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vendredi, 25 juillet 2008

Russie: amie de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud

La Russie,

amie fidèle et voisine sûre de l’Abkhazie

et l’Ossétie du Sud

La Russie, ami fidèle et un voisin sûr de l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud

Interview de Vadim Goustov, président du Comité des affaires de la CEI du Conseil de la Fédération.

Une réunion élargie du Comité des affaires de la CEI du Conseil de la Fédération (chambre basse du parlement russe) vient de se terminer à Moscou. Elle a été consacrée à l’examen des demandes des parlements abkhaz et sud-ossète concernant la reconnaissance de l’indépendance des deux républiques autoproclamées au sein de la Géorgie, mais aussi de la demande présentée par le parlement de la république russe d’Ossétie du Nord - Alanie, sur le même sujet. RIA Novosti a demandé au président du comité en question, Vadim Goustov, d’évoquer les résultats de cette réunion.

Q. Vadim Anatoliévitch, quelle a été la décision des sénateurs? La Russie doit-elle reconnaître ou non l’indépendance de ces peuples?

R. Cette question est très très difficile. Evidemment, le plus simple serait de s’écrier: “on les reconnaît!”. La presse mondiale se mettrait tout de suite à faire beaucoup de bruit et ne se calmerait qu’au bout de deux jours. Mais une telle décision serait totalement inefficace, et le Conseil de la Fédération en est parfaitement conscient.

La reconnaissance de n’importe quel territoire implique une responsabilité colossale, en premier lieu la responsabilité du pays que l’on reconnaît. Si l’on reconnaissait maintenant l’indépendance de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud, on accepterait ainsi la variante du Kosovo. Mais alors, qu’est-ce qui nous distinguerait de ceux qui violent les engagements internationaux?

A l’heure actuelle, les soldats de la paix russes en Abkhazie et en Ossétie du Sud remplissent leurs fonctions, et le font très bien. Ils ne sont pas venus de leur propre gré, ils ont été envoyés par les dirigeants de la CEI et de surcroît, le Conseil de sécurité de l’ONU prolonge leur mandat tous les six mois. A chaque fois, le conseil souligne que les soldats de la paix russes remplissent leurs fonctions à cent pour cent.

Nous appuyons totalement l’appel, adressé aux parties en conflit par le Conseil de sécurité de l’ONU, à s’abstenir de tout acte de violence et de toute provocation, à respecter les ententes intervenues concernant le cessez-le-feu et le non-recours à la force.

Pour ce qui est des deux territoires autoproclamés, notre comité - et pas uniquement le nôtre, deux autres comités ont également participé à cette réunion - a confirmé la vision avancée par le président russe. Celui-ci a nettement formulé son idée: la Géorgie souhaite vivement adhérer à l’OTAN et nous, nous ne voulons pas que l’OTAN se rapproche d’année en année de nos frontières. Plus de cent mille Russes habitent dans ces républiques, et la Russie est prête à défendre leurs droits et libertés, ainsi qu’à assurer leur sécurité. Ces républiques se trouvent aux frontières méridionales russes, or, entre parenthèses, la Russie organisera dans cette région les Jeux olympiques de 2014.

Q. Vous sous-entendez donc que si la Géorgie envisage d’adhérer à l’OTAN, elle le fera sans ces républiques autoproclamées? Comment, au juste, la Russie accordera-t-elle une aide ciblée à la population de ces républiques, aide évoquée par le président?

R. Nous jouons cartes sur table: nous ne les reconnaissons pas pour l’instant, mais conformément à la décision des structures compétentes, nous disons à l’Abkhazie et à l’Ossétie du Sud que la Russie est leur ami fidèle et un voisin sûr. En plus de le dire, nous agissons.

Notre tâche ne consiste pas à “clamer” quelque chose, mais à apporter une aide concrète. Le Conseil de la Fédération a décidé de concentrer ses efforts sur la question suivante. Il existe un décret présidentiel qui, de fait, change de fond en comble la nature des relations des structures exécutives du pouvoir russe avec l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud. Nous nous sommes adressés aux sénateurs, en premier lieu aux gouverneurs, en leur proposant que chaque entité de la Fédération, à l’exception peut-être de Sakhaline et du Kamtchatka, cherche sérieusement des éventuels points de contacts entre ses entrepreneurs et les organes du pouvoir de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud. Il s’agit d’une coopération économique, commerciale, scientifique, technique, culturelle et autre, avec la participation de régions russes.

Un tel travail a déjà été entamé. Moscou est sur le point de conclure un accord de grande envergure avec ces territoires. C’est ce qui importe, à notre avis.

A l’heure actuelle, nous nous trouvons tous dans des conditions de marché, et les entités de la Fédération ne possèdent pas de fonds disponibles pour accorder une aide désintéressée à ces républiques. Il faut y créer des conditions qui attirent les hommes d’affaires. Or, il s’agit d’une région prometteuse: elle possède un réseau de commerce, des voies navigables, autrefois, il y avait une formidable zone balnéaire en Abkhazie. Les Abkhaz sont un peuple laborieux, ils vont travailler et gagneront de l’argent. Par ailleurs, il convient de les aider en ce qui concerne les opérations de déminage.

Q. Vous savez que les Russes ont toujours eu une attitude particulièrement chaleureuse envers tous les peuples de la Géorgie, et pas seulement envers les Abkhaz ou les Ossètes…

R. Mais nous sommes prêts à élargir notre coopération économique avec l’ensemble de la Géorgie. Car la Russie n’a pas seulement levé les sanctions économiques contre l’Abkhazie. Elle a fait pratiquement la même chose pour la Géorgie.

Seulement, soyons directs et sincères. Les marchandises géorgiennes n’ont aucun débouché aux Etats-Unis ou en Europe. Leurs vins et eaux minérales, leurs agrumes et minerais de manganèse n’intéressent personne, seul le marché de la CEI passe commande.

Je peux citer un exemple analogue concernant la Moldavie. Lorsque la Russie a introduit des restrictions relatives au commerce des vins moldaves, Chisinau a frappé à toutes les portes, en proposant ses produits à tout le monde, même à la Chine. Néanmoins, il n’a réussi à vendre qu’entre 30.000 et 50.000 bouteilles. Mais au cours de la période allant du 1er octobre 2007 au 1er mars 2008, lorsque les livraisons ont repris - ne serait-ce que partiellement - la Moldavie a vendu 4,3 millions de bouteilles. Voici le marché réel, tel qu’il est pour l’ensemble des pays de la CEI.

Q. Vadim Anatoliévitch, quel pronostic pourriez-vous faire concernant les relations russo-géorgiennes en général?

R. Ici, beaucoup de choses ne dépendent pas des Géorgiens. En fait, nombre de dirigeants géorgiens sont des types raisonnables. Mais ils sont dépendants des Américains. Et c’est là l’un de leurs principaux malheurs. Dès que la Russie a publié le décret présidentiel dont je viens de parler, le ministre géorgien des Affaires étrangères s’est immédiatement envolé pour les Etats-Unis, afin de demander conseil.

Certes, ils peuvent ouvrir des bases américaines et se faire payer pour cela tant de millions de dollars par an. Mais c’est une voie sans issue. Parce que sans une économie développée, le peuple géorgien finira par demander, en fin de compte: “Ecoutez, Monsieur le président, on ne peut quand même pas vivre comme ça. Nous vous avons cru, et maintenant?”.

Quelles que soient les idées avec lesquelles les gens arrivent au pouvoir, celles-ci deviennent contre-productives si elles ne sont pas mises en oeuvre au bout de trois ou quatre années (en guise d’exemple, je peux citer l’Ukraine). Saakachvili, je pense, en est conscient. Bien sûr, il a remporté l’élection présidentielle anticipée, mais les élections législatives l’attendent, et la situation dans le pays est extrêmement compliquée.

La principale question qui intéresse tout le monde est de savoir quelle sera l’orientation que choisira la Géorgie pour son développement. Les Américains, eux, en sont également conscients, c’est pourquoi ils souhaitent une adhésion accélérée de la Géorgie à l’OTAN, afin de s’implanter dans le pays, de s’installer sur les anciennes bases militaires russes. Mais l’arrivée des militaires otaniens s’accompagnera d’un passage aux armements de l’OTAN. Autrement dit, la Géorgie se voit totalement entraînée dans la stratégie otanienne.

Du point de vue territorial, la Géorgie est un important pays de transit, tant pour le pétrole que pour le gaz. Si l’Azerbaïdjan se laisse convaincre de marcher dans le sillon géorgien - or, un sérieux travail de propagande est déjà en cours dans ce pays - il ne sera plus question d’intégration avec la Russie. Ce qui est mauvais pour tout le monde, surtout pour l’Arménie, qui se retrouvera alors complètement isolée.

Les élections législatives se tiendront en Géorgie au mois de mai. Je pense que quatre ou cinq partis géorgiens franchiront la barre des 5%. Si les élections se déroulent sans violations sérieuses, ce que j’espère beaucoup, un parlement plus pragmatique sera formé. Et Saakachvili devra tenir compte de son avis.

Propos recueillis par Olga Serova.
Source :
RIA Novosti

Sur Karl Anton Rohan

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Note sur le Prince Karl Anton Rohan, catholique, fédéraliste, européiste et national-socialiste

 

Né le 9 septembre 1898 à Albrechtsberg et décédé le 17 mars 1975 à Salzbourg, le Prince Karl Anton Rohan fut un écrivain et un propagandiste de l'idée européenne. Jeune aristocrate, ce sont les traditions "noires et jaunes" (c'est-à-dire impériales) de la vieille Autriche des familles de la toute haute noblesse qui le fascinent, lui, issu, côté paternel, d'une famille illustre originaire de Bretagne et, côté maternel, de la Maison des Auersperg. Il a grandi à Sichrow dans le Nord-est de la Bohème. Marqué par la guerre de 1914, par les expériences de la révolution bolchevique à l'Est et de l'effondrement de la monarchie pluriethnique, Rohan décide d'œuvrer pour que se comprennent les différentes élites nationales d'Europe, pour qu'elles puissent se rapprocher et faire front commun contre le bolchevisme et le libéralisme.

 

Après la fondation d'un "Kulturbund" à Vienne en 1922, Rohan s'efforcera, en suivant un conseil de J. Redlich, de prendre des contacts avec la France victorieuse. Après la fondation d'un "comité français" au début de l'année 1923, se constitue à Paris en 1924 une "Fédération des Unions Intellectuelles". Son objectif était de favoriser un rassemblement européen, Grande-Bretagne et Russie comprises sur le plan culturel. Dans chaque pays, la société et les forces de l'esprit devaient se rassembler au-delà des clivages usuels entre nations, classes, races, appartenances politiques et confessionnelles. Sur base de l'autonomie des nations, lesquelles constituaient les piliers porteurs, et sur base des structures étatiques, devant constituer les chapiteaux, des "Etats-Unis d'Europe" devaient émerger, comme grande coupole surplombant la diversité européenne.

 

Rohan considérait que le catholicisme sous-tendait le grand œcoumène spirituel de l'Europe. Il défendait l'idée d'un "Abendland", d'un "Ponant", qu'il opposait à l'idée de "Paneurope" de son compatriote Richard Coudenhove-Kalergi. Jusqu'en 1934, le Kulturbund de Rohan est resté intact et des filiales ont émergé dans presque toutes les capitales européennes.

 

Aux colloques annuels impulsés par Rohan (Paris en 1924, Milan en 1925, Vienne en 1926, Heidelberg et Francfort en 1927, Prague en 1928, Barcelone en 1929, Cracovie en 1930, Zurich en 1932 et Budapest en 1934), de 25 à 300 personnes ont pris part. Les nombreuses conférences et allocutions de ces colloques, fournies par les groupes de chaque pays, duraient parfois pendant toute une semaine. Elles ont été organisées en Autriche jusqu'en 1938. Dans ce pays, ces initiatives du Kulturbund recevaient surtout le soutien du Comte P. von Thun-Hohenstein, d'Ignaz Seipel et de Hugo von Hofmannsthal, qui a inauguré le colloque de Vienne en 1926 et l'a présidé. Les principaux représentants français de ce courant étaient Ch. Hayet, Paul Valéry, P. Langevin et Paul Painlevé. En Italie, c'était surtout des représentants universitaires et intellectuels du courant fasciste qui participaient à ces initiatives. Côté allemand, on a surtout remarqué la présence d'Alfred Weber, A. Bergsträsser, L. Curtius, Lilly von Schnitzler, le Comte Hermann von Keyserling, R. von Kühlmann et d'importants industriels comme G. von Schnitzler, R. Bosch, O. Wolff, R. Merton, E. Mayrisch et F. von Mendelssohn.

 

Rohan peut être considéré comme l'un des principaux représentants catholiques et centre-européens de la "Révolution conservatrice"; il jette les bases de ses idées sur le papier dans une brochure programmatique intitulée Europa et publiée en 1923/24. C'est lui également qui lance la publication Europäische Revue, qu'il a ensuite éditée de 1925 à 1936. Depuis 1923, Rohan était véritablement fasciné par le fascisme italien. A partir de 1933, il va sympathiser avec les nationaux-socialistes allemands, mais sans abandonner l'idée d'une autonomie de l'Autriche et en soulignant la nécessité du rôle dirigeant de cette Autriche dans le Sud-est de l'Europe. A partir de 1935, il deviendra membre de la NSDAP et des SA. En 1938, après l' Anschluß, Rohan prend en charge le département des affaires extérieures dans le gouvernement local national-socialiste autrichien, dirigé par J. Leopold. En 1937, il s'était fait le propagandiste d'une alliance entre un catholicisme rénové et le national-socialisme contre le bolchevisme et le libéralisme, alliance qui devait consacrer ses efforts à éviter une nouvelle guerre mondiale. Beau-fils d'un homme politique hongrois, le Comte A. Apponyi, il travaille intensément à partir de 1934 à organiser une coopération entre l'Autriche, l'Allemagne et la Hongrie.

 

Après avoir dû fuir devant l'avance de l'armée rouge en 1945, Rohan est emprisonné pendant deux ans par les Américains. Après sa libération, Rohan ne pourra plus jamais participer à des activités publiques, sauf à quelques activités occasionnelles des associations de réfugiés du Pays des Sudètes, qui lui accorderont un prix de littérature en 1974.

 

L'importance de Rohan réside dans ses efforts, commencés immédiatement avant la première guerre mondiale, pour unir l'Europe sur base de ses Etats nationaux. Très consciemment, Rohan a placé au centre de son idée européenne l'unité des expériences historiques et culturelles de l'Est, du Centre et de l'Ouest de l'Europe. Cette unité se retrouvait également dans l'idée de "Reich", dans la monarchie pluriethnique des Habsbourgs et dans l'universalisme catholique de l'idée d'Occident ("Abendland", que nous traduirions plus volontiers par "Ponant", ndt). Les besoins d'ordre culturel, spirituel, religieux et éthique devaient être respectés et valorisés au-delà de l'économie et de la politique (politicienne). Cet aristocrate, solitaire et original, que fut Rohan, était ancré dans les obligations de son environnement social élitiste et exclusif tout en demeurant parfaitement ouvert aux courants modernes de son époque. En sa personne, Rohan incarnait tout à la fois la vieille Autriche, l'Allemand et l'Européen de souche française.

 

Dr. Guido MÜLLER.

 

(entrée parue dans: Caspar von SCHRENCK-NOTZING (Hrsg.), Lexikon des Konservatismus, L. Stocker, Graz, 1996, ISBN 3-7020-0760-1; trad. franç.: Robert Steuckers).

 

 

 

jeudi, 24 juillet 2008

Entrevista con A. Dughin

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Corazon del Bosque | 12.10.2001  

ENTREVISTA CON A.DUGHIN

Kaiser Xose: - Visión de los atentados del 11S y consecuencias en relación con el Islam

A.Dughin: - Para decirlo en pocas palabras, consideramos esto como una provocación por parte de los EEUU para reafirmar su posición mundial globalista y mundialista porque gracias a esta tragedia han podido fortalecer su posición estratégica, sobre todo en Asia Central, y demorar su muy profunda crisis económica (tan profunda que, a la larga, resultará inevitable, imposible de superar).

Kaiser Xose: - Visión de los atentados del 11S y consecuencias en relación con el Islam

A.Dughin: - Para decirlo en pocas palabras, consideramos esto como una provocación por parte de los EEUU para reafirmar su posición mundial globalista y mundialista porque gracias a esta tragedia han podido fortalecer su posición estratégica, sobre todo en Asia Central, y demorar su muy profunda crisis económica (tan profunda que, a la larga, resultará inevitable, imposible de superar). Se han valido de la urgencia reclamada por Bush, por los acontecimientos del 11S, para influir en los países europeos y Rusia y así liderar esta situación. No podemos afirmar con certeza que los hechos hayan sido directamente obra norteamericana pero sí debemos tener en cuenta que toda la estructura del fundamentalismo islámico implicado ha sido desde el comienzo creada y montada por los mismos EEUU. Este fundamentalismo wahabista (tanto saudí como egipcio) fue considerado por los americanos como un arma político/ideológica contra los países islámicos que optaron por el sovietismo o por el socialismo árabe así como para la lucha estratégica contra Irán. Recordemos que, en los comienzos, este wahabismo fue montado por los servicios secretos anglosajones (en concreto, ingleses) para contribuir a la destrucción del imperio turco. Hoy por hoy hay dos posibilidades: o el instrumento ha quedado fuera de control USA o está siendo reutilizado. Creo que el que no haya habido otros atentados posteriores de semejante magnitud tras el 11S supone, más que una liberación fundamentalista del control americano, un montaje favorable a los intereses de éstos. Por ello, pienso que la reacción del gobierno ruso no fue la adecuada: una cosa es expresar nuestra solidaridad en la tragedia con el pueblo americano y otra contribuir a la afirmación estratégica de los EEUU en Asia Central ayudándoles en su campaña de Afganistan, que nada tiene que ver con la justicia y sí con la venganza. Insisto: antes de estos hechos, los EEUU estaban en una situación crítica económica, estratégicamente, porque su desarrollo evolutivo, en una perspectiva de globalización, se encontraba siempre con obstáculos por parte de Europa, Rusia, el Tercer Mundo... Sólo un acontecimiento extraordinario podía hacerles superar este obstáculo, al menos provisionalmente.En resumen, objetivamente puedo afirmar que el 11S favorece los intereses USA pero no puedo afirmar el saber a ciencia cierta quiénes fueron los autores materiales de los atentados. Me atrevo, no obstante, a especular con que, en un futuro, descubramos que Bin Laden está en los EEUU llevando una vida tranquila y confortable. Porque lo que está claro es que, con esto, les ha ayudado mucho otra vez.

K.X. - No obstante, y esto es una visión personal mía ¿no piensa que los movimientos islámicos, al margen de que objetivamente, por geopolítica, puedan estar favoreciendo los intereses USA, son el último movimiento contemporáneo de gente que intenta establecer un orden sagrado, religioso, y no tanto un orden económico, político?

A.D. - No exactamente. Pienso que el mundo islámico es, desde luego, más tradicional que el mundo occidental pero lo es mucho menos en relación con otros países de Oriente. No veo correcto identificar automáticamente la sacralidad con el Islam y lo profano con las consecuencias del cristianismo. Para mí hay dos formas del cristianismo: católico y ortodoxo, y este último es completamente sagrado. Desde sus orígenes, el catolicismo fue tributario de una forma de racionalismo (incluso antes de los escolásticos) pero en algunas partes de Europa, caso de España, este carácter racionalista y creacionista fue contrapesado, compensado, por tradiciones locales más antiguas.

No veo justo considerar al Islam en exclusiva como alternativa al mundo moderno. Tiene más sentido hablar del eurasianismo, de las formas diferentes de sacralidad, formas que en su momento ocuparon muchas partes del mundo pero que hoy se concentran en los pueblos que constituyen geopolíticamente Eurasia (sobre todo, en las partes orientales y del norte de Eurasia). Hay ortodoxia, islamismo, hinduismo, budismo, pero también tradiciones representadas por escaso número de gente (cuantitativamente hablando) pero con no menos valor, caso de los pequeños cultos de los pueblos de Siberia

Una civilización como Japón, capaz de asimilar algunos aspectos modernos sin traicionar sus raíces profundas. Yo he estado hace menos de un año y quedé muy impresionado porque ellos han podido, por ejemplo, convertir los Mac Donalds en un verdadero templo. Es una forma, por sus energías culturales, de anulación, de desactivación del veneno occidental sin renegar de la tecnología. Ellos pueden hacer un ordenador o un tren de alta velocidad con la misma fuerza y práctica ritual con que realizan la ceremonia del té.

O pensemos en la civilización iránica. Muy interesante, no por lo islámico en sí, sino por el sustrato no islámico que no se ha perdido, sólo se ha islamizado.

Por ello creo que la idea soviética, en su aspecto de concentrar energías eurasiáticas diversas, fue una forma de resacralización del marxismo en el ambiente ruso, una forma de neotradición.

Retomando el hilo, creo que reducir la alternativa al mundo moderno al Islam es plantear una visión muy estrecha de la Tradición. La síntesis eurasianista, en la que se recogen varias muestras de confesión islámica, me parece más correcta. La sacralidad del Islam iraní, sin ir más lejos, es mucho más profunda que la del Islam árabe.

K.X. - Ya que hablamos de Irán, un amigo mío, que estuvo no hace mucho por ese país, me comentó lo muy apegada que vio a la juventud a los valores occidentales (Madonna, Bon Jovi...) y como bastante cansada del orden religioso.

A.D. - Sí, sí, pero eso es porque sus gobernantes han cometido un error. Han insistido demasiado en algunos aspectos formales. Eso es lo más negativo del islamismo iraní (y lo que más lo acerca al árabe). En el principio, cuando Jomeini, hubo una tendencia de la revolución conservadora de Ali Shariati  donde había una mezcla de la Vanguardia con algunos aspectos tradicionales. Este, llamemos, tradicionalismo de izquierda era el camino justo porque la Tradición debe desarrollarse: la modernidad supone un desafío que requiere una respuesta, y ésta sólo puede venir de la Tradición.

K.X. - La técnica moderna ha sido fruto de un pensamiento burgués occidental. ¿Es posible que esta misma técnica pueda ser contemplada como un mero instrumento capaz de integrarse en un Orden tradicional, sagrado, sin que su modernidad intrínseca desarraigue, aliene, a las otras civilizaciones?

A.D. Hay diversas posiciones sobre este tema. Heidegger, por ejemplo, considera la Técnica como la manifestación del contenido del espíritu humano, por tanto si el contenido de ese espíritu es tal la Técnica lo manifiesta de tal manera, y si el contenido es otro, la Técnica es moderna: para Heidegger, la Técnica es la apariencia, la afirmación externa de lo que hay en nuestro interior. Desde esa perspectiva, la Técnica es solamente un instrumento. Me parece una definición muy válida.

Así, tenemos a los chinos: descubren la pólvora y durante mil años utilizan esta pólvora para hacer los fuegos artificiales. En este arte de los fuegos artificiales los chinos han llegado a las cotas más altas pero nunca se les ocurrió usar la pólvora para matar a la gente. El alma europea es completamente diferente: desde el primer día que encuentran la pólvora, el primer pensamiento es cómo aplicar este hallazgo para matar a otros. Lógica ni china ni rusa, lógica romana. La técnica, el instrumento, el arma deviene la meta, desborda el contenido y acaba dominando el alma. Esto es una perversión.

Pienso que la civilización occidental está destinada a identificarse con la Técnica. Es su destino, su fin. Hoy lo técnico en Occidente se ha vuelto el valor absoluto, incluso por encima del dinero. Pero en otros contextos, la Técnica puede ser útil para otras metas. Pero ¿qué técnica? Hay que hacer una forma de exorcismo espiritual, para liberarnos de esta posesión perversa de la Técnica. Sólo entonces podremos recuperarla en su justo papel. Como ya señalé, los japoneses han podido hacer esto.

Es una cuestión difícil. La Técnica no es buena en sí misma. Más allá de lo estrictamente instrumental, su único significado metafísico es el profanismo, el nihilismo propio de la civilización occidental. Pienso que la diferencia entre Galileo, Descartes y un ordenador no es mucha: son aspectos diversos del mismo problema. El racionalismo. La Técnica puede enmascarar el sentido último del problema destacando sólo sus aspectos más externos. Impide ver el centro de la cuestión.

K.X. - Sin embargo, autores que usted considera afines, como Guenon o Jünger, al final de sus vidas parecen ser muy pesimistas sobre este aspecto (Guenon hablando del Kali-Yuga; Jünger con su mitología más personal, refiriéndose a la Era de los Titanes), consideran a la Técnica como imposible de exorcizar.

A.D.Compartiendo bastante de ese pesimismo, para mí esta idea de que todo va de mal en peor no es razón para dejar la lucha, la resistencia. Yo pienso que la resistencia no siempre depende de la necesidad, de la certeza de la posibilidad de ganar. La lógica de la vida humana es mucho más difícil, más contradictoria, y hay que resistir incluso en situaciones donde no se puede contar con la posibilidad de victoria. Hay que hacer todo lo que nosotros podamos para evitar lo malo, para enfrentarnos al mal. Pienso que es nuestro deber, imperativo absoluto y categórico, encontrar el camino de la dignidad metafísica del hombre incluso si no tenemos ninguna posibilidad de ganar. Pero, cuidado, porque si admitimos esto de que no tenemos posibilidad de ganar como algo irrefutable, estamos ayudando al enemigo. Desde la resistencia, el pesimismo absoluto no es posible. En todas las situaciones nosotros debemos luchar para la victoria, nuestra victoria. Para la restauración de la Tradición , para la Revolución Conservadora. Esta idea de la victoria pienso que no está predestinada, siempre hay posibilidades de ganar. Si no hay en determinado momento posibilidades, nosotros podemos crear, podemos instaurar esos caminos. Incluso en pleno corazón de la noche cósmica. Hay toda una base que debemos activar: el insconciente colectivo, los aspectos más arcaicos del alma humana, que puede ser despertada. Siempre, hasta el último momento del mundo, exista esta posibilidad del despertar de los orígenes. Nuestro combate es ahora muy pequeño, en el plano material, pero su valor metafísico es comparable al de los Imperios de la Antigüedad. Creo que, en el alba de este nuevo milenio, hemos de reconsiderar la estrategia de nuestra lucha, dándonos cuenta de lo que han hecho y dicho nuestros predecesores. Y esta resistencia no es sólo prioridad rusa, sino que debe plantearse en todos los lugares del mundo, en Europa Occidental, hasta en los mismos EEUU. Para desarrollar esta estrategia no podemos pensar en términos de extrema derecha o de extrema izquierda o democracia o sovietismo o stalinismo (todo este tipo de divisiones forma parte del bagaje pasado del siglo pasado). Pienso que, desde el pequeño germen, implícito (no explícito), del nacionalbolchevismo, de la Revolución Conservadora , debemos crear otro movimiento, otra manera de considerar el mundo, que yo puedo llamar «Eurasianismo», una síntesis que debe incluir todo aquello que está sinceramente en contra del liberaldemocratismo americano, del globalismo. Eurasianismo debe ser la antítesis al globalismo, antítesis orgánica, viva, nacida, no creada (en el sentido de «prefabricada»). Debemos plantear la estrategia del centro radical  en el que converjan todas las posiciones de resistencia, no persistir en la marginalidad sectaria de las facciones (eso es un lastre del pasado siglo). Si lo pensamos, la mayoría de la gente en el planeta son eurasianistas. Sólo una pequeña minoría son los adeptos fanáticos del liberalcapitalismo. Nosotros, en justicia, debemos presentarnos como los portavoces de la mayoría del mundo. Esta guerra de los diferentes contra los universalistas (porque ahora sólo hay un universalismo, el neoliberal), el Frente Unico de los defensores de la diferencia debe ser el slogan para la nueva lucha. K.X. - Como última cuestión, ¿esta lucha, en el ámbito ruso, usted donde la encuadra? A.D.Yo ahora lidero el Movimiento «Eurasia», en trance de formalización como partido político. Trabajamos con el presidente Putin en cuestiones geopolíticas, eurasianistas. Nuestras posiciones son centristas. Deseamos extender nuestro movimiento no sólo por Rusia sino también por otros países de la ex-URSS y por el mundo entero. Uno de nuestros más importantes partidarios es un checheno, no proruso (lucha contra nosotros pero comparte nuestras ideas: he ahí lo interesante). Considero que esta guerra es injusta, por ambos lados, y que deberíamos aunar nuestras fuerzas para luchar contra el mundialismo liberal.

 

 

"Pages bourguignonnes" de Johannès Thomasset

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Sur un livre mythique de Johannès Thomasset : Pages Bourguignonnes

 

Recueil d’articles parus dans Le bien public, Les cahiers de Bourgogne, La Bourgogne d’or ou encore Les Cahiers Lu­xem­bourgeois, Pages bourguignonnes est une ode à la dif­fé­rence enracinée, écrite par Johannès Thomasset, que l’on présente souvent comme le poète païen refondateur du mythe burgonde.

 

Cette différence enracinée, c’est d’être bourguignon, ou Burgonde et de souhaiter l’avènement d’un nouvel ordre politique que Yann Fouéré a appelé "L’Europe au cent Dra­peaux". En somme l’une des dernières façons de se sentir et d’être aristocrate.

 

Profondément attaché à la terre de ses ancêtres, Johannès Thomasset proclamait bien fort qu’“En des temps d’op­pro­bre, il sied de se tourner vers les héros. Pour nous, habi­tants de la Bourgogne aimée des Dieux, il faut songer par­fois au dernier souverain. Oublié des uns, maudit des au­tres, Monseigneur Charles de Bourgogne, dit le Hardi, plus tard le Téméraire, n’a point eu bonne part à la justice de l’histoire… Que Charles, mauvais politique, ait gouverné fol­­lement son duché, cela ne se met en doute. Mais il a tout ce qu’il faut pour être un héros national, une grande fi­gure d’épopée. Brave, chevauché de chimère, fastueux, redoutable, ce très haut prince fut un poète de l’action. Il sied à nous Bourguignons, non pas de chérir sa mémoire, mais d’exalter son image, de dresser sa silhouette grandio­se sur le ciel trouble d’aujourd’hui”.

 

Entouré de mystères pesant sur son auteur Pages Bour­gui­gnonnes appelle à l’insurrection salvatrice et rédemptrice à l’égard du jacobinisme, sorte de religion révélée en 1789. Alors que nos Rois parlaient des peuples de France et que Charles Maurras soutenait contre tous, même contre les siens, l’idée d’une France fédérale, les nouveaux clercs de la Sorbonne défendaient l’idée d’une république “Une est indivisible” et massificatrice. Le moule ou la tôle en quel­que sorte.

 

Loin de cette conception totalitaire en dehors de laquelle il ne peut exister d’autre avenir pour les peuples, Thomasset rê­vait.  A la lecture des Nibelungen, il affirmait : “Nous par­lions français pendant que notre histoire s’écrivait en al­le­mand… La formidable légende burgonde s’est cristalli­sée trop tard; les héros étaient en fuite, découragés, é­pui­sés. Ils avaient oublié leur patrie et leur langue… Le poème des Nibelungen, dont presque tous les héros sont burgon­des, c’est-à-dire actuellement français, est devenu poème na­tional allemand… Les Allemands étudient dès l’école le Ni­belungenlied et savent que les Burgondes sont une des plus nobles tribus germaniques. Mais peut-être ne savent-ils pas ensuite que leurs descendants vivent en Gaule ? De mê­me que nous ne voulons pas savoir que nos pères vécurent en Germanie.”

 

Loin d’un certain régionalisme musée, Johannès Thomasset dénonce à la Noël 1932, dans les colonnes de La Bourgogne d’or “Les défilés et les danses en costumes de jadis tour­nent vraiment à la mascarade. On ne fait pas revivre ainsi la fierté d’un peuple. Au lieu de vivifier la tradition, ces mœurs ne font qu’en souligner la mort… Exhumer de vieil­les coiffes et organiser des cavalcades est un peu ridicule, tout à fait inutile et souverainement triste.” Le régionalis­me musée étant la plus simple expression laissée par les ja­cobins à ceux qui souhaitent voir renaître les patries char­nelles.

 

Publiées en 1938, à Bruxelles, Pages Bourguignonnes trou­vent alors naturellement sa place dans la bibliothèque des régionalistes, des séparatistes et des autonomismes  qui s’op­posent alors à la chape de plomb jacobine qui sera aussi défendue après l’armistice de 1940. Johannès Tho­mas­set, à l’instar de l’abbé Gantois ou d’un Olier Mordrel pense que cette nouvelle guerre ne le concerne pas. Tho­masset se retrouve alors conduit à être assimilé à un camp qui n’était pas naturellement le sien, cela dans le simple espoir de voir naître une large Europe basée sur les pro­vinces ou patries charnelles et non plus sur les Etats nations souvent issus de traités sans grande valeur au regard de l’histoire des Peuples qui composent l’Europe.

 

Traduit en Allemand en 1942, c’est sous le titre de Ver­hüll­tes Licht. Geist und Landschaft von Burgund que  Pages Bourguignonnes devient alors le livre de chevet de tout ceux qui aspirent à la restauration de la Lotharingie , terre médiane, espace d'intersection entre Gaule et Germanie.

 

En 1935, Thomasset signait un article dans lequel on pou­vait y lire notamment : “Il avait dépassé la patrie et re­trou­vé la race… Mais les patries sont encore inscrites dans les frontières et il est téméraire de suivre son sang plutôt que son drapeau.”

 

Aujourd’hui, nous sommes nombreux à penser que cette phra­se de Thomasset était prémonitoire et que son combat identitaire et enraciné reste d’actualité.

 

“Là où il existe une volonté, il existe un chemin !” affir­mait Guillaume d’Orange, le chemin existe, reste à trouver en nous la volonté.

 

Lorsque, aujourd’hui, tous peuvent être Français, nous som­mes fiers de nous dire Bourguignons, Basques, Fla­mands, Normands, Provençaux, Alsaciens, Corses, Bretons…

 

C’est notre façon à nous de rester fidèles à notre terre et à nos morts en attendant la fondation prochaine d’une Europe respectueuse des différences, et qui au-delà des nations-prison protège l’âme et l’esprit de l’Homme d’Eu­ro­pe qui aspire à retrouver son empire.

 

Jean VOUILLÉ.

 

Johannes THOMASSET, Pages bourguignonnes, Ed. de l'Hom­­me Libre, Paris, juin 2001, 193 pages, 120 FF, ISBN 2-912104-18-1

◊ Cette édition est composée du volume inti­tulé Pages Bourguignonnes, publié à Bruxelles en 1938, et com­plétée de deux articles parus en 1938 et en 1943 dans la revue indépendantiste bretonne Stur d'Olier Mordrel.

mercredi, 23 juillet 2008

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Quand l'US Army pillait les trains d'or juif en Bavière...

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Quand l’US-Army pillait les trains d’or juif en Bavière en 1945

L’an dernier le Congrès américain et la Maison Blanche ont mis sur pied une commission, qui devait rechercher les valeurs ayant appartenu aux victimes de l’holocauste et voir si ces valeurs ne s’étaient pas retrouver sur le territoire des Etats-Unis. Le président du Congrès juif mondial, Edgar Bronfman a été nommé président de cette « Presidential Advisory Commission on Holocaust Assets » (= « Commission Consultative présidentielle sur les avoirs de l’holocauste »). L’élite politique des Etats-Unis estimait qu’elle avait un devoir à remplir : au cours des dernières années, l’Amérique a accusé de nombreux pays (ndt : la Suisse , la Suède , l’Autriche, la Belgique , etc.) de s’être enrichis indûment en s’appropriant toute ou partie de la fortune des victimes juives du national-socialisme. Ces pays ont été cloués au pilori par les médias. L’élite politique américaine voulait prouver qu’elle acceptait une enquête en Amérique même ; on pensait que l’Atlantique était un fossé bien large, que l’Europe était loin et que la Commission —mon Dieu !— ne trouverait rien in God’s own country !

Vers le 15 octobre 1999, une commission d’études a publié un rapport provisoire sur la direction du représentant du Ministre américain des finances, Stuart Eizenstat. Le lendemain, le résultat révélé par ce rapport provisoire faisait la une de tous les grands quotidiens américains. La Commission s’était penchée sur un cas devenu quasi légendaire, celui du « train d’or hongrois ».

A la fin de l’automne 1944, quand les troupes soviétiques, progressant depuis la Transylvanie , se mettent à franchir les frontières de la Petite Hongrie du Traité du Trianon, Adolf Eichmann, officier SS, prend des mesures de protection exceptionnelles à Budapest. Il réquisitionne plusieurs trains pour évacuer ce qu’il y a lieu d’évacuer vers l’Ouest ; la destination de ces trains est la Suisse neutre. Dans l’un d’eux ont été entreposées les réserves d’or de la Banque nationale de Hongrie ; dans un autre convoi, ont été entassées les peintures et les sculptures du Musée National hongrois.

A la fin de la guerre, ces deux trains ont été rapatriés en Hongrie. Un troisième train contenait les objets de valeur appartenant à plus de cent mille Juifs de Hongrie, qui furent ensuite déportés. Il s’agissait d’œuvres d’art, d’argenterie, de porcelaine, de tapis précieux, de bijoux, de diamants bruts, d’objets en cristal, de collections de monnaies et de timbres postaux, ainsi que des lingots d’or et deux serviettes pleines contenant de la poussière d’or, sans compter de très nombreuses montres et des appareils photographiques.

Des généraux américains se sont partagé le butin contenu dans 24 wagons !

Ce troisième train n’est jamais arrivé en Suisse. Le 16 mai 1945, quelques jours après la fin des hostilités en Europe, des soldats américains découvrent ce train à l’abri dans un tunnel près du village de Werfen. Il s’agissait de 24 wagons plombés (deux autres wagons avaient déjà auparavant été pillés par des soldats français). Le contenu des 24 wagons a été ensuite amené dans un dépôt de l’US Army à Salzbourg. Comme des inventaires avaient été dressés, le gouvernement hongrois a pu procéder à une évaluation du contenu : le trésor fabuleux du « train d’or » s’élevait à 204 millions de dollars américains (au cours de 1945). Si l’on adopte le cours du change que le Congrès Juif mondial a imposé aux banques suisses, cette somme correspondrait aujourd’hui à près de 2 milliards de dollars américains.

Une partie de ces biens a immédiatement été envoyée en Allemagne et confiée aux organisations juives, qui les ont mis aux enchères, pour obtenir des liquidités, qui ont été utilisées pour soigner et soulager les innombrables « personnes déplacées ». Plus tard, 1181 peintures ont été confiées par les autorités américaines à l’Etat autrichien, quand l’Autriche était encore considérée comme une nation alliée. Mais une part considérable de ces biens du « train d’or » est tombée aux mains de généraux américains, qui avaient installé leurs quartiers dans les villas et les châteaux de l’aristocratie autrichienne.

Le premier à s’être emparé de ces biens fut le Commandant des troupes américaines d’Autriche occidentale et Commandant de la Place de Salzbourg, le Général Major Harry J. Collins. Il donna un ordre de réquisition, où il commanda pour sa résidence et pour son wagon personnel de chemin de fer, des services de cristal et de porcelaine pour 45 personnes, 30 jeux de nappes et de serviettes de lin, 12 candélabres d’argent, 13 tapis d’Orient, 60 jeux d’essuies de bain. Et cet homme avide de beaux objets a ajouté : « tout doit être de la meilleure qualité, être du travail fait main par des artisans du plus haut niveau ». Quatre autres généraux se sont servi dans les masses de biens volés ; leurs patronymes sont cités dans le rapport remis récemment aux autorités américaines : Hume, Luade, Howard et Linden.

On n’a pas pu savoir ce que sont devenus ces objets de valeur après le départ des Américains hors d’Autriche, mais on peut imaginer que la Commission poursuivra son enquête… Son président y veille et on sait qu’il est un dur à cuire qui ne se laissera jamais intimidé. Ce qui restait du « train d’or » a été distribué via les magasins de l’administration militaire ou a purement et simplement été subtilisé.

L’existence du « train d’or » était connue depuis des années. On lui a même consacré des livres. L’auteur de l’un de ces livres, Kenneth D. Alford, cite un certain Capitaine Howard A. MacKenzie, qui a formulé une simple remarque sur le sort du « train d’or » : « … la seule différence entre Allemands et Américains en ce qui concerne les pillages réside en ceci : les Allemands ont dressé avec précision l’inventaire des patrimoines pillés, tandis que chez les Américains régnait la libre entreprise incontrôlée ».

Entre le gouvernement américain et le régime communiste hongrois, eut lieu une longue bataille juridique, assez stérile, où, finalement, le gouvernement communiste hongrois n’a rien reçu. Pour justifier cela, les services américains utilisaient généralement l’argument qu’une restitution ne serait pas possible, car les propriétaires des pièces ne pouvaient plus être retrouvés. Dès le premier jour de la publication du rapport provisoire de la Commission , la communauté juive de Budapest s’est manifestée et a réclamé la restitution des biens ou un dédommagement. La Commission elle-même a recommandé au gouvernement américain de payer des dommages et intérêts. Dans l’avenir, c’est certain, une pénible bataille juridique va s’éterniser et on entendra encore souvent parler du « train d’or » de Hongrie.

Il faut procéder à un examen critique du rôle de l’US Army

Vu le rôle peu glorieux de l’armée américain dans ce cas, cette révélation servira sans doute de leçons aux médias américains, si prompts à désigner les autres à la vindicte de l’opinion publique mondiale. Les donneurs de leçons d’Outre-Atlantique auront l’occasion de méditer le vieux dicton anglais : « When you live in a glass-house, you don’t throw stones » (= Quand on vit dans une maison de verre, on ne s’amuse pas à lancer des cailloux).

Ivan DENES.

(texte issu de Junge Freiheit, n°43/1999).   

 

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mardi, 22 juillet 2008

The Czech project "Delian Diver"

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The Czech project “Delian diver”

(as explained at the Euro-Rus conference having taken place in Flanders on June 28th, 2008).

The introducing of “Delian Diver”

We regard our project as an unique attempt in the central European area, especially in the territory we are joint with- in concrete the countries of former Czechoslovakia, nowaday`s Czech and Slovak Republic. Our impulse for establishing such platform was the well founded perception of lasting informational vacuum in Czech Republic, a sort of artifically maintained status quo of “the death caused by silence”, which puts the bar on spreading the ideas of various thinkers of European Resistance Movement and information about varied identitary movements and organizations which operate all over Europe or are led by people of European descend overseas. Unfortunately this kind of informational vacuum includes the scope of  “nonconformist identitary underground” penetrated only by incomplete information and fragmentary news.

More than 40 years of darkness, informational and linguistic embargo has logically resulted in the impossibility of keeping the pace with actual European trends and ideas in the domains of no support by the oppresive communist regime and official massmedia.

We respect the freedom of speech regarding it as one of the most important values of  functional society, therefore we are not going to resort to newspeak bringing back the orwellian world, also we don’t respect any kind of either legal or non-written norms of political correctness and worshipping the liberal democracy as a “golden calf” in terms of  the evangel of its own kind within the rule of New World Order.

On the other side we don`t want to be “showly incorrect” just by reason of some “teenage” rebelion and negation. First of all our aim is to hold a free and open discussion involving European and global themes, bare of new prejudices of those who on the grounds of false fundamentals aim for their historical elimination. Nothwithstanding the fact that by proclaiming ourselves as “politically incorrect” we display our awareness of existence of something “politically correct”. There is just one truth and in accordance with Dr. Sunic we deem one of the main contemporary focuses is to clear the liberal lexical junk off our discursus.

We are the representatives of the nation of European civilisational sphere, which is exposed to situation being indisputably unique in the whole history of mankind- delegation of its power to the agents of  the global universalist doctrine striving for absolute uprooting of an individual from his natural structure and his effective enslavement by both open and latent covered methods. We are aware of  the succesful or unsuccesful attempts to exterminate the whole ethnic or broader civisisational entities in the course of history, but almost always it was the result of the pressure imposed on that entity by an external enemy, not of the dominating flagellatory suicidal voices from within.

Simultaneously we have been manipulated into the participation on the global conflict which doesn`t reflect our interests, moreover without the understanding of its causes and consequences. We refuse to tend blindly to the atlanticists` desire for distribution of liberal and and multicultural “worldwide hapiness key” irrespective of geographical, cultural and historical conditions, as like as we can`t bear to be the silent witnesses of spreading and enforcement of the alien authentic cultures and religions progressively gaining more and more influence at the European continent.

We would like to become a free platform of ideas whereby its objective is the rennaisance of European civilization and redefinition of its cultural essence in the environment of 21. century. In the age of new millenium the “long march” of hostile forces which had commenced centuries ago in conjunction with “fukuyamic” faith in the end of history and free thinking by reaching the longed-for absolute can bring the fatal results.

We found ourselves in the situation when we feel no shame to copy the well-proven methods of our ideological oponents in the effort to preserve our essence, for instance we are inspired by dateless analysis by Antonio Gramsci, who had highlighted the importance of seizing the cultural area of every society which implies political changes, not reversely.

First and foremost we will put our effort in self-education, cognizing of so far unrecognized and eventual transmitting of our conclusions to the territories, where the current situation is similar as in Czech Republic. Consequently some prolific discussions should happen, as well as creating of vital and reasonable ideological doctrines.

It is extremely difficult to be successful in the contest for the “reconquiste” of Europe without any intellectual groundwork widely influencing the socio-cultural sphere. We welcome any prospective political layouts getting inspiration in our activities, in that case they will be provided with our support, but as we have already suggested, Delian Diver strictly rejects to take part in real institucional politics.

Although we feel loyality to our nation and are bound with its interests, there is no way for isolationism in Europe of our age. A solitary nation hardly survives without strong bonds of common civilizational values. Therefore we would like to contribute to the process of creating strong, long-lasting and productive relations within Euro-Russian territorry, one of our main targets is to provide our help and support to the representatives of other European countries, who share our views and would like to establish a similar ideological platform. First and foremost we are focused on neighbouring Slovakia, which has been the closest country to Czech Republic in terms of culture and history in the central European area.

Situation after 1989

In 1989 the rigid Bolshevik communism had been “withdrawn from circulation” in accordance with the worldwide pattern (respectively its post 68´ model of  “real socialism“) Reigning marxism-leninism had been defeated by liberalism (its illusory ideological enemy and counterpart), this ideology was considered as an inprospective and obsolete doctrine. There a massive boom of interest in democratic political activities was regarded for the reason of people`s faith in almightiness of parliamentary democracy and its mechanisms ensuring the development of  plurality of public views without the surveillance of state censorship. The ideology of egalitarian multicultural liberalism has prevailed.

Even in the field of pro-national politics we could have traced back the exeptional growth of activities, say in two waves: the first one, straight after 1989, where an anticommunist and patriotic enthusiasm prevailed, the second one took place in 90`s as a result of social shocks (which happened due to unruly privatisation of the state assets, collapses of the big state owned companies and uncontrolled tunneling of newly founded bank institutions) and implied a mass disillusion. Unfortunately even despite this disillusion has deepened  mainly due to pompous arrogance of Czech government which recognized the puppet state of Kosovo and agreed upon the American bid to install a radar in our territory, there hasn`t been taken advantage of potential for progressive mobilization against the System which still exists from now on.

Whom to blame?

Various subjects (either political parties, movements, its coalitions or civic corporations) have been established just for their future dissolution which seemed to be inevitable after the first particular unsuccess. The reasons have been mainly the personal profiles of the involved persons, unsophisticated populist ideas or the struggle of fractions in the process of permanent splitting for the inability to settle even on the basic consensus.

Delian Diver is not going to reiterate the old mistakes of then leading subjects possesed ambitions in real politics, we are walking down the different way.

Now let`s analyse out the repetitive blunders and conclude an answer to this fundamental question – What to do?

The questions which must be asked by a person willing to be involved in European Resistance Movement are:

1.       Does it make any sense to work within the framework of the System and political structures?

Our clear answer is – NO! We are not willing to make compromises in the name of sleazy populism and our atractiveness in the eyes of masses, also our desire is not to abide party`s directives and bylaws which in fact reflect only the selfish effort of the political parties` representatives longing for the lucrative posts in the limelight of glory and personal prosperity. Their goals don`t match the ours, as their real effort is to eliminate the other competitors of similar interests.

We prefer quality over quantity and substantiality over emptied form, what means we have got no ambitions to embark on political stages just as the next prophets of the only universalist truth having the cure to salve the material needs of majority. Our focus is not the parliament, posts in the council of administrators assured by servile loyality to the real agents of “democratic” politics- the global capital or constituting the purpose-built alliances with our oponents just for temporary pragmatic reasons.

We have chosen the non-parliamentary way by creating the independent intellectual platforms  engaged in the structures of system on a minimum scale respecting just the basic legal framework (like the norms embedding the founding of civic corporations, conducting the accounting procedures, also the elimination of any violent conduct is a must by any means)

These independent and radical intellectual platforms should clearly stand up against:

-          all pro-national political parties and movements which haven`t ever brought any real effect and its former ideological clarity and drive has merged into the swamps of democratism

-          the representatives of the “old right” which have commited themselves to the excesses of nacism or longing for “good old times”

-          the neoconservative vision of an inevitable connection between defending Europe against islamisation and defending Israel and his interests proclaiming the Jewish culture is an integral part of the European civilisation

Just by this strict rejection of current System we can avoid the assured organisational decay, create the new inspiring cultural environment and lead the European Resistance Movement out of the intellectual ghetto.

2.       How should these platforms be created and operated?

The European resistance movement needs to preserve its figting power and avoid the common mistakes which can cause the final failure. The key lies in an imminent touch between its members, whose communication is based on personal bonds. The basics are:

-          intentional rejection of operating within the structures of the System- in particular at the political stage which contains all the risk factors resulting in failures- wide, vertically organised, financially demanding structure, which is open to public for it can be easily infiltrated by the agents of the System

-          the absence of large-scale organizational structure which can be controlled and influenced by the System and vulnerated by the pressure imposed on it by its ideollogical opponents

-          the absence of vertical organizational structure which obstructs the excessive personal ambitions which can be secretly used to act against the whole by the opponents

-          minimal financial demandingness of the platforms` establishing, which enables their quick forming and minimizes the possibility of “financial infiltration” by the individuals or groups acting according to System`s agents` or ideological opponents` interests

-          tactical dropping of  the old phraseology automatically branded as rasist and compared to nazists` racial theories and virulent antisemitism (reduction ad Hitlerum). The reforming of  the European resistance movement`s discursus does by no means signify we have diverged of the main objective: the contest for preserving of the European physical, cultural and spiritual heritage. The newly defined discursus primarily means assuring the mistakes of the past won`t be commited again

3.       What forms should these platforms possess?

By abandonement of the collaboration with the System`s elements in the form of political participation on the distribution of power, organizational structure and obsolete phraseology these platforms are open to various intellectual sources of ideas whose goals can match those of European resistance movement even despite possible differences between each other.

Communication, inter-personal cooperation and multilingual presentation within the scope of broader platform (geographically in Euro-Russian territory, culturally in every area where people of European descent live – USA, Canada, South Africa, Australia, etc.) can be considered as a growing necessity (and conditions sine qua non) of resultful activities.

This strategy can be implemented by these platforms in the form of student clubs, discussion groups, circles of readers, virtual blogs and any other meaningful microcommunity (hereby we would like to highlight the role of women within this movement, environmental activities, revitalization of the ancient religious systems, etc.)  These cultural patterns create the sources of maintaining and expressing the European Resistance Movement`s ideas.

4.       What is the role of an individual in this process?

It is not an imminent urgency to create just the platforms, the activities within the framework of European Resistance Movement can also acquire the shape of individual cultural protest against “spirit of the age”. The mutual cooperation and the exchange of ideas between these platforms and “forrest walkers” (or „partisans of modern age”) contribute the cells of resistance to create and maintain themselves and to infiltrate the domains, where are not expected by the System which has not been prepared for their presence and activities yet.

5.       What does “European Resistance Movement” mean?

The network of cooperating platforms creates the substrate for the brand new movement – European resistance movement. Eventually this movement will be working as an interconnection between various groups, platforms and individuals, who will share the collective identity endeavouring for the change of current social climate and restitution of the European society`s organic structures (cultural, social and mental).

It is inevitable at least for leading groups and individuals to gain the ideal identity and background which can be formed as the result of  intellectuals` debates, proclamations and essays. There is no shame for us to admit we are not afraid to copy the deconstructional tactics commonly applied by our ideolocical opponents, especially by:

-          defining and labelling the enemies of European Resistance Movement

-          recognition and description of pros and cons of our ideological opponent`s identities

-          the analysis and deconstruction of this intellectual identity

-          proposals for changes of social climate and reconstruction of an organic system

6.       How are these platforms supposed to cooperate?

As it has already been suggested the basic is a proximate contact between its members, in the international scope we can cite one of the conclusions drawn at the conference called “The White World`s Future“ held in Moscow in 2006- „the imminent contact has been made via internet, by creating the webportals, personal blogs and through the participation on the international conferences, education trainings and meetings.”  

It is simply not possible to embrace the whole matter just in one speech, therefore after setting this primary process off there are more crucial topics to be discussed at further conferences refered to creating the System`s antipodes by establishing the paralel structures and institutions (for instance home schools, other educational institutes and possibly universities, economically autarchic communities, as for internet activities the creating of self-publishing houses, holding virtual exhibitions, etc.)  

Sic semper tyrannis!

Delian diver´s team.

http://deliandiver.blogspot.com

 

Retour au réel

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Retour au réel.

Editorial du numéro 30 du journal Rébellion ( bientôt disponible)

http://rebellion.hautetfort.com/


L’an un du règne de Nicolas Sarkozy s’achève et le constat est édifiant. Ceux qui se lèvent tôt n’ont pas été déçus, mais ils n’en ont pas eu pour leur argent. La France « d’en bas » voit ses maigres économies dilapidées : entre la baisse du pouvoir d’achat et la flambée des prix, les carburants qui ne cessent de battre des "records" (et les profits de Total avec). Justement au sujet du prix du pétrole, -il y a peu, nombre d' économistes nous juraient mordicus que parler de baril à 100 dollars revenait à croire qu' Elvis est encore en vie ou que le P"S" était toujours au service des intérêts des travailleurs. Les experts se trompent ou nous trompent ? Les deux probablement.

En outre, les attaques sont désormais incessantes contre les travailleurs et le service public. L' Education Nationale ne sait que trop bien qu’elle est la première visée. EDF se privatise et doit servir d’exemple au vaste pillage de notre patrimoine public national. L'heure est à la Rigueur, mais pas pour tout le monde. Il n’est nullement question de discuter les bénéfices des entreprises du CAC 40 ou de revoir le train de vie du sommet de l’Etat, mais plutôt de supprimer la carte famille nombreuse de la SNCF ou le remboursement des lunettes (mesures finalement abandonnées).

Nicolas Sarkozy avait promis d’aller "chercher la croissance avec les dents», on attend toujours… Le même personnage a affirmé ne pas pouvoir "vider des caisses déjà vides" pour soulager le pression sur les foyers modestes. Ce serait faire preuve d’un bien mauvais esprit que de dire que le paquet fiscal offert à ses amis entrepreneurs a vidé un peu plus les dites caisses. Dans un autre registre, Nicolas Sarkozy s’était également proposé d’aller lui-même chercher la médiatique Ingrid Betancourt (elle aussi risque d’attendre) ; avec sa belle rolex l’opération aurait eu de la gueule. Faute de cela, il s’est consolé avec la libération d’un yacht de luxe aux mains de quelques pécheurs somaliens devenu pirates à cause de la misère.

Dans son excellent ouvrage ("Rêves de droite"), Mona Chollet cite "notre" Président : "Je vais me retrouver avec un palais à Paris, un château à Rambouillet, un fort à Brégançon. C’est la vie." La journaliste du Monde Diplomatique le compare, à juste titre, à un gagnant du Loto qui a pris le pouvoir sur un énorme bluff, qui n’a pas manqué d'ailleurs de s' octroyer une forte augmentation de salaire (sa première mesure avec le paquet fiscal).

Malgré toutes ses manœuvres, l'état de grâce de Nicolas Sarkozy est bien terminé. Même les médias sarkollabos* se font l’écho de l’opinion (négative) des français vis-à-vis du bilan de l’agité de l’Elysée. Mais les critiques visent plus l’homme et son style rutilant dans l’exercice du pouvoir que le Système qu’il sert.

Pourtant les « réformes » vont se poursuivre et s’accélèrent, tout doit être fait pour empêcher tout retour en arrière. La politique de la terre brûlée de Sarkozy vise à laminer toutes les résistances. Le déni de démocratie constitué par la ratification du traité européen « simplifié » en est l'exemple. Le gouvernement refuse de voir que la volonté populaire est contre les mesures qu’il s’acharne à faire passer grâce à la complicité d’une opposition lamentable. Le Système est tranquille car il n’a personne pour l’attaquer sur ses points faibles: la Gauche a depuis longtemps vendu son âme.


Elle a choisi clairement le camp du pouvoir du Marché et le « there is no alternative », il n’y a pas d’alternative ». Formule que l’on doit à Margaret Thatcher pour définir le capitalisme néo libéral et son caractère inéluctable. Comme le reconnaît Manuel Valls, député du P«S» et partisan d’une refondation libérale, qui propose de remplacer les valeurs de gauche –dépassées selon lui- par celles de droite en criant qu'elles sont de gauche, l' UMPS en résumé. Il n' y a rien non plus à attendre de l’extrême gauche qui n’est que la soupape de sécurité du système (comme le fut du temps de son vivant le FN).  Il n’est nullement question d’opposer un dogme à un autre mais seulement de dire que face au monde moderne, il y a une opposition à cette pensée unique, le « Camp du Bien » a beau avoir une importante faculté de renouvellement, nombre d’auteurs, philosophes,journalistes...ont ouvert la porte au débat.

A nous de continuer cette lutte contre le conformisme, au delà de toutes les étiquettes politiques, l' important étant ce combat contre l' uniformité du monde que le système veut nous imposer. C’est en ce sens que nous voulons ouvrir les œillères du plus grand nombre. En prouvant que nous avons des choses à dire, qu’une alternative existe bien, nous pourrons ramener les consciences sur le terrain du réel. Les rêves de richesse et de réussite sociale pour tous promises par le candidat Sarkozy n’étaient que du baratin qui a, certes, abusé de nombreux naïfs. La déconvenue est maintenant à la hauteur de l’illusion entretenue. Mais cela est bien encore insuffisant : illusion/désillusion, droite/gauche, ce petit jeu doit cesser. Notre tâche consiste à mettre en avant une déconstruction/dénonciation de cette mise en perspective spectaculaire du réel. Le retour à une lutte réelle contre les conditions sociales et politiques existantes doit être présenté comme étant inéluctable même s’il n’est guère aisé de se le représenter actuellement comme tel. Les modalités de cette lutte ne sont pas non plus clairement définies a priori. Mais la pratique sociale ne dérive pas de schémas théoriques préétablis.

Ce qui peut être pensé à l’avance, c’est l’idée de l’impossibilité d’admettre, ad vitam aeternam, la situation actuelle et la perspective tracée à l’avenir des travailleurs par la classe dominante. De surcroît, ces derniers peuvent reprendre très rapidement conscience du potentiel de lutte dont ils sont capables, l’histoire du mouvement ouvrier le démontre. Enfin, le socialisme réel est bien l’anticipation doctrinale que nous pouvons promouvoir aux yeux de tous, notamment en montrant que le capital n’a de cesse d’imposer un rapport de force qui lui soit favorable : c’est donc qu’il y a bien des forces et donc des orientations contradictoires au sein de la société. Ce contre quoi lutte farouchement la bourgeoisie et qu’elle occulte soigneusement, c’est proprement ce que nous appelons le socialisme, un rapport social mettant fin à la prédominance de la production pour le marché capitaliste et une réorientation de la pratique humaine vers une cohérence dans les finalités du travail, débarrassées du fétichisme de la marchandise. Contre la morale utilitariste du libéralisme nous serons toujours du côté de la moralité généreuse des producteurs.


*Termes empruntés à nos camarades du site Sinistre Spectacle: http://sinistrespectacle.free.fr

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Hérodote n°129: Stratégies américaines aux marges de la Russie!

A lire impérativement !

Le nouveau numéro d'HERODOTE, la revue fondée par le géopolitologue français Yves Lacoste.

N°129: Stratégies américaines aux marges de la Russie

Pour comprendre les mécanismes des "révolutions de couleur", téléguidées par la Fondation Soros, nouvelle technique d'encerclement et d'affaiblissement de la puissance qui tient la "Terre du Milieu" !

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Les lignes de fracture du système

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Romain LABARCHEDE:

 

Les lignes de fracture du système

 

C'est un lieu commun rebattu : les idées mènent le monde. Cette explication simpliste mérite quelques précisions : quelques idées sont plus agissantes que d'autres, quant au plus grand nombre, elles ne mènent rien du tout, et souvent, elles mènent nulle part, tout au plus elles marginalisent quelques illuminés. Pourquoi telles idées ont mené le monde à une certaine période pour tomber dans l'oubli peu après ? Vérité d'hier se révèlera erreur aujourd'hui…

 

Réduites à elles-mêmes, les idées ne sont rien, ne produisent aucune action, si elles se répandent, se propagent, ce n'est pas de leur seul fait : elles doivent s'incarner. Plus simplement, tant qu'une idée, bonne ou mauvaise, ne trouve pas un corps pour la servir, elle demeure sans effet. D'où l'importance des hommes avec leurs qualités propres.

 

Que peuvent-ils, à leur tour, sans stratégie, sans tactique, sans mode opératoire, sans méthode et sans plan d'action ? Que peuvent-ils, même les plus courageux, s'ils ne tiennent qu'accessoirement compte des circonstances, des évènements, des forces en présence ?

 

La pertinence des idées, la qualité des hommes : des dirigeants et des exécutants, la lucidité des analyses, l'opportunité des méthodes et du plan d'action, tous ces éléments concourent à la réussite ou à l'échec des opérations. Aujourd'hui la météo idéologique est moins perturbée qu'à l'époque de la guerre froide, où le monde dit libre s'opposait au monde du prolétariat, les affrontements forts d'hier sont terminés puisque hors sujet.

 

Après l'implosion du modèle communiste, le libéralisme économico-politique n'a plus de concurrent idéologique, il est en situation de monopole. Serait-ce la fin des idéologies ? Bien évidemment non, il est facile de constater la convergence des deux courants hégémoniques dans un discours commun qui satisfait le plus  grand nombre. Droite et gauche se sont recentrés, adoptant pour l'essentiel les mêmes objectifs avec des nuances quant aux moyens.

 

L'idéologie dominante repose sur deux principes :

 

-l'individualisme, l'individu est plus important que la communauté à laquelle il appartient.

 

-l'égalitarisme, tous les hommes sont égaux.

 

Ces  principes de base peuvent se décliner en version plus ou moins forte ou plus ou moins douce, chacun accommodant à son goût. Cette idéologie dominante est instrumentalisée par la classe dirigeante pour asseoir son pouvoir et légitimer ses actions.

 

Au début des années 1750, Jean-Claude Vincent de Gournay, homme d'affaires et inspecteur des manufactures, était convaincu que le meilleur moyen de maximiser les ressources matérielles et humaines de la Nation était de : laisser-faire les hommes, laisser-passer les marchandises. Il ne visait alors que le domaine économique.

 

Aujourd'hui, c'est la règle générale qui prévaut dans tous les domaines : politique, social, religieux, culturel, familial, il est interdit d'interdire ! La déesse Permissivité fait perdre la tête et la raison aux élites. Dans notre antique mythologie , Jupiter ne fait-il pas perdre la raison à ceux dont il a juré la perte ?

 

 I      le système occidental

 

Ces précisions liminaires fournies, il convient d'appréhender le monde tel qu'il est, et non tel que l'on voudrait qu'il fût. Qu'est-ce que le système occidental?

 

Comme nous l'avons écrit dans Orientations pour un mouvement politique effectivement opérant, paragraphe les complotistes, nous ne croyons pas au complot mondial, obéissant à un mystérieux chef d'orchestre, ordonnant par relais hiérarchiques, l'application d'un plan établi et connu des seuls initiés. L'homme est un être social, (zoon politikon -Aristote) mais il est aussi un prédateur insatiable, (homo uomini lupus, l’homme est un loup à l’homme) ce qui le rend capable du meilleur comme du pire. La force essentielle du capitalisme, c'est qu'il satisfait toutes les pulsions et les besoins de l'homme ( de tous les hommes, bons ou mauvais ) sans qu'il y ait un quelconque accord sur une fin. Chacun trouvant son bonheur dans ce qui lui est agréable sur le moment.

 

Selon Tchakhotine, les quatre instincts primordiaux de l'homme sont :  l'agressivité, l'intérêt matériel immédiat, la sexualité et le besoin de conformité-sécurité. Le système capitaliste satisfait simultanément ces quatre instincts, chacun prenant ce qui lui convient au moment désiré. Les jouisseurs s'épanouiront dans l'hédonisme, les prédateurs dans la concurrence, les profiteurs dans la spéculation, les grégaires dans la consommation, chacun pouvant à sa guise satisfaire un instinct, pour ensuite en satisfaire un autre ; le profiteur devient jouisseur puis prédateur etc…Retenons que dans la plupart des systèmes vivants, ce sont les prédateurs qui dominent et marquent les mutations de chaque système.

 

Oswald Spengler, dans son ouvrage le plus connu : le déclin de l'occident évoquait le vieillissement des cultures et des civilisations, mais le titre est regrettablement ambigu, car qu'observons-nous aujourd'hui, sinon l'hégémonie du monde occidental, du style de vie occidental ? Ce qui apparaît clairement, c'est le déclin du vieux continent Européen en tant qu'espace politico-culturel homogène, alors que le système occidental connaît une hégémonie quasi planétaire, jamais observée auparavant. Les nations Européennes sont aux ordres des Etats-Unis d'Amérique qui imposent et nourrissent leur domination :

 

-         au moyen de la morale des droits de l'homme, excellent instrument d'intervention médiatique à géométrie variable,

 

-         au moyen du droit d'ingérence en usant et abusant de la force militaire ( guerre du golfe, kosovo, Afghanistan…),

 

-         au moyen de la logique du marché comme régulateur majeur : globalisation économique,

 

-         au moyen de la diffusion planétaire d'une sous-culture de masse qui abrutit les cerveaux et amollit les consciences.

L'american way of life c'est la voie de la mort douce pour ceux qui n'ont pas la volonté de conserver leur identité.

 

L’Occident, bien que réalité planétaire, demeure un ensemble flou, recouvrant des réseaux, des espaces, des cultures, et des civilisations disparates. Il regroupe des sociétés diverses, organisées en cercles d’appartenance concentriques, ayant au centre un noyau dur qui alimente la périphérie : le modèle américain.

 

Dans « l’Occident comme déclin » paru en 1984, ed. du Labyrinthe, donc avant la chute du mur de Berlin et l’implosion du bloc soviétique, Guillaume Faye distinguait :

 

- des nations très occidentales : USA, Grande Bretagne, Europe du Nord,

- des nations moyennement occidentales : France, Italie, Espagne, Grèce,

- des nations en voie d’occidentalisation : Russie, pays de l’Est Européen,

- enfin des nations peu occidentales : Iran, Afghanistan.

 

A l’intérieur des pays dits en voie de développement, l’élite dirigeante, fortement occidentalisée, souvent coupée de sa culture originelle, est en rupture d’identité. Le peuple ne se reconnaît plus dans sa classe politique, les éléments les plus radicaux s’orientent vers des mouvements fondamentalistes. Dans un entretien accordé au quotidien Sud-Ouest, le 26.09.01, Mariam Abou Zahab, politologue  qui enseigne l’histoire de l’Afghanistan et du Pakistan aux Langues Orientales à Paris, répond à la question : Pourquoi un tel décalage entre le gouvernement et l’opinion ?

 

« le fossé entre l’élite et la rue à propos de l’Amérique n’est pas neuf. Le Pakistan est totalement schizophrène : la bourgeoisie envoie ses enfants dans des universités américaines, la jeunesse singe le mode de vie yankee, et tous tiennent en même temps des propos violemment antiaméricains. Les gens ne sont pas conscients de cette contradiction. » Cette remarque pertinente convient à nombre de pays traditionnellement musulmans, avec tous les risques de dérives que nous savons.

 

L'Occident représente l'ouest, point cardinal du coucher de l'astre solaire. Pour Raymond Abellio, le modèle californien constitue l'essence et l'épicentre de l'Occident, ouest extrême, symbole d'une civilisation crépusculaire et vieillissante, où la lumière déclinante du jour fait place progressivement à l’obscurité de la nuit. L'astre renaissant, vainqueur des ténèbres, apparaîtra à nouveau par l'Orient, la lumière reviendra par l'Est.

 

La renaissance du Grand Continent Européen se réalisera en union avec les terres et nos frères de la Nouvelle Aurore.

 

II       Géopolitique Anglo-saxonne

 

Jean-Gilles Malliarakis dans « Yalta et la naissance des blocs » éd. Albatros,1982, remarquable synthèse sur cet épisode historique, écrit : «  Pour comprendre l’attitude de Churchill, on doit se reporter aux considérations fondamentales de la Grande Bretagne. Celle-ci disposait d’un empire aux dimensions de l’univers, un empire sur lequel le soleil ne se couchait jamais. Contrairement aux territoires rassemblés par la France , plus coûteux à féconder que profitables à exploiter, les colonies britanniques étaient essentiellement rentables. Le grand problème était évidemment de maintenir les liaisons entre Londres et Honk-Kong, la fameuse route des Indes passant par Gibraltar, Malte, Chypre, Suez et Aden. En Europe centrale et orientale, les intérêts anglais n’étaient pas considérables mais il fallait à tout prix empêcher les Russes d’accéder à la Méditerranée. Il suffisait dans la zone des Balkans de garder la Grèce et de neutraliser la Yougoslavie. Tout le reste pouvait bien passer sous contrôle soviétique, Winston Churchill n’en avait cure. » p.149.

 

Ces lignes sont lumineuses, outre les événements politiques postérieurs qui ont confirmé l’exactitude de l’analyse, l’essentiel est mis en évidence : en politique internationale, seuls les intérêts géopolitiques prévalent, l’idéologie est un ornement qui semble opérant aux naïfs, ou à ceux qui se suffisent d’explications sommaires.

 

Zbigniew Brzejinski, stratège américain dévoile au grand jour les intentions géopolitiques et géoéconomiques des USA, tant ils sont sûrs de leur puissance. Il établit un double constat :

-         les USA sont la première puissance globale de l'histoire.

-         comme la maîtrise du pouvoir planétaire se situe en Eurasie, il faut par tous les moyens empêcher l'émergence ou l'unification politico-économique de celle-ci.

 

Les USA, possèdent le statut de puissance impériale, hégémonique et mondiale. Ils doivent progresser pour durer. Le problème à résoudre consiste à conserver le plus longtemps, le statut d'unique puissance mondiale. (monde unipolaire) Se référant aux travaux des géopolitologues Anglais du début du siècle,(Halford John Mackinder, Homer Lea) Brzejinski redoute avant tout l'émergence d'une puissance continentale pleine et entière (Eurasie), de même qu'il redoute une puissance asiatique, chinoise ou japonaise.

 

Pour empêcher l'émergence de ce continent unifié, il faut simplement :

-         théoriser l'élargissement de l'OTAN, en tant que bouclier face à l'hypothétique renaissance de l'hydre totalitaire.

-         réaliser le new silk road land bridge ( pont terrestre sur la nouvelle route de la soie ) qui maîtrise toutes les grandes voies de communication au cœur du continent et les accès du Caucase ou du Moyen-Orient. Ainsi le cœur de l'Asie est neutralisé, sous tutelle des USA.

 

Ce projet de pont terrestre sur la nouvelle route de la soie permet de contenir la Russie comme le préconisait Mackinder en 1904, lors de l'inauguration du Transsibérien et en 1919, lors de la victoire des bolcheviques. Contenir la Russie et briser l'unité de l'Europe telles sont les préoccupations des stratèges Yankees.

 

Donc, il convient de  créer une barrière d'Etats pour contenir la Russie loin des mers et de l'Océan Indien. Cette barrière débute à l'Ouest sur l'Adriatique, avec l'Albanie pour aboutir en Chine. Comme la route de la soie du temps de Marco Polo, elle relie les deux parties les plus peuplées de la masse continentale eurasienne. Pour ce faire les USA jouent à fond la carte turque et favorisent les aspirations hégémoniques d'Ankara, qui accorde la nationalité turque à tous les ressortissants de peuples turcophones de l'ex-URSS. En cas d'adhésion de la Turquie à l'UE, ces turcophones, munis d'un passeport turc,  circuleront dans tous les pays d'Europe sans aucune difficulté. Il est malaisé d'évaluer ce flux migratoire, mais soyons certains qu'après un tel raz de marée ethnique, notre vieux continent, aura subi une lourde colonisation de peuplement..

 

L'émergence de l'idéologie pantouranienne dans la pensée politique turque, et chez les autres peuples turcophones : Azerbaïdjan, Kazakhstan, Kirghizistan, Ouzbékistan, Turkménistan, constitue une nouvelle donne qu'il faut analyser avec attention. Le pantouranisme, ou panturquisme, est une idéologie de type racialiste qui vise à l'unité de tous les peuples de souche turque ou turcophones, qui implique un projet géopolitique regroupant tous ces peuples de la mer Egée au Sinkiang chinois.

 

Cet espace politique islamo-turcophone constituerait une barrière homogène et étanche, dans l'intérêt de Washington, pour neutraliser la Russie et le continent Eurasien. Mais cette expansion, à l'est, n'est pas la seule possible pour Ankara, qui en jouant la carte néo-ottomane, espère un retour à l'ouest, dans les Balkans, ce qui, d'un point de vue Européen est inacceptable. A l’exception de quelques souverainistes Français attardés qui souhaitent ressusciter l'alliance de François I° avec le Sultan, afin de constituer un axe jacobin Paris-Ankara. Pour ces diverses raisons, les USA appuient de tout leur poids la Turquie et imposent son entrée au sein de l'UE.

 

Il y a convergence d'intérêt entre les USA et les Etats musulmans, turcophones ou islamistes, comme l'a établi avec sérieux et  minutie, Alexandre del Valle, auteur de deux ouvrages richement documentés et solidement argumentés dont nous recommandons vivement la lecture : Islamisme et Etats-Unis : une alliance contre l'Europe. éd. l'Age d'homme, Guerres contre l'Europe : Bosnie, Kosovo, Tchétchénie. éd. des Syrtes.

 

III             les lignes de fracture

 

Néanmoins le système n'est pas un mécanisme inusable, comme tout organisme vivant il présente des faiblesses, résultant de contradictions fortes entre le discours et la pratique que le peuple, les citoyens, peuvent à tout moment contester. Ces lignes de fracture sont les points faibles du système, cibles sur lesquelles doivent impérativement s'orienter nos actions.

 

Ce sont les seuls points par où le système  peut être fragilisé. Encore faut-il établir une bonne stratégie, trouver les bonnes propositions, le bon mode opératoire et les bonnes actions qui susciteront un désir profond de changement au sein du corps social. Ne rien privilégier dans l’absolu, envisager tous les possibles en fonction des événements et des circonstances. Etudions les principales lignes de fracture que nous avons volontairement classé par ordre alphabétique, sans qu'il soit possible d'établir une hiérarchie ou une échelle d'importance, car à tout moment, l’imprévu, l’impensé, peut se produire, l’essentiel est d’être prêt à agir.

 

Fracture démocratique : crise de la représentation

 

Contradiction entre le discours de la classe dirigeante et les réalités vécues par le peuple. Les citoyens sont rarement consulté sur les questions qui les préoccupent directement. La représentation démocratique dérive en confiscation de la souveraineté. Les décisions prise par des bureaucrates ou des technocrates nommés ne respectent pas le principe de légitimité démocratique. Ce principe est également bafoué lorsqu'une conscience morale à prétention universelle impose sa volonté à une ou plusieurs Nations. Face à ces contradictions le citoyen finit par se désintéresser de la "chose publique" pour n'en retenir qu'une farce sordide.

 

La réforme du scrutin électoral de 1958 a accentué la dégradation de la conscience citoyenne, en renforçant la stabilité du pouvoir en place aux dépens de la démocratie réelle, c’est à dire la juste représentation de la volonté générale. Cette réforme dont le but était d’assurer une majorité stable, comme instrument de gouvernement, sans souci de représentation des réalités sociologiques ou politiques du pays, a profondément altéré la conscience citoyenne collective. Le fossé entre pays légal et pays réel s’est approfondi, la représentation parlementaire est discréditée, la politique est devenue logique de pouvoir et non service public de bien commun. L’Assemblée Nationale n’est plus l’expression la plus juste du corps électoral, son rôle se limite à dégager une majorité confortable au gouvernement en place. Le scrutin majoritaire à deux tours constitue une caricature de représentation nationale. La logique majoritaire a isolé, laminé, marginalisé les courants minoritaires ou les forces de proposition qui n’étaient pas inféodées à un mouvement majoritaire. Aucune évolution n’est envisageable, seule perspective : la sclérose…Nous sommes passés du système des partis (de tous sans exclusion) à celui « du » parti au pouvoir. Facétie imprévue venant des urnes, la cohabitation perturbe le doux ronronnement imaginé par le législateur. Décidément, les électeurs-citoyens sont incorrigibles, ils s’obstinent à mal voter…

 

Sous la Troisième et Quatrième Républiques existait un équilibre subtil entre différents modes de scrutin. D’une part les assemblées issues directement des urnes, au scrutin proportionnel, reflet exact des attentes, des critiques, des impatiences, des craintes, des velléités, des refus, des espoirs, voire des révoltes de tous les électeurs : l’Assemblée Nationale  et les Conseils Municipaux. D’autre part, deux institutions élues, l’une au scrutin indirect, : le Sénat, l’autre au scrutin majoritaire : les Conseils Généraux.

 

Le système électoral actuel, reposant sur le scrutin majoritaire à deux tours génère une crise de la représentation dont nous mesurons les conséquences négatives : démobilisation, dépolitisation et abstentionnisme.

 

Fracture écologique : crise de la biosphère

 

Contradiction entre le développement productiviste et les nombreuses pollutions qu'il provoque. L'économie, lorsqu'elle n'est pas bridée par un pouvoir politique plein et entier, donne libre cour aux pires excès : c'est la démesure à tous les niveaux, dans tous les domaines. Les Grecs de l'Antiquité redoutaient cette hybris, démesure responsable des pires malheurs. Ceux qui prétendent faire de la défense de l'environnement leur activité politique première, abordent et débattent des enjeux écologiques avec une inefficacité notoire. Leur sectarisme, leur dogmatisme, leur purisme, leur rigorisme les rend particulièrement dangereux, dans la mesure où ils bloquent certains grands projets. La satanisation de l’énergie électronucléaire illustre le comportement obsessionnel de cette mouvance. Pour une fois qu’un Etablissement Public à caractère Industriel et Commercial (EDF) remplit sa mission, les intégristes Verts, inquisiteurs de la nature foncièrement bonne, vestales de la pureté originelle difficile à conserver (sécularisation du dogme virginal ?) n‘ont qu’un objectif majeur : la suppression progressive de cette source d’énergie : la plus économique, la moins polluante, qui assure de plus notre indépendance énergétique face aux transnationales pétrolières. Ces dernières souhaitent conserver leur hégémonie par la consommation croissante des seules énergies fossiles. Elles combattent par tous les moyens l’émergence d’une énergie alternative respectant les enjeux écologiques tout en permettant la puissance. Souvenons-nous des ouvrages du regretté Pierre Fontaine qui avait établi les pratiques maffieuses des  grandes compagnies pétrolières.

 

Fracture économico-sociale : rupture du lien social, crise de confiance

 

Contradiction entre le bien-être de certains et l'horreur économique supportée par d'autres. Le but premier de l'économie est de satisfaire les besoins, alors que pour le capitalisme, c'est la poursuite illimitée du profit qui active le cercle vicieux du productivisme, produire plus pour consommer plus, consommer davantage pour produire davantage. Spirale infernale de l'économie de croissance et du tout-marché, à qui nous opposons une économie de puissance avec marché, ce dernier jouant son rôle régulateur dans le seul espace économique clairement défini, sans possibilité de phagocyter les sphères de l'espace social.

 

Fracture  étatique : crise des Services Publics

 

Contradiction entre la mission de l'Etat, servir le bien commun et l'intérêt général, et les dérives administratives catégorielles supportées par la communauté. L'appareil d'Etat  tentaculaire, en dépit de gros moyens sans cesse revus à la hausse, n'assure pas un service public satisfaisant. La logique de chaque administration est simple :  assurer l'augmentation de l'enveloppe budgétaire destinée à chacune, tout l'appareil d'Etat raisonne ainsi, dans  l'intérêt de ceux qui bénéficient d'une sécurité viagère, pendant que les autres sont confrontés aux douces aménités du marché concurrentiel. La rénovation en profondeur de nos administrations est une priorité, devant laquelle nos gouvernements successifs furent regrettablement résignés. La véritable classe dirigeante se trouve dans les bureaux ministériels, les politiques n'ayant trop souvent qu'un simple rôle de figuration. Ils acceptent ou refusent ce que les bureaux leur soumettent, en supposant qu'ils les aient analysés. Notre vie quotidienne est rythmée par d'inévitables procédures, démarches et autres tracasseries, que le professeur Jacques Ellul a définies comme une oppression bureaucratique, ce despotisme envahissant n'est pas près de s'atténuer….

 

Fracture ethnico-culturelle : crise civilisationnelle

 

Contradiction entre la colonisation massive de peuplement et les incompatibilités culturelles, les possibilités d'intégration (n'oublions pas nos millions d'autochtones : chômeurs,  travailleurs pauvres ou exclus) qui génèrent d'inévitables chocs ethnico-culturels.

 

Lorsqu'il est porté devant les tribunaux des affaires d'excision, comment ignorer ces actes de barbarie perpétrés sur notre sol, en sachant que les rares cas dont il est fait état, donnent un aperçu bien en dessous des réalités, car il est extrêmement difficile pour les victimes de se retourner contre leur propre milieu d'origine.

 

Le 11 juillet, le gouvernement Français et le gouvernement Algérien ont signé un avenant à l'accord de 1968, qui fixait le régime particulier des immigrés Algériens, lesquels étaient soumis à un régime dérogatoire par rapport au droit commun des étrangers. Ce nouveau texte entrera en vigueur dès que les parlements des deux pays l'auront ratifié. Mais cet accord est à double tranchant, car le précédent régime offrait quelques privilèges, dont celui de faire venir plusieurs femmes, " comment vont réagir les préfectures quand les maris polygames voudront faire renouveler leur titre de séjour ?" s'inquiète Jean-François Martini du Gisti. ( groupe d'information et de soutien des immigrés )  La polygamie est officiellement pratiquée en France, pire elle est reconnue par les services publics….(Le Monde 28.07.01) Face à ces regrettables réalités, le principe constitutionnel de laïcité s’avère totalement inopérant, quant aux élucubrations communautaristes, élaborées par quelques intellos en mal de notoriété, nous en percevons les limites, ainsi que les inévitables dommages. Cessons les discussions byzantines, abordons les vrais problèmes sans faux-fuyants. Il convient sans plus tarder, pour les Etats qui, bon gré mal gré, sont confrontés à des flux migratoires, d’appliquer une nouvelle politique d’accueil. Nous évoluons dans un Etat de droit, lequel  doit s’appliquer, sauf erreur de notre part, sur l’ensemble de l’espace  territorial de l’Etat de droit. Ce droit (droit du sol ou jus soli) est celui de la Constitution et de la République , une et indivisible. Face au choc des civilisations que subissent les pays hôtes, il convient d’imposer à tous les immigrés, sans distinction d’appartenance, un serment de loyauté au droit local du pays d’accueil, qui selon le principe d’égalité sera le droit de tous et de toutes. (nul n’est censé ignorer la loi ).

 

Ceux qui refuseront de prêter serment seront immédiatement reconduits. Ceux qui accepteront de prêter serment seront de jure tenus de respecter le droit du pays d’accueil.

 

Fracture territoriale : crise identitaire

 

Contradiction entre un espace politique dont le pouvoir jacobin, bureaucratique et abusivement centralisé, confisque l'aménagement du territoire, aux élus locaux, alors que la base aspire à une légitime autonomie. Le découpage administratif de notre hexagone mérite attention. Le département est une création de la Révolution Française , qui parvenue au pouvoir, devint centralisatrice. Talleyrand y voyait son « œuvre déterminante ». Le Constituant Thouret, surnommé « le père des départements » fit adopter le découpage actuel. Pour Sieyès, l’équation : égalité des citoyens égale uniformité de l’administration, était posée comme un dogme irréfragable. Mirabeau quant à lui, réclamait pas moins de 120 départements, plus la surface serait réduite, moins les circonscriptions locales résisteraient à la centralisation républicaine, gage d’unité nationale. Depuis sa création, le département n’a cessé de polariser les plus vives critiques. Ce découpage «au cordeau» a inspiré quelques réformateurs de la cartographie administrative. Les projets de rectification furent nombreux et variés, plus de 50 propositions différentes.

 

Quelques unes pour mémoire, le géographe Paul Vidal de la Blache avait retenu une liste de 17 capitales, dont Paris. Autour de chacune existait une zone d’influence. Cette ébauche fut critiquée par manque de précision (toujours l’obsession du tracé au cordeau).

 

Auguste Comte dans son système de politique positive publié en 1854, préconisait 17 intendances avec pour capitales : Paris, Marseille, Lyon, Bordeaux, Rouen, Nantes, Toulouse, Lille, Strasbourg, Reims, Orléans, Angers, Montpellier, Limoges, Clermont-Ferrand, Dijon et Rochefort.

 

En 1864, Frédéric Le Play, dans La réforme sociale en France, proposait la création de 13 provinces, au sein desquelles, il groupait sous leurs anciens noms les provinces historiques. En 1871, le député Raudot soumettait à l’Assemblée Nationale la division du territoire en 25 provinces.

 

En 1890, le député Hovelacque souhaitait réduire le nombre des départements à 18 : Lille, Rouen, Rennes, Nantes, Bordeaux, Toulouse,, Montpellier, Marseille, Lyon, Dijon, Nancy, Reims, Paris, Le Mans, Tours, Limoges, Clermont-ferrand et Alger.

 

En 1895, un groupe important de députés autour de M de Lanjuinais proposait la création de 25 régions avec 126 arrondissements.

 

Mais le réquisitoire le plus virulent fut formulé par Michel Debré, favorable au regroupement en 45 « gros départements » (La mort de l’Etat républicain. Ed. Gallimard,1947)

 

« On ne pourra en France parler de vie locale tant que subsistera l’actuelle division administrative, son cadre et ses autorités. […] Si notre Etat n’est pas encore un cadavre à tête dodelinante, il est dèjà un grand corps amaigri, sans muscle, sans chair, la peau collée sur les os, avec un cerveau trop lourd et un système nerveux engourdi. Cette allure de grand malade, c’est au département qu’il le doit »

 

Depuis, le mammouth boulimique de budgets, a bien profité, dodu à point, à peine peut-il se mouvoir. Mais faire endosser au seul département les multiples dysfonctions et autres gabegies récurrentes de notre appareil administratif est excessif. Il y contribue, c’est certain, mais la racine du mal réside dans l’absolutisme jacobin hypercentralisateur.

 

La caste administrativo-bureaucratique surveille et décide à la place du peuple, des citoyens, des populations locales, considérés immatures, donc susceptibles de mal choisir.

 

Comment expliquer, depuis que la question est débattue, en dépit d'un très large consensus, que la Bordeaux-Pau ,(deux fois deux voies ou liaison autoroutière) en soit toujours au stade des études ? Axe fortement structurant, devant relier les deux principales agglomérations de la région Aquitaine, qui par delà son rôle régional, s'inscrit dans une logique internationale, reliant l'Aquitaine et l'Aragon. Les Aquitains attendent….le bon vouloir jacobin.

 

L'aménagement du territoire s'effectue dans l'opacité et la non-concertation. Jean-Pierre Raffarin, président (DL) du Conseil Régional de Poitou-Charentes nous apprend : "tout ceci est obscur, opaque pour les citoyens. Les contrats de plan représentent 400 milliards de francs avec les fonds européens, 1500 personnes sont au courant en France. Je suis très inquiet. On consulte les CRADT. Qu'en savent les citoyens ?"

 

Précisons que  les Conférences Régionales d'Aménagement et de Développement du Territoire se tiennent à huis clos.(Sud-Ouest 8.02.01)

 

Ces pratiques sont en totale contradiction avec les principes démocratiques, les citoyens sont exclus des concertations, quant aux politiques locaux, ils ne peuvent qu'accepter ce qui leur est proposé par la hiérarchie administrative, au moment où celle-ci juge opportun de le faire. Ces excès de centralisation occasionnent mal-vivre et mal-être, pour bien vivre, c'est une lapalissade, il faut du bien-être, ce qui est possible lorsque chacun vit pleinement ses racines, son identité, sans carence ni confiscation. La revendication identitaire résulte de cette privation, face à une administration omnipotente, qui décide de tout.

 

IV      l'homme providentiel ?

 

Ces contradictions fortes du système génèrent des crises pouvant provoquer une mutation dépassant les opinions du moment. Le clivage politique habituel se trouve pour une période neutralisé par un courant transversal fortement mobilisateur; constituant une opportunité rare qu'il convient de saisir sans hésitation. Reste à savoir les capacités et les qualités des forces alternatives potentiellement disponibles sur l'échiquier politique. Les apparences sont trompeuses, rien n'est certain, ni le bien, ni le pire, les prévisions adorent se faire attendre, entre paradis à venir et catastrophe imminente, chacun peut choisir et espérer le Grand Soir en se croisant les bras, ce qui limite les efforts, ainsi que les risques..

 

Reste que l'homme providentiel ne surgira pas  ex nihilo  comme le croient beaucoup, tout se prépare dans l'effort et la constance, dans l’observation attentive, dans la mobilisation, et la promptitude à agir, avec ce petit rien qui fait toute la différence : l'intuition géniale qui visite quelques rares têtes, l'esprit souffle où il veut et quand il veut.

 

Romain Labarchède

 

lundi, 21 juillet 2008

Een opstand van Duizend Vaandels

Een Opstand van Duizend Vaandels

Image Hosted by ImageShack.usNood aan een mentaliteitswijziging

Sommige nationalisten onder ons tonen zeer weinig of zelf geen interesse in de volksnationalistische strijd buiten onze grenzen. Zij menen dat de Vlaams-nationalistische strijd zich moet beperken tot de eigen grenzen en zijn blijkbaar niet in staat om verder te denken dan het eigen volk. Het is dan ook maar de vraag of wij hen als nationalisten kunnen klasseren, de term “separatisten” is misschien veel beter van toepassing. Mensen die de afscheuring van Kosovo zien als een kans voor Vlaanderen, zijn niets beter dan het regime dat zij menen te bestrijden.

“Nationalisten” die menen dat de strijd van de Bretoenen, Schotten, Catalanen, Palestijnen, etc… voor de Vlaming niet interessant is omdat het “te ver weg” is, zijn niet veel intelligenter dan mensen die menen dat politiek een “ver-weg-van-mijn-bed-show” is. Ik vraag trouwens ook aan hen hoe zij denken ooit de strijd te winnen als zij niet dringend hun mentaliteit omdraaien en intervolksnationalistisch beginnen denken. Staatsnationalisten en andere elementen die vijandig zijn naar de volkeren van de wereld toe (kapitalisten en marxisten om er maar twee te noemen) zijn slim genoeg om internationaal te handelen en te denken. Tegenover het internationale front van het reactionaire staatsnationalisme moeten wij dan ook een vernieuwend, doch vasthoudend aan de tradities van elk specifiek volk, volksnationalisme plaatsen. Laten we de vijand bestrijden met de eigen wapens.

Want laten we ons geen illusies maken, regimes zoals het Belgische zijn dan wel gewond, ze zijn zeker nog niet dood. En de natuur toont ons dat een gewond dier net het gevaarlijkste is. Tot nu toe hebben we al genoeg belgicistische offensieven moeten meemaken (B-Plus die met postkaarten het Vlaams-nationalisme belachelijk probeerden te maken, N-GA die separatisme belachelijk wou maken, zonder de link met België te door te hebben, etc…). Als deze aanvallen op het Vlaams-nationalisme zich zouden beperken tot dit soort paniekvoetbal, dan zouden we geruster op onze beide oren mogen slapen. Maar het Belgische francofone regime heeft nog steeds meerdere stukken op zijn schaakbord staan. Kijken we maar naar het verslag van de Raad van Europa waarin de kant werd gekozen van het racistische en imperialistische FDF. Toppunt hiervan is dat dit verslag is opgesteld door mensen die zelf uit een volk komen dat momenteel onderdrukt wordt. O.a. een Bretoen en Serviër stelden dit verslag op en concludeerden hieruit, na wel zeker 48 uur onderzoek, dat Vlaanderen eigenlijk bezig is een geweldloos fascisme uit te bouwen.

Intervolksnationalisme: praktische en ideologische redenen

Dit soort dingen toont aan dat onze tegenstanders nog genoeg wapens hebben om ons te raken. Als het volksnationalisme zich dan ook beperkt tot één volk en er geen informatie wordt uitgewisseld, geen samenwerkingsverbanden worden gesloten, dan zal het des te makkelijker zijn om de kop in te slaan. Enkel een verenigd internationaal front van volksnationalisten kan de regimes ten val brengen. Als één regime in crisis is door de volksnationalisten, kan er genoeg steun van het buitenland komen en zich concentreren op het neerslaan daarvan. Wanneer meerdere regimes echter tegelijk crisissen meemaken, zullen zij zich teveel op hun eigen binnenland moeten concentreren om, misschien wel vitale, steun te verlenen aan de buurlanden. Bijkomend is dat de onafhankelijkheid van een volk als een versterker kan werken voor de omringende landen. De Vlaamse onafhankelijkheid kan een enorme steun geven aan de Schotten, Catalanen, Corsicanen, etc… of omgekeerd. Het aan de bevolking tonen dat de onafhankelijkheid een realistische mogelijkheid is en dat dit kan worden bereikt zonder geweld, is een zeer sterk wapen in de strijd om de geesten en harten van het volk dat wij wensen te bevrijden.

Maar dan heb ik het over de puur praktische kant van de zaak gehad. We mogen echter ook niet vergeten dat internationale samenwerking niet enkel een zaak van realpolitik is, maar ook een ideologische verplichting. Een volksnationalisten is immers meer dan een separatist, een volksnationalist streeft naar het beste voor zijn volk, zonder daarbij argumenten als superioriteit of inferioriteit in te nemen over zijn dichte en verre buren. Het geloof in de overwinning moet ons drijven, maar ook het geloof in een betere en rechtvaardigere wereld moet centraal staat in de drijfveren van de volksnationalist. Als het enkel om eigen huis en tuin zou gaan en enkel om centenseparatisme, dan zouden we evengoed Gent of Antwerpen of Leuven of Brussel en omstreken onafhankelijk kunnen verklaren.

Volksnationalisme en internationale mobilisatie

Marxistische socialisten menen dat zij de ware en enige internationalisten zijn. Zogezegd zou er één groot proletariaat zijn dat wereldwijd dezelfde belangen heeft (ongeacht of dit nu een Somalische pottenbakker is of een Griekse lasser). De geschiedenis heeft echter uitgewezen dat ondanks alle mooi woorden en slogans, datzelfde proletariaat in 1914 en 1939/1940 maar al te graag de wapens tegen elkaar opnam uit een gevoel van nationale eer. Uiteraard zijn imperialistische oorlogen verwerpelijk vanuit volksnationalistisch standpunt, maar deze tonen tegelijk aan dat het internationalisme van het marxisme onrealistisch is. Maar de laatste jaren hebben getoond dat de basisideeën van het volksnationalisme net degene zijn die werkelijk kunnen mobiliseren. Het zelfbeschikkingsrecht der volkeren en een anti-imperialistisch streven naar vrijheid kon de laatste jaren honderdduizenden mensen mobiliseren.

Je moet al onder een steen geleefd hebben de laatste maanden om de tocht van de Olympische vlam der schande doorheen de wereld niet te hebben zien. Uit protest tegen de Chinese agressie tegenover Tibet hebben honderdduizenden mensen, ongeacht nationaliteit of overtuiging, zich tegen de Chinese politiek gevoerd en duidelijk geprotesteerd tegen de komst van de vlam. Enkele dapperen trotseerden ook de sterke beveiliging en sloegen er bijna in om de vlam eigenhandig te doven, wat uiteindelijk door de organisatoren zelf gedaan is. Jaren geleden ging er dan weer een andere golf door de wereld; de mensen kwamen op strijd tegen de invasie van Irak door de VSA. Honderdduizenden gingen op straat om hun stem te laten horen tegen dit voorbeeld van yankee-imperialisme, dat, om een kleine economische elite te dienen, zwakkere landen binnenviel. Van een seculier stabiel land, dat echter ook zondigde tegen de grondbeginselen van het volksnationalisme, hebben zij een soort constant “Gunfight at the Bagdad-Corral” gemaakt.

Deze twee grote golven van anti-imperialisme, en de daarbijhorende eis tot zelfbeschikkingsrecht der volkeren, tonen dat, wat marxisten en liberalen ook mogen beweren, het de volksnationalistische kernthema’s zijn die de mensen in deze post-modernistische tijden nog steeds massaal, en op een globale schaal, kunnen mobiliseren. Zelfbeschikkingsrecht van alle volkeren, economie in dienst van het volk, strijden tegen multiculturele staten, de strijd tegen imperialisme, respect voor de globale diversiteit van culturen en overtuigingen, het zijn thema’s die de kern vormen van het volksnationalisme en die nog steeds miljoenen kunnen mobiliseren. Helaas beseffen de grote aantallen mensen niet dat zij strijden voor dezelfde doelen als wij en zullen zij, zolang ze het volksnationalisme verwerpen, geen stap vooruit geraken in hun strijd tegen het regime. Het dwaas achternalopen van marxistische en liberale ideeën zorgt ervoor dat zij nooit iets wezenlijk zullen bereiken, enkel gepruts in de marge en herinneringen voor wanneer men bejaard is, zal het resultaat zijn.

Er is dan ook nood aan internationaal denken en handelen om zo op volksnationaal de doelen te bereiken. Uit eigen ervaring kan ik zeggen dat dit tot zeer interessante uitwisselingen en verfrissende ideeën kan leiden, denk ik maar aan de samenwerking tussen de NSV! en de Jeunesses Identitaires te Rijsel. Die laatsten vormen nu de militante voorhoede van een volksnationalisme dat het liberale en marxistische sprookje doorprikt en ook niet beroerd zijn om in de straten waar nodig de strijd aan te binden met het rapaille dat de voorsteden teistert.

Als men intervolksnationaal begint, durft!, denken, zullen we werkelijk onoverwinnelijk zijn. De 19de eeuw was de eeuw van het imperialistische staatsnationalisme, de 20ste eeuw was de eeuw van de Nieuwe Orde (communisme, nationaal-socialisme, liberalisme). Durven wij werkelijk intervolksnationaal te denken en te handelen, dan zullen wij volksnationalisten niet enkel de 21ste eeuw opeisen, maar het ganse Derde Millenium met een ijzeren wil tegemoet treden en veroveren.

Yves Pernet
Scriptor NSV! 2007’-08

00:10 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : flandre, belgique, révolte, mouvement étudiant, nationalisme | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Saddam éliminé parce qu'il voulait passer à l'Euro...

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Gerhoch REISEGGER :

 

Saddam a été éliminé parce qu'il voulait facturer son pétrole en euro et non plus en dollars!

 

Gerhoch REISEGGER est conseiller d'entreprise indépendant actuellement. Précédem­ment, il a connu une carrière de chef d'entreprise dans le domaine de l'informatique. Il a été le directeur du marketing d'une filiale autrichienne d'un consortium américain d'ordinateurs. Il est officier de réserve dans l'armée fédérale autrichienne. Il a étudié la physique à la “Technische Universität” de Vienne. Il a fait de longs séjours profes­sion­nels à l'étranger, surtout dans le domaine de l'informatique. Depuis quelques années, il déploie une grande activité de publiciste et de conférencier sur les thèmes de l'économie mondiale et de la géopolitique. Il a notamment pris la parole lors de congrès inter­nationaux de l'«Académie Russe des Sciences». Le thème de sa conférence de 2001 était: « Sur la situation géopolitique dix après l'effondrement de l'Union Soviétique ». Il a aussi participé au congrès international sur la globalisation et les problèmes de la nou­velle histoire, en 2002 à Moscou. Il a participé à plusieurs universités d'été et sé­minaires de “Synergies Européennes”, notamment à Sababurg en novembre 1997, à Trente en 1998 et à Pérouse (Perugia) en 1999. Il a participé à l'organisation d'un symposium à l'U­niversité des Saints Cyril et Méthode à Thyrnau/Trnava, sur l'Europe centrale, l'Union Européenne et la globalisation (novembre 2000). Ses contributions sont parues dans de nombreuses revues à Munich, Graz, Vienne, Berlin, Belgrade, Bruxelles, Sofia, Moscou et Bruges. Il est également le fondateur de la Société Johann Heinrich von Thünen en Au­triche, dont les objectifs sont de promouvoir de nouveaux projets dans les domaines de l'agriculture, de la sylviculture et de l'économie politique en général. Il est le président de cette société depuis 1996. Ces dernières années, Gerhoch Reisegger a effectué de nom­breux voyages d'étude en Macédoine, en Serbie, en Croatie, en Bosnie-Herzégovine, en Slovaquie, en Hongrie et en Grèce. Il s'intéresse tout particulièrement à l'histoire po­li­tique et économique des Balkans et des pays d'Europe centrale et orientale.

 

En novembre 2000, l'Irak décide de vendre son pétrole contre des euro, ce qui a eu pour effet immédiat la reprise des bombardements par les Anglo-Américains. La Malaisie semblait prête à le suivre dans cette voie. Quant à la Russie , elle cherchait à forger une alliance stratégique sur base de l'énergie, non seulement avec l'UE mais aussi avec d'autres puissances du continent eurasiatique. Ce remaniement planétaire aurait évidemment eu pour effet immédiat de mettre un terme à la politique du “pétrole libre”, dont les Etats-Unis sont les premiers bénéficiaires, parce que le pétrole est facturé en dollars, lesquels sont accumulés à des fins spéculatives. Les Etats-Unis n'auraient plus pu faire pression sur les autres puissances en arguant de leurs privilèges, dont ils jouissent parce qu'ils émettent la devise servant à l'achat des hydrocarbures. C'est ainsi qu'ils ont établi leur puissance dans le monde. Mais, si le projet de Saddam Hussein et des Malais, voire des Russes, aboutissait, la fin de l'hégémonie américaine deviendrait à terme une certitude. A la condition, bien sûr, que l'UE accepte ce nouveau jeu sans être sabotée par la Grande-Bretagne (or ce sabotage est parfaitement prévisible, vu l'attitude prise par Blair dans le conflit contre l'Irak).

 

 

Un contrôle monopolistique sur les sources d'énergie dans le monde

 

 

Nous avons derrière nous cent années de domination anglo-saxonne dans le domaine du pétrole. Rappelons quelques faits historiques : le tandem germano-ottoman s'oppose à l'Angleterre lors de la construction de la ligne de chemin de fer Berlin-Bagdad, ce qui induit Londres à déclencher la première guerre mondiale. Après la seconde guerre mondiale, les assassins d'Enrico Mattei et du Roi Faysal d'Arabie Saoudite empêchent in extremis l'abandon du dollar par les Arabes et l'alliance euro-arabe. En 1990, l'Irak tombe dans le piège : l'ambassadrice américaine April Glaspie fait savoir à Saddam Hussein que toute invasion irakienne du Koweit serait une affaire arabo-arabe, dans laquelle les Etats-Unis ne prendraient pas position. Cette ruse a permis de déclencher une guerre contre l'Irak sans avoir à demander au Congrès américain d'avaliser une guerre d'agression. Au même moment, des forces secrètes provoquent la dissolution de l'Union Soviétique, puis de la CEI , puis de la Fédération de Russie, en favorisant l'émergence de nouveaux Etats “indépendants”, aussitôt reconnus, dans la “ceinture pétrolière” autour du Caucase. L'objectif est identique, comme le souligne sans vergogne Zbigniew Brzezinski dans Le grand échiquier. Cet objectif est le suivant : exercer au bénéfice des Etats-Unis un contrôle monopolistique sur les sources d'énergie dans le monde.

 

Le geste de Saddam Hussein, s'il avait réussi, aurait porté au dollar un coup fatal et donné à l'euro l'élan qui lui manquait. Personne ne semble avoir analysé les choses dans cette perspective. Pourtant d'autres indices corroborent notre vision : lorsque les Allemands et les Russes avaient envisagé la création d'une alliance monétaire germano-russe, Alfred Herrhausen, impulseur de cette idée, l'a payé de sa vie en 1989 (…). Examinons la situation de manière plus précise. Que s'est-il passé au cours de ces récentes années, de manière occultée? Les médias américains taisent le véritable motif de la guerre contre l'Irak : il s'agit d'imposer leur devise dans les transactions pétrolières. Le gouvernement américain veut empêcher à tout prix que les pays de l'OPEC suivent l'exemple de l'Irak et prennent l'euro pour devise de ces transactions. Ce serait la fin de l'hégémonie américaine. Comme l'Irak dispose des secondes réserves mondiales en quantité, les Etats-Unis, pour des raisons stratégiques évidentes, veulent s'emparer de celles-ci afin de briser le cartel de l'OPEC en exploitant à fond les réserves irakiennes. Toute autre solution aurait fait courir de hauts risques à l'économie américaine, car celle-ci repose entièrement sur la domination du dollar dans les transactions pétrolières et en tant que devise de réserve. Les Etats-Unis ont pu, jusqu'ici, satisfaire leurs appétits pétroliers démesurés : grâce à leur privilège, qu'ils détiennent depuis 1945, les Etats-Unis produisent des dollars (“fiat money”) et le reste du monde doit leur fournir des marchandises contre ces pétro-dollars.

 

 

Saddam Hussein avait promis de facturer son pétrole en euro

 

 

Mais, à partir du moment où Saddam Hussein promet de facturer son pétrole en euro, les Etats-Unis savent qu'ils ne pourront plus mobiliser une coalition internationale contre lui, comme ils l'avaient fait auparavant. Plus personne, dans les chancelleries et chez les véritables décideurs, ne croyait la propagande américaine, arguant que “Saddam cherchait à jouer le monde”, alors qu'il satisfaisait à toutes les demandes de l'ONU et que les 300 inspecteurs des Nations Unies, déployés en Irak, n'avaient strictement rien trouvé comme “armes de destruction massive”. Malgré toute la rhétorique qu'ils ont utilisée, Bush et la CIA ne sont pas parvenu à faire croire au monde que Saddam Hussein et Al Qaida étaient de mèche.

 

La seule raison de faire tomber Saddam Hussein résidait dans sa décision de novembre 2000, de facturer le pétrole en euro et non plus en dollar. En prenant cette décision, son sort était scellé. Bush, un obligé de l'industrie pétrolière, partageait avec ces dernières un projet géostratégique clair, qui nécessitait le déclenchement d'une deuxième guerre du Golfe, sur des prétextes entièrement “fabriqués”, s'il le fallait. Qui plus est, l'Irak a changé en euro ses réserves de 10 milliards de dollars qu'il avait placées auprès de l'ONU, dans le cadre du programme “nourriture contre pétrole”. Cette guerre n'a donc rien à voir avec les aspects dictatoriaux du régime de Saddam Hussein ou avec la détention d'armes de destruction massive. Son objectif premier est d'intimider les pays de l'OPEC, qui, s'ils suivaient le programme de Saddam Hussein, risqueraient de se voir infliger le même sort. Il s'agit bien entendu de les empêcher de suivre ce “mauvais exemple” irakien. Saddam Hussein s'est décidé pour l'euro au moment où celui-ci valait 0,80 dollar. C'est ce qui explique pourquoi le dollar à perdu 20% de sa valeur par rapport à l'euro depuis la fin de l'année 2002 (cf. Charles Recknagel, « Iraq : Baghdad Moves to Euro », http://www.rferl.org/nca/features/2000/11/01112000160846.... ).

 

 

Que ce serait-il passé si l'OPEC avait brusquement adopté l'euro? Tous les Etats exportateurs de pétrole et leurs banques centrales auraient dû changer leurs réserves de devises en euro et abandonner le dollar. Le dollar aurait perdu automatiquement la moitié de sa valeur, avec toutes les conséquences que cela aurait entraîné pour l'économie américaine, c'est-à-dire une épouvantable inflation. Les investisseurs étrangers ayant acheté des actions et des titres libellés en dollars, s'empresseraient de s'en débarrasser, provoquant une prise d'assaut des banques comme dans les années 30. Le déficit américain en commerce extérieur, qui est énorme, ne pourrait plus être maintenu en équilibre. L'Etat américain serait de facto en faillite. La double crise russe et latino-américaine scellerait le sort de la première puissance militaire mondiale.

 

 

La priorité : éviter le crash définitif du dollar

 

 

Les choses semblent claires : le problème du pétrole dépasse de loin la problématique soulevée par l'Irak de Saddam Hussein, et englobe l'Iran, l'Arabie Saoudite et le Venezuela. Le danger pour le dollar est si grand que même les problèmes actuels de l'économie américaine peuvent attendre; la priorité est d'éviter le crash définitif du dollar, qui serait irrémédiable si l'OPEC adopte l'euro. Le rôle de la Russie , de l'Inde et de la Chine   dans le “grand jeu” est parfaitement clair aussi : le territoire de ces trois puissances occupe le “pont terrestre” eurasien, autrement dit, dans les termes mêmes de Brzezinski, la “nouvelle route de la soie”. La domination de l'espace eurasien semble plus solide que la domination exercée via le dollar. Jusqu'à présent, les Etats-Unis ont dominé les autres puissances grâce à leur dollar, par le monopole que leur devise nationale exerçait sur le commerce mondial. La machine militaire américaine doit servir à forcer les autres à revenir sur le “chemin de la vertu”, c'est-à-dire à un commerce mondial uniquement axé sur le dollar.

 

Les médias américains cachent également les raisons qui poussent le gouvernement Bush à parler systématiquement d'un “axe du mal” : l'Iran, inclus dans cet axe en même temps que son ancien ennemi mortel Saddam Hussein, souhaite lui aussi vendre son pétrole contre des euro (cf. Roy Gutman & John Barry, « Beyond Baghdad:Expanded Target List»,http://www.unansweredquestions.net/timeline/2002/newsweek...). La banque centrale iranienne est favorable à ce passage à l'euro, maintenant que la devise de l'UE s'est consolidée. En 2002, l'Iran a converti une bonne part de ses réserves en euro, probablement plus de la moitié, comme l'explique Mohammad Abasspour, membre de la Commission du développement au parlement iranien (cf. «Forex Fund Shifting to Europe», in : Iran Financial News, 25 août 2002; http://www.payvand.com/news/02/aug/1080.html... ). Cette politique suivie par l'Iran est un indice fort, démontrant bien que les Iraniens, à leur tour, veulent opter pour l'euro, comme devise des transactions pétrolières (cf. « Economics Drive Iran Euro Oil Plan. Politics Also Key », http://www.iranexpert.com/2002/economicsdriveiraneurooil2... ).

Dans un tel contexte, qui s'éton­ne­ra que l'Iran devienne la prochaine cible de la “lutte contre le terrorisme”?

 

Le Venezuela, quatrième producteur de pétrole et également membre de l'OPEC, pourrait opter pour la même politique. Hugo Chavez a commencé, à son tour, une politique commerciale de troc avec les pays voisins, en é­changeant du pétrole contre des marchandises dont le peuple vénézuélien a un besoin urgent. Le Venezuela ne dispose pas de grandes réserves de dollars : en pratiquant le troc, il sort ipso facto du cycle conventionnel des transactions pétrolières. Les Etats-Unis n'ont jamais cessé de conspirer contre Chavez. Indice : Bush a approuvé le putsch militaire manqué d'avril 2002, où la CIA a certainement joué un rôle actif, a tiré les ficelles (cf. Larry Birms & Alex Volberding, « US is the Primary Loser in Failed Venezuelan Coup », in : Newsday, 21 avril 2002;

 http://www.coha.org/COHA%20_in%20_the_news/Articles%20200...). Mais ces intrigues permanentes de Washington pourraient pousser plus rapidement le Venezuela de Chavez à adopter l'euro et de réaliser une politique que les Etats-Unis cherchent à tout prix à éviter.

 

 

Le chantage nord-coréen

 

 

Les médias américains taisent une autre tendance qui se fait jour dans la politique économique mondiale : d'autres pays que le Venezuela, l'Iran ou certains pays de l'OPEC convertissent leurs réserves en euro, comme la Chine et, plus récemment, la Russie (cf. « Euro continues to extend its global influence », http://www.europartnership.com/news/02jan07.htm... ). La Corée du Nord, autre pays inclus dans l'“axe du mal”, s'est officiellement décidé, le 7 décembre 2002, d'opter pour l'euro plutôt que pour le dollar dans ses transactions commerciales avec le reste du monde (cf. Caroline Gluck, « North Korea embraces the euro », 1/12/2002). La Corée du Nord cherche sans nul doute à se venger du très dur embargo sur le pétrole que lui ont imposé les Etats-Unis. Les Nord-Coréens espèrent sans doute faire fléchir les Etats-Unis, obtenir des matières premières et des denrées alimentaires importantes en promettant à Washington de conserver le dollar comme devise de leurs transactions. Le programme nucléaire nord-coréen est probablement un instrument de ce chantage.

 

 

Javad Yarjani, chef du département d'analyse des marchés pétroliers auprès de l'OPEC, a tenu un discours très intéressant en Espagne en avril 2002 (cf. « The Choice of Currency for the Denomination of the Oil Bill », http://www.opec.org/Newsinfo/Speeches/sp2002/spAraqueSpai... ). Ce discours traitait de la problématique de la devise dans les transactions pétrolières. Les médias américains ont censurés cette information. Yarjani a notamment dit ceci : « A la fin des années 90, plus des quatre cinquièmes des transactions en devises et la moitié des exportations mondiales se font en dollars. En outre, la devise américaine forme deux tiers des réserves officielles de devises dans le monde. Le monde dépend donc du dollar pour son commerce; les pays sont donc liés aux réserves en dollars, alors que cette devise existe sans aucun rapport avec la part produite par les Etats-Unis dans la production mondiale. La part du dollar dans la commerce mondial est bien plus élevée que la part du commerce international américain… La zone euro détient une part bien plus importante du commerce mondial que les Etats-Unis; tandis que les Etats-Unis ont un déficit commercial gigantesque, la zone euro, elle, est en équilibre… En outre, il convient de remarquer que la zone euro est un importateur plus important de pétrole et de produits dérivés que les Etats-Unis… A court terme, les pays membres de l'OPEC continueront à accepter des paiements en dollars. Mais, dans l'avenir, ils n'excluent pas une facturation et un paiement en euro… Si l'euro en vient à ébranler la solidité du dollar, il faudra l'inclure a fortiori comme critère de paiement des transactions pétrolières. Dans ce cas, nous verrons émerger un système qui sera bénéfique à bon nombre de pays. Si l'intégration européenne se poursuit et si l'économie européenne se consolide, ce système deviendra une réalité ».

 

 

L'euro deviendra-t-il la devise des transactions pétrolières dans le monde?  

 

Ce discours, fondamental pour comprendre les enjeux d'aujourd'hui, prévoit un élargissement de l'UE en 2004, où cette dernière comptera alors 450 millions d'habitants, avec un PIB d'environ 9,5 milliards. Cet élargissement constituera à coup sûr un encouragement pour les pays de l'OPEC qui souhaitent passer à l'euro. Nous ne comptons pas dans notre calcul les potentiels de l'Angleterre, de la Norvège , du Danemark et de la Suède , qui ne sont pas membres de l'Union monétaire. Depuis avril 2002, quand Yarjani a tenu son discours en Espagne, le rapport dollar-euro s'est inversé, et le dollar ne cesse de chuter.

 

Si la Norvège se décide à facturer son pétrole en euro et si l'Angleterre adopte l'euro, ce sera un tournant important pour l'OPEC, qui choisira ipso facto l'euro. Pour la Norvège , la décision suédoise aura une valeur d'exemple, à laquelle le Danemark ne pourra pas se soustraire. Une fois de plus, c'est l'Angleterre qui pose problème : c'est d'elle que dépendra le futur statut de l'euro : deviendra-t-il la devise des transactions internationales ou non? Quoi qu'il en soit, le monde s'est mis tout entier en mouvement pour contester la suprématie du dollar. Dans deux ou trois ans, l'OPEC prendra sa décision finale.

 

 

L'économie américaine sera mortellement frappée, car, comme je l'ai déjà dit, elle est intimement lié au rôle du dollar en tant que devise de réserve. Un effondrement du dollar aurait pour effet d'intervertir les rôles entre les Etats-Unis et l'UE dans l'économie mondiale, ce que Washington peut difficilement accepter. Raison pour laquelle les menaces militaires américaines seront déterminantes dans l'attitude des pays de l'OPEC. La politique égoïste de Washington, qui méprise les traités du droit international, qui déploie un militarisme agressif, trouvera tôt ou tard ses limites. La rhétorique belliciste de Bush n'a pas placé les Etats-Unis sous un jour avantageux. Washington passe désormais pour une puissance agressive, fautrice de guerre, qui ne tient même plus compte des décisions de l'ONU et n'agit qu'à sa guise.

 

 

Un futur effondrement américain?

 

L'hégémonie américaine prendra fin tôt ou tard. Les Etats-Unis ne peuvent pas éternellement faire appel à la force militaire pour maintenir leur suprématie. Au contraire, les gesticulations militaires, même si elles sont en apparence couronnées de succès, sont un indice de faiblesse et de déclin. Le sociologue français Emmanuel Todd, qui avait prédit la fin de l'URSS en 1976, vient de poser un diagnostic similaire pour les Etats-Unis. Les causes principales du futur effondrement américain sont les suivantes, d'après Todd : un prix trop élevé pour le pétrole et une dévaluation trop importante du dollar.

 

Cet effondrement comporte évidemment des risques politiques majeurs, mais le plus grand danger qui nous guette est une détérioration drastique de l'économie japonaise. A plus ou moins long terme, le Japon ne pourra pas faire face à un prix trop élevé du pétrole (45 dollars par baril). Si les banques japonaises subissent un krach, leur trop grande dépendance vis-à-vis du pétrole, une dépendance qui est de l'ordre de 100%, entraînera une réaction en chaîne en Asie du Sud-Est, qui aura des effets immédiats en Europe et en Russie. Après cette triple crise extrême-orientale, européenne et russe, les Etats-Unis seront touchés à leur tour.

 

Quelle est la situation qui encadre tout cela?

◊ La guerre américaine contre le terrorisme entraîne déjà, comme on peut le constater chaque jour, d'immenses déficits, avec, en prime, une balance commerciale américaine plus déficitaire que jamais.

 

◊ Beaucoup de pays en voie de développement suivent l'exemple du Venezuela et de la Chine , ainsi que d'autres pays, et changent leurs réserves de devises, constituées principalement de dollars, en euro et en or.

 

◊ L'OPEC pourrait très bien passer à l'euro ou se doter d'une devise propre, couverte par les réserves de pétrole. Le monde islamique prévoit d'autres initiatives, comme, par exemple, celle que suggère le Premier Ministre de Malaisie, Mahathir : la création d'un “dinar-or”. Pour cette raison Mahathir a été déclaré “ennemi public numéro un” par le spéculateur Georges Soros.

 

◊ Les pays en voie de développement, dont les réserves en dollars sont réduites, pourraient également transformer leur économie en économie de troc. Ce système est plus facile à gérer actuellement, via des opérations d'échange effectuées par le biais de techniques informatiques. Ces pays pourraient commercialiser ainsi leurs matières premières, sous-évaluées sur les marchés mondiaux dominés par le dollar et les Etats-Unis. Le Président vénézuélien Chavez a signé treize contrats de troc de ce type, prévoyant l'échange de matières premières indispensables au Venezuela contre du pétrole.

 

◊ Les Etats-Unis ne pourront financer indéfiniment leur déficit commercial (± 5% du PIB) et la guerre permanente qu'ils ont déclenchée, sous prétexte de lutte contre le terrorisme.

 

 

Les pétro-dollars, instruments de la puissance américaine

 

Les élites américaines le savent, mais ne veulent pas le faire connaître via les médias : la force du dollar ne repose pas en soi sur les capacités réelles de l'économie nationale américaine. En réalité, la force du dollar repose depuis 1945 sur le privilège d'être la devise de réserve internationale et la devise “fiat” pour les transactions pétrolières dans le monde entier (les fameux “pétro-dollars”). Les Etats-Unis font effectivement imprimer des centaines de milliards de ces pétro-dollars que les Etats nationaux, dans le monde entier, utilisent pour acheter du pétrole auprès des producteurs de l'OPEC, à l'exception de l'Irak, partiellement du Venezuela, qui hésite encore à passer à d'autres formes de transactions, et prochainement l'Iran. Ces pétro-dollars sont renvoyés aux Etats-Unis par les pays de l'OPEC, où, par le truchement de “Treasury Bills” ou d'autres titres ou valeurs libellés en dollars ou encore, par des investissements immobiliers, ils sont réinvestis dans les circuits américains. Ce retour des pétro-dollars à l'Amérique est le prix que les pays producteurs de pétrole doivent payer pour acheter la tolérance américaine à l'égard de ce cartel que constitue l'OPEC.

 

Le dollar est donc l'instrument de la suprématie globale des Etats-Unis, car seuls les Etats-Unis sont autorisés à l'imprimer. Le dollar, devise “fiat”, est à la hausse depuis seize ans, en dépit du déficit record de la balance commerciale américaine et en dépit des dettes énormes que l'Amérique a contractées.

 

Les réserves en dollars doivent impérativement être reconverties en dépôts américains, ce qui entraîne un surplus de capitaux en circulation pour le bénéfice de l'économie américaine. Mais après une année de corrections importantes, les actions américaines gardent la santé depuis une période de 25 ans. Le surplus de la balance américaine des capitaux, provenant des investissements étrangers, finance le déficit de la balance commerciale. Qui plus est, toute valeur libellée en dollar, indépendamment du lieu où elle se trouve, est de facto une valeur américaine. Comme le pétrole s'achète et se vend en dollars, en vertu de la puissance américaine consolidée en 1945, et comme le dollar est une devise créée quasiment ex nihilo pour le commerce du pétrole, on peut dire effectivement que les Etats-Unis possèdent les réserves pétrolières mondiales : celles-ci sont à leur disposition. Plus les Etats-Unis produisent des “green backs” (des dollars), plus les valeurs américaines augmentent. La politique du dollar fort constitue donc un double avantage et bénéfice pour les Etats-Unis.

 

 

Augmenter la production de pétrole dans l'Irak occupé pour faire crouler l'OPEC

 

 

Cette situation actuelle, marquée par l'injustice, ne se maintiendra que si :

 

◊ les peuples du monde continuent à acheter et à payer le pétrole dont ils ont besoin, de même que d'autres matières premières, en dollars;

 

◊ la devise de réserve pour les transactions pétrolières mondiales reste le dollar, et le dollar seul.

 

L'introduction de l'euro constitue un facteur nouveau, qui constitue la première menace pour la suprématie économique américaine.

 

Au vu de toutes ses données, les Etats-Unis vont donc déclencher une guerre contre l'Irak, chasser Saddam Hussein et augmenter démesurément la production de pétrole en Irak, afin de vendre le pétrole à bas prix et, ainsi, détruire le cartel que constitue l'OPEC, ce qui aura pour conséquence d'empêcher l'ensemble des pays producteurs de passer à l'euro. Tel est le véritable enjeu de la guerre contre le terrorisme ou l'axe du mal. La mise en scène ne trompe personne d'éclairé : les Etats-Unis ont d'ores et déjà annoncé la couleur. Ils imposeront un gouvernement militaire américain dans l'Irak conquis, afin de pouvoir mener leur politique. La première mesure qu'ils prendront sera de ramener l'Irak dans le giron du dollar. A partir de ce moment-là, un gouvernement fantoche gouvernera le pays comme en Afghanistan. Bien entendu, les champs pétrolifères seront placés sous la garde des soldats américains. La junte de Bush pourra quintupler la production du pétrole irakien, de façon à faire sauter les quotas imposés par l'OPEC (pour l'Irak : deux millions de barils par jour). Plus personne, dans de telles conditions, ne voudra encore réduire ses quotas. Mais, les Etats-Unis devront quand même compter sur une résistance des pays de l'OPEC.

 

Pendant le programme “pétrole contre nourriture”, l'Irak a vendu en cinq ans pour 60 milliards de dollars de pétrole, ce qui fait moins d'un million de barils par jour. Après quelques investissements nécessaires dans les infrastructures d'exploitation, la production irakienne pourra facilement passer à sept millions de barils par jour (2,5 milliards de barils par an). Si l'on tient compte du fait que la production mondiale est de 75 millions de barils par jour et que l'OPEC en produit 5 millions par jour, on comprend aisément que la politique américaine vis-à-vis du pétrole irakien vise ni plus ni moins la destruction de l'OPEC, ce qui fera baisser le prix du pétrole à plus ou moins dix dollars le baril. Les pays importateurs de pétrole économiseront ainsi chaque année 375 milliards de dollars. D'où cette phrase entendue aux Etats-Unis : « The Iraq war is not a money­maker, but it could be an OPEC breaker » (La guerre contre l'Irak ne rapportera sans doute pas d'argent, mais cassera sûrement l'OPEC).

 

 

L'OPEC devra réagir

 

 

Cette réflexion, posée par un belliciste américain, est forcément venue à l'esprit des représentants de l'OPEC. Les Américains considèrent que ce jeu dangereux est la “meilleure des solutions”, du moins si tout se passe bien. Mais, l'OPEC ne restera pas sans réagir, si les Américains pompent le pétrole irakien à leur profit et à tire-larigot. Assister à ce pillage les bras ballants équivaut à un suicide pour l'OPEC. Déjà la résistance à l'encontre des projets américains dans le monde est éloquente, même si les centaines de milliers de gens qui défilent dans les rues n'en sont pas conscients. A terme, les pressions et les initiatives américaines pourraient bien échouer.

 

L'OPEC devra passer à l'euro pour les transactions pétrolières, rien que si elle veut assurer sa survie. Une telle décision signifierait la fin du dollar américain comme devise hégémonique, la fin du statut d'unique hyperpuissance.

 

Il y a un an environ, l'hebdomadaire britannique The Economist évoquait le paradoxe de la puissance américaine (cf. John Nye, « The new Rome meets the new Barbarians », The Economist, 23.3.2002; Nye est le Doyen de la “Kennedy School of Government” de Harvard et l'ex-Assistent Secretary of Defence, en 1994-1995, est, avec Samuel Huntington, éditeur de Global Dilemmas, au centre même du nouveau cénacle de ceux qui forgent et déterminent l'actuelle politique extérieure américaine). L'article de Nye dans The Economist dit bien qu'à long terme la puissance américaine ne pourra pas subir de défis sérieux, mais qu'elle se trouve néanmoins face à des challenges qui vont l'obliger à s'unir à d'autres Etats au sein de “coalitions”, afin de ne pas devoir recourir sans cesse à la force militaire brutale pour contraindre le monde à fonctionner selon la volonté américaine, mais à créer les conditions d'un soft power, d'une puissance douce. L'argumentation de John Nye est un savant dosage de vérités factuelles incontestables, de désinformations savamment distillées, d'analyses cohérentes et de menaces à peine voilées.

 

 

Dans sa démonstration, la partie la plus intéressante, à mes yeux, est celle où il évoque les “trois types de puissance”.

C'est-à-dire :

 

◊ la puissance militaire;

 

◊ la puissance économique et

 

◊ la puissance qui découle des “relations transnationales telles qu'elles existent au-delà de tout contrôle exercé par les gouvernements” (exemples : les transferts par voie électronique de sommes d'argent gigantesques au sein même du système bancaire international, les réseaux terroristes qui apparaissent toujours immanquablement quelque part, les trafics internationaux d'armes et de drogues, les “hackers” d'internet ou des systèmes informatiques).

 

 

L'analyse de la puissance américaine par John Nye

 

 

La présence de ces trois formes de puissance est une évidence objective. Mais elles ne sont pas nouvelles. Clausewitz, et Sun Tzu dans la Chine antique, n'ont jamais réduit leurs analyses de situation aux forces quantitatives des armées. Clausewitz constatait, c'est bien connu, que la guerre est la poursuite de la politique par des moyens militaires, mais des moyens militaires qui sont toujours mêlés à d'autres moyens. La politique américaine n'échappe pas à cette règle clausewitzienne.

 

Nye perçoit la puissance militaire américaine comme “unipolaire”. Il veut dire par là que les Etats-Unis seuls sont aujourd'hui en mesure de “projeter” leurs forces armées nucléaires ou conventionnelles partout dans le monde, donc de menacer tous les Etats de la planète et de leur faire effectivement la guerre. Dans l'état actuel des choses, cette remarque est vraie, sans nul doute, mais, quoi qu'on en dise, l'armée russe est toujours une donne dont il faut tenir compte et elle dispose aussi d'armes nucléaires balistiques. Quant à la Chine , elle est tout simplement trop importante quantitativement, pour être vaincue par la puissance militaire américaine. L'incertitude qui règne aujourd'hui quant à la puissance réelle des armées russes et chinoises vient du fait que la Russie et la Chine sont des nations de grande culture et de longue mémoire et qu'elles ne vont évidemment pas tenter quoi que ce soit, au risque de provoquer une conflagration universelle. Par conséquent, cette sobriété russe et chinoise fait que les menaces américaines fonctionnent… encore (comme le disait Madeleine Albright : «… we have the means and the will to use it » ; = nous avons les moyens et la volonté de les utiliser).

 

Quant à la deuxième dimension de la puissance, c'est-à-dire la puissance économique, John Nye avoue qu'elle est aujourd'hui multipolaire, avec, pour protagonistes, l'Europe, le Japon et les Etats-Unis. Ensemble, ces trois puissances valent les deux tiers du PIB mondial. Mais cette vision des choses repose sur une distorsion des faits monétaires réels, avec une devise gonflée artificiellement parce qu'elle est la devise standard, la “fiat-money”. L'Amérique, contrairement à ce que John Nye veut bien nous dire, est de facto en faillite. Elle vit d'importations non payées en provenance du reste du monde. Il peut parler de “multipolarité” autant qu'il le voudra, la menace qui pèse le plus lourdement sur les Etats-Unis se situe bien au niveau de la puissance économique.

 

 

Le rôle des banques

 

 

La troisième dimension, celle des relations transnationales, est un cas particulier. Nye ne nous parle que modérément du rôle des banques et insiste plutôt sur celui des hackers et d'internet. Or le rôle des banques demeure cardinal; en temps de paix, le système bancaire est l'arme préférée des Etats-Unis quand il s'agit de déstabiliser les pays étrangers. Nye nous parle d'une “puissance largement répandue dans le monde et, à son propos, il paraît inutile de parler d'unipolarité, de multipolarité ou d'hégémonisme”. Nye minimise donc les effets d'une “puissance anonyme”, alors qu'elle est celle du dollar; en fait, il veut dissimuler les usages qu'en font les Etats-Unis, car les impulsions données par Washington au système bancaire international constituent les moyens secrets mis en œuvre par la puissance américaine. Quand on ne sait pas par qui on est attaqué, ni l'endroit où cette attaque se déploie, la riposte s'avère difficile, sinon impossible. Les Etats-Unis jouent ici un rôle crucial, ou pour être plus précis, ce sont surtout les instances dominantes de la côte Est des Etats-Unis qui le jouent. Prenons par exemple la situation du Japon. Si les Japonais souhaitaient brusquement mettre un terme à leurs problèmes de finances et de dettes, il leur suffirait de liquider pour 1000 milliards de dollars de titres libellés en cette devise, qui sont en leur possession. Une telle action précipiterait les Etats-Unis dans le marasme le plus total. Les Américains le savent. C'est pourquoi l'ancien ministre des finances américain O'Neill a clairement déclaré que cette “option” n'était pas “ouverte” pour les Japonais.

 

Les agencements de la puissance économique fonctionneront comme facteurs de puissance uniquement si le reste du monde continue à se laisser imposer les règles voulues par les Etats-Unis, c'est-à-dire aussi longtemps que le dollar servira de devise de réserve.

 

Nye nous a donc clairement évoqué, dans son article de The Economist, quels sont les domaines clefs de la puissance actuellement dans le monde, mais aussitôt évoqués, il les drape dans une brume de désinformation. Il nous dit que la stabilité des finances internationales est d'une importance vitale pour le bien-être des Américains, mais que, pour y parvenir, les Etats-Unis ont besoin de la coopération d'autres puissances, afin d'assurer cette stabilité pour l'avenir. Mais cette requête, quémandant la coopération de tierces puissances, est un indice du commencement de la fin. Toute construction qui perd l'une de ses colonnes porteuses s'effondre.

 

Petit secret du “nouvel ordre mondial” : le reste du monde pourrait jeter les Etats-Unis en bas de leur piédestal, dès le moment où il proclamerait la fin du dollar comme devise standard des échanges internationaux. C'est un dilemme crucial auquel l'Amérique ne pourra pas sortir dans l'avenir proche. Mais le processus de la chute ne s'est pas encore mis en marche, parce que l'ensemble des pays occidentaux en serait également ébranlé et les dirigeants de ces pays craignent d'affronter de tels bouleversements. Mais ces craintes pourraient fort bien se dissiper quand il apparaîtra de plus en plus clairement que les Etats-Unis se conduisent comme le “Super-Etat-Voyou”, menaçant tous les pays du monde. Cette conduite inacceptable risque de faire émerger une donne : celle que les Etats-Unis veulent à tout prix éviter.

 

 

L'Iran et le Venezuela pourraient choisir l'euro

 

L'économie japonaise pourrait fort bien s'effondrer. L'Iran, le Venezuela et plusieurs autres pays pourraient choisir l'euro comme devise pour les échanges commerciaux internationaux. La décision de l'OPEC de passer à l'euro pourrait accélérer le processus. Qui plus est, en dépit de ces risques très réels, les Etats-Unis n'ont pas cessé de pratiquer leur politique désastreuse, avec :

 

◊ un accroissement massif de leur déficit ;

 

◊ une absence de volonté réelle de faire passer un système de supervision général des actions en bourse (le SEC; “Stock Exhcange Control”) ;

 

◊ un échec de leurs politiques économique et fiscale.

 

La plupart des Américains n'en n'ont pas idée, car leurs médias ne leur en parlent pas. On gave les citoyens américains —comme du reste les citoyens européens—  de consommation et de loisirs. Seuls internet et les réseaux de samizdat fournissent encore de véritables informations.

 

 

CONCLUSION :

 

 

Dans un premier temps, il semble plus que probable que toute tentative d'un pays de l'OPEC, de passer à l'euro, se verra combattue par les Etats-Unis, soit par des moyens directement militaires, soit par des opérations camouflées des services secrets. Sous le prétexte de la guerre permanente contre le terrorisme, le gouvernement américain manipule les citoyens des Etats-Unis et de tous les autres pays du monde, via les médias qu'il domine, et trompe l'opinion mondiale sur les véritables motifs économiques de la guerre contre l'Irak. Cette guerre n'a évidemment rien à voir avec les menaces imaginaires que Saddam Hussein aurait fait peser sur la région en déployant des armes de destruction massive, tout aussi imaginaires, comme on le sait aujourd'hui. Le motif de cette guerre est de perpétuer la domination du dollar comme devise dans les transactions pétrolières. Ce n'est pas un contexte qui s'est développé seulement au cours des derniers mois : les décisions avaient déjà été prises avant l'accession au pouvoir de l'équipe de Bush, représentant des lobbies pétroliers. De plus, la banqueroute virtuelle des Etats-Unis est un fait avéré depuis bien plus longtemps. Les attentats du 11 septembre a été un “second Pearl Harbor”, comme bon nombre d'observateurs l'ont d'ores et déjà constaté. Avec ces attentats, la propagande de guerre a pu commencer à battre son plein.

 

 

La confrontation dollar / euro semble inévitable, même si l'euro, au départ, avait été voulu par les Américains. Après les guerres de religion et d'idéologie, nous verrons l'avènement d'une nouvelle catégorie de guerres : les guerres de devises.

 

 

11 septembre 2001 = nouveau Pearl Harbor

 

 

Les gens se sont posé plusieurs questions après le 11 septembre 2001 : sur les motivations de ces attentats, d'une part, sur les possibilités réelles de les perpétrer, d'autre part, parce qu'on mettait en doute la présentation qu'en avaient faite les médias. Les gens veulent aller au bout des choses. Sur le plan purement physique, nous devons d'emblée rejeter la thèse officielle avancée par les Etats-Unis sur ces attentats, soit la thèse qui prétend que des terroristes islamistes ont utilisé des avions comme bombes volantes pour détruire les deux immeubles qui symbolisaient la politique globaliste des Etats-Unis; de même, la motivation fabriquée de toutes pièces par les grands médias est dénuée de tout fondement : on ne peut en rien affirmer que ces attentats constituent la vengeance du monde islamique contre l'impérialisme américain.  Or si l'on rejette la thèse officielle de Washington et des médias à sa dévotion, on pose ipso facto la question de savoir quelles sont les véritables causes intérieures qui ont motivé ces attentats. On ne peut plus éluder cette question avec le mépris habituel, en disant qu'elle participe de la “théorie de la conspiration”. L'hypothèse la plus plausible est la suivante : à moyen terme, les Etats-Unis et les médias qu'ils téléguident ne pourront plus dissimuler aux citoyens du monde l'imminence d'une crise économique et d'un effondrement des marchés financiers; par conséquent, il leur fallait trouver un bouc émissaire. L'argumentation tient la route. Vu la dimension gigantesque de la crise qui nous attend, l'événement devait être hyper-frappant, aussi frappant que l'avait été Pearl Harbor, qui a servi de prétexte pour l'entrée en guerre des Etats-Unis en décembre 1941. Le 11 septembre 2001 est par conséquent, aux yeux des esprits critiques et lucides, un nouveau Pearl Harbor, un prétexte idéal pour entamer un nouveau processus de guerres en chaîne.

 

 

Si l'on a observé, comme je l'ai fait, la situation économique réelle du monde depuis quelques années, on constate que les médias ne révèlent jamais au public la situation réelle et manipulent les informations. Ce silence et ce tissu de mensonges attestent de l'ampleur de la catastrophe qui nous attend. A l'aide de l'arithmétique la plus élémentaire, on doit déjà pouvoir constater qu'une bulle financière aussi énorme éclatera tôt ou tard. La bulle financière qui a crû sur les marchés financiers de manière exponentielle éclatera effectivement et donnera lieu à un krach épouvantable. Les bénéfices artificiels, engrangés à la suite de bilans faussés, n'existent que sur le papier et doivent immanquablement conduire à la faillite.

 

 

A. Greenspan : sommes-nous proches d'une dictature mondiale?

 

 

Bon nombre de démonstrations faites par A. Greenspan, avant qu'il ne devienne le chef de la “Federal Reserve Bank” prouvent qu'il savait tout cela, aussi bien que n'importe quel individu capable de raisonner correctement. Greenspan est devenu entre-temps l'homme le plus puissant de l'économie américaine et donc du monde entier. Va-t-il laisser aller les choses à vau-l'eau? Je ne le pense pas. Et je me rappelle quelques réflexions émises par Barnick, qui nous annonçait l'avènement d'une ère nouvelle : nous sommes, disait-il, bien près d'une dictature mondiale, appelée à gérer les ressources qui se raréfient et pour garantir un “ordre social” cohérent aux masses désormais atomisées et dépourvues de moyens. Ces réflexions, qui se veulent d'ordre philosophique, sont intégrées depuis des années dans les “think tanks” des planificateurs américains. Les exemples sont légion : bornons-nous à citer Huntington et Brzezinski, dont les idées servent à consolider et à justifier des opérations dont les objectifs sont essentiellement économiques et géopolitiques. Ces réflexions philosophiques ont donc un impact direct sur la réalité du monde : les observateurs européens, chinois et surtout russes s'en rendent parfaitement compte.

 

La situation est analysée d'une manière quelque peu différente à Moscou, où l'on est parfaitement conscient des issues dramatiques potentielles qu'elle aura. A la mi-mai 2001, un congrès s'est tenu au Kremlin, dont l'objet était : « Les temps après le dollar ». Après le dollar comme devise de réserve, s'entend. A Moscou, on spécule déjà sur le chute de l'actuel système monétaire. I. P. Panarine, de l'Académie Diplomatique du Ministère des Affaires Etrangères de la Fédération de Russie, optait pour une position euro-centrée. Il pensait que les Etats-Unis éclateraient en groupes d'Etats séparés, voire antagonistes, d'ici une dizaine ou une quinzaine d'années, à cause de la crise économique. Indépendamment de cette analyse russe, mentionnons une étude plus ancienne, celle du Russe germano-balte Georg Knüpfer qui prédisait en 1963 déjà que les Etats-Unis éclateraient en quatre morceaux antagonistes et ne seraient plus capables d'exporter la guerre, comme ils l'avaient toujours fait (cf. Der Kampf um die Weltherrschaft). Si Al Gore, représentant du grand capital, avait remporté les élections, le risque d'un éclatement des Etats-Unis aurait été plus grand encore que sous la houlette de Bush. Les Etats-Unis sont prêts à tout, y compris à multiplier les interventions militaires, pour conserver l'influence du dollar sur le monde entier.

 

Tels sont les plans concoctés dans l'orbite de la finance américaine. Dans le fond, il s'agit d'une déclaration de guerre pour une guerre économique totale, car les conséquences sont clairement perceptibles :de nombreux pays ont été détruits économiquement au cours de ces dernières décennies.

 

 

Pillage du monde par le dollar

 

 

Avec un dollar surévalué, les Etats-Unis se sont approprié dans le passé récent le fruit du travail des peuples, leurs ressources énergétiques (dont le pétrole) sans contrepartie. Mais, parce comportement, ils préparent, sans vouloir s'en rendre compte, l'abandon par ces peuples du dollar au profit d'une autre montagne de papier, l'euro. Les Américains ont acheté les entreprises performantes (pas les autres), les mines, les champs pétrolifères, les droits d'exploitation de ceux-ci, à l'aide de leur “fiat money”. Ils ont pillé les économies des peuples étrangers, pour les exploiter à fond puis les laisser péricliter en dévaluant le dollar. Par cette manière de procéder, les Etats-Unis se sont approprié le capital réel des peuples et, par les dévaluations successives et bien calculées du dollar, ils ont épongé leurs dettes gigantesques, que, de toutes les façons, ils n'auraient jamais pu payer. Ces dettes sont ensuite éparpillées à travers le monde entier, qui, au lieu de posséder du capital réel  —c'est-à-dire des entreprises productives, des matières premières, etc.—  ne possèdent plus que des montagnes de dollars sans valeur.

 

On verra si le programme actuel des élites américaines va réussir ou échouer. Mais, quoi qu'il en soit, l'euro existe. Quant au franc suisse, il n'est plus vraiment un “havre sûr”, depuis les dernières décisions du gouvernement helvétique : par toutes sortes de trucs, de ruses et de tromperies, ce gouvernement a réussi à fourguer aux Suisses une modification constitutionnelle, permettant de lever la couverture or du franc suisse. Vu sous cet angle, le travail des globalistes a le vent en poupe.

 

Gerhoch REISEGGER.

(version française: Robert Steuckers). 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

dimanche, 20 juillet 2008

Guy Hermet: l'hiver de la démocratie

Guy Hermet
 

L’hiver de la démocratie ou le nouveau régime

Armand Colin, 2007. 230 p, compte rendu Bruno Modica

Bruno Modica est chargé de cours en relations internationales à la prépa-ENA ( IEP de Lille)

 

Trouvé sur: www.clionautes.org/spip.php?article1703

Ancien directeur du Centre d’études et de recherches internationales (CERI) de Sciences Po, Guy Hermet publie un tableau pessimiste du fonctionnement des pays démocratiques où se sont développés des formes de contrôle des esprits mais aussi des logiques de « correction » allant du politiquement ou au pédagogiquement correct.

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L’auteur dénonce ici une liberté faussée, soumise à une censure qui n’est pas extérieure, mais intériorisée. Il rappelle par exemple que certains mots sont devenus tabous comme souveraineté du peuple consubstantielle à l’idée de démocratie. Cela laisse place d’ailleurs aux populismes qui apparaissent comme des substituts de cette crise des démocraties.

Langage citoyen

On trouve également dans ces séries de substituts le nationalisme démocratique ou le wilsonisme botté. version finale. Guy Hermet dénonce aussi avec une certaine vigueur les abus de langage sur certains termes qui font partie du parcours obligé : « citoyen » ou « républicain », ou encore « citoyenneté » sont devenus des étiquettes indispensables dont on use et abuse. L’auteur utilise d’ailleurs la jolie formule de « préservatif lexical » garantissant la « bonne » pensée.

Le bilan que fait Guy Hermet de nos démocraties est en effet assez pessimiste. On parlera d’usure de la démocratie en France du fait des cohabitations successives et du poids de la rue rendant les réformes nécessaires difficiles. Le bilan aux Etats-Unis est de même nature avec la baisse de la mobilité sociale et surtout la montée en puissance de l’idéologie de la peur. De façon globale on assistera à une baisse de l’éthique de responsabilité des élites et aussi à une sorte de fuite en avant. Guy Hermet traduit en effet les évolutions que l’on peut constater dans des élites qui n’ont plus d’entrepreneurial que le nom, et dans une fuite en avant en matière de luxe ostentatoire. On est bien loin en effet du compteur électrique séparé que le Général de Gaulle avait fait installer à l’Élysée !

et éloge de l’gnorance

De ce fait, et pour pallier ce désenchantement du politique on se voit opposer une sorte d’absolutisme démocratique reposant sur le culte du consensus national mâtiné de politiquement correct le tout consolidé par une mémoire officielle estampillée par la Loi. En France, depuis la loi Gayssot (1990), qui sanctionne la négation des crimes contre l’humanité commis durant la seconde guerre mondiale, on a adopté d’autres lois qui prétendent dire ce qu’est la vérité historique, sur l’esclavage ou le génocide arménien. La notion de « vérité officielle » n’est pas loin ! Mais dans le même temps, et c’est quand même ce qui différencie les démocraties mêmes usées et les régimes autoritaires, la vérité ne vient pas seulement de l’État, même si la tendance en France avec lecture officielle de textes, (cf. lettre de Guy Môcquet), a pu être réactualisée. Les instances qui dispensent le « politiquement correct » sont diverses : les hommes politiques, les hauts fonctionnaires, les syndicats, les Eglises, les intellectuels, les journalistes... C’est donc à une prolifération de « prêt-à-penser. » que l’on assiste. A défaut d’être providence, ce qu’il n’a plus les moyens, d’être, faute de volonté politique, l’État se fait thérapeute et donc apaise à défaut de réparer. De ce fait , en entretenant la confusion dans les mots, on « désinstruit » les gens, l’esprit critique s’efface au profit de la recherche d’un consensus qui évacue les différences. L’auteur revient notamment sur ce mot fourre-tout, appau insidieusement de « gouvernance » qui remplace celui de « gouvernement ». Cela va sans doute plus loin que la terminaison du mot, mais montre bien une volonté de dilution du concept d’autorité et donc de ce fait d’identification de la responsabilité politique.

Préservatif lexical

Guy Hermet va mêm jusqu’à qualifier cette évolution de nouveau régime, en reliant cela à la cyber-démocratie qui aurait tendance à se substituer aux forme désormais « dépassées » de la vielle démocratie représentative. On connaît cette tendance à substituer à l’exposé d’un programme et d’objectifs précis la démocratie participative et le blog. Pourtant, et la participation électorale en France en 2007 semble avoir été une divine surprise mais peut-être éphémère, le désenchantement du politique ne parait pas menaçant à court terme pour la démocratie. Les limites à la démocratie se trouvent peut-être dans le tout cathodique et dans les effets spéciaux que les politiques mettent en œuvre pour se faire élire. Une fois élus, c’est la gouvernance qui s’applique, une forme de pouvoir qui se passe de l’élection mais qui s’appuie sur des cercles d’experts supposés compétents. De ce point de vue, le gouvernement Sarkozy, (on n’ose plus dire Fillon, de peut d’être obligé de préciser de qui il s’agit), est parfaitement dans la norme de la gouvernance et donc d’un Nouveau Régime. Au final, ce livre de Guy Hermet est une véritable mine d’arguments limpides pour savoir où l’on va. La limite de l’exercice, mais faire autrement serait difficile, réside dans la difficulté à trouver un autre chemin que celui, tout balisé, auquel la paresse intellectuelle et l’absence de grandes utopies créatrices nous entraîne…

Bruno Modica

 

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Citation de Th. Maulnier: "Ni droite, ni gauche!"

Droite - Gauche

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Nous ne croyons ni au capitalisme qui crée la lutte des classes, ni au socialisme qui l’exploite ; ni aux présidents de conseil d’administration qui s’enrichissent du travail du peuple, ni aux politiciens qui se font une carrière de son ressentiment ; ni ceux qui paient les commissions, ni à ceux qui les touchent ; ni à l’égoïsme, ni à l’humanitarisme ; ni à la lâcheté, ni à l’arrivisme ; ni à la droite, ni à la gauche.

Nous ne disons pas que les mots de droite et de gauche n’ont plus de sens. Nous disons qu’ils en ont un encore, et qu’il faut le leur ôter. Car ils signifient la routine et l’utopie, la mort par la paralysie et la mort dans la décomposition, l’Argent et le Nombre. Tyrannies antagonistes peut-être, mais également haïssables et, par ailleurs, susceptibles de s’unir aux dépens des mystifiés. Car nous savons par expérience – et il est bon de le rappeler au moment où la droite et la gauche paraissent assez près de se rassembler autour du drapeau jacobin pour une nouvelle union sacrée à mille morts par jour – que nous savons que la guerre des Principes peut être aussi celle des Affaires, l’intérêt des munitionnaires s’accommoder assez bien de la libération des peuples opprimés.

Thierry MAULNIER, « Le seul combat possible », Combat, Juillet 1936.

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Les idées politiques de Gustave Le Bon

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Les idées politiques de Gustave Le Bon

Source : Recension Les idées politiques de Gustave Le Bon, Catherine Rouvier (PUF, 1986) par Ange Sampieru, revue Vouloir n°35/36 (janv. 1987).

Né en 1841, mort en 1931, le docteur Gustave Le Bon est resté célèbre dans l'histoire des idées contemporaines pour son ouvrage historique, La psychologie des foules, paru en 1895. Pourtant, en dépit de plusieurs décennies de gloire, que Catherine Rouvier situe entre 1910 (date de la plus grande diffusion de son ouvrage) et 1931, année de sa mort, il erre depuis maintenant 50 ans dans un pénible purgatoire. Cette éclipse apparaît, au regard de la notoriété de Le Bon, comme un sujet d'étonnement. L’influence de Le Bon ne fut pas seulement nationale et française. Son livre fut lu, loué et utilisé dans de nombreux pays étrangers. Aux États-Unis, par ex., où le Président Théodore Roosevelt déclarait que l’ouvrage majeur de Gustave Le Bon était un de ses livres de chevet. Dans d'autres pays, le succès fut également assuré : en Russie, où la traduction fut assurée par le Grand-Duc Constantin, directeur des écoles militaires ; au Japon et en Égypte aussi, des intellectuels et des militaires s'y intéressent avec assiduité. Cette présence significative de Gustave Le Bon dans le monde entier ne lui évita pourtant pas la fermeture des portes des principales institutions académiques françaises, notamment celles du monde universitaire, de l'Institut et du Collège de France.

Un ostracisme injustifié

Le mystère de cet ostracisme, exercé à l'encontre de ce grand sociologue aussi célèbre qu'universel est l'un des thèmes du livre de Catherine Rouvier. La curiosité de l’auteur avait été éveillée par une étude sur le phénomène, très répandu, de la "personnalisation du pouvoir". Autrement dit, pourquoi les régimes modernes, parlementaires et constitutionnalistes, génèrent-ils aussi une "humanisation" de leurs dirigeants ? Ce phénomène apparaît d'ailleurs concomitant avec un phénomène qui lui est, historiquement parlant, consubstantiel : l'union des parlementaires contre ce que le professeur Malibeau nommait une "constante sociologique". De Léon Gambetta à Charles de Gaulle, l’histoire récente de France démontre à l'envi cette permanence. D'ailleurs les régimes démocratiques, à l'époque de Le Bon, n'étaient évidemment pas seuls à sécréter cette tendance. Les régimes totalitaires étaient eux-mêmes enclins à amplifier cette constante (Hitler en Allemagne, Staline en Russie). Après maintes recherches dans les textes devenus traditionnels (Burdeau, René Capitant) Catherine Rouvier découvrit l'œuvre maîtresse de Le Bon. Malgré les nombreuses difficultés rencontrées dans sa recherche laborieuse d'ouvrages traitant des grandes lignes de la réflexion de Le Bon, c'est finalement dans un article paru en novembre 1981 dans le journal Le Monde, double compte-rendu de 2 ouvrages traitant du concept central de Le Bon, la foule, que l'auteur trouva les 1ers indices de sa longue quête. En effet les 2 ouvrages soulignaient l’extrême modernité de la réflexion de Le Bon. Pour Serge Moscovici, directeur d'études à l'École des Hautes Études en Sciences sociales, et auteur de L'Âge des foules (Paris, Fayard, 1981), Le Bon apporte une pensée aussi nouvelle que celle d'un Sigmund Freud à la réflexion capitale sur le rôle des masses dans l'histoire. Il dénonce dans la même foulée l'ostracisme dont est encore frappé cet auteur dans les milieux académiques français.

Pour Moscovici, les raisons sont doubles : d'une part, "la qualité médiocre de ses livres", et d'autre part, le quasi-monopole exercé depuis des années par les émules de Durkheim dans l'université française. Et, plus largement, l'orientation à gauche de ces milieux enseignants [mode du freudo-marxisme]. Contrairement au courant dominant, celui que Durkheim croyait être source de vérité, Le Bon professait un scepticisme général à l'égard de toutes les notions communes aux idéologies du progrès. Les notions majeures comme celles de Révolution, de socialisme, de promesse de paradis sur terre, etc. étaient fermement rejetées par Le Bon. On l'accusa même d'avoir indirectement inspiré la doctrine de Hitler. Sur quoi Catherine Rouvier répond : pourquoi ne pas citer alors Staline et Mao qui ont, eux aussi, largement utilisé les techniques de propagande pour convaincre les foules ?

Une dernière raison de cet ostracisme fut le caractère dérangeant de la pensée de Le Bon. Son approche froidement "objective" du comportement collectif, le regard chirurgical et détaché qu'il porte sur ses manifestations historiques, tout cela allait bien à l'encontre d'un certain "moralisme politique". En associant psychologie et politique, Le Bon commettait un péché contre l'esprit dominant.

De la médecine à la sociologie en passant par l'exploration du monde...

Avant de revenir sur les idées politiques de G. Le Bon, rappelons quelques éléments biographiques du personnage. Fils aîné de Charles Le Bon, Gustave Le Bon est né le 7 mai 1841 dans une famille bourguignonne. Après des études secondaires au lycée de Tours, G. Le Bon poursuit des études de médecine. Docteur en médecine à 25 ans, il montre déjà les traits de caractère qui marqueront son œuvre future : une volonté de demeurer dans !'actualité, une propension à la recherche scientifique, un intérêt avoué pour l'évolution des idées politiques. En 1870, il participe à la guerre, d’où il retire une décoration (il est nommé chevalier de la légion d'honneur en décembre 1871). Paradoxalement, cet intérêt pour des sujets d'actualité n'interdit pas chez cet esprit curieux et travailleur de poursuivre des recherches de longue haleine. Ainsi en physiologie, où il nous lègue une analyse précise de la psychologie de la mort. Gustave Le Bon est aussi un grand voyageur. Il effectue de nombreux déplacements en Europe et, en 1886, il entame un périple en Inde et au Népal mandaté par le Ministère de l'Instruction publique. Il est d'ailleurs lui-même membre de la Société de Géographie. Et c'est entre 1888 et 1890 que ses préoccupations vont évoluer de la médecine vers les sciences sociales. Le passage du médical au "sociologique" passera vraisemblablement par le chemin des études d'une science nouvelle au XIXe siècle : l'anthropologie. Il rejoindra d'ailleurs en 1881 le domaine de l'anthropologie biologique par l'étude de l'œuvre d'AIbert Retzius sur la phrénologie (étude des crânes).

De cet intérêt est né la "profession de foi" anthropologique de Le Bon, consignée dans L'homme et les sociétés. La thèse principale de ce pavé est que les découvertes scientifiques, en modifiant le milieu naturel de l'homme, ont ouvert à la recherche une lecture nouvelle de l'histoire humaine. Le Bon utilise d'ailleurs l'analogie organique pour traiter de l'évolution sociale. Avant Durkheim, il pose les bases de la sociologie moderne axée sur les statistiques. Il propose aussi une approche pluridisciplinaire de l'histoire des sociétés. Mais, en fait, c'est l'étude de la psychologie qui va fonder la théorie politique de Le Bon.

Naissance de la "psychologie sociale"

En observateur minutieux du réel, le mélange des sciences et des acquis de ses lointains voyages va conduire Le Bon à la création d'un outil nouveau : la "psychologie sociale". La notion de civilisation est au centre de ses réflexions. Il observe avec précision, en Inde et en Afrique du Nord, le choc des civilisations que le colonialisme provoque et exacerbe. C'est ce choc, dont la dimension psychologique l'impressionne, qui mènera Le Bon à élaborer sa théorie de la "psychologie des foules" qui se décompose en théorie de la "race historique" et de la "constitution mentale des peuples". Rejetant le principe de race pure, Le Bon préfère celle de "race historique", dont l'aspect culturel est prédominant. Là s'amorce le thème essentiel de toute son œuvre : "le mécanisme le propagation des idées et des conséquences". À la base, Le Bon repère le mécanisme dynamique de la "contagion". La contagion est assurée par les 1ers "apôtres" qui eux mêmes sont le résultat d'un processus de "suggestion". Pour Le Bon, ce sont les affirmations qui entraînent l'adhésion des foules, non les démonstrations. L'affirmation s'appuie sur un médium autoritaire, dont le 'prestige" est l'arme par excellence.

Le Bon est aussi historien. Il trouve dans l'étude des actions historiques le terrain privilégié de sa réflexion. Deux auteurs ont marqué son initiation à la science historique : Fustel de Coulanges et Hippolyte Taine. La lecture de La Cité Antique, ouvrage dû à Fustel de Coulanges, lui fait comprendre l'importance de l'étude de l'âme humaine et de ses croyances afin de mieux comprendre les institutions. Mais Taine est le véritable maître à penser de Le Bon. Les éléments suivants sous-tendent, selon Taine, toute compréhension attentive des civilisations : la race, le milieu, le moment et, enfin, l'art. La théorie de la psychologie des foules résulte d'une synthèse additive de ces diverses composantes. Mais Le Bon va plus loin : il construit une définition précise, "scientifique", de la foule. L'âme collective, mélange de sentiments et d'idées caractérisées, est le creuset de la "foule psychologique". Le Bon parle d'unité mentale...

Un autre auteur influence beaucoup Le Bon. Il s'agit de Gabriel de Tarde. Ce magistrat, professeur de philosophie au Collège de France, est à l'origine de la "loi de l’imitation", résultat d'études approfondies sur la criminalité. La psychologie des foules, théorie de l'irrationnel dans les mentalités et les comportements collectifs (titre de la 1ère partie), offre à Gustave Le Bon une théorie explicative de l'histoire et des communautés humaines dans l'histoire. À travers elle, l'auteur aborde de nombreux domaines : les concepts de race, nation, milieu sont soumis à une grille explicative universelle.

Une nouvelle philosophie de l'histoire

Le Bon se permet aussi une analyse précise des institutions politiques européennes : ainsi sont décortiquées les notions de suffrage universel, d'éducation, de régime parlementaire. L'actualité fait aussi l'objet d'une approche scientifique : Le Bon analyse les phénomènes contemporains de la colonisation, du socialisme, ainsi que les révolutions et la montée des dictatures. Enfin, Le Bon traite de la violence collective au travers de la guerre, abordant avec une prescience remarquable les concepts de propagande de guerre, des causes psychologiques de la guerre, etc. Tous ces éléments partiels amènent Le Bon à dégager une nouvelle philosophie de l'histoire, philosophie qui induit non seulement une méthode analytique, mais aussi et surtout les facteurs d'agrégation et de désintégration des peuples historiques (plus tard, à sa façon, Ortega y Gasset parlera, dans le même sens, de peuples "vertébrés" et "invertébrés"). La civilisation est enfin définie, donnant à Le Bon l'occasion d’aborder une des questions les plus ardues de la philosophie européenne, celle que Taine avait déjà abordé et celle que Spengler et Toynbee aborderont.

G. Le Bon est un auteur inclassable. Profondément pessimiste parce que terriblement lucide à propos de l'humanité, Le Bon utilise les outils les plus "progressistes" de son époque. Il sait utiliser les armes de la science tout en prévenant ses lecteurs des limites de son objectivité. Observateur des lois permanentes du comportement collectif, Le Bon est un historien convaincu. Il comprend très vite l'importance, en politique, de la mesure en temps. L'histoire est le résultat d'une action, celle qu'une minorité imprime sur l'inconscient des masses. Il constate que cette influence des minorités agit rarement sur la mentalité, donc sur les institutions de ses contemporains. Il y a donc un écart historique entre l'action et la transformation effective du réel. L'élaboration d'une idée est une étape. La pénétration concrète de cette idée est l'étape suivante. Son application enfin, constitue une autre étape. Cette mesure au temps vaut au fond pour tous les domaines où l'homme s'implique. Dans l'histoire bien sûr mais aussi dans la science, dans le politique. Le grand homme politique est simplement celui qui pressent le futur de son présent. Il est la synthèse vivante et dynamique des actions posées par les générations précédentes. L'histoire du passage de l'inconscient au conscient est aussi à la mesure de ce temps. Les institutions et le droit sont les fruits de l'évolution des mentalités.

Au-delà des misères de la droite et de la gauche

Le livre de Catherine Rouvier a un immense mérite : comprendre, au travers de l'œuvre de Le Bon, comment l'histoire des idées politiques est passée du XIXe au XXe siècle. La multiplicité des questions abordées par l'auteur est le miroir de l'immense variété des outils de réflexion utilisés par Le Bon. Les idées politiques de Gustave Le Bon supportent mal une classification simplette. Si la droite libérale lance aujourd'hui une tentative de récupération de Le Bon et si la gauche continue à dénoncer ses théories, on peut déceler dans ces 2 positions, au fond identiques même si elles sont formellement divergentes, une même incompréhension fondamentale de la théorie de Le Bon. Les idées politiques de ce sociologue de l'âge héroïque de la sociologie, dont le soubassement psychologique est présenté ici, ne sont en fait ni de droite ni de gauche. La dialectique d'enfermement du duopole idéologique moderne refuse catégoriquement toute pensée qui n'est pas immédiatement encastrée dans une catégorie majeure. C'est le cas de Le Bon. Catherine Rouvier compare d'ailleurs, avec beaucoup de pertinence, cette originalité à celle des travaux de Lorenz (cf. Postface, p. 251 et s.). Le Bon exprime bien l’adage très connu de Lénine : les faits sont têtus...

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* Petites phrases :

  • "Nous sommes à l'époque des masses, les masses se prosternent devant tout ce qui est massif." Nietzsche, Par delà Bien-Mal, § 241
  • "La foule est plus susceptible d'héroïsme que de moralité." G. Le Bon, Aphorismes du temps présent
  • "La preuve du pire, c'est la foule." Sénèque, De beatam vitam
  • "Non, le mal est enraciné en chacun, et la foule placée devant l'alternative vie-mort crie "La mort ! La mort !" comme les Juifs répondaient à Ponce-Pilate "Barabas ! Barabas !" ". M. Tournier, Le Roi des Aulnes
  • "Une société de masse n'est rien de plus que cette espèce de vie organisée qui s'établit automatiquement parmi les êtres humains quand ceux-ci conservent des rapports entre eux mais ont perdu le monde autrefois commun à tous." H. Arendt, La Crise de la culture
  • "Il faut se séparer, pour penser, de la foule / Et s'y confondre pour agir." Lamartine
  • "La maturité des masses consiste en leur capacité de reconnaître leurs propres intérêts." A. Koestler, Le Zéro et l'Infini
  • "En fait, la plupart du temps, la masse les précède, leur indique le chemin en silence, mais d'un silence qui n'est pas moins efficace puisque c'est de leur capacité à savoir l'écouter que ces "grands hommes" tirent leur pouvoir." M. Maffesoli, La Transfiguration du politique
  • "Toute la publicité, toute l'information, toute la classe politique sont là pour dire aux masses ce qu'elles veulent." / "L'énergie informatique, médiatique, communicationnelle dépensée aujourd'hui ne l'est plus que pour arracher une parcelle de sens, une parcelle de vie à cette masse silencieuse." J. Baudrillard, Les Stratégies fatales

samedi, 19 juillet 2008

E. Werner: "Ne vous approchez pas des fenêtres!"

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« Ne vous approchez pas des fenêtres/ Indiscrétions sur la nature réelle du régime »

Par Eric Werner

Depuis une quinzaine d’années, Eric Werner publie des ouvrages qui contrastent avec l’univers ouaté et pépère des idées creuses. Après les formidables « Avant-Guerre civile » et « Après-Démocratie » et une très surprenante « Maison de servitude », voici un nouvel essai dans la lignée des deux premiers : « Ne vous approchez pas des fenêtres/ Indiscrétions sur la nature réelle du régime ». Si le titre paraît énigmatique, son sous-titre en indique l’orientation générale. L’intitulé étrange provient d’une remarque (d’un avertissement ?) lancé au juge d’instruction spécialisé dans les affaires de corruption politico-mafieuse des années 1990, Eva Joly, par un très haut magistrat français.

Ce titre curieux se comprend de diverses façons. Il ne faut pas s’approcher des fenêtres car on risque d’être la cible d’un tireur embusqué ou bien, si on jette un regard dehors, la réalité risque de nous secouer car on découvrirait que l’Extérieur contredit les rêveries idéologiques de l’Intérieur si confortables… La mise en garde est à prendre au sérieux et on est prévenu : en ouvrant l’opuscule, on deviendra le complice – intellectuel et moral – du professeur Werner.

Celui-ci reprend, poursuit et affine les thématiques déjà abordées dans « L’Avant-Guerre civile » et « L’Après-Démocratie ». Toutefois, la formulation n’est là nullement universitaire. Eric Werner a choisi d’exposer ses réflexions en de très courtes discussions incisives, concises et intenses entre l’Avocat, l’Ethnologue, le Sceptique, le Philosophe, le Colonel, le Collégien, l’Auteur, le Double et d’autres « personnages ». Sont-ils des archétypes, des figures, des allégories quelque peu originales ? S’il est impossible de répondre à cette question, on sait toutefois que ce sont « des dissidents, littéralement des gens qui s’assoient en travers. En travers de quoi ? […] De l’opinion commune. Ils suivent leur voie propre qui n’est pas celle des autres ». Bref, ils appartiennent aux « 5% de rebelles […] qui lisent, réfléchissent, s’intéressent aux choses qui en valent la peine, pratiquent le doute méthodique, etc. ».

Ces « dissidents » expriment leurs propres avis qu’ils conservent néanmoins pour eux, cette restriction étant rendue nécessaire par la suspicion de l’époque. Ces « émigrés de l’intérieur » sont porteurs de « la pensée de derrière la tête [qui] est celle qu’on garde pour soi, éventuellement qu’on exprime en privé (en famille, dans un cercle d’amis sûrs, etc.). Mais en privé seulement. En public, jamais. En public elle reste derrière la tête ». Il se dégage, par conséquent, de « Ne vous approchez pas des fenêtres » une impression pesante, totalitaire, soviétoïde. Comme Alexandre Zinoviev le faisait pour « l’homo sovieticus », Eric Werner dissecte « l’homo occidentalis » sans pour autant se focaliser sur le seul angle sociologique puisqu’il aborde sans les précautions élémentaires d’usage de nombreux sujets. L’actuelle « soviétisation (occidentalisation ?) » des esprits fait qu’ « on ne cherche plus, en l’occurrence, à convaincre personne, on se contente de dire les choses telles qu’on les voit, dans un style forcément allusif, mais en même temps assez transparent pour qui sait lire entre les lignes ».

En dépit d’un éclectisme certain, l’unité du livre remet en cause les lieux communs contemporains. Le professeur Werner déroute, désoriente et dépasse tous les conformismes tant officiels qu’officieux. Aurait-il fait sienne ce que Vladimir Jankélévitch décriait : « De tous les conformismes, le conformisme du non-conformisme est le plus hypocrite et le plus répandu aujourd’hui. C’est cela le diable qui nous épie, nous surveille, et nous guette… » (1) ? Ainsi, affranchi de la posture anticonformiste, il donne une vision très particulière des Lumières et de la modernité. Si « les Lumières s’inscrivent en continuité directe avec le christianisme, d’une certaine manière, même, en marquent l’accomplissement (…) [elles] servent aujourd’hui souvent de prétexte à faire toutes sortes de choses n’ayant que des rapports avec les Lumières : entreprendre certaines guerres, par exemple, ou encore liquider les libertés publiques. On pourrait aussi parler d’alibi. Mais les Lumières elles-mêmes ne sont pas responsables du rôle qu’on leur fait jouer, ni en conséquence non plus des dérives qu’elles connaissent ». Or à quelles « Lumières » fait-il exactement référence ? Est-ce les « Lumières » d’expression française, l’ « Enlightment » anglo-saxon, l’ « Aufklärung » germanique, les « Illuminations » italiennes ? Chaque génie populaire réalisa son propre mode opératoire de réflexion « éclairée »… Ce sont les matrices du monde moderne. Certes, « la modernité se définit comme rupture avec la tradition (…). Mais si la modernité rompt avec la tradition, elle en conserve en même temps le regret, la nostalgie. Compterait-on autrement autant d’antimodernes parmi les modernes ? » Mieux, « si les Temps modernes s’inscrivent en rupture avec l’univers prémoderne, par ailleurs aussi ils en procèdent et ils ne sauraient donc se construire qu’à partir de lui. La bonne modernité, la modernité heureuse (car cette modernité-là, elle aussi, existe : il n’y a pas que la modernité malheureuse) n’est pas celle tournant le dos à la tradition ou encore l’ignorant, mais bien celle s’inscrivant en continuité avec elle, en assumant, bon gré mal gré, l’héritage (quitte, évidemment, à le réinterpréter) ». Ne s’agirait-il pas d’un appel en faveur d’un dépassement de la modernité, voire pour une « post-modernité » ?

« Ne vous approchez pas des fenêtres » ignore superbement les clivages politiciens et électoraux qui ne sont que des illusions délétères. Droite et gauche du régime participent au même cirque médiatique « sans le moindre enjeu majeur » pour le devenir des peuples et des personnes. En effet, « les dirigeants eux-mêmes (je parle ici des vrais, de ceux, élus ou non, qui prennent les vraies décisions, les décisions importantes) ne sont ni de droite ni de gauche : ils défendent leurs intérêts propres, leur intérêt de caste, leurs intérêts de dirigeants ». Cette « nouvelle classe » (Christopher Lasch reprenant la terminologie du dissident titiste Milovan Djilas) planétaire, ces nouvelles oligarchies transnationales ne s’intéressent qu’à leurs propres objectifs, ignorant et méprisant les aspirations du « commun peuple ». Or celui-ci montre ses réticences, ses refus, ses résistances à l’ « avenir radieux » promis par les multinationales et les Etats assujettis au Fric. Afin de briser ces oppositions populaires, nouvelle classe et structures étatiques misent alors sur le contrôle social de la population. Qu’est-ce donc ? « Le contrôle social n’est rien d’autre (…) qu’une prison à une plus vaste échelle, celle de la société dans son ensemble. On appelle ça la société de surveillance. »

On assiste par conséquent à l’édification d’une société cauchemardesque issue du croisement du « Meilleur des mondes » et de « 1984 » et dont le film « Brazil » fut une saisissante préfiguration. Nom actuel de Big Brother, la transparence (revendiquée, clamée, exigée) relève de ce processus, car « ils veulent tout voir, tout savoir. Ce qui les gêne, ce n’est pas exactement la drogue. Ce qui les gêne, c’est qu’elle circule sans autorisation : ça, c’est inacceptable. Donc ils l’autorisent ». Cette société de surveillance ne cherche pas à défendre les Etats ou à protéger les biens et les personnes ; elle n’entend qu’encadrer, canaliser la population avec le secret espoir d’en geler les passions, voire de les reléguer hors de l’histoire…

Comment ce contrôle social s’exerce-t-il concrètement ? Diversement. Est-ce fortuit si les autorités se montrent fort indulgentes envers les trafics de la pègre et l’économie clandestine ? Non, répond Eric Werner, parce que les activités interlopes soutiennent aussi in fine la croissance, le PNB et le PIB. Dans le même temps, les autorités, atteintes de schizophrénie, recourent plus régulièrement à l’emprisonnement : « en France, par exemple, entre 1975 et 1995, la population carcérale a carrément doublé. La durée moyenne de détention a également doublé au cours de la même période. Ce n’est donc pas ou bien… ou bien… : ou bien la prison, ou bien le contrôle social. On a aujourd’hui et la prison et le contrôle social ». Maints nouveaux délits ont été créés au cours des dernières décennies, judiciarisant sans cesse la vie publique et le domaine privé. L’accentuation de la répression policière et judiciaire se nourrit de l’insécurité environnante qui « ne se limite pas aujourd’hui aux seules incivilités. Parallèlement aussi il (…) faut prendre en compte une autre menace, celle liée aux activités mêmes des dirigeants : vidéo-caméras à tous les coins de rue, tests ADN pour un oui ou pour un non, constitution de mégafiches regroupant des dizaines de millions de personnes, instrumentalisation du terrorisme (…), développement de l’arbitraire policier, etc. »

La méfiance des oligarchies ne passe pourtant pas par une coercition brutale. Celle-ci s’exerce par la douceur, la mollesse et investit surtout des secteurs supposés secondaires. L’Ethnologue observe que si les autorités traitent souvent avec bien des égards les voyous (par crainte de campagnes médiatiques virulentes à la suite de prétendues « bavures » ?), elles n’appliquent pas le même traitement envers les honnêtes citoyens, surtout s’ils sont conducteurs ou défenseurs d’idées réfractaires… Et si ces braves gens osent contester, les policiers « deviennent menaçants, parlent d’outrage à agent, etc. ». Toute l’énergie des forces de l’ordre (sic) semble se concentrer sur les seuls méfaits routiers sur quatre ou deux roues, motorisées ou non. Les moutons de Panurge sont aujourd’hui en bagnole sinon pourquoi l’Etat soutiendrait-il le permis de conduire à un euro par jour ? « A contrario, les gens qui aiment la liberté font comme moi : lorsqu’ils se déplacent ils prennent l’autobus, le train, ou encore vont à pied. Là aussi ils te surveillent, mais moins. » Est-il dès lors si étonnant que les grèves récurrentes dans les transports en commun n’entraînent aucune réquisition ? Quant à la vétusté des lignes ferroviaires et métropolitaines, elle ne serait pas fortuite… On peut cependant trouver l’Ethnologue trop optimiste parce que depuis deux ans existent en Ile-de-France des cartes magnétiques (Navigo, par exemple) qui remplacent progressivement les anciens coupons d’abonnement et qui suivent à la trace leurs possesseurs (comme leurs téléphones portatifs qui constituent de remarquables mouchards).

La cause environnementale sert aussi de justification au flicage total. A propos de la réintroduction des ours et des loups dans les espaces sauvages des Pyrénées et des Alpes, Eric Werner estime que ces sympathiques animaux seraient aux campagnes ce que sont les dealers et la « racaille » dans les aires urbaines. Par ce très étrange « partage des tâches », l’objectif est d’empêcher quiconque de sortir de chez soi, car « moins tu bouges, mieux ils te contrôlent. Ils font donc en sorte que tu bouges le moins possible ». Tout n’est que suggestion et appel à un simili-bon sens : « on ne t’interdit pas exactement de sortir de chez toi, tu en as tout à fait le droit. Mais tu en prends seul la responsabilité ».

On doit malheureusement regretter que le professeur Werner n’analyse pas d’autres aspects sur lesquels s’exercent le contrôle et l’étatisation de l’intimité individuelle tels que la sexualité. Marcela Iacub, pour sa part, estime que « le sexe a été un formidable alibi pour que l’Etat casse les instances intermédiaires qui s’occupaient de gouverner la vie privée : la famille, l’école, les églises. C’est dorénavant le droit, et surtout le droit pénal, qui est devenu l’arbitre des conflits inter-personnels, au détriment d’autres normes morales, disciplinaires ou de politesse » (2). Outre la question sexuelle et l’hégémonie des médias, grands intoxicateurs d’opinion, existe un autre facteur qu’Eric Werner ne traite pas et qui explique en grande partie l’hébétement de la population : l’emprise considérable des banques. Comment le système bancaire est-il le Kapo du régime ? Au moyen de prêts, d’emprunts et d’hypothèques consentis aux ménages, on parvient à les surveiller puisqu’on les menace de les faire sombrer dans la marginalité, dans la clochardisation, s’ils ne remboursent pas. Or, en travaillant, en gagnant leur vie (fort chichement souvent), ils perdent la force de contester le régime. Frédéric Julien discerna fort bien la manœuvre insidieuse dans son opuscule « Pour une autre modernité. Relever le défi américain » : « Le Système marchand impose (…) aux candidats à l’emprunt une soumission complète à ses critères de choix et de décision. Il améliore de la sorte la “domestication” de l’individu » (3). En effet, « l’expérience enseigne que le citoyen endetté ne s’insurge plus, poursuit-il ; il revendique moins (cf. le repli du syndicalisme militant) et ses réclamations portent essentiellement sur des questions salariales et financières, dont certaines contribuent précisément à aggraver sa dépendance » (4).

Toujours aussi hostiles au cours déplaisant de leur temps, les protagonistes symboliques des conversations s’indignent de la partialité évidente de la pseudo-justice internationale et de l’effondrement du niveau culturel des Européens, perceptible à la seule lecture de la Une – sans cesse plus simpliste – des journaux si possible GRATUITS. Faut-il, après, être surpris de l’atrophie du raisonnement dans les jeunes générations gavées de séries télévisées débiles et de jeux vidéo émollients ? Ils critiquent aussi l’inégalité de traitement entre les gens respectueux des lois et les « sauvageons » qui ne paient jamais leur titre de transport, hurlent au téléphone, s’arrogent les places assises, écoutent à tue-tête une musique plus que stupide, forts d’une impunité construite sur des sommes de lâcheté et de lutte contre le « racisme » et les « discriminations »… Naguère, les Européens auraient sorti fourches et fusils contre les indésirables. Aujourd’hui, du fait des pressions du régime, les braves gens se mettent à « mal voter », à exprimer dans le respect des règles démocratiques leur ras-le-bol en apportant leurs suffrages à des formations protestataires.

Comment riposte alors le régime face à cette légitime colère populaire ? Il encourage les incivilités qui nuisent au quotidien des quidams et, si ceux-ci répliquent à leur tour, « on leur fait vite comprendre qu’ils ont intérêt à la boucler. Certains, pour avoir négligé cet avertissement, ont été condamnés en justice ». Et si cela ne suffit pas, on use alors des grands moyens, à savoir la « gestion de crise » et l’ « état d’exception », d’autant que « les crises les mieux gérées sont encore celles que l’on crée soi-même. (…) Comment s’y prend-on pour créer une crise ? Rien de plus simple, tu décrètes l’état d’exception. En décrétant l’état d’exception, tu crées par là même une situation de crise. Ensuite tu gères la crise ». Désormais, « l’état d’exception n’a plus rien aujourd’hui d’exceptionnel, il est devenu la norme. On le décrète pour un oui ou pour un non ». Ainsi, dans l’Hexagone, le plan Vigipirate est au niveau rouge en permanence ; des patrouilles de militaires en armes (non alimentées en munitions !) circulent dans les principales gares. Dans les trains, tant dans les TGV que dans les TER, des messages sonores récurrents invitent les voyageurs à étiqueter leurs bagages, ce qui terrifie – ô combien ! – les terroristes ! Les grandes messes sportives (les Jeux olympiques, l’Euro de football, le Mondial de rugby, etc.), les sommets européens, les réunions de l’OMC ou du G8, avec leurs gigantesques déploiements militaro-policiers, font s’habituer les peuples au contrôle social généralisé.

Les médias, enfin, relaient, diffusent et accentuent un climat anxiogène, une atmosphère angoissante, une ambiance de qui-vive permanent auprès des masses rendues inquiètes. Dans ce contexte de peur, le terrorisme (comme le combat contre la cyberpédocriminalité, d’ailleurs) est une belle aubaine puisqu’il motive la mise en œuvre des mesures inaccoutumées. « Quinze jours à peine déjà après les attentats du 11-Septembre, les premiers textes antiterroristes sortaient des tiroirs de l’administration. Evidemment ils étaient prêts depuis longtemps. (…) Le résultat ? Abolition de l’habeas corpus, carte nationale d’identité biométrique, contrôle à distance, mandat d’arrêt européen, fouilles préventives généralisées, écoutes électroniques, croisements de banques de données, etc. Merci, M. Ben Laden ! Au nom de la lutte contre le terrorisme, la police s’arroge aujourd’hui tous les droits. » Néanmoins, les groupes terroristes ne s’en formalisent guère puisque l’essentiel de cette législation spéciale atteint en priorité le grand public et, en particulier, tous les contestataires du modèle occidentiste, des faucheurs volontaires d’OGM aux érudits mal-pensants sur certains événements de l’histoire contemporaine. Le professeur Werner insiste sur l’instrumentalisation du maintien de l’ordre à des fins autres, voire contraires, à la concorde sociale : « Le but allégué de certaines opérations policières est une chose, leur but réel une autre (…). Considérons les contrôles routiers. Officiellement ces contrôles ont un but préventif : ils visent à limiter le nombre de morts sur les routes. (…) Mais on pourrait aussi dire l’inverse : les morts sur les routes sont un bon prétexte pour accroître à l’infini le nombre des contrôles routiers. Les accroître pourquoi ? Pour intimider les gens, leur montrer qu’on les a à l’œil, au bout du compte aussi le ficher, etc. En outre, ces contrôles ont une fonction d’alibi : ils assurent une certaine visibilité à la police, alors même que certains lui reprochent de n’être jamais là quand on a besoin d’elle. (…) Enfin, last but not the least, ils contribuent à renflouer les caisses de l’Etat. »

L’oppression pesant en premier lieu sur les consciences, la libre confrontation des idées s’en trouve empêchée ; le politique dépérit. Apeurés, les individus esquivent la réalité, se ferment au monde et se replient sur eux en écoutant dans les rues, dans les rames du métro ou dans les compartiments de train la musique de leurs baladeurs et autres I-pods. « Le repli sur la sphère privée doit s’entendre comme une conséquence logique de l’effacement actuel de l’espace public. En clair, c’est la contrepartie de la dictature. Lorsqu’il n’est plus possible de s’exprimer au plan public à cause des risques auxquels on s’expose en le faisant, on se replie tout naturellement sur la sphère privée. » Or l’hypertrophie du privé aux dépens du public est un symptôme du totalitarisme. « Il n’y a de liberté politique que dans un système qui respecte la distinction du public et du privé, observait Julien Freund. En effet, toute doctrine qui la nie ou tend à la supprimer (étant entendu qu’on la rejette aussi lorsqu’on prend exclusivement parti soit pour le public soit pour le privé) nie du même coup une catégorie de l’existence humaine. » (5) Le régime parie clairement sur la neutralisation du politique. Par conséquent, « il est absurde de penser qu’une socialisation et démocratisation ou bien une privatisation plus poussée des relations sociales rendraient, par leurs vertus propres, l’homme plus libre, comme si ce genre de processus pouvait amplifier une liberté qui ne serait pas donnée au départ, avertissait encore Julien Freund. En réalité, parce que le privé et le public sont des catégories animées chacune par une volonté autonome, il leur est possible d’étouffer toute liberté à l’intérieur de leur sphère respective » (6). Eric Werner pense que nous sommes entrés dans cette phase d’étouffement.

Cependant, et ce serait un paradoxe, le régime ne scierait-il pas son assise ? Neutralisé, le politique ne germerait-il pas ailleurs, sur des créneaux inattendus ? « Il n’est pas exclu (…) que le politique utilise aussi le détour du privé pour aboutir à ses propres fins » (7).

« Ne vous approchez pas des fenêtres » est finalement une invitation impérieuse à s’approcher des fenêtres, à scruter l’espace public et à guetter le grand retour du politique qui arrive toujours par des chemins détournés, mais à ses risques et périls ! Porter un gilet pare-balles se révèle indispensable pour examiner la nature exacte du régime.

Georges Feltin-Tracol

« Métapolitique - Le régime mis à nu »

EuropeMaxima.com - 22/06/08

Notes

1.   « Quelque part dans l’inachevé ». Entretien entre Vladimir Jankélévitch et Béatrice Berlowitz, Gallimard, coll. Folio-Essais, 1978, p. 13.

2.   Marcela Iacub, « Libération », 29 février 2008.

3.   Frédéric Julien, « Pour une autre modernité. Relever le défi américain », Etudes solidaristes, Cercle Louis Rossel, Editions du Trident, 1985, p. 51.

4.   Id., pp. 51-52, souligné par l’auteur.

5.   Julien Freund, « L’Essence du politique », Dalloz, 2004, p. 299.

6.   Id., p. 315.

7.   Id., p. 316.

Eric Werner, « Ne vous approchez pas des fenêtres/ Indiscrétions sur la nature réelle du régime », coll. Les Yeux ouverts , Editions Xénia, 2008, 140p ., 13,30 €.

Nietzsche vu par Deleuze

Francesco INGRAVALLE:

Nietzsche vu par Deleuze

Edité en Italie par Bertani en 1973, puis, dans une seconde édition, en 1978, le travail de Gilles Deleuze sur Nietzsche avait été publié pour la première fois en France en 1965. Il s’agit principalement d’une anthologie, précédée d’une introduction magistrale, où l’auteur propose une nouvelle fois ses interprétations de la pensée du philosophe allemand qu’il avait préalablement consignées dans son ouvrage de 1962, intitulé “Nietzsche et la philosophie”.

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Selon le rédacteur de l’introduction à cette édition italienne, Nietzsche marque de son sceau une étape de la crise la plus aiguë du rationalisme occidental, c’est-à-dire l’étape où la réalité “plane”, systémique, se transforme en un complexe de contradictions et de conflits. La philosophie a donc pour tâche non plus de soutenir l’ordre existant et de résoudre les contradictions qui y surgissent mais de refléter les contradictions elles-mêmes.

La réalité n’est pas “une”; il n’existe pas “une” vérité; il existe en revanche un usage  politique de la “vérité”, ce qui nous amène à constater qu’il y de nombreuses vérités. Il est dès lors nécessaire de mobiliser nos attentions pour capter les fonctions politiques des vérités existantes, ce qui revient à détruire et les vérités et les certitudes. 

Comme Freud avait découvert la matrice sensuelle de tout agir humain (la libido) et comme Marx avait mis en lumière la matrice économique des vicissitudes historiques et politiques ainsi que des idées, Nietzsche, pour sa part, a découvert (ou contribué à faire découvrir) la matrice politique du problème de la vérité par le biais de son travail d’arrachage de tous ses masques que se donnent les vérités et les certitudes.

Dans la perpsective que nous suggère cette nouvelle introduction italienne au travail de Deleuze, nous pourrions utiliser le Nietzsche démystificateur de la “Vérité” pour remettre en question le “noyau métaphysique de Marx”, c’est-à-dire cette notion d’objectivité fondée sur un mode inconditionné et ingénu, typique des problématisations auxquelles Marx fit face pendant toute l’époque de l’idéalisme allemand (grosso modo entre les dernières années du 18ième siècle et les deux premières décennies du 19ième).

Quant à l’essai d’introduction de Gilles Deleuze lui-même, il met en avant l’anti-métaphysique de Nietzsche; par le truchement de positions où les valeurs sont décrétées supérieures à la Vie , la philosophie se pose comme juge de la Vie et ne tarde pas, alors, à s’opposer à elle. Une philosophie de cet acabit dérive de Socrate: “si l’on définit la métaphysique par la distinction entre deux mondes, en opposant l’essence à l’apparence, le vrai au faux, l’intelligible au sensible, alors, oui, on peut dire que Socrate a inventé la  métaphysique (...)”.

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Et c’est là que Deleuze affronte l’un des points nodaux les plus complexes dans les interprétations de la pensée de Nietzsche, celui que pose la notion de “volonté de puissance”. Selon Deleuze, cete “volonté de puissance” nietzschéenne ne doit pas se comprendre comme un brame véhément, réclamant pouvoir et domination. Il s’agit bien plutôt d’un principe qui compénètre tous nos jugements de valeur. Ce principe consiste à “créer” et à “donner”, non  à prendre, à confisquer. Si l’on considère, au contraire, que cette “volonté de puissance” est le “brame du dominateur”, alors l’on pense, implicitement, que la volonté “veut” la puissance. Au contraire, Nietzsche retient l’idée que la puissance est, à l’intérieur même de la volonté, l’origine même du vouloir. De ce fait, la “volonté de puissance” nait de la “plénitude”, de la “santé”. Dans une optique différente, elle peut en arriver à cette “volonté de puissance” dont parle le psychanalyste Alfred Adler, c’est-à-dire un besoin d’affirmation de soi qui, s’il est frustré, génère les névroses. On peut donc dire, avec Nietzsche et avec Deleuze, que la “volonté de puissance” est le désir compris non comme un besoin mais plutôt comme une “nécessité de créer”. La créativité, ainsi comprise, se distingue de la simple “réactivité”. La volonté de puissance comme “brame” réclamant le pouvoir est à l’origine des morales d’esclaves, du ressentiment de ceux qui sont malades contre ceux qui sont en bonne santé.

Deleuze poursuit en présentant les quatre modes de la “transvaluation de toutes les valeurs”. Par dessus tout, Deleuze précise que, par le terme “transvaluation”, il entend un devenir actif des forces, le “triomphe de l’affirmation dans la volonté de puissance”, le “oui” à la Vie. C ’est à ce moment-là que la pensée nietzschéenne s’attaque à tout ce qui jusqu’alors avait été retenu comme sacré (Dieu, la morale bourgeoise), en retenant ces choses décrétées sacrées comme autant de sacrilèges contre la Vie , de menaces de la réaction contre la créativité.

Le premier mode de la “transvaluation” est le refus de la négation nihiliste du multiple au profit d’un “Un” fallacieux, que les philosophes nomment l’Etre. Le multiple et le devenir sont affirmés, chez Nietzsche, non en tant qu’instances que l’on pourrait ramener à l’Un et à l’Etre, mais en tant que tels et rien que tels. Le second mode de la “transvaluation” est l’affirmation de l’affirmation précédente du devenir, symboliquement représentée par le dieu affirmateur de la Vie (Dionysos) et par son épouse (Arianne). Le troisième mode, Deleuze l’appelle le “jeu de l’Eternel Retour”. Nietzsche entend l’Eternel Retour selon diverses acceptions: soit comme retour du même (“tout se répète”) et c’est là une certitude qui rend malade et faible; soit comme l’Eternel Retour “sélectif”, notion pour laquelle ne revient que ce qui est affirmation de la Vie : “toute chose que je veux (...), je dois le vouloir de façon telle à en vouloir aussi l’Eternel Retour (...). Même une bassesse ou une paresse veulent leur éternel retour pour devenir autre chose qu’une paresse ou une bassesse: elles veulent devenir active et, de ce fait, potentialité d’affirmation”.  L’Eternel Retour est certes répétition mais répétition qui sélectionne.

La transvaluation présente un quatrième et dernier aspect qui implique l’émergence du “surhomme” et le produit. Le “surhomme”, dans la terminologie nietzschéenne désigne exactement la concentration de tout ce qui peut être affirmé, la forme supérieure de ce qui est, le type qui représente l’Etre sélectif, le produit et la subjectivité de cet être”.

Les textes qu’a choisis Deleuze pour la partie anthologique de son travail sont répartis en sections: selon l’image du philosophe aux diverses périodes de sa vie et dans les différents horizons culturels qu’il a fréquentés; une section est consacrée à la philosophie dionysiaque, d’autres à la volonté de puissance, au nihilisme et à la transvaluation, à l’Eternel Retour et à la folie.

En appendice de cette éditions italienne, nous trouvons également le fameux essai de Georges Bataille, intitulé “Nietzsche et les fascistes” (repris en version italienne de la revue “Il Verri”, n°39-40, 1972). Les pages de Bataille fourmillent d’évocations à des fascistes falsificateurs, à des nazis malveillants et perfides; il y pose la soeur de Nietzsche en une sorte de Judas Iscariote au féminin; le cousin de Nietzsche, Richard Oehler, est associé à ces terribles figures dans une intrigue à mi-chemin entre le mélodrame et le roman gothique. Pour Bataille, ce qui est “mauvais”, c’est l’usage politique qu’ils ont fait de Nietzsche, que ce soit l’usage révolutionnaire ou l’usage réactionnaire. Pour démontrer sa thèse, Bataille passe en revue les textes du jeune Mussolini, d’Alfred Rosenberg, d’Alfred Bäumler, explore le petit univers du néo-paganisme allemand de manière assez honnête, et finit par conclure “que la pensée aporétique de Nietzsche ne se dirige pas vers des mesquineries contingentes à la merci d’une liberté ombrageuse”.

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Cette diabolisation de l’interprétation politique de Nietzsche nous laisse perplexe, pour le simple motif que Bataille, qu’il le veuille ou non, donne, lui aussi, une interprétation politique de Nietzsche: il voit en ce philosophe allemand le théoricien de la foi qui arrachera le destin de l’humanité à l’asservissement rationnel de la production et à l’asservissement irrationnel du passé; c’est là, sans aucun doute, une interprétation politique. L’interprétation de Bataille est en plus liée aux contingences politiques, celles de la période nationale-socialiste, vu que les interprétations nationales-socialistes et celle de Bataille sont nées de la crise si complexe qu’a traversée l’esprit occidental. Alors, interprétation politique pour interprétation politique, il nous paraît opportun, ici, de citer ce qu’écrivait Adriano Romualdi en 1970 dans l’introduction à son anthologie de la pensée politique de Nietzsche: “Que serait Rousseau sans la révolution française? Ou Marx sans la révolution russe? Il me paraît secondaire de se poser la  question de savoir si la révolution française incarne le “vrai” Rousseau ou si la révolution russe incarne le “vrai” Marx. De la même manière, nous sommes contraints aujourd’hui de lire Nietzsche en tenant compte d’Hitler” (A. Romualdi, “Nietzsche”, Ed. Ar, Padova, 1970).

Elevons le débat: tant l’interprétation de Deleuze (et son choix de textes) que l’essai de Bataille ne contribuent que bien peu à faire passer le philosophe allemand du “panthéon national-socialiste” au “panthéon démocratique”. De fait, il est impossible de nier l’existence, dans la pensée de Nietzsche, la présence de distinctions entre la “santé”  et la “maladie” (entre  l’actif et le réactif), distinctions qui constituent les bases d’une pensée qui, quoi qu’on puisse en dire, reste antidémocratique et hiérarchique. Il est clair aussi que l’on ne peut pas définir Nietzsche, de manière simpliste et simplificatrice, comme un “national-socialiste”, vu la forte composante démocratique et populaire du national-socialisme allemand. Si Nietzsche brocardait le pangermanisme et l’antisémitisme en les désignant comme des manifestations de l’esprit plébéien et démocratique, il aurait très probablement pris une posture analogue face au national-socialisme. Mais cette probabilité n’autorise personne à le faire passer avec armes et bagages sur la voie radieuse du socialisme.

Ironie du sort, Deleuze confirme, dans son essai d’introduction, une intuition très présente dans un essai sur Nietzsche du philosophe national-socialiste Bäumler, intuition qui porte sur la centralité du concept de volonté de puissance dans la philosophie de Nietzsche. Si l’intention du travail de Deleuze a été indubitablement de “dénazifier” Nietzsche, de l’homologuer dans l’espace libéral-démocratique en réduisant sa pensée à un discours politique non hiérarchisant ou, du moins, anti-autoritaire et, partant, néo-démocratique, le résultat de ses efforts n’aboutit pas à faire passer cette intention de départ. Il suffit de lire le livre pour s’en convaincre.

Francesco INGRAVALLE.

(recension parue dans “Diorama Letterario”, Florence, n°17, février 1979; reproduit avec l’aimable autorisation de l’auteur; trad. franç.: Robert Steuckers; titre du livre recensé: Gilles Deleuze, “Nietzsche”, con antologia di testi - introduzione di franco Rella e appendice di Georges Bataille, Bertani ed., Verona, 1978).

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Remarques critiques sur l' "Union Méditerranéenne" de Sarközy

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Bernhard TOMASCHITZ:

Remarques critiques sur l’ “Union Méditerranéenne” de Sarközy

Le 13 juillet, ce sera  chose faite: un jour avant la fête nationale française, on signera à paris le Traité fondateur de l’Union méditerranéenne, lors du sommet entre pays de l’UE et pays riverains de la Méditerranée. A cette nouvelle construction appartiendront non seulement les 27 pays membres de l’UE, mais aussi tous les pays riverains des côtes méridionales et orientales de la Mer Méditerranée , dont le Maroc, l’Algérie, la Tunisie , le Libye, l’Egypte, Israël, la Syrie et la Turquie. Malgré tout le tintamarre et tous les flonflons suscités par Sarközy pour faire passer son projet favori, l’affaire ne semble pas vraiment démarrer sous de bons auspices: d’abord, Sarközy a dû modifier considérablement son projet de départ; il voulait que seuls les pays de l’UE, qui sont réellement riverains de la Méditerranée , participent au projet et voilà que maintenant, on en est à se demander quels pays riverains en feront vraiment partie. De plus, Sarközy n’a jamais pu réfuter complètement les reproches qu’on lui formulait, notamment ceux qui alléguaient que l’objectif réel de cette construction euro-méditerranéenne visait uniquement à consolider les positions déjà dominantes de la France en Méditerranée.

Sarközy a commencé par essuyer une fin de non recevoir du leader libyen Mouamar Khadafi, qui considère l’Union Méditerranéenne comme une “insulte” aux Etats arabes et africains. Ce refus de Khadafi s’explique sans doute par le fait qu’il ne pourra pas jouer, dans ce nouvel orchestre, le rôle de la vedette principale. Mais le Ministre égyptien des affaires étrangères, Ahmed Aboul Gheit n’est pas plus enthousiaste. Pour lui, cette “Union Méditerranéenne” est “comme un spectre dans les airs, sur lequel on ne rine dire de raisonnable”. Ensuite, a-t-il ajouté, “il aurait été bon que le Président français ait préalablement consulté les Etats arabes avant d’annoncer publiquement son projet”. Les Arabes estiment donc qu’ils ont été pris de court et craignent de futures divergences vu la participatin annoncée d’Israël dans ce concert. La Syrie , pour sa part, accepte le projet, avec prudence, car Damas espère que, par le biais de cette “Union Méditerranéenne”, les Syriens obtiendront un traité de paix avec Israël, afin de récupérer à terme les hauteurs du Golan.

Le Président français se voit dans la peau d’un médiateur et d’un pacificateur vu la participation d’Israël. “L’Union Méditerranéenne, cela signifie qu’Israël sera à Paris aux côtés des nations arabes. J’enregistre avec intérêt ce qu’Israël a dit à propos de négociations indirectes de paix avec la Syrie. Et peut-être y aura-t-il des négociations directes entre la Syrie et Israël à Paris”. En fait, son objectif réel semble être de vouloir rapprocher davantage l’entité sioniste de l’UE. C’est ce que révèle in fine son discours tenu fin mai à la Knesset , durant sa visite en Israël. Dans ce discours, Sarközy s’est posé comme “ami” de l’Etat sioniste et a promis que la France serait “toujours du côté d’Israël lorsque celui-ci sera menacé”. Au vif plaisir de ses interlocuteurs de la Knesset , Sarközy a répété le poncif de l’actuelle propagande sioniste, qui veut que le programme nucléaire de l’Iran menace la paix. Textuellement Sarközy a dit: “Un Iran disposant de l’arme atomique est inacceptable pour mon pays”.

Mais lorsqu’il s’agit de préserver les intérêts de la “Grande Nation”, Paris n’hésite pas à coopérer avec des pays dont on peut considérer la politique comme douteuse. Ainsi, fin juin, à Alger, le premier ministre français François Fillon et le Président algérien Abdelaziz Bouteflika ont signé un accord global quant à une coopération des deux pays en matières nucléaires. Or, doit-on le rappeler, en Algérie, les islamistes ont mené une guerre civile de 1991 à 2003 qui a fait 120.000 victimes; aujourd’hui encore, la paix intérieure du pays est régulièrement troublée par des attentats à la bombe, qui font beaucoup de victimes. L’ancienne colonie algérienne de la France demeure importante pour Paris parce qu’elle recèle en son sol des ressources pétrolières importantes, les troisièmes en ordre de grandeur d’Afrique, de même que des nappes de gaz naturel dans le Sahara. Mais cette coopération étroite avec une Algérie fragilisée n’est pas unique: l’autocrate libyen, le Colonel Khadafi, dispose, lui aussi, de réserves pétrolières. En juillet 2007, la France de Sarközy l’a littéralement dragué. Lors d’une visite à Tripoli, le Président français a signé les accords de coopération franco-libyens, qui comprennent un volet nucléaire, prévoyant la construction d’installations.

En octobre 2006, la France signait des accords avec le Maroc, prévoyant la construction d’une centrale nucléaire sur la côte atlantique, près de la ville d’Essaouira. Tous ces pays, prétend Sarközy, contrairement à l’Iran chez qui il subodore les pires intentions malveillantes, utiliseront l’atome à des “fins pacifiques”.

Derrière cette politique dangereuse de la France , se profile la crainte de voir les Chinois rafler la première place en Afrique, continent si riche en matières premières. C’est essentiellement pour cette raison que la France veut diminuer sa présence militaire sur le continent noir au profit d’un engagement renforcé dans le secteur privé. “Il y a aujourd’hui 900.000 Chinois en Afrique et moins de 300.000 Français. Nous devons tenter, là-bas, d’être à nouveau plus concurrentiels” a expliqué le secrétaire d’Etat au développement Alain Joyandet. Celui-ci a également réclamé une nouvelle “Realpolitik” française en Afrique. “Les autres pays construisent en Afrique des routes, des ponts, dirigent des entreprises et marquent leur présence dans le commerce du bois”, a ajouté Joyandet. Dans ces domaines, la France ne peut plus demeurer absente et doit offrir des projets: “L’Afrique bouge. Nous voulons rester un partenaire important de l’Afrique”.

Dans l’avenir, la France n’entend toutefois pas renoncer entièrement à ses moyens de pression militaires. Dans la mission internationale de l’ONU au Tchad, la France entend impliquer ses “partenaires européens”, afin d’aller y défendre les intérêts  de la “Grande Nation”. Récemment, l’hebdomadaire allemand “Der Spiegel” rappelait que Sarközy, lors d’une rencontre avec la Chancelière fédérale Angela Merkel, a annoncé à cette dernière que la France avait l’intention de créer une flotte européenne. La Bundeswehr allemande devrait y participer en mettant à sa disposition des frégates et des unités logistiques qui appuieront un groupe de combat centré autour d’un porte-avions (français évidemment...) qui voguerait sur les océans en battant pavillon européen.

Bernhard TOMASCHITZ.

(article paru dans “zur Zeit”, Vienne, n°28/2008; trad.  franç.:  Robert Steuckers).

 

vendredi, 18 juillet 2008

Lectures pour l'été

Conseils de lecture estivaux

Parce que l'été est souvent l'occasion de lire (ou relire) des ouvrages que l'on a parfois même pas le temps d'entamer au cours de l'année, les JI Pays d'Aix vous proposent une sélection de livres qui vous feront passer un été à la fois formateur, enraciné, enrichissant mais reposant, pour lire à l'ombre des pins et sous la surveillance des cigales...  L'école des cadres de "Synergies Européennes", dans ses sections de Wallonie, ne peut que souscrire à ce choix, partagé par les Identitaires genevois et provençaux. Nous leur adressons un salut fraternel!

 

Histoire de notre civilisation :

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 Depuis Albert Thibaudet, écrivant en arrière des tranchées de 1917 sa Campagne avec Thucydide, personne n'ignorela signification de la guerre du Péloponnèse pour les Européens du XXème siècle et donc d'aujourd'hui. Pour Thibaudet, laguerre fratricide qui opposa toutes les cités grecques regroupées autour d'Athènes et de Sparte au Vème siècle avant notre ère, préfigurait la Grande Guerre de 14-18, en attendant celle de 39-45. Aucune guerre dans l'histoire n'est aussi riche d'enseignements. Ce fut un affrontement titanesque entre la puissance maritime, impérialiste et commerciale d'Athènes et la puissance continentale de Sparte la "militariste". Mais, en dépit des théories en faveur d'Athènes, Sparte finalement l'a emporté, en se dotant d'une marine de combat. Ce fut une guerre fratricide, totale et sans merci, multipliant les massacres et les opérations de terreur entre Grecs (comme la guerre civile européenne de 1917-1945...). Ce fut une guerre fatale dont les vainqueurs sortirent tout aussi épuisés que les vaincus. Après -404, c'en était fait de l'ancienne indépendance grecque (comme l'Europe après 45, soumise à l'impérialisme américain...). Politiquement et humainement, la Grèce avait commis un suicide. Ne subsistait que le souvenir impérissable d'une civilisation déjà millénaire. Historien américain (université de Californie), Hanson reprend l'historique de ce conflit, s'inspirant bien entendu du récit incontournable de Thucydide (source: La NRH, juillet-août 2008).

La Guerre du Péloponnèse, par Victor Davis Hanson (Flammarion), 496 p., 26€ 

 

 

 

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La civilisation romaine offre à l'homme moderne un visage original et sans égal. Elle seule a su dominer un empire immense pendant une aussi longue période ; elle seule a fait de la paix et de la prospérité de ses provinces sa préoccupation première ; elle seule a réussi à tisser un lien d'égalité entre tous les hommes libres de l'Empire en leur accordant les mêmes droits qu'aux citoyens de Rome. La seule civilisation qui ait réussi à unir dans la pax romana des peuplades aussi différentes, et surtout hostiles.

L'observateur prend rapidement conscience que les mots utilisés pour qualifier le pouvoir romain, ceux "d'impérialisme", de "colonialisme", de "nationalisme"..., ne correspondent en rien à la réalité historique. Le Romain portait sur les êtres et les choses un regard différent du nôtre ; sa société ne ressemblait guère à la nôtre (la nécessité de la transmission des valeurs, la tutelle du pater familias dans les familles romaines, le primat de la communauté sur l'individu, ... Autant de schémas sociétaux aujourd'hui disparus !). Et cependant, sa culture a posé les fondements de notre identité européenne. Son souci d'humanité a orienté durablement notre conception moderne des valeurs humaines. A tel point que nous pouvons dire "nos ancêtres les Romains" en songeant à la langue que nous parlons (le français, langue latine par excellence), à l'Eglise catholique et romaine (dont la France est "la fille aînée" selon l'expression consacrée), au droit romain (fondement des droits européens continentaux, influence des droits anglo-saxons aussi), à notre Provence qui est selon Pline "plus qu'une province, une autre Italie", ...

À nous d'en nourrir notre réflexion sur notre identité, car, comme le notait Paul Valéry, « l'histoire, je le crains, ne nous permet pas de prévoir ; mais, associée à l'indépendance de l'esprit, elle peut nous aider à mieux voir. »

Rome, la gloire et la liberté - Aux sources de l'identité européenne, par Jean-Noël Robert, (Les Belles Lettres), 378 p., 2008 

 

A propos du Félibrige, avant-garde du régionalisme provençal : 

languedocpourtendardts9.jpgLe félibrige, fondé en 1854 par Frédéric Mistral, a pour ambition de sauver et promouvoir la langue des pays d’oc. Il a rassemblé depuis près de cent cinquante ans des dizaines d’écrivains, de poètes, d’artistes, de linguistes, d’historiens ou tout simplement d’amoureux de la langue d’oc. À travers l’étude de plusieurs personnalités, célèbres ou oubliées, cet ouvrage présente ce groupe d’hommes et de femmes, d’origines et d’opinions parfois opposées, mais réunis pour sauvegarder ou illustrer une langue régionale. De Mistral à René Jouveau, de Félix Gras à Théodore Aubanel, des félibres rouges aux félibres blancs, des Provençaux aux Gascons, des Auvergnats aux Catalans, ce livre propose un véritable panorama du monde félibréen. Les débats qui agitent les félibres ont pour thème la beauté ou la richesse de la langue maternelle, mais aussi le fédéralisme, le patriotisme, le nationalisme, le séparatisme ou encore l’occitanisme, sujets pouvant avoir des répercussions au niveau national. Au cours de leur histoire, ces personnes ont-elles su créer un large mouvement populaire et construire ainsi une communauté d’intérêts ? Ou bien se sont-elles enfermées dans des disputes néfastes aux buts qu’elles s’étaient donné ?

Ce livre devrait permettre à chacun de savoir comment se placer par rapport à l'héritage du Félibrige que nous autres, identitaires provençaux, devons assumer comme celui de nos pères en matière de défense de notre identité charnelle et régionale. Parce que leurs questionnements sont aussi les nôtres : sommes-nous "fédéralistes" ou "indépendantistes" ? Devons-nous "aimer la France plus que tout" (Félix Gras) ? Comment faire cohabiter notre identité provençale avec notre identité nationale ? L'amour de la Provence est-il compatible avec celui de la France ? En tant que régionalistes, devons-nous en vouloir au régime politique républicain ou à la France toute entière ? En somme, il nous appartient, en quelques sortes, d'être modestement de "nouveaux Félibres" et, pour ce faire, de faire appel aux anciens...

La langue d'oc pour étendard, les Félibres (1854-2002), par Simon Calamel et Dominqiue Javel, (Privat), 288 p., 2002 

 

  Le grand classique :

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L’objet de ce livre est un retour aux sources, l’auteur s’interroge sur ce qu’est l’Europe et qui sont les Européens. Cette identité qui n’a rien à voir avec l’Union Européenne remonte à la préhistoire, comme le suggère le sous-titre « 30'000 ans d’identité ».  Le constat est clair, l’Europe est en grand danger. Partout dans le monde les identités s’affirment et seuls les Européens nient la leur.

Cette négation est expliquée par le nihilisme dont on trouve l’origine dans le matérialisme. L’auteur s’attache ensuite à expliquer comment se battre contre cet état de fait. L’arme que les Européens ont entre leurs mains est la Tradition, il faut vivre selon celle-ci. C’est-à-dire :

Vivre selon la Tradition, c’est se conformer à l’idéal qu’elle incarne, cultiver l’excellence par rapport à sa nature, retrouver ses racines, transmettre l’héritage, être solidaire des siens. Cela veut dire également chasser de soi le nihilisme, même si l’on se sacrifie en apparences aux normes pratiques d’une société qui est asservie par le désir. Cela implique une certaine frugalité afin de se limiter pour se libérer des chaînes de la consommation. Cela signifie retrouver la perception poétique du sacré dans la nature, l’amour, la famille, le plaisir et l’action. Pour vivre selon sa Tradition, encore faut-il la connaître. C’est pourquoi Dominique Venner nous propose une plongée dans l’identité européenne.

Bien que Venner dresse un tableau assez noir de notre époque, parle de déclin et de décadence, il n’oublie pas que la civilisation européenne comme bien d’autres a connu des périodes sombres. Rien n’est inéluctable. L’histoire est cyclique, elle est une perpétuelle renaissance. Venant d’horizons inattendus, les résistances sont nombreuses. Comme dans le conte de la Belle au bois dormant, la mémoire endormie se réveillera. Elle se réveillera sous l’ardeur de l’amour que nous lui porterons. (source : fiche de lecture des JI Genève)

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Le numéro de la NRH sur la Reconquista espagnole

Ecole des Cadres de "Synergies Européennes" / Sections de Wallonie (Liège/Namur/Charleroi)

Le dernier numéro de la "Nouvelle Revue d'Histoire" de Dominique Venner est exceptionnellement dense. Il ré-ancre une école de pensée dans le fleuve de l'histoire, que d'aucuns avaient voulu quitter naguère. A lire aussi dans ce numéro, l'histoire du MSI à l'AN en Italie. En vente dans tous les bons kiosques et marchands de journaux du pays.

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Lettre ouverte aux député"s UMP en faveur de l'adhésion turque

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Lettre ouverte à Richard Maillé, Frédéric Lefèbvre, Jean-Luc Warsmann et aux quelques députés UMP qui veulent maintenir le référendum obligatoire pour l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne.

par Jacques Cordonnier, président du mouvement régionaliste Alsace d’abord

Strasbourg, le 8 juillet 2008

Messieurs les députés,

Les discussions chaotiques sur le projet de réforme constitutionnelle, au sein même de la formation politique à laquelle vous appartenez, montrent l’importance du point 33 du texte gouvernemental. Les tractations à rebondissements entre députés et sénateurs de l’UMP, les marchandages entre l’Élysée et une partie des députés de l’UMP sur la question du référendum pour ratifier les futures adhésions à l’Union européenne, et en particulier celle de la Turquie, créent, comme vous le savez, un profond malaise chez les Français.

Ce référendum voulu par Jacques Chirac en 2005 a été voté par les parlementaires de l’UMP sous la houlette de Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur et président de l’UMP. Ces mêmes parlementaires s’apprêteraient, trois ans plus tard, à retirer le référendum obligatoire de la constitution, à la demande du président de la République ? Le référendum pour la Turquie et le Monténégro, jugé bon par les parlementaires UMP il y a trois ans, deviendrait inutile aujourd’hui ?

La question de l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne est une question essentielle pour l’avenir de l’Europe ; elle fait de l’article 33 le point crucial du projet de loi constitutionnelle.

Les Français, en grande majorité, sont hostiles à l’entrée de la Turquie dans l’Union. Si la ratification par référendum était supprimée, les électeurs n’auraient plus de doute sur le double langage qui leur est tenu depuis tant d’années. Ils pourraient s’en souvenir aux prochaines élections européennes. Ce serait une nouvelle fois le projet européen qui en ferait les frais, comme cela a été le cas en 2005, lors du référendum sur la constitution européenne.

De la même manière, une nouvelle rédaction de l’article 88-5 de la constitution serait ressentie comme une manoeuvre insincère. Tout compromis sur cette question serait une mauvaise solution : référendum d’initiative populaire ou choix laissé aux parlementaires de renoncer au référendum sont des solutions hypocrites. Pour faire sauter ce prétendu “verrou”, il suffirait qu’un futur chef de l’État choisisse à son tour de changer la constitution.

Permettez aux Alsaciens de donner leur avis sur le projet européen et sur l’intégration de la Turquie. En 1992, lors du référendum sur le Traité de Maastricht, c’est l’Alsace qui a donné au OUI son meilleur score : plus de 65 %. En mai 2005, Les Alsaciens ont dit OUI à 53,44 % au projet de constitution européenne. En même temps, 92 % des Alsaciens se sont déclarés opposés à l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne - sondage Dernières Nouvelles d’Alsace-Iserco du 16 octobre 2001. Cette corrélation ne doit étonner personne. Ces chiffres prouvent, s’il en était besoin, que le sentiment européen ne peut prospérer que si les frontières et le projet européen sont clairement définis.

Messieurs les députés, vous êtes de ceux qui ont affirmé que le référendum de ratification introduit dans la Constitution en 2005 devait être maintenu. Puissiez-vous résister aux pressions que l’on sent chaque jour plus fortes et ne pas céder aux propositions de compromis. Il est court le chemin qui va du compromis à la compromission. Votre responsabilité vis-à-vis du peuple français est immense et il faudra donc que vous preniez vos responsabilités lors du prochain congrès à Versailles.

Veuillez agréer, Messieurs les députés, l’expression de ma parfaite considération.

Jacques Cordonnier
Président du mouvement régionaliste
Alsace d’Abord

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Derde weg voor het derde millenium

Derde weg voor het derde millennium

Euro-Rus-congres, 28 juni 2008

In deze uiteenzetting zal worden gepoogd om een balans op te maken van het Amerikaanse imperialisme en van zijn sterktes en zijn zwaktes. Daarvoor is eerst een terugblik nodig om de belangen en de waarden, de middelen en de doelen die op het spel staan kort te schetsen. Als jonge beweging die meer wil zijn dan een nieuwe naam, vlag en leider moeten we stap voor stap te werk gaan. Idee en actie zijn onafscheidelijk, maar de juiste volgorde wil dat de actie uit de idee volgt. Door de algemene achteruitgang van het onderwijs* en de afstompende invloed van de media moet de ideologische vorming veel dieper en breder zijn dan vroeger. Congressen als dit zijn broodnodig, al was het maar om onze blik op de wereld te verbreden en de banden aan te halen met broedervolkeren. Daarvoor hoeven niet altijd ronkende namen op de affiche te staan. Dat die namen erin slagen om de gesubsidieerde vazallen van de antifascistische roddelpers in het ootje te nemen is uiteraard meegenomen. Antifascisme is tegenwoordig een miljoenenbusiness. Afgelopen week nog is uit cijfers gebleken dat de Duitse Bondsrepubliek sinds 2001 méér dan 200 miljoen euro heeft besteed aan de “strijd tegen het rechtsextremisme”. Dat ware misschien nog enigszins “sociaal” geweest, als geen dringender noden gelenigd moesten worden.

Om misverstanden, veralgemeningen of verdraaiingen achteraf te vermijden en ook gewoon voor de goede verstaander beginnen we met de puntjes op de i te zetten. We moeten eerst uiteenzetten hoe we het reilen en zeilen van het politieke systeem zien om onze politieke actie goed te kunnen definiëren. De simpele grondstelling van onze metapolitieke strategie luidt: politiek wordt steeds bedreven door elites en die elites hebben zowel waarden als belangen**. Om zoals gezegd de idee actie te laten worden moeten - in die volgorde - kaders en militanten worden gevormd om ten slotte de idee te laten doorsijpelen naar alle lagen van het volk. Wij stellen de idee en het ideaal centraal, wat tot uitdrukking komt in het feit dat alle coördinatoren op gelijke voet samenwerken en dat er hoogstens sprake is van een algemene coördinatie en dito coördinator. Tegenstellingen als “links” en “rechts” zijn voor ons even versleten als die van “oost” en “west”. Ze verhinderen ons om volwaardige (onverdeelde) Vlamingen en Europeanen te worden. Ze behoren tot een oude orde gekenmerkt door partijenstrijd, klassenstrijd en nu zelfs rassenstrijd. Wij wijzen in die oude wanorde de kiemen van de burgeroorlog radicaal af en eisen opnieuw: orde en vrede, een einde van de haat en nijd, waarden in plaats van waardeverval. Elk racisme is ons vreemd, omdat wij de identiteit van alle volkeren verdedigen, niet de superioriteit van één volk. Ik had vandaag evengoed met een zwarte separatist als met een blanke separatist op de affiche kunnen staan. Hoe de Amerikanen zich maatschappelijk en staatkundig organiseren, is in de eerste plaats hun zaak. Zolang ze maar binnen hun erf blijven.

Nationalisme is voor ons de zaak van de volkeren (meervoud). Nationalisme en solidarisme zijn voor ons één, omdat nationale onafhankelijkheid niets is zonder sociale rechtvaardigheid (en vice versa). Zeker in een tijd waarin de nationale bovenklasse vaandelvlucht pleegt! Wij zijn ervan overtuigd dat de nakende economische recessie en het voorspelbare neoliberale antwoord daarop onze eens zo sterke nationale middenklasse (dankzij sociale herverdeling, deels op solidaristische grondslag) zal verschrompelen tot een soort nationale onderklasse. Volksgenoten die geen plaats meer vinden in de veelgeprezen “kenniseconomie” zou men dan waarschijnlijk nog het liefst naar de Derde Wereld exporteren om vervolgens informatici en ingenieurs uit diezelfde Derde Wereld te importeren. Cijfers deze week zetten onze stelling over de sluipende teloorgang van de middenklasse kracht bij. De Belgische gezinnen blijken immers maar liefst één miljard schulden te hebben uitstaan door het gebruik van winkelkaarten tegen woekerrentes. “Het is een vrij nieuw fenomeen in België, maar is elders breed verspreid”, aldus de bankfederatie Febelfin. Natuurlijk is dit fenomeen al breed verspreid. Het consumeren op krediet is een Amerikaans fenomeen, omdat daar nauwelijks consumptieve transfers uit de sociale zekerheid bestaan. Een goede politieke gemeenschap vereist een sterke nationale middenklasse. Dat wist Aristoteles al.

De vaandelvlucht van de nationale bovenklasse begon na mei ‘68. Mei ‘68 was een generatiewissel van professoren naar studenten en een overgang van nationaal kapitalisme naar internationaal kapitalisme. Het was de voltooiing van de naoorlogse veramerikanisering en volksheropvoeding van West-Europa, eerder begonnen onder het mom van “denazificatie”. Die gebeurtenis horen we dit jaar dus te vieren. Bohémienliberalisme en bohémienkapitalisme gaan hand in hand. Het eerste verdedigt de waarden en het tweede de belangen van het internationale grootkapitaal. Vooraleer de markten, de handel en de wisselkoersen in de jaren ‘70 vrijgemaakt konden worden, moesten eerst de geesten van de mensen voldoende bewerkt en “bevrijd” worden van allerlei hinderlijke obstakels. Onder het mom eerst van “denazificatie” en nadien van “emancipatie” werden nieuwe sociale categorieën consumenten uitgevonden, zodat sinds kort bijvoorbeeld autoreclames zich speciaal tot nieuw samengestelde gezinnen richten. Logisch, want gebroken gezinnen consumeren dubbel zoveel als gewone gezinnen. Ook de halal consument die nu de rechtse toorn opwekt, is een product van dit kapitalisme en niet van de islam.

De iets ouderen onder jullie zullen zich nog het wettelijke onderscheid herinneren tussen zakenbanken en commerciële banken, waarbij die laatste alleen consumptieve en commerciële kredieten en geen (risicodragende) industriële kredieten mochten verstrekken. Nog een onderscheid was dat tussen commerciële banken (voor handelaars) en spaarbanken (voor arbeiders). Spaarbanken en verzekeringsmaatschappijen vormden vóór de deregulering van het kapitaalverkeer de basis van een sociaal of nationaal kapitaal belegd in staatsobligaties of parastatale instellingen. Veelzeggend is dat die wetgeving in de jaren ‘30 precies was ingevoerd om een herhaling van 1929 te voorkomen. Waarom die regulering van het kapitaalverkeer werd afgeschaft? Om de kapitaalbehoeften van het internationale grootkapitaal te bevredigen zonder terug te grijpen naar verdere inflatoire dollarcreatie. Zo werd ons sociale of nationale kapitaal afgeleid naar de internationale kapitaalmarkten. Van een financiële transfer gesproken! Sindsdien zijn pensioen- en hefboomfondsen de belangrijkste spelers op de internationale kapitaalmarkten. Wij pleiten daarom onder meer voor een staatspensioenfonds in de strijd tegen de vergrijzing en de globalisering. Mijns inziens moeten er monetaire hervormingen bovenop komen die een einde maken aan de inflatoire geldcreatie door de banken. Volkshuishouding en volksgemeenschap kunnen maar worden gesaneerd als de Augiasstal van het bank- en beurswezen wordt uitgemest. Het casinokapitalisme vormt een aanslag op de publieke moraal.

Nu we het een en ander uiteengezet hebben, kunnen we het Amerikaanse imperialisme aansnijden dat de gewapende arm is van het internationale grootkapitaal. Imperialisme is de hoogste fase van het monopoliekapitalisme: de versmelting van bancair en industrieel kapitaal. De Amerikaanse oligarchie is het product van een geweldige financiële en industriële machtsconcentratie. De Amerikaanse regering en de centrale bank zijn niets anders dan de belangenbehartigers van het geldverslindende militair-industriële complex en de grote zakenbanken. Die oligarchie heeft ook een uitgesproken internationalistische oriëntatie. Professor Carroll Quigley sprak dan ook over “internationale bankiers”. Toch moet worden opgemerkt - zoals door Carroll Quigley, G. Edward Griffin en Ellen Brown - dat die oligarchie een gemengd en geen zuiver joods karakter heeft. Zo was J.P. Morgan anglicaans en John D. Rockefeller baptist. Wel is het natuurlijk zo dat die familiedynastieën - en met name de Rothschilds - in belangrijke mate de stichting van de staat Israël nu 60 jaar geleden hebben gefinancierd. Na mei ‘68 de tweede gebeurtenis die we dit jaar geacht worden te vieren. De antizionistische joodse schrijver Jack Bernstein gewaagde het zelfs te schrijven: “Het judaïsme is een religie, maar het zionisme is een politieke beweging die door dezelfde personen is gecreëerd die ook aan de wieg van het communisme stonden. Het einddoel van het zionisme is een wereldregering onder leiding van internationale kapitalisten”. Het citaat mag misschien op het eerste zicht wat vreemd aandoen, maar het feit dat de dissidente auteur vermoord werd, roept alleen maar meer vragen en mysterie op.

Nu de belangen die het imperialisme drijven duidelijk zijn, kunnen we het hebben over de waarden die het drijven. Het Amerikaanse imperialisme wordt nog altijd gerechtvaardigd door de pseudo-religieuze inhoud van City upon a Hill, Manifest Destiny, Monroe-doctrine. Het heeft zijn wortels in verschillende vormen van modern pseudo-religieus fundamentalisme, die een smet zijn op de eeuwige wijsheid die de bron is van alle archaïsche religies ter wereld. De protestantse ketterij van het calvinisme heeft zo een land gesticht en de oorspronkelijke bevolking ervan vermoord, verdreven of in reservaten gestoken. De joodse ketterij van het zionisme deed 60 jaar geleden precies hetzelfde. De ketters in kwestie zijn modernisten (want materialisten) omdat ze steevast de heilsverwachting op aarde willen verwezenlijken. Is er een beter bewijs van hun materialistische aard dan hun obsessie voor geld en grond? Ze delen dezelfde cynische psychologie. Een psychologie die over lijken gaat en daarbij de leugens niet spaart. De protestantse fundamentalisten van de christelijke rechterzijde hebben altijd al een hoogst eigenaardige affiniteit met Israël gehad, die zich vertaalt in een gemeenschappelijke heilsverwachting. Religieuze protestanten en zionisten azen op het Midden Oosten om een Messiaanse Revolutie te bespoedigen. Ze hopen dat de “Messias” of “Koning der Joden” dan van daaruit over de wereld zal heersen. Het is een typische dwaling van moderne pseudo-religies om de vervulling van een heilsverwachting in de wereld te projecteren.

Nu kunnen we de sterktes en de zwaktes van het Amerikaanse imperialisme onder de loep nemen, want het is in alle opzichten belangrijk om hen goed in te schatten. Het militair-industriële complex van de VSA is zowel een vloek als een zegen voor de VSA. Door zijn geldverslindende karakter is het verantwoordelijk voor het grootste deel van de Amerikaanse staatsschuld. Tijdens Vietnam werden de begrotingstekorten (monetair) gefinancierd door de Federal Reserve. Nu worden ze vooral gefinancierd door China en Japan. Het Pentagon is niet toevallig de grootste werkgever van het land. De VSA hebben hun economische en politieke leiderschap enkel en alleen te danken aan hun militaire leiderschap. De overheid spaart niet. De gezinnen sparen niet. En de bedrijven sparen nauwelijks. Dus parasiteren de VSA op buitenlandse dollars die terugstromen. Dat kunnen ze alleen, omdat ze de wereld laten geloven dat hun papiergeld waardevol is. Ze bevinden zich zo in de unieke positie dat ze kunnen lenen in hun eigen munt om vervolgens nieuwe oorlogen te bekostigen.

Ook het leiderschap van de dollar hebben de VSA te danken aan hun militaire leiderschap. Het militaire imperialisme is een dollarimperialisme. Daarvoor hebben de geallieerde plutocraten na de Tweede Wereldoorlog de instellingen van Bretton Woods in het leven geroepen. Zijn enige objectieve waarde ontleent de dollar nu niet langer aan het goud, maar aan de olie. De VSA zijn dan ook als de dood ervoor dat een land als Iran zijn olie in euro zou verkopen. De laatste 30 jaar is dus het verhaal van een kapitalistische wereldeconomie die in een quasi permanente staat van crisis (goud, dollar en olie) verkeert. De eerste quick fix was het einde van de goudstandaard en de vaste wisselkoersen. De tweede was zoals gezegd de deregulering van de internationale kapitaalmarkten. De derde was en is het monetarisme van neoliberale signatuur: besparingen op sociale uitgaven. Maar al het neoliberale monetarisme ten spijt, deden de Amerikaanse oorlogen de defensie-uitgaven, de staatsschuld en de dollarinflatie alleen verder toenemen. Wat een luxe toch dat staten niet bankroet kunnen gaan en belastingplichtige burgers altijd zullen blijven betalen!

Het is eigen aan de Reaganomics om zowel de belastingen te verlagen als de defensie-uitgaven te verhogen. Bush combineert net zoals Reagan neoliberalisme en neoconservatisme met een pseudo-religieuze retoriek. Sinds zijn beleid is de staatsschuld met 50% toegenomen en ze neemt dagelijks met 3 miljard dollar toe! Een ander overblijfsel uit het Reagan-tijdperk is dus het neoconservatisme. Belangrijk is dat dat laatste het Amerikaanse imperialisme een nieuw élan wist te gegeven op een ogenblik dat het Amerikaanse leiderschap voor iedereen duidelijke barsten begon te vertonen. Het is al tot treurnis toe gezegd dat het hier gaat om bekeerde Joods-Amerikaanse trotskisten die niet alleen om redenen van binnenlandse, maar ook om die van buitenlandse politiek hun kazak hebben gekeerd. Deze verlichte despoten noemen hun wereldrevolutie “democratisch” en hun wereldrijk “republikeins”. Ze zijn ook voor de vrede: de Pax Americana. Het seculiere zionisme is zoals bekend hun tweede natuur, maar de “gelaarsde Wilsonianen” omkleden hun liefde voor de staat Israël met mooie liberaal-democratische idealen***. De neocons zijn ook emblematisch voor de verschraling van het politieke landschap: “dit is geen conservatisme, maar liberalisme met scherpe tanden” (Lawrence Kaplan). Dat is de harde waarheid die naïeve anti-imperialisten, pacifisten, internationalisten en andere nuttige idioten niet willen horen. Ze delen dezelfde liberale waarden. Ze behoren dan ook in de grond tot één en dezelfde ideologie. De ideologie die als een rode draad doorheen de moderniteit is geweven: het liberalisme. Ze zijn eigenlijk niet tegen de neocons omdat die “Wilsonianen” zijn, maar omdat ze “gelaarsd” zijn.

Na deze uiteenzetting moet het duidelijk zijn dat het leiderschap van de VSA niet gestoeld is op enige economische of ethische superioriteit, maar op de schaamteloze aanwending van militaire macht en de even schaamteloze verkrachting van het volkenrecht. Daarom is het zo belangrijk dat Europa uit de NAVO treedt en de NAVO uit Europa vertrekt. De NAVO is de hulpagent van het Amerikaanse imperialisme. Ook moeten we beseffen dat de afwijzing van het opmarcherende Amerikaanse kapitalisme, zijn talrijke Europese handlangers en nuttige idioten weliswaar een noodzakelijke, maar geen voldoende voorwaarde is voor Europese wedergeboorte. Dat alle grote verwezenlijkingen het product van de geest zijn. Dat die wedergeboorte ook vanuit onszelf en niet alleen vanuit Rusland moet komen. Dat “ras” meer is dan een lichamelijk omhulsel. Dat “ras” een bepaalde stijl inhoudt: sober, sterk en opwaarts gericht, zoals een Dorische zuil volgens Evola. Dat Evola ons leert dat we geestelijke strijders moeten zijn, geen rambo’s of andere weekdieren. Het is jammer dat het tijdsbestek niet meer toelaat om hierop verder in te gaan, want als één persoon geplaatst is om de rijksgedachte als civilisationele en spirituele wedergeboorte van Europa te verkondigen is het wel Evola. Evola en Guénon zijn bronnen van tijdloze wijsheid. Hun hedendaagse aanhangers hebben er lak aan dat ze misschien minder “nuttig” zijn voor de besognes van de korte-termijn-politiek.

Zelfs vanuit een nationalistisch perspectief heeft de Europese ruimte een organisatiebeginsel nodig, omdat de vrijheid van één volk afhangt van de vrijheid van het volkerengeheel. Een combinatie van Europees federalisme (Evola) en Europees nationalisme (Thiriart) is mogelijk. Europa is alleszins niet beter af met nationalismen die niets anders zijn dan onbeholpen vormen van nationaal egoïsme. Maar de huidige Europese integratie is ook een slechte zaak. Economisch worden de kleine spelers verdrongen en politiek worden de natiestaten uitgehold tot op het bot. Die laatste zullen worden herleid tot Europese filialen gerund door nationale managers, alleen nog goed om belastingen te heffen en de lonen te drukken. Natiestaten en culturele barrières vinden de eurocraten immers belemmeringen voor de “optimale” allocatie (maximale uitbuiting) van de productiefactoren. Dat is de Europese integratie van het neoliberale en neo-Atlantische Europa, dat voor de tijd die zijn Amerikaanse suzerein nog rest een economische reus en een politieke dwerg mag blijven. Het is aan de Europeanen om zichzelf te bevrijden door zich politiek-militair en autarkisch te organiseren. Wij moeten post-Belgisch, post-Atlantisch, postmodern gaan denken. De 21ste eeuw toont overal in Europa het ontluiken van autonome nationalisten, non-conforme fascisten en zelfs allochtone separatisten. Het N-SA moet dus een constructief alternatief willen zijn. De oude orde sloopt zichzelf wel, wat ons dat werk bespaart. Het is veel belangrijker dat de nieuwe orde nu al wordt opgebouwd. Met een nieuwe orde en een derde weg voor ogen scheiden onze wegen met de Atlantische as en kiezen wij voor de Europese as.

Frederik Ranson
Coördinator N-SA

* De promotie van de “kenniseconomie” kan niet verhullen dat onder het mom van “gelijke onderwijskansen” en dergelijke de beoordelingscriteria stelselmatig worden verlaagd. De explosieve toename van leerlingen met een taal- en leerachterstand is maar één gevolg van de massa-immigratie.
** Daaruit volgt: 1) Aangezien ons antikapitalisme het heroïsme, het idealisme en het voluntarisme in acht neemt, is het geen historisch materialisme. Ons antikapitalisme neemt de religieuze wortels van het kapitalisme onder de loep, zoals de sociologen Max Weber en Werner Sombart al deden. 2) Aangezien de partijpolitiek in de eerste plaats gedreven wordt door belangen (één partij ontleent er zelfs haar naam aan) moet onze metapolitiek gedreven worden door waarden. 3) Aangezien politiek bedreven wordt door elites, moet de politieke actie gericht zijn op de vorming van een nieuwe politieke elite, met het karakter van een orde en niet dat van een partij. 4) Aangezien gemeenschappen steeds worden geleid door elites, kan kritiek op elites nooit worden veralgemeend tot kritiek op hele gemeenschappen. Hoogstens kan men een volk verwijten dat het het juk van zijn eigen misdadige leiders verdraagt. Dat geldt in het bijzonder voor ons eigen volk.
*** De democratie Israël is zeker niet de enige die de mensenrechten schendt. Het belet de Europese Unie - zelf een toonbeeld van democratie - echter niet een associatieakkoord te sluiten met dat land. Zo’n akkoord stipuleert nochtans dat het geassocieerde land geacht wordt om de mensenrechten te eerbiedigen. De EU heeft ook een associatieakkoord met Turkije.

 

Saint-Exupéry: donner un sens à l'homme

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Klaus HORNUNG :

 

Antoine de Saint-Exupéry: donner un sens à l’homme

Où est donc passé le temps, désormais lointain, où les ouvrages de Saint-Exupéry remplissaient les vitrines des libraires et que leurs tirages atteignaient les centaines de milliers d’exemplaires, notamment la trilogie des romans d’aviation: “Courrier Sud”, “Vol de nuit”, “Terre des hommes” ; et aussi “Pilote de guerre”. “Le Petit Prince”, édité en français en 1946 et seulement en 1952 en allemand, avec son tirage de plus de quatre millions d’exemplaires, trouve encore des lecteurs aujourd’hui, surtout dans les maisons où souffle encore l’esprit de la “Bildungsbürgertum”, de la bourgeoisie lettrée et cultivée, et chez les adolescents. “ La Citadelle ” (1948) paraît en Allemagne en 1951 et est demeuré une lecture incontournable pour ceux qui aiment la réflexion et pour les conservateurs éthiques parmi nos contemporains. La figure centrale de cette oeuvre, le Grand Caïd (*), le Prince des sables sahariens, a reçu quelques fois le sobriquet de “Zarathoustra du désert”.

Saint-Ex’, comme l’appelaient ses amis, appartenait à la génération dite de l’  « éveil spirituel » qu’ont connu nos voisins français après la Grande Guerre. Cette génération comptait notamment Jacques Maritain, Georges Bernanos, François Mauriac, Gabriel Marcel, André Malraux et Emmanuel Mounier. Ce fut un courant intellectuel fort fertile, interrompu seulement par le nihilisme sans consistance du mouvement de mai 68. Aujourd’hui, deux générations après Saint-Exupéry, né le 29 juin 1900, le caractère indépassable de son œuvre et de sa pensée réémerge à la conscience de quelques-uns de nos contemporains.

Marqué par les bouleversements de son époque, Saint-Exupéry appartient à la grande tradition de l’humanisme occidental, à cette chaîne qui part de Platon pour aboutir à Pascal et à Kierkegaard, en passant par Saint Augustin ; il est, lui aussi, un de ces grands chercheurs de Dieu en Occident, même si l’on peut considérer que sa pensée ne débouche jamais sur les certitudes et la tranquillité des églises traditionnelles. Sa biographie indique la juxtaposition de deux attitudes divergentes: d’une part, il y a l’homme extraverti, qui est pilote ou reporter, qui relate ses impressions du Moscou de Staline ou de la guerre civile espagnole dans les années 30, et, d’autre part, il y a l’homme introverti, proche de la mélancolie, qui produit des méditations et des maximes à la façon des grands moralistes de son pays.

Sans poésie, sans couleur, sans amour et sans foi

Au moment où éclate la seconde guerre mondiale en septembre 1939, le pilote de l’aéropostale, déjà mondialement connu, qui amenait le courrier en Afrique occidentale et en Amérique du Sud, est mobilisé dans la force aérienne française. Son unité, après l’armistice, est repliée sur Alger. Pendant l’automne de l’année 1940, il revient en métropole. Il visite Paris occupé en compagnie de Pierre Drieu la Rochelle , pour se faire une idée de la situation nouvelle.

En décembre 1940, il se rend en bateau à New York, où il écrit « Pilote de Guerre », qui deviendra bien vite un best-seller aux Etats-Unis et en France, du moins jusqu’à son interdiction par les autorités d’occupation. Le départ de Saint-Exupéry pour les Etats-Unis fut sans conteste une décision patriotique contre l’occupation allemande et, plus encore, contre le totalitarisme national-socialiste.

En mai 1943, Saint-Exupéry se remet à voler, d’abord dans une escadrille américaine, équipée de Lightning et basée en Afrique du Nord, puis dans une escadrille de la « France Libre », basée en Sardaigne puis en Corse. Âgé de 44 ans, le 31 juillet 1944, il ne revient pas de son dernier vol de reconnaissance.

A Alger, il écrit, fin 1942, sa fameuse « Lettre aux Français », qui montre bien qu’il ne se considérait pas comme un simple « partisan » du gaullisme. A ce moment-là du conflit, alors que Vichy est déjà politiquement mort, il en appelle à la réconciliation des deux Frances, celle du Général de Gaulle et celle du Maréchal Pétain. Il ne s’agit pas de se poser en juge de la situation, écrivait-il, mais de dépasser les clivages politiques et intellectuels de la nation, ceux posés par les royalistes et les conservateurs, par tous les autres jusqu’aux socialistes et aux communistes,  par tous les partis et cénacles cherchant à obtenir des postes politiques après la guerre. L’ennemi commun, pour Saint-Exupéry, s’incarnait dans les deux systèmes totalitaires : le marxisme, qui entendait rabaisser l’homme au statut de producteur et de consommateur et voyait dans la distribution du produit social le problème politique central ; et le nazisme « qui enferme hermétiquement les non-conformistes dans un camp de concentration », qui considère les masses comme un « troupeau de bétail à sa disposition », qui élimine le grand art par la diffusion de « chromos de couleurs » et ruine la culture humaine.

Dans sa « Lettre à un général », paru en juillet 1943 à Tunis, Saint-Exupéry affiche une fois de plus son indépendance d’esprit, lorsqu’il dit déceler du « totalitarisme » également dans la coalition anti-hitlérienne et le dénonce ouvertement : dans le monde industriel occidental, l’humanité « des robots et des termites » se répand, oscillant entre la chaîne de production et le jeu de skat ou de cartes aux moments de loisir.

Saint-Exupéry avait en horreur cette tendance de l’homme à la « vie grégaire », à cette existence vouée à l’éphémère, se réduisant à se préoccuper de « frigidaires, de bilans et de mots croisés », « sans poésie, sans couleurs, sans amour et sans foi » : c’est en effet un monde de décadence qui soumet, via la radio, les robots « propagandifiés » de l’ère moderne. Par des remarques d’une très grande pertinence, Saint-Exupéry critiquait le système capitaliste, pour la façon dont il s’était développé au 19ième siècle, générant ouvertement le « doute spirituel ». Ses critiques s’adressent également au système des « valeurs cartésiennes » qui induit une seule forme de raison rationaliste, étroite et unilatérale, se développant au détriment de toute véritable vie spirituelle. Celle-ci ne commence que « si l’on reconnaît un être unique par-dessus la matière et par le truchement de l’amour et que l’on prend, pour cette être, une responsabilité ».

Deux ans avant la fin de la guerre, le penseur et moraliste Saint-Exupéry, dans son uniforme de pilote, se demandait pourquoi l’on combattait, finalement, et quelles allures prendrait l’avenir. Il se demandait si, après la guerre, tout tournerait autour de la « question de l’estomac », autour de l’aide alimentaire américaine comme en 1918-19. Le vieux continent connaîtra-t-il, sous la pression du communisme soviétique avançant vers l’Europe centrale, une crise de cent ans sous le signe d’une « épilepsie révolutionnaire » ? Ou bien une myriade de néo-marxismes se combattront-ils les uns les autres, comme il l’avait vu pendant la guerre civile espagnole ? Cette Europe retrouvera-t-elle un « courant puissant de renouveau spirituel » ou bien « trente-six sectes émergeront-elles comme des champignons pour se scinder immédiatement », ? Saint-Exupéry dénonçait ainsi anticipativement ce monde dépourvu d’orientation que le Pape Benoit XVI, aujourd’hui, désigne sous le terme de « dictature du relativisme ».

Des communautés dans les oasis et près des sources

La quintessence de sa pensée, Saint-Exupéry nous la livre dans son ouvrage posthume, «  La Citadelle  ». Il avait vécu très concrètement le désert, lors de ses longs vols et de ses nombreux atterrissages forcés, comme un espace de dangers imprévisibles ou comme un lieu d’où vient le salut. Il avait connu sa dimension menaçante tout comme les points d’ancrage que sont ses oasis avec leur culture humaine. Le désert, dans cette œuvre littéraire et philosophique, devient l’équivalent de la vie de l’individu et de la communauté des hommes, pour les défis lancés à l’homme par un monde ennemi de la Vie , un monde où il faut se maintenir grâce à des vertus comme la bravoure et le sens de la responsabilité, à l’instar du soldat dans le fort isolé en plein dans ce désert, où, en ultime instance, il s’agit de construire des villes et des communautés viables, dans les oasis et près des sources.

Un scepticisme conservateur contre le monde moderne des masses

«  La Citadelle  » équivaut, sur le plan méditatif, à l’existence de l’homme en communauté et au  sein d’un Etat. A la tête de cette « Citadelle » se trouve le Caïd, avatar du philosophe-roi de Platon, qui mène le combat éternel contre le relâchement et le déclin, qui appelle à ce combat, qui l’organise. Il a besoin de la communauté de beaucoup. Saint-Exupéry le décrit, ce Grand Caïd, non comme un dictateur mais comme un Prince empreint de sagesse, comme un père rigoureux, moins César qu’Octave/Auguste. A la vérité, Antoine de Saint-Exupéry est proche du scepticisme des conservateurs face au monde moderne des masses et de leurs formes démocratiques dégénérescentes. Ces formes nous conduisent assez facilement au danger qui nous guette, celui de l’entropie et de l’anarchie. Les masses verront alors un sauveur en la personne du prochain dictateur, exactement selon le schéma cyclique de l’histoire et de la vie politique que nous avait révélé Platon ; la prétendue « libération » de l’individu débouche rapidement sur le déclin et l’effondrement de la culture et de l’homme. La direction politique ne peut donc se limiter à viser des objectifs matériels ou à gérer des processus prosaïques : elle doit essentiellement travailler à consolider la culture et la religion.

Le mot d’ordre récurrent de Saint-Exupéry dans ses méditations, réflexions et maximes est le suivant : « Donner un sens à l’homme », un objectif qui le hisse au-dessus de son « moi », afin qu’il puisse résister aux éternels dangers de l’appauvrissement intérieur, du relâchement et de l’abandon de tous liens (Arnold Gehlen disait : l’ Abschnallen »), tant au niveau de l’individu qu’à celui de la communauté.

Klaus HORNUNG.

(article paru dans « Junge Freiheit », Berlin, n°27/2008 ; trad. Franç. : Robert Steuckers).

(*) Dans la version originale française, Antoine de Saint-Exupéry évoque non pas un « Grand Caïd », mais « le Chef ». La version allemande d’après-guerre ne retient évidemment pas ce terme de « Chef », trop connoté, et préfère le terme berbère « Kaid » alors qu’il aurait peut-être fallu dire le «Kadi », comme Abd-El-Krim fut honoré de ce titre. Nous avons préféré reprendre le terme « Caïd », car, aujourd’hui, parler comme Saint-Exupéry risquerait d’être mal interprété par les tenants de la « rectitude politique », comme on dit au Québec, et nous risquerions de récolter, une fois de plus, force noms d’oiseau et de quolibets.

A relire :

 

Jean-Claude IBERT, « Saint-Exupéry », coll. « Classiques du XXe siècle », Editions Universitaires, Paris, 1960.

 

Mittelmeerunion: Ohne Nutzen für Europa

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Ohne Nutzen für Europa

  

Gaddafi bezeichnet

  

Mittelmeerunion als

  

"imperialistischen Plan"

von Andreas MÖLZER

Am vergangenen Sonntag wurde in Paris einen Tag vor dem französischen Nationalfeiertag die „Mittelmeerunion“ aus der Taufe gehoben. Der Mittelmeerunion, einem Lieblingsprojekt des amtierenden EU-Vorsitzenden, Frankreichs Präsident Nicolas Sarkozy, gehören neben den 27 Mitgliedstaaten der Europäischen Union fast alle Anrainerstaaten des südlichen und östlichen Mittelmeers an. Einzig Libyen, dessen „Revolutionsführer“ Gaddafi die Mittelmeerunion als „imperialistischen Plan“ bezeichnet hat, nimmt nicht teil.

Ob das in der französischen Hauptstadt gegründete Gebilde für Europa einen Nutzen bringt, ist jedoch zu verneinen. Schließlich gibt es zwischen der EU und den Anrainerstaaten des Mittelmeers bereits jetzt im Rahmen des sogenannten Barcelona-Prozesses ein weitreichendes Beziehungsgeflecht, wobei die Zusammenarbeit unter anderem die Bereiche Wirtschaft, Soziales oder Zuwanderung umfaßt. Worin nun der „Mehrwert“ der Mittelmeerunion bestehen soll, ist vollkommen unklar, außer, daß deren Gründung der Eitelkeit Sarkozys schmeichelt und einen bürokratischen Mehraufwand bringt.

Anstatt dieses Konstrukt ins Leben zu rufen, wäre es weitaus besser gewesen, in Paris insbesondere mit den Staats- und Regierungschefs der nordafrikanischen Anrainerstaaten des Mittelmeers Klartext zu sprechen. Schließlich handelt es sich bei ihnen durchwegs um die Herkunft- bzw. Durchreiseländer der Wirtschaftsflüchtlinge, die zu Abertausenden nach Europa strömen. Und ihre Bereitschaft, mit der EU bei der Bekämpfung der illegalen Zuwanderung zusammenzuarbeiten, läßt mehr als zu wünschen übrig.

Somit wäre es für Europa von Interesse gewesen, mit den nordafrikanischen Mittelmeer-Anrainerstaaten Verträge über die Rückführung illegaler Zuwanderer abzuschließen. Dabei wären die Vertragspartner der EU auch entsprechend in die Pflicht zu nehmen gewesen. Schließlich stellt die EU-Kommission bis 2010 drei Milliarden Euro für den Raum südlich des Mittelmeers zur Verfügung, ohne daß von den Empfängern eine Gegenleistung erwartet wird. Angesichts dieses gewaltigen Betrags wäre es wohl das Mindeste, jenen Empfängerländern, die nicht bereit sind, mit der EU bei der Bekämpfung der illegalen Zuwanderung zusammenzuarbeiten oder ihre eigenen Staatsbürger zurückzunehmen, die von den europäischen Steuerzahlen finanzierten Wohltaten zu streichen.

jeudi, 17 juillet 2008

De regering struikelt weer...

De regering struikelt weer

Volgens Adam Smith is een regering in een kapitalistische omgeving een instrument om eigendom te beschermen. Ze is dus eigenlijk in het leven geroepen om de rijken te beschermen tegen de armen, ofwel mensen die eigendom hebben tegen mensen die er geen hebben. In dit land, dat door Marx als het schoolvoorbeeld van kleinburgerlijke eigendomsverhoudingen werd gezien, is dit alles nog meer waar dan ergens anders.

België is niet een door een regering geleide staat. Neen, er is zelfs geen regering. Hier zijn de bezitters van het land de rechtstreekse onderdrukkers van het volk, dat zelfs geen eigen land of economische macht bezit. De politieke kaste die in andere landen de buffer is tussen het volk en de economische macht is hier vervangen door een anarchistische bureaucratie en een op maffia-achtige wijze gestructureerde dievenbende die zich vermomt achter het masker van de politiek. De machtskaste noemt zichzelf dan wel politiek, maar in werkelijkheid is het een belangenvereniging die zich als een parasiet heeft vastgezet op de werkkracht van het volk. De enige eigendommen die deze staatsmacht wil beschermen zijn de eigen eigendommen en de inkomens die gegenereerd worden uit het afzetten van deze volksmassa.

In de economische recessie die er nu aankomt, zullen de beschermers en eigenaars van deze staat zelfs zover gaan om hun trouwe bondgenoten, die altijd heel graag in het Belgische verhaal meedraaiden, te bestelen. Deze trouwe bondgenoten zijn de rijke middengroepen uit onze samenleving. Zij vonden dat de Belgische staat hun garantie was voor hun privé-eigendom. Het zal blijken dat deze staat niet langer deze optie nastreeft. Voor het gepeupel dat zich staatsmacht noemt, is het nu graaien en wegwezen geblazen. En men zal daarbij iedereen bestelen die bestolen kan worden, ook de vrienden uit de middenklasse. En nadat men alle vrienden en familie gedropt heeft in de lucratieve staatsorganen en -ambten is het nu tijd om er even uit te trekken.

Er kunnen nu nieuwe (of andere) poppenkastspelers op het toneel worden gezet. Ze zijn geproduceerd door dezelfde bedrijven als de vorige en ze hebben allen het democratische virus, dat we eigenlijk best volksverlakkerij zouden noemen, onder de huid. Als de nieuwe poppetjes niet snel genoeg leren dansen naar de pijpen van de bank- en andere magnaten dan zijn er nog de ultieme middeltjes zoals verkiezingen. Daar kan het volk zich nog eens lekker laten gaan. Het heeft dan de keuze uit verschillende soorten peperkoeken partijmannetjes en hun pretpartijtjes. De lol zal duren tot het geld en de middelen van de bevolking volledig zijn herverdeeld onder de verschillende bendes (partijen genaamd). Dat is nu niet meer veraf. Nu al teert die snert-elite op geld dat eigenlijk aan onze oude mensen toekomt. Vroeger noemde men dergelijke individuen en bendes beurzensnijders en ze werden opgehangen. In onze democratie noemt men dat zootje ongeregeld nu staatslui.

Er is blijkbaar niet alleen een monetaire inflatie. Onze tijd lijdt duidelijk ook aan een volledige inflatoire meltdown van alle normen en waarden. De staatsmacht heeft nu al meer dan 400 dagen de tijd gekregen om alle meubelen en kleren en andere goederen van het volk mee te grissen die verhandelbaar zijn. Ze heeft ze ze lekker verdeeld onder de Vlaamse en Waalse vrienden aan de top. Wij zijn benieuwd hoeveel tijd die laatste nu nog zullen krijgen om in de verlenging te spelen.

E. Hermy
Algemene coördinator

14:00 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, belgique, crise, flandre | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook