularismes, une économie en partie dépendante de l’extérieur, des difficultés à maîtriser son sort.

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Plus arrosé que la chaîne de Kyrenia, le massif du Troodos est le château d’eau de l’île, source de plusieurs fleuves ou rivières (notamment le Pedieos) qui viennent irriguer la plaine fertile de la Mésorée. Mais la sécheresse du climat méditerranéen est particulièrement marquée, ce qui pose depuis toujours le problème des disponibilités en eau. L’existence des habitants, ainsi que le développement des aptitudes agricoles et des activités touristiques, dépendent de la plus ou moins grande capacité à mettre en place et à entretenir des systèmes hydrauliques efficaces. L’agriculture, autrefois prospère et source importante de richesse, occupe aujourd’hui une place modeste dans la vie économique (2,3 % du PIB de la République de Chypre). Les troubles dans l’île tout au long du XXe siècle ont entravé la modernisation de l’agriculture de la Mésorée, la grande plaine centrale. La coupure de l’île a ruiné les exploitations dans la partie nord. Depuis plus de quarante ans, les habitants attendent la mise en œuvre du programme d’aménagement promis par Ankara pour améliorer l’agriculture de la zone turque.

Chypre occupant une position de carrefour, son insularité ne l’empêcha pas de profiter très précocement de la révolution néolithique. Elle fut ensuite incorporée à toutes les grandes constructions politiques proche-orientales de l’Antiquité, tout en préservant une plus ou moins grande autonomie jusqu’à la domination macédonienne. Elle choisit l’hellénisme dès la période achéménide et appartint au vaste empire d’Alexandre, puis le diadoque Ptolémée en prit le contrôle. Après les conquêtes de Pompée en Orient, Chypre intégra l’Empire romain. Lors du partage du IVe siècle, elle échut à l’Empire romain d’Orient. Durant tout le Moyen-Âge, Chypre fut une plate-forme importante des échanges commerciaux et des affrontements entre l’Orient musulman et les puissances chrétiennes. Elle tomba aux mains de l’Empire ottoman, sous lequel son économie périclita et la population chrétienne souffrit. Elle appartint à l’empire colonial britannique de 1878 à 1960. Pour Londres elle eut une valeur stratégique variable : brièvement importante pour contrer l’avancée russe en Méditerranée à la fin du XIXe siècle, cruciale pendant la Première Guerre mondiale pour affronter l’Empire ottoman, considérable depuis la Seconde Guerre mondiale pour peser sur l’évolution du Proche-Orient. Aujourd’hui, la République de Chypre argue de cette situation de carrefour pour encourager l’implantation d’entreprises étrangères. Elle valorise le très riche patrimoine culturel accumulé au fil de ces différentes époques pour attirer les touristes étrangers.

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Dans l’Antiquité, Chypre fut le principal fournisseur de cuivre du bassin méditerranéen. Cette ressource généra une importante activité métallurgique aujourd’hui pratiquement disparue. Les exportations de matière première et de produits finis contribuaient largement à la prospérité de l’île. Temps révolus : les gisements sont épuisés et une seule mine reste en activité, celle de Skouriotissa. Les habitants tentent désormais de faire des sites d’extraction une attraction touristique. Le sous-sol ne recèle aucune autre ressource notable. Cela a contribué à l’absence d’activité industrielle significative jusqu’à nos jours (10,6% du PIB de la République de Chypre). Découvert à partir de 2009 dans la région maritime comprise entre l’Égypte et la Turquie, le « bassin du Levant » recèlerait, selon les estimations de l’US Geological Survey, 3 400 milliards de mètres cubes de gaz naturel. Des experts comparent ce gisement à celui de la Mer du Nord. En 2011, d’importantes réserves ont été localisées au large de la côte sud de l’île. La République de Chypre entend bien s’appuyer sur ce pactole pour améliorer sa situation économique. Mais la mise en exploitation du gisement Aphrodite se heurte au problème des investissements et aux revendications de la Turquie.

L’île participa de tout temps aux échanges maritimes en Méditerranée, mais la valorisation de cet atout est limitée par les sanctions que la Turquie a prises à l’encontre des navires battant pavillon chypriote ou ayant fait escale dans un port de la République de Chypre. Toutefois, cette dernière, à l’instar de la Grèce, tire parti de sa longue tradition navale pour offrir un pavillon de complaisance (2% de flotte mondiale, soit1 053 navires totalisant une capacité de 33 Mt de port en lourd) qui contribue pour 5% au PIB du pays. Ceci, joint à une politique fiscale “attractive“ et à un système bancaire peu regardant, vaut à la République de Chypre une réputation douteuse et la présence de personnages ou d’entreprises pas toujours recommandables. Cette particularité remonte à la guerre civile libanaise (1975-1990), qui provoqua le transfert des activités bancaires de Beyrouth vers Nicosie. La fin de la Guerre froide a entraîné l’afflux des fortunes russes (notamment à Limassol où l’on décompte 30 000 résidents russes). Cela a contribué à amplifier les activités des banques chypriotes. Les difficultés de ces dernières sont à l’origine de la très grave crise financière qu’a connue le pays en 2008-2013. Le pays dut faire appel à l’Union européenne qui le plaça sous surveillance et lui imposa des réformes. La crise est officiellement terminée depuis 2016. La disponibilité d’importantes quantités de capitaux explique que la construction immobilière ait connu un essor important. Les investissements s’orientent également vers le tourisme (favorisé par le climat, l’omniprésence de la mer et le capital culturel) qui est devenu le secteur le plus important de l’économie chypriote (15% du PIB de la République de Chypre, qui reçoit 3 millions de visiteurs par an). De son côté, la RTCN tente de devenir un “casino flottant“ pour les ressortissants du Proche-Orient mais cela ne suffit pas pour lui éviter de stagner dans le marasme économique.

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La population de Chypre est faible : 1 116 500 habitants. Les habitants sont inégalement répartis dans l’espace. Si les faibles densités s’expliquent en partie par les conditions naturelles (relief inhospitalier, notamment le massif du Troodos), le dépeuplement du Nord résulte de l’expulsion des Chypriotes grecs lors de l’invasion turque en 1974. L’implantation de colons turcs venus d’Anatolie est loin d’avoir compensé cette perte. Les statistiques démographiques, fragmentaires, portent avant tout sur la République de Chypre. La population affiche un vieillissement marqué : 15,16 % de la population ont moins de quinze ans, 29,4 % ont moins de 25 ans, 11,8 % ont 65 ans ou plus. Avec 1,47 enfants par femme, le remplacement des générations n’est plus assuré. Comme partout où il se produit, ce phénomène obère l’avenir.

Dans la partie turque, le niveau de vie serait trois fois plus bas que dans la partie grecque.

Avec un indice de développement humain élevé (0,856), la République de Chypre se situe au 33e rang mondial (au niveau de Malte ou de la Pologne, légèrement en-dessous de la Grèce et largement au-dessus de la Turquie). Les dépenses d’éducation atteignent 6,4 % du PIB et le taux d’alphabétisation de la population dépasse 99 %. Cela garantit une main-d’œuvre qualifiée, mais n’empêche pas le chômage (10% de la population active de la République de Chypre) car l’activité économique est insuffisante (la crise économique a provoqué le départ de 25 000 personnes). Les dépenses de santé représentent 7,4 % du PIB et l’espérance de vie est assez élevée : 81,6 ans pour les femmes, 75,8 ans pour les hommes. Un niveau comparable à celui de la Pologne ou des États baltes. La Turquie affiche des performances bien inférieures. D’ailleurs, selon les estimations, dans la partie turque, le niveau de vie serait trois fois plus bas que dans la partie grecque.

La population de Chypre est hétérogène. La délimitation du périmètre d’attribution de la nationalité chypriote (question des colons turcs) dans la perspective d’une réunification constitue l’un des points débattus dans les négociations. Le nombre est un facteur important pour la répartition du pouvoir et des ressources dans la perspective qui semble la plus adaptée au cas chypriote : la mise en place d’un État fédéral associant deux entités fondées sur l’appartenance communautaire. Par conséquent, les chiffres qui circulent sont sujets à caution. En l’absence de recensement contemporain fiable, les extrapolations se basent sur celui de 1954. À cette date, les Chypriotes grecs représentaient 80,2 % de la population et les Chypriotes turcs 17,9 %. Avant la partition, les Chypriotes grecs étaient présents sur l’ensemble de l’île et les Chypriotes turcs étaient disséminés un peu partout (mais regroupés dans 45 enclaves depuis 1964). En 1974, les transferts forcés de population ont vidé la partie nord de ses habitants grecs et la partie sud de ses habitants turcs. Après une décennie de ségrégation spatiale, il s’est produit un processus d’épuration ethnique.

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Les deux parties de l’île ont des institutions politiques distinctes. Elles jouissent d’un régime démocratique, mais la partie nord subit depuis 1974 les avatars de l’autoritarisme caractéristique des pouvoirs turcs successifs. Des élections pluralistes sont régulièrement organisées dans les deux entités. De part et d’autre, dans les campagnes électorales, la question de la réunification occupe une large place. Au sein des deux communautés, une majorité semble favorable à celle-ci, mais la plupart des habitants de l’île ne souhaitent pas la réaliser à n’importe quel prix. La communauté turque tient à limiter les restitutions et/ou les indemnisations de biens grecs expropriés en 1974. La communauté grecque rechigne à l’octroi de la citoyenneté chypriote aux colons venus d’Anatolie. En conséquence, les négociations entre les deux parties n’ont, jusqu’à ce jour, jamais abouti et les divers plans proposés par la communauté internationale ont été rejetés.

Il s’avère d’autant plus difficile de trouver une solution que la culture insulaire mêle originalité et diversité.

II. Une population clivée

Chypre eut une grande importance dans l’histoire du christianisme. Elle fut l’une des étapes du premier voyage de conversion entrepris par Paul de Tarse. La première église fut fondée à Salamine et Barnabé (cousin de Marc l’Évangéliste et l’un des soixante-douze disciples du Christ) en fut le premier évêque. Selon la tradition chrétienne, après sa résurrection, pour fuir les persécutions, Lazare se rendit à Chypre où il prit une part active à l’évangélisation. Il devint le premier évêque de la ville de Kition, renommée après sa mort Larnaca (du grec larnax  : le tombeau). Le christianisme chypriote, base de l’identité de la communauté grecque, s’inscrit dans la tradition orientale, confortée par plusieurs siècles d’appartenance à l’Empire byzantin. Depuis 431(concile d’Éphèse), l’Église de Chypre est autocéphale : elle jouit d’une indépendance totale, sur le plan juridique comme sur le plan spirituel. Son rayonnement, limité par l’insularité, ne lui permit pas d’être érigée au rang de patriarcat. Il s’agit d’un archevêché, dont le titulaire détient l’autorité suprême, source d’un prestige et d’une autorité qui perdurèrent jusqu’à la mort de Mgr Makarios (1977).

Chypre se trouve sur la ligne de contact entre le christianisme et l’islam. Sa situation stratégique en Méditerranée orientale en fit une place disputée entre l’Empire musulman et l’Empire byzantin. En 649, elle passa sous le contrôle du Califat, qui la conserva jusqu’en 965, date à laquelle Nicéphore II Phocas mit fin à trois siècles de suprématie maritime arabe et restaura la souveraineté byzantine sur l’île. Point d’appui essentiel des royaumes latins d’Orient, Chypre passa sous le contrôle de la famille des Lusignan en 1192 (évincés par les Vénitiens en 1489). Dès 1196, l’Église latine s’imposa. Elle implanta un archevêché à Nicosie et édifia des lieux de culte de style gothique dont certains vestiges subsistent, contribuant à l’originalité du paysage. Les deux Églises coexistèrent plus ou moins difficilement jusqu’à la conquête turque, en 1570. Chypre devint alors une province de l’Empire ottoman. Quatre ans plus tard, l’Église orthodoxe fut rétablie dans ses droits, tandis que l’Église latine était supprimée et que ses édifices cultuels étaient transformés en mosquée ou désaffectés.

Sous la domination turque, l’archevêque orthodoxe était le chef religieux des Chypriotes grecs, et, avec le titre d’ethnarque, leur représentant politique.

L’islamisation de l’île se fit donc en deux temps : du VIIe au Xe siècle sous les dynasties Abbasside puis Omeyyade ; entre 1570 et 1878 dans le cadre de l’Empire ottoman. Il en résulte la présence d’une importante minorité musulmane, ainsi qu’une forte empreinte architecturale. Umm Ahram, la nourrice de Mahomet, participa à la conquête de l’île et mourut au bord du lac salé qui se trouve près de Larnaca. Elle y fut enterrée en martyre, et un complexe religieux y fut édifié. Il s’agit désormais d’un des plus importants lieux saints de l’islam. Sa localisation dans la partie grecque de l’île limite les possibilités de pèlerinage pour les Chypriotes turcs.

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Sous la domination turque, l’archevêque orthodoxe était le chef religieux des Chypriotes grecs, et, avec le titre d’ethnarque, leur représentant politique. Par la combinaison de la jalousie de la communauté musulmane et de la dégradation de l’administration, la situation des Chypriotes orthodoxes se détériora aux XVIIe et XVIIIe siècles. Les exactions fiscales étaient monnaie courante, les famines se répétaient, engendrant des révoltes sévèrement réprimées et nombre de chrétiens émigrèrent vers la Crète, le Péloponnèse, Corfou, et même Venise. Au XIXe siècle, la population grecque de l’île, était instruite et ses élites suivaient les péripéties du mouvement des nationalités en Europe. Une partie de ses membres communiait dans la « Grande Idée » de se libérer du joug ottoman et de restaurer l’Empire byzantin. Par conséquent, le déclenchement de la guerre d’indépendance grecque provoqua, en 1821, une répression préventive de la part des autorités ottomanes, ainsi que l’abrogation des pouvoirs de l’Église. Le 9 juillet 1821, les principaux notables grecs — parmi lesquels l’archevêque, Cyprien — furent exécutés. Dès lors, animée d’un sentiment antiturc, une partie des Chypriotes revendiqua l’ enosis , le rattachement à la future Grèce libérée. L’île était désormais impliquée dans les rivalités qui tissaient la Question d’Orient. En 1832, lorsque l’Empire ottoman dut accepter l’indépendance de la Grèce par le traité de Constantinople (signé avec la France, la Grande-Bretagne et la Russie), Chypre en était exclue, malgré le panhellénisme affiché par une partie de sa population. Compensation partielle, la politique de réformes (Tanzimat) entreprise à partir de 1839 par le sultan Abdülmecid Ier marqua le début d’une amélioration dans l’administration de l’île.

cyprusGB.jpgLa poussée russe en direction de la Méditerranée orientale et l’ouverture du canal de Suez (1869) amenèrent la Grande-Bretagne à s’intéresser à la position stratégique de Chypre. Après avoir limité les ambitions de Moscou en soutenant l’Empire ottoman (congrès de Berlin, 1878), la Grande-Bretagne conclut une alliance défensive avec Istanbul, qui lui confia l’administration de Chypre (Conventions des 4 juin, 1er juillet et 1er août 1878). L’anglais supplanta alors le français comme langue des élites. Mais la modernisation ne fut pas à la hauteur des espérances. En effet, dès 1882, les Britanniques disposèrent du port d’Alexandrie pour sécuriser le trafic maritime de la route des Indes via le canal de Suez et surveiller tout mouvement éventuel de la flotte russe. Chypre perdait son importance stratégique et les investissements déclinèrent rapidement. Déçus, en 1889, les Chypriotes grecs demandèrent officiellement leur indépendance et leur rattachement à la Grèce. Londres leur opposa le premier d’une longue série de refus.

L’entrée en guerre de l’Empire ottoman aux côtés des Puissances centrales (Allemagne, Autriche-Hongrie) provoqua l’abrogation des Conventions de 1878 et l’annexion de Chypre par la Grande-Bretagne (5 novembre 1914). La présence de troupes alliées à Salonique et en Égypte réactiva l’importance stratégique de Chypre et offrit à l’économie de l’île d’importants débouchés. À la fin de la Première Guerre mondiale, les Chypriotes grecs renouvelèrent sans succès leur demande de rattachement à la Grèce, tandis que la Turquie renonçait “définitivement“ à Chypre (1920 : traité de Sèvres ; 1923 : traité de Lausanne). Or, les guerres gréco-turques de 1919-1920 et l’épuration ethnique croisée qui en résulta avaient accru les passions identitaires. La revendication d’enosis en fut exacerbée, tandis que Londres maintenait son intransigeance : en 1925, l’île devint officiellement colonie britannique. Le 21 octobre 1931, une manifestation en faveur de l’enosis tourna à l’émeute et le palais du gouverneur britannique fut incendié. Les troubles persistèrent jusqu’en 1939.

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L’invasion de la Grèce par les puissances de l’Axe (28 octobre 1940 - 28 avril 1941) poussa des Chypriotes à s’engager dans l’armée britannique. Chypre redevint une base militaire essentielle après le débarquement de Rommel en Afrique du Nord, en février 1941, et la conquête de la Crète par les Allemands, en mai 1941. Londres autorisa une relative libéralisation de la vie politique sur l’île mais, en 1945, une nouvelle demande de rattachement à la Grèce fut rejetée. La Grande-Bretagne tenta de juguler le mécontentement par l’octroi d’un statut d’autonomie. Londres nourrissait de vives inquiétudes : alors que le contexte de Guerre froide avait entraîné une sanglante guerre civile en Grèce (1946-1949), le parti communiste chypriote (AKEL) avait connu un essor important depuis la Seconde Guerre mondiale. L’appréhension était partagée, comme en attesta la condamnation du communisme par l’archevêque de Nicosie. Mais ce dernier n’abandonnait pas pour autant la cause panhellénique. En janvier 1950, il organisa un référendum officieux sur l’enosis. 96 % des votants exprimèrent leur volonté de rattachement à la Grèce. Les autorités britanniques dénoncèrent l’illégalité de la consultation et refusèrent de la prendre en considération. Avec l’élection de Monseigneur Makarios III à sa tête, en octobre 1950, l’Église autocéphale chypriote intensifia le combat panhellénique. Le nouvel archevêque tenta de saisir l’ONU de la question de Chypre, mais la Grande-Bretagne s’y refusait et le gouvernement grec ne pouvait contrarier cette dernière car il en dépendait. Après l’évacuation de la zone du canal de Suez exigée en 1954 par le colonel Nasser, Londres eut un motif supplémentaire de conserver ce territoire : le quartier général britannique pour le Moyen-Orient devait y être transféré. Elle annonça un nouveau statut d’autonomie mais renouvela son refus d’aller au-delà. À l’automne 1954, la Grèce put enfin faire inscrire la question chypriote à l’ordre du jour de l’Assemblée générale des Nations unies. Les Britanniques, afin de dévier le problème sur le terrain de la rivalité gréco-turque et de se poser en arbitres, impliquèrent la Grèce et la Turquie dans les négociations. La manœuvre réussit à la perfection et aucune solution ne fut trouvée : alors que la première réclamait l’autodétermination, la seconde la refusa.

Georgios-Grivas_3084104c.jpgGeorges Grivas, un général grec vétéran des deux guerres mondiales, créa, en 1954, l’Organisation nationale des combattants chypriotes (Ethniki Organosis Kyprion Agoniston-EOKA). Le 1er avril 1955, avec l’accord de Mgr Makarios, il déclencha la lutte armée pour l’indépendance et l’enosis. Convaincus que Mgr Makarios instrumentalisait l’EOKA, les Britanniques l’exilèrent aux Seychelles (9 mars 1956). Cela déclencha des protestations internationales et Grivas intensifia les opérations, ce qui aggrava la répression. La violence atteignit son paroxysme et le gouvernement britannique se résigna à l’autodétermination. L’intervention à Suez, en novembre 1956, démontra tout à la fois l’utilité d’une base stratégique en Méditerranée orientale et la nécessité d’être en bonne intelligence avec la population sur le territoire de laquelle elle était implantée. Les pourparlers reprirent au printemps 1957, après la libération de Mgr Makarios. Sous la pression américaine, la Grèce et Mgr Makarios renoncèrent à l’ enosis , tandis que les Turcs abandonnaient leur projet de partition. L’EOKA cessa ses opérations en 1959.

Le 16 août 1960, l’île devint indépendante, avec une Constitution prévoyant un partage du pouvoir entre Chypriotes grecs et Chypriotes turcs. Sur le terrain, les deux communautés restaient imbriquées et avaient vécu en bonne intelligence jusqu’aux clivages intercommunautaires qui apparurent en 1956 et produisirent les premiers incidents sanglants en 1958. Afin de se protéger des violences perpétrées par l’EOKA, des Chypriotes turcs, autour de Rauf Denktash, fondèrent alors l’Organisation turque de résistance (Türk Mukavemet Teskilati-TMT) et prônèrent la partition. La multiplication des divergences rendit l’île ingouvernable. En 1962, pour sortir de la paralysie, Mgr Makarios tenta de modifier la Constitution. Mais les Chypriotes turcs, craignant de voir leurs droits réduits, s’y refusèrent. Les affrontements entre les deux communautés s’exacerbèrent en 1963 (Noël sanglante) et dès 1964, l’île faisait l’objet d’une partition de fait  : 100 000 Chypriotes turcs étaient regroupés dans 45 enclaves dispersées sur l’ensemble de l’île. S’ouvrit alors une décennie de crise, qui culmina le 15 juillet 1974 avec la tentative de coup d’État de la dictature militaire grecque (appuyée sur l’EOKA-B créée par Grivas en 1971 pour relancer l’enosis) contre Mgr Makarios. Les colonels essayaient d’enrayer la contestation populaire en Grèce par l’accomplissement de l’enosis. Cette manœuvre tourna à la confusion de ses auteurs : les Turcs débarquèrent dans le nord de l’île le 20 juillet 1974. À l’issue d’un mois de combats, auxquels participèrent activement les membres du TMT, Ankara contrôlait le tiers nord de l’île, ce qui provoqua un exode massif de populations (200 000 Chypriotes grecs chassés au sud ; 42 000 Chypriotes turcs chassés au nord) et la mise en place de deux entités politiques : la République de Chypre et la RTCN.

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Les oppositions entre insulaires ne se réduisent pas au clivage entre Chypriotes grecs et Chypriotes turcs. Chaque communauté connaît de vifs débats internes illustrés par les récentes élections : législatives du 7 janvier 2018 dans la partie turque, présidentielles des 28 janvier et 4 février 2018 dans la partie grecque. Si la question de la réunification nourrit largement les débats, les problèmes socio-économiques prennent de plus en plus d’importance. Notamment dans la partie grecque, où le président sortant (Nicos Anastasiades) vient d’être réélu non seulement sur la promesse de reprendre les négociations, mais aussi sur l’engagement de relancer l’économie (et l’emploi) et de créer un fonds dédié au remboursement d’une partie de l’épargne saisie lors de la crise bancaire de 2013. Le débat n’est pas absent de la partie turque : parti historique de la communauté, fondé en 1975 par Rauf Denktash, le Parti de l’unité nationale (conservateur nationaliste) n’a pas atteint la majorité absolue, une partie des électeurs lui reprochant tout à la fois d’être corrompu, d’abuser du pouvoir (qu’il a exercé pendant plus de 30 ans depuis 1975) et d’être trop étroitement soumis à Ankara. Bien qu’émiettée, l’opposition est parvenue à créer une coalition réformatrice modérée majoritaire. L’opinion est également divisée sur la politique du président Erdogan : des Chypriotes turcs de souche rejettent l’implantation de colons venus de Turquie (ils seraient majoritaires en RTCN), critiquent l’intransigeance d’Ankara dans les négociations sur la réunification, s’opposent à l’islamisation (ouverture d’écoles religieuses, construction de mosquées) et à ce qu’ils considèrent comme une politique extérieure expansionniste.

En dépit de l’indépendance acquise en 1960, le sort des Chypriotes ne dépend pas des Chypriotes seuls.

III. Une île très convoitée

Peut-être instruit par une histoire et une actualité marquées par de multiples rivalités qui ensanglantèrent l’île, Mgr Makarios fut un adepte du non-alignement. Ce positionnement, qui indisposa les États-Unis, même s’il n’empêcha pas le maintien des bases militaires britanniques, prit fin en 2004 avec l’intégration au sein de l’Union européenne (comme pour Malte).

Marquée par la culture hellénique depuis l’Antiquité, Chypre entretient des relations anciennes et complexes avec la Grèce. Elle se trouva de ce fait influencée par la tentative de regroupement de toute les populations grecques par Athènes depuis le XIXe siècle. Elle demeure une composante du nationalisme grec. Elle est également concernée par la rivalité entre les Grecs et les Turcs, dont les tragiques péripéties ont donné, au fil des siècles, naissance à une tradition d’affrontement entre la Grèce et la Turquie. Depuis les années 1950, les États-Unis, soucieux de la sécurité du flanc sud de l’Alliance atlantique, tentent de tempérer cet antagonisme. La Grèce contrôle pratiquement toutes les îles de la mer Égée et du Dodécanèse. La possession de Chypre renforcerait sa capacité à bloquer l’ensemble des ports turcs de Méditerranée. Sans oublier que la présence éventuelle de gisements sous-marins d’hydrocarbures aiguise les appétits et les tensions. En proie à de graves difficultés internes, Athènes ne dispose pas des moyens d’une politique extérieure active, notamment vis-à-vis d’Ankara.

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Incluse dans l’Empire ottoman pendant trois siècles, Chypre demeure liée à la Turquie. Celle-ci s’est notamment érigée en protectrice de la minorité chypriote turque, instrumentalisée lors de l’intervention militaire de l’été 1974. Depuis cette date, la Turquie maintient 40 000 soldats sur place (contrairement à la Grèce, qui n’en a aucun) et implante des colons venus d’Anatolie (environ 100 000, semble-t-il). Elle est le seul État à reconnaître officiellement la RTCN. Cette dernière lui sert de gage pour d’éventuelles négociations avec la Grèce et contribue à sécuriser ses ports sur la côte méditerranéenne. Ce dernier aspect gagne en importance avec la montée en puissance de la Turquie comme carrefour d’exportation des hydrocarbures entre la Russie, le Caucase, l’Asie centrale, l’Iran et l’Union européenne. La candidature à l’intégration dans cette dernière, incitait Ankara à une relative modération. Mais, depuis 2010, la Turquie prend ses distances vis-à-vis de l’Occident, s’engage dans une politique de puissance régionale assise sur son essor économique et les tensions remontent avec la République de Chypre, notamment au sujet de la zone économique exclusive maritime dans laquelle se trouvent les gisements gaziers. L’évolution du pays, sous la direction de M. Erdogan, vers un nationalisme plus marqué et appuyé sur l’islam, influe sur le destin de Chypre. D’une part, à l’image des Turcs, les habitants de la RTCN sont divisés au sujet de cette politique. D’autre part, le durcissement d’Ankara affaiblit les chances d’aboutir à une solution négociée, d’autant que la Turquie entre en période pré-électorale (élections législatives et présidentielles en novembre 2019), moment propice aux surenchères.

La Grande-Bretagne, puissance coloniale, domina Chypre de 1878 à 1959. Elle a conservé deux importantes implantations militaires avec accès à la mer : l’une près de Larnaca, à Dekhelia, l’autre à Akrotiri, où se trouve l’unique base de la Royal Air Force en Méditerranée. Celle-ci joue un rôle essentiel pour participer aux opérations dans la région : en Irak (2003-2008) et contre Daech (depuis 2014).

La fin de la Guerre froide n’a pas diminué l’intérêt stratégique du flanc sud de l’OTAN aux yeux des États-Unis, traditionnellement en retrait sur le dossier chypriote pour préserver l’unité de l’Alliance atlantique. Afin de garantir un environnement de sécurité en Méditerranée orientale, ils souhaitent une coopération entre Chypre, la Turquie, la Grèce et Israël. Le règlement de la question chypriote en constitue l’un des préalables. Mais Washington n’a pas réussi à instaurer le climat de confiance nécessaire à la résolution du différend. Les tensions croissantes avec la Turquie depuis le début des années 2010 ne laissent augurer aucun progrès et la Russie ne peut que chercher à les entretenir.

cyprusrussia.jpgDepuis les années 1990, la présence russe s’accroît. Les nouveaux riches de l’ère post-soviétique apprécient la combinaison de la culture orthodoxe, d’une villégiature agréable, d’un environnement fiscal avantageux et de l’acquisition aisée de la nationalité grâce aux Golden Passports généreusement distribués depuis 2013 en échange du placement de leurs fortunes dans les banques locales. L’influente communauté juive d’origine russe installée en Israël entretient des relations d’affaires avec ces ex-compatriotes. Inévitablement, les facilités offertes n’ont pas échappé aux mafias russes. L’accession de Vladimir Poutine au pouvoir alors que les capacités de la Russie s’amélioraient a remis la politique de puissance à l’ordre du jour. Le retour au Proche-Orient s’intègre dans ce projet et la République de Chypre peut contribuer à sa réalisation. Signe du rapprochement entre les deux États, en 1997, la Russie a commencé à vendre des armes à Nicosie, notamment des missiles en vue de contrer une éventuelle intervention turque. Depuis 2013, Moscou bénéficie de facilités portuaires pour sa marine de guerre. Comme le renforcement de l’implantation de son armée en Syrie, elles appuient la réaffirmation de sa puissance. Mais la coopération entre Moscou et Ankara au Proche-Orient, si elle s’avérait durable, pourrait remettre en cause cette politique.

La Turquie refuse obstinément de retirer ses troupes et de renoncer à son droit d’intervention militaire à Chypre, alors que c’est l’une des principales exigences de la partie grecque.

L’ONU est impliquée directement à Chypre depuis 1964, date à laquelle le Conseil de sécurité décida de déployer une force d’interposition entre les communautés grecque et turque : l’United Nations Peacekeeping Force in Cyprus - Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix à Chypre-UNFICYP (Résolution n° 186). Depuis 1974 elle sécurise la zone tampon établie entre le nord et le sud de l’île. 1 106 personnes y sont aujourd’hui déployées. À plusieurs reprises, mais en vain, le Conseil de sécurité a déclaré illégale la partition, notamment par ses résolutions n° 367 (1975) et n° 541 (1983). En 1998, le Programme des Nations Unies pour le développement-PNUD, en étroite collaboration avec l’UNFICYP, entama une série de démarches pour mettre en place des coopérations entre les populations des deux communautés. Le processus fut lent car la société civile était quasi inexistante de part et d’autre. Avec les assouplissements apportés en 2003 par la partie turque au franchissement de la zone tampon (aujourd’hui 7 points de passage), la situation a évolué : les initiatives se sont multipliées et les habitants s’organisent. Jusqu’à ce jour, en dépit de nombreuses tentatives, les efforts des Nations Unies pour favoriser la réunification ont échoué (plan Annan de 2004, négociations de Crans-Montana en 2017, par exemple). La Turquie refuse obstinément de retirer ses troupes et de renoncer à son droit d’intervention militaire à Chypre, alors que c’est l’une des principales exigences de la partie grecque. Pour tenter de débloquer la situation, plusieurs dizaines d’organisations ont fondé la plateforme bicommunautaire Unite Cyprus Now, qui multiplie les actions en faveur d’un État fédéral.

Contrairement à sa pratique habituelle consistant à ne pas accueillir en son sein de pays affectés par des contentieux internationaux, l’Union européenne a admis la République de Chypre en 2004. Outre la satisfaction d’une demande activement soutenue par la Grèce, il s’agissait d’une manœuvre diplomatique pour amener Ankara à assouplir sa position. La candidature de la Turquie semblait créer des conditions favorables pour une normalisation de la situation et la réunification de l’île. Le pari se solda par un échec, consacré par le virage de la diplomatie turque en 2010. L’embargo que la Turquie applique aux navires et aux marchandises originaires de/ou transitant par la République de Chypre constitue un handicap pour le commerce maritime de l’Union européenne. Il compromet également le partenariat euro-méditerranéen. Le gaz naturel découvert en 2011 au large des côtes chypriotes constitue un enjeu important pour l’Union européenne dans la perspective d’une diminution de sa dépendance vis-à-vis du gaz russe.

Le secteur bancaire chypriote, s’appuyant sur une législation particulièrement favorable en matière de fiscalité des entreprises, joue un rôle-clé dans l’affirmation de la République de Chypre comme un des principaux paradis fiscaux de la planète. Pour cela, elle est régulièrement placée sur la sellette par les ONG (OXFAM, notamment) et les enquêtes (parlementaires, journalistes d’investigation). Corollaire de ces “facilités“, dans les deux parties de l’île, le crime organisé transnational s’épanouit.

Conclusion. Une partition durable ?

La géopolitique de Chypre constitue un cas d’école. La dimension identitaire pèse particulièrement lourd sur le destin de l’île. Or, les tensions ou les conflits qui en résultent s’avèrent partout parmi les plus difficiles à résoudre et les plus aisés à manipuler, de l’intérieur comme de l’extérieur. En janvier 1977, Mgr Makarios, président de l’entité grecque et Rauf Denkash, président de l’entité turque, les chefs historiques des deux communautés, étaient parvenus à un accord de principe pour instaurer un État fédéral. Mais Mgr Makarios mourut en avril de la même année, sans avoir finalisé cet arrangement. Une occasion unique de régler le problème chypriote fut ainsi ratée. Aujourd’hui, la dynamique paraît plutôt se trouver au cœur de la société civile. Mais cette dernière saura-t-elle et pourra-t-elle surmonter les représentations géopolitiques concurrentes et triompher des rivalités de puissance ?

Copyright Février 2018-Gourdin/Diploweb.com

J. F. Gayraud: finance mondiale et capitalisme criminel

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La Finance mondiale est-elle minée par le crime?

Entretien avec Jean-François Gayraud, auteur du livre
" Le nouveau Capitalisme criminel". Jean-François GAYRAUD
n'en démord pas : les économistes se trompent,
la crise économique n'est pas systémique
mais criminelle. Ce commissaire divisionnaire de la
Police nationale, ancien membre de la DST,
criminologue, proche du chercheur belge Paul JORION,
a un point de vue unique sur la crise financière.
L'actualité lui donne raison. Au Japon, le bitcoin est
en chute libre : et s'il s'agissait d'une
vaste escroquerie ? L'Escroquerie et le crime n'ont-ils
pas, de tout temps, accompagné la vie
économique? Jean-François Gayraud
dénonce cette criminalité dans un rapport.
 
 

JFG-2NCC.jpgJean-François

Gayraud :

l'économie mondiale

vue du côté de la criminologie (RFI )

 
Crises financières,
narcobanques,
trading de haute
fréquence...
Financiarisé,
mondialisé
et dérégulé à l'excès,
le capitalisme n'est-il pas
devenu criminogène ?
 
Invités :
 
- Jean-François Gayraud,
commissaire de la Police
nationale, et ancien
membre de la Direction
de la surveillance du
territoire, essayiste.
« Le nouveau capitalisme
criminel », éditions Odile
Jacob.
 
- Christian Chavagneux, rédacteur en chef adjoint
de la revue Alternatives Economiques. « La capture.
Où l'on verra comment les intérêts financiers ont
pris le pas sur l'intérêt général et comment mettre
fin à cette situation », éd. La Découverte.
 
- Jacques de Saint-Victor, historien. « Un pouvoir
invisible. Les mafias et la société », éd. Gallimard.
 

samedi, 10 février 2018

Yves Branca : Introduction à la pensée de Costanzo Preve

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Yves Branca : Introduction à la pensée de Costanzo Preve

Yves Branca est venu nous présenter la pensée de Costanzo Preve,
grand philosophe populiste italien, à l'occasion de la publication
aux éditions Perspectives Libres de sa traduction du maître
ouvrage de Preve l'Histoire alternative de la philosophie.
Pour acheter l'ouvrages : http://cerclearistote.com/parution-de...
Soutenez nous.
ou faites un don Paypal via notre site internet
(lien en rouge, en bas à droite) : http://cerclearistote.com/
 
 

Luc-Olivier d'Algange : Le réenchantement du monde - causerie autour de Jünger

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Luc-Olivier d'Algange : Le réenchantement du monde - causerie autour de Jünger

L'écrivain Luc-Olivier d'Algange venait présenter au Cercle Aristote son dernier ouvrage sur la figure d'Ernst Jünger en compagnie de l'association Exil H.
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Réponses de Michel Maffesoli au questionnaire de la Nietzsche Académie

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Réponses de Michel Maffesoli au questionnaire de la Nietzsche Académie

Ex: http://nietzscheacademie.over-blog.com

Réponses de Michel Maffesoli au questionnaire de la Nietzsche Académie. Michel Maffesoli, sociologue, professeur émérite à la Sorbonne, est l'auteur notamment de "L'Ombre de Dionysos".

Nietzsche Académie - Quelle importance a Nietzsche pour vous ?

Michel Maffesoli - L’œuvre de Nietzsche a pour moi été d’une très grande importance. J’en ai fait pendant longtemps une lecture quasi-quotidienne, si bien que l’ensemble de mes livres est imprégné par cette pensée, même si comme c’est le cas pour toute œuvre qui vous marque et avec laquelle vous êtes en complète congruence, je ne le cite pas souvent. Tout ce que j’ai pu dire sur la figure emblématique de Dionysos, sur le retour du tragique, sur la critique du moralisme s’inscrit en droite ligne dans la pensée nietzschéenne. On peut dire, sans faire un anachronisme par trop poussé, qu’il y a dans cette œuvre une préfiguration de la postmodernité en cours.

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N.A. - Etre nietzschéen qu'est-ce que cela veut dire ?


M.M. - Le nietzschéisme ne se présente en rien comme étant une pensée dogmatique. Mais au contraire, comme un perpétuel questionnement, ce qui est, véritablement, le cœur battant de tout chemin de pensée digne de ce nom. D’une certaine manière, dit métaphoriquement, à l’opposé du « Lycée » aristotélicien, procédant par système, la démarche nietzschéenne est plutôt une « académie » où prévalent le dialogue et l’échange perpétuel. Ce qui explique les fructueuses évolutions de la pensée et de l’homme Nietzsche.

N.A. - Quel livre de Nietzsche recommanderiez-vous ?

M.M. - Il est bien délicat, tant cette œuvre est complexe, plurielle, de choisir un livre particulier. Mais s’il faut le faire, je proposerais La Naissance de la tragédie où sont exposées les caractéristiques essentielles du dionysiaque et l’importance du vitalisme qui est une des spécificités de l’œuvre nietzschéenne, en congruence essentielle avec le temps présent.

N.A. - Le nietzschéisme est-il de droite ou de gauche ?


M.M. - À l’encontre des diverses récupérations qui ont pu être faites de cette œuvre (bien évidemment celle induite par la sœur de Nietzsche), on peut dire que celle-ci est essentiellement « métapolitique » et ne peut en rien être récupérée par un parti quel qu’il soit ou être qualifiée de gauche ou de droite. Il est d’ailleurs intéressant d’observer que les multiples commentateurs de cette philosophie appartiennent à des bords politiques on ne peut plus divers, ce qui est en soi significatif.

N.A. - Quels auteurs sont à vos yeux nietzschéens ?


M.M. - Comme je l’ai indiqué, il s’agit d’une œuvre adogmatique et « métapolitique », il me semble délicat de parler « d’un auteur nietzschéen ». On peut dire que nombre d’esprits aigus s’en sont inspirés. En France, je pense en particulier à Gilles Deleuze, sans que pour autant on puisse plaquer cette étiquette sur leur œuvre. Sans vouloir être par trop paradoxal, il me semble que Heidegger, dans la critique même qu’il fait de Nietzsche est traversé, de part en part, par le questionnement de ce philosophe.

N.A. - Pourriez-vous donner une définition du surhomme ?

M.M. - Le « surhomme » a donné lieu à de multiples interprétations et même certaines, on le sait, d’inspiration totalitaire. Pour ma part, je dirais qu’il s’agit là de cette belle thématique, tout à la fois pré-moderne (celle de la philosophie antique) et postmoderne, ce qui est actuellement en gestation : à savoir le dépassement d’un individualisme étroit et du subjectivisme philosophique qui en est l’expression, à partir de Descartes dans la philosophie moderne. Le « surhomme » est ce qui me met en étroite relation avec l’Altérité, que celle-ci soit le fait de la communauté, de la nature ou de la déité.


N.A. - Votre citation favorite de Nietzsche ?

M.M. - Citation de Nietzsche que j’ai faite dans mon premier livre et reprise par la suite régulièrement : « Il faut avoir un chaos en soi-même pour accoucher d’une étoile qui danse. »

Réponses de l’écrivain Thierry Ottaviani au questionnaire de la Nietzsche Académie

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Réponses de l’écrivain Thierry Ottaviani au questionnaire de la Nietzsche Académie

Ex: http://nietzscheacademie.over-blog.com

Réponses de l’écrivain Thierry Ottaviani au questionnaire de la Nietzsche Académie. Né le 1er mars 1974 à Bastia, Thierry Ottaviani est l’auteur de "Nietzsche et la Corse" aux éditions Maïa.

Nietzsche Académie - Quelle importance a Nietzsche pour vous ?

Thierry Ottaviani -  Il est un des auteurs qui explique sans doute pourquoi j’ai voulu faire par la suite des études de philosophie. Quand j’étais adolescent, j’avais souvent un livre de Nietzsche dans la poche, surtout quand je me promenais dans la montagne corse, près de Corte. J’aimais m’asseoir sur un rocher, situé sur les hauteurs, regarder le paysage et lire Nietzsche. À l’époque, je ne savais pas que ce grand philosophe avait souhaité s’installer dans le centre corse, à Corte, dans cette région d’où je suis originaire. Si en ce temps j’aimais déjà Nietzsche, je ne pense pas que c’était par hasard. De nombreux passages décrivaient les paysages que j’avais sous les yeux (bien que Nietzsche n’ait jamais mis les pieds en Corse). Aujourd’hui, mon regard sur cet auteur n’est bien sûr plus le même et je ne réduirais évidemment pas sa philosophie à la simple contemplation des montagnes insulaires, aussi belles soient-elles.

ThO-2titreNC.jpgN.A. - Être nietzschéen qu’est-ce que cela veut dire ?

T.O. - Être nietzschéen, c’est chercher le dépassement de soi. Cela fait appel à certains concepts tels que la Volonté de puissance, la force, l’honneur ou la fierté… Des qualités que Nietzsche espérait trouver chez les Corses. Les Corses sont nietzschéens et Nietzsche l’avait compris ! Avant d’écrire « Nietzsche et la Corse », j’avais publié aux éditions Maïa un roman qui s’intitule « Chien de sang » et dont certains passages font référence à ce caractère nietzschéen d’hommes forts et libres, aimant « respirer l’air des hauteurs ». Ce roman avait été fortement inspiré par la Corse, mais aussi par la philosophie de Nietzsche.

N.A. - Quel livre de Nietzsche recommanderiez-vous ?

T.O. - Tous. Si l’on veut bien comprendre ce philosophe, je pense qu’il faut lire l’ensemble de son œuvre, y compris ses derniers ouvrages, les plus importants.

N.A - Le nietzschéisme est-il de droite ou de gauche ?

T.O. - Ni l’un, ni l’autre. Nietzsche avait lu Paul Bourde, un auteur qui a écrit plusieurs pages sur la politique corse, expliquant qu’elle était très difficile à comprendre pour un observateur venu du continent, précisément parce que les notions de gauche et de droite n’avaient plus aucun sens sur cette île régie par des valeurs antiques. Cette non référence aux valeurs modernes ne pouvait que plaire à Nietzsche.

N.A. - Quels auteurs sont à vos yeux nietzschéens ?

T.O. - Ceux qui ont influencé Nietzsche, très clairement, à commencer par Dostoïevski. J’en parle dans mon livre « Nietzsche et la Corse » à propos de l’étrange colère « calme, froide et raisonnable » que Nietzsche attribue au Corse… et au criminel. Stavroguine dans les Possédés ou Raskolnikov dans Crime et Châtiment sont des personnages nietzschéens (ainsi lorsqu’il est question dans ce livre de l’article de Raskolnikov qui distingue les hommes « ordinaires » et les hommes « extraordinaires »). Je dirais aussi que Stendhal est nietzschéen lorsqu’il parle de Napoléon ou Mérimée lorsqu’il raconte l’histoire de Carmen ou celle de Colomba.

N.A. - Pourriez-vous donner une définition du surhomme ?

T.O. - Napoléon nous en donne une idée car il est, selon Nietzsche, une synthèse de l’inhumain et du surhumain. Mais, il n’est pas un surhomme proprement dit. L’homme accompli est celui qui veut s’éloigner de la bête pour aller vers le surhomme. Mais il faut être conscient de la distance qui nous sépare de celui-ci. Avoir facilement une trop haute estime de soi est un danger. Napoléon a péri à cause de cela. Mais, pour Nietzsche, il y a une chose pire encore : se rabaisser.

N.A. - Votre citation favorite de Nietzsche ?

T.O. - « Qui sait respirer l’atmosphère qui remplit mon œuvre sait que c’est une atmosphère des hauteurs, que l’air y est vif. Il faut être créé pour cette atmosphère, autrement l’on risque beaucoup de prendre froid. La glace est proche, la solitude est énorme — mais voyez avec quelle tranquillité tout repose dans la lumière ! Voyez comme l’on respire librement ! » [in « Ecce Homo »]

vendredi, 09 février 2018

The World of Dostoevsky and the Freedom of the Person

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The World of Dostoevsky and the Freedom of the Person

 
The World of Dostoevsky and the Freedom of the Person
 
William Weber was the Provost of Rose Hill College from 1996-1998 and is currently a teacher of social studies.
 
February 24, 2011
 
Brothers Karamazov
The Way of a Pilgrim
The French Revolution
Orthodox Church
Crime and Punishment
The Grand Inquisitor
 

Michel Drac sur Radio Courtoisie: «De quoi Macron est-il le nom dans ce monde chaotique?»

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Michel Drac sur Radio Courtoisie: «De quoi Macron est-il le nom dans ce monde chaotique?»

 
« De quoi Macron est-il le nom dans ce monde chaotique ? » : Pascal Lassalle reçoit Michel Drac dans "le libre journal des lycéens" sur Radio Courtoisie (3 février 2018).
 
Comprendre Macron avec Michel Drac : « VOIR MACRON, 8 scénarios pour un quinquennat ».
Michel Drac revient avec cet essai de futurologie politique.
Pour découvrir la quatrième de couverture et commande le livre : http://bit.ly/2i4haQ8
Le Retour aux Sources Éditeur :
 

DOMINIQUE VENNER: EL ENVIADO DE HOMERO

NOVEDAD EAS

 
 

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DOMINIQUE VENNER:
EL ENVIADO DE HOMERO

 

UNA OBRA DE
Robert Steuckers; Adriano Erriguel; Ernesto Milá; Jesús Sebastián Lorente; Paulino Arguijo; Eduard Alcántara; Eduardo Basurto; Néstor Luis Montezanti; Juan Pablo Vitali; Michel Lhomme; Carlos X. Blanco; William Díaz; Carlos Ruiz Lapresta; Jean-Yves Le Gallou; Luca L. Rimbotti; Gabrielle Adinolfi; Enric Ravello; Dan Roodt y Alain de Benoist.

SINOPSIS

El historiador y escritor francés Dominique Venner se suicidó de un disparo en la Catedral de Notre-Dame, el 21 de mayo de 2013. Su trágico final fue inesperado, en cuanto parecía encarnar un tipo humano que, tras haber conocido la vorágine del activismo más turbulento, alcanza un estado de serenidad estoica. Su suicidio resultará también sorprendente para quienes conocieran sus repetidos elogios al ideal griego de mesura.
 
Las líneas que siguen son un intento personal de comprender el sentido del suicidio –sacrificio o inmolación según sus allegados– del historiador y escritor Dominique Venner. Desde el respeto pero también desde la crítica a los hábitos mentales de toda una cultura política en cuyo contexto, pensamos, su muerte puede intentar explicarse. Se trata también de establecer cierta prevención frente a algunos usos ideológicos a los que esta muerte, de forma casi inevitable, se presta.
Dominique Venner quiso hacer de su suicidio un acto público. Un acto político. Como tal acto político éste es analizable sin que ello suponga faltar al respeto a su memoria ni escupir sobre la tumba del difunto.
 
¿Quién fue realmente Dominique Venner? ¿Qué lectura política –o metapolítica– cabe extraer del suicidio de Venner? ¿Cómo y por qué luchó? ¿Cuál es realmente su historia?

Colección Synergias

Edición en rústica con solapas; Páginas: 298; Tamaño: 15 cm x 21 cm; Peso: 450 gr.;
Papel: Ahuesado 90gr; Cubierta estucada plastificada en mate de 300 gr.;
Categoría: Sociopolítica
ISBN: 978-84-947007-9-8


P.V.P.: 19,95 € 

Web: www.editorialeas.com
Contacto: info@editorialeas.com

 

Voyage dans le temps - Hermann von Keyserling

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Hermann, comte von Keyserling,  Philosophe allemand d'origine balte, né le 20 juillet 1880, décédé le 26 avril 1946

Voyage dans le temps

Hermann von Keyserling

Extraits (Sélection de Georges Hupin) :

- 1 - Cependant, une mère qui n'est pas une éducatrice de l'âme dans le sens de la transmission d'une tradition, ne mérite pas son nom. Cela est le seul fondement valable du fait que, dans aucune société saine, les enfants illégitimes ne sont placés sur le même rang que les enfants légitimes.


- 2 - On disait généralement que mon père adulait sa femme et l'admirait au-delà de toutes les bornes de la raison. En effet, non seulement il lui abandonnait la direction de sa maisonnée, mais son être tout entier, il se laissait choyer comme un enfant et conseiller par elle en toute chose.
     De son côté ma mère lui donnait son cœur tout entier, ce qui lui permettait de mettre pleinement en valeur son caractère exceptionnellement fort et puissant et de vivre jusqu'au bout son exclusivisme qui confinait à la dureté : c'est là ce dont elle avait besoin. Elle régnait absolument sur tout en gardant l'apparence de servir. […] Elle s'était donnée si exclusivement à son mari et à ses enfants que sitôt après son mariage, elle était devenue pour ainsi dire étrangère à sa propre famille […] Jour et nuit, elle faisait infatigablement tout ce qui était nécessaire pour son mari et ses enfants, car sa capacité d'action était immense […] En vertu de quoi mon père, qui lui avait donné tout son cœur et qui croyait aveuglément en elle, était parfaitement heureux. Et quant à elle, du moins croyait-elle l'être.


- 3 - Ma mère manquait complètement de souplesse, elle était passionnée et colérique, avec une tendance à la brutalité et à une certaine grossièreté d'expression. Elle était dominatrice et despote, mais comme elle avait sans cesse à faire et que les gens lui obéissaient au doigt et à l'œil, son énergie se déployait en général de manière bienfaisante. Comme chef de la maison, mon père était un véritable pacha et à ce titre-là, fort exigeant, bien qu'il fût doux et délicat de nature ; il se sentait tellement seigneur et maître, aussi bien dans le sens de la domination que dans celui de la possession, que je n'ai jamais rencontré son pareil plus tard en aucun lieu. Il considérait aussi sa femme comme sa propriété et il était si jaloux de nature, que dans notre enfance il lui arriva d'être de mauvaise humeur durant plusieurs jours parce que ma mère s'était intensément vouée à de jeunes cigognes noires que l'on avait apportées à la basse-cour pour nous autres enfants. […] dans sa féminité primitive, ma mère semblait apprécier assez ce genre "pacha" et ce sentiment possessif chez mon père. Elle-même était d'ailleurs excessivement jalouse, considérant par exemple ses enfants comme sa possession exclusive.


HvK1.jpg- 4 - Là était la beauté de l'ancien ordre aristocratique : chacun était pleinement respecté dans son caractère spécifique, à son rang reconnu, et chacun se comportait sincèrement selon ce rang, de sorte qu'il ne pouvait y avoir de conflits nés de la jalousie ou de l'envie.


- 5 - Après la mort de mon père, ma mère fut complètement perdue […] Elle devint de plus en plus intime avec lui [le précepteur de Hermann Keyserling] […] Nous autres enfants, bien entendu, ne remarquions rien de ce qui se passait […] parce que notre sentiment de la différence de niveau qui séparait de notre famille ce jeune homme, excluait à nos yeux toute relation intime. Aujourd'hui, hélas ! ce sentiment élémentaire du niveau social n'existe presque plus chez les jeunes gens ; il suffit pour eux qu'on soit gentil et sympathique à tous égards : toute autre considération passe pour être un préjugé aristocratique ou bourgeois et est éliminée d'office. […] Il n'y a rien de plus essentiel que les différences de niveau ; elles […] créent sur ce plan des limites aussi infranchissables que celles qui séparent une espèce animale d'une autre. […] Celui qui est né un seigneur est essentiellement un seigneur-né, de même que celui qui est né un serviteur est un serviteur-né. Là où cela n'est pas clairement entendu, il y a toujours une dégénérescence psycho-intellectuelle […] un soir […] ma mère me déclara qu'elle ne pouvait faire autrement que d'épouser l'ancien précepteur […]


- 6 - Cette génération [les ancêtres de Keyserling] possédait encore le sentiment très vif qu'il était tout naturel qu'elle occupât une position privilégiée, sentiment que l'on ne retrouve plus chez les générations suivantes. […] Aristote, qui enseignait que l'égalité est le véritable rapport entre égaux, mais qu'entre gens inégaux c'est au contraire l'inégalité. […] Les monarchies ne s'écroulent jamais quand les rois les tiennent solidement en main, et, dans l'histoire, rares sont les révoltes de paysans au temps où les seigneurs étaient forts et conscient de leur force. L'oppression suscite rarement la révolte, mais la faiblesse toujours, et l'on a tôt fait d'interpréter faussement l'humanité et la libéralité comme de la faiblesse.
[Comme dans Le chat et les pigeons d'Agatha Christie.]


- 7 - Mon père était si doux dans son commerce avec autrui qu'à une époque où cela pouvait passer pour un tour de force, il ne se battait jamais en duel. Cela ne l'empêcha pas de me dire, alors que j'avais tout juste treize ans : "Si jamais un professeur a l'audace de porter la main sur toi, tue-le d'un coup de revolver ; peu importent les conséquences". Dans cet ordre, en apparence si peu pédagogique, s'exprimait le sentiment que nous autres, gentilshommes baltes, nous ne pouvions nous maintenir que très exactement dans la mesure où nous ne nous plierions pas à ce que les autres trouvaient bon, et où nous défendrions notre position privilégiée non seulement sans tenir le moindre compte de l'esprit de l'époque mais avec une folle témérité.


- 8 - Il est ridicule de prétendre, comme on le fait malheureusement trop souvent ces derniers temps, qu'ils [les ancêtres de Keyserling] aient "lutté" contre la russification, contre les Esthoniens ou contre la barbarie. Le seigneur ne lutte pas contre ce qui est en dessous de lui, il le domine, le guide, l'éduque. […] Tous mes ancêtres, qui ont défendu leur caractère germanique […] l'ont fait au nom de leur être propre, senti par eux comme supérieur, mais qui, en tant que tel et selon l'impératif "Noblesse oblige" créait des obligations et ne justifiait aucune sorte de ségrégation. Leur devise inexprimée n'était pas celle que Leopold Ziegler présentait après 1918 comme celle de l'homme noble : "Servir, et non se servir", mais : "Ni se servir, ni servir, donner généreusement." Ils avaient l'assurance souveraine de l'homme vraiment souverain, qui n'a besoin d'aucun aiguillon extérieur pour donner le meilleur de soi-même et qui à plus forte raison n'attend aucune reconnaissance.


- 9 - Le type du seigneur balte avait des racines psychologiques et sociologiques ; il était le produit de la tension qui opposait une infime minorité à une couche inférieure beaucoup plus nombreuse qu'elle ne se contentait pas de dominer, mais dont elle prenait soin, consciente de ses responsabilités […] Ainsi s'est opéré, au cours des temps chez le type le plus accompli du gentilhomme balte, une sorte de synthèse du sentiment de responsabilité du prince qui veut le bien de ses sujets, de la conscience aristocratique du Romain, proclamant fièrement Civis romanus sum, et du colon anglais. Ce n'est donc pas sans raison qu'un historien allemand a prétendu que le seul type d'homme des temps modernes avec lequel les Baltes aient quelque ressemblance était celui du colon anglais des États du Sud, en Amérique du Nord, avant qu'il ait été médiatisé par la guerre de Sécession. […]
     Ainsi mes ancêtres ont défendu leur originalité non par étroitesse de vue et de cœur, en s'opposant à d'autres sur le même plan qu'eux et en les combattant, mais au nom de leur être propre, ressenti par eux comme supérieur, et qui, de ce fait, leur créait des devoirs.


- 10 - […] après qu'on eût porté le cercueil [du père de Keyserling] dans la salle, de fidèles serviteurs, en particulier les gardes forestiers de Könno, de vrais vassaux, montèrent en pleurant la garde funèbre. Jamais aucun de nos gens ne fut effleuré par l'idée que mon père, en tant que seigneur, n'était pas leur maître à tous. Il était si naturellement le seigneur qu'il lui suffisait d'être là, plein de douceur, et de guider doucement pour que tous lui offrissent leurs services.


HvK2.jpg- 11 - Pour moi, dès ma prime jeunesse, je n'étais jamais tombé amoureux ; en tout cas je ne m'étais jamais avoué qu'un amour germait en moi, car mon inconscient très puritain n'admettait pas la simple possibilité d'une chute dans la sensualité, condamnée comme une faiblesse. En outre la conscience des hommes baltes de ma génération qui furent plus ou moins mes contemporains, était encore entièrement déterminée par la tension : sanctuaire inviolable - vice […] ce qui les conduisait d'une part à idéaliser démesurément la femme dite "comme il faut", d'autre part à traîner dans la boue, avec autant d'exagération, toute femme qui menait une vie contraire à l'idéal, ce qui excluait une vie amoureuse libre sous la forme de la beauté.


- 12 - Le fait que, chez l'homme, les sens mènent, à tous les âges, une vie à part, tient à sa physiologie, et plus encore au penchant qui incline la plupart des hommes vers la laideur des bas-fonds, et auquel ils ne peuvent - et le plus souvent aussi ne veulent s'adonner avec un être qui fait vibrer leur âme. Gustave Flaubert s'est fait l'interprète de beaucoup d'hommes quand il a écrit très justement : "On peut adorer une femme et aller chaque soir chez les filles."
[Comme Simenon.]


- 13 - Je compris alors une fois pour toutes combien nos sentiments personnels et nos opinions - qui reposent toujours sur des préjugés - font obstacle à notre évolution si nous les prenons au sérieux. Or aucun type humain ne le fait autant que l'Anglo-Saxonne, surtout l'Américaine. Elle accepte moins que toute autre de reconnaître des différences de niveau et par suite une hiérarchie des valeurs. "Mon opinion vaut bien la vôtre", tel est son dernier argument. Et elle croit avoir le droit de détruire un rapport essentiellement profond entre deux êtres, tel que le mariage, pour peu que le mari ait un caractère difficile ou des habitudes qui ne lui plaisent pas. Voilà pourquoi les Américaines se font si peu scrupule de quitter un homme pour un autre. Voilà pourquoi […]  le niveau des livres américains les plus lus est extrêmement bas et pourquoi les esprits qui jouissent en Amérique du plus grand prestige sont si médiocres […] car outre-Atlantique c'est la femme qui détermine le goût […]


- 14 - Le premier objet d'authentique vénération que je trouvai et le plus important fut Houston Stewart Chamberlain. […]  Je laissai de côté ce qui fit de Chamberlain une puissance morale politique, son racisme, son pangermanisme, ses vues antidémocratiques et antilibérales ; ces particularités, je les lui "passai" […]  Personnellement ces opinions ne m'intéressaient pas ; à cette époque-là j'étais rigoureusement apolitique.
[En fait Keyserling n'a pas dû se forcer beaucoup pour admirer Chamberlain, parce qu'il était lui-même aristocratique, antidémocratique et antilibéral.]

jeudi, 08 février 2018

Jean-Michel Valantin, le Machiavel de l’anthropocène

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Jean-Michel Valantin, le Machiavel de l’anthropocène

par Alice Audouin

Ex: http://www.aliceaudouin.com

Dans son dernier ouvrage Guerre et Nature (Prisma, 2013), Jean-Michel Valantin, chercheur spécialisé sur le lien entre Défense et Environnement, partage sa connaissance approfondie de la Défense américaine, explore et analyse la manière dont cette « première armée du monde » intègre les enjeux du développement durable. Cette exploration le conduit à remettre en perspective la notion d’hégémonie à l’ère de l’« anthropocène » (cette nouvelle ère géologique façonnée par l’homme) et montre que les techniques de résilience vont permettre de dominer un monde  soumis chaque jour davantage aux pénuries, pandémies et catastrophes naturelles. Tel Machiavel en son temps, Jean-Michel Valantin identifie les clés de la pérennité au pouvoir. Cette nouvelle version du Prince, érudite, visionnaire et d’une grande intelligence s’impose comme le livre de chevet indispensable des dirigeants politiques et militaires.

valantinLivre.jpgL’armée américaine intègre le développement durable

Le coup d’envoi est donné en 2006, avec la publication du rapport militaire National Security and the Threat of Climate Change.  L’armée américaine joue ici les précurseurs. Non seulement le rapport reconnait le réchauffement climatique comme une menace, mais le présente  (contrairement au risque nucléaire) comme une catastrophe inévitable. Si le gouvernement de Georges Bush n’avait pas su quoi faire de ce rapport, il marque néanmoins le premier changement culturel du pays. Depuis, plusieurs facteurs ont contribué à l’avancée du développement durable dans la défense américaine.

Tout d’abord, le peak oil se rapproche.  Or l’armée américaine fonctionne avec des énergies fossiles importantes, de plus en plus chères.  Avions, bateaux et chars et autres engins énergivores posent d’immenses problèmes d’approvisionnement, surtout dans un pays comme l’Irak ou le danger impose des convois renforcés, le tout devenant encore plus énergivore. L’amélioration des conditions de vie des combattants est elle aussi, très consommatrice de pétrole. L’utilisation massive de climatiseurs pendant la guerre en Irak a nécessité une gigantesque consommation d’énergie. C’est justement en Irak avec le casse-tête des climatiseurs, que les premières solutions de production d’énergie décentralisée et autonome, à base de photovoltaïque, a été mise en place. Le vol du premier avion de l’US Navy en 2010 avec 50 % de biofuel est le prémisse du passage vers une « great green fleet » et marque l’avancée de la Navy  sur l’US Air Force sur son propre terrain, l’aviation.  La Navy est précurseur dès 2008 avec la création de la Task Force on Climate Change, dans un contexte où l’Arctique, nouvel eldorado né de la fonte accélérée de la banquise, oblige à définir rapidement une stratégie.

Un autre facteur, lui aussi de plus en plus prépondérant, concerne l’ampleur croissante des catastrophes naturelles aux Etats-Unis, aboutissant à des destructions massives d’infrastructures, des pertes humaines, ce qui fragilise le pays et donc sa sécurité. Avec Katrina, le pays a découvert sa vulnérabilité.  Les catastrophes dues à la négligence humaine, comme Deepwater-Horizon, laissant écouler du pétrole sur 30 jours prouve l’existence d’un nouveau type de catastrophe,  dont l’ampleur des dégâts ne cesse de croître. La National Security entre en jeu, s’invite ainsi au débat, dès lors que les besoins en énergie et les conditions de vie sont impactés. La National Security évolue vers la Natural Security.

valantinL2.jpgEnfin, de nouvelles opportunités de domination apparaissent au fur et à mesure de la montée des enjeux environnementaux. Les  terres rares essentielles aux technologies propres du futur, situées dans des pays émergents, mais également les besoins d’aides après les catastrophes qui se multiplient, sont autant d’occasions de coopération et d’intervention dans les pays. Il est désormais prouvé que le réchauffement climatique accentue la puissance des catastrophes naturelles, ainsi que la pénurie de ressources nécessaires à la vie.  La mauvaise gestion de l’eau ou de la chaine alimentaire crée l’opportunité de dépendre de solutions américaines et d’ainsi étendre la puissance américaine. C’est sur ce dernier plan que selon Jean-Michel Valantin, la pensée stratégique prend un tournant inédit. Elle cesse ici d’être uniquement fondée sur la supériorité militaire, mais intègre la capacité à répondre technologiquement à la déstabilisation socio-environnementale planétaire. Le leadership en climate resiliency devient un atout stratégique. Le besoin croissant de se sortir rapidement et efficacement d’une catastrophe naturelle ou industrielle fera appel à un savoir-faire dont les meilleurs experts auront un avantage majeur.
 
Les films de guerre, annonciateurs d’un nouveau paradigme

Révélateur des représentations et mythes reliés à la puissance, Hollywood est un thermomètre fiable pour voir l’évolution de la société américaine et de son rapport à sa propre hégémonie. Pour pleinement mesurer l’avancée du développement durable dans la culture de la Défense, Jean-Michel Valantin analyse finement  les films de guerre issus des studios Hollywoodiens depuis la seconde guerre mondiale et retrace son évolution au travers de nombreux exemples. On démarre avec la Bombe A, qui est le premier socle culturel, les images des bombardements nucléaires ayant été eux-mêmes largement diffusés dans les media.

Avec Hiroshima, un imaginaire de « l’après catastrophe » se façonne : dévastation, retour au cannibalisme, guerres tribales entre survivants, etc.  La bombe nucléaire permet d’identifier une menace pour ce que l’homme a de plus élevé : la société, l’humanité.  La planète des singes ou encore Mad Max 2 sont  des avertissements de cette régression.

Le Seigneur des Anneaux et Avatar occupent eux l’avant-scène d’un nouveau paradigme, celui d’une alliance nécessaire entre l’homme, la nature et le « surnaturel » pour éviter la catastrophe finale. Ils rappellent tous deux l’importance de la relation avec la vie et ses mystères. Le Seigneur des Anneaux actionne une mythologie de la « vitalité », au travers du rôle symbolique des Elfes. Les ingrédients indispensables à la vie sont imbriqués dans une recette qui inclut une part de sacré.

valantinCIN3.jpgAvatar montre le changement de camp d’un ancien marine, passant du champ de la puissance militaire à la puissance naturelle. Il défend ce changement de camp, le présentant comme légitime et nécessaire à l’heure où l’humanité détruit le vivant. Là encore, la dimension sacrée est du côté de la vie et de ce qui mérite que l’on se batte et que l’on renonce au monde militaro-industriel qui la menace. Dans un autre ordre, le dernier James Bond Quantum of Solace montre que les nouveaux trésors sont naturels, comme l’eau, et qu’ils seront  les enjeux des luttes de demain. Leur raréfaction va multiplier les conflits. Enfin, les grands films sur les pandémies révèlent le potentiel viral et global de destruction d’un acte au départ isolé, montrant bien les jeux d’interdépendances entre les différents risques systémiques et globaux. L’imaginaire du nucléaire continue : l’enjeu derrière la dégradation environnementale, est la destruction de l’humanité.
 
Guerre et Nature prévient les princes du monde à l’heure du réchauffement climatique. La lutte  pour acquérir de gré ou de force les dernières ressources, les dernières terres rares, le dernier pétrole,  la dernière eau potable ou les derniers kilos de lithium, ne fera que condamner l’ensemble des acteurs sur l’échiquier du pouvoir, l’enjeu de conquête devenant une véritable peau de chagrin. La vitesse dans la course aux ressources manquantes ne sera pas le véritable levier de puissance, mais la capacité à faire fonctionner un monde moins dépendant des ressources. Le pouvoir sera au contraire à celui qui aura la capacité de changer son mode de vie fondé sur l’ensemble de ces ingrédients, pour définir une société alternative et durable.  Le prince qui saura s’adapter à l’anthropocène, qui saura mettre en œuvre la responsabilité de l’homme vis-à-vis d’un bien commun, la Terre, sera le Prince durable. La clé de la puissance sera désormais le développement durable.

Louis Pauwels et le franc-parler visionnaire

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Louis Pauwels et le franc-parler visionnaire

par Bruno Lafourcade

Ex: https://ladecadencedecordicopolis.com

Trouvé sur Délit d’images à propos de Louis Pauwels qui sut défrayer les chroniques en son temps en étant l’auteur de cinglantes et impitoyables volées de bois contre le monde moderne et ses enfants atteints de « sida mental »…

Il s’agit d’un article de Bruno Lafourcade de Boulevard Voltaire.

Merci pour ce rafraîchissement !

LP-ddp.jpg« Il y a vingt ans que Louis Pauwels est mort. Ce nom ne dit peut-être rien aux jeunes gens d’aujourd’hui ; il disait beaucoup à ceux des années quatre-vingt – ils manifestaient contre « la loi Devaquet », les anciens de 68 les brossaient dans le sens du duvet et Pauwels, lui, « n’ayant pas de minus à courtiser », leur dit virilement qui ils étaient : « les enfants du rock débile, les écoliers de la vulgarité pédagogique, les béats de Coluche et Renaud nourris de soupe infra-idéologique cuite au show-biz, ahuris par les saturnales de “touche pas à mon pote”, et, somme toute, les produits de la culture Lang ». La suite de ce « Monôme des zombies », publié le 6 décembre 1986 dans Le Figaro Magazine, n’était pas moins fouetteur : « Ils ont reçu une imprégnation morale qui leur fait prendre le bas pour le haut. Rien ne leur paraît meilleur que n’être rien, mais tous ensemble, pour n’aller nulle part. […] C’est une jeunesse atteinte d’un sida mental. »

Cette expression en scandalisa beaucoup, en effraya certains, en secoua d’autres, arrachés à leur sommeil dogmatique, qui comprirent d’un seul coup que son auteur, à la vigueur imagée et frontale, avait raison : le style n’a jamais tort. Pauwels, dans cet article prémonitoire, arrachait de leur chemise la petite main jaune de la bonne conscience que les mitterrandiens y avaient épinglée.

Bien entendu, laisser un article, quand on en a écrit des milliers, c’est peu ; une expression, c’est moins encore, quand on est romancier ; c’est pourtant ce qui est arrivé à Pauwels, que ce « sida mental » résume, sans le déformer – qui exprime exactement sa phrase et sa morale également robustes.

À la tête de Combat à vingt-neuf ans, Pauwels fondera, plus tard, Le Figaro Magazine, où il fit entrer l’équipe de la Nouvelle Droite, avant de s’en séparer. Il s’est aussi intéressé à l’ésotérisme, écrivit avec Jacques Bergier Le Matin des magiciens, dont le succès sera suivi par la revue Planète. Il a été, enfin, un romancier très imprégné par le « réalisme fantastique », sauf pour son dernier roman, Les Orphelins, qui offre curieusement un écho à son plus célèbre article, publié dix ans plus tôt.

Nous sommes peu après Mai 68 ; Michel Cartry, un jeune gauchiste, voue à son père, Antoine, un riche industriel, une haine qui le conduit à accepter de feindre d’avoir été enlevé par les Brigades rouges : il s’agit d’obtenir une rançon. Pauwels en profite pour traduire Mai 68 en justice (« Comment tant de gens intelligents ont-ils consenti à voir un Messie dans cette jeunesse devenue folle qui brûlait sa maison afin de l’éclairer ? »), avec la génération qui, vingt ans plus tard, s’amuserait à en faire descendre d’autres dans la rue (« Michel, dit son père, aurait pu devenir un jeune homme. L’époque l’a réduit à l’état vaseux et acide des “jeunes”. Les “jeunes” : des grégaires qui se prétendent singuliers ; qui se croient naturels parce qu’ils sont informes » ; d’ailleurs, « pour ceux qui ne valent pas grand-chose, comme Michel, c’est un réconfort de crier que rien ne vaut »).

Vif et vigoureux, jamais alourdi par l’empathie, Pauwels aurait eu assez de dons, d’intuition et de jugement (« C’est deux fois vieillir que vieillir dans la laideur ») pour être le grand romancier des mœurs de son temps ; il a préféré en être le reporter. Il n’est pas exagéré de dire qu’il ne fut pas indigne de sa mission. ».

Tout est tellement vrai et bien vu ! Avec un franc-parler au style impeccable… un vrai plaisir.

Nous pouvons constater qu’aujourd’hui, les enfants du rock débile se sont perpétués en donnant naissance à une flopée d’enfants d’une techno débile, des immondes parades et du téléphone portable abêtissant.

Pauvre France…

Né di destra né di sinistra: Corto Maltese come l’Anarca di Jünger

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Né di destra né di sinistra: Corto Maltese come l’Anarca di Jünger
Gianluca Donati
Ex: http://www.nazionefutura.it
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“Camerata Corto Maltese”, così titolava un’incontro culturale svoltasi in un circolo di CasaPound qualche anno fa, scatenando le reazioni più disordinate e l’indignazione della famiglia dell’autore delle opere di Corto Maltese, il maestro Hugo Pratt. Lo sconcerto fu argomentato dal fatto che storicamente, il Maltese è stato considerato nell’immaginario collettivo come appartenente alla “cultura della sinistra”, per esempio, Corto è figlio di una prostituta zingara, è un vero e proprio nomade (senza casa né famiglia), libertino nei modi, quindi tendenzialmente “anarchico” o “anarcoide” (e i due termini non collimano). L’intento della discussione di CasaPound era invece quello di analizzare le possibili “attitudini fasciste”, come il fatto che il marinaio creda nell’amicizia cameratesca, è un antieroe scorbutico, individualista ma pronto a schierarsi con chi ha subito dei torti, pronto a gettarsi dentro le cause perse; inoltre, Maltese è un romantico, amante dell’avventura. Queste opere di “letteratura disegnata” (come amava definirla Pratt), uscirono in un periodo, quello degli anni 70, dove l’avventura era osteggiata dalla politica e dalla critica, perché considerata, politicamente “non impegnata”.

corto_maltese_by_machkamotte-d55yqaq.jpgNaturalmente alle tesi di CasaPound, si rispose facendo notare che Maltese (quindi Pratt) non sia nazionalista, non crede nei Paesi, non è razzista. Tutto vero. Ma prima di affermare che Pratt-Maltese siano “di sinistra”, inviterei a una riflessione più approfondita, perché negli anni 70, non tutti nell’ambiente politico-culturale di sinistra erano poi così tanto convinti dell’identità progressista del personaggio del maestro. Lo stesso Pratt in quegli anni dichiarò: “Bisognava rispolverare Marx ed Engels, autori che dovetti frequentare e che mi annoiarono immediatamente. Visitai anche Marcuse e qualche altro e ritornai ai classici dell’avventura. Venni subito accusato di infantilismo, di edonismo e di fascismo”. Successivamente poi, Pratt fu licenziato dalla rivista per cui lavorava, perché l’editore, politicamente vicino al Partito Comunista Francese, lo tacciava di libertarismo. Perciò, le insinuazioni di un Pratt “non di sinistra”, non sono invenzione recente di CasaPound. Che poi questo non significhi “fascista”, è un altro discorso. Tralasciamo che Pratt abbia combattuto nella Decima Flottiglia Mas.

Già più rilevante sembra essere l’indizio che anni fa ci procurò il Giornale, quando pubblicò una dedica che Pratt avrebbe fatto a un suo editore francese, nella quale, con la sua inconfondibile calligrafia, il maestro scriveva “De votre fasciste Hugo Pratt” (dal tuo fascista Hugo Pratt). E questa lettera non è del 1944, bensì del 1988. Tutti rimasero spiazzati e cercarono d’irridere la tesi, ma nessuno ha saputo dare una spiegazione credibile. Ma a prescindere da queste considerazioni, e al di la della nota passione di Pratt per le divise, le decorazioni e i codici d’onore, più precisamente, dovremmo dire, che se è vero che Maltese è principalmente un “anarchico”, lo è in senso “individualista”; Maltese è insofferente ai nazionalismi, ma anche al social – comunismo, allo statalismo e al collettivismo di massa. È un uomo che crede nell’onore e ama l’azione avventurosa, e soprattutto, il viaggio, che per lui è un modo per viaggiare dentro se stesso, alla ricerca della sua Essenza (e qui l’appartenenza di Pratt alla massoneria si fa sentire); è un anarco-individualista, e quindi, un anarchico di destra. Questo filone del pensiero anarchico, discende dal filosofo Max Stirner, per il quale, dietro il diritto e la politica non c’è la legge o il consenso, ma la forza e l’irrazionale arrivando a dire: «Che io abbia o no un legittimo potere-diritto non mi interessa affatto, se sono potente, ho l’autorità, non ho bisogno di altra autorizzazione e legittimazione».

È una concezione della vita che ha reminiscenze vagamente nietzschiane. Più che anarchico – dicevamo sopra – Maltese sembra essere “anarcoide”, si atteggia ad anarchico per velleità o per posa, perché è un “esteta” che da più importanza alla forma che al contenuto (o la forma coincide con il contenuto), e tende ad avere confusi atteggiamenti ribellistici, standogli stretta anche l’etichetta di anarchico. Individualista, ma non egoista, egli decide di intervenire in difesa di qualcuno o di una causa, unicamente seguendo la sua coscienza e non perché costretto da una legge o un’istituzione. Questo però richiede una superiorità di spirito che non è comune, e che solo poche persone possiedono. Ecco perché Maltese, si accosta alla figura “dell’Anarca” di Ernst Jünger, dove il concetto anarchico di libertà, s’intreccia con quello di una spiritualità aristocratica. E se l’Anarca-ribelle Jungeriano, “passava al bosco”, Maltese cerca e trova il suo equilibrio tra libertà e altruismo, nell’immensità dell’oceano dove le leggi “sociali”, sono diverse e non assoggettate alla civiltà organizzata e alienante della modernità industriale e urbanizzata, dalla quale Maltese fugge attraverso il viaggio e l’avventura. E l’Anarca Maltese, rimanda anche al Superuomo di Nietzsche; infatti, a coloro che per dimostrare l’antifascismo “di sinistra” di Maltese, ricordano la famosa tavola nella quale il marinaio, da un calcio nelle parti basse di uno squadrista, stranamente nessuno ha fatto notare che nella medesima avventura “Favola di Venezia” Maltese incontra anche un personaggio realmente esistito, il celebre poeta-soldato Gabriele d’Annunzio, il quale differentemente dallo squadrista, viene rappresentato positivamente.

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Che d’Annunzio fosse un “nazionalista di destra”, un anarchico-individualista e decadente, e abbia civettato, pur riottoso, col fascismo, è cosa risaputa. Il fumetto in questione fu pubblicato nel 1976, e quelli erano anni nei quali mostrare benevolmente d’Annunzio, era sufficiente per essere bollati come fascisti o reazionari. Concludendo: “Camerata Maltese” fu una provocazione tipica di quei mattacchioni di CasaPound, una forzatura, ma se dovessi scegliere se collocare il personaggio di Corto Maltese, a destra o a sinistra, non avrei dubbi nel collocarlo a destra, una destra anarcoide e libertaria, e in una visione di “destra inclusiva e larga”, come io la intendo, una destra di sintesi tra diverse culture, il marinaio dall’orecchio forato può essere considerato, parte di quel patrimonio artistico – culturale, a prescindere dalle reali convinzioni politiche del grande Pratt.

Gianluca Donati

Fascism, Futurism, & Aviation

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Fascism, Futurism, & Aviation

Review:

Fernando Esposito,
Fascism, Aviation and Mythical Modernity,
Basingstoke: Palgrave Macmillan, 2015.

The British political theorist Roger Griffin has argued that the defining characteristic of fascist movements is a central myth of national rebirth, or palingenetic ultranationalism. His study of fascism (The Nature of Fascism) sparked controversy upon its publication because it diverged from the consensus at the time that fascist movements were purely reactionary and conservative in character; rather he located fascism within modernism and defined it as a revolutionary, future-oriented ideology that represented not a revolt against modernity but a quest to create an alternative modernity.

Esposito likewise begins from this premise in Fascism, Aviation and Mythical Modernity. He defines fascism as an attempt to generate order and national renewal through myth in the face of the crisis of modernity. Citing Mircea Eliade’s description of the need of archaic societies “to regenerate themselves periodically through the annulment of time,” he interprets interwar fascism as an attempt to destroy the old order and regenerate history itself, a “reconnection forwards” (Wiederanknüpfung nach Vorwärts). The quest to create an order that stood outside time and history required the use of myth as a suprahistorical reference point. Fascism thus represented a synthesis of modernity and myth.

The ultimate symbol of this synthesis was aviation. The interwar period, often known as the Golden Age of Aviation, witnessed great advances in aircraft technology. Aeronautical science was a cutting-edge field of study and represented the pinnacle of technological innovation at the time. Simultaneously aviation was cast as a symbol of the fascist myth of national rebirth and the birth of a new man.

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The foremost prophet of the cult of aviation in Italian Fascism was Gabriele D’Annunzio. D’Annunzio was himself an aviator whose interest in flight began in 1908 after flying with Wilbur Wright and attending the Brescia air show the following year. He volunteered as a fighter pilot during the First World War (then over the age of 50) and in 1917 participated in the Italian air raid on the harbor of Bakar in Austrian Croatia. In 1918, he famously led an air raid of eight aircraft over Vienna in which thousands of propaganda leaflets were scattered over the city.

Flight was a prominent theme throughout his work. In the third book of his Laudi del cielo, del mare, della terra e degli eroi [In Praise of the Heavens, the Sea, the Earth and Heroes], for instance, he invokes Icarus’ flight: “Who shall gather them? / Who with stronger bonds will know / How to unite the strewn feathers / And try again the mad flight?” To the Fascists, Icarus was a symbol of the Promethean, Faustian spirit of mankind (particularly European man) and man’s quest for glory. D’Annunzio again invokes Greek mythology in an article entitled “Faith in Italian Aviation”: “Nike flies as in the myth, only not with two wings but with a thousand, with thousands upon thousands.”

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D’Annunzio also conceived of the aviator-hero (Esposito’s term) as a religious martyr. The self-sacrificing heroism of the aviator who died fighting for his country became linked with quasi-religious redemption. He likened the sight of a plane spattered with blood to that of a crucifix and in his eulogy for the Italian aviator Gino Allegri, whom he hailed as a “mystic,” likened the droning of a plane’s engine to “the matinal ringing that announces the call to the divine service.”

During the First World War, aviators were also likened to medieval knights in the popular imagination. The air war was distinguished from the mass warfare of the ground war in that it consisted primarily of man-to-man combat; planes were thought of as “flying swords” in knightly duels. The aviator-hero thus symbolized the advent of a new martial elite that would merge the ideal of the aristocratic cavalryman with the modern “technological combatant,” bridging the gap between past and future. In this way the aviator also combined heroic individualism with a willingness to serve the collective.

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Pulp fiction centered around aviation and tales of heroism in the air was enormously popular during the war. Aviators like Manfred von Richthofen (the “Red Baron”), Max Ritter von Müller, and Francesco Baracca were revered as national heroes. One poem in honor of Oswald Boelcke reads: “Hail, Boelcke, hardy seasoned aviator. / Hail, awesome crusher of the foe! / […] Hail, Boelcke, hail! To you as just reward / Does the Volk raise the crown of life / That will ever deck your hero’s deeds / And honor you with immortality!”

The Italians set many aviation records during the interwar years. Italy also built several new airports, pioneered research in aeronautical science, and made advances in civilian travel and airmail during this time. Exhibitions such as the 1934 air exhibition (Esposizione dell’aeronautica italiana), which drew more than one million people, instilled Italians with a sense of national pride by celebrating Italian aviation. Notable Italians in aviation included Francesco de Pinedo, who was the first pilot to fly a foreign plane to America and embarked upon a series of flying boat flights across the globe over the course of the 1920s; Umberto Nobile, who designed the polar airships Norge (the first aircraft to fly over the North Pole) and Italia and piloted them on Arctic expeditions; and Italo Balbo, who built up the Italian Royal Air Force under Mussolini and embarked on a few transatlantic flights, most notably in 1933 with his famed “Italian Air Armada.” Balbo was also a prominent Fascist and one of the four leaders who organized Mussolini’s March on Rome in October 1922.

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Aviation was a central motif in Italian Futurism, particularly during the 1930s, and the airplane represented the ultimate symbol of Futurist ideals: speed, machinery, adventure, heroism, etc. Futurist artists (a number of whom were also aviators) were also fascinated by how the aerial perspective represented an “absolutely new reality, one that has nothing in common with the reality traditionally constituted by earthbound perspectives.” They launched the school of aeropittura (aeropainting) in 1929, giving rise to iconic works such as Tullio Crali’s Nose Dive on the City and Before the Parachute Opens and Tato’s Flying over the Coliseum in a Spiral (Spiraling). Aeropainting, like Italian Futurism in general, was closely associated with Fascism; Marinetti declared that it was a product of the same “revolutionary, aggressive, fervid spirit” behind Fascist aviation. Some aeropaintings were explicitly fascistic, such as Thayaht’s The Great Helmsman, which depicts a muscular Mussolini at the helm of an aircraft with several Savoia-Marchetti S.55 seaplanes (the same planes flown on Balbo’s transatlantic flights) behind him. Apart from aeropittura, the Futurists also devised other “aeroplane” arts: aeropoesia, aeroscultura, aeroachitettura, aeromusica, aerodanza, and even aeropranzo (Futurist meals).

Flight also figures in Marinetti’s Futurist novel Mafarka the Futurist. Mafarka (the protagonist) creates a giant winged cyborg superman, Gazurmah, a symbol of the ultimate fascist new man. Gazurmah eventually kills his creator, representing the destruction of the old order. Mafarka’s death (and rebirth in the form of Gazurmah) enables Gazurmah to soar to greater heights.

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Naturally not all aviators were fascists, and aviation-related tropes and rhetoric were utilized by both fascists and liberals. The German-Jewish art historian Aby Warburg, a bourgeois cosmopolitan who championed liberal modernity, notably designed a postage stamp bearing the motto “Idea vincit” scrawled across the wings of a plane as a symbol of his commitment to the Weimar Republic, which Esposito contrasts with D’Annunzio’s proto-fascist ideals. Nonetheless, although there were liberal contributions to aviation discourse, the cult of aviation was most compatible with Fascism and found its highest expression in Fascist Italy.

The relationship between fascism and aviation was summarized by one Italian journalist who remarked in 1934, “You cannot be a Fascist without feeling a little like a flier; you cannot be a flier without feeling yourself a Fascist.” A writer in L’Ala d’Italia similarly stated:

Fascism has created a new world. Mussolini has brought about a new era of history. […] It is an ancient, rejuvenated race that sets itself against the old age of the world, a new faith that rises up against old habits, decrepit beliefs and ideologies: it is a new destiny. […] Flying is at the pinnacle of this new power.

Esposito also quotes Ernst Jünger’s preface to Luftfahrt ist not! [Aviation Is Necessary], a volume he edited in 1928:

. . . the airman is perhaps the sharpest manifestation of a new manhood. He represents the type that was already showing signs of itself in the war. […] Here, under the aegis of war, was combined every element of energy, distinction, and technical intelligence that characterizes modern civilization, as well as the secret categorical imperative that lends the final hardness to the alloyed metal of machines […]. […] Perhaps he illustrates most clearly the profound link between the soldier’s and the worker’s condition. For although they have remained the same, the forms of the soldier and the worker are here mingled with each other. […] The path that led across the heroic landscapes of war continues through the more sober fields of labor, and in both cases it is the flier’s heart that gives the activity its real value.

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To Jünger, the rise of technology heralded a social revolution in which all human activity would be converted into labor in the form of large-scale industrial processes, which he termed “total mobilization.” Although Jünger was strongly critical of the calculative, utilitarian mass deployment of technology, he predicted that total mobilization would give rise to a new breed of man (the “worker”) characterized by heroism and sacrifice who could save technology from itself: “The phase of destruction is replaced by a real and visible order when that race accedes to dominion that knows how to speak the new language, and not in terms of mere intellect, of progress, of utility, or of convenience, but as an elemental language.” The worker would seek not to wield technology as a means of obtaining total control and security, in contrast to bourgeois man, but rather to achieve unity with it, dissolving the “tension between nature and civilization, organic and mechanical world.” The aviator thus embodied the ideal of the new man.

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mercredi, 07 février 2018

Néo-totalitarisme: Huxley fait le point en 1957

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Néo-totalitarisme: Huxley fait le point en 1957

Les carnets de Nicolas Bonnal

Nota : ce texte est long et dûment référencé. Il apparaîtra pessimiste à certains.

On est en 1957. Sputnik fait rêver les plus conditionnés, mais Aldous Huxley rappelle :

« En 1931, alors que j'écrivais Le Meilleur des Mondes, j'étais convaincu que le temps ne pressait pas encore. La société intégralement organisée, le système scientifique des castes, l'abolition du libre arbitre par conditionnement méthodique, la servitude rendue tolérable par des doses régulières de bonheur chimiquement provoqué, les dogmes orthodoxes enfoncés dans les cervelles pendant le -sommeil au moyen des cours de nuit, tout cela approchait; se réaliserait bien sûr, mais ni de mon vivant, ni même du vivant de mes petits-enfants. »

Il fait un constat après la guerre, comme Bertrand de Jouvenel :

« Vingt-sept ans plus tard, dans ce troisième quart du vingtième siècle après J-C. et bien longtemps avant la fin du premier siècle après F., je suis beaucoup moins optimiste que je l'étais en écrivant Le Meilleur des Mondes. Les prophéties faites en 1931 se réalisent bien plus tôt que je le pensais. L'intervalle béni entre trop de désordre et trop d'ordre n'a pas commencé et rien n'indique qu'il le fera jamais. En Occident, il est vrai, hommes et femmes jouissent encore dans une appréciable mesure de la liberté individuelle, mais même dans les pays qui ont une longue tradition de gouvernement démocratique cette liberté, voire le désir de la posséder, paraissent en déclin. Dans le reste du monde, elle a déjà disparu, ou elle est sur le point de le faire. Le cauchemar de l'organisation intégrale que j'avais situé dans le septième siècle après F. a surgi de lointains dont l'éloignement rassurait et nous guette maintenant au premier tournant. »

AH-MdM1.jpgLe communisme a facilement chuté partout finalement mais il a été remplacé parce que Debord nomme le spectaculaire intégré. Tocqueville déjà disait « qu’en démocratie on laisse le corps pour s’attaquer à l’âme. »

Le futur c’est la carotte plutôt que le bâton (cf. mes textes sur Tocqueville, Nietzsche ou le film Network) :

« A la lumière de ce que nous avons récemment appris sur le comportement animal en général et sur le comportement humain en particulier, il est devenu évident que le contrôle par répression des attitudes non conformes est moins efficace, au bout du compte, que le contrôle par renforcement des attitudes satisfaisantes au moyen de récompenses et que, dans l'ensemble, la terreur en tant que procédé de gouvernement rend moins bien que la manipulation non violente du milieu, des pensées et des sentiments de l'individu. »

La manipulation est donc à l’ordre du jour :

« Pendant ce temps, des forces impersonnelles sur lesquelles nous n'avons presque aucun contrôle semblent nous pousser tous dans la direction du cauchemar de mon anticipation et cette impulsion déshumanisée est sciemment accélérée par les représentants d'organisations commerciales et politiques qui ont mis au point nombre de nouvelles techniques pour manipuler, dans l'intérêt de quelque minorité, les pensées et les sentiments des masses. »

La clé du système est son renforcement par la démographie explosive :

« De plus, l'accroissement annuel lui-même s'accroît : régulièrement, selon la règle des intérêts composés et irrégulièrement aussi, à chaque application, par une société technologiquement retardataire, des principes de la Santé publique. A l'heure présente, cet excédent atteint 43 millions environ pour l'ensemble du globe, ce qui signifie que tous les quatre ans l'humanité ajoute à ses effectifs l'équivalent de la population actuelle des Etats-Unis - tous les huit ans et demi l'équivalent de la population actuelle des Indes. »

Huxley remet à sa place les blablas sur la pseudo-conquête spatiale :

« Une nouvelle ère est censée avoir commencé le 4 octobre 1957, mais en réalité, dans l'état présent du monde, tout notre exubérant bavardage post-spoutnik est hors de propos, voire même absurde. En ce qui concerne les masses de l'humanité, l'âge qui vient ne sera pas celui de l'Espace cosmique, mais celui de la surpopulation. »

Conséquence ? Les « trous à merde » de Donald :

« Les faits contrôlables semblent indiquer assez nettement que dans la plupart des pays sous-développés, le sort de l'individu s'est détérioré de façon appréciable au cours du dernier demi-siècle. Les habitants sont plus mal nourris; il existe moins de biens de consommation disponibles par tête et pratiquement tous les efforts faits pour améliorer la situation ont été annulés par l'impitoyable pression d'un accroissement continu de la population. »

Le « plus froid des monstres froids » (Nietzsche) va se développer. Une remarque digne de Jouvenel :

« Ainsi, des pouvoirs de plus en plus grands sont concentrés entre les mains de l'exécutif et de ses bureaucrates. Or, la nature du pouvoir est telle que même ceux qui ne l'ont pas recherché mais à qui il a été imposé, ont tendance à y prendre goût… »

Le Deep State (le « minotaure » de Jouvenel) est condamné à croître avec le totalitarisme dans les pays en voie de surpeuplement :

« Insécurité et agitation mènent à un contrôle accru exercé par les gouvernements centraux et à une extension de leurs pouvoirs. En l'absence d'une tradition constitutionnelle, ces pouvoirs accrus seront probablement exercés de manière dictatoriale. »

AH-TF2.jpgLa surpopulation américaine menacera la démocratie américaine (triplement en un siècle ! La France a crû de 40% en cinquante ans) :

« Pour le moment, la surpopulation ne constitue pas pour la liberté individuelle des Américains un danger direct, mais déjà la menace d'une menace. »

Eugéniste, proche de Carrel ici, Huxley annonce un déclin qualitatif de notre population et de notre intelligence, fait aujourd’hui reconnu :

« Malgré les nouvelles drogues-miracle et des traitements plus efficaces (on peut même dire en un certain sens, grâce à eux), la santé physique de la masse ne s'améliorera pas, au contraire, et un déclin de l'intelligence moyenne pourrait bien accompagner cette détérioration. »

Huxley critique froidement les progrès de la médecine (ou leur mauvaise gestion) :

« La mort rapide due à la malaria a été supprimée, mais une existence rendue misérable par la sous-alimentation et le surpeuplement est main- tenant la règle et une mort lente, par inanition, guette un nombre de plus en plus grand d'habitants. »

Huxley ici reprend Bernays sur la montée des élites :

« Nous voyons donc que la technique moderne a conduit à la concentration du pouvoir économique et politique ainsi qu'au développement d'une société contrôlée (avec férocité dans les Etats totalitaires, courtoisie et discrétion dans les démocraties) par les Grosses Affaires et les Gros Gouvernements. »

Notre auteur cite Fromm :

« …Notre société tend à faire de lui un automate qui paie son échec sur le plan humain par des maladies mentales toujours plus fréquentes et un désespoir qui se dissimule sous une frénésie de travail et de prétendu plaisir. »

Puis Huxley évalue la nullité des hommes modernes et par là se rapproche de René Guénon (voyez l’anonymat dans le règne de la quantité) :

« Ces millions d'anormalement normaux vivent sans histoires dans une société dont ils ne s'accommoderaient pas s'ils étaient pleinement humains et s'accrochent encore à « l'illusion de l'individualité », mais en fait, ils ont été dans une large mesure dépersonnalisés. Leur conformité évolue vers l'uniformité. »

Le futur est à la termitière :

« La civilisation este entre autres choses, le processus par lequel les bandes primitives sont transformées en un équivalent, grossier et mécanique, des communautés organiques d'insectes sociaux. A l'heure présente, les pressions du surpeuplement et de l'évolution technique accélèrent ce mouvement. La termitière en est arrivée à représenter un idéal réalisable et même, aux yeux de certains, souhaitable. »

Termitière ? Plus effrayant encore ce passage – car tous les mots sont rentrés dans notre lexique :

« Ainsi que l'a montré Mr. William Whyte dans son remarquable ouvrage, The Organization man, une nouvelle Morale Sociale est en train de remplacer notre système traditionnel qui donne la première place à l'individu. Les mots clefs en sont : « ajustement », « adaptation », « comportement social ou antisocial », « intégration », « acquisition de techniques sociales », « travail d'équipe », « vie communautaire », « loyalisme communautaire », « dynamique communautaire », « pensée communautaire », « activités créatrices communautaires »…

Car l’ingénierie sociale c’est la fin du christianisme et même du Christ :

« Selon la Morale Sociale, Jésus avait complètement tort quand il affirmait que le sabbat a été fait pour l'homme pour l'homme; au contraire, c'est l'homme qui. a été fait pour le sabbat, qui doit sacrifier ses particularités natives et faire semblant d'être la sorte de bon garçon invariablement liant que les organisateurs d'activités collectives considèrent comme le plus propre à leurs fins. »

En bon patricien britannique (voyez mon livre sur Tolkien, mes essais sur Chesterton), Huxley refuse cet assemblage :

« Un gouffre immense sépare l'insecte social du mammifère avec son gros cerveau, son instinct grégaire très mitigé et ce gouffre demeurerait, même si l'éléphant s'efforçait d'imiter la fourmi. Malgré tous leurs efforts, les hommes ne peuvent que créer une organisation et non pas un organisme social. En s'acharnant à réaliser ce dernier, ils parviendront tout juste à un despotisme totalitaire. »

Le futur indolore de la domination est programmé :

« Dans les dictatures plus efficaces de demain, il y aura sans doute beaucoup moins de force déployée. Les sujets des tyrans à venir seront enrégimentés sans douleur par un corps d'ingénieurs sociaux hautement qualifiés. »

AH-RMdM3.jpgDix ans avant Umberto Eco (voyez mon livre sur Internet), Huxley annonce un nouveau moyen âge, pas celui de Guénon bien sûr, celui de Le Goff plutôt :

« Les forces impersonnelles du surpeuplement et de l'excès d'organisation jointes aux ingénieurs sociologues qui essaient de les diriger, nous poussent vers un nouveau système médiéval. »

Huxley annonce la propagande à venir en occident :

« La propagande pour une action dictée par des impulsions plus basses que l'intérêt présente des preuves forgées, falsifiées, ou tronquées, évite les arguments logiques et cherche à influencer ses victimes par la simple répétition de slogans, la furieuse dénonciation de boucs émissaires étrangers ou nationaux, et l'association machiavélique des passions les plus viles aux idéaux les plus élevés… »

Huxley méprise la liberté de la presse en rappelant ce simple fait :

« En ce qui concerne la propagande, les premiers partisans de l'instruction obligatoire et d'une presse libre ne l'envisageaient que sous deux aspects : vraie ou fausse. Ils ne prévoyaient pas ce qui, en fait, s'est produit- le développement d'une immense industrie de l'information, ne s'occupant dans l'ensemble ni du vrai, ni du faux, mais de l'irréel et de l'inconséquent à tous les degrés. En un mot, ils n'avaient pas tenu compte de la fringale de distraction éprouvée par les hommes. »

On retombe dans le pain et les jeux de Juvénal :

« Pour trouver une situation comparable, fût-ce de loin, à celle qui existe actuellement, il nous faut remonter jusqu'à la Rome impériale, où la populace était maintenue dans la bonne humeur grâce à des doses fréquentes et gratuites des distractions les plus variées, allant des drames en vers aux combats de gladiateurs, des récitations de Virgile aux séances de pugilat, des concerts aux revues militaires et aux exécutions publiques. Mais même à Rome, il n'existait rien de semblable aux distractions ininterrompues fournies par les journaux, les revues, la radio, la télévision et le cinéma. »

Une prédiction (prédiction ou constatation ?) terrible :

« Une société dont la plupart des membres passent une grande partie de leur temps, non pas dans l'immédiat et l'avenir prévisible, mais quelque part dans les autres mondes inconséquents du sport, des feuilletons, de la mythologie et de la fantaisie métaphysique, aura bien du mal à résister aux empiétements de ceux qui voudraient la manipuler et la dominer. »

Le futur est à la « distraction ininterrompue » qui se mêlera à la propagande.

Huxley cite Albert Speer. Après Hitler on n’a pas arrêté le progrès.

« Depuis l'époque de Hitler, l'arsenal des moyens techniques à la disposition de l'aspirant-dictateur a été considérablement développé! En plus de la radio, du haut-parleur, de la caméra de cinéma et de la presse rotative, le propagandiste contemporain peut faire usage de la télévision pour transmettre non seulement la voix, mais l'image de son client et enregistrer le tout sur des bandes magnétiques. Grâce aux progrès techniques, le Grand Frère peut maintenant être omniprésent presque autant que Dieu. D'ailleurs, il n'y a pas que dans ce domaine que des atouts nouveaux ont été apportés au jeu du dictateur. Depuis Hitler, des travaux considérables ont été faits en psychologie et neurologie appliquées, domaines d'élection du propagandiste, de l'endoctrineur, et du laveur de cerveaux. »

Puis Huxley compare Hitler à Bernays, l’inventeur de la cigarette pour les femmes :

« C'est par la manipulation de « forces cachées » que les experts en publicité vous incitent à acheter leurs produits - une pâte dentifrice, une marque de cigarettes, un candidat politique - et c'est en faisant appel aux mêmes, ainsi qu'à d'autres trop dangereuses pour que s'y frotte Madison Avenue, que Hitler a incité les masses allemandes à s'acheter un Führer, une philosophie insane et une Deuxième Guerre mondiale. »

Après Hitler, la publicité commerciale. Huxley cite Vance Packard et ajoute :

« Nous n'achetons plus des oranges, mais de la vitalité. Nous n'achetons plus une voiture, mais du prestige. » Il en est de même pour tout le reste. Avec un dentifrice, nous achetons non plus un simple détersif antiseptique, mais la libération d'une angoisse : celle d'être sexuellement repoussant. Avec la vodka et le whisky, nous n'achetons pas un poison protoplasmique qui, à doses faibles, peut déprimer le système nerveux de manière utile au point de vue psychologique, nous achetons de l'amabilité, du liant, la chaleur… Avec l'ouvrage à succès du mois, nous acquérons de la culture, l'envie de nos voisins moins intellectuels et le respect des raffinés. »

AH-PP4.jpgHuxley n’est pas très optimise non plus sur l’avenir des enfants mués en de la chair à télé :

« Comme on pouvait s'y attendre, les jeunes sont extrêmement sensibles à la propagande. Ignorants du monde et de ses usages, ils sont absolument sans méfiance, leur esprit critique n'est pas encore développé, les plus petits n'ont pas atteint l'âge de raison et les plus âgés n'ont pas acquis l'expérience sur laquelle leur faculté de raisonnement nouvellement découverte pourrait s'exercer. En Europe, les conscrits étaient désignés sous le nom badin de « chair à canon ». Leurs petits frères et leurs petites sœurs sont maintenant devenus de la chair à radio et à télévision. Dans mon enfance, on nous apprenait à chanter de petites rengaines sans grand sens ou, dans les familles pieuses, des cantiques. Aujourd'hui, les petits gazouillent de la publicité chantée. »

Pas d’illusions sur les élections et la politique :

« Les partis mettent leurs candidats et leurs programmes sur le marché en utilisant les mêmes méthodes que le monde des affaires pour vendre ses produits… Les services de ventes politiques ne font appel qu'aux faiblesses de leurs électeurs, jamais à leur force latente. Ils se gardent bien d'éduquer les masses et de les mettre en mesure de se gouverner elles-mêmes, jugeant très suffisant de les manipuler et de les exploiter. »

Sur le lavage de cerveau pratiqué dans notre planète-prison, Huxley rappelle :

« Si le système nerveux central du chien peut être brisé, celui d'un prisonnier politique aussi. Il s'agit seulement d'appliquer les doses de tension voulues pendant le temps voulu. A la fin du traitement, l'interné sera dans un état de névrose ou d'hystérie tel qu'il avouera ce que ses geôliers voudront. »

Huxley explique pourquoi notre système de suggestibilité encourage le somnambulisme puis il rappelle tristement :

« L'efficacité de la propagande politique et religieuse dépend des méthodes employées et non pas des doctrines enseignées. Ces dernières peuvent être vraies ou fausses, saines ou pernicieuses, peu importe. Si l'endoctrinement est bien fait au stade voulu de l'épuisement nerveux, il réussira. »

Opiomanie ou toxicomanie ? Huxley rappelle ici le fameux soma de son roman :

« La ration de soma quotidienne était une garantie contre l'inquiétude personnelle, l'agitation sociale et la propagation d'idées subversives. Karl Marx déclarait que la religion était l'opium du peuple, mais dans le Meilleur des Mondes la situation se trouvait renversée : l'opium, ou plutôt le soma, était la religion du peuple. »

Huxley rappelle nos progrès en chimie du cerveau et il prophétise l’addiction américaine responsable aujourd’hui de dizaines de milliers de morts :

« …prenez le cas des barbituriques et des tranquillisants. Aux U.S.A., ces remèdes peuvent être obtenus avec une simple ordonnance de docteur, mais l'avidité du public américain pour quelque chose qui rendra un peu plus supportable la vie dans le milieu urbain et industriel est si grande, que les médecins ordonnent actuellement de ces spécialités au rythme de 48 millions de prescriptions par an. »

On contrôlera donc l’opposition politique par les tranquillisants !

« Les masses ne risqueront pas de créer la moindre difficulté à leur maître. Seulement, dans l'état actuel des choses, les tranquillisants peuvent empêcher certaines personnes de créer assez de difficulté, non seulement à leurs dirigeants, mais à elles-mêmes. »

On peut même gagner la guerre par les tranquillisants !

« Lors d'une récente conférence sur le méprobamate, à laquelle je participais, un éminent biochimiste proposa en riant que le gouvernement des U.S.A. envoyât gratuitement au peuple soviétique 50 milliards de doses du plus populaire des tranquillisants. La plaisanterie avait son côté inquiétant. »

Chez Huxley comme chez La Boétie le fond du problème n’est pas la malignité de la science ou des élites sinon la médiocrité de la nature humaine démontrée ici par la science...

« Les idéaux de la démocratie et de la liberté se heurtent au fait brutal de la suggestibilité humaine. Un cinquième de tous les électeurs peut être hypnotisé presque en un clin d'œil, un septième soulagé de ses souffrances par des piqûres d'eau, un quart suggestionné avec rapidité et dans l'enthousiasme par I'hypnopédie. A toutes ces minorités trop promptes à coopérer, on doit ajouter les majorités aux réactions moins rapides dont la suggestibilité plus modérée peut être exploitée par n'importe quel manipulateur connaissant son affaire, prêt à y consacrer le temps et les efforts nécessaires. »

AH-J5.jpgQuant au futur, no comment :

« La liberté individuelle est-elle compatible avec un degré élevé de suggestibilité? Les institutions démocratiques peuvent-elles survivre à la subversion exercée du dedans par des spécialistes habiles dans la science et l'art d'exploiter la suggestibilité à la fois des individus et des foules? »

Il reste que le futur, en 1957, c’est aussi, c’est surtout cent millions de couillonnes sur Instagram admirant et imitant Kylie Jenner. Huxley :

« Et l'uniformisation des êtres était encore parachevée après la naissance par le conditionnement infantile, l'hypnopédie et l'euphorie chimique destinée à remplacer la satisfaction de se sentir libre et créateur. Dans le monde où nous vivons, ainsi qu'il a été indiqué dans des chapitres précédents, d'immenses forces impersonnelles tendent vers l'établissement d'un pouvoir centralisé et d'une société enrégimentée. La standardisation génétique est encore impossible, mais les Gros Gouvernements et les Grosses Affaires possèdent déjà, ou posséderont bientôt, tous les procédés pour la manipulation des esprits décrits dans Le Meilleur des Mondes, avec bien d'autres que mon manque d'imagination m'a empêché d'inventer. »

Le monde une prison, conclue Hamlet avec Rosencrantz et Guildenstern.

Huxley poursuit cruellement par les banalités d’usage sur l’éducation qui nous rendrait résistant :

« Si nous voulons éviter ce genre de tyrannie, il faut que nous commencions sans délai notre éducation et celle de nos enfants pour nous rendre aptes à être libres et à nous gouverner nous-mêmes. »

Cette éducation (cf. la chasse aux fake news) peut aisément être recyclée en ce que l’on sait !

Il rappelle ce truisme :

« Les effets d'une propagande mensongère et pernicieuse ne peuvent être neutralisés que par une solide préparation à l'art d'analyser ses méthodes et de percer à jour ses sophismes. »

Huxley rappelle à temps que personne ne veut de contre-propagande !

« Et pourtant, nulle part on n'enseigne aux enfants une méthode systématique pour faire le départ entre le vrai et le faux, une affirmation sensée et une autre qui ne l'est pas. Pourquoi? Parce que leurs aînés, même dans les pays démocratiques, ne veulent pas qu'ils reçoivent ce genre d'instruction. Dans ce contexte, la brève et triste histoire de l'Institute for Propaganda Analysis est terriblement révélatrice. Il avait été fondé en 1937, alors que la propagande nazie faisait le plus de bruit et de ravages, par Mr. Filene, philanthrope de la Nouvelle-Angleterre. Sous ses auspices, on pratiqua la dissection des méthodes de propagande non rationnelle et l'on prépara plusieurs textes pour l'instruction des lycéens et des étudiants. Puis vint la guerre, une guerre totale, sur tous les fronts, celui des idées au moins autant que celui des corps. Alors que tous les gouvernements alliés se lançaient dans “la guerre psychologique”, cette insistance sur la nécessité de disséquer la propagande sembla quelque peu dépourvue de tact. L'Institut fut fermé en 1941. »

Huxley rappelle les raisons de cette timidité :

« L'examen trop critique par trop de citoyens moyens de ce que disent leurs pasteurs et maîtres pourrait s'avérer profondément subversif. Dans sa forme actuelle, l'ordre social dépend, pour continuer d'exister, de l'acceptation, sans trop de questions embarrassantes, de la propagande mise en circulation par les autorités et de celle qui est consacrée par les traditions locales. »

AH-Dm6.jpgDans son maigre énoncé des solutions (il n’en a pas), Huxley évoque alors la prison sans barreau (the painless concentration camp, expression mise en doute par certains pro-systèmes !) :

« Il est parfaitement possible qu'un homme soit hors de prison sans être libre, à l'abri de toute contrainte matérielle et pourtant captif psychologiquement, obligé de penser, de sentir et d'agir comme le veulent les représentants de l'Etat ou de quelque intérêt privé à l'intérieur de la nation. »

Huxley recommande de protéger les lieux publics et la télévision. Or on ne peut protéger les lieux publics et la télévision qui ne sont là que pour vendre et pour puer : il faut donc les éviter. Si ton œil t’est objet de tentation…

Il note justement que « les formes libérales serviront simplement à masquer et à enjoliver un fond situé aux antipodes du libéralisme », et que le futur n’est guère plus joyeux que le présent de Bernays : « Entre-temps, l'oligarchie au pouvoir et son élite hautement qualifiée de soldats, de policiers, de fabricants de pensée, de manipulateurs mentaux mènera tout et tout le monde comme bon lui semblera. »

Sur notre futur monopolistique, Huxley ne se fait guère d’illusions (qui s’en fait encore ?) :

« Mais c'est un fait historique aujourd'hui que les moyens de production sont rapidement centralisés et monopolisés par les Grosses Affaires et les Gros Gouvernements. Par conséquent, si vous avez foi en la démocratie, prenez des mesures pour distribuer les biens aussi largement que possible. »

Huxley, beaucoup moins méchant que ce que pensent pas mal d’antisystèmes, propose une solution de révolution médiévale digne de Chesterton et Belloc :

« Par conséquent, si vous souhaitez éviter l'appauvrissement spirituel des individus et de sociétés entières, quittez les grands centres et faites revivre les petites agglomérations rurales, ou encore humanisez la ville en créant à l'intérieur du réseau de son organisation mécanique, les équivalents urbains des petits centres ruraux où les individus peuvent se rencontrer et coopérer en qualité de personnalités complètes, et non pas comme de simples incarnations de fonctions spécialisées. »

Mais rien n’y fait (on est à l’époque du génial Mumford) :

« Nous savons que, pour la plupart de nos semblables, la vie dans une gigantesque ville moderne est anonyme, atomique, au-dessous du niveau humain, néanmoins les villes deviennent de plus en plus démesurées et le mode de vie urbano-industriel demeure inchangé. »

Huxley, qui finit par citer Dostoïevski et son grand inquisiteur, ne se fait guère d’illusions, sondages à l’appui :

« Aux U.S.A. - et l'Amérique est l'image prophétique de ce que sera le reste du monde urbano-industriel dans quelques années d'ici - des sondages récents de l'opinion publique ont révélé que la majorité des adolescents au-dessous de vingt ans, les votants de demain, ne croient pas aux institutions démocratiques, ne voient pas d'inconvénient à la censure des idées impopulaires, ne jugent pas possible le gouvernement du peuple par le peuple et s'estimeraient parfaitement satisfaits d'être gouvernés d'en haut par une oligarchie d'experts assortis, s'ils pouvaient continuer à vivre dans les conditions auxquelles une période de grande prospérité les a habitués. »

Les jeunes sont soumis, les ados sont pires que les autres, comme je l’ai constaté dans ma jeunesse et comme  le montrera le succès mondial de culture sexe, drogue, rock. Huxley :

« Que tant de jeunes spectateurs bien nourris de la télévision, dans la plus puissante démocratie du monde, soient si totalement indifférents à l'idée de se gouverner eux-mêmes, s'intéressent si peu à la liberté d'esprit et au droit d'opposition est navrant, mais assez peu surprenant. »

Il évoque les oiseaux (La Boétie évoquait les chiens) …

« Tout oiseau qui a appris à gratter une bonne pitance d'insectes et de vers sans être obligé de se servir de ses ailes renonce bien vite au privilège du vol et reste définitivement à terre. »

La suite est lyrique !

« Le cri de « Donnez-moi la télévision et des saucisses chaudes, mais ne m'assommez pas avec les responsabilités de l'indépendance », fera peut-être place, dans des circonstances différentes à celui de « La liberté ou la mort ».

Et le maître de conclure :

« Il semble qu'il n'y ait aucune raison valable pour qu'une dictature parfaitement scientifique soit jamais renversée. »

Demandez à Zuckerberg, à la NSA et à Monsanto ce qu’ils en pensent.

Sources complémentaires

Huxley – Le meilleur des mondes ; retour au meilleur des mondes (1957), sur archive.org

Nicolas Bonnal – Comment les peuples sont devenus jetables ; comment les Français sont morts ; la culture comme arme de destruction massive (Amazon.fr)

Umberto Eco – Vers un nouveau moyen âge (1972)

Bertrand de Jouvenel – Du Pouvoir (Pluriel)

Vince Packard – Hidden persuaders

Armand Mattelart – Histoire de l’utopie planétaire (la Découverte)

Chesterton – What I saw in America (Gutenberg.org)

Shakespeare – Mesure pour mesure ; Hamlet ; La tempête (inlibroveritas.net)

La Boétie – Sur la servitude volontaire (Wikisource)

Tocqueville – De la démocratie en Amérique (classiques.Uqac.ca)

Debord – Commentaires

Les valeurs populistes comme résistance au narcissisme

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Les valeurs populistes comme résistance au narcissisme

par Renaud Garcia

Ex: http://www.oragesdacier.info

On le pressent, une fois ce diagnostic établi, la solution proposée par Lasch n’a rien de bien « transgressif », en apparence du moins. Lasch propose simplement de retrouver le sens des limites. Sur ce point, il convient cependant de ne pas se méprendre. Que l’individu doive retrouver le sens des limites n’a jamais signifié pour Lasch l’impératif de rétablir par la force l’autorité qui châtie et punit aveuglément. C’est ici que des « conservateurs droitiers » tels qu’Alain Finkielkraut ou Pascal Bruckner cessent de de pouvoir se référer sans mauvaise foi à Lasch. La permissivité et la peur du conflit d’une part, l’autorité qui ne sait qu’interdire d’autre part, forment pour Lasch deux faces d’une même médaille. A moins que les normes éthiques, suggère-t-il dans Le Moi assiégé, ne s’enracinent dans une identification émotionnelle avec les autorités qui les font respecter, elles n’inspireront rien de plus qu’une obéissance servile. 
 
     En réalité, aux yeux de Lasch, un ordre humain conforme aux idéaux révolutionnaires d’égalité, de liberté et de décence ne semble possible que si les individus cultivent la modestie face à la vie, la loyauté dans leurs rapports et un esprit général de gratitude. Or, cette culture-là, Lasch pense la trouve dans le fonds de valeurs du populisme américain, dont il recompose les origines et les luttes du XIXe au XXe siècle dans Le Seul et Vrai Paradis. Alors que sous l’impulsion d’intellectuels experts en politologie tels que Dominique Reynié le « populisme » en est venu aujourd’hui à incarner une sorte de peste politique, remettant prétendument en question par son appel racoleur au peuple les fondements de la démocratie parlementaire, l’insigne mérite de l’ouvrage Le Seul et Vrai Paradis est de rendre au populisme sa vigueur critique et révolutionnaire face aux promesses du progrès capitaliste. 
 
laschCN.jpg     Dans une enquête de grande ampleur, qui évoque notamment le radicalisme chrétien d’Orestes Brownson (1803-1876), le transcendantalisme de Ralph Waldo Emerson (1803-1882), le mouvement de résistance non violente de Martin Luther King (1929-1968), en passant par le socialisme de guilde de George Douglas Howard Cole (1889-1959), Lasch met en évidence tout un gisement de valeurs relatives à l’humanisme civique, dont les Etats-Unis et plus largement le monde anglo-saxon ont été porteurs en résistance à l’idéologie libérale du progrès. Il retrouve, par-delà les divergences entre ces œuvres, certains constances : l’habitude de la responsabilité associée à la possession de la propriété ; l’oubli volontaire de soi dans un travail astreignant ; l’idéal de la vie bonne, enracinée dans une communauté d’appartenance, face à la promesse de l’abondance matérielle ; l’idée que le bonheur réside avant tout dans la reconnaissance que les hommes ne sont pas faits pour le bonheur. Le regard historique de Lasch, en revenant vers cette tradition, n’incite pas à la nostalgie passéiste pour un temps révolu. A la nostalgie, Lasch va ainsi opposer la mémoire. La nostalgie n’est que l’autre face de l’idéologie progressiste, vers laquelle on se tourne lorsque cette dernière n’assure plus ses promesses. La mémoire quant à elle vivifie le lien entre le passé et le présent en préparant à faire face avec courage à ce qui arrive. Au terme du parcours qu’il raconte dans Le Seul et Vrai Paradis, le lecteur garde donc en mémoire le fait historique suivant : il a existé un courant radical très fortement opposé à l’aliénation capitaliste, au délabrement des conditions de travail, ainsi qu’à l’idée selon laquelle la productivité doit augmenter à la mesure des désirs potentiellement illimités de la nature humaine, mais pourtant tout aussi méfiant à l’égard de la conception marxiste du progrès historique. Volontiers raillée par la doxa marxiste pour sa défense « petite bourgeoise » de la petite propriété, tenue pour un bastion de l’indépendance et du contrôle sur le travail et les conditions de vie, la pensée populiste visait surtout l’idole commune des libéraux et des marxistes, révélant par là même l’obsolescence du clivage droite/gauche : le progrès technique et économique, ainsi que l’optimisme historique qu’il recommande. Selon Lasch qui, dans le débat entre Marx et Proudhon, opte pour les analyses du second, l’éthique populiste des petits producteurs était « anticapitaliste, mais ni socialiste, ni social-démocrate, à la fois radicale, révolutionnaire même, et profondément conservatrice ». 
 
     Après avoir exposé avec le narcissisme et le populisme deux registres de valeurs et deux visions de la société humaine, Lasch en a finalement appelé à la résurgence de la critique sociale, en posant une question fondamentale : « La démocratie mérite-t-elle de survivre ? » 
 
Renaud Garcia, « Christopher Lasch, le culte du narcissisme » in Radicalité, 20 penseurs vraiment critiques

La revue de presse de Pierre Bérard (07 février 2018)

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La revue de presse de Pierre Bérard

(07 février 2018)

Au sommaire :

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

• Le grand remplacement : complot, fantasme ou réalité ? Édouard Chanot répond par un modèle de chronique vidéo. En moins de 10 minutes il fait le tour du problème avec une limpidité et un sens remarquable de la pédagogie :

 
En Belgique comme ailleurs les immigrationnistes qui détiennent tous les leviers de l’information dissimulent à la population les chiffres d’une immigration dont ils chérissent pourtant les effets. Le sénateur de centre-droit 
Alain Destexhe rend compte de cette réalité aussi paradoxale qu'incontestable dans une tribune du Figaro :
 
 

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Du même auteur, Alain Destexhe, cette analyse concernant la Belgique toujours où 70% de la population est opposée à la poursuite de l’immigration. Celle-ci est cependant frénétiquement soutenue par les élites et le parti des médias qui n’hésitent pas à user des totems issus de la période de l’Occupation pour imposer leur point de vue. « Rafle », « armée des ombres », « nouveaux Justes » sont convoqués de manière à assimiler les migrants à de nouveaux juifs, alors que nombre d’entre eux sont depuis l’enfance biberonnés à l’antisémitisme… Le parti des médias, on le voit, ne s’embarrasse pas de subtilités. Jusqu’où ces apprentis-sorciers pousseront-ils la bienveillance vis à vie de leurs protégés ? :
 
 
Troubles dans la sociologie. En effet certains sociologues, très minoritaires, s’inquiètent de ce qui leur apparaît comme un dévoiement de leur discipline par l’irruption dans leur champ d'une « sociologie critique » devenue majoritaire depuis l’époque Bourdieu. Alors qu’auparavant la contestation des conclusions de la sociologie (culture de l’excuse) provenait de philosophes ou de journalistes, désormais elle est issue des rangs mêmes de la discipline. Loin d’être une simple querelle de chapelles cette controverse interroge l’intelligibilité de notre monde. La dernière émission d’Alain Finkielkraut (Répliques) opposait le bourdieusien militant Marc Joly à Nathalie Heinich qui réfute la confusion de la sociologie avec des approches politiques engagées (critique réductrice de la domination et des dominants, toujours coupables, au nom des intérêts des dominés réputés innocents même lorsqu’ils sont coupables) et rappelle l’importance de la culture au sens anthropologique dans l’appréciation des faits sociaux :
 
 
Chronique pleine d’ironie de Philippe Bilger à propos de la ministre de la « culture censurée » qui se rétracte à la première objurgation d’individus regroupés dans des associations de nuisance à prétention antiraciste. Faudra-il pour les satisfaire renoncer à tout un pan de notre héritage culturel qui a le malheur de leur déplaire et faire pénitence ad vitam aeternam pour avoir osé s’en réclamer ? Le cas Maurras, après celui de Céline, est à cet égard symptomatique quoi qu’on puisse penser de ce personnage :
 
 
Journaliste et écrivain Richard Labévière présente un document inédit d’une diplomate russe offrant un point de vue différent de celui auquel nous ont accoutumé les médias de grand chemin sur la crise syrienne et la bataille d’Alep :
 
 

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Bonne analyse de Pierre Brunet à propos de l’offensive lancée par le président turc Recep Tayyip Erdogan sur la zone kurde d’Afrin (Syrie). Sérieux avertissement pour l’OTAN qui voit ses deux principales armées (États-Unis et Turquie) se précipiter dans un face à face qui pourrait conduire à la fragilisation de l’alliance, sinon à sa disparition de fait :
 
 
Pour Gilles Richard auteur chez Perrin de l’ « Histoire des droites en France. De 1815 à nos jours », le centre et l’extrême droite sont de simples fictions. Dans le paysage politique actuel où la question nationale a pris le dessus sur tout autre problématique, l'interrogation est la suivante : « Est-ce que la France demeurera une nation souveraine, ou bien est-ce qu’à terme, elle se fondra dans une entité plus grande, intégré, l’Union européenne ? Le clivage principal est devenu celui-ci… ». Il distingue deux niveaux d’analyse, celle qui concerne les familles politiques (idée) et celle qui s’attache aux partis (organisation) qui ont leur propre logique. Dans la configuration actuelle il discerne deux grandes familles de droite, celle des néo-libéraux et celle des nationalistes attentifs aux spécificités de chaque peuple. L’entente, déclare-t-il, est impossible entre ces deux familles. En réalisant l’unité des néo-libéraux de droite et ceux de gauche Macron devrait obliger Wauquiez à purger son parti des libéraux qui y demeurent encore, mais en a-t-il la volonté ? Il conclue en soulignant que ni les libéraux ni les nationaliste n’ont de réponses à ce qui taraude notre devenir : la question écologique :
 
 
Les propos de l’homme d'affaires Robert Bourgi (qui a fait fortune dans le marigot de la France-Afrique) dans l’émission de BFM intitulée « Qui a tué François Fillon ? » donnent un aperçu des pires maux de la vie politique française : un cocktail de batailles d’ego, de rancoeurs et de vengeance personnelles dans lesquels s’anéantit toute idée de bien commun et d’intérêt général. Selon Maxime Tandonnet le déclin de la culture et de l’intelligence politique, autrement dit l’impolitique, est au centre du grand malaise touchant en premier lieu les élites dirigeantes et médiatiques :
 
 

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Contrairement à ce que proclame la propagande macronienne la France n’est pas « back », mais « out » selon Richard Millet qui excipe toutes sortes de raisons dont la principale est la médiocrité, voire le grotesque de son 
personnel politique. Selon lui « Ce qui reste de la France relève donc de la muséification et de la disneylandisation ». Ce bilan n’est-il pas un brin trop doloriste ? :
 
 
En quelques minutes Éric Zemmour démonte les mécanismes de la mondialisation. Plus de 80% de la richesse crée en 2017 ne profite qu’à une très mince oligarchie, et cela dure depuis des décennies. Le processus est simple : exploiter les pauvres des pays pauvres pour fabriquer des produits bas de gamme qu’achètent les pauvres des pays riches en le payant de leurs emplois. Et pour les emplois non délocalisables (bâtiment, restauration, entretien) des pays riches, ces mêmes oligarchies alimentent une immigration pléthorique qui a l’avantage de maintenir un taux de chômage élevé et de faire ainsi pression à la baisse sur les salaires, 
avec le soutien paradoxal des syndicats et des « humanistes compassionnels », dont l’action est guidée par ce qu’il leur reste d’internationalisme. On le voit : la plus value fait quelques heureux et des masses de miséreux : 
 
 
Entretien captivant, en deux parties, du romancier Patrice Jean avec la revue Philitt à propos de son roman paru en 2017 « L’Homme surnuméraire ». Dans ce récit de mise en abyme, il met en scène un père de famille banal et sans histoire brimé par sa femme, sorte de Mme Bovary féministe et un personnage plus jeune travaillant à nettoyer la littérature de ses passages offensant le politiquement correct dans une maison d’édition qui affiche bien haut ses prétentions « humanistes ». 
 
 
 
La dernière émission I-Média animée par Jean-Yves Le Gallou et Hervé Grandchamp revient largement sur l’affaire Théo et démonte les nombreux bobards auxquels elle donna lieu. Comme trop souvent, le rétablissement 
des faits intervient tardivement lorsque l’effet de sidération des lecteurs, auditeurs et téléspectateurs a opéré. Remarquable séquence de résistance au formatage ambiant qui veut nous faire prendre des vessies pour des lanternes, les bandes de racailles pour des saints et les flics pour d’affreux voyous :
 
 

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En Russie orthodoxe les rituels d’origine païennes des Sviatki rendent compte de l’origine commune à tous les européens des sources de la spiritualité. Sources bien antérieures à la christianisation (période des 12 nuits de Noël, déguisements, visites etc…):
 
 
Philippe Marlière qui cosignait en juin dernier une tribune de soutien à Houria Bouteldja et anime un blog sur le site web de Mediapart crie son indignation sur Tweeter. Le motif lui en est fourni par l’ouverture du débat démocratique à de nouveaux intervenants. Si l’on en croit Marlière les seuls débats licites doivent donc être organisés entre interlocuteurs s'entendant tacitement sur leurs conclusions. Toute opinion critique étant soustraite à la discussion. Le pluralisme ainsi jeté aux orties, explique dans un large mesure l’épuisement de la doxa contemporaine dénuée de curiosité et son psittacisme désespérant. Aux dernières nouvelles les vigilants l’ont encore emporté et la Fondation Feltrinelli annule ses invitations. Nous vivons une époque formidable :
 

The Frankfurt School and the New Left: Sorcerer's Apprentices and Hobgoblins

The Frankfurt School and the New Left:
Sorcerer's Apprentices and Hobgoblins

Ex: https://equityandfreedom.com

And the 'terrible waters' they have wrought since 1968.

The activities of the Frankfurt School, the group of intellectuals which spawned the New Left, the movement that from 1968 onwards captured the cultural hegemony in the West, can be likened to the story of the ‘Sorcerer’s Apprentice’.

This famous ballad by Johann Wolfgang von Goethe is known in the English-speaking world primarily due to the cinematic rendering of it in Walt Disney’s ‘Fantasia’, with Mickey Mouse in the title role. The creators of the ten-minute cartoon episode remained fairly true to the original, with these exceptions: Goethe’s apprentice does not fall asleep, and he hacks the bewitched broom in two only, not in innumerable splinters. A third deviation comes right at the end: In the original, the sorcerer doesn’t whack his wayward assistant with the broom. Instead, the returning senior wizard simply puts everything back in order. There is no mention of any sanction at all. Prompted maybe by Paul Dukas’ compelling and in parts spooky music (a symphonic poem composed 1897 specifically with Goethe’s ballad in mind), Disney’s filmmakers may simply have assumed the punishment and the other changes.

In the German-speaking world, one line of the poem is often cited when describing a development over which the instigator has lost control: ‘Die ich rief, die Geister, werd’ ich nun nicht los.’ Which translates into: The spirits which I summoned, I now cannot get rid of.

What’s interesting in this context is that Goethe wrote the ballad in the year 1797, according to Wikipedia as a warning to his contemporaries in view of developments in France after the revolution.

Disney’s Fantasia makes no mention of Goethe, although their version is quite obviously based on his poem. Possibly because, by the time the film was being made in 1940, talk of looming war made it inexpedient to mention the great German. Instead, the introduction simply says it is an ‘ancient tale.’

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So, how does this ballad relate to the Frankfurt School and their doings in the real world? It is now half a century since the pivotal year of 1968, when people – mostly young and impressionable – across the whole West, inspired by the Frankfurt School, started their infamous ‘long march through the institutions.’ These ‘68ers’ can be divided into two groups: Sorcerer’s apprentices and hobgoblins.

The sorcerer’s apprentices are those who with their words change – not a broom, but – other humans into the equivalent of hobgoblins and set them in motion. The latter become the water carriers for the former, until a few of the apprentices (by far not all), appalled at the ‘terrible waters’ (‘entsetzliches Gewässer’) thus rendered, desperately try to dispel the new evil.

The representatives of the Frankfurt School, the intellectuals of the so-called ‘critical theory,’ are, or were, real life sorcerer’s apprentices. ‘Critical theory’ is not actually a theory but a school of thought, or rather a project. According to its leading theorist, Max Horkheimer (1895 – 1973), critical theory seeks “to liberate human beings from the circumstances that enslave them.” According to the German Wikipedia page on the subject, the aim of critical theory is to “reveal the ideologies of the mechanisms of power and oppression” and to achieve a “rational society of responsible human beings.”

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On the face of it, this all sounds well and good. However, if those really are the aims, why do we never hear anything from that group about our monetary system? Maybe I’ve overlooked something, but I don’t think any representative of the Frankfurt School has ever seriously grappled with, say, the Austrian business cycle theory. Indeed, the words ‘rational society’ indicate a very different tradition from that of the Austrians, namely that of Plato and his notion of philosopher kings, who were permitted unethical means, such as the ‘noble lie,’ to attain the overarching aim.

The only person who was in any way close to the attitudes of the Frankfurt School and who had seriously dealt with economics, was of a slightly earlier generation, namely John Maynard Keynes (1883 – 1946). Leading Austrian School economist Ludwig von Mises once wrote an article titled ‘Stones into Bread: The Keynesian Miracle,’ in which he charges the British mathematician turned economist with exactly that: bragging to be able to perform an economic miracle akin to one of the demands with which Satan tempted Jesus Christ.

In other words, Keynes too was a sorcerer’s apprentice of the kind Goethe described. Ethically and morally too, he was of the same corrosive substance as the Frankfurt School thinkers. He was a serial philanderer and described himself as an ‘immoralist.’ As such, the Platonist Keynes anticipated what leading Frankfurt School representative Herbert Marcuse (1898 – 1979) propagated in his book ‘Eros and Civilization.’ Marcuse claimed that liberation of the ‘non-procreative Eros’ would lead to new, paradisiacal conditions, where alienated labor would disappear and be replaced by non-alienated libidinal work.

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As Keynes despised principles, among others the principle of solid financing, he was an early representative of the present relativism and the modern sorcerer’s apprentice of magical money proliferation. Without this – today pervasive – deliberate inflation, there would be much less money illusion, much less loitering, much less financing of unproductive, dreamy, or even destructive activities and organizations. His cynical adage, in the long run we are all dead, is virtually the paragon of willful present-orientation and dismissal of the future, which is characteristic of the basic attitude to life among today’s representatives of the New Left, and of their followers, conscious or otherwise.

Marcuse, in turn, was the creator of the term ‘repressive tolerance.’ What he meant was that normal tolerance actually serves to marginalise and suppress the truth about our immiseration (or impoverishment) in the ruling system. Contrary to that, Marcuse established the term ‘liberating tolerance.’ He simply claimed that revolutionary minorities are in possession of the truth and that it is therefore their duty to liberate the majority from their fallacious views. Thus the revolutionary minorities have the right to suppress rival and supposedly harmful opinions. In addition, Marcuse also permitted the use of violence by this revolutionary minority. He legitimised this use of force as ‘defensive.’ It isn’t the beginning of a new chain of violence, he claimed, but the attempt to break an existing one.

This kind of misuse of language was typical of the Frankfurt School. Another example is immiseration. Because the Marxist theory of immiseration had been refuted by reality, the thinkers of the New Left switched from economics to psychology. Now they claimed that while capitalism had lead to material wealth, it had caused psychological and intellectual immiseration.

What is also striking, apart from the distortion of words and meanings, is the predominance of negativity. As the name indicates, ‘critical theory’ was always keen to criticise. Their utopia always remained very woolly. The reason for this is simple: Otherwise they would have had to admit that their vision was that of communism. Nevertheless, clear-sighted contemporaries realised this even in 1968. In that year, Erwin K. Scheuch edited a book about the ‘68ers and gave it the title ‘Die Wiedertäufer der Wohlstandsgesellschaft,’ meaning ‘The Anabaptists of the Affluent Society.’ In this book he wrote that the New Left wanted an ‘undifferentiated society,’ without division of labor. It seems that Marx’s vision that in future people would hunt in the morning, fish in the afternoon, farm livestock in the evening and criticise after dinner, is still the vision of the New Left even today.

lukacs.jpgHowever, the Frankfurt School suggested a different road to the communist paradise than that chosen by Lenin and Stalin in Soviet Russia. The direct intellectual precursors of the Frankfurt School, the Italian Antonio Gramsci (1891 – 1937) and the Hungarian Georg Lukács (1885 – 1971) (photo), had recognized that further west in Europe there was an obstacle on this path which could not be eliminated by physical violence and terror: the private, middle class, classical liberal bourgeois culture based on Christian values. These, they concluded, needed to be destroyed by infiltration of the institutions. Their followers have succeeded in doing so. The sorcerer's apprentices of the Frankfurt School conjured up an army of hobgoblins who empty their buckets over us every day. Instead of water, the buckets are filled with what Lukács had approvingly labelled ‘cultural terrorism.’

The hobgoblins of 1968 and the following years, mostly students, later became lecturers, teachers, media employees, civil servants and of course politicians. They and their later progeny are endowed with a sense of mission and the illusion of being on the side of moral righteousness. In thousands of more or less important, but always influential, positions of authority, they succeed in injecting entire generations with a disgust for their own culture and history, and a selective inability to think. With their allegedly liberating tolerance, they have torn down natural or culturally nurtured inhibitions and replaced them with state enforced prohibitions on thinking and acting. These in turn have almost completely destroyed the natural workings and defense mechanisms of a healthy society.

How could they have been so successful in such a short space of time? The sorcerer's apprentices apparently managed to fill a psycho-spiritual gap in the market; they supplied a demand keenly felt by those they turned into hobgoblins. The market niche to fill was an apparent shortcut to paradise. The sorcerer's apprentice in Goethe's ballad transforms the broom into a hobgoblin, so that it can do the hard work of carrying water for him. Likewise, we are always tempted to find a shortcut to paradise. Just as Keynes did with his monetary policy, which would allegedly turn proverbial stones into bread.

eroscivpostcard400pxh-198x300.jpgThe sorcerer's apprentices of the Frankfurt School dreamt of a communist paradise on earth. Initially, among the hard left they were the only ones aware of the fact that this brutal path to paradise would fail. With the construction of the Berlin Wall in 1961, however, this failure was obvious to all. This was the New Left’s moment. It was only then that they got any traction and noticeable response. At least in Western Europe. In the US, this moment of truth may have come a little later. Gary North contends in his book ‘Unholy Spirits’ that John F. Kennedy’s death was “the death rattle of the older rationalism.” A few weeks later, Beatlemania came to America. However, the appearance of the book ‘Silent Spring’ by Rachel Carson in September 1962, which heralded the start of environmentalism, points to the Berlin Wall as the more fundamental game changer in the West. A few years later, the spellbound hobgoblins began their long march through the institutions.

Half a century after 1968, we see the catastrophic effects of this magic: a desire for instant gratification and a loss of meaning of life. The desire for instant gratification can be seen in the destruction of established institutions, especially the family, and in the countless number of abortions. Or in unbounded sexuality and the supremacy of the pleasure principle. Loss of meaning of life can be recognized in drug abuse, for example. Other effects are the dulling of the mind, a lack of general, all-round education, uncritical acceptance of claims that cannot be falsified, such as that of a supposedly man-made climate change, the acceptance of violence as a means of political debate and, of course, the cultural bursting of the dam concerning migration.

The sorcerer’s apprentices have become very quiet lately. Maybe some of them are shocked by what they have wrought. At least two of them could see what was happening even in 1968 and tried to stop the unfolding catastrophe. One of them was Theodor W. Adorno (1903 – 1969). The other was his student Jürgen Habermas (b. 1929). In the face of disrupted lectures and rising violence in general, they accused the radicals of ‘left-wing fascism.’ Like Goethe’s apprentice, they realised they had created a ‘spawn on hell’ (‘Ausgeburt der Hölle’). They tried to stop the hobgoblins with a new spell, but failed.

Currently, some people are trying to turn things around with other spells. The spells of these new sorcerer’s apprentices use magic words such as ‘nation’ and ‘the people.’ Like their predecessors, they believe that they can use the state as a magic wand, e.g. to force children into schools to learn certain world views, and everything will be all right again.

So far, none of them, neither the older nor the younger apprentices, are calling for the ‘master’ to return, as Goethe’s apprentice does in desperation near the end. However, the ‘cultural terrorism’ keeps flowing, and the ‘terrible waters’ are rising alarmingly. The legacy of the revolt of 1968 is a complete catastrophe for western civilization. This civilization had already been suffering from the disease of statism, but nevertheless had survived two world wars and one depression. Now, the culture war is finishing it off. The result is a society that still harbours some civilizing elements, but is no longer a civilization. It is merely a shaky structure that has not yet collapsed completely, but only because the hobgoblins have not yet managed to create a strong enough wave.

What can be done? First, we need to stop using the state like a magic wand. We have to urgently defund the hobgoblins. That means defunding, i.e. withdrawing the state from, the universities, schools and media that keep them on the move. However, there is something more fundamental we must do. We have to recognise that there’s no short cut to paradise. We have to call the ‘master.’ In Goethe’s ballad, this is a master sorcerer. Goethe himself seems to have been an agnostic. Nevertheless, I interpret this figure as the Creator. Disney’s film makers seem to have had a similar idea, consciously or not. The way they depict the master removing the water, accompanied by Dukas’ dramatic music, reminds the viewer of Moses parting the sea.

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In his ‘The Lion, the Witch and the Wardrobe,’ C.S. Lewis has Aslan, the Christ-like lion, talk of ‘deeper magic’ that is more powerful than that of the White Witch. Mises’ Student Murray Rothbard spoke of ‘Egalitarianism as a Revolt Against Nature.’ For those who believe, state-funded, forced egalitarianism is a revolt against God. To successfully combat this illusory magic, we ultimately need God’s ‘deeper magic.’

Soviet dissident Alexander Solzhenitsyn once said, in a speech entitled ‘Godlessness: the first step to the Gulag’: ‘If I were called upon to identify briefly the principal trait of the entire twentieth century, ... I would be unable to find anything more precise and pithy than to repeat once again: Men have forgotten God.’

In the face of the atrocities of the French Revolution, Goethe predicted in his ballad that, in the end, only the ‘master’ would be able to finally stop the march of the hobgoblins and make everything right again. We would do well to remember that when we attempt to put a stop to the New Left’s evil game.

The above is a translation and adaptation of a speech given by Robert Grözinger at the “eigentümlich frei” conference in Zinnowitz, Germany, on January 14, 2018.

mardi, 06 février 2018

Robert Steuckers à la Diffusion du Lore

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Robert Steuckers,

La révolution conservatrice allemande,

28 euros.

LORE-celtiques-couv.jpg

Robert Steuckers,

Pages celtiques,

15 euros.

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Armin Mohler / Robert Steuckers,

Généalogie du fascisme français,

12 euros.

Ces trois titres sont disponibles auprès de la "Diffusion du Lore":

www.ladiffusiondulore.fr

 

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Lévi-Strauss et l'imperméabilité des cultures

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Lévi-Strauss et l'imperméabilité des cultures

Ex: Arrêt sur Images : WWW.ARRETSURIMAGES.NET

Claude Lévi-Strauss, "dernier géant de la pensée française", mort la semaine dernière, toute la presse, et la Nation entière, ont rendu un hommage justifié. Mais sous les brassées de fleurs, sont apparues (sur Internet, évidemment) quelques disgracieuses mauvaises herbes : en l'occurence, d'étranges phrases sur l'Islam dans "Tristes tropiques", phrases pouvant passer pour islamophobes.

Ecrites aujourd'hui, ces phrases le désigneraient aussitôt à la vindicte. Alors? Quelle mouche a piqué Lévi-Strauss en 1955 ? Est-ce parce qu'il a rédigé son livre-culte, de son aveu même, en état de "fureur", le considérant comme un livre mineur? Ces phrases sont-elles à replacer dans le contexte général d'une aversion de l'ethnologue à l'égard de toutes les religions monothéistes? Et à propos, pourquoi donc l'observateur pionnier des cultures dites "primitives" a-t-il accepté, avec gourmandise, les honneurs surannés de l'Académie ? Pour le dire crûment : le progressiste a-t-il viré réac? Questions naïves, que nous avons souhaité poser naïvement.

Ce "best of" vous a plu ? Retrouvez l'intégralité de l'émission sur:
WWW.ARRETSURIMAGES.NET

Du dextrisme et de la révolution conservatrice

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Du dextrisme et de la révolution conservatrice

Ex: http://oragesdacier.info

Philosophie magazine titrait sa dernière revue « De quoi la gauche est-elle malade ? ». On pourrait en dresser une longue liste, mais il faut voir plus clairement une névrose multiple. Elle est amnésique, schizophrène et paranoïaque : menteuse, elle voit des choses qui n’existent pas, se crée des peurs paniques, devient colérique et de mauvaise foi. Certains diront qu’elle n’est pas malade mais simplement bête. Nous aimons à penser que les symptômes et la bêtise peuvent largement se cumuler, comme on a pu malheureusement l’observer depuis trop longtemps. Mais qu’en est-il à droite ?
 
Gaël Brustier (ancien collaborateur d’Arnaud Montebourg) a été le premier à parler de « dextrisme » à propos d’une lame de fond de droite, qui a supplanté dorénavant la gauche culturelle, voire la gauche tout court. Non sans quelques erreurs, il a bien vu que la synergie des mouvements contre le Mariage pour tous a donné pour résultat un « Mai 68 conservateur ». Puis, Guillaume Bernard a pris le pas en parlant de mouvement « dextrogyre » pour évoquer la même direction que prenaient les tournures politiques. Enfin, Patrick Buisson, dans son ouvrage revendicatif et revenchard, a repris la notion de Gaël Brustier en parlant de « dextrisme ».

Ces observateurs de la vie politique ne se sont pas trompés. Depuis quelques années déjà, il y a bel et bien une rupture des digues liée à la désillusion d’une société prospère, mondialisée et ouverte sur l’Europe. Nous n’y voyons que précarité, chômage de masse, insécurité et immigration de masse. Vision peut-être pessimiste mais néanmoins réaliste des circonstances présentes.

Est-ce à dire que le Français est un populiste en puissance ? Pour des journalistes vivant au cœur de Paris, se déplaçant en vélib’ ou en métro, et ne connaissant rien du Français moyen hors une vision phantasmée du beauf de province, oui. Pourtant, par principe, le peuple est doué d’une logique implacable. Certes on peut l’influencer, et les hommes politiques et industriels dépensent des fortunes en publicité et marketing pour cela, mais il est loin d’être bête. On peut dire même qu’il est conservateur. Prenez pour exemple des Corses, dont les élections régionales ont tourné en faveur d’une gauche corse, elle reste nationaliste, réfractaire à l’immigration et à la diversité.

Le problème dans tout cela, c’est d’y voir le terme conservateur seulement en ce qu’il veut conserver des acquis. Le conservatisme se doit d’allier des principes fondateurs, des valeurs, telles que l’autonomie et l’enracinement, qui appellent en effet à des sacrifices ou des consentements pour la France. Acheter français, acheter des produits frais cultivés en France, éviter autant que faire ce peut le « made in China » ou le « Hollywood-Disneyland-Apple ». Plus encore, le conservatisme, même présent comme logique et comme sentiment de bon sens, de « common decency » telle que le formulait George Orwell (un anarchiste-conservateur), doit être aujourd’hui transcrit politiquement. Il est bienheureux que la logique populaire française se mette en marche pour des situations ubuesques où l’idéologie de l’homme politique prend le pas sur l’expérience et sur la cohérence !

Il faut désormais transformer le tir, et tout faire pour que ce conservatisme soit dorénavant un facteur de victoire politique. Et non, Fillon est tout sauf conservateur, hormis si on prend pour lui la définition péjorative de celui qui conserve ses acquis (ou ses émoluments, comme sa femme qui a 500 000 euros de biens mal acquis dans une sorte d’emploi fictif d’assistante parlementaire).

9782081333208FS.gifQu’on puisse avoir des doutes ou des réclamations sur un parti comme le Front National est logique, mais la victoire politique doit s’abstenir d’une réaction similaire à celle qui pourrait avoir lieu à la buvette du coin. D’autant plus dans une situation de fait majoritaire où ce parti doit obtenir 50,1% des voix pour réussir. Et cela, aussi bien pour les présidentielles que pour les législatives.

Les dernières élections, départementales, municipales et régionales ont montré que le vent tournait en sa faveur. Il est temps que pour les deux prochaines élections, ce vent favorable continue de souffler. D’ailleurs, un élément en ce sens s’observe avec les primaires. C’est juridiquement un non-sens que d’avoir des primaires. Cette américanisation des élections est bien la preuve d’une altération de la vie politique française. Il y a des primaires aux Etats-Unis que parce que les Américains ne peuvent pas élire directement leur président et doivent passer par des grands électeurs. En France, depuis 1962, les électeurs choisissent directement leur président en deux tours. Les deux tours de la présidentielle, voilà nos primaires. Effectuer des primaires à la droite libérale et chez les socialistes-libéraux montrent un élément fondateur de l’avancée du conservatisme. C’est la désacralisation totale des hommes politiques dans ces partis qui se ressemblent et l’absence de chef naturel, sans compter la victoire de l’ego. Tout le monde veut devenir le calife à la place du calife. Sans pour autant réussir une quelconque unité, car ils ne sont pas légitimes ni compétents pour devenir des chefs. On peut être capitaine, mais il faut le mériter et le prouver, c’est encore plus difficile dans la reconnaissance de devenir un chef de bataillon.

Autre exemple de désacralisation, c’est l’atteinte physique des hommes politiques (mais justifiée). Il semblait improbable pour un de Gaulle, un Chirac ou un Mitterrand d’être pris à parti. A partir du moment où l’absence d’incarnation en tant que chef, où l’esprit vil et mercantile, méprisant à l’égard du peuple a pris le pas, alors toute forme de respect disparaît logiquement. Mais la justice des puissants prend le pas pour condamner les actes de revendication des faibles, à savoir nous.

A nous donc de ne plus être faibles. En premier lieu en évitant de garder un tropisme d’esprit conservateur en famille, mais bien de le revendiquer, comme par exemple aux élections présidentielles et législatives.

Cela s’accompagne d’un point plus important, accoler le terme révolution à celui de conservateur. Nous ne voulons pas garder des acquis, faire comme si de rien n’était. Bouger dans l’immobilisme, cela a été le quinquennat Hollande, ou les législatures avec Angela Merkel. Il est important de refonder le système. Pas de le réformer : quand les fondations d’une maison sont mauvaises, on ne change pas les portes et fenêtres, on détruit pour rebâtir. Cette opportunité de 2017 est un moyen supplémentaire d’avancer pour faire changer les choses. 2017 ne va pas tout changer, mais au moins, elle permettra de meilleures dispositions pour que notre Nation soit épargnée des dégâts idéologiques du libéralisme mondialisé et de ses conséquences (chômage, précarité, immigration). 
 
Le choix vous appartient donc, mais sachez juste que les préceptes liés au Baby-boom et à Mai 68 sont obsolètes. Pour paraphraser les politiciens repus, il faut changer de paradigme. Macron, Fillon, Valls et consorts représentent les deux faces opposées d’une même pièce. Engagez-vous en politique, formez-vous, lisez, réinformez-vous, adhérez, créez des associations. Tous ces éléments si anodins sont aujourd’hui subversifs, parce qu’ils ne sont pas compris dans la liste de l’acceptable exigée par un système soft-totalitaire qui demande la résignation consolée par la consommation.
 

Tom Wolfe: “Lo ‘políticamente correcto’ es un instrumento de poder de las clases dominantes”

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Ex: www.latribunadelpaisvasco.com
 
Entrevista en Le Figaro

Tom Wolfe: “Lo ‘políticamente correcto’ es un instrumento de poder de las clases dominantes”

A sus 86 años de edad, Tom Wolfe, uno de los mejores escritores norteamericanos contemporáneos y, sin duda, uno de los periodistas más importantes de las últimas décadas, acaba de conceder una entrevista a Le Figaro Magazine en la que el autor de obras excelsas como “La hoguera de las vanidades” o “Lo que hay que tener” habla claramente sobre algunos de los temas más candentes de la actualidad política y cultural, sin dejar de practicar la que es una de sus aficiones más queridas: fustigar sin compasión a lo que, ya en 1970, definió como el “Radical chic” o “la izquierda caviar”.

Alexandre Devecchio, que firma el texto en Le Figaro, recuerda a Wolfe que desde uno de sus primeros textos, titulado precisamente “Radical chic”, ha criticado duramente lo políticamente correcto, el izquierdismo cultural, la tiranía de las minorías…

... “‘Radical chic’ fue un reportaje que publiqué en 1970 en ‘The New York Magazine’, en el que contaba una fiesta organizada por el compositor Leonard Bernstein en su duplex neoyorquino de tres estancias con terreza. La fiesta tenía como objeto recaudar fondos para ‘Los Panteras Negras’ (organización nacionalista negra, socialista, filoterrorista y revolucionaria), activa en Estados Unidos entre 1966 y 1982" (...)

(...) "Los anfitriones tuvieron que contratar camareros blancos para no herir la susceptibilidad de los ‘panteras’. Lo políticamente correcto, que yo también suelo definir como PC (Policía Ciudadana), nace de la idea marxista que afirma que todo aquello que separe socialmente a los seres humanos debe ser prohibido para evitar la dominación de un grupo social sobre otro. Pero, curiosamente, con el paso del tiempo lo políticamente correcto se ha convertido en el instrumento preferido de las ‘clases dominantes’; se trata de explotar la idea de que hay que tener una ‘conducta apropiada’ para mejor asumir su ‘dominación social’ y bañarse en bueba conciencia. Poco a poco, lo políticamente correcto se ha convertido en un marcador de ‘dominación’ y en un instrumento de control social, una manera de distinguirse de las ‘clases bajas’ y de censurarlas deslegitimando su visión del mundo en nombre de la moral. De este modo, la gente, cada vez en mayor medida, debe prestar atención a lo que dice, especialmente en las universidades. El éxito de Donald Trump ha consistido, precisamente, en romper con esto”.

9780312429133-us.jpgEn otro momento de la entrevista, Tom Wolfe explica cómo, en su opinión, parte del voto a Donald Trump se comprende por la desolación de quienes se sienten en una status social inferior o de quienes creen que han descendido de status. “En ‘Radical chic’ describí el nacimiento de lo que hoy yo denominaría como ‘izquierda caviar’ o ‘progresismo de limusina’. Se trata de una izquierda que se ha liberado de cualquier responsabilidad con respecto a la clase obrera norteamericana. Es una izquierda que adora el arte contemporáneo, que se identifica con las causas exóticas y el sufrimiento de las minorías… pero que no quiere saber nada de las clases menos sofisticadas y adineradas de Ohio" (...)

“Los norteamericanos han tenido el sentimiento”, continúa explicando el autor de 'El nuevo periodismo', que el Partido Demócrata solamente tenía interés en seducir a las más diversas minorías, pero que se negaba a prestar atención a una parte muy importante de la nación. Concretamente, al sector obrero de los ciudadanos, que históricamente ha constituido la espina dorsal del Partido Demócrata. Durante las últimas elecciones, la aristocracia del Partido Demócrata ha preferido apoyar a una coalición de minorías y ha excluído de sus preocupaciones a la clase obrera blanca. Donald Trump solamente ha tenido que acercarse ellos para hacerse con todos sus apoyos”.

 

Paul Craig Roberts fulmine contre la Nuclear Posture Review de Washington

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Paul Craig Roberts fulmine contre la Nuclear Posture Review de Washington

par Paul Craig Robert
Ex: http://zejournal.mobi
 
 
 
Le monde ne survivra pas à la doctrine américaine des néoconservateurs de l’hégémonie mondiale des États-Unis

Le gouvernement des États-Unis est clairement entre des mains démoniaques. Nous sommes submergés de preuves. Prenez aujourd’hui (2-2-18) par exemple. Un rapport du House Intelligence Committee a été publié, qui prouve que le Federal Bureau of Investigation, le ministère de la Justice (sic) et le Democratic National Committee sont engagés dans une conspiration contre la démocratie américaine et le président des États-Unis avec le plein appui de la presse.

Comme si cela ne suffisait pas, le Pentagone publie également aujourd’hui sa nouvelle étude sur la posture nucléaire. Un examen de la posture nucléaire précise l’attitude d’un pays à l’égard des armes nucléaires et de leur emploi. Dans le passé, on considérait que les armes nucléaires étaient inutilisables, sauf en représailles à une attaque nucléaire. L’hypothèse était que personne ne s’en servirait. Il y avait toujours la possibilité que de fausses alertes d’ICBMs entrants aient pour conséquence de pousser le bouton nucléaire, déclenchant ainsi l’Armageddon. Il y a eu de nombreuses fausses alertes pendant la guerre froide. Le président Ronald Reagan était très préoccupé par une fausse alerte qui aurait entraîné la mort et la destruction de masse. C’est pourquoi son objectif principal était de mettre fin à la guerre froide, ce qu’il a réussi à faire. Il n’a pas fallu longtemps aux gouvernements qui ont succédé pour ressusciter la guerre froide.

La nouvelle posture nucléaire des États-Unis est une dérive imprudente, irresponsable et déstabilisatrice de l’attitude antérieure à l’égard des armes nucléaires. L’utilisation ne serait-ce que d’une petite partie de l’arsenal américain suffirait à détruire la vie sur terre. Pourtant, l’examen de la posture préconise davantage d’armes, dit que les armes nucléaires sont  » utilisables  » et justifie leur utilisation lors des premières frappes, même contre les pays qui n’en possèdent pas.

C’est une escalade insensée. Il dit à tous les pays que le gouvernement américain croit au premier recours aux armes nucléaires contre tous les pays. Des puissances nucléaires telles que la Russie et la Chine doivent voir cela comme une augmentation massive du niveau de menace venant des États-Unis. Les personnes responsables de ce document devraient être enfermées dans des asiles psychiatriques, et non laissées à des positions politiques où elles peuvent les mettre en pratique.

Le président Trump est accusé pour l’agressivité nucléaire américaine annoncée aujourd’hui. Cependant, le document est un produit néoconservateur. Trump, peut-être, aurait pu empêcher la publication du document, mais sous la pression de l’accusation selon laquelle il aurait comploté avec Poutine pour voler l’élection présidentielle américaine à Hillary, Trump ne peut se permettre de s’opposer au Pentagone néoconisé.

Les néoconservateurs sont un petit groupe de conspirateurs. La plupart sont des Juifs sionistes alliés à Israël. Certains ont la double nationalité. Ils ont créé une idéologie de l’hégémonie mondiale américaine, précisant que l’objectif principal de la politique étrangère américaine est d’empêcher l’ascension de toute autre puissance qui pourrait être une entrave à l’unilatéralisme américain. Comme les néoconservateurs contrôlent la politique étrangère américaine, cela explique l’hostilité des Etats-Unis envers la Russie et la Chine, ainsi que l’utilisation par les néoconservateurs de l’armée américaine pour écarter les gouvernements du Moyen-Orient considérés par Israël comme des obstacles à l’expansion israélienne.

Nuclear-Posture-Review-Trump-400x518.jpgDepuis deux décennies, les États-Unis mènent des guerres pour Israël au Moyen-Orient. Ce fait prouve le pouvoir et l’influence des déments néoconservateurs. Il ne fait aucun doute que des gens aussi fous que les néoconservateurs lanceraient une attaque nucléaire contre la Russie et la Chine. Les gouvernements russe et chinois semblent ignorer totalement la menace que les néoconservateurs font peser sur eux. Je n’ai jamais connu, dans mes entretiens avec les Russes et les Chinois, la moindre conscience de l’idéologie néoconservatrice. Cela leur parait peut-être trop insensé pour le comprendre.

Les idéologues tels que les néoconservateurs ne se basent pas sur des faits. Ils poursuivent leur rêve d’hégémonie mondiale. La Russie et la Chine font obstacle à cette hégémonie. Ayant appris les limites de la puissance militaire conventionnelle américaine – après 16 ans, la « superpuissance » américaine n’a pas été en mesure de vaincre quelques milliers de talibans légèrement armés en Afghanistan – les néoconservateurs savent que les invasions conventionnelles de la Russie ou de la Chine mèneraient à la défaite totale des forces américaines. Par conséquent, ils ont élevé les armes nucléaires au rang d’arsenal de première frappe, que l’on peut utiliser et qui, dans le rêve néoconservateur de l’hégémonie mondiale, peut servir à détruire la Russie et la Chine.

Les idéologues qui se séparent des faits se créent un monde virtuel pour eux-mêmes. Leur croyance en leur idéologie les aveugle avec des risques pour eux-mêmes et pour les autres dans le monde à qui ils l’imposent.

Il est assez clair que sans le ministère de la Justice (sic) et le FBI d’Obama, le Comité national démocrate entièrement corrompu, contrôlé par Clinton, et les médias américains et européens complètement corrompus qui s’emploient à détruire la présidence de Trump en l’accusant d’être  » un agent russe « , le président Trump, sachant que la révision de la posture du Pentagone ne ferait qu’aggraver, et non normaliser, les relations avec la Russie, aurait profondément enfoui le document démoniaque qui menace toute vie sur terre.

Grâce aux libéraux/progressistes/gauchistes américains, l’ensemble du monde est confronté à une mort nucléaire bien plus probable que celle qui nous a menacés pendant la guerre froide avec l’Union Soviétique.

Par sa collaboration avec le complexe militaire/sécuritaire et la DNC corrompue de Hillary, la gauche libérale/progressiste s’est toujours discréditée. Elle est maintenant perçue par tous les penseurs du monde entier comme un ministère de propagande dément à cause du projet des néoconservateurs d’utiliser les armes nucléaires pour éliminer les entraves à l’unilatéralisme américain. Pour la gauche libérale ou progressiste, c’est « l’hégémonie ou la mort ».

Ce sera la mort. Pour nous tous.

Traduction : Avic– Réseau International

La loi sur les Fakes news de Macron: Du terrorisme journalistique ?

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La loi sur les Fakes news de Macron: Du terrorisme journalistique ?

Ex: Suppression rapide des fausses nouvelles durant les périodes électorales, coopération des plateformes avec l’Etat et transparence exigée : la ministre de la Culture a précisé les contours de la nouvelle loi sur «la confiance dans l'information».

Ex: http://zejournal.mobi

Preuve de l’importance qu’Emmanuel Macron semble y consacrer : la loi sur les fausses informations avait été annoncée lors de ses vœux 2018. Françoise Nyssen, ministre de la Culture, a été tout aussi prompte à préciser la teneur de cette loi sur «la confiance dans l’information». Dans un entretien au JDD le 4 février, elle a annoncé la création d’une procédure judiciaire accélérée, une coopération requise des plateformes avec l’Etat et davantage de transparence sur les contenus sponsorisés.

Le ministre a donc défini plusieurs axes transversaux pour permettre au gouvernement de lutter avec rapidité et efficacité contre les informations erronées, particulièrement en période électorale.

Tout d’abord, face à la vitesse de propagation des contenus, et la capacité d’achat d’audience qui en démultiplie la pénétration, Françoise Nyssen a dégainé un dispositif législatif adapté : le référé. «Une procédure de référé judiciaire sera mise en place pour faire cesser rapidement la diffusion d'une fausse nouvelle, lorsque celle-ci est manifeste», a-t-elle déclaré. Le délai de suppression pourrait ne plus dépasser 48 h.

Autre moyen pour lutter contre les fausses informations : obliger les plateformes à rendre des comptes sur leurs contenus. Comment ? «La loi prévoira des obligations nouvelles pour les plateformes, qui devront coopérer avec l'État et être transparentes sur les contenus sponsorisés», a ajouté Françoise Nyssen. «S'il y a manquement aux obligations qu'imposera la loi (devoir de coopération, transparence sur les contenus sponsorisés), il y aura des sanctions», a-t-elle affirmé. 

Parallèlement, le texte empêchera les plateformes de pratiquer leurs propres règles de censures vis-à-vis des «vraies nouvelles», la ministre faisant à cet effet référence au tableau L’Origine du monde de Gustave Courbet censuré par Facebook, une suppression qui avait fait polémique mais rendue possible en l’absence de cadre législatif. L’affaire a été portée devant les tribunaux le 1er février par l’utilisateur de Facebook qui avait vu sa publication du célèbre tableau retirée du réseau social et son compte bloqué.

Selon le quotidien Le Figaro, le texte aurait été l'objet de travaux préparatoires dès novembre 2017. Il serait déjà prêt, et la proposition de loi serait présentée par le groupe LREM à l'Assemblée nationale au printemps 2018, pour qu'elle soit déjà en place pour les élections européennes de 2019.  

Dans sa volonté affichée de lutter contre «le complotisme et le populisme», Emmanuel Macron avait annoncé le 3 janvier à l'occasion de ses vœux à la presse un projet de loi visant à «protéger la vie démocratique». Evoquant «la vérité», ou encore «la liberté d'expression», le président de la République a expliqué que l'Etat souhaitait surveiller la façon dont les informations sont produites et diffusées.


- Source : RT (Russie)