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vendredi, 09 octobre 2009

Animal Farm

animal%20farm.jpgAnimal Farm

Ex: http://organisationsocialisterevolutionnaireeuropeenne.hautetfort.com/

« Délivré des souffrances et des douleurs matérielles par le climat de l’Hospice, le Malade n’est pas maître de son propre destin : il partage le sort collectif des animaux de ferme. L’arme d’extermination massive est désormais en pointillé comme le couperet l’est pour le poulet. »

Edward Limonov. LE GRAND HOSPICE OCCIDENTAL. Ed. Les Belles Lettres. 1993. p. 230.

 Le prolétariat est-il réductible par le virus de la grippe H1N1 ? Les néomalthusiens des institutions multiformes de l’ONU et de l’OMS l’espèrent. Les manipulateurs « scientifiques » au service de la bourgeoisie transnationale tentent techniquement de lui donner les armes efficaces afin de réduire la population mondiale par le bricolage de virus létaux et en même temps de lui procurer de juteux bénéfices par la mise en vente massive de vaccins qui empoisonneront un peu plus le bétail humain car c’est la logique de la domination biotechnique que le système capitaliste porte à son apogée. Nous savions depuis Marx que « le capital épuise la terre et le travailleur » mais de cet épuisement, la forme capitaliste de domination totale, en a fait son fonds de commerce grâce à son appareil « thérapeutique » censé soigner les maux qu’elle a elle-même engendrés. Au-delà de l’aspect financier, le contrôle idéologique, mental et comportemental des peuples n’est pas un épiphénomène de la réalité sociale mais se trouve au cœur de l’entreprise de domination conduite par la classe dominante.

Nous avions déjà signalé à plusieurs reprises ces campagnes mondiales de mise au pas des populations, assorties de massives diffusions d’ « informations » concernant le « bien-être universel » que justifierait la lutte contre l’alcoolisme ou le tabagisme, etc. Le but réel de ces entreprises de sidération n’est autre que la diffusion de la crainte, de la normalisation des comportements, de l’uniformisation de la pensée. Le système met en place la Ferme Mondiale des animaux humains domestiqués par le conditionnement psychique et biotechnique. Qui se souciait jusqu’ici des cinq cent mille personnes environ, mourant des diverses formes de grippe chaque année ? A l’échelle mondiale cela ne constitue qu’un phénomène naturel inhérent aux processus biologiques et à la condition humaine finie. Ce qui n’empêche pas, évidemment, l’intérêt que l’humanité a, depuis la nuit des temps, à combattre les maladies l’affectant. Il s’agit donc, ici, de tout autre chose. C’est une expérimentation in vivo, dans un laps de temps déterminé, de prise en mains des destins de l’humanité par une institution mondiale/mondialiste, grâce à la propagation catastrophiste de la peur et par l’injection massive dans les corps de substances pour le moins suspectes dont les effets secondaires sont a priori considérés par les appareils législatifs des Etats comme ne relevant pas de la responsabilité pénale des laboratoires les fabriquant. Les Etats nationaux (la France en tête) se faisant les maîtres d’œuvre de l’application des directives de l’OMS, par son appareil de coercition qui pourrait aller très loin. Qui a dit qu’il n’y a plus de bourgeoisie nationale ?! C’est cette dernière qui détient les moyens administratifs, militaires, policiers dont nous sentirions toute la rigueur lorsque que se profilerait un état d’exception. La bourgeoisie ne renonce à l’exercice de la souveraineté nationale que lorsqu’il s’agit de défendre les conditions d’existence des travailleurs dont le respect gripperait la dynamique du capital dans sa globalité. Toujours les contradictions principales et secondaires… La bourgeoisie contemporaine a toujours un pied intra et extra muros.

La Ferme Mondiale possède ses divers bâtiments plus ou moins proprets que gèrent de manière plus ou moins indépendante, selon leur taille et leur valeur, les régisseurs et les fermiers locaux. Comme dans tout bon système capitaliste, ces derniers reçoivent une part du profit et versent une rente foncière à ce qui est devenue l’oligarchie « foncière » du globe terraqué. Dans un processus d’occultation pseudo-mystique brumeuse, cette dernière incarne l’Empire du Milieu, véritable parodie matérielle de l’ancien « despotisme asiatique ». Dans l’Empire unipolaire de la Ferme Mondiale règnent le fétichisme marchand consumériste exposé à la salivation du bétail humain, la misère réelle de ses conditions d’existence/détention et la terreur militaro-technique. Aussi chacun d’entre nous n’est-il plus qu’un malade en puissance, pour lequel l’appareil vétérinaire et policier est, semble-t-il, plein de sollicitude. L’économie comme les peuples ne relèvent-ils pas de ce que l’on a appelé des « thérapies de choc » ? Et la classe dominante ne propose-t-elle pas ses « remèdes » économiques et ses plans de « santé sociale » ? Nous avons abandonné notre destin aux mains de charlatans de la thérapie sociale qui se proposent de jouer avec nos gènes.

Néanmoins le corps de l’espèce humaine est-il saisi, çà et là, de saines fièvres de rejet. Le système de gestion de l’animal humain s’est vu perturbé lors de la récente crise « financière » et les rations de celui-ci se voient parfois fort réduites, la cachexie est le lot d’une grande partie du cheptel humain. En France, à titre d’exemple, le Fermier Général Rocard, grand humaniste de gauche comme l’on sait (c’est-à-dire, celui préférant que le prolétariat emprunte le chemin tournant à gauche lorsqu’on le dirige vers l’abattoir de la Ferme), vient de proposer de taxer le bétail sur ses propres déjections de CO2, inhérentes, qu’on le veuille ou non, à ses conditions de parcage. En gros, aux yeux de la bourgeoisie l’animal-prolétaire est gênant ; il est malpropre, pollueur, rechigne parfois à l’obéissance, devient violent maintenant lorsqu’on lui dérobe sa pitance (des ouvriers saccagent des édifices symbolisant le capitalisme !). La tragédie est que la classe dominante ne peut engraisser sans lui ! Celle-ci a d’ailleurs ses gros consommateurs de morceaux de choix ainsi que ses parasites et autres charognards (cela relevant d’une branche de la zoopolitique et de l’éthologie sociale). Aussi les gestionnaires de la Ferme Mondiale ont-ils décidé d’une grande campagne de vaccination universelle des corps et des âmes afin de réduire la Résistance avant qu’il ne soit trop tard pour eux. Malgré tout, la Vieille Taupe continue de creuser ses galeries reliant les divers bâtiments de la Ferme et fait régulièrement des apparitions publiques afin d’encourager les peuples à l’insoumission.

Que cet apologue puisse inspirer chacun d’entre nous dans les mois qui viennent afin de garder le cap de la lutte de classe.

G. Gentile: un filosofo en el combate

gentile.jpgGiovanni Gentile: un filósofo en el combate

por Primo Siena ( http://www.arbil.org )

Asesinado en abril de 1944, en el clima de odio que envenenaba entonces a una Italia percutida por una trágica guerra civil, Giovanni Gentile, filosofo del "idealismo actual", ha recobrado un insospechado interés intelectual después de haber padecido de un largo olvido motivado por sectarias exclusiones.

Una muerte anunciada

En el verano bochornoso del 1943, Giovanni Gentile - encerrado en el pueblo campesino de Troghi, en los alrededores de Florencia, escribe en pocos meses Génesis y estructura de la sociedad, obra que lleva como subtítulo Ensayo de filosofía y que termina con un XIII° capítulo titulado La Sociedad trascendental, la muerte y la inmortalidad.

 

Se trata de una conclusión impresionante, después de profundas reflexiones desarrolladas en los capítulos anteriores sobre el Estado, la Historia y la Política.

 

En el último párrafo, hablando de la muerte el filósofo escribe: "La muerte es un hecho social. Quien muere, muere con respeto a alguien. Una absoluta soledad - que es algo imposible - non conoce la muerte, porque no realiza aquella sociedad de la que la muerte representa la disolución".

 

Terminado el libro, Gentile regresa a Florencia en los primeros días de setiembre; y mostrando el manuscrito a un amigo antifascista (Mario Manlio Rossi, también filósofo) exclama: "Vuestros amigos ahora pueden matarme. Mi tarea en esta vida ha terminado". Palabras que suenan como un siniestro presagio de una muerte presentida y anunciada, que se cumplirá trágicamente pocos meses después.

 

Un clima político sombrío, cargado de dramática incertidumbre, abrumaba la Italia de entonces, involucrada desde el año 1940 en la segunda guerra mundial.

 

Mussolini, relevado del poder por un golpe palaciego autorizado por el rey Victor Emmanuel III° el 26 de julio, había sido reemplazado por el mariscal Pietro Badoglio, quien estaba solicitando un armisticio a los angloamericanos, anunciado públicamente el 8 de setiembre de 1943. Aquel armisticio, pedido sin previo aviso a la aliada Alemania - y definido sucesivamente por el propio general H.D.Eisenhower "un negocio sucio" - causó la partición de Italia en dos bandos: uno monárquico, encabezado por Badoglio con una coalición de seis partidos antifascistas en el sur de Italia bajo dominación militar angloamericana; el otro de signo republicano-fascista, denominado República Social Italiana (RSI) y liderado por Mussolini recién rescatado de prisión, bajo el alero militar alemán, en el resto de Italia.

 

Todos estos acaecimientos impactan profundamente a Giovanni Gentile. Especialmente el armisticio, que él consideró más bien una rendición incondicional como era en verdad, lo inducía a preguntarse: "¿Por cual Italia podemos vivir, pensar, enseñar, escribir? ¡Cuando la patria desaparece, nos falta el aire, el aliento!"

 

Después de un encuentro con Mussolini - en noviembre de 1943 - Giovanni Gentile asume la presidencia de la Academia de Italia en representación del gobierno de la RSI, mientras el territorio italiano es campo de batallas entre ejércitos extranjeros. En una carta a la hija Teresita, motiva su grave decisión escribiendo: "Hay que marchar como dicta la conciencia. Esto es lo que he predicado toda mi vida. No puedo desmentirme ahora, cuando estoy para terminar mi camino; rehusarse habría sido suprema cobardía y demolición de toda una vida".

 

Coherente con esta postura, el 19 de marzo de 1944 - impulsado por el mismo sentimiento de piedad patriótica que lo había llevado a pronunciar un fuerte discurso en el Campidoglio de Roma el 24 de junio de 1943 - Gentile habla nuevamente a la nación italiana para celebrar el bicentenario del filósofo Juan Bautista Vico. Dejando de lado todo sofisma prudencial, él denuncia una vez más el peligro de una disolución espiritual que acabaría con pulverizar la unidad moral del pueblo logrando así un desastre social mucho más grave que las destrucciones materiales producidas por la guerra total que azota a la Italia entera.

 

Concluye su magistral oración sobre el pensamiento de Vico con palabras que encierran un trágico sabor profético: "¡Oh, para esta Italia nosotros, ya ancianos hemos vivido…Por ella, si fuera necesario, queremos morir porque sin ella no sabríamos sobrevivir entre los escombros de su miserable naufragio!".

 

Veintiséis días después (el 15 de abril), un grupo comunista de guerrilla urbana ultimaba a tiros el senador Giovanni Gentile al interior de su auto, frente a Villa Montaldo, su morada en las afueras de Florencia.

 

Hora antes de caer asesinado, Gentile había abogado por la vida de algunos jóvenes antifascistas detenidos por los responsables de la seguridad interior del Estado.

 

Recibiendo su "hermana muerte" en el remolino de la guerra civil, no en la quietud del hogar rodeado de afectos familiares, el filósofo del idealismo actual sellaba socráticamente su milicia cultural sustentada por la identificación entre el pensar y el obrar, el pensamiento y la acción como el modo más coherente de practicar la identidad entre filosofía y vida.

 

Años después, el filósofo católico italiano Gustavo Bontadini, reflexionando sobre la trayectoria filosófica y existencial de Gentile, en el marco de actuación de sus últimas horas de vida, reconocerá en su muerte el cumplimiento perfecto del compromiso cultural y político de un filósofo quien había hecho de su vida una reductio artium ad tehologiam.

 

La filosofía del "Idealismo actualista"

 

La investigación filosófica de Giovanni Gentile reactualiza el idealismo de Hegel pero reformándolo según el siguiente principio básico: nada es ajeno al pensamiento.

 

No existe una dialéctica de lo pensado, sino de lo pensante; por lo tanto es una grave equivocación hacer distinciones entre pensamiento práctico y pensamiento teorético, siendo el pensamiento la actividad creadora por excelencia, actividad que coincide con el acto de pensar en cuanto acto del espíritu. El autor de este acto del pensamiento es el sujeto siempre idéntico a sí mismo, mientras que el objeto existe sólo en tanto que es pensado: momento dialéctico necesario por el cual la multiciplicidad del pensamiento pensado se resuelve en la simultánea unidad del pensamiento pensante por medio del acto creador del Espíritu. De aquí arranca la filosofía del actualismo gentiliano que es también un espiritualismo.

 

Gentile concibe el espíritu no como ser sino como actividad en la cual es inmanente toda realidad; por lo tanto nada existe que no pertenezca a la actividad del Espíritu como acto del puro pensar en su permanente y simultánea actividad. Este acto puro nunca es hecho porque siempre es acto que supera las barreras del tiempo y del espacio, creaciones del mismo Espíritu que no es estático sino dinámico en su permanente actuar.

 

Dios, la naturaleza, el bien y el mal, el error y la verdad, el pasado y el futuro no subsisten fuera del acto de pensar en el que se identifican. Para Gentile entonces ser significa conocer y conocer es identificar.

 

El Espíritu Absoluto, acto puro creador, se hace a sí mismo (autoctisi) en el proceso continuo del "acto de pensar en su actualidad", concepto expresado en italiano sintéticamente como "pensiero pensante"; y coincide con el proceso autocreativo del Yo Absoluto que se pone a sí mismo come objeto del pensamiento:"categoría única, lógica, y metafísica" a la vez; lo que no es un espejo de la realidad, son más bien el principio vivo, siempre actual del cual brota toda realidad.

 

La experiencia de los cuerpos - escribió Giovanni Gentile en el Sumario de Pedagogía como ciencia filosófica (1913-14) - no es más que una modalidad de la experiencia del pensamiento. Algunos objetos del pensamientos son cuerpos, otros son ideas, otros más son números, pero todos pertenecen al acto del pensar, son ellos mismos pensamientos".

 

En la filosofía gentiliana, los seres individuales caben como realizaciones empíricas y transitorias del Espíritu Absoluto donde el pasado siempre revive como presente y la historia misma, coincidiendo con el acto del puro pensar se identifica con la filosofía.

 

La filosofía es, por lo tanto, la más alta y completa manifestación del Espíritu: auto síntesis cumbre del pensamiento que en Gentile como en Hegel es un proceso dialéctico de tres momentos, pero en la especulación filosófica gentiliana este proceso se realiza al interior del Espíritu mismo y no en la Idea que precede al Espíritu, como acaecía en Hegel. Se trata, según Gentile, de tres momentos de una única categoría y que constituyen un único proceso espiritual.

 

El momento estético del Arte (tesis) es la expresión subjetiva que se manifiesta como "actividad pensante" en su esencia; el artista, libre y autónomo, crea un mundo que se identifica consigo mismo. El arte es moralidad que aporta serenidad quietud, catarsis purificadora de las pasiones.

 

El momento de la Religión (antítesis) constituye la expresión objetiva del proceso dialéctico del Espíritu que, alejado de sí mismo, contempla a Dios como Objeto Absoluto.

 

Finalmente la Filosofía constituye la síntesis del momento del Arte y del momento de la Religión: momento culminante del Espíritu que se realiza a sí mismo por el pensamiento y de tal modo afirma su identidad y unidad, sin pasado o futuro porque en sí mismo contiene todo el pasado y todo el futuro. La filosofía constituye entonces la conceptualización de la realidad, siendo que toda la realidad es pensamiento en acto. En ese sentido la historia es concebida siempre como historia contemporánea porque los hechos trascurridos están presentes en nosotros como hechos actuales; de aquí la definición de la filosofía de Giovanni Gentile como actualismo o idealismo actualista".

 

La catolicidad controvertida del filósofo Gentile

 

La reflexión filosófica de Giovanni Gentile - según comenta José Ferrater Mora - "es un pensar que trasciende toda mera subjetividad: es pensar trascendental y no sujeto que conoce, y meno aún sujeto psicológico". De este modo el actualismo gentiliano mediante el predominio del acto puro y absolutamente actual busca de resolver las contradicciones que plantea el pensamiento mismo (1).

 

Pero una contradicción, por lo meno, permanece por cuanto concierne la cuestión religiosa, como bien observó en su tiempo el filósofo italiano Giuseppe Maggiore; quien, con respeto del filósofo Gentile, escribió: "El Cristianismo, refutado en las primeras rígidas posiciones del inmanentismo absoluto, penetró gradualmente en su pensamiento con una ansiedad insaciable, como una necesitad de liberación. Él pensó y vivió como hombre justo - vir iustus - en el sentido veraz del Cristianismo, lo cual enseña que para vivir dignamente hay que saber morir"(2).

 

Con respeto del problema religioso, las polémicas hacia Gentile y su idealismo actualista no fueron pocas. A pesar de haber confesado públicamente su adhesión a la religión católica, su posición religiosa fue considerada cuanto menos heterodoxa.

 

Un año antes de su trágica muerte, dictando en Florencia una conferencia titulada "Mi religión" Gentile proclamó: "Repito mi profesión de fe, guste o no guste a quien me está escuchando: yo soy cristiano porque creo en la religión del espíritu. Pero, para fugar todas dudas, quiero agregar: yo soy católico".

 

Después de haber negado que la religión pueda ser un asunto privado, como sostienen los reformadores luteranos, Gentile destacaba el carácter jerárquico y social del catolicismo del cual aceptaba hasta las formulaciones dogmáticas: "Lo que la Iglesia Católica quiere enseñar es digno de ser recogido en todos sus dogmas por parte de cada espíritu cristiano, consciente de que la revolución obrada en el pensamiento y en la vida del hombre por el Evangelio, es un descubrimiento de la vida del Espíritu".

 

Ahondando en su concepto de la religión afirmaba, mas adelante: "El acto del espíritu nunca será puro arte, ni pura religión, porque la sola religión que se da es aquella que se celebra en la efectiva vida del espíritu, donde todo su vigor se manifiesta en la síntesis del pensamiento. Por lo tanto la religión se alimenta y cultiva en la inteligencia, fuera de la cual se disuelve y desvanece (…). La religión crece, se expande, se consolida y vive en la filosofía que elabora sin cesar el contenido inmediato de la religión y lo introduce en la vida de la historia (…). Se quiera o no, la religión tiene que atravesar el fuego del pensamiento para no quemarse las alas que la sustentan en su vuelo hacia Dios".

 

Esta confesión pública, más que una profesión incondicional de fe católica, en palabras de Gentile resultaba la confesión de fe en un catolicismo personal, propio en la medida en la que el filósofo lograba repensar por su cuenta los conceptos de la doctrina católica; lo que constituye la modalidad propia de la filosofía actualista de vivir una doctrina: esto es, pensarla para vivirla.

 

Comentando el asesinato del filósofo, Armando Carlini, anotó: "Gentile, el gran defensor de la inmanencia y de la historicidad del espíritu, ha vivido toda su vida en una esfera de valores trascendentales, más allá del mundo pequeño, donde los hombres hacen la historia".

 

Por otra parte, un antiguo alumno de Gentile, Mario Casotti, después de haber superado los limites del pensamiento actualista alcanzando las riberas de la filosofía aristotélico-tomista, había destacado como el idealismo moderno, a pesar de sus errores particulares, hubiera logrado asimilarse con el realismo ideal de la filosofía clásica por medio de la concepción gentiliana del Espíritu como Acto Puro, porque - había observado oportunamente Casotti - "el Acto sin mixtura de potencialidad" (esto es: Acto Puro), desde Aristóteles en adelante es el Ser Absoluto: es decir Dios".

 

Giovanni Gentile representa la paradoja de una sincera fe católica conviviente con una filosofía poco compatible con la ortodoxia del catolicismo; pero compatible con el catolicismo (y con el espíritu italianísimo de Pio XII°, como bien anota Piero Vassallo, filosofo italiano de corte tomista) era la idea de pacificación política y civil profesada casi proféticamente en los tiempos últimos de su existencia: El hecho que muchos entre los más destacados discípulos de Gentile (pienso sobretodo en Armando Carlini y en Michele Federico Sciacca) hayan recorrido un itinerario filosófico que alcanzó un éxito católico, hace pensar en la existencia de un filón místico en Giovanni Gentile; lo que inducía al franciscano Padre Agostino Gemelli, rector de la Universidad católica de Milán, a escribir en la Rivista di Filosofia Neoscolastica (Junio de 1944), lo siguiente: "La barbara muerte ha truncado una posible evolución ulterior del pensamiento gentiliano, que en sus últimos años se había abierto más hacia una visión del Cristianismo auténtico"

 

El controvertido catolicismo de Giovanni Gentile fue considerado, además, por el filosofo católico Gustavo Bontadini un testimonio de aquella reductio artium ad theologíam postulada por San Buenaventura y que aflora también en la dialéctica del idealismo actualista cuando postula el pasaje desde el filosofar hacia el vivir concebido como una plena participación a la vida del Espíritu que busca Dios - el Dios Uno y Trino - y se deleita en Él.

 

Se trata de un ansia especulativa en la que se asoma el alma del creyente atraído por su voz interior y que anhela el privilegio de la sublime fulguración divina, perseguida durante toda una vida a lo largo de un interminable camino hacia Damasco, para alcanzar la luz de la revelación cristiana. Y por esa ansia fervorosa que acompañó a Giovanni Gentile en toda su vida, me atrevo a pensar que el bautismo cristiano en las aguas, recibido por él al nacer por elección de sus padres católicos, tuvo su misteriosa y providencial confirmación en el bautismo de la sangre al morir.

 

El humanismo para los nuevos tiempos

 

En su obra Reforma della scuola in Italia (1932), Giovannji Gentile afirma:

 

"El cuerpo humano es a base de toda nuestra actividad espiritual porque el hombre es el único ser viviente capaz de desarrollar el acto puro de pensar".

 

En el pensamiento reside entonces la misma realidad existencial del hombre, según la filosofía gentiliana interpretada sucesivamente como una expresión de un existencialismo positivo por Vito A.Bellezza y como un peculiar espiritualismo personalista por Francesco La Scala.

 

Coherente con esta arquitectura especulativa, en su último ensayo de filosofía practica escribió: "La política es una actividad inmanente el espíritu human. Por lo tanto quien, sinceramente y conociendo el significado de la palabra, se propusiera de apartarse de toda política, debería renunciar a vivir".

 

Pero la política debe nutrirse de una profunda moralidad, porque Gentile concibe la actividad política como expresión de una voluntad moral que obra en el hombre concebido como "Unidad dinámica de esencia y existencia, de cuerpo y alma, de sentimientos y pensamientos"; individuo que por ser personalidad humana dotada de experiencia concreta y de existencia histórica y social, es además voluntad universal que sustenta el reino del espíritu. Por consiguiente, la Sociedad y el Estado, según Gentile, no se manifiestan Inter homines sino In interiore homine. Para el filósofo del actualismo, en el individuo concreto se manifiesta la autoconciencia que resume en sí misma el espacio, el tiempo y la naturaleza. Por consiguiente en el individuo coincide la comunidad universal al interior de la cual el yo convive siempre con un alter, un socius que hace del yo un nosotros: términos inseparables y que borran todas diferencias entre ellos, porque yo y nosotros - afirma Gentile - somos unos mismos dentro del Sujeto Único y Absoluto que forma la sociedad ideal definida como Sociedad trascendental: síntesis espiritual de todos los moldes particulares y históricos de la vida asociada.

 

El soporte socio-político de esta sociedad trascendental - dibujada en Génesis y estructura de la Sociedad - es el humanismo del trabajo definido como el humanismo de los nuevos tiempos que, después del humanismo literario y filosófico, se abre para abarcar toda forma de actividad del hombre, permitiendo que se le reconozca al trabajador la misma alta dignidad reconocida que el hombre intelectual había descubierto en el pensamiento: cumbre de su voluntad y libertad.

 

"El ciudadano - escribió Gentile con un cautivante lirismo - no es el hombre abstracto de la clase dominante, porque más culta o más adinerada, ni es el hombre que para saber leer o escribir domina el instrumento de una ilimitada comunicación espiritual. El hombre real es el hombre que trabaja, porque en verdad el valor está en el trabajo; y por su trabajo, diferenciado según su calidad y cantidad, el hombre vale lo que vale".

 

Aquí radica la diferencia abismal entre el humanismo gentiliano y el utopismo marxista, que siempre ha repudiado la división del trabajo social.

 

Gentile, además, nunca ha admitido la escisión entre el interés particular y el interés común, siendo el hombre, según él, un ser entero y concreto, éticamente concebido.

 

Con el humanismo del trabajo, Gentile perfecciona y sella su polémica juvenil con el marxismo abierta en su años mozos (1897) con un ensayo crítico sobre el materialismo histórico donde había destacado el error central de Karl Marx: haber postulado una revisión morfológica del hecho, donde sólo el hecho relativo sería cierto de forma absoluta.

 

De este modo -observó Gentile - Marx había expulsado el absoluto de Hegel por carecer de la relatividad, olvidando que no es posible concebir un absoluto que carezca de algo. Además - comentaba aún Gentile - el hecho no puede ser objeto de especulación filosófica, come Marx pretendía, siendo el hecho algo pertinente solo a la experiencia, y por lo tanto pertinente a la historia pura que -como muchos saben - se ocupa sólo de lo que ha acaecido y que, por consiguiente, no cabe en la filosofía de la historia.

 

Aquí - anotaba Gentile - Marx confundió la forma con el contenido, atribuyendo al segundo las características de la primera. En esta confusión reside el gravísimo error especulativo del pensamiento marxista.

 

En la sociedad configurada por el humanismo del trabajo, Gentile ha dibujado un proyecto socio-político, donde la libertad no debe negar la autoridad, ni la autoridad desconocer a la libertad, siendo vital la síntesis de ambos valores para que el trabajador pueda elevarse a la dignidad ética del artífice; quien - con el propósito de desmaterializar a la materia - se hace, además de faber fortunae suae, también faber sui ipsius: fautor - esto es - no solamente de su suerte sino de sí mismo, según una lección de transparente raíces agustinianas.

 

El filósofo destacaba así la exigencia de dignificar éticamente toda actividad humana para resolver, de una vez, las seculares divergencias entre teoría (cultura) y praxis (producción), capita y trabajo, capitalistas y proletarios, sociedad y Estado versus individuo.

 

Aquí la filosofía de Gentile que, en sus inicio, se desarrolló centrándose principalmente entorno a la noción del acto puro, se concluye haciendo del hombre - protagonista del pensamiento pensante - el eje central de su arquitectura especulativa ; y desde esa audaz postura, él había osado declarar en el discurso del Campidoglio (junio de 1943) - anticipando su teoría sobre el humanismo del trabajo - que los comunistas de entonces no se daban cuentas de ser simplemente unos "corporativistas impacientes".

 

¡Ahora bien! Aquella atrevida afirmación - a la luz de los acontecimientos del último decenio del siglo veinte - resulta una profecía igualmente audaz y acertadamente inactual porque proyectada hacia un futuro cercano, en tiempos en los cuales una fiebre libremercadista, después del derrumbe catastrófico del marxismo leninismo está reemplazando a la utopía comunista en un mundo inquieto que anhela aún a una mayor justicia moral y social, en una sociedad del mañana sustentada en valores espirituales y afirmada en principios trascendentes y no en un pragmatismo socioeconómico satisfecho sólo por éxitos materiales.

 

Vigencia y sentido del pensamiento gentiliano

 

A pesar de haber redactado la parte filosófica del capítulo dedicado a la voz fascismo en la Enciclopedia Italiana, en conjunto con Mussolini autor de la parte histórico-programática, Giovanni Gentile no alcanzó la ambición de ser el filósofo oficial del régimen fascista italiano porque su poder se fue políticamente debilitando desde los años treinta hasta el dramático 1943. Sin embargo, el hecho de que fuese el filósofo más destacado de la Italia fascista de entonces y su gran organizador cultural, que hubiera permanecido al lado de Mussolini por toda la vida, constituyó siempre un problema inquietante para la cultura italiana antifascista y post-fascista: por esa misma razón el recuerdo de Gentile padeció por largo tiempo injustas y sectarias exclusiones.

 

Preguntándose porque Giovanni Gentile fue fascista, Piero Melograni ya en el lejano 1984 observaba que la opción política del filósofo era implicita en todo su itinerario intelectual.

 

A su vez, Aldo Lo Schiavo destacaba que postulando la identidad entre ley y libertad, individuo y Estado, Gentile encontró en el fascismo mussoliniano la última forma de un nulo concepto de libertad, hija del siglo diecinueve: Esta sería la razón por la cual el mismo Gentile consideraba la necesitad de la crítica y de la oposición como una necesitad dialéctica imprescindible también en el fascismo, que por lo tanto aparecía al filósofo no una ideología o un sistema cerrado, sino más bien un proceso histórico y un proyecto ideal en perpetuo desarrollo (3).

 

Aquí cabría - más allá de la misma generosidad, que fue un dato peculiar de su persona - también la explicación intelectual de la actitud comprensiva y tolerante hacia sus adversarios políticos; sobre todo hacia destacados intelectuales israelitas víctimas - como él mismo confesó - de "una infeliz fatalidad política".

 

Estas generosas actitudes personales todavía no absolvieron a Gentile del delito de haber sido un fascista; delito considerado imperdonable por parte de un sectarismo prepotente que arrinconó en poco reductos académicos la obra filosófica de Gentile, a lo largo de más de medio siglo, llegando al extremo de negar en la Escuela Normal Superior de Pisa el recuerdo de veinte años de intenso y proficuo magisterio gentiliano.

 

Pero la paciencia de la historia ha ido despejando, de a poco, las nieblas envenenadas por las sectas ideológicas, permitiendo que se asomara paulatinamente la deuda conceptual que la cultura italiana y europea tiene con Giovanni Gentile.

 

Desde 1994, cuando bajo el alero de una administración municipal de centro-izquierda, se celebró en el Campidoglio de Roma un congreso sobre el pensamiento del filósofo asesinado, la herencia de Gentile afloró como un patrimonio conceptual nada fácil, pero todavía vigoroso y merecedor por lo tanto de ser revisado por el sentido de conciencia crítica que empuja al hombre intelectual hacia la búsqueda de la verdad sub specie aeternitatis.

 

Ilustres filósofos, incluidos varios de ellos discrepantes con las posturas del idealismo actualista, reconocieron en aquel congreso la vigencia de distintos aspectos del pensamiento gentiliano, destacando entre otros el concepto de organicidad: condición implícita en el pluralismo de las instituciones y en las articulaciones de los cuerpos intermedios, porque Gentile ha enseñado que en el pluralismo se hace efectiva la interrelación de los elementos heterogéneos con los elementos homogéneos, todos ellos asumidos en el acto del pensar.

 

Se consideró vigente además el concepto de identidad como propuesta de conciliación dialéctica entre revolución y conservación, autoridad y libertad, libertad y deber, individuo y comunidad, Sociedad y Estado; y vigente resultó sobre todo la concepción moral de la sociedad política nutrida de valores ético-religiosos y que otorgan a la política el carácter peculiar de teología civil. Finalmente se destacó la permanente vigencia de la humanidad del hombre generoso que fue Giovanni Gentile, humanidad manifestada concretamente hacia los adversarios, y que a un paso de la muerte enfrentada socráticamente grabó el epitafio de su vida con esta palabras de bronce:"La fuerza del espíritu que está en todos nosotros, paulatinamente supera las divergencias, transforma las luchas en sendero de paz; y desde el odio - antes o después - brota el Amor".

 

Recordando este impresionante testimonio, el gentiliano Fortunato Aloi ha justamente definido a Giovanni Gentile un "filósofo sin barreras (4); quien al franquear las barreras de la vida terrenal, victimado como Sócrates por cobarde furor humano, nos dejó in extremis la más honda lección moral.

 

Una lección, frente a cual se inclina reverente también quien - como el suscrito - no asume la especulación filosófica del idealismo actualista pero reconoce en ella un profundo magisterio postfilosófico que concibe la vida como combate incesante, vocación de una milicia permanente que evoca aquella del legionario romano inmortalado por Spengler: estoicamente inmóvil, en la puerta de Pompeya, bajo la lluvia volcánica del Vesubio para no faltar a su consigna.

 

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Primo Siena

 

Notas

 

1..J.FERRATER MORA, Diccionario de F filosofía. Tomo II° (E-J)"Gentile, Giovanni". Ed.Arial, Barcelona 1994, pp. 1453-55.

 

2..G. MAGGIORE, La filosofia del Diritto in G.Gentile (en G. Gentile, la vita e il pensiero) Ed. Sansoni, Firenze 1948, p. 244.

 

3..A. LO SCHIAVO, Introduzione a Gentile. Ed. Laterza, Bari 1974.

 

4..F.ALOI, Attualitá di Gentile. Ed Diaco, Bovalino 1992.

 

Michel, l'Archange impérial germanique

Michael-Statue.jpgManfred MÜLLER:

Michel, l’Archange impérial germanique

 

 

Sur les pèlerins et les combattants michaëliques dans l’histoire allemande

 

 

Mai 1945: l’Allemagne est au fond de l’abîme. Le pays est en grande partie détruit. Des millions de soldats ont été tués au combat, sont portés disparus, sont prisonniers ou ont péri en fuyant les provinces de l’Est ou en en étant expulsés. Pour bon nombre d’Allemands, cette année fatidique signifie aussi l’effondrement de tout un monde spirituel. Beaucoup de catholiques allemands, qui suivaient alors scrupuleusement les étapes du cycle liturgique, ont tout de suite remarqué que les Alliés ont imposé la capitulation inconditionnelle de la Wehrmacht à la date du 8 mai. C’est le jour où l’Eglise fêtait l’apparition de l’Archange Michel dans les montagnes de Gargano en Apulie. Saint Michel, que beaucoup d’Allemands considéraient alors comme “l’Ange des Allemands” et l’honoraient à ce titre, se serait-il  détourné de son peuple, à l’heure fatidique où il était livré à des vainqueurs sans pitié?

 

Dans la situation de guerre si critique de l’année 1945, certains avaient encore placé des espoirs en “l’Ange des Allemands”. Franz Führmann, originaire du Pays des Sudètes, national-socialiste qui passera après guerre au communisme, pour devenir un auteur à succès en RDA, nous rappelle dans son oeuvre une scène étonnante: son père, national-socialiste convaincu,  avait intériorisé, lors des combats du Volkssturm, les conceptions religieuses contenues dans un “Chant à Saint Michel” du prêtre-poète autrichien Ottokar Kernstock:

“... zieh voran dem Heere, es gilt die deutsche Ehre, St. Michael, salva nos!”

(“... marche en tête de l’armée,  car l’honneur allemand est en jeu, Saint Michel, sauve-nous!”).

Franz Führmann rappelle que son père lui avait confié en 1945 son espoir: l’Archange ferait un geste en ultime instance pour sauver le Reich en perdition; c’est en ces mots qu’il rappelle les paroles paternelles: “L’Ange des Allemands fendera le ciel de son épée et descendra pour sauver son peuple, à la dernière heure, au moment où la nuit sera la plus noire”.

 

Cet engouement allemand  pour l’Archange remonte loin, aux débuts du moyen-âge. Sur le Monte Sant’Angelo, dans les montagnes de Gargano en Apulie, l’Archange Michel serait apparu entre 490 et 493. Dans une grotte de la montagne, en cette région où avaient prospéré les cultes antiques, l’archéologie peut prouver des correspondances entre ces cultes païens et le culte ultérieur et christianisé de Saint Michel. Un sanctuaire michaëlien s’est établi là, qui attire encore les pèlerins de nos jours (et aussi les touristes...). Parmi les innombrables pèlerins qui ont porté leurs pas là-bas, nous comptons quelques empereurs allemands.

 

Les Empereurs pèlerins au Monte Sant’Angelo

 

Othon le Grand a escaladé la montagne dédié à l’Archange lors de son troisième voyage en Italie. Il avait tenu à remercier l’Archange car, en 955, il avait pu battre définitivement les Hongrois à Lechfeld près d’Augsbourg. Il avait préservé ainsi les peuples christianisés de notre continent de la peur des raids dévastateurs des Hongrois. Lors de la bataille, l’image de l’Archange avait été portée à l’avant, sur l’étendard impérial du Roi des Allemands. La victoire de Lechfeld, qu’emporta Othon et ses guerriers michaëliques, jetta les bases d’une rénovation complète de l’institution impériale en Europe de l’Ouest, portée désormais par les Allemands (Translation Imperii ad Germanos).

 

Le deuxième pèlerin impérial allemand à Gargano fut Othon III. En février 999, le jeune Othon, âgé de 19 ans, escalada la montagne pieds nus depuis la plaine jusqu’à la grotte, en empruntant des sentiers abrupts et caillouteux: une épreuve très douloureuse pour un jeune monarque délicat et sensible. Cet exercice de pénitence cadrait bien avec la religiosité exaltée et enthousiaste de cet empereur, surtout à un moment de l’histoire européenne où les esprits étaient hantés par l’idée d’une fin du monde: en l’an 1000, le monde devait s’écrouler, croyait-on, et, lui, l’Empereur romain-germanique aurait alors pour tâche de conduire la chrétienté dans son ensemble vers le Christ apparaissant pour prononcer le Jugement Dernier.

 

En 1022, Henri II se rend à son tour à la grotte de Gargano. En 1137, Lothaire III de Supplinburg se trouve à proximité du site michaëlien avec une armée allemande. Le 8 mai de cette année, le jour même où l’Archange serait apparu à Gargano auparavant, Lothaire parvient à battre les Normands et à leur arracher le castel solidement fortifié du Monte Sant’Angelo et, ainsi, à garantir la domination impériale-germanique en Italie du Sud.

 

Très probablement, l’Empereur Frédéric II Hohenstaufen aurait, lui aussi, visité le sanctuaire de la montagne dédiée à l’Archange. Frédéric, qui, selon les critères médiévaux, était un “libre-penseur” sur le trône impérial, a donc été fasciné par la grotte cultuelle, qui, rappelons-le, attire encore et toujours pèlerins et touristes.

 

Le culte de Michel, le guerrier qui terrasse Satan, est venu du Sud, par l’intermédiaire des Lombards qui l’ont transposé en Bavière, et de l’Ouest, par l’intervention des missions irlandaises et anglo-saxonnes, qui l’ont généralisé dans l’Empire franc. La caste guerrière des Lombards, peuple germanique, avait été vivement impressionnée par la figure lumineuse de l’Archange, vigoureux combattant contre le Dragon et maître dirigeant des batailles. Les Lombards s’élançaient au combat avec son effigie sur leurs étendards. Chez les autres peuples germaniques de l’Empire franc puis du Saint Empire Romain de la Nation Germanique, le souvenir d’Odin, maître dirigeant des batailles lui aussi, a sûrement facilité l’adoption du culte michaëlique.

 

L’histoire du culte de Saint Michel est une thématique extrêmement complexe; quoi qu’il en soit, l’idée d’un “Ange des Allemands” s’est propagée en Allemagne aux 19ème et 20ème siècles.

 

Pendant la deuxième guerre mondiale, de nombreux jeunes Allemands qui avaient, dans les organisations de la jeunesse catholique, appris de leurs aumôniers l’importance de Saint Michel, ont servi dans la Wehrmacht, portés par les vertus que représentait l’Archange: la bravoure et la fidélité dans la défense de la patrie. Ces vertus correspondaient à celles que l’on a toujours traditionnellement attribuées à l’Archange, patron des Allemands. En  septembre 1939, on pouvait lire dans un journal de l’Eglise catholique, dans le ton de l’époque: “Toujours, quand des temps durs ont frappé notre peuple... lorsque l’âme et le corps du peuple ont tremblé sous les coups puissants du destin, alors, du fond du coeur du peuple allemand, une figure s’est dressée, qui, par décret divin, est l’ange protecteur de ce peuple, et, par suite, est intimement apparenté à l’essence la meilleure de ce peuple. Alors se dresse Saint Michel, flamboyant dans sa volonté de défendre le peuple qui est sous sa protection, avec son épée et son bouclier, le voilà lumineux à la tête des Allemands. Ceux-ci, alors, le suivent et, sous sa direction, partent vers le combat et la victoire”.

 

Le père jésuite Friedrich Muckermann qui, de son exil, avait durement combattu Hitler, parfois en se fourvoyant terriblement, voyait encore, après la guerre, en l’Archange Michel, “l’Ange des Allemands”: “Tous ceux qui ont lutté pour une Allemagne chrétienne, avant Hitler, et sous Hitler, mèneront encore ce bon combat après Hitler. Car telle est la Voie allemande! Avec Dieu et avec Saint Michel!”. Dans les milieux protestants, la figure de “l’Ange des Allemands” était connue également. Ainsi, par exemple, Bernt von Heiseler, qui appartient à la “génération du front”, publie un poème en 1957 dédié “A l’Archange Michel”. La dernière strophe dit:

“Hilf den alten Kampf bestehen

den dein Volk schon oft bestand,

Erzanfänglicher der Engel

Michael, bewahr dies Land!”

 

(“Aide-nous à soutenir l’antique combat

que ton peuple à si souvent mené,

toi, l’Ange des débuts immémoriaux,

toi, Michel, protège ce pays!”).

 

Manfreed MÜLLER.

(article paru dans “DNZ”, Munich, n°25/2001; trad. franç.: Robert Steuckers, 2009).

Chamanisme: le sorcier, la voie du Wyrd

Dad&Wyrd4.jpgChamanisme: le sorcier, la voie du Wyrd

 

Le livre de l'universitaire Brian Bates Le Sorcier. La voie du Wyrd, paru en 1983, vient d'être traduit et publié en français par les éditions du Rocher. L'ouvrage raconte le chemin initiatique d'un jeune novice chrétien auprès d'un chaman anglo-saxon nommé Wulf L'intérêt et le succès de ce livre à l'étranger proviennent du fait que ce livre s'inscrit dans une lignée d'œuvres parmi lesquelles celles de Tolkien et de Castaneda sont sans doute les plus connues. Ecoutons Brian Bates: «Je suis un psychologue et ce livre est le fruit d'un projet de recherche majeur sur la nature de la magie anglo-saxonne. Bien qu'il ra­conte l'histoire fantastique d'un sorcier et de son apprenti, ce n'est pas un travail de fiction au sens strict, car la Mission, les cadres historiques, les enchaînements d événements, les détails des enseignements  —le personnage même de Wulf, le sorcier—  sont reconstruits à partir de témoignages issus de la recherche. A la fin du livre, je fournis une bibliographie des sources principales (...). Si d'un côté, le lecteur peut découvrir dans ce livre des enseignements qui le concernent person­nellement, on y trouve également un nombre important de principes généraux de la Voie du Wyrd qui sont d'une grande portée. Fondamentalement, le sorcier de la “Terre du Milieu” a élaboré une conception de la vie appelée Wyrd: une manière d'être et de devenir qui transcende nos notions conventionnelles de libre arbitre et de déterminisme. Tous les aspects du monde étaient vus comme entraînés dans un flux, un mouvement constant entre les polarités psychologiques et mystiques du Feu et de la Glace: une vision créatrice et organique, parallèle aux concepts orientaux classiques du Ying et du Yang. Elle est répercutée et appuyée par de récents développements en physique théorique selon lesquels le monde est conçu à partir de relations et de représentations. De ce concept de Wyrd résulte une vision de l'univers, depuis les dieux jusqu'au monde souterrain, représenté par un système de fibres gigantesques atteignant tout, une sorte de monu­mentale toile d'araignée en trois dimensions. Chaque chose était reliée par des ramifications à cette structure englobant tout. Le moindre événement générait des répercussions perçues par l'intégralité de la toile. Par son ambition, cette image dépasse de loin nos vues écologiques actuelles, qui ont pourtant déjà étendu nos notions de cause et d'effet pour inclure des chaines d'influence dans le monde naturel plus longues et plus latérales. Mais la toile du sorcier anglo-saxon propose un modèle écologique qui incorpore tant les événements de la vie individuelle que les phénomènes physiques et biologiques, tant les événements immatériels que les événements matériels, et remet même en question les chaînes de cause et d'effet sur lesquelles reposent nos théories écologiques». Brian Bates a construit son livre à partir d'un manuscrit conservé au British Museum (ms Harley 585) qui donne un ensemble de remèdes médico-magiques, vraisemblablement rassemblés par des moines chrétiens au Xième siècle mais qui exposent une tradition païenne antérieure de plusieurs siècles. Ne se contentant pas d'études livresques, B. Bates écrit: «J'ai établi à l'université du Sussex, en Angleterre, un programme ma­jeur de recherche pour explorer le chamanisme expérimental avec un accent particulier mis sur l'héritage européen. Le Shaman Research Project est une entreprise inhabituelle pour une université, car son but n'est pas purement d'élaborer une connaissance universitaire d'une forme historique du chamanisme, mais de recréer le chamanisme expérimental de l'époque anglo-celtique». Le livre est traduit et annoté par Arnaud d'Apremont.

 

Jean de BUSSAC.

 

Brian BATES, Le Sorcier. La voie du Wyrd, Editions du Rocher, 1996, 272 p.,110 FF.

jeudi, 08 octobre 2009

Le pont ferroviaire eurasiatique, nouvelle route de la soie!

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Le pont ferroviaire eurasiatique,

nouvelle route de la soie du XXIe siècle !

par Alexandre LATSA ( http://www.agoravox.fr )

De la conquête de la Sibérie à l’Amérique russe, de Lisbonne à Vancouver, en passant par Pékin, petit résumé du gigantesque pont ferroviaire Transeurasien et Transcontinental en construction...

La conquête de l’Est

Lorsque le tsar Ivan IV conquiert Kazan en 1554, la Russie tarit définitivement, par la force, le flot des invasions nomades, venues de l’Est. Désormais, elle se tourne vers cet immense territoire. En 1567, deux cosaques traversent la Sibérie et reviennent de Pékin en racontant les immenses territoires et les possibilités commerciales avec l’empire du milieu. Le tsar concédera alors à des marchands de fourrure, les Stroganoff des territoires « à l’Est » (en fait en Sibérie occidentale). Ceux-ci feront appel à 800 cosaques, sous commandement de Yermak pour les protéger.
A la toute fin du XVIe siècle, la conquête russe du far-est est lancée, elle mènera les colons russes jusqu’aux portes de San Francisco...

De l’Oural au Pacifique

Les chasseurs de fourrure traversent la Sibérie en moins de cinquante ans, et installent des bases sur la route de l’Est, Iénisséisk en 1619, Iakoutsk en 1632, puis la ville d’Okhotsk. En 1649, à l’extrême est de la Sibérie. Au Sud, les Atamans russes affronteront les Chinois pour la conquête de l’Amour. Yeroïeï Khabarov met en déroute une troupe de plusieurs milliers de Chinois avant de reperdre la région et que la paix de Nertchinsk (1689) ne laisse la zone aux Mandchous. Les chasseurs russes remontent alors vers le Nord, et l’Est. Entre 1697 et 1705, le Kamtchatka est conquis. Un mercenaire danois, Vitus Behring, entreprendra une traversée de la Sibérie puis de la mer d’Okhotsk pour enfin traverser, en 1728, le détroit qui porte son nom.
En 1741, moins de deux cents ans après l’expédition de Yermak, les Russes abordent l’Amérique du Nord.

L’Amérique russe

Cette conquête s’accentuera dans la deuxième partie du XVIIIe siècle, non pour des raisons politiques, le pouvoir russe se désintéressant provisoirement de l’Amérique russe, mais purement commerciales, sous la pression des chasseurs de fourrures, livrés à leur seule ingéniosité et à leur volonté de négoce avec l’Asie. En 1761, ils mettent pied en Alaska. Une « Compagnie américaine » est même créée en 1782 pour « organiser » l’écoulement de fourrure russe en Chine, et contrer les Anglais qui écoulent eux la fourrure du Canada via le cap de Bonne-Espérance. En 1784, Alexandre Baranov, aventurier et trappeur russe fonda un empire commercial de vingt-quatre comptoirs permanents entre le Kamtchatka et la Californie. Le pouvoir russe dès lors prend conscience de l’énorme avantage que lui procure cette situation. Baranov sera nommé gouverneur de la zone, puis anobli, avant de se voir confier de déployer la « Compagnie russo-américaine » (qui gère tout le commerce de fourrure du Pacifique) le plus au Sud possible. En 1812, Fort Ross est créé, au nord de San Francisco. La présence russe est à son apogée en Amérique.

Le déclin de l’Amérique russe

Cette mainmise russe sera pourtant de courte durée. Concurrencé par les Anglais en Extrême-Orient, soumis à des révoltes occasionnelles des indigènes « nord-américains » (Aléoutes, Esquimaux, Indiens), le pouvoir russe se focalisera sur la Sibérie du Sud, jugée plus accessible de la capitale et tout aussi frontalière des pays d’Asie et de leurs débouchés commerciaux. En 1841, Fort Ross est abandonné et, en 1858, la frontière russo-chinoise est quasi stabilisée, l’Amour étant de nouveau rattachée à la Russie. En 1860, la « Compagnie russo-américaine » ne fait plus le poids face à son concurrent anglais (la Compagnie de la baie d’Hudson) et son « bail » n’est pas renouvelé.

En outre, l’effort consenti pour la guerre de Crimée (opposant la Russie avec la Grande-Bretagne, la France, l’Autriche, le Piémont et la Turquie, obligeant la Russie à se défendre de Saint-Pétersbourg à Novo Arkhangelsk, en Amérique du Nord) rendait difficilement tenable le front américain, menacé par les Britanniques. Le coût excessif de cette « colonie » et l’incapacité militaire russe à la défendre face aux Britanniques fit germer l’idée d’une cession à l’Amérique (alliée d’alors contre la Couronne). Le traité de vente de l’Alaska fut signé le 30 mars 1867.

Du Transcanadien au Transsibérien

En 1891 (alors que le projet avait été mis sur table dès 1857 par le comte Mouraviev), Alexandre III décrète la construction d’une immense voie ferrée qui reliera l’Oural à Vladivostock, sur les rives du Pacifique. Ce choix sera déterminé par les débouchés commerciaux envisagés avec l’Asie du Sud-Est, mais aussi la nécessité de renforcer les « villes ports » de l’Extrême-Orient (face à la militarisation de la Chine à sa frontière avec la Russie) et la marine militaire du Pacifique. La voie sera terminée en 1904, passant par la Mandchourie (sur du lac Baikal). La perte de ce territoire en 1907 rendra nécessaire la création d’une ligne de contournement, passant au « nord » du lac, c’est la seconde ligne, dite BAM (Baikal-Amour-Magistral), qui sera terminée elle en 1916.

En outre, les Russes s’inspirent de leurs concurrents anglais qui ont eux lancé dès 1871 une ligne de chemin de fer entre la côte Est et la côte Ouest du Canada, avec un double but : le transport des matières premières et surtout l’unification territoriale du Canada. Le premier Transcanadien joindra le Pacifique en 1886.

Le projet fou : la jonction ferroviaire Eurasie-Amérique

En 1849, un gouverneur du Colorado élabore un projet fou : un tunnel « sous » le détroit pour faciliter la traversée entre la Russie et l’Amérique. A cette époque, l’Alaska est pourtant encore russe. Le projet réapparaîtra au début du XXe siècle, un architecte français, Loic de Lobel, le présentant au tsar Nicolas II, moins de quarante ans après que son grand-père a cédé l’Alaska aux Etats-Unis. Les changements géopolitiques majeurs du demi-siècle qui suivirent ne laissèrent pas beaucoup de place à la coopération russo-américaine. En 1945, la guerre froide fait de ces deux monstres, qui se partagent le monde, des ennemis jurés. Le délabrement post-soviétique ne permet pas de relancer l’idée.

En septembre 2000 pourtant, à Saint-Pétersbourg, a lieu une « Conférence eurasiatique sur les transports », cinq grands couloirs de développement furent définis sur le continent :

- le couloir Nord, via le Transsibérien, de l’Europe vers la Chine, la Corée et le Japon ;

- le couloir central, de l’Europe méridionale à la Chine, via la Turquie, l’Iran et l’Asie centrale ;

- le couloir Sud, de l’Europe méridionale vers l’Iran, puis remontant vers la Chine par le Pakistan et l’Inde ;

- le couloir Traceca, d’Europe de l’Est à l’Asie centrale, par les mers Noire et Caspienne ;

- un couloir Nord-Sud combinant le rail et le transport maritime (Caspienne), de l’Europe du Nord à l’Inde.

Plus récemment, en mai 2007, une conférence intitulée « Les mégaprojets de l’Est russe » eut lieu à Moscou, ayant pour but de dévoiler les grands projets de l’Etat pour lutter contre le sous-développement et le sous-peuplement des régions de Sibérie et renforcer l’axe Est de la Russie. La conférence était présidée par un ancien gouverneur de l’Alaska, Walter Hickel, également secrétaire à l’Intérieur des Etats-Unis et ardent supporter du « projet fou » depuis les années 1960.

A cette occasion, fut dévoilé le nouveau projet de voie ferrée reliant la Russie à l’Amérique, à l’étude au Conseil d’études des forces productrices russes (CEFP). Son vice-président, Viktor Razbeguine, en a dévoilé les grands traits : la construction d’une immense artère reliant les continents « Eurasie-Amérique », de Iakoutsk en Sibérie orientale jusqu’à Fort Nelson au Canada, le tout via un tunnel sous le détroit de Béring long de 100 à 110 kilomètres ce qui en ferait de loin le plus long de la planète.

La voie ferrée assurerait l’accès aux ressources hydro-énergétiques de l’Extrême-Orient et du Nord-Ouest des Etats-Unis, et permettrait de construire des lignes HT et un passage de câbles par le détroit, en reliant les systèmes énergétiques des deux pays. Cette artère pourrait assurer le transport de 3 % des cargaisons du monde. La durée et la construction de l’ensemble devrait prendre de quinze à vingt ans. Le chiffre d’affaires des échanges commerciaux générés pourrait atteindre 300 à 350 milliards de dollars, toujours selon Viktor Razbeguine et le retour sur investissement attendu sur trente ans, après l’accession du chemin de fer à sa capacité projetée de 70 millions de tonnes de marchandises par an.

Sa construction pourrait en outre créer entre 100 000 et 120 000 emplois et revivifier la région Sibérie orientale, avec pourquoi pas la création de nouvelles villes et d’immenses zones agro-industrielles.

Outre le « link » des systèmes énergétiques de l’Ours et de l’Aigle, le président de l’IBSTRG (Interhemispheric Bering Strait Tunnel and Railroad Group), un « lobby tripartite Russie-Canada-Etats-Unis  » qui défend le projet de son côté depuis 1992, affirme : «  Le sous-sol de la Sibérie extrême-orientale regorge d’hydrocarbures, mais aussi de métaux rares, pas encore exploités précisément à cause de l’absence de communications  ». Ce sont ces trésors enfouis qui devraient selon lui permettre de lever les fonds pour lancer la voie ferrée de Iakoutsk, mais aussi le début des travaux sous le détroit. L’IBSTRG a en outre confirmé lors de la conférence de l’Arctique sur l’énergie (AES) en octobre 2007 que le projet passerait par l’utilisation de mini-réacteurs nucléaires mobiles, transportées par rail, route ou navire, ainsi que par l’énergie hydroélectrique pour l’expansion du réseau ferroviaire.

Les regards sont aujourd’hui tournés vers le gouverneur de l’immense région de Tchoukotka, que devrait traverser l’artère, également homme le plus riche du pays car, comme l’a affirmé le représentant du ministère russe de l’Economie, Maxime Bistrov, le fonds fédéral d’investissement finance des projets uniquement s’ils sont déjà soutenus par des entreprises privées ou avec l’aide de financements régionaux... A bon entendeur.

Quoi qu’il en soit, les différents promoteurs du tunnel fondent l’espoir que les pays du G8 soutiendront le projet. Sinon, des entreprises asiatiques, japonaises en priorité, ont déjà proposé leur aide. Le principal atout de ces liaisons ferroviaires transcontinentales n’est pas uniquement de transporter des marchandises plus rapidement, mais « intégrées à de véritables corridors de développement, elles participeront au désenclavement des pays et des régions dépourvus d’accès maritime » et, plausiblement, introduiront les futures lignes à très haute vitesse (magnétique ?) qui permettront de traverser l’Eurasie encore plus vite.

Le TransEurasien, route de la soie du XXIe siècle

Le 7 mai 1996 à Pékin, Song Jian, président de la Commission d’Etat chinoise pour la science et la technologie présentait le « Pont terrestre eurasiatique comme le tremplin d’une nouvelle ère économique pour une nouvelle civilisation humaine ». Douze ans plus tard, le 9 janvier 2008, s’est élancé le premier train « eurasiatique » de marchandise reliant Pékin à Hambourg. Le train a relié les deux villes après avoir traversé la Chine, la Mongolie, la Russie, la Biélorussie, la Pologne et l’Allemagne (soit plus de 10 000 km) en seulement quinze jours.

Lors du sommet de l’APEC en 2006, le président russe Vladimir Poutine évoquait la perspective d’une nouvelle configuration de l’Eurasie, reposant sur : « des projets conjoints à large échelle dans les transports, l’énergie et les communications ». Au même sommet, l’ancien président sud-coréen Kim Dae-Jung avait lui assuré que : « les chemins de fer Transcoréen, Transsibérien, Tnansmongol, Transmanchourien et Transchinois formeront cette "route ferroviaire de la Soie", reliant l’Asie du Nord-Est à l’Europe en passant par l’Asie centrale...  »
La glorieuse route de la soie du passé renaîtra ainsi sous la forme d’une "route ferroviaire de la soie", faisant ainsi entrer l’Eurasie dans une ère de prospérité.

"Je veux récupérer mon empire", aurait lancé Vladimir Poutine lors d’une rencontre internationale à huis clos. A en croire la position qu’est en train de prendre la Russie, aiguillon entre l’Europe, l’Asie et l’Amérique du Nord, sur la plaque eurasiatique, on peut sans doute le croire...

SOURCES :

- Philippe Conrad sur CLIO

- Catherine SAUER BAUX sur STRATISC

- Wikipédia

- Le Figaro magazine

- Arctic.net

- Ria Novosti

- Solidarité et progrès

- La Tribune

- L’association « Amitié France Corée »

- Xinhua.net

- La Voix de la Russie

Apollon, Pan, Dionysos: la religiosité de Friedrich Georg Jünger

apollon.jpgKarlheinz WEISSMANN:

Apollon, Pan, Dionysos:

la religiosité de Friedrich Georg Jünger

 

Nombreux furent ceux qui s’étonnèrent de la conversion d’Ernst Jünger au catholicisme, quelques temps avant sa mort. Rares furent ceux qui s’attendaient à cette démarche, surtout parce que Jünger avait intensément étudié la Bible dans les années 40 et parce que le “platonisme” ne cessait plus d’imprégner son oeuvre, surtout à la fin, tant et si bien qu’on a soupçonné, lors de son passage au catholicisme, une motivation “hérétique” cachée, de type “gnostique”. Sans doute les frères Jünger, Friedrich-Georg et Ernst, ont été rarement aussi éloignés l’un de l’autre qu’en ce point: pour Friedrich-Georg, le christianisme n’a jamais été une tentation car il se souvenait, qu’enfant déjà, il ne comprenait pas “pourquoi il y avait des prédicateurs, des prêches et des églises”.

 

Pourtant le paganisme de Friedrich-Georg Jünger ne contenait aucune véhémence à l’égard de l’Eglise et de ses doctrines; son paganisme était plutôt quelque chose d’étranger au christianisme, quelque chose qui se situait au-delà de l’Evangile; ce “quelque chose” témoignait d’un résidu d’âme archaïque et, jeune, notre auteur ressentait déjà la nostalgie du temps “du Grand Père, ..., qui s’en allait vers le noisettier pour converser avec le serpent”. Le serpent, qui conserve chez Ernst Jünger une certaine ambivalence, est, chez Friedrich-Georg, un symbole tout à fait positif: “cette créature magnifique qui brille et se repose au soleil”, “cet animal flamboyant du Grand Midi”, consacré pour cela à Apollon, le dieu auquel Friedrich Georg se sentait tout particulièrement lié. Le serpent du Midgard nordique, animal apocalyptique, ne l’attirait nullement. Son paganisme ne se référait que très rarement aux traditions germaniques; ce furent surtout les mythes grecs qui occupèrent sa pensée. A la suite de nombreux essais, Friedrich Georg finit par publier le volume “Griechische Götter” (= “Dieux grecs”) en 1943, qui sera suivit de quelques livres sur des thèmes apparentés. Son engouement pour les dieux et la mythologie grecs, il le parachèvera par un long essai intitulé “Mythen und Mythologie” (= “Mythes et mythologie”), paru en 1976, peu avant sa mort, dans la revue “Scheidewege”, dont il était l’un des co-fondateurs. Cette fascination pour la mythologie grecque, il la doit bien évidemment à sa lecture de l’oeuvre de Nietzsche. Friedrich Georg Jünger était fondamentalement païen au sens où l’entendait Nietzsche, c’est-à-dire qu’il concevait le paganisme comme “un grand oui à la naturalité”, comme “un sentiment d’innocence au sein de la nature”, comme la “naturalité” tout court. Ce n’était pas chez lui une adulation de “l’élan vital” ou de la “Vie” au sens darwinien du terme ou au sens de quelque autre théorie évolutionniste. Son but était de tenter de faire à nouveau rejaillir une vision archaïque de l’existence, surgie jadis, en des temps immémoriaux, et qui s’est prolongée et maintenue jusqu’à l’époque chrétienne, sous des oripeaux christianisés; Friedrich Georg Jünger voulait se rappeler et rappeler à ses contemporains un mode de vie, d’existence, antérieur à l’histoire, a-historique: “Sans le temps, tout est là, simultanément – Au milieu repose chaque cercle” (“Ohne Zeit ist alles zugleich – In der Mitte ruht jeder Kreis”), écrivait-il dans son poème “Die Perlenschnur” (“Le collier de perles”). Les forces originelles possédaient chacun  un rang: Apollon, lumineux, qui apportait l’ordre et fondait des villes; Pan, phallique, qui fécondait et habitait la “Wildnis” (= “la nature inviolée”); Dionysos, en ébriété, sauvage et mutin, qui incitait à la fureur et à la frénésie.

 

friedrich_georg.jpgLe monde créé par les Olympiens n’était nullement idyllique et portait sans cesse la menace en soi. Dans “Chant de Prométhée”, Friedrich Georg Jünger fait justement parler Prométhée, le laisse énoncer ses prophéties, lui, le Titan enchaîné aux parois du Caucase pour être puni de son audace sacrilège:

“Und die Erde, auf deren Nacken Olympos thronet,

Ruft die Giganten herbei, die einst ihr Schoss sich gebar.

Sie, die unüberwindliche Nährerin stolzer Geschlechter,

Rufet mit wilderem Ruf Götter zum Streite herbei.

Untergang seh ich zunächst, Verzweiflung, Jahrhunderte alten,

Unerbittlichen Krieg. Alles versinkt in Nacht”.

 

(“Et la Terre, qui, sur ses épaules, porte l’Olympe, qui y trône,

Appelle à elle les Géants qui jadis naquirent de son giron.

Elle, l’infatigable nourricière de tant de fières lignées,

Appelle d’un cri plus sauvage encore les dieux au combat.

D’abord je vois poindre le déclin, puis le désarroi, enfin, une guerre,

Sans pitié, qui durera des siècles et tout s’enfoncera dans la nuit noire”).

 

La figure de Prométhée n’a cessé de hanter Friedrich Georg Jünger. Le plus “intellectuel” des Titans avait volé le feu aux dieux et l’avait donné aux hommes. Dans son ouvrage “Die Perfection der Technik” (1939/1946), F. G. Jünger donne une interprétation fort intéressante du mythe de Prométhée, car il souligne le caractère éminemment solaire de ce feu donné aux hommes. Ensuite, il n’interprète pas la colère des dieux comme une réaction de jalousie envers les hommes, devenus eux aussi possesseurs de l’élément, mais comme une fureur de voir le feu divin, force élémentaire et primordiale, “mis en service”. Les dieux ne peuvent pas l’admettre. La nature titanique de la technique humaine est entièrement mise en exergue ici car elle n’a jamais trouvé la voie pour utiliser l’énergie solaire: dès lors, elle a toujours dû se rabattre sur des forces telluriques, comme celles qui se libèrent lors de la fission de l’atome. Disproportion, démesure et monstruosité sont les caractéristiques essentielles de tout ce qui relève du titanique et, partant, de la technique. La domination du titanique/technique ne pourra donc être éternelle, avance prudemment F. G. Jünger; en effet, son poème se termine par les vers  suivants:

“Dies war der Gesang des hohen Fürsten Prometheus.

Doch der Donner des Zeus schlug den Titanen hinab”.

 

(“Tel fut le chant du noble prince Prométhée.

Malgré cela, le tonnerre de Zeus le jetta bas”).

 

F. G. Jünger avait parfaitement conscience qu’une grande différence existait entre les réflexions que nous posons aujourd’hui sur le mythe et la pensée mythique en soi: le danger de confondre  réflexions dérivées du mythe et pensée mythique est grand. Les réflexions sur le mythe et sur la permanence de sa puissance ont été à la mode, surtout pendant l’entre-deux-guerres. Aussi le nationalisme de facture barrèsienne, auquel les deux frères Jünger avaient adhéré, était-il conçu comme une “foi”, une “religion”. Friedrich Georg Jünger avait expressémentdéfini la Nation comme “une communauté de foi”, une “communauté religieuse”, qui s’exprimait par ses mythes et ses héros. Cette position n’a été qu’un engouement passager car les frères Jünger se sont assez rapidement aperçu que le mythe antique n’avait pas grand chose à voir avec la “foi” ou la religiosité au sens de la tradition biblique: “La foi, en tant que force qui tient quelque chose pour vrai, qui vit et meurt dans la conviction de cette vérité,  implique que ce qui est tenu pour vrai n’apparaît pas, ne se montre pas somatiquement. Rien ne paraît plus étrange et plus invraisemblable pour l’humanité actuelle que l’apparition physique des dieux. Car l’humanité actuelle ne croit pas en eux. Mais énoncer ce constat ne suffit pas. Les dieux ne peuvent plus apparaître à l’homme moderne, même s’il croit encore en eux. Et pourquoi pas? Parce que l’apparition d’un dieu n’a rien à voir avec la foi ou avec l’absence de foi, car les mythes ne recèlent aucune réalité à laquelle il faudrait croire, aucune réalité que l’on pourrait toucher du doigt ou montrer”.

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Les dieux ne demandent pas la foi, ils demandent des sacrifices. Les Anciens ne doutaient pas de leur existence parce qu’ils percevaient leurs actions, leurs effets, leurs manifestations, parce qu’ils leur étaient dans une certaine mesure proches, même s’ils étaient fondamentalement séparés des hommes. Mais cette proximité du divin apparaît impossible à ceux qui ne croient qu’à une rencontre avec le “Tout Autre”, dans le sens où l’enseignent les religions révélées. C’est donc cette “expérience” du divin, cette expérience qui rencontre le scepticisme des religions révélées,  qui constitue la véritable racine de la religion de Friedrich Georg Jünger.

 

Karlheinz WEISSMANN.

(article paru dans “Junge Freiheit”, n°38/1998; trad.  franç.: Robert Steuckers, 2009).

Knut Hamsun and the Cause of Europe

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Knut Hamsun and the Cause of Europe

Mark Deavin / http://www.geocities.com/integral_tradition/

After fifty years of being confined to the Orwellian memory hole created by the Jews as part of their European "denazification" process, the work of the Norwegian author Knut Hamsun — who died in 1952 — is reemerging to take its place among the greatest European literature of the twentieth century. All of his major novels have undergone English-language reprints during the last two years, and even in his native Norway, where his post-1945 ostracism has been most severe, he is finally receiving a long-overdue recognition.

Of course, one debilitating question still remains for the great and good of the European liberal intelligentsia, ever eager to jump to Jewish sensitivities. As Hamsun's English biographer Robert Ferguson gloomily asked himself in 1987: "Could the sensitive, dreaming genius who had created beautiful love stories . . . really have been a Nazi?" Unfortunately for the faint hearts of these weak-kneed scribblers, the answer is a resounding "yes." Not only was Knut Hamsun a dedicated supporter of Adolf Hitler and the National Socialist New Order in Europe, but his best writings — many written at the tail end of the nineteenth century — flow with the essence of the National Socialist spirit and life philosophy.

Born Knud Pederson on August 4, 1859, Hamsun spent his early childhood in the far north of Norway, in the small town of Hamarøy. He later described this time as one of idyllic bliss where he and the other children lived in close harmony with the animals on the farm, and where they felt an indescribable oneness with Nature and the cosmos around and above them. Hamsun developed an early obsession to become a writer and showed a fanatical courage and endurance in pursuing his dream against tremendous obstacles. He was convinced of his own artistic awareness and sensitivity, and was imbued with a certainty that in attempting to achieve unprecedented levels of creativity and consciousness, he was acting in accordance with the higher purpose of Nature.

In January 1882 Hamsun's Faustian quest of self-discovery took him on the first of several trips to America. He was described by a friend at the time as ". . . tall, broad, lithe with the springing step of a panther and with muscles of steel. His yellow hair . . . drooped down upon his . . . clear-cut classical features."

These experiences consolidated in Hamsun a sense of racial identity as the bedrock of his perceived artistic and spiritual mission. A visit to an Indian encampment confirmed his belief in the inherent differences of the races and of the need to keep them separate, but he was perceptive enough to recognize that America carried the seeds of racial chaos and condemned the fact that cohabitation with Blacks was being forced upon American Whites.

Writing in his book On the Cultural Life of Modern America, published in March 1889, Hamsun warned that such a situation gave rise to the nightmare prospect of a "mulatto stud farm" being created in America. In his view, this had to be prevented at all costs with the repatriation of the "black half-apes" back to Africa being essential to secure America's future (cited in Robert Ferguson, Enigma: The Life of Knut Hamsun, London, 1987, p.105). Hamsun also developed an early awareness of the Jewish problem, believing that "anti-Semitism" inevitably existed in all lands where there were Jews — following Semitism "as the effect follows the cause." He also believed that the departure of the Jews from Europe and the White world was essential "so that the White races would avoid further mixture of the blood" (from Hamsun's 1925 article in Mikal Sylten's nationalist magazine Nationalt Tidsskrift). His experiences in America also strengthened Hamsun's antipathy to the so called "freedom" of democracy, which he realized merely leveled all higher things down to the lowest level and made financial materialism into the highest morality. Greatly influenced by the works of Friedrich Nietzsche, Hamsun saw himself as part of the vanguard of a European spiritual aristocracy which would reject these false values and search out Nature's hidden secrets — developing a higher morality and value system based on organic, natural law. In an essay entitled "From the Unconscious Life of the Mind," published in 1890, Hamsun laid out his belief:

An increasing number of people who lead mental lives of great intensity, people who are sensitive by nature, notice the steadily more frequent appearance in them of mental states of great strangeness . . . a wordless and irrational feeling of ecstasy; or a breath of psychic pain; a sense of being spoken to from afar, from the sky or the sea; an agonizingly developed sense of hearing which can cause one to wince at the murmuring of unseen atoms; an irrational staring into the heart of some closed kingdom suddenly and briefly revealed.

Hamsun expounded this philosophy in his first great novel Hunger, which attempted to show how the known territory of human consciousness could be expanded to achieve higher forms of creativity, and how through such a process the values of a society which Hamsun believed was increasingly sick and distorted could be redefined for the better. This theme was continued in his next book, Mysteries, and again in Pan, published in 1894, which was based upon Hamsun's own feeling of pantheistic identification with the cosmos and his conviction that the survival of Western man depended upon his re-establishing his ties with Nature and leading a more organic and wholesome way of life.

In 1911 Hamsun moved back to Hamarøy with his wife and bought a farm. A strong believer in the family and racial upbreeding, he was sickened by the hypocrisy and twisted morality of a modern Western society which tolerated and encouraged abortion and the abandonment of healthy children, while protecting and prolonging the existence of the criminal, crippled, and insane. He actively campaigned for the state funding of children's homes that could take in and look after unwanted children and freely admitted that he was motivated by a higher morality, which aimed to "clear away the lives which are hopeless for the benefit of those lives which might be of value."

In 1916 Hamsun began work on what became his greatest and most idealistic novel, Growth of the Soil, which won the Nobel Prize for Literature in 1921. It painted Hamsun's ideal of a solid, farm-based culture, where human values, instead of being fixed upon transitory artificialities which modern society had deemed fashionable, would be based upon the fixed wheel of the seasons in the safekeeping of an inviolable eternity where man and Nature existed in harmony:

They had the good fortune at Sellanraa that every spring and autumn they could see the grey geese sailing in fleets above that wilderness, and hear their chatter up in the air — delirious talk it was. And as if the world stood still for a moment, till the train of them had passed. And the human souls beneath, did they not feel a weakness gliding through them now? They went to their work again, but drawing breath first, for something had spoken to them, something from beyond.

Growth of the Soil

reflected Hamsun's belief that only when Western man fully accepted that he was intimately bound up with Nature's eternal law would he be able to fulfill himself and stride towards a higher level of existence. At the root of this, Hamsun made clear, was the need to place the procreation of the race back at the center of his existence:
Generation to generation, breeding ever anew, and when you die the new stock goes on. That's the meaning of eternal life.

The main character in the book reflected Hamsun's faith in the coming man of Europe: a Nietzschean superman embodying the best racial type who, acting in accordance with Nature's higher purpose, would lead the race to unprecedented levels of greatness. In Hamsun's vision he was described thus:

A tiller of the ground, body and soul; a worker on the land without respite. A ghost risen out of the past to point to the future; a man from the earliest days of cultivation, a settler in the wilds, nine hundred years old, and withal, a man of the day.

Hamsun's philosophy echoed Nietzsche's belief that "from the future come winds with secret beat of wings and to sensitive ears comes good news" (cited in Alfred Rosenberg, The Myth of the Twentieth Century). And for Hamsun the "good news" of his lifetime was the rise of National Socialism in Germany under Adolf Hitler, whom he saw as the embodiment of the coming European man and a reflection of the spiritual striving of the "Germanic soul."

The leaders of the new movement in Germany were also aware of the essential National Socialist spirit and world view which underlay Hamsun's work, and he was much lauded, particularly by Joseph Goebbels and Alfred Rosenberg. Rosenberg paid tribute to Hamsun in his The Myth of the Twentieth Century, published in 1930, declaring that through a mysterious natural insight Knut Hamsun was able to describe the laws of the universe and of the Nordic soul like no other living artist. Growth of the Soil, he declared, was "the great present-day epic of the Nordic will in its eternal, primordial form."

Hamsun visited Germany on several occasions during the 1930s, accompanied by his equally enthusiastic wife, and was well impressed by what he saw. In 1934 he was awarded the prestigious Goethe Medal for his writings, but he handed back the 10,000 marks prize money as a gesture of friendship and as a contribution to the National Socialist process of social reconstruction. He developed close ties with the German-based Nordic Society, which promoted the Pan-Germanic ideal, and in January 1935 he sent a letter to its magazine supporting the return of the Saarland to Germany. He always received birthday greetings from Rosenberg and Goebbels, and on the occasion of his 80th birthday from Hitler himself.

Like Nietzsche's Zarathustra, Hamsun was not content merely to philosophize in an ivory tower; he was a man of the day, who, despite his age, strove to make his ideal into a reality and present it to his own people. Along with his entire family he became actively and publicly involved with Norway's growing National Socialist movement in the form of Vidkun Quisling's Nasjonal Samling (National Assembly). This had been founded in May 1933, and Hamsun willingly issued public endorsements and wrote articles for its magazine, promoting the National Socialist philosophy of life and condemning the anti-German propaganda that was being disseminated in Norway and throughout Europe. This, he pointed out, was inspired by the Jewish press and politicians of England and France who were determined to encircle Germany and bring about a European war to destroy Hitler and his idea.

With the outbreak of war Hamsun persistently warned against the Allied attempts to compromise Norwegian neutrality, and on April 2, 1940 — only a week before Hitler dramatically forestalled the Allied invasion of Norway — Hamsun wrote an article in the Nasjonal Samling newspaper calling for German protection of Norwegian neutrality against Anglo-Soviet designs. Hamsun was quick to point out in a further series of articles soon afterward, moreover, that it was no coincidence that C.J. Hambro, the president of the Norwegian Storting, who had conspired to push Norway into Allied hands and had then fled to Sweden, was a Jew. In his longest wartime article, which appeared in the Axis periodical Berlin-Tokyo-Rome in February 1942, he also identified Roosevelt as being in the pay of the Jews and the dominant figure in America's war for gold and Jewish power. Declaring his belief in the greatness of Adolf Hitler, Hamsun defiantly declared: "Europe does not want either the Jews or their gold."

Hamsun's loyalty to the National Socialist New Order in Europe was well appreciated in Berlin, and in May 1943 Hamsun and his wife were invited to visit Joseph Goebbels, a devoted fan of the writer. Both men were deeply moved by the meeting, and Hamsun was so affected that he sent Goebbels the medal which he had received for winning the Nobel Prize for idealistic literature in 1920, writing that he knew of no statesman who had so idealistically written and preached the cause of Europe. Goebbels in return considered the meeting to have been one of the most precious encounters of his life and wrote touchingly in his diary: "May fate permit the great poet to live to see us win victory! If anybody deserved it because of a high-minded espousal of our cause even under the most difficult circumstances, it is he." The following month Hamsun spoke at a conference in Vienna organized to protest against the destruction of European cultural treasures by the sadistic Allied terror-bombing raids. He praised Hitler as a crusader and a reformer who would create a new age and a new life. Then, three days later, on June 26, 1943, his loyalty was rewarded with a personal and highly emotional meeting with Hitler at the Berghof. As he left, the 84 year-old Hamsun told an adjutant to pass on one last message to his Leader: "Tell Adolf Hitler: we believe in you."

Hamsun never deviated from promoting the cause of National Socialist Europe, paying high-profile visits to Panzer divisions and German U-boats, writing articles and making speeches. Even when the war was clearly lost, and others found it expedient to keep silence or renounce their past allegiances, he remained loyal without regard to his personal safety. This was brought home most clearly after the official announcement of Hitler's death, when, with the German Army in Norway packing up and preparing to leave, Hamsun wrote a necrology for Hitler which was published in a leading newspaper:

Adolf Hitler: I am not worthy to speak his name out loud. Nor do his life and his deeds warrant any kind of sentimental discussion. He was a warrior, a warrior for mankind, and a prophet of the gospel for all nations. He was a reforming nature of the highest order, and his fate was to arise in a time of unparalleled barbarism, which finally felled him. Thus might the average western European regard Adolf Hitler. We, his closest supporters, now bow our heads at his death.

This was a tremendously brave thing for Hamsun to do, as the following day the war in Norway was over and Quisling was arrested.

Membership in Quisling's movement after April 8, 1940, had been made a criminal offense retroactively by the new Norwegian government, and the mass roundups of around 40,000 Nasjonal Samling members now began in earnest. Hamsun's sons Tore and Arild were picked up within a week, and on May 26 Hamsun and his wife were placed under house arrest. Committed to hospital because of his failing health, Hamsun was subject to months of interrogation designed to wear down and confuse him. As with Ezra Pound in the United States, the aim was to bring about a situation where Hamsun's sanity could be questioned: a much easier option for the Norwegian authorities than the public prosecution of an 85-year-old literary legend.

Unfortunately for them, Hamsun refused to crack and was more than a match for his interrogators. So, while his wife was handed a vicious three-year hard-labor sentence for her National Socialist activities, and his son Arild got four years for having the temerity to volunteer to fight Bolshevism on the Eastern Front, Hamsun received a 500,000-kroner fine and the censorship of his books. Even this did not stop him, however, and he continued to write, regretting nothing and making no apologies. Not until 1952, in his 92nd year, did he pass away, leaving us a wonderful legacy with which to carry on the fight which he so bravely fought to the end.  

Avec SYNERGON pour quitter le provincialisme intellectuel "bundesrepublikanisch"

HAUPTFRAME_040826_Bundesrepublik%20mit%20Laenderwappen.jpgAvec «SYNERGON» POUR QUITTER LE PROVINCIALISME INTELLECTUEL “BUNDESREPUBLIKANISCH”

 

Pour un jeune Allemand comme moi, qui est appelé pour la toute première fois à disserter amplement sur les structures et les courants révolutionnaires-conservateurs ou “de droite” en Europe, le risque de subir un choc culturel est bien réel. Même si ce jeune Allemand est lui-même un partisan des idées et théories promues et défendues par ces courants de pensée, il finira par sombrer dans une sorte de mélancolie. Il s'apercevra bien vite que ses homologues dans beaucoup de pays d'Europe se meuvent avec une ai­sance insoupçonnée dans les espaces politiques ou pré-politiques et échangent idées, projets et points de vue avec d'autres courants intellectuels, souvent opposés.

 

Tel est ma position: c'est donc un jeune homme étonné, un peu troublé, qui écrit pour la première ses sen­timents en ce domaine et qui sort, par la plume, du cercle étroit de la culture politique de son pays. Je ne vais pas écrire un texte scientifique, car je ne suis pas un sociologue ou un diplômé en sciences poli­tiques. Je veux plus simplement mettre de l'ordre dans quelques idées pour aider les lecteurs non germa­nophones à comprendre, dans la mesure du possible, la situation intellectuelle qui règne en Allemagne aujourd'hui.

 

rééducation

 

Lorsque les puissances occupantes ont commencé à intégrer la nouvelle “Bundesrepublik” dans leurs calculs et dans leurs projets militaires, quasi immédiatement après la seconde guerre mondiale, elles avaient déjà largement confié à des Allemands le soin de parfaire la politique de “rééducation” du peuple allemand. Elles n'auraient pu faire mieux. Car les Allemands ont la manie de la perfection: ils ont travaillé à cette rééducation avec un tel zèle que tous en Allemagne ont perdu l'idée même de maintenir une tradition nationale ou une logique de souveraineté, ont perdu la conscience de soi, si bien qu'aujourd'hui, au len­demain de la réunification des deux plus grandes constructions étatiques allemandes d'après 1945, l'Allemand moyen croit, au fond de lui-même, que cette réunification est une honte et une catastrophe.

 

La vieille droite a été exclue du jeu politique dans une très large mesure. Au moment où l'“Etat social” pre­nait forme, au beau milieu du “miracle économique”, pendant et après la révolte étudiante de 68, les va­leurs et les idées de la vieille droite sont devenues de plus en plus suspectes, ont été houspillées et con­sidérées comme anachroniques. Dans les masses, l'omniprésence de la consommation tuait toute aspi­ration spirituelle, conduisait à l'affadissement généralisé. Dans les élites intellectuelles, on s'enthou­sias­mait totalement et volontairement pour les idées de la gauche, à un point tel qu'on peut dire aujourd'hui que les pays communistes n'auraient jamais pu obtenir un tel consensus par les moyens coercitifs qu'ils n'hésitaient pourtant pas à employer parfois. La parution de L'Archipel Goulag  de Soljénitsyne n'a pas entamé en Allemagne de l'Ouest la foi des intellectuels en ces idées communistes qu'ils jugeaient “bon­nes dans le fond”. Les centaines de morts le long du Rideau de Fer séparant les deux Allemagnes, les mil­liers de prisonniers politiques en RDA, étaient dépourvus de tout intérêt et ne trou­blaient pas la vision messianique de la gauche, croyant qu'au bout du progrès vectoriel annoncé par la vulgate marxiste un a­venir brillant et lumineux nous attendait. Cette Jérusalem terrestre valait bien quelques cadavres!

 

un fascisme extensible à l'infini!

 

Pour l'intellectuel de gauche ouest-allemand, le communiste persécuté au Chili, le membre de l'ANC sud-africaine emprisonné, étaient beaucoup plus proches que le malheureux candidat réfugié abattu comme un chien sous les barbelés du Rideau de Fer. Parler des millions de victimes du stalinisme dans l'en­sem­ble des territoires sous contrôle soviétique était une indélicatesse. Ce l'est d'ailleurs toujours. Les droites allemandes ne pouvaient pas faire référence à ces faits sans encourir foudres ou moqueries. Mais aujourd'hui les gauches allemandes n'hésitent toujours pas à se servir de la “Massue-Fascisme”. Par “fascisme”, il faut entendre la définition très extensive qu'en donnait Dimitrov et sur laquelle je ne revien­drai pas. En Allemagne, le concept de “fascisme” a perdu tous contours et limites: ce n'est plus qu'une injure politique, un moyen pour couvrir un adversaire d'opprobe. Le “fasciste”, c'est devenu le représen­tant du “mal absolu”, qui n'a donc plus aucun droit. Quand la majorité des médias qui se portent encore et toujours volontaires pour mettre les esprits au pas vous traitent de “fasciste”, vous n'avez déjà plus votre place dans la société. L'avant-garde de cette inquisition est portée par les journaux et les émetteurs qui croient dur comme fer que leur mission est de rééduquer le public, car telle a été la tâche que leur ont dé­volue jadis les puissances occupantes.

 

Le terme “fasciste” connait des synonymes: “nazi” et, dans sa variante libérale, “extrémiste de droite”. Celui qui récolte l'une de ces étiquettes obtient le même résultat: l'exclusion, forme à peine atténuée de la “mort civile”. Il y a quelques années, le parti d'Etat de la RDA (qui existe toujours et s'appelle le PDS, ou “Parti du Socialisme Démocratique”) finançait généreusement le “mouvement antifasciste” (l'Antifa-Szene)  qui entretenait des passerelles avec les groupes violents d'autonomes et de squatters, permet­tant une mobilisation rapide et des coups précis, perpétrables à tout moment. On a assisté en Allemagne à des attaques violentes contre des domiciles ou des appartements privés, contre des individus isolés, on a envoyé systématiquement des lettres de menaces ou de dénonciation, on a pratiqué la terreur télé­phonée (appels nocturnes, injures, menaces physiques y compris sur les enfants) et on a assassiné des gens. Ces instruments de terreur peuvent être appliqués à tout moment contre n'importe quelle personne qui professe des idées de droite, même modérées.

 

émergence de la «nouvelle droite»

 

Mais malgré ces procédés terroristes et normalement illégaux, une “nouvelle droite” s'est constituée en Allemagne, avec la volonté de recourir à l'intelligence: cette “nouvelle droite” est principalement représen­tée par l'équipe de l'hebdomadaire Junge Freiheit. Beaucoup de jeunes intellectuels qui s'étaient déclarés “conservateurs”  —et non pas “révolutionnaires-conservateurs” ou “de droite” au sens évolien du terme—  apprennent au fil des semaines qui passent, dans les colonnes de cet hebdomadaire, qu'ils ne sont pas isolés et que sur tout le territoire allemand, ils ont des compagnons ou des amis. Les Italiens et les Français savent déjà depuis deux générations qu'ils ne sont pas seuls dans leur pays, grâce à leurs jour­naux et leurs réseaux: il existe partout des jeunes non-conformistes qui refusent le discours dominant, le critiquent au départ de pensées classées à “droite”, sans risque de se faire traiter immédiatement de “nazi”, sans sombrer dans la xénophobie (car en Allemagne, la scène-antifa pose mécaniquement l'équation suivante: droite = xénophobie = antisémitisme = Auschwitz). Ces droites italiennes et fran­çaises alignent des intellectuels à l'esprit vif, capables de s'insinuer dans tous les discours et dans toutes les thématiques actuelles. Les ouvrages des nouvelles droites française et italienne étaient tota­lement inconnus il y a quelques années: ils commencent à être lus en Allemagne, chez les étudiants et les diplômés universitaires appartenant au camp “conservateur”.

 

Chaque jour, ceux qui se déclaraient “conservateurs” apprennent ainsi que leurs positions sont finale­ment beaucoup plus radicales qu'ils ne l'avaient pensé. Plus frileux, comme tous les conservateurs, ils s'en effraient souvent. Mais le phénomène de la “nouvelle droite” allemande fait lentement son chemin, même si la presse établie, monotone, n'en prend connaissance que du bout des lèvres, pour s'en plaindre et s'en lamenter. Dans tous les partis, des individus et des petits groupes, professant plus ou moins ou­vertement des idées “nouvelle droite” ou explorant l'une ou l'autre facette de ce corpus vaste et varié, se regroupent, deviennent suspects puis objets de haine. Les écoles de pensée, les laboratoires intellec­tuels de la droite allemande avaient sombré dans l'oubli depuis la mise hors jeu de la “révolution conserva­trice” par le pouvoir national-socialiste (entre 1933 et 1934). Aujourd'hui, un réseau de clubs refait sur­face, dans le sillage des “cercles de lecteurs de Junge Freiheit”  dont les travaux sont de qualité inégale: on ne peut effectivement pas atteindre d'emblée la qualité des travaux de la revue romaine Pagine Libere, des cycles de conférence orchestrés par Marco Battarra et de Sinergie/Italia ou des “unités régionales” du GRECE français au temps de Guillaume Faye. Les cercles “conservateurs-révolutionnaires” allemands n'en sont qu'à leurs premiers balbutiements.

 

européaniser nos démarches

 

La cristallisation de la “nouvelle droite” allemande est lente. Nous avons besoin de tirer les leçons des ex­périences françaises et italiennes. Nous devons tenir compte de leurs recherches et de leurs résultats. Nous devons hisser les principes de la “révolution conservatrice” au niveau européen. Car, pour nous Allemands, ce serait un moyen pratique et réalisable de contourner les interdits et les obstacles dressés par le cartel médiatique de la rééducation et de sortir de notre isolement et de notre quarantaine intellec­tuelle. Car si nous restons dans cet isolement et si nous nous y complaisons, nous nous épuiserons, nous sombrerons dans les fantasmes, le dogmatisme, l'actionnisme aveugle et la radicalisation insensée. Qu'on ne vienne pas me dire que cette “européanisation” de nos démarches constitue une “trahison à la patrie allemande”, car que vaudraient des patriotes purs dont les horizons seraient totalement bouchés? De plus, j'ajouterais que notre “européanisation” n'est pas l'européanisation préconisée par les partis dominants.

 

Partons du principe que le seul courant de droite valable, sérieux, accepté par l'opinion publique comme tel est celui de la “nouvelle droite”. Cette “nouvelle droite” est considérée comme un produit d'origine fran­çaise. Mais cette ND française a été fortement tributaire d'apports allemands. En acceptant un modèle français intéressant, nous pratiquons donc la réimportation de matériaux allemands transformés dans un pays où les laboratoires intellectuels n'étaient pas soumis à la férule des “rééducateurs”. [En dehors de la sphère politique, au niveau philosophique et académique, le même phénomène s'est produit avec le nietzschéisme: allemand à l'origine, le nietzschéisme a été ostracisé en Allemagne après 1945, sous pré­texte, dixit Lukacs, qu'il était un “irrationalisme” conduisant au nazisme. Le nietzschéisme a été travaillé en France par des hommes comme Deleuze, Guattari, Foucault, etc., tous classés à gauche. Ils ont été traduits en allemand, si bien que le nietzschéisme est subrepticement revenu en Allemagne dans ces “wagons” français. Au grand dam d'un Habermas, qui a fulminé tout son saoûl contre cette gauche nietz­schéiste française, cheval de Troie d'un “néo-nazisme” qui ne pouvait pas manquer d'éclore...].

 

deux problèmes concrets, deux obstacles à surmonter

 

En Allemagne, on raconte partout  —et pas seulement dans les milieux “conservateurs”—  qu'il faut se hisser désormais au niveau européen mais en conservant intacts les ressorts de son identité, que l'Europe de demain ne sera pas une espèce de nirvana où l'on entrera après avoir fait le vide de ce que l'on porte en soi, après avoir abandonné le principe du “connais-toi toi-même”. Si l'on peut devenir Européen sans se vider de sa substance, alors le projet européen cesse d'être abstrait pour redevenir concret, cesse d'être cette pure union économique et administrative que l'établissement a vendue aux Allemands pendant plusieurs décennies. Les partis établis n'ont pas voulu tenir compte d'un fait pourtant bien patent: une Europe purement économique et administrative ne peut durer, si l'on n'a pas au préalable réfléchi aux fondements spirituels et culturels de l'Union. Les politiques à courte vue des partis établis ne veulent même pas se rendre compte des dangers que recèle ce bureaucratisme de termitière qui permet à beaucoup de politiciens de seconde zone de se faire une niche ou de coopter leurs féaux.

 

Par ailleurs, les droites et les révolutionnaires-conservateurs d'Europe sous-estiment toute une série de choses bien pratiques. Je ne vais rien révéler d'extraordinaire, je vais tout simplement mentionner deux problèmes très concrets: la diversité linguistique en Europe et l'esprit casanier de bon nombre d'entre nous. Deux problèmes, deux tares qu'il faut impérativement et rapidement surmonter. Ce serait un premier pas vers une véritable pratique de nos idées. Ceux d'entre nous qui possèdent des dons, même mo­destes, pour les langues, qu'ils se perfectionnent! Qu'ils lisent les travaux de nos voisins, qu'ils s'abonnent à leurs journaux et fassent l'effort d'en traduire les meilleurs morceaux! Etre Européen, c'est aussi et surtout être capable de comprendre les données politiques et culturelles d'un pays voisin, d'entretenir des contacts personnels (par courrier ou via internet) avec des homologues non allemands (aux niveaux personnel, professionnel ou politique).

 

face à nous: un européisme sans substance

 

La plupart des intellectuels établis n'ont que le mot “Europe” à la bouche mais ignorent totalement ce qui se passe au-delà des frontières de leur pays. Cette lacune, tous les Européens peuvent la constater. Surtout les donneurs de leçons qui pontifient dans les médias: généralement ils sont unilingues, baragui­nent quelques phrases mal torchées en basic English et ne savent rien, strictement rien, des littératures, des grands courants culturels, des institutions et des clivages politiques de leurs voisins. Bonjour l'“internationalisme”! Nous savons ce qu'il nous reste à faire, nous, pour qui l'Europe est un mythe et non pas une abstraction ou une sinécure: nous serons des Européens ouverts aux identités de tous les autres, nous combattrons les lubies libéralistes qui conduisent à l'impasse. Nous lirons les textes de nos amis italiens, russes, ibériques et français, que nos éditeurs politiquement corrects ne veulent ni traduire ni éditer. Nous traduirons, nous diffuserons, nous fructifierons. Prenons un exemple, typiquement alle­mand: l'ouvrage fondamental de Zeev Sternhell, Ni droite ni gauche, n'est toujours pas traduit, alors que sa version française est disponible depuis plus de treize ans! Ce livre est pourtant fondamental pour dé­velopper une critique intelligente du fascisme: mais cette critique du fascisme n'est pas celle pour la­quelle nos censeurs ont opté il y a quelques décennies... Donc Sternhell, homme de gauche israëlien irré­prochable, est condamné au placard! Enfin, bon nombre de textes d'Evola subissent toujours la quaran­taine, etc... Nous avons donc du pain sur la planche!

 

Alain de Benoist n'aurait plus raison de dire aujourd'hui que les Allemands ne lisent que fort peu de textes venus d'ailleurs. Certes, ces textes ne sont pas disponibles en langue allemande. Les Allemands, en re­vanche, s'étonnent de voir leurs amis italiens et français exploiter tant de textes allemands. Ces exé­gèses permettent de renforcer nos propres interprétations, d'éclairer des aspects que nous ignorions, de découvrir des parallèles dont nous n'avions pas idée. Bon nombre d'idées ou de germes d'idées, oubliés ou refoulés, reviennent ainsi dans leur patrie allemande, par le biais d'exégètes italiens, français ou his­paniques.

 

Notre “nouvelle droite” veut elle aussi apporter sa pierre à l'édifice européen. En réactivant nos cercles d'études, en exprimant par le verbe et par la plume ce que nous ressentons ou ce que nous avons décou­vert, ce travail de construction est désormais possible. Dans les espaces de la haute voltige intellec­tuelle, tout peut être dit ou pensé, mais ce n'est que par les contacts et les échanges personnels qu'une révolution culturelle pourra démarrer, être mise à l'épreuve des faits. Ces échanges entre néo-droitistes de tous plumages, à l'échelle européenne, est l'impératif de notre génération, notre devoir face à l'histoire.

 

Thomas ROHLFF.

mercredi, 07 octobre 2009

Russia is the future of Europe!

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Russia is the future of Europe !

Alexander LATSA ( http://alexandrelatsa.blogspot.com )

"There is no longer any doubt that with the end of the Cold War a lengthier world development period came to an end, spanning 400-500 years during which European civilization had dominated in the world. The historical West had consistently advanced on the edge of this dominance."

" The new stage is occasionally defined as “post-American.” But, of course, this is not a “world after the US” and even less so without the US. It is a world where as a result of the rise of other global centers of power and influence the relative significance of America’s role dwindles, as was already the case over recent decades in the global economy and trade. Leadership is an entirely different question though; it’s above all the question of achieving harmony within a circle of partners, of the ability to be the first, but among equals."

"To define the content of an emerging world order, such terms as multipolar, polycentric and nonpolar are also put forward"

"We do not share the concerns that the current reconfiguration in the world will unavoidably lead to “chaos and anarchy.” There goes the natural process of the formation of a new international architecture – political as well as financial-economic – which would correspond to the new realities."

"Russia conceives itself as being a part of European civilization having common Christian roots"

"The rigid Anglo-Saxon model of economic and social development is again, as it did in the 1920s, beginning to wobble.the global financial-economic architecture was largely created by the West to suit its own needs. And now that we watch the generally recognized shift of financial-economic power and influence towards the new fast-growing economies, such as China, India, Russia and Brazil, the inadequacy of this system to the new realities becomes obvious. In reality, a financial-economic basis is needed which would conform to the polycentricity of the contemporary world.
The manageability of world development can’t be restored otherwise." 


*****


More than a year after Sergei Lavrov’s assertions (June 2008), the only report that comes to mind is that the financial crisis has totally confirmed those assertions. At the dawn of the autumn 2009, the Western world is about to leave History by the smallest door, after having transmitted its metastasis to the whole humanity. In this world in transition, it would be good to wonder what game the European populations intend to play.

At that time where the line breakages are less and less legible, it would be good to remember that the only chance of survival of the Europeans is to get out of the suicidal atlantist rut and to develop a true and integrated collaboration with the Federation of Russia. This European-Russian partner could contribute to peace within Heartland, in the hart of this new multi polar and decentralized world. 

In a multi polar and decentralized world the European unity is unavoidable

Far from the ideal of psychology armchair, the reality of tomorrow is based on demography and economy. The decrease of America’s influence is also proved by the increase of many other actors: Brazil, Russia, India, China and the Arab Muslim world, both rich in energy and human capital. The world population reaches 6, 5 billions of inhabitants and will be over the 9 billions in 2050.  Europe counts today 758 millions inhabitants 91/3 of the EU0 and should see its population fall down, between 564 millions and 632 millions inhabitants i.e. 7 % to 8% of the world population and less than 20% of the GDP (about the same than China on its own).

France as an example should count 70 millions inhabitants in 2050, i.e. 0,8% of the world population, 1 inhabitant out of 3 being more than 60 years old and half of its youngest population being mainly African and from Northern Africa.

In this context, and despite the punchy speeches of credible and interesting personalities (Nicolas DuPont Aignant, Paul Marie Couteaux or Jean Pierre Chevènement to only quote those), the way out of the EU and the return to a national sovereignty is surely the very last solution to think of.

The EU is imperfect to 99%, because being led by Brussels, and under the influence of ‘’the American party’’, who treats Europe as an American colony.

Worse the Americans (who wish first to maintain their dominating position and defend their own interests) do not want a united and powerful Europe. This Europe may not follow them in their military offensives or even oppose to them diplomatically and maybe militarily.
This is the reason why the Americans try everything in order to have their Troy horse entering the EU (Turkey) in order to create dissension and destabilize a homogeneous whole on its way.

Let us not forget, at last, that Turkey is the second army of NATO and with Israel the pawn of America in the Near East, while occupying Cyprus.
This is the reason why America has done everything in order to persuade De Gaulle not to obtain the nuclear independency and to stop France to exit the NATO commandment.
An independent France would be a prelude to an independent Europe. The latter could lead to the worse situations for the US strategists: the loss of the advantages gained at the end of the World War II with the occupation of Western Europe and therefore the loss of the Heartland western side.

This is also the reason why some strategists of the ‘American party’ in Europe have understood the necessity to support the EU refusals through the anti EU and the Europhobic parties such as Ireland with the Libertas candidate.

More recently, the Europhobic Philippe de Villiers has also joined the atlantist party of Nicolas Sarkozy, UMP, a party though openly pro EU, after that UMP has had France joining the NATO commandment.

The loss of sovereignty for the European countries is a process that went through 2 stages.

* The first one is the end of the empires, originating from the Westphalia treaty, supporting the national identity concept (nation state) as the primary identity. This “nationalisation” of the European identities has generated the 30 years war that destroyed our continent in the first half of the 20th century. Strange coincidence, the Westphalia treaty ended a European civil war that lasted 30 years.
* The second is the stage of the fragmentation into regions. This process, are we told, is very progressive politically (i.e. regions would be the ultimate stage of the European integration). But it is in fact the result of a deliberate external political process aiming at weakening Europe, by fragmenting in small pieces that are left with neither economical independence nor military sovereignty.

This was the case in particular for Eastern Europe, e.g. Czechoslovakia, Yugoslavia or the USSR, for obvious reasons: Those nations are not under the western influence since long so they are suspected of being hostile to the Euro –Atlantic Axis.

Of course, it is no surprise that most of the regionalist European political parties are also the most Europhiles and the ones fighting most actively for a NATO expansion and a Euro – Atlantic integration.

Those same political alignments are shared by the Brussels commissioners, devoted agents of the American interests in Europe.

The Europe of Brussels is of course the opposite of the powerful and independent Europe that we want. The EU made of flesh, the reel EU (the non legal one) is the only aim to defend in order for the Europeans to control their destiny and to become more than spectators, to become actors.

The world of tomorrow though will probably not be a more opened world than the one we know. It surely will be a world made of blocks in conflict, conflict for territories zones and civilisations.
In this world of increasing tensions the key for Europe is to gain a structure of defence that belongs to it and allows her to protect its interests and citizens.
In that sense, the proposals of President Medvedev on the necessity of creating a Pan European structure of security (replacing NATO) are a real challenge and the most interesting one, for Europe.

In a multi polar world, let us exit NATO and create a continental and NON Atlantic defence’s system.

NATO is a military alliance created is 1949 in order to face USSR, but also in order to avoid a new risk to Europe (as it had been the case with Germany). Fast, this alliance, under the Anglos Saxons’ influence, led to the creation of a competing alliance in the other bloc, the soviet one, in 1955: ‘’ The Warsaw Pact’’. This double alliance split up the world in two rival blocs, until 1958 while the De Gaulle France decided to leave the Anglo Saxon block and to develop its own nuclear programme.

In 1966, France leaves the NATO commandment and the NATO HQ moves from Paris to Brussels, which is still the case nowadays. Brussels hosts the European institutions as well as the NATO ones. 30 years later in 1995, the French President Jacques Chirac started the negotiations to get back into the integrated commandment of NATO. This return was confirmed and focalized by President Sarkozy on the 17th March 2009.

Why this return ? What were the motivations of France to become an essential NATO actor ?

NATO has got today only two essential functions, both in the interest of America and both against the European interests.
First it has become a conquest weapon of the Eurasian heartland by America and its extension towards the East and the Russian borders. New nations are asked to join under wrong justifications, i.e. the historical fear of a Russian imperialism.  But this imperialism does not exist any longer. Only the American strategists keep it alive at perfection.

Under the pretext of entering the Euro-Atlantic partnership, NATO installs itself in the hart of Europe, pushes Russia back towards its own eastern borders and divides Europe once more, with the installation of American bases in front of the Russian borders.

This is the real aim of the Serbia campaign. Serbia is an ally of Russia in the logic of the Pentagon. With the bondsteel base but also the orchestrated revolution in Ukraine, the aim of America was to implement an American base in Crimea, in order to respond to the Russian base.

Since the 11/09/NATO has become a crusaders army at the eyes of the Muslim world, the same American strategists trying to convince us that NATO is a protection against the aggressive and terrorist Islamism.
No need though to be a scientist in order to understand that the Iraq and Afghanistan campaigns, if they could be won (which will probably not be the case) will not defeat ‘’terrorist’’ Islamism. Islamism is used today like an excuse in order to justify much older geopolitical objectives. Do we not suspect that the Afghanistan attack has been justified by the 11th September, but planned much before and that its reel aim had been the implementation of US troops in the heart of Eurasia?

Can we, without laughing, believe that the baathist Iraq of Saddam Hussein was one of the vectors of the world Islamist terrorism, or targeted for its petrol dwells?

Domination wars of the USA are wars aiming at controlling the natural resources that are concentrated (apart from Arctic) in the Arab peninsula, Iraq, Iran, Persian Gulf, Southern Russia (Caucasus) and Afghanistan.

Those resources conflicts are provoked by wrong motives, which are not Europe’s one. Worse, they may lead Europe to ethnical and religious tensions on ‘’its’’ territory.

Yugoslavia disintegration showed us how much a security structure was essential in order to maintain its harmony and face the external destabilizations. The recent Kosovo issue has perfectly shown that Europe is the bridge head that serves the USA who attack and invade Eurasia. America therefore creates tensions between European populations and in particular with Russia, to whom the ‘’Serbia’’ warning was addressed.

The vote of the Silk road strategy Act by the US Congress in 1999 was aimed at ‘’favouring’ the independence of the Caucasus and the Central Asian countries and at creating a land bridge in order to divert the road of the Silk Road to the Turkish harbours, therefore a NATO country.

The BATCH oil pipeline that passes by Georgia is following the same strategy and also partly explains the development of the military assistance to Georgia, since the arrival at power of Mikhaïl Saakachvili.

In a multi polar world with many centres, we could avoid a continental disintegration
In 1999 despite the attack on Serbia and after 10 years of total collapse, the assumption by Vladimir Poutine straightens Russia up and replaces the country at the front of the word political scene. Europe has toppled over NATO (by its participation to the bombing of Serbia). Russia, China, and the Muslim nations of Central Asia create in 2001 the Shanghai organisation as well as the OSTC in 2002. Those military Eurasian and inter-religious alliances aim at replying to the double Chinese and Russian surrounding by the American army and at defending the Eurasian regional well defined area.
Zbigniew Brezinski said: «The Eurasian strategy of the USA brought Russia and China closer. The two continental powers are building a real military alliance in order to face the Anglo Saxon coalition and its allies. » 


The American offensive towards the East (from Berlin to Kiev) has materialized in two majors steps, from 1996 until 2009.

In 1996, GUUAM was born. It regroups Georgia, Uzbekistan, Ukraine, Azerbaijan and Moldavia.
Those nations wish to get out of the post soviet bosom, right after the Berlin wall fall and while Russia was collapsing. It is not surprising that those nations who have strategic geographical positions, consequently have been the victims of revolutions financed by the CIA (orange revolution, tulips, roses and recently in Moldavia too after the elections). They also have been the victims of changes of western regimes. The most representative members of this association are the observers, Turkey and Latvia (!).
Nevertheless those regimes have not made it through, despite the expectations of their supporters (integration to NATO and EU, improvement of life).
On the contrary, those overthrown regimes have degraded economically and no integration into the euro-atlantist model occurred.

This is the reason why the departure of Uzbekistan in 2005 and the absence of concrete realization of the organization have led the latter to become inexistent politically. In May 2006 the political scientist Zardust Alizadé from Azerbaijan expressed his doubts regarding the development of the alliance and of the alliance’s ‘’practical results’’.

Today, the second step sees a quite aggressive materialization through the creation of a new front that we may call GUA (Georgia, Ukraine, and Arctic). In Georgia: the political incapacity of the president has pushed the American strategists to launch a military operation in August 2008. This operation failed because the Russian army has replied with a lot of strength and has liberated the territories of Ossetia and Abkhazia.  This conflict is the first conflict opposing Russia to America out of the Russian borders. The previous conflict had been the Whabitt destabilization in Chechnya, instigated mainly by the CIA.

In Ukraine the recent conflicts about gas show the growing tensions and a bright observer recently said that ‘’ a limited conflict, under the pretext of a territorial dispute, will surely burst and lead to a rupture of the gas’ supplies for a more or less long period of time. Those gas crises are provoked in order to train the Europeans to get used to such cuts.’’

Artic would need another article just for itself. I invite my readers to read my previous articles on the topic here and there and to consult the blog « zebrastationpolaire ».

Those manoeuvres of surroundings, of containment and of destabilization have various objectives:
-  To control the Black sea the Caspian and Baltic seas perimeters as they are essential zones of transit between the East and the West.
- To control the future corridors of energy in particular via a building project of oil and gas pipelines going round Russia but linking the regions of the Caspian sea with the ones of the Black and the Baltic sea.
- To spread the NATO influence further East in the heart of Eurasia in order to reduce the sphere of influence of Russia (on its close stranger) but mainly in Europe, and avoid a potential development of the Chinese influence towards Central Asia.  

Of course, a non experienced reader will tell me that the Russians and the Americans have never stopped to fight since 1945 and that globally this is not the business of Europe and of the Europeans. Well, this is exactly the contrary.

In a multipolar world with many centres, the Euro-Russian Alliance is the key stone for peace on the continent.
The consequences we told you about in this article are dramatic for Europe. They will cut Europe from Russia at a civilization, geopolitical, political and energetic level.
They will create a new wall in Europe, not in Berlin but in the heart of Ukraine, separating the West (under the American influence) from the East (under the Russian influence).
In a more pragmatic way this fracture nearly cuts the Orthodox Europe from the catholic and protestant Europe, underlining the theory of S.Hungtinton in his book « The shock of civilisations ». Last, let us note that China, a crucial geopolitical and economical actor, probably sees Europe (through NATO) as co-responsible of the surrounding situation that it (China) faces, West (military American bases in central Asia) and East (the Pacific along its shores, with also many American bases).
This rupture with two essential actors that are Russia (the biggest country in the world) and China (the most populated country of the world) are very serious.

In case of growing tensions with NATO and OCS, France and the other European countries would be in a conflict with an organisation that nearly groups together, one man out of three in the world, covers 32, 3 millions of km² et resources wise groups together 20 % of the petroleum world resources, 38% of natural gas, 40% coal and 50% uranium.

This strategy of separation of Russia and Europe and of Western and the centre will limit Europe in a micro territory slot in the west of the continent and will cut t from the huge possibilities that a partnership with Russia would offer.  
·         Europe needs Russia energy wise because Russia has got the gas and the petroleum resources that Europe needs. Russia is a stable supplier as its relation with Turkey proves it. Turkey has no supply problem. Just remember that the supply cuts during the war with Ukraine were due to the latter, but funnily enough the media have made Russia guilty).  The topic ‘’energy’’ is essential because Europe under the American commandment is proposed very risky alternatives, as for instance to replace Russia by Turkey (A NATO country aiming at becoming an EU member!). . This replacement of Russia by Turkey would also mean to have Nabbuco instead of South Stream and to participate to conflicts for energy (like Iraq). Europe could surely avoid all those troubles.
·         Europe needs the fabulous Russian potential, the human one (140 millions inhabitants), and the geographical one (17 millions km2 and its opening on the Pacific). Europe would therefore become a crucial actor, especially with the Asian world, the latter being in a full development process.
·         Russia also needs Europe and the Europeans not only for allocating its primary resources but also for its technologies and human capital that it could use to fight against it depopulation at the East of Oral. Last but not least it needs Europe like a natural and complementary ally, originating from the same civilisation.

This Euro- Russian unity is the only warrant of peace and independence for the continent populations. It is vital, it is strongly advised, because the Western European and the Russians belong to the same civilisation first of all.

As Natalia Narotchnitskaïa recently said in Paris during a colloquy:

 « The real cooperation between Russia and Europe could give a new energy to our continent, at the dawn of the third millenary. The big roman – German and Russo- Orthodox cultures share one and only one apostolic foundation, the Christian and spiritual one. Europeans, whether they are western or Russians, have given to the world the biggest examples of the orthodox and Latin spirituality.’’

These are the reasons why Russia is the future of Europe.

Politische Information über Portugal

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Politische Information über Portugal

 

Portugal hat ja auch letztes Wochenende gewählt

Dort gibt es auf der "Rechten" (im weitesten Sinne) zwei Parteien,

die rechtsliberalen Sozialdemokraten (in der deutschen Presse oft konservativ genannt)

http://de.wikipedia.org/wiki/Partido_Social_Democrata
http://www.politicadeverdade.com/

und das rechtskonservative demokratisch-soziale Zentrum (in der deutschen Presse oft als Rechtspopulisten erwähnt), die mit über 10 Prozent ein recht gutes Ergebnis einfuhren. Hier ist man katholisch-konservativ, gegen Zuwanderung und Abtreibung...

http://de.wikipedia.org/wiki/Centro_Democr%C3%A1tico_e_Social_%E2%80%93_Partido_Popular
http://www.cds.pt/

Die weitere Parteienlandschaft Portugals ist stark linkslastig. Kommunisten gemeinsam mit Grünen in einem Bündnis gemeinsam im Parlament, und dann neben den regierenden Sozialisten noch ein trotzkistisch beeinflusster Linksblock, zudem gibt es bei den nicht vertretenen Parteien auch mehrere weitere Marxisten.
Ich bin aber noch auf drei weitere interessante rechte Parteien gestoßen, die allerdings alle nicht einen Prozent bei der Wahl bekommen haben.

Die Monarchisten - Partido Popular Monárquico

http://de.wikipedia.org/wiki/Partido_Popular_Mon%C3%A1rquico
http://www.ppm.pt/
(auf die Flagge klicken)

Die "Rechtsradikalen" - Partido Nacional Renovador
(scheint so etwas wie eine gemäßigte NPD zu sein; Übrigens mal ein Beispiel für gelungenen "Entrismus" von rechts)

http://de.wikipedia.org/wiki/Partido_Nacional_Renovador
http://www.pnr.pt/
(die Internetseite war heute nicht vorhanden, gestern war ich aber noch drauf. Vielleicht ein Umbau? Vielleicht sind sie auch enttäuscht vom schlechten Wahlergebnis (ich glaube 0,2 Prozent))
Somit einige Bilder, als sinnliche Ergänzung:
http://3.bp.blogspot.com/_TGTJ1-LWGo4/SFfAPPzhBjI/AAAAAAAAABw/IErlzWF-wIQ/s320/Revista.JPG
http://img242.imageshack.us/img242/7199/pnr2hy6.png
http://ofogodavontade.wordpress.com/2009/08/15/nacional-e-social/
http://portugalmensal.blogspot.com/2008_05_01_archive.html
http://aspirinab.com/ficheiros/eca-pnr.jpg

Am interessantesten erscheint mir allerdings die Partei, die bei der Wahl am allerwenigsten Stimmen erhalten hat. Wirkt irgendwie alles sehr positiv.
Die ökologisch-konservative "Partei der Erde" - Partido da Terra

http://de.wikipedia.org/wiki/Partido_da_Terra
http://www.mpt.pt/mpt2009/index.php

Nun vielleicht ist das für den ein oder anderen interessant, vor allem wenn man Portugiesisch versteht.

Fascism and the Meaning of Life

Fascism and the Meaning of Life


Review: MODERNISM AND FASCISM: The Sense of a Beginning under Mussolini and Hitler. Roger Griffin (Palgrave Macmillan, Basingstoke 2007)

Roger Griffin, Professor in Modern History at Oxford Brookes University, first introduced the idea of 'Palingenesis' to the field of fascist studies over 15 years ago, making him immediately a leading figure in his chosen vocation. He isolated the syncretic fascist core as being palingenetic, populist ultra-nationalism, with overtones of a phoenix-like heroic rebirth. Since then he has extended and elaborated his theory that essential to the definition of the 'fascist minimum' is the notion of national rebirth or renaissance - “myths that generated policies and actions designed to bring about collective redemption, a new national community, a new society, a new man...engineered through the power of the modern state.” - culminating in this masterwork which rightly places fascism at the centre of wider modernist movements.

Epiphanic versus Programmatic Modernism

Griffin's insights have previously been recognized as audacious and perceptive, no more so than here. Part One of the book tackles the at first seemingly tricky concept of Modernism itself, which Griffin clarifies brilliantly. Modernism's “common denominator lies in the bid to achieve a sense of transcendent value, meaning of purpose despite Western culture's progressive loss of a homogeneous value system and overarching cosmology (nomos) caused by the secularizing and disembedding forces of modernization.” Modernization is experienced by those caught up in its slipstream as a relentless juggernaut unzipping the fabric of meaningful existence and leaving in its wake the abyss of permanently unresolved ambivalence. In short, Modernism is defined as a reaction against the decadent* nihilism of intellectual, societal and technical modernization. While Marx, other Leftists and liberals consider modern man's condition as one of angst and alienation induced by class warfare and industrial production, the Right sees anomie as both the cause and the principle symptom of our modern malaise. “It is the black hole of existential self-awareness in all of us, our fear of 'the eternal silence of infinite spaces' that so alarmed [Blaise] Pascal, which produces culture”. This modern culture is further divided by Griffin into what might be called introvert and extrovert reactions: the introvert reaction is generally individualistic and in Griffin's expression an 'epiphanic modernism' – the path of the artist – while the extrovert, collective reaction is defined as 'programmatic modernism'. The latter seeks to change the world and resolve the permanent crisis of modernity (“all that is solid melts into air” - Marx) by a collective act of 'reconnection forwards' (Moeller van den Bruck). It is not difficult to make the short step from 'programmatic modernism' to fascism; the transcendent politics proposed by van den Bruck at the beginning of the Twentieth Century are not so different from Guillaume Faye's 'Archaic Futurism' at its end. Both are, in the phrase of Guy Debord, “technically equipped archaism”.

Amongst the epiphanic modernists Griffin includes Nietzsche, Eliot, Joyce, Proust, van Gogh, Kandinsky and Malevich, but perhaps the truth of Griffin's argument is demonstrated by the man widely-acknowledged as the greatest modern painter: Picasso. In his earlier cubist works, Picasso sought inspiration from the primitivism of African masks, and later in the archetypal Mediterranean symbols of horses and particularly bulls (which surprisingly Griffin doesn't mention).

Gardening State

Following the exhaustive and enlightening dissection of modernism in Part One, Griffin explores the implications and applied politics in Part Two, where “modernity turbocharged by the conjuncture of the First World War, the Russian Revolution, the collapse of three absolutist regimes and a powerful monarchy, with an influenza epidemic that killed as many as 100 million people world wide had made the modernist drive to ward off the terror of the void – cultural, social and political – a phenomenon of mass culture. The new era would be a creatio ex profundis, an act of creativity defying the void.” Fascism aimed for a complete overhaul, in accordance with Emilio Gentile's observation of totalitarianism as “an experiment in political domination undertaken by a revolutionary movement.” Griffin introduces the idea of the pre-War Fascist and National Socialist regimes as 'gardening states' striking a successful balance between idyllic ruralism and technocratic modernism, the “compelling new imperative” that it obeyed “to clean up, to sterilize, to re-order, to eliminate dirt and dust” (Frances Saunders). Or neatly, if flippantly, summed up by Lars Lindholm, “For example, the Aryans (i.e. Germans, the blond and blue-eyed) are direct descendants from the Atlantean root-race, whereas the Jews, Negroes, Slavs, and anyone else for that matter, are unfortunate mutants, further away from Homo sapiens than the snottiest gorilla. The reason for all the troubles in this world is the presence of these unsavoury species that the master race should mercifully do away with so that peace and quiet could be restored and life imbued with a bit of style.” PILGRIMS OF THE NIGHT: Pathfinders of the Magical Way (Llewellyn, St. Paul MN, 1993). It was this same vision of hygienic modernity which inspired the building in London of bright new health centres in Peckham and Finsbury during the 1930s. But mild English pragmatism was no match for German determination, where public buildings were “an act of sacralization symbolized in the toned bodies of Aryan workers showering in the washrooms of newly built hygienic factories or playing football on a KdF sportsground, their camaraderie and zest for life expressing the hope for a young, healthy nation.”

Fascist aesthetics

Included in the book are illustrations of art and architecture not usually associated with the pre-War Fascist and National Socialist regimes: from the soaring arch designed by Adalberto Libera for the aborted EUR '42 exhibition in Rome (later ripped-off by Eero Saarinen for the St. Louis Gateway Arch), to the cool steel and glass structure designed by Morpugo encasing the Ara Pacis of Augustus, the 1933 blueprint for the new Reichsbank in Berlin by Gropius, or Baron Julius Evola's painterly experimentations with Dadaism. Goebbels is revealed as a fan of Edvard Munch and Fritz Lang, while Le Corbusier submitted plans for the new town of Pontinia in the recently-reclaimed Pontine Marshes. Fritz Todt celebrated Aryan technocratic power in his construction of autobahns and later the Atlantic Wall. Irene Guenther is quoted extolling 'Nazi Chic' with fashion displaying “another countenance, one that was intensely modern, technologically advanced, supremely stylized and fashionably stylish” and the Bauhaus influence on the new, burgeoning market in consumer durables is emphasised. Unlike previous historians of fascism with their simplistic and inflexible frameworks, Griffin admirably demonstrates that “fascism, despite the connotations of regression, reaction and flight from modernity it retains for some academics, is to be regarded as an outstanding form of political modernism”, encapsulating a “deadly serious attempt to realize an alternative logic, an alternative modernity and an alternative morality to those pursued by liberalism, socialism or conservatism”.

Ambition

Griffin is well aware of the boldness and ambition of his arguments. “Post-modern” academia is notoriously hostile to transdisciplinarity and historians today are loath to erect grand structures of interpretation and meaning. Few historians are less fashionable than Oswald Spengler, or even Samuel 'Clash of Civilizations' Huntington. Griffin is well aware of this problem, and in the introduction he specifically places MODERNISM AND FASCISM within the context of 'Aufbruch' (a breaking out of conventions). For this reason Griffin's style is reflexive: he is conscious of the fact that in proposing a new syncretic historical worldview he is in some ways mirroring the dynamics of fascism itself. Of course, European Identitarians and New Rightists will have no problem with the concept of evolutionary synthesis (it's no accident that one of the principal English-language New Right websites is called
Synthesis), nevertheless Griffin is correctly keen to show and stress that his work is non-totalizing. Overall his style is extremely lucid and arguments that may appear at first to be mere flights of fancy are revealed as having firm foundations, unlike the convoluted, almost impenetrable and until recently-fashionable critical theory style of, say, Andrew Hewitt's POLITICAL INVERSIONS: Homosexuality, Fascism and the Modernist Imaginary (1996) or the late Lacoue-Labarthe's HEIDEGGER, ART AND POLITICS (1990).

The sky is falling on our heads

At the end of his book, Griffin draws attention to a BBC News report from September 1998. “The sky is falling” it announces dramatically (shades of Asterix and Obelix here) “The height of the sky has dropped by 8km in the last 38 years, according to scientists from the British Antarctic Survey. Greenhouse gasses like carbon dioxide are believed to be responsible for creating the effect.” He goes on to speculate, “Had Nietzsche been philosophizing at the beginning of the twenty-first century instead of the end of the nineteenth, amidst Swiss glaciers shrivelling under skies where the abstract art of vapour trails punctures illusions of transcending Good and Evil, maybe he would have 'rethought all his ideas' in a different, greener 'framework'. Instead of railing against the advent of 'nihilism', 'decadence' and 'the last man', he might have realized that the time for any sort of 'eternal return' is rapidly running out in a literal, not symbolic sense.” In the intervening 9 years since that ominous BBC report, our carbon emissions have escalated tremendously while our climate has deteriorated further, thanks to global capitalism, free market economics, liberalism, population increase, mass migration across borders and above all the profound weakness and myopia in confronting the issue which is inherent to liberal democracies. We need to get a grip.

*not the frivolous, glamourized Sally Bowles Weimar “decadence” that the word conjures up in the minds of many gay men, but rather the very real awareness of decay; that all our greatest achievements as a civilization – the Renaissance, the Age of Discovery, the Moonshots – are behind us.

SYNERGIES en Allemagne: pourquoi?

europa.gifArchives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1996

SYNERGIES en Allemagne: pourquoi?

 

Une mise au point du Président Mark Lüdders

 

Quand on lui posait la question de savoir si la “droite” allemande avait un avenir, le non-conformiste Günter Maschke répondait brièvement et sèchement: “Pas pour le moment”. Et il poursuivait en expli­quant pourquoi son pronostic était si négatif. Parce que le niveau intellectuel de ces droites était tout simplement misérable. Maschke a donné cette réponse à Junge Freiheit  et à Vouloir  en 1991. Son juge­ment n'a pas dû se modifier considérablement depuis lors. Tout porte à croire qu'il doit même être plus pessimiste encore à l'heure qu'il est.

 

En effet, on peut aisément constater que les droites allemandes se sont intellectuellement repliées sur des positions datant du siècle dernier, celui du bon vieil Etat-Nation. On s'encroûte dans ses manies, on quitte la ville pour s'installer dans une campagne soi-disant “vierge” de toutes compromissions avec la modernité, on sombre dans le solipsisme, on se plaint, on attend que cette situation si terrible infligée au pays par la défaite de 1945 prenne fin... Ces reclus et ces figés connaissent leurs ennemis: l'ordi­na­teur, émanation de l'âge du Mal, le paprika que consomment les citadins et qui ne pousse pas en terre germanique (et ne peut donc être consommé sous peine de sombrer dans un état de péché mor­tel), la science qui n'est jamais qu'un résultat des Lumières, gauchistes avant la lettre, et “maçonniques” de surcroît... De Frédéric Nietzsche, ils ne connaissent que le nom, ont oublié celui d'Arnold Gehlen, ne s'intéressent plus aux travaux de Lorenz et de son école d'épistémologie biologique, ignorent bien en­tendu les leçons de Zinoviev et de De Felice, d'Oakshott et d'Ortega y Gasset, de Huizinga et de Maf­fe­soli: tous des étrangers...

 

Ce petit monde replié sur lui-même est toutefois convaincu de deux choses: les Juifs (toujours eux!) con­trôlent tout dans le monde, et les Polonais occupent les provinces orientales de l'Allemagne qui doivent nous revenir. Quand les Juifs cesseront de tout contrôler et que Breslau, Stettin, Dantzig, etc. redevien­dront pleinement allemandes, tout ira bien entendu mieux dans le meilleur des mondes... Force est de constater qu'une bonne partie des droites allemandes a complètement perdu le sens des réalités poli­tiques et n'a plus qu'une culture politique fragmentaire et lacunaire, assortie de phobies inexplicables qui les empêchent de sortir de leur ghetto.

 

Face à ces droites repliées sur elles-mêmes, nous avons des droites qui se sont ancrées —ou cherchent à s'ancrer—  dans l'ordre fondamental de la démocratie libérale: elles tentent d'entrer en dialogue avec l'établissement, afin de changer graduellement la société et en espérant qu'elles obtiendront finalement le pouvoir politique à haut niveau ou une parcelle importante de celui-ci. Mais en visant cet objectif fort loin­tain, ces droites-là oublient leurs positions idéologiques et axiologiques de base et snobent leur clientèle au parler plus cru et aux aspirations plus directes. Elles ne comprennent pas que la “méchante” oligarchie dominante ne s'intéresse pas à elles, mais ne vise que le maintien de ses postes, fonctions, statuts et positions et qu'elle dosera toujours savamment ses compromis pour rester au pouvoir et ne concéder que d'infimes parcelles de “pouvoir” purement décoratif, en marge des décisions politiques réelles. Ces droites-là tentent à tout bout de champ de redéfinir les concepts, s'engluent dans des discussions inter­minables visant à ménager la chèvre et le chou, finissent par prétendre qu'elles seules respectent le principe de la liberté d'expression et sont en droit de détenir le label de “véritable libéralisme”. Ces droites-là pèchent également par naïveté: elles ne voient pas, ou refusent de voir, que l'idéologie libérale n'est plus ce qu'elle était au XIXième siècle, qu'elle n'est plus l'expression d'une bourgeoisie cultivée et entre­prenante, mais qu'elle est un instrument de domination subtil ou une illusion progressiste agressive que l'on appelle la “permissivité”. En spéculant sur un libéralisme (conservateur et tocqueviellien) qui n'existe plus, ces droites se retranchent elles aussi dans des anachronismes du XIXième siècle. Elles demeurent certes “morales” ou “irréprochables” aux yeux de l'idéologie dominante, mais sur le plan politique ou sur le plan intellectuel, elles sont tout à fait inoffensives. Surtout parce qu'elles ne tentent même pas de cons­truire une véritable alternative à l'idéologie dominante: elles demeurent obnubilées par leur souci d'être ju­gées “conformes à la constitution”.

 

Mais le paysage idéologico-politique allemand connaît tout de même quelques exceptions positives. Il faut mentionner ici les efforts des nationaux-révolutionnaires des années 70 qui ont eu l'intelligence et le courage de jeter les premiers ponts entre le savoir scientifique contemporain et une vision du monde al­ternative. Si, dans les droites, on a pu apercevoir deci-delà quelques modernisations dans le discours, c'est à cette petite phalange d'idéologues audacieux qu'on le doit. Mais ces hommes n'ont été qu'une poi­gnée: une partie d'entre eux se sont malheureusement fondus dans les droites recluses ou “entristes”, une autre partie s'est retirée de tout, écœurée; si bien que nous n'avons plus en Allemagne qu'un tout pe­tit groupe d'intellectuels combattifs et toujours non-conformistes...

 

Devant ce triste bilan des agitations des droites allemandes, disons que la “Révolution Conservatrice” de l'entre-deux-guerres avait appliqué à la perfection le mot-d'ordre de Schiller (“Vis avec ton siècle, mais n'en sois pas la créature”) mais qu'après cette formidable révolution intellectuelle, sur laquelle le monde entier se penche encore aujourd'hui, les droites allemandes sont entrées en une profonde léthargie, ont raté lamentablement leur connexion aux nouveaux impératifs scientifiques ou philosophiques.

 

Cet échec est un défi pour les jeunes qui refusent tant les schémas de la droite recluse que ceux de la droite alignée. Ces jeunes sont là, leur nombre croît, mais ils n'ont ni tribune ni organisation. Ils perçoivent l'étroitesse d'esprit des uns et l'opportunisme des autres. Ils veulent rester dans la société civile, dans la société réelle, bref dans le peuple, mais sans perdre leur ouverture d'esprit. Ils veulent influencer la so­ciété sans vénérer les vieilles lunes en place et sans sacrifier aux lubies du libéralisme permissif. Dans les circonstances actuelles du paysage politique allemand, ces jeunes révolutionnaires constructifs, dis­séminés dans toute la société civile, ne rassemblent pas leurs forces, ne mettent pas leurs énergies en commun pour atteindre un objectif bien défini: ils restent éparpillés dans de petites organisations sans envergure et demeurent isolés (ce que l'idéologie et le pouvoir dominants attendent d'eux). C'est à cette carence qu'entend répondre une organisation comme SYNERGON. En effet, SYNERGON veut construire une communauté de pensée, bâtir une plate-forme pour tous ceux qui luttent isolément, rassembler les jeunes qui réclament l'avènement d'une droite ouverte aux idées nouvelles et qui veulent collaborer acti­vement avec leurs homologues de tous les pays d'Europe. Car il faut mettre fin à cette diabolisation xé­nophobique des autres Européens: il faut aller au devant d'eux pour apprendre leurs recettes, pour élargir nos propres horizons.

 

Un tel échange à l'échelle continentale animera et fécondera tous les “révolutionnaires-conservateurs” d'Europe: les Allemands pourront ainsi tirer profit de la flexibilité intellectuelle de leurs amis italiens, étu­dier plus profondément les legs de la pensée philosophique française de ces dernières décennies (Deleuze, Guattari, Foucault, Rosset, Maffesoli, etc.), découvrir les filons conservateurs-révolution­naires des Russes, etc. Par ailleurs, Français, Italiens, Ibériques et Russes, épaulés par les Allemands, pourront plonger plus directement dans les méandres de la “Révolution conservatrice” qui alimente encore tous les discours innovateurs de notre temps. Une invention allemande comme le mouvement de jeu­nesse (des Wandervögel à la Freideutsche Jugend  et aux expériences plus audacieuses et plus éton­nantes des années 20) pourra apprendre aux autres Européens à vivre plus concrètement leurs idéaux et à les transmettre en dehors de la seule sphère intellectuelle. De plus, l'écologie politique organique, donc révolutionnaire-conservatrice, qui est une idée allemande, pourra être communiquée à tous les cercles in­téressés d'Europe.

 

Le grand défi qui nous attend, nous les synergétistes de tous les pays qui appellent à l'unité, c'est de for­ger de concert une Weltanschauung qui soit réellement en prise avec notre temps, qui soit aussi éloignée de tout dogmatisme, de tout esprit partisan, qui puisse inclure et exploiter les résultats des recherches scientifiques les plus neuves, afin d'offrir à la société civile une alternative réelle et praticable à l'idéologie dominante, instrumentalisée par le pouvoir.

 

Pour obtenir un résultat tangible, nous devons donc échanger des idées au-delà des frontières en Europe, débattre, comparer des positions en apparence différentes voire irréconciliables. SYNERGON est le seul mode d'action commune qui puisse à l'heure actuelle répondre à ce défi. SYNERGON ne se pose pas d'emblée comme le concurrent d'autres organisations: nous ne cherchons pas à absorber ou à détruire ou à phagocyter des partis, des cercles ou des clubs déjà existants, mais nous voulons tout simplement animer un centre de coordination et de coopération.

 

Notre espoir est de réussir bien entendu, d'abord en établissant SYNERGON en Allemagne, afin que Günter Maschke puisse envisager l'avenir avec davantage d'optimisme.

 

Mark LÜDDERS.

mardi, 06 octobre 2009

L'avenir de l'Europe, c'est la Russie!

L’avenir de l’Europe, c'est la Russie!


par Alexandre Latsa ( http://alexandrelatsa.blogspot.com )
 "Nul doute deja, que la fin de «la guerre froide» a marque la fin d'une etape plus longue du developpement international – 400-500 ans, durant lesquels la civilisation europeenne a domine dans le monde. L'Occident historique s'est toujours propulse a la pointe de cette domination".

"La nouvelle etape est parfois definie comme «post-americaine». Mais, certes, ce n'est pas le «monde d'apres les USA» et d'autant plus sans les USA. C'est un monde, ou, a la suite de la montee d'autres centres globaux de la force et de l'influence, l'importance relative du role de l'Amerique se reduit, comme cela avait deja eu lieu au cours des dernieres decennies dans l'economie et le commerce globaux. Le leadership est un tout autre probleme, avant tout celui de l'obtention de l'entente parmi les partenaires, de la capacite d'etre premier, mais parmi ses égaux".

" Pour definir le contenu de l'ordre mondial en formation, on avance aussi les termes comme multipolaire, polycentrique, non-polaire".

"Nous ne partageons pas les craintes, que la reconfiguration actuelle qui se passe dans le monde mene inevitablement « au chaos et a l'anarchie ». On observe le processus naturel de la formation d'une nouvelle architecture internationale – tant politique, que financiere et economique, qui repondrait aux realites nouvelles".

"La Russie se voit comme une partie de la civilisation europeenne, qui possede les racines chretiennes communes".

"Le dur modele anglo-saxon du developpement socio-economique presente de nouveau des rates, comme dans les annees 20 du ХХe siecle.l'Occident avait pour beaucoup cree l'architecture financiere et economique globale a son image. Et actuellement, ou l'on est en presence du deplacement reconnu par tous de la force financiere et economique vers les nouvelles economies en croissance rapide comme la Chine, l'Inde, la Russie, le Bresil, il devient evident que ce systeme n'est pas adequat aux realites nouvelles. Au fond, on a besoin d'une base financiere et economique, qui correspondait au polycentrisme du monde contemporain".


***
Plus d'un an après ses propos tenus par Sergei Lavrov (en juin 2008) un seul constat s'impose, la crise financière les a totalement confirmés. A l'aurore de cet automne 2009, l'occident s'apprête à sortir de l'histoire par la petite porte, après avoir transmis ses métastases à l'humanité toute entière. Dans ce monde en re-configuration, il est bon se se demander quelle est la place que les peuples du continent Européen entendent jouer.

A l'heure ou les lignes de fractures sont de plus en plus illisibles, il est bon de rappeler que la seule chance de survie des peuples  Européens survivent est de sortir de l'ornière atlantiste suicidaire et de développer une collaboration poussée et intégré avec la fédération de Russie, afin que ce binôme "Euro-Russe" contribue à maintenir la paix sur le Heartland, au sein de ce nouveau monde multipolaire et polycentrique.

Dans un monde polycentrique et multipolaire, l’unite Européene est inévitable
Loin de l'idéalisme politique de comptoir, la réalité du monde de demain passe par l'économie et la démographie. La baisse d'influence de l'Amérique se traduit également par une augmentation de l'influence de nombres d'autres acteurs (BRIIC, monde arabo-musulman riche en énergie et en capital humain ..).  La population de la planète atteint aujourd'hui 6,5 milliards d'habitants et devrait dépasser les 9 milliards en 2050. L'europe, qui compte aujourd'hui 728 millions d'habitants (dont 1/3 hors de l'UE) devrait voir 
sa population tomber à entre 564 millions et 632 millions d'habitants, soit représenter entre 7 et 8% de la population mondiale et moins de 20% du PIB soit à peu près autant que la Chine seule (!). La France pour prendre un exemple devrait compter elle 70 millions d'habitants en 2050, soit 0,8% de la population mondiale, un habitant sur trois ayant plus de 60 ans (!) et la moitié la plus jeune de sa population étant à cet moment la d’origine extra-européene, principalement Afro-maghrébine.

Dans ce contexte, et malgré les discours percutants de personnalités crédibles et intéressantes (nicolas dupont aignant, paul marie couteaux ou jean pierre Chevènement pour ne citer qu’eux) la sortie de l’UE et le retour au « souverainisme » national est probablement la dernière des solutions à envisager. L’UE est certes imparfaite à 99% mais elle est imparfaite en ce qu’elle est dirigée par Bruxelles, qui est une officine du « parti américain » qui traite l’Europe en colonie américaine.
Pire les Américains (qui souhaitent avant tout maintenir leur position dominante et défendre leurs interets) ne souhaitent pas une Europe unie et puissante, apte à ne pas les suivre dans leurs offensives militaires illégales ou même à s’y opposer, diplomatiquement, voir militairement. C’est la raison pour laquelle les Américains font « tout » pour rentrer leur cheval de troie (Turque) dans l’Europe, afin d’y semer la discorde et de déstabiliser un ensemble homogène en création. N’oublions pas enfin que la Turquie, seconde armée de l’OTAN, est avec Israêl le pion de l’Amérique au proche orient, et que celle-ci occupe militairement l’Europe (Chypre).

C’est la raison pour laquelle les Américains ont tout fait pour dissuader De Gaulle d’obtenir l’indépendance nucléaire et de sortir du commandement intégré de l’OTAN. Parcequ’une France indépendante, prélude à une Europe indépendante pouvait entraîner la pire des situations envisageables pour les stratèges US, perdre l’avantage pris à la fin de la guerre (l’occupation de l’europe de l’ouest) et donc la main mise sur la façade « ouest » du heartland.

C’est également la raison pour laquelle certains stratèges du « parti américain » en Europe ont parfaitement compris l’interet a appuyer les « refus » de l’UE en soutenant des partis « anti UE » et Europhobes comme ce fus ouvertement le cas en Irlande avec le candidat Libertas par exemple. Plus récemment, le Bruxellophobe Philippe de Villiers a lui aussi rejoint le parti Atlantiste de Nicolas Sarkosy, l’UMP, pourtant ouvertement Europhile et après que celui ci ai fait rejoindre à la France le commandement intégré de l’OTAN.

La perte de souveraineté des pays Européens est un processus qui a traversé deux stades principaux.
* Le premier est celui de la fin des empires, issu du traité de westphalie et qui prône l’identité nationale (l’état nation) comme identité première. Cette ‘nationisation’ des identités Européennes a crée les conditions de la guerre de 30 ans qui a ravagé notre continent dans la première moitié du 20ième siècle. Curieux hasard, le traité de westphalie mettait lui également fin à une guerre civile européenne de 30 ans.
* Le second stade est celui de la régio-fragmentation. Ce processus que l’on nous affirme comme éminemment politico-progressiste (les régions seraient le stade ultime de l’intégration politique européenne) est en fait le résultat d’un processus politique extérieur volontaire afin d’affaiblir l’Europe en la morcelant en entité qui de par leur petite taille n’ont plus aucune autonomie économique ni de souveraineté militaire. Cela a été particulièrement le cas pour l’est de l’Europe comme en Tchécoslovaquie, en Yougoslavie ou en URSS, pour des raisons évidentes : ces nations ne « baignant » dans le bain Occidental que depuis peu elles étaient suspectes de réticence à l’alignement euro-atlantique.
Quoi alors de plus étonnant que les partis Européens les plus éminemment régionalistes soient les partis les plus européistes et les actifs en faveur de l’extension de l’OTAN et de l’intégration euro-atlantique. Ces mêmes « lignes » politiques sont partagées par les commissaires de Bruxelles, agents zélés des intérêts Américains en Europe.
Evidemment cette Europe de Bruxelles est évidemment l’inverse de l’Europe puissante et indépendante que nous voulons. L’union Européenne charnelle et réelle (et non légale) est néanmoins le seul objectif à défendre pour que les Européens maîtrisent leur destin et redeviennent acteur et non seulement spectateurs. Hors le monde de demain ne sera probablement pas un monde plus « ouvert » que celui que nous connaissons, ce sera plausiblement un monde d’affrontements, de conflits de blocs, de territoires, de zones et de civilisations. Dans ce monde de tension croissante, la clef pour l’Europe est de se doter d’une structure de défense qui lui appartienne et lui permette de protéger ses intérêts et ses citoyens. En ce sens, les propositions du président Medvedev sur la nécessité de créer une structure de sécurité Pan-Européenne (remplaçant l’OTAN) sont un défi réellement intéressant pour l’Europe.

Dans un monde polycentrique et multipolaire, sortir de l’OTAN et créer une défense continentale non atlantique.
L’OTAN est une alliance militaire constituée en 1949 pour faire face à l’URSS mais aussi au risque futur d’une nouvelle situation pour l’Europe comme celle-ci avait connu avec l’Allemagne. Rapidement, cette alliance sous la coupe des anglo saxons entraîna la constitution d’une alliance concurrente dans l’autre bloc (soviétique) en 1955 : « le pacte de Varsovie ». Cette double alliance scinda le monde en deux blocs rivaux jusqu’en 1958, lorsque la France de De Gaulle décida de quitter le bloc anglo-saxon et de développer son propre programme nucléaire. En 1966, la France quitte le commandement de l’OTAN, et le siège de l’OTAN est déplacé de Paris à Bruxelles, ce qui est toujours le cas aujourd’hui, Bruxelles hébergeant donc et les institutions Européennes, et celles de l’OTAN. Retour dans le giron moins de 30 ans plus tard puisqu’en 1995, le président Français Chirac entama les négociations de retour au sein du commandement intégré de l’OTAN, retour avalisé et effectué par le président Nicolas Sarkosy le 17 mars 2009.

Il convient dès lors de se demander quelles sont les raisons de ce retour de la France en tant qu’acteur essentiel au sein de l’OTAN. Celle-ci n’a en effet aujourd’hui que deux fonctions principales, qui sont les deux dans le pur intérêt de l’Amérique mais vont toalement à l’encontre des intérêts Européens.
Tout d’abord elle est devenue une arme de conquête du heartland Eurasien par l’Amérique et en ce sens, son extension à l’est, vers les frontières de la Russie, passe par l’adhésion de nations nouvelles (nouvelle Europe) pour des motifs erronés, qui sont la crainte historique d’un impérialisme Russe qui n’existe pas mais que les stratèges américains entretiennent parfaitement.

Sous couvert d’entrée dans le  « partenariat euro-atlantique », l’OTAN s’installe directement dans le cœur de l’Europe afin de pousser la Russie dans ses retranchements orientaux et de diviser une nouvelle fois l’Europe en installant ses bases militaires devant la frontière Russe. C’est le but réel de la campagne de Serbie (la Serbie étant un pion Russe dans la logique du Pentagone) avec la base bondsteel mais également de la révolution orchestrée en Ukraine, le but étant d’installer une base Américaine en crimée, en lieu et place de la base Russe actuelle.
Depuis le 11/09/2001 également, l’OTAN s’est transformée en « armée » de croisés au yeux du monde musulman, les mêmes stratèges tentant de nous persuader que l’OTAN est un rempart contre l’islamisme agressif et terroriste. Pourtant nul besoin d’être savant pour comprendre que la campagne d’Irak et celle d’Afghanistan, si elles devaient être gagnées (ce qui ne sera vraisemblablement pas le cas) ne vaincraient pas le « terrorisme Islamique ». L’Islamisme est aujourd’hui utilisé comme bouclier et paravent pour justifier des objectifs géopolitiques bien antérieurs. Ne suspecte t’on pas que l’attaque de l’Afghanistan ait été justifié par le 11/09 mais planifiée bien avant et que son but réel soit l’implantation de troupes US au cœur de l’Eurasie ? Peut on sans rire croire que l’Irak baathiste de saddam hussein ai été un des vecteurs du terrorisme islamique mondial, ou plutôt visée pour ses puits de pétrole ?

Les guerres de domination de l’empire Américain sont des guerres pour la maîtrise des ressources naturelles, qui sont concentrées (hormis en Arctique) entre la péninsule Arabe, l’Irak, l’Iran, le golfe Persique, le sud Russie (caucase) et l’Afghanistan.  Hors ces conflits énergétiques déclenchés sur des faux motifs ne sont pas ceux de l’Europe. Pire ils sont susceptibles d’entrainer l’europe dans des tensions ethniquo-religieuses sur « son » territoire. La désintégration de la Yougoslavie nous a montré à quel point une structure de sécurité était essentielle pour maintenir son harmonie et faire face aux déstabilisations de l’extérieur.

L’affaire récente du Kosovo a parfaitement démontré à quel point l’europe sert de tête de pont aux américains pour « attaquer » et « conquérir » l’Eurasie, et donc la Russie tout en créant des tensions entre peuples Européens et surtout avec la Russie, à qui « l’avertissement » Serbe était adressé. Point d’orgue de cette politique de conquête, le vote du Silk road strategy Act par le congrès US en 1999 destiné à « favoriser l’indépendance des pays du Caucase et d’Asie centrale et à créer un  pont terrestre détournant le commerce de ces pays avec l’ouest (qui passe actuellement par le territoire russe) vers le trajet de l’antique Route de la Soie aboutissant aux ports turcs, donc à un pays de l’OTAN. L’oléoduc BTC qui passe par la Georgie s’inscrit dans cette stratégie et explique en partie le développement de l’assistance militaire à la Géorgie depuis l’arrivée au pouvoir de Mikhaïl Saakachvili.

Dans un monde polycentrique et multipolaire, éviter la désintégration continentale.
Toujours en 1999, malgré l’attaque de la Serbie, et après 10 ans d’effondrement total, la prise de pouvoir de Vladimir Poutine va redresser la Russie et replacer celle ci sur le devant de la scène politique mondiale. L’Europe ayant basculé vers l’OTAN (participation des nations européennes à l’agression contre la Serbie), la Russie, la Chine et les nations musulmanes d’Asie centrale créent en 2001 
l’Organisation de Shanghai ainsi que l’OSTC en 2002. Ces alliances militaires eurasiatique et inter-religieuses ayant pour but de répondre au double encerclement Russe et Chinois par l’armée Américaine et à défendre le pré-carré régional eurasiatique.  Comme le disait Zbigniew Brezinski : « La stratégie eurasiatique des Etats Unis a suscité en réaction un rapprochement entre la Russie et la Chine. Les deux puissances continentales sont en train de construire une véritable alliance militaire face à la coalition anglo-saxonne et à ses alliés. » 

Cette offensive Américaine vers l’est (de Berlin à Kiev) s’est matérialisée en deux étapes essentielles, de 1996 à 2009.
* En 1996 est créé l'organisation GUUAM qui regroupe Géorgie, Uzbékistan , Ukraine, Azerbaïdjan et Moldavie. Ces nations désirent à l’époque « sortir » du Giron post soviétique après la chute du mur et dans un contexte d’effondrement de l’état Russe. Il n’est pas surprenant que ces nations aient des positions géographiques 
stratégiques et par conséquent aient été victimes des révolutions de couleur financées par les ONG proches de la CIA (révolution orange, des tulipes, des roses et récemment en Moldavie après les élections) ainsi que des changements de régimes pro Occidentaux liés. Symbole de la « couleur » de cette association, les membres observateurs sont la Turquie et la Lettonie (!). Néanmoins ces régimes renversés n’ont pas obtenu les résultats escomptés par leur supporters (intégration dans l’OTAN et l’UE, amélioration du niveau de vie ..) mais au contraire ont entrainé une dégradation de la situation économique et aucune intégration dans le système euro-atlantique. C’est la raison pour laquelle le départ de l’Ouzbékistan en 2005 et l’absence de réalisation concrète de l’organisation l’ont mise en sommeil politique et qu’en mai 2006, le politologue azerbaïdjanais Zardust Alizadé exprimait encore ses doutes quant aux « perspectives de développement de l'alliance, et l'obtention de résultats pratiques ».

* Aujourd’hui, la seconde étape se matérialise agressivement via l’apparition d’un nouveau front, que l’on peut appeler le GUA (Georgie, Ukraine, Arctique).
En Géorgie : l’incapacité politique du président a incité les stratèges Américains à lancer une opération militaire en août 2008, celle-ci ayant néanmoins échoué puisque l’armée Russe a répondu avec force et a « libéré » les territoires d’Ossétie et d’Abkazie. Ce conflit est le premier conflit de la Russie avec l’Amérique hors des frontières Russes (la précédente étant la déstabilisation Wahabitte en Tchétchénie, fomentée en grande partie par la CIA).
En Ukraine les récents conflits gaziers témoignent des tensions grandissantes et un observateur éclairé jugeait récemment que « un conflit limité, sous le prétexte d'un litige territorial, devrait éclater entraînant une rupture des fournitures de gaz pour une période plus ou moins lingue, les crises gazières sont provoquées afin d'entraîner les consommateurs européens à une telle coupure ».

L’arctique nécessitant un développement propre, j’incite mes lecteurs à lire mes précédents articles à ce sujet (ici et la) et à consulter le blog de « 
zebrastationpolaire » à ce sujet.

Ces manœuvres d’encerclement, d’endiguement et de déstabilisation ont divers objectifs :
-  Contrôler les pourtours des mers noire, caspienne et baltique, zone  essentielles et de transit entre l’orient et l’occident.
- Maîtriser les futurs corridors énergétiques, notamment via un projet de construction d’oléo- et gazoducs contournant la Russie mais reliant les régions de la Caspienne, de la mer Noire et de la Mer Baltique.
- Etendre l’influence de l’OTAN le plus à l’est, au cœur de l’Eurasie afin de réduire la sphère d’influence de la Russie (sur son étranger proche) mais surtout en Europe et empêcher un éventuel développement de l’influence Chinoise vers l’asie centrale
Évidemment un lecteur non averti me dira que les russes et les américains n’ont cessé de s’affronter depuis 1945 et que globalement, ce n’est pas l’affaire de l’Europe et des Européens. Hors c’est précisément l’inverse…

Dans un monde polycentrique et multipolaire, l’alliance Euro-Russe, clef de voute de la paix sur le continent.
Les conséquences sus cités sont absolument dramatiques pour l’Europe. Elles ont pour conséquences de nous couper de la Russie sur un plan civilisationnel, géopolitique, politique et énergétique ou encore de créer un nouveau mur en Europe, non plus à berlin mais au cœur de l’Ukraine, en séparant l’Ouest (ensemble sous influence Américaine) de l’Est (ensemble sous influence Russe). Plus prosaiquement, cette ligne de fracture coupe « presque » l’Europe orthodoxe de l’europe catholico-protestante, reprenant la vision des civilisations séparées de S. Hungtinton dans son ouvrage « le choc des civilisations ». Enfin il est à noter que la Chine, acteur géopolitique et économique majeur, juge probablement l’Europe (via l’OTAN) co-responsable de la situation d’encerclement total qu’elle subit, que ce soit à l’ouest (
ring centro-asiatique) et à l’est (dans le pacifique devant ses côtes). Cette rupture avec deux acteurs essentiels que sont la Russie (le pays le plus grand du monde) et la Chine (le pays le plus peuple du monde) sont doublement graves. En cas de tension croissante entre l’OTAN et l’OCS, la France et les pays d’Europe Occidentale seraient en conflit avec une organisation qui regroupe presque un homme sur trois dans le monde, couvret 32,3 millions de km² et comprend au niveau des ressources énergétiques 20 % des ressources mondiales de pétrole, 38 % du gaz naturel, 40 % du charbon, et 50 % de l'uranium.

Cette stratégie de séparation de la Russie et de l’Europe de l’ouest et du centre a en outre comme conséquence de « limiter » l’Europe dans un micro territoire encastré à l’ouest du continent et de la couper des possibilitées immenses que lui offriraient un partenariat avec la Russie.

·         L’Europe à besoin de la Russie au niveau énergétique car la Russie dispose des réserves de gaz et de pétrole dont l’Europe à besoin. La Russie est un fournisseur stable comme le prouve sa relation avec la Turquie qui ne souffre elle d’aucun problème d’approvisionnement (il faut rappeller que les coupures d’approvisionnement lors de la guerre du gaz avec l’Ukraine étaient dus à cette dernière mais que les « médias » ont curieusement désignés la Russie comme coupable). La  question énergétique est essentielle car l’Europe sous commandement Américain se voit proposer des alternatives à hauts risques, comme celui de remplacer la Russie par la Turquie (pays de l’otan candidat à l’UE !) comme fournisseur énergétique (Nabucco au lieu de south stream) ou encore de participer à des conflits pour l’énergie (Irak) dont elle pourrait se passer.

·         L’Europe a besoin du fabuleux potentiel que représente la Russie, tant le potentiel humain avec ses 140 millions d’habitants, que géographique avec ses 17 millions de Km² et le débouché sur le pacifique. Elle deviendrait ainsi un acteur de premier plan notamment avec le monde asiatique, qui en en plein développement.

·         La Russie à également besoin de l’Europe et des Européens, tant pour l’acheminement de ses matières premières que pour ses technologies ou son capital humain, qu’elle pourrait utiliser afin de combler le dépeuplement à l’est de l’oural. Enfin et surtout, elle a besoin de l’Europe comme d’un allié naturel, complémentaire car issu de la même civilisation.

En effet cette unité Euro-Russe (seule garante de paix et d'indépendance pour les peuples du continent) n'est pas seulement vitale, elle est souhaitable car les Européens d'Occident ou de Russie appartiennent avant tout à la même civilisation.

Comme le disait récemment Natalia Narotchnitskaïa lors d’un colloque à Paris : « La vraie coopération entre la Russie et l’Europe pourrait cependant donner un nouvel élan à notre continent à l’aube du troisième millénaire. Les grandes cultures romano-germanique et russe-orthodoxe partagent un seul et même fondement apostolique, chrétien et spirituel. Les Européens, qu’ils soient Occidentaux ou Russes, ont donné au monde les plus grands exemples de la spiritualité latine et orthodoxe ».

Voilà pourquoi l’avenir de l’Europe, c'est la Russie.

Gaps in Germany's New Right

GAPS IN GERMANY'S NEW RIGHT

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REVIEW: GERMANY'S NEW RIGHT AS CULTURE AND POLITICS. Roger Woods (Palgrave, Basingstoke 2007)

In this clear and workmanlike report and assessment of the New Right in Germany, Roger Woods first of all examines the cultural background, then goes on to explore the problematic Conservative Revolutionary and National Socialist legacy, New Right values and programmes, before reaching a somewhat downbeat conclusion. “The New Right project of providing itself with a cultural dimension as a solid foundation for new political thinking has not gone according to plan” says Woods, early-on.

Woods outlines three phases of New Right development in Germany since 1968; firstly as a meta-political movement taking its lead from the French New Right interpretation of Gramsci and culture combined with 1970s ideology, then the period 1982-1989 when the New Right served as a right wing corrective to right wing German Federal and Land governments and also in the historians dispute, and finally from 1989, after the collapse of socialism, when issues of national identity came to the fore.

The most interesting parts of the book deal with the ambiguous inheritance of Conservative Revolutionary thinkers of the Weimar Republic and the background of cultural pessimism. Woods emphasizes the uncertainty many German New Right thinkers betray despite promoting traditional values such as the Church, Family, Nation/ State. The cultural pessimist insight is that all these ideas have been tried, and failed, and that modernity in all its aspects is irreversible. With the current ecological crisis of climate change and industrial pollution, as Botho Strauss points out, not even nature can be relied upon. The quest for institutions that can embody transcendental values is abandoned. It is this feeling of resignation that allows German New Right thinkers like Martin Schwarz to contemplate compromise with Islam: “In a speech to the right wing organization Synergon Deutschland Martin Schwarz declares that if Europeans were to adopt the principles of Islam their nations would flourish”. “We live in a time of chaos and disintegration. If we wish to survive we must not convince ourselves that our main aim is to confront those people who are being uprooted and tossed around as the old order disintegrates...There is no Islamic conspiracy to bring down the West!” - Martin Schwarz.

Opposed to this defeatism are a minority including Pierre Krebs of Thule Seminar: “In the land of Nietzsche and Wagner, Bach and Kant, Clausewitz and Thomas Münzer a single word could fan the red glow of history back to life, smash to pieces half a century of dictatorial 'reeducation' that thought it could displace this word from the mind of a whole people without encountering any resistance”.

From an English perspective, this cultural pessimism may seem a result of over-intellectualizing and the particular, awkward memory for Germans of the NSDAP. If, as it is commonly held, Europe is a Symphony of Nations, then we have already heard the majesty of Mussolini and the sombre, expressionist tones of German National Socialism; yet England, the Celtic lands, Scandinavia, central Europe and Russia have so far remained silent. Let Russia sing and England and France take up the reprise! (Britain's particular excuse for European dis-engagement has been its global empire, its invention of the modern world, and currently its maintenance through force, financial power and flim-flam of that same decaying world).

Unfortunately, there is a significant oversight of which this book is guilty. I would argue that the major fault with the German New Right, and Woods account of it, is a lack of awareness of our true, shared pre-Christian Aryan heritage. As for Christianity, there seems little point in falling back on the tradition of a religion if that religion is wrong; and not only wrong, but destructive. German religious traditionalists are still mainly Christian, thereby continuing the Semitic monotheist intrusion into Aryan spirituality. How can Germans “return” to a faith that caused them so much physical and mental harm, from encouraging Charlemagne to slaughter thousands of pagan Saxons in order to force conversion, or that wasted Germany for generations after the carnage of the Thirty Years War?

Neither Roger Woods nor the examples he cites have much time for the insights of European paganism and the apparent pre-Christian Aryan ideology uncovered by Indo-Europeanists like Georges Dumezil and Alby Stone. European pagan metaphysics in conjunction with the ideas of Western philosophers such as Nietzsche and Heidegger and the political outlook of Evola and Yockey can provide meaning, to resist the onslaught of nihilist modernism and the doubts and uncertainties expressed by New Right thinkers in Germany. This is where the German New Right, and the New Right across Europe, will find the “fixed points”, the traditions, the models for a functioning society, and the new elan – the new spirit of adventure, hope, and destiny – for which the German New Right, and many Europeans more generally, have been searching.

This new spirit must originate from and embody the European Faustean sensibility; it must embrace synthesis, science and technology: “The fascist is obsessed with an ideal of Modernity and youth: he wants to create a new man, a lover of sport and autosport, living in a new city which has been given new life by futuristic architecture. He is an admirer of Le Cobusier, Marinetti, Gropius. He loves motors, mechanical engineering and speed.” - Zeev Sternhell, quoted on p68.


I have just two caveats for a book that is otherwise fair as far as it goes:
- for a book published in mid-2007, the references don't extend beyond Summer 2004 at the latest, as far as I can see. I don't blame the author for this; publication schedules are often delayed.
- secondly, the front cover appears to be a (totally uncredited) photograph of the Holocaust memorial in Berlin. According to the text within, “For the New Right, however, the Holocaust memorial is 'the last testament of the generation of 68'. Before they retire they want to deal Germany a blow which will shake it to its core. Junge Freiheit quotes Rudolf Augustein's view that the memorial is aimed against the newly emerging Germany in Berlin and the sovereignty that Germany had taken so long to restore”. To choose this particular image to illustrate the cover of a book on Germany's New Right is singularly inappropriate, almost a calculated insult directed at the book's readers.

La critica de Carl Schmitt al Parlementarismo

La Crítica de Carl Schmitt al Parlamentarismo

Por Luis Oro Tapia

El liberalismo propicia la publicidad y transparencia de la actividad política. El demoliberalismo quiso terminar con la política de gabinete y con los secretos de Estado, pero incurrió en dos prácticas análogas: la política de camarillas y el hermetismo del trabajo en comisiones. La burguesía, en su lucha contra la monarquía absoluta, opuso a la doctrina de la razón de estado y de los arcana imperii el ideal de la transparencia y de la publicidad de los actos de gobierno. Una de las finalidades originarias del parlamento era transparentar, mediante la antorcha de la razón pública y de la libre discusión, la manera como la autoridad gubernamental toma sus resoluciones.

Tal motivación tenía por meta superar la política secreta de los príncipes y de los consejos de gabinete. Este nuevo ideal concebía la política de gabinete, ejecutada por unas cuantas personas a puertas cerradas, como algo en sí mismo malvado y, por tanto, la publicidad de la vida política, por el mero hecho de ser tal, como algo bueno y saludable.

Sin embargo, la aspiración de transparencia y publicidad que pregonaba el liberalismo pronto devino en prácticas que negaban dicha expectativa. En efecto, en la Era Liberal las cada vez más pequeñas comisiones de partidos, o de coaliciones de partidos, deciden a puertas cerradas sobre aquello que afecta diariamente la vida de los ciudadanos. Más aún, los parlamentarios no deciden de manera autónoma, sino que deciden como representantes de los intereses del gran capital. Y estos últimos, a su vez, toman sus decisiones en un comité más limitado que afecta, quizás de manera mucho más significativa, la vida cotidiana de millones de personas. De hecho, las decisiones políticas y económicas, de las cuales depende el destino de las personas, no son (si es que alguna vez lo han sido) ni el fiel reflejo de la sensibilidad de la ciudadanía ni del debate público que en torno a ellas se pueda suscitar. Si la política de camarillas y el hermetismo del trabajo en comisiones se han convertido en la negación del discurso normativo liberal, que propiciaba la publicidad y la discusión, es natural que “la fe en la discusión pública tenía que experimentar una terrible desilusión”. En efecto, el funcionamiento del sistema demoliberal de gobierno ha resultado ser un fiasco, porque la evolución de la moderna democracia de masas ha convertido el eslogan de la discusión pública en una mera formalidad vacía.

Por cierto, la verdadera actividad política no se desarrolla en los debates públicos del pleno, puesto que las decisiones realmente importantes han sido tomadas previamente en las comisiones o “en reuniones secretas de los jefes de los grupos parlamentarios e, incluso, en comisiones no parlamentarias. Así, se origina la derivación y supresión de todas las responsabilidades, con lo que el sistema parlamentario resulta ser, al fin, sólo una mala fachada del dominio de los partidos y de los intereses económicos”.

Para Schmitt el Estado demoliberal es incapaz de actuar como unidad de decisión y de acción frente a situaciones límites. El liberalismo frente a un dilema que impele a tomar una determinación rápida queda atónito y elude tomar pronta y resueltamente un curso de acción a seguir. Así, por ejemplo, frente a la pregunta perentoria: “¿a quién queréis, a Barrabás o a Jesús?”, la urgencia de la respuesta queda aplazada con el nombramiento de una comisión parlamentaria investigadora que finalmente elude dar una respuesta concluyente. Para Schmitt, la esencia del liberalismo radica en la negociación y la indecisión permanente, puesto que tiene la expectativa de que en el debate parlamentario el problema se diluya, suspendiéndose así indefinidamente la resolución mediante la discusión eterna.

En el parlamentarismo, el pueblo como unidad orgánica, vale decir como totalidad, no está representado en el parlamento; por consiguiente, el régimen parlamentario no es democrático. Entonces, ¿a quiénes representan los parlamentarios? La respuesta teórica es a la nación, a la comunidad, a un todo orgánico. Sin embargo, en la práctica no es así, porque los parlamentarios representan a partidos políticos, tras los cuales están determinados intereses, y ellos están más preocupados de aumentar o de preservar sus cuotas de poder, que les permiten proteger sus respectivos intereses, que de velar por el bienestar del todo orgánico. Los partidos se relacionan entre sí “como poderosos grupos de poder social y económico, calculando los mutuos intereses y sus posibilidades de alcanzar el poder y llevando a cabo desde esta base fáctica compromisos y coaliciones”.

Schmitt afirma que en el parlamento no hay discusión, pero sí negociación y ajuste de intereses entre los partidos que tienen representación parlamentaria. Por tal motivo, Schmitt sostiene que afirmar que los parlamentarios alientan una genuina discusión pública sería faltar a la verdad. La brecha entre el ideal y la realidad es ostensible; en efecto, las relaciones entre los parlamentarios distan mucho del modelo de discusión pública que proponía Bentham. Este teórico del liberalismo sostenía que en el parlamento se encuentran las ideas y el contacto entre ellas hace saltar las chispas de la evidencia. Pero, en la práctica, no hay discusión razonada ni debate público, sino negociaciones de antesala en la que los partidos tienen por principal preocupación la defensa de sus intereses sectoriales y el cálculo estratégico de sus oportunidades para incrementar o conservar sus cuotas de poder.

Entonces, el debate público resulta ser una quimera. En efecto, en vez de prosperar una discusión en la que prevalece la argumentación racional, irrumpe la propaganda que tiene por objetivo seducir la emotividad del electorado. Así, la discusión pública primero es sustituida por la excitación de la sensibilidad e inmediatamente después por la movilización de las pasiones, lo cual se logra a través de afiches, carteles, consignas y otros medios que tienen por finalidad sugestionar a las masas.

¿Por qué el parlamentarismo está en crisis? Dicho en nuestro lenguaje: ¿Por qué la democracia liberal está en crisis? ¿Qué explica el desafecto que existe por ella? La democracia liberal como institución ha perdido sus raíces ciudadanas, manteniéndose sólo como un dispositivo formal vacío, como un organismo carente de un pathos, que funciona más por inercia y por falta de una mejor opción que por convicción. El languidecimiento del pathos del parlamentarismo ha debilitado la identidad existente entre representantes y representados; por consiguiente, el sistema demoliberal deviene, paradojalmente, en un régimen no democrático; concebida la democracia como la entiende Schmitt. ¿Qué es la democracia para Schmitt? Es, simplemente, la identidad que existe entre gobernantes y gobernados; entre la nación y el Estado; entre los seguidores y el líder; entre electores y elegidos, etc.

En las sociedades que poseen regímenes políticos demoliberales el afán de dar satisfacción a los intereses individuales y sectoriales en desmedro de la comunidad ha erosionado la moral pública. Tanto es así que en algunos Estados demoliberales “todos los asuntos públicos se han convertido en objeto de botines y compromisos entre los partidos y sus seguidores y la política, lejos de ser el cometido de una elite [de servidores públicos], ha llegado a ser el negocio, por lo general despreciado, de una, por lo general despreciada, clase”, concluye Schmitt.

Les cinq guerres d'Ernst Jünger

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Les cinq guerres d'Ernst Jünger

 

 

Jean-Jacques LANGENDORF

 

“Qui de plus beau, et de plus nécessaire, qu'une armée qui avance?”

 

En évoquant un fait essentiel de la première guerre mondiale, une page de Feuer und Blut (publié en 1925) d'Ernst Jünger semble sceller, on serait tenter de dire d'une manière accablante, un vieux débat d'idées militaire: «Je me souviens encore très bien du visage subitement émacié et pâli du Lieutenant Vogel, lorsqu'en septembre 1916, près de la Ferme du Gouvernement, nous sommes descendus des camions automobiles et que nous avons vu la rouge incandescence, pareille à un océan qui serait en flammes, et dont la lueur montait dans le ciel nocturne, jusqu'aux étoiles. Le fracas, que nous avions perçu depuis longtemps, très loin derrière les lignes, comme s'il s'agissait du fonctionnement d'une immense machine, crois­sait démesurément, devenait semblable au hurlement d'un fauve carnassier et qui était prêt, en apparence, à dévorer l'espace d'une province tout entière. C'est comme si l'haleine brûlante de la mort mécanique passait au-dessus de nous et Vogel me hurla, en bégayant, dans l'oreille, sa voix résonnait comme celle d'un enfant désorienté: “Devons aller là-dedans? Nous n'en reviendrons jamais!”» (I, 463-464).

 

La toute-puissance du feu

 

Ces lignes, qui décrivent la toute-puissance du feu, son triomphe absolu, son apothéose d'acier, mettent fin en apparence à une vieille querelle qui s'ouvre dès le premier tiers du XVIIIième siècle et qui oppose les contempteurs et les adorateurs du feu. Les premiers, de Folard à Mesnil-Durand, s'en vont répétant que le feu ne tue pas et que le fusil et le canon, celui-là surtout, sont armes anodines. Par conséquent, une armée qui parviendrait à accroître sa rapidité en adoptant un ordre convenable  —en l'occurence la colonne—  devrait aisément se soustraire aux effets du feu. Pour les seconds  —Guibert, Mauvillon, un peu plus tard Berenhorst—  le feu, mais à leurs yeux essentiellement le feu de l'infanterie, est bel et bien mortel. Il faudra un Duteil pour lui adjoindre le feu de l'artillerie.

 

L'histoire militaire atteste de l'efficacité toujours croissante du feu, obtenue par des moyens techniques de plus en plus perfec­tionnés. Mais, curieusement, alors que sa réalité dévastatrice dicte sa loi sur le terrain, les tacticiens, dès que les hostilités cessent, ont tendance à en minimiser systématiquement les effets. Cette amnésie partielle s'explique facilement: dans la me­sure où l'on postule la manœuvre classique, c'est-à-dire rapide et décisive, on est bien obligé de gommer par l'imagination la portée de ce feu, qui est le facteur essentiel du ralentissement, voire de l'enlissement de cette manœuvre. A Wagram, en 1809, le feu est jugé presque intolérable, et carrément insupportable à Borodino en 1812. Mais, la paix revenue, on recom­mence à le sous-estimer et à chaque fois, à chaque nouvelle guerre, il réapparaît avec une force nouvelle, à Sébastopol, à Solférino, à Sadowa où le Général prussien von Fransecky, qui défend la lisière de la forêt de Benateke, relève qui se trouve “dans un enfer”. Le commentateur semi-officiel français de la guerre de 1870/71 décrit, à propos de la bataille de Saint-Privat et de l'attaque du village de Roncourt, le feu de l'artillerie comme “véritablement infernal”. Au matin du 18 août, le Général von Alvensleben, qui commande le 3ième Corps d'Armée, explique au Général von Pape, qui commande la 1ière Division de la Garde à Pied, que les Prussiens, qui ont sous-estimé le feu du Chassepot et des mitrailleuses (une nouvelle et redoutable source de feu), vont être dorénavant contraints de se couvrir en utilisant les ressources du terrain et de l'artillerie systémati­quement. A Plewna, au Transvaal, en Mandchourie, dans les Balkans et même en Tripolitaine, on s'enterre de plus en plus. En même temps, un élément nouveau, grand paralysateur de mouvement, fait son apparition, le fil de fer barbelé. «Devant la tran­chée, s'étend, sur la longueur, souvent en plusieurs lignes, la barrière de barbelés, un tissu dense et sinueux de fils de fer à pi­cots, qui doit arrêter l'attaquant, de façon à ce qu'il puisse tranquillement être pris sous le feu depuis les postes de tir» (Orages d'acier, I, 48).

 

Théories sur le feu en 1914

 

A la veille de 1914, tous les éléments matériels permettant d'assumer la suprématie du feu  —fusils à tir relativement rapide, mitrailleuses, artillerie à longue portée utilisant des poudres sans fumée—  et bloquer le mouvement offensif, sont à la dispo­sition du commandement. Mais en dépit de cet arsenal  —et des exemples historiques récents que l'on s'obstine toutefois à considérer comme marginaux ou exotiques—  les deux grands belligérants potentiels demeurent fidèles à l'idéal de manœuvre rapide et décisive. En Allemagne, le Général von Bernhardi met au compte de l'incapacité des Boers et des Japonais l'utilisation de la tranchée et souligne que dans la guerre européenne de l'avenir, le mouvement l'emportera sur la pelle, la fortification de campagne n'étant utilisée qu'exceptionnellement. En France, on ne pense pas autrement. Ceux qui pressentent les effets dévastateurs du feu, et qui souvent sont ceux qui n'ont pas oublié les leçons de 1870/71, se comptent sur les doigts des deux mains, et souvent c'est chez les neutres qu'il faut aller les chercher. Dès 1902, le Colonel suisse Feyler donne une description véritablement prophétique de ce que sera la bataille défensive de l'avenir et de la guerre dans laquelle elle s'inscrira; il est rejoint dans ses conclusions par un Belge, le Général-Baron de Heusch. Au niveau stratégique, un mili­taire français démissionnaire, Emile Meyer, et un chevalier d'industrie russe, Jean de Bloch, annoncent un conflit de type nou­veau, dans lequel le feu et la durée, et sur ce dernier point un Kitchener a également développé une pensée particulièrement précise, occuperont une place centrale. Mais parfois même ceux qui croient avec le plus de conviction aux possibilités de la manœuvre napoléonienne sont, à l'instar des Maud'huy ou Lanzerac, saisis par le doute. En tout état de cause, depuis l'expérience mandchoue, le choc ne leur apparaît plus comme la panacée universelle. Même un Colonel de Grandmaison, le théoricien de l'«élan vital», appliqué à l'offensive à outrance, l'adepte du “bergsonisme en acte”, parvient, lorsqu'il émerge de son rêve, à postuler, pour couvrir l'avance de l'infanterie en terrain découvert, un feu intense d'artillerie, “ce bouclier de l'infanterie” (comme il dit) qui lui fraye le chemin. Ce ne sont toutefois que des exceptions et même en Allemagne, où la doc­trine d'engagement est infiniment plus positive et dégagée de trop criants errements, on continue à se bercer d'illusions en ce qui concerne la manœuvre et la neutralisation du feu adverse. Pour s'en convaincre, il suffit de consulter par exemple les cro­quis des pages 194 à 196 de la seconde édition de Der Infanterie-Leutnant im Felde (Berlin, 1912) de Nicolai et Hein pour voir quels moyens de protection, jugés alors totalement idoines, allaient, deux ans plus tard, apparaître comme parfaitement déri­soires. «Le capital d'expériences de guerre que l'Allemagne avait à sa disposition avant la guerre mondiale, lui venait essen­tiellement de la guerre franco-allemande. L'esprit de cette tradition victorieuse conduisait à une grande confiance, du reste justifiée, en la force de frappe, qui s'exprimait dans diverses conceptions telles le combat ouverte entre tirailleurs, la mobilité de l'artillerie, la puissance de la cavalerie et dans l'idéal stratégique d'une bataille globale d'anéantissement» (Feuer und Bewegung, V, 112-113).

 

Paroxysme de l’artillerie

 

La réalité du feu atteindra, en 1914-1918, un paroxysme que nulle hypothèse d'école, même dans ses moments les plus déli­rants, n'avait pu prévoir. Un seul chiffre pour matérialiser la chose: l'offensive française sur l'Aisne est déclenchée le 16 avril 1917 après une préparation d'artillerie de neuf jours effectuée par 4000 pièces de calibres divers pour un front de 40 km, susci­tant un formidable orage d'acier qui s'abat sur les lignes allemandes, avec un effet analogue à celui que nous décrit Jünger: «Maintenant, l'artillerie française s'éveille à son tour; d'abord, un groupe de batteries légères qui martèlent nos tranchées de slaves rapides pareilles à des coups de poing d'acier, composés de petits obus de shrapnells foudroyants qui s'abattent sur nos têtes comme si on nous vidait le contenu d'un broc. Ensuite suivent les calibres lourds qui nous tombent dessus de très haut en feulant atrocement, à la manière d'un fauve monstrueux, et qui plongent de longues portions de nos tranchées dans le feu et une fumée noire. Une grêle incessante de mottes de terres, de débris de bois et de roches fragmentées s'abat sur nos casques, qui, lorsqu'ils sont les uns à côté des autres, reflètent la danse sans repos des éclairs. Des mines lourdes détruisent tout, fracassent et écrasent nos positions d'autant de coups de mortier; des mines-bouteilles qui traversent la fumée et la pé­nombre comme des saucisses tournoyantes plongent en rangs serrés dans le feu provoqués par les précédentes. Des tirs d'obus éclairants foncent sur nous, en chaîne d'étincelles brûlantes, s'éparpillent en mille miettes dans les airs pour intimider un pilote matinal qui voulait reconnaître les positions du barrage d'artillerie» (Der Kampf als inneres Erlebnis, V, 78-79).

 

Voilà pour la réalité vécue directement, du feu subi, à laquelle vient s'ajouter celle du feu infligé. «Enfin, l'aiguille de l'horloge est sur 5.05 h. L'ouragan se déchaîne. Un rideau de flammes monte haut dans le ciel, suivi d'un hurlement sourd, inouï. Un tonnerre ininterropmpu, englobant dans son grondement le tir de nos plus gros obus, fait trembler la terre. Le hurlement gigan­tesque des innombrables batteries placées sur nos arrières était si terrifiant que les pires batailles auxquelles nous avions survécu nous paraissaient des jeux d'enfants. Ce que nous n'avions pas oser espérer, se produisait sous nos yeux: l'artillerie ennemie restait muette; d'un seul coup de géant, elle avait été envoyée au tapis» (Stahlgewitter, I, 246-247).

 

C'est dire que c'est le feu qui constitue l'élément central de l'œuvre militaire de Jünger (dans la mesure où elle se rapporte à la première guerre mondiale), que c'est lui qui la modèle, qui lui confère sa dynamique et son caractère propre, et que c'est sa nature quasi absolue et négative qui finira par engendrer la problématique de son dépassement. C'est le feu d'abord qui, en imposant sa loi au combattant, détermine ses comportements, provoquant la peur, l'effroi, l'exaltation ou le courage, toute cette alchimie psychologique que nous trouvons analysée dans Der Kampf als inneres Erlebnis, publié en 1922.

 

Mais en même temps, créateur d'une physionomie inédite de la bataille, avec ses nouvelles implications techniques, il fa­çonne un nouveau type de combattant, le “poilu” des Français, le Frontkämpfer des Allemands. Dans l'absolu, le problème premier est d'échapper à ce feu protéiforme et omniprésent qui provient de l'horizon (artillerie, infanterie), du ciel (aviation) et même des profondeurs du sol: le 7 juin 1917, 500.000 kg d'explosifs placés par des mineurs anglais détonnent sous les tran­chées allemandes. Dans cet environnement assassin, le soldat n'est plus qu'un matériau «comme par exemple le charbon, que l'on fourre sous le chaudron incandescent de la guerre, de façon à faire durer le travail. “La troupe est brûlée, transformée en escarbilles sous le feu”, comme le formule, avec une certaine élégance, les manuels d'art militaire» (Kampf als inneres Erlebnis, V, 81). On va toutefois chercher à faire perdurer ce matériau humain, car sa disparition immédiate créerait un vide dans le dispositif défensif dont l'adversaire profiterait aussitôt, une position n'ayant de valeur qu'occupée. Les atomes mili­taires vont donc chercher à se couvrir, à se protéger, en remuant toujours plus de terre, et toujours plus profondément, en utili­sant le bois, le béton, l'acier pour tenter d'atténuer les effets du feu, en perfectionnant sans cesse le dispositif qui doit remplir une double fonction: permettre le combat et assurer un abri. Chez Jünger, la description minutieuse des tranchées et des abris acquière la valeur d'une “paléo-histoire de l'anti-feu”. Ce système de protection est le premier et le plus relatif dont dispose le combattant. Mais il demeure fondamentalement défectueux puisqu'il interdit le mouvement et condamne à la passivité. Or dans un nouveau stade de la guerre  —grosso modo à partir du milieu de 1915—  les esprits censés de tous les camps, des officiers d'état-major au Lieutenant Jünger, ou Durand, ou Lewis, se demanderont comment “sortir de là” et comment rétablir le primat du mouvement en dépit du feu. Cette réflexion acquerra d'autant plus d'intensité qu'un produit nouveau, qui ne peut plus être classé dans la rubrique “feu”, commence à être utilisé afin de remplacer les obus là où ils s'avèrent impuissants. «Par l'utilisation des gaz, l'épaisseur du feu est encore accrue, car le gaz pénètre même dans les angles morts et dans les abris souterrains, inaccessibles aux tirs d'obus métalliques» (Feuer und Bewegung, V, 116).

 

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Démesure des machines, des mécanisations

 

L'existence du feu dans sa dimension démesurée implique un système de production du feu, une “fabrique à feu”, aux dimen­sions également démesurées. C'est ce que Jünger nomme “un combat de machines”. A une extrémité de la chaîne, il y a la machine productrice de feu, aux formes diverses, qui travaille jour et nuit: revolver, grenade, fusil, mitrailleuse, lance-flammes, mortier, obusier, lance-mines, avions-bombardiers, etc. A l'autre, on découvre l'usine avec ses ingénieurs, ses fon­deurs, ses tourneurs, ses ajusteurs, ses mécaniciens, ses pyrotechniciens, puis tous les échelons intermédiaires, dont chacun d'entre eux a pour mission de “nourir” la tranchée, d'une manière ou d'une autre. «Nos excursions fréquentes et nos visites dans les installations sorties de terre dans les arrières, nous ont donné, à nous qui avions l'habitude de regarder cela distrai­rement par-dessus notre épaule, une vision du travail démesuré que était effectué à l'arrière des troupes combattantes. C'est ainsi que nous avons eu l'occasion de visiter les abattoirs, les dépôts de vivres et les postes de réparations des canons et obusiers à Boyelles, la scierie et le parc du génie dans la Forêt de Bourlon, la laiterie, les élevages de porcs et le poste de traitement des cadavres à Inchy, le parc volant et la boulangerie à Quéant» (Stahlgewitter, I, 76).

 

Nous nous trouvons maintenant au cœur du problème. Etant donné que chacun des deux camps s'avère capable de lancer sur le marché le même produit fini, on en arrive à ce qu'un Feyler ou un Meyer avaient entrevenu, non sans effroi, avant la guerre: le figement d'un certain nombre de lignes parallèles n'offrant aucune possibilité d'enveloppement, car appuyées d'un côté à la Mer du Nord, de l'autre au Jura suisse. Dans un premier temps on s'efforcera donc, pour sortir de cette situation bloquée, d'obtenir, momentanément, la supériorité du feu sur un point donné, en l'alliant à un effet de surprise. Mais ce sont là des exi­gences quasiment contradictoires. L'acquisition de la supériorité momentanée du feu exige, en effet, une concentration formi­dable de moyens, qui ne peut échapper à l'observation de l'adversaire et lui laisse en général le temps de prendre toute une série de contre-mesures. Mais même en admettant que cette mise en place ait échappé à la vigilance ennemie (ce fut parfois le cas), un nouveau problème se pose, celui de la durée du feu destiné à préparer l'offensive. Durant toute la guerre, deux écoles de pensée s'affronteront à ce propos. La première est partisane d'une préparation brève et massive de quelques heures; la seconde défend la préparation longue, pouvant atteindre une dizaine de jours. La première présente l'avantage de ne pas laisser le temps à l'adversaire de se ressaisir; son désavantage réside toutefois dans sa brièveté même qui ne suffit pas pour détruire totalement les objectifs visés et de neutraliser les sources de feu. Lors de l'offensive française en Artois (9 mai-18 juin 1915), la préparation brève permet de réaliser la surprise. Par contre, l'infanterie se heurte à une première ligne insuf­fisamment “labourée” par le feu, qui offre encore de trop nombreux points de résistance. Lors de l'offensive alliée d'avril 1917 sur l'Aisne, c'est l'inverse qui se produit, mais qui, en définitive, entraîne les mêmes résultats. Le terrain, transformé en véri­table paysage lunaire, ralentit tellement la progression de l'infanterie que les Allemands ont le temps de se ressaisir et d'utiliser des positions échelonnées en profondeur. D'ailleurs à chacune de ces offensives on s'aperçoit que le feu profite plus aux défenseurs qu'à l'attaquant. «Ainsi, un petit nombre de mitrailleuses, dans un zone pratiquement vidée de sa défense, peut briser les attaques qui ont été préparées par des milliers de canons» (Feuer und Bewegung,  V, 117).

 

Fin des valeurs

 

Aussi longtemps que le feu, même s'il provient d'armes légères, n'est pas largement neutralisé, l'offensive est condamnée à l'échec, quels que soient le courage et la volonté de l'attaquant. Dans Der Arbeiter (1932), qui traite la question dans une pers­pective symbolique, Jünger voit dans cet échec des forces morales face à la puissance du feu, le triomphe de la matière sur les “porteurs de l'idée”. «Qu'on me permette, ici, de me souvenir du célèbre assaut lancé par les régiments de volontaires de guerre près de Langemarck. Cet événement, qui recèle une importance moins militaire que idéelle, est très significative quant à savoir quelle est l'attitude encore possible à notre époque et dans notre espace. Nous voyons ici un assaut classique qui se brise, sans tenir le moindre compte ni de la force de la volonté de puissance qui anime les individus, ni des valeurs morales et spirituelles qui les distinguent. La libre volonté, la culture, l'enthousiasme, l'ivresse que procure le mépris de la mort ne suffi­sent plus à vaincre la pesanteur des quelques centaines de mètres sur lesquelles règne la magie de la mort mécanique» (VI, 116).

 

Pour parvenir à la percée  —qui devient l'idée obsessionnelle de tous les états-majors et qui, réalisée, devrait permettre de rétablir les prérogatives du mouvement et de la manœuvre—  il faudra mettre en œuvre de nouveaux procédés, dont la subti­lité et la sophistication leur permettra d'échapper au feu massif et brutal. «Trois grands chapitres [dans l'histoire de la guerre mondiale] se placent en exergue. Dans le premier, on cherche en vain à emporter la décision en tablant sur le mouvement d'ancien style. Le deuxième se caractérise par la domination absolue du feu. Dans le troisième, on voit poindre des efforts de remettre le mouvement en selle par de nouvelles méthodes» (Feuer und Bewegung, V, 113-114).

 

Il aura toutefois fallu beaucoup de temps, de tâtonnements  —et de sang—  pour forger ces méthodes nouvelles. L'imagination a travaillé en hésitant, courbée sur des modèles acquis, peinant sur ce problème, à la vérité d'une difficulté accablante, que Jünger résume ainsi: comment s'y prendre pour que l'infanterie ne soit plus “un organe exécutif de l'artillerie?”. On saurait mieux dire! Orages d'acier nous expose à satiété les difficultés rencontrées par le fantassin dans sa progression sous les feux de l'artillerie et de l'infanterie. Au modeste niveau tactique, qui est celui de son horizon de “travail” quotidien, Jünger propose des solutions: «Le soir suivant, je reçus l'ordre de réoccuper les postes de garde. Comme l'ennemi aurait pu s'y être niché et incrusté, j'ai fait encercler, par deux détachements, en exécutant une manœuvre en tenaille, le boqueteau; Kius commandait le premier de ces détachements, et moi, l'autre. J'ai appliqué pour la première fois une façon particulière d'approcher l'ennemi en un point dangereux; elle consistait à le contourner en faisant avancer les hommes l'un derrière l'autre en formant un vaste arce de cercle. Si la position s'avérait occupée, il suffisait d'opérer un retournement à droite ou à gauche pour obtenir un front de feu sur les flancs. Cet ordre, je l'ai appelé, après la guerre, “Schützenreihe”, “tirailleurs en rang”» (Stahlgewitter,  I, 67).

 

Sturm- und Stosstruppen

 

A un niveau tactique supérieur, c'est une double idée qui finira de s'imposer. Dès le milieu de 1915, les Allemands mettront sur pied des Sturmtruppen, dont la mission est décrite de la manière suivante dans l'ouvrage classique du Général Balck: «Nous avons approfondi l'idée suivante: à la place de lignes fixes de fusiliers, qui demeuraient trop facilement clouées dans leurs positions fortifiées, il fallait utiliser des rangées de fusiliers constitués en détachements d'assaut de petites dimensions, où la personnalité du chef, dont tout dépendait, pouvait être exploitée. Après la sortie hors de nos positions, ces détachements pénétraient profondément à l'intérieur du dispositif ennemi, tandis que d'autres détachements, spécialement désignés, sub­mergeaient les positions ennemies en empruntant des chemins préscrits d'avance» (Entwicklung der Taktik im Weltkrieg, Berlin, 1922, p. 99).

 

La seconde idée sera de transformer cette “force pénétrante”, qui a retrouvé une certaine mobilité, en “force foudroyante”, ca­pable de porter la dévastation au cœur du dispositif ennemi. «[Cette force], elle aussi, peut déployer des effets d'artillerie en quantité croissante; les grenades à main, les obusiers d'infanterie, les lance-mines, les lance-grandes, les mortiers de tran­chée font leur apparition. L'effet de feu, propre à l'infanterie, et rien qu'à elle, se voit renforcer, non seulement par l'augmentation en nombre des compagnies de mitrailleurs, mais aussi par l'armement même des groupes de fantassins, qui reçurent dorénavant des fusils-mitrailleurs et, plus tard, des pistolets-mitrailleurs» (Feuer und Bewegung, V, 116).

 

La physionomie du combat va être bien entendu profondément modifiée par cette transformation. «Dès maintenant la compo­sition des régiments d'infanterie n'est plus la même qu'auparavant: les lignes d'unités placées les unes derrière les autres sont désormais interrompues par des compagnies de mitrailleuses et de lance-mines, et, au milieu du front, on voit apparaître des groupes très particuliers, qui sont armés de pistolets-mitrailleurs ou de fusils-mitrailleurs légers. A petite échelle, il me paraît intéressant d'observer, ici, comment un esprit ancien lutte contre une évolution des formes qui passe littéralement au-dessus de lui (...)» (Das Wäldchen 125,  Berlin, 1925, p. 149). Et à nouveau combat, nouveau combattant. Le guerrier-techni­cien de 1918 n'a plus rien de commun avec le soldat de 1914. «Au début de la guerre, à l'époque des grands mouvements, du gaspillage extérieur et intérieur, on ne percevait pas encore entièrement la différence avec le passé; cette perception n'a eu lieu que lorsque l'esprit de la machine s'est également emparé des champs de bataille d'Europe centrale, et que sont apparus les grands pilotes, les tankistes et le chef des Stoßtruppen  ayant reçu une formation de technicien. Là, on est entré dans un temps nouveau, un nouveau type d'homme est apparu en nous saluant d'un hurlement; le sang a coulé à grands flots et cent villes se sont englouties dans la fumée» (Ibid., 3).

 

La physionomie d’un “homme nouveau”

 

Dans des pages remarquables, Jünger esquisse la physionomie de cet homme nouveau, qui constitue l'ossature du Stoßtrupp  et le sel de l'armée, et dont le jeune visage, à l'ombre du casque d'acier, exprime intelligence et hardiesse. Avec ses gre­nades, son revolver, sa lampe de poche, son masque à gaz, son porte-cartes et ses jumelles, entouré de ses “fidèles”, qui dé­tiennent entre leurs mains une extraordinaire puissance de feu, ce lieutenant-là, admirablement adapté à sa mission, est de­venu un homme dangereux pour l'adversaire, ne serait-ce que parce qu'il est capable d'entrer à nouveau physiquement en contact avec lui. Le cercle vicieux est brisé. Plus personne n'aurait l'idée d'appliquer à ces soldats l'épithète de “chair à ca­non”. «Lorsque j'observe comment ils parviennent, sans bruit, à se frayer des trouées dans les barbelés, à creuser des paliers d'assaut, à comparer la luminosité des différentes heures de la journée, à trouver le nord en observant les étoiles, alors j'acquiert une connaissance nouvelle: voilà l'homme nouveau, l'homme du génie d'assaut, la meilleure sélection d'hommes d'Europe centrale. C'est une toute nouvelle race, intelligente, forte et animé d'une terrible volonté» (Kampf als inneres Erlebnis, V, 76).

 

Cependant Jünger ne peut se défendre du sentiment que ce magnifique soldat ne fait pas la guerre qui devrait être la sienne et que les formes surannées qui oblitèrent encore ce conflit l'empêchent de donner sa pleine mesure. «Il nous semble absurde aujourd'hui que la volonté guerrière utilise presque exclusivement le gigantesque appareil technique dont elle dispose pour ac­croître le feu, tandis que le mouvement dans le combat est dû essentiellement à l'énergie primitive, à la force musculaire de l'homme et du cheval» (Feuer und Bewegung, V, 118). Le moteur doit partir à la conquête de l'avant, il doit préparer, accom­pagner, soutenir l'effort du Stoßtrupp.  «Voilà pourquoi le moment où les premières voitures blindées mues par moteur ont fait leur apparition devant les positions allemandes sur le front de la Somme, est un moment très important dans l'histoire des techniques de guerre» (Ibid., 119).

 

Aux yeux de Jünger, les dernières années de la première guerre mondiale ne représentent toutefois qu'un stade hybride et in­termédiaire de l'évolution qui doit conduire aux nouvelles formes tactiques d'une guerre régénérée. «Vu sous cet angle, la guerre mondiale apparaît comme un gigantesque fragment, auquel chacun des nouveaux Etats industrialisés a apporté sa contribution. Son caractère fragmentaire réside en ceci, que la technique pouvait bel et bien détruire les formes traditionnelles de la guerre, mais qu'elle ne pouvait par elle-même que susciter une nouvelle vision de la guerre, sans pour autant pouvoir la concrétiser» (Ibid., 120-121).

 

Lors de leur offensive de Picardie, qui débute le 21 mars 1918 et à laquelle Jünger prend part, les Allemands mettent en œuvre des moyens formidables, tant en artillerie qu'en hommes, et parviennent à percer sur le front anglais. Mais les stratèges n'ont pas prévu que l'avance initiale pourrait être, dans certains secteurs, aussi rapide, entraînant une conséquence fatale. «Peu avant la lisière du village, notre propre artillerie nous a canardés, car, têtue et figée, elle continuait à pilonner le même point. Un gros obus tomba au beau milieu du chemin et déchiqueta quatre des nôtres. Les autres s'enfuirent. Comme je l'ai entendu plus tard, l'artillerie avait reçu l'ordre de continuer à tirer en règlant la hausse au maximum. Cet ordre incompréhensible nous a privé des fruits de la victoire. En serrant les dents, nous avons dû nous arrêter devant le mur de feu» (Stahlgewitter,  I, 261).

 

Si les Allemands avaient pu continuer sur la même lancée, et amener rapidement suffisamment de renforts, ils auraient alors pu exploiter leur percée. «Si, à ce moment, une masse de cavalerie avait été lancée en terrain libre, il est probable que la ba­taille aurait pris une toute autre tournure», écrit le Colonel Lucas dans son Evolution des idées tactiques en France et en Allemagne pendant la guerre de 1914-1918  (Paris, 1932, p. 236).

 

Bien entendu, raisonner encore en termes de cavalerie dans ce stade ultime de la guerre peut paraître anachronique, alors que le tank existe déjà et est techniquement capable de remplacer, potentiellement, le cheval. Mais entre la possession d'un moyen technique, d'ailleurs encore dans les limbes chez les Allemands, et son utilisation rationnelle sur le terrain, il existe un véritable fossé. Si la nouvelle image de la guerre se superpose parfois à l'ancienne, elle est loin toutefois de l'avoir effacée. Dans ce stade intermédiaire, la guerre a pris une accélération qui lui est propre et trop souvent les états-majors, au lieu de modeler l'événement, doivent se contenter de l'avaliser, les “instructions” qu'ils publient (cela est particulièrement frappant du côté français) étant souvent dépassées lorsqu'elles parviennent aux échelons d'exécution. Les esprits ont mis des années pour esquisser une solution technique originale qui permette le rétablissement du mouvement et la possibilité d'échapper au feu.

 

Le “tank”: mobilité, protection, feu

 

Dans un livre brillant, qui pourrait bien avoir exercé une certaine influence sur Jünger, Kritik des Weltkrieges. Das Erbe Moltkes und Schlieffens im großen Kriege  (Leipzig, 1920), H. Ritter écrit, p. 64: «Par ailleurs, la construction de ce moyen de combat moderne et technique qu'est le tank ou voiture blindée, constitue un point sombre dans la question des armements de l'armée allemande de terre. Ce n'est pas l'industrie allemande qui en est responsable, je préfère le dire tout de suite. D'abord, le tank a été trop longtemps considéré par l'OHL comme une sorte de jouet technique, comme un instrument destiné à n'effrayer que les benets,  qui, une fois dépouillé des effets moraux qu'il provoque, n'est plus qu'un monstre inoffensif, que le soldat allemand, aux nerfs solides, mate comme ses ancêtres les Germains avaient maté les lions que les Romains lachaient sur eux en les tuant à coups de gourdin. Tout les succès remporté par cette arme (...) ont été minimisés par une explication stéréotypée: “Frayeur provoquée par les blindés”. Même encore pendant l'été 1918. Ce n'était ni plus ni moins qu'une calami­teuse rechute dans le rejet de la technique, typique de l'avant-guerre».

 

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Formé sur le terrain et par le feu, à la dure école du feu, Jünger n'a que faire d'une tradition d'école. Résolument moderne, il a compris que le combattant livré à la technique, plus exactement au feu engendré par la technique, n'échapperait à ce dernier également que par la technique. Il imagine alors quel emploi on pourrait faire de la machine polyvalente capable de s'imposer sur le terrain, et dont l'appui permettra à l'infanterie de retrouver sa liberté de manœuvre. «Malgré tout, l'idée du tank est l'idée la plus importance qui ait germé au cours de cette guerre pourtant si riche en inventions, même si cette arme n'a pas été plei­nement exploitée au cours de ce conflit-là. Avec lui, c'est une grande question qui a préoccupé tous les peuples belligérants depuis la plus haute antiquité qui trouve sa solution, d'une manière simple et moderne. Le mouvement, l'efficacité et la couver­ture sont unis en lui (...), voilà pourquoi il, ou plutôt une meilleure concrétisation du concept qu'il représente, doit devenir l'instrument décisif de la bataille de demain, dont toutes les autres armes ne seront plus que les accompagnatrices (...). C'est pourquoi on peut admettre avec certitude que la prochaine guerre déjà se déroulera dans une forme abrégée et furieuse, cor­respondant au rythme de la machine. Il ne nous restera même plus assez de temps pour nous barricader à long terme et pour amasser de grandes quantités de matériels, ce qui sera un bien pour les deux parties» (Wäldchen 125,  op. cit., 119).

 

Au “char rampant” viendra s'ajouter le “char volant”  —le chasseur-bombardier qui interviendra directement dans la bataille comme soutien de l'infanterie et des chars. Alors seulement, avec la restauration du mouvement introduite grâce à ces moyens mécaniques, on éliminera “la surestimation maladive de l'artillerie” et la guerre retrouvera sa respiration. A grands traits, clairs et précis, dans une perspective exacte, Jünger esquisse les formes d'une guerre nouvelle qui ne va pas tarder à éclater. Il a su en discerner les éléments constitutifs: le char, l'avion, une nouvelle attribution au rôle de l'infanterie et de l'artillerie, l'importance des transmissions, le poids de la bataille décisive. ce qui frappe dans cette vision de 1918 (mais cer­tainement corrigée et amplifiée après la guerre), livrée dans Wäldchen 125,  c'est qu'elle se détache nettement, ne serait-ce que par la clarté du dessin, de la plupart des travaux (si l'on excepte ceux de Guderian), publiés alors en Allemagne. Par son propos, Jünger se rapproche de ses anciens adversaires britanniques, ceux-là même pour lesquels il avait, durant toute la guerre, nourri la plus haute estime et qui devaient, dans la sphère de la pensée militaire, produire des Swinton, Martel, Fuller et Lidell Hart.

 

1940: “Jardins et routes”

 

Paradoxalement, il ne sera pas donné à Jünger d'assister directement, lors de la campagne de France de 1940, à la mise en application du binôme char-avion et à vérifier, en première ligne, les effets de leur intervention. C'est dire qu'une lecture tac­tique de Routes et jardins, comme on a pu la faire pour Orages d'acier, Le Boqueteau 125 et, bien entendu, Feu et mouvement, n'est pas possible. Car la guerre que livre désormais Jünger est une autre guerre, assez loin du feu, celle de l'«infanterie en marche» dont seuls les éléments avancés sont en contact avec l'ennemi. Par une ironie du sort, le partisan inconditionnel du moteur, cheminera sur les routes de France, à chevel ou à pied et il ne percevra de la bataille que ce qu'elle rejette: blessés, réfugiés, prisonniers, barricades détruites, chars calcinés à l'odeur de cadavre. Rien peut-être n'évoque mieux la différence de la situation vécue par Jünger entre la première guerre mondiale et ce début de la seconde que cette notation évoquant la déco­ration qui lui a été décernée pour avoir sauvé un soldat: «A l'époque, on m'octroyait les plus hautes décorations pour avoir tué des ennemis, aujourd'hui on m'octroie un petit ruban pour un sauvetage» (Gärten und Straßen, II, 196).

 

Cantonné à la lisière de la mêlée, il s'adonne non sans volupté à ce qu'il appelle “une promenade tactique”. La voie est libre, le rêve est réalisé, à droite et à gauche les jardins, devant, la route: sur terre et dans le ciel la marchine a frayé le chemin à l'infanterie: «Ce matin, nouvelle chevauchée dans les champs magnifiques, pour aller discuter de nos nouvelles expériences dans les combats offensifs. Nous pouvons désormais progresser comme l'avions rêvé en 1918» (Ibid., 160). Dans cet espace vide d'ennemis, dans lequel il est si facile de progresser, de sombres pressentiments l'assaillent toutefois. En octobre 1943, il note: «(...) tout comme lors de notre avance à travers la France en 1940, ce sont moins les visions du présent qui m'effrayent que la préscience des anéantissements futurs, que l'on devine dans ces espaces vides de toute présence humaine» (2. Pariser Tagebuch, III, 186).

 

C'est certainement pour une bonne part ce sentiment de liberté tactique retrouvé qui confère son caractère exaltant à Jardins et Routes.  Quoi de plus fascinanten effet que les récits ou journaux de guerre relatant l'avance d'une armée, alors que devant elle l'adversaire à cédé ou est en train de le faire. 1800, 1805, 1809, la littérature guerrière de l'époque napoléonienne nous offre une vaste gamme d'œuvres qui font passer dans leurs pages ce que l'on pourrait nommer “la griserie de l'avance”. Plus tard, cette griserie se retrouve dans les ouvrages des combattants prussiens de 1866 et, a fortiori, des soldats allemands de 1870/71. Et ce n'est pas tout à fait un hasard si la campagne de France évoquée par Jünger nous renvoie, par ses images mêmes, à celle d'août-septembre 1870. Même soleil éclatant, même nature généreuse dans l'épanouissement de l'été, mêmes lieux traversés, même climat euphorique engendré par le sentiment d'une victoire qui ne peut plus échapper. Sur la route de Douchy, Jünger retrouve les fameux peupliers qui sont inséparables du paysage de la bataille de Sedan, et il avance sur la route où Bismarck attendit Napoléon III. A peu près au même endroit, son officier de ravitaillement évoque son grand-père qui a combattu ici. A Laon, dans un souterrain de la citadelle, il découvre la plaque commémorant le sous-officier qui fit sauter la poudrière et dans le village de Tallons, où il passe la nuit, le tiroir est encore tapissé avec un journal de 1875. Sans cesse les lieux le ramènent à ces anciens champs de bataille, et pas seulement les lieux, les gens aussi qui, en regardant passer l'infanterie allemande, ont le sentiment de revivre quelque chose de connu et d'ancien. Un paysan à Traimont, un vieil­lard à Toulis, lui racontent que c'est la troisième fois qu'ils voient déferler les Allemands. Mais à aucun instant le lecteur ne songe à la première guerre mondiale (ou alors tout au plus à l'été 1914) en raison du rythmr qui est propre à cette guerre. A chaque fois que je lis Jardins et Routes,  j'ai le sentiment de suivre un protagoniste qui fait, en même temps que celle de 1940, une autre guerre. La plupart des scènes décrites par Jünger pourraient s'insérer, sans qu'on décèle la moindre rupture, dans les journaux, lettres et souvenirs que nous ont laissés les hommes de 1870, du moins jusqu'à l'investissement de Paris. Par exemple le rituel du logement, avec ses notables qui reçoivent au mieux l'officier qu'ils sont contraints d'héberger, la bonne bouteille que l'on débouche, les propos que l'on échange, l'estime mutuelle qui s'établit entre vainqueur et vaincu, si ce n'est, parfois, une haine coriace. Tout cela est à proprement parler d'un autre temps. Cette population française, ces prisonniers français, tels que Jünger les voit et les éprouve, tenteraient à démontrer que la France n'a guère changé en 70 ans, que c'est le même pays qui sombre dans la même défaite. Lorsque Jünger tente d'expliquer à des officiers capturés le triomphe de l'Allemagne par la victoire du “Travailleur”, il a le sentiment qu'ils ne le comprennent pas. Et pour cause! La France profonde est encore ce qu'elle était en 1870, peuplée de paysans, de notaires et de bistroquets qui continuent à confondre le chassepot et le Panzerkampfwagen II.

 

“Notes caucasiennes”

 

Progressivement, la guerre évolue vers d'autres dimensions, et si elle se transforme, c'est peut-être aussi parce que le prota­goniste Jünger, comme il le laisse entendre, se transforme lui-même. Lorsque, dans le Caucase (1942), un ricochet le con­traint de s'abriter, il relève: «Dans de telles situations, ce qui me frappe c'est le côté mi-comique, mi-fâcheux. L'âge et, bien plus encore, la situation, dans laquelle on trouve que de telles choses sont stimulantes, pour ensuite s'efforcer d'en remettre, est bien derrière moi» (Notes caucasiennes,  II, 472). Quinze jours plus tard, le soir de Sylvestre, il prend congé de cette guerre et des méthodes politico-militaires qu'elle implique. «Un dégoût me prend, devant les uniformes, les épaulettes, les dé­corations, les armes, dont j'ai tant aimé l'éclat. La vieille chevalerie est morte; les guerres sont désormais menées par des techniciens» (Ibid., 493). En effet, tout a changé, à commencer par la situation personnelle de Jünger. Il n'est plus le Lieutenant des Stoßtruppen modelé par l'enfer du feu, ni le Capitaine qui, sur les routes, et entre les jardins, participe à la seconde repré­sentation d'une guerre qui a connu sa première au 19ième siècle. Luzi, le penseur de la technique appliquée à la guerre, se sent abandonné par elle et lui, le théoricien de la machine, de cette machine destinée à produire mouvement et feu, il s'aperçoit que, transplanté dans un événement insolite, elle sert désormais à des fins insoupçonnées. Alors qu'en 1919, il concevait une machine qui tenait son efficacité de l'homme, il s'aperçoit maintenant qu'elle le domine et l'engloutit totalement, moralement et physiquement. «On s'aperçoit clairement désormais combien la technique a pénétré dans le domaine de la morale. L'homme se sent imbriqué dans une immense machine, à laquelle il n'y a aucun échappatoire» (Ibid., 496). En lisant ces pages, on a le sentiment d'assister à la fin d'une passion. Jünger se détourne de la machine, reine du champ de bataille, dont il s'était fait le thuriféraire. C'est comme si une cassure s'était produite, quelque part en France, dans la guerre mélancolique, et désuète, au niveau où il l'a vécue, de Jardins et routes.

 

Les procédés militaires mis en œuvre en Russie désorientent visiblement Jünger qui ne parvient plus à tirer une quelconque leçon tactique de cette guerre-là. Il a l'impression d'assister à un jeu incongru, dont les règles lui échappent. Lorsqu'il dirige ses jumelles sur des Russes qui se déplacent dans la neige, il se ressent comme un astronome contemplant une surface lu­naire. «L'idée qui me vient: pendant la première guerre mondiale on aurait encore ordonner de tirer sur eux» (Ibid., 478). A ce moment-là, Jünger aura vécu trois guerres, à chaque fois dans des conditions différentes. Il aura été au cœur de la première, qu'il fera avec l'énorme potentiel d'énergie morale et physique qui est sien, passionnément, et sur laquelle il méditera en psy­chologue et technicien. C'est cette guerre-là qui a été absolument la sienne et c'est pourquoi il est essentiel pour lui de la pen­ser et d'esquisser les rudiments d'une doctrine tactique qui pourra être appliquée dans un nouveau conflit. Toutefois, lorsque celui-ci surviendra, mettant en œuvre les procédés qu'il a pressentis, Jünger demeurera à la lisière de la grande bataille. Quant à “sa ” dernière guerre, celle de 1942 en Russie, il n'en est plus que l'observateur distant, avec un statut qui évoque d'ailleurs plus le “promeneur du champ de bataille” (une “tournée des popotes” comme aurait dit De Gaulle, mais une “tournée des popotes” tragique) que l'officier combattant.

 

Observateur de la démesure

 

Dorénavant, il a atteint ce statut d'observateur qu'il a décrit ultérieurement dans Sgraffiti:  «Par exemple, la liberté de l'individue ne peut empêcher que l'Etat l'envoie sur ses champs de bataille. Mais cette liberté peut l'amener à prendre le statut de l'observateur et, ainsi, il met l'Etat à son service, notamment comme organisateur de scènes démesurées» (VII, 427 ss.). De cette dernière guerre, il émane quelque chose d'inquiétant et d'interminé qui engendre, «(...) une situation d'ensemble (...) que l'on ne connaissait pas dans les guerres précédentes de notre histoire, une expérience qui correspond à une approche du point zéro absolu» (504). Partout des signes anormaux s'accumulent. C'est d'abord la steppe qui “attaque l'esprit”, c'est la “pesanteur du grand espace” qui paralyse les énergies, ce sont des rumeurs de massacres qui sourdent, c'est, dans un abri, un Premier Lieutenant qui, sans raison apparente, fond en larmes. Toutes les délimitations classiques sont brouillées, voire effacées. Un Russe, qui a marché sur une mine, a les deux jambes sectionnées. On trouve sur lui quelques détonateurs. Il est aussitôt fusillé. Bestialité? Humanité? Partout un désordre subtil s'est instauré. La perspective classique est distordue. Au sommet, des gens qui n'entendent rien à la conduite de la guerre, dilapident les forces de l'armée dans des attaques simulta­nées, condamnées d'avance car trop nombreuses: Caucase, Léningrad, Stalingrad, Egypte. «(...) Clausewitz se retournerait dans sa tombe». Quant aux généraux, ils sont devenus ce que cette guerre les a faits. «Comme Tchitchikoff dans Les âmes mortes, chez les propriétaires terriens, je circule ici parmi les généraux et j'observe aussi leur transformation en “travailleurs”. L'espoir de voir cette caste se transformer en un phénomène d'ordre syllanique voire napoléonien, il faut l'abandonner. Ils sont devenus des spécialistes dans le domaine de la technique du commandement et, comme le premier venu que l'on installe devant une machine, ils sont remplaçables et interchangeables» (477).

 

De l'avion qui le ramène à Kiev, le 9 janvier 1943, Jünger observe le paysage. «Sur les routes, on voyait de fortes colonnes qui refluaient». A mille pieds d'altitude, il prend congé de cette guerre lourde déjà de la défaite et qu'il a traversée comme un étranger, Tchitchikoff certes, maus aussi Pierre Bezhoukov. Un univers le sépare déjà de celle qu'il a faite sur les routes de France et des années-lumières des combats de Picardie qui lui valurent l'Ordre suprême “Pour le Mérite” qui, à cet instant-là, dans l'aube sale de l'hiver russe, paraît lui avoir été décerné par des hommes d'une espèce définitivement éteinte, pour des actes devenus incompréhensibles, parce que, précisément engendrés par une guerre qui permettait encore l'héroïsme.

 

Paris

 

Mais Jünger va vivre encore un autre type de guerre, non plus celle  —active— du Frontkämpfer  ou celle de l'observateur en première ligne, mais celle du vainqueur mué en occupant, dans une métropole étrangère et qui goûte au breuvage amer des “servitudes et grandeurs militaires”. A Paris, sur l'Avenue Wagram, il exerce une compagnie au maniement d'armes; il as­siste comme témoin à l'exécution d'un déserteur; officier de service, il veille à l'incarcération de soldats ivres et de prostituées ou supervise le service de censure. Ce sont là en effet des tâches quotidiennes d'un Capitaine. Mais Jünger n'est pas un capi­taine banal. Le haut ordre dont il est porteur ou la signification de son œuvre (pour certains plutôt le premier, pour d'autres plutôt la seconde), ou plus simplement sa séduction intellectuelle lui donnent accès aux sphères supérieures du commande­ment en France, lui permettant de jeter un regard sur “le système des coordonnées de l'emploi de la violence”.

 

Puis, soldat démobilisé, il subira dans sa propre patrie une guerre au rythme imposé par l'ennemi dont il assistera à l'approche et à l'arrivée, sans d'ailleurs que ce nouveau statut marque une différence avec l'ancien. «Comme la guerre est de­venue désormais omniprésente, cela signifie à peine un changement» relève-t-il le 27 octobre 1944, le jour où il quitte l'armée. A partir de l'hiver 1942, un nouveau type de production de feu, un nouveau phénomène de destruction va faire irruption dans la vie de Jünger dont les Journaux relatent minutieusement les manifestations et enregistrent l'ampleur sans cesse croissante.

 

Le “feu céleste”

 

La première guerre mondiale avait consacré l'apothéose d'un feu linéaire et statique d'une formidable densité mais dont la profondeur était nécessairement réduite car elle correspondait à la portée, relativement limitée, des pièces. En 1940, le feu, porté ou tracté par des moyens mécaniques, se déplace, se concentre sur des points à détruire puis poursuit son avance. Mais, parallèlement, se développe une autre technique, celle du “feu céleste”, du feu transporté par des moyens aériens loin sur les arrières de l'ennemi, pour pilonner ses centres industriels, ses voies de communication et, dans une escalade tra­gique, annihiler ses villes et ses populations.

 

Lorsque Jünger percevra pour la première fois ce nouveau péhnomène, il ne parviendra pas à l'interpréter correctement, tant il est vrai que même l'esprit le plus attentif aux mutations de la technique peut parfois se laisser surprendre lorsque, soudain, elles deviennent réalité. «Ce soir avec Abt, qui était Fahnenjunker (= aspirant) avec Fridrich Georg, près de Ramponneau. Après le repas, nous avons entendu un bruit qui me rappelait celui d'une explosion; (...) Lorsque nous avons entendu encore d'autres grondements, nous avons cru qu'il s'agissait d'un de ces orages de printemps, qui ne sont pas rares en cette saison. Lorsqu'Abt demanda au serveur s'il pleuvait déjà, il lui répondit par un sourire discret: Messieurs les convives, vous prener cela pour un orage, mais je serais plutôt tenter de croire qu'il s'agit de bombes» (I, 327). Le fait que ce soit un garçon de café parisien qui, en cette soirée du 3 mars 1942, explique à un guerrier allemand, à l'auteur précisément de Feu et mouvement,  que le bruit qu'il entend n'est pas celui d'un orage, mais d'un bombardement aérien, n'est pas dépourvu d'ironie.

 

«Le feu était décor de l'époque», note Jünger qui, rentré chez lui, perçoit longtemps encore le feu de la défense anti-aérienne. Toutefois bientôt ces attaques, bien qu'appartenant encore à l'ordre du spectacle, se feront encore de plus en plus massives. «Dans l'avant-midi, la ville a été survolée par trois cents appareils: j'ai vu le feu de la DCA sur la plate-forme du Majestic. Ces survols nous offrent un très grand spectacle: on ressent dans le lointain une puissance titanesque» (II, 129). En France, puis en Allemagne, Jünger aura tout loisir d'observer le fonctionnement de la redoutable machine, de ce “char de guerre tita­nesque” qui produit sur lui (et dès lors il sera de moins en moins question de spectacle) une impression de puissance déme­surée, issue de sphères démoniaques. «Malgré que [les canonniers de la DCA] aient quelques fois fait mouche, les essaims [de bombardiers] ont poursuivi leur course, sans dévier ni vers la droite ni vers la gauche, et c'est justement cette ligne droite de leur mouvement qui éveillait l'impression d'une force effrayante (...). Le spectacle portait sur lui les deux grands traits ma­jeurs de notre vie et de notre monde: l'ordre discipliné, rigoureux et constant, d'une part, et le déchaînement de l'élémentaire, d'autre part» (III, 159-160). Et ailleurs: «Ces escadres suscitent aussi l'impression, en poursuivant leur chemin sans se lais­ser distraire, même quand au beau milieu de cet essaim des appareils explosent ou s'enflamment, d'être plus puissants dans le simple fait de leur progression que dans le lancement des bombes elles-mêmes. On y voit parfaitement la volonté de dé­truire, même au prix de leur propre anéantissement. C'est là un trait démoniaque» (III, 329).

 

Avec l'utilisation de ce nouveau moyen technique, les règles élémentaires de la destruction se trouvent changées et c'est une nouvelle mappemonde de la mort qui s'offre à l'observateur. «L'attaque sur Hambourg constitue en cette matière un événe­ment premier en Europe, événement qui se soustrait aux statistiques démographiques. Les offices de l'état civil sont désor­mais incapables de faire connaître le nombre exact de personnes qui ont péri. Les victimes sont mortes commes des pois­sons ou des sauterelles, en dehors de l'histoire, dans la zone de l'élémentaire, dans cette zone qui, précisément, ne connaît pas de registre» (III, 129).

 

Dans la mesure où désormais le feu a acquis un caractère universel et peut surgir n'importe où et n'importe quand, la situation du combattant et du civil s'en trouve profondément modifiée. La distinction faite durant la première guerre mondiale entre “ceux de l'avant” et “ceux de l'arrière” perd son sens. C'est ainsi que depuis une terrasse de restaurant, un verre de bourgogne à la main, un officier observera le cheminement d'une armada aérienne ennemie qui, dans quelques secondes, déversera des tonnes d'explosifs sur son objectif ou qu'une ménagère pourra en suspendant sa lessive dans son jardin, contempler l'anéantissement d'une ville située à une dizaine de kilomètres. Mais il suffit qu'une bombe soit jetée une seconde trop tôt pour que le restaurant prenne l'aspect d'un abri détruit de la première guerre ou que le jardin de la ménagère soit transformé en un cratère fumant. Dorénavant la mort  —comme le spectacle qui la précède—  est devenue un bien commun à tous. «Après le vide connu des champs de bataille, nous entrons dans un théâtre de guerre avec beaucoup plus de scènes visibles. Ainsi, aux grandes batailles aériennes, des centaines de milliers voire même des millions de spectateurs prennent part» (III, 257).

 

Ce que Jünger a pressenti en Russie se confirme chaque jour à ses yeux. Le triomphe de la technique instaure un «carnage sans intérêt, un carnage automatique»  —dont il fait remonter les débuts à la Guerre de Crimée—  scellant en même temps la faillite et l'extinction de toute une caste militaire. A partir de Moltke l'Ancien, la texture morale de l'état-major prussien qui «s'est toujours plus tourné vers le culte pur de l'énergie», se modifie et un nouveau type d'officier remplace l'ancien. «De tels esprits ne connaissent que “convertir” et “organiser”, alors qu'il a toujours quelque chose d'autre qui en est la condition pre­mière, quelque chose d'organique» (III, 71). Les généraux qui ont tenté de s'opposer à l'évolution de la technique, souvent d'ailleurs en dépit du bon sens, pour demeurer fidèles aux procédés et aux valeurs d'une guerre “classique”, ont été balayés. «La situation se décrit au départ d'un paradoxe: la caste des guerriers souhaite certes conserver la guerre, mais dans une forme archaïque. Aujourd'hui, ce sont des techniciens qui la gèrent» (III, 252).

 

La stupidité des “généraux-techniciens”

 

Les conditions de la guerre moderne ont eu pour effet de détruire, en dissociant ce qui ne devait pas l'être, un certain type “organique” de général. «Les généraux sont pour la plupart énergiques et stupides, c'est-à-dépourvus de cette intelligence ac­tive et disponible que l'on trouve chez les bons téléphonistes; les masses quant à elles les admirent stupidement. Ou bien ces généraux sont cultivés, ce qui est aux dépens de la brutalité inhérente à leur métier. C'est pourquoi il y a toujours quelque part un défaut, soit un manque de volonté soit un manque de discernement. Très rarement on trouve l'union de la force active et de la culture, comme chez César ou Sylla ou, à l'époque contemporaine, chez Scharnhorst ou le Prince Eugène. C'est pour ces raisons que les généraux sont le plus souvent de simples hommes de main, dont on se sert» (III, 283).

 

Alors que le général cultivé (et l'on songe au beau livre d'Erich Weniger) est condamné au silence et à l'impuissance, ce sont les techniciens-exécutants qui s'affirment partout, leur manque de courage, compris dans un sens large, étant inversément proportionnel à leur brutalité. Ecoutant à la radio l'adresse de loyauté que les maréchaux de l'armée adressent à Hitler le 23 mai 1944, Jünger songe au mot de Gambetta: « Avez-vous jamais vu un général courageux?», ajoutant aussitôt, avec une sorte de rage intérieure: «Le moindre petit journaliste, la moindre femme d'ouvrier produit plus de courage. La sélection s'opère par la capacité à se taire et à exécuter des ordres; à cela s'ajoute ensuite la sénilité» (III, 278).

 

A mesure que la guerre s'intensifie, et que par conséquent sa technicisation s'amplifie, les signes inquiétants, qui attestent d'une dérèglement général, s'accumulent. Par les récits qu'on lui fait, par les photos qu'on lui soumet, l'image des “dépiauteurs” se précise pour Jünger. Toujours plus nombreux lui parviennent les récits d'exécutions sommaires de déser­teurs de la Wehrmacht, qui ont lieu dans des conditions dégradantes, et le problème de l'exécution des otages français se situe au centre de ses préoccupations. Quant à l'armée elle-même, elle subit des mutations inattendues, à l'image du temps. Un jour, à Sissonne, Jünger se retrouve au milieu de soldats étrangers vêtus d'uniformes allemandes, «sur leur manche, bien en exergue, l'insigne indiquant leur origine: c'est une mosquée avec deux minarets avec, en dessous, l'inscription “Biz Allah Bilen. Turkistan”». Dans ce terrain mouvant, truffé de chausse-trappes, il finit par développer un sixième sens pour détecter les officiers qui sont “du bon côté” et ceux qui, au contraire, ne sont que les exécutants (ou les thuriféraires) de l'inhumaine tactique. «Savoir si celui que l'on rencontre est un homme ou une machine, cela se dévoile dès la première phrase de sa réponse» (III, 260).

 

C'est pourtant dans cette atmosphère de déliquescence, alors que Jünger n'a plus que quelques mois à passer sous l'uniforme, que l'armée, par l'effet d'une rencontre du hasard, lui envoie comme un dernier salut  —auquel il répond au plus profond de lui-même—  un salut qui semble venir de très loin, de l'époque de sa première montée au front, avec le Régiment de Fusiliers n°73, du côté d'Orainville en Champagne. Le 7 juin 1944, au lendemain du débarquement, il contemple dans une rue de Paris des chars lourds au repos qui se préparent à monter au front. Il lui est alors encore donné d'entrevoir fugitivement le visage à la fois héroïque, mystique et mélancolique de la guerre qui, depuis 1940, ne s'était plus montré à lui. «Sur le Boulevard de l'Amiral Bruix, des chars lours fonçaient en ordre de marche vers le front. Les jeunes équipages étaient assis sur les colosses d'acier; il régnait une atmosphère de soirée d'adolescents, avec une joie teintée de tristesse, dont je me sou­viens très bien. Il y avait comme ce rayonnement qui est toujours très proche de la mort, qui anticipe la mort dans les flammes de la bataille, le rayonnement qui émane de cœurs préparés à cette fin. Quand les machines s'effaçaient à l'horizon, quand disparaissait leur agencement compliqué, elles devenaient tout à coup plus simples, plus sensées, comme le bouclier et la lance sur lesquels s'appuie le hoplite. La manière dont ces garçons étaient assis sur ces blindés, la manière dont ils mangeaient et buvaient, prévenants les uns avec les autres comme des fiancés avant une fête en leur honneur, comme s'il s'agissait d'une repas rituel» (III, 287-288). Pour un bref instant  —dans cette sorte de transfiguration vécue par Jünger—  le soldat asservi à la technique est redevenu le guerrier authentique qui a renoué avec le long lignage de ses ancêtres.

 

Le “Volkssturm”

 

C'est de chez lui, sur sa terre, à Kirchhorst, que Jünger prendra, à la tête d'une unité du Volkssturm, définitivement congé de la guerre, le matin du 11 avril 1945. «Dans ce bout de campagne, comme souvent dans la vie, je suis le dernier à posséder encore un pouvoir de commandement. J'ai donné hier le seul ordre possible dans de telles circonstances: occuper les barrages anti-chars et puis les ouvrir dès que les premiers éléments ennemis se pointent» (Kirchhorster Blätter, II, 414). Cet instant est d'ailleurs parfaitement insolite. Le dernier ordre que cet homme, qui dans sa vie a défendu tant de tranchées et en a pris tant d'autres, est un ordre d'abandon, que lui dicte le bon sens. Tout en observant le déferlement mécanique de l'adversaire, il songe qu'il vaut mieux que son fils, que la guerre lui a pris, ne puisse assister à ce spectacle de défaite, qui lui aurait fait trop mal.

 

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A travers sa douleur, il lui apparaît qu'une page décisive pour son destin, comme pour celui de l'Allemagne, est en voie d'être tournée. «D'une telle défaite, on ne se guérira pas, comme jadis, après Iena ou après Sedan. Elle signifie un tournant dans la vie des peuples, et non seulement innombrables sont ceux qui devront mourir, mais beaucoup de forces qui nous animaient de l'intérieur périront au cours de ce passage» (II, 415). A ce moment-là, Jünger est devenu aussi un observateur “distancié” qui regarde l'avance de l'ennemi non plus depuis une position de combat mais depuis la fenêtre de sa maison. Ce qui maintenant défile devant ses yeux, n'est plus qu'une “parade de poupées” dotées de “jouets dangereux”, qu'un jeu de soldats-marionnettes, “tirés par des fils” ou même, comme l'indiquent les longues antennes qui se balancent sur les chars et les véhicules blindés, une partie de pêche magique, destinée à capturer le Léviathan.

 

Un ultime avatar dans les guerres d'Ernst Jünger.

 

Jean-Jacques LANGENDORF.

(texte publié pour la première fois en 1990 dans Der Pfahl, IV, Munich; sauf indication contraire, nous citons d'après Ernst Jünger, Werke, vol. I-IX, Stuttgart, s.d.).

 

 

lundi, 05 octobre 2009

Homo Economicus

Homo Economicus

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“The nearest buildings were almost two miles away, and formed a low belt completely surrounding the Park. Beyond them, rank after rank in ascending height, were the towers and terraces that made up the main bulk of the city. They stretched for mile upon mile, slowly climbing up the sky, becoming ever more complex and monumentally impressive. Diaspar had been planned as an entity; it was a single mighty machine. Yet though its outward appearance was almost overwhelming in its complexity, it merely hinted at the hidden marvels of technology without which all these great buildings would be lifeless sepulchres.” - THE CITY AND THE STARS. Arthur C. Clarke (1956)

Wealth has concentrated in the hands of the very few, but I reckon that Marx's explanation is only a part of the story, and I don't believe in the inevitability of class war; there are other forces at work in addition:

Wealth trajectory westward

“Brooks Adams also noted that centralized capital (the accumulation of wealth in the hands of a few inter-related families) seems to have been moving steadily West throughout recorded history. The first major accumulations are to be found in Sumer; the center of money-power then shifted to Egypt, to Greece, to the Italian peninsula, to various parts of Germany, and then to London. At the time Brooks Adams was writing (c.1900) he saw the balance teetering between London and New York, and he predicted that the decline of the English Empire would shift the balance to New York within the first half of the 20th Century. Brooks Adams had no theory as to why this Westward movement of wealth had been going on for 6000 years. He merely observed the pattern.
“The shift is still continuing, in the opinion of many. For instance, Carl Oglesby in The Cowboy vs. Yankee War, sees American politics since 1950 dominated by a struggle between 'old Yankee wealth' (the New York-Boston axis, which replaced London after 1900) and 'new cowboy wealth' (Texas-California oil-and-aerospace billionaires).” - PROMETHEUS RISING. Robert Anton Wilson (1983).

Since the 80s, Wilson and others have argued that the concentration of wealth has continued it's westward journey, crossing the Pacific to Japan and China but at the same time apparently vanishing into cyberspace.

Corporatism and Distributism

Both these theories emerged in the late Nineteenth Century as the Catholic Church's response to socialism, and I agree that both are superior (fairer and more efficient) than liberal capitalism.

Corporatism can vary from the very mild, e.g. Britain's Labour government in the late 1970s, to the idealistic full-blooded variety espoused by Alexander Raven Thomson.

“No greater mistake can be made than to regard the Corporate State as a mere mechanism of administration.
“On the contrary, it is the organic form through which the nation can find expression. Fascism is no material creed like Communism, which sets up, as its only purpose, the material benefit of the masses. Fascism is essentially idealistic, and refuses any such limitation. Fascism recognises the nation as an organism with a purpose, a life and means of action transcending those of the individuals of which it is composed.
“...it is only through co-operation with others in the organic purpose of the State that the individual can attain his highest potentiality. There is no need for any conflict between the individual and the State as neither can exist without the other. An individual exiled from the civilised communion must inevitably relapse into savagery: a State deprived of loyal co-operation with its citizens must inevitably collapse into barbarism.” - THE COMING CORPORATE STATE. Alexander Raven Thomson (1936)

Raven Thomson is describing a State with a Will. I believe that Will must be directed toward the conquest of space. All other considerations are secondary.

Automation

Growing up as a small boy in the Sixties, I vividly remember the excitement of the space race. I also remember the promise of greater automation, which would free our people from a life of drudgery and instead allow us to pursue our dreams. Like many other ideas from that scintillating decade the vision faded. It's true that less people now are involved in manufacturing – actually producing things – and the greater part of the workforce are employed in “services”, overwhelmingly financial services. We have swapped the workbench for the hot desk and office cubicle.

To my mind this is not an improvement, and I wondered who was to blame. I came to the conclusion that capitalism is essentially a control mechanism of the crudest kind; it pits each of us against all others (“the war of all against all”) in an apparent battle for survival that guarantees the preservation of an unchanging parasitical elite.

I am not an economist, which I reckon is a positive advantage because I don't accept the rules (e.g. supply and demand) upon which modern economics is based. Human behaviour is in the final analysis beyond reason and trying to make a science out of it is futile.

Also, the New Right encompasses a wide variety of economic models, from Norman Lowell's Might is Right Social Darwinism to Troy Southgate's devolved National Anarchism, so my views are not representative although they are close to Mosley's BUF policies in the 1930s. The reason why the New Right is able to hold such contradictory economic policies is because ideologically economics occupies a rather lowly rung. In Georges Dumezil's tri-partite theory of Aryan civilization, economics is “third function” (almost a natural process); whereas real politics is confined to first and second functions only.

My own economic ideas are driven by three major concerns: the necessity to maintain a technological civilization and expand into space, environmental pollution, and the general welfare of all our people in order that they can contribute fully to the Imperium. In all this it differs drastically with Marxism.

In regard to pollution/ climate change etc. I believe the best solution is along the lines of Paolo Soleri's Arcologies, where our industrial/ technological activity is effectively sealed off from the rest of the planet. These Arcologies would be very high density and imply the possibility of communal living; barracks, canteens – a bit like WW2 underground military bases – but not so gloomy. We would make huge economies of scale, and at the same time cut transport costs to virtually nil. For the few that want to try communal, organic communities, there's the land around the Arcologies to use, otherwise it will be allowed to revert to wilderness. All food for the Arcology would be produced in factories in the Arcology, and as a technological civilization (in contrast to that envisaged by Blood & Soil/ back-to-the-land enthusiasts) we would be able to defend ourselves against invasion.

It's bonkers to assume that all this can come about through the free market, let alone space exploration which has always demanded massive state funding, so I concluded that a self-sufficient planned economy is best. This command economy would have to embrace to whole of Europe, Russia and Siberia (at least) above all for racial/cultural reasons, but also because it is of sufficient extent, and with sufficient resources, to guarantee autarky.

“Men had built cities before, but never a city such as this. Some had lasted for centuries, some for millennia, before Time had swept away even their names. Diaspar alone had challenged Eternity, defending itself and all it sheltered against the slow attrition of the ages, the ravages of decay, and the corruption of rust.”

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Plaidoyer pour un polythéisme des valeurs de droite

athena.jpgPlaidoyer pour un polythéisme des valeurs de droite

par Rodolphe BADINAND

Il y a quelques semaines, Philippe de Villiers proposait, s’il accédait à la présidence de la République, « l’interdiction du voile islamique dans la rue et les espaces publics (1) », et cela au nom des valeurs républicaines. Il souhaitait surtout introduire en France une polémique qui secoue la Grande-Bretagne et les Pays-Bas. Cependant, la suggestion du candidat souverainiste à l’Élysée n’est pas anodine; elle s’inscrit dans une ambiance islamophobe et négatrice du droit à la différence, qui s’empare d’une droite frénétique. Dans La République et le Coran (2), Laurent Lagartempe examine les incompatibilités entre les préceptes de Marianne et la foi mahométane. Il estime que l’islam va à l’encontre de la République. Dans la même veine de la « République en danger », quelques         « droitiers », souverainistes et « nationaux-catholiques » encensent l’ouvrage de Caroline Fourest consacré à La tentation obscurantiste (3) qui cible, entre autre, la religion musulmane. On se croît victime d’hallucinations, mais ce n’est pas le cas. Le syndrome de l’Union sacrée vient encore de frapper ceux qui se rangent ou qu’on classe à « droite ».

L’erreur magistrale de la « droite » française

En août 1914, Charles Maurras et l’Action française se plaçaient sous les plis du drapeau tricolore de la République au nom du « nationalisme intégral » et par germanophobie exacerbée. Le désir intense de « Revanche » aveuglait toute la frange « nationale » de la société française alors que son éthique correspondait largement aux idéaux du Reich du Kaiser. À la veille de la Grande Guerre, le Deuxième Empire allemand cumulait – avec un rare bonheur – une stabilité institutionnelle remarquable, un essor économique foudroyant, une aristocratie méritante et de véritables avancées sociales. Au lieu de soutenir cet État qui adaptait la tradition au nouveau contexte industriel, la « droite » française, par esprit de clocher et par passion nationaliste irréfléchie, s’allia avec son ennemi ontologique au pouvoir à Paris. Elle commit là sa plus grande erreur. Fin analyste, Dominique de Roux évoque cette étrange schizophrénie à travers l’exemple de son aïeule qui « alors que son mari subissait Verdun, payait des messes grégoriennes pour que Dieu accorde la victoire au Kaiser qui incarnait quand même la légitimité (4) ».

Sans verser dans l’uchronie, on peut imaginer que la victoire de Guillaume II aurait entraîné la chute de la IIIe République et favorisé l’avènement d’une nouvelle élite issue de cette aristocratie populaire forgée dans les tranchées et trahie un 6 février 1934. Maurras se comporta dans ce ralliement – plus nocif encore que le précédent – en politicien et non en visionnaire. Il ne répéta pas la tactique des républicains qui, privilégiant leurs intérêts idéologiques avant la défense de la patrie, renversèrent le Second Empire, le 4 septembre 1870. Les Camelots du Roi et le poète de Martigues n’osèrent pas cette audace et permirent ainsi à la Gauche d’investir durablement le domaine culturel et le monde des idées. La « droite » venait de se faire duper ! Elle allait réitérer son aveuglement plusieurs fois au cours du siècle …

L’éternelle « droite » trompée s’affole aujourd’hui de l’islamisme sans percevoir que la vigueur de ce péril n’est que le contre-coup de l’imposition de l’idéologie des droits de l’homme, du mondialisme et de l’immigration dans notre civilisation européenne multimillénaire. Maints droitiers désorientés par la fin de leur monde en viennent à s’agripper à la République comme le naufragé à son canot de sauvetage. Ils ne font qu’abdiquer devant l’Ennemi principal et risquent de perdre plus que leur âme : leur être. Dénonciateur intéressé de l’islamisation de la France, se qualifiant comme « le dernier défenseur de la République contre le communautarisme (5) », le président du M.P.F. tonne contre le « voile islamique ». Le fidèle chrétien qu’est le Vicomte aimerait-il donc que les bonnes sœurs circulent la tête découverte dans nos contrées ? A-t-il vraiment réfléchi à toutes les répercussions totalitaires de sa demande ? Déjà, au moment des émeutes de l’automne 2005, les affiches villéristes réclamaient la restauration de l’« ordre républicain ». Qu’il est donc bien loin l’époque où le jeune député de Vendée dénonçait, dans sa Lettre ouverte aux coupeurs de têtes et aux menteurs du Bicentenaire (6), les horreurs de la Révolution de 1789 et l’effroyable génocide vendéen ! Oubliée, la célèbre passe d’arme télévisée qui l’opposa sur le plateau d’Apostrophe à Max Gallo alors fan zélé du socialisme mitterrandien et de Robespierre ! De Villiers succombe à son tour au chant des sirènes républicaines. Il confond la République et la France, la maladie et son malade.

« La République contre la patrie »

On retrouve cette méprise chez d’autres défenseurs acharnés de l’« exception hexagonale ». Le jacobinisme, le goût de l’homogène, le refus des diversités ethno-culturelles contaminent la « droite » (ou les droites), y compris celles qui se revendiquent de la droite essentielle, contre-révolutionnaire (ou réactionnaire) et traditionnelle. Le phénomène, certes, n’est pas récent. Dans un pays rongé par l’égalité tel que le nôtre, une droite authentique, radicale et traditionnelle ne serait réellement existée si ce n’est d’une façon diffuse (ou occulte). La vacuité de la « droite » date de ses origines puisque ses diverses composantes (orléaniste, bonapartiste, nationale, démocrate-chrétienne, radical-socialiste, etc.) proviennent de la Gauche avant d’être déportées vers la droite par l’émergence de nouvelles gauches. D’un point de vue généalogique, les termes de « droite nationale », de « droite libérale » et de « droite républicaine » apparaissent comme d’incroyables oxymores. Droitiers et « nationaux » auraient pu au moins prendre en considération le remarquable article de Jean Raspail paru dans Le Figaro en 2004 qui traitait de « La patrie trahie par la République (7) ». Le réquisitoire y est cinglant et les responsabilités de la République sont clairement définies. La République dite française participe au génocide des peuples européens de France.

Hélas !, sur la question primordiale de l’immigration et de la présence sur notre sol continental de millions d’allogènes extra-européens, nos « ardents patriotes-républicains » n’envisagent pas leur retour massif dans leurs pays d’origine qu’ils jugent irréaliste. Ils encouragent plutôt leur intégration (ou de leur assimilation) dans une société décadente et ignominieuse. Mus par un sentiment de supériorité culturelle, assimilationnistes et intégrationnistes exigent que les immigrés abandonnent leurs coutumes ancestrales et adoptent les sempiternelles « valeurs “ ripoublicaines ” hexagonales », ce qui se manifesterait par l’interdiction du port du foulard islamique en public, la condamnation de la polygamie, la prohibition de l’excision (mais, fait curieux, pas de la circoncision), l’opposition au « mariage forcé » des mineurs, l’application de la discrimination positive… Grotesques, ces suggestions prouvent leur imbécillité intrinsèque et leur racisme insidieux. En effet, en quoi les valeurs républicaines modernes seraient-elles supérieures aux valeurs traditionnelles musulmanes, asiatiques, africaines ou, bien entendu, vieilles-européennes ? Ne seraient-elles pas en réalité une formidable hypocrisie afin d’imposer la tyrannie de l’Occident moderne aux peuples de la Terre entière ? Par-delà sa logorrhée en faveur des     « droits de l’homme », le versant droitier de la République révèle une intolérance inadmissible envers l’altérité issue de la déferlante migratoire. « Droitiers » et    « nationaux » se trompent donc de combat. Au lieu de s’épuiser à défendre ce qui est définitivement révolu, ils devraient suivre ce conseil du Grand Éveilleur : « Ce qui doit tomber, je ne le retiens pas, je le pousse. »

Catholiques contre le sacré ?

La mouvance droitière s’enferre dans une impasse stratégique tant qu’elle ne saisira pas que la Modernité incarne l’ennemie totale. Ce n’est pas en s’activant sur des questions morales ou de société et en désapprouvant la bio-éthique, le mariage gay ou l’avortement qu’elle se donnera les moyens de renaître. Les       « chrétiens de droite » contestent avec force l’emprise croissante de l’islam dans nos sociétés exténuées, mais leurs arguments reprennent souvent les formulations les plus ringardes de la Gauche jacobine. La peur de l’islam entraîne bizarrement la droite à collaborer avec le Système honni. « En effet, remarque avec à-propos Pierre de Meuse, dans le dénombrement des incompatibilités entre l’Islam et la civilisation européenne, ces catholiques de droite énumèrent le rôle second laissé à la femme, le caractère théocratique de la civilisation musulmane, la discrimination à l’égard des autres religions, la guerre sainte, la peine de mort (quelquefois), les mutilations pénales infligées par la charia, la confusion entre la loi civile et la loi religieuse, et même le refus des autorités musulmanes de signer la convention internationale des droits de l’Homme. Or ces traits sont bien incompatibles avec la société civile moderne, c’est-à-dire une forme d’organisation qui s’est précisément installée en opposition sur tous ces points avec le catholicisme intégral qu’ils défendent. Il est paradoxal de voir les descendants des officiers qui cassèrent leur épée plutôt que d’appliquer les lois laïques du “ petit père Combes ” reprendre précisément le flambeau de la laïcité pour combattre l’Islam. En fait, les différences entre la conception islamique de l’État et celle du catholicisme oscillent selon les époques et ne sont pas si radicales, bien que très réelles. L’Église ferme toujours la porte de la prêtrise aux femmes, et la nostalgie de la Chrétienté est bien celle d’une société où l’ordre civil n’est qu’un instrument pour conduire les âmes au salut. À ce titre, la législation en Espagne ou en Provence au XIVe siècle envers les musulmans et les Juifs est très comparable avec le millet turc. Quant aux Droits de l’Homme, l’Église des temps passés les a condamnés avec autant de vigueur que les imams, et plus de rigueur encore. […] Il faut donc renvoyer ces braves gens à la relecture de leur propre système : eux non plus ne savent plus qui ils sont. Eux aussi se battent sur une ligne de défense qui n’est pas la leur, sous la bannière de leurs ennemis. On ne peut reprocher à l’Islam d’avoir conservé dans sa doctrine normative ce dont on déplore la perte dans le christianisme (8). » Lecteurs et continuateurs de René Guénon, de Julius Evola et de Frithjof Schuon, les traditionalistes chrétiens ne commettent pas cette bévue suprême et indiquent au contraire une bonne direction. Les Européens chrétiens, catholiques en particulier, devraient avoir la nostalgie du Moyen Âge comme les musulmans replongent par-delà les siècles dans le temps de la prédication de Mahomet. Face au matérialisme effrayant de la société occidentale (dont la société française « républicaine » n’est qu’un reflet), tous ceux qui défendent le sacré agressé par le monde moderne, doivent lui opposer un front spirituel traditionnel. Païens et monothéistes, tous ensemble, contre ce monde désenchanté !

On rêve qu’une droite affirmée redécouvre ses fondements véridiques et récuse les valeurs modernes. Pour l’heure, d’une servilité proverbiale, ce qu’on appelle la « droite » préfère reprendre les mots d’ordre (ou plutôt de désordre) de la Gauche. L’homme de pseudo-droite marque ainsi son hostilité à la polygamie et se trouve à défendre les thèses débiles d’un féminisme ménopausé et aigri. Or ce sujet contient bien d’autres savoureuses contradictions. Les familles polygames venues principalement d’Afrique seraient indésirables dans des sociétés qui autorisent le mariage homosexuel et l’homoparentalité. Pourquoi une famille constituée d’un homme et de plusieurs femmes (ou le contraire) serait-elle moins légitime qu’une famille formée par d’individus du même sexe ? Pourquoi la loi interdit-elle aux membres d’une même famille de conclure un pacs entre eux afin de bénéficier des avantages qui en découlent ? En réalité, nos progressistes se contrefichent du bonheur conjugal et de la pérennité familiale. Ils relaient les intentions criminelles de l’ultra-féminisme qui veut déviriliser l’esprit européen et castrer l’homo europæus. On retrouve cette influence délétère dans la modification récente de la législation matrimoniale française qui détermine l’âge légal de mariage des filles à dix-huit ans au lieu de quinze ans dans le but d’éviter les « mariages forcés » qui toucheraient « Beurettes » et Africaines quand elles reviennent au bled pendant les vacances estivales. En réalité, ces « affaires » sortent le plus souvent d’une imagination journalistique en mal de sensations qui se focalise sur quelques cas complaisamment exposés. Dans le même temps, les mêmes qui détruisent des traditions culturelles ancestrales honorables permettent à des gamines de 12 – 13 ans de prendre la pilule du lendemain sans aucun consentement parental. Les « progressistes humanistes » cherchent à détruire le  concept même de famille parce qu’elle demeure la communauté incontournable, quelque soit sa structure. S’attaquer à la famille revient à anéantir l’un des derniers cadres communautaires naturels favorables à la personne humaine.

Des événements récents confirment ce constat. On n’a pas encore réalisé les dégâts provoqués par l’effondrement de la paternité dans la famille. Si les banlieues engendrent des pathologies sociales explosives ou brûlantes, la responsabilité en revient, certes, à l’immigration, mais aussi à l’effacement des caractères masculins. On oublie la responsabilité majeure des assistantes sociales, fort souvent de gauche, voire d’extrême gauche, qui ont sapé l’autorité du pater familias allochtone, les menaçant des foudres de la justice s’il osait user de la violence envers sa progéniture bruyante. Intimidés et désemparés, les pères de famille immigrés n’incarnent plus le modèle de la virilité auprès de leurs enfants qui en viennent à les mépriser et à constituer une voyoucratie banlieusarde. Si certaines banlieues majoritairement musulmanes appliquaient strictement la charia, y aurait-il toujours ce désordre scandaleux ? Les délinquants risqueraient de perdre quelques membres…

Une liberté d’expression à géométrie variable…

Les responsables de cette dévirilisation sont nombreux. Évoquons toutefois le rôle nuisible de l’hebdomadaire Charlie-Hebdo. Cela n’empêche pas certains droitiers de soutenir ce torchon traîné en justice par des associations musulmanes pour avoir publié les caricatures danoises de Mahomet. Les mêmes défendent aussi l’ancien enseignant gauchiste Robert Redeker qui aurait été menacé par des islamistes après avoir écrit dans Le Figaro un article violemment anti-musulman. Or, le jour où l’on apprenait que le sieur Redeker entrait en clandestinité pour protéger sa vie, un autre Robert se retrouvait condamné par la fatwa « ripoublicaine » pour avoir proféré des balivernes historiques… La piteuse République n’accorde pas le même traitement aux deux Robert. Le droit imprescriptible de dire des âneries (théologiques et historiques) ne s’applique pas de la même manière à tout le monde. Pire, l’hypermnésie de la Seconde Guerre mondiale éclipse largement l’amnésie des crimes révolutionnaires en France et des horreurs du communisme. Quand on dérange les certitudes confortables de l’intelligentsia ou quand on agit en véritable rebelle, le Régime se fait fort d’écarter les mal-pensants.

L’essayiste Alain Soral n’a pas pu participer aux dédicaces organisées par l’Institut d’études politiques de Paris du 2 décembre dernier. Risquait-il de se faire trucider par un quelconque fanatique ? Non, Alain Soral ne communie pas dans la lepenophobie obligatoire. Plus grave, il vient de rejoindre le Front national, d’où son exclusion qui n’a pas soulevé l’ire des médias d’habitude si prompts à protester, accréditant par la même l’actualité de l’axiome orwellien : « Tous les hommes sont égaux, mais certains sont plus égaux que d’autres ». Rions donc du soutien des naïfs droitiers apporté à Charlie-Hebdo et à Redeker alors qu’ils n’ont pas cessé de conchier sur le mouvement patriotique. Là encore, le syndrome de l’Union sacrée a frappé ! Nos Candides croient que les ennemis de nos ennemis peuvent être nos alliés. Funeste faute ! Laissons-les à leurs illusions impolitiques et préférons faciliter l’affrontement impitoyable entre tous les ennemis de la civilisation européenne.

L’intolérance que fait preuve le « camp national » à l’égard de l’Autre reproduit l’intolérance officielle de la République envers les minorités religieuses ou spiritualistes. Dernièrement, des députés d’une énième commission anti-sectes ont visité une communauté chrétienne évangélique près de Pau. Là, ces « élus du peuple » – sûrement de fins spécialistes en sociologie religieuse et qui ont du temps à perdre à contrarier des groupuscules religieux – s’indignèrent que les enfants de cette communauté présumée sectaire ne regardaient pas la télévision et ignoraient, oh ! quelle horreur, l’existence de Zidane, ce hooligan des pelouses ! En dénonçant ce genre de maltraitances (sic !), les députés attestent par leur comportement totalitaire qu’ils recherchent l’abêtissement des populations. Souvenons-nous des violentes campagnes contre les Témoins de Jéhova accusés de tous les maux. Il est vrai qu’ils présentent le désavantage de refuser le vote, sinon nos courageux députés ne s’amuseraient pas à les ennuyer ! Les « ripoublicains » haïssent l’« anormalité religieuse » et mènent une « lutte contre les sectes » abusive qui tourne toujours en attaque contre la spiritualité. L’action nocive des francs-maçons ne fait guère de doute sur ce point. Janine Tavernier qui fut la présidente de l’U.N.A.D.E.F.I. de 1993 à 2001, déplore que « beaucoup de francs-maçons sont entrés à l’U.N.A.D.E.F.I., lui donnant une coloration qu’elle n’avait pas à l’origine. […] Aujourd’hui, j’ai l’impression qu’elle s’est politisée (9). »

L’acceptation des différences ne se restreint pas aux dimensions culturelle, ethnique et religieuse. Elle s’étend aux domaines social, moral et scientifique. Il faut admettre les multiples types d’union conjugale et les répercussions des manipulations sur le vivant. Le clonage, l’eugénisme, le « bébé-médicament », les mères-porteuses, le diagnostic pré-implantatoire, l’avortement préventif, la maternité tardive (après soixante ans) amélioreraient l’existence des familles. Malheureusement, les lois bio-ethiques suivent les impératifs abscons des soi-disant droits de l’homme devenus l’horizon indépassable de la moralité publique. S’il y a un obscurantisme, il est républicano-hexagonal. Le cercle faustien des Mutants accuse avec raison l’hégémonie d’un humanisme défunt dont le cadavre putrifié empêche encore le « saut quantique » vers le transhumanisme, le transgénisme humain, l’humain génétiquement modifié et l’hyperanthropie. Rares sont ceux qui pressentent le bouleversement considérable de la Mutation à venir : l’explosion chatoyante de la diversité sous tous ses aspects. Le polythéisme des valeurs deviendra la norme sociale de notre civilisation post-occidentale.

La République hexagonale se montre incapable d’affronter cet événement prochain, générateur de chaos et donc d’ordre. Outre la coexistence momentanée des divers groupes ethniques sur le même sol, la société hexagonale, comme d’ailleurs l’Occident en phase terminale d’achèvement, se doit d’accepter l’inestimable polythéisme des valeurs. C’est aux membres de chaque communauté ethno-culturelle, et à eux seuls, de modifier, d’adapter ou de réviser leurs mœurs. Nos sociétés si donneuses de leçons, devraient célébrer les droits aux différences et leur manifestation tangible en communautés ethno-culturelles souveraines. Contre la République d’essence universaliste, il convient par conséquent de soutenir les communautarismes, quoi qu’il en coûte sur le moment. Dans cette perspective explosive hautement révolutionnaire, le communautarisme ethno-européen prend une envergure considérable puisqu’il signifie la seule voie de salut de nos peuples. Leur reconstitution par les Ethno-Européens passent par l’abolition des collectivités stato-nationales fictives. Seules des communautés qui sauront allier le Sol, le Sang et l’Esprit seront nos arches salvateurs au déluge uniformisateur.

Rodolphe Badinand

Notes

1 : in Le Figaro, 2 novembre 2006.

2 : Laurent Lagartempe, La République et le Coran. Les versets incompatibles, Éditions de Paris, 2006.

3 : Caroline Fourest, La tentation obscurantiste, Grasset, 2005.

4 : Dominique de Roux, Immédiatement, La Table ronde, coll. La Petite Vermillon, 1995.

5 : in Le Figaro, art. cit.

6 : Philippe de Villiers, Lettre ouverte aux coupeurs de têtes et aux menteurs du Bicentenaire, Albin Michel, 1989.

7 : Jean Raspail, « La patrie trahie par la République », in Le Figaro, 17 juin 2004.

8 : Pierre de Meuse, Essai sur les contradictions de la droite. Dialogues avec les hommes de ma tribu, L’Æncre, 2002, pp. 69 – 70.

9 : in Le Monde, 17 novembre 2006.

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L'essence métaphysique du paganisme

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L'essence métaphysique du paganisme

(analyse de la véritable spécificité de la pensée païenne)

 

* * *

 

Jean-Marc Vivenza

 

On le sait, mais on l'oublie trop souvent, ce sont les principes situés à la racine même des choses, qui fondent véritablement les idées génériques placées à l'origine des différentes conceptions du monde. Or ce qui distingue radicalement le paganisme du christianisme (termes qui, rappelons-le, concrètement, aujourd'hui, ne qualifient plus en Europe aucune réalité religieuse distincte puisque, que cela plaise ou non, l'histoire a conjugué non sans quelques difficultés il est vrai, ces deux dénominations en un seul destin), est une divergence majeure qui ne porte pas entre polythéisme et monothéisme (1), mais de façon irréconciliable porte sur la notion de création.

 

Ce qui spécifie, et sépare de manière catégorique le paganisme de la pensée biblique c'est leur analyse divergente au sujet de l'origine du monde, de l'origine de l'être. Si, pour les païens, le monde est de toute éternité incréé et suffisant ontologiquement, par contre, la pensée hébraique considère le monde comme résultant d'une création "à partir de rien", doctrine que la Bible place en tête de son introduction puisque le premier de ses versets nous dit, "Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre", (2). Les points de vue, les concepts païens et hébreux sont irréductibles, radicalement hétérogènes, il y a une incompatibilité foncière entre les deux approches de la question de l'existence du monde; c'est sur ce point que se trouve la véritable ligne de partage des eaux, la césure entre pensée hébraïque et pensée païenne. C'est sur ce point, et non pas sur l'allégeance exprimée à telle ou telle figure divine, à telle ou telle divinité tutélaire, dans l'attachement à Zeus l'olympien ou au Yawhé du Sinai, que se situe la divergence foncière.

 

I. Problème de la pensée religieuse.

 

On ne saurait trop insister sur ce que pourrait avoir d'illusoire l'idée, pour fonder une alternative nouvelle, qui consisterait à se rattacher à un paganisme affectif et dévotionnel, dans lequel seraient mis en concurrence et en opposition les dieux qualifiés "d'historiques", et le Dieu dit "unique" de la révélation biblique. C'est, hélas, sur cette fausse opposition, que se développa (et se développe encore...) une sorte de vague reliogisité païenne, dans laquelle est caressé l'espoir hypothétique d'un retour des dieux. Or jamais, sur ces questions, le vouloir ne peut avoir de prise, "il n'est pas possible de faire être par la volonté ou la parole les choses elles-mêmes" (3). Bien souvent, le désir d'un redéploiement d'un paganisme réel, tend à laisser penser, qu'il serait nécessaire de refaire surgir de nouveau les anciens mythes. Or, ou bien ce qui est mort est mort, et de la mort rien ne peut renaître, ou bien en réalité rien n'est jamais mort (les dieux en principe ne meurent pas...) et donc rien n'a jamais disparu, mais se trouve dissimulé sous d'autres appellations.

 

Le plus étrange dans l’examen de cette question religieuse, c'est que le paganisme finissant, nous montre une religiosité que l'on peut qualifier sans peine de préparatoire à l'avènement du christianisme, ce qui n'est pas sans poser quelques problèmes. En effet, si nous regardons l'histoire avec attention, nous voyons que lorsque l'empereur Julien (361-363) tenta d'instaurer contre le christianisme triomphant, une religion à ses yeux plus conforme aux traditions gréco-romaines, il exprima sa doctrine en des termes, qui concilièrent le Sol Invictus et Attis: " Un Etre suprême, unique, éternel anime et régit l'organisme universel, mais notre intellect seul en conçoit l'existence. Il a engendré de toute éternité le Soleil, dont le trône rayonne au milieu du ciel. C'est ce second démiurge qui, de sa substance éminemment intelligente, procrée les autres dieux" (4). Ne serait-il donc pas permis de se demander sérieusement, dans quelle mesure, l'évolution des religions grecque et romaine n'a pas favorisé le triomphe du christianisme ?

 

Allons-même plus loin : si l'on étudie les choses avec réalisme, ne constate-t-on pas que dès Hésiode, qu'on le veuille ou non, la réflexion strictement religieuse des Grecs commence à ouvrir un chemin vers le monothéisme, et tente de fonder la morale sur la religion ? A Rome, la conception du Jupiter archaïque, arbitre souverain et garant de la bonne foi, attestera une orientation dans le même sens, plus instinctive certes, mais non moins évidente. Sans doute, l'entrée massive des éléments néo-platoniciens et orientaux dans la religion et la pensée hellénico-romaine rapprochera encore Athènes et Rome du christianisme futur, en fournissant un aliment mystique au désaroi du peuple, en répandant la notion de salut, en imposant, confusément encore, la conception d'un hénothéisme qui n'est pas éloigné, dans le stoïcisme, du monothéisme. Mais il est intéressant de voir que le mouvement religieux qui portait les esprits à l'époque impériale fut, dans son ensemble, plus que favorable à la pénétration du christianisme dans l'Empire. Et ce constat, doit nous porter à entreprendre une réflexion plus précise au sujet de la facilité avec laquelle le christianisme prit greffe sur le paganisme. Ceci n'est pas anodin et, disons-le clairement, jamais une religion étrangère n'aurait pu triompher si ne s'étaient pas trouvés des éléments communs à l'intérieur même du système religieux antérieur. Il n'existe absolument aucun exemple historique d'une religion s'imposant sans violence à un système étranger à elle-même, ou plutôt disons, qu'il n'existe qu'un seul exemple historique: le triomphe du christianisme à Rome sous Constantin ; voyons pourquoi.

 

Les causes de ce triomphe peuvent se résumer en quelques lignes significatives. Les cultes avaient en réalité, avec la nouvelle religion de nombreux traits identiques: la monolâtrie de fait qu'ils proclamaient, le souci de l'ascèse morale et spirituelle; autant l'admettre, quel que soit le degré d'élévation de tous ces cultes, ils répondaient tous aux mêmes besoins par les mêmes moyens. Fondés sur les notions de mort et de résurrection, de naissance nouvelle et de filiation divine, d'illumination et de rédemption, de divinisation et d'immortalité personnelles, ils prétendaient assurer aux fidèles le contact direct avec la divinité, et l'espoir d'une survie bienheureuse. Ils témoignaient en outre, par le biais d'une dévotion dirigée sur un seul dieu, d'une aspiration au monothéisme très prononcée. A l'intérieur de chaque "secte", le dieu sauveur était conçu comme supérieur à toutes les autres divinités et tendait à les éclipser. Mais il y a plus, les analogies de fond et de forme qui existaient entre tous les cultes conduisirent à penser que sous les noms d'Attis, de Mithra, etc... le même Dieu se manifestait, qu'on le considère comme le Dieu "véritable", ou comme un simple intermédiaire importait peu. Ceci explique pourquoi les tentatives prématurées d'Elagabal recevront de fait, leur consécration officielle grâce à Aurélien (270-275), qui sut habilement réaliser le syncrétisme devenu inévitable. On sait qu'il choisit pour divinité suprême Sol Invictus, dans lequel les fidèles des diverses sectes pouvaient reconnaître aussi bien Baal, qu'Attis, Osiris, Bacchus ou Mithra. Sol Invictus présentait d'autre part, l'avantage d'être assimilable à Apollon, et également à une vieille divinité romaine, Sol Indiges, dont l'origine remontait au temps mythique de la fondation de la cité. Sur cette lancée, Aurélien compléta son entreprise en faisant admettre définitivement la divinité de l'empereur vivant, considéré comme incarnation de Dieu sur la terre. En réalité la seule doctrine qui se heurta à l'antipathie du pouvoir, fut le stoïcisme qui, jusqu'à l'avènement de Marc-Aurèle, servit de refuge hautain à l'opposition.

 

Le christianisme, de son côté, héritant du judaïsme l'intransigeance des Macchabées, mit en pratique la parole du Christ: "Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu" (5). Sujets loyaux de l'Empire, les chrétiens refusèrent d'encenser les dieux, et de reconnaître la divinité d'un homme, fût-il l'empereur. Leur crime aux yeux de l'Etat, fut politique et non religieux; ou plutôt, il ne fut religieux que parce que leur attitude manifestait fermement leur volonté de conserver leur foi à l'abri des contaminations du syncrétisme. En fait, l'Empire eût été prêt à accueillir le christianisme comme les autres religions, cela est si vrai, que c'est au nom même du syncrétisme et de l'intérêt de l'Etat que fut proclamée, en 313, l'égalité de la religion chrétienne avec la religion officielle par le rescrit de Licinius: "Nous avons cru, est-il dit, devoir donner le premier rang en ce qui concerne le culte de la divinité, en acordant aux chrétiens comme à tous, la libre faculté de suivre la religion qu'ils voudraient, afin que tout ce qu'il y a de divinité au ciel pût nous être favorable et propice, à nous et à tous ceux qui sont sous notre autorité" (6). Le testament religieux du paganisme gréco-romain finissant, n'était donc pas étranger au christianisme naissant, et les Pères de l'Eglise ne s'y sont d'ailleurs pas trompés, qui ont vu en lui l'une des voies préparatoires que Dieu proposa aux hommes pour découvrir son visage.

 

Que l'on n'imagine pas, toutefois, en désespoir de cause, trouver dans le paganisme celto-germanique un "recours", qui représenterait un meilleur garant comparativement à l'héritage greco-latin, car la tradition nordique présente les mêmes dangers que sa soeur du sud. Les incessantes luttes fratricides entre les chefs tribaux dépourvus de toute conscience historique, la lente mais réelle disparition progressive de la classe sacerdotale (Godis), le venin intellectuel que représente l'idée d'une procession du divin d'un centre pur et inaltérable vers le dehors par une série d'hypostases et de démiurges, le sens du péché consistant dans l'éloignement du monde de son sens divin, on retrouve ici les mêmes et identiques facteurs d'une lente progression vers le Dieu unique.

 

Que nous enseignent ces faits ? Tout simplement que pour pouvoir échapper au monothéisme il convient, non pas de savoir "comment être païen" au sens religieux du terme, comme beaucoup l'ont cru et, l'imaginent malheureusement encore, mais de comprendre en quoi consiste véritablement l'essence du paganisme, non pas du point de vue religieux, mais du point de vue métaphysique, là où se situe l'authentique et irréductible divergence d'avec la pensée biblique, là où les thèses présentent une fracture, une incompatibilité foncière. Redisons-le, la religiosité n'est qu'une forme culturelle affective non autonome. Liée à un substrat collectif traditionnel, le sens religieux, par sa plasticité, peut se voir dépouillé de ses bases métaphysiques et s'adapter sans difficultés à d'autres conceptions. L'avènement du christianisme en est le plus bel exemple. Ce n'est donc pas au niveau du religieux qu'il nous faut découvrir l'essence du paganisme, mais au niveau de son essence profonde, au niveau de sa métaphysique propre, là où se déploie sa véritable nature. C'est pourquoi, il est vital d'atteindre l'essence de son ontologie, là où la question de l'être se révèle comme centrale, car c'est de ce point seulement que pourra surgir l'aurore d'un nouveau Sacré.

 

II. Le fondement de la métaphysique païenne.

 

L'originalité de la pensée païenne se situe sur un point fondamental, point qui ordonne tout l'édifice de son essence intime: le problème de l'éternité du monde, de son autosuffisance ontologique. Pour les païens, l'idée que le monde puisse avoir été créé, est une proposition absurde, incongrue, alors qu'elle est la base de la foi chrétienne, qui hérite en cela du créationisme biblique :"Credo in Deum Patrem omnipotentem creator coeli et terrae" (7). C'est là le centre, le coeur, de toutes les divergences.

 

La création, en climat théologique biblique, est une opération qui s'effectue "ex nihilo" (8), c'est-à-dire que rien ne lui préexiste, sauf Dieu bien évidemment (ce qui n'est d'ailleurs pas la moindre des incohérences de vouloir faire que la cause de l'existence des choses manque au principe même qu'elle prétend expliquer, échappant elle-même à la loi de la causalité dont on nous dit qu'elle préside à l'existence de toute chose!). Chez les païens au contraire, les dieux sont considérés comme les représentants suprêmes d'un Tout divin. Ils sont les premiers dans l'être, mais non point les premiers par rapport à l'être. Leur transcendance n'est pas reconnue, il n'existe pas de Grand Séparé; dans ces conditions, c'est au Grand Tout qu'est attribué la nécessité éternelle. Le problème pour le paganisme ne se pose qu'à partir d'une matière commune, nul ne s'avise de rechercher la cause de l'être ou du monde. Ce monde, cet être, n'a pas besoin d'autre explication que lui-même; il est nécessaire, et de cette nécessité, chez Aristote, le "Premier moteur" n'en est que le premier bénéficiaire, il n'en est pas la cause. Il meut, il actionne la machine universelle, il ne la crée pas. Son action présuppose quelque chose d'aussi nécessaire que lui, et qui représente une passivité éternelle sous son activité ou son influence.

 

Il importe cependant de réfléchir sur la validité et la crédibilité des thèses en présence ; pour ce faire, la philosophie n'a aucunement besoin des sciences physiques ou mathématiques, qui ont d'ailleurs plutôt tendance, depuis quelques années, à flirter étrangement avec la mythologie ou l'imaginaire, et à ne plus être en mesure d'élaborer un discours véritablement sérieux. D'autant que sur la question de savoir si le monde a été créé du néant ou pas, les sciences avouent humblement leur incapacité à pouvoir fournir une réponse, tant leur méthode les rend muettes sur ce sujet. La philosophie par contre, lorsqu'elle exerce son authentique faculté de jugement, dépasse en qualité, profondeur et certitude, toutes les hypothèses des disciplines fragmentaires; elle n'est pas mère de toutes les sciences pour rien!

 

La philosophie, effectivement, est capable (lorsqu'elle ne part pas de l'ego, mais du réel expérimenté en tant qu'il est, lorsqu'elle sait que le seul et véritable maître, c'est le réel), de par son jugement propre, de saisir et d'affirmer la vérité touchant l'Univers et les choses, et cette vérité est l'oeuvre de son intelligence analytique, car le réel est structuré selon un ordre et une logique qui relèvent de l'ontologie, c'est-à-dire de la science de l'être. C'est ainsi qu'avant même Nils Bohr ou Costa de Beauregard, et sans l'aide du lourd appareillage des laboratoires de physique nucléaire, on savait déjà au IVème siècle avant notre ère en Grèce, que l'espace et le temps ne sont pas des idées pures ou des catégories a priori, ni un réel consistant, antérieur aux objets qui le remplissent, mais précisément les accidents propres aux substances matérielles, dimensives et permensives.

 

III. L'être et le temps.

 

Examinons donc à l'aide de la logique analytique la thèse biblique d'une création "ex nihilo", et voyons si ce dont on nous parle, c'est-à-dire d'un état censé avoir précédé le monde, d'un état "d'avant le commencement", est une hypothèse crédible. Cet "avant le commencement" désigne un temps nous dit-on, mais de quel temps parle-t-on ? Y avait-il un temps avant le temps ? Cela n'a, pour dire les choses clairement, aucun sens, cela ne désigne rien; car il n'y a pas, et ne peut y avoir, deux temps, l'un avant où le monde n'existerait pas encore, l'autre après, le temps du monde, venant se superposer au premier comme un rail sur une voie préparée à le recevoir.

 

Si le monde est fini en arrière, il n'y a rien avant, ni temps ni autre chose. Il n'y a donc pas d'avant, il n'y a pas, et ne peut y avoir "d'avant le commencement". Pour qu'il y ait eu un moment, fut-il un moment du rien, il faut qu'il y ait quelque chose, or un moment est une position du temps, est le temps, est une mesure des choses existantes. La durée est un attribut, et la durée d'une chose ne pouvant précéder cette chose, il est clair que si cette chose est le Tout, il ne peut y avoir de durée en dehors d'elle. Un jour, nous dit-on dans la Genèse, Dieu se décida à donner l'existence au monde. Un jour! Quel jour ? Ce jour n'existe pas plus que cet "avant le commencement", il n'y a pas de durée où le loger. Le premier jour qui ait existé, c'est le premier jour du monde lui-même. Nous sommes, de ce fait, obligés d'admettre que le monde a toujours existé puisqu'il n'y a pas de jour où il n'ait pas existé !

 

La vérité, est que le temps commence avec le monde lui-même: il n'y a pas de temps en arrière; le tout du monde comprend aussi le tout de la durée. Le monde existe et a existé depuis tout le temps qui existe, il n'y a aucun temps possible où il n'ait pas existé, il n'y a pas, en toute logique, "d'avant le commencement" - le monde ne peut pas ne pas avoir toujours existé puisqu'il est. Quant à parler d'un temps "avant la création", d'un temps précédant le temps qu'inaugurerait la création, cela est une pure et chimérique imagination, une vision, un rêve enfantin. En effet, il ne peut y avoir continuité entre ce temps imaginaire et le temps réel, on ne met pas bout à bout un rêve et le réel. On ne peut faire commencer le monde qu'au début de la durée où il existe, car on ne compte les jours que de ce qui existe, ce qui n'existe pas ne peut pas se compter; il n'y a pas de premier jour pour ce qui n'a pas vu le jour: tout commencement est donc forcément une suite.

 

IV. L'être et le néant.

 

Mais poursuivons, plus avant encore, notre raisonnement, et voyons les conséquences qu'impliquent la croyance en l'hypothèse d'un temps fini en arrière, c'est-à-dire d'un temps ayant commencé après n'avoir pas été. On n'y pense peut-être pas assez, mais si le temps est fini en arrière, on est obligé de se heurter au vide et ainsi de s'imposer à un contact entre le tout et le rien. Or entre l'être et le néant, entre le tout et le rien, il ne peut y avoir contact, "du rien, rien ne vient" (9). C'est d'ailleurs l'opinion de Mélissos de Samos lorsqu'il écrit :"Ce qui était a toujours été et sera toujours (...) car rien n'aurait pu, de quelque manière que ce soit, sortir de rien" (frag., B 8), (10). Surgir du néant c'est ne pas surgir du tout puisque le néant est une pure négation; et voici cependant que l'on fait du néant un point de départ positif.

 

Le néant, "est" une pure négation d'existence, le néant "n'est" pas un état, le néant "n'est" que néant, (si toutefois nous pouvons employer le verbe "être" à propos du néant). Pour venir à l'être, ce que l'on implique en parlant d'une création, il faudrait qu'il y ait déjà de l'être, or "de ce qui n'est pas, rien ne peut surgir (...), rien ne peut être créé de rien" (11). Si l'on dit que Dieu a tiré le monde du néant, on sous-entend que du néant puisse apparaître quelque chose, mais le néant n'est pas et ne peut être un réceptacle dont quelque chose puisse être tiré. On l'a pourtant cru et enseigné! Il s'est même trouvé des théologiens chrétiens pour écrire: "le néant est une réalité, puisque Dieu en a tiré le monde" (12). Malheureusement on ne peut du néant faire succéder le monde, une succession dont un des termes est le néant est une absurdité manifeste! Du non-être à l'être, il n'y a ni proportion - ni relation possible - du néant, rien ne peut suivre. Il ne peut y avoir aucune possibilité concrète d'une création, aucun moment pour une initiative créatrice, il n'y a aucun fait nouveau qui aurait du néant avant lui. Dans le néant (si l'on peut ainsi s'exprimer), il n'y a point d'application pour une force, il n'y a ni situation ni modalité quelconque puisque le néant n'est pas, puisque le néant est la négation, l'absence totale d'être.

 

Tout phénomène, quel qu'il soit, s'explique par un antécédent d'où il procède, c'est une loi universelle intangible; donc ou bien il n'y a pas de création au sens où l'entendent les théologiens juifs, chrétiens et musulmans, et par déduction le monde ne peut pas avoir été créé, ou alors quelque chose qui n'est pas Dieu échappe à la causalité de Dieu. A cette question il n'existe qu'un remède, puisque nous ne pouvons trouver de sens acceptable au mot création, il nous faut dire (comme l'affirement toutes les traditions extérieures à la révélation biblique): l'univers n'est pas créé, il ne peut être ou avoir été créé de rien, et s'il n'a pas été créé de rien, c'est qu'il est, fut et demeurera. Il est l'être qui en tant que tel ne peut "provenir", puisque pour qu'il y ait de l'être maintenant, il faut obligatoirement qu'il y en ait eu toujours, car la vie vient du vivant, l'être vient de l'être.

 

Après avoir très rapidement souligé les difficultés relatives à la thèse créationiste, l'hypothèse d'un premier jour nous devient impensable, la précession du temps et de l'être par le néant aboutit au vide. Or le vide, dans ce cas, serait au minimum un espace ou une durée où l'on pourrait loger quelque chose; ce serait une capacité définie, avec des dimensions. Ce serait donc de l'être, car on ne peut pas dire que ce qui a des dimensions ne soit rien, il en est de même du temps.

 

Dire qu'à un moment donné le temps n'existait pas, c'est dire encore qu'il existait. Il ne peut donc pas y avoir de vide temporel à l'extrême bord de l'être, l'être ne peut être bordé par rien, ne peut se voir précéder par rien. On est toujours dans l'être, on ne peut rien supposer d'antérieur à l'être d'autre que de l'être. Dire qu'il puisse exister un état de non existence, serait jouer avec les mots: une négation n'est pas un état. Le rien n'étant rien, en affirmant que le monde fut créé du néant, on ne dit en réalité que du vent. Affirmer que le monde, le cosmos, sont créés du néant, c'est faire préexister le néant, or le néant, nous l'avons vu, ne peut en aucune façon exister ou même préexister, sous peine de cesser d'être du néant. Si le néant était, ce ne serait plus du néant. En conséquence le néant n'étant ni existant, ni préexistant, on peut en conclure que rien ne se crée ni ne se fait à partir de rien. L'être est premier, inévitablement. "L'être est, le néant n'est pas" (13), avait déjà énoncé Parménide, dans son poème qui est comme la parole aurorale de la philosophie; oui l'être est, car la création du monde à partir de rien est un mythe théologique biblique, une expression impropre à laquelle il est impossible de trouver un sens acceptable. "Ce monde, le même pour tous, ni dieu ni homme ne l'a fait, disait déjà Héraclite, mais il était toujours, il est et il sera, feu toujours vivant, s'allumant en mesure et s'éteignant en mesure" (14).

 

V. Conclusion.

 

En définitive, nous espérons être parvenu à montrer en quoi, aucun espoir sérieux d'une restauration de la pensée païenne n'est envisageable sans une interrogation fondamentale sur l'être.

 

Les éléments qui peuplent et enchantent le monde dans les religiosités païennes, ne peuvent trouver à affirmer leur vie sans une profonde compréhension des bases métaphysiques qui les sous-tendent. C'est d'ailleurs faute de cette compréhension que le christianisme a pu se développer, avec une telle facilité, parmi les populations antiques. S'il est donc nécessaire de rallumer certains feux, c'est celui de l'intelligence de l'être qui prime en premier lieu, c'est le seul qui ne soit pas symbolique et donc inutile. Si c'est à partir de l'être que pourra se déployer une nouvelle aurore du sacré, c'est que, "ce n'est qu'à partir de la Vérité de l'être que se laisse penser l'essence du Sacré" (15). La région de l'être est identique à la région du sacré, "le Sacré, seul espace essentiel de la divinité qui, à son tour, accorde seule la dimension pour les dieux, ne vient à l'éclat du paraître que lorsque, au préalable et dans une longue préparation, l'être s'est éclairci et a été expérimenté dans sa vérité" (16).

 

La question de l'être est l'unique question de la pensée, et ceci n'est pas une simple formule, car c'est elle qui commande l'ensemble de toutes les régions de l'étant, dont en premier lieu celle du sacré et donc du religieux dans lequel il s'exprime. Aborder la question du paganisme uniquement au niveau de son folklore, c'est confondre le fond et la forme. Seule l'expérience de l'être est une expérience fondatrice, qui nous permettra: " de refluer en nous-mêmes dans notre propre vérité" (17). La pensée doit rassembler notre "habiter", récapituler le pli de l'être et de l'étant, découvrir l'être comme ‘’fond de l'étant" (18), c'est-à-dire effectuer un saut dans l'être en tant que tel. Toutes les tentatives de restauration d'une religiosité païenne, sont de naïves plaisanteries si elles ne sont pas fondées sur une authentique démarche philosophique. La philosophie fut et reste, l'expression la plus achevée de la pensée digne de ce nom. Elle seule représenta un véritable obstacle aux affirmations chrétiennes, et ce n'est pas pour rien qu'il lui fallût de si longs siècles avant de pouvoir resurgir dans son autonomie, alors que dieux, déesses, elfes et fées, parvinrent rapidement à se déguiser sous les masques des saints et des apparitions, et continuent d'ailleurs toujours à y vivre fort bien.

 

L' histoire n'est rien d'autre que l'histoire de la vérité de l'être, elle est assignée à un destin en forme d'appel par delà le retrait du Sein. Si, selon la fort belle expression de Hegel, « l’'esprit du monde utilise les peuples et les idées pour sa propre réalisation » (19), l'histoire du monde est donc bien le jugement du monde. Le chemin du savoir répondant à l'essence du dire silencieux, s'accomplira comme mise en lumière de la substance invisible qui séjourne dans le temps, et ceci par delà mythes, symboles et fables de la piété affective. La pensée des choses présentes est le lieu où s'entrecroiseront occultation et dévoilement, le lieu qui livrera la mêmeté de l'être et de la pensée, selon l'intuition lumineuse de Parménide; "comme l'Etre absorbe l'essence de l'homme par la fondation de sa vérité dans l'étant, l'homme fait partie de l'histoire de l'Etre, mais seulement en tant qu'il se charge, qu'il perd, qu'il omet, qu'il libère, qu'il sonde ou qu'il dissipe son essence par rapport à l'Etre" (20).

 

Ce n'est donc, si nous l'avons bien compris, que par l'exercice d'une extrême tension de nature ontologique, que nous pourrons revenir à notre source originelle... si tant est que nous l'ayons un jour quittée!

 

* * * *

 

Notes.

 

(1) On est surpris aujourd'hui, grâce aux recherches récentes, de voir à quel point cette distinction, qui semblait fondatrice il y a peu de temps encore, n'obéit en réalité qu'à une convention de langage, tant il apparaît, en effet, que les tendances monothéistes ou hénothéistes ont travaillé en profondeur la pensée païenne (Mésopotamie, Egypte, Iran, Grèce, Rome), et influencèrent très fortement le polythéisme originaire des Hébreux en l'orientant vers une monolâtrie jalousement exclusive, tant est si bien que Misson écrit: "le monothéisme païen a bien préparé le terrain du christianisme". (cf. Lumière sur le paganisme Antique, A. Neyton, Ed. Letourney, 1995).

 

(2) ( Gen., 1, 1), Bible de Jérusalem, DDB, 1990.

 

(3) Aristote, Organon, V, Les Topiques, Vrin, 1987.

 

(4) P. de La Briolle, La Réaction païenne, vol II, 1934.

 

(5) Nouveau Testament, T. B. S., 1988.

 

(6) P. Grimal, La civilisation romaine, Arthaud, 1960.

 

(7) Ier Concile de Constantinople, (IIème oecuménique, 381).

 

(8) (11 Mac., Vll, 8), Bible de Jérusalem, DDB, 1990.

 

(9) Proclus, Commentaires sur le Timée, t. I, Belles Lettres, 1968.

 

(10) J-P Dumont, Les écoles présocratiques, Folio, 1990.

 

(11) Lucrèce, De Natura Rerum, I, 56, Flammarion, 1986.

 

(12) Fridugise de Tours, De Nihili et Tenebris, Patrol. Iat., 1526.

 

(13) Parménide, Le Poème, PUF, 1987.

 

(14) Héraclite, Fragments, PUF, 1983.

 

(15) M. Heidegger, Lettre sur l'humanisme, Aubier, 1980. (16) Ibidem.

 

(17) M. Heidegger, Essais et Conférences, Gallimard, 1990.

 

(18) M. Heidegger, Questions IV, Gallimard, 1990.

 

(19) G-H F. Hegel, Leçons sur l'histoire de la philosophie, t. III, Vrin, 1978.

 

(20) M. Heidegger, Nietzsche, t. II, Gallimard, 1991.

dimanche, 04 octobre 2009

La guerre en Irak est-elle finie?

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La guerre en Irak est-elle finie ?

Exclusivité: http://unitepopulaire.org/

Depuis que le nouveau président américain, Barak Obama, a promis que les forces américaines allaient quitter l’Irak, la couverture médiatique sur ce pays a beaucoup diminué. Tout va-t-il donc pour le mieux dans chez les Irakiens ? En 2009, les efforts américains paraissent se focaliser sur la pacification de l’Afghanistan, et bien que cette tâche semble perdue, c’est sur cette affaire que les médias se concentrent pour le moment. Pour celles et ceux qui suivent l’information hors des médias traditionnels – notamment sur les divers sites d’information dont l’excellent Antiwar – il apparaît que la violence en Irak, un peu à la baisse en 2007, s’est de nouveau élevée à un niveau terrifiant. Attentats, voitures piégées, kamikazes, tirs de mortiers, faisant des centaines de morts par semaine… Si les soldats américains, retranchés dans leurs immenses bases et ambassades, semblent ne pas trop subir de pertes, et que le nombre de morts et blessés mercenaires reste aussi flou que jamais, ce sont les civils irakiens de toutes confessions, âge et sexe, qui sont le plus touchés.

Il est légitime de se demander si la guerre en Irak est finie, si les forces américaines vont quitter (officiellement, sinon officieusement) le pays, et quels sont les enjeux politiques et géostratégiques locaux et régionaux qui pourraient aider à répondre à ces questions. C’est afin de répondre à ces questions que l’historien français Denis Gorteau a écrit un livre, La Guerre en Irak Est-elle Finie ?, édité aux éditions Yvelines en juin 2009, qui résume fort bien les tenants et les aboutissants de cette guerre déclenchée par George W. Bush en 2003.

Je recommande ce livre a toute personne ne connaissant que peu de choses sur cette région-là du monde, car en 273 pages, c’est toute l’histoire du Moyen-Orient (et des Etats-Unis) qui est résumée de manière concise et intelligente. Même l’historien amateur ou passionné de géostratégie dont je suis peut trouver dans ce livre, au-delà de l’exposé des faits, un bon nombre d’idées judicieuses sur la manière dont pétrole, Israël, l’Iran, la Russie, la Chine, les Etats-Unis, le nationalisme arabe et l’Islam s’emboîtent en alliances, parfois contre-nature, conflits – larvés ou ouverts – pour façonner, souvent de manière tragique, une région stratégiquement vitale pour le monde moderne. Même le lecteur d’excellents livres sur le sujet, comme Cobra II de Michael R. Gordon, Fiasco de Thomas E. Ricks, Hubris de Michael Isikoff, ou la trilogie de Bob Woodward (Plan of Attack, Bush at War, State of Denial) pourra trouver dans La Guerre en Irak Est-elle Finie ? des idées pertinentes et novatrices, malgré – ou justement parce que – l’approche très factuelle, mais dans laquelle on sent un vrai attachement de l’auteur pour les peuples de la région qui subissent depuis fort longtemps un cycle d’injustices et de violences inouïes.

Denis Gorteau, qui sera d’ailleurs en conférence prochainement à Genève sur ce thème (date à préciser), explique notamment très bien les différentes facettes historiques de cette guerre et touche très rapidement aux sujets qui ont rendu la situation si cruelle pour les Irakiens et si inextricable pour l’ensemble des acteurs du conflit.

 

pour Unité Populaire, Piero Falotti

Le paradoxe del 'Etat libéral

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Le paradoxe de l'Etat libéral

http://unitepopulaire.org/

« De nombreuses guerres et divers massacres de masse ont ensanglanté le XXe siècle. Les libéraux ont beau jeu d’accuser les monarchies finissantes ou les régimes totalitaires d’avoir causé ces horreurs pour imposer le bonheur collectif  d’un empire, d’une race ou de l’humanité. C’est oublier que ces idéologies prétendaient résister au processus de décomposition initié par le libéralisme, dont la logique de l’illimité commençait à produire ses conséquences, sans que ses penseurs, Adam Smith, John Locke ou Montesquieu, personnes fort raisonnables, l’aient vraiment prévu. […]

Comme le libéralisme ignore par principe la notion de bien commun et que la liberté consiste pour lui dans la simple liquidation des tabous et des frontières, les désirs individuels ne trouvent plus aucun frein. Chacun est absolument libre de faire ce qu’il veut du moment qu’il ne nuit pas à autrui. Mais que veut dire "ne pas nuire à autrui" ? Comment définir la "non-nuisance" puisqu’aucune conception du bien ne vaut plus qu’une autre ? Comment les tribunaux dans lesquels les libéraux placent leur confiance trancheront-ils ? Dans le doute, s’alignant sur ce que le lobby le plus puissant du moment aura fait passer pour l’"évolution naturelle des mœurs", ils donneront raison au plus fort, jusqu’à ce que, sous la pression d’un autre lobby plus efficace, les lois aient changé. […]

La loi du plus fort chassée par la porte revient par la fenêtre. Les comportements chicaniers et procéduriers pullulent. Les diverses "communautés" au sens moderne du mot, alliances provisoires d’individus vaguement semblables, se déchirent devant les tribunaux afin de faire valoir leurs droits et d’exhiber leur "fierté" à la face du monde. La nécessité de satisfaire ses désirs et d’établir une concurrence "libre et non faussée" pour assurer la croissance oblige le libéralisme à dissoudre les communautés intermédiaires réputées conservatrices, parce qu’elles empêchent le mouvement perpétuel. L’Etat libéral, par un incroyable paradoxe, se renforce sans cesse au détriment des familles, des communes et du sentiment national. Il s’efforce de rendre les personnes conformes à l’idéologie en les transformant en consommateurs avides ou en producteurs sans cesse aiguillonnés par la concurrence. Les individus n’ont qu’un seul obstacle sur leur route : la liberté d’autrui. Cela signifie que les droits d’un homme quelconque s’étendent dans la mesure où la puissance qu’il amasse lui permet de l’emporter sur autrui. Le déploiement des libertés aboutit à la lutte de tous contre tous. Toute stabilité disparaît ; ce qu’il y a de plus sacré menace sans cesse de s’effondrer sous les coups de tel ou tel groupe de pression. »

 

 

Jacques Perrin, La Nation, 11 septembre 2009

Woodrow Wilson und das Selbstbestimmungsrecht

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Woodrow Wilson und das Selbstbestimmungsrecht

Ex: http://www.mehr-freiheit.de/

"...war is in fact the true nurse of executive aggrandizement. In war, a physical force is to be created; and it is the executive will, which is to direct it. In war, the public treasuries are to be unlocked; and it is the executive hand which is to dispose them." James Madison

 

Thomas Woodrow Wilson, geboren am 28.12.1856, gestorben am 03.02.1924, war von 1913 bis 1921 der 27. Präsident der USA. Wilson, seit 1890 Professor der Geschichte und Staatswissenschaften in Princeton, trat in seinen Reden und Schriften immer für hohe Ideale und edle Ziele ein. Sein Handeln stand aber in völligem Gegensatz dazu. Wir wollen hier untersuchen, wie es zu diesem Widerspruch zwischen Wort und Tat eines Politikers kommen konnte, der sich als humanitärer Vorkämpfer ausgab. Welche Motive hatte er für den von ihm so listenreich betriebenen Eintritt der USA in den 1. Weltkrieg?

Bei Ausbruch des 1. Weltkriegs ermahnte Wilson seine Landsleute, in Worten und sogar in Gedanken neutral zu bleiben. Er selbst hielt sich aber nicht an diese gute Empfehlung. Offizielle Politik der USA war eine unparteiische Neutralität gegenüber allen Konfliktparteien, tatsächlich erfolgte eine unverhohlene Parteinahme gegen Deutschland und Österreich-Ungarn.

Eine internationale Konferenz hatte 1909 die Deklaration von London verabschiedet, in der Regeln für die Kriegsführung auf See festgelegt wurden. Eine der zentralen Bestimmungen war, daß gegen die Zivilbevölkerung nicht Krieg geführt werden dürfe. Der britische Prime Minister, Lord Salisbury, hatte zu Beginn des Jahrhunderts die allgemein verbreitete Position zu dieser Frage so beschrieben: "Foodstuffs, with a hostile destination, can be considered contraband of war only if they are supplies for the enemy's forces. It is not sufficient that they are capable of being so used; it must be shown that this was in fact their destination at the time of the seizure."

Bei Kriegsausbruch erklärte die britische Regierung, daß sie sich nicht an Geist und Buchstaben der Deklaration von London halten werde, sondern für sich das Recht beansprucht, Nahrungsmittel auf See zu erbeuten und zu beschlagnahmen, auch wenn diese auf neutralen Schiffen zu neutralen Häfen transportiert werden. Der Vorwand für diesen Bruch des Völkerrechts war, daß die nicht ausdrücklich für britische Häfen bestimmten Güter letztendlich der deutschen Armee zugute kommen könnten. Der wahre Grund dieser staatlichen Piraterie lag in der Absicht "...to starve the whole population - men, women, and children, old and young, wounded and sound - into submission", wie Winston Churchill, damals Marineminister, offenherzig bekannte.

Auch die Handelsflotte der USA wurde Opfer der britischen Unterdrückung des freien Seeverkehrs. US-Schiffe wurden gekapert, ihre Ladung beschlagnahmt. Das war ein offener Bruch des Völkerrechts. Die USA hatten gegenüber ihren südlichen Nachbarn aus weitaus geringerem Anlaß Krieg geführt. In diesem Fall beschränkte sich die Regierung Wilsons darauf, eine formale Protestnote an die englische Regierung zu senden, vermied aber jede Sanktion gegen den Angreifer.

Im November 1914 erklärte die britische Kriegsmarine die gesamte Nordsee zur Kriegszone, die sofort vermint wurde. Schiffe, die unter der Flagge neutraler Staaten fuhren, konnten in der Nordsee ohne Vorwarnung das Ziel britischer Angriffe werden. Dieses Vorgehen der britischen Regierung verletzte geltendes Völkerrecht, darunter die Deklaration von Paris von 1856, die Britannien unterzeichnet hatte. Wilson lehnte es ab, sich dem Protest der neutralen skandinavischen Länder gegen die Sperrung der Nordsee anzuschließen. Als jedoch im Februar 1915 die deutsche Regierung dem schlechten britischen Beispiel folgte und ihrerseits die See um die britischen Inseln zur Kriegszone erklärte, reagierte Wilson völlig anders als im britischen Präzedenzfall. In einer Note ließ er Berlin wissen, daß Deutschland zur strikten Rechenschaft gezogen werde, falls US-Schiffe oder US-Bürger durch deutsche Kriegsschiffe zu Schaden kämen. Wilson nahm für sich überdies das Recht in Anspruch, US-Bürger auch dann zu schützen, wenn sie sich freiwillig auf einem Schiff aufhielten, daß die Flagge einer kriegsführenden Nation trug.

Am 07.05.1915 versenkte ein deutsches U-Boot in der Kriegszone vor Irland das englische Schiff Lusitania, wobei 1195 Menschen ums Leben kamen, darunter 124 Amerikaner. In einer Note an Berlin behielt sich Wilson jede Handlung vor, die notwendig sei, um seine "heilige Pflicht zur Aufrechterhaltung der Rechte der US" zu erfüllen. Die deutsche Regierung wies in ihrer Antwort darauf hin, daß:

  • der U-Boot-Krieg eine Erwiderung auf die ungesetzliche Hungerblockade sei;
  • die Lusitania Munition für Kriegszwecke befördert habe;
  • die Lusitania als Hilfskreuzer für die britische Kriegsmarine eingetragen sei;
  • britische Handelsschiffe angewiesen worden seien, auf auftauchende deutsche U-Boote zu schießen oder diese zu rammen;
  • die Lusitania bewaffnet gewesen sei.

Die ersten vier Behauptungen der deutschen Regierung treffen zu, die fünfte ist zweifelhaft. Der Außenminister der USA, William Jennings Bryan, war ehrlich bestrebt, einen Kriegseintritt der USA zu verhindern. An Wilson gerichtet erklärte er: "Germany has a right to prevent contraband going to the Allies, and a ship carrying contraband should not rely upon passengers to protect her from attack - it would be like putting women and children in front of an army." Bryan gab auch zu bedenken: "Why be shocked by the drowning of a few people, if there is to be no objection to starving a nation?" Bryan machte den Kriegsparteien folgenden Kompromißvorschlag: Britannien sollte Nahrungsmittel nach Deutschland bringen lassen und Deutschland verzichtet nach Aufhebung der Hungerblockade auf den U-Boot-Krieg. Dieser Plan wurde von der deutschen Regierung angenommen, von den britischen Verantwortlichen jedoch abgelehnt. Als Bryan erkennen mußte, daß Wilson zum Krieg entschlossen war, trat er im Juni 1915 von seinem Amt zurück.

Der Nachfolger Bryans als Außenminister war Robert Lansing, der in aller Offenheit bekannte, daß das Ziel der britischen Hungerblockade sei, "...[to] destroy the morale of the German people by an economic isolation, which would cause them to lack the very necessaries of life." Zu den Protestnoten der US-Regierung an die britische Regierung, betreffend die Einschränkung des freien Seeverkehrs für US-Schiffe durch die britische Kriegsmarine, erklärte er: "...everything was submerged in verbiage. It was done with deliberate purpose. It...was necessary in order to leave this country free to act and even act illegally when it entered the war."

Im Februar 1916 kündigte die deutsche Regierung an, daß jedes feindliche bewaffnete Handelsschiff als Hilfskreuzer behandelt und ohne Vorwarnung angegriffen werde. Diesmal war Wilson empört und er verlangte in einer Deklaration, daß bewaffnete Handelsschiffe kriegsführender Staaten die Immunität friedlicher Schiffe genießen sollten, falls nicht "zwingende Beweise für aggressive Absichten" nachgewiesen werden könnten. Nach der Versenkung der ohne Flagge oder Markierungen fahrenden Sussex durch ein deutsches U-Boot, machte die deutsche Führung das Angebot, ihre Angriffe auf feindliche Schiffe in der Kriegszone einzustellen, wenn die Regierung der USA dafür eintrete, daß die britische Regierung fortan die Regeln des Völkerrechts einhält und ihre Hungerblockade beendet. Doch Wilson lehnte diesen Vorschlag ab, obwohl er wußte, daß ein unmittelbarer Zusammenhang zwischen der rechtswidrigen britischen Blockadepolitik und dem deutschen U-Boot-Krieg bestand. Gleichzeitig lehnte es Wilson ab, dem Wunsch des US-Parlaments entsprechend eine Warnung für alle US-Bürger auszusprechen, daß diese die Reise auf einem bewaffneten Handelsschiff auf eigene Gefahr unternehmen müßten. Wilson rechnete damit, daß jeder Amerikaner, der durch deutsche Kriegsschiffe zu Schaden kam, die Kriegsbereitschaft in den USA verstärken würde und er sollte sich in dieser Hinsicht nicht täuschen.

Wie von der britischen Regierung erhofft, erwies sich die Blockade Deutschlands als sehr wirkungsvoll. Bald war der Hunger in der deutschen Zivilbevölkerung weit verbreitet, die sich überwiegend von Schwarzbrot und einer Ration von drei Pfund Kartoffeln pro Woche ernährte. Als 1916 eine Mißernte bei Kartoffeln eintrat, verschärfte sich die Situation und wurde vor allem für Kinder kritisch. Steckrüben wurden zum Hauptnahrungsmittel und viele Stadtbewohner konnten täglich nur 1.000 Kalorien zu sich nehmen. Während des 1. Weltkriegs starben in Deutschland 700.000 Zivilisten an Unterernährung.

Unter offenem Bruch ihrer Neutralität lieferten die USA Waffen und Munition an Britannien. Am 31. Januar 1917 erklärte die deutsche Regierung den uneingeschränkten U-Boot-Krieg in der Kriegszone. Am 01.02.1917 brach Wilson die diplomatischen Beziehungen ab und erklärte am 06.04.1917 Deutschland den Krieg.

Warum traten die USA in den 1. Weltkrieg ein, obwohl sie in Europa keine Gebietsforderungen hatten und auch nicht in sonstige Streitigkeiten verwickelt waren? Die Gründerväter der USA hatten darauf bestanden, daß sich ihr Land gegenüber allen ausländischen Staaten strikt neutral verhalten sollte. George Washington hatte in seiner Abschiedsrede als Präsident 1797 gesagt: "The great rule of conduct for us, in regard to foreign Nations, is in extending our commercial relations to have with them as little political connection as possible...Why, by interweaving our destiny with that of any part of Europe, entangle our peace and prosperity in the toils of European Ambition, Rivalship, Interest, Humour or Caprice?" Thomas Jefferson gab in seiner Einführungsrede als Präsident folgende Richtlinie: "...peace, commerce, and honest friendship with all nations, entangling alliances with none."

Warum verriet Wilson die Ideale der Gründerväter? Koloniale Besitzansprüche können nicht der Grund für den Eintritt in den europäischen Krieg gewesen sein. Kolonien waren damals wohl begehrte Statussymbole für die großen Industriestaaten, aber ihr Besitz wurde nicht so geschätzt, daß man dafür bereit gewesen wäre, einen großen Krieg zu führen, wie die Marokko-Krise 1911 zeigte.

Auf der Suche nach den Motiven der jahrelangen Bemühungen Wilsons zur Herbeiführung eines Kriegs, wenden wir uns zuerst den Gründen zu, die er selbst für seinen Kriegseintritt nennt. Wilson erklärte bei Kriegsbeginn vor dem US-Parlament, die Kriegsziele seien: "...to fight for the ultimate peace of the world and for the liberation of its peoples, the German people included: for the rights of nations great and small and the privilege of men everywhere to choose their way of life and of obedience. The world must be made safe for democracy." Dreimal in seiner Kriegsbotschaft bekräftigte Wilson die Notwendigkeit, ohne Leidenschaft und Rachsucht zu kämpfen.

In seinem "Friedensprogramm" vom 08.01.1918 (14 Punkte) behauptete Wilson:

  • die Beseitigung der "Autokratie";
  • die Abschaffung des Militarismus;
  • die Gewährung des Selbstbestimmungsrechtes der Völker;

seien die vordringlichen Kriegsziele. Des weiteren nannte er noch den Aufbau einer Weltregierung in Gestalt des Völkerbundes als einen zentralen Zweck des Kriegs.

Deutschland hatte Ende 1918 nicht bedingungslos kapituliert, sondern nur unter ganz bestimmten Bedingungen, die den endgültigen Friedensvertrag betrafen. Am 05.11.1918 versprach Wilson, daß die USA und ihre Verbündeten den deutschen Vorschlag annehmen würden. Die Grundlage einer abschließenden Regelung sollten die 14 Punkte Wilsons sein. In seiner "4 Grundsätze" Rede im Februar 1918 sagte er: "There shall be no contributions, no punitive damages. People are not to be handed about from one sovereignty to another by an international conference...National aspirations must be respected; peoples may now be dominated and governed only by their own consent. 'Self determination' is not a mere phrase."

Im Vertrauen auf diese Zusagen Wilsons entsprach die deutsche Regierung der Forderung ihrer Kriegsgegner nach Entwaffnung der deutschen Streitkräfte und übergab ihre Flotte einschließlich der U-Boote, 1.700 Flugzeuge, 5.000 Kanonen, 30.000 Maschinengewehre und anderes Kriegsgerät. Deutschland war nun wehrlos und konnte nur hoffen, daß Wilson und seine Verbündeten ihre Versprechungen einhielten.

Doch die Hungerblockade wurde fortgesetzt und sogar noch verschärft. Die britische Kriegsmarine beherrschte nun auch die Ostsee und nutzte dies, um die deutschen Ostseehäfen zu blockieren. Nicht einmal kleine Fischerboote durften auslaufen. Der Hunger erreichte ein für große Teile der deutschen Zivilbevölkerung lebensgefährliches Ausmaß. Erst im März 1919 wurde die Einfuhr von Nahrungsmitteln wieder zugelassen. Die Blockade von Rohstoffen hoben die Siegermächte erst nach Unterzeichnung des Vertrags von Versailles auf.

Die deutsche Verhandlungsdelegation in Versailles stellte bald fest, daß es für sie nichts zu verhandeln gab. Den deutschen Vertretern wurde die Teilnahme an den Beratungen untersagt. Die Siegermächte legten den deutschen Delegierten einen fertigen Text vor, den sie unter Androhung einer vollständigen Besetzung Deutschlands zu unterschreiben hatten. Unter diesen Bedingungen konnte man nicht von einem Friedensvertrag sprechen, sondern es handelte sich um ein Diktat des Stärkeren gegenüber dem Schwächeren.

Wilson hatte versprochen, daß die Selbstbestimmung der Völker die Grundlage einer neuen gerechten Weltordnung sein werde. Ganz im Gegensatz dazu die Bestimmungen der Friedensdiktate:

  • Südtirol, das geschlossene Siedlungsgebiet einer Viertelmillion deutschsprachiger Österreicher, wurde an Italien gegeben;
  • das Gebiet um die deutsche Stadt Memel ging an Litauen;
  • die Schaffung eines polnischen Zugangs zur Ostsee (polnischer Korridor) und die Übereignung der "Freien Stadt" Danzig unter polnische Herrschaft zwang 1,5 Millionen Deutsche in den polnischen Staat;
  • das Saarland wurde Frankreich übergeben;
  • Österreich wurde die Vereinigung mit Deutschland untersagt, obwohl die österreichische verfassungsgebende Versammlung einstimmig dafür gestimmt hatte und Volksabstimmungen in Salzburg mit 98% und Tirol mit 95% sich dafür ausgesprochen hatten;
  • das Sudetenland, das seit dem Mittelalter von Deutschsprachigen bewohnt war, wurde dem neu geschaffenen Staat Tschechoslowakei zugeschlagen, was dazu führte, daß die "Minderheit" der 3,3 Millionen Sudetendeutschen halb so groß war wie das Staatsvolk der Tschechen (6,5 Millionen);
  • in Oberschlesien wurden die industriellen Zentren Kattowitz und Königshütte an Polen gegeben, obwohl in Volksabstimmungen dort 65% bzw. 75% für den Verbleib bei Deutschland gestimmt hatten;
  • im Osten Polens wurden einige Millionen Ukrainer und Weißrussen Polen einverleibt;
  • die Grenzen Ungarns wurden so gezogen, daß ein Drittel der Ungarn in fremde Staaten gezwungen wurde.

Die versprochenen Volksabstimmungen wurden nur durchgeführt, wenn zu erwarten war, daß sie zum Nachteil der Verliererstaaten ausgehen würden. Die Grenzen der Abstimmungsgebiete wurden so gezogen, daß deutschsprachige Mehrheiten an der Grenze von der anderssprachigen Bevölkerung des viel zu groß dimensionierten Abstimmungsgebietes majorisiert wurden. Den Tschechen wurde das Recht auf Sezession von Österreich-Ungarn gewährt, gleichzeitig aber den Sudetendeutschen das Recht auf Sezession von der Tschechoslowakei untersagt. Elsaß-Lothringen kam ohne Volksabstimmung wieder zu Frankreich, obwohl es damals durchaus ungewiß war, was die Bevölkerung dieser Region wünschte. Insgesamt wurde 13 Millionen Deutschsprachigen das Selbstbestimmungsrecht verweigert. Dazu kamen noch weitere Millionen Ungarn, Ukrainer, Weißrussen, die das gleiche Schicksal erlitten. Nach den neuen Grenzziehungen betrug der Anteil der Minoritäten an der Gesamtbevölkerung: Tschechoslowakei (ohne Slowaken) 35%, Polen 30%, Rumänien 25%, Jugoslawien 17%.

Auch die anderen Bestimmungen des Versailler Friedensdiktats weichen eklatant von den 14 Punkten Wilsons ab:

  • Die deutsche Armee wurde auf 100.000 Mann beschränkt; Flugzeuge, Panzer und U-Boote völlig verboten. Die deutschen Gebiete links des Rheins durften "auf ewig" nicht mehr von deutschen Truppen betreten werden. Die Siegermächte verpflichteten sich jedoch zu keiner Abrüstungsmaßnahme, obwohl Punkt 4 dies vorsah.
  • Punkt 5 von Wilson hatte vorgesehen, daß ein "...free, open-minded and absolutely impartial adjustment of all colonial claims" stattfinden sollte. Tatsächlich wurden einfach die Kolonien Deutschlands in Afrika und im Pazifik unter den Siegermächten aufgeteilt.
  • Wilson hatte versprochen, "...no contributions or punitive damages" in den Friedensvertrag aufzunehmen. Im Gegensatz dazu enthielt das Versailler Friedensdiktat eine Reparationsforderung in noch zu bestimmender Höhe. Deutschland wurde die alleinige Kriegsschuld zugewiesen und zum Ausgleich aller Kriegsschäden verpflichtet, inklusive der Pensionen der Veteranen der Siegermächte. Schließlich wurde ein so hoher Betrag festgelegt, daß es dem wirtschaftlich geschwächten Deutschland unmöglich war, auch nur die ersten Teilzahlungen zu leisten.

Die Deutschland in Versailles aufgezwungenen Gebietsverluste wurden von allen deutschen Parteien entschieden abgelehnt. Der englische Premierminister Lloyd George sagte zu der in Versailles gezogenen deutschen Ostgrenze voraus: "...[it] must in my judgement lead sooner or later to a new war in the east of Europe." Das Diktat von Versailles sicherte nicht den Frieden, sondern schuf die Spannungen, die den nächsten Krieg auslösten. Dieser "Vertrag" wurde von dem selben Wilson durchgesetzt, der seinen Kriegseintritt damit rechtfertigte, daß der 1. Weltkrieg "the war to end all wars" sein werde.

Viele Historiker argumentieren, daß der angeblich gutwillige Wilson durch ungünstige gruppendynamische Prozesse bei den Friedensverhandlungen überwältigt worden sei und deshalb Bestimmungen zugestimmt habe, die seinen Ansichten nicht entsprachen. Diese Behauptung ist wenig glaubwürdig, denn es gab bei den Friedensverhandlungen durchaus Vertreter der Siegermächte, die sich entschieden gegen das ungerechte Diktat aussprachen. Ein prominentes Beispiel dafür ist John Maynard Keynes, der Mitglied der britischen Verhandlungsdelegation war und aus Protest gegen die inhumane Behandlung der Verliererstaaten von diesem Amt zurücktrat. Keynes schrieb unmittelbar danach das Buch: "The Economic Consequences of the Peace" (1920), in dem er die Politik der Siegerstaaten entschieden kritisierte.

Wilson hat mit der Durchsetzung der Pariser Friedensdiktate gezeigt, daß seine edlen Ziele und humanitären Absichten nur vorgetäuscht waren. Was waren die wahren Motive für seinen Kriegseintritt?

Wilson hatte 1916 den Wahlkampf für seinen Wiedereinzug ins Weiße Haus mit dem Slogan geführt: "He kept us out of war." Kurz nachdem er mit einer sehr knappen Mehrheit wiedergewählt worden war, tat er alles in seiner Macht stehende, um die USA in den Krieg zu führen. Dabei war ihm durchaus bewußt, daß die Beteiligung an einem großen Krieg in Europa in den USA äußerst unpopulär war. Die von Wilson angestrebte Kriegsführung im großen Stil erforderte eine riesige Armee. Die USA waren aber darauf nicht vorbereitet. Entsprechend der Neutralitätspolitik der Gründerväter waren die Streitkräfte des Landes nicht auf einen Krieg gegen europäische Großmächte eingerichtet.

Am 30.06.1916 verfügten die US-Streitkräfte über 179.000 Mann. Wilson hoffte, daß durch den Appell an patriotische Gefühle sich genügend Freiwillige für sein angestrebtes Millionenheer finden würden. Doch bald stellte sich heraus, daß bei vielen jungen Männern der Selbsterhaltungstrieb stärker ausgeprägt war als jede künstlich angeheizte kollektivistische Emotion. Trotz eines propagandistischen Trommelfeuers der Medien meldeten sich in den ersten 10 Tagen nach Kriegseintritt der USA nur 4.355 Männer freiwillig zum Militärdienst. Bis zum 24.04.1917 betrug die Zahl der Freiwilligen nur ein Sechstel von dem, was die Regierung erwartet hatte.

In dieser Situation zeigte Wilson, wie wendig er sein konnte. Er, der bisher die Wehrpflicht abgelehnt hatte, schlug genau dies dem US-Parlament vor. Damit war er nach Abraham Lincoln der 2. Präsident der USA, der diese weitgehende Aufhebung der persönlichen Freiheit durchsetzte. In der Öffentlichkeit und sogar im Parlament war der Widerstand gegen diese Maßnahme groß. Viele fragten sich, ob es glaubwürdig sei, den preußischen Militarismus zu bekämpfen, indem man sein wichtigstes Merkmal, die Wehrpflicht, übernimmt. Im Kongreß war der Widerstand besonders bei den Abgeordneten der Demokratischen Partei, die aus dem Süden und Westen des Landes kamen, anzutreffen. Die Wehrpflicht wurde in Reden als "involuntary servitude" und "another name for slavery" bezeichnet. Der Sprecher des Repräsentantenhauses Champ Clark sagte, daß "...little difference between a conscript and a convict" besteht. Die Gesetzesvorlage Wilsons wurde vom US-Parlament abgelehnt, aber später unter dem Eindruck der ersten Kriegshandlungen in veränderter Form angenommen. Am Ende des Krieges standen in den US-Streikräften 4 Millionen Mann unter Waffen.

Wilson nutzte die durch den Kriegseintritt erzeugte Krise, um die Macht der politischen Klasse massiv auszuweiten:

  • Die Food Administration wurde im Mai 1917 gegründet. Durch den Lever Act vom 10.08.1917 bekam diese Behörde weitgehende Vollmachten. Sie vergab jene Lizenzen, ohne die ein Unternehmer, der mit Nahrungs-, Futter-, Düngemitteln und Treibstoffen zu tun hatte, sein Gewerbe nicht ausüben durfte. Sie setzte den Preis von Weizen und Kohle fest; konnte Nahrungsmittel und Treibstoffe einschließlich ihrer Produktionsanlagen beschlagnahmen; im eigenen Namen Geschäfte betreiben.
  • Die Fuel Administration sollte vor allem die widerstrebenden Kohlebergwerke auf Regierungslinie bringen. Es war ihr erlaubt, Preise festzulegen und im Detail zu bestimmen, wer, was, wann, erhält. Dadurch geriet die Energieversorgung innerhalb kürzester Zeit so in Unordnung, daß die Gesamtwirtschaft zusammenzubrechen drohte. Die Schuld dafür gab Wilson dem Kapitalismus.
  • Der War Industries Board wurde im Juli 1917 geschaffen. Er war eine Art oberster Planungsbehörde, sehr änlich dem, was wir aus der Kommandowirtschaft des real existierenden Sozialismus kennen. Bernard Baruch, der Leiter des WIB, sagte: "Instead of allowing prices to determine what would be produced and where it would go, we decided...how our resources would be employed."
  • Die War Finance Corporation betätigte sich als Bank für jene Unternehmen, die auf dem privaten Kapitalmarkt keine Kredite erhielten, weil sie dort von den staatlichen Schuldenmachern verdrängt worden waren. Über ihre Kreditbedingungen konnte die WFC einen Großteil der privaten Wirtschaft kontrollieren.
  • Die War Labor Administration war mit der Regulierung des Arbeitsmarktes beauftragt. Der Leiter ihres War Labor Policies Board, Felix Frankfurter, war ein bekannter "progressive", der seine Stellung nutzte, um gewerkschaftliche Forderungen durchzusetzen. Besonders schlagkräftig waren damals die Eisenbahnergewerkschaften, die die Gunst der Stunde nutzten, um drastische Lohnerhöhungen zu erzwingen.
  • Die Railroad Administration übernahm die Eisenbahnen, die größte High-Tech-Branche der damaligen Zeit. Der Leiter dieser Behörde sagte von sich, daß er "...an authority that was...nearly absolute" besaß. Die RA erfüllte alle gewerkschaftlichen Forderungen. Zu ihrer Finanzierung erhöhte sie die Frachtraten um 28% und die Preise für Fahrgäste um 18%. Wirtschaft und Konsumenten wurden durch diese Preiserhöhungen hart getroffen. Doch diese reichten bei weitem nicht aus, um die enorm gestiegenen Kosten der Staatsbahnen zu decken, die fortan mit Steuergeldern subventioniert wurden.

Zum Zeitpunkt des Waffenstillstands hatte die Regierung übernommen: Eisenbahnen, Transport auf dem Meer, Telefon- und Telegraph-Kommunikation. Sie kommandierte hunderte Unternehmen im erzeugenden Gewerbe; betrieb große Unternehmen auf eigene Rechnung im Bereich Schiffsbau, Weizenhandel, Hochbau; betätigte sich als Großbankier; regulierte eine Vielzahl von Wirtschaftszweigen, legte die Preise einer großen Zahl wichtiger Güter fest, hob die Vertragsfreiheit auf dem Arbeitsmarkt auf.

Die Anzahl der zivilen Beschäftigten der Bundesregierung verdoppelte sich von 1916 bis 1918 auf 450.000. In den 20er Jahren gelang es unter der Präsidentschaft von Warren Harding den wuchernden Staatsapparat etwas zurückzudrängen. Doch selbst auf ihrem niedrigsten Stand in der Nachkriegszeit war die Zahl der Bundesbeschäftigten um 141.000 größer als vor dem Krieg. Hier liegt der Schlüssel zum Verständnis der Politik Wilsons. Die einzigen wahren Kriegsgewinnler sind die Intellektuellen aus dem "progressiven" Lager. Murray Rothbard stellte zu Recht fest: "Never before had so many intellectuals and academicians swarmed into government to help plan, regulate, and mobilize the economic system". Ohne Krieg wäre diese Systemveränderung nicht möglich gewesen. Der listenreiche Weg Wilsons in den Krieg entsprach dem Klasseninteresse der Staatsbürokraten.

Die Ausweitung des Staates mußte finanziert werden. Wilson erhöhte den niedrigsten Satz der Einkommensteuer von 1% (bis 20.000 $) in 1915 auf 6% (bis 4.000 $) in 1918. Der oberste Steuersatz wurde von 7% in 1915 auf 77% in 1918 erhöht. In 1916 gab es weniger als eine halbe Million Einkommensteuerpflichtige, in 1920 mußten 7.000.000 Millionen Bürger Einkommensteuer bezahlen. Auch andere Bundessteuern wurden erhöht. In den 20er Jahren gelang es Andrew Mellon, dem Secretary of Treasury von Warren Harding und Calvin Coolidge, die Einkommensteuersätze zu senken: den untersten Satz für Einkommen unter 4.000 $ auf 0,5%, für Einkommen von 4.000 $ bis 8.000 $ auf 2%, den höchsten Steuersatz auf 24%. Trotzdem waren die Steuereinnahmen des Bundes auf ihrem niedrigsten Stand in der Nachkriegszeit immer noch fünfmal höher als vor dem Krieg. Wilson bewirkte eine dauerhafte Veränderung in der Herkunft der Steuereinnahmen des Bundes: weg von den Konsumsteuern, hin zu Steuern auf Einkommen, Gewinn und Grundbesitz. Auch diese tiefgreifende Veränderung wäre ohne Krieg nicht durchsetzbar gewesen.

Wilson wird heute von der politischen Klasse als "großer" Mann verehrt, und das aus ihrer Sicht mit einigem Recht. Der Kriegssozialismus Wilsons erwies sich als dauerhafte Einrichtung. Er konnte nur teilweise zurückgeführt werden und er öffnete den Weg in den übermächtigen Staat heutiger Prägung. Einige Jahre später konnte ein anderer "großer" Präsident, F.D. Roosevelt, nahezu unverändert auf die "Errungenschaften" und auch das Personal Wilsons zurückgreifen. Wilson hat das "Verdienst", die Ideen der Gründerväter verraten und das Fundament des sozialistischen Wohlfahrtsstaates gelegt zu haben.

Für diese edlen Ziele war Wilson bereit, andere Menschen einen hohen Preis zahlen zu lassen. Im 1. Weltkrieg sind 117.000 US-Soldaten gefallen, 204.000 wurden verwundet. Wir wissen nicht, ob die Opfer unter der europäischen Bevölkerung überhaupt eine Rolle in seinem Kalkül gespielt haben.

"Every government is a scoundrel. In its relations with other governments it resorts to fraud and barbarities that were prohibited to private men by the Common Law of civilization so long ago as the reign of Hammurabi, and in its dealings with its own people it not only steals and wastes their property and plays a brutal and witless game with their natural rights, but regularly gambles with their very lives. Wars are seldom caused by spontaneous hatreds between people, for peoples in general are too ignorant of one another to have grievances and too indifferent to what goes on beyond their borders to plan conquests. They must be urged to the slaughter by politicians who know how to alarm them." H. L. Mencken

Literatur

Raico, Ralph: World War I: The Turning Point. In: Denson, John V. (Hg.), The Costs of War. America's Pyrrhic Victories. Transaction Publishers, New Brunswick and London, 2. Auflage, 2001.

Rothbard, Murray: World War I as Fulfillment: Power and the Intellectuals. In: Denson, John V. (Hg.), The Costs of War. Ebd.

Higgs, Robert: Crisis and Leviathan. Critical Episodes in the Growth of American Government. Oxford University Press, New York and Oxford, 1987.

Die Alternative

Warum führte Wilson Krieg?

Die Ergebnisse des Krieges

Die Ziele des Krieges

Der Weg in den Krieg

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L'univers des totalitarismes

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Archives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1996

 

 

L'univers des totalitarismes

 

Robert Jaulin est ethnologue et directeur de recherches au CNRS, spécialiste de l'ethnocide, phénomène caractéristique de notre modernité finissante, où les peuples meurent des zones arctiques à l'Amazonie parce que la consommation facile les conduit à oublier leurs modes de vie ancestraux. Son dernier livre porte sur les origines du mode de pensée totalitaire, aujourd'hui triomphant dans notre magnifique société occidentale, aboutissement fantastique de tous les messianismes. Jaulin décrit l'esprit totalitaire comme caractéristique du monde proche- et moyen-oriental, en un mot de la culture sémitique. Le dieu jaloux d'Israël, calque métaphysique des monarques absolus mésopotamiens, assyriens et autres est bien à la base des totalitarismes, politiques, religieux ou économiques, démontre Jaulin. Le livre est diffficile mais constitue une excellente ethnologie de ce qui apparaît aux Européens comme le “non-être”. Jaulin cite des textes d'Ibn Khaldoun (1322-1406) sur les Arabes, démontrant par là même que l'irruption des cavaliers du désert arabique en zone méditerrannéenne et “romaine” a été perçue comme un choc: “En raison de leur nature sauvage, les Arabes sont des pillards et des destructeurs. Ils pillent tout ce qu'ils trouvent sans combattre ou sans s'exposer... ils sont une nation sauvage aux habitudes de sauvagerie invétérée... Mais cette attitude naturelle est incompatible et en contradiction avec la civilisation”. Ou encore: “On remarquera que la civilisation s'est toujours effondrée avec la poussée de la conquête arabe”. Ces citations, qui pourraient être mésinterprétées, montrent très bien l'incompatibilité de la fougue et de la mobilité nomades avec les civilisations sédentaires, dont Ibn Khaldoûn, originaire de l'actuelle Tunisie, était un ressortissant, disons un Romain islamisé. Cet ouvrage de Jaulin devrait être lu en même temps que les réflexions du géopolitologue allemand du XIXième siècle, Friedrich Ratzel, sur les peuples nomades (qu'il jugeait “destructeurs” mais “moraux” et plus “solidaires” que les sédentaires), ou de Nicolas Danilevski qui constatait l'ambiguïté de ces peuples nomades. Ibn Khaldoûn a été un précurseur de la sociologie et bon nombre de ses remarques peuvent être considérées comme les bases de la géopolitique.

 

Le livre de Jaulin est un bon livre, au jargon parfois ésotérique, sur les origines assyriennes, mésopotamiennes et judéo-chrétiennes du totalitarisme. En cela, Jaulin s'oppose aux défenseurs du caractère judaïque de l'humanisme, qui reste toutefois une invention grecque.

 

Patrick CANAVAN.

 

Robert JAULIN, L'univers des totalitarismes, L. Talmart, 140 FF.

 

samedi, 03 octobre 2009

La mafia e lo sbarco alleato in Sicilia

La mafia e lo sbarco alleato in Sicilia (9 luglio, 1943)

  

 

Alberto Bertotto - http://www.rinascita.info/



Tra gli storici è ancora aperta la diatriba sul ruolo avuto dalla mafia siciliana nella preparazione dello sbarco alleato. Tale diatriba è certamente sostenuta dagli apparati mafiosi perché tendono ad assumersi un merito e un potere che in realtà non potevano ricoprire in quel lontano 1943. In Sicilia, grazie al Prefetto Mori, buona parte delle forze di mafia erano state confinate o incarcerate. Anche se i capi erano rimasti liberi, gran parte della manovalanza mafiosa era stata neutralizzata. A tal proposito molti studiosi tra i quali Francesco Renda e Salvatore Lupo sgomberano subito il campo da ogni possibile equivoco. Scrive il Lupo: “La storia di una mafia che aiutò militarmente gli angloamericani nello sbarco in Sicilia è soltanto una leggenda priva di qualsiasi riscontro, anzi esistono documenti inglesi e americani sulla preparazione dello sbarco che confutano questa teoria; la potenza militare degli alleati era tale da non avere bisogno di ricorrere a questi mezzi. Uno dei pochi episodi riscontrabili sul piano dei documenti è l’aiuto che Lucky Luciano propose ai Servizi Segreti della marina americana per far cessare alcuni sabotaggi, da lui stesso commissionati, nel porto di New York; ma tutto ciò ha un valore minimo dal punto di vista storico, e soprattutto non ha alcun nesso con l’operazione ‘Husky’. Lo sbarco in Sicilia non rappresenta nessun legame tra l’esercito americano e la mafia, ma certamente contribuì a rinsaldare i legami e le relazioni affaristiche di Cosa Nostra siciliana con i cugini d’oltreoceano”. Se l’ipotesi che gli “amici degli amici” abbiano avuto un ruolo decisivo nello sbarco angloamericano in Sicilia è da scartare (ne dubito fortemente, ndr), è tuttavia innegabile che gli alleati si servirono dell’aiuto di personaggi del calibro di Calogero Vizzini e Giuseppe Genco Russo per mantenere l’ordine nell’isola occupata. E’ fuori discussione anche il fatto che il boss americano Vito Genovese, nonostante fosse ricercato dalla polizia statunitense, divenne l’interprete di fiducia di Charles Poletti, il capo del comando militare alleato (AMGOT).


“Certamente gli alleati non conoscevano la realtà siciliana e di volta in volta, di Paese in Paese, cercavano l’interlocutore di maggior prestigio sul piano del potere locale che era rappresentato invariabilmente dalla mafia, dall’aristocrazia terriera e dalla Chiesa che spesso erano tra loro legate da comuni interessi. Non a caso il nome di Calogero Vizzini fu suggerito agli angloamericani da suo fratello Vescovo e dal “Movimento indipendentista siciliano” (MIS) nelle cui fila militavano fianco a fianco i rappresentanti dell’aristocrazia terriera come Lucio Tasca, nominato Sindaco di Palermo e capimafia come Vizzini, Navarra, Genco Russo e l’allora giovanissimo Tommaso Buscetta. Immediatamente dopo lo sbarco degli alleati prese corpo e spessore inoltre il MIS. Mentre ancora nell’isola si combatteva, il 28 luglio del 1943 già volantini separatisti, che invitavano a proclamare l’indipendenza della Sicilia, cominciarono a circolare e il giorno dopo l’entrata a Palermo delle truppe americane i separatisti chiesero e ottennero di essere ricevuti dal tenente colonnello Poletti, capo dell’ufficio affari civili del Governo militare alleato per presentare formale richiesta di poter informare i Governi inglese e Usa che la Sicilia intendeva essere indipendente. Intanto, secondo quanto deciso a Casablanca su suggerimento di W. Churcill, il Governo militare di occupazione doveva evitare qualsiasi collaborazione con i partiti politici isolani, anche con quelli che si dichiaravano anti-fascisti. Gli alleati si affidarono, pertanto, ai suggerimenti del clero e dei maggiorenti locali per nominare i nuovi Sindaci che così furono in buona parte scelti tra i mafiosi o i separatisti: il conte Lucio Tasca, il capo dei separatisti, a Palermo e Genco Russo, boss mafioso, a Mussomeli. Col passare dei mesi vista l’impossibilità di rifornire con proprie scorte la popolazione, gli alleati puntarono sulla riorganizzazione degli ammassi, affidandone la gestione ai grandi proprietari, agli aristocratici ed ai mafiosi per indurre i piccoli proprietari, che in prevalenza alimentavano il mercato nero, a contribuire all’ammasso. Si rafforzava così la posizione delle élite agrarie nel quadro istituzionale del Governo d’occupazione. Da qui l’impressione che gli alleati tendessero a favorire i separatisti. In realtà le nomine erano avvenute nella logica stessa del Governo d’occupazione: gli unici esponenti della ristretta classe dirigente nei piccoli Paesi erano proprio i mafiosi e, nei grandi centri urbani, i sostenitori del separatismo. Appare invece priva di fondamento la ipotesi di un pactum sceleris tra mafia e alleati per l’occupazione della Sicilia. Il rinnovato potere della mafia, nella magmatica società del dopoguerra, avrebbe però fornito al potere politico un alleato fedele alle istanze filo-occidentali di cui probabilmente gli americani si avvalsero d’allora in poi” (F. Misuraca, A. Grasso. Lo sbarco in Sicilia. www.ilportaledelsud.org).


Quali oscure operazioni di spionaggio si celavano dietro lo sbarco angloamericano in Sicilia nell’estate del 1943? La conquista dell’isola fu sostenuta dalla collaborazione della mafia con i Servizi Segreti americani? E chi furono i protagonisti di questo accordo? Chi erano gli agenti segreti sbarcati con le truppe del generale Usa G. Patton? E perché migliaia di soldati italiani si arresero già al primo giorno dell’invasione e la popolazione civile accolse con esagerata festosità gli alleati? Sul Web si legge: “Il libro Mafia & Alleati racconta le vicende che dal 1941 al 1943 hanno come protagonisti i boss mafiosi americani, i padrini siciliani e i Servizi Segreti degli Stati Uniti. Ripercorre l’inchiesta del commissario investigativo dello Stato di New York, William Herlands, condotta nel 1954, e alla luce della documentazione di recente declassificata dagli Archivi statunitensi, rende di facile comprensione la miriade di informazioni e di controinformazioni che la stimolante questione ha prodotto negli anni. Sullo sfondo dell’occupazione angloamericana della Sicilia, l’operazione ‘Husky’ (10 luglio-17 agosto del 1943), Lucky Luciano, Calogero Vizzini, gli agenti segreti Corvo, Scamporino, Marsloe, il capo dell’Amgot Charles Poletti e tanti altri, sono le figure che popolano le pagine di questo lavoro. Nel libro vengono anche pubblicati, per la prima volta in Italia, i nomi e le fotografie di numerosi agenti segreti arruolati nelle file dell’OSS (Office of Strategic Services, il precursore della Cia) con il compito di spianare la strada in Sicilia all’esercito del generale Patton e ristabilire la democrazia in Italia dopo la caduta del fascismo. Altri argomenti che Ezio Costanzo, l’autore del saggio, affronta riguardano il ruolo avuto dall’Amgot, il Governo militare alleato, nella rinascita della mafia, le biografie di Lucky Luciano e di Calogero Vizzini, la nascita della nuova mafia, il fronte anti-comunista costituitosi con l’aiuto dell’Intelligence statunitense, le azioni di spionaggio condotte dai Servizi Segreti alleati durante l’operazione Husky”.


Il libro è stato di recente presentato alla Fiera Internazionale del Libro di Torino. Sono intervenuti Gian Carlo Caselli, magistrato, Procuratore generale di Torino, Procuratore capo anti-mafia a Palermo dal 1993 al 1999; Gianni Oliva, storico e scrittore, Carlo Romeo, direttore Segretariato sociale Rai (che ha organizzato la presentazione), Tiziana Guerrera, editrice de Le Nove Muse, che ha pubblicato il volume. “Con un linguaggio semplice e diretto, ha affermato lo storico Gianni Oliva nel suo intervento, indirizzato anche ai lettori meno esperti di storia, l’autore mette in luce, con particolare documentazione frutto della sua ricerca negli Stati Uniti, gli accordi tra il Naval Intelligence americano (i Servizi Segreti della marina) e la malavita organizzata italoamericana per favorire lo sbarco in Sicilia e per liberare il porto di New York dalle spie nazifasciste (operazione Underwold), riportando numerose testimonianze dei protagonisti rilasciate durante l’inchiesta Herlands e poco note al grande pubblico. Il libro di Costanzo è un ottimo lavoro di analisi di quel momento storico che affronta anche le conseguenze
sociali e politiche che il riemergere della mafia provoca nell’immediato dopoguerra in Sicilia”.


Ha affermato Gian Carlo Caselli: “Si tratta di un libro che si legge tutto d’un fiato e che offre una serie di particolari di quegli anni dell’occupazione angloamericana della Sicilia rimasti fino ad oggi poco chiari. Costanzo offre ai lettori la possibilità di addentrarsi nelle intrigate maglie dell’organizzazione dei Servizi Segreti americani e nelle operazioni condotte per l’occupazione della Sicilia nell’estate del 1943. La pubblicazione di una serie documenti redatti dagli stessi agenti segreti durante la loro permanenza in Sicilia rende questo lavoro di grande attualità e permette di comprendere come gli intrecci tra mafia e politica abbiano trovato nella Sicilia occupata
dell’estate del ‘43 il loro humus ideale per svilupparsi ed accrescersi nella società siciliana del dopoguerra”.

Le testimonianze e i racconti dei protagonisti hanno fatto emergere dati incontrovertibili sull’esistenza di tale accordo e su come la mafia americana sia stata determinante per garantire sia la sicurezza delle navi in partenza per l’Europa, sia la minuziosa ricerca di notizie in vista dell’occupazione della Sicilia”.
Alcuni documenti dell’Office of Strategic Services hanno fornito anche un’utile chiave di lettura del momento immediatamente successivo della conquista della Sicilia e del periodo dell’amministrazione alleata dell’isola; carte che attestano che gli interventi occulti del Governo americano negli affari interni dell’Italia sono andati oltre il pur sincero e legittimo spirito di libertà e di democrazia, per incunearsi nelle scelte politiche ed economiche della Nazione come quelle dirette ad impedire ai comunisti di vincere le prime elezioni del dopoguerra. L’alleanza con i ceti conservatori dell’isola, realizzata attraverso la mediazione della mafia, è servita agli alleati non solo per amministrare l’isola durante la loro permanenza siciliana, ma ancor più per porre le basi di un futuro politico-sociale dell’Italia senza i comunisti, mal visti sia dai cattolici-liberali che dai mafiosi. Dopo lo sbarco americano, la mafia ebbe così, per la prima volta nella sua storia, l’onore di essere portata sulla scena come legittima organizzazione politico-amministrativa, garantita da un esercito di occupazione. Alla robustezza della tradizione i vecchi padrini poterono aggiungere il
piacevole prestigio che procurava loro la protezione dei conquistatori. Alcuni studiosi, nel riprendere l’argomento, continuano a definire il rapporto tra mafia e Servizi Segreti alleati “una leggenda” o, nella migliore delle ipotesi, ne danno una spiegazione che strizza l’occhio agli
americani, sostenendo che esso scaturì da necessità dapprima militari e, successivamente, amministrative per controllare i territori occupati. Insomma, una scelta “sfortunata” i cui risultati (la riorganizzazione del potere mafioso nell’isola) non erano stati previsti. Un po’ quanto ha
dichiarato, in una delle sue ultime interviste rilasciate alla BBC londinese, Anthony Marsloe, ufficiale dei Servizi Segreti della marina americana sbarcato in Sicilia assieme alle truppe del generale Patton: “...Bisognava sfruttare qualunque cosa per difendere l’America e favorire
ciò che si stava facendo e si poteva fare...Alcune delle persone contattate erano mafiose? Non me ne poteva fregar di meno di quello che erano se potevano fornire una qualsiasi informazione che avrebbe contribuito allo sforzo bellico”. In realtà, la collaborazione tra Servizi Segreti americani e mafia fu pianificata nei suoi particolari. A conferma di ciò, una testimonianza ufficiale di un altro agente del Naval Intelligence Usa, sbarcato assieme a Marsloe a Gela, Paul Alfieri, che conferma l’accordo con i mafiosi dell’isola: “...Nella stragrande maggioranza dei casi, questi contatti furono frutto della collaborazione con il boss Lucky Luciano. Le informazioni avute si sono rivelate assai utili” (E. Costanzo. Mafia e Alleati. Servizi Segreti americani e sbarco in Sicilia.
www.controstoria.it).


Sempre per restare in tema: Abrogati nel 1942 i “decreti Mori” parecchi mafiosi ritornati in Sicilia avviarono contatti con gli alleati che incominciarono ad arruolare uomini d’origine siciliana. A mezzo dei pescherecci, i mafiosi esercitarono lo spionaggio nel Mediterraneo; poi fornirono notizie sulle infrastrutture dell’isola, la dislocazione e la consistenza delle truppe dell’Asse in Sicilia. Del resto perché gli alleati iniziarono l’invasione dell’Europa meridionale dalla Sicilia, anziché dalla Sardegna o dalla Corsica, dalle quali sarebbe stato agevole effettuare sbarchi in Toscana, in Liguria o in Provenza? La tranquillità nelle retrovie delle truppe che sarebbero sbarcate costituiva la preoccupazione principale dei comandi alleati: fu scelta la Sicilia con la certezza di poter contare sull’appoggio della mafia. Fu quest’ultima ad ospitare, dal 1942, oltre al colonnello Charles Poletti, futuro Governatore militare dall’aprile 1943, anche il colonnello britannico Hancok e un buon numero d’infiltrati italoamericani. Nella relazione conclusiva della Commissione anti-mafia presentata alle Camere il 4 febbraio del 1976 si legge: “Qualche tempo prima dello sbarco angloamericano in Sicilia numerosi elementi dell’esercito americano furono inviati nell’isola per prendere contatti con persone determinate e per suscitare nella popolazione sentimenti favorevoli agli alleati. Una volta infatti che era stata decisa a Casablanca l’occupazione della Sicilia, il Naval Intelligence Service organizzò una apposita squadra (la Target section), incaricandola di raccogliere le necessarie informazioni ai fini dello sbarco e della preparazione psicologica della Sicilia.

Fu così predisposta una fitta rete informativa che stabilì preziosi collegamenti con la Sicilia e mandò nell’isola un numero sempre maggiore di collaboratori e di informatori”.
Ma l’episodio certo più importante è quello che riguarda la parte avuta nella preparazione dello sbarco da Lucky Luciano, uno dei capi riconosciuti della malavita americana di origine siciliana. Si comprende agevolmente, con queste premesse, quali siano state le vie dell’infiltrazione alleata in Sicilia prima dell’occupazione. Il gangster americano, una volta accettata l’idea di collaborare con le autorità governative, dovette prendere contatto con i grandi capimafia statunitensi di origine siciliana e questi a loro volta si interessarono di mettere a punto i necessari piani operativi per far trovare un terreno favorevole agli elementi dell’esercito americano che sarebbero sbarcati clandestinamente in Sicilia e per preparare le popolazioni locali all’occupazione imminente dell’isola. Luciano venne graziato nel 1946 “per i grandi servigi resi agli States durante la guerra”. E’ un fatto che quando il 10 luglio del 1943 gli americani sbarcarono sulla costa sud della Sicilia, raggiunsero Palermo in soli sette giorni. Scrisse Michele Pantaleone: “...E’ storicamente provato che prima e durante le operazioni militari relative allo sbarco degli alleati in Sicilia, la mafia, d’accordo con il gangsterismo americano, s’adoperò per tenere sgombra la via da un mare all’altro...”. Ancora la Commissione anti-mafia: “La mafia rinascente trovava in questa funzione, che le veniva assegnata dagli amici di un tempo, emigrati verso i lidi fortunati degli Stati Uniti, un elemento di forza per tornare alla ribalta e per far valere al momento opportuno, come poi effettivamente avrebbe fatto, i suoi crediti verso le potenze occupanti”.


Scrisse Lamberto Mercuri: “Fu in quei mesi che la mafia rinacque e non tardò ad affacciarsi alla luce del sole: in realtà non era mai morta, né completamente debellata: le lunghe ed energiche repressioni del Prefetto Mori ne avevano sopito per lungo tempo ardore e vigoria e fugato all’estero i capi più rappresentativi e più spietati che avevano tuttavia mantenuto contatti e legami con l’onorata società dell’isola”. Nella confusione seguita all’invasione e alla caduta del fascismo, la mafia vide l’opportunità di riorganizzare il vecchio potere, di insinuarsi nel vuoto del nuovo, raccogliendo i frutti della collaborazione con gli alleati. Molti suoi uomini noti ebbero cariche importanti: per esempio, un mafioso celeberrimo, don Calogero Vizzini, fu nominato da un tenente americano Sindaco di Villalba; nella cerimonia d’insediamento, fu salutato da grida di “Viva la mafia!”. “Vito Genovese, ha scritto Mack Smith, benché ancora ricercato dalla polizia degli Stati Uniti in rapporto a molti delitti compreso l’omicidio, e sebbene avesse servito il fascismo durante la guerra, risultò stranamente essere un ufficiale di collegamento di una unità americana. Egli utilizzò la sua posizione e la sua parentela con elementi della mafia locale per aiutare a restaurarne l’autorità...”.

Don Vito divenne il braccio destro indigeno del Governatore Poletti, ma una banda ai suoi ordini rubava autocarri militari nel porto di Napoli, li riempiva di farina e di zucchero (pure sottratti agli alleati) per poi venderli nelle città vicine. Altri mafiosi, meno noti, divennero interpreti o “uomini di fiducia” degli alleati, i neo padroni dell’isola sicula. L’atteggiamento del Governo militare fu ispirato a criteri utilitaristici; sta di fatto, però, che quest’apertura verso gli “amici degli amici” permise in breve alla mafia di riorganizzarsi, di riacquistare l’antica ed indiscussa influenza. Aveva sempre cercato l’alleanza con il potere (anche con quello fascista, agl’inizi), ma per la prima volta le veniva conferito un crisma di legalità e di ufficialità che le consentiva d’identificarsi con il potere. I “nuovi quadri” saldarono o ripresero solidi legami con la malavita americana, indirizzandosi verso il tipo di criminalità associata “industriale” caratteristico del gangsterismo Usa nel periodo tra le due guerre. Il seguito della vicenda dimostra come, grazie agli angloamericani, la seconda guerra mondiale rappresentò per la mafia l’occasione d’oro per una rigogliosa rinascita. I fatti l’hanno dimostrato ampiamente. Si suole dire oggi, da chi intende sminuirne il successo, che il fascismo non debellò la mafia, semplicemente la costrinse all’inazione, tant’è vero che poi si ridestò più forte di prima. Se fu poco, perché il regime attuale non perviene al medesimo risultato? Basterebbe. Senza più delitti ed attività criminale, la mafia si ridurrebbe ad una patetica, folcloristica conventicola segreta che non darebbe noia e non farebbe più paura a nessuno” (V. Martinelli. Il ritorno della mafia in Sicilia. Un regalo degli alleati. Volontà, n. 12, Dicembre, 1993).


Facciamo un passo in dietro per dare i giusti meriti a chi gli sono dovuti. Un altro “grande successo” del regime fascista, messo dalla propaganda nel conto attivo insieme alla “battaglia del grano”, alle trasvolate e alla bonifica dell’Agro Pontino, fu la lotta contro la mafia. Protagonista di questa impresa (che si sviluppò fra il 1925 ed il 1929) fu Cesare Mori, il cosiddetto “Prefetto di Ferro”. Mori nel ‘21 era Prefetto di Bologna e fu il solo Prefetto d’Italia a opporsi alle orde dilaganti dei fascisti. Quando Mussolini salì al potere trovandosi tra l’altro ad affrontare il problema del banditismo e della mafia siciliana, gli venne fatto il nome di Mori. Mussolini disse: “Voglio che sia altrettanto duro coi mafiosi così come lo è stato coi miei squadristi bolognesi”. Così Mori partì per la Sicilia come uno sceriffo mediterraneo dell’epoca moderna. Arruolerà uomini, guardie giurate e truppe regolari per le sue battaglie campali, ma non si sottrarrà anche a epici inseguimenti e duelli a cavallo. Nessuno come lui arrivò ad umiliare tanto la mafia. Se non riuscì fino in fondo nel suo intento, ciò dipese dal potere politico, che fermò la sua azione quando stava per travolgere le più alte e vitali strutture della “onorata società”. La vera mafia, la cosiddetta “alta mafia”, non è dunque debellata, ma il regime si vanta ugualmente di averla distrutta e tale tesi sarà unanimemente accettata anche dagli storici. In effetti il fascismo, dopo la grande retata di “pesci piccoli” realizzata da Cesare Mori, viene a patti con l’ “alta mafia”. Nel 1929 richiama a Roma il “Prefetto di Ferro” (verrà nominato Senatore, ndr) e, in un certo senso, “restituisce” la Sicilia ai capi mafiosi ormai fascistizzati. Infatti, i condoni e le amnistie, subito concesse dal Governo dopo il richiamo di Mori, hanno favorito molti pezzi da novanta che, appena tornati in libertà, si sono subito schierati fra i sostenitori del regime anche se, dopo il 1943, gabelleranno i pochi anni di carcere o di confino come prova del loro anti-fascismo. I più avvantaggiati dal nuovo corso politico sono tuttavia gli esponenti dell’ “alta mafia” che, ormai al sicuro da ogni sorpresa, aderirono in blocco al fascismo e i grandi proprietari terrieri che, grazie alle leggi liberticide del regime, non ebbero più bisogno delle “coppole storte” per tenere a freno i braccianti o i fittavoli più irrequieti. Anche questi gruppi sociali fecero pressione sul Governo affinché liberasse l’isola dall’incubo di Mori. Col ritorno della normalità, poterono nuovamente dedicarsi ai loro affari e ai loro traffici senza più correre il rischio di essere colpiti dagli imprevedibili fulmini dell’intransigente Prefetto Mori (Il fascismo e la mafia. www.ilduce.net).

Les jouissances du capitalisme

Hendrik CARETTE:

Les jouissances du capitalisme

 

Récemment, j’ai visité ce pays de fables qu’est la Slovénie, un petit pays, où l’on ne parle qu’une seule langue, où ne vit qu’un seul peuple dans des frontières qui sont vraiment anciennes. Le touriste qui veut franchir la frontière en automobile doit s’acquitter d’une vignette  qui coûte quinze euro par semaine et qu’il doit coller sur le pare-brise de son véhicule. Après cela, plus d’emmerdements: les montagnes du pays sont boisées, les vallées y sont vertes et la capitale Ljubljana (Laibach en allemand) est une ville charmante aux allures désuètes et provinciales. Les tartes qu’on y sert sont plus que succulentes; elles goûtent la vraie crème fraîche et nous replongent dans une atmosphère où l’on a l’impression à tout moment de croiser l’Impératrice Sissi, tant ce art de vivre et cette atmosphère rappellent la double monarchie impériale et royale austro-hongroise, dont la ville de Trieste, sur l’Adriatique, était le seul port.

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La Slovénie faisait partie de ce grand empire kitsch et tragique à la fois, que l’écrivain et journaliste alcoolique Joseph Roth a pu décrire comme nul autre et faire revivre dans ses oeuvres. La Slovénie est aujourd’hui une république à part entière, qui est membre de l’UE; elle a aussi été la première composante de l’ex-Yougoslavie du Maréchal Tito à se détacher définitivement du lien fédéral. Mais la Slovénie est surtout, à mes yeux, la patrie d’un philosophe, sociologue, critique, dissident, néo-marxiste, polémiste et anti-capitaliste notoire, que je qualifierai de flamboyant, et qui répond du nom de Slavoj Zizek, un nom simple, clair et approprié. L’homme est né à Ljubljana en 1949.

 

Ce que nous déclare, nous écrit, nous formule et défend publiquement ce Zizek barbu, au regard toujours sévère et mélancholique, eh bien, ce n’est pas du pipi de chat! J’avais déjà eu l’occasion de le renconter dans ce Paris agité, qui reste la Mecque des vieux soixante-huitards. Les paroles et les écrits de Zizek réveilleront brutalement un bon nombre de néo-libéraux somnolents, d’agents de la bourgeoisie, de sociaux-démocrates autoproclamés (à la Eric Defoort) ou d’autres démocrates aveuglés et égarés. Ses paroles en effet les arracheront à un sommeil très profond, à un sommeil de bourgeois très injuste et injustifié.

 

Je le répète, une fois de plus, pour nos lecteurs infatigables: ce que ce penseur pense est de grande fraîcheur, est tout d’originalité et témoigne d’un esprit rebelle et audacieux; cette pensée révèle une puissance de choc telle qu’elle nous force à abandonner définitivement les sentiers battus de la stupidité et de la médiocrité.

 

Cher lecteur, tu veux bien sûr que je te livre quelques exemples. Sois tranquille, je vais extraire de mes archives une longue citation, due à la plume de mon collègue Carel Peeters qui, le 5 septembre 2009, a recensé dans les colonnes de l’hebdomadaire “Vrij Nederland” le dernier ouvrage de Zizek, “Geweld” (= “Violence”) (publié chez Boom, 2009). Peeters écrit ce qui suit. Tiens-toi bien, lecteur, agrippe-toi aux branches de l’arbre, à tes bretelles à la mode qui t’ont coûté la peau des fesses, ou tout simplement à ta ceinture, celle que tu as dû serrer de quelques crans sous les effets de la crise. Et écoute: “Même si Zizek a des sympathies d’extrême-gauche, ces sympathies déboulent souvent dans le voisinage immédiat des droites. Il aime Karl Marx mais aussi de l’idéologue conservateur Carl Schmitt. Pour Zizek, l’Europe, et l’Occident en général, sont maintenus confits dans le sucre des jouissances du capitalisme. Le déploiement de l’individu en Occident depuis les années soixante, où chacun cultive ses propres désirs, son style de vie personnel et ses idées, n’a été possible qu’avec la globalisation  capitaliste à l’arrière-plan, affirme Zizek. Tous ces gens sont aliénés par rapport à la vraie vie originelle. Ce qui les lie entre eux n’est rien d’autre que le capital. Toutes ces différences amusantes masquent uniquement l’injustice profonde qui est à la base de notre société hédoniste, confite dans cet édulcorant; elles masquent la réalité crue: que les hommes sont tous esclaves, qu’ils ne sont plus maîtres de leurs forces de production, comme ils devraient l’être selon la doctrine communiste”.

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On le voit: Zizek énonce une dure vérité; et les dures vérités viennent souvent d’un coin d’où on ne les attendait pas, car, selon ce penseur slovène qui n’est pas si simple à comprendre (dans sa pensée se croisent et se mêlent les conceptions de Hegel, de Marx, de Benjmain et de Lacan), le fantôme du libéralisme hante l’Europe d’aujourd’hui. Je serai le dernier à le contrarier sur ce plan et le premier à encourager les lecteurs de “Meervoud” à lire ses livres; en néerlandais, on a déjà traduit “Het subject en zijn onbehagen” (= “Le sujet et son malaise”), “Welkom in de woestijn van de werkelijkheid” (= “Bienvenue dans le désert du réel”), “Schuins gezien” (= “Vu de biais”) et “Geweld” (= “Violence”). De surcroît, ce diable de Zizek aurait même écrit un “Plaidoyer pour l’intolérance” en 1998, que je veux  me procurer d’urgence, et que je lirai. Zizek, visionnaire, y aurait dit que nous, en Occident, sommes dominés par une “tolérance humaniste molle”. Cette forte parole de Zizek m’interpelle; elle est une douce musique à mes oreilles. Oui, moi aussi, je pense que cette “tolérance humaniste molle” est l’une des racines des maux qui nous frappent.

 

Hendrik CARRETTE

(Commissaire politique à la Culture, l’Enseignement et l’Edification du Peuple).

(article paru dans “Meervoud”, Bruxelles, sept. 2009; trad. franç.: Robert Steuckers).