Roumanie, Timişoara – Entretien avec Nikolaï Starikov, écrivain russe, journaliste d’opinion, activiste social et co-président du Parti de la Grande-Patrie: « Si les politiciens occidentaux s’inquiétaient vraiment de la possibilité d’une guerre et voudraient l’éviter, ils auraient établi une ceinture d’États indépendants en Europe centrale. »
En mai, Ferenc Almássy a eu l’occasion de rencontrer Nikolaï Starikov, qui était à Timişoara, pour présenter son livre « La nationalisation du rouble – La voie vers la liberté de la Russie ». Une bonne occasion d’avoir une petite conversation avec un intellectuel et politicien patriotique russe pour mieux comprendre le point de vue des Russes sur les pays d’Europe centrale et orientale.
Ferenc Almássy : D’abord, je voudrais vous remercier pour cet entretien. Nous avons l’occasion de nous rencontrer à Timişoara, où vous avez lancé la promotion de l’édition roumaine de votre livre « La nationalisation du rouble – La voie vers la liberté de la Russie ». Je commencerais par une première question : comment vit-on en Russie, dans une démocratie illibérale ?
Nikolaï Starikov : Vous avez posé la question clé. D’un côté, en utilisant le mécanisme du marché, Poutine a réussi à rétablir une part importante du pouvoir de l’État en Russie et à rétablir la position de la Russie sur la scène internationale. Aujourd’hui, la situation en Russie est contradictoire, d’une part nous avons une politique étrangère puissante et sûre d’elle. D’un autre côté, en économie interne, nous avons suivi le système économique mondial américain. Mon opinion est que les opportunités offertes par le modèle économique libéral ont été épuisées. Nous avons besoin d’une nouvelle politique économique et de nouvelles personnes capables de l’appliquer. Je veux souligner que lorsque je parle de nouvelles personnes, je veux dire, nouveau Premier ministre, nouveaux gouverneurs, de nouvelles forces politiques. Ceux-ci doivent compléter l’activité du Président, que je considère comme l’un des meilleurs politiciens de l’histoire de la Russie.
FA : Vous êtes le président de votre propre parti, le Parti de la Grande-Patrie. Cela signifie-t-il que vous voulez gagner le pouvoir ou que vous voulez travailler avec Vladimir Poutine, une personnalité que vous semblez apprécier ?
Nikolaï Starikov : La politique est l’art du possible et toute force politique est créée pour accéder au pouvoir. Nous approuvons la politique de Vladimir Poutine, notre Président. Toutefois, nous sommes opposés à la politique économique mise en place par le gouvernement. L’évolution du processus politique au cours des dernières décennies peut être résumée comme suit : après la chute de l’Union soviétique, les «ultra-libéraux» sont arrivés au pouvoir. Toutes leurs actions n’étaient pas destinées au bien de la Russie mais à celui des États-Unis. En raison des actions de Poutine, ces “ultra-libéraux” ont été remplacés par des patriotes libéraux. Ils sont prêts à s’opposer aux Américains en matière de politique étrangère, mais ils ne sont pas prêts à avoir une politique intérieure souveraine. Cela conduit à une situation dangereuse, dans laquelle l’engagement d’une politique intérieure souveraine devient impossible parce que notre économie est négativement affectée par son cours libéral. À mon avis, nous avons besoin de nouvelles personnes et de nouvelles forces politiques pour changer la politique intérieure du pays. Je qualifierais ces forces de patriotiques, parmi lesquelles je compte, bien sûr, le Parti de la Grande-Patrie.
FA : Votre parti est présenté comme un “parti de la défense” russe, mais dans les médias occidentaux en particulier, la Russie est présentée comme une agresseuse et non comme une victime, et il y a plusieurs exemples : la Crimée, le Donbass, l’exercice Zapad, les provocations dans les pays baltes. Alors, la Russie est-elle vraiment dans une situation défensive ?
Nikolaï Starikov : Analysons les faits. De 1945 à 1990 en Europe, il y avait deux États allemands. Cela veut-il dire qu’il y avait deux peuples allemands différents ? Bien sûr que non. En 1990, un État a englouti l’autre et aujourd’hui nous avons un État allemand uni et un peuple allemand uni. Cela a été rendu possible parce que l’Union Soviétique, c’est-à-dire la Russie, a organisé ce processus et ne l’a pas bloqué. Aujourd’hui, nous ne comprenons pas pourquoi l’Europe bloque le même type d’intégration pour le peuple russe. En politique, il est risible de parler de gratitude, néanmoins on aimerait voir, d’abord en Allemagne et en Europe de l’Est, qu’on a laissé choisir son propre destin politique, une certaine forme d’appréciation. Pour mieux comprendre notre situation, regardez-la de notre point de vue : Hitler a attaqué l’Union Soviétique. À cette époque, trois jours d’avance ininterrompue étaient nécessaires pour qu’un char allemand atteigne Moscou. Aujourd’hui, il y a 350 km de la frontière russo-ukrainienne à Moscou. Des bases militaires américaines dans les pays baltes à ma ville natale de Saint-Pétersbourg, il y a moins de 200 km. Aujourd’hui, les Américains, les troupes de l’OTAN, sont beaucoup plus proches de nos centres économiques, culturels et politiques. La question est de savoir pourquoi ils se rapprochent et qui est l’agresseur potentiel ? Si les politiciens occidentaux s’inquiétaient vraiment de la possibilité d’un éclatement de la guerre et voudraient l’éviter, ils auraient établi une ceinture d’États indépendants en Europe centrale. Au lieu de cela, ils ont violé tous les engagements pris envers Gorbatchev, et l’infrastructure de l’OTAN a été accolée à la Russie. Autour de nos frontières, un soi-disant bouclier anti-missiles est en train d’être mis en place. Lorsque nous nous interrogeons sur son objectif, nous sommes traités comme des enfants de maternelle et nous nous voyons répondre que le bouclier est dirigé contre les missiles iraniens et nord-coréens. Évidemment, si ce bouclier était dirigé contre l’Iran et la Corée du Nord, deux pré-requis auraient été nécessaires : premièrement, que ces pays possèdent ce type de missiles et deuxièmement, dans ce cas le bouclier aurait dû être placé aux frontières de la Corée du Nord et de l’Iran, pas en Roumanie, en Bulgarie et en Pologne. Si nous devions suivre cette pseudo-explication proposée par les politiciens américains à l’époque, le réarmement de l’armée russe est entrepris afin de protéger l’Europe contre une invasion extraterrestre. Peut-être que cela aura lieu. Et nous avons une bonne armée. Ou peut-être que nous devons nous défendre contre les barons de la drogue colombiens.
FA : Vous avez dit que l’Europe centrale devrait être neutre, être une zone tampon. Quelle est votre opinion sur le groupe de Visegrád et cette région de l’Europe ? Comment voyez-vous la situation actuelle ?
Nikolaï Starikov : Le comportement est différent d’un État à l’autre. Le plus inquiétant est la position de la Pologne. D’un autre côté, nous, en tant que réalistes, comprenons que les décisions politiques en Europe ne sont prises ni à Bucarest, ni à Budapest ni à Varsovie, pas même à Bruxelles, mais à Washington. Par conséquent, notre président essaie de conclure un accord avec ceux qui déterminent le cours des politiques européennes. Mais, au lieu d’un accord, nous voyons le rapprochement des forces militaires vers nos frontières. Lorsque les pays de l’Europe de l’Est ont adhéré au Traité de Varsovie, ils ont été confrontés à l’infrastructure militaire de l’OTAN. Aujourd’hui, parce qu’ils appartiennent à l’OTAN, ils seront automatiquement pris pour cibles par l’appareil militaire russe. Quelle est la différence ? Je ne pense pas que leur sécurité ait été augmentée en devenant la cible d’une arme nucléaire différente. La priorité était complètement différente : aucune arme nucléaire ne devrait viser les pays d’Europe de l’Est. Quand les Américains effraient l’Europe avec le péril russe, chacun devrait se poser la question suivante : de quoi la Russie a-t-elle besoin de l’Europe ? A-t-elle besoin de territoires européens ? Avons-nous des revendications territoriales sur la Pologne, la Roumanie ou la Bulgarie? Nous n’en avons jamais eu. La Pologne a des fantômes historiques et des griefs contre nous. Nous n’avons aucun grief contre la Pologne. Nous voulons seulement rétablir l’unité de notre peuple. Nous ne cherchons pas à acquérir de territoires étrangers.
FA : Cela signifie-t-il que vous voulez reprendre d’autres parties de l’Ukraine ou certaines parties des pays baltes où il y a d’importantes minorités russes ?
Nikolaï Starikov : Chaque ère historique dicte ses propres formes d’intégration. Auparavant, un empire intégrait un certain territoire. Et ce territoire devenait une partie de l’empire en question. Il y avait des États dans une certaine dépendance des grands empires, mais ils gardaient leur indépendance. À l’époque, les empires se battaient entre eux en essayant de démembrer leurs rivaux par la création de petits États « indépendants » sur le territoire de leurs rivaux, qui finissaient par devenir dépendants d’un certain acteur géopolitique. À titre d’exemple, aujourd’hui, les États européens sont subordonnés aux États-Unis d’Amérique. C’est pourquoi nous pouvons affirmer que, dans l’Europe d’aujourd’hui, il n’y a pas de véritables Etats indépendants même si certains attributs extérieurs de l’indépendance tels que le Président, le drapeau national ou le sceau sont conservés. Personne ne dit que l’Europe fut légalement occupée par les États-Unis, mais, en fait, ce sont les Américains qui la dirigent. C’est pourquoi je pense que quand quelqu’un affirme que nous voulons inclure des territoires dans notre État, il pense au siècle dernier. Nous voulons rétablir notre influence sur ces territoires et mettre fin à l’influence de nos opposants géopolitiques, en l’occurrence les États-Unis, qui ont conduit à des conflits armés. Peut-être qu’en Europe occidentale, tout le monde ne sait pas que l’Ukraine, la Russie et la Biélorussie sont trois États habités en réalité par le même peuple. L’Ukraine n’a pas existé dans l’histoire. C’est un projet artificiel de l’Empire austro-hongrois, et il a une date de naissance, la fin du XIXe siècle. Aux États-Unis, les immigrants de ces parties de l’Empire austro-hongrois imprimaient des journaux. Si vous regardez dans un de ces journaux, vous verrez que jusqu’à une certaine date, dans la seconde moitié du XIXe siècle, ils s’appelaient eux-mêmes ruthènes ou russes. Soudainement, dans les mêmes journaux le terme Ukrainiens est apparu. Donc, hier, ils étaient des Ruthènes, aujourd’hui ils sont des Ukrainiens. C’est impossible. L’Ukraine a été créée et elle a été approuvée jusqu’à aujourd’hui par les Américains afin de devenir un État anti-russe et russophobe. Imaginez qu’aux frontières de la Hongrie, un nouvel État, dont l’idéologie et le but de l’existence serait la destruction de la Hongrie, apparaisse. Dans cet État, les habitants seraient hongrois et la langue officielle serait un dialecte hongrois avec un grand nombre de mots allemands et roumains. La langue hongroise serait interdite. Le hongrois ne serait pas étudié dans les écoles et son utilisation serait interdite à la radio et à la télévision. Toute personne ayant le hongrois comme langue maternelle, soit 98% de la population, serait obligée d’écrire tous les documents dans cette nouvelle langue avec beaucoup de mots étrangers. Et tout cela au milieu d’une énorme propagande qui dit aux gens qu’ils sont des Ukrainiens et non des Hongrois et que les Hongrois se sont moqués des Ukrainiens tout au long de leur Histoire. C’est la situation actuelle.
FA : J’ai compris, mais si des millions de personnes disent qu’elles forment une nation, qui peut-il leur refuser ce droit ? Les nations aussi naissent et finissent par mourir. Peut-être, d’un certain point de vue, la naissance de la nation ukrainienne peut être considérée comme artificielle, mais maintenant, elle existe. Et après ? Niez-vous le droit des Ukrainiens d’avoir un État ?
Nikolaï Starikov : À notre époque, les gens découvrent l’émergence de nouvelles nations à la télévision. On leur dit ces choses. C’est un projet absolument artificiel et des millions de personnes n’ont pas leur mot à dire. Par exemple, nous pourrions tirer la conclusion qu’en 1933, 80 millions d’Allemands ont soudainement décidé, pour une raison inconnue, de tuer des Juifs et des communistes et d’occuper toute l’Europe. Il est évident que cette décision n’a pas été prise par des dizaines de millions d’Allemands, mais par un petit cercle de nazis qui sont arrivés au pouvoir. C’est pourquoi je dis que la déclaration selon laquelle des millions de personnes participent au processus de construction de la nation n’est qu’une spéculation politique. Les gens simples sont intéressés par des choses simples : ils veulent un bon travail, un bon salaire, ils veulent élever leurs enfants et vivre en paix. Ils sont inoculés avec la rage, qui à la longue est censée mener à la guerre. Pendant six ans, les Allemands ont été inoculés avec la haine envers les Slaves, les Tsiganes, les Juifs et les communistes. Que s’est-il passé après? Les nazis ont amené les gens à tuer sans pitié. En Ukraine, une propagande similaire est en cours depuis deux décennies. Une génération prête à tuer a été élevée. Aujourd’hui, cette génération tue des gens dans le Donbass. Il n’y a pas de pas combats entre Russes et Ukrainiens dans le Donbass. Là, des représentants du même peuple se combattent. Il y a des personnes avec un prénom et un nom totalement russes qui combattent du côté de l’Ukraine. De même, il y a des personnes avec des noms de famille spécifiques aux régions du sud de la Russie combattant pour le compte du Donbass. Ils parlent la même langue. Dans la majorité des bataillons ukrainiens les plus brutaux, le russe est la langue parlée. Les politiciens ukrainiens parlent seulement ukrainien devant les caméras de télévision. Une fois que les caméras sont éteintes, ils recommencent à parler le russe, qui est leur langue maternelle.
FA : Je comprends votre opinion sur l’Ukraine, mais ne pensez-vous pas que l’Europe centrale, que vous aimeriez voir neutre, est devenue membre de l’OTAN (et l’Ukraine veut faire de même) parce que la Russie n’a pas bien géré fin de l’Union soviétique et n’a pas été en mesure de développer de nouvelles relations avec ces pays ?
Nikolaï Starikov : Nous avons établi de nouveaux types de relations avec ces pays au cours des deux dernières décennies. Nous n’avons pas interféré dans la politique interne et, sous la pression de Washington, nous avons subi des pertes commerciales en vendant du gaz à l’Ukraine à un très petit prix. À la fin, nous avons obtenu un État ennemi à nos frontières et des missiles de l’OTAN qui peuvent atteindre notre capitale en quelques minutes. Nous ne pouvons pas et ne voulons pas continuer une telle politique.
FA : Que pourrait-on faire sur le plan diplomatique, ainsi qu’à d’autres niveaux, pour aider l’Europe centrale à redevenir neutre ? Comment pouvons-nous avoir un nouveau départ entre la Russie et l’Europe centrale ? Que devrait faire la partie russe ?
Nikolaï Starikov : En tant que réaliste politique, je dirai que la Russie doit s’entendre avec les États-Unis. Et les États-Unis ne peuvent pas et ne parviendront pas à un accord avec nous parce que le but final des politiciens américains n’est pas la paix du monde mais le maintien de la domination à n’importe quel prix, y compris par les conflits militaires.
FA : Avez-vous une opinion concernant l’Initiative des Trois Mers, un projet qui envisage un réseau de gazoducs et de terminaux GNL pour relier les trois mers – la mer Baltique, l’Adriatique et la mer Noire ?
Nikolaï Starikov : Aujourd’hui, les gazoducs sont des instruments politiques. Nous serions heureux qu’ils soient construits uniquement pour acheminer du gaz du point A au point B. Mais, étant donné qu’ils sont construits dans un but géopolitique, nous appuierons les gazoducs qui sont à notre avantage et à l’avantage de l’Europe. Nous nous opposerons également aux tentatives des Américains de construire des gazoducs dont le but est de nous exclure du processus politique européen. En passant, les Américains agissent de la même manière. C’est la raison pour laquelle la Russie et l’Europe ne peuvent pas construire la deuxième ramification du Nord Stream 2 ou du South Stream, initialement arrêté par la Bulgarie, suivi par la Macédoine, où des émeutes «inattendues» ont éclaté. À l’heure actuelle, il y a une intention de construire ces gazoducs à travers la Turquie.
FA : Une dernière question : ne pensez-vous pas que le monde devient multipolaire et que l’Europe centrale pourrait être l’un de ces pôles ? Ne serait-il pas bon que la Russie cautionne de tels efforts afin de libérer cette région de la domination occidentale et de devenir un voisin et un partenaire indépendant ?
Nikolaï Starikov : Nous exprimons notre désir d’un monde multipolaire parce que ce serait un monde beaucoup plus stable. À mon avis, nous devons soutenir le processus qui a pour but final la création d’un nouveau centre de pouvoir mondial, sur l’ensemble du continent européen (ou des parties de celui-ci).
Die Leute werden nicht müde, trotz Abwesenheit allgemein akzeptierter Autoritäten, von indiskutablen letzten Werten, verbindlichen Normen sowie gemeinsamen Überzeugungen über Politik zu reden.
Demokraten z.B. gehen davon aus, dass ihresgleichen einer mit sachlichen Argumenten geführten Diskussion zugänglich sein muss. Es kann ja gar nicht anders sein. Nach ihnen hat die Vernunft es so eingerichtet, dass „wir Demokraten“ miteinander reden können. Schließlich sind wir alle – d.h. „wir Demokraten“ – vernünftig.
In der Demokratie zählt Gleichheit mehr als Vernunft
Dabei wird vergessen, dass in der Demokratie die Gleichheit der Vernunft übergeordnet ist: Entweder ist die Vernunft allen Individuen gleichermaßen angeboren, oder aber wir haben kein individuelles Vernunftvermögen, welches uns bezüglich der Vernunft voneinander unterschiede.
Entweder sind „wir Demokraten“ alle von Natur aus gleich weise, einsichtig und vernünftig bzw. töricht, uneinsichtig und unvernünftig, oder aber „wir Demokraten“ können nachträglich gemeinsam übereinkommen in Einsicht, Verständigkeit und Besonnenheit, bzw. in Torheit, Unverstand und Wahnsinn, vermittels der Gleichheit.
Unmöglichkeit der Diskussion
Trotz demokratischer „Gleichberechtigung“ in der Diskussion sollte die Pattsituation, in der sich jede Diskussion von selbst erübrigt, die demokratische Situation schlechthin sein. Denn dem der Demokratie zu Grunde liegenden individualistischen Gleichheitsgrundsatz, der von der geistigen Autarkie und Autonomie der Einzelnen ausgeht, entspricht es nämlich beileibe nicht, von anderen zu fordern, sie möchten die besseren eigenen Argumente doch einsehen, sie akzeptieren und, infolgedessen, sich selbst zu eignen machen.
So betrachtet ist Überzeugen keine Option, sondern ein Wahn: von mir kann vernünftigerweise niemand verlangen, den Willen aufzubringen, je nachdem, entweder andere überzeugen zu wollen, oder aber mich überzeugen zu lassen. Längst gibt es die schwächlichen, den Gegenüber angeblich beschwichtigenden Wendungen: „Ich will die ja gar nicht überzeugen“ und „Das ist einfach nur meine persönliche Meinung ohne jeden Anspruch auf Wahrheit“.
Liberale Demokratie und „dialogische Form“ schließen einander aus
Die liberale, fälschlich für dialogisch gehaltene Form der Demokratie, welche auf der unentwegten gegenseitigen Zusicherung von Gesprächsbereitschaft – „parlement“ – beruht, erweist sich bei näherem Hinsehen als Chimäre. Soll überhaupt ein Dialog stattfinden, müssen die Kontrahenten einander wirklich ebenbürtig sein. Ebenbürtigkeit aber schließt Gleichheit mit Nichtebenbürtigen von vornherein aus. Und ebenbürtig ist auch nur der, der gleich geartet, d.h. gleichen Geistes und Gemüts wie einer selbst, ist. Damit aber ist ein Schlussstrich unter die Demokratie gezogen.
Nach Einigung auf die Sachlichkeit der Argumente erfordert der Dialog von beiden Seiten noch behelfsmäßige Annahme, Prüfung, Erörterung, Auseinandersetzung sowie beiderseitige Willfährigkeit, zu überzeugen und sich überzeugen zu lassen, gerade weil beider Leitstern die Wahrheit ist. Denn wäre sie das nicht, wozu dann diskutieren, meinen, reden? Wer ohne Wahrheit, d.h. vernunftlos, redet, redet einfach nur der Rede wegen, oder aber weil es ihm um nichts anderes als um die Vormacht geht, und zwar nicht um die Vormacht im Gespräch, sondern um die wahre, die handfeste Vormacht.
„Demokratie“ als Recht des Stärkeren – Recht des Listigeren
Innerhalb der liberalen Demokratie ist es um dialogische Form von vornherein schlecht bestellt: Gibt es doch tatsächlich Menschen, die zu ihrer natürlichen geistigen Begnadetheit auch noch die notwendige Selbstbeherrschung mitbringen, um allein Dienst an der Wahrheit zu tun. In der Konfrontation mit ihnen landen unsere gesprächsbereiten Demokraten früher oder später bei Machiavellis Standpunkt, dass die sicherste Art zu herrschen – bzw. davon abgeleitet: in der Diskussion zu triumphieren – immer noch die der Zerstörung (des Gegners) ist.
Dabei ist die einzige Herrschaft, für die gestritten werden sollte, die der Wahrheit. Demokraten aber geht es letztlich auch nur um ihre Herrschaft. Innerhalb des liberalen gesellschaftlichen Redeflusses sind „gleiche Chance“ und „Gleichberechtigung“ daher nichts anderes als Chiffren: Für den Einzelnen chiffrieren sie seine Selbstsucht und seinen Eigennutz, für Gruppen und Parteien die eigene Selbstgerechtigkeit und Scheinheiligkeit, also ebenfalls Selbstsucht und Eigennutz. „Demokratie“ kann deshalb sowohl Recht des Stärkeren als auch Recht des Listigeren, vor allem des Hinterlistigeren, bedeuten.
Von der liberalen Demokratie zur Wissensgesellschaft
Die Schwierigkeit der dialogischen Form, die sie auch mit der liberalen Demokratie unvereinbar macht, liegt in ihren individuellen Voraussetzungen. Nicht jeder Mensch ist fähig und auch willens, im Dialog der Wahrheit uneigennützig zum Siege zu verhelfen. Vielmehr gilt: Für Eigensinn und Willen zur Macht gibt es kein besseres Mistbeet und Treibhaus als eben unsere liberale Demokratie, die sich selbst „Wissensgesellschaft“ zu nennen goutiert.
Aus ihr sprießen Heerscharen von Schulmeistern, sonstigen wissenden Widerspruchswichten aber auch grobianischen Wortberserkern. Sokrates selbst findet freilich auch unzählige Nachahmer, unter denen sich aber kein einziger echter Sokrates auffinden lässt, sondern einfach nur Papageien. Kein Mensch hat Nerven, die demokratische Pattsituation zu akzeptieren. Auch sind es immer wieder liberale Demokraten, die ein geradezu pathologisches Mitteilungsbedürfnis haben. „Lakonisch“ und „liberal“ sind nicht nur politisch Gegensätze. Sie sind es auch in der Rede.
Machtmensch vs. Dialogiker
Dem Dialogiker, der sich unvorsichtigerweise darauf eingelassen hat, mit Machtmenschen zu reden, kommt seine Unvorsicht teuer zu stehen. Der Machtmensch dankt dem Dialogiker seine Gesprächsbereitschaft nicht. Im Gegenteil versucht er ihn zu überbieten. Aufgrund der demokratischen Gleichheit hegt der Machtmensch nämlich den Verdacht, der Dialogiker wolle ihn überbieten.
Damit ihm ja nicht geschehe, was er selbst seinem Gegenüber, seinem potentiellen Opfer, antun will, bietet er alles auf, um durch vorauseilendes Übertrumpfen zu verhindern, dass er zum Überbotenen und, somit, zum Besiegten werde. Die Mittel dazu sind: den Gegenüber sprachlos, rhetorisch, logisch und auch bezüglich Einzelheiten platt zu machen. Und zu diesem Zweck werden Kampfmittel aufgefahren und sogar Täuschungsmanöver angewandt.
Alles eine Machtfrage!?
Das Gespräch ist ein Kampf. Der Soziologe Gabriel de Tarde hat sogar von einem „logischen Zweikampf“ gesprochen. Und die alten Griechen kultivierten den rhetorischen Wettkampf wie jeden anderen Wettkampf auch. Der Machtmensch aber macht aus diesen logischen Wettkämpfen einen Ringkampf um die Macht, bei dem jegliches Einhalten von Regeln zu seinen eigenen Ungunsten ausschlagen würde.
Nichts liegt ihm ferner als liberales Fairplay. Argumente sind ihm Waffen und Waffen Argumente. Selbst die behelfsmäßige Annahme, getätigt im Dienste der Wahrheit, sein Gegenüber könnte Recht haben, verlangt ihm eine Liebe zur Wahrheit (Philosophie) ab, die er gar nicht haben kann. Und, anstatt die Willfährigkeit und die sich aus ihr ergebende Bereitschaft, zu überzeugen und selbst – wenn auch nur der Möglichkeit nach – überzeugt zu werden, mitzubringen, bringt er ganz einfach den Willen zur Macht mit. Und selbst für gewitztere (liberale) Demokraten, die als ihre einzigen Waffen entwaffnenden Humor und Ironie mitbringen, ist allein der Wille zur Macht maßgebend.
Sektierer, Gemeinde und Gesinnungspolizei in einer Person
Das politische Gespräch heutzutage ist eine Unmöglichkeit. Hauten sich die Leute gegenseitig die Köpfe ein und schwiegen sie – oder umgekehrt – wäre ihnen besser gedient. Es ist nämlich ganz zwecklos, mit anderen Menschen über Politik ins Gespräch zu kommen. Man scheint in die Lage des inneren Exilanten Machiavelli versetzt, der sein Zwiegespräch mit den römischen Klassikern hielt, um über Politik reden und schreiben zu können.
Oder aber in die Platos, des Meisters des Dialogs, der sich seine Dialogpartner selbst ersann um die Dinge der Politik dialogisch-dialektisch auseinanderzusetzen. Oder aber in die Rankes, welcher durch die beiden Brüder seines „politischen Gesprächs“ selbst zu Wort kam. Die Benimmregel, aus Gründen des Zusammenlebens bei Tisch nicht über Politik, Religion und Fußball – was im Grunde alles dasselbe ist – zu reden, kann man getrost auf die ganze gnostische Wissensgesellschaft ausdehnen: In ihr ist jeder sein eigener Sektierer und sich selbst dazu noch die Gemeinde.
Damit sind Sektierer und Gemeinde in einer Person vereint und die Gesinnungspolizei, die man ebenfalls selbst ist, hat allerhand zu tun, sowohl mit gleich und als auch ungleich gearteten Menschen verbal handgreiflich zu werden.