Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

jeudi, 22 septembre 2016

Race et Histoire, de Claude Lévi-Strauss

rh-cls.jpg

Race et Histoire, de Claude Lévi-Strauss
par Vaslav Godziemba
Ex: http://lesocle.hautetfort.com 

rh-0.jpgRace et Histoire est un livre de l'anthropologue, ethnologue et philosophe Claude Lévi-Strauss, publié en 1952. Au départ connu uniquement des cercles de la sociologie de l'époque, il est actuellement l'un des traités les plus célèbres de l'auteur. Sa lecture et son analyse, ayant connu leurs heures de gloire dans les années 70-80, tendent actuellement à être refrénées par les corps intellectuels et enseignants des grandes institutions de sciences politiques, faute à son contenu jugé paradoxalement trop polémique. En véritable scientifique, Lévi-Strauss analyse ici les rapports complexes et intimes existants entre cultures, identités, et races, posant les bases de ce qui représente à ce jour le regard le plus puissant de l'ethnologie moderne, de l'anthropologie, et plus généralement de la vie et de la mort des civilisations2.

C’est en 1952, alors que l’UNESCO publiait une série de brochures consacrées au « problème du racisme dans le monde », que Claude Lévi-Strauss avait été démarché afin de commenter celles-ci. De là naquit l’essai critique Race et Histoire, recueil de réflexions quant aux notions d’identité, de race et de culture3. L’œuvre, si elle se veut initialement une réponse aux assertions soulevées dans les brochures antiracistes de l’UNESCO, dépasse de très loin le cadre du simple commentaire critique, devenant un essai d’ethnologie et de sciences politiques à part entière, et dont la profondeur de réflexion le rend intemporel.

Il ne fait aucun doute que la méfiance des institutions à l'égard de l’essai, touchant au véritable enjeu du XXIe siècle et aux réflexions qui sont les nôtres, mérite de s'y arrêter.

Vaslav Godziemba, pour le SOCLE

La critique positive de Race et Histoire au format .pdf

 « Que les peuples ne vivent pas trop près les uns des autres, sinon, c’est la guerre, mais pas trop loin non plus, sinon, ils ne se connaissent plus et alors, c’est la guerre ! »

Claude Lévi-Strauss

I.  L’auteur de Race et Histoire : Claude Lévi-Strauss

Claude Lévi-Strauss, né le 28 novembre 1908 à Bruxelles et mort le 30 octobre 2009 à Paris est un anthropologue et ethnologue français de la seconde moitié du XXe siècle, qui a exercé une influence décisive sur les sciences humaines, devenant notamment l'une des figures fondatrices du structuralisme.

Il a été professeur honoraire au Collège de France, y a occupé la chaire d'anthropologie sociale de 1959 à 1982. Il était également membre de l'Académie française dont il est devenu le premier centenaire. Depuis ses premiers travaux sur les peuples indigènes du Brésil, qu'il avait étudiés sur le terrain entre 1935 et 1939, et la publication de sa thèse Les Structures élémentaires de la parenté en 1949, il a produit une œuvre scientifique dont les apports ont été reconnus au niveau international. Il a ainsi consacré une tétralogie, les Mythologiques, à l'étude des mythes. Mais il a également publié des ouvrages qui sortent du strict cadre des études académiques, dont le plus célèbre, Tristes Tropiques, publié en 1955, l'a fait connaître et apprécier d'un vaste cercle de lecteurs1.

Ses travaux, articulée par une cohérence rarement trouvée chez ses contemporains, ont permis de donner ses lettres de noblesse à la notion de « Sciences Humaines », souvent reléguées au rang de pseudosciences à cause de la subjectivité dont celles-ci sont imprégnées. Cette volonté de transparence objective, se voulant exsangue de toute idéologie sous-jacente, caractérise sa pensée.

cls-1.jpg

II.  Critique Positive de Race et Histoire

Commentaire liminaire et structure de l’œuvre

L'œuvre de Lévi-Strauss4 se découpe en dix chapitres thématiques portant chacun sur les réflexions qu'il jugera fondamentales afin de répondre de manière satisfaisante à la doctrine antiraciste formulée par l’UNESCO, et de comprendre les enjeux culturels et identitaires de demain. Le septième chapitre, La place de la civilisation occidentale, comprise « à l'intérieur du cortège des cultures et identités existantes », mérite toute notre attention.

Critique Positive de l’essai

La première topique de Lévi-Strauss concerne la Race et la Culture. L'auteur, dont la démarche logico-déductive se ressent dès les premières lignes, cherche à définir de manière univoque les problèmes et les notions ayant trait à la Race et à la Culture. Certaines vérités scientifiques ethnologiques, validées par la génétique et la biologie moderne, sont mises en lumière ici :

  • Les races humaines existent, dans le sens d'une diversité génétique permettant de caractériser différents « pools », ou « groupes génétiques » différents. Il est rationnel au sens de la biologie d'affirmer typiquement « L'homme blanc européen est différent de l'homme nord-africain »
  • Il y a de fait sur cette Terre, un être animal particulier car culturel : l'Homme. Celui-ci se définit donc à deux niveaux de nomenclatures différents : l'un biologique (celui du domaine des sciences dures), l'autre culturel (celui des sciences humaines)
  • Le racisme est incorrect scientifiquement, en tant que théorie visant à lier les caractéristiques biologiques aux « productions sociologiques et psychologiques des hommes », et à les hiérarchiser en conséquence. Il est même pour Lévi-Strauss le « péché originel de l'anthropologie », celui de Gobineau et des racistes de la fin du XIXe, car générateur de conclusion ne reposant sur aucune démarche réellement scientifique.

        Diversité des races, diversité des cultures

cls-2.jpgToute la subtilité de l'auteur, qui parle en scientifique et non en donneur de leçon de morale, consiste à rappeler qu'en l'état actuel de nos connaissances scientifiques, il n'y a aucune corrélation entre le phénomène génétique et le phénomène culturel, compris en sa large acceptation. On peut donc en première approche qualifier la pensée de Lévi-Strauss comme un structuralisme scientifique, a-raciste (et non anti-raciste comme on le verra par la suite). En effet là où le raciste proclame « La culture est conséquence déterminée de la biologie », Lévi-Strauss ne répond pas, comme les penseurs de l’UNESCO, héritiers de l'Universalisme chrétien dévoyé « Cette vision de l'Homme est infondée car immorale », mais que son manque de fondement provient de son manque de consistance scientifique, en tant qu'inférence logique déterminée et confirmée par l'expérience. Les sciences de la seconde moitié du XXe siècle n'auront malheureusement pas apporté plus de réponse à ces questions, déclarées taboues par les forces politiques qui gouvernent l'Occident depuis la sortie de la guerre.

Mais l'auteur prend garde à ne pas tomber dans le travers qu'il prête aux brochures de l'UNESCO. Car cette thèse, quoique diamétralement opposée à celle du racisme biologique, repose en réalité sur le même procédé logique, fondé sur un préjugé idéologique : l'antiraciste fonde la dignité universelle du genre humain sur une uniformité biologique idéelle de l'espèce ! Lui aussi participe par conséquent à valider cette relation de cause à effet. Son effet pervers sera alors paradoxalement de nier la réelle diversité inhérente au genre humain et les conséquences de cette-dernière, bonnes comme mauvaises. Poussé à son aboutissement, l'antiraciste orthodoxe s'arrimera, pris au piège de sa « morale », à une explication des phénomènes humains par les seules grilles de lecture sociale et économique, commettant ainsi des contre-sens dangereux qui auraient pu être évités en faisant place à la donne ethnico-culturelle.

Finalement, puisque la biologie est en l'état actuel impuissante à fournir un cadre explicatif satisfaisant quant à la diversité des cultures humaines, il faut, éventuellement en l'attente d'un cadre théorique acceptable, s'arrêter à observer et à fonder la diversité et l’inégalité des hommes sur la diversité et l’inégalité des cultures en tant que composantes privilégiées de l'identité des groupes humains.

Ici viennent donc naturellement se poser des questions fondamentales : comment s’exprime la diversité culturelle ? Est-elle une force ou une faiblesse ?

Il est avéré que l’on peut parler de différences culturelles au sein d’un même « tronc commun » culturel (tel l’Angleterre et l’Amérique en donnent un parfait exemple). Inversement il existe des sociétés humaines qui, rentrées très récemment en contact, paraissent appartenir à la même civilisation. Ainsi il faut admettre qu’il y a au sein des sociétés humaines, des forces « conservatrices », qui vont tendre au maintien et même à l’accentuation des particularismes, et des forces « intégrantes », qui iront dans « le sens de la convergence et de l’affinité » d’avec les autres. Le langage, pour Claude Lévi-Strauss, en donne un exemple saisissant. Là où le français, l’anglais, le russe, pourtant de même origine initialement, vont avoir tendance à se différencier, certaines langues vont a contrario se rapprocher, se mêler et se confondre avec d’autres. Le russe, quoique slave d’origine, s’est ainsi rapproché de par certains de ses traits phonétiques avec les langues finno-ougriennes et turques de son voisinage géographique immédiat. De la même manière, on note que le français a tendance à se confondre avec certains traits de la langue arabe dans les zones d’Ile-de-France à forte proportion de populations afro-maghrébines non-assimilées. L’auteur pose par conséquent qu’il existe un « optimum », eut égard aux relations mutuelles entre sociétés, de diversité « au-delà duquel les sociétés ne sauraient aller » sans danger de s’éteindre, phagocytées par l’apport allogène. Cet optimum varie fonction de nombreux paramètres tels que le nombre de sociétés prises en considération, leurs masses démographiques, leurs éloignements géographiques, les moyens de communication à disposition, la Volonté de puissance des sociétés considérées, etc. Le fantasme de la société « sclérosée » antiraciste s’avère dès lors un leurre idéologique. En effet s’il n’est pas douteux d’affirmer que les sociétés échangent, communiquent, se font la guerre, et dans des mesures relatives, se métissent entre elles, il est pour ainsi dire écrit dans leur « code génétique », car essentiel à leur survie, qu’elles désirent avant tout être soi, se distinguer et conserver leur intégrité, sans quoi elles perdraient leurs essences et mourraient.

Le paradoxe est pourtant violent : l’ethnocentrisme inhérent à la démarche de conservation de son intégrité a tendance naturellement à dépouiller l’Autre de son humanité. Ainsi, en anthropologue avisé, Lévi-Strauss remarque que dans la démarche naturelle des groupes humains, la notion même d’ « Humanité » disparait aux frontières de la tribu, du clan, voire même du village. Le reste du monde humain vivant – ceci est une constante universelle chez les hommes – apparait dès lors comme « sauvage », « non-humain », « barbare ». Il prend comme exemple, absolument baroque et pathétique, l’épisode de la découverte des Grandes Antilles, où alors que les Espagnols envoyaient des délégations afin de trancher la question de savoir si les indigènes possédaient ou non une âme, dans le même temps, ces derniers tentaient de vérifier, en noyant et immergeant les hommes blancs qu’ils avaient fait prisonniers, si leurs corps étaient autant sujet à la putréfaction que les leurs !

rh-1.jpg

Figure 1 : « Il est écrit dans le  code génétique des sociétés qu’elles désirent avant tout être soi, se distinguer et conserver leur intégrité »

Femmes biélorusses en costume traditionnel, anonyme (1999)

Un des biais les plus aboutis afin de conserver avec l’Autre une relation de respect mutuel a été celui des grands systèmes philosophiques de l’Europe : les universalismes que sont le christianisme et ses héritiers (kantisme, néokantisme, marxisme, droitsdelhommisme, …), affirmant de facto l’égalité et donc l’exigence morale de fraternité entre tous les hommes, permettaient de donner à l’Autre une dignité inédite. Cependant, au-delà de la menace évidente que représente à nos yeux ses doctrines poussées dans leurs retranchements dévoyés, Lévi-Strauss souligne que « La simple proclamation de l'égalité naturelle entre tous les hommes et de la fraternité qui doit les unir, sans distinction de races ou de cultures, a quelque chose de décevant pour l'esprit, parce qu'elle néglige une diversité de fait, qui s'oppose à l'observation ». Il en est de même pour les déclarations des droits de l’homme, énonçant un idéal « oublieux du fait que l’Homme ne réalise pas sa nature dans une humanité abstraite, mais dans des cultures traditionnelles où les changements révolutionnaires laissent des pans entiers et s’expliquent eux-mêmes en fonctions d’une situation strictement définie dans le temps et dans l’espace ». Et c’est précisément pour en finir avec cette incapacité à donner un fondement satisfaisant à la respectabilité universelle du genre humain, confronté à une vérité naturelle qui le transcende, que l’homme européen du XIXe a pu fournir un large spectre de doctrine voulant chacune à leur façon résoudre l’antinomie, du darwinisme social et des thèses racistes à l’universalisme communiste. Il est un fait historique qu’aucune n’a pu, à moyen ou long termes, fournir une explication qui ne soit pas une insulte à la pensée éclairée et un cadre satisfaisant une paix réelle entre les peuples.

Ainsi l’auteur affirme que la manière la plus efficace de respecter la véritable diversité des cultures est de préserver le droit naturel de chacune d’elle à trouver son optimum, par l’acceptation et/ou le rejet des apports qui lui sont extérieurs. La diversité apaisée au sens de Lévi-Strauss ne se fonde pas sur le métissage généralisé, qui conduirait à une uniformité totale et à la mort des civilisations, mais sur le respect réciproque par les groupes humains de la différence de l’Autre en tant qu’Autre.

        Le regard porté sur les sociétés archaïques ou les chimères du progrès

Par la suite, Lévi-Strauss invite à une réflexion autour de la valeur d’une culture ou d’une civilisation, des inégalités – apparentes ou réelles – existantes entre celles-ci, et de la relativité de la notion de « progrès », entendu dans son acceptation occidentale.

cls-3.jpgLévi-Strauss distingue pour les besoins de ses démonstrations trois types de culture que chaque société peut, de son propre point de vue, soumettre à son entendement : 1. Celles qui sont ses contemporaines, mais qui se trouvent à un autre lieu du globe ; 2. Celles qui se sont manifestées dans un espace commun à la sienne, mais à des temps antérieurs ; 3. Enfin celles qui cumulent à la fois l’éloignement spatial et temporel. En ce qui concerne les cultures du troisième groupe, le problème s’avère réglé d’avance : quoiqu’elle compose, selon les chiffres de l’ethnologie moderne, 90 à 99% de la totalité des civilisations qui ont existé depuis l’éveil de l’homme à la culture, la majorité ne sera jamais connue de façon satisfaisante, particulièrement en raison du manque de traces écrites qui la caractérise. Toute assertion globale à leur endroit apparait dès lors douteuse pour l’esprit scientifique.

Les cultures du premier groupe, à savoir nos contemporaines éloignées spatialement, sont selon Lévi-Strauss victime d’une vision qualifiée d’évolutionnisme culturel, inconsciemment véhiculée par les doctrines séculaires de la civilisation européenne. En effet au regard de l’aspect rudimentaire des productions de certaines cultures, il est pour ainsi dire a priori « évident » de voir en elle une « étape » antérieure de notre propre développement. On les qualifiera dès lors d’ « archaïques » sans plus de questionnement à leur sujet. Le voyageur occidental naïf se complaira dès lors à visiter l’âge de pierre en Nouvelle-Guinée, le Moyen-âge au Proche-Orient, ou un semblant de « siècle de Louis XIV » dans le Pékin d’avant la première guerre mondiale.

En réponse, Lévi-Strauss pose que le fait de qualifier une culture qui apparait primaire d’« archaïque », quoique jugement de valeur propre à toute civilisation, est invalidée par les recherches anthropologiques les plus basiques. Appelant à sortir d’une vision par le prisme de la grille de lecture du progrès à l’occidental, il rappelle que les productions culturelles et sociales de cultures éloignées de la nôtre sont difficilement atteignables à l’homme vivant hors de la sphère de la culture qu’il juge. On constate que la complexité de certaines cultures jugées « primitives » n’a rien à envier à celle de nos systèmes techniques, politiques ou à nos modes d’organisations sociales. A titre d’exemple, les chinois avaient dès le XIe siècle créé la machine à vapeur, soit plus de sept siècles et demi avant la révolution industrielle en Angleterre. Cela signifie qu’ils avaient des moyens techniques objectivement plus raffinés que ceux dont disposait l’Europe à la même période. Ce qui manquait à l’esprit scientifique chinois fut en l’occurrence le manque de vue sur l’application que l’on pouvait faire de cette technique.

L’opposition entre culture progressive, qui accumulerait les avancées culturelles et techniques, et culture inerte, résulterait moins d’une différence objective de raffinement des productions sociales que d’une vision déformée par notre subjectivité culturelle. Ainsi certaines cultures nous apparaitraient comme stationnaires, « non pas nécessairement parce qu’elles le sont, mais parce que leur ligne de développement ne signifie rien pour nous, n’est pas mesurable dans les termes du système de références que nous utilisons ». En effet si l’on prend l’un des critères occidentaux emblématiques d’évolution, à savoir la mise à disposition de l’homme de moyens mécaniques fonctionnels de plus en plus puissants, il parait évident que les civilisations américaines et européennes remporteraient le haut du classement, loin devant les peuples océanien et africain. Or le simple fait de changer de critère d’évaluation permettrait, c’est là l’objet d’une grande partie des travaux de Lévi-Strauss, de renverser cette hiérarchie. A titre indicatif, il n’est pas absurde de croire que si la capacité à créer un système politico-spirituel stable dans le temps et préservant les populations de l’affaiblissement de leur volonté de puissance et du nihilisme avait été pris comme critère, les pays asiatiques et moyen-orientaux seraient loin devant les peuples européens de la seconde moitié du XXe siècle !

rh-2.jpg

Figure 2 : « Certaines cultures nous apparaitraient comme stationnaires car leur ligne de développement ne signifie rien pour nous, n’est pas mesurable dans les termes du système de références que nous utilisons »

Membres des Baigas, tribu primitive du nord de L’Inde volontairement coupée du monde moderne (2013)

Toute l’attention de l’ethnologue sera dès lors porter sur la compréhension des spécificités de développement et de rapports au Monde qui caractérisent chaque peuple. Lévi-Strauss exhorte à cet égard le lecteur, par la mise en lumière de ce genre d’a priori naturel, à adopter cette même démarche. Et c’est uniquement à cette condition de compréhension de l’Autre, en tant qu’il est Autre dans toutes ses composantes, que peut s’instaurer un véritable dialogue apaisé entre les peuples, où chacun garde sa spécificité, sans concession d’aucune sorte à l’Universalisme sécularisé. A cela Lévi-Strauss ajoute par ailleurs que la notion occidentale de progrès, héritière du modèle de déroulement historiciste de la Bible dans la tradition chrétienne, et reprise après sécularisation par Hegel et Marx, entre en opposition avec l’étude historique et anthropologique. Si l’auteur ne nie pas que des progrès indéniables aient été réalisés en tout domaine depuis l’éveil à la culture de l’Homme, sa linéarité n’a rien d’évident. La simple logique formelle permet en première instance de mettre en lumière la caducité de la thèse : si le progrès était constant et linéaire, il n’y aurait pas de décadences définitives. Or des civilisations sont mortes, donc la linéarité et la nécessité du progrès n’existe pas. Les avancées civilisationnelles se font en réalité par à-coup, de manière chaotique, brutales. A titre d’exemple, l’Europe n’a connu que peu de ce que Jacqueline de Romilly appelait des « miracles historiques »5, ces époques de foisonnement intellectuel ayant permis au continent de maintenir le rang qui est le sien au sein du concert des nations : l’Antiquité Grecque, la Renaissance et la Révolution Industrielle, pour citer les plus emblématiques.

        La question de la supériorité de la civilisation occidentale

Lévi-Strauss fait remarquer que même à pousser à bout la logique du relativisme culturel, en affirmant que l'inégalité entre les cultures est infondée car il nous serait absolument impossible de sortir de nos structures mentales culturelles pour juger convenablement d'autres, un constat demeure: il y a une civilisation qui plus que toute autre dans l'histoire du monde semble faire l'unanimité quant à sa supériorité par rapport aux autres, la Civilisation Blanche Occidentale.

Le contexte d'écriture de l'œuvre est ici important à souligner: Lévi-Strauss fournit son analyse en des temps où la totalité des pays du globe a reçu, à des degrés variables selon la culture considérée, l'influence de l'Occident, en termes de structures mentales et d'organisation sociale. Le mode de vie de celui-ci a ainsi fait des émules au sein des populations de couleurs. Que ce soit à tort ou à raison, par la destruction coloniale de modèles culturels préexistants, l'assimilation des peuples extérieurs, ou naturellement par leur volonté propre, les peuples de la Terre aspiraient à une occidentalisation de leurs mœurs. À la tribune de l'ONU et dans les grandes organisations internationales de l'époque, les représentants des pays du tiers-monde n'avaient de cesse de marteler que le « plus grave problème de l'occidentalisation de leur société » était précisément « la lenteur et la petitesse de cette occidentalisation » ! Triste constat pour le défenseur de la diversité des cultures qu'était Claude Lévi-Strauss. Mais la science transcende froidement l'ethos individuel, et il lui a été longtemps forcé de constater « qu'il ne servirait à rien de vouloir défendre l'originalité des cultures humaines contre elles-mêmes ». Ainsi cette course à l'uniformisation devra s'achever de trois manières différentes :

1. Par une occidentalisation intégrale de la planète, avec des variantes relevant du folklore ici et là

2. Par la création de modèles syncrétiques, comme la Chine, l’Inde ou le monde musulman laisserait suggérer

3. Par un mouvement de reflux de l’occidentalisation, arrivée à une expansion physique « incompatible avec les mécanismes internes qui assurent son existence »

Il est à noter à cet égard que l'auteur, spectateur critique de l'évolution des sociétés au début du XXIe (Lévi-Strauss est mort en 2009, encore actif intellectuellement), pourra donner ici un semblant de réponse. Loin de s'étioler dans une américanisation heureuse, les grands blocs culturels et civilisationnels ont eu tendance, regardant ce mouvement de l'Histoire comme une agression, à accentuer le phénomène inverse : celui du réveil des « forces conservatrices » en cas d'ingérence au sein de leur modèle respectif. Ainsi la volonté d'émancipation des BRICS de la tutelle américaine, le réveil identitaire du Moyen-Orient (illustré par la montée en puissance des mouvements wahhabites et salafistes), de l'Inde ou de la Chine, apparaissent des conséquences directes de ce phénomène. Le cas de la Chine donne dans cette optique un double exemple archétypal des théories lévistraussiennes : conscient de son infériorité technique et économique de fait par rapport à la Civilisation Occidentale, l'Empire du Milieu aura permis l'entrée du modèle capitaliste anglo-saxon sur son territoire et des sciences et techniques européennes, sans pour autant renier son identité propre. Là où les mondialistes béats croyaient, pour ramasser leur pensée en une formule, que « Le iPhone créerait l'émancipation individuelle et la démocratie », le géant chinois a au contraire fourni l'illustration parfaite de cet optimum de diversité des structures internes d'un pays, prenant ce qui lui a semblé meilleur chez le voisin, rejetant le reste.

Ainsi c’est l'observation de ces processus qui permirent à Lévi-Strauss de répondre à la question centrale : sur quoi se fonde le consentement des peuples de la Terre à proclamer quasi-unanimement la supériorité de l'Occident ?

cls_4.jpgLévi-Strauss affirme que c'est l'objectivité des critères de hiérarchisation, intime à la pensée occidentale, qui permettent de la fonder, et qui peuvent se ramener, selon Leslie White6, à deux principaux : 1. L’accroissement continuel de la quantité d’énergie disponible par habitant et 2. La protection et la prolongation de la vie humaine capacitive. Ainsi tout homme désire, sauf cas pathologique, prolonger sa vie en pleine santé sur Terre. Quelle réponse plus admirable a été fournie à cet enjeu que la médecine et le mode de vie occidental ne sauraient offrir ? Toutes les sociétés (c'est une structure universelle) requièrent un accroissement de connaissances, de techniques et de savoir-faire afin de modeler leurs environnements selon leurs normes. Quel outil plus raffiné et plus efficace à cet effet que sont la Mathématique, la Science et la Technique occidentales ? Nous pourrions même aller plus loin (mais ce serait déjà rentrer dans une forme de subjectivisme idéologique) en posant pour principe qu'il y a en tout être humain une Volonté d'émancipation individuelle du cadre des méta-structures collectives, et que l'individualisme européen triomphant et prosélyte offre un médium privilégié à cette émancipation.

En conclusion sur le sujet, on s'accordera à dire que la supériorité de la Civilisation Occidentale s'entend avant tout comme l'accord entre les cultures de cette supériorité, fondée sur des critères objectifs, et répondant aux besoins essentiels et universels de toute culture humaine.

        L’accumulation culturelle et l’écart différentiel vital

Dans les dernières parties de l’essai, Lévi-Strauss tentent d’analyser et de comprendre ce qui fonde véritablement l’inégalité entre les cultures et les civilisations humaines, si cette inégalité est absolue ou relative à la culture du point de vue de laquelle on se place, et, ayant résolu ces questions, de voir sur quelles bases se fondent les relations et les collaborations entre les cultures.

Comprendre l’origine de l’inégalité entre les cultures revient à expliquer pourquoi existe-t-il des cultures « cumulatives », progressant à mesure de leur avancée dans le temps, pour arriver à un niveau de raffinement donné, et a contrario des cultures « stationnaires », ou « moins cumulatives », ne progressant pas ou peu. Pour y répondre, Lévi-Strauss fait appel à la notion de probabilité, outil mathématique réservé jusqu’à son époque aux seules sciences dures et expérimentales, telles que la thermodynamique statistique énoncée un siècle plus tôt par Boltzmann. Si l’on considère une culture donnée, une série d’évènements aléatoires dont les issues sont soit le progrès p, soit la régression r, soit le statu quo s, dépendants de divers facteurs internes et externes à la culture étudiée [X1, X2, X3.. Xn], et enfin la probabilité P d’arriver à un certain cumul de progrès p, on arrive à prouver dans quelle mesure il est naturel à l’échelle du monde que les civilisations les plus avancées soient plus rares, voire uniques, car bénéficiant de facteurs et d’un enchaînement d’évènements aléatoires propices au progrès de celles-ci. C’est précisément la rareté des séries d’évènements aléatoires favorables qui permet d’expliquer l’échelle de « cumul » et le degré plus ou moins élevé de raffinement d’une culture. Et c’est à partir de cette application des arbres événementiels probabilistes à l’ethnologie que Lévi-Strauss descend conformément aux conclusions de sa démonstration la Civilisation Occidentale du piédestal sur lequel elle reposait. Il déclare qu’il faut « être assurée du fait que si la révolution industrielle n’était pas apparue d’abord en Europe occidentale et septentrionale, elle se serait manifestée un jour sur un autre point du globe ». En d’autres termes, l’Europe n’aurait pas de mérite, pas de fierté à tirer de cette supériorité, car elle aurait très bien pu se retrouver par une autre combinaison aléatoire de facteurs propices à un autre endroit du globe, à un autre moment de l’Histoire, pour une autre culture.

rh-3.jpg

Figure 3 : « La supériorité de la Civilisation Occidentale est (…) fondée sur des critères objectifs, et répondant aux besoins essentiels et universels de toute culture humaine »

L’école d’Athènes, Raphaël (1509-1512)

Il m’est apparu que cette assertion, quoique valable dans la mesure de sa logique abstraite, était assez grossière à deux égards principaux. Premièrement elle n’est corroborée par aucun fait historique. On peut toujours spéculer sur le fait que la collusion d’autres types de facteurs (climatiques, culturelles, mythologiques, coutumiers, techniques, etc.) aient pu faire apparaitre la même avancée objective aux yeux de l’Humanité toute entière à un autre endroit que sur le continent européen. Reste qu’en l’attente d’un contre-exemple, cette « série d’évènements aléatoires » porte un nom et une définition précise : l’Europe. Et qu’on le veuille ou non, la démarche scientifique interdit de déclarer erroné un énoncé qu’elle n’a pas falsifié. La thèse qui consiste à dire « C’est l’Europe en tant qu’Europe qui a produit la révolution industrielle » est tout aussi correct scientifiquement que celle de Lévi-Strauss, et parait même plus adéquate à la réalité. Deuxièmement elle est réductrice car tendant vers un déterminisme structuraliste qui ôterait ainsi à l’Homme son libre arbitre. Car quoique modelée par des représentations mentales inhérentes à sa sphère culturelle, il a tout de même été de la volonté des hommes de faire cette révolution industrielle ! Et cette volonté, de par le moule culturel bien spécifique duquel elle émane, ne pouvait par définition se retrouver uniquement dans celui-ci : en Europe !

La deuxième assertion, moins polémique cette fois, pose que la diversité des cultures humaines et l’émulation qui réside entre elles sont à l’origine des séries cumulatives d’évènements favorables, et donc du progrès au sein d’une civilisation. Entendons-nous bien ici : Lévi-Strauss ne dit à aucun moment que la diversité ethnique interne d’une société et le métissage des cultures rendraient celles-ci plus fortes. Au contraire nous avons vu à quel point ces phénomènes représentaient la mort des particularismes, et donc des cultures considérées. Il s’agit en réalité des interactions que les cultures ont entre elles, prenant des formes diverses (échanges commerciaux de matières premières et de savoir-faire inédits, relations diplomatiques, disputations théologiques, rivalités et conflits de toutes sortes, etc.), qui permettent de stimuler l’accumulation et l’agrégation par et à une culture particulière de l’apport des autres, tout en gardant sa spécificité. Le développement de l’Europe et son raffinement civilisationnel ne peut ainsi s’entendre que dans l’optique de la diversité culturelle unique du continent et de son génie à savoir importer et assimiler à sa juste mesure des pans entiers de cultures exogènes. On peut à cet effet lister sans fin les matières premières rapportées de terres exotiques par les missionnaires et découvreurs et qui ont contribué au raffinement de la culture européenne. Pour ne prendre que l’exemple de la France, il est bon d’avoir à l’esprit que le modèle français des Grandes Ecoles d’Ingénieurs instauré par Napoléon Ier fut importé de Chine, alors utilisé pour sélectionner de manière satisfaisante et égalitaire les hommes d’exception d’un pays devant jouer avec à la fois un territoire très étendu géographiquement et un pouvoir autocratique centralisateur.

Lévi-Strauss répond ainsi au problème en concluant qu’il n’y a pas de société cumulative « en soi et par soi ». L’Histoire cumulative résulte ainsi plus pour une culture de sa conduite que de sa nature. Et l’auteur d’affirmer le corollaire logique de la proposition, à savoir qu’il n’y a qu’une seule tare qui puisse réellement affliger un groupe humain : la solitude.

Il exhorte ainsi le lecteur, l’UNESCO et les instances internationales à prendre garde à la notion dangereuse de « civilisation mondiale » voulue par certaines forces politiques. N’exprimant aucune réalité ni culturelle, ni anthropologique ou biologique, Lévi-Strauss écrit que la notion de civilisation mondiale « est forte pauvre, schématique, et que son contenu intellectuel et affectif n’offre pas une grande densité ». Ainsi il met en garde contre la notion moderne de « diversité », entendue comme le métissage ethnico-culturel des peuples dans une seule uniformité. Celle-ci, dangereuse, implique à l’inverse de sa sémantique, la parfaite homogénéité de la culture. Tout l’effort des cultures contemporaines consistera dès lors à prendre garde à préserver ce que Lévi-Strauss nomme un « écart différentiel », à savoir un éloignement optimal des cultures les unes par rapport aux autres, afin de préserver leur spécificité, soit de rester en vie, et de maintenir le processus des échanges cumulatifs permettant le progrès de chacune d’entre elles.

III.  Conclusions : Défense des particularismes et dialogue des cultures

A la lecture de Race et Histoire de Claude Lévi-Strauss, on devine aisément pourquoi l’essai a été mis à l’index par les instances d’obédiences mondialistes qui peuvent nous gouverner. Loin d’être, comme beaucoup de sociologues de gauche l’ont présenté, une ode au melting pot à l’américaine, cet essai invite en filigrane l’Européen à une actualisation de ses modes de pensées et de compréhension des races et des cultures à l’heure du crépuscule de sa civilisation.

Potiere-jalouse_754.jpgBien sûr le relativisme culturel dont fait preuve Lévi-Strauss pour les besoins de ses démonstrations parait de prime abord en contradiction avec son appel renouvelé à maintenir coûte que coûte nos spécificités civilisationnelles. Mais dans les temps troubles que nous traversons actuellement, le paradoxe est loin d’être insoluble.

A l’heure de l’affaiblissement de la volonté de puissance européenne et où l’optimum de diversité interne de nos sociétés a été largement dépassé, il est une exigence morale, car garante de notre survie, de faire valoir nos « forces conservatrices » et de réfréner les « forces inclusives » qui nous phagocytent ! Pour reprendre l’optique de Lévi-Strauss, il semble impossible de fonder un dialogue des cultures et un échange véritables si l’un des interlocuteurs n’est pas sûr de son identité propre.

Race et Histoire doit ainsi être vu comme un écho à la saillie prophétique de Paul Valéry au début du XXe : « Nous autres, civilisations, savons désormais que nous sommes mortels ! ». Il est un double appel lancé à la civilisation européenne. Premièrement un appel à tenir bon et à ne pas céder au nihilisme, sans quoi l’individu européen mourrait avec sa civilisation, soutenu par un corpus rationnel de proposition scientifique allant dans ce sens. Deuxièmement un appel à porter sur les autres peuples et cultures un regard humble et respectueux. Car en effet puisque la civilisation européenne est menacée par l’ingérence et l’uniformisation américano-libérales, il est de notre devoir de collaborer avec les autres races et cultures de la planète victimes elles aussi de cet impérialisme.

Il ne fait à cet égard aucun doute que la Russie, comme allié géopolitique naturel, se devra d’être un interlocuteur privilégié dans ce dialogue des cultures et ces avancées mutuelles qui en découleront.

Le progrès au XXIe siècle émanera de la reconnaissance de la légitimité de la multipolarité, soit du respect des particularismes culturels et civilisationnels en tant que tels.

Cette reconnaissance, qui saura être un appui de taille sur la scène internationale afin de légitimer la défense de nos valeurs, raisonne déjà dans les slogans politiques de France et d’ailleurs :

« Patriotes de tous les pays, unissez-vous ! »

Pour le SOCLE

  • Le racisme est incorrect scientifiquement, en tant que théorie visant à lier les caractéristiques biologiques aux productions sociologiques et psychologiques des hommes.
  • L’antiraciste fonde la dignité universelle du genre humain sur une uniformité biologique de l'espèce. Lui aussi participe par conséquent à valider cette relation de cause à effet.
  • Il y a au sein des sociétés humaines, des forces conservatrices, qui vont tendre au maintien et à l’accentuation des particularismes, et des forces intégrantes, qui iront dans « le sens de la convergence et de l’affinité » d’avec les autres.
  • Il existe un optimum de diversité au-delà duquel les sociétés ne sauraient aller sans danger de s’éteindre à cause d’un apport allogène trop fort.
  • Cet optimum varie fonction de nombreux paramètres: masses démographiques, éloignements géographiques, moyens de communication à disposition, etc.
  • Il est écrit dans le « code génétique » des sociétés de désirer avant tout être soi, se distinguer et conserver leur intégrité, sans quoi elles perdraient leurs essences et mourraient.
  • Aucun des universalismes de la modernité n’a pu fournir un cadre satisfaisant, une paix réelle entre les peuples.
  • La manière la plus efficace de respecter la véritable diversité des cultures est de préserver le droit naturel de chacune d’elle à trouver son optimum, par l’acceptation et/ou le rejet des apports qui lui sont extérieurs.
  • La diversité apaisée se fonde sur le respect réciproque par les groupes humains de la différence de l’Autre en tant qu’Autre.
  • Qualifier une culture qui apparait primaire d’« archaïque » est jugement de valeur invalidé par les recherches anthropologiques les plus basiques.
  • L’opposition entre culture progressive, qui accumulerait les avancées culturelles et techniques, et culture inerte, résulte d’une vision déformée par notre subjectivité culturelle.
  • La linéarité et la nécessité du progrès n’existe pas. Des civilisations sont mortes. Les avancées civilisationnelles se font par à-coup, de manière chaotique, brutales.
  • Il y a une civilisation qui semble faire l'unanimité quant à sa supériorité par rapport aux autres : la Civilisation Blanche Occidentale.
  • La supériorité de la Civilisation Occidentale se fonde sur des critères objectifs répondant aux besoins essentiels et universels de toute culture humaine.
  • Aujourd’hui, on assiste à un retour des particularismes, les cultures de couleurs prennent ce qui leur a semblé meilleur et utile chez le voisin occidental, rejetant ce dont elles ne voulaient pas.
  • Les interactions que les cultures ont entre elles (échanges commerciaux de matières premières et de savoir-faire inédits, relations diplomatiques, rivalités et conflits de toutes sortes, etc.) permettent de stimuler une culture particulière par l’apport des autres, tout en gardant sa spécificité.
  • Le développement de l’Europe et son raffinement civilisationnel sont dus à la diversité culturelle unique du continent et de son génie à savoir importer et assimiler à sa juste mesure des pans entiers de cultures exogènes.
  • L’Histoire cumulative d’une culture résulte davantage de sa conduite que de sa nature.
  • La notion de civilisation mondiale n’exprime aucune réalité ni culturelle, ni anthropologique ou biologique.
  • La notion moderne de « diversité », dangereuse, implique à l’inverse de sa sémantique, la parfaite homogénéité de la culture.
  • Tout l’effort des cultures européennes consistera pour demain à prendre garde à préserver un « écart différentiel » avec les autres, à savoir un éloignement optimal par rapport aux autres, afin de préserver leur spécificité.

IV.  Repères bibliographiques

  1. Denis Bertholet, Claude Lévi-Strauss, Paris, Odile Jacob, coll. « poches », 2008
  1. Michel Izard, Préface de Race et Histoire, Gallimard, « Folio essais », 2002
  1. Race et Histoire, brochures éditées par l'Unesco, 1952
  1. Claude Lévi-Strauss, Race et Histoire, Folio Essais, 2014
  1. Jacqueline de Romilly, Pourquoi la Grèce ?, Le Livre de poche, 2010
  1. Leslie A. White, The science of culture, New York, 1949, p.196

mercredi, 21 septembre 2016

Staatsmännische Größe

Staatsmännische Größe

von Carlos Wefers Verástegui

Ex: http://blauenarzisse.de

FII.jpgDas Problem des „großen Mannes“, vor allem des Staatsmannes, ist eines der brennendsten der Gegenwart. Wir haben nur Technokraten und keine Politiker mit echter Größe.

Überall, wo ein „Versagen“ offensichtlich wird, drängt sich auch der Verdacht der Unzulänglichkeit auf. Und selbst ein Systemversagen, wie das des liberal-​demokratischen Parlamentarismus, beleuchtet letztendlich doch nur die Unzulänglichkeit des „Personals“ selbst. Der „große Mann“, der Staatsmann ist zudem noch, seit den Tagen der Aufklärung, abschätzig immer wieder als „Konstrukt der Mächtigen“ bezeichnet worden. Statt die Tat und die Tugenden des „großen Individuums“ zu preisen, sei das Heil im Kollektiven zu suchen. Damit soll das persönliche Element, sollen die individuelle Realität und der individuelle Charakter des Menschen als geschichtlich wirksame und bedeutsame Faktoren ausgeschaltet werden. Überhaupt die Möglichkeit der Existenz der historischen Persönlichkeit wird geleugnet. Die „große Unpersönlichkeit“ bezeichnet die Verwirklichung eines allgemeinen Trends der Zeit.

Große Persönlichkeit oder Funktionär?

Im Altertum war die große Tat untrennbar mit ihrem Urheber, der großen Persönlichkeit, verbunden. Egal, ob in Mythos oder im wirklichen Geschehen, Großes konnte nur von einer Persönlichkeit erreicht werden. Diese Anschauung ging von den eigentlichen Mythen und Göttersagen über die Helden der homerischen Vorzeit bis hin zu den Eroberern, Rettern, Stiftern bzw. Erneuerern eines Imperiums: Alexander, Cäsar, Augustus, Karl der – Große.

Wie schwer sich dahingegen unser Zeitalter mit der Würdigung der persönlichen Größe eines Menschen tut, wird besonders schön am Beispiel des Augustus deutlich: bis vor ganz kurzem ist von einer bestimmten Altertumswissenschaft krampfhaft versucht worden, ihn zum bloßen „Funktionär“ und „ausführenden Organ“ herabzuwürdigen. Augustus – das sei nur ein Aushängeschild für diejenigen sozialen Gruppen und Interessen, die ihn für ihre Zwecke aufgestellt hatten. Eine Würdigung seiner persönlichen Leistung wurde kategorisch abgelehnt. Die sei nämlich ein für die moderne Historiographie unstattlicher, nämlich längst überwundener Persönlichkeitskult.

Demokratische und aristokratische Geschichtsschreibung

Die Gründe für diese fast schon irrational anmutende Anfeindung der Persönlichkeit, überhaupt die Ablehnung derjenigen persönlichen Leistung und Eigenschaft, die das Wort der „Größe“ erheischt, sind durchaus in den persönlichen Vorlieben einzelner Forscher zu suchen. Ironischerweise sind diese persönlichen Vorlieben dann aber doch wieder in „allgemeinen Ursachen“ verankert: Dieselben „allgemeinen Ursachen“, die der heutige Historiker der Vergangenheit unterstellt, sind es, die ihn in seiner eigenen Gegenwart dazu verleiten, das persönliche Element als geschichtlichen Faktor auszuschließen. Aus den sozialen Bedingungen der Gegenwart strömen Vorurteile wider die Größe der Persönlichkeit und ihrer Wesen– und Wirklichkeit in das historische und soziologische Denken der Fachleute ein.

Beleuchtet wird dieser Sachverhalt der zeitbedingten Voreingenommenheit der Fachleute durch Alexis de Tocquevilles längst klassische Unterscheidung zwischen „aristokratischer“ und „demokratischer“ Geschichtsschreibung: Die aristokratischen Zeitalter stellen die Persönlichkeit und ihre Tat in den Vordergrund, währenddessen demokratische Zeitalter das genaue Gegenteil zu tun pflegen. Wo aristokratische Zeitalter den großen Mann – oder die große Frau – am Werk sehen, meint der Historiker der Demokratie auf überindividuelle, unpersönliche „Kräfte“, auf „soziale Prozesse“, „konfligierende Interessen“, „Dialektiken“ und „Gruppendynamiken“ schließen zu dürfen.

Kammerdienerpsychologie und Menschenmechanik

Die bezüglich des Augustus bereits genannte Betrachtungsweise ist misstrauisch bis zur Paranoia, skeptisch bis zum historischen Pyrrhonismus. Überall vermeint sie die betrügerische Absicht des Zeitalters aufzuspüren, dabei ist es nur ihr eigenes zeitgemäßes Denken, welches ihr Schlechtes einredet. Mit ihren eigenen Methoden setzt sie das Ressentiment und Aufbegehren des „gemeinen Volkes“ gegen die Aristokratie fort. Sie treibt, selbst nach über zwei Jahrhunderten „Emanzipierung des dritten Stands“, immer noch Kammerdienerpsychologie in der Absicht, sich an den „Herren“ zu rächen.

Und dennoch spiegelt die, auch historiographische, Beseitigung der „Größe“ einen soziologischen Tatbestand wider: das Individuum ist tatsächlich ohnmächtig in unserem Zeitalter, das „Persönliche“, ist grundsätzlich eliminiert. An den „entscheidenden Hebeln“ sitzen nicht Größen und auch keine Persönlichkeiten, sondern blass aussehende, gemeine „Verrichtungsträger“: Zahnräder, Nockenwellen, Kugellager und Federn, alles in Menschengestalt, alles auswechselbar und gegeneinander austauschbar. Oder, in Computersprache, Einsen und Nullen, die sich gegenseitig nötig haben.

Größe wirkt störend und birgt Gefahren für das System

Das parlamentarische System mit seinen Auslesemechanismen – in Form der Parteien – und seine Übertragung auf die ganze Gesellschaft hat jegliche Möglichkeit persönlicher Größe „an den Hebeln“ zunichte gemacht. Dabei bedingen sich unzulängliche Führung und System gegenseitig: die Auswahl des Personals findet auf breitester Grundlage statt, im Sinne bestehenden Räderwerks. Dieses stellt naturgemäß keine allzu großen Ansprüche an ein beliebig austauschbares Personal.

Dieses ist billig und wohlfeil und in großer Zahl zu haben. Und es ist sich niemals zu schade, denn es gibt keine Begabung, die zu vergeuden wäre. Eine echte Persönlichkeit würde hier nur störend wirken, das Ganze überbeanspruchen und somit alles in Gefahr bringen. Die Selbsterhaltung des Systems gebietet zudem noch, alles, was groß ist, von vornherein auszuschließen. Ein mittelmäßiger Menschentypus, der in seinen Institutionen blüht, trägt dafür eifersüchtig Sorge, dass nichts anderes hochkommt als seinesgleichen. Das ist der Grund, warum die Führung nicht in politischer Menschenfresserei ausarten kann, aber aus demselben Grund ist sie auch auf ewig zu Kleinlichkeit und Mediokrität verdammt.

Heinrich Leo: „Das Staatsmännische ist ein Charisma“

Entgegen dieser unseren Realität, die sich selbst aufs Mittelmaß beschränkt hat, war für den konservativen Historiker Heinrich Leo das Urbild des Politikers der Staatsmann. Dieser ist nicht bloßes ausführendes „Organ“ im Staatsbetrieb. Er ist nicht ein fremdbestimmter Fortsatz gesellschaftlicher Kräfte, sondern er ist selbst ein schöpferischer Charakter der Ganzheit „Staat“: Er ist von Natur aus zur Führung berufen und hat volksbildende Aufgaben zu vollbringen. Das ist sein Ethos.

Leo erklärt zudem noch, dass der Staatsmann kein gesellschaftliches Züchtungsprodukt sein kann: „Ein Staatsmann kann überhaupt nicht durch Unterricht zu einem tüchtigen Staatsmanne gemacht, er muss so gut wie der ausgezeichnete Feldherr oder Dichter geboren werden. Allerdings braucht er auch viele Kenntnisse, die er sich erwerben muss; aber es kann Jemand alle diese Kenntnisse im höchsten Grade besitzen und doch ein miserabler Staatsmann sein. Die Fähigkeit des Staatsmannes ist eine Gnadengabe Gottes, ein Charisma – und wer dies Charisma nicht hat und Staaten leiten will, der zerstört, was er erhalten will und macht schließlich selbst geistigen und politischen Bankrott.“

Begabung und Gemeinschaft bedingen sich gegenseitig

Trotz Leos richtigem Hinweis auf die staatsmännische Befähigung als einer Gnadengabe ist hinzuzufügen, dass diese Befähigung nur innerhalb kleinerer, erwählter (ausgezeichneter) Gemeinschaftskreise zum Tragen kommt. Erst die kleinen Gemeinschaften bringen den Mann – oder die Frau – der schöpferischen Tat hervor, den Politiker von Format, den Staatsmann. Wo immer man in der Geschichte hinblickt und Größe sieht, wird man ebenfalls fündig, wenn man nach der betreffenden Gemeinschaft Ausschau hält. Ein großer Mann, oder eine große Frau, kommt niemals allein.

Stets sieht man sie gefördert, begleitet und unterstützt von mindestens ebenso großen Mitarbeitern, wahrhaften Kampfgenossen und eingeschworenen Kameraden. Das heißt aber für unsere Gegenwart: Unter den derzeitigen Bedingungen auf den Staatsmann zu warten, bedeutet, auf ein Wunder zu hoffen, das niemals eintreten wird. Von selbst wird er nicht kommen. Einzelkämpfertum ist Heroenromantik, hat aber in der Geschichte noch nie prosperiert, geschweige denn triumphiert. Denn leider ist es immer noch so, dass für den Staatsmann allein der Erfolg ausschlaggebend ist. Ein Staatsmann, der nicht erfolgreich bei der Umsetzung seiner staatsmännischen Aufgabe wäre, ist eine tragische Gestalt, aber kein vollendeter Staatsmann.

Die Flüchtigkeit des Hier und Jetzt

MM1.jpg

Die Flüchtigkeit des Hier und Jetzt

von Gereon Breuer
Ex: http://www.blauenarzisse.de

mogMM.jpgBücher über die Finanzkrise hat es viele gegeben. Keines warnt so eindringlich vor der Flüchtigkeit des Hier und Jetzt wie Martin Mosebachs „Mogador“. Eine Rezension.

Die Penetranz, in der Martin Mosebach Form und Stil mit der ihm eigenen Detailverliebtheit verbindet, polarisiert seit Jahrzehnten. Seine Kritiker werfen ihm beständig vor, weitgehend handlungslose Romane zu schreiben, deren Lesen oder gar Wiederlesen sich nicht lohne. Wer sich aber einmal in Mosebachs Stil verliebt hat, der kommt von seinem Prosawerk noch viel weniger los als von seinen essayistischen Beiträgen.

Der jetzt erschienene Roman Mogador macht da keine Ausnahme. Die Erzählung beginnt mit der Schilderung eines Hamam-​Besuchs des Protagonisten Patrick Elff. Dieser musste, so stellt sich im Verlauf des Buches heraus, nach Marokko in die einst prachtvolle Hafenstadt Mogador fliehen. Zwielichtige Finanzgeschäfte und die drohende Entdeckung seiner Mitwisserschaft waren der Hauptgrund für die Flucht. So jedenfalls stellt es sich auf den ersten Blick dar. Denn so wie die Erzählung die Flucht und das abenteuerliche Leben von Patrick Elff im Rückblick schildert, so sind die Flucht selbst und ihr Grund auch nur im Rückblick zu verstehen.

Geld muss man sich leisten können

Die Erzählperspektive ist deshalb ein eindrückliches Stilmittel, weil sie ganz und gar nicht zum Protagonisten des Romans passen will. Patrick Elff ist ein Mann in den besten Jahren, für den der Blick zurück mit Stillstand gleichzusetzen ist. Nach einer wirtschaftswissenschaftlichen Promotion hat er dem Berufsbeamtentum der universitären Welt den Rücken gekehrt. In einer Beratungsfirma mit einem Schwerpunkt im Beteiligungsrecht begann seine Karriere in der Finanzwelt. Von dort wechselte er zu einer Bank, wo er recht schnell in der Hierarchie aufstieg und dabei auch deutlich ältere Konkurrenten hinter sich gelassen hat.

Er erscheint als Karrieremensch durch und durch, der vor allem von der Vorstellung getrieben ist, seiner als äußerst attraktiv beschriebenen Frau Pilar mit einem ererbten Millionenvermögen ebenbürtig erscheinen zu müssen. Geld, so wird schnell klar, wird für Patrick Elff wichtig, weil es für seine Frau nicht wichtig ist. Diese arbeitet nämlich nur zum Zeitvertreib als Immobilienmaklerin und lässt ihren Mann immer wieder spüren, dass sie finanziell am längeren Hebel sitzt. Aus Sicht ihres Ehemannes genießt sie diese Stellung und schöpft daraus einen großen Teil ihres Selbstwertgefühls.

Geld als Basis des Selbstwertgefühls

Der daraus resultierende Konflikt der Männlichkeit beginnt sich für Patrick Elff erst dann scheinbar zu lösen, als er in der Bank illegale Geschäfte entdeckt. Ein gewisser Dr. Filter nutzt die relativ lange Bearbeitungsdauer der Überweisungen von großen Geldbeträgen, um das Geld in einem Geflecht von Beteiligungsgesellschaften verschwinden und wieder auftauchen zu lassen, ohne dass die Kunden etwas davon merken. Die dabei entstehenden Zinsgewinne streicht er selbst ein und eröffnet Patrick Elff eine Beteiligungsmöglichkeit für sein Schweigen.

Mit der Aussicht, seiner Frau endlich auch finanziell ebenbürtig werden zu können, ist er zu diesem Schweigen gerne bereit. Dabei übersieht er, dass es Dr. Filter gar nicht um das Geld an sich geht, sondern nur um das Spiel damit. Ein Spiel, dessen Regelbeherrschung nach Dr. Filters Meinung von der Intelligenz eines Menschen abhängig ist, die er bei Patrick Elff und auch bei den meisten seiner Vorgesetzten nicht erkennen kann. Auch diese Intelligenz kann aber Dr. Filter nicht vor dem Selbstmord bewahren, der Patrick Elffs Welt des finanziellen Wohlbefindens in Schutt und Asche legt. Im Polizeipräsidium entschließt sich Elff nach einem peinlichen Verhör zur Flucht durch ein Toilettenfenster.

Ohne Geld nach Marokko

Warum aber ausgerechnet nach Marokko und noch dazu in eine heruntergekommene Hafenstadt? Der Grund dafür hat ein letztes Mal im Leben des Patrick Elff mit Geld zu tun. Mogador ist nämlich die Heimatstadt eines halbseidenen marokkanischen Geschäftsmannes, dem Elff bei einem seiner obskuren Geschäfte mit inoffizieller Rückendeckung des Vorstandes der Bank helfen muss. Dabei muss der Marokkaner gar keinen direkten Zwang ausüben.

Um Elff gefügig zu machen, reicht es aus, ihm in einem sehr teuren Restaurant den Lebensstil zu zeigen, den er mit viel Geld haben könnte. Auch kurz nach seiner Ankunft in Mogador will Elff zu diesem Lebensstil unbedingt zurück, weshalb er auch immer wieder versucht, den marokkanischen Geschäftsmann aufzusuchen. Ein Treffen kommt aber nie zustande, weil der Marokkaner nicht in der Stadt ist oder sich verleugnen lässt. Je unwahrscheinlicher ein Treffen wird, umso mehr beginnt auch das Geld als Symbol des Äußeren für Elff an Bedeutung zu verlieren. Dieser Bedeutungsverlust wird maßgeblich durch die Umstände befördert, unter denen er in Mogador leben muss.

Geld ist existenzgefährdend

Weil er sich ein Hotel nicht leisten kann, nimmt Elff gerne das Angebot an, im Haus einer gewissen Khadija unterzukommen. Was ihm erst als Notlösung erscheint, wird ihm mehr und mehr zu einer vertrauten Welt, in der er seine Bodenhaftung wiedergewinnen kann. Khadija ist ihm dabei eine gute Wegweiserin. Im Gegensatz zu ihm ist ihre Existenz rein innerlich ausgerichtet. Aus ärmlichen Verhältnissen stammend, hatte Geld für sie nie eine Bedeutung. Durch Konzentration auf ihr Inneres konnte sie sich dagegen immunisieren, dass Geld jemals Bedeutung für sie haben könnte. Das hat ihr eine innere Unabhängigkeit verliehen, die Patrick Elff vom ersten Moment an beeindruckt. Dass er diese Unabhängigkeit, über die auch der suizidale Dr. Filter verfügte, für einen monetären Machtkampf mit seiner Frau aufgegeben hat, stürzt ihn in eine tiefe Verzweiflung. Aus dieser erwacht er mit der Erkenntnis, dass die Flüchtigkeit des Hier und Jetzt, wie sie sich im Mammon materialisiert, existenzgefährdend sein kann.

Martin Mosebach (2016): Mogador, Rowohlt, 368 Seiten, 22,95 Euro.

Le Djihad asiatique en pleine prolifération

uzbek-jihadists-behind-deadly-pakistan-airport-attack-1402492245-6725.jpg

Le Djihad asiatique en pleine prolifération

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Depuis plusieurs mois, de plus en plus de djihadistes combattant en Syrie n'étaient pas syriens, ni même arabes. Ils provenaient d'Asie, Asie centrale, Chine, Russie et principalement d'Ouzbékistan. Connus comme les Ouzbeck d'Alep, différents groupes tels la Katibat al Taqhid wal Jihad (KTJ), l'Imam Bukhari Jamaat (IBJ) et la Jaish al-Muhajireen wal Ansar,se sont alignés sur Al Nusra. Début 2016, on estimait qu'ils étaient 5.000 en Syrie dont 1500 à Alep, principalement Chechens, Ouzbeck et Tajiks. S'y ajoutent des combattants chinois Ouighours au nombre de plus de 1000 à Idlib. Les effectifs des uns et des autres ne cessent d'augmenter.
 
Cette situation explique la volonté de la Russie, qui se sent menacée directement, à combattre les groupes terroristes en Syrie et principalement à Alep, conjointement avec les forces de Bashar al Assad. Les Américains n'ont évidemment pas le même souci. Comme nous l'avons rappelé dans un éditorial précédent (http://www.europesolidaire.eu/article.php?article_id=2293...?, ils continuent à vouloir faire remplacer Bashar par un gouvernement sous contrôle. Aussi bien pour les Russes, comme ils viennent de l'expliquer au Conseil de Sécurité, l'erreur américaine ayant conduit le 17 septembre à bombarder des positions loyalistes, entrainant plus de 50 morts, n'était peut-être pas une simple erreur.
 
L'Indonésie et l'Inde

L'emprise djihadiste en Asie ne se limite pas à l'Ouzbekistan et pays voisins. En janvier 2016, il y eu l'attentat meurtrier à Djakarta en Indonésie. Même si l'Inde paraît moins immédiatement menacée, les autorités s'inquiètent du pullulement de groupes Wahhabites soutenu par l'Arabie saoudite et en liaison avec des djihadistes syriens. Dès 2011, le major général (er) Afsir Garim avait mis en garde contre les menaces des fondamentalistes (voir http://www.indiandefencereview.com/interviews/the-new-fun... ) Le danger n'a fait que s'aggraver depuis. Il en est de même en Malaisie où le diplomate (er) Dennis Ignatius ne cesse de dénoncer la « saoudisation » de l'Asie du sud-est. Ceci a été exploité par Daesh qui a créé une unité combattante de langue malaise, la Katibah Nusantara Lid Daulah Islamiyyah ila.

asiasdjihad.jpg

Il faudrait se demander par ailleurs pourquoi les Etats asiatiques menacés par un terrorisme largement financé et instruit par l'Arabie saoudite ne s'unissent pas enfin pour obliger, si besoin par les armes, le Royaume à cesser de nuire. La même question se pose à l'égard des pays européens. La réponse sera toujours la même. Ryad est inattaquable, compte tenu des ressources pétrolières qu'il détient et dont profitent tous ces Etats, notamment sous la forme de commandes à leur industrie civile ou militaire. Comme par ailleurs, s'en prendre directement à l'Arabie saoudite serait s'en prendre directement au lobby militaro-pétrolier américain, on comprend que les volontaires ne se précipitent pas.

Note. Pour plus de détails, voir atimes.com daté du 9 février 2016 mais encore utile

http://atimes.com/2016/02/asian-rebels-in-aleppo-western-blind-spot/

 

Kenneth White et la géopoétique

white-geopoetique-copie.jpg

Kenneth White et la géopoétique

par Laurent Margantin

Ex: http://www.lerecoursauxforets.org

Pour White, à la base de toute culture, il y a une poétique, qui est une "pratique fondatrice". "Dans la culture grecque classique, si la politique est une préoccupation première, la culture n’existerait pas, ne respirerait pas sans la poésie océanique d’Homère : l’agora est baignée de ses vagues" . Dans la culture chinoise, il y a le Livre des odes, et à côté de la pensée confucianiste centrée sur des questions éthiques, il y a l’espace poétique ouvert par des poètes errants inspirés par le bouddhisme et le taoïsme. Dans notre culture moderne toutefois, la poétique n’est qu’une "discipline" reléguée au fond des universités, et qui n’intéresse que les spécialistes du langage voire de la métrique.

white-1.jpgPour White, à la base de toute culture, il y a une poétique, qui est une "pratique fondatrice". "Dans la culture grecque classique, si la politique est une préoccupation première, la culture n’existerait pas, ne respirerait pas sans la poésie océanique d’Homère : l’agora est baignée de ses vagues." Dans la culture chinoise, il y a le Livre des odes, et à côté de la pensée confucianiste centrée sur des questions éthiques, il y a l’espace poétique ouvert par des poètes errants inspirés par le bouddhisme et le taoïsme. Dans notre culture moderne toutefois, la poétique n’est qu’une "discipline" reléguée au fond des universités, et qui n’intéresse que les spécialistes du langage voire de la métrique.

Il est assez symptomatique que, dans un numéro récent du Magazine littéraire consacré à la " nouvelle poésie française ", aucune place n’ait été faite à un courant fort et vivant de l’écriture poétique contemporaine apparu dans les années quatre-vingt. Certes, le phénomène n’est pas spécifiquement " français ", il a plutôt une vocation européenne et internationale, dans l’esprit de cette Weltliteratur que Goethe appelait de ses voeux. De plus, le fondateur de ce courant est Ecossais, et vit à l’écart des groupes consacrés par un certain milieu littéraire. Cette absence révèle cependant la nature de l’activité poétique en France aujourd’hui, qui s’attache avant tout à des questions formelles et à des jeux de langage en se désintéressant la plupart du temps des questions de fond concernant le rôle essentiel que peut jouer la poésie au sein d’une culture vivante, et sa capacité à générer un rapport au monde inédit, inconnu. Bref, l’absence de la géopoétique dans le paysage poétique français tel qu’il est représenté par les médias culturels est éloquente. Elle nous amène à penser qu’on voudrait bien que la poésie continue d’exister selon des critères nationaux, et sans se mêler véritablement de certaines questions extérieures à son champ, scientifiques et philosophiques ; qu’il faudrait, pour écrire de la poésie reconnue, être un bon formaliste, et ne pas trop s’aventurer hors de frontières tracées par la critique. Pourtant, même si les questions de style et d’écriture sont importantes, et même essentielles, il n’en demeure pas moins vrai que tout grand poème doit communiquer le sens d’un monde, et offrir une connaissance inédite du réel. C’est ce qu’avant Kenneth White un esprit comme Francis Ponge affirmait, tout en se défiant de la forme " poème ", pour lui impossible. Poème voudrait dire lyrisme - oui, mais lequel ? Le lyrisme à l’eau de rose, ou une parole énergique, riche en matières, cherchant une forme nouvelle pour contenir et articuler des énergies ? Ici il s’agit de voir comment un auteur apparu dans les années soixante, en pleine "nouvelle poésie française", a tâché d’ouvrir un nouvel espace, qualifié de géopoétique.

*

C’est en 1989 que Kenneth White a fondé l’Institut international de géopoétique. Dans le texte inaugural de l’Institut on peut lire ces lignes qui résument pour une bonne part tout le travail antérieur de White : "Ce qui marque cette fin du XXe siècle, au-delà de tous les bavardages et de tous les discours secondaires, c’est le retour du fondamental, c’est-à-dire du poétique. Toute création de l’esprit est, fondamentalement, poétique. Il s’agit de savoir maintenant où se trouve la poétique la plus nécessaire, la plus fertile, et de l’appliquer. Si, vers 1978, j’ai commencé à parler de "géopoétique", c’est, d’une part, parce que la terre (la biosphère) était, de toute évidence, de plus en plus menacée, et qu’il fallait s’en préoccuper d’une manière à la fois profonde et efficace, d’autre part, parce qu’il m’était toujours apparu que la poétique la plus riche venait d’un contact avec la terre, d’une plongée dans l’espace biosphérique, d’une tentative pour lire les lignes du monde." Dans la suite de ce texte, White ouvre un espace de prospection inédit, dans lequel " se rencontrent des penseurs et des poètes de tous les temps et de tous les pays ". Sont cités les noms d’Héraclite ("l’homme est séparé de ce qui lui est le plus proche"), de Hölderlin ("poétiquement vit l’homme sur la terre"), de Wallace Stevens ("les grands poèmes du ciel et de l’enfer ont été écrits, reste à créer le poème de la terre"), mais aussi du taoïste Tchouang-Tseu et du poète japonais Matsuo Bashô. On est bien loin - et cela donnera peut-être un peu le vertige à nos "nouveaux poètes français" - d’un contexte national et historique quelconque.

Ce texte inaugural de l’institut est en quelque sorte un " condensé " de toute la démarche géopoétique, et de tout le parcours de Kenneth White. On y retrouve le désir de dépasser la "littérature", une dimension culturelle internationale, et surtout une orientation que l’on peut qualifier de philosophique, ce qui manque avant tout à la culture contemporaine.

*

Kenneth White est né en 1936 à Glasgow, mais, raconte-t-il, ses parents ont senti assez tôt le besoin de quitter la métropole pour aller s’établir à Fairlie, petit village situé sur la côte ouest de l’Ecosse. Déjà la sortie d’un contexte : historique et économique (la réalité fortement industrielle de Glasgow décrite dans un chapitre du premier livre publié de White, En toute candeur), mais aussi culturel : c’est là, face à la mer et à l’île d’Arran, que l’esprit formé à la culture chrétienne s’ouvre à la beauté du monde, faisant naître le besoin d’un espace de réflexion inédit où cette expérience d’ouverture au-dehors soit exprimée et conçue comme l’origine de ce qu’on pourrait appeler une "culture à venir".

wh-2.jpgA dix-huit ans, White revient à Glasgow pour étudier. Mais très vite l’espace de prospection intellectuelle s’étend à un champ géographique plus vaste, comme en témoigne le parcours biographique et universitaire de White : après quelques années d’études à l’Université de Glasgow (littérature, philosophie et latin), il part pour l’Allemagne (Münich), où il découvre Jaspers, Husserl et surtout Heidegger. Puis il passe plusieurs années en France, où il s’installera (il vit actuellement en Bretagne).

Les années parisiennes (1959-63) seront riches en révélations et en réalisations : c’est là qu’il découvre les surréalistes (après avoir beaucoup travaillé sur Rimbaud) et s’intéresse à la pensée orientale ainsi qu’aux cultures dites primitives. Les étudiants de la Sorbonne où il est lecteur d’anglais publient ses premiers poèmes sous le titre Wild Coal (souvenir de ses lectures géologiques en Ecosse), dont certains seront repris dans En toute candeur. Pendant quelques années, il travaille comme assistant à l’Université de Glasgow, puis ensuite de nouveau en France, à Pau, dans les Pyrénées, avant d’être prié par les autorités universitaires d’aller voir ailleurs, juste après les événements de 68 (on lui reprochait en fait un certain anticonformisme, qui s’était traduit par la création d’un groupe d’étudiants et d’enseignants autour d’une revue - Feuillage -, et l’application d’une pédagogie qui n’avait que peu à voir avec la tradition universitaire française, assez rigide et scolaire, encore plus dans les années 60). Une vingtaine d’années plus tard, il sera nommé à la chaire de poétique du vingtième siècle de l’Université de la Sorbonne, où il dirigera des séminaires de recherche autour de la pensée orientale, des auteurs anglais et américains modernes (Whitman, Thoreau, Pound, Mac Diarmid, etc.), fidèle à une pédagogie extravagante, transnationale et transculturelle ! White a toujours pratiqué trois écritures, et il s’en explique : la prose narrative (ce qu’il appelle le "voyage-voyance", récit d’une expérience et non fiction), le poème, et l’essai. Le poème est la pointe de la flèche, qui va droit au but, mais avant cela, pour acquérir assez d’énergie et de matière, il faut parcourir les chemins du monde et de la pensée. D’où la nécessité de voyager, pour ouvrir un espace de sensation et de respiration. D’où la nécessité d’analyser (White pratique la "culturanalyse"), qui doit permettre d’ouvrir peu à peu un espace conceptuel plus riche que le nôtre, qui s’effondre chaque jour un peu plus dans le bruit et la bêtise.

*

"La beauté est partout" : Loveliness is everywhere. Ce sont les premiers mots d’un poème de Kenneth White que j’aimerais citer en entier :

La beauté est partout

Même

sur le sol le plus dur

le plus rebelle

la beauté est partout

au détour d’une rue

dans les yeux

sur les lèvres

d’un inconnu

dans les lieux les plus vides

où l’espoir n’a pas de place

où seule la mort

invite le cœur

la beauté est là

elle émerge

incompréhensible

inexplicable

elle surgit unique et nue -

à nous d’apprendre

à l’accueillir

en nous

Ce sentiment de la beauté exprimé dans "Le grand rivage" est véritablement à la base de la géopoétique. Dans le premier livre de Kenneth White, En toute candeur (sans doute celui qui m’est le plus cher car il y évoque les prémisses de son travail), on peut lire : "Ce n’est pas la communication entre l’homme et l’homme qui importe, mais la communication entre l’homme et le cosmos. Mettez les hommes en contact avec le cosmos, et ils seront en contact les uns avec les autres" . Or White évoque l’origine du mot grec cosmos, étroitement lié à la notion de beauté, et il appartient lui-même à toute une lignée culturelle anglo-américaine - on peut penser à Shaftesbury en Angleterre, mais aussi à Emerson, Thoreau, Whitman en Amérique - pour laquelle expérience esthétique et sensation du monde sont inséparables, et fusionnent dans l’écriture poétique. Dans ce cadre-là, l’écriture engage l’écrivain et le lecteur dans un tout autre espace que le seul " espace littéraire ", cloisonné, renfermé sur son propre questionnement, et ouvre la conscience à la possibilité d’un champ existentiel nouveau. La poésie n’est pas simplement affaire de mots et de "style" (celui dont se parent les dits grands écrivains comme de plumes de paon), mais une affirmation du "corps-esprit" dans un monde donné, monde fondé justement sur le refus du poétique et la négation de la beauté (et même de l’idée de beauté).

wh-3.jpgLa géopoétique "dénote" donc dans un contexte culturel - surtout celui de la fin des années quatre-vingt - au sein duquel comptent avant tout les grands solipsistes et les contempteurs de la condition humaine que sont Beckett, Cioran ou bien Ionesco, auteurs qui, pour un certain milieu littéraire, sont indépassables. Se mettre à l’écart de ce courant intellectuel très coté - Valéry parlait non sans raison de "Bourse de l’Art" - était s’exclure soi-même du monde littéraire et de ses pratiques, ce qu’avait fait d’ailleurs White assez tôt.

L’œuvre de Kenneth White et la géopoétique bien comprise conduisent à un travail sur soi, travail d’abord solitaire, à l’écart de tout groupe, et sur plusieurs niveaux : travail primordial d’attention aux choses, sans lequel rien n’est possible (phase de silence) ; déconditionnement culturel (critique de toutes les valeurs sociales et religieuses) ; et puis travail sur le langage évidemment, vers une clarification de l’écriture (toutefois ouverte à une complexité élémentaire). Dans un second temps, une fois ce travail personnel engagé, des ramifications se font, un réseau naît et se forme peu à peu. C’est ce réseau - ou cet "archipel", pour reprendre un terme cher à White - qu’a permis de constituer l’Institut international de géopoétique. Dès la création de l’Institut de géopoétique, des connexions se sont faites entre les disciplines. Dans le premier numéro des Cahiers de géopoétique, on trouve une contribution d’un océanographe, Frédéric Ibanez, celle d’un biologiste, Alain Sournia, un article philosophique de Georges Amar, une étude de White sur Lapérouse, et des textes poétiques de Thoreau, Gary Snyder ou de Jean Morisset, par ailleurs géographe… De cet ensemble se dégage une nouvelle cohérence basée toute entière sur une poétique, car il existe entre les sciences, la philosophie et la poésie, n’en déplaise à Sokal et Brikmont, d’autres ponts que ceux de la simple analogie (parfois gratuite en effet) : l’homme de sciences peut avoir sa propre expérience poétique, et le poète peut s’intéresser aux sciences, ce qui peut les réunir est une expérience de la beauté de monde et une langue commune, qui elle n’est pas donnée d’avance. Exclure cela d’un revers de main polémique, c’est nier l’importance d’œuvres comme celles de Novalis ou de Goethe, qui essayèrent justement de dépasser le cloisonnement entre les disciplines, en vue d’une poétique nouvelle.

Il devenait évident qu’à travers les Cahiers un nouveau champ culturel était en train de se constituer et allait s’étendre, ce à quoi travailla Kenneth White en organisant des rencontres et des colloques, qui firent l’objet de publications à part. Mais dès 1992 le besoin se fit sentir d’ "archipéliser" l’Institut, et des ateliers de géopoétique virent le jour, à partir de contacts antérieurs entre Kenneth White et certains de ses lecteurs et amis. L’un des premiers centres fut l’Atelier du Héron en Belgique, puis le centre géopoétique de Belgrade, l’Atelier d’Aquitaine à Bordeaux et le centre écossais à Edinburgh. Il existe à présent une douzaine de centres à travers le monde.

*

Plus on approfondit l’œuvre de Kenneth White et le concept de géopoétique, et plus on se rend compte que celui-ci participe d’un courant profond de la culture occidentale, que des esprits comme White, mais aussi Caillois, Ponge ou bien encore Segalen ont repris et continué, et qui a surgi deux siècles plus tôt, justement en Allemagne. La géopoétique est sans aucun doute l’héritière directe de ce courant culturel exceptionnel dont il reste à mesurer la force et l’ampleur (ce qui sera fait une fois que la culture secondaire de l’époque se sera définitivement épuisée et qu’on aura vraiment remis en cause les compartimentages universitaires). Une nouvelle cartographie culturelle est en cours, dont les grandes lignes de force sont déjà plus ou moins connues.

wh-4.jpgQu’est-ce qui ne va pas, dans notre "culture" ? Dans un entretien, White dit, "pour parler rapidement", qu’il est parti de ce que Freud appelle le "malaise dans la civilisation" (das Unbehagen in der Kultur). Et il ajoute : "Ce malaise est toujours là, même si notre société essaie de le couvrir de bruits, même si on peut avoir l’impression que bientôt les esprits seront tellement "informatisés" qu’ils ne penseront plus rien. Moi, j’éprouvais un malaise, une angoisse, je me sentais étouffer dans un état de choses. J’ai essayé de sortir." Ce malaise culturel actuel, White en voit les sources dans deux grandes cultures - et en cela il est bien sûr nietzschéen : le christianisme et le rationalisme occidental. White critique ces systèmes de pensée de l’intérieur, puisqu’il a été plongé pendant toutes ses années d’enfance dans la culture chrétienne, et qu’il s’est intéressé de près à la philosophie européenne. La critique de la religion ne le conduit pas vers le nihilisme le plus "classique" (perte de toutes les valeurs, relativisation postmoderne de toutes les cultures), et d’un autre côté sa critique du rationalisme ne le mène pas vers un "irrationalisme" qui serait l’expression d’une nouvelle religion ou d’un lyrisme débridé. Bien au contraire. Il s’agit plutôt d’éviter tous les écueils rencontrés par une pensée qui s’opposerait ou "réagirait", pensée qui ne dure jamais parce qu’elle ne fonde rien.

White cherche à dépasser la scission homme-monde (il critique fortement la rupture opérée par la théologie chrétienne entre la matière et l’esprit, et celle que l’on trouve chez Descartes entre la "chose pensante" et la "chose étendue"), et il cherche à dépasser également une scission arbitraire entre pensée et sensation, raison et intuition, poésie et science (scission caractéristique de notre culture). Il s’intéresse aux sciences (souvent plus qu’à la dite poésie actuelle), mais critique les excès de la science, le technicisme (ou soi-disant Progrès) qui ravage la planète aujourd’hui. Il étudie le bouddhisme, mais ne veut pas de "bouddhôlatrie" (refusant avec Nietzsche le "bouddhisme sentimental" qui allait, prédisait le philosophe, submerger l’Europe). Disons qu’il cherche une raison étendue par la sensation, par l’expérience du monde, et que d’un autre côté il travaille à une poésie informée par la réflexion philosophique voire épistémologique, et même par l’expérience mystique, qui s’accomplit la plupart du temps au-delà des discours et débats, et qui peut être aussi un moyen de se "déconditionner", de sortir d’un contexte intellectuel étouffant, et d’atteindre une vision plus large. La question qui revient toujours chez White comme chez l’un des écrivains qui a le plus compté pour lui, Henry David Thoreau, est la suivante : qu’est-ce qu’une réelle connaissance, c’est-à-dire qu’est-ce que la connaissance d’un homme habitant dans son corps et son esprit la Terre, après que tous les "grands récits" (chrétien et humaniste) se sont écroulés ? "Thoreau disait que "le vrai homme de science" connaîtra la nature mieux que les autres, non pas grâce à des techniques, à des méthodes (notre obsession), mais grâce à son "organisation plus fine". Pour Thoreau, la science, c’est-à-dire la connaissance, impliquait la capacité de sentir, goûter, voir, entendre d’une manière accrue. Pour lui, "l’homme le plus scientifique" serait l’homme le plus "sain", l’homme le plus "amical" (c’est-à-dire capable de sym-pathie, au sens fort), il posséderait une "sagesse indienne" plus parfaite. C’est cette augmentation de l’être liée à un assouplissement et un affinement du discours que j’appelle la biocosmopoétique. Nous avons pris le chemin inverse - vers la myopie, l’insensibilité, l’application limitée et la pensée bornée" .

C’est dans un écart total et passager - la cabane de Walden - que l’écrivain et charpentier américain Henry David Thoreau - aussi connu pour sa théorie et sa pratique de la "désobéissance civile" - a développé une conception de la connaissance radicalement nouvelle dans l’Amérique en proie comme l’Europe et bientôt l’Asie et le monde tout entier à la fièvre du Progrès. Dans les bois, Thoreau cherche une "pensée-sensation" ou ce que Coleridge appelle la "connaissance substantielle". La connaissance substantielle est "cette intuition des choses qui surgit quand nous nous trouvons unis au tout", tandis que la connaissance abstraite est l’image que se fait du monde une conscience séparée de celui-ci. "Cette "conscience séparée" ne peut donner lieu qu’à un langage mort, tout au plus utile pour la communication générale. La connaissance substantielle est, par contre, consubstantielle à l’être et donne lieu à un langage vivant qui est poésie. Elle constitue la seule véritable science (...)", écrit White dans L’esprit nomade. Pour Thoreau - et aussi pour White -, l’activité du poète peut conduire à une connaissance substantielle, si celui-ci sort d’un contexte culturel où la poésie et la science sont séparées. Il y a du "scientifique" chez Thoreau, mais en vue d’une écriture du monde qui dépasse la simple description ou l’observation. Il y a un "démon du savoir" chez lui, qui recueille lors de ses excursions toutes sortes d’observations concernant la faune et la flore, mais la forme de géo-gnosie qu’il recherche doit être aussi une "augmentation de la sensation de vie", exprimée dans une langue la plus simple et la plus incandescente possible. Et c’est bien le sentiment de la nécessité d’une langue, d’une langue poétique et ouverte au monde, qui, au fond, sépare le poète de l’homme de science.

figure-du-dehors-237814.jpgEn 1987, Kenneth White a publié un livre intitulé L’esprit nomade, qui est son deuxième essai publié après La figure du dehors. Pendant plusieurs années, White avait surtout fait paraître des poèmes et des récits de voyage (ou ce qu’il appelle des way-books). Or, pendant les années 80, est parue une série d’essais rédigés par quelqu’un qui se définit comme un "poète-penseur". Dans ce livre, L’esprit nomade (une partie de sa thèse d’Etat sur le nomadisme intellectuel), la dernière partie est intitulée "Poétique du monde", et le dernier chapitre de cette section "Eléments de géopoétique ". Deux années plus tard, en 1989, White fonde l’Institut international de géopoétique. A beaucoup d’égards, "Eléments de géopoétique" peut être considéré comme le "programme" de l’Institut, ramassé, résumé dans le texte inaugural. Un autre ouvrage fondamental pour aborder ce que White appelle aussi la "poétique du monde" est Le plateau de l’albatros, introduction à la géopoétique paru en 1994.

Pour White, à la base de toute culture, il y a une poétique, qui est une "pratique fondatrice". "Dans la culture grecque classique, si la politique est une préoccupation première, la culture n’existerait pas, ne respirerait pas sans la poésie océanique d’Homère : l’agora est baignée de ses vagues." Dans la culture chinoise, il y a le Livre des odes, et à côté de la pensée confucianiste centrée sur des questions éthiques, il y a l’espace poétique ouvert par des poètes errants inspirés par le bouddhisme et le taoïsme. Dans notre culture moderne toutefois, la poétique n’est qu’une "discipline" reléguée au fond des universités, et qui n’intéresse que les spécialistes du langage voire de la métrique.

Avons-nous même une "culture" d’ailleurs, une culture qui ne soit pas bien sûr un "produit de consommation courante" , fidèle en cela à l’esprit du temps ? On peut en douter, car il ne suffit pas d’accumuler les œuvres d’art et d’organiser des activités culturelles un peu partout pour qu’une société soit animée par une culture au sens fort du terme. " Pour qu’il y ait culture au sens fort du mot, écrit White, il faut que soit présent dans les esprits d’un groupe un ensemble de motifs et de motivations : lignes de force, "formes maîtresses", comme disait Montaigne, et cela, non au niveau du plus bas dénominateur commun ("sport", "loisirs", "distractions"), mais à un niveau qui incite la personne sociale à se travailler, à déployer ses énergies dans un espace exigeant. "

Toute culture a ce que White appelle un "motif unificateur". Mais toute tentative pour refonder une culture semble condamnée à échouer lorsqu’elle reprend des motifs épuisés : telle idole religieuse, tel personnage mythique ou historique, voire même tel principe abstrait (l’Homme) dans une conception de la culture tournée vers la fondation d’une polis moderne. "Si l’on se pose la question de savoir quel peut être un tel motif unificateur pour nous, aujourd’hui, dans le monde entier (puisque nous vivons maintenant, non plus à l’échelle de la tribu, ni même à l’échelle d’une nation, n’en déplaise aux nationalistes de tout poil, mais de la planète toute entière), je pense qu’une réponse s’impose : la terre même, sur laquelle nous tentons de vivre, et sans laquelle il n’y a pas de monde vivable."

Cette terre, il semble que même les érudits - dans un pays comme la France fortement conditionné par l’Université et marqué par un sens très étroit de la culture - soient en train de la redécouvrir. Je pense entre autres aux travaux très stimulants de géographes et philosophes comme Augustin Berque et Jean-Marc Besse, qui combinent érudition littéraire et connaissances scientifiques, contribuant ainsi à ouvrir un nouveau contexte culturel. On sent depuis environ une vingtaine d’années que ce manque d’une culture attachée à la réalité terrestre et à l’espace se fait cruellement sentir. Dans le domaine littéraire, des écrivains d’une génération précédente, comme Julien Gracq ou Philippe Jaccottet, en étant extérieurs au mouvement géopoétique, ont préparé le terrain. Cette nouvelle "géographie poétique", pour reprendre une expression de Novalis, ne demande qu’à être poursuivie et approfondie, dans un espace qui ne peut être seulement littéraire, mais qui engage un autre rapport au monde qui nous entoure, ici et maintenant.

Toutefois, White est très peu sensible à la "poésie du terroir" que l’on trouve parfois chez Heidegger, et se méfie d’un rapport à la nature trop sentimental. Il emploie surtout le terme "monde", qui ouvre un espace plus large, un horizon, et se dégage de tout sentimentalisme écologique ainsi que d’un attachement à la soi-disante pureté d’un lieu auquel l’individu devrait rester lié pour toujours, fidèle à une identité prédéterminée par d’autres (ancêtres, textes). Il faut évidemment aujourd’hui éviter à tout prix l’écueil de la "terre-terroir" et d’un attachement sentimental au sol, qui ne conduit, en termes culturels, qu’à du ressassement folklorique. Ecossais d’origine, White situe l’Ecosse dans un contexte plus large, l’origine étant elle-même mélange, et, d’une certaine manière, horizon. L’Ecosse, archipel initial, espace originellement pluriel et dont la géographie reste toujours complexe, à découvrir. Lieu où il ne s’agit pas de revenir, mais espace qu’il faut tenter de déployer, de projeter, espace en devenir.

wh-5.jpgComment peut se déployer pour nous aujourd’hui un "monde poétique" ? White insiste sur l’activité nomade, "dérivante", de celui qui cherche un tel monde. Il doit y avoir déplacement, autant physique qu’intellectuel. Il ne suffit pas de bouger, de faire des voyages, il faut aussi que l’esprit migre, et accède à un espace d’énergies au-delà de tous les bavardages nationaux et de tout ce qui enferme l’esprit dans des limites étouffantes. "Habiter la terre en poète", selon l’expression de Hölderlin, c’est habiter un espace large et chargé d’énergies, où des rapprochements entre les cultures les plus diverses peuvent avoir lieu d’une manière parfois surprenante. La géopoétique est en effet un rapport à l’espace terrestre fluide, itinérant, jamais figé, d’où la notion si importante que l’on trouve développée chez White de "nomadisme intellectuel", et l’exercice personnel du voyage transposé littérairement dans l’écriture de way-books. Sans nomadisme, l’art s’appauvrit, finit par être emprisonné dans des cadres conceptuels et esthétiques trop étroits et trop rigides. L’art a besoin d’un rapport à l’espace qui soit à la fois riche et ouvert autant sur le plan conceptuel (ouverture à d’autres esthétiques, à d’autres formes) que sur le plan physique : l’esprit doit pouvoir vivre au milieu d’un monde de formes en mouvement, et en harmonie avec un univers sensible aussi large que possible et dont la carte est toujours à reprendre. La géopoétique est un concept opérateur, écrit White, indissociable d’une volonté de briser un espace circonscrit par les idéologies, les croyances, les politiques culturelles nationales, afin d’ouvrir l’esprit de chacun aux mouvements, aux métamorphoses du monde, de ce monde qui est pour l’homme ce qu’il y a de plus proche et ce dont il est le plus séparé.

Dans un chapitre d’Eléments de géopoétique, White évoque ce qu’il nomme une "physique de la parole" : selon lui, c’est à travers l’expérience de l’écriture poétique que peut se déployer un monde. Cependant, écrit White, "presque tout, à "notre" époque, va à l’encontre de la possibilité d’un langage puissant et clair, capable de dire une présence et une transparence." C’est que la parole poétique doit non seulement se dégager des discours ambiants (politiques, économiques, médiatiques) qui tournent à vide et génèrent les pires catastrophes, mais elle doit aussi aller au-delà de ce qu’on entend par "poésie", souvent expression d’"artistes" obsédés par un style prétendument "littéraire" et par des problèmes intimes. White reconnaît une parole poétique authentique chez des esprits comme Walt Whitman, à la recherche d’un "style absolument limpide, telle la glace sans tain... clarté, simplicité, pas de phrases brumeuses ou entortillées.... la transparence la plus parfaite", ou encore chez Thoreau, dans son Journal (qui ne sépare pas la vie quotidienne de l’expérience poétique, et même tente de confondre les deux) : "Le premier jour d’avril il a plu et la glace a fondu. Tôt le matin, dans un épais brouillard, j’ai entendu une oie égarée voler au-dessus de l’étang et cacarder comme l’esprit même du brouillard."

C’est une "méditation du monde" que nous offre la parole poétique, lorsque celle-ci est soutenue, stimulée, engendrée par un rapport au réel, telle la géopoétique. Ecoutons-la.

P.-S.

WHITE VALLEY

Not much to be seen in this valley

a few lines, a lot of whiteness

we’re at the end of the world, or at its beginning

maybe the quaternary ice has just withdrawn

as yet

no life, no living noise

not even a bird, not even a hare

nothing

but the wailing of the wind

yet the mind moves here with ease

advances into the emptiness

breathes

and line after line

something like a universe

lays itself out

without doing too much naming

without breaking the immensity of silence

discreetly, secretely

someone is saying

here I am

here, I begin

LA VALLÉE BLANCHE

Peu de chose à voir dans cette vallée

quelques lignes, beaucoup de blanc

c’est une fin de monde, ou bien un commencement

peut-être le retrait des glaces du quaternaire

jusqu’à présent

nulle vie, nul bruit de vie

pas même un oiseau, pas même un lièvre

rien

que le vagissement du vent

pourtant l’esprit se meut ici à l’aise

avance dans le vide

respire

et ligne après ligne

quelque chose comme un univers

se dessine

sans trop vouloir nommer

sans briser l’immensité du silence

discrètement, secrètement

quelqu’un dit

je suis ici

ici, je commence

(Extrait de : Limites et marges, Mercure de France, 2000. Traduction : Marie-Claude White)

mardi, 20 septembre 2016

Rightist Critique of Racial Materialism

racmat.jpg

Rightist Critique of Racial Materialism

 
Ex: http://www.katehon.com

While France and England gave materialistic, anti-traditional expressions to the concept of “the people” that was taking shape since the French Revolution, German Idealism was a return to a spiritual, metaphysical direction. The German Revolution moved in a volkish direction, where the volk was seen as the basis of the state, and the notion of a volk-soul that guided the formation and development of nations became a predominant theme that came into conflict with the French bourgeois liberal-democratic ideals derived from Jacobinism. Fichte had laid the foundations of a German nationalism in 1807-1808 with his Addresses to the German Nation. Although like possibly all revolutionaries or radicals of the time, beginning under the impress of the French Revolution, by the time he had delivered his addresses to the German nation, he had already rejected Jacobinism. Johann Heder had previously sought to establish the concept of the volk-soul, and of each nation being guided by a spirit. This was a metaphysical conception of race, or more accurately volk, that preceded the biological arguments of the Frenchman Count Arthur de Gobineau. Herder stated that the volk is the only class, and includes both King and peasant, and that “the people” are not the same as the rabble that are championed by Jacobinism and later Marxism. 

Houston Stewart Chamberlain - Occult History Third Reich - Peter Crawford.jpgFrench and English racism was introduced to Germany by the Englishman Houston Stewart Chamberlain who had a seminal influence on Hitlerism. English Darwinism, a manifestation of the materialistic Zeitgeist that dominated England, was brought to Germany by Ernst Haeckel; although Blumenbach had already begun to classify race according to cranial measurements during the 18th century. Nonetheless, biological racism reflects the English Zeitgeist of materialism. It provided primary materialistic doctrines to dethrone Tradition. Its application to economics also provided a scientific justification for the “class struggle” of both the capitalistic and socialistic varieties. Hitlerism was an attempt to synthesis the English eugenics of Galton and the evolution of Darwin with the metaphysis of German Idealism. Italian Traditionalist Julius Evola attempted to counter the later influence of Hitlerian racism on Italian Fascism by developing a “metaphysical racism,” and the concept of the “race of the spirit,” which has its parallels in Spengler, whose approach to race is in the Traditionalist mode of the German Idealists.

Because the Right, the custodian of Tradition within the epoch of decay, has been infected by the spirit of materialism, there is often a focus on secondary symptoms of culture disease, such as in particular immigration, rather than primary symptoms such as usury and plutocracy. “Race” becomes a matter of skull measuring, rather than spirit, élan and character. Hence the character of a civilisation and of a people is discerned via the types of bone and skull found amidst the ruins. History then becomes a matter of counting and measuring and statistics. How feeble such attempts remain is demonstrated by the years of controversy surrounding the racial identity of Kennewick Man in North America, having first thought to have been a Caucasian, and now concluded to have been of Ainu/Polynesian descent. The Traditionalist does not discount “race”. Rather it plays a central role. How “race” is defined is another matter. 

Trotsky called “racism” “Zoological materialism”. As an “economic materialist”, that is, a Marxist, he did not explain why his own version of materialism is a superior mode of thinking and acting than the other. They arose, along with Free Trade capitalism, out of the same Zeitgeist that dominated England at the time, and all three refer to a naturalistic life as struggle. The Traditionalist rejects all forms of materialism. The Traditionalist does not see history as unfolding according to material, economic forces, or racial-biological determinants. The Traditionalist sees history as the unfolding of metaphysical forces manifesting within the terrestrial. Spengler, although not a Perennial Traditionalist, intuited history over a broad expanse as a metaphysical unfolding. Although a man of the “Right”, he rejected the biological interpretation of history as much as the economic. So did Evola.

The best known exponents of racial determinism were of course German National Socialists, the reductionist doctrine being expressed by Hitler: 

“…This is how civilisations and empires break up and make room for new creations. Blood mixture, and the lowering of the racial level which accompanies it, are the one and only cause why old civilisations disappear…” 

The USA provided a large share of racial theorists of the early 20th century, whose conception of the rise and fall of civilisation was based on racial zoology, and in particular on the superiority of the Nordic not only above non-white races, but above all sub-races of the white, such as the Dinaric, Mediterranean and Alpine. Senator Theodore G. Bilbo of Mississippi wrote a book championing the cause of segregation, and more so, the “back-to-Africa” movement, stating that miscegenation with the Negro will result in the fall of white civilisation. He briefly examined some major civilisations. Bilbo wrote that Egyptian civilisation was mongrelised over centuries, “until a mulatto inherited the throne of the Pharaohs in the Twenty-fifth dynasty. This mongrel prince, Taharka, ruled over a Negroid people whose religion had fallen from an ethical test for the life after death to a form of animal worship”. This should be “sufficient warning to white America!” Because Sen. Bilbo had started from an assumption, his history was flawed. As will be shown below, it was Taharka and the Nubian dynasty that renewed Egypt’s decaying culture, which had degenerated under the white Libyan dynasties.  Sen. Bilbo proceeds with similar brief examinations of Carthage, Greece, and Rome. 

julius%20evola%20sintesi%20e%20dottrina%20della%20razza%20heopli.jpegJulius Evola, while repudiating the zoological primacy of “racism” as another form of materialism and therefore anti-Traditional, suggested that a “spiritual racism” is necessary to oppose the forces seeking to turn man into an amorphous mass; as interchangeable economic units without roots; what is now called “globalisation”. 

Evola gives the Traditionalist viewpoint when stating that there “have been many cases in which a culture has collapsed even when its race has remained pure, as is especially clear in certain groups that have suffered slow, inexorable extinction despite remaining as racially isolated as if they were islands”. He gives Sweden and The Netherlands as recent examples, pointing out that although the race has remained unchanged, there is little of the “heroic disposition” those cultures possessed just several centuries previously. He refers to other great cultures as having remained in a state as if like mummies, inwardly dead, awaiting a push “to knock them down”. These are what Spengler called Fellaheen, spiritually exhausted and historically passé. Evola gives Peru as an example of how readily a static culture succumbed to Spain. Hence, such examples, even as vigorous cultures such as that of the Dutch and Scandinavian, once wide-roaming and dynamic, have declined to nonentities despite the maintenance of racial homogeneity. 

The following considers examples that are often cited as civilisations that decayed and died as the result of miscegenation.

Greek

A case study for testing the miscegenation theory of cultural decay is that of the Hellenic. The ancient Hellenic civilisation is typically ascribed by racial theorists as being the creation of a Nordic culture-bearing stratum. The same has been said of the Latin, Egyptian, and others. Typically, this theory is illustrated by depicting sculptures of ancient Hellenes of “Nordic” appearance. Such depictions upon which to form a theory are unreliable: the ancient Hellenes were predominantly a mixture of Dinaric-Alpine-Mediterranean. The skeletal remains of Greeks show that from earliest times to the present there has been remarkable uniformity, according to studies by Sergi, Ripley, and Buxton, who regarded the Greeks as an Alpine-Mediterranean mix from a “comparatively early date.” American physical anthropologist Carlton S. Coon stated that the Greeks remain an Alpine/Mediterranean mix, with a weak Nordic element, being “remarkably similar” to their ancient ancestors.

American anthropologist J. Lawrence Angel, in the most complete study of Greek skeletal remains starting from the Neolithic era to the present, found that Greeks have always bene marked by a sustained racial continuity. Angel cited American anthropologist Buxton who had studied Greek skeletal material and measured modern Greeks, especially in Cyprus, concluding that the modern Greeks “possess physical characteristics not differing essentially from those of the former [ancient Greeks]”. The most extensive study of modern Greeks was conducted by anthropologist Aris N. Poulianos, concluding that Greeks are and have always been Mediterranean-Dinaric, with a strong Alpine presence. Angel states that “Poulianos is correct in pointing out ... that there is complete continuity genetically from ancient to modern times”. Nikolaos Xirotiris did not find any significant alteration of the Greek race from prehistory, through classical and medieval, to modern times. Anthropologist Roland Dixon studied the funeral masks of Spartans and identified them as of the Alpine sub-race. Although race theorists often stated that Hellenic civilisation was founded and maintained by invading Dorian “Nordics”, Angel states that the northern invasions were always of “Dinaroid-Alpine” type. A recent statistical comparison of ancient and modern Greek skulls found “a remarkable similarity in craniofacial morphology between modern and ancient Greeks.”

If miscegenation and the elimination of an assumed Nordic (Dorian) culture-bearing stratum cannot account for the decay of Hellenic civilisation, what can? Contemporary historians point out the origins. The Roman historian Livy observed: 

“The Macedonians who settled in Alexandria in Egypt, or in Seleucia, or in Babylonia, or in any of their other colonies scattered over the world, have degenerated into Syrians, Parthians, or Egyptians. Whatever is planted in a foreign land, by a gradual change in its nature, degenerates into that by which it is nurtured”.

tarn-2.jpgHere Livy is observing that occupiers among foreign peoples “go native”, as one might say. The occupiers are pulled downward, rather than elevating their subjects upward, not through genetic contact but through moral and cultural corruption. The Syrians, Parthians and Egyptians, had already become historically and culturally passé, or Fellaheen, as Spengler puts it. The Macedonian Greeks in those colonies succumbed to the force of etiolation. Alexander even encouraged this in an effort to meld all subjects into one Greek mass, which resulted not from a Hellenic civilisation passed along by multitudinous peoples, but in a chaotic mass from which Greece did not recover, despite the Greeks staying racially intact. Unlike the Jews in particular, the Greeks, Romans and other conquerors did not have the strength of Tradition to maintain themselves among alien cultures. Dr. W. W. Tarn stated of this process:

“Greece was ready to adopt the gods of the foreigner, but the foreigner rarely reciprocated; Greek Doura (the Greek temple in Mesopotamia) freely admitted the gods of Babylon, but no Greek god entered Babylonian Uruk. Foreign gods might take Greek names; they took little else. They (the Babylonian gods) were the stronger, and the conquest of Asia (by the Greeks) was bound to fail as soon as the East had gauged its own strength and Greek weakness.”

Spengler pointed out to Western Civilisation and the current epoch that one of the primary symptoms of culture decay is that of depopulation. It is a sign literally that a Civilisation has become too lazy to look beyond the immediate. There is no longer any sense of duty to the past or the future, but only to a hedonistic present. Polybius (b. ca. 200 B.C.) observed this phenomenon of Hellenic Civilisation like Spengler did of ours, writing: 

tarn-1.jpg“In our time all Greece was visited by a dearth of children and generally a decay of population, owing to which the cities were denuded of inhabitants, and a failure of productiveness resulted, though there were no long-continued wars or serious pestilences among us. If, then, any one had advised our sending to ask the gods in regard to this, what we were to do or say in order to become more numerous and better fill our cities,—would he not have seemed a futile person, when the cause was manifest and the cure in our own hands? For this evil grew upon us rapidly, and without attracting attention, by our men becoming perverted to a passion for show and money and the pleasures of an idle life, and accordingly either not marrying at all, or, if they did marry, refusing to rear the children that were born, or at most one or two out of a great number, for the sake of leaving them well off or bringing them up in extravagant luxury. For when there are only one or two sons, it is evident that, if war or pestilence carries off one, the houses must be left heirless: and, like swarms of bees, little by little the cities become sparsely inhabited and weak. On this subject there is no need to ask the gods how we are to be relieved from such a curse: for any one in the world will tell you that it is by the men themselves if possible changing their objects of ambition; or, if that cannot be done, by passing laws for the preservation of infants”.

Do Polybius’ thoughts sound like some unheeded doom-sayer speaking to us now about our modern world? If the reader can see the analogous features between Western Civilisation, and that of Greece and Rome then the organic course of Civilisations is being understood, and by looking at Greece and Rome we might see where we are heading.

Roman

Another often cited example of the fall of civilisation through miscegenation is that of Rome. However, despite the presence of slaves and traders of sundry races, like the Greeks, today’s Italians are substantially the same as they were in Roman times. Arab influence did not occur until Medieval times, centuries after the “fall of Rome”, with Arab rule extending over Sicily only during 1212-1226 A.D. The genetic male influence on Sicilians is estimated at only 6%. The predominant genetic influence is ancient Greek. The African have a less than  1% frequency  throughout Italy other than in , , and where there are frequencies of 2% to  3% . Sub-Saharan, that is, Negroid, mtDNA have been found at very low frequencies in Italy, albeit marginally higher than elsewhere in Europe, but date from 10,000 years ago. This study states: “….mitochondrial DNA studies show that Italy does not differ too much from other European populations”. Although there are small regional variations, “The mtDNA haplogroup make-up of Italy as observed in our samples fits well with expectations in a typical European population”. 

Hence, an infusion of Negroid or Asian genes during the epoch of Rome’s decline and fall is lacking, and the reasons for that fall cannot be assigned to miscegenation. What slight frequency there is of non-Caucasian genetic markers entered Rome long before or long after the fall of Roman Civilisation. There was no “contamination of Roman blood”, but of Roman spirit and élan.  

declinerome.jpgAlien immigration introduces cultural elements that dislocate the social and ethical basis of a Civilisation and aggravate an existing pathological condition. The English scholar Professor C. Northcote Parkinson, writing on the fall of Rome, commented that the Roman conquerors were subjected “to cultural inundation and grassroots influence”. Because Rome extended throughout the world, like the present Late Western, the economic opportunities accorded by Rome drew in all the elements of the subject peoples, “groups of mixed origin and alien ways of life”. “Even more significant was what the Romans learnt while on duty overseas, for men so influenced were of the highest rank”. Parkinson quotes Edward Gibbon’s Decline and Fall of the Roman Empire, referring to the Roman colony of Antioch: 

“…Fashion was the only law, pleasure the only pursuit, and the splendour of dress and furniture was the only distinction of the citizens of Antioch. The arts of luxury were honoured, the serious and manly virtues were the subject of ridicule, and the contempt for female modesty and reverent age announced the universal corruption of the capitals of the East…” 

Roman historian Livy wrote of the opulence of Asia being brought back to Rome by the soldiery:

“…it was through the army serving in Asia that the beginnings of foreign luxury were introduced into the City. These men brought into Rome for the first time, bronze couches, costly coverlets, tapestry, and other fabrics, and - what was at that time considered gorgeous furniture - pedestal tables and silver salvers. Banquets were made more attractive by the presence of girls who played on the harp and sang and danced, and by other forms of amusement, and the banquets themselves began to be prepared with greater care and expense. The cook whom the ancients regarded and treated as the lowest menial was rising in value, and what had been a servile office came to be looked upon as a fine art. Still what met the eye in those days was hardly the germ of the luxury that was coming”.

The moral decay of Rome resulted in the displacement of Roman stock, not by miscegenation, but by the falling birth-rate of the Romans. Such population decline is itself a major symptom of culture decay. The problem that it signifies is that a people has so little consciousness left as to its own purpose as a culture that its individuals do not have any responsibility beyond their own egos. Professor Tenney Frank, foremost scholar on the economic history of Rome, also considered the results of population decline, from the top of the social hierarchy downward: 

“The race went under. The legislation of Augustus and his successors, while aiming at preserving the native stock, was of the myopic kind so usual in social lawmaking, and failing to reckon with the real nature of the problem involved. It utterly missed the mark. By combining epigraphical and literary references, a fairly full history of the noble families can be procured, and this reveals a startling inability of such families to perpetuate themselves. We know, for instance, in Caesar’s day of forty-five patricians, only one of whom is represented by posterity when Hadrian came to power. The Aemilsi, Fabii, Claudii. Manlii, Valerii, and all the rest, with the exception of Comelii, have disappeared. Augustus and Claudius raised twenty-five families to the patricate, and all but six disappear before Nerva’s reign. Of the families of nearly four hundred senators recorded in 65 A. D. under Nero, all trace of a half is lost by Nerva’s day, a generation later. And the records are so full that these statistics may be assumed to represent with a fair degree of accuracy the disappearance of the male stock of the families in question. Of course members of the aristocracy were the chief sufferers from the tyranny of the first century, but this havoc was not all wrought by delatores and assassins. The voluntary choice of childlessness accounts largely for the unparalleled condition. This is as far as the records help in this problem, which, despite the silences is probably the most important phase of the whole question of the change of race. Be the causes what they may, the rapid decrease of the old aristocracy and the native stock was clearly concomitant with a twofold increase from below; by a more normal birth-rate of the poor, and the constant manumission of slaves 

While allusions to “race” by Professor Frank are enough for “zoological materialists” to spin a whole theory about Rome’s decline and fall around miscegenation of the “white race” with blacks and Orientals, we now know from the genetics that despite the invasions over centuries, the Italians, like the Greeks, have retained their original racial composition to the present. What Frank is describing, by an examination of the records that show a disappearance of the leading patrician families, is that Rome was in a spiritual crisis, as all civilisations are when they regard child-bearing as a burden. Traditionalists such as Evola pointed out that the “secret of degeneration” of a civilisation is that it rots from the top downward, and as Spengler pointed out, one of the primary signs of that rot is childlessness. That there were Roman statesmen with the wisdom to understand what was happening is indicated by Augustus’ efforts to raise the birth-rate, but to no avail. Of this symptom of moral decay, Professor Frank wrote: 

“In the first place there was a marked decline in the birthrate among the aristocratic families. … As society grew more pleasure-loving, as convention raised artificially the standard of living, the voluntary choice of celibacy and childlessness became a common feature among the upper classes. …”

RomanEmpire_117.svg.png

Urbanisation, the magnetic pull of the megalopolis, the depopulation of the land and the proletarianism of the former peasant stock as in the case of the West’s Industrial Revolution, impacted in major ways on the fall of Rome. A. M. Duff wrote of the impact of rural depopulation and urbanisation:

“But what of the lower-class Romans of the old stock? They were practically untouched by revolution and tyranny, and the growth of luxury cannot have affected them to the same extent as it did the nobility. Yet even here the native stock declined. The decay of agriculture. … drove numbers of farmers into the towns, where, unwilling to engage in trade, they sank into unemployment and poverty, and where, in their endeavours to maintain a high standard of living, they were not able to support the cost of rearing children. Many of these free-born Latins were so poor that they often complained that the foreign slaves were much better off than they, and so they were. At the same time many were tempted to emigrate to the colonies across the sea which Julius Caesar and Augustus founded. Many went away to Romanize the provinces, while society was becoming Orientalized at home. Because slave labour had taken over almost all jobs, the free born could not compete with them. They had to sell their small farms or businesses and move to the cities. Here they were placed on the doles because of unemployment. They were, at first, encouraged to emigrate to the more prosperous areas of the empire to Gaul, North Africa and Spain. Hundreds of thousands left Italy and settled in the newly-acquired lands. Such a vast number left Italy leaving it to the Orientals that finally restrictions had to be passed to prevent the complete depopulation of the Latin stock, but as we have seen, the laws were never effectively put into force. The migrations increased and Italy was being left to another race. The free-born Italian, anxious for land to till and live upon, displayed the keenest colonization activity.” 

The foreign cultures and religions that had come to Rome from across the empire changed the temperament of the Romans masses who were uprooted and migrating to the cities; where as in the nature of the cites, as Spengler showed,  they became a cosmopolitan mass. Frank writes of this: 

“This Orientalization of Rome’s populace has a more important bearing than is usually accorded it upon the larger question of why the spirit and acts of imperial Rome are totally different from those of the republic. There was a complete change in the temperament! There is today a healthy activity in the study of the economic factors that contributed to Rome’s decline. But what lay behind and constantly reacted upon all such causes of Rome’s disintegration was, after all, to a considerable extent, the fact that the people who had built Rome had given way to a different race. The lack of energy and enterprise, the failure of foresight and common sense, the weakening of moral and political stamina, all were concomitant with the gradual diminution of the stock which, during the earlier days, had displayed these qualities. It would be wholly unfair to pass judgment upon the native qualities of the Orientals without a further study, or to accept the self-complacent slurs of the Romans, who, ignoring certain imaginative and artistic qualities, chose only to see in them unprincipled and servile egoists. We may even admit that had these new races had time to amalgamate and attain a political consciousness a more brilliant and versatile civilization might have come to birth.” 

Fall-of-the-Roman-Empire.jpgWhat is notable is not that the Romans miscegenated with Orientals, but that the uprooted, amorphous masses of the cities no longer adhered to the Traditions on which Roman civilisation was founded. The same process can be seen today at work in New York, London and Paris. Duff wrote of this, and we might consider the parallels with our own time: 

“Instead of the hardy and patriotic Roman with his proud indifference to pecuniary gain, we find too often under the Empire an idle pleasure-loving cosmopolitan whose patriotism goes no further than applying for the dole and swelling the crowds in the amphitheatre”. 

The Roman Traditional ethos of severity, austerity and disdain for softness that Emperor Julian attempted to reassert was greeted by “fashionable society” with “disgust”. Parkinson remarks that “there is just such a tendency in the London of today, as there was still earlier in Boston and New York”. These “world cities” no longer reflect a cultural nexus but an economic nexus, and hence one’s position is not based on how one or one’s family unfolds the Traditional ethos, but on whether or how one accumulates wealth. 

Indian

social_pyramid_f02.jpgIndia is the most commonly cited example of a civilisation that decayed through miscegenation, the invading Aryans imparting a High Culture on India and then forever falling into decay because of miscegenation with the low caste “blacks”, or Dravidians. However, Genetic research indicates that the higher castes have retained to the present a predominately Caucasian genetic inheritance.

“As one moves from lower to upper castes, the distance from Asians becomes progressively larger. The distance between Europeans and lower castes is larger than the distance between Europeans and upper castes, but the distance between Europeans and middle castes is smaller than the upper caste-European distance. … Among the upper castes the genetic distance between Brahmins and Europeans (0.10) is smaller than that between either the Kshatriya and Europeans (0.12) or the Vysya and Europeans (0.16). Assuming that contemporary Europeans reflect West Eurasian affinities, these data indicate that the amount of West Eurasian admixture with Indian populations may have been proportionate to caste rank.

“…As expected if the lower castes are more similar to Asians than to Europeans, and the upper castes are more similar to Europeans than to Asians, the frequencies of M and M3 haplotypes are inversely proportional to caste rank.

“…In contrast to the mtDNA distances, the Y-chromosome STR data do not demonstrate a closer affinity to Asians for each caste group. Upper castes are more similar to Europeans than to Asians, middle castes are equidistant from the two groups, and lower castes are most similar to Asians. The genetic distance between caste populations and Africans is progressively larger moving from lower to middle to upper caste groups. 

“…Results suggest that Indian Y chromosomes, particularly upper caste Y chromosomes, are more similar to European than to Asian Y chromosomes.

“…Nevertheless, each separate upper caste is more similar to Europeans than to Asians.”

Citing further studies, “…admixture with African or proto-Australoid populations” is “occasional”. 

The chaos that afflicted India seems to have been of religio-cultural type rather than racial. Despite the superficiality of dusky hues, the Indian ruling castes have retained their Caucasian identity to the present. The genetic contribution of Australoids and Africans was minor. 

Egyptian

Like India, Egypt is often cited as an example of a civilisation that was destroyed primarily by miscegenation, with Negroids. However, despite the myriad of invasions and population shifts, today’s Egyptians are still more closely related genetically to Eurasia than Africa. Migrations between Egypt, Nubia and Sudan have not been extensive enough to “homogenise the mtDNA gene pools of the Nile River Valley populations”, although Egyptians and Nubians are more closely related than Egyptians and southern Sudanese. However, significant differences remain. Even now, today’s Egyptians have primary genetic affinities with Asia, and North and Northeast Africa. The least affinity is to the populations of Sub-Sahara.  The Haplotype  M1, with a high frequency among Egyptians,  hitherto thought to be of Sub-Saharan origin,  is of Eurasian origin.  

Miscegenation with Nubian “slaves” and mercenaries seems unlikely to have caused Egypt’s decay. While a Nubian or “black” pharaoh is alluded to by racial-zoologists as a sign of Egyptian decay, the Nubian civilisation had an intimate connection with the Egyptian and was itself impressive and of early origins. 

Nubian civilisation, with palaces, temples and pyramids, flourished as far back as 7000 B.C. 223 pyramids, twice the number of Egypt, have been found along the Nile of the Nubian culture-region. The Nubian civilisation was of notably long duration surviving until the Muslim conquest of 1500 A.D. The Egyptians have viewed the Nubians either as a “conquered race or a superior enemy”. Hence, Egyptian depictions of shackled black slaves, give a widely inaccurate impression of the Nubian.  Nubians became the pharaohs of Egypt’s 25th dynasty, providing stability where previously there had been ruin caused by civil wars between warlords, ca. 700 B.C. The Nubians were the custodians of Egyptian faith and culture at a time when Egypt was decaying. They regarded the restoration of the faith of Amun as their duty. It was the Nubian dynasties (760-656 B.C.), especially the rulership of Taharqa, which revived and purified Egyptian culture and religion. It was under the “white” rule of the Libyan pharaohs of the 21st dynasty (1069-1043 B. c.) that Egypt began a sharp decline. Ptolemaic (Greek) rule (332-30 B.C.) under Ptolemy IV (222 to 205 B.C.) brought to the rich and sumptuous pharaohs’ court “lax morals and vicious lifestyle” ending in “decadence and anarchy”. Byzantine rule (395 to 640 A.D.) through Christianisation wrought destruction on the Egyptian heritage, which was succeeded by Islamic rule. Of the long vicissitudes of Egypt’s rise and fall, it was the Nubian dynasty that had restored Egyptian cultural integrity. References to Nubians on the throne of the pharaohs tell no more of the causes of Egypt’s decay than if historians several millennia hence sought to ascribe the causes of the USA’s  culture retardation to Obama’s presidency as a “black”. 

kushiteempire1.jpg

We see in Egypt as in Rome, the Moorish civilisation, India and others, the causes of culture decay and fall as being something other than miscegenation. The contemporary Westerner should look for answers beyond this if only because he can see for himself that the West’s decay has no relationship to miscegenation. The number of Americans describing themselves as “mixed race” was just under 9 million in 2010. Of the 3,988,076 live births in the USA in 2014  368,213 were non-white.  The USA did not become the global centre of culture-pestilence because of its mixed race population. What is more significant than the percentages of miscegenation, are the percentages of population decline caused by such factors as the limitation of children, and the rates of abortion. Twenty-one percent of all pregnancies in the USA are aborted. Such depopulation statics are an indication of culture pathology. 

gallery-1431027249-122315523.jpgOf Egypt’s chaos contemporary sages observed, as they did of Rome and India, a disintegration of authority, traditional religion, and the founding ethos and mythos around which a healthy culture revolves. Egypt was often subjected to invasions and to natural disasters. These served as catalysts for culture degeneration. The papyrus called The Admonitions of an Egyptian Sage, state that after invasions and what seems to have been a class war, Egypt fell apart, there was family strife, the noble families were dispossessed by the lowest castes, authority was disrespected and overthrown, lawlessness and plunder were the norm, and the nobility was attacked: “A man looks upon his son as an enemy. A man smites his brother (the son of his mother)”. Craftsmanship has become degraded: “No craftsmen work, the enemies of the land have spoilt its crafts”. There is rebellion against the Uraeus or Re. “A few lawless men have ventured to despoil the land of the kingship”. It appears that the foundations of Traditional society, god, monarch, family and land, have been caste asunder. Further, “Asiatics” have seized the land from the ancestral occupiers, and have so insinuated themselves into the Egyptian culture that one can no longer tell who is Egyptian and who is alien: “There are no Egyptians anywhere”. “Women are lacking and no children are conceived”. Evidently there is a population crisis; that perennial symptom of decay. The political and administrative structure has collapsed, with “no officers in their place”. The laws are trampled on and cast aside. “Serfs become lords of serfs”.  The writings of the scribes are destroyed. 

What is being described is not a sudden upheaval, although the allusion to natural disasters and Asiatic invasion would imply this. The breakdown of regal authority, civil authority, depopulation, laws, family bonds, religious faith, agriculture and the social structure, imply an epoch of decline into chaos. The social structure has been inversed, as though a communistic revolution had occurred. “He who possessed no property is now a man of wealth. The prince praises him. The poor of the land have become rich, and the possessor of the land has become one who has nothing. Female slaves speak as they like to their mistresses. Orders become irksome. Those who could not build a boat now possesses ships. “The possessors of robes are now in rags”. “The children of princes are cast out in the street”. 

With this inversion of hierarchy has come irreligion and the degradation of religion. The ignorant now perform their own rites to the Gods. Wrong offerings are made to the Gods.  “Right is cast aside. Wrong is inside the council-chamber. The plans of the gods are violated, their ordinances are neglected… Reverence, an end is put to it”.

Ipuwer’s admonition was not only to rid Egypt of its enemies but to return to the Traditional ethos. This meant the reinstitution of proper religious rites, and the purification of the temples. “A fighter comes forth,” Ipuwer prophesises, to “destroy the wrongs”. “Is he sleeping? Behold, his might is not seen”. The Egyptians await an avatar, the personification of the Sun God Re (which Tradition states was the first of the Pharaohs) an Arthur who sleeps but will awaken, a redeemer that is a universal symbol from the Hindu Kalki, to Jesus in the vision of John of Patmos, the Katehon of Orthodox Russia, and many others across time and place. 

Nefertiti2-Re_158267t.jpgIpuwer avers to Egypt having gone through such epochs, alluding to his saying nothing other than what others have said before his time.

The Pharaoh is castigated for allowing Egypt to fall into chaos, with his authority being undermined, and without taking corrective actions. The Pharaoh as God-king, in terms of Tradition, had not maintained his authority as the nexus between the earthly kingdom and the Divine. The Pharaoh had caused “confusion throughout the land”. Certainty of the social hierarchy, crowned by the God-king, is the basis of Traditional societies. It seems that Egypt had entered into an epoch of what a Westerner could today identify in our time as that of scepticism and secularism. Chaos follows with the undermining of Cosmos.

Nefer-rohu warned Pharaoh of similar chaos. Likewise there would be “Asiatic” invasions, natural disasters, Re withdrawing his light, and again the inversion of hierarchy: 

“The weak of arm is now the possessor of an arm. Men salute respectfully him whom formerly saluted. I show thee the undermost on top, turned about in proportion to the turning about of my belly. It is the paupers who eat the offering bread, while the servants jubilate. The Heliopolitan Nome, the birthplace of every god, will no longer be on earth”.

It is notable, again, that Nefer-rohu identifies the chaos with the breaking of the nexus with the divine, and the social order that has become “the undermost on top”. Also of interest is that Nefer-rohu refers to a redeemer, who has a Nubian mother, uniting Egypt and driving out the Asiatics, and the Libyans (the whitest of races of the region) and defeating the rebellious.  Chaos resulted not from bio-genetic-race-factors but from a falling away of the regal and religious authority. If there is a race-factor it is in regard to Nubians being the custodians of Egyptian culture in periods of Egyptian decay, analogous to the revitalising “barbarians” who wept over the decaying Roman Empire.

Islamic 

Islam had its Golden Age and rich civilisation, centred in Morocco, and extending into Spain.  It is in ruins like civilisations centuries prior.  The cultures that flourished in Morocco, both Islamic and pre-Islamic, were Berber. The Islamic civilisation they established with the founding of the Idrisid dynasty in 788 A. D. was ended by the invasion of the Fatimids from Tunisia ca. 900 A.D. Chaos ensued. Although there was a revival of High Culture during the 11th and 14th centuries, dynasties fell in the face of tribalism.  The 16th century saw a revival initiated by al-Ghalin, several decades of wars of succession after his death in 1603, and continuing decline under Saadi dynastic rule during 1627 to 1659. 

stanlane.jpgCaucasoid mtDNA sequences are at frequencies of 96% in Moroccan Berbers, 82% in Algerian Berbers and 78% in non-Berber Moroccans. The study of Esteban et al found that Moroccan Northern and Southern Berbers have only 3% to 1% Sub-Saharan mtDNA. Although difficult to define, since “Berber” is a Roman, not an indigenous term, the estimate for present day Morocco is 35% to 45% Berber, with the rest being Berber-Arab mixture. The primary point is that the Moroccan civilisation had ruling classes, whether pre-Islamic or Islamic, that remained predominantly Berber-Caucasian for most of its history, whether during its epochs of glory or of decline. Miscegenation does not account for the fall of the Moorish Civilisation. 

The High Culture of Moorish Spain (Andalusia) was brought to ruin and decay not by miscegenation between “superior” Spaniards” and “inferior” Moors but by the overthrow of the Moorish ruling caste. Friedrich Nietzsche had observed this culture denegation with the fall of Moorish Spain (Andalusia). Stanley Lane-Poole wrote of the history of decay:

“The land, deprived of the skilful irrigation of the Moors, grew impoverished and neglected; the richest and most fertile valleys languished and were deserted; most of the populous cities which had filled every district of Andalusia fell into ruinous decay; and beggars, friars, and bandits took the place of scholars, merchants, and knights. So low fell Spain when she had driven away the Moors. Such is the melancholy contrast offered by her history”.

Ibn Khaldun (1332-1406), a well-travelled sage, grappled with the same problems confronting Islamic Civilisation as those Spengler confronted in regard to The West. A celebrated scholar, political adviser, and jurist, Ibn Khaldun’s domain of influence extended over the whole Islamic world. His major theoretical work is Muqaddimah (1377), intended as a preface to his universal history, Kitabal-Ibar, where he sought to establish basic principles of history by which historians could understand events.  His theory is cyclic and morphological, based on “conditions within nations and races [which] change with the change of periods and the passage of time”. Like Evolahe was pessimistic as to what can be achieved by political action in the cycle of decline, writing that the “past resembles the future more than one drop of water another”.

Ibn Khaldun stated that history can be understood as a recurrence of similar patterns motivated by the drives of acquisition, group co-operation, and regal authority in the creation of a civilisation, followed by a cycle of decay. These primary drives become distorted and lead to the corrupting factors of luxury and domination, irresponsibility of authority and decline.

Like Spengler, in regard to the peasantry, Ibn Khaldun traces the beginning of culture to group or familial loyalty starting with the simple life of the rural - and desert – environments. The isolation and familial bonds lead to self-reliance, loyalty and leadership on the basis of mutual respect. Life is struggle, not luxury. According to Ibn Khaldun, when rulership becomes centralised and divorced from such kinship, free reign is given to luxury and ease.  Political alliances are bought and intrigued rather than being based on the initial bonds and loyalties. Corruption pervades as the requirements of luxury increase. The decadence starts from the top, among the ruling class, and extends downward until the founding ethos of the culture is discarded, or exists in name only.

timbre-citation-ibn-khaldoun_les-arabes.pngIbn Khaldun begins from the organic character of the noble family in describing the analogous nature of cultural rise and fall, caused by a falling away of the original creative ethos with each successive generation:

“The builder of the family’s glory knows what it cost him to do the work, and he keeps the qualities that created his glory and made it last. The son who comes after him had personal contact with his father and thus learned those things from him. However, he is inferior to him in this respect, inasmuch as a person who learns things through study is inferior to a person who knows them from practical application. The third generation must be content with imitation and, in particular, with reliance upon tradition. This member is inferior to him of the second generation, inasmuch as a person who relies upon tradition is inferior to a person who exercises judgment.

“The fourth generation, then, is inferior to the preceding ones in every respect. Its member has lost the qualities that preserved the edifice of its glory. He despises those qualities. He imagines that the edifice was not built through application and effort. He thinks that it was something due to his people from the very beginning by virtue of the mere fact of their descent, and not something that resulted from group effort and individual qualities. For he sees the great respect in which he is held by the people, but he does not know how that respect originated and what the reason for it was. He imagines it is due to his descent and nothing else. He keeps away from those in whose group feeling he shares, thinking that he is better than they”.

For Ibn Khaldun’s “generation” we might say with Spengler “cultural epoch”. Ibn Khaldun addresses the causes of this cultural etiolation, leading to the corrupting impact of materialism. Again, his analysis is remarkably similar to that of Spengler and the decay of the Classical civilisations:  

“When a tribe has achieved a certain measure of superiority with the help of its group feeling, it gains control over a corresponding amount of wealth and comes to share prosperity and abundance with those who have been in possession of these things. It shares in them to the degree of its power and usefulness to the ruling dynasty. If the ruling dynasty is so strong that no-one thinks of depriving it of its power or of sharing with it, the tribe in question submits to its rule and is satisfied with whatever share in the dynasty’s wealth and tax revenue it is permitted to enjoy. ... Members of the tribe are merely concerned with prosperity, gain and a life of abundance. (They are satisfied) to lead an easy, restful life in the shadow of the ruling dynasty, and to adopt royal habits in building and dress, a matter they stress and in which they take more and more pride, the more luxuries and plenty they acquire, as well as all the other things that go with luxury and plenty.

“As a result the toughness of desert life is lost. Group feeling and courage weaken. Members of the tribe revel in the well-being that God has given them. Their children and offspring grow up too proud to look after themselves or to attend to their own needs. They have disdain also for all the other things that are necessary in connection with group feeling.... Their group feeling and courage decrease in the next generations. Eventually group feeling is altogether destroyed. ... It will be swallowed up by other nations.

Ibn Khaldun refers to the “tribe” and “group feeling” where Spengler refers to nations, peoples, and races. The dominant culture becomes corrupted through its own success and its culture become static; its inward strength diminishes in proportion to its outward glamour. Hence, the Golden Age of Islam is over, as are those of Rome and Athens. New York, Paris, and London are in the analogous cultural epochs to those of Fez, Rome and Athens. The “world city” becomes the focus of a world civilisation that ends as cosmopolitan and far removed from its founding roots. Our present “world-cities’” – in particular, New York and The City of London - are the control centres of world politics, economics, and mass-culture by the fact of their also being the centres of banking. These world-cities are the prototypes for a world civilisation that continues to be called “Western”, under the leadership of the USA, a rotting centre like Fez and Rome.

The Muslim determination of what is “progress” and what is “decline” has a spiritual foundation:

“The progressiveness or backwardness of society at any given point of time is determinable in relative terms. It can be compared to other contemporary societies [like the Spenglerian method] or to its own state in the past. … for Muslim society although economic progress is not frowned upon, it is placed lower on the order of priorities as compared to other factors; e.g. the acquisition of knowledge or the provision of justice. There is also a tradition (Hadis) of the Holy Prophet that lists the symptoms of society that is in a pathological state of decline. These outward symptoms point to an underlying malaise in the society but can also provide a useful starting point for corrective actions for stopping or reversing the onset of decline”.  The high and low points of Muslim civilisation can be identified as those of a “Golden Age” or of an “Abyss”.

Comparable to the warnings of other sages, in an epoch of decline again there is an inversion of hierarchy, or more specifically here, of character, the Hadith stating that those in such a society would be corrupted, while others might resist within themselves:

“There will be soon a period of turmoil in which the one who sits will be better than one who stands and the one who stands will be better than one who walks and the one who walks will be better than one who runs. He who would watch them will be drawn by them. So he who finds a refuge or shelter against it should make it as his resort”.

Hebrew “Race”

A Traditionalist “race”, conscious of its nexus with the Divine as the basis of culture, endures regardless of contact with foreigners because of its inward strength. This allows it to accept foreigners not only without weakening the cultural organism but even strengthening it; because it accepts foreign input on its own terms. A Traditionalist “race” surviving over the course of millennia without succumbing to the cyclical laws of decay is the Jewish. They are the Traditionalist “race” par excellence. No better example can be had than this People that has maintained its nexus with its Divinity as the basis of cultural survival, whose religion is a race-founding and race-sustaining mythos. 

Phineas.jpgContrary to the beliefs of certain racial ideologues, including extreme Zionists and ultra-Orthodox Jews, this survival is not the result of bans on miscegenation. The Jewish law as embodied in the Torah, the first five books of the Old Testament, is based not on zoological race but on a race mythos. The Mosaic Law demands “race purity” in the Traditionalist sense; that of a community of belief in a heritage and a destiny. 

Bizarrely, some white racists have adopted the Torah commandments as being based on genetic purity, in their belief that whites are the true Israelites. For example the priest Phineas, at the time of Moses is held in esteem by such white supremacists because he speared an Israelite and a Midianite in the act of copulation. At this time apparently the Midianites were seducing Israel away from its God, towards Baal. A purge of Israel took place. However the chapter in its entirety makes plain this was a matter of religion, not miscegenation. The nexus between Israel and the Divine was being broken by the influence of “the daughters of Moab.” Israel’s Divinity is recorded as having threatened wrath because of “my insistence on exclusive devotion.” The Divine nexus was established for eternity with the line of Phineas because he had “not tolerated any rivalry towards his god”.  Moses himself had married the daughter of a Midianite priest, so the issue with the Midianites was clearly religious, and specifically that such foreign influences would break Israel’s nexus with the Divine that renders them a “special people”. Where marriages with Hittites, Amorites, Canaanites, et al are prohibited it is because this nexus would be subverted. However, in the same book Deuteronomy, where the Israelite war code is being established, when a city has been defeated the adult males are to be eliminated, and the women and children are to be taken to be grafted on to Israel. The commandments for this type of “scorched earth policy” were based on preventing foreigners from teaching Israel their religions. There are precise laws as to marrying a non-Israelitish captive woman, who after a month of mourning for the deaths of her family, will have the marriage consummated and thereby become part of Israel. 

Jeremiah (ca. 600 B.C.), son of the high priest Hilkiah, was one of the most significant voices against culture-decay, analogous to Ipuwer the Egyptian sage,  Titus Livius, and Cato the Censor, in Rome, and our own Spengler and Evola. He warned that Israel would prosper while the nexus with Tradition and ipso facto with the Divine was maintained; Israel would fall physically if it fell away morally from that Tradition. Jeremiah saw the destruction of the Temple of Solomon and the carrying into Babylonian captivity of Judah. As with the other Civilisations that have fallen, the first symptom had been a subversion of its founding religion. Interestingly, religious decay would be quickly proceeded by an invasion of foreigners, reminiscent of Ipuwer’s warning of Egypt’s invasion by “Asiatics”. Hence, Jeremiah warns that invasion is imminent as a punishment for Israel’s departure from the Traditional faith: “I will pronounce my judgments on my people because of their wickedness in forsaking me, in burning incense to other gods and in worshiping what their hands have made”. From their self-styled role as a Holy People, they had fallen from the oath of their forefathers, Jeremiah/YHWH admonishing: “The priests did not ask, ‘Where is the LORD?’ Those who deal with the law did not know me; the leaders rebelled against me. The prophets prophesied by Baal, following worthless idols. ‘Therefore I bring charges against you again,’ declares the LORD. ‘And I will bring charges against your children’s children’”. Jeremiah states that the priesthood has become corrupted, from whence the rot proceeds downward. “The prophets prophesy lies, the priests rule by their own authority, and my people love it this way. But what will you do in the end?” Specifically, all of Israel had become motivated by greed. The admonition was to stand at the “crossroads” as to what paths to follow, and choose “the ancient paths”. 

“From the least to the greatest, all are greedy for gain; prophets and priests alike, all practice deceit. They dress the wound of my people as though it were not serious. ‘Peace, peace,’ they say, when there is no peace. Are they ashamed of their detestable conduct? No, they have no shame at all; they do not even know how to blush. So they will fall among the fallen; they will be brought down when I punish them,” says the LORD. This is what the LORD says: “Stand at the crossroads and look; ask for the ancient paths, ask where the good way is, and walk in it, and you will find rest for your souls. But you said, ‘We will not walk in it’”.

Greed, or what we now call materialism, has been the common factor of the fall of Civilisations, referred to by sages and philosophers up to our own Spengler, Brooks Adams, and Evola. The other common factor, as we have seen, has been the corruption of religion and the priestly caste, the priests and the prophets being condemned by Jeremiah.

The perennial survival of the Israelites is based on their adherence to Tradition. Prophets such as Jeremiah are the Jews’ constant warning to stay true to their “ancient paths” or destruction will result. The Jews worldwide have had, when not a King over Israel, the focus of a coming King-Messiah, Jerusalem, the Ark of the Covenant, and the Temple of Solomon (including the plans to rebuild the Temple as another focus for the future) as their world axial points, and the Mosaic Law as a universal code of living across time and place.These axial points have formed and maintained the Jews as a metaphysical race. Whatever others might think of some of their laws and beliefs their maintenance of a Traditional nexus has allowed them to supersede the cyclic laws of decay perhaps like no other people, to overcome decline and be restored, while paradoxically being the carriers of cultural pathogens among other civilisations (Marxism, Freudianism). 

What the genetics of races shows, past and present, is that miscegenation has not been a cause for the collapse of civilisations. Perhaps dysgenics might cause such a collapse, but hitherto there seems scant evidence for it. By focusing to the point of ideological obsession and dogma on the assume causes of culture-death being that of miscegenation, the actual causes are overlooked. Perhaps civilisation, theoretically, might die through dysgenics, whether racial or otherwise, but it seems that before such a dysgenic process has ever taken place the morphological laws of organic life and death have intervened as witnessed by those such as Livy, Cato, Ibn Khaldun, and in our time Spengler, Evola and Brooks Adams.

Figures du Waldgänger

mystiques-et-enchanteresses1.jpg

Figures du Waldgänger

par Jean Pascal

Ex: http://www.lerecoursauxforets.org

Waldgänger est le terme qu’utilise Jünger dans le Traité du Rebelle ; le Waldgänger, en Allemand, est "celui qui a recours aux forêts". Pour Jünger il s’agit d’une "figure", d’une sorte d’"homme schématique". Ce n’est pas un anarchiste, ni un militant, ni un rebelle, ni un résistant non plus. Le terme revient, avec celui d’Anarque, dans beaucoup de ses livres, dont un roman sur le Waldgänger même, intitulé Eumeswil, ou dans ses Entretiens. Michel Onfray l’évoque dans La Sculpture de Soi.

Cette page tente de définir la position du Waldgänger, multiple et difficile à encadrer : il s’agit d’avoir la possibilité de dégager mais sans fuir, de se retirer du jeu tout en l’observant, de ne plus jouer, de ne plus y croire (tout en augmentant sa lucidité), de rester sur place mais en démissionnant intérieurement, se replier. Toutes les gradations existent, de la prise de conscience de l’humour de sa situation à l’exil intérieur complet. C’est en tout cas difficile à cartographier ! C’est en lisant un ouvrage de Pascal Bruckner que j’ai compris que l’on pouvait définir ce "territoire" en l’encadrant, en le construisant par rapport à ce qu’il n’est pas. Avez-vous remarqué comme tout ce vocabulaire est TOPOLOGIQUE ?...

L’expression "le recours aux forêts" est en elle-même très instructive. D’abord, il s’agit d’un "recours", c’est à dire un choix, une décision. La forêt est un lieu où l’on se cache, où l’on est invisible et forcément autonome. Mais il ne s’agit pas d’un exil, d’une disparition ; le recours aux forêts signifie qu’on peut surgir à nouveau, n’importe quand.

DEFINITIONS - LES VISAGES MULTIPLES DU WALDGÄNGER

Le Waldgänger n’est aucune des "figures" de cette liste, mais il emprunte à chacun :

L’Otaku est un terme japonais qui désigne les gens qui ne sortent plus du tout de chez eux, vivent reclus, reliés au monde grâce à Internet. Ils sont en général jeunes et passionnés par un domaine précis. Il existe un documentaire incroyable sur ce thème, réalisé par J.-J. Beinex. Mon personnage n’est pas un Otaku, mais il en a capté les avantages actuels : recherche du calme et de l’isolement, utilisation des ordinateurs et d’Internet comme "outils", qui préfère le mail au téléphone, se fait livrer ses courses plutôt qu’aller faire la queue dans les magasins. Les sociologues appellent ça "phobie sociale" mais il s’avère que c’est une forme possible de protection. Se protéger contre quoi ? Contre la publicité généralisée, le bruit, les voitures, la pollution ou la musique d’ambiance... L’Otaku, sorte d’"ermite urbain", est intéressant car il prend la décision de se protéger de la folie de la cité tout en restant dans la cité.

L’Ermite, selon la définition, "vit dans la solitude", avec un sous-entendu, sans doute : qui le souhaite (pour réfléchir, ou éviter les humains ?). Il ne s’agit pas ici d’aller vivre dans une grotte, mais peut-être de se permettre des moments à soi. Il s’agit de se protéger aussi (des humains turbulents ou importuns, du bruit, des multiples excitations dont parle Nietzsche, qui nous font ressembler à des cobayes électrique, et empêchent la pensée de s’étirer et de bourgeonner). Se retirer, en somme... mais certainement (enfin, c’est ce qui m’intéresse ici) pour mieux comprendre les choses, afin, ensuite, de replonger dans le monde. Le Waldgänger est peut-être un ermite DE TEMPS EN TEMPS...

femme-en-foret-800x533_large_rwd.jpg

Dans plusieurs de ses livres, Pascal Bruckner évoque, lui, la figure du déserteur ; il s’agit peut-être d’observer le jeu mais de ne pas le jouer, faire un pas de côté, de se mettre en position oblique, joueuse, libre, responsable, et aussi, de façon assez nette, de se permettre AUSSI de rentrer dans le jeu si c’est nécessaire. On est dans une démarche de l’individu autonome, qui sait que le monde est complexe. Peut-être se retire-t-il pour en tracer les cartes ? Refuser de jouer tout en restant pas loin, cultiver sa lucidité, et peut-être une forme de désinvolture.

L’Autonome (quel mot étrange, non ?) m’intéresse pour plusieurs raisons. D’abord parce qu’il fonde son action sur une sorte d’éthique personnelle (l’Autonome, par exemple, ne se situe pas dans une minorité, même pour en tirer un quelconque avantage). Ensuite, il refuse de rester sans cesse à la surface de l’actualité, de la nouveauté, ce que j’appelle la "culture à réaction". Il ne s’agit pas, comme souvent, de réagir à ce que proposent les médias, le Spectacle, mais de chercher hors de cette surface, dans la profondeur. Une conséquence possible de l’Autonomie est la solitude, on y revient toujours : si à l’époque de la techno, vous faites de la techno, tout va bien, mais si à l’époque de la techno vous explorez l’utilisation du hautbois dans la musique hongroise du XIXème siècle, vous êtes tout seul !

Le Freineur Individuel, je n’ai rien trouvé de mieux pour l’appeler : l’action sur le monde n’est pas politique ou militante, c’est une stratégie individuelle qui exprime l’idée que, par exemple, si le train est fou, inutile d’aller manifester sur le toit avec les autres : il faut freiner soi-même, avec ses propres moyens. En somme : changer le monde par la somme de petites actions individuelles, responsables, plutôt que par des grandes idées, des grands projets, de grandes actions ou explications. Le Waldgänger n’est certainement pas un rebelle, ni un "freineur", en tout cas pas forcément. Position déconsidérée, ou automatiquement qualifiée de "lâche" par la société, observer sans agir, sans conclure, peut suffire au Waldgänger. Une des formes du quiétisme...

La "Figure" de L’Observateur est intéressante, parce que celui-ci ne FUIT PAS LA BATAILLE, il la scrute. L’observateur reste là où se situent les événements, mais est conscient d’avoir une position esthétique différente. Il peut d’ailleurs participer tout en observant, ou se mettre juste un peu à l’écart. Le positionnement en observateur implique une volonté de compréhension, pas de fuite. L’idée, aussi, est de n’être pas dupe. Le terme revient pour une des catégories des ennéagrammes.

La "Figure" du Promeneur prend de multiples formes, et est assez précise. Le paresseux, celui qui fait la sieste, qui se promène... Figure qu’on retrouve dans de très nombreux livres, de l’éloge de la paresse ou de la lenteur aux carnets de promeneurs. Mais on peut très bien être habité par cette "Figure" au milieu d’une réunion de bureau. Une sorte de regard déposé et surtout pas cynique, ou ricanant. Etre là sans l’être. Une des caractéristique du Waldgänger est que son recours aux forêts peut être utilisé partout. Il n’est probablement jamais "à fond", il observe, décode, s’amuse, mais n’en montre rien...

Le Touriste décodeur, le touriste qui observe, se renseigne, essaie de comprendre, relie, tisse des liens de sens, le touriste actif, quoi ! Ce type précis de touriste (l’exemple m’est donné par le livre extraordinaire de Giono Voyage en Italie ou les journaux de la fin de la vie de Jünger Soixante Dix s’Efface) déambule librement, choisit en permanence ce qu’il veut voir ou ne pas voir, etc etc (il faudrait approfondir cette "attitude"). Le Waldgänger possède cet état d’esprit en permanence, il est celui qui est là, qui observe, même : se régale, veut comprendre TOUT EN N’ETANT PAS DU COIN. Il ne fait pas partie du jeu ("la vie des gens qui habitent là"). Il est l’étranger, celui qui visite en sympathie. Mais il n’est pas du coin...

Le Waldgänger emprunte quelques traits au résistant. Il ne clame pas partout qu’il l’est, il se cache.

fffff.jpg

Et la Pataphysique ? Je suis le premier étonné. Voici un extrait de Clefs pour la Pataphysique de Guy Launoir (disponibilité inconnue) : " La Pataphysique est, d’allure, imperturbable. (...) La vie, c’est entendu, est absurde, mais c’est parfaitement banal, et il est grotesque de la prendre au sérieux. Surtout pour s’en indigner ou l’attaquer. Le comique est un sérieux qui s’excuse par la bouffonnerie, le sérieux pris au sérieux est inexorablement bouffon. C’est pourquoi le pataphysicien reste attentif et imperturbable (Imperturbabilité n’est pas une traduction noble de froideur. Le Pataphysicien se sent personnellement intéressé, - non par l’"engagement" de celui qui cherche à créer des valeurs humaines - mais à la manière de l’enfant regardant dans un kaléidoscope ou de l’astronome étudiant ses galaxies). Cette imperturbabilité lui confère l’anonymat et la possibilité de goûter l’entière profusion pataphysique de l’existence. "

Toutes ces "figures" ont recours aux forêts, d’une façon ou d’une autre. Le "champ de force" du Waldgänger peut s’appliquer à de nombreuses circonstances. D’autres domaines sont à explorer, comme le "quiétisme", ou un des axes de vie des personnages de Huysmans (Des Esseintes, que fait-il ? Voir aussi la préface de En Rade, qui joue avec cette topologie). Il faut s’intéresser à la vie de Glenn Gould, fasciné lui par l’idée du "Nord", et qui a cessé toute représentation en concert assez tôt dans sa carrière. Celle de Rimbaud (qui d’un seul coup ne joue plus, et part en Afrique sans plus jamais écrire de poème). J’ai retrouvé cet "axe" chez... Dilbert, la célèbre BD d’un cadre informatique qui reste à son poste mais n’y croit plus du tout, jouant le jeu sans le jouer jamais vraiment. Chez Thomas Bernhard et ses fleuves de colère rentrée (en particulier dans son roman Des Arbres à Abattre). Peut-être chez Kafka, Lovecraft, ou Szentkuthy. A l’extrême, chez Houellebecq, qui enlève quasiment toute transcendance à la vie contemporaine, ne décrivant plus que le fonctionnement (attitude qui peut conduire à une forme de folie, voir l’adaptation au cinéma terrifiante d’Extension du Domaine de la Lutte). J’ai retrouvé cette idée dans le film (et la BD de Clowes) Ghost World, où plus rien ne semble avoir de sens. Chez Debord, dans son pilonnage froid du "spectacle", dans les Journaux de Jünger, âme cultivée dans un monde en phase d’écroulement, dans Cioran bien sûr, multiple, désespéré et drôle, chez Schopenhauer et Nietzsche, évidemment. Cette attitude oblique se retrouve dans quelques essais de Pascal Bruckner. Chez les philosophes Stoïciens, dans le "non-agir" du Tao et de Lao Tseu, chez Laborit pour le côté positif de la "fuite", dans quelques idées des anarchistes et libertaires (hors du domaine velléitaire). Ils sont DANS le monde, l’explorent dans tous les sens, mais en même temps en sont retirés, et à leur contact, le monde est comme démonté...

Tous ces domaines et écrivains sont bien différents. Le recours aux forêts n’est ni une doctrine ou un schéma de vie, c’est comme un "champ de force", qui peut s’appliquer de mille façons et dans bien des circonstances...

EXEMPLES PRATIQUES :

Le piéton, au siècle des voitures, est un Waldgänger, il est dans son propre monde, apprécie probablement sa lenteur. Il est seul, se glisse, il ne joue pas le jeu habituel (aller vite, être à l’abri des intempéries). Celui qui n’a pas la télévision est un Waldgänger. Sa propre forêt est probablement sa bibliothèque, et les conversations à deux. Il est autonome (consulte ce qu’il veut quand il veut), il se protège (de l’agitation télévisuelle, de la publicité omniprésente, de la bêtise en torrents), il ne joue pas le jeu social du lendemain ("tu as vu à la télé ?"), et il est discret (comment mesurer l’audimat de celui qui n’a pas la télé ?). Celui qui n’a pas de téléphone portable est un Waldgänger. Sa forêt est contenue dans le fait qu’on ne peut parfois pas le trouver, ni lui parler. Il refuse qu’on puisse le sonner dans la rue. Il est autonome, sans "fil". Celui qui s’intéresse à autre chose que ce qui est nouveau, c’est-à-dire dont la culture est indépendante des médias et du Spectacle, est un Waldgänger. Il lit Montherlant pendant la "rentrée littéraire", écoute Bartok à la sortie du nouveau Björk, est au cycle Ozu à la cinémathèque pendant Star Academy. Le frugal est un éminent Waldgänger. Il n’a pas d’ambition professionnelle (ce qui lui évite épuisement, stress, perte de temps), n’est pas rassasié par le jeu de la consommation de loisir, modère donc ses désirs d’achat (et par exemple, se protège de l’envahissement publicitaire), achète d’occasion et... ne possède pas d’actions !

Ces exemples sont significatifs : le Waldgänger "retranche" quelque chose, il existe par ce qu’il n’a pas, il existe par son refus (tranquille, possiblement amusé) de ne pas jouer le jeu.

L’amoureux, ou la femme enceinte, sont des Waldgängers. La communauté humaine, son agitation et ses motivations leur parviennent comme à travers un filtre bizarre. Ils sont dans leur propre monde (la forêt, donc, même si ici on n’y a pas au forcément "recours").

promenade-manteau-neigeux-rhenanie-palatinat-foret-de-coniferes.jpg

CE QUE N’EST PAS LE WALDGÄNGER :

Le Waldgänger n’est pas un rebelle (il est discret), ni un militant (il ne veut rien changer, sauf lui-même), ni un révolté (il n’est ni pour, ni contre, mais "à côté du débat") ; il n’est pas romantique (mais plutôt lucide, joueur, désenchanté) ; si c’est un artiste, il n’est pas "exposé" (le Waldgänger ne joue pas le jeu du Spectacle, de la représentation) ; ce n’est pas un ermite (il reste dans la communauté des hommes). Il est aisé de trouver du Waldgänger partout !

POURQUOI - COMMENT ? LES MOTIVATIONS DU WALDGÄNGER

L’attitude Waldgänger est peut-être innée ou acquise. C’est une formulation un peu schématique, mais il est sans doute vrai que certaines personnes sont et ont toujours été tentées par la "chose philosophique", comme dirait Thomas Bernhard, des toujours plus ou moins retirés du jeu, qui ont tendance à observer le chaos plutôt qu’ à y participer. Dans les Ennéagrammes, une des figures est l’Observateur.

Le recours aux forêts peut être utilisé dans de multiples circonstances. Si c’est la "société", qui devient écrasante, il est relativement facile de refuser d’en jouer le jeu. On sort du jeu, on part dans la forêt. Mais la forêt est proche de la communauté humaine : il est possible de revenir rapidement dans le jeu.

Le Waldgänger est libre, mais personne ne le sait. Il n’a aucune envie d’être remarqué.

Il est de même presque évident que l’on attrape cette sorte de maladie avec la maturité, et donc avec l’âge. L’envie de se "retirer de la ligne du front", comme le dit Michel Polac quelque part dans son Journal, devient de plus en plus forte.

Il me semble (toutes ces propositions sont des pistes à creuser), que cette attitude peut SURGIR et que l’on change du tout au tout en quelques jours, suite à un événement grave, une maladie, un accident, un déclic, en somme. "D’un seul coup le rideau est tombé et je n’y crois plus". A l’inverse, elle peut être très progressive, un glissement.

Pour terminer, je pense que cela peut arriver après ce que j’appellerais une "surcharge par accumulation", c’est-à-dire, chez ceux dont la profession est liée au grand cirque de l’invention de la réalité : journalistes, mode, chanteurs, financiers etc... A force de voir les choses "en train de se faire", la FOI s’effrite, s’érode, et d’un seul coup tout s’écroule...

antichrist-8.jpg

BIBLIO DANS LE DESORDRE

Collection Autrement (Mutations) : Etre Indifférent ? (La Tentation du Détachement).

Thomas Bernhard : Des Arbres à Abattre - Une irritation (hilarante et furieuse démolition d’un "dîner artistique" par un narrateur assis dans un fauteuil). Le Naufragé, l’histoire d’un repli (un pianiste, effaré par le génie d’un collègue, décide d’abandonner le piano, et d’observer un troisième acolyte, qui lui se met à sombrer).

Ernst Jünger : Traité du Rebelle (essai sur les différentes formes du Waldgänger), Eumeswil (roman sur ce thème précis), Sur les Falaises de Marbre (un roman-fable magnifique). Lire aussi les quatre tomes des Journaux de Guerre (Jardins et Routes, La Cabane dans la Vigne, Premier Journal Parisien, Second Journal Parisien). Jünger est alors officier de la Wermacht en France occupée…

Guy Debord (par exemple : Commentaires sur la Société du Spectacle).

Nietzsche : Œuvres (Flammarion) & La Volonté de Puissance.

Grenier : L’esprit du Tao.

Gombrowicz : Journal, et Ferdydurke ("une galerie de "poses" démolies par l’auteur qui montre à ce jeu de massacre une habileté hors pair. Aux "formes" qui figent les esprits, Gombrowicz applique une sorte de "doute hyperbolique" auquel rien ne résiste : ne demeurent que le jeu et les têtes coupées" (extrait du Livre des livres du XXe Siècle).

Houellebecq : Extension du Domaine de la Lutte, et "Approche et désarroi" et "La Fête", dans Rester Vivant et autres textes ("Chaque individu est en mesure de produire en lui-même une sorte de révolution froide, en se plaçant pour un instant en dehors du flux informatif-publicitaire. C’est très facile à faire ; il n’a même jamais été aussi simple qu’aujourd’hui de se placer, par rapport au monde, dans une position esthétique : il suffit de faire un pas de côté. Et ce pas lui-même, en dernière instance, est inutile. Il suffit de marquer un temps d’arrêt ; d’éteindre la radio, de débrancher la télévision ; de ne plus rien acheter, de ne plus rien désirer acheter. Il suffit de ne plus participer, de ne plus savoir ; de suspendre temporairement tout activité mentale. Il suffit, littéralement, de s’immobiliser quelques secondes").

Gilles Châtelet : Vivre et Penser comme des Porcs, écrit vraisemblablement sur le coup d’une gigantesque colère. Un vrai déluge d’artillerie.

Henri Laborit : Eloge de la Fuite.

Michel Schneider : Glenn Gould Piano Solo. On peut aussi feuilleter les livres de Gould lui-même...

Roland Jaccard : Le Cimetière de la Morale (Livre de Poche Biblio), un tout petit livre qui fait le portrait des grands pessimistes et des "retirés", de Schopenhauer à Leopardi, de Cioran à Bierce (voir son Dictionnaire du Diable) ou Fritz Zorn (Mars !).

Il faut connaître le réjouissant Du Trop de Réalité d’Annie Le Brun. Ce livre est un pilonnage systématique et méthodique de la société occidentale actuelle. Un vrai saccage, un vrai barrage d’artillerie. Passionnant malgré deux étranges lubies de l’auteur : l’importance donnée au pouvoir de la poésie (la poésie est capitale, mais ne me semble avoir que peu de "pouvoir opératoire"), et la gigantesque allergie aux ordinateurs (pourquoi combattre des outils ?).

Intéressantes page sur l’Anarque dans le livre de Michel Onfray, La Sculpture de Soi.

Quelques douceurs, avec Le Voyage en Italie de Jean Giono, ou comment faire le touriste sans le faire, ou Eloge du Repos, de Paul Morand...

Autres désacralisateurs : Vaneighem (hilarant, féroce : indispensable), Pascal Bruckner (tous ses essais sont passionnants par leur "position"), Cioran, Schopenhauer, le Journal de M. Polac et, en BD, Dilbert, bien sûr...

CITATIONS EN VRAC :

"Je ne sais pas quelle serait la bonne proportion, mais j’ai toujours eu une sorte d’intuition selon laquelle pour chaque heure passée en compagnie d’un autre être humain, on a besoin d’x heures seul."

Glenn Gould

"Aujourd’hui on ne peut pas travailler en société (...) ; il faut le faire dans la solitude, comme un homme qui ouvre une brèche dans la forêt vierge, soutenu par l’unique espoir que, quelque part, dans les fourrés d’autres travaillent à la même oeuvre."

Ernst Jünger (Le Coeur Aventureux)

"HIDE UNDERWATER OR ANYWHERE SO UNDISTURBED YOU FEEL THE JERK OF PLEASURE WHEN AN IDEA COMES."

Jenny Holzer

"Dans mon enfance, il me fallait, pour jouir de moi-même, me retirer dans des coins difficiles à découvrir. Aujourd’hui, j’y parviens partout."

Ernst Jünger (Eumeswil)

"Si la société devient insupportable, alors je deviens Waldgänger ; et je peux l’être aussi naturellement dans un gratte-ciel."

Ernst Jünger

"J’avais inventé une forme de désintérêt qui ne me reliait à la réalité, comme une araignée, que par un fil invisible."

Ernst Jünger

"L’Anarque qui, au lieu de s’opposer brutalement à un pouvoir qui risque de l’écraser, se met en marge de lui par un semblant d’acceptation qui lui assure sa liberté intérieure."

Ernst Jünger

"Tout à coup, il m’est devenu indifférent de ne pas être moderne."

Roland Barthes (cité par Houellebecq Extension du Domaine de la Lutte)

"Personne ne sait mon nom, et personne ne connaît ce refuge."

Ernst Jünger

"Je fais tout très lentement. J’aime ça. Si on se bouscule pour quoi que ce soit, je m’en vais, quitte à ne pas attraper ce que les autres attrapent. Si on me dit, les yeux exorbités, il faut absolument visiter ça, il y a de grandes chances pour que j’aille faire la sieste avec un roman policier. "

Jean Giono (Voyage en Italie)

"Dire oui, toujours et à tout le monde, et n’en faire qu’à sa tête. "

François Truffaut

"Il existe sans doute au coeur de Manhattan des gens qui se débrouillent pour mener une existence aussi indépendante et érémitique que le prospecteur errant à travers la toundra recouverte de lichen que A. Y. Jackson aimait tant à peindre au nord du lac de la Grande Ourse. Tout est donc probablement question d’attitude."

Glenn Gould (Contrepoint à la ligne)

"Une sortie volontaire du cercle, du milieu ; une mise à l’écart, loin de la tyrannie des excitations qui nous condamne à ne dépenser nos forces qu’en réactions et qui ne permet plus à celles-ci de s’accumuler jusqu’à une activité spontanée."

Nietzsche (La Volonté de Puissance)

"Un instant, un éclair, tu n’es plus dans le coup... Tout à coup tu vois le fonctionnement autour de toi."

Barjavel (La Faim du Tigre)

"Observer sans conclure."

Krishnamurti

"Il faut pratiquer un subtil travail non d’opposition, mais de différenciation, à l’intérieur duquel on s’installe, observateur et songeur, méditatif et distrait. Abri fantasmatique, sorte de tente invisible aux autres et qui se monte et se démonte en un souffle."

Chantal Thomas (Comment supporter sa liberté)

"Mettez-vous plutôt à l’écart ! Fuyez vous cacher ! Et ayez vos masques, de sorte qu’on vous confonde avec d’autres ! Et n’oubliez pas le jardin, le jardin au grillage doré ! Faites le choix de la bonne solitude. La solitude libre, malicieuse, légère, celle qui vous donne même le droit de demeurer bons en quelque manière !"

Nietzsche (Par delà bien et mal)

"Comme je n’ai pas réussi à rendre les hommes plus raisonnables, j’ai préféré être heureux loin d’eux. "

Voltaire

"Donc celui-là a remis un bras, l’autre une jambe, l’autre une oreille, l’autre un dos et celui-ci un oeil. Et toi ? Qu’est-ce que tu vas remettre ? Ton âme ? Non, lui dis-je, vous n’aurez pas mon âme."

V. Chalamov

Un extrait du dernier livre de P. Bruckner : Misère de la Prospérité. Un exemple caractéristique de l’attitude Waldgänger : "...c’est la désaffection, cette lassitude ponctuelle qui monte de nos sociétés (et touche jusqu’aux décideurs, investisseurs, banquiers) face à la surproduction insensée, la camelote entassée dans les vitrines, le mercantilisme nauséeux, l’ébriété publicitaire ; c’est le salutaire "à quoi bon ?" de ceux qui ne comprennent plus le sens de ces pseudo-richesses. (...) Ce qui s’installe tout doucement, c’est moins un idéal de révolution que de détournement. Etre "anticapitaliste", c’est d’abord cesser d’être obsédé par le capitalisme, c’est penser à autre chose. Plutôt que d’être contre, pourquoi ne pas être à côté, se dérober ? L’on déserte en déplaçant les signes du luxe, du moins à titre individuel : le temps libre plutôt que les gros salaires, la méditation plutôt que la frénésie, la vie de l’esprit plutôt que la fièvre commerciale, les petites sociétés à la place du grand monde, la réclusion avec des amis plutôt que la solitude dans la foule. Bref, le retrait savamment dosé, une contradiction lucidement acceptée : des niches de beauté, de silence, de culture, une subtile schizophrénie qui permet d’être dedans et dehors, de se déprendre sans s’éloigner, un exil intérieur."

00:05 Publié dans Ecologie, Philosophie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : écologie, philosophie, nature, forêt, waldgänger | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Elections régionales de Berlin: la chute de la maison CDU

berlinwahl.jpg

Elections régionales de Berlin: la chute de la maison CDU

par Thomas Ferrier

Ex: http://thomasferrier.hautetfort.com

Selon les données de 19h46 (en France), les élections régionales de Berlin confirment les craintes de la chancelière Angela Merkel même si l’AFD n’a pas obtenu le résultat espéré.

Avec 23,2% des voix, la SPD recule de près de cinq points et paie ainsi le prix de sa grande coalition nationale avec la CDU. Même si elle reste le premier parti du Land, elle est sévèrement remise à sa place. La CDU avec 17,9% des voix perd aussi plus de cinq points (-5.4) et n’est pas en meilleure situation. Les deux partis fondamentaux du système allemand à Berlin sont donc seulement aux alentours de 40%. La sanction est dure.

Avec 16,7% des voix, les Verts (Grünen) sont troisième avec 16,7% des voix. Ils ne perdent qu’un point environ. Ce n’est pas un grand succès pour eux, même s’ils évitent de perdre des voix, dans un contexte migratoire où leur laxisme légendaire aurait pu leur jouer des tours. Die Linke avec 16,2% progresse de 4,5 points ce qui est considérable. Les voix perdues par la SPD se sont massivement reportés en faveur du mouvement issu de l’ancien SED d’Allemagne de l’Est.

Les libéraux (FDP) avec 6,5% des voix auront également des élus, progressant de 4,7 points au détriment de la CDU. Ils remontent péniblement la pente.

L’AFD de Frauke Petry, avec 11,8% des voix, réussit une belle performance et s’impose au moins comme la 5ème force de la capitale. Quand on compare le vote AFD à Berlin avec le vote FN à Paris intra muros, on peut considérer le résultat de l’AFD, qui avait été victime ces dernières semaines d’une campagne diabolisatrice très dure, comme un succès majeur. Les autres formations politiques sont réduites aux Pirates (1,7% , -7,2) qui s’effondrent littéralement, notamment en faveur de l’AFD, et aux autres listes autour de 6% des voix.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

PS: à 20:57, les résultats provisoires sont un peu différents. 21,5% pour la SPD, 17,6% pour la CDU, 15,7% pour Die Linke, 15,2% pour les Verts, 14,1% pour l'AFD (ce qui est un bien meilleur score), 6,7% pour le FDP et sans doute 0,8% pour la NPD (non confirmé).

berlin elections afd.jpg

Western Media Credibility In Free Fall Collapse

media-share.jpg

Western Media Credibility In Free Fall Collapse

Paul Craig Roberts

Ex: http://www.paulcraigroberts.org

The latest from the Gallup Poll is that only 32% of Amerians trust the print and TV media to tell the truth. http://www.gallup.com/poll/195542/americans-trust-mass-media-sinks-new-low.aspx
Republicans, 18 to 49 year old Americans, and independents trust the media even less, with trust rates of 14%, 26%, and 30%.

The only group that can produce a majority that still trusts the media are Democrats with a 51% trust rate in print and TV reporting. The next highest trust rate is Americans over 50 years of age with a trust rate of 38 percent.

The conclusion is that old people who are Democrats are the only remaining group that barely trusts the media. This mistaken trust is due to their enculturation. For older Democrats belief in government takes the place of Republican belief in evangelical Christianity. Older Democrats are firm believers that it was government under the leadership of President Franklin D. Roosevelt that saved America from the Great Depression. As the print and TV media in the 21st century are firmly aligned with the government, the trust in government spills over into trust of the media that is serving the government. As the generation of Democrats enculturated with this mythology die off, Democratic trust rates will plummet toward Republican levels.

It is not difficult to see why trust in the media has collapsed. The corrupt Clinton regime, which we might be on the verge of repeating, allowed a somewhat diverse and independent media to be 90% acquired by six mega-corporations. The result was the disappearance of independence in reporting and opinion.

The constraints that corporate ownership and drive for profits put on journalistic freedom and resources reduced reporting to regurgitations of government and corporate press releases, always the cheapest and uncontroversial way to report.

With journalistic families driven out of journalism by estate taxes, the few remaining newspapers become acquisitions like a trophy wife or a collector Ferrari. Jeff Bezos, CEO and founder of amazon.com, handed over $250 million in cash for the Washington Post. Jeff might be a whiz in e-commerce, but when it comes to journalism he could just as well be named Jeff Bozo.

On September 12, Washington Post reporter Cindy Boren dropped the Washington Post below the level of the supermarket tabloid, National Enquirer. One must wonder where her editor was. Drunk perhaps? The Washington Post actually reported that a Nigerian MD, Bennet Omalu, “whose credentials and tenacity are well known,” has concluded that Hillary Clinton’s obvious medical problems could be due to her being poisoned by a Putin-Trump conspiracy.
https://www.washingtonpost.com/news/early-lead/wp/2016/09/12/the-man-who-discovered-cte-thinks-hillary-clinton-may-have-been-poisoned/

One could possibly conclude that Cindy Boren and her Washington Post editor were having fun with Omalu, except that the article repeated the unfounded allegation that circumstantial evidence according to a UK inquiry associates Putin with the poisoning death of Litvinenko.

In other words, first Litvinenko, now Hillary.

If circumstantial evidence is to be the Washington Post’s guide, then clearly that evidence suggests that the neoconservatives, well-ensconced in high government positions and desperate for a New Pearl Harbor in order to launch their wars of hegemony in the Middle East, are responsible for 9/11.

Yet the Washington Post has a full-time reporter whose job is to disparage conspiracy theories while the Washington Post itself launches the conspiracy theory of the century: Putin And Trump Conspiracy Poisons US Democratic Candidate for President. http://www.strategic-culture.org/news/2016/09/15/washington-post-grasps-crazy-conspiracy-theory-support-hillary-clinton.html

If intelligence, or perhaps simply sufficient time in Americans’ lives to investigate the news, were not in such short supply, possibly Americans would reflect on what the benefit is of being driven by Washington into conflict with Russia and China.

It most certainly will not be victory in war, as we all will be dead.

Dr. Paul Craig Roberts 
was Assistant Secretary of the Treasury for Economic Policy and associate editor of the Wall Street Journal. He was columnist for Business Week, Scripps Howard News Service, and Creators Syndicate. He has had many university appointments. His internet columns have attracted a worldwide following. Roberts' latest books are The Failure of Laissez Faire Capitalism and Economic Dissolution of the West, How America Was Lost, and The Neoconservative Threat to World Order.

lundi, 19 septembre 2016

Michel Onfray : «Les médias de masse ont intérêt à cultiver l'imbécillité»

onfray-611x330.jpgMichel Onfray : «Les médias de masse ont intérêt à cultiver l'imbécillité»

Par Alexandre Devecchio

Ex: http://www.lefigaro.fr

FIGAROVOX/GRAND ENTRETIEN - Alors qu'il lance sa propre Web TV en lien avec l'Université populaire de Caen, le philosophe Michel Onfray dresse un réquisitoire sans concession contre des médias devenus symboles de la défaite de la pensée.


Michel Onfray est philosophe. Après le 21 avril 2002, il fonde l'Université Populaire de Caen. En 2016, il publie Penser l'Islam(éd. Grasset) et Le Miroir aux alouettes. Principes d'athéisme social(éd. Plon).


FIGAROVOX. - Vous venez de lancer votre web TV. Pourquoi avoir créé ce nouveau média? À qui s'adresse-t-il?

Michel ONFRAY. - Pour disposer de temps afin de développer des argumentations et des démonstrations, ce qui est impossible dans un média dans lequel le temps c'est de l'argent. Et souvent: beaucoup d'argent… Dès lors, dans un média classique, ce qui est visé est moins l'information, vraie ou fausse d'ailleurs, que le spectacle susceptible de créer le buzz. Autrement dit, il faut obtenir le maximum de consommateurs devant leur écran à l'heure où le clystère publicitaire se trouve infligé. Or on n'obtient pas un public massif avec de l'argumentation ou de la démonstration, mais avec de la grossièreté ou du dérapage, de l'insulte ou de la haine, du mépris ou de la boxe. Quand jadis Paul Amar apportait sur un plateau une paire de gants de boxe, il montrait ce qu'étaient vraiment les choses. On l'a d'ailleurs congédié pour avoir dénudé le roi. Il faut désormais cogner, en dessous de la ceinture si l'on veut, pour obtenir le vacillement ou le k.-o. de l'adversaire. Ce média que j'initie avec mes amis s'adresse à tous ceux qui veulent prendre le temps d'entendre des arguments sur les questions d'actualité afin de se faire un avis par eux-mêmes, mais aussi sur mille autres sujets qui constituent les séminaires de l'UP.

Quels seront les principaux programmes? L'esprit de cette télé sera-t-il proche de celui de l'université populaire de Caen?

MO-1.jpgC'est d'abord le média de l'université populaire. J'ai souhaité reporter le lancement de ce média de juin à septembre parce que les interventions de mes amis de l'UP n'étaient pas prêtes à être mises en ligne. J'ai préféré commencer plus tard, avec ma trentaine d'amis, plutôt que très vite, avec moi seul. Je souhaite par la suite créer des rubriques autonomes pour mes amis qui souhaiteraient s'exprimer aussi. Nous commençons de façon expérimentale. Il n'existe aucune WebTV de ce type à cette heure me dit-on.

Ce projet s'inscrit-il en réaction au système médiatique actuel? Celui-ci est-il trop uniforme?

Oui, bien sûr. Le système médiatique est aujourd'hui digne des systèmes les plus idéologiquement intolérants. Tout le monde peut-être invité (encore que: Patrick Cohen a franchement parlé un jour d'une liste noire de gens à ne pas inviter sur le service public…), mais il y aura au moins deux traitements: le premier qui est celui du tapis rouge réservé aux tenants de l'idéologie dominante ( en un mot, les partisans du libéralisme d'État et de l'Europe transnationale) le second est celui du punching-ball réservé à ceux qui ne communient pas dans cette religion étatique et dont le temps de parole sera entièrement consacré à se justifier de ne pas faire le jeu du FN, de ne pas rouler pour Marine Le Pen, de ne pas penser comme Éric Zemmour ou Robert Ménard, de ne pas être antisémite ou islamophobe… Ainsi, on a annoncé sur France Culture que «Michel Onfray lançait son web média… comme Soral et Dieudonné». Ce qui renseigne sur le degré de perfidie … du service public!

Vous avez déclaré souhaiter «reprendre en main de façon libertaire et non libérale l'information». Qu'entendez-vous par là? Les médias véhiculent-ils une idéologie dominante?

MO-2.jpgOui, bien sûr. Du moins les médias de masse et la totalité du service public qui est franchement à la botte du pouvoir d'État. Depuis que Mitterrand a abandonné le socialisme au profit du libéralisme en 1983 puis le pacifisme au profit du bellicisme en 1991, l'idéologie dominante ne sépare plus la droite de la gauche, mais les libéraux d'État de droite et de gauche (Sarkozy, Juppé, Le Maire, NKM et Hollande, Valls, Macron) et les antilibéraux de droite et de gauche ( Le Pen, Guaino, Dupont-Aignan et Mélenchon, Besancenot, Arthaud). Les médias dominants roulent pour le libéralisme d'État de droite et de gauche, et je risque peu à prophétiser que le prochain chef de l'État sera issu de ce bloc-là. On changera de figure, mais pas de politique.

Aucun espace médiatique ne trouve grâce à vos yeux?

Si, tel ou tel support, le vôtre par exemple, dans lequel je sais que, si l'on n'est pas d'accord avec moi, on ne me salira pas personnellement et qu'on n'utilisera pas d'attaques ad hominem, de sous-entendus tordus…

Vous voulez échapper «au culte de la petite phrase, du sniper prêt à tout pour créer le buzz». Lorsque vous participez à une émission comme «On n'est pas couché» ou plus récemment «C l'hebdo» avec Aymeric Caron, n'avez-vous pas tendance à y céder parfois vous aussi?

La production m'avait assuré que l'émission serait courtoise. J'ai eu la faiblesse de le croire quand j'ai accepté de m'y rendre. Quant aux petites phrases, si elles existent, elles ne sont pas de mon fait: je ne suis pas comme ces politiques ou ces journalistes incapables d'improviser et qui ne travaillent qu'avec des communicants qui leur écrivent les phrases qui feront les fameuses petites phrases. Nombre de journalistes lisent leurs textes et les blagues de tel ou tel sont écrites et défilent sur les prompteurs. La petite phrase est la production idéologique destinée à créer le buzz qui induit les parts de marché qui décident de la reconduction des émissions, de la place dans les grilles de diffusion et, bien sûr, des émoluments des animateurs. On comprend qu'avec pareils enjeux, les médias de masse aient intérêt à cultiver le superficiel, l'anecdotique, le bref, le ricanant, sinon l'imbécile.

 

Alain Finkielkraut explique qu'il lui semble nécessaire d'aller dans la gueule du loup dire son fait à la bien-pensance et au «politiquement ricanant». Partagez-vous son point de vue?

MO-3.jpgIl a absolument raison. Sauf qu'il y a des lieux où on ne peut pas faire passer son message, il s'agit de savoir lesquels. Comme ça n'est pas une science exacte, on peut se tromper. On ne le sait qu'après… Il arrive qu'on perde son temps dans une émission littéraire où les écrivains n'écrivent pas leurs livres alors qu'on le gagnera en allant sur un plateau a priori moins intellectuel mais sur lequel on aura pu dire deux ou trois choses.

Est-il possible de réagir à l'actualité chaude en conservant le recul de la philosophie?

Oui, absolument. Pourquoi le philosophe n'aurait-il pas les qualités de l'urgentiste, du chirurgien de guerre, du secouriste sur les lieux d'un accident? Et puis il est drôle qu'on se demande si un philosophe peut penser à chaud quand le moindre quidam commente la moindre actualité en ne s'autorisant que de lui! Ou qu'on permet au journaliste de réagir à chaud. Si le philosophe a derrière lui un travail de réflexion sur les sujets sur lesquels il s'exprime, il est habilité à parler.

La rentrée télé est dominée par le face-à-face entre Yann Barthès et Cyril Hanouna. Que cela vous inspire-t-il?

Les médias parlent des médias, c'est leur affaire. Il y a plus important à penser, me semble-t-il.

Dans les colonnes du Figaro, vous déclariez: «Vouloir ressembler à Serge Reggiani ou à Yves Montand, c'est tout de même moins déshonorant que vouloir ressembler à Cyril Hanouna! Il est donc logique que de nos jours, la kalachnikov devienne le rêve ultime…»

MO-4.jpgCette phrase se trouvait dans un contexte qui me faisait dire une chose, puis donner un exemple pour l'illustrer. On a préféré s'exciter sur l'exemple plutôt que de disserter sur la thèse qui était: dans un pays où l'idéal est perdu, il n'est pas étonnant que des jeunes optent pour une idéologie clé en main - l'islam intégriste en l'occurrence. Vous connaissez ce proverbe chinois: «Quand le sage montre la lune, l'imbécile regarde le doigt». Sur les réseaux sociaux, on regarde beaucoup le doigt… Et les journalistes qui pensent désormais dans les formats épidermiques imposés par les réseaux sociaux emboîtent le pas. Ils disposent ainsi du buzz, premier bénéfice, puis, second bénéfice, le plus important, ils évitent le débat sur la thèse. De sorte qu'il était plus facile de faire de moi une personne qui salissait Hanouna que de s'interroger sur Hanouna comme symptôme. C'est la maladie qui est le problème, pas le symptôme. Hanouna a saisi l'occasion pour montrer du doigt le doigt qui montrait tout en ignorant même s'il y avait aussi la lune. Je lui ai fait un texto explicatif, il ne m'a pas répondu, tout à l'admiration de son doigt.

Vous avez déclaré «le Burkini est une petite chose» et fustigé une nouvelle fois notre politique étrangère. On peut dénoncer fortement l'ingérence occidentale au Moyen-Orient tout en s'inquiétant de la désintégration culturelle d'une partie de la population française…

Oui, en effet, mais là encore, regarder le burkini, c'est regarder le doigt… Pendant ce temps-là, on ne s'interroge pas sur les seules questions qui importent: la généalogie. D'où cela vient-il? Que des hommes puissent croire qu'en écrasant des enfants et leurs parents avec un camion, qu'en égorgeant un prêtre qui dit la messe, qu'en massacrant des gens qui boivent un verre à une terrasse de café ou que des femmes puissent imaginer que Dieu a le souci de leur maillot de bain sur la plage ou de ce qui se trouve dans le verre qu'elles sirotent, cela renseigne sur l'état de la raison et des Lumières, de l'intelligence et de la réflexion en France. Car cette génération de personnes chez qui la défaite de la pensée est à ce point majeure est les produits de politiques «éducatives» françaises menées depuis pas mal d'années.

Pour les gens qui vivent dans ou à proximité de quartiers salafisés, le «Burkini» mais aussi la Burqa, le voile ou la pression des barbus, ne sont pas de «petites choses», mais l'affirmation d'une identité, voire d'une idéologie conquérante… Comprenez-vous qu'une partie de la population s'inquiète sincèrement de la progression et de la banalisation des codes islamistes dans certains territoires?

Bien sûr que je le comprends. Mais si l'intelligence a disparu là où l'on se prosterne désormais devant des articles de foi, il faut ajouter que la disparition du débat sur ce sujet à cause de médias qui se battent à coup d'imprécations sur le principe du «pour ou contre le burkini» a laissé désormais la place au viscéral, à l'instinctif, au tripal. Les médias s'honoreraient à faire sur ces sujets de véritables émissions dans lesquelles on ne visera pas le sensationnel mais l'éducation populaire. Que certains quartiers soient perdus pour la république est une chose qui se dit depuis longtemps: qu'ont fait la droite et la gauche qui se remplacent au pouvoir depuis un demi-siècle? Rien.

Revenons à la désintégration culturelle. L'été 2016 a été celui du massacre islamiste de la promenade des Anglais et des «grands adultes en trottinette» chassant les Pokémon….

Là aussi, là encore, la trottinette est le doigt… J'ai donné cet exemple pour une thèse qu'on a soigneusement évité de discuter: notre société ne se féminise pas, contrairement à ce que dit Éric Zemmour, elle s'infantilise. J'ai pris l'exemple de la trottinette, du tatouage, du baladeur, j'aurais pu ajouter, pour les adultes, car c'est d'eux dont je parlais, le vapotage qui est le suçotage des grands, le bermuda qui est la culotte courte des adultes, les baskets qui sont les chaussures des adolescents, le Pokémon bien sûr qui est le cache-cache des quadras, mais ça n'est pas le sujet, la question ou le problème. La vraie question est: quand on refuse tant de devenir ou d'être un adulte, pourquoi penserait-on autrement que comme un enfant? Mais je subodore que le buzz va se faire plus sur «Onfray dézingue le vapotage» que sur cette thèse que nous vivons dans une société infantile où tout est fait pour infantiliser. C'est tellement plus facile de séduire l'électeur quand il est un enfant!

Une Europe de la Défense indépendante des Etats-Unis, rêve ou possible réalité?

eurocorps8366_1239838167_o.jpg

Une Europe de la Défense indépendante des Etats-Unis, rêve ou possible réalité?

par Jean-Paul Baquiast
Ex: http://www.europesolidaire.eu
 
Dans une déclaration commune, faite en perspective du Sommet européen de Bratislava le 16 septembre, Jean Marc Ayrault, Ministre des Affaires étrangères et du Développement international et Frank-Walter Steinmeier, Ministre des Affaires étrangères de la République fédérale d'Allemagne ont appelé à différentes actions destinées à garantir le sécurité intérieure et extérieure des Etats-européens 1). Parmi celles-ci se trouve un appel à la reprise de la Coopération Structurée Permanente, autrement à la mise en place d'une Europe de la défense, disposition prévue à l'article 42-6 du Traité de Lisbonne et jusqu'à présent non mise en oeuvre.
 
Certains milieux de défense en France militent depuis des années pour que ce dispositif voit enfin le jour. D'une part il permettrait de relayer les opérations de défense à finalité européenne dont seule la France assume jusqu'à présent la charge. D'autre part il pourrait intéresser à ce thème européen majeur les grands Etats européens qui jusqu'ici s'en désintéressaient complètement, le premier d'entre eux étant l'Allemagne. Le Royaume Uni était jusqu'au Brexit, seul sensible avec la France à la nécessité d'une défense commune. Mais il avait tardé à passer des déclarations aux actes. Avec son départ de l'Union, on peut craindre que sa participation à une éventuelle défense européenne ne disparaisse complètement.

Pour beaucoup d'Européens, il n'est nul besoin d'une défense commune, s'ajoutant aux coopérations qui se sont établies depuis des années au sein de l'Otan. Mais qui dit Otan dit Etats-Unis et Pentagone. Il suffit d'examiner les évènements récents, en Ukraine et au Moyen-Orient, pour se rendre compte que les contributions européennes à l'Otan ne sont conçues par le département d'Etat et de Département de la Défense américains que comme des compléments aux objectifs militaires des Etats-Unis. Or ceux-ci engagent de plus en plus les membres de l'Otan dans une confrontation militaire avec la Russie. Certains de ceux-ci, comme la France et l'Allemagne, ont dit avec il est vrai une certaine mollesse, qu'ils ne la souhaitaient pas.

En principe, une Europe de la défense devrait reposer sur les seules contributions des Etats européens, servir les finalités de sécurité et de défense propres de ceux-ci, et se rendre indépendante des objectifs diplomatiques et militaires des Etats-Unis.

Il est donc intéressant de voir enfin l'Allemagne et la France s'entendre sur la nécessité de mettre en place une Coopération Structurée Permanente concernant en priorité l'élaboration d'une future Europe de la Défense indépendante des Etats-Unis et servant les intérêts stratégiques européens, non seulement à l'Est, mais dans le monde entier.

Concrètement, le document signé par les deux ministres de la défense Ursula Van der Leyen et Jean-Yves Le Drian propose la mise en place d'un Quartier général permanent européen et d'un commandement médical conjoint, le partage d'un centre logistique pour les équipements stratégiques, de même que le partage du renseignement et de la surveillance satellitaires.

L'Eurocorps, à Strasbourg, pourrait contribuer à la planification d'opérations. La capacité de déploiement des «groupements tactiques» (jusqu'ici jamais utilisés) serait facilitée. Et un budget européen unique serait consacré à la recherche militaire commune, ainsi qu'au développement de matériels communs (satellites, drones, cyberdéfense...).

Ceci dit, ces intentions ont-elles la moindre chance de se concrétiser?

Les dépenses communes qu'il faudra consentir, non seulement en termes d'effectifs mais pour la mise au point, notamment au sein de l'Agence européenne de défense, de systèmes d'armes nouveaux indépendants de ceux que veut imposer l'Amérique, nécessiteront d'importants crédits supplémentaires. L'austérité actuelle, imposée par l'Union européenne, rendra la chose difficile.2)

eurocorps-source-mindeffr.jpg

Mais il y a plus grave. Il s'avère que le projet franco-allemand a été mis au point en marge du sommet de l'Otan tenu à Varsovie en juillet 2016. A propos de ce projet, Mme Van der Leyen a indiqué à Reuters : «c'est ce que les Américains attendent de nous». Quant à la volonté éventuelle du gouvernement allemand actuel de se dégager de l'emprise américaine, on peut en douter. La vingtaine de bases militaires américaines existant en Allemagne ne disparaitront pas pour autant. La chancelière Merkel a toujours pris le parti des Etats-Unis dans les domaines diplomatiques et de défense. On ne voit pas pourquoi elle changerait, ni pourquoi d'éventuels successeurs adopteraient des points de vue différents.

Seule la France, à supposer que de nouvelles majorités ne décident pas de faire complètement le jeu de l'Amérique, pourrait conserver la volonté d'établir une Europe de la Défense relativement indépendante de Washington. Mais lorsque l'on est seul on peut difficilement prétendre à la coopération fut-elle structurée et permanente.

1) Voir « Une Europe forte dans un monde incertain »

http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/royaume-un...


2) Voyez cer article dont les auteurs demandent avec raison l'augmentation du budget français de la défense jusqu'à 3% du PIB. Mais il y a suffisamment de raisons justifiant cette augmentation sans mentionner une menace russe qui, vis-à-vis de la France, est totalement inventée par les Etats-Unis.

https://theconversation.com/defense-nationale-3-du-pib-un...

Washington va-t-il renoncer à faire tomber Bashar al Assad?

asma-arrivent-bureau-vo.jpg

Washington va-t-il renoncer à faire tomber Bashar al Assad?

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

La trève négociée entre rebelles « modérés » et forces du régime, sous la tutelle de John Kerry et Serguei Lavrov, va-t-elle tenir? Officiellement, celle-ci à pour objectif de venir au secours des habitants d'Alep mais surtout d'unir toutes les parties dans un objectif commun: combattre et éradiquer Daesh dans la région. Mais il été stipulé aussi qu'elle devrait permettre d'entreprendre des négociations pour obtenir de Bashar el Assad d'accepter la mise en place d'un « gouvernement de transition ».
 
Ceci pourrait entrainer le maintien de Bashar al Assad pendant un certain temps et l'impossibilité de le voir remplacer par un gouvernement syrien aux ordres de Washington (puppet). Il en résulterait aussi une légitimité russe renforcée à se maintenir dans la région.

Or il faut rappeler que la chute de Bashar el Assad, allié des Russes, a toujours été la volonté des Etats-Unis, relayés par leurs amis de l'axe oléo-sunnite, Arabie saoudite et Qatar notamment. Il ne date pas d'hier. Pour le lobby militaro-pétrolier américain, qui définit la politique des Etats-Unis, la mise en place à Damas d'un gouvernement servile a été depuis 2009 un objectif constant.

Pour ce lobby militaro-pétrolier, l'objectif était d'installer à Damas des couloirs sécurisés à travers lesquels pourraient circuler les produits pétroliers du Qatar, à destination de l'Europe. Il fallait surtout que ceci se fasse en pétro-dollars recyclés en bons du trésor américains au service des politiques expansionniste et militaires des Etats-Unis.

Les 1.500 km de tuyaux, au coût de $10.000 milliards, devait joindre directement le Qatar au marché énergétique européen à travers l'Arabie saoudite, la Jordanie, la Syrie et la Turquie. L'Arabie saoudite en aurait profité pour assurer sa domination sur les Etats sunnites du Golfe, conjointement avec le Qatar, principal alliée des Etats-Unis dans la région.

Ceci venait directement en contradiction avec l'objectif de Bashar al Assad visant à mettre en place un « pipeline islamique », approuvé par les Russes, qui aurait relié les champs de pétrole iraniens à travers la Syrie jusqu'aux ports du Liban. L'influence de l'Iran chiite en aurait été considérablement augmentée.

Il n'y avait pas de moyens légaux pour contrer ce projet. La seule perspective était de provoquer la chute de Bashar, fut-ce au prix de la destruction d'une civilisation syrienne qui avait plus de 5000 ans d'ancienneté.

Aussi bien, comme le révèle Robert Kennedy Jr dans son article de  Politico Why the Arabs don't want us in Syria, dès 2009, des agents de la CIA sont entrés en action pour le renverser. L'objectif était, en suscitant et armant une opposition intérieure, de provoquer un des nombreux « regime change » par lesquels l'Amérique avait affirmé son pouvoir dans une grande partie du monde et, récemment, en Irak et en Libye.

Ce n'était pas la première fois que les Etats-Unis intervenaient ainsi en Syrie. En 1949, ils avait provoqué le chute du gouvernement démocratique d'un certain président Shukri-al-Kuwaiti qui hésitait à approuver un projet américain de pipeline dit Trans Arabian Pipeline, destiné à relier les champs pétroliers de l'Arabie saoudite aux ports du Liban via la Syrie.

Malheureusement, en Syrie aujourd'hui, les choses ne se sont pas passées aussi facilement. En entrainant et finançant les extrémistes islamistes, les Américains et leurs alliés saoudiens ont provoqué des guerres qui ont tué 500.000 personnes et provoqué la fuite de 7 millions d'autres.

Sachant tout ceci, les Russes et les Iraniens ne peuvent espérer que les Etats-Unis renonceront à leurs projets traditionnels. Le départ de Bashar etl Assad en demeure la condition indispensable. Ils le poursuivront par tous les moyens à leur disposition, par la diplomatie, les services secrets et l'aide au terrorisme, à travers une opposition « modérée » armée et financée par eux.

Même si la trêve tient et réussit à soulager les populations d'Alep, la guerre civile en Syrie ne cessera pas pour autant, visant à renverser voire tuer Bashar al Assad. Le soutien militaire et diplomatique de la Russie et de l'Iran à ce dernier ne cessera donc pas non plus. Il faut le savoir.

 

Bonne Oktoberfest 2016 !

Bonne Oktoberfest 2016 !

oktoberfest-girls-dirndl-beer-16.jpg

00:05 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, allemagne, bavière, munich, oktoberfest, folklore | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

dimanche, 18 septembre 2016

Obama voert voorstel Donald Trump uit en geeft Syrië over aan Rusland en Turkije

turkssyr.jpg

Obama voert voorstel Donald Trump uit en geeft Syrië over aan Rusland en Turkije

Geen verrassing: Amerikaanse regering laat voorheen gesteunde moslimrebellen in de steek, en levert de Koerden uit aan Erdogan

Turken mogen van Rusland 4000 km2 stuk Syrië bezetten


De Russische minister Sergei Lavrov en zijn Amerikaanse collega John Kerry. Op aandringen van de Amerikanen werden de details van de Syriëdeal niet bekend gemaakt. Dat is met duidelijke reden, want dan zou blijken dat de VS een feitelijke nederlaag heeft moeten slikken.

De media berichten met grote koppen dat Rusland en de VS akkoord zijn over een wapenstilstand in Syrië. Lezen we de artikelen, dan blijken die verbijsterend weinig details te bevatten en blijft het bij algemene termen zoals het mogelijk maken van het geven van humanitaire hulp in de belegerde gebieden, waaronder Aleppo. Dat president Obama niets loslaat over de inhoud van de deal is begrijpelijk als bedacht wordt dat hij met zijn 180 graden ommekeer niet de lijn van zijn gedroomde opvolger Hillary Clinton volgt, maar exact de voorstellen van de door hem zo gehate Republikeinse kandidaat Donald Trump heeft overgenomen.

Trump zei maanden geleden al dat het de Russische president Vladimir Putin zou moeten worden mogelijk gemaakt de oorlog in Syrië te beëindigen. Hij wees terecht op de harde feiten dat de Russen in veel kortere tijd vele malen effectiever bleken te zijn in hun strijd tegen ISIS dan de Amerikanen, die in werkelijkheid niet de jihadisten, maar de Syrische president Assad probeerden te verslaan.

Obama laat rebellen in de steek

De doorgaans goed ingelichte inlichtingen- en defensiespecialisten van het Israëlische DEBKAfile schrijven dat het geen wonder is dat de details van de Syriëdeal niet naar buiten worden gebracht, omdat daaruit zou blijken dat de moslimrebellen in het gebied rond Aleppo en misschien zelfs wel in heel Syrië, door Obama in de steek zijn gelaten. ‘De Syrische rebellen zitten nu in de val tussen zowel de Russisch-Turkse overeenkomst als de Russisch-Amerikaanse overeenkomst, waarbij de strop om hun nek schijnbaar wordt aangetrokken.’

Turken mogen van Russen groot stuk van Syrië bezetten

De eerstgenoemde Russische deal met de Turken werd beklonken in de gangen van de G20 top in het Chinese Hangzhou, waar Putin en zijn Turkse collega Erdogan besloten om gezamenlijk de Amerikanen feitelijk uit Syrië te stoten. Putin gaf Erdogan het groene licht om een circa 4000 vierkante kilometer groot stuk van het noorden van Syrië te bezetten, zogenaamd als een ‘veiligheidszone’ die onder totale controle van het Turkse leger zal komen te staan. Putin beloofde Erdogan dat de Russen daar niet langer militair zullen optreden.

In ruil daarvoor beloofde Erdogan zijn steun aan de pro-Amerikaanse en pro-Saudische rebellengroepen, die tegen het leger van Assad en diens bondgenoten vechten, op te geven. Met deze Turkse concessie in de hand kon Putin de deal aan zijn bondgenoot Assad verkopen, die zelf moest beloven om in het afgesproken gebied geen bombardementen meer uit te voeren (2). Erdogan hield het immer naïeve Europa vervolgens voor het lapje door te beweren dat de bezette zone bedoeld is als veilige haven voor Syrische vluchtelingen, waardoor de migrantenstroom naar Europa zou kunnen verminderen.

dt.common.streams.StreamServer.cls.jpg

Koerden overgegeven aan Erdogan

Misschien wel de grootste slachtoffers naast de Syrische bevolking zijn de Koerden, want die worden nu ook officieel aan hun lot overgelaten door Obama, en uitgeleverd aan de Turkse dictator. De seinen stonden al op rood voor de Koerden nadat vicepresident Joe Biden de Koerden vorige maand beval om zich ten oosten van de Eufraat terug te trekken. De Koerden zijn de afgelopen jaren juist één van de meest effectieve krachten in de strijd tegen ISIS geweest. Nu worden deze bondgenoten ook door de Amerikanen plotseling ‘terroristen’ genoemd, precies waar Erdogan op uit was.

Putin behaalt successen op Obama

Dat de Russen geen Amerikaanse bemoeienis meer dulden bleek uit een niet gerapporteerd incident boven de Zwarte Zee, waar een Russisch SU-25 gevechtsvliegtuig een Amerikaanse P8, ontwikkeld voor elektronische oorlogsvoering tegen grond- en zeedoelen, dwong om zijn koers te wijzigen.

Putin behaalde nog een succes op Obama, namelijk door de Israëlische premier Netanyahu en Palestijnse leider Abbas zover te krijgen om onder Russische supervisie opnieuw te gaan praten over een eventueel vredesverdrag.

‘Zolang ze het met elkaar uithouden’

De conclusie van de Israëlische specialisten is overigens veelzeggend: ‘Alle spelers in de regio zullen zonder twijfel nauwlettend volgen hoe het ‘Russische pad’ van Turkije zich zal ontvouwen, en hoe lang de verstokte opportunisten het met elkaar uithouden.’ (1)

Dat brengt ons bij een herhaling van wat we al vaker schreven, namelijk dat de samenwerking tussen Rusland en Turkije –al eeuwen gezworen vijanden- er hoogstwaarschijnlijk enkel is gekomen omdat beide partijen zoveel mogelijk gebruik van elkaar willen maken om de eigen doelstellingen te verwezenlijken. Vooral Erdogan is in vrijwel al zijn internationale afspraken een uitermate onbetrouwbare partner gebleken. Hij zal de deal met Putin dan ook net zo makkelijk weer lozen als dat hij deze nu gesloten heeft.

Staakt-het-vuren maakt weinig kans

De overeenkomst moet op maandag ingaan. Dit weekend blijkt door de strijdende partijen in Aleppo te worden gebruikt om er nog eens een schepje bovenop te doen, en te proberen om een zo goed mogelijke positie te behalen zodra het staakt-het-vuren in werking treedt. Omdat diverse groepen al hebben laten weten geen enkel vertrouwen in de afspraken te hebben, vermoeden we dat er al vanaf maandag continu schendingen zullen zijn, en de burgeroorlog feitelijk gewoon doorgaat.

Xander

(1) DEBKA
(2) Zero Hedge

Zie ook o.a.:

29-08: Invasie Syrië: Turkije voert met Amerikaanse steun totale oorlog tegen de Koerden (/ Koerdische Peshmerga en YPG slaan na Amerikaans verraad handen ineen tegen Turken – Stilzwijgende instemming Europa met Turkse invasie doet denken aan Hitlers onbestrafte verovering van Sudetenland, de militaire aanloop naar WO-2)
25-08: Exact 500 jaar na eerste Turkse veroveringsoorlog is nu de tweede begonnen
09-08: Onrust in Israël over toenadering Turkije, Rusland en Iran

Le cri d’alarme des soufis contre le wahhabisme

Dervish-Sufi-Order-soufisme-Credits-Peter-Morgan-CC-BY-NC-ND-2.0.jpg

Le cri d’alarme des soufis contre le wahhabisme

Par Yves Montenay

Ex: http://www.contrepoints.org

Les musulmans soufis sont très nombreux mais mal connus. Ils n’ont pas les moyens financiers des missionnaires wahhabites qui inondent les chaînes de télévision et les mosquées. Leur « islam de tolérance et d’amour laissant sa liberté à l’individu. » est raillée par les ignorants.

Pour les soufis, le wahhabisme est une dégénérescence de l’islam

Le soufisme est une variante individualiste de l’islam, répandue à ma connaissance au moins en Afrique du nord et de l’ouest ainsi qu’en Turquie, mais probablement aussi dans l’ensemble du monde musulman. Elle n’est pas recensée, étant souvent discrète s’agissant d’une opinion personnelle et non d’un culte public. Ses confréries sont toutefois visibles là où elles sont très majoritaires, par exemple au Sénégal.

Laissons les soufis se présenter via l’un d’entre eux, Zaïm Khenchelaoui (EHESS, Paris), membre du comité de rédaction de plusieurs publications scientifiques relatives au soufisme et membre fondateur de l’Union mondiale du soufisme qui vient d’être créé en Algérie. Il résume le soufisme par les fameux vers d’Ibn Arabi, dont on fête le 850e anniversaire :

« Mon cœur devient capable de toute image / Il est prairie pour les gazelles / Couvent pour les moines / Temple pour les idoles / Mecque pour les pèlerins / Tablettes de la Torah et livre du Coran / Je suis la religion de l’amour / Partout où se dirigent ses montures / L’amour est ma religion et ma foi.».

souf.jpgCette citation explique l’existence de l’affirmation, souvent entendue avec scepticisme : « l’islam est une religion de tolérance et d’amour ». Elle est surtout répandue dans le monde soufi ou son environnement dans certaines populations maghrébines ou turques.

Zaïm Khenchelaoui précise que le soufisme prône l’acceptation de l’autre dans sa différence et le devoir de miséricorde, « rahma ». La prière de tous les musulmans se fait d’ailleurs au nom d’Allah le miséricordieux. Il estime que le soufisme serait le véritable islam originel. Privilégiant la recherche en soi-même, il n’est pas un mouvement prosélyte, contrairement au wahhabisme qui appuie sa diffusion par les importants moyens financiers des pays de la péninsule arabique. Ce qui fait que la destruction militaire de l’État Islamique, bien sûr utile, ne résoudra pas le problème.

Pour Zaïm Khenchelaoui, le wahhabisme est la matrice idéologique commune à toutes les sectes exterminatrices soi-disant musulmanes. Il estime urgent de s’attaquer au discours takfiriste (« les autres musulmans sont des apostats qu’il est légitime de tuer ») diffusé par les wahhabites. Ce discours est répercuté à travers les mosquées, les chaînes de télévision et internet, « et jusqu’à nos salles de sport (en Algérie) » ; c’est la secte la plus dangereuse qu’ait connue l’histoire de l’humanité. Elle devrait être prohibée en France, comme la secte de scientologie ou celle du Temple solaire. Elle est d’ailleurs interdite en Russie.

Le géopolitologue français Jean-Michel Vernochet, auteur de Les égarés : le wahhabisme est-il un contre-islam ?, confirme cette analyse :

« Nous sommes face à une Internationale wahhabite qui échappe désormais à tout contrôle. Avec le temps, cette mouvance est devenue une forme de religion autocéphale disposant de son livre sacré qui a supplanté même le Coran : le Tawhid d’Al Wahhâb, fondateur du wahhabisme. »

Wahhabites contre Frères musulmans dans les pays du Golfe

Les émirats sont wahhabites, et à ce titre opposés aux Frères musulmans, car ces derniers sont des sunnites plus classiques, souvent nationalistes et opposés aux régimes des monarchies du Golfe. Cette vieille opposition vient de se réveiller : les officiels de ces pays estiment que leur chef, Qaradhawi, est « le mufti des attentats-suicides » et devrait être traduit en justice. Bien sûr, ces officiels pensent aux attentats qui ont eu lieu en Arabie, et non ailleurs dans le monde. Je laisse les théologiens apprécier si ceux de l’État Islamique sont d’inspiration wahhabite ou non.

Quelle liberté de conscience au Maroc ?

Le Maroc est un cas à part dans le monde musulman, le roi étant commandeur des croyants et l’influence soufie présente, bien que difficile à évaluer. Sa constitution garantit les libertés de pensée, d’opinion et d’expression. Il a signé la résolution sur la liberté de conscience et de religion du Conseil des droits de l’homme. Mais son Code pénal condamne le prosélytisme des autres religions, et la pratique policière n’est pas toujours indulgente envers certains comportements « immoraux » qui nous paraissent totalement anodins. Voir par exemple l’article de Figaro Madame sur l’immoralité du bikini largement repris sur l’Internet marocain.

sufi.jpg

C’est dans ce contexte que l’association Bayt Al Hikma, qui reprend l’appellation des « maisons de la sagesse » de l’âge d’or de l’islam, a remis en février dernier au ministre de la Justice du gouvernement (modérément) islamiste un mémorandum en faveur de la liberté de conscience, à l’initiative de son président Fettah Bennani.

Les écoles coraniques maintenant sur Internet

Les écoles coraniques sont les lieux où l’on apprend à lire et réciter le Coran.

D’après un reportage au Pakistan de The Economist du 20 août 2016, elles multiplient les cours à distance, surtout à destination des croyants européens, mieux équipés et plus riches que les populations locales (environ 15 $ la demi-heure). Mais la concurrence s’est intensifiée et il y a des prix d’appel.

À mon avis, s’agissant de Pakistanais, l’islam enseigné est celui de la variante déobandie, que l’on peut grossièrement qualifier de « wahhabisme local », bien qu’elle se soit développée indépendamment. Il faut toutefois préciser que l’arabe coranique est nettement différent de l’arabe standard d’aujourd’hui, ce qui ne permet pas aux non-arabophones d’acquérir une pratique de la langue et exclut d’autres matières, scientifiques par exemple. Ce ne sont donc pas des écoles au sens occidental du terme, ce qui entraîne des malentendus dans les statistiques de scolarisation de certains pays à certaines époques.

Fethullah Gülen, rétrospectivement

Le supposé commanditaire du coup d’État manqué en juillet dernier en Turquie écrivait en décembre 2015 dans Le Monde :

« Je suis triste et révolté face au carnage perpétré par les groupes terroristes du soi-disant État islamique. Je partage la frustration du milliard et demi de musulmans (qui les voient) draper de religion leurs idéologies perverties. Nous, musulmans, avons une responsabilité particulière ; il nous incombe non seulement de joindre nos mains à celles des autres humains pour sauver notre monde du fléau du terrorisme et de la violence extrémiste, mais encore de restaurer l’image ternie de notre foi… le véritable test pour la croyance, ce ne sont ni les slogans, ni le fait de s’habiller de telle manière… c’est de vivre en conformité avec les principes fondamentaux communs à toutes les grandes religions du monde, tels que la préservation du caractère sacré de la vie humaine et le respect de la dignité de tous les êtres humains. »


Aux Turcs de commenter…

Le nomade attalien par Jean-Claude Michéa

 

Le nomade attalien

par Jean-Claude Michéa

Finnlands »Sonderkrieg« im Weltkrieg

finn.jpg

Finnlands »Sonderkrieg« im Weltkrieg

Vor 75 Jahren versuchten die Skandinavier, im Schatten der Deutschen die Ergebnisse des Winterkrieges zu revidieren

Wolf Oschlies
Ex: http://www.preussische-allgemeine.de
 

Drei Tage, nachdem der deutsche Angriff auf die Sowjetunion begonnen hatte, erklärte Finnland der UdSSR den Krieg. Das Ziel war die Rückgewinnung der im Winterkrieg von 1939/40 verlorenen Gebiete. Obwohl Finnland mit Deutschland ein gemeinsamer Feind verband, verzichtete es auf ein offizielles Bündnis mit dem  Reich und versuchte vielmehr, einen „Sonderkrieg“ zu führen mit der Hoffnung auf einen „Sonderfrieden“.

Gemäß dem deutsch-sowjetischen Nichtangriffsabkommen vom 23. August 1939 gehörte Finnland zur sowjetischen Interessensphäre. Drei Monate später überfiel Josef Stalin mit 800000 Soldaten Finnland ohne formelle Kriegserklärung und unter Bruch des Nichtangriffspakts von 1932, weswegen die Sowjetunion Ende 1939 als „Aggressor“ vom Völkerbund geächtet wurde. Ihre Rote Armee war an Soldaten dreifach, an Waffen zehnfach überlegen, erlitt aber enorme Verluste: 150000 Gefallene und 325000 Verwundete gegenüber 21000 beziehungsweise 44000 bei Finnland. Nur 30 Panzer besaßen die Finnen, vernichteten aber knapp 2000 sowjetische, vorwiegend mit 550000 todbringenden Brandflaschen, die sie in boshafter Anspielung auf Stalins Regierungschef und Außenminister „Molotovin cocktail“ nannten: Molotowcocktail.

finnsol.jpg


Vor allem dieser „Cocktail“ befähigte die Finnen zu 105 Tagen heroischem Widerstand, wogegen die Sowjets am 12. März 1940 nur einen glanzlosen „Frieden“ erreichten. Finnland büßte zwölf Prozent seines Territoriums ein.


Die Möglichkeit, die Ergebnisse des sowjetischen Überfalls zu revidieren, schien der deutsche Angriff auf die Sowjetunion zu bieten. Diesem Versuch einer militärischen Grenzrevision gaben die Finnen die Bezeichnung „Fortsetzungskrieg“.


Trotz des gemeinsamen Kriegsgegners versuchte Finnland, in den Augen der Westalliierten, auf Distanz zu Deutschland zu bleiben. Das Land schloss kein offizielles Bündnis mit dem Deutschen Reich. Auch behandelte es seine rund 2000 Juden, Nachfahren sogenannter Kantonisten, russischer Soldaten, die sich nach Dienstende in Finnland niedergelassen hatten, beispielhaft. Im Sommer 1942 war SS-Führer Heinrich Himmler in Finnland, um die Auslieferung von Juden zu fordern. Diese Forderung wies Finnlands Ministerpräsident Jukka Rangell zurück: „Finnlands Juden sind Staatsbürger wie alle anderen. In Finnland gibt es keine Judenfrage.“ Das bestätigte Leutnant Max Jakobson, nach dem Krieg Vizeaußenminister und UN-Vertreter Finnlands: „In der jüdischen Gemeinde Finnlands wurde kein offizieller Beschluss zur Kriegsbeteiligung gefasst. Die Juden reagierten auf die Ereignisse exakt so wie die Finnen.“ Alle seien Patrioten gewesen, schrieb der Historiker Seppo Hentilä: „Vielleicht dachten die Sowjets, die Finnen würden sie mit Blumen begrüßen. Der gemeinsame Hass schweißte die Finnen zusammen.“ Deren Erfahrungen mit Sowjets hätten sie, so Juho Paasikivi, 1940/41 Finnlands Botschafter in Moskau und ab 1946 dessen Staatspräsident, gelehrt, dass das Sowjetsystem „tausend Mal schlimmer“ als Adolf Hitlers Regime gewesen sei.


Bis Ende September hatten die Finnen fast alle 1940 verlorenen Gebiete zurückerobert, wozu der US-Außenminister Cordell Hull Finnland augenblicklich gratulierte. Hingegen argwöhnte England hier eine Tarnung deutscher Angriffspläne auf nordrussische Häfen und Verkehrslinien und erklärte Finnland am 5. Dezember den Krieg. Kurz darauf riet Premier Winston Churchill vertraulich dem finnischen Oberbefehlshaber Gustaf Mannerheim, aus dem Krieg mit den Deutschen auszuscheren. Das hätte Finnland gern getan, aber nicht unter Preisgabe rückeroberter Gebiete, was man noch im Sommer 1943 als „politischen Selbstmord“ ansah. Die Deutschen behielten, ungeachtet herber Rückschläge in der „Schlacht um Moskau“, die Initiative an der Ostfront. Wozu sie fähig waren, sah man am benachbarten Norwegen, das seit April 1940 deutsches Besatzungsgebiet war. Finnland nahm an der Blockade Leningrads teil. Sich selber sah man gut gerüstet, hatte Ende Sommer 1941 etwa 650000 Soldaten aufgestellt, knapp 18 Prozent der 3,7 Millionen Einwohner, ein Rekord in der internationalen Kriegsgeschichte. Darunter litten allerdings Wirtschaft und Beschäftigung, sodass bereits ab Herbst 1941 Soldaten demobilisiert wurden. 1943 hatte Finnland nur noch 320000.

mannhe.jpg


Das Land glaubte sich, so Ende 1941 sein Militärattaché in Wa­shington, mit seinem „Sonderkrieg“ auf gutem Wege zu einem „Sonderfrieden“. Mannerheim hatte Hitler die Niederlage prophezeit, als dieser im Juni 1942 zu seinem 75. Geburtstag angereist war. Ein offizielles deutsches Bündnisabkommen wurde zu­rück­gewiesen, worauf Deutschland seine Hilfslieferungen stoppte. Ein US-Angebot, bei der Kriegsbeendigung zu helfen, wurde allerdings ebenso am 20. März 1943 als „verfrüht“ abgelehnt. Man glaubte, warten zu können. Die Lage an der Front hatte sich stabilisiert, 1942/43 gab es kaum Kampfhandlungen. Erst im Sommer 1944 griff die Rote Armee in Karelien wieder an, im August übergab der zum Staatspräsident gewählte Mannerheim über die Sowjetbotschaft in Stockholm ein Friedensangebot ab. Schäbiger Bittsteller war man nicht, hatte vielmehr der Roten Armee in der Schlacht von Tali-Ihantala (25. Juni bis 9. Juli 1944) die schwerste Niederlage des Fortsetzungskriegs zugefügt, rund 18000 Rotarmisten waren gefallen, 300 Panzer und 280 Flugzeuge abgeschossen.


Die sowjetischen Bedingungen für die Feuereinstellung waren mit dem Vereinigten Königreich und den Vereinigten Staaten abgestimmt: sofortiger Bruch mit Deutschland, Rückzug der deutschen Truppen bis zum 15. September. Am 4. September stellten die Finnen die Kampfhandlungen ein, die Sowjets erst am Tag danach wegen „bürokratischer Hemmnisse“. Am 19. September signierten in Moskau Finnland, die Sowjetunion und Großbritannien ein Waffenstillstandsabkommen, das für Sowjet-Usancen relativ milde ausfiel: Rückgabe der im Fortsetzungskrieg zurückgewonnenen Ge­biete, Abtretung weiterer Gebiete, ungehinderter Transit der Roten Armee durch Finnland, 300 Millionen US-Dollar Reparationen. Schwierigkeiten ergaben sich beim Rückzug der 200000 Deutschen, wofür die vorgesehene Zeit nicht ausreichte. Um den Sowjets keinen Vorwand zu liefern, den Waffenstillstand nicht einzuhalten, starteten die Finnen ihren „Lapplandkrieg“ gegen Deutsche, der sich dann noch bis Ende April 1945 hinzog.


Der endgültige Friedensvertrag Finnlands mit den „Alliierten und Assoziierten Mächten“ wurde am 10. Februar 1947 in Paris unterzeichnet. Offenkundig waren die Sowjets unzufrieden, nutzten den 1948 geschlossenen Vertrag über Freundschaft, Zusammenarbeit und gegenseitigen Beistand zu einer Knebelung des Landes, für die 1966 der Politologe Richard Löwenthal den Begriff „Finnlandisierung“ prägte.

Wolf Oschlies

samedi, 17 septembre 2016

Keynes y la irracionalidad de los mercados

keynesjm.jpg

Keynes y la irracionalidad de los mercados

Ex: http://www.katehon.com

Por caos (Khaos o "vacío que ocupa un hueco en la nada") entendemos algo impredecible y que se escapa a la miope visión que únicamente pueden esbozar nuestros ojos ante hechos que se escapan de los parámetros conocidos pues nuestra mente es capaz de secuenciar únicamente fragmentos de la secuencia total del inmenso genoma del caos, con lo que inevitablemente recurrimos al término “efecto mariposa” para intentar explicar la vertiginosa conjunción de fuerzas centrípetas y centrífugas que terminarán por configurar el puzzle inconexo del caos ordenado que se está gestando y que tendría su plasmación en la famosa frase del iconoclasta John Kenneth Galbraiht.”Hay dos clases de economistas: los que no tenemos ni idea y los que no saben ni eso”.

El citado” efecto mariposa” trasladado a sistemas complejos como la Bolsa de Valores, tendría como efecto colateral la imposibilidad de detectar con antelación un futuro mediato pues los modelos cuánticos que utilizan serían tan sólo simulaciones basadas en modelos precedentes (Teoría de la Inestabilidad financiera de Minsky), con lo que la inclusión de tan sólo una variable incorrecta o la repentina aparición de una variable imprevista, provoca que el margen de error de dichos modelos se amplifique en cada unidad de tiempo simulada hasta exceder incluso el límite estratosférico del cien por cien, de lo que sería paradigma el próximo estallido de la actual burbuja bursátil, cumpliéndose una vez más la máxima de Keynes: “Los mercados pueden permanecer irracionales más tiempo del que tú puedes permanecer solvente”.

Génesis de la actual burbuja bursátil

La burbuja actual sería hija de la euforia de Wall Strett (y por extrapolación del resto de bolsas mundiales) tras las políticas monetarias de los grandes bancos centrales mundiales que han inundado los mercados con centenares de miles de millones de dólares y euros con la esperanza de relanzar la economía, más aún cuando las colocaciones sin riesgo ( deuda de EEUU o de Alemania) no retribuían nada a los inversionistas y estaría alimentada por los siguientes factores:

Racionalidad limitada

keynes-1.jpgLa desconexión con la realidad por parte de los inversores les llevaría a justificar la exuberancia irracional de los mercados, creándose un mundo virtual de especulación financiera que nada tendría que ver con la economía real (windhandel o negocio del aire) y que les lleva a extrapolar las rentabilidades actuales como un derecho vitalicio lo que unido a la pérdida de credibilidad de las agencias de calificación como Moody's al no haber predicho la crisis del 2002 y a la ausencia de control por parte de los reguladores, habría coadyuvado a que el mercado permaneciera insensible al recorte de rating de las compañías que cotizan en la bolsa y a los avisos de la Fed que por boca de su Presidenta Yanet Ellen habría advertido que “las valoraciones de las bolsas y los mercados de bonos son muy altas y que existen riesgos potenciales en ambos mercados”, Así, la certeza racional de la total retirada por la Fed de sus medidas de estímulo a la economía estadounidense y de la próxima subida de tipos de interés del dólar en el 2016 debería hacer que los inversionistas se vayan distanciado progresivamente de los activos de renta variable y que los bajistas se alzaran con el timón de la nave bursátil mundial.

Euforia especulativa

Sin embargo, el proceso especulativo impulsa a comprar con la esperanza de sustanciosas ganancias en el futuro, lo que provoca una espiral alcista alejada de toda base factual y el precio del activo llega a alcanzar niveles estratosféricos hasta que la burbuja acaba estallando (crash) debido a la venta masiva de activos y la ausencia de compradores, lo que provoca una caída repentina y brusca de los precios hasta límites inferiores a su nivel natural (crack).

Incertidumbre sobre nivel suelo de los mercados bursátiles

Un inversor está dispuesto a pagar un precio por una acción si le reporta dinero en el futuro, por lo que el valor de dicha acción es el total de flujos esperados pero el nivel suelo de las Bolsas mundiales, (nivel en el que confluyen beneficios y multiplicadores mínimos), se situaría en la horquilla de los 14.000-15.000 puntos en Mercados Bursátiles como el Dow Jones, debido al riesgo de estancamiento económico secular que presentan las principales economías mundiales.

keynes-2.jpgEstallido de la burbuja bursátil china

Los inversores han empezado a sentir el vértigo de la altura y a cuestionarse el estado de solvencia de las compañías y se espera que bajará el porcentaje de los resultados empresariales que se destinarán a dividendos así como el número de empresas que repartirán el mismo y la volatilidad es la nota dominante pues desde el pasado 21 de junio, el principal índice bursátil chino, el Shanghai Composite ha perdido un 50%, descenso que ha puesto fin a una capitalización de mercado valorada en 1,25 billones de dólares ante los temores de la comunidad inversora de que el Gobierno intente enfriar un repunte alimentado por la deuda que dura ya un año. Shanghai había ganado un 60% con respecto a principios de año porque los inversores creyeron que Pekín respaldaría el repunte para contribuir a luchar contra la ralentización de la economía que se ha contraído con respecto al crecimiento de dos dígitos de hace unos años y rozaría el 5%, por lo que es previsible una severa corrección de los índices bursátiles chinos hasta alcanzar el nivel suelo real.

Efecto contagio y psicosis vendedora

Ello aunado con la nueva guerra de divisas que se avecina, el riesgo latente de la crisis de Deuda Soberana de Grecia, los coqueteos con la recesión de Rusia y varios países de la UE, las dudas sobre la capacidad de endeudamiento de EEUU (rondando los 20 Billones $) y la existencia de factores geopolíticos desestabilizadores (Turquía, Libia, Siria, Venezuela, Irak, Ucrania e Irán) podría producir una psicosis vendedora y originar un nuevo crack bursátil. Así, los grandes inversores habrían ya sentido el vértigo de la altura y empezado a reducir su exposición al riesgo con el consecuente efecto bajista en las cotizaciones de las acciones, derivando en una psicosis vendedora que provocará que el Dow Jones de Industriales salte por los aires y termine por desencadenar el temido crack bursátil que conllevará la ruina de millones de pequeños y medianos inversores todavía deslumbrados por las luces de la estratosfera (Teoría del más tonto), estallido que debería tener como efectos benéficos el obligar a las compañías a redefinir estrategias, ajustar estructuras, restaurar sus finanzas y restablecer su crédito ante el mercado y como daños colaterales la inanición financiera de las empresas y el consecuente efecto dominó en la declaración de quiebras e incremento de las tasas de desempleo mundiales.

Join Erkenbrand This September!

Erkenbrand_poster.jpg

Join Erkenbrand This September!

The West is crumbling, our lands are being invaded and the best politics can offer us in the Netherlands is a civic nationalist funded by foreign money. It is long past time we got together and started getting organized. Online activism is great, but we have to take the next step and make connections in the real world. The Alternative Right, while born in the English-speaking world, must ultimately be dedicated to saving all the European peoples.

Erkenbrand-09.jpgWe have set up Erkenbrand for exactly this purpose, to bring people together. We are organized as a study society where we can have intellectual discussions each month about subjects related to our current situation, and more importantly socialize and make new friends. We started off small, but we are growing rapidly. We aim to bring together like-minded people who work together to further our cause: not only politically, but also to build a tight-knit group of men who can count on each other.

At our last meeting, attended by around 40 people, we discussed the future of the European peoples and how to deal with SJWs, on the basis of Vox Day’s book SJWs Always Lie. We more generally want to create a new culture which promotes a healthy lifestyle and strong communities for our people. We ended our formal talks with an inspirational speech in which we also called for action. Action to contribute to the new culture by producing articles, videos, memes, etc.

We regularly publish articles on our site on various subjects related to the Alt Right and Dutch history and culture.

On September 27 in Rotterdam, we are organizing a conference with well-known American speakers such as Greg Johnson and F. Roger Devlin. It is time to get away from the keyboard and bring the struggle to real life. Help us build a foundation for the future by joining Erkenbrand!

For more information about the event, email us at: erkenbrand@protonmail.com

Robert Stark interviews Keith Preston about Thinkers Against Modernity

Keith-Preston.jpg

Robert Stark interviews Keith Preston about Thinkers Against Modernity

Robert Stark and co-host Alex von Goldstein interview Keith Preston about his book Thinkers Against Modernity

Topics include:

KP-th-1.jpgHow the book is an examination of thinkers critical of modernity from a value neutral perspective

How Keith is influenced by the intellectual tradition of the enlightenment, yet finds value in traditionalist critiques of modernity

Julius Evola as the purest critique of modernity

How the Right tends to have a pessimistic view of the present and idealizes a particular era of the past(ex. Julius Evola the 8th Century BC, Nietzsche the Sophist era in Ancient Greece, Traditional Catholics the Middle Ages, and mainstream conservatives the 1950’s or Reagan Era)

Defining characteristic of the Right include rejection of social change, egalitarianism, and universalism, and a fixed view of human nature

Nietzsche’s point that ideologies become new religions, and how the modern politically correct left is a new moralistic religion rather than genuine liberalism or Marxism

Aleister Crowley’s aristocratic individualism, and his view that capitalism and mass democracy degraded a genuine cultural elitism

The Distributist G.K. Chesterton and Hilaire Belloc, their views on the distribution of capital, and their critic of capitalism as degrading traditional values

Carl Schmitt’s view that democracy was incompatible with liberal individualism

How Carl Schmitt subscribed to the realist school of though and viewed the

United States as having an ideologically driven foreign policy

The United States as a nation founded on Classical Liberalism and the Enlightenment

The European New Right, how it was founded in the late 1960’s as a counter to the New Left, fusing aspects of the New Left with the conservative revolution of the interwar period

How the New Right tried to appeal to the left on issues such as anti-globalization, anti-consumerism, anti-imperialism, and environmentalism

The New Right’s critique of political correctness, feminism, and mass immigration as being products of capitalism

Noam Chomsky on capitalism and anti-racism

The American Alternative Right, how it is influenced by the European New Right, and how it is different

Guillaume Faye’s Archeo-Futurism and futurist thought on the right

Audio Player

 

Click Here to download!
Check out Robert Stark’s Artwork

Le Vicomte de Bonald et la Tradition bafouée

louis-bonald-barberis.jpg

Le Vicomte de Bonald et la Tradition bafouée

par Nicolas Bonnal

Ex: http://www.dedefensa.org

Le vicomte de Bonald est certainement plus que Maurras le fondateur de la révolution conservatrice en France, le théoricien de la restauration intelligente. Point compromis par les excès verbaux du journalisme, il n’a pas non plus le fondamentalisme un peu vain de Joseph de Maistre, beaucoup plus à la mode. Il lui a manqué sans doute un vulgarisateur reconnu pour déplier les recoins de sa vaste et encyclopédique pensée, et en dérouler les fils de la subtile simplicité., archive.org m’a permis de lire ou de relire les dix-sept volumes de ses œuvres complètes. Je me contente de donner à mes lecteurs un avant-goût de son style et de son esprit car ce théoricien présumé obscur et peu frondeur est un régal pour les sens et la sensibilité. J’en laisse juges mes lecteurs en les invitant à partager les réflexions de ce grand esprit toujours ignoré et jamais oublié.

Et pour écrire comme Céline, je lui trouve un succulent génie libertarien pour le coup moi au vicomte. Mécanisation, bureaucratie, fiscalité, sans oublier les beaux esprits. Futur et Fin de ce monde.

Voyez cette première phrase qui résume en deux lignes de concision efficiente toute l’entropie de ce monde dit moderne :

« En France, on a substitué moralité à morale, en Allemagne, religiosité à religion; partout, honnêteté à vertu. C’est à peu près la même chose que le crédit substitué à la propriété. »

LB-1.jpg« ... Ceci nous ramène à la constitution de l’Angleterre, où il n’y a pas de corps de noblesse destinée à servir le pouvoir, mais un patriciat destiné à l’exercer. »

« Que s’est-il donc passé dans la société, qu’on ne puisse plus faire aller qu’à force de bras une machine démontée qui allait autrefois toute seule, sans bruit et sans effort ? »

« Ils deviennent crédules en cessant d’être croyants, comme ils deviennent esclaves dès qu’ils cessent d’être sujets. »

« Il y a des hommes qui, par leurs sentiments, appartiennent au temps passé, et par leurs pensées à l’avenir. Ceux-là trouvent difficilement leur place dans le présent. »

« J’aime, dans un Etat, une constitution qui se soutienne toute seule, et qu’il ne faille pas toujours défendre et toujours conserver. »

« La société finit, elle n’a plus d’avenir à attendre, parce qu’elle n’a plus de passé à rappeler, et que l’avenir ne doit être que la combinaison du passé et du présent. »

« Rome : quand la démocratie eut pris le dessus, cette société chercha un chef, comme elles le cherchent toutes, et ne rencontra que des tyrans. Ce peuple, admirable dans ses premiers temps, fait pitié sous ses tribuns, horreur sous ses triumvirs, et, soumis à ses empereurs, n’excite plus que mépris et dégoût. »

« Le tutoiement s’est retranché dans la famille ; et après avoir tutoyé tout le monde, on ne tutoie plus que ses père et mère. Cet usage met toute la maison à l’aise : il dispense les parents d’autorité et les enfants de respect. »

« L’Etat qui prend trop sur les hommes et les propriétés de la famille, est un dissipateur qui dévore ses capitaux. »

« Je crois qu’il ne faudrait pas aujourd’hui d’impôt foncier chez un peuple agricole, mais seulement des impôts indirects. L’Etat qui impose la terre, prend sur son capital ; quand il impose les consommations, il vit de son revenu. »

« Partout où il y a beaucoup de machines pour remplacer les hommes, il y aura beaucoup d’hommes qui ne seront que des machines. »

« La disposition à inventer des machines qui exécutent le plus de travail possible avec le moins de dépense d’intelligence de la part de l’ouvrier, s’est étendue aux choses morales. »

« Le juge lui-même, au criminel, est une machine qui ouvre un livre, et marque du doigt la même peine pour des crimes souvent fort inégaux ; et les bureaux ne sont aussi que des machines d’administration. »

« L’école de Bonaparte a pu former quelques administrateurs, mais elle ne pouvait pas faire des hommes d’Etat. »

« Bonaparte avait été obligé d’employer une force excessive dans son administration, parce qu’il n’y en avait aucune dans sa constitution. »

« Les sauvages ne détruiront que la récolte d’une année, les beaux esprits m’enlèvent la propriété même du fonds. Les uns insultent mon cadavre, les autres poursuivent ma mémoire ; je ne vois de progrès que dans les moyens de nuire, et le plus sauvage est celui qui fait le plus de mal. »

« Toute la science de la politique se réduit aujourd’hui à la statistique : c’est le triomphe et le chef-d’oeuvre du petit esprit. On sait au juste (et j’en ai vu faire la question officielle) combien dans un pays les poules font d’oeufs, et l’on connaît à fonds la matière imposable. Ce qu’on connaît le moins sont les hommes ; et ce qu’on a tout à fait perdu de vue, sont les principes qui fondent et maintiennent les sociétés. »

« L’art de l’administration a tué la science du gouvernement. »

LB-2.png« Les philosophes qui se sont élevés avec tant d’amertume contre ce qu’ils ont appelé des préjugés, auraient dû commencer par se défaire de la langue elle-même dans laquelle ils écrivaient ; car elle est le premier de nos préjugés, et il renferme tous les autres. »

« Ce n’est pas le peuple occupé qui réclame la souveraineté, c’est le peuple oisif qui veut faire le peuple occupé souverain malgré lui, pour gouverner sous son nom et vivre à ses dépens. »

« Dans le dernier âge, où les intérêts sont plus compliqués, les passions plus artificieuses et les esprits plus raffinés, le crime est un art et presque une profession, et la fonction de le découvrir et de le juger doit être une étude. »

« Toute passion qui n’est pas celle de l’argent des honneurs ou des plaisirs, s’appelle aujourd’hui fanatisme et exagération. »

« L’excès des impôts transporte chez les peuples chrétiens l’esclavage tel qu’il existait chez les anciens ; car l’esclavage n’est, à le bien prendre, que le travail fait tout entier au profit d’un autre. »

« Les petits talents comme les petites tailles se haussent pour paraître grands ; ils sont taquins et susceptibles, et craignent toujours de n’être pas aperçus. »

Nicolas Bonnal

vendredi, 16 septembre 2016

USA, l'hyperdésordre du pouvoir à ciel ouvert

ob_95b1ec_imperialisme.jpg

USA, l'hyperdésordre du pouvoir à ciel ouvert

Ex: http://www.dedefensa.org

Le rapport de Bill Van Auken de WSWS.org du 16 septembre (15 septembre en version originale anglaise) (*) sur les tensions entre le Pentagone et le département d’État pour ce qui concerne l’accord de cessez-le-feu en Syrie, élaboré par les USA (Kerry) et la Russie (Lavrov), est particulièrement intéressant en ce qu’il rassemble d’une façon significative les signes publics de cette tension. Il s’agit essentiellement de ce qu’on pourrait qualifier de “révolte ouverte” (publique, donc) du Pentagone contre l’accord élaboré par Kerry-Lavrov et accepté par Obama du côté US ; “révolte ouverte”, de communication essentiellement, avec l’attente d’un effet important. Le texte de WSWS.org rassemble toutes les déclarations de chefs militaires et civils du Pentagone, avec notamment une part très importante prise par les militaires dont il s’avère de plus en plus évident que le terne Ashton Carter (le secrétaire à la défense) n’est que le porte-parole extrêmement obéissant.

Il est incontestable que les déclarations des chefs militaires sont extrêmement tranchantes et remarquables par leurs conséquences politiques. Littéralement, ces chefs, qui ont la charge opérationnelle de la région, parlent comme s’ils se réservaient le droit de décider s’ils collaboreront ou non avec les Russes ; c’est-à-dire qu’ils se réserveraient le droit de décider d’appliquer ou non un des points essentiels d’un accord négocié et signé avec les Russes par le Secrétaire d’État, et approuvé par le président lui-même. Kerry a réagi avec modération et le grand sens du compromis qu’on lui connaît à ce raidissement public des chefs militaires qui a un aspect sensationnel malgré le faible écho rencontré (mais notre attention est tant sollicitée par ailleurs...) ; qui a fort peu de précédent, sinon aucun, dans l’expression publique de ce qui ne peut être considéré dans sa logique extrême que comme un refus pur et simple d’obéissance. Vipérin, Bill Van Auken note que « [l]es remarques de Kerry expriment les relations réelles au sein de l’appareil d’État américain, l’influence prépondérante de l’immense appareil militaire et de renseignement et sa capacité à exercer de fait un droit de veto sur les responsables civils élus du pays ».

Effectivement, nous serions conduits à considérer de façon beaucoup plus dramatique l’attitude des militaires US, surtout en raison de leur expression publique dans des cadres hors du circuit militaire. Il s’agit d’une véritable volonté de s’affirmer sur la scène publique washingtonienne comme pouvoir et puissance autonomes, se jugeant eux-mêmes plus aptes que le secrétaire d’État et même que le président lui-même à déterminer ce qui représente la meilleure défense des intérêts stratégiques des USA. Le Pentagone considère depuis un certain temps, avec une irritation croissante, que Kerry manœuvre pour obtenir un accord à tout prix avec les Russes ; que le président est totalement engagé dans la politique partisane d’une campagne présidentielle en pleine crise d’une part, qu’il est surtout préoccupé d’autre part de laisser l’image d’un “président de paix” et qu’il est ainsi favorable à un accord également “à tout prix” avec les Russes sans réellement s’intéresser à son contenu. Ce point de vue du Pentagone implique également que les militaires jugent, dans la situation présente et le contexte qu’on connaît, à la fois Kerry et Obama en position de faiblesse.

En fonction de cette situation, les militaires font une sorte d’OPA publique sur le pouvoir de décision en matière stratégique, et ils le disent sans la moindre vergogne, s’adressant directement au “parti de la guerre” pour obtenir son soutien. Ils l’auront ou l’auraient sans aucun doute si besoin est/était, avec des personnages tels que McCain et Lindsay Graham au Sénat, qui exercent une influence énorme en cette matière et qui sont évidemment des maximalistes en toutes les matières possibles, y compris la psalmodie habituelle du “Assad Must Go” lorsqu’il s’agit de la Syrie, avec haine antirusse comme refrain. De ce point de vue, l’“absence de vergogne” des militaires pour intervenir de façon voyante et en publique n’est ni un défi gratuit, ni une maladresse, etc., mais bien une manœuvre tactique inhabituelle mais rendue nécessaire et assez peu risquée dans la situation actuelle pour affirmer leur position, l’expliciter, et obtenir le soutien public (du “parti de la guerre”) qu’ils recherchent.

Par conséquent et comme le montre cette analyse, nous aurions une vision assez nettement différente de celle de WSWS.org, qui tend à classer cette réaction des militaires comme une sorte d’attitude “normale”, “réglementaire” si l’on veut, en raison de la répartition des pouvoirs (l’idée d’un “droit de veto” des militaires sur la politique de sécurité nationale du pays) à l’intérieur de la machinerie du “pouvoir impérialiste” de Washington. Cela implique un rangement et un classement extrêmement précis et sérieux des différents pouvoirs, les uns par rapport aux autres, avec bien entendu une prédominance indiscutable du “pouvoir militaire”. (Cette façon de juger est très caractéristique des trotskistes, et donc de WSWS.org qui s’affirme si complètement dépositaire de la pensée et des méthodes originales et originelles du courant en question conservé dans sa vertu fondamentale. Nul doute que si les trotskistes venaient au pouvoir, nous aurions droit à un rangement également on ne peut plus sérieux et tiré à quatre épingles, avec réglementation intraitable, notamment de la liberté en première place.)

Au contraire, nous pensons que le pouvoir, d’habitude en grand désordre à Washington avec effectivement ces différents centres de pouvoir exerçant leur influence à différents degrés et avec un succès variable selon les circonstances mais toujours avec une discrétion de bon aloi, “entre copains et coquins”, est désormais plongé dans un hyperdésordre, de la sorte qui se voit sur la place publique, et même qui s’y montre sinon qui s’y pavane. La période se prête évidemment à cette sorte de démarche avec une fin de mandat extraordinairement agitée, une campagne présidentielle d’une intensité et également d’un désordre sans précédent, où le président lui-même est partie prenante simplement parce qu’il entend que “la suite” aille aux démocrates, pour poursuivre sa politique si couronnée de succès juge-t-il, et ainsi assurer son héritage aux yeux de l’histoire. La conséquence est évidemment une position présidentielle extrêmement affaiblie (le président, officier suprême, ou “juge” suprême des politiques à suivre, devenu complètement “partisan” est perçu comme ayant cédé au niveau de la fonction car l’on ne peut être “juge et partie”). Le Pentagone et les militaires jouent donc leur jeu, sans la moindre hésitation, en affichant publiquement une position qui n’est pas loin du simple refus d’obéissance sans trop de risque.

De son côté, Kerry a suffisamment montré de signes de faiblesse à diverses occasions, d’absence complet de caractère, vis-à-vis d’autres départements aussi bien que de certains de ses services (notamment les extrémistes type-Nuland), pour qu’on ne s’étonne pas de le voir lâcher du lest face aux militaires. Reste à voir jusqu’où il est prêt à reculer, soutenu par une planche pourrie nommée Obama qui n’hésiterait pas à le désavouer au profit des militaires si tel était son intérêt. Le point d’interrogation sur cette évolution en-écrevisse concerne le fait que les deux hommes (Kerry comme Obama) ont tout de même certains intérêts, ne serait-ce qu’au niveau de la satisfaction de certains traits de caractère comme la vanité ou l’autoglorification, alors que le revers de leur faiblesse (pour les militaires) est que cette faiblesse, conditionnée par un calendrier de fin de règne, signifie également qu’ils n’ont plus grand’chose à perdre dans cette aventure du strict point de vue de la politique elle-même.

Bref, le spectacle est évidemment pitoyable, exactement dans cette mesure où l’on sait, dans l ‘état des choses et la situation courante, qu’il ne peut être que pitoyable après tout. Les militaires sont très durs et presqu’anticonstitutionnels parce qu’ils ont en face d’eux une mollesse et une dissolution en pleine activité. Les Kerry-Obama reculent parce que c’est dans leurs habitudes et qu’ils n’ont plus rien à gagner du fait que le temps leur est compté ; ils seront prêts à reculer sans doute jusqu’à ce qu’ils réalisent que le “ils n’ont plus rien à gagner” peut également se décliner comme “ils n’ont plus rien à perdre”... Pour notre compte, nous estimons qu’il n’y a pas grand’chose à attendre de cette bataille d’aveugles dans un tunnel, ce qui est une façon comme une autre de décrire le pouvoir aujourd’hui à Washington. Le désordre est total, jusqu’à l’hyperdésordre, donc partout règnent l’impuissance et la paralysie.

Quant aux supputations de WSWS.org sur les réticences des militaires US à partager leurs innombrables petits secrets de procédure avec les Russes, il s’agit là d’une évidence qui ne prouve pas nécessairement la préparation d’une attaque imminente. Les militaires US procèdent de même avec leurs plus fidèles alliés, y compris les Britanniques dans les campagnes militaires, qui en sont réduits au rang d’exécutants aveugles. (Nous rappellerons l’anecdote plaisante venue d’une haute autorité militaire française à propos d’une rencontre des trois chefs du renseignement militaire d’Allemagne, de France et de UK lors de la guerre du Kosovo de 1999, avec le Britannique paradant avantageusement en affirmant qu’il en savait beaucoup grâce à ses liens “privilégiés” avec les USA, mais qu’il ne pouvait rien dire ; jusqu’à ce que les Français, qui jouait alors en indépendant, – temps heureux où la France existait encore, – s’aperçoive dans la discussion, selon ce qu’il en savait grâce à ses propres moyens nationaux, que le Britannique, bien au contraire, n’était au courant de rien au nom de ses liens “privilégiés” avec les USA et que lui, le Français, en savait beaucoup plus, notamment sur les activités des forces US, et particulièrement les vols ultrasecrets des B-2 dont les Britanniques ignoraient tout.)

... Bref et pour couper court, nous dirions que l'on n'attend plus, à Washington, que la venue d'un Trump président, lui qui entend faire valser les généraux.

dedefensa.org

Note

(*) Il est à noter que le texte de WSWS.org, que nous reprenons ci-dessous dans sa version française, a été repris intégralement par Russia Insider le 15 septembre, naturellement dans sa version anglaise. Nous signalons la chose parce que WSWS.org a une attitude bien connue, austère et extrêmement caparaçonnée dans son idéologie trotskiste, et donc ce site plus que méfiant, sinon hostile à établir des liens même de simple manipulation courante dans le monde des réseaux, avec d’autres sites, notamment ceux qui sont à haute visibilité et en anglais bien entendu, qui sont nettement de tendances politiques très différentes même s’ils sont objectivement antiSystème, – cas de Russia Insider, bien entendu. Il s’agit donc d’une entorse à une tradition bien établie qui est peut-être un signe du renforcement ponctuel des collaborations antiSystème, – à moins que RI ait agi sans aucune consultation de WSWS.org, ce qui laisse alors ouvertes toutes les possibilités de réactions et d’interprétations. Quant à dedefensa.org, qui a déjà repris des textes de WSWS.org, évoluant en français avec au cœur un penchant pour une vision suprahumaine des choses, il a jusqu’ici échappé à la vindicte possible de WSWS.org, si WSWS.org s’est aperçu de quelque chose...

____________________

U.S.-Russia-Syria.jpg

Le Pentagone défie ouvertement le cessez-le-feu USA-Russie en Syrie

Pendant que Washington et Moscou convenaient mercredi de prolonger un accord de cessez-le-feu durant encore 48 heures, les déclarations des [dirigeants] civiles et [militaires] du Pentagone ont soulevé des [réserves] sérieuses quant à savoir si les haut-gradés de l’armée américaine sont prêts à se conformer à l’accord. Derrière ces divisions il y a non seulement des préférences tactiques divergentes pour la poursuite des intérêts impérialistes américains en Syrie, mais aussi des [préoccupations] beaucoup plus graves au sujet des tensions militaires croissantes entre les États-Unis et la Russie elle-même.

L’accord de trêve, qui est entré en vigueur lundi, fut négocié entre le ministre américain des affaires étrangères John Kerry et le russe Sergueï Lavrov lors de pourparlers prolongés à Genève à la fin de la semaine dernière. Il appelle à un cessez-le-feu de sept jours, à être renouvelé toutes les 48 heures dans la mesure où il y a une cessation des violences. Après cela, les forces américaines et russes commenceraient à coordonner leurs opérations en Syrie, mettant en place un “centre conjoint de mise en œuvre” et le partage des renseignements de ciblage pour les frappes contre à la fois l’État islamique (ÉI) et le Front al-Nusra, affilié d’Al-Qaïda en Syrie, qui s’est récemment rebaptisé Jabhat Fatah al-Sham, ou Front pour la Conquête de la Syrie.

L’accord a ravivé les vives tensions au sein du gouvernement Obama au sujet de la guerre par procuration de l’impérialisme américain pour le changement de régime en Syrie. Ces divisions [avaient] violemment fait surface précédemment [lorsque] le président Barack Obama n’a[vait] pas utilisé une plus grande puissance militaire pour faire respecter sa demande que le président Bachar al-Assad quitte le pouvoir et, en particulier, en septembre 2013, après que les États-Unis avaient reculé après leur menace de mener un assaut Shock-and-Awe” (choc et effroi) sur Damas avec comme prétexte la fausse accusation selon laquelle le gouvernement Assad aurait utilisé des armes chimiques contre des civils. Washington préféra accepter un accord négocié par la Russie pour le désarmement chimique de la Syrie.

Plus récemment, quelque 50 fonctionnaires du ministère des affaires étrangères ont [diffusé] une note de dissidence interne en juin, demandant que les États-Unis lancent des frappes aériennes contre le gouvernement syrien, prétendument comme moyen de mettre un terme à l’effusion de sang des cinq ans de guerre que Washington lui-même a provoqués pour obtenir un changement de régime. Les désaccords actuels sont beaucoup plus inquiétants, cependant, [parce qu’ils] opposent les commandants militaires d’active américains à la politique du gouvernement, ce qui pose implicitement un défi au principe constitutionnel du contrôle civil de l’armée.

Selon un rapport publié mercredi dans le New York Times, le secrétaire américain à la Défense Ashton Carter a été le premier à exprimer l’opposition de l’armée la semaine dernière lors d’une conférence téléphonique dans laquelle Kerry préconisait l’acceptation de l’accord avec la Russie. Kerry « s’est [senti] de plus en plus frustré » au fur et mesure que le débat se prolongeait pendant des heures avant qu’Obama n’approuve finalement l’accord, a rapporté le Times. Même après que l’administration ait décidé de cette politique, les commandants supérieurs en uniforme ont ouvertement exprimé des réserves, sinon une opposition catégorique.

Interrogé dans une téléconférence de presse [sur le fait de savoir] si les militaires se conformeraient aux termes de l’accord et partageraient des renseignements avec les Russes après la fin de la trêve de sept jours, le lieutenant général Jeffrey Harrigian, le commandant du Commandement central des forces aériennes des États-Unis, qui dirige la campagne de bombardements en Irak et en Syrie, a répondu : « Je pense que… il serait prématuré de dire que nous allons sauter en plein dedans. Et je ne dis pas oui ou non. La décision de l’armée va dépendre de ce que le plan sera finalement », a-t-il indiqué. Harrigian a dit des Russes, « Je ne vais pas dire que je leur fais confiance ».

Cette position a été soutenue par le général Philip Breedlove, qui a quitté le poste de Commandant suprême des forces alliées de l’OTAN en mars dernier seulement. « Je reste sceptique sur quoi que ce soit à voir avec les Russes », a-t-il déclaré au Times dans un entretien. « Il y a beaucoup de préoccupations au sujet de ce que nous ferons là où nos gens se trouvent ».

Par “nos gens”, Breedlove faisait apparemment référence aux diverses milices islamistes que Washington, en collaboration avec ses alliés régionaux, l’Arabie Saoudite, la Turquie et le Qatar, a payées et armées. L’une des principales pierres d’achoppement de l’accord de cessez-le-feu est que les États-Unis sont censés faire en sorte que leurs forces par procuration se séparent des forces d’Al-Qaïda avec lesquelles elles sont alliées et desquelles, dans de nombreux cas, elles sont indiscernables.

Le ministère russe des Affaires étrangères a rapporté que dans une conversation téléphonique avec Kerry mercredi, Lavrov « a souligné que Washington devrait tenir sa promesse d’écarter les groupes de ‘l’opposition modérés’ des groupes de l’ancien Front al Nosra et d’autres qui ont littéralement fusionné avec celui-ci ». Ces forces par procuration ont exprimé leur opposition à une telle séparation et il est loin d’être [assuré] qu’[elles] puissent survivre sans être intégrées aux milices d’al-Qaïda, qui constituent l’épine dorsale des soi-disant “rebelles”.

Ces déclarations ont été suivies mercredi d’un discours prononcé à l’Institut pour l’étude de la guerre à Washington par un général de l’US Army, Joseph Votel, le commandant du Commandement central des États-Unis, qui a exprimé des réserves similaires au sujet de l’accord de cessez-le-feu syrien. « Nous devons voir comment cela va se présenter d’abord […] voir la direction que ça va prendre […] si oui ou non cela se matérialisera effectivement, je ne sais pas », a-t-il déclaré. Votel a ajouté : « Il y a un déficit de confiance avec les Russes. Leurs objectifs ne sont pas clairs pour nous. Ils disent une chose et puis ils ne s’y conforment pas forcément. »

Des sentiments similaires ont été exprimés la veille dans un discours prononcé devant le Conseil de l’Atlantique par le sous-secrétaire de la Défense pour le renseignement Marcel Lettre, qui a [pastiché] la traduction anglaise du proverbe russe répété sans cesse par Ronald Reagan au cours des négociations avec l’Union soviétique dans les années 1980 sur les traités d’armes nucléaires. « Méfiance mais vérification, a déclaré Lettre, cela peut s’appliquer un petit peu dans ce cas ». Il a convenu que les « services de renseignement et le ministère de la Défense soutiennent fortement le nouvel accord » tant que « les étapes se déroulent selon notre façon de voir les choses ».

En réponse à ce roulement des tambours d’opposition militaire, Kerry a prononcé une modeste défense de l’accord qu’il a négocié dans un entretien avec la National Public Radio mercredi insistant pour dire qu’Obama soutient l’accord et est prêt à le mettre en œuvre. « Eh bien, le président des États-Unis est prêt et je pense que l’armée sera donc prête », a-t-il dit. « Personne ne demande aux gens [de transgresser] nos principes, mais il est important pour nous de respecter notre engagement dans l’accord ». Le [secrétaire d’État] « pense » que le Pentagone est prêt à se conformer à un accord approuvé par le président américain, tout en soulignant qu’il ne demande pas aux [chefs] militaires d’« abandonner leurs normes ». Les remarques de Kerry expriment les relations réelles au sein de l’appareil d’État américain, l’influence prépondérante de l’immense appareil militaire et de renseignement et sa capacité à exercer de fait un droit de veto sur les responsables civils élus du pays.

[L’opposition] entre Kerry et les militaires est lié[e] aux priorités contradictoires dans la poursuite par les États-Unis de leur politique impérialiste à l’échelle mondiale. Le soutien de Kerry et d’autres pour le cessez-le-feu n’est motivé par aucun souci humanitaire pour l’effusion de sang en Syrie, mais par leur désir d’utiliser la collaboration avec la Russie comme un moyen de sauver au moins une partie des forces par procuration qu’ils ont soutenues, lesquelles sont au bord d’une déroute complète [face] aux forces gouvernementales soutenues par la Russie. [Kerry & Cie] espèrent pouvoir employer une combinaison de diplomatie et de menaces militaires pour faire pression sur Moscou de sorte qu[e la Russie] se résigne à quelque chose qui ressemblerait au changement de régime que Washington a recherché avec son intervention sanglante en Syrie au cours des cinq dernières années.

Pour leur part, les [orientations centrales] du commandement militaire américain se concentrent de plus en plus sur les préparatifs d’un conflit militaire direct avec la Russie. Des réserves concrètes ont été soulevées quant aux partage des informations permettant de viser des cibles de l’État islamique et du Front al Nosra – en dehors du fait que ce sont les principaux combattants soutenus par les États-Unis pour renverser le régime – car cela pourrait fournir à la Russie des renseignements sur les protocoles militaires des États-Unis que Moscou pourrait utiliser pour se défendre contre des frappes aériennes en Russie ou dans son voisinage proche.

Dans des conditions où les États-Unis renforcent leurs forces depuis l’Europe orientale et les anciens États baltes jusqu’à la mer Noire dans un encerclement de la Russie de plus en plus agressif, [cette tendance] est devenue une préoccupation majeure. L’hystérie antirusse générée par les médias capitalistes américains – avec en tête le New York Times – au sujet d’une implication supposée du Kremlin dans le piratage du Parti démocrate et d’allégations que Donald Trump serait manipulé par Poutine est entièrement liée à ces préparatifs de guerre.

L’émergence de divisions entre l’armée et le gouvernement Obama sur l’accord convenu avec Moscou sur la Syrie constitue un avertissement urgent que le risque de guerres encore plus sanglantes, et même d’une conflagration nucléaire, ne cesse de croître.

Bill Van Auken, WSWS.org

Féminines, pas féministes!

femtraboule.jpg

17:38 Publié dans Evénement | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : gabrielle cluzel, féminisme, féminité, lyon, événement | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

jeudi, 15 septembre 2016

Geschiedenis en identiteitsvorming - Tim Bosman en Sid Lukkassen

Geschiedenis en identiteitsvorming

Tim Bosman en Sid Lukkassen


"Vrijheid van meningsuiting moet absoluut zijn," stelt Tim Bosman, "want goed burgerschap vereist onbeperkte meningsvorming." Het alternatief is volgens hem een vorm van tolerantie die in wezen onverdraagzaam is. Daarbij wordt tegelijk de vrijheid van onderwijzers beperkt.

Bosman werd tweede in de wedstrijd 'beste geschiedenisleraar in Nederland'. Maar hij is niet mild over het onderwijsklimaat in ditzelfde land: het denken in toetsen en examendoelen staat haaks op begeestering en identiteitsverkenning die het vak geschiedenis moet bieden. De Holocaust en het Israël-Palestina conflict krijgen steeds minder aandacht wegens oplopende spanningen in de klas. Bosman onthult dat het geschiedeniscurriculum de PvdA verheerlijkt als de 'naoorlogse opbouwers van Nederland', terwijl de PVV wordt gekenschetst als een groep nationalistische afbrekers.

Geconfronteerd met de globalisering helpt geschiedenisonderwijs Nederlanders en Europeanen bij het te zoeken naar een identiteit. De mondialisering brengt global history het klaslokaal binnen. Echter, global history bevat ook implicaties voor de 'universele' verspreiding van mensenrechten en democratie waar progressieve onderwijsbaasjes niet blij mee zijn.

Doneer Café Weltschmerz, we hebben uw hulp echt nodig!

NL23 TRIO 0390 4379 13

Clio, Muse of History 1798 by Charles Meynier.png

Du temps fléché au retour du temps cyclique?

Du temps fléché au retour du temps cyclique?

Par Chantal Delsol

Chantal Delsol se penche dans une première partie sur le lien entre temps et progrès, à comment le passage de la civilisation occidental au temps fléché a développé l’idée de progrès, c’est-à-dire une idée d’amélioration du monde humain. Comment est-on passé d’une idée de progrès spirituel et de volonté d’améliorer la condition humaine à une notion qui aujourd’hui s’efface ?
Ensuite il s'agit d'explorer dans une deuxième partie la théorie des catastrophes. Puisque le progrès s’efface, l’Histoire redevient une succession d’ordre et de chaos. La vision du temps fléché s’efface et un retour au temps cyclique s’enclenche.

Invité : Chantal Delsol, professeur à l'université de Paris-Est, membre de l'Institut.

Enregistré au Collège des Bernardins le 7 avril et le 5 mai 2010.

tempscyclique.jpg