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vendredi, 10 octobre 2008

Budapest: la NATO a convegno per le strategie del futuro

Budapest: la Nato a convegno per le strategie del futuro

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Venerdi 10 Ottobre 2008 – 12:45 – Andrea Perrone - http://www.rinascita.info stampa

Budapest: la Nato a convegno per le strategie del futuro


La Nato prepara le sue nuove strategie a Budapest e chiede più soldi e militari ai Paesi membri, nonostante una crisi finanziaria che attanaglia tutte le economie nazionali. L’agenda del vertice prevede alcune trasformazioni dell’Alleanza Atlantica, per renderla adatta alle tattiche imperialiste del XXI secolo, e l’andamento delle operazioni dei soldati Nato dislocati in Afghanistan (Isaf) e Kosovo (Kfor). È inoltre prevista, per la prima volta a livello ministeriale, una sessione di lavoro della Commissione Nato-Georgia, costituita nello scorso mese di settembre.
Prima dell’apertura del vertice il capo dello Stato ungherese, Laszlo Solyom, e il primo ministro magiaro, Ferenc Gyurcsany, hanno avuto dei colloqui con il segretario generale della Nato, Jaap de Hoop Scheffer. Oltre a lui l’attuale capo dell’esecutivo ungherese ha incontrato anche il segretario della Difesa Usa, Robert Gates. Al centro dell’incontro fra i ministri della Difesa soprattutto la difficile situazione in Afghanistan, dove le forze Nato si trovano sempre più impantanate in una guerra senza uscita e dall’esito imprevedibile. Nei giorni scorsi Gates aveva chiesto agli alleati un aumento delle truppe, in vista delle elezioni presidenziali afgane nel 2009. A dividere la Nato era stata la richiesta, da parte di Stati uniti, Gran Bretagna e Canada, di estendere i poteri dei militari impegnati in Afghanistan per combattere il traffico di oppio, i cui profitti servirebbero – secondo loro – a finanziare i combattenti talibani. A questo progetto si sono opposte Spagna, Germania e Italia, poiché temono dei rischi aggiuntivi per i soldati Isaf e per la popolazione civile, che potrebbe essere coinvolta nelle operazioni contro il narcotraffico.
A chiarire meglio gli obiettivi della Nato è apparsa un’intervista rilasciata al quotidiano magiaro, Nepszabadsag, del segretario dell’Alleanza Atlantica, il quale non ha mancato di sottolineare che la Nato ha di fronte a sé delle “tremende sfide”, e a loro volta i membri dell’organizzazione devono prepararsi a condividere maggiormente i valori comuni per la difesa, nonché gli sforzi per modernizzare l’Alleanza.
“Abbiamo la necessità di creare una Nato per il XXI secolo, che è costosa ma rappresenta un processo inevitabile”, ha puntualizzato il segretario. Sono proseguiti poi gli scenari funesti che solitamente costituiscono i piani dell’organizzazione militare di Washington e il segretario della Nato ha osservato che è necessario “fare di più, non solo aumentando le spese militari, ma anche sviluppando l’efficienza delle forze”. Ossia nuove guerre per difendere e mantenere gli interessi dell’impero a stelle e strisce in tutto il mondo. “La crisi finanziaria globale premerà certamente sui bilanci nazionali, ma noi dobbiamo difendere i nostri valori congiunti e prepararci ad affrontare le sfide”, non ha mancato di aggiungere Scheffer, secondo il quale l’Alleanza dovrà essere presente per molti anni in Afghanistan. Più sfumati sono stati poi gli attacchi contro la Federazione russa, tanto che il segretario dell’Alleanza ha fatto marcia indietro rispetto alle dichiarazioni delle settimane scorse, affermando che Georgia e Ucraina non sono ancora pronte per entrare nella Nato: “Il summit di Bucarest ha già stabilito che saranno invitati in futuro. Non so quando”. Una minaccia soltanto procrastinata visto che il controllo dell’area contigua ai confini della Federazione continua ad essere uno degli argomenti preferiti dell’Alleanza Atlantica e degli Usa.

Endettement américain, endettement français

Le grand secret : l’endettement des États-Unis comparé à l’endettement français

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Céline, la danse et les danseuses

Trouvé sur: http://ettuttiquanti.blogspot.com

Céline, la danse et les danseuses

"Il n'était pas évident que cet écrivain qui semble ou prétend n'écrire que pour se délivrer de souvenirs insupportables et décharger sa bile soit sensible à d'autres arts qu'à cette prose narrative dans laquelle il s'est lancé comme malgré lui.

Or sa relation avec plusieurs de ces arts a à voir, quoique pas toujours de la même manière, avec sa pratique de romancier, et tout se passe même comme si ses attirances premières avaient été tournées vers des arts qu'il passe ensuite sous silence, en tout cas dans ce Voyage au bout de la nuit qui dessine pour longtemps son image dans l'opinion.

Aucun ne le hante plus continûment et sous des formes plus diverses que la danse, cette mise en forme et en valeur du corps, pour lui avant tout du corps féminin. Sans doute fait-il cette découverte de la danse, comme il le dit, dans le music-hall londonien au cours de son séjour de 1915-1916. Il le retrouvera plus tard à Paris, dans les intermèdes dansés de séances de cinéma au temps du muet. L'épisode du Tarapout dans Voyage au bout de la nuit se souvient de ces expériences. « Ce que je trouve remarquable, dit Céline d'une des danseuses à un journaliste à qui il a donné rendez-vous dans un de ces cinémas, c'est que l'esprit ne cesse pas de dominer les muscles et le métier.» L'instant d'après, il lui parle de « l'infini de la danse ».



L'émerveillement durable dans lequel le plonge Elizabeth Craig quand il la rencontre en 1926 ne tient pas seulement aux qualités de corps et d'esprit de la jeune femme, mais aussi au fait qu'elle fait entrer la danse dans sa vie. À partir de ce moment, il n'aura plus de relation intime durable qu'avec des danseuses, comme s'il avait besoin d'avoir en permanence auprès de lui ce témoignage d'un accomplissement de la vie. Il en a besoin comme d'un contrepoids aux aspects négatifs de cette vie dont son imaginaire fait la matière des romans qu'il écrit. Il s'intéresse au travail intense auquel se plient ses compagnes pour se maintenir au niveau qu'exige leur art; il fréquente les cours qu'elles suivent pour bénéficier de l'expérience de leurs aînées. C'est à l'un d'entre eux, celui de Mme d'Alessandri, qu'en 1935 il rencontre Lurette Almansor, qui se spécialise dans les danses de caractère, d'inspiration espagnole ou orientale. Il vivra avec elle jusqu'à sa mort.

Ce choix n'est pas seulement affaire de relations féminines, il n'est pas exagéré de le dire existentiel, tant il est enraciné au plus profond de sa sensibilité et de son imaginaire. Dans la danseuse, Céline admire une lutte de chaque jour contre les effets que le temps fait subir au corps humain, en le soumettant toujours plus à la pesanteur et en ne lui laissant plus accomplir que des mouvements de moins en moins harmonieux - lutte donc, au repos, contre l'avachissement, l'affaissement, la perte des formes, lorsque les muscles ne suffisent plus à remplir et à tendre la peau qui auparavant les dessinait à la surface,- dans le mouvement, lutte contre la perte de souplesse qui désaccorde les parties du corps dans leur relation les unes avec les autres danseuse est l'être humain qui mène avec le plus d'évidence contre cette mort avant la mort une action perdue d'avance mais glorieuse.

Il est donc logique que Céline s'intéresse autant, et peut-être plus, au travail à la barre et aux répétitions qu'au spectacle final, et qu'à côté de l'envol et des pointes de la danseuse classique il fasse place dans son empyrée à la danseuse de music-hall.
Les circonstances ont fait que le développement le plus long et le plus lyrique que lui ait inspiré la danse soit situé à l'orée des trois cents pages de fureurs et d'éructations de Bagatelles pour un massacre: « Dans une jambe de danseuse le monde, ses ondes, tous ses rythmes, ses folies, ses voeux sont inscrits!... jamais écrits!... Le plus nuancé poème du monde!... émouvant! [ ... ] Le poème inouï, chaud et fragile comme une jambe de danseuse en mouvant équilibre est en ligne, [ ... ] aux écoutes du plus grand secret, c'est Dieu! C'est Dieu lui-même! Tout simplement! [ ... ] La vie les saisit, pures... les emporte... au moindre élan, je veux aller me perdre avec elles... toute la vie... frémissante, onduleuse... » (Bagatelles pour un massacre)

C'est explicitement la raison pour laquelle il insère trois arguments de ballet (« bagatelles ») dans le texte de ce pamphlet, les deux premiers avant de se déchaîner, le troisième pour terminer le livre dans le calme après tant de violences. Il en attend la possibilité, s'ils étaient mis en musique et dansés, de « se rapprocher des danseuses » et, grâce à elles, de mourir « par une onde... la plus dansante... la plus émue... » (Bagatelles). À l'époque où il écrit ces lignes, il ne manque pas de relations personnelles avec des danseuses. Depuis qu'Elizabeth Craig l'a quitté, il voit régulièrement lors de leurs passages à Paris la Danoise Karen Marie Jensen et ses amies américaines, qui se produisent notamment au Radio City Hall de New York. Mais assister aux répétitions d'un ballet dont il aurait écrit l'argument serait être associé aux danseuses dans leur travail, et même accéder à leur saint des saints, si cela pouvait avoir lieu avec le corps de ballet de l'opéra de Paris.

Auparavant, à l'époque où il vivait avec Elizabeth, il avait tenté de mêler autrement danse et écriture. Ses deux pièces de 1926 et 1927, L'Église et Progrès, qui préfigurent, la première Voyage au bout de la nuit, la seconde Mort à crédit, comprenaient des personnages de danseuses et les faisaient danser sur scène, afin, disait Céline au même journaliste (voir p. 83), qu'en elles «sex-appeal» ou encore «attirance biologique » s'imposent directement au spectateur. Ils agiraient sur lui non, comme habituellement dans les pièces, à travers compliments et commentaires, mais comme des évidences ressenties.

Il est cependant significatif que, lorsqu'à deux reprises Céline reprend sous forme romanesque une histoire dont la plupart des éléments subsistent, en revanche la danse et la danseuse disparaissent. Grâce à son intimité avec des danseuses, il parvient, dans sa vie personnelle, à faire contrepoids à tout ce qui le rebute et le fait souffrir dans la réalité. Mais il n'est pas si facile de juxtaposer le positif et le négatif dans une création artistique fondée sur une représentation de cette réalité. Alors, c'est l'imaginaire qui commande et peut seul, par sa cohérence propre et sa correspondance avec le style, faire la valeur de l'œuvre dans l'ordre de la littérature. En Céline, le sens et le désir de la création littéraire, de même que l'intuition sinon la conscience de ses lois, ne sont pas moins forts que l'attachement à la danse. Rien n'est plus éloquent dans ce domaine que les transformations qu'il fait subir à l'histoire des aventures de Bardamu quand il passe du théâtre au roman : il les fait commencer par l'évocation de la guerre, qui devient la clé du roman tout entier. En revanche, il supprime de l'épisode new-yorkais les danseuses et leurs exercices sur scène.

[Photo : Le cours de Mme d'Alessandri avec Lucette Almansor (au milieu)] Quand L'Église fut jouée dans une mise en scène qui lui rendait justice, en 1992, les spectateurs qui gardaient le roman présent à l'esprit découvraient à quel point le choix d'une danseuse professionnelle pour tenir le rôle d'Elizabeth Craig suffisait à lui seul à déplacer le centre de gravité de l'histoire. Sa présence et les mouvements qu'elle exécutait devant Bardamu - et donc devant les spectateurs -, si ces scènes avaient été maintenues dans le roman, auraient fait perdre au reste des expériences du narrateur une partie de l'impact qu'elles ont à la lecture. La note de violence et de noirceur qui était destinée, pour le meilleur et pour le pire, à devenir la marque de Céline dans la littérature de son temps n'était pas compatible avec l'évidence physique de la danse. Quel que soit le secours que Céline tirait personnellement de celle-ci, dont il n'est pas exagéré de dire qu'elle l'aidait à vivre, il était trop écrivain-né pour ne pas en tirer les conclusions qui s'imposaient."

Source : Henri Godard, Un autre Céline, de la fureur à la féerie, Textuel, 2008.

Entretien avec Anatoli Ivanov

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ARCHIVES DE "SYNERGIES EUROPEENNES" - 1996

 

Identité et socialisme en Russie

Entretien avec Anatoli Ivanov

 

Tous les Européens tournent anxieusement leurs regards vers la Russie. Les élections de la Douma n'ont pas profité à l'opposition nationale, qui n'a pas obtenu la majorité des sièges escomptée. L'opposition de gauche a pris, elle, un poids considérable. Mais le vieux clivage gauche/droite, cher aux démocraties vermoulues d'Europe occidentale et des Etats-Unis, est beaucoup plus fluide en Russie car l'anticapitalisme et l'anti-américanisme sont aux programmes de ces deux blocs oppositionnels. C'est en tenant compte de cette réalité idéologique que le spécialiste allemand des questions russes, Wolfgang Strauss, est allé s'entretenir avec notre correspondant russe, Anatoli M. Ivanov, fin observateur de la vie politique russe actuelle (Robert Steuckers).

 

WS: Aviez-vous envisagé la victoire de l'opposition de gauche?

 

AMI: Oui. J'avais pronostiqué 30%. Mais la concentration des voix sur le parti de Ziouganov a été plus forte encore que je ne l'avais imaginé (au lieu de 15%, il a obtenu 22%). Les partisans du PC ont ainsi évité une dispersion des votes. Je connais même d'anciens détenus politiques qui ont voté pour le PCFR. Le parti “Troudovaïa Rossiya” (“La Russie au Travail”) de Viktor Ampilov a engrangé 4,5% des voix et obtenu un seul mandat direct. Le “Parti Agrarien” a eu 4% et 20 élus directs. Le bloc électoral “Le pouvoir au peuple” n'a, lui, obtenu que 1,5%, mais s'est assuré la majorité dans onze circonscriptions. Ses têtes de liste, Ruchkov et Babourine ont désormais un siège au Parlement.

 

WS: Ces résultats ont-ils été obtenus au détriment de l'opposition nationale?

 

AMI: Sans nul doute, on peut dire que l'aile nationale du spectre politique russe est sortie affaiblie de ces élections. Jirinovski a eu 11% et a subi ainsi une défaite dans toutes les circonscriptions où le vote personnel avait de l'importance. Parmi ses 180 candidats directs, un seul a obtenu un siège.

 

WS: Le fisco du “Congrès des Communautés Russes” (CCR) était inattendu: il n'est pas parvenu à passer la barre des 5%...

 

AMI: Dans les circonscriptions à vote majoritaire, le CCR a gagné cinq mandats, parmi lesquels celui du Général Alexandre Lebed. Tous les observateurs de la vie politique russe pensent que la raison principale de cet échec provient de la personnalité de Skokov, fort antipathique. Cet homme figurait en tête de liste. Le maigre résultat du CCR diminue considérablement les chances du Général Lebed dans la prochaine course à la présidence.

 

WS: Et qu'est-il advenu du mouvement social-patriotique “Derchava”, dirigé par le Général Routskoï, le héros de la Maison Blanche en octobre 1993?

 

AMI: Ce mouvement a dû encaisser une défaite totale. Il n'a obtenu que 2% des voix et n'a gagné aucun mandat direct.

 

WS: Et les autres figures de proue de l'opposition nationale qui se sont présentées dans les circonscriptions à élection directe?

 

AMI: Elles ont toutes été perdantes. Nikolaï Lyssenko, le chef des nationaux-républicains, a connu l'échec tout comme les candidats de la “Fédération des Patriotes”, les généraux Sterligov et Atchalov, et les militants du “Semskii Sobor” (“L'Assemblée du Pays”), parmi lesquels l'ancien député Astafiev, un chrétien démocrate. Le cinéaste Stanislav Govoroukhine de l'“Alliance Populaire”, porte-paroles de la fraction constituée par le petit “Parti Démocratique” dans l'ancienne Douma, a gagné les élections dans sa circonscription à vote majoritaire, grâce à l'appui des communistes; en revanche, ses co-listiers Axioutchiz (libéral) et Roumiantsev (social-démocrate) ont perdu. Les locomotives du “Parti National-Bolchevique”, Edouard Limonov et Alexandre Douguine, n'ont eu aucun succès à Moscou et à Saint-Petersbourg. Le célèbre animateur de télévision Alexandre Nevzorov a été réélu à Pskov. Le “Mouvement Populaire Russe”, fondé par les Cosaques de Sibérie, n'a obtenu que 0,13% des voix. Quant aux atamans des Cosaques du Don, Ratiyev et Kosytsine, ils n'ont pas pu s'affirmer dans leurs propres circonscriptions électorales.

 

WS: Mais quel est le résultat final de tout cela, en termes de sièges à la Douma...

 

AMI: ... les partis d'opposition nationale ont 20%, le parti gouvernemental de Tchernomyrdine n'a que 9%. Le rapport des forces est de 51-49. L'opposition, droites et gauches confondues, obtient 51%; Tchernormyrdine, c'est-à-dire Eltsine, et différents partis démo-libéraux, obtiennent 49%.

 

WS: Au vu de ses résultats, peut-on dire que les pronostics pour les élections présidentielles du 16 juin doivent être totalement révisés?

 

AMI: Certainement. Tous les pronostics émis avant le 17 décembre se basaient sur des appréciations exagérées de la popularité de Lebed. Il ne reste plus que deux favoris à l'heure actuelle: Ziouganov et Jirinovski. Chacun d'eux peut battre Tchernormyrdine, mais pas Eltsine! Le CCR fait contre mauvaise fortune bon cœur et cherche les causes de sa défaite dans les brouilles internes du mouvement, dans les intrigues de ses propagandistes, en un mot, partout, sauf, dans ses propres erreurs de gestion.

 

WS: Ce qui intéresse tout particulièrement les lecteurs allemands et ouest-européens, militants des diverses oppositions nationales comme anti-fascistes en quête de sensationnel, c'est l'échec complet du mouvement “Unité Nationale Russe”, qui a fait la une de beaucoup de journaux à cause de son style qui rappelait les années 30...

 

AMI: Pour ce qui concerne son leader, Alexander Barkachov, il faut dire que son avocate, Madame Dementyeva, a subi une défaite à Moscou, tandis que son second candidat a échoué dans la région de Kalouga. Un ancien partisan de Barkachov, Alexander Fiodorov, s'est porté candidat pour le “Parti Russe” à Mytichtchy dans la région de Moscou: en vain, résultats nuls! Quant au célèbre Wedekin, il a connu l'échec à Lioubertzy, également dans la région de Moscou. Nos grandes villes ne se prêtent pas à ce type d'“aventuriers politiques”, comme les appelent les libéraux. Alexander Nevzorov a été plus pertinent: il s'est porté candidat en province, à Pskov, et a gagné.

 

WS: Il est étonnant que ce mouvement national, si bien capillarisé dans la société, si diversifié, alignant tant de partis et de cartels électoraux, n'a obtenu que des résultats aussi misérables. En tant qu'analyste patenté de cette nébuleuse de partis d'opposition nationale, pourriez-vous nous expliquer les causes de cet échec?

 

AMI: Il y a deux causes principales, d'ordre technique et organisationnel. D'abord, ils n'ont pas été en mesure de réunir les 200.000 signatures par liste prévues par la loi électorale. Ensuite, ils ne possédaient pas de “réserves” de voix, ce qui permettait à la “commission électorale centrale” de les exclure très aisément de la course. Plusieurs partis ont été victimes de cette débâcle: le “Parti Russe” du Colonel Milozerdov, le parti “Renaissance”, le “Parti National Populaire’ de Vladimir Ossipov (un ami de jeunesse, prisonnier politique de 1961 à 1968 et de 1974 à 1982), la “Fédération des Patriotes”, enfin, le Semskii Sobor dans lequel militaient le célèbre sculpteur Klykov et le rédacteur en chef du journal “Rousski Vestnik” (= “Le messager russe”), Sénine, qui figurera en tête de liste.

 

WS: Donc, dès le départ, c'est Jirinovski qui a eu les meilleurs atouts en mains?

 

AMI: Quelle que soit la position que l'on adopte à son égard, quel que soit le jugement que l'on puisse porter sur sa personne, ses succès électoraux nous obligent à réfléchir. L'élément principal dans ce phénomène politique, c'est que Jirinovski incarne le type même de l'activiste politique moderne capable de conquérir la sympathie du public et qui ne palabre pas inlassablement sur le bon vieux temps d'il y a cent ans...

 

WS: Il est tout de même étonnant qu'aucun rival ne se mette en travers du chemin qu'emprunte cet homme haut en couleurs, qu'aucun concurrent crédible venu du camp de l'opposition nationale, qu'aucun populiste véritable ne se lève pour lui barrer la route...

 

AMI: Effectivement! Lors des élections pour la Douma en décembre 1993, Jirinovski a profité de la colère populaire après l'assaut sanglant lancé par les troupes d'Eltsine contre le Parlement (la Maison Blanche). Jirinovski a pu ainsi se hisser au-dessus des cadavres des défenseurs de la Douma et confisquer à son profit leurs mots d'ordre nationaux russes. En 1995, les démocrates annonçaient urbi et orbi  que le parti de Jirinovski n'allait jamais passer la barre des 5%. Aujourd'hui, ils s'étonnent une fois de plus des succès enregistrés par Jirinovski. On peut se poser la question: pourquoi aucun homme politique du camp national ne peut-il dépasser Jirinovski en popularité, pourquoi aucun d'entre eux ne peut-il exercer le même pouvoir d'attraction sur les masses populaires, ne fait-il preuve d'une autorité comparable?

 

WS: La Russie ne possède-t-elle donc pas d'homme charismatique dans le camp des nationaux?

 

AMI: Pendant toute une période, on a pensé que le Général Alexander Routskoï allait pouvoir jouer ce rôle. Sous la bannière de son mouvement “Derchava”, plusieurs opposants du camp national se sont unis, tels Axioutchitz, Astafiev, Pavlov, Artemov et le Colonel Alksnis. Mais on n'a assisté par la suite qu'à des démissions, des scissions, des intrigues. C'est ainsi que Routskoï a perdu son prestige, qu'il n'a plus pu jouer le rôle d'intégrateur. L'échec de son mouvement met un terme définitif à ses ambitions dans les élections présidentielles. Après le désastre subi par Routskoï, les mouvements patriotiques ont placé leurs espoirs dans le Général Alexander Lebed. Mais contre toute attente, son CCR a subi une terrible défaite en décembre 1995. Du fait que le CCR n'a pas réussi à se tailler une part dans les sièges de la Douma, on a accusé son président, Youri Skokov, d'avoir mal géré le mouvement derrière lequel se profilait le populaire Général. La stratégie de Skokov a suscité l'incompréhension voire le rejet des nationaux-patriotes. Non seulement parce que le technocrate Skokov pactisait en coulisse avec le parti de Gaidar, mais parce que Skokov prétendait qu'il n'existait pas de Russes ethniquement purs et que, dès lors, la Russie devait être transformée, par le biais d'un référendum, en une Union d'ethnies diverses.

 

WS: Mais les causes de l'échec de l'opposition nationale ne sont-elles pas plus profondes, ne sont-elles pas à rechercher au-delà des querelles de personnes, c'est-à-dire dans le discours idéologique lacunaire qu'elle tient et dans les stratégies déficitaires qu'elle pratique?

 

AMI: Bien sûr. Quoi qu'on puisse dire sur Routskoï, il a eu des moments de grande lucidité. La grande tragédie de la Russie, a-t-il dit lors d'un entretien avec la presse, est d'avoir considérer que les deux grandes idées mobilisatrices de notre siècle, l'idée de justice sociale et l'idée d'identité nationale, ont été considérées comme des antinomies. Effectivement, quand un militant politique s'engage pour le salut de sa nation et oublie la justice sociale, ou quand un militant socialiste s'engage à fond pour la justice sociale et oublie le salut de la nation, ils font tous deux fausse route, s'engagent dans une impasse. Hélas, Routskoï n'a fait que signaler ce problème majeur, il n'a suggéré aucune solution. Mais si les nationaux parvenaient à s'en rendre compte et à agir en conséquence, les communistes perdraient rapidement leur marge de manœuvre en Russie.

 

WS: Autre sujet: la situation des Allemands de Russie autorise-t-elle quelqu'espoir? Quelles sont leurs chances de retrouver une dose d'autonomie? Comment leur futur se dessine-t-il? Vont-ils rester? Vont-ils émigrer?

 

AMI: La situation des Allemands de Russie a été soumise à discussion dans la Douma le 17 novembre 1995. C'est une déclaration du député communiste Oleg Mironov qui a ouvert les débats. Dans la circonscription électorale d'Engels, ce député a proposé de voter le 17 décembre pour le national-républicain Lyssenko. Mironov a dit: «Dans la région de Saratov les relations entre les nationalités sont en train de se dégrader. D'après les résultats de sondages locaux, la population russe refuse catégoriquement que ce crée un Etat allemand sur le cours de la Volga [ndlr: comme avant 1941]. Il est dangereux de soulever à nouveau cette question. Parmi les habitants de cette ancienne république autonome règne désormais un certain désarroi; ils pensent: des Allemands dans la région? Oui! Une autonomie? Non!».

 

WS: Il n'y a pas eu de voix pour s'opposer à cette opinion?

 

AMI: Si. Le ministre des nationalités Mikhaïlov a répondu que les données qu'avançait Mironov étaient obsolètes et remontaient aux années 1988-89. A cette époque-là, la situation avait été très tendue; aujourd'hui, quelque 17.000 Allemands se seraient installés dans la région, dont 65 à 70% des familles seraient mélangées, seraient donc germano-slaves. Près de 80% des Allemands de Russie vivaient auparavant en Sibérie occidentale, soulignait le ministre.

 

WD: Jirinovski a-t-il participé aux débats?

 

AMI: Oui, en lançant la phrase suivante: «Nous devrions cesser définitivement de parler de la création d'une quelconque autonomie pour les Allemands de Russie. Au Kazakhstan, s'il vous plait».

 

WS: Qu'a répondu le ministre?

 

AMI: En citant des faits. Voici ce qu'il a dit, textuellement: «Après la guerre, 1,7 million d'Allemands ont quitté l'URSS et, au cours de ces trois dernières années, 200.000 Allemands supplémentaires sont encore partis, la plupart venant du Kazakhstan, d'Asie centrale». Un tiers de ces réfugiés sont revenus s'installer en Sibérie occidentale russe, où nous avons constitué deux arrondissements nationaux allemands, dans la région de l'Altaï et dans la circonscription d'Azov dans la région d'Omsk. 70.000 Allemands du Kazakhstan et d'Asie centrale  —dans ce cas aussi, nous avions affaire à des familles mixtes—  ont souhaité s'installer dans la circonscription d'Azov». Ensuite, Mikhaïlov a dit, plein d'espoir: «Nous avons donc un bilan positif. Au cours de ces deux dernières années, plus d'Allemands ont quitté la région de Saratov que de nouveaux arrivants y ont été enregistrés. Dans des circonstances favorables, 150.000 à 160.000 Allemands pourraient trouver une nouvelle patrie sur les rives de la Volga».

 

WS: Monsieur Ivanov, nous vous remercions de nous avoir accordé cet entretien.

(entretien paru dans Europa Vorn, n°100, 1 avril 1996; adresse: Europa Vorn, Pf.30.10.10, D-50.780 Köln).

jeudi, 09 octobre 2008

Crise financière ou agonie du capitalisme?

Trouvé sur: http://ettuttiquanti.blogspot.com

Crise financière ou agonie du capitalisme ?

Par Thierry Ternisien d'Ouville, 29/9/2008 : "Bien loin d’être due à l’œuvre du spéculateur, l’un des trois boucs émissaires créés par nos sociétés actuelles, la crise financière qui secoue l’économie mondiale n’est que l’aboutissement logique d’une évolution qui s’est accélérée. Par son développement même le capitalisme a atteint des limites qu’il est incapable de dépasser et ne survit que par des subterfuges à la crise de ses trois piliers : l’accumulation du capital, la consommation, le travail.

Le capital. Du fait des gains croissants de productivité et de la baisse de contenu en travail des produits, la production n’est plus capable de valoriser l’ensemble des capitaux accumulés, une partie croissante de ceux-ci conservant la forme de capital financier. Une industrie financière s’est constituée qui ne cesse d’affiner l’art de faire de l’argent en n’achetant et ne vendant rien d’autres que diverses formes d’argent. C’est cette industrie que nous voyons s’écrouler. C’est ce qui a fait dire à André Gorz, dans le dernier article écrit avant sa mort que « la sortie du capitalisme a commencé ».

La consommation. Cette impossibilité croissante de valoriser le capital est accentuée par la baisse du pouvoir d’achat dans tous les pays ayant adopté le dogme néolibéral. Le recours à l’endettement massif, dont les subprime ne sont que le dernier épisode, a servi à masquer cette évidence en poussant des millions de travailleurs à consommer des richesses qu’ils n’avaient pas encore créées. C’est cette course à l’endettement qui vient de s’enrayer. Elle devrait logiquement être suivie par un effondrement de la consommation.

Le travail. Cet effondrement de la consommation sera lui-même accentué par la disparition du travail-emploi-marchandise. Ce n’est pas seulement le plein emploi, c’est l’emploi lui-même que le post-fordisme a entrepris de supprimer. Derrière des taux de chômage flatteurs et très souvent manipulés, cette destruction est visible dans la réalité des chiffres de la durée du travail qui traduit une dégradation très profonde de la qualité des derniers emplois créés.

Il faut être précis : nous aurons toujours autant de travail que nous voudrons, mais il ne prendra plus la forme du travail-emploi marchandise. Questionner le travail en revisitant l’œuvre d’Hannah Arendt et sa distinction entre les différents types d’activité humaine (travail (labour), œuvre (work), action) est très éclairant.

Par cette évolution, en détruisant ses moteurs, le capitalisme travaille à sa propre extinction et fait naître des possibilités sans précédent de passer à une économie affranchie de la domination du capital sur le mode de vie, les besoins et la manière de les satisfaire. C’est cette domination qui demeure l’obstacle insurmontable à la limitation de la production et de la consommation. Elle conduit à ce que nous ne produisons rien de ce que nous consommons et ne consommons rien de ce que nous produisons.

Tous nos désirs et nos besoins sont des besoins et des désirs de marchandises, donc des besoins d’argent. L’idée du suffisant -l’idée d’une limite au-delà de laquelle nous produirions ou achèterions trop, c’est-à-dire plus qu’il ne nous en faut -n’appartient pas à l’économie ni à l’imagination économique. Elle peut par contre appartenir à l’imagination citoyenne."

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Note sur Otto Weininger

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Note sur Otto Weininger (1880-1903)

 

 

«Quel homme étrange, énigmatique, ce Weininger!», écrivait August Strindberg à son ami Artur Gerber, immédiatement après le suicide d'Otto Weininger, âgé de 23 ans. «Weininger mi ha chiarito molte cose» [= “Weininger m'a éclairé sur beaucoup de choses”], avouait Mussolini dans son long entretien avec Emil Ludwig. Pour Ernst Bloch, l'ouvrage principal de Weininger, Sexe et caractère,  était “une unique anti-utopie contre la femme”, Weininger était dès lors un “misogyne extrême”, un misogyne par excellence. Theodor Lessing posait le diagnostique suivant: il voyait en Weininger la typique “haine de soi” des Juifs. Rudolf Steiner voyait en lui un “génie décadant”. Il fut admiré par Karl Kraus, Wittgenstein et Schönberg; Mach, Bergson, Georg Simmel et Fritz Mauthner l'ont lu et l'ont critiqué. Son ouvrage principal a connu quelque trente éditions, a été traduit en vingt langues; en 1953, il a même été traduit en hébreu malgré son antisémitisme. Plus d'une douzaine de livres ont été consacrés jusqu'ici à Weininger seul.

 

Otto Weininger est né en 1880 à Vienne. Très tôt, il a été marqué par le souffle, d'abord fort léger, de la décadence imminente. C'était la Vienne fin de siècle, avec Hofmannstahl, Schnitzler et Nestroy, Wittgenstein et le Cercle de Vienne, l'empiro-criticisme et la psychanalyse freudienne, Mahler et Schönberg, Viktor Adler et Karl Lueger: une grande richesse intellectuelle, mais marquée déjà du sceau de la fin. L'effervescence intellectuelle de Vienne semble d'ailleurs se récapituler toute entière dans la personne de Weininger: il développe des efforts intellectuels intenses qui finissent par provoquer son auto-destruction. Et il a fini par se suicider le jour de sa promotion, ce Juif converti au protestantisme, ce philosophe qui était passé du positivisme à la métaphysique mystique et symbolique; en peu d'années, cet homme très jeune était devenu une sorte de Polyhistor qui naviguait à l'aise tant dans l'univers des sciences naturelles que dans celui des beaux arts, qui connaissait en détail toutes les philosophies d'Europe et d'Asie, qui savait toutes les langues classiques et les principales langues modernes d'Europe (y compris le norvégien, grâce à son admiration pour Ibsen).

 

Pourquoi ce jeune homme si brillant s'est-il tiré une balle dans la tête le 4 octobre 1903, quelques mois après la parution de son ouvrage principal, dans la maison où mourut jadis Beethoven?

 

«Seule la mort pourra m'apprendre le sens de la vie», avait-il un jour écrit. Et il avait dit à son ami Gerber: «Je vais me tuer, pour ne pas devoir en tuer d'autres». Bien qu'il ait toujours considéré que le suicide était un signe de lâcheté, il s'est senti contraint au suicide, tenaillé qu'il était pas un énorme sentiment de cul­pabilité. Ce qui nous ramène à son œuvre et à sa pensée, où la catégorie de la culpabilité occupe une place centrale. La culpabilité, pour Weininger, c'est, en dernière instance, le monde empirique.

 

Après avoir rapidement rompu avec le néo-positivisme de Mach et d'Avenarius, Weininger développe tout un système métaphysique, une philosophie dualiste au sens de Platon et des néo-platoniciens, du chris­tianisme et de Kant. D'une part, nous avons ce monde de la sensualité, de l'espace et du temps, c'est-à-dire le Néant. De l'autre, nous avons le monde intelligible, soit le monde de la liberté, de l'éthique et de la logique, de l'éternité et des valeurs: le Tout. Le monde empirique, selon Weininger, n'a de réalité que sym­bolique; c'est pourquoi, inlassablement, il approfondit la signification symbolique de chaque chose empi­rique, de chaque plante, de chaque animal, au fur et à mesure qu'elle se révèle à son regard mystique. Ainsi, la forêt est le symbole du secret; le cheval, le symbole de la folie (on songe tout de suite à cette ex­périence-clé de Nietzsche, se jetant au cou d'une cheval à Turin en 1889!); le chien, celui du crime; et ce sont justement des cauchemars, où des chiens entrent en jeu, qui ont tourmenté Weininger, tenaillé par ses sentiments de culpabilité, immédiatement avant son suicide.

 

Ce qui est caractéristique pour tous les efforts philosophiques de Weininger, est un élément qu'il partage avec toutes les autres philosophies dualistes, soit une nostalgie catégorique pour l'éternité, pour le monde de l'absolu et de l'immuable. En guise d'introduction à cette métaphysique, citons, à partir de son ouvrage principal, cette caractérologie philosophique des sexes, aussi bizarre que substantielle. Cette caractérologie reflète finalement son dualisme métaphysique fondamental. Le principe masculin est le re­présentant du Tout. Le principe féminin, le représentant du Néant. Cette antinomie, posée par Weininger est à la source de bien des quiproquos. En fait, il ne parle pas d'hommes et de femmes empiriques, mais d'idéaltypes. Tout être empirique contient une certaine combinaison de principe masculin et de principe féminin, de “M” et de “F” comme Weininger les désigne. Cette notion d'androgyne, il la doit à Platon (Sym­po­sion)  et il cherche à expliquer, par les différences dans les combinaisons entre ces deux élé­ments, quelles sont les lois régissant les affinités sexuelles, notamment l'homosexualité et le féminisme.

 

Sur base de son analyse des deux idéaltypes, Weininger voulait jeter les fondements d'une psychologie philosophique et remettre radicalement en question la psychologie de tradition anglo-saxonne, qu'il ju­geait être dépourvue de substance. Le principe “M” est donc l'idée platonicienne de l'homme et le véhicule du génie, qui, grâce à sa créativité, sa logique et son sens de l'éthique, participe au monde intelligible. Le principe “F”, en revanche, n'est que sexualité, au-delà de toute logique et de toute éthique; en fin de compte, il est le Néant et la culpabilité qui tourmente le principe masculin. Le principe “F” est incapable d'amour, car tout amour véritable naît d'une volonté de valeur, ce qui manque totalement au principe fé­minin. En conséquence, pense Weininger, la véritable émancipation de la femme serait justement de dé­passer et de transcender ce principe féminin; le raisonnement de Weininger est très analogue à celui de Marx dans La question juive,  quand l'auteur du Capital donne ses recettes pour résoudre celle-ci.

 

Weininger consacre tout un chapitre au judaïsme et, en lisant, on s'aperçoit immédiatement qu'il ne s'agit pas seulement d'une manifestation de “haine de soi”, typiquement juive, mais, bien plutôt d'une analyse profonde, introspective et psychologique de l'essence du judaïsme. Weininger pose la question de savoir si sont exactes les théories qui affirment que les Juifs constituent le plus féminin et le moins religieux de tous les peuples; certaines de ses analyses en ce domaine, comme du reste dans les chapitres sur le crime et la folie, la maternité et la prostitution, l'érotisme et l'esthétique, sont magistrales, véritablement géniales, mais aussi, en bien des aspects, déplacées, naïves ou exagérément exaltées.

 

Ce qui en impose dans l'œuvre de Weininger, c'est qu'il tente de penser à fond et d'étayer son anti-fémi­nisme et de l'inclure dans un système métaphysique de type néo-platonicien. Certes, il y a eu des doc­trines anti-féministes à toutes les époques, et qui n'exprimaient pas seulement une quelconque misogy­nie, mais qui apercevaient clairement que le féminisme était une de ces idéologies égalitaires qui entravait le chemin des femmes vers une réelle affirmation d'elles-mêmes. Mais, à l'exception des idées de Schopenhauer, jamais l'anti-féminisme n'a été esquissé avec autant de force et de fougue philosophiques que chez le jeune philosophe viennois.

 

Mladen SCHWARTZ.

(texte issu de Criticón, n°64, mars-avril 1981; trad. française: Robert Steuckers).

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Bulletin célinien, n°301

Le Bulletin célinien

Sommaire du n° 301, octobre 2008 :

Marc Laudelout : « Sur Céline » de Philippe Alméras
Jean-Pierre Doche : Céline parmi nous
Alain Ajax : Céline au bout du communisme
Marc Laudelout : Céline dans la presse
Tomohiro Hikoe : « Progrès » et le music-hall
Michel P. Schmitt : Toujours à propos du 300ème numéro du BC

Le Bulletin célinien
B P 70
1000 Bruxelles 22
Belgique

http://louisferdinandceline.free.fr
celinebc@skynet.be




Numéro disponible contre 6 € (en timbres-poste ou par chèque à l'ordre de M. Laudelout)

mercredi, 08 octobre 2008

La Chine soutient l'action géopolitique de la Russie

LA CHINE SOUTIENT L’ACTION GÉOPOLITIQUE DE LA RUSSIE

Quotidien du Peuple, février 2008 :



« Il est impératif pour la Russie d’affirmer clairement son opposition à un monde unipolaire et de se positionner en tant qu’Etat cherchant à promouvoir la démocratisation des relations internationales. Tirant les leçons de l’Histoire, la Russie fait preuve d’une extrême fermeté, non pour s’engager dans une guerre froide, mais pour amener l’Occident à la respecter et à construire avec elle des relations de partenariat sur un pied d’égalité. »


Shen Jiru, professeur au Centre de recherches sur la politique et l’économie de l’Académie des sciences sociales de Chine

 

 


« Le développement des relations amicales [de la Russie] avec la Chine revêt une importance considérable. La Russie a besoin de l’aide de la Chine pour retrouver son statut de grande puissance et contrer les Etats-Unis dans leur stratégie d’hégémonie planétaire. Ces dernières années, la Russie a approfondi sa relation avec de nombreux pays d’Orient, dont la Chine. Elle cherche à surfer sur la vague de leur boom économique et à se servir de leur appui pour se poser en concurrente des nations occidentales et procéder à des "attaques mesurées" afin de percer la muraille dressée autour d’elle par les Etats-Unis et les pays européens. »


Wang Zhengquan, professeur à l’Institut des relations internationales de l’Université du Peuple de Pékin

 

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E. Todd: la Russie n'est pas une menace pour l'Europe de l'Ouest

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Emmanuel Todd : la Russie n’est pas une menace pour l’Europe de l’Ouest
5 octobre 2008

Emmanuel  Todd  plaide  pour une approche plus équilibrée envers la Russie.
L’interdépendance  géopolitique  entre  l’UE  et  cette grande nation et la
redistribution  des rapports de forces entre nations développées et nations
émergentes  devraient  nous  conduire  à nous rapprocher de la Russie, dont
selon  lui  «  l’histoire  démontre que sa vision du monde est spontanément
égalitaire  et  multipolaire.  A  l’inverse  des Etats-Unis qui se trouvent
aujourd’hui  dans  un  rapport asymétrique d’exploitation du monde. » Il en
déplore d’autant plus le récent tropisme Atlantique français alors même que
la  prééminence  des  USA est compromise. « La France aurait dû s’en rendre
compte  et  se  rapprocher  des  puissances émergentes plutôt que de suivre
l’Amérique dans une sorte de crispation « occidentaliste ». Le gouvernement
français  me  fait  penser à un rat qui monterait sur un navire en train de
couler. »

Emmanuel Todd s’entretient avec Inna Soldatenko, le Courrier de Russie,
30
Septembre 2008

Le Courrier de Russie : A qui faut-il imputer la faute dans la crise
géorgienne ? Aux Russes, aux Géorgiens ou aux Ossètes ?

Emmanuel Todd : Je propose d’observer le problème de la crise géorgienne
d’une façon plus large, dans le cadre des enjeux géopolitiques
internationaux. Il faut se rappeler qu’après la chute de l’URSS et le repli
stratégique de la Russie, les Etats-Unis sont devenus l’unique
superpuissance mondiale. Ils ont adopté, à partir de 1996-97 un
comportement agressif vis-à-vis d’autres pays du monde. On en a vu les
manifestations dans l’invasion de l’Irak, dans la campagne anti-iranienne
de l’administration américaine ou encore dans l’attaque menée par Israël,
pays satellite des Etats-Unis, au sud-Liban. La crise géorgienne n’est
qu’une étape supplémentaire dans cette séquence agressive du système
américain.

LCDR : Pourquoi une telle hostilité ?

E.T. : Les Etats-Unis se comportent de façon agressive parce qu’ils sentent
leur puissance s’affaiblir. Le monde américain subit une crise économique,
sociale et culturelle grave. L’effondrement financier actuel n’en est
qu’une nouvelle preuve. Entre-temps, nous observons d’autres pays du monde
regagner leur puissance. On assiste à une montée spectaculaire de l’Inde et
de la Chine. On voit également le rétablissement de la Russie qui retrouve
son équilibre économique et enregistre des taux de croissance élevés. Le
monde change à grande vitesse, mais tous ne s’en rendent pas compte. On
trouve encore beaucoup de gens inconscients du déclin industriel des
Etats-Unis et de la fragilité de leur système. Ce fut justement le cas des
Géorgiens qui se sont lancés dans la conquête de l’Ossétie se croyant
soutenus par le camp « occidental » mais se sont retrouvés victimes de
l’impuissance matérielle de leur allié américain. Mikhaïl Saakachvili a
sous-éstimé la nouvelle capacité d’action de la Russie. Celle-ci ne
souhaite pas voir l’OTAN s’installer à toutes ses frontières et n’hésite
plus pas à utiliser son armée pour faire entendre son « non ».

LCDR : Croyez-vous que les Etats-Unis aient incité la Géorgie à attaquer
l’Ossétie ?

E.T. : On ne sait pas exactement comment la décision a été prise et,
probablement ne le saura-t-on jamais. Mais la vraie question, c’est comment
la Géorgie a-t-elle pu s’imaginer qu’elle allait faire plier la Russie ?
Comment Saakachvili a-t-il pu envoyer ses troupes en Ossétie, alors que la
partie la mieux équipée de l’armée géorgienne était en train de soutenir
les Américains en Irak ?

LCDR : Pourtant, la Géorgie a été écrasée par l’armée russe et les
Etats-Unis, à supposer qu’ils ont effectivement joué un rôle dans le
conflit, auraient dû prévoir ce scénario...

E.T. : Il faut se rappeler que l’on ne connaît toujours pas l’issue de la
crise. Elle semble avoir conduit les Polonais à finalement accepter
l’installation du système anti-missile américain sur leur territoire. Elle
pourrait pousser les gouvernements européens à affaiblir leurs liens avec
la Russie et se rapprocher encore plus des Etats-Unis. Qui sait si les
stratèges américains n’ont pas espéré entraîner la Russie elle-même dans
une séquence agressive, la conduisant à adopter une posture revancharde et
conquérante nuisible à son statut international. L’administration
américaine aurait pu sacrifier le pion géorgien pour améliorer sa situation
sur la scène internationale. Les Américains jouent au poker, vous savez.
Les Russes jouent aux échecs. Ils ont pris le pion géorgien, montré que
l’Amérique ne les impressionnait plus, mais ils ont fait du maintien de
relations paisibles et utiles avec l’Europe de l’Ouest leur priorité.

LCDR : Comment expliquer la réaction de l’Europe au conflit géorgien ?

E.T. : Les gouvernements européens sont pris dans un dilemme entre les
intérêts de leurs peuples et ceux de leurs élites. Ce n’est pas un grand
secret : les oligarchies occidentales sympathisent avec les Américains et
soutiennent leur politique. Les peuples européens non. L’intérêt
géopolitique de la France en tant que puissance moyenne et européenne
serait une entente cordiale et stratégique avec la Russie.

LCDR : Pourtant, dans la société occidentale, on parle plus souvent de la
menace russe...

E.T. : La Russie n’est pas une menace pour l’Europe de l’Ouest. Je dis
consciemment « Europe de l’Ouest » parce que les Russes sont des Européens.
La Russie a terriblement souffert de la deuxième guerre mondiale et ne
cherchera pas, j’en suis convaincu, à déclencher de nouveaux conflits. La
Russie a par ailleurs constaté, du temps de l’URSS, que l’Empire était une
entreprise peu rentable. Son déclin démographique interdit de toute façon
un fantasme expansionniste. La menace militaire russe est un mythe. La mise
au pas de la minuscule Géorgie ne démontre pas que l’armée russe est
toute-puissante. Elle démontre simplement que, dans le Caucase, la
puissance militaire américaine n’existe pas.

LCDR : Mais outre la sécurité militaire, il existe la sécurité
énergétique...

E.T. : Il ne faut pas oublier que la Russie et l’Europe de l’Ouest se
retrouvent en état d’interdépendance. L’Europe a toujours besoin du gaz
russe, mais la Russie a besoin des biens d’équipement européens, de
technologies et de savoir-faire. Et ce n’est pas par hasard que les
producteurs d’automobiles européens s’implantent en Russie et y travaillent
avec beaucoup de succès.

LCDR : Si la France est intéressée à maintenir ses liens avec la Russie,
pourquoi la presse occidentale adopte-t-elle une attitude aussi critique à
son égard, notamment dans la couverture du conflit géorgien ?

E.T. : Les journalistes européens se montrent souvent hostiles à l’égard de
la Russie au nom d’une sorte de maximalisme libéral. Peu conscients de ce
qu’ils vivent eux-mêmes dans des systèmes certes forts libéraux, mais de
plus en plus inégalitaires, oligarchiques même, ils se croient obligés
d’exiger, hors de chez eux, des démocraties parfaites, tout de suite,
indépendamment du contexte économique ou social de transition. Avouons le
aussi, les journalistes européens sont rarement compétents en géopolitique.
Il sont souvent très naïfs. On pourrait aussi citer comme explication le
peu d’efforts du Kremlin visant à séduire la presse occidentale. Habitués à
l’attitude beaucoup plus séductrice de leurs propres hommes politiques, les
journalistes européens et américains ne peuvent qu’être déçus par ce manque
de ménagements. Pourtant, je peux vous assurer qu’en France, dans la
communauté des experts, on trouve beaucoup de personnes qualifiées qui
apprécient à sa juste valeur le rôle de la Russie dans le rétablissement de
l’équilibre mondial.

LCDR : On trouve beaucoup d’adeptes de l’idée selon laquelle la Russie
porte toujours l’héritage de l’Empire du Mal qu’elle représentait encore il
y a une trentaine d’années...

E.T. : Quant à moi, je considère que la Russie a joué un rôle plutôt
positif dans l’histoire universelle. J’appartiens à la génération qui se
rappelle encore que l’issue de la deuxième guerre mondiale s’est jouée à
Stalingrad et que c’est aux Russes que nous devons notre liberté.
L’histoire de la Russie démontre que sa vision du monde est spontanément
égalitaire et multipolaire. A l’inverse des Etats-Unis qui se trouvent
aujourd’hui dans un rapport asymétrique d’exploitation du monde. La France
aurait dû s’en rendre compte et se rapprocher des puissances émergentes
plutôt que de suivre l’Amérique dans une sorte de crispation «
occidentaliste ». Le gouvernement français me fait penser à un rat qui
monterait sur un navire en train de couler.

LCDR : Les Russes, ont-ils eu raison de reconnaître l’indépendance de
l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud ?

E.T. : Bien évidemment.

LCDR : Pourtant, juridiquement, ce sont deux provinces géorgiennes...

E.T. : Dans le cas de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud, nous assistions à
une non coïncidence devenue dramatique entre l’état des faits réels et
l’état juridique. Les populations de ces deux pays ne souhaitent pas être
géorgiennes. Au stade actuel, la seule solution de paix à long terme est
l’acceptation de la réa-lité. Sinon, le gouvernement géorgien va continuer
d’envisager des solutions violentes, de domination ou même de nettoyage
ethnique. Or l’intérêt réel des Géorgiens c’est la paix, le développement
économique et une relation stable et positive avec la Russie dont ils ont
tant besoin. En reconnaissant l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud, les Européens
de l’Ouest libéreraient les Géorgiens eux-mêmes du fardeau de leur histoire
et de leur rancune.

LCDR : La France devrait-elle reconnaître l’indépendance de ces deux états
?

E.T. : C’est mon souhait le plus cher. Si je deviens président de la
République, ce sera l’une de mes premières décisions.

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Révolte contre le monde moderne

Het gele gevaar

Het Gele Gevaar

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James Hillman : la Psicologia Moderna y el Olvido del Alma

La Psicología Moderna y el Olvido del Alma

Ex : http:://nueva-escuela.blogspot.com
Entrevista a James Hillman *

Por Scott London

Scott London: Ud. ha escrito y dado clases acerca de la necesidad de revisar la psicoterapia a lo largo de más de tres décadas. Ahora, de improviso, el público parece receptivo a sus ideas: Ud. figura en las listas de bestsellers y en las charlas de TV. ¿Por qué cree que su obra imprevistamente ha tocado una cuerda?

James Hillman: Creo que está habiendo un cambio de paradigma en la cultura. La antigua psicología ya no funciona. Demasiada gente ha estado analizando su pasado, su niñez, sus recuerdos, sus padres, y dándose cuenta de que no hace nada.

SL: Ud. no es una figura muy popular dentro del mundo institucional de los terapeutas.

JH: No soy crítico con la gente que hace psicoterapia. Los terapeutas que están en primera línea tienen que hacer frente a un enorme caudal de los fracasos sociales, políticos y económicos del capitalismo. Son sinceros y trabajan duro con muy poca credibilidad, y el sistema y las compañías farmacéuticas intentan eliminarlos. De modo que realmente no intento atacarlos. Lo que ataco son las teorías de la psicoterapia. Uno no ataca a los heridos de Irak, sino a la teoría detrás de la guerra. No es error de nadie que haya luchado en esa guerra. La guerra misma era el error.

Lo mismo ocurre con la psicoterapia. Transforma todos los problemas en problemas subjetivos, internos. Y no es de allí de donde vienen los problemas. Provienen del entorno, las ciudades, la economía. Provienen de la arquitectura, de los sistemas de enseñanza, del capitalismo, de la explotación. Vienen de muchos sitios que la psicoterapia no trata. La teoría de la psicoterapia lo vuelve todo sobre ti: tú eres el que está mal. Lo que intento decir es que si un muchacho tiene problemas o está desanimado, el problema no está simplemente dentro del muchacho; también está en el sistema, en la sociedad.





SL: No se puede arreglar a la persona sin arreglar la sociedad.

JH: No lo creo. Pero no creo que nada cambie hasta que no cambien las ideas. El punto de vista corriente de los norteamericanos consiste en creer que algo está mal en la persona. Tratamos a las personas de la misma manera que tratamos a los coches. Llevamos el pobre muchacho al doctor y preguntamos "¿qué no funciona en él, cuánto costará y cuándo podemos pasar a buscarlo?". No podemos cambiar nada hasta que tengamos ideas frescas, hasta que empecemos a ver las cosas diferentemente. Mi objetivo es crear una terapia de las ideas, tratar de aportar nuevas ideas, de modo que podamos ver de modo diferente los mismos viejos problemas.

SL: Ud. ha afirmado que escribe a partir de "la rabia, el disgusto y la destrucción"

JH: Me he encontrado con que la psicología contemporánea me enfurece con sus ideas simplistas acerca de la vida humana, y también su vacío. En la cosmología que subyace en la psicología, no hay ninguna razón para que estemos aquí o hagamos algo. Nos vemos compelidos por los resultados del Big Bang, hace billones de años, que eventualmente produjo la vida, que eventualmente produjo a los seres humanos, y así sucesivamente. Pero ¿y yo? Soy un accidente, un resultado -y por consiguiente una víctima.

SL: ¿Una víctima?

JH: Bueno, si sólo soy un resultado de causas pasadas, soy una víctima de estas causas pasadas. No hay mayor significado detrás de las cosas que proporcione una razón para estar aquí. O, si lo considera desde una perspectiva sociológica, soy el resultado de la crianza, la clase, los prejuicios sociales y la economía. Nuevamente soy una víctima. Un resultado.

SL: ¿Y qué acerca de la idea de que nos hacemos a nosotros mismos, de que puesto que la vida es un accidente, tenemos la libertad de transformarnos en lo que queramos?

JH: Sí, adoramos la idea del hombre que se ha hecho a sí mismo, ¡de otro modo iríamos a la huelga en contra de que Bill Gates tenga todo ese montón de dinero! Es increíble, y sin embargo es parte de ese culto a la individualidad.

Pero la cultura está pasando por una depresión psicológica. Nos preocupa nuestro lugar en el mundo, ser competitivos: ¿tendrán mis hijos tanto como tengo yo? ¿Llegaré a tener mi casa propia? ¿Cómo puedo comprarme un coche nuevo? ¿Me quitarán los inmigrantes mi mundo blanco? Toda esta ansiedad y depresión arroja dudas acerca de si puedo lograrlo como un individuo heroico estilo John Wayne.

SL: En "El código del alma" Ud. habla acerca de "la teoría de la bellota". ¿Qué es eso?

JH: Bueno, es más un mito que una teoría. Es el mito de Platón de que uno llega al mundo con un destino, aunque él emplea la palabra "paradigma" o arquetipo en lugar de destino. La teoría de la bellota dice que existe una imagen individual que le pertenece a tu alma.

El mismo mito puede encontrarse en la kabbalah. Los mormones también lo tienen. Los africanos también lo tienen. Los hindúes y los budistas también lo tienen de diferente manera -lo vinculan más con la reencarnación y el karma-, pero aún así uno llega al mundo con un destino particular. Los indios norteamericanos también lo tienen, y muy fuerte. De modo que todas estas culturas a lo largo del mundo tienen esta comprensión básica de la existencia. Sólo la psicología occidental no la tiene.

SL: En nuestra cultura tendemos a pensar en la vocación en términos de "profesión" o "carrera".

JH: Sí, pero la vocación puede referirse no sólo a maneras de hacer -esto es, trabajo- sino también a maneras de ser. Por ejemplo ser amigo. Goethe decía que su amigo Eckermann había nacido para la amistad. Aristóteles hacía de la amistad una de las grandes virtudes. En su libro sobre ética, tres o cuatro capítulos están dedicados a la amistad. En el pasado, la amistad era algo inmenso. Pero para nosotros es difícil pensar en la amistad como una vocación, porque no es una profesión.

SL: La maternidad es otro ejemplo que viene a la cabeza. De las madres se espera que tengan una vocación, por encima y más allá de ser una madre.

JH: En efecto, no es suficiente sólo ser madre. No es sólo la presión social sobre las madres por parte de ciertos tipos de feminismo y otras fuentes. También hay presión económica. Es una terrible crueldad del capitalismo depredador: ambos padres tienen que trabajar ahora. La familia debe tener dos fuentes de ingreso a fin de comprar las cosas que son deseables en nuestra cultura. De modo que la degradación de la maternidad -el sentimiento de que la maternidad no es en sí misma una vocación- también surge por la presión económica.

SL: ¿Qué implicaciones tienen sus ideas para los padres?

JH: Creo que lo que digo debiera aliviarlos enormemente y hacerlos desear prestar más atención a sus hijos, este “extraño” que ha aterrizado en medio de nosotros. En lugar de decir "Este es mi hijo" deben preguntarse "¿Quién es este niño que es mío?" Entonces tendrán mucho más respeto por el niño y tratarán de tener abiertos los ojos para las ocasiones en que el destino del niño pudiera mostrarse -como en la resistencia en la escuela, por ejemplo, o un conjunto de síntomas raros en un año, o una obsesión con una cosa u otra. Quizás allí esté ocurriendo algo muy importante que los padres no habían advertido antes.

SL: Los síntomas son vistos usualmente como debilidades.

JH: En efecto, de modo que se busca algún tipo de programa médico o terapéutico para liberarse de ellos, cuando los síntomas podrían ser la parte más crucial del niño. En mi libro hay muchas historias que ilustran esto.

SL: Tuve una larga discusión sobre su libro con una amiga que es madre de una niña de seis años. Si bien acepta la idea de que su hija tiene un potencial único, acaso incluso un "código", está preocupada de lo que eso puede significar en la práctica. Teme que pudiera abrumar a la niña con muchas expectativas.

JH: Esa es una madre muy inteligente. Creo que la peor atmósfera para una criatura de seis años, es aquella en la que no hay ninguna expectativa. Esto es, es peor para el niño crecer en un vacío donde "lo que hagas está bien, estoy segura de que triunfarás". Esta es una manifestación de desinterés.





Dice: "Realmente no tengo ninguna fantasía para ti". Una madre debiera tener alguna fantasía sobre el futuro de su hijo. Por lo menos aumentará su interés en su hijo. No se trata de convertir la fantasía en un programa para que el niño vuele en avión a lo largo del país. Eso sería la satisfacción de los propios sueños de los padres. Eso es diferente. Tener una fantasía -la cual el niño intentará cumplir o contra la cual se rebelará furiosamente- da al menos al niño alguna expectativa que cumplir o que rechazar.

SL: ¿Y qué piensa de la idea de someter los niños a tests para determinar sus aptitudes?

JH: Las aptitudes pueden mostrar la vocación, pero no son el único indicador. Las ineptitudes o limitaciones pueden revelar aún más la vocación que el mismo talento, curiosamente. O puede haber una formación muy lenta del carácter.

SL: ¿Cuál es el primer paso para entender la propia vocación?

JH: Es muy importante preguntarse a sí mismo: "¿Cómo puedo ser útil a los demás? ¿Qué quiere la gente de mí?" Esto bien podría revelar para qué está uno aquí.

SL: Ud. ha escrito que "la gran tarea de cualquier cultura es mantener los invisibles en contacto". ¿Qué quiere decir con ello?

JH: Es una idea difícil de explicar sin abandonar la psicología e introducirse en la religión. No hablo sobre quiénes son los invisibles, o dónde viven o qué quieren. No hay teología en ello. Pero es el único modo en que los humanos podamos dejar de ser tan humano-céntricos: permanecer vinculados a algo otro que humano.

SL: ¿Dios?

JH: Sí.

SL: ¿Nuestra vocación?

JH: Creo que el primer paso es darse cuenta de que cada uno de nosotros Somos. Y luego debemos mirar hacia atrás en nuestras vidas y considerar algunos de los accidentes y curiosidades y rarezas y problemas y enfermedades y comenzar a ver más en estas cosas de lo que habíamos visto antes.

Plantear preguntas, de modo que cuando ocurren esos pequeños y peculiares accidentes, uno se pregunta si hay algo más en acción en nuestra vida. Es más una sensibilidad, tal como la que tendría una persona que viviera en una cultura tribal: el concepto de que hay otras fuerzas en acción. Un modo de vivir más reverencial.

SL: Recuerdo una charla pública que Ud. dio hace tiempo. La gente quería preguntarle todo tipo de cuestiones acerca de su visión del alma, y Ud. parecía un poco irritado con ellos.

JH: He estado luchando con estas cuestiones durante treinta y cinco años. A veces me irrito en una situación pública porque pienso, Oh Dios, no puede volver a eso de nuevo. No puedo poner eso en una respuesta de dos palabras. No puedo. Donde quiera que vaya, la gente dice "¿Puedo hacerle una pregunta rápida?" Siempre es "una pregunta rápida". Bueno, mis respuestas son lentas.

SL: Antes mencionó a Goethe. El observó que nuestra mayor felicidad reside en practicar un talento para el que fuimos hechos. ¿Somos tan desgraciados, como cultura, porque estamos disociados de nuestros talentos innatos, nuestro código del alma?

JH: Creo que somos desgraciados en parte porque tenemos solo un dios, y es el dinero. El dinero es un porteador de esclavos. Nadie tiene tiempo libre, nadie tiene tiempo para mirar más allá de su ego. Toda la cultura está bajo una presión terrible y fraguada de preocupaciones.

Esa es la situación dominante en todo el mundo.

mardi, 07 octobre 2008

Kurt Schumacher, socialiste prussien

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Kurt Schumacher, socialiste prussien

 

«Aujourd'hui, la sociale-démocratie voit comme grand objectif national l'unité allemande dans la paix et la liberté. Elle s'opposera à toute tentative de fondre des parties du territoire national allemand dans d'autres peuples et combattra tous ceux qui préfèreront de telles solutions à l'unité allemande. Nous voulons la Communauté. Mais toute communauté commence pour nous par une Communauté avec les habitants de la zone soviétique d'occupation et de la Sarre». Ces paroles fortes de Kurt Schumacher ont eu valeur de programme pour la SPD, qui se positionnait comme le “parti de la réunification”. Elles sont extraites d'un long discours de Schumacher, président de la SPD dans l'immédiat après-guerre, prononcé à Dortmund en 1952, lors d'un congrès destiné à donner les mots-d'ordre aux militants de base. Mais que reste-t-il de ce nationalisme social et intransigeant en 1989/90? Rien. Absolument rien. Les soixante-huitards du pou­voir actuel, liquidateurs de la SPD, avaient encore plaidé en 1989, à la veille de la chute du Mur, pour que l'on abroge les phrases récla­mant explicitement le retour à l'unité allemande dans le préambule de la loi fondamentale de la RFA. Cet aveuglement et cette trahison font qu'ils courent le risque, aujourd'hui, d'être balayés par l'histoire. Mais le premier Président des sociaux-démocrates de notre après-guerre, Kurt Schumacher, demeurera dans les mémoires, précisément parce qu'il a été clairvoyant, nationaliste et intransigeant. Son œuvre a été pa­triotique et le peuple allemand doit lui en être reconnaissant.

 

Un mutilé de 1914-1918

 

Comme l'immense majorité des jeunes Allemands, Schumacher, après avoir passé son Abitur [équivalent du “bac”], s'engage dans l'armée en août 1914. Il était né le 13 octobre 1895 à Kulm en Prusse occiden­tale. Envoyé sur le front de l'Est, contre les Russes, le jeune homme, qui ne cache pas ses sympathies socialistes, demande à servir en première ligne, pour contribuer personnellement à arrêter le “danger tsa­riste”, que dénonçaient la SPD et August Bebel. Mais l'euphorie de l'été 1914 sera de courte durée pour Kurt Schumacher; elle finira tragiquement. Le 2 décembre 1914, le volontaire Schumacher est très griè­vement blessé lors de la bataille de Lodz. Il faut lui amputer le bras droit. En 1915, après avoir transité dans de nombreux hôpitaux de campagne, il est démobilisé, avec la Croix de Fer de 2ième classe au re­vers de son Waffenrock. Il se console en étudiant le droit, l'économie et les sciences politiques à Halle, Leipzig et Berlin. 1918 est, pour lui, l'année d'une terrible césure; au printemps, il s'était affilié à la MSPD, une aile de la so­ciale-démocratie qui entendait “construire la communauté nationale dans la responsabilité” et visait un ré­formisme socialiste à forte structuration étatique. Quand éclate la “révolution de novembre”, il devient membre du “Conseil des Ouvriers et des Soldats” du Grand-Berlin. Il y représentait la voie parlementaire au sein du Reichsbund der Kriegsbeschädigten [= Fédération Impériale des mutilés de guerre].

 

Les bouleversements de la “révolution de novembre” obligent le jeune Schumacher à abandonner l'idée de faire une carrière de fonctionnaire et à se jeter corps et âme dans la politique. Il s'installe dans le Wurtem­berg en décembre 1920, pour servir son parti pendant quatre ans à la rédaction de la Schwäbische Tag­wacht de Stuttgart. En 1924, il est élu à la Diète du Land de Wurtemberg, où il gagne rapidement ses lau­riers de chef de l'opposition sociale-démocrate. En 1930, Chef de la SPD du Wurtemberg et de sa milice, le Reichsbanner, il entre au Reichstag comme député. Mais il est jeune, et le présidium des députés socialistes, composé de vieillards têtus et bornés, le relègue sur les arrière-bancs. Ce n'est que le 23 février 1932 que le militant Schumacher va pouvoir donner de la voix et déployer sa rhétorique tranchante et virulente, et étaler son nationalisme; Goebbels venait de diffamer gravement la sociale-démocratie en la désignant comme le “parti des déserteurs”. Schumacher, le mutilé de guerre, a bondi à la tribune, prêt à prononcer un discours au vitriol, où il a rappelé que les socialistes avaient payé l'impôt du sang et perdu leurs biens au même titre que les autres citoyens pendant la guerre et que leur politique n'était pas moins “nationale” que celle de Goebbels. Schumacher donne ensuite la liste des députés socialistes mutilés, décorés et anciens combattants. Une liste plus longue que celle des nationaux-socialistes... Ensuite, plus dur, il traite Goeb­bels de “petit mal-foutu, rédacteur de mauvais feuilletons” et l'agitation nationale-socialiste d'“appel cons­tant au cochon qui sommeille dans l'intériorité de tout homme”. Inutile de dire qu'il devint ainsi la bête noire des nazis.

 

Cette polémique, l'engagement de Schumacher pour l'unité allemande de 1945 à 1952, reposaient sur une vision bien précise du socialisme, qui était un “socialisme prussien”. Dans sa thèse de doctorat, présen­tée en 1926, et intitulée Der Kampf um den Staatsgedanken in der deutschen Sozialdemokratie [La lutte pour l'idée d'Etat dans la sociale-démocratie allemande], Schumacher, ressortissant de Prusse occiden­tale, se montre rigoureusement “étatiste” et réclame l'avènement d'une nouvelle doctrine de l'Etat. Il écrit: «La spécificité toute particulière de la germanité, reliée au rôle tout particulier de la sociale-démocratie, montre bien que nous manquons cruellement d'une doctrine socialiste de l'Etat». Sans ambiguités, Schu­ma­cher ne cache pas ses sympathies pour “l'organisation étatique prussienne”, héritage d'une vision las­sal­lienne de l'Etat, qui accordait le primat à cette instance parce qu'elle était un instrument d'intervention dans les forces économiques du libre marché et du capitalisme, alors qu'elle était démonisée et com­battue par les marxistes.

 

Quand les nationaux-socialistes prennent le pouvoir en 1933, la carrière de Schumacher prend fin abrup­tement. Délibérément, il refuse d'émigrer et, à partir de juillet 1933, commence son long périple dans les camps de concentration: Heuberg, Kuhberg et surtout Dachau, où les souffrances du coprs et de l'esprit s'accumulent. Son internement durera dix ans. Ce n'est qu'en 1943 que le mutilé de 1914, manchot mais intact intellectuellement, peut quitter Dachau et revenir à la vie civile. Comme il ne peut plus mettre les pieds à Stuttgart, il s'installe à Hannovre avec sa sœur et son beau-frère. C'est de son bureau dans cette ville qu'il amorcera la reconstruction de la SPD dans les zones d'occupation occidentales. Malgré une santé déficiente, il parvient en quelques semaines ou en quelques mois à devenir le fer de lance de la SPD ressuscitée. Ce retour étonnant, il le doit à son charisme, à ses talents de chef et à sa rhétorique hâchée, dure, sans compromis. Schumacher sait parler et organiser, son passé de souffrances, d'abnégation, qui ne l'ont pas abattu, font de lui l'incarnation de la prusséité protestante et lui attirent des centaines de mil­liers de sympathisants et des millions d'électeurs, des anciens sociaux-démocrates, des soldats revenus du Front, des anciens des jeunesses hitlériennes... Les jeunes, qui n'ont connu que le national-socia­lisme, sont fascinés par son credo à la fois nationaliste et social-démocrate. Ensuite, dans un discours, Schumacher leur promet que “la plupart des soldats allemands rentreront dans une nouvelle patrie et en deviendront rapidement les piliers porteurs”.

 

Après avoir conclu un accord avec son homologue de la zone soviétique, Grotewohl, Schumacher devient le représentant de la SPD-Ouest (en octobre 1945), accède à la dignité de Président du parti en mai 1946, et reste jusqu'à sa mort en 1952 le chef de l'opposition sociale-démocrate au Bundestag. Dans cette car­rière, il a eu bien des mérites. Par son influence et sa faculté de persuader ses camarades, il a mis un terme à la politique de “bolchevisation” entreprise par les Soviétiques et leurs complices allemands. Celle-ci n'a réussi qu'à l'Est de l'Elbe. Schumacher a opposé une résistance farouche à toutes les tentatives des “communistes unitaires” d'installer des structures de la SED (est-allemande) à l'Ouest et à Berlin-Ouest.

 

Maxime de la politique: l'unité

 

Toute en résistant aux pressions des communistes et de leurs alliés, Schumacher modernise le parti, lui impose une politique et un programme de rénovation, l'ouvre aux classes moyennes. Schumacher rompt avec la dogmatique marxiste et ses justifications sonnent encore assez justes aujourd'hui: «C'est égal, si quelqu'un devient aujourd'hui social-démocrate parce qu'il est un adepte des analyses économiques marxistes, ou s'il vient à nous pour des motifs philosophiques ou éthiques ou s'il adhère à notre socia­lisme parce qu'il croit aux principes évangéliques du Sermont sur la Montagne. Chacun a les mêmes droits dans le parti d'affirmer sa personnalité spirituelle ou intellectuelle, d'annoncer ses motivations». Mais Schumacher ne tombait pas dans le libéralisme: il restait inébranlablement fidèle aux théories de la macro-planification en économie et à une socialisation partielle. Cette fidélité provenait de sa conception lassal­lienne de l'Etat qu'il articulait dans le contexte de la reconstruction allemande et de l'alternative socialo-communiste que proposaient les dirigeants de la zone soviétique d'occupation.

 

Mais le message le plus important de Schumacher a été le suivant: l'insistance sur la réunification. Il a im­posé aux chefs de la sociale-démocratie, il a communiqué au peuple de part et d'autre du Rideau de Fer, l'idée que la réunification devait demeurer la “mesure de toute chose” en politique allemande. «Au contraire d'Adenauer, il n'a jamais cessé de plaider pour la réunification, de mobiliser les efforts de son parti pour l'unité. Il en a fait la maxisme supérieure de la politique allemande», écrit l'historien Rainer Zitelmann (in Adenauers Gegner. Streiter für die Einheit, Straube, Erlangen, 1991).

 

Le 20 août 1952, Kurt Schumacher, le patriote de la sociale-démocratie allemande, meurt après une longue et pénible maladie. Mais le message qu'il a laissé avant de mourir en 1952 reste plus actuel que jamais: «Il faut donner au peuple allemand une nouvelle conscience nationale, à égale distance entre l'arrogance du passé et la tendance actuelle, de voir dans tous les souhaits des Alliés, la révélation d'un sentiment européen. Seul un peuple qui s'affirme lui-même pour ce qu'il est peut devenir un membre à part entière d'une communauté plus vaste».

 

Christian HARZ.

(Article paru dans Junge Freiheit, n°41/1995; trad. franç. : Robert Steuckers).

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Over legerdienst, waarden, normen en discipline

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Over legerdienst, waarden, normen en discipline

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lundi, 06 octobre 2008

Europe: terre d'empires?

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Europe: terre d'empires?

 

Dans le numéro 14 de notre bulletin, je lisais avec satisfaction une étude, assez longue, de notre ami Lucien Favre, intitulée «Géopolitique, Politique étrangère, sécurité et défense en Eurasie». L'auteur a là une démarche tout-à-fait “synergétiste”: il guide notre réflexion sur les points essentiels de la future puis­sance que nous souhaiterions devenir. Mais l'audace de sa démonstration se fonde, on l'aura senti en la lisant, sur l'usage affirmé du terme “Eurasie”. Mis à part quelques spécialistes de l'histoire diplomatique, quelques officiers des services spéciaux, quelques slavistes qui connaissent le vieux rêve “eurasiste” de certains philosophes, écrivains et publicistes russes, personne, en Occident, ni dans les médias qui ne racontent plus rien d'essentiel, ni a fortiori dans le vaste public, n'est capable de définir correctement cette notion. Ce flou recèle bien des dangers. Ce qui nous oblige à prendre des précautions. Afin qu'il ne soit pas utilisé n'importe comment, ressassé comme une incantation ou une formule magique, comme le prisent les sectaires et les angoissés qui cherchent à tout prix des prétextes pour se rendre intéressants et pour attirer sur eux l'attention de quelques pâles journalistes manipulés et foireux, en mal de copies et désireux de découvrir un nouveau “Grand Satan”.

 

En effet, le mouvement SYNERGIES EUROPÉENNES n'a nullement l'intention de fabriquer un ersatz de romantisme, de manier un leitmotiv pour choquer le public et le prendre à rebrousse-poil. Un séminaire de SYNERGIES décidera cet hiver de l'usage que nous ferons du terme “Eurasie” dans nos discours à con­notations géopolitiques.

 

D'ores et déjà, nous orienterons nos réflexions sur les faisceaux de faits suivants:

 

* Le terme Eurasie est une notion géographique désignant les terres sibériennes, nord-asiatiques et centre-asiatiques où la Russie a exercé sa souveraineté, qui ont été peuplées de Russes. Et où la Russie est sciemment revenue, par la force des armes et par l'audace de ses cosaques, sur des territoires qui avaient été indo-européanisés à un moment ou un autre de l'histoire (Scythes, Parthes, Sakhes, Pré-Indiens, Tokhariens, etc.). La Russie a été la puissance mo­derne qui a sécurisée ces terres, afin qu'elles ne servent plus de tremplin aux invasions turco-mongoles. Personne en Europe n'a d'ailleurs intérêt à ce que cet espace redevienne la zone de rassemblement d'adversaires de notre famille de peuples.

 

* Il existe une institution internationale, garante de l'application des “droits de l'Homme”, qui couvre tout le territoire de l'Eurasie, c'est-à-dire de l'Europe et de l'ancienne URSS: c'est l'OSCE. Il convient de ren­for­cer prioritairement cette institution. François Mitterrand et Jacques Attali avaient naguère appelé de leurs vœux un espace de paix dans cette très vaste région du monde. Attali parlait plus exactement de «Marché Commun Continental» (MCC). Même si leurs visions n'ont pas été suivies d'effets, à cause d'événements comme ceux de Tchétchénie ou du Tadjikistan, il convient de revenir sur leurs discours, de les dépouiller des niaiseries idéologiques qu'ils ont été obligé de prononcer, political correctness oblige et parce qu'ils n'ont pas eu le courage de briser la dictature des médias, de dénoncer leur travail de manipu­lation au profit de la seule superpuissance subsistante. Tout cela pour dire que les spéculations sur l'Eurasie ne sont pas le seul fait de groupuscules “extrémistes”, comme aiment à le faire accroire les con­servateurs atlantistes et les petits journalistes médiocres qui leur servent de relais. L'«Eurasisme» préoccupe les chanceleries. Tout autant que nous.

 

* Récemment, les Presses universitaires d'Oxford en Angleterre ont sorti ou ressorti les ouvrages de l'historien britannique Peter Hopkirk sur le travail incessant des services secrets de tous les pays pour contrôler les masses continentales centre-asiatiques. Russes, Allemands, Japonais, Turcs et Britanniques ont, au moment de la révolution bolchevique, tenté de se rendre maîtres de l'espace turco­phone et des espaces immédiatement adjacents. Les prodigieuses aventures de Ungern-Sternberg, d'Enver Pacha, de Wilhelm Wassmuss, de von Niedermayer, de MacDonnell, etc. hantent toujours les imaginations, depuis John Buchan (Greenmantle)  jusqu'au livre de Jean Mabire sur Ungern-Sternberg. Les puissances ont toujours voulu se rendre maîtresses de la “Route de la Soie”: lors de l'effondrement de l'Empire tsariste, elles ont joué ce que Hopkirk nomme le “Grand Jeu”, afin de s'emparer de cette zone stratégique de première importance. Avec l'effondrement de l'URSS, le “Grand Jeu” peut à nouveau se jouer et bien fol serait celui qui refuserait d'en prendre acte et de tenter d'y avancer ses pions. Inutile de vous dire que les livres de Hopkirk retiendront toute notre attention.

 

* Enfin, comme cette “Route de la Soie” traverse un territoire musulman, les puissances qui tentent de la contrôler, jouent forcément une “carte musulmane”, développent un “discours islamophile”. Dans un tel contexte, une islamologie, fondée sur un sens aigu de la Realpolitik et des impératifs géopolitiques, est indispensable. Et doit impérativement se démarquer de cette islamophilie marginale, maniée par des ser­vices spéciaux tentant de compléter leurs fiches, de repérer les fanatiques niais capables de commettre n'importe quelles bavures et de recruter, si besoin s'en faut, des poseurs de plastic, afin de démontrer aux yeux des masses, qui ignorent tout du “Grand Jeu”, que le Diable est parmi eux. SYNERGIES EUROPÉENNES sera donc très attentive au dis­cours du ministre allemand des affaires étrangères, Klaus Kinkel (cf. Der Spiegel, 45/1995), qui entend développer un “dialogue critique” avec l'Iran et les autres puissances islamiques. Cette notion de “dialogue critique” s'ancre bien dans la logique de l'OSCE et vise à jouer le “Grand Jeu” en gardant la tête froide, en refusant certains a priori idéologiques, en respectant les convictions religieuses des peuples concernés, en apaisant les passions vectrices de chaos. Toute politique de discussion avec l'une ou l'autre puissance musulmane, dont l'Iran, doit s'inscrire dans un cadre aussi rigoureusement dé­fini que celui que nous propose Kinkel, tenir compte de cette institution qu'est l'OSCE. Les politiques de boycott absolu sont des gamineries politiques et géopolitiques, au même titre que tous les discours issus de l'éthique de la conviction, contraire diamétral de l'éthique de la res­ponsabilité. Et tant pis pour les puissances européennes qui n'ont pas la maturité de pratiquer un “dialogue critique”. Elle rateront le train de l'histoire. Et imploseront lamentablement en croyant détenir une vérité, “rationnelle” et “politiquement correcte”.

 

Dans le cadre de SYNERGIES, deux questions se posent: l'Eurasie est-elle une terre européenne et asiatique, est-elle plus vraisemblablement une terre d'Europe incluant la partie asiatique de la Russie, au­quel cas il faudrait parler d'Empire Eurasien? On sent très bien que deux écoles coexistent dans le réseau SYNERGIES: Pour l'une, il n'est pas de bloc européen qui n'incluerait à la fois son Occident et son Orient, de Reykjavik à Vladivostok. L'autre estime que les différences, à tous niveaux, sont telles entre l'Orient et l'Occident de ce vaste espace, qu'elles excluent un avenir maîtrisé conjointement et préfère envisager un continent “bicéphale”, régi par deux blocs impériaux, l'un européen, l'autre russe/eurasiatique, liés en­semble par d'étroits accords culturels, défensifs et économiques.

 

Quoi qu'il en soit, pour tous les “synergétistes”, une chose est certaine: notre avenir réside dans la cons­titution et la consolidation d'un bloc aux dimensions impériales, mais organisé par des structures fédé­rales, maintenant les identités comme ciment cohésif des sociétés, et vivifié par une paedia insufflant des valeurs fortes, garantes de l'indépendance et de la puissance du bloc politique. Ces propositions sont toutes réalisables dans une OSCE, débarrassée des discours larmoyants et obsolètes de l'idéologie soft. Car toujours nous maintiendrons les deux dimensions de notre programme: IMPÉRIUM et SUBSIDIARITÉ.

 

Gilbert SINCYR.

A. Labrousse: Géopolitique des drogues

Ecole des Cadres de Synergies Européennes - Wallonie - Namur - Octobre 2008

A lire:

Géopolitique des drogues

Alain Labrousse

Paru le: 10/06/2004 (nouvelle édition 2008)
Editeur : PUF
Collection : Que sais-je ?
ISBN : 2-13-054186-0
EAN : 9782130541868
Nb. de pages : 126 pages
La prévention de l'usage des drogues et la lutte contre leur trafic international doivent être replacées dans le contexte plus vaste de la géopolitique. Gouvernements, groupes insurgés ou organisations criminelles et terroristes se disputent les ressources des zones de culture du pavot, de la coca et du cannabis, ainsi que les routes d'acheminement des substances illicites auxquelles se sont ajoutées les drogues de synthèse. Ce livre offre les clés pour déchiffrer ces enjeux économiques et stratégiques et pour comprendre comment " la guerre à la drogue " est elle-même devenue un instrument au service de politiques à visée sécuritaires, commerciales ou expansionnistes.
ORIGINE ET DIFFUSIONS DES PRODUCTIONS ILLICITES DANS LE MONDE
  • La coca en Amérique latine : des colonies espagnoles à l'Empire américain
  • Les opiacés en Asie du Sud-Est
  • La géopolitique internationale du Croissant d'or
  • Les dérivés du cannabis : des productions entièrement réparties dans le monde
  • Les drogues de synthèse : des enjeux contrastés
  • Profits de la drogue et blanchiment
MAFIAS DE LA DROGUE ET CORRUPTION DU POLITIQUE
  • Des mafias " contre " l'État
  • Des mafias dans l'État
  • Des mafias parasites de l'État
  • Des mafias auxiliaires de l'État
  • Des mafias sans État
DROGUES ET CONFLITS
  • Prohibition et guerre froide
  • Modélisation du financement des conflits par la drogue
  • Niveaux d'articulation entre drogues et conflits
  • Criminalisation des acteurs
  • Drogue et terrorisme
LE RAPPORT A LA DROGUE DES FARC ET DES TALIBAN
  • Conflits et production de drogues
  • Les origines des drogues en Colombie et en Afghanistan
  • Pratiques face aux cultures illicites
  • Discours face aux cultures illicites
  • Le développement alternatif : du projet à la réalisation
  • L'engrenage de l'implication dans le trafic
  • Montant des profits tirés de la drogue par les FARC et les taliban
  • Un modèle des relations entre groupes armés et drogue ?

 

K. Radzimanowski over geopolitiek in Europa

Kersten Radzimanowski over geopolitiek in Europa

“Duitsland is door de NAVO, die door de USA gedomineerd wordt, in steeds sterkere mate van vazal tot knechtje van de Amerikanen verworden. In deze evolutie en dit verbond kan ik niet in de geringste mate iets positiefs zien. Het is duidelijk te zien, met welke zware druk de USA proberen om de opname van Georgië in de NAVO erdoor te drukken, om zo met het breekijzer haar belangen in de regio veilig te stellen. Nadat president Saakaschvili met zijn militaire offensief een fiasco leed, is het geween bij de USA en NAVO groot. (…) In de EU zijn het vooral Oost-Europese staten zoals Polen, maar ook Groot-Brittannië, Denemarken en Nederland die meer in de USA dan in het continentale Europa geïnteresseerd lijken. Dat is hun goed recht, maar dan moeten de basisfundamenten van de EU veranderd worden in een meer losse Statengemeenschap. Met een land als Groot-Brittannië of Polen die deelneemt aan een agressieoorlog aan de zijde van de USA, tegen het volkenrecht in, kan ik niet de zoveel geprezen waardegemeenschap erkennen.”

Dr. Kersten Radzimanowski, voormalig DDR-staatssecretaris voor Buitenlandse zaken, voormalig CDU-politicus, vandaag NPD-militant. Bron: Deutsche Stimme, sep. 2008, p.3

Het citaat toont de grote geopolitieke kwestie voor Europa aan het begin van de 21ste eeuw duidelijk aan: welk Europa willen wij? Een Atlantisch slaafje van de USA dat ons meesleurt in imperialisme om de Amerikaans-kapitalistische en zionistische belangen veilig te stellen, en daarbij Europeanen als kanonnenvlees gebruikt? Of een continentaal sterk Europa dat zelfstandig zijn eigen belangen kan verdedigen? N-SA kiest onomwonden voor het laatste. Als “Groot-Nederland” betekent dat wij nog meer in de Angelsaksische, Atlantische invloedssfeer terechtkomen, dan kan dit Groot-Nederland à la Geert Wilders maar beter oplossen in het zoute Noordzeewater.

dimanche, 05 octobre 2008

De doodstrijd van de hidige machtskaste

De doodsstrijd van de huidige machtskaste

Weer groot nieuws op het politieke front: de politieke nepwereld heeft zichzelf weer in extase gebracht door het feit dat de N-VA haar steun aan de federale regering heeft opgezegd. Dat de N-VA niet in die regering zat, is blijkbaar een verwaarloosbaar detail. De N-VA verhuurde alleen maar haar 5 parlementairen aan een fractie van de Belgische kaste, met name de CD&V-fractie, zolang ze daar brood in zag. In de andere Belgische deelregering, die men ook wel eens Vlaamse regering durft te noemen, blijven de separatisten van de N-VA leuk zitten, broederlijk naast die andere “echte” separatisten van het VB, maar dan met een bonus in de vorm van een ministerpost. Ze hebben uit financiële en carrièreoverwegingen zichzelf wijsgemaakt dat de Vlaamse regering los zou staan van de Belgische machtkaste, nochtans zijn die Vlaamse regering en dat Vlaamse parlement gewoon een onderdeel van die Belgische machtstructuur.

Maar er zijn een paar ernstige problemen binnen de huidige Belgische machtkaste: de centen en procenten moeten herverdeeld worden en de verschillende clans en belangengroepen hebben eindelijk door (of zouden ze het nog niet echt begrijpen?) dat hun geliefde vaderland al is verkocht aan een derde partij: de Europese. De verkoop van dit land is al lang bij de notaris vastgelegd in contracten en wettelijke verplichtingen, en neergelegd bij de Europese commissie, die de begunstigden zijn van de staatsoverdracht. België bestaat in die zin niet echt meer. Wij van het N-SA noemen ons dan ook een post-Belgische beweging. Natuurlijk is er een Belgische regering en een Belgische volksvertegenwoordiging nodig om de uitverkoop van onze soevereiniteit zo ongemerkt mogelijk te laten verlopen en ook om dat volksverraad een legitieme waarde te geven. Europa dicteert hier in ons land de wet en de sociale consensus. Het bepaalt welke begrotingstekorten kunnen, maar ook in hoeverre er staatssteun in de economie of de sociale structuren al dan niet mogen worden gepompt. Het ultraliberale Europees zakenconcern dat men Europese commissie noemt en haar uitvoerders - “de commissarissen” - willen dat de sociale structuur van een overgenomen land, zoals België, wordt afgebroken.

De deelregeringen van de staat in vereffening - “de Belgische staat” - willen de Europese bonzen zeer ter wille zijn en vooral de Vlaamse wil graag tegemoet komen aan de eisen van de Eurostaat? Daarom wil men het tewerkstellingsbeleid en het loonbeleid - en dus de economische mechanismen - in handen nemen. Niet om Vlaanderen sterker te maken en al zeker niet om Vlaanderen onafhankelijker te maken, want Vlaanderen is al doorverkocht en zit in het globale Belgische pakket dat aan de Euromanagers en de Europese kapitaalgroepen is verkwanseld. De deelelite in de vijf parlementen en dito regeringen voelen nu al aan hun ellebogen dat ze overbodig zijn geworden in de Europese context en dat er een herverkaveling van de macht op til is. Er zal op bevel van de eurobazen gesnoeid moeten worden in die wildernis aan politieke mandaten en machtposities. Het besef dat ze machteloos zijn geworden en misschien binnenkort een job zullen moeten gaan zoeken waar ze moeten werken voor hun geld verlamt de heren en dames van die politieke klasse met angst. Daarom dat de politieke klasse zo euforisch doet als er weer iemand van hun bende een stout woordje durft te zeggen, zoals mijnheer Dewever. Dat is voor die heren en dames parlementairen zo revolutionair en zo zelfbevestigend dat ze daarna weer allen druk bezig kunnen zijn met hun onnuttige bestaan.

Op 11 oktober zullen we onze standpunten verder verduidelijken op ons eerste congres. Aan de links-liberale stoottroepen willen we duidelijk zeggen: jullie zijn niet welkom. In tegenstelling tot die grote burgerlijke rechtse partijen moeten wij geen rekening houden met kiezers. Mocht het Blokbuster-terreurcommando dat niet goed begrijpen, dan zouden ze het wel eens tot in Keulen kunnen horen donderen.

Eddy Hermy
Algemene Coördinator

La diplomatie de Staline

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Robert Steuckers:

 

La diplomatie de Staline

 

L'histoire de notre siècle est enseignée du point de vue américain. Il en va ainsi de la seconde guerre mondiale, de la Guerre Froide et de la Guerre du Golfe. Dans l'optique américaine, le XXième siècle est le “siècle américain”, où doit s'instaurer et se maintenir un ordre mondial conforme aux intérêts américains, qui est simultanément la “fin de l'histoire”, le terminus de l'aventure humaine, la synthèse définitive de la dialectique de l'histoire. Francis Fukuyama, à la veille de la guerre du Golfe, affirmait qu'avec la chute du Rideau de fer et la fin de l'“hégélianisme de gauche” que représentait l'URSS, un seul modèle, celui du libé­ralisme américain, allait subsister pour les siècles des siècles. Sans que plus un seul challengeur ne se pointe à l'horizon. D'où la mission américaine était de réagir rapidement, en mobilisant le maximum de moyens, contre toute velleité de construire un ordre politique alternatif.

 

Quelques années avant Fukuyama, un auteur germano-américain, Theodore H. von Laue, prétendait que la seule véritable révolution dans le monde et dans l'histoire était celle de l'occidentalisation et que toutes les révolutions politiques non occidentalistes, tous les régimes basés sur d'autres principes que ceux en vogue en Amérique, étaient des reliquats du passé, que seuls pouvaient aduler des réactionnaires per­vers que la puissance américaine, économique et militaire, allait allègrement balayer pour faire place nette à un hyper-libéralisme de mouture anglo-saxonne, débarrassé de tout concurrent.

 

Si l'hitlérisme est généralement considéré comme une force réactionnaire perverse que l'Amérique a con­tribué à éliminer d'Europe, on connaît moins les raisons qui ont poussé Truman et les protagonistes atlan­tistes de la Guerre Froide à lutter contre le stalinisme et à en faire également un croquemitaine idéolo­gique, considéré explicitement par von Laue comme “réactionnaire” en dépit de son étiquette “pro­gres­siste”. Cette ambiguïté envers Staline s'explique par l'alliance américano-soviétique pendant la seconde guerre mondiale, où Staline était sympathiquement surnommé “Uncle Joe”. Pourtant, depuis quelques années, de nombreux historiens révisent intelligemment les poncifs que quarante-cinq ans d'atlantisme forcené ont véhiculé dans nos médias et nos livres d'histoire. L'Allemand Dirk Bavendamm a démontré dans deux ouvrages méticuleux et précis quelles étaient les responsabilités de Roosevelt dans le déclen­che­ment des conflits américano-japonais et américano-allemand et aussi quelle était la duplicité du Président américain à l'égard de ses alliés russes. Valentin Faline, ancien ambassadeur d'URSS à Bonn, vient de sortir en Allemagne un ouvrage de souvenirs historiques et de réflexions historiogra­phiques, où ce brillant diplomate russe affirme que la Guerre Froide a commencé dès le débarquement anglo-américain de juin 1944 sur les plages de Normandie: en déployant leur armada naval et aérien, les puissances occi­den­tales menaient déjà une guerre contre l'Union Soviétique et non plus contre la seule Allemagne mo­ri­bonde.

 

Une lecture attentive de plusieurs ouvrages récents consacrés aux multiples aspects de la résistance allemande contre le régime hitlérien nous oblige à renoncer définitivement à interpréter l'histoire de la se­conde guerre mondiale et de l'alliance anglo-américano-soviétique selon le mode devenu conventionnel. L'hostilité à Staline après 1945 provient surtout du fait que Staline entendait pratiquer une diplomatie gé­nérale basée sur les relations bilatérales entre les nations, sans que celles-ci ne soient chapeautées par une instance universelle comme l'ONU. Ensuite, après avoir appris que les deux puissances anglo-saxonnes avaient décidé seules à Casablanca de faire la guerre à outrance au Reich, de déclencher la guerre totale et d'exiger la capitulation sans condition de l'Allemagne nationale-socialiste, Staline s'est senti exclu par ses alliés. Furieux, il a concentré sa colère dans cette phrase bien ciselée, en apparence anodine, mais très significative: «Les Hitlers vont et viennent, le peuple et l'Etat allemands demeurent». Staline ne concevait pas le national-socialisme hitlérien comme le mal absolu ou même comme une es­sence impassable, mais comme un accident de l'histoire, une vicissitude contrariante pour la Russie éternelle, que les armes soviétiques allaient tout simplement s'efforcer d'éliminer. Mais, dans la logique diplomatique traditionnelle, qui est restée celle de Staline en dépit de l'idéologie messianique marxiste, les nations ne périssent pas: on ne peut donc pas exiger de capitulation inconditionnelle et il faut toujours laisser la porte ouverte à des négociations. En pleine guerre, les alliances peuvent changer du tout au tout, comme le montre à l'envi l'histoire européenne. Staline se borne à réclamer l'ouverture d'un second front, pour soulager les armées soviétiques et épargner le sang russe: mais ce front n'arrive que très tard, ce qui permet à Valentin Faline d'expliquer ce retard comme le premier acte de la Guerre Froide entre les puissances maritimes anglo-saxonnes et la puissance continentale soviétique.

 

Cette réticence stalinienne s'explique aussi par le contexte qui précéda immédiatement l'épilogue de la longue bataille de Stalingrad et le débarquement des Anglo-Saxons en Normandie. Quand les armées de Hitler et de ses alliés slovaques, finlandais, roumains et hongrois entrent en URSS le 22 juin 1941, les Soviétiques, officiellement, estiment que les clauses du Pacte Molotov/Ribbentrop ont été trahies et, en automne 1942, après la gigantesque offensive victorieuse des armées allemandes en direction du Caucase, Moscou est contrainte de sonder son adversaire en vue d'une éventuelle paix séparée: Staline veut en revenir aux termes du Pacte et compte sur l'appui des Japonais pour reconstituer, sur la masse continentale eurasiatique, ce “char à quatres chevaux” que lui avait proposé Ribbentrop en septembre 1940 (ou “Pacte Quadripartite” entre le Reich, l'Italie, l'URSS et le Japon). Staline veut une paix nulle: la Wehrmacht se retire au-delà de la frontière fixée de commun accord en 1939 et l'URSS panse ses plaies. Plusieurs agents participent à ces négociations, demeurées largement secrètes. Parmi eux, Peter Kleist, attaché à la fois au Cabinet de Ribbentrop et au “Bureau Rosenberg”. Kleist, nationa­liste allemand de tra­dition russophile en souvenir des amitiés entre la Prusse et les Tsars, va négocier à Stockholm, où le jeu diplomatique sera serré et complexe. Dans la capitale suédoise, les Russes sont ou­verts à toutes les suggestions; parmi eux,  l'ambassadrice Kollontaï et le diplomate Semionov. Kleist agit au nom du Cabinet Ribbentrop et de l'Abwehr de Canaris (et non pas du “Bureau Rosenberg” qui envisageait une balkanisa­tion de l'URSS et la création d'un puissant Etat ukrainien pour faire pièce à la “Moscovie”). Le deuxième protagoniste dans le camp allemand fut Edgar Klaus, un Israëlite de Riga qui fait la liaison entre les Soviétiques et l'Abwehr (il n'a pas de relations directes avec les instances proprement natio­nales-socia­listes).

 

Dans ce jeu plus ou moins triangulaire, les Soviétiques veulent le retour au status quo ante de 1939. Hitler refuse toutes les suggestions de Kleist et croit pouvoir gagner définitivement la bataille en prenant Stalingrad, clef de la Volga, du Caucase et de la Caspienne. Kleist, qui sait qu'une cessation des hostili­tés avec la Russie permettrait à l'Allemagne de rester dominante en Europe et de diriger toutes ses forces contre les Britanniques et les Américains, prend alors langue avec les éléments moteurs de la résistance anti-hitlérienne, alors qu'il est personnellement inféodé aux instances nationales-socialistes! Kleist con­tacte donc Adam von Trott zu Solz et l'ex-ambassadeur du Reich à Moscou, von der Schulenburg. Il ne s'adresse pas aux communistes et estime, sans doute avec Canaris, que les négociations avec Staline permettront de réaliser l'Europe de Coudenhove-Kalergi (sans l'Angleterre et sans la Russie), dont rê­vaient aussi les Catholiques. Mais les Soviétiques ne s'adressent pas non plus à leurs alliés théoriques et privilégiés, les communistes allemands: ils parient sur la vieille garde aristocratique, où demeure le sou­venir de l'alliance des Prussiens et des Russes contre Napoléon, de même que celui de la neutralité tacite des Allemands lors de la guerre de Crimée. Comme Hitler refuse toute négociation, Staline, la résistance aristocratique, l'Abwehr et même une partie de sa garde prétorienne, la SS, décident qu'il doit disparaître. C'est là qu'il faut voir l'origine du complot qui allait conduire à l'attentat du 20 juillet 1944.

 

Mais après l'hiver 42-43, les Soviétiques reprennent pied à Stalingrad et détruisent le fer de lance de la Wehrmacht, la 6ième Armée qui encerclait la métropole de la Volga. La carte allemande des Soviétiques sera alors constituée par le “Comité Allemagne Libre”, avec le maréchal von Paulus et des officiers com­me von Seydlitz-Kurzbach, tous prisonniers de guerre. Staline n'a toujours pas confiance dans les com­mu­nistes allemands, dont il a fait éliminer les idéologues irréalistes et les maximalistes révolution­naires trotskistes, qui ont toujours ignoré délibérément, par aveuglement idéologique, la notion de “patrie” et les continuités historiques pluri-séculaires; finalement, le dictateur géorgien ne garde en réserve, à toutes fins utiles, que Pieck, un militant qui ne s'est jamais trop posé de questions. Pieck fera carrière dans la future RDA. Staline n'envisage même pas un régime communiste pour l'Allemagne post-hitlé­rienne: il veut un “ordre démocratique fort”, avec un pouvoir exécutif plus prépondérant que sous la République de Weimar. Ce vœu politique de Staline correspond parfaitement à son premier choix: parier sur les élites militaires, diplomatiques et politiques conservatrices, issues en majorité de l'aristocratie et de l'Obrig­keits­staat prussien. La démocratie allemande, qui devait venir après Hitler selon Staline, serait d'idéolo­gie conservatrice, avec une fluidité démocratique contrôlée, canalisée et encadrée par un sys­tème d'é­du­ca­tion politique strict.

 

Les Britanniques et les Américains sont surpris: ils avaient cru que l'“Oncle Joe” allait avaliser sans réti­cence leur politique maximaliste, en rupture totale avec les usages diplomatiques en vigueur en Europe. Mais Staline, comme le Pape et Bell, l'Evêque de Chichester, s'oppose au principe radicalement révolu­tionnaire de la reddition inconditionnelle que Churchill et Roosevelt veulent imposer au Reich (qui demeu­rera, pense Staline, en tant que principe politique en dépit de la présence éphémère d'un Hitler). Si Roosevelt, en faisant appel à la dictature médiatique qu'il tient bien en mains aux Etats-Unis, parvient à réduire au silence ses adver­saires, toutes idéologies confondues, Churchill a plus de difficulté en An­gle­terre. Son principal adversaire est ce Bell, Evêque de Chichester. Pour ce dernier, il n'est pas ques­tion de réduire l'Allemagne à néant, car l'Allemagne est la patrie de Luther et du protestantisme. Au jusqu'au-boutisme churchillien, Bell op­pose la notion d'une solidarité protestante et alerte ses homo­logues néer­lan­dais, danois, norvégiens et suédois, de même que ses interlocuteurs au sein de la résis­tance allemande (Bonhoeffer, Schönfeld, von Moltke), pour faire pièce au bellicisme outrancier de Churchill, qui s'exprima par les bombardements mas­sifs d'objectifs civils, y compris dans les petites villes sans infrastructure industrielle importante. Pour Bell, l'avenir de l'Allemagne n'est ni le nazisme ni le com­munisme mais un “ordre libéral et démocratique”. Cette solution, préconisée par l'Evêque de Chichester, n'est évidemment pas acceptable pour le nationa­lisme allemand traditionnel: il constitue un retour subtil à la Kleinstaaterei, à la mosaïque d'états, de prin­cipautés et de duchés, que les visions de List, de Wagner, etc., et la poigne de Bismarck avaient effacé du centre de notre continent. L'“ordre démocratique fort” suggéré par Staline est plus acceptable pour les nationalistes allemands, dont l'objectif a toujours été de créer des insti­tu­tions et une paedia  fortes pour protéger le peuple allemand, la substance ethnique ger­manique, de ses pro­pres faiblesses politiques, de son absence de sens de la décision, de son particula­risme atavique et de ses tourments moraux incapa­citants. Aujourd'hui, effectivement, maints observa­teurs nationalistes constatent que le fédéralisme de la constitution de 1949 s'inscrit peut-être bel et bien dans une tradition ju­ridico-constitutionnelle allemande, mais que la forme qu'il a prise, au cours de l'histoire de la RFA, révèle sa nature d'“octroi”. Un octroi des puissances anglo-saxonnes...

 

Face aux adversaires de la capitulation inconditionnelle au sein de la grande coalition anti-hitlérienne, la résistance allemande demeure dans l'ambiguïté: Beck et von Hassell sont pro-occidentaux et veulent poursuivre la croisade anti-bolchevique, mais dans un sens chrétien; Goerdeler et von der Schulenburg sont en faveur d'une paix séparée avec Staline. Claus von Stauffenberg, auteur de l'attentat du 20 juillet 1944 contre Hitler, provient des cercles poético-ésotériques de Munich, où le poète Stefan George joua un rôle prépondérant. Stauffenberg est un idéaliste, un “chevalier de l'Allemagne secrète”: il refuse de dia­lo­guer avec le “Comité Allemagne Libre” de von Paulus et von Seydlitz-Kurzbach: “on ne peut pas ac­cor­der foi à des proclamations faites derrière des barbelés”.

 

Les partisans d'une paix séparé avec Staline, adversaires de l'ouverture d'un front à l'Est, ont été immé­diatement attentifs aux propositions de paix soviétiques émises par les agents en place à Stockholm. Les partisans d'une “partie nulle” à l'Est sont idéologiquement des “anti-occidentaux”, issus des cercles con­servateurs russophiles (comme le Juni-Klub  ou les Jungkonservativen  dans le sillage de Moeller van den Bruck) ou des ligues nationales-révolutionnaires dérivées du Wandervogel ou du “nationalisme solda­tique”. Leur espoir est de voir la Wehrmacht se retirer en bon ordre des terres conquises en URSS et se replier en-deçà de la ligne de démarcation d'octobre 1939 en Pologne. C'est en ce sens que les exégètes contemporains de l'œuvre d'Ernst Jünger interprètent son fameux texte de guerre, intitulé “Notes cauca­siennes”. Ernst Jünger y perçoit les difficultés de stabiliser un front dans les immenses steppes d'au-delà du Don, où le gigantisme du territoire interdit un maillage militaire hermétique comme dans un paysage centre-européen ou picard-champenois, travaillé et re-travaillé par des générations et des générations de petits paysans opiniâtres qui ont maillé le territoire d'enclos, de propriétés, de haies et de constructions d'une rare densité, permettant aux armées de s'accrocher sur le terrain, de se dissimuler et de tendre des embuscades. Il est très vraisemblable que Jünger ait plaidé pour le retrait de la Wehrmacht, espérant, dans la logique nationale-révolutionnaire, qui avait été la sienne dans les années 20 et 30, et où la russo­philie politico-diplomatique était bien présente, que les forces russes et allemandes, réconciliées, allaient interdire à tout jamais l'accès de la ”forteresse Europe”, voire de la “forteresse Eurasie”, aux puissances thalassocratiques, qui pratiquent systématiquement ce que Haushofer nommait la “politique de l'ana­con­da”, pour étouffer toutes les velleités d'indépendance sur les franges littorales du “Grand Continent” (Eu­ro­pe, Inde, Pays arabes, etc.).

 

Ernst Jünger rédige ses notes caucasiennes au moment où Stalingrad tombe et où la 6ième Armée est anéantie dans le sang, l'horreur et la neige. Mais malgré la victoire de Stalingrad, qui permet aux Sovié­ti­ques de barrer la route du Caucase et de la Caspienne aux Allemands et d'empêcher toute manœuvre en a­mont du fleuve, Staline poursuit ses pourparlers en espérant encore jouer une “partie nulle”. Les So­vié­ti­ques ne mettent un terme à leurs approches qu'après les entrevues de Téhéran (28 no­vembre - 1 dé­cem­bre 1943). A ce moment-là, Jünger semble s'être retiré de la résistance. Dans son cé­lèbre interview au Spie­gel en 1982, immédiatement après avoir reçu le Prix Goethe à Francfort, il déclare: «Les attentats ren­forcent les régimes qu'ils veulent abattre, surtout s'ils ratent». Jünger, sans doute comme Rommel, refusait la logique de l'attentat. Ce qui ne fut pas le cas de Claus von Stauffenberg. Les décisions prises par les Alliés occidentaux et les Soviétiques à Téhéran rendent impossibles un retour à la case départ, c'est-à-dire à la ligne de démarcation d'octobre 1939 en Pologne. Soviétiques et Anglo-Saxons se mettent d'accord pour “déménager l'armoire Pologne” vers l'Ouest et lui octroyer une zone d'occupation perma­nen­te en Silésie et en Poméranie. Dans de telles conditions, les nationalistes alle­mands ne pouvaient plus négocier et Staline était d'office embarqué dans la logique jusqu'au-boutiste de Roosevelt, alors qu'il l'a­vait refusée au départ. Le peuple russe paiera très cher ce changement de poli­tique, favorable aux A­méricains.

 

Après 1945, en constatant que la logique de la Guerre Froide vise un encerclement et un containment  de l'Union Soviétique pour l'empêcher de déboucher sur les mers chaudes, Staline réitère ses offres à l'Allemagne exsangue et divisée: la réunification et la neutralisation, c'est-à-dire la liberté de se donner le régime politique de son choix, notamment un “ordre démocratique fort”. Ce sera l'objet des “notes de Staline” de 1952. Le décès prématuré du Vojd  soviétique en 1953 ne permet pas à l'URSS de continuer à jouer cette carte allemande. Khrouchtchev dénonce le stalinisme, embraye sur la logique des blocs que refusait Staline et ne revient à l'anti-américanisme qu'au moment de l'affaire de Berlin (1961) et de la crise de Cuba (1962). On ne reparlera des “notes de Staline” qu'à la veille de la perestroïka, pendant les mani­festations pacifistes de 1980-83, où plus d'une voix allemande a réclamé l'avènement d'une neutralité en dehors de toute logique de bloc. Certains émissaires de Gorbatchev en parlaient encore après 1985, no­tamment le germaniste Vyateslav Dachitchev, qui prit la parole partout en Allemagne, y compris dans quelques cercles ultra-nationalistes.

 

A la lumière de cette nouvelle histoire de la résistance allemande et du bellicisme américain, nous devons appréhender d'un regard nouveau le stalinisme et l'anti-stalinisme. Ce dernier, par exemple, sert à ré­pandre une mythologie politique bricolée et artificielle, dont l'objectif ultime est de rejeter toute forme de concert international reposant sur des relations bilatérales, d'imposer une logique des blocs ou une lo­gique mondialiste par le truchement de cet instrument rooseveltien qu'est l'ONU (Corée, Congo, Irak: toujours sans la Russie!), de stigmatiser d'avance tout rapport bilatéral entre une puissance européenne moyenne et la Russie soviétique (l'Allemagne de 1952 et la France de De Gaulle après les événements d'Algérie). L'anti-stalinisme est une variante du discours mondialiste. La diplomatie stalinienne, elle, était à sa façon, et dans un contexte très particulier, conservatrice des traditions diplomatiques européennes.

 

Robert STEUCKERS.

 

Bibliographie:

- Dirk BAVENDAMM, Roosevelts Weg zum Krieg. Amerikanische Politik 1914-1939, Herbig, München, 1983.

- Dirk BAVENDAMM, Roosevelts Krieg 1937-45 und das Rätsel von Pearl Harbour, Herbig, München, 1993.

- Valentin FALIN, Zweite Front. Die Interessenkonflikte in der Anti-Hitler-Koalition,  Droemer-Knaur, München, 1995.

- Francis FUKUYAMA, La fin de l'histoire et le dernier homme, Flammarion, 1992.

- Klemens von KLEMPERER, German Resistance Against Hitler. The Search for Allies Abroad. 1938-1945,  Oxford University Press/Clarendon Press, 1992-94.

- Theodore H. von LAUE, The World Revolution of Westernization. The Twentieth Century in Global Perspective,  Oxford University Press, 1987.

- Jürgen SCHMÄDEKE/Peter STEINBACH (Hrsg.), Der Widerstand gegen den National-Sozialismus. Die deutsche Gesellschaft und der Widerstand gegen Hitler,  Piper (SP n°1923), München, 1994.

La asabiyya musulmana y la concesion del voto a los immigrantes

 
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La asabiyya musulmana y la concesión del voto a los inmigrantes

por Jorge Martín Quintana (http://www.arbil.org )

La intervención de poderes extranjeros en España a través de los emigrantes obedientes a los mismos.

El 31 de agosto de 2007, un conocido diario digital recogía las declaraciones realizadas por Mohamed Chaib Akhim1, diputado musulmán del PSC en el Parlamento de Cataluña y presidente de la asociación socio-cultural Ibn Battuta, y en las que afirmaba que “no es normal que a estas alturas tres o cuatro millones de inmigrantes no tengan derecho al voto”, a la par que señalaba que los inmigrantes han de tener derecho a decidir “cómo quieren que sean sus ciudades y barrios”, advirtiendo que “en esto los musulmanes tenemos mucho que decir”.

La presencia de centenares de miles de inmigrantes en España ha cambiado radicalmente el panorama social, cultural, económico y, en un proceso lógico, también el político, de nuestro país. Los inmigrantes constituyen un porcentaje de población cada vez más importante, con una media de edad bastante baja, generalmente muy dinámicos y flexibles, con una identidad y solidaridad grupal muy marcada y cuya importancia en la economía, - en la que ya no sólo participan como consumidores, sino también como emprendedores -, es cada vez mayor y más atractiva para diversos sectores empresariales.

Dada su peso, tanto cuantitativo como cualitativo, y dado su marcado sentimiento de grupo, el colectivo inmigrante resulta ser un apetitoso pastel que no sólo las empresas se disputan, sino que los políticos empiezan a cortejar sin embozo, máxime en una España políticamente cada vez más polarizada y en la que el voto está básicamente fijado. Así, el colectivo inmigrante, supone un soplo de aire fresco, una tierra prometida, fértil y llena de posibilidades a conquistar, a fin de decantar la balanza de manera definitiva y contundente hacia uno u otro lado. Es, en ese contexto, es en el que empieza a aparecer en el horizonte una nueva campaña de agitación política, social y mediática que se basará en la concesión del voto a los extranjeros extracomunitarios residentes en España.

Curiosamente, el colectivo extranjero más activo en esta tarea es precisamente el musulmán, lo cual responde quizás, entre otros factores, a la tradición política musulmana: Felipe Maillo, en su magnífico Vocabulario de historia árabe e islámica, nos habla de la asabbiya, concepto desarrollado por Ibn Jaldun y que estaría relacionado con la solidaridad socio-agnática. Para Ibn Jaldun, y siguiendo a Maillo, “el príncipe entonces, para mantenerse [en el poder], ha de crear un nuevo grupo de mercenarios esclavos y de elementos extratribales […]”; de manera que “[…] los extranjeros adquieren un papel cada vez más preponderante en el gobierno del Estado […]2”

Lo cierto es que Chaib Akhim “apuntó la necesidad de un esfuerzo en el acercamiento a los imanes que imparten doctrina en España para convertirles en ‘interlocutores’, porque están presentes en las ciudades y los barrios”, de manera que los jefes de la umma, de la comunidad de creyentes, “adquieren un papel cada vez más preponderante en el gobierno del Estado”, al hacerlos interlocutores entre la comunidad de creyentes y los representantes de la soberanía nacional, con vistas a decidir en ‘sus’ barrios, ‘sus’ ciudades, ‘sus‘ comunidades autónomas…

Y es que, según Maíllo, “la utilización de las fuerzas que procura la asabiyya de un determinado grupo es lo que le permite imponerse a los otros y apropiarse del poder; enseguida el juego de tensiones internas en la dinastía reinante, tendentes a destruir aquel espíritu de cuerpo, obliga al soberano a apoyarse en elementos mercenarios, o esclavos, o a establecer lazos de clientela para mantenerse”.

Si la comunidad musulmana se hace lo suficientemente fuerte, será utilizada por el poder de turno para imponerse a los contrarios, lo cual se hará a cambio de alguna prerrogativa o privilegio: “La dinastía o el dinasta deberá sustraer bienes de los sujetos, a través de los impuestos, y redistribuirlos entre sus adeptos (la élite dirigente y los servidores de los aparatos del Estado), a fin de continuar gozando de la soberanía y el poder”, de manera que, para lograr el apoyo de la comunidad musulmana, el Estado se verá obligado a satisfacer sus demandas de tipo social, económico, cultural, religioso, político, etc. satisfacción que sólo será posible con cargo a los presupuestos y en detrimento de unos ciudadanos españoles a los que se habrá sustraído patrimonio a través de los impuestos, o bien, verán impotentes cómo las políticas sociales se centran en los inmigrantes y cómo prestaciones como sanidad, vivienda o educación son acaparadas por el dinámico y emergente grupo que sostiene a la facción correspondiente.

Así, vemos en pleno S. XXI cómo nuestros nuevos dinastas se apresuran a apoyarse en extranjeros-esclavos y clientes-mercenarios para consolidar su poder, de la misma manera que harían los califas de Bagdad y los ayyubíes de Egipto con, respectivamente, los miserables seljuquíes y mamelucos que, venidos de la feraz estepa centroasiática y las agrestes montañas del Caúcaso como esclavos y clientes, acabaron haciéndose con el poder.

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Jorge Martín Quintana

Notas:

1. Minuto Digital, 31 agosto 2007 Declaraciones hechas por Mohamed Chaib Akhim durante un seminario impartido por la Universidad Internacional Menéndez Pelayo.

2. Maíllo Salgado, Felipe Vocabulario de historia árabe e islámica Madrid 1999 Ed. Akal

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samedi, 04 octobre 2008

R. Jaulin: l'univers des totalitarismes

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L'univers des totalitarismes

 

Robert Jaulin est ethnologue et directeur de recherches au CNRS, spécialiste de l'ethnocide, phénomène caractéristique de notre modernité finissante, où les peuples meurent des zones arctiques à l'Amazonie parce que la consommation facile les conduit à oublier leurs modes de vie ancestraux. Son dernier livre porte sur les origines du mode de pensée totalitaire, aujourd'hui triomphant dans notre magnifique société occidentale, aboutissement fantastique de tous les messianismes. Jaulin décrit l'esprit totalitaire comme caractéristique du monde proche- et moyen-oriental, en un mot de la culture sémitique. Le dieu jaloux d'Israël, calque métaphysique des monarques absolus mésopotamiens, assyriens et autres est bien à la base des totalitarismes, politiques, religieux ou économiques, démontre Jaulin. Le livre est diffficile mais constitue une excellente ethnologie de ce qui apparaît aux Européens comme le “non-être”. Jaulin cite des textes d'Ibn Khaldoun (1322-1406) sur les Arabes, démontrant par là même que l'irruption des cavaliers du désert arabique en zone méditerrannéenne et “romaine” a été perçue comme un choc: “En raison de leur nature sauvage, les Arabes sont des pillards et des destructeurs. Ils pillent tout ce qu'ils trouvent sans combattre ou sans s'exposer... ils sont une nation sauvage aux habitudes de sauvagerie invétérée... Mais cette attitude naturelle est incompatible et en contradiction avec la civilisation”. Ou encore: “On remarquera que la civilisation s'est toujours effondrée avec la poussée de la conquête arabe”. Ces citations, qui pourraient être mésinterprétées, montrent très bien l'incompatibilité de la fougue et de la mobilité nomades avec les civilisations sédentaires, dont Ibn Khaldoûn, originaire de l'actuelle Tunisie, était un ressortissant, disons un Romain islamisé. Cet ouvrage de Jaulin devrait être lu en même temps que les réflexions du géopolitologue allemand du XIXième siècle, Friedrich Ratzel, sur les peuples nomades (qu'il jugeait “destructeurs” mais “moraux” et plus “solidaires” que les sédentaires), ou de Nicolas Danilevski qui constatait l'ambiguïté de ces peuples nomades. Ibn Khaldoûn a été un précurseur de la sociologie et bon nombre de ses remarques peuvent être considérées comme les bases de la géopolitique.

 

Le livre de Jaulin est un bon livre, au jargon parfois ésotérique, sur les origines assyriennes, mésopotamiennes et judéo-chrétiennes du totalitarisme. En cela, Jaulin s'oppose aux défenseurs du caractère judaïque de l'humanisme, qui reste toutefois une invention grecque.

 

Patrick CANAVAN.

 

Robert JAULIN, L'univers des totalitarismes, L. Talmart, 140 FF.

 

Ni Izquierda ni Derecha

Ni Izquierda ni Derecha
Por Alberto Buela

El lúcido pensador italiano Marcello Veneziani comienza un bello artículo sobre el antiglobalismo con la siguiente observación: "Si te fijas en ellos, los anti-G8 son la izquierda en movimiento: anarquistas, marxistas, radicales, católicos rebeldes o progresistas, pacifistas, verdes, revolucionarios. Centros sociales, monos blancos, banderas rojas. Con el complemento iconográfico de Marcos y del Ché Guevara.

Luego te das cuenta de que ninguno de ellos pone en discusión el Dogma Global, la interdependencia de los pueblos y de las culturas, el melting pot y la sociedad multirracial, el fin de las patrias. Son internacionalistas, humanitarios, ecumenistas, globalistas. Es más: cuanto más extremistas y violentos son, más internacionalistas y antitradicionales resultan".
[1]

Se da cuenta que la oposición desde la izquierda a la globalización es sólo una postura que se agota en una manifestación. Seattle, Génova, Nueva York, Porto Alegre, pero no pasa nada, "el mundo sigue andando" como decía Discepolín. Es que la política del "progresismo" como ha observado agudamente el filósofo, también italiano, Massimo Cacciari, ordena los problemas pero no los resuelve. [2]

De esto mismo se percata el sociólogo marxista más significativo de Iberoamérica, Heinz Dieterich Steffan quien en un reciente artículo señala: "Si la tarea actual de todo individuo anticapitalista es, por lo tanto, absolutamente clara: ¿Por qué "la izquierda" y sus intelectuales no la encaran? ¿Por qué repiten en foro tras foro la misma letanía sobre la maldad del neoliberalismo y se contentan con sus ritualizadas propuestas terapéuticas inspiradas en Keynes, Tobin y Stiglitz? ¿Por qué no convierten la realidad capitalista en objeto de transformación antisistémica, en lugar de mantenerla como muro de lamentaciones?" [3]

El fracaso rotundo de la izquierda, hoy rebautizada "progresismo", es que, además de no haber elaborado, deglutido sería el término exacto, la derrota del "socialismo real" con la implosión soviética y la caída del Muro, no reelaboró sus categorías de lectura, y se quedó anclado al mundo categorial de Marx, Engels, Lenin, Rosa Luxemburgo y eventualmente Trotsky, haciendo arqueología política.

Lo más significativo del siglo XX, la escuela neomarxista de Frankfurt, luego de los esfuerzos de Adorno, Apel, Cohen y Marcuse, termina con el publicitado Habermas y su teoría del consenso (sin percatarse que el consenso siempre ha sido de los poderosos entre sí) y sus discípulos aventajados James Bohman y Leo Avritzer con su teoría de la democracia deliberativa, que como un nuevo nominalismo pretende arreglar las injusticias políticas, económicas y sociales con palabras. Conversando en una especie de asambleísmo permanente.

Si la izquierda está liquidada, ¿qué queda de la derecha? ¿Se puede esperar algo de ella?

De la derecha clásica, tanto del nacionalismo orgánico o integral al estilo de Charles Mauras, como del fascista de Mussolini o del católico de Oliveira Salazar no queda nada. Sólo trabajos de investigación históricos y pequeños grupos políticos sin peso en sus sociedades respectivas. Eso sí, queda como derecha el neo conservadorismo estadounidense y los gobiernos que le son afines. Y de esta derecha liberal, la única que existe con peso político, solo se puede esperar que las cosas empeoren para la salud y el bienestar de los pueblos.




Si esto es así, denunciamos una vez más de entre las cientos de veces que lo hemos intentado mostrar, que la dicotomía izquierda-derecha es estrecha, por no decir falsa, para encarar una lectura adecuada de la realidad.

Hoy situarse a la izquierda o a la derecha es no situarse, es colocarse en un no-lugar, sobre todo para el pensador (rechazo de plano el término intelectual) que pretende elaborar un pensamiento crítico. Y el único método que hoy puede crear pensamiento crítico es el disenso. Disenso no sólo con el pensamiento único y políticamente correcto sino también y sobre todo, con el orden constituido, con el statu quo vigente.

El disenso es estructuralmente una categoría del pensamiento popular, en tanto que el consenso, como vimos, es una apropiación de la izquierda progresista para lograr la democracia deliberativa que tiene mucho de ilustrada, y también, aunque en otro sentido, propiedad del liberalismo como acuerdo de los que deciden, de los poderosos (G8, Davos, FMI, Comisión trilateral, Bildelbergers, etc.).

El disenso que se manifiesta como negación tiene distinto sentido en el pensamiento popular que en el culto. En este último, regido por la lógica de la afirmación, la negación niega la existencia de algo o alguien, en tanto que en el pensamiento popular lo que se niega no es la existencia de algo o alguien, sino su vigencia. La vigencia puede ser entendida como validez, como sentido. El disenso niega el monopolio de la productividad de sentido a los grupos o lobbys de poder, para reservarla al pueblo en su conjunto, más allá de la partidocracia política.

La alternativa hoy es situarse más allá de la izquierda y la derecha. Consiste en pensar a partir de un arraigo, de nuestro genius loci dijera Virgilio. Y no un arraigo cualquiera sino desde las identidades nacionales, que conforman las ecúmenes culturales o regiones que constituyen hoy el mundo. Con esto vamos más allá incluso de la idea de estado-nación, en vías de agotamiento, para sumergirnos en la idea política de gran espacio etnocultural.

Desde estas grandes regiones es desde donde es lícito y eficaz plantearse el enfrentamiento a la globalización o americanización del mundo. Hacerlo como pretende el progresismo desde el humanismo internacional de los derechos humanos, o desde el ecumenismo religioso como ingenuamente pretenden algunos cristianos, es hacerlo desde un universalismo más. Con el agravante que su contenido encierra un aspecto de loable, pero vacuo, inverosímil y no eficaz a la hora del enfrentamiento político.

Pero este enfrentamiento se está dando igual, a pesar de la falencia de los pensadores en no poder elaborarlo aún, a través del surgimiento de los diferentes populismos, que más allá de los reparos que presentan a cualquier espíritu crítico, están cambiando, como observa Robert de Herte
[4] las categorías de lectura. Así la oposición entre burgueses y proletarios de la izquierda clásica va siendo reemplazada por la de pueblo vs. oligarquías, sobre todo financieras y las de izquierda y derecha por la de justicia y seguridad.

Así, mientras que desde la izquierda progresista la crítica a la globalización queda limitada a la no extensión de sus beneficios económicos a la humanidad sino sólo a unos pocos. Porque la izquierda, por su carácter internacionalista no puede denunciar el efecto de desarraigo sobre las culturas tradicionales y sobre las identidades de los pueblos. Su denuncia se transforma así, en un reclamo formal para que la globalización vaya unida a los derechos humanos.




En cambio, es desde los movimientos populares que se realiza la oposición real a las oligarquías transnacionales [5]. Es desde las tradiciones nacionales de los pueblos donde mejor se muestra la oposición a la sociedad global sin raíces, a ese imperialismo desterritorializado del que hablan Hardt y Negri. Es desde la actitud no conformista que se rechaza la imposición de un pensamiento único y de una sociedad uniforme, y se denuncia la globalización como un mal en sí mismo.

Es que el pensamiento popular, si es tal, piensa desde sus propias raíces, no tienen un saber libresco o ilustrado. Piensa desde una tradición que es la única forma de pensar genuinamente según Alasdair MacIntayre
[6], dado que "una tradición viva es una discusión históricamente desarrollada y socialmente encarnada". Por lo que les resulta imposible a los pueblos y a los hombres que los encarnan situarse fuera de su tradición. Cuando lo hacen se desnaturalizan, dejan de ser lo que son. Son ya otra cosa.

Notas

[1] El antiglobalismo de derecha. Marcello Veneziani (1955) periodista del Giornale y del Menssaggero y colaborador con la Rai, es autor de varios ensayos entre los que se destacan: La rivoluzione conservatrice in Italia (1994), Processo all´Occidente (1990) y L´Antinovecento (1996). Podemos inscribirlo dentro de la corriente de pensamiento no-conformista.
[2] Massimo Cacciari(1944). Filósofo, diputado del PC y Alcalde de Venecia hasta 1993. Autor de varios ensayos: L´Angelo necesario (1986), Dell´Inicio (1990), Dran: Meridianos de la decisión en el pensamiento contemporáneo (1992), Geo-filosofia dell´Europa (1995). Pensador disidente de la izquierda europea.
[3] La bancarrota de la izquierda y sus intelectuales (31-3-04). Heinz Dieterich Steffan, es sociólogo y profesor en la UNAM de Méjico y columnista del diario El Universal. Predicador itinerante en todos los países de América de un nuevo proyecto histórico del marxismo. Es autor de una treintena de libros entre los que se destacan: El fin del capitalismo global (1999) y La crisis de los intelectuales en América Latina (2003)
[4] Robert de Herte es el seudónimo de Alain de Benoist (1943). Editor de las revistas Eléments y Krisis y autor de innumerables trabajos entre los que cabe recordar Vu du droite (1977), Orientations pour des années décisives (1982), L´empire intérieur (1995), Au-dela des droits de l´homme (2004). Es el más significativo pensador de una corriente de pensamiento no conformista, alternativa y antiigualitarista en donde se destacan, entre otros, Guillaume Faye, Robert Steuckers, Julien Freund, Alessandro Campi, Claude Karnoouh, Tarmo Kunnas, Thomas Molnar, Dominique Venner, Pierre Vial, Javier Esparza, Giorgio Locchi, etc.
[5] Sobre la relación entre pensamiento popular y negación puede consultarse con provecho el libro La negación en el pensamiento popular (1975) del filósofo argentino Rodolfo Kusch (1922-1979), así como nuestro trabajo: Papeles de un seminario sobre G.R.Kusch (2000). Entre los no pocos filósofos originales que ha dado la Argentina (Taborda, de Anquín, Guerrero, Cossio, Rougés) Gunther Rodolfo Kusch ocupa un destacado lugar. No sólo por la originalidad de sus planteamientos filosóficos sino además porque los mismos han generado toda una corriente de pensamiento a través de la denominada filosofía de la liberación en su rama popular.
[6] Alasdaire MacIntyre (1929) es un filósofo escocés que vive y enseña en los Estados Unidos y que se destacó por su crítica a la situación moral, política y social creada por el liberalismo. Sus trabajos son el basamento de todo el pensamiento comunitarista norteamericano. Sus libros más destacados son: After Virtue (1981), Whose Justice? Which Rationality? (1988), Three rival versions of moral enquiry (1990).

Les finances européennes contaminées par la crise américaine

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ECONOMIE ET MONDIALISATION
Ex:
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Les finances européennes contaminées par la crise américaine

Après les messages d’apaisement lancés par notre ministre des Finances –  « Nous avons un système bancaire extrêmement sain qui ne sera pas touché », « La crise financière américaine est derrrière nous », etc. –, le président de la République, à l’occasion de son discours de Toulon le 25 septembre, n’a pas hésité, à son retour de New York, à annoncer aux Français que cette crise mondiale aurait des répercussions en France touchant la croissance, le chômage et le pouvoir d’achat. A vrai dire, son objectif n’était pas facile à atteindre : les crises de confiance sont redoutables pour les politiques, ils n’ont que les mots à leur disposition. A Toulon, Nicolas Sarkozy aura-t-il su parler aux Français ? Aura-t-il rassuré par les mesures qu’il entend prendre, à savoir une réglementation des rémunérations et des parachutes dorés des grands patrons (on n’est jamais très loin de la démagogie !), son « engagement solennel » à suppléer tout établissement financier défaillant afin que pas un seul épargnant ne perde un seul euro, à assurer la stabilité « des impôts et des taxes » en excluant toute hausse, une meilleure « réglementation » du système bancaire pour écarter tout esprit de spéculation au profit d’un meilleur développement économique… ? En un mot, il s’aligne sur le discours de George Bush ; il a voulu éviter que l’inquiétude ne se transforme en « panique ».
Comme toujours dans les périodes de crise politico-institutionnelle, nos médias restent assez discrets sur les risques encourus par les établissements financiers français. Néanmoins, le séisme qui frappe les banques et les marchés financiers pourrait faire les affaires d’Axa. Henri de Castries, président du directoire de l’assureur, a en effet indiqué jeudi matin sur Europe 1 que son groupe pourrait profiter de la baisse des cours de Bourse pour opérer des rachats de sociétés : « La situation d’aujourd’hui nous offrira, dans quelques mois, les opportunités de conforter encore nos positions», a-t-il précisé. Comme quoi le malheur des uns fait encore le bonheur des autres. Rien de changé sous le soleil ! Souhaitons qu’il soit de bon augure, car ce n’est déjà pas le cas de certaines banques européennes qui, comme le décrit ci-après Stéphen Steinberg, sont déjà sous perfusion.

Polémia

La crainte d’un krach financier mondial plane sur l’Europe

L’élite dirigeante européenne est sous le choc et considère avec incrédulité ce qu’elle craint être la plus sérieuse crise du capitalisme mondial depuis le krach de Wall Street en 1929.

La Banque centrale européenne (BCE) a réagi à la faillite de la banque d’affaires américaine, Lehman Brothers, en injectant des liquidités massives afin de soutenir les marchés boursiers européens. Lundi, la BCE avait procédé à des appels d’offres rapides pour injecter 30 milliards d’euros dans les marchés monétaires en déclarant dans un communiqué qu’elle était « prête à contribuer à des conditions ordonnées sur le marché monétaire en euros ».

La démarche de la BCE fut suivie de celle de la Banque nationale suisse (BNS) qui a également fourni des liquidités supplémentaires alors que les marchés boursiers d’Europe et d’Asie poursuivaient leur plongée.

Anticipant une baisse brutale des cours de la Bourse anglaise, la Banque d’Angleterre est intervenue lundi à hauteur de 5 milliards de livres (6,3 milliards d’euros) pour apaiser les marchés.

Le ministère allemand des Finances, la Bundesbank (banque centrale allemande) et la Bafin (autorité allemande des marchés financiers) ont tous tenté de restaurer le calme sur les marchés allemands en publiant un communiqué conjoint disant que l’exposition des banques allemandes à Lehman serait gérable.

Ni les efforts entrepris par les banquiers des banques centrales européennes pour rassurer les esprits ni les injections massives de liquidités n’ont réussi à apaiser les craintes des marchés. Lundi, l’indice des valeurs européennes FTSE Eurofirst 300 britannique a chuté de 5 pour cent alors que le Dax allemand est tombé de 4,7 pour cent, pour atteindre son plus bas niveau depuis deux ans. Les valeurs bancaires ont été le plus durement touchées.

Lundi, après les pertes considérables sur les marchés boursiers et la crainte de l’effondrement du plus grand assureur américain, l’American International Group (AIG), les banques européennes intervenaient une fois de plus mardi, la BCE injectant 70 milliards d’euros supplémentaires et la Banque d’Angleterre 20 milliards de livres (25,1 milliards d’euros) de plus.

Une fois de plus, les injections massives de liquidités ne sont pas parvenues à stabiliser les marchés. Mardi, le FTSE 100 de Londres a plongé en dessous de 5.000 points pour la première fois depuis sept ans. Les valeurs allemandes ont poursuivi leur chute. L’indice Dax 30 [indice de référence des valeurs des trente blue chips allemandes] a baissé de 98,99 points à 5.965,17, soit un recul de 1,63 pour cent. Le principal indice français, le CAC, a enregistré lundi une forte baisse de 3,78 pour cent et mardi de 1,96 pour cent.

Contrairement aux déclarations officielles faites en Allemagne, l’ampleur totale de l’implication des principales banques européennes dans Lehman Brothers est énorme. Mardi, par exemple, il a été rapporté que la banque publique allemande Kreditanstalt für Wiederaufbau (Banque pour la reconstruction, KfW) avait transféré par erreur 300 millions d’euros à Lehman Brothers le jour même où la banque américaine déposait son bilan, tandis que l’établissement bancaire helvétique UBS annonçait qu’il s’attendait à des pertes identiques d’au moins 300 millions d’euros en raison de son implication avec Lehman Brothers. UBS, le numéro 1 de la gestion de fortune, avait déjà dû rayer 37 milliards de dollars d’actifs liés à la crise du crédit hypothécaire des subprimes américains.

Selon le journal économique allemand « Handelsblatt » il est possible que la totalité du fonds d’urgence mis sur pied par un consortium de banques allemandes pour s’assurer contre les crises soit absorbée par l’effondrement de Lehman. Le Fonds de garantie de dépôt de la fédération des banques allemandes (BdB) est évalué à 4,6 milliards de dollars, une somme qui sera entièrement engloutie pour éponger 6 milliards d’euros de dettes des filiales de Lehman en Allemagne. Les pertes de 6 milliards d’euros provenant de l’effondrement de Lehman représentent la plus grosse perte de l’histoire de la finance allemande.

La Grande-Bretagne est encore plus exposée à la crise financière américaine. Après l’effondrement de la banque Northern Rock en début d’année, le premier établissement de crédit immobilier de Grande-Bretagne, la Halifax Bank of Scotland (HBOS) se trouve également au bord de la faillite. Ses actions en Bourse ont dégringolé mardi de 40 pour cent et il semblerait qu’elle puisse être rachetée par Lloyds TSB.

D’autres importantes banques européennes pourraient être entraînées dans le tourbillon financier dans des conditions où entre avril et juin l’ensemble des économies de l’Union européenne avait déjà rétréci de 0,2 pour cent. La Grande-Bretagne et l’Espagne qui avaient aussi été durement touchées par une grave crise immobilière connaîtraient déjà la récession. Selon l’Institut économique de Kiel, la première économie d’Europe, l’Allemagne, sera également affectée par la récession cette année.

Face à la montée de l’inflation de par l’Europe, et dont les taux dépassent 4 pour cent dans de nombreux pays, les analystes économiques redoutent déjà la stagflation au sein de l’Union européenne.

Les politiciens français et allemands ont lancé des platitudes euphorisantes à la ronde en déclarant que les données fondamentales des économies et du système bancaire européens étaient saines et en meilleur état que les données américaines. Mais les analystes ont émis des avertissements sombres indiquant tout le contraire en soulignant qu’il n’est pas possible que l’Europe ne soit pas touchée par l’effondrement continu des institutions financières américaines.

En signalant les implications d’une menace de faillite imminente de l’assureur AIG, le « New York Times » a relevé que les banques européennes possédaient trois quarts des 441 milliards de dollars d’actifs de l’AIG liés aux crédits immobiliers à risque assurés et détenus par un consortium de banques. Ces titres exposent les institutions financières européennes à d’énormes risques en cas de défaillance de l’AIG.

Dans son article, paru lundi dans le quotidien « Frankfurter Rundschau », Jan Pieter Krahnen parlait du « grand danger d’une onde de choc » qui pourrait ensevelir les banques allemandes et européennes au cas où en Allemagne la confiance placée dans le genre de contrat assurant le risque de crédit (credit default swaps, CDS) préconisé par Lehman Brothers et AIG serait ébranlé. Mercredi, le journal « Süddeutsche Zeitung » intitulait son interview avec un expert financier « Le pire est à venir. »

Un certain nombre de commentaires quasi apocalyptiques ont paru dans la presse britannique, disant que la crise actuelle est au moins comparable à l’effondrement financier de 1929.

Larry Elliot, rédacteur en chef des pages Economie du « Guardian » a intitulé son papier « Cette semaine, le krach est nucléaire et la Grande-Bretagne va ressentir les pires retombées. » Il a écrit : « Il est clair que les événements du week-end rendent bien plus probable une récession prolongée et profonde. Oublions tout ce qui a été dit d’un atterrissage en douceur ou d’une récession si forte et courte qu’on la remarquerait à peine. Comme les choses se présentent actuellement, la question est de savoir à présent s’il s’agit d’un effondrement total du système financier avec les institutions s’écroulant comme un jeu de quilles ou si un resserrement rigoureux du crédit sur une période prolongée entraînera une baisse des prix immobiliers, une chute des dépenses à la consommation, de plus faibles investissements et une hausse du chômage. »

« Il ne fait aucun doute qu’il s’agit du choc financier le plus grave depuis 1929, » poursuivit-il.

Dans un article paru dans le journal de droite « Daily Mail », Alex Brummer rappelle que les premiers signes de gonflement de la crise internationale remontaient aux problèmes qu’a connus une banque européenne : « La crise du crédit a débuté », écrit-il, « le 9 août de l’année dernière après que l’une des premières banques privées françaises, BNP Paribas, eut annoncé la suspension du calcul des valeurs liquidatives de deux de ses fonds d’investissement parce qu’ils contenaient des titres toxiques. » Il poursuit en se référant à « des dizaines sinon des centaines de milliards de pertes sur des titres basés sur des produits dérivés liés aux subprimes », pour conclure : « Ce n’est que maintenant que la taille véritable du trou noir est reconnue chez Lehman, Merrill Lynch, AIG et ailleurs. Chez Lehman par exemple, le chiffre des dépréciations a plus que doublé en passant de 17 milliards de livres sterling à 44 milliards de livres sterling en l’espace de la seule semaine passée. »

L’éditorial du journal « Mail » précise : « Des décennies durant, nous avons adoré l’idole or. Les premiers ministres et les présidents se sont agenouillés devant ses gardiens. Les monarques de l’argent, les courtiers de la richesse, les prétendues sources de la sagesse ont tenu en bride l’Europe et les Etats-Unis, rabaissant tous ceux qu’ils croisaient sur leur chemin… Aujourd’hui, nous nous réveillons pour découvrir que pareils à de nombreux magiciens d’Oz, ces personnalités pleines d’assurance sont en réalité de vieux hommes insensés, parfois aussi des jeunes, marmonnant en coulisse des incantations vides de sens. » « Une façon de voir le capitalisme est à présent discréditée », conclut-il.

Willem Buiter, professeur d’économie politique européenne à la London School of Economics, a fait la déclaration la plus claire sur les implications de l’effondrement financier aux Etats-Unis. Dans le « Financial Times », Buiter a dit en parlant des 85 milliards de dollars de renflouement de l’AIG par le gouvernement américain : « Le plus grand supermarché d’assurance du monde, dont le bilan dépasse mille milliards de dollars, a été nationalisé parce qu’on le suspectait d’être trop gros et trop interconnecté mondialement pour faire faillite ! »

Il a poursuivi en précisant : « Derrière cette décision extraordinaire se cachait le fait que l’échec de l’AIG aurait accru les risques, réels et supposés, des contreparties de par le système financier des Etats-Unis et du reste du monde, au point qu’aucun établissement financier n’aurait voulu accorder un crédit à un quelconque autre établissement financier. Les crédits aux ménages et aux entreprises non financières auraient été le domino suivant à tomber, et voilà ! Un Armageddon financier parfait. »

par Stefen Steinberg
Mondialisation.ca, le 25 septembre 2008
Article original, WSWS, paru le 18 septembre 2008.

http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=10335

Correspondance Polémia
26/09/08

Der Beutewert des Staates

Der Beutewert des Staates

Autor: Thor v. Waldstein
ISBN: 978-3-902475-33-6
Verlag: ARES

 

Die vermeintlichen Vorzüge des Pluralismus werden in der öffentlichen Diskussion häufig betont; allerdings wissen die wenigsten, welcher konkrete politische Begriff sich hinter dieser Vokabel verbirgt. Tatsächlich geht es nicht um die – richtige – philosophische Feststellung, daß die Welt vielfältig, also plural ist und dies auch bleiben sollte. Im politikwissenschaftlichen Kontext ist vielmehr ein Staat pluralistisch, wenn seine Willensbildung beeinflußt – wenn nicht dirigiert – wird von dem Kampf und dem Kompromiß von wirtschaftlich-sozialen, im nichtstaatlichen Raum angesiedelten Mächten. Dieser verdeckte Kampf der Pressuregroups, denen eine demokratische Legitimation fehlt, läßt sich heute für den aufmerksamen Zeitgenossen auf nahezu allen Politikfeldern beobachten, so daß das Thema von hoher Aktualität ist.


Es war Carl Schmitt, die paradigmatische Gestalt im deutschen Staatsrecht des 20. Jahrhunderts, der die von Harold Laski in England nach dem Ersten Weltkrieg entwickelte Pluralismustheorie in den Jahren 1926–1934 einer ebenso gründlichen wie schillernden Kritik unterzog. In seiner Pluralismuskritik spiegeln sich die zentralen Schmitt’schen Positionen und Begriffe der 1920er und 1930er Jahre. Im Fortgang der Untersuchung schält sich die Analyse Carl Schmitts an der unsichtbaren Herrschaft der Verbände als ein zentrales Element seines Antiliberalismus heraus.


Die vorliegende Arbeit, eine bei dem Hobbes-Forscher Bernard Willms („Die Deutsche Nation“) entstandene Dissertation, arbeitet Begriff und Gestalt des Laski’schen Pluralismus heraus, um anschließend die Kritik Schmitts im einzelnen darzustellen und zu analysieren.

 

Der Autor: Thor v. Waldstein wurde 1959 in Mannheim geboren. Von 1978 bis 1985 Studium der Rechtswissenschaft, Geschichte, Philosophie, Politikwissenschaft und Soziologie an den Universitäten München, Mannheim und Heidelberg. 1989 Promotion zum Dr. rer. soc. an der Ruhr-Universität Bochum mit der vorliegenden Arbeit. 1992 Promotion zum Dr. iur an der Universität Mannheim mit einer Arbeit aus dem Binnenschiffahrtsrecht. Seit 1989 als Rechtsanwalt in Mannheim tätig.

www.ares-verlag.com


vendredi, 03 octobre 2008

H.Chr. Strache: vainqueur à Vienne

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Hans B. von SOTHEN:

 

Heinz-Christian Strache: vainqueur à Vienne

 

Heinz-Christian Strache a réussi un véritable exploit que l’on aurait jugé tout-à-fait impossible en avril 2005, lorsque Jörg Haider venait de quitter la FPÖ et de fonder sa nouvelle liste électorale, “Bündnis Zukunft Österreich” (“Alliance pour l’Avenir de l’Autriche”), tout en laissant, à l’aile nationale, la FPÖ résiduaire, vouée en apparence à la disparition définitive. Né en 1969 à Vienne, Strache est technicien-dentiste, père de deux enfants et divorcé; il a non seulement préservé les “Freiheitlichen” du déclin mais a tiré ce parti, qui n’avait alors plus que 4%, de l’insignifiance et a refait de lui le troisième parti d’Autriche, cette fois en concurrence avec Jörg Haider. En peu de temps, il a su redonner une identité et de l’optimisme à la FPÖ.

 

Mais les blessures du temps de la rupture sont loin d’être cicatrisées. Strache et la FPÖ ne peuvent pas pardonner Haider d’avoir voulu détruire le parti et, avec lui, l’ensemble de ce que l’on appelle en Autriche le “Troisième Camp” (“Dritter Lager”), rien que pour former un “mouvement” tourné vers lui seul, vers sa seule personne. La déception face à l’infidélité du “père fondateur” était née, toutefois, un peu avant cette rupture, lorsque Haider avait déclaré, au début de l’année 2005, qu’il n’avait rien à redire quant à une éventuelle adhésion turque à l’UE.

 

C’est pourquoi Strache a toujours rejeté abruptement toutes les tentatives de rapprochement, émanant de Haider. Lors d’un débat à l’ORF, le nouveau chef de la FPÖ a refusé le tutoiement que lui proposait Haider. Lors d’autres rencontres fortuites, l’Obmann (= chef de parti en Autriche) de la FPÖ ignore ostensiblement la présence de Haider.

 

La recette de Strache est simple: retour aux origines, retour aux thèmes propres de la première FPÖ. La formule, qu’il a trouvée, pour désigner son parti, “Die soziale Heimatpartei”, “Le parti social de la patrie (charnelle)”, attire l’électeur. L’élément proprement national ne constitue plus un thème habituel mais demeure indubitablement le facteur de cohésion dans les groupes de base de la FPÖ. En Autriche, contrairement à ce qui se passe en République Fédérale allemande, il n’existe pas seulement un parti “freiheitlich”, mais aussi un vivier politique de tradition “freiheitlich”, le “Dritte Lager”, le “Troisième Camp”. Camp auquel appartiennent également les frères devenus ennemis du BZÖ. Ce camp, tous clivages confondus, est devenu, dimanche dernier, et pour la première fois depuis la fin de la seconde guerre mondiale, la principale force politique d’Autriche. Mais cette situation, grisante en apparence, recèle bien des dangers.

 

Strache, le soir après le scrutin, a dû constater que Haider était le second vainqueur des élections et pouvait, lui aussi, fêter un succès inattendu. Strache a adressé ses meilleurs voeux de succès au Carinthien mal aimé, ce que quelques médias ont interprété comme une première tentative de rapprochement. Ce que Strache et les grands de la FPÖ ont démenti avec véhémence. Ils savent qu’en politique un et un ne font pas toujours deux et fort souvent moins de deux. Les cabrioles erratiques prévisibles de Haider deviendraient rapidement, en cas de rabibochage, les germes d’une nouvelle crise du “Troisième Camp”. Toute négociation en vue d’une réunification causerait des lézardes internes au sein de la FPÖ. De ce fait, à court ou moyen terme, Strache n’acceptera pas de retour en arrière.

 

Hans B. von SOTHEN.

(article paru dans “Junge Freiheit”, Berlin, n°41/2008; trad. franç.: Robert Steuckers).